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Uàm.
WHITNEY LIBRARY,
HARVARD UNIYERSITY.
THE GIFT OF
.1. D. WHITNEY;
Stuff/is Hooper Professor
MUSEUM or COMPARATIVE ZOOLOGT
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COMPTES RENDUS
IlEBDOMADAmES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCE
PAniS. — IMPRlMEnlE DE GAUTHIEB-VILLARS, QUAI DES AUGBSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PCIiLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME SOIXANTE -DIX-SEPTIEME.
JUILLET— DÉCEMBRE 1875.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS , IMPRBlEUR-LiBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
Uuai des Augustins, 55.
'" 1873
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 JUILLET 187.'.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
priYSlOLOGlE NORMALE ET PATHOLOGIQUE. — Nouvelles vecliercties cliniques
sur la localisation, clans les lobes cérébraux antérieurs, de l'action par la-
quelle le ceiveau concourt à la faculté psycho-physiologique de la parole;
par M. Boi]illaud(i).
L Récit abrégé de quelques nouveau.r cas de lésions de la faculté de parler,
provenant d''unc lésion du cerveau (2).
« A l'observation de perte complète de la parole que j'ai eu l'honiieur do
communiquer à l'Académie, qu'il me soit permis d'en ajouter ici quelques
autres, au moyen desquelles on pourra se faire une idée des autres foi-mes
principales des lésions que cette faculté, si compliquée, peut offrir.
)) Parmi ces nouvelles observations, les unes seront relatives aux lésions
(i) Cette ComiTiunication, commencée par M. Boiiillaud dans la séance du 3o juin, n'avait
pas été achevée, l'Académie ayant dû se former en comité secret.
(?.) Je déclare ici, une lois pour toutes, que, dans tous les cas de l'espèce dont il sera
question ici , toutes les conditions nécessaires à la parole , autres que celles dont nous nous
occupons, soni supposées à l'état normal, c'est-à-dire l)ien conservées.
( «)
isoires do l;i |)arole, les autres nppartieiulroiit à ces mêmes léiions, accom-
pagnées de lésions d'une ou de plusieurs autres tacidtés spéciales de l'in-
telligence.
» Je commencerai par un cas dans lequel l'ouverture du corps fournit
un exemple remarquable de l'une des lésions des lobes antérieurs du cer-
veau, capables de produire les lésions de la parole dont nous nous occu-
pons.
■> Première obscivtitinn. — Un niemiisier, âgé de trente et un ans, entre dans notre ser-
vice clinique, le 16 juin 1840, un mois :ipiès avoir fait une cliiile du liaut d'une échelle.
>. La parole est einliarrassce, liien (jiii' les luouveiiienls de la langue et des lèvres soient
parfaitement libres. Il ne peut donner aucun détail sur sa chute, dont il n'a cependant pas
jiciilii le ^ouvcnir. A piine a-t-ii «lit quchpics mots, qu'il s'arrête. Il conserve la liberté des
mouvements de ses membres.
• iSjuin. Le malade bégaye et bredouille, mais prononce quelques mots intelligibles.
» 27-28 juin. Il lire facilement la langue, la porte, à volonté, dans tous les sens; néan-
moins, il ne peut répondre, et encore avec peine, que par les mots oui et non.
• ■"■juillet. Lorsque le malade veut répondre à quelques questions, on le voit agitei' les
lèvres, marmotter quelques sons, s/ms articuler distinctement iiucunc st llitbe. — Il succombe
(]iielques jours après à une méningite généralisée, sans avoir recouvré un seul instant la
parole.
" A l'ouverlure du corps on rencontra la lésion suivante des lobules antérieurs du cer-
veau. On ne put les séparer de la pie-mère, à laquelle ils adhéraient, sans déchirer la sub-
stance grise, qui était ramollie surtout à la partie la plus antérieure de la face inférieure du
lobule droit. Les deux lobides, dégagés de la pie-mère, offraient, principalement à la région
inférieure, un aspect chagriné, provenant, en partie du moins, de la déchirure indiquée, et
l'on comptait 25 à 3o érosions plus ou moins profondes (quelques-unes de 2 à 5 et 6 lignes
<le profondeur). Elles étaient, ainsi que les foyers de ramollissement, plus nombreuses à
droite qu'à gauche, et c'était particulièrement à la partie la plus antérieure et au plancher du
lobule antérieur droit que la substance cérébrale était ramollie en pulpe; de ce coté, les
érosions et le rainollissemeut s'étendaient jus()u'à la scissure de Sylvius, mais la partie anté-
rieure était d'une mollesse plus que difflucnte
u Deuxième observation. — Presque à la même jilace où est couché ce malade, nous
avons eu sous nos yeux, pendant deux années au moins, un malade du nom de Bàscle qui
lui ressemblait beaucoup sous le raj)port de la perle de la parole, mais qui n'avait pas été,
comme lui, frappé d'hémiplégie. Il était, lui aussi, fort intelligent, parlait en quelque sorte
du geste ou mimiqucment, et ne pouvait prononcer (ju'un juron en quatre mots [S. n. il. D.),
(|ui lui échappait comme automati([uement, et comme rex|)rcssion énerj^ique de la contra-
riété, de l'impatience qu'il éprouvait de ne pouvoir répondre aux jdus pressantes questions
iju'ou lui adressait et qu'il comprenait à merveille.
<i Troisième observation. — J'ai vu, il y a déjà bien des années, la femme d'un juge de
paix de l'un des cantons de mon département natal, tiès-intelligente, très-respectable, très-
pieuse, qui ne pouvait jirorKUicer que ces mois: mon Dieu! mon Dieu!
( 7 )
I) Quatrième observation. — • « Un notaire, i> raconlo Pinel ( Traite fie l'alié/iatiofi inen-
tale^., « avait oublié son propre nom, ceux de sa femme, île ses enfants, de ses amis,
quoique d'ailleurs sa langue jouît de toute sa mobilité. Il ne savait plus ni lire, ni écrire, et
cependant il paraissait se ressouvenir des objets qui avaient fait autrefois impression sur ses
sens et qui étaient relatifs à sa profession. On l'a vu désigner avec les doigts des dossiers
qui renfermaient des actes qu'on ne jjouvait retrouver, et indiquer par d'autres signes qu'il
conservait l'ancienne chaîne de ses idées. »
» Cinquième observation. — Un soldat, dont parle Gall, et qui lui avait été envoyé par
M. le baron Larrey, ressemblait beaucoup au notaire dont il vient d'ctie question. « 11 est,
dit M. Gall, dans l'impossibilité d'exprimer par le langage parlé ses sentiuients et ses idées ;
sa figure ne porte aucune trace d'un dérangement de l'intellect. Son esprit trouve la réponse
aux questions qu'on lui adresse ; il fait tout ce qu'on le prie de faire. .Te lui montrai un
fauteuil et je lui demandai s'il savait ce ([ue c'était ; il me répondit en s'asseyant dans le
fauteuil. Il est incapable d'articuler sur le cliamp un mot qu'on prononce pour le lui faire
repéter ; mais quelques instants après ce mot lui échappe involoniairemenl. Dans son em-
barras, il montre du doigt la partie inférieure de son front ; il témoigne de l'impatience et
indique par des gestes que c'est de là que vient son impuissance de parler. Ce n'est point
sa langue qui est embarrassée, car il la fait mouvoir avec une grande agilité, et il prononce
très-bien un grand nombre de mots isolés. Ce n'est pas non plus sa mémoire qui est en
défaut, car il me témoigne très-vivenicnt qu'il est fâché de ne pouvoir pas s'exprimer sur
beaucoup de choses qu'il eût voulu me raconter. Il n'y a d'aboli chez lui que la faculté de
parler. Ce soldat, tout comme le malade de M. Pinel, n'est plus capable ni de lire ni
d'écrire (ij. »
» Si.rième observation. — M. P..., âgé de cinquante ans, gendre d'un très-honorable et
distingué médecin de Châtellerault (M. L...), convalescent d'un rhumatisme articulaire aigu,
se couche gaiement le 2 avril i865. Il s'éveille à 10 heures et s'aperçoit, en voulant pailer
à sa femme, que les mots lui faisaient défaut pour exprimer ses idées, qui d'ailleurs étaient
parfaitement lucides. Il prenait les "mots qu'il parvenait à prononcer les uns ])Our les
autres, se frappait le front en signe d'impatience de ne pouvoir se faire comprendre.
)) lo avril. M. P... veut donner des ordres à ses domestiques, mais il ne peut s'en faire
comprendre, parce qu'il lui manque certains mois et que, parmi ceux qui lui restent, il en
est qui sont prononcés pour d'autres et ne s'appli(juent pas, par conséquent, aux choses
qu'il veut indiquer.
.. 3o mai. Si le malade prend le temps de chercher ses mots, il parvient, avec une pé-
nible lenteur, à se rendre intelligible. Il reconnaît bien ce progrès, et, en y songeant, la
joie se peint sur son visage et dans son regard.
» 5 et 12 juin. On obtient les renseignements suivants touchant l'écriture, la lecture, le
calcul, la musique, chez le malade :
» i" Les lettres sont bien tracées, mais elles ne viennent que confusément, sans ordre con-
venable, ne forment point de mots, et ne peuvent exprimer une pensée quelconque. Il n'a
(1) Ainsi, chez ce soldat qui n'est pluscajjable ni de lire ni d'écrire, il n'y a, selon Gall,
d'aboli que la /parole ! C'est comme s'il eût dit que cliez ce même soldat, incapable de
parler, il n'y avait d'aboli que la faculté de lire et d'écrire.
( « )
|)ii écrire que son nom. Tous ses efforts pour en écrire d'autres n'ont eu pour résultat que
(les lettres bien formées, mais sans suite, sans ordre, sans arranj^'ement qui pussent consti-
tuer des mots.
" 2° Le malade iil TO('«^fl/e»;r«; des |>liras('s entières qu'il conçoit bien, dont il se rend
compte, mais qu'il ne peut rendre par la parole. Toutefois, avec un grand effort d'atten-
tion et de volonté, il a pu, lentement, lire haut et correctement deux à trois lignes seu-
lement.
» 3° M. P..., qui, avant sa maladie, avait une grande aptitude pour le calcul, a fait
assez lestement une addition correcte de deux lignes de chiffres. Cependant il reste beaucoup
à désirei' sous ce nouveau rapport.
• 4° M'"' ?••• ayant prié son mari, qui, dans l'état de santé, faisait sa i)rincipale occupa-
lion de la musique, d'essayer de composer et de noter quelque air, il prit un papier rayé
et se mit à composer et à écrire, sans la moindre hésitation, quelques lignes que sa femme
exécuta sur le piano, toute stupéfaite de l'exactitude de la composition, exemple de toute
faute ou erreur musicale. 11 se prit ensuite à moduler de sa voix (non articulée] l'air écrit,
et accom|)agna, avec correction et harmonie, les sons du piano, ne laissant échapper, sans
les relever, les moindres fautes ou négligences dans la modulation des sons.
u 5° La perte de la parole (aphasie) persiste. Le malade ne peut prononcer ce qu'il lit,
et il ])arvient à montrer plus ou moins clairement qu'il comprend ce qu'il lit. Il ne peut
crrire de lui-même, mais parvient à copier quelques mots.
» Passoiis à une seconde série d'observations. Chez certains individus,
affectés de lésion partielle de la faculté de parler, cette lésion peut ne porter
que sur certains noms, comme ceux des personnes, des choses, des lieux,
des faits, des événemenis. Quelquefois aussi elle n'est relative qu'à certains
genres de mois, tels que les verbes, les substantifs, etc. Citons-en quelques
exemples :
>. Septième observalioit. — Le célèbre Cuvier avait connu un homme qui avait perdu
seulement la mémoire des noms substantifs, en sorte qu'ilconstruisait régulièrement et com-
plètement une phrase, à cela près des mots de cette espèce.
" Huitième obse/mlio/i. — Moi-même, il y a quelques années, j'ai vu plus d'une fois, à
Saint-Clouil, avec M. le D"' Tahére, un monsieur qui ne prononçait jamais aucun verbe.
Il juDUoiK ait d'ailleurs avec une sorte de volubilité, et écrivait des phrases, même des dis-
cours, mais il peu près incorai)réhensibles, en raison de cette absence constante des verbes.
» Ncwième observation. — M. le l)aron Larrey conduisit chez M. Gall un de ses malades
qui, à la suite d'un coup de fleuret, dont la pointe pénétra dans la région frontale du cer-
veau, à gauche, avait perdu complètement la mémoire des noms propres, entre autres celui
de M. le baron Larrey qu'il désignait par celui de Monsieur Chose. Il avait conservé la mé-
nioire des images, des personnes, etc.
« Relativement aux personnes aphasiques, chez lesquelles la faculté d'écrire n'est pas
abolie, M. Baillarger m'a raconté un cas qui mérite de trouver place ici. La personne apha-
sique qui en est le sujet était privée aussi de la faculté d'écrire d'elle-même un mot donné,
celui de chapeau, par exemidc, mais clic pouvait aussitôt le copier, si on lui mettait sous
les yeux ce mot écrit par une antre personne.
(9 )
II. — Rèsnnic itrs doctrines de M. Floureris sur 1rs lorali salions ccrrhralrs.
a I. Dans les mois de mars et avril 1822, M. Flourens lut à rAcadémie
un Mémoire ayant pour titre : Délerminnlion des propriétés du système ner-
veux et du rôle que jouent les diverses parties de ce système dans les mouvements
dits volontaires ou de locomotion et de préhension.
« Il y a, dans le système nerveux, trois propriétés essentiellement distinctes, dit M. Flou-
rens : l'une de vouloir et de percevoir : c'est la sensibilité; l'autre d'exciter imniédiale-
iiient la contraction musculaire : c'est l'excitabilité; la troisième de coordonner les mou-
vements : je l'appelle coordination.
» Dans les mouvenienls dits volontaires ou de locomotion et de préhension, le cervelet
coordonne ces mouvements en mouvements réglés, marche, course, vol, station, préhen-
sion, etc.; les lobes cérébraux veulent et pensent.
» Les animaux privés de lobes cérébraux ont réellement perdu toutes leurs sensations,
tous leurs instincts, toutes leurs facultés intellectuelles; toutes ces facultés, tous ces instincts,
toutes ces sensations résident donc exclusivement dans ces lobes.
» Dés qu'une sensation est perdue, toutes le sont; dés qu'une faculté disparaît, toutes
disparaissent, et conséqueniment toutes ces facultés, toutes ces sensations, tous ces instincts
ne constituent qu'une faculté essentiellement une et résidant essentiellement dans un seul
organe (i).
» II. Tout le monde connaît le beau Rapport de M. Cuvier, alors Secré-
taire perpétuel de l'Académie des Sciences, sur les expériences de M. Flou-
rens. Voici ce que j'y remarque, en ce qui concerne les fonctions du cer-
velet et du cerveau.
» Ce que les expériences de M. Flourens paraissaient à M. Cuvier
avoir de plus curieux et de plus nouveau, c'est ce qui coucenie les fonc-
tions du cervelet. Après avoir exposé les phénomènes produits par ces
expériences, il dit ne passe souvenir qu'aucun physiologiste ait fait con-
naître rien qtii ressemblât à ces singuliers phénomènes. Certainement,
ajoute-t-il, personne ne s'était encore douté que le cervelet iùt en quelque
sorte le balancier, le régulateur des mouvements de translation de l'animal.
Selon lui, cette découverte, si des expériences répétées, avec toutes les
précautions convenables, en établissaient la généralité, ne pourrait que
faire le plus grand honneur au jeune observateur dont il analysait le travail.
» Lorsque les lobes cérébraux sont enlevés, dit encore M. Cuvier, la
volonté ne se manifeste plus par des actes spontanés. Cependant, quand
(i) Dans un Mémoire que l'auteur de cette Communication a lu devant l'Institut en 1827,
il a rapporté de nombreuses et exactes expériences contradictoires à celles de M. Flourens,
sous le rapport dont il s'agit ici.
C. R., 1873, 2" Semestre. ( T, LXXVll, N" i.) a
( lo)
on excite imraéfliatement l'animal, il excrute des mouvements de transla-
tion rcijiiliirs, coiniiie s'il clicrdiait itislinrtivemcnt à fuir la douleur et le
malaise; mais ces mouvements no le conduisent point à ce but, très-proha-
blement parce que la mémoire, qui a disparu avecles lobes qiii en étaient
le siège, ne fournit plus de base ni d'éléments à ses jugements. Ces mouve-
ments n'ont point de suite par la même raison, parce que l'impression qui
les a causés ne laisse ni souvenir, ni volonté durable.
» III. A l'époque même (1822) où le système de localisation cérébrale
proposé par M. Flourens devenait ainsi le sujet du mémorable Rapport de
IM. Cuvicr, M. Gall publiait, dans un format iu-8°, inie nouvelle édition
de son grand ouvrage in-folio, sur V Aiialomie el la Physiologie du cerveau.
» Selon M. Gall, ce que les expériences de INI. Flourens paraissent offrir
de plus basardé, c'est précisément ce qui concerne les fonctions du cer-
velet. Je n'ai pas besoin de rappeler ici quelles étaient, dans la doctrine de
Gall, les fonctions de cet organe, et que cette localisation particulière était
Tuie de celles auxcjuelles il tenait le plus, sa localisation /(luo/iVe, si je puis
ainsi i\ive. Mais on me permettra bien d'ajouter que, peu d'années a()rès
la publication de l'ouvrage de M. Flourens, je publiais, à mon tour, des
expériences, et de plus des observations cliniques, qui portaient aussi à
cette localisation favorite de Gall une atteinte des plus graves.
in. — Premières rcchcrelies tic l'auteur sur ta locaUsntinn, dans les lobes antérieurs du
cerveau, du principe coordinateur ou régulateur des mom'cmettts nécessaires à la parole.
» C'est en 1822, étant interne à l'hôpital Cocliin, que je recueillis les
premières observations d'après lesquelles je conçus l'idée de la localisntion
cérébrale dont il s'agit en ce moment. Je m'empressai de rechercher dans
les ouvrages de iMM. Rostan et I>allemaiid, où se trouvaient un grand
nombre d'observations de maladies du cerveau, des arguments favorables
ou contraires à l'idée nouvelle. J'avouerai que j'éprouvai une vive satisfac-
tion en constatant, de la manière la plus formelle, qu'elles témoignaient
en faveur de la localisation proposée.
» Comme celles que je jiossédais de mon côté, les observations de
MM. I.allemand et Roslan se i)artageaient en deux catégories : dans l'une,
se plaçaient celles où les lésions de la parole provenaient, en effet, de ce
que les mouvements nécessaires à rarticulation des sons vocaux ou à la
prononciation des mots étaient jilus ou moins lésés eux-mêmes. L'autre
catégorie renfermait les observations dans lesquelles les mois faisaient
plus ou moins défaut, ou se trouvaient tellement dérangés de leur ordre
normal, tellement incoordonnés, qu'il était impossible de les comprendre.
( II )
» c'est à cette dernièt-e catégorie de cas que se rapportait la doctrine de
Gall, et vùilà comment je l'avais associée à celle qui m'élait propre. Remar-
quons, disais-je, qu'il est de toute nécessité de distinguer, dans l'acte de
la parole, d'une paît, ce qui coucerns les mots, et de l'iuilre, ce qui regarde
leur articulation ou leur prononciation. Il y a, pour ainsi dire, luie paiole
m/e'r/eure et une parole e.\<er/e((/'e, et celle-ci n'est que l'expression delà
première (la seule dont M. Gall s'était occupé).
» Comme on le voit, par le litre même de cet Article, notre problème
consistait particulièrement à rechercher le rapport qui pouvait exister entre
la lésion des mouvements nécessaires à la prononciation des mots et celle
des lobes antérieurs du cerveau. Ce même titre annonce que, contraire-
ment à M. Flourens, jef.iisais participer le cerveau à celle faculté de coor-
dination des mouvements volontaires, dont, selon cet auteur, le cervelet
était l'unique possesseur. Et non-seulement sous le rapport des mouve-
ments coon/oiinés de la parole, mais encore sous celui d'un grand nombre
d'autres mouvements coordonnés, soumis à l'empire de l'intelligence et de
la volonté, c'était, selon moi, le cerveau et non le cervelet qu'd fallait con-
sidérer comme l'agent régulateur ou coordinateur de ces mouvements, sans
contester, d'ailleurs, au cervelet le pouvoir de cooidnnner ceux relatifs à
la marche, à la station et à tout ce qui concerne ces fonctions.
» Mais, après avoir ainsi posé le principe de la multi|ilicité ou de la
pluralité des centres nerveux coordinateurs, je ne m'occujjai, d'une manière
spéciale, que de la démonstration de la localisation relative aux mouve-
ments nécessaires à la parole.
IV. — État de la question, depuis i825 jusqu'à l'époque actuelle (1873), et conclusions.
» I. La doctrine ci-dessus exposée rencontra, comme on le pense bien,
des contradicteurs, soit dans les sociétés savantes, soit dans les livres, soit
dans les journaux. Je réfutai, selon mes moyens, leurs diverses objections.
Les faits nouveaux que, pour ma part, j'ai recueillis pendant ce long
espace de temps, sont extrêmement nombreux, et je déclare, avec toute
la sincérité dont je suis capable, que leur témoignage a dû me confirmer
dans la doctrine primitiveme'nt étalilie.
» Eu i838, 1848 et i865, cette doctrine fut discutée à l'Académie de
Médecine; aucun des faits qui lui fuient Ojiposés ne me parut pouvoir ré-
sister à une discussion approfondie. Dans le cours tie la discussion dernière
(i865), deux observateurs, d'une grauile autorité, tous deux médecins
aliéuistes éminents, MM. Badiarger et Parchappe, se montrèrerU favorables
2..
( 12 )
à la doctrine de la localisation de la parole, dans les termes fondamentaux
où nous venons de la formuler ici.
» Cette doctrine fit une conquête non moins précieuse, dans la personne
de jM. le professeur Broca, qu'elle compta d'abord parmi ses incrédules,
pour me servir de sa propre expression. 11 importe de raconter ici les
principales circonstances de cette heureuse conversion.
» Une Communication de M. Gratiolel, à la Société anthropologique,
V devint l'occasion d'un grave débat sur les localisations cérébrales. Dans
cette discussion, M. le D' Aubarlin, qui s'honore d'être l'ami de M. Broca,
se constitua le défenseur de la localisation spéciale qui concerne la parole.
» Peu de jours après avoir entendu l'argumentation de M. le D' Aubur-
tin, M. Broca, \^ar une sorte de hasard providentiel, trouva dans son ser-
vice de Bicètre, dont il était alors chirurgien, lui moribond qui, depuis
vingt et un ans, avait perdu la faculté du langage articulé. Il recueillit,
avec le plus grand soin, l'observation de ce malade, qui, dit-il, lui sem-
blait venir tout exprès pour servir de pierre de touche à la théorie soute-
nue par son collègue à la Société anthropologique, M. Auburtin. Bien que
la discussion devant cette Société eût, dit-il, laissé planer quelque doute
dans son esprit, sur « la doctrine de M. Bouillaud, il voulut, dans l'attente
» d'une autopsie prochaine, raisonner comme si cette doctrine était vraie. »
M. Auburtin ayant déclaré qu'il y renoncerait, si on lui montrait un seul
cas d'aphén)ie (mot proposé par M. Broca comme synonyme de celui de
la perte de la ])arole), il l'invita à venir voir son malade, pour savoir, avant
tout, quel serait son diagnostic, et si cette observation était une de celles
dont il accepterait le résultat comme concluant. M. Auburtin affirma,
sans hésitation, que la lésion devait exister dans les lobes antérieurs.
» Or, le malade étant mort le 17 avril, l'autopsie qu'en fit M. Broca
lui-même, avec un soin digne de servir de modèle, confirma pleinement
le di;ignostic de M. Auburtin; aussi M. Broca déclara-t-il que « son ob-
» servation venait confirmer l'opinion de M. Bouillaud, »
» Quelques mois après cette première observation, par une bonne for-
tune qu'il avait bien méritée, M. Broca en recueillit une nouvelle, qu'il
publia sous ce litre : Nouvelle observalion d'aphtmie produite par une lésion
de la troisième circonvolution frontale.
M II ne cachera pas, dit-il, qu'il a éprouvé un étonnement voisin delà
stupéfaction, lor.squ'il a trouvé que, sur son second malade aphémique, la
lésion occupait rigoureusement le même siège que chez le premier, et préci-
sément du même coté gauche. INIais, ajoute-t-il, il ne peut oublier que, dans
plusieurs observations antérieures aux siennes, on a vu Vophémie succéder
( I3 )
à des lésions qui occupaient principalement, sinon exclusivement, la moitié
antérieure des lobes frontaux. Ces faits, selon lui, sont compatibles avec
l'hypothèse, qu'il adopte, des localisations par circonvolution.
» Je termine cet article en ajoutant que, à l'époque de la dernière dis-
cussion à l'Académie de Médecine (i8G5), j'avais rassemblé un nombre
d'observations, dans lesquelles l'ouverture des corps avait confirmé la doc-
trine à laquelle Aï. le professeur Broca s'est rallié, qui s'élevait à plus de cent.
» II. Arrivons enfin à nos conclusions, et donnons-en les raisons.
» i" Dans les lésions de la parole, causées ou produites par une affection
cérébrale, c'est dans les lobes antérieurs ou frontaux du cerveau que cette
affection a son siège.
» Or, dans une catégorie de ces cas, les lésions de la parole dépendent
de ce que les mouvements coordonnés ou coassociés, nécessaires au langage
dit articulé, c'est-à-dire à la prononciation des mots, ne peuvent plus s'exé-
cuter. Donc il existe dans ces lobes antérieurs un centre coordinateur ou
législateur de cette espèce des mouvements volontaires^ dits coordonnés, co-
associés^ congénères.
» Or aussi, dans une autre catégorie des cas dont il s'agit, les lésions de
la parole dépendent d'une lésion portant sur les mots eux-mêmes, et non
sur l'acte de leur prononciation ; donc il existe, dans les lobes indiqués, un
autre centre, sans la coopération duquel la parole ne pourrait s'exercer.
» 2° Sous l'un des deux rapports indiqués ou sous tous les deux réunis,
la faculté de la parole peut être lésée ou perdue, les autres facultés intellec-
tuelles spéciales étant conservées ou intactes, et réciproquement. »
PHYSIOLOGIE. — Deux remarques relatives à la Communication
de M. le D'^ Bouiilaud; par M. E. Cheviieul.
« Le temps ne m'ayant pas permis de prendre la parole dans la dernière
séance, après la Communication du D' Bouiilaud, je ferai aujourd'hui,
d'une manière aussi concise que possible, deux remarques que cette
Communication m'a suggérées.
» Première remarque. —Elle est relative à la perte de la mémoire des noms
substantifs., mais non à la perte qui serait causée par un accident. Je ne dis-
cute donc pas s'il existe ou n'existe pas dans le cerveau des parties dis-
tinctes, correspondant à des mémoires spéciales, telle que celle des noms
substantifs, comme Gall l'a prétendu; je ne m'occupe que d'un fait de conver-
sation ordinaire. Beaucoup de personnes, surtout en avançant eu âge, dit-on,
perdent la mémoire des noms des substantifs propres sans perdre celle des
attributs relatifs à ces substantifs, de sorte que si le substantif propre est
( I4 )
une personne, le nom s'est effacé lorsque la pensée peut exprimer les qua-
lités, les déf.uils Je l.i personne, peindre ses attributs physiques, ses tics, son
costume liabituel même. Eli b:en ! un autre fait, c'est que je n'ai jamais
entendu faire la remarque qu'une personne avait oublié les attributs du
substantifdont elle se rappelait le nom.
» Four moi qui, frappé de la fadjiesse de l'esprit liumain dans l'indi-
vidu, n'ai jamais eu la pensée de faire des nomeuclaUtres, des classijicnlions
iiATlOMMiLLiiS, Comme on dit aujourd'hui, ni des s/ntlièies qui, se Ion des
criti.pies de nos jours, relèvent si haut le mérite de leurs auteurs, j'ai dirigé
tous mes efforts à rechercher la cause des erreurs si fréquentes chez l'indi-
vidu-homme, et permettez-moi d'ajouter, et dont des associations où l'ac-
tion devient collective ne sont pas toujours exemptes. Je me suis, en défi-
nitive, proposé de rechercher les causes de l'erreur dans le raisonnement,
pour les éviter, et avec l'espérance de les faire éviter aux autres.
M Une étuile, qui m'a longtemps occupé, a été de savoir en quoi con-
siste essentieller.ient la connaissance réelle que nous avons des substantifs
propres. La conclusion à laquelle je suis arrivé est que cette connaissance
réside dans les attributs appartenant au substantif, de sorte qu'en réahté
le nom de ce substantif exprime l'ensemble des attributs que nous lui
reconnaissons. Or chacun de ces attributs a fixé notre attention, et c'est
ainsi que nous l'avons connu; et ici notre intérêt personnel, tout aussi
bien que l'amour de savoir, peuvent expliquer que, en beaucoup de cas, la
pensée s'est livrée à une véiitable étutle. On voit encore comment l'étude
d'un enseudde d'attributs dans un même substantif propre ainsi faite est
favorable à l'application du princifie de Vassocialion des idées, eu égard à la
mémoire, quand il s'agit de conserver le souvenir du substantif propre
ainsi envisagé. Je le demande, si la mémoire s'affublit, quelle qu'en soit la
cause, n'est-il pas conséfiueut à ma manière de voir ipie les attributs dont
chacun a fixé notre atteiiiion d'autant plus que nous le connaissons mieux
restent gravés dans la mémoire, tandis que le nom proprement dit, (\iù n'a point
été l'objet de la même attention, de la même étude, s'en efface; aussi plus
d'un maître de mtiémotichnie a-\.-'\\ en recours, à ma coiniaissance, aux pres-
criptions les plus étranges |)our faire retenir les noms propres. En définitive,
les attributs comprenant les qualités, les déf.iuts, îles propriétés, des rap-
ports quelconques d'un substantif propre, sont donc à notre égard dans
la pensée les éléments de ce substantif même (i).
( I ) Voici, en qiielq(ies piirases, des prciposilions que ji; d>'vol(ippe dans duiix ou viagcs inédits.
1" Cliaque science naturelle pure. Ciiimic et Physique, Gcologie, Botanique, Zoologie,
( ^5 )
M Je renvoie à fies écrits prochains l'application générale du principe de
l'association des idées à la pédagogie, parce que, à mon sens, elle a été
trop négligée dans les écoles ; j'y renvoie également beaucoup de projiosi-
lions qui se raltaclient à un tel alfaiblisseinent de nos facultés, qu'elles |)er-
dent riîinnonie à laquelle elles sont subordonnées à l'état normal.
» Seconde remarque. — Elle est relative à ce qu'a dit M. le D' Bonillaud
de l'opinion de Flourens concernant la facitllé du cervelet de coordonner
les mouveuienis.
Anatomie et Physiologie, auxquelles j'ajoute une partie de la Psychologie, a pour objet
l'élude des substantifs propres de la nature.
Tous les subsl/i/it/J's propres, physiques et niétapliysiques, ne nous sont connus que par
leurs attributs
Ces attributs, pour l'espèce chimique, sont les pro])riétés physiques, les propriétés chimi-
ques et les priq)riélés org^nolepliques. Vindividu les représente, mais cet individu nous
échappant à cause de sa ténuité, nous ne connaissons en réalité que des agrégats d'individus
que nous considérons comme identiques.
Les attributs sont pour l'espèce organisée vivante toutes les qualités, toutes les ])ropriétés,
toutes les relations, toutes les facultés que nous reconnaissons à l'ensemble des individus
qui représentent l'espèce, parce que nous leur attribuons une origine commune, ce (]ui le-
vieiit à les considérer comme issus d'un même père et d'une même mèie, si l'espèce est
hisexuelle. L'espèce vivante diffère donc de Vcspècc chimique en ce (]u'elle n'est jamais re-
présentée par un seid individu, mais toujours par un ensemble; de soi te' qu'il est vrai de
dire que Xvsin'ce chimique représentée par un individu est un substantif propre, tandis
qu'une espèce vivante est toujours un substantif appellatif.
En délinitive, toutes les espèces cliimi(pies et toutes les espèces organisées aboutissant à
des inilividus ronerets, et tous ces individus pouvant être soumis à l'expérience, c'est donc
ineonlestablemeut à la science consacrée à leur étude que la méthode a posteriori exi)ériincn-
taie est ap|)liral)le dans tonte la rigueur des termes, puisque cette méthode tire son caractère
ducontiôle fondé sur l'expéiieiice.
2° Si les compositions littéraiies échappent an contrôle expérimental, l'esprit de la mé-
thode A POSTERIORI erpérinicntnle n'est point étranger h un examen ciitiijue de ces coniposi-
tions, lorsqu'il s'agit de prononcer sur les connaissances positives de leurs auteurs.
T.e but (jue se proposent les sciences morales et politiques étant de connaître les sociétés
humaines, ce n'est pas de l'individu humain, du substantif propre dont elles s'occupent,
mais bien des actes collectifs des diverses sociétés humaines, des dilférentes catégories d'in-
dividus dont chacune de ces sociétés se compose; en un mot la connaissance du substantif
apjje/latif- homme est leur but. L'expéri<nee proprement dite leur est interdite sans doute,
mais Vesprit de la méthode a posteriori leur est applicable, et, en outre, l'homme qui se
livre à l'étude des sciences morales et politi(pies ne peut avoir aucune connaissance solide
et générale s'il n'a pas étudié l'homme-individu, comme les sciences naturelles peuvent le
connaître au point de vue expcrimenlal.
( -6)
» Flourens n'est pas le premier qui ait coîisidéré le cerveau comme
l'organe des facultés inffliecluellcs proprement dites, et le cervelet comme
un organe dont rinfliicnce concerne les mouvements; car Willis, entre
autres, en attribuant aux lobes cérébraux le siège des facultés intellectuelles,
considérait le cervelet comme l'organe producteur des esprits qui servent
aux mouvements naturels et involontaires.
). Mais il y a aujourd'hui quarante-deux ans et cinq mois que, en ren-
dant compte des tomes VIII et IX des volumes de l'Académie des Sciences,
je m'exprimais en ces termes (i) dans l'examen auquel je me livrais de
deux Mémoires de Flourens intitulés : Expériences sur les canaux semi-cir-
culaires de l'oreille, clans les oiseaux et les mammifères.
« Les canaux semi-cii'culaires, au nombre de trois, deux verticaux et un
» horizontal, forment avec le^vestibule et le limaçon, le labyrinthe ou
» l'oreille interne. Les canaux temi-circulaires sont très-petits, et cependant
» les expériences de Flourens démontrent qu'ils ont une influence frès-re-
» marquable dans l'économie animale. En dfet, si vous coupez sur un pi-
» geon le canal horizontal de l'oreille droite et de l'oreille gauche, sur-
» le-champ l'animal est en proie à de violents mouvements de tète dans
» le sens horizontal de droite à gauche et de gauche à droite ; s'il veut
» marcher, il perd en partie son équilibre; s'il veut courir ou voler, il le
)i perd tout à fait; enfin, au repos, il se tient sur ses pieds et sa tête reste
» immobile; d'ailleurs il voit, il entend, il a tous ses instincts, il boit, il
» mange, très-souvent il tourne sur lui-même, tantôt d'iui côté, tantôt
» de l'autre.
)) L'ablation des canaux verticaux inférieurs donne lieu à des phéno-
» mènes analogues, sauf ces différences notables, que les mouvements de la
» tète, au lieu d'être horizontaux de droite à gauche, sont verticaux de bas
» en haut et de haut en bas, et que l'animal ne tourne point sur lui-même,
» mais qu'il se renverse souvent, malgré lui, sur le dos.
» L'ablation des canaux verticaux supérieurs est suivie de mouvements
» violents de la tête de haut en bas et de bas en haut, mais l'animal, au
» lieu de se renverser srir le dos, comme celui auquel on a coupé les canaux
» verticaux inférieurs, tombe sur la tête et fait la culbute en avant. »
» Je re|)roduis maintenant textuellement les lignes suivantes du Mé-
moire de Flourens:
« ... Il ne l'est pas moins, enfin, de voir chacune de ces parties (les di-
(i) Journal des Savants, page 8; i83i.
( '7 )
» vers canaux semi-circulaires) (/eVenniVier un ordre ou mie direction de
» tnouvements si parfaitement conformes à sa propre direction. Ainsi les
» canaux horizontaux délerminent un mouvement horizontal, les canaux
» verticaux un mouvement vertical; de plus, l'un des deux canaux verti-
» eaux, l'inférieur, est dirigé d'avant en arrière ; il détermine un mouvement
» d'avant en arrière, etc. »
» Voici une observation critique sur ces lignes :
« Le mot déterminant n'est pas exact, car c'est Vabsence de ces canaux
» et non leur présence qui est la cause des phénomènes si singuliers
« décrits par M. Flourens ; c'est donc hors d'eux qu'il faut chercher cette
» cause, et dès lors il faut les considérer, non plus comme des organes qui
» produisent les phénomènes en question, mais comme des organes qui
» les empêchent au contraire de se manifester.
» Ces mêmes phénomènes me semblent encore devoir conduire M. Flou-
» rens à revenir sur sa méthode, et en particulier sur le rôle qu'il attribue
» au cervelet dans la coordination des mouvements de locomotion, rôle
» qu'il a conclu des phénomènes qui apparaissent à la suite de l'abla-
» tion de cet organe. En effet, si les conséquences qu'il a déduites de
» l'ablation des lobes cérébraux paraissent justes, ce n'est pas seulement
» parce que cette opération fait disparaître un ensemble de facultés déter-
» minées, mais c'est encore parce que l'expérience a appris que l'ablation
» de toute autre partie ne fait point disparaître ces mêmes facultés. // est
» donc évident que la méthode de M. Flourens de conclure le sié(je d'une
» faculté dans une partie déterminée du coi-ps d'un animal n'est satisfaisante
» qu'autant qu'il est démontré que l'ablation de toute autre partie n'entraîne
» pas la destruction de cette méméjaculté.
)) Si nous appliquons le contrôle dont nous venons de parler à la conclu-
» sion que l'auteur a tirée de ses expériences, au sujet du rôle qu'il assigne
» au cervelet d'être le siège de la faculté de coordonner les mouvements
» de locomotion, nous verrons que la contre-épreuve de cette conclusion
» n'a point été faite, et ce qui en prouve la nécessité, ce sont les phéno-
)) mènes amenés par l'ablation des canaux semi-circulaires, phénomènes
» qui ont tant de ressemblance avec ceux qui résultent de l'enlèvement
» du cervelet que, si i auteur eût commencé ses expériences par faire l'ablation
)) des canaux, il aurait eu autant de laisons déplacer dans ces organes le siège
» de la faculté de coordonner les mouvements de locomotion, qu'il en a eu
» de les placer dans le cervelet. »
3
C. R., 1873, 2' Semestre. (T, LXXVll, N» l.) "^
( I«)
» Concttisio». — ï° J'ai profité de l'occasion pour justifier auprès de
rAcadémic l'importance que j'attaclie, au double point de vue de la gram-
maire et des sciences du domaine de la philosophie naturelle, à la défini-
tion (lu substantif propre et à celle de ses attributs.
» 2° Je pense avoir montré, dès i83i, l'impossibilité d'admettre l'opi-
nion de Flourens relative au cervelet, démonstration qui a été pour moi,
dès cette époque, l'occasion de fixer l'attention sur ce que la méthode que
j'avais a|)pliquée à laC^liimie s'appliquait incontestablement aux recherches
physiologiques de vivisection.
» M. leD'"Bouillaud ne pensera certainement pas que j'ai pris la parole
pour le combattre. »
ANALYSE. — Sur lafonction exponentielle; par M. Hermite.
« I. Étant donné un nombre quelconque de quantités numériques
«,, «2,..., a„, on sait qu'on peut en approcher simultanément par des frac-
tions de même dénominateur, de telle sorte qu'on ait
A, S,
«' = T
A'^k
A
«o = -^
A AvA
j
A„ l,
A
—=f
Ay'A
0,, So,..., 5„ ne pouvant dépasser une limite qui dépend seulement de n.
C'est, comme on voit, une extension du mode d'approximation résultant de
la théorie des fractions continues, qui correspondrait au cas le plus simple
de « = I . Or on peut se proposer une généralisation semblable de la théorie
des fractions continues algébriques, en cherchant les expressions appro-
chées de ;j fonctions, f,{jc), ff„{jc),..., (p„{^) par des fractions rationnelles
ÏTiy' *{iy"'4r(^ manière que les développements en série suivant
les puissances croissantes de la variable couicident jusqu'à une puissance
déterminée .r". Voici d'abord à cet égard un premier résultat qui s'offre
immédiatement. Supposons que les fonctions y, (x), f^{jc),..., (p„{x) soieul
toutes développables en séries de la forme a + fix -+- -ya;* + . . . et faisons
4)(a:) = Aa:'"+ hx'"-' -h.-. + Kx + L.
( '9 )
On pourra en général disposer des coefficients A, B,,.., L de manière à
annuler dans les n produits çp,(x)$(x), les termes en
fx, étant un nombre entier arbitraire. Nous poserons ainsi un nombre d'é-
quations homogènes de premier degré égal précisément à p.,-, et l'on aura
£,, £2,... étant des constantes, <I>,(^) un polynôme entier de degré M — /ji,.
Or cette relation donnant
?'(-^") = M'^) -^ ^^T^ô '
on voit que les développements en série de la fraction rationnelle et de
la fonction seront en effet les mêmes jusqu'aux termes en :r", et, comme
le nombre total des conditions posées est fx, -H ju., -1- ... -1- p.„, il suffit
d'assujettir à la seule condition
;j., + f».., + ... + fJ.,, =
m.
les entiers p., restés jusqu'ici absolument arbitraires. C'est cette considéra-
tion si simple qui a servi de point de départ à l'étude de la fonction expo-
nentielle que je vais exposer, me proposant d'en taire l'application au.K
quantités (p,{x) =6""^, Çaf-^^) = ^'"' ■,■■■■> ^n[x)= e*-^.
» II. Soit pour abréger M — ui = p.; je compose avec les constantes
rt, b ,...^ h, le polynôme
de degré p. + [J., -+- ... 4- p.„ = M, et j'envisage les n intégrales définies
i/o ^ 0 «'O
qu'il est facile d'obtenir sous forme explicite. Faisant, en effet,
F(;) F'(zl F(»')(3)
nous aurons
/
( 20 )
et, par conséquent,
^V"- ¥{z) dz = j(o) - e-«^-J(rt), f e-'^-F{z)dz = j(o) - e-*^ff(^),....
Or l'expression de ^(z) donne immédiatement, sous forme de polynômes
ordonnés suivant les puissances croissantes de -, les diverses quantités J(o),
#(a), S{b),..., et si l'on observe qu'on a
r(;0)=0, F\0,;,..., F<l^-'\Oy = 0,
puis successivement
Fi» = o, F'(rt) = o,..., ¥^^-'\a) = o,
F(ij = o, F(^i = o,..., F'^-'\é) = o,
nous en conclurons les résultats suivants :
où le polynôme entier ^[x] est du degré M — p. = ?h, et les autres <I>,(a?),
<l'2(x),..,, '^«(x), des degrés M — fx,, M — [J.^-,-.'-, M — [J-w Cela posé, nous
écrirons
er'^Yyz)dz^
0
c''^4\xj — 'i>.i[Xj = a?"+'e*-^ / e-'-'F'^z) dz,
«/o
Jo
or les intégrales définies se développant en sériesdela forme a -f- 1*3 JT+Y^- H-...,
on voit que les conditions précédemment posées comme définitions du nou-
veau mode d'approximation des fonctions se trouvent entièrement remplies.
Nous avons ainsi obtenu, dans toute sa généralité, le système des fractions
rationnelles -rj—zi tt^'""' tt-t' représentant les fonctions e"-^, e*-^,...,
e'", aux termes près de l'ordre o:"^'.
H III. Soit, comme application, « = i , et supposons de plus [i. = [1, = ni,
ce qui donnera M = 2»/, I'{z) = z'"[z— i/"; les dérivées de F(z) pour s = o
( 21 )
se tirent sur-le-champ du développement par la formule du binôme
^ ' I I - ■>. ^ '
et l'on obtient
F(""-')(o) _ m{m — i}...(m — ^--hi) ,
t, 3. . .21/1 — k 1.2.3.../- ^
d'où, par suite,
— 2fn\^2m — i)... [m. + ij — [im — i)[i III — 2 >...(*« 4- 1) a:
I . 2 . O ■ . . /« ^ ' ^ ' ^ • ■ - ' I
4-(2»i- 2)(>/«-3)...(w + i)"'^"'~'^x°-... + (-iy".r'".
» Pour avoir, en second lieu, les valeurs des dérivées quand on suppose
z = i, nous poserons : = i-i-/;, afin de développer suivant les puissances
de h, le polynôme F (i + h) = h'^îli H- 1)'". Or les coefficients précédemment
obtenus se reproduisant, sauf le signe, on voit qu'on aura
» Ces résultats conduisent à introduire, au lieu de ^{x) et <P|(j:^), les
polynômes Ulx) = ■ — '-^ — , Il,(x) = — '^ , dont les coefficients
1 . 2 . 3 . . . /?i ^ ' 1 . 2 . 3 . . . «j
sont des nombres entiers; on aura ainsi
e-^ n (x) — n , (a- ) = -^-—^ d" \ c-^-^ 2'" (z — I )'" dz
-^ — /' ' e-^"-^' z'" ( I - z)'" i/x,
2.5...mJ^ ^ ' '
— [- I
et l'on met en évidence que le premier membre peut devenir, pour une
valeur suffisamment grande de m, plus petit que toute quantité donnée.
Nous savons effectivement que le facteur — — a zéro pour limite, et
il en est de même de l'inlégrale; or la quantité z"'(i — - z) étant toujours in-
férieure à son maximum ( - j qui décroît indéfiniment quand m augmente.
Il résulte de là qu'en supposant x un nombre entier, l'exponentielle e"^ ne
peut avoir une valeur commensurable; car si l'on fait x = -, on parvient,
après avoir chassé le dénominateur, à l'égalité
bn {X) - au, {X) = (- .)'" 7:11^, £ ' e-'"-» z'" (. - z)'" dz,
( 22 )
dont le second membre peut devenir moindre (|tie toute grandeur donnée,
et sans jamais s'évanouir, tandis que le premier est un nombre entier.
Lambert, à qui l'on doit cette proposition, ainsi que la seule démonstra-
tion jusqu'à ce jour obtenue de l'irratiounaiilé du rapport de la circonférence
au diamètre et de son carré, a tiré ces importants résultats de la fraction
continue
à laquelle nous parviendrons plus tard. Laissant entièrement de côté le rap-
port de la circouléreuce au diamètre, je vais maintenant tenter d'aller plus
loin A l'égard du nombre e, en établissant l'impossibilité d'une relation
de la forme
N + e^N, + e'No +. . .+ e''N„= o,
a, b,.... Il étant des nombres entiers, ainsi que les coefficients N, N,, N„.
•> IV. Je considère à cet effet, parmi les divers systèmes de fractions ra-
tionnelles — --^> — 7— -V7 — - — -■■> celui qu on obtient lorsqu on suppose
|jL = a, =...=: fj.„, ce qui donne
m
nii, n ={n + \)ij. et F ( z) =f^ ( 2),
en faisant y (3) =: z (z — rt) (z — Z»), .., (z — /(). Soit alors, comme tout
il l'beiu'e,
^ ' 1.^.3.../. ^ ' I . a . 3 . . . u. ^ ' 1 . 2 . 3 ... p.
ces nouveaux polynômes aiu'ont encore, pour leurs coefficients, des
nombres entiers, et conduiront aux relations suivantes :
(A) ) e*-MI(x)-n,(x) = s„
en écrivant, pour abréger.
••2 3.. fzj„ ' J^ 1.2.3. ..p
( 23 )
» Cela posé, j'ol)serve en premier lieu que £,, Eoi--- deviennent, pour une
valeur suffisamment grande de /j., plus petits que toute quantité donnée;
car, le polynôme_/(z) ne dépassant jamais une certaine limite X dans l'in-
lervalle parcouru par la variable, le facteur \ qui multiplie
' ' l.2.3...(i^ •
l'exponentielle sous le signe d'intégration est constamment inférieur à la
quantité _ ) qui a zéro pour limite.
^ I .2.3. . .p T '
n Je suppose maintenant x = i dans les équations (A), et désignant
alors par F, la valeur correspondante de Ui{x) qui sera un nombre entier
dans l'hypothèse admise à l'égard de «, b,..., h, elles deviendront
e-p_P, = ;,,
e*P - P, = £,,
f'^P — P = £
et la relation supposée
N + f'"N, + r-'-No -t-. . .+ e''N„ = o
donnera facilement celle-ci :
NP + N, P, +...+ N„P„ = - (N,£, -h N, £,-+-... 4- ]Sr„£„),
dont le premier membre est essentiellement entier, le second, d'après ce
qui a été établi relativement à £,, ^i,... pouvant, lorsque [j. augmente,
devenir plus petit que toute grandeur donnée. On aura donc nécessaire-
ment, à partir d'une certaine valeur de [x et pour toutes les valeurs plus
grandes,
NP + N.P, +...+ N„P„ = o.
» Supposons, en conséquence, que p. devenant successivement p. + i,
|7. -h 2, . . . , jLi. -t- /j, P, se change en P' P" , . . . , F;"', on aura de même
NP' +N,P'„ +...h-N„p:, :=o,
NP" +N,p'; +...+ n„p:, =o,
NP<«> + N, P';
N„P!,'"=o.
Ces relations entraînent la condition suivante
P P, ... P,;
P'
P"
p(n) p(n
p:
p;:
= o.
( ^4 )
En prouvant donc que ce déteniiiiiant est différent de zéro, on démontrera
rimpossiliilité de la relation admise
N + CN, +5'^^ +...+ e''N„ = o.
» J'observerai dans ce but qu'on peut substituer aux lermes d'une
même li^ne horizontale des combinaisons linéaires semblables pour toutes
ces lignes, et que j'indiquerai en considérant, par exemple, la première.
Elle consiste cà remplacer respectivement P, P,, Po,-.-, P«-i, P«, par
p _ e-«P,, e-"P, - e-'Po,..., e-^'P,,,, - e-''P,„ e-"P„; il est alors aisé
de voir que si l'on nudtiplie toutes ces quantités par i . 2 . 3 . . . p., elles de-
viennent précisément les intégrales
f"c-'p-{z)clz, f''e-'f^{z)dz,..., f\-^f^{z)dz, re-\f^\z)dz.
» Maintenant les autres lignes se déduisent de celle-là par le change-
ment de ij. en p. + I , p. -)- 2, . . . , p. + ?i, et le déterminant transformé sur
lequel nous allons raisonner est le suivant :
f%--p{z)dz, f\-^f^{z)dz, .... r%-/>(r.)./r,
^_ re-'p-^'{z)dz, Ç\-'f^-^{z)dz,..., f^e-^/^-^{z)dz,
1
JJe-'J^-"{z)dz, j\-^p-"[z)dz,..., J%-J^-"{z)dz.
THERMOCMlMlE. — Sur la chaleur de combinaison rapportée à l'état solide;
nouvelle expression thernnque des réactions; par M. Berthelot.
« 1. Les quantités de chaleur dégagées dans les actions chimiques ne se
prêtent point en général à des comparaisons théoriques, parce que l'état
des corps réagissants n'est pas le même pour tous, les uns étant gazeux,
d'autres liquides ou dissous, d'autres solides, tantôt cristallisés, tantôt
amorphes, ce qui comporte encore de grandes diversités (*). La théorie
pure exigerait que l'on pût opérer toutes les actions et eu calculer les effets
{*) Sur la formation des précipités ; dans ce Recueil, t. LXXIII, p. 1 165, et surtout
p. 1215-1219.
( '-^'5 )
d.ins l'étnt gazeux et à volume constant (*). Par malheur, cette condition
ne peut être remplie que clans des cas exceptionnels.
» Cependant les travaux de Hess, Andrews, Favre et Silbermami ont
monlré que les actions réciproques des acides et des bases devenaient com-
parables dans l'état dissous; mais cette condition ne s'applique qu'à un
groupe de corps, et elle ne rend pas un compte suffisant des doubles dé-
compositions qui s'opèrent dans les dissolutions, celles-ci ne pouvant être
prévues que par le calcul des réactions entre les corps séparés de l'eau,
joint à l'étude de l'influence spéciale du dissolvant sur chacun d'eux (").
» C'est pourquoi j'ai pensé qu'il y avait quelque intérêt à rapporter la
chaleur des réactions à un même état physique : l'état solide et cristallisé,
presque toujours facile à réaliser pour tous les corps réagissants. Les quan-
tités de chaleur calculées dans cet état ne varient que faiblement par les
abaissements de température, même jusqu'au zéro absolu, à cause delà
faible variation des chaleurs spécifiques. C'est la niême circonstance qui
a permis à Duloug et à Petit de découvrir leur loi, si importante pour la
Chimie, mais qui n'est susceptible d'une démonstration rigoureuse que dans
l'état gazeux.
» Or pour calculer la valeur thermique des réactions dans l'état solide, il
convient de joindre à la connaissance de la chaleur dégagée entre les corps
dissous, celle de la chaleur mise en jeu lorsqu'ils se dissolvent. C'est dans
cette intention que j'ai mesuré les nombres compris aux tableaux ci-après,
lesquels viennent s'ajouter à ceux qui existent dans la science, pour per-
mettre de construire un système assez étendu ("*).
(') Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. VI, p. SiG.
(**) Annales de Chimie et de Physique, 4'^ série, t. XXIX, p. loi, 433. — Comptes
rendus, années 1871-1873.
(***) Je renverrai à mes publications dans le présent Recueil pour les hydracitles (t. LXXVI,
p. 679 et74i); lesalcalis(t.LXXVI, p. io4i et 1106); les carbonates (t. LXXIIT, p. i 107,
ii(i?,, iai5); l'es sulfates insolubles (t. LXXIIl, p. 1109); les oxalates insolubles (même
volume, p. iai8).
C.P.., 187:5, 1' Semestre. (T. l.KX Vil, N" 1.)
(a6)
» 2. CItalcur de dissolution (*) des sels.
I. _ Sels monobasiques
rormiates. Acétates.
C'H'0< cristallisé... -2,35 C< H '0* cristallisé.. . -2,i3
C^n^O' liquide -f-o,o8 C«H'0' liq. vers 23°. +0,24
C'H<0'liq. vers 7° ■ - '"
Cn^KO' sec (vide)
C'H'KO' fondu.. .
C-HKO' sec (vide).
C^HNaO' sec (vide
C'HAmO' —2,94
-0,93
-0,52
C'HCaO' +0,33
C'HSrO'
CHSrO'
2 HO..
+o,3i
— 2,73
C'H^NaO' sec (vide).
C'H^NaO' fondu . . .
OH»NaO' + 6HO. .
C'H'CaO'
C*H'CaO'-)-HO.. ..
-0,40
-3,27
-3,21
-4,08
-4,23
-4,58 1
-3,5i
-2,68
C'H'SrO^ +2,78
Benzoates, picrates, etc.
CH^O* environ —
giojjioQi (_ac pivaiiq.-jsolide. -+
C'H'X'O^' -
C'H'KO' -
C'H'ISaO' -f
C'H'AinO' -
C'ffCaO' -f
C'°H'KO' (pivalate) -+
C'HBaO'
C'HZdO'
C^HZnO<
C'HCuO*
OHCuO»
C=HPbO'
2UO.
4eo..,
C'H'SrO'4-iHO . 4-2,63
— 1,22 C'H'BaO* -1-2,62 I
C*H'BaO*-f 3H0.. — o,4i j
C'H'MnO' (vide). . . -+-6,12
C"H']\InO<-4-4HO.. -1-0,79
4-1,99 1 C'Il-ZnO' (vide) ... -+-4,91
— 1,20 j C*H'Zn0*4-H0.. . 4-3, 18
C'ffZn0'4-2H0.. 4-2,12
4-0,26 > C H' CuO' 4-1,21
—3,92 C*H'CuO'4-nO .
— 3,45 C'H'PbO' (vide)..
C'H'PbO'4-3HO
C^H'AgO* — 4>3o
Chlorures.
KCI -4>i9
NaCl —1,08
AuiCl — 4,00
C' = H=KX»0'.
C'^H^NaX'O'.
C'H'AniX'O'
6,5
o,34env.
7,10
.,48
0,78
2.69
2,34
:,35(")
10,0
6,44
8,7
Mn-O'K (très-pur) — io,3o
AzO'Ba
AzO<Ba4- HO.
CyKO=
CvRS- environ.
2,84
4,3o
5,17
5,70
0,40
0,70 j
—2,77 )
Azotates.
AzO'K —8,29
AzO'Na — 4!'i6
AzO'Ain —6,20
AzO''Ca -t-i ,6(?) I
AzO'Ca4-4HO.. — 3,81 j
AzO'^Sr —2,54 I SrCl 4-5,48 |
AzO'Sr4-5HO.. —6,48 |SrCl4-6H0 —3,65)
BaCl 4-0,82 I
BaCl4-2H0 —2,61 )
PbCl —2,0
HgCI —1,52
SnCl4-2H0 —2,58
AzO'Ba —4,64
AzCPb —4)"
AzG'Ag —5,73
Bromures, iodiires, cyamires,
KBr
NaBr
NaBr4-4HO
Kl
Nal
Nal4-4HO
KCy
Am Cy
HgCy
AzH', H^S^ pur
etc.
- 5,45
— 0,29 1
- 4,45)
- 5,32
4- i,3o I
- 3,98 i
- 2,86
- 4,36
- r ,5o
- 3,25
(*) I ])arlie de sel 4- 5o à 100 parties d'eau. Les détails, souvent curieux, des expé-
riences , seront donnés dans le Rlénioire complet. Tous les sels et leurs hydrates, sans excep-
tion, ont été analysés.
(**) C"'H'°0' (ac. pivarupiel dissous (ri = 6''M 4- KO(i*i = a"') dégage. .. 4-i3,59.
Un excès d'acide ou d'alcali ne change pas ce nombre, très-voisin de l'acide acétique.
( ^7 )
II. — Sels bibasiques.
Sulfates. Oxalates. Tarliales.
S'O* +37,30
(S'H-0"crislallisé H-i6,o6 fC'H'O' —2,29 C»H«0'^ —3,45
I S-H-0" liquide. . +16,92 | C'H-0» + 4H0 . . . —8,49
j S'O'K' - 6,04 I C'K'O» — 4,74 ) C'H'R'O'^ — 3,56 (
(S^O'KH —3,23 j C*K.= 0»+2H0.... — 7 ,73 } C»H«K^O'= + HO _ 5,56 |
f S'0»Na' + o,76(*) I C^Na'O' — 4,3o C'H'Na'O'^ — j,i2 ^
S'0»Na"+ioH-0=— i8,io jC'HNaO' — 5,6o ) eH'Na^O" + 4H0 — 5,88j
(s'0«NaH —0,76 ( OHNaO»+2HO.. — 9,5o ) ClPNaO'^ — 5,66i
S=0»Am^ — a,7o C'Am^O" — 7 ,98 j C«H^NaO'=+ 3HO —8,54)
C'Am'0« + 2H0.. — 11,47 j C» H' NaKO'- environ — 1,87!
C'H*NaK0''+8H0 — 12,34 i
Carbonates.
C'0«K.' + 6,54 C'0«KH — 5,32
C'0n<.^+3H0. —0,24 C=0«>aH —4,27
C'O'Na^ + 5,54 C'O'AmH —6,28
Les conséquences que l'on peut tirer de ces ciiiffres sont trop nom-
breuses et trop importantes pour être développées ici sans dépasser le cadre
de la présente Note. Je me bornerai à en signaler quelques-unes, à titre
d'exemples.
3. Relations entre les chaleurs de dissolution. — Les sels de potasse et les
sels de soude formés par un même acide manifestent parfois une différence
presque constante: — 3,i pour les cliloruies; — 3,7 pour les azotates;
— 3,6 pour les picrates; — 3,4 X 2 pour les sulfates. J'ai déjà fait cette
(*) Ce chiffre + 0,76 concorde avec les valeurs + 0,76 observées par Graliam et
+ 0,70 par M. Favre, en 1871. Il sécarte, au contraire, sensiblement de — 0,06, valeur
observée par M. Thomsen, et dont il est facile de constater l'incorrection. Comme elle a été
mesurée en présence de 400H-O', l'erreur reportée sur les indications du thermomètre
serait de 0°, ir. C'est là une erreur d'observation pure, qu'elle soit due h la lecture du
thermomètre, à l'analyse chimique ou à toute autre cause; car elle ne résulte pas d'un rap-
prochement contestable entre les chiffres observés et des chiffres calculés par quelque for-
mule empirique, comportant un écart inévitable. Si je relève cette erreur commise par
M. Thomsen, dans une expérience aussi simple que la dissolution d'un sel (et je pourrais en
citer un grand nombre du même ordre de grandeur), c'est afin de montrer que les chiffres
de cet auteur n'ont pas la précision absolue qu'il leur attribue, et au nom de laquelle il
condamne avec assurance les travaux des autres savants. Les données qui concourent dans
les évaluations ihermochimiciues sont trop diverses pour qu'on puisse en espérer toujours
une si minutieuse exactitude.
( ^t3 )
iciuarciue il y a plusieurs années. De même, entre les sels de sonde et d'am-
moniaque : + 2,9 (chlorures); + 2,5 (azotates); -+- 1,7 x 2 (sulfates);
+ 2,3 (picrates). Si ces relations étaient générales, on pourrait calculer a
priori la chaleur de dissolution d'un sel donné; mais on ne les observe
plus dans l'étude des sels formés par d'autres bases ou d'autres acides.
Entre les formiates de potasse et de soude, la différence est seulement de
— 0,4 ; entre les acétates, — 0,8; entre les oxalates, — 0,2 x 2, etc.
» Au contraire, les acétates anhydres de potasse, de soude, de chaux, de
haryle, de plomb, l'emportent tous de + 4 environ sur les formiates cor-
respondants, ce qui est l'indice d'une certaine analogie de constitution entre
les deux séries. Il serait facile de multiplier les rapprochements de ce genre;
mais les exceptions sont trop marquées ])our autoriser une généralisation
absolue. Bref, le travail de désagrégation qui se produit dans la solution
tl'un sel offre une relation évidente avec sa composition chimique, les dif-
férences d'équivalent correspondant souvent aux différences thermiques;
mais la loi paraît fréquemment masquée par le concours d'autres circon-
stances, difficiles à faire entrer en ligne de compte, telles que la forme cris-
talline différente, la cohésion inégale, enfin la formation des hydrates salins
dissemblables dans les dissolutions.
4. Formation des hydrales cristallisés. — Cette formation, au moyen des
acides ou des sels anhydres et de l'eau solide (*) peut être calculée aisé-
ment par les nombres précédents :
SO^ (solide) -1- HO (solide) — SO'H (solide) dégage -,- 9,,)
BaO I. 4- HO » =:î5aH0= >. » -+-8,i
SiO .. -I- no » =SrHO= ^ v -+-7>*)
CaO .. -f-HO .- =CaHO' » .- -f-6,«
Ces nombres n'offrent entre eux aucune relation simple; ils ne sont pas
les multiples d'une constante commune, comme on aurait pu l'espérer dans
des réactions où l'état des corps est rendu comparable. On ne rencontre
pas davantage de relation simple dans la formation des hydrates propre-
ment dits, renfermant ce qu'on appelle de l' eau de cristallisation. Celte for-
mation dégage d'ailleurs bien moins de chaleur que la précédente. Voici
des nombres :
(*) H^O^ en devenanl solide dégage, d'après les nombres de M. Desains, + i ,43.
C'H'O"
+
4 HO
KHO'
+
4 HO
BaHO=
+
9H0
SrIlO'
+
y HO
BuCl
+
2HO
SiCI
+
(iHO
NaBr
+
4 HO
Nal
+
4 HO
SO'Na
+
10 HO
C'H'NaO
' +
6 HO
1
C'H'CaO'
' +
HO
1
C'H'SrO'
+
IHO
(
C'H'BaO*
+
3 HO
C'HSrO'
+
a HO
i
(
C'H^ZnO'
' +
2 HO
XI
+
no
DHZnO'
+
2UO
(
C-FPCiiO
' +
liO
\
cm Cil 0'
+
4 HO
C'HH'bO
' +
3 HO
( ^9 )
. .. +3,34
soit
+ (>,83
pour HO
. .. +;),63
n
+ 2,4.
..
... +5,72
))
-(- 0,64
U
. .. +5,92
»
+ n,66
"
+ 2,00
..
+ 1 , 00
.,
... +4,84
»
+ 0,81
»
. . . + 1 ,3o
»
+ 0,32
»
... +2,42
»
+ 0,61
n
... +2,28
1)
+ 0,23
»
... +4,37
»
+ 0,73
«
. . . +o,B3
)>
-1- 1) , I 2
n
... —0,21
w
»
»
. . . + t> , 88
»
+ 0,29
w
... + I , 60
■•
+ 0 , 80
«
. . . +2,00
»
+ 1,18
w
. . . +1 ,01
1)
+ 1 , 0 1
I.
... +1,76
)>
+ 0,88
1)
+ 0,08
w
+ 0,08
»
. . . + I , 32
w
+ 0,33
s
... +1,32
»
+ 0,44
)J
» Sans multiplier davantage ces calculs, dont mon tableau fournit en-
core plusieurs applications, et sans trop insister sur des chiffres qui- com-
portent de petites erreurs, et qui varieraient sans doute un peu avec la
température, on voit cependant qu'il n'existe point de relation simple entre
la chaleur dégagée et le nombre d'équivalents d'eau fixés. La chaleur dé-
gagée diffère notablement, même pour les corps isomorphes, tels que les
hydrates d'iodure et de bromure de sodium. Elle ne répond pas non plus
au degré de stabilité des hydrates. L'acétate de soude, par exemple, perd
toute son eau dans le vide; or la fixation de chaque équivalent d'eau
de ce composé dégage +0,78; tandis que l'acétate de cuivre, qui dégage
neuf fois moins de chaleur : +0,08, ne perd pas son eau dans le vide.
L'acélate de strontiane relient son demi-équivalent d'eau jusque vers
180 degrés, quoique la. combinaison de l'eau avec le sel semble répondre
à une absorption de chaleur (*), si les nombres observés sont exacts. De
même, le formiate de zinc, qui garde son eau dans le vide, a dégagé moins
de chaleur que l'acétate, qui j)erd toute son eau à la longue, etc., etc.
(*) La forniation de ce sel, qui crislallise dans le prisme oblique a base oblique, le moins
symétrique tie tous, et dans lequel 2 molécules de sel sont asssociées avec un seul équivalent
d'eau, l'cpoud îl des liavaux tinii [)arliculieis.
( 3o )
« 5. Formation des seU acides, sels doubles, etc.
( SO'K-)-SO'=S=0'K dégage -(-i3.o
I S=O^K-t- HO (sol.) =:S'0'KH dégage + 4-3
( SO'I<.-t-SO'H(sol.) = S'0«KH » + 7.6
SO'Na-f-SO*H(sol.) = S=0'NaH 4- 8.0
i(C*Na'O" + C'U=0») =C'HNaO' -+- 1.9
i(C''H<Na=0'=-l-C'H'^0'=) = C»H*NaO'= -+ 3.3
» La lonnation des sels Mcides organiques solides répond donc à un dé-
gagement de chaleur très-faible. De même le sel de Seignette :
4(C'H*K-0'= + C'H'Na-0' = ) = CH'NaKO'-. . . . ciialeur nulle.
)) 6. Fonnalion des sels à partir de l'acide et de la base.
iSO'H-BaO=:SO'Ba -4- 5i ,u |
SO'-t-SrO =SO'Sr -(-47,8 j
S0'+ CaO = SO'Ca -+- 42.0 environ
SO=+PbO=:SO"Pb -t-3o,4
SO^ + ZnO = SO'Zn -h 22 ,5 |
SO=+CiiO = SO'Cii +21,3)
» Les clialeurs de formation décroissent dans l'ordre de stabilité, sans
que l'on aperçoive aucune relation numérique simple, aucune constante
commune, .se dégager. Remarquons seulement le rapprochement des cha-
leurs de formation entre les sels de baryte et de stronliane, comme entre
les sels de zinc et de cuivre ; ces rapprochements subsistent quel que soit
l'acide. On les retrouve dans les tableaux suivants :
SOiH + KHO' =SO'ie + H'0= (solide) -H 4", 6
SOMI -(- NaI10'=:S0<Na+ H'0= .. +34,7
•SU' H + BaHO^ = SO^Ba -t- 11=0- + 32,7 j
SiHO' = SO'Sr +H=0' » -I- 29,8 j
CaHO'^SO'Ca -H H=0= .. H- 25,4
Pbn02=SO'Pb-4-iPO= " + >9)9
ZnllO==SO'Zn-+-H'0- .. -t-i3,i |
CiilI02=S0'Cii+H^0' » H- 10,5 j
» L'ordre de stabilité se trouve conservé ici.
m. Sels acides. \ «'0"H=+ KHO' = S^O'ICH + H=0= solide +48,2
( SH)Ml-'+lNa[IO' = S'0«NaH + H=0= » +43,7
» IV..S't'/.s »!0)(o/'r(5iV/(;f's.— La comiKiraison entre la formation des acétates
et celle des l'ormiates est digne d'intérêt. Les chiffres répondent à la réac-
. Acide et base
] SG'H
Il Y drilles.
SO II
SO'H
SO'H
\ SO'H
( 3i )
tion suivante
: Acide + Case hydratée = Sel
c=nKO< . . .
+ 25, G
OH'KO' . .
. +2,, 8
C'HNaO^..
+ 22,5
C'H^NaO'..
. +.8,4
CniCaO'...
+ i3,3
C'H'CaO'. .
. +10,6
C'HSrO*. ..
+ 16,71
C<H'SiO'..
• +«4,7(
C'HBaO'. ..
+ 18,6
eH'BaO'..
+l5,2|
C'HZnO'...
+ 6,1
CH'ZnO'..
+ 3,7
CnCiiO»...
+ 5,2
OH'CuO'..
. + 4.5
C^HPbO'...
+ 10,2
C'H'P!)0\.
. + (i,3
Envi, tous les corps solides.
pivalate).
C"'H»KO*
C'H'KO'
C'H'NaO
C'H'CaO"
+ .9,8
+ 22,5
+ '7,4
+ 7 '7
» La production des forniiates solides dégage donc, en général, plus de
chaleur que celle des acétates, l'excès étant de + 4 calories environ pour les
alcalis et l'oxyde de plomb. Le pivalate dégage encore moins de clialenr;
les benzoates ne s'écartent pas beaucoup des acétates. Enfin la formation
des sels métalliques, tels que les sels de zinc et de cuivre, dégage bien
moins de chaleur que la formation des sels alcalins; ce qui explique, jus-
qu'à un certain point, leur décomposition partielle dans les dissolutions,
laquelle devient très-tnanifeste pendant l'évaporation , leur destruction
plus facile par la chaleur, etc.
» V. Sels des acides bibasiques. — Ils l'emportent sur les sels nionobasiques
analogues, comme le montrent les nombres suivants, comparés à ceux
des acétates :
+ 58,8 : 2 = + 2f),4,
+ 53,0 : 2 = + 26,5,
Oxalates.
Tartrates.
O K.' 0"
C'Na'O»
( C'NaHO»
C'H'Na'O''
C'H'NaO"
C'H'NaKO'
28,4;
+ 53,8 : 2 = + 26,9,
+ 45,9 : 2 r= + 22,9,
+ 26,2,
+ 49,5 (ses composants =: 49>8).
)) On voit encore <]ne les sulfates surpassent de beaucoup les sels orga-
niques par la chaleur dégagée dans leur formation ; les différences entre
les chaleurs relatives aux sels alcalins et terreux sont d'ailleurs à peu près
du même ordre de grandeur pour tous ces sels. On remarquera que toutes
ces relations s'appli([nent seulement aux sels anhydres, les hydrates salins
ne donnant lieu à aucun rapprochement généra! sous le même point de
vue. La solubilité ou l'insoluljilité des corps y jouent également peu de
rôle, comme le montre la comparaison des sulfates avec les fornn'ates ou
les acétates.
» 7. Déjjlacements réciproques des acides dans les sels — J'ai montré, dans
( 32 )
le présent Rccuoil (t. T-XXV, p. 435, 480, 538, 583), que ces fléplacemenls,
toutes les fois qu'aucun corps ne se sépare par insolubilité ou moindre
solubilité, pouvaient être prévus et calculés rigoureusement : il suffit de
réunir les prévisions fondées sur les réactions des corps séparés de l'eau,
avec la connaissance de l'action propre de l'eau sur chacun d'eux, sur les
acides en particulier.
» 8. Doubles décompositions salines. — Il est probable qu'elles pourront
être calculées de la même manière, pourvu que l'on sache le degré de dé-
composition que chaque sel soluble éprouve de la part de l'eau, les sels
métalliques en particulier; en envisageant à la fois la séparation partielle
du sel hydraté en eau et sel anhydre, et la séparation de ce dernier en sel
acide et sel basique dans les liqueurs. Mais il serait trop long d'entrer ici
dans cette discussion. Il me suffit d'avoir montré l'intérêt qui s'attache à
la nouvelle expression thermique des réactions que je propose d'introduire
dans la science. »
M. Daubrée fait la Communication suivante :
(( L'Académie sait que la courageuse expédition conduite par M. Nor-
dinski(')ld a voulu passer tout cet hiver au milieu des glaces du Spitzberg,
afin de pouvoir, dès le printemps, se diriger plus avant vers les régions po-
laires. Aucune nouvelle n'en était parvenue depuis le mois de novembre,
et l'on ignorait comment les intrépides voyageurs avaient traversé ces sept
mois. Un télégramme de Tromsoë, en date d'avanl-liier (5 juillet), fait
cesser les inquiétudes qu'on pouvait avoir siu' le personnel de l'expédi-
tion. Il est ainsi conçu :
1 Tromsoë, 5 juillet. — Hiver et printemps passés très-bien; l'état des glares a fait
échouer complètement l'expédition du Nord, qui a dû diiiger ses efforts vers un aulre but;
nous serons de retour à Trotnsoë au commencement d'août; santés excellentes. »
M. HiuN fait hommage à l'Académie d'une brochure intitulée « Applica-
tion du pandynaniomètre à la mesure du travail des machines à vapeur à
balancier. »
M. Lestiboudois adresse à l'Académie, par l'entremise de M. Dumas, un
Mémoire manuscrit, accompagné de planches nombreuses, siu' la structure
de l'écorcc et la formation du siiher.
Ce Mémoire sera transmis à la Section de Botanique.
(33)
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement de
M. Acjassiz, élu Associé étranger.
Au premier lourde scrutin, le nombre des votants étant 44^
M. Steenstrup obtient 38 suffrages.
M. Darwin 6 »
M. Steenstrup, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un autre
Correspondant, pour la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement
de feu M. Piciet.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Dana obtient . .- 35 suffrages.
M. Darwin lo »
Il y a un bulletin blanc.
M. Dana, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est j)roclamé
élu.
L'Académie procède encore, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
autre Correspondant, pour la Section d'Anatomie et Zoologie, en rempla-
cement de feu M. Pouchel.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. Carpenter obtient 35 suffrages.
M. Darwin 12 »
M. Huxley i
»
M. Carpenter, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
G. R., i8-)3, 1' Semestre. (T. LXXVll, N" 1.)
( 34 )
MÉftlOniES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur un système de télégraphie optique, réalisé pendant
le siéqe de Paris par une Commission nommée par le Gouverneur. Note de
M. A. Lacssedat.
(Commissaires : MM. H. -Sainte-Claire Deville, Edm. Becquerel, Desains.)
« Pendant le siège de Paris par les armées allemandes, une Commis-
sion (i), nommée par le Gouverneur, sur la proposition de M. le général de
Chabaud-Latour, et composée de savants physiciens qui m'avaient fait
l'honneur de m'appeler à les présider, est parvenue à résoudre, avec un
plein succès, le problème de la télégraphie optique.
» Le principe de cette solution, entrevu vers la même époque par d'au-
tres personnes, tant en France qu'à l'étranger, n'avait pas reçu jusqu'à
présent, à notre connaissance du moins, les développements que nous
étions parvenus à lui donner, en réunissant tous nos efforts dans un mo-
ment de suprême danger. Nous évitions d'ailleurs la publicité, rien ne nous
obligeant à faire part aux étrangers du réâliltat do nos recherches; mais
nous avions cru néanmoins prudent de prendre date, en déposant, le
aq avril 1872, au Secrétariat de l'Académie, un pli cacheté contenant un
exposé sommaire des expériences faites et des résultats obtenus pendant la
guerre.
» Un numéro du Recueil intitulé : Giornale del Genio militare, récemment
paru, est venu nous prouver que nous avions eu raison de prendre celte
précaution. Ce journal contient, en effet, un Mémoire étendu et intéres-
sant sur la télégraphie optique à laquelle le Comité du Génie italien paraît
s'élre beaucoup intéressé depuis quelques années.
» Nous sommes persuadé que ce Mémoire a été rédigé avec une entière
bonne foi, mais les méthodes d'observation et les résultats qui y sont an-
noncés présentent une telle analogie avec les nôtres que, en gardant plus
longtemps le silence, nous nous exposerions à passer plus tard pour des
imitateurs, alors que nous avons réellement imaginé et improvisé, en quel-
ques semaines, un système que nous continuons à perfectionner, mais qui,
(1) Cette Commission était composée de MM. Brion, Hioux, Lissajous, Malet et Maiirnt.
M. Cornu lui fut adjoint dans le courant d'octobre.
(35)
tel qu'il était à la fin de 1870, pouvait supporter avantageusement la com-
paraison avec l'appareil italien actuel.
» D'ailleurs, bien que les expériences dont il est rendu compte dans le
Giornale del Genio mililare, aient été ordonnées dés 1869 par le Comité du
Génie italien , elles n'ont été, de l'aveu de l'auteur, terminées qu'en 1871, et
le Mémoire qui vient de paraître est daté du 29 septembre 1872. Or les
appareils décrits dans le Mémoire que nous avons déposé le 27 avril 1872
ont été construits à Paris en septembre, octobre et novembre 1870, et les
expériences dont nous faisons connaître les résultats, commencées en sep-
tembre 1870, ont été terminées en février 1871,
» Le droit de la Commission, celui de M. le professeur Maurat surtout,
qui a fait les premiers essais, sinon à une invention, du moins à la réali-
sation d'une idée utile et féconde, ne saurait donc être contesté, grâce à la
garantie offerte par l'Académie des Sciences. J'ai l'honneur de prier l'Aca-
démie de vouloir bien ouvrir, dans la prochaine séance, le pli cacheté
inscrit sous le n" 2667, et d'en faire connaître le contenu au public. »
Ce pli est ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, qui donne
lecture des passages suivants :
CI Depuis l'invention de l'héliotrope par le célèbre Gauss, les géodésiens ont à leur
u disposition un moyen de correspondance d'une grande simplicité et d'une portée qui
» n'est limitée que par la courbure de la Terre....
» Le mode de correspondance à l'aide des héliotropes, si simple de jour et par un ciel dé-
» couvert, est malheureusement d'un emploi très-limité, puisqu'il exige la présence du Soleil.
» Pour correspondre par les temps couverts et même pendant la nuit, il a fallu recourir
.) à des systèmes optiques plus ou moins puissants et à des lumières artificielles d'une in-
I) tensité assez grande pour rester visibles à des distances qui peuvent atteindre et dépasser
.. 5o kilomètres. Les astronomes emploient depuis un certain nombre d'années, sous le nom
., de collimateurs-, un dispositif de lunettes qui se prête parfaitement à la solution du pro-
.. blême dont il s'agit.
1) Avant d'exposer le principe sur lequel repose l'emploi des collimateurs, nous devons
" dire immédiatement que RI. le professeur Maurat, qui a réalisé les premiers essais faits
» à Paris pour établir une télégraphie optique, a imaginé spontanément le système que
» nous allons décrire —
» Principe de l'appareil. Considérons deux lunettes ab,a'b\ dirigées l'une sur l'autre
» de telle sorte que leurs axes optiques coïncident sensiblement... Au delà de la lunette a' b' ,
« un peu en arrière et tout [)rês de son oculaire, plaçons une lumière, la flamme d'une
» bougie, par exemple; si la distance n'est pas trop grande et qu'un observateur regarde
" à travers la lunette ab, il apercevra cette lumière ou plutôt l'image de la flamme comme
» un point brillant. Si la distance des deux lunettes augmentait, il deviendrait nécessaire
i. d'augmenter aussi l'intensité de la source lumineuse ou l'ouverture des objectifs des lu-
5..
( 36)
» nctlcs. Plus généialement, il est évident que l'éclat de l'image perçue à travers la lunette
o ab dépendra à la fois :
» 1° De l'inlensité de la source liiinineiise;
• 2" De la dislance qui sépare les deux lunettes;
» 3° De l'ouverture des objectifs de ces deux lunettes;
'. 4" Knfin di-' l'état de l'atmosphère.
•' Les expériences multipliées faites à Paris en septembre, octobre et novembre ont eu
» pour objet de déterminer avec soin les meilleures conditions de construction et d'insialia-
» tion des appareils ainsi que la nature des sources lumineuses à adopter selon les circons-
» lances, c'est-à-dire selon que les distances sont plus ou moins considérables, l'atmosphère
" jjIus ou moins chargée de vapeurs, de jour et de nuit. Il est à peine nécessaire d'ajouter
» que, pour produire les éclipses et les réapparitions du signal lumineux, on n'a qu'à inler-
» poser un petit écran au-devant de la lumière ou sur un point choisi du pinceau lumineux
» et à le retirer allernativement. On conçoit facilement comment les mouvements de cet
• écran peuvent être guidés et réglés en l'adaptant au bras du levier du manipulateur Morse.
>' En employant le même alphabet conventionnel, on pouvait donc espérer aussi que l'on
» obtiendrait à peu près la même rapidité dans la transmission des dépêches qu'avec la lelé-
» graphie électrique. 11 résulte encore de celte identité de l'organe essentiel de la transmis-
» sion, que toutes les personnes exercées peuvent passer de l'un des systèmes à l'autre après
» un exercice de quelques heures au plus. C'est, d'ailleurs, ce que l'expérience a dé-
montré....
u L'un des savants physiciens qui ont concouru à la création du nouveau système,
» M. Brion, est parvenu à rendre les éclipses absolument invisibles, pour un observateur
» non prévenu de la position exacte de la station télégraphique.... »
» Ici se Irotive un historique de la création de la Commission, duquel
est extrait seulement le passage suivant :
« Cette Commission, constituée par un ordre du Gouverneur de Paris, était autorisée à faire
» construire les appareil nécessaires à ses expériences et à les installer partout où elle juge-
" rait convenable, notamment dans les forts, ce qui lui permettrait de faire varier la portée
» des ajipareils, de jour et de nuit, et d'atteindre le maximum de 20 kilomètres entre le
>• Mont-Valérien et le fort de Nogent. »
» Vient ensuite la description des différents modèles d'appareils, accom-
pagnée de dessins très-détaillés et qu'il eût été impossible de reproduire
dans les Comptes rendus.
» Les expériences de la Commission avaient été entreprises pour tenter
de mettre Paris en communication avec la province, et il était convenu que
deux (le ses membres partiraient en ballon pour aller s'installer, si cela était
possible, au delà des lignes d'investissement. Voici ce que le Mémoire de
M. Laussedat contient à ce sujet :
• Les expériences étaient terminées et les préparatifs de départ pouvaient être faits dès
(37 )
» les premiers jours de novembre,... Des retards loiit à fait indépendants de la volonté des
» deux membres désignés s'opposèrent pendant près d'un mois à leur départ. EnKn le i"'' dé-
» cembre, le lendemain de la première affaire de Champigny, M. Mercadier, directeur
» général par intérim de l'administration des lignes télégraphiques ayant mis, avec «ne grande
» obligeance, à la disposition de la Commission, le ballon la BaUiillc de Paris, MM. Ilioux
» et Lissajous purent s'embarcpier avec un matériel soigneusement préparc et franchirent
« heureusement les lignes prussiennes. Un rapport de M. Lissajous, annexé à cette Notice,
« fait connaître en détail les services que MM. Hioux et Lissajous ont rendus ou essayé de
» rendre en province, dans des circonstances qui devenaient de jour eu jour plus difficiles. »
» M. Lissajous fait connaître dans ce Rapport, également contenu dans
le pli cacheté, les essais iiidépetidanls faits en province, dans le Midi, par
MM. Le Verrier et Crova, et à Tours par MM. Grammassini et Matagrin.
Il y rend compte de la création d'une école de télégraphie optique à Bor-
deaux, sur les indications de son collègue, M. Hioux, et de la construction
d'un matériel dans la composition duquel entraient des verres non aclirunia-
tiques d'un grand diamètre, fort avantageux au point de vue de l'économie.
» Enfin il fait connaître les résultats obtenus à l'armée du général
Clianzy par MM. Hioux et Grammassini.
« M. l'inspecteur ïamisier, chef du service télé;;raphique à la deuxième armée, dit-il,
» profita de nos appareils pour relier une des divisions avec le quartier général établi à
» Laval. M. Ilioux installa une station à Laval même, au bureau télégraphique provisoire
» situé rue du Bel-Air. M. Grammassini alla installer la station correspondante à la ferme
>' du Grand-Guérouli, située aux avant-postes, à proximité de la division du général de
<> Curten. La distance des deux stations était de 5 kilomètres en ligne directe. La corres-
« pondance fut établie de jour, par un soleil des plus vifs. La réussite fut complète. >>
» Dans un Rapport supplémentaire, à la date du 22 mars 1871, M. Lissa-
jous rend compte, en outre, des expériences faites à Poitiers après la con-
clusion de l'armistice.
« Les premières expériences se firent le 4 mars. L'une des stations était à la préfecture,
» l'autre à Saint-Georges, à 12 kilomètres. On se servait de deux appareils à prismes (ob-
" jectifs de 6 pouces d'ouverture). L'installation fut rapide; M. Baudot se servit d'une
u boussole et d'une carte du pays pour déterminer sa position. La correspondance se fit de
» jour et de nuit, à l'aide d'une simple lampe à pétrole.
» Le lendemain, 5 mars, M. Baudot, sans prévenir M. Grammassini, se transporta à
o Beaumont, à 22 kilomètres de Poitiers. Il s'installa en plein champ à 8'' 10'" du soir. A
• 8''3o'" la correspondance était établie. La station de Poitiers avait retrouvé promptement
» la station extérieure.
» Le 10 mars, IM. Baudot se transportai Champagné-Saint-Hilaire, à 87 kilomètres de
» Poitiers, à l'angle delà promenade de Blossac. Il faisait très-beau soleil ; chaque station
» était pourvue d'un miroir plan. On s'en servait pour envoyer le soleil par réflexion dans
( 38 )
» l'appareil, ef la correspondance se fit ainsi de jour. La nnit venue, on employa la lampe
>. à pétrole. La lecture des signaux se faisait à l'œil nu, à celte distance de 87 kilomètres.
. Ces expériences ont eu lieu sous les yeux de M. Morin, inspecteur des télégraphes à
» Poitiers, et de W. Tamisier, inspecteur télégraphique de la deuxième armée. »
HYGliÏNE PUBLIQUR. — Sur les propriétés nutritives et lactigènes du Galega
officiiialis. Mémoire de M. Giixet-Damitte. (Extrait par l'Auteur.)
(Commissaires : MM. Cl. Bernard, Bouillaud, Ducharire.)
« L'Auteur indique d'abord le rendement agricole de la plante comme
foin-rage, sa vigueur et su valeur nutritive, qui est, de 33 pour 100, supé-
rieure au foin de pré prototype. Il cite des détails d'expériences tendant à
prouver que le bétail accepte ou s'habitue à accepter ce fourrage pour sa
nourriture; d'une analyse du Galega sec, opérée par M. Gaucheron, pro-
fesseur de Chimie agricole à Orléans, et des données de Springel sur les
principes constitutifs du lait de vache, il conclut que, le Go/e^/ocontenant tous
les éléments propres à former de bon lait, cette plante doit être lactigène.
» Il indique diverses expériences, faites sur des vaches nourries exclusi-
ment de Galega. En vingt-quatre heures, ces vaches ont donné, les unes, 33
pour 100 de lait de plus que des vaches nourries d'herbes de même poids;
les autres, environ 5o pour 100 en plus.
» L'Auteur indique enfin les résultats obtenus par l'administration du
Galega, soit à l'état naturel, en salade, soit à l'état de sirop, à des nourrices
dont le lait commençait à tarir. »
M. Bourgeois adresse un certain nombre d'observations, faites pendant
le siège de Paris ou à la suite du siège, et tendant à confirmer l'efficacité du
sirop de Galecja comme lactigène, et la possibilité de l'emploi du Galega
comme plante fourragère. Ces diverses observations ont été faites d'après
les instructions de M. GiUet-Damitte.
(Renvoi à la même Commission.)
M. Meuget adresse une Note complémentaire à sa Communication sur
l'emploi des gaz comme révélateurs. L'auleur fait remarquer que M. Renault,
dans l'intérêt duquel M. Balard avait fait une réclamation i^et non pas
Raoult, comme on l'a imprimé par erreur en note, t. LXXVl, p. i47'/ 'i*^
s'est point occupé de la réduction des sels de platine par l'hydrogène, mais
bien de la réduction des sels d'argent. Que les sels d'argent soient réduc-
tibles par l'hydrogène pur, ou qu'il faille attribuer l'action aux gaz élran-
(39)
gers que l'hydrogène contient, c'est ce que M. Merget ne veut pas examiner;
mais il maintient ses assertions relativement aux sels de platine, qni sont
parfaitement réductibles par l'hydrogène pur, comme Brunner l'aftirnie,
et comme ses propres expériences tendent à le confirmer.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Chataing adresse, par l'entremise de M. le Ministre de l'Iiistruclion
publique, une Lettre relative à ses appareils d'aérostation.
(Renvoi à la Commissidn des aérostats.)
M. T. Hé\a adresse luie nouvelle Noie relative à des coprolithes trouvés
dans les terrains quaternaires des environs de Saint-Briciic.
(Commissaires : MM. Delafosse, Daubrée, Des Cloizeaux.)
.M. J.- A. Le Coz adresse uiie Note relative à ces mêmes fossiles, qu'il
croit être formés par un dépôt de carbonate de chaux dans le moule de
racines d'arbres.
(Renvoi à la même Commission.)
M. Br.ANDiN adresse une Lettre relative à sa précédente Communication
sur le Martinet noir ou de muraille.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Dezautières adresse une Lettre relative à sa précédente Note sur une
averse de grêle.
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. J. DusART adresse un Mémoire sur une machine à vapeur à rotation.
(Commissaires : MM. Morin, Rolland, ïresca.)
M. Bertrand adresse, comme complément à son travail pour le Con
cours de Statistique, un Allas de Géographie et Statistique médicales de la
France. Cet Atlas est transmis à l'Académie par M. Larrey.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. Brachet adresse une Note sur des modifications à apporter aux
télescopes.
(Renvoi à la Commission du legs Trémont.)
( 4o )
M. C. MoRELLo adresse une Note relative à la vie de la matière.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Romain d'Olizar adresse une Note relative à une machine nouvelle
de son invention.
(Cette Note sera soumise à l'examen de M. Tresca.)
CORRESPONDANCE .
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les « Observations faites dans les stations astronomiques
suisses, par M. E. Plantamour. »
JM. LE Secrétaire perpétuel appelle l'attention de l'Académie sur l'envoi
qui lui a été fait par M. Th. du MonccI, de la collection des Ouvrages pu-
bliés par lui sur l'Électricité et sur la Télégraphie électrique.
{V^oir la mention de ces Ouvrages au Bulletin bibiiociraplikjue.)
ASTRONOMIE. — Sur la constitution du Soleil et la théorie des taches;
*par M. E. Vicaire.
« Les produits non gazeux de la combustion, après avoir flotté quelque
temps dans la photosphère, retombent dans le noyau central lorsqu'ils se
sont suffisamment agglomérés. Quand, grâce à des circonstances favorables,
les masses qu'ils forment sont assez considérables pour descendre violem-
ment et sans se refroidir, elles déterminent la formation des lâches cl
des protubérances. Au contact de ces masses, en effet, une grande quan-
tité de chaleur se trouve appliquée brusquement à un liquide déjà bouil-
lant; de là une violente explosion, analogue à celle qu'on obtient en pro-
jetant du plomb fondu dans de l'eau bouillante. Il ne semble même pas
difficile de distinguer les trois cas auxquels doivent correspondre les trois
ordres principaux de phénomènes éruptifs que l'on observe à la surface du
Soleil.
» Une masse à la fois volumineuse et dense, pénétrant profondément
dans le noyau, déterminera une ébullition violente, mais courte, et, l'effet
purement mécanique du choc venant s'y ajouter, il se produira une de ces
( 4I )
brusques projections de matières, peut-être encore en partie liquides, que
l'on observe de temps à autre.
M Une masse moins considérable et surtout peu dense donnera une pro-
tubérance plus on moins vive, plus ou moins durable.
» Enfin une masse très-considérable, mais de nature à flotter sur le
noyau, donnera une tache. Les vapeurs produites sous cette scorie flot-
tante, se dégageant à la périphérie, y produisent une ceinture de protubé-
rances et de facules. Le long de la nappe évasée qu'elles forment, la com-
bustion s'effectue vivement, sans séparation de carbone solide, comme à la
base de la flamme d'un bec de gaz. C'est ce qui produit la pénombre; mais
les oxydes fixes continuent à s'y former; c'est pourquoi les jets enflammés
qui s'allongent contre les parois de la cavité ne sont pas complètement
obscurs; lis sont seulement amaigris par l'absence de carbone solide.
Au-dessus de la photosphère, les jets gazeux sont rabattus en arrière par
suite du mouvement relatif de l'atmosphère. De là la dissymétrie habituelle
des facules; de là ces queues que présentent certaines taches toujours en
arrière. De là une agitation de la photosphère qui, laissant apercevoir çà
et là un noyau obscur, forme une série de petites taches dans le sillage de
la grande. C'est une première cause de la formation de groupes allongés
suivant les parallèles.
» On peut réaliser des conditions analogues dans une expérience de la-
boratoire. Le moyen le plus simple est de lancer, dans la flamme plate d'un
bec de gaz à fente, et perpendiculairement au plan de cette flamme, un jet
de gaz de forme arrondie. En augmentant ou en diminuant la pression de
ce dernier jet, on obtient à volonté une facule ou luie tache; mais, pour ob-
tenir une représentation plus parfaite, il faut d'abord se procurer une nappe
lumineuse simple, en faisant arriver le jet du bec fendu sous le bord d'un
creuset de terre couché horizontalement : le creuset se remplit de gaz et la
nappe lumineuse en ferme l'entrée. Un tube qui traverse le fond du creuset
amène un jet de gaz normal, et l'on écrase ce jet au moysn d'un petit disque
métallique un peu irrégulier, qui représente le noyau de la tache.
» Des îles flottantes de scories, dont le diamètre égale plusieurs fois la
profondeur des taches, ne peuvent pas tomber tontes formées du haut de la
photosphère; mais il n'y a aucune difficulté à comprendre qu'elles se
forment sur place par l'agglomération de blocs tombant en pluie dans une
même région. Le phénomène de caléfaction qui se produit nécessairement
au-dessous d'elles leur permet de flotter plus facilement, et, pour peu
qu'elles aient une structure huileuse et scoriacée, on comiirend qu'elles
C.R.,1873, 2<> 5<;me«rc. (T. LXXVII, N" I.) 6
( 42 ) .
surnagent, même avec une densité propre bien supérieure à celle du liquide;
mais, dès que la masse est assez refroidie pour être mouillée, une dernière
explosion se produit, la scorie est submergée et la tache disparaît.
» Les nuages détaciiés que l'on voit souvent au bord du Soleil peuvent
être desimpies bouffées de gaz combustibles; mais je crois qu'ils sont dus
habituellement à des jets gazeux qui, lancés avec une grande vitesse, ne
s'enflamment qu'à une certaine distance de leur origine. Pareil effet
s'observe à chaque instant dans un feu de bois ou de houille, et récemment
31. Benevides a montré qu'il se produit toujours lorsqu'on allume dans
l'air un jet de gaz d'éclairage un peu fortement comprimé.
» Les vitesses énormes avec lesquelles s'élèvent les protubérances
s'expliquent de la façon la plus simple par la présence de l'atmosphère. Si
nous considérons une masse de gaz dont la densité soit le dixième de celle
de l'atmosphère, la vitesse qu'elle acquerra sous l'action de la pesanteur
solaire y, après un parcours h égal seulement au rayon terrestre, sera
\ (lo — i) 2Jh = yV) X 2 X 9,81 X 27,5 X 6370000 = 176000 mètres.
» Ainsi s'explique également le mouvement ascensionnel des queues des
comètes.
» Quant aux protubérances qui semblent retomber comme des jets
d'eau, suivant la comparaison du P. Secchi, cela pourrait tenir à la densité
plus grande des matériaux qui les constituent; mais je pense que c'est le
plus souvent un simple effet de perspective. Ce sont des jets qui, entraîtiés
par l'atmosphère à peu près parallèlement à la surface du Soleil, passent
d'un côté à l'autre du contour apparent de l'astre. Cet entraînement par
l'atmosphère explique les formes couchées que présentent ordinairement
les protubérances ailleurs qu'aux pôles.
» Les produits solides qui flottent dans la photosphère ne restent pas
immobiles. Sous l'influence de la force centrifuge, ils se portent vers
l'équateur, de même que, dans l'expérience élémentaire de Physique, les
corps les plus denses sont ceux qui s'éloignent le plus de l'axe de rotation.
Les taches sont, en effet, concentrées dans une zone peu étendue de part et
d'autre de l'équateur. Toutefois il y aurait à expliquer pourquoi l'équateur
lui-même en offre très-peu. Cela tient sans doute à des causes secondaires,
telles que le remous produit, à partir de l'équateur, par les gaz que ces
matériaux refoulent vers les pôles, et le mouvement général de l'équateur
aux |)ôles, qui paraît exister à la base de l'atmosphère oxygénée, d'après les
observations du P. Secchi sur la direction des protubérances. Enfin il est
( 43 )
à remarquer que le noyau liquide n'est pas nécessairement homogène; la
force centrifuge peut aussi y déterminer une séparation par zones, qui
influerait évidemment sur tous les phénomènes photosphériques.
» Les causes principales ou secondaires dont nous venons de parler, agis-
sant de la même manière tout le long de chaque parallèle, donnent une
seconde explication de la formation de groupes de taches disposés suivant
ces cercles.
)) D'autre part, il se peut que la distribution des taches et des protubé-
rances soit influencée par une cause périodique, dont l'intervention a déjà
été signalée comme fait d'observation, sans qu'on ait pu l'expliquer d'une
manière satisfaisante : c'est l'action des planètes. On a calculé que cette
action ne pourrait produire à la surface du Soleil que des marées absolu-
ment insignifiantes; mais il ne suit pas de là qu'elle ne puisse agir efficace-
ment dans des cas où elle ne serait pas en lutte avec la pesanteur solaire;
or c'est ce qui arrive lorsqu'il s'agit de déplacer des corps flottants, suivant
des surfaces de niveau le long desquelles le travail de cette pesanteur est
nul. Je trouve que l'action de Jupiter sur un corps placé à la surface du
Soleil est environ y^tû ^^^ '■'' composante tangentielle de la force centri-
fuge à la latitude de 4^ degrés, où cette composante atteint son maximum.
» Quant aux mouvements des taches, j'ai déjà exposé ailleurs les faits
d'observation qui établissent un rapport très-net entre ces mouvements et
les dégagements gazeux dont les taches sont le siège. Il n'est pas étonnant
que les scories flottantes, sous lesquelles se forme incessamment un mate-
las de vapeurs, circulent aisément à la surface du liquide qui les porte,
comme un globule de potassium sur l'eau. Si le mouvement a lieu toujours
suivant les parallèles et dans le sens de la rotation, cela tient évidemment
à ce que l'impulsion qui le produit se trouve orientée par le déplacement
relatif de l'atmosphère, et voici, ce me semble, comment cela peut se faire.
Lesjelsqui sedégagent toutautour du noyau scoriacé n'ont, pareux-mèmes,
aucune tendance habituelle à le pousser d'un côté plutôt que de l'autre;
mais l'atmosphère qui les rabat en arrière leur conununiquc une obliquité
générale dans le même sens : la réaction qu'ils produisent tend donc à
pousser le corps flottant en sens contraire.
Ta vitesse communiquée à celui-ci doit augmenter, toutes choses égales
d'ailleurs, avec l'obliquité, et par conséquent aller en croissant du pôle à
l'équateur; mais ce corps, à son tour, doit entraîner le liquide qui le
porte et y produire un courant dirigé suivant le parallèle. Ces courants
régularisent les mouvements des taches et font que la vitesse de chacune
6..
(44 )
d'elles 110 dépenil pas absolument de l'intensité actuelle du dégagement
gazeux dont elle est le siège. La vitesse du courant, à chaque latitude,
dépend à la fois de roi)liquité moyenne des jets, à celte latitude, et du
iiombie des taches ou protubérances qui s'y produisent. C'est pourquoi,
en déiinitive, la vitesse observée dans les taches semble diminuer un peu à
l'équatenr même, où ce nombre offre un minimum. On comprend, par la
même raison, que la vitesse générale de rotation du Soleil puisse varier
avec le temps, comme le nombre des taches. »
MÉTÉOROLOGIE SOLAIRE. — Les cydones du Soleil comparés à ceux
de notre atmosphère. Note de M. H. Tarry.
« L'Académie a reçu de nombreuses Communications sur les taches du
Soleil, que INI. Faye assimile à des cyclones, en tous points comparables à
ceux qui bouleversent notre atmosphère.
» Cette théorie est combattue à la fois par les spectroscopistes italiens
qui, s'en rapportant au témoignage de leurs yeux, déclarent que les taches
sont dues à des mouvements ascendants et non descendants de vapeurs
métalliques incandescentes, et par les mathématiciens qui, appliquant le
calcul à cette question, établissent que l'effet produit est hors de propor-
tion avec la cause. Je m'attendais à ce qu'un météorologiste plus autorisé
que moi intervînt dans le débat pour l'éclaircir, en expliquant comment
les choses se passent dans notre atmosphère, où les phénomènes sont
plus facilement observables. Personne ne l'ayant lait, je demande à l'Aca-
démie la permission de faire une observation extrêmement simple, qui
montrera que toute la discussion roule sur un malentendu, et qui aura
peut-être pour résultat de mettre tout le monde d'accord, ce qui serait
extrêmement désirable.
» M. Faye a présenté un tableau qui comprend, en regard les unes
des autres, toutes les particularités des cyclones terrestres et solaires, en
montrant leur complet parallélisme. La plus importante de ces propriétés,
c'est que, dans les cyclones, il se produit un mouvement de rotation
dirigé de haut en bas. C'est là le point de départ de la théorie de M. Faye.
Le P. Secchi le condiat, en ce qui concerne les cyclones solaires; je viens
le combattre, à mon toiu-, en ce qui concerne les cyclones terrestres,
dont je fais, depuis plusieurs années, une étude attentive.
» Dans les cyclones qui bouleversent notre atmosphère, le mouvement
d'aspiration rotatoire se produit de bas en haut et non de haut en bas- l'ob-
(45)
servation, l'analogie et le calcul sont d'accord pour rendre ce fait incon-
testable, et je suis surpris que M. Faye ait aftiriné le contraire, sans même
le discuter.
» Les mouvements tourbillonnants auxquels on donne le nom de cy-
clones ne sont que de vastes trombes, dont le diamètre est de plusieurs
centaines de kilomètres. Or, dans les trombes, ne sait-on pas que la force
aspirante dévastatrice est dirigée de bas en baut, à tel point qu'elle soulève
les toits, déracine les arbres, aspire et dessèclie les étangs?
» Se figure-t-on une trombe, passant sur une surface liquide et dépri-
mant cette surface, par suite d'une poussée qui ferait pénétrer l'air au sein
des eaux pour le faire ressortir en bulles gazeuses, tout autour de Venton-
noir qu'elle aurait ainsi formé? C'est là le phénomène que M. Faye déclare
se produire sur le Soleil. Rien de pareil n'existe dans les cyclones terres-
tres. L'eau est, au contraire, soulevée; la surface de la mer s'élève de
plusieurs mètres et produit ces terribles inondations qui ravagent nos
colonies et viennent s'ajouter aux désastres causés par la violence du vent.
)) Maury, le créateur de la Météorologie dynamique ne s'y est pas
trompé et voici comment il s'exprime dans le Chapitre des tempêtes de son
magnifique ouvrage des Sailing Directions :
« C'est au centre de l'oiiiagan qu'on observe le mininuini barométrique. Il se fait là un
vide considérable, accru encore par l'ell'et de la force centrifuge, résultant du mouvement
gyratoire, et une force considérable d'aspiration, comme dans les trombes, y produit les
effets les plus désastreux. La crête des lames est emportée dans l'espace et une pluie salée
retombe de toutes parts. L^eau e/i masse obéit à cette force ascensionnelle et le niveau de la
mer s'élève, formant comme une marée locale qui suit la tempête dans sa course (i ). »
» De même, lorsqu'un cyclone passe sur le Sahara, il soulève, en vertu
de la même force tourbillonnante ascensionnelle, les sables du désert, jus-
qu'aux régions les plus élevées de l'atmosphère, d'où on les voit retomber,
plusieurs jours après, sur la Méditerranée et le sud de l'Europe.
» C'est en m'appuyant sur ce fait que j'ai présenté à l'Académie, il y a
trois ans (a), une théorie complète de ce phénomène des pluies de sable, qui
s'est depuis vérifiée un très-grand nombre de fois, à tel point que j'ai pu
prédire ces pluies de sable plusieurs jours à l'avance.
)) Si la force tourbillonnante était dirigée de haut en bas, ce phénotnène
périodique deviendrait inexplicable; il est probable, en outre, qu'il s'exer-
(i) Sailing Directions, traduction de M. Charles Ploix, chap. VII, ]). 85.
(2) Comptes rendus, séances des 9 mai et 20 juin 1870.
(46)
ccrait une sorte de poussée sur la cuvette du baromètre, par suite de la
composante verticale dirigée de haut en bas, et les énormes dépressions
barométriques, produites précisément parce que celte composante est diri-
gée de bas en haut, s'expliqueraient moins facilement.
» D'ailleurs la question a été soumise au calcul et a été résolue dans le
sens que j'indique. Dans un Mémoire remarquable sur la théorie méca-
nique des tempêtes, inséré en 1867 dans le Bulleliii de F Association scien-
tifique et dans l'Jtlas des orages, M. Peslin, ingénieur à Tarbes, combat, par
les raisons suivantes, l'opinion que M. Faye prend pour base de son argu-
mentation :
» Afin de conserver sa force vive, le tourbillon qui, dans sa marche,
déploie une force mécanique sans cesse renaissante, a besoin de s'alimenter
d'air nouveau, qu'il emprunte aux parties de l'atmosphère qui entrent
successivement dans son cercle d'action en vertu de son mouvement de
translation; il doit aspirer l'air d'iui côté et le rejeter dans l'atmosphère
libre de l'autre. Si c'est l'air des régions supérieures qu'il aspire, comme
il se trouve soumis à des pressions graduellement croissantes dans son
mouvement descendant, sa température devra s'élever, et lecalcid montre,
en tenant compte de la vapeur d'eau qu'il contient, que cette élévation ne
saurait être inférieure à i degré par loi ou 102 mètres de hauteur verti-
cale parcourue dans son mouvement descendant. Or jamais, dans l'atmo-
sphère terrestre, nous ne trouvons une loi aussi rapide de variation des
températures. L'air appelé par le cyclone des hautes régions de l'atmo-
sphère serait donc, à chaque instant, non pas plus froid, mais plus chaud
que les couches successives de l'atmosphère qu'il traverse. Il ne pourrait
donc, en se mêlant à l'air des couches moyennes, précipiter sous forme
de pluie la vapeur d'eau dont elles sont chargées. Or l'observation con-
state, au contraire, que le passage des cyclones est marqué sur terre par
des pluies générales et diluviennes, qui sont une cause fréquente d'inon-
dations, ainsi que j'en ai cité de nombreux exemples (i).
» L'opinion soutenue par M. Faye que, dans les cyclones terrestres, le
mouvement tourbillonnant est dirigé de haut en bas, qu'il y a engouffre-
ment et non aspiration, est donc une erreur qui doit être bannie de la
science. C'est cependant sur cette erreur que s'appuie la théorie des cy-
clones solaires et de la circulation de l'hydrogène à la surface du Soleil.
» Cette théorie doit-elle être abandonnée? Nullement : j'en suis un
( I ) De 1(1 pn-diction du mouvement des tempêtes. {Rei'ue maritime et coloniale, mars 18^3).
(47 )
partisan très-convaincu et j'espère donner ainsi à son illustre autein' le
moyen de l'établir sur des fondements plus solides. Qui ne voit que, en
admettant la même loi pour les cyclones solaires que pour les cyclones
terrestres, tout s'explique avec une merveilleuse facilité?
» D'abord les objections des spectroscopistes italiens tombent, la
théorie se mettant d'accord avec les f;iits; ensuite ce mouvement si com-
pliqué de la circulation souterraine de l'hydrogène solaire devient d'ime
extrême simplicité, et l'on voit mie analogie frappante entre la manière
dont s'accomplissent les phénomènes analogues sur le Soleil et sur la
Terre.
)) Sur terre, l'action calorilique du Soleil produit i'évaporalion des
mers : la vapeur d'eau, aspirée et enlevée jusqu'aux hautes régions de
l'atmosphère, s'y condense, forme les nuages et la pluie qui vient répartir
l'eau sur les continents et entretenir la végétation. Lorsqu'un cyclone se
produit, ce phénomène d'aspiration et de condensation de la vapeur d'eau,
au contact de la basse température des régions supérieures de l'atmo-
sphère, prend des proportions énormes, et, vus du Soleil, nos cyclones
sembleraient des taches interceptant la vue de la surface de la Terre.
» Sur le Soleil, l'inégalité de vitesse des différents parallèles engendre
les cyclones qui aspirent et rejettent au dehors, d'abord l'hydrogène, puis
les matériaux plus denses qu'ils vont puiser à une plus grande profondeur;
de là cette distinction, fiiile par le P. Secchi, de deux sortes de protu-
bérances bien distinctes. Parvenues à l'extrémité de leur course, les va-
peurs métalliques entraînées aux hauteurs prodigieuses où nous les montre
le spectroscope se condensent au contact de régions plus froides et retom-
bent en gouttes liquides à l'intéiieur; c'est ce qui produit les taches. En
effet le spectre est direct dans les éruptions ou protubérances, et renversé
dans les taches.
» On s'explique ainsi pourquoi les protubérances composées d'hy-
drogène et de la matière subtile qui produit la raie Dj ne produisent
pas de taches; tandis que les protubérances composées de vapeurs métal-
liques sont toujours suivies de taches, à tel point que, d'après l'appari-
tion des unes, le P. Secchi a pu prédire avec certitude l'apparition des
autres (i).
» Tous les faits, en un mot, sur lesquels s'appuient les spectroscopistes
(\) Memoria ciel P . A. Secchi intorno alla conricssiunc clellc macchic colle protuberanzc
solari. [BuUettino rneteorologico dcir Osseivaturio dcl Collcgio romano, février et mars iS^S).
( 48 )
italiens pour réfuter la théorie de M. Paye, deviennent au contraire des
arguments en sa faveur, si l'on y fait la seule modification de changer deux
mots de place. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (/» nouvel isomère de l'acide valérianique; par
MM. C. Friedel et R.-D. Silva, présenté par M. Berthelot.
« Dans une précédente Communication (i), après avoir fait connaître
l'alcool innacolique, dérivé delà pinacoline par hydrogénation, nous avons
annoncé que l'oxydation de cet alcool régénère la pinacoline, et que cette
dernière, elle-même, oxydée à l'aide du bichromate de potasse et de l'acide
sulfurique, fournit un acide isomérique avec l'acide valérianique.
» Nous avons poursuivi depuis avec soin l'étude de cet acide, que nous
appellerons pivaliqiie, pour rappeler à la fois son origine et l'isomérie qu'il
présente avec l'acide valérianique; si cette étude ne peut pas encore être
considérée comme terminée, à cause des questions nombreuses et intéres-
santes qui s'y rattachent, elle est arrivée pourtant à un point où nous pen-
sons qu'elle mérite de fixer l'attention de l'Académie.
» Lorsqu'on ajoute de la pinacoline à un mélange d'acide sulfurique
étendu d'iui peu moins de son poids d'eau et de bichromate de potasse,
on voit la réaction s'établir seule ou avec l'aide d'une douce chaleur; elle
est fort régulière et accompagnée d'un dégagement continu d'acide carbo-
nique; pour h terminer, il faut chauffer légèrement jusqu'à ce qu'il se pro-
duise des soubresauts. Ou ajoute alors, après refroidissement du mélange,
une nouvelle quantité d'acide sulfurique, pour détruire un composé chro-
mique soluble dans l'éther qui nage à la surface sous la forme d'une mousse
verte, puis on soumet à la distillation.
» Il passe, avec une certaine quantité d'eau, un liquide huileux, ayant
une légère odeur butyrique ou valérianique, qui se concrète souvent par le
refroidissement. On distille aussi longtemps que le produit présente une
réaction acide, puis on sature par le carbonate de soude, qui dissout avec
effervescence le liquide huileux. On évapore à sec, on reprend par l'alcool
à f)5 degn's pour séparer le carbonate de soude en excès, et par évapora-
tiou de la solution alcoolique, on obtient le sel de soude du nouvel acide,
sous la forme de lames cristallines faiblement nacrées.
» Ce sel de soude, dissous dans lui peu d'eau, décomposé par l'acide
(i) Comptes rendus, t. LXXVI, p, 226.
( 49 )
siilfiiriqiie et distillé, fournit l'acide à i'élat de pureté; pour l'avoir sec, il
suffit de décanter les parties huileuses plus légères que l'eau et de les mettre
en contact avec du chlorure de calcium (ondu, puis de les distiller. Ou met
à part ce qui passe avant i6i degrés et qui renferme encore un peu d'eau.
La partie, bouillant de i6i à i65 degrés, constitue l'acide à l'état de pureté
presque complète; dans ime nouvelle distillation, on peut très-bien ne re-
cueillir l'acide cju'à son point d'ébuUition exact, i63 degrés. L'acide ainsi
obtenu cristallisait 0.2'] degrés; au moyen d'un grand nombre de fusions
partielles avec décantation des premières parties fondues, nous sommes
arrivés à élever légèrement ce point de cristallisation que nous avons trouvé
alors à 3o degrés.
» Nous avons prêté une attention particulière à ces déterminations, à
cause de la grande ressemblance que présente l'acide pivalique avec l'acide
Irimélhylacéiique àe M. Boutlerow (i). Ce chimiste éminent n'hésite pas à
considérer son acide comme identique avec le nôtre, malgré leur diversité
d'origine.
» M. Boutlerow a trouvé, pour le point de fusion de son acide, 34 à 35
degrés, et, pour son point d'ébuUition, i6i degrés. 11 a décrit de plus
un sel de baryte en fines aiguilles groupées en étoiles, qui renferme
(C^H''0-)-Ba -H 5H-0. On verra plus loin que le pivalate de baryte ren-
ferme la même quantité d'eau. L'identité des deux acides semble donc
assez probable. Néanmoins, dans ces questions délicates d'isoraérie, qui
prennent chaque jour une importance plus grande, il n'est pas permis de se
contenter de ressemblances approchées : il faut arriver à une identité de
caractères complète; c'est ce que nous avons cherché à faire en desséchant,
comme M. Boutlerow, notre acide avec l'air phosphorique anhydre. Cette
opération n'a pas eu pour résultat d'en élever le point de fusion, mais
plutôt de l'abaisser un peu. Si donc ce point de fusion est abaissé par une
petite quantité de matière étrangère, cette matière ne peut être l'eau.
Peut-être y a-t-il des traces, insensibles à l'analyse, d'acide acétique;
en eftet, en prenant, après plusieurs distillations, les toutes premières
parties passées et en les transformant en sel d'argent, on y trouve un peu
plus d'argent qu'il n'en faut pour le pivalate.
» L'acide s'obtient toujours à l'état cristallisé, jamais à l'étal vitreux,
que parait présenter partiellement l'acide triméthylacétique. Les cristaux
en se formant s'agrègent en dendrites tout à fait analogues à celles du sel
(i) BcricItCc dcr dcutschoi chcmisclicn Gcsellschaft, t. V, p. 47^*
G. U., iS^S, ■!' Semestre, (T. I.XXVII, N° 1.) 7
( 5o)
ammoniac; peu à peu la masse cristalline devient grenue; les grains
grossissent avec le temps et le tout prend un aspect oolithique ; parfois on
peut y reconnaître des formes octaédriques. Les cristaux appartiennent
au type cubique, car ils n'agissent pas sur la lumière polarisée.
M L'acide est soluble dans 46 fois son poids d'eau à la température de
20 degrés. La solubilité croît assez rapidement avec la température pour
que les solutions chaudes se troublent par le refroidissement. En se dis-
solvant, l'acide, comme ses sels, subit des mouvements analogues à ceux
du camphre et des butyrafes.
» Le sel d'argent s'obtient en petites lames cristallines quand on préci-
pite un pivalate par l'azotate d'argent.
» Le sel de soude cristaUisé dans l'eau renferme C^H'O^Na + ali^O; il
perd toute son eau dans l'air sec. Il fond, comme le sel de potasse, en une
masse feuilletée ressemblant aux acétates. Le pivalate de potasse est déli-
quescent.
» Ces sels sont facilement décomposables par l'acide acétique avec mise
en liberté d'acide jnvalique; c'est ce qui n'a lieu ni pour les butyrates
ni pour les valérates.
)) Le sel de cuivre est presque insoluble dans l'eau ; il faut plus de
5oo parties d'eau pour le dissoudre ; on l'obtient sous la forme d'un pré-
cipité cristallin et lourd d'un joli vert en traitant un pivalate par le
sulfate de cuivre. Il se transforme facilement en sel basique; lorsqu'on
fait évaporer sa dissolution, ce n'est pas le sel lui-même qu'on obtient,
mais un sous-sel en jolies écailles bleues. Le lavage avec une grande
quantité d'eau suffit pour le transformer partiellement en sel basique; on
l'obtient pur en le précipitant en solulion peu étendue et légèrement aci'
dulée par l'acide pivaliqne ; il renferme alors (C'H* O*)^ Cu + H-0. L'eau
s'en va facilement à 1 00 degrés et dans le vide sec. Lorsque le sel de cuivre
est mélangé de sel basique, on peut le puriâer par dissolution dans l'al-
cool à c)5 degrés, dans lequel ii est très-soluble, de même que dans l'éther,
tandis que le sous-sel ne l'est pas. Il cristallise de l'alcool en jolis prismes
d'un vert foncé bleuâtre, qui renferment à la fois de l'alcool et de l'eau de
cristallisation : ils paraissent contenir (CirO") Cu + H-0 +|C=H«0. L'al-
cool se dégage assez rapidement à l'air pour que sa détermination et la me-
sure des cristaux soient fort difficiles. Les cristaux paraissent appartenir au
type orlhorhombique.
» Le sel de cuivre cristallisé ou sec présente une particularité curieuse,
c'est celle de se décomposer, lorsqu'on le chauffe doucement, en émettant
( 5. )
une fumée blanche qui se réunit au-dessus de l'essai en une masse co-
tonneuse très-légère de fibres non cristallines, semblant avoir été passées à la
filière. Elles ne sont pas volatiles et un nouveau chauffage les décompose;
elles sont formées d'un sel cuivreux se dissolvant dans l'ammoniaque,
sans la colorer d'abord et se colorant ensuite à l'air. L'acétate de cuivre
préseute un phénomène analogue, mais beaucoup moins marqué.
» Le sel de baryte obtenu en saturant l'acide par l'hydrate de baryte
est fort soluble dans l'eau et cristallise en aiguilles soyeuses renfermant
(C^ H9 0^)^Ba + 5H-0; le sel de chaux est également soluble dans l'eau;
il cristallise en fibres soyeuses et contient (C^ H" 0)^Ca ■+- 4HH).
» En faisant agir l'iodure d'éthyle à i/jo degrés sur le pivalate de soude,
nous avons obtenu le pivalate d"élhy!e; c'est un liquide limpide, d'une
très-agréable odeur, bouillant à ii8",5 et renfermant C^ H' 0^ C" tP. Sa
densité est de o,S'j'j'i à zéro, et de o,8535 à aS degrés.
» La distillation du pivalate de chaux mélangé avec le formiate a donné
une petite quantité d'un liquide d'odeur aldéhydique bouillant vers
go degrés et qui a régénéré par oxydation l'acide pivaiique.
» Si maintenant nous nous demandons quelle peut être la constitution
de l'acide pivaiique, il est naturel de remonter à la pinacoline qui lui a
donné naissance; cette dernière est une sorte d'oxyde d'éthylène dérivé
de la pinacone :
I. (CH5)=C0H II. (CH')'C\ m. (CH=)'C\
I 10 • I o
{CH')'COH (CH')=C/ CH'C/OH
Pinacone. Pinacoline. Acide pivaiique.
» Une oxydation tout à fait régulière enlève CH' à la pinacoline et y
introduit OH; les quantités obtenues sont presque celles qu'indique la
théorie; il semble donc naturel d'assigner à l'acide la formule IIL On voit
que ce symbole ne renferme pas le groupe CO^ H, qui a été regardé jus-
qu'ici comme caractéristique de la fonction acide; mais rien ne prouve
qu'il ne puisse exister un groupe {C*0-H)" ayant la même fonction.
Dans un travail récent et étendu sur l'acide lactique, M. Wislicenus admet
l'existence d'acides ayant des formules analogues ; antérieurement, M. Gri-
maux en a proposé une se rapprochant des précédentes pour l'acide ben-
zylique. Si l'acide pivaiique est reconnu différer de l'acide triméthylacé-
tique, on sera conduit à admettre la formule III, par exclusion d'autres
possibles. Dans le cas contraire, et la question sera maintenant facile à
tranchera l'aide des caractères que nous avons donnés, nous ne pensons
7--
( 5:^)
pas, avec M. Boutlerow, qu'il y ait lieu de changer la formule de la pina-
coline pour la mettre d'accord avec celle de l'acide. S'il y a tine transpo-
sition moléculaire, c'est ))lutôt dans l'oxydation de la pinacoline que
dans sa dérivation de la pinacone qu'elle doit avoir lieu. On connaît des
exemples de transpositions pareilles, et récemment encore M. Hofmann
en a donné un remarquable en montrant que l'oxydation des méthylanilines
peut fournir des dérivés toluiques (i).
» Nous pensious que l'étude thermique de notre acide pourrait jeter du
joiu" siu" sa constitution. M. Berthelot a bien voulu fyire les détermina-
tions nécessaires; nous désirons lui en témoigner ici notre reconnaissance;
mais les nombres obtenus n'ont rien d'assez particulier poiu' permettre de
résoudre le problème dès maintenant. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation de l'acide siiccinique en acide maléique.
Note de M. E. Bouugoin, présentée par M. Berthelot.
« M. Dessaignes a fait voir le premier que l'acide maléique, dans certains
phénomènes de fermeniation, pouvait se transformer en acide succinique;
on sait que la même transformation s'opère, d'une manière analogue et plus
régulière, sous l'influence de l'hydrogène:
» J'ai observé fe réaction inverse en étudiant l'action de la chaleur sur
le succinate d'argent : une partie de ce sel se scinde très-nettement en ar-
gent et en acide maléique, d'après l'équation suivante :
C«H"Ag-0« = Ag- + C«H^O«.
» Voici comment il convient d'opérer. Le succinate sec d'argent est in-
timement mélangé avec trois fois environ son poids de sable fin ; on intro-
duit le mélange dans une cornue tubulée entourée de sable jusqu'à la
naissance du col, puis on élève graduellement la température jusqu'à
i8o degrés. Au-dessus de loo degrés, des vapeurs se dégagent continuel-
lement de la masse et se résolvent en deux parties : un liquide qui se
condense eu stries Imileuses et que l'on recueille dans un petit récipient;
des cristaux qui tapissent le dôme et le col de la cornue.
» 1° Produit liquide. — Il est. faiblement coloré en jaune, exhale une
(i) Jlerichte der dcittschcn chcmischen Ges., t. VI, p. 35?..
( 53 )
légère odeur enipyremiiatiqae, due à la présence de quelques traces de
produits pyrogénés; sa saveur est acide, désagréable. 11 constitue une dis-
solution aqueuse très concentrée qui abandonne parfois des cristaux du
jour au lendemain; en l'évaporant à sec, et en épuisant par l'éther, on
obtient des cristaux incolores qui jouissent des propriétés suivantes :
» Ils fondent à i3o degrés. Leur saveur est acide, très-désagréable. Ils
sont solubles dans l'eau, dans l'alcool et dans l'éther.
» Leur solution aqueuse donne avec l'eau de baryte concentrée un pré-
cipité soluble dans un excès d'acide, et qui ne tarde pas à se transformer en
paillettes cristallines. Le nitrate d'argent est sans accion, mais, si l'on sature
au préalable par l'ammoniaque, on obtient un précipité abondant qui
brûle facilement en donnant pour résidu de l'argent métallique (i).
)) Tous ces caractères appartiennent à l'acide maléique.
» 2° Cristaux. — Les cristaux qui se condensent dans l'allonge sont de
deux sortes : les premiers, que l'on rencontre de préférence dans la partie
antérieure de l'allonge, se prosenteiit sous forme d'aiguilles sublimées qui
fondent à i3o degrés, comme l'acide maléique, dont ils possèdent, du reste,
les propriétés; les seconds n'entrent en fusion qu'à f8o degrés, et présen-
tent les caractères ordinaires de l'acide succinique.
» La régénération de l'acide succinique aux dépens du succinate d'ar-
gent a été signalée autrefois par Woehier dans des conditions un peu dif-
férentes, ce savant chauffant le sel à loo degrés dans un courant d'hydro-
gène. On voit que la présence de ce gaz n'est pas indispensable à la
reproduction de l'acide succinique.
» Le succinate d'argent fournit environ la dixième partie de son poids
de produit, ce qui correspond à une transformation régulière égale au tiers
de l'acide succinique employé.
» Il reste dans la cornue un charbon argentifère, pidvérnlent, qui dé-
gage d'abondantes vapeurs nitreuses quand on le traite par l'acide azo-
tique. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur le mode de décomposition des corps explosifs, comparé
aux phénomènes de la sarsaturation; par MM. P. Champion et H. Pellet,
présenté par M. Berthelot.
« On désigne généralement sous le nom de composés explosifs des com-
binaisons ou des mélanges qui, sous des influences diverses, donnent nais-
(i) o,3i5 a donné par combustion o,2o4 (l'ari^cni. Pour la formule C'H^Ag'0% la
théorie indique 0,206.
( 54 )
sance à un volume de gaz dont la formarion rapide provoque une explo-
sion plus ou moins énergique. Dans certains cas, comme pour les poudres
dont la poudre noire est le type, l'explosion provient de combinaisons entre
les éléments qui la com|)osent; dans d'autres, comme les substances de
composition définie, tels que les éthers des alcools mono-atomiques et polya-
tomiques, les fulminates, les combinaisons de l'azote avec quelques mé-
talloïdes, etc., l'explosion résulte de la séparation brusque des éléments.
» Cette définition paraît limitée à un nombre restreint de phénomènes
et nous avons pensé que, pour distinguer entre eux les corps sous le rapjjort
de leur rapide décomposition, la classification en stables et instables serait
mieux appropriée à ce genre de phénomènes. A ce point de vue, on
désignerait sous le nom d'instables des corps ou des composés dans les-
quels l'équilibre rompu en un point, et sous des influences déterminées,
provoquerait la décomposition immédiate de toute la masse, avec une vi-
tesse et un dégagement de chaleur dépendant de la nature du corps et des
influences auxquelles on le soumet. Un grand nombre de corps instables
peuvent manifester leur changement d'état de différentes manières, soit par
une décomposition rapide doiniant lieu à une véritable détonation, soit par
la séparation plus lente des éléments qui les composent.
» La dynamite et le coton-poudre, dont la décomposition peut s'effectuer
avec ignition, flamme ou explosion violente, présentent un exemple frap-
pant de ces faits (i). La dénomination que nous proposons pourrait d'ail-
leurs s'étendre aux modifications de l'état physique (2).
» De là à comparer l'état d'équilibre instable des composés explosifs à
celui des solutions sursaturées, ainsi que l'a fait M. Cernez, il n'y a qu'un
pas. Nous avons donc cherché à établir des rapprochements précis entre
les phénomènes qui aciompagnent les difiérents modes d'action des solu-
tions sursaturées et des composés instables, parmi lesquels nous avons
choisi la dynamite, en raison de la facilité avec laquelle elle se prête à des
décompositions d'ordre différent.
» 1° On peut considérer les solutions sursaturées comme des combinai-
(i) Le coton-poutire tordu en fil de faible diamètre peut fuser à la manière de la dynamite.
(2) Les lauies hataviques, dont on peut, dans cet ordre d'idées, rapprocher l'état d'insta-
bililc de celni des roniposés explosifs, présenlont dis phénomènes analogues à ceux que
nous venons de rappeler. Tandis qu'on peut déterminer le brisement rapide de toute la
masse, suivi d'une légère explosion, en IroUant légèrement les couches sensibles, mises à
nu au moyen de la meule, d'un autre côté, ainsi que l'a démontré dernièrement M. de
Luynes, on peut obtenir la désagrégation plus lente et sans explosion en attaiiuant ]>ro-
gressivement la partie effilée, au moyen de l'acide fluorhydrique.
(55)
sons instables d'eau et de sel hydraté dans lesquelles la dissolution s'ef-
fectue au contact d'un cristal de même sel ou isomorphe (t),
)) Le cristal représente l'amorce explosive sous l'influence de laquelle
s'effectue la décomposition rapide tie la nitroglycérine. En effet, tandis que
quelques décigramnies de fulminate de mercure produisent l'explosion de
la dynamite, l'iodure d'azote, en quantité suffisante pour donner lieu à
un effet mécanique équivalent, est impuissant à déterminer l'explosion du
uième composé.
» 2° Action de ramorce. — En présence d'une charge convenable de
fulminate de mercure, la dynamite fait explosion, en quantité quelconque
el quelle que .soit la forme du récipient.
LTu poids suffisant de sulfate de soude, à la température ordinaire, déter-
mine la cristallisation du sulfate sursaturé (même dans les cas de désensi-
bilisation que nous examinerons plus loin).
Le diamètre des tubes qui contiennent le sulfate de soude ainsi que la
forme des récipients sont sans influence sur la vitesse de cristallisation (2).
Une solution sursaturée renfermée dans un tube plusieurs fois coudé et
ayant une longueur de 4^ centimètres a cristallisé dans le même temps
qu'une semblable solution placée dans un tube droit de même longueur.
» Si l'amorce est insuffisante, la dynamite peut ne subir cju'une dé-
composition partielle et s'enflammer dans certains cas.
» De son côté, le sulfate de soude sursaturé présente des cristallisations
différentes suivant le mode d'action de l'amorce. Les solutions sursaturées,
cristallisant sous l'influence de particules de sulfate de soude contenu
dans l'air, fournissent de longs cristaux aiguillés. Si, au contraire, on intro-
duit dans la solution des cristaux volumineux de sulfate de soude, on ob-
tient une cristallisation confuse et les cristaux paraissent en partie brisés (3).
(i ) M. Gernez, dans une récenle Communication, a répondu victorieusement aux théories
ingénieuses, mais dénuées de fondement, basées sur le noyalisnie. Nous ajouterons, à l'ap-
pui des faits indiqués par ce savant, que l'on peut à volonté lendre telle ou telle huile noya-
lique pour les solutions sursaturées de sulfate de soude, par une exposition suffisante dans
une atmosphère chargée de particules de ce sel. D'ailleurs en élevant convenalilement la tem-
pérature dfs corps gras, de manière à déshydrater le sulfate de soude qu'ils renferment, on
les soustrait à cette influence supposée.
{2) Nos expériences sur les solutions sursaturées ont été faites à l'aide de tubes bouchés
de 22 centimètres de hauteur et de 22 millimètres de diamètre. La solution était composée
de sulfate de soude, 2 parties, eau, i partie.
(3) Si l'on introduit dans un ballon d'une capacité de plusieurs litres et rempli de solution
( 56 )
» 3" L'addition à la iiitroglyccrine d'un corps inerte en excès (silice, etc.)
modifie complètement sa sensibilité et la transforme en un composé qui
résiste à des chocs même énergiques. On obtient tni résultat corres-
pondant avec les solutions sm'saturées.
La cristallisation provoquée
On a ajouté .'lo ccntiniélrcs cubes de solution par les poussières atmospliéiiques
sursaturée de sulfate de soude : s'est effectuée eu :
Eau, a^" 37 secondes.
Glycérine, 1^' 4 1 »
Chlorure de sodium, a^'' 4° "
Azoïate de potasse, i^' 5i «
Carbonate de sonde, 2"' 62 «
Sidfate d'ammoniaque, 2^' 64 "
Solution de : eau 72='', sulfate de soude 46^'' 1 14 "
Ea remplaçant la glycérine par une claircc de sucre
feau 5o, sucre 100) 177 »
Glycérine à 28 degrés 12", 5, solution sursaturée de sul-
fate de soude 26 centimètres cubes 36o
Solution de : eau 72^'', sulfate de soude 46^'' (saturée de
carbonate de soude 900 ^ (i)
» Si, à une solution de sulfate sursaturée, aS centimètres cubes, on
ajoute 12'^'', 5 d'une solution d'azolate de potasse saturée à froid, 011 peut
impunément laisser le mélange exposé aux poussières atmosphériques. La
cristallisation ne peut être provoquée que par l'introduction directe de
stilfate de soude en cristaux d'une grosseur appréciable.
)) L'addilion de corps étrangers agit donc d'tine façon analogue sur la
nitroglycérine et sur les solutions sursaturées, ce qui résulte de l'écarte-
ment des molécules et de la difficulté qu'éprouve chacune d'elles à subir
l'influence de la molécule voisine.
» 4" Quanta laclion de la température, en raison de la nature rnéme
des phénomènes entre lesquels nous cherchons à établir des rapproche-
ments ainsi que des résultats auxquels elle donne naissance, on compren-
dra que cette action doit être inverse dans les deux cas pour pouvoir don-
sursalurée de sulfate de soude une baguette de verre exposée quelques instants à l'air et
recouverte de poussière de sulfate, ou si l'on emploie comme amorce une pincée de cristaux
et cela dans les mêmes conditions de température, on peut s'assurer que le temps pendant
lequel s'eflcclue la cristallisation de toute la masse est notablement différent.
; i) On peut alois reproduire une partie de ces expériences par des additions succcsiives
d'eau distillée. La solution qui renferme la ylycérine donne lieu à la formation de cristaux
invisibles, déjà signalés dans d'autres cas par (|uelques observateurs.
( 57 )
lier lien à des phénomènes comparables. A de basses températures, en effet,
la faculté explosive de la dynamite et des composés explosifs en générai
décroît notablement, tandis que, dans les mêmes conditions, l'instabilité
des solutions sursaturées augmente rapidement.
» Une charge de o™,2 de fulminate de mercure est sans action sur la
dynamite à ^5 degrés gelée.
■» Une solution sursaturée de sulfate de soude, placée dans un tube, a
cristallisé en 3g secondes à la température de 1 5- 1 6 degrés tandis qu'à
•4- 8 degrés la cristallisation totale s'est effectuée en ig secondes pour une
même hauteur de liquide.
» Une semblable inversion dans les résultats se produit encore dans le cas
où l'on introduit, dans la solution sursaturée, un corps pidvérident, et si,
réciproquement, on remplace la silice, qui sert d'absorbant à la nitroglycé-
rine, par un dissolvant quelconque (i). L'esprit de bois ajouté à la nitrogly-
cérine, dans la proportion de j à ^ pour loo, ne lui permet plus de faire
explosion ; mais, dans ce cas, la nature même du corps explosif est profon-
dément modifiée.
» D'un autre côté, la présence d'une quantité suffisante d'im absorbant
tel que la silice s'oppose à la sursaturation.
» Dans les expériences sur la dynamite que nous venons de rappeler, on
pourrait substituer à la nitroglycérine telle combinaison analogue (nitro-
glycol, nitroérythrite, etc.) possédant les m.êmes propriétés.
)) La série de faits qui précèdent, et qu'on pourrait multiplier, nous
paraît suffisante pour établir une relation directe entre les phénomènes
de la sursaturation et ceux que présentent les corps explosifs, lorsqu'on se
place dans des conditions comparables d'expérimentation. )>
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure de benzjle sur la naphtylainine.
Note de MM. Ch. Fboté et I>. Tommasi, présentée par M. H. Sainte-
Claire Deville.
(( Eu faisant réagir à chaud, en présence d'une petite quantité de zinc
en poudre, du chlorure de benzyle sur la naphtylamine, nous avons obtenu
( i) Si l'on place, dans une conserve remplie de sulfate de soude sursaturé, un lube en verre
contenant la même solution et muni à l'une de ses extrémités d'un diaphragme en baudruche,
la cristallisation provoquée artificiellement dans l'un des récipients s'étend jusqu'aux parties
externes de la membrane et détermine, après quelques secondes d'arrêt, la cristallisation de
la deuxième partie.
Q
C. R., 1873, 1' Semeslie. (T. LXXVll, N" I.)
( 58 )
un composé isomère à la cressylnaplitylaraine, différant de celle-ci par la
substitution de l'atome de benzyle à l'atome de cressyle et qui semble
prendre naissance en vertu de l'équation suivante :
C'H' ( . ..(*„_ H I , jj
» La benzylnnphlj lamine, ainsi obtenue, est débarrassée de l'excès de
chlornrc de benzyle, en la cbauffant pendant quelque temps à l'ébullilion,
et du cblorure de zinc par des lavages à l'eau.
» On dissout ensuite ce produit dans l'alcool et l'on évapore au bain-
marie jusqu'à consistance sirupeuse. On étend sur des assiettes la masse
visqueuse, et, après dessiccation, on l'obtient sous forme d'écaillés trans-
lucides, d'un brun foncé, semblables au tartrate ferrico-potassique.
» La benzylnaphtylamine est très-soluble dans l'éther à froid et dans
l'alcool.
» L'acide chlorhydrique, même concentré, ne l'attaque pas; l'acide azo-
tique concentré n'a aucune action sur elle; l'acide azotique fumant l'at-
taque, au contraire, facilement en formant un dérivé nitré jaune, insoluble
dans l'eau et peu soluble dans l'éther et l'alcool, dérivé que nous étudie-
rons prochainement.
» La benzylnaphtylamine fond vers 66-67 degrés; le point de fusion de
son isomère est à 7g degrés. Chauffée sur une lame de platine, elle brûle
avec une flamme éclairante et fuligineuse, en dégageant une odeur rappe-
lant la nnphtylamine.
» Les quantités des corps employés pour la préparation ci-dessus sont :
i438 de naphtylamine, 1265 de chloriue de benzyle et 2 à 3 grammes de
zinc en poudre.
» L'analyse nous donne :
Calculé. Trouvé.
Carbone 87 , 55 Carbone ^7 > %
Hydrogène 6,8 Hydrogène 7,2
Azote 6,0 Azote 5,3^
» Ce travail a été fait dans le laboratoire de M. Schutzenberger, à la
Sorbonne. »
(59)
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur l'action du qaz protoxyde
d'azote. Note de MM. F. Jolyet et T. Blanche.
« Le gaz protoxyde d'azote, depuis sa découverte, a été l'objet de nom-
breuses observations et expériences, faites tant sur l'homine que sur les
animaux, et les opinions les plus contradictoires ont été émises relative-
ment à son action pliysiologique. Ne pouvant faire ici l'historique de cette
question, nous citerons seulement les noms de Davy, Thenard, Zimmer-
mann, Magitot et Krishaber, qui s'y rattachent particulièrement.
» Les deux points de l'action du protoxyde d'azote, comme gaz respi-
rable et comme agent anesthésique, étant encore aujourd'hui controversés,
il nous a paru utile de les contrôler par quelques expériences nouvelles,
faites dans des conditions précises. Ce sont les résultats de ces expériences
que nous avons l'honnetu' de soumettre aujourd'hui à l'Académie :
» 1° Le protoxyde d'azote est-il un gaz respirable? On sait que l'air
atmosphérique n'entretient la respiration des animaux que par l'oxygène
qu'il renferme ; on s'est donc demandé si le gaz protoxyde d'azote, combi-
naison instable d'azote et d'oxygène, beaucoup plus riche en oxygène que
l'air atmosphérique, pouvait aussi servir à la respiration.
)) Dans une première série d'expériences, nous avons recherché si des
graines pourraient germer dans une atmosphère de protoxyde d'azote.
Nous avons placé, sous des cloches contenant du gaz chimiquement pur,
des graines d'orge et de cresson, sur du papier à filtre humide. Nous avons
constaté que, après neuf jours dans un cas et quinze jours dans un autre, les
graines n'offraient aucune trace de germination, tandis que d'autres semis
d'orge et de cresson, faits comparativement et de la même façon, mais sous
une cloche renfermant de l'air atmosphérique, entraient en pleine germina-
tion du deuxième au troisième jour.
» Les graines placées dans le protoxyde d'azote germaient à leur tour,
si l'on faisait passer sous les cloches quelques centièmes d'oxygène.
» Les mêmes résultats étaient obtenus avec des graines en voie de déve-
loppement : le développement était arrêté dans une atmosplière de pro-
toxyde d'azote, et reprenait lorsqu'on faisait arriver sous la cloche quelques
centièmes d'oxygène.
» Si la germination et le développement des plantes est impossible dans
le protoxyde d'azote, les fonctions essentielles de la respiration des ani-
maux ne peuvent non |)lus s'effectuer dans une atmosphère de ce gaz pur.
Les oiseaux y meurent en trente secondes; les mammifères ^lapins, chiens),
8..
( fio )
en trois à quatre minutes et demie. A la mort, le sang est noir clans
les vaisseaux; l'autopsie permet de constater les signes ordinaires de l'as-
phyxie par respiration de gaz inertes (azote, hydrogène).
» Dans une seconde série d'expériences, nous avons recherché si le
protoxyde d'azote possède réellement les propriétés anesthésiques qu'on lui
attribue, et qui le font employer dans certaines opérations chirurgicales
et spécialement poiu- l'extraction des dents.
» Dans ce but, nous avons fait des mélanges de protoxyde d'azote et
d'oxygène plus ou moins riche, de telle façon que ces mélanges conte-
naient i8 à 21 d'oxygène et 60 à 80 pour 100 de protoxyde.
» Des moineaux placés sous des cloches, dans des atmosphères sem-
blables, se comportaient comme ceux qu'on avait placés comparativement
dans des cloches renfermant de l'air ordinaire, et mouraient à peu près dans
le même temps, après avoir formé autant d'acide carbonique et épuisé éga-
lement l'oxygène.
» Nous avons fait respirer à des chiens des mélanges de protoxyde d'a-
zote et d'oxygène, dans les proportions de l'air, pendant 20 à 3o minutes,
sans avoir pu constater, à aucun moment, un affaiblissement appréciable
de la sensibilité : le nerf sciatiqne, excité par un faible courant, a toujours
produit des signes d'une vive douleur.
» Chez les animaux respirant le gaz protoxyde pur, nous avons constaté,
en excitant le nerf sciatiqne à divers moments, que la sensibilité dispa-
raissait chez l'animal entre la troisième et la quatrième minute, c'est-à-dire
à un moment où l'animal offrait tous les signes de l'asphyxie.
» Ces expériences suffiraient déjà à montrer que le gaz protoxyde d'azote
n'est pas un agent anesthésique véritable, et qu'il ne produit l'insensibilité
qu'en amenant l'asphyxie. L'extraction des gaz du sang par la pompe à
mercure, et leur analyse à l'eudiomètre, mettent ce fait hors de doute.
Lorsqu'on cherche, en effet, par des analyses des gaz du sang, la quantité
de protoxyde d'azote qui existe dans le sang artériel de chiens respirant
des atmosphères artificielles de protoxyde et d'oxygène, dans les propor-
tions de l'air atmosphérique, depuis 20 à 3o minutes, on trouve qu'il a
dissous environ 3o à 35 centimètres cubes pour 100 de protoxyde d'azote.
D'un autre côté, les animaux qui meurent en respirant le protoxyde d'azote
pur ont, à la mort, de 3o à 38 pour 100 de protoxyde d'azote, c'est-à-dire
à peu près la même quantité que plus haut. Mais, tandis que les premiers
ont dans leur sang 18 à 20 d'oxygène pour 100, les seconds, au moment
où l'anesthésie a lien, n'ont plus que 2 à 3 pour 100 d'oxygène dans le
( 6> )
sang artériel. Or l'expérience a montré que l'insensibilité a lieu chez les
ciiiens lorsque précisément il n'y a plus que 2 à 3 pour 100 d'oxygène
clans le sang (P. Bert).
» De ces expériences, nous concluons que le gaz proloxyde d'azote ne
peut entretenir la respiration des plantes ni celle des animaux; que, si ce
gaz respiré pur produit, à un certain moment, l'aneslhésie, c'est par priva-
tion d'oxygène dans le sang, c'est-à-dire par asphyxie.
» Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de Physiologie de la
Faculté des Sciences. »
BOTANIQUE. — Recherches SUT l'orcjanocjénie Jlorale des Noisetiers.
Note de M. H. Bâillon, présentée par M. Brongniart.
« jM. Payer, qui fut mon maître et le plus autorisé des organogénistes
de l'Académie, avait coutume de dire que « celui-là serait bien habile qui
» découvriraitle mode de développemeiît des fleurs femelles des Coudriers. »
Il y faut, à vrai dire, moins d'habileté que de méthode et de persévérance.
Les voies de la nature sont ici semblables à elles-mêmes, et l'évolution flo-
rale y suit la même marche générale que dans les antres plantes. Les Co-
rylées différent uniquement des autres par une plus grande lenteur dans
la succession des phénomènes, si bien que c'est vers le mois de juin de
cette année, par exemple, qu'il faut surprendre le début, puis suivre pas à
pas l'évolution d'une fleur dont le fruit sera cueilli au mois de septembre de
l'année prochaine.
» TjOS Noisetiers dont les fruits mûriront vers l'automne ont, dit-on, des
fleurs femelles qui s'épanouissent vers le mois de janvier de la même année;
mais on sait que, à cette époque, si l'on étudie les chatons femelles, on n'y
voit les fleurs représentées que par deux longs styles, à extrémité pourprée
et sligmatifère, unis à leur base, dans une très-faible étendue, en une masse
qu'entoure un très-petit calice, et qui ne renferme ni cavité ovarienne, ni
ovides. Les botanistes ont remarqué avec étonnement cette singularité,
sans pouvoir se rendre compte du développement de la portion ovarienne
du gynécée. Celui-ci obéit toutefois à cette sorte de loi qui veut que, dans
un pistil, on voie d'abord émerger le sommet stylaire des feuilles carpel-
laires, puis la base de ces styles, et enfin la portion ovarienne. Les Coryhts,
rentrant dans la règle, ne diffèrent de la plupart des autres végétaux que
par la lenteur de l'évolution. Vers le mois de juin, ces fleurs femelles, qui
montreront leurs styles rouges au mois de janvier suivant, naissent dans
(G.)
les chatons femelles, alors axiles, dont l'axe porte des bractées alternes et
imbriquées. Dans l'aisselle de chacune des bractées, se développe un corps,
d'abord entier, qui, né comme Vécaille des Conifères, présente successive-
ment les mêmes modifications de forme que cet organe, s'aplatissant de
dehors en dedans, puis se partageant supérieurement en trois lobes, un
médian et deux latéraux. Ces deux derniers l'emportent bientôt de beau-
coup en volume, également comme dans les Abiétinées, et chacun d'eux
devient le réceptacle d'une fleur femelle, réceptacle sur lequel se montre,
dès l'été, un petit bourrelet circulaire, rudiment du calice. Puis, sur le
sommet légèrement déprimé du même réceptacle, naissent deux petites
feuilles carpellaires, opposées l'une à l'autre, limitant la fossette apicale, de-
venant connées à la base et ne présentant alors qu'un sommet court et
obtus, si bien qu'alors le gynécée est tout à fait semblable à celui de
la plupart des Conifères.
» Depuis ce moment jusqu'à la fin de l'iiiver, les sommets des feuilles
carpellaires ne font que s'allonger lentement et se garnir de papilles stig-
matiques. Ce n'est qu'au mois de février ou de mars que, par suite de
l'inégal accroissement de ses diverses portions, l'ovaire se creuse d'uns
cavité unique, de plus en plus profonde, béante au sommet, autour de
laquelle les parois s'élèvent lentement pour constituer, en somme, un ovaire
uniloculaire.
w Alors que cette sorte de puits qui représente la cavité ovarienne est
complètement creusé, son fond, arrondi en cul-de-sac, répondant à la base
même de l'ovaire; son ouverture, un peu plus étroite que le reste du tube,
s'apercevant distinctement entre les bases écartées des styles, et sa paroi
intérieure étant tout à fait lisse, les deux placentas apparaissent vers la fin
du mois de mars. Ce sont deux cordons verticaux ou deux piliers, alternes
avec les styles, qui semblent se sculpter en saillie en face l'un de l'autre,
mais dont la production est due à une inégalité d'accroissement dans
l'épaisseur de la paroi. Ces piliers se terminent inférieurement par une
extrémité obtuse, qui bientôt présente plus d'épaisseur que le reste du pla-
centa. Bientôt encore elle est partagée par un sillon vertical en deux saillies
collatérales, qui sont les premiers rudiments de deux ovules. On a donc
alors, dans une cavité unique, quatre ovules qui se regardent deux à deux,
sans se toucher encore, et, au-dessus d'eux, deux placentas pariétaux qui
s'aplatissent en se rap[)rochant l'un de l'autre, et ne sont plus séparés sur
une coupe transversale que par une fente en forme de boutonnière.
» Il est rare que les quatre ovules continuent de grossir également; le
( 63 )
fait s'observe cependant, pendant une période assez longue, dans certaines
fleurs de Co;j/«s, et, plus souvent, dans celles des Carpinus. Plus ordinai-
rement, un, deux ou trois des ovules s'arrrtent, à une époque variable, dans
leur développement. Quand l'arrêt de développement porte sur deux
ovules, ce sont tantôt les deux ovules d'un même placenta qui cessent de
s'accroître, et, plus fréquemment, un des ovules de chaque placenta, celui
de droite pour le placenta postérienr, et celui de gauche pour l'antérieur,
ou réciproquement. Il en résulte que la fente qui représente la coupe trans-
versale de la cavité ovarienne, au lieu de demeurer rectiligne, comme dans
la portion des placentas qui surmonte l'insertion des ovules, se trouve, au
niveau de ceux-ci, avoir la forme de deux petits arcs placés bout à bout et
concaves du même côté, ou plus souvent celle d'un S. Quand donc les
deux placentas se sont rejoints sur la ligne médiane de l'ovaire, celui-ci
présente deux loges, et les ovules qu'elles renferment appartiennent, ou au
même placenta, ou à deux placentas différents. Quant aux déformations
successives de l'ovule, elles sont telles qu'il est d'abord hémisphérique,
avec son axe transversal, puis presque conique, obliquement descendant,
puis anatrope, ovoïde, avec une seule enveloppe et un micropyle extérieur
et supérieur.
» Quant au bourrelet calicinal, infère tant que le réceptacle sur lequel
repose le gynécée représente supérieurement une plate-forme horizontale,
il s'élève à mesure que ce réceptacle devient de plus en plus concave ; péri-
gyne quand le réceptacle est cupuliforme ; épigyne, ou à peu près, quand
l'inégal accroissement des parties a fait du réceptacle un véritable sac, à
ouverture relativement étroite, dans lequel est enchâssé l'ovaire, devenu
infère, et qui, à la maturité du fruit, constituera précisément la coque
ligneuse qui entoure la graine des noisettes.
» Les mêmes phénomènes se produisent, avec des différences de détail,
dans les autres genres de ce groupe, notamment dans les Charmes. Chez
eux, seulement, la façon dont linvolucre se constitue autour du fruit, aux
dépens des bractéoles latérales de la fleur, est bien plus manifeste, de
même que l'évolution de la masse molle interposée au péricarpe et à la
graine, et dont le mode de résorption a souvent été mal interprété. Dans
toutes les Corylées, l'évolution des fleurs mâles, qui ne présente d'ailleurs
aucune particularité remarquable, commence avant celle des fleurs
femelles. »
( 64 )
PALÉONTOLOGIE. — Découverte des makis et du cheval, à l' élut fossile, dans les
jjiiospliorites du Loi. Note de M, Ê. Oelfortrie.
» J'ai riiouneiir de porter à ia connaissance de l'Académie un fait pa-
léontologique, qui nie paraît offrir un hant intérêt.
» Les makis ou singes de Madagascar étaient restés jusqu'à ce jour com-
plètement ignorés à l'état fossile. Cette lacune est enfin comblée : les dé-
pôts de phosphorite du département du Lot viennent de me donner le
crâne presque entier, en parfait état de conservation, d'un individu de
cette famille; c'est dans le gîte de Béduer, exploité sur les propriétés de
M. Bétille, que vient d'être découverte cette importante pièce, que je vais
décrire sous le nom de Paleolemur Belillei.
» Un fait non moinsintéressant pour la Science, c'est que, au même niveau
que ce lémurien, c'est-à-dire à i3 mètres de profondeur, et avec lui, a été
trouvé le cheval (une portion de bassin), associé aux PaIcTothériens et aux
Anthracotliériens, ce qui viendrait pleinement confirmer l'opinion que j'ai
déjà émise {Les gîtes de chaux phosphatée dans le département du Lot. Actes
de la Société Linuéenne de Bordeaux., t. XXVIII, 5" série, 1873) que les phos-
phates de chaux du Lot seraient de formation quaternaire.
» J'aurai l'honneur de faire observer à l'Académie que, outre cette
portion de bassin, dont je viens de parler, laquelle se trouve en ce moment
entre les mains de M. Albert Gaudry, professeur de Paléontologie au Mu-
séum, il a été également trouvé à Marcillac ^Lot), dans un dépôt de phos-
phorite, identique à celui de Béduer, et peu distant de celui-ci, une mâ-
choire supérieure, presque entière, de cheval. J'ai même en mains ime
molaire en provenant, que je me fais un devoir de tenir à l'entière dispo-
sition de l'Académie. »
MINÉRALOGIE. — Sut les formes cristallines de la lanarhite d'Ecosse;
par M. Alb. Schrauf, présentée par M. Des Cloizeaux.
« Ou sait, d'après la récente analyse de M. Pisani, que la lannrkile
d'Ecosse est un sulfate bibasique de plomb, Vb-S, et non un sulfocarbo-
nate, comme ou l'avait cru jusqu'ici (i).
» M. Jannettaz a retrouvé les mêmes caractères chimiques et optiques
sur des cristaux provenant du département de l'Ariége (2); mais les divers
(i) Cnm/Jtcs rendus, t. LXXVI, p. 114.
(2) Cumptcs rendus, t. LXXVI, p. i4ao.
(65)
échantillons existant clans les collections publiques ou privées de Paris sont
trop imparfaits pour se prêter aux niesiu'es d'angles qui auraient pu con-
firmer, en les complétant, les données cristallograpliiques que l'on doit à
Haidinger, à Brooke et à M. Miller.
» AI. le D'' Alb. Schrauf, de Vienne, est parvenu à combler cette la-
cune à l'aide de cristaux existant dans la riche collection I. et R. de cette
ville. Ces cristaux, allongés, comme toujours, suivant la diagonale hori-
zontale de leur base, offrent trois faces, po^h', situées dans une même
zone, et se terminent par un biseau z, déjà cité |)ar Haidinger et M. Greg.
Deux autres formes, p et oj, très-voisines de o% mais a])parlenant à des
hémi-octaèdres antérieurs dont les symboles paraissent bien compliqués,
et un second biseau voisin de z, ont été observés par M. Schrauf. Les com-
binaisons citées par ce savant sont : h'[jrj)S, h'vzs, h'o^s.
» En rapportant la lanarkite à un prisme rhomboïdal oblique de 98''6',
inobservé jusqu'à ce jour, les dimensions de sa forme primitive sont, d'a-
près les mesures de M. Schrauf :
Z-:/;:: 1000 : 1044,864, 0 = 755,148, rf = 655,554.
Les symboles des différentes formes sont alors
)) Le clivage facile, qu'on observe sur tous les cristaux, est parallèle à
la base p.
» Le tableau suivant offre en regard les angles calculés et les angles ob-
servés par M. Schrauf :
Calculé. Observé.
|*;;A'=.9i°49' 9i»49'
! yyo' = I 53° 25' 3o" l52°20'
( oVi'= ii9°23'3o"
pv = i5i°32'3o" i5i°a5'
/;(.)=: 1 5o"2 1 ' 1 50° 35'
* pz antér. = io3" i8' io3° i8'
*Z2 sur g' — i3o°36' 130° 36'
/;'z antér. = i io"5i' i lo" 5i'
/)';' postér.=: 69° 9' 69° 8'
/('j antér. = 109" 56' i09"4o'
A'w=:i20°2o' 120° 5'
cï adj. = Il 3°55' 1 1 3°5o'
l'z' opp. = 'jo"42' 3o" 70°4o'
en., 1873, ■= Semesuc. (T. LXXVll, N° i.) 9
(66)
Calcul!'. Observé,
wzadj. = Il8"5l' I l8"5o'
wz'opp. = 75°28' 75" 3o'
z.ïa<lj. = i3G"48' 137" lo'
jz' poster. = i65°5' i65° i5
» Les cristaux mesurés par M. Schrauf ne contiennent jias plus d'acide
carbonique que ceux dont on doit l'analyse à M. Pisani, et, comuieeux, ils
se rapportent à la formule Vb^S. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Quelques détails sur le tremblement de terre du ^g juin;
par M. W. DE Fox VI ELLE.
(( Je trouve, dans les journaux italiens, au sujet du tremblement de
terre du 29 juin, des détails dont je crois le résumé systématique de nature
à intéresser l'Académie: je prendrai donc la liberté de les mettre sous ses
yeux.
» Autant que j'en puis juger, le centre de la catastrophe a été dans le
val Mareno ou IMariuo, appartenant au district de Viltorio, dans la pro-
vince de Bellune (ancien Etat Vénitien).
» Ce val a été déjà ébranlé par de nombreux tremblements de terre,
dont il porte encore les traces évidentes (i), caria Mescbio, qui sert de trop-
plein au lac Sinla-Croce et au lac Morlo, en sort brusquement par une
faille pratiquée dans la muraille de rochers qui la limite du côté du sud-
ouest. Ce brusque changement de direction a lieu |)rés de Serravalle, en-
droit où d'énormes roches se sont éboulées, le 29 juin dernier. Depuis lors
de nouvelles secousses s'y sont encore produites.
)) Deux jours avant la catastrophe, les eaux du lac Santa-Croce se sont
soudainement exhaussées de plusieurs pieds; c'est sans doute à cette cir-
constance qu'il f.iut rapporter le bruit que ce lac était en pleine ébidlilion ;
ce racontar s'était répandu avec tant de rapidité qu'on a dû le démentir
téiégraphiqueuient.
» On disait également qu'on avait ramassé des cendres volcaniques
près (le Farra, au nord du lac; mais il n'y a pas eu d'éru|)tion volcanicpie
proprement dite, par conséquent les prédictions de M. Palmieri relative-
(1) Un de ces treniblenicnls de terre ;mriens ji.iraît avoir en lieu vers l'an 1200. La~ville
de Bellune, com|ilélcn)ent ruinée, a été reconslruite, j;ràce à l'assistance des habitants de
ïrévise et de Feltre.
(67 )
ment à la naissnnce d'un volcan dans les Alpes ne semblent point à la veille
de se réaliser. Dti reste, le savant directeur de l'Observatoire vésnvien sup-
pose que cet accident doit avoir lien dans les environs du mont Baido,
qni sépare l'Adige du lac de Garnie, et qni se ttonve, par conséquent, à une
assez grande distance du val Marino. Le 28 juin, Us babitants de Pnos,
petit village situé an nord du lac Snnta-Croce, ont entendu des grondements
souterrains annonçant ainsi la catastrophe, qui n'a pas fait moins de onze
victimes parmi eux. Le torrent Tesa, qui se jette dans le lac Sanla-Croce, est
ordinairement liminde; après le tremblement de (erre du 29 juin, il était
devenu subitement bourbeux. I^a I^enn d'Oio, source iherniaie qui ali-
mente lui établissement hydroihi'rapique des environs de Bellune a i)ris
subitement nue couleur ronge de sang qu'elle a gardée pendant quelques
jours.
» Le 29 juin tombait précisément le jour de la Saint-Pierre, et presque
toutes les éo lises étaient en conséquence fréquentées par les fidèles à 5 heures
du malin, heure de la catastrophe. Cette malhemense coïncidence a eu
des conséquences funestes, car beaucoup de fidèles ont été écrasés par les
pierres tombant des plafonds. L'église de Felleto, village situé dans la
partie inférieure de la vallée, sur le Soligo, s'est entièrement éboulée; qua-
rante personnes ont été tuées sur le coup, et plusieurs de celles qui avaient
été Idessées ont succombé depuis lors.
» Il n'est pouit inopportun de remarquer que les églises, surtout quand
elles ne sont |ioint voûtées, sont plus exposées que d'autres monumeuls à
être renversées par les tremblements de terre. Est-ce que cela ne serait
point une consé(|uence de l'habitude qu'ont les architectes d'orienter la
srande ligne de ces édifices du côté du mont Calvaire, au lieu de chercher
d'après le relief du tt^rrain la direction de la situation la plus stable.
Coinuie beaucoup île villes d'Italie ont des appareils enregistreurs des
tremblements de terre, l'Académie recevra peut-être tous les docu-
ments désirables pour déterminer les heures, les directions, les nombres
de vibrations, les intensités, etc , etc. ; mais il ne me paraît point superflu
d'appeler son attention sur un fait liès-cnriaux. Les lignes de télégraphes
ont été rompues en lui grand nombre d'endroits, ce qni lient évidemment
à l'énergie des oscillations qui leur ont été inijuimées. Le f lit suivant per-
mettra de montrer combien ces mouvements étaient vifs : deux fils distants
de 0,10 se sont choqués l'un contre l'autre.
» On a remarqué ([ue, dans beaucoup de maisons, les jiortes avaient été
dérangées, de sorte que les personnes qui étaient renfermées dans des
( 68 )
chambres ne pouvaient, à leur grand elTroi, en sortir à moins de passer
par la fenêtre. Dans beaucoup d'églises, les cloches ont, en quelque sorte,
sonné le tocsin d'elles-mêmes.
» Le tremblement de terre s'est fait sentir en Italie et en Allemagne, dans
le Tyrol et même jusqu'aux portes de Munich; mais les Allemands ne pa-
raissent pas y avoir attaché d'importance, car leurs journaux ne font
aucun commentaire. Leur indifférence est d'autant moins explicable que le
tremblement de terre a été suivi, quelques heures après, d'une trombe
très-violen!e qui a ravagé plusieurs villes, notamment Vienne, et enlevé le
ballon captif de l'Exposilion universelle. Cet aérostat, d'iui volume de
8000 mètres, a été arraché et transporté à 3o kilomètres dans la direction
du sud-est; son poids est de 3o quintaux métriques. La secousse était si
vive qu'il s'est crevé en l'air et est retombé comme une pierre sans traînage
et sans rebondir. 11 a été trouvé dans un champ de blé où les épis qu'il
avait recouverts étaient les seuls qui eussent été endonunagés par sa chute.
» Y a-t-il une corrélation entre ces orages du versant allemand et les
tremblements de terre du versant italien? C'est une question qu'on se pose
involontairement.
» Enfin les journaux que j'ai entre les mains parlent de secousses acces-
soires produites après la secousse principale, et qui paraissent avoir inspiré
une violente terreur aux habitants, car ils se sont mis à camper sous la
tente, craignant de rentrer sous des toits dont ils avaient appris à se défier
et sous lesquels, depuis leur enfance, ils dormaient sans appréhension.
» Les désastres sont épar|)illés dans une multitude d'endroits et le club
alpin d'Agordoa pris l'initiative d'une Commission de souscriptions dont le
centre est à Bellune. Nul doute que le gouvernement italien ne s'empresse
de venir en aide à tant de misères, et que l'appel du club alpestre d'Agordo
ne trouve, même de ce côté des Alpes, des âmes compatissantes (i). »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 7 heures un quart. ' É. D. B.
(1) Cette Note fist accompagnée d'extraits de journaux italiens, relatifs aux phénomènes
qui y sont décrits.
( co)
nUM.ETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
application du pandpiamomèlre à la mesure du Iravnd des machines à va-
peur à balancier; par G.-A.. HiKN. Mulhouse, imp. de veuve Boder, 1873 ;
br. in-8°.
Observai ions faites dans les stations astronomiques suisses; par E. Planta-
MOUR. I. Riglii-Kulni; IL TFessenstein ; IIL Observatoire de Berne. Genève,
Bâie, Lyon, H. Georg, 1873; in-4°.
Traité de la police sanitaire des animaux domestiques; par J. Reynal. Paris,
P. Asselin, 1873; in-8°, relié. (Présenté par M. Boidey, pour le Concours
des Prix de Médecine et Chirurgie, fondation Montyon.)
Nouvelles e7wc/es 5;«r /e Phylloxéra ; par A. PEniN. Aix, imp. Marins Illy,
1873; br. in-8°.
Le Phylloxéra. Guérison probable de la vigne par un traitement pi'éventif
physiologique et naturel; par k.ldvpO-HOWMh. Montpellier, C. Goulet, 1873;
br. in-8°.
(Ces deux dernières brochures sont renvoyées à la Commission du Phyl-
loxéra,)
Les prétendues terreurs de l'an mil; por dom F. Plaine. Paris, V. l'aimé,
1873; br. in-8°. (Extrait de la Revue des questions historiques.)
Mémoire concernant les ouvrages jiubliés depuis 1848; par L.-E. Plasse.
Poitiers, typ. A. Dupré, 1872; br. in-8°.
{Lft suite du JjuUeiin au prochain numéro.)
ERRATJ.
(t. LXXVI, 1" semestre de 1873).
Page 1548, ligne 4 f" l'eraontant, nu lieu de 118 ù 120 '.îcgrés, lisez 3 18 à 320 degrrs.
Page 1582, ligne 27, au lieu de causée, lisez accusée.
Page i585, ligne l5, au lieu de 211, lisez 20.
( 70 )
OnSEUVATIOXS MÉTKOROI.OGIQ. FAITES A l'ObSERVATOIRE DE llîOXTSOURIS. — Jl IX 1875.
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Pluvieux tout le jour.
Or.ngi'ux de 7)' à G*" soir.
Pluie dans la mat. et l'ap.-midi.
Éclairs au SE, vers 9'' soir.
Rosée abondante le matin.
Foudre tombe sur l'Obs. à 2"5os.
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Piosée abondante le soir.
Pluvieu.x le soir.
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Forte averse de S'' 55 à 9''.
Orageux, pluies; tonn. à j^ 40.
Pluie.
Lueur aur. à 1 1'' s., suiv.de pluie.
Tonnerre il midi, pluie vers 5''.
Halo persist. de 9'' m. à Gl' soir.
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Très-vaporeux.
Eclairs fréq de ç^ s. a min.
Violent orage vers 2'' 3o matin.
Pluvieux le soir; lueur auror.
Gouttes de pluie vers midi.
Lueur aurorale à minuit.
Gouttes de pluie vers gh m.
Très-vaporeux.
Otage de minuit à il" matin.
Lueur aurorale le soir.
(i) Ob^ervalions falles à partir de ce jour, à l'aide d'une boussole de Gambey, du Déiiiit do la Marine. Ctiaque ol,servation est la
moyenne de dix lectures.
( 7^ )
Observations mktéoroi.ociques faites a l'Observatoire de Montsouris. — Juin i8'^3.
Réiiimê tics observations régulières.
GMl. g^M. Midi. S^S. G^S. '^S.
Moy.
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Baromètre réJiiit à o° ^55,3o 755,52 755, 17 754,70 75/1,67 755,25 755, 3 1 755, 11 (i
Pression do l'air sec 7 '|5, 1 4 7^5,28 7(14,71 743,96 744,42 744.87 744,93 744,80(1
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Theimomèlre à mercure (jardin) 13,97 'Vi^^ '9t^l 20,01 19, o3 16, 3o i'i,2i 16,(19(1
» (terrasse).... i5,o6 17,25 19,47 20,02 19,20 16,54 '4,48 17,05(1
Thermomètre à alcool incolore '3, 70 i7,i.i 19,28 19,75 iS,84 16, aj 14,12 16,48(1
Thcrmomèlre électrique à 2;:)'" » » » » » » u ,,
Thermomètre noirci dans le vide, T'.. . 22,87 34, i3 37,61 34,16 2j,36 ., » 32,81(2
Thermomètre incolore dans le vide, r. . 17,02 23,95 27,13 25,29 21,12 u » 24,37(2
Excès(T' — 0 5,85 10,18 10, .18 8,87 4,24 » » 8,44(2
Tempérât, du sol il o™, 02 de profond''.. 10,78 18,16 20,72 21,02 19,68 17,87 16,78 18,24(1
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État hygrométrique en centièmes 84,2 69,1 62,5 62,4 62,6 75,0 85,2 73,6 (1
Pluieen millimèlres (parc) il 2™ du sol. 69,6 g, 8 16,4 14)9 8,0 i3,4 5,8 1.187,9
» (ào">,iodusol).. 74,1 jo,7 17,4 16,3 8,8 i3,2 6,4 t.147,6
Évaporation totale en millinièlres 7,92 10, 54 17,93 21,06 19,57 12,76 7,50 t. 97,28
Pluie moy. par heure (ij 2"' du sol).... 11,60 3,27 5,47 4,97 2,67 4,47 i,93(3) a
Evaporation moyenne par heure i,32 3,5i 5,98 7,02 6,52 4,25 2,5o(3) »
Inclinaison magnétique (B)65°-f- » 2g, 0 ,, » » u » » (,\
Déclinaison magnétique. .. . (A)i7<'-1- 21,0 21,6 3o,4 3o,6 26,8 24,4 23,6 25,5 (i)
Tempér. moy. des maxiina et minima (parc) 17,0
» » (façade nord du bâtiment, terrasse dn grand escalier). 17,0
» à 10 cent, au-dessus d'un sol gazonné (thermomètres à boule verdie). 22,4
Therni. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 obs. : 6'' m. 9'' m., midi, i^ s. 6'' s.). 30,82
» c 11 » » 22,90
Excès (T' — t) » )) » 7,g2
» (valeur déduite de 4 observations : g*" m., midi, 3*', 6'" s.).. . . 8,44
(1) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations de 9 heures du matin, midi, 3 heures et 6 heures du soir.
A. Une détermination de déclinaison absolue a été faite le 26 juin, de 5 i» 6 heures du soir, sur la for-
tication, bastion 82, avec une boussole de Gambey appartenant à la Marine. Elle a donné pour résultat
17°. 32', I. Les nombres qui suivent la constante A des tableaux précédents doivent être retranchés de
170.47',5 pour donner les valeurs correspondantes de la déclinaison.
B. Des déterminations d'inclinaison absolue ont été faites du 26 au 27 sur la fortification et dans le
pavillon magnétique de l'Observatoire de Montsouris au moyen d'une boussole de Gambey appartenant à
la Marine. Cette boussole continue a être observée chaque jour à 9 heures du matin, en attendant l'instal-
lation de la nouvelle boussole des variations d'inclinaison.
La valeur de B des précédents tableaux est égale ii 6J''5i',o.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
SÉANCE DU LUNDI 14 JUILLET 1875,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. LE Secrétaire perpétcel informe l'Académie que la Société pour
l'encouragement des Arts et Manufactures et du Commerce, de Londres,
vient de décerner sa grande médaille d'or, Médaille Alberl, à M. Chevreul,
pour ses découvertes en Chimie et pour l'influence qu'elles ont eue sur les
arts industriels dans tous les pays.
ASTRONOMIE. — Théorie de la planète Saturne; pnr U.-J. Le Verrier.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le Chapitre XXI de mes
Recherches astronomiques, chapitre consacré à la planète Saturne.
» Le travail comprend :
» Les variations séculaires des éléments de l'orbite de la planète ;
» Les très-petites perturbations produites par Vénus et par la Terre;
)) Les perturbations périodiques du premier et du second ordre, dues
à la présence de Jupiter ;
» Les inégalités produites parUranus;
C. R., i8:3, 2^ Semeslre. (T. LXXVU, N» 2.') '°
( 74)
» L'inégalité du second ordre qui dépend de deuxjoisle moyen mouve-
ment de Jupiter, plus trois fois le moyen mouvement d'Uranus, moins six
fois le moyen mouvement de Saturne;
» Enfin les termes dus à l'action de Neptune. »
ANALYSE. — Sur la Jonction exponentielle (suite); par M, Hermite.
M V. Nous devons supposer, comme on l'a vu précédemment, que p.
est un grand nombre; c'est ce qui conduit à déterminer, au moyen de la
belle mélbode donnée par Laplace [De l'intégration par approximation des
dijférentielles qui renferment des facteurs élevés à de grandes puissances [Théorie
anal/tique des Probabilités, p. 88)], l'expression asymptotique des intégrales
fe-'/^iz) dz, f'e-^f^iz) dz,..., H e-^f^z) dz,
afin d'en conclure pour A une valeur approchée, dont le rapport à la
valeur exacte soit l'unité pour p. infini. Admettant, à cet effet, que les
nombres entiers a, b,..., h soient tous positifs et rangés par ordre
croissant de grandeur, de sorte que, dans chaque intégrale, la fonction
e~'J'^{z), qui s'annule aux limites, ne présente, dans l'intervalle, qu'un
seul maximum, je considérerai en premier lieu l'équation
dont dépendent tous ces maxima. Or on sait que ses racines sont réelles et
comprises, la première z, entre zéro et a, la seconde z» entre a et h, et
ainsi de suite, la plus grande z„+, étant supérieure à h. Envisagées comme
fonctions de p., il est aisé de voir qu'elles croissent lorsque p. augmente,
et qu'en désignant pary», </,..., s les racines de l'équation dérivéey(z)=o
rangées par ordre croissant de grandeur, on aura, si l'on néglige — »
et en dernier lieu z„H_, = (« + i)f/ -f- '-^ ■', une approximation plus
grande n'étant pas alors nécessaire. Cela posé, si l'on écrit pour un instant
cp{z) =
JV)
\/'H')-f{^)/"{^)
( ?•'' )
les valeurs cherchées seront
y/^.-vn^.)?(:^.), s/~'-'-r^-)9{^^)^-- \/^^-^«-/^(-«..)?(^«..),
mais ces quantités se simphfient comme on va le voir.
» Considérant la première pour fixer les idées, j'observe que nous avons
I .f(p]
z, =
V-f"{p)
où p satisfait à la condition f'[p) = o, on en conclut/(a?,) =f{p), en né-
gligeant seulement —^- Par conséquent, si l'on pose
/(z.)=/(/')(' + ^ + ^ +•••)'
puis d'une manière analogue
'(2.) =?(/')(
on aura d'abord
fi^'} =?[P)[ '+-.-+- ~
et l'on en tire aisément
/^r,)?(20=/^(/.)'M/')(< + ^ + ^, +...).
» Ainsi, en négligeant seulement des quantités infiniment petites par
rapport au terme conservé, nous pouvons écrire
et l'on aura de même
»
fe-^f^[z)dz = ^f e-^f^s) ?(.).
' e~^J^{z)dz est d'une forme analytique
k
différente, en raison de la valeur z„_^, =:(//+ i) ^jl qui devient infinie avec p..
Pour y parvenir, je développerai, suivant les puissances descendantes de la
lO.,
( 76)
variable, l'expression
eu négligeant les termes en j' :^'--' ce qui permet d'écrire
log/(z)= (« + .) logz, log^.= log ^,=^=^ = log-^,
et, par suite,
\oë[e-'f^{z)rp{z)] = {niJ. + f«. + i)logz- z - ilog(n + i).
» Après avoir substitué la valeur de z„+,, une réduction facile nous don-
nera, en faisant, pour abréger,
G{ii) = («fx + [J. + i) log {Ji + i)f- - (" + i) /^- - iïog(« -t- 0.
cette expression semblable à celle des intégrales eulériennes de première
espèce
f\-'n^)d.=^f
,0(H-)
Maintenant on va voir comment les résultats ainsi obtenus conduisent ai-
sément à la valeur du déterminant A.
» VI. J'effectuerai d'abord une première simplification en supprimant,
dans les termes de la ligne horizontale de rang /, le facteur \/^^î puis
une seconde, en divisant tous les termes d'une même colonne verticale par
le premier d'entre eux. Le nouveau déterminant ainsi obtenu, si l'on fait,
pour abréger, I
P =/(/.), Q=/(7),..., S = /(s),
sera évidemment
oO(|j.+ t)-0(!J.)
t I I I
P Q S e'
p- 0" S" e'J(ii+2)-0((j.)
p« Q« S«
fj(|j. + „)_0(|i)
» Or on voit que p. ne figure plus que dans une colonne, dont les termes
croissent d'une telle manière que le dernier e'''i'+"'-"<w est infiniment plus
grand que tous les autres. Nous avons en effet
= 0(,a) + / [^ + (/i + i) log {n + i) p.] + '^[--^, + ^)
( 77 )
et par conséquent, si l'on néglige -î —,•••■,
d'où
e{[x -+- i) — 0{[j.) = i{n + r) log(« + i) p.,
!'("+<)
En ne conservant donc dans le déterminant que le terme en /x de l'ordre
le plus élevé, il se réduit simplement à cette expression
[{n -h i) li]"^"^'
I
P
p2
p«-
I
Q
I
s
Q«_. S«-.
M II en résulte qu'on ne peut, en général, admettre que le déterminant
proposé A s'annule, car les quantités V=f[p), Q=^/{q)i- ..■, fonctions
entières semblables des racines p, q,.--, de l'équation dérivée y (:r) = o
seront comme ces racines différentes entre elles. C'est ce qu'il fallait éta-
blir pour démontrer l'impossibilité de toute relation de la forme
N + e«N, + e*N2 -+-... 4- e*N„= o,
et arriver ainsi à prouver que le nom'ire e ne peut être racine d'une équation
algébrique de degré quelconque à coefficients entiers.
» Mais une autre voie conduira à une seconde démonstration plus rigou-
reuse; on peut en effet, comme on va le voir, étendre aux fractions ration-
nelles
<S>(x)
le mode de formation des réduites donné par la théorie des fractions conti-
nues, et par là mettre plus complètement en évidence le caractère arithmé-
tique d'une irrationnelle non algébrique. Dans cet ordre d'idées, M. Liou-
ville a déjà obtenu un théorème remarquable qui est l'objet de son travail
intitulé : Sur des classes très-étendues de quantités dont la valeur nest ni algé-
brique, ni même réductible à des irralionnelles algébriques (*), et je rappellerai
aussi que l'illustre géomètre a démontré le premier la proposition qui est
le sujet de ces recherches pour les cas de l'équation du second degré et de
(*) Comptes rendus, t. XVIII, p. 883 et 910.
(78)
l'équation bicarrée [Journal de Mathémotiques {Note sur l' irrationnalité du
nombre e, t. V, |). 192)]. Sous le point de vue auquel je me suis placé,
voici la première proposition à établir.
» VII. Soient : F(z), F, (s),..., F„+,(z) les polynômes dédnits de l'ex-
pression
zi'^^z — ap {z — bp... [z — hy-",
lorsqu'on attribue aux exposants p., p.,,..., p.„, n -h 2 systèmes différents
de valeurs entières et positives. En représentant, en général, par ' '^ les
fractions convergentes vers les exponentielles, qui correspondent à l'un
quelconque d'entre eux F4(z), on pourra toujours déterminer les quan-
tités A, B, C,..., L par les équations suivantes :
A* (a:) + B<ï)'(x) 4-C$-(x) -+-...-+-L^"*\jc) = o,
A<I>,(x)-t-B<ï>;(x) -hC<^-^{x) +...-t-L<î)r'(-^) = o,
• . . f
A<I)„(.x) + BO,; (.r) + C(i)„2(.r)+... + L<î)r'(-^) = »•
Mais, au lieu de conclure de telles relations des polynômes «l'f (x) supposés
connus, notre objet est de les obtenir directement et a priori; je vais éta-
blir pour cela qu'il existe, entre les intégrales indéfinies
Je— F(z)r/c, Je— F, (z) ^z,.... Je— F„^, (zVz,
une équation de la forme
A, fe— F(z) dz-hM>o Ce-'"' F, (z)^z + ...+ ^fe-'^'F^^, (z) dz = e— 0(z),
les coefficients A, ait,..., 4^ étant indépendants de z, et ©(z) un polynôme
entier divisible pary(z). Si l'on fait, en effet,
,,.w=!i{f]+I^;)+I^!)+...,
^ ' X x^ j:'
on aura
.1 Je— F(z) dz -+- '.ft, Je— F, (z) r/z -f-...-t- 4^ fe— F„^, (z) dz
et il est clair que les rapports ~, -t'"-' v pourront être déterminés, et
( 79)
d'une seule manière, par la condition supposée que le polynôme
0(z) = — [.i,,f (3) + H1,J, (z) H-...+ -(L^„+,(z)]
contienne comme facteur J [z] = z[z — a) [z — b)... {z — h). Nous conclu-
rons de là en prenant les intégrales entre les limites z = o pI s = «,
par exemple
X fe-^^ V{z) dz + 11!, Pe-^^F, (z)r/c +...+ 4^ Pe-^^ F„^, (z) dz^o
» Maintenant les relations
j^ «-^-F,(z)r/2 = ^^
donneront, en égalant séparément à zéro, le terme algébrique et le coeffi-
cient de l'exponentielle e'^^, si l'on fait, pour abréger,
les égalités suivantes :
A<I>(.r) + B4)'(x)4-...+ L1>"+'(x) = o,
A<î),(:c) + B<I)}(x) +...+ L1'r'(j:)=: o.
» Or on aura de même, en prenant pour limites supérieures des inté-
grales z = h, c,..., h,
AA>Jx)-hB^l[x) +...4- T.'l'r'(^) = o,
A<I)„(x) + B<Pl{x) +...4- L<I)r'(-^) = o,
et il est aisé de voir que les coefficients A, B,..., L pourront être supposés
des polynômes entiers en x. L'intégrale I e~" zl"- (z — ly dz, qui figure
dans la relation précédemment considérée (p. 21),
e^rifa:) - II, ix) = e-=^z"'(z- lydz,
nous servira d'abord d'exemple. »
(8o )
ASTHONOMIE. — Nole sur le régulateur isochrone, construit par M. Bréguet,
pour l'observation du passage de J^énus à Yokohama; par M. Yvon Vil-
LARCEAU.
i( L'Académie peut se rappeler que l'année dernière (le lo juin) j'ai eu
l'honneur de mettre sous ses yeux le premier spécimen d'un régulateur
isochrone, établi sur les principes d'une théorie exacte. L'artiste n'avait eu
à se préoccuper d'autre soin que celui de se conformer aux indications
précises de la théorie : ce but, faute d'un outillage spécial, n'avait pas été
atteint sans quelque difficulté. Toutefois ce premier essai permettait d'es-
pérer qu'en prenant les dispositions nécessaires on parviendrait directe-
ment à réaliser un appareil qui n'eût à recevoir ultérieurement aucune
retouche.
» Une occasion se présentait de tenter l'application sérieuse du nouvel
instrument. En présence du résultat obtenu en i8y2, la Commission du
passage de Vénus a bien voulu autoriser la construction d'un régulateur
isochrone pour la station de Yokohama, et m'a confié le soin d'en sur-
veiller l'exécution. L'instrument étant terminé et ayant été soumis aux
vérifications expérimentales nécessaires, j'aurai l'honneur aujourd'hui de
présenter à l'Académie les résultats qui ont été obtenus.
» Au point de vue de la construction, le nouvel appareil de M. Bréguet
offre un magnifique spécimen des produits de l'horlogerie française : aussi
l'Académie apprendra-t-elle, sans étonuement, que l'instrument doive
figurer à l'Exposition universelle de Vienne, circonstance qui nous prive
actuellement de le mettre sous les yeux de l'Académie.
» Le nouveau régulateur se compose, comme le premier, de trois systèmes
articulés, munis d'ailettes et disposés symétriquement autour de l'axe ver-
tical central. Il importait que ces tj'ois systèmes présentassent entre eux la
plus parfaite égalité, que les longueurs des tiges articulées fussent parfaite-
ment égales, ainsi que les distances des points d'articulations à l'axe cen-
tral. C'est particulièrement pour réaliser ces diverses conditions qu'il était
nécessaire de recourir à des dispositions spéciales que M. lîréguet a dû
imaginer et dont le succès nous semble mis hors de doute par les résultats
numériques qui vont être exposés.
» La durée des oscillations d'un pendule varie avec l'intensité de la
pesanteur ; il en est de même de la durée des révolutions du régulateur
isochrone, et les variations proportionnelles de l'une et de l'autre de ces
( «' )
durées suivent exactement la même loi. En conséquence, l'artiste chargé
de la construction de l'équatorial destiné à la station de Yokohama, ayant
fixé le nombre de tours par seconde que devait faire le régulateur dans
cette station, il a fallu en déduire le nombre de tours que le même appareil
établi à Paris ferait dans le même temps, et l'on a trouvé, par seconde de
temps sidéral, le nombre de 8', 998/10. A ce nombre correspond une durée
de 100% 01 77 pour 900 tours du régulateur. 11 détermine d'ailleurs la dis-
tance des points d'articulation des tiges oscillantes à l'axe central et la fixe
» Préalablement, nous avions fait l'élude d'un deuxième type de régula-
teurs isochrones, dans lequel la longueur des tiges oscillantes avait été
arbitrairement prise de 4 centimètres, et à laquelle correspond une distance
de points d'articulation à l'axe central, qui est de 3"", 829. Le rapport du
nombre précédent à celui-ci étant 0,6175, il a suffi, conformément aux
théorèmes concernant la similitude des régulateurs isochrones, démulti-
plier par ce coefficient toutes les dimensions linéaires du type considéré,
pour obtenir les dimensions d'iui appareil isochrone devant faire à Paris
8^,99840 par seconde de temps sidéral : les poids ont été obtenus en mul-
tipliant ceux du deuxième type parle cube du même coefficient.
» Le deuxième type diffère de celui réalisé en 1872, par les proportions
de quelques pièces, par les dispositions relatives aux articulations, et parti-
culièrement en ce qui concerne la situation donnée aux masses réglantes.
Les tiges filetées qui supportent ces masses ont été implantées sur la face
du parallélépipède opposée à celle qui regarde les ailettes. Par cette disposi-
tion, on évite l'indétermination plus ou moins accentuée delà position des
niasses réglantes qui se présentait dans la disposition primitive, et l'on
augmente notablement la sensibilité de l'appareil. Le nouveau régulateur
est effectivement doué d'une sensibilité remarquable, et les moindres irré-
gularités de la denture du mouvement d'horlogerie le font osciller. Des
difficultés de construction, qui ont d'ailleurs été facilement surmontées,
s'étaient opposées à ce qu'on adoptât tout d'abord cette disposition.
)) Dès que l'instrument a été terminé, on a constaté que la vitesse requise
était réalisée de très-près et que l'isochronisme laissait peu à désirer. Nous
avons expliqué l'année dernière les causes qui s'opposent à ce que le
résultat obtenu soit exactement d'accord avec la théorie : les densités des
métaux employés ne sont pas exactement égales à celles sur lesquelles on
comptait, les mesures linéaires et les poids ne pourraient aisément être
réalisés au millième de millimètre ou au milligramme près, d'où la néces-
C. K., 1873, i' Scmeitre. (T. LXXVll, N" 2.) ' '
{ 8^ )
site de corriger l'appareil en déplaçant les masses réglantes, conformément
anx indications du calcul appliqué aux observations du mouvement de
l'appareil.
» 11 a suffi de déplacer ces masses de quelques filets pour obtenir les
résultats suivants :
Observations faites le \" juillet 1878.
Angle de l'axe des ailettes Durée de goo tours
Poids moteur. avec la verticale. en temps sidéral.
32,4
40,74
100, lO
27.4
36,70
100,1 3
2, ,4
3i,79
100,09
■7,4
26,68
100,07
'3,9
22,11
99' 95
10,9
.7,43
99,9'
8,6
12,45
100,07
6,9 8,27 100, 3i
» Chacun de ces résultats a été obtenu au moyen d'observations faites de
900 en 900 tours, ou à des intervalles d'environ 100 secondes, qui ont
duré vingt minutes. Au dernier correspond une obliquité des liges qui
produit, dans les articulations, des pressions et par suite des frottements
trop considérables pour un bon fonctionnement de l'appareil : aussi n'en
tiendrons-nous aucun compte.
» En ne considérant donc que les sept premiers, on constate que, pour
des charges variables de 8''s,6 à 82''^, 4, les écarts de la durée de 900 tours
par rapport à la nioyenne n'excèdent pas ziz 0% i ; en d'autres termes
l'isochronisme est réalisé à -f^^ près.
» Nous avons reconnu par le calcul qu'on ne réussirait pas, au moyen
d'un nouveau déplacement des masses réglantes, à atténuer l'une de ces
discordances, sans en aggraver on en faire naître d'autres. La cause de
ces anomalies et la possibilité de les réduire feront l'objet de nos investi-
gations quand l'appareil sera revenu de Vienne.
» Quoiqu'il en soit, l'isochronisme réalisé sera laigemeul suffisant, dans
la plupart dos cas, entre les limites correspondant aux charges de 8''^, 6
et 'i2^^,/\. Si, cependant, ou voidait obtenir |)lus de précision, il suitirait de
restreindre les positions des ailettes entre les limites 40°, 74 et 2G",G8,
lesquelles répondent aux charges de32'^s^4 et 17''^, 4; î'Iors le défaut d'iso-
chronisme se trouverait réduit à 37^777. Enfin, et c'est le cas de la pratique
ordinaire, on peut, avec un bon rouage d'horlogerie, restreinrlre considé-
(83)
rablementramplilufle'lu inoiivenient des ailettes, et, quelle que soit d'ailleurs
leur position, l' appareil conservera pendant très-longtemps la réytilarilé démar-
che d'un clnonomèlre : c'est ce qui résulte des observations faites par des po-
sitions sensiblement constantes des ailettes, où les erreurs se réduisent sim-
plement à celles des observations ou à ± o%07 en moyenne.
» Nous terminerons celte Note en présentant le résultat de la 2® série
d'observations faites le 12 juillet. Dans ces séries, qui ont duré une demi-
beure, on agissait sur le mouvement d'borlogerie au moyen d'un frein serré
arbitrairement; il avait seidement été recommandé à l'opérateur de ne pas
faire dépasser aux ailettes les positions extrêmes 4'>°)7 et 12°, 4- Les obser-
vations ont été faites de 45o en 45o tours du régulateur, ou à des inter-
valles d'environ cinquante secondes, de sorte que chaque série comprend
trente-sept observations. Voici les erreurs de la marche de l'instrument
comparée avec celle d'un chronomètre (l'unité étant le dixième de seconde):
2^ série. . -H3-4-a4-2+i-i-3+i o— i — 2 — 4 — 2 o o — 3
— 1 o o+i o o — I — i-i-i o+i o o o
— a — 2 — 2—1+3 c-t-3+i + i.
Erreur moyenne d'une observation isolée = ± o, 17
» probable » ±0,11
» Les erreurs dues à l'instrument sont en réalité un peu moindres,
puisque les précédentes sont affectées des erreurs d'observation.
» Les détails que nous venons de présenter montrent que le nouveau
régulateur pourra conduire l'équatorial auquel il est destiné avec luie
extrême précision; nous y comptons d'autant plus que l'artiste, qui est
chargé de la construction de cet équatorial, M. Lichens, saura maintenir
une réputation légitimement acquise.
» Qu'il nous soit permis, en terminant, de remercier M. Bréguet pour
les soins et le dévouement qu'il a mis à perfectionner un appareil dont il
n'est pas l'auteur, et de signaler l'habileté de M. Roger, auquel M. Bréguet
a confié le soin d'exécuter cette belle pièce d'horlogerie. »
1 1 .
1 ^'1 ) ■
ÉLECTRO-CHllsnE. — Stir le mode d'intervention de l'eau dans les actions chi-
miques pendant le mélange des solutions salines neutres, acides et alcalines
(premier Mémoire); par M. Becqcerki.. (Extrait.)
« Les actions chimiques qui ont lieu clans le mélange des dissolutions
salines, acides et alcalines sont accompagnées d'effets calorifiques et élec-
triques qui peuvent servir à faire connaître le mode d'intervention de l'eau
dans les effets produits. Les appareils calorimétriques donnent la mesure
des quantités de chaleur dégagées; mais, pour déterminer l'intensité des
effets électriques produits, il faut évahier la force éleclromotrice qui a lieu
lors de l'action de l'eau sur chacune des dissolutions, puis celle qui se ma-
nifeste pendant l'action des dissolutions les unes sur les autres.
» On entend par force électromotrice la cause en vertu de laquelle deux
corps en contact se constituent dans deux états électriques différents par
suite d'actions physiques, chimiques ou mécaniques. On mesure cette force
par l'intensité du courant qu'elle produit dans lui circuit fermé, et la com-
parant à celle d'un autre courant pris pour unité, les deux circuits ayant la
même conductibilité électrique, ou bien en opposant dans le circuit un
courant de force électromolrice variable et déterminée, de façon à contre-
balancer son effet.
» La force électromotrice dans les actions chimiques est en rappoit
même avec leur énergie plus ou moins grande.
» M. Berthelot étudie cette question depuis déjà plusieurs années à l'aide
du calorimètre. Il a publié son premier Mémoire, dans les Jnnales de
Chimie et de Physique (4* série, t. XXIX, p. 94), sur l'état des corps dans
les combinaisons, lequel renferme des faits importants, qui doivent être
pris en considération dans l'analyse des effets électriques produits pendant
le mélange des dissolutions salines, effets qui peuvent également montrer
connnent agissent dans les léactions l'eau et les parties constituantes des
dissolutions. Ces faits mettent en outre en évidence un principe nouveau
que nous indiquerons plus loin.
» Notre confrère s'est demandé quel rôle physique et chimique remplit
le dissolant, notamment l'eau dans le mélange de deux dissolutions; y
a-t-il simplement dissolution, ou bien le dissolvant exerce-t-il une action
propre sur un des éléments de sels, soit en formant un nouveau composé,
soit en opérant une décomposition? Il a cherché, en un mot, dans quel
état se trouvent les parties constituantes des sels à l'instant où les réactions
s'opèrent; ces questions se présentent à l'esprit quand on cherche à con-
( 85 )
naître le mécanisme en verfn 'liiquel s'opère l'action réciproque de disso-
lution, dont le dissolvant est le même. Une base se répartit-elle entre deux
acides ou un acide entre deux bases? D'après quels principes sont formés
les précipités qui se forment quelquefois dans le mélange? Avant d'aborder
celte question, M. Berthelot s'est d'abord occupé des combinaisons for-
mées avec les acides et les éthers. Il a reconnu, à l'aide d'essaisalcaliinétri-
ques, que l'eau et les alcalis les décomposent très-lentement et progressive-
ment, suivant une loi régulière et jusqu'à une limite. Parmi les résultats
auxquels ses recherches calorimétriques l'ont conduit, je rapporterai le
suivant, ainsi que l'explication qu'il en a donnée: si l'on met en présence
le sulfate d'ammoniaque avec l'eau et un carbonate de potasse, quelques
dix millièmes du premier sel se trouvent décomposés par l'eau seule, en
acide sulfnrique et ammoniaque, tenus en équilibre par l'antagonisme de
l'eau et du sel neutre; mais l'addition du carbonate de potasse trouble cet
équilibre, l'acide sulfnrique libre ne pouvant subsister en sa présence, parce
qae la formation du sulfate dépotasse dégage plus de chaleur que celle du
carbonate ; ce dernier sel est décomposé complètement par l'acide sulfu-
rique équivalent, même lorsque les dissolutions sont étendues. On voit
par là quel est le mécanisme en vertu duquel le sulfate d'ammoniaque
etj le carbonate de soude se décomposent réciproquement. Les sels ammo-
niacaux et métalliques se comportent de même dans le mélange de leurs
dissolutions.
» Les effets électriques produits dans le mélange de ces dissolutions con-
duisent à des conséquences à peu près semblables, et permettent même de
les généraliser.
» Voici la mai'che que j'ai suivie pour atteindre le but que je m'étais
proposé; j'ai commencé par déterminer les forces électromotrices pro-
duites au contact des dissolutions et de l'eau et des dissolutions entre elles.
La mesure de ces effets a permis de mettre en évidence les lois dont il sera
question plus loin.
» Les appareils employés pour la détermination des forces électromo-
trices se composent des parties suivantes :
» i** De tubes fêlés, dont les fêlures n'ont que quelques millièmes de
millimètres d'étendue; d'éprouvettes dans lesquelles on les introduit après
les avoir remplis de liquides convenables et où plongent des lames d'or ou
de platine fixées à des fils de même métal, destmés à les mettre en com-
munication avec un galvanomètre ou autre appareil ;
« 2° D'un galvanoinètre Irès-sensible dont l'aiguille garde parfaitement
le zéro ;
( 86 ^
» 3° De deux piles à courant constant, formées l'une de couples de zinc
amali^ainé, zinc pur, d'une dissolution de sulfate de zinc parfaitement satu-
rée et d'un diapliragme poreux en porcelaine dégourdie; cette pile fournit
des couples étalûns(i); l'autrepile est composée découplés à cadmium, disso-
lution desnlfatede cadmium, zinc amalgamé, sulfate de zinc, diaphragme
poreux ; un couple de celte dernière équivaut à 45 de l'autre environ.
» On opère comme il suit : on met en opposition le couple dont on veut
connaître la force électromotrice avec la pile étalon, en introduisant l'un
et l'autre dans le circuit d'un galvanomètre, puis on cherche combien il
faut ajouter de couples étalons pour ramener l'aiguille à zéro ; le nombre
de couples nécessaires donne la mesure de la force électromotrice cher-
chée, dont l'unité est la force motrice du couple étalon; ce procédé a
l'avantage de faire connaître, dans la réaction de deux liquides l'un sur
l'autre, la nature de cette réaction, c'est-à-dire de montrer celui qui se com-
porte comme acide ou connue alcali, par rapporta l'autre, puis son inten-
sité; il y a certaines précautions à prendre pour avoir l'effet produit indé-
pendamment des actions exercées par les liquides sur les électrodes; elles
sont indiquées dans le Mémoire.
» On a commencé par chercher l'état électrique de l'eau distillée dans
son contact avec diverses dissolutions salines; on a trouvé que l'eau est
positive, et, par conséquent, joue le rôle d'acideà l'égard des dissolutions de
sulfate de potasse, de soude, de magnésie, d'ammoniaque, etc., de nitrate
de potasse, de soude, de magnésie, de baryte, de strontiane, de chaux, etc.;
elle est négative, au contraire, par rapport aux dissolutions de chlorure de
baryum, de strontium, de magnésium, de calcuim, etc.
» En opérant i^'avec une dissolution saturée de sulfate d'ammoniaque in-
troduite dans un tube fêlé, plongeant dans de l'eau distillée ; 2° avec une
dissolution de carbonate de soude et l'eau distillée; 3" avec les deux dis-
solutions placées l'une dans un tube fêlé, l'autre dans une éprouvette. Les
moyennes des dix expériences ont donné, pour forces électromotrices,
Première série d'expériences.
Force électromolrice.
( Sulfate d'ammoniaque... — )
i'-'^ couple. {„,..,,. ' ' 18,7.
' ( Eau disti ce + ) ''
Carbonate de soude.
^" ^""p'^- i Eau .■::::: + 1 38,9.
,, , \ Sulfate d'ammoniaiiue ... -1- I
3' couple. „ , , ,' } 21.
( Carbonate de soude — )
(0 Fotr\i;s Comptes rendus, t. LXX, p. ^4 ("84"), Mémoire de M. Ed. Becquerel.
( 87 )
» Ces résultats indiquent sur-le-champ que la force électroniotrice du
2* couple est égale à la somme des forces rlectromotrires des deux autres.
II résulte de là que la force éieciromotrice du 3^ couple est égale à la
différence des forces éleclromotrices du i^ et du i^"^ couple à o,8 près. Les
courants produits par les deux premiers couples sont dirigés en sens
contraire, l'eau étant positive; on verra plus loin la conséquence à en
tirer.
Deuxième série cV expériences.
rorce élccLrotnoliice.
( Sulfate d'ammoniaque. ... -t- )
I-"' couple. { ; 9.
( Chlorure de baryum — )
( Sulfate d'ammoniatiue. ... — 1
2° couple. \ ' 20.
' Eau -t- \
3° couple.
Chlorure de baryum.
Eau
)) Ou voit encore, dans cette série d'expériences, que la force électro-
motrice du i^' couple est égale à la différence des deux autres.
» Les résultats consignés dans ces deux séries d'expériences sont faciles
à expliquer; considérons d'abord les résultats de la premièr-e série.
» L'eau étant positive par rapport à la dissolution de sulfate d'ammo-
niaque, c'est une preuve qu'elle réagit sur ce sel; elle attire à elle une
très-faible portion d'ammoniaque, et la dissolution devient négative,
l'eau positive. L'ammoniaque se trouve attirée, d'antre part, par les actions
antagonistes de l'acide et du sel; il en résulte un état d'équilibre qui est
troublé parla présence d'un autre élément; or il en est de même dans le
couple où se trouve le carbonate de soude, l'eau étant encore positive.
)) Cela posé, si l'on considère le couple sulfate d'ammoniaque et car-
bonate de soude, il faut que l'eau de la dissolution du carbonate réagisse
sur le sulfate comme celle du sulfate sur le carbonate, puisque la force
électromotrice des deux dissolutions est égale à la différence des deux
autres, en même temps que les deux courants sont dirigés en sens contraire.
La loi est vérifiée également dans les résultats de la deuxième série. Les
effets électriques observés résultent seuls de la réaction de l'eau sur les
deux sels, attendu que l'échange de base, qui est le résultat d'une double
décomposition, ne trouble jamais l'équilibre des forces électriques.
» Il n'en est plus de même dans la réaction des dissolutions acides sur
les dissolutions alcalines, attendu que, indépendamment de l'action de
l'eau sur les dissolutions, il y a encore celle de l'acide sur l'alcali. L'exj)é-
rience confirme cet état de choses.
( «« )
Troisième série d 'expériences.
Force électroraolricc.
Acide azoriqiie.
'"'^""l^'"! Potasse - î '"•
( Potasse — I
2= couple. ., „^_^ ^ 43.
3" couple.
Eau.
Acide azolique.
Eau .....
» Ces résultats indiquent que la force électromotrice des deux dissolu-
lions, ou celle du i^' couple, est égale à la somme des forces électromotrices
des deux autres, plus un excédant de 7, qui ne peut provenir que de la
réaction de l'acide sur la potasse, l'un et l'autre anhydres.
Quatrième série d'expériences.
Force éleclromotrice.
, Acide azotique +
i"^'' couple, i . . • 120.
( Ammoniaque — )
, i Acide azoticiue + )
2" couple. -, • 70.
' Eau — '
1 Aiiimonianuo — ) ,„
3' couple. \ ^ ' 45.
I E:tu -I- )
» Mêmes conséquences à tirer, si ce n'est que la différence est de 5 nu
lieu de 7. Les rapports entre les forces éiectromolrices sont exacts, mais
non tout à fait la valeur absolue de chacune d'elles, vu les causes d'erreur
que l'on rencontre quelquefois, et sur lesquelles je reviendrai dans un autre
Mémoire. La méthode que je viens d'exposer pour analyser les réactions
partielles qui ont lieu dans le mélange de deux dissolutions peut être em-
ployée également dans le mélange de trois dissolutions; il suffit, pour
cela, de chercher la force électromotrice de chacune des dissolutions des
composantes dans leur contact avec l'eau et celle de ces dissolutions entre
elles. J'ai décrit ensuite un procédé très-simple, à l'aide duquel on vérifie
1 exactitude des résultats obtenus, lequel consiste à mettre en opposition
les couples ou les assemblages de couples qui sont égaux ou présentent
des diflérences, et à les introduire dans le circuit d'un galvanomètre : si
l'aiguille aimantée reste à zéro, c'est une preuve que les forces électro-
motrices sont égales; si elle est déviée, on détermine la force électro-
motrice qui correspond à la déviation.
I" On déduit des laits consignés dans le Mémoire les conséquences sui-
vantes :
» 1" Dans le mélange île deux dissolutions salines neutres donnant lieu
(«9)
à des doubles décompositions, ces décompositions s'opèrent par l'inter-
médiaire des réactions de l'eau sur les parties constituantes des sels.
» 2" Dans la réaction des dissolutions acides sur les dissolutions alca-
lines, l'eau est encore le principal agent par l'intermédiaire duquel elle
s'opère. L'affinité de l'acide pour l'alcali, l'un et l'autre anhydres, entre
pour une partie, faible à la vérité, dans la production des forces électro-
motrices.
)) Les recherches dont je viens de rendre com|)te à l'Académie sont à leur
début; elles exigeront beaucoup de temps pour être complétées et permet-
tent d'envisager l'électro-cliimie sous un nouveau point de vue.
» Les expériences dont il s'agit exigent le concours de deux personnes, à
cause des manœuvres à opérer et des préparations à faire. J'ai été aidé,
comme précédemment, par M. Guerout, que M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique a bien voulu attacher à mon laboratoire. »
PHYSIQUE. — Sur les modifications du pouvoir magnétique de l'acier
par la trempe ou le recuit; par M. J. Jamin.
« La méthode que j'emploie pour apprécier la puissance d'un aimant
consiste à placer sur le point qu'on veut étudier un petit contact d'épreuve
en fer doux et à mesurer la force d'arrachement, en grammes, au moyen
d'un ressort gradué, que l'on tend peu à peu. Mais comme cette force dé-
pend de la -grosseur et de la forme de ce contact, il est nécessaire d'en fixer
les dimensions, si l'on veut rapporter toutes les mesures à une unité définie
et qui puisse être aisément reproduite. Je propose de constituer ce contact
par un fil de fer doux, de section égale à i millimètre et de longueur assez
grande pour qu'on puisse la considérer comme infinie.
» Il n'est pas nécessaire de réaliser ce contact, car je me suis assuré que
la force d'arrachement est toujours proportionnelle à la section des fils
employés. On pourra donc en prendre un quelconque, et diviser la force
observée par la section pour avoir le résultat qui convient au fil unité. On
pourra même donner au contact d'épreuve une forme quelconque, ar-
rondie par le bas, ce qui en rend l'emploi plus commode, et chercher, une
fois pour toutes, le rapport de ses indications à celles du contact unité.
C'est ce que je ferai à l'avenir.
» Cette convention faite, je vais étudier comment varie la faculté magné-
tique des divers aciers, après qu'on les a trempés ou recuits. Je chauffe les
barreaux au rouge, dans un moufle, au milieu d'un fourneau à gaz, du
système Perrot; je les trempe à l'eau et je les fais revenir sur plusieurs cha-
C. U., i«73, ■1'= Semestre. (T. LXWll, IN» 2.) ' 2
(9»)
himeaux à gaz alignés. Après tes opérations, je les aimante dans une spirale
formée de '5'j6 mètres de fil de cuivre, de 2 millimètres de section, en y
faisant passer le courant d'une pile ordinairement composée de 12 élé-
ments Bunsen. J'ai opéré sur des barreaux à peu près égaux, peu longs
(3o centimètres), assez larges et assez épais pour que, étant aimantés à satu-
ration, ils constituent des aimants normaux. J'ai montré que, dans ce cas,
la force d'arrachement, à l'extrémité, est proportionnelle à la longueur /,
de sorte que le quotient de cette force par celte longueur est pour chaque
acier une constante qui mesure sa qualité.
» Il y a deux cas à distinguer : 1° On mesurera la force d'arrachement F
pemlant le passage du courant, c'est-à-dire l'aimantation temporaire, celle
qu'on observe dans les électro-aimants : elle varie avec l'intensité du cou-
rant, avec les dimensions du barreau; mais, si toutes ces choses sont égales,
Y
- = H est proportionnel au pouvoir magnétique de la matière employée et
peut servira le représenter. 2° On mesurera ensuite la force d'arrachement/,
après que le courant sera interrompu : force de saturation, indépendante
(\c l'intensité primitive du courant, ainsi que de la largeur et de l'épaisseur
du barreau, mais proportionnelle à l; de sorte que- = A sera, pour un
même acier, un coefficient invariable, que nous nommerons coefficient de
polarité. Il mesure la faculté, non de prendre, mais de garder le magné-
tisme. H et A: ne varient point de la même manière; pour le fer doux H
est très-grancî, k est nul; pour les aciers trempés, H est moindre et k prend
des valeurs d'autant plus grandes que l'aimant est meilleur.
» Aciers trempés. — Le fer doux ne durcit pas quand on le trempe;
mais il en est autrement des aciers : ceux qui sont pauvres en carbone
prennent peu de dureté, ceux qui ont une richesse moyenne deviennent
élastiques et résistent à la lime ; quant à ceux qu'on a fortement cémentés
et qui ont été martelés, ils deviennent fragiles comme le verre et perdent
toute solidité : on dit alors qu'ils sont brûlés. Or le fer doux est de toutes les
substances celle qui prend le plus grand magnétisme temporaire ; les aciers
trempés en reçoivent beaucoup moins, et d'autant moins que l'effet produit
sur eux par la trempe a été plus énergique. Il va donc en diminuant depuis
le fer doux jusfju'aux aciers les plus riches et les plus durs. Ces derniers se
montrent rebelles à l'auiiantation ; on peut dire qu'ils sont analogues au
manganèse et au nickel et qu'ils perdent presque entièrement toute faculté
magnétique. Pour en donner une idée, je citerai un échantillon d'acier
fondu très-dur, qui m'avait été remis par M. Dalifol, un de nos plus habiles
fahricanls d'acier. Cet échantillon avait été uiartelé et ensuite recémenté.
^ 0' )
Recuit au rouge, il offrait une force d'arrachement considérable, égale à
1290 grammes pour un courant de 12 éléments. Il fut trempé ensuite,
puis remis dans les mêmes conditions, et la force d'arrachement se rédui-
sit à 75 grammes, c'est-à-dire à rien. On peut même se demander si une
trempe encore pins vive ne ferait pas disparaître en totalité ce reste de
pouvoir niagnétique, si même l'effet ne changerait pas de signe. En tout
cas, cette propriété, jusqu'alors inaperçue, révèle une relation simple entre
les effets connus de la trempe et la valeur du coefficient magnétique.
Je m'occupe d'en rechercher les lois.
» Le magnétisme gardé par un barreau après la cessation du courant est
toujours beaucoup plus faible que pendant l'aimantation, c'est-à-dire
que k est toujours plus petit que H. Il en résulte cette conséquence
imprévue que les aciers riches eu lames minces et fortement trempés, qui
s'aimantent très-peu par le passage du courant, ne conservent rien après
qu'il a |)assé et sont absolument inaptes à devenir des aimants permanents.
Au contraire, les aciers moyens ou pauvres, pour lesquels H est très-giand,
conservent une polarité, c'est-à-dire une valeur de A" notable, comme on
le verra dans les tableaux qui suivent. Ces aciers peuvent donc constituer
d'excellents aimants, après une trempe vive et sans recuit.
» Aciers revenus. — Pour donner aux aciers le degré de dureté voulu, il
faudrait les tremper à des températures variables et déterminées, ce qui
serait difficile. Ou suit une autre méthode, qui consiste à les tremper au
rouge et à dépasser ainsi le point voulu, pour les y ramener en les réchauf-
fant. On utilise, pour apprécier les températures de ce revenu., les colora-
tions que le dépôt d'oxyde détermine sur les surfaces, ce qui est un procédé
très-simple et très-précis. Voici comment varient H et k pendant cette
opération,
» Pour tous les aciers, qu'ils soient pauvres, moyens on rebelles, H varie
de la même manière : il augmente quand la températme du revenu s'élève;
cela veut dire que le pouvoir magnétique auguiente depuis la trempe roide,
où il est minimum, jusqu'au recuit fait à la température rouge, où il atteint
sa plus grande valeur possible. C'est ce que l'on verra en parcourant les
valeurs de H dans les tableaux qui suivent. On remarquera que leurs va-
riations sont d'autant plus grandes que l'effet delà trempe avait été j)lus
accentué.
M Quant au coefficient de polarité A, il suit des lois plus complexes. Pour
les aciers pauvres ou moyens, il est maximum après la trempe roide, et il
diminue continûment par le revenu jusqu'à être nul ou très fadjle par le
12..
( 92 )
recuit complet fait à la température rouge: tels sont les aciers de Nieder-
bronu, ceux qu'on connaît dans le commerce sous la désignation de trois
têtes de bœuf, de trois doubles marteaux, etc. Pour cette première catégorie
de substances, la faculté Reprendre le magnétisme va donc en augmentant
depuis un minimum, après la trempe, jusqu'à un maximum voisin de celui
de fer doux après le recuit, tandis que la propriété de gfart/er le magnétisme
va en diminuant entre ces deux limites.
» Pour les aciers rebelles, qui ne prennent après la trempe qu'une ai-
mantation temporaire insignifiante et qui ne gardent rien après le passage
du courant, les coefficients de polarité ^, d'abord très-petits, croissent jus-
qu'à tui certain degré de revenu, atteignent un maximum et diminuent
quand ce revenu est dépassé; ils diminuent jusqu'au recuit complet,
mais ils ne devieiment pas nuls et restent quelquefois assez considérables.
En résumé, on peut dire que toutes les catégories d'acier atteignent un
maximum pour leur coefficient de polarité, mais dans des conditions di-
verses : les aciers pauvres ou moyens après la trempe roide; les aciers riches
ou rebelles et très-fortement trempés après un degré de revenu dont la
teuipérature est d'autant plus élevée que l'effet de la trempe avait été plus
grand ; après quoi les valeurs de k décroissent jusqu'à un minimiun.
M Si l'on veut, avec un acier donné, faire les meilleurs aimants possibles,
il faut atteindre ce maximum, et pour cela il faut traiter différemment les
divers aciers : il faut tremper sans les recuire les aciers moyens, il faut re-
cuire les aciers riclies et rebelles après les avoir trempés, et les recuire en
proportion de leur trempe, les uns au jaune, les autres au bleu, quelquefois
très au delà. Il n'y a pas de règle fixe ; chaque matière exige un traitement
particulier; mais il sera toujours facile de découvrir ce traitement après
une étude préalable faite sur un échantillon. Ij'ignorance où l'on a été jus-
qu'à présent de ces conditions explique toutes les incertitudes des con-
structeurs, les insuccès des uns, les réussites inespérées des autres et les
pratiques secrètes de quelques-uns. Aujourd'hui chacun pourra faire le
meilleur aimant possible avec l'acier qu'il possède ; il pourra même cor-
riger les aimants inactifs qu'on trouve partout; par une nouvelle trempe
et uu nouveau recuit, il les amènera à lem- maximum.
» Le tableau suivant contient les diverses valeurs de H et A pour di-
vers aciers. On a marqué par des chiffres plus gros les valeurs maxima
de A. On voit que, pour les obtenir, il faut tremper le» aciers de commerce
et recuire au contraire, même à des températures assez hautes, les aciers
de M. Dalifol cpii étaient très-riches. Les valeurs de A représentent la force
d'arrachement eu grammes pour un fd d'épreuve de i millimètre de sec-
9^' )
lion, à l'extrémité d'un barreau de i millimètre de longueur. Si celte lon-
gueur devenait /, cette force serait kl. Ces résultats ne doivent être consi-
dérés que comme un premier aperçu; ils sont néanmoins suffisants poiu-
faire comprendre dans leur ensemble les modifications que la trempe et le
recuit font éprouver aux divers aciers. Il faudra maintenant découvrir ceux
de ces aciers qui atteignent le maximum le plus élevé et aussi ceux qui
perdent le moins par le temps. Ce sera l'objet d'une Communication pro-
chaine.
Valeurs de H et de k.
DÉSIGNATION
de l'acier.
XaOlS TÈTES
DE SOEUF.
SHEFFIELD.
mois
ACIERS DE M. DALIFOL.
HARTEAIX.
Coulé.
Coulé,
élire.
Coulf,
martelé.
Acier
au wolfram.
H
k
H
k
H
A
H
k
H
k
H
k
H
k
Trempé au rouge
Revenu au jaune
» au i" bleu. . . .
» au bleu blanc.
» au 2" bleu. . . .
Recuit au four
0,9'i
.,,6
.,3.
//
i,6i
0,24
o,i8
0,17
o,iG
t!
0,00
o,6G
//
O192
//
II
1,53
0,22
II
0,30
0,01
0.79
II
1,26
r,oC
rf
1,66
0,28
//
0,25
0,25
II
0,00
o,G3
0,86
1,11
0,13
0,25
f/
0, 16
0,14
0,70
1,12
//
',37
1 ,5o
0,12
0,24
'.'7
0,10
0,08
0,17
0,33
0,83
1,23
i,'l9
0,01
0,07
0, 12
0,16
0,28
o,i3
0,20
o,C;i
1,16
//
1,55
o,i3
o,3o
0,32
0,19
ASTRONOMIE. — Sur le dec/ré de visibilité que ton peut atteindre avec des
lunettes astronomiques de petites dimensions. Note de M. d'Abbadie.
« Dans ses Practicnl Observations on télescopes, Ritcliiner annonçait, en
i8i5, qu'une lunette, construite parRamsden, ayant un objectif triple de
57 millimètres d'ouverture et 686 de foyer, montrait bien le compagnon
de la Polaire avec un grossissement de 70 fois, et qu'on le voyait encore,
mais avec grand'peine et une amplification de 5o seulement, quand l'ob-
jectif avait été réduit à 44 millimètres.
B Peu de temps avant la mort de Dawes, j'engageai cet éminent obser-
vateur anglais à publier quelques résultats de sa bien grande expérience
dans l'usage des lunettes. C'est ce qu'il fit dans le tome XXXV des Mémoires
de la Société rojale astronomique. Parmi les faits qu'il y énumère, il dit
qu'une lunette de Dollond, montée aussi sur des tubes en tirage, ayant
4o"",6 d'ouverture et 495 de distance focale, montrait aisément le com-
pagnon de la Polaire, et presque sans anneaux ambiants. On continuait à
( <ys )
voir cette c-loile double après avoir réduit l'ouverture à 35,6, et même
à 33 millimètres seulement quand le ciel était extraordinairement favo-
rable aux observations.
» Curieux d'expérimenter moi-même une bonne lunette d'aussi petite
dimension, j'avais prié le P. Perry, directeur de l'Observatoire de Stony-
liurst, de m'en procurer une dont l'ouverture serait limitée à 45 millimè-
tres. La lunette, que ce savant a pris la peine de choisir et de m'envoycr, il
y a un an, a été faite par M. Dalimeyer, de Londres. Son objectif est un peu
plus grand et a 47 millimètres, la distance focale étant de 5oo. Avec wn
grossissement de 3o fois, cette lunette sépare la Polaire en deux. Par un
beau ciel, on obtient la même netteté de vision avec des amplifications de
5o et même de 78 fois. On y sépare aussi avec facilité le couple N. de e de
la Lyre, mais le couple S. ne s'y distingue qu'avec peine.
» Cette perfection dans les petites buieltes n'est pas inconnue aux artistes
français. Après quelques recherches chez nos opticiens, j'ai trouvé une lu-
nette avant l\o millimètres seulement d'ouverture, 49^ de distance focale,
et qui, supportant bien un grossissement de 60 fois, montre le compagnon
de la Polaire. Celte lunette est montée sur trois tubes en tirage, et a été
construite par M. Bardou. Au lieu d'un objectif à trois verres, comme les
lunettes précitées, celle-ci n'a qu'un objectif ordinaire à deux verres.
» La difficulté qu'on éprouve à voir le compagnon de la Polaire vient
de ce qu'il est de neuvième grandeiu-, qu'il est éloigné de 18 secondes seule-
ment d'une étoile de deuxième grandeur, et qu'il disparaît le plus souvent
sous les faux appendices lumineux qui, dans les petites lunettes ordinaires,
sont attachés à toutes les grosses étoiles. On ne trouve pas, dit-on, une lu-
nette sur cent qui soit exempte de ces appendices et qui, par conséquent,
montre bien ronde une étoile de première grandeur.
» J'ai cru pouvoir citer ces données pour indiquer aux amateurs d'Astro-
nomie quel degré de visibilité on peut atteindre avec de petits instruments,
et surtout pour affirmer que, dans une lunette, la perfection du travail de
ses verres est plus importante que leur grande dimension. »
THERMODYiNAMiQUE. — Démonstration directe desprincipes fondamentaux de la
Theriuodynamique; lois du frottement et dit choc d'après celte science.
Note de M. A. Ledieu. (Extrait par l'auteur.)
« L Considérations générales. — Les idées se portent aujourd'hui vers
«les recherches parlant d'un certain mouvement supposé pour les éhranle-
(95 )
ments des atonies pesants ou éihérés, qui produisent les phénomènes ca-
lorifiques.
B Les travaux sur cette matière ne sont encore qu'en très-petit nombre, et
ils ne concernent que les gaz. Toutefois M. Clansius a récemment (n° CXLIl
des Annales de Pocjcjendorff) attaqué la question d'une manière plus géné-
rale, et s'est proposé de déduire luiiquement des théorèmes connus de la
mécanique le principe de Carnot.
» Nous nous proposons aujourd'hui d'abord le même sujet, en l'éten-
dant, et en en formant une sorte de corps de doctrine, comprenant des dé-
monstrations directes des principes fondamentaux de la Thermodyna-
mique.
» Après avoir lul'enchauiement de nos démonstrations, le lecteur pourra
apprécier ce qu'il y a d'original dans notre travail, et juger en quoi con-
sistent et d'où proviennent les différences existant entre nos raisonnements
et ceux de M. Clausius.
» Au surplus, les recherches que nous avons entreprises sont indispen-
sables pour arriver à une explication complète et conforme à la thermo-
dynamique des lois du- frottement et du choc, explication que nous
donnons à la suite de nos démonstrations directes des principes fonda-
mentaux de cette science.
» Piien n'empêche de ne considérer dans les corps naturels que leurs
atomes pesants, c'est-à-dire d'établir les formules en faisant abstraction de
l'élher que ces corps contiennent en quantité constante ou variable. On
regarde alors cet éther comme un système matériel à part, dont les actions
sur le corps donné doivent être comptées au nombre des forces extérieures
ou mieux étrangères. Toutefois, l'abstraction dont il s'agit n'est pas toujours
pratiquement acceptable; car elle conduit à des lois qui ne sont pas véri-
fiables, à moins de considérer comme négligeables les effets définitifs dus
à l'éther; nous disons les effets définitifs, car les effets intermédiaires
peuvent être indispensables pour la propagation du calorique et l'établis-
sement de l'équilibre de température des atomes pesants. Ajoutons que la
possibilité de regarder comme négligeables les effets définitifs dus à l'éther
dans réchauffement des corps semble justifiée par ce fait qu'un même
corps solide en bloc ou réduit en poussière possède la même capacité calo-
rifique.
» Dans tous les cas, lorsqu'on trouvera nécessaire de considérer pour
chaque corps naturel l'ensemble de ses atomes pesants et éthérés, on verra
( 96)
aisément que les formules obtenues avec ladite abstraction conviennent
entièrement à la supposition que la quantité d'éther renfermée dans le
corps demeure constante, quels que soient la température et l'état phy-
sique ou constitutif de celui-ci.
» Notre mode de procéder évite de se lancer dans les suppositions com-
pliquées et toutes gratuites de dynamidcs ou autres. Nous nous bornons
d'ailleurs à considérer les corps composés, aussi bien que les corps simples,
comme des agrégats d'atomes, sans nous occuper des groupements des
atomes entre eux pour former les molécules. Le nombre des hypothèses
se trouve ainsi réduit au minimum, ce qui est philosophiquement la
véritable manière de faire avancer les questions, en les simplifiant au
lieu de les compliquer. Cette voie offre d'ailleurs l'avantage d'être entière-
ment en harmonie avec les faits; car les phénomènes calorifiques qu'on
expérimente en physique, ou que, pour l'industrie, on a besoin de
connaître a priori, concernent en définitive les atomes pesants des corps
naturels.
» II. Exposé de la marche suivie pour arriver à nos démonslrations. — Nous
reportant aune conception imaginée par Coriolis, dans son Traité de « Méca-
nique des corps solides», nous supposons que tout système de points matériels
est à chaque instant solidifié, sans que rien soit changé à l'ensemble des
forces et des quantités de mouvement qui actionnent le système. Le mou-
vement de ce solide fictif constitue le mouvement d'ensemble du système; le
mouvement particulier de chaque atome composé avec ce mouvement
d'ensemble pris en sens contraire donne le mouvement relatif de l'atome
par rapport au solide fictif, c'est-à-dire son mouvemenl propre.
» Ce mouvement propre, à son tour, se décompose eu deux autres :
l'un correspond au changement de volume que le corps peut subir à chaque
instant sous des influences extérieures; l'autre, provenant du fait même de
la découqjosition, ne pourra être, d'après les idées actuelles sur la chaleur,
qu'jm mouvemenl vibratoire.
» Hàtons-uous d'ajouter que nous allons définir rigoureusement le mou-
vement de changement de volume, dès que nous aurons donné quelques expli-
cations relatives aux vibrations.
» La vibration la plus simple à concevoir consiste dans le parcours par
chaque atome d'une courbe fermée, décrite avec une vitesse variable de
grandeur et de sens à chaque instant, mais repassant par les mêmes valeurs
au bout d'iui temps déterminé, qu'on appelle la durée de la vibration. Toute-
(97 )
fois, il n'est pas nécessaire que les trajectoires soient des courbes fermées
pour que les résultats qui conviennent à ce cas particulier se trouvent ap-
plicables à une hypothèse plus générale concernant des trajectoires non fer-
mées. Cette hypothèse, que nous adopterons, et qui est essentiellement plau-
sible, consiste : i° à considérer la vitesse de chaque atome décomposée
suivant trois directions respectivement parallèles aux axes desX, des Y et des
Z; a^à supposer cyie, dans tout corps en équilibre de température, chacune
de ces vitesses repasse, sinon rigoureusement au moins en moyenne, par les
mêmes valeurs, au bout d'im temps fixe et déterminé, différent pour chaque
composante. Il est évident que pour tout temps égal à la plus petite fraction
de seconde, renfermant un nombre entier de fois les durées des trois vi-
brations composantes dont nous venons de parler et que d'ailleurs nous
supposerons toujours moyennement commensurablesentre elles, les choses
se passeront de la même manière que s'il s'agissait d'une vibration sur
trajectoire fermée, s'exécuant dans ce temps; et nous appellerons cette
vibration vibration complexe.
» Dans les corps simples, la vibration complexe sera considérée comme
moyennement de même durée poiu' tous les atomes. Dans les corps com-
posés, on ne saurait admettre qu'il en est ainsi que pour les séries d'atomes
de même espèce, jouant d'ailleurs le même rôle dans chaque molécule in-
tégrante. Mais les choses pourront encore dans ce cas être ramenées fictive-
ment au cas d'une trajectoire fermée. Il suffira, à cet effet, de prendre pour
durée commune de vibration la plus petite fraction de seconde renfermant
un nombre entier de fois les durées des diverses vibrations complexes, re-
latives aux différentes séries d'atomes de même espèce et de même rôle dans
le corps composé, ces durées étant pareillement supposées moyennement
commensurables entre elles.
» Quand il y aura lieu de considérer les corps avec l'éther qu'ils ren-
ferment, on regardera, au point de vue des vibrations, les atomes de cette
substance comme les atomes d'un corps simple ordinaire faisant partie
d'un corps composé.
» Nous considérerons la durée des vibrations, soit simples, soit com-
plexes, ordinaires ou composées, comme extrêmement courtes et échappant
entièrement à toute appréciation chronométrique.
» Pour le gMZ, un des points de départ de leur théorie consiste à sup-
poser que leurs atomes sont sans cesse animés de mouvements de trans-
lation dans tous les sens, et que leurs trajectoires de translation sont
C. R., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVU, N» 2.) '^
( 9^ )
formées de parties rectilignes très-petites, reliées par des parties cour-
bes, et reviL'iinent en définitive à des zigzags irréguliers, renfermés dans
un très-petit espace. Or il est plausible d'admettre que ces mouvements
de translation se superposent à des mouvements oscil'atoires qui leur
seraient perpendiculaires ou même inclinés. Mais, en fin de compte, la
composition de ces deux sortes de mouvement revient à des vibrations
uniques de forme hélicoïdale, auxquelles toutes les conveptions précédentes
sont enlièrement applicables.
» Ainsi que nous le montrerons plus tard, la température d'un
corps doit être considérée comme caractérisée par la force vive moyenne
vibratoire de ses atomes. Quand un corps change de volume et de tempé-
rature, les vibrations simples ou complexes de ses atomes se modifient
elles-mêmes d'une manière incessante en étendue comme en durée. On
peut concevoir, à un moment quelconque, poiu- chaque point, la vibration
instantanée correspondant au volume et à la température que possède le
corps à ce moment, c'est-à-dire la vibration qui existerait réellement si, à
partir dudit moment, le volume et la température demeuraient constants.
Le déplacement qu'éprouve chaque point en n'occupant plus dans l'espace
les mêmes positions à de mêmes périodes ou phases de la durée de sa vibra-
tion instantanée, est dû à la fois au changement du volume et à celui de la
température. Mais si l'on suppose que, toutes choses égaies d'ailleurs, la
dernière de ces quantités ne change pas, ledit déplacement représentera le
mouvement de changement de volume dont nous avons parlé plus haut sans le
préciser.
» Si, après avoir examiné les différents mouvements des atomes des
corps, nous considérons les forces qui les actionnent, nous remarquerons
que toutes ces forces sont en définitive des forces moléculaires; seulement
elles doivent être classées en trois catégories, savoir :
» J^es forces mesurables physiquement;
» hes forces moléculaires réc/ulières;
» hes forces moléculaires irrégulières, ou mieux erratiques.
» 1° hes forcesmesurables pli/siquement sont caractérisées par le fait qu'elles
peuvent être regardées comme constantes en grandeur et en direction
pendant le temps extrêmement court qui correspond à la durée des vibra-
tions, entendue comme il a été dit plus haut. Nous rangerons dans celte
classe de forces la pesanteur, la force musculaire des hommes et des ani-
maux, les pressions des fluides contre les parois des vases qui les ren-
ferment, et vice versa la réaction de ces parois sur eux, etc.
(90)
En d'autres termes, nous considérerons les actions moléculaires don-
nant lieu à toutes ces forces comme ayant leur résultante sur chaque point
d'un système matériel, constante de grandeur et de direction pendant la
durée de chaque vibration, sinon mathématiquement, du moins en moyenne,
ainsi que cela est admis implicitement en Mécanique industrielle.
» 2" Les forces moléculaires régulières sont caractérisées par le fait qu'elles
changent de grandeur et de direction avec une rapidité de même ordre
que celle des vibrations, mais suivant une loi déterminée propre à chaque
cas, et provenant précisément de ce que les distances respectives des atomes
se modifient elles-mêmes d'une manière normale.
» Nous rangerons dans cette classe de forces les forces dites intérieures,
s'exerçant dans les corps solides entre les atomes qui les constituent.
» Comme nous le démontrerons ultérieurement, la somme des travaux
des forces moléculaires régulières, relatifs aux mouvements d'ensemble,
s'annulent toujours, aussi bien lorsque ces forces sont dues au frottement
ou à un choc que quand elles proviennent des actions mutuelles des atomes
des corps. Mais il n'en est plus de même pour leurs travaux relatifs aux
mouvements vibratoires et aux mouvements de modification de volume,
de sorte que les changements des forces vives vibratoires ainsi que des
forces vives de variation de volume, quand elles ne sont pas négligeables,
dépendent en partie desdits travaux.
» 3° Les forces moléculaires irrécjulières, ou mieux erratiques, sont caracté-
risées par le fait qu'elles changent de grandeur et de direction avec une
rapidité de même ordre que celle des vibrations, mais sans aucune loi. Dès
lors, la somme de leurs travaux relatifs tant aux mouvements d'ensemble
qu'aux mouvements de modification de volume, s'annulent toujours, puis-
qu'il n'y a pas de raison pour que cette sonune soit plutôt négative que
positive. Mais il n'en est plus de même pour leurs travaux relatifs aux mou-
vements vibratoires, de sorte que les variations des forces vives vibratoires
dépendent alors de ces travaux, aussi bien, du reste, comme nous l'avons
dit il y a un instant, que des travaux de même nature des forces molécu-
laires régulières.
» Parmi les forces qu'on rencontre dans la nature, jouissant de la pro-
priété d'être erratiques, nous placerons en première ligne les forces dites
calorifiques, qui, d'après les idées actuelles sur la chaleur, doivent être
considérées comme provenant des chocs des atomes d'éther soit entre eux,
soit avec les atomes pondérables, pour produire les phénomènes de trans-
i3..
( ioo )
mission de calorique aussi bien par rayonnement que par contact. Il im-
porte d'ajouter que cette manière de voir n'est pas en contradiction avec
le fait même de la propagation de la chaleur rayonnante en ligne droite; car
la direction de la propagation n'a aucune corrélation immédiate avec celle
des vibrations elles-mêmes.
» Empressons-nous de dire que nous n'aurons besoin d'invoquer le
caractère d'erratisme des forces calorifiques que pour la démonstration du
théorème de Carnot. Cette supposition est même nécessaire pour la réalité
du théorème; mais le reste de notre travail, notamment notre théorie du
frottement et du choc, en est tout à fait indépendant.
M Au surplus, voici une expérience qui n'a pas été faite et qui serait
cependant de nature à vérifier l'erratisuie des forces calorifiques. Imagi-
nons une barre métallique reposant sur des rouleaux d'une extrême mobi-
lité, comme ceux de la machine d'Atwood ; supposons qu'un des bouts
de cette barre soit exposé à un feu très-ardent, et que ce bout soit en quel-
que sorte isolé du reste de la barre par un écran. La barre aura-t-elle un
mouvement d'ensemble sous l'action de la chaleur appliquée à une de ses
extrémités? En d'autres termes, son centre de gravité se déplacera-t-il par
rapport à un point fixe de l'espace? Les forces moléculaires extérieures étant
réciproques, leurs travaux relatifs à tout mouvement d'ensemble s'annulent
mutuellement. Il eu est de même des travaux de même espèce dus à la
pression atmosphérique; car toutes les forces provenant de cette pression
se font équilibre sur le corps supposé solidifié. Dès lors, le déplacement
dont il sagit ne pourrait se produire que si la somme des travaux calori-
fiques relatifs à un semblable mouvement n'était point nulle. On est porté
a priori à penser que le centre de gravité doit se déplacer dans l'espace, à
cause que la dilatation est très-forte au bout chauffé; luais, en réfléchissant,
on voit qu'il peut se faire que des atomes refoulés passent du côté le plus
chaud au côté le plus froid par rapport à la section géométrique qui con-
tient le centre de gravité au début de l'opération, et dès lors on reconnaît
que l'expérience peut seule trancher la question.
» La translation de la Terre autour du Soleil offre un phénomène ana-
logue à l'expérience que nous venons de mentionner. La Terre reçoit, en
effet, constamment l'action calorifique du Soleil, suivant la ligne qui joint
le centre des deux astres. Or, si cette action se faisait sentir à la manière
des forces dites mentrables physiciuement, il est infiniment probable que sa
loi serait différente de celle de l'attraction, et que son influence se serait
( >oi )
manifestée depuis longlenips sous la forme d'une perturbation inexplicable
par les calculs habituels.
» Il nous reste à dire un mol; des forces intérieures des gaz et des
liquides.
» On appelle gaz parfaits les gaz pour lesquels la portion du travail des-
dites forces, relative à tout changement de volume, se trouve constamment
nulle. Les forces intérieures de ces gaz doivent donc être classées parmi les
forces erratiques; mais il n'en est plus de même pour les gaz qui s'éloignent
plus ou moins de l'état parfait.
» Pour les liquides, il faut remarquer que les forces intérieures ne sont
jamais erratiques. La très-grande mobilité des atomes les uns par rapport
aux autres provient de ce que ces forces sont extrêmement faibles; mais
elles deviennent considérables, suivant d'ailleurs une loi régulière, dès
qu'on cherche à comprimer les liquides. »
THERMOCHiMlE. — Recherches thermiques sur les dissolutions salines;
par M. P.-A. Favre.
« En réponse à mes observations sur le calorimètre à mercure (i),
M. Thomsen a signalé, il y a plus d'un an (2), la grande concordance qui
existe entre des nombres qui m'ont été fournis par le calorimètre à mer-
cure (3) {voir la colonne (A) du tableau) et ceux qu'il a obtenus lui-même
pour les mêmes corps, à l'aide du calorimètre à eau dont il fait usage. Ce
savant exprimait le regret d'avoir à constater que cette concordance n'existe
plus pour les nombres que j'ai indiqués plus tard (4) {voir la colonne (B) du
tableau) en opérant une seconde fois sur les mêmes corps et en employant
la même méthode d'expérimentation. Ce savant conclut en condamnant
de nouveau le calorimètre à mercure que j'emploie.
» Malgré la confiance que m'inspiraient mes dernières expériences, je
me suis cependant montré plus réservé que le savant de Copenhague. J'ai
obéi à un sentiment de déférence qui me parait dû aux savants qui tra-
vaillent avec persévérance à côté de nous. Loin de nier, sans examen, la
valeur de ses assertions, je les ai prises en sérieuse considération et j'ai
(i) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. XXVI, p. 385.
(2) Bulletin de la Société chimique allemande. Berlin, n° 1 3, juillet 1872, p. 6i4'
(3) Comptes rendus, t. LXXIII, p. 707 (1871).
(4) Comptes rendus., t. LXXIV, p. io25 (1872).
( 'f'î )
cherché la cause de nos discordances, alors que, pour certaines séries de
déterminations, l'accord existe entre nous deux.
B Dans ma dernière série d'opérations, se succédant sans interruption
et conduites avec un soin tout particulier, puisqu'il s'agissait de contrôler
une série d'expériences plus anciennes, j'avais obtenu des nombres qui
m'avaient semblé irréprochables. Dans ces expériences, les résultais, con-
cordants entre eux, s'écartaient toujours de la même quantité des résultats
fournis par mes expériences d'une date plus ancienne. Cette circonstance
m'avait amené à penser que les résultats des anciennes expériences devaient
être entachés d'une cause d'erreur constante. J'ai pensé que le désaccord
pouvait provenir de calciils effectués en partant d'un poids de chlorure
de baryum considéré à l'état anhydre, tandis que ce sel cristallise avec
2 équivalents d'eau. Mais, en présence de la singulière concordance de mes
premières déterminations avec celles de M. Thomsen, je ne pus me dé-
fendre de soupçonner que mes premiers nombres pouvaient être aussi
exacts que les derniers, et que l'écart pouvait tenir à l'influence de la tem-
pérature, différente dans les deux séries d'expériences. Je supposai que
cette influence devait être prise en considération, tout aussi bien que la
quantité d'eau dans les dissolutions salines, circonstance sur laquelle j'ai
le premier, appelé l'attention, il y a longtemps. Or, j'ai eu la satisfaction de
constater, par l'expérience, la réalité de cette présomption. J'ai pu expliquer
par là certains écarts dont il ne m'avait pas encore été possible de signaler
la cause et qui ont dû contribuer à entretenir quelques doutes dans l'esprit
de physiciens scrupuleux sur la valeur de mes méthodes calorimétriques
et, en particulier, sur le bon fonctionnement do mon calorimètre à mer-
cure. Celte confiance ne sera plus ébranlée dorénavant, je l'espère, et l'on
pourra m'accorder que mon instrument est à même, quanta l'exactitude,
de rivaliser avec les meilleurs calorimètres à eau, tout en conservant l'avan-
tage de pouvoir multiplier les expériences devenues plus faciles et plus
promptes (i).
M Pour connaître la part d'influence de la température sur le pliéno-
(i) La possibilité d'une erreur sur la valeur delà calorie, déterminée pour mon instrument,
est admise par M. Thomsen comme pouvant seule expliquer notre désaccord; celte liypo-
tliùse me paraît tout à fait inacceptable. Avant d'entreprendre ce travail, j'ai vérifié la valeur
de mon ancienne calorie exprimée en longueur de colonne merciirielle, à l'aide d'une mé-
lliode que je ne peux pas décrire ici, mais que je crois bien préférable à l'autre. Or ia
( >'>^> )
mène, j'ai dissoiis chacun des sulfates, qui devaient être précipités par le
chlorure de baryum, dans une quantité d'eau suffisante contenue dans le
calorimètre. La température de cet instrument était différente pour chacune
des séries d'expériences. Comme il m'eût été trop difficile de maintenir
artificiellement une température suffisamment constante dans l'enceinte où
j'opérais avec mon calorimètre, j'ai commencé une première série d'opé-
rations pendant les premiers jours du mois d'août 1872, avec une tempé-
rature de 24*^,5 environ. A mon grand regret, il ne m'a pas été possible de
terminer à cette époque. La seconde série d'opérations a été faite pendant
le mois de février 1873, avec inie température de 8 degrés environ. Enfin
la troisième série d'opérations a été faite pendant les mois de mai et de juin
de la même année, avec une température de 19 degrés environ. Aussi
dans les deux séries principales, la différence de température n'a été que
de 1 1 degrés, environ. C'est donc la nécessité où je me suis trouvé d'opérer
à des époques différentes de l'année qui explique le retard de ma réponse à
M. Thomsen.
» Pour connaître la quantité de chaleur mise en jeu pendant la disso-
lution des sulfates, j'ai employé environ 5 grammes de chacun de ces sels
(excepté pour le sulfate de potassium, dont je n'ai pris que 3 granmies, en
raison de sa moindre solubilité). Ce poids a été dissous dans une quantité
d'eau suffisante, et toujours la même pour le même sulfate. Sur ces sulfates,
j'ai fait réagir, successivement, des quantités équivalentes de chlorure de
baryum contenues dans ime dissolution normale préparée ad hoc (i).
» Le tableau suivant résume les résultats de trois séries d'expériences
pour lesquelles la température diffère. Ce tableau comprend également les
colonnes (A) et (B) d'expériences qui, par leur peu de concordance, ont
suscité la discussion. Ces nombres ont été obtenus à des époques diffé-
rentes de l'année.
nouvelle valeur ainsi obtenue différait très-peu de l'ancienne. L'écart était de ^, environ
en plus et serait insuffisant pour expliquer- une différence de 20 pour 100 entre mes der-
niers nombres et ceux de M. Thomsen.
(i) 3o centimètres cubes de la liqueur normale contenaient S^Sogi de chlorure de
baryum cristallisé, c'est-à-diu o8'-,o64 de i)liis que la quantité nécessaire.
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» D'après l'inspection du tableau ci-dessus, il paraîtra maintenant bien
démontré que, dans les expériences calorimétriques, il faut, au moins dans
quelques cas, tenir compte de la température ambiante. En effet, le chan-
gement de température peut amener une modification : i° dans l'état de
dissociation plus ou moins avancée des éléments constituants des sels dis-
sous; 2° dans l'action coercitive que les éléments constituants de ces sels
peuvent exercer sur l'eau (ce qui fait varier le volume et par conséquent la
densité de la dissolution, ainsi que la chaleur spécifique du mélange);
3° dans la quantité d'eau qui peut se trouver unie aux sels qui aban-
donnent la dissolution; 4° dans la densité des sels ainsi précipités, etc.
)) Dans les recherches thermiques sur le travail moléculaire effectué
pendant la formation des sels ou lorsque les sels entrent en dissolution, il
injporte aussi, presque toujours, de ne pas interpréter isolément les quan-
tités de chaleur accusées par le calorimètre. En effet, ces quantités de cha-
leur sont presque toujours la somme algébrique de nombres fournis par des
phénomènes thermiques de signes contraires. Le phénomène qui conduit à
l'état d'équilibre est donc un phénomène très-complexeetréquilibrenepeut
être réalisé qu'autant que les affinités énergiques, provoquant l'ensemble
des réactions, sont satisfaites. C'est un point sur lequel il est inutile d'in-
sister davantage; car il est suffisamment mis en évidence dans la formation
des sels qui se produisent toujours avec dégagement de chaleur, et dans la
dissolution de ces mêmes composés qui est accompagnée le plus souvent
d'une absorption de chaleur, mais quelquefois d'un dégagement de cha-
leur. Il en est de même lorsqu'on mélange certaines dissolutions salines,
ainsi que l'a démontré M. Berthelot dans ses intéressantes recherches.
» En résumé, la rectification de mes calculs thermiques , en faisant in-
tervenir la vraie formule du chlorure de baryum cristallisé, m'avait, en
apparence, mis en désaccord avec quelques expériences de M.Thomsen.
L'influence de la température, influence qui est considérable, rétablit entre
nous, pour une série de nombres, la concordance la plus complète. Il n'y a
donc pas lieu de recourirà l'hypothèse faite par M.Thomsen, d'un changement
dans la valeur de la calorie. Comment expliquer cette influence si notable
de la température lorsqu'on précipite les sulfates par le chlorure de ba-
ryum, bien que la chaleur de dissolution des sulfates à 8 degrés et à
25 degrés diffère peu, et bien qu'il soit probable qu'il en est de même
pour la chaleur de dissolution des chlorures? C'est un point qui reste à
examiner. »
G. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N» 2.) '4
( 'o6)
PALÉONTOLOGIE. — 5«r les fossiles trouvés dans les cliaux pitospliatées du
Qucrcj. — Lettre de M. P. Gervais à M. le Secrétaire perpétuel.
« Je vous serai recomiaissatit si vous voulez bien communiquer à l'Aca-
démie le résumé suivant des observations nouvelles que je viens de faire
sur les fossiles des chaux phosphatées du Quercy, fossiles sur lesquels
M. Daubrce et iiioi avons déjà donné quelques détails. J'ai visité plusieurs
des collections que l'on a réunies dans ce pays et, en particulier, celle de
M. Daudibortière, qui est remarquable par le nombre des pièces qu'elle
renferme et par leur bonne conservation.
» Elle réunit des ossements de plusieurs sortes de Pachydermes ju-
mentés et en particulier des débris de Palœot/ierium analogues à ceux des
plâtrières de Paris, entre autres du Palœotlierium magnum, des débris de
Rhinocéros comparables aux Rhinocéros minutas et à Wlcerotherium, et
quelques débris d'iui autre animal de plus grande taille, ayant de la res-
semblance avec les Rhinocéros, mais que l'on devra certainement classer
dans un genre différent des leurs. J'en ai sous les yeux quelques dents, la
dernière mobiire supérieure dans son état d'intégrité et notablement en-
tamée par l'usure à sa couronne, ainsi que plusieurs molaires inférieures.
» La molaire supérieure est plus forte que celle des Rhinocéros, et plus
étroite (longueur o,o65, largeur en avant o,o35). Sa face externe est légè-
rement convexe et l'échancrure de sa couronne est étroite et allongée.
» Les molaires inférieures sont bien moins larges que dans les Rhino-
céros, à collines bien plus obliques et moins saillantes ; leur face externe est
indivise, du moins pour les postérieures, et la courbure en est faible; une
rainure verticale indique cependant la séparation des deux lobes pour les
antérieures. Je donnerai à ce singulier genre de mammifères le nom de
Cadurcotlierium, rappelant le Quercy, et j'en appellerai l'espèce Rhinocéros
Cad. Cajluxi.
» Les Porcins sont représentés par de belles pièces, appartenant à des
A nlhi acotherium de différentes grandeurs, à des Anoplothtriuin différant
également par la taille, à VEntelodon, au Cainotlierium et à un petit animal
voisin de celui-ci, mais qui a une barre bien marquée entre la première et
la seconde fausse molaire supérieure. Il faut encore ajouter le genre H^o-
therium.
o Los Ruminants appartiennent à la division des Amphitragulus, et j'ai
vu des restes d'une espèce de Cervidés.
» Les Carnivores rentrent dans les formes précédemment décrites par
( '"7 )
moi et par M. H. Filhol. Les Hfénodons, en particulier, constituent plu-
sieurs espèces, se distinguant surtout par leur taille.
» L'ordre des Rongeurs fournit quelques espèces de genres différents
les uns des autres, tels que Cricelodon, Archœomys, etc.
» Le genre Peratlierium, de la famille des Sarigues, se rencontre aussi
parmi les animaux fossiles, à Caylux , et j'ai constaté qu'il y a, dans les
mêmes gisements, des Oiseaux, rares il est vrai, des Chéloniens terrestres, ce
que j'avais déjà signalé, une espèce de Crocodile, des Lacertiens et des Ser-
pents plus grands que les nôtres.
» Tous ces débris mériteraient un examen attentif que je ne puis entre-
prendre ici ; j'ai pensé toutefois que ces indications pourraient offrir déjà
quelque intérêt. »
aiÉMOIRES LUS.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Du développement de la peste dans les pajs mon-
tagneux et sur les hauts plateaux de l'Europe, de l'JJricpie et de IJsie;
par M. le D"^ J.-D. Tholozan.
I. — Opinions admises de nos jours sur les foyers primitifs et les habitats de In peste.
« L'opinion médicale a singulièrement varié aux différentes époques de
l'histoire sur les points d'origine de la peste. Dans les temps où ce fléau
était devenu presque endémique en Europe et où il était relativement rare
en Orient, on ne pouvait songer à attribuer toutes ses épidémies ou ses
recrudescences à des importations d'Asie ou d'Afrique.
« En 1845, on s'accordait généralement à ne reconnaître que trois
foyers principaux de la peste, l'Egypte, la Syrie, Constanlinople, et encore,
dans les deux premières contrées, on limitait les habitats de la maladie à
certaines zones bien restreintes. Pariset dit que la peste ne dépasse
jamais en Egypte la première cataracte, il affirme avec tous les écrivains
qu'elle ne naît pas dans la haute Egypte, la Nubie, l'Abyssinie. — Prus
veut que, dans tous les pays où l'on a observé la peste spontanée, son déve-
loppement puisse être attribué à l'habitation sur un sol d'alluvion ou sur
des terrains marécageux, près de la Méditerranée ou près de certains fleuves,
le Nil, le Danube, l'Euphrate. Hirsch, qui combat, du reste, avec
énergie l'opinion insoutenable que les lieux élevés n'ont jamais été atta-
qués par la peste, dit cependant que jamais ce fléau n'a dépassé Assouan,
et il ajoute qu'un sol très-humide est nécessaire \toi\\' la genèse de cette
14..
( io«)
maladie. Il affirme que la patrie de la peste est la partie nord de l'Afrique
et la côte ouest de l'Asie. M. Bouchardat disait, il y a quelques mois
seulement, que la genèse de la peste d'Orient est dominée par une question
de localité.
» Cette doctrine, fondée sur la majorité des faits observés dans le
xvm'' siècle et dans la première moitié du xix", n'est juste que dans une
demi-mesure et d'une manière relative. Il faut la modifier aujourd'hui de-
vant des faits nouveaux et par l'étude plus complète des faits anciens,
surtout de ceux du xvi* et du xvn* siècle, si l'on veut arriver à avoir une
formule positive qui comprenne toutes les conditions d'origine de la
peste. Chaque génération n'est témoin que d'un certain nombre de faits ;
les époques antérieures ont vu se réaliser des événements que nous ne
voyons plus de nos jours. C'est en reliant toutes ces observations les unes
aux autres qu'on a le point de vue le plus élevé et le plus général, celui
sans lequel la science vraie, qui est de tous les lieux et de tous les temps,
ne saurait être édifiée.
II. — Enumération des faits relatifs au déi'eloppement de la peste au centre des continents
et dans les régions élevées.
» Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, je ne cite ici que
quelques-unes des observations les plus saillantes.
» Webster fait remarquer que les villes de l'Allemagne étaient jadis
aussi souvent attaquées de la peste que les ports de l'Angleterre, de la
France, de l'Espagne et de l'Italie. D'après un document officiel, que le
Parlement de Provence adressa au roi en 1722, la Provence présenta, de
i5o2 à 1664, douze fois des épidémies de peste, et plusieurs de ces fléaux
eurent lieu dans des années où Marseille et les autres ports étaient in-
demnes. On sait que la peste était en 1606-1607 à Poitiers; de 1620 à
1623, à Paris; en 1626, 1627, 1G28, à Lyon, Toulouse et dans plusieurs
autres villes du Languedoc. En 1629, elle était à Montpellier; en 1629 et
i63o, à Nîmes; elle s'y renouvela en i64o, venant des villages voisins. SCA-
LIGER a vu la peste, à Toulouse et aux environs, durer plus de sept années
consécutives. Tadini observa la peste de Milan en ^329; elle débuta près
d'un bras du lac de Côme. Un demi-siècle avant lui, Massaria dit que la
peste qui affligea l'Italie, de i!j'j^k i58o, commença par la ville de Trente,
sur l'Adige. Félix Plater, médecin de Basle, n'avait pas noté dans ce pays,
de 1539a iGio, moins de sept pestes Irès-meurtrières. Il y eut dans les mon-
tagnes de la Suisse et du Tyrol, de iSSg à 161 3, une série chronologique
( 109 )
de pestes assez rapprochées les unes des autres. Selon Muret, la maladie
exista en Suisse, à de courts intervalles, de i55o à 1620, et elle y pour-
suivit ses ravages occasionnels jusqu'en 1668. Après avoir fait le départ de
certaines observations d'un caractère douteux, il n'en reste pas moins
prouvé que les vraies fièvres buboniques ont existé, à l'état endémo-épidé-
mique, dans le centre même de l'Eurojie, dans le xvi^ et le xvii^ siècle.
» La vérité qui ressort de ces faits est que la peste, introduite en Europe
à certaines époques mémorables de l'histoire, y a pris droit de domicile
pendant de longues séries d'années, et y a eu des temps d'incubation et des
époques de révivification, dans lesquels les poussées épidémiques ont été
aussi graves, aussi généralisées et souvent de plus longue durée que les
émissions primitives de continents étrangers.
» Si nous passons maintenant d'Europe en Afrique, nous voyons que
ÉVAGRE et Procope disent que la peste inguinaire du milieu du vi*' siècle
prit naissance en Ethiopie ou en Egypte. Russell et Éton affirment que la
grande peste de lySô vint de la haute Egypte. D'après plusieurs obser-
vateurs, la peste de 1 796-1 797 débuta aussi dans l'Egypte supérieure, ainsi
que celle des quatre premières années de noire siècle. A la fin du xvu* siè-
cle, LuDOLF écrivait que la peste règne occasionnellement en Ethiopie. J'ai
découvert, dans un Commentaire du Canon, par un célèbre médecin arabe
du XIV^ siècle, un passage très-important à propos de l'endémicité de la
peste en Abyssinie. Garchi dit que la peste (taoun) se développe souvent
en Abyssinie. Il tenait ce fait d'Ibn-Meiçour, qui avait longtemps habité ce
pays. Il décrit les symptômes de cette maladie de la manière la plus nette.
» Il faut donc rectifier pour l'Afrique, comme je l'ai fait pour l'Europe,
les idées généralement reçues sur les habitats de la peste. Il me reste main-
tenant à parler de l'Asie.
» I>apesle prit naissance en 1840-1 841 dans les villages qui entourent Er-
zeroum. En i8i2-i8i3-i8i4, ainsi qu'en 1824-1825-1827-1828, elle a été
endémique dans l'Anatoiieet l'Arménie. BUTEL regardait la peste comme im-
portée à Constantinople de l'Asie Mineure. AuBERT noie que l'épidémie de
1837, à Smyrne, venait de l'intérieur. L'histoire des pestes de la Mésopo-
tamie, dans le xviii" et lexix* siècle, démontre que la grande épidémie de
1773 vint à Bagdad et à Bassora de l'Asie Mineure, par la voie de Diar-
békir; il en fut de même de celle de 1800 à 1802. La peste de i83o-i83i vint
du Kurdistan et du nord de la Perse, où elle avait été introduite du pa-
chalik d'Erzeroumet principalement de Kars. La petite peste de 1867, seule
parmi tous ces fléaux, prit naissance dans la Mésopotamie même, près du
( MO )
Birs-Nimroud, comme je l'ai démontré il y a quelques années. Elle a i)our
pendant une petite peste tout à fait semblable, développée six ans après,
en 1871 , dans le Kurdist.in persan, sur les bords du Djagataï et du Tataou,
rivières qui se jettent dans le lac d'Ourmiah.
M Pour terminer cette Note, j'ai à signaler encore des faits plus impor-
tants, relatifs à la peste de deux districts de l'Himalaya, le Gurwhal et le
Kumaon. Il y a eu, dans notre siècle et jusqu'à ces dernières années dans
ces pays, une peste endémo-épidémique dont les symptômes sont tout à
fait identiques à ceux de la peste d'Egypte, J'ai pu suivre, d'après les do-
cuments anglais, les développements successifs de celte maladie, d'année
en année, et rien ne prouve qu'elle soit complètement éteinte aujourd'hui.
» Tous les faits que je viens de cita- démontrent que la peste peut se
développer sur tous les sols et à toutes les altitudes. Sa genèse ne tient pas,
par conséquent, à des conditions particulières du terrain; elle ne dépend
pas non plus des influences météorologiques; le développement ultérieur
est seulement influencé par les saisons. La cause de la peste réside proba-
blement dans certaines influences hygiéniques encore mal déterminées.
La famine est une circonstance prédisposante et rien de plus. Dans les trois
dernières pestes qui ont été observées depuis seize ans, la première, celle
de Benghahi, en 1857, coïncida avec la famine, la seconde, celle de la
Mésopotamie, en 1867, et la troisième, celle du Kurdistan persan, en 1871,
se sont montrées dans des districts qui n'ont pas même souffert de la di-
sette, et, en 1 871, tout le monde a été témoin en Perse de ce grand fait étio-
logique, que la peste s'est limitée à un très-petit district, où les vivres ne
manquaient pas, tandis que dans le centre du pays, à l'est et au sud, où
la famine était excessive, on n'a observé que des dyssenteries pendant le
règne de la faim, et à son terme on a vu se développer le typhus et la fièvre
à rechute, sans qu'aucun cas de peste se soit développé dans ces régions. «
MÉMOIRES l>RÉSEi\TÉS.
GÉOLOGlli. — Sur les minerais de fer du département d'I Ile-et-Vilaine.
Note de M. Delage.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Les minerais de fer que l'on irouve en grande quantité dans le dépar-
tement d'Ille-ct-Vilaine occupent trois niveaux différents :
» 1° Le minerai que l'on trouve à Saint-Saturnin, signalé par M. Paul
( ni )
Dalimier, dans sa coupe de Poligné à Saint-Saturnin, est placé au-dessus
des grès k bilobites (grès à Scolilhus lincaris). Ce minerai de fer est indiqué
par M. Dalimier, comme existant aux environs de Falaise (Calvados) entre
les grès à Scolitlius linearis et les schistes ardoisiers à Calymene Tristani
{Bull, de la Soc. géol. de France, o." série, t. XIX, p. 907).
» 2° Le minerai trouvé dernièrement au bourg même de Saint-Aubin-
d'Aubigné, à l'entrée de la route qui conduit à Ercé et à Liffré, repose sur
les grès qui sont, ainsi que l'indique M. Nassieu dans sa carte géologique
du département, supérieurs aux schistes ardoisiers. Ce minerai, exploité
pour les forges de la Vallée, a un aspect moins ocreux, plus métallique
que le précédent; je n'y ai pas encore trouvé de fossiles.
)) 3° Un minerai de fer, ayant même aspect que le minerai de Saint-Sa-
turnin, mais très-fossilifère, que l'on rencontre sur la nouvelle route que
l'on fait du Bois-Roux à Gahard, à environ 3 kilomètres du Bois-Pioux.
Cette route peut conduire à l'endroit que l'on appelle Bon- Air, où se trouve
la borne (108 mètres ;iu-dessus du niveau de la mer) placée à la limite des
communes d'Ercé et de Gahard. Ainsi, en partant de Bon-Air pour aller
au Bois-E.oux, après avoir passé l'illette, on rencontre : 1° le calcaire
dévouien ayant même aspect minéralogique que celui du Bois-Roux;
2° au haut du coteau le minerai de fer que j'ai pu suivre sur une étendue
de 800 mètres environ, ensuite des grès fossilifères appartenant au même
terrain.
» Les fossiles de ce minerai de fer sont analogues à ceux trouvés dans
le calcaire dévonien du Bois-Roux. Ce minerai, très-fossilifère et contenant
les fossiles du terrain dévonien, doit être considéré comme postérieur aux
deux précédents. D'ailleurs je ne crois pas qu'il ait été déjà signalé. Depuis
im mois et demi, j'ai rencontré ce minerai dans un champ, à fleur de terre,
et ce n'est que depuis huit jours que je le vois retirer par blocs, par les
cantonniers chargés de la construction de cette route. «
VITICULTURE. — Expériences relatives à l'action de l'ammoniaque et à l'action
prolongée de l'eau sur le Phylloxéra. Extrait d'une Lettre de M. Goeyraud
à M, Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« L'ammoniaque à l'état gazeux exerce une action énergique sur le
Phylloxéra, qui passe au rouge en quelques secondes, et meurt rapidement.
Les vieux Phylloxéra, les jeunes et les oeufs sont également atteints de
désorganisation sous cette influence.
( "2 )
i> Malheureusement, la solii])ilité de ce gaz en rend l'application incer-
taine et la pénétration difficile, soit dans les couches profondes du sol, soit
à une distance un peu éloignée du point où s'en opère le dégagement. Des
mélanges de chaux et de sel ammoniac, enfouis à 3o centimètres de pro-
fondeur, dans des trous bouchés par une motte de terre, ont fait périr tous
les PhjUoxera du voisina.<;e; mais au delà d'un rayon de [\o centimètres,
on retrouvait des Phylloxéra vivants.
» Une circonstance fortuite ayant retardé l'inondation d'une vigne at-
teinte par le Phylloxéra, on y a fait arriver l'eau le 17 mars, et on l'a main-
tenue inondée jusqu'à la fin d'avril. Les plants, étant du mourvèdres et du
grenache à port droit, n'ont pas souffert. Mais, le i4 jnin, on a reliouvé
des Phylloxéra vivants sur 200 souches comprises pourtant dans la partie
inondée. »
M. Pellet adresse, à propos d'une Communication récente de M. Mer-
cjel, quelques observations sur la réduction des sels de platine par l'hydro-
gène.
L'auteur a déjà montré que les sels d'argent ne sont pas réductibles par
l'hydrogène pur : la réduction n'a lieu que si l'hydrogène est accompagné
de traces d'arsenic, d'antimoine, de soufre, etc. Tl vient de répéter ces
essais sur des sels de platine, et il a constaté également que ces sels ne
sont pas réductibles par l'hydrogène pur : une solution à 10 pour loo se
réduit, au contraire, parfaitement quand on ajoute, à l'hydrogène pur,
<pielques traces d'arsenic, sous forme d'ar.sénite de potasse.
(Renvoi à la Commission nommée pour les Notes de M. Merget. )
M. BuRQ adresse, pour le Concours Montyon, un Mémoire intitulé « Ap-
plication du thermomètre à ridio-métalloscopie, etc. ».
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et Chirurgie, fondation
Montyon.)
CORRESPONDANCE.
La Société centrale d'Agriculture de France adresse à l'Académie le
Compte rendu de sa dernière séance publique. Ce Compte rendu contient,
entre autres documents, des Rajiports faits par MM. Pasteur, Bromjniarl,
Passy, Peiujol, et une biographie de feu Payen.
( ":^ )
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Le t. XXII des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire
naturelle de Genève ; ce volume est consacré tout entier à un Mémoire
important de feu Ed. Ctaparède, sur la structure des Annélides sédentaires
et à une Notice biographique sur ce naturaliste, par M. H. de Saussure;
2° Une brochure de M. Th. du Moncel, sur l'origine de l'induction.
PHYSIQUE. — Note sur le magnétisme ; par 1\I. Tu. du SÎoxcel.
« Dans son dernier travail sur le magnétisme, inséré aux Comptes rendus
du 3o juin 1873, M. Gaugain s'exprime ainsi :
« Lorsqu'on applique une armature do fer doux contre les faces polaires d'un aimant en
fer achevai, l'aimantation accusée par les courants d'induction se trouve augmentée dans
toute l'étendue du fer à cheval et même au talon; il n'y a de diminution nulle part. Je ciois
devoir insister sur ce résidtat, parce qu'il me paraît difficile à concilier avec l'idée générale-
ment admise d'une condensation magnétique qui s'opérerait dans le voisinage de la surface
de contact... »
» Cette expérience n'est pas nouvelle ; je l'ai longuement développée,
ainsi que beaucoup d'autres du même genre, dans mou Mémoire sur les
courants induits magnéto-électriques, publié en i85g, et elle est résumée,
avec les détails nécessaires, dans mon Exposé des applications de rélec-
tricilé, t. II (3"' édition), p. i45; mais elle peut, ce me semble, être inter-
prétée d'une manière atitre que ne l'a fait M. Gaugain, car je m'en suis
servi pour arrivera une déduction précisément contraire à celle qu'il a
émise. Je pense que ce désaccord tient à ce que ce savant confond deux
actions magnétiques complètement différentes, et qu'il se sert, pour ap-
précier l'une, des effets produits par l'autre.
» J'ai, en effet, démontré, par des expériences nombreuses et variées,
que les aimants ont deux genres d'action : une action dynamique s'exer-
çant à la manière des solénoïdes d'Ampère, dont le centre correspond au
milieu du noyau magnétisé, en fournissant une résultante parallèle aux
spires de l'hélice magnéticpie, et à cette action doivent être rapportés les
effets d'induction produits par les aimants, ainsi que les forces directrices
échangées entre eux et les courants; en second lieu, une action statique qui
constitue la force attractive proprement dite, et les polarités magnétiques,
polarités qui varient suivant les rapports de position et de grandeur de
l'aimant avecles corps magnéticpies qui en reçoivent l'influence.
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVll, N" 2.) I 5
( "4)
» Ces deux actions, quoique ayant une certaine liaison entre elles, peu-
vent cependant se produire indépendamment l'une de l'autre dans des
conditions opposées. Ainsi la partie d'un aimant où les courants d'induc-
tion ont le plus d'énergie est celle qui correspond à la région neutre,
c'est-à-dire celle qui n'a aucune polarité. Ce fait, que cite lui-même M. Gau-
gain, avait été avancé, il y a longtemps, par MM. Mûlier et Poggendorff, et
je l'ai démontré moi-même de deux manières différentes. [Voir ma Notice
sur mes travaux scientifiques, p. 22, et mon Mémoire sur l'origine de l'induc-
tion, p. 18). D'un autre côté, un faisceau de fils de fer qui fournit les
courants induits les plus énergiques détermine les forces attractives les
plus faibles ; et un noyau magnétique ne présentant sur toute sa périphérie
qu'une même polarité n'eu agit pas moins comme un aimant régulière-
ment constitué.
» On voit donc que les courants induits déterminés par un aimant sont
complètement indépendants des polarités qui y sont développées, et, à plus
forte raison, que leur énergie ne peut mesurer la force attractive qui en
est la conséquence. C'est pour cette raison que M. Poggendorff, dans ses
recherches sur la force attractive des électro-aimants, n'avait pu concilier
les lois de Jacobi avec celles qui résultaient de la mesure de la force par
l'intensité des courants induits produits.
» Les effets de condensation magnétique que j'ai le premier constatés,
et dont M. Gaugain conteste l'origine, sont le résultat de l'action polaire,
et sont, par conséquent, étrangers à l'action dynamique. C'est une sorte
d'action réflexe, échangée entre l'armature et le pôle ayant action sur elle,
et qui a pour effet, non pas de déplacer le magnétisme d'un bout à l'autre
de l'aimant, comme le ferait supposer l'interprétation qu'en donne
M. Gaugain, mais de provoquer molcculnircment une plus grande quantité
de magnétisme, tout en amenant un changement d'orientation dans l'axe
des polarités atomiques des molécules magnétiques qui constituent les
chaînes de courants de l'hélice magnétique. Or il résulte de cet effet deux
conséquences : 1° Les polarités atomiques étant surexcitées, les courants
moléculaires se trouvent avoir plus d'énergie, et le solénoide magné-
tique agit dynamiquement avec une plus grande intensité : de là le renfor-
cement des courants induits qui résultent de l'action d'une armature sur
un aimant. 2" Les polarités déterminant l'attraction se trouvant déplacées
ou dissiuudées plus ou moins par l'action réflexe de l'armature, toutes les
polarités atomiques, dans les différentes parties de l'aimant, sont obligées île
so déplacer de la même manière pour conserver leur èqudibre entre elles; or
( ii5)
il peut en résulter soit un affaiblissement générai, dans les polarités extérieures
de l'aimant, quand celui-ci est en contact par ses deux pôles avec l'arma-
ture, soit un affaiblissement h un pôle et un renforcement à l'autre, quand
le contact avec l'armature ne se fait qu'à un pôle seulement, ce que l'ex-
périence démontre.
» Du reste, les effets de la condensation magnétique, ou plutôt de la
concentration prolongée des actions polaires magnétiques à la surface de
contact des deux pièces magnétiques, sont palpables. Ainsi, si l'on prend
deux électro-aimants en fer à clieval, de mêmes dimensions, disposés de
manière que l'un serve d'armature à l'autre, et que l'on emploie les bo-
bines de l'un pour recueillir les courants d'induction résultant de l'aiman-
tation et de la désaimantation du système, tandis que les bobines de l'autre
seront utilisées à produire les alternatives d'aimantation et de désaiman-
tation, on reconnaîtra :
» 1° Que le courant induit d'aimantation sera beaucoup plus énergique
au moment de [a première aimantation qu'aux aimantations subséquentes;
» 2° Qu'il suffira de séparer mécaniquement les deux électro-aimants et
de les remettre ensuite en position, pour que ces courants d'aimantation
reprennent leur énergie primitive;
» 3° Que si, après avoir interrompu l'aimantation parle courant, on vient
à séparer brusquement l'un de l'autre les deux électro-aimants, il se pro-
duit un courant de désaimantation dont l'intensité représente à peu près
la perte de force des courants d'aimantation qui ont succédé aux courants
primitifs.
» D'un autre côté, quand on présente, à distance, à l'un des pôles d'un
aimant le bout d'une armature de fer doux, on reconnaît que la partie de
cette armature occupée par le magnétisme attiré diminue successivement
d'étendue à mesure que cette distance elle-même s'amoindrit, et ce magné-
tisme attiré se dissimule complètement qmnd les deux pièces arrivent au con-
tact, auquel cas l'armature se trouve uniformément polarisée et ne semble
plus former qu'un épanouissement du pôle avec lequel elle est en contact.
» Il est facile de comprendre que ces effets ne peuvent être expliqués
que par une action condensante qui, après une première surexcitation
donnée à l'aimant, immobilise une partie des polarités développées au
point de contact des deux pièces magnétiques, et qui est suffisante pour
dissitnuler complètement à l'extérieur la polarité contraire excitée dans
l'armature. Ce qui montre encore l'analogie de ces effets avec ceux qui
sonï développés dans un condensateur électrique, c'est qu'ils dépendent
i5..
( i'(3 )
hcaiicoui) (.le l'élentlue des surfaces niagnéliques ayant action l'une sur
l'autre.
» Cette immobilisation des polarités magnétiques ainsi développées,
qu'on a souvent confondue avec le magnétisme rémanent, et qu'on retrouve
avec les fers les plus doux, est tellement caractérisée, que j'ai pu conser-
ver pendant plus d'un an un système magnétique dont l'armature avait
été ainsi collée après une première aimantation, et qui, au bout de ce
temps, fournissait un courant d'induction presque aussi énergique que
dans l'origine; mais cette action ne se renouvelait pas lors d'un second
contact. C'est précisément en raison de cet effet que, pour conserver
un aimant permanent, on munit ses deux pôles d'une armature de fer
doux.
» J'ai longuement développé toute cette théorie dans mon Etude du ma-
(jnélisme, mes Recherches sur les meilleures conditions de construction des
électro-aimants et mon Mémoire sur ioricjine de l'induction. Les expé-
riences si nettes et si précises de M. Jamin ne peuvent d'ailleurs laisser au-
cun doute à cet égard, surtout si l'on se pénètre du double rôle des aimants
et des théories magnétiques qu'ont entraînées les recherches faites sur le
diamagnétisme, entre autres celles de MM. Weber et de la Rive.
» Une des conséquences les plus curieuses de la condensation magné-
tique est le ralentissement qui est donné à la production du courant de
désaimantation dans un système magnétique fermé, quand on vient à in-
terrompre le courant voltaique qui aimante le système. Ainsi, dans l'expé-
rience, citée plus haut, de deux électro-aimants opposés l'un à l'autre, les
clfets de tension, les commotions physiologiques sont infiniment plus mar-
qués quand la traverse ou le talon réunissant les deux branches de l'élec-
Iro-aimant induit est enlevée, que quand elle y reste adhérente; et pour-
tant, dans ce dernier cas, l'action sur le galvanomètre est notablement plus
grande. Cela vient précisément de ce que, les mouvements magnétiques se
trouvant entravés par la condensation, les alternatives de désaimantation
sont moins rapide, et conséquemment la tension des courants induits qui
en résultent devient moins grande.
» Tous ces effets sont d'ailleurs analogues à ceux que l'on remarque
dans les transmissions électriques à travers les câbles sous-marins. Dans
ces transmissions, en effet, il existe une action djnamique qui est eu rap-
port avec le courant transmis et une action statique qui est représentée par
la condensation produite à travers l'enveloppe isolante du câble. Or ces
dcHix actions, tout en existant simultanément, donnent lieu à des effets
( "7 )
tout à fait différents qui, en s'cntre-influcnçant réciproquement, entraînent
comme précédemment un ralentissement dans la rapidité du développe-
ment électrique qui les a engendrés. »
PHYSIQUE, — Sur la période variable à la fermeture d'un circuit vollaï(jue;
par M. A. Cazin.
« Les recherches que j'ai entreprises sur les effets thermiques du ma-
gnétisme m'ont conduit incidemment à étudier l'état des diverses parties
d'un circuit voltaïque contenant une bobine ou un électro-aimant, depuis
le moment où s'opère la fermeture jusqu'à celui où l'état permanent est
atteint. La divergence des opinions qui régnent sur cette question m'a fait
adopter une méthode expérimentale nouvelle.
» Voici le principe de l'appareil que m'a construit M. Ruhmkorff.
» Un poids oblong, de i kilogramme environ, peut tomber d'une hau-
leiu- de I mètre entre deux rainures verticales qui le guident. Ce poids
porte deux pièces métalliques isolées. La première est une tige de fer ver-
ticale, ayant 4o centimètres de longueur, dont l'extrémité supérieure com-
munique par un fd flexible avec l'un des pôles de la pile. Lorsque le poids
tombe, cette tige s'engage dans une éprouvette contenant du mercure qui
communique avec l'autre pôle. Le circuit se ferme donc au moment où la
tige rencontre le mercure, et ce moment est déterminé par la distance du
niveau à l'origine du mouvement. On fait varier cette distance à volonté,
en ajoutant ou enlevant du mercure.
)) La seconde pièce portée par le poids est un ressort d'acier qui com-
munique par un fd flexible avec un point du circuit. Un autre point du
circuit communique, par l'intermédiaire d'un galvanomètre, avec une
plaque métallique isolée, fixée au bâti de l'appareil. Lorsque] le poids
tombe, le ressort touche la plaque fixe pendant un instant (o%ooo4) et une
dérivation temporaire s'établit par le galvanomètre entre les deux points
du circuit que l'on considère.
» On peut ainsi produire une dérivation d'une durée invariable à une
époque quelconque après la fermeture du circuit, et calculer l'intervalle
de temps qui s'écoule entre la fermeture et la dérivation d'après la hauteur
du mercure contenu dans l'éprouvette. Dans mon appareil, un change-
ment de hauteur de i millimètre correspond à o%ooo2.
» Pour que la dérivation temporaire ne trouble pas d'une manière no-
table l'état du circuit, il convient d'employer un galvanomètre à fil long.
( "8 )
J'ai fait usage d'un galvanomètre de 3o ooo tours de M. Rufimkorff. Ce-
pendant on peut vérifier les propositions suivanles à l'aide d'un galvano-
mètre ordinaire. On obtient des déviations constantes, dans les mêmes
circonstances, lors(]u'elles ne dépassent pas 20 degrés.
» Considérons un circuit voltaique, contenant diveises parties de même
longueur réduite, les unes rectilignes, les autres enroulées en bobines, et
supposons qu'une de ces parties soit l'inlervalle d'une dérivation tempo-
raire, de durée constante. Lorsque cette dérivation se fait longtemps après
la fermeture du circuit, par conséquent dans l'clat permanent^ la déviation
de l'aiguille du galvanomètre placé dans la dérivation est constante, quel
que soit l'endroit du circuit où se trouve placé l'intervalle, pourvu toute-
fois qu'on fasse usage d'iui galvanomètre à fi\ long.
» Les choses se passent autrement lorsque la dérivation temporaire a
lieu pendant la période variable de fermeture.
» 1° Lorsque l'intervalle de dérivation est rectiligne, la déviation du
galvanomètre croît d'une manière continue, à mesure qu'on fait croître le
temps compris entre la fermeture du circuit.et le contact de dérivation.
Cette déviation est une fonction t!u temps, laquelle reste la même quelles que
soient la place de la dérivation dans le circuit et celle du point de fermeture.
» 2" Lorsque l'intervalle de dérivation est enroulé en bobine, la dévia-
tion du galvanomètre croît d'abord très-rapidement, atteint un maximum,
puis décroît d'une manière continue, quand on fait croître le temps com-
pris entre la fermeture du circuit et le contact de dérivation. La loi de
cette variation est la même, quelles que soient la place de la bobine et
celle du point de feriuetiu'e.
» 3° La durée de la période variable, évaluée d'après l'une ou l'autre
de ces manières d'opérer, est la même.
» 4" Cette durée augmente considérablement lorsqu'on met du fer dans
les bobines.
)) 5° Lorsqu'on fait varier la longueur de l'intervalle de dérivation, pris
soit sur ini même fil rectiligne, soit sur ime même bobine, la déviation est
proportionnelle à cette longueur.
M Exemple: Le circuit contient une bobine, dont le fil de cuivre a une
longueur totale de 900 mètres, avec un diamètre de 3 millimètres environ,
et forme 960 spires : il contient aussi un fil de platine, inniiergé dans l'eau,
ayant une résistance égale à celle de la moitié de la bobine.
)) L'intensité du courant est 0,042, l'unité de courant étant celui qui
décompose 9 milligrammes d'eau en inie seconde.
Béviation o
hservée,
l'intervalle de dt
In nioitit
■livation étant
le fil lie pla
tine.
! de la bobine.
M
47
7
i54
'4
.44
20
126
26
ii3
3o
94
37
79
40
68
43
56
43
5i
46
4«
45
46
45
w
46
»
46
»
47
47
( "g)
Époque de la dérivation
en dix millièmes de seconde.
3
10
21
3i
42
62
83
io4
146
187
22r)
271
3i3
355
397
00
» Dans ce tableau, les déviations sont évaluées en dixièmes de degré. On
les appréciait facilement sur le cadran du galvanomètre.
» On voit que la durée de la période variable était de o%027i environ.
» Elle était quadruplée quand on mettait un noyau de fer dans la
bobine.
» La marche générale du phénomène ne changeait pas.
» En prenant la bobine entière pour intervalle de dérivation, on avait
des déviations doubles des précédentes, dans les mêmes circonstances, con-
formément à la cinquième proposition.
» Les mêmes faits ont été observés avec une bobine, dont le fil avait le
même diamètre que celui de la précédente, et une longueur triple
(2900 mètres.)
)) Les propositions qui précèdent sont renfermées dans la suivante :
M Proposition générale. Considérons un circuit voltaïque dont le hl homo-
gène présente des portions rectilignes et des portions enroulées en spirale.
» Appelons V le potentiel en un point, dont x désigne la distance à un
point quelconque du circuit, comptée le long du fil; le coefficient diffé-
rentiel — possède à chaque instant la même valeur aux différents points
des portions rectilignes; il croît graduellement avec le temps. Restant
aussi le même aux divers points d'une portion enroulée, dont les éléments
( I20 )
sont partout soumis à des actious inductrices égales, ce coefficient croît
(l'abord Irès-rapidement avec le temps, atteint un maximum, et décroît
d'une manière continue, jusqu'à ce qu'il ait la même valeur que dans les
portions roctiligues : ou est arrivé alors à l'état permanent.
1) Ainsi, dans la période variable de fermeture, — n'est pas une fonc-
tion du temps seul ; il dépend de jt et de la manière doutles circonvolutions
sont disposées au point que l'on considère.
» Ce coefficient est proportionnel à l'intensité du courant /.
» Récemment, M. Blaserna a cberché à déduire les lois de la période
variable, de l'observation des effets produits par un courant interrompu
périodiquement à l'aide d'un appareil à rotation [Annales de Chimie et de Phy-
sique, t. XXII, 1871.). En effet, si l'on admet que l'intensité / à l'époque t
soit fonction du temps seul, et qu'il n'y ait pas d'effet appréciable à l'ouver-
ture du circuit, l'intensité moyenne du courant interrompu donne la me-
sure de I idt, et il est théoriquement possible de calculer / d'après celte
intégrale. Cette méthode ne me paraît pas susceptible de précision ; mais la
complexité de la fonction i est une objection plus importante. La conclu-
sion du savant italien, à savoir, que l'intensité est alternativement croissante
et décroissante pendant la période variable de fermeture, n'est donc pas
rigoureusement fondée sur les faits observés.
» La relation qui existe entre -j- et l'intensité moyenne du courant in-
terrompu pourra être fournie parune théorie mathématique, telle que celle
de M. Kirchhoff. Ce savant a établi, sur les principes de l'Électrostatique, des
formules générales, relatives à la période variable; mais il n'a appliqué, je
crois, ces formules qu'à un fil rectiligne. Lorsque le cas d'un fil enroulé en
spirale aura été traité, il sera intéressant de comparer les faits observés aux
indications théoriques.
» M. Kirchhoff a trouvé, par le calcul, que, dans la période variable, il
y aurait de l'électricité libre à la fois à la surface et à l'intérieur du fil,
tandis que, dans l'état permanent, il n'y en aurait qu'à la surface. Cette
idée me paraît correspondre à la suivante, à laquelle j'ai été conduit par
rexi)érience.
M Dans tout phénomène d'induction, il y aurait deux opérations succes-
sives, à savoir une production deleciricité statique et une décharge de cette
électricité. Dans les extra-courants, la production se ferait dans les |)or-
( 121 )
lions enroulées du circuit ; quant à la décharge, elle pourrait être locale
ou générale, suivant les circonstances ; les effets des courants interrompus
varieraient avec ces circonstances. »
PHYSIQUE. — Sur un baromètre dit absolu. Noie de MM. Hans et Hekmary,
présentée par M. Jamin.
« Le baromètre que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie
est fondé sur la comparaison d'un thermomètre à air et d'un thermomètre
à liquide. Divers essais déjà tentés dans celle voie ont eu à lutter contre
deux difficultés que nous croyons avoir vaincues.
» La pression atmosphérique se déduisait des indications fournies par
les thermomèlres au moyen d'un calcul très-simple d'ailleurs, mais qu'on
était obligé de faire après chaque observation. Nous substituons à ce cal-
cul une construction géométrique, fondée sur les considérations suivantes.
Supposons deux thermomètres ordinaires A et B, placés parallèlement. Les
allongements des colonnes, pour une même élévation de température,
étant constamment proportionnels, la ligne droite qui joint les extrémités
de ces colonnes passera constamment par un point P.
» Si B est un thermomètre à gaz, A étant toujours un thermomètre à
liquide, cette propriété subsistera, pourvu que la pression ne change pas.
Si la pression change, les indications de B seront modifiées, le point P se
déplacera décrivant un certain lieu. Qu'on gradue ce lieu, on aura un
baromètre. Or ce lieu est une ligne droite. En effet, soient a et b les som-
mets des colonnes thermométriques à — 2^3 degrés (nous supposons la
loi géométrique admise pour les dilatations, prolongée indéfiniment; c'est
à ce point de vue que nous considérons la température — 273 degrés ; nous
n'y attachons aucune idée physique). A cette température, le volume du gaz
étant nul, les indications de B ne sont plus modifiées par la pression; la
ligne ab sera donc la même pour toutes les pressions; elle devra passer par
tous les points tels que P cl sera, par conséquent, le lieu cherché.
» Du lliermomètre à air. — Cet appareil se compose essentiellement
d'une certaine masse d'air emprisonnée dans un tube, à l'aide d'une
colonne liquide, dont les déplacements indiquent les variations de volume
du gaz. Il résulte d'expériences de plusieurs physiciens et de nos recherches
personnelles que l'acide sulfurique est le liquide qui remplit le mieu.\ les
conditions imposées à un bon obturateur ; il ne se solidifie pas et n'émet
pas de vapeurs sous l'influence des températures extrêmes de nos climats;
C. R., 1873, 2^ Semestre. (T, LXXVU, N" 2.) '"
( 122 )
la netteté de son ménisque donne une bonne lecture. Nous l'avons donc
adopté. La rapidité avec laquelle ce liquide absorbe la vapeur d'eau exige
qu'il soit isolé de l'air extérieur. Nous obtenons ce résultat par l'emploi
d'un deuxième obturateur d'huile d'horlogerie.
» Un premier instrument, construit d'après ces principes, fonctionne ré-
gulièrement depuis un an, mais nous croyons que les chocs réitérés d'un
transport pourraient diviser la colonne d'acide sulfiuique, et il serait diffi-
cile, sinon impossible, de la rétablir dans les conditions primitives. Nous
avons paré à cet inconvénient en plaçant les colonnes liquides dans des
tubes en U, et les prenant assez longues pour que, dans leurs positions
moyennes, elles occupent des longueurs à peu près égales dans chacune des
branches.
)) Par cette disposition, la division des colonnes est rendue plus difficile,
et, si néanmoins elle se produit, il est toujours facile de rétablir la conti-
nuité du liquide en employant le mouvement de fronde dont l'usage est
bien connu pour les thermomètres. Nous utilisons aussi ce mouveiuent de
fronde dans la construction de l'appareil; grâce à ce perfectionnement,
l'introduction des colonnes liquides, qui naguère était une opération assez
difficile, s'exécute maintenant avec une facilité étonnante.
» Du baromètre. — Il suffit de jeter un coup d'œil sur l'instrument pour
voir comment l'opération géométrique qui détermine la pression atmo-
sphérique est exécutée à l'aide d'un fil tendu entre deux curseurs.
» On remarquera que les colonnes liquides sont placées toutes du même
côté, dételle sorte que, l'instrument étant jdacé convenablement dans sa
boîte, on peut facilement soumettre l'ensemble à un mouvement de fronde
qui rétablisse la continuité de l'une des colonnes sans risquer de diviser les
autres.
)) Cet instrument a été construit avec un thermomètre à alcool et un tube
de verre pris auhasard dans lecommerce. Sesindications peuvent comporter
quelqueserreurs provenant du défaut de proportionnalité entre la dilatation
de l'alcool et celle de l'air, et des irrégularités des sections des tubes. Ce n'est
donc pas un instrument de précision; mais il suffit parfaitement pour
constater les variations de pression atmosphérique qui précèdent ou ac-
compagnent les principaux phénomènes liiétéorologiques.
Comment on ])ouriail conslriiue un baiotnètrc de jnécisiun. — En employant
le thermomètre à mercure, et faisant un choix judicieux des tidji s qui doi-
vent entrer dans la construction des deux thermomètres, on pourrait laire
un baromètre de précision fondé sur les principes énoncés ci-dessus. Nous
( 123 )
croyons qu'à cet insfniment on pourrait en substituer un plus simple et
moins voluuiineux, consistant en deux thermomètres, l'un à liquide, l'autre
à air, portant tous les deux des graduations arbitraires, mais bien étudiées
d'avance. La pression atmosphérique s'obtiendrait à l'aide d'une table ou
d'un calcul. Ce calcul n'aurait aucun inconvéqient pour un instrument
destiné uniquement à des observations scientifiques. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Note sur la dissociation de V oxyde rouge de mercure;
par M. H. Debray.
« M. J. Myers a publié récemment un Mémoire (i) sur la dissociation
de l'oxyde rouge de mercure dont les conclusions, peu en rapport avec ce
que nous savons aujourd'hui de ce phénomène général, ne me paraissent
pas justifiées.
» Voici en peu de mots quelles sont les expériences du chimiste hol-
landais. Il chauffe de l'oxyde rouge de mercure dans un lube de verre,
luis en communication avec une pompe de Geissler, permettant, soit de
faire le vide dans le tube, soit de mesurer la tension du gaz qui se dégage
lorsqu'on le chauffe. Il trouve ainsi que, à i5o degrés, la tension atteint
bientôt 2 millimètres et reste stationnaire lorsqu'on continue à chauffer
l'oxyde durant une heure environ. A 240 degrés, elle reste encore égale à
2 millimètres ; à 298 degrés elle ne dépasse pas, dans les mêmes conditions,
2°"°, 5 ; elle atteint 8 millimètres à la température de 35o degrés, mais
au-dessus de ce point, vers 4oo degrés, la tension de l'oxygène dégagé par
l'oxyde de mercure n'a plus de limite supérieure ; elle croît constamment,
quoique lentement, avec la durée de l'expérience. C'est ainsi qu'elle atteint
progressivement 16 millimètres à 400 degrés, après 5 hein-es de chauffe, et
343 millimètres à 5oo degrés, l'expérience étant prolongée pendant
7 heures.
)) La tension du gaz ne diminuant pas sensiblement dans ses expériences
j)ar un refroidissement lent ou rapide, M. Myers a cru devoir en tirer les
conclusions suivantes :
» La dissociation de l'oxyde de mercure est normale jusqu'à une tem-
pérature inférieure à 4oo degrés, sauf que la tension atteinte ne diminue
pas par le refroidissement. A partir de 400 degrés (probablement un peu
au-dessous), il n'y a plus de tension maximum; la décomposition est con-
(1) Deutsche chemisclie Gescllscliaft, t. VI, p. i i ; 1873.
16..
( 124 )
tinueet deviendrait totale après un temps suffisamment long, « parce que
» les molécules séparées possèdent alors un mouvement plus rapide que
» celui qui convient à la combinaison. »
» Beaucoup de chimistes ont encore, sur la dissociation, des idées trop
incomplètes et parfois même inexactes pour qu'il soit possible de laisser
passer sans observations des conclusions que n'autorisent pas, à mon avis,
les résultats, fort exacts d'ailleurs, d'expériences nombreuses et souvent
très-délicates que l'auteur a effectuées dans le travail que j'ai succinctement
résumé.
» Pour étudier les lois de la dissociation de l'oxyde de mercure, il fau-
drait, si l'on veut conserver à ce mot le sens net et précis que lui a donné
M. n. Sainte-Claire Deville, chauffer ce corps dans un espace dont tous
les points fussent à la même température et déterminer, pour chacune des
températures successivement communiquées à cet espace, la tension maxi-
mum que prennent alors l'oxygène et la vapeur de mercure.
» Il y aura, en effet, dans ce cas, un maximum de pression ; car, si d'une
part la chaleur décompose l'oxyde de mercure, d'autre part, elle déter-
mine la combinaison de loxygène et de la vapeur de mercure, et cela dans
des limites de température bien autrement étendues que ne le pense
M. Myers, en reproduisant de l'oxyde de mercure, de sorte qu'il arrivera
un moment où, ces deux tendances se faisant équilibre, la tension des gaz
dégagés demeurera constante. Sans aucun doute, la valeur de cette force
élastique croîtra avec la température, sans que nous puissions déterminer
a priori la loi de cette variation et la nature des circonstances qui peuvent
modifier sa grandeur.
» En 1867, j'avais entrepris cette étude, dont l'intérêt était d'ailleurs
plus général (1), car les lois particulières de ce phénomène s'applique-
raient sans doute à beaucoup d'autres corps, susceptibles, comme l'oxyde
de mercure, de se détioubler par la chaleur en deux éléments gazeux : tels
sont l'eau et le perchlorure de phosphore ; si je n'ai pas publié ces recher-
ches, c'est que, pas plus que celles de M. Myers, elles n'étaient de nature à
éclairer beaucoup ce sujet imporlant.
» J'avais d'abord employé un appareil ressemblant beaucoup à celui de
ce chimiste; mais je n'ai pas tardé à reconnaître qu'il ne pouvait servir à
déterminer les lois du phénomène. En voici la raison.
)) Supposons pour un instant que, à la température de 44o degrés, la
(i) Comptes rendus, t. LXIV, p. 196.
( '25 )
décomposition de l'oxyde de mercure soit limilce par une tension d'oxy-
gène, la tension correspondante de la vapenr de mercure.
» Si l'on vient alors à enlever la totalité ou seulement ime partie du
mercure, il est évident que l'on rompra l'équilibre existant entre les ten-
dances à la décomposition de l'oxyde et h la combinaison des éléments sé-
parés. Une nouvelle décomposition de l'oxyde aura donc lieu pour restituer
le mercure soustrait à l'action de l'oxygène : la tension de ce dernier devra
donc augmenter, et si l'on continue à enlever le mercure an fur et à me-
sure qu'il se forme, on ne voit pas de raison a priori pour que la tension
de l'oxvgène n'augmente pas d'une manière indéfinie.
» Dans nos appareils, l'élimination du mercure dégagé dans la partie
chaude s'effectue d'une manière continue et naturelle en vertu du principe
de Walt sur la condensation des vapeurs. T^e métal vient se condenser sur
les parties froides et écbappe ainsi à l'action de l'oxygène dont la tension
augmente progressivement. Dans mes expériences, elle pouvait dépasser la
pression atmosphérique. Ces appareils ne sont donc pas disposés de ma-
nière à mesurer la tension de dissociation de l'oxyde de mercure, et la dé-
composition qu'on y observe n'a aucun rapport avec la dissociation véri-
table. Pour bien montrer que ce n'est pas à l'impossibilité où se trouverait
la vapeur de mercure, vers 4oo degrés, de se combiner à l'oxygène qu'est
due la continuité de la décomposition, on peut chauffer, dans la vapeur du
soufre, à/|4o degrés, des tubes scellés contenant du mercure et de l'oxygène;
ilse forme alors surlesparoisdu tubedes cristaux rouge-rubis, transparents,
d'oxyde de mercure que les anciens chimistes connaissaient sous le nom de
précipité per se, et la presque totalité des gaz se trouve absorbée. J'espérais
qu'en refroidissant rapidement les tubes chauffés à 44° degrés je retrou-
verais rme portion notable du gaz qni doit rester non combiné au mercure
à cette température; mais il paraît que la combinaison des deux éléments
gazeux met moins de temps à s'effectuer dans le tube qu'il n'en faut à la
vapeur de mercure pour se condenser et arriver aux températures où elle
est sans action sensible sur l'oxygène.
» Si donc l'oxygène ne s'est pas recombiné au mercure dans les expé-
riences faites au-dessus et au-dessous de 35o degrés par M. Myers, il faut
en chercher la raison dans la condensation du métal dégagé pendant la
décomposition sur les parois froides de l'appareil : on ne peut pas conclure
non plus que la tension soit réellement limitée au-dessous de 35o degrés;
la décomposition est alors trop lente pour qu'il y ait des variations bien
sensibles en quelques heures.
( '26 )
» Mais ce que confirment manifestement ces expériences, c'est que la dé-
comjjosilion de l'oxyde de mercure n'est nullement empêchée par l'aug-
mentation de pression de l'oxygène, quand on soustrait le mercure dégagé
à l'action de ce gaz; il faut, pour que la décomposition de l'oxyde soit
arrêtée, pour qu'il cesse de se dissocier, que ce corps soit en contact, non
pas seidement avec l'un de ses éléments, mais avec tous les deux, à une
pression convenable et dépendante de la température.
» On ne peut donc pas admettre, comme l'a fait dernièrement M. Wuriz,
dans son beau travail sur le perclilorure de phosphore, que la dissociation
de ce corps, en chlore et protochlorure, soit empêchée par la présence d'un
excès de protochlorure. Si l'illustre chimiste a trouvé pour le perchlorine
une densité de vapeur plus grande que la densité habituelle, en le faisant
vaporiser dans une grande quantité de protochlorure, cela peut tenir à ce
que la rapidité avec laquelle un composé se dissocie dans un gaz inerte est
moindre que lorsqu'il est chauffé seul (i). Mais il ne résulte pas de son
expérience que, en maintenant suffisamment le mélange à une température
constante, on ne retrouverait pas la densilé de vapeurs correspondant à
la dissociation normale. J'ai hâte de déclarer d'ailleurs que cette remarque,
importante au point de vue de la théorie de la dissociation, n'enlève rien
à la rigueur des conclusions que M. Wurtz a tirées de ses expériences sur
le perchlorure de phosphore. »
PHYSIQUE APPLiQUitE. — Sur un moyen de comparer les poudres entre elles.
Note de M. de Tromenec, présentée par M. Berthelot (2).
« Les différents moyens de comparer les poudres entre elles sont jusqu'à
présent le pendule balistique, le mortier-éprouvette, les éprouvettes à res-
sort, etc.
(i) On it:iii;iifiiiei-a ([iie l'analogie qui e%iste entre les plicnomènes de vaporisation et
de dissociation rend cette interprétation bien plausiLle. L'eau se vaporise beaucoup
plus vite dans le vide que dans un gaz, riiydrogène ou l'oxyi^'ène par exenqile; mais la
tension niaxinium de la vapeur est la même dans ces gaz que dans le vide.
(2) Ce Mémoire m'a été remis dans le cours de l'année 1872. L'auteur n'en avait pas
réclamé la publication immédiate, pour diverses circonstances, et surtout ;\ cause du désir
de compléter ses expériences par l'analyse des produits de la combustion de la poudre.
Mais, ayant appris que d'autres savants s'occupaient de la même question, je crois devoir
faire connaître ce travail, tel qu'il m'a été conuuuniqué, afin de réserver les droits de l'auteur.
(Note de M. Berthelot.)
( i'^7 )
» Ces moyens sont généralement jugés insuffisants: les résultats qu'ils
donnent ne sont pas toujours comparables d'un établissement à l'autre; on
ne peut comparer entre elles que des poudres différant peu jiar leurs carac-
tères physiques. Il est évident, par exemple, que, si l'on tire dans le mortier
éprouvette une pondre très-fine, puis une poudre très-grosse, les résultats
que l'on obtient ne peuvent servir de termes de comparaison entre les
deux poudres.
Le procédé que nous proposons s'applique à toute espèce de poudre, et
en donne la valeur absolue, indépendamment de l'arme dans laquelle elle
est tirée.
» Définition. — Lorsqu'une poudre détone, elle produit sur les cor|)s
voisins des effets mécaniques, dont l'intensité varie avec la nature de la
poudre et avec la quantité employée.
» Si nous supposons que la détonation ait lieu dans un cylindre, dont les
parois ne puissent ni s échaujfer ni se dilater, et dans lequel glisse un piston
chargé de poids, tout l'effort de la poudre sera'employé à soulever le piston,
qui sera soulevé d'antant plus haut que la poudre est plus forte.
» Supposons, par exemple, que 5 grammes d'une poudre soulèvent
à I mètre de hauteur le j)iston chnrgé de looo kilogrammes, le travail
dévelo|)pé sera de looo luiogrammètres. Si 5 grammes d'une autre pou-
dre le soulèvent à i"',io de hauteur, le travail sera de iioo kilogram-
mètres, et nous pourrons dire qvie les deux j)oudres sont entre elles
comme lo : 1 1 .
» En général, nous appellerons/orce absolue d' une poudre le plus grand
nombre de kilogrammètres qu'elle puisse produire en détonant; nous
avons ainsi une définition qui nous permet, non-seulement de comparer les
poudres entre elles, mais encore de les comparer à tous les autres mo-
teurs.
» Mesure de la force absolue. — Pour mesurer la force absolue de la
poudre, on peut se baser sur ce principe de thermodynamique : Lorsqu'un
corps détone sans produire d'effet dynamique, la force disponible se trans-
forme en chaleur. 11 suffit donc de faire détoner la poudre en vase clos et
de mesurer la chaleur produite (i).
)) Description de l'appareil. — L'appareil que nous proposons se compose
I
Cette méllKuie a déjà été employée par MM. Bunsen et Schisclikoff; iiinis les valeurs
numériques qu'ils ont ol)servées sont plus faibles que les nôtres, sans doute à cause
d'une combustion moins complète.
( '^« )
d'il» vase cylindrique en acier fondu (i), ayant une capacité intérieure
d'un demi-litre environ et des parois fort épaisses, de 3 à 4 centimètres.
» Le vase est hermétiquement fermé par un bouchon à vis, muni d'un
canal central fermant à robinet et de deux conduits latéraux, où sont mas-
tiqués les deux fils d un appareil électrique destiné à enflammer la charge.
» Dans une des parois du vase, il serait utile de visser un élément ther-
mo-électrique, destiné à donner la température des gaz dans les périodes qui
suivent l'explosion; mais nous n'avons pas encore réalisé celte disposition.
» Le vase est placé dans un récipient en tôle rempli d'eau, qui sert de
calorimètre, et qui lui-même est placé dans un baquet rempli de coton, pour
éviter les pertes de chaleur. Le vase est rendu immobile par une vis de
l)ression qui appuie sur le l)ouchon.
» Un thermomètre donne la mesure de la température à un centième de
degré près. On agite l'eau au moyen d'un agitateur.
)) Expériences (3 juillet 1 870). — La valeur de l'obus, du calorimètre, du
thermomètre et de l'agitateur, réduite en eau (K), a été calculée à 626 gram-
mes, en prenant pour base les capacités calorifiques données dans la Phy-
sique de Jamin.
» Le calorimètre contenait 1 5oo grammes d'eau à chaque expérience; ou
avait ainsi : K + P = a''s,o26.
Poudre à ca/w/i du Bouchct (1861).
Poids de la poudre 5 grammes
Elévation de teinpcralure observée 2°, i
Nombre de calories correspondant à 5 grammes de poudre 4'''''>2546
IS'oiiibre de calories correspondant à i kilogramme de poudre. . . , 8^0 Calories
Poudre de mine.
Poids de la poudre 5 grammes
Elévation de température observée 1°, 8
Nombre de calories correspondant à 5 grammes de poudre 3*^"', 6468
Nombre de calories correspondant à i kilogramme de poudre. . . . 72g Calories
Poudre de contrebande^ d'origine anglaise.
Poids de la poudre 5 grammes
Elévation de température observée 2", 2
Nombre de calories correspondant à 5 grammes de poudre 4'^'">457'2
Nombre de calories correspondant à 1 kilogramme de poudre. ... 891 Calories
)) I^cs chiffres 84o, 729 et 891 peuvent servir de comparaison entre ces
poudres. »'
(1) Dans ces premiers essais, nous avons employé simplement un obus de 4 en fonte.
( '29 )
CHIMIE ORGANIQUR. — Sur les oxatines on éthers de la glycérine et des alcools
poljatomkjites ; par M. Lorin. (Extrait. )'
« L'acide oxalique et la glycérine donnent naissance à l'oxaline, com-
posé solide, blanc, soyeux commo l'acétamide, hygrométriqnc, d'un as-
pect gras. Chauffé, il entre en fusion, émet des vapeurs, dégage de l'oxyde
de carbone et laisse de la glycérine.
» L'ammoniaque convertit l'oxaline en oxamide.
» L'acide oxalique donne un composé analogue avec la mannite.
» L'auteur avait déjà signalé la formation d'une substance du même
type par l'action de l'acide oxalique sur le glycol.
» Ces recherches ont été effectuées au laboratoire de l'École centrale. »
ZOOLOGIE. — Sur la position zoologique et le rôle des Acariens parasites connus
sous les noms fi'Hypopus, Ilomopus et ïrichodactyliis; Note de M. Mé~
fiNiv, présentée par M. Ch. Robin.
« Degeer, le premier, en 1735, observa sur la mouche domestique de
très-petits Acariens rougeâtres, à corps ovale, à tète munie d'une petite
trompe déliée, garnie de poils assez longs, à pattes antérieures assez grosses,
les dernières filiformes (i), que Linné inscrivit dans son Systema nalurœ
sous le nom A'Acarus muscarum. Geoffroy, qui paraît l'avoir vu aussi,
nomma cet Acarien mite brune des mouches (2).
» Hermann, en avril 1757, trouva aussi, sur le ventre et les pieds d'une
larve de scarabée ou de la tricliie liermite, un très-grand nombre de petites
mites ovales, charnues, d'un brun jaunâtre, ayant les pieds courts et roi-
des et le tarse garni de piquants tendus en avant, qu'il nomma Acarus spi-
nitarsus (3)); il lui donne une longueur de ^ de ligne, une paire de soies
postérieures et une antérieure qu'il regarde comme des antennules, lui corps
gras, à peine plus large qu'épais.
» En 178 1, Schranck fit connaître, sous le nom d' Acarus acarorum, une
petite mite semblable, trouvée sur une grande mite, \ Acarus crassipes L.,
qui n'est autre que le mâle d'une espèce de Gamase (4).
.(i) Degeer, t. VIII, p. 1 15, pi. 7, fig. i, 2, 3.
(2) Histoire des insectes, t. II, p. 624, n" 6.
(3) Mémoire aptérnlogique, p. 85, pi. 6, fig. 5.
(4) Enumeratio insectorum Austriœ. Aiigusta Vindelicoruin ; 17S1, p. 524.
C. R., 1873, 2" Semfsiro. (T. LXXVII, S" 2.) ' 7
( >3o)
» Diigès, en i834 (i), trouva sur un Hister un Acarien qu'il regarda
comme identique à celui d'Hermann et qu'il nomma Hypopus; à ce genre il
rattacha Y Acarus muscarum de Degeer, \e Spiitilarsiis d'Hermann et le pou
du limaçon de Lyonnet.
» Dufour, en 1839(2), fit connaître deux autres espèces de ce genre,
l'une [VH. Feroniarum) vivant en troupes serrées sur la tète et le corselet
des Féronies, l'autre {VH. Sapromyzarum) vivant sur les Diptères du genre
Sapioinyza; et, en même temps, il fit connaître sous le nom de Tricltodac-
tyle un autre Acarien parasite des Osmies qui appartient certainement au
même système de développement.
» Roch admit le nouveau genre dans son ouvragesur les Arachnides (3),
paru en i843, l'enrichit de nouvelles espèces et créa le genre Homopus
pour les Tiichodactyles de L. Dufour.
» La même année, Dujardin rencontra, sur l'aile d'une abeille, un petit
Acarien dont il fit d'abord un genre spécial sous le nom d'^noctus, qu'il
supprima ensuite lorsqu'il reconnut qu'il s'agissait d'un véritable Hypo-
pus (4).
» Un peu plus tard, Gervais décrivit encore une nouvelle espèce d'Hy-
popiis et classa ce genre à côté des Tyroglyphes (5).
» En 1 847, Dujardin reprit l'étude de ces petits êtres et ajouta dix nou-
velles formes à la liste des espèces déjà connues (6). Dans ce travail, Dujar-
din fait remarquer les nombreuses ventouses abdominales qui servent aux
Hypopes pour se fixer sur les insectes sur lesquels on les trouve en parasites;
il constate l'absence de mandibules et regarde ces Acariens comme privés
complètement de bouche. Ayant recueilli sur une fougère, au milieu de
plusieurs autres Hypopes et de nombreux Gamases, des individus desséchés
dont l'enveloppe renfermait une forme molle d'Acariens pourvus de palpes
et (le mandibules chélifères, il fut porté à regarder les Hypopes comme des
larves de Gamases et il vit une confirmation de son opinion dans le fait que
l'on rencontre souvent les Hypopes en compagnie des Gamases.
» En 18G8, Claparède, dans une étude très-approfondie sur l'embryolo-
(1) Jnnales des Sciences mathématiques., 1' série, t. I, p. 3'J.
(2) Annales des Sciences mathématiques, 2° série, t. XI, p. 2'j8.
(3) Uebersicht der Jracliniden Systems, von Koch, 1889-1843.
(4) Annales des Sciences naturelles, 3° série: ZooL, t. II, |). 245.
(5) Suite à Buffon. Les Aptères, t. III, p. 260.
(6) Loco citato.
( «3i )
gie de quelques Acariens (i), rapporte qu'une larve octopode ou nymphe
d'un Tyroglyphe particulier [déjà décrit par MM. Fumouze et Robin sous
le nom de Tyroglyphus ecliinopus (2)], s'étant, sous ses yeux, et en muant,
transformée en Hypope, il a été conduit à le regarder comme le mâle adulte
du Tyroglyphe en question, et il donne comme preuve la tendance qu'ont
ces Hypopes à s'attacher aux femelles adultes du Tyroglyphe, et l'absence
d'autres mâles. L'étude si complète, faite par MM. Fumouze et Robin, de
cette nouvelle espèce de Tyroglyphe à ses différents âges et dans les deux
sexes, détruit l'interprétation deClaparède; mais le fait de son observation
subsiste.
» 1/ Hypopiis est un Acarien évidemment imparfait, malgré la présence
de ses huit pattes, car il est impossible de trouver trace d'organes sexuels.
Les observations soutenues, renfermées ici, le prouvent. Pour étudier les
diverses phases du développement, à tous les âges et dans les deux sexes,
d'un Acarien nouveau que nous venons de décrire, le Tjroylyphus rostro-
serrattts (Mégnin) (3), nous élevons de nombreuses générations de cet être
microscopique, dans des cages de fer-blanc, en leur fournissant simplement
des éphichures de champignons qui leur servent à la fois d'aliments et d'ha-
bitat. Un fait nous avait frappé en observant nos élèves : c'est que, tant que
le champignon était humide et en pleine décomposition, des myriades de
Tyroglyphesà scie grouillaient dans nos boîtes; quand, au contraire, les
champignons commençaient à se dessécher, les Tyroglyphes disparaissaient
en grande partie, et étaient remplacés par des légions d'un petit Hypope,
facile à reconnaître pour YH. Feroniarum de Dufour, ou ÏH. Dugesii de Cla-
parède. En renouvelant la provision de champignons, les Hypopes dispa-
raissaient à leur tour, remplacés de nouveau par les Tyroglyphes. L'obser-
vation la plus attentive ne montrait aucun Gamase dans les cages.
» Persuadés que ces Hypopes devaient changer de forme en muant, nous
en avons isolé à différentes reprises dans de petites cages de verre, mais sans
succès : ils restaient inertes, collés aux parois, et comme privés de vie.
L'idée nous étant venue de les mettre en contact avec du champignon frais,
nous les avons vus alors se transformer sous nos /eux en petits Tyrocjlyphes oclo-
podes non encore sexués. Mais nous n'avions encore qu'une partie de la so-
lution du problème; en cherchant bien, sur le champignon desséché, nous
(1) Zeitsrhr./ur fFiss. zooL, t. XVIII, p. 445, Leipzig, i868.
(2) Journal de V Ànatomie... 1868, n" 3, mai et juin.
(3) Voir le Journal de l 'Anatomie de M. Ch. Robin, n" de juillet 1873.
( i32 )
avons fini par trouver des Tyrocjljphes, à Celai de nymphe octopode, prêts à
muer, présentant dans leur intérieur un Hypope tout formé. (Nous avons fait
constater le fait par M. Robin, nous en avons dessiné toutes les phases, et
des préparations microscopiques sont là pour en témoigner.)
» Ainsi les Hypopes ne sont autre chose qu'une phase de la vie de cer-
tains Acariens et, en particulier, des ïyroglyphes.
» Mais pourquoi ce changement temporaire de forme au milieu de leur
existence? L'observation montre combien sont lents les mouvements des
Tyroglyphes à scie, par exemple, et l'on se demande comment ils peuvent,
dans l'état de nature, se transporter d'un champignon à l'autre. D'un autre
côté, on constate que, privés d'humidité, ces Tyroglyphes, qui sont de véri-
tables amphibies, meurent vite. Or, dans ces conditions, l'arrivée d'une
sécheresse, qui fait disparaître les champignons à l'humidité, ferait dispa-
raître aussi les Tyroglyphes et toute leur espèce, si la nature n'y avait pourvu
par la transformation des nymphes en Hyjiopes. L'Hypope est certainement
la forme acarienne qui résiste le mieux aux influences extérieures : nous en
avons vu faire encore des mouvements après un bain d'une demi-heure
dans l'essence de térébenthine, qui tue si vite tous les autres Acariens,
surtout ceux qui ne sont protégés par aucune carapace, comme presque
tous lesSarcoptides. La cuirasse complète qui couvre entièrement l'Hypope,
la faculté qu'il a de fermer hermétiquement babouche (qui existe quoi qu'en
dise Dujardin) avec sa lèvre, comme avec un clapet, la faculté qu'il a de
vivre longtemps expliquent le fait. Pour fuir les endroits désolés par la sé-
cheresse, il a, en outre, l'instinct et les moyens de se cramponner et
d'adhérer solidement, par ses ventouses abdominales, à tous les petits èlres
plus agiles que lui qui passent à sa portée, ce qui en fait un admirable
agent de dissémination. Nous avons retrouvé notre petit Hypope sur des
Coléoptères et des Diptères, parfaits ou à l'état de larve, sur des Arach-
nides (Faucheurs, Hombidions, Gamases, etc.), et surtout sur des Myria-
podes. Ainsi ce n'est pas un vrai parasite; il n'est pas spécial à tel ou tel
insecte ou autre animal.
" L'Hypope n'est donc autre chose qu'une nymphe cuirassée, adventive^
hétéromorplie, chargée de la conservation de la dissémination de l'espèce
d'acarien qui passe par cette forme dans son évolution. »
( -33)
ANATOMlu:. — Recherches pour servir à l'histoire de ladigeslion chez les oiseaux.
Note de M. Jobert, présentée par M. Ch. Robin.
n Dans les Traités classiques d'Anatomie et de Physiologie comparée, le
gésier des oiseaux est considéré comme un organe exclusivement tritura-
teur, les fonctions chimiques étant dévolues entièrement au renflement
succenturié.
n Depuis quelques années, la structure de l'estomac musculeux a été
l'objet de recherches nombreuses. Mollin a décrit des glandes situées dans
l'épaisseur de la muqueuse qui tapisse la face interne; Leydig a figuré des
organes de ce genre dans la description de l'eslomac du Héron, et il consi-
dère le revêtement jaune épais que recouvre la nuiqueuse comme un
produit de sécrétion des glandes profondes. Curschman a étudié les mêmes
glandes et a découvert, dans l'épaisseur du revêtement épithélial, des tubes
pleins qu'il considère comme des produits de sécrétion et dont la réunion
intime constitue la masse jaune pidermoïde ; il nie énergiquement la com-
munication de ces tubes avec l'intérieur de la cavité du gésier et refuse
d'admettre la possibilité d'une réaction acide de la part du liquide sécrété
par les glandes, idée émise en Hollande, mais peu acceptable. Le liquide
pris dans le gésier pouvant provenir du ventricule succenturié, j'ai pu, au
laboratoire des Hautes Etudes, étudier de nombreux gésiers. Celui de l'Au-
truche {Strulhio camelus) m'a présenté une structure absolument différente
de celle figurée par Curschman.
M Les tubes excréteurs des glandes, très-gros, s'ouvrent à l'extérieur
d'une façon manifeste. Quelques-uns des canaux sont tortueux comme
ceux des glandes de la sueur dans l'épiderme, le liquide sécrété est lim-
pide, d'une réaction acide extrêmement énergique ; il rougit le papier de
tournesol immédiatement, et fournit avec l'oxyde de zinc un sel soluble de
zinc mis en évidence par la cristallisation ou à l'aide de la réaction du
sulfhydrate d'ammoniaque qui donne, avec la liqueur extraite du gésier,
chauffée avec l'oxyde de zinc convenablement préparé, un précipité blanc
de sulfure de zinc. La réaction n'est pas douteuse. Je ne saurais donc me
ranger à l'opinion de Curschman, anatomiquement et physiologiquement.
Les glandes du gésier sont particulièrement intéressantes chez l'Autruche,
et cette disposition a échappé à l'observateur allemand.
» Elles sont disposées en culs-de-sac nombreux qui viennent aboutir à
un tube central excréteur et ce tube lui-même offre des cloisons incom-
( "3', )
plètes qui tendent à le diviser, ce qui lui donne l'apparence d'un moule
cannelé.
» Chez le Pélican qui ne possède pas de gésier, les glandes que j'appelle-
rai acides, tout en existant sur tonte la surface de l'estomac, sont cependant
exirêmement nombreuses; vers le pylore, dans l'étendue de 2 centimètres,
on n'y trouve plus de glandes à pepsine, à grandes cellules rondes, les
glandes acides étant à épithélium pavimenteux. Chez le Flamant rose, le
gésier offre à considérer des glandes nombreuses isolées et non groupées,
comme l'a vu Mollin chez quelques Gallinacés. Chez le Pigeon, elles sont
isolées également et la sécrétion est acide au plus haut degré.
)> Il faut donc considérer le gésier non comme un organe exclusivement
trituratenr, mais comme un estomac chimique également et chargé de
sécréter un licpiide acide. J'ai pu avec le liquide recueilli obtenir une disso-
ciation des cellules nei'veuses des ganglions du sympathique, comme
MM. Faivre et Polaillon l'ont fait avec du suc gastrique de Mammifères.
Avec le liquide du ventricule succenturié, M. Cl. Bernard m'a dit n'avoir
jamais pu obtenir de digestions artificielles. Ce fait ne saurait étonner,
après les observations que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie. En
terminant cette Communication, je constaterai :
» i" L'absence, dans le jabot du Pélican, du Flamant, du Poulet, de
toute espèce de glande;
» 2° Dans les glandes de leur œsophage, une disposition anatomique
analogue à celle de glandes du gésier de l'Autruche; celles-ci sont ana-
logues elles-mêmes à celles du ventricule succenturié; on y observe des
cloisons incomplètes.
» J'attribuerai donc aux glandes du gésier un rôle actif dans la digestion
et non la fonction de sécréter du mucus. Quant à la nature de l'acide, je
nesaurais étreaffîrmatif. On n'est pas encore fixé sur ce point de Physiologie,
même en ce qui concerne les grands Mammifères. Les cristaux obtenus par
le moyen que j'ai décrit (oxyde zinc) ont la forme de longues aiguilles
qui se groupent entre elles et forment des pinceaux. C'est là l'aspect des
cristaux de l'acétate de zinc observés au microscope; la ressemblance est
j)arfaite, mais ce caractère ne me paraît pas suffisant pour affirmer, et de
nouvelles recherches chimiques sont indispensables pour déterminer la
nature de l'acide élaboré. »
. ( i35 )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE, — Observations sur quelques liquides de l'organisme
des Poissons, des Crustacés et des Céphalopodes ,■ Note de MM. Rabuteau et
F. Papillon, présentée par M. Ch. Robin.
« Nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie quelques-uns des
résultats des études que nous avons faites récemment au laboratoire de
M. Coste, à Concarneau, sur la physiologie des Poissons, des Crustacés et
des Mollusques.
» Liquide péritonéal de divers Poissons. — On rencontre dans le péritoine
des raies un liquide parfois très-abondant. Ce liquide, auquel nous avons
trouvé une densité moyoïuie de 1,021, est neutre et souvent légèrement
acide. Les acides nitrique et chlorhydrique n'y déterminent aucune coa-
gulation ni à froid, ni à chaud. Le tannin y produit un trouble blanchâtre
assez considérable, qui se rassemble par la chaleur. Ce liquide contient
donc une petite quantité d'une matière albumiiioïde particidière, laquelle
forme une couche peu épaisse à la surface du liquide, lorsqu'on évapore
celui-ci au bain-marie.
» Ce liquide filtré, abandonné à lui-même, reste inodore pendant un
temps d'autant plus long que la température est plus basse. Au bout d'un
jour (en mai), il répand une odeur ammoniacalerqui appelle aussi cellede
la niéthylamiue. Traité par le procédé de I-econte, ce liquide fournit une
quantité considérable d'azote; ainsi 25 grammes de ce liquide ont donné
jusqu'à 160 centimètres cubes de ce gaz. D'où provient cet azote? Nous
avons évaporé le liquide du cinquième au dixième de son volume prhnitif
et y avons ajouté de l'acide nitrique qui l'a fait prendre en masse cris-
talline. 3i5 grammes du liquide ont donné plus de 12 grammes de ces
cristaux (180 grammes d'un autre échantillon, traités par l'acide oxalique,
ont formé S^"", 2 d'oxalate). Les cristaux obtenus avec l'acide nitrique con-
tiennent une forte proportion d'urée, ainsi que l'ont signalé, il y a quelques
années, Stœdeler et Frerichs, et qu'a bien voulu le vérifier M. Wurtz au
moyen des produits préparés par nous; mais l'odeur de méthylaniine qu'ils
dégagent lorsqu'on les traite par la potasse y atteste la présence d'une autre
substance. Bien que nos études sur ce point soient inachevées, nous invo-
quons dès maintenant, à l'appui de l'existence de cet autre corps, la for-
mation d'un chlorhydrate cristallin, qui s'obtient en traitant les résidus
de l'évaporalion du liquide par l'acide chlorhydrique liquide. L'urée ne
donne pas de chlorhydrate dans de pareilles circonstances, et celui que
nous avons préparé laisse dégager, lorsqu'on le traite par la potasse,
( .36 ) .
un s,nz combustible et doiu; id'iine odeur pénétrante de méthylamine (i).
» Le liquide péritonéal de la torpille et du squale présente des réactions
à peu près identiques. 9 grammes de liquide de torpille ont fourni 38 cen-
timètres culies d'azote. Cette proportion, inférieure à celle de la raie, tient
probablement à ce que la torpille était à jeun depuis bien longtemps. Le
liquide du squale nous a donné des cristaux d'un nitrate déliquescent qui,
traité par la potasse, a exhalé une forte odeur de méthylamine.
» Autres liquides. — L'analyse d'un certain nombre d'autres humeurs et
de parties solides de l'organisme des Plagioslomes nous a fait voir qu'elles
contiennent toutes ces corps à la putréfaction desquels on peut attribuer
l'odeur caractéristique des Poissons et que nous considérons comme des
mélanges d'urée et d'une urée composée. Le liquide péricardique du squale
bouclé est légèrement acide, se trouble par la chaleur, mais non par les
acides, et donne pour 10 grammes 65 centimètres cubes d'azote. 20 grammes
de liquide intestinal d'une raie ont donné 182 centimètres cubes d'azote.
La liqueur provenant du lavage des reins de raie dégage aussi par le réactif
Leconte une abondante proportion de ce gaz. 2 grammes d'urée de raie en
donnent 1 5 centimètres cubes. Enfin les œufs de raie, traités par la potasse,
exhalent une très-forte odeur de méthylamine.
» Liquides digestifs. — Le suc gastrique de raie est d'une grande acidité.
Évaporé à siccité au bain-marie, il donne un résidu qui, traité par l'eau,
n'est nullement acide. Distillé au bain-marie, il a dégagé des vapeurs dont
la condensation a fourni un liquide incolore qui donne, avec le nitrate
d'argent, nu précipité de chlorure. Il s'est donc dégagé de l'acide chlor-
hydrique du suc gastrique de raie. Nous n'y avons pas rencontré d'acide
bromliydrique, dont on aurait pu admettre l'existence dans ce liquide.
Toutefois, ce suc gastrique renferme du brome à l'état de bromure, ainsi
qu'on s'en assure en évaporant plusieurs grammes de suc gastrique avec un
peu de potasse pure, incinérant, traitant par l'eau, ajoutant de l'acide
azotique renfermant des vapeurs nitreuses, et agitant avec du sulfure de
carbone. Traitée par le procédé de Leconte, cette humeur a fourni de
l'azote, mais en très-petite quantité : 26 grammes de liquide ont donné
7 centimètres cubes d'azote. 26 grammes de ce suc gastrique contenaient
iK'',o5 de matières solides. Le suc pancréatique des mêmes Poissons pré-
sente une acidité constante, comme toutes les autres humeurs de ces ani-
maux.
(i) Nous avons fait l'examen de ces produits avec le concours obligeant de M. Siiva.
( '37 )
)) Saîig. — Le sang de poulpe ne donne au spectroscope aucune bande
d'absorption. Il bleuit légèrement à l'air, et perd sa teinte bleue lorsqu'on
y fait passer un courant d'acide carbonique. Si on l'agite de nouveau à
l'air, il reprend sa couleur bleue. Le sang de crabe, nolanunenl celui du
crabe tourteau, présente des phénomènes identiques. Rien de plus net que
ces alternatives de coloration en bleu par l'air et de décoloration par l'a-
cide carbonique. Ces faits sont en coniradiction avec ceux que Harless,
Scidossberger et d'autres observateurs ont signalés relativement au sang du
calmar, de la seiche et de l'élédone. Nous n'avons pu nous procurer ces
derniers Céphalopodes; mais, pour ce qui regarde le poulpe, le doute ne
nous paraît pas possible toncliant l'influence colorante de l'air et décolo-
rante de l'acide carbonique.
» Le sang du poulpe et celui du crabe offrent d'autres analogies. Tous
deux renferment une matière coagulable que l'acide nitrique, à froid, co-
lore en jaune, et dissout chaud en produisant un liquide de même couleur.
L'acide chlorhydrique dissout cette matière en bleu violet pâle. Nous
avons recherché l'urée, dans le sang de crabe, par le procédé Loconte.
Dans un premier essai, Sg centimètres cubes de ce liquide, préalablement
traités par le sous-acétate de plomb, ont donné 3o centimètres cubes d'azote.
Dnns une seconde expérience, 77 centimètres cubes de sang débarrassé
d'albumine et évaporé au bain-marie jusqu'au volume de 20 centimètres
cubes, ont fourni, par le procédé Leconte, ai cenlimèlres cubes d'azote.
» Nous avons examiné aussi, à plusieurs reprises, le sang du squale et de
la raie, et nous y avons rencontré de l'urée en proportion beaucoup plus
considérable, c'est-à-dire que nous avons obtenu avec ces humeurs d'é-
normes quantités d'azote. 85 grammes de sang de squale ayant été évaporés
au bain-marie, on reprend le résidu par l'alcool, on évapore à nouveau la
solution alcoolique, on reprend le nouveau résidu par l'eau, et l'on traite
par l'acétate de plomb. Le produit obtenu donne, par le procédé Leconte,
202 centimètres cubes d'azote.
» Cette première partie de nos études est incomplète. Si nous n'avons pu
leur donner tout le développement qu'elles comportent, c'est que l'éta-
blissement de Concarneau n'offrait pas, au moment où nous les y avons
poursuivies, les ressources nécessaires pour les expériences de ce genre.
M. Coste, que préoccupe incessamment le développement de tous les genres
d'observations biologiques, y a fait construire depuis un laboratoire de
chimie où l'on pourra trouver désormais les moyens de reprendre et de
poursuivre les travaux de cet ordre. Ainsi agrandi, cet établissement, le
C.R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» 2.) '"
( >38 )
plus ancien de ceux qui ont été installés sur le bord de la mer pour les
études ■physiologiques, pourra rivalisej', nous l'espérons, avec ceux que les
Allem.mds, à son imitation, créent aujourd'hui à grands frais sur les côtes
d'Italie.
» Dans une prochaine Communication, nous donnerons la suite de nos
recherches. »
THERMOCtilMiE. — Sur la chaleur de combustion fies matières explosives.
Note de MM. Roux et Sarrau, présentée par M. Rolland.
« 1. Les recherches de M. Berthelot sur révalualioii théorique de la
force de la poudre et des matières explosives ont fait ressortir l'importance
que présente, à ce point de vue, la mesure des quantités de chaleur déga--
gées par la combustion de ces substances. Le seul résultat cxpcrimenlal
de celte nature qui, à notre connaissance, ait été publié jusqu'à ce jour
est celui que MM. Bunsen et Schischkoff ont fait connaître, pour une
poudre semblable à noire poudre de chasse. Nous avons pensé qu'il ne
serait pas sans intérêt d'installer à cet effet un appareil simple, peu coûleux,
et d'un fonctionnement assez sûr et assez rapide pour faire de celle déter-
mination le complément pratique des épreuves auxquelles sont soumises,
au Dépôt central des Manufactures de l'État, les diverses matières explo-
sives usitées dans la guerre ou dans l'industrie.
» 2. La déflagration se produit dans des bombes cylindriques en fonte,
de 6 millimèlres d'épaisseur, présentant une capacité intérieure de 270 à
280 centimètres cubes. Ces bombes sont fermées par un bouchon taraudé
en bronze, que traverse un fil isolé, au moyen duquel on peut, par le pas-
sage d un courant, porter au rouge un lil mince disposé dans lintérieur et
enflammer ainsi la substance. Elles plongent dans un vase eu cuivre rouge,
de o"\i4o de diamètre et o"', 160 de hauteur, renfermant i''6^83o d'eau.
La température du bain s'évalue à l'aide d'un thermomètre gradué en
dixièmes de degré, donnant à vue le centième. Pour avoir la chaleur
dégagée, il sufht de porter le bain à une température sensiblement égale à
celle de l'enceinte, de produire la déflagration et d'observer, en agitant
l'eau, la variation de la température du bain. En désignant par A celte
variation et par V le poids total en eau du calorimètre, la chaleur dégagée
est PA.
» 3. Voici maintenant les éléments du calcul d'une détermination :
( '39)
Poudre de chasse fine d'Angouléme; charge de la bombe. . . 8 grammes.
Poids en eau du caloritiièlre :
^? kg
Vase en cuivre rouge o , 8806 X o , og5 1 = o,o838
Bouchons en bronze o,3i8o X 0,0989 = 0,0299
Bombe en fonte ,.. 1,176 Xo,!3o =0,1529
Eau = 1 ,83oo
Poids total P r=2 ,0966
Excès observé de la température A = 3°, 07
Chaleur dégagée par 8 grammes PA = 6,4366
Chaleur dégagée par i kilogramme 8o4"', 4
» 4. Il existe deux causes d'erreur dont il n'est pas inutile d'apprécier,
au moins approximativement, l'influence. La première est relative au
rayonnement du calorimètre. On peut la corriger comme il suit. Soit t le
temps après lequel la température du bain s'accroît de A ; en admettant
que, pendant ce temps, la température s'abaisse uniformément et en raison
de l'excès moyen -■> l'abaissement total sera —, h étant la vitesse de
refroidissement pour un excès égal à i degré. La chaleur perdue est
, AtPA ,, . , ,
donc > ci ou résulte une erreur relative
2
£. =
/il
2
» Dans nos expériences, nous avons trouvé h = 0°, 00672 et r = i',5
environ; il en résulte s, = o,oo5o4, soit ^environ. Cette correction est
très-faible et l'on peut la négliger dans la pratique, ou, mieux, faire une
compensation approximative en abaissant la température initiale du bain
au-dessous de celle de l'enceinte, d'une quantité à peu près égale à la moitié
de la variation A.
)) 5. La seconde cause d'erreur résulte de la différence, généralement
très- faible, qui existe entre les températures intérieiu'e et extérieure de la
bombe lorsque, après la déflagration, la température du bain atteint son
maximum. Cette différence est telle, que le flux de chaleur qui en résulte à
travers la paroi de la bombe compense, pendant un temps très-court, à partir
de l'instant du maximum, la chaleur perdue parle rayonnement du calo-
rimètre. On pourrait le calculer si l'on connaissait exactement, dans les
conditions de l'expérience, le coefficient de conductibilité de la paroi de
la bombe. En désignant, en effet, par A- ce coefficient, par e el s l'épaisseur
et la surface moyenne de la paroi, et par S la différence de température
j8..
( >4o )
cherchée, on aurait
e
» La quantité de chaleur perdne est celle qui est nécessaire pour main-
tenir à l'excès de température § les produits de la combustion, et à l'excès
moyen - la masse de la bombe. Si donc on désigne par p le poids en eau
des produits de la combustion augmenté du demi-poids en eau de la bombe,
la chaleur perdue est
^^' = -71-'
d'où résulte l'erreur relative
cph
^2 ^ — T'
» La valeur du coefficient k présente beaucoup d'incertitude, en raison
de l'influence dominante de l'état des surfaces dans les phénomènes de
conductibilité; en admettant, pour avoir une idée de l'importance de l'er-
reur commise, la valeur k = 0,477, 1"^ ^'°" obtient, pour le fer, en com-
binant les condiiclibililés relatives des barres métalliques obtenues par
Despretz avec la valeur absolue trouvée par Péclet pour le coefficient de
conductibilité du plomb, et prenant les valeurs déterminées directement
p = 0^^,02?), e = o™,oo6, 5=o™,o3i9,
on trouverait
■-., = 0,00025.
» La correction qui en résulte paraît donc absolument négligeable. 11
n'y aurait lieu d'y avoir égard que dans le cas où, pour accroître la ré-
sistance de la bombe d'épreuve, on jugerait à propos d'augmenter son
poids et son épaisseur. Elle pourrait aussi devenir sensible si la déflagration
se faisait dans une enveloppe formée d'une substance peu conductrice, le
verre par exemple, dont le coefficient de conductibilité est y^ de celui
du fer.
)) 6. C'est ainsi qu'ont été faites les déterminations suivantes, qui sont
relatives aux diverses espèces de poudres fabriquées en France.
( i4i )
2.
3.
4.
Dosages.
Soufre.
Charbon.
Calories dégagées
par I kilogr.
de poudre.
Poids
des gaz
par I kilogr,
lO
12
807,3
0,337
.2,5
12,5
752,9
0,412
io,5
i5,5
780,8
o,4'4
i3
i5
694,2
0,446
20
i8
570,2
0.499
1.
Espèce
de
la poudre. Salpêtre.
Poudre (le chasse fine 78
» de guerre à canon .... 75
» à fusil dite B 74
0 de commerce extérieur. 72
» de mine ordinaire. . , . 62
» La dernière colonne fait connaître la proportion de gaz permanents
fournis par la combustion de chaque espèce de poudre. Pour avoir cet élé-
ment, on pèse, avant la déflagration, la bombe avec son chargement inté-
rieur. A la fin de l'épreuve, on l'essuie avec soin, on laisse échapper les
gaz en dévissant avec précaution le bouchon, et l'on pèse de nouveau. On a
par différence le poids des gaz.
» Chacun des résultats inscrits dans les colonnes 3 et 4 est la moyenne
de trois déterminations très-concordantes. Pour chaque série, l'écart moyen
relatif des quantités de chaleur est inférieur à -^. Les poids des gaz sont
moins précis; leur approximation n'est que de ^ environ.
» 7. M. Berthelot adopte le produit du volume des gaz d'une poudre [ré-
duit à zéro et à o™,76o) par la quantité de chaleur dégagée comme mesure
relative de la pression exercée par un poids donné de cette poudre dans
une capacité invariable. Si les poids spécifiques des gaz des diverses
poudres étaient peu différents, on pourrait substituer leurs poids à leurs
volumes, et mesurer la force relative des poudres à l'aide d'un élément
beaucoup plus facile à déterminer par expérience ; nous espérons élucider
ce point par la mesure directe des volumes.
» Quoi qu'il en soit, il est remarquable que le produit des chiffres cor-
respondants des colonnes 3 et 4 soit presque le même potir les cinq
poudres. On pourrait en induire que leur force explosive est à peu près la
inéme, et ce résultat est confirmé par des expériences qui nous ont permis
de constater que les charges de rupture de nos bombes sont, dans tous les
cas, comprises entre i5 et 17 grammes.
» Au contraire, le travail maximum que la poudre puisse développer
par sa détente, mesuré par la quantité de chaleur dégagée, varie beaucoup
suivant l'espèce de la poudre.
>' 8. Nous remarquerons, en terminant, que les déterminations qui pré-
cèdent ont été toutes faites dans des conditions telles, que les produits de
la combustion de 8 grammes de poudre occupent un volume de 275 cen-
( '42 )
timètres cubes, et présentent, par conséquenr, une densité moyenne égale
à 0,029. I' "'^*' P^s impossible que l'on trouve des résultats sensiblement
différents, en opérant dans d'autres conditions, puisque la température des
fluides de la poudre peut varier avec leur densité, dans le cas où cette
transformation, s'opérant à un état éloigné de l'état gazeux parfait, don-
nerait lieu à un travail sensible des forces intérieures. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouvelles expériences relatives à la théorie de la
poussée des terres. Note de M, J. Ccrie, présentée par M. Belgrand.
« Les nouvelles expériences qui font l'objet de la présente Note ont été
exécutées, comme nous l'avons dit dans une précédente Communication
(séance du 3o juin), avec le concours de Y Association scientifique. Elles ont
pour but de permettre de vérifier quelle est celle des théories en présence
qui mérite le plus de confiance.
» Selon nous, le mode de décomposition du poids du prisme de rupture
que suppose l'ancienne théorie est celui qui correspond en réalité à la
poussée exercée par un prisme solide. C'est ce que montre la petite expé-
rience faite avec quelques briques placées dans la position d'équilibre
représentée par la fig. b, qui est la copie d'une photographie et sur la
Fi
fig. c, où l'on voit que la brique qui joue le rôle du prisme de rupture
repose en réalité sur deux points d'appui, ce qui implique qu'elle puisse
se comporter comme un solide résistant à la flexion.
( i4:'> )
a D'après notre théorie, dans le cas des remblais dépourvus de cohésion, on doit d'abord
décomposer le poids Q du prisme de rupture, appliqué à son centre de gravité, en deux
forces, dont l'une, faisant l'angle (f avec la normale au plan de rupture, est détruite, tandis
COS I ¥ [ ■ V 1
que l'autre P = Q -, parallèle à ce plan, est la poussée primitive. Si elle fait avec
Fifî. c.
la normale à la paroi du mur un angle moindre que tp', c'est cette force P qui est la poussée.
Si elle fait avec la normale un angle plus grand, elle se décompose à son tour en deux forces,
l'une parallèle à la paroi du mur, qui sera transmise, par les terres appliquées contre la
paroi, jusqu'au terrain solide et sera sans effet sur le mur, l'autre faisant l'angle f' avec
1 1.1 -1 • 11 ^ sinfe + V)
la normale a la paroi du mur, qui sera alors la poussée effective FI r= P ;
cosip
i> Lorsque l'on a à craindre le renversement par rotation, on doit chercher la valeur
de V pour laquelle le moment de P ou de H |)ar rapport à l'arête A est un maximum.
Dans le premier cas, on doit examiner si l'équilibre peut exister entre la poussée la plus
dangereuse P, la poussée rt la plus favorable à la stabilité et le poids de revêtement. Dans
le deuxième cas, il n'y a à considérer que l'équilibre entre la poussée la plus dangereuse H
et le poids du revêtement. Lorsque toutes les poussées possibles P ont un même point d'ap-
( i44 )
plication L, on trouve celle dont le moment est maximum en joignant par une ligne droite
i'aréte antérieure A de la base du revêtement au point L et en menant parallèlement à
cette ligné une tangente à la courbe qui a pour rayons vecteurs les poussées appliquées en L.
Le point de tangence est rextréiiiité de la poussée cherchée. En combinant ensuite cette
poussée dangereuse P avec la poussée n la plus favorable à la stabilité et avec le poids du
revêtement, on nbiicnt une résultante qui doit passer par le point A si le syslème est exac-
tement en éqiiilibie fig. <").
» I.'Hi)piirtil au moyen duquel nous avons fail nos expériences, et qui
est représenté par \a fuj. h, faite d'après une phologrnpliio, se compose de
deux plateaux carrés, de i métré de côté, réunis suivant une de leurs arêtes
supérieures par des charnières, recouverts sur leurs faces externes de sable
collé au silicate de potasse et dont on fait varier l'écartenient au moyen
d'une lige articulée que l'on allonge ou raccourcit à volonlé au moyeu
d'un verrin, les axes dos articulations de cette tige passant par les centres
de gravité des plateaux. Les pLiteaux sont posés stn- des profils de base P
en arc de cercle, dont le centre est sur l'axe des charnières de tète. Des
tringles t, coupées à la longueur voulue pour chaque expérience, main-
tiennent à la base la rigidité du système, et des platines, à surface de râpe,
( «45 )
vissées aux points des plateaux qui s'appuient sur la base, rendent im|)os-
sihle, par leur frottement, tout glissement sur cette base. Des ailes L, fixées
à la caisse F qui renferme le sable, au moyen d'un boulon correspondant
à l'axe des charnières, et autour duquel elles peuvent tourner, portent des
rebords que l'on amène en prolongement du plateau intérieur, dont ils
sont séparés par un joint de quelques millimètres. Quand ils sont à l'incli-
Fi(T. ,■.
naison voulue, on maintient les ailes en les clouant contre la caisse avec
de fortes pointes. On recouvre les joints au moyen des règles /■ qui portent
en plein sur les rebords et ne font que toucher les arêtes latérales du pla-
teau. Pendant qu'on eifectue le remblai, la tète des plateaux est soutenue
au moyen d'un coin K qu'on engage entre le plateau extérieur et la tra-
verse T de la caisse. Après l'enlèvement de ce coin, si le revêtement n'est
pas en équilibre, il commence à se renverser d'autant plus lentement que
le système sera plus voisin de la position d'équilibre. Si le système pré-
sente une légère stabililé, on le constate en déterminant le renversement
au moyen d'un petit effort de traction appliqué à la partie supérieure du
revêtement. On peut ainsi déterminer par tâtonnements deux cordes de
base, très-peu différentes l'une de l'autre, et telles que pour l'une il y ait
une faible stabilité, tandis que pour l'autre il n'y aurait pas équilibre.
G. R., 18^3, 2« Semtitre. (T. LXXVll, N» 2.) ÏQ
( '46 )
» Voici les résultats de nos expériences :
( Données générales : y = (j.' =: 33"3o', p = iSSÔ""^; poids de revêtement : 53''^)
__ — .
-
NOS
VALEUR
bTAT
(le
la série.
de I.
(lu sable.
I
o '
55 . 00
Très-sec.
1
55.00
Humide, légère
l'uhésion Cj.
2
■J7.30
Très-sec.
»
/|.00
Idem.
»
0.00
Idem.
0,692
COUDE DE UASE
d'après la lliéorie
d'après
ancienne. nûu?eUe. J'espérience,
o,hH')
0,395
o,35o
0,335
o,5G5(''
0,553
0,462
o,35o
0,32'|
o,55()
o , 5 -'1 5
o,5'|8
o,.'|Jo(')
OBSERVATIONS.
Renversemeot par un ellurl des deux
mains.
HenTCrscmenl spontané, immédiat.
Renversement pur un effort de deux
doigts.
Renversement par un eff jrt de deus
doigts de cliaque main.
Renversement spontané, très-lent
Exp, non ralle. accord des ? tliéuries
sur la longueur de la corde de base.
Expérience non faite.
(') ■} = 4j":io'. *=o,i88, ;< = i;l83 kit. — (=) Voir /î;;. (/. — ('; Fig. h et (".-(*) Par suite de lliumlditë atmosphérillue
(28 février i«-t), le sable avait repris un talus 4* = 35°, ce qui douueraito", 4^3 pour la corde de base, d'après noire lUéorle; pour
le sable tout a fait sec, l'expérience aurait, par suite saus doute, donné o", ',57, d'après les résultats de la première série.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nole sur le turbinage des vins gelés; par M. Melsens.
« Les expériences dont j'ai entretenu l'Académie, au sujet des vins con-
gelés, avaient surtout pour objet de mettre hors de doute l'absence tolale
d'alcool dans la glace produite au milieu du liquide vineux. J'avais dû
chercher, en conséquence, un procédé mécanique propre à produire l'exacte
séparation des glaçons solides et du vin concentré. La turbine en usage
dans les sucreries pour séparer les cristaux de sucre des sirops qui les
baignent était naturellement indiquée pour cet objet, et je n'ai eu qu'à
me louer de son emploi, pour la solution du petit problème de physique
que je m'étais posé.
» Quant à l'application à faire de ce procédé pour l'amélioration pra-
tique des vins, qui s'était offerte bientôt à ma pensée, j'apprends que
MM. Mignon et Rouart, habiles constructeurs d'appareils irigoriSques,
ont déjà indiqué l'emploi de la presse hydraulique et de la turbine à
force centrifuge pour le traitement des vins congelés, dans un brevet d<i
26 juin 1873, dont je n'avais pas connaissance. »
M. Tkémaux adresse une Note tendant à montrer que « les limites de
combinaisons et de décomposilions électriques constatées par MM. P. et
Arn. Tlienard sont des cas particuliers de la loi générale qu'il a considérée
comme basiî du Principe universel ».
( >47 )
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Commission chargée de préparer une hste de candidats à la place
d'Académicien libre, laissée vacante par le décès de M. de Vevneuil, pré-
sente la liste suivante :
En première ligne ... M. de Lesseps.
/ M. Bréguet.
En deuxième ligne, par \ M. De Moncel.
ordre alphabétique . . j M. Jacqmix.
( M. Sédillot.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 7 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
La charpie de l'ambulance de l'Administration des Postes. Pansement immé-
diat par le soldat des blessures sur le champ de bataille; par le D' E Lani 1ER.
Paris, P. Asselin, 1873; br. in-8°.
Conservation des membres blessés pat armes à feu perfectionnées ; par le D''
E. Lantier. Paris, P. Asselin, 1872; br. in-S".
(Ces ouvrages sont adressés par l'auteur au Concours Monlyon, Mé-
decine et Chirurgie, 1874)
Notice sur l'appareil d'induction électrique de Ruhmkorff; par le Comte
Th. Du MONGEL ; 5*= édition. Paris, Cauthier-Villars, 1867; i vol. in 8°.
Traité théorique et pratique de télégraphie électrique; par le Comte Th. Du
Moncel. Paris, Gauihier-Vilhirs, i864; in-8°.
Exposé des applications de l'électricité; par le Comte Th. Du MOiSCEL; I. I,
II, IV, V, i«^f fascicule. Paris, Hachette et Mallel-Bachelier, i856-i862;
4 vol. iu-8", avec planches.
( '48 )
Recherches sur la non- homogénéité de l'étincelle d'induction; par le Vicomte
Th. Du MONCEL. Paris, Leiber et Faraguet, 1860; i vol. in-S".
Etude des lois des courants électriques au point de vue des applications
électriques,- par le Vicomte Th. Du Mo^CEL. Paris, Hachette et Mallet-Bache-
lier, 1860; in-S".
Notire sur le cable transatlantique; par le Comte Th. Du MoNCEL. Paris,
Gaiithier-Villars, 1869; in-8°.
Recherches sur les meilleures condilioits de construction des électro-aimants;
par le Vicomte Th. Du MOl\CEL. Paris, Gauthier-Villars; Caen, I.e Blanc-
Ilariiel, 1871 ; in- 8°.
Hlude du magnétisme et de l'électromagnélisme au point de vue de la con-
struction (les électro-aimants; par le Vicomte Th. Du MoNCEL. Paris, Hachetle
et Mallet Bachelier, i858; in-8".
Exposé des applications de l'électricité; par le Comte Th. Du MoNCEL.
Technologie électrique. Paris, Gauthier-Villars, 1873; 2 vol. in- 8°.
Rapport de M. le Comte Th. Du Mongel sur les effets produits dans les piles
à bichromate de potasse en général et avec les sels excitateurs de MM. Voisin
et Dronier en particulier. Pari.s, Gauthier-Villars, 1872; br. in-8".
Sur le terrain qui recouvre les plateaux d'Othe aux confins du déparlement
de l' ./uhe et de l' Yonne; par M. Meugy. Mayenne, imp. Derenne, sans date;
br. in-8°.
Mémoires de la Société académique d' agriculture, des Sciences, Arts et Belles-
Lettres du département de l'Aube; t. VIII, 3* série, année 187 f. Troyes,
Diifonr-Bonqiiot, 1872; in-8''.
(La suite du Bulletin au /irocAaiR numéro.)
ERRATyi.
(Séance du 16 juin 1873.)
Tome LXXVI, p. i497) ligne i3, au lieu de MM. Lauth tt Baubicny dcmanilent l'ou-
verture (l'un pli cacheté, déposé par eux dans la séance précédente, lisez MM. Lauth et
Badbiony demandent l'ouverlnre d'un pli cacheté, déposé par eux dans la séance du
lojuin 1872,
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUxNDI 21 JUILLET 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET C0M3IUNICATI0NS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction pcbliqce transmet l'ampliation du
décret par lequel le Président de la République approuve l'élection de
sir Cil. IVheatslone , à la place d'Associé étranger laissée vacante par le
décès du baron Liebicj.
M. le Ministre des Travaux publics adresse, au sujet de la Carte géo-
logique détaillée de la France, la Lettre suivante :
« Versailles, le 21 juillet 1873.
» Monsieur le Président, le Gouvernement a décidé, en 1 868, l'exécution
et la publication d'une Carte géologique détaillée de la France, qui n'est
en réalité que le développement de la Carte générale due aux remarquables
travaux de MM. Brochant de Villiers, Diifrénoy et Élie de Beaumont.
» MM. Brochant de Villiers et Dufrénoy ayant été enlevés depuis long-
temps au Corps qu'ils honoraient et à la Science, M. Élie de Beanmont,
bien que resté seul, a consenti à se charger de la direction de la tâche
énorme qu'il s'agissait d'entreprendre, et déjà, sous cette habde direction,
C, R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N" 5.) ' 20
( i5o)
plusieurs feuilles de la Carte avaient pu figurer, au moins comme spécimen,
aux Expositions universelles de i855 et de 18G7.
» Aujourd'hui, ini certain nombre de feuilles sont terminées et figurent
à l'Exposition universelle de Vienne.
)> Ce sont : 1° douze feuilles, coloriées géologiquement, de la Carie de
rÉtat-Major, savoir : Rouen, Beauvais, Soissons, Evreux, Paris, Meaux,
Chartres, Melun, Provins, Chateaudun, Fontainebleau et Sens, accompa-
gnées chacune d'une notice explicative ;
M 2° Deux planches de coupes longitudinales et trois planches de sec-
tions verticales;
» 3° Enfin trois planches de perspectives de carrières photographiées
et deux planches de fossiles également photographiées, qui complètent les
documents accessoires que comporte aujourd'hui toute publication géo-
logique de cet ordre.
» Ces documents sont, de plus, accompagnés d'une feuille de titre, d'une
feuille d'avertissement qui porte le tableau d'assemblage et de feuilles de
légendes.
» Il m'a paru. Monsieur le Président, que l'Académie des Sciences, qui
porte toujours un intérêt si vif et si éclairé au développement et au progrès
de toutes les Sciences, devait être le premier corps auquel l'importante
publication dont il s'agit dût être adressée.
» J'ai l'honneur, en conséquence, de vous envoyer ci-joint un exemplaire
de chacune des feuilles de la Carte géologique détaillée qui ont déjà paru,
et je vous prie de vouloir bien les placer sous les yeux de l'Académie. »
« M. Eme deBeacmoxt, après avoir donné lecture de la Lettre de M. le
Ministre des Travaux publics, fait observer que le travail mis aujourd'hui
sous les yeux de l'Académie n'est pas exclusivement son ouvrage, mais qu'il
est dû principalement aux efforts réunis des habiles collaborateurs qu'il a
l'honorable mission de diriger. M. de Chancourtois, ingénieur en chef des
Mines, dont M. Élie de Beaumont a obtenu depuis vingt ans le précieux
concours, pour l'enseignement de la Géologie à l'École des Mines et pour
la publication de la Carte géologique de la Haute-Marne (i), est le sous-
directeur du service, auquel prennent part MM. les ingénieurs Edmond
Fuchs, A. Potier, A. de Lapparent, II. Douvillé et F. Clérault, ainsi que
M. A. Guyerdet, j)réparateur aux Collections géologiques de l'École des
(i) Voir Comptes n-ndus, t. LI, p. 4'3 (si'ancc dii lo septembre 1860).
( 'S. )
Mines, et M. J. Jedlinski, garde-mines principal, chet de l'atelier de des-
sin et de coloriage. Pour ce petit nombre de collaborateurs, chargés, en
outre, la plupart, de fonctions laborieuses dans l'enseignement ou dans
l'arrangement de vastes et importantes collections, c'est réellement une
« lâche énorme » (l'expression est vraie en même temps que bienveil-
lante) que celle de relever et de figurer, suivant leurs rapports exacts
avec la topographie, non-seulement les contours des terrains, mais aussi
les exploitations des matières utiles et les usines où elles sont élaborées.
» Il est juste de reconnaître, ajoute M. Élie de Beaumont, que nous avons
trouvé de précieux secours dans les Cartes géologiques départementales et
dans d'autres cartes spéciales, ainsi que dans un grand nombre de Mé-
moires particuliers et de descriptions locales. Nous avons cité soigneu-
sement les premières en marge des feuilles de la Carte, et les autres dans
les Notices qui les accompagnent, et nous sommes fondés à espérer que la
réunion de ces citations formera un jour un répertoire complet des auteurs
qui ont concouru à faire connaître le sol de la France.
» Il n'a pas toujours été facile de faire tenir, sans confusion, sur les feuilles
de la Carte la multitude de données diverses que nous avons essayé d'y
rassembler. Nous y aurions probablement beaucoup plus imparfaitement
réussi si nous n'avions trouvé dans les ateliers de l'Imprimerie nationale
une intelligence, un bon vouloir et des moyens d'exécution auxquels nous
n'avons jamais recouru en vain, et auxquels nous ne saurions rendre une
trop éclatante justice. »
ASTRONOMIE. — Note concernant le changement de vitesse de régime
dans les régulateurs isochrones ; par M. Yvon Villarceau.
(( La question du changement de la vitesse de régime se présente sous
deux aspects distincts : i" Le changement proposé doit être permanent;
c'est le cas où, un régulateur ayant fonctionné sous une certaine vitesse de
régime, on se propose de l'utiliser avec une nouvelle transmission de
mouvement, à laquelle répond une vitesse différente de la vitesse primitive.
Nous avons fait voir, dans notre Mémoire du lojuin 1872, comment il est
possible, moyennant une disposition particulière, de changer la vitesse de
régime : un simple changement dans la surcharge du manchon, combiné
avec un déplacement angulaire des masses principales par rapport aux
tiges articulées, fournit la solution du problème. 2" Le changement pro-
posé est temporaire, comme cela est exigé dans les applications du régula-
20..
( i5a )
leur isochrone, au mouvenient des équatoriaux. Après avoir observé les
étoiles, si l'on veut passer à l'observation d'une planète, d'une comète, du
Soleil ou de la Lune, il faut pouvoir le faire au moyen d'une modification
facile à réaliser dans un temps assez court; dès lors on comprend que la
solution relative au changement permanent de la vitesse n'est pas appli-
cable au cas qui nous occupe; il est donc nécessaire de rechercher de nou-
velles solutions : tel est l'objet principal de la présente Communication.
» Du changement temporaire de la vitesse de régime. — Les appareils con-
struits sur les indications de L. Foucault offrent une solution du problème ;
cette solution consiste à déplacer une masse mobile le long d'un levier
faisant partie d'un système articulé assez complexe; mais elle n'est pas ri-
goureuse, attendu que le déplacement dont il s'agit ne s'effectue pas sans
altérer sensiblement l'isochronisme, et d'autant plus fortement que les
vitesses s'écartent davantage de la vitesse normale de l'appareil. Nous
avons, de notre côté, proposé une solution analogue: elle consiste à faire
varier la charge du manchon; pour atténuer les effets de l'altération de
l'isochronisme qui en résulte, nous avons en même temps proposé de faire
varier la charge motrice, de manière à amener les ailettes dans des posi-
tions déterminées et correspondant aux vitesses données. En supposant
le mécanisme de l'équatorial et son rouage d'horlogerie assez bien con-
struits pour donner lieu à des résistances sensiblement constantes, pendant
la durée des observations, le mouvement de l'équatorial s'effectuera avec
toute la régularité désirable et avec la vitesse requise. Cette solution n'est
pas exemple de difficultés; car, indépendamment de la condition relative à
la constance, au moins approximative, des résistances, on ne parviendrait
aisément à réaliser qu'un petit nombre de vitesses distinctes, telles que
celles qui conviennent aux étoiles et aux moyens mouvements du Soleil ou
de la Lune, la variation de la charge du manchon ne se prêtant pas à la
continuité qu'il serait nécessaire d'obtenir poiu" suivre un mouvement très-
varié, celui de la Lune, par exemple.
» Une nouvelle solution nous est offerte; elle repose sur la propriété
remarquable du régulateur isochrone, que nous allons bientôt faire
connaître. On nous permettra sans doute d'indiquer la circonstance qui
nous a mis sur la voie de sa découverte.
» Les équatoriaux actuelleiuent en construction et destinés à l'observation
du passage de Vénus sont disposés de manière à permettre une certaine
variation de hauteur de l'axe horaire; par cette disposition, on a prévu
( i53 )
le cas où l'observateur trouverait convenable de s'établir en une station
pouvant différei' en latitude, de quelques degrés, avec la station projetée.
Or, si Taxe central du régulateur est vertical dans cette dernière station, il
cessera de l'être dans les stations de latitudes différentes : telle est la diffi-
culté qui s'est produite dans la Commission du passage de Vénus et que
nous avons résolue séance tenante. Imaginons que les tourillons de l'axe
central du régulateur soient portés par un châssis mobile circulairement
autour de l'axe de la roue qui commande le régulateur, et cet axe dirigé
dans le sens perpendiculaire au méridien, il deviendra possible, en faisant
tourner le châssis, de rétablir au besoin la verticalité de l'axe du régu-
lateur, sans que l'engrenage de ladite roue avec le pignon que porte cet
axe éprouve la moindre pertiubation. Nous n'avons pas à insister sur des
détails de constriiction faciles à imaginer, et que M. Eichens se dispose à
exécuter; il nous suffit de constater que, s'il est facile de ramener à la ver-
ticalité l'axe d'tui régulateur, il est tout aussi facile de lui donner une
inclinaison quelconque par rapport à la verticale.
» Demandons actuellement à la théorie quel sera le mode de fonctionne-
ment d'un régulateur isochrone dont l'axe serait incliné. La théorie du
mouvement de l'appareil découle de l'application du principe des forces
vives, établie ])our le cas de mouvements relatifs à des axes mobiles, en-
trauiés dans le mouvement du régulateur et dont l'un coïncide avec l'axe
central. Les seules forces qui donnent lieu à un travail effectif, lorsqu'on
néglige les frottements, sont les poids des masses. Or si, au lieu, de
considérer un seul des n systèmes articulés et angulairement éqnidislants
autour de l'axe central (ce qui suffit dans le cas d'un axe vertical), on
considère l'ensemble de ces n systèmes, on reconnaîtra que le centre de
gravité de cet ensemble est situé sur l'axe central et que, entre deux posi-
tions données des tiges ou des ailettes, le travail de la pesanteur estimé
relativement aux axes mobiles est égal au produit de la composante de la
pesanteur parallèlement à l'axe incliné, par le déplacement du centre de
gravité suivant ce même axe.
» Il faut d'ailleurs remarquer que la constante g, qui sert de mesure à
l'intensité de la pesanteur, est uniquement introduite, dans l'équation des
forces vives, par les termes qui expriment le travail de la pesanteur. Il ré-
sulte de là que la théorie établie pour le cas d'un axe central supposé ver-
tical, conviendra encore au cas d'un axe faisant avec la verticale un angle I,
si l'on remplace dans la première g par gcosl. Enfin les conditions de
{ '54 )
l'isochronisme dépendent de fonctions où g entre sous la seule forme
— = consr Q désignant la vitesse angulaire de régime. Si donc un
S
régulateur satisfait aux conditions de l'isoi-hionisme quand son axe est
vertical, il y satisfera encore lorsque l'on donnera à cet axe une inclinaison
quelconque; en outre, les vitesses Q et ù', qui répondent, la première à
la situation verticale de l'axe et la seconde à une inclinaison I, auront
entre elles la relation — = :; d'où
iï- =^ û" cosi,
ou bien
sm- -I = -i+— I
)) Considérons le cas où, l'appareil étant réglé pour suivre le mouvement
des étoiles lorsque son axe est vertical, on voudrait le faire servir à l'ob-
servation d'un astre dont le mouvement en ascension droite serait jj. par
unité de temps. La vitesse Q,' devant être égale à celle du plan boraire qui
contient l'astre, on aurait
a'
IT = ' - ^'
et, par suite,
sin- ^ I = p. (| I - ^ p.
)) Dans ces conditions, l'appareil ne pourrait servir qu'à l'observation
des astres ayant un mouvement direct en ascension droite, ce qui est tou-
jours le cas du Soleil et de la Lune (*).
» La formule précédente montre que, dans les observations du Soleil,
l'inclinaison I serait comprise entre 5° ^3' et 6° 23'; dans le cas de la Lune,
1 varierait de i9°3j' à aS^Sa' environ.
)) On ne manquera pas de remarquer que l'observateur sera dispensé de
tout calcul pour régler la position de l'axe du régulateur, si l'arc de cercle
qui doit servir à la fixer est gradué de manière à donner directement les
mouvements horaires au lieu des inclinaisons correspondantes.
» Il reste à considérer les effets du frottement ; l'inclinaison de l'axe doit
{*) Pdiirli's autres cas, il serait nécessaire que la vitesse, dans la situation verticale i\e
l'axe, fût réglée sur l'astre lioiit le iiiouvcnient rétrograde serait le jiliis grand possible.
( i55 )
réiliiire en moyenne les frottements dansles articulations; mais le frottement
du manchon, qui peut se réduire sensiblement à zéro lorsque l'axe est ver-
tical, acquiert une intensité croissante avec l'inclinaison. Toutefois, le
frottement dont il s'agit peut être considérablement atténué par l'interpo-
sition de galets entre l'axe et le manchon, comme dans les appareils de
L. Foucault; enfin on doit ne pas négliger la flexion possible de l'axe incliné.
» Malgré ces inconvénients, et eu égard à ce que l'isochronisme est
théoriquement conservé dans la présente solution, il ne nous paraît pas
douteux que cette solution ne doive être préférée à celles que nous avons
examinées plus haut. Nous comptons en faire l'essai, et nous aurons l'iion-
neur d'en présenter les résultats à l'Académie, dès que l'expérience aura
prononcé. »
CHIMIE AGRICOLE. — Troisième Note sur te Guano; par M. Chevreul.
« Dans les deux Notes que j'ai communiquées à l'Académie, je me suis
abstenu de toute conclusion qui aurait dépassé mes expériences.
» Dans la première Note, j'ai dit comment j'avais reconnu la présence
de Vacide nviqiie dans un échantillon de guano, présenté à la Société d'Agri-
culture par MM. Dreyfus frères, séance tenante, et comment la recherche
de cet acide m'avait conduit à reconnaître, dans le même échantillon, une
matière cristallisable azotée, mais distincte de l'acide uriqiie et de l'urée,
douée d'une tendance acide plutôt que neutre, et jouissant d'ailleurs de la
propriété d'être précipitée par l'eau de baryte, substance inodore et inco-
lore à l'état de pureté, mais ayant une forte odeur avique quand elle se
sépare des trois ou quatre premiers lavages aqueux du guano évaporés
spontanément, et étant alors colorée par une matière existant surtout dans
le résidu du guano insoluble dans l'eau.
» Je reviendrai sur cette matière cristallisable, qui peut-être n'est pas
nouvelle; mais, dans l'état actuel de mon travail, lui donner un nom m'est
impossible.
» Je reviendrai aussi sur la partie de l'échantillon du guano que l'eau
ne dissout pas. Je me bornerai à dire que j'en ai extrait trois matières dis-
tinctes en la soumettant à l'action de l'alcool bouillant, et de plus deux
principes colorants : l'un de couleur jaune et l'autre de couleur rouge non
rabattu.
» Quant à la matière indissoute par l'alcool, l'eau bouillante lui enlève
une quantité sensible de matière soluble. Le résidu que l'eau ne dissout
( i56 )
pas reiilerme une matière organique azotée et des phosphates de chaux et
de magnésie. Je me borne à cette indication.
» L'objet de la Note que je communique aujourd'hui à l'Académie est
de donner la cause du phénomène que jai fait connaître par ma Communi-
cation précédente, à savoir: un dégagement de gaz acide carbonique dé-
terminé au moyen du contact de l'eau avec la partie pierreuse du guano.
)) Le dégngement de ce gaz provient du carbonate d'ammoniaque con-
tenu dans l'engrais. Mais quel est ce carbonate? Les chimistes en comptent
trois principaux.
» Le carbonate d'ammoniaque proprement dit des chimistes. Il est re-
présenté par 1 volume de gaz carbonique et a volumes de gaz ammoniac.
» Le bicarbonate d' ammoniaque qui n'existe pas à l'état anhydre, mais
qui se produit à l'état hydraté, ainsi que je l'ai constaté en faisant passer
lo centimètres cubes d'eau dans une cloche où j'avais mélangé loo centi-
mètres cubes de gaz acide carbonique avec lOO centimètres cubes de gaz
ammoniac; il s'était produit au moment du mélange un carbonate re-
présenté par 5o centimètres cubes de gaz carbonique et loo centimètres
cubes de gaz ammoniac. Les 5o centimètres cubes de gaz carbonique libre
furent complètement absorbés par l'eau et formèrent ainsi le bicarbonate
des chimistes.
» Il existe un carbonate intermédiaire, qui est représenté par i ^ de gaz
acide et 2 de gaz ammoniac et par de l'eau ; ou l'obtient de la distillation
d'un mélange de i partie de craie et de 2 parties de sel ammoniac.
» Personne, à ma connaissance, n'a signalé aucun de ces carbonates
comme donnant lieu à une effervescence en se dissolvant dans l'eau.
» L'expérience que je viens de rapporter de l'union, sous l'influence de
l'eau, du carbonate d'ammoniaque anhydre avec un volume de gaz acide
carbonique égal à celui qu'il contenait, prouve que le carbonate anhydre,
loin de perdre du gaz acide, peut en absorber sous linfluence de l'eau.
» Ayant sous la main du carbonate d'ammoniaque intermédiaire, je
l'essayai en le faisant passer d'abord dans un tube gradué plein de mercure,
puis, y ajoutant de l'eau, l'effervescence se produisit avec plus de force que
l'effervescence du guano en pierre.
» Cette expérience faite, je me rappelai confusément avoir lu que le car-
bonate d'ammoniaque intermédiaire perdait à la longue, non du gaz car-
bonique, mais de l'ammoniaque, et qu'alors il se réduisait à du bicarbonate.
Je fis prendre immédiatement, chez quatre fabricants de produits chimi-
ques, du carbonate d'ammoniaque obtenu par sublimation; soumis à des
( '57 )
expériences comparatives, aucun d'eux ne dégagea de gaz carbonique eu
qtiaïUité notable. Le carbonate du laboratoire examiné se trouva poreux,
opaque, sans consistance, tandis que les échantillons pris dans le commerce
étaient durs et cristallins. Le premier était renfermé depuis deux ans dans
un bocal à large orifice, fermé avec une rondelle de liège; d'où j'ai conclu
la nécessité de renfermer le carbonate d'ammoniaque sublimé dans des
flacons fermés à l'émeri.
)) Il est donc certain que le carbonate d'ammoniaque par sublimation
récemment préparé se dissout dans l'eau, à l'instar du carbonate d'ammo-
niaque, sans dégager de gaz acide carbonique.
» Restait à essayer le bicarbonate d'ammoniaque cristallisé qu'on obtient,
disent les meilleurs Traités de Chimie, en faisant passer du gaz acide carbo-
nique dans de l'ammoniaque fluor. J'obtins en effet des cristaux que je
pressai d'abord entre du papier Joseph, puis que je séchai parfaitement à
l'air.
» 2 grammes de ce sel furent foulés dans un tube gradué de manière à
adhérer au verre; le tube, plein de mercure, fut renversé dans une cuve
de ce métal; on introduisit 5 centimètres cubes d'eau; aussitôt, effer-
vescence vive, et, après une heure et demie, 20'^'^, 5 s'étaient dégagés. Le
volume restant stationnaire après plusieurs heures, on introduisit 5 centi-
mètres cubes d'eau, et aussitôt l'effervescence reprit.
» Ce résultat est remarquable, car il peut être cité à l'appui de ce que
j'ai dit il y a longtemps, que, dès qu'un liquide renferme un corps en disso-
lution, c'est un nouveau dissolvant: ainsi l'eau dégage du carbonate cris-
tallisé mis en expérience du gaz carbonique; mais, saturée, elle n'a plus
d'action.
» Après quarante-huit heures, il restait du sel indissous; on ajouta 5 cen-
timètres cubes d'eau et enfin 2'='=, 5 ; alors le résidu disparut, et toujours
avec effervescence.
» En définitive, les 2 grammes de carbonate d'ammoniaque dissous par
i^*^*^, 5 d'eau ont donné 4i centimètres cubes de gaz, la température étant
de 23°, 5 et le baromètre à 0'°, 758.
» Le gaz produit était du gaz carbonique pur; il fut absorbé en totalité
par l'eau de baryte, en produisant un précipité blanc de sous carbonate.
» Le doute n'est donc plus permis : 1° il existe dans le guano im carbo-
nate d'ammoniaque qui fait effervescence avec l'eau en perdant du gaz acide
carbonique; 2° le carbonate d'ammoniaque cristallisé, obtenu en saturant
0. R., 1873, 2» Semescrc. (T. LXXVll, N" 5.) ^ '
( t58 )
de l'ammoniaque fluor par l'acide carbonique, se comporte avec l'eau
comme celui du guano.
» Je crois avoir n'pondn d'une manière précise à la question que m'a-
dressa mon excellent ami M. Regnault, après la lecture de ma deuxièmeNote.
» Tirons de mes expériences des conséquences rigoureuses.
» 1° Comme l'a dit Gay-Lussac en 1808 dans son admirable Mémoire
Sur la combinaison des substances gazeuses les unes avec les autres, 1 00 volumes
de gaz acide carbonique se combinent à 200 volumes de gaz ammoniac
pour produire un sous-carbonate, et, en calculant l'analyse du sel obtenu
par Berthollet de la saturation par le gaz acide carbonique du sous-carbo-
nate d'ammoniaque dissous dans l'eau, il conclut que ce sel est représenté
par 100 volumes de gaz acide carbonique et 100 volumes de gaz ammo-
niac ; c'est là le carbonate neutre, le composé que les chimistes contem-
porains appellent improprement à mon sens bicarbonate, par la double rai-
son que le sous-carbonate est décidément alcalin et que le carbonate saturé
d'acide est neutre.
)) 2° La conclusion de Gay-Lussac relativement à la nécessité de la pré-
sence de l'eau pour constituer le carbonate neutre est justifiée par deux
expériences que j'ai faites.
» 100 de gaz acide carbonique mêlés à 100 de gaz ammoniac ont
donné un sel sous forme de neige, représenté par 5o de gaz acide et 100
d'ammoniaque. 10 centimètres cubes d'eau introduits dans la cloche ont
déterminé une absorption complète des 5o centimètres cubes d'acide restant.
» 3° Le carbonate d'ammoniaque sous forme opaque et friable prove-
nant d'un sel obtenu par sublimation, conservé deux ans dans un bocal
fermé avec du liège, a produit avec l'eau une vive effervescence, comme les
cristaux obtenus de l'ammoniaque fluor saturée de gaz acide carbonique,
ainsi que le prescrit Regnault.
» 4° L^ carbonate obtenu par ce dernier procédé fait effervescence
avec l'eau.
» 5° Quatre échantillons de carbonate d'ammoniaque, préparés par su-
blimation, achetés chez quatre fabricants de produits chimiques de Paris,
ont été dissous par l'eau sans effervence.
» Conséquence. — Dans l'état actuel des choses, admettant le fait de l'ef-
fervescence du (juano en pierre dans l'eau, l'effervescence du sel restant après
l'altération spontanée du carbonate d'ammoniaque sublimé, enfin le fait de
l'effervescence du carbonate obtenu par la saturation de l'ammoniaque
( i59 )
fluor par l'acide carbonique, on ne s'explique plus comment ce phéno-
mène a échappé aux chimistes, comment ils ont parlé de la solution du
bicarbonate d'ammoniaque dans l'eau, et du gaz acide carbonique qu'elle
perd quand on la chauffe à l'instar du carbonate de potasse neutre (bicar-
bonate).
» Evidemment des expériences nouvelles sont nécessaires pour savoir
si le carbonate d'ammoniaque effervescent avec l'eau ne contient pas plus
d'acide carbonique que le sel représenté par des volumes égaux de ses
deux gaz constituants; s'il n'en était pas ainsi, il faudrait rechercher l'expli-
cation de la décomposition par l'eau à froid des trois carbonates dont j'ai
parlé. Ces recherches sont assez importantes pour que j'aie cru devoir m'y
livrer, malgré mes travaux sur le suint et sur les acides provenant de
la fermentation des tissus azotés d'origine animale, abandonnés à eux-
mêmes dans l'eau exposée au contact de l'air. »
PFIYSIOLOGIE. — Recherches et considérations nouvelles, propres à confirmer
la localisation, dans le cervelet, du pouvoir coordinateur des mowemenls
nécessaires à la marche, à la station et à l'équilibration; par ]M. Bouillaud.
« I. A l'occasion de ma précédente Communication à l'Académie (séance
du 7 juillet), notre illustre confrère, M. Chevreul, a présenté deux rc-
marques, dont l'une porte sur la doctrine de M. Flourens concernant les
fonctions du cervelet. C'est cette dernière, seule, qui sera l'objet de ma
nouvelle Communication, et cette Communication sera très-courte.
1) M. Chevreul commence par rappeler la critique à laquelle il soumit,
« il y a aujoiu'd'hui quarante-deux ans et cinq mois », les deux Mémoires
de M. Flourens, intitulés : Expériences sur les canaux semi-circulaires de
l'oreille dans les oiseaux et les mammifères. Si, dit-il, c'est l'aA^e/Jce et non la
présence de ces canaux qui est la cause des phénomènes si singuliers, décrits
par M. Flourens, c'est hors d'eux qu'il faut chercher»^ cette cause, et dès
lors il faut les considérer, non plus comme les organes qui produisent les
phénomènes en question, mais comme des organes qui les empêchent au
contraire de se manifester. De là M. Chevreul conclut que M. Flourens
doit revenir sur sa méthode : celle de conclure le siège d'une faculté dans
une partie déterminée du corps, parce que l'ablation de cette parlie lait
disparaître un ensemble de phénomènes également déterminés. Cette mé-
thode, dit excellemment M. Chevreul, n'est satisfaisante qu'autant qu'il est
Il ..
( i6o )
démontré que l'ablation de toute autre partie n'entraîne pas la destruction
de cette même faculté (i).
» Si nous appliquons, poursuit M. Chevreul, ce contrôle à la conclusion
de M. Flourens, au sujet du rôle qu'il assigne an ceivelet d'être le siécje de la
facuhé de coordonner les mouvements de locomotion, nous verrons que la
contre- épreuve de cette conclusion n'a point été faite, et ce qui en prouve la
nécessité, ce sont les phénomènes amenés par l'ablation des canaux se-
niicirculaires, phénomènes qui ont tant de ressemblance avec ceux qui
résultent de l'enlèvement du cervelet que, si Vanteur eût commencé ses
expériences parfaire l'ablation des canaux, il auiail eu autant de raisons de
placer dans ces organes le siège de la faculté de coordonner les mouvements de
locomotion, qu'il en a eu de les placer dans le cervelet.
» M. Chevreul conclut en disant : « qu'il pense avoir montré, dès i83i,
» l'impossibilité d'admettre l'opinion de Flourens relative au cervelet ».
M II. En présence d'une conclusion si grave, de la part de l'un des mem-
bres les plus éminenls de cette Académie, vous penserez qu'il importe
d'examiner à fondes qu'il y a de vrai dans les expériences de M. Flourens
sur les fonctions du cervelet.
» Cuvier, comme nous l'avons rappelé précédemment, avait été vivement
l'rappé des phénomènes produits par les expériences de M. Flourens sur
\c cervelet, et il n'hésita point à considérer ces phénomènes comme la
partie la plus neuve et la plus curieuse des recherches de cet expérimenta-
teur. Le jugement de Cuvier fut aussi celui de tous les hommes vraiment
compétents. Mais, avant d'adopter la doctrine de M. Flourens, Cuvier avait
cru qu'd était sage d'en appeler à de nouvelles expériences, pratiquées avec
une exactitude irréprochable. L'appel de ce grand naturaliste ne pouvait
ne j)as être entendu.
» Pour notre part, nous avons répété, en 1829 d'abord et plusieurs fois
encore à des époques postérieures, les expériences de M. Flourens, et nous
avons de y)lus recueilli un grand nombre d'observations de maladies du
cervelet, qui ne sont, en réalité, que des expériences d'une autre forme
et d'un autre nom. i)r, ces deux esj)èces d'expériences ont fourni des ré-
(i) Nous sommes heureux d'avoir précisément suivi la méthode préconisée par Jl. Che-
vicul dans nos recherches sur la localisation du pouvoir coordinateur des mouvements né-
cessaires a la parole.
( i6, )
siiltats parfaitement semblables, en démontrant que le cervelet coordnnue,
en effet, non pas, sans doute, comme l'avait enseigné M. Flourens, tous
les mouvements dits volontaires de translation et de préhension, mais bien
ceux des divers modes de la marche, de la station et de l'équilibration.
» III. Voici, en résumé, les phénomènes que nous avons constatés
chez une trentaine d'animaux d'espèce différente, soumis à nos expé-
riences.
» Lorsque le cervelet est simplement excité, irrité, on ne détruit pas les
actes de la marche, de la station, de l'équilibration du corps, mais on les
bouleverse, on les désordonné pour ainsi dire; alors on observe des sauts,
des bonds, des culbutes, des pirouettes et autres mouvements bizarres,
d'une telle impétuosité, que l'œil ne peut les suivre qu'imparfaitement. .\u
milieu de ce désordre irrésistible des mouvements de l'espèce dont il s'agit,
l'animal chancelle, titube comme dans l'ivresse, tend à tomber dans tous
les sens, comme un vaisseau battu de tous côtés par la tempête. Cette sorte
d'ataxie, de délire, de Jolie de la marche, considérée dans ses divers mouve-
ments, ne tarde pas à se dissiper quand la lésion du cervelet est très-super-
ficielle et légère; mais quand le cervelet est profondément altéré, désorga-
nisé, l'animal est privé sans retour de la faculté de s'équilibrer, de retrouver
son centre de gravité et de marcher; il se perd par conséquent en vains
efforts musculaires pour y parvenir, efforts qui servent à démontrer que,
pour être devenu inhabile à coordonner les mouvements en niarclie ou à
se maintenir dans un état de station, il n'en conserve pas moins la faculté
d'exécuter des mouvements partiels, isolés, et de remuer ses membres dans
tous les sens.
» Je terminerai ce qui concerne les expériences sur les animaux par le
fait suivant, relatif à une maladie du cervelet, observée cliez un petit oison.
Dans la basse-cour de notre habitation de campagne, j'avais été frappé de
la singulière démarche de cet animal; il ne pouvait suivre que de loin la
compagnie d'oisons dont il faisait partie : tantôt il reculait, tantôt il avan-
çait ; tantôt il penchait à droite, tantôt il penchait à gauche, tantôt en avant,
tantôt en arrière; il lui arrivait souvent de tomber et il ne pouvait alors se
relever que Irès-dilficilement. Une fois relevé, il chancelait, titubait, comme
s'il eût été ivre, et semblait le jouet d'une force irrésistible, qui ne lui per-
mettait pas de marcher dans le sens où il voulait, ni de garder son équilibre,
et qui le condamnait à ces chutes fréquentes dont nous avons parlé.... Il
mourut au bout de quelques jours.
( '62 )
>» J'ouvris sa tête, et j'aurais été bien surpris, je l'avoue, si je n'avais pas
rencontré une grave lésion du cervelet; mais cette surprise ne m'était pas
heureusement réservée : en effet, je trouvai le cervelet de ce jeiuie oison
presque totalement détruit par un ramollissement suppuré. Le cerveau lui-
même et la partie supérieure de la moelle spinale n'étaient pas notablement
altérés.
» IV. Les observations cliniques dans lesquelles, depuis une quarantaine
d'années, un grand nombre de médecins ont, ainsi que moi, constaté par
l'autopsie cadavérique, le rapport des lésions de la marc/ie, delà station, de
l'équilibration du corps avec les lésions du cervelet, s'élèvent à un chiffre
considérable.
» Quelles que soient les lésions du cervelet, soit d'origine naturelle, soit
d'origine artificielle ou expérimentale, elles déterminent constamment des
lésions de la marche, de la station et de l'équilibration du corps, en
laissant intactes les autres fonctions spéciales de la vie dite animale, tandis
que, d'autre part, quelles que soient les lésions des diverses parties des
hémisphères cérébraux, le cervelet étant sain, elles ne déterminent jamais
ces lésions de la marche, de la station, etc., mais en produisent d'autres
qui leur sont propres, notamment celles de la parole, de l'écriture, etc.,
dont il a été question dans notre première Communication.
» Cela bien établi, reconnaissons, conformément aux résultats de l'ex-
périmentation et de l'observation clinique :
» 1° Qu'à la doctrine, d'après laquelle il n'appartenait qu'au cervelet
de coordonner tous les mouvements dits volontaires de translation et de
préhension, il faut substituer celle d'après laquelle ce centre nerveux
coordonne spécialement ceux nécessaires à la marche, à la station, à l'équi-
libration du corps;
» 2° Qu'à la doctrine, selon laquelle le cerveau ne coordonne aucun des
mouvements dits volontaires de translation et de préhension, il faut sub-
stituer celle selon laquelle il coordonne un très-grand nombre de ces mou-
vements, mais non compris ceux de la marche et de la station.
» Je conclus en ces termes :
n II est démontré, par les observations cliniques et par les expériences
sur des animaux, que, sans préjudice des autres offices qu'ils peuvent rem-
plir, le cerveau et le cervelet sont les organes coordinateurs de loules les
espèces de mouvements volontaires tie la vie animale.
( i63 )
» Il reste à rechercher la nature et le mécanisme de ces /brces motrices,
dont l'existence vient d'être montrée, et certes ce n'est pas là un prol)lème
de médiocre importance. »
THERMODYNAMIQUE. — Démonstration directe des principes fondamentaux de
la Thermodynamique. Lois du Jrollcmenl et du choc d'après cette science
[suite (*)]. Mémoire de M. A. Ledieu. (Extrait par l'Auteur.)
(c Partant des considérations énoncées dans notre Note précédente, nous
nous sommes proposé : i" d'obtenir une relation entre les travaux des trois
espèces de forces que nous avons définies et les forces vives correspondant
aux mouvements d'ensemble et aux mouvements propres;
n 2° D'interpréter cette relation au point de vue de la Thermodynamique.
» En poussant plus loin nos investigations dans cette voie, nous n'avons
introduit les considérations dont il s'agit qu'au fur et à mesure qu'elles
devenaient indispensables. C'est ainsi que nous sommes arrivé à exprimer
dans ladite relation les travaux des forces extérieures, mesurables physi-
quement, et des forces intérieures, en fonction, tant de la variation des forces
vives propres, et par suite de la variation de la température, que des travaux
calorifiques correspondant à cette même variation, et du changement de
durée des vibrations.
» Toutefois, eu égard à l'état actuel des connaissances sur les forces
intérieures, nous n'avons pu obtenir cette transformation que dans l'hypo-
thèse où l'équilibre de température s'établit à chaque instant dans toute la
masse des corps considérés, el où les vitesses de changement de volume sont
négligeables par rapport aux vitesses vibratoires. Mais, comme nous n'avons
été conduit à ladite transformation que pour arriver à une démonstration
directe du principe amplifié de Carnot, et que ce principe renferme préci-
sément l'hypothèse dont il s'agit, la formule à laquelle nous sommes par-
venu nous a permis d'atteindre notre but.
)) Enfin, pour établir une théorie du frottement et du choc en harmonie
avec les lois de la Thermodynamique, nous sommes revenu à la première
expression de notre relation, en la transformant encore, mais cette fois à
l'aide de la décomposition du travail des forces extérieures en deux autres,
correspondant, l'un au mouvement d'ensemble, et l'autre au mouvement
vibratoire.
(*) Voir les Comptes rendus ilii i4 juillet 1873.
( i64 )
M Etablissement de diverses Jormules principales. — I.e premier point de
tlit'oiie que nous abonlons dans notre Mémoire est celui de l'équilibre de
tout système de points matériels soumis à des forces ayant un potentiel.
» D'après le théorème des forces vives, si l'on appelle v, v',... les vitesses
des points de masse hz, m',..., on a évidemment
(I) lmm'(^[p) -h const. =
Si le système est en équilibre ordinaire, toutes les vitesses étant nulles à un
instant quelconque, il vient
2mm' ^{p) ■+- const. == o,
soit
(II) lmm'<Jj/{p)clp = o,
équatiou qui, du reste, se déduit directement du principe des mouvements
virtuels.
» Si, au lieu de supposer toutes les vitesses nulles, on considère le cas
où le mouvement du système serait tel, qu'à chaque instant la somme
lmi>'- demeure constante, chaque point possédant d'ailleurs une vitesse
spéciale, on pourra dire que le système est en équilibre vibratoire.
» La relation (I) différentiée donne encore darts ce cas l'équation (II).
Dès lors cette équation, qui caractérise l'équilibre ordinaire pour un
système de points matériels soumis à des forces ayant un potentiel, carac-
térise pareillement l'équilibre vibratoire du système ; et même, en se plaçant
au point de vue général, on devra regarder l'équilibre ordinaire comme un
cas particulier de l'équilibre vibratoire, où les vitesses spéciales de tous les
points du système se trouvent nulles à la fois. Notons que ladite rela-
tion (II) constitue une condition nécessaire., mais non suffisante, de l'équi-
libre ordinaire, tandis qu'elle est à la fois condition nécessaire et suffisante
pour l'équilibre vibratoire.
» L'équilibre vibratoire, que nous ne trouvons signalé dans aucun
ouvrage, est très-utile à spécifier; car nous aurons besoin de l'invoquer pour
défiiùr tnécanitjuement la température d'un corps.
» La question la plus importante à étudier, sur l'équilibre ordinaire ou
vibratoire d'un système de points matériels soumis à des forces ayant un
potentiel, est \a. stabilité de cet équilibre.
» Il y a stabilité quand, en déplaçant extrêmement peu les points du sys-
tème des positions pour lesquelles ils sont en équilibre ordinaire ou vibra-
( ^C^5 )
toire, et modifiant la vitesse de chacun d'eux, leurs déplacements par rapport
auxdites positions restent toujours compris entre certaines limites déter-
minées et très-petites.
» De la relation (II), il résulte que, pour tout système en équilibre
stable ordinaire ou vibratoire, le potentiel est maximum ou minimum,
puisque sa différentielle totale est nulle.
» L'équilibre est stable dans le cas du maximum, et instable dans la sup-
position du minimum. On peut établir cette démonstration indépendam-
ment des formules données à cet effet parLagrange et Poisson, et qui mè-
nent à des conclusions dont la généralité laisse à désirer. La méthode dont
il s'agit repose sur une considération très-simple, qui se rattache d'une
manière immédiate à l'idée du maximum. Elle a été exposée pour la pre-
mière fois par Lejeune-Dirichlet, et se trouve dans la troisième édition de la
Mécankiiie analytique de Lagrange, annotée par M. Bertrand. Nous la repro-
duisons dans notre Mémoire en la modifiant légèrement, de façon à la
rendre plus explicite, et à l'approprier d'ailleurs à l'hypothèse de l'équi-
libre vibratoire aussi bien que de l'équilibre ordinaire.
» Rappelons actuellement qu'on nomme énergie potentielle le potentiel
changé de signe et ayant sa constante déterminée de manière qu'il soit nul
pour l'état d'équilibre stable correspondant à son maximiin^ maximornm,
c'est-à-dire que cette constante = Z/nm' (|9,),(5, indiquant la distance de
deux points pour ledit état d'équilibre.
M Ainsi définie, l'énergie potentielle est^égale à — lmm'(p (p) -hlinm'cp {p,)
et se trouve toujours être une quantité positive dont la valeur relative à l'état
en question est un minimum minimorum. Elle représente d'ailleurs le maxi-
mum du travail que les forces intérieures sont aptes à produire par suite
d'un changement quelconque du système, maxinntnic[\n est obtenu lorsque
le système passe de l'état actuel à l'état d'équilibre stable susmentionné.
» La définition précédente ayant été rappelée, désignons par i>, v, les
vitesses totales du point de masse ni à deux instants considérés ;
)) P l'expression générale de chacune des formes extérieures ou mieux
étrangères, tant mouvantes que résistantes, appliquées à certains points ma-
tériels du système ou à tous ;
» p l'arc de la trajectoire parcouru, dans son mouvement total, par le
point matériel où est appliquée la force P ;
» <P^ <^f,\e&\3i\euvs de l énergie potentielle du sysième aux deux instants
considérés.
C. R., 1Ê73, 1^ demeure. (T. LXXVU, N» 5.) ^"^
( 'G6 )
» Le théorème général des forces vives, appliqué à un système de points
matériels soumis tant à des forces extérieures qu'à leurs actions mutuelles,
donne la relation suivante :
IfPdp cos {p,V) + $ - <I>, = Im "Jial^j^.
» Cette expression peut s'écrire
(0 2/P^/,cos(;,,P)=($,4-^)-(0 + ^).
» Appelons maintenant V,V, les vitesses du centre de gravité du
système aux deux instants considérés ;
» U|, U les vitesses, aux deux mêmes instants, d'un point /ra du système,
dans son mouvement relatif an centre de gravité.
» On a, en vertu d'un théorème connu,
, , _ /«('- Vlr» ZmXJ'
(2) 1 = 1
222
» La relation (2) permet de donner à la relation (i) la forme que voici :
(3) lfP,pcosip,l>) = E==i^' + (*, + i^) - (* + î^).
)) Il faut transformer l'équation (3) à son tour en une autre renfermant
les vitesses du mouvement d'ensemble du système donné et les vitesses
propres de ses points matériels.
» Explications relatives aux mouvements et aux vitesses, tant cV ensemble que
propices, dans un système de points matériels. — Avant d'entreprendre cette
transformation, il importe de préciser mathématiquement les mots mouve-
vements et vitesses d'ensemble ou propres.
» A cet effet, considérons le système à un moment quelconque. On
pourra toujours supposer qu'à ce moment il devienne un solide rigide,
c'est-à-dire tel, que ses divers points ne puissent, en aucune manière, se
rapprocher ou s'éloigner les vins des autres. Ce solide devra être regardé
comme partant du repos et soumis à toute une série de percussions instan-
tanées, représentées chacune en grandeur et en direction par la quantité
de mouvement qui appartient à chaque point du système donné; enfin
nous supposerons apjjliquées au solide fictif, et aux mêmes points que dans
le système, des forces égales aux forces extérieures qui actionnent ce sys-
tème. Notre solide fictif s'iw'iera. constamment de constitution intérieure et
de dimensions. Ce sera, en quelque sorte, un solide instantané.
( '^7 )
» Les conventions parfaitement licites qne nous venons de faire nous
conduiront à des résultats importants; d'ailleurs, nous verrons plus tard
que, dans le cas de vibrations d'étendue inappréciable à la vue, notre so-
lide fictif n'est autre que le solide apparent sur lequel on relève, en pra-
tique, les éléments du mouvement.
» Nous appellerons mouvement d'ensemble du système donné la suite des
mouvements élémentaires du solide fictif; et chemins et vitesses d'ensemble
des points matériels, leurs chemins et vitesses quand on les considère
comme faisant partie dudit solide. Les vitesses propres seront alors les vi-
tesses qui, composées avec les vitesses d'ensemble, redonneraient les vitesses
réelles.
» En principe, la position et le mouvement de noire solide se trouveront
déterminés successivement par la connaissance des percussions instantanées
et des forces extérieures qui actionnent à chaque instant les solides. Il est
manifeste que le centre de gravité du solide coïncide sans cesse avec le
centre de gravité du système. Dès lors, on pourra toujours regarder chaque
mouvement élémentaire du solide fictif comme composé d'une translation
égale à celle du centre de gravité du système, et d'une rotation se produi-
sant autour d'un axe instantané passant par ledit centre considéré comme
fixe. »
MÉCANIQUE. — Mouvement d'un segment sphérique sur un plan incliné.
Mémoire de M. le général Didion. (Extrait par l'Auteur.)
« Problème. — Sur un plan horizontal on place un segment sphérique et
l'on incline le plan peu à peu; on demande, en tenant compte du frottement,
quel mouvement prendra le corps.
» On peut facilement faire l'expérience en opérant avec une glace bien
polie pour plan incliné, et avec lUi verre de montre suffisamment bombé,
pour segment sphérique, en déposant à l'avance une goutte d'eau sur la
glace, au point où l'on placera ensuite le segment, et on incline la glace
peu à peu. On voit bientôt le verre de uîontre prendre un mouvement de
rotation sur lui-même et s'échapper suivant une ligne qui s'écarte de l'ho-
rizontale (*).
{*) M. de Salis, ancien capitaine d'artillerie, ni'.iyant indiqué ce phénomène, je l'en-
gageai à en rechercher la solution. J'insistai en vain ; mais, trouvant le problème intéressant,
je m'en occupai moi-même et j'en donne ici la solution.
22..
( i68)
» Lorsqu'un segment spliérique est placé sur un plan horizontal en T
(pour un moment nous supposons que TA, sur la figure, est horizontale),
le centre S de la sphère, le centre de gravité G et le point de contact T sont
siu' la même verticale.
» Si l'on fait rouler le segment sur le plan, le centre de la sphère sui-
vra une ligne SO parallèle au plan, et le point de contact T du segment
décrira une cycloïde dont la tangente à l'origine est verticale; le rayon
primitif ST s'inclinera de plus en plus. Quant au centre de gravité, d'ahord
en G, il se trouvera toujours sur le rayon primitif à une même distance du
centre S de la sphère; il décrira aussi une cycloïde, mais une cycloide
allongée Gc7i et différente de la première, particulièrement en ce que la
tangente à l'origine est parallèle à la ligne TA et par conséquent hori-
zontale : c'est là un point essentiel. Le centre de gravité va donc en s'éle-
vant, et, si l'on ahandonne le corps à lui-même, il reviendra sur le chemin
qu'il a parcouru et oscillera jusqu'à ce qu'il ait repris sa position première;
il est en équilihre stable.
» Si maintenant on incline le plan peu à peu, l'équilibre est troublé, la
verticale du centre de gravité tombe en dehors du point T, le segment
spliérique roule suivant la ligne de plus grande pente, que nous supposons
être TA. Le centre de gravité descendra suivant la courbe G en que nous
avons indiquée et dont la première partie est au-dessous de l'horizon taie GH
menée par la position première G. Il oscillera et s'arrêtera au point le plus
bas, celui où la tangente est horizontale, et y restera en équilihre stable,
si toutefois l'inclinaison du plan est inférieure à celle sous laquelle le corps
glisserait, c'est-à-dire à l'angle du frottement de glissement.
» Soit, pour une position quelconque O du centre de la sphère, Ot per-
{ '69 )
pendiculaire à TA; t sera le nouveati point de contact, tmu l'arc du seg-
ment, Om la nouvelle position du rayon primitif et a l'angle de déplace-
ment mOt. Nommant R le rayon ST de la sphère, h l'élévation GT du
centre de gravité, ;■ la distance SG des deux centres, égale à R— h, el a
le développement de l'arc tin, lequel est R« ou (r + h)ci. En prenant TA
pour ligne des abscisses et TB pour ligne des ordonnées, en nommant .r
et j- ces coordonnées et prenant a pour variable, on obtient
(i) jc = a — r&\na = ^ + r(a — sina);
(2) j- =:z r[i — cosix) = nrsin- -■>
et, par la diflérentialion,
,„. cif /sina /'sina
dx /i -h r(l — cosa) , . a
^ h -h arsin^-
c'est la tangente trigonoméirique de l'angle que fait avec la ligne de plus
grande pente la tangente à la cycloïde allongée.
» L'équation (3) montre bien qu'à l'origine, pour « = o, y- r= o et que
la courbe est tangente à TA.
» Au point le plus bas, la tangente est horizontale et elle fait avec TA
un angle égal à l'inclinaison o du plan; on devra donc avoir, pour déter-
miner ce point,
(4) tango = ^
•■(l — cosa) «
2
» Si l'on joint le point c de la courbe correspondant à l'angle « et le
pied t de la perpendiculaire an plan, ou le point de contact actuel, et que
de ce point c on abaisse une perpendiculaire ce/ sur O^, l'inclinaison de
cette ligne avec le rayon Ot sera
tangctq ~
l</ r -\- h — /• cosa /; -\- r{ l — cosa)
» Celte quantité étant égale à l'inclinaison de la tangente (4) avec GD,
on en conclut que la ligne G est normale à la courbe, et par conséquent
verticale si c est le point le plus bas, et le centre de gravité se trouvera ainsi
sur la verticale qui passe par le point de contact t; condition d'équilibre.
» L'équation (4) donne la valeur de a qui satisfait à la condition d'équi-
libre. En considérant que, dans ces applications, l'angle « sera toujours
assez petit, on pourra, sans erreur sensible, remplacer, clans les équa-
tions (i), (2), (3) et (4), a — sin« par tt- et sitr - par (- j ; alors ces équa-
2 ' \2_
tious deviennent
(5) x= //a -h r-r, y — ira- el — = ---- — :■,
^ ' b -^ - (l.v h -t- \ r-j.-
et la valeur de c/.^ |)our la position d'équilibre,
(6) taniT'i = -; -^ — ;i doii a =: ± \/ ■
^ ' ^' /i-h-^ra.- tangç \ tang-y
2 A
r
» Le segment sphérique étant en équilibre sur le plan incliné, si on le
fait rouler dans une direction quelconque, d'une très-petite quantité, il
reviendra dans sa position dès qu'on l'abandonnera à lui-même, pourvu
qu'on ne lui imprime pas en même temps un mouvement de rotation sur
lui-même. Il peut être considéré comme en équilibre stable. Il en sera
autrement s'il peut prendre un mouvement de rotation.
» Imaginons'uue petite sphère dont c soit le centre et et le rayon ; elle
coupera la sphère réelle suivant une petite section circidaire tu, perpendi-
culaire à la ligne Oc, et dont le centre sera /; imaginons aussi qu'elle sert
de base à un cône dont le sommet serait en c et dont les génératrices
extrêmes sont et et eu, la première étant verticale. Le plan de cette petite
section passe par l'horizontale tU du plan au point t (cette ligne dans
l'espace n'est pas indiquée sur la figure).
» Si l'on faisait tourner le cône autour de cl, les diverses génératrices
viendraient successivement prendre en et une position verticale, le point c
restant fixe. On aurait à vaincre le frottement de glissement en t. Si, pour
éviter ce frottement, on fait rouler le petit cercle sur l'horizontale tW, en
le laissant dans sou plan, le point de contact s'avancera sur cette ligne iH'
les génératrices du cône viendront successivement au point de contact va-
riable et y prendront une direction verticale; le centre c parcourra une
ligne horizontale parallèle à tW, et la pesanteur n'aura aucune action : il
restera à vaincre le frottement de roulement.
» Celui-ci n'est pas uniquement comme celui d'une surface de révolu-
tion qui roulerait sur un plan horizontal ; il y a encore un frottement
accessoire de pivotement, et qui provient de ce que le petit cercle de
rayon tl se développant sur l'horizontale tH', il faut que les arcs tels
que tin se déplacent en tournant sur eux-mêmes, de façon qu'ils aient fait
lui tour entier lorsque la circonférence du petit cercle se sera développée
( '7' )
tout enlière. Ce mouvement de pivotement sera proportionnellement d'au-
tant plus considérable que le rayon du cercle sera plus petit. I.a grandeur
du rayon diminuera aussi le frottement de roulement, comme cela a lieu
pour les corps cylindriques. Il est facile de voir, sur la figure, que le rayon p
de ce petit cercle est égal à R sin«, ou simplement Ra.
» Dans la valeur de « (équation 6), si l'on développe le radical comme
une puissance un demi, on obtient une série dont le premier terme, de beau-
coup le plus important, est proportionnel à - tangy. . . p— — ^ tangç) , de
sorte que le rayon p est sensiblement proportionnel à R ^ _ ^^ tangy.
» Le segment sphérique se trouve ainsi en équilibre, comme le serait
un cylindre dont les génératrices seraient parallèles à la ligne de plus
grande pente. Si, par une cause accidentelle, ce cylindre est dérangé de sa
position et amené à une inclinaison suffisante, il roulera sur le plan dans
une direction perpendiculaire à celle de ses génératrices, la composante
de la pesanteur, suivant cette ligne oblique, étant alors plus grande que le
frottement de roulement.
» Cette disposition peut se réaliser pour le segment sphérique. En effet,
si, par une cause quelconque, telle que l'action de l'air agité sur le corps,
ou un ébranlement qui déplace le centre de gravité, le plan de la petite
section est déplacé et amené à couper le plai* incliné sous une ligne oblique,
suffisamment abaissée au-dessous de l'horizontale, il arrivera que la com-
posante de la pesanteur suivant cette ligne deviendra supérieure au frotte-
ment sur le plan. Le corps alors se mouvra suivant cette ligne, la pesanteur
surmontant d'abord l'inertie qu'oppose ce corps au double mouvement
de rotation et de translation; après quoi, celui-ci suivra la loi d'un corps
pesant sur un plan incliné.
)) On remarquera que la rupture de l'équilibre s'obtiendra d'autant plus
facilement ici, que le plan de la petite section est très-peu incliné sur le plan
fixe et que le corps ne repose que par un point sur ce plan.
» Le mouvement de translation pourra avoir lieu d'iui côté ou de
l'autre, suivant le sens des causes accidentelles; mais s'il a lieu à droite,
pour le spectateur placé au bas du plan incliné, le mouvement de rotation
sera direct (comme celui des aiguilles d'une montre); dans le cas con-
traire, il sera inverse. Ces mouvements paraitront d'ailleurs plus rapides
quand le rayon de la section sera jjIus petit.
M Applications. — Nous ne dirons que quelques mois des applications
( '7^)
qu'on peut faire avec des corps faciles à trouver : une glace pour plan
incliné, et, pour segments, des verres de montre suffisamment bombés, ou
des parties de ballons en verre soufflé, qui ont l'avantage d'être très-légers.
On ilétermine la position du centre de i;ravilé de ces corps en les considé-
rant comme des calottes sphériques. On peut mesurer les inclinaisons cr, du
plan avec une faiisse-équerre et un niveau à bulle d'air; et, si l'on a l'an-
gle y que fait avec l'horizontale du plan la direction du chemin parcouru,
on aura l'angle absolu 6 de cette direction avec le plan horizontal, par la
formule
siiiô = siuçi .siny.
)) Si l'on place un verre très-peu bombé à sec sur une glace et qu'on
incline celle-ci par degrés, le corps glissera dès que l'inclinaison arrivera
à lo ou 12 degrés; mais si l'on interpose une goutte d'eau à l'avance, entre
le verre et la glace, l'inchnaison pourra aller jusqu'à 26 ou 27 degrés et
même au delà, sans que le corps glisse; il y a donc un intervalle de 12
à 27 degrés de plus pour la réalisation du mouvement de rotation. Cela
est à la condition essentielle que le corps soit léger; autrement l'effet de
l'interposition de la goutte d'eau disparaîtrait.
» On s'explique cette propriété en remarquant que l'interposition de
l'eau produit une certaine adhérence, et qu'une partie du poids du liquide
s'ajoute à celui du corps pour produire une action qui n'a pas de compo-
sante parallèle au plan, comme cela a lieu pour le poids du corps. On
comprend aussi qu'elle n'a d'effet sensible que pour lui corps léger.
» Pour obtenir le mouvement latéral à sec, il faut que l'inclinaison soit
moindre que 10 degrés, et racheter cette faible valeur par l'élévation du
centre de gravité. Je l'ai obtenu pour o = 9°|avec un segment de 2^ mil-
limètres de flèche, tiré d'un ballon en verre de | millimètre d'épaisseur et
de 53 millimètres de diamètre, dans lequel on avait h = i i""°,q et — — -■
^ R 9
On avait alors a. ~ 8°5o' et p = 4'"'",o. Le mouvement latéral a eu lieu
sous un angle ô = 1° au-dessous de l'horizon; il fallait, à la vérité, provo-
quer le mouvement au départ. Avec rinterposition d'une goutte d'eau, le
mouvement a été, au contraire, très-facile avec un verre de montre peu
bombé, dans lequel le rapport ^ était de ■^' 1' "'y '"* P^s de mouvement
latéral et le corps glisse malgré l'interposition de l'eau.
u Avec un segment dans lequel R = 39'"'", 7, h = 3"'"',o, - — ~, le
( 173)
mouvement latéral, avec l'interposition d'une goutte d'eau, s'effectue avec
(p = 23", ce qui donne a = 2° 3' et p = i'""',42, et sous un angle absolu
ô = 8°45'. En ajoutant à ce segment une petite masse supplémentaire
qui donne /« = 5'"'",74 et ^ = -> le mouvement latéral a lieu sous
(f = I i°io' et sous un angle absolu 0 = 4°-
» On voit, par ces applications, que l'interposition d'une goutte d'eau
n'est pas toujours nécessaire, mais qu'elle facilite les expériences. La masse
additionnelle rend le mouvement possible avec des segments de trop faible
flèche. Cette surcharge, toutefois, peut être choisie de manière à en dissi-
muler le motif, sous le prétexte d'un objet spécial à porter. On remarquera
que la forme sphérique du corps n'est nécessaire que dans la partie qui
comprend la petite section ; la forme, du reste, est indifférente.
» Les expériences que nous avons indiquées offrent quelque intérêt en
ce qu'elles montrent la diversité des mouvements produits par la pesan-
teur.
» Le travail dont cette Note est un extrait doit être inséré intégralement
dans les Mémoires de l'Académie de Stanislas de Nancy. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les speclres du fer et de quelques autres métaux,
dans l'arc voltaique. Note du P. Secciii.
« Rome, 16 juillet 1873.
» Dans ma dernière Communication, du 23 juin dernier, j'annonçais que
parmi les nombreuses raies du fer, dans la lumière électrique d'une pile
de cinquante couples de Bunsen, je n'avais pas réussi à voir la raie de la
couronne des éclipses, i474 K.. J'ai trouvé depuis que M. Young a aussi
émis des doutes sur le fait que cette raie appartienne au fer (1). J'ai donc
pensé qu'il convenait de vérifier si vraiment cette raie appartient ou non au
fer. L'importance de cette raie pour la constitution de la couronne solaire
et la grande autorité du travail classique de premier ordre qui était en ques-
tion, me faisaient un devoir d'examiner s'il n'y aurait pas eu une erreur de
(1) Voici la Note de M. Young :
« The corresponding line in the spectrum of iron is feeble, and in several occasions when
» the neighbouring Unes of iron i463 hâve been greatly disturbed, this has -wholly failed
» to sympathize; hence I hâve marked ihe Fe with a?. » {American Journal of Sciences
and Arts, vol. IV, nov. 1872.)
C. H., 1873, 1" Semestre, (T. LXXVII, N» 5.) ^3
(174)
ma part. En conséquence, j'ai répété de nouveau l'expérience avec tous
les soins possibles.
» J'ai remonté celle fois la même pile de cinquante couples avec des
acides nouveaux : l'acide nitrique à 4o degrés, et l'acide sulfurique avec
8 fois son volume d'eau. La force de la pile était telle, qu'elle fondait en-
viron 2'",5o de fil de fer d'à peu près i miiiimèlie de diamètre. Elle a mis
hors d'usage, au bout de peu de temps, un appareil Foucault, en fondant
les pièces isolantes de l'appareil, et il a fallu continuer les expériences
avec un appareil plus simple, imitant celui de Foucault, mais réglé à la
main. Ea lumière de l'arc produite parles charbons avait une intensité
comijrise entre i3oo et i/joo bougies stéariques.
). Nous avons employé trois méthodes différentes pour obtenir l'arc vol-
laïque du fer : i" avec deux cônes de fer ; 2° avec un cône de fer au pôle
positif et un charbon au pôle négatif; 3° avec des gouttes de fer placées
dans un petit creuset de charbon au pôle positif. L'arc obtenu était observé
à la distance de i mètre, avec un speclroscope formé d'un excellent prisme
de Hoffmann à vision directe, interposé entre deux bonnes lunettes de
o™,65 de longueur focale, l'une servant de collimateur, l'autre servant à
l'analyse, avec oculaire grossissant trente-six fois. Ce speclroscope mon-
trait toutes les raies des Tables de Kirchhoff. Un hélioslat réfléchissait les
rayons solaires dans la longueur du speclroscope, en les faisant passer entre
les pôles métalliques de l'appareil, de sorte qu'on pouvait avoir le spectre
solaire cl le spectre de l'arc électrique superposés, et occupant à vo-
lonté la totalité ou •seulement une partie du champ, et cela sans faire
usage de prisme réflecteur devant la fente. Un micromètre à deux fils pa-
rallèles, dont la dislance pouvait varier au moyen de vis micrométriques,
servait à limiter une portion déterminée du spectre pour s'assurer si, dans
l'intervalle, piiraissait une lumière quelconque, lorsque le Soleil était caché.
» Après avoir bien reconnu le groupe en question, des raies i363,i,
1400,9 et la raie i473,g, et avoir reconnu que la première était double, on
a introduit la lumière électrique parla fente. Les deux premières ont immé-
diatement apparu brillantes dans le champ, superposées aux deux raies
noires de la hanière solaire; la troisième 1473,9 n'a point paru. Alors
nous avons répété plusieurs fois l'expérience, en supprimant la lumière
solaire et pinçant l'observateur dans une obscurité complète, potu- étudier
le milieu de 1 intervalle dis (ils, auquel on avait placé la raie noire solaire
en question; nous n'avons pas mieux réussi à la voir. Craignant toujours
de me tromper sur le groupe de raies, j'ai fait répéter l'expérience par
( 175 )
d'autres observateurs, en parcourant tout l'espace compris entre ce groupe
et le magnésium, et vérifiant un grand nombre d'autres raies, mais tou-
jours sans succès.
» Ce résultat était pour moi d'autant plus étonnant que non-seulement
M. Rirchhoff, mais aussi MM. Angstrom et Thalèn donnent la position de
cette raie, et la désignent par le chiffre considérable 5, de sorte qu'elle
devrait être peu différente des deux voisines (i); ils ont d'ailleurs employé
également une pile de 5o éléments, et constaté un nombre de l'aies sem-
blable à celui que j'ai vu moi-même. J'ai donc cherché à faire varier la
qualité du fer des pôles, en employant du ter du commerce de diverses pro-
venances. Les différences étaient bien sensibles : on voyait apparaître pas-
sagèrement des raies différentes, et la fusion et la volatilisation du métal
se faisaient ausssi de manières sensiblement différentes; mais la raie n'a fou-
jours pas paru, de sorte qu'il en faut conclure que, si cette raie appar-
tient au fer, elle se développe dans des circonstances de température qui
sont encore inconnues.
» J'ai fait des essais avec d'autres métaux, pour voir si cette raie se pré-
sentait, mais inutilement.
» A cette occasion, j'ai fait quelques remarques sur l'arc des charbons :
j'ignore si elles sont nouvelles, mais ne les ayant pas encore rencontrées,
je les indiquerai rapidement ici.
» Ij'arc voltaïque des charbons a été projeté, avec un appareil Dubosq,
sur un écran blanc au centre duquel était une ouverture derrière laquelle
on avait placé un excellent spectroscope à vision directe de Merz. La gran-
deur de l'image de l'arc formé entre les charbons était d'environ lo centi-
mètres, de sorte qu'on pouvait, en toute sûreté, en examiner séparément
les différentes parties.
» Lorsque la fente correspondait au milieu de l'arc, le spectre qui se pro-
duisait était semblable à celui de la vapeur de carbone donné par Morren,et
à celui du cyanogène donné par Roscoë. Il y avait cependant des différences
notables, que je ne crois pas inutile de signaler. Depuis le rouge extrême jus-
qu'au delà de la raie D, l'espace était tout entier occupé par de faibles canne-
lures, au nombre de cinq, sans raies brillantes (la figure ci-contro fait voir
la distribution de ces bandes); le spectre de Morren, en ce point, est très-
différent. Dans le jaune, il y avait un groupe superbe de quatre lignes bril-
lantes, projetées sur une bande lumineuse dont la lumière décroissait vers
(i) ;^'o//- Angstrom et Thalèn, On Fraunhofcr's Unes. Upsala, 1866, p. 5. ' •
23..
( •7<^ )
le vert, et offrant l'aspect d'une ombre qui fîgiirerait une colonne convexe.
Je n'ai pas vu les deux autres raies données par Morren.
D Ensuite, venait la bande verte, au commencement de laquelle se trou-
vaient trois lignes très-vives et fines, et une autre isolée un peu au delà du
milieu. La bande lumineuse était estompée comme la précédente. Nous
n'avons pas vu les bandes légères de Morren dans cette partie. La ligne
brillante du milieu n'était pas constante comme les autres. Venait ensuite
la bande bleue, qui s'accordait mieux avec la figure de Roscoë qu'avec
celle de Morren. Au commencement de cette bande, se trouvaient deux
groupes superbes de lignes très-vives, contenant l'un quatre, l'autre six lignes,
placées à une distance égale au tiers de la longueur de cette bande. Deux
bandes estompées, plus vives, correspondaient à ces groupes et la seconde
allait en décroissant vers le violet ; enfin, un groupe magnifique de six raies
violettes, projetées au commencement d'une belle bande arrondie et estom-
pée vers l'extrémité du spectre. Les mesures relatives des bandes, exprimées
en tours de la vis, sont les suivantes :
Bande jaune 8,i5
Bande verte 10,95
Bande bleue ig,oo
Bande violette 10, dz
Intervalle entre les deux groupes du bleu. . . . 7,5o
» Il y a donc des différences considérables entre ce spectre et ceux que
je possède, et c'est pourquoi je pense qu'il y avait intérêt à le remarquer;
mais ce qui m'a paru le plus intéressant, c'est que, lorsqu'on analysait la
couche lumineuse qui avoisinaitle pôle positif (sans y comprendre le char-
bon), tout le spectre se couvrait de raies très-fines, en sorte que l'en-
semble, tout en gardant les cannelures principales, était sillonné de lignes
parallèles presque équidistantes, comme serait l'ombre d'une colonne. Crai-
*
{ '77)
gnant d'être dominé par quelque illusion, j'ai eu recours à d'autres pro-
fesseurs, qui ont constaté comme moi cette curieuse structure du spectre.
Lorsqu'on employait le grand spectroscope solaire, toutes les lignes fines
persistaient; seulement on les voyait se manifester comme des cannelures
très-fines, concaves, plus ou moins prononcées et plus ou moins vives, et
formant les cannelures plus grandes du spectre.
» Le pôle négatif présentait une nombreuse série de lignes brillantes,
appartenant à l'hydrogène et aux métaux qui se trouvent accidentellement
dans les charbons. Une goutte d'eau jetée sur les charbons faisait apparaître
les raies de l'hydrogène et un grand nombre d'autres. Je n'ai pas eu le
temps de comparer toutes ces raies avec celles du spectre solaire : il aurait
fallu une disposition toute différente des appareils.
» J'ai cherché si, avec d'autres substances, on réussissait à obtenir le
spectre finement cannelé produit par le charbon : j'ai trouvé que l'alumi-
nium s'y prête admirablement. Ce métal, lorsqu'il se vaporise sur le char-
bon avec une lumière vive et calme, donne un spectre formé de cannelures
nombreuses, assez larges, différentes de celles du charbon, et qui sont
composées elles-mêmes de cannelures extrêmement fines, presque égales
en largeur d'un bout à l'autre du spectre. En essayant les autres métaux
que j'avais sous la main, j'ai constaté le renversement complet des raies du
magnésium, qui ont paru se projeter en noir sur les lignes noires du spectre
solaire; elles étaient bordées de magnifiques bandes diffuses, mal ter-
minées et estompées sur les bords. Le thallium (i) m'a présenté non-seule-
ment le renversement de sa belle raie verte, mais une diffusion brillante
latérale, presque aussi étendue que celle du sodium, dont j'ai parlé dans
ma dernière Communication. Je n'ai pas réussi à voir le fer renversé.
» Ces phénomènes, qui probablement ne sont pas tous inconnus aux sa-
vants, prouvent combien sont complexes les conditions dans lesquelles un
spectre déterminé se produit : convenablement étudiés par ceux qui ont plus
facilement que moi à leur disposition la lumière électrique, ils pourront
conduire à des conséquences très-importantes sur la nature des spectres
des astres et la température de leurs atmosphères. »
(i) Je dois ce mêlai à M. H. Sainte-Claire Deville.
( ,78 )
HYDROLOGIE. — Sur la perméabililé des sables de Fontainebleau.
Note de M. Belgrand.
« I/aqucduc de la Vanne traverse les sables de Fontainebleau entre les
vallées du Loing et de la petite rivière d'Ecolle, sur une longueur de 3i ki-
lomètres, et ce terrain est tellement perméable, que le tracé ne rencontre
ni ruisseau ni ravin. Il franchit cependant plusieius dépressions, telles que
celles des Sablons, de la Ci oix-du-Grand- Maître, du Vert-Galant, ou même
des vallées assez profondes, telles que celles de la route d'Orléans, des
Rochers de la Goulolte, cl' Àrbonne, de Noisy-sur-Ecolle, de Monirouget. Cette
rareté des cours d'eau est luie des propriétés les plus caractéristiq\ies des
terrains perméables.
» Il est d'usage, sur un tel trajet, d'établir un certain nondjre d'orifices
de décharge, afin de n'être pas obligé, à chaque visite, de mettre la cunelte
à sec sur une trop grande longueur.
» Il y a d'ailleurs des décharges obligatoires aux points bas des con-
duites forcées ou siphons; dans le trajet dont il s'agit, l'aqueduc traverse
en siphon deux vallées, celles d'Arbonne et de Montrouget. Lorsque le
terrain est imperméable, la décharge est établie naturellement dans le cours
d'eau qui se trouve toujours au point bas du siphon. Il n'en est point ainsi
dans les terrains perméables, puisque la plupart des vallées sont privées de
cours d'eau.
» Mes collaborateurs, MM. les ingénieurs Buffet et Lesguillier, avaient
mie telle confiance dans mes études sur la perméabilité des terrains, qu'il
fut arrêté d'un commun accord entre nous, que, pour remplacer les cours
d'eau, on achèterait à l'aval de chaque bief un hectare de terrain sablon-
neux, qu'on entourerait d'un bourrelet de sable de o™, 5o de hauteur.
Nous étions convaincus à l'avance que l'eau des orifices de décharge, ver-
sée dans cette enceinte, serait absorbée par les sables au fur et à mesure
qu'elle sortirait de l'aqueduc. Cependant les faits constatés n'établissaient
pas d'une manière certaine le volume d'eau qui peut être absorbé dans un
temps donné, par exemple dans une seconde par un hectare de sable de
Fontainebleau.
« Voici ce que nous savions, avant l'expérience dont je vais parler, de
la puissance absorbante de certains terrains perméables, tels que la grande
oolithe, les calcaires corallien et portiandien, la craie blanche, les forma-
tions calcaires et sablonneuses des terrains tertiaires, les sables et graviers
de transport du fond des vallées. Lorsque ces terrains ne sont pas trop
( '79 )
accidentés, par exemple lorsque leur relief est tel qu'on peut y tracer, sans
déblai ni remblai et dans une direction quelconque, une route avec des
pentes qui n'excèdent pas 5 centimètres par mètre, les eaux pluviales ne
ruissellent jamais à leur surface, même par les plus grandes avei'ses ; s'ils
sont plus accidentés, il y a quelquefois ruissellement sur la pente rapide
des coteaux, mais le faible courant d'eau qui en lésulle ne tarde pas à se
perdre dès qu'il atteint le thalweg d'une vallée.
» Les terrains perméables du bassin de la Seine absorbent donc sur place
l'eau des plus grandes averses. Ou sait que la hauteur de cette eau ne dé-
passe |ias 5 centimètres par heure de pluie.
« Celte j)uissance d'absor|)tion est suffisante pour le bon fonctionne-
ment de nos décliarges : il suffit pour vider l'aqiieduc que les bassins d'un
hectare préparés à l'avance absorbent par heure une lame d'eau de 4 à
5 centimètres de hauteur. Nous étions donc assez rassurés sur le succès de
l'opération; cependant, pour faire nos essais, nous avons choisi, au delà
d'Arbonne, à i'' jo'" de Fontainebleau, une des vallées les plus écartées de
la forêt. Nous avons regretté depuis notre timidité, car jamais les touristes
ne jouiront du spectacle que nous avons eu sous les yeux, mes collabora-
teurs et moi. Qu'on se figure une niasse d'eau non moins abondante, ni
moins limpide, ni moins fraîche que la fontaine de Trévi à Rome, bouillon-
nant dans un bassin de maçonnerie grossière, mais entourée du plus
sauvage encadrement de rochers qu'on puisse imaginer, et l'on aura une
idée de la splendide fontaine qui, depuis le i5 mai dernier, arrose cette
aride vallée.
» Le propriétaire, M. Feinieux, a gracieusement mis son terrain à notre
disposition, et de plus il a consiruit un barrage en travers de la vallée à
840 mètres en aval de la décharge, pour créer un lac d'eau limpide. Ce
barrage s'élève à 3'°, 26 au-dessus des points bas du sol. Sur cette longueur
de 840 mètres, le terrain est entièrement formé de sable de Fontainebleau;
mais un peu à l'aval on voit une petite source sur un affleurement de
marnes vertes; d'après les dispositions de cet affleurement, je ])ense que
l'épaisseur moyenne de la couche de sable dans le petit lac est de 2 ou
3 mètres au plus. Au-dessous, on trouve d'abord quelques assises d'un
calcaire d'eau douce très-dur, puis les marnes vertes de Montmartre qui
soutiennent la nappe d'eau des puits du pays.
» Le jour de ma première visite, le 17 mai, l'eau coulait abondamment
depuis deux jours et alimentait un grand ruisseau; le débit était de u5o li-
tres par seconde. Malgré la pente rapide de la vallée, pendant ce temps ou
( '8o )
en iGoooo secondes, elle avait à peine parcouru les 840 mèlres qui sépa-
rent la décharge du barrage de M. Feinieux. A mon arrivée, elle atteignait le
pied de ce barrage. Malgré la vitesse de 1 ecoulemeut, l'eau avançait donc
avec une lenteur extrême. A chaque partie aride du thalweg qu'elle attei-
gnait, elle était absorbée jusqu'à saturation complète du terrain. L'air
renfermé dans la masse de sable s'échappait en produisant d'énormes
bouillonnements à la surface de l'eau.
» Voici les résultats numériques de l'expérience :
» Du i5 mai au 5 Juin, écoulement continu de aSo litres d'eau par seconde. Le 17 mai,
"eau atteint le pied de la digue de M. Feinieux, puis s'élève graduellement contre celte digue.
Le a2, elle est à l'altitude 73,60; le point le plus profond du petit lac étant à 71 ,3i, la
profondeur de l'eau au-dessus de ce point bas est donc 2'", 29; en moyenne elle n'atteint
pas I mètre.
>' Le 28 mai, il se forme dans le sable des entonnoirs de 2 mètres à 2'", 26 de diamètre,
qui se multiplient les jours suivants. 11 se produit par ces trous des pertes considérables
qui, en six jours, font baisser le niveau de 70 centimètres.
" M. Feinieux fait boucher les entonnoirs au fur et à mesure que l'eau se retire, il obtient
ainsi un relèvement monienlané; mais, le 5 juin, l'eau n'atteint même plus le pied de la
digue.
1' Le niveau de l'eau de la petite source des marnes vertes, située à l'aval de la digue, s'est
relevé de i'",3o.
» Du 6 au 'j juin, on arrête l'écoulement; le bassin se vide complètement.
» Du 8 au \o juin, écoulement de 25o litres par seconde; l'eau remonte à l'altitude
73,40.
» Du 1 1 au ig juin, arrêt d'eau, le bassin se vide.
>» Du 20 au 28 juin, écoulement de 25o litres d'eau par seconde; l'eau remonte à l'alti-
tude 73,30.
» Du igjuin au i" juillet, arrêt d'eau, le bassin se vide.
» Du 2 au l^ juillet, la bonde de décharge débite 4oo litres par seconde; l'eau atteint son
niveau maximum 73"', 87; le niveau de la source s'élève à i^iSo au-dessus du plan d'eau
ordinaire, la superGcie du petit lac est alors de i'""'',24.
" Du 5 au Q juillet, arrêt d'eau; le bassin se vide, le niveau de la source s'abaisse de
o"',8o.
» Pendant l'expérience, il est sorti de l'aqueduc les volumes d'eau suivants :
Du i5 mai au 5 juin inclus 4^3 ^00 "'èlres cubes.
Du 8 au 10 juin , 67 800 »
Du 20 au 28 juin iy4 4oo •
Du 2 au 4 juillet 106 68a »
Total en 36 jours 822 480 mètres cubes.
» La surface du petit lac a été au plus de i'"",24, et en moyenne n'a pas dépassé
I hectare.
( i8r )
» Le volume dVau ilibilé pur jour a été :
An minimum, de . , , ai fioo mènes cnlirs.
Au maximum, de. 34 56o »
En moyenne, de 22 846 »
» Le petit lac a donc absorbé au maximum
34560
12400
et en moyenne
22 846
^ = 2™% 28,
1 G 000
par jour et par mètre carré.
, 2 , 70 ,
» La plus grande absorption par beure a etc — j- =o""',i2 par mètre carre, re qui
24
représente pbis du double du produit des plus grandes averses connues dans le bassin do la
Seine; ainsi qu'on l'a exposé ci-dessus, ces averses ne donnent pas plus de 5 centimètres
de bauteur d'eau par beure.
» La hauteur totale d'eau qui a été absorbée par mètre carré dans les trente-six jours a
été de 2'", 28 X 36 = 82"',o8.
» Dès que l'écouleinent cessait, le lac tombait à sec. C'est encore un
fait caractéristique : j'ai signalé, dans mon Ouvrage, plusieurs rivières,
telles que !e Serein, la Seine, l'Ource, etc., qui tarissent dans les étés secs
en traversant la grande oolithe, terrain très-perméable; elles tarissent
bien réellement, car il ne reste plus d'eau dans leurs lits. D'autres, l'Ar-
mançon par exemple, cessent de couler, faute d'alimentation, dans les
argiles imperméables de l'Auxcis, mais ne tarissent pas : les parties pro-
fondes, les fosses restent remplies d'eau.
» Cette grande expérience, la seule qui, jusqu'ici, ait été faite dans les
conditions indiquées ci-dessus, prouve donc que nos décharges fonc-
tionneront bien et que nos petits bassins de sable suffiront pour absorber
l'eau de l'aqueduc lorsqu'il sera nécessaire de le vider, sans qu'on ouvre
des lits de ruisseaux en aval.
» Mais notre expérience prouve encore autre chose.
» Peut-être décidera-t-elle nos confrères à tenir plus de compte cpi'ils
ne l'ont fait jusqu'ici de !a perméabilité des terrains lorsqu'ils ont à con-
struire des canaux et surtout des réservoirs. On a construit de grauds
réservoirs qui n'ont jamais pu tenir l'eau, et l'alimentation de certains
canaux a exigé dix fois plus d'eau qu'on ne l'avait prévu.
» Elle prouve encore qu'il est impossible d'arroser régulièrement les
2/1
C. R., 1873, 2' Semeslre. (T. LXXVII, N» 5.) *
( i82 )
terrains perméables sur la pente des coteaux ou sur les plateaux, et par
conséquent d'y créer des prairies naturelles. Cette culture, dans ces
terrains, est nécessairement resserrée, comme je l'ai écrit bien souvent,
au bord des rares cours d'eau qui sillonnent ces terrains arides.
» Je dois encore faire remarquer que toutes les formations sai)lonneuses
no sont pas perméables. Dans le bassin de la Seine, deux de ces forma-
tions, les sables de Fontainebleau et de Beauchamp sont très-franchement
perméables. Les sables du terrain crélacé inférieur, au contraire, sont assez
imperméables pour qu'on puisse y créer partout d'excellentes prairies.
» La plupart de ceux qui ont écrit sur l'Agricullure ont négligé cette
importante propriété du sol. Ainsi presque tous admettent qu'avec un litre
d'eau par seconde, coulant d'une manière continue, pendant la saison des
irrigations, on arrose convenablement i hectare de prairie. Avec un litre
d'eau par seconde, on n'arroserait pas plus de 36 mètres carrés des sablons
de la forêt de Fontainebleau. D'excellentes prairies, les herbages du pays
de Bray et de la vallée d'Auge, dans les sables argileux du terrain crétacé
inférieur, n'exigent aucune irrigation. »
HYDRAULIQUE. — Expériences sur le mouvement de la houle produite dans
un canal factice, et faisant monter l'eau le long d'une plage inclinée à une
hauteur sensiblement constante; par M. A. de Caligny.
« Les expériences, objet de cette Note, sont au nombre de celles qui peu-
vent servira montrer combien il est utile, pour l'étude des ondes, d'isoler
au besoin cbaque phénomène dans un canal factice, même après les avoir
étudiées dans la nature en liberté, quand elles ont été produites par le vent,
soit dans la mer, soit dans une très-grande pièce d'eau.
» On peut voir dans les Comptes rendus des séances de iJcadémie des
Sciences, des 6 janvier et 17 février de cette année, ce que j'ai dit sur les
mouvements alternatifs des vagues le long d'une plage inclinée, successi-
vement recouverte et abandonnée par des lames formées chacune d'un cer-
tain nombre de vagues. Ce phénomène dépendant des causes alternatives
qui soulèvent les ondes, celles-ci devraient arriver toujours, quand elles
ne se brisent pas, à des hauteurs sensiblement constantes sur une plage
inclinée, dans le cas où la force qui les produit serait elle-même assez
sensiblement constante, je veux dire assez régulière si elle est alternative.
Or c'est ce qu'il est facile de vérifier dans un canal factice, quand on y a
disposé une surface convenablement inclinée, dépassant assez le niveau de
( '83)
l'eau tranquille pour que les vagues ne se jettent pas au delà de celte sur-
face.
» Pour faire cette expérience, il suffit de prendre une sorte de baquet
dont les bords soient assez élevés pour être toujours au-dessus de l'eau.
Avant de commencer l'expérience, on a soin de tenir ce baquet en repos
et pénétrant assez au-dessous du niveau de l'eau, de manière que la pre-
mière onde ne provienne pas d'un enfoncement qui serait évidemment une
cause de translation, en avant, vers la surface inclinée.
» Quand on a produit ainsi, par un mouvement de va-et-vient vertical
qu'il est facile de rendre convenablement régulier, un assez grand nombre
d'ondes, formées d'intumescences et de creux, on observe la liauteur à
laquelle l'eau s'élève sur le plan incliné formant une sorte de plage. Après
avoir noté le niveau auquel se tenait l'eau tranquille, le long de ce plan
incliné, on remarque la hauteur assez sensiblement constante qui y est
atteinte au-dessus du niveau dont il s'agit. Ce niveau doit être d'ailleurs
d'autant plus dépassé que les ondes sont produites par un mouvement de
va-et-vient plus puissant.
» Il est bien essentiel de remarquer que dans cette Note on ne considère
que des ondes dites courantes résultant d'un mouvement de va-et-vient le
plus rigoureusement vertical possible. Si l'on produisait des ondes dites
solitaires ou de translation, les phénomènes seraient très-différents. Aussi
j'ai déjà dit qu'il fallait prendre les précautions nécessaires pour ne point
produire des ondes de cette espèce, en faisant les expériences objet de cette
Note. Quand on produit d'ailleurs un assez grand nombre de vagues, il est
facile de tenir compte des petites irrégularités pouvant provenir d'une dis-
traction de la personne qui tient le baquet.
» On évitait de produire un mouvement de va-et-vient assez fort pour
faire briser les ondes, comme le feraient les vagues naturelles d'une certaine
hauteur agissant sur les plages inclinées de manière à faire alternative-
ment abandonner un certain espace. La surface envahie, au-dessus du
niveau de l'eau tranquille, était bien toujours recouverte de liquide, parce
que les ondes, ainsi que je l'ai dit ci-dessus, étaient disposées de manière à
ne passe briser.
» Ce qui précède montre bien déjà que l'on peut, dans un canal factice,
produire un phénomène analogue à celui que M. Cialdi appelle y/o< cou-
lant; mais le cas n'est point évidemment le même que sur une plage plus
ou moins ondulée, où les vagues peuvent donner lieu à des courants de
diverses espèces, résultant de la configuration de cette plage.
24 '
( i84 )
» Il esl clair que, surtout quand les vagues sont produites au moyen d'un
baquet d'une section assez grande par rapport à celle du canal factice, les
courants sont nécessairement rétrogrades au fond de l'eau, si ceux de la
surface sont dans le sens apparent du mouvement des ondes. C'est, en effet,
ce qui est arrivé, lorsqu'on a répandu de la sciure de bois sur l'eau recou-
vrant la surface inclinée qui représente la plage.
» Après un certain nombre de périodes du jeu du baquet précité, cette
sciure a été repoussée jusqu'au bord de la plage, ce qui est un indice de
courants supérieurs réels. Mais, les vagues arrivant toujours assez sensi-
blement à la même hauteur sur le plan incliné à partir de l'époque où, les
oscillations étant déjà assez nombreuses, le phénomène est bien régulier,
on peut en conclure que, s'il y a un courant réel à la surface, puisqu'il ne
fait pas dépasser une certaine liauteur sur la plage, il est accompagné
d'un mouvement de recul sur le fond ; c'est en effet ce qui a lieu d'une
manière très-facile à constater par les mouvements rétrogrades des petits
corps répandus sur le fond, je veux dire le long de la planche inclinée.
)) Cet ensemble de phénomènes permet défaire des études intéressantes,
même au moyen d'un canal factice d'une assez petite longueur, parce que
les ondes, tout en ne se brisant pas, se trouvent modifiées par le plan in-
cliné, de manière à permettre d'en produire d'une extrémité du canal un
nombre indéfini dont le mouvement apparent, considéré quant à la surface,
se propage dans le même sens.
» Tout le monde connaît les effets de l'ascension alternative de vagues
qui se brisent aux bords d'une plage inclinée en abandonnant successive-
ment une portion de la surface de cette plage. Ce phénomène est précisé-
ment un de ceux qui, jetant du trouble dans les moyens d'observation,
montrent combien il est utile de faire des études sur des canaux factices,
où l'on est maître de graduer les causes du mouvement, de manière à pro-
duire des ondes qui, ne se brisant pas, ne laissent aucun doute sérieux
snr l'étendue de la plage envahie par les coups de bélier de la houle. Il est
d'ailleurs facile, au moyen d'un très-court apprentissage, de produire
une véritable houle purgée d'ondes dites solilaiies ou de lianslalion. On
conçoit que, s'il y avait des ondes de cette dernière espèce, il n'y aurait
rien d'étonnant à ce que des hauteurs beaucoup plus grandes fussent at-
teintes le long du plan incliné; mais je ne saurais trop répéter qu'il ne
s'agit ici que de bien fixer les idées sur les effets des ondes dites courantes
le long d'un plan incliné.
» Si même avec un canal beaucoup plus long il n'y avait pas de plage
( i85 )
inclinée, les ondes venant alors se réfléchir contre des surfaces verticales,
aux extrémités du canal, on ne pourrait plus faire d'expériences que sur
un nombre d'ondes courantes très-limité, parce qu'elles finiraient par pro-
duire le phénomène connu sous le nom de clapotage, où les vagues n'ont
même plus un mouvement de translation apparente, mais se balancent les
unes contie les autres par un véritable siphonnement.
» Je me propose de multiplier prochainement ces expériences au moyen
d'un canal factice beaucoup plus long, parce qu'il faut tenir compte des
phénomènes de progression à la surface, et de recul au fond de l'eau, qui,
jusqu'à une certaine distance de l'origine du mouvement, se présentent,
même abstraction faite de l'existence d'une plage inclinée, comme celle
dont je viens de parler. J'ai fait à ce sujet, en i85S, des expériences dont
on peut voir le résumé dans le Compte rendu de la séance de l'Académie
des Sciences du 24 juin i86f, et sur lesquelles j'ai donné des détails dans
le Journal de Mathématiques, de M. Liouville, en 1866, t. XI, 2* série. Je
vais donc seulement, pour fixer les idées, donner quelques chiffres relati-
vement aux nouvelles expériences que je viens de faire.
« Une planche de 60 centimètres de large et de 4™? 5o de long a été
disposée, sous divers angles, dans un canal factice un peu plus large, c'est-
à-dire de manière qu'elle pût y être solidement attachée, latéralement, par
des petits coins de bois, afin de simuler successivement des plages d'incli-
naisons diverses.
)) Cette planche a été posée successivement à diverses places, dans un
canal factice, de ia'",Go de long. Pendant qu'on produisait des ondes au
moyen de l'émersion et de l'immersion alternative d'un grand baquet,
ayant un mouvement de va-et-vient vertical régulier, un autre observateur
notait la hauteur sensiblement constante à laquelle les ondes s'élevaient
sans se briser au-dt^ssus de la ligne de niveau de l'eau, qui était tranquille
avant le commencement de chaque expérience.
» Il est clair que plus la plage est inclinée dans des limites convenables,
plus, pour une même hauteur atteinte par les ondes, au-dessus du niveau
de l'eau tranquille, l'espace parcouru au-dessus de ce niveau et constam-
ment recouvert de liquide sera considérable.
» Dans ces expériences provisoires, la surface supérieure de la planche,
formée de plusieurs autres réunies au-dessous par des traverses en bois,
n'était ni assez plane, ni assez polie pour qu'on pîit considérer les résultats
obtenus comme rigoureux, d'autant plus que la section du canal factice
n'étant pas tout à fait horizontale sur le fond, cette planche, du côté où
( '86)
elle touchait le fond de l'eau, n'y était pas fixée d'une façon assez régu-
lière; l'axe du canal n'étaitpas non plus assez horizontal. Je m'étais, en un
mof, servi des moyens provisoires qu'on avait bien voulu mettre à ma dis-
position dans une des casernes de Versailles; il y avait environ 5' centi-
mètres de différence de niveau sur le fond du canal d'une extrémité à l'autre.
» Il n'était pas nécessaire que la planche fût près d'une des extrémités
du canal pour que l'on observât facilement la constance sensible de la
hauteur obtenue le long du plan incliné par les vagues précitées; mais
pour isoler, autant que possible, le phénomène de ceux qui se présente-
raient, même dans une partie horizontale du canal, j'ai surtout étudié
les ondes au moyen du mouvement de va-et-vient du baquet oscillant à
6 mètres environ de l'origine de la plage inclinée.
» L'inclinaison de la planche étant d'environ S'', 5 pour ses 4'",5o de
long, l'épaisseur de cette planche étant d'environ i centimètres, le niveau
de l'eau tranquille étant au moins à la moitié de la longueur de la planche,
les vagues produites par le mouvement de va-et-vient vertical du baquet
à l'autre extrémité du canal arrivaient le long de la planche à une dis-
tance d'au moins 3o centimètres de la ligne de l'eau tranquille avant le
commencement de l'expérience. Cette distance diminuait, conune cela doit
être, quand on relevait davantage l'extrémité supérieure de la planche ;
mais elle était toujours notable dans les limites de ces observations.
» Je me borne à cette indication sommaire, les expériences ayant été
faites au moyen d'un nombre de périodes du mouvement alternatif du
baquet, variant de cinquante à cent. J'espère pouvoir varier prochainement
ces expériences dans un port de mer; mais il m'a semblé utile de fixer
dès aujourd'hui les idées sur le sens, bien prononcé, des résultats qui déjà
peuvent être utiles pour mieux étudier des idées de M. le capitaine de
vaisseau Cialdi.
» M. le capitaine de vaisseau J^artigue, quand je lui ai communiqué la
plus essentielle de ces expériences, m'a autorisé à annoncer que, d'après
de nombreuses observations inédites, faites par lui dans ses voyages, le
niveau de la mer s'est trouvé, en effet, plus élevé sur des plages incli-
nées, quand il y avait des vagues, qu'il ne l'était à une certaine distance des
côtes, et que cela confirme bien les idées et observations, objet de cette
Note.
» D'après ce que m'a dit M. Lartigue, il a observé des courants qui,
selon lui, ne pourraient être expliqués sans un exhaussement du niveau de la
mer le long de certaines plages inclinées ; il s'agit donc d'une conclusion et
( i87 )
non d'un résultat de mesures directes. On voit combien il était intéressant
d'isoler le phénomène dans un cunal factice. Quant aux courants rétro-
grades, dont j'ai parlé ci-dessus, outre qu'ils peuvent provenir en partie
des phénomènes qui se présentent à une certaine dislance de l'origine du
mouvement oscillatoire, même abstraction fiiite de tout plan incliné, ils
rentrent évidemment dans les phénomènes dits de ressac, résultant de la
percussion sur la plage; mais il était bien essentiel de constater, par des
expériences d'une extrême simplicité, que tout le monde peut vérifier, le
fait de l'exhaussement continué indéfiniment jusqu'à une hauteur sensible-
ment constante, c'est-à-dire, du moins très-peu variable, dépendant de la
force d'une longue série d'ondes régulières. Cet exhaussement de l'eau sur
des plages inclinée est une preuve de plus à l'appui de diverses idées sur le
flot courant, ainsi que du mode d action des vagues entre les digues con-
vergentes proposées par M. Cialdi pour s'opposer aux ensablements des
ports-chenaux, avicune cause de ressac ne se trouvant à la sortie de son
espèce d'entonnoir. »
K M. Dacbrée annonce avoir reçu de M. Nordenskiold une Lettre que
ce savant a écrite en mars, de Mossel-Bay, sous la latitude de 79'*54' nord,
où l'expédition a passé tout l'hiver. Cette Lettre est arrivée à ïromsoè, d'où
elle a été expédiée le 7 de ce mois par les voies ordinaires. Elle est par
conséquent antérieure de plus de trois mois à la dépêche télégraphique qui
figure au Compte rendu du 7 juillet (p. Sa).
)> Des faits nouveaux et intéressants, relatifs à la Physique du globe, à
la Météorologie ainsi qu'à la vie animale et végétale ont été observés
pendant cet hivernage; aussi je demande à i'Académie d'en signaler som-
mairement les principaux par un extrait de cette Lettre de M. Nor-
denskiold :
» Dans ma dernière Leitro, adressée de Mossel-Bay, que je vous expédiai au moyen de
baleiniers, je vous ai raconté comment, après quatre tentatives faites dans le mois d'août
pour forcer les glaces et rejoindre l'île Pairy, une des Sept-lles, je fus forcé, par l'état
vraiment extraordinaire des glaces pendant l'été de 18^2, de m'arrêter ici. Deux de nos
navires, qui devaient partir le i5 septembre pour l'Europe, furent prématurément enfermés
dans lis glaces, que de violents coups de vent du nord-ouest amoncelèrent devant notre port
au milieu de septembre, tandis que dans les années ordinaires la côte nr)rd du Spitzberghen
reste ouverte à la navigation et est fréquentée par les baleiniers norvégiens jusqu'à la moitié
d'octobre. Dans la seconde quinzaine de septembre 1872 et en octobre, la mer, aussi loin
que s'étendait la vue, était complètement couverte de glaces, sans qu'on aperçût la moindre
flaque d'eau. Cette fin du mois de septembre fut extraordinairement froide et faisait sup-
( ,88 )
poser que l'hiver serait très-rigoiireiix, ce qui ne s'est point vérifié, comme le montre le ta-
bleau (le nos moyennes mensuelles, que je joins ici :
Moyenne. Maximum. Miniminn.
oC oi; nC
Septembre _ 6 ^ ^ —•>■■, j — 29 , 2
Octobre —12, 63 —0,6 —27,2
Novembre — 8,19 +2,6 — i9,5
Décembre — >4,46 —3,4 —26,6
Janvier — 9,92 4-3,6 —32,4
Février —22,7 +1,6 —38,2
» Excepté février, qui fut rigoureux, le reste de l'hiver ne fut pas plus froid ici qu'au
nord de -la Suède et même dans sa partie moyenne.
V. Du commencement de septembre à la fin de février on n'a point remarqué de varia-
tions horaires dans la température de l'air : on pouvait le prévoir, puisque le Soleil
se couche le 20 octobre pour ne se lever que le 21 février, si l'on tient compte de la réfrac-
tion astronomique. Au contraire, de très-rapides changements de température sont produits
dans les différents vents; de fortes tempêtes sont fréquentes pendant l'hiver.
» Le nord de Wyde-Bay, à l'ouest de notre port, devint libre, sous l'influence des vents
du sud, au commencement de novembre. De cette époque jusqu'au commencement de
février, on voyait toujours de grands espaces de mer ouverts, et notre (lort fut même plu-
sieurs fois débloqué pour geler de nouveau quelques jours après. A la fin de janvier, deux
des navires de l'expédition avaient l'intention de saisir une de ces occasions pour retour-
ner, et le navire Polliem devait, avec moi, son chef, M. Palander, lieutenant de la
Marine royale suédoise, et M. Parent, lieutenant de la Marine italienne, attaché à notre
expédition sur la demande de son Gouvernement, se diriger vers le Nord pour reconnaître
les limites et l'état des glaces; mais une violente tempête s'éleva, et le départ fut non-seule-
ment suspendu, mais nos trois navires furent sur le ]ioint d'être jetés îi la côte. Un deux
talonna même sur les rochers et cassa son gouvernail. Ces navires ne durent leur salut qu'à
de grandes masses de glaces que le vent dériva dans notre port, et qui s'y gelèrent instanta-
nément, formant une couche d'épaisseur en général très-grande, dont l'énorme résistance
préserva nos navires des efforts de la tempête.
» Quelques jours après, cette glace, qui semblait si forte, se brisait et disparaissait,
comme par enchantement, sous l'action d'un vent modéré. Mais, en même temps, la tem-
pérature s'abaissait beaucoup, et la mer se couvrait entièrement d'une couche de glace nou-
velle dans laquelle nous sommes enfermés, et qui s'ouvrira, au plus tard, en avril ou mai.
» Pendant tout l'hiver on a fait des séries horaires, non-seulement sur les instruments
météorologiques, mais aussi sur les trois éléments du magnétisme avec d'excellents appa-
reils de Lamont. En outre, le i'''' et le i5 de chaque mois, les observations furent faites de
cinq en cinq minutes d'accord avec le cabinet de physique de l'Université d'Upsal; j'espère
que ces observations seront très-intéressantes ])our le magnétisme terrestre et pour les rela-
tions entre le magnétisme et les aurores boréales.
.. M. le lieutenant de vaisseau Parent et M. le D"' AVykander se sont occupés de
l'étude de l'aurore et de son spectre, et, avec un excellent appareil spectrale du baron
Wrede, ont déterminé sept lignes spectrales différentes, qui selon l'observation de M.'Wy-
( '«9 )
kander sont identiquement le spectre de la partie inférieure de la flamme d'une bou-
gie ou d'une lampe à pétrole (spectre de Morren). Cette observation semble indiquer
qu'il pourrait exister une certaine relation enire les aurores boréales et la chute de pous-
sière cosmique, contenant carbone, hydrogène, fer métallique, etc., qui tombe avec la neige
et dont Je vous ai [larlé dans ma dernière Lettre. Cette dernière supposition donne peut-être
la clef des anomalies observées dans les spectres d'aurores en différents lieux et temps, si
l'on suppose que la poussière cosmique qui tombe et qui brûle par la décharge électrique
est différente comme le sont elles-mêmes les météorites. Pendant l'hiver, l'aurore fut
presque permanente pour nous avec les vents du sud, mais pas aussi intense que celles
qui se montrent dans les contrées moins avancées vers le nord.
» Beaucoup d'autres recherches ont été faites, notamment sur l'électricité atmosphérique,
sur la réfraclion atmosphérique à une température de — 87 degrés C. avec un cercle méri-
dien transportable de Repsold, appartenant à l'Académie de Stockholm ; sur les marées,
ainsi que sur la Botanique et la Zoologie. Je vais ajouter quelques mots sur ces dernières.
» Un botaniste d'Upsal, M. le D"' Kjellman, avait été attaché à l'expédition seulement pour
l'été, et il devait partir avant l'hiver, puisqu'il semblait que, pendant l'hiver, sous le 80" de-
gré de latitude, un botaniste aurait une vraie sinécure. Enfermé avec nous et malgré lui,
M. Kjellman doit à cette circonstance l'observation d'un des faits les plus importants acquis
par notre expédition. Chaque jour, pendant tout l'hiver, on a dragué, soit sous la glace,
soit dans la mer ouverte, lorsque cela était possible. Ces dragnages ont toujours apporté de
grandes quantités d'Algues qui furent minutieusement examinées par M. Kjellman très-versé
depuis longtemps dans cette famille importante des végétaux. Cet examen a prouvé que la
vie des Algues, soit en matière quantitative, soit en matière qualitative, n'a pas été diminuée
par les ténèbres et le froid arctique d'une nuit de quatre mois. Au contraire, la végétation
des Algues semble dans ces conditions atteindre son maximum; ainsi la fructification se
montre alors dans beaucoup d'Algues qui, pendant l'été, paraissent stériles. De cette obser-
vatio'n, M. Kjellman conclut que les Algues peuvent vivre sans lumière et à une température
de 2 degrés C. Ce fait est en opposition avec les principes actuels de la Physiologie végé-
tale ; mais il explique beaucoup de faits inattendus de la distribution géographique. Dans
nos expéditions précédentes, nous avions recueilli dans les mers du Spitzberghen cinquante
et une espèces d'Algues dont irente-sept espèces se sont retrouvées ici, en complet développe-
ment, pendant l'hiver. Parmi les Algues, je citerai la Laminaria saccharina, qui arrive à
plus de six ruètres de longueur. Pour nous convaincre qu'il ne pouvait se trouver au fond
de la mer de.- sources de lumière non appréciables pour nous, M. le D'' Enwall a fait des
essais photographiques et il a trouvé qu'une plaque sensibilisée déposée pendant douze
heures sur le fond de la mer n'éprouvait aucun changement.
» On a fait aussi de riches collections d'animaux marins; la vie animale au fond de la
mer continue également pendant l'hiver et, pour quelques familles, atteint alors son plus
grand développement. J'espère que les collections, examinées avec soin, donneront des
résultats importants sur la vie des animaux sans vertèbre.
» 11 semble même que de petits animaux, qui dans leur corps ne peuvent avoir une
source de chaleur qui élève sensiblement leur température au-dessus du milieu qui les en-
toure, peuvent vivre encore à — 10 degrés C. et peut-être plus bas.
>. Pendant la nuit d'hiver, en marchant près de la côte, entre la basse et la haute mer, on
c. R., 1873, 3« Semestre. (T. LXXVII, N» 3.) "*""
( '90 )
laisse, par chaqiio pas, sur la neige une trace lumineuse très-intense, d'un blanc bleuâtre,
que votre sympathique compatriote Bellot, si malheureusement enlevé aux Sciences, avait
déjà remarquée dans son premier voyage arctique, mais que, n'ayant pas les moyens de l'exa-
miner, il attribuait à la décomposition des substances animales. Cette lumière est due à des
milliers de petits crustacés pour lesquels la neige humectée d'eau salée semble être la
station favorite. Nous avons observé de ces petits crustacés à une température de — iode-
grés C. A cette température, les pas humains, ainsi que tous les corps traînés sur la glace
humectée par l'eau de mer, laissent une longue empreinte qui,' à part le coté scientiûque, est
d'un as[)ect magique. Par un contraste frappant, la seule trace de lumière est donnée par
le linceul glacial qui couvre la nature pour quatre mois.
>> Tous les animaux terrestres de ces régions semblent disparus pendant l'hiver et l'on ne
peut même, alors, plus trouver le seul oiseau qui ne les abandonne pas, le Lagopus hyper-
horen.i, observé scientifiquement et dessiné pour la première fois par la Commission scien-
tifique française du Nord avec la corvette la Recherche.
" Grâce à notre escellenle maison, notre hiver s'est passé très-bien et sans accidents
graves.... »
IVOIHINATIONS.
L'Académie procède, par la voie dti. scrutin, à la noinination d'tiii
Membre libre, en remplaceinent de feu M. de Vemeuil.
Ati premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 60,
M. de Lesseps obtient 33 suffrages.
M. Bréguet 24 »
MM. Du Moncel, Jacqmin, Sédillot, chacun. . i »
M. DE Lesseps, avant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la
République.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE. — Note sur C identité du Phylloxéra des feuilles et de celui
des racines. Extrait d'une Lettre de M. Max. Cornu à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Plijlloxera. )
« Le 6 juillet dernier, j'ai placé dans un vase à fleurs renfermant
une bouture bien enracinée de chasselas, entre les parois et la terre, deux
portions de feuilles d'une vigne américaine, présentant des galles produites
par le Phylloxéra. Il s';igissait de résoudre la question suivante, encore
conicstée : le Piiylloxcra des feuilles des vignes américaines, qui y produit
( -9' )
des galles, est-il réellement de la même espèce que celui qui vit sur les
racines?
La ressemblance extérieure est très-grande; cependant, la seconde forme
présente, à l'époque de la ponte, des tubercules noirs sur le dos, tandis que
la première en est dépourvue constamment. La cohabitation, sur le même
végétal, de pucerons distincts, quoique assez voisins et très-semblables au
premier coup d'œil, doit mettre en garde contre une confusion d'espèces.
D'autre part, des sortes de générations alternantes se rencontrent, chez les
kermès, qui permettent de ne pas considérer comme invraisemblable l'iden-
tité spécifique des deux formes. L'une et l'autre des opinions ont leurs
partisans.
» Les galles que j'avais mises en expérience étaient remplies d'œufs;
deux jeunes seulement, vivants et agiles, y furent observés à l'instant où les
portions de feuilles furentplacées dans la terre.
» Le ï6 juillet, après dix jours seulement, je constate des renflements
nettement caractérisés sur les radicelles. Chacun de ces renflements, en
général en forme de crochet, présente, à sa surface concave, des Phylloxéra,
au nombre de cinq ou six au moins, très-petits encore, et étroitement ap-
pliqués sur le tissu hypertrophié delà radicelle.
» De ce fait, on peut tirer les conclusions suivantes :
» 1° Le Phylloxéra des feuilles peut, non-seulement vivre sur les grosses
racines des vignes d'Europe [vitis vinifera), ainsi que M. Planchon l'a
montré il y a déjà quelque temps, mais il peut encore se fixer cl-oitement
sur les radicelles et y déterminer des renflements identiques à ceux qui
sont déterminés par le Phylloxéra des racines, renflements destinés à périr
à la fin de l'été et qui sont la cause de l'affaiblissement et du dépérissement
des vignes. Les deux formes se comportent donc de même vis-à-vis des ra-
dicelles. Il reste cependant à s'assurer que, dans ces conditions, l'insecte
foliicole transporté sur les racines s'y développe normalement, acquiert
les tubercules caractéristiques et pond des œufs nombreux.
» 2° Il suffit de dix jours au plus pour que les renflements se montrent
(il faut en effet déduire le temps nécessaire à l'éclosion des œufs); mais,
dans cette saison et sur les feuilles où furent prises les galles, cette période
ne dépassa guère un jour ou deux; les renflements des radicelles et leur
influence sur la marche de la végétation doivent se faire remarquer une
dizaine de jours après le réveil du Phylloxéra. Permettez-moi de rappro-
cher de ces conclusions un passage de la Lettre que j'avais l'honneur de
vous écrire de Montpellier, le 26 avril dernier.
( '92 )
o Je ne dois pas passer sous silence un fait assez important. L'influence du Phylloxéra
ne se faisait pas sentir avant cette semaine : le i5 avril, au Mas de las Serres, toute la vigne
présentait le même aspect (c'était l'époque à laquelle on observait dans l'Hérault le réveil
du Phylloxéra). Depuis quatre h cinq jours, il n'en est plus ainsi : les deux taches primitives
où les Pliyllo.rcra se montraient particulièrement nombreux l'an dernier sont facilement
visibles aujourd'hui ; les jeunes sarments, au lieu d'avoir en moyenne 3o à 4o centimètres,
n'ont en ces points que lo ou i5 centimètres; l'œil le moins exercé aperçoit du premier
coup la différence. Entre les vignes entièrement saines et celles qui sont un peu attaquées,
celte différence de développement ne s'accuse pas encore, mais elle apparaîtra probable-
ment un peu plus tard, à mesure que la végétation deviendra plus avancée. >>
» 3° Notis avons maintenant des données numériques qui faisaient
jusqu'ici entièrement défaut sur le temps exigé par le développement des
renflements radicellaires. Notons, en outre, la différence notable de propor-
tion entre l'insecte et les effets qu'il produit, différence fréquente du reste
dans la nature. Les radicelles qui se sont renflées étaient très-belles et très-
vigoureuses, quoique courtes et d'un diamètre supérieur à i millimètre; les
jeunes Phylloxéra qui ont produit l'iiypertrophie ont une taille à peine su-
périeure à o""",2.
» Les galles et les oeufs qu'elles contenaient étaient situés à plusieurs
centimètres des radicelles; il paraît qu'après leur naissance les jeunes se
sont dirigés vers les racines, peut-être parce qu'ils ne trouvaient pas de
feuilles jeunes à leur portée. La pérégrination possible des insectes des
feuilles aux racines, pérégrination dont on a parlé souvent sans aucune
jireuve, se trouve ainsi directement démontrée.
M Ajoutons que ce fait n'a d'ailleurs qu'une importance luiiquement
théorique; les vignes américaines, qui présentent seules, ou presque seules,
des galles phylloxériennes, sont en infime minorité dans nos cultures; il y
a même de vastes régions où elles manquent entièrement.
» J'ai tenté de transporter le Phylloxéra des galles sur les feuilles d'tine
vigne indigène, sur le chasselas, ainsi que l'a déjà fait ]\L le D''Ligneret.
Une vingtaine d'œufs furent déposés, le 6 juillet, sur un bourgeon très-
tardif et à peine débourré; le surlendemain au matin, c'est-à-dire après
un jour et demi, tous les œufs étaient éclos; j'ai pu voir les jeunes agiles
se débattre au milieu de la bourre brune des feuilles jeunes. Aujourd'hui
les feuilles les plus avancées n'ont pas i centimètre de longueur, aucune
galle ne se montre. Cet insuccès tient peut-être à la trop grande jeunesse
du bourgeon sur lequel j'ai opéré.
» M. Balbiani (qui m'autorise à signaler les résultats qu'il a obtenus) a
clé pltis heuifHix : il a transporté des jeunes sur un bourgeon en pleine voie
( 19"' )
de développement et a vu déjà, après quatre jours seulement, des galles
grosses de i millimètre; les jeunes insectes s'y développaient très-bien et
même avec une grande rapidité, car plusieurs d'entre eux avaient déjà
subi deux mues. Celte observatioB est très-importante : outre la vérification
de la présence des galles sur les cépages indigènes où elles sont très-rares,
elle fournit des données sur la durée du développement des galles, et sur-
tout sur l'intervalle des mues du Phylloxéra. Ces données faisaient entière-
ment défaut jusqu'ici.
» Ces galles sont, non pas surélevées, munies de côtes comme celles que
produisent certains cépages américains, mais hémisphériques, un peu dé-
primées, mamelonnées, et elles paraissent devoir être, à la maturité, très-
semblables à celles que j'ai pu observer l'an dernier chez M. Laliman sur
le malbec, cépage du Bordelais. »
viTlCULTUlîE. — Sur quelques matières propres à la destruction du Phylloxéra.
Note de M. Petit. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« J'ai découvert dans la Chimie industrielle trois agents capables,
par des emplois réitérés, de produire la destruction du Phylloxéra :
» i" Le goudron, tel qu'on l'obtient par la distillation de la houille;
» 2° L'eau ammoniacale, telle qu'elle se produit dans les usines à gaz où
l'on n'extrait pas l'ammoniaque;
» 3" La chaux sortant fraîchement des épurateurs à gaz, ou conservée
dans des caisses.
» Au mois de février dernier, après de nombreuses expériences faites
dans des bocaux de verre, je décidai un de mes amis, propriétaire de vi-
gnobles à Congeniès (Gard), à expérimenter ces matières sur une assez
grande échelle; je fis faire l'opération au milieu des souches les plus
fortement atteintes depuis l'année dernière, situées à mi-coteau, dans un
terrain calcaire.
1) Première opération, — On découvre les racines principales, et suivant la force, l'âge,
la constitution du sujet, on verse i à i j kilogramme de goudron sur les 2, 3, 4 racines,
ou bien on divise en 3 ou 4 parties le goudron et on le verse entre les racines, ce qui
forme un flocon assez gros, que l'on couvre aussitôt d'une première couche de terre.
X 2° On verse 2 litres d'eau ammoniacale autour de la souche sur la direction des racines.
» 3" On tamise aussi régulièrement que possible y \ k i kilogiiirunics de chaux fraîche
des épurateurs à gaz, sur un rayon de 35 centimètres autour de la souche, et l'un a soin de
( '91 )
lu rouvrir parfaitement avec le surplus de la terre; autrement l'odeur flétrirait les feuilles,
si l'opération venait à se pratiquer en mai ou juin.
» 3oo souches environ, de différents cépages, ont subi ce traitement. Toutes les autres
alentour, au nombre de plus de loooo, sont actuellement sèches et perdues.
» Le propriétaire n'avait pas voulu en traiter davantage. Aujourd'hui il a pleine con-
fiance dans le résultat.
•■ Le 5 juin dernier, j'allai visiter ces 3oo pieds de souches: je les trouvai sains, vigou-
reux et robustes, tous chargés de pampres comme dans les plus belles années de production.
» Je fis découvrir les racines de quelques souches du milieu : il n'y avait plus de Phyl-
loxéra, les racines étaient brunes, saines et avaient réparé les attaques du suceur. Le
goudron, réuni en flocons, avait conservé toute son odeur, il semh\d\tfraichement posé.
» J'allai plus au bord, pour voir si les souches limitrophes étaient dans le mén;e état. Sur
les grosses et moyennes racines, il n'y avait plus de Plijllo.T.era ; seulement les plus petites,
touchant aux radicelles, en conservaient quelques-uns, mais très-rares. Avec la loupe, je
constatai qu'au lieu d'èlre d'un jaune clair brillant, ils étaient devenus d'un brun trouble
(comme autrefois les graines malades du vers à soie, sauf la couleur), offrant des signes
visibles de décomposition, donnant sur le papier blanc une liqueur jaunâtre sombre.
» Une observation essentielle, c'est que toutes ces souches avaient produit de nouvelles
racines, généralement verticales, à l'opposé du goudron; lorsque le goudron en avait impré-
gné le dessus, elles jetaient des pousses en dessous .;
M. J. Penart adresse un Mémoiie concernant un instrument propre à
déterminer la richesse alcoolique de liquides non sucrés.
(Commissaires : MM. Boussingault, Balard, Cahours.)
M. Mathey adresse un certain nombre de documents complémentaires
de ses Communications relatives à l'application de la force du venta la
vapeiu".
(Renvoi à la Commission du prix Plumey.)
M. T. IIÉXA adresse une Note complémentaire sur « les coprolithes du
diluvium de Saint-Brieuc ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Delafosse, Daubrée,
Des Cloizeaux.)
M. A. BitAcuET adresse deux Notes relatives à luie nouvelle lampe élec-
trique, destinée à éclairer sous l'eau.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
( '95)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse, pour la biblio-
thèque de l'Institut, les n°' 9, 10 et 11 du Catalogue des Brevets d'inven-
tion pris en 1872, et le tome LXXIX du Recueil des Brevets.
M. le Directeur général des Douanes adresse, pour la bibliothèque de
l'Institut, le Tableau général des mouvements du cabotage en 1870, qui
forme la suite et le complément du Tableau général du commerce de la
France pendant la même année.
M. Carpenter, nommé Correspondant pour la Section d'Anatomie et
Zoologie, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Les Mémoires de M. Graeff « sur le mouvement des eaux dans les
réservoirs à alimentation variable, et sur l'action que la digue du Pinay
exerce sur les crues de la Loire à Roanne » (Renvoi à la Commission du
prix Dalmont);
2° Un Mémoire de M. Cli. Antoine, intitulé « Du roulis par calme; am-
plitude des oscillations successives;
3° Un ouvrage de M. Ed. Lambert, intitulé « Nouveau guide du géolo-
gue; géologie générale de la France, suivi d'un Appendice sur la géolo-
gie des principales contrées de l'Europe ».
M. T. Husnot adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, le 8* fascicule
de sa collection des Mousses de France.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouvelles obserualions spectrales, en désaccord avec
quelques-unes des théories émises sur les taches solaires. Note de M. Tac-
CUINI.
« Palerme, 11 juillet 1873.
» Dans ma dernière Note, à propos du spectre métallique observé le
matin du 23 juin, j'annonçais à l'Académie que, dans la matinée suivante,
luie tache ou une facule devait se présenter dans le point où l'on avait ob-
( '96 )
serve ce spectre. En effet, le matin du a4, j'ai trouvé en ce point précis une
belle facule très-vive et compacte, de la forme indiquée par \a.fi(j. a; mais
ce n'est pas là ce qui me paraît le plus intéressant, car cette coïncidence
a déjà été souvent constatée d'une manière évidente. Le véritable intérêt
consistait à suivre la facule pour vérifier si, dans son milieu ou tout prés
d'elle, quelque tacbe ou trou noir se présenterait. J'ai donc suivi avec soin
cette facule : je n'ai vu se produire en ce point aucune tache ni aucun trou
pendant la demi-rotation.
Fig. 1.
1090,5
5 juillet 1873.
880
2:10», 5
Fig. 2.
24 juin 1873.
272"
» Supposant que la facule pouvait se maintenir pendant plusieurs jours,
je m'attendais à la voir au bord occidental vers le 6 juillet. En effet, le matin
du 5, la facule était déjà visible à une distance du bord telle qu'elle dût par-
venir sur le bord même dans la matinée suivante : sa forme était alors celle
de \Aftg. I. Le jour suivant, j'ai répété l'observation spectrale du bord, et
j'ai trouvé, à la place de la facule, un spectre métallique identique à celui
que la facule avait présenté le matin du 23 juin, c'est-à-dire à l'époque de
son a|)parition sur le disque. Nous sonunes donc ici en présence d'un spectre
métallique, ou d'une éruption solaire, qui persiste inaltérée pendant une
demi-rotation sans présenter ni tache ni ^rou noir. Une observation aussi
complète augmente pour moi les difficultés que présentent les théories
du P. Secclii et de M. Faye sur la formation des taches.
» Le P. Secchi considère les taches solaires comme le produit des
éruptions qui transi)orleiil les vapeurs métalliques en haut, vapeurs qui,
( '97 )
en se refroidissant, retombent sur le Soleil en produisant les taches. A
chaque éruption devraient donc toujours se former des taches, ce qui est
en désaccord avec une éruption métallique de quatorze jours sans tache.
Le P, Secchi pourrait peut-être dire que les vapeurs ont été, dans ce cas,
transportées et dispersées très-loin ; mais, quant à la théorie de M. Faye, je
crois très-difficile de pouvoir concilier mes observations avec les proposi-
tions qu'il a émises et qu'il soutient encore. En effet, les vraies éruptions
solaires, pour l'illustre académicien, n'existent pas, et dans le catalogue des
hypothèses qui, selon lui, doivent disparaître définitivement {Comptes ren-
dus, 1872, t. LXXV, p. 16^2), on trouve celle des éruptions internes per-
çant la photosphère et donnant naissance aux taches. Selon M. Faye, aucune
éruption n'est donc possible à la surface du Soleil, et si nous observons
des phénomènes qui ont les caractères d'éruptions, cela est dû à une circu-
lation d'hydrogène, conséquence des tourbillons qui se formeraient à la
surface du Soleil ; de manière que l'hydrogène transporté au fond de la
tache, qui n'est, selon lui, autre chose qu'un tourbillon, remonterait autour
de la tache en transportant d'autres matériaux, et donnant ainsi naissance
à une série de jets métalliques autour delà tache et au-dessus de la chromo-
sphère. En conséquence, l'observation d'un spectre métallique ne serait
possible que dans le cas d'un tourbillon, c'est-à-dire d'une tache solaire.
Mon observation prouve le contraire, et cela pendant l'espace d'une demi-
rotation solaire.
» Mais j'ai encore d'autres observations à communiquer, qui conduisent
aux mêmes conclusions.
» Le matin du 5 juillet, j'avais observé un autre spectre métallique,
correspondant à des facules qui s'étaient formées en avant de celle du
24 juin. Alors j'ai soupçonné qu'au lieu d'une éruption limitée on pouvait
s'attendre à voir une région éruptive très-étendue, et c'est ce que l'obser-
vation a confirmé complètement.
» Le 7 juillet, j'ai trouvé le spectre métallique étendu sur 24 degrés du
bord, avec le sodium dans la partie centrale, et sans la présence d'aucune
tache. Le jour suivant, l'éruption s'étendait sur 48 degrés du bord; il y
avait alors des taches sur cette partie du bord, mais elles étaient limitées à
8 degrés, tandis que les 4o autres degrés offraient les caractères d'éruption,
sans taches.
» A la place précise de la tache la plus belle, j'ai pu observer un spectre
métallique vraiment extraordinaire : trente-quatre raies se montraient rcn-
C.\{.,lS^■i,1' Semestre. (T. LWVll, N" 3.) 2"
( >98 )
versées, et dix-sept d'entre elles étaient comprises entre la raie b et la
raie 54o4 d'Angstroin; à certains instants, toutes les lignes de cet inter-
valle semblaient renversées. Avant-hier, l'éruption continuait encore, mais
elle ne s'étendait plus que sur 3G degrés du bord : hier, elle comprenait
3o degrés; enfin, ce matin, i! n'y avait de spectre métallique que sur trois
points; il était faible et l'on n'observait toujours pas de taches. Les détails
de toutes ces observations seront donnés dans un prochain numéro des
Memorie, avec les figures relatives. Pour aujourd'hui, je me contente d'an-
noncer à l'Académie le fait que j'ai observé, savoir, dans une région solaire,
une éruption s'étendant presque sur 5o degrés en latitude, et qui a em-
ployé sept jours pour se terminer. Tandis qu'un phénomène aussi extra-
ordinaire se produisait, sur une étendue aussi énorme, le magnésium et la
raie i474 de Kirchhoff étaient visibles sur le bord entier du Soleil. Voilà
donc un mouvement général dans les couches supérieures du Soleil, indé-
pendant du mouvement de rotation de 1 astre, puisque le Soleil tourne
toujours de la même manière. »
ANALYSE. — Sur la constante d'Enter et la fonction de Binet;
par M. E. Catalan. (Extrait.)
« 1. Soit
(") - -\ \ H. ..H ~ = /(y. + II — \) + o in, a) -+- C„,
p. étant une quantité positive, et la fonction ç («, y.) s'annulant pour « in-
fini. Quant à la constante C,;., définie par l'égalité
(a) C, = Hm[i + ^ +...+ j^-j-^ - /(^. + n - .)],
elle se réduit à la constante d'Euter C, si |j. = i .
» 2. D'après l'équation (i),
14) 9(", F-) = -X" [t^ - /I^l-^^^"^-^--'
(5 ) C, - (V = C - Cy, =-- f''~^'^' da
ix.
{ '99 )
» D'ailleurs (*),
donc
^"1 ^~ du. '
n Ainsi la constante C^,., considérée comme/ottct/o/i du paramètre (j., est
une transcendante connue. Si p. est commensnrable, C — Cj^ est exprimable
sous forme finie : en particulier, C — Cj = i ,
» 3. Dans la Note citée, j'ai prouvé que
(8) / '-^ r.r-1^ H- jc'v- H- jc^v- 4- ;. .1 + f r_L_ + ^ ]jc^-< dr = o,
si p. est un nombre entier. Par une démonstration très-simple, on établit la
généralité de cette équation. En conséquence, et pour toutes les valeurs posi-
tives de p.,
» 4. Prenons la formule connue
(ro) /rfp.) 3= [jj. - ij /(p.) - p. + ^ /(^^t:) + î^(p.),
dans laquelle ~(p) est \^ jonction de Binel, savoir :
[il] rs{p.)— l-r-^— -+-1'^ — '^x'-
X 2 / .r
Il en résulte, à cause des relations (7) et (8),
(.3)
(*) Foir, par exemple, iVo?e ^«r une formule de M. Botesu [Bulletins de rJcadémie de
Belgique, juillet et novembre 1872).
26 .
puis
Cu
( 200 )
■-■'(1 ' ~^ '
et, en particulier (*),
(i5) C, = C = 1 - J' ^ (a-^ 4- x' + ^» + ...).
» 5. Connaissant ro'(/-'-), on trouve, par un calcul que je suis forcé de
supprimer (**),
(<7) ^r(/;.)-(fx-.)/(p-)-,'^-- r
(.8)
4 «
clx /l — x'' I — .r';'
I+.rWx
f/a-
I • — .r' I — .r°
» 6. La dernière formule équivaut à celle-ci :
\/ir(2)-|"^ [-v/^r(3)-j' rv/^r(5)-|' rv/"r(9)-]^
e =
'\/^r(2)-}' rv/7rr(3)-i' rv/7rr(5)-[' rf^LLlsiT"
d'où l'on tire ce développement curieux
(■9) «=f(f)'(
G.8\ ' /io.i2.i4.i6\'
5.7/ \ y.ii.i3.l5J
» 7. Si l'on suppose
i-^n^ V r '■'"•''■'n
- ri2,uH-i) T'r r(4u-+-i) ~
(20) i^— ^,
r u + -
L V' 3/J
on trouve
r(2,+ l)J _r(4y. + ^)_
(21) Ti,
;. -
hii^'xi^e-'^vnPH^.
(22)
r(/z + r =: ?i"c-"\i:u
•?. 2 4 4 ^ " — 2 2/? — 2
I 3 3 5 2/2 — 3 2 « — I
V.,
r 2/1 2// + 2 j/2 j-r4'?-i-'- 8// ' /•••\.
L2« — I 2«-(-i 4" — 'J l4" + ' ^" — 'J ^
(*) Note sur une formule de M. Botesu.
(**) Dans un Minioire reniar(]iiable, enroro inédit, M. Pli. Gilbert a donné une infinité
de séries propres à reiirésenter la fonction de Binet.
(***) De cette relation (22),' on peut déduire le développement de e" en produit indéfini.
( 201 )
et, comme T{n 4- i) = ?i"c~"\-?.n/t(i -^ -- ''
n 7
(23)
\ !+£«=--- -ô-^ ^
' i, TT L r J J 2 « — o 2 « — I J
j r 2« 2« + a 4" i"r4"-t-2 8« i'
Cette quantité est le terme complémentaire de la formule de Stirling, c'est-
à-dire la fonction qui a pour développement, en série divergente.
B3
1 . 2 . rt 3.4."' 5 . 6 . «'
» 8. Pour terminer, citons encore ces résultats, peut-être connus,
(24) lim ^ , ^^ ,\, , ^^ =v/2;
^ ^^ riy. + i)r(2f/) ^ '
(25)
ir 4 4 ^ '^ ' -^ ' ■^
2 ^Ç ~~ 3 5 7 9 1 1 1 3
, ^ , ,- 2 2 (i 6 10 10 i4 i4
PHYSIQUE. — Recherches iiir la condensation électrique ;
Note de M. V. Neyreneuf, présentée par M. Edm. Becquerel.
« Dans les différentes circonstances de son emploi, un condensateur à
lame de verre est un véritable électrophore agissant par ses deux faces,
pouvant donner à volonté de l'électricité, soit positive, soit négative, ouïes
deux électricités à la fois. On vérifie facilement qu'il en est ainsi : 1° dans
la décharge par contacts successifs : si l'on écarte, en effet, brusquement
le plateau que l'on vient de toucher, on le trouve chargé, et chargé d'une
électricité contraire à celle qui produisait la divergence du pendule ;
2° dans la décharge instantanée : l'écart des deux plateaux après la pro-
duction de l'étincelle va mettre en évidence sur ces deux plateaux des
électricités contraires à celles qu'ils manifestaient d'abord ; 3° par le long
emploi que l'on peut faire, quand le condensateur est déchargé, de la lame
de verre comme électrophore.
» Les quantités d'électricité obtenues dans les trois cas que je viens de
signaler sont considérables et peuvent produire de fortes divergences des
pendules à moelle de sureau et des étincelles qui dépassent souvent en
( 202 )
longueur i centimètre. Il est commode de faire usage, pour obtenir les
meilleurs effets, du condensateur à lame de verre verticale.
» On se rend compte des phénomènes ordinaires de la condensation en
attribuant à la lame isolante un rôle exclusif dans leur production. Une
seule difficulté |)eut se présenter à l'esprit relativement à l'électricité libre
que renferme toujours l'un des plateaux ; mais on doit remarquer : i° que
cette électricité est en quantité peu considérable, comme on peut le con-
stater en écartant le plateau sur lequel elle se trouve ; 2° que dans l'expé-
rience de la bouteille de Leyde à armures mobiles, où Ton ne garde que
les deux électricités accumulées sur les deux faces de la lame isolante, on
reproduit les principales circonstances delà condensation; 3° que l'on
peut, sans modification sensible, donner au moyen d'une machine de
Holtz de l'électricité libre aux deux plateaux à la fois.
» Toutes les substances solides isolantes se prêtent comme le verre aux
expériences indiquées plus haut. On remarque néanmoins, en comparant
leurs effets, que les uns sont plus propres à former des condensateurs,
d'autres des électrophores. La gutta-percha est le type de ces dernières;
un plateau de cette substance (j'ai vérifié le fait sur quatre échantillons
différents), qui fonctionne si bien comme électrophore, ne donne pas d'é-
tincelle avec l'excitateur, pour les charges les plus prolongées.
» L'étude de l'électrophore se trouve reliée, comme on le voit, à l'étude
du condensateur. Un électroscope à décharges de M. Gangain, sans résis-
tance à vaincre par le fluide électrique et dans lequel les feuilles d'or
sont remplacées par une mince feuille d'étain, mis en communication avec
le plateau mobile de l'électrophore, permet d'évaluer la charge de ce pla-
teau sans que l'on ait de déperdition à craindre. Si l'on soulève en effet ce
plateau, les décharges successives vont se produire, au fur et à mesure que
de l'électricité deviendra libre parla variation de distance à la lame isolante,
et l'on ne devra se préoccuper que de la régularité du mouvement de la
lame d'étain.
» Un électrophore ordinaire de i centimètre d'épaisseur, chargé avec
une peau de chat, manifeste d'abord un affaiblissement rapide, puis arrive
à un état de charge qui peut rester constant pendant quatre heures consé-
cutives, pourvu que son emploi ne soit pas continu.
» Avec un électrophore condensateur^ pour lequel le contact est intime et
l'épaisseur bien moindre, l'affaiblissement est continu, sauf pour des
charges très-faibles.
» Ce résultat ne peut se constater qu'avec certaines substances et à partir
( 203 )
d'une certaine limite de charge, car avec le verre et le caoutchouc durci se
produisent des décharges spontanées sans qu'on soulève le plateau mobile.
Ces décharges, de signe contraire aux décharges électrophoriques, sont ducs
à la même cause qui produit les résidus. La gutta-percha ne donne
jamais de décharges spontanées.
» En général, et dans le cas d'un contact intime, plus les décharges
spontanées sont nombreuses, moins ou observe de décharges électropho-
riques.
» La charge totale d'une lame isolante évaluée par la somme des deux
sortes de décharges dépend sans doute de la charge du condensateur éva-
luée au moyen dune bouteille de Lane, mais est surtout fonction du
temps pendant lequel la communication avec la machine a été établie. Ce
fait oblige à examiner l'influence réciproque de la lame isolante de la source
d'électricité : je reviendrai bientôt sur ce ])oint important. On peut con-
clure dès maintenant :
» 1° Que la constance de charge de l'électropLore ordinaire provient
de Timperfection du contact;
» 2" Que l'emploi du plan d'épreuve est complètement défectueux pour
des recherches quantitatives et même qualitatives d'électrisation d'une
lame isolante ;
» 3° Que l'emploi de l'électroscope à feuilles d'or exige de grandes pré-
cautions, à cause de l'état variable qui se produit toujours par suite du
fonctionnement, comme électrophore, de la lame isolante d'un conden-
sateur ;
» 4° Qu'un électrophore installé dans les meilleuresconditions théoriques
ne donnerait presque aucun effet, à cause de l'antagonisme des décharges
spontanées et de celles obtenues par le fonctionnement ordinaire de
l'appareil. »
CHIMIE AGRICOLE. — Etude de la nilrifïcation dans les sols;
par M. Th. Schlœsing.
« La nitrification de la terre arable, l'un des phénomènes les plus
importants pour l'Agriculture, est encore aujourd'hui, après les recherches
nombreuses dont elle a été l'objet, un sujet d'études fécond. Ses conditions
indispensables sont connues, savoir, une matière azotée qui subit la com-
bustion lente, une aération suffisante, une base carbonatée, certanis
degrés d'humidité et de chaleur; mais on ignore les relations qui existent
( 2o4 )
entre la nitrification et chacune de ces conditions, et l'on ne peut expli-
quer, encore moins prévoir les variations considérables que la production
du nitre éprouve dans des circonstances diverses. Sans me dissimuler com-
bien des recherches propres à éclaircir ce sujet exigent de temps et de tra-
vail, je les ai entreprises depuis quatre ans, et j'ai institué un grand
nombre d'expériences dans lesquelles je me suis efforcé de reproduire les
conditions naturelles de la nitrification.
» Celles-ci peuvent être classées en plusieurs catégories :
» Conditions propres au sol : composition minérale et propriétés physiques qui en
résultent; nature et proportion des principes salins solubles ou insolubles ; nature et quan-
tité des matières organiques ; degrés d'ameubiisseraent ; culture;
» Conditions résultant des rapports du sol avec l 'atmosphère : humidité; proportion
d'oxygène et d'acide carbonique dans l'atmosphère confinée dans le sol ; échanges de gaz
entre le sol et l'air ;
» Conditions purement physiques : chaleur, lumière, électricité.
» Pour étudier l'influence de chaque condition, il faut suivre la méthode
laborieuse, mais sûre, qui consiste à instituer les expériences par séries;
dans chaque série on fait varier la condition étudiée, toutes les autres
demeurant égaies. L'application de cette méthode à la nitrification ren-
contre tout d'abord un premier obstacle : l'atmosphère confinée dans un
sol est constamment modifiée par la matière organique ; si donc on veut
être assuré que l'atmosphère est la même dans toutes les expériences d'ime
même série, il faut absolument la renouveler souvent, pour pouvoir la
considérer comme constante. De là des manipulations continuelles qui
lasseraient l'opérateur le plus persévérant, et qu'il est indispensable de
confier à des mécanismes chargés de former et distribuer des mélanges
d'air, d'azote, d'acide carbonique représentant les atmosphères confinées.
» J'ai déjà mentionné, dans une Communication sur la dissolution du
carbonate de chaux par l'acide carbonique [Comptes rendus, o.l\ juin iH'ya),
des appareils qui m'ont permis de produire avec continuité des mélanges
constants d'acide carbonique et d'air; ceux qui me servent à étudier la ni-
trification sont du même genre : des tourniquets hydrauliques distribuent
de l'eau, dans des rapports constants, à de petits appareils de verre très-
simples, qui, par le moyeu de l'eau, aspirent, mesurent et renvoient, les
uns de l'air puisé hors du laboratoire, d'atitres de l'acide carbonique, d'au-
tres de l'azote. Les gaz isolés, ou réunis deux à deux, ou tous trois, passent
dans des flacons récepteurs et de là dans les sols.
» Grâce à ces dispositions automatiques, j'ai pu obtenir un certain
( 2o5 )
nombre de résultats que je commence aujourd'hui à soumettre à l'Aca-
démie.
Influence de la proportion d'oxygène dans l'atmosphère confinée.
» Première série d'expériences. — Cinq lots de 2 kilogrammes d'une
terre calcaire ont été placés dans de grandes allonges de verre, à la tempé-
rature ambiante. Toutes choses étaient égales, sauf la composition des
atmosphères, qui étaient des mélanges d'air et d'azote renfermant, en vo-
lumes,
I. II. III. IV. V.
Oxygène i, 5 p. 100 6 p. 100 n p. 100 lô p. 100 21 p. 100
Humidité de la terre, i5,9 pour 100;
Composition minérale : argile, i4,6 pour 100; calcaire fin, 19, 5; sable siliceux, 48;
sable calcaire, 17,7;
Taux d'azote dans la terre humide, 0,268 pour 100.
» C'est une terre fertile, riche en principes humiques.
» Avant d'être admises dans les terres, les atmosphères passaient sur des
réactifs alcalins et acides, pour être dépouillées de toute trace d'acide car-
bonique et d'ammoniaque. L'élimination de l'acide carbonique devait
permettre de mesurer, par des dosages de cet acide à la sortie des terres,
la combustion de la matière organique; l'élimination de l'ammoniaque
supprimait l'objection consistant à attribuer à l'oxydation de cet alcali
une partie du nitre produit.
» Les expériences ont duré du 5 juillet au 7 novembre 1872.
» Les dosages d'acide carbonique dans les atmosphères expulsées des
terres ont donné, dans les mois de juillet et d'août, pendant que la tempé-
rature variait entre 21 et 29 degrés, les moyennes suivantes :
I. II. III. IV. V.
Température moyenne 1^", 3 24° aS", 1 24°, 2 25", 2
Moyenne de racide carbonique formé 1^,,,^ ^^.^^^ ^^^^^^ ^
en 24 heures, dans l'^i' de terre. . . )
» La combustion de la matière organique dans les quatre derniers lots
semble presque indépendante de la proportion d'oxygène dans les atmo-
sphères; et dans le lot I, où cette proportion tombe à i | pour 100, la
combustion atteint encore les soixante centièmes de ce qu'elle est dans les
antres lots. Ainsi la combustion lente des matières organiques des sols
présente, dans ses rapports avec l'atmosphère confinée, une différence
complète avec la combustion vive que nous sommes habitués à envisager,
C. R., 1873, o« Semestre. (T. LXXVII, N» 3.-) . ^7
( 206 )
et dont l'activité est proportionnée au renouvellement de l'atmosphère
comburante et à sa richesse en oxygène.
i> Les dosages d'acide carbonique faits en septembre et octobre, à des
températures comprises entre i4et 18 degrés, donnent lieu à la même re-
marque; ils montrent de plus que la température a une influence considé-
rable sur la combustion lente, ainsi qu'on devait s'y attendre. En effet, la
production de l'acide carbonique, à la température moyenne de 16 degrés,
n'a été que la moitié de la production à 24 degrés.
» Voici maintenant les résultats des dosages d'acide nitrique rapportés
à I kilogramme de terre humide :
I. n. m. IV. V.
mg mg me dik nie
Au 7 novembre 1872 i5i,8 201,8 238,6 352,7 268,7
Au 5 juillet 1872 ro6,i 106,1 106,1 106,1 106,1
Acide nitrique formé ^5,-] 95.7 i32.5 24^,6 162,6
» La quantité d'acide formé croît de I à IV et décroît en V : il est pro-
bable qu'au moment de la prise d'échantillon il y a eu transposition d'éti-
quettes entre les échantillons des lots IV et V. Quoi qu'il en soit, la pro-
duction du nitre parait ici dépendre de la proportion d'oxygène dans
l'atmosphère confinée; mais on remaïquera qu'elle est encore très-notable
quand l'oxygène descend à i,5 pour 100, et il me sera permis de conclure
de cette première série d'expériences que la combustion de la matière orga-
nique et la nilrification ont continué dans mes sols et s'j sont montrés très-sen-
sibles, lors même que la proportion d'oxygène confiné est devenue très-faible.
» C'est un résultat sur lequel j'appuierai plus tard des conclusions in-
téressantes.
» Deuxième série d'expériences. — Elle ne diffère de la première qti'en
deux points : d'abord l'humidité de la terre a été portée au maximum d'im-
bibition, 24 pour 100; ensuite on n'a admis dans le lot I que de l'azote pur.
Du reste, la terre a été prélevée au même endroit de mon champ, et les
lots II, III, IV et Vont reçu des atmosphères contenant G, 11, 16, 21
pour 100 d'oxygène.
» Les expériences ont duré du 18 novembre 1872 au 3 juillet 1873. Les
dosages d'acide carbonique faits en novembre et décembre ont donné :
Température moyenne
Acide carbonique formé en vingt-
quatre heures dans i''^ de terre.
I.
II.
III.
IV.
Y.
14°, 3
14°, 5
tS"
.6",,
-4",'.
)'"^o3
1 5'"S 9
l6"'5,0
.6"'S6
i6"'8,o
( 207 )
» Lit coinbuslion lente se montre encore indépendante de la proportion
d'oxygène, dans les quatre derniers lots. Dans le premier, l'acide carbo-
iiique produit ne peut être attribué qu'à une combustion qui se fait aux
dépens de l'oxygène propre de la matière ou de celui de corps minéraux
réductibles. L'excès d'humidité favorise la combustion lente, car j'obtiens
dans la seconde série, à une température de i4 degrés seulement, autant
d'acide carbonique que dans la première, où la température s'élevait à
i[\ degrés.
Dosage (le l'acide nitritjuc.
I. H. 111. IV. V.
Au 3 juillet 1873 oo"°6 263"'6 286"'e 267"s aSg'"^
Au 1 8 novembre 1873 64 64 64 64 64
! disparu 64
lornie 199 222 2o3 223
» Dans le premier lot, l'acide nitrique préexistant a été détruit en en-
tier, sans doute sous l'action réductrice de la matière organique. Dans les
autres, la nitrification a été à peu près égale, comme si l'abondance d'eau
dans la terre avait fait disparaître l'influence de la proportion d'oxygène
reconnue dans la première série des expériences. Mais, à part cette diffé-
rence entre les résultats des deux séries, l'une et l'autre mènent à la même
conclusion, savoir, que la combustion de la matière organique et la nitrifi-
cation, même dans une terre imbibée d'eau à saturation, sont encore ac-
tives lors même que l'atmosphère confinée est fort appauvrie en oxygène. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une combinaison d'acide picrique et d'anhy-
dride acétique. Note de MM. D. Tommasi et H. David, présentée par
M. H. Sainte-Claire Deville.
« Lorsqu'on fait agir l'acide acétique anhydre sur l'acide picrique, on
obtient un composé ayant pour formule r^^jin \ O, que l'on peut con-
sidérer comme étant un picrate dans lequel l'atome de métal aurait été
remplacé par de l'acétyle. Pour préparer le picrate d'acétyle, on chauffe
dans un appareil à reflux, pendant deux heures, i partie d'acide picrique
et 4 parties d'anhydride acétique. On obtient ainsi un liquide parfaitement
clair, très-peu coloré en jaune, qui renferme le picrate d'acétyle dissous dans
un excès d'acide acétique anhydre. Pour isoler le picrate, on verse la solu-
tion acétique dans l'eau qui décompose et dissout immédiatement l'anhy-
27..
( 2o8 )
dride acétique et laisse le picrate d'acétyle sous forme d'une poudre blanche
cristalline et légèrement jaunâtre. Cette poudre est lavée rapidement à l'eau,
puis recueillie sur une toile et exprimée à la presse. Ce picrate d'acétyle
est ensuite desséché complètement dans le vide.
» Ce produit prend naissance en vertu de l'équation suivante :
H ) C'H'O ) OWO i H
» Le picrate d'acétyle fond entre yS et 76 degrés en une huile d'un
jaune pâle; à 120 degrés, il commence à se décomposer en dégageant des
vapeurs d'acide acétique; vers 180 degrés, il brunit et se décompose com-
plètement à 260 degrés en laissant un résidu charbonneux. L'éther, l'al-
cool, l'éther acétique, les acides sulfurique, azotique et chlorhydrique le
dissolvent aisément à chaud. Le picrate d'acétyle exposé au contact de
l'air se colore, au bout de quelques heures, en jaune, par suite d'une dé-
composition partielle; cette décomposition s'effectue plus rapidement au
contact de l'eau. Les solutions alcalines le dédoublent immédiatement à
froid en acide acétique et en acide picriqne
C«H=(AzO')' I .. , li / ^ _ eiP(AzO^)3 I CnVO I f) , H I
» Lorsqu'on dissout le picrate d'acétyle dans l'éther anhydre, et que
l'on évapore la solution dans le vide, on obtient de jolis cristaux d'un
jaune foncé.
» Le picrate d'acétyle ne détone pas par le choc; mais, mêlé à du chlo-
rate de potasse, il produit une explosion très-violente. Chauffé sur une lame
de platine, il brûle avec une flamme très-éclairante.
» L'analyse de ce composé nous a donné les résultats suivants :
Calculé (C'H'Az'O"). I. Trouvé.
Carbone 35,42 35,39 35, 4i
Hydrogène 1,84 2,02 2,10
Azote i5,49 '4)9' "
Oxygène 471^3 » «
» Ces recherches ont été faites à la Sorbonne, au laboratoire de Chimie
de M. Schùtzenberger. »
( 209 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — L'acide pyrocjttHKjue en présence de l'acide iodique.
Noie de M. Jacqcemin.
K L'histoire des traiistormalioiis de l'acide pyrogallique sous l'infliieiice
des agents oxydants, devenue plus nette à la suite de la découverte de
la purpurogalline faite par M. A. Girard, s'est augmentée de résultats
nouveaux, obtenus dans ces derniers temps par M. Struve (Munich, 2 mars
1872). L'Académie voudra bien accueilUr avec indulgence un nouvel
exemple du même genre, qui se recommande par quelques applications à
l'analyse.
» Tous les acides réductibles ne jouissent pas, comme ceux du manga-
nèse et du chrome, de la propriété de modifier profondément l'acide pyro-
gallique ou pyrogallol. Ainsi l'acide azotique pur, l'eau régale étendue de
2 volumes d'eau , l'acide arsénique , n'agissent pas sur des solutions
d'acide pyrogallique au vingtième.
» L'acide iodique, au contraire, libre ou combiné, se comporte avec
beaucoup d'énergie, et brunit instantanément des solutions pyrogal-
liques au deux-cent-cinquantième, et même plus étendues.
» 11 était présumable que les acides du même groupe sériaire, bromique
et chlorique, agiraient d'autant mieux que l'iode semble avoir plus d'affi-
nité pour l'oxygène, puisqu'il l'enlève à l'acide chlorique. L'expérience
n'a pas confirmé ces prévisions.
» Ainsi le chlorate de potasse, dissous dans l'eau, est sans effet, même
après addition d'acide azotique, et l'acide chlorique, étendu de 3 ou
4 volumes d'eau, n'agit pas davantage. Seul l'acide chlorique, con-
centré au point de déterminer la combustion du papier, brunit la solution
assez concentrée de pyrogallol, mais avec moins d'énergie que l'acide
iodique en dissolution au deux-cent-cinquantiènie. Le bromate de potasse,
lui aussi, reste inerte, tandis que des traces d'iodate sulfisent pour amener
une réaction bien tranchée.
» L'acide pyrogallique pourra donc être employé avantageusement
comme réactif pour déceler, dans certains cas, la présence de l'acide
iodique, ou pour servir de caractère complémentaire de cet acide, car,
1 centimètre cube d'eau renfermant un dixième de milligramme d'acide
iodique, je m'en suis assuré à l'aide d'une liqueur titrée, fournit encore
une réaction très-nette. Lorsque l'eau ne renferme plus qu'un centième de
milligramme d'acide iodique, la réaction se fait attendre.
» Le chimiste pourra donc aisément, par le pyrogallol, s'assurer de la
( 210 )
présence ou de l'absence de l'acide iodique dans l'acide nitrique du com-
merce, ou contrôler la pureté de l'acide livré comme tel.
» I^e pharmacien possédera un moyen de plus de constater l'iodate de
potasse dans l'iodure de potassium commercial. S'il prend la précaution de
faire disparaître l'alcalinité par de l'eau gazeuse, la teinte jaune d'or pâle,
que prend le produit impur, se dissipe pendant une seconde par le pyro-
gallol, puis renaît, s'accentue, devient jaune brun assez foncé pour peu
qu'd y ait une trace d'iodate, se trouble et dépose de la purpurogalline,
qui est si facile à caractériser.
» Le physiologiste arrivera peut-être par ce procédé à démontrer que
l'iode pris à l'intérieur, ou qui pénètre par l'absorption cutanée, ne s'élimine
pas simplement à l'état d'iodure. En effet l'iode, au contact des liquides
alcalins de l'économie, doit produire de l'iodate et de l'iodure sodique ; or,
si l'iodate ne subit point de réduction sur son parcours, il sera possible de
retrouver de l'acide iodique dans les urines. Il résulte de mes observa-
tions que l'urine normale ne se colore pas par le pyrogallol, et qu'une urine
qui contient un centième de milligramme d'acide iodique par centimètre
cube brunit encore, bien que lentement, par ce réactif,
» Que se passe-t-il dans le phénomène d'oxydation du pyrogallol par
l'acide iodique ou par l'iodate potassique? Le liquide prend immédiatement
une teinte rouge brun, foncée, couleur teinture d'iode. 11 n'y a pas d'iode
resté ou mis en liberté, car l'amidon qu'on y ajoute ne change pas d'aspect,
et ne se colore en bleu qu'après addition d'acide nitrique nitreux : ou bien
l'iode a été dissimulé par la matière organique, ou bien l'acide iodique ou
l'iodate de potasse sont décomposés en iodure d'hydrogène ou iodure de
potassium et oxygène.
» Un trouble se manifeste plus tard, qui augmente du jour au lendemain,
sans que l'on remarque de dégagement gazeux. Le précipité recueilli sur
le fdtre m'a donné les caractères de la purpurogalline de M. A. Girard ; lavé
à l'eau distillée, puis dissous dans l'alcool, étendu d'eau, et traité par l'am-
moniaque faible, il vire au vert, puis au bleu pur qui se dégrade au bout
de quelques instants.
« Quant au liquide filtré, toujours très-foncé, il paraît varier de compo-
sition suivant le mode d'opérer, les proportions employées et le temps qui
s'écoule entre la réaction el la séparation.
» Dans un cas, ce liquide provenant d'une oxydation par l'acide iodique
m'a fourni par saturation au chlorure sodique un précipité briui noir, so-
luble dans l'eau, insoluble dans l'alcool, et présentant les caractères de
(an )
l'acide tnnnomélaniqiie. En effet :
SC^IPO' + THO' = SCH'O' + 3H^O + HI.
M Dans un antre cas, l'oxydation avait été pratiquée parl'iodafe do po-
tasse, et, après avoir recueilli environ 25 pour loo de purpurogalline, je
n'obtins, par la saturation an chlorure de sodiinn, qu'un faible précipité
d'un acide brun noir, soluble dans l'eau ou dans l'alcool, et une liqueur
qui s'est foncée considérablement par l'ammoniaque et a donné un abon-
dant précipité d'un sel ammoniacal noir.
» Dès que je serai parvenu à mieux saisir les différents termes de cette
action chimique, je m'empresserai de les présenter à l'Académie. »
MlNF-iRALOGlt:. — 5«r ime combinaison naturelle des oxydes de fer et de cuivre,
et sur la reproduction de l'atacamite. Noie de M. C. Friedei>, présentée
par M. Daubrée.
« En examinant récemment les échantillons de graphite de la collection
de l'École nationale des Mines, j'ai remarqué, parmi les doubles, un mor-
ceau de petite dimension, dont les caractères m'ont paru différer un peu
de ceux qui appartiennent à cette espèce minérale. Les lames cristallines,
appliquées sur les deux faces d'un fragment d'argile d'un blanc jaunâtre,
présentaient un éclat métallique un peu plus vif, et n'avaient pas en même
temps cet aspect légèrement gras qui est propre au graphite; elles étaient
aussi dnn gris un peu pins foncé. L'étiquette originale, de la main de
Ravergie, portait ; Graphite sur une lilhomarge blanche de Calherinebourq,
Sibérie; et au dos ; ylbbé Grandidier, Saint-Pétersbourg, 1820.
» Ayant détaché quelques fragments de la matière grise, qui tachait les
doigts et traçait sur le papier à la manière du graphite, et qui se clivait
facilement en lames très-minces, j'ai reconnu que cette matière était facile-
mont soluble dans l'acide chlorhydriqno, même à froid, sohible dans les
acides azotique et snifnrique, et qu'elle renfermait essentiellement du enivre
et du fera l'état d'oxydes. L'essai au chalumeau a confirmé les indications
de l'essai par voie humide; la substance, assez difficilement fusible au cha-
lumeau, colore la flamme en vert, et devient attirable à l'aimant, sur lequel
elle n'a aucune action avant la calcination. Au feu de réduction, la par-
celle soumise à l'essai se recouvre de cuivre métallique. Avec le borax, on
obtient une perle qui, au feu d'oxydation, est d'un beau vert émeraiide, et
qui devient rouge-brique au feu de réduction.
» La solution chlorhydrique, étant immédiatement traitée par l'ammo-
( 212 )
Iliaque en excès, fournit un précipité d'hydrate de sesquioxyde de fer, et
la liqueur, rapidement séparée do ce dernier par le filtre, est d'abord peu
colorée en bien. La cotdeur se fonce à l'air. Si l'on y ajoute aiissitôt après
la fdtration de l'azotate d'argent, on voit se produire un précipité d'argent
niélallique d'un gris blanc, susceptible de prendre l'éclat métallique sous
le brunissoir. La liqueur renfermait donc du protochlorure de cuivre.
» L'analyse a été faite sur une petite quantité de matière triée avec le
plus grand soin, et qui n'a laissé, après attaque par l'acide chlorhydrique,
qu'une proportion très-faible d'une matière insoluble formée évidemment
de la gangue argileuse. On a trouvé : .
Oxygène.
Rapports,
Fe=0'. ..
A1=0'. . .
•• 47.99
. . 3,52
"^'"^"î .6 ai
3
Cii'O . . .
.. 47.45
5,32
I
98,96
» Ces nombies s'accordent bien avec ceux exigés par la formule
Fe=0%Cu=0
qui demande re°0'= 52,84, Cu-0 = /j'y, 16. La petite quantité d'alumine
que l'on a trouvée a été regardée comme faisant partie du minéral. On a
constaté, en effet, que la gangue argileuse est inattaquable à l'acide chlor-
hydrique, dans les conditions où l'on a opéré, et que l'alumine ne peut
pas par conséquent en provenir. En ne tenant pas compte de l'alumine,
on rendrait d'ailleurs fort compliqué le rapport des quantités d'oxygène
contenues dans le sesquioxyde et dans le protoxyde.
» On peut se demander si à la formule Fe-0*,Cu-0 il ne faudrait pas
substituer cette autre plus simple : FeO, CuO, qui correspond aux mêmes
rapports. L'analogie avec les nombreuses espèces de la famille desspinelles
ferait déjà pencher la balance du côté de la première; la présence de l'alu-
mine semble trancher la question en sa faveur.
» Comme confirmation de l'analyse précédente, j'ai pensé qu'il serait
bon de doser l'oxygène du minéral en réduisant celui-ci au rouge dans un
courant d'hydrogène. La substance a perdu, dans ces conditions, 21,76
pour 100 d'oxygène; la formule Fe''0',Cu*0 exige 21, i5 pour 100. La
matière, après cette expérience, était devenue rouge de cuivre.
M Lorsque, au contraire, le minéral est soumis à l'action d'un courant
d'oxygène au rouge, il augmente de poids et dans une proportion qui corres-
pond à peu près à une transformation de Fe-O^jCu^'O en f (Fe'O*, 3CuO);
( 2.3 )
il devient, d'ailleurs, attirable à l'aimant, et du noir, il passe au brun
rouge foncé.
» La densité du nouveau minéral a été trouvée de 5,07 à la température
de 25°. Sa dureté est un peu supérieure à celle du gypse et peut être expri-
mée par le nombre 2,5. La poussière est d'un noir grisâtre. Quant à sa
forme crislalline, en l'absence de lames terminées sur les bords, le clivage
unique, très-facile, qui existe, permet seulement d'exclure le type cubique.
Les lames les plus minces sont opaques.
» Ayant fait ces observations sur le i)etit écliantillon de l'École des
Mines, j'ai pu, grâce à la libéralité de M. Delafosse, examiner aussi la collec-
tion du Muséum d'Histoire naturelle, et j'y ai trouvé également, sous le
nom de graphite, trois beaux échantillons de la même substance, qui
m'ont permis de vérifier l'exactitude des indications précédentes. Les trois
morceaux présentent la plus grande analogie avec le fragment de l'École
des Mines, et deux au moins sont tellement pareils qu'on n'hésite pas à
leur attribuer la même provenance; l'un des deux (34,85) porte comme
nom de localité : Amérique, L'autre (3i,/i2 ), envoyé par Ravergie, pen-
dant son voyage en Russie, porte : Graphite laminaire sur lithomarge, de
Catherinebourg , Gouvernement de Perm. L'authenticité de cet échantillon
et la concordance des indications qu'il porte ne laissent aucun doute sur le
gisement du nouveau minéral, qui a été trouvé à Catherinebourg, il y a
une cinquantaine d'années, et qui ne semble plus avoir été rencontré de-
puis. Le troisième échantillon (2,3G6) du Muséum, présentant un aspect
légèrement différent des autres, en ce que le minéral a formé une couche un
peu plus épaisse entre les masses d'argile blanche, el en ce que les lames
cristallines ne sont pas étalées à la surface de la gangue, provient de la col-
lection de Weiss, et est catalogué avec l'indication suivante : JVasserhley
grobschiippiges [Grapliil] auf und zwiichen verhàrtelen Thon aus Bôhmen. Il
est donc possible que la nouvelle substance minérale se soit aussi rencon-
trée en Bohême : toutefois, ce serait vers la même époque qu'on l'a re-
cueillie dans l'Oural, ce qui semble diminuer beaucoup la probabilité de
cette double origine.
» Je proposerai de désigner le nouveau minéral par le nom de Delafossile,
en l'honneur du savant et vénérable minéralogiste dont les beaux travaux
sur l'hémiédrie ont été le point de départ des découvertes de M. Pasteur.
» En dehors des spinelles, qui présentent avec ia delafossile une analogie
qui réside plutôt dans les rapports d'oxygène que dans la composition, il
n'existe qu'une espèce, la Crednerite, qui puisse en être rapprochée. La
C.R., 1873, •• Semestre. (T. LXXVU, N^ô.) 20
( ai4 )
Crednerite est une combinaison de sesquioxydede manganèse et de bioxyde
de cuivre, à laquelle les analyses assignent une composition très- variable;
elle se trouve«d'ailleurs accompagnée et imprégnée d'Hausmannite, qu'il est
impossible d'en séparer complètement. J'avais pensé qu'au lieu de
bioxyde elles renferment peut-être du protoxyde de cuivre; mais les frag-
ments, même triés avec le plus grand soin, dégagent du chlore, lorsqu'on
les dissout dans l'acide chlorhydrique, ce qui ne s'accorderait pas, en sup-
posant les fragments employés purs d'Hausmannite, avec cette supposition.
» La delafossite représente donc parmi les combinaisons naturelles et
même parmi les artificielles un type nouveau.
» Reproduction artificielle de l'alacamite. — Dans des essais tentés pour
reproduire la delafossite, et qui n'ont pas encore eu le résultat attendu,
j'ai fait chauffer ensemble, à aSo degrés, dans un tube scellé, pendant dix-
huit heures, une solution de perchlorure de fer et du protoxyde de cuivre.
Après refroidissement du tube, j'ai trouvé que tout le fer était précipité du
liquide, qui renfermait en solution lui mélange de bichlorure et de proto-
chlorure de cuivre. Le fer se trouvait à l'état de sesquioxyde mélangé avec
un excès de protoxyde de cuivre non dissous, et sur les parois du tube, ou
mélangés avec la poudre rouge, se trouvaient de jolis cristaux verts, bril-
lants, ayant la forme et les caractères de l'atacamite. Ces cristaux sont
assez grands pour pouvoir être mesurés, et j'ai trouvé l'angle du biseau
n'n' = io5"34'; l'angle de l'atacamite naturelle est de io5''4o'.
» L'atacamite a déjà été reproduite artificiellement par M. Debray (i),
à l'aide d'un procédé entièrement différent, par l'action d'une solution de
chlorure de sodiiun sur l'azotate tribasique de cuivre ou sur le sulfate de
cuivre ammoniacal. Le procédé que nous venons de décrire nous paraît
présenter quelque intérêt, parce qu'il est fort possible qu'une partie des
cristaux naturels d'atacamite se soient formés par l'action du chlorure fer-
rique sur l'oxyde ou sur l'oxydule de cuivre. Ce qui tendrait à appuyer
cette hypothèse, c'est que très-souvent les échantillons d'atacamite sont
accompagnés de se.squioxyde de fer bydraté ou anhydre. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les altérations spontanées des œufs ;
Note de M. U. Gayox , présentée par M. Pasteur.
« Dans une Conununication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie,
siu" l'altération sponlunée des œufs, dans sa séance du 27 janvier 18^3, j'ai
( 1 ) Bulletin de la Société chiinUfUt', t. Vil, p. 104.
(2.5)
annoncé que la putréfaction des œufs était corrélative du développement
et de la multiplication d'êtres microscopiques, de la famille des vibrioniens.
J'ai émis, en outre, l'hypothèse que les organismes dont il s'agit pourraient
bien être introduits dans l'œuf |3endant qu'il chemine dans l'oviducte, et
qu'il s'entoure du blanc, de ses membranes et de sa coque. La présente
Note a pour objet de compléter mes premiers résultats, et de confirmer
l'idée préconçue que je rappelle.
M On avait dit avant moi qu'en agitant les œufs, de manière à en mé-
langer les diverses parties, le blanc et le jaune, on provoquait immédia-
tement la putréfaction de ces œufs; j'ai déjà annoncé que le fait était loin
d'être général. Je puis aujourd'hui en donner une démonstration nou-
velle facile à reproduire.
» On se rappelle les expériences décisives par lesquelles M. Pasteur a
combattu victorieusement les théories de la génération spontanée. Je veux
parler de la disposition simple qui consiste à conserver, au contact de
l'air pur, à l'abri de tous germes actifs, les liquides les plus altérables, tels
que le sang et l'uriue. C'est en appropriant celte méthode à l'objet de mes
recherches que j'ai pu, de mon côté, rassembler le mélange intime du
blanc et du jaune de l'œuf , le faire passer, sous l'état même où l'agitation
le donne, dans des vases privés de germes. Là, je le conserve depuis des
mois, au libre contact de l'air pur, à une température qui s'est élevée jus-
qu'à 3o degrés, et qui ne s'est jamais abaissée au-dessous de 20 degrés.
» S'il arrive qu'on opère avec un œuf contenant quelques bactéries ou
des spores de moisissures, et qu'avec le mélange il passe de ces orga-
nismes, ils se développent, se multiplient, et produisent, soit la putréfac-
tion si ce sont des bactéries, soit l'altéj-ation correspondant aux moi-
sissures, si ce sont des spores.
» Lorsque, dans les vases qui sont restés intacts, on sème de ces mêmes
êtres, ils s'y développent et s'y multiplient, en provoquant, au bout de
quelques jours, les modifications corrélatives de leurs fonctions physiolo-
giques.
)) On peut aussi, par le procédé dont je viens de parler, conserver le
blanc tout seul, aussi limpide, aussi pur qu'il était à l'intérieur de la
coquille.
)) Dans ces expériences, comme dans celles de M. Pasteur, toutes les
conditions favorables à la génération spontanée sont réunies : or celle-ci ne
se produit pas. Notons aussi que les granulations moléculaires qui sont dans
les œufs, et surtout dans le jaime, ne donnent point lieu à des bactéries. La
28..
( 2i6 )
conséquence de ce fait est évidente; contrairement à ce qui a été annoncé
par iM. Béclianip, les granulations, qu'il appelle niicrozjinas, sont imj)uis-
santes à se transformer en bactéries ou vibrions, non plus qu'en globules
de levure alcoolique.
» Des conséquences semblables se tirent nécessairement de l'observation
suivante : dans l'incubation des œufs, si l'on arrête le développement de
l'embryon, avant la sortie du poulet, d'ailleurs à une époque quelconque
de ce développement, puis qu'on abandonne à 25 degrés environ ces em-
bryons morts, dans leur coque, pendant plusieurs mois, on constate que
quelques-uns seulement se sont putréfiés. Les autres ont subi une modi-
fication lente, non putride, tout à fait comparable à celles que l'on observe
dans les cas de morts de foetus dans le sein de la mère, lorsque la putréfac-
tion n'a pas été déterminée par le contact de l'air extérieur. Contrairement
aux résultats publiésjusqu'ici, j'ai trouvé que la putréfaction des embryons
des œufs était toujours accompagnée du développement de bactéries ou de
vibrions, analogues à ceux qu'on rencontre dans la putréfaction des
œufs ordinaires.
» La putréfaction n'est pas la seule altération spo7itanée que puissent
éprouver des œufs abandonnés à eux-mêmes. Après beaucoup d'autres au-
teurs, Réaumin-, Spring, Panceri, j'ai constaté la présence fréquente de
moisissures qui, en se développant à l'intérieur de l'œuf aux dépens de ses
éléments, y déterminent des modifications spéciales. Mais ce qu'il importe
de noter, c'est que jamais ces modifications ne se confondent avec la putré«
faction; il n'y a entre celles-ci aucun caractère commun.
» Le développement des moisissures n'cmpéche pas, du moins absolu-
ment, celui des bactéries, de sorte qu'on rencontre des œufs tout à la fois
pourris et moisis; mais dans ce cas, d'a[)rès ce qui précède, la putréfac-
tion est le fait des bactéries et non des moisissures. C'est assurément là la
cause des erreurs de quelques observateurs, tels que Panceri et plus
récemment M. Bois, qui ont cru que la putréfaction était due à des végé-
tations cryptogamiques. Si ces végétations ne sont pas mêlées de vibrio-
niens, la putréfaction est constamment absente.
» J'ai rencontré encore quelques œufs, mais en très-petit nombre, dans
lesquels s'était produite une altération toute particulière et différente des
précédentes. L'œuf exhale une odein-propre, très-aigre, mais point putride;
il a une réaction fortement acide et contient des produits alcooliques. Si
l'on examine les organismes correspondants, on netrouvej)lus les bactéries
de la putréfaction, minces, courtes et agiles, mais bien des bâtonnets immo-
( 217 )
biles, plus larges et plus longs que les prccédenis. Leur diamètre varie de
0,5 à 0,7 et leur longueur de 5 à 10 millièmes de millimètre.
» Cette fermentation acide paraît être celle que M. Béchaiiip a observée
dans les œufs d'autruche, et qu'il a étudiée en 1868.
» Enfin, comme toutes les matières organiques, les œufs peuvent subir
une modification lente, sans doute une oxydation, qui n'est point corré-
lative du développement d'organismes microsco|)iques. Cette altération est
caractérisée par une teinte jaune sale du mélange, une odeiu- de matières
animales sèches, une abondance considérable d'aiguilles cristallines très-
fines, disséminées dans la masse, ou réunies en manudons blancs. Ces mame-
lons, dont les plus gros sont près de la chambre à air, adhèrent fortement
à la surface intérieure des membranes. La production de ces cristaux paraît
liée à la disparition d'une quantité correspondante des matières grasses du
jaune.
» J'ai dit que les organismes qui déterminent les altérations dont je
viens déparier avaient pu être enveloppés dans l'œuf pendant sa formation.
Pour justifier cette hypothèse, il me suffira de dire que, si l'on examine la
surface de l'oviducte d'une poule qu'on vient de tuer, on y constate avec
facilité la présenced'organismes variés, bactéries et spores de moisissures. Le
nombre de ces êtres microscopiques diminue quand on s'éloigne du cloa-
que, mais j'en ai vu nettement jusqu'à la distance de 10 à i5 centimètres
de l'ouverture de l'oviducte, c'est-à-dire dans le point même où se forme la
coquille. Il est vraisemblable qu'ils peuvent remonter plus haut, avec la
même facilité que les spermatozoïdes du coq, dont ils ont les dimensions.
La distance à laquelle on cesse de les voir varie d'une poule à l'autre, sans
doute aussi avec le moment où on l'examine, avant ou après la ponte. »
EMBRYOGÉNIE. — Essai d'une détermination, par V en\brjolocjie comparative,
des parties analogues de l'intestin, chez les Vertébrés supérieurs. Noie de
M. Campana, présentée par M. Cl. Bernard.
« Les zootomistes admettent que, chez la plupart des Vertébrés, l'in-
testin se compose d'un tube chjiifujue et d'un conduit excrcmenlitiel, c'est-
à-dire d'un intestin grêle et d'un gros intestin. Ils subdivisent le premier
en duodénum et iléon, le deuxième eu cœcum, colon et rectum. Ils estiment
que ces divisions, plus commodes que réelles, n'ont point de limites pré-
cises (Milne Edwards, Lee. Phys. et Anal, comp., t. VII, p. 346; 1861).
Les zootomistes des autres pays ne se servent point d'une division diffé-
( 2'8)
rente de l'iiilestin ; mais ils la subordonnent à celle qu'en ont donnée les
embryologisfes, et considèrent les segments oral, >noyen et anal de l'intestin
comme des parties fondamentales (C. Gegenbauu, Grundz. d. Vergl. Jnal.;
2* Aufl., p. 789-800; 1870). Comme cette nouvelle division correspond à
une phase du développement du tube digestif, dans laquelle on ne peut
découvrir le moindre indice des parties dont il se composera définitivement,
au terme de son évolution embryonnaire, je suis obligé de la rejeter.
» Mais, dans une phase ultérieure, le tube digestif cesse d'être un canal
uniformément cylindrique, rectiligne, appliqué de haut en bas, et par tous
ses points, à la colonne vertébrale. Croissant en longueur plus rapidement
qu'elle, il s'en détache, et forme un certain nombre à'anses. Ces parties
se développent chacune pour soi, d'une manière autonome, à un degré va-
riable avec les espèces zoologiques : c'est pourquoi je les considère comme
les segments spécifiquement distincts du tube digestif. Par l'embryologie,
on peut déterminer leurs limites.
)> Chez l'embryon de Poulet, vers la fin du quatrième jour de l'incu-
bation, l'intestin consiste en deux anses consécutives, de longueur inégale,
séparées par un point demeuré en rapport avec la colonne vertébrale. La
première est l'anse duodénale, et représente complètement et exclusivement
le duodénum; la seconde répond au surplus de l'intestin, et peut se
nommer anse ombilicale ou mcsentérique. Telles sont les deux divisions prin-
cipales de l'intestin, aussi bien chez les Mammifères que chez les Oiseaux.
Le point qui les délimite est essentiel à connaître : c'est le sommet d'un angle
que je nomme iléo-duodénal. Chez les Mammifères, il est situé immédia-
tement à gauche des vaisseaux niésentériques supérieurs. On voit qu'il con-
corde presque avec la limite habituellement assignée par en bas au
duodénum, limite que l'on considérait à tort, suivant moi, comme arti-
ficielle. Mais, chez les Oiseaux, on s'est trompé en admettant avec Duvernoy
(CuviER, Anal, comp.; 2* éd., t. IV, IV partie, p. 270) que le deuxième
coude intestinal représente la terminaison du duodénum. Le véritable coude
iléo-duodénal est situé plus loin, plus en arrière et à gauche; et, chez les
Oiseaux comme chez les Mammifères, il est en rapport avec la colonne
vertébrale, et situé immédiatement au delà des vaisseaux mésentériques
supérieurs.
» L'anse ombilicale peut être subdivisée à son tour en deux parties se-
condaires, qui sont V iléon ou intestin rji'éle proprement dit, et l'intestin tei-
mmal ou j/ros intestin. L'insertion de l'appendice ccecal est leur véritable
point séparatif. L'insertion a constamment lieu sur la branche inférieure de
( 219 )
l'anse mésentérique, plus ou moins en arrière, par conséquent, du conduit
oaiplialo-mésentérique, celui-ci étant toujours implanté au sommet de
l'anse ombilicale, et en plein iléon. Chez les Oiseaux surtout, ce conduit
peut se conserver chez l'adulte, où il a'cté considéré à tort comme un
cœcum. Jamais, quoi qu'en ait dit Duvernoy (CuviER, toc. cit., p. 270), il
ne forme limite entre les intestins giêle et gros. Les caractères propres au
gros intestin ne se rencontrent jamais en avant, mais toujours à partir de
l'insertion des vrais cœcums; et, s'il est vrai que ces caractères puissent
exister exceptionnellement en dehors de tout vestige appréciable de cœcum,
ce sont eux qui marqueront la liinile entre les deux segments secondaires de
l'anse ombilicale. Enfin, si l'absence de ces caractères venait à coïncider
avec le défaut d'un appendice cœcal véritable, il en faudrait conclure la
simplicité absolue (par suite d'évolution rudimentaire) de l'anse intestinale,
et ne pas chercher à la subdiviser en intestin grêle et gros intestin.
» Sur les embryons humains, après l'apparition du cœcum, qui a lieu
vers la fin du premier mois, suivant toute vraisemblance, on constate que
l'accroissement proportionnel de longueur du gros intestin se fait dans une
direction particulière, et qu'il n'est ni aussi rapide ni, au total, aussi con-
sidérable que celui du gros intestin. Ainsi, au troisième mois, il n'existe
que la moitié gauche du côlon transverse, et le cœcum est toujours très-près
de la ligne médiane, comme au moment de son apparition. A.u cinquième
mois, le côlon ascendant lait défaut; il se forme dans la seconde moitié
de la vie intra-utérine, et le cœcum, qui est la seule extrémité mobile du
gros intestin, parvient alors dans la fosse iliaque droite. Au septième mois
apparaissent les bosselures et les bandes musculaires des côlons, et ceux-ci '
encadrent, dans leur circuit, la masse entière des circonvolutions de l'in-
testin grêle. L'anse ombilicale avait primitivement ses deux branches
dans le plan antéro-postérieur; il faut donc admettre que, pendant son
évolution, la branche inférieure a subi un quart de rotation en arrière et à
droite.
» Sur les embryons de poulet, ni ce mouvement de rotation de la
branche inférieure de l'anse mésentérique, ni l'accroissement proportionnel
de longueur d'où résulte la formation des côlons, ni l'encadrement de la
masse de l'intestin grêle par eux, ni les bosselures, ni les bandes ne se pro-
duisent jamais. J'en conclus, d'une manière générale, que l'évolution du
gros intestin est rudimentaire chez les Oiseaux, relativement aux Mammi-
fères, et qu'en particulier il ne se développe pas de côlons chez eux. Les
tentatives analogues à celles de Duvernoy pour retrouver ces côlons sont par
( 27.0 )
conséquent vaines; mais on peut espérer que, en recourant désormais à l'Em-
bryologie comparative, on pourra trouver la solution de beaucoup de pro-
blèmes relatifs à la détermination des parties similaires des animaux,
problèmes pour lesquels les procédés ordinaires de simple analyse anato-
mique n'avaient bien souvent aucune efficacité. »
M. Lkon adresse quelques observations relatives à la Communication
récente de M. E. Petigot, sur les alliages employés pour la fabrication des
monnaies d'or.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Annales de la Société d'AgriculUtre, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres
dn département de la Loire; t. XVI, année 1873. Saint-Etienne, imp. veuve
Théolier, 1873; in-8°.
Ménwires de la Société pliilomalhiquc de Verdun [Meuse); t. VII. Imp. Ch.
Laurent, 1873; in-4°.
Journal d' Agriculture de la Côte-d'Or; année 1873, 2" trimestre. Dijon,
imp. Daranlière, 1873; in-S".
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts du déparlement de la
Marne; année 1872. Châlons-sur-Marne, Le Roy, 1873; in-8°.
Mémoire de In Société dunkerquoisc pour l'encouragement des Sciences, des
Lettres et des Arts; 1870-1871, t. XVI. Dunkerque, typ. veuve B. Ryen,
1872; in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 4 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Séance publique annuelle de la Société centrale d' Agriculture de France,
tenue le dimanche 18 mai iS']?>. Paris, Bouchard-Huzard, 1873; in-8°.
( 22 1 )
Biillclin de ta Société d'Jgticatliire, Sciences et Arts de la Sarlhe ; 4*^ tri-
mestre, 1872. Le Mans, imp. E. Monnoyer, 1872; in-8°.
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-
Injérieure; 1872, 2" semestre. Nantes, imp. veuve Mellinet, 1873 ; in-S".
Flore analytique et descriptive des mousses du nord-ouest; par M. T. HuSNOT.
Paris, F. Savy, sans date; i vol. in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'ar-
rondissement du département du Nord pendant l'année 1871 ; par le D' PiLAT.
Lille, imp. Danel, 1872; in-8°. »
Déviations des compas. Exposé d'une méthode nouvelle pour déterminer ra-
pidement, à la mer, dans toutes les circonstances de la navigation, les déviations
de l'aii/uille ainmntée du compas étalon; par F.-E. FOURNIER. Paris, A. Ber-
trand, 1873; in-8°.
Origine de l'induction; par M. Th. Bu MONCEL. Caen, Le Blanc-Hardel,
1873; br. in-8".
Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève;
t. XXII. Genève, Cherbulliez et H. Georg, 1873; in-4°.
Du cours d'articulation dans l' enseignement des sourds-muets; par E. COLOM-
BAT (de l'Isère). Paris, L. Larose, 1873; br. in-8°.
Des différentes formes de l'ostéite aiguë; par le D'' E. Spillmann. Paris,
P. Asselin, 1873; br. in-8°.
Le Galéga, nouveau fourrage, sa culture, son usage et son profit; par GlLLET-
Damitte; 2'' édition. Paris, Goin et Blériot, 1869; br. in-8°.
Transactions of tlie zoological Society of London; vol. VIII, part 4-5.
London, 1873; 2 liv. in-4°.
Proceedings of the scientific meetings of the zoological Society of London
for the year 1872; part III, june-deceinber. London, 1872; in-8''.
The pharmaceutical Journal and transactiojis ; may 1873. London, J. and
A. Churchill, 1873; in-S".
Annalen der K. K. Sternwarte in Wien; dritter Folge, neunzehnler Band,
Jahrgang 1869. Wien, L. Sommer, 1872; in-8°.
Medizinische Jahrbïtcher, herausgegeben von der K. K. Gesellschafl der eïrtze,
redigirt von S. Stricker; Jahrgang 1873, III Heft, Wien, W. Braumiiller,
1873; in-8°.
C. R., 1873, i" Semestre. (T. LXX.V1I, N» 3.) ^9
( 222 )
Annalen der Cliemie und Pharmacie , herausgegeben imd redigirt von
F. VoHLER, LlEBIG, ROPP, EllLENMEYER, VOLHARD; Band CLXVII, Heft 2
und 3. Leipzig und Hcidelberg, 1873-, in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Carie géologique détaillée de la France, exécutée sur la Carte topographique
de l'Etat-Major, par le Service géologique des Mines, publiée par le Ministère
des Travaux publics. Paris, laip, nationale, iS^S; i"' fascicule (mai 1873),
comprenant :
La feuille de titre, la feuille d'avertissement, avec tableau d'assemblage,
la légende technique; 6 feuilles au g-^ôU • ^'"'^ (48); Meaux (49); Melun
(65); Provins (66); Fontainebleau (80); Sens (81) ;
Deux planches de coupes longitudinales : PL I (annexe de la feuille 48);
PL V (annexe de la feuille 32);
Deux planches de sections verticales : PL I (annexe de la feuille 48);
PL F (annexe de la feuille 82);
Trois planches de perspectives photographiques : PL /, // et /// (an-
nexes de la feuille 48);
Deux planches de fossiles photographiés : PL I et // (calcaire grossier
et supérieur).
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
ont été pris sous l'empire de la loi du 5 juillet i844> publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; t. LXXIX. Paris, Imp.
nationale, 1872; in-4°.
Direction générale des Douanes. Tableau général des mouvements du cabo-
tage pendant l'année 1870. Paris, Imp. nationale, 1872; in-4°.
Parallèle de Lhjstérie et des maladies du col de Lutérus, etc.; par le D' De-
CHâUX. Paris, J.-B. Baillière, 1873; in-8°. (Adressé par l'auteur au Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1874)
Nouveau guide du géologue. Géologie générale de la France, etc.; par
Ed. Lambert. Paris, F. Savy, 1873; 1 vol. in-12.
( 223 )
Recherches expérimentales sur l'influence exercée par la chaleur sur les ma-
nifestations de la contractilité des organes; par le D'' P. CalliburcèS. Paris,
Germer-Baillière, 1870; br. in-8°.
Les Merveilles de l'Industrie; par L. FiGUlER ; Industrie du sel^ S^ série.
Paris, Furne et C'% iByS; in-8", illustré.
Des caractères du péricarpe et de sa déhiscence pour la classification naturelle;
par M. D. Clos. Toulouse, imp. Doulatloure, 1872; br. in-8°- (Extrait des
Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres.)
Mémoires sur le mouvement des eaux dans les réservoirs à alimentation
variable, et sur l'action que la digue du Pinay exerce sur les crues de la Loire,
àRoaime; par M. Graeff. Paris, Dunoii, 1873; in-Zt", texte et planches.
(Cet ouvrage est adressé au Concours Dalmout.)
Considérations sur les Mammifères qui ont vécu en Europe à la fm de l'é-
poque miocène; par A. Gaudry. Paris, F. Savy, 1873; br. in-S". (Extrait
d'un Mémoire intitulé : Animcmx fossiles du mont Léber-on.)
Recherches sur quelques produits indéfinis ; par Eug. Catalan. Truxelles,
F. Hayez, 1873; in-4°.
Résimié météorologique de l'année 1872 pour Genève et le grand Saint-Ber-
nard; par E. Plaistamour. Genève, Raniboz et Schuchardt, 1873; in-8°.
(Tiré des Archives des Sciences de la Bibliothèque universelle.)
Mémoires et Bulletins de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux ;
i" et 2* fascicules, 1872. Bordeaux, Gounouilbou, 1873; 2 vol. in-8°.
Bulletin des travaux de la Société médico-pratique de Paris, années 1868
à 1872. Paris, Malteste et C'% 1873; i vol. in-8'\
Eléments de Toxicologie et de Médecine légale appliquées à /'em^oesoH/ie-
me«<; p«/' A. Rabuteau;!*"' fascicule. Paris, Lauwereyns, 1873; ivol.in-12.
(Présenté par M. Ch. Robin.)
( 224 )
ERRJT^.
(Séance du i4 juillet 1873.)
Page 87, ligne 22, au lieu de se trouve attirée, d'autre part, par les actions antagonistes,
lisez se trouve attirée, d'une part par l'eau, d'autre part par les actions antagonistes.
Page io3, ligne 21, au lieu de sur ces sulfates, lisez sur des poids déterminés de ces sul-
fates dissous ensuite dans un inème poids d'eau.
Page io3, ligne 22, au lieu de des quantités équivalentes de chlorure de baryum con-
tenues..., lisez une quantité constante et équivalente do chlorure de baryum contenue....
Page io3, ligne dernière de la note, supprimez les mois c'est-à-dire o'"',o64 ''*' P'"* T''"
la quantité nécessaire.
Page 146, ligne 2 en remontant, au lieu de qu'il a considérée, lisez qu'il a publiée.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 28 JUILLET 1875.
PRÉSinENCR DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
« M. Chrvredl, après lecture des Observations de M. le D' Boiiillaïul,
insérées dans le Compte rendu de la séance précédente, a la certitude de
n'avoir point été compris. Dès lors, il se trouve dans la nécessité d'une
Communication nouvelle, espérant, cette fois, qu'il sera assez clair pour
que sa pensée soit comprise de tous.
» Il se bornera aujourd'hui à répéter qu'il n'a jamais combattu l'opinion
de M. Flourens sur la fonction qu'il attribue au cervelet; il s'est borné à
dire que M. Flourens ne ia point prouvée par ses expériences, puisqu'il n'en
a fait aucune pour démontrer que Vinciurtion déduite de l'ablation du cer-
velet était exacte.
» Cependant des expériences de contrôle étaient d'autant plus néces-
saires que ses expériences ultérieures sur l'ablation des canaux semi-cir-
culaires de l'oreille avaient plus d'analogie avec les précédentes.
» Voilà une première remarque concernant la méthode.
» Une seconde concerne la grammaire, c'est l'emploi du mot détermine,
lorsque le phénomène qui se manifeste dépend en définitive de Vahsence de
l'organe eidevé auquel le moi déternnne est appliqué par Flourens.
» M. Chevreul, dans une prochaine Commiuiication, reviendra sur cet
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVH, ti» 4.) 3o
( 2a6 )
objet, et, en exposant nettement comment il conçoit l'application de la
inélliocle k posteuiori exiiérimentale aux faits scientifiques, il donnera de
nouveaux développements à la question qu'il a traitée déjà dans les re-
marques que lui ont suggérées la Communication faite par M. le D' Bouil-
laud dnns la séance du 7 de juillet. Il examinera l'influence de la pensée
dans rinter|)rétation de j)lusieurs yôi'/s du monde extérieur, recueillis par
l'intermédiaire de nos sens, et, dans cette circonstance encore, il aura re-
cours à la méthode a posteriori expêrimenlale; il pense qu'il mettra ainsi à
la portée de tous comment il arrive que, dans le monde, il est si ordinaire
de confondre imjait avec l'interprétation qu'il a suggérée. »
ANALYSE. — Sur la fonction exponentielle ; par M. Hermite.
» VIII. Dans ce cas facile, où l'on a simplement
fiz) = z''z — l\
je partirai, en supposant
0(z) = xj''"^\z) -+- (m +• \)J'\z)j'[z),
de l'identité suivante :
^ ^-z.e^_^,.fm^i (2^ 4- ^m -t- 1 ^f"'{z)f"(z) + m{m + I )_/ '" 7 '-' (zi],
et j'observerai que
/'^fz) = /iz=-/iZ+I = /i/fz; + r, /"f2)=2,
ce qui permet de l'écrire ainsi :
fcl^l!}]==e-=-^f-xV'""'(z) + (2/n+iy,2W+2)/'"(z) + m(//2+i7'"-'(z)j'.
Nous aurons donc, en intégrant,
e ' '
0 ( z) = — .r= Çe-'^'j '"-*-' [z)dz + {2 m -I- 1 ) ( 2 m H- 2 ) p- --7 '" ( z) dz
-hm{m-hi) fe' '■'/"'- '{z)dz,
et ensuite, si nous prenons poiu- limites z = o et z = i ,
•= r e-^-^7'"+' (z) ilz = (2 m + Il ( 2/« 4- 2 : / (■-'■' l'"{z) (h
H- mi m -h i' f f= -"•■/'"-' (z)c/r.
.7"
{ 2^7 )
Soit maintenant
£,„ =^ -^^ — / e-^-^s'" ( :3 - I rdz,
i.2...mj^
et cette relation deviendra
-m-rl = ( 4 '« + 2 ) S,„ + X- £,„__ , .
C'est le résultat auquel nous voulions parvenir; en y supposant successi-
vement m— I, 2, 3,..., les équations qu'on en tire
£., = io£2 -^- -■'^'=(1
2, =: l4ij -f-.r-£.,,
donnent aisément la fraction continue
Oh-
I O + -y + .
et il suffit d'employer les valeurs
£„ =: xe-^ f e-''dz = e-'' — i ,
d'où l'on conclut
^e-"' 2 — X — 2 — X,
" = 2 ; X,
pour retrouver, sauf le changement de x en ^, le résultat de Lambert (')
fi— I a;
f'-H.
6 + —
x-
lO + -^
'4
(*) Mémoire sur quelques propriétés remarquables des quantités transcendaules circu-
laires et iogarilhmiques {Mémoires de VAcadémic des Sciences de Berlin, année 1761,
p. 265). f^oir aussi la Noie IV des Élcncnts de Géométrie, de Legendre, p. 288.
3o,.
( 228 )
» En nbordant mainlenant le cas général et me proposant d'obtenir, à
l'égard des intégrales définies
f"cr\f'"{z)dz, l"'c-^f"'{z)Hz,..., ['' c-^f"'(^z)dz,
un algorithme qui permette de les calculer de proche en proche, pour
foutes les valeurs du noud^re entier /h, j'uitroduirai, afin de rendre les cal-
culs plus symétriques, les modifications suivantes dans les notations précé-
demment admises. Je ferai
f{z)^{z~z„){z~-z,)...{z-z„),
au lieu de
f{z)=z{z-n){z-b)...{z-h),
de manière à considérer le polynôme le plus général de degré ii + \; dési-
gnant ensuite par Z Tune quelconque des quantités s,, z^,..., z„, je raison-
nerai sur l'intégrale
f\-'^J"'{z)(iz,
qui donnera évidemment toutes celles que nous avons en vue, en faisant
Zg = o. Cela étant, voici la remarque qui m'a ouvert la voie et conduit à
la méthode que je vais exposer.
u IX. En intégrant les deux membres de la relation identique
±z:pî}l _-.,- [„,j"->{z)/'iz) -y"'(z)j,
on obtient
e-y"'{z) = mfc-^J'"-' ( z.)/'(z) dz^ fe-~J"' {z, riz,
et, par conséquent,
J_'e-^J'"{z)c/z^ mj"e~^J"'-' {z)f'{z)(lz,
ou encore
£e~^J"'{z)c/z = uij"'q^
dz
"^'"C
d'après la formule
/{z) z-
*U
■^ — '—
Z — Z,
I
- Zn
( 229 )
1) Or ce sont ces nouvelles intégrales
qui donnent lieu à un système de relations récurrentes de la forme
• J
r---/-(-)^.=:(.o)rîrz::M^,
J-^ z — z„ ^ Vz„ z — Zo
^ V.- z — zt 'A 2 — 2"
où les coefficients [ik], ainsi que leur déterminant, s'obtiennent d'une
manière facile, comme nous verrons.
K C'est donc en opérant sur les éléments au nombre de « + i , dans les-
quels a été décomposée l'intégrale / e-'f"'{z)dz, que nous parvenons à
sa détermination, au lieu de chercher, comme une analogie naturelle au-
/.Z
rait paru l'indiquer, une expression linéaire de / 6-^'""*""+' (z)(/z, au
moyen de
r ^-V>« ( z.) dz, f 'e-y "- {z)dz,..., f Vy-" [z)dz.
» Mais, soit d'une manière plus générale, pour des valeurs entières quel-
conques des exposants,
F(z) = (z - Zo)^. (z - z,'f .... (z _ z,^K;
en intégrant les deux membres de l'identité
on aura
d'où.
( 23o )
= r(z) = l'e~'F'{z)dz - fe-'F{zj
/. Z . 7.
/ e-'F{z)dz= / e-'F'{z),/z.
» Maintenant, la formule
F'(z)_ p..
F(z) z-z„ "^
donne la décomposition suivante :
qui conduira pareillement au calcul des divers termes de la suite
f\-^F{z.)dz, fV^F{z)J\z)dz,..., f\-^F[z)f[z)dz;
effectivement, les éléments de décomposition de l'un quelconque d'entre
eux s'expriment en fonction linéaire des quantités semblables qui se rap-
portent au terme précédent, ainsi qu'on va le montrer.
» X. J'établirai pour cela qu'on peut toujours déterminer deux poly-
nômes entiers de degré n, @{z) et 0, (z), lels qu'on ait, en désignant par Ç
l'une des racines z^, z, ,..., z„, la relation suivante :
J.-F(z)/u)^^^ f^i:l^dz-e-'F{z)e[z).
» En effet, si, après avoir différentié les deux membres, nous multi-
,rlel
plions par le fadeur y^» il vient
^/(z) = 0. (z) + [i - Çifljy (z)0(z) -J[z)Q\z).
Or J\z) étant divisible par z — Ç, le premier uieuibre de cette égalité e.st
un polynôme entier de degré an + i; le second est du même degré, d'après
la supposition admise à l'égard de 0(z) et 0,(z), et, puisque chacun de
ces polynômes renferme ainsi n -h i coefficients indéterminés, on a bien
le nombre nécessaire égal à 2« + 2 de constantes arbitraires pour effec-
tuer l'identification. Ce point établi, j'observe qu'en supposant z = z,, la
( 23l
fraction rationnelle — ."/ . — a pour valeur p.,y (;,); on a, par conséquent,
ces conditions
F(^)
0,(z„) = p.„/'(j„)e(r.„),
Q,{z,) = aJ'iz,)Q{z,),
f
0,{z„) = iJ.„f'(z„)Q{z„),
qui permettent, parla formule d'interpolation, de calculer immédiatement
0, (z), loi'sque 0(z) sera connu. Nous avons de cette manière, en effet,
l'expression suivante :
&,{z) ,i,&{z..] .«,©(z,) , , (/,e(z„)
__ r=: 1 (- ■ • H '
./(;) Z — :, c — i, z—z„
dont nous ferons bientôt usage. Pour obtenir maintenant ©(z), je reprends
la relation proposée, en divisant les deux membres par^ (z), ce qui donne
['-^)]®(^)-®'(^)'
et je remarque que, la fraction yj^ n'ayant pas de partie entière, on est
amené à cette conséquence, que le polynôme cherché doit être tel que la
partie entière de l'expression
['-fF)]Q(^)-®'(^'^
soit égale au quotient ^^-^- C'est ce qui conduit aisément à la détermina-
tion de 0(z). Soit d'abord, à cet effet,
f{z) =: z"+' + /;, z" + p.z"-' + . . . + p,,^,,
ce qui donnera
= Z"
-h[J
z""' + ç-
ou
plutôt
3 — <;
+ P,n
z" -+- S , Z"-' + Ç,Z"-- + . . . H- s«-
( 232 )
en écrivant, pour abréger,
Soit encore
0(z) = «0^"+ «,z"-' + «îZ"-^ + ... + a^^
F' (s)
et développons hi fonction ^rpr suivant les puissances descendantes de la
variable, afin d'obtenir la partie entière du produit y--^'Q{z). Il viend
ainsi, en posant
•«■< = P-oZ'o + f^< Z', + M-aZ'o -+-...+ p.„2;„
F'f;.
ra
F(c)
^+^+^+
et, par conséquent,
^^'0(z) = aoJoZ"~' 4-a, J„
F(z)
-t- CCoSn
+
Les équations en Uo, ce,, «a,..., auxquelles nous sommes amené par
l'identification, sont donc
I = «0,
Ç, = «z, — «0(^0 + n),
^2 = 0^2 — <x,{So-\- ri — ï) — Ko s,,
Ça = «3 — «2 (-«'0 + « — 2) — a, i', — a„ s.i,
» Elles donnent
«0= '»
«. = Çi + -^0 + "1
«2= Ç2-+- (•^0 + « — 0Ç< + (•*'o+ ") {^i, + n — \) -h s,,
• .......,, ,
et montrent que a„, «,, «j,... sont des polynômes en Ç ayant |)otir coeffi-
cients des fonctions entières et à coefficients entiers de s„, s,, s^,... et par
suite des racines z„, z,,... z„. On voit de plus que a, est un polynôme de
degré / dans lequel le coefficient de Ç' est égal à l'unité; ainsi, en posant
pour plus de clarté
( 233 )
et écrivant désormais 0(r, Ç) au lieu de 0(c), afin de mettre Ç en évidence,
nous aurons
De là résulte, pour le polynôme ©,(s), la fornuile
e.(-) _ f^.eigo.g) , F.Qi-i.';i , , ,«„0(z,„ ç)
/(z) Z — Z„ 2— Z, 3 — Z„
et l'on en tire immédiatement le résultat que nous nous sommes proposé
d'obtenir. Il suffit en effet de prendre les intégrales entre les limites z et Z
dans la relalion
ce qui donne
i'-O
/• Z .
» C'est surtout dans le cas où l'on suppose
que nous ferons usage de cette équation ; si l'on fait alors
'•«©('<•, ^a) = ('■/.-)
etqu'on prenne Ç successivement égal àz„, z,,..., 2„, on en conclut, comme
on voit, les relations précédemment énoncées qui résultent de celle-ci
'1- „-z fm-t-\ i .\ r'ï „-: fm f .\ /• Z
pour i = o, 1 , 2,..., 7«. Je resterai encore cependant dans le cas général
pour établir une nouvelle proposition. »
C. K., 1873, -i" Semestre. (T. LXXVU, N" 4.) 3l
( 234 )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Examen d'un essai de théorie de la poussée des terres
contre les murs destinés à les soutenir; par M. de Saint- Venant.
« 1. M. le chef de bataillon du Génie Curie, dans une Note insérée au
Compte rendu de la séance du 3o juin 1873, sous le titre : Sur le désaccord
entre l'ancienne théorie de la poussée des terres et l'expérience^ et dans une
autre Note, du i4 juillet, intitulée : Nouvelles expériences relatives à cette
théorie [i), est revenu sur les objections qu'il avait élevées, dans une Com-
munication antérieure (27 mars 1871) (2), à la fois contre la théorie
connue de Coulomb, fondée sur une hypothèse de rupture plane des
massifs, développée, comme on sait, par Prony, Français, Ardant, etc., et
surtout par Poncelet (3), et contre la théorie dite rationnelle, fondée sans
cette hypothèse; théorie qui est celle d'un Mémoire de 1867- 1869 de
M. Levy, approuvée par l'Académie le 7 février 1870 (4)-
» M. Curie attaque même à cette occasion, comme inapplicables ou
nullement généraux, les théorèmes connus de Cauchy, établissant des
relations entre les pressions qui s'exercent à travers les divers plans se cou-
pant en un même point de l'intérieur de toute masse solide ou fluide.
» En même temps il donne comme seules vraies et seules d'accord avec
l'expérience les considérations et assertions quil qualifie de théorie nou-
velle de la poussée des terres, exposées dans un Mémoire présenté en 1868
à l'Académie (5), après l'avoir été en 1869 au Comité des fortifications, et
dont il a fait le sujet d'un livre publié par lui en 1 870.
» 11 m'a semblé utile, pour prévenir l'introduction fâcheuse, dans cette
partie de la Mécanique, d'idées fausses présentées avec persistance et
appuyées sur une prétendue conformité aux faits, de donner ici les motifs
qui ont déterminé une Commission de 1868, dont je suis le seul Membre
(1) Comptes rendus, t. LXXVI, p. 1579, et t. LXXVII, p. 142.
(p.) Comptes rendus, t. LXXII, |). 366.
(3) Mémorial de l'Officier du Génie, n" l3, l84o.
(4) l^oir le Rapport aux Co/«/;;e.jr<;«rfî<.ï, l. LXX, p. 217, et les tlivers développements que
j'y ai ajoutés [Comptes rendus, p. 281, Sag, 717, 894), dans la vue de généraliser les ré-
sultats et de bien faire voir que les formules démontrées, qui donnent une solution analy-
tique exacte de la question dans une série de cas particuliers, offrent des solutions appro-
chées, et toutes dans le sens de la sécurité, pour tous les autres cas d'un mur à paroi plane
postérieure et d'un talus supérieur plan, où l'équation différentielle {générale non linéaire
du problème, établie par î\l. Levy, ne peut être intégrée analytiqueuient.
(5) Comptes rendus, 21 décembre 1868, t. LXVII, p. 1216.
( 235 )
subsistant, à refuser son approbation au Mémoire cité de M. Curie, et
à n'en point faire l'objet d'un Rapport à l'Académie.
» 2. J'observerai d'abord que M. Levy n'a pas été le seul qui ait pro-
fessé les principes si explicitement repoussés par M. Curie. M. Levy dit
en avoir puisé la première idée (i) dans le Traité de la stabilité des con-
structions, publié en 1857, à Brunswick, parle D"^ Scheffler (qui n'en a fait
l'application qu'au cas le plus simple) (2). Déjà en i856, l'éminent et
regretté Macquorn Rankine (3), dont M. Levy n'avait pas connu le Mé-
moire, avait eu et appliqué d'une manière plus étendue la même idée et
était arrivé à la plus grande partie des formules nouvelles, mais en
s'appuyant comme M. Scheffler sur un principe obscur et contestable, dit
de moindre résistance, dont M. Levy s'est passé en considérant directe-
ment comme Coulomb Véciuilibre limite précédant le renversement. M. Con-
sidère est arrivé en 1869 de son côté aux mêmes formules propres à la
pratique (4), qu'un autre jeune ingénieur des Ponts et Chaussées a démon-
trées récemment d'une manière encore plus simple (5). Enfin M. Curie cite
un Ouvrage publié en 1872, à Vienne, par M. Wnickler, qui arrive, dit-il,
à une théorie semblable.
» Et il faut remarquer que ces auteurs, hors M. I^evy, n'invoquent
point les théorèmes de Statique interne donnés par Cauchy en 1 823-1 827.
Tous les autres arrivent directement aux mêmes conséquences en se livrant
aux mêmes considérations que l'illustre analyste sur l'équilibre de divers
éléments, en forme de prisme triangulaire surtout; considérations sim-
ples et aussi incontestablement applicables aux masses pulvérulentes, sa-
bleuses même, qu'aux corps tout à fait solides ou fluides, si, ce qui est
permis, les dimensions de ces éléments sont prises telles qu'elles contiennent
un nombre suffisant de grains juxtaposés.
» 3. Observons ensuite, en général, que la concordance, fût-elle bien
(i) Comptes rendus, 21 juin 1869, t. LXVIII, p. 1161.
(2) Foirlsi traduction de Scheffler par M. Fournie, 1864, livre III, aux §§ 67, 68, 69, où
l'auteur considère un massif de terre arrasé de niveau et supposé presser sans frottement
une paroi verticale, cas simple où son analyse donne le même résultat que la théorie de
Coulomb.
(3) On stahility of loosc Earth ; Mémoire lu en juin i856 à la Société royale, et A Manual
of appUed Méchantes , 1861, du même M. Rankine.
(4) Annales des Ponts et Chaussées ; juin 1870, p. 547-
(5) Note sur la poussée des terres, par M. Flamant; mêmes Jnnales, novembre 1870.
3i..
( 236 )
avérée, d'un cerfain nombre de faits d'équilibre ou de mouvement avec
les résultats d'une théorie qu'on propose ne suffisent point pour qti'elle soit
exacte, ou pour qu'avec son aide on puisse espérer prévoir les faits non
observés du même genre et en calculer d'avance les circonstances. Tout
au plus peut-elle fournir des formules empiriques d'une application bornée.
Il lui faut, pour s'étendre plus loin, pour représenter une loi, d'autres
conditions, et, avant tout, qu'elle ne soit pas en contradiction flagrante
avec les principes fondamentaux de la Mécanique, qui ont, certes, les faits
aussi pour eux, ni avec la règle logique qui interdit de retrancher arbi-
trairement d'une quantité une de ses parties tout aussi capable que
les autres d'influer sur le résultat qu'on veut apprendre à prévoir.
M Quoique de pareils préceptes n'aient pas besoin de preuves, il convient
de citer un exemple remarquable de leur violation, qui, sans nous faire
sortir de notre sujet, nous conduira à mieux faire apercevoir l'erreur de
la tlïéoiie nouvelle présentée par M. Curie.
» On sait qu'avant le Mémoire de 1773, de Coulomb, lorsqu'on voulait
évaluer la poussée exercée contre la paroi postérieure supposée verticale
d'un mur, on ne tenait aucun compte du frottement que doit éprouver la
face inférieure et oblique d'un prisme qui se détacherait du massif de
terre en glissant contre la partie de ce massif restée immobile en dessous.
Le calcul donnait la même poussée que si la terre eût été un liquide ayant
sa densité. Comme on était ainsi condiiit, en adoptant, en outre, | pour le
rapport de la densité de la terre à celle de la maçonnerie, et en plaçant
le point d'application de la poussée au tiers de la hauteur du mur de sou-
tènement, à dor)ner à ce mur, pour qu'il ne soit pas lenversé par rotation,
une épaisseur de moitié de sa hauteur (i), quelques ingénieurs, qui
jugeaient, d'après leur expérience , ce résultat trop élevé, tentèrent de
l'atténuer théoriquement.
. (i) Plus exactement, d'après ce calcul, les 0,47 de la hauteur; car, h étant la base et /t
la hauteur du mur, rr et n les poids de l'unité de volume de la terre et de la maçonnerie, on
avait - cj/i' pour la poussée par unité de longueur du mur, \ h pour le bras de levier supposé
de celte force; d'où, pour l'équilibre de rotation du mur autour de l'arête antérieure de sa
I 1, ■ • 1 , , h vj h'' Il . ,
base, lequation de moments Y\hh - = — - --, ce nui donne
223
A'rr 2//' ,, A ,- , , ,
( ^^'7 )
» A cet effet, ils décomposèrent le poids du prisme de terre en deux
autres forces, l'une normale et l'autre parallèle à son plan incliné de glis-
sement; puis, à son tour, la composante parallèle en deux nouvelles forces,
l'une verlicale, l'autre liorizonlale ou perpendiculaire au mur; et ils regar-
dèrent cette dernière composante comme constituant nniquement la poussée.
» La fameuse règle, d'après laquelle on donne souvent aux murs une
épaisseur égale au tiers de la hauteur du massif, arrasé horizontalement,
qu'ils ont à soutenir, n'a pas eu, comme m'a dit Poncelet, d'autre ori-
gine (i).
» TI est possible que cette règle du tiers ait rendu, en tant qu'empirique,
des services dans les constructions civiles où il n'y a à soutenir que des
massifs d'une hauteur médiocre, et qu'elle ait ainsi fourni des résultats
(i) Quoique je n'aie pas sous les yeux le Mémoire des tomes V et VI des anciens Mémoires
de l'Académie de Dijon où un ingénieur, du reste illustre, a proposé il y a un siècle cette
prétendue théorie, je puis rendre son raisonnement à peu près ainsi :
Soit, outre les notations de la Note précédente, t l'angle, fait avec la paroi verticale du
mur par la face inclinée le long de laquelle glisserait le prisme lors de la rupture de l'équi-
libre, on aura
I
CI
h^ tangT
po\ir le poids de ce prisme;
I ,,
- ah- tangT cosT
2
pour la composante ou projection de ce poids dans une direction parallèle à la face de glis-
sement ; enfin
-ctA' tangTCOSTsiuT =: - ct/(' sin'r
2 ° a
pour la composante OU projection horizontale de cette composante, ou pour ce qu'on regar-
dait comme mesurant la poussée contre le mur.
Or en lui attribuant, comme ci-dessus, un bras de levier = -h, l'équilibre de relation du
mur autour de l'arête antérieure de son pied donne l'équation
, , h ct/;' . h , ' , . ^
n6/i-=3 sin'r tt; 6'= - /j'sin^T — ,
2 2 3 3 n
d'où, en faisant — = -, t =: 45 degrés (car on supposait, dans ce temps, que le pnsme glis-
serait suivant le talus de terre coulante),
ou la règle du tiers de la hauteur.
'=i''
( 238 )
conformes à r expérience des constructeurs exercés. Mais le raisonnement
qui sert à l'établir n'est toujours qu'un paralogisme inexcusable, une faute
contre la Statique élémentaire, même si l'on admet la supposition, sur la-
quelle elle se fonde, que le glissement des terres s'opère sans frottement
capable d'influer; en sorte que c'est avec raison que l'on a rejeté depuis
longtemps cette règle comme théorique et générale.
)) C'est effectivement à tort qu'après la seconde décomposition de forces
on néglige ou supprime l'une des deux composantes ainsi obtenues, savoir
celle qui est verticale ou perpendiculaire au mur ; car une force agissant sur
un coin, tel que le prisme de terre considéré, peut très-bien, même si elle
est parallèle à une de ses faces, donner, dans l'équation de son équilibre,
une composante perpendiculaire à celte même face. Il n'y a, pour cela,
qu'à la décomposer suivant les deux directions perpendiculaires, respec-
tivement à celle ci et à l'autre face, comme on fait pour établir l'équi-
libre d'un coin qti.ind on abstrait les frotlemenls. Or,- en ajoutant la com-
posante perpendiculaire au mur, ainsi obtenue, à celle de même direction
qu'une première décomposition avait produite, on trouve pour somme,
comme évidemment cela doit être, précisément ce qu'obtenaient les pre-
miers ingénieurs en décomposant directement le poids du prisme ou coin
de terre en deux forces respectivement perpendiculaires à ses deux faces :
c'est-à-dire qu'on obtient, quel que soit l'angle pris pour celui du plan de
glissement, la même poussée que si la terre était un liquide (i).
(i) En effet, la composante parallèle au plan de glissement a été trouvée tout à l'heure
il une intensité - cr A' tangr cost = - ct /i^ sinr. Si on la décompose en deux forces, l'une ho-
rizontale, l'autre verticale, celle-là est -a /f'sin'r comme on a dit; celle-ci est -ci /i^sinr cost.
2 2
En décomposant cette dernière en deux autres, l'une perpendiculaire au plan de glissement,
,, . 1 • , 1 !• , ■ ,, . cj /i' . I ah'
I autre horizontale ou perpendiculaire au mur, celle-ci est sinr cosr =
COS'T.
Eu l'ajoutant à la composante, de même direction, - cr A' sin^ t déjà obtenue, on a pour la
2
poussée totale, ijiœ/ t/ue soit l'a/igler du glissement supposé s'opérer sans frottement.
2
ou ce qu'on a en décomposant de suite (ont le poids - a A' tangr du prisme suivant cette
direction et suivant une perpendiculaire à son autre face; c'est-à-dire qu'on ace qui résul-
terait de la fluidiflcatinn du massif de terre.
( 239 )
» 4. Or, c'est précisément une faute de ce genre que commet M. Cmie,
bien qu'il tienne compte des frottements, ou qu'il opère, avec raison, des
décompositions de forces suivant des directions fais,<nt, avec les normales au
plan de glissement et à la face du mur, des angles égaux à ceux des frotle-
menls de terre contre terre et de terre contre maçonnerie, au lieu de décom-
poser, suivant ces normales elles-mêmes, comme on faisait avant Coulomb.
') Elle a été également commise, dans la même année iSSq, par un autre
officier supérieur de la même arme que M. Curie, dans un Mémoiie étendu,
présenté au Comité du Génie, avant de l'être, le 2 1 octobre i86i, à l'Aca-
démie, et non reproduit par son auteur qui, sans doute, y a renoncé ; et sur
lequel le maréchal Vaillant a déposé, le i5 septembre 1862, au nom d'une
Commission, un Rapport désa/iprobatif, soigneusenu iit fait, mais non lu, et
qu'il a I)ien voulu me communiquer.
» Voici donc ce que fait M. Curie. Adoptant, avec Coulomb et Poncelet,
l'hypothèse de rupture constamment plane des massii's, il partage le prisme
de poussée, d'un angle dièdre à déterminer plus lard, en tranches infini-
ment minces, par des plans parallèles à la face inférieure ou de glissement.
Il regarde chacune de ces tranches comme exerçant sur le mur une pres-
sion dans la direclion même de leurs plans, avec une intensité égale à ce
qu'on obtient, pour première composante, en décomposant son poids en
deux forces, l'une dans cette direciion-là, l'autre, suivant une ligne faisant
l'angle du frottement avec la normale à ces mêmes plans. C'est cette pres-
sion oblique qu il appelle, pour chaque tranche, la poussée primitive. Il la
décompose elle-même suivant deux directions, dont l'une est parallèle à la
face du nuir et dont l'autre fait, avec la normale à celte face, un angle égal
à celui du frottement de terre contre maçonnerie. // supprime la première
de ces deux composantes (celle qui est parallèle au murj, comme n'ayant,
dit-il, d'autre effet que de comprimer les terres du prisme ou comme
étant détruite par les réactions de leurs molécules; et il regarde l'autre
composante comme la poussée effective, seule mise en compte, par lui, dans
ses calculs.
» Or, cette suppression de la composante que fournit, dans un sens pa-
rallèle au mur, la poussée dite pnmitii>c de chaque tranche, n'est nullement
légitime d'après ce qu'on a dit pour la singulière théorie dont a été tirée la
règle du tiers. Décomposée à son tour dans deux directions faisant respecti-
vement, avec le plan de glissement et avec la face du mur, les angles qu'on a
dits, la composante que M. Cune supprime fournit, dans la deuxième direc-
tion, une nouvelle portion de poussée effective. Cette portion, ajoutée à la
( 240 )
force que M. Curie appelle de ce nom, donne pour somme, précisément,
ce qu'on a, suivant la même direction (faisant l'angle du frottement avec
la normale au mur), lorsqu'on décompose de suite, soit comme a fait Pon-
celel, le poids total du prisme de poussée, soit celui de chaque tranche, en
deux forces, l'une, ayant celte direclion-là, l'autre (qui seule peut être
abstraite), suivant la direction qui fait un angle analogue avec le plan de
glissement.
M C'est cette première composante, dont Poncelet a donné l'expression
pour tout le prisme, qui doit être prise pour la poussée réelle, relative à
une valeur déterminée quelconque de l'angle de glissement, lorsqu'on
adopte 1 hypothèse de rupture suivant des faces constamment planes, et
qui soient, aussi, supposées toutes parallèles, malgré l'impossibilité, signa-
lée par M. Scheffer, de cet exact parallélisme dans tous les cas.
» 11 est vrai que M. Curie ne décompose pas toujours en deux autres
cet te force, de direction parallèleau plau^de glissement, qu'il appelle /a /;oi/s5ee
primitive. Il la conserve dans sa grandeur totale, et aussi dans sa direction,
et il la regarde comme donnant immédiatement la poussée effective, dans
les cas où cette direction, qui est celle des plans de glissement, fait, avec la
normale à la face du mur, un angle moindre que l'angle du frottement de
terre contre maçonnerie; car, alors, il pense qu'il ne saurait y avoir de
glissement de la terre contre cette face.
» Mais c'est corriger partiellement, pour ce cas, une erreur par une
autre erreur.
» Il suffit, en effet, de tracer une épure de la coupe d'un mur de soutè-
nement et des couches parallèles de terre qui glisseront les unes sur les
autres dès que le mur éprouvera le commencement d'un renversement,
susceptible d'être figuré lui-même sur l'épure, pour se convaincre que lors-
que le mur cédera ainsi, les mêmes molécules de terre ne pourront pas
rester conliguès ou très-voisines de la face pressée de ce mur. Il y aura
nécessairement un glissement relatif de la terre, ou contre le mur, ou contre
les parcelles de terre qui pourront rester dans ses rugosités. D'où il suit que
la poussée effective, qui est à calculer pour le premier instant d'une rup-
ture supposée de l'équilibre, ne peut avoir d'autre direition que celle qui
fait, avec la normale à la face postérieure du nsur, un angle égal à celui
du flottement de terre contre maçonnerie (angle qu d convient, comme
on sait, de prendre le même que celui de terre contre terre, pour peu que
le parement du nuu- soit raboteux).
u D'où il suit bien que si l'on continue d'admettre comme hypothèse.
( ^4- )
au moins approchée, que la rupture s'opère suivant des plans, tous sensi-
blement de même direction dans chaque cas, il faut en revenir à la solution
de Poncelet, complétée à qnelqnes égards par M. Saint-Guilhelm, qni con-
siste à décomposer le poids de tout le prisme de glissement en deux forces
faisant les angles de frottement avec la normale au mur et avec la nor-
male à la face (d'abord inconnue) de glissement de la ferre, et à prendre
la première de ces deux composantes pour la poussée sur le mur (i).
» 5. Que M. Curie continue donc, avec son esprit d'exactitude et sans
prévention, à faire d'intéressantes expériences de mesurages de poussées;
qu'il enrichisse défaits nombreux la pratique, et qu'il les représente, s'il
le veut, par des formules empiriques, construites n'importe comment ;
nous y applaudirons.
» Mais qu'il renonce à faire accepter une théorie contraire aux prin-
cipes les plus simples de la Statique, et à combattre non-seulement celle
que Coulomb a fondée en partant d'une hypothèse approximative (dont
M. Curie part lui-même), mais aussi les théorèmes de Cauchy rappelés et
une théorie récente et rationnelle que l'on commence à enseigner, qui
dispense, quand on peut l'appliquer, de la recherche analytique du maxi-
mum de la poussée, ainsi que celle du maximum de son moment (que
M. Curie y avait substituée avec raison); théorie qui a été approuvée par
l'Académie, à la suite d'un mûr examen, après avoir été professée depuis
1857 par les savants ingénieurs dont nous avons cité les noms. »
NAVIGATION. — Dispositions proposées pour établir un service régulier de navires
porte-trains entre Calais et Douvres; par M. Dcpcy de LÔme.
« L'amélioration des moyens de "passage entre l'Angleterre et la France
est une question qui a été l'objet de nombreuses études depuis bien des
années. 11 est inutile d'insister sur la grandeur du bienfait qu'apporterait
une bonne solution de ce problème pour les deux grands peuples séparés
par le pas de Calais.
» L'Académie connaît les projets de pont sur le détroit et celui de timnel
en dessous. Il n'entre point dans mes vues d'examiner ici ces projets, ni
(i) Ce qui a pu tromper M. Curie, c'est qu'il a voulu que chaque tranclie pressât le mur
suivant la ligne menée de son centre de gravité au point milieu de l'élémenl superficiel
suivant lequel elle touche Ie*nur. Or il n'v a de cela aucune nécessité.
C. R., 1873, î"! Semestre. (T. LXXVII. N" 4.) ^2
( 242 )
d'aborder la question des dépenses qu'on ne peut pas cependant isoler
de la question scientifique quand on veut arriver à l'exécution.
» Je me borne, à cet égard, à émettre l'opinion que c'est par l'amélio-
ralion des navires et des ports qu'on peut arriver, rapidement et sans le
concours financier de l'Etat, à donner aux communications entre l'Angle-
terre et la France tout le confortable et toute l'activité qu'on peut désirer.
M La création d'un service de paquebots entre la France et l'Angleterre,
établi dans des conditions de bien-être, de rapidité et de sécurité dignes de
la grandeur de ces deux nations et de l'état actuel de la science, exige des
navires de plus grandes dimensions et de bien plus grandes puissances mo-
trices que ceux employés jusqu'à ce jour pour la traversée du pas de Calais.
11 est, en outre, nécessaire que ces paquebots puissent partir et arriver à
des heures fixes, indépendantes de la marée.
» Les dépenses auxquelles on est conduit pour satisfaire à ces conditions
sont déjà telles, que l'établissement d'un pareil service, sans subvention
des gouvernements, n'est possible qu'en ajoutant aux recettes prove-
nant des passagers un supplément considérable par le transport des mar-
chandises.
» Ce transport des marchandises serait lui-même incompatible avec
l'usage économique de grands paquebots rapides, exigeant la multiplicité
des voyages d'un même navire dans une journée, s'il fallait opérer l'em-
barquement ou le débarquement des colis par petits groupes isolés.
M La solution complète du problème se trouve heureusement dans la
possibilité de transporter siuces grands navires des trains entiers composés
des wagons roulant sur les chemins de fer de France et d'Angleterre.
» En outre, les voyageurs ne laisseront pas que de trouver, dans l'embar-
quement commode et rapide des trains, des avantages qu'apprécieront
ceux qui ont eu à s'embarquer ou à débarquer avec leurs familles par des
nuits froides et pluviales en passant sur ces planches vacillantes servant de
communication entre le quai et le paquebot.
» Du côté de l'Angleterre, le port de Douvres, que le gouvernement an-
glais améliore encore par le prolongement apporté chaque année à la grande
jetée dite Jelée de V Amirauté, présente déjà des profondeurs ."iuffisantes pour
recevoir les plus grands bâtiments. Vers l'extrémité de cette jetée, il y
a maintenant l\o pieds d'eau à marée basse. La Commission des cinq
ports est, en outre, toute disposée à faireles travaux nécessaires pour appro-
prier tout à fait le port de Douvres à l'embarquement et au débarquement
des trains.
( 243 )
V Du côté de la France, dans la région de notre littoral, à portée de
Douvres, il n'existe aucun port capable de se prêter, dans l'état actuel, à
un service régulier de grands paquebots partant à des heures fixes.
» J'ai recherché, conjointement avec un ingénieur anglais, M. Scott
Russel, que je me suis associé dans cette étude d'un intérêt éminemment
inlernational, les moyens de créer sur notre littoral de la Manche un port
approprié au service de navires porte-trains reliant les chemins de fer de
l'Angleterre à ceux du continent.
Gare maritime à Calais.
» La localité de Calais nous a paru celle qui se prête le mieux aux con-
ditions générales d'une pareille création; mais, pour y obtenir la profon-
deur d'eau, il fallait renoncera l'emploi des jetées pleines, sensiblement
normales à la direction du rivage et entre lesquelles on creuse un chenal
jusqu'à trouver au large la profondeur d'eau voulue.
» Sur cette côte, le long de laquelle les mouvements de la mer opèrent
une translation continue du sable, tout obstacle apporté au courant pa-
rallèle au rivage change sa configuration d'équilibre, et la nouvelle laisse
de basse mer recule bientôt vers le large jusqu'à l'embouchure des jetées.
» Le port, spécial à notre service projeté de navire porte-trains, est donc
conçu de façon, non-seulement à ne pas gêner le courant de flot et de ju-
sant, mais, au contraire, à en accroître l'intensité le long du rivage.
32..
( 244 )
» A cet effet, notre port, que nous appellerons notre gare maritime, est
contenu dans un petit îlotoblong ayant son grand axe légèrement oblique
à la direction du rivage, de manière que le chenal, laissé entre l'ilol et la
terre, ait son ouverture la plus grande se présentant au courant de flot.
» La forme de cet îlot résulte de la juxtaposition de deux arcs de cercle
accolés par leur corde connnune d'une longueur de 990 mètres. Cette corde
est dirigée suivant une ligne est et ouest ; la largeur totale de l'îlot est de
320 mètres. Il est établi à l'ouest des jetées du port de Calais avec sa
l^ointe la plus rapprochée à 1700 mètres de leur extrémité.
» Le côté de l'îlot opposé à la mer du large est entièrement fermé par
une forte jetée en maçonnerie, et le côté de terre par une seconde jetée
également pleine, mais de bien moindre importance, et dans laquelle est
pratiquée l'entrée du port. Sa direction se présente convenablement pour
la route suivie par les navires porte-trains venant de ]3ouvres, qui trou-
veront sur leur passage jusqu'à cette entrée près de 7 mètres d'eau aux
basses mers d'équinoxe, en contournant l'extrémité ouest de l'îlot par
une ligne d'un rayon de courbure de plus de 900 mètres.
» L'entrée de ce port a 80 mètres de largeur, et sa position dans la
partie de l'îlot qui regarde la terre la mettra complètement à l'abri de la
grosse mer du large, dont la direction dans cette localité reste comprise
entre les limites du nord-ouest et du nord-est.
» Dans l'intérieur de cette gare, par les plus mauvais temps, les eaux
seront presque complètement calmes, et, en tous cas, elles le seront suffi-
samment pour permettre, sans aucune difficulté, les manœuvres d'embar-
quement et de débarquement des trains.
» Cette tranquillité de l'eau résultera nécessairement de la largeur mo-
dérée de l'entrée comparée à la surface d'eau intérieure, qui est de plus
de 18 hectares, de la position de cette entrée complètement à l'abri de la
mer du large, enfin de la nature du rivage en pente douce, où les lames
iront mourir sans produire de ressac répercuté vers l'entrée de notre port.
» La jetée extérieure de la gare maritime sera reliée à la terre par un
pont métallique formant la tangente de la partie est de cette jetée. Ce
pont sera composé de larges travées laissant de vastes débouchés aux cou-
rants, et il sera assez élevé pour être à l'abri de l'atteinte des plus hautes
lames.
» L'îlot oblong contenant notre port restera ainsi, pour ainsi dire, isolé
du rivage; les courants qui longent la côte continueront à se produire. Il
arrivera même que celui de la marée montante, qui est à Calais le plus
( ^^5 )
énergique el le plus prolongé, se trouvant saisi entre la pointe ouest de l'îlot
et le lillorai, sera obligé de se concenircr vers la région, relativement ré-
trécie, occupée par le pont avec inie vitesse sensiblement accrue, qui
viendra produire une chasse devant l'entrée du port actuel de Calais.
» Grâce à l'ensemble de ces dispositions, le chenal entre l'îlot et la
terre ne saurait manquer de se conserver sans ensablement, et, s'il s'en
produisait un peu dans l'intérieur même de la gare, des draguages d'en-
tretien en auraient facilement raison.
» Avant d'exposer le mode d'embarquement des trains, il est nécessaire
que je décrive, au moins sommairement, les navires eux-mêmes destinés à
les porter. Ils auront pour dimensions principales :
111
Longueur i35,oo
Largeur 11,20
Tirant d'eau en charge 3 ,5o
Déplacement d'eau 2700 tonnes.
1) Ils seront nuis par des roues à aubes de 10 mètres de diamètre, ac-
tionnées par une machine pouvant réaliser jusqu'à 36oo chevaux de
75 kilogrammétres.
» Chaque navire pourra porter un train, soit de voyageurs, soit de
marchandises, de 1 19 mètres de longueur, sans la locomotive qui restera à
terre. Le train de marchandises, supposé chargé au complet, ne pèsera pas
plus de 3oo tonnes et celui de voyageurs, également au complet,
180 tonnes. Pour le plus lourd de ces poids, l'enfoncement produit sur le
navire sera de 27 centimètres.
» Le train sera introduit dans le navire par son arrière sur les rails
d'une voie centrale portée par le pont inférieur, placé à une hauteur
moyenne de 2 mètres au-dessus de l'eau. Il sera recouvert par le pont
supérieur, et se trouvera ainsi dans un entre-pont parfaitement à l'abri
des embruns de la mer; mais cet enire-pont sera en même temps ample-
ment pourvu d'air et de lumière.
» Aussitôt le train embarqué, il sera rapidement fixé sur ses rails, et les
voyageurs, invités à quitter les voitures pendant la traversée, trouveront,
à droite et à gauche du train, des salons spacieux ou des chambres isolées.
» Ces salons seront aérés par de grands .sabords que leur élévation au-
dessus de l'eau permettra de laisser ouverts, sauf dans les circonstances de
très-mauvais temps; et, lors même que la violence de la mer obligera à les
fermer, l'aération de l'entre-pont restera encore assurée par les larges ou-
vertures du pont supérieur présentant une vaste promenade élevée.
» La vitesse en mer sera de 18 milles nautiques à l'heure par beau
( 246 )
temps, et, comme la distance entre Douvres et la gare maritime à établir
près de Calais est de 20°''"'% 8 ou de 38'"",5, la traversée par beau temps
se fera en tinc heure dix minutes. On peut compter que, même par très-
grosse mer, grâce à la grande puissance de la machine et aux dimen-
sions du navire, cette traversée ne durera jamais plus à'une heure et demie.
Les brumes compactes qui accompagnent quelquefois les calmes, ou en-
coie les tourbillons de neige intenses pourront seuls occasionner des re-
tards exceptionnels par l'obligation qu'ils imposent de modérer la vitesse;
mais ces retards ne seront pas plus fréquents que ceux qu'éprouvent par-
fois les trains de chemins de fer dans des circonstances analogues.
» Quelques miiuites suffiront pour l'embarquement ou le débarquement
d'un train, et nous verrons qu'avec les dispositions étudiées pour ces opé-
rations aucun mauvais temps ne pourra les entraver. La durée maximum
du voyage pourra donc se calculer avec certitude en ne se donnant qu'une
marge modérée, et les départs ainsi que les arrivées de trains de cliaque
côté du détroit se feront à heure fixe, comme le service ordinaire des che-
mins de fer.
» Quant aux qualités nautiques de ces navires porte-trains dont le char-
gement sera presque constant, et qui sont destinés à navigcer toujours
dans les mêmes parages, elles peuvent être, et par conséquent elles doivent
être très-su|)érieures à celles qu'il est possible de réunir sur les paquebots
ordinaires destinés à de grandes navigations. Je désire ajjpeler particuliè-
rement sur ce point l'attention de l'Académie.
» En effet, les grands paquebots qui font le voyage de l'Europe dans
l'Inde sont faits pour porter jusqu'à i5oo tonnes en poids de marchandises
et 700 tonnes de charbon. Ces poids doivent en grande partie pouvoir
être ou ne pas être à bord sans que la navigation soit compromise.
» Les paquebots transatlantiques faisant à grande vitesse les traversées
d'Angleterre, de France et d'Allemagne en Amérique doivent emporter
environ 1 3oo tonnes de charbon qu'ils consomment presque complètement en
route.
M La stabilité doit être calculée de façon à satisfaire aux divers étals
de chargements si variables de ces paquebots. N'est-il pas évident a priori
que la solution à intervenir, au.point de vue de la position du métacentre,
du centre de gravité et du moment d'uiertie latérale, ne saurait être
aussi satisfaisante, pour tous les cas, que s'd s'agissait d'étudier le navire
pour un chargement constant?
» Il est en outre une autre considération des plus importantes au point
de vue de l'amplitude des mouvements de roidis.
( 247 )
)) Tout navire dans un état de chargemetit donné est caractérisé par
une durée de ses mouvements de roulis, durée qui lui est propre, qui est
une fonction de son couple de stabilité, de son moment d'inertie et des
résistances passives nées des mouvements du roulis tant dans l'eau que dans
l'air. Cette dinée est indépendante de l'état de la mer, dont les lames, plus
ou moins grosses, plus ou moins vives ou lentes, influent sur l'amplitude
des roulis, sans en modifier sensiblement la durée.
» Cela posé, on comprend de suite que, si la durée naturelle des roulis
du navire coïncide ou se rapproche de la durée de succession des lames,
l'amplitude des roulis peut atteindre des proportions considérables, et
que si, au contraire, il y a désaccord très-marqué entre la durée naturelle
des roulis propres au navire et le temps qui s'écoule entre l'arrivée des
deux lames successives, le mouvement de roulis produit par une lame est
presque complètement arrêté par la lame suivante. Pour les navires destinés
à naviguer dans le monde entier, il est impossible de chercher a priori, en
les construisant, à établir cette discordance dont je viens de parler,
mais pour la construction d'un |iaquebot destiné à une traversée con-
stante, telle que celle du pas da Calais, on peut et l'on doit connaître la
durée habituelle de la succession des lames par les vents qui produi-
sent les grandes ondulations roulant sensiblement en travers de la direc-
tion de la route à suivre. On peut et l'on doit construire le paquebot de
manière que la durée naturelle de ses oscillations soit en désaccord mar-
qué avec la durée de succession des lames qui le prendront par le travers.
» Cette durée pour les navires allant de Calais à Douvres et vice versa,
tant par la grosse mer venant de l'est que par celle venant de l'ouest, ne
varie guère qu'entre 7 et 8 secondes. Or, dans l'état actuel des choses, c'est
aussi, à très-peu près, la durée naturelle de l'oscillation complète d'un bord
sur l'autre, avec retour sur le même bord pour la plupart des paquebots
qui traversent le détroit.
» Le navire porte-trains que j'ai étudié ne doit avoir que 4 i à 5 oscil-
lations complètes par minute d'un bord sur le même bord, suivant qu'il
sera chargé avec un train de marchandises ou avec un train de voyageurs;
la durée de ces oscillations sera donc de la à i3 secondes, et, cette durée
étant très-supérieure au temps île succession des grosses lames, qui est,
dans ces parages, de 7 à 8 secondes, une lame détruira le roulis produit
par la précédente, au lieu d'y ajouter une impulsion nouvelle; ces roulis
ne pourront donc jamais, dans ces circonstances, atteindre des amplitudes
comparables à celles des paquebots actuellement employés aux relations
entre l'Angleterre et le continent.
( 2fiS )
» Jo vais maintenant parler du mode d'embarquement des trains. Un
embranchement se détachant de la ligne du chemin de ter du Nord viendra
aboutir au pont de la gare maritime. Les trains parcourront ce pont sur
une voie unique et arriveront sur la jetée extérieure à une hauteur de
4"',4o au-dessus des plus hautes mers déquinoxe. Ils descendront sur
la partie extérieure de cette jetée qui présentera, à cet effet, une rampe in-
clinée à 5 1^ millimètres par mètre; ils viendront ainsi aboutir à un palier
horizontal occupant toute la largeur de l'extrémité ouest de la jetée.
» Ce palier sera à 8™, 3o au-dessus des basses mers d'équinoxe et à
I mètre au-dessus des plus hautes mers de la même époque. La jetée
extérieure sera protégée contre la projection des lames par un abri en
partie maçonné, en partie en tôle et cornières, complétant, sur toute la
longueur de cette jetée, dont l'inférieur seulement sera en pente, une
hauteur extérieure constante de 9"',4o au-dessus de hautes mers. Cet
abri formera même une gare entièrement couverte sur le palier indiqué ci-
dessus.
» Les trains viendront s'y arrêter, pour s'aiguiller ensuite, en reculant
sur la voie descendant, en sens inverse de la première pente, sur l'autre moi-
tié de la largeur de la jetée, et se dirigeant vers trois embarcadères. Ce
mouvement permettra à la locomotive de rester sur le quai', sans même
s'engager sur les ponts-levis d'embarquement.
» En effet, elle poussera à bord le train, par l'intermédiaire de quatre
trucs vides, qu'elle ramènera ensuite en gare.
» Moyennant l'emploi de trois embarcadères, situés à des hauteurs dif-
férentes, chacun d'eux n'aura plus qu'à racheter une dénivellation égale au
tiers de la marée maximum. Elle est à Calais de 7", 29, dont le tiers est de
2", 43.
» En outre, la hauteur de chaque embarcadère sera réglée de façon que,
pour la période de la marée qu'il desservira, le pont du navire destiné à
recevoir le train se présentera tantôt au-dessous, tantôt au-dessus de la
charnière du pont-levis. Il en résultera que, pour chaque embarcadère, la
dénivellation, entre les rails du quai et ceux du navire, ne s'élèvera ja-
mais au maximum qu'à la moitié de 2", 43, soit à i™,22. Pour un pont-
levis de 3o mètres de longueur, cette déviation ne donnera qu'une inclinai-
son maximum de 4 centimètres par mètre.
» Le navire porte-trains viendra donc engager son arrière dans l'appon-
tement choisi suivant l'heure et le jour; il sera tenu solidement à ce poste
eu appliquant son flanc contre un buttoir assurant la parfaite direction de
son axe; le pont-levis portant des rails qui seront le prolongement de
( 2^9 )
ceux de la voie de terre viendra s'abattre sur l'arrière du navire porte-
trains, et reliera ainsi les rails du quai à ceux du pont du navire. Chaque
pont-levis sera équilibré par des contre-poids. Le soulèvement ou l'abais-
sement du pont-levis se l'era ainsi par deux hommes.
« Il ne reste plus, pour achever cet exposé sommaire, qu'à dire que, en
prévision des petits mouvements que pourrait encore éprouver le navire
amarré à son poste d'embarquement, ces ponts-levis seront construits de
façon que, pendant que leur charnière du quai restera solidement horizon-
tale, leur seconde charnière sur le pont du navire pourra se prêter à suivre
ses petites oscillations par un léger gauchissement du pont-levis, construit à
cet effet, et sans que la continuité des rails correspondants en soit aucune-
ment dérangée.
» Les trains venant pour débarquer feront la manœuvre inverse de celle
qui vient d'être décrite.
» Avec deux navires en service et un troisième en réserve, on pourra
faire par jour jusqu'à huit voyages d'aller et huit voyages de retour, soit
seize traversées simples.
» En supposant les trains de marchandises et de voyageurs alternés et
convenablement composés, ce service suffirait, par jour, au transport de
2/(00 tonnes de marchandises, et offrirait 2200 places de voyageurs, non
compris ceux qui prendraient directement passage à bord, sans avoir
leur place au train embarqué.
» Si tous les wagons de passagers ou de marchandises étaient chargés
au complet à chaque traversée, cela ferait par année 800000 places de
voyageurs et 870000 tonnes de marchandises.
» C'est là l'utilisation maximum de nos deux navires, sur laquelle on ne
doit pas compter : il suffit d'un transit bien moindre en passagers et mar-
chandises pour assurer le succès financier; mais je n'ai pas à examiner ici
l'entreprise à ce point de vue, ne me proposant d'exposer à l'Académie que
le côté scientifique des questions étudiées pour sa réalisation. »
CHIRURGIE. — De la galvanocaustie thermique ou électrolhermie appliquée
aux opérations chirurgicales. Note de M. C. Sédillot.
« Les courants galvaniques reçoivent en Chirurgie de nombreuses
applications dont les principales sont la galvanocaustie thermique ou
éleclrothermie, la galvanocaustie chimique et l'électrolyse.
» Électrothermie. — Quand on ferme un circuit galvanique avec un
c. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N» -i.) ^^
( 25o )
fil de platine plus mince et moins bon conductenr que les extrémités du
fil de cuivre avec lesquelles il a été mis en communication, on le voit
passer au rouge-brun, au rouge-cerise et au rouge-blanc.
» Phis le fil est fin et oppose de résistance au courant, dont l'intensité
est proportionnelle à l'étendue des surfaces actives des couples de la pile,
plus la cbaleur est vive; aussi faut-il augmenter ces surfaces en raison de
l'accroissement du diamètre du fil.
» Si l'on veut faire rougir une plus grande longueur de ce dernier,
on doit multiplier les couples pour rendre plus énergique la tension de
l'électricité dég;igée.
» La galvanocaustie chimique a pour but d'utiliser les propriétés caus-
tiques des acides et des alcalis qui se portent, les premiers au pôle positif
et les seconds au pôle négatif. C'est aux points où les aiguilles, mises en
rapport avec les réophores, ont été engagées dans les tissus, que la cauté-
risation a lieu; et, si ces aiguilles viennent à se toucher d'une manière
fortuite ou volontaire , elles produisent immédiatement de la chaleur
(méthode mixte).
» C'est ainsi que, dans les premières applications du courant voltaïque,
faites, en 1826, par Fabré Palapart et par nous, en 1849, pour la guérison
d'une tumeur éreclile nasale, les aiguilles implantées à plusieurs reprises
dans le tissii morbide, à courtes distances ou en contact, déterminèrent des
effets thermiques et chimiques.
)) Uétectroljse a été proposée et employée par M. Cinicelli (de Crémone)
pour provoquer la résolution des néoplasmes.
» Nous avons eu recours à cette méthode et nous l'avons vue appliquée
sans avantages marqués; mais on en a publié quelques succès dans le
traitement des engorgements ganglionnaires indolents.
» Nous ne nous occuperons ici que de la galvanocaustie thermique, à
l'occasion d'un nouvel appareil d'un de mes anciens collègues de Stras-
bourg, M. leD'E. Bœckel (i).
» Depuis 1845 et 1846, où Leider (de Vienne) et G. Crussel (de Saint-
Pétersbourg) eurent recours à l'éleclrothermie, on s'était toujours servi de
pile à deux liquides.
a Middeldorpf avait construit, en i854. un appareil complet d'électro-
thermie, formé d'une pile de Grove (zinc et platine) donnant un courant
(i) Delà Galvanocaustie thermique, par le D'^'E. Bœckel, professeur agrégé de l'ancienne
Faculté <le Médecine de Strasbourg. Paris, 1873.
soutenu et régulier, dont un commutateur fait aisément varier l'intensité et
la tension.
M Une anse de platine disposée en serre-nœud, un couteau galvano-
causlique, un cautère en bec d'oiseau et un galvanocautère étaient ses
principaux instruments.
» Personne n'a méconnu l'avantage de pouvoir placer, dans la profon-
deur ou à la surface des organes et à la température ordinaire, un fil mé-
tallique susceptible d'être instantanément porté au rouge-blanc pour cau-
tériser ou diviser les parties, sans perte de sang.
» J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, en 1870 (i), les
observations d'un assez grand nombre d'opérations et parliculièrement de
trois amputations de jambe (2), faites avec l'appareil de Middeldorpf.
» Il importait cependant de rendre cet appareil plus léger et de fournir
le moyen de mieux varier à volonté le degré de chaleur.
» Ces heureuses modifications recommandent la pile de MM. Bœckel et
Redslob, qui paraît un perfectionnement de celle de M. Grenet, déjà appli-
quée par M. Broca.
» Cette dernière renferme deux couples (zinc et charbon), plongés dans
de l'acide sulfurique étendu, avec addition de cristaux de bichromate de
potasse. Le courant est d'une intensité suffisante; mais il faut l'activer par
des insufflations d'air entre le zinc et le charbon, pour renouveler le liquide
et en empêcher la stagnation, et ou le diminue et on l'arrête en soulevant
les éléments de la pile et en les dégageant du liquide.
» Un jeune médecin militaire, Eugène de Séré, tué au champ de bataille
de Sedan, avait publié, à ce sujet, un travail rempli de vues ingénieuses (3).
» La possibilité de suspendre, d'activer et de graduer, à chaque mo-
ment, l'action de l'appareil n'était pas complète, et l'on était exposé à déve-
lopper trop ou trop peu de chaleur.
» Voici quelques-uns des avantages de l'appareil thermo-électrique de
M. E. Bœckel. La caisse est en caoutchouc durci comme celle de Leiter (de
Vienne) et mesure o^jaS de longueur sur 0'°, 17 de largeur et o",25 de
hauteur.
(i) De la suppression de la douleur dans les opérations chirurgicales [Comptes rendus,
36 avril 1870).
(2) Jaw Kwiatowski (A.-J.), Amputations des membres par la méthode galvanocnustique.
Thèse de Strasbourg, n" agg, 3" série.
(3) Eugène de Séré, De la galvanocaustie, du couteau galvanocaustiquc et de Panse cou-
pante à échelle graduée. Thèse de Paris, n° itS, 1862.
33..
( 252 )
» Chacun de ses quatre compartiments renferme un couple, composé
d'une plaque de zinc de o'", i5 siiro'°,20, entre deux plaques de charbon.
Ces couples, suspendus par luie traverse et combinés en deux batteries,
offrent une large surface active de zinc.
» Le courant est réglé avec sûreté et promptitude par un modérateur
formé d'une planchette, où sont disposés deux fils d'Argentan, faisant cha-
cun cinquante méandres, et mis en communication, avec les réophores, par
une tige de cuivre, dont les roues, de même nsétal, marchent librement
d'un bout à l'aulre dos fds d'Argentan, dont les coudes sont gradués de
zéro à loo.
» Tout le système est intercalé dans l'un des réophores, et, selon que
cette espèce de chariot avance ou recule, la chaleur croît ou diminue.
» Il suffit de nommer le numéro où les roues doivent être fixées pour
obtenir très-exactement le degré thermique dont on a besoin.
» Une aiguille d'inclinaison comprise dans le courant indique la mise
en activité de la pile.
» Un fil de platine de o^oo i d'épaisseur, comme M. Broca et moi l'avions
employé, est facilement porté au rouge vif sur une longueur de o'",25.
» La puissance de la pile et le volume du fil doivent être réglés par les
conditions opératoires, qui diffèrent beaucoup dans l'ablation d'un polype
du larynx ou d'une grosse tumeur tégumentaire, et il f;iut toujours s'assu-
rer expérimentalement, avant de s'en servir, du fonctionnement régulier
de l'appareil.
» L'électrothermie, appliquée à des tissus dont les vaisseaux ont été
comprimés, donne des escarres plus ou moins épaisses, selon le degré de la
chaleur et la durée de ses applications, met à l'abri des hémorrhagies et des
complications pyohémiques et septicémiques, prévient les douleurs du ré-
veil anesthésique, et la simplicité, la précision, le moindre volume et le
bas prix des appareils aideraient certainement à en répandre l'usage.
» Le couteau, l'anse de platine et le serre-nœud de Leiter(de Vienne)
donnent d'excellents résultats, avec la précaution d'éviter les plissements
du fil, dont les points d'émergence du serre-nœud ne s'échauffent pas au-
tant que le reste de l'anse, et cautérisent souvent, sans le diviser, le der-
nier centimètre du pédicule des tissus compris dans la ligature.
« Il faut alors tirer le fil à soi, au lieu d'en augmenter la striction, et
M. E. Bœckel a conseillé d'y interposer, du côté du serre-nœud, un mor-
ceau de bois ou d'ivoire pour achever plus facilement l'opération.
» Ce chirurgien, multipliant les expériences déjà entreprises sur les ani-
( 253 )
maux, a extirpé la raie, le grand épiploon, le rein, sur des chiens dont
aucun n'a siiccotiibé.
» MM. Clary (de Manchester), Kœberlé, Baker-Brown, Tyler-Smilh,
Spencer-Wells, Krassowsky (de Saint-Pétersbourg) avaient reconnu l'inno-
cuité habituelle des escarres inirapérilonéales, et ce dernier chirurgien
paraît avoir divisé, avec l'anse galvanocausticpie, le pédicule de plusieurs
kystes ovariques, dont la réduction n'entraîna pas d'accidents.
)) Parmi les trente-deux opérations galvanocaustiques, pratiquées par
M. E. Bœckel, on trouve l'ablation d'une épiplocèle volumineuse, dont
l'escarre rentra, en partie, dans l'abdomen, sans que la guérison en ait été
empêchée.
» Ces faits, et les expériences, montrent que les surfaces cautérisées ne
jouent pas nécessairement, dans les cavités closes, le rôle de corps étran-
gers, s'éliminant par ulcération et suppuration, ou s'isolant dans un kyste.
» Des adhérences curatives se forment, et l'on aperçoit les parcelles car-
bonifiées microscopiques, disséminées et en voie de disparition.
» Quelques chirurgiens avaient admis un degré de chaleur hémostatique,
correspondant au rouge-brun. Nous avons cherché à prouver que l'hémo-
stasie dépend de l'épaisseur de l'escarre et de la densité et de la sécheresse
des tissus sur lesquels porte le cautère, qui perd sa chaleur au contact
des parties et les charbonne avec flamme, s'il ne fait que les effleurer.
» Ces faits, également étudiés par M. E. Bœckel, l'ont conduit aux
mêmes conclusions.
» De nombreux travaux ont mis hors de doute l'importance et les avan-
tHges de l'électrothermie, dont les appareils compliqués ont seuls retardé
les applications, et la Chirurgie est intéressée à en suivre et à en signa-
ler les progrès. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur le diamètre solaire.
Lettre du P. Secchi à M. le Secrétaire perpétuel.
<i Rome, 19 juillet 1873.
» La variabilité du diamètre solaire à intervalles de temps assez pe-
tits et irréguliers, telle que je l'ai signalée d'après nos résultats, n'a
point surpris les astronomes habitués à l'observation du Soleil : ainsi
M. Spœrer s'est montré très-favorable à ce résultat. Au commencement du
siècle, le célèbre Carlini de Milan s'était occupé de ce sujet, et, dans un
Mémoire inédit du 24 mai i8j8, dont je dois la connaissance à M. Scbia-
parelli, il avait conclu que les causes ordinaiies des erreurs d'observa-
( 254 )
fions assignables dans les passages méridiens ne pouvaient expliquer le
phénomène, de sorte qu'on ne pouvait l'attribuer qu'à l'action de l'atmo-
sphère, mais comme cause provisoire, jusqu'à ce que la véritable fût
trouvée.
» Les observations du P. Rosa jetèrent quelque lumière sur l'origine de
ces irrégularités, en signalant la région des taches comme celle des dia-
mètres les plus variables et les plus petits. Je regrette que les autres obser-
vations n'aient pas encore été discutées et réduites à ce point de vue; mais
heureusement, le 8 de ce mois, nous avons été témoins d'un phénomène
qui confirme manifestement ce résultat et répond aux objections faites à
nos conclusions.
» Le 8 juillet, le P. Ferrari, en faisant le dessin des taches, s'aperçut
que le bord solaire était considérablement déprimé dans la région où un
groupe de taches s'était occulté en partie. La dépression était très-visible,
quoiqu'il n'y eût pas trace distincte de tache au bord ; sur une projection
de 243 millimètres de diamètre, elle excédait i millimètre de flèche et
pouvait s'estimer k •j ou 8 secondes. Elle était très-visible à l'œil, avec
l'oculaire ordinaire; en employant un oculaire de projection plus puissant,
on la rendait visible à plusieurs personnes au premier coup d'œil, et
il était impossible de la confondre avec l'oscillation atmosphérique. Cette
dépression s'étendait, à partir du point le plus occidental ouest, de
20 à 29 degrés vers le nord. Elle n'avait pas de bord tranché, comme il
arrive pour les taches visibles au bord; mais le bord solaire s'infléchissait
doucement, pour se relever enstiite lentement et se raccorder avec la
courbure générale; les observateurs caractérisaient l'aspect qu'elle présen-
tait par l'expression de ammaccntura. La dépression était considérable-
ment plus large que la tache, qui était cachée ou exactement au bord, et
qui était visible le jour précédent. Près du bord nord, cette dépression était
le siège d'une vive éruption métallique tourbillonnante, qui présentait une
protubérance en forme de zigzag, projection évidente d'une colonne spirale
(observable entre 8 et 9 heures du matin).
» A cause de sa position, cette dépression ne pouvait pas influer sur le
diamètre solaire pris au passage méridien; mais il est évident que, si elle
avait été sur le diamètre parallèle au mouvement diurne, elle en aurait
notablement diminué la valeur. Ce n'est pas la première fois qu'on observe
dans les grandes taches une dépression du bord solaire; mais cette fois la
dépression s'étendant, comme je l'ai dit, bien au delà de la laclie, il en
résulte que des irrégularités très-considérables peuvent se former dans la
( 255 )
couche photosphérique, même indépendamment des taches, et qu'elles
peuvent modifier la valeur du diamètre solaire dans les régions d'activité,
sans préjudice, bien entendu, de causes plus générales dont l'influence se
fait sentir sur l'astre entier.
» Pour ce qui concerne le diamètre solaire, dans ma Communication du
9 novembre 1872 [Comptes rendus^ t. LXXV, p. i583), j'avais donné les ré-
sultats (les observations faites avec la combinaison speciroscopique que
j'indiquais comme pouvant servir pour le passage de Vénus, et avec
laquelle j'ai observé la dernière éclipse du Soled. Le diamètre ainsi déter-
miné était beaucoup plus petit (8 secondes environ) que celui du Natttical
j^lmanac, résultat qu'on pouvait bien prévoir, avec un moyen d'observa-
tion si extraordinaire. Je ne prétendais pas que le diamètre solaire des
Tables fût erroné, et je ne proposais pas non plus de modifier la valeur
du diamètre adopté; je signalais seulement un résultat assez intéres-
sant pour en tenir compte dans les recherches physiques sur cet astre
et pour quelques usages spéciaux. Déjà les astronomes anciens s'étaient
aperçus, dans le calcul des éclipses, que le diamètre solaire des Tables était
trop grand, et Duséjour proposait de lediminuerde 3-| secondes, en quoi il
s'est accordé avec plusieurs astronomes (i). Dans les temps modernes, à
Greenwich même, on a modifié, il y a [)eu d'années, la valeur adoptée pour
le diamètre solaire, de sorte que je ne croyais pas commettre un sacrilège
en relevant ces différences.
» M. Respighi a voulu répéter ces observations : il est arrivé à un
résultat contraire au mien, c'est-à-dire à la valeur toujours exacte du Nau~
tical Jlmanac. Il a cherché alors à montrer que mes observations devaient
être entachées d'erreurs, dont quelques-unes seraient même assez gros-
sières. Les causes principales de mes erreurs seraient les suivantes (2) :
\° l'usage d'un prisme à vision directe, dont le pouvoir réfringent serait
probablement variable sous l'action de la chaleur, et, pour cette raison, il
préférerait un prisme objectif; 2" une inadvertance provenant de ce que je
n'aurais pas bien disposé les prismes, avec les plans de dispersion parallèles
entre eux et au mouvement diurne de la sphère céleste, en sorte que j'au-
rais mesuré une corde et non un diamètre du Soleil; 3° l'instabilité de
mes lunettes, due au veut et au mouvement des voitures {sic); [f l'omission
de la correction de réfraction, qui pouvait bien n'être pas négligeable.
(1) Delambre, Astronomie, t. II, p. 423.
(a) Jtti deir Accadcinia R. tic l.incci, 5 gcnn. iS^S, r<?i;u !e i8 juillet 1873.
( 9. 50 )
» On voit, d'abord, que toutes ces objections ne signalent que des pos-
sibilités, et j'ai l'honneur d'assurer le savant astronome qu'aucune ne se
confirme. I.a correction tie réfraclion atmosphérique était, compara ivcment
aux différences trouvées, toujours négligeable, les observations ayant été
toujours assez voisines du méridien. Quant à l'instabilité de l'équatorial,
elle est tout à fait imaginaire, surtout pour ce qui regarde les voitures
dont l'influence n'est absolument pas sensible: il en est de même du vent,
car je me suis bien gardé de faire les observations avec le vent en face, ce
qui aurait été impardonnable. Mais je m'étonne qu'on attribue les diffé-
rences trouvées à ces causes accidentelles, qui auraient eu pour effet
de donner des résultats irréguliers et non des résultats constamment dans
le même sens; sans prétendre obtenir avec un équatorial la stabilité d'un
instrument méridien, les écarts des observations et l'erreur probable
montrent que nous avons eu une stabilité plus que suffisante.
» Quant à l'installation des prismes, c'est là une chose trop élémentaire
pour qu'on puisse supposer qu'elle nous ait échappé, quoique nous
n'ayons pas détaillé la méthode employée, laquelle est connue de tous ceux
qui emploient le spectroscope. Seulement, je ferai observer qu'une petite
erreur, dans cette ins-taliation, n'intlue pas sensiblement sur le diamètre :
son effet se réduit à diminuer la dispersion. L'essentiel est d'avoir le bord
solaire bien tangent aux raies dans ses points extrêmes; et, en effet, si
M. Respighi lui-même a pu renverser un des prismes sans changer le dia-
mètre, il en résulte qu'un petit angle ne pouvait pas avoir d'influence. Je ré-
pète d'ailleurs que nous avons pris toutes les précautions bien connues de
tous les spectroscopistes, et que nous pouvons garantir également la stabilité
du prisme interposé, ce prisme ayant été fixé dans un tube à ressort très-
stable et résistant. De plus, la température arrive assez rapidement à un état
d'équilibre pour donner des résultats constants, sans quoi les différences
seraient progressives et non pas constantes, comme celles que fournit l'ob-
servation.
» Quant à l'usage du prisme objectif, nous avons voulu satisfaire le dé-
sir exprimé par M. Respighi, et cela d'autant plus volontiers que c'est avec
ce prisme que nous avons découvert cette combinaison speclroscopique.
Nous avons donc fait, avec lui prisme de ce genre, ayant G pouces de dia-
mètre et i3 degrés d'angle, des séries d'observations dont nous ne repro-
duirons in extenso que celle du 7 juillet, faite entre 10 et 1 i heures, car
les autres ont donné le même résultat : on pourra ainsi apprécier la valeur
des objections relatives à l'instabilité des instruments.
( ■>-^l )
Diamètre d'après la raie C.
Diamètre d'après la raie 1'.
'6,70
2 16, 3o
17,00
16,55
16, 65
Moyenne :
t6,4o
Moyenne :
16,20
s
i6,4o
s
16,80
16,695
16,45
16,542
16, 65
N.A. = 17 ,000
16,55
N. A. = 17 ,000
1 6 , 90
Diff. o,3o5
16, 65
Diff. o,45o
16, 85
16,45
16, 3o
= 4", 55
16, 65
= 6", 87
i6,65
16,75
16,70
Erreur probable :
16,45
Erreur probable :
16,45
= 0,1 S(i
.6,75
= 0,099
17,00 1
16,70
» Le P. Rasa a trouvé, ce jour-là, pour valeur du diamètre solaire
a""!^', 00, comme dans le Naulical Almanac.
» Ce (ableau montre: i°que même avec le prisme objectif, le diamètre
donné par la raie C est plus grand*que celui de la raie B, ce c|ui, soit dit en
passant, résulte encore des observations de M. Respighi pour les raies C
et F; 2° que les résultats sont toujours moindres que celui du Nautical
Almanac, et qu'aucune valeur ne le surpasse, même pour la raie C, qui
est plus difficile à employer avec ce prisme; 3'' cependant on voit encore
que la différence est ici un peu moindre que dans les observations précé-
dentes, ce qui tient à une cause très-importante, et que je vais exposer,
car elle nous conduit à expliquer les résultats obtenus par M. Respighi.
» Cette cause particulière consiste en ce que le prisme objectif donne
une image solaire à couleurs très-pures vers ses extrémités de l'image, mais
que cette image est presque blanche en son milieu, à cause de la petitesse
de l'angle réfringent, qui est de i3 degrés seulement. La dispersion est
beaucoup plus faible que celle du prisme à vision directe, que l'on em-
ployait auparavant. Il en résulte que, dans l'observation du bord précé-
dent, la raie C était très-bien détachée du bord et parfaitement séparée,
et l'observation des taches était très-nette; au contraire, dans l'obser-
vation du bord suivant, cette raie se voyait à |)eine et se perdait au milieu
de l'agitation atmosphérique, dont ce bord était entouré, pendant que
l'autre était très-tranquille. Le limbe suivant était donc vu à peu près comme
avec les verres ordinaires. Le prisme objectif n'est donc pas préférable pour
ce genre de recherches, quoiqu'il puisse être préféré pour d'autres observa-
C. R., 1873, 2« Semenre. (T. LXXVII, N" -i.) ^4
( "8)
tions, comme celles des taches situées près du bord, puisque l'on peut
toujours observer du côté des couleurs les plus pures.
» Je dis que ces particularités expliquent le résultat obtenu par M. Res-
pighi. En eltet, il nous assure lui-même, dans sa Communication du ■j avril
1872 (i), que, dans son appareil, « les raies se voyaient très-faibles sur le
» disque et sur la chromosphère, et que le moindre brouillard les faisait
» disparaître ». Il nous assure ailleurs que, par ce moyen, « les bords se
» voient agités comme avec les verres de couleur ordinaires », et que,
enfin, il voyait ces taches « certainement moins bien qu'avec les verres de
» couleur ». Tout cela dépend de ses prismes, car, pour moi, j'obtiens nn
résultat tout différent.
» Avec de tels défauts dans son instrument, je m'étonne qu'il ait entre-
pris de battre en brèche des résultats obtenus dans des conditions bien
supérieures, et n'offrant pas trace de ces défauts; toute la diflérence est
dans la faiblesse de dispersion de ses appareils. Je m'en suis convaincu en
faisant usage de pièces d'une portée comparable et douées de facultés dis-
persives semblables. Il nous dit lui-même que son prisme objectif disperse
moins que le spectroscope, et que, pour cette raison, on voit les images
déformées. Son spectroscope n'avait qu'un prisme à vision directe (j'ignore
s'il en a maintenant augmenté la puissance); ce prisme est excellent, sans
doute, mais sa faculté dispersive est calculable et ne dépasse pas celle de
deux prismes ordinaires. Lors même qu'il aurait ajouté un second prisme,
la dispersion serait celle de quatre prismes ordinaires. La longueur focale
de l'objectif auquel il applique le prisme est inférieure à la moitié de celle
de notre lunette, de sorte que, somme toute, sa dispersion est bien moindre
que la nôtre.
M Cette dispersion moindre se révèle aussi par l'étendue du spectre visible
dans le cliamp du spectroscope, laquelle est plus considérable que celle
que nous pouvons voir dans le nôtre. Celui-ci, outre un fort prisme à
vision directe, équivalant à deux prismes ordinaires, a encore trois
prismes à vision angulaire deflinl, extra-dispersifs, faits exprès par M. Merz,
et l'ensemble équivaut à sept ou huit prismes. Le prisme que nous inter-
posons est aussi l'un des plus dispersifs de M. Merz, et sépare si bien les
(i) Atti dcll' Accademia R. de' Làicei, 1872, p. 2i5 et suivantes : Corne spettroscopio
(questa combinazione del P. Secchi) présenta le riglie lucide délia cromosfera e délie protu-
beranze assai deboli principalmente per la viva luce dello spettro solaie ne ctii si projettano
onde l)asta il |)iù leggero strato di nebbia a velarle, ecc.
( ^Sc) )
rayons, sur le disque solaire, qu'on n'y voit pas Irace de blanc; c'est pour-
quoi nous le préférons au prisme objectif, pour ces recherches.
)) 11 ne faut pas se faire illusion et juger de la puissance de ce spectro-
scope par ce caractère qu'il permet de bien voir les protubérances. La
visibilité de ces objets est le résultat de plusieurs facteurs qui peuvent, par
hasard, présenter une combinaison excellente sans donner le grossissement
dispersif qui est nécessaire dans le cas actuel. M. Lorenzoni a fait voir
comment certaines proportions sont utiles pour les protubérances, propor-
tions qui sont indépendantes de la force dispersive. C'est ainsi que, avec
un spectroscope à prisme à vision directe, très-diepersif , je vois bien les
protubérances; tandis que, avec le prisme objectif, je ne peux pas séparer
suffisamment les raies en dehors du disque. De plus, il arrive que des
prismes excellents pour l'usage ordinaire ne sont pas suffisants pour ces
observations délicates : ainsi un prisme de Hofman, qui me fait voir toutes
les raies de Kirchhoff avec les longues lunettes de o™,6o, n'a pu m'étre
d'aucun secours dans ces recherches. En résumé, je ne suis nullement sur-
pris du résultat obtenu par M. Respighi. Il devait en être ainsi, car sa
combinaison correspondait tout au plus à un verre coloré, et l'ensemble
ne présentait pas un pouvoir dispersif suffisant.
» J'ai attribué la dilatation du diamètre solaire à deux causes princi-
pales : d'abord à l'influence de la couche chromosphérique qui éclaire
notre atmosphère, ensuite à l'influence de l'agitation de notre atmosphère
elle-même. J'ai évalué la première à 4 secondes environ, ce qui s'éloigne
peu de la correction de Duséjour ; M. Respighi est disposé à l'évaluer à moins
de I seconde. Cependant comme, dans les éclipses, on voit ce bord bril-
lant avec les raiesdirectes, pendant une seconde de tempsau moins, et que,
pendant ce temps, la Lune avance de plusieurs secondes d'arc, je crois
n'être pas loin du vrai; en tout cas, la cause la plus influente est l'oscillation
atmosphérique. La vibration du bord solaire est comparable à la scintil-
lation des étoiles; mais, dans ce dernier phénomène, on voit les ondula-
tions se propager comme des vagues isolées, sur le spectre, renforçant les
couleurs, sans déplacer les raies. Lorsqu'on a obtenu un spectre pur du
bord solaire, ces ondulations, formées d'une couleur simple, passent sans
troubler l'image; si le spectre est impur et que plusieurs couleurs se trou-
vent superposées, on a une série de vagues qui se troublent l'une l'autre,
el rendent l'image dilfuse, mal terminée, et, par là même, dilatée. On voit
donc pourquoi, avec une dispersion très-faible et insuffisante, on n'obtient
pas la netteté que donnent des couleurs prismatiques pures. Un système
3/4..
( 26o )
prismalique de dispersion insuffisanle ne donne donc pas des résultats dif-
férents de ceux d'tui verre coloré; il doit donc cond(n'rc à trouver le dia-
mètre ordinaire du Soleil.
» La superposition des spectres produits par des causes différentes per-
met d'expliquer des phénomènes assez curieux. Ainsi les vagues inclinées
que présentent les étoiles, dans les spectres près de l'horizon, sont sim-
plement dues à la superposition du spectre naturel de notre atmosphère
avec celui du prisme dans la lunette. Si les deux spectres et les plans de
dispersion sont verticaux, il y a une somme ou une différence de disper-
sion, selon que le prisme de la lunette est dans le sens de celui de l'air ou
en sens contraire. Si les plans de dispersion sont rectangulaires, les raies
prennent, comme deux forces qui se composent suivant les règles de la
Statique, une direction inclinée et dépendant de leur dispersion relative.
» Quant à ce qui concerne la dispersion atmosphérique, j'y reviendrai
dans une autre occasion. Je me contenterai, pour aujourd'hui, d'avoir
rappelé comhien l'hétérogénéité des rayons contribue à la confusion des
images, et d'avoir fait concevoir l'avantage qu'il y aurait à trouver une
substance absolument iiionochromaliqiie à travers laquelle on pût observer
les objets célestes. »
THERMODYNAMIQUE. — Démonstration directe des principes fondamentaux de
la Thermodjnamique. Lois du frottement et du choc d'après celle science
[suite(i)]. Mémoire de M. A. Ledieu. (Extrait par l'auteur.)
(c Relation entre les forces vives réelles, d'ensemble et propres des points d'un
système. — Cherchons d'abord une relation, dans le mouvement relatif au
centre de gravité, entre les forces vives dues aux vitesses réelles et les forces
vives dues aux vitesses d'ensemble et aux vitesses propres. Les deux pre-
mières de ces vitesses ne devront pas être confondues avec les vitesses de
même nom considérées dans le mouvement total du système, et auxquelles
nous reviendrons ensuite. Quant à la troisième vitesse, elle est la même
dans les deux cas.
» Prenons, pour chaque point considéré comme appartenant au solide
fictif, la percussion instantanée y appliquée d'après nos hypothèses, et
composons-la avec la percussion qui correspondrait à la vitesse de transla-
tion du centre de gravité prise en sens inverse, en un mot avec ce qu'on
(i) A (;//• les Compta rendus dos i4 et 21 juillet.
( ^«' )
appelle la petrussion apjiarenle dans la transfoinialion d'un mouvement ab-
solu en un mouvement relatif; composons pareillement, pour chaque point
regardé cette fois comme appartenant au système donné, sa quantité de
mouvement réelle absolue avec sa quantité de mouvement apparente, c'est-
à-dire avec la quanlité de mouvement correspondant à ladite translation
et pareillement changée de sens.
» Il est évident que chaque ])erciission résultante sera égale à ladite cjuan-
litéde mouvement résultante. Elle sera donc de la forme mU, U étant la vitesse
réelle du point dans le mouvement relatif au centre de gravité.
» Si nous considérons notre solide fictif -a partir du repos et soumis à
une série de percussions de la forme en question, il prendra un certain
mouvement élémentaire qui ne sera autre que le mouvement élémentaire
relatif au centre de gravité, et qui aura lieu autour d'un axe instantané de
rotation passant par ce centre.
Il Imaginons maintenant un système d'axes rectangulaires mobiles,
dont l'origine se confonde à chique instant avec le centre de gravité,
et prenons pour axe des Z ledit axe instantané de rotation.
» Appelons :
X la projection du rayon vecteur d'un des points du système sur le plan
coordonné XY, perpendiculaire à l'axe instantané de rotation pris pour
axe des Z;
cl.X, da les angles élémentaires décrits dans le plan XY par X, consi-
déré successivement comme appartenant au système même des points
matériels ou au solide fictif [d.% sera d'ordinaire différent pour chaque
point du système, tandis que da. sera le même pour tous les points du
solide fictif) ;
u la vitesse d'ensemble d'un point dans le mouvement j)ar rapport au centre
de gravité.
» Notons d'abord que X — = m. D'autre part, ml -j^ représente mani-
festement la projection d'vuie des percussions instantanées de la forme mU
appliquées au solide fictif. Donc, en nous reportant à la relation bien con-
Hiie de Mécanique, qui lie les moments de percussions instantanées action-
nant un solide invariable, tournant autour d'un axe, et les moments des
quantités de mouvement résultant de la rotation, nous aurons évidem-
ment
y mk- —- — > m }.- — ;
( 262 )
d'où l'on tiré
'M. _ da.
dt dt
(4) 2]"^^' '^ r- I = O.
» Maintenant appelons a la vitesse propre d'un point du système, c'est-
à-dire la vitesse qui, composée avec ?/, redonnerait U.
» Nous aurons, entre les trois vitesses U, u et rt, la relation générnle
U^= M^ + a^ — 2uaco& [u, a);
d'où
2/nU'" = liniâ + Ima- — 2linua cos(f/, a).
M Examinons en particnlier le dernier terme du second membre de cette
équation. Pour cela, imaginons trois lignes MF, MG et FG, représentant
en grandeur et en direction les produits par dt des trois vitesses en ques-
tion d'un point M; adtcos{u, a) est égal et de signe contraire à la pro-
jection de GF sur MG, et, par suite, sur M'G', projection de MG sur le
plan des XY, car M'G' est parallèle à MG, par cela même que l'on a pris
pour axe des Z l'axe instantané de rotation. On a donc
— adlcos{u, a) = G'F"= M'F"— M'G'.
» Or, si F est la projection du point F sur le plan XY, FF" sera perpen-
diculaire à M' F". D'ailleurs le rayon vecteur OM', mené de l'origine O des
coordonnées au point iVi', est pareillement perpendiculaire à M' F", toujours
à cause du choix particulier de l'axe des Z. Dès lors, l'angle élémen-
taire M'OF" est égal à M'OF' qui a pour mesure d.x, ou du moins n'en dif-
fère que d'un infiniment petit du second ordre F'OF", car le triangle F'OF"
donne
sinF'OF" F' F" infiniment pelit du premier ordre
sin(OF'F"=F'OM') ~ OF ~ quantité finie
Oi) déduit de là WF" = ld.%, et comme d'ailleurs M'G' = MG = lda, il
vient — adtcos{u, a) = 'k[d.X, — da). D'après cela, et comme u^=X~,
la quantité — almwa cos(h, rt) = 22,m/' — I — — — 1 ; mais — est
même pour tous les points du solide fictif. Donc le terme considéré devient,
en définitive, ^lm\^ ( ! 'Tr ^' '' ^^ réduit à zéro d'après l'équa-
tion (4)- Par co.iséqiienl on a, en général,
(5) lm\}- = lmii'-+-lina-,
première relation que nous avions en vue d'obtenir.
( 263 )
» Si l'on ajoute y lin aux deux meml»res de l'équation (5), il vient
(6) Y^lm + linJJ- = \^lin + Imir + Ima'-,
mais, d'après un théorème connu, le premier membre de cette équation
est égal à 2/7U'-, et les deux premiers termes du second membre sont
Y'iin -+- linu^ = 2mA-, en appelant A la vitesse Wenseinble d'un des points
du système dans le mouvement total. Dès lors, l'équation (6) deviendra
(6 bis) ^mv^ = 1mA- + lma%
qui est la relation définitive à laquelle nous nous étions proposé d'arriver
dans ce paragraphe.
« VI. Relation yënérale entre les travaux extérieurs, les énergies potentielles
et les forces viVes d'ensemble et propres des points d'un sjstème. — En intro-
duisant la valeur de Irnv'^ donnée par l'équation [6 bis) dans l'équation
générale (i), celle-ci se transformera en l'égalité suivante :
(7) lf?dp cos{p, P) = -^ ^ + (^. + -T^j - ("ï* + ^-) •
Cette relation s'applique, en général, à tout système de points matériels,
quel que soit le uiouveinent respectif de chaque point.
» Par ailleurs, il convient aussi bien au mouvement relatif qu'au mou-
vement absolu, pourvu qu'on joigne, aux forces extérieures et aux quan-
tités de mouvement réelles existant à un moment donné, ce qu'on appelle
les forces et les quantités de mouvement apparentes. On sait que ces éléments
auxiliaires sont déterminés par la condition de donner, à chaque instant, au
système considéré à partir du repos, un mouvement égal et contraire au
mouvement des axes mobiles par rapport auxquels on se propose dec on-
sidérer le mouvement relatd. On démontre aisément que demeure
indépendant de la nature du mouvement, qu'il soit absolu ou relatif 11
importe d'ajouter que les énergies potentielles $ et 0, , n'étant fonctions que
des distances des points matériels, conservent de leur côté les mêmes va-
leurs dans le mouvement relatif que dans le mouvement absolu. Nous
aurons ultérieurement à invoquer plusieurs fois ces deux remarques im-
portantes.
» Avant d'appliquer aux corps naturels la relation que nous venons
d'obtenir, nous établissons dans notre Mémoire que, eu égard à nos cou-
( 264 )
naissances .ictuelles en Physique, on est en droit de regarder les atonies
comme des points matériels. »
M. le SECRÉTAiiiE PERPÉTUEL annoncc à l'Académie la perte dotiloin-eiise
qu'elle vient défaire dans la personne de M. Gustave Rose, Correspondant
de la Section de Minéralogie, décédé à Berlin le 1 5 juillet 1 873.
rVOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le Concours pour le prix Bordin à
décerner en 1873. (Question relative aux productions organiques des
pointes australes des trois continents de l'Afrique, de l'Amérique méri-
dionale et de l'Australie.)
MM. Milne Edw.irds, de Quatrefages, Roulin, Élie de Beaumoiit, Bron-
gniart réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Decaisne, Duchartre, Blanchard.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de juger le C(jnconrs pour le grand prix de
Sciences physiques à décerner en 1873. (Étude du mode de distribution
des animaux marins du littoral de la France.)
MM. Milne Edwards, Blanchard, de Quatrefages, Coste, de Lacaze-
Duthiers réunissent la majorité des suffrages. Le Membre qui, après eux,
a obtenu le plus de voix est M. Robin.
MÉMOIllES PRÉSENTÉS.
CHIMIK INDUSTRIELLE. — Nouveau procédé de condensation des matières
liquéfiables, tenues en suspension dans les gaz. Note de MM. E. Pelouze et
P. AcDouiJj, présentée par M. Peligot.
(Commissaires : MM. Peligot, Rolland, Jamin.)
« Il est un fait bien connu par les constructeurs d'usines à gaz, c'est
que le gaz, qui entraîne, à la sortie des cornues, une quantité de matières
( 265 )
liquides (eau ammoniacale, goudron) s'élevant à 12 kilogrammes environ
par 100 kilogrammes de charbon distillé, n'en laisse déposer qu'une frac-
tion clans le barillet (4 kilogrammes à 4''^.5oo), la température de cet
appareil étant, cependant, de beaucoup inférieure au point d'ébullition de
l'eau, et à plus forte raison des produits goudronneux dont la température
d'ébullition dépasse 3oo degrés. Cette différence est attribuée, non sans
raison, à l'entraînement des particules liquides qui se présentent, on le
suppose, sous forme vésiculaire.
» L'abaissement de température qu'il est facile d'obtenir à peu de frais,
et avec une surface relativement faible, en faisant usage d'appareils entou-
rés d'eau, etc., ne suffit pas, et il est nécessaire de faire parcourir au gaz
un long circuit, et de le faire passer à travers de grandes colonnes remplies
de débris de coke, etc., pour retenir l'eau ammoniacale, ainsi que les
principes goudronneux tenus en suspension, et qui viendraient rapidement
détruire l'action des matières d'épuration, si on les éliminait d'une façon
complète.
M Nous admettons que les particules liquides contenues dans le gaz, et
qui résistent au refroidissement, se trouvent à l'état de fines poussières
globulaires, dont la ténuité suffit pour expliquer la suspension.
» On ne peut les éliminer que par un long repos, pendant lequel les
matières, mises en contact entre elles, par le fait du mouvement interne des
gaz, forment, petit à petit, des globules d'un grand volume (ces globules,
d'un plus fort diamètre, éprouvent une moins grande résistance de la part
des gaz, et tombent peu à peu au fond des récipients); ou par un procédé
qui, renouvelant artificiellement le contact de ces globules avec les parties
déjà liquéfiées, facilite leur agglomération.
» Ce résultat n'a pu être obtenu jusqu'ici, en pratique, qu'à l'aide d'un
grand développement d'appareils coûteux, désignés dans l'industrie qui
notis occupe en ce moment, sous les noms de barillets collecteurs, tii/aiix
d'orgue, colonnes à coke, etc.; encore même est-il le plus souvent incomplet,
puisque les premières cuves chargées de matières destinées à l'épuration
chimique du gaz sont ordinairement, malgré l'emploi des appareils que
nous venons d'indiquer, imprégnées abondamment de goudrons et d'eaux
ammoniacales ayant échappé à la condensation.
» La nouvelle méthode de condensation c[ue nous avons l'honneur de
soumettre, et qui a déjà reçu son application dans une industrie impor-
tante (celle de la fabrication du gaz), est fondée siu' ce principe, que la
G. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N» 4.) ^^
( 266 )
liquéfaction des globules tenus en suspension dans les gaz s'obtient, soit
par le contact de ces particules avec les surfaces solides, soit par le con-
tact de ces particules entre elles; elle a pour but d'obtenir, à l'aide d'un
appareil Irès-simple et occupant un emplacement réduit, la condensation
des particules liquides entraînées par les gaz ou vapeurs.
» Nous arrivons à ce résultat de la manière suivante :
» Le gaz qu'il s'agit de purifier s'écoule, par une série d'ouvertures d'un
faible diamètre, sous forme de jets qui viennent s'étaler sur une surface
placée vis-à-vis. Cette combinaison produit le contact des molécules entre
elles pendant leur passage dans ces sortes de tuyères; l'efficacité de cette
action est complétée par le contact avec la surface solide, sur laquelle s'é-
coule la matière goudronneuse.
» Une pression très-élevée n'est pas nécessaire; une pression de moins
de 2 centimètres d'eau, bien inférieure à celle qui est donnée par les
exhausfeurs, suffit d'ordinaire.
» L'appareil peut être placé, soit avant les exhausteurs, et, dans ce cas,
on maintiendra un faible vide, soit après; la température du gaz, étant peu
élevée (5o degrés environ après les barillets collecteurs), n'aura aucune
action nuisible sur le fonctionnement de ces machines.
M On règle convenablement le nombre d'ouvertures ou la section de
l'appareil d'échappement, d'après la quantité de gaz produit par l'usine.
On arrive facilement à ce résultat à l'aide d'un régulateur spécial, mis en
mouvement par la pression même du gaz.
» Les ouvertures dont nous veuous de parler peuvent être pratiquées
sur la surface de tuyaux, ou sur des plaques, suivant la forme de l'ap-
pareil.
» La construction de l'appareil dont il vient d'être question peut être
faite à l'aide de matériaux ordinaires, fer, fonte, terre cuite, bois, etc.; la
disposition de détail varie suivant les convenances locales.
» Par le fait du contact intime réalisé dans ces conditions, entre les
liquides globulaires et les gaz qui les tiennent en suspension, on peut
obtenir, à l'aide de notre appareil, la condensation de certains principes
(notamment l'ammoniaque, l'hydrogène sulfuré, le sulfure de carbone),
qui n'avaient pu êlre recueillis jusqu'ici que par des méthodes compliquées,
souvent nuisibles au pouvoir éclairant du gaz (lavage par l'eau de con-
densation, etc., etc.).
» Son emploi permet, en outre, de réaliser une économie importante
sur la consommation des matières d'épuration, tout en fournissant une
( 267 )
quantité notable de goudron riche en essence et d'eau chargée d'ammo-
niaque.
M Quelle que soit la forme, le principe que nous venons d'indiquer, conve-
nablement appliqué, permet d'obtenir la condensation des matières liquides
contenues à l'état de suspension dans les gaz ou vapeurs, en déterminant,
par la disposition indiquée, le contact intime des matières qui passent
ainsi de l'état de molécules isolées et indépendantes à l'état liquide, forme
sous laquelle rien n'est plus facile que de s'en débarrasser.
» L'expérience suivante donne une mesure du résultat qu'il est possible
d'obtenir en s'appuyant sur le principe que nous venons d'indiquer. On a
opéré sur la même quantité de gaz goudronneux pris à la sortie du barillet
d'une petite cornue d'essai; on l'a lait passer successivement dans deux
flacons de i litre, un flacon de 2 litres, un grand flacon de 8 litres et à
travers une colonne de o'",70 de long sur o°',o6 de diamètre, sans le
priver encore complètement de matièies goudronneuses.
» Par contre, on est arrivé à une condensation parfaite en faisant passer
le gaz goudronneux par notre appareil, muni d'un trou d'échappement de
I I millimètre seulement de diamètre et placé dans deux petits flacons
d'une contenance de 5o grammes seulement.
» Dans le cas où l'on trouverait avantageux d'opérer un second lavage
eau avec certains liquides, pure, eau ammoniacale, etc., on introduirait
dans l'appareil le liquide en question
» On obtient de cette façon une action beaucoup plus énergique que
celle qui est réalisée à l'aide du lavage dans les colonnes à coke {sciubbers).
L'action ayant lieu sans contact de l'eau ammoniacale avec l'air extérieur,
il n'y a pas à craindre la perte du pouvoir éclairant qui résulte de l'emploi
de licpiides qui ont pu échanger les principes éclairants tenus en dissolution
(hydrogène, carbone, etc.) avec les éléments de l'air, dont l'action est si
nuisible au pouvoir éclairant.
» Nous avons constaté qu'en faisant usage de matières divisantes très-
ténues (grains de tessons de cornues), il fallait employer des flacons d'une
capacité relativement très-grande pour obtenir la condensation de ces
matières goudronneuses. On n'arrive pas à un résultat meilleur par le bar-
botage du gMz : il faut un grand nombre de passages successifs; les appa-
reils doivent être assez grands et la pression totale absorbée est considé-
rable.
.. L'appareil, installé dans une usine de Paris, dont la production jour-
naUère atteint plus de looooo mètres cubes de gaz, est venu démontrer
35..
( aG8 )
que le procédé dont nous venons de parler ne laisse rien à désirer sous le
rapport pratique. Le gaz, après avoir traversé cet appareil, dont la capacité
n'atteint pas i mètre cube (o™,88o sur o",49o), se trouve entièrement dé-
barrassé des produits qui viennent détruire l'action des matières d'épiu'atiop,
et l'on recueille, en même teaips qu'une quantité de goudron qui atteint
plus de -^ de celle obtenue par la distillation de la houille, une forte
quantité d'eau ammoniacale d'une richesse supérieure de plus du double à
celle des eaux de condensation du gaz.
» Ajoutons que de nombreux essais photométriques nous ont démontré
que le gaz n'avait rien perdu de son pouvoir éclairant.
» En dehors des applications indiquées précédemment, nous citerons
encore l'élimination de l'eau entraînée mécaniquement par la vapeur pro-
duite dans les chaudières à vapeur et l'élimination des poussières, fumées
entraînées par les gaz, ou vapeurs. »
M. Mannheim adresse, par l'entremise de M. Chasles, un Mémoire « Sur
les surfaces trajectoires des points d'une figure de forme invariable, dont
le déplacement est assujetti à quatre conditions. »
(Commissaires précédemment nommés : MM. Chasles, Bertrand, O. Bonnet.)
M. Delaurier adresse une Note relative à un projet de nouvelles pompes
à incendie, permanentes.
L'auteur voudrait que l'on pût avoir de petites machines à vapeur loco-
mobiles, fonctionnant d'une manière permanente pour les besoins de
diverses industries, et, par suite, toujours prêtes à entrer en jeu , qu'on
transporterait, en cas d'incendie, sur le lieu du sinistre.
(Commissaires : MM. Morin, Rolland, Tresca.)
M. A. Brachet adresse une nouvelle Note relative à des appareils élec-
triques destinés à éclairer sous l'eau.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. Leprestre adresse un Mémoire destiné au Concours du prix de Mé-
canique, fondation Monlyon (invention ou perfectionnement des instru-
ments utiles aux progrès de l'Agriculture).
(Renvoi à la Commission.)
( ^-^ )
Un Auteur, dont le nom est contenu clans un pli cacheté, avec cet épi-
graplie : « Problema tle inotii trium Corporuni sphœricorum, etc.. »,
adresse un Mémoire destiné au Concours du Problème des trois Corps.
(Renvoi à la Commission.)
M. YoF adresse une Note relative à un procédé de destruction des in-
sectes.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. EiiB adresse une Lettre concernant ses Communicalions sur le clio-
léra et sur le Phylloxéra.
(Renvoi aux deux Commissions.)
M.A.Beacvais adresse un Mémoire concernant un système desiiné à at-
ténuer le danger des rencontres entre deux trains de chemin de fer.
(Renvoi à la Commission nommée pour ces questions.)
M. Ci-ÉMENT adresse une Note relative à une méthode de préparation de
l'onguent metcuriel.
(Renvoi à l'examen de M. Bussy.)
M. F. Billet prie l'Académie de comprendre parmi les pièces de Con-
cours du prix Lacaze son « Traité d'Optique physique ».
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, trois brochures de M. E. Nouel, intitulées : « Noie sur la
trombe des Hayes, qui a traversé le Vendômois le 3 octobre 1871 » ; « Note
sur le bolide du 23 juillet 1872, qui a projeté des météorites dans le can-
ton de Saint-Amand », et « Les plantes de la guerre; Note sur les plantes
étrangères observées aux environs de Vendôme à la suite de la guerre de
1 870-187 1 » .
( 270 )
GÉOMÉTRIE. — Sur les différentes formes de courbes du quatrième ordre.
Note de M. H.- G. Zeuthex, présentée par M. Chasles (i).
« Si les côtés d'un triangle abc sont des tangentes doubles d'une quar-
tique (courbe du quatrième ordre), «, , «2 ; p, , /Sj ; 7, , 72 étant les points de
contact, on sait, suivant le théorème de Carnut, que
bcii.by., c^i.cf,, ay,.ay., ^
1) Au cas du signe +, les points de contact se trouvent sur une même
conique : — - — '- sera 5 o, suivant que ^ et c séparent (2) <x, et a, ou non. Par
conséquent, si, dans le triangle formé de trois tangentes doubles d'une
quartique, aucun des couples de points de contact n'est séparé par les
sommets du triangle, ou si deux couples sont séparés, les six points de
contact se trouvent sur une même conique.
B On démontre encore, sans difficulté, le théorème suivant :
» .S'/, de quatre couples de points, toutes les combinaisons à trois se trouvent
sur des coniques, les quatre coniques ainsi déterminées coïncident.
» Au moyen de ces deux théorèmes, on peut trouver les différents
groupes de quatre tangentes doubles à contact réel, dont les huit points de
contact se tiouvent sur des coniques.
» Il existe deux espèces de tangentes doubles à contact réel : 1° celles
qui sont tangentes à une même branche clouée d'un arc rentrant; 2" celles
qui sont tangentes connnunes à deux branches différentes. Nous les appelle-
rons tangentes doubles de la première espèce et de la seconde espèce. Le couple
de points de contact d'une tangente double de la première espèce d'une
quartique ne peut être séparé par les points d'intersection avec deux
autres tangentes doubles ; car alors une de celles-ci aurait une intersection
avec la courbe. On voit ainsi que :
» Tous les points de contact de tangentes doubles de la première espèce d'une
quartique se trouvent sur une conique.
(i) Ces questions se sont présentées dans un Mémoire fort important de l'auteur Sur lu
théorie des deux caractéristiques, étendue aux courbes du quatrième ordre. Mémoire écrit
en danois, dont j'ai l'honneur de déposer un exemplaire de la part de l'auteur.
(2) Si b et c se trouvent sur un uiêine des deux segments, l'interne et l'externe, intercep-
tés sur la droite infinie a, y.^ par les points a, et x., on dit qu'ils ne séparent pas ces points.
( 27» )
» Il s'ensuit qu'une qiiartiqne a, au plus, quatre tangentes doubles de
la première espèce. Elle ne peut donc avoir plus de quatre arcs rentrants, ni
plus de huit inflexions réelles.
» On trouve encore qu'une quartique n'a aucune tangente double de la
seconde espèce, dont les points d'intersection, avec trois tangentes doubles de
la première espèce, se trouvent sur un seul des deux segments^ interceptés
par ses points de contact. En effet, on aperçoit, sans difficulté (i), que, s'il
y en avait, il existerait une (trois) autre tangente double de la seconde
espèce, dont aussi un seul des deux segments interceptés par les points de
contact serait rencontré par les trois tangentes doubles de la première
espèce. Alors les points de contact de toutes ces cinq tangentes doubles se
trouveraient sur une même conique, ce qui est impossible.
» En se rappelant encore qu'une quartique ne peut avoir des branches
ouvertes (2) et qu'elle a, au surplus, quatre branches fermées, on trouve
quelles sont les différentes formes possibles de courbes du quatrième ordre.
Nous nous contenterons ici de nommer les formes présentant le nond)re
maximum d'arcs rentrantset de branches séparées; les autres résulteront de
l'évanouissement d'arcs rentrants ou d'ovales. Nous appellerons n-foUum
une branche fermée, douée de n arcs rentrants. Une branche fermée, sans
aucun arc rentrant, est un ovale. On trouve les formes suivantes :
» I. I quadiifolium et 2 ovales externes;
i> II. I quadriJoHum e\. i ovale interne ;
M III. I trijolium, i unifolium et 2 ovales;
» IV. 2 bijolia et 2 ovales;
>; V. I bifolium, 2 unifolia et i ovale;
» VI. 4 unifolia.
» Les règles nommées ci -dessus laissent douteux, pour les courbes
douées de deux bifolia, si les quatre points de contact d'une de ces deux
branches avec les tangentes communes à celle-ci et à l'autre bifolium se
trouvent sur un même arc saillant ou deux sur l'un et deux sur l'autre des
arcs saillants; mais le premier de ces deux cas est impossible, parce que
(1) S'il existe encore une tangente double de la première espèce, on aura immédiatement
cinq tangentes doubles dont les points de contact devraient se trouver sur une même
conique.
(2) Une branche est ouverte ow fennec suivant qu'elle rencontre une droite en un nombre
impair ou pair de ))oints. Ndus ne parlons que de propriétés projectives, de façon que la
position de la courbe, par rapport à la droite à l'infini, est indifférente.
( "-^y^ )
alors les huit points de contact des quatre tangentes doubles de la pre-
mière espèce auraient des positions qui ne peuvent se trouver sur une
même conique.
» Toutes les six formes possibles que nous avons énumérées existent. En
effet, elles se présentent comme des formes voisines de courbes composées
de deux coniques, qui se rencontrent en quatre points réels (I, Il et VI),
ou de courbes composées d'une cubique et d'une droite qui en rencontre
trois fois la branche ouverte (III, IV, V). Ces courbes voisines se repré-
sentent algébriquement par les équations
'P2'|'2 ■+- ^X; = O,
et
9,^3 + A//. = o,
où les suffixes indiquent les ordres, k une constante convenablement pe-
tite. Les courbes voisines de deux coniques ont immédiatement quatre arcs
rentrants; les courbes voisines de celles qui sont composées d'une cubique
et d'une droite, seulement trois; mais on peut en donner à celles-ci un
quatrième, en plaçant les quatre points d'intersection de la droite ç>, et de la
quartique (qui seront ceux de (p, et /,,) entre deux points d'intersection
de y, et de la cubique ij^a- On obtient les trois formes III, IV et V par les dif-
férents choix du segment intercepté sur ©, par ij/j où l'on place ces quatre
points d'intersection. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la respiration des végétaux aquatiques im-
mergés; Note de MM. P. Scuutzenberger et E. Quixquacd, présentée par
M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le procédé de titrage à l'hydrosulfite, permettant de doser l'oxygène
dissous dans 5o centimètres cubes d'eau, avec une approximation de
o*"^, oo5, et, par conséquent, de o*"^, i par litre, nous avons utilisé cette
méthode pour étudier les phénomènes respiratoires des végétaux aqua-
tiques immergés, et mesurer leur intensité dans diverses conditions. La ra-
pidité des déterminations, qui n'exigent pas plus de trois à quatre minutes
pour chacune, nous donnait le moyen de multiplier les expérienceset d'é-
tablir les résultats énoncés dans cette Note sur une série de dosages
dont le nombre ne s'élève pas à moins de 700.
(' Nos expériences ont porté : i" sur la levure de bière; 1° sur une
j)lanle aqu;itique de la famille des Hydrocharidés, VEtodea canadeitsis
( 273 )
(Mich), qui, par sa forme et su résistance, se prête bien aux expériences
quantitatives,
» La méthode consistait à laisser un poids connu du végétal, pendant
un temps déterminé, en contact avec un volume connu d'eau, dans les
conditions où l'on veut se placer. Les degrés oxymétriques de l'eau sont
mesurés au début et à la fin de l'expérience. Leur différence donne l'oxy-
gène absorbé ou dégagé. Dans les expériences où il y a dégngement
d'oxygène, le degré oxymétrique initial doit èlre inférieur au point de sa-
turation de l'eau, et l'essai ne doit pas durer assez de temps pour que la
saturation puisse être atteinte, pour éviter ledégagementdebulles gazeuses.
» Levure. — La levure de bière n'offre que le phénomène d'absorption
d'oxygène, avec production d'acide carbonique. Toutes choses égales
d'ailleurs, l'intensité respiratoire est la même dans l'obscurité, à la lumière
diffuse et à la lumière directe; elle est proportionnelle au poids de la le-
vure employée. La dose initiale d'oxygène dissous n'influe sensiblement
sur les résultats que lorsqu'elle descend au-dessous de i centimètre cube
par litre. On constate, dans ce cas, une faible diminution dans le pouvoir
absorbant; celui-ci ne s'épuise que lorsque l'eau est complètement désoxy-
génée. La respiration de la levure est d'autant moins active que celle-ci est
plus altérée et plus ancienne.
» Au-dessous de lo degrés C, le pouvoir absorbant est à peu près
nul; il s'accroît lentement jusqu'à i8 degrés; à partir de là, l'accrois-
sement est rapide jusque vers 35 degrés, température à laquelle l'intensité
respiratoire atteint un maximum qui se maintient sensiblement jusqu'à
5o degrés; à 60 degrés, le pouvoir absorbant est annulé et détruit.
» Une levure sensiblement fraîche, contenant 26 pour 100 de matière
sèche, a absorbé, par gramme et par heure : à 9 degrés, o*^"^, i4 d'oxygène;
à II degrés, o"*-', 42; à 22 degrés, i'^'',2; à 33 degrés, a*^"^,!; à l\o degrés,
2™, 06; à 5o degrés, 2'''=,4; à 60 degrés, o™, o.
» Une autre levure, de très-belle apparence , très-fraîche, contenant
3o pour 100 de matière sèche, a absorbé, par gramme et par heiue :
à 24 degrés, 2'='', 2 d'oxygène; à 36 degrés, 10"", 7. L'augmentation du pou-
voir absorbant entre 24 degrés et 36 degrés a donc été plus considérable
qu'avec la première levure ; le pouvoir absorbant est doublé dans l'un des
cas et quintuplé dans l'autre.
» Elodeacanadensis. — Comme toutes les plantes à chlorophylle, elle
offre les deux respirations . 1° absorption d'oxygène et production d'acide
carbonique; 2° dégagement d'oygène sous l'influence de la lumière.
c. U., 1S73, 2" Semestre. (T. LXWII, M" 4.) 36
( 274 )
» Ayant reconnu que la plante chauffée dans l'eau, entre 45 degrés et
5o degrés, perd complètement la faculté de décomposer l'acide carbonique
et de dégager de l'oxygène sous l'influence de la lumière, sans que son
pouvoir absorbant pour l'oxygène soit modifié, nous avons pu nous assu-
rer nettement que l'absorption de l'oxygène avec production d'acide car-
bonique continue à la kunière, avec la même intensité que dans l'obscu-
rité, et est le résultat d'une fonction végétale indépendante, qui marche
parallèlement à la respiration dite diurne (dégagement d'oxygène).
» La marche des phénomènes d'absorption d'oxygène est fout à fait la
même que pour la levure; mais, à poids égaux, l'intensité est environ dix
lois moindre. Ainsi, à 24 degrés, 10 grammes de plantes absorbent par
heure 1", 2 à i'^^'=,8 d'oxygène; à l\o degrés, 10 grammes de plante absor-
bent par lieure 4™.o à 4'^'^»5 d'oxygène.
)) Ici encore la dose initiale d'oxygène n'a d'influence que si elle s'abaisse
au-dessous de i'^'^, o par litre.
» A mesure que la plante, privée de ses racines, s'affaiblit, le pouvoir
absorbant baisse en intensité et finit par devenir nul. A ce moment la
plante se fane et se désagrège.
» Dégagemenl d'oxygène à la lumière. — Avec de l'eau distillée exempte
d'acide carbonique, le dégagement d'oxygène, sous l'influence de la
lumière directe, est très-faible pendant la première heure d'insolation :
o™,6 à o™,8 pour 10 grammes de plante; puis il s'arrête complètement.
Cet oxygène doit provenir de l'acide carbonique tenu eu réserve dans la
plante.
» Avec des mélanges en proportions croissantes d'eau distillée, saturée
d'acide carbonique (à la pression normale) et d'eau distillée pure, on a
trouvé pour l'oxygène dégagé pendant une heure, par 10 grammes de
plante (i) :
Oxygène dégagé.
ce
1" Eau pure non carbonique 1,0
2° Eau pure -f- 2,5 pour 100 d'eau satiu'ée de CO' i3,2
3" » 4- 5 à 10 pour loo u 20,0
4° » -4- 20 à 3o pour 1 00 » i3,o
5° '> -I- 4o pour loo » 10,0
6" Eau saturée d'acide carbonique 3,o
(i) Les expériences d'insolation sont calculées pour une lieure; mais leur durée n'était
que de quinze minutes, et l'on évitait l'élévation de température au moyen d'un manchon
d'eau froide. L'insolation a toujours été faite avec un ciel pur, sans nuages.
( 275 )
» L'ean de fontaine dn laboratoire, contenant 21 centimèlres cubes par
litre d'acide carbonique combiné sous forme de bicarbonate de chaux et
très-peu d'acide carbonique libre, a donné, pour 10 grammes de plante,
pendant une heure, ^'^"'■,0 d'oxygène. La même eau, préalablement dés-
oxygénée par un séjour de quelques heures dans l'obscurité, eu contact
avec la plante, a donné, par heure, pour 10 grammes de plante, 12 à
i3 centimèlres cubes d'oxygène; cette expérience montre que, pendant
cette désoxydation , il se produit de l'acide carbonique libre, et que la
décomposition de l'acide carbonique est plus active lorsque cet acide
carbonique est libre que lorsqu'il est combiné au carbonate de chaux. Un
excès d'acide carbonique affaiblit et annule même le phénomène, comme
le montre le tableau précédent.
» En laissant un excès de plante immergée au soleil pendant une heure
ou deux, on obtient, alors qu'il se dégage de nombreuses bulles de gaz,
un liquide sursaturé d'oxygène, pouvant contenir, à 35 degrés, jusqu'à
20 centimètres cubes d'oxygène par litre. Cette eau sursaturée, séparée
de la plante, ne perd son excès d'oxygène dissous qu'avec une lenteur
remarquable. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la slriiclure des rjancj lions cérébroides du Zonites
algirus. Note de M. H. Sicard, présentée par M. Milne Edwards.
0 Chez le Zonites aUjirus, comme chez les autres Gastéropodes, les gan-
glions cérébroides ou sus-œsophagiens sont loin d'avoir une composition
simple et homogène. Ils sont au non)bre de deux et unis par une com-
missure, ainsi que le dit Van Beneden dans son Mémoire de l'anatomie de
y Hélix alcjirci ; mais, examinés de plus près, ils donnent lieu à d'intéressantes
observations.
» Si l'on considère la face supérieure delà masse cérébroïde, on voit, sur
la ligne médiane, la commissure, de couleur jaune, et, de chaque côté, les
ganglions qui sont symétriques et incolores. Ce sont deux corps de forme
allongée, concaves sur leur bord externe et convexes sur leur bord interne,
lequel est en rapport avec la commissure médiane. Ces ganglions présentent
donc la figure d'un croissant, largement ouvert, à concavité externe; mais,
dans la moitié antérieure de cette concavité, on voit saillir une petite masse
nerveuse, de même forme que la corne postérieure du croissant, et s'a tténuant
à son extrémité pour donner naissance au cordon latéral antérieur qui
unit le ganglion cérébroïde aux ganglions sus-œsophagiens, tandis que le
36..
( 276 ■)
cordon postérieur est formé par le prolongement de la corne postérieure.
Ce lobule placé dans la concavité du croissant peut être appelé lobule moyen
ou corne moyenne; il paraît être sur un plan un peu inférieur. La corne
antérieure du croissant ganglionnaire est terminée par une extrémité
mousse et arrondie.
» Examinés par leur face inférieure, les ganglions offrent un autre aspect :
ils se présentent en forme de fer à cheval et sont accolés par leur convexité,
le dos du fer à cheval correspondant à la ligne médiane. En avant et en
arrière, dans l'angle que forment les bords disposés ainsi en oc, on aperçoit
la commissure, qui occupe à la face supérieure toute la région moyenne.
Enfin, en avant de chaque ganglion, on remarque un petit lobe saillant
arrondi qui donne naissance, par son bord interne, au nerf tentaculaire. Ce
lobule ne paraît pas être tout à fait sur le même plan que la face inférieure
des ganglions, et il n'est autre que la corne antérieure du croissant que
nous avons décrit à la face supérieure. Des deux branches du fer à cheval
qui se montre à la face inférieure, la première, ou antérieure, correspond
au lobule que nous avons qualifié de moyen, et la seconde, ou postérieure,
correspond à la corne postérieure du croissant.
w Comment peut-on se rendre compte de cette diversité d'apparence
des deux faces supérieure et inférieure? Chaque ganglion forme en arrière
une masse unique qui se termine parla corne postérieure et, en avant, il
présente deux extrémités, l'une qui continue sa face inférieure et se re-
courbe assez brusquement, de sorte que cette face a l'aspect d'un fer à
cheval; l'autre qui continue sa face supérieure et, décrivant une courbe
beaucoup plus ouverte, occupe une position antérieure à l'autre, en même
temps qu'elle est sur un plan un peu supérieur.
» Le lobule antérieur est le lieu d'origine des trois nerfs tentaculaire ou
olfactif, optique et acoustique, et constitue, par conséquent, une région
distincte par ses attributions physiologiques. M. de Lacaze-Duthicrs a déjà
indiqué que, dans les centres sus-œsophagiens des Gastéropodes, il y a des
lobes ayant une structure particulière et un rôle physiologique différent.
C'est ainsi que l'éminent professeur a constaté, dans certains Gastéropodes
pulmonés aqualiques (Physes, Lymnées, etc.), l'existence d'un lobule
liémisphérique saillant placé im peu latéralement sur la face postérieure
du centre sus-œsophagien et formant le lieu d'origine commun aux trois
nerfs olfactif, acoustique et optique; aussi l'a-t-il appelé lobule de la sen-
sibilité spéciale.
» On voit que, dans l'espèce qui nous occupe, l'analogue de ce lobule
( 277 )
est celui que nous avons désigné comme antérieur à cause de sa position
qui est un peu différente; en effet, de ce lobule partent les mêmes nerfs
sensilifs, et nous verrons qu'il se distingue, en outre, par sa structure, des
autres parties du cerveau.
» Nous avons dit quelle était l'origine des deux cordons latéraux de
communication qui naissent, l'un du lobule moyen, l'autre du lobule
poslérieiu" du ganglion. L'examen de ces cordons nous a fait reconnaître
un fait intéressant en ce qu'il infirme une règle donnée jusqu'ici comme
générale : c'est que les nerfs partent toujours des ganglions, jamais des
cordons qui les unissent. Or nous avons constaté que, du cordon latéral
postérieur, se détachait un filet nerveux très-long et très-gréle qui, se
dirigeant en arrière, va se rendre à la face inférieure du nuiscle rétracleur
de la masse buccale. Nous nous sommes assuré par l'examen microsco-
pique que ce même filet nerveux, dont nous n'avons trouvé l'existence
mentionnée nulle part, provenait, par une double origine, du cordon
latéral postérieur.
» L'étude bistologique montre que les ganglions sont composés de
cellules nerveuses et d'éléments fibrillaires. Les cellules, le plus souvent
unipolaires, sont quelquefois munies de deux ou de plusieurs prolonge-
ments; elles sont remarquables par les dimensions considérables qu'elles
peuvent atteindre; elles sont constituées par une petite masse de proto-
plasma, contenant de nombreuses granulations, et par un noyau volumineux
qui renferme lui-même un ou parfois plusieurs nucléoles. Le centre des
ganglions est formé de fibrilles entre-croisées qui ne sont autre chose que
les prolongements des cellules ganglionnaires placées à la périphérie. Le
lobule de la sensibilité spéciale se compose d'éléments qui se différencient
de ceux que l'on rencontre dans les autres parties des centres nerveux. Ici
les cellules, à l'opposé de celles dont nous avons parlé, ont un très-petit
volume; leur diamètre atteint à peine o""",oi, tandis qu'ailleurs il mesure
jusqu'à o™'",io; elles sont incolores et à contours très-pâles. Leurs pro-
longements, très-ténus, ne sont pas faciles à apercevoir, à cause de la facilité
avec laquelle ils se rompent. Ils servent à former les filets nerveux ou à
faire comnuniiquer entre elles les cellules voisines. Nous en avons observé
qui étaient ainsi reliées l'une à l'autre. La structure particulière de ce lo-
bule confirme donc la distinction que nous en avons faite plus haut, à
l'exemple de M. de Lacaze-Duthiers, en nous basant sur l'origine que les
trois nerfs de la sensibilité spéciale, à l'exclusion de tous les autres, tirent
de cette région. »
( 278)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur ta planète Mars; par M. C. Flammarion.
« Pendant la période d'opposition qui vient de s'écouler, la planète
Mars nous a présenté son hémisphère septentrional, qui est moins connu
que son hémisphère sud. I.e pôle nord, fortement incliné vers nous, se dé-
cèle hii-même par une tache blanche Irès-brillante qui, dans certaines con-
ditions de transparence atmosphérique, semble dépasser le contour du
ilisqiie.
Vue de la planète Mars, le st) juin 187!!, à 10 heures Ju soir.
» Cette calotte polaire n'est pas actuellement très-étendue; elle offre
parfois à l'œil l'impression d'un /jo/s blanc qui scintillerait sur le limbe in-
férieur du disque, et sa position indique que le pôle se trouve à environ
[\o degrés de l'extrémilé inférieure du diamètre vertical, dans la direction
de l'est (image renversée dans la lunette astronomique). Les neiges polaires
boréales ne s'étendent pas actuellement au delà du 80* degré de latitude
aréographique. On sait qu'elles couvrent parfois une étendue beaucoup
plus considérable, puisque, dans certaines années, elles ont dépassé le
60" degré. Les variations des neiges australes sont plus grandes encore.
)) Il y a très-probablement une mer polaire autour du pôle nord, car
une tache sombre y est constamment visible, quelle que soit la face que la
rotation de Mars amène devant nous. Cette mer polaire paraît s'étendre
jusque vers le l\^' degré de latitude, et même au delà, en certains points;
( 279 )
niaib elle doit être parlagée en deux par une langue de lerre qui s'étendrait
du 65* au 75* degré. Quelle que soit celte terre intermédiaire, que l'on dis-
tingue à peine, la mer s'étend, d'une part jusqu'à la glace, c'est-à-dire jus-
qu'au 80* degré au moins, et, d'autre part, jusqu'au 45^
» Une méditerranée longue et étroite court du nord au sud, et rejoint
une vaste mer qui s'étend au delà de l'équateiu- dans l'hémisphère sud.
Entre l'extrémité septentrionale de cette méditerranée et la mer boréale
dont je viens de parler, il y a une autre énigme. Ordinairement cette mé-
diterranée, cette passe, semble réunir les deux taches. Parfois on croit dis-
tinguer à l'extrémité septentrionale une solution de continuité, et même
un retour à angle droit. Ce détail n'empêche pas la physionomie générale
d'être telle qu'elle vient d'être décrite : pôle nord marqué par une petite
tache très-blanche; mer boréale s'étendant dans le sens des latitudes; lnr(je
filet d'eau, s'étendant dans le sens des longitudes, et nier rtHiOa/e considé-
rable.
» Mars est actuellement dans la saison d'automne de son hémisphère
nord. La plus grande partie des neiges polaires boréales sont fondues,
tandis qu'elles s'amoncellent autour du pôle austral, invisible pour nous.
La région sud est visiblement marquée d'une traînée blanche près des
bords. Est-ce la neige qui descendrait jusqu'au 4o' degré de latitude sud? Il
est plus probable que ce sont des nuages.
» L'élude détaillée de la planète montre ique sa surface est bien diffé-
rente de la surface terrestre, au point de vue du partage des terres et des
mers. Chez nous, les trois quarts du globe sont couverts d'eau; sur Mars,
au contraire, il y a plus de surface continentale que de surface maritime.
Toutefois, l'évaporation y produit des effets analogues à ceux qui consti-
tuent la météorologie terrestre, et l'analyse spectrale montre que l'atmo-
sphère de Mars est chargée de vapeur d'eau comme la nôtre, et que ces
mers, ces neiges, ces nuages sont réellement composés de la même eau que
nos mers et nos météores aqueux.
» Il m'a semblé que la coloration rouge des continents est moins intense
cette année qu'en général. On a souvent discuté la cause de cette colo-
ration, et d'abord on l'a attribuée à l'atmosphère; mais cette explica-
tion a été rejetée, depuis qu'il a été constaté que les bords du disque de
la planète sont moins colorés que le centre; ils sont presque blancs. Ce
serait le contraire, si la coloration était due à l'atmosphère, car elle croî-
trait en raison de l'épaisseur d'atmosphère traversée par les rayons réflé-
chis. Est-elle due à la couleur des matériaux constitutifs de la planète? On
( 28o )
pourrait l'admettre, si des raisonnements d'analogie ne nons engageaient
à penser que les continents de Mars n'ont pu rester à l'état de déserts sté-
riles, mais que, sous l'influence de l'atmosplière, desphiies, de la chaleur
fécondante du Soleil et des éléments qui ont amené sur la Terre la pro-
duction du monde végétal, ils ont dû se recouvrir aussi d'une végétation
quelconque, en rapport avec l'état physique et chimique de cette planète.
Or, comme ce n'est pas l'inlérieur du sol que nous voyons, mais la sur-
face, la coloration rouge doit être celle de la végétation de Mars, quelle
que soit d'ailleurs l'espèce de végétation qui s'y produise. Il est vrai que,
quoique les saisons de Mars soient à peu près de même intensité que les
nôtres, on ne voit pas de variations de nuances correspondant à celles que
l'on observe avec les saisons sous nos latitudes terresires; mais la végéta-
tion qui tapisse la surface de Mars peut être fort différente de la nôtre et
subir moins de variations dans le cours de l'année.'
)) Quoi qu'il en soit, les études faites sur cette planète voisine sont assez
nombreuses maintenant poiu' nous permettre de nous former une idée gé-
nérale de sa géographie et même de sa météorologie. On peut résumer
comme il suit les faits qui semblent désormais acquis à l'Astronomie phy-
sique sur la connaissance de cette planète.
» 1° Les régions polaires se couvrent alternativement déneige suivant
les saisons et suivant les variations dues à la forte excentricité de l'orbite;
actuellement les glaces du pôle nord ne dépassent pas le 80® degré de
latitude;
» 2" Des nuages et des courants atmosphériques y existent comme sur la
Terre; l'atmosphère y est plus chargée en hiver qu'en été; ' '
» 3" La surface géographique de Mars est plus également partagée que
la nôtre en continents et en mers; il y a un peu plus de terres que de
mers;
» 4" La météorologie de Mars est à peu près la même que celle de la
Terre; l'eau y est dans le même état physique et chimique que sur notre
propre globe;
» 5" Les continents paraissent recouverts d'une végétation rougeâtre;
» 6° Enfin les raisons d'analogie nous montrent sur celte planète, mieux
que sur toute autre^ des conditions organiques peu différentes de celles qui
ont présidé aux manifestations de la vie à la surface de la Terre. » ' ^
f 281 )
PHFSYQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouveau système de lêlégrapliie pneumatique.
Note de MM. D. Tommasi et R.-F. Michel, présentée par M. Faye.
« Le nouveau système de télégraphie pneumatique que nous avons
l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie consiste dans la sub-
stitution du gaz ammoniac à l'air comprimé ou raréfié, pour le transport
des boîtes renfermant les dépêches télégraphiques.
» Pour obtenir ce résultat, nous nous servons du procédé suivant :
» Un ensemble de boîtes, entrant à frottement dans des tubes métal-
liques et renfermant les objets à transporter à distance, sont engagés à
l'une des extrémités du tube : au lieu de les pousser au moyen de l'air com-
primé ou de les aspirer en faisant le vide devant eux, au moyen d'une
chute d'eau ou d'une machine à vapeur, nous poussons ce train de boîtes
au moyen du gaz ammoniac comprimé à une pression suffisante, et en
même temps nous les aspirons au moyen du vide produit par suite de
l'absorption du gaz ammoniac par l'eau. Le gaz que nous employons,
nous le faisons dégager sous l'influence de la chaleur de sa solution dans
l'eau. C'est également par l'eau que nous l'absorbons. Par suite de ces
absorptions et dégagements successifs, c'est toujours le même gaz ammo-
niac qui est employé à pousser ou à attirer le train de boîtes. Les deux
opérations se faisant simultanément, les tubes se trouveront toujours rem-
plis de gaz anunoniac.
» Les appareils, à chaque bout de la ligne et dans chaque station inter-
médiaire, consistent essentiellement en deux récipients ou chaudières A
et B; l'une des deux A est remplie, jusqu'à une certaine hauteur, d'une
solution saturée de gaz ammoniac, chauffée à une température con-
stante, suffisante pour faire dégager le gaz qui se comprime dans un ré-
cipient à soupape situé à la partie supérieure de la chaudière A. Le gaz
ammoniac, avant de se rendre dans les tubes, traverse un long 'cylindre
renfermant de la chaux vive qui le dessèche complètement. L'autre
chaudière B est remplie d'une certaine quantité d'eau à la température
ordinaire ou refroidie pour absorber le gaz ammoniac qui se trouve au
devant du train, et produire l'effet d'aspiration nécessaire.
)• Lorsque l'eau contenue dans le récipient B est devenue, par suite de
ces aspirations successives, saturée de gaz ammoniac, et que, conséquem-
ment, la chaudière A a perdu son gaz au moins en grande partie, nous
C. R., 187S, 1' Semestre. (T. LXXVII, N" 4.) Sy
( 28^ )
laissons refroidir la chauflière A, et nous élevons la température de la
chaudière B, de façon à utiliser toujours la même quantité de gaz.
» Quant aux dispositions pratiques de l'appareil, nous les décrirons
dans une Notice que nous aurons bientôt l'honneur de soumettre au
jugement de l'Académie. »
M. Martha-Becker adresse une Note concernant l'influence des cou-
rants aériens sur les hivers des régions tempérées. Les hivers atteindraient
leur maximum de sécheresse et de froid lorsque le contre-courant, venant
du nord, atteint son maximum de déviation à l'est.
« M. Bertrand présente, au nom de M. le général Noizet, tin Ouvrage
intitulé « Mélanges de Philosophie critique ».
» La plupart des questions traitées dans ce livre sortent du cercle habi-
tuel des travaux de l'Académie. M. Bertrand, cependant, a accepté avec
grand plaisir la mission de le présenter à ses confrères. Le général Noizet,
en effet, est bien connu de l'Académie des Sciences, et il parle la langue
rigoureuse et précise qu'on aime à y entendre. Ancien élève de l'Ecole
Polytechnique, ancien professenr à l'École d'Application de Metz et, pen-
dant plusieurs années, membre très-actif du Conseil de Perfectionnement
de l'École Polytechnique, il a porté dans ses études philosophiques l'esprit
pénétrant et élevé que plusieurs de nos confrères, ses anciens collègues,
ont eu plus d'une fois l'occasion d'apprécier. »
« M. Bertrand présente, au nom de M. Darboux, un Ouvrage intitulé :
Sur une classe remarquable de courbes et de surfaces algébriques, et sur la
théorie des imaginaires.
» Cet Ouvrage, présenté manuscrit à l'Académie en 1869, avait été lu
et examiné par les commissaires désignés par elle. MM. Serret, Bonnet et
Bertrand s'étaient trouvés d'accord pour en reconnaître l'importance et
le très-grand intérêt.
» La publication du travail, développé et étendu par de précieuses
additions, ne permettant plus qu'il soit fait de Rapport, M. Bertrand se
borne à In signaler à l'attention des géomètres. »
« M. Larret présente, de In part de M. le Directeur général du Service
de santé de l'armée anglaise, le XlIP volume des Rapports du déparlement
médical de l'armée, pour l'année 1871, comprenant, comme chacun des vo-
( a83)
lûmes de la collection , l'état général de la santé des troupes dans le
Royaume-Uni, l'ensemble des maladies, les tableaux de mortalité, les
questions du recrutement, etc., puis les états spéciaux du même ordre
parmi les troupes de la Méditerranée, du Canada, des Bermudes, des Indes
et de l'Afrique Occidentales, du cap de Bonne-Espérance, de Sainte-Hélène,
et de Ceyian, de la Chine, du Japon, et des troupes d'Europe servant dans
l'Inde.
» L'Appendice, formant la moitié de ce volume, contient aussi un grand
nombre de rapports et de documents scientifiques sur l'Hygiène, la Méde-
cine et la Chirurgie, ainsi que des extraits et des tableaux de Statistique. »
M. Chasles présente à l'Académie :
1° Les numéros d'avril à aoîit iS'yj, t. IV et V du Bullefin des Sciences
mathématiques et astronomiques de la Section mathématique des Hautes-
Études, rédigé par MM. Darhoux et 7. /^o/ie/; ces livraisons renferment,
indépendamment d'une Revue bibliographique, l'indication des Mémoires
des Sociétés savantes et autres publications périodiques, puis une analyse
de divers Ouvrages ;
2° La troisième livraison du Bulletin de la Société mathématique de France,
publié par les secrétaires de la Société, MM. Brisse et Laguerre ;
3° De la part de M. le prince Boncompngni, les livraisons de septembre,
octobre et novembre du Bulleltino di Biblioqrafia e di Storia délie Scienze
matematiche e fisiche ; les deux premières renferment une traduction en
italien de l'important Ouvrage écrit en allemand par M. le D' Erm. Hankel,
Sur l'Histoire des Mathématiques chez les Arabes; la livraison de novembre
est consacrée au même sujet : ce sont des extraits d'un Ouvrage inédit
de Bernnrdino Baldi, De le Vite de' Matematici, en la possession de M. le
prince Boncompagni ; ces extraits sont accompagnés de Notes de M. Stein-
schneider ;
4° De la part de M. D. Chelini, un exemplaire d'un Mémoire écrit en
italien. Sur iinterjirétation géométrique de la science de l'étendue, du mouve-
ment et des Jones ;
5° De la part de M. H.-G. Zeuthen, un Mémoire, en langue danoise, in-
titulé : Bechen lie des propriétés générales des systèmes de courbes planes,
suivie d'une application à ta détermination des caractéristiques des systèmes élé-
jnentaires du quatrième ordre. Kjobenhaven, i8'y!3; in-4";
6° De la part de M. E. fFeyr, les cinq premiers numéros d'une pu-
( 284 )
blication, en langue tchèque, de la Société mathématique de Prague,
1872; et divers Mémoires mathématiques de M. E. Weyr ;
7° De la part de M. Painvin, deux Ouvrages Sur la surface développahle
circonscrite à deux surfaces du second ordre, et divers autres Mémoires ma-
thématiques.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 juillet 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Sur une classe remarquable de courbes et de surfaces algébriques et sur la
théorie des imaginaires ; par M. G. Darboux. Paris, Gauthier-Villars, 1873 ;
I vol. in-8°. (Présenté par M. Bertrand.)
Mélanges de philosophie critique; par le général NoiZET. Paris, H. Pion,
1873; I vol. iu-S*^. (Présenté par M. Bertrand.)
Nouvelles Tables donnant, avec cinq décimales, les logarithmes vulgaires et
naturels des nombres de i à 10800, et des fonctions circulaires et hyperboliques
pour tous les degrés du quart de cercle de minute en minute; par le major Wla-
dimir Vassal. Paris, Gauthier-"Villars, 1872; i vol. in-4°. (Présenté par
M. Bertrand.)
{La suite du huWei'xn au prochain numéro.)
ERRATA.
(Séance du 21 juillet 1873.)
Page 170, ligne 18, au lieu de fH, Usez tW .
Page 172, ligne 32, nu lieu de très-facile avec un verre de montre peu bombé, dans le-
quel le rapport — était de-;;— • Il n'y a pas..., lisez très-facile. Avec un verre de montre
peu l)onil)é, dans le(|uel le rapport — était de ^î il n'y a pas....
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI i AOUT 1875,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMU^ICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ANALYSE. — Sur la fonction exponentielle; par M. Hermite.
« XI. Soient A et a les déterminants
0(z„,r.„) 0(^,,.^,)--- 0(z«.~-o)
e(z.„,z,) 0(z,,r,)... 0(;„,z,)
0(Za,z«) 0(z„, z,)... 0(Zv„Z„)
et
I [ ... I
z,,..
Z-...
je dis qu'on a
Effectivement, l'expression de 0(s, Ç) sous la forme
0(z, Ç) = z"-\-9, ! Ç) z"-' -+■ 0, (Ç) ;"---t-.,.-
C. R., 1873, 2" Semestre. (T. LX.XV11, N» «.)
Oni-Ç)
38
( 286 )
montre que A est le produit des deux déterminants
I
I ...
l
Zo
2,...
*-n
^l
z-f...
2,?
^:,
K
et
I I. . r
&,(zo'i 0.,(z,)... BJz,,)
6„{zj 0„{z,\.. OJz„;
Mais Ô,(Ç) étant un polynôme en 'Ç du degré /seulement, de sorte qu'on
peut faire
ce second déterminant, d'après les théorèmes connus, se réduit simple-
ment au premier, et l'on a bien, comme nous voulions l'établir,
A=rw^
» Cela posé, soient
1.2.../»
la relation établie p. 228
Z Zq
deviendra plus simplement
^in -,„ ~r ^,1, "l" • • • T" ^/n »
et celle-ci :
.z
( 287 )
en supposant successivement Ç = r„, r,, . . ., z„, nous donnera la substitu-
tion suivante que je désignerai par S,„, à savoir
4+,= 0(^o-^,)4+<3(?.:-,;i4+ ... 4-0(
r '-le"
■)
e(zo,zv,)4-h0(=,,-v,)4 +
Ç\lr. r U"
Si l'on compose maintenant de proche S,, Sa, . . ., S,„_,, on en déduira les
expressions de s"„, £,'„, ■ ■ ■ ■, i",„ en a", s), . . • , s", que je représenterai ainsi :
£;;,= a„3';h- A,a;+ . . + A„c^
3;,= ii„3:4-n,ï;+ ... + b„£:,
c;;,^Lo3:+ i.,î;+... + l„s:,
et le déterminant de cette nouvelle substitution étant égal au produit des
déterminants des substitutions composantes sera or*'""". Il nous reste en-
core à remplacer s", £[,..., £" par leurs valeurs pour avoir les expressions
des quantités 4, sous la forme appropriée à notre objet. Ces valeurs s'ob-
tiennent facilement, comme ou va voir.
» XII. J'applique à cet effet la formule générale
f'
en supposant
c'est-à-dire
F(z)
F[z)
F(.)
+ /',?
+ /J-2
Il est aisé de voir alors que ,t(z) devient une expression entière en z et Ç,
entièrement semblable à Q(z, Ç), de sorte que, si on la désigne par $(z, Ç),
on a
$i z, ç) = z" + o,{-ç)z"~' + cp,{<:)z"-- + . . . + <p„rç),
ç),(Ç) étant un polynôme en Ç de degré /, dans lequel le coefficient de 'Ç est
38..
( 288 )
l'unilé. Ainsi l'on obtient, en particulier,
<p2(Ç ' = Ç- + ' /^, + /i — l)Ç + /'•: + (" — 0/^1 + "(" ~ 0'
5
et l'analogie de forme avec 0(z, Ç) montre que le déterminant
<I)(ro,So) <I'(z,, --o)--- 'i'iz,,, Zo)
<I)(zo, z„) «I)(z,, z„)... a'(z„, -.„)
est encore égal à w". Cela posé, nous tirons de la relation
r^^ dz = e-'»<î.(Zo, -Ç) - e-'-<I.(Z, Ç),
en supposant Ç = z,, la valeur cherchée
£}=e--$(z„, z,)-e--^$(Z,z,-).
Or, voici les expressions des quantités £,'„ qui en résultent.
Soit
A, = Aoa>(Z, Zo)+ A, $(Z, z.) +...+ A„^D(Z, z„),
m, = B„a)(Z, z„)+B,<ï)(Z, z,) + ...+ B„a.(Z, r„),
1
^= ro-Kiz, z„)+ L,a>(z, z,) + ...+ L„a>(z, z„),
et convenons de représenter par dj,, iiï)o,..., 4^o 'ps valeurs obtenues
pour Z = z,), on aura
4= e--an,„ -e-'-ii;,,
C=e--'^„ -e "^.
» Dans ces formules, Z désigne l'une quelconque des quantités z,,
Z2,...,z„; maintenant si nous voulons mettre eu évidence le résultat
correspondant à Z = Za, nous conviendrons eu outre de représenter,
d'une part, par A-/,, **>•■•> J,1a) et de l'autre, y]'], yi\,..., r,'l les valeurs que
prennent, dans ce cas, les coefficients A,, ail,..., ^ et les quantités s",,
( 289)
£)„,..., £",• O" obtient ainai les équations
qui vont nous conduire à la seconde démonstration que j'ai annoncée de
l'impossibilité d'une relation de la forme
e-'" No + e-"' N, + . . . + d"- N„ = o,
les exposants z^, Zn*-? ^n étant supposés entiers ainsi que les coefficients
N„, N,,..., N„.
» XIII. Je dis en premier lieu que £^„ peut devenir plus petit que toute
quantité donnée, pour une valeur suffisamment grande de /«.Effectivement,
l'exponentielle e"" étant toujours positive, on a, comme on sait,
r%-^F(z)rf2 = F(2) £%-^/z = F(|)(e--.-e-''),
F(z) étant une fonction quelconque, et Ç une quantité comprise entre les
limites z^ et Z de l'intégrale. Or, en supposant
on aura cette expression
" I .a. . . /« — I ? — 2,^ '
qui met en évidence la propriété énoncée. Cela posé, je tire des équations
VJ 2 ^ ^0 ~~ " "^^ 2 J
1
'On ^-^ '' °°°-'o ^ "''^'n)
la relation suivante:
e^-yj^N, + e='y3;;N,+ ... + e-vj^N,,
= e-'"(e-''N, + c-'No + ... + e-"N„)Xo
-(/t,N, + .t,No+... + A,„N„).
Si l'on introduit la condition
e'»No + e''N| + ... + e=^"N„ = o,
( 20" )
elle devient
e--<'N,
= -(a.,oN„ + -v, N, ^ ... + A,„N„).
» Or, en supposant que z„, z,,. . ., z„ soient entiers, il en est de même
(les quantités 0(z,-, z*), $(z,, ::<), et, par conséquent, de A.g, A.,,..., A.„.
Nous avons donc ini nombre entier
a..„No + 4„, N,
■K N„,
qui décroît indéfiniment avec ïj", vi} , . . . vj" , lorsque m augmente; il en ré-
sulte que, à partir d'une certaine valeur de /«, et pour toutes les valeurs plus
grandes, on aura
4.0 No 4- A., N, 4-. . .+ -l.„N„ = o,
et, comme on obtient pareillement les conditions
llî,o N„ + D!>, N , -I- . . . + 'll!.„ N„ = o.
toNo + C"^. +...+ .(l„N„ = o,
la relation
e-'"No + e-''N, +...-I- e'"N„ = o
a pour conséquence que le déterminant
A =
111,0 m,,
V> C<
.1.,,
doit nécessairement être nul. Mais, d'après les expressions des quanti-
tés Aa, 11!.*, . . . , 4^A. A est le produit de ces deux autres déterminants
A„ A,
Bo B,
lo r.,
A„
B„
et
<I)(Zo,:^„) <I)(z,,z„\.. <1j:;-„. Zo)
a>i'Zo,z,) <I>fz,,z,)... o» r„, z,')
$(?„,?„) »iJiS,,Z„l... <^yZ,„Z„)
( 291 )
dont le premier a pour valeur co^'"'~", et le second oj^. Ou a donc
A = w"'", et il est ainsi démontré, d'une manière entièrement rigoureuse,
que ia relation supposée est impossible, et que, par suite, le nombre e n'est
point compris dans les irrationnelles algébriques.
» XIV. Il ne sera pas inutile de donner quelques exemples du mode
d'approximation des quantités auquel nous avons été conduit, et je considé-
rerai d'abord le cas le plus simple, où l'on ne considère que la seule expo-
nentielle e''. En faisant alorsy(:.) = 2(3 — x), nous aurons
( ' e-'z'" i : — .r )'" dz
l .■>.... m 1
et
1 /
(I ' / ~: „lll~\ / „ .y, III ,/_
\ -^ ■ . lit — t J^ ^ ' '
■^"\z — X
I . 2 . . . /« ■
Or on obtient immédiatement
0 (z, Ç ; = r. + Ç 4- 2 7« + I — Jc-,
d'où
(rJo, o = 2111 + I — X, Q^a', n; = 2111 ■+- i,
0(0, .r) = 2/// + 1 , 0 jr, a-'i = 2 w + i + .i',
et, par conséquent, ces relations
C=>2/» + 1 - .r £^+ :2/;/ + i;£j„
£,;, _^^= ,2111 -i- i) £,',', + : a m -h I -h X ) £„',.
1) J'observerai maintenant qu'il vient, en retranchant membre a
membre,
,1 ,11 T. r," 1. -' 1
de sorte que, ayant
'm — -II! I '/), 5
on en conclut
f' — '" — t-'
Joignons à cette équation la suivante :
'
(
292
)
nous en
d.
iïdiiirons
les
valeurs
^l.
e.-H -+- .
'■S™
1
1+-
î/n + t •Tco,
et, si l'on y change m en m — i , une simple substitution, par exemple,
dans la relation
C+, = {2m -hi- x)C-^{^'n + i) 4,
donnera le résultat précédemment obtenu (p. 227),
ï,«+t = (4'" + 2) îm + •^■£/«-i-
» Soit, en second lieu, 72^2, z,, =0, s, = i, Zj = 2, d'où
y(r.) = ::(: — i) (z — 2) =; s' — 3z- + iz, on trouvera
0(z, Çj = :-+(?- i)z + (Ç_,)-^+3w(z4-Ç + i) +9'»%
et, par conséquent,
0jo,o) = g»r+3/?! + 1, 0(o,i) = f)TO=+ 6ot, 0(o,2) = 9/«'+ g/«4-i,
0(i,o)z=g/«'-|-67n + 1, 0(i,i) = g«r-)- gw+i, 0(1,2) rzzgm- + 1 2»; 4- 3,
0(2,o) = 9/«'-|-g/« + 3, 0(2,i) = g/«2+ 12m -h4) B(3,2)=gm'+ i5/// + 7.
» En particulier, pour m = i, nous aurons
£2= •3£Î + iGsj +2I£'J,
ei = iSe^ + i9£j + 25i'j,
£2= I9£"H-24£i +3i£'J;
d'ailleurs il vient facilement
ce qui donne
on en conclut
£j = i_e-^(Z' + Z+i);
£'^ = 34-e-'-[5oZ^+ 8Z+34J,
ci = 4o-e-'-[59Z=+ioZ4-4o],
£0 = 5o — e~^ [■742^+ i2Z-t- 5oi.
(^93)
De là résulte que
£, = £«-i-£;-hsr = 2-e-^[3z=-h2],
et si l'on fait successivement Z= i, Z = 2, l'expression de s, fournil les va-
leurs approchées
_ 5 ■- _ l4 _
2' 2 ' '
et l'expression de £0 les suivantes :
337 „ r)i6
I 24 I 24
où l'erreur ne porte que sur les dix-millièmes. En supposant ensuite
i)i=z'ji, ce qui donnera
£" = 433;; + 49^2 + 57£|,
£^=48£:j + 55£.iH-64ci,
£i-55c^+63i^ + 75E^,
nous obtiendrons
£3 = 6272 — e~^[ 9259Z-+1518Z+6272],
£^ = 7o32 — (?"''[io38iZ-+ I 702 Z + 7032],
c5 = 8i4o— e~^[i 2017Z-+1970Z + 8140],
d'où
£3=^21444 — e-^( 3 i657Z= 4- 5190Z + 2i4/i4),
et, par suite,
158201 , I 58452
21444 21444
l'erreur portant sur les dix-millionièmes. »
ASTRONOMIE. — Sur la théorie physique du Soleil ^ proposée par 31. Vicaire;
par M. Faye.
« De retour à Paris, je trouve dans les Comples rendus la théorie du
Soleil de M. Vicaire, ainsi que des critiques qui me sont adressées par
MM. Tarry etTacchini (i). La théorie de M. Vicaire aune tout autre va-
(i) Je compte examiner plus tard les Mémoires de MM. Tarry et Taccliini,
C. R., 1873, .'• Semeslre. ( T. LXXVU, N» 3.) Sg
( 294 )
leur que celle de Wilsoii et d'IIerschel I qui a joui si longtemps d'un si
grand crédit parmi les astronomes. Ce n'est pas seulement une tentative
d'explication des taches; l'autetu' traite de la cause de la radiation solaire,
de sa constance, de sa durée; il y rattache l'origine des phases géologiques
de notre globe et même la lumière zodiacale et la figure des comètes.
Cette œuvre d'un savant qui paraît être très au courant des faits, et qui s'est
senti assez satisfait de sa théorie pour nous avoir déclaré d'avance qu'elle
explique delà manière la plus satisfaisante tous les phénomènes des taches,
présente un intérêt particulier : elle nous permettra d'apprécier une fois de
plus, et peut-être d'une manière décisive, la valeur de la méthode qui
consiste à débuter par une hypothèse à laquelle on s'efforce ensuite de
plier les faits connus.
» M. Vicaire commence par admettre que le Soleil est une masse combus-
tible brûlant, depuis une certaine époque, dans une atmosphère d'oxygène.
» Il fait cette atmosphère immense : les comètes la traversent vers leur
périhélie avec production de chaleur et de lumière, à peu près comme
les étoiles filantes traversent noire propre atmosphère (i). C'est à l'inter-
vention de cette enveloppe gazeuse qu'est due la formation et l'immense
développement des queues des comètes, d'où il résulte qu'elle doit exister
partout où les comètes ont des queues, c'est-à-dire au delà de l'orbite de
Mars.
» Quant à la masse centrale, elle est formée de matériaux combustibles,
de métaux principalement, associés en partie au carbone et à l'hydrogène
dans des combinaisons que la température peu élevée de cette masse n'em-
pêche pas de subsister. Elle est liquide cependant, du moins à la surface,
et de tous les points de sa superficie s'élèvent des vapeurs qui vont brûler
un peu plus haut dans l'oxygène ambiant.
» Cette combustion, toute superficielle, produit une nappe de flammes
au-dessus du noyau central et constitue la photosphère dont la tempéra-
ture est beaucoup plus élevée que celle du noyau. Celui-ci est maintenu,
malgré la forte chaleur de cette sorte d'enceinte, à une température con-
stante et relativement très-basse, par un effet analogue aux phénomènes de
caléfaction de M. Boutigny (2).
(i) Les queues des étoiles filantes sont couchées sur leurs trajectoires ; celles des comètes
sont couchées sur leurs rayons vecteurs. Il ne faut pas ])er(Ire de vue cette différence si l'on
veut aijjjiécier l'analogie ijue M. Vicaire croit voir entre les deux ordres de phénomènes.
{2) C'est là un artifice ingénieux destiné à sauver la conception herschélienne d'un noyau
( 295 )
» La photosphère se maintient d'elle-même à une température cou-
slante, à peu près comme la flamme d'une bougie, parce qu'elle est régu-
lièiement alimentée, comme celle-ci, par une source constante de vapeurs
émises par le noyau dans une immense atmosphère d'oxygène.
» Les produits de cette combustion sont en partie gazeux (eau, acide
carbonique, etc.), en partie solides (silice, terres, oxydes métalliques).
Ceux-ci plus le carbone, tant qu'il ne rencontre pas l'oxygène en excès,
donnent à cette combustion le vif éclat qui caractérise la photosphère.
» Ces matériaux oxydés nagent à la surface de la photosphère, se soudent
en nappes plus ou moins étendues, et ne tardent pas à retomber sur le
noyau en larges plaques de scories. Selon les circonstances variées de leur
agglutination et de leur densité, ils donnent lieu, en choquant avec plus ou
moins de force la mer liquide intérieure, aux divers phénomènes des fa-
cules, des taches et des protubérances.
» Telle est, en abrégé, la théorie de M. Vicaire. Il se donne, au point de
départ, un amas sphérique et froid de matériaux combustibles dont la
composition chimique, assez singulière, est calculée de manière à fournir
abondamment de l'hydrogène et à satisfaire aux conditions de densité, de
fusibilité et même d'ébullition à une température relativement basse, et il
le fait brûler, à partir d'un certain moment, dans une atmosphère oxy-
dante. D'où peut venir cette idée? M. Vicaire nous le laisse voir ; « elle
dérive, par voie d'analogie, d'une hypothèse relative aux origines géolo-
giques de notre propre globe. Les géologues ont donné beaucoup d'atten-
tion à une circonstance très-frappante dans la série des matériaux super-
posés de l'écorce terrestre. A la surface, ces matériaux sont oxydés au
maximum, mais leur degré d'oxydation baisse dans les couches profondes.
Il y a lieu de croire que l'oxydation disparaît encore plus bas, en sorte que
la partie centrale serait formée de matériaux combustibles, mais non at-
teints par l'oxydation. » Si l'on considère, en outre, que notre globe est
entouré d'une mince couche d'oxygène, mélangé à un autre gaz à peu
près inerte, d'eau liquide et en vapeurs et d'acide carbonique, on incline
tout d'abord à croire que cet état de choses résulte d'une vaste combus-
tion superficielle aujourd'hui arrêtée. La Terre donc, primitivement for-
froitl, se maintenant froid dans une enveloppe incandescente. Il est juste de dire que cette
idée a été développée il y a quelques années par M. E. Liais, dans son livre intitulé V Espace
céleste, p. 64, 65 et 66.
39..
{ ^96 )
mée d'un amas de matériaux combustibles (métaux, carbone, silicium,
hydrogène) et entourée d'une vaste atmosphère d'oxygène presque pur,
aurait pris feu, pour ainsi dire, à un moment donné, et aurait brûlé pen-
dant rpielque temps. L'arrêt de cette combustion spontanée aurait laissé
subsister autour de nous un reste d'oxygène non consommé, mêlé à
l'azote primitif et aux produits volatils de la combustion. Telle est l'hypo-
thèse géologique que M. Vicaire transporte de la Terre au Soleil.
» Mais d'abord toute hypothèse est-elle admissibler N'y a-t-il, dans cet
ordre de questions, aucune limite imposée d'avance à notre imagination?
De telles limites existent : l'état actuel du Soleil est lié à ses états antérieurs;
or ceux-ci ne nous échappent pas tout à fait, car la formation nullement
arbitraire des planètes de notre petit monde nous donne sur eux quelque
prise, et lorsque l'on considère, avec Laplace et tous les astronomes mo-
dernes, les divers membres de notre système comme des dérivés successifs
de la masse solaire primitivement répandue dans l'espace, il est évident
qu'il n'y a plus place pour l'bypolhése de M. Vicaire. La formation dans
l'espace d'un amas quelconque de matériaux se réunissant de loin vers un
centre commun ne peut avoir lieu sans production de chaleur. Celte cha-
leur peut être assez élevée pour faire longtemps obstacle aux actions chi-
miques, mais il est impossible de concevoir que, à l'époque du refroidisse-
ment, ces actions chimiques ne se soient pas donné carrière, qu'elles aient été
conqilaisamment suspendues de manière à laisser s'opérer la séparation
absolue que M. Vicaire suppose entre les matériaux comburants et les
combustibles : d'une part, les métaux oxydables même à froid et les com-
posés organo-métalliques dont la préparation ne peut se faire, dans nos
laboratoires, qu'à l'abri de l'air; de l'autre, un vaste réservoir d'oxygène
libre destiné à entrer en action seulement à un moment donné. Le point
de départ de l'auteur est donc un état de choses qui ne se rattache à rien,
une hypothèse dont l'acceptation entraînerait le rejet des plus belles con-
ceptions de la science moderne.
» Cette condition, que je viens de poser, de prendre au moins pour
point de départ de la phase solaire actuelle un état compatible avec la
succession des pliénomènes antérieurs, était inconnue du temps de Wilson
et d'Herschel I ; il leur était permis, à ce point de vue, d'adopter une hypo-
thèse tout aussi peu conciliable que celle de M. Vicaire avec nos idées
actuelles; mais, aujourd'hui, il me semble que cette condition ne doit
plus être négligée.
( 297 )
» Ce n'est pas tout : l'immense étendue de l'almosphère d'oxygène que
M. Vicaire est obligé d'accoupleravecson globe combustible (assez semblable
à celui de sir Hiunpbry Davy), rencontre de sérieuses difficidtés. Laplace,
après avoir montré que les actions mutuelles des couches successives de
l'atmosphère d'un corps céleste tendent à établir ou à rétablir, entre leurs
mouvements de rotation et celui du noyau, une parfaite égalité, et que la
dernière couche ne saurait dépasser la région où la force centrifuge fait
équilibre à la pesanteur, applique ces notions au Soleil et trouve : i° que
son atmosphère actuelle est fort loin de pouvoir atteindre l'orbite de
Mercure; i" que l'aplatissement de cette enveloppe nesaurait être moindre
que f, conditions radicalement incompatibles avec l'idée de ceux qui,
connue M. Vicaire, prennent la lumière zodiacale pour l'atmosphère
même du Soleil. Afin de parer à cette difficulté, M. Vicaire admet que la
rotation de l'atmosphère est en retard sur celle du noyau, et que.ce retard
augmente d'une couche à l'autre; toutefois, il n'assigne pas la cause
de ce retard. Il aura pensé, sans doute, à l'ascension continuelle des
produits de la combustion, lesquels tendraient à se diffuser dans Tat-
mosphère. Mais, de quelque manière qu'une partie du noyau s'élève dans
les couches supérieures de cette énorme enceinte, il y a là un travail méca-
nique qui doit coûter de la chaleur; en d'autres termes, si tous les produits
de la combustion devaient être gazeux et diffusés jusqu'aux limites d'une
atmosphère de plus de i lo millions de lieues de diamètre, le Soleil n'ayant
que la chaleur de combustion de ces matériaux risquerait de devenir une
source de froid. Si, au contraire, les jjroduits de la combustion étaient
soliiies, l'appel continuel d'oxygène qui se ferait vers le noyau engendre-
rait mécaniquement de la chaleur; mais, en même temps, ce serait une
accélération angulaire de la rotation de l'enveloppe qui tendrait à se pro-
duire, et non un retard. Il me semble donc bien difficile d'admettre que
M. Vicaire puisse échapper à l'argumentation si nette et si décisive de
Laplace. Resteraient d'ailleurs les difficultés physiques et mécaniques dues
à la présence de quatre grosses planètes, d'un satellite, de milliers d'essaims
d'étoiles filantes, etc., au cœur de cette gigantesque atmosphère dont le
simple phénomène de la nuit devrait suffire à écarter l'idée. Ai-je besoin
d'ajouter que les merveilleuses découvertes que nous devons à l'analyse
spectrale sur la constitution de la chromosphère et de l'auréole des éclijjses
seraient bien difficiles à concilier avec celte hypothèse.
» Mais laissons cette discussion préalable de l'hypothèse, et voyons com-
( 298 )
ment elle s'adapte aux faits principaux. Parmi eux, le premier, le plus
caractéristique, celui doiU il faut au moins et avant tout rendre compte,
c'est l'intensité et la longue durée de la radiation solaire. S'il s'agissait de
riiypothèse géologique, c'est-à-dire de la combustion supposée de la Terre
dans une atmosphère d'oxygène, nous n'aurions pas ce moyen de con-
trôle; mais, comme il est question du Soleil, il faut rendre compte de la
quantité de chalenr bien connue qu'il verse annuellement dans l'espace
et des milliers d'années pendant lesquelles il a notoirement rayonné avec
cette intensité. La combustion admise par M. Vicaire peut-elle suffire à
cela ? Le calcul a été fait d'avance par sir W. Thompson ; or, le résultat
n'est pas favorable. Même en admettant que la masse entière du Soleil soit
entièrement formée de charbon, qu'on lui fournisse par-dessus le marché
l'énorme quantité d'oxygène nécessaire pour la combustion complète, et
qu'on dispose les choses de manière que la radiation reste constante
jusqu'au bout, la chaleur produite ne représenterait pas plus de quarante-
six siècles d'existence pour le Soleil. En d'autres termes, le Soleil, dans
l'hypothèse de M. Vicaire, n'aurait pu suffire à la courte période à laquelle
remontent notre histoire et même quelques-uns de nos monuments.
» C'est donc en dehors des actions chimiques que M. Vicaire aurait dû
chercher la cause ou l'origine de la chaleur solaire. Je pourrais m'en tenir
là, mais M. Vicaire, qui connaît bien les calculs dont je viens de rappeler
les résultats écrasants, affirme qu'il est en mesure d'en atténuer la portée;
je dois donc attendre la rectification qu'il annonce (i) et poursuivre mon
examen.
» Le second fait, presque aussi frappant que la longue durée et l'in-
tensité de la radiation solaire, c'est son admirable constance. M. Vicaire
l'explique par une comparaison qui serait saisissante de clarté si elle était
exacte. Il cite la flamme d'une bougie qui, par sa propre chaleur, fond et
vaporise, à chaque instant, la quantité de cire dont elle a besoin, et brûle
ainsi jusqu'au bout avec une constance pour ainsi dire spontanée. De
même, sur le Soleil, une partie de la chaleur, développée par combustion.
(i) On peut, en effet, contester ce calcul, mais c'est seulement, ce me semble, en ce qu'il
fait la part trop belle à riiypotlièsc delà combustion. L'oxj'gène, par exemple, ne doit pas
être fourni gratuitement ; sa masse doit faire partie de celle ilu Soleil, et comme pour
6 parties de charbon il en faut i6 d'oxygène, ces quarante-six siècles de durée devraient
être réduits dans le rapport tle 22 à 6, c'est-à-dire à moins de i3oo ans.
( 299 )
eiilreliendrait la vaporisation superficielle ciu noyau liquide, el celle-ci à
son tour alimenterait régulièrement la combustion de la photosphère,
orcâce à l'inépuisable oxygène de l'enveloppe gazeuse. Mais, pour la bou-
gie, les produits de la combustion s'échappent au loin dans l'atmosphère,
qui reste ainsi dans une même condition autour de la flamme; la surface
libre de la bougie fon^hie reste inaltérée, puisqu'elle ne reçoit aucun résidu
solide. Sur le Soleil, au contraire, les produits solides de la combustion,
les oxydes terreux ou métalliques, incessamment formés dans la photo-
sphère, retombent incessaiument en poussière sur la nappe d'alimentation,
tandis que les produits gazeux vicient progressivement l'atmosphère com-
burante. Un soleil ainsi constitué ne larderait pas à s'encroûter et à
s'éteindre au lieu d'éclairer et d'échauffer notre Terre pendant les immenses
périodes dont on est loin encore de pouvoir assigner la fin. Ce mode de
combustion est par lui-même si peu stable, qu'il y a deux manières pour
lui de finir brusquement (comme une bougie qu'on souffle), soit par l'em-
pâtement de la surface du noyau, soit par une simple altération momen-
tanée de l'atmosphère oxydante dans la couche la plus basse.
)) Viennent ensuite les détails familiers, taches, facules et protubé-
rances. M. Vicaire les explique tons en quelques mots, en admettant que les
produits solides de la combustion métallique se forment en nappes ou en
blocs de scories dans la photosphère, et retombent ensuite çà et là avec
plus ou moins de force sur le noyau liquide. Selon la densité et l'étendue
de ces nappes de scories, le choc produira tels ou tels effets: ici une tache,
ailleurs une protubérance, plus loin une facule. Ces blocs sont fort com-
modes; mais il est difficile de se rendre compte de leur formation. Je
comprends bien que le calcium, le magnésium, etc., en brûlant, donnent
lieu à des oxydes pulvérulents et légers, qui retomberont sur le noyau;
mais que cette poussière s'agglomère en l'air dans la flamme même où elle
se forme, el reste suspendue ainsi jusqu'à ce qu'elle ait acquis une consis-
tance, une densité et un volume capables de faire l'effet voulu, de cho-
quer violemment et même de plonger tout à coup dans la masse métallique
intérieure, de manière à produire le rejaillissement du liquide lui-même,
je ne le comprends pas, et, dussé-je même parvenir à m'en rendre compte,
il me resterait à comprendre conunent ces chutes de scories incandescentes
produiraient indistinctement des taches ou des facules, du noir ou du
blanc éclatant. Des astronomes avaient bien pensé à des scories pour
expliquer les taches; mais ces scories étaient censées se former par refroi-
dissement à la surface même du noyau liquide du Soleil; ou n'avait pas
( 3oo )
eu l'idée de les faire tomber incandescentes de 600 à 700 lieues de hau-
teur.
» Et notez bien que ces scories ne devraient pas être de minces pelli-
cules, mais des nappes énormes d'une grande rigidilé, capables de ré-
sister des mois entiers au bouillonnement d'un océan métallique en fusion,
d'intercepter les vapeurs qui voudraient franchir l'obstacle et de les for-
cer à sortir au loin, par-dessous les bords; autrement nous n'aurions pas
de pénombres. A peine est-il nécessaire de dire qu'avec tous ces artifices
les pénombres ne viennent pas; et cela me fait penser que j'ai eu bien tort
de ne pas publier ime coupe verticale d'une tache solaire, avec le soin
de conserver en hauteur aussi bien qu'en largeur la même échelle; peut-
élre le seul aspect d'un dessin véritable, bien différent des dessins de fan-
taisie qu'on trouve dans les livres, et qui font ressembler les taches à
des sortes de trous de loup, aurait-il suffi pour détromper mon savant ad-
versaire.
)) Quant aux lois du mouvement de ces taches, je n'ai pu bien com-
prendre M. Vicaire ; en le critiquant, je m'exposerais à dénaturer sa pensée,
encore très-obscure pour moi, car c'est du mouvement en arrière de son
atmosphère qu'il fait dériver le mouvement en avant de ses scories flottant,
comme celles de MM. Gauthier et Zollner, sur sa mer liquéfiée. Je suis
frappé néanmoins de la manière dont on traite ces lois. Nous avions
tous trouvé (je dis MM. Carrington, Peters, Spœrer, Zœllner, etc., et
moi) que le mouvement principal en longitude était fonction de la latitude
seulement; M. Vicaire affirme, sans même regarder les observations, qu'il
doit dépendre en outre du nombre des taches actuellement existant sur
le parallèle considéré. Il affirme pareillement que les taches sont entraî-
nées d'un mouvement commun vers l'équateur. Si, au lieu de se construire
de toutes pièces un soleil à lui, M. Vicaire voulait bien consulter les ob-
servations astronomiques, il verrait que ce mouvement d'ensemble des
taches vers l'équateur n'est pas plus sensible que l'influence du nombre
des taches.
)) Voici la conclusion de ce rapide examen. Bien que M. Vicaire ait par-
faitement compris le problème dans toute son étendue, ce qui n'est pas un
mince mérite, il ne l'a pas résolu et n'a même pas, à mon avis, rendu
compte d'un seul phénomène solaire. Cet insuccès ne paraîtra pas étou'
nant, si l'on songe au mode de procéder de l'auteur : loin de déduire ses
idées des faits observés, il s'est efforcé, au contraire, de plier les faits à un
idée préconçue. Que l'on consulte l'histoire des sciences, et l'on verra
(3oi )
cette méthode aboutir invariablement au même résultat. Je vais réunir ici,
pour ne pas sortir de mon sujet, les diverses hypothèses qui ont été pro-
posées sur le Soleil :
» I" Les uns nous disent que le Soleil est un corps obscur et froid, entouré de minces
couches gazeuses où certaines forces physiques (que rien n'alimente ) développent incessam-
ment de la lumière et do la chaleur. Des éruptions gazeuses partent du noyau solide
et forment les taches. Cette hypothèse a régné jusque dans ces derniers temijs, bien que
ce soit un cas des mieux caractérisés de mouvement perpétuel.
» 2" Les autres affirment que le Soleil est un globe liquide incandescent, sur lequel ap-
paraissent des scories, comme sur un bain de métal en fusion. Il serait diflicile de dire
comment un pareil globe ne s'encroûte pas.
» 3" D'autres croient que le Soleil est une masse gazeuse portée à une température de
plusieurs millions de degrés, et continuellement agitée par des éruptions plus ou moins
volcaniques. Les taches sont dues à ces éruptions directement (Tacchini) ou indirectement
à leurs déjections (Seccbi). Que peuvent être des éruptions au sein d'une masse gazeuse?
•> 4° D'autres prétendent que, sauf la température, le Soleil est fait comme la Terre; que
du moins il a une atmosphère comme la nôtre, des vents alises comme les nôtres, des tem-
pêtes même et surtout des nuages comme les nôtres, voire même des nuages superposés.
» 5° D'autres affirment que le Soleil a la sensibilité, l'impressionnabilité des matières
explosives, en sorte que les plus minces actions, telles que celles des planètes, Jupiter, la
Terre et Vénus, peuvent y déterminer les grands phénomènes que sa surface nous présente.
» 6" D'après sir J. Herschel, le noyau solide et froid est surmonté de plusieurs enve-
loppes gazeuses. Dans l'enveloppe extérieure, sous l'influence de vents alises, se forment des
tourbillons qui pénètrent parfois dans les enveloppes intérieures, c'est-à-dire dans la photo-
sphère et dans la région des pénombres. Tentative scientifique stérilisée par l'admission d'hy-
pothèses impossibles.
» ']" D'après R. Mayer et M. Waterston, le Soleil serait un corps échauffé par le choc
incessant des aérolithes qui tombent à sa surface : germe d'une grande idée stérilisée par
l'abus de l'hypothèse.
» 8° Enfin M. Vicaire nous propose de considérer le Soleil comme un corps combustible
qui brûle, depuis un certain temps, dans une atmosphère oxydante.
» Pour moi, j'ai essayé de me passer d'hypothèses. J'ai tout simplement
étudié les mouvements des taches dans la collection des observations et des
mesures anglaises. L'Académie se rappellera que, pendant plusieurs années,
je lui en ai apporté les lois l'une après l'autre. Puis j'ai tâché d'en déduire
quelque chose sur la constitution du Soleil. Je comprends que ces travaux
pénibles ne satisfassent pas les esprits très-nombreux qui, sans se soucier
beaucoup des observations et des mesures, veulent, d'un bond de leur ima-
gination, résoudre la question; mais je persiste à croire que j'ai suivi la
bonne voie. L'autre a toujours été stérile; nous venons de le constater [)our
la huitième fois sur le même problème. »
C. R,, 1873, 3» Semestre. (T. LXXVll, N" S.) 4°
( 302 )
PHYSIQUE. — Sur la détermination des longueurs d'onde des rayons de ta
partie infra-rouge du spectre, au inoyen des ejfets de phosphorescence.
Note de M. Edm. Becquerel.
(( L'étude des parties infra-rouges et ultra-violettes du spectre, dont je
m'occupe depuis longlemps, exige l'emploi d'une méthode simple pour la
comparaison des longueurs d'onde des différents rayons, et pouvant per-
mettre en même temps d'agir avec des rayons d'une certaine intensité.
Les images spectrales données par les réseaux et conduisant à la mesure
des longueurs d'onde des rayons lumineux n'ont pas une intensité suffi-
sante pour que certains effets chin)iques et phosphorogéniques puissent
éire observés; d'un autre côté, la diffusion latérale, qui a lieu, lors des
effets de phosphorescence, sur les matières elles-mêmes, fait que les bandes
ou raies obscures larges peuvent seules être distinguées.
» On peut alors avoir recoiu-s aux effets d'interférence des lames min-
ces, donnant des spectres cannelés que MM. Fizeau et Foucault ont obser-
vés, et qui ont permis à M. Fizeau de mesurer les longueurs d'onde de la
partie calorifique infra-rouge au moyen d'appareils thermométriques.
» Si l'on place, en effet, une lame mince, de mica parexemple, en avant
de la fente étroite du volet d'une chambre noire, par où pénètre le faisceau
de rayons solaires réfléchis par un héliostat, on sait que l'on voit appa-
raître dans l'image spectrale des bandes d'interférence plus ou moins
nombreuses, suivant l'épaisseur et la nature de la lame. Leur nombre,
entre deux limites déterminées de réfrangibilité, par exemple entre deux
lignes noires du spectre solaire, est lié aux longueurs d'onde des rayons
correspondants.
» Les bandes vues de cette manière sont faibles, car les deux faisceaux
lumineux transmis, l'un direct, l'autre après deux réflexions, ont des in-
tensités très-inégales; elles apparaissent seulement sur l'image spectrale;
mais, si les bandes sont obtenues par réflexion, en substituant à la glace
métallique de l'héliostat la lame de mica simplement posée sur un carton
plan ou sur une surface plane non réfléchissante, les faisceaux de rayons
réfléchis sur les deux surfaces de cette lame ont des intensités comparables,
et les bandes sont alternativement lumineuses et obscures. Le phénomène
est alors très-net, et l'image du spectre, traversée par les bandes, est assez
vive. Avec un spectroscope, les effets sont également très-brillants.
» 11 serait bon, pour observer ces franges avec toute leur intensité, que
les surfaces de la lame de mica fussent parfaitement planes; mais, si l'épais-
( 3o3 )
seiir de cette lame est partout la même, on les observe encore en même
temps que les raies du spectre, sans cette condition, quoique moins vive-
ment; car, si les rayons solaires réfléchis cessent d'être parallèles, ce dé-
faut de parallélisme est corrigé par le collimateur du spectroscope ou du
système de projection avec lequel on étudie le spectre. Néanmoins il faut
prendre les précautions nécessaires pour que les lames minces soient aussi
planes que possible.
» Une lame de mica qui pesait 5 décigrammes par décimètre carré, et
dont l'épaisseur était, par conséquent, inférieure à -—^ de millimètre, a
donné, d'après la première disposition expérimentale indiquée plus haut,
1 1 ^ franges environ comprises entre les lignes B et D du spectre solaire.
Une lame plus épaisse et correspondant à l'épaisseur dite | d'onde en a
donné 35 entre les mêmes limites; mais, pour les phénomènes de phos-
phorescence et en raison de la diffusion latérale, il faut que leur nombre
soit bien moindre et que, par conséquent, l'épaisseur du mica ne dépasse
pas et même soit inférieure à -~) ^'^ millimètre. Je n'indiquerai pas ici
l'expression qui lie les longueurs d'onde avec le nombre de franges, me
réservant de donner des détails sur ces mesures dans le Mémoire relatif à
ce sujet.
» Le mica est jusqu'ici la substance qui m'a le mieux réussi pour l'em-
ploi des effets de ce genre dans les phénomènes de phosphorescence. S'il
s'agit de la partie ultra-violetle du spectre, le mode d'expérimentation est
très-simple, et il suffit do soumettre à l'influence du spectre, ainsi traver.sé
par des bandes d'interférence, des surfaces enduites de matières phospho-
rescentes préalablement pulvérisées; les parties inégalement actives de
l'image spectrale se dessinent alors nettement.
» Mais, dans la région infra-rouge, où le rayonnement agit d'une
manière spéciale et en apparence inverse de celle de la région violette,
ainsi que je l'ai montré antérieurement (i), les effets sont beaucoup plus
difficiles à distinguer. Dans ce cas, comme les franges se rapprochent
d'autant plus les unes des autres que l'on considère des rayons moins
réfrangibles, c'est-à-dire que la longueur d'onde croît plus vite, il est
nécessaire d'avoir des lames de mica extrêmement minces, sans quoi, en
raison de l'empiétement des effets de phosphorescence, on ne pourrait pas
les distinguer. En outre, il faut faire usage de corps, comme la blende hexa-
(i) Comptes rendus, t. LXIX, p. 994, 1869, et liuM. Becquerel, la Lumière, ses causes
et ses effets, l. I", i>. i44-
40..
( 3o4)
gonale, dont la phosphorescence n'a pas une très-longue durée, mais offre
une grande vivacité.
» Je ne suis pas en mesure d'indiquer aujourd'hui les longueurs d'onde
correspondant à quelques bandes que j'ai observées dans la partie infra-
rouge en employant la méthode dont j'ai exposé antérieurement le prin-
cipe (i), car l'étude de cette question n'est pas terminée; mais les lon-
gueurs d'onde des parties explorées dépassent le double de celles des rayons
extrêmes rouges. J'ai voulu seulement indiquer le mode d'expérimentation
employé dans ces recherches. Je dois signaler cependant l'observation d'une
très-large binde dans i'infra-rouge, qui concorde, comme position et lon-
gueur d'onde, avec la bande observée par M. Fizeau à l'aide des effets calo-
rifiques, preuve de l'identité des différents effets produits par les mêmes
parties du spectre.
» On sait que certaines actions chimiques se produisent en dehors de
l'extrémité rouge du spectre solaire ; avec les composés d'argent qui mani-
festent nettement cette prolongation, sous-chlorure d'argent, iodure et
bromure (2), on ne dépasse pas beaucoup cette limite, de sorte que l'on
ne pourrait pas aller loin dans I'infra-rouge par l'observation de ces effets,
comme on peut le faire au moyen de la phosphorescence. »
(i) Comptes rendus, t. LXIX, p. 999.
(2) J'ai montré que l'iodure d'argent préalablement impressionné devient sensible à l'ac-
tion des rayons jaunes et rouges et même des rayons un peu moins réfrangibles que les
rayons rouges [la Lumière, ses causes et ses effets, t. II, p. gi), et que, sur une plaque
daguerrienne, il n'est pas nécessaire de l'intervention de la vapeur de mercure pour faire
apparaître l'image due à cette action continuatrice, se dessinant en blanc sur le fond bruni
de la plaque. Lorsque les lames de plaqué d'argent simplement ioduiées, ainsi que celles
rendues plus sensibles par le brome et préalablement impressionnées, sont exposées à l'ac-
tion du spectre solaire, l'influence continuatrice de la partie rouge s'exerce; mais, d'après
la manière dont la vapeur de mercure se fixe, lextrémitc de cette partie du spectre mani-
feste une action chimique inverse ou destructive des ])remiers effets. J'ai reconnu depuis
que, si l'impression préalable de la couche iodurée simple ou iodurée et bromurée est suf-
fisante, et (jue l'action spectrale soit très-prolongée, cette action inverse à l'extrémité rouge
n'est plus sensiblement apparente, soit sans l'action de la vapeur mercurielle, soit sous son
influence; en outre, si l'on n'a pas recours à la vapeur mercurielle, et que l'on se borne
à prolonger beaucoup l'action d'un spectre très-intense sur une lame d'argent iodée et
bromée et suflisamment insolée, on voit également apparaître en clair, sur le fond bruni de
la plaque, la partie comprise entre les lignes F et A et s'étendant même un peu au delà de A.
( 3o5 )
PHYSIQUE. — Sur le rôle des armatures appliquées aux Jaisceaux magnétiques.
Note de M. J. Jamin.
« Dans mes précédentes Communications, j'ai insisté sur l'utilité des
armatures; le progrès de mes recherches me permet d'ajouter aujourd'hui
de nouvelles explications sur ce sujet.
» I. Je rappellerai d'abord que, si l'on superpose plusieurs lames aiman-
tées, elles réagissent l'une sur l'autre, chacune détruisant, en partie, le
magnétisme de sa voisine, de sorte que la force portative du faisceau est
moindre que la somme des forces de chaque lame considérée isolément.
Je vais citer un exemple.
» J'ai pris six lames provenant d'une machine de la Compagnie Vj4lliance.
Elles formaient à l'origine un faisceau plus que médiocre ; mais, les ayant
retrempées à une température convenable, suivant les principes que j'ai
posés dans ma dernière Communication, j'ai réussi à les rendre excel-
lentes; chacune, pesant 3 kilogrammes, supporte maintenant i8 kilo-
grammes en moyenne, ce qui est à peu près le taux des meilleurs
aimants.
)) Mais, quand on les superpose en un faisceau unique, au lieu de 1 08 ki-
logrammes qu'elles porteraient, si elles ajoutaient leur puissance, on trouve
qu'elles n'en soutiennent que 64 : chacune d'elles a donc subi un affaiblis-
sement. On en trouve d'ailleurs la preuve irrécusable en démontant le fais-
ceau et en constatant que chaque lame porte à peine 9 ou 10 kilogrammes
au lieu des 18 qui étaient sa force avant la superposition.
» On arrive à la même conclusion en étudiant, au lieu de la force porta-
tive, le poids d'arrachement d'un petit contact d'épreuve, de longueur indé-
finie et de I millimètre de section.
Ce poids est de 160 grammes à l'extrémité de chaque lame isolée; il aug-
mente beaucoup pour deux lames, très-peu pour trois; il est alors égal à
7.^0 grammes, et reste fixe à cette limite quand on emploie 4? 5 ou 6 élé-
ments. Si ensuite on les sépare, la force de chacun de ces éléments est ré-
duite à 60 grammes environ.
Il ne peut donc y avoir aucun doute théorique ou expérimental sur ce
point que, par leur voisinage, les lames magnétiques s'affaiblissent et que
la puissance du faisceau n'est pas égale à la somme des forces de ses élé-
ments.
» II. J'ai fait connaître un moyen d'empêcher, pour un temps, cette
réaction de se taire et cet affaiblissement de se produire. Ce moyen consiste
( 3o6 )
à aimanter séparément chaque lame, à lui appliquer ensuite un contact
bien ajusté, de même épaisseur qu'elle, ce qui la neutralise, à superposer
lames et contacts et à fixer par des écrous les aimants entre eux et les
contacts entre eux. Ces opérations ne détruisent en rien la neutralité des
éléments, mais empêchent leur réaction; aussi, pour arracher l'ensemble
des contacts, a-t-il fallu un poids égal à ii5 kilogrammes, un peu supé-
rieur à la somme io8 des forces individuelles.
» Seulement, aussitôt que ces contacts ont été arrachés, les lames cessent
d'être neutralisées, leur magnétisme reparaît; elles réagissent entre elles et
s'affaiblissent comme dans le cas précédent. La force portative de chacune
baisse à 9 ou lo kilogrammes, et la force portative totale à 64 kilogrammes;
de là, la distinction que j'ai établie entre la force de premier arrachement F,
qui est égale à la somme des forces de chaque lame aimantée à saturation,
et la force d'arrachement permanente f^ qui est égale à la somme des forces
de chaque lame après qu'elle a été affaiblie par l'action de ses voisines. On
peut d'ailleurs reproduire à volontéces deux aimantations, au moyen d'une
forte spirale enveloppant les deux branches de l'aimant; on obtient l'ai-
mantation maximum F si un contact est appliqué, et l'aimantation per-
manentey s'il n'y en a pas.
» F est toujours plus grande quey. Dans l'exemple précédent, elle est
deux fois plus grande, et la différence entre F et^^augmente avec le nombre
des lames. F est la limite extrême de la force portative ; mais elle est inutile,
parce qu'elle est transitoire; au contraire, ^ est la force utilisable; elle
pourrait, d'autre part, être augmentée et deviendrait égale à F si l'on pouvait
supprimer la réaction des lames; dans ce cas, la puissance utile de l'aimant
serait au moins doublée ; or, on le peut, au moyen d'armatures convenables,
comme je vais le montrer.
» m. J'ai réaimanté individuellement les six lames dont j'ai parlé plus
haut, et, après leur avoir ap|.liqué des contacts, je les ai superposées comme
précédemment, mais avec cette différence que j'ai inséré, entre les trois
premières et les trois dernières lames, deux armatures formées par des
plaques de fer pesant i''^,8, présentant deux surfaces polaires, un peu en
saillie sur l'aimant et auxquelles j'ai appliqué un fort contact. A ce moment
l'aimant était parfaitement neutralisé. J'ai enlevé ensuite, peu à peu, tous les
contacts individuelsdes lames, ne laissant que celui des armatures. Celui-ci
a exigé ensuite, pour être arraché, une force de 107 kilogrammes : c'est la
force de premier arrachement F déjà mesurée. Après ce premier arrache-
ment, on replaça le contact, on le sépara de nouveau plusieurs fois de
( 3o7 )
suite, ce qui donna la force permanentey; elle se fixa à 82 kilogrammes,
nombre inférieur à 107, mais supérieur à G4, qui était la vajeiu' àej sans
armatures; il y avait donc encore une diminution, mais elle n'était plus
aussi grande.
» Il est facile de se rendre compte de cet effet. Tout morceau de fer mis
à l'extrémité d'un aimant lui prend une partie de son magnétisme et
diminue son intensité. Les lames, par l'effet de l'armature, sont donc moins
chargées et, par suite, réagissent moins l'une sur l'autre. Si cela est, l'effet
de l'armature doit augmenter avec la masse.
» Pour le prouver, j'ai recommencé l'épreuve avec des lames de fer, de
40 centimèlresde longueur, qui pesaient 3 kilogrannnes chacune et qu'on
intercala à la place des précédentes, au milieu du faisceau, en prenant les
mêmes précautions. Cette fois, les forces d'arrachement transitoire et per-
manente F et/ ont été trouvées égales à io3 kilogrammes, et, à 98 kilo-
grammes, elles sont devenues sensiblement égaies entre elles : l'effet de
l'armature a donc été de doubler à |)eu près la force utilisable de l'ai-
mant. A la vérité il a fallu, pour cela, y ajouter 6 kilogrammes de fer,
c'est-à-dire le tiers de son poids.
» Il est facile de montrer par une épreuve inverse que les armatures ont
eu pour effet de conserver à chaque lame le magnétisme qu'elles avaient
reçu avant la superposition. A cet effet, on replace les contacts sur chacune
d'elles, puis on les sépare après les avoir ainsi neutralisés séparément. Les
contacts étant ensuite enlevés, on a mesuré les forces portatives et observé
avec le petit contact d'épreuve le poids d'arrachement à l'extrémité. Voici
le tableau des résultats, quand le faisceau avait été monté, avec ou sans les
armatures.
Après la séparation d'un faisceau formé de six lames.
Après
raimantation
individuelle.
Force d'arrachement 160"
Force portative i8
Force portative totale F . . . »
» Si l'on commençait par superposer les lames pour leur appliquer en-
suitedes armatures, elles commenceraient par réagir l'une sur l'autre et par
s'affaiblir sans que l'armatiue puisse après coup reproduire le magnétisme
perdu. Loin de là, elles se dissémineraient et ne feraient que l'athiiblir. H
sans
avec l'armature avecl'arraatui
armatures.
dei^SiS. dei^S.
eo»"-
8^^' i6o8-'
9
12 18
Avant 1
a séparation du faisceau.
iiSi-E
107'": io3''e
64
82 98
( 3o8 )
faut noter, (l'ailleiirs, que, mises avec les précautions que nous avons indi-
quées, les armatures n'ont jamais pour effet d'augmenter l'intensité magné-
tique telle que la mesure le contact d'épreuves; au contraire, elles tendent
à l'affaiblir ; leur rôle est d'offrir un espace où s'accumule et se garde le
magnétisme qui serait détruit si elles n'existaient pas, par suite des réac-
tions qu'exercent entre eux les éléments du faisceau. »
THERMOCHIMIE. — Sur les déplacements réciproques entre les hjdracides;
par M. Berthelot.
« On sait que les déplacements réciproques entre les hydracides sont
le plus souvent inverses de ceux des métalloïdes correspondants. Tandis
que le chlore déplace dans les bromures le brome, qui déplace à son tour
l'iode dans les iodures, solubles ou insolubles, l'acide bromhydrique, au
contraire, décompose le chlorure d'argent et les chlorures alcalins; l'acide
iodhydrique décompose de même les chlorures et les bromures d'argent
et de métaux alcalins. Opposition semblable entre l'oxygène et le soufre :
le premier déplaçant le second dans un grand nombre de combinaisons,
tandis que l'hydrogène sulfuré change en sulfures les oxydes métalliques.
J'ai expliqué (i) ce renversement des phénomènes par le renversement
du signe thermique des réactions : le chlore dégageant, en général,
plus de chaleur que le brome, et celui-ci que l'iode, en s'unissant aux
métaux et à l'hydrogène; tandis que l'acide iodhydrique dégage plus de
chaleur que l'acide bromhydrique, et celui-ci que l'acide chlorhydrique,
en se combinant avec l'oxyde d'argent et divers autres oxydes métal-
liques. J'avais établi mes calculs d'après les nombres qui avaient alors
cours dans la science; mais les doutes qui se sont élevés, dans ces der-
nières années, sur la précision des anciennes mesures thermiques, joints
à la connaissance plus approfondie du rôle chimique de l'eau dans les
réactions des corps dissous, m'ont décidé à faire une étude nouvelle des
phénomènes.
» J'ai été ainsi conduit à examiner, au double point de vue chimique et
thermique, les réactions des acides chlorhydrique, bromhydrique, iodhy-
drique, cyanhydrique et sulfhydrique sur les oxydes et sur les sels alcalins
et métalliques, ainsi que leurs déplacements réciproques.
(i) Comptes rendus, t. LXtV, |).4>4> i^^').— Annales de Chimie et de P/iysie/iie, /^' série,
t. XVIII, p. ioG.
H CI gaz + eau (8ooH'0-). .
■ -t-'T.iS
KCl solide + eau
HBrgaz + eau »
+ 20,00
K Br
lil gaz + eau »
• +'9.57
KI
{ 309 )
I, — Action des acides chlorhydriqac, bromliydriqtic, indliydriqne sur les oxydes d'argent,
de mercure et de poltissium.
» 1. Sels alcalins. — J'ai trouvé :
cm
IICl(i"' = 2''') + K0(i'^<i = 2'i') +13,59
HBi- 0 +K0 » +i3,5o
HI . +K0 » +i3,58.
Ces trois nombres ne diffèrent pas d'une quantité supérieure aux erreurs
d'expérience. Comme contre-épreuve :
HI(l*1=2'")+ICCI(l"I=.2l..)... +0,04 j ^_j^ ^_^ ^^.
HCl • +KI « ... +0,10 i ' ' ' ■
» 2. Je rappellerai encore les nombres suivants, que j'ai déjà publiés :
-5,45
-5,32.
D'après ces nombres, la formation du clilorure de potassium solide, à la
température ordinaire, depuis la base et l'acide dissous, ou séparés de
l'eau, dégage moins de chaleur que celle du bromure ou de l'iodure;
tandis que les deux derniers sels diffèrent très-peu l'un de l'autre.
» 3. Sels de mercure. — J'ai trouvé :
i" HgCl(i'i = 6''') +K0(i"i = 2'") -i-4,17
HgCl(i*i = 8'") + K0 .. -t-4,09
IMoyenne + 4) '3
HgCl solide + eau (4o parties) — i ,52;
d'où IlgO + II Cl (étendu ) = HgCl (dissous) dégage + g, 46
HgO + HCl (étendu ) = HgCl (solide) >> +10,98
2° HgCI(i''i=4'") + KI(i*i = 4'") ==HgI (précipité) + R Cl (dissous)... + ao,5i
En tenant compte de la quantité d'iodure de mercure demeuré dissous, ce
chiffre devient + 20, Ç>Ç> ;
d'où HgO 4- HI (étendu) = Hgl (solide) dégage +3o,t2
» La formation de l'iodure de mercure solide, depuis l'hydracide dis-
sous, dégage donc + 19,2 de plus que celle du chlorure solide. Si les deux
hydracides étaient gazeux, l'excès s'élèverait à + 2i,3.
» Le déplacement de l'iode par le chlore, dans l'iodure de mercure,
C. R.,1873, 1' Semestre. (1. LXXVII, N° ij.) 4'
(3.0)
dégage bien moins de chaleur que dans les iodures alcalins : soit, en pré-
sence de l'eau, + 5, 5 au lieu de -t- a6. Si l'iode se séparait sous forme ga-
zeuse, vers 200 degrés par exemple, la chaleur dégagée tomberait vers
-+- 3 calories (en supposant qu'il ne se produisît pas de chlorure d'iode ou
d'autre composé accessoire). La substitution du chlore à l'iode, vis-à-vis
du mercuie, dégage moins de chaleur que pour aucun autre métal. Une
très-petile énergie étrangère, employée d'une manière convenable, per-
mettrait sans doute de renverser la réaction.
» 3° J'ajouterai encore les faits suivants, qui ne manquent pas d'impor-
tance théorique, et sur lesquels je reviendrai. La dissolution de l'iodure de
mercure, dans une solution étendue d'iodure de potassium, a lieu avec un
dégagement de chaleur assez considérable. Il en est de même lors de la for-
mation, à l'état dissous, de divers sels doubles du mercure et des métaux
analogues, lesquels subsistent en présence de l'eau, contrairement à ce qui
arrive pour les sels doubles des métaux alcalins.
» 4. Sels d'argent. — J'ai trouvé :
1° AzO«Ag(ri=6ii') + KCl(i'''i = 2"«) -4-15,67
AzOTÏ étendu 4- KO étendue -(- i3,83
AzO'Ag (i''î = 2'") -+-R0(i^i=:2'") -+- 8,66
d'où AzCH étendu -(- AgO (précipité) -t- 5,17
H Cl étendu -t- AgO( précipité) 4-20,60
HCl(gaz) H-AgO=:AgCI-t-HO(gaz)... -t- 28,4
mais ce dernier chiffre n'est qu'approché, l'état physique du chlorure d'ar-
gent variant avec les conditions de la précipitation, comme M. Stas l'a
montré, et surtout avec les conditions de la dessiccation; l'état de l'oxyde
d'argent donne lieu aux mêmes réserves (i).
2° AzO«Ag(i'''i — 6'")4-KBr(i'=<i=2"') -f-2o,3o
d'où H Br étendu -f- AgO = AgBr (précipité) 4-25,i4
HBr (gaz) -h AgO = AgBr + HO (gaz) -h 35,5
ce dernier nombre étant seulement approché.
3° AzO»Ag(i^i=6''') + KI(i'^i=4'") -1-26,90
La chaleur dégagée au premier moment a été trouvée moindre de 0,8
(l) Foir mon Mémoire sur la formation des précipités { Comptes rendus t. LXXIII,
p. iiog, ii65 et surtout i2i5).
(3.1 )
environ, c'est-à-dire que la cohésion du précipité change peu à peu; mais
on n'a pas pu suivre le phénomène au delà de quelques minutes. En admet-
tant le chiffre ci-dessus :
HI étendu +- AgO = Agi (précipité) -f 3i ,82
HIgaz -i-AgO = AgI + HO(gaz) +4i,8
ce dernier nombre étant seulement approché.
» On voit que la formation de l'iodure d'argent, depuis l'hydracide
dissous, l'emporte de +6,7 sur le bromure et de + i f, 2 sur le chlo-
rure. Avec les hydracides gazeux, les excès seraient -t- 6,3 et -|- i3,4.
» La substitution du chlore au brome, dans le bromure d'argent, dégage
4- 6, 5 au lieu de + 1 1, dans le bromure de potassium dissous (4- 10 clans
le sel solide); celle du chlore à l'iode, dans l'iodure d'argent, dégage -1- i5,
au lieu de -l- 26, dans l'iodure de potassium dissous (+ 2S dans le sel solide).
L'action thermique des trois éléments halogènes donne donc lieu à des
effets plus voisins les uns des autres quand elle s'exerce sur l'argent que
sur le potassium. Le rapprochement est encore plus marqué avec le
mercure, ainsi qu'il a été dit plus haut. Il n'est donc pas permis d'admettre
que la substitution des éléments halogènes les uns aux autres donne lieu,
en général, à des effets thermiques qui soient constants, ni même mul-
tiples d'une constante commune.
» Cette constance approchée existe au contraire pour les sels des métaux
alcalins, et pour les chlorures, bromures, iodures acides dérivés de certains
métalloïdes ou des composés organiques, tous ces corps étant comparés
aux hydracides eux-mêmes (i).
II. — Déplacement réciproque des hydracides dans leurs sels.
» 1. Le déplacement de l'acide chlorhydrique par l'acide iodhydrique
dans les chlorures de mercure et d'argent, aussi bien que ceux de l'acide
chlorhydrique par l'acide bromhydrique dans le chlorure d'argent, et de
l'acide bromhydrique lui-même par l'acide iodhydrique dans le"bromure
d'argent, sont faciles à expliquer, eu se fondant sur les chiffres précédents;
car tous ces déplacements dégagent beaucoup de chaleur.
» Ce qui rend la prévision valable, c'est qu'aucune réaction spéciale de
l'eau ou d'un autre corps, exercée sur quelqu'un des produits, n'intervient
pour modifier cette prévision générale, du moins tant qu'on opère à la
(1) Comptes rendus, t. LXXV, p. io3.
4...
( 3l2 )
température ordinaire et sans évaporalion. Le rôle spécial de l'eau ne
s'exerce, en effet, que dans les cas où il existe un certain équilibre entre
les composés solubles et les éléments de l'eau; et ces cas sont connus à
l'avance. Tel est, par exemple, celui des sels acides ou basiques, qui dérivent
des acides polybasiques ou à fonction mixte, sels que l'eau décompose
partiellement en sels neutres proprement dits et en acide ou base libre. Or
les acides cblorbydrique, bromhydrique, iodhydrique, étant monobasiques
et simples par leur fonction, ne donnent lieu à rien de pareil dans les dis-
solutions.
)) Cependant, si l'on procédait par évaporation, l'équilibre qvii existe
entre l'eau, les hydracides anhydres (i) et leurs hydrates définis et iné-
galement stables avec la température, pourrait intervenir et déterminer
des réactions inverses, même avec les sels d'argent; je reviendrai tout à
l'heure sur ce mécanisme.
» 2. Entre le chlorure d'un métal (ou d'un métalloïde) et le bromure
ou l'iodure d'un autre métal, les réactions sont régies par les mêmes prin-
cipes. Par exemple, l'iodure de potassium et le chlorure de mercure, em-
ployés à équivalents égaux, donneront lieu à un double échange, c'est-à-
dire à la formation de l'iodure de mercure et du chlorure de potassium,
parce cjue cette formation dégage de la chaleur : + 20,7, les corps étant
dissous; +18, 4, les corps étant séparés de l'eau. Ces prévisions s'appli-
quent à tous les cas où n'interviennent ni action d'équilibre, ni formation
d'iui composé secondaire.
)> 3. On remarquera que, dans la circonstance qui vient d'être citée, l'é-
change des corps halogènes est réciproque. On pourra donc recourir à
une telle réaction; soit pour former un iodure métallique (iodiu'e de mer-
cure), soit pour former un chlorure métallique (chlorure de potassium),
suivant les besoins de la préparation. Si je fais cette observation, c'est
qu'elle trouve, en Chimie organique, des applications intéressantes.
» Non-seulement on transforme, en général , un composé organique
chloré en composé iodé, par la réaction de l'acide iodhydrique concentré
ou par celle de l'iodure de potassium sec, conformément aux principes
posés au début de cette Note, mais, réciproquement, on peut changer un
composé organique iodé en composé chloré, en le faisant agir sur un chlo-
rure métallique convenablement choisi (chlorure mercurique, cuivreux,
(i) Comptes rendus, t. LXXVl, p. 'j^i et 'j44.
( 3.3 )
argentiqiio, plonil^qne). Celte préparation inverse n'est nullement en con-
tradiction avec les i)rincipes thermiques qui règlent la première ; elle en est,
au contraire, une conséquence, et elle s'expliqiie exactement comme la pré-
paration du chlorure de potassium, au moyen du chlorure de mercure et de
l'iodure de potassium.
» 4. An contraire, le partage d'une ba«e alcaline, la potasse par exem-
ple, entre deux hydracidcs, dans une dissolution, ne peut être prévu à
l'avance d'après les mêmes principes; la formation du chlorure, du bro-
mure et de l'iodure alcalin dissous dégageant la même quantité de chaleur,
et la formation thermique des sels solides différant à peine et ne pouvant
d'ailleurs élre calculée, ni depuis les hydracides, ni depuis leurs hydrates
définis, lesquels ne sont pas connus sous la forme solide.
» En fait, les deux actions inverses sont possibles, suivant que l'on opère
par évaporation ou précipitation : je vais en développer les circonstances.
)) 5. J'ai fait agir chacun des trois hydracides sur les sels de potassium
des deux autres, à équivalents à peu près égaux, 20 parties d'eau environ se
trouvant en présence de i partie de sel. On évapore au bain-marie, et l'on
dessèche à l'étuve; la pesée du produit indique la proportion décompo-
sée. Voici les chiffres obtenus :
( KCI + I ,o5 HBr a fourni o,67KBr -i- o,33KCI.
j liBiM- i,o3HCl <),8GKBr+ o,i4KCl.
KBr+ 7HCI o,84K.Br + o,i6KCl.
ICCI + 2HBr OjijGKBr.
KCI + i,o5HI o,75KI +o,25KCl.
ICI +i,o4HCl 0,870 +o,i3KCl.
KCl + 2 HI o,98KI
KBr+i,o3HI o,6oKI 4-o,4oBr.
Kl +i,o3HBr o.GaKI 4-o,38KBr.
KBr + 2 HI o,98KI.
» Ces chiffres montrent qu'un excès d'acide iodhydrique déplace à
peu près complètement les deux autres hydracides : l'écart entre 0,98 et
1,00 s' expliquant d'ailleurs parce que l'iodure de potassium, chauffé en
présence d'un acide et de l'air, perd toujours un peu d'iode.
» L'acide bromhydrique en excès déplace de même presque entière-
ment l'acide chlorhydrique.
» Mais les déplacements ne sont pas complets lorsqu'on se borne à
opérer à équivalents égaux : dans ce cas, il y a toujours partage, et les
deux chiffres fournis par les actions réciproques, tout en demeurant voi-
( 3.4 )
sins, ne sont pas identiques; enfin un excès notable (7 équivalents) d'acide
chlorhydrique ne déplace qu'une fraction d'acide bromhydrique à peine
plus grande qu'un seul équivalent. Cependant il m'a paru que, en réité-
rant un grand nombre de fois les actions et les évaporations, on parvenait
à la longue à une élimination totale des acides bromhydrique et iodhy-
drique, même par l'acide chlorhydrique.
» Toutes ces circonstances s'expliquent en admettant que :
» 1° Les deux hydracides se partagent, suivant une certaine proportion,
la base dans une solution froide et étendue;
» a" Etant donnée la solution aqueuse étendue d'un hydracide isolé,
l'eau s'évapore d'abord à peu près seule, en entraînant seulement une faible
proportion d'hydracide, jusqu'au terme où il passe à la distillation un hy-
drate défini, ou plutôt un système où l'hydrate défini, l'eau et l'hydracide
anhydre se font équilibre;
» 3° La tension des trois hydracides anhydres dans de semblables sys-
tèmes n'est pas la même, l'hydrate chlorhydrique étant le moins stable de
tous à une température donnée, mais les hydrates bromhydrique et iodhy-
drique ayant des stabilités très- voisines : ce sont là des faits d'expériences
{Comptes l'eiulas, t. LXXVI, p. 742).
» Cela posé, évaporons une dissolution qui renferme un chlorure alcalin
en présence d'un autre hydracide. L'acide chlorhydrique libre qui sub-
sistera après le partage sera chassé pendant l'évaporation en quantité plus
grande que l'autre hydracide, attendu qu'il possède, sous forme anhydre,
une tension plus grande; un excès convenable de l'autre hydracide suffira
donc pour l'éliminer entièrement : ce que l'expérience confirme. Cette
conclusion s'appliquerait même au cas où les deux tensions seraient peu
différentes (bromure et acide iodhydrique). Dans cette dernière circon-
stance, d'ailleurs, il peut intervenir une autre influence.
» En effet, les hydrates définis des trois hydracides, envisagés séparé-
ment et en soi, n'ont pas la même volatilité, et celle-ci décroît probable-
ment, d'après les analogies tirées de la volatilité des éléments, comme de
celle des composés chlorés, bromes et iodés correspondants ; elle décroît,
dis-je, de l'hydrate chlorhydrique à l'hydrate bromhydrique, puis à l'hy-
drate iodhydrique. Dès lors les hydrates, du moment qu'il y a partage
préalable de la base entre eux, doivent se déplacer suivant l'ordre relatif de
leur volatilité, attendu que le plus volatil s'élimine sans cesse et de pré-
férence, ce qui empêche tout équilibre permanent.
» Cependant, si l'on se borne à mettre en présence les deux hydracides
( 3.5 )
à équivalents égaux, le sel qui subsiste après l'évaporation devra être un
mélange, parce que, la tension de riiydr.icide le moins volatil n'étant pas
nulle, une portion s'évaporera en même temps que le plus volatil.
» En raison de cette même circonstance, un grand excès de l'hydracide
qui offre à la fois la moindre tension, sous forme anhydre, et le point
d'ébullition le plus bas, sous forme d'hydrate, pourra cependant finir par
déplacer les autres hydracides, surtout si l'on réitère plusieurs fois les
traitements et les évaporations.
» Même avec les sels d'argent, ce déplacement inverse est quelquefois
possible. En effet, la discussion approfondie des équilibres qui se produi-
sent pendant l'évaporation montre que l'acide chlorhydriquc anhydre
(produit dans la liqueur en présence de l'eau et de son hydrate) tend à
attaquer le bromure d'argent mis en contact avec lui, avec formation
d'acide bromhydrique hydraté : la réaction inverse est donc possible à la
rigueur, pourvu que la chaleur absorbée dans la substitution d'un hydra-
cide à l'autre, à l'état d'hydrates, ne soit pas trop grande pour être com-
pensée par la chaleur dégagée lorsque l'acide chlorhydrique forme avec
l'eau un hydrate défini. La faible dose d'acide bromhydrique ainsi formé
peut être éliminée par évaporation, de telle sorte que l'action réitérée de
l'acide chlorhydrique concentré peut, à la rigueur et péniblement, pro-
duire un déplacement inverse.
» 6. L'existence d'un certain partage de la base alcaline, dès la tempéra-
ture ordinaire, entre les deux hydracides, est attestée d'ailleurs par les expé-
riences inverses de précipitation. En effet, si l'on verse de l'acide chlorhy-
drique concentré dans une solution saturée d'iodure de potassium, il se
produit un précipité cristallin de chlorure de potassium : j'ai vérifié la
nature de ce sel par l'analyse; après décantation et expression, il ne con-
tient plus que des traces d'iode.
» Le mécanisme de cette réaction est, je crois, le suivant : l'acide chlor-
hydrique partage d'abord la base avec l'acide iodhydrique; puis l'acide
chlorhydrique anhydre, qui existe dans les solutions concentrées, s'empare
de l'eau qui tenait en dissolution le chlorure de potassium et le précipite
[Comptes rendus, t. LXXVI, p. 744)- L'équilibre étant dès lors détruit
dans l'intérieur de la liqueur, il s'y reproduira une nouvelle dose de chlo-
rure de potassium, qui se précipitera encore, et ainsi de suite. Si l'acide
chlorhydrique est en excès suffisant, il séparera la presque totalité du
potassium.
» J'insiste sur ce mécanisme, et surtout sur le partage préalable qui pré-
( 3i6 )
cède la cristallisation du sel le moins soluble, attend ii que ce partage me
paraît se produire dans la plupart des circonstances où un sel se sépare dans
un système salin dissous en vertu de sa moindre solubilité : ce qui le prouve,
c'est que cette séparation ne répond pas, en général, au point précis qui
serait indiqué par le coefficient de solubilité du sel le moins soluble dans
l'eau. Dans les cas les plus simples, elle a lieu pour une concentration plus
grande, parce que la totalité du sel possible, d'après les équivalents, ne
saurait prendre naissance là où il y a partage. Parfois cependant elle peut
avoir lieu pour une concentration moindre, ce qui arrive dans le cas où
les autres sels sont susceptibles de s'emparer d'une portion de l'eau pour
former des hydrates définis, comme le fait l'acide clilorhydrique concentré
lorsqu'il précipite le chlorure de potassium. »
viîNTlLATiiURS. — Note sur l'espace cubique et sur le volume d'air nécessaires
pour assurer la salubrité des lieux habités; par M. le général MoniN.
« L'étude que je présente aujourd'hui m'a été inspirée par la lecture
d'un Mémoire publié à Edimbourg, en 1867, par M. le D'' F. de Chau-
mont, chirurgien militaire, professeur adjoint d'hygiène à l'école médicale
de l'armée anglaise, Mémoire intitulé: De la ventilation et de l'espace cu-
bique,
» En reliant les résultats des observations du savant chirurgien anglais
avec les belles recherches de M. F. Le Blanc, sur la composition de l'air
confiné, il m'a paru que l'on pouvait en déduire des indications utiles pour
les progrès de l'hygiène publique à laquelle nos diverses administrations
civiles ou militaires continuent d'accorder trop peu d'importance.
» M. de Chaumont fait remarquer que les impressions sur l'odorat,
malgré quelques divergences, semblent suivre une marche régulière avec
la proportion d'acide carbonique, et qu'elles ont d'ailleurs été consignées
à différents moments, mais toujours avant que la proportion de l'acide
carbonique contenu dans l'air ait été connue. Il ajoute que quelques-unes
de ces différences peuvent être attribuées à ce que l'observateur n'entrait
pas toujours directement dans le local, en venant de l'extérieur, ce qui
eût été désirable, parce qu'alors le sens de l'odorat est bien plus impres-
sionnable.
» Il pense, d'après ses expériences, qu'il est permis de conclure que,
quand l'air des salles ne contient pas plus de 0,0006 de son volume d'a-
cide carbonique, l'odeur causée par la présence des matières organiques
(^17 )
est imperceptible dans beaucoup de cas, et que cette proportion doit être
regardée comme correspondant au minimum de pureté acceptable de
l'air.
Des proportions (V acide carbonique contenues dans Voir des lieux habités.
» Les chimistes admettent, en général, qu'à l'état normal l'air, regardé
comme pur, contient une proportion d'acide carbonique comprise entre
o,ooo4 et o,oooG (i). Pour les calculs nécessairement approximatifs que
nous proposons de faire, nous supposerons que cette proportion soit
- = o,ooo5.
» D'une autre part, les expériences les plus récentes conduisent à éva-
luer à 38 grammes le poids de l'acide carbonique qu'un homme ordinaire
expire par heure. La pesanteur spécifique de ce gaz étant i , ^il\ fois celle
de l'air, qui, à zéro, pèse i'',298 le mètre cube, le volume d'acide expiré
par heure et ramené à zéro peut être évalué à ^^-^ — ^r-, = o™'',020.
' ' 1 ,298 X 1,534
C'est la valeur généralement admise.
» Mais, outre le gaz acide carbonique que l'acte de la respiration in-
troduit dans l'air, et qui tend à en altérer la salubrité, il s'y développe
aussi incessamment de la vapeur d'eau qu'il importe de n'y pas laisser ac-
cumuler.
» Les observations, exécutées dans phisieurs casernes occupées par des
soldais jeunes et en bonne santé, par M. F. Le Blanc, par une Commis-
sion (2) formée par M. le Ministre de la Guerre dans le but de constater
l'état de salubrité de ces locaux, ont tourni les résultats résumés dans le
tableau suivant :
(i) Traité de Chimie de M. Cahours, t. I, p. 129; M. Le Blanc admet la proportion de
0,0006 [Annales de Chimie et de Physique, "i" série, t. V, p. 281 ).
(2) Cette Commission était composée de MM. le général Schramm, président; Genty de
Biissy, intendant militaire, Cathala, colonel du Génie, Boussingault (de l'Inslitut), Braull,
Moizin, médecins militaires, et F. Le Blanc, rapporteur [Annales de Chimie et de Physique,
4"= série, t. XXV, p. 289).
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVIl, N" S.) 42
{ 3r8 )
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10,00
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7, Go
0,Ol'|fi
Moyenne
o,or>3
M On remarquera que, par suite de la clôture des chambres et de l'ab-
sence du renouvellement de l'air, la proportion d'acide carbonique dans
ces chambres a dépassé de beaucoup celle de l'air normal, ce qui met en
relief le défaut de proportion de ces locaux, où le nombre d'hommes
devrait être réduit du tiers au moins, afin d'allouer à chacun environ 16
à 20 mètres d'espace.
» Quant au volume de vapeur dû à la présence de chaque homme et
rapporté à une heure de séjour, et qui est en moyenne de o°"^,oi23 sup-
posé à i5 degrés, s'il est notablement inférieur à celui de o""^,o433, qui ré-
sulte des expériences de M. Dumas, la différence doit être attribuée à ce
qu'une partie de la vapeur dégagée se condensait sur les murs, et le volume
de o'"'=,oï23 peut être regardé comme celui qu'il faudrait évacuer par
heure au moyen d'une ventilation continue.
» D'après les données précédentes, les volumes des gaz et des vapeurs
nuisibles à la salubrité, exjjalés par heure et par individu sain, seraient :
me
Acide carbonique 0,0200
Vapeur d'eau entraînant les autres émanations cutanées o,oi23
Total »i=: 0,0823
» Nous prendrons en moyenne m =^ o""^,o3o. En partant de ces données,
on peut se proposer de résoudre le problème suivant :
» Quel est le volume d'air qu'il faut introduire dans un local habité par
un homme poin- y entretenir un état de salubrité suffisamment voisin de
celui de l'air extérieur?
» Appelons E l'espace cubique occupé par l'homme; - = o, ooo5 la
proportion normale moyenne d'acide carbonique contenu dans l'air qu'on
regarde comme pur; m = o""',o3o le volume du mélange d'acide carbo-
( 3.9)
nique (o^^iOSo) et de vapeur (o""=,oio) qu'il faut, dans les cas ordinaires,
extraire par heure et par individu; ponr les hôpitaux, il conviendra de
faire m = o"'',o4o au moins, et m = o'"'',o6o pour ceux des femmes en
couches et des blessés; x le volume d'air à extraire et à introduire par
heure et par individu pour que la proportion d'air vicié ou d'acide carbo-
nique ne dépasse pas une valeur -? déterminée par l'observation, el que
nous prendrons égale à 0,0008 au plus, limite à laquelle se manifeste déjà,
dans les lieux habités, une certaine odeur, d'après les observations de M. de
Chaumont ; le volume d'acide carbonique contenu dans l'espace E sera
- E ^ o,ooo5E.
H
» Le volume de gaz ou de vapeur développé par la respiration
m =^ o""^, o3o.
» Le volume x d'air neuf à admettre fournira, en acide carbonique,
-X = o,ooo5x.
«
» Le volume j? d'air vicié à extraire en emportera
— X = o,ooo8x.
M Le volume total d'acide carbonique contenu dans l'espace E, sous
l'action d'une ventilation et d'émanations continues, sera
-E-h m — X {-^ — -)]
n \n' Il J '
et, si son rapport au volume E de l'espace occupé doit être constant et égal
LE + m-x[^-^^=LE,
a -;> on aura
n
ni n
OU
d'où
X -
I I
n n
42..
( 320 )
» En introduisant dans celte formule les données précédentes, on
trouve, pour
E = io""= i2'"<= lô""" ao""^ 30""= 40""= 5o""= 60""%
,r = go 88 84 80 70 60 60 4o-
» On voit que, plus le volume des lieux habités augmente, plus celui
de l'air à renouveler, pour y entretenir un degré déterminé de salubrité,
diminue; mais qu'il croît à l'inverse à mesure que l'espace cubique alloué
par personne est moindre.
» Casernes. — Ainsi l'espace alloué, dans nos casernes, au soldat, et
qui, d'après les proportions normales réglementaires, n'est que de 10 à
12 mètres cubes par homme, exigerait, pour le maintien de la pureté de
l'air à 0,0008 d'acide carbonique, un renouvellement d'air de 88 mètres
cubes par heure et par individu, ou de huit à neuf fois par heure.
» Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de l'impression désagréable que
l'on éprouve quand on entre le matin dans les chambres de caserne de
nos soldais, où il n'existe aucune ventilation régulière autre que celle qui
se produit parles cheminées, ordinairement sans feu.
» Dans les casernes anglaises, l'espace cubique alloué à chaque homme
est de 16"'', 98, et le volume d'air renouvelé est fixé à 85 mètres cubes par
heure et par homme. C'est, comme on le voit, le chiffre déduit de la for-
mule précédente.
» Chambre à coucher. — Une pièce qui a cette destination pour une
seule personne, et qui a 4 mètres de largeur sur 5 mètres de longueur et
3 mètres de hauteur, ou 60 mètres cubes de capacité, est généralement
considérée comme suffisamment grande, et cependant, pour y entretenir
le degré de salubrité indiqué plus haut et désirable, il faudrait y faire cir-
culer 40 mètres cubes d'air par heure. Or il n'est aucune personne en
bonne santé qui, en rentrant le matin dans sa chambre après en être un
instant sortie, ne soit impressionnée par l'odeur plus ou moins sensible
qui s'y est répandue s'il n'y a pas eu de ventilation.
» Mais si, au lieu de n'être occupés que par une seule personne, les
locaux le sont, au contraire, par plusieurs, les causes d'infection augmen-
tent dans une proportion rapide, même quand il s'y produit un renou-
vellement d'air sensible.
» Pour que la proportion d'acide carbonique et de vapeur ne dépassât
jamais alors 0,0008, il faudrait, comme ou peut le faire voir aisément à
l'aide de la formule précédente, que le volume d'air renouvelé fût de
( 32. )
54o mètres cubes, ce qui correspondrait à un renouvellement complet
produit neuf fois par heure.
» En proposant de régler les proportions des cheminées de manière
qu'elles puissent produire, avec lui feu modéré, un renouvellement de cinq
fois par heure, je suis donc resté au-dessous de ce qu'exigeraient les
conditions d'une salubrité convenable, si le séjour devait être prolongé.
» Influence de la grandeur des locaux. — Pour un espace cubique de
loo mètre cubes par personne, on trouverait, par la formule donuée, que
le volume d'air nouveau à introduire, pour maintenir la salubrité dans la
limite fixée de — = 0,0008, après une heure, serait nul, ce qixi veut dire
seulement que la proportion d'acide carbonique exhalée par un individu,
pendant une heure, serait tout juste suffisante pour amener l'état de l'air à
celte proportion; mais, après cet intervalle, la production d'acide carbo-
nique et des autres gaz se continuant, l'air s'altérerait de plus en plus.
» Ainsi, dans l'exemple que nous avons pris plus haut, d'une chambre
à coucher de 60 mètres cubes de capacité, en supposant qu'il n'y ait aucun
renouvellement de l'air et que, par conséquent, x = o, on trouverait
qu'après dix heures de séjour de nuit dans une chambre complètement
close, la quantité de gaz et de vapeur développée serait
7JÎ X 10 = o""',3oo,
et la formule deviendrait
o^^Soo = 6o™<= (-^ — o,ooo5j
d'où l'on tirerait
I o^^So -+- 60X o,ooo5
60
^= o,oo55o.
c'est-à-dire dix fois plus que la proportion normale dans l'air.
» L'hypothèse d'une chambre complètement close est évidemment exa-
gérée, attendu que le refroidissement de l'air, pendant la nuit, détermine
toujours un certain renouvellement par les joints des portes et des fenêtres;
mais l'application précédente suffit bien pour expliquer l'infection par-
tielle des chambres à coucher des appartements même les plus éléganls.
» Elle montre, en même temps, les inconvénients graves qu'offrent,
pour la salubrité, les locaux habités, dans lesquels il n'existe aucun con-
duit d'évacuation, aucune cheminée qui puisse permettre au moins une
ventilation naturelle, même quand il n'y serait jamais allumé de feu.
M Sous ce rapport, la plupart des salles d'école, celles de catéchisme
( 3.2 )
dans les églises, les classes et surtout les chnmbres sans cheminées des
casernes, laissent beaucoup à désirer, et il serait facile de les améliorer, en
prenant des précautions, simples à exécuter, pour éviter Tinconvénient
des rentrées d'air froid près des personnes, inconvénients sur lesquels les
rapports des officiers du Génie me semblent avoir insisté plus peut-être
qu'il n'était juste de le faire.
JppUcntion de la formule aux expériences de M. Le Blanc sur l 'amphithéâtre
de Physique et de Chimie de la Sorhonne.
» Cet amphithéâtre avait, en i84^., une capacité de looo mètres cubes
et pouvait contenir neuf cents auditeurs, ce qui n'allouait à chacun que
i™'^, III d'espace cubique. Il est difficile d'imaginer une proportion plus
défavorable.
» Il était dépourvu de tout moyen de ventilation. La seule ressource,
pour y prévenir l'asphyxie des auditeurs, était d'en tenir la porte ouverte.
» M. Le Blanc y a constaté dans l'au' les proportions suivantes d'acide
carbonique :
Proportion d'acide carbonique
dans l'air.
Un moment après l'ouverture du Cours de M. Dumas, quatre
cents auditeurs environ étant présents o""^, oo65
A la fin de la leçon, neuf cents auditeurs étant présents o™"^,oio3
» La formule précédente, appliquée, en supposant le renouvellement de
l'air tout à fait nul, donnerait des proportions d'acide carbonique nota-
blement plus fortes; mais la différence lient évidemment en grande partie
à l'influence favorable, quoique insuffisante, de l'ouverture des portes.
» Le résultat de ces expériences, exécutées en 1842 et publiées à cette
époque, était tellement frappant, et l'état qu'elles constataient si déplo-
rable et si peu flatteur pour un établissement de haut enseignement, confié
aux plus illustres organes de la science, qu'on aurait dû s'attendre avoir
l'administration de l'Instruction publique s'empresser d'y porter remède.
Il n'en a rien été, et, après trente années écoulées, l'état des choses est
encore le même.
» On pourrait, il est vrai, appliquer semblable observation à la salle
des séances de l'Académie des Sciences elle-même, qui, malgré les réclama-
tions et les plaintes si souvent formulées par ses Membres, laisse tant à
désirer sous le rapport de la salubrité.
» Aypl'ualion aux hôpitaux. — Dans les hôpitaux ventilés, on alloue
un espace E =: 5o mètres cubes par lit et un renouvellement d'air fixé à un
( 323 )
minimum de 60 mètres cubes par heure; mais on doit admettre que,
tant par la respiration que par les émanations cutanées, le volume de gaz
vicié, développé par heure et par individu, ne peut être, comme nous
l'avons indiqué, inférieur à 7?i=o™*^,o4o.
M En introduisant ces données dans l'équation
ui
^
on en tue
I I
// n
(60+ 5o) = o™%o/io,
d'
ou
—, = G, oodSC) ,
n n
et comme - = o,ooo5, il s'ensuit que
— = 0,00086,
n
valeur qui, d'après les observations de M. le D"^ de Chaumont, correspond
à un air peu désagréable, mais ayant une légère odeur.
» Or, c'est ce que l'on observe dans les hôpitaux, où le degré de ven-
tilation supposé est régulièrement obtenu; mais on voit par là que le
chiffre de 60 mètres cubes de renouvellement de l'air dans les salles ordi-
naires des hôpitaux, que l'on a si longtemps hésité à adopter, est loin
d'être exagéré.
» J'ai cru utile de faire connaître les indications fournies par les obser-
vations directes du savant chirurgien anglais, M. le D' de Chaumont, et
d'en comparer les résultats avec ceux des belles expériences exécutées, il
y a longues années déjà, par M. F. Le Blanc, parce que leur ensemble con-
firme l'exactitude des volumes d'air que, depuis longtemps, je regarde
comme nécessaires pour assurer la salubrité des lieux habités.
» 3'ajouterai que, en ce qui concerne les hôpitaux, ces proportions ont
été adoptées par le Comité consultatif d'hygiène et du Service médical des
hôpitaux, créé en 1864, sous la présidence de nos confrères, MM. Dumas
et Rayer, et qu'elles sont considérées comme normales par l'Administra-
tion de l'Assistance publique. »
( 324 )
M. Laiirey demande la parole et s'exprime comme il suit :
« Les remarquables recherches de M. le général Morin sur la ventila-
tion et celles qu'il vient de faire connaître à l'Académie, d'après le Mé-
moire de M. le docteur de Chaumoiit, s'appliquant aux casernes et aux
hôpitaux militaires, m'engagent à y ajouter une remarque et à en déduire
une proposition.
» M. Je général Morin signale, avec autant d'autorité que de raison, le
trop peu d'importance accordée par les diverses autorités administratives,
civiles ou militaires, aux progrés de l'hygiène publique, sur les moyens
de prévenir l'influence nuisible des gaz délétères, tels surtout que l'acide
carbonique, dans les lieux habités par un grand nombre d'individus.
» Il rappelle les savantes Recherches de M. F. Le Blanc, sur la composiliori
de tair confiné, en les confirmant par les siennes propres et par celles de
M. de Chaumont.
» Je me permettrai d'ajouter que la viciation de l'air à différents degrés,
d'après les impressions de l'odorat et suivant les proportions d'acide car-
bonique, reconnaît aussi d'autres causes qui peuvent y contribuer simul-
tanément, ou l'accroître d'une façon sensible.
» Ces causes d'infection proviennent non-seulement des voies respira-
toires et de la surface cutanée, chez les individus réunis en trop grand
nombre dans un espace relativement trop restreint, mais encore des voies
digestives et de l'excrétion urinaire, ainsi que du dégagement des odeurs
de différents objets matériels. Les effets d'équipement, par exemple, dans
les chambrées des casernes et jusque dans les infirmeries régimentaires,
les vêtements de cuir particulièrement et surtout les bottes de cavalerie
augmentent beaucoup les effets de l'infection.
» Il est un fait constant aussi, c'est que partout, en hiver, dans les salles
d'hôpitaux comme dans les chambrées, sous les baraqueset sous les tentes,
le renouvellement de l'air devient d'autant plus difficile qu'il n'est jamais
favorisé par le bon vouloir des hommes réunis dans ces différents milieux.
» J'ai si souvent, dans le cours de ma carrière, signalé les graves consé-
quences de l'encombrement des hôpitaux, que je n'en rappellerai pas ici
les principales occasions; mais je prierai M. le Président, si l'Académie le
veut bien, de transmettre à M. le Ministre de la Guerre l'importante Com-
munication de M. le général Morin. Elle contribuera, espérons-le, à faire
adopter et surtout à faire appliquer le cubage d'air voulu dans les grands
établissements militaires, comme dans les établissements civils, dont l'habi-
tation nécessite la salubrité, »
( 3.5)
THERMODYNAMIQUE. — Dtiiiniiulrnlion (lirecle des principes fondamentaux de
la Tlu'rniod)iianiiipie ; lois du fioUement el du choc d'après celle science
[suite (*)]. Mémoire de M. A. Ledieu. (Extrait par l'auteur.)
« VII. De l'énergie calorifique des corps el de leur équilibre calorifique. —
La formule (7) concerne fout système de points matériels, et en particu-
lier, d'après la démonstration dont nous avons parlé à la fin de notre
dernière Noie, tout système d'atomes entendu d'une manière générale.
» Pour interpréter cette formule au point de vue de la thermodynamique,
nous supposerons, ainsi qu'il a été expliqué antérieurement, que les corps
naturels sont des agrégats d'atopies pesants, dont le volume sensible ren-
ferme constamment dans ses interstices une certaine quantité d'étlier, et
que les atomes pesants prennent, aussi bien que les atomes éthérés, des
mouvements vibratoires sous l'intluence des phénomènes calorifiques.
» Nous commencerons par ne considérer que l'ensemble des atomes
pesants des corps et par regarder l'élher comme un système étranger, dont
les actions sur cet ensemble devront èlre rangées parmi les forces exté-
rieures. Nous examinerons ensuite ce que deviennent les résultats obtenus,
lorsqu'il est indispensable de considérer l'ensemble des atomes pesants et
éthérés du système donné.
» Quand un système de points matériels est en repos d'ensemble, on a la
relation
(8)
0 + ''-^=: 0
qui résulte de l'introduction, dans la relation générale (7), des hypothèses
inhérentes à ce repos. Au point de vue Je la thermodynamique, nous de-
. 1 . I ■ ' f r. lma'\ , . ,, , , .
vous considérer la quantité ( <PH -I comme caractérisant 1 elal calori-
fique d'un système de points matériels à un moment donné, et comme
représentant l'énergie calorifique du système. Cette quantité demeure con-
stante tant qu'il n'y a d'appliqué au corps aucun travail extérieur
» Nous plaçant toujours au point de vue de la thermodynamique, il im-
porte de remarquer que les travaux extérieurs, dont la somme forme le
premier membre de l'équation (7), doivent s'entendre des travaux dus, non-
seulement aux forces mesurables pliysiquemenl, appliquées au système donné,
(*) Foir les Comptes rendus des i4» 21 et 28 juillet.
C.R.,1873, Sem«/re. (T.LXXVII.NolJ.) 'j ^
(326)
mais aussi aux forces qui, sous le nom de calorique, par contact ou par
rayonnement, proviennent, en déiinitive, des actions immédiates des atonies
pesants ou éfhérés en vibration, qui enveloppent et même pénètrent le
système.
» Dans le cas du rayonnement, les vibrations des atomes d'élher ont, en
fait, leur origine dans des corps pondérables plus ou moins lointains, dont
les propres vibrations se communiquent de proche en proche à l'intérieur
de l'élher situé entre eux et le corps échauffé par rayonnement.
» Dans lous les cas, nous rappellerons que nous avons rangé les fanes
calorifiques dans la classe des foires moléculaires erratiques. D'après cela,
nous diviserons la quantité 2/ Pr//)cos(y9,P) eu deux parties, savoir : la
première, 2/P,f//j, cos(/;,,P,), désignera la somme algébrique des travaux
des forces extérieures mesurables physiquement ; nou^ la représenterons par 6.
La seconde, IfV^cip^coslpo,'?^), correspondra à la somme algébrique
des travaux calorifiques; elle pourra d'ailleurs, comme la précédente, être
positive ou négative. Nous la représenterons par le produit EQ, où nous
considérerons E comme un coefficient constant, dont le rôle va être expli-
qué dans xni instant.
» Cela dit, remplaçons le premier membre de l'équation (y) par les
deux parties que nous venons de spécifier, et nous obtiendrons
(9) e + EQ = ^ -' + (<D, + _-^ j _ \y
Pour arriver à l'équation (8), nous avons supposé que le système était en-
tièrement isolé, qu'il était primitivement au repos d'ensemble, et par
suite y persistait; mais cette équation (8) peut exister dans bien d'autres
conditions. Supposons, en particulier, qu'il n'y ait aucune force mesurable
pliysiquement appliquée au système, et que la vitesse d'ensemble A de
celui-ci soit nulle au premier moment considéré. Admettons, en outre, que
ce système, entouré cette fois ou même pénétré par d'autres systèmes
formés d'atomes pesants ou éthérés, ressente de la part de ces atomes des
actions calorifiques telles, que la somme de leurs travaux, et par suite EQ,
soit sans cesse moyennement nulle.
» En vertu de cette dernière supposition, le premier membre de l'é-
cjuation (9) vaudra zéro. D'autre p.irt, on prouve aisément que A, vaudra
pareillement zéro, si l'on joint aux données précédentes la remarque que,
par suite de leiu- erratisme, les forces calorifiques sont conslanunent eu
équilibre sur le système regardé comme rigide.
( 327 )
» Dans de semblables conditions, l'équation (9) redevient encore l'é-
quation (8). Donc, lorsqu'un système est eu présence d'autres systèmes, ce
que nous avons appelé son état calorifique peut encore demeurer constant.
Nous prouvons, dans notre Mémoire, qu'il en est alors de même potu- les-
dits systèmes. En pareil cas, il est rationnel de dire que le système est en
équilibre calorifique avec les systèmes environnants. Nous verrons plus tard
qu'il y a en même temps équilibre de lempéralure .
» VIII. Déinonslratioii du principe de l'équivalence mécanique de ta chaleur.
— Lorsque EQ cesse d'être égal à zéro, la formule (9) devient
(.0) EQ^^$, + ^j-(<I.+ =^
Elle est l'expression algébrique de ce qui se passe quand un système
formé par les atomes pesants d'un corps naturel se trouve en présence
d'autres systèmes avec lesquels il n'est pas en équilibre calorifique.
» Si, par suite de cette présence, le corps se refroidit, il résulte de ce
que nous venons de dire sur la manière d'entendre l'état calorifique d'un
corps, au point de vue mécanique, que le second membre de l'équation (to)
doit devenir négatif; par conséquent, il doit en être de même du premier
membre; autrement dit, la quantité EQ doit être considérée comme ayant
une valeur négative.
» Supposons que l'équation (to) soit appliquée au système formé par
les atomes pesants d'une masse d'eau du poids de 1 kilogramme, et considé-
rée dans les deux états calorifiques qui correspondent à zéro et à i degré
d'un ihermoniètre ordinaire, c'est-à-dire pour lesquels il y aurait équilibre
calorifique entre la masse d'eau et le thermomètre mar([uant successive-
ment ces deux degrés. Notons d'abord que, dans l'appréciation, par l'opé-
rateur, de l'équilibre eu question, l'éther qui peut être renfermé dans l'eau
ne joue évidemment aucun rôle et qu'on peut en faire abstraction, comme
nous en sommes convenus. D'un autre côté, on est parfaitement libre de
déterminer le coefficient constant E par la condition qu'il représente le
nombre de kilogrammètres correspondant au second membre de ladite
équation. Cela revient à dire que Q sera pris égal à i dans les hypothèses
où nous nous plaçons. Or, ce que nous appelons la variation de l'énergie
calorifique de notre kilogramme d'eau, dans cette hypothèse, n'est autre
que la calorie des physiciens, autant toutefois que l'on considère comme
négligeable l'influence de la pression atmosphérique, c'est-à-dire le travail
43..
( 328 )
positif exttrieiir que cette pression produit sur l'eau, par suite de la très-
petite contraction du liquide dans son passage de zéro à i degré. On peut
donc dire que la calorie correspond à un nombre de kilogrammètres re-
présenté par notre coefficient E; en d'autres termes, que le nombre E est
V équivalent mécanique de la calorie (et non l'équivalent mécanique de la cha-
leur, suivant le tei'me impropre généralement adopté).
» Si, au lieu de considérer une masse d'eau pesant i kilogramme, nous
en prenons une pesant Q kilogrammes, il est évident, d'après l'idée qu'on
doit se faire d'un corps homogène, que la variation de l'énergie calorifique
de la nouvelle niasse, entre les deux mêmes degrés de température, sera
multipliée par Q; en d'autres termes, elle sera représentée par E'^s x Q.
n Or, on peut convenir de mesurer la variation d'énergie calorifique du
système des atomes pesants d'un corps naturel quelconque par le
nombre Q de kilogrammes d'eau, dont la variation d'énergie calorifique
serait égale à la variation donnée ponr un passage de zéro à i degré de tem-
pérature, sans se préoccuper d'ailleurs, pour le moment, du moyen de réa-
liser pratiquement cette mesure. Ladite variation d'énergie ama alors pour
expression EQ. Cela posé, imaginons un corps naturel soustrait hypothéti-
quement à toute influence calorifique des systèmes annexes pesants ou éthé-
rés; en d'autres termes, supposons EQ = o. Admettons, en outre, que la
vitesse d'ensemble du système donné repasse par deux valeurs égales entre
deux instants déterminés, l'équation (9) deviendra
(il) Ô = ExQ, d'où ^ = E.
De cette équation, on tire les deux conséquences suivantes :
» 1° Si l'on ajjplique à un corps naturel un travail mécanique, c'est-à-
dire dû à des forces ph/siquement mesurables, ce travail peut se converti
intégralement en une variation de l'énergie calorifique du corps; en
d'autres termes, être équivalent a celte variation.
» 2° Quelle que soit la nature du corps où est appliqué le travail méca-
nique, le rapport de ce travail au nombre de calories qui exprime ladite va-
riation de l'énergie calorifique du corps est égal au nombre constant
E kilogrammes, qui représente Y équivalent mécanique de la calorie.
» Ces deux conséquences forment, dans leur ensemble, le principe de
V équivalence mécanique de la chaleur. »
{ ^29 )
NOMKVATIOIVS.
Jj'Acadéinie procède^ par la voie du scruliii, à la nomination d'une Com-
mission qui sera cli;u'gée de juger le Concours du prix Fourneyron pour
l'année 1873.
MM. Morin, Philli|is, Rolland, Tresca, Resal réunissent la majorité des
suitrages. Los Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. de Saint-Venant, Dupuy de Lôme, Jamin.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le Concours du prix Dalmont pour
l'année iS'yS.
MM. Phillips, Resal, Rolland, Belgrand, Tresca réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. Morin, Serret, de Saint-Venant.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MINÉRALOGIE. — Analyse de la Dewalquile de Salm-Cltàteaii, en Belgùme;
Note de M, F. 1*isani, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
(Commissaires : MM. Daubrée, Des Cloizeaux, H. Sainte-Claire Deville.)
« Dans la séance du 2 décembre iS'ya, j'ai présenté à l'Académie des
Sciences une Note « Sur un nouveau silico-aluminate de manganèse vana-
difère trouvé à Salm-Château, en Belgique. » Dans celte Note, j'ai donné,
pour la composition de ce minéral, les nombres suivants :
Si = 28,70, Al =28,36, Fe=2,94, Ma =26,40, Ca = 4>3o,
Mg =; 4>32, Cu= i,3o, V = i,8o, H = 0,98.
» N'ayant eu à ma disposition que très-peu de matière (i gramme en-
viron), j'ai dit que le dosage de l'acide vauadique n'était qu'approximatif,
à cause de la grande difficulté de séparation de ce métal; en même temps
j'ai insisté sur la présence du proloxyde de manganèse, et non du scsqui-
oxyde que signalait un chimiste de Bonn, M. le D' Lasaulx, dans ce même
minéral, auquel il avait donne le nom de mangandisthen, nom que j'ai pro-
( 33o )
posé de supprimer, en lui substituant celui de dewalquite, ce minéral
n'ayant aucun rapport avec le dislhène. Quant à la forme de cette nouvelle
espèce, je l'ai considérée comme appartenant probablement à un prisme
oblique, par suite de la disposition observée au microscope polarisant,
avec une plaque très-mince. N'ayant eu à cette époque que des faces can-
nelées sans terminaison et ne se prêtant à aucune mesure, il m'a été impos-
sible de définir géométriquement la véritable forme de cette substance.
)) Presque en même temps que je présentais ce travail à l'Académie,
M. le D'' Lasauix publiait [Chcmisclie Section der uiedenheiiiischcn Gcsell-
schaft in Bonn, 2\ novembre 1872) une analyse de ce minéral, auquel il
donne cette fois le nom Ciardennit,en lui assignant la composition sui-
vante :
Si = 29,67, V = (î,i7, Âl=: 24,79, Mn=29,io, Fë = i,89,
Ca ^ 1,83, !\Jg=3,55, plalino, palladium cl ciu\'re=z 2,00.
» Quoique ayant abandonné le nom de mangandisthen, il le considèie
toujours comme voisin de ce minéral, à cause de ses propriétés géomé-
triques cl de la |)résence du sesquioxyde de manganèse, remplaçant une
partie de l'alumine. Enfin, dernièrement, M. Lasauix publia (dans le
n" 1 du JahrbiK II fur Minéralogie, de G. Leonhard er II.-B. Geinitz, 1873)
une autre analyse donnant les résultats suivants :
Si = 29, 75 Âl=23,5o Fe=i,94 Mn = 25,96 Ca = 2,04
Mg= 3,42 V= 9,10 Cu+Ph traces H= 4,04.
M. Lasauix abandonne cette fois l'idée du sesquioxyde de manganèse ainsi
que l'analogie de forme avec le dislhène, puisque M. von Ratb a mesuré un
petit cristal ayant son sommet et offrant beaucoup de ressemblance avec
l'ilvaïte.
» Ayant reçu dernièrement de nombreux et beaux échantillons de de-
walquite, parmi lesquels j'ai même eu le bonheur de rencontrer deux pe-
tits cristaux ayant leur sommet, j'ai repris entièrement le travail qise
j'avais fait sur ce minéral si intéressant.
Les cristaux de dewalquite sont des prismes excessivement petits appar-
tenant au système orthorhombique. Ils sont striés parallèlement à l'axe
principal et terminés par un octaèdre Z»{ avec im biseau a*. Ce sont là les
seules faces que j'ai pu mesurer et qui m'ont permis de déterminer les
dimensions du ciistal
i : /i :: 1000: 555, 1 ; d=: 910,1; f/ = 4'4>4-
(33, )
» J'ai Iroiivr pour les angles :
a' a' =ii2°24'
b^a' =i65"38'
(En avant) />^b\ = i5i°33'
» On obtient par le calcul pour les faces du prisme z;//» = i3i", 2'.
C'omme je l'ai (iéjà indiqué dans ma première Commnnicaiion, c'est suivant
la face de clivage g' qu'on voit les axes optiques. La bissectrice aiguë posi-
tive est normale à cette face et le plan des axes parallèle à h'. A travers
une lame très-mince, assez imparfaite, la seule sur laquelle j'ai opéré la
première fois, j'avais aperçu des hyperboles très-vagues avec des couleurs
indiquant une dispersion croisée ; mais depuis, ayant taillé plusieurs |)la-
qiies épaisses, j'ai pu m'assurer qu'il n'y avait pas de dispersion des axes
et que les deux hyperboles entourées de leurs anneaux étaient parfaitement
symétriques, siu'tout en tournant un peu le Nicol, ce qui indique bien un
prisme orthorhombique. La dispersion croisée que j'avais remarquée
d'abord provenait d'un phénomène déjà observé par M. de Senarmont et
M. Des Cloizeaux, consistant dans une espèce de rotation de couleurs,
lorsque la lumière polarisée traverse des substances à deux axes de couleur
jaune.
» J'ai obtenu pour l'écarlement des axes dans l'air :
i^*^ plaque. Q*^ plaque. 3^ plaque.
Rayons rouges 69.62 68.36 6q.6
Rayons jaunes 67.2g » 65.45
Rayons verts 62 62 . 56 62
» M. Des Cloizeaux a obtenu, de son côté, sur d'autres éch.uitillons
les mesures suivantes qu'il a eu l'obligeance de me cominiuiiquer :
!■•<! plaque. 2"' plaque. S"" plaque. /,'' plaque.
Rayons rouges 77-5i 76.8 79-9 7^ 7
Rayons jaunes 72.55 7426 i> »
Rayons verts 69.31 70.58 70-59 68.36
» Voici maintenant le résultat des recherches chimiques. Voulant véri-
fier si vraiment il y avait une quantité d'acide vanaiiique aussi grande
(9 pour 100) que l'annonçait en dernier heu M. le D*' Lasaulx, tandis
que dans ma première analyse je n'en ai trouvé que près de 2 pour 100,
j'ai bietitôt reconnu qu'il y avait beaucoup d'arsenic dans la dewalquite,
ce qui explique désormais pourquoi M. Lasaulx a trouvé trois fois plus
( 332 )
d'acide vanadique que moi. On reconnaît facilement la présence de l'arsenic
dans la dpwalqiiile en chauffant, dans le niatras, la matière mélangée avec
du carbonate de soude et du cyanure de potassium; on obtient ainsi un an-
neau métallique d'arsenic très-marqué. C'est la première fois, d'ailleurs,
qu'on trouve de l'arsenic dans un silicate, et le vanadium s'y rencontrant
aussi très-rarement, ce minéral présente le plus haut intérêt au point de
vue chimique. J'ai donc refait luie analyse complète de la dewalquite en
reprenant avec soin, comme contrôle, tous mes précipités, pour voir s'ils
n'avaient pas retenu de l'acide vanadique; car il n'existe point à ma con-
naissance de bonne méthode pour séparer ce métal de plusieurs autres
corps. Voici quels sont les résultats de mon analyse :
Silice 28,40
Alumine ■ 24,80
Oxyde fon itiiie i , 3 1
Oxyde manganeux 25,70
Cliaiix 2 ,98
Magnésie. . 4» 07
Oxyde de cuivre 0,22
Acide arséni(iiie.. . 6,35
Acide vanadi<nie 3, 12
(i) Eau et perte an feu 5, 20
102, i5
)) A la fin de sa dernière Notice, M. Lasaulx critique en tous points mon
premier travail , en disant que je n'ai pas reconnu la nature du minéral , que
mon analyse est inexacte et que le nom de dewalquite doit disparaître pour
faire place à celui de d'ardennit, d'abord par droit de priorité et ensuite
parce que le minéral que j'ai analysé n'existe point avec la composition
donnée par moi. Je vais répondre à M. Lasaulx et lui montrer, en me ser-
vant de ses propres résultats, qu'il n'a reconnu, dans ses deux pre-
mières Communications, ni la véritable nature du minéral, ni sa composi-
■ lion. D'abord M. Lasaulx donne au minéral le nom de maiir/anclisllten,
sans faire mention du vanadium; peu après, il reconnaît la présence de
l'acide vanadique, et en trouvée pour 100; le manganèse est toujours
considérécomme sesquioxyde, et il annonce, en outre, 2 pour 1 00 de platine,
(i) Au rouge, la perte au feu n'est que d'un centième environ, mais, à une température
plus élevée, la matière se fritte et la perle est de cinq centièmes. 11 est probable qu'il se
dégage de l'oxygène ou de l'acide arsénieux, à moins d'admettre un degré d'oxydation
moindre jiour l'arsenic et le vanadium.
( 333 )
palladium et cuivre. Le minéral reçoit alors le nom d'ardennit. Enfin, dans
sa dernière Communication, M. Lasanix trouve 9 Iponr 100 d'acide vana-
dique et reconnaît que le manganèse est à l'état de protoxyde, en se fon-
dant sur la réaction de l'acide phosphorique, dont j'ai parlé dans ma Note,
sans toutefois me rendre au moins cette justice, que c'est moi qui ai vu
que le manganèse est à l'état de protoxyde dans la Dewalquite. M. I.asaulx
reconnaît que le platine et le palladium provenaient de l'attaque de son
creuset et, sur l'autorité de M. von Rath, admet que son minéral n'a pas la
moindre analogie avec le disthène.
)) En résumé, la proportion d'acide vanadique a varié, dans les essais de
M. Lasaulx, de o à 6 et 9 pour 100. Le véritable degré d'oxydation du
manganèse a été reconnu d'abord par moi et ensuite par M. Lasaulx.
Pour ma part, je crois n'avoir reconnu dans mou unique analyse que les
éléments qui lui appartiennent, et maintenant j'en apporte un nouveau,
l'acide arsénique.
» L'Académie voudra donc comprendre que je maintiens à ce minéral,
après l'exposé de ces faits et en me fondant sur les principes énoncés par
M. Lasaulx lui-même, le nom de Dewalquile, qui consacre, dans la science
minéralogique, le souvenir des grands et beaux services rendus à la science
par M. Dewalque. »
ZOOLOGIE. — Sur les Cocuyos de Cuba. Note de M. de dos Herdiakas,
présentée par M. Des Cloizeaiix.
(Commissaires ; MM.Milne Edwards, Blanchard, Fizeau, Edm, Becquerel,
Des Cloizeaux).
« Les Cocuyos paraissent généralement dans l'ile de Cuba vers la fin
d'avril, à la suite des premières pluies, et ils abondent principalement dans
les lieux boisés et dans les champs de cannes. Ils sortent au crépuscule et
cessent de voler très-promptement, de sorte qu'on peut dire que leurs pro-
menades nocturnes ne durent que de deux à trois heures. Ils se cachent
dans les creux des arbres, dans les troncs pourris, sous les larges tapis des
herbes des prés et dans les parties fraîches des plantations de cannes. Ils se
nourrissent de feuilles tendres, des matières molles qu'ils trouvent dans les
troncs où ils se réfugient et d'autres substances analogues. Il paraît donc
évident que l'humidité est la condition la plus essentielle à leur exis-
tence.
M Le Cocuyo cesse ordinairement de paraître vers la fin de juillet ou le
C. R., 1873, 3« Semestre. (T. LXXVM, N» S.) 44
( 334 )
commencement d'août, mais il se conserve bien si on l'emprisonne dans
des paniers à jour ou dans des cages, et il vit jusqu'en septembre et octobre
pourvu qu'on le soigne avec assiduité et intelligence. L'auteur de cette
Note en a fait vivre plusieurs fois jusqu'à la fin de novembre, non-seulement
à la Havane, mais même à New-York.
1) Il ne faut point confondre le Cocuyo avec VÀgmcero (i), nom donné
dans l'île de Cuba à un insecte absolument semblable au Cocuyo, sauf qu'il
n'est que du tiers ou du quart de sa grandeur, et qu'il apparaît presque
toute l'année durant la nuit, pailletant de sa vive lumière phosphorescente
les vertes savanes couvertes de rosée. La lumière la plus forte du Cocuyo
se trouve à la région du ventre et se montre avec toute sa splendeur quand
l'insecte vole ou qu'il est baigné dans de l'eau. Quoique complètement
inoffensif pour l'homme, le Cocuyo paraît être d'humeur querelleuse, puis-
qu'il attaque son semblable d'une manière terrible, et cela s'observe sur-
tout quand on en maintient ensemble un certain nombre prisonniers. Les
pattes constituent sa principale arme offensive : avec ses pattes, il pénètre
les parties molles du cou de son adversaire, assez complètement pour sépa-
rer le thorax du corps. Aussi, dans les cages où l'on conserve les Cocuyos,
trouve-t-on communément des thorax séparés des troncs. J'ignore si c'est à
cela que ces insectes doivent de perdre les premières phalanges des pattes
très-peu de temps après être en captivité; il ne laisse pas d'être assez curieux
de voir que, malgré une perte aussi importante et qui parfois s'étend à un
plus grand nombre de phalanges, ils continuent pendant deux ou trois mois
à vivre et à donner leur lumière phosphorescente.
» La mutilation de membres si nécessaires pour se déplacer et aller à
la recherche de la nourriture peut, sans doute, être une cause qui avance
la mort du Cocuyo, dont l'approche est annoncée par le noircissement des
yeux qui, dans l'état de santé, paraissent, au jour, d'un blanc jaunâtre.
j) Je m'abstiens d'entrer dans de plus grands détails et, surtout, j'évite
tout ce qui a rapport à la classification, me regardant comme incom-
pétent en cette matière. Ami des Sciences, et sachant que la curieuse lu-
mière du Cocuyo est un objet d'études pour les savants de France et d'Alle-
magne, depuis plusieurs années déjà, j'éprouve une vraie satisfaction à
pouvoir faire présenter à l'Académie des Sciences, par un de ses Membres,
ce qui me reste d'une collection de quinze cents Cocuyos que j'ai apportés
de la Havane au mois de mai dernier. »
(i) Aguacero est lé nom qui appartient, en propre, aux pluies d'orage.
( 335 )
M. Blanchard, après la présentation de cette Note par M. Des Cloizeaux»
ajoute :
« L'espèce adressée par M. le marquis de dos Hermanas est, comme
celle du Mexique, présentée à l'Académie en 1864 (i), du genre Pjrophorus.
Les individus du Mexique étant morts dans un court espace de temps, la
recherche dont l'intérêt a été signalé dans les Comptes rendus n'a pu être ef-
fectuée. Nous espérons qu'elle sera exécutée avec les individus de Cuba. »
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur les localisations cérébrales et^ sur les fondions
du cerveau; par M. le D' Ed. Fouknié. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Chevreul, Milne Edwards, Andrai, de Quatrefages.)
« Après avoir exposé dans un aperçu critique la manière dont on avait
compris jusqu'ici les localisations cérébrales, M. Fournie décrit la méthode
qu'il a suivie pour déterminer ces mêmes localisations, et il développe sa
manière de voir, touchant les fonctions cérébrales, à l'aide de lajfigure sché-
matique placée ci-dessous.
» Un mot d'abord sur les éléments qui entrent dans cette figure. Dans la
région n° 1, nous voyons les nerfs impressionneurs, c'est-à-dire les nerfs
qui portent vers le cerveau le résultat d'une impression reçue, et qui occu-
(i) Comptes rendus, 1864, t. LIX, p. Sog. Note sur le Cocuyo du Mexique, présentée par
M. Pasteur, avec remarques de M. Blanchard.
44..
( -m )
peut la partie postérieure de la moelle. Ces nerfs aboutissent à la région
u° 2, connue sous le nom de couches optiques et composée en grande partie
de celhdes nerveuses. Des fibres parlent de ce centre sons forme de rayons
et le font communiquer, d'im côté avec la région 3, composée de cellules et
qui porto le nom de couche corticale du cerveau, de l'autre avec la résjion 4,
composée, elle aussi, de cellules et désignée sous le nom de corps striés.
» De cette dernière région partent les nerfs du mouvement, qui occupent
dans la région 5 la partie antérieure delà moelle.
)) Semblable en cela à tous les organes de la vie, le cerveau requiert,
pour entrer en fonction, l'intervention d'un excitant, c'est-à-dire une im-
pression reçue à l'extrémité périphérique d'un nerf iuipressionneur.
» L'impression modifie la vitalité du nerf, de proche en proche jusqu'aux
couches optiques, et là le nerf modifie à son tour la cellule à laquelle il
vient aboutir. Le résultat de la modification de ce dernier élément par le
mouvement iinpressionneur est une sensation, ou pour mieux dire, uneper-
ception simple. Le phénomène de la perception simple a bien son siège dans
les couches optiques, car si l'on détruit cet organe chez le chien vivant,
l'animal n'est plus sensible à aucune impression : il n'odore plus, il n'en-
tend plus, il ne voit plus, en un mot il vit, mais il ne seul pas. Quand
l'homme est modifié dans des couches optiques, il sent et voilà tout : sentir
c'est vivre d'une certaine feiçon. Nous voulons dire par là que, pour sentir
avec connaissance, il faut autre chose que la perception simple : il faut cette
perception simple et quelque chose de plus que nous allons faire con-
naître.
» Le phénomène de perception s'accompagne nécessairement d'un mou-
vement propre des cellules que le mouvement iuipressionneur a provoqué.
Or ce mouvement ne s'épuise pas sur place; les couches optiques ne sont
pas isolées au milieu de la substance cérébrale, et il est tout naturel que le
mouvement dont elles sont le siège se communique aux parties voisines.
C'est [ce qui arrive : des couches optiques le mouvement iinpressionneur
s'étend de proche en proche, à travers les fibres du centre blanc, pour
aboutir en définitive aux cellules qui forment la couche périphérique du
cerveau. Ces cellules en sont modifiées d'une certaine façon.
» Déjà depuis longtemps, on avait remarqué que, chez les déments, la
couche corticale du cerveau était ramollie ou plus ou moins lésée. Sur les
chiens, lorsque nous détruisions cette région par le caustique, nous provo-
quions une sorte <le folie; l'animal conservait tous ses sens comme les
déments, mais il ne connaissait pas, il n'avait plus de mémoire.
( 337 )
» Le phénomène de perception, produit dans les couches optiques, ne
se produisait pas dans la couche corticale, puisc[ue les déments, ainsi que
les chiens dont la couche corticale est lésée, conservent leur sensibilité.
Mais comme, d'un autre côté, les couches optiques ne concourent qu'à
la perception simple, à la perception sans connaissance, nous fûmes con-
duit à rechercher par quel mécanisme la perception simple, dans les cou-
ches optiques, se transforme en perception avec connaissance, grâce au
concours de l'activité des cellules de la couche corticale du cerveau. Ce
mécanisme est celui de la mémoire.
» Supposons un cerveau vierge de toute impression et soumettons-le à
l'influence d'un corps odorant. Le mouvement impressionneur se transmet
à travers le nerf de l'odorat jusqu'à la cellule A' du centre optique, et, dès
lors, l'homme sent l'odeur; puis le mouvement impressionneur continue sa
route jusqu'à la cellule A de la couche corticale et la modifie d'une cer-
taine façon. Si nous retirons le corps odorant, tous les mouvements que sa
présence a provoqués cessent et l'homme ne sent plus rien. A présent sup-
posons que nous puissions déterminer dans la cellule A le mouvement
qui lui est propre, le mouvement de cette cellule se transmettra à travers
les fibres du noyau blanc jusqu'à la cellule A', dont elle réveillera l'acti-
vité. Or, comme cette activité correspond à une perception d'odeur, l'homme
sentira de nouveau celte odeur en l'absence de l'objet impressionnant ca-
pable de la provoquer. Telle est la première condition de la mémoire :
sentir comme on a déjà senti, mais en l'absence de tout objet impression-
nant et sous l'influence seule de l'activité d'une cellule de la couche cor-
ticale du cerveau. Ce fait élémentaire ne constitue pas toute la mémoire;
pour se souvenir, il faut sentir qu'on a déjà senti d'une certaine façon et
établir un rapport entre la manière de sentir actuelle et celle de jadis.
Ce trait d'union entre le passé et le présent, nécessaire pour qu'il y ait
souvenir, est le résultat d'un mécanisme fonctionnel que nous allons faire
connaître.
» Supposons que le corps odorant était une orange et que les sens de
la vue et de l'odorat ont été simultanément provoqués par elle. L'im-
pression visuelle réveillera le centre de perception B' en même temps que
le centre A' sera réveillé par l'impression odorante, et le mouvement im-
pressionneur visuel ira réveiller l'activité propre de la cellule B, pendant
que le mouvement impressionneur odorant provoquera celle de la cellide A.
» Dans ces conditions, l'homme sent qu'il est modifié de deux façons
différentes et voilà tout; mais si, après avoir retiré l'orange, nous la sou-
( 338 )
mettons de nouveau à l'activité du seul sens de la vue, qu'arrivera-t-il ?
L'Iiomme verra l'orange; mais, comme le mouvement impressionneur ne
s'épuise pas dans les couches optiques, il ira provoquer l'activité propre de
la cellule B. La cellule B étant unie, par ses prolongements, à la cellule A
déterminera dans cette dernière l'activité qui lui est propre, et, en défini-
tive, le centre de la perception odorante A' sera lui aussi réveillé.
)) De sorte que, bien que l'orange soit assez éloignée pour que l'homme
ne puisse l'odorer, il l'odorera néanmoins par le souvenir et il sentira ce
qu'il sentit réellement jadis en voyant l'orange; il se souviendra, en un
mot, que l'orange est un corps odorant, et, en se souvenant de ce ca-
ractère, il n'aura plus une perception simple de cet objet, mais une perception
avec connaissance.
» Voilà comment, en expliquant le mécanisme de la mémoire, nous
avons été conduit à formuler la différence qu'il y a entre luie perception
simple et une perception avec connaissance, et à déterminer en même
temps le rôle fonctionnel des cellules de la couche corticale du cerveau.
M Les cellules de la couche corticale du cerveau représentent sous forme
de modalités dynamiques in possè toutes les notions acquises, et c'est aux
connexions anatomiques qui unissent ces cellules aux couches optiques
qu'elles empruntent la possibilité de réveiller successivement le centre de
perception pour donner naissance aux phénomènes de mémoire.
» Le rêve, qui présente tant d'analogies avec la mémoire, n'est autre
chose que le réveil du centre de perception par l'activité des cellules de la
couche corticale, alors que ce même centre est fermé aux influences exté-
rieures.
» Toutes les cellules de la couche corticale sont unies entre elles par
leurs prolongements: elles peuvent donc réveiller mutuellement leur propre
activité. Il suffit, en effet, que l'une d'elles fonctionne pour que le fonction-
nement des luies ou des autres s'ensuive.
» Quant à l'ordre admirable qui préside au classement de foules nos
connaissances, nous le devons à l'intelligence sublime qui a tout créé : le
cerveau est une tapisserie merveilleuse dont le Créateur a fourni le canevas
et dont nous remplissons tous les jours les mailles.
» Jusqu'ici nous n'avons exposé qu'une partie de la fonction cérébrale,
V excitant fonctionnel e\. la matière fonctionnelle : cela n'est pas suffisant.
» La fonction des organes, en effet, ne consiste pas seulement à rassem-
bler des éléments déterminés : la fonction suppose un but à atteindre et ce
but n'est pas dans l'organe lui-même, mais en dehors de lui. Il faut donc
( 339)
que, par fies mouvements particuliers, l'organe projette au dehors les élé-
ments de sa fonction. Ce sont ces mouvements que nous désignons sous le
nom de mouvements fonctionnels.
» Le cerveau qui se bornerait à sentir et à se souvenir vivrait en lui-
même d'une certaine façon, mais personne n'en saurait rien; pour que sa
fonction soit complète, il faut que chacune de ses manières de sentir et de
se souvenir se reflète au dehors d'une manière sensible. C'est ce qui a lieu,
en effet, et c'est par des mouvements que le cerveau extériorise sa manière
d'être.
» La route que nous avons assignée fout à l'heure au mouvement im-
pressionneur, des nerfs sensitifs aux couches optiques et de ces dernières
aux cellules de la couche corticale, n'est pas la seule voie suivie par le mou-
vement. Les couches optiques sont unies par des fibres spéciales à un autre
noyau de cellules, que l'on désigne sous le nom de corps striés. C'est dans
ce noyau que viennent aboutir toutes les fibres des nerfs du mouvement,
placés à la partie antéro-latérale de la moelle, et nous avons vu l'abolition
de tout mouvement succéder, chez les chiens vivants, à la destruction de
ces organes. Dès lors, il nous a paru possible d'expliquer le mécanisme
fonctionnel de tous les mouvements, volontaires ou involontaires.
» Les mouvements sont involontaires lorsque la cause impressionnante,
un danger par exemple, est assez vive pour réveiller directement l'activité
des corps striés et provoquer aussitôt, par l'intermédiaire des nerfs moteurs,
un mouvement déterminé.
» Les mouvements sont volontaires lorsque la cause impressionnante
donne le temps à l'attention de soumettre l'impression sentie à la pierre de
touche des connaissances acquises, de réveiller par conséquent l'activité
des cellules de la couche corticale. Ce n'est qu'après cet examen que l'im-
pression dominante, dans les couches optiques, provoque, dans les corps
striés, la détermination du mouvement qui lui est corrélatif.
» Dans le cas des mouvements involontaires, le mouvement exécuté est
ce qu'on appelle vulgairement un premier mouvement. Dans le cas des mou-
vements volontaires, l'examen préalable a fait prévaloir, dans les couches
optiques, une impression dominante qui donne, par ce seul fait, au mou-
vement exécuté, les caractères d'un mouvement raisonné et voulu. Les
mouvements de la parole rentrent dans ces derniers mouvements.
( 34o )
CHIMIE APPLIQUÉE. — Polychromie pholorjrapinque. Mémoire
de M. L.Vidal. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Dumas, Milne Edwards, Fizeau, Edm. Becquerel.)
« Procédé. — Le procédé à l'aide duquel nous obtenons les images po-
lychromiques est purement et simplement une extension du procédé dit
au charbon; i\ a été décrit dans notre demande de brevet du aS décembre
dernier. La description sommaire que nous allons en donner diffère de la
précédente en un point essentiel : au papier stéarine, nous avons substitué
tout récemment le papier végétal enduit, de. gomme laque. Quant aux mix-
tions combinées, propres aux reproductions d'après nature, c'est là une ques-
tion spéciale sin* laquelle nous pourrons fournir plus lard des indications.
» Les personnes qui s'occupent des procédés au charbon savent qu'il
est aisé d'obtenir, sur tel support déterminé, des teintes monochromes ou
des reproductions monochromes quelconques de toutes couleurs.
» La palette de la photographie au charbon est d'ailleurs fort riche, et
il est possible, avec toutes les poudres colorées que n'allèrent pas les sels
de chrome, d'obtenir les couleurs les plus chaudes et les plus variées. Nous
le démontrons par des tableaux polychromiquesoù nous réunissons toutes
les nuances, en nombre infini, qui résultent de la combinaison entre elles
de mixtions colorées, sensibilisées au bichromate de potasse, et traitées
comme le sont les épreuves au charbon les plus soignées. Ces teintes
monochromes, obtenues "sur des supports provisoires, peuvent, si on le
vent, être fixées, soit séparément, soit à côté l'une de l'autre. On peut
encore les superposer; c'est simplement une sorte de décalcomanie.
» Prenons maintenant l'opération dès le début, pour la suivre jusqu'à
la fin.
1) Clichés. — Les clichés polychromiques peuvent être obtenus, soit par
des moyens d'optique plus ou moins précis et analogues à celui décrit par
M. Ducos du Hauron, soit eu réservant sur chacun des clicliés mono-
chromes toutes les parties qui doivent contribuer, par une transparence
plus ou moins grande, à la formation de ce monochrome.
» La réserve se fait sur un chevalet à retoucher les clichés, à l'aide d'une
matière opaque, vermillon, noir de fumée, et presque en copiant la nature,
comme le ferait ini peintre exécutant un tableau, avec cette différence que
tout le travail consiste ici à suivre des contours nettement tracés par la
photographie et à barbouiller les surfaces à réserver, grossièrement et sans
qu'il faille pour cela savoir peindre ou dessiner.
( 3/.r )
» Si l'on opère d'après nature, on n'a qu'à copier de la façon que voici :
veut-on produire le monochrome rouge, par exemple, on obture en ré-
serve tout ce qui, dans la vue reproduite, ne contient ni rouge ni combi-
naison de rouge avec toute autre couleur, sans s'inquiéter des demi-teintes,
sans faire autre chose que réserver ou noircir tout ce qui n'est ni rouge
ni indépendant du rouge. Pour le cliché du monochrome bleu, on agit de
même ; cela est tellement facile que, dès le premier essai, sans être le moins
du monde habile, on arrive à produire un résultat déjà bien séduisant. On
peut, d'ailleurs, après l'examen d'une première image polychrome, s'as-
surer si les clichés ont la valeur voulue; sinon, on les retouche suivant,
les indications fournies par cet essai, puis on imprime, à l'infini et sans
préoccupation, autant de polychromies semblables que l'on en peut dé-
sirer.
» Ces clichés doivent être essayés, cela va sans dire, quant à leur temps
de pose respectif et les coefficients photométriques de chacun indiqués sur
la marge.
» Impression positive. — Chacun des clichés concourant à la formation
d'une polychromie est imprimé sur une mixtion de couleur voulue, puis
on développe sur un support provisoire, suivant le procédé de dévelop-
pement connu.
» Le support provisoire est, nous l'avons dit, du papier végétal plongé
dans une solution de gomme blanche en poudre dans de l'alcool à satu-
ration, à la température ordinaire.
» L'image y adhère parfaitement. Aucune bulle ne se produit, ce papier
transparent permettant de voir l'air qui existerait, avant le développement,
entre sa surface intérietn-e et celle de la mixtion ; puis, comme il présente
une texture très-serrée et que l'enduit de gomme laque ferme les moindres
pores, son imperméabilité est complète.
» L'image développée est alunée, lavée, puis couverte à sa surface d'une
légère couche de gélatine et abandonnée à dessiccation.
» On remarquera que l'imperméabilité de ce papier rend impossible
toute extension ou constriction, de telle sorte que tous les monochromes
sont parfaitement identiques entre eux, ceux provenant, bien entendu, de
clichés identiques.
)) Montage de l'épreuve. — Quand on a imprimé une ou plusieurs séries
polychromiques, il s'agit de monter ces monochromes, de former, en un
mot, les images polychromiques. Pour cela faire, on prend le mono-
chrome qui doit être le premier posé sur le support définitif, papier,
C. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVII, N» S.) 4^
( 342 )
carton, ivoire, métal, etc.; on met le monochrome et le support dans de
l'eau pure et bien filtrée, et ou les sort juxtaposés, dès que les surfaces
extensibles sont bien planes; on les amène à coïncider exactement, puis
ou enlève par une pression légère, entre du buvard, l'excès d'humidité,
et on laisse sécher à l'air libre.
» Quand tout est sec, on immerge dans de l'alcool ordinaire, et, après
quelques moments, l'alcool a ramolli la gomme laque du support provi-
soire, lequel se détache aisément, laissant le monochrome sur le support
définitif. On peut mener de front un nombre illimité de monochromes et
en immerger une masse dans l'alcool.
» Dès que le premier monochrome est fixé, on passe au deuxième,
puis au troisième monochrome, et l'on obtient le résultat final, s'il ne faut
que trois couleurs combinées. On agit de même jusqu'à la fin, s'il en faut
un plus grand nombre.
» Le support provisoire étant transparent, on voit facilement, même sur
un corps opaque, si les divers points des monochromes qui doivent se jux-
taposer coïncident bien ensemble.
» La stéarine, d'abord indiquée, n'était pas aisément enlevée, et la
moindre présence de ce corps gras entre deux pellicules en amenait le dé-
tachement, et l'image risquait de s'exfolier. Aujourd'hui, cela n'est point
à redouter, et d'ailleurs le papier végétal offre l'avantage remarquable
d'être à la fois transparent et inextensible, et il permet de multiplier à
l'infini, avec ou sans repères, les applications de ce procédé polychro-
mique sur papier ou sur corps opaque. »
VITICULTUIŒ. — Sur i'élal actuel delà question du Vhyïloxera . Extrait
d'une Lettre de M. Lichtenstein à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Il est admis aujourd'hui : i" que le Phylloxéra américain et le Phjl-
/ojfera européen sont identiques (observateurs: Riley, à Saint-Louis; Rœs-
1er et E. Mach,à KIosternenburg; Schraut et Vipellier, à Kaiserstauteru);
» 2° Que l'insecte des feuilles passe aux racines, et celui des racines
aux feuilles (observateurs : Plauchon et Lichtenstein , à Montpellier;
Laliman, à Bordeaux; Signoret, Cornu et Balbiani, à Paris);
» 3" Que l'insecte prend des ailes dès le i5 juin ; qu'il y a deux formes
de iiymplie, une ovale et l'autre rétrécie au milieu, et deux nervations
d'ailes différenles (observateurs : Plauchon et L., qui y voient la forme
( 343 )
mâle, tandis que, suivant Signoret, tout serait femelle. C'est à M. Cornu et
à M. Balbiani à trancher Ja question);
» 4° Que l'insecte au sortir de l'œuf et l'insecte ailé sont l'un et l'autre
très-agiles; ils cheminent sur le sol et se trouvent assez souvent (les ailés)
pris aux toiles d'araignées (observateurs : Lichlenstein, Duclaux, Plan-
chon, Faucon, etc.).
» Voilà quatre points certains. Le nombre de mues, l'accouplement
(s'il existe), l'endroit où l'insecte ailé dépose ses œufs sont encore à
trouver.
» Je compte adresser prochainement à l'Académie un travail que j'ai
exécuté avec M. Planchon, et qui est sous presse. Les provins-appâts à
Phylloxéra me donnent d'excellents résultats. »
VITICULTURE. — Du Phylloxéra et de son évolution. Note
de M. Signoret.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Le Messager du Midi, à la date du 5 juillet dernier, a publié le compte
rendu d'une conférence sur le Phylloxéra, faite par M. Lichtenstein, dans
laquelle nous relevons la phrase suivante :
« Sa ponte rapide, sa prompte évolution sont telles, que les petits sont aptes à devenir
mères, à pondre, dans l'espace de dix jours. »
» C'est là une erreur considérable, destinée, pensons-nous, à produire
une grande sensation, contre laquelle nous nous élevons; c'est pour-
quoi nous pensons devoir rétablir les faits. Poiu' répondre de suite à
l'énoncé ci-dessus, nous dirons que, pour nous, au lieu de dix jours,
l'évolution complète ne se fait que dans l'espace d'une année : c'est ce que
nous voulons démontrer. Nous commencerons à l'œuf produit au prin-
temps, pour finir au printemps suivant.
» L'œuf a besoin pour éclore d'un certain temps, variable suivant la
température, et qui est pour nous de quinze à vingt jours. Quel degré de
température faut-il poiu-son éclosion? Ici se place un ^v^xm^r desideratum.
» Après l'éclosioii, arrive une larve embryonnaire, facile à distinguer de
toutes les autres par le développement plus grand de ses antennes, des
cicatrices, des poils et des pattes; au bout d'ini certain temps, variable
suivant la température, arrive une première mue et par suite un second
état, également facile à reconnaître pour qui sait se servir du microscope, à
45..
( 344 )
cause des caractères énoncés ci-dessus, moins développés; les tarses n'of-
frent encore qu'un seul article, ce qui sert à distinguer cette larve de la sui-
vante. Vient ensuite au bout de quelques jours, quinze à vingt toujours, une
seconde mue qui nous donne un troisième état, facile à distinguer du précé-
dent, dont il se rapproche beaucoup par la présence de deux articles aux
tarses: caractère que M. Riley des États-Unis n'avait pas vu d'abord et qui
lui fit douter de l'identité des individus français ou américains, caractère
et identité que j'ai bien constatés dès 1870 (1) et que le savant Américain
a su reconnaître depuis (2).
» Après un temps toujours très-discutable, arrive une troisième mue, qui
nous donne le type tuberculeux que tout le monde connaît et que nous
avons figuré les premiers (3) ; on ne trouve ces individus que vers le
i5 juillet et jusqu'au i5 septembre généralement; ces insectes sont alors à
l'état adulte et propres à la reproduction par la ponte; ils ont déjà mis plu-
sieurs mois pour se produire; certains de ces individus, suivant certaines
circonstances, encore inconnues (second desideraluin), changent de nouveau
de peau en pastant d'abord par un état de nymphe, et, après la mue qui est
la quatrième, on obtient un insecte ailé qui présente deux élytres (4) ou
ailes supérieures et deux ailes inférieures, et qui ne pond plus que trois ou
quatreœufs. Que deviennent les œufs de ces deux individus, aptères ou ailés?
Ils recommencent une nouvelle série, pareille à la précédente, mais qui s'ar-
rête en route avant la production du type tuberculeux; elle produit ce
que j'ai appelé le t/pe mère (5), puisqu'elle produit l'œuf par où nous avons
commencé notre évolution. Pour nous, ce sont les individus après la
seconde mue qui se sont développés d'une manière complète : ils n'ont
jamais de tubercules, et les téguments sont rugueux et comme cha-
grinés (6).
» Pour être mieux compris, nous dirons :
Premier temps. — L'œuf qui met un temps plus ou moins long à éclore el auquel il faut
un certain degré de chaleur.
Deuxième temps. — La larve embryonnaire, facile à reconnaître par le iléveloppement dos
antennes, cicatrices, pattes et poils.
(i) Bulletin (le la Société Entomologique de France, séance du 22 juin 1870, p. 60.
(2) Fonrth annual Report on the noxious and bénéficiais Insects, Cli. Riley, 1872, p. 5'j.
(3) Annales de la Société Entomologique de France; 1869, PL 10, fig. 2, p. 58o.
(4) Annales de la Société Enlomologirjur, vol. cité, /îg. 3.
(5) Bull, de la Soe. Ent.; innée 1870, p. lxxiii.
(6) Journal d'Agriculture, par A. Bai rai ; février 1S72, t. I, p. 258, avec figures.
( 345 )
Première mue.
Troisième temps. — Larve moins développée que ci-dessus, mais plus grosse.
Deuxième mue.
QuiUrième temps. — Larve à peu près comme ci-dessus, mais offrant deux articles aux
tarses.
Troisième mue.
Cinquième temps. — Insecte arrivant à l'état parfait, c'est-à-dire apte à pondre. Il est
tuberculeux. Partie de ces individus subit une métamorphose après ponte et donne :
Quatrième mue.
Sixième temps. — Les individus, après cette mue, deviennent ailés et ne pondent plus que
trois ou quatre œufs. Des oeufs pondus par les deux temps ci-dessus naît une nouvelle
série. Combien meltent-ils de temps à éclore? Certainement un peu plus de temps que
précédemment, la température étant moins élevée. Les mues sont aussi plus éloignées,
car nous retrouvons en hiver les deuxième et troisième larves, et, pour continuer notre
tableau, nous aurons :
Septième temps. — L'oeuf, nouvelle série.
Huitième temps. — Larve embryonnaire pareille à celle<lu deuxième temps, première série.
Cinquième mue.
Neuvième temps. — Larve pareille à notre troisième temps.
Sixième mue.
Dixième temps. — Larve pareille à notre quatrième temps, avec deux articles aux tarses, et
prenant tout l'accroissement nécessaire pour arriver à l'état parfait et pondre. C'est
notre type mère (i).
» CouiHie je le disais plus haut, toutes les transformations de celte série
prennent du temps et sont en partie arrêtées pendant l'hiver, puisque nous
retrouvons le type mère vers le mois d'avril et qu'il persiste une partie de
l'été pondant toujours. Si la première série dure cent ou cent vingt jours,
la seconde dure jusqu'au printemps et une partie de l'été suivant, en nous
donnant les œufs par lesquels nous avons commencé l'évolution, et le
cercle est ainsi complet. Jamais cette seconde série ne fournit ni type
tuberculeux ni type à élytres, lesquels ne peuvent provenir que du pré-
cédent.
» Il y a loin, comme on voit, de l'évolution complète en dix jours.
)) Maintenant il faudrait aborder la question de l'habitat, c'est-à-dire le
type gallicole; mais, pour ne pas trop allonger cette Note, nous ajoule-
(i) Voir Journal d' Agriculture de 1872; février, p. iS^, /îg. i-j, ig, 20, qui est le type
mère renfermé dans les galles et complètement identique.
( 34G )
rons simplement : que nous avons obtenu sur des vignes oïdiiiaires (le
chasselas) des galles; que de ces galles nous avons eu des individus pas-
sant par trois états, puis disparaissant pour aller aux racines; en les exa-
minant, nous avons trouvé tous les états, même le type tubercideux. C'est
ce que nous avons indiqué à la Sociélé Entomologique, dès 1870 {Bull.,
p. Lxxv), et qui fera, du reste, le sujet d'une autre Note. »
M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL sigualc, cu outre, à l'Académie divers docu-
ments intéressant la question du PltjUoxera, et en particulier :
Une Lettre de M. E. Ayral., indiquant l'utilité qu'il y aurait à enlever les
feuilles des vignes au mois de septembre; l'auteur annonce, en outre, que le
fléau a étendu ses ravages sur les vignes situées entre les Cévennes et la mer,
et qu'il marche vers le sud ;
Une Lettre de M. Coulomb, tendant à établir qu'il a, depuis plus de deux
ans, indiqué l'ammoniaque comme un moyen de destruction An Phylloxéra;
Une Note de M. Delenil, de Marseille, concernant l'efficacité d'arrosages
avec l'urine fermentée, effectués en novembre et en mars;
Une Lettre de M. Gauthier, conseillant l'emploi de l'eau de savon fer-
mentée;
Une Note de M. H. Peyraud, relative à l'emploi de macérations d'absinthe
et de tanaisie;
Une Lettre de M. Laliman, contenant quelques observations nouvelles
au sujet des pucerons comparables an Phylloxéra.
JJne L,et{re de M. L. de Martin, detnaiidant avec instance à l'Académie
de poursuivre les études scientifiques, qui ont déjà rendu et qui doivent
rendre encore à la viticulture des services si importants, études dont les
praticiens feront leur profit.
(Ces divers documents sont renvoyés à la Commission.)
M. A. OssELix soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur les
« Conséquences du principe de l'équivalence mécanique de la Chaleur ».
(Commissaires : MM. Fizeau, Serret, Jamin.)
M. E. R101.ET adresse, par l'entremise de M. le Ministre de rinsiruction
publique, une Note relative à un projet d'aérostat.
(Renvoi à la Commission.)
( 347 )
M. Davin adresse, de Nice, une notivelle Note relative à l'efficacilé de la
poussière de cuivre contre le choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
MM. Bopp adressent une Note relative à une « nouvelle marmite écono-
mique et portative, dite bidon culinaire sans feu ».
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Balard.
MM. Carré et Lemoi.ne adressent une Note sur un nouveau mode d'em-
ploi de l'huile de foie de morue, au moyen de la panification.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Cloquet.
M. G. Pebry adresse une Note intitulée « Sur les rapports entre la dila-
tation cubique et les isotorsions; équation de l'élasticité en coordonnées
obliques, pour les cristaux triréfringeuts, par M. G. Perry; système ortho-
gonal pour le prisme rectangle, par M. Lamé ».
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un ouvrage de lu. Marej, intitulé « La machine animale ».
PHYSIQUE. — Quatrième Note sur les résistances maxima des bobines
magnétiques ; par M. Tii. du Moncel.
« Dans les différentes Notes que j'ai adressées à l'Académie sur les résis-
tances maxima des tiélices magnétiques, j'ai démontré :
» 1° Qu'une hélice donnée produit son effet maximum lorsque sa résis-
tance propre est plus grande que celle du circuit extérieur, dans le rapport
de I à I + -;
a
» 2° Que, pour un même diamètre de bobine, l'hélice qui donne les
meilleurs résultats est celle dont le fil a une grosseur et une longueur telles,
que sa résistance représente celle du circuit extérieur ;
» 3" Que l'épaisseur des hélices magnétiques doit être égale au diamètre
des noyaux magnétiques qu'elles enlourent ;
{ 348 )
» 4° Q'ic leur longueur doit être égale à ce dinmètre niiillipliô par 1 1,
et pratiquement par 12, en raison de l'épaisseur des rondelles.
» Ces déductions supposent toutefois que le circuit extérieur est par-
faitement isolé, que l'état permanent de la propagation électrique est établi,
que les réactions de l'extra-courant de l'électro-aimant n'existent pas et
que le fer de l'électro-aimant est dans les conditions de saturation néces-
saires pour que les lois de MM. Dub et MûUer soient applicables; quand
ces conditions ne se présentent pas, il est loin d'en être ainsi et le calcul
démontre que la résistance de l'hélice doit être considérablement réduite,
ce que les expériences de M. Hughes ont prouvé d'une manière irrécusable,
et ce qu'ont confirmé d'une manière plus nette encore les expériences
récentes de M. Lenoir, dans lesquelles l'électro-aimant employé subissait
des alternatives d'aimantation et de désaimantation extrêmement rapides,
étant adapté à un télégraphe autographique.
» Avec des éléments si divers, il est impossible de poser une formule qui
puisse donner exactement les conditions de maximum de résistance des
bobines électromagnétiques. Pour l'action seule des dérivations, le calcul
démontre que ces conditions sont les mêmes que celles qui ont été déjà
posées, mais en supposant que la résistance du circuit extérieur R sur
laquelle elles sont basées est représentée par la résistance totale du circuit
extérieur avec ses dérivations, et en admettant que cette résistance totale est
considérée comme si la pile était substituée dans le circuit à l'électro-
aimant. Or, comme la résistance totale d'un circuit soumis à des dérivations
est moindre que sa résistance individuelle, l'hélice doit avoir une résistance
moindre que cette dernière.
» En prenant le cas le plus simple, celui d'une seule dérivation u établie
sur un circuit métallique de résistance/, avec une résistance commune R à
partir de la pile et dans laquelle est comprise la -résistance de cette der-
nière, la force attractive A de l'électro-aimant interposé au milieu de /sera
A — ^'"'''
"~ [R(«-f-/ + lIj + «(/-h H)p
et, si l'on substitue à f et à H leur véritable valeur, on arrive à une ex-
pression dont la dérivée, par rapport à g considéré comme variable, s'an-
nule pour
et pour
, Ru tIui'
( 3/i9 )
quand on fait varier simplement l'épaisseur a des couches de spires et que
R est supposé préalablement réduit en fonction de g-.
» Or, dans la première de ces deux équations, le second membre repré-
sente la résistance du fil de l'hélice, et le premier membre n'est autre que
la résistance totale du circuit extérieur, exprimée en unités de même ordre
que celles ayant servi à l'évaluation de la résistance de l'hélice, mais pme
en sens inverse; car celle qui est étudiée est représentée, par le fait, par
R + ^.
/ + 'I
» Dans ce cas, la résistance totale doit donc être envisagée comme si la
partie commune aux deux courants dérivés était représentée par la dériva-
tion l et comme si la partie réellement commune R n'était qu'une simple
dérivation.
» Dans la seconde équation, le premier membre représente, comme
dans l'autre, la résistance totale du circuit, prise en sens inverse; mais
cette résistance totale ne doit correspondre qu'à une fraction de la résis-
tance de l'hélice et doit être à cette dernière (comme dans le cas d'un cir-
cuit isolé) dans le rapport de i à i H
)) Il me reste à montrer l'importance pratique des formules que j'ai
posées et des déductions que j'en ai tirées.
» Le problème le plus fréquemment posé, dans les applications élec-
triques, est celui-ci :
» Quelles sont les dimensions à donner à un électro-aimant et In grosseur du
fd à employer pour le placer dans les meilleures conditions possibles sur un cir-
cuit de résistance donnée R, en employant une pile d'une force électromotrice E?
)) Dans ce problème, il se présente, il est vrai, une question dont il n'a
pas été parlé dans mes Notes précédentes, mais qui avait été prévue, inci-
demment, par M. Muller : c'est celle du point de saturation magnétique du
fer des électro-aimants. Ce point, comme on le sait, joue un grand rôle,
car ce n'est seulement que dans son voisinage que les lois de Jacobi, Dub
et Muller sont réellement vraies, et il importe qu'il soit atteint, afin qu'on
puisse agir le plus efficacement possible avec le moins de masse possible.
Or, pour le déterminer, il suffit de considérer (d'après la loi de Muller)
que, pour développer dans deux électro-aimants la même partie aliquofe
de leur maximum magnétique, il faut que les intensités I du courant, niul-
C. R., 1S73, 2= Semestre. (T. LXXVII, N" Jî.) 4°
( 35o )
tipliées par les nombres des tours de spires t des hélices magnétiques, soient
proportionnelles aux puissances | de leurs diamètres. Conséquemment,
si un électro-aimant type se trouve dans des conditions convenables
de saturation, pour une certaine force, électrique, il sera possible de
déterminer, dans des conditions données, le diamètre d'un autre noyau
magnétique, pour qu'il soit dans des conditions de sattu'ation ana-
logues.
» Or de cette loi, qui peut se traduire par l'équation
et de l'équation exprimant la valeur de l'intensité du courant donné 1',
qui est
1^^ . on "■ — <
„, 27rc'^m O ~E' — l'R'
on tire, en supposant le diamètre c de l'électro-aimant type égal à o",or, et
en se rappelant que le nombre des tours t, pour satisfaire aux conditions de
maximum, est représenté par —7-»
y _ 2 7rwl J
et en convertissant en une seule constante la valeur ( — ~ J , composée de
quantités connues se rapportant à l'électro-aimant type que j'ai employé,
on arrive à la formule simple
c' = v'(E — 111)^.0,000000000000000339701 ■761,
I indiquant l'intensité du courant dans le circuit où doit être interposé
l'électro-aimant, circuit dont la résistance totale est égale à 3R, E repré-
sentant la force électromofrice de la pile qui doit être emplovée.
» La quantité c étant ainsi déterminée, la grosseur du fil se déduit de
l'équation
H = r— OU R = ,
g g-
qui donne, par rapport à R réduit en fonction de g et évalué en mètres de
( 3^>. )
fil télégraphique de 4 millimètres de diamètre,
g = y./ \/i^' o,oooioo53i3,
» Dès lors, la longueur réelle du fil de l'hélice peut être déterminée, ainsi
que le nombre des tours de spires, car la quantité m est une constante,
égale théoriquement à 1 1 et pratiquement à 12.
» Dans mes recherches sur les meilleures conditions de construction des
électro aimiints, je donne trois tableaux dans lesquels toutes les valeurs se
rap|iortant à réiectro-aimant que j'ai pris pour type se trouvent indiquées,
ainsi que les forces produites, et qui donnent en même temps les valeurs
exactes def,f-, g,g^,y, ainsi que les poids correspondant aune longueur
donnée des différents fils les plus usités, avec ou sans couverture de soie. »
PHYSIQUE. — Sur la condensation électrique (i). Mémoire de M. Neyreneuf,
présenté par M. Edm. Becquerel. (Extrait par l'auteur.)
H L'air environnant un corps électrisc subit, comme tous les corps iso-
lants, l'effet de pénétration pour les molécules les plus voisines, et d'orien-
tation pour celles les pliis éloignées. Les premières doivent agir, dans la
production d'une étincelle, non par transmission directe, mais cf^mnie la
lame isolante d'un condensateur, c'est-à-dire par décomposition, par in-
fluence. Cette généralisation du mode d'action d'un milieu isolant ne peut
pas se vérifier au moyen du condensateur à lame d'air, mais on peut la
justifier en remarquant qu'une boule conductrice, soutenue par un pied
isolant, éicctrisé, puis déchargée par le contact le plus intime avec le sol,
conserve, pendant un temps très-court, une électrisation de même sens,
très-sensible à l'électroscope. En variant les conditions d'expérience, on fait
voir sans difficulté que le résidu observé n'est pas dû à la substance isolante
formant support. Le fluide qui a pénétré une certaine épaisseur d'air ne
peut être iustanfanémenl neutralisé vers les couches extérieures, qui pour-
ront dès lors manifester une répulsion des feuilles d'or.
» Si l'on considère une machine de Ramsden, en communication avec
un condensateur ordinaire, une dérivation s'établit par l'air ambiant et
une par le condensateur. L'intensit'; relative des deux dérivations varie avec
(i) Voir Comptes rendus, t. LXXVII, p. 201, séance du 21 juillet iSyS.
46..
( 352 )
les circonstances en apparence les plus minimes, et la charge de la lame
isolante n'est constante, pour une étincelle à produire à distance constante,
que dans des conditions exceptionnelles de régularité de débit de la ma-
chine. Dans la formation de cette étincelle interviennent la charge de l'air
ambiant et la charge de la roue.
» On peut réduire beaucoup l'influence de la dérivation par l'air, en se
servant de la machine de Holtz, que l'un met en communication avec une
forte batterie. Dans ces conditions, la charge de la lame isolante produit
bientôt, par un effet analogue à celui des courants secondaires des piles, la
décharge de la machine et sa charge en sens inverse.
M On peut assimiler le phénomène de la condensation à une véritable
polarisation des éleci rodes, et mettre encore en évidence cette assimilation
au moyen de la charge par cascade.
» Deux condensateurs, mis en cascade, amènent facilement les inter-
versions de charge qu'un seul était impuissant à produire. Si l'on dispose
nn excitateur universel entre une machine de Ramsden et des condensa-
teurs en cascade, on constate que le nombre d'étincelles que l'on peut faire
jaillir entre les boutons de l'excitateur est limité, et que ce nombre est
d'autant plus petit que le nombre des condensateurs est plus grand, connue
si la tension du courant secondaire augmentait avec le nombre des éléments.
La dérivation par l'air va alors en croissant, et un pendule deHenley indique,
dans ces conditions, des divergences de plus en plus grandes.
» Il résulte nécessairement de là des différences considérables dans la
charge de la lame isolante avec des variations de dispositions en apparence
insignifiantes, à cause surtout de la variation de charge de l'air ambiant,
qui devient le milieu prépondérant.
» La charge résiduelle de la roue de la machine peut intervertir complè-
tement les résultats à observer; rien ne paraît modifié dans l'emploi d'un
condensateur, conservant sa charge résiduelle, si l'on retourne la lame iso-
lante de manière à intervertir les charges.
» La charge d'une lame isolante varie avec la nature de l'électricité de
charge. Celte loi, établie par Matteucci dans le cas de faibles quantités, se
vérifie facilement pour de fortes charges, en constatant que le nombre de
tours de roue à faire pour obtenir une interversion avec la machine de Holtz
est moindre quand c'est l'électricité positive qui arrive à l'armure interne
de la batterie que lorsque c'est l'électricité négative.
» Le temps décharge, qui permet, comme nous l'avons vu, la pénétration
des fluides dans des couches de plus en plus profondes, permet aussi, par
( 353 )
coiuluctibililé latérale, la propagation des fluides sur les bords mêmes de
la lame isolante. Lorsque ces bords sont suffisamment chargés, leur effet
s'ajoute à celui de la lame même, de telle sorte que des perturbations Irès-
irrégulières se produisent dans les mesures au moyen de l'électroscope à
décharge. »
CHIMIE AGRICOLE. — Elude de la nitrificalion [suite) \
par M. Tu. Schlœsing.
« Des recherches sur l'influence de la proportion d'oxygène dans l'atmo-
sphère confinée comprennent évidemment le cas limite où cette proportion
est nulle. Le sol devient alors un milieu réducteur, et Ton ne peut douter
que, dans de telles conditions, les nitrates ne soient détruits; mais on n'est
pas fixé sur la nature des produits de leur décomposition. M. Ruhlmann a
prouvé, par des expériences devenues classiques, que l'acide nitrique peut
être converti directement en ammoniaque; d'autre part, on sait que les ni-
trates réduits dans des liquides d'origine organique, le jus de betterave, le
jus de tabac, l'urine, donnent un mélange variable de protoxyde, de bioxyde
d'azote et d'azote libre. Les produits de la décomposition des nitrates ne
sont donc pas constants et dépendent surtout de la nature du milieu; tantôt
l'azote, entièrement dépouillé d'oxygène, prend de l'hydrogène et forme de
l'ammoniaque; tantôt, perdant encore tout son oxygène, il demeure libre;
tantôt, enfin, il conserve un reste d'oxygène et produit du protoxyde ou du
bioxyde d'azote.
» Le mode de décomposition des nitrates, quand le milieu est un sol
privé d'oxygène, n'a pas été, à ma connaissance, l'objet de recherches pré-
cises : c'est pourtant une question bien intéressante. Si, selon l'opinion de
quelques chimistes, les nitrates, descendant dans le sous-sol et y rencon-
trant un milieu réducteur, s'y transforment en ammoniaque, il faudra at-
tacher du prix à des conditions du sous-sol auxquelles on devra la conser-
vation de l'azote sovis une forme assimilable; sinon, ces conditions n'auront
plus que les inconvénients qu'on leur connaît, et il faudra se résigner, dans
tous les cas, à perdre de l'azote, soit que les nitrates soient entraînés sans
décomposition par les eaux pluviales, soit qu'ils donnent par leur réduction
des produits que les végétaux n'utilisent pas.
» Pour élucider cette question, il fallait simplement placer une terre en
vase clos dans des conditions favorables à la réduction des nitrates, et
analyser les produits de la décomposition de ces sels.
( 354 )
Première expérience. — i 2 kilogrammes de la terre de Boulogne (dont l'analyse est dans
ma Note du ?,i juillet) reroivont ^5%5 de nitrate do potasse pur en dissolution étendue, et
sont introduits dans un flacon de 10 litres, auquel on adapte un tube à dégagement se ren-
dant sous le mercure.
Humidité de la terre 17,64 pour 100,
Acide nitrique dans les 12'"= de terre } ! ' O' 44
( introduit par ^e^S de niire. . . 4»oo95
Total 4,8535
i> L'expérience est instituée le 20 novembre 1872.
» Pendant les cinq jours suivants, le mercure s'élève progressivement dans le tube ab-
ducteur jusqu'à une hauteur de 80 millimètres, par suite d'une double absorption, celle
de l'oxygène par la matière organique, colle de l'acide carbonique résultant par des carbo-
nates neutres passant à l'état de bicarbonates. A partir du cinquième jour, la tension inté-
rieure commence à croître; le 9 décembre elle égale celle de l'atmosplière; le ig, il se fait
un dégagement de gaz violent; une cloche de 100 centimètres cubes, disposée sur la cuve,
est remplie d'un seul coup et renversée. Par suite de cet accident, je dois renoncer à mesu-
rer le volume des gaz. De temps à autre, il se produit encore des dégagements que je ne
recueille pas. Le 24 janvier, la terre n'ayant pas dégagé de gaz depuis plusieurs jours,
je mets fin à l'expérience.
u La température a varié entre 1 4 et 22 degrés.
» Analyse des gaz confinés dans la terre. — Les interstices de la terre contiennent
environ 5 litres de gaz; cette quantité me permet d'adopter pour leur analyse un appareil
analogue à celui d'Ebelmen, avec lequel je pourrai constater de petites proportions d'oxyde
d'azote, de gaz carbures ou hydrogénés qui échapperaient à l'analyse eudiométrique. Les
gaz, aspirés par une trompe à mercure, parcourent la série suivante des tubes analyseurs :
0 1° Tube à chlorure de calcium pour dessécher;
» 2° Tube à potasse pour doser l'acide rarbonique;
» Tube de Kohème, à cuivre réduit, chauffé au rouge sombre, pour absorber l'oxygène
des oxydes d'azote;
» 4° Tube de Bohême, à oxyde de cuivre, pour brûler les gaz combustibles;
» 5° et 6" Tubes à chlorure de calcium et à potasse, pour absorber les produits de la
combustion ;
» 7° Tube desséchant, pour séparer l'appareil d'un gazomètre chargé de recueillir et de
mesurer l'azote.
I. La série des tubes ayant été remplie d'azote au début, on a fait jouer la pompe jusqu'à
la pression 69 millimètres. On a recueilli 4200 centimètres cubes d'azote et i3oo milli-
grammes d'acide carbonique; les poids des tubes 3, 4j 5 et 6 ont varié de i à 2 milli-
gjanunes, d'où l'on peut conclure en toute sûreté que, si le gaz analysé renferme des oxydes
d'a/.ote ou tl'autres gaz hydrogénés ou carbures, la proportion de ces derniers est tellement
faible qu'on punt admettre, sans erreur a|)pn>ciable, que ratiiiosphèrc confinée se compose
exeUisivemeut, à la fin de l'expérience, d'acide carbonique et d'azote.
( 355 )
Analyse de la terre :
m»
Acide nitrique o
avant r«;.\péi'ience o,5i
Ammoniaque dans loo grammes de terre
après » I ,35
Gain 0,8^
Gain pour 12 kilogrammes de terre loi milligrammes.
» Si la totalité de l'acide nitrique avait été convertie en ammoniaque, on en aurait
trouvé :
Pour 12 kilogrammes de terre iSaS milligrammes.
» Ainsi, pendant la réduction des nitrates, il ne s'est pas formé la
(juinzièiiie partie de l'ammoniaque qu'aurait donnée la conversion inté-
grale en alcali de l'azote de niire; mais, par contre, il s'est produit de
l'azote libre, à en juger par la composition finale de l'atmosphère confinée
et par les dégagements fréquents qui ont eu lieu.
n Deuxième expérience. — Instruit des résultats que je devais attendre, j'ai pu disposer
une deuxième expérience, dans laquelle je me suis proposé principalement de mesurer les
volumes d'azote initial et final. La terre, dépouillée de nitrates par la première expérience,
a reçu de nouveau ^''^,5 de nitre pur, et a été enfermée dans le rhème flacon :
Poids de la terre : ii'^f,4; humidité : 18,2 pour 100.
Aussitôt après, on fait le vide avec la trompe à mercure; on s'arrête, après un jour de tra-
vail, quand la pression intérieure est comprise entre 6 et 7 millimètres.
Température du lieu : 5°, 5; tension de la vapeur d'eau à cette température : 6°"", 7.
L'épuisement du gaz est donc bien près d'être absolu. Le lendemain, la température est
encore de 5°, 5; la pression intérieure n'a pas varié : le flacon tient bien le vide. On y in-
troduit de l'air mesuré par un gazomètre qui donne une approximation de i centimètre cube
au moins :
Air introduit 5''',02i5 p = 762,5
Volume d'air corrigé. . . 4'">Sgo4
azote. . . 3''',8732 à 0° et 760"
lit
oxygène. i'",oi72
» Le flacon est mis en place, son tube débouchant sous une cuve à mercure. On observe
de nouveau l'ascension du nurcure pendant les premiers jours, puis sa descente, et des dé-
gagements de gaz qu'on recueille, cette fois, sans perte. L'expérience finit le 16 juin; les
gaz dégagés et ceux qui remplissent le flacou, épuisés par la trompe à mercure, sont soumis
à l'analyse en us.ige pour déterminer un mélange d'azote et d'acide carbonique. Pendant
l'épuisement, j'observe que l'acide carbonique, dont la proportion au début est de 1458
pour 100, augmente constamment relativeineni à l'azote, et finit par être presque pur, ce
qu'il faut attribuer à la décomposition des bicarbonates, de plus en plus marquée, à mesure
( 356 )
que la tension d'acide carbonique décroît dans le flacon. Le vide a été pousse aussi loin
qu'au début de l'expérience.
u Analyse de la terre :
mg
Acide nitrique o
1 au début. ... i ,35
Ammoniaque dans loo^'' de terre ) , , „ -, r
' I a la lin 3, 04
Gain ' i^g
Gain d'ammoniaque pour 1 1''^,4 de terre 192"'^ 7
Ammoniaque correspondant à 7^'', 5 de niire 1262
» Ainsi, comme dans la première expérience, le nitre a disparu et n'a pas été remplacé
par une quantité équivalente d'ammoniaque.
» Analyse <lcs gaz : Azote. Acide carbonique.
ce ce
Volumes ramenés I dégagé pendant l'expérience .. . 809,4 89»'
à zéro et •j6o""" ( recueilli par la trompe 4o88,5 3484,2
4897,9 3573,3
ce
Or, si l'on ajoute àl'azoïe de l'air introduit au début... 3873,2
la totalité de l'azote contenu dans 7''', 5 nitre 828,0
on trouve pour total 47°' i^
qui est encore inférieur de 196", 7 au volume d'azote recueilli dans l'expérience.
» Donc, non-seulement la terre séjournant dans une atmosphère privée
d'oxygène a perdu autant d'azole qu'il y en avait dans le nitrate, mais
encore elle en a perdu en plus igô"'^, 7.
» M. Boussingault a montré dernièrement que, dans une atmosphère
confinée ox/5fen^e, l'azote gazeux ne paraît pas contribuer à la formation
de l'acide nitrique dans les terres; celles-ci, au contraire, ont perdu
une petite quantité de leur azote combiné. Je retrouve ce dernier résultat
en plaçant la terre dans une atmosphère désojcjgénée. Il paraît donc, en
définitive, que la combustion de la matière organique est accompagnée
d'une perte d'azote; qu'elle s'opère, soit aux dépens de l'air, comme dans
les expériences de M. Boussingault, soit aux dépens des nitrates, de l'oxyde
de fer et de l'oxygène propre de la matière, comme dans les expériences
que je viens de rapporter. »
GÉOLOGIE. — Note sur le corindon de la Caroline du Nord, de ta Géorgie
et de Montana; par M. Laurence Smith.
« Les formations du corindon dans la Caroline du Nord et la Géorgie
tiennent le second rang parmi toutes celles qui sont parvenues à notre
( 357 )
connaissance, dans les États-Unis, et celle de la Caroline du Nord est de
beaucoup la plus importante, non-seulement de ce pays, mais peut-être de
tontes celles connuesjusqu'ici,pourson étendue, la distribution du corindon
et la pureté du minéral.
» Ce minéral fut découvert en i846, dans la Caroline du Nord; vers ce
temps, à peu près, j'étais occupé à développer la géologie de l'émeri dans
l'Asie Mineure et l'Archipel grec. Sur la communication, faite à des géo-
logues américains, de mes découvertes relatives aux minéraux associés à
l'émeri dans l'Asie Mineure, et par suite de mes instructions pour la
recherche de ces mêmes minéraux accompagnant le corindon reconnu
dans différentes parties de l'Amérique, on trouva ceux-ci en sociélé
avec le corindon de la Caroline du Nord aussi bien qu'avec celui d'autres
localités.
» A cette époque, on n'avait découvert qu'un seul bloc détaché.
En i865, C.-D. Smith, à qui je suis redevable des précieuses informations
contenues dans cette Notice, aide du professeur Emnions, géologne de la
Caroline du Nord, reçut d'un des habitants de la contrée ouest des mon-
tagnes Bleues un spécimen de roche qui fut reconnu pour être du corin-
don, et, sur l'inspection des lieux, ce géologne découvrit le corindon en
place. Depuis ce temps, ce minéral a été découvert en quantités telles,
qu'il est devenu un objet intéressant pour les arts comme remplaçant de
l'émeri, et d'autres localités ont été bien vite explorées sur une étendue de
4o milles.
» Les couleurs du corindon, tel qu'on le trouve dans cette zone d'af-
fleurements, sont le bleu, le gris, l'œillet, le rubis et le blanc. Quelquefois
les spécimens offrent des clivages et quelquefois ils se présentent en prismes
hexagonaux; un de ces derniers pesait environ i5o kilogrammes. Il y a
une différence dans le clivage et les minéraux associés en différentes loca-
lités.
» Dans la Caroline du Nord, le corindon se présente dans des roches de
chrysolithe ou de serpentine et il n'a pas été trouvé en dehoi's de la serpen-
tine. Ces roches de chrysolithe appartiennent à un système régidier de
veuies qui ont été traversées sur un espace d'environ 190 milles. Ce sys-
tème de veines git sur le côté nord-ouest de la chaîne des montagnes Bleues
et a une direction parallèle à celle de la niasse principale et une distance
moyenne du sommet de la chaîne d'environ 10 milles. Cette direction con-
tinue jusqu'à la source de la rivière du petit Tennessee, soit, depuis le
C. K., 1873, 2» Semestre. (T. I.XXVll, ^ '^ o.} 4?
( 358 )
comté de Mitchell jusqu'à celui de Maçon, i3o milles. A cet endroit, la
veine décrit une courbe autour de la source du Tennessee, et revient en
arrière d'environ lo milles vers le nord-ouest. Conformément à ce coude de
la crête, l'angle de la déviation change au nord-ouest et réapparaît à
Buck's Creek, se dirigeant comme la crête des montagnes Bleues.
» La serpentine apparaît par intervalles le long de la ligne entière de
190 milles. Il y a un système correspondant de veines qui traverse le pen-
chant méridional de la chaîne des montagnes Bleues, mais qui n'est pas
aussi régulier et aussi compact que le système côté nord-ouest ; les affleu-
rements ne sont pas non plus si fréquents. La masse principale de la chaîne
ne présente aucune trace de bouleversement, ou du moins aucune trace
n'en a été trouvée. Du comté de Mitchell à celui de Maçon, la serpentine
est habituellement renfermée dans une roche de gneiss cristallin dur qiii
contient des grenats roses, des kyanites et des pyrites. Après son rejet à
droite, elle se montre dans des couches amphiboliques et du gneiss. ABuck's
Creek et de là vers le sud-ouest, les couches de horn-blende prennent de
très-grandes proportions, et, au lieu du feldspath commun, elles contien-
nent de l'albite constituant une syénite albitique. A Buck's Creek (que l'on
appelle CuUakenih) la chrysolilhe couvre une superficie d'environ 35o acres.
Un ou deux observateurs sont tombés dans l'erreur de confondre les deux
systèmes de veines qui n'ont aucune connexion entre elles. Suivant eux,
le système nord coupe, dans la chaîne des montagnes Bleues, à angle droit,
et puis retourne sur le côté opposé de la chaîne. Or il n'y a point de phéno-
mènes pareils en connexion avec ces affleurements, qui, évidemment, appar-
tiennent à des systèmes distincts. Les affleurements le long du système nord
se montrent à des intervalles de i à i5 milles; la -zone le long de laquelle
ces affleurements se montrent n'excède jamais 4 milles de largeur sur le côté
nord de la chaîne. Sur le côté opposé, le système n'est pas si bien défini et
les affleurements sont plus rares.
» Sur ces couches de serpentine existent la chalcédoine, la chromite quel-
quefois, la chorite, le talc, la stéatite, l'anthophyllite, la tourmaline, l'émé-
ryllite, l'épidote sur certaines de ces couches, la zoisiste, et l'albite avec de
l'asbeste quelquefois et de la picrolite, comme aussi de l'aclinolite et de la
trémolite. Le corindon, en certaines places, semble se montrer, principale-
ment d.ins la ripidolite, dans des fissures de la serpentine. A CuUakenih, le
corindon, avec ses associés immédiats, est dans la chlorite, sauf la variété
rouge, qui est dans la zoisite, contenant une minime quantité de chrome.
« Dans tout le parcours des roches, sur la grande étendue sus-désignée,
( 359 )
le corindon forme une marque géognostique de cette roche de chrysolite,
absolument comme il le fait de la roche calcaire contenant le corindon
décrit par moi dans l'Asie Mineure. Ces roches appartiennent à la même
époque géologique et elles reposent sur le gneiss, etc.
» Les recherches les plus minulieuses montrent que la chrysolite de la
Caroline du Nord occupe la place de la roche calcaire dans l'Asie Mineure;
que ces deux roches sont invariablement la roche-gangue dans les deux
mondes; mais, comme on l'a fait remarquer ci-dessus, la roche contigué
les montre comme étant de la même période géologique, gisant directe-
ment sur les roches primitives, et toutes les deux sont géologiquement
identiques à la formation de l'émeri de Chester, dans le Massachusetts.
» Pendant que tous les gisements de corindon et d'émeri que j'ai exa-
minés offrent certains traits communs éminemment caractéristiques et accu-
sant avec une évidence incontestable leur identité géologique, il n'en est
pas moins certain que chaque localité a ses caractères particuliers. Dans
tous les cas, toutefois, les masses de corindon donnent la preuve de sa
formation par voie de ségrégation, que j'ai décrite dans mon Mémoire sur
l'émeri de l'Asie Mineure.
» Dans l'Asie Mineure, l'émeri de gumuch-dagh n'est associé qu'à une
très-petite quantité de tourmaline noire, que remplace la chloritoïde en
cristaux ou lamelles; le diaspore y est rare aussi; mais, quand on le ren-
contre, il est prismatique et donne les cristaux connus les plus beaux
et les plus parfaits, sur lesquels M. Dufrenoy a fait sa dernière étude de
cristallographie de ce minéral. L'émeri est associé à la roche calcaire
gisant au-dessus du gneiss. L'émeri de Ruiah, dans la même partie du
monde, est également dans la roche calcaire, et a très-peu de minéral chlo-
ritique ou chloritoïde associé.
a L'émeri de Naxos et de Nicaria dans l'Archipel grec est également
associé à la roche calcaire ; il n'offre point de chloritoïde, mais la tourmaline
noire y abonde.
» Pendant que, dans les localités ci-dessus, la roche contenant le co-
rindon est calcaire, dans le comté de Chester (Massachusetts), elle se
compose de talc feuilleté et de saponite avec gneiss amphibolique, immé-
diatement sur un côté de la veine. Il est accompagné d'une grande
quantité d'oxyde magnétique, et la tourmaline aussi abonde dans ce
corindon, et, de même que la variété asiatique, il contient le rutile, l'illi-
minite, etc. »
47-
( 36o )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur Cessence de camomille romaine. Note
de M. E. Demarçay, présentée par M. Cahours.
« Ayant eu l'occasion de préparer de l'acide angélique, au moyen de
l'essence de camomille romaine, je recueillis une certaine proportion d'un
liquide que Gerhardt considérait comme uncarbure d'hydrogène et au-
quel il donna le nom de camomillène. Ce corps m'ayant présenté des pro-
priétés toutes différentes, j'ai été conduit à examiner de plus près les pro-
priétés de l'essence.
» 11 ne sera peut-être pas inutile de faire connaître, avant d'exposer mes
recherches, les conclusions auxquelles s'était arrêté Gerhardt.
» D'après lui, l'essence serait un mélange d'une petite quantité d'une
matière résineuse, d'hydrure d'angélyle et d'un carbure d'hydrogène
bouillant à i^S degrés, isomère de l'essence de térébenthine. Il aduiettait
que l'hydrure d'angélyle possédait un point d'ébullition très-rapproché de
I 75 degrés et que cette circonstance, jointe à la présence de la matière ré-
sineuse, expliquait, d'une part, l'impossibilité de la séparation des diffé-
rents principes de l'essence; de l'autre, l'élévation graduelle de son point
d'ébullition. Il appuyait sa conclusion des deux faits suivants: i°un déga-
gement d'hydrogène quand on attaque l'essence par la potasse; 2° la pro-
duction d'acide angélique.
» Cette conclusion se trouve en défaut, le dégagement d'hydrogène
étant une pure illusion. On peut en effet décomposer l'essence sans obser-
ver la moindre trace de gaz, tout en obtenant les mêmes produits de
décomposition.
» L'essence a fourni les résultats suivants relativement aux températures
d'ébullition de ses différentes portions.
» A i5o degrés, l'ébullition commence, mais jusque vers 173 il ne passe
que quelques gouttes:
De 173 à i85 degrés il passe 02 pour 100 de l'essence
De i85 à 200 « 4° *
De 200 à 25o » in »
u On a mis fin à la distillation à ce moment, le résidu brun huileux,
qui forme environ le dixième de l'essence, paraissant se décomposer.
1) Eu redistillant les portions résultant du fractionnement, on observe
un léger abaissement dans les points d'ébullition et des points d'arrêt mar-
qués entre 177 et 184 degrés, vers 194 et 'ioo degrés; au-dessus de
( 36. )
23o degrés, il passe à peine quelques gouttes, la cornue renfermant alors
im liquide épais en faible proportion. En opérant sur des quantités un peu
notables d'essence et en fractionnant, ainsi que je l'ai dit plus haut, j'ai pu
recueillir des produits particuliers vers ces températures. Néanmoins, il
est difficile de les isolera l'élat de pureté.
» Lorsqu'on soumet l'essence soit à l'action de la potasse alcoolique,
soit à l'action de la potasse fondue, on obtient un résultat identique,
pourvu qu'on fasse agir cette dernière à plusieurs reprises et jusqu'à ce
qu'il n'y ait plus d'action. Ce dernier procédé occasionne des pertes con-
sidérables de produits volatils. C'est pour cette raison que je préfère de
beaucoup l'emploi de la potasse alcoolique, dont le maniement est plus
commode et qui n'occasionne pas de pertes aussi considérables.
» Voici comment j'ai procédé dans ce second cas : l'essence, dissoute
dans son volume d'alcool, a été additionnée de son poids de potasse en pe-
tits fragments, puis agitée avec cette base dans un vase soigneusement bou-
ché, jusqu'à dissolution de cette dernière. Au bout de trente-six heures, le
liquide, qui s'était pris en massé, a été additionné de son volume d'eau. Le
liquide a été distillé alors au bain-marie, puisa feu nu, jusqu'à ce qu'il
ne passât plus que de l'eau. Les produits des deux distillations ont été
réunis.
M Ija solution qui restait comme résidu était recouverte d'une couche
mince d'un liquide qui, à froid, s'est solidifié. Cette partie n'a pu être étu-
diée, à cause de son peu d'abondance.
» La portion distillée, additionnée de carbonate de potasse, s'est divisée
en deux couches. La supérieure, renfermant tous les produits de la distil-
lation, a été desséchée sur le carbonate de potasse solide, puis sur la baryte
anhydre, et enfin soumise à la distillation. L'ébullition commençait à
80 degrés. Par la distillation fractionnaire on a obtenu un premier liquide
bouillant au-dessus de 100 degrés, qui était de l'alcool; le reste passait
entre io5 et 160 degrés. Cette dernière portion présentait deux points
d'arrêt, l'un vers 109 degrés et l'autre vers i3o degrés.
» A l'aide de nouvelles rectifications, j'ai pu me procurer deux pro-
duits bouillant, l'un entre 107 et 109 degrés, l'autre entre 129 et iSa de-
grés.
» Le premier a donné un iodure bouillant à iig-121 degrés. Examiné
comparativement avec l'iodure butylique, il a présenté rigoureusement les
mêmes réactions que ce dernier. La composition de cet alcool est la même
( 362 )
que celle de l'alcool butyliqiie. En voici deux analyses en centièmes :
I. II. Théorie.
C 64,54 64,65 64,86
H i3,20 i3,37 i3,5i
» Le second corps fournit un iodure bouillant à i44-i 46 degrés. C'est
de l'alcool aniylique, comme le montrent ses réactions comparées à celles
de ce dernier et sa composition :
Théorie.
C 67,86 68,18
H 18,67 '3,63
» L'essence, traitée par la potasse fondue, donne exactement les mêmes
produits. J'ai pu constater, sur des produits obtenus par cette méthode,
l'absence complète des alcools éthylique et propylique.
» La portion qui passait, après i35 degrés, en faible quantité, avait ab-
solument l'odeur des résidus de distillation de l'alcool amylique et se
comportait comme un mélange d'alcools. J'ai obtenu les mélanges des io-
dures et des acétates de ces alcools. Ces produits présentaient l'odeur des
composés amyliqiies correspondants, mais bouillaient beaucoup plus haut.
Pour les iodures, ce point d'ébullition allait jusqu'à 170 degrés, ce qui
semblerait indiquer la présence d'un alcool supérieur.
» Il était difficile d'expliquer une divergence aussi considérable entre
ces résultats et ceux de Gerhardt qui admet que ce qui passe à la distilla-
tion est un carbure d'hydrogène bouillant à 176 degrés. M. Cahours
ayant bien voulu mettre à ma disposition du camomillène, qu'il avait
recueilli dans la préparation de l'acide angélique employé à des expé-
riences sur ce corps, je pus me convaincre que c'était un mélange d'al-
cools et d'une portion bouillant à 175-176 degrés. h\ présence des alcools
avait échappé à Gerhardt, parce qu'il desséchait son produit sur du chlo-
rure de calcium, qui, comme on le sait, se combine aux alcools. Quant à
la portion bouillant à 175-176 degrés, elle est attaquée par la potasse al-
coolique, en donnant un acide liquide huileux et de l'alcool butylique.
J'ai obtenu ce camomillène en attaquant l'essence une seule fois par la
potasse fondue en quantité insuffisante. Il est identique à celui de M. Ca-
hours.
» Quant au mélange de sels de potasse qui reste en dissolution après la
distillation des alcools, il donne [)ar l'acide sulfurique une couche huileuse,
( 3'33 )
égale en poids à la moitié à peu près de l'essence. Cette couche se compose
d'acides angélique et valérianique, très-difficiles à séparer l'un de l'autre,
soit par refroidissement, soit par distillation. Le procédé qui m'a le mirux
réussi consiste à éthérifier le mélange, puis à séparer les deux éthers. L'acide
valérianique, qui est en proportion très-inférieure à l'acide angélique,
m'a paru différer de l'acide ordinaire. Je poursuis l'examen de ses pro-
priétés.
)) Des faits qui précèdent, il résulte que l'essence de camomille romaine
est un mélange de plusieiu's éthers, parmi lesquels dominent les angélates
et valérianates de butyle et d'amyle. Pour contrôler cette hypothèse, j'ai
formé les angélates de butyle et d'amyle, et j'ai complété les preuves par
l'analyse des différentes portions de l'essence.
M L'angélate de butyle bout à 177-179 degrés; son odeur rappelle celle
de l'essence, mais n'est point identique.
» L'angélate d'amyle bout à 198-200 degrés, son odeur ressemble beau-
boup à celle du composé précédent.
» Quant aux analyses, elles confirment aussi ma supposition. Le camo-
millène donne à l'analyse les chiffres du valérianate de butyle. Gerhardt,
dans trois analyses de l'essence qu'il a publiées, donne des chiffres de car-
bone et d'hydrogène qui sont plus forts que les miens. Ceci tient à ce que
son produit n'était pas suffisamment purifié. Dans ce cas, en effet, j'ai
obtenu des chiffres très-voisins des siens.
» J'ajouterai en outre que, comme les éthers, cette essence se combine
aux chlorures métalliques.
» Ainsi composition, point d'ébuUition, modes de décomposition, tout
s'accorde pour faire considérer cette essence comme un mélange d'élhers,
et non comme une aldéhyde.
» Ce travail a été exécuté à l'École Polytechnique, dans le laboratoire de
M. Cahours. Je profite de celte occasion pour remercier ce savant des con-
seils dont il a bien voulu m'aider en maintes occasions durant son accom-
plissement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Caractéristiques des alcools poly atomiques
proprement dits. Note de M. Lorin.
« 1 . Quoique je n'aie pas isolé, à l'état de pureté, les combinaisons dites
oxalines, formées par l'acide oxalique et les alcools polyatomiques propre-
ment dits, et qu'il faille regarder les caractères physiques indiqués pour
( 364 )
l'oxaline glycérique comme provisoires, l'existence de cette nouvelle
classe d'élhers se révèle d'une manière certaine, les produits de la réaction
fournissant, avec excès d'eau et d'annnoniaque, tin précipité d'oxamide.
» On met facilement en évidence cette propriété par l'expérience sui-
vante : on introduit, dans un tube fermé par un bout, quelques grammes
du mélange intime de l'alcool polyatomique et de l'acide oxalique ordi-
naire ou déshydraté; à l'aide d'une lampe à alcool on chauffe avec précau-
tion pour éviter la décomposition de l'acide oxalique et la production
d'une formine, au lieu d'une oxaline, ou celle au moins d'un mélange de
ces deux élhers. Après refroidissement, on étend d'un peu d'eau pour tout
dissoudre ; on ajoute luie solution aqueuse d'ammoniaque ordinaire; on
agite fortement le tube bouché en refroidissant le mélange au besoin :
alors un louche apparaît immédiatement, et souvent le précipité d'oxa-
mide. Ce précipité augmente en versant le tout dans un verre et agitant
avec une baguette; il se rassemble et augmente encore par le temps et par
le repos.
» Cette propriété a été vérifiée pour le glycol ordinaire, le glycol ocly-
lique, la glycérine, la mannite, la dulcite, l'érylhrile et la quercite; elle
doit appartenir à la pinite. Le sucre, le glucose et le sucre de lait ne
l'offrent pas. Les alcools mono-atomiques ne donnent, en général, qu'tui
louche dans les conditions indiquées, à moins qu'on n'exagère l'expérience.
De là cette conclusion, que la propriété de produire de l'oxamide peut
servir pour reconnaître et pour définir /a /oncf/on chimique d' un alcool,
quelle que soit d'ailleurs son alomicilé.
» 2. Cette nouvelle caractéristique n'est pas corrélative d'une autre,
quia été indiquée dans une Note préliminaire relative à l'éthérification (i).
>' Les alcools polyatomiqiies proprement dits décomposent, au-dessus de loo degrés,
l'acide oxalique ordinaire en eau, en acide carbonique et en acide forniiqiie. Ils se com-
binent successivement avec une partie de l'acide lormique et donnent lieu finalement, d'une
paît, à une formine de l'alcool employé et, d'autre part, à de l'acide formique aqueux, qui
atteint et conserve la limite normale de 56 pour loo en acide formique vrai, comme l'in-
dique l'équivalence C*H=0', 4H0 = C'O' -t- C-H=0', 4H0.
» 3. L'oxaiuide découvert par M. Dumas, qui en a signalé les pro-
priétés et fixé la fonction chimique, caractérise les éthers oxaliques neutres.
Eu traitant l'oxalate d'allyle par l'ammoniaque, MM. Cahoins et Hofmann
ont reproduit l'oxamide et préparé l'alcool allylique pour la première
(i) Bulletin de la Société chimique, t. II, ]). 367 ; 1870.
{ 365 )
fois. M. Wiirtz, en faisant réagir le bibroniure d'éthylène et l'oxalatc d'ar-
gent, a pensé avoir obtenu du glycol oxalique. Par une expérience très-
sim[)le, j'indique la combinaison directe de l'acide oxalique et d'un alcool
polyatomique proprement dit, fait général qui est un point capital pour
l'éthérification de cet acide par l'nn de ces alcools.
» Ces recherches ont été effectuées au laboratoire de l'École centrale, u
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Des variations dans la qiianlité d'urée excrétée
avec une alimentation normale et sous l 'influence du thé et du café. Note de
M. E. Roux, présentée par M. Pasieur.
« Il est généralement admis aujourd'hui que l'urée, excrétée chaque jour
par un homme en bonne santé, provient en partie de la combustion de ses
organes, en partie de la transformation des aliments ingérés. S'il en est
ainsi, avec un régime, une alimentation et un travail réguliers, les quantités
d'urée devront être à peu près constantes pendant un temps assez long.
» Dès lors, il suffira d'introduire dans ce régiine telle ou telle substance
pour pouvoir étudier son influence sur la nutrition produite par les ali-
ments ou la dénutrition subie par les tissus. Cette influence sera facile à
démêler avec des substances qui, comme le thé et le café, n'ont besoin que
d'être prises en petite quantité poiu' prodiure sur l'organisme des effets
sensibles.
» Le thé et le café sont considérés depuis longtemps, à la suite d'expé-
riences faites dans des conditions voisines de celles que je viens d'indiquer,
comme des substances emjjéchant la dénutrition des tissus, ou provoquant
au moins une assimilation plus complète des aliments ingérés, et l'on a tiré
cette conclusion de ce qu'elles diminuaient la quantité d'urée excrétée
journellement.
» Mes expériences me conduisent à une conclusion tout opposée.
» Pour les rendre aussi nettes que possible, je me suis astreint, pendant
cinq mois, du 22 mars au 22 juillet, à un régime régulier comme exercice,
travail et nourriture. Je recueillais mes urines à de certaines époques, pen-
dant un certain nombre de jours et à des heures déterminées, et je faisais
leur analyse journalière. Lorsque j'obtenais des résultats constants, ce qui
était le cas ordinaire, je prenais du thé ou du café vert ou torréfié et j'étu-
diais les variations de la quantité des matières éliminées. Je supprimais en-
suite l'usage de ces substances pour voir si je revenais à la moyenne nor-
male et physiologique.
G. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVU, K" S.) 4^
( 366 )
» Pendant ce long intervalle, la qnantilé d'urée éliminée chaque jour a
très-peu varié. De 33 grammes en moyenne, en mars et avril, elle est montée
assez brusquement à 36 grammes à l'époque des premiers beaux jours, au
printemps; depuis, elle s'est abaissée lentement, mais d'une manière con-
tinue, pour revenir en juillet au chiffre de 33 grammes. Les variations phy-
siologiques les plus extrêmes, pendant une période assez longue, de quinze
jours par exemple, n'ont été que rarement de 5 pour loo, presque toujours
elles ne dépassaient pas a pour loo.
» Je me suis d'abord assuré que, contrairement à l'opinioti admise et
aux expériences de Lehmann et de M. A. Becquerel, mais conformément à
celles de M. Lecanu, la quantité d'eau ingérée n'amenait aucune augmen-
tation dans le chiffre de l'urée. Dans une de mes expériences, le chiffre de
l'urine émise a pu varier de r)44 centimètres cubes à 25 1 5 centimètres cubes,
sans que le chiffre de l'urée ait varié sensiblement (3a, o5, 3t,33).
» Dés lors, l'augmentation de liquide produite par l'ingestion du café, et
surtout du thé, peut-être considérée comme sans influence.
» Ces deux substances ont toujours produit, chez moi, une augmen-
tation dans la quantité d'urée et de chlorure de sodium rejetés par les
urines.
» Voici quelques nombres que j'extrais de mon Mémoire et qui se rap-
portent à ces deux substances :
Urée par jour. Chlore.
er sr
Du 1 4 au 1 8 mai, sans café 36, 1 8 4!°4
Le i8 luai, avec café 4' î°5 6,02
Du 16 au 18 juin, sans thé 33,^6 5, i5
Le l8 juin, avec thé 3^ ,o4 7 ,00
1) L'augmentation lejouroîi l'on prend du café est très-considérable. Il
est remarquable qu'elle ne dure pas. En continuant l'ingestion de cette sub-
stance, sans rien changer d'ailleurs aux autres conditions, le chiffre revient
peu à peu au chiffre normal. C'est ainsi, par exemple, que la moyenne du
2^ au 29 mai étant de 35^*^,07 par jour, pendant les quatre jours suivants,
où j'ai pris du café deux fois par jour, les chiffres ont été successivement
de39^'',4i 39 grammes, 36 grammes, 35^', o"].
» Mais dans ancime de mes expériences il n'est descendu, comme dans
celles de M. Rabuteau et autres expérimentateurs, au-dessous de la moyenne
normale.
» Il en résulte donc que, pour moi au moins, le café et le thé n'empê-
chent pas la dénutrition des tissus. Comment expliquer maintenant que
(367)
leur effet semble dimimier au fur et à mesure de leur usage? La première
action est-elle d'activer l'élimination de l'urée formée dans les tissus par
des phénomènes antérieurs, et, une fois ce lavage intérieur terminé, le ré-
gime normal se rétablirait-il malgré le thé et le café? ou bien fauf-il voir
dans ce phénomène un résultat de l'habitude prise par l'organisme? C'est
ce que les expériences ci-dessus n'indiquent pas, et ce que je me propose
de chercher.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de Chimie de la Faculté
des Sciences de Clermont. »
PHYSIOLOGIE. — De l'uniformité du Imvail du cœur, lorsque cet organe n'est
soumis à aucune injluence nerveuse extérieure. Note de M. Marev.
« Dans la séance du i5 juillet 1861, j'ai eu l'honneur de présenter à
l'Académie un travail où je signalais l'influence de la pression du sang
sur la fréquence des battements du cœur. La loi qui règle cette relation
était ainsi formulée :
» Toutes choses égales du côté de l'innervation et de la force du cœur, la
fréquence des battements de cet organe est en raison inverse de la pression du
sang artériel.
» Pour bien saisir cette relation, il faut examiner d'abord comment
s'engendre la pression du sang dans les artères. Poussé par le cœur dans le
système artériel, le sang s'y accumule d'autant plus qu'il éprouve plus de
résistance à traverser les petits vaisseaux et les capillaires pour passer dans
le système veineux. La pression du sang dans les artères a donc deux fac-
teurs : d'une part le travail du cœur qui pousse le sang dans ces vaisseaux,
d'autre part la résistance qui s'oppose à sa sortie. Ces deux facteurs peu-
vent agir indépendamment l'un de l'autre.
» Supposons que rien ne vienne modifier les résistances au cours du sang
dans les petits vaisseaux : la pression artérielle s'élèvera si le cœur travaille
avec plus d'énergie, s'abaissera si l'impulsion du cœur devient plus faible.
On sait, en physiologie expérimentale, réaliser ces conditions : lorsqu'on
coupe le nerf pneumogastrique, le cœur accélère ses battements et la pres-
sion artérielle s'élève; lorsqu'on galvanise ce même nerf, les battements se
ralentissent, s'arrêtent même, et la pression s'abaisse.
» Supposons, au contraire, que le cœur ne subisse aucune influence qui
modifie directeq^ent son action : on pourra faire baisser la pression du sang
en facilitant la sortie de ce liquide, en provoquant, par exemple, une
48..
( 368 )
hémorrhagic artérielle; inversement, on élèvera la pression en gênant
l'écoulement du sang par la compression de l'aorte ou de quelque grosse
artère. Dans les conditions physiologiques, des influences analogues se
produisent à chaque instant : toutes les actions des nerfs sympathiques ou
spinaux sur le système vasculaire, qui ont été révélées par M. Cl. Bernard,
agissent sur la pression artérielle en faisant varier la résistance au cours du
sang.
» Je ne parlerai pas ici des autres influences qui peuvent agir en cer-
tains cas, telles que l'afflux plus ou moins abondant du sang qui revient
au coeur gauche par les voies pulmonaires, les qualités de ce sang, etc. : ce
serait compliquer inutilement la question.
)) La relation que j'ai voulu établir ne s'applique qu'au cas où la pres-
sion artérielle est modifiée par une cause qui agit sur le facteur résistance.
Elle montre que, pareil aux moteurs mécaniques qui ne peuvent produire
qu'une certaine somme de travail en un temps donné, le cœur, qui jamais
ne se repose, exécute un travail sensiblement uniforme; que ses battements
sont rares lorsque chacun d'eux doit surmonter une résistance considé-
rable; qu'ils sont fréquents, au contraire, quand cette résistance diminue.
Or la résistance à l'effort du cœur n'est autre que la pression du sang
déjà contenu dans les artères.
» Les faits sur lesquels j'ai appuyé cette théorie sont nombreux. L'in-
fluence de la saignée, celle de la taille du sujet, de l'attitude du corps ou
des membres, tie la compression de l'aorte ou des artères, l'action de la
chaleur ou du froid sur les petits vaisseaux, l'influence des nerfs vaso-mo-
teiu's, celle de l'activité musculaire, celle des poisons qui agissent sur la
circulation vasculaire, tout concordait pour établir ce fait, que le cœur,
lorsqu'il n'est pas soumis directement à une action nerveuse, règle la fré-
quence de ses battements sur les résistances qu'il éprouve.
» Depuis douze ans, je n'ai perdu aucune occasion de vérifier l'exacti-
tude de cette loi; quelques exceptions apparentes n'ont pas tenu devant un
examen plus sérieux (i). Beaucoup de physiologistes, du reste, ont vérifié
mes expériences et en admettent les conclusions.
)) Mais, en 1867, un élève du professeur Ludwig, de Leipzig, M. E. Cyon,
découvrit la fonction d'un nerf du cœur, qu'il nomme neri dépiesseur, et
(i) Lorsque l'on conijjrimc l'aorte à son origine, on voit le cœur animé de mouvements
il'une grande fréquence; mais ces convulsions sont inefficaces à produire*n travail utile : ce
ne sont )ias de vraies svstolos.
(369)
dont l'excitation produit, à titre de ])hénomène réflexe, un ralentissement
des battements du cœur avec un abaissement de la pression du sang dans
les artères. Du moment où il est prouvé que la pression du sang dans les ar-
tères est le produit de deux facteurs, le travail du cœur et la résis-
tance des petits vaisseaux, on doit s'attendre à voir se produire des relations
inverses entre la fréquence des battements du cœur et la pression artérielle,
suivant que la cause perturbatrice aura porté sur le cœur ou sur les vais-
seaux. Si le cœur seul est influencé, on aura les relations suivantes : batte-
ments du cœur fréquents, pression artérielle forte, battements rares, pression
faible. Si l'influence a porté sur les petits vaisseaux, le rapport sera inverse
et l'on aura: pression artérielle foi te, battements du cœur rares; pression
faible, battements fréquents.
» L'expérience de M. Cyon se rattacherait donc aux cas dans lesquels le
cœur a été impressionné par le système nerveux. L'excitation du bout
central du nerf dépresseur aurait produit une action réflexe du pneumo-
gastrique, dont le rôle est en effet de ralentir les battements du cœur et de
faire baisser la pression artérielle consécutivement.
j> En pratiquant moi-même l'excitation du nerf de Cyon, j'ai recueilli
un tracé qui montrait que le premier effet de cette excitation est de dimi-
nuer la fréquence des battements du cœur.
» Certains faits, toutefois, semblent être en contradiction avec la théorie
que je défends; les voici:
» M. Cyon, opérant sur trois lapins, essaya de détruire tous hs nerfs
qui rampent le long des vaisseaux, et, tout en respectant l'intégrité de
ceux-ci, d'isoler le cœur de toute influence nerveuse extérieure. Le nerf
dépresseur, excité dans ces conditions, continua à ralentir les battements
du cœur.
» Or, sur un de ses lapins, M. Cyon constata lui-même que tous les nerfs
n'avaient pas été détruits. Ce fait n'étonnera pas ceux qui connaissent la
difficulté d'une pareille expérience; j'incline, pour mon comjjte, à supposer
que, chez les deux autres lapins, quelques filets nerveux du pneumogas-
trique ont pu échapper au scalpel.
» En somme, il s'agit de savoir si un cœur vivant, entièrement sous-
trait aux influences nei veuses qui lui pourraient venir du dehors, accélère
ou ralentit ses battements lorsqu'on fait varier la pression artérielle.
» M. le professeur Ludwig a montré qu'on peut détacher le cœur d'une
grenouille, et, en faisant arriver du sérum à son intérieur, entretenir pen-
dant longtemps les mouvements de cet organe; plusieurs de ses élèves,
( 370 )
MM. Bowdilrh, Coats et Cyon, ont fait agir ainsi doscœnrs de grenouilles
S'ir dps maiiomèires qui mesuraient l'énergie de leurs mouvements. Il m'a
jiaru qu'un cœur ainsi détaché de l'animal pouvait seul être à l'abri de
fout soupçon dinfluence nerveuse extérieure, et devait parfaitement se
prêter à la vérincation que je ine proposais.
» J'enlevai le cœur d'une tortue terrestre et je lui adaptai un appareil
circulatoire artificiel, formé de tubes de caoutchouc dans lesquels circu-
lait du sang de veau fraîchement recueilli. D'un réservoir légèrement élevé,
ce sangétiiit amené par un syphon dans les veines elles oreillettes; passant
des ventricules aux artères, le sang était chassé dans des tubes élastiques,
munis d'ajutages étroits, qui le versaient de nouveau dans le réservoir.
Ces derniers tubes représentaient les artères et les petits vaisseaux ; on
pouvait leur appliquer différents appareils enregistreurs et étudier tous
les phénomènes physiques de cette circulation, tels que la vitesse du sang,
sa pression, et les pulsations avec leur force et leur fréquence.
» Malgré une température élevée, cette circulation se maintint pen-
dant plus de cinq heures et je pus répéter Un grand nombre de fois l'expé-
rience stiivante:
» Toutes les fois qu'en rétrécissant l'orifice d'écoulement du sang arté-
riel, ou qu'en élevant cet orifice plus ou moins haut, je faisais monter Irt
pression du sang dans l'artère, je voyaisles mouvements du cœur se ra-
lentir. Toutes les fois, au contraire, que par des influences inverses je fai-
sais baisser la pression du sang artériel, je voyais les battements du cœur
s'accélérer.
» On peut donc affirmer qu'en l'absence de toute communication avec
les centres nerveux, le cœur bat d'autant plus vite qu'il dépense moins de
travail à chacun de ses battements (i). »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les effets produits par la foudre, à Troyes^ le 16 juil-
let 1 873 ; observations de nombreux globes de feu. Note de M. E. Parent.
(c IjC samedi 26 juillet, à 9 heures du soir, pendant un violent orage, la
foudre est tombée à Troyes (Atlbe), sur un quartier central dé la ville, avec
lui fi acas épouvantable, ressemblant à la décharge simultanée de plusieurs
(1) CeUe expérience a été répùtcc, lundi dernier, dans la salle qui précède celle «les
séances; un t;rand nombre de Membres de rAcadcmie ont pu en constater les résultats.
( 37. )
pièces d'artillerie. Je me propose de lelater ici quelques faits que j'ai vus,
ou que je tiens de personnes atteintes:
j) Rue de la Monnaie, n" 3^, une jeune fille, qui était sur le pas de sa porte, a vu tomber
devant elle un globe de feu, de la grosseur d'une orange, qui a roulé dans la rue et a dis-
paru. Cette jeune fille a éprouvé une forte commotion, suivie d'un tremblement qui ne l'a
quittée (jiie le lendemain; les épingles qui retenaient ses cheveux ont été jetées à terre, et
les pièces métalliques qui entraient dans la confection de ses habits ont été violemment arra-
chées. Lepèredecelte jeune fille, qui était près de la fenêtre d'une maison voisine, appuvé sur
les barreaux de cette fenêtre, a été comme paralysé pendant quelques instants; il lui a fallu
plusieurs jours pour se remettre.
" Au n" 24 ^^ '■* niéuie rue, dans la maison dite de V Election, la foudre est tombée sur
une tourelle située derrière la maison; elle a percé d'un seul trou la girouette, est descen-
due le long de la toiture, en suivant un angle garni de zinc, a pénétré dans la tour au-des-
sous du toit, en descellant les poutres qui soutiennent la charpente et renversant un panneau
de 2 mètres de hauteur sur o"','jo de largeur. Elle a pénétré ensuite dans un étage inférieur,
a renversé un autre panneau pour sortir, et entrer dans un grenier contigu, enlevant sur
son passage les ardoises de la toiture. Elle a parcouru ce grenier dans sa longueur, est
sortie par une fenêtre, est descendue le long de la gouttière, qu'elle a suivie jusqu'à la hau-
teur du premier étage, où elle a rencontré un coude qu'elle a brisé aux deux angles. Un cou-
rant d'électricité a pris ensuite la marquise en zinc de la maison voisine. Il a suivi cette mar-
quise jusqu'à l'encoignure de la maison, où il a rencontré une plaque de zinc qu'il a descellée
à moitié et tordue, au-dessous de laquelle il a fait un trou dans la muraille, et s'est répandu
dans l'appartement qui est un magasin de poélier. Dans ce magasin, certains dessins qui
ornent le couvercle des ])oèles sont reproduits sur le plafond, avec une netteté digne du
meilleur appareil photographique. Le fd de fer d'une sonnette a été fondu et a laissé sa
trace sur le plafond. Deux baguettes de hoisj dorées, devant servir d'encadrement, enve-
loppées dans du papier, ont été agrémentées de dessins variés. 11 n'y a pas eu de dégâts
matériels. Les propriétaiies du magasin ont vu un globe de feu venir vers eux, à une courte
dislance, et retourner dans le magasin, où il a disparu. Le fluide a aplati le tuyau du gaz,
près du compteur qui est posé à terre; il a encore laissé des traces indubitables de son
passage sur le vitrage de la cour de cette maison.
» Au n° 16 de la même rue, deux jeunes gens qui étaient sur le pas de la porte ont été
violemment repoussés, à environ 2 mètres en arrièie; ils ont éprouvé une forte commotion,
qui les a fait ployer sur les jarrets, et une suffocation passagère, avec perte de la vue pendant
quelques secondes. Vis-à-vis du n" i4, à la hauteur du premier étage, la foudre a éclaté comme
une bombe, lançant partout une pluie de feu.
» Dans la rue Juvénal-des-Ursins, qui débouche en face le n" 22 de la rue de la Monnaie,
à une dislance de i5 mètres environ, des fragments de diverses natures ont été lancés sur
les glaces de la pharmacie Ray. Des corps iricaiidcsccrits ont été projetés et roulés au loin
dans la rue, où M. Jules Ray, conservateur du Musée, a pu les recueillir. L'un de ces corps
paraît être de la pierre calcinée : il est d'une légèreté surprenante vu son volume; certains
endroits sont d'un gris sale, avec de petits points noirs; d'autres, d'une couleur rougeàtre, à
reflets brillants. Les autres corps sont d'une nature toute différente ; ils ont ras])eet d'une
( 372 )
pierre météorique sans croûte, mais ils s'en éloignent beaucoup el par le poids et par la
nature. Il y aurait là l'objet d'une étude intéressante.
» Tous ces faits se sont produits siiiiultanément, et divers quartiers ont
été visités par la foudre. Le ciel était en feu et une épaisse fumée remplis-
sait les rues; cette fumée ne sentait nullement le soufre. La multitude des
globes de feu éclatant à la fois, dans des quartiers éloignés les uns des
autres, rend surtout intéressante cette décharge d'électricité. »
A 5 heures et demie, l'AcaJéinie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 juUlet 1 873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Inventaire anal/dque et descriptif des manuscrits de la Bibliothèque de Poi-
tiers; par M. P. DE Fleury. Poitiers, A. Dupré, 1868; br. in-8°. (Présenté
par M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
Note sur les météores d'origine cosmique à propos de iaérolithe tombé près
de Lancé {Loir-et-Cher), le 23 juillet 1872; par M. P. DE Fleury; 2« édition.
Blois, P.Dufresne, 1872; br. in-i8. (Présenté par M. Ch. Sainte-Claire
Deville.)
Note sur la trombe des Hajes, <pn a traversé le Vendàmois le 3 octobre 1 87 1 ;
par M. NouEL. Vendôme, Lemercier et fils, 1872; br. in-S".
Notice sur le bolide du 2Z juillet 1872, qui a projeté des météorites dans le
canton de Saint-Jmand, arrondissement de Vendôme, département de Loir-et-
Cher; par M. NouEL. Vendôme, Lemercier et fils, 1873; br. in-8''.
Les plantes de la guerre, Note sur les plantes étrangères observées aux en-
virons de Vendôme à la suite de la guerre de 1 870-1871; par M. E. NouEL.
Vendôme, Lemercier et fils, 1873; br. in-S°.
(Ces trois derniers ouvrages sont extraits du Bulletin de la Société archéo-
logique, littéraire et scientifique du Vendômois. )
(373 )
Miisci Galliœ. Herbier des mousses de France; fascicule Vil (n"' 35i-/ioo),
publié par M. T. HuSNOT. Cahan, 1873; in-4''.
Du roulis par calme. Amplitude des oscillations successives ; par Cli. AN-
TOINE. Brest, 1873; in-fol. aulographié.
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux;
t. IX, i""" cahier. Paris, J.-B. Raillière ; Bordeaux, Chaumas-Gayet, 1870;
I vol. in-8°.
Examen de la loi du 3o juin 1 838 sur les aliénés par la Suciélé médico-
pratique de Paris. Rapport fait au nom de la Commission par ie D'' Collineau.
Paris, Malteste et C'% 1870; br. iii-8"^.
Traité d'Optique physique,- par M. F. Billet. Paris, Mallet-Bachelier,
1858-1859; 2 vol. in-8°, avec planches.
Du typhus. Réflexions critiques sur le principe contagieux et sa cause, suivies
d'une étude sur la constitution médicale épidémique de Versailles jwndant
Uiivcr 1872-1873; par M. Th. Galigier. Paris, AfI. Delahaye, 1873-,
br. in-8". (Extrait de la France médicale, anuée 1873.)
Etude analytique de la développable circonscrite à deux surfaces du second
ordre; parM. Painvin. Lille, imp. L. Danel, 1873-, i vol. in-8''.
Détermination des éléments de l'arête de rebroussement d'une surface déve-
loppable définie par les équations tangentielles ; par M. L. Painvin. Paris,
Gauthier-Villars, sans date; in-4°- (Mémoire présenté à l'Académie des
Sciences dans la séance du 18 juillet 1870.) «
Courbure d\ine courbe plane donnée par son équation tangentielle; par
M. L. Painvin. Paris, imp. Gauthier-Villars, sans date; br. in-8°. (Extrait
du Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques.)
Étude analytique de la développable circonscrite à deux surfaces du second
ordre; par M. L. Painvin. Lille, imp. L. Danel, sans date; br. in-8°.
(Extrait des Mémoires de la Société des Sciences, de l' Agriculture et des Arts de
Lille.) (Tous ces ouvrages de M. Painvin sont présentés par M. Chasles.)
Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques, rédigé par MM. G.
Darboux et J. HoÛEL; t. IV, avril-mai-jain 1873; t. V, juillet et août
1873. Paris, Gautier-Villars, 1870; 5 n°' in-8°. (Présenté par M. Chasles.)
Bulletin de la Société mathématique de France; t. I, n" 3. Paris, au siège
de la Société, 1873; in-S". (Présenté par M. Cliasles.)
Bulletlino ili Bibliorjrafm e di Storia délie Scienze matemaliche e fisiche^
C. K., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVll, N» S.) ^9
( -^74 )
jmbblicnlo dn H. BONCOMPAGNl ; t. V, setteinbre-ollobre-noveinbre 1872.
Roma, 1872; 3 hr. m-lf. (Présenté par M. Chasles.)
Inlerprelnzione geomelrica di formole essenziali aile scierize deW eslensione,
del molo e délie Jorze, Memoria del prof. D. CuELiNl. Bologna, tipi Ganibe-
rini e Parmeggiani, 1873; in-4°.
JUi deir Jccademia pontificia de Niiovi Lincei, compilati dal Segrctario;
aiiiio XXVI, scssione V del 27 aprile 1873. Roma, tip. délie Scienze ma-
teniatiche e fisiche, 1873; in-4°.
Monografie degti Istituli di previdenza di cooperazione e di crédita délia In~
dustria e del Cominercio, per cura del prof. A. Errera. Venezia, slabilimento
Antoiielli, i87o;in-4°.
Sulla cura délia difleridite, Lettera del D.-S. Cadet al D.-L. ÀTTILIA.
Tip. Cenuiniana nelle Murale; br. in-S". ( Estratto dallo 5/jenHïen/a/e.)
Embriogenia degti organi eleltrici délie toipedini e digli organi pseudo-
clettrici délie raie, Memoria premiata del D.-L. DE Sangtis. Napoli, stamp.
del Fibreuo, 1872; in-4".
E. DiAMiLLA-MULLER. Letture scienlijîclie per il popoto italiano ; Let-
tiira X : La bussola in mare. Mdano, Dumolard; Parigi, Gaulhier-
Villars, 1873; br. iu-12.
Manuale di Medicina teorico-pralica, compilato sugli autori piu receitti; dal
D.-A. MuRiNO. Roma, tip. romana, 1873; iii-8°.
Cloro liquida. Coqibasliane dell' osaigena neW idiogeno. Candensalore, Note
del D.-P. Palmeri di Livorno. Napoli, tip. Perrotti, 1868; br. in-8°.
Âtti del reale Istituto venelo di Scienze, Leltere ed Àrli ; t. II, série quarta,
dispensa quinta-sesta. Venezia, tip. Grimaldo, 1872-1873; 2 br. in-8°.
O Insliliila, Revisla scienlifica e liUeraria ; XVII anno, maio de 1873, se-
gunda série, n° i. Coïmbra, imp. da Universidade, 1873; in-8°.
La vita e i tempi di Daniele Maniii, Narrazione dei prof. A. ERRERA e Av.
Cesare FiNZi, corredata dai documenti inediti depositati nel Museo correr
dal générale G. Manin, 1804-1848. Venezia, tip. Antonelli, 1872; in-8°.
Expasiziane universale di V.ienna (1873) [gruppi XVI e XVU) ■ Lllalia
industriale. Sludi del prof. A. Errera, con parlicalare riguardo ali Adriatiro
supcriore [regno d'Ilalia e impero auslro-wigarico). Roma-ïorino-Firenze,
1873; in-8".
Exposizionc universale di Vienna (1873) [gruppi XVI e XVII) : Saggio di
( :^75 )
Stntistica interiiazionale mmilliina. Compatala acurndelprof. A.Erreua,
con parlicolare r'ujuardo aW Adriatico siiperinic [reipio d'iudki e impero
aî<s/ro-i<n^«nfo). Roma-Torino-Firenze, 1873; br. in-8°.
Army médical depnrtment Reports for ihe year 1871 ; vol. XIII. Loiidoii,
Harrison and Sons, 1873; i vol. in-8°. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Memoirs oj tite c/eological siiruey of India; vol. VlII-IX. Calcutta, printed
for the governnient of India, 1872; 2 vol. grand in-S", en 4 liv-> avec
figures et planches.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCAOÉMIE
PENDANT LE MOIS DE JUILLET iU/S.
Annales de Chimie et de Physique; août 1873; in-8°.
Annales de l' Agriculture française ; iuiWet 1873; in-8".
Annales du Génie civil; juillet 1873; in-S".
Annales industrielles; n"** 27 à 3i, 1873; in-Zj".
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n"^ des 6,
i3, 20, 27 juillet 1873; in-8''.
Bulletin des séances de la Société enlomologique de France; n*" 6, 7, 1 873;
in-8«.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 187, 1873; in-S".
Bulletin de l'Acatlémie royale de Médecine de Belgique; n° 5, 1873; in-8".
Bulletin de la Société Botanique de France; Comptes rendus, n" 4? 1873;
in-8".
Bulletin de la Société académique d'Aqriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; n°^ 171 à 176, 1873; in-8°.
Bulletin de la Société centrcde d'Agriculture de France; n° 7, 1873; in-S".
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; juillet
1873; in-4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; n°' 6, 7, 1873; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n"^ des i5 et 3o juillet 1873; in-S".
Bulletin international de V Obsenatoire de Paris, n°^ des i4, 16, ig à aS,
25 à 3o juin; des 2 à 26 juillet 1873; in-4''.
Bulletin mensuel de la Société des Agriculteurs de France; 11° 7, 1873; in-S".
Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del R. Collegio Carlo Alberto,
n° 3, 1873; in-4".
49--
(37fi)
BuUellino meleorologico del R. Osservalorio del Coltegio romano; n" 6,
1873; in-4".
Catalogue des Brevets d'invention; r\°' 9 à 11, 1872; in-8°.
Chronique de l'Industrie; n"' 74 à 78, 1873; in-4°.
Gazette de Joulin, n°' 19, 1873; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n"^ 76 à 90, 1873; in-4''.
Gazette médicale de Paris; n°^ 27 à 3i, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; 11° i3, i4, 1873; in-S".
Il Niiovo Cimento. . . Journal de Ph)'sique, de Chimie et d'Histoire naturelle;
avril, mai, juin, 1873; in-S".
lion, n°' a5 à 29, 1873; in-folio.
Journal de la Société centrale d'Horticulture; juin î873; !n-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; m^i 1873; in-8".
Journal d' agriculture pratique ; n"^ 27 à 3i, 1873; in-S".
Journal de l' agriculture; n"^ 221 à 225, 1873; 111-8".
Journal de l'Eclairage au Gaz; n°' i3, i4, 1873; in-4°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; juillet et août 1873; in-4°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; juillet 1873; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 1 5 et 3o juillet
1873; 111-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; n°* 12 a 16, 1873; in-folio.
Journal de Phjsique théorique et appliquée ; juillet 1873; in-S".
Journal médical de la Mayenne; n° 4, '873; in-S".
La Nature; n"^ 5 à 9, 1873; grand in-8''.
La Revue scientifique; n°* i à 5, 1873; in-4°.
L'Abeille médicale; n°^ 27 à 3i, 18735 in-4°.
V Aéronaute ; ']nm i873;in-8°.
VÀrt dentaire; juillet 1873; in-8°.
L'Art médical; juillet 1873; in-8°.
La Tribune médicale; n°' a55 à 258, 1873; in-S".
Le Gaz; 11° i, 1 7*" année, 1873; in-4''.
Le Messager agricole; n° 6, 1873; in-8°.
Le Moniteur de la Photographie; n°^ i4, j5, 1873; in-4°.
Le Moniteur scientifique-Quesneville ; iu'iWet 1873; gi". in-8°.
Les Mondes; n"^ 10 à i4, 1873; in-8°.
Le Rucher du sud-ouest; n°^ i à 4, '873; in -8°.
Magasin pittoresque; ']iù\\et 1873; in-4".
Marseille médical; u° 7, 1873-, in-8''.
( 377 )
Montlîly... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres;
juin 1873; in-8".
Memorie délia Socieià deg li Spettroscopisli italiani; a\vi\ iSj'i; in-4''.
Monatsbericlu der Konkjlich preussischen Akademie der Wiisenschaften zii
Berlin; février 1873; in-S".
Nachricbten.... Nouvelles de l'Université de Gœttinc/ue; n"* 10 à 17, 1873;
in-i2.
Nouvelles Annales de iMathémaliques ; ']m\\et 1873; in-8°.
Revue d' J rlillcrie ; imWet 1873; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; n"' i3 et i4, 1873-, in-S".
Revue bibliographique i/»/verse//e; juillet 1873; in-S".
Revue des Eaux et Forêts; ']m\\&\. i873;in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n°' i3 à i5, 1873; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle ; n"* 25-27,
1873; in-S".
Revue maritime et coloniale; juillet 1873; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; juillet 1873; iii-8°.
Revue agricole et horticole du Gers; juin 1873; in-8°.
Rendicoiito délia R. Accademia délie Stienze fisichc e matemaliche ; Napoli,
n°6, 1873-, in-4°.
Recueil de Médecine vétérinaire militaire; n° 5, 1873; in-8°.
Société d^ Encouragement. Comptes rendus des séances ; n°' 12, 1873; in-8°.
Société des Ingénieurs civils ; (euille i3, 1873; in-4°.
The Canadien patent office record; n" 3, 1873; in-4°.
The Food Journal; n° l\i^ 1873-, in-8°.
ERRATA.
(Séance du 28 juillet 1873.)
Page 234, ligne i3, au lieu de approuvée, lisez approuvé.
» ligne 21, au lien de i86c), lisez iSSg.
Page 235, dernière ligne, au lieu de 1870, lisez iS'jî.
Page 237, 7" ligne en remontant, au lieu de relation, lisez rotation.
( 378)
Observations météorolociq. faites a l'Observatoire de Moxtsouiîis.— Jcillet 1873.
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REHAROUES.
Irùs-vaporeux, pluie le matin.
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Trés-vaporeiix.
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Goultes de pluie le matin.
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Très-vapoieux, éclairs le soir.
Vapor., éclairset tonner, lu soir.
Tonn. et pluie torrent. » minuit.
Pluie vers 3'' du matin.
Qq. bourr.et goût, de pi. le soir.
Orages et pluie le soir.
Temps pluvieux, éclairs le soir.
Halos, (jouit. Je pi. dans la soir
Pluvieux et orag. dans la soirée.
Ora^'cs àali.ijetàGh, éclairs toute la
nuit.
Orafie'^ au liiintain, matin et soir, furie
pluie le maliu
(i) Nombres obtenus par inlorpolalion.
( ;58o )
ObSEHTATIOWS MÉTÈOaOLOCIQDES FAITES A l'ObSERVATOIRE DE MoNTSODRIS. — JUILLET iSjS.
Réiitmé des observations régulières.
GhM. ShlVI. Midi. al" S. G*" S. gt S. Hlnull.
mm mm mm mm mm mm mm
Baromètre réduit à 0° 756,21 ■jSG.Sg 756,17 755,91 755,^/) 756,08 75fi,i/(
Pression de l'air sec 7'|4,95 l¥\M 7'i5.34 744)43 743,99 744,43 744.99
0 U O O O 0 0
Thermomètre à mercure (jardin) 16,22 20,91 23,45 24,02 22, g3 19, 3i 16, 52
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Excès (T' — t)
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État hygrométrique en centièmes
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Pluie moy. par heure (à 2"' du sol). . .
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Therm. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 ohs. : 6'' M. 9'' M., midi, 3'" S. G*" S.).
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(1) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations do 9 heures du malin, midi, 3 heures et 6 heures du soir.
Errata. — Page 'J2, dernii-re ligne, au lieu de 65"5i', o lisez 6î''5i',o.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 AOUT 1875,
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMIVrUlMCATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instrvctiox publique adresse l'ampliation du décret
par lequel le Président de la République approuve l'élection de M. F. de
Lesseps à la place d'Académicien libre, devenue vacante par le décès de
M . de Verneuil.
Sur l'invitation de M. le Président, M. de Lesseps prend place parmi ses
confrères.
ASTRONOMIE. — Réponse à de nouvelles objections de M. Tacchini;
par M. Faye.
« Les dernières critiques de M. Tacchini ont produit une telle impres-
sion, qu'il ne m'est pas permis de différer ma réponse. M. Tarry, dans une
Noie récente, parle de faits et d'objections graves qui auraient été opposés
par les spectroscopistes italiens; M. Zœllner, dans un important Mémoire
qu'il vient de publier et de m'adresser sur la température du Soleil, cite le
passage suivant de M. Tacchini [Comptes rendus, mars iS^S, p. 829) :
« En présence d'observations si claires, si indépendantes d'tiypothèses ou d'idées pré-
conçues, est-il possible d'accepter la théorie qui fait des cyclones la cause unique des taches
solaires? »
C. R., 1873, ■i" Semestre. (T. LXXVII, N» 6.) ^^
( 382 )
« Ce passage suffit à M. Zœlhier; il ne lui en faut pas davantage pour
écarter cette théorie et, sans plus ample examen, il reprend son hypothèse
des scories.
» Si je gardais le silence, il serait établi, pour beaucoup de personnes
compétentes, qu'à TObservatoire de Palerme on a rencontré des faits com-
plètement inconciliables avec ma théorie. Je suis donc bien obligé de dire
et de prouver que M. Tacchini n'a pas pris le soin de s'en faire une idée
exacte; les faits qu'il cite sont en contradiction avec les idées qu'il me prête et
non avec celtes que j'ai publiées.
» Voici, en effet, comment M. Tacchini a compris celles-ci. Il a cru
d'abord, en jetant un coup d'œil sur ma théorie de la circulation de l'hyr
drogène solaire, que je faisais jouer un singidier rôle aux taches, celui
d'aspirer et de rendre cet hydrogèue par le même canal. J'ai heureusement
réussi à le détromper sur ce point.
« Aujourd'hui il m'attribue l'idée que les taches seules donnent lieu à
l'apparition des protubérances, puis celle que les protubérances doivent
former autour de chaque tache une couronne régulière, enfiu celle que la
pénombre de toutes les taches doit présenter la structure tourbillonnaire.
)) Naturellement, il n'a pas de peine à prouver que la plupart des taches
n'ont pas cette structure; que les protubérances ne forment pas toujours
une enceinte régulière de flammes autour de chaque tache; enfin qu'il y
a une grande quantité de'protubérances sans taches correspondantes. De là
la condamnation qu'il formule contre des idées ainsi défigurées; de là
l'impression produite sur MM. Tarry et Zœllner, dont l'adhésion me serait
pourtant précieuse.
» Celle de M. Tacchini ne le serait pas moins pour moi ; j'ajoute qu'il
est plus que personne intéressé à l'adoption d'une théorie sérieuse. Il me
suffira peut-être de lui rappeler sa belle découverte du rôle que les va-
peurs de magnésium jouent dans la chromosphère pour lui faire sentir
combien ce phénomène acquiert d'importance par une théorie rationnelle
qui permettra d'y saisir, par exemple, de singulières fluctuations daus le
mode d'alimentation de la photosphère, tandis qu'avec l'hypothèse stérile
des éruptions l'auteur de cette découverte en est réduit à se demander si
l'apparition de ce métal, à certaines époques, sur toute la surface du So-
leil, ne serait pas l'indice d'une éruption universelle (i)!
(i) « Si direbbe che, distribuendosi l'azione eruuiva su tutta la superficie del Sole, si
» rendono assai poco possibile quelle parziali regioni di attivitù, sulle quali vediamo in altre
{ 383 )
» Je m'en vais donc rectiGer une à une les opinions que M. Tacchini
me prête. Quant à ses observations, je suis loin de les contester; leur par-
fait accord avec ma théorie me dispense d'ailleurs de les rappeler.
)> En ce qui concerne les pénombres, j'ai eu grand soin de dire qu'elles
sont dues à l'abaissement de température que les tourbillons solaires
déterminent autour d'eux, de telle sorte que la température de la couche
extrême, où se produisent les condensations lumineuses, se trouve loca-
lement transportée plus ba«, tout autour des taches. Il résulte de là que
la photosphère un peu altérée se trouve continuée jusqu'à une certaine
profondeur, en forme de gaine autour des tourbillons solaires. Lorsque,
par im accident quelconque (par exemple : une augmentation subite d'in-
tensité, ou une extension du mouvement tournant), ces parois coniques sont
atteintes, elles peuvent être envahies quelque temps et prendre une struc-
ture tourbillonnaire très-marquée; mais, en général, la pénombre n'aura
pas cet as|)ect et ne présentera que le lent mouvement rotatoire, à peine
sensible pour nous, qui peut se propager à une grande distance de l'axe
des cyclones.
» Il n'y a donc pas à s'étonner que dans les mois de janvier, février,
mars, avril et mai de cette année, M. Tacchini n'ait trouvé que six cas de
structure tourbillonnaire. Assurément ces six cas ne prouvent pas que les
taches ne sont pas des tourbillons : ce sont, au contraire, six preuves
palpables en faveur de ma théorie telle que je l'ai exposée.
» Signalons à M. Tacchini un moyen plus sûr de la mettre en défaut :
ce sera de trouver des taches dont la pénombre, si elle offre cette struc-
ture bien nette et sans accident de segmentation, présentera une rotation
» epoche inalzarsi belle protuberanze di ogni specie. » Pour ce qui est des éruptions locales,
des restrictions que M. Tacchini leur impose (Cf. derniers Comptes rendus, p. 3oi, 1. i4) et
de l'opinion qu'on doit s'en faire, je me bornerai à transcrire la note suivante du Mémoire
déjà cité de M. Zœllner : » Ur. Tacchini glaubt nur diejenigen Protuberanzen als Eruptionen
» betrachten zu diirfen, welche die Gestalt eines Baumes oder eines Fiichers haben, d. h. an
» der Basis schuiàler, als an ihrem obern Ende sind. Ohne die Berechtigung einer solchen
» Anschauung nidier zu discutiren, ist doch klar, dass fur die Erklarung jener Eruptionen
» nolhwendig diejenigen physikalischen Bedingungen an der Sonnenoberfliiche vorausge-
» setzt werden miissen, ohne welche iiberhaupt eine Eruption, d. h. die gewallsame und
» plotzliche Ueberwindung eines Widerstandes durch comprimirle Gasmassen, nicht
» denkbar ist. . M. Tacchini ne trouve, il est vrai, qu'environ 8 pour loo des protubé-
rances observées qui présentent ce caractère franchement éruptif, ce qui rend encore plus
diflicile à comprendre l'universalisation subite de ce mode d'action tout à fait hypothétique.
5o..
( 38/i )
dans le sens des aiguilles d'une montre sur l'hémisphère nord el en sens
opposé sur rhéniisphére sud. Les observateurs anglais qui ont, les pre-
miers, signalé dans quelques taches une structure spirale, l'ont trouvée
conforme au sens de la rotation du Soleil et j'ai vu là un argument frap-
pant en faveur de la théorie qui assigne pour cause, à ces mouvements
tourbillonnaires, les inégalités de vitesse des zones contigués de la surface
du Soleil. Il suffirait de prouver que ces observateurs se sont trompés.
» Voici donc un premier point bien établi désormais, je l'espère. Je
n'ai pas dit et il ne résulte nullement de ma théorie que la pénombre de toutes
les taches doive présenter une structure en spirale; par conséquent toutes
les objections que M. Tacchini m'adresse de ce chef tombent d'elles-
mêmes. Ses observations, au contraire, sont en parfaite conformité avec
ma théorie.
» Quant au second |)oint, voici en quoi consiste la méprise ; M. Tac-
chini croit que, dans les taches, l'hydrogène doit remonter tout autour
d'une manière tellement régulière et symétrique, qu'il en résulte toujours
une couronne bien formée de protubérances, et il m'oppose des cas où les
choses se passent autrement, des cas où les jets qui dépassent la chromo-
sphère sont loin d'offrir cette disposition. Je le crois aisément; ce qu'il
suppose, c'est ce qu'on obtiendrait dans un milieu immobile avec une
turbine isolée et bien centrée sur la verticale. Il faudrait en effet que les
tourbillons solaires présentassent une symétrie impossible. Dans une de
mes figures, où j'ai représenté par coupe et élévation un cyclone solaire,
j'ai peut-être donné lieu à l'idée de M. Tacchini en mettant l'axe dans une
position verticale ; mais j'ai eu bien soin de dire, et qui plus est de prou-
ver que l'axe des taches est en réalité plus ou moins incliné; j'ai même
tâché de tirer parti de cette circonstance, dont le noyau noir de Dawes et les
phénomènes de segmentation sont des preuves irrécusables, pour i-endre
compte de la seconde loi du mouvement des taches (lente oscillation
elliptique dans le sens de la rotation). De plus cette symétrie en tous
sens des jets d'hydrogène les plus accentués et dépassant la chromosphère
exigerait une symétrie complète du tourbillon considéré, non pas isolé-
ment sur mes dessins, mais dans le courant dont il suit le mouvement;
or chacun sait, par l'exemple de nos cyclones terrestres, que cette symé-
trie est loin d'exister.
1) Le troisième et dernier point est le plus important : il s'agit de l'idée
que les protubérances et les jets métalliques ne sauraient exister sans les
taches. Vous voyez d'ici toutes les objections qu'une pareille idée a pu faire
{ 385 )
naître sous la plume de M. Tacchini! Ne pouvant en croire le texte français
des Comptes rendus, j'ai eu recours aux Memorie; le texte italien est encore
plus explicite : je suis bien réellement accusé, et avec des citations encore,
d'avoir avancé qu'il n'y a pas de protubérance sans tache. Dès lors
M. Tacchini n'a pas de peine à démontrer que c'est là une grosse erreur;
quecette erreur est démentie par les observations spectrales du P. Secchi,
de M. Respighi et de lui-même; qu'il y a des protubérances là où jamais
on n'a vu de taches et parfois jusque vers les pôles. Pour bien mettre le
doigt sur l'impossibilité, il me demande si l'hydrogène aspiré par les taches
équatoriales doit ainsi voyager à travers la masse solaire et aller souter-
rainement de l'équateur aux pôles pour y former les belles protubérances
qu'il y a vues quelquefois. Les faits, les arguments se pressent ainsi avec
une force écrasante, et je comprends que MM. Tarry et Zoellner en aient
été frappés. Quant aux savants italiens, ma théorie, d'abord bien accueillie
par plusieurs, aura certainement perdu tout crédit auprès d'eux,
» Chose curieuse, ce fait que M. Tacchini m'oppose, c'est moi qui le
premier l'ai signalé aux astronomes, bien des années avant la découverte
de l'analyse spectrale. Les éclipses totales nous avaient montré les mysté-
rieuses protubérances; les astronomes, tous partisans alors de l'hypothèse
des éruptions, cherchèrent presque aussitôt si ces flammes immenses ne sor-
tiraient point du cratère des taches. Quel triomphe c eût été que de saisir
sur le fait les éruptions solaires! Un tel succès n'était pas réservé à cette
hypothèse. Je fis remarquer que les protubérances des éclipses apparaissent
indifféremment sur toutes les régions du limbe solaire, tandis que les taches
sont strictement confinées dans une assez étroite zone équatoriale, et j'en
conclus qu'il n'y avait pas de rapport direct, tel que celui qu'on clierciiait à
établir, entre les taches et les protubérances. M. Tacchini a donc bien tort
d'imaginer qu'un fait pareil, dont j'ai saisi le premier toute l'importance,
ait pu être oublié par moi. Certes, si ma théorie s'était trouvée en pleine
contradiction avec lui, je ne l'aurais pas publiée, je ne l'aurais même pas
conçue.
a
» Il ne me reste plus qu'à mettre sous les yeux de l'Académie les nom-
breux passages de nos Comptes rendus où]' ai traité cette question : ces cita-
tions ne laisseront aucun doute à M. Tacchini lui-même, qui évidemment
n'a pas dû les remarquer.
M Premier article, dans les Comptes rendus, i6 décembre 1872 :
« Voici les points qui ne sont pas suffisaniinent élabores : 4" Apparition des pro-
tubérances dans les régions privées de taches. ••
( 386 )
)) Je m'étais donc posé le problème, et j'en avais indiqué la solution
quelques pages plus haut en disant :
« Dans toute la masse solaire régnent donc partout des mouvements tourbillonnaires, sauf
à l'équateur et aux pôles. »
» Et plus loin :
« La rentrée de l'hydrogène s'opère par l'appel des taches »....
» Évidemment, les taches ne fonctionnant qu'à titre de tourbillons, tous
ceux dont je viens d'accuser la présence presque universelle doivent pro-
duire le même effet.
» Deuxième article, Comptes rendus, 3o décembre 1872. L'idée, d'abord
un peu confusément exprimée, se précise et prend s,i forme définitive :
« C'est que l'activité tourbillonnaire n'est pas exclusivement manifestée par les taches
proprement dites; elle n'est pas non plus absolument constante. En premier lieu, à côté des
taches, il faut compter une multitude de petits tourbillons qui restent à l'état de pores,
c'est-à-dire de petits points noirs qui se montrent fréquemment dans les régions centrales,
mais qu'on ne peut suivre vers les bords. Ces petits tourbillons sont essentiels au phénomène ;
je leur attribue la grande extension que prennent les accidents de la chromosphère au delà
de la région des taches, jusque sur les calottes polaires; mais l'observateur ne peut les
compter. «
» Dans une discussion avec M. Tacchini lui-même, par laquelle je
m'efforçais déjà de lui montrer qu'il avait dénaturé mes idées, je disais le
10 mars 1873 :
o Voilà ce que j'ai appelé la circulation souterraine de l'hydrogène solaire, mot qui peint
si clairement ma pensée. La fig. 2 des Comptes rendus du 17 février a dû montrer d'ail-
leurs au savant observateur de Palerme comment il faut l'entendre. C'est bien une véritable
circulation dans un parcours fermé sur la branche descendante duquel le cyclone fonctionne
à peu près comme le cœur dans la nôtre (mais seulement pa)' aspiration), tandis que, sur la
branche ascendante, en dehors du cœur, c'est en dehors du cyclone que je veux dire, la
force motrice est tout bonnement la gravité. »
» El j'avais soin d'ajouter en note :
« Il ne faut pas oublier que l'activité tourbillonnaire du Soleil ne se manifeste pas
seulement par les grandes taches, mais aussi par une multitude de petits cyclones presque
invisibles pour nous et qui constituent les pores. »
» Le i[\ mars, dans une discussion avec M. Vicaire, je disais, p. 736 :
« L'activité tourbillonnaire qui est, à mon avis, le phénomène le plus général de la pho-
tosphère, après celui qui en constitue la formation et en règle l'entretien, n'est représentée
par les taches qu'à tilre exceptionnel, à titre de manifestation plus visible que les autres.
Partout à la surface existent des tourbillons moins visibles sous forme de pores, sorte de
petits points noirs très-grands en réalité qui, parfois, deviennent plus aisément visibles
j)our nous et prennent alors le nom de taclies. C'est ainsi que j'ai rendu compte de la cir-
( 387 )
eulalion de l'hydrogène dans les régions où il n'y a jamais de taches proprement dites, mais
où l'on voit de nombreux porcs qui sont autant de petites taches à cratère obscur. »
» Enfin, le 21 avril, p. 980, dans une discussion avec le P. Secchi, je
reviens sur cette question :
« Ces éruptions, ou mieux ces jets et ces efflusions multiples ont lieu partout, parce que
partout l'activité tourbillonnaire se manifeste au moins sous forme de pores; mais, autour
des grands pores, c'est-à-dire autour des taches, tourbillons plus profonds qui agissent plus
énergiquement sur l'hydrogène supérieur, l'effusion ascendante de retour est plus abon-
dante. Elle s'opère autour de la tache en soulevant légèrement la photosphère, en injectant
plus abondamment dans la chromosphère et au peu au-dessus des vapeurs de sodium, de fer,
de magnésium surtout, élément dont M. Tacchini a signalé le rôle frappant dans cet ordre
de phénomène. Cette circulation de l'hydrogène est donc un fait très-général, mais subor-
donné à l'activité tourbillonnaire. Celle-ci dépend à son tour du mouvement spécial de la
rotation solaire. Cette rotation dépend du mode d'alimentation de la photosphère. Enfin ce
dernier est déterminé par le refroidissement externe auquel est soumise iine énorme masse
gazeuse formée d'un mélange très-complexe de gaz et de vapeurs susceptibles de condensation
physique ou chimique dans les couches extérieures, par simple abaissement de tempé-
rature. »
» Je puis m'arrèter ici; la démonstration est complète. J'ose espérer
que les personnes qui ont été frappées des objections du savant astronome
de Palerme voudront bien revenir sur cette impression et juger par elles-
mêmes un travail assurément bien imparfait, mais qui est basé sur l'en-
semble suivant :
» Les faits généraux de durée, d'intensité et de constance de la radia-
tion solaire;
» Le mode spécial de la rotation à la surface du Soleil ;
» Les lois géométriques du mouvement des taches ;
» Leur distribution géographique;
» Les traits généraux et les détails principaux de leur figure;
V Leurs particularités spectroscopiques;
» Les phéiiotuénes caractéristiques des facules et des protubérances;
» Les relations des facules et des protubérances avec les taches et les
pores ;
» Les beaux phénomènes de la chromosphère.
» Cette innnense quantité de faits, ces longues séries de mesures, ces
observations de iialure si variée, depuis les belles mesures de coordon-
nées solaires de ^L Carrington jusqu'aux profils solaires de MM. Respighi,
Secchi et Tacchini, qui se sont coordonnées sous une même conception,
sans efforts d'imagination, spontanément, pour ainsi dire, me donnent
( 388 )
l'espoir que si les spectroscopistes, dans leurs fécondes études, rencontrent
désormais des faits plus ou moins difficiles à expliquer, ils n'en trouveront
pas un qui détruise un tel accord. Ai-je besoin d'ajouter que, malgré
cette confiance, je n'en regarde pas moins ce que j'appelle un peu am-
bitieusement ma théorie comme une première ébauche, prêtant le flanc à
la critique, ayant besoin sur beaucoup de points d'être complétée, pré-
cisée et perfectionnée.
» Mais on n'y parviendra que par les procédés qui ont servi à l'établir,
c'est-à-dire au moyen de l'observation et des mesures interprétées par le
Calcul, la Mécanique et la Physique, à l'exclusion radicale des ressources
illusoires de l'hypothèse, et l'on aura ainsi jeté les bases de la Physique
solaire dont on peut déjà entrevoir le plan. »
THERMOCHIMIE. — Sur les cyanures. Note de M. Berthelot.
« 1. Parmi les déplacements inverses qui s'opèrent dans les dissolu-
tions, l'un des plus surprenants est celui de l'acide chlorhydrique par
l'acide cyanhydrique, vis-à-vis de l'oxyde de mercure. Il résulte des ob-
servations suivantes :
1° HCy (l'i = 2'") -t- HgO (précipité et délayé clans 10 litres) dégage. . . -f- i5,48.
Un excès de HCy ne change pas ce chiffre, qui l'emporte même sur la
chaleur dégagée dans l'action de l'acide chlorhydrique dissous sur la po-
tasse. Aussi la potasse unie à l'acide cyanhydrique, avec lequel elle dé-
gage bien moins de chaleur (3, o), est-elle déplacée par l'oxyde de mercure.
D'autre part
HgCy solide -I- eau (4o parties) ; dissolution — i,5o
HCy gaz, en devenant liquide, dégage -t-SjTO
HCy liquide -t- eau (grande quantité) -t-o,4o
Par suite,
HCy dissous -h HgO = HgCy solide -H 17,0
HCy liquide -+- HgO = HgCy solide _)_ iij ^4
HCy gaz -H HgO = HgCy solide -t- HO gaz -+- iS,3C)
» 2° La formation du cyanure de mercure dissous dégage + i5,48, c'est-
à-dire + 6,02 de plus que celle du chlorure de mercure (-1-9,46), et le
même écart existe pour les sels solides, toujours à partir des hydracides
étendus. Ceux-ci étant monobasiques et à fonction unique, l'inégalité
(*) Dans la Note publiée au présent volume, p. 3 10, il s'est glissé quelques erreurs de
( 389)
thermique indique que l'acide cyanhydriqne étendu doit déplacer entière-
ment l'acide chlorhydrique uni à l'oxyde de mercure. Voici l'expérience :
( HgCy(i'^i= i6'i') +HCl{i'-i = 4'") +0,0 ( N — N, =r+5,9.
I HgCl » +HCy » +5,9 ) Calculé : -h 6,o.
» 2. Elle est d'autant plus remarquable, que l'acide chlorhydrique
étendu déplace complètement l'acide cyanhydrique dans le cyanure de
potassium dissous; comme il était facile de le prévoir, car
iHCy dissous + KO étendue dégage + 2,96 j ^,
HCl dissous + KO étendue » + i3,59 )
» 3. Chacun sait aussi que le cyanure de mercure est décomposé par
l'acide chlorhydrique concentré; c'est même ainsi que l'on prépare l'acide
cyanhydrique. Cette décomposition est due à la réaction de l'acide chlor-
hydrique anhydre contenu dans les liqueurs, ou formé sous l'influence de
la chaleur, lequel possède, en plus de l'hydrate du même acide, l'énergie
que celui-ci a perdue en formant un hydrate défini, soit + G à + 7 calo-
ries environ [Comptes rendus, t. LXXVI, p. 743); valeur suffisante pour
renverser la réaction.
» Le gaz chlorhydrique lui-même déplace, immédiatement et à froid, le
gaz cyanhydrique, du cyanure de mercure. J'ai signalé ce procédé pour
préparer le dernier gaz. La réaction dégage, d'après le calcul, + ô'^''',2.
» 4. J'appelle l'attention sur ces deux réactions et sur leur mécanisme,
qui se retrouve dans une multitude d'autres circonstances où l'on compare
les réactions des acides ou des alcalis concentrés avec celles des mêmes
acides ou des mêmes alcalis étendus. C'est l'existence d'une certaine pro-
chiffres, d'ailleurs sans conséquence, mais que je vais rectifier :
HCl gaz +AgO = AgCl 4- HO gaz -»- 33,2
HBrgaz + AgO = AgBr + HO gaz + 4o,3
HI gaz + AgO = Agi + HO gaz + 46,6
On a encore
HCl gaz + HgO = HgCl -+- HO gaz +23,5
HClgaz+ PbO = PbCl + HO gaz +23,2
HCl gaz + CaO = CaCl anhydre + HO gaz. . . + 26, x
HCl gaz -f- SrO =SrCI anhydre + HO gaz... +34,5
HCl gaz H- BaO = BaCl anhydre + HO gaz. . . +39,6
valeurs qui peuvent servir de termes de comparaison entre les divers chlorures.
G.R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVII, N" 6.) ^'
( 390)
portion d'acide (ou d'alcali), non combiné avecreaii dans les liqueurs con-
centrées, ou sa formation sous l'influence de la chaleur, qui détermine la
réaction inverse; et cela en raison de l'excès d'énergie qu'il possède par
rapport à l'hydrate du même acide, avec lequel il coexiste dans les li-
queurs (i). Cet excès d'énergie mesure l'aptitude à produire la réaction
inverse.
» Au contraire, celle-ci ne saurait être prévue d'après la quantité de
chaleur dégagée dans la dilution de l'acide concentré, devenant en masse
un acide étendu : mode de prévision qui a été proposé par divers auteurs,
notamment par M. Thomsen, et que je regarde comme inexact. Outre que
ce mode de prévision n'est pas justifié en principe, parce qu'il ne dis-
tingue pas l'acide non combiné à l'eau, de ses hydrates, dans les dissolu-
lions, en fait, il conduit à des conclusions contraires à l'expérience. Par
exemple, le cyanure de mercure est encore décomposé à froid par l'acide
chlorhydrique d'une densité i,io, laquelle répond à HCl + ■711-0-; la
dilution d'une telle liqueur par une grande quantité d'eau dégage+ i*^"', 7.
Or il faudrait que la chaleur de dilution fût égale à + 6,0 pour que la
réaction pût être renversée d'après cette théorie; cet excès est si grand que
la dilution de l'acide, même le plus concentré, ne pourrait le compenser.
» Ce n'est pas là d'ailleurs une remarque isolée; j'ai déjà montré qu'il
en était de même pour les actions réductrices et oxydantes de l'acide
iodhydrique {Comptes rendus, t. LXXVI, p. 746), l'hydrogène sulfuré, par
exemple, cessant d'attaquer l'iode en présence d'un acide iodhydrique |)lus
concentré que HI + 7H^0-. Or les solutions acides plus concentrées dé-
gagent par leur dUution de + 4 à + i calories environ, suivant leur degré;
ce qui exprime une énergie incapable de compenser les + 7 ou 8 calories
que la réduction de l'hydrogène sulfuré par l'iode devrait dégager, et, par
conséquent, incapable de renverser la réaction. Au contraire, la présence
de l'hydracide anhydre dans les solutions concentrées et son aptitude à
former un hydrate défini permettent d'interpréter clairement les phéno-
mènes. La plupart des déplacements réciproques donnent lieu aux mêmes
observations, la chaleur dégagée par la dilution des acides ou des alcalis
concentrés n'étant presque jamais suffisante, lorsqu'on l'envisage en bloc,
(i) J'entends ici par acide non combiné à l'eau les liydracides anliydres et les oxacides
normaux (les anciens monoliydrates), tels que AzO'H, SO' H, C'H'O', etc., par opposition .
avec les comliinaisons qu'ils forment avec un certain nombre d'équivalents d'eau. De mémo,
les alcalis normaux sontK.HO% o|)pose à I^HO^ + 4 HO ; Ba H0% opposé à BaHO- -+- 9 HO.
Cette explication est nécessaire pour éviter tout malentendu.
( 39. )
pour fournir l'énergie nécessaire au renversement des actions chimiques.
La limite à laquelle ce renversementalien est surtout caractéristique, parce
qu'elle coïncide avec la limite à laquelle l'hydracide anhydre cesse d'exister
dans les liqueurs, d'après les épreuves tirées de sa tension gazeuse et d'autres
circonstances.
)) 5. Mais revenons aux cyanures. La théorie indique que le déplacement
de l'acide chlorhydrique par l'acide cyanhydrique, dans le chlorure de
mercure, doit pouvoir être observé plus nettement encore, si l'on substitue
à l'acide cyanhydrique libre un cyanure alcalin. En effet, on aura en plus,
dans cette circonstance, la différence des chaleurs de neutralisation des
deux acides par l'alcali. C'est ce que l'expérience confirme :
KCy(i'^i=:8"')-)-HgCl (i'^'î=4"')... +16,7 1
KCl (i^i=8"') + HgCy(r'i=4'")--- + 0,0)
(N-N,)-(N'-N',) = (i3,6-3,o)-(9,5 — i5,5)=+i6,6.
» C'est ici l'un des cas les plus tranchés où la prétendue thermoneutra-
Jité saline se trouve en défaut. La concordance du calcul, fait dans l'hypo-
thèse d'une transformation totale en cyanure de mercure et chlorure de
potassium dissous, avec l'observation est parfaite. Elle ne préjuge rien
d'ailleurs sur l'action réciproque entre les deux derniers sels dissous.
» 6. Une action réciproque de ce dernier genre est facile à mettre en
évidence entre le cyanure de potassium dissous et l'iodure de mercure so-
lide :
Hgl solide + K.Cy(i''i=: 16'") + 4,7
+ 2«KCy +4,7
Solution totale -f-g,4
» La dissolution du corps solide a lieu, dans cette circonstance, avec un
dégagement de chaleur considérable, à cause de la formation des sels
doubles qui subsistent dans les liqueurs.
» 7. Cette formation des cyanures doubles dissous est plus nettement
accusée encore par l'expérience suivante :
HgCy(i*i=i6'") + RCy(i*'i= 4"') dégage -t- 5,8.
» L'acide chlorhydrique étendu, agissant sur cette liqueur, eu sépare les
composants, avec reproduction de chlorure de potassium et d'acide cyan-
hydrique :
Liqueur précédente -f- H Cl ( i '^^1 = 2'" ) -t- 5 , 2
+ 2=HC1 +0,0.
5l..
( 392)
» Or le calcul indique 3,o 4- 5,8 -f- 5,2 = i^,o, pour l'union de l'acide
chlorhydrique avec la potasse, valeur qui ne s'écarte pas sensiblement de
la valeur réelle t3,6, étant données des liqueurs aussi étendues.
» 8. J'ai également fait quelques expériences sur le cyanure d'argent :
1° AzO''Ag(i^i = i6'") + HCy(i''i = 4i'') + i5,72
d'où HCydissous-l- AyO=r AgCyprécipitédégage. . . . +20,9.
2° AzO'Ag (ri= 16'") + KCy (rt = 4'") + 26,57
d'où HCydissoiis + AgO=:AgCyprécipitédégage. . . . +20,9
valeur identique à la précédente, et qui est à peu près la même que celle
de la formation du chlorure d'argent. On en tire
HCyliquide + AgO (précipité) =: AgCy + HO (liquide). ... + 21 ,3
HCygaz -)-AgO » = AgCy + IIO liquide +27)0
HCygaz -f-AgO >- =AgCy-+HOgaz +22,2
cette dernière valeur n'étant qu'approchée, à cause des changements phy-
siques éprouvés par l'oxyde et le cyanure d'argent!
Ces valeurs expliquent pourquoi l'acide cyanhydrique déplace l'acide
azotique uni à l'oxyde d'argent, et pourquoi le cyanure d'argent résiste
à l'action de l'acide azotique,
l'- » 9. Le cyanure d'argent se dissout, comme on sait, dans le cyanure de
potassium, en formant un cyanure double : la réaction dégage à peu près la
même quantité de chaleur que celle du cyanure de mercure, malgré l'état
solide du cyanure d'argent :
KCy(i''i = 4''') + AgCy (précipité) -+- eau (ao*"). . . W- 5,6
C'est un nouvel exemple de la dissolution d'un précipité opérée avec
dégagement de chaleur, par suite de la formation d'un sel double. Cette
formation règle les phénomènes, indépendamment de la solubilité ou de
l'insolubilité du cyanure métallique primitif (mercure ou argent), parce
que le sel double prend naissance avec dégagement de chaleur, et qu'il
est stable en présence du dissolvant.
J'insiste sur ces conditions, à cause de leur généralité. »
( 39'^' )
TiiERMOCHiMiE.— Sur la redissolution des précipités ; Note de M. Berthelot.
« 1. Dans sa Statique chimique (i) Bertliollet « considère comme un
» attribut général la propriété corrélative des acides et des bases de se
» saturer mutuellement ». Il admet « que les aifinités des acides pour les
M alcalis ou des alcalis pour les acides sont proportionnelles à leur capacité
» de saturation», c'est-à-dire inverses de leur équivalent, d'après le lan-
gage de la Chimie actuelle. « J'établis en conséquence, que lorsque plu-
» sieurs acides agissent sur une base alcaline, l'action de l'un de ces acides
» ne l'emporte pas sur celle des autres, de manière à former une combi-
» naison isolée; mais chacun des acides a dans l'action une part qui est
» déterminée par sa capacité de saturation et sa quantité; je désigne ce
)) rapport composé par la dénomination de masse chimique » : nous dirions
aujourd'hui le produit de l'inverse de l'équivalent de chaque acide par
le nombre d'équivalents de cet acide qui sont mis enjeu. Berthollet exclut
ainsi toute idée d'une « affinité élective » (2).
Il résulte de ces notions que, si l'on fait agir sur un sel dissous un acide
capable de former avec la base un sel insoluble, ce dernier devra se pro-
duire, à cause du partage de la base entre les deux acides, puis se précipi-
ter, à cause de son insolubilité. La séparation de ce corps l'ayant fait sortir
du champ de l'action chimique, un nouveau partage de la base aura lieu
entre les deux acides dans la liqueur, par suite une nouvelle précipitation,
et ainsi de suite. Telle est la théorie de Berthollet, qui fait encore loi
dans la Science.
» 2. La théorie thermique fait, au contraire, reparaître la notion d'une
affinité élective, dont le travail est mesuré par la chaleur dégagée dans les
réactions des corps, pris sous des états comparables. Si les corps étaient
isolés de tout dissolvant et si chaque acide ne formait avec la base qu'une
seule combinaison, il n'y aurait jamais partage, contrairement à l'opinion
de Berthollet; par suite l'insolubilité ne jouerait aucun rôle dans la statique
chimique. Il en serait de même en présence de l'eau, si aucun des com-
posés formés en son absence n'éprouvait de sa part une décomposition.
» Mais il existe des acides capables de former plusieurs combinaisons
avec une même base. En outre, l'eau décompose partiellement, en raison
de sa masse et des proportions relatives d'acide et de base, les sels acides
et les sels basiques, comme aussi les sels ammoniacaux, les sels métal-
(1) T. I, p. i5et p. ■J2, i8o3.
(2) Foir aussi i. I, p. •jS.
( 394 )
liques, etc. Ces circonstances détenninent des équilibres intermédiaires,
c'est-à-dire une répartition diverse de la base entre les deux acides. Dans
les dissolutions, et pour les sels solubles, la réalité de cette répartition peut
être établie par les épreuves thermiques (i), ou par la méthode des deux
dissolvants (2).
» Or les lois qui régissent la répartition d'une base entre deux acides
et la formation des sels solubles dans une dissolution doivent intervenir
également, dans les cas où il y a formation de sels insolubles. Mais, si
quelque |)roportion d'un sel insoluble prend naissance en vertu de ces lois
d'équilibre et dans les conditions des expériences, cette proportion se
séparera et sortira à mesure du champ de l'action chimique; l'équilibre
ne pourra donc subsister dans la dissolution, c'est-à-dire que nous ren-
trerons dans le mécanisme si bien développé par Berthollet. Les deux théo-
ries conduisent sur ce point aux mêmes conclusions.
)) 3. Pour décider entre elles, il faut chercher des cas où leurs prévi-
sions soient opposées, tels que ceux où chacun des acides antagonistes ne
forme qu'un seul composé basique et stable en présence de l'eau; ou bien
encore les cas où la formation de l'un des sels neutres donne lieu à un
dégagement de chaleur qui l'emporte sur toutes les autres formations
possibles. J'ai déjà exposé ces expériences et ces calculs pour les sels
solubles, en montrant (3) comment les acides carbonique et acétique sont
complètement séparés de leurs sels alcalins, même à l'état de dissolution,
par les acides azotique, chlorhydrique, sulfurique, etc. Je vais exposer
des résultats analogues pour les sels insolubles et montrer comment ils
peuvent être décomposés entièrement et dissous par les acides forts, con-
trairement à la théorie de Berthollet.
» 4. Mettons d'abord en opposition deux acides monobasiques à fonc-
tion simple, qui ne forment chacun qu'un seul composé avec une base
donnée. L'épreuve est facile à réaliser entre l'acétate d'argent et l'acide
azotique étendu : l'acétate insoluble est changé immédiatement en azotate
d'argent dissous. La réaction
AzO°H étendu + C*H'AgO' = AzO^Ag étendu + C H" O' dissous
donne lieu à une absorption de — 3,5 environ ; mais cette absorption est
due à la trant.formation d'un corps solide en un corps dissous. En effet le
(i) Comptes rendus, t. LXXV, p, 435, 48o, 538,583, t. LXXVI, p 94.
(2) Annales de Chimie et de Pliysique, t^" série, t. XXVI, p. 433.
(3) Comptes rendus, t. LXXV, [>. 4^5, 4^''» ^'''*
( 395 )
calcul montre que la réaction rapportée aux deux sels solides
AzO'H étendu + C'H'AgO''= AzO'Ag solide + C" H 'O' dissous
dégagerait -+- i Calories environ. Si les deux acides étaient séparés de
l'eau, on aurait même + g Calories.
» Il serait facile de multiplier les exemples analogues du déplacement
complet d'un acide monobasique, dans un se! insoluble, par un seul équi-
valent d'un autre acide monobasique qui forme un sel soluble.
» 5. I^a décomposition des carbonates insolid)les (sels à fonction com-
plexe) par les acides monobasiques (chlorhydrique, azotique), dans des
liqueurs soit concentrées, soit assez étendues pour que l'acide carbonique
demeure dissous, est également totale. Dans les solutions étendues, elle
donne lieu tantôt à un dégagement de chaleur, tantôt à ime absorption
(carbonate d'argent et acide azotique); mais elle est toujours exother-
mique lorsqu'on la rapporte aux sels séparés de l'eau et aux deux acides
dissous et amenés à une constitution semblable. La décomposition des
carbonates insolubles rentre donc dans la théorie précédente.
» 6. Il en est de même de la décomposition du tartrate de chaux préci-
pité par l'acide chlorhydrique; les valeurs thermiques (i) indiquent une
action totale, lorsqu'on opère à équivalents égaux; au début, la réaction
est proportionnelle aux quantités fractionnaires d'acide chlorhydrique
employé; 2 équivalents d'acide chlorhydrique étendu suffisent d'ailleurs
pour dissoudre complètement une molécule de tartrate (C^H' Ca"0'^).
» Le citrate de baryte est, de même, dissous complètement par une
proportion équivalente d'acide chlorhydrique étendu et les valeurs ther-
miques indiquent alors une décomposition complète.
» Le tartrate de baryte et le citrate de baryte précipités, lorsqu'on les
traite par l'acide sulfurique étendu, se comportent d'une manière sem-
blable, sauf l'insolubilité du sulfate de baryte.
Les tartrates insolubles se comportent donc, à l'égard des acides forts,
exactement comme les tartrates solubles, le déplacement de l'acide tar-
trique uni à une base, par un poids équivalent d'acide chlorhydrique ou
sulfurique, étant total dans tous les cas, d'iiprès les expériences thermi-
ques, avec le tartrate de soude aussi bien qu'avec les tartrates de chaux ou
de baryte, résultat conforme à la préparation classique de l'acide tartrique.
(i) Elles sont négatives à cause delà transformation d'un corps solide en un corps dissous.
(396)
Qu'il s'agisse d'un sel soliible à base de soude, ou d'un sel insoluble à
base de chaux; qu'il se produise un sel soluble (chlorure de sodium ou de
calcium), ou un sol insoluble (sulfate de baryte), les mêmes règles et les
mêmes phénomènes, déduits des relations thermiques entre les corps sépa-
rés de l'eau, s'appliquent à tous les cas. Ces résultats peuvent donc servir de
critérium entre la théorie de BerthoUet et la nouvelle théorie thermique. »
BOTANIQUE. — Notice sur les Palmiers de la Nouvelle-Calédonie;
par M. Ad. Brongniaht.
« Il y a quelques années, j'ai présenté à l'Académie un aperçu de la vé-
gétation de la Nouvelle-Calédonie, tel que l'état encore imparfait de nos
connaissances sur la flore de cette grande île permettait de l'établir. Depuis
cette époque, une exploration plus étendue de beaucoup de points de
notre colonie nous permettra d'en présenter bientôt un tableau plus com-
plet. Un séjour de trois années, comme voyageur du Muséum, a fourni à
M. Balansa le moyen de recueillir des matériaux nombreux pour celte
étude. M. Vieillard, dont les premières collections avaient servi en grande
partie de base à nos premiers travaux, a poursuivi ses recherches pendant
plusieurs années, mais les collections qu'il a réunies pendant ce second
séjour à la Nouvelle-Calédonie, ne nous ayant pas été communiquées,
n'ont pas pu contribuer à l'ensemble de nos études.
» Nous ne nous proposons pas de présenter à l'Académie les travaux
spéciaux dont chacune des familles qui composent la flore de la Nouvelle-
Calédonie sera l'objet, soit de notre part, soit de la part des collabora-
teurs que nous espérons pouvoir associer à ces études; mais quelques fa-
milles pourront faire exception, et celles des Palmiers et des Pandanées nous
ont paru devoir être de ce nombre.
» Les matériaux à notre disposition portent maintenant le nombre des
Palmiers indigènes de la Nouvelle-Calédonie à dix-huit, sans y comprendre
le Cocotier, qui nous paraît y avoir été introduit et qui est surtout répandu
sur les côtes et cultivé par les Kanacks. Dès 1864, nous avons cru,
M. Gris et moi, devoir attirer l'attention des botanistes et particulièrement
des voyageurs sur quelques Palmiers de la Nouvelle-Calédonie, que nous
signalaient des échantillons, la plupart très-imparfaits, recueillis par
MM. Pancher, Vieillard et Deplanche.
» Ces espèces étaient au nombre de six; toutes furent rangées dans le
genre Kentia de Blume : presque toutes étaient Irès-incomplétement con-
( '^".)7 )
nues, manquaient de feuilles et ne présentaient que des portions d'inflores-
cence et des fruits.
» Les nouvelles recherches de M. Ralnnsa et les collections rapportées
par M. Pancher ont non-seulement complété nos connaissances sur ces
espèces et confirmé leur distinction, mais ont porté à dix-huit le nombre
de ces formes diverses.
a Leur étude sur des matériaux beaucoup plus complets, quoiqu'ils pré-
sentent encore quelques lacunes, montre que ces Palmiers forment trois
groupes bien distincts, dont l'un rentre dans le genre Kentia, tel qu'il a
été défini par Blume, et les deux autres, quoique s'en rapprochant beau-
coup et appartenant également aux Arécinées, dont les graines ont un albu-
men corné non ruminé, s'en distinguent cependant, soit par leurs fleurs
mâles, soit par quelques points de l'organisation de leur fruit. Je séparerai
d'abord, sous le nom de Kentiopsis, trois espèces qui diffèrent des Kentia
par leurs fleurs mâles, qui renferment des étamines très-nombreuses, de
vingt à cinquante, réunies au centre de la fleur, sans qu'on puisse y recon-
naître de disposition symétrique; leur fruit, souvent assez volumineux, est
droit et régulier comme celui des vrais Kentia.
» Nous avions déjà distingué, sous le nom de Kenlice spiiriœ, trois espèces
dont le fruit présentait une forme toute particulière, due au développement,
on pourrait dire excentrique, de la loge fertile, formant une sorte de bosse
latérale et déterminant la position latérale et quelquefois presque basilaire
des stigmates persistants.
» La constance de ce caractère, dans douze espèces de Palmiers pro-
pres, jusqu'à ce jour, à la Nouvelle-Calédonie, jointe à une nature fort
différente du péricarpe, plus charnu et non fibreux, m'a paru permettre
d'élever cette section au rang de genre. Je désigne ces plantes sous le nom
de C/phokenîia[de x6(poç, bosse); toutes, à l'exception d'une seule, ont six
étamines comme les Kentia; une seule en présente douze, disposées régu-
lièrement sur un seul rang.
» Une autre espèce se distingue par ses spalhes persistantes à la base
d'un spadice dressé, et si ce caractère, qui donne un aspect tout particulier
à son inflorescence, se représentait dans d'autres espèces, il pourrait donner
naissance à un groupe très-naturel.
» Mais ce qui doit frapper au point de vue géographique, c'est de voir
ce nombre déjà considérable d'espèces appartenir exclusivement à un
groupe spécial, celui des Kentiées, et aucun des aulres genres si répandus
dans les îles de la Malaisie et de l'Océanie ne se montrer ici; c'est un
C. R., 1873, i" Semestre. (T. LXXVU, IN" U.) ^^
( 39» )
nouvel exemple de la nature, souvent si particulière, de la flore de la
Nouvelle-Calédonie.
» Je vais donner ici les caractères distinctifs de ces divers Palmiers, en
indiquant, pour les genres, seulement ceux qui les séparent des genres
voisins, sans énumérer ceux qui sont communs à toute cette sous-tribu des
Arécinées, qu'on peut appeler lesRentiées, et qui sont les suivants : spadices
entourés par deux spatlies complètes, portant sur leur rameaux, surtout
vers leur base, des fleurs ternées, la médiane femelle et les latérales mâles;
fruits monospermes à péricarpe fibro-charnu; graine contenant un albumen
corné non ruminé. Embryon basilaire.
M Quant au port, ce sont tous des Palmiers à feuilles pinnatifides, lon-
guement engainantes, tantôt Irès-grandes, atteignant plus de 3 mètres de
long, tantôt très-courtes, à folioles pinnées, régulières ou s'insérant sur le
rachis par une base plus ou moins large et plissée, à spadices soit dressés
soit plus souvent recourbés à leur base et à rameaux pendants.
Kentiopsis. — Flores masculi, stamina numerosa, 2o-5o in centro floris
congesta, rudimento pistilli nuUo vel minimo.
Fructus symetricus ellipsoideus, stigmatibus persislentibus apice supe-
ratus, pericarpio fibroso-carnoso.
1. Kentiopsis macrocarpa.
Folia rachi supra plana, infra convexa, foliolis suboppositis lineari-lanceolatis. Spadix
ramis plerisque simplicibus elongatis approximatis, floribus raasculis, petalis lanceolatis-
acutis, sepalis multo longioribus, staminibus numerosis (circiter ^o). Fructus ellipticus
3-4 cent, longus, fibro-carnosus, areola circulari et stigmatibus tribus apice notatus.
Kentia macrocarpa, Vieill. ex Pancher in /fcri.
Hab. bois près Kanala, 8oo mètres (Bal., n° igSG). Mont Arago, 8oo mètres (Bal.,
n° igSy). Mont Nekou, 5oo mètres(Bal., 771"). — Près Mouaiéa, 5oo mètres (Bal., n°2yi 1).
— UeOuin (Bal., n° 64^).
2. KXNTIOPSIS DIVABICATA.
Folia rachi triangulari supra carinala, foliolis alternis. Spadix paulo supra basim ramosus,
ramis brcvibus arcuatis et divaricatis, floribus niasculis sepalis oblongis obtusiusculis, stami-
nibus 25-3o. Fructus olivae forraam et magnitudinem relerens, vix carnosus, fibrosus.
Kentia polyslemon, Panch., in Herb.
Hab. mont Congui (Panch., n° 765). Baie Prony (Bal., n" 1969). Près d'Unie (Bal.,
n° 1969°). — Boiirail, 600 mètres (Bal., n" 770.) — Daaoui de Hero (Bal., n" 770-^).
3. ReMTIOPSIS OLIV.EFOHMIS.
Folia rachi tetragono, foliolis suboppositis. Spadix prope basim ramosus, ramis crassis
itcrum ramosis elongatis fastigiatis, nec divaricatis, floribus niasculis, petalis ellipticis, sta-
minibus circiter 20 [l'à-'i^). Fructus olivaeformis ovalis, stigmate tridentato superatus.
(399 )
Kentia olivœformîs Ad. Br. et Gris, in Ann. Se. nat., 5' série, t. II, p. i6i.
Hab. Kanala (Vieill., n" 1281 ). — Bords de la Nera près Bourail (Bal., n" ^66).
Kentia, Blume. — Flores raasculi : stamina sex sepalis et petalis oppo-
sita, ruditnento pistilli crasso.
Fructus symetricus ellipsoideus, sligmatibus persistentibus, apice sii-
peratus; pericarpio fibroso-carnoso.
1. Kentia elkcans.
Folia rachi infra convexa, supra plana, foliolis alternis approximatis, infra ad nervum
médium paleaccis. Spadix ramis prope basim nascentibiis crassis, raniulis elongatis apice
floribus masculis tantum onustis, fructus oblongo-ellipticus aculus, superficie tenue granulosa.
Kentia elegans, Ad. Br. et A. Gris, loc. cit., p. 160.
Hab. Puebo (Vieill., n"' laSS et 1286). Bois au-dessus de Balade (Bal., 3i22).
2. Kentia Vieillabdi.
Folia rachi applanata subancipile, foliolis suboppositis reoiotis. Spadix arcuatus ramis
pendulis apice masculis. Fructus ovales carnosi? siccitate déformes, superficie granulosa,
seminibus superne oblique truncatis vel depressis.
Kentia Vieillnrdi, Ad. Br. et A. Gris, loc. cit., p. 162.
Hab. Kanala (Vieill., i285; Bal., 1962"), près la Conception (Bal., 1962).
3. Kentia fulcita.
Caulis basi radicibus aereis lœvibus fulcitus (exBalansa) folia. ... Spadix brevis, dense
ramosus, floribus approximatis, masculis sepalis ovatis petala elliptica subaequantibus.
Fructus ovoideus superne attenuatus et subincurvus, stigmatibus tribus apice notatus; peri-
carpio dense fîbroso.
Hab. dans les bois de la Baie-Prony (Bal., i960).
Très-voisine du A. exorhiza Wcndl. (Seemann, Ft. vitiensis, p. 269, tab. ■jB), elle en
diffère par ses racines aériennes, lisses et non épineuses, et par quelques différences dans la
forme des fleurs; ses feuilles nous sont inconnues.
Cyphokentia. — Flores masculi : stamina sex vel rariiis duoclecim iiiia
série inserta; fructus non symetricus, globosus vel ellipsoideus, uno latere
evolutus, gibbosus, stigmate tridentato persistente laterali vel subbasilari
notatus ; pericarpio tenui parce carnoso vix fibroso, endocarpio chartaceo.
§ I. — SpATH^E DU£ APPROXIMATf CADUC*.
J. Dodecandrœ .
1. Cyphokentia macrostachta.
Folia spadix basi incurvus, ramis prope basim nascentibus, iterum ramosis, ramu-
lis simplicibus elongatis pendulis; floribus masculis, staminibus 12 una série insertis et basi
in annulo unitis. Fructus ellipticus stigmate paulo supra basim notatus.
Kentia macrostachya, Panch. in Herb.
Hab. mont Congui, à 700 mètres (Panch., 64o). Mont Arago, vers 800 mètres (Bal., 1970).
52..
r ( 4oo )
B. He.randrœ.
* Spadicis ramuU glabri.
2. Cyphokentia BaLANS£.
Folia racbi supra piofunde sulcata, foliolis lineari-lanceolatis. Spadix dependens,
elongatus, parte inferiori mula ultra nietrura extensa, gracilis cylindrica, versus apiceni
ramosus, ramis lateralibus patentibus vix ramosis, a basi ad apicem flores masculos et fœmi-
neos ferentibus. Fructus sphaericus, stigmatibus latere prope apicem notatus ; pericarpio
carnoso, externe crustaceo, tenuissime granuloso.
Hab. mont Arago, vers 800 mètres (Bal., 1961).
3. Cyphokentia Pancheri.
Folia brevia inaequaliter pinnatisecta, rachl trigona pruinosa, foliolis plerisque basi lata
iiniltiplicatis apice integris acuminalis, junioribus infra sericeis vel lurfuraceo-squamulosis.
Spadix incurvus ramis gracilibus pendulis angulosis glaberriuiis (in varietatibus brevioribus
arcuatis) basi tantuni fructiferis, apice masculis. Fructus globosus, pericarpio carnoso defor-
niis, stigmatibus medio lateris iiotaïus.
Kentia Pancheri, Ad. Br. et A. Gris, ioc. cit., p. i65.
Hab. mont Dore, looo mètres (Pancii.) ; mont Huniboldt, 900 mètres (Bal., 1965); baie
Prony (Bal., 648, igôS); entre Bourail et Kanala, ^00 mètres (Bal., 765); près de Mes-
sioncoué (Bal. , 1966).
4. Cyphck-entia robdsta.
Folia....
Spadix païens nec reflexus, basi ramisque prope basim nascentibns crassissimis, diver-
gentibus; ramulis rigidis flexuosis. Fructus oblongo-ellipsoideus paulo incurvus prope basim
stigmatibus notatus; pericarpio parce carnoso, endocarpio charlaceo.
Hab. près la table d'Unio, 5oo mètres (Bal., 197 1).
5. Cyphokentia Humboltiana.
Folia rachi supra canaliculata, foliolis suboppositis, linearibus, infra versus basim sparse
furfuraceis. Spadix ramis incurvis crassis. Fructus sphaericus latere prope apicem stigma-
tibus notatus; pericarpio lœvi crustaceo non fibroso; endocarpio crustaceo.
Hab. mont Uumboldt, 800 mètres (Bal., SSgS).
6. Cyphok-entia bractealis.
Folia rachi superne carinata, foliolis alternis lineari-lanceolatis apice atteniiatis. Spadix
brevis patens (nec reflexus) prope basim ramosus, ramis numerosis bractea longe subulata
rigida stipatis; ramulis ultra médium tautiim floribus masculis minimis dense approximatis
onustis. Fructus globosus lœvis stigmatibus medio latere notatus; endocarpio crustaceo non
fibroso.
Hab. dans les montagnes, entre Bourail et Kanala, 700 mètres (Bal., '708). Mont Arago,
800 mètres (Bal. 1968). Mont Peuari, 700 mètres (Bal., 35gi). Messioncoué (Bal., 1908").
( 4o. )
Spadicis ramuli intcr lorcs tonientosi.
7. Cyphokentia Depi.anchei.
Caulis gracilis arundinaceus, folia rachi brevi trigona fuifiiracea, superne sulcuta, foliolis
paucisdissimilibus, basilalitudine inaequalibus. Spadix erectus vel païens brevis, ramis brac-
tcis acutis rigidis stipatis, lanuilis nigt'o-piiberulis, floribus approximatis versus apicem tan-
tum niasculis. Fructiis subglobosus vel obovalis, latere supra médium stigmatibus notatus,
endocarpio crustaceo non fibroso.
Kentia Deplanchei, Ad. Br. et A. Gris, loc. cit., p. i63.
Hab. montagnes près de Kanala (Deplanche, n° i6G). Mont Ilumboldt, looo mètres (Ba-
lansa, n° 1967).
8. Cyphokentia eriostachys.
Caulis arundinaceus gracilis, folia rachi obtuse trigona, foliolis numerosis latitudine
aequalibus apice longe attenuatis, ad nervos furfuraceis vel squamulosis. Spadix bas! re-
curvus, ramosiis, ramulis pendulis densifloris, rachi candide tomentosa. Fruclus subspliœri-
cus, parvus, stigmatibus latere supra médium notatus.
Ilab. mont Congui (Panch., 764), mont Mou (Panch., 762), près de la Conception
(Bal., 2192).
9. Cyphok-entia Billahuieri.
Folia rachi obtuse trigona, foliolis dissirailibus plus minusve latis et plicatis, supra gla-
berrimis, infra ad nervos squamulosis. Spadix rigidus erectus vel patens (nec reflexus),
ramis divergentibus angulosis glabris, bracteis truncatis vel nuUis, ramulis floriferis paulo
crassioribus cylindricis, inter flores cinereo-lomentosis. Fructus parvus, sphsericus, stigma-
tibus latere supra médium notatus; pericarpio parce carnoso non fibroso, endocarpio
crustaceo.
Hab. forêts, près de Balade, 5oo m. (Bal., 3i23).
10. Cyphokentia surculosa.
Caulis tenuis arundinaceus, surculos emittens (Pancher), foliis brevibus, rachi gracili
obtuse trigona (parte superiore plana), foliolis angustis glabris. Spadix erecto-patens vtl
subreflexus, ramis bracteis acutis rigidis stipatis, ramulis brevibus, intcr flores nigro-pube-
rulis. Fructus globosus stigmatibus latere supra médium notatus.
Palmier drageonant, Panch. in Herb. [partim).
Hab. mont Mou (Panch., Mus. Neo-Cated., n° ^63).
11. Cyphokentia gracilis.
Caulis arundinaceus gracilis, folia longe vaginantia, rachi brevi, tenui, obtuse trigona
subcylindrica, foliolis paucis dislantibus, latitudine in^equalibus et basi lata Sîepe mul-
tiplicatis. Spadix patens vel basi vix recurvus, ramis divergentibus rigidis dense puberulis;
floribus approximatis versus apicem ramulorum plerumque masculis. Fructus sph.-ericus
parvus, parce carnosus, lœvis, stigmatibus latere ad médium notatus.
Kentia gracilis. Ad. Br. et A. Gris., loc. cit., p. 164.
Hab. montagnes, près de Balade (Vieill., n° 1388, Pancher), mont Mi, entre Bourail et
Kanala, 1000 m. (Bal., 769), mont Arago, 800 m. (Bal,, ic)63 et 1964).
( 402 )
§ II. — Spaths remotj: ad basim spadicis peksistentes.
12. Cyphokentia vaginata.
Caulis liumilis arundinaceiis, folia longe vaginantia, pctiolo et rach! cylindrico, foliolis
suboppositis laiiceolatis acuminatis glabris. Spadix erectus elongatus spatfiis diiobus co-
riaceis, persistentibus, distantibus, basi involutus et vaginatus, inferiore compressa, su-
perne bialata et apice Cssa, siiperiore elongata apice bifida. Spadix fructiferus ramis siibsira-
plicibus erectis gracilibus ; flores masculi hexandri. Fructus ellipticus prope basim
Btigmatibus persistentibus notatus, pericarpio tenui, endocarpio cartilagineo.
Hab. les montagnes près de Ounia (Bal., 3o56; Panch., 6^0, sans localité).
BOTANIQUE. — De la théorie carpellaire d'après des Renonculacées (suite);
par M. A. Tuéccl.
« Dans ma Communication du 3r mars (t. LXXV, p. 795), j'ai sup-
primé, faute d'espace, ce que j'avais à dire des carpelles inonosperraes des
Renonculacées, et j'annonçai l'intention d'en faire l'objet d'une autre
Communication. C'est le résumé de ce travail que je présente à l'Académie,
en y ajoutant de nouveaux exemples que la saison qui vient de s'écouler
m'a permis d'étudier; tous justifient l'opinion que j'ai émise, savoir,
que le fruit n'est pas le résultat d'une modification de la feuille.
» J'ai dit que ces carpelles monospermes sont insérés par un seul fais-
ceau, soil au fond de mailles du système vasculaire, soit le long des cor-
dons qui forment ces mailles ou qui terminent l'axe en se prolongeant libre-
ment vers le haut du réceptacle, et j'ai cité comme offrant de beaux types de
cette insertion V Anémone coronaria et ['Adonis uernalis ; j'y joins le Raniin-
culus sceleratus, comme exemple des plus remarquables parmi les Renon-
cules.
» Arrivé dans la base de l'ovaire, le faisceau d'insertion de chaque
carpelle peut produire deux faisceaux seulement : l'un dorsal monte,
sans se ramifier, jusqu'auprès du stigmate; l'autre ventral s'étend jusque
vers le sommet de la loge, d'où il envoie un prolongement dans l'ovule
unique, qui est anatrope et pendant [Anémone virginiana, coronaria;
Clemalis Gebleriana). Il en est de même dans la fleur du Clemalis calycina
et de V Hepalica triloba; mais, à un âge plus avancé de VH. triloba, il naît
de chaque côté du point d'attache du faisceau ovulaire une courte branche,
en sorte que le faisceau ventral ou placentaire est alors terminé par une
fourche, au fond de laquelle est fixé le faisceau ovulaire.
» Chez quantité d'espèces une telle fourche existe déjà dans la fleur au
( 4o3 )
sommet du faisceau placentaire (^Clematis recla, angustijolia, Viorna, cam-
pani/lora, Filicella, c/lindrica, integrifoUa, ccerulea, marilima, Alragene
alpina, Anémone sylvestris, pensylvanica). Le plus souvent dans ces plantes
les extrémités des branches de la fourche sont libres, mais parfois elles joi-
gnent le dorsal dans la base du style ou un peu plus haut. Dans le Clema-
tis campaniflora '] Al toujours trouvé une seule des branches ainsi réunie au
faisceau dorsal dans le style.
» Nous venons de voir que le faisceau placentaire, simple à sa base, peut
devenir fourchu au sommet de la loge. Il en est de même dans les Thalic-
tiuin^ dont il sera question plus loin. Chez les Ficarin raminculoides, gran-
diflora et divers Ranuncutus, dont l'ovule anatrope est dressé près du bas
de la loge, le faisceau placentaire est bifurqué un peu au-dessus de sa base,
et dans la jeunesse il est souvent représenté par un court moignon vascu-
laire, du sommet duquel partent plus tard le faisceau ovulaire et les deux pla-
centaires [fi. parviflorus, Flammula , acris, procenis, Cymbalariœ, etc.). Chez
d'autres Renoncules les deux faisceaux placentaires et le faisceau ovulaire
sont attachés avec le dorsal directement au sommet du faisceau basilaire
on d'insertion. Ces deux faisceaux du placenta montent le long de la face
ventrale de l'ovaire, et sont opposés au faisceau dorsal qui suit la face pos-
térieure du pistil. A un âge plus ou moins avancé les deux faisceaux pla-
centaires vont s'unir au dorsal au-dessous du stigmate.
» Dans les Raminciilus Flammula et sceleralus^ chacun des trois faisceaux,
ainsi réunis au sommet et à la base, reste simple. Dans le Ficaria grandi-
flora un petit rameau part de chaque placentaire, à la hauteur du sommet
de la loge à peu près, et se termine au-dessus de celle-ci dans le tissu cel-
lulaire sans atteindre le dorsal. Dans le Raminctdiis Lingun ces deux ra-
meaux arrivent au dorsal et s'unissent avec lui. Dans les R. parviflorus,
affinis, muricatus, repens, trilobus, acris, aduncus, procerits, ces deux ra-
meaux, partant des faisceaux placentaires comme il vient d'être dit, pas-
sent au-dessus de la loge, contournent celle-ci et se prolongent sur la face
postérieure, au voisinage du faisceau dorsal jusqu'au bas de l'ovaire, où
leur extrémité se pose sur la base des placentaires qu'ils rejoignent là, ou
sur celle du dorsal, ou dans l'angle formé par cette base du dorsal et des
])lacentaires. Vers le milieu de leur course ces singuliers rameaux sont
parfois unis avec le dorsal par un court filet vasculaire [R. aduncus, acris,
procerus) (i).
(i) Le développement de ces divers faisceaux des Rantinciilus est bien digne d'être noté.
C'est le faisceau dorsal qui apparaît le pieniier. Il décrit, dans le jeune pistil, une courbe en
( 4o4 )
» Dans le CenUoceplialus Jalcahis dont chaque carpelle a, comme les
Ranunculus^ un faisceau dorsal et deux placentaires, ces deux derniers
émettent d'abord quelques vaisseaux qui s'étendent en arrière de la partie
supérieure des larges protubérances opposées à la loge; puis, vers le bas
de la longue corne qui surmonte celle-ci, chaque placentaire produit, l'un
forme de faucille, dont le faisceau d'insertion représente le manche [R. parvifloriis, acris,
aduncus, Flainmula, asiaticiis, tri/obus). Il arrive, au moins dans le R. Cymbalariœ, que
la faucille est interrompue dans sa partie moyenne, c'est-à-dire que, entre les vaisseaux
inférieurs qui constituent la base du croissant de la faucille, et la partie supérieure de
ce croissant, il y a un intervalle dépourvu de vaisseaux. L'accroissement se fait donc
à la fois de bas en haut et de haut en bas. Nous allons voir que ce double dévelojipe-
ment n'est pas un fait isole. Quand la faucille est formée, il se montre, à l'insertion de
celle-ci sur le manche, c'est-à-dire du dorsal sur le faisceau basilaire, un court moignon
vasculaire, opposé au dorsal; il peut être seul [R. pnivifloj-us, Flammiila, arris, Cymba-
lariœ), ou bien il est déjà surmonte de l'unique faisceau ovulaire [R. usiaticus, Li/igiia,
Ficaria raniinculoidcs, etc.). Plus tard apparaissent les deux faisceaux placentaires. Leur
évolution m'a fait voir quelquefois le double développement que je signalais tout à l'heure
dans le dorsal du R. Cymbalariœ. Je l'ai observé dans les placentaires des R. scelc-
ratus, procenis, et aussi dans ceux du même R. Cymbalariœ, qui le présente encore dans
des faisceaux qui s'étendent sur ses faces latérales. Dans ces trois plantes, on trouve parfois
séparées la partie supérieure de ces placentaires et la partie inférieure, qui peut porter déjà
le faisceau ovulaire. Le segment supérieur peut même se ramifier avant que ses vaisseaux
soient unis à ceux de la base de l'ovaire. Le R. procenis montre cela, mais il fait voir aussi
de jeunes placentaires complets sans ramification. Le rameau que chaque placentaire produit
ainsi sur sa face interne se dirige par-dessus la loge vers le dorsal. Il peut descendre alors
dans le voisinage de celui-ci, sans s'unir à lui, en suivant la face postérieure de l'ovaire
jusqu'au bas de la loge, où il se réunit aux faisceaux de cette partie, comme je l'ai dit. Cet
allongement a été suivi plusieurs fois dans le R. pan'ijloriis ; mais il n'en est pas toujours
ainsi. Dans plusieurs espèces, le rameau parti d'un placentaire, après son passage au-dessus
de la loge, s'est uni au dorsal, et un peu plus tard on le trouvait prolongé, comme dans le
cas précédent, jusqu'au bas de l'ovaire. Dans de tels cas donnes par les R. aduncus ei acris,
j'ai vu qu'un fascicule, parti du bas de l'ovaire, montait près du dorsal et finissait par s'unir
au rameau correspondant venu d'un placentaire. Il y avait donc là encore un double déve-
loppement. Ces rameaux transverses des placentaires sont fréquemment surmontés, au-
dessus de la loge, d'un petit rameau renflé au sommet en pinceau aigu, dressé parallèlement
au dorsal, et symétriquement opposé au placentaire correspondant. Il ne naît le plus souvent
qu'après le rameau transverse qui le porte, et parfois quand celui-ci est déjà descendu fort
bas sur la face dorsale de l'ovaire. Pourtant il arrive qu'il naît de bonne heure, isolément,
avant que le faisceau transverse, auquel il s'unira plus lard, soit parvenu au-dessous de lui.
Quand le tout est bien développé, ce petit faisceau dressé suggère l'idée que le faisceau qui
descend le long de la face dorsale est son propre prolongement, et que le faisceau transversc
parti du placentaire n'est qu'un trait d'union, ce que ne justifie pas le mode de dévelop-
pement.
( 4o5)
au-dessus de l'autre, deux rameaux qui montent avec lui et le dorsal dans
l'intérieur de la corne; le rameau supérieur monte à petite distance du
placentaire auquel il est fixé; le rameau inférieur se bifurque, et ses deux
branches très-inégales montent entre le précédent et le dorsal. Ces divers
faisceaux sont étendus, dans le fruit, sur le tissu ligiieux qui continue, au
milieu de la corne, la couche fibreuse de la face interne du péricarpe.
» Dans le Ranuiicithis asiaticus les deux placentaires émettent sur leur
face interne, au-dessus de la loge, de petits rameaux qui montent dans le
tissu moyen du style court et épais. De très-petits rameaux aussi naissent de
chaque côté du dorsal, vers le haut de la loge également, et montent de
même dans le tissu moyen du style, où ils s'unissent à ceux qui sont venus
des placentaires.
» A coté du R. asiaticus peut être cité le R. chœrophyllos comme offrant,
vers le haut du jeune fruit, quelques rameaux des placentaires et du dorsal.
Ceux du dorsal descendant plus bas que dans l'espèce précédente donnent
lieu à un peu plus de complication.
» Dans les exemples qui viennent d'être décrits, les larges faces latérales
du fruit sont dépourvues de faisceaux vis-à-vis de la loge. Je vais signaler
maintenant des plantes cpii présentent des faisceaux diversement distribués
sur ces deux larges côtés.
» Chaque face latérale du fruit du II. Cymbalariœ est parcourue longitu-
dinalement par plusieurs faisceaux qui, nés il'un double développement,
comme il a été dit plus haut, s'étendent de la partie inférieure du faisceau
dorsal ou des placentaires à la partie supérieure de l'un ou de l'autre de ces
faisceaux, auxquels ils sont unis de manière à former un petit nombre de
grandes mailles allongées verticalement.
» Chez les Thaliclrum, chaque carpelle est nuini d'un nombre de côtes
saillantes variable suivant les espèces. Il y en a quatre dans le T. a(iiiilegi-
foliuin, huit dans les T. cinereiim, flavuiu, exaltalum, etc., douze dans les
T. fœlidum et sylvaûcum. A chacune de ces côtes (qui deviennent des ailes
dans le T. aquilerjifolium), correspond un faisceau longitudinal comme elles.
De ces quatre, huit ou douze faisceaux l'un est dorsal; un autre est ventral
et placentaire; tous les autres sont latéraux. Ces derniers sont insérés soit
au sommet de l'unique faisceau basilaire ou d'insertion, soit à la partie in-
férieure du faisceau dorsal ou du placentaire, soit sur l'une de ces nervmes
latérales.
» liB faisceau placentaire, qui présente souvent deux petits groupes vas-
culaires latéraux sur les coupes transversales (7". cinereum, flauum, fœti-
C. R., 1873, i'- Semestre, (T. LXX.V11, N» G.) 53
{ 4o6 )
(htm, s/lvaticum), semble formé de deux faisceaux accolés ; il se bifurque
près du haut de la loge, et dans la bifurcation s'insère le faisceau de
l'ovule. Là, près du sommet, les faisceaux de chaque côté de l'ovaire,
s'unissant entre eux et avec la branche correspondante de la fourche, il
en résulte que, dans l'apicule qui porte la lame stigmatique, il n'y a plus
que cinq, puis trois faisceaux, et, enfin, un seul par la fusion de ces trois
faisceaux supérieurs.
» Un aspect tout différent est offert par la ramification des faisceaux des
jeunes fruits du Rnnimculus aconitifolius. Plusieurs rameaux, insérés à
diverses hauteurs sur les placentaires et sur le dorsal, s'étendent sur les
faces latérales, y contractent quelques anastomoses, et commencent à rap-
peler la nervation plus complexe des Aconilum et des Delpliinhtm que j'ai
décrits antérieurement.
» La réticulation des faisceaux du fruit des Ranunculus arvensis L. et
tuberculatus Kit., qui se ressemblent beaucoup, montre une particularité fort
remarquable. Les faces latérales du fruit sont couvertes de proéminences
coniques, au milieu de chacune desquelles s'élève un prolongement de la
couche fibreuse interne. Un réseau de faisceaux fixés aux placentaires et
au dorsal couvrant ces faces et la couche fibreuse, ^tout faisceau opposé
à une proéminence est soulevé par elle; il semble y monter d'un côté et
descendre de l'autre. Il la parcourt ainsi à la surface du tissu fibreux cen-
tral (i).
» Les Adonis vernalis, cestivatis et autiimnalis, qui ont aussi deux faisceaux
placentaires dès la base de l'ovaire, et malgré cela un ovule pendant, atta-
ché plus haut sur l'un de ces faisceaux, offrent aussi un réseau assez com-
pliqué, produit par des rameaux insérés d'une part sur les placentaires,
d'autre part sur le dorsal.
» Tous les fruits monospermes dont les côtés sont revêtus d'un réticule
de faisceaux insérés, les uns sur les placentaires, les autres sur le dorsal,
conduisent évidemment à la même conclusion qne ceux des Aconits et des
Delpliiniiim, c'est-à-dire que le pistil et le fruit ne sont pas formés par une
feuille modifiée. Il faut nécessairement admettre, pour les motifs que j'ai
donnés page 80 1 du tome LXXV, que le fruit est d'une constitution par-
ticulière, ou qu'il est composé de trois feuilles transformées, ou d'une seule
tripartite, ce qui serait également contraire à la théorie.
(i) Le Ranunculus muricatus, qui a de telles proéminences avec tissu ligneux central,
est dépourvu d'un pareil réseau.
( 4o7 )
» En ce qui regarde le pistil des Anémone et des Clematis, qui n'a qu'un
placentaire simple ou fourchu au sommet, et celui de la plupart des Ra-
nunculus, qui a deux placentaires simples, ou munis chacun d'un rameau
près du sommet, il est clair qu'il faudra vigoureusement torturer les
faits pour les lamener à la structure des feuilles les plus réduites des
mêmes plantes, lesquelles feuilles je ne puis malheureusement pas décrire
ici.
» Je vais terminer cette Communication en donnant quelques exemples
nouveaux de la nervation de fruits polyspermes, dont plusieurs sont
fournis par des genres que je n'avais pas étudiés sous ce rapport.
» Les espèces qui se rapprochent le plus de YEranthis et des Helleborus,
qui donnent les cas les plus simples parmi ceux que j'ai cités dans ma
précédente Communication, sont des Caltha et des TroHius.
» Dans les Caltlia paluslris, Jlabellifolia et radicans, les faisceaux pla-
centaires portent seuls des faisceaux secondaires, qui se ramifient en diri-
geant leurs extrémités et celles de leurs ramules vers la nervure mé-
diane, à laquelle ils n'arrivent pas. Ces faisceaux secondaires et tertiaires
ne s'anastomosent qu'assez rarement entre eux. Le faisceau dorsal qui est
sans connexion avec ces faisceaux transverses ne saurait donc être regardé
comme la nervure médiane d'une feuille.
» Dans les TroUius europœiis et asialicus, un espace assez considérable à
la base du fruit est dépourvu de faisceaux transverses. Les faisceaux secon-
daires qui existent plus haut montent des placentas vers la nervure dor-
sale, qu'ils atteignent le plus souvent; mais leur direction étant en sens
inverse des nervures pinnées des feuilles ordinaires, on ne saurait admettre
que le carpelle soit formé par une feuille.
» Chez les Aquilegia sibirica, caiiadensis, atpina, fragrans, glandulosa, les
faisceaux secondaires, qui sont tous insérés sur les faisceaux placentaires,
sont tellement ascendants, qu'une partie de leur course ou de leurs rami-
fications est à peu près parallèle à celle de la nervure médiane, que leur
extrémité n'atteint pas. Ces faisceaux ont la même disposition que ceux
de V/îquilegia vatgaris que j'ai signalée le 3i mars. Ils ne contractent entre
eux que d'assez rares anastomoses, et ne constituent pas un réseau pro-
prement dit, ou du moins bien compliqué et comparable à celui des
Delphinium et des Aconits.
» HJJquilegia dahurica effectue la transition aux carpelles qui offrent à
la fois des nervures secondaires, que je qualifierai de placentaires, à cause
de leur insertion, et des nervures secondaires dorsales. Dans cette espèce,
53.,
( 4o8 )
les nervures insérées sur les placentas existent sur toute la longueur du
fruit et sont ascendantes comme celles des autres Aquilecjia c\[és; mais,
en outre, il y a, sur les deux tiers inférieurs de la hauteur et de chaque
côté de la nervure médiane, de courtes nervures secondaires pinnées, qui
ne s'allient même pas ou rarement par leur extrémité avec les nervures
secondaires venues des placentas jusqu'auprès d'elles.
» h' hopyrum fumarioides et le Cimicifitga fœlida présentent aussi deux
sortes de faisceaux secondaires, quoique avec un aspect un peu différent ;
et de même les rameaux de la nervure médiane, qui n'existent que dans la
moitié inférieure du fruit, ne communiquent pas, ou seulement rarement,
avec les rameaux des placentaires, en sorte que le commencement du ré-
seau bien imparfait observé est produit principalement par quelques ana-
stomoses que les faisceaux secondaires insérés sur les placentas contractent
entre eux, et aussi par des anastomoses plus rares encore des rameaux de
la nervure médiane.
» Au contraire, Y Aconitum Sloerkiamim montre un réseau bien dessiné,
quoique peu compliqué, à la formation duquel prennent part, par leur ren-
contre, les deux sortes de nervures secondaires et leurs ramifications. La
réticulation est bien plus complexe chez V Aconitum panicitlatum, et les ra-
meaux de la nervure médiane, qui concourent à cette production, sont bien
plus faibles que les rameaux des faisceaux placentaires, ainsi que dans
l'espèce précédente et dans les Aconits que j'ai nommés antérieurement.
» Un tel réseau se retrouve à des degrés divers dans les Delphinium die-
tyocarpum, triste, cardiopetnlitm^ grandiflorum, clieitantinim, formosinn, revo-
lutiim, albiflorum, etc. Dans toutes ces espèces, les faisceaux secondaires
insérés sur les placentas sont également beaucoup plus forts que les rameaux
de la nervure médiane. Unis aux faisceaux qui montent de la base des car-
pelles, ils composent parfois la nervation presque sans le concours des
rameaux de la uerviu-e médiane, qui peuvent être presque nuls, par exemple
dans le D. (jrandifloram, où ils sont réduits à de très-courts traits d'union
obliques. J'ai déjà dit que, dans les carpelles du D. ornatum, ce sont les
rameaux du faisceau dorsal qui, au moins souvent, prédominent sur ceux
des placentaires.
» Chez les Pœonia, la structure du pistil ne se concilie pas davantage
avec celle de la feuille. Il y a aussi dans chaque valve un réseau très-com-
plexe formé par les deux sortes de nervures transverses et leurs divisions,
auquel prennent une grande part des faisceaux ascendants de la base du
carpelle. Rien dans la constitution de ce réseau ne rappelle la nervation
(4o9 )
des feuilles. Le pistil et le fruit des Pœonia s'éloignent bien plus encore de
la structure foliaire par les nombreuses ramifications que toutes les parties
du réseau envoient horizontalement vers la surface du péricarpe, à travers
le parenchyme externe. Ces branches, ramifiées en corne de cerf, ont
beaucoup d'analogie avec celles que M. Cave a signalées dans le fruit de
l'^Esculiis Hippocaslanum, dont je parlerai bientôt. Elles sont composées de
petits vaisseaux ordinairement spirales, accompagnés, à la maturité, de
cellules fibreuses à parois épaisses et ponctuées. Dans leur marche à travers
le parenchyme, ces rameaux ne s'anastomosent pas entre eux; ils ne sont
liés les uns aux antres que par le réseau qui leur sert de base [P. luimilis,
papaueracea, tenuifolia, officinalib, atbijiora, peregrina, lobata, mollis, arie-
iimt, etc.).
» L'espace ne me permettant pas de développer mes conclusions, je ren-
voie aux pages 800 et 801 du tome LXXV. Ce court résumé prouve incon-
testablement que les carpelles des Renoncnlacées ne résultent pas de la mo-
dification des feuilles. Je sais bien qu'il a été écrit, et d'autres botanistes me
l'ont répété, que, si les fruits sont des feuilles modifiées, il faut s'attendre
à trouver leurs éléments anatomiques avec une disposition autre que celle
qu'ils ont dans les feuilles.
» Cette objection est sans valeur, parce que personne n'a prouvé la réalité
de la transformation. Ne pouvant discuter aujourd'hui cette assertion, je
me bornerai à dire que, si la transformation do la feuille en carpelle avait
lieu, on devrait en trouver l'indication dans la jeunesse du pistil. Or il est
facile de se convaincre que c'est le carpelle qui est ébauché dès le jeune
âge du pistil et non la feuille. Si la structure foliaire n'a jamais existé, on
n'a pas le droit de prétendre que le fruit soit une modification de la feuille.
Il est évident qu'une feuille qui n'a point été n'a pas pu se transformer. »
GÉOLOGIE. — Cat'le géologique détaillée de la France.
« M. Eue de Beaumont, pour répondre aux demandes qui lui ont été
obligeamment adressées par plusieurs Membres de l'Académie, ajoute les
détails qui suivent à ceux qu'il a déjà communiqués dans la séance du
2! juillet (i), au sujet du mode d'exécution et de publication de la Carie
géologique détaillée de la France.
» Le titre même de la Carie géologique détaillée fait connaître qu'elle est
(i) Comptes rendus, t. LXXVII, p. i5o.
(4io)
exécutée sur la Carte topographique de l'État-major, par le Service géolo-
gique des Mines, et qu'elle est publiée par le Ministère des Travaux pu-
blics.
» Les opérations du service géologique des Mines ont pour objet prin-
cipal la publication des Feuilles de la Carte géolocjique à téclielle du 80000",
accompagnées de Notices explicatives.
» On a pris pour point de départ les tracés de la Carte géologique géné-
rale, à l'échelle du Sooooo'', et ceux des Cartes géologiques ou agrono-
miques départementales et des autres Cartes locales déjà publiées. Mais,
en raison des progrès de la Géologie, on n'a pu se dispenser de faire à nou-
veau, sur la phipart des points, l'exploration détaillée du terrain.
)) Pour établir un système géologique uniforme, susceptible d'être ap-
pliqué aux différentes feuilles, on a dû exécuter, d'abord eu commun, les
relevés et les tracés; les premières feuilles sont, en conséquence, présentées
à titre de travail collectif; toutefois, on a tenu à marquer, dès le début,
l'adoption au principe de responsabilité personnelle, nettement posé dans
la Carte de l'État-major et qu'il importe de faire également prévaloir dans
la publication géologique. Les notices explicatives ont donc été rédigées
et signées en initiales, par les ingénieurs qui ont été finalement chargés de
vérifier les tracés.
» Afin d'augmenter la valeur pratique de la Carte, et surtout en vue des
applications agricoles, on a signalé d'une manière générale, par des no-
tations conventionnelles, dans le champ d'affleurement de chaque for-
mation colorié d'une même teinte, les variations locales de nature et
d'allure que présente l'ensemble de cette formation; on s'est attaché de
plus à préciser l'emplacement, la disposition et la nature des gîtes acci-
dentels ou adventifs de matières spécialement utiles, ainsi que les rapports
de gisement.
M Les exploitations de matières minérales ou fossiles d'une utilité
spéciale et les ateliers d'extraction et de traitement immédiat de ces
substances utiles sont marqués autant que possible sur la Carte.
» Les cartes et les documents utilisés ou consultés sont mentionnés
soigneusement, avec les noms des auteurs, dans les cadres des feuilles et
dans les notices explicatives, qui relatent aussi le concours apporté, soit
par les services ordinaires des Ponts et Chaussées et des Mines, soit par
d'autres services publics ou par des particuliers, pour compléter le relevé
statistique des établissements industriels.
» Outre la série des feuilles à l'échelle du 80000" , la publication com-
(4ii )
prend les feuilles d'une Carie géologique réduite, exécutée sur la carte que
l'État-major a dressée au Saoooo" et dont chaque feuille résume seize
feuilles de la Carte au 80000®. Elle comprend encore des fragments géolo-
giques exécutés sur les fragments topograpliiques au 4oooo^, auaoooo", etc.,
que publie aussi le Dépôt de la Guerre.
1) A chaque feuille se rattachent, à titre d'annexés, des planches qui con-
tiennent : i" des Coupes longitudinales construites à des échelles diverses,
depuis le 80000* jusqu'au 1000*, en tenant compte de la courbure de la
terre, et dont quelques-unes se poursuivent sur plusieurs feuilles; 2° des
Sections verticales, raccordées au besoin par superposition, qui donnent, à
des échelles du 1000*, du Soo'', du 200*, du 100*, etc., le détail des succes-
sions de couches observées dans les coupes naturelles ou artificielles et
dans les sondages; 3" des Perspectives photographiques, dont les cadres
portent un ensemble d'indications destinées à montrer la liaison qui existe
entre l'observation sur le terrain et les figurés conventionnels des cartes.
Les planches, numérotées, dans chacune des trois séries, suivant l'ordre
de leur publication, portent, en outre, les titres et les numéros des feuilles
auxquelles elles se rapportent; la corrélation des divers documents an-
nexes d'une même feuille est précisée par les textes qui accompagnent les
planches aussi bien que les feuilles.
•>) Enfin une Carte d'ensemble en deux feuilles est dressée en projection
gnomonique, dans un plan tangent au globe terrestre dont le point de con-
tact est situé sur le méridien de Paris, par 5o grades ou 45 degrés de lati-
tude; elle est, en ce point, à l'échelle du 1000 000*. La projection gnomo-
nique, où les grands cercles sont représentés par des droites, a été adoptée
en vue de l'étude des faits d alignement. Un fragment, correspondant à
chacune des feuilles au 320000" ou à seize feuilles au 80000*, figure sur la
Feuille d'assemblage qui accompagne ces seize feuilles réunies en cahier. La
feuille d'assemblage porte, en outre, une Rose de directions qui offre, rap-
portées à un point central, les orientations observées ou calculées des ali-
gnements géologiques utiles à considérer dans le champ des seize
feuilles.
» Toutes les conventions adoptées dans les figurés des cartes et des
coupes sont expliquées dans une Légende géologique générale et dans une
Légende technique. Cette dernière présente la nomenclatiu'e des substances
utiles, établie d'après le système de la collection de Statistique minérale fondée
à l'ÉcQle des Mines. La légende géologique générale se compose de vingt-
deux feuilles. Les trois premières donnent, sur le système de la Carte, toutes
( 4>2 )
les explications nécessaires. La quatrième comprend le tableau des nota-
lions /iV/io/o(/(<j'j/cf et celui des signes et des {racés strnligraphiques. Les deux
séries de neuf feuilles qui viennent ensuite constituent le tableau de chro-
nologie géognostique, où les diverses formations sont rangées par ordre
d'ancienneté. Pour y manifester la correspondance des différents types
locaux d'une même formation, il a fallu diviser la France en comparti-
ments géométriques, auxquels on a été conduit à donner la forme de sec-
teurs rayonnant autour de points convenablement choisis et appuyés sur
des circonscriptions naturelles. La première série correspond à la région
occupée, sur le tableau d'assemblage, par les huit secteurs rayonnant autour
de Paris; la seconde se rapporte aux deux régions occupées par les quatre
secteurs rayonnant de la Teste de Buch et par les quatre secteurs rayon-
nant du Mont Blanc; chacune des séries est d'ailleurs résumée dans tui
Sommaire en une seule feuille.
)) Les relevés géologiques et statistiques étant journellement et indéfi-
niment perfectibles, l'exécution et la publication de la Carte géologique
détaillée sont organisées de manière que chaque feuille ou planche
puisse être mise au courant des résultats acquis à la date de chaque
nouveau tirage. Outre cette date de tirage, qui est mentionnée dans la
partie typographique, chaque exemplaire de feuille ou de planche reçoit
en marge, à titre de bon à livrer, une estampille indiquant la date de la
vérification exigée par les coloriages et |)ar les figurés qui ne comportent
pas encore la reproduction mécanique.
M Les divers ordres de documents qui viennent d'être énumérés ont été
coordonnés de manière à constituer un système homogène, offrant un
cadre à la fois assez large et assez précis pour qu'un fait géologique quel-
conque y trouve facilement sa place. En classant méthodiquement tous les
termes employés, dans des tableaux où les termes de même catégorie sont
nettement définis, on s'est efforcé de combiner un langage et une écriture
géologiques qui fussent susceptibles d'une application générale.
» Pour harmoniser convenablement toutes les parties d'un ensemble
aussi considérable, il a fallu procéder par approximations successives, en
appliquant un premier projet à un certain nombre de feuilles et en lui
faisant subir tous les remaniements et les perfectionnements dont l'ex-
périence démontrait l'opportunité. Malgré les retards que cette manière
de procéder apportait au début de la publication, on n'a pas hésité à con-
centrer les efforts du Service sur l'institution d'un système général, indis-
pensable pour mener à bonne fui une entreprise embrassant la France
(4.3)
entière. Il est à remarquer, d'ailleurs, qu'on établit ainsi une base com-
mune d'entente pour les études ultérieures de Géologie et pour celles de
Statistique minérale ou de Géographie physique, qui seraient l'objet d'entre-
prises particulières; l'adoption d'un tel système permettrait évidemment
de faire progresser dans les meilleures conditions l'œuvre générale qui,
par sa grandeur et sa portée, réclame le concours de tous.
» Les principaux fossiles sont figurés par étage, en Séries paléontologiques,
dans des planches photographiées.
» Indépendamment des Notices explicatives, les ingénieurs du service
rédigent des Mémoires ou des Notes sur les sujets particuliers étudiés dans
leurs explorations ou sur les questions générales qui doivent être résolues
pour la coordination des résultats.
» Les travaux de publication, exécutés à l'Imprimerie nationale, à l'aide
des procédés typographiques, lithographiques et photoglyptiques, ont été
faits sous l'habile direction de M. Derénémesnil, chef du service des tra-
vaux, secondé avec autant de talent que d'intelligence par M. Boullet, chef
de l'atelier de lithographie, et M. Pihan, chef d'atelier à la typographie.
» M. Elie de Beaumont rappelle qu'il a fait connaître la composition du
personnel qui est chargé, sous sa direction, du service de la Carte [Compte
rendu de la séance du 21 juillet).
» En dehors de ce personnel, il doit encore signaler le savant con-
cours prêté à la partie paléonlologique de la publication par M. Bayle,
ingénieur en chef, professeur à TÉcole des Mines, M. Bayan, ingénieur
des Ponts et Chaussées attaché au même établissement, et M. Zeiller,
ingénieur des mines.
» Il doit aussi mentionner les dessinateurs géographes du Dépôt de la
Guerre M. Desmadryl et M. Judenne, au talent desquels on a recours pour
l'exécution de la Carte d'ensemble en projection gromonique ; enfin les
artistes photographes M. Richebourg et M. Marville, auxquels on a confié
les travaux de photographie (1). »
(1) Le siège de service de la Carie géologique détaillée de la France est établi à Paris,
dans le local attenant à l'École des Mines qui se trouve déjà affecté au service de la Carte
géologique générale. Le service de la Carte détaillée y constitue un bureau de renseigne-
ments géologiques à l'effet de livrer à l'industrie, sur les conditions de gisement des ma-
tières minérales, pour les régions déjà relevées, des déterminations correspondant à celles
C. U., 1873, 2^ Semestre, (T. LXXVII, N" G.) 54
( 4i4)
THERMODYNAMIQUE. — Démonslralion directe des principes fondamentaux de
la Tliermodpiamique. Lois du frottement el du choc d'après celte science
[suite (i)]. Mémoire de M. A. Ledied. (Extrait par l'auteur.)
« IX. Quantités qui caractérisent : i"^ la température absolue d'un corps;
2° son état physique et constitutif. — La quantité <S H spécifie, avons-nous
dit dans notre Note précédente, l'état calorifique, à un moment donné,
d'un système d'atomes pesants; mais il y a lieu de se demander quelle est
la portion de cette quantité qui caractérise ce qu'on appelle la température,
entendue d'une manière absolue. Physiologiquement parlant, il est ration-
nel de supposer que la portion dont il s'agit est En effet, cette somme
de forces vives est la seule quantité des deux termes qui constituent l'état ca-
lorifique, apte à produire des chocs sur notre individu. D'ailleurs elle a cela
de spécifique que tous ses termes changent continuellement de valeurs,
d'autant plus, du reste, que les limites extrêmes de chaque vitesse vibratoire
sont plus écartées. Elle produira donc sur notre corps, soit par contact,
soit par rayonnement, entendu comme il a été expliqué antérieurement,
des travaux extérieurs calorifiques dont les variations particulières seront
de même nature que les siennes. Or on sait que la sensihilité, et en parti-
culier celle du tact, qui nous sert exclusivement à apprécier la température
des corps, est excitée chez nous par la succession rapide d'impressions dif-
férentes, et s'éteint au contraire sous l'influence continue d'une impression
d'intensité constante.
» D'autre part, la température d'un système n'est précisée que quand il
que donne le bureau d'essais annexé à l'École des Mines sur la nature et la teneur de ces
matières.
En attendant qu'un bâtiment spécial puisse être disposé pour les travaux, les exhibitions
permanentes et les communications au public, les séries d'échantillons rapportées à l'appui
des relevés géologiques sont conservées dans les locaux dépendant du musée de l'École
des Mines, où prennent place également, dans la collection de Statistique minérale, les spéci-
mens de matières utiles recueillies par les explorateurs. La portion de la Carte exposée en
1867 est aussi conservée provisoirement dans la salle des cours du même établissement ;
elle forme une toile rectangulaire de 7 mètres de largeur et 5 mètres de hauteur. La Carte
totale au 80000", étendue au cadre de la carte au 320000", régularisé comme dans le tableau
d'assemblage, exigera un carré de 16 mètres de côté.
(i) Foir\es Comptes rendus des 14, 21 et 28 juillet, et du 4 août.
(4i5 )
y a écjidiihre de température dans toute sa masse. Or nous avons vu, au
§ V, que tout système de poiuts matériels peut avoir un équilibre stable,
aussi bien vibratoire qu'ordinaire, et qu'en pareil cas la quantité
demeure constante.
» Cette nouvelle considération, jointe à la précédente, amène à con-
clure que, si un système donné est supposé avoir une température déter-
minée, la quantité qui caractérise cet élément n'est autre que la demi-
somme des forces vives vibratoires des différents points du système.
» Après avoir interprété au point de vue calorifique la quantité "" " >
considérons au même point de vue l'énergie potentielle $.
» Lorsqu'un corps ne change ni de volume, ni d'état physique et con-
stitutif, il peut arriver néanmoins qu'il varie ou non de température.
» Si la température demeure constante, il est bien clair que l'énergie
calorifique ne variera pas. La somme - — - +0 sera donc invariable; et
comme, dans notre hypothèse, le premier terme de cette somme est con-
stant, le second, c'est-à-dire $, le sera pareillement. Nous allons démon-
trer qu'il en est de même quand la température varie.
» En effet, de la constance du volume et de l'état du corps il résulte
que la trajectoire de chaque atome, relative à une vibration complexe, ne
varie pas; seulement la durée du parcours change avec la température, de
la même quantité, du reste, pour tous les atomes. Or, si nous considérons, à
partir d'un certain moment, deux atomes s'actionnant mutuellement, leurs
vitesses respectives auront un rapport déterminé ; ce rapport est indépen-
dant de la durée des vibrations, puisque cette durée, quelle qu'elle soit,
est sans cesse la même pour tons les atomes, si on suppose la température
égale dans toutes les parties du corps, autrement dit, si l'on suppose que
sa masse soit incessamment en équilibre de température.
» 11 suit de là que nos deux atomes occuperont constamment entre eux
les mêmes positions relatives que pendant leurs vibrations correspondant
à une température fixée arbitrairement.
» Par conséquent, quelle que soit la température à laquelle on consi-
dère un système de points matériels, tous ces points ont toujours entre eux
les mêmes positions relatives, si le système ne change pas de volume ni
d'état physique et constitutif.
» Il résulte de là que linm' f<\ipdp et par suite $ conservent la même
valeur dans lesdites conditions; donc l'énergie potentielle doit être re-
54..
(4i6)
gardée comme caractérisant l'état physique et constitutif du corps sous un
volume donné.
» Rappelons, du reste, que, pour le gaz parfait, il n'y a pas à se préoc-
cuper de cette quantité, car elle y est constamment nulle.
» X. Expression générale de la température absolue d un corps. — Capacité
calorijique absolue. — Expression de la température en fonction de la Jorce
vive mojenne de vibration. — La température absolue T étant caractérisée
par Ima^, il en résulte que, d'après deux remarques importantes, faites
dans notre Note du 28 juillet, elle est indépendante de l'étal de mouvement
ou de repos de l'ensemble du système.
M Dès lors on peut toujours poser
^' = AxExIxT = AE^T,
k étant un coefficient constant, propre à chaque corps supposé homogène;
g l'accélération des graves;
I le poids du corps ^- —
S
» De l'égalité précédente on tire
, ^ _ ^ma'' _ Inia' g_
^^^^ ~ 2AEI "~ ïm "^ 2/1E'
» La température fixée ainsi mathématiquement ne se trouve pas néces-
sairement proportionnelle aux degrés de tous les thermomètres. Nous
démontrons, dans notre Mémoire, qu'elle ne l'est qu'aux degrés du thermo-
mètre à air, qui doit, en conséquence, être regardé comme le véritable me-
sureur des températures considérées au point de vue théorique.
)) Il nous reste à expliquer comment se détermine le coefficient k. Pour
cela, on peut toujours imaginer que, l'état physique et constitutif d'un corps
restant constant, sa température passe de T à T,. On aura, pour l'augmen-
tation EQ de l'énergie calorifique du corps,
EQ=(
,1, + i::::^ ) _ ( d, + riîi^' ) = AE X I X (T, - T),
d'où
c(T, — Ti
» Cette équation montre que k n'est autre que la capacité calorifique ab-
solue, définie pour la première fois par M. Hirn, et qui est la seule dont nous
ferons usage dans la suite.
( l^n )
» Posons
HX »
c'est-à-dire égal à la moyenne des carrés des vitesses vibratoires d'un atome
d'un corps pendant la durée x d'une vibration complexe. Je dis que
si l'ensemble du corps a une température déterminée. En effet, tous les
atomes posséderont alors des vibrations identiques; on aura donc, à un
moment donné,
Ima- = ma- -\- m' a'" -h m" a"- -{-...= const.C;
puis, à l'instant suivant,
ma^^ -h m'a'^ + in"n]- + ...= C.
» En continuant ainsi, de position en position, pour tous les moments de
la durée d'une vibration complexe, et en additionnant terme à terme la
série des égalités obtenues de la sorte, il viendra
m
d'où
soit
Jt + r />/-)-T /ir + T r>t-hT
a- dt 4- m' / a'- dt + ///' / a"^dt +...= C dt,
mB^ + m' B' -+- m" B^ +. . . = ^ T \dt.
K-lm = C = linn-.
ce qu'il fallait démontrer.
)) Il résulte de là que la valeur de T donnée par la relation (12) pourra
s'écrire
(12 M T = 5âËi-
»
TRAVAUX PUBLICS. — Nole sur tes travaux publics des Etats-Unis
d'Amérique; par M. Belgra\d.
« Depuis la mission dont M. Michel Chevalier a été chargé en i833,
nous n'avions que des notions très -vagues sur les travaux publics des
États-Unis d'Amérique, sauf peut-être en ce qui concerne l'oulillagc des
chemins de fer. Le gouvernement français comprit combien cette lacune
( 4i« )
était fâcheuse, et, en 1870, un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
M. Malézieux, fut envoyé en Amérique pour la combler. Les documents
rapportés par cet ingénieur ont été une véritable révélation pour ses con-
frères.
» M. Malézieux était accompagné d'un élève ingénieur, M. Denys. Il
trouva partout l'accueil le plus sympathique. Voici l'itinéraire qu'il suivit:
» De New-York, il fit d'abord une excursion vers le Sud, dans la Pen-
sylvanie et la Virginie. Il se porta ensuite vers le Nord et descendit le
Saint-Laurent, du lac Ontario à Montréal; puis il se dirigea vers l'Ouest,
par Buffalo et le Niagara, Détroit, Chicago, Omaha. Le chemin de fer du
Pacifique le conduisit à San-Francisco, d'où il revint par Omaha, Saint-
Louis et Cincinnati.
» Un horizon tout nouveau s'ouvrit pour M. Malézieux. Ce qu'il a vu,
ce qu'il a appris, il l'a méthodiquement classé en six grandes divisions :
routes et ponts, chemins de fer, navigation intérieure, ports de mer, tra-
vaux municipaux, objets divers. J'indiquerai d'abord sommairement ici
les traits les plus saillants de ce remarquable travail.
» Ponts. — Plus de ponts en bois, sauf à titre provisoire; pas de grands
ponts en maçonnerie; presque pas de ponts en arc ni à treillis, dits ^mnts
américains. La plupart des ponts se construisent plus économiquement avec
des travées de 60, 100 mètres et même davantage, en poutres droites, mé-
talliques, à grandes mailles articulées, dont les semelles sont reliées par des
liens verticaux ou inclinés, sans rivets ni boulons, ces liens ne travaillant
que dans un seul sens, tension ou compression. Ce type rationnel, dans
lequel la résistance du métal est partout utilisée intégralement, se subdivise
en sept variétés principales.
» Au second plan apparaissent les ponts suspendus. Tandis qu'en Eu-
rope ce système de ponts, trop léger et trop mobile, était abandonné par-
tout, et avec raison, à la suite d'accidents graves, tels que celui d'Angers,
en Amérique, avec non moins de raison, il était consolidé et complété par
l'addition de poutres longitudinales et de haubans. On construit à New^-
York un pont de 26 métrés de largeur (pont de Brooklyn), dont la travée
centrale aura près de 5oo mètres d'ouverture.
» Il faut citer surtout les deux ponts du Niagara. Le premier a été con-
struiten i855, en aval de la célèbre chute; il a aSi mètres d'ouverture d'une
seule volée. Il se compose de deux tabliers superposés : l'inférieur sert pour
les voitures ordinaires, le supérieur porte une voie de fer. C'est le seul
pont suspendu qui serve au passage d'un chemin de fer. Le fléchissement
( 4'9)
du tablier, couvert d'un bout à l'autre de wagons de marchandises à pleine
charge, n'excède pas o™,25.
» Le second pont du Niagara (pont du Niagara Falls) n'a pas moins de
387 mètres d'ouverture dans sa travée centrale.
» L'air comprimé, cette invention toute française, est appliqué en Amé-
rique sur une échelle inconnue en Europe. Le pont de Saint-Louis est
fondé à plus de 3o mètres sous l'eau. Les écluses à air, les ascenseurs sont
disposés de la manière la plus ingénieuse. Les fondations du pont de New-
York occupent une superficie de plus de 16 ares. Deux cents hommes tra-
vaillent à la fois dans la chambre. Ces deux ponts ont donné lieu à une
expérimentation importante de l'effet de l'air comprimé sur l'organisme
humain et sur le phénomène chimique de la combustion.
» En général, les fondations des points d'appui des ponts exigent des
dépenses énormes : c'est ce qui justifie les grandes ouvertures des travées.
Les ingénieurs américains ont donc été conduits rationnellement à adopter
ces dimensions qui, en Europe, nous paraissent gigantesques.
» Travaux municipaux. — Je ne m'occuperai ici que des distributions
d'eau. Les ingénieurs américains adoptent généralement le système des
dérivations. Ils vont, à d'assez grandes distances, chercher l'eau qui leur
semble la meilleure, et la conduisent au point de distribution par l'action
de la gravité. Le tracé des aqueducs rencontre naturellement les grands
cours d'eau qui sillonnent la contrée, et, comme les ponts coûtent
fort cher, il a fallu trouver d'autres solutions pour passer d'une rive
à l'autre.
» Quelquefois les tuyaux sont disposés en arc, assemblés à brides et
forment eux-mêmes un pont qui s'appuie sur les deux culées; ces ponts
sont à deux fins et servent non-seulement au passage de l'eau, mais encore
au passage des piétons et même des voitures; d'autres fois la conduite passe
en ligne droite au-dessus de la vallée, en s'appuyant, au moyen de sup-
ports verticaux, sur une chaîne métallique attachée aux deux tuyaux de
rive. La solution la plus hardie consiste à assembler les tuyaux à joints
flexibles et à les couler au fond de la rivière, à peu près comme on im-
merge au fond de la mer le câble d'un télégraphe électrique.
» Quoique fort ingénieuses, ces solutions seront peu imitées chez nous.
Ainsi, pour ce qui concerne l'aqueduc de la Vanne, je me suis assuré que,
pour franchir les rivières, nous avions économie à poser nos tuyaux sur
des ponts maçonnés.
» Les limites de cet article ne me permettent de parier ni des travaux
( 420 )
de navigation intérieure, ni des ports de mer, ni des gigantesques appareils de
transbordement de Chicago. J'aborde la question des chemins de fer, dans
laquelle se renferme aujourd'hui presque tout le système des travaux
publics d'une grande nation.
» Nous n'avons qu'une idée assez vague des difficultés contre lesquelles
les Américains ont à lutter dans l'exécution des travaux de ce genre; ces
difficultés sont souvent telles, que la plupart des ingénieurs européens les
considéreraient comme insurmontables. Pour en être convaincu, il faut
suivre l'ingénieur français dans le désert que traverse le chemin de fer du
Pacifique entre Omaha, sur le Missouri, et la sierra Nevada.
» Cette traversée est de 2600 kilomètres, deux fois plus grande que la
voie ferrée de Cologne à Paris et à Marseille. En quittant le Missouri,
près d'Omaha, on franchit d'abord, sur une longueur égale à celle du che-
min de fer de Paris à Lyon, le bassin inférieur de la rivière Platte, la
prairie du Nebraska, vaste plaine argilo- sableuse, stérile faute d'eau. Dès
qu'on a dépassé l'EIkorn, il n'y a plus un accident de terrain, plus un
arbre, plus un arbuste à l'horizon. On pourrait se croire au milieu d'un
océan jaunâtre.
» A partir de la station de Clieyenne, sur une longueur à peu près
égale à celle de la prairie, on s'élève sur les pentes des Montagnes Rocheuses
en suivant le cours supérieur de la Platte. Ce n'est plus la plaine mono-
tone du Nebraska que l'on a sous les yeux : c'est un plateau ondulé, mais
s'étendantà perte de vue, un désert encore plus triste.
» On arrive ainsi au faîte des Montagnes Rocheuses, et, sur vuie lon-
gueur à peu près égale à celle du chemin de fer de Paris à Marseille, on
traverse le bassin de la rivière Verte, Pay^s des eaux amères, à l'altitude de
2000 mètres environ. C'est encore un désert stérile : ce n'est pas que les
eaux manquent; mais, fortement chargées de sels alcalins, elles sont im-
propres à la boisson et à la végétation ; on ne peut même pas s'en servir pour
l'alimentation des machines; il a fallu apporter pendant quelque temps l'eau
puisée à la rivière Platte.
» De plus, à ces hautes altitudes, on a dû se défendre contre la neige,
et sur cette immense longueur de 800 kilomètres, on a souvent dû placer
la voie sous des abris ou hangards construits en planches.
» Le bassin du lac Salé qui, sur une longueur de io5 kilomètres, succède
à celui de la rivière Verte, est la seule région fertile que traverse le tracé.
On retrouve ici, tout d'un coup, un sol fertile, une agriculture très-
soignée, des maisons de briques, tous les indices de l'aisance et du confort
f 421 )
dont jouissent les parties les plus favorisées des Étals-Unis. Ce sont les
Mormons qui ont découvert cette oasis, il y a vingt ans à peine.
» Le train qui emporte notre voyageur atteint les limites de l'oasis
sur la rive occidentale du lac Salé, et traverse un nouveau désert. C'est là
que les cartes placent le Grent american Désert, de grandes plaines stériles
que les pluies transforment en marais chaque hiver.
» Le chemin de fer atteint la station (Vliuiependence, puis s'étend sur
une longueur de 4oo kilomètres dans la contrée dont les montagnes, la
rivière principale et le lac portent le nom de Humboldt; il arrive au pied
de la sierra Nevada.
.) Il est impossible d'imaginer im pays plus complètement aride et dé-
solé que celui qui s'étend (ï Indepemlence au pied de la sierra Nevada :
à l'aller comme au retour, c'est un voyage d'une monotonie incom-
parable.
» Le tracé atteint le sommet de la sierra Nevada à la station de Summit,
à l'altitude ai/jS degrés. Ici recommence la difficulté des neiges; on n'a jkis
seulement à craindre l'accumulation produite par le vent, il faut que les
abris puissent résister à des avalanches, dans lesquelles des quartiers de roc
sont parfois entraînés. Aussi les hangars des Montagnes Rocheuses sont-ils
transformés en tunnels très- solidement construits. La carcasse est en
sapin simplement écorcé, taillé grossièrement aux faces de jonction et as-
semblé avec des boulons. Tout cela ne forme pas un tunnel continu; des
intervalles, ménagés sur les points où le péril est moindre, donnent de l'air
et de la lumière. Le développement total atteint 72 kilomètres.
» Les matériaux de construction ont manqué à peu près partout : ou a
montré à M. Malézieux une carrière de grès qui est, sur un parcours d'en-
viron 1000 kilomètres, la seule où l'on rencontre de la pierre non gèlive.
» Que faire dans ces conditions lorsqu'on abordait un de ces grands
cours d'eau absolument inconnus? Far économie et à défaut de pierre à
proximité, on ajournait la construction des piles et culées en maçon-
nerie. Le provisoire convenait d'autant mieux qu'on n'était que très-im-
parfaitement fixé sur le débouché à donner aux ponts.
» Il fallait surtout supprimer les travaux exigeant beaucoup de main-
d'œuvre : par exemple les grands terrassements. On a évité presque toutes
les tranchées profondes et les tunnels en nudtipliant les pentes et les
contre-pentes et en quadruplant ainsi, sur des longueius qui atteignent
jusqu'à 400 et 5oô kilomètres, la somme des hauteurs des faîtes à franchir.
C. R., 1873, j" Scusite. (T. LX.XVU, N» 6.) ^^
( [\->--^ )
>) Voici comment le chemin de fer traverse les vallées qui exigent de
grands remblais. Lorsque fout fait défaut, comme sur les pentes des
Montagnes Rocheuses, les travaux restent à l'état d'ébauche : la voie n'a
pas même la largeur indispensable. On voit quelquefois les traverses,
dont la longueur est de 2'",5o, surplomber des deux côtés, au-dessus des
talus; ce sont des travaux à parachever. Lorsque le bois ne manque pas,
les remblais sont remplacés par des palées en sapin qui ont jusqu'à
23 mètres de hauteur.
» Dans les plaines, où l'on ne trouve ni pierre, ni sable, ni gravier,
comme dans la prairie du Nebraska, les trains roulent au niveau du sol
sur une voie sans ballast. Sur une longueur qui atteint celle du chemin
de fer de Paris à Lyon, on a simplement calé les traverses avec un peu de
terre provenant des fossés.
» N'est-il pas évident que les hardis ingénieurs qiii ont mené à bonne
fin une telle entreprise, dont rien dans notre Europe ne peut donner une
idée, n'étaient pas liés par les mêmes règles que nous. Dans cet immense
développement de déserts inhabitables, où il fallait tout transporter,
hommes, vivres, matériaux de toute sorte, jusqu'à l'eau nécessaire à la
vie et à l'exécution des travaux, la question d'être ou de ne pas être, de
faire on de ne pas faire, dominait tout.
» Dans l'ancien monde, une seule entreprise, une entreprise toute fran-
çaise, a été exécutée dans des conditions aussi difficiles : c'est le percement
de l'isthme de Suez.
rt C'est donc avec raison que M. Malézieux termine ainsi le récit de son
voyage à San-Francisco : « Un chemin de fer conçu, exécuté et exploité
» dans ces conditions, suffirait pour signaler la hardiesse et l'esprit d'en-
» treprise des Américains à l'admiration du monde. »
» On peut terminer cette Note par une autre conclusion.
» Dans l'ancien monde presque toutes les difficultés des travaux publics
viennent des hommes. Nos enquêtes interminables, nos déclarations
d'utilité publique, nos dispendieuses expropriations, nos procès sans fin
sont l'objet des plus sérieuses préoccupations de l'ingénieur. De l'autre
côté de l'Atlantique, on ne s'en tourmente guère, mais on se trouve en pré-
sence d'obstacles natiuels dont l'ingénieur evnopéen n'a jamais à se préoc-
cuper. Ces hardies solutions de'nos confrères d'Amérique seront donc sans
application chez nous. Il faut cependant faire une exception pour ce qui
concerne l'emploi rationnel des métaux dans la construction des ponts :
là, au contraire, nous aurons beaucoup à prendre.
( 423 )
a Le gouvernement français a eu la main heureuse dans le choix de
l'homme qu'il a chargé de cette délicate mission.
» Le Rapport de M. Malézieux a été apprécié comme il devait l'être; le
gouvernement en a ordonné l'impression, et l'édition, tirée à i5oo exem-
plaires au commencement de l'année, est aujourd'hui complètement
épuisée.
» J'en dépose un exemplaire sur le bureau de l'Académie. »
En présentant le volume de V Association française pour l'avancement des
sciences (première session, tenue à Bordeaux), M. de Qcatrefaoes, Prési-
dent de l'Association, s'exprime comme il suit :
« Au nom de l'Association française, j'ai l'honneur de faire hommage à
l'Académie du compte rendu de la première session. Je viens de le recevoir
à l'instant, et n'ai pu le parcourir de manière à renouveler mes souvenirs.
Une analyse, même sommaire, serait d'ailleurs bien longue, car ce volume
a plus de treize cents pages et un atlas de quinze planches. Je me borne
donc à dire que toutes les sciences ont été représentées au congrès de Bor-
deaux, et que le nombre des Communications faites par les Membres a
été d'environ deux cents. Comme dans la plupart des réunions de celte
nature, toutes n'étaient pas entièrement nouvelles : certains sujets traités
dans nos séances avaient été exposés ailleurs; d'autres l'ont été depuis cette
époque, et devant l'Académie elle-même; mais ce volume renferme aussi
plusieurs travaux entièrement originaux, qui n'ont paru que là, et qui
seront consultés avec fruit par tous les savants spéciaux.
» Je me permettrai, en terminant, d'appeler l'attention de l'Académie
sur la devise que porte ce volume : Par la science pour la Patrie. Elle indique
la double pensée qui a présidé à la fondation de l'Association française et
l'esprit général qui en anime tous les Membres. »
M. R. Clacsics fait hommage à l'Académie d'une brochure imprimée
en allemand, et portant pour titre : « Sur un nouveau théorème relatif à
des mouvements stationnaires ».
55.
( 42/4 )
NOMLXATIOIVS.
L'Académie procède à la formation de la Commission qui sera chargée
déjuger le Concours du prix Lacaze (Pliysique) pour iS^S. Cette Commis-
sion doit se composer de la section de Physique et de trois Membres élus
au scrutin par l'Académie.
MM. Bertrand, H. Sainte-Claire Deville, Pasteur réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix
sont MM. Dumas, Regnault, Janssen, Faye.
L'Académie procède, j)ar la voie du scrutin , à la nomination de la
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Cuvier,
pour 1873.
MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard, Élie de Beaumont,
Cosie réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont
obtenu le plus de voix sont MM. Robin, Brongniart, de Lacaze-Duthiers,
Daubrée.
MÉaiOUlES PRÉSENTÉS.
HYDROLOGIE. — De la pwpagalioii de la marée sur divers j)oinls des côtes
de Fiance. Chaïujemenl dans ihcurc de la pleine mer du Havre, depuis les
travaux cVendiguemenl de la Seine. Mémoire de M. L. Gaussin. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Cliasles, Bertrand, de Tessan, Jurien
de la Gravière, Villarceau.)
« 1 . La marée que nous observons sur nos côtes venant de loin, on
comprend qu'il suffit de calculer l'heure et la hauteur de la pleine mer
pour un point convenablement choisi, et d'en déduire les heures et les
hauteurs pour les autres points de notre littoral : c'est ce qu'a fait M. Cha-
zallon dans le calcul de V Annuaire des marées des cotes de France. Il est parti
des formules de Laplace, et, au moyen des constantes déterminées par cet
illustre géomètre, il a calculé les marées de Brest; pour en déduire les
marées des autres ports, il a admis (et l'observation a confirmé cette ma-
nière de voir) que, chaque fois que la pleine mer arrive à une même heure
( 425 )
à Brest, elle arrive à une atitre même heure dans un autre port de France.
De même |iour les hauteurs : chaque fois que la pleine mer atteint un cer-
tain niveau à Brest, elle atteint un même autre niveau dans cet autre port.
C'est donc au moyen de simples tableaux de concordance, que l'on déduit
des marées de Brest les marées des autres ports.
» On sait que, pour avoir l'heure de la pleine mer à Brest, on calcule le
moment du maximum d'action de la Lune et du Soleil, et l'on ajoute, à
l'heure ainsi déterminée, un même laps de temps qui est de 4o''42'" (ce qui
suppose que les marées de différentes grandeurs se propagent avec la même
rapidité).
» Lorsque le Soleil et la Lune passent ensemble au méridien, ou sont à
i8o degrés l'un de l'autre, ils produisent la plus forte marée de la demi-
lunaison. Cette marée, se faisant sentir à Brest l^o" [\2^ plus tard, s'obser-
vera à 4''42'" du soir ou du matin. C'est à la marée des autres ports cor-
respondant à cette marée de Brest de 4''42'" que j'ai rapporté les avances
ou les retards de la propagation des marées des autres heures. J'ai tracé
la courbe des variations de la propagation des diverses marées du jour,
pour les ports dont ï Annuaire donne les heures des pleines mers. Ces
ports sont : Le Boucaut, Cordouan, l'île d'Aix, Saint-Nazaire, Port-Louis,
dans l'Océan; Saint-Malo, Cherbourg, le Havre (avant les travaux), le
Havre (actuel), Fécamp, Dieppe, Boulogne, dans la Manche ; Calais et
Dunkerque, dans la mer du Nord. J'ai tracé aussi les courbes analogues
pour les quatre ports anglais, Cork, Devonport, Portsmouth et Douvres;
les variations de propagation ont été déterminées, non point au moyen
d'observations que je ne possède pas, mais d'après les prédictions des
Tide-Tables.
» On remarque d'abord que, pour les ports de l'Océan, les différences
des retards des diverses marées du jour sur la marée de vive eau sont posi-
tives, c'est-à-dire^ qu'en morte eau la marée se propage plus lentement
qu'en vive eau. Dans la Manche, au contraire, à l'exception du Havre, la
marée arrive plus tôt en morte eau, tant sur les côtes d'Angleterre que sur
nos côtes. Plus loin dans la mer du Nord, à Calais et à Dunkerque, le
régime semble revenir à celui de l'Océan. Voici d'ailleurs des chiffres qui
résument ces variations de régime; j'ai fait la moyenne des variations des
refards des marées correspondant aux marées de Brest de o''o'", o''J5o™,
i''o"', i''3o"', et ainsi de suite.
( 4^6 )
Table ile.i mo) ennes des retards de la i>roj)ngation des diverses marées- du jnur,
la marée de syzjgie étant prise pour tjpe normal.
France.
O^^"" ■■ Minutes.
Boucaiit _(_5 5
. Cordouan _l_go
Ile d'Aix -f-o.8 I
Saint-Nazaire _l_i6^-.
Port-Louis + ^j5
Manche :
Saint-Malo — 1 1 ,2
Cherbourg _ 3,4
Le Havre ( anc.) -t- 3,3
Le Havre (act.) +17,0
Fécainp — 9,6
Dieppe — 9,6
Boulogne _ 2,8
Mer du Nord :
Calais _l_ 0,9
Dunkerque -+- 3,2
Iles Britanniques.
Cork - 8,9
Devonport — 16,2
Portsmoulh — 3,2
Douvres — 5,o
» 2. On voit qu'il s'est produit un changement considérable dans le
régime des marées du Havre. Ce port, dont la moyenne des retards n'était
autrefois que de + 3™, 3, se place à côté des ports de l'Océan à retards
positifs les plus considérables, et présente vis-à-vis des autres ports de la
Manche une exception digne de remarque. Cette exception paraît encore
plus sensible quand on compare la courbe actuelle du Havre avec celle du
port le plus voisin, Fécamp. Le minimum pour le Havre et le maximum
pour Fécamp ont lieu en syzygie ; le maximum pour le Havre, qui est de
4- 34'", correspond à la marée de Brest de ii''3o'"; le minimum pour Fé-
camp est de — 23" et correspond à la marée de 1 1 heures : l'écart de la
variation des retards dans la propagation de la marée dans ces deux ports
est donc, par rapport à la marée de vive eau, de 67 minutes en morte eau;
anciennement il était de 33 minutes.
» Notons d'ailleurs que, indépendamment du changement relatif dans
( 4^7 )
la propagation de la marée, il y a eu au Havre un changement absolu.
En vive eau la pleine mer arrive au Havre 36 minutes plus tôt qu'au-
trefois.
1) Des changements aussi considérables dans le régime des marées du
Havre se produisant après les travaux d'endiguement exécutés dans la
Seine, il semble naturel de les attribuer à ces travaux : c'est là ce qui res-
sort des chiffres précédents indépendamment de toute explication théo-
rique.
» Allons plus loin et essayons de nous rendre compte de la manière
dont le changement dans le régime de la marée a pu se produire.
» L'estuaire de la Seine remplit, et remplissait surtout autrefois, le rôle
de régulateur de la marée du Havre. Tant que les immenses plages de la
Seine n'étaient pas couvertes, le plein ne se faisait pas sentir; mais ces
plages ayant considérablement diminué d'étendue, l'heure du plein a dû
avancer dans une certaine mesure ; cependant toutes les plages n'ont pas été
exhaussées au point de ne plus être envahies par la marée montante. L'ac-
tion retardatrice qu'elles produisaient n'a donc pas dû entièrement cesser,
et l'on comprend qu'elle ait surtout persisté lors des marées les moins fortes.
On s'explique par là comment il se fait que la marée avance sur ce qui se
passait autrefois, de '66 minutes en vive eau et seulement de i4 en morte
eau.
» Les ports de l'Océan dont il a été question ci-dessus offrent tous cette
particularité d'être situés à des embouchures de rivières; or il est à remar-
quer que, en même temps que les travaux d'endiguement rendaient la Seine
plus comparable à ces rivières, le régime des marées du Havre se modelait
davantage sur celui des ports de l'Océan. Toutefois je ne présente cette
considération qu'avec réserve. »
PHYSIQUE. — Du passage des gaza travers des membranes colloïdales,
dorigine végétale. Note de M. A. Barthélémy.
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, H. Sainte-Claire Deville,
Jamin, Berthelot.)
« Le but de ces expériences était de prouver que les expériences de
Graham, sur la dialyse des gaz à travers le caoutchouc, pouvaient se véri-
fier sur des lames colloïdales naturelles végétales, et principalement sur les
surfaces cuticulaires de la feuille, et de justifier ainsi le rôle important que
( 428 )
je fais jouer à la cuticule dans l'absorption de l'acide carbonique par les
plantes (i).
>) Tout le monde connaît les Bégoniacées à feuilles tachetées de blanc,
que l'on cultive dans les serres, et dont les taches blanches ne sont d'ail-
leurs, ainsi que je m'en suis convaincu, qu'un soulèvement de l'épiderme
sur luie couche d'azote. Les feuilles de certaines variétés, très-minces déjà
sur la plante vivante, se réduisent, en se fanant pendant l'hiver, dans l'obscu-
rité, à l'état d'une pellicule douée d'élasticité et qui ne représente plus,
à peu près, que les couches cuticidaires. Ce sont ces lames colloïdales
qui m'ont servi à répéter l'expérience de Graham, que l'on trouve ana-
l^ysée dans les annales de Chimie etde Plxyaique (1867). J'ai suivi rigoureu-
sement la marche de l'illnstre physicien, sauf quelques moilifications de
détail.
)) On commence par s'assurer que la membrane est intacte et qu'elle ne
présente pas de déchirures par la dialyse de l'air seul. Trois expériences,
répétées les 16, i 7 et 18 mars, m'ont dcinné les résultats suivants, au bout
Cle SIX neureS . Volnme d'oxygène
Volume rie gaz absorbé par le pyrogallalc Proportion
recueilli. de potasse. d'oxygène.
ce ce
16 mars 5, a i ,9 36p. 100.
17 " 5,5 3,3 4 ' "
18" 7 , () 2,2 3 1 »
» Bien que les proportions d'oxygène présentent un écart assez grand,
dû à la difficulté de répéter ces expériences dans les mêmes conditions de
pression extérieure, de température et surtout d'élat hygrométrique, ou
peut conclure que l'oxygène passe plus vite que l'azote, et que 1 air ainsi
dialyse contient en moyenne 36 pour 100 d'oxygène. Ce nombre est un
peu inférieur à celui qu'avait trouvé Graham pour le caoutchouc.
» Cette vérification laite et ce résultat important obtenu, j'ai procédé à
la comparaison des vitesses des trois gaz qui nous intéressent le plus; pour
cela, après avoir établi au-dessus de la membrane un courant d'acide car-
bonique, j'ai marqué le point où descendait le mercure au bout d'une
heure; puis, faisant passer de l'azote ou de l'oxygène, j'ai noté le temps
que mettait le mercure pour descendre au même niveau.
Dans quatre expériences, faites avec des membranes différentes, j'ai
(i) (loncours cle 1871 ( (irix Bordin).
( 4^9 )
obtenu les résultats suivants :
ir'^ expérience. 2" expérience. 3' expérience. 4' •"'P^'''''"'^^'
Acide carbonique i*" i'' i*" i'*
Azote i5 i3,4o i5,3o i4
Oxygène 6 6,20 7 5,4o
» Ces expériences, faites dans des conditions de pression, de tempéra-
ture et d'état hygrométrique qui ne sauraient être identiques, concordent
cependant suffisamment avec celles de Graham, et me permettent de
conclure que les surfaces colloïdales naturelles des végétaux ont, pour
l'acide carbonique, lui pouvoir adinissif qui est de treize à quinze fois plus
considérable que celui qui correspond à l'azote, et six à sept fois plus grand
que celui qui se rapporte à l'oxygène.
» J'ai opéré, quelques jours après, avec de l'acide carbonique parfaite-
ment desséché, et je n'ai plus trouvé, comme vitesse par rapport à l'azote,
que des nombres variant entre 9 et 11; il semble donc que l'anhydride
carbonique passe moins vite que l'acide carbonique hydraté.
» En remplaçant la lame végétale par du caoutchouc, j'ai obtenu un
résultat semblable. La différence est moins prononcée par l'oxygène et
l'azote desséchés.
» Je ferai remarquer, en terminant, que ces expériences prouvent la
dialyse de l'acide carbonique à travers la cuticule des feuilles, au même
litre que les expériences de Dutrochet sur ces membranes et les solutions
aqueuses pour prouver l'endosmose par les cellules; au même titre aussi
que les expériences sur l'absorption, faites par M. Dehérain avec des vases
poreux, et auxquelles l'Académie a accordé une de ses plus hautes récom-
penses. En un mot la respiration cuticulaire me paraît suffisamment prouvée
par la présence de cette membrane sur tous les organes, par les analogies
de constitution physique et chimique de cette membrane avec le caout-
chouc, par les expériences de Graham et les mesures sur le passage des
gaz à travers les membranes colloïdales, et enfin par les expériences de
M.Boussingault, qui attribuent à la surface supérieure des feuilles, dénuée
de stomates, une faculté décomposante plus considérable que celle de la
face inférieure criblée de ces petites ouvertures. »
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVll, N» G ) ''"
( 43o )
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les mélhodes d'analyses des phosphates naturels
employés en Aijricullure. Note de M. G. Mène. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Balard, Fremy, H. Sainte-Claire Deville,
Daubrée, Cahours.)
« J'ai déjà appelé l'attention sur l'analyse des phosphates par les mé-
thodes à l'ammoniaque et à l'acide citrique (ou acétique), et sur les résul-
tats erronés auxquels ces méthodes pouvaient conduire (i). J'inquerai
aujourd'hui quelques résultats d'analyses faites à mon laboratoire, qui
confirment ce que j'ai annoncé.
» Des phosphates coproHlhesduNord, qui accusent 45 pour loo (de phos-
phate tricalcique) par la méthode à l'acide citrique et au phosphate ammo-
niaco-magnésien qui en dérive, ne donnent que des traces d'acide phos-
phorique, par le procédé au bismuth. D'autres phosphates, dits du Rhône,
qui titrent 53 pour loo de phosphate, par la méthode acétique et le phos-
phate ammoniaco-magnésien qui en dérive, ne donnent pas traces d'acide
phosphorique par le bismuth.
» Je dois dire aussi que, quand on a voulu contrôler le prétendu phos-
phate obtenu dans ces cas, en redissolvant le précipité, pour avoir les réac-
tions du nitrate d'argent, du bismuth, du potassium, on n'a jamais rien
obtenu; de même, on n'a pas pu en retirer d'acide phosphorique. On
s'est, au contraire, convaincu que ce précipité n'était que de l'alumine
et de la silice. Si, du reste, on veut bien se reporter à la description du
procédé, on verra que la liqueur ammoniacale, qui sert à précipiter ce
phosphate ammoniaco-magnésien, y précipite aussi l'alumine et la silice,
et que, en l'absence de l'acide phosphorique, ces deux bases donnent le
change et font croire à cet acide phosphorique (que cependant un œil
exercé reconnaît au premier abord).
» ... Si j'attaque cependant le procédé à l'acide citrique, pour les cas
où le composé contient de la silice et de l'alumine, je dois dire que, pour
les autres échantillons où ces corps n'existent pas ou peu, la méthode est
bonne, et nous avons obtenu, à mon laboratoire, en maintes occasions,
sur des phosphates des Antilles, de Limbourg (Allemagne), des os, etc.,
des chiffres tout à fait comparables avec le procédé au bismuth.
M Je dirai, en terminant, que, si je me suis arrêté au procédé du bis-
muth, c'est que ce métal précipite l'acide phosphorique dans des condi-
(i) Comptes rendus, séance du 9 juin 1873, t. LXXVI, p. i4io.
(43. )
lions telles de sûreté et de rapidité, que nul autre réactif ne peut lui être
comparé. Dans maints dosages, en effet, il n'y a jamais eu un écart de plus
de o,25 pour loo, ce qui, industriellement parlant, est insignifiant. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur une grotte de f âge du renne, située à Lortet
[Hautes-Pyrénées). Note de M. Ed. Piette. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Qnatrefages, Blanchard, Robin,
de Lacaze-Duthiers.)
« Je viens de découvrir une caverne de l'âge du renne à Lortet (Hautes-
Pyrénées). La petite grotte d'Aurensan était jusqu'aujourd'hui la seule de
ce département dans laquelle on eût recueilli des vestiges de cette époque.
Celle de Lortet est une station beaucoup plus importante; par sa grandeur
et sa situation, elle paraît devoir fournir de nombreuses richesses paléoli-
thiques. Elle est située presque en face du village, sur le penchant d'une
montagne pittoresque, à i6 mètres au-dessus de la rivière de Neste. Une
route passe au bout de sa vaste entrée, qui reçoit les rayons du Soleil cou-
chant.
» En pénétrant dans la grotte, on se trouve d'abord dans une chambre
composée de deux parties : l'une formant un vaste vestibule éclairé, très-
sain; l'autre plus profoiîde, plus sombre, pleine de stalactites d'où l'eau
tombe goutte à goutte.
» Le vestibule a ia™,3o de largeur à l'ouverture, i5™, ao un peu plus
loin, 12 mètres vers le milieu, et 6 à son extrémité. Sa longueur est de
20 mètres. Sa voûte, dépourvue d'anfractuosités remarquables, a a*", iode
hauteur vers le centre. Son aire est formée par une stalagmite unie, queue
recouvre aucune parcelle de terre. Ce vestibule est séparé du fond de la
caverne par deux piliers de stalactites.
» Au delà de ces piliers la grotte s'élargit de nouveau, projette au nord
un bras au fond duquel on voit poindre le jour venant de l'extérieur à tra-
vers un petit trou, qui est peut-être une ancienne entrée. Elle se rétrécit à
l'est et forme une chambre, dont le plancher en stalagmite s'épaissit et
s'élève rapidement. De la voûte pendent de nombreuses stalactites, qui en-
tretiennent l'humidité. Cette chambre est fermée au fond par un rideau de
stalactites, percé autrefois par un trou servant de passage pour s'avancer
dans d'autres chambres. Les anciens du pays prétendent que, lorsque ce
trou existait, on pouvait, en suivant nue série de cavernes et de corridors,
pénétrer fort loin dans la montagne et atteindre un torrent souterrain. Je
56..
( /.^^ )
n'ai exploré aucune des chambres profondes, les trouvant trop humides :
la première seule m'a paru assez saine pour avoir été habitée.
» J'ai fait percer la stalagmite du plancher, vers le milieu du vestibule. En
relevant les plaques arrachées par la pioche et le levier, j'ai trouvé des mâ-
choires de renne et de cerf, adhérentes à leur surface interne. Sous la sta-
lagmite était un amas de cendre et de charbon, dans lequel on voyait en
abondance des os brisés. Je fis faire en cet endroit une fouille qui atteignit
l'^jôo de profondeur, et je pus voir la coupe suivante :
)) o'",20, stalagmite formant le parvis de la grotte.
» i" ,02, foyers noirs, pleins d'ossements brisés en long, de mâchoires d'animaux fraclu-
rées, de silex taillés et de bois de renne travaillés.
» G", 38, terre jaune, mêlée de cendre et de charbon, contenant les mêmes objets et les
mêmes ossements que la couche précédente.
» A cette profondeur, je fis enfoncer un levier en fer ayant plus de
I mètre de longueur; il entra tout entier dans la terre, sans rencontrer de
résistance. Il y a donc là des foyers superposés, d'une épaisseur considé-
rable. J'y ai recueilli des grattoirs, des couteaux, des pointes en silex, des
lissoirs en bois de cerf, des poinçons, des aiguilles, des pointes de lance,
des flèches barbelées en bois de renne.
» Parmi les animaux dont j'ai recueilli les ossements, je citerai l'ours
actuel des Vyrénées [ursiis arctos), le loup, le cerfélaphe, le renne, le cha-
mois, le bouquetin, le bœuf, le cheval, le coq de bruyère. Le cerf parait
beaucoup plus abondant que le renne. Sur un fragment de bois de renne,
est gravé un coq de bruyère : cet animal habite encore aujourd'hui les en-
virons de Lortet.
» Il y a là plus de 5oo mètres cubes de cendres, pleines de débris,
conservées intactes sous une couche de stalagmites, sans mélange possible
avec les vestiges des âges suivants. C'est la demi-civilisation des sauvages
raffinés de l'âge du renne. »
M. H. Peyracd adresse une nouvelle Note intitulée « Action toxique des
infusions d'absinthe et de tanaisie sur le Phylloxéra. Expériences. Projet
d'application de la culture de ces plantes à la destruction de la maladie de
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Faucon.xet adresse une Note relative à divers procédés de destruction
du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
( 433 )
M. G. DE CoNiNCK adresse une nouvelle Note relative à la théorie sur les
relations entre les phénomènes météorologiques et les phénomènes volca-
niques.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. A. Brachet adresse une Noie sur un « hélioscope parallactique,
fondé sur un mégascope aplanétique de Foucault ».
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. A. Leblan adresse une Note relative à un nouveau modèle de wagon.
(Renvoi à l'examen de M. Tresca.)
M. Bouvier adresse une Note relative à l'origine de la chaleur et de la
lumière.
(Renvoi à l'examen de M. Janssen.)
M. Ch. Denis adresse une Note concernant les causes probables de la
maladie des vers à soie.
(Renvoi à l'examen de M. Blanchard.)
M. L. Hugo adresse le dessin de deux dodécaèdres antiques, conservés
au Musée de Lyon. Cette pièce est accompagnée d'une Lettre de M. Marlin-
Daussigny.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Roulin.)
La Commission anciennement nommée pour examiner les Communi-
cations relatives aux chemins de fer ayant été successivement réduite par
le décès de plusieurs de ses Membres, cette Commission sera complétée par
l'adjonction de MM. Phillips, Rolland et Tresca.
La Commission se composera donc de MM. Séguier, Morin, Phillips,
Rolland, Tresca.
CORBESPONDANCE.
M. Ch. Wheatstone, élu associé étranger en remplacement de
M. J. von Liebig, adresse ses remercîments à l'Académie.
31. Steenstrup, élu correspondant de la Section d'Anatomie et Zoologie
en remplacement de M. Jgassiz, adresse également ses remercîments à
l'Académie.
(434 )
M. le Secrétaire PERPÉTUEL donne lecture de la Lettre suivante adressée
à l'Académie par M. le Secrétaire de Y Académie des Sciences naturelles de
Minnesota.
« Minneapolis, Minn., le 22 juillet 1873.
» Je vous envoie aujourd'hui un exemplaire de la constitution, des règlements, discours
du Président, etc., de l'Académie des Sciences naturelles de Minnesota.
» M. le professeur Winehell est en campagne pour exécuter le levé de cet État.
» Veuillez vous rappeler cette Académie quand vous ferez des envois de rapports, de
cartes, etc.
» Respectueusement à vous,
>• Alfred E. Ames M.-D.,
» Secrétaire pour la correspondance. »
(Renvoi à la Commission administrative.)
31. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Une brochure de MM. J.-Ê. Planchon et J. Liclitenstein, intitulée :
« le Phylloxéra (de i854 à iSyS) » ;
2° Une brochure de M. F. Garrigou, intitulée : « Généralités sur les
eaux minérales des Pyrénées » ;
3° Un volume imprimé en espagnol et portant pour titre : « Archives
boliviennes. Collection de documents relatifs à l'histoire de la Bolivie,
pendant l'époque coloniale ». (Ce volume sera soumis à l'examen de
M. Roulin.)
GÉOMÉTRIE. — Solution analytique du tracé des courbes à plusieurs centres,
décrites d'après le procédé géométrique de Perronet. Note de M. J.-P. Re-
vellat, présentée par M. Yvon Villarceau. (Extrait.)
(c I. Perronet, à l'occasion de la construction du |3ont de Neuill}', fit
usage, pour l'intrados de ses voûtes, d'une courbe à plusieurs centres,
dont la solution analytique du tracé était restée inaperçue jusqu'ici.
» Ce tracé découle, comme on sait, de la loi suivant laquelle les divers
rayons rencontrent les axes de la courbe. Ainsi, tandis que les parties in-
terceptées par leurs directions sur le prolongement du petit axe sont égales
entre elles, leurs rencontres avec la ligne des naissances donnent des seg-
ments qui sont entre eux comme la suite naturelle des nombres i, 2,
3, 4î--'> selon le nombre des centres.
( 435 )
M Qu'il s'agisse, {lar exemple, de décrire une courbe d'un nombre im-
pair quelconque h de centres sur les deux demi-axes a et b. Ayant pris sur
le grand diamètre, à partir des naissances, une certaine longueur que l'on
suppose devoir être le premier rayon R,, on divise le reste a — R, en
parties inégaies, de telle sorte que, en appelant q la première, c'est-à-dire
celle qui résulte de l'intersection des deuxième et troisième rayons avec
le grand axe, la deuxième sera aq, la troisième 3q... et la dernière q.
» On prend, ensuite, sur le prolongement de la montée, à partir du
point de concours des deux axes, une certaine longueur qui soit dans un
rapport arbitraire/ avec « — R,, de manière à avoir R^,^ — b =/(« — R,),
en appelant R^__ le plus grand rayon.
2
» Cela fait, on tire des droites indéfinies par les points de division du
même ordre ainsi obtenus sur les deux axes, ces divisions étant ordonnées
de l'extrémité au centre de la courbe sur le grand diamètre, et du centre
vers l'extrémité sur la montée prolongée. Maintenant, si la longueur du
premier rayon a été bien choisie, la courbe décrite successivement des
centre, déterminés par les points de rencontre des transversales contiguës
passera par les naissances et par le sommet de la montée. Dans le cas con-
traire, on fait une nouvelle hypothèse sur la longueur du premier rayon,
et l'on recommence, au besoin, cette même suite d'opérations, jusqu'à ce
qu'enfin la courbe , décrite comme il vient d'être dit, passe exactement
par les extrémités des diamètres.
» Telle est la question laissée sans solution depuis un siècle, malgré
l'usage fréquent qui a été fait de ce tracé et les tiavaux importants publiés
dans le but d'en faciliter les applications.
» II. Mise en équation. — Ces préliminaires posés, on aura, d'après les
conditions fixées par Perronet, en exprimant que la somme des intervalles
déterminés, sur le grand axe, parles rayons Ra, Rj, Ri,.--» ^n-i est égale à
n — R,, et en se souvenant que le premier intervalle est q, le dernier
q, q -h 2q -h 3q -h i^q +...-\ q = a — R,; d'où
I
(l) ^(^l_J.j = a_R,.
» En désignant par C,, C^, G,, C^,... les centres des arcs successifs de
la courbe, dont le premier est sur le grand axe et le dernier sur la montée
( 436)
prolongée, nous exprimerons en fonction de l'indéterminée q le polygone
formé par les centres situés d'un même cùté de cette montée, en posant
(2) C.Co + CoCa-f-CjC, +...= fyn,
la quantité II étant un coefficient numérique à déterminer ultérieu-
rement.
» Si l'on considère que les côtés C, Co, C2C3,... du polygone des centres
sont les différences Rj — ^n R3 ~ Rj»-- *^^^ rayons successifs, on aura
(3) R.+7n = R„^.
» Mais on a d'ailleurs — ' =/, ou R„_, =/^(rt — R,) -f- b.
Portant cette valeur dans l'équation (3), il vient
(/,) R, + f/n=yfy(rt-R,) + Z',
et, en combinant les équations (i) et (4), on en déduit les deux inconnues
de la question
(5) R. -«-(„,_, )(y^,)_8n' ^^ '^^' 7-(„._,),/+,)_8n
» Il ne reste plus à déterminer que la quantité II, correspondant à des
valeurs déterminées de n et def.
» m. Expression générale des tangentes des angles formés parla lencontre des
7 ayons avec la montée prolongée. — En exprimant algébriquement la dislance
de chacun des points de division du grand diamètre au point de concours
des deux axes de la courbe, on a
2^ + 3^ + 4f/ + 5(/ +...H —-q=q g ,
27+ 37 + 4</+ ^q+...+ —^q =fy— y— ,
3? 4- 4? + 57 +...4- ^<ry = <7 ^^^^^,
ainsi de suite jusqu'au dernier segment, qui se réduit à q ^ •
» En se souvenant que la partie du plus grand rayon située au-dessous
de la ligne des naissances est exprimée par R„_i —b = qj ( — g — j» et que
( 437 )
cette ligne est toujours divisée en '-^-^^ parties égales, on aura, les dis-
tances étant comptées à partir du point de concours des axes de la
courbe: pour la longueur de la première division, qfi'—T—)'-, pour la
deuxième, 2qJ—T—; pour la troisième, 'iqf'—j~"''"'i ainsi de suite.
» Par conséquent, en appelant A,, Aa, A3, A4,... les angles successifs,
formés par les rayons R,, R», R3, R^,.., et la montée prolongée, on aura
t«"gA.= ^;^'] |tangA,-tangA,= ^;^J^,
(7)(''"^^^^47m^' et, par suite, (8) '""§^-^-'""§^' = 7^7^^'
tangA3=g^j^, tangA3-tangA,= ^|l±il^,
» Les lois de formation sont évidentes. Ainsi, pour les différences des
tangentes, le coefficient des numérateurs est formé du quadruple produit
des indices des angles A moins l'unité; tandis que celui du dénominateur
est seulement égal au double produit des mêmes indices.
» IV. Différences des rayons successifs. — Quant aux côtés du polygone
des centres, on reconnaît sans peine, en construisant la figure, que l'on a
' \tangA|— tangA, /cosA, cosA,\«'+7/
(9)
\tangA:.— tangAj tangA, — tangAo/cosA, ^ cosAi\«' + 3o«= -t-i6i / '
c/.=«f ^ - \_L_=,4„/." + '/ .2"= + .32
tangAs— tangAj tangA, — tangA^/cos A3 cosA^Xn' + '^on'+ioSi /
» Remplaçant, dans ces expressions, d'abord n elf, et faisant la somme
des côtés, on trouve la valeur du polygone des centres qïl exprimée par
la relation (2) et, par conséquent, la valeur numérique de II. Portant
cette dernière valeur dans les équations (5) et (6), on déterminera le pre-
mier rayon R, et l'intervalle initial^. Enfin cette valeur de ^ étant portée
dans l'équation (9), on déterminera les différences des rayons successifs et,
par suite, la série complète des rayons R,, Rj, R3, R^, Quant aux angles
au centre des arcs, on les déduira naturellement de ceux donnés par les
expressions (7).
C, R., 1873, 2» Semeslre, (T, LXXVIl, N» G.) 5']
( 438 )
» V. Principales propriétés de ces courbes. Courbes elliptiques. — On
peut (oiijours décrire une demi-ellipse ayant la même ouverture et la même
montée que la courbe demandée, et l'on sait en déterminer les rayons
de courbure principaux, qui sont -j- pour les naissances, et j- pour le
sommet. Or, les indéterminées qui entrent dans les équations fondamen-
tales (5) et (6) étant en nombre supérieur à celui des relations qui les lient,
on peut en disposer de manière à faire acquérir à la courbe de certaines
propriétés. Faisant, par exemple, R, = — dans la première de ces deux
équations, on obtient, toutes réductions faites,
«_(«'-i)(/+i)-8n
^ ' b~ 8n— /(«'— i)
» Pour avoir la véritable signification de ce rapport, il faudrait connaître
la valeur de II correspondant à des valeurs particulières de n et de £
quand on fait le premier rayon égal au rayon de courbure aux naissances.
Par des considérations géométriques qui ne peuvent être développées ici,
nous parvenons à la valeur suivante du rapport (lo) :
(") i=/
» Ainsi lorsqu'on fait le premier rayon égal au rayon de courbure aux
naissances : i° le rayon du sommet est égal au rayon de courbure de l'el-
lipse en ce point ; 2° le rapport de la demi-ouverture à la montée est égal
ày, c'est-à-dire au rapport — '_ : conséquences importantes' qui per-
mettent de décrire, par un procédé géométrique, une courbe à plusieurs
centres, ayant les mêmes rayons de courbure principaux que l'ellipse dé-
crite sur les mêmes axes: c'est ce que nous appelons une courbe elliptique,
n Mais ce n'est pas tout; comme il résulte de la discussion des équations
(5) et (6) que l'on peut décrire, sur les mêmes axes et avec le même rayon
initial, une série de courbes d'un nombre de centres différent, et moindre
que trois, il s'ensuit que Ton pourra toujours décrire, sur deux axes don-
nés, une série de courbes elliptiques d'un nombre différent de centres. Il
suffit, après avoir déterminé les deux rayons de courbure principaux, de
diviser les lignes a — R, et R„_, — b selon les conditions fixées par Per-
rouet et de continuer l'épure comme à l'ordinaire.
» Ce tracé, aussi simple à exécuter que facile à retenir, constitue une
(439)
très-élégante solution du problème de t'anse de panier elliptique. Nous dé-
montrons d'ailleurs que cette courbe a la même aire que l'ellipse décrite
sur les mêmes axes.
» La discussion montre encore que, lorsqu'on satisfait à la condition
-=yj la courbe approche d'autant plus de l'ellipse, que le nombre de
centres approche de onze; que si ce nombre est atteint, la courbe jouit du
maximum d'etlipticité, et qu'au delà la courbe n'est plus possible. »
GÉOLOGIE. — Nouvelle Note sur le corindon de ta Caroline du Nord,
de la Géorgie et de Montana; par M. Lacrence Smith (i).
« Corindon. — Ce minéral se présente ici en une variété beaucoup plus
belle que dans toute autre localité connue. Les masses, dans bien des cas,
sont très-grandes, du poids de 3oo à /joo kilogrammes, avec de beaux et
grands clivages, et elles sont remarquablement pures. Les cristaux sont
beaux également et, dans certains cas, d'une grosseur et d'une beauté remar-
quables. Deux de ces cristaux, découverts par M. Jei^ks et possédés actuel-
lement par le professeur Shepard, ont été décrits par lui. Leur poids res-
pectif s'élève à environ i5o kilogrammes; le plus gros est rouge à sa
surface, et à l'intérieur d'un gris bleuâtre; la forme, en général, en est
pyramidale, mais montrant toutefois plus d'une simple pyramide à six
pans, dont le sommet se termine par un plan un peu rugueux et d'une
forme hexagonale mal définie. Le cristal le plus petit présente la forme
d'un prisme hexagone régulier, bien défini à l'une de ses extrémités,
l'autre restant inégale et incomplète. La couleur de ce cristal est générale-
ment d'un bleu grisâtre, bien qu'il y ait certains points, particulièrement
près des angles, où est accusée une teinte pâle saphir. Sa plus grande lar-
geur est de i5 centimètres et sa longueur est d'environ 12 centimètres.
Quelques-unes des faces latérales sont revêtues par places de margarite
blanche perlée.
» Les cristaux plus petits sont souvent transparents à leurs extrémités;
c'est toutefois par la couleur qu'excelle le corindon de cette localité : il
est gris, vert, rose, rouge rubis, vert émeraude, bleu saphir, avec toutes
les couleurs intermédiaires, jusqu'à l'absence de toute couleur.
» Beaucoup de pièces de couleur bleue et rouge ont été taillées et polies
figurant des pierres précieuses, sans être de la plus belle qualité.
(i) Voir Comptes rendus, p. 356 de ce volume.
57..
( /.4o )
» Dimpore. — Tandis que ce minéral se trouve si abondamment associé
au corindon de Chester (Massachusetts), il ne m'a pas été donné de le
trouver associé dans ces localités-ci. Plusieurs spécimens de diaspore sup-
posé m'ont été soumis; mais, après examen, j'ai constaté que ce n'était
que du kyanite incolore.
» Chorite. — Ce minéral abonde dans cette localité-ci, et, ainsi qu'il a
été dit, il est la gangue du corindon; il n'entoure pas seulement ce der-
nier, il le pénètre. Il y a diverses variétés, depuis le gris jaunâtre jusqu'au
vert foncé, et différant un peu dans la composition.
» Deux spécimens de cette localité étaient composés comme il suit :
Grandes plaques. Friable.
Silice 27 ,00 29, 1 5
Alumine 21,60 10, 5o
0.\yde de fer i6,63 23, 5o
Magnésie 22,00 25,44
Eau i2,3o 10.04
» Manjarile (émerylite). — Ce curieux mica (curieux en tant que, depuis
ma première remarque à son sujet, il est cité comme caractéristique de la
formation d'émeri dans l' Asie-Mineure et l'Archipel grec) a été trouvé par-
tout où gît le corindon, et, dans le cas de l'émeri de Chester, ce fut lui qui
amena la découverte de ce dernier. Dans les présentes localités, il est abon-
dant et mêlé avec les roches et les minéraux associés de cette localité. Une
analyse chimique du spécimen a donné les résultats suivants :
Silice 32, 4i
Alumine 5i,3i
Chaux '0,98
Soude 2 ,43
Eau , 2, i3
» Zoïsite. — Ce minéral se présente sous deux formes : une variété noire
et une variété vert clair. Ces minéraux ont été appelés par quelques sa-
vants arfverdsonite; mais aucun d'eux ne possède la composition de ce
minéral.
» Leurs compositions sont les suivantes. La variété verte est d'un vert
chrome très-pâle; voici son analyse comparée à celle du lac de Genève :
Vert clair. Lac de Genève. Variété noire.
Silice ^5,']o 43)59 ^5, go
Alumine 24,01 27,72 i3,34
Peroxyde de fer 4 1^^ 2,61 • • )4^
( 44i )
Vcil clair. Lac île Genève. Variété noire.
Chaux i3,44 21, oo 12,20
Magnésie 8,o3 2,40 12, 53
Soude 2,91 3,08 3,39
Eau 0,60 » 0,66
Oxyde de chrome o,52 » »
)) Andésite. — Ce minéral se montre surtout sous une forme granulaire.
Sa composition est
Silice 64,12
Alumine 24 , 20
Soude 9) '^8
Chaux 2,80
Oxyde de fer , o , 1 4
» Les autres minéraux associés avec cette formation d'émeri sont :
oxyde magnétique de fer, fer chromé, rutile, asbeste, talc, actinolite, tour-
maline noire, chalcédoine, anthophyllite, spinelle, albite, picrolite.
» De V existence du rubis et du saphir dans les territoires de la Caroline du
Nord et de Montana. — Le gisement du corindon de la Caroline du Nord,
que je viens de décrire, fournit des masses dont peuvent être détachées de
petites pièces d'une belle couleur bleue ou rubis, d'une transparence par-
faite et presque sans défauts, et qui, une fois taillées et polies, donnent des
pierres précieuses d'une certaine valeur. Je n'ai pas vu le spécimen le plus
parfait de celles qui ont été taillées ; j'en ai cependant quelques-uns d'une
belle couleur, mais ayant beaucoup de fissures.
» Pourra-t-on obtenir la pierre précieuse en quantité suffisante pour
garantir le succès de l'exploitation? Jusqu'à présent on est si éloigné de
ce que présentent les localités connues des Indes Orientales, qu'on serait
porté à croire que ce n'est qu'occasionnellement que l'on trouvera des
pièces de corindon, de pureté et de beauté suffisantes pour présenter une
grande valeur.
» Il y a un an environ qu'une quantité de galets me furent envoyés du
territoire de Montana, que, après examen, je trouvai consister principale-
ment en corindon ; ils ressemblaient à ceux provenant des localités à rubis,
des Indes Orientales, chacun étant, par lui-même, un petit cristal aux
angles plus ou moins usés et d'une structure compacte uniforme. Ils étaient
incolores ou bien verts, leur nuance variant d'un vert clair à un vert foncé;
quelques-uns étaient d'un vert bleuâtre, mais point de rouges dans le nom-
bre; il y avait bien quelques galets rouges, mais qui, après examen, se
trouvèrent être des spinelles.
( 442 )
» Ces galets se trouvent sur la rivière Missouri près de sa source à
i6o milles environ au-dessus de Benton. On les trouve aux bancs de
sable dont quatre se présentent à quelques milles l'un de l'autre. Dans la
région minière de ce territoire, sur ces bancs de sable, on trouve de l'or
en quantité, charrié par la rivière et demeuré là. C'est à cause de l'or que
ces régions sont explorées aujourd'hui. Les pierres se trouvent éparpillées
dans le gravier (à une profondeur d'environ 2 mètres); sur certaines
concessions (claimsj, elles se trouvent en abondance, et, sur d'autres, elles
sont plus rares. Parfois on les trouve, dans le gravier et sur les strates, à des
profondeurs de 1 5 à 20 mètres; mais dans ces localités elles sont très-
rares ; la plus grande quantité se trouve sur le banc Eldorado, situé sur la
rivière Missouri; à 16 milles environ de Helena, sur cebanc, un seul homme
peut quelquefois recueillir jusqu'à i kilogramme de pierres par jour.
» J'ai eu en ma possession quelques-unes de ces pierres taillées, et, entre
autres, une très-parfaite de 3 ^ carats et d'un beau vert, égalant presque
la plus belle émeraude de l'Orient.
» Mon avis est donc que, s'il s'agit de la variété pierre gemme du corin-
don, celte localité est la meilleure à explorer, comparée à toutes celles qu'il
m'a été donné d'examiner dans les États-Unis. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le Jluorene. Note de M. Barbier,
présentée par M. Berthelot (i).
« Dans le cours de ses recherches sur les carbures pyrogénés, M. Ber-
thelot a signalé,"' sous le nom àe Jluorene, un nouveau carbure très-fluo-
rescent, qui est renfermé dans les parties du goudron de houille volatiles
entre 3oo et 34o degrés.
)) Il indiqua alors son mode d'extraction, et, par l'élude de ses princi-
pales réactions, il le fit connaître comme un principe unique, sans toute-
fois lui attribuer la formule définitive. Ce sont les recherches entreprises
dans ce but qui font le sujet de cette Note.
» Pour extraire le fluorène qui a servi à ce travail, j'ai suivi exactement
les indications données par M. Berthelot, sauf la légère modification sui-
vante : au lieu de faire cristalliser dans l'alcool seulement les portions de
carbure solide qui ont passé à la distillation entre 3oo et 3o5 degrés, j'ai
opéré cette cristallisation dans un mélange d'alcool et de benzine; de celte
(1) Annales de Chimie et de Physique, 4" strie, t. XII, p. 222; année 1867.
( 443)
fnçon, on sépare une petite quantité d'acénaphtènequi reste dans les eaux
mères. Le point de fusion de la masse, qui était à io5 degrés après la pre-
mière distillation et cristallisation dans l'alcool pur, monte à lia degrés
après la cristallisation dans l'alcool mêlé de benzine.
» Le reste de la purification se fait comme l'a indiqué M. Berthelot,
c'est-à-dire on le distille de nouveau et on le fait cristalliser dans l'alcool
pur. Ce carbure présente alors le point de fusion, ii3 degrés, et possède
une fluorescence violette assez prononcée, mais qui disparaît promptement
par l'exposition à la lumière.
» Le fluorène peut être représenté par la formule C-^H'° qui a été
établie :
» i" Par l'analyse du picrate dans lequel j'ai dosé le carbure et l'acide
picrique d'une part, le carbone et l'hydrogène de l'autre;
» 2° Par l'analyse complète d'un dérivé brome très-bien défini;
» 3° Par l'analyse élémentaire du carbure lui-même.
» Voici d'ailleurs le détail de ces opérations :
» Le picrate de fluorène cristallisé en fines aiguilles rouges, fusibles à
80-82 degrés, dédoublé par l'eau ammoniacale, a fourni les nombres sui-
vants :
Acide picrique 57,8
Carbure 4'* >o
99 >8
» La formule CR'\ C'2H»(AzO^)'0=' exige
Acide picrique ^7 ,g
Carbure 42,1
» L'analyse élémentaire a donné les résultats que voici :
I. 11. C"H", C"H»(AzO')»0'.
c 57,5 57,4 57,6
H 3,4 3,8 3,2
» Le fluorène, traité par le brome, fournit un dérivé bibromé CH'Br',
fusible à 166-167 degrés.
» Ce dérivé cristallise en magnifiques tables, appartenant au système
clinorhombique; on observe la combinaison des faces ^, m, h, ^', d^', les
faces d^ manquent fréquemment.
» Voici les principaux angles que M. G. Bouchardat a eu l'obligeance
de mesurer :
mUn = 97"4o'; p'.m = 97°58'; p'Ji = loaoïo'; p:d^ = i3i°;
A»:A' = i32''42'; />:A« = 94°55'.
{ 444 )
» On observe un clivage très-net suivant une direction parallèle à la
base.
» Ce dérivé bibromé a fourni à l'analyse les résultats suivants :
'• n. C'«H'Br'.
C 48,2 48,2 48,1
H 2,7 2>9 2.4
Br 49.0 49.1 . 49.3
M Enfin le carbure lui-même a donné les chiffres suivants :
C«H".
C 93.6 93,9
H 6,4 6,1
» Le fluorène bibromé chauffe au rouge en présence de la chaux four-
nit un carbure lamelleux, fusible au-dessous de 100 degrés, et possédant
l'odeur et l'aspect du diphényle. Je reviendrai sur cette réaction, qui tend
à faire attribuer au fluorène la constitution d'un dipliénylmélhylène :
C='[C"H^(C' = H«)].
» Traité par l'acide chromique en dissolution dans l'acide acétique, il
donne un produit d'oxydation cristallisé en fines aiguilles jaunes dont je
poursuis l'étude, ainsi que celles des autres dérivés du fluorène.
» Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berthelot, au Collège de
France. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du platine et du palladium sur les hydrocarbures.
Note de M. J.-J. Coqlillion, présentée par M. Cahours.
« Mes expériences ont eu pour point de départ la lampe sans flamme atlri-
buéeà Dœbereiner. On sait qu'un fil de platine enrouléen spirale, puischauflé
au rouge, se maintient incandescent en présence des vapeurs d'alcool ou
d'éther et donne naissance à des produits divers dont les principaux sont
l'aldéhyde et l'acide acétique. Tous les alcools mono-atomiques, ainsi que
leurs élhers, agissent d'une manière analogue et produisent, dans cette com-
bustion incomplète, l'aldéhyde et l'acide correspondant à l'alcool. Pour
favoriser l'action, il faut chauffer le liquide quand son point d'ébullition
est un peu élevé.
» Mais cette action du platine est plus générale encore ; tous les hydro-
carbures, les huiles volatiles, l'aniline, etc., participent à ces propriétés et
entretiennent l'incandescence de la spirale de platine.
9 Les huiles fixes, les essences sulfurées, telles que l'essence d'ail, de
( 445 )
moutarde, semblent toutefois faire exception et ne produisent pas cette
combustion.
» Il était intéressant dès lors de rechercher si des produits secondaires
d'oxydation pouvaient se former comme dans le cas des alcools; c'est dans
ce but que j'ai entrepris une série d'expériences dont je me propose défaire
connaître les principaux résultats.
» Les appareils dont je me suis servi, variables dans la forme, revenaient
en principe à faire passer un mélange d'air et de l'hydrocarbure étudié sur
une spirale de platine rougie; les produits de cette combustion étaient re-
cueillis, soit dans des condenseurs reliés au tube où était la spirale, soit
dans des barboteurs à eau. Un aspirateur placé à la suite de ces barboteurs
permettait de régler convenablement le courant gazeux qui passait sur la
spirale.
» J'ai opéré sur trois hydrocarbures, appartenant à trois séries diffé-
rentes, savoir : le toluène, C''H« ou €^H* de la série C^'^H"-"" ou ^^H'"-";
le formène, C'H' ou GH% de la série C'"H="+- ou €"H-"+=; l'éthylène,
CnV ou G'H% de la série C='"H'" ou G"H=".
i> Toluène. — Si, au bout de quarante-huit heures, on prend le liquide
des condenseurs ou l'eau des barboteurs, on constate que le produit est
acide et qu'il exhale l'odeur d'amandes amères. En distillant à plusieurs
reprises, ne recueillant que les premières portions, et traitant par l'éther,
des gouttelettes huileuses se déposent au fond du flacon et ne tardent pas,
si on laisse accès à l'air, à se convertir en acide benzoïque.
» On peut du reste convertir de suite l'hydrure de benzoïle en acide
benzoïque : en faisant passer dans l'eau des condenseurs, qui en contient,
un courant d'oxygène ozone, l'odeur d'amandes amères disparaît; en traitant
par l'éther, on obtient l'acide benzoïque. Ainsi dans cette réaction, 2 équi-
valents d'hydrogène ont servi avec l'oxygène à faire de l'eau, de sorte que
le groupe moléculaire restant C 'H^ ou G' H" s'est plus ou moins oxydé en
donnant C"H«0' et C'^H^O' qui sont l'aldéhyde et l'acide benzoïque.
» Formène ou gaz des marais, C-H* ou GH*. — Dans les circonstances
ordinaires, cet hydrocarbure n'entretient pas l'incandescence du lil de
platine. Si Davy, dans ses expériences sur la lampe des mineurs, a pu con-
stater que la spirale de platine placée au-dessus de la flamme restait in-
candescente après l'explosion, cela doit tenir à des carbures autres que le
formène.
» Pour étudier l'action du platine sur ce composé, j'ai donc dû modifier
G. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVH, N» 6.) 58
( 446 )
mon appareil et faire rougir le fil au moyen de la pile ; quand le mélange
gazeux arrive en présence du platine, l'incandescence est plus vive et se
maintient si l'on règle l'arrivée des gaz. Le produit que l'on recueille dans
les condenseurs est acide, il réduit l'oxyde de mercure et l'azotate d'argent
et présente enfin les réactions caractéristiques de l'acide formique. Dans ce
cas encore, 2 équivalents d'hydrogène ont été enlevés au groupe C"H'',
qui, dès lors, nous a donné C^H-0* ou €H'0'.
» L'aldéhyde formique €H''0' a pu se produire aussi; mais je n'ai pu la
retrouver.
» Il y a, comme on voit, analogie complète entre cette action et celle
des alcools, où 2 équivalents d'hydrogène sont enlevés pour donner l'al-
déhyde ou l'acide correspondant.
» Le nom deformène, donné par M. Berthelot à cet hydrocarbure, est
ainsi justifié.
» Élhylène, C*H* ou €'H*. — L'incandescence de la spirale de pla-
tine se maintient facilement; en réglant l'arrivée des gaz, on peut éviter les
explosions : le liquide des condenseurs contient de l'acide acétique.
» Les autres métaux jouissent de la même propriété que le platine; mais
ils fondent le pins souvent quand on les plonge pour les chauffer dans
la flamme d'une lampe à alcool, de sorte qu'il devient difficile d'expéri-
menter.
» Le palladium, toutefois, jouit à un plus haut degré encore que le pla-
tine de la propriété de se maintenir incandescent en présence des vapeurs
liydrocarbonées ; avec le toluène, il donne également l'hydrure de ben-
zoïle. Qnand on le plonge incandescent dans l'hydrogène protocarboné,
cette incandescence se maintient; il n'est pas besoin de le faire rougir par
la pile.
)) Avec l'hydrogène bicarboné, tandis que le fil de platine donne des
explosions fréquentes, le palladium ne m'en a jamais donné; il s'éteint
quand le mélange gazeux n'est pas convenable. Une autre particularité cu-
rieuse, c'est qu'il devient rugueux à sa surface : ses spires se brisent fa-
cilement au bont de quelques jours d'expériences ; de plus, il diminue de
poids d'une manière très-sensible.
» En résumé, il y a là une méthode de synthèse très-générale, qui per-
mettra de confirmer certaines théories que les chimistes de nos jours ont
déjà exposées. »
( 447 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur les variations de l'hémoglobine dans les
maladies. Note de M. Qcinquaud, présentée par M. Bouillaud.
» Le chiffre de l'hémoglobine, dosée par la détermination de la quan-
tité maximum d'oxygène absorbé par le sang chez un individu robuste,
s'élève de laS à i3o grammes pour looo grammes de sang; chez quel-
ques sujets on trouve ii5 grammes sans qu'il en résulte d'état patholo-
gique bien net.
» Les variations de rhémogIo])ine dans les maladies sont nombreuses,
et leur étude nous a conduit à certaines déductions qui peuvent servir au
diagnostic et au pronostic :
» 1° Le cancer, la chlorose, parfois la phthisie tuberculeuse au troi-
sième degré, sont les maladies qui abaissent le plus le chiffre de l'hémo-
globine.
» 2° Lorsque, dans un cas de maladie fébrile aiguë, on hésite entre une
fièvre typhoïde et une granulie aiguë, le chiffre de l'hémoglobine est un
élément sérieux pour le diagnostic : dans la fièvre typhoïde au douzième
jour, l'hémoglobine ne descend guère au-dessous de ii5, tandis qu'à oa-
reille époque, dans la granulie, elle est à 90.
» 3° Dans les cas de certaines tumeurs viscérales, l'hémoglobine peut
également servir au diagnostic; ainsi, dans la carcinome, elle tombe à
40 el même à 38, tandis que, dans les autres tumeurs (kystes, tumeurs
fibreuses), elle reste aux environs de 80.
» 4° Lorsque chez une femme on hésite entre la chlorose et une tuber-
culose au premier degré, le dosage de l'hémoglobine peut servir à faire le
diagnostic différentiel; ainsi, en moyenne, dans la chlorose l'hémoglobine
descend à 5^ et dans la tuberculose à 100 environ.
» 5° Quand dans la fièvre typhoïde, survenue chez un sujet bien por-
tant, l'hémoglobine tombe à 96, le pronostic est grave.
» Le tableau suivant indique des poids d'hémoglobine dans diverses
maladies.
» La méthode de dosage à l'hydrosulfite de soude, employée dans ces
recherches, a été décrite dans les Comptes rendus du 16 juin 1873; ce n'est
que grâce au volume restreint de sang nécessaire (5 à 8 centimètres cubes)
que ces dosages ont pu être poussés aussi loin.
» Ce travail a été fait à la Sorbone dans le laboratoire de M. Schiilzen-
berger.
58..
( 44« )
MALADIES
DANS LESQUELLES J'AI DOSÉ
l'hémoglobine.
1*'' degré.
Tuberculose chr. { 2° degré.
3*^ degré.
Cranulie aiguë
Fièvre typhoïde grave
Carcinome viscéral
Maladie de Briglh (3^ pér.).
Affect. cardiaque (asystolie)..
Dyssenterie aiguë
Pleurésie aiguë avec épanch..
Angéiocholite avec accès fébr.
Sclérose de la moelle épinière
avec amaigrissement
Mal de Pott (abcès par con-
gestion)
Syphilis tertiaire (lésions os-
seuses)
Fièvre intermittente d'Afri-
que, datant d'un an
Rhumatisme artic. aigu avec
endocardite et pleurésie.. .
Périostite phlegmon, difl'use.
Hystérie avec anémie
Chlorose
Épilepsie avec pouls à 40 pul-
sations par minute
Pneumonie aiguë
Avortement
ire
OBSERVATION.
106
SG
12' jour.
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18* jour.
101
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OBSERVATIO!»
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13* jour.
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81,7
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96
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96
86
//
9'
101
43
OBSERVATION.
I lô
67
81,7 I
12* jour.
120 25
43
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9'5
81,7
17
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OBSERVATION.
9'
19
convalescence
lao 25
57
86
120
25
OBSERVATION.
a s ,0
7O
16' jour.
96 20
'9
La séance est levée à 5 heures trois quarts.
É. D. B.
( 449
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 août 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Traité des sections nerveuses; par L. Letiévant. Paris, J.-B. Baillière,
1873; I vol. in-8°. (Présenté par M. Cl. Bernard pour le Concours Mon-
tyon, Médecine et Chirurgie, 1874)
La Machine animale. Locomotion terrestre et aérienne; par E.-J. Marey.
Paris, J.-B. Baillière, 1873; i vol. in-8°, relié.
Troisième section des recherches sur les conditions anthropologiques de la
production scientifique et esthétique; par Th. Wechniakoff. Paris, G. Masson,
1873; in-8°.
Annales du Conservatoire des Arts et Métiers^ publiées par les professeurs ;
n" 36, t. IX, 4^ fascicule. Paris, J. Baudry, 1873; in-S". (Ce numéro ren-
ferme une Notice historique sur le système métrique, sur ses développe-
ments et sur sa propagation, par M. le général Morin.)
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarlhe ; 2* série,
t. XIV, 1873-1874. Le Mans, Ed. Monnoyer, 1873-, in-8".
L Èthiops minéral. Lettre de M. le prof. SOCRATE au Directeur du journal
l'Italie. Rome, 1873; i page in-4°.
On the composition and origin of the waters of a sait sprimj in liuel selon
mine ; 67 J.-Arth. PHILLIPS. London, printed by Taylorand Francis, 1873;
br. in-8^
Report of the meteorological committee of the royal Society for the year
endincj 3i*' december 1872. London, printed G.-E. Eyre and Spottiswoode,
1873-, in-8''.
Mineralogy and Chemistry. Original researches by prof. J. Lawrence
Smith. Louisville, printed by J.-B. Morton. 1873; i vol. iij-8°, relié.
Memoirs ofthe geological survey ofindia : Palœontologia indica, etc.; Cre-
taceousfauna of southern India ; vol. IV, part 1-2. Calcutta, 1872; in-4''.
Records of the geological survey of India; vol. V, part i, 2, 3, 4, 1872.
Calcutta, 1872; 4 liv. in-8''.
( 45o )
Instîtuto, revista scientifira e litternrin, XVII anno, jnnho de 1873, se-
gunda série, n" 2. Coimbra, imprensa da Universidade, s. d. ; in-8°.
Gustavo UziELLi. Délia (/ramlezza délia Terra, seconda Paolo dal Pozzo
ToscanetlL Roma, G. Civelli, iSyS; br. in-S'*.
Sulle variazioni del diametro del Sole in corrispondenza alvario stato di alti-
vità délia sua superficie; Nota del prof. L. Respighi. Sans lieu ni date;
br. in-4°- (Reale Accademia dei Lincei estratlo délia sessione II, del 5 gen-
naro 1873.)
Componimenti per la pubblica solenne adunanza tenusati dai socj délia recjia
Accademia modenese di Scienze, Lettere ed Arti nel di 21 ottobre 1872, a cele-
brare ta ricorrenza del secondo centenario dalla nascita di L.-A. Muralori.
Modena, tip. di L. Gaddi già Soliani, 1873; in-4°.
Publicazioni del 7-eale Osservatorio di Brera in Mdano, n" III : / precursori
di Copernico neli anlichilà, ricerehe sloriclie di G.-V. SCHIAPARELLI. Milano-
Napoli, U. Hoepli, 1873; in-l^°.
Verliandelungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, funfter Theil,
viertes Heft. Rasel, 1873; in-S".
Arcliivfùr mikroskopisclie ^na<omze, herausgegeben von M. SCHULTZE;
neunter Band, vierres Heft. Bonn, M. Cohen et Sohn, 1873; in-8".
G. VOM Rath. Gnstav Rose. Nekrolog. Bonn, 1873; 3 pages in-4°.
Almindelicje ecjenskaber ved Sjstemer aj plane Kurver, etc.; afH.-G. Zeu-
THEN (avec un résumé en français). Kjobenhaven, 1873; in-4''.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 août 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Association française pour l'avancement des Sciences. Comptes rendus de la
1^^ session 1872, BORDEAUX. Paris, au Secrétariat de l'Association, 1872;
I vol. in-8", relié.
Travaux publics des Etats-Unis d'Amérique en 1870. Rapport de mission;
par M. Malézieux, publié par ordre de M. le Ministre des Travaux publics;
texte et atlas. Paris, Dunod, 1873; 2 vol. in-4", reliés. (Présenté par
M. Belgrand.)
Etude clinique sur l'influence curative de l'érjsipèle dans la syphilis; par
Ch. Mauriac. Paris, A. Delaliaye, 1873; in-8°. (Présenté par M. Ch. Robin.)
{ 45i )
De nos institutions d'hygiène publique et de In nécessité de les réformer; par
le D"^ Armaingaud. Paris, A. Delahaye, 1873; br. in-8°. (Présenté par
M. Ch. Robin).
MétHoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
t. XV, 1872, \f^ 3, /). Angers, imp. P. Lachèsp, 1872; in-8°.
Etudes sur la Géologie, la Paléontologie et l'ancienneté de l'homme dans le
département de Lot-et-Garonne ; par i .-Vi. Combes. "Villeneuve-sur-Lot, X. Du-
leis, 1870; br. in-8°.
Note sur l'origine et Information des minerais de fer du Haut-Agenais {Lot-
et-Garonne) et des phosphates de chaux du Quercy; par J.-L. Combes. Agen,
P. Noubel, 1873; br. in-8°.
Histoire de la ville et de la châtellenie de Pont-sur-Seine ; par A. Thévenot.
Nogent-snr-Seine, Faverot; Troyes, Socart, 1873; in-8°. (Renvoyé à la
Commission du prix de Statistique, 1874-)
Contribution à la Physiologie. De l'inflammation et de la circulation ; parle
prof. M. SCHIFF, traduction de l'italien parle D' R. Guichard de Choisity.
Paris, J.-B. Baillière et fils, 1873; in-8°.
Le Phylloxéra [de i854 à 1873). Résumé pratique et scientifique ; par J.-E.
Planchon et 3. LiCHTEiNSTEiN. Montpellier, Coulet, 1873; br. in-8''.
Généralités sur les eaux minérales des Pyrénées. Conférence faite à la Société
d'Histoire natuielle de Toulouse ; par le D"^ F. Garrigou. Paris, Malteste,
1873; br. in-8°.
Considérations générales sur les points d'origine des grandes épidémies c/io/e-
n(/we5; par le D'Tholozan. Paris, Martinet, 1873; opuscule in-8''. (Extrait
du Bulletin de l'Académie de Médecine.) [Présenté par M. le Baron Larrey.]
Du développement de la peste dans les pays montagneux et sur les hauts pla-
teaux de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie^ par M. le C" J.-D. Tholozan.
Paris, Gauthier-Villars, 1873; opuscule in-4*'. (Présenté par M. le Baron
Larrey.)
Les cristalloides complexes à sommet étoile; par le Comte L. HuGO. Paris,
Gauthier-Villars, 1872; br. in-8°.
Notice sur l'asile d'aliénés de la Cellelte [Corrèze); par le D'' F. LONGV.
Tulle, imp. Crauffon, in-8°.
Indbydelsesskrift til Kjobenhavns universitets aarsfcst til erindring om Kir-
kens reformation, etc.; aft D' H. d'Arrest. Kjobenhavn, J.-H. Schullz, 1872;
in-4°.
( /|52 )
Gcomelrische Mittlieilungen, I, II; von D"^ E. Weyr. Wien, Hof; 2 opus-
cules in-8".
Ueber Curvenbïischel ; von D' E. Weyr. Wien, Hof; Ojjuscule in-S".
Ueber ralionale Raumcurven vierler Ordnung; von E. Weyr. Wien, Hof;
br. in-8°.
Ueber Evoluten raûmticher Curven; von D"' E. Weyr. Wien, Hof; opus-
cule in-8°.
Zur Feniollstdndigung der Involiitionen hôherer Ordnung; von D"" E. Weyr.
Wien, Hof; opuscule in-S".
Construction des Krùmmungskreises fiir Fusspunkteurven ; von D'' E. Weyr.
Wien, Hof; opuscule in-S".
Sludien mis der hôheren Géométrie ; von E. Weyr. Wien, Hof; opus-
cule in-8°.
Ueber Krïtmmungslinien der Fldchen zweiten Grades und conjocale Système
solcher Flâchen ; von D' E. Weyr. Wien, Hof; opuscule in-S**.
Sitzung der matliematiscli-natunvissensclioflliclien , Classe der Kôniglicli
bulunisclien Gesellscliaft der fVissenschaflen, am II, Januar 1871. Sans lieu
ni date; br. in-8°.
Construction der Hauptkrïimmungslialbmesser und der Haupthriimmungsrich-
tungen bei beliebigen Flâchen; von E. Weyr. Leipzig, Teubner; br. in-8°.
D' E. Weyr. Ueber die Fernivirkung eleklrischer Solenoide und materieller
ebener Flâchen. Prag, Gregr, 1871; br. in-8°.
r>' E. Weyr. Ueber Punktsysteme ouf razionalen Curven. Prag, Gregr,
i873;br. in-8''.
D'' E. Weyr. Ueber razionale Curven. Prag, Gregr, 1873; br. in-8''.
Sitzung der Classe fur Mathem. und Naturwissenschaften am i[\ Februar,
21 Mai, 10 December 1869; ï6 Februar, 27 Jpril 1870. Prag, Gregr, 1869-
1870; 5 br. in-8°.
Casopis pro pestovani Mathematiky a Fisiky, etc.; cislo I, II, III, IV, V.
Praze, 1872; 5 br. in-8''.
Prvni, druha, ireti, zprava jednoly ceskjch matliemaliku, V. Praze, 1870-
1872 ; 3 br. in-8°.
{La suite du huWeiïn au prochain numéro.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
»«>»«x
SÉANCE DU LUNDI 18 AOUT 1873,
PRÉSIDÉE PAR M. RERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE AGRICOLE. — Quatrième Note sur le guano en pierre;
par M. CnEVREUL.
« La Conimunication que j'ai l'honneur de faire à l'Acaclémie sera bien
courte, mais je suis intéressé à la publier; elle concerne deux matières : une
matière cristallisable, que j'ai désignée préalablement par la lettre c, et la
matière que l'eau froide appliquée au guano ne dissout pas.
» Matière cristallisable à. — Cette matière, que l'eau froide appliquée au
guano dissout parfaitement, cristallise en aiguilles brillantes satinées
d'une couleur fauve, parce qu'elle retient une matière colorante d'origine
organique très-probablement formée d'un principe colorant jaune, d'un
principe colorant rouge, et d'une matière brune provenant certainement de
l'altération profonde d'une matière organique, matière qui rabat l'éclat des
deux principes colorants yaune et rouge. En effet, j'ai obtenu, par des pro-
cédés que j'indiquerai plus tard, la matière c à l'état incolore.
» J'ai dit précédemment que la matière c avait plutôt tendance à l'acidilé
qu'à la neutralité. Aujourd'hui je puis dire pourquoi : c'est qu'elle est im
véritable sel ammoniacal, et j'ajoute assez stable, si on le compare surtout
au carbonate d'ammoniaque : comme lui, il est dissous par l'eau froide;
c. R.,1873, sejemfffre. (T. LXXVII, \o 7.) ^9
( 4j/i )
mais il en diffère beaucoup en ce qu'il reste fixe et cristallise après que le
carbonate (l'ammoniaque du guano a disparu par l'évaporation spontanée,
après avoir déjà perdu du gaz acide carbonique qui s'était dégagé avec
effervescence pendant la dissolution.
>; L'existence de l'ammoniaque dans ce sel est prouvée par les trois ex-
périences suivantes : la solution du sel concentré, mise avec la potasse dans
un petit tube, émet une vapeur qui bleuit le papier rouge de tournesol et a
l'odeur ammoniacale; le cblorure de platine la précipite sur-le-champ en
petits cristaux ; enfin l'acide chlorhydrique donne du sel ammoniac, et
un acide incolore en est séparé.
» La^ matière cristallisable c est accompagnée de clilorli/drate d'ammo-
niaque, et de très-petites quantités de chlorures de potassium et de sodium.
» Matière que l'eau froide ne dissout pas dans le traitement du guano en
pierre. — Cette matière est complexe: dans l'analyse immédiate, elle pré-
sente des résultats intéressants.
» D'abord elle cède à l'alcool bouillant plusieurs matières, et une pro-
portion d'acide avique plus forte qu'aucune de celles que j'ai obtenues
dans les traitements précédents de matières renfermant de l'acide avique.
» Il est remarquable que la matière, avant le traitement par l'alcool, n'a-
vait aucune odeur avique.
» Ce résultat m'a rappelé une bien ancienne observation sur le musc :
c'est que le résidu d'un traitement d'une quantité assez grande de cette
matière odorante soumise à l'action de dissolvants, renfermé dans un flacon
à l'émeri, exhala, après quelques années, une forte odeur de musc. Si j'ai
conclu de cette observation que le musc est à l'état latent comme les
acides odorants des corps gras saponifiables, aujourd'hui je n'oserais l'af-
firmer pour Vacide avique; mais il est certain que cet acide existe dans le
follicule ou l'organe producteur de la plume, qui fait partie de la peau.
» La malière que l'eau froide et l'alcool n'ont pas dissous cède à l'eau
bouillante une matière très-remarquable par une substance cristallisable
qu'elle donne et par une proportion très-sensible d'acide avique.
» Enfin, dans le résidu du guano épuisé par l'eau froide, l'alcool bouil-
lant et l'eau bouillante, il y a du phosphate de chaux dans un état particu-
lier, sur lequel je reviendrai dans une dernière Note, où je montrerai com-
ment mes expériences jettent un jour nouveau sur le rôle du guano en
agriculture, et comment il réalise dans la pratique toutes les vues théo-
riques que j'ai émises, il y a plus de trente ans, sur la conception d'un en-
grais par excellence. »
( 455 )
THERMODYNAMIQUE. — Démonstration directe des principes Jondainentaux de
la Thermodynamique. Lois du Jrollement et du choc d'ajtrès celte science
[suite (i)]. Mémoire de M. A. Ledieu. (Extrait par l'auteur.)
« Dans notre dernière Note, nous avons donné la relation *
2 2 "
» Dans un corps simple, B^ est le même pour tous les atomes, de telle
sorte que ^mW = B^2/7î; mais, dans les corps composés, B- possède di-
verses valeurs, chacune d'elles n'étant commune qu'aux atomes jouant le
même rôle dans chaque molécule intégrante. Néanmoins la relation ci-
dessus convient encore, à la condition que B^ demeurera expressément
sous le signe 2.
» XI. Relation fondamentale entre la qucmtitë de chaleur appliquée à un
corps, le changement de température et la variation de durée des vibrations. —
La relation que nous allons établir suppose expressément que toute la
masse du corps est, à chaque instant, en équilibre de température, et que
les vitesses de changement de volume sont négligeables. Admettons que le
corps, sous l'influence des forces mesurables physiquement et des forces
calorifiques, varie à la fois de volume et de température. Il est clair que
l'étendue des vibrations complexes des atomes et la durée commune de ces
vibrations varieront en même temps. Pour bien comprendre ces variations,
il faut imaginer qu'à chaque atome correspond, d'instant en instant, une vi-
bration instantanée, laquelle serait justement la vibration qui se réaliserait
si toutes les forces qui agissent. sur l'atome passaient, à partir de l'instant
considéré, par les valeurs qu'elles prendraient précisément si le corps ne
changeait ni de température ni de volume.
» On est toujours libre de décomposer le travail élémentaire desdites
forces en deux parties, satisfaisant aux conditions suivantes :
» La première de ces parties servira à transporter l'atome, de la trajec-
toire de la vibration de durée t, sur la trajectoire de la vibration de durée
T 4- §T, de façon qu'il occupe sur celle-ci la position qui correspond à la
(i) Foirlei Comptes rendus des i4j 2I et 28 juillet, 4 et 11 août.
Dans notre extrait précédent, à la ]iage 4 16 des Comptes rendus, g doit être partout mul-
tiplicateur, et /ion diviseur de S/«. D'autre part, le dernier membre de l'équation (12) doit
2 ma'' I
se lire X — r-r, •
1/ns 2/L
^9
( 456 )
fraclion n de la durée t + ot égale à la fraction n de la durée x relative à
l'instant considéré. De la sorle, du reste, l'atome décrira le chemin élé-
mentaire dû au changement de durée et de grandeur de la vibration, soit
au changement de température et de volume.
*» I.a seconde partie du travail élémentaire total correspondra alors au
travail nécessaire j)our faire parcourir à l'atome un élément de sa trajec-
toire et lui communiquer le mouvement d'ensemble du système.
» Proposons-nous d'abord d'évaluer la première partie du travail élé-
mentaire en fonction de la variation de la force vive moyenne vibratoire,
et de la vaiiation §t de la durée de la vibration.
» A la variation §t correspondent les variations ^x, ây, 5z des coor-
données de l'atome. De leur côté, les composantes de la force d'inertie de
l'atome ont respectivement pour valeur
(Px (l'y d^z
~~ '^' ^' ~ 'dô'
» Appelons
Xj, Yy, Z„ X'^,... les composantes des foi'ces calorifiques, suivant les
trois axes des coordonnées;
Xo, Yo, Zfj, X'j,... les composantes, suivant les mêmes axes, des forces
mesurables physiquement qui sont appliquées au corps ;
Xç, Yç, Zç, X'^,... les composantes des forces intérieures.
» En vertu du théorème de d'Alembert, nous aurons trois équations de
la forme suivante :
(«) i X,ôx -h ^Xo!?x + 2Xç 5x = 2;« ^ àx.
)) Imaginons que l'on considère, pour chaque atome, la valeur de
m —pr ^^ cfi^'i correspond aux divers instants de la vibration de durée t,
et que X^, Xo et X^ conservent leurs valeurs respectives : la somme
.m
d'r
IF
èx sera la même à tous ces instants ; on aura donc, d'après une
démonstration analogue à celle de notre Note précédente,
» Cherchons à transformer cette dernière expression ; jiour cela, remar-
(pions (pic l'oi^ a
, d.r\ ^
d'.c -^ \ lit I I
-— - OX — : — —
de- dt il!
! dx ^ \ dx , N ^ 1
(457 )
d'où
or le terme enire crochets du second membre de cette équation est nul;
car, évidemment, la quantité -r ^^ aura repris, à la fin de la vibration,
la valeur qu'elle avait au commencement. De la sorte, il restera
dt.
M Nous allons transformer le second membre de cette équation. En
appelant toujours 7i la fraction, relative à l'instant considéré, de la durée x
de la vibration, on aura
« = const. + «T = C + «T et x = J {t) = f {C + m).
Nous allons successivement varier et différentier l'équation en x. Il est
évident que, dans les variations, il faudra considérer comme constantes les
quantités fonctions de f, et que, dans les différentiations, il devra en être
de même pour les quantités fonctions de t. Nous remarquerons que n est
à la fois fonction de t et de t; mais, d'après l'hypothèse faite plus haut,
an = o. Afin d'aller au-devant de toute objection, notons que C, qui entre
dans l'équation en t ci-dessus, doit être regardé comme une fonction
implicite de z. On tire alors de cette équation
o = àC + T§n 4-/2c?t;
notre condition 5« = o revient dès lors à supposer ôC = «St.
» Mentionnons d'ailleurs avec soin que la variation de t suffit pour
déterminer, non-seulement une variation delà vitesse vibratoire de l'atome,
mais encore une variation de sa trajectoire elle-même, puisque l'équation
en X et les équations correspondantes en j et en z expriment le mouve-
menl total de l'atome.
)) Tout cela bien compris, effectuons, sur l'équation en x^ les opérations
annoncées. Il viendra
^x =f\C + n-) [âC -h hB-.)
,, -^J"{i: + nr){âC+nâ-.yI;^,+f'iC + nz)~d..
(t ou
( /.58 )
« On obtiendra, d'autre part, en intervertissant l'ordre des opérations
précédentes,
d'où
(0 a^=/"(C + «r)(c?C+«c?x)^T+/'(C + «T)Jc?T+/'(C + «x).t?^.
» En combinant entre elles les équations (7) et (e), on obtient
/v\ ^^'^ \dx , , I ry , ^dn
(?) 1F = ^^-/(C + "^)^^^-
dx
» Mais remarquons quey (CH-zit) = —5 et que, de l'équation /=C-t-//T,
on tire
dn I
;?r = r'
dl
^3
))
L'
équation (Ç) peut
dès lors
s'écrire
(?')
d3x
dt ~
r)T
T
» Cette valeur de —r-^ introduite dans l'équation (|3'), donnera
( I r' + ''rf''- j. ,, I r'-^'dx/Sdx d.r St\
-j -^âxdt=:--j âFK-dT + Tu-)
» Si nous remarquons que l'on a évidemment
l'équation («), combinée avec («') et (/3"), donnera
» On trouvera, par rapport aux axes des Y et des Z, des équations
analogues à la précédente. Additionnons les trois équations ainsi obtenues ;
mais rappelons-nous, dans cette opération, que, suivant l'hypothèse faite
au commencement de ce paragraphe, les vitesses de changement de vo-
( 459 )
iume sont supposées négligeables. Dès lors,
sera justement égal à la force vive moyenne vibratoire du système que
nousa vons représentée par -, augmentée de ia force vive d'ensemble
-^ — D'ailleurs, §A* est manifestement égal à zéro. A l'aide de ces remar-
ques, nous arriverons à la relation
+ 2(Xç5x+Y,§7--hZ^(?z}=-^^-2/«^(B= + A»).
» Nous allons intégrer les deux membres de cette égalité entre deux
époques comprenant la durée de la vibration instantanée de durée t, un
nombre de fois assez grand pour qu'on puisse toujours regarder comme
relativement inappréciable la fraction de vibration qu'il serait, au besoin,
nécessaire d'ajouter à ce nombre, à l'effet de le rendre entier.
» Au préalable, appelons ci^x^ ^ij't d,z les différentielles du mou-
vement cVensemble suivant les trois axes des coordonnées, quantités qui
seront communes à tous les atomes; et ct^x^ d^y, d^ z la différentielle du
mouvement propre d'un atome dû à la vibration instantanée susdite. Notons
d'ailleurs qu'on pourra cesser de considérer âx, §y, ôz comme des varia-
tions, et les regarder comme les différentielles des composantes de la partie
du mouvement propre relative au changement de température et de volume.
» Nous remarquerons qu'on a la relation
/2(Xec?2X -h Yer/a/ + Ze^/jZ) = o,
car les forces mesurables plijsiquement ont, d'après leur définition même,
leur direction et leur intensité qui doivent être regardées comme constantes
pendant la durée de chaque vibration. D'autre part, il vient pareillement
fI{X^d..x -\-Y^(Lj- -+• Zçf/az) = o;
car le premier membre de cette égalité représente les travaux des forces
intérieures pendant une série de mêmes vibrations instantanées, et que,
d'après notre Note précédente, la quantité $ demeurera incessamment
constante dans de pareilles conditions. De plus, comme cette même quan-
(V'
( 46o )
tité 0 est toujours indépendante du mouvement d'ensemble, nous aurons
aussi
/2 (Xç d,x+Y^ d,j- -h Z, d, z) = o.
» D'après ces considérations, en effectuant l'intégration susmentionnée,
il est manifeste qu'on tirera de l'équation (vj) la relation suivante :
2/(X,5x4-Y,§7-+Z,5z)
■ lf[Xo{cit x-^d.x-h^Jc) + Yo(c?, j + d.f + o;-) + Zo {d,z+d, r.+ 5z.)]
■ lf[X^{d, x+ d^jL- -i- âx) -{-Y^{d, r-hd^f + 5j) + Z^{d, z+d^z+5z)]
■ lf{X(id,x + Yf>d,j + Z<,d,z)
= -5;f(B?-B^)-2,»/^B=-^(A?-A=).
» En se rappelant que 9 représente la somme des travaux des forces
mesurables pbysiquement, et en remplaçant par $ la valeur complexe qui
lui est égale, l'équation (vj') devient
+ 2/(Xer/,x+Yo^,r+Zof/,:-)-2/(X,5x+Y,c?7+Z,^:).
» En introduisant dans cette relation l'expression mécanique des tem-
pératures absolues du corps, nous arriverons enfin à la relation
f 5_ (<!,,_ <!,)==_ 2 7«gA-E (T,-T) - 2lujgkE fr^
(i3) j _^^(A2_A,) + 2/(Xor/,x + Yof/,7 + Zof/,z.)
[ - lf{X^dx + Y, d/ + Z,j dz) .
» Dans tous les cas, en combinant la relation (i3) avec l'équation (9),
après avoir encore introduit dans celle-ci les expressions mécaniques des
températures absolues, nous obtiendrons l'équation fondamentale que
nous avions en vue, savoir :
{EQ = lm(A'- Ao) + 2 Z ir.glîEn,-!) ■+- 2 IwgAE fx -
j -2/(X6r/,x^-Yor/,J4-Zof/,r.)-2/(X,ôa:^-Y,c3>•^-Z,(?3).
» Cette équation fondamentale, qui est expressément soumise, ne l'ou-
blions pas, aux deux conditions mentionnées au commencement du para-
graphe, nous servira à démontrer le théorème de Carnot. »
( 46r )
VITICULTURE. — De la marche de proche en proche rlu Phylloxéra. Note de
MM. J.-E. Planchon et J. Liciitenstein, présentée par M. J. Decaisne.
« Dès les premières observations faites sur le Phylloxéra, on a pu con-
stater sans peine qu'il se répand dans les vignobles par deux modes diffé-
rents, savoir : en rayonnant de proche en proche des racines des ceps in-
fectés aux racines des ceps encore sains, ou bien en franchissant de grands
intervalles pour apparaître, à l'état decolonies naissantes, dans des locali-
tés nouvelles. Ce que l'on ne sait pas encore d'une manière précise, cVst
la manière dont se fait cette diffusion sur place. La présente Noie, renfer-
mant deux observations nouvelles, a surtout pour but de résumer l'état de
cette question et d'en mettre en relief toute l'importance pratique.
)) La première expérience sur la marche du Phylloxéra fut faite par
l'un de nous (J.-E. Planchon) eu août 1 868. Des Ironçons de racine de vigne
saine furent enterrés à moitié (étant placés verticalement) dans de la terre
non infectée ; on mit à cpielques centimètres de distance d'autres tronçons
de racine chargés de Phylloxéra. Dès le lendemain de jeunes Phj lloxcra s'é-
taient transportés et fixés sur les surfaces de section ou sur les plaies super-
ficielles des racines saines; mais par quelle voie s'était effectué ce passage
d'une racine à l'autre? Etait-ce sonterrainement? était-ce par la surface du
sol, ou bien par ces deux modes à la fois? Les doutes à cet égard appelaient
des observations et des expériences nouvelles.
» Cependant, dès le 5 août iSSg, un agriculteur très-distingué, M. Fau-
con, de Graveson, annonçait cpie ses deux neveux, jeunes collégiens à in-
telligence vive et à vue perçante, en se couchant à plat ventre siu- la sur-
face argileuse et blanche d'une terre infectée de Phylloxéra, avaient pu
voir de ces insectes (aptères) marchant à la surface du sol. La manière un
peu trop pittoresque dont cette découverte fut annoncée explique sans
doute le peu de crédit qu'elle obtint d'abord : M. Faucon lui-même n'y
avait pas spécialement insisté, lorsque, dans l'automne de iS'j-a, ses neveux
et lui, renouvelant l'observation, en rendirent successivement témoins
M. Gaston Bazille, M. Duclaux, nous-mêmes et M. Cornu. Dès lors au-
cun doute ne pouvait rester et l'on dut accepter sans hésitation ce fait
assez imprévu, que le Phylloxéra aptère marche eit plein jour, en plein soleil,
à la surface du sol. Ajoutons comme circonstance importante qu'il s'agit
d'un sol argileux, fendillé de petites crevasses verticales, dans lesquelles
ou a vu les insectes s'enfoncer fréquemment comme pour aller chercher
G. R., 1873, 2« Semestre, (T. LXXVII, N" 7.) 6°
( 4<i2 )
sous le sol, par des fissures plongeantes, les radicelles qu'ils ne pouvaient
atteindre en marchant sous terre dans le sens horizontal. Telle est du
moins l'idée qui se présente à l'esprit en présence des conditions maté-
rielles de l'observation faite à Graveson, conditions qui ne se trouvent pas
aussi favorables dans les terres moins compactes, moins régulièrement
fendillées, et que ne présenteraient à aucun degré les sols franchement sa-
blonneux.
)> Restait donc toujours à décider si, dans les terres de consistance
moyenne, la marche du Phylloxéra ne pouvait pas avoir lieu à la fois par
la surface et par les profondeurs du sol.
» Pour établir ce dernier fait, l'un de nous (J.-E. Planchon) a fait l'expé-
rience suivante : vers la fin d'août 1872, dans une vigne de M. L. Vialla, à
Montpellier, luie cavité cylindrique creusée dans le sol, juste au-dessus de
racines phylloxérées, reçut un bocal dans lequel on avait mis de la terre
saine (non infectée de Phylloxéra), et dans cette terre, à peu près à demi-
hauteur du bocal, des tronçons de racine de vigne non phylloxérée. Le
bocal était placé l'ouverture en bas; les insectes ne pouvaient y entrer que
par la partie inférieure, et, pour se rendre aux tronçons de racine leur
servant d'appât, ils devaient traverser une couche de terre d'environ
ao centimètres d'épaisseur ; c'est ce qu'ils firent en effet; car, huit jours
après, on trouvait six de ces insectes fixés sur les bouts de section ou sur
les entailles pratiquées sur les tronçons de racines jusque-là saines. Une
expérience analogue, mais en sens inverse, c'est-à-dire avec un bocal pré-
paré de la même façon, mais enterré la tète en bas et le goulot au ras du
sol, n'a donné que des résultats négatifs; mais cela n'infirme en rien le fait
bien établi par M. Faucon, que le Phylloxéra marche aussi sur le sol.
» S'il pouvait, du reste, exister encore un doute sur ce dernier point, ce
doute serait levé par l'expérience suivante, que l'un de nous (Jules Lich-
tenstein) vient de faire :
» Sardes provins établis, en plein été (dès le mois de juin de l'année
courante), avec des sarments verts des vignes phylloxérées, les radicelles
advenlives se sont montrées d'autant plus envahies par les jeunes Phyl-
loxéra qu'elles étaient plus rapprochées de la surface du sol, celles du
fond de l'arcatiu'e de la portion enterrée du sarment en ayant beaucoup
. moins que celles qui naissaient plus haut des deux côtés.
» Il est à peine besoin d'insister sur l'importance pratique de la con-
naissance de ce fait, que le Phylloxéra marche souvent à la surface du sol.
( 463 )
C'est dans cette migration qu'on peut espérer l'atteindre par les insecti-
cides ou l'attirer et le retenir sur place au moyen de marcottes superfi-
cielles, par le système des appâts. Malheureusement la marche souterraine
de l'insecte coexiste habituellement avec sa marche à l'air libre, et l'on ne
saurait guère douter que, dans bien des cas, l'envahissement des ceps ne
se fasse directement du cep infecté aux radicelles des ceps encore sains,
mais contigus aux ceps malades ; seulement le mode précis de cette inva-
sion par-dessous terre reste encore à déterniiner et ne pourra l'élre que
par des observations ou des expériences ultérieures. »
« M. F. DE Lesseps remet à M. le Président une Notice sur le projet
d'un chemin de fer au centre de l'Asie, pour relier les chemins de fer de
l'EiMope aux chemins de fer anglo-indiens, et demande la formation d'une
Commission de l'Académie qui rédigerait pour les premiers explorateurs de
la ligne projetée des indications et un questionnaire.
» La saison favorable étant trop avancée, cette exploration, dit M. de
Lesseps, ne pourra avoir lieu qu'au printemps prochain; mais, en atten-
dant,M. l'ingénieur Cotard, auteur du projet, accompagné d'un ingénieur
russe, se rendra à Saint-Pétersbourg, à Moscou et à Orenbourg, pour bien
fixer le point de départ et prendre sur les lieux les renseignements néces-
saires. En même temps, mon fils Victor de I^esseps, secrétaire d'ambassade
en disponibilité, se rendra dans l'Inde, séjournera à Pécltauci, extrémité
nord des chemins de fer indiens, et restera dans cette ville ou dans les envi-
rons un temps suffisant pour étudier sur les lieux le point 'd'arrivée et
prendre des informations sur les chemins des caravanes qui de l'Indo-
Rouch arrivent au bassin de l'Indus.
» Les explorateurs recevront avec reconnaissance les instructions de
l'Académie et ils feront leurs efforts poiu' étudier avec fruit les questions
qui leur seront soumises et qu'ils auront à résoudre dans des régions peu
connues. »
(Renvoi à une Commission composée de MM. Elle de Beaumont,
Milne Edwards, Decaisne, Phillips, Janssen, de Lesseps.)
(i M. Dacbrée informe l'Académie qu'il a reçu de M. Nordenslduld, le
7 de ce mois, une Lettre contenant des observations sur les poussières char-
bonneuses, avec fer mélallujue, qu'il a observées dans la neige, de diverses ré-
gions du nord de l'Europe. Cette Lettre, écrite de sa station d'hiver du Spilz-
Go..
( 464 )
berg, Mossel-Bay i latitude 79° 53'), dès le 9 septembre 1872, n'est parvenue
à Troiusoë que le 24 juillet dernier.
t Je saisis l'occasion du retour de nos navires pour vous faire part d'une observation qui
se rattache à une question qui, je le sais, vous intéresse beaucoup.
» Dans le mois de décembre 187 i, il est tombé à Stockholm la quantité de neige la plus
grande peut-être dont mémoire d'homme ait gardé le souvenir. Il neigea sans discontinuité
pendant cinq ou six jours et telle fut cette quantité, (]u'on eut à déplorer plusieurs victimes
aux environs de la capitale. Pensant que les impuretés flottant dans l'atmosphère avaient
dû se déposer avec les neiges des premiers jours, j'ai attendu la fin de leur chute pour re-
cueillir, avec toutes les précautions |)0ssibles, les parties superficielles, et je les ai fait fondre
pour voir si elles contenaient des parties solides. A mon grand étonnement, je m'aperçus
bientôt que la neige ainsi obtenue renfermait une forte quantité de poussière noire comme
de la suie et consistant en une substance organique riche en carbone. Cette substance res-
semble tout à Hiit aux poussières météoriques tombées, en même temps que les météorites
proprement dites, à Uessle près Upsal, le i" janvier 1869. Cette poussière contenait aussi
de très-petites paillettes de fer métallique.
1) Il était possible que la poussière charbonneuse, malgré le soin avec lequel elle avait été
recueillie, fût due aux cheminées de Stockholm et que le fer métallique provînt aussi du
fer dont sont faits la plus grande partie des toits de cette ville. Cependant, jugeant l'obser-
vation digne d'être étudiée, j'écrivis à mon frère, Cari Nordenskiold, qui demeure dans une
partie assez déserte de l'intérieur de la Finlande et qui s'occupe de météorologie, le priant de
faire la même expérience. Ayant cherché à éviter les principales causes d'erreur et ramassé la
neige dans une plaine entourée de forêts, i! obtint aussi une poussière noire qu'il m'envoya.
Mes analyses me prouvèrent qu'elle était de la même nature que celle de Stockholm; de l'une
comme de l'autre on pouvait extraire, au moyen de l'aimant, des paillettes magnétiques qui,
triturées dans un petit mortier d'agate, furent reconnues comme du fer métallique.
» Ayant fait recueillir de la neige i)endant le printemps, en deux endroits de la Suède,
cette neige me laissa également des paillettes de fer.
» On connaît la propriété que possèdent les vents de transporter les matières à de très-
grandes distances. Aussi, je me proposai de reprendre cette question dans mon voyage
arctique, où les circonstances devaient être plus favorables. A notre premier essai pour
pénétrer veis notre station d'hiver, à travers les champs de glace, j'eus une excellente
occasion de renouveler cette observation sur une glace flottante; j'observai à sa surface et
à quelques centimètres plus bas une i)Oussière grise mêlée de petits grains magnétiques. La
neige recueillie dans ces conditions me fournit, après fusion, un résidu peu abondant. La
■ poussière grise consistait, pour la plus grande partie, en diatomées entières ou brisées, et
les points noirs, d'une grandeur atteignant un quart de millimètre, contenaient du fer mé-
tallique entouré d'oxyde de fer et contenant probablement aussi du charbon. A plusieurs
reprises, j'ai constaté la présence du fer métallique, qui se décèle aussi en précipitant le
cuivre d'une dissolution de sulfate de ce dernier métal.
» Cette dernière observation me paraît prouver que la neige et la pluie amènent des
poussières cosmiques en petites quantités.
( 465 )
» Pendant l'hiver, j'espère pouvoir faire des observations nouvelles, et amasser une
assez grande quantité de cette poussière pour en faire une analyse quantitative. Je désire
aussi que quelqu'un en France puisse vérilier mes expériences. »
» A cette occasion, M. Daubrée rappelle l'observation qu'il présentait
lors de la cbute des météorites charbonneuses, qui eut lieu, le i4 mai i86/|,
aux environs d'Orgueil (Tarn-et-Garonne) (i). Les météorites de cette
chute sont non-seulement tendres et friables, mais elles se réduisent en
une poussière impalpable aussitôt qu'elle prend le contact de l'eau et que
le sel soluble qui lui sert de ciment se trouve dissous. Ce fait apprenait qu'il
peut être parfois difficile de distinguer les corps pidvérulents arrivant des
espaces planétaires de ceux qui sont enlevés à l'écorce terrestre par les
vents, les trombes ou les phénomènes volcaniques. Le passage de météo-
rites de ce genre à travers une simple pluie ou des nuages suffit, en effet,
pour les déliter complètement et les rendre méconnaissables.
» L'exemple des météorites d'Orgueil faisait donc supposer que bien des
chutes de ce genre doivent échapper journellement à l'observation, et
montrait combien il importe d'être attentif aux masses pulvérulentes qui
tombent à la surface de notre globe.
» Il est à espérer que, depuis que cette lettre a été écrite, M. Nordens-
kiiild aura recueilli, dans les régions polaires, assez de substances pulvéru-
lentes pour pouvoir y constater à son retour un fait caractéristique, la pré-
sence oti l'absence du nickel. »
M. Daubkée fait hommage à l'Académie d'une « Notice nécrologique
sur M. Sauvage », qu'il vient de publier.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'inie
Commission qui sera chargée de juger le Concours du prix Morogues
pour i8'y3.
MM. Decaisne, Boussingault, P. Thenard, Peligot, Hervé Mangon réu-
nissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu
le plus de voix sont MM. Chevreul, Edm. Becquerel.
(i) Comptes renilus, t. LYIII, p. gSS; 1864.
( 466 )
MÉMOniES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Suite de recherches sur les courants secondaires, et leurs
applicalions. Mémoire de M. G, Planté. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel, Jamin.)
« En poursuivant l'étude des phénomènes présentés par les couples
secondaires à lames de plond), j'ai été conduit aux observations sui-
vantes :
» La modification chimique des électrodes, qui constitue la source du
courant secondaire, est rendue plus complète par des alternatives conve-
nablement ménagées d'action du courant principal dans les deux sens et
de repos entre cette double action.
» Par l'action successive du courant principal dans les deux sens, les
dépôts d'oxyde formé se réduisent, puisse recomposent de nouveau, et les
électrodes se trouvent ainsi modifiées dans leur constitution moléculaire,
non-seulement à leur surface, mais peu à peu jusque dans leur profontleur,
sans s'altérer, pour cela, dans le liquide; car des couples secondaires fonc-
tionnent, depuis de longues années, avec les mêmes lames de plomb et le
même liquide (l'eau acidulée par l'acide sulfuriqne), sans avoir perdu leur
faculté d'emmagasiner le travail chimique delà pile principale, fjoiu de là,
les effets vont sans cesse en croissant d'intensité.
» Par le repos, les dépôts, formés à la surface des lames, de métal oxydé
ou de métal réduit, acquièrent une texture cristalline et luie forte adhé-
rence qui contribuent à protéger les dépôts sous-jacents tendant à se for-
mer sous l'action continuée du courant primaire.
» Cet ensemble d'opérations, que j'ai désigné sous le nom de formation
des couples secondaires, consistant à les former ou à les vieillir, pour obte-
nir des dépôts d'une plus grande épaisseur, permet de produire, lorsqu'on
les décharge, des effets calorifiques de plus en plus prolongés.
» Un couple secondaire à lames de j)lomb, ayant moins d'iui demi-mètre
carré de surface, convenablement forme, peut, après avoir été chargé par
deux éléments de Bunsen, rougir un fil de platine de i millimètre de dia-
mètre, pendant vingt minutes, et un fil de^ de millimètre de diamètre,
pendant une heure environ, sans aucune communication avec la soiuce
primaire, et même quarante-huit heures après avoir été chargé.
» Une batterie de i j mètre carré de surface, également bien formée.
( 467 )
peut conserver une partie de sa charge, de manière à rougir uu fil de pla-
tine pendant quelques minutes, un mois après avoir été chargée.
» Si la formation des couplessecondaires exige l'emploi de deux couples
de Bunsen, dont on change le sens, avec des intervalles de repos, pour
donner aux dépôts le temps de prendre une agrégation cristalline, une fois
que cette opération a été effectuée, il n'est plus nécessaire de changer le
sens du courant, et l'on peut charger alors les couples secondaires, à l'aide
d'un courant primaire très-faible, agissant constamment dans le même
sens, tel que celui qui est fourni par des éléments à sulfate de cuivre, mon-
tés même avec de l'eau pure autour du zinc. Le travail chimique produit
par cette faible pile s'accumule lentement, mais presque sans perte, dans
les couples secondaires, et l'on recueille, lors de la décharge, des effets
d'une intensité infiniment supérieure à celle de la source primaire.
)) Ces observations faciliteront les diverses applications des courants
secondaires que j'ai déjà signalées, et m'ont permis de construire l'appareil
que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie.
» Il consiste en un petit couple secondaire parfaitement formé, contenu
dans une boîte dont la base et les parois portent un système de comnuuii-
calions disposées de manière à rougir un fil de platine et à enflammer, par
la simple pression du doigt sur une touche métallique, un corps combus-
tible, tel qu'une bougie, une lampe à alcool, à gaz, etc., placées auprès.
La pile destinée à mettre l'appareil en fonction, composée de trois éléments
à zinc et eau, cuivre et sulfate de cuivre, est placée à distance, ou prés de
l'appareil, et contenue dans ime boîte munie de deux lamelles métalliques
formant ressort, aboutissant à ses pôles, et contre lesquelles il suffit d'ap-
puyer les pôles de l'appareil secondaire pour le charger.
» Il n'est pas nécessaire de maintenir le couple secondaire constamment
en charge sous l'action de la pile; car avec la provision d'électricité qu'il
renferme, une fois chargé, on peut produire une centaine d'inflammations
consécutives. Avec un appareil renfermant un couple secondaire de plus
grande dimension (de i ~ mètre carré de surface environ), on peut obte-
nir consécutivement de trois à quatre mille inflammations. On en obtient
de même un très-grand nombre en produisant les décharges par inter-
valles, dans un espace de huit à quinze jours, par suite de la propriété
qu'ont les électrodes de plomb de conserver longtemps luie partie de leur
charge.
» Cet appareil, qu'on pourrait désigner, poursuivre les traditions des
anciens chimistes, sous le nom de briquet de Saturne, constitue donc l'un
( 468 )
des moyens les plus commodes pour se procurer du feu ou de la lumière.
» L'inflammation d'une bougie, sous l'influence du platine rougi au blanc,
se produit, sans bruit ni crépitation, plus instantanément que par tous les
moyens employés jusqu'ici. L'incandescence du fil de platine ne modifiant
en aucune manière la composition de l'air, il n'y a point de développe-
ment de fumée, d'odeur, de gaz délétère ou suffocant, comme cela a lieu
avec le soufre ou les chlorates. On n'a point à redouter les dangers d'incen-
die ou d'empoisonnement que présente le phosphore. On peut enfin con-
sidérer ce moyen d'inflammation comme très-économique; car, d'une
part, le couple secondaire n'exige, par lui-même, aucune dépense ou
entretien, le plomb fet le liquide étant mis une fois pour toutes, sans de-
voir ja?Tiais être renouvelés, et, d'autre part, il suffit, ])our entretenir le
faible courant de la pile destinée à charger le couple secondaire, d'ajouter,
de temps en temps, quelques cristaux de sulfate de cuivre, dont la con-
sommation est très-minime vis-à-vis du grand nombre d'inflammations
qu'on peut obtenir.
» Cet appareil peut êlre associé aux sonneries électriques, de manière à
fonctionner avec une seule et même pile (trois éléments à sulfate de
cuivre), sans entraver nullement l'action des sonneries, en le plaçant dans
un circuit dérivé du circuit principal, et en communication directe avec
les deux pôles de la pile.
» Il semblerait que, pendant la charge d'un couple secondaire sous
l'action d'une pile, dans le circuit de laquelle se trouvent une ou plusieurs
sonneries, ce couple doit absorber tout le courant et empêcher ces son-
neries de fonctionner; mais, comme le couple secondaire à lames de plomb
acquiert, sous l'influence de la pile, une grande intensité tem.poraire, il en
résulte qu'il n'agit pas comme un circuit dérivé inerte, et qu'il contribue
lui-même à mettre en action les sonneries. Bien plus, si la pile se trouve
troj) affaiblie pour faire marcher seule les sonneries, le couple secondaire
est capable, par la force qu'il a accumulée, de les mettre en mouvement.
11 agit, dans ce cas, comme un récepteur de travail, luie sorte de volant
électrique.
M Enfin ces deux systèmes d'appareils peuvent fonctionner, non-seule-
ment d'une manière alternative avec la même pile, mais simultanément et
au même instant, sans se nuire l'un l'autre. Cela vient de ce que, le couple
secondaire ne formant qu'un circuit dérivé, la résistance du fil de platine
porté à l'incandescence est assez grande pour permettre à une autre portion
du courant de traverser le circuit des sonneries.
(469)
» Cette association des couples secondaires et des sonneries électriques
permet donc de produire, à l'aide d'une faible source d'«?lectricité, le son
et la lumière. »
GiiOMÉTRiE APPLIQUÉE. — Note descriptive du crjptographe de M. VÉLEGniîi',
présentée par M. Dupuy de Lôme.
(Commissaires : MM. Fizeau, Dupuy de Lôme, Tresca.)
« Le cryptographe est un instrument destiné à relever sur le terrain et
à convertir en expressions, pouvant être transmises directement et secrè-
tement par le télégraphe, les coordonnées polaires des points qui dé-
terminent une figure donnée, d'où la possibilité, à l'aide de cet instru-
ment, de suivre, d'interpréter, c'est-à-dire de dessiner au fur et à mesure,
à Paris, par exemple, ce que des correspondants placés sur divers points
delà terre, en communication télégraphique avec Paris, verraient, relè-
veraient et télégraphieraient au fur et à mesure, mais n'interpréteraient
pas.
» Le cryptographe peut donc servir dans les opérations de dessins
linéaires qu'on aurait intérêt à cacher ou à télégraphier sans recourir à des
appareils transmetteurs spéciaux.
» Il consiste en un arc de cercle gradué, avec alidade également gra-
duée et à vis de rappel.
» L'alidade porte un chariot qui la parcourt dans sa longueur, de même
qu'elle parcourt l'arc. Ce chariot est aussi muni d'une vis de rappel.
» Pour le secret des transmissions, il est bon que les divisions de l'arc et
de l'alidade n'aient rien de commun avec les mesures connues; ces divi-
sions seront donc prises arbitrairement; on les subdivisera, s'il y a lieu,
au moyen de verniers. •
)) L'arc et l'alidade sont ajustés sur une planchette verticale ayant une
ouverture permettant de voir tout le terrain sur lequel on a à opérer. Cette
ouverture peut être réduite au moyen de diaphragmes; on la fermera par
une glace, mais cette glace sera enlevée en opérant, afin d'éviter les défor-
mations d'images qu'elle introduirait, par la réfraction des rayons visuels
obliques à son plan.
» Un viseur placé à l'extrémité d'une monture articulée, fixée sur le bord
de la planchette, prend la position qui convient pour qu'on puisse
voir dans le secteur déterminé par l'arc et les deux positions extrêmes de
l'alidade toutes les figures à relever. Ce viseur ne devra pas changer de
C.R,, 1873, 2« Semestre. (T. LXWH.N» 7.) 61
(470 )
position pontlant l'opération, et l'on tiendra très-exactement compte de son
point de projection et de sa distance au plan de la glace.
» Le chariot est muni à volonté de styles de deux sortes qui se rempla-
cent l'un l'autre, suivant qu'il s'agit d'opérer avec l'instrument opérant le
relevé ou avec celui qui le reçoit ou le dessine. En combinant convena-
blement ce déplacement du style sur l'alidade avec le déplacement de l'ali-
dade sur l'arc, il est évident que ce style atteindra successivement tous les
points du secteur.
» Le premier style consiste en une lame de mica très-mince, afin de
n'avoir pas à tenir compte ici de la réfraction, sur laquelle on a marqué
ini petit point noir ; le second style consiste en une pointe d'acier très-fine,
qui correspond au point noir et qu'un faible ressort maintient à peu de dis-
tance de la glace.
» C'est avec le point noir de la lame de mica d'un cryptographe qu'on
suivra dans l'espace, en regardant par le viseur, les contours des figures,
non pas pour en prendre tous les éléments, comme s'il s'agissait du poin-
tillé d'un poncis, mais seulement les points strictement nécessaires, et c'est
avec le style à pointe d'un autre cryptographe et la feuille de papier ten-
due sur la glace qu'on marquera ailleurs ces points.
» Toutes les positions que l'on fera prendre aux styles étant accusées
par les deux graduations de l'instrument, ce sera par les nombres se rap-
portant à ces deux graduations qu'on pourra, après transmission, repren-
dre au loin, sur un instrument pareil, les positions ci-dessus, et, par celles-
ci, reproduire les figures primitives.
» J'ai désigné par groupe-point l'ensemble des deux nombres de l'ali-
dade et de l'arc servant à la détermination d'un point; ces nombres sont
écrits l'un à la suite de l'autre en commençant toujours par celui prove-
nant de l'alidade.
» Chaque groupe-point sera invariablement de six chiffres, et, quand
chacun des deux nombres le composant n'en contiendra pas trois, on
placera des zéros à gauche pour compléter cette quantité de trois : ainsi,
l'alidade ayant donné le nombre 8 et l'arc le nombre 56, on écrira : d'une
part, 008 ; d'autre part, o56, et pour le tout, c'est-à-dire pour le groupe-
point, oo8o56.
)) Deux cryptographes identiques étant indispensables pour pouvoir
correspondre par figures chiffrées, chaque correspondant aura le sien et il
s'en servira :
» 1° Comme expéditeur, pour relever et exprimer en groupes-points les
figures à transmettre;
(hv )
» 2° Comme destinataire, pour reproduire ces figures au moyen des
groupes-points transmis, reçus et interprétés.
» Ces instruments seront, par conséqnent, pour eux des vocabulaires
servant alternativement à composer et à tradnire des expressions figures.
)) La transmission de ces expressions, c'est-à-dire des groupes-points
dont elles se composent, a lieu à part et au moyen des appareils trans-
metteurs ordinaires, dont la manœuvre est confiée à des employés entiè-
rement étrangers aux opérations de relèvement et d'interprétation.
» Pouvant opérer sur le terrain et par conséqnent sur des figures plus
ou moins éloignées du plan de l'instrument, à plus forte raison pourra-
t-on opérer sur celles données par un dessin qu'on aura fixé sur la glace du
cryptographe.
» Pour ces dessins, on supprimera le viseur et l'on procédera au relève-
ment par les coordonnées polaires comme on le ferait ailleurs par les coor-
données rectangulaires, par exemple, en employant le diagraphe Gavard,
qui serait préférable an cryptographe s'il était d'une construction aussi
simple, d'un maniement aussi fiicile et si les résultats qu'il donne étaient
directement transmissibles télégraphiquement et ponvaient être cachés au
besoin.
» D'une figure quelque compliquée qu'elle soit, ou plutôt quelque
simple qu'elle soit, on ne relèvera que les éléments indispensables, et l'on
distinguera dans un plan donné (soit un plan de bataille) (i) la partie
constante, qu'on ne transmettra qu'une fois ou qu'on ne transmettra pas
du tout quand elle sera fournie par les cartes imprimées, de la partie va-
riable, consistant :
» 1° Dans les diverses positions des corps engagés dans une zone d'opé-
rations;
» 2° Dans les ouvrages construits ou détruits à leur occasion, occupés
ou abandonnés par eux.
» De cette partie variable encore ne sera-t-il relevé que ce qui aura
changé depuis la dernière transmission-figure. Dans ce cas, la phrase :
Pour le reste, comme dans bi Iransmission-fujure..., remplacera ce qu'on
aurait à répéter.
» Si l'on a à signaler certaines dispositions prises ou à prendre sur un
terrain dont on possédera la carte, il suffira de placer tui exemplaire de
(i) Je n'ai pas l'intention, par le choix de ce plan et par ce qui suit, d'indiquer ici l'ap-
plication que l'on pourrait faire de la crvptograi)hie.
6i..
( 472 )
cette carte sur chacune des planchettes des cryptographes expéditeur et
destinataire.
M Chaque carte sera saisie, bridée sous l'arc; des points de repère auront
permis de les disposer de part et d'autre très-exactement de la même
manière.
» Ayant tracé sur la carte de l'expéditeur la partie variable dont il vient
d'être question, elle sera seule décomposée en groupes-points, seule
transmise télégraphiquemeiit et seule pointée sur la carte du destinataire.
M Pour prévenir toute confusion dans le tracé, c'est-à-dire dans la
liaison des points, l'expéditeur ne comprendra dans le même alinéa que
les points ap|)artenant à une même figure ou plutôt à une même ligne con-
tinue, et le destinataire n'attendra pas, pour les lier, d'en avoir reçu et
marqué une trop grande quantité.
» Il importe beaucoup, en réunissant ces points, d'observer rigoureuse-
ment l'ordre dans lequel ils se présenteront, puisque, avec les mêmes
points qu'on réunirait de diverses manières, on obtiendrait des figures
diverses.
» Il sera possible, au moyen d'un tableau, de donner quelque expression
aux dessins linéaires transmis.
» Tous les signes de convention dont il sera fait usage, ainsi que cer-
tains détails relatifs à l'emploi et au maniement du cryptographe, seront
donnés à part dans une instruction dont on munira les opérateurs. »
M. Stephen Smith soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise
de M. Chasles, un Mémoire sur les équations modulaires.
(Commissaires : MM. Hermile, Serret, Puiseux.)
M. A. Naml'r adresse des « Études pratiques sur les logarithmes des
nombres, avec des projets de nouvelles Tables ».
(Commissaires : MM. Serret, O. Bonnet, Puiseux.)
IJn Auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse un
Mémoire manuscrit portant pour titre « Mammalogie australe, comparée
et raison née ».
(Renvoi à la Commission du prix Bordin.)
M. L. Hugo annonce l'existence, au Musée de Chalon-sur-Saône, d'un
( 473 )
nouveau dodécaèdre antique en bronze, semblable à ceux de I^yon et à
celui de Vienne.
(Commissaires précédeuimenl nommés : MM. Bertrand, Roulin.)
M. Riche adresse, de Colmar, une Note sur des exjiériences à effectuer,
concernant l'action du magnétisme sur les organismes vivants.
(Commissaires : MM. Ci. Bernard, Edm. Becquerel, Jamin.)
M. Ch. Tellier adresse une Note sur l'emploi de moyens préventifs
contre le choléra.
L'auteur, attribuant la propagation du choléra au transport, par l'air ou
par l'eau, de germes analogues à ceux qu'ont fait connaître les études de
M. Pasteur, germes qui doivent être facilement fixés à la surface des fruits
employés comme aliments, conseille de ne faire usage, en temps d'épidé-
mie, que de fruits cuits, ou de fruits crus soigneusement lavés et pelés;
il conseille également de n'employer l'eau, comme boisson, qu'après l'avoir
préalablement portée à une température voisine de l'ébuUilion (celle où
elle commence à frémir.)
(Renvoi à la Commission du legs Bréanl.)
M. C. Beuchot adresse une nouvelle Note concernant Les divers moyens
de transport et l'application définitive de la vapeur aux canaux.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Héna annonce la découverte, faite par lui, d'une plage soulevée à
8 mètres (à Pléneuf, à 20 kilomètres de Saint - Brieuc) , et de dépôts
coquillers quaternaires (à Plœuc, au pied de proloiigemenls de la chaîne
de montagnes de Mené).
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. C-M. Mathey adresse un complément à ses Communications précé-
dentes sur l'application de la force du vent à la vapeur, comme force
motrice.
(Renvoi à la Commission du prix Plumey.)
M. A. Brachet adresse une nouvelle Note relative à l'hélioscope de
L. Foucault.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
( 474)
M. A. Veim.kt adresse une Note relative à une machine hydraulique
deslinée à la création des chutes artificielles, etc.
(Renvoi à l'examen de M. Resal.)
M. Dai.peint adresse le dessin d'un projet de machine hydraulique.
(Renvoi à l'examen de M. Phillips.)
C0RRESP0IVDA1\CE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Une brochure de M. de Croizier, intitulée : « La Perse et les Per-
sans; Nasr-Eddin-Schah; le nouvel iran et l'équilibre asiatique »;
2° Les numéros du premier semestre du journal le Ciel, adressés par
M. /. Finot.
GÉOMÉTRIE. — Sur les combes gauches algébriques. Note
de M. PicQCET, présentée par M. O. Bonnet.
« Si deux courbes gauches algébriques, de degrés p et (], sont le résultat
de la décomposition d'une courbe de degré p + q, ces deux courbes au-
ront nécessairement un certain nombre k de points communs. Soient
m ^= p -\- q el h„,, A,,, hç les nombres des sécantes doubles que l'on peut
mener à ces courbes respectives d'un point arbitraire. On aura évidemment
(l ) f'm = /'/. + -^'7 -H /"/ ~ /•'.
puisque pq — A représente le nombre des droites d'intersection des deux
cônes ayant pour sommet le point arbitraire et pour bases respectives les
courbes p et q, droites ne passant pas par les points communs aux deux
courbes.
» Au moyen de cette formule, je vais déterminer en fonction du degré
m d'une courbe gauche, et de la quantité Ii,„ qui achève de la définir :
i" le degré de la surface engendrée parles sécantes triples de la courbe;
2" le nombre des sécantes quadruples.
» Je remarque d'abord que le degré de la surface engendrée par une
droite qui s'appuie une fois sur une courbe de degré m, et deux fois sur
une courbe de degré m, degré égal en général à m,[h,n~h- {m {m— i)] de-
( 475 )
vient m,[//,„-h |m(/n — i)] — /('« — i), si les deux courbes tn, et m ont
k points communs, car il faut retrancher de la première surface A cônes;
de degré m — i ayant pour sommets respectifs chacun de ces points et
pour base la courbe m. Si donc (p{m) est le degré de la surface engendrée
par les sécantes triples de la courbe 7», et que cette courbe se décompose
en deux autres de degrés p et q, ?('«) se composera : i° des degrés des
surfaces analogues pour ces deux courbes, ou o{p) -+- y (7); 2° des degrés
des surfaces engendrées par une ilroite s'appuyant une fois sur une des
courbes et deux fois sur l'autre, ou /^ [/',/-+- i7(</ — ')] = ^(? — 0 pour
l'une, et q[hp-h^ij{p — i)] — A(/; — i) pour l'autre, k étant le nombre
des points communs aux courbes p et q. On aura donc
?('«) = ?(/^) + ? 7) +/'[^ + i'7('/ - 0] + V ÏJ>p + !,pip -i)]-k ip + q - 2)
et, en remplaçant A par sa valeur tirée de l'équation (i),
4- q[l'p + ^p{p - i)J - {pq + /'/, + /'v - f'm)[p + q- 2).
Faisant p ^= m — i et r/ = i, et remarquant que 9(1)= ^5 ^1 = o,
(p(m) = o{in — 0 + [m — 2)h„,— [m — 3)//,„_i — {{m — i]{in — 2).
De même
ç)(/?j — i) = o{in — 2) + {m — 3)//„,_, — {m — /i)//,„_2— i("' — 2)(//2 — 3)
et ainsi de suite, jusqu'à
y(3) = //,-//, -1(3 -0(3 -2)
» Ajoutant ces équations membre à membre, il reste
(2) 155 (in) = {m — 2) //,„ — ly^{in — i) (m — 2) = (m — 2) [//„, — | m [m — i )] .
3
On a ainsi le degré de la surface en fonction de m et de ^; la courbe ni
sera une courbe multiple de la surface d'ordre //,„— m + 2, puisque, d'un
point d'une courbe gauche de degré ni, on peut mener h,,, — m -h 2 droites
qui la rencontrent encore deux fois.
» On peut s'en servir pour déterminer le nombre des droites situées
sur une surface du troisième degré; car si une telle surface rencontre une
surface de degré/) suivant une courbe de degré '5p, on aura h3,, = 'ip{p— i)
( 476 )
et (p{'ip) = (3p— 2)[{h'3p— ^"ipCip — I ] = ^(3/j — 2)(3/) — 5). La courbe
d'intersection de la première surface avec la surface f(3p), courbe de
degré égal à 3y(3/-i), se composera de la courbe 3p avec un ordre de
imiltiplicité égal à ^3^ — 3/j-f-2 ou à 3p'^~6p + 2 et des x droites prises
1 p {p — 0 (p — 2) p . . ,1, , -
ciiacune ^-^ lois, puisqu elles coupent la surface p eu p points
. « . • 1 ' ' ^ p {p — i) i P ~ 2) r
et peuvent être considérées de ^-^ -^ façons comme sécantes
triples de la courbe ?>p. On aura donc
i/) (3/j - 2) (3/; - 5) = 3/^ (3/;^ _ G/; + 2^ + x ''^'' ~/l^^^ ~ ^^^
d'où l'on lire
.r = 2"7.
» Chercbons maintenant le nombre K'??) des sécantes quadruples de la
courbe m, et décomposons-la de nouveau en deux courbes p et q; ^{ni)
se composera évidemment : 1° de '|(/^) + |(7); 2° des droites qui ren-
contrent une fois l'une des deux courbes et trois fois l'autre, dont le nombre
est égal, si c'est la courbe p qui est coupée trois fois, au nombre des points
d'intersection de la courbe q avec la surface ^{p), c'est-à-dire à
q(p-:t-^[//^-lp(p-l)]
en général, et à
q{p- 2}[ hp~ y [p - I )] - A {hp- p+ 2),
si les courbes p el q ont A points communs; égal aussi à
P ('/ — 2) [fiq — {q (q — I ^] — A (Jiq — q A- a),
si c'est la courbe q qui est coupée trois fois; 3° des droites qui rencontrent
deux fois chacune des courbes p et q. Ces droites sont, d'après une for-
mule connue, au nombre de hph^—\p[p—\)\q[q — i), si les courbes
ne se coupent pas. Si elles se coupent en k points, il faut en retrancher,
pour chaque point, les droites d'intersection de deux cônes de degrés^ — i
et (7 — I, ayant le point pour sommet et les deux courbes pour bases res-
pectives, ce qui fait k{p — i)(q —\), moins |A(A- — i); car, dans ce
compte, les droites qui joignent les A' points deux à deux sont comptées
deux fois. Ce nombre est donc
Ap/'î+l7^(/'-0l<?(7-')-''(/'-')('7-') + ï^('^--0-
( 477 )
On a donc
+ '''/, k/ + V p y p ~ i) iq {q ~ i) — k [ />!, + h,i — m -H 4)
~^\p-h.q - i) + U{k-i).
Remplaçant k par sa valeur tirée de (i), faisant /; = m — 2, (/ = 2 et ré-
duisant, il reste
— i^m-. — i('« - 2){2m-— 2C)m + 75).
Remplaçant m par /w — 2, /« — 4v jusqu'à 4, si "^ est pair, 3 si ^7^ est
impair, ajoutant membre à membre, on arrive, dans le premier cas, à
^[m) —{h,„{h,„ — 4m +11)— ^ \ ('« — 2)(2m-— 29/?/ + yS),
avec m = ap; dans le second cas, à
H'») =i^-n{^;«— 4'«4- Il)+ I — g^('"— 2^.2/H-— 29W4-75),
avec m = ip + i ; et dans les deux cas, toute sommation faite, à la formule
générale chercliée
(3) <\i[m) = yi,„(h,„ — l\m -h ii) —^mhn — 2){m — 3) {m— i3).
» On peut encore, au moyen de cette formule, trouver le nombre des
droites situées sur une surface du troisième degré; car, si une telle surface
rencontre une surface de degré p suivant une courbe de degré 3^9, les
sécantes quadruples de la courbe ayant quatre de leurs points sur la pre-
mière surface y seront tout entières; réciproquement, toutes les droites
cherchées rencontrant la surface p et par suite la courbe 3p en p points
pourront être considérées de^^-^^^ — ^-^ — ^^', ^ ~ — ' façons comme sécantes
' 1.2.3.4 '
quadruples de la courbe 3/7; on aura donc
j}[p — i)ip~ i){/'— 3)
<^{3p) = x'
1.2.3./^
d'où l'on tire x = 27, en remplaçant, dans i^{m),in par 3/j et /^„, par
3/j(/j-i). »
C. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVU, N" 7.) ^'^
( 47S )
MÉCàN'lQUE APPLIQUÉE. — Recherches expérimentales sur les matières explosives.
Note de MM. Rocx etSARRAc, présentée par M. Rolland.
« 1. Nous avons délerniiné récemment les chaleurs de combustion des
cinq espèces de poudre fabriquées en France. Nous complétons ce travail
par la détermination, pour les mêmes poudres, du volume réduit à zéro et
à o™,76 des produits gazeux de la combustion. Nous déduisons cet élément,
par les lois de Mariolle et de Gay-Lussac, de la mesure de la pression des
gaz à une température et sous un volume connus.
« 2. L'appareil que nous avons réalisé à cet effet peut servir à des
épreuves courantes, et son exactitude pratique est, croyons-nous, suffisam-
ment assurée par la facilité avec laquelle il permet de contrôler, par la réité-
ration, les résultats obtenus.
» Il se compose d'une éprouvetfe cylindrique en fer forgé, de 22 milli-
mètres de diamètre intérieur sur 3 décimètres de hauteur. Cette éprouvette,
où se fait la combustion de la poudre, est fermée à l'une de ses extrémités
par un bouchon taraudé, traversé par un fii isolé servant à l'inflammation,
et se termine à l'autre extrémité par un ajutage vissé dans la douille d'un
manomètre. Ce manomètre est à piston différentiel, et la pression exercée
sur la petite base du piston y est équilibrée et mesurée par celle qu'exerce
sur la grande base une hauteur de mercure réduite dans le rapport des deux
bases.
» L'emploi du manomètre différentiel a deux avantages : i°le déplace-
ment du piston étant absolument insensible, le volume des gaz est, dans
tous les cas, égal à la capacité de l'éprouvette, qu'il suffit de mesurer une
fois pour toutes; 2° on peut mesurer, par de faibles hauteurs de mercure,
des pressions relativement considérables, qui exigeraient autrement l'emploi
peu commode d'un manomètre à air comprimé.
» Le manomètre qui a servi à nos expériences a été mis obligeamment à
notre disposition par M. A. Clair, son constructeur. Le rapport des bases
est j~ : il est gradué en millimètres dont on peut apprécier assez exacte-
ment à vue le -~.
» 3. Pour faire une détermination, on brûle un poids connu de poudre
dans l'éprouvette : le mercure monte brusquement dans le tube manomé-
triquo, s'abaisse |>ar le refroidissemen trapide des gaz, et atteint, après quatre
ou cinq minutes, lui état stationnaire qu'il garde sans modification sensible
pendant plusieurs heures. La température des gaz est alors sensiblement
( 479 )
égale à celle de l'enceinle; la hauteur nianométrique observée, nuillipliée
par f oo, mesure leur pression.
» Voici les éléments d'une détermination : les pressions des gaz produits
par 3, ^ el S grammes de poudre à canon sont mesurées, à 27 degrés, par
64,0, 8G,5 et 106,0 millimètres de merciue. On en déduit pour i gramme
les hauteurs réduites : 21, 3, 21, G, 21,2, soit, en moyenne, 21,4 avec -~^
d'écart moyen relatif.
» La capacité de l'éprouvette étant o''", 102, le volume, à zéro et à o'^,'j6o,
des gaz de i gramme de poudre est donné par la formule
76 X (273 -f- 27)
^'0 = o, 1 02 .^,,,0 : -T = o-, 27 1 ,
» Nous avons fait la même détermination pour les autres poudres, et, en
combinant les résultats avec ceux de nos épreuves calorimétriques, nous
avons formé le tableau ci-après, qui résume les éléments dont dépend l'éva-
luation approchée de la force relative des cinq poudres :
1. 2. 3. 4. 5. G.
Q T ,.„ ;Vr EcT
Espèce de la poudre. (Calories). Degrés Litres. 2-/3 Tonneaux-
ceiiligrades. Atmosphères. inélres.
Pondre de chasse fine 807 ,3 4^54 234 ^989 373
11 à canon 752,9 436o 261 4'68 349
u à fusil, dite B 73o,8 423i 280 4^39 33g
» de commerce extérieur. 69'), 2 fiO^/z 281 4''5o 324
» démine ordinaire. ... 570,2 3372 307 3792 270
» 4. La colonne 2 reproduit les résultats do nos épreuves calorimé-
triques. Elle donne, pour chaque poudre, la quantité de chaleur Q dégagée
par les produits de la combustion de x kilogramme passant de la tempéra-
ture de la combustion à la température de l'épreuve, qui était de 17 degrés
environ.
» La colonne 3 fait connaître les températures absolues de la combus-
tion, données par la formule T = 273 + 17 + -? où c représente la cha-
leur spécifique moyenne à volume constant dos produits de la combustion,
A défaut de données plus précises, nous adoptons provisoirement, pour
les diverses poudres, la valeur c = o,i85, trouvée par MM. Bunsen et
Schischkoff pour une poudre semblable à notre poudre de chasse.
62..
{ 48o )
» La colonne 4 résume les ^aleurs numériques du volume t',, des gaz
permanents fournis par i kilogramme de poudre, et réduits à zéro sous la
pression o*", 7G0.
u La colonne 5 comprend les valeurs particulières de l'expression -^5
qui représente, en atmosphères (i), la pression des gaz permanents de
I kilogramme de poudre, occupant, à la température T de la flamme, un
volume égal à i litre, en supposant, bien entendu, que les lois de Mariotte
et de Gay-Lussac restent applicables.
» Enfin nous donnons, dans la colonne 6, le travail maximum produit
par la détente indéfinie des gaz de 1 kilogramme de poudre. Il est égal à
EcT (E étant l'équivalent mécanique de la chaleur, que nous prendrons
égal à 433), en supposant que tous les produits, permanents ou non, de
la combustion ont la même température à chaque instant de la détente (2).
C'est à ce travail théorique (estimé jusqu'à présent d'après les chiffres de
MM. Bunsen et Schischkoff) que les artilleurs rapportent le travail utile
d'une bouche à feu pour en apprécier le rendement.
» 5. Nous avons appliqué nos appareils à des substances explosives
autres que les poudres. Le tableau suivant résume les résultats que nous
avons obtenus. Ceux qui concernent la dynamite correspondent à l'explo-
sion que nous avons nommée de second ordre, produite par l'inflammation
simple et non par l'emploi d'une amorce fulminante. L'énergie des effets
obtenus dans ce dernier cas exige des appareils spéciaux, qui seront, de
notre part, l'objet d'études ultérieures.
(i) Soit p la pression des gaz sous l'unité de voliirae à la température absolue T, t\ étant
leur volume sous la pression normale p^, et à zéro, c'est-à-dire à la température absolue 278,
on a, par les lois de Mariotte et de Gay-Lussac,
IL — H _I_.
/'o ~ I 3.73
(2) Si l'on supposait, comme l'ont fait MM. Bunsen et Schischkoff, que le travail est pro-
duit par la délente indéfinie des gaz permanents sans tenir compte de la cJialenr cédée par
les autres produils de la combustion, ce travail aurait pour expression E^c'T, 3 étant le
poids des gaz produits par i kilogramme et c' leur chaleur spécifique sous volume constani,
différente de celle qui a été désignée par c et se rapporte à la totalité des produits de la
combustion.
(48. )
Calories Volume
dégafîéos Poids rédiiîl
par I ltilo{;r. des paz des f;oz
Di'signation de la matière explosive. de la pour pour
substance. i liilogr. i kilogr.
Coton-poudre io56,3 0,85-3 •jan'"
Dynamite de Vonges à 76 pour loc. . 1390,0 0,600 4^5
Picrate de potasse. 787 , i o ,740 576
Mélange de 55 picrate de potasse et 45 salpêtre 916,3 o,485 334
» de poids égaux de picrate et c-ldoratc de potasse. 1180,2 0,466 329
» L'absence de données suffisamment précises sur les chaleurs spéci-
fiques des produits de la combustion de ces matières ne permet pas de
faire, comme pour les poudres, le calcul des températures de combustion
et des pressions relatives. De plus, dans l'évaluation des pressions, il y
aurait lieu de tenir compte de l'eau produite qui agit, lors de la déflagra-
tion, à l'état de vapeur surchauffée, et n'est pas appréciée par nos procédés
de mesure relatifs aux seuls gaz permanents. »
CHIMIE AGRICOLE. — Ammoni-nilromélrie, ou nouveau système pour doser
i ammoniaque, l'azote des matières organiques, et racide nitrique dans les
eaux naturelles, les terres, les engrais, etc. Note de M. Piuggari, présen-
tée par M. Boussingault.
« Sous la dénomination d' ammoni-nitrome'trie, je comprends l'ensemble
d'opérations ayant pour but de déterminer, par le système volumétrique,
la quantité d'ammoniaque, d'azote organique et de composés nitreux dans
tout milieu où s'effectue ou peut s'effectuer la décomposition des matières
organiques azotées, en faisant de ce système une application spéciale à
l'analyse des eaux, des terres et des engrais.
o Les données les plus importantes à fixer, dans tous les cas, sont la
proportion d'ammoniaque libre et combinée, celle de l'azote qui existe
dans les matières organiques et celle de l'acide nitrique ou du nitre, qui
proviennent de l'oxydation de ces matières.
H J'ai adopté le nom d'ammoni-nitrométrie, parce que je me propose,
dans mon système, principalement de doser par la voie humide l'ammo-
niaque, les combinaisons nitriques, et en général l'azote, quel que soit l'état
où il se trouve, en les transformant transitoirement en composés nitreux
et, en dernier lieu, en ammoniaque.
» Les moyens généraux que j'emploie sont simplement ceux de l'oxy-
dation et de la réduction; mais, comme tous les agents employés jusqu'à
présent ne sont ni assez énergiques ni assez purs pour donner des résultats
( 482 )
qui approchent do l'exactitudo, dans l'investigation de matières en pro-
portions infinitésimales, j'adopte, comme agent à la fois d'oxydation et de
réduction des matières organiques, le mélange de chlorure d'argent, ré-
cemment précipité et humide, et d'hydrate potassique très-pur, à la tem-
pérature de 55 à 60 degrés C. pendant deux ou trois heures, substances
très-énergiques qu'on peut obtenir complètement exemptes d'ammoniaque,
conditions indispensables et que l'on ne pourrait trouver que très-diffici-
lement avec les autres agents oxydo-réducteurs connus.
» Par l'action du chlorure d'argent et de l'hydrate alcalin, tout l'azote
des matières organiques se transforme en ammoniaque et en acide nitreux
et nitrique, qu'il faut transformer aussi à l'état d'ammoniaque par les
moyens de réduction.
» L'agent de réduction que j'emploie dans ce cas, comme dans tous
ceux où l'on se propose de réduire et de doser les composés nitreux, c'est
l'hydrogène à l'état naissant, qu'on produit avec l'aluminium en limaille,
par l'action d'ini hydrate alcalin pur, à une température qui ne doit pas
dépasser celle de l'ébullition, pendant une demi-heure ou une heure, se-
lon la proportion des matières à réduire, et distillant ensuite l'ammoniaque.
» J'ai pu me convaincre, parce moyen, de la réduction complète des
matières organiques et des composés nitreux, en essayant des types de com-
position définie, comme la morphine, la codéine, la strychnine, l'albumine,
la gélatine et l'acide urique, substances desquelles j'ai obtenu la quantité
d'azote donnée par la théorie, avec dos différences en plus ou en moins
de I à 3 pour 100, dues sans doute aux quantités minimes sur lesquelles
j'ai opéré (oS',ooo5 à o^'.oooa par demi-litre d'eau pure).
» Comme on le voit, par l'ammoni-nitrométrie, on peut toujours arriver
à la transformation de l'azote à l'état d'ammoniaque. On dose alors celui-ci
au moyen de la liqueur de Nessler, si l'on a à agir sur de très-minimes quan-
tités d'ammoniaque, en comparant la réaction avec une liqueur titrée
à YiTô '^^ milligramme d'ammoniaque par centimètre cube; s'il dépasse
cette minime proportion, je le dose alors avec un réactif spécial, que je
nomme réactif ammoni-nitrométrique, et qui est fondé sur la réaction si-
multanée d'une à deux gouttes de phénol et de 5 à 6 centimètres cubes
d'hypochlorite de soude (liqueur de Labarraque) ajouté au liquide qu'on
essaye. Ce réactif donne, avec les liqueurs ammoniacales distillées, ime belle
coloration bleu violet, tonjoiu's soinble et très-stable, dont l'intensité
peut être comparée à une liqueur normale au moyen du calorimètre de
Collardeau.
( 483 )
» Comme on doit présumer, il faut employer des réactifs d'une pureté
parfaite, et c'est pour cela principalement que je préfère le chlorure aux
autres sels d'argent, et l'hydrate de potasse qu'on peut purifier préala-
blement en le soumettant aux mêmes opérations que celles dans lesquelles
il doit intervenir, c'est-à-dire en le traitant par le chlorure d'argent et par
la distillation avec l'aluminium.
» Je préfère aussi l'ahuiiinium et l'hydrate alcalin pour produire l'hydro-
gène naissant, parce qu'à son activité ce mélange joint l'avantage de n'in-
troduire aucun composé nitreux dans la substance à analyser.
» Par cette méthode, j'ai fait et je continue des études très-délicates sur
l'eau de pluie, sur les eaux de la Plata, celles des puits et des citernes de
la ville de Buenos-Ayres, sur les terres végétales de la République Argen-
tine et les engrais en général.
)) Dans toutes les analyses, j'opère sur un demi-litre d'eau naturelle ou
d'eau distillée, mélangées avec la matière à analyser, et, dans tous les cas,
je dose l'azote à Véini lV ammoniaque libre, combinée, nitrique et organique,
l'un après l'autre, avec un seul échantillon. »
CHIMIE ORGANIQUE. —5ar le chloi lijdrale de lérébène et l'isomërie des composés
de/ommle G" H'%HC1 ; Note de M. J. Riban, présentée par M. Balard.
« Dans une précédente Communication ( i ) j'ai fait connaître le térébène
et ses principales propriétés; je vais décrire aujourd'hui sa combinaison
avec l'acide chlorhydrique et relater sommairement les expériences qui
permettent d'établir l'isomérie des chlorhydrates de formule G'^H'^HCl.
» Chlorhydrate de térébène. — J'ai obtenu ce corps par l'action du cou-
rant lent et prolongé d'acide chlorhydrique sec sur le térébène. J^e car-
bure ne tarde pas à se prendre en une masse cristalline de monochlorhy-
drale; les cristaux sont égouttés et le liquide écoulé, traité de la même
façon, fournit une nouvelle quantité de cristaux. Par refroidissement à
— i5 degrés et compression au sein même du mélange réfrigérant on retire
les dernières portions de matière se trouvant en dissolution. Il reste
après ces opérations une faible quantité de liquide qui ne cristallise plus
par l'action ultérieure de l'acide chlorhydrique; mais je n'ai pas eu ce
dernier produit en quantité suffisante pour en faire une étude convenable.
Les cristaux fortement exprimés sont alors blancs, friables et même pulvé-
(i) Comptes rendus, t. LXXVI, p. iS^-].
( m )
risables (ce qui les dislingiie à première vue du chlorhydrate isomérique
de lérébeiithène, qui est mou et cireux); ils contiennent de 17 a 18 pour 100
de chlore au lieu de 20,67 ^xigé par la théorie. C'est en étudiant les causes
d'une telle divergence, qu'on ne pouvait attribuer à des impuretés, que je
suis parvenu à établir une des propriétés les plus singulières du chlorhy-
drate de térébène, sa dissociation à froid en camphène et acide chlorhy-
drique et sa décomposition rapide en ces mêmes éléments par l'action de
l'eau froide.
» La préparation du chlorhydrate, si on tient à l'avoir pur, est délicate
et nécessite des précautions spéciales. Le produit brut est dissous dans
l'alcool absolu, à une température qui ne doit pas dépasser 55 à Go degrés
sous peine de transformer la majeure partie du corps en substances li-
quides ; par refroidissement il se dépose de larges lames transparentes de
chlorhydrate, dont la teneur en chlore s'est légèrement abaissée, et qui, dé-
barrassées de l'alcool dans une atmosphère sèche et froide, sont soumises
à l'action du gaz chlorhydrique.
» On fond le corps en présence de ce gaz à la température de i3o de-
grés et on laisse refroidir lentement; mais il se forme, dans l'action de cet
acide à haute température, des traces de composés liquides qui souillent la
matière. La sublimation à i5o degrés dans un courant de HCl sec fournit
des résultats moins favorables, car à cette température élevée le chlorhy-
drate se dissocie au sein même du courant gazeux, et le camphène résul-
tant se sublime dans les parties froides en se recombinant incomplètement
à l'acide chlorhydrique.
» La sublimation dans ce gaz à basse température fournit les résul-
tats les plus satisfaisants et les plus constants; la matière est introduite
dans des ballons spacieux dont l'air est déplacé par du gaz chlorhy-
drique sec ; les vases scellés à la lampe sont enfouis dans du sable et le tout
est soumis à la vapeur émanant d'un bain-marie ; la température, dans ces
conditions, ne s'élève pas au delà de 60 à 70 degrés. On trouve alors le
produit sublimé sous forme de pain dans les parties enfouies et sous forme
de cristaux pennés dans les parties froides; il est rapidement enfermé dans
des vases bouchés à l'émeri.
» Le chlorhydrate de térébène pur est complètement inactif sur la lu-
mière polarisée; il se présente en cristaux pennés d'une odeur camphrée
et rappelle, à certains égards, les chlorhydrates de lérébcnthène et de
camphène. Il correspond à la formule G'" H'", HCl.
0
( 485 )
Expérience. Culciil.
Carbone 6g, 65 » 69, 58
Hydrogène lOiiQ " 9>85
Chlore 19,98 19,97 20,67
» Ces résultats sont satisfaisants; ils accusent une perte de chlore et un
léger excès de carbone; cela doit être, car le chlorhydrate de térébène
abandonné à lui-même perd rapidement d'abord de l'acide chlorhydrique,
avec mise à nu d'une quantité équivalente de carbure cristaUisé G' "H'
(camphène). Lu dissociation se continue lentement dans une atmosphère
sèche et illimitée; elle devient lente quand le corps ne contient plus que
17318 pour 100 de chlore, état relativement stable où l'action inverse
commence sans doute à se faire sentir.
» Le chlorhydrate de térébène fond à i25 degrés et se fige à la même
température. Cette détermination ne peut être effectuée qu'en introduisant
la matière dans des tubes étroits à mince paroi, pleins de gaz chlorhy-
drique et scellés à la lampe, de façon à s'opposer à la dissociation du corps
par la chaleur. Sans cette précaution, on obtient des points de fusion va-
riables pouvant s'abaisser jusqu'à 90 degrés.
» Le chlorhydrate de térébène est rapidement décomposé par l'eau.
Vient-on, eu effet, à laver les cristaux de ce corps avec de l'eau froide, on
constate que la majeure partie de l'acide chlorliydrique passe peu à peu
dans les eaux de lavage, et, sans que rien dans l'aspect de la matière ait pu
faire soupçonner un changement, on la trouve transformée en un mélange
de carbure cristallisé C"'H'°, que j'appellerai /3-camphène, pour réserver
la question de son isomérie avec les autres camphènes découverts par
M. Berihc'Iot, et de chlorhydrate inaltéré que l'on peut détruire par la
solution aqueuse de soude.
» On voit donc que, de même que le chlorhydrate de térébenthène, par
l'action du stéarate ou du benzoalc de potasse, ne régénère plus le térében-
thène primitif, mais bien du camphène actif ou inactif, de même le chlor-
hydrate de térébène, traité par l'eau froide, ne régénère plus le térébène
générateur, mais bien un camphène cristallisé.
» L'eau à 100 degrés produit l'élimination rapide et totale de l'acide
chlorhydrique; mais il ne se forme dans cette circonstance qu'un corps
liquide dont je poursuis l'élude.
I) Le chlorhydrate de térébène se dissout dans l'alcool absolu chaud, et,
si l'on ne dépasse pas la température de 55 à 60 degrés, la majeure partie
t. R.,1873, 2'Sen.esIie. (T. LXXVIl, N" 7.) 63
( 486 )
du produit se dépose sous forme de belles lames transparentes qui attei-
gnent un centimètre de côté; mais le corps ainsi obtenu ne contient plus
que 17 à i8 pour 100 de chlore, et l'analyse montre que l'on a maintenant
un mélange de chlorhydrate inaltéré et de camphène. Le produit s'est
dissocié en partie au sein de l'alcool, que l'on trouve fortement chargé
d'acide chlorhydrique libre. Traité à l'ébullition par l'alcool à jB ou
80 degrés centésimaux, le chlorhydrate de térébène est rapidement dé-
composé ; après élimination totale de l'acide chlprhydrique par une
ébullition soutenue, on obtient un liquide volatil qui me paraît avoir une
formule analogue à celle du terpinol, et serait l'éther d'un hydrate de cam-
phène ou de térébène. Par l'action du gaz chlorhydrique, ce liquide ne
régénère plus de chlorhydrate cristallisé.
» Jsomérie des chlorhydrates de formule G"H",HC1. Parmi les corps
nombreux de celte formule, on connaît notamment le chlorhydrate de
Jérébenthène, obtenu par l'action de l'acide chlorhydrique sur l'essence de
térébenthine, les chlorhydrates de camphène actif et iuaclif, ainsi que l'é-
ther chlorhydrique du bornéol naturel et artificiel, signalés par M. Berthe-
lot, enfin le chlorhydrate de térébène que l'on vient de faire connaître.
Certes l'isomérie n'est pas douteuse pour ce dernier. J'ai pensé que l'action
de l'eau sur les chlorhydrates conduirait à élucider la question de l'iso-
mérie délicate de tous ces composés. Mes expériences à ce sujet permet-
tent d'établir :
» 1° Que le chlorhydrate de térébenthène est indécomposable par l'eau
froide et qu'il ne fournit que des traces d'acide chlorhydrique à 100 de-
grés ; 2° que les chlorhydrates de camphène sont lentement décomposables
par l'eau froide et par ce même liquide à 100 degrés, avec régénération du
camphène primitif cristallisé, ce qui démontre d'une façon péremptoirc
que ce carbure ne saurait être considéré comme la base du chlorhydrate
de térébenthène ; 3° que les éthers chlorhydriques des deux bornéols
éprouvent dans les mêmes conditions une décomposition analogue, mais
avec moins d'intensité ; 4° que le chlorhydrate de térébène se dissocie déjà
à la température ordinaire, se décompose le plus rapidement de tous par
l'action de l'eau froide et ne fournit sous la même influence à 100 degrés
que des composés liquides, contrairement à ce que l'on observe avec les
combinaisons chlorhydriques des canipliènes et des bornéols (i ).
( I ) La décomposition des corps de formule G '" H '^, HCl par l'eau à 100 degrés paraît
tout ù fait générale : j'ai constaté, en effet, que le chlorhydrate de térébenthène liquide et la
(487 )
» Enfin, en traitant à loo degrés tous ces chlorhydrates par vingt-cinq
fois leur poids d'eati, et toutes les autres conditions d'expérience étant
égales d'ailleurs, j'ai pu construire des courbes qui expriment leur décom-
position en fonction du temps ; elles montrent également l'isomérie de ces
corps. J'aurai occasion de revenir dans une Communication spéciale sur ce
point particulier du travail que je viens d'effectuer.
M Ces expériences ont été faites au Collège de France, dans le laboratoire
de M.Balard. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les variations de l'hémoglobine
dans la série zoologiqite. Note de M. Quinquacd.
« Grâce au procédé de dosage de l'hémoglobine [Comptes rendus^
t. LXXVI, p. 14^9)) qui consiste à déterminer, à l'aide d'une liqueur titrée
d'hydrosulfite, la quantité maximum d'oxygène absorbée par le sang, do-
sage qui peut s'effectuer en cinq minutes avec 2 centimètres cubes de sang,
nous avons pu dresser un tableau des variations du poids d hémoglobine
chez divers animaux et dans différentes conditions physiologiques.
» Voici quelques faits intéressants qui résultent de nos recherches :
i" La diminution progressive de la quantité d'hémoglobine contenue
dans le même volume de sang suit en général les degrés de l'échelle ani-
male; toutefois le sang des Primates n'est pas celui qui en contient le plus.
» 2° Le sang des animaux jeunes est moins riche en hémoglobine que
celui des adultes; dans beaucoup d'espèces, le sang placentaire renferme
au moins autant d'hémoglobine que le sang de la circulation générale.
Dans la vieillesse, le chiffre de l'hémoglobine diminue. Ainsi la courbe des
variations de l'hémoglobine serait représentée par une première période
légèrement décroissante, qui correspondrait aux premiers jours de la vie
extra-utérine, puis la courbe se relevant deviendrait ascendante chez l'en-
fant, et resterait horizontale pendant l'âge adulte (de 25 à 5o ans chez
l'homme), pour décroître lentement chez le vieillard.
)) 3° Le chiffre de l'hémoglobine, chez les Oiseaux, est de beaucoup in-
férieur à celui des Mammifères, pour un même volume de sang; néanmoins,
le poids des globules est un peu plus fort chez les Oiseaux que chez les
combinaison chlorhydriqiie de l'iso-térébenthène sont décomposés dans ces conditions. Le
chlorhydrate de térébenthène solide résiste seul à cette action, comme on l'a dit plus haut,
mais il perd la totalité de son acide chlorhydrique sous l'influence de l'eau à 200 degrés, en
se transformant en térébène, ainsi qu'il résulte de l'examen du carbure obtenu et de sa
combinaison chlorhydrique cristallisée.
63..
( /.88 )
Mammifères; mais les globules de ceux-ci contienueut trois fois moins de
substance albumineuse.
» 4° Dans la série animale, l'influence du sexe est également à noter :
en général, les femelles ont moins d'hémoglobine que les mâles.
» 5° La lymphe des Crustacés renferme de 4 à 5 centimètres cubes d'oxy-
gène pour loo, tandis que l'eau ordinaire contient, à son maximum de
saturation, en plein hiver, i cenlimètre cube pour loo, et en été ^ de
centimètre cube seulement.
NOMS DES ANIMAUX
dans le sang desquels j'ai dosé
ritémo^loblne.
Cochon de (> ans
Cochon de 7 mois
Ane adulte
Homme
Femme
Sang du cordon i e^^tré fœtale. ...
ombilical \ exli" placentaire.
Vieillard
Taureau
Bœuf
Vache
Veau
Cheval
Rat de 3 mois.
liélier
Mouton
Brebis
Cochon d'Inde
Moineau
Pigeon
Moineau jeune
Sang de Tanche
Grenouille
Lymphe de Cruslaccs .
(re
OBSEhVATKi».
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21
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(489)
» Le tableau ci-contre indique les variations d'hémoglol)inc dans le
sang de divers animaux.
» Ce travail a été fait à la Sorbonne, dans le laboratoire de M. Scbiit-
zenberger. »
PHYSIOLOGIE. — Des variations de l'urée sous Hnjhience de la caféine, du café
et du thé. Note de M. Rabuteau, présentée par M. Cl. Bernard.
« Dans la séance du 4 août dernier, M. Roux a présenté à l'Académie
les résultats d'expériences tendant à démontrer que le café et le thé aug-
mentent l'urée. Ces résultats, comme le fait remarquer M. Roux, étant
en opposition avec les miens et ceux d'autres expérimentateurs, je demande
la permission d'exposer brièvement les expériences qui prouvent, au con-
traire, que les principaux représentants du groupe des caféiques, c'est-
à-dire le café et le thé, diminuent l'iuée.
» Bôcker est le premier qui ait constaté la diminution de l'urée et des
phosphates sous l'influence du café (i). Dans le but de contrôler le pre-
mier de ces résultats, mon ami Eustraliadès (de Smyrne) et moi, nous
avons fait sur nous-mêmes, avec la caféine, le café torréfié, le café vert et
le thé, les recherches suivantes, où j'ai effectué moi-même tous les dosages
de l'urée, dans le laboratoire de M. Ch. Robin, à l'École pratique de la
Faculté de Médecine.
)) L'expérience faite par M. Eustradiadès avec la caféine a duré cinq
semaines, pendant lesquelles il a suivi un régime moyennement azoté et
aussi identique que possible, avec cette différence que, pendant les
semaines d'ordre pair, c'est-à-dire la deuxième et la quatrième, il a pris
chaque jour la caféine à la dose de i5 centigrammes d'abord, puis, pins
tard, à la dose de 3o centigrammes en deux fois. La caféine, dissoute dans
un demi-verre d'eau ordinaire, était ingérée le matin, une henre avant le
déjeuner, quand il n'en prenait que i5 centigrammes, et les autres jours
à la même henre, et, de plus, à lo heures du soir, lorsqu'il en répétait la
dose.
» Les moyennes de l'iuùne et de l'urée éliminées, chaque jour, pendant
chaque semaine, ont été les suivantes :
( I ) Jrchwes générales de Médecine, 1 848.
( 490 )
Première semaine. — Sans caféine.
Urines des 24 heures. Urée de» i'\ heures.
Du 12 au i3 février 18'jo 9'7''^ 22^^,06
Deuxième semaine. — Snus l'influence de i5 centigniniines de caféine.
Du ig au 26 février 881^'' I9^'',8l
Troisième semaine. — Sans caféine.
Du 26 février au 5 mars gai^'' ai^', 34
Quatrième semaine. — Sous P influence de 3o centigrammes de caféine.
Du 5 au 12 mars gaô^'' l'j^'', 26
Cinquième semaine — Sans caféine.
Du 12 au ig mars g^o^"^ 24^% 02
» Ainsi i5 centigrammes de caféine ont diminué l'urée de 1 1 pour loo,
et 3o centigrammes de caféine l'ont diminuée de 28,2 pour 100. J'ajouterai
que la diminution s'est manifestée dés le premier jour de l'absorption
de la caféine; que, les jours suivants, elle a été plus forte que le premier
jour, mais qu'elle est restée égale à elle-même; d'où résulte ce fait impor-
tant, que les effets de la caféine ne s'accumulent pas dans l'économie comme
ceux d'autres médicaments, de la digitaline par exemple; enfin on a
constaté un ralentissement de la circulation.
» Le café en infusion a donné des résultats du même ordre :
Première semaine. — Sous V inJluLence de 60 grammes de café torréfié pris en infusion.
Urines des il^ heures. Urée des i^ heures.
Du 28 mars au 4 avril 1870 (moyennes). . goS^' 20^'',68
Deuxième semaine. — Sans café.
Du 4 au 'I avril gio^"' 24^% 38
» La diminution de l'urée a été de i5,i8 pour 100 ; en outre, la circu-
lation a été ralentie. Toutefois, il y a une accélération initiale et passagère
qui a pu induire en erreur certains observateurs, attendu que toute infu-
sion cliaude, l'eau sucrée elle-même, lorsqu'elle est chaude, active au début
la circulation.
)) L'expérience que j'ai faite sur moi-même a été divisée en cinq périodes,
de cieiq jours chacune, pendant lesquelles j'ai suivi un régime identique,
avec celte différence que, pendant la deuxième période, j'ai pris le matin,
à midi et le soir, chaque fois une infusion de 5 grammes de thé hysan,
et, pendant la quatrième période, j'ai pris de même une infusion de
( 49' )
5 grammes de café vert. Le tableau suivant contient seulement les moyennes
des résultats auxquels je suis arrivé :
Première période, ■ — Régime ordinaire.
Urines des 2.'| heures. Urée des 24 heures. Pouls.
Du 4 au 9 avril 1870 1126'' 24^^,98 74
Deuxième période. — l5 grammes de t/ic par jour.
Du g au 14 avril i^S^'' 238'^,64 64
Troisième période. — Régime ordinaire.
Du 14 au ig avril io46s'' 25^'',oo 68
Quatrième période. — 1 5 grammes de café vert.
Du 19 au 24 avril 1259'"' 21*'', 80 62
Cinquième période. — Régime ordinaire.
Du 24 au 29 avril 12426' aG^'^jiS 6g
» En prenant la moyenne des nombres 24^'', 98, 258'',oo et 26^% 18, on
trouve le nombre 25^% 38, qui indique la moyenne de l'urée éliminée pen-
dant le régime ordinaire. Or, en comparant ce dernier nombre et les chiffres
23^', 64 et 2 1^"^, 80 trouvés pendant la troisième et la quatrième période de
l'expérience, on trouve que le thé, pris en infusion à la dose de 1 5 grammes
par jour, n'a diminué l'urée que de 6,85 pour 100, tandis que le café vert,
pris à la même dose, a diminué ce principe de i4, 1 1 pour loo. Les effets
observés se sont manifestés dès le jour où j'ai pris ces deux substances et
ont disparu dès le moment où j'ai cessé d'en faire usage.
» Tels sont les résultats des expériences faites par M. Eustratiadèsetpar
moi, danslesquelles nous avons eu soin d'éviter toute cause d'erreur. M. Roux
a trouvé, au contraire, une augmentation de l'urée; mais il est bon de noter
que cette augmentation n'a été que passagère, ce qui me donne lieu de
croire que M. Roux arrivera sans doute aux mêmes résultats que nous dans
les expériences qu'il se propose de continuer, et que je me propose moi-
même de reprendre en dosant non-seulement l'urée, mais l'acidecarbonique.
Il y a une inconnue ou plutôt un facteur que ces recherches, entreprises
de part et d'autre, feront trouver pour expliquer la différence des résultats.
Enfin je ferai remarquer, au sujet de l'élimination de l'urée, qu'en 1868 et
i86g j'avais fait des expériences démontrant qu'il n'y avait aucune rela-
tion entre la quantité totale d'urine rendue et la quantité d'urée éliminée
en un jour, et que, de plus, l'élimination des sulfates était, à l'étatnormal,
indépendante, comme celle de l'urée, de la niasse des urines. [Comptes rendus
de la Sociélé de Biologie, 1 869.) »
(492)
ZOOLOGIE. — Sur la position zoologicjue et te rôle des Acariens parasites
nommés Hypopus. Deuxième Note de M. Mégnix, présentée par
M. Ch. Robin.
« Dans ma récente Note (p. 129) Sur la position zoologique et le rôle des
Acariens parasites connus sous te nom f/'Hypopus, r/'Homopus et f/eTrichodac-
tylus, j'annonçais : 1° que, sous mes yeux, une nymphe octopode du 7; /o-
glyplms rostro-serratus s'était transformée en un Hypope dans lequel on
reconnaissait facilement 1'^. feroniarum de L. Dufour; 1° que j'avais vu le
même Hypope reprendre, dans d'autres conditions, la forme de ïyro-
glyphe à scie. Me basant siu' ces faits, j'en concluais que les Hypopes et
leurs analogues, les Homopcs et les Trichodactyles, n'étaient autres que des
états transitoires, non sexués, des Tyroglyphes et peut-être d'autres Aca-
riens. Je viens annoncer aujourd'hui de nouvelles observations qui con-
firment pleinement les précédentes.
» Un grand Tyroglyphe inédit, qui vit aussi sur les champignons, mais
qui se nourrit surtout du pied, tandis que le précédent affectionne parti-
culièrement le chapeau et les lames, m'a aussi montré sa nymphe impu-
bère se transformant en Hypope. Cet Hypope, beaucoup plus grand que le
précédent, paraît bien être V Àcarus spinilarsus d'Hermann : il en a la taille
(0°"", 33 sur o"™, 12) et la forme ovale orbiculaire. Ses pattes sont ro-
bustes, munies de crochets sans ventouses et garnies desoies nombreuses et
roides, surtout postérieurement ; il est cuirassé comme tous les Hypopes,
de couleur rosée avec une paire de vésicules remplies de liquide vert bril-
lant, et porte sous l'abdomen un appareil d'adhérence composé de cinq
paires de ventouses.
)) En le plaçant dans des conditions convenables, nous avons vu aussi
cet Hypope reprendre sa forme primitive de Tyroglyphe.
)) Ces observations résolvent complètement le problème de la dissémina-
tion des Acariens détriticoles.
» En effet, tons ceux qui étudient les animalcules qui vivent dans les
matières en décomposition ont dû souvent se poser ces questions : com-
ment y arrivent ces légions d'Acariens qui y pullulent et s'y montrent par
myriades en si peu de temps? que deviennent-ils lorsque leur œuvre de
destruction est terminée et que la matière sur laquelle ils grouillent, réduite
à l'état d'une poudre sèche, ne leur offre plus aucun aliment? Ces petits
êtres n'ont pas le secours des ailes pour luir les lieux désolés par la famine,
et ils n'ont pas l'agilité des fourrais, qui permet à celles-ci les migrations
( 493 )
et les longs voyages; ils ont des téguments mous qui ne les protègent que
très-peu contre les influences extérieures et la voracité de leurs nombreux
ennemis ; car un coup de soleil les tue, et les Cloportes en font un grand
carnage ; leurs œufs, relativement volumineux, ne se rencontrent pas dans
les poussières de l'air, en compagnie des germes de moisissures et d'infu-
soires, puis ils ne jouissent pas, comme les Anguillnles, les Rotifères et les
Tardigrades, de la faculté de revivre après la dessiccation.
» Nous comprenons qu'ils aient servi de principal argument en faveur
de la théorie de la génération spontanée.
)> Eli bien, voici ce qui se passe dans une colonie de Tyroglyplies
lorsque la privation d'aliments semble la vouer à une destruction cer-
taine :
» Tous les individus adultes et âgés, aussi bien que les jeunes larves
hexapodes, meurent et jonchent le sol de leurs cadavres: mais les adoles-
cents, les nymplies octopodes, sont préservés : elles changent de forme,
revêtent une cuirasse, véritable habit de voyage qui les rend méconnais-
sables, mais qui, en même temps, les protège contre les influences exté-
rieures; de plus, elles se munissent d'un appareil d'adhérence au moyen
duquel elles s'attachent solidement à tous les êtres qui passent à leur
portée : mouches, araignées, myriapodes, insectes de toute espèce, et
même quadrupèdes, lesquels, véritables omnibus, les transportent où elles
ne peuvent aller elles-mêmes. Si le lieu où s'arrête le véhicule est conve-
nable, si c'est sur un nouveau champignon ou un amas de détritus en
décomposition, alors le petit Acarien quitte l'animal qui le porte, ainsi que
sa forme hypopiale, et redevient le Tyroglyphe qu'il était auparavant. Sous
l'influence d'une alimentation abondante, il grandit vile, devient adulte
sexué, s'accouple, et en moins de quarante-huit heures la colonie est recon-
stituée.
» Voilà le rôle de YHypopus.
» La conclusion à tirer de mes observations, c'est qu'il faut rayer des
nomenclatures zoologiques les geiu'es Hypopus, Homopus, Trichodactylus,
et les nombreuses espèces qu'on a créées comme subdivisions de ces genres.
» Le mot Hypope peut être conservé, mais alors comme nom commun
servant à désigner la curieuse nymplie cuirassée^ liétéromorphe et adven-
t'we des Tyroglyplies, chargée de la conservation et de la dissémination de
l'espèce à laquelle elle appartient. »
C. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N" 7.) "4
( 494)
PALÉONTOLOGIE. — Gisement de végétaux silicifiés dans le bassin houiller
de la Loire. Note de M. Grand'Eurt, présenlée par M. Daubrée.
« Il y a, près de Grand'Croix, entre le Nouveau-Ban et le Plat-du-Gier,
et principalement sur les hauteurs de la Péronnière, un gisement de
toutes sortes de débris herbacés de plantes houillères, conservés dans des
galets de quartz, que l'on voit très-bien appartenir à quelques bancs de
gros poudingues faisant partie du conglomérat, qui sépare l'étage de
Rive-de-Gier du système stéphanois.
» Ces galets, arrachés à quelque formation inconnue d'origine aqueuse,
sont du quartz compact, noirâtre, plus opaque que celui d'Autun, et par
cela même, ce semble, plus propre à une meilleure conservation des
plantes, dont on trouve les parties les plus délicates avec leurs plus minces
détails de structure.
» Ainsi quelques Cardocarpus et Rhabdocarpus, dont le seste est entier,
ont conservé, eu outre, la structure de quelques parties de l'amande, et
jusqu'au contour de la formation embryonnaire, à ce point que l'on peut
espérer découvrir des graines avec l'organisation essentielle de l'intérieur.
Avec la feuille de Cordaïtes, ou trouve les gemmes mâles de leurs inflores-
cences en épis composés, avec des anthères discernables. Il y a des Pero-
pleris fructifères, où l'on reconnaît presque également, aussi bien aux formes
voisines A' Asterotheca et de Scolecopteris qui leur sont propres, le contenu
en spores que la structure des sporanges, de telle manière qu'avec les
mêmes fossiles d'Autun nous avons pu, avec M. Brongniart, établir que
les véritables Peropteris du terrain houiller supérieur rentrent dans la
tribu agrandie des Marattiacées; j'avais reconnu que les Peropteris sont
des fougères arborescentes, dont les tiges sont les Caulopteris, et les bases
les Psaronius, dont la structure n'avait été trouvée comparable qu'à celles
des mêmes plantes vivantes; ces divers débris abondent autour de Saint-
Étienue.
)) La macération a moins dissocié les parties qu'à Autun. Une tige avec
une structure génériquement identique à celles des prétendues tiges de
Sphenophyllum , trouvées aux environs d'Autun, a des feuilles qui ne
laissent plus de doute sur cette dépendance d'organes. De nombreux
Medullosa, dans lesquels on peut voir la preuve de l'existence des Mono-
cotylédones à l'époque houillère, présentent des ramifications de pétioles
de fougères, une surface cellulaire unie et, d'une manière assez analogue
aux Angiopleris, une disposition des faisceaux symétriques par rapport à
(495)
un plan qui ne laisse plus de doute sur la nature pétiolaire de ces fos-
siles; j'avais rapporté aux énormes pétioles des Névroptéridées, du fusain
et des débris sidérifiés de structure analogue. »
'&"
GÉOLOGIE. — 5»»' l'ancienne existence, durant la période quaternaire,
d'un grand glacier dans les montagnes de l'Aubrac [Lozère). Note de
M. G. Fabre, présentée par M. Daubrée.
« Les traces d'anciens glaciers ont déjà été signalées sur le plateau cen-
tral de la France, dans le mont Dore (i), le Cantal (2) et le mont Lozère (3).
Ces trois massifs ont chacun des altitudes supérieures à 1 700 mètres; il était
intéressant de savoir si des montagnes dont l'altitude ne dépasse guère
i4oo mètres avaient pu, à l'époque quaternaire, donner naissance à des
glaciers.
» Le but de la présente Note est d'apporter une réponse affirmative à
cette question importante, en faisant connaître l'existence ancienne d'un
grand glacier sur le versant septentrional du massif montagneux de l'Aubrac,
dans le département de la Lozère.
» Les montagnes d'Aubrac constituent un vaste plateau granitique très-
peu ondulé, à l'altitude moyennede 1200 mètres; les eaux s'écoulent toutes
sur le versant nord par la rivière du Bès, affluent de la Truyère. La partie
supérieure du bassin du Bès s'élargit pour former un large cirque de 1 1 kilo-
mètres de diamètre et d'une superficie totale de 84 kilomètres carrés; les
crêtes de ce bassin de réception ont de laSo à 1471 mètres d'altitude et
sont formées par des gneiss et schistes micacés recouverts de puissantes
coulées de basalte; le fond du bassin est au contraire granitique ; son point
d'écoulement, au pont de Marchastel, est à la cote i i5i.
» Telle est la configuration du grand bassin de réception qui a dû ali-
menter à l'époque quaternaire un glacier de premier ordre. Les moraines
pwfondes de ce glacier couvrent d'un manteau continu de boue argileuse
et de blocs de basalte striés et polis tous les bas plateaux granitiques des
communes de Marchastel, N;isbinals et Recoules d'Aubrac, bien au deLà des
limites du bassin dont nous venons de parler. Entre Nasbinals et le pont
de Recoules, le chemin vicinal recoupe un manteau morainique très-puis-
(i) Df.lanoue, £ull. Soc. geol. de France, t. XXV, p. ^01; 1868.
(2) A. Julien, Phénomènes glaciaires dans le plateau central; i86g.
(3) Ch. Martins, Comptes rendus, t. LXVII, séance du g novembre 1868.
64..
(496)
sant, qui masque entièrement le granité sous-jacent, et qui fait partie de la
moraine latérale gauche du glacier du Bès. L'éjiaisseur du glacier dans ces
environs peut être évaluée à près de loo mètres; les blocs erratiques ne
semblent pas dépasser, sur le territoire de la commune de Recoules, la cote
ij6o; depuis le bas delà vallée (io65 mètres) jusqu'à la cote ii5o, le gra-
nité est partout moutonné sur la face qui regarde l'amont de la vallée, et
qui est, par suite, le coté choqué par le glacier disparu.
» Cette disposition, bien visible aux environs du pont de Recoules, de-
vient véritablement frappante à la sortie du hameau de Congoussac, à la
cote ii49- ^^ ^°'' ^" ^^ point deux blocs erratiques de basalte, de 2™, 5o
de diamètre chacun, perchés au sommet d'iui mamelon de granité, dont la
roche nue se trouve parfaitement di'essée et moutonnée sur une surface de
plusieurs ares. Ces blocs, accompagnés d'une foule de menus cailloux ba-
saltiques plus ou moins anguleux et souvent striés, font partie d'une longue
trahiée d'erratiques volumineux jetés en écharpe sur le flanc des coteaux gra-
nitiques, depuis Gramon jusqu'à Escudières-, c'est une portion de la moraine
latérale droite du grand glacier disparu. L'absence de toute crête dominante
ne permet pas d'ailleurs d'expliquer le transport de ces masses anguleuses
de basalte autrement que par un glacier puissant qui les aurait arrachées
aux flancs de la montagne du Peyrou, aux sources mêmes du Bès, et les
aurait déposées ainsi à plus de 26 kilomètres de leur point de départ.
» Cette moraine latérale droite est recoupée par les tranchées de la route
départementale pendant 4 kilomètres, entre le pont de Marchastel et le col
d'Usanges : des blocs anguleux de basalte et de gneiss, mêlés à des cail-
loux striés, sont empâtés dans une boue endurcie grise et constituent des
dépôts de 5 à 6 mètres d'épaisseur, plaqués contre le granité.
» A l'époque de sa plus grande extension, le glacier du Bès, débordant
par le col d'Usanges, a dît envoyer un petit rameau secondaire dans le val-
lon de Sinières ; la moraine latérale de ce démembrement du grand glacier
est mise à nu sur 1200 mètres de longueur, par la rectification de la roule
départementale, et la moraine frontale forme, au lieu dit les Moulins de
Sinières, un barrage de 20 mètres de hauteur en travers de la vallée du
ruisseau de Crucize.
» A une époque de moindre extension, ce glacier du Bès a dû être réduit
aux limites mêmes de son bassin supérieur, c'est-à-dire au grand cirque
que nous avons décrit plus haut. On a des témoins de cette dernière phase
de son existence dans les morai/ics frontales qu'il a déposées de part et
d'autre du pont de Marchastel cl dont l'une est mise à nu sur 5o mètres
( 497 )
de longueur par la tranchée de la route entre le pont et le hameau de
Monfgros; en ce point, tous les blocs de basalte sont striés et polis, et
il est facile de les extraire de la boue argileuse endurcie grise qui les
empâte.
» Nous voyons donc en résumé que l'ancien glacier du Bès, après avoir
débouché au loin dans la vallée jusqu'à plus de 28 kilomètres de son point
d'origine, et après avoir débordé même nn peu en dehors de son bassin
hydrographique, a dû subir un arrêt momentané dans sa fusion, et a été
ainsi réduit au rùle d'un simple glacier de second ordre, limité au grand
cirque qui lui avait donné naissance.
» Les divers faits que nous venons de faire connaître sont une nouvelle
preuve de l'extension ancienne des glaciers dans la France centrale et de
l'intermittence dans leur disparition.
» A ce titre, ils démontrent la généralité du grand phénomène qui a
ouvert la série des temps quaternaires. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nole sur la pluie cV étoiles fdanles
du 0.'] novembre 1872; par M. Cii. Dufour.
« Dans les nombreuses Communications qui ont été faites relativement
à la pluie d'étoiles filantes du 27 novembre 1872, il est une observation
qui, je crois, n'a pas été présentée et qu'il est peut-être bon de signaler.
» Pendant cette soirée, nous avons eu à Morges (Suisse) un ciel tantôt
clair, tantôt nuageux, tantôt couvert.
» Entre autres, de S*" 3o™ à 9 heures, le ciel a été entièrement couvert par
des nuages assez élevés, puisque, malgré la nuit, on distinguait au-dessous
d'eux la chaîne des Alpes et même la cime du mont Blanc, située à
4810 mètres au-dessus de la mer. Or, pendant tout ce temps et en y prê-
tant spécialement attention, y'e nai pas vu une seule étoile filante, par con-
séquent il n'y en a pas une qui ait pénétré dans l'atmosphère jusqu'à une
altitude de 4800 mètres.
» Ce jour-là, d'après la hauteur du baromètre en Suisse et d'après la
température de l'air, le baromètre sur la cime du mont Blanc aurait été à
peu près à 420 millimètres, c'est-à-dire qu'il y avait au-dessus de ce point
les 0,55 de l'atmosphère; par conséquent les nombreux météores qui y
pénétraient en ce moment étaient tous éteints avant d'avoir traversé les o,55
de son épaisseur.
» Je dirai de plus que, malgré l'attention que j'ai portée à cela depuis un
( 498)
grand nombre d'années, je n'ai jamais vu une étoile filante au-dessous des
nuages.
» Le 27 novembre 1872, vers les 9 heures du soir, quand le ciel est
redevenu serein, les étoiles filantes ont apparu en aussi grand nombre que
précédemment : on a même commencé à en apercevoir dès qu'il y a en
quelques éclaircies entre les nuages. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les étoiles filantes des 9 e( 10 août. Note
de M. F. Tisserand, présentée par M. Bertrand.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie le résultat des observa-
tions de l'essaim des Perséides, faites à l'Observatoire de Toulouse par
M. Perrotin, aide-astronome, et jbar moi. Pendant la nuit du 9 au 10 août,
le ciel étant resté constamment couvert, les observations ont été impossibles ;
elles ont été un peu contrariées par la Lune pendant la nuit du 10 au 11;
néanmoins, de 8''3o"' à i 5''3o'", nous avons pu observer 219 étoiles filantes,
réparties dans cet intervalle comme il suit :
Etoiles.
De 8 . 3o
8.45
9.00
9.15
g.3o
9.45
10 .00
10. i5
10. 3o
10.45
1 1 .00
I r . i5
1 1 .3o
11.45
Il Ul
8.45,
900 7
g. i5. . . . . 3
9.30 8
9-45 3
10.00 4
10. i5 i4
10. 3o 4
10.45 9
1 1 . 00 6
II. i5 6
1 1 .3o. . . . . 4
11.45 5
12.00 5
De
I 2 . 00 ;i
12. l5
12.30
12.45
i3.oo
i3.i5
i3. 3o
13.45
14.00
14. i5
i4-3o
14.45
i5.oo
i5.i5
i5.3o
Il III
12. i5.
12. 3o.
12.45.
i3.oo.
i3.i5.
Etoiles.
. 10
• 9
. 1 1
. 1 1
. 5
i3 . 3o 10
13.45 10
i4-oo 5
14. .5..
14. 3o. . .
14.45...
i5.oo. , ,
i5.i5...
i5.3o 5
•5.45 9
8
10
7
10
9
» Parmi ces étoiles, i3o ont été rapportées sur deux caries distinctes,
70 sur l'une et 60 sur l'aulre; le point radiant, voisin de /? et 7 Persée, s'est
trouvé très-nettement indiqué sur les deux cartes; la première a donné, pour
les coordonnées de ce point,
JK = 44", D = 55° ;
la seconde.
IK
:44°, D^S^";
(499 )
d'où, pour la moyenne,
M. ■= 44", D = 56».
» Pendant la nuit du i r au 12 août, de 9 à i3 heures, nous n'avons pu
observer que 70 étoiles filantes, dont les trois quarts environ rayonnaient
du point déterminé précédemment. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Etoiles filantes observées à Paris les 9, 10
el ir août iS^S; remarques sur les caractères actuels du phénomène.
Note de M. Chapelas.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie le résultat de
nos observations d'étoiles filantes pendant les nuits des 8, 9, 10 et 1 1 août
de cette année ; mais, avant de faire connaître les chiffres obtenus, il est un
fait important que je crois utile de signaler.
» Chacun a pu constater ce que l'automne et l'hiver de 1872, ainsi que
le printemps de 1878, avaient présenté de tout à fait anormal, sous le
rapport de la température comme sous le rapport de la pression atmo-
sphérique et de la quantité d'eau tombée, caractères particuliers sur les-
quels je reviendrai prochainement. Or, pendant ces diverses périodes, nous
avons pu constater que le phénomène général des étoiles filantes avait éga-
lement subi une modification, en ce sens que son intensité moyenne, com-
parée à celle des années antérieures, avait très-sensiblement diminué. Il est
bien entendu que, dans cette appréciation, nous avons eu soin de tenir
compte de l'état du ciel, des heures d'observations et de la durée des ob-
servations,
» Cet amoindrissement s'est fait sentir jusqu'à ce jour ; en effet, la
montée du phénomène d'août, qui, chaque année, se manifeste déjà vers
les premiers jours de juillet, s'est produite comme toujours, mais dans des
conditions telles, qu'il était facile de prévoir que, sur notre horizon, le pas-
sage des météores des 9 et jo août, généralement très-brillant, se présen-
terait cette année sous des apparences plus qu'ordinaires. C'est ce qui a
eu lieu, comme on va pouvoir en juger par les résultats suivants :
» Nuit du 8. — Ciel couvert pendant toute la nuit ; orage violent vers
2 heures du matin.
» Nuit du 9. — Ciel serein. L'observation, rendue très-difficile par la
présence de la Lune dans son plein, nous donne cependant encore 91 mé-
téores, qui, en tenant compte de la durée de l'observation, fournissent
pour nombre horaire moyen ramené à minuit 21 étoiles -^.
( 5oo )
» Nuit du lo. — Temps couvert, pluie la nuit. Une courbe, tracée à
l'aide des données numériques obtenues les 9, i i et 12 août, produit pour
nombre horaire moyen hypothétique 29 étoiles filantes.
» Enfin, pendant les nuits des 11 et 12, nous avons obtenu successive-
ment pour nombres horaires moyens, ramenés à minuit, les chiffres 19,7
et 1 1,1 ; puis, les jours suivants, le phénomène est retombé à des moyennes
très-faibles et par conséquent sans importance.
)) Si nous prenons maintenant la moyenne 23 étoiles j^ de ces trois
nuits (9, 10, II), nous trouvons sur l'année dernière une diminution de
10 étoiles, affaiblissement très-considérable, qui montre avec quelle ra-
pidité le phénomène décroît depuis 1848, époque réelle du maximum.
M Enfin nous n'avons pas à enregistrer de particularités bien remar-
quables. Les météores étaient généralement peu brillants. Quant à leurs
directions, beaucoup suivaient la route du sud-ouest au nord-est, contrai-
rement à ce qui a lieu d'habitude. De plus, le phénomène étant très-
diffus, il nous a paru difficile cette fois de déterminer d'une manière pré-
cise un point de divergence particulier. »
« M. Bertrand présente, au nom de MM. Briot et Bouquet, le premier
fascicule d'une édition nouvelle de leur ouvrage intitulé : Théorie des fonc-
tions doublement périodiques.
» L'accueil fait par les géomètres à la première édition, depuis longtemps
épuisée, et l'influence exercée par les méthodes nouvelles exposées dans ce
grand ouvrage imposaient aux auteurs le devoir de l'étendre et de le complé-
ter par l'étude plus ardue des transcendantes abélieimes. La seconde édi-
tion est intitulée : Théorie des fonctions elliptiques, et les savants auteurs, en
changeant le titre, ont eu l'intention sans doute d'annoncer un ouvrage
réellement nouveau. L'attente des géomètres ne sera pas trompée, et si le
premier fascicule contient la reproduction presque textuelle de la première
édition, dont la correction ferme et précise pourrait difficilement être
accrue, le second, actuellement sous presse, montrera, par de nouveaux
et nombreux exemples, la fécondité des méthodes dont les auteurs ont,
avec tant de talent, tiré déjà un si grand parti. »
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
»»»»<
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 23 AOUT 1873,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Théorie des scories solaires, selon M. Zœllner;
par M. Fate.
« Je crois le moment bien proche où, avec un peu de persévérance, le
jour se fera pour tous sur cette question si controversée de la constitu-
tion physique du Soleil. De toutes parts on nous propose des théories
nouvelles; la discussion s'est établie entre leurs auteurs et, par cela tiiéme,
on commence à mieux apprécier la question dans son ensemble et dans ses
conditions essentielles. La lumière est sur le point de jaillir de cette dis-
cussion; mais, pour la suivre, il faudrait avoir à la fois sous les yeux les
Comptes rendus, les Meniorie dei spettroscopisti ilaliani, les Actes de V Acadé-
mie royale de Saxe, la Bibliothètjue universelle de Genève, des revues, des
journaux, etc.. Afin que l'Académie en ait du moins les traits principaux,
je lui demande la permission de traduire ici les arguments que M. Zœllner
vient d'opposer à l'hypolhèse du P. Secchi. Je commencerai par exposer
succinctement les idées de M. Zœllner lui-même et surtout l'ingénieuse
théorie de la circulation de l'hydrogène solaire qu'il vient de publier dans
les Mémoires de l' Académie de Saxe.
C. R., 1873, i« Semestre, (T. LXXVII, N» ».) 65
( 502 )
« Selon M. Zœllner,les taches du Soleil sont des scories produites par le refroidissement
local du liquide incandescent qui forme le ;,'lobe solaire.
» La température relativement basse de ces îles scorifiées détermine au-dessus d'elles,
dans l'atmosphère, des courants analogues aux brises de terre et aux brises de mer qui
régnent, comme on lésait, sur les côtes de nos îles; seulement sur le Soleil elles n'alternent
pas. De ces courants opposés, les inférieurs soufflent perpendiculairement aux côtes de
l'îlot du dedans au dehors; les supérieurs soufflent, au contraire, du di hors vers le dedans.
Il en résulte nécessairement une série continue de niojivenients tourbillonnaires dont les
axes horizontau.r sont disposés tangentiellement aux contours de la nappe de scories.
)) Naturellement la radiation solaire est en partie supprimée au-dessus de cette île; la
température y baisse notablement, et, si elle ton:be au point de condensation des vapeurs
contenues dans l'atmosphère, il se formera des nuages dont la figure dépendra des courants
supérieurs qui affluent de toutes parts vers l'axe vertical de l'île. Ces nuages se produiront
surtout vers la partie centrale, et c'est à travers le rideau |)lus ou moins éclairé de ces nuages
que l'îlot de scories nous apparaîtra comme le noyau noir d'une tache avec son enceinte de
pénombre.
u Ce refroidisseiTient local, qui explique bien la dépression que M. Respighi a observée
au-dessus du noyau noir des taches (i), donnera lieu, au-dessus de ce noyau, à l'élargisse-
ment des raies noires du spectre solaire, là où ces raies traversent la tarlie.
» De plus, le mouvement de l'atmosphère à l'intérieur de la tache étant descendant,
tandis que les courants extérieurs sont ascendants, il en résulte que le bord interne de la
pénombre est à un niveau plus bas que le bord externe. De là la forme de trou conicjueque
nous présentent les taches et l'effet de perspective bien connu qui se manifeste quand elles
arrivent près des bords.
» Si les courants ascendants qui régnent extéiieurement à l'îlot de scories sont assez
forts, ils jailliront çà et là dans la chromosphère et nous feront l'effet des protubérances
ordinaires, lesquelles paraissent sortir, non de l'intérieur des taches, mais de leurs contours.
ï Quant aux protubérances érnptwes des spectroscopistes italiens, elles sont dues à un
amoindrissement local de la |)ression atmosphérique qui s'exerce sur la surface li(]uide bril-
lante du Soleil, Là où s'élèvc^it les courants ascendants dont il vient d'être question, c'est-
à-dire autour des taches, la pression générale baisse et alors les amas de gaz renfermés et
comprimés, ou même simplement dissous dans le sein delà masse liquide, s'échappent avec
violence comme les bulles de gaz de l'eau de Seltz quand on débouche la bouteille, ou
comme les bulles de plusieurs pieds de diamètre qu'on voit se former dans la lave et éclater
avec fracas dans le petit cratère du Stromboli.
)i Quant aux mouvements des taches (vit. ang. = 857', 6 — iS'j'.G sinH), il suffit de con-
sidérer les vents alizés qui doivent régner dans l'atmosphère du Soleil. Ces vents remontent
des pôles vers l'équateur en frottant contre la surface. La composante de cette action dans
le sens des parallèles doit diminuer la vitesse de rotation et la retarde, sur les parallèles
voisins du pôle, plus qu'à l'équaieur où cet effet s'annule. Les îles de scories suivent comme
(i) Die Erniedrigung der Chromospl-.iire iiber den Sonnenflecken, welche Respighi
beobachtet, konnte ebenfalls einer Temperaturerniedrigung an diesen Stellen zugeschrie-
ben werden.
( 5o3 )
des corps flottants les mouvements des zones sur lesquelles ils se trouvent et les indiquent à
nos yeux.
» La segmentation des taches est tout aussi simple. Ces immenses nappes de scories vien-
nent quelquefois à se fissurer. Par la brisure l'éclat de l'océan incandescent (|u'elles recou-
vrent apparaît. La matière fluide, en remontant entre les fragments, les écarte et finalement
plusieurs taches naissent d'une seule quand ces fragments ne se ressoudent pas.
» Enfin les taches disparaissent quand ces scories se fondent ou s'engloutissent peu à peu
dans la lave incandescente qui les supporte. «
» Telle est la théorie de M. Zœllner. Voilà ce que l'hypothèse hien
vieille des scories sur luie mer incandescente est devenue entre ses mains,
grâce au rôle un peu compliqué, niais ratioiuiel (une fois le point de dé-
part accepte) qu'il fait jouer à ses brises insulaires, à ses vents alizés, à ses
tourbillons horizontaux, aux nuages qu'il fait naître dans l'atmosphère, à
la double faculté, dont il doie la masse liquéfiée du Soleil, de dissoudre l'hy-
drogène de la chromosphère et de le laisser échapper subileinent, avec
violence, à la moindre baisse de pression barométrique.
» Cherchons tout d'abord à nous faire une idée bien netle d'une tache-
scorie selon M. Zœllner. Je lui vois pour base un îlot refroidi, nageant sur
l'océan de lave incandescente; puis, au-dessus et tout autour, une sorte de
vaste bourrelet circulaire formé par les tourbillons marginaux, luie sorte
de vaste tore dont l'intérieur est ombré par les vapeurs condensées, et
dont la surface interne, concave, enveloppée de nuages striés dans le
sens des sections méridiennes, plus ou moins éclairés, plus ou moins
transparents , constitue la pénombre. Cela forme comme un vase très-
ouvert, ayant pour base la scorie : le tout se tient au-dessus de la sur-
face du Soleil. Or il résulte des mesures appliquées à cet effet de perspec-
tive dont paile plus haut M. Zœllner, mesures dues à Wilson, à Herschel 1",
à M. Taccliini, etc., qu'en moyenne la profondeur doit être de 3 à 4 se-
condes. Tant que la tache se projettera pour nous dans les régions centrales
du disque, cette circonstance est insignifiante; elle échappe à nos yeux;
mais quand la tache arrive au bord, ce tore, ce bourrelet ou cette espèce
d'entonnoir devra se dessiner en saillie sur la chromosphère. L'épaisseur
de celle-ci étant d'une dizaine de secondes, l'entonnoir susdit en masquera
plus du tiers, presque la lîioitié. Je le cherche dans les dessins des éclipses,
dans ceux des speciroscopistes qui nous donnent jour par jour tout ce qui
se passe autour du Soleil ; mais je ne le vois pas : s'il existait, on l'aurait vu
cent fois, on l'aurait dessiné. Qu'un appareil semblable, dont la puissance
absorbante est assez grande pour produire en plein soleil l'effet d'une tache
65..
( 5o/4 )
grisâtre, ne soit pas visible par sa radiation propre, sur les bortls, lorsque
toutes les circonstances favorables se trouvent réunies, c'est ce que je ne
puis comprendre, et, sans hésiter, je conclus qu'il n'existe pas.
)) Mais il y a des preuves d'une autre nature. La situation du noyau noir
des taches a été déterminée, en dehors de toute hypothèse préalable, à
l'aide des sept années de mesures anglaises, en prenant pour origine, non
plus l'orifice de la pénombre, mais bien la surface générale du Soleil telle
qu'elle est définie par son contour parfaitement circulaire. On est arrivé
ainsi à une profondeur moyenne de o,/( (rayon terrestre = i ), sensible-
ment la même que la profondeur mesurée (par Wilson, les deux Herschel,
M. Tacchini, etc..) à partir de l'orifice de la pénombre. Donc, sauf la très-
petite saillie que semblent faire les facules marginales, la tache tout entière
est plongée dans le corps du Soleil.
» Voici l'argument détaillé en six points qui sont des points de fait :
)) 1° Les taches, en arrivant près du bord, disparaissent peti à peu sans
jamais empiéter sur le bord, et leur orifice finit par se confondre sensible-
ment avec le bord du Soleil.
» 2° On ne voit rien en saillie au-dessus de la tache qui vient de dispa-
raître, pas même pendant les éclipses totales, alors que la chromosphére
se révèle sous forme d'une lisière rosée.
» 3° Le spectroscope qui nous rend sensible la moindre trace d'hydro-
gène ou de vapeurs ne nous fait rien voir au-dessus des taches qui res-
semble au bourrelet horizontal de M. Zœllner.
» 4° I-^ profondeur des taches n'est pas une simple supposition : c'est
un fait qu'une hypothèse, apparemment, ne saurait détruire. Elle a été me-
surée de deux façons : d'abord à partir du niveau de son orifice, puisa par-
tir de la surface générale. Ces deux mesures, de natures si différentes, s'ac-
cordent. Or la dernière assigne aux taclies une profondeur de plusieurs
centaines de lieues au-dessous de la surface brillante du Soleil.
» 5" Le fait bien connu, mentionné au n" i, explique la concordancede
ces deux genres de mesures. Cette concordance résulte, en effet, de ce que
l'orifice de la pénombre débouche à la surface même de la photosphère.
» 6° Des mesiu'es directes du P. Secchi efiecluées, non sur les noyaux,
mais sur les orifices des pénombres, ne laissent d'ailleurs place à aucun
doute sur ce dernier point.
u Ainsi tous les phénomènes directement observables et mesurables s'ac-
cordent à démontrer que les taches sont des cavités et non des saillies. Je
désirerais bien que les partisans des scories, M. Zœllner et M. Gauthier,
( 5o5 )
de Genève, voulussent bien en citer un seul qui permît seulement de jeter
nu doute quelconque sur celte conclusion . Celui qui le premier, il y a une
couple de siècles, a émis cette hypothèse, se hornait à dire : Les taches
font assez bien l'effet de scories nageant sur une matière fondue et incan-
descente. Les faits se sont chargés de prouver l'inexactitude de celle pre-
mière impression, et ces preuves redoublées ont été admises partons les
observateurs (i).
» On voit combien l'hypothèse des scories est inférieure jusqu'ici à celle
des éruptions; mais, en poussant plus loin la critique, nous allons lui voir
reprendre l'avantage sur d'autres points, et c'est ce cpii nous expliquera la
persistance que M. Zœlluer met à la soutenir.
a Je ferai remarquer, eu effet, avec satisfaction combien la circulation
de l'hydrogène solaire île M. Zœlluer se rapproche de la mienne. Cet hy-
drogène s'engouffre dans l'entonnoir des taches sous l'action de tourbillons
horizontaux, va jusqu'au fond (la scorie), puis est entraîné par les cou-
rants inférieurs au delà du noyau, et enfin remonte vivement au loin au-
tour de la tache, en jaillissant dans la chromosphère et au-dessus. Je n'ai,
il est vrai, qu'un simple tourbillon'au lieu d'une enveloppe de tourbillons,
et le mien est vertical; de plus le phénomène s'opère en partie à une cer-
taine profondeur dans le corps même du Soleil, tandis que, chez M. Zœlluer,
il se passe tout entier dans l'atmosphère, au-dessus de la surface brillante.
Mais le point essentiel, l'idée d'une circulation née de l'engouffrement, du
down rusli de l'hydrogène, est compris par nous de la même manière. Quant
à la doctrine des éruptions, elle reste muette; d'après elle, il sort sans cesse
de l'hydrogène du Soleil, mais il n'y rentre rien.
» Une autre supériorité de l'hypothèse des scories sur celle des érup-
tions, c'est la manière dont elle s'adapte aux lois du mouvement des taches.
Une de ces lois consiste en ce que chaque tache suit le mouvement du pa-
rallèle sur lequel elle se trouve, et si, par suite d'une petite oscillation
(i) Si M.Zœllner a repris en soiis-œiivre cette idée, c'est qu'il a cru y trouver une explica-
tion simple et rationnelle du noir des taches, laquelle manque aux éruptions privées du no5'an
obscur ; mais il n'y parvient qu'en attribuant tacitement auxdites nappes de scories la pro-
priété de résister à la chaleur solaire pendant des semaines et des mois. Or celle-ci, n'eùt-clle
que sn seule radiation, suffirait pour fondre une enveloppe de fer forgé à raison d'un kilo-
mètre d'épaisseur par jour. Que serait-ce si l'on tenait compte de la chaleur communiquée
par contact? Cette envelojipe disparaîtrait sans doute en quelques instants. Évidemment
ceux qui ont mis les premiers cette notion de scories en avant ne se faisaient pas la moindre
idée de la puissance d'un pareil foyer.
( 5o6 )
propre, elle passe de ce parallèle à un autre, elle prend aussitôt le mouve-
ment de celui-ci. C'est se conduire, sauf l'oscilbition propre, à la manière
des corps flottants ; or c'est précisément le cas des scories. Il est bien clair
qu'il n'en petit être ainsi des éruptions, à moins d'admettre des éruptions
flottantes, à point de départ purement superficiel.
» Mais cet accord avec les faits ne va pas plus loin, et la discordance
commence de suite. En effet, pour expliquer le retard progressif de la ro-
tation d'iui parallèle à l'autre, M. Zœllner est obligé d'invoquer l'hypothèse
d'Herschel II, celle des vents alizés. Dès lors on ne voit pas comment ces
îlots de scories ne seraient pas poussés peu à peu vers l'équateur, tout
comme nos navires. Or, d'après les lois déduites des observations par le
calcul, il n'existe aucun mouvement pareil. Il est même fort aisé de s'assu-
rer, sans calcul, que les petits mouvements des taches en latitude n'ont
nullement ce caractère; car, à chaque page de la collection des mesures
anglaises, ou trouvera des taches voisines qui présentent de petits mouve-
ments très-limités en sens opposés, l'une vers l'équateur, l'autre vers les
pôles.
M Quant à la lente oscillation elliptique que les taches de très-longue
durée exécutent, dans le même sens, sur l'hémisphère nord, mais en sens
opposé sur l'hémisphère sud, elle n'a rien de commun avec les déplace-
ments des corps flottants.
» Il en est de même de la segmentation des taches; les détails si curieux
de cette mystérieuse opération ne concordent guère avec l'idée d'une
rupture du noyau-scorie, bien que cette hypothèse soit encore ici, je me
hâte de le reconnaître, bien supérieure à celle des éruptions (i).
» Faut-il considérer la distribution des taches? Si elles étaient de
simples scories dues au refroidissement, ce ne serait pas sans doute dans
les régions les plus chaudes qu'on les verrait se fortner; or c'est, au
contraire, dans les zones voisines de l'équateur qu'elles apparaissent, et
jamais aux pôles. En outre c'est au bea^i milieu des facuics, c'est-à-dire
au sein des parties les plus chaudes, qu'on les voit naître et, quand elles
disparaissent, c'est souvent une facule qu'elles laissent après elles.
(i) Toutefois la figure même des taches, qui tend d'une manière si frappante à re-
prendre la forme circulaire quand elles en ont été momentanément écartées, n'a rien de
commun avec les scories, car celles-ci ne comportent aucune forme géométri(]ue. On n'a pas
fait assez attention jusqu'ici à cette circularité si remarquable des taches, caractère essen-
tiellement mécanique qui ne s'explique bien que dans ma théorie, ainsi que les déviations
fréquentes qui viennent l'altérer momentanément.
( 5o7 )
» Même insuccès jDOur la distribution géographique des protubérances.
Celles-ci apparaissent jusqu'au 70" degré de latitude, tandis qne les taches
qui doivent hii donner naissance ne vont guère au delà du 35" (i).
)) Enfin, et ce sera mon dernier argument, peut-on négliger les grands
phénomènes de la splendeur solaire, de sa constance et de sa longue
durée? N'y a-!-il que des taches à expliquer, et faut-il, pour s'en rentlre
compte d'une manière si peu plausible d'ailleurs, se con(!ainner à consi-
dérer le Soleil comme une masse simplement liquéfiée par la chaleur? Mais
alors comment peut-elle durer en cet élat? Pourquoi n'est-elle pas depuis
longtemps encroûtée? Ces scories, dont vous la recouvrez çà et là, nous
en doiuient aussilôl l'idée; l'apparition de ces scories est précisément le
prodrome de reucroùtemetit. Si la conductibilité des liquides et des so-
lides est si faible que ces scories résistent des jours, des semaines et même
des mois entiers à la chaleur du liquide fondu qu'ils recouvrent, com-
ment veut-on que ce liquide lui-même subvienne à l'énorme radiation de
1 200000000 de calories qu'il perd chaque jour, par mètre carré de su-
perficie? Considérez avec quelle rapidité un corps incandescent solide ou
liquide s'éteint, si l'on cesse de lui fournir la chaleur qu'il rayonne avec
tant d'abondance, et vous sentirez qu'ici un état de fluidité presque gazeux
est nécessaire pour permettre le jeu de courants ascendants et descendants
qui seul peut ramener la chaleur des profondeurs de la masse solaire et
alimenter sa radiation superficielle pendant des millions d'années, et pour
permettre à la contraction progressive de la plus grande portion de la masse
de réparer, en calories, une partie de la perte séculaire.
)) Quoiqu'd en soit, les objections de M. Zœliner contre les idées actuelles
du P. Secchi n'en gardent pas moins toute leur portée. Ces deux savants
se contredisent, en effet, de la manière la plus complète. Pour le P. Secchi
les éruptions produisent les taches; pour M. Zœliner ce sont les taches qui
produisent les éruptions.
» Après avoir formulé la cause qu'il assigne aux protubérances éruplives
qui apparaissent autour des taches, M. Zœliner continue en ces termes,
p. 25 des Bericlite der K.S. G. der W.Silz. am 21 Feb. J873 :
« Déjà, en 1870, Respiijhi avait signalé ces circonstances, représentées par ma théorie
comme autant de résultais généraux île ses observations :
» Sul contorno délie macchie sorgono ordinarianiente getti gassosi di straordinarie inlen-
» sità e violence, e di forme ben definile. »
(i) C'est l'objection que me faisait à tort M. Tacchini. Ici elle porte juste.
( 5o8 )
« Ordinariamente, nelle località délie facole, le protuberanze o le eruzioni sono niolto fre-
» fiuenti e iiiolto sviluppate, etc. »
» Le P. Secchi est arrivé aux mêmes résultats dans le cours de ses nombreuses observa-
tions, et il lésa résumés ainsi dans une récente Communication à l'Académie des Sciences
de Paris :
« 1° Les régions des facules et des taches sont les j)lus riches en protubérances. »
» 2° Il y a deux espèces de protubérances, les unes faibles et légères, épanouies comme
1) nos cirrhus légers dans l'atmosphère; les autres, plus denses, plus compactes, plus vives,
» ayant une structure filaire et des caractères optiques particuliers. »
» Que des éru])tions plus vives, qui traversent avec une plus grande vitesse les couches
plus profondes et plus riches en vapeurs de l'atmosphère, en détachent quelques parties et
les entraînent au-dessus de la base de la chromosphère de manière à les rendre perceptibles
au spectroscope par leurs raies brillantes, c'est à quoi l'on peut bien s'attendre. Aussi le
P. Secchi trouve-t-il, dans les protubérances les plus vives et les plus intenses, de nombreuses
raies appartenant à des métaux. Il les désigne, pour abréger, par ce caractère métallique, et
précise leur connexion avec les taches de la manière suivante :
» Alors j'ai remarqué soigneusement toutes les éruptions ttyant ce caractère que, pour
» abréger, j'appellerai i/iélal/ique, et j'ai trouvé que, toutes les fois qu'on observait à l'orient
» du bord solaire une de ces éruptions, on découvrait une tache solaire visible le jour sui-
» vant. Cette liaison est si réelle que j'ai pu, pendant ces derniers mois, prédire l'apparition
» d'une tache par la simple inspection de la qualité du spectre de l'éruption. Les cinq rota-
» tions dont je présente le résumé m'ont fourni, à elles seules, vingt-quatre de ces exemples.»
» De cette relation de position entre les deux phénomènes le P. Secchi se croit autorisé à
conclure entre eux la relation suivante de cause à effet :
» La conclusion de tout ce que nous venons de dire est manifeste. Les taches sont pro-
» duites par l'éruption, de l'intéiieur à l'extéiieur, de masse des vapeurs métalliques que
« je viens d'indiquer, u
» Pourquoi cette conclusion manifeste s'applique- t-elle mieux aux observations que la
conclusion inverse [Its cruptions sont produites i)ar tes taches ), c'est-à-dire pourquoi les
taches ne seraient-elles pas la cause productrice des protubérances éruplives? C'est ce dont
j'ai tâché en vain de découvrir, dans leséciits du P. Secchi, une raison tant soit peu valable.
J'ai dû faire cette recherche; car, de eu que les parties supérieures des iirotubérances appa-
raissent les premières au bord oriental du Soleil, puis, de ce que le jour suivant, par suite de
la rotation, la tache apparaît à son tour, c'est là une chose si simple, que je ne pouvais penser
que le P. Secchi en eût tiré la conclusion susdite; c'eût été l'équivalent du sophisme /jo^^
hoc crgo piopter hoc. »
» Sans attoiulre le résultat inévitable de cette guerre d'hypolhèses, je
dirai qu'ici je suis de l'avis de M. Zœlltier ; les protubérances dérivent des
tacbes, non les tacites des protubérances; mais je me hâterai d'ajouter que
les deux mouvements accolés en quelque sorte l'un à l'autre, l'un descen-
( 5o9 )
dant vers l'intérieur des taches, l'autre extérieur aux taches et ascendant,
doivent être étudiés d'une tout autre manière. Nul ne dira que ces deux
mouvements, très-limités en définitive et en grande partie extérieurs au
Soleil, contribuent à la radiation de cet astre, à sa constance, à sa longue
durée, en un mot à l'alimentation de la photosphère. Ce sont donc deux
phénomènes secondaires qui doivent tenir à quelque chose de plus général
et de plus important, à quelque cause dont les deux hypothèses rivales
ne sont pas même eu état de faire soupçoiaier l'existence. S'attacher exclu-
sivement à ces deux faits, vouloir faire dériver, à l'aide de suppositions, le
premier du second comme fait le P. Secchi, ou le second du premier comme
l'entend M. Zœllner, ce n'est pas, j'imagine, suivre la bonne voie. Les faits
eux-mêmes pourraient manquer pour résoudre cette contradiction entre
deux savants d'égale compétence II faut s'élever à une notion plus haute,
celle du phénomène bien plus général dont ces magnifiques détails dé-
pendent.
» J'ai montré, sans recourir à des hypothèses, que cette circulation de
l'hydrogène solaire, si bien saisie d'ailleurs dans quelques-uns de ses traits
par M. Zœllner, dérive d'un phénomène plus général, à savoir les mouve-
ments tourbillonnaires (à axe vertical) qui naissent dans la photosphère de
son mf)de spécial de rotation; et j'avais fait voir auparavant que cette ro-
tation elle-même se rattache à un phénomène bien plus général encore, au
premier de tous, c'est-à-dire au mode d'alimentation de la photosphère par
où la longue phase solaire est essentiellement caractérisée. »
GÉOMÉTRIE. — Note sur le ptanimètre polaire; par M. H. Resal.
« Le planimètre (polaire) du [ïrofesseur Amsier de Schaflouse est, parmi
les instruments de cette catégorie connus jusqu'à présent, de beaucoup le
plus simple, le plus commoile et le moins dispendieux; il est cependant
peu connu des ingénieurs français.
» 11 se compose en principe de deux règles métidliques OA, AB, arti-
culées en A et portant normalement une pointe eu O et B. Dans le pro-
longement en AB, se trouve en C, sur un axe parallèle à cette direction,
une roulette dont la jante est graduée. Pour mesurei- lUie aire, on fixe sur
le plan, en dehors du périmètre, la pointe O, de manière que l'on
puisse suivre ce périmètre avec la pointe B; lorsque cette |)oinle est re-
venue à son point de départ, la roulette a subi, en roulant sur le plan, un
déplacement qui donne la mesure de l'aire.
V: R., 1873, i» Semestre. (T. LXXVII, M" 8.) ""
( 5io)
» Cette Noie a pour objet de montrer coniriient la théorie des rotations
conduit simplement à l'équation du planimètre polaire, qui, je crois, n'a
pas été établie dans toute sa généralité.
» Soient :
/■, r', a les longueurs constantes OA, AB, AC;
R le rayon vecteur OB;
6 l'angle qu'il forme avec un axe fixe;
w, il les vitesses angulaires autour de O de OA, OB, lorsque B trace le
périmètre de l'aire;
u>' la vitesse angulaire de AB autour de A;
a, a' les angles AOB, ABO;
I le pied de la perpendiculaire abaissée de A sur OB.
» Le mouvement de AB résulte de la rotatiou w' et de la translation wr
perpendiculaire à OA, de sorte que la vitesse U du point B est la résultante
de deux vitesses wr, u' r' respectivement perpendiculaires à OA et AB. Les
composantes de U suivant R, et sa perpendiculaire étant — ? ilR, il vient
ou
d'où
(o'/-
, . , . dK
suia — oj/snia = -T-j
dt
a'r'
'cos«'-f- w/'cosa = DR,
1 dK
w — w = -— — -,
AI dt
w'Bl + wOI = P-R,
= 12
01 rfR ^ I dK
^- Mdt ="+R ./. ^°'«'
= 0.
— - — cota .
R dt
n La vitesse V du point C, estimée per|)endiculairement à AB, égale à la
vitesse de la roulette à sa circonférence, est la résultante de — «w' et de
la composante correspondante — wr cosOAB de la translation wr; mais le
triangle AOB donne
R^ — r' — /•'■
cosOAB = — j
on a donc
5ii )
ou
(0 V= - R=— r-— r'-— lar') _ - __ ; cota'+ acota )•
^ ■ 2 ■ ' K dt \ zr' j
Soient A l'aire décrite par le rayon vecteur à partir rln moment où R et G
avaient pour valeurs R,,, ô„; a l'arc correspondant dont la circonférence
de la roulette a tourné ; on a
■\T ^''
nR2
dk
'">
V= —5
dt
2
= T?r'
il = —1
dt
et l'équation (i) devient
dk = r da + I \ dO — [ cot « -t- ar cot « | ?
d'où
(2) A. = /''(7+( ^ j(9_5„)_ / I _ cola +«/■ cota j---
» On devra substituer à cota', cota leurs valeurs
r' + R^— r'^ ^ , r"-|-R^ — r'
cn\r/z= ^ , cota =
v/4R'r2— {r^4- R=— /•'=)' y/4Rîr'= — (r'= + R» — r')=
résultant de la considération du triangle OAB; de sorte que l'intégrale dé-
pend des fonctions elliptiques.
» En supposant — = o, on retombe sur la formule établie par M. Ams-
ler, en suivant une marche différente de la précédente, pour le cas d'un
secteur circulaire, dont l'examen lui a suffi pour faire connaître les pro-
priétés de son instrument.
» Lorsque la pointe B est revenue à son point de départ, on a
A = r'a,
et l'aire est ainsi proportionnelle à l'arc décrit par la roulette. »
ANATOMIE COMPARATIVE. — Sur les organes pliosphorescei^ts tlioraciqties et
abdominal du Cocuyo de Cuba (Pyro|)hor'US noctilucus; Elater nocli-
lucus, L.). Note de MM. Ch. Robin et A. Laboulbène.
« Nous avons eu l'occasion crexaminer vivants et de disséquer trois
des insectes coléoptères, de la famille des Élatérides, sur lesquels M. de Dos
66..
( 5. a)
Hermanas a appelé lécemment l'attention de l'Académie (i). L'étude de
cet insecte, qui est commun dans l'Amérique intertropicale, nous a con-
duits à quelques résultats méritant d'être signalés (2 .
» Indépendamment des deux organes phospliorescents, très-apparents
sous forme de taches d'un jaune mal, ovalaires, situées, ime de chaque
côté, sur la face dorsale, à l'arrière du prothorax [corselet], il en existe
un troisième, imjîair et médian. Celui-ci se présente sous l'aspect d'une
grande plaque, d'un blanc un peu jaunâtre, située à la face ventrale du
corps, entre le thorax et l'abdomen : l'insecte la met à découvert et la rend
lumineuse volontairement; il la rend aussi très-lumineuse quand on écarte
les élytres et les ailes, et qu'on renverse un peu l'abdomen vers la partie
dorsale.
)> Eu mettant à découvert l'espace situé entre les segments emboîtés du
métalhorax et du premier segment abdominal, on a sous les yeux un espace
Iriangulniro ayant plus de trois fois la largeur d'une des taches lumineuses
du corselet. Sur l'animal vivant, cet espace interlhoraco-abdomiual brille
alors du plus vif éclat. C'est aussi vers la partie centrale qu'apparaît
d'abord la lumière verte, phosphorescente. A la clarté du jour ordinaire,
nous l'avons déjà dit, la coloration de l'organe en repos est blanchâtre et
à peine jaune.
» À. Si l'on examine la surface des taches jaunâtres dorsales du pro-
thorax, de forme ovalaire, longues de 2 millimètres, on voit qu'elle est
très-lisse, et qu'en ces points il y a une transparence parfaite des téguments
chitineux, amincis, incolores, continus avec la portion brune foncée et
épaisse recouvrant le reste du corselet (3). Immédiatement au-dessous du
tégimient diaphane des trois a(>pareils phosphorescents se voit le tissu propre
de l'organe, qui est humide, charnu, grisâtre, demi-transparent; tout le
reste de sa surface profonde est pourvu d'une couche ou enveloppe de tissu
adipeux d'un blanc mat, épaisse d'un dixième de nnllimètre, que traver-
sent les trachées et les nerfs de l'organe même. Celui-ci ne peut être enlevé
sans qu'on entraîne aussi celle couche. Dés qu'un des organes dorsal ou
ventral est à découvert, sa surface humide et brillante s'enfonce et se relevé
(i) Sur les Cocinos tic Cuba [Comptes rendus, t. LXXVII, p. 333; i8'j3).
(2) Les U'ois individus soumis ù noire e.\anien étaient du sexe mâle.
(3) Celte partie diaphane du tégument, en l'orme de cornée oculaire, au niveau de ces
organes, a néanmoins sa surface marcfuée de fines ponctuations microscopicjues, figurant des
virgules droites, écartées les unes des autres de o'""',oi et en rangées quinquonciales
régulières.
( 5.3 )
par mouvements lents et irréguliers, dus à la contraction de faisceaux mus-
culaires striés qui s'insèrent à sa face profonde (i).
» En enlevant ou en arrachant peu à peu tout l'organe lumineux, on
arrive à découvrir contre lui un tronc trachéen court et considérable, car
il a plus de 2 millimètres de diamètre; il est donc très-facile à voir. La dis-
position des trachées sortant de cette ampoule trachéenne pour aller à
l'organe voisin est plutôt celle de houppes que la division dichotomique
ordinaire.
» B. L'organe phosphorescent abdominal est irrégulièrement triangu--
laire, à base tournée du côté du thorax et à sommet postérieur. Il n'a pas
l'enveloppe tégunientaire solide des taches lumineuses du thorax; c'est la
membrane interthoraco-abdominale, devenue très-fine et transparente, qui
le recouvre. La surface extérieure de celle-ci est lisse, avec quelques poils
fins et très-espaces; sa face postérieure adhère fortement à l'organe lumi-
neux. Ce dernier, d'un blanc jaunâtre, retiré du corps de l'animal vivant,
brille dans l'air, dans l'eau, sur les plaques de verre porte- objet (2).
» Ou trouve à l'organe phosphorescent de l'abdomen, chez le Pyroplio-
rus, la même structure que [)onr les deux organes thoraciques (3).
» Structure an atomique. — Les coupes de ces divers organes montrent
qu'ils sont de forme lenticulaire, d'un tiers environ moins épais que
larges, en y comprenant l'envelopiie adipeuse profonde. Celle-ci est en-
tièrement formée de très-grandes cellules, à paroi hyaline, à contenu
formé de nombreuses gouttelettes graisseuses, comme dans le tissu adipeux
de? insectes (4), et qu'il reçoit des trachées peu nombreuses relativement
au reste de l'appareiL
(1) Cette surface devient bientôt louche et verdâtre, parce que ces contractions rompent
alors les cellules adipeuses de l'enveloppe sus-indiquée, et font couler sur elle les gout-
telettes microscopiques de leur contenu huileux.
(2) Il en est de même de l'organe lumineux du corselet. Du reste, l'organe des Lampyres,
ou Vers luisants de nos contrées, brille étant retiré du corps et après l'écrasement de l'ani-
mal. Sa substance dissociée met quelques minutes avant d'avoir épuisé sa phosphorescence.
(3) Les trachées de l'organe ventral se rendent dans deux troncs trachéens brunâtres,
allant de chaque côté au gros stigmate du premier segment abdominal.
(4) Après vingt-quatre heures de contact avec l'acide acétique ou avec l'acide chlorhy-
drique étendu, les principes graisseux formant ces goultelettes passent en partie à l'état de
fins cristaux aciculaires qui hérissent leur surface ou restent plongés dans leur épaisseur.
Beaucoup de ces gouttes se fondent alors ensemble en gouttes plus grosses. Les acides ne
font pas ap[)araître des cristaux d'acide urique dans ces cellules, ni entre elles, comme ils le
font, au contraire, dans les cellules du tissu propre de cha(jue organe. Ce sont leurs
( 5i4 )
» Le tissu propre, demi-transparenl, humide, forme la partie centrale
de l'appareil, (pii est la pins volumineuse. Il est composé de cellules qui ne
diffèrent pas sensiblement de celles qui constituent les organes lumineux
des Lampyres, et depuis longtemps décrites; ce sont des cellules irréguliè-
rement polyédriques, à angles arrondis, assez molles, friables, difficiles à
séparer les unes des autres, épaisses de o™™,o4 à o""",o6; elles manquent
de paroi propre; elles ont un noyau relativement petit (o""",oo7), ovoïde,
un peu grenu, sans nucléole, visible facilement après l'action prolongée de
l'acide acétique et de la teinture de carmin. L'aspect charnu particulier
et l'état finement et uniformément grenu de ces cellules se retrouvent ici
d'une manière très-nette. La présence de l'urate d'ammoniaque ou de
soude en grande quantité, comme principe constitutif de ces granules, sur
laquelle les auteurs classiques insistent à propos de l'appareil des Lampyris,
se constate ici de la manière la plus nette. L'acide acétique et l'acide chlor-
hydrique étendu font apparaître, au bout de quelques minutes, dans
l'épaisseur des coupes du tissu, et surtout autour d'elles, des cristaux
d'acide urique, isolés ou groupés, aisément reconnaissables et nombreux (i);
en même temps la substance des cellules devient moins grenue, plus trans-
parente, sans se dissoudre.
» Ces cellules sont immédiatement contiguës les unes aux autres, et
entre leurs faces adjacentes on ne trouve que des trachées et des tubes
nerveux, sans que la masse du tissu ainsi constitué soit subdivisée en lobes
et lobules (2).
» Les trachées, d'épaisseur moyenne quand elles traversent la couche
blanche adipeuse, deviennent fort nombreuses et très-fines, par subdivi-
sions multiples, et touffues dès qu'elles pénètrent dans le tissu propre:
goutteleUes qui donnent une coloration d'un blanc jaune mat à la surface profonde de l'ap-
pareil et qui réfléchissent vers l'intérieur la lumière centrale produite, mais non les gra-
nules d'urate (dont il va être question), contrairement à ce qu'on a supposé être dans les
Lampyres. Du moins il en est ainsi sur les Pyropliores.
(1) Aucun de ces fins granules ne dépasse en diamètre o°"",ooi et ne peut être reconnu
comme salin sans l'aclion des acides. L'acide sulfurique, qui fait apparaître prompteraent
des aiguilles de sulfate de cliaux, sous le microscope, partout où il agit sur des carbonates
ou des urates de chaux, n'amène pas leur formation ici : il amène le dépôt d'acide urique
en groupes sphéroïdaux, en sabliers, etc.
{9.) Les cellules de la surface conliguë à la couche adipeuse .sont plus riches en granula-
tions, un peu moins transparentes que celles qui sont plus centrales, mais sans former
toutefois une couche distincte, comme les cellules adipeuses en constituent une.
* 0
f 5i5 )
elles vont se terminer en poinles les plus fines contre une face des cellnles.
Cette face nous a semblé être la face opposée à celle contre laquelle arri-
vent les tubes nerveux Toutefois nous ne pouvons pas être absolument
affirmatifs à cet égard (i).
» Les nerfs, relativement nombreux et volumineux, viennent du gan-
glion le plus voisin de chaque appareil et le pénètrent par sa circonférence.
Ils s'épanouissent en tubes marchant bientôt isolément, entre les cellules,
dès qu'ils ont traversé la couche adipeuse. Là, ils cessent bientôt de pos-
séder leur couche de myéline et, après s'être divisé plusieurs fois, leur
cylindre-axe s'applique contre telle et telle cellule; mais il nous a été im-
possible d'en voir la terminaison réelle, comme on peut le faire dans les
appareils électriques des poissons, par exemple.
» Remarques physiologiques. — Les organes phosphorescents des insectes
constituent des appareils de la vie de relation comme les appareils élec-
triques des poissons. Leurs nerfs sont de l'ordre des nerfs moteurs dits
volontaires.
» On sait, d'après les expériences faites sur les Lampyres, que leurs
propriétés sont moditiées de la même manière par les mêmes agents.
» Brown et Linné avaient déjà constaté que la production Inmineuse
l)ar le Pyrophore est soumise à sa volonté. Ou peut en multiplier les
preuves de mille manières (2). Alors que l'animal trop affaibli ne produit
plus de lueurs à la suite des excitations, qui en suscitaient auparavant l'é-
mission, on peut encore en obtenir en incisant les ganglions qui envoient
des nerfs à l'appareil, ou en arrachant brusquement celui-ci.
» Ces expériences réussissent sur le thorax séparé de l'abdomen comme
sur l'insecte entier. Leurs résultats sont de même ordre que ceux que l'on
obtient avec des muscles ou des organes électriques récemment séparés de
l'animal qui les porte. Sur les appareils ventral et dorsal, la lumière apparaît
d'abord au centre même de l'organe, puis elle gagne toute son étendue,
(1) On sait que l'un de nous a démontré que les disques di! tissu électrique formant les
appareils de ee nom dans les poissons reçoivent leurs vaisseaux par celle de leurs faces par
laquelle s'échappe le courant, tandis que les nerfs se terminent contre la face opposée, celle
qui est tournée vers le pâle positif de l'appareil {voir Ch. Robin, Annales des Se. nat. zool.,
i847> Compte srendus des séances de C Académie des Sciences, i865, el Journal d' Anatomie
et de Physiologie, année i865).
(2) Brown et Linné avaient déjà constaté que l'abdomen de ces insectes devient brillant
quand on les déchire en deux. Foir aussi Fougeroux de Boudarois, Mémoires de l'Académie
des Sciences, 1766; Lacordaire, Introduction à l'Entomologie, etc.
( 5i6)
éclaire au dehors; elle devient fort vive, verdâtre et des plus belles. Une
zone linéaire, jaunâtre, très-apparente, parce qu'elle tranche à la péri-
phérie sur le ton brun des téguments, n'est point primitivement lumineuse.
Il en est de même des angles externes de l'organe ventral, surtout quand
l'animal est affaibli. Cette zone est z'eprésentée par la couche adipeuse in-
diquée plus haut.
» Elle devient lumineuse quand du centre la phosphorescence a gagné
jusqu'à elle; mais alors même elle ne produit pas de lumière, ellen'est ja-
mais |)hotogène : elle ne fait que réfléchir la lumière produite par la portion
centrale de l'organe. En revanche, elle le fait non-seulement par sa face
interne, mais par toute son épaisseur, ce à quoi se prêtent la transparence
et le fort pouvoir réfringent de ses gouttelettes graisseuses, toutes nette-
ment sphériqiies. C<^s dispositions physiques déterminent des phénonièrics
dispersifs et d'interférence qui sont la cause de l'éclat remarquable que
prend la lumière, dès que du centre elle se propage jusqu'à cette zone.
» Quels sont les changements d'état moléculaire des cellules du tissu
propre de l'organe qui causent ici un dégagement de lumière ? On s.iit que
pendant le repos, et en dehors de toute influence nerveuse, les appareils
électrogènes des poissons passent à un état de tension électrique de plus
en plus prononcé, dont ils se dégagent subitement dès qu'ils veulent, ou
sous l'inflrtence expérimentale de telle ou telle action physico-chimique.
Or ici les probabilités sont que le tissu phosphorescent produit peu à peu
une substance qui s'accuuude lentement dans les cellules productrices
mêmes, indépendamment de toute influence nerveuse, par des actes de
même ordre que ceux de diverses sécrétions, et que l'acte seul par lequel
elles s'en déchargent est volontaire (i).
» La mise en liberté volontaire de la matière produite relativement au
reste de la substance des cellules consiste-t-elle en un suintement exsudatif
inlercellulaire ou a-t-elle lieu dans l'épaisseur de ces éléments ? On ne peut
encore rien dire de précis sur ce |)oiut; mais le principe qui rend lumi-
neuse pendant plusieurs minutes la substance des cellules écrasées se com-
porte comme la noclilucine, principe azoté coagulable, phosphorescent,
retiré par Pinpson {1871) du mucus lumineux île certaines scolopendres.
(i) L'expérience prouve que, comme pour la production et le dégagement de l'électricité
des poissons, les actes précédents épuisent vite l'animal et exigent le repos, après une série
de quelques dégagements, pour qu'une réparation nutritive permette de nouveau leur pro-
duction.
( 5i7 )
des poissons, etc. C'est un principe immédiat naturel, peu stable, dont la
ségrégation chimique ou moléculaire a lieu dès qu'il devient libre et qui
se manifeste par une production de lumière seulement, sans chaleur,
d'une manière analogue à ce qui a lieu lors de la décomposition acciden-
telle, putride ou non, de diverses sortes de tissus, de mucus, de sucres, etc.
» L'abondance des urates dans la substance des cellules au sein des-
quelles a lieu le dégagement de lumière porte à penser que l'acide urique
est un des composés cristallisables résultant de la décomposition photo-
génique du composé coagulable précédent, puisqu'il est graduellement éli-
miné comme les principes cristallins de désassimilation analogues. L'abon-
dance des trachées dans cet appareil est certainement en rapport avec
celle de la consommation d'oxygène qui accompagne ces phénomènes. «
THERMODYNAMIQUE. — Dé motisliation directe des princi/jes fondamentaux de
la Thermodynamique. Lois du frottement et du choc d'après cette science
[suite (i)]. Mémoire de M. A. Ledieu. (Extrait par l'auteur.)
« XIL Démonstration directe du principe amplifié de Carnol. — On sait
que le cycle auquel s'applique le principe de Carnot est un cycle fermé et
réversible, et que la condition de réversibilité est indispensable pour les
démonstrations de ce principe qui ont été données jusqu'ici.
» La condition de réversibilité exige que la pression du corps travailleur
soit la même dans toute sa masse, et qu'elle diffère à chaque instant infini-
ment peu de la résistance qu'il a à surmonter. Or cela revient à supposer :
1° que les vitesses de changement de volume sont négligeables; 2" que les
forces extérieures mesurables physiquement, et au nombre desquelles il
faut compter les réactions des parois qui enveloppent le corps travailleur,
doivent sans cesse avoir des valeurs différant infiniment peu de celles qui
leur seraient nécessaires pour se faire équilibre sur le corps supposé rigide.
Il résulte de là, notamment, que le centre de gravité du corps ne se dé-
place à chaque instant que sous l'effort d'une résultante infiniment petite.
» D'autre part, lesdites démonstrations exigent encore que l'équilibre
de température s'établisse à chaque instant dans toute la masse du corps
travailleur.
» Comme on devait s'y attendre, notre démonstration est exactement
soumise aux mêmes conditions.
(i) Voir les Comptes rendus des 14, 21 et 28 juillet; 4, 1 1 et 18 août.
C. K., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVll, N» 8.) 67
( 5-8 )
» On se rappelle, en effet, qne c'est expressément dans l'hypothèse de
l'établissement incessant de l'équilibre de température, ainsi, du reste, que
sous la conditicn mentionnée en i" ci-dessus, que nous sommes parvenu
à l'équation (i4).
» Nous allons actuellement introduire dans cette équation la condition
mentionnée en 2°, laquelle est, à la vérité, entièrement spéculative, mais
heureusement s'écarte peu de la réalité des faits.
» L'introduction dont il s'agit entraîne les deux résultats suivants :
» 1° Si le corps se trouve eu repos d'ensemble au début du cycle, il s'y
maintiendra, pendant tout le parcours de celui-ci, à une quantité infini-
ment petite près; on aura donc, dans l'équation (i4), 2m (Aj — A') égale à
une quantité infiniment petite.
» 2° La quantité lJ{Xf]dXf -f- Yqc/;", + Z^dz,) sera pareillement infini-
ment petite.
» L'équation (i4) deviendra dès lors
(i5) EQ = 2lmkEg{T,-T) + 2l,nkEg Ct^-^ -2/(X,(?^+Y,,d^j+Z,5z.).
» Parvenu à cette relation, il importe d'aller au-devant de toutes les
apparences paradoxales que pourraient présenter les diverses considéra-
tions qui vont suivre, et pour cela nous recommandons au lecteur d'avoir
bien présent à l'esprit le partage du travail total des forces calorifiques
en deux autres, l'un dû aux chemins élémentaires vibratoires que nous
avons désignés par d^JC, d^j\, d^z, l'autre correspondant à \ai parlie des
chemins élémentaires Sx, oy, 5z qui provient du changement de tem-
pérature, en notant d'ailleurs que le travail dû à la portion de ces chemins
relative au mouvement de variation de volume se trouve toujours nul, aussi
bien que le travail dû au mouvement d'ensemble, à cause précisément de
Verraiisme des forces calorifiques.
» Cela dit, appliquons notre nouvelle relation aux quatre opérations du
cycle deCarnot, dont nous désignerons l'isothermique supérieure par bc,
la première adiabatique par cd^ l'isothermique inférieure par de^ enfin la
deuxième adiabatique par eb.
» Pour la première opération, T demeurant constant, §.r, &)-, ^z seront
exclusivement des chemins élémentaires dus au changement de volume du
corps; et, par suite, eu égard à ce que nous venons de dire, le troisième
terme du second membre de l'équation (i4) sera nul. Dès lors, en intro-
duisant d'ailleurs l'hypothèse de la constance de la température, nous au-
{ 5.9)
rons la relation
(i6) ^ =22mAEglognép f^U
Te et Tj étant les dnrées des vibrations pour les deux états du corps qui
correspondent aux points c et b.
» Pour la seconde opération du cycle, le premier membre de l'équa-
tion (i5) et le troisième terme de son second membre sont nuls, puisqu'il
n'y a pas de clialeur appliquée ou enlevée au corps par des moyens exté-
rieurs.
On a alors, pour cette opération,
(T, -T) = - /"'t^.
» Cette équation étant vraie, quelle que soit la valeur de la différence
T, — T, a encore heu quand cette différence devient infiniment petite et
égale à (?T. Nous aurons donc
dT St
T~ 7'
et, par suite,
(17)
T
d'où lognépY = lognép
Trf
Il = Il
T TJ
Tj étant la durée des vibrations pour l'état du corps correspondant au
point d.
» Semblablement à ce qui précède, et en se rappelant ce que nous avons
dit pour la manière dont on doit exprimer le refroidissement d'un corps,
on trouvera, pour la troisième et la quatrième opération,
(18) — ^ 2lmkEg\osnép—'>
1 1 Tfi
('9)
T
T, étant la durée des vibrations relatives à l'état du corps correspondant
au point e.
» Des équations (17) et (19) on tire
T£_ T^
T6 Te ^ ' "^d " ' ''b
67.
— 1 d ou — lognep - = loenen —
Te *^ ' TJ *=■ ' T4
( 520 )
» Dès lors les équations (i6) et (i8), combinées entre elles, donneront
, ^ Q Q. -^ Q Q. Q T
(20) — = — , soit ^ — ^ = 0, ou encore ^ = — ,
ce qui est précisément le principe amplifié de Carnol.
)> Nous donnons dans notre Mémoire une manière beaucoup plus rapide
d'arriver à ce principe, en partant toujours de l'équation (i5); autremeut
dit, nous tirons d'emblée de cette équation la relation générale
/f
démontrée pour la première fois par Ciausius, en i854, comme s'appli-
quant à tout corps décrivant un cyc\e fermé ël réversible, mais quelconque
d'ailleurs.
» Néanmoins, la marche un peu longue que nous venons de suivre nous
a paru utile à donner, pour faire voir d'une façon explicite la manière
dont les choses se passent de proche en proche dans le cycle de Carnot. »
M. Dumas, absent de Paris en ce moment, écrit à l'Académie qu'il a
reçu de M. Lichlenslcin une Lettre (i) indiquant les motifs sur lesquels il
se fonde pour maintenir l'opinion qu'il a émise au sujet de la reproduction
du Phylloxéra.
« D'après M. Lichfenstein, dit M. Dumas, quelques jours suffisent pour
transformer l'insecte sorti de l'oeuf en mère pondeuse. M. Signoret pense
qu'il faut un au pour l'amener à cet état. Parmi les circonstances nom-
breuses qui appuient le sentiment de M. Lichteusiein, partagé par tous les
observateurs du Midi qui ont été témoins de la rapidité avec laquelle les
racines de la vigne sont envahies par l'insecte, il en est une que M. Signoret
ne semble pas avoir prise en considération. Le Phylloxéra des feuilles
offre toujours sur les feuilles jeunes, et au début de son apparition, une ou
deux galles seulement, à peine proéminentes. Chaque galle ne contient
qu'un seul Phylloxéra. Bientôt celui-ci s'est développé et a pondu; les œufs
sont éclos et de nouvelles galles apparaissent sur les feuilles voisines, toutes
renfermant une mère et des oeufs près d'éclore ou éclos.
» Je me permets de recommander l'étude du Phylloxéra des feuilles,
(i) Voir plus loin cette Lettre aux Mémoires présentés, p. 522.
( 52, )
comme propre à résoudre divers problèmes relatifs aux transformations
de cet insecte. En effet, autant il est difficile d'isoler le Phylloxéra des
racines et de le suivre dans son développement, autant il est aisé de le faire
pour le Phylloxéra des feuilles, qui naît et se développe dans une cavité
fermée, où se commence et se termine son existence, et d'où surlent seu-
lement les jeunes, qui vont former de nouvelles habitations.
» La fécondité prodigieuse du Phylloxéra étant admise, il n'en devient
que plus intéressant de constater qu'un premier pas, et un pas tout à fait
décisif, vient dètre accompli relativement à la découverte des moyens de
destruction qui peuvent être mis à profit pour en débarrasser la vigne.
C'est un grand bienfait pour la France.
» M. Monestier a réussi à tuer le Phylloxéra, sans nuire à la vigne,
au moyen du sulfure de carbone. L'expérience a été effectuée avec un
succès complet, à Celleneuve, près de Montpellier, parles soins de MM. Mo- *
nestier, Lautaud et d'Ortoman , guidés par des expériences préalables
de laboratoire. On fait autour de la vigne trois trous, en enfonçant un pal
en fer. Au moyen d'un entoiuioir, on fait arriver au fond de chacun d'eux
5o grammes de sulfure de carbone et l'on ferme le trou à l'aide d'un bou-
chon de terre.
» L'expérience montre que i5o grammes de sulfure de carbone par cep
sont nécessaires, et que, même à la dose de 3oo ou 4oo grammes, cet agent
ne nuit pas à la vigne. Comme la quantité de sulfure de carbone indiquée
peut produire 4o ou 5o litres de vapeur et que celle-ci est plus de trois
lois aussi dense que l'air, tout l'espace vide dans la masse terreuse où la
vigne répand ses racines doit être bientôt pénétré de cette vapeur, qui
est, comme on le sait depuis longten)ps, meurtrière pour tous les insectes.
Au bout de huit jours, on trouve tous les Phylloxéras morts.
» Ce traitement, ainsi que l'a constaté M. Gaston Bazille, Président du
Comice de l'Hérault, a paru d'ailleurs plutôt favorable que nuisible à la
végétation de la vigne.
» Au prix du sulfure de carbone, la façon donnée à la vigne pour la
destruction du Phylloxéra représente une dépense de i5 à 20 centimes par
souche. Un ouvrier pourra traiter 3oo souches par jour et emploiera
4o ou 5o kilogrammes de sulfure de carbone.
» M. Monestier et ses collaborateurs, après avoir découvert la méthode,
pensent que le sulfure de carbone pourra être remplacé, comme moyen
de destruction, par d'autres agents insecticides, et continuent leurs expé-
riences à ce sujet.
( 52i )
» M. Faye avait déjà proposé, pour faire parvenir aux racines de la vigne
les insecticides nécessaires, l'emploi des trous de sonde, qui paraît devoir
être généralisé désormais dans ces sortes d'applications. »
IVOMINATIOIVS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de deux Membres, qui sera chargée de la vérification des comptes
pour l'année précédente.
MM. Mallneu, Brongniart réunissent la majorité des suffrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de juger le Concours du prix Bordin pour iS^S.
(Étude de l'écorce des plantes dicotylédonées.)
MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre, Trécul, Tulasne réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix, sont MM. Gay, Cosson.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE. — Sur la rapidité de la reproduction du Phylloxéra. Lettre
de M. LicHTENSTEiN à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans sa séance du i r août, l'Académie a reçu une Communication de
mon collègue de la Société entomologique, M. Signoret, prétendant que
j'avais commis une erreur considérable en avançant que le Phylloxéra avait
une génération chaque dix ou douze jours. Or j'avais pris cette opinion
dans un ouvrage intitulé Le Phylloxéra de la viyne, publié en 1869 par
M. Signoret; l'auteur dit, dans les considérations générales, que « neuf gé-
nérations ont lieu dans l'espace de trois mois ».
» Étonné de voir M. Signoret en désaccord avec lui-même, j'ai voulu en
avoir le cœur net. J'ai placé dans un vase de verre un tronçon de racine,
disposé de façon à pouvoir l'observer à travers les parois du verre, et j'ai
rempli le vase de terre humide et de radicelles garnies de Phylloxéras et
d'œufs. Un jeune Phylloxéra s'est fixé le i""" août sur la racine; le 4» i' ^
pondu; le 12, les premiers œiils sont éclos, deux des petits se sont fixés à
( 5a3 )
côté de la mère, et aujourd'hui, i8 août, ils ont la taille des mères pon-
deuses.
» Les observations de MM.Ealbiani et Max. Cornu ont prouvé, d'un autre
côté, que les mues sont bien plus rapides que ce que croit M. Signoret
(deux jours par mue, au lieu de vingt à vingt-cinq).
» Enfin, on trouve toujours des œufs, des petits et des adultes ensemble
depuis le mois de mars jusqu'au mois de novembre, et des plants enra-
cinés placés dans les vignes atteintes se couvrent rapidement de petits
Phylloxéras, qui grossissent et pondent dans moins de vingt jours, et jettent
constamment de nouveaux essiiims sur le sol, surtout pendant l'été.
» De tout cela ne doit-oii pas conclure que M. Signoret avait raison,
en 1869, quand il annonçait neuf générations dans les trois mois d'été, et
qu'il se trompe aujourd'hui en voulant limiter la reproduction de l'insecte
à une génération par an ?
» S'il m'était permis de formuler une hypothèse, je croirais assez à
l'existence parallèle de deux formes chez les Phylloxériens (et chez la
plupart desCoccides, ou même chez tous) : quelque chose qui rappellerait
les neutres chez les fourmis, les abeilles, les termites; quelques insectes,
mâles et femelles, arrivant à l'état parfait ailé et n'ayant qu'une génération
par au ; de très-nombreux insectes neutres, mais se reproduisant sans accou-
plement, plus ou moins rapidement selon les circonstances, et n'arrivant
jamais à l'état parfait ailé. Je suis conduit à cette hypothèse en voyant si
peu de nymphes et d'insectes ailés dans les millions de Phylloxéras qui
passent sous ma loupe chaque semaine. »
CHIMIE. — Sur un principe d'union de la Chimie universelle, applicable à la
Chimie organique. Mémoire de M. E. Martin. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires: MM. Fremy, Robin, Berthelot)
« La Chimie que nous appelons universelle comprend les deux électri-
cités comme des corps simples matériels, et en établit les qualités physiques
et chimiques; elle s'appuie d'ailleurs particulièrement sur la connaissance
des véritables corps simples pondérables, ceux qui sont admis jusqu'ici
comme tels étant des composés mixtes, c'est-à-dire formés par une union
première, eu proportions définies, des corps simples réels avec les deux corps
impondérables simples. D'après la Chimie universelle, les corps simples
pondérables et impondérables se divisent en deux genres, suivant leurs
affinités propres; ceux qui possèdent l'affinité de l'oxygène forment le
( 5^4 )
genre ox/que, constitué par l'oxygène, qni n'est pas le gaz oxygène, le
fluor, le chlore, le brome, l'iode et l'azote, et de plus par le corps simple
impondérable nommé électrile (symbole El), qui n'est autre que l'électricité
dite négative. Le genre basique est formé des corps simples hydrogène
(dont le gaz hydrogène est le composé mixte), carbone, soufre, phosphore,
sélénium, arsenic, bore, silicium, de tous les métaux et du corps simple
impondérable e'i/jen/e (symbole Et), connu sous le nom d'électricité posi-
tive. En outre, les corps du même genre ne peuvent s'unir directement
entre eux: ils sont au contraire sollicités à l'union d'un genre à l'autre par
leurs affinités propres, qui sont complémentaires et salurables l'une par
l'autre; toutefois les corps simples pondérables, possédant tous primitive-
ment l'état solide avant de pouvoir s'unir entre eux, doivent se combiner
au corps impondérable simple du genre différent par une union première
qui donne la mobilité à leurs atomes.
» Dans ces conditions, la nouvelle science démontre quatre modes
d'unions chimiques, dont un seul a été connu jusqu'ici ; i" l'union de deux
corps simples impondérables entre eux, qui donne pour produit le calorique
et la lumière; aTunion des corps simples pondérables du genre basique
au corps simple impondérable du genre oxyque, qui donne les composés
mixtes combustibles, gaz hydrogène, soufre, phosphore, carbone, etc.,
et tous les métaux, et celle des corps simples pondérables du genre oxyque
au corps simple impondérable du genre basique, qui donne les composés
mixtes comburants, gaz oxygène, gaz chlore, gaz azote. Vient ensuite
l'union des corps mixtes entre eux, qui peut avoir lieu de deux manières
distinctes, savoir : sans altération de la constitution des corps qui s'u-
nissent, et en raison de l'intervention avec prédominance de l'un des corps
impondérables qui constitue l'état mixte; ce qui permet aux corps mixtes
combustibles de s'unir entre eux, ainsi qu'aux mixtes comburants de
former des unions peu stables. Cette union qui unit les corps mixtes sans
les altérer dans leur constitution forme le troisième mode d'union chi-
mique : c'est celui que j'ai reconnu dans la formation des corps organisés.
Le quatrième mode d'union chimique est celui qui a lieu entre les corps
mixtes comburants et les corps mixtes combustibles avec double décom-
position et qui constitue l'union par combustion.
)) De ces quatre modes d'union distincts, un seul a été connu jusqu'ici,
c'est l'union avec combustion, par voie sèche et par voie humide; encore
n'a-t-il pas été expliqué par une théorie acceptable, et cela se conçoit,
puisqu'il faut, pour le comprendre, connaître les véritables corps simples
( 5a5 )
et les composés mixtes. Ce phénomène de la combustion a été l'un des
premiers compris par la nouvelle science. Deux composés mixtes sont en
présence, l'un combustible, soil le gaz hydrogène II El, l'autre comburant,
soit le gaz oxygène OEt; si l'équilibre de constitution de ces gaz est
rompu par l'étincelle électrique, une double décomposition s'opère; les
deux corps pondérables H et O s'unissent en formant de l'eau, et les deux
impondérables El, Et s'unissent en produisant du calorique et de la lu-
mière.
» C'est le troisième mode d'union qui préside, suivant nous, à la com-
binaison des corps mixtes entre eux sans altération dans leur constitution,
que nous voulons démontrer dans ce Mémoire, en le considérant comme
essentiel dans la formation des corps organisés; en effet, les corps organisés
produits par les végétaux et par les animaux sont combustibles, comme
les éléments qu'ils contiennent, pris à l'état de liberté, et ne peuvent être
assimilés à des corps brûlés créés par la combustion. Un corps brûlé a
perdu, en produisant du calorique, ses éléments de combustibilité. La
théorie admise, qui consiste à considérer les éléments des composés orga-
nisés comme des corps brûlés par leur union, quand il y a rapport entre
les corps combustibles et les corps comburants constituants n'est donc pas
acceptable. D'après cette théorie, le ligneux et ses congénères, qui con-
tiennent l'hydrogène et l'oxygène dans les proportions qui constituent l'eau,
plus du carbone, doivent être considérés chimiquement comme des hydrates
de carbone, le carbone restant seul un élément de combustion.
» Les expériences de calorimétrie ne s'accordent pas avec cette théorie,
qui donne par le calcul sur le bois sec 2800 calories, tandis que Rumford
en a constaté 38 14 expérimentalement; le ligneux contient donc un élé-
ment combustible autre que le carbone. Mais, pour démontrer que l'hy-
drogène n'est pas brûlé dans le ligneux, l'amidon, le sucre, etc., qu'est-il
besoin d'aller chercher ses preuves dans les expériences délicates de la
calorimétrie? nous avons tous les jours un fait vulgaire qui ne permet pas
le doute à cet égard. En effet, un simple éclat de bois sec, un morceau de
papier, une poignée d'amidon, jetés sur un brasier ardent, produisent une
flamme éclairante, qui n'a d'autre aliment possible que le gaz hydrogène
combiné à du carbone, et cela avant même que le charbon de bois ait
pris la teinte noire qui précède son inflammation.
» Les composés organisés formés par le troisième mode d'union sont
stables, ce qui signifie qu'il y a entre les corps unis une attache chimique
(;. R., 1873, Q" Semestre. (T. LXXVII, N» 8.) ""
( 526 )
réelle, et nous avons démontra, dans un précédent Mémoire, que l'altache
qui s'établit entre deux corps mixtes, comme l'hydrogène H El et le car-
bone CEI, tient à ce que le carbone mixte, le soufre, le phosphore, pren-
nent une formule différente en présence de l'hydrogène; nous avons dé-
montré que, dans les sulfures et les phosphures, ces deux corps, qui
prennent naturellement la formule SEl" dans le soufre cristallisable et le
phosphore blanc, se combinent aux corps mixtes basiques à la manière
des acides. Cet état, qui tient à la prédominance de l'élémenl El, se dé-
montre d'ailleurs par une augmentation de volume qui en est la consé-
quence, et dans l'union du carbone à l'hydrogènç, qui nous paraît former
la base de tout composé organisé : ces deux éléments doivent constituer
ini carbure d'hydrogène.
» L'oxygène et l'azote sont des éléments essentiels, mais ils ne peuvent
constituer à eux seuls un composé organisé; il leur faut, pour entrer en
combinaison, une base sur laquelle ils puissent se fixer, tandis que cette
base, constituée par l'union du carbone à l'hydrogène, peut les éliminer
sans cesser de former un corps organisé : chez les animaux elle constitue
à elle seule les graisses, et chez les végétaux les huiles et les essences.
» Nous sommes ainsi conduit à considérer le ligneux, l'amidon , la
gomme, le sucre, leurs congénères et la généralité des corps organisés
comme des carbures d'hydrogène oxygénés et azotés, l'oxygène et l'azote
conservant dans ces composés les états mixtes qu'ils possèdent en consti-
tuant l'air atmosphérique.
» Le phénomène de la respiration, dont Lavoisier a fait l'étude, a été
considéré longtemps comme une combustion du sang veineux, qui se trou-
vait ainsi transformé, pendant son passage dans le poumon, en sang artériel,
cette combustion produisant l'acide carbonique expiré. Mais les physiolo-
gistes modernes ayant démontré que le sang oxygéné du ventricule gauche
du cœur possède une température égale ou inférieure à celle du ventricule
droit, ont cru devoir en conclure que la combinaison n'avait pas lieu dans
le poumon, mais que le sang veineux, après avoir exhalé 1 acide carbo-
nique qu'il contenait à l'avance, dissont le gaz oxygène inspiré avec rapi-
dité, et qu'alors la combustion a lieu entre le sang et le gaz pendant la
circulation artérielle. Cette absorption subite par di.ssolution du gaz, pour
une combinaison future, n'est pas acceptable, et d'ailleurs le changement
dans la coloration du sang atteste que la combinaison a eu lieu à la ren-
contre du gaz et du liquide. On le voit, c'est à la Chimie universelle
qu'il faut avoir recours pour résoudre ce problème; son troisième prin-
{ 527 )
cipe d'union, celui que nous avons désigné sous le nom d'union naturelle,
explique, en effet, parfaitement comment les corps mixtes s'unissent entre
eux sans production de calorique, sans changement de constitution, et en
conservant dans les produits la combustibilité des éléments qui y sont en-
trés. Il y a ilonc évidemment, dans la respiration, union naturelle du gaz
oxygène OEt aux carbures d'hydrogène dont le sang veineux est con-
stamment alimenté par la digestion, en même temps qu'il y a dégagement
de l'acide carbonique que le sang contenait à l'avance. »
M. J. Seguix adresse à l'Académie, pour être transmis au Muséum
d'Histoire naturelle, un entozoaire trouvé dans la cavité abdominale d'une
ablette.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Robin.)
M. C. Beurmann adresse une Note relative à un projet de fabrication de
briquettes, au moyen des déchets de bois provenant de diverses industries,
dans les Vosges.
(Commissaires: MM. Fremy, Rolland.)
M. A. Mesquite adresse une Note relative à une solution du problème
de la navigation aérienne. Cette Noie est accompagnée de planches.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. L. Rarciiaert adresse une Note relative aux résultats obtenus avec
sa locomotive à double articulation et à deux cylindres. Cette Note est ac-
compagnée d'un Rapport du chef d'exploitation de la Compagnie du che-
min de fer de Vitré à Fougères, constatant la régularité avec laquelle
la machine a fonctionné sur celte ligne, sans interruption, pendant un
mois.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. G. DE CoNiNCK adresse un complément à sa théorie des volcans et des
inondations.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. E. DE Laval envoie un exemplaire d'une pétition adressée au Con-
seil municipal de Paris, à l'effet d'obtenir la proscription des tuyaux eu
plomb pour la distribution des eaux destinées aux usages alimentaires.
(Renvoi à la Section de Médecine.)
68..
( 528 )
M. A. lÎRACHET adresse un Mémoire sur les moyens d'aiigmenlor la puis-
sance des microscopes.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Affaires étrangères transmet à l'Académie une
Lettre destinée à recommander M. de Lacaze- Dut/tiers aux agents de son
Département, pendant la mission scientifique qu'il doit accomplir dans la
Méditerranée.
M. le Ministre de l'Agricultcre et du Commerce adresse, pour la Biblio-
thèque de riiislitut, le deuxième volume (deuxième partie) du « Recueil
des travaux du Comité consultatif d'hygiène publique de France : enquête
sur le goitre et le crétinisme; rapport par le D' Baillarger ».
M. J.-D. Dana, nommé Correspondant pour la Section d'Anatomie et
Zoologie, adresse, de New-Haven (Connecticut), ses remercîments à l'Aca-
démie.
ASTRONOMIE. — Découverte de deux nouvelles comètes par M. Borrelly
et M. Paul Henry. Lettre de M.Wolf à M. le Secrétaire perpétuel.
K En l'absence de M. le Directeur de l'Observatoire, j'ai l'honneur de
vous prier d'annoncer à l'Académie la découverte de deux nouvelles co-
mètes.
» L'une a été trouvée à Marseille par M. Borrelly, le 21 août. Sa posi
tion approchée était
i5'' temps moyen de Marseille ] qq /«/
» Mouvement rapide vers le sud, à peu près i degré par jour.
» La seconde a été découverte à Paris, le 23 août, par M. Paul Heni-y.
C0=4-59°3o'.
» Marche rapide vers l'est.
» Cette comète est ronde, très-brillante, presque visible à l'œil nu, avec
une condensation centrale, i'
( 5.9 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le spectre de la comète III de 1873;
Note de MM. Wolf et Rayet, présentée par M. Fizeau.
« La comète découverte à Marseille par M. Borrelly, dans la nuit du 20
au 21 août, présente la forme d'une nébulosité circulaire d'environ 2 mi-
nutes de diamètre, et offre en son centre un noyau assez brillant.
» Son spectre, examiné le 21 au malin, se compose d'un spectre con-
tinu, depuis le jaune jusque vers le violet, dîi en partie à la lumière so-
laire réflécliie, et de deux bandes lumineuses, l'une dans le vert, l'autre
dans le bleu.
)) La bande verte est intense, nettement limitée vers le rouge, diffuse
vers le violet.
)) La bande bleue, dont l'éclat est environ la moitié de celui de la pré-
cédente, est aussi limitée vers le rouge et diffuse vers le violet.
)) Le spectre continu présente beaucoup plus d'éclat que celui des
comètes que nous avons précédemment étudiées, et est beaucoup p-lus
étroit. Peut-être est-il dû à un noyau solide. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le spectre de l'atmosphère solaire.
Note de M. G. Rayet, présentée par M. Fizeau.
« Des observations nombreuses ont fait connaître avec détails le spectre
à lignes métalliques brdiantes qui est donné par certaines protubérances
solaires, courtes et très-vives; mais je n'en connais aucune dans laquelle on
ait signalé le renversement d'une seule des deux raies D. C'est cette parti-
cularité, nouvelle et toute spéciale, qui m'engage à communiquer à l'Aca-
démie mon observation du 16 août.
» Depuis plusieurs jours le bord oriental du Soleil présentait, sous ini
angle de position d'environ 100 degrés à partir du nord, de nombreuses
et brillantes facules; la plus intense d'entre elles a dû [)asser sur le bord le
1 3 ou le i4; mais le ciel était alors trop brumeux pour permettre des ob-
servations intéressantes.
» Le i5, on observait cependant en ce point, outre les lignes du spectre
ordinaire de la chromosphere, le renversement des lignes Z», et bo du ma-
gnésium, ^3 du nickel et de la ligne du fer, voisine de E, qui caractérise
la couronne.
» Le 16, le temps étant beaucoup plus pur, le spectroscope montrait
dans cette même région une série nombreuse de lignes brillantes compre-
( 53o )
liant, outre les lignes de l'Iiydrogène et la ligne jaune un peu plus réfran-
gible que D, celles dont les longueurs d'onde sont les suivantes :
6716 Entre B et C. Calcium. S'observe rarement.
5895 I „ ..
^.,0 • Sodium.
0009 )
5534 Baryum.
5362 Fer.
53 16 Fer. Ligne de la couronne. Au voisinage de E.
5282,5 Fer.
5254 Manganèse.
5233,4 Manganèse.
5226 Fer.
5197 Substance inconnue.
5i88,2 Calcium. N'avait pas encore été signalée.
Et enfin les lignes du groupe b appartenant au magnésium et au nickel.
M Ces lignes étaient pour la plupart intenses et se montraient dans
une portion de l'atmosplière solaire où il n'y avait aucune grande protu-
bérance nuageuse, mais bleu une série de panaches divergents à contours
fort nets.
» La circonstance vraiment remarquable du phénomène était offerte
par le mode de renversement des lignes D. A une hauteur convenable,
une seule de ces deux lignes, la moins réfrangible, paraissait lumineuse et,
plus près du bord solaire, lorsque les deux lignes étaient renversées, la
moins réfrangible était toujours beaucoup plus vive que l'autre. Aucune
d'elles ne se trouvait d'ailleurs, comme d'ordinaire, limitée à droite et
à gauche par des traits noirs; les vapeurs de sodium étaient donc peu
abondantes dans celte région.
M Depuis le 16 août, la grande facule dont il est question dans cette
Note a persisté sans changement trop considérable de forme, et la rotation
apparente du Soleil l'amené aujourd'hui vers le bord occidental de l'astre
qu'elle atteindra dans deux ou trois jours. L'éruption dont cette facule est
le signal a conservé son même caractère ; car, dès hier 24, j'ai pu constater
de nouveau, dans son voisinage, le renversement d'une seule, toujours la
moins réfrangible, des deux lignes du sodium.
» Je ne crois donc pas qu'il puisse y avoir aucun doute sur la réalité du
phénomène.
« On sait, depuis longtemps, que sur le bord du Soleil les trois lignes
vertes du magnésium ne se renversent pas toutes en même temps et que
celle qui devient le plus facilement brillante est la moins réfrangible. Ce
{ 53, )
fait sp comprend; car des expériences faciles à répéter (en parrictilier celles
de M. Cornu) ont montré que, sons certaines conditions, on peut fiiro ap-
paraître successivement la ligne è,, puis ensuite la ligne />2 ^t enfin b^•,
cette dernière est toujours plus courte que les autres.
» Jusqu'ici les deux lignes du sodiinn s'étaient toujours montrées iden-
tiques et, à ma connaissance, aucune expérience de Kiboratoire ne permet
de les différenlier au point de vue de leur aspect. On prut noter cepen-
dant que ces deux lignes ne sont pas absolument égales et que, sur le So-
leil, la plus réfrangible est un peu plus forte.
» En rapprochant mon observation sur les raies du sodium de celles
bien connues sur le renversement des raies du magnésium , il semble
que ce soit une loi générale que, dans un groupe de lignes voisines d'une
même substance, ce soit la moins réfrangible qui se renverse le plus faci-
lement. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur C influence que les changements
dans la pression baiométrique exercent sur les phénomènes de la vie. 1 2" Note
de M. 1*. Bert, présentée par M. Milne Edwards.
a Je viens aujourd'hui rendre compte à l'Académie des résultats de mes
nouvelles études sur la cause intime des accidents qui surviennent chez les
animaux soumis à l'influence de l'air fortement comprimé.
» J'ai prouvé, dans plusieurs de mes Notes précédentes :
» 1° Que, lorsque l'oxygène arrive chez un chien à la quantitédeaS à
3o volumes pour 100 volumes de sang artériel, l'animal est pris de con-
vulsions, qui deviennent mortelles à la dose de 35 voliunes environ ; 1° que
ces convulsions, si varié qu'en soit le type, proviennent d'une excitation
directe de la moelle épinière, comme le montrent leur cessation sous l'in-
fluence des anesthésiques, et leur non-apparition dans un membre dont
le nerf moteur a été préalablement coupé.
» On pourrait donc comparer l'oxygène à un poison du système ner-
veux, son action paraissant se rapprocher beaucoup de celle de la strych-
nine; mais, d'autre part, j'ai fait voir que, dès le début de l'attaque con-
vulsive, la température de l'animal s'abaisse de plusieurs degrés. Il y a
donc, dans les actes intimes de la nutrition, une altération profonde, ce
qui n'a pas lieu dans les simples empoisonnements par les substances con-
vulsivantes. On peut donc supposer que l'appareil si extraordinaire des
convulsionsn'estqu'unépiphénomène, une manifestation, si l'on peut ainsi
( 53a)
parler, par la moelle épinière, du trouble général de l'organisme, comme
il arrive dans les asphvxies et les hémorrliagies rapidement mortelles.
» Une première rpiestion se pose naturellement . est-ce à quelque alté-
ralio:i du sang qu'il convient de rapporter ces troubles étranges? Les ana-
lyses relatées dans mes Notes précédentes montrent que la solubilité de
l'oxygène dans le sang, qui croît si rapidement avec la pression, entre le
vide et 60 centimètres de mercure, n'augmente plus que très-lentement à
partir de ce point. Ainsi, en prenant 20 volumes dans 100 volumes de
sang artériel comme dose moyenne à la pression normale, l'ensemble de
mes analyses m'a donné: à un quart d'atmosphère, '7 volumes; à une
demie, i3; à trois quarts, 18; à une atmosphère, 20; à deux, 20,8; à
trois, 21, 5; à cinq, 22,4; à sept, 23, i ; à dix, 23,5.
» Peut-on supposer qu'à des limites un peu plus élevées l'oxygène for-
merait avec les globules du sang une combinaison plus stable que l'oxv-
hémoglobine ordinaire, combinaison à laquelle les tissus ne pourraient
enlever Tûygèue dont ils ont besoin ? Ou se tromperait; car, à peine l'ani-
mal a-t-il été ramené à la pression normale que l'excès d'oxygène dispa-
raît de son sang, comme me l'ont prouvé maintes analyses, tandis que les
convulsions durent souvent plusieiu's heures encore, et que la température
du corps continue à s'abaisser. Serait-ce que la substance ainsi formée par
la suroxvdation du sang persisterait après le retour de l'air, et le sang se-
rait-il aitisi devenu substance toxique? Pas davantage; car j'ai pu impuné-
ment injecter à des chiens, rendus préalablement presque exsangues, des
quantités considérables de sang [-— du poids de leur corps) qui venait
d'être chargé d'oxygène à la dose mortelle.
a Tout vient donc démontrer que le sang n'est, pour l'oxygène comme
pour les autres toxiques, qu'un intermédiaire portant le poison aux tissus,
ou tout au moins qu'il n'est empoisonné qu'au mènie titre que toutes les
autres parties du corps. Je suis donc amené à considérer que c'est l'excès
d'oxygène dans la profondeur des tissus eux-mêmes qui altère les phéno-
mènes chimiques de la nutrition. Au début de la compression, l'oiganisme
s'imprègne d'oxygène en excès, apporté par le sang, et les accidents appa-
raissent à un certain degré de sursaturation des tissus. C'est ce qui explique
pourquoi, chez les animaux saignés à blanc, les convulsions et la mort
apparaissent plus lentement dans l'oxygène comprimé que chez les ani-
maux sains.
» L'apparition des convulsions n'est donc en réalité qu'un épiphéno-
roène, et tient à ce que le système nerveux central est le premier qui soit
( 533 )
vivement impressionné, excité par le brusque changement clans les condi-
tions de la nutrition intime. Il n'est donc pas étonnant que tous les ani-
maux, quelles que soient la composition de leur sang et la structure de
leur système nerveux, soient tués par l'oxygène à pression suffisante. Je
n'ai |)arlé jusqu'ici que des Vertébrés aériens, mais les poissons meurent
également avec des convulsions quand l'eau contient plus de lo volumes
d'oxygène; d'où il suit, pour le dire en passant, qu'une source d'air qu'une
force quelconque ferait jaillir du fond de la mer, par plus de loo mètres de
profondeur, tuerait tout sur son passage, par sursaturation d'oxygène.
» L'action toxique se fait sentir de même sur les Invertébrés; dans
l'oxygène comprimé, les insectes meurent plus rapidement que les Arach-
nides et les Myriapodes, ceux-ci plus que les Mollusques et les vers de
terre.
« Les végétaux n'échappent pas à cette règle. Je l'ai indiqué déjà pour
les graines; cela est vrai également pour les plantes elles-mêmes : les sensi-
tivcs périssent rapidement cà 6 atmosphères de pression dans l'air ordinaire,
à 2 atmosphères dans l'air suroxygéné.
» Et maintenant quelle est la nature générale de l'altération des phéno-
mènes nutritifs sous l'influence de cet excès d'oxygène imprégnant les
tissus? Je suis autorisé à dire que la plus évidente manifestation est une
diminution dans l'intensité des phénomènes d'oxydation. En effet : i° si
l'on fait respirer un animal dans un certain volume d'air, d'abord à l'état
normal, ensuite pendant l'empoisonnement par l'oxygène, on voit qu'il
absorbe beaucoup moins d'oxygène, dans un temps déterminé, pendant la
seconde période que pendant la première; 2° si l'on analyse les gaz du
sang artériel d'un chien qui vient d'avoir des convulsions dues à l'oxygène
et qui respire depuis quelque temps à l'air libre, on n'y trouve plus que des
quantités extraordinairement faibles d'acide carbonique (^5, 20, i5 vo-
lumes poiu- 100 volumes de sang); 3° la proportion d'urée produite
s'abaisse considérablement, sous l'influence de l'air comprimé; je l'ai vue
tomber chez un chien, dans un cas, de 21 grammes à 16; dans un autre,
de 12 grammes à 4) après un séjour de sept heures, à 8 atmosphères.
» Ainsi, très-faible absorption d'oxygène, très-faible production d'acide
carbonique et d'urée, diminution, en un mot, de tous les processus chi-
miques consécutifs à la fixation d'oxygène dans l'organisme, telle est la
conséquence de la sursaturation d'oxygène; et, à la suite, vient tout natu-
rellement l'abaissement de la température.
C. R., 1873, !• Semestre. (T. LXXVH, N" 8.) ^9
( 534 )
» Les expériences in vitro donnent des résultats semblables. J'ai déjà
dit que les graines, dans l'air comprimé, absorbent moins d'oxygène qu'à
la pression normale, pendant un temps donné. 11 en est de même d'un
fragment de muscle ou de tout autre tissu isolé du corps : moindre ab-
sorption d'oxygène, moindre formation d'acide carbonique.
» Celte diminution dans l'oxydation est à la fois cause et conséquence
d'un ralentissement, d'un arrêt même très-remarquable d'actes chimiques
nombreux, qui sont dans un rapport de nature intime avec ceux qui se
passent au sein des êtres vivants.
» Ainsi, dans l'oxygène comprimé de manière à équivaloir à la tension
d'environ a4 atmosphères d'air, la putréfaction de fragments de muscle
n'avait pas commencé après huit jours, tandis qu'au bout de quatre jours
elle était complète à l'air ordinaire, dans des conditions identiques. Sem-
blablement, de la glycose ajoutée à du sang s'est détruite beaucoup plus
lentement dans l'oxygène comprimé qu'à la pression normale. Il en a été
de même, bien qu'avec un effet moins marqué, [lar la transformation en
glycose de Taniidon cru, sous l'influence de la salive. Le lait a présenté
beaucoup plus lentement l'acidification lactique, l'urine l'alcalinisation
du carbonate d'ammoniaque. Le mycoderma aceti, semé en quantités égales,
dans des vases de formes semblables, à la surface de liquides identiques, ne
s'est nullement développé dans l'oxygène comprimé (5 atmosphères, équi-
valant à 20 atmosphères d'air) et n'a fait que de faibles progrès dans l'air
comprimé à 5 atmosphères, ou dans l'oxygène pur à la pression normale,
tandis qu'il a rapidement fructifié dans l'air ordinaire à la pression nor-
male.
» En un mot, un grand nombre de phénomènes chimiques du groupe
des fermentations, que leur résultat soit une oxydation, un dédoublement,
une simple hydratation, sont ralentis, sinon même arrêtés complètement
par l'oxygène sous pression, 11 n'est donc pas étonnant que les actes nutri-
tifs des animaux et des végétaux soient de même arrêtés et que la mort
s'ensuive.
» Mais la diminution dans l'intensité des actes nutritifs ne peut tout ex-
pliquer. L'asphyxie lente, les basses pressions barométriques les diminuent
aussi, et cependant ne donnent pas des convulsions pouvant durer plu-
sieurs heures, des accidents qui persistent alors même que la quantité
doxygene absorbée pendant un temps donné est redevenue normale. Les
grains d'orge arrêtés par le vide dans leur évolution n'y meurent pas,
tandis qu'ils meurent dans l'air comprimé.
( 535 )
» Il j a donc ici, dans les actes physico-chimiques de la nutrition, non-
seulement une diminution de quantité, mais aussi une modification de
qualité; pour pouvoir aller au delà, pour préciser la nature de ces altéra-
tions dans les processus chimiques, il faudrait connaître ceux-ci à l'état
normal mieux que nous ne les connaissons aujourd'hui. »
MÉDECINE. — De V asthme d'été ou fièvre de foin (hay asthma, hay fever
des Anglais) comme entité morbide. Mémoire de M. E. Decaisxe. (Extrait
par l'auteur.)
« De l'étude que j'ai faite, depuis huit ans, de cinquante et un malades,
présentant fous les symptômes plus ou moins accusés de l'affection désignée
sous les noms d'asthme d'été, catarrhe d'été, fièvre de foin [hay asthma, hay
fever des Anglais), je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes :
» i" Cette affection attaque indifféremment les individus qui font la
récolte du foin et ceux qui restent complètement étrangers à ce genre de
travail, ceux qui sont exposés aux émanations des plantes foiuragères et
ceux qui en sont préservés. En un mot, sans vouloir nier absolument chez
un certain nombre de sujets l'influence, dans une certaine mesure, des
poussières ou émanations des plantes fourragères comme cause aggravante
des accidents, elles ne jouent là, pour moi, qu'un rôle très-secondaire.
» 3° L'ensemble des symptômes de cette maladie se montre en toute
saison, à la suite d'insolations et de refroidissements, le corps étant en
sueur, et, en particulier, chez les emphysémateux exposés ou non à des pous-
sières ou à des émanations irritantes.
» 3° La périodicité annuelle, dont on a voulu faire un des caractères de
la maladie, ne me paraît pas prouvée, la plupart des malades que j'ai ob-
servés restatit'pendant plusieurs années indemnes de tous accidents.
« 4° Quant à la dyspnée, qu'on regarde en général comme un signe pa-
thognomonique de l'asthme de foin, elle n'est pour moi, comme pour
quelques auteurs, que l'extension plus ou moins accentuée de l'irritation
qui affecte la conjonctive et la muqueuse nasale et pharyngée, comme cela
arrive à des degrés divers dans la grippe, sans qu'il soit permis de voir là
une variété de l'asthme idiopathique.
5° Je pense que l'affection désignée sous les noms à' asthme d' été , catarrhe
d'été, fièvre de foin [hay fever, sitmmer catarrhe des Anglais) doit être re-
gardée comme une fièvre catarrhale, influencée et modifiée dans ses causes
multiples, dans sa marche et selon les aptitudes individuelles, par les con-
69..
( 536 )
ditions atmosphériques qui produisent les affections aiguës des bronches.
)) 6" Enfin j'estime que l'asthme dit d'été doit être rayé du cadre noso-
logique comme entité morbide. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Expériences sur le scolex du Tœnia medio-
cauellata. Note de M. Saint-Cyr, présentée par M. Bouley.
« Trois vers cestoïdes peuvent vivre, on le sait, en parasites dans l'intes-
tin de l'homme : le Tœnia solium, qui provient du Cyslicercus cellulosœ du
porc; le Botliriocephalus lalus dont le scolex, d'après les recherches de
Bertolus, de T>yon, et de Knoch, de Saint-Pétersbourg, existerait chez les
poissons du genre Salmo; et le Tœnia mediocanellata, longtemps confondu
avec le Tœnia solium, dont il a été définitivement distingué par M. Ruchein-
mester en i853, et dont il diffère surtout par sa tète, qui est inerme, dépour-
vue de crochets.
» L'histoire de ce dernier helminthe est, d'ailleurs, beaucoup moins
complète que celle de son congénère le Tœnia solium. On sait seulement
que M. Leiiliart, ayant fait prendre à des vcaux'des œufs de Tœnia média-
canellala, aurait vu se développer, au bout de peu de temps, une si abon-
dante quantité de cysticerques dans leurs muscles, qu'il en serait résulté une
espèce de ladrerie; il aurait constaté, en outre, que ces cysticerques avaient
déjà, dans les kystes du veau, tous les caractères du Tœnia mediocanellata
adulte.
» D'après cela, les deux Tœnias de l'homme, différents comme espèce,
auraient une origine distincte : le Tœnia solium serait produit par l'usage
de la viande de porc, le mediocanellata par celui de la viande de bœuf ou
de veau.
» Les circonstances ayant mis M. Saint-Cyr à même de répéter l'expé-
rience de Leukart, voici les résultats qu'il a obtenus :
)) Un jeune élève vétérinaire, ayant servi comme mobile à l'armée du
Nord, rendit, après avoir fait usage d'un anthelmintique, un ver riibané,
long de plus de 8 mètres, formé d'anneaux très-longs, très-larges et très-
épais, et dont la tète était complètement inerme. M. Saint-Cyr y reconnut
Ions les caractères du Tœnia mediocanellata, tels qu'ils sont donnés dans
l'ouvrage de M. Davaine, et il mit de côté un assez grand nombre de pro-
glotlis mûrs de ce Tœnia, poiu' les donnera une génisse. Malheureusement
la plupart de ces proglotlis furent perdus par l'excès de zèle d'une servante
trop soigneuse et l'on ne put en faire prendre que quatre à une génisse de
( 537 )
race charolaise, âgée de six semaines, en très-bon état, et qui était encore
au régime lacté exclusif sous sa mère. Celte ingestion eut lieu le 27 juin.
Bientôt on vit se développer sous la langue, près du frein, deux petites tu-
meurs sous-muqueuses, indolentes, dures au toucher, en tout semblables,
quoique avec des dimensions moindres, à celles qu'on trouve, dans la même
région, chez les porcs atteints de ladrerie.
» Cette génisse ne fut abattue que 224 jours après l'ingestion des pro-
glottis. M. Saint-Cyr l'avait laissée vivre pour permettre aux cysticerques
d'acquérir tout leur développement. L'autopsie lui a démontré qu'il avait
dépassé le but. Outre les deux tumeurs sous-linguales, neuf autres tumeurs
semblables furent constatées dans les parois du cœur; on n'en trouva nulle
part ailleurs. Ces tumeurs étaient constituées par des cysticerques, mais ils
étaient morts, déjà profondément altérés, la plupart dans un état decrétifi-
cation avancée, si bien qu'il fut impossible d'arriver à leur détermination
spécifique rigoureuse; seulement on n'a trouvé aucun vestige de crochets.
On avait donc affaire à des cysticerques inermes.
» Le 2 avril suivant, M. Saint-Cyr trouva l'occasion de répéter cette
expérience. Un certain nombre de proglottis détachés et d'anneaux encore
adhérents, mais mûrs, en tout quarante anneaux, provenant d'un tœnia
mediocanellata, sont donnés à un veau de quatre semaines, soumis au régime
exchisivement lacté.
« Dès le 2t avril, on put constater à la face inférieure de la langue, et
près du frein, une granulation sous-muqueuse offrant, sous de moindres
dimensions, tous les caractères du grain ladrique; cette granulation s'ac-
crut un peu jusqu'au 20 mai, jour où ce veau fut abattu, cinquante-quatre
jours après l'ingestion des proglottis.
» A l'autopsie, on trouva vingt cysticerques parfaitement authentiques,
disséminés çà et là dans le tissu conjonctif; savoir : deux sous la muqueuse
linguale, six le long de l'œsophage, dans la portion cervicale, et les autres
dans le tissu conjonctif sous-péritonéal.
» Le ver, entouré de son kyste celluleux, avait à peu près les dimensions
d'une petite cerise. Dépouillé de son kyste, qui est assez épais et résistant,
il n'a plus que le volume d'un petit pois ou de l'amande du noyau de la
cerise. Sa forme est régulièrement sphérique et non ovale, comme celle du
cysticerque celluleux du porc. Il est formé d'une membrane propre très-
fine, très-transparente, remplie d'un liquide très-limpide. Sur un des points
de sa surface existe une petite tache blanche, opaque, percée d'un très-
petit pertuis; c'est en ce point que la tête du cysticerque est fixée et inva-
( 538 )
ginée en dedans de la vésicule. Voici ses caractères : tête sensiblement
tétragonale, comme tronquée presque carrément à sa partie antérieure.
Absence complète de rostellum et de crochets ; quatre ventouses très-
régulièrement rondes, épaisses et presque terminales; dimensions de la
tète dans sa plus grande largeur : i°"", 20; diamètre de la vésicule entière :
'5 millimètres.
» Ce sont bien là les caractères du Tœnia mediocanellata. Les cysticerques
trouves chez ce veau, aussi bien que chez celui de la première expérience,
sont donc, à n'en pas douter, le résultat du développement des œufs du
Tœnia mediocanellata qui leur ont été donnés.
» Ce cysticerque est spécifiquement différent de celui qui vit chez le
porc et qui produit le Tœnia soliuin; il en diffère par son volume beaucoup
moindre, par la forme sphérique de sa vésicule, et surtout par sa tête, qui
est tronquée, tétragonale et dépourvue de crochets.
» Il n'est pas douteux, non plus, que ce cysticerque inerme, introduit
vivant dans l'intestin de l'homme, ne s'y développe en tsenia, et que telle
ne soit l'origine du Tœnia mediocanellata, encore assez commun dans cer-
taines localités.
» Il est bon de faire remarquer, toutefois, que, d'après les deux expé-
riences qui viennent d'être rapportées, ce cysticerque se développerait en
moins grand nombre et vivrait moins longtemps à l'état cystique chez le
veau que le cysticerque celluleux chez le porc. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le mouvement des étamines dans les Ruta.
Note de M. G. Carlet, présentée par M. Decaisne.
« Il y a longtemps qu'on a observé les mouvements qui se passent dans
l'androcée des fiula au moment de la fécondation, mais on n'a guère si-
gnalé dans ces mouvements que leur existence. La précision pour ainsi
(lire mathématique avec laquelle ils s'accomplissent peut cependant donner
lieu à des considérations intéressantes, au double point de vue de l'Anatomie
et de la Physiologie végétales.
» La fleur des Ruta est toujours régulière et composée le plus souvent de
quatre sépales, de quatre pétales et de huit étamines, dont quatre op|)Osi-
tisépales et quatre oppositipétales.
» La préfloraison de la corolle présente un pétale extérieur, un pétale
intérieur, opposé au premier, et deux pôtales latéraux recouvrants d'une
part et recouverts d'autre part. Quant aux étamines, elles sont disposées de
( 539)
la manière suivante dans le bouton floral : le pétale intérieur en contient
trois, chacun des pétales latéraux deux et le pétale extérieur une seule.
» Quand la fleur s'épanouit, chaque pétale emmène avec lui les étamines
qu'il contient dans sa concavité, et, peu de temps après l'épanouissement
complet, quelquefois même avant, le mouvement des étamines commence.
Or voici comment il s'effectue :
» 1° Les étamines opposées aux sépales se meuvent les premières.
» 2° Elles apportent, /'«ne après l'autre, leurs anthères au-dessus du
pistil.
» 3** Elles suivent un ordre de marche qui est toujours le même. Si l'on
appelle e, l'étamine oppositisépale qui est à droite du pétale extérieur, et
«2, fij, e, les autres étamines numérotées en allant de proche en proche et
de droite à gauche, l'ordre d'évolution des étamines ne sera pas e,, ^2? ^n
64, mais constamment e,, e^, e^, e,.
)) 4° Chaque étamine oppositisépale, après s'être courbée au-dessus du
pistil, revient à sa position initiale, mais seulement après qu'une autre éta-
mine oppositisépale est venue se mettre en contact avec elle. Ainsi l'éta-
mine e, s'avancera d'abord seule, mais elle attendra, pour s'en aller, que
l'étamine Co ^it amené son anthère en contact avec la sienne. Quand ce con-
tact aura eu lieu, e, partira et 62 restera au-dessus du pistil, attendant que
e, soit venue eu contact pour s'en aller à son tour. Alors e, attendra 63, puis
e^ d'abord et ensuite e^ reviendront toutes deux à leur position première.
» 5° L'évolution des étamines oppositipélales ne commence que quand
toutes les étamines oppositisépales sont revenues à leurs places respectives.
Il y a donc un moment où aucune étamine n'est dressée au-dessus du
pistil, et il n'y a jnmais contact qu'entre deux étamines de même nom.
» 6° Le mouvement des étamines oppositipétales s'effectue dans le même
ordre que celui des étamines oppositisépales, mais en sens inverse. Si l'on
appelle e\ l'étamine oppositipétale du pétale extérieur et e\, e',, e\ les
autres étamines oppositipétales numérotées en allant de proche en proche
et de gauche à droite, l'ordre d'évolution de ces étamines sera toujours e\,
^2» ^i1 '^3'
» 7° Il suit de ce qui précède que le mouvement des huit étamines aura
lieu dans l'ordre e,, e^, e^, 63, e\, e\, e\, e\.
» 8° Chaque étamine est plus d'une heure à effectuer son mouvement de
progression et le contact de deux étamines au-dessus du pistil dure quel-
quefois près d'une demi-heure. L'évolution de l'androcée tout entier met
environ douze heures à s'accom[)lir.
( 54o )
» g" Pendant les monvements de l'androcée, le gynécée ne reste pas en
repos. Le style, qui n'est pas visible an moment de l'anthèse, apparaît au
niveau des sommets de l'ovaire après le mouvement des étamines oppositi-
sépales.
» Si l'on réfléchit que les étamines sont disposées suivant deux verti-
cilles concentriques, on comprendra facilement que l'extérieur se meuve
avant l'intérieur; mais pourquoi le mouvement des étamines s'effectue-t-il
dans l'ordre e,, e^, e^,, e^, e\, e'.-^, e\, e'j?
» Que l'on examine la disposition des feuilles sur la tige de la Rue, et
l'on verra que leur arrangement est représenté par la fraction |. De plus,
si l'on observe les fleurs avec quelque attention, on ne tarde pas à décou-
vrir, à côté des fleurs tétramères, des fleurs pentamères dont les pétales
offrent, comme les feuilles de la tige, la disposition quinconciale. De la
comparaison de ces fleurs quinaires et quaternaires, il résulte clairement
que, pour passer des premières aux secondes, il n'y a qu'à supposer que
deux étamines se sont soudées en même temps que les pétales et les sépales
correspondants. Le pétale extérieur de la fleur tétramère, plus large que
les autres, est, en effet, celui qui résulte de la fusion de deux pétales voi-
sins dans la fleur pentamère.
» Que si l'on trouve maintenant cinq lignes partant d'un même point
et équidistantes, elles représenteront le diagramme d'un des verticilles sta-
minaux d'une fleur quinaire de Rue. Supposons que ce soit le verticille
extérieur et adoptons la notation précédemment employée. En allant de
droite à gauche, on rencontrera successivement les lignes e,, e^, ^3, e^, e^;
mais, d'après les lois de la phyllotaxie et de la floraison, l'ordre d'évolu-
tion de ces étamines sera e,, ^3, e^, 62, e,,.
» Or, si, comme nous venons de le dire, deux étamines voisines e,, e^
se soudent pour former une fleur quaternaire, les cinq lignes vont se
réduire à quatre, numérotées de proche en proche {e, et Cj), ^3, c<, e^,
ou, plus simplement, e,, 63, e-, 65, et l'ordre d'évolution sera, par suite,
^11 ^3> ^51 ^'. •
» Si nous remplaçons, dans les deux dernières lignes, les chiffres 3,
4 et 5 respectivement par les chiffres 2, 3 et 4, afin de faire disparaître le
chiffre 5, qui ne doit pas se trouver dans un arrangement de quatre objets,
les étamines numérotées de proche en proche et de droite à gaucho seront
e,,eo, ^3, e,,, et l'ordre d'évolution deviendra e,, e^, e^, e,, c'est-à-dire pré-
cisément celui que nous avons constamment rencontré dans la fleur quater-
naire de la Rue.
( 54i )
» Cet ordre de marche, si bizarre au premier abord, n'a donc plus rien
qui étonne. On pouvait le prévoir d'après les lois de l'Analomie et de la
Physiologie végétales.
» Il suit de là que la disposition pentamère des fleurs de la Rue est la
disposition normale. C'est donc une grave erreur que l'on commet en
Botanique lorsqu'on prend pour type de l'espèce, ainsi qu'on le fait si
souvent, la forme dominante.
» Il est bon aussi de remarquer que le contact de deux étamines au-
dessus du pistil offre un grand avantage pour la fécondation. L'anthère
des Ruta s'ouvre, en effet, par deux lignes latérales, de sorte que, si une
étamine toute seule se trouvait au-dessus du style, elle laisserait tomber
son pollen de chaque côté de ce dernier; mais, quand deux anthères
viennent à se toucher par le côté, on les voit, par suite du choc, tourner
chacune de 90 degrés autour du connectif, et s'appliquer par leurs faces
l'une contre l'antre; de cette manière, les lignes de déhiscence deviennent
inférieures au lieu d'être latérales; elles sont alors situées directement
au-dessus du style, et déversent leur pollen sur le stigmate.
)) Ce mouvement des étamines se passe dans les filets et est complète-
ment indépendant des anthères. On peut le démontrer facilement au moyen
de l'ablation de celles-ci. On voit alors les filets décapités se mouvoir et
s'attendre les uns les autres absolument comme auparavant.
)) Sous l'influence des anestliésiques (éther et chloroforme), nous n'a-
vons jamais observé l'ouverture des anthères. Il n'y a donc pas émission
de pollen, mais l'évolution des étamines a toujours lieu; on peut la ralentir,
mais non l'empêcher. Dans une de nos expériences sur le Ruta bracteosa,
une étamine, sortie de son pétale le matin du 3 juillet, n'est arrivée au-
dessus du pistil que le 6 juillet dans la soirée.
» Enfin ces mouvemenis s'effectuent plus rapidement au soleil qu'à la
lumière diffuse; l'obscurité les anéantit presque complètement. »
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
G. R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVII, N» 8.) 7°
( 542 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du ii août 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Jnlorno aile invohaioni di grado qunlunque; Nota del dott. E. Weyr. Na-
poli, 1872 ; opuscule in-4''.
Sitlle curve pinne razionali del terz ordine del dott. E. Weyr, Napoli,
1871; opuscule iii-4°.
Intorno aile curve gobbe razionali, Memoria del dott. E. Weyr. Praga,
1871; opuscule in-/|.°.
Sopra la rorrispondenza del seconda grado fra due sistemi semplicemente in-
finiti deW D'E. Weyr. Milano, 1871; opuscule {11-4°.
Nota sopra alcune singolarità di second' ordine délie curve gobbe razionali
del D"^ E. Weyr. Milano, 1871; opuscule in-4°.
Sopra una certa curva gobba di quart' ordine, Nota del D"' E. Weyr. Milano,
1871; opuscule in-S".
Intorno ail' involuzione cuhica nella quale lianno luogo proprietà anarmo-
nicbe, Nota di E. Weyr. Milano, 187 1; opuscule in-8°.
Sopra le proprietà involutorie d'un esagono gobbo e d'un esaedro complelo,
Nota del prof. E. Weyr. Milano, 1873; opuscule in-8°.
Bestimmung der Anzald involutorischer Elementenpaare einfôrmiqer mehr-
deuliger Gebitde; von E. Weyr. Berlin, G. Reimer, 1871; opuscule in-4°.
Ueber normalen ralionaler Raumcurven ; von'E. Weyr. Prag, 1871; opus-
cule in-4°.
Ueber involutioncn hôherer Grade; von E. Weyr. Berlin, G. Reimer,
1870; in-4''.
(Tous ces ouvrages sont présentés, au nom du docteur E. Weyr, par
M. Chasles.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 août 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Notice nécrologique sur M. Sauvage; par M. DaubrÉE, Membre de l'Insti-
tut. Paris, Dunod, 1873; br, in-8°.
( 54'^ )
TIléorie des fonctions elUplicjiies ; par MM. BfilOT et BOUQUET; 2'' édition,
1"' fascicule. Paris, Gauthier-Villars, 1873; iii-4°.
Jîeviie d'Artillerie; i'^'' année, t. 11, 5' liv., aoiit iSyS. Berger-Levrault.
1873; in-S". (Présenté par M. le général Morin.)
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et Documents relatifs à l'art des
constructions, etc.; 1873, avril. Paris, Dunocl, 1873-, in-8°.
Mémoires et Compte rendu des travaux de la Société des Ingénieurs civils,
janvier, février, mars 1873. Paris, Lacroix, 1873; in-8°.
Études sur le goitre épidémique ; parY .^IVET. Paris, J.-B. Baillière, 1873;
in-8"'. (Adressé par l'auteur au Concours de Statistique, 1874.)
Les intérêts europcens en Asie. La Perse et les Persans. Nasr-Eddin-Schch,
le nouvel iian et r équilibre asiatique; par le Comte DE Croizier. Paris, Dentu,
1873; in-8«.
Chemins de fera fortes rampes, sjstème Galland. Paris, Renou et Maulde,
1873; br. in-8°.
Journal du Ciel. Notions populaires d'astronomie pratique. Astronomie
pour tous; par J. y mOT; année 1870. Paris, au Bureau du journal, 1873;
in -8°.
Report on the différence of longitude between fFashingtoJi and Saint-Louis;
/>j W. Harkness. Washington, Government printing Office, 1872; in-4°-
Astronomical and meteorological Observations made during the year 1870,
at the United States naval Observatory. Washington, Government printing
Office, 1873; in-4°, relié.
Archivo botiviano. Coleccion de documentos relativos a la historia de Bolivia
duianle la epoca colonial, con un Calalogo de obras impresasj de manuscritos
que tratan de esa parle de la America méridional, pubUcados por V. DE Bal-
LiviAN Y RoXAS; tomo I . Paris, A. Franck, 1872; in-8°, relié.
L'Académie a reçu, dans la séance du 25 août 1873, les ouvrages dont
les titres suivent :
Journal d'Agriculture de la Càle-d'Or, année 1873, 3' trimestre. Dijon,
Darantière, 1873; br. in-S".
Annales de la Société des Sciences industrielles de Lyon, n^'S. Lyon, Storck,
ï873;br. in-8«.
{ 544 )
Remarques et observations sur les fractures du crâne; par PlNGRENON. Paris,
Aubry, 1860; br. in-8°.
Note sur /'Amphimoschiis ponteleviensis; par M. l'abbé BOURGEOIS.
Paris, Bouchard-Hiizard ; br. iii-8°, avec planche. (Extrait du Journal de
Zoologie.)
Tablettes de l'inventeur et du breveté; par Cb. ThirioN, Appendice. Paris,
chez l'auteur, i8n3; br. in-8°.
Recueil des travaux du Comité consultatif d'hjgiène publique de France et des
actes officiels de i Administration sanitaire; t. II, 2* partie : Enquête sur le
goitre et le crétinisme, Rapport par le D*^ Baillarger. Paris, J.-B. Baillière,
iByS; in-8°, avec cartes.
La prévision du temps; par ZuRCHER et Margollé. Paris, H. Bellaire, sans
date; i vol. in-32. (2 exemplaires.)
Archiv fïir Anatomie, Physiologie und wissenschaftiiche Medicin, heraus-
gegeben von C.-B. Reichert iind E. du Bois-Reymond; Jahrgang 1873,
n° I. Leipzig, Veit, 1873; in-B".
Nuove osservazioni sul terremoto avvenuto in Italia il 12 marzo 1873, e ri-
flessioni sul presentiinento degli animnliper i terremoti; Nota del prof. A. Ser-
PiERi. Milano, Bernardoni, 1873-, opuscule in-S".
Sul terremoto avvenuto in Italia il 12 marzo 1873; Nota del prof. A. Ser-
PiERi. Milano, Bernardoni, 1873; opuscule in-8°.
Ueber einen neuen mechanischen Satz in Bezug auf Stationàre Bewegungen ;
von R. Clausius. Bonn, C. Georgi, 1873; br. in-S".
Proceedings of the London mathematical Society; n°^ 56, 57. London,
1873; in-8°.
ERRATA.
(Séance du 11 août 1873.)
Page 435, ligne 17, nu lieu de centre, lisez centres.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUiNDI 1"' SEPTEMBRE 1875,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le tome LXXV
des Comyjfes reiu/us (2* semestre de l'année iH'^a) est en distribution au
Secrétariat.
ASTRONOMIE. — Sur tes aurores boréales, à l'occasion d'un récent Mémoire
de M. Donati: par M. Faye.
« Je m'empresse de m'associer au si juste éloge que jM. le Secrétaire per-
pétuel vient de faire de ce Mémoire (i). C'est par de pareils travaux, bien
plutôt que par des hypothèses, qu'on viendra à bout du difficile problème
des aurores boréales. Je n'ai point d'études analogues à présenter à l'Acadé-
mie; je désire seulement appeler son attention sur les conclusions du sa-
vant italien. D'après lui, le nœud de la difficulté ne saurait se trouver dans
la vieille météorologie; il faut le chercher dans une météorologie nouvelle
qu'il appelle cosmique. Voilà assurément une conclusion digne d'atten-
tion, surtout lorsqu'elle est présentée à la suite de recherches conscien-
cieuses. L'auteur ajoute que les forces en jeu dans ces phénomènes sont
(1) Voir plus loin lu mention de cet ouvrage, faite par M. le Secrélaire perpétuel, à la
Currespondnnce, p. 502.
C.R., 1873, 2»Sem<;jirc. (T.LXXVM, N»9.) 7^
( 546 )
probablement dues à des courants électro-magnétiques allant du Soleil aux
planètes et ayant pour véhicule l'élher qui remplit l'espace.
M Avant de recourir à ces courants qui produisent chez nous tant d'ef-
fets variés, et particulièrement les beaux phénomènes que M. de la Rive
assimile d'une manière si ingénieuse aux aurores polaires, mais dont le
caractère cosmique est si douteux, ne serait-il pas prudent de jeter un
coup d'oeil sur les forces qui agissent réellement dans les espaces interpla-
nétaires? Or ces forces ne se réduisent pas à la seule attraction : il en est
une seconde, bien oubliée jusqu'ici, qui détermine sous nos yeux les phé-
nomènes grandioses des comètes. A moins de croire que cette force solaire
ne s'exerce que sur ces corps-là qui viennent de temps en temps nous en
rappeler l'existence, ne faut-il pas examiner, sauf à recourir plus tard à
des forces hypothétiques au moins dans leur mode de transmission à
37 millions de lieues de distance, si son action sur le globe terrestre ne
serait pas de nature à produire quelques effets sensibles du genre de ceux
dont il s'agit aujourd'hui?
» L'étude des phénomènes cométaires nous montre que les effets de
cette force répulsive sont en raison des surfaces et non des masses. In-
sensibles pour nous sur les corps très-denses, comme le globe terrestre, et
même sur la plupart des noyaux cométaires, ils deviennent gigantesques
sur la matière réduite à une excessive ténuité. De là les queues immenses
de 3o, 4o> 60 millions de lieues de longueur qui se forment, en quelques
jours, aux dépens de la nébulosité des comètes et se dirigent à l'opposite
du Soleil, c'est-à-dire en sens inverse de son attraction. Les matériaux ra-
réfiés de ces nébulosités cométaires sont ainsi entraînés à peu près dans
le prolongement du rayon vecteur, avec une rapidité extrême, comme
s'ils étaient sollicités par une force douze ou quinze fois supérieure à celle
de la gravité. L'existence de queues multiples, dont les plus avancées dans
le sens du mouvement de l'astre ont souvent une courbure très-faible,
prouve que ce rapport peut être encore bien plus grand.
» L'Académie a justement sous les yeux un exemplaire de ces phéno-
mènes dans les intéressants dessins de la comète actuelle que MM. Rayet et
André viennent de lui présenter. Il y a plus, l'analyse spectrale nous ap-
prend (et ces mêmes dessins nous en donnent une preuve bien frappante)
que ces corps possèdent, en général, deux sortes de lumière : l'une prove-
nant de l'illumination solaire; l'autre propre, caractérisée par les raies
brillantes d'un spectre discontinu et provenant de l'incandescence de par-
ties gazeuses.
( 547 )
» La Terre aussi, vue de loin, présenterait les deux spectres : celui de la
lumière solaire et, dans la partie obscure, vers les pôles, le spectre discon-
tinu de ses aurores boréales et australes.
» Celte faible incandescence de la matière des comètes est-elle déter-
minée par la chaleur solaire? Je ne puis le croire, en voyant que ces mêmes
rayons sont bien loin de produire chez nous de tels effets; mais je me dis
que, si l'on posait un écran en travers de la queue, les particules qui la
composent, en frappant cet écran, deviendraient subitement incandes-
centes. Or le noyau est justement un écran que viennent heurter les molé-
cules antérieures de la nébulosité, tandis que, autour de lui, d'autres mo-
lécules non arrêtées par cet obstacle fuient rapidement en arrière et vont
former la queue. Il y a donc un double effet produit : les phénomènes de
mouvement libre, c'est-à-dire formation de la queue, et les phénomènes
de mouvement arrêté par le noyau, c'est-à-dire production locale de cha-
leur et de lumière.
)) Sur notre globe, si différent des comètes, il n'y a que les couches
extrêmes de l'atmosphère qui présentent quelque analogie avec ces nébu-
losités cosmiques. Seules elles pourraient, par leur excessive rareté, donner
lieu à quelques-uns de ces phénomènes; je dis quelques-uns, car il ne sau-
rait être ici question de queues terrestres, c'est-à-dire de cette dissémina-
tion indéfinie de matériaux dont les comètes nous offrent l'étonnant spec-
tacle. L'attraction supérieure du globe terrestre les retient énergiquement
autour de lui ; mais, tout en restant des parties intégrantes de notre globe,
ils pourraient produire quelques faibles effets de lumière, tout à fait ana-
logues à ceux des comètes, si la force répulsive leur communiquait, en
certaines régions, une vitesse assez considérable, laquelle irait s'épuiser
brusquement dans d'autres régions de notre globe.
» Les limites de l'atmosphère ne sont pas connues. Si l'on s'en tient aux
phénomènes de la réfraction, une quarantaine de kilomètres suffisent lar-
gement. Ceux du crépuscule en exigent davantage. Ceux de l'incandes-
cence des étoiles filantes, dans des couches déjà très-rares, ont reporté la
limite beaucoup plus loin. La véritable limite doit être au delà, là où notre
air, devenu bien plus rare que le vide de nos meilleures machines pneuma-
tiques, se réduit à un milieu comparable sans doute, en fait de densité,
aux nébulosités cométaires sur lesquelles la force répulsive du Soleil
s'exerce si largement.
)) Considérons cette limite extrême. Il est peu probable qu'elle soit
sphérique, comme une surface de niveau ordinaire. Déjà les couches im-
7'--
( 5/,8 )
portantes de l'atmosphère, celles dont le baromètre nous indiqne les affec-
tions, présentent, aux deux pôles, un minimum dépression bien caractérisé
et des maxima qui ne coïncident pas du tout avec l'équatenr. En outre,
elles s'étendent rapidement en hauteur, ou se resserrent inégalement, sui-
vant la répartition des températures et les radiations qui leur viennent soit
du Soleil, soit du sol échauffé le jour et refroidi la nuit. Il doit en être de
même, à plus forte raison, de ces couches extrêmes que nous considérons
ici. Elles subissent, en outre, du côté du Soleil, côté où elles doivent s'éle-
ver le plus, une certaine action répulsive, qui se traduit centralement par
une faible pression, et sur les bords par un mouvement. Je me représente
donc la couche limite de l'atmosphère (dont la température doit être par-
tout assez éloignée du zéro absolu), comme ayant une forme assez complexe
et surtout fluctuante : plus élevée du côté du Soleil que du côté opposé,
mais avec une courbure moindre, et présentant surtout, comme les cou-
ches inférieures, mais à un degré bien plus marqué, luie dépression vers
chaque pôle du côté de la nuit, là où le sol et les couches inlérieiu'es
rayonnent le moins vers le ciel.
» Cela posé, considérons sur les bords de l'hémisphère tourné vers le
Soleil l'action de la force répulsive. Les parties superficielles, réduites à
une rareté excessive, obéiront à son action ; elles seront chassées tangen-
tiellement et finiront par acquérir une vitesse notable au bout d'une heure
ou deux. Arrivées à la dépression voisine des pôles, elles ne trouveront
plus de résistance : lancées dans le vide, elles le franchiront, mais iront
plus loin, en vertu de la forte courbure que l'attraction prépondérante du
globe terrestre imprime à leurs trajectoires. Elles rencontreront, dis-je,
avec une vitesse croissante, la surface limite de l'atmosphère au delà de la
dépression, et si leur vitesse peut ainsi s'élever à quelques centaines de
mètres par seconde, le choc incessant de ces particules mobiles contre les
particules fixes, situées plus ou moins profondément, donnera lieu à une
production de lumière tout aussi bien que le choc de masses bien plus
considérables. La faible illumination qui en résultera pour nous, dans une
région limitée et mobile du ciel, aura le caractère propre à l'incandescence
gazeuse.
» Ce phénomène ne se produira pas également tout autour du globe ter-
restre.Dans les régions un peu éloignées des pôles, il n'y a pas de vaste (léj)res-
sion à franchir : les molécules du bord de l'hémisphère éclairé rencontre-
ront dans tout leur trajet l'obstacle d'une couche continue et ne pourront
acquérir la même vitesse qu'aux pôles. Si donc il y a ainsi production de
( 5/i9 )
lumière, ce sera, en généra], -vers les pôles seulement et surtout au pôle
actuellement privé de lumière solaire.
» Si nous nous reportons à la grande aurore dont M. Donati s'est oc-
cupé, n'oublions pas que c'est un phénomène tout exceptionnel par son
étendue et qui accuserait une disposition pareillement exceptionnelle dans
les couches extrêmes. Ces exceptions sont très-rares, tandis que les au-
rores ordinaires sont très-fréquentes. Elles apparaissent presque chaque jour
dans les régions voisines des pôles. Quand on songe à ces manifeslations
lumineuses teintées de rouge, de jaune et de vert, qui se produisent régu-
lièrement et en même temps aux deux bouts de laTerre, dans les plus hautes
régions, sons forme de bandes parallèles et mobiles dont la simple perspec-
tive produit de si singuliers effets, on est peu porté à y voir des orages si-
lencieux d'électricité ordinaire, ou des jeux de courants éleclromagnétiques
tournant autour d'un aimant, et moins encore l'effet de courants mysté-
rieux qui nous viendraient de 87 millions de lieues à travers un espace
vide de tout milieu pondérable. Un phénomène si constant, si familier,
dirai-je, doit avoir une cause également persistante et régulière comme
celle dont je viens de parler.
« Mais je ne prétends en aucune façon que telle soit la cause véritable
des aurores polaires. Mon unique but est de montrer, à l'occasion de l'in-
téressant Mémoire que M. Élie de Beaumont vient de nous présenter,
qu'outre les causes mystérieuses qu'on est trop porté peut-être à invo-
quer, il y a, eu dehors de l'attraction newtonienne, une force cosmique
bien réelle, nullement hypothétique, qui doit jouer quelque rôle dans
notre météorologie, et qui se rattache fort simplement au Soleil lui-même,
et particulièrement à l'état périodiquement variable de sa surface. »
BOTANIQUE, — De la théorie carpellnire d'après des Jmjgdalées ;
par M. A. TnÉccL.
« Les Amygdalées sont signalées comme donnant de beaux exemples
à l'appui de la théorie des feuilles carpellaires. On a surtout cité, comme
un retour à l'état foliaire primitif, la transformation du pistil du Merisier
et du Cerisier à fleurs doubles en feuille.
» Mais de ce qu'un pistil peut se changer en un organe foliacé ou en
une feuille véritable, on ne saurait conclure que le carpelle était d'avance
constitué par une feuille. Ainsi que je le disais dans ma dernière Commu-
nication, pour admettre la réalité de la transformation de la feuille en
( 55o )
carpelle, il faudrait que l'ou trouvât la structure de la feuille dans la jeu-
nesse (lu carpelle. Comme c'est toujours la structure du carpelle qui est
ébauchée dans le jeune âge, on n'a pas de raison pour soutenir que le car-
pelle soit une feuille modifiée.
» La métamorphose du pistil du Cerisier en feuille va précisément nous
fournir la preuve que le carpelle n'était point originairement de nature
foliaire; mais, avant d'examiner la modification qu'il a subie, il importe
de constater quelle est la structure normale du carpelle dans le Cerisier
et dans les autres Amygdalées. Nous pourrons alors, en toute sécurité,
déduire de cette métamorphose les conclusions auxquelles elle conduit
réellement.
)) Des coupes faites sur le pédoncule du Cerisier, de l'Amandier, de
l'Abricotier, un peu au-dessous de la fleur, y montrent ordinairement dix
faisceaux; dans le Pêcher, il y en a souvent douze ou treize, irrégulière-
ment disposés. Où il y a dix faisceaux, cinq sont saillants et les autres
rentrants. Tous se prolongent dans le l'éceplacle cupuliforme, sur lequel
s'insèrent les sépales, les pétales et les étamuies. Je n'en dirai rien de plus
aujourd'hui. Au fond de ce réceptacle, il émane, d'entre les dix faisceaux
du sommet du pédoncule, des faisceaux d'abord très-grèles, au nombre de
dix ou douze à vingt, qui s'étendent à peu prés horizontalement ou plus
ou moins obliquement, en convergeant vers le centre, où ils forment un
cercle : ce sont les faisceaux destinés à l'ovaire. En montant vers celui-ci,
ils s'arrangent en ellipse orientée de manière que son grand axe est dirigé
de l'avant à l'arrière du carpelle. A la base de l'ovaire, l'ellipse vasculaire
s'ouvre en fer à cheval sur la face antérieure; mais, un peu plus haut,
cette ouverture est plus ou moins dissimulée par l'apparition de quelques
faisceaux auprès de la counnissure. Cette disposition est commune à toutes
les Amygdalées que j'ai étudiées. A partir de là, il survient dans le jeune
fruit des différences considérables, suivant les genres.
M On peut remarquer déjà combien celte insertion du carpelle, qui
reçoit des faisceaux de tout le pourtour de la tige, diffère de celle de la
feuille normale, dont les trois faisceaux du pétiole n'embrassent que les
deux cinquièmes de la circonférence.
» Tout le cylindre fibrovasculaire qui termine l'axe pénètre donc dans
l'ovaire; mais tous les faisceaux qui montent du pédoncule dans cet ovaire
n'ont pas des dimensions égales. Dans la jeunesse et souvent jusque dans
l'âge le plus avancé, on en remarque trois principaux, qui ont une posi-
tion particulière : ce sont le dorsal et les deux faisceaux situés dans le voi-
(55i )
sinage de la commissure du pistil. Ces deux derniers représentent assez
bien ce que, dans les Rnmmculus, j'fJi appelé les faisceaux placentaires. Je
n'ose pas ici leur donner cette qualification, parce qu'ils ne sont pas les
seuls qui existent auprès de la commissure. En outre des deux faisceaux
ovulaires, insérés au bas de ces deux faisceaux principaux et de la commis-
sure, et qui, en montant dans la substance du noyau jusque auprès du haut
de la loge, où ils entrent dans la graine et dans l'ovule non fécondé, émet-
tent chacun un ou deux rameaux, qui sortent obliquement du noyau et
vont s'unir dans le parenchyme aux faisceaux voisins [Prunus ocuminala,
claudiana, Jmycjdalus campestris) , il y a parfois d'autres faisceaux qui
partent aussi de la base de l'ovaire, et qui montent soit à la surf;ice du
noyau (Cerasus), soit à travers le tissu parenchymateux externe.
» Le faisceau dorsal et les deux faisceaux principaux sont les premiers
apparents, et sont toujours couchés à la surface du noyau, plus ou moins
enfoncés dans un sillon creusé dans celui-ci, et quelquefois en partie
recouverts par des cellules scléreuses. Ces trois fiiisceaux portent des ra-
meaux qui prennent une part plus ou moins grande à la formation du ré-
seau péricarpien.
» Ne pouvant, dans ce résumé, entrer dans de grands détails histolo-
giques, je me borne à l'indication des principaux traits de la structure du
pistil et du fruit. Je dirai donc tout simplement que c'est vers l'apparition
de ces premiers faisceaux dans certaines espèces, ou un peu après, dans
quelques autres, que se dessinent les deux zones cellulaires qui doivent
constituer le noyau et le tissu charnu ou pulpeux.
» La paroi de l'ovaire est donc partagée, vers l'époque de la fécondation,
ou peu après, en deux régions : l'une interne, formée par un tissu incolore,
sombre, ordinairement délimitée du côté de la loge par quelques rangées de
cellules plus claires, constitue l'ébauche du noyau; l'autre, externe, con-
tient de la chlorophylle, au moins vers sa surface; elle devient bientôt
plus ou moins verte dans ses parties les plus profondes, si elle n'a déjà cette
couleur.
» La délimitatioi^ de ces deux tissus, et la position qu'y occupe la pre-
mière série des faisceaux, divisent tout de suite en deux catégories les
jeunes fruits des Amygdalées. Chez les AmygdaUts amara, dulcis et persica,
les premiers faisceaux sont enclavés dans le tissu sombre du jeune noyau,
aussitôt que ses contours sont dessinés ; tandis que dans les Cerasus, Prunus
et Armeniaca, la première série des faisceaux latéraux est répartie à peu
près vers le milieu de l'épaisseur du parenchyme externe souvent déjà vert.
( 552 )
TjC faisceau dorsal et les deux principaux antérieurs sont seuls couchés à la
surface du tissu sombre incolore [Cei-asus), ou plus ou moins plongés en
lui; ce tissu incolore enserre même ordinairement le dorsal dans les
Prunus et Armeniaca.
» Parmi les Amygdalées mentionnées ici les Cerasus ont la structure la
plus simple. Dans les jeunes fruits verts des C. Malialeb, Padus, conuita,
avium, Cliamœcerasus, semperflorens, juliana et caproniana, il apparaît de
chaque coté de la loge, entre le dorsal et les deux principaux antérieurs,
qui tous les trois restent couchés sur le noyau, une série de faisceaux ou
plutôt un réseau qui décrit une courbe dans la partie moyenne du paren-
chyme externe vert et plus tard pulpeux. La constitution de ce réseau est
aisément dévoilée à la maturité, quand les cellules superficielles naturel-
lement désagrégées peuvent être enlevées avec facilité. Le petit fruit du
C. Mahaleb donne des préparations particulièrement favorables à cette
démonstration, parce qu'elles peuvent être conservées. On enlève avec
précaution, à l'aide d'un scalpel, le tissu cellulaire qui couvre le réseau, et
on laisse sécher le reste du fruit. Comme le parenchyme placé sous le
réseau est peu épais, il se dessèche promptement. Les faisceaux formant
le réseau sont alors appliqués en saillie sur la surface durcie, où se dis-
tinguent avec netteté les plus petites nervures. Ou reconnaît que les fais-
ceaux principaux antérieurs et le dorsal l'emportent de beaucoup sur
les autres faisceaux qui, comme eux, montent du sommet du pédoncule.
Ces plus petits faisceaux ne prennent qu'une part assez faible à la forma-
tion du réseau; ils n'en constituent que la partie inférieure des deux côtés,
en s'unissant avec les rameaux des trois autres. Le reste du réseau est pro-
duit par des rameaux insérés de chaque côté de la nervure médiane, et
par des rameaux plus FORTS insérés sur tes deux faisceaux anlérieurs. Ces
deux sortes de rameaux arrivent en conjonction soit directement, soit par
leurs subdivisions; ils sont en outre reliés entre eux par des nervures plus
délicates. C'est donc cet ensemble qui compose l'élégaîit réseau mis à nu.
Il en est de même dans les C. juliana, caproniana et semperfloreiis; mais,
dans ces dernières espèces, il y a plus d'uniformité dans le volume des ra-
meaux.
» Ce n'est pas tout : dans ces espèces à gros fruit, il part cà et là, de la
face interne dos faisceaux formant le réseau, des rameaux qui s'étendent
radialement vers le noyau sans l'atteindre. Ces faisceaux, que M. Cave a
signalés dans la cerise, dans la prune et dans l'abricot, n'existent pas ou
sont à peu près nuls dans le C. Mahaleb, où je n'ai vu que de légères pro-
éminences.
( 553 )
» Pendant la maturation, pendant la production de ces faisceaux rayon-
nants, toutes les parties du fruit s'accroissent; mais dans le parenchyme
charnu, qui plus tard devient pulpeux, l'accroissement se fait différem-
ment à la surface et à l'intérieur. Le parenchyme extérieur au réseau s'ac-
croît phiï sensiblement parallèlement à la surface du fruit qu'en profon-
deur; toutes les cellules y ont un diamètre à peu près égal dans les trois
dimensions. Au contraire, le tissu placé entre le réseau vasculaire et le
noyau s'accroît bien davantage radialement; ce qui fait que le réseau, qui
d'abord était à peu près à mi-chemin de la surface du fruit au noyau, se
trouve relativement plus rapproché de la périphérie à mesure que la ma-
turation avance.
» Dans le fruit des Prunus acuminala et domestica (Monsieur, reine-
Claude, mirabelle, etc.), le système vasculaire est plus compliqué que celui
des cerises. En outre, les faisceaux qui montent du pédoncule, et qui sont
interposés au dorsal et aux principaux antérieurs, prennent vuie part bien
plus grande à la composition du réseau. On peut les suivre très-haut dans
le péricarpe, à l'intérieur duquel ils se ramifient, comme il va être dit tout
à l'heure. Cependant le faisceau dorsal et les principaux antérieurs sont
couchés, comme dans la cerise, dans un sillon du noyau, où ils sont par-
fois en partie recouverts de cellules scléreuses; mais les rameaux qu'ils
produisent n'enlacent point par leurs ramules la plus grande partie des
faces latérales; assez courts, ces rameaux vont s'unir à ceux des faisceaux
voisins, qui montent du pédoncule.
» Voici l'ordre dans lequel apparaissent les faisceaux delà prune. Dans
l'ovaire de la fleur épanouie du P. domestica, il y a déjà, outre les trois
faisceaux primordiaux, un cercle de faisceaux plus grêles et plus externes
qu'eux, répartis dans la région moyenne du parenchyme vert, lien est de
même dans un ovaire récemment fécondé du P. tritoba. Dans le P. acumi-
nala^ il manquait quelques faisceaux formant le segment de cercle situé en
dehors des deux faisceaux principaux antérieurs, mais cette lacune ne tarde
pas à être comblée. Bientôt après, d'autres faisceaux apparaissent à l'exté-
rieur du premier cercle, et parfois c[uelques-uns, bien rares, naissent en
dedans de ce cercle. Tous ces faisceaux secondaires ne sont que des rameaux
de ceux du premier cercle, et tous sont reliés avec eux et entre eux, de façon
à présenter une réticnlation dans tous les sens. Enfin, dans un âge plus
avancé, pendant l'accroissement radial du parenchyme interne, des ra-
meaux rayonnants souvent anastomosés entre eux et fréquemment bi-
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» 9.) 7^
( 554 )
fiirqués, s'étendent des faisceaux du cercle primitif à la surface du noyau,
où ils se terminent en cœcum parmi les petites cellules incolores de la sur-
face de celui-ci; mais, aux approches de la maturité, les cellules succu-
lentes internes croissent radialement avec une telle vigueur, qu'elles
écartent du noyau les extrémités des faisceaux rayonnants. Ces cellules suc-
culentes internes deviennent souvent fiisiformes et ont assez fréquemment
I millimètre, i"™, 5o et jusqu'à a""", 38 de longueur {P. acuminata, clau-
cliana, etc.).
» Les fruits des Armeniaca vulgaris et dasycarpa ont à peu prés la struc-
ture de la prune; ils présentent seulement une réticulation notablement
plus complexe. Vers l'époque de la fécondation ou peu après, il naît de
même, après les trois faisceaux primordiaux, un cercle de faisceaux nom-
breux et rapprochés, au milieu du parenchyme déjà vert. Un peu plus
tard, il apparaît une autre série de faisceaux plus faibles en dedans de ce
cercle, et une troisième en dehors. Ces faisceaux se multiplient encore à
mesure que le fruit grossit, et des faisceaux rayonnants se manifestent au-
près du noyau. Il résulte de tout cela mi ensemble réticulé dans tous les
sens, plus compliqué que celui des Prunus domestica et acuminata .
» Le fruit des Ainycjdalus présente un développement bien différent de
celui de la prune et de la cerise. En effet, dans les Amycjdalus, les faisceaux
ne se multiplient qu'à l'extérieur des faisceaux du premier cercle, qui res-
tent les plus internes, tandis que, dans les prunes et les abricots, il s'en
développe en dehors et en dedans de ce cercle, et dans les cerises à gros
fruits seulement des faisceaux rayonnants apparaissent en dedans.
» Une coupe transversale, prise vers le milieu de la hauteur de l'ovaire,
dans la fleur épanouie de VA. campeslris, montre le faisceau dorsal et les
deux faisceaux principaux antérieurs en partie plongés dans le tissu sombre
de r( bauche du noyau. De chaque côté de la loge, entre le dorsal et les
deux faisceaux antérieurs, quelques faisceaux plus faibles commencent à
paraître au contact même de cette ébauche du noyau, et non plus, comme
dans les Ccrasus, Prunus et Armeniaca, au milieu du parenchyme vert.
Plus tard, il apparaît à l'extérieur de cette première série de faisceaux,
' dans le parenchyme vert, une autre série de faisceaux plus grêles que les
premiers. Ces deux séries concentriques restent nettement dessinées jus-
qu'à la maturité; seulement quelques faisceaux d'union se montrent entre
elles sur les coupes transversales. De plus, les faisceaux de la série interne
qui, au début, étaient contigus au tissu incolore, ébauche du noyau, sont
un peu plus tard entourés par le parenchyme vert. Il résulte de cette dis-
( 555 )
position des faisceaux internes en dehors du noyau que celui-ci ressemble
à un noyau de cerise, de prune ou d'abricot. Je ne parle que pour mention
du fait bien connu de la liquéfaction gommeuse des cellules allongées qui
accompagnent les vaisseaux, transformation signalée dans le fruit de plu-
sieurs Amygdalées.
» Dans une fleur de Pécher on trouve, à l'insertion même du pistil, qu'en-
viron douze faisceaux entrent dans la base de l'ovaire. Le dorsal et les
deux antérieurs sont beaucoup plus forts que les autres. En montant dans
l'ovaire, les faisceaux sont de moins en moins développés. Pourtant, près
de la base de la loge, on remarque déjà, dans le tissu sombre qui com-
pose en grande partie cette région, des linéaments translucides qui
annoncent une ramification naissante; mais plus haut, vers le milieu de la
hauteur de l'ovaire, on n'aperçoit encore que le dorsal et les antérieurs,
avec quelques faisceaux intermédiaires, qui se dessinent à peu près en
même temps que se délimitent les contours de l'ébauche du noyau. Quel-
ques jours après la fécondation, le tissu qui doit constituer le noyau se
distingue du parenchyme environnant par l'absence de matière verte. Il
enserre la série de ces premiers faisceaux, et de ceux-ci partent des
rameaux qui se relient à d'autres faisceaux plus jeunes, répandus dans le
tissu vert extérieur, où ils forment déjà un réseau compliqué. Les plus
externes de ces faisceaux sont les moins avancés dans leur développement
et peuvent être encore dépourvus de vaisseaux.
» Dès ce jeune âge le réseau a déjà, par la distribution de ces faisceaux,
l'aspect qu'il aura à la maturité; mais, dans la jeunesse, le tissu inco-
lore qui forme l'ébauche du noyau entoure complètement les faisceaux
internes; ce n'est que lorsque l'induration des cellules nucléaires com-
mence que s'accusent les sillons au fond desquels sont étendus les fais-
ceaux internes. Ce phénomène est dû, comme on sait, à ce que les cellules
qui recouvrent ces faisceaux ne s'épaississent pas, ou ne le font qu'à
certaines places où ces faisceaux sont tout à fait enclavés dans le noyau.
Dans l'Amandier, au contraire, toute la couche du tissu incolore qui
représente l'ébauche du noyau dans la jeunesse subit la modification
scléreuse, de façon que les faisceaux internes sont de toutes partsi en-
fermés par elle.
» Malgré quelques particularités que présente l'évolution de ce fruit,
l'ensemble des phénomènes, en ce qui concerne le système vascuiaire,
étant assez semblable à ce qui s'observe dans la pèche, je n'ajouterai rien
de plus, l'espace ne me permettant même pas d'indiquer sommairement
72..
( 556 )
l'évolution et la structure du noyau des Amygdalées, sur lesquelles je re-
viendrai dans une autre occasion.
M Tous les faits qui précèdent, en particulier l'insertion de l'ovaire, qui
reçoit circulairement les faisceaux de tout le cylindre fibrovasculaire du
sommet de l'axe, prouvent que le pistil et le fruit ne résultent point de la
modification d'une feuille Cela est si évident que les plus développées des
feuilles normales ne reçoivent que trois faisceaux de la tige, et ces trois
faisceaux n'embrassent que les deux cinquièmes de la circonférence du
système fibrovasculaire.
» Voyons maintenant si la transformation du pistil en feuille est plus
favorable à la théorie. Si le carpelle a été dans le premier âge une feuille
ébauchée, quand cette feuille rudimentaire, au lieu de devenir un pistil,
se développe en feuille, elle doit avoir la constitution d'une feuille nor-
male. Ce n'est pourtant pas une telle feuille qui se développe dans la
fleur double du Cerasiis multiplex; c'est un organe foliacé dont la struc-
ture rappelle bien plus la constitution du carpelle que celle de la feuille.
Et puis une feuille normale de Cerisier est longuement pétiolée. Après
avoir supposé que le pistil est une feuille, il faut faire une deuxième hy-
pothèse : il faut admettre que c'est une feuille incomplète, une feuille non
pétiolée. Si nous supposons que le pétiole ne s'est pas développé, ce qui
reste doit représenter la jeune lame, et celle-ci doit avoir la nervation d'une
feuille normale.
» Rien de cela n'a lieu. La feuille ordinaire du Cerisier a, de chaque
côté de la nervure médiane, de nombreuses nervures latérales pennées,
unies entre elles par de petites nervures transverses. Dans le carpelle de-
venu foliacé, il en est autrement. Cette apparente feuille, qui est dentée
dans sa partie inférieure dilatée et enroulée sur elle-même, il est vrai, reçoit
de tout le pourtour du sommet de l'axe plusieurs faisceaux qui, en se
répandant dans la base de la lame, prennent une disposition à peu prés
digitée. 11 y a, comme dans l'ovaire, trois faisceaux principaux, qui s'éten-
dent de la base à la partie supérieure de l'organe, c'est-à-dire, un médian
et deux latéraux. Ces deux derniers représentent assurément les deux fais-
ceaux principaux antérieurs de l'ovaire. Ils émettent une ou deux branches
sur leur côté marginal, dans la partie inférieure élargie de la lame. Il existe,
en outre, près de chaque bord de cette lame, ou au moins d'un côté, un
faisceau plus faible qui monte aussi du pédoncule. Il est vraisemblable-
ment l'équivalent du faisceau grêle couché sur le noyau près de la com-
missure. On observe encore, entre le médian et les deux latéraux princi-
(557)
paiix, quelques fascicules infiniment plus petits, qui montent aussi de
l'axe, et que l'on reconnaît comme les homologues des fascicules qui sont
de chaque côté à la base du réseau de la cerise. Les faisceaux principaux
de cette prétendue feuille sont reliés entre eux par des nervures transverses,
qui donnent lieu à un réseau comparable à celui qui existe dans le car-
pelle ou dans le fruit. Cet organe foliacé représente si peu la structure d'une
feuille normale que, dans la partie supérieure, constituant la région sous-
stigmatique, l'organe s'élargit, la nervure médiane se trifurque, et chacune
des deux branches qu'elle produit se divise en deux près du sommet, ce
que le prolongement de la nervure médiane fait aussi là de nouveau. De
plus, les deux grandes nervures latérales, qui sont venues de la base de
ce pistil foliacé, se bifurquent de même, et l'une des branches au moins
se divise une deuxième fois. Ce n'est pas tout encore : sur la base de la face
interne de ce carpelle transformé, on retrouve souvent le jeune tissu
sombre qui devait constituer le noyau.
» N'est-il pas évident que cet organe foliacé ne peut être assimilé aux
feuilles ordinaires du Cerisier, et que, loin de prouver que le carpelle soit
une feuille modifiée, il démontre au contraire que, dès son début, le car-
pelle a une structure qui lui est propre? »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOLOGIE. — Losange saharien du réseau pentacjonal, dressé en projection
(jnomonique sur l'horizon de son cenlie, pour un rayon de sphère de o™, 55.
Mémoire de M. A. Pomel. (Extrait adressé par l'auteur à M. Élie de
Beaumont.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Mes études géologiques sur l'Algérie et mes recherches sur la struc-
ture générale du Sahara m'ont conduit à dresser une carte en projection
gnomonique sur un horizon commode pour l'étude des grandes lignes
stratigraphiques du nord-ouest de l'Afrique.
» J'ai naturellement choisi l'horizon du point H du Sahara, qui est le
centre d'un losange remarquable du réseau pentagonal. Cette projection
met en évidence une foule de coïncidences singulières qui vous intéresse-
ront certainement.
» Je réclame votre indulgence pour les nombreuses imperfections du
tracé géographique, pour lequel je n'ai pas toujours été en possession de
( 558 )
documents suffisamment précis; il sera facile d'y suppléer par l'examen
de caries plus détaillées.
» I/éclieile est le quart de celle d'une épure complète d'un triangle
élémentaire du réseau pentagonal, comprenant tous les cercles des catégo-
ries usitées, également en projection sur l'horizon d'un point H, de ma-
nière à permettre la détermination, à première vue, d'un cercle quelconque
que l'on aurait besoin de construire. 11 n'est plus nécessaire de passer de
suite par la série fastidieuse des calculs de triangles sphériques, et c'est
pour les recherches un avantage inappréciable. Cette épure, encore manu-
scrite, n'est que la copie fidèle de celle dressée par M. Pouyanne en pro-
jection sur l'horizon d'un point D.
)) Permettez-moi, Monsieur, de vous offrir une première épreuve de ce
travail et de vous prier d'en offrir un exemplaire à l'Académie des Sciences,
qui a toujours fait un accueil bienveillant aux Communications que j'ai eu
l'honneur de lui adresser. »
GÉOLOGIE. — Etudes sur les filons du Cornounilles. Parties riches des filons;
structure de ces parties et leur relation avec les directions des systèmes slrati-
grapltiques. Mémoire de M. Moissenet. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Les mines d'étain, de cuivre et de plomb argentifère du Cornouailles
et du Devonshire ont acquis, depuis un demi-siècle surtout, un déve-
loppement considérable, tant par la découverte de nouveaux districts que
par la poursuite en profondeur de filons anciennement exploités.
» Les alluvions d'élain, source première de la prospérité minérale du
Cornouailles, n'ont plus qu'un intérêt historique. La recherche de l'étain
dans les filons y fit découvrir le cuivre; et, dès l'an 1600, les minerais de
ce métal étaient expédiés dans le pays de Galles.
» Les fondeurs gallois ont basé leur puissant monopole sur l'abondante
production des mines des deux comtés; mais, depuis quelques années, en
même temps que s'accroissait la production du Chili, celle des mines an-
glaises s'est amoindrie.
» Ainsi la période de richesse est finie pour les Devon Great Consols
(près Tavistock) et les plus vastes mines de cuivre du vieux district de
Gwennap, après avoir dépassé 55o mètres de profondeur, sont actuellement
abandonnées.
» En revanche, et malgré les fluctuations dans sa valeur marchande,
( 559)
l'étain a été extrait en quantités croissantes; ni Banca, ni l'Australie, ne
semblent devoir briser de sitôt cette branche vivace de l'industrie miné-
rale de l'ancien monde.
» Ces variations récentes dans la masse des produits, étain et cuivre, du
Cornouailles résultent surtout d'une modification fort intéressante qui
s'est manifestée dans un grand nombre de filons.
» Certains chapeaux de fer ((/ossah) avaient été de temps immémorial
exploités pour étain oxydé; ce minerai fut regardé comme un indice'par-
ticulièrement favorable de la présence du cuivre sous les affleurements
ferrifères.
» Un phénomène inverse est constaté aujourd'hui.
» Dans la plupart des mines du riche district de Camborne et Redruth,
par exemple, le cuivre, activement exploité, s'est trouvé, à son tour et dans
les mêmes filons, remplacé par l'étain. La mine de Dolcoath eut le mérite
de l'initiative ; aprèsavoir occupé un des premiers rangs dans la production
du cuivre, elle est en tète de la liste des mines d'étain. L'évolution dans la
composition du gîte s'est effectuée vers 3oo à 35o mètres, dans une zone
de pauvreté relative, où se trouvaient mélangés les minerais des deux mé-
taux ; ensuite le cuivre a disparu et l'étain n'a pas cessé de régner seul, à
la profondeur actuelle de ôaS mètres.
» La multiplication et l'extension des travaux de mines ont détruit
d'anciens préjugés, mais mieux encore ont confirmé, en les éclairant,
d'utiles et précieuses traditions. Recueillies par de savants observateurs,
ces remarques devront servir à constituer des règles pratiques propres à
guider le mineur dans la recherche des parties riches des filons.
» Avec l'aide des données scientifiques de la Géologie, il me semble
possible de re//er la plupart des observations déjà faites dans le Cornouailles
et d'entrer dans la voie qu'a tracée M. Elie de Beaumont, lorsqu'il montre
comment la rose des directions servira à coordonner les traditions des divers
pays démines, et lorsqu'il dit excellemment (i):
« De là naîtra une science agrandie, où il restera beaucoup moins de mystères, science
en partie nouvelle et prescpie complètement expérimentale, dont l'introduction dans les
mines ne tardera pas à devenir une question d'utilité publique. »
» S'il est aujourd'hui admis que la formation des districts métallifères
n'est qu'une manifestation locale de phénomènes généraux et que les
groupes, ou systèmes de filons, à peu près parallèles, peuvent être rappro-
(i) Rapport sur les progrès de ta Stratigraphie eu France, p. SSg (1869J.
( 56o )
chés, quant à leur orientation, de certains systèmes stratigraphiques, ces
notions n'ont eu jusqu'ici pour les mineurs du Cornouailles qu'un intérêt
spéculatif.
» Ils ne sauraient, à juste titre, s'en préoccuper que s'ils sont mis à
même de reconnaître, dans leurs travaux, les effets directs de ces phéno-
mènes; alors, mieux que bien d'autres, ils s'empareront d'une science
profitable.
» ]'ai antérieurement avancé (i) que, dans le Cornouailles, on pouvait
suivre avec fruit l'action des systèmes anciens jusque dans le détail de la
construction d'un fdoti.
» C'est cette proposition dont j'aborde ici le développement. Je m'ap-
puie sur les observations que j'ai pu faire à diverses reprises, de i855 à
1866, et, de préférence, sur les travaux considérables des géologues an-
glais, notamment le beau Mémoire de M. Robert Were Fox, On minerai
i>eins, les Notes d'un habile praticien, feu M. Charles Thomas, et surtout
les admirables documents consignés par mon ami, M. Wdliam Jory Hen-
wood, dans ses Metalliferous deposits (i843 et 1871).
» Je décris les modes de structure que les parties riches affectent, dans
le plan du filon : grandes colonnes couchées, colonnes inclinées, amas, etc.
J'indique les principaux caractères qui accompagnent la richesse et j'in-
siste sur ceux qui se montrent indépendants de la nature du métal. J'arrive
aux énoncés suivants :
» I. Les parties du filon dont l'inclinaison s'approche le plus de la ver-
ticale sont les plus productives.
» II. Les parties riches sont ordinairement, dans le Cornouailles, en-
caissées par le terrain de dureté moyenne.
» III. Le plus souvent les bandes ou colonnes métallifères du filon
plongent dans le même sens que les terrains encaissants.
» IV. Les parties riches sont fréquemment orientées selon la direction du
5js<èmestrafigraphique auquel se rapporte /a/ractHre initiale du filon, dans la
région soumise à l'observation.
» Les richesses des filons peuvent être utilement classées sous deux
titres : parties riches normales, parties riches accessoires.
» La structure et la position des parties riches normales dans le plan du
filon se rattachent directement au mode de fracture initiale.
(i) Comptes rendus, t. LV, p. ■jSg, séance du 17 novembre 1862.
( 56i )
» Les caractères généraux énoncés ci-dessus deviennent absolus quand
il s'agit des parties riches normales.
» Il y a intérêt à distinguer, pour chaque système de fracture, les deux
groupes naturels de fentes: Fc plongeant en sens contraire du terrain;
Fn plongeant dans le même sens.
>) Les allures de ces fentes, dans un terrain donné, dépendent grande-
ment des éléments angulaires;
/ =: inclinaison du terrain;
« = angle formé par la direction qui a relevé les strates, et par la direc-
tion du sjstènie de fracture auquel est due la fracture initiale.
» Le mineur qui a déterminé les valeurs de /et de a pour un filon donné,
dans un terrain donné, peut s'aider du calcul et de la Géométrie pour l'é-
tude des détails de construction du filon.
» Tout en me référant à quelques exemples tirés de plusieurs ilistricts
miniers de l'Angleterre, c'est au Cornouailles seul que j'applique les dé-
ductions précédentes; j'évite toute généralisation prématurée. »
PHYSIQUE. — Note sur la bobine de Siemens; par M. A. Pellerin.
« La bobine de Siemens a pour principal inconvénient de donner lieu ,
dans les machines où elle est employée, à un développement considérable
de chaleur, et, dès lors, à une dépense correspondante de travail perdu
pour l'objet qu'on se propose.
» Il est probable que l'origine de la majeure partie de cette chaleur est
dans les courants d'induction qui se développent, par le mouvement, dans
la masse métallique continue formant le noyau de la bobine.
» On éviterait la production de ces courants eu formant le noyau de
disques de fer doux isolés. Ainsi seraient empêchés les courants parallèles à
l'axe de rotation, les seuls qui puissent se produire d'après la loi de Lenz,
puisque, seuls, existant en sens inverse, ils pourraient déterminer la ro-
tation.
» Quant à l'assemblage de ces disques en une masse suffisamment so-
lide, il n'y a là qu'une difficulté de construction qui ne semble pas insur-
montable. On pourrait, par exemple, les traverser à 90 degrés des échan-
cruies, recevant les fils par deux liges d'acier, aussi minces que possible,
isolées l'une de l'autre et des disques. »
C. R., 1873, 3= Semestre, (T. LXXVH, N» 9.)
73
( 5G2 )
M. A. Sarrand adresse une Note relative à deux remèdes qu'il propose
contre le Phylloxéra. Les remèdes proposés par l'auteur cousisfent dans
l'emploi de l'alun ou du soufre en poudre, qu'où introduira au pied des
ceps, dans des trous pratiqués avec le plantoir ou de toute autre façon.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Lecoq de Boisbacdran adresse une Note relative aux ravages produits
par le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
m! a. Brachet adresse la suite de ses recherches sur les perfectionne-
ments à apporter au microscope.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. L. Hugo adresse divers documents relatifs à des polyèdres antiques
conservés dans les collections des Départements. L'auteur appelle, en par-
ticulier, l'attention des archéologues sur une Lettre qui lui est adressée
par M. Deloye, et qui signale la présence au musée Calvet, à Avignon, de
deux polyèdres présentant quatorze faces assez irrégulières.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Roulin.)
M. F. Teinturier adresse un Mémoire portant pour titre « Les mer-
veilles du Ciel et de la Terre ».
Ce Mémoire sera soumis à l'examen de M. Faye.
M. W. Nylander prie l'Académie de retirer du Concours du prix Thore
le travail sur les Lichens des Pyrénées-Orientales qu'il lui avait adressé pour
ce Concours.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le premier innuéro du tome I des « Mémoires de l'Ob-
servatoire royal d'Arcetri ».
Ce nuiiiéro contient lui Mémoire de M. Donati, imprimé en italien et
relatif au mode de propagation des phénomènes lumineux de la grande
aurore polaire, observée dans la nuit du 4 a» 5 février 187a. M. le Secré-
( 56:^ )
taire perpétuel appelle, en particulier, l'attention de l'Académie sur le
mode de discussion qu'a employé M. Donati, en comparant les heures
locales du phénomène, constatées par les agents diplomatiques italiens en
diverses stations, et les différences de longitudes, en temps, de ces diverses
stations (i).
ASTRONOMIE. — Observation de la planète @, et de la comète de M. Borrellr.
Lettre de M. Stephan à M. Le Verrier.
« Marseille, 24 août 1873 (2).
» Vous avez bien voulu me transmettre la dernière dépêche de Vlnst.
Smith. ^ annonçant la découverte de la planète @; le jour même, ainsi que
les deux suivants, j'ai pu observer le nouvel astre.
» Je prends la liberté de vous adresser ces trois positions, en y joignant
les deux premières observations de la comète de M. Borrelly, et avec prière
de donner le tout aux Comptes rendus dans la séance de demain.
Temps moyen Asc. droite Dist. polaire Étoiles
1873. de Marseille. de (7m). l{par.XA). de (lu). l(par. X A), decomp. Observ.
lims h m s **f//
Août I g. i4-io,39 23. o.38,'20 • 1079 92.43.30,6 —0,8059 " Stephan
20. 12.36,48 23. 5g. 56, 3o — 2,682 92.45.30,7 — 0,806g b »
21. 13.29, i5 22.5g. 6,67 2,775 92.47.41,7 — 0,8073 c »
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1873,0.
Noms des étoiles. Grand. Asc. droite. Dist. polaire. Autorités.
b m s 0 , g
a.., 1237 W. (fl.c) H. XXII. 9^ 22.59.26,99 92.46.22,7 Catalogue de Weisse.
b... » 9" 22.58.54,69 92.45.32,8 Rap|). à 1237 W, H. XXII.
c... 3W. («.c)B.XXIII. 8-=-g'= 23. 2.3i,io 92.56.36,7 Catalogue de Weisse.
CoOTè^e/i7, 1873 (Borrelly).
Temps moyen Asc. droite Dist. polaire Étoiles
. 1873. de Marseille. de la comète. l(par.XA). de la comète. l(par.X A), decomp. Observ.
hms hms Of«
Août 20. 15.43.40 7.27. 1,57 —1,744 5i. 15.46,5 — o,65o9 " Borrellj
21. 14.54.14 7.28.20,02 —1,786 52.13.26,5 -0,6299 b Stephaa
(i) Voir la Communication faite par M. Faye dans cette même séance, aux Communica-
tions des Membres, p. 545.
(2) M. Le Verrier, en transmettant cette Lettre, fait remarquer qu'elle lui a d'abord été
renvoyée à la Bastide-du-Haut-Mont (Lot), où il s'occupe, avec MM. les officiers d'état-
major, de questions géodésiques : le retard qu'elle a subi ne lui a pas jiennis de la ren-
voyer lui-même à l'Académie, de manière qu'elle pût parvenir ayant la séance du 25 août.
73..
( 564 )
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour l8"3,o.
Noms deà ëloil»!.. Grand. Asc. droite. Distance polaire. Autorité.
Il m s Q , „
«... 887 W, H. VII. . 6' n.3i.;Ji,82 5i.22. 1,6 "Weisse, nouveau catalogue.
*.., 684 W. H. VII.. 8= 7.24.55,7.) 52.24.14,6
1) La comète est assez brillante, ronde, avec une condensation nuclt^aire
presque centrale. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les changements de Jonne et le spectre
de la comète 1873, IV. Note de MM. G. R.4vet et André.
« La comète télescopique découverte le samedi aS août, par MM. Paul
et Prosper Henry, dans la constellation du Lynx, a, depuis les premiers
jours, augmenté rapidement de grandeur et d'éclat ; comme elle s'approche
du Soleil, on peut supposer qu elle deviendra peut-être visible à l'œil nu.
Fig. 1 . Fig. 2.
1 1 t
1 1 II 1
D E /5 F
!
1 1 II 1
n E /. F
2G-.-7 août 1873. S9-3o août iS-i3.
» Le 23, jour de la découverte, la comète avait une Ibinie circulaire
avec une condensation lumineuse au centre; condensation à partir de la-
( 565 )
quelle l'intensité de la lumière allait en décroissant d'une manière conti-
nue et régulière. Son diamètre était d'environ 3 à 4 minutes d'arc.
» Du 23 au 26, le ciel a été très-nuageux ou couvert.
» Dans la nuit du 26 au 27, !e temps s'est trouvé fort beau et nous
avons pu examiner l'astre avec des grossissements assez forts. L'apparence
de la comète est représentée par la fig. i. Son diamètre était de 6 mi-
nutes environ et elle avait conservé sa forme circulaire avec une conden-
sation de lumière très-vive en son centre : il n'y avait aucune trace de
noyau ou d'enveloppes successives. La physionomie de l'astre était iden-
tique à celle de l'amas de la constellation d'Hercule, dans une lunette
dont le pouvoir optique serait insuffisant pour le résoudre en étoiles.
L'éclat du noyau central était comparable à celui d'une étoile de 7* gran-
deur.
« Le spectre de la comète était composé des trois bandes lumineuses
ordinaires [fig. i). La première dans le jaune, à peu près au milieu entre
D et E; la deuxième tout au voisinage de b\ la troisième au delà de F.
Il n'y avait pas trace de spectre continu, s'étendant entre les diverses lignes
lumineuses.
» La ligne du vert était de beaucoup la plus brillante et paraissait avoir
une longueur double de celle des deux autres ; nettement terminée du
côté rouge, elle devenait diffuse vers le violet. Les lignes du jaune et du
bleu avaient une intensité à peu près égale.
» La comète a été observée, pour la seconde fois, dans la nuit du 29 au
3o août.
M Son diamètre se trouvait alors beaucoup augmenté : il atteignait près
de 8 miîiutes, et il s'était formé une queue assez large, longue de près de
20 minutes, dirigée à l'opposé du Soleil et inclinée d'environ 47 degrés
sur la direction du mouvement diurne (^^r. 2).
» La tète de la comète avait conservé sa forme ronde, et l'éclat du noyau
central s'était accru jusqu'à celui d'une étoile de 6" grandeur. La queue,
peu lumineuse au moment où elle se détachait de la nébulosité de la tête,
prenait ensuite un certain éclat et disparaissait enfin en devenant de plus
en plus pâle.
» La tête de la comète donnait toujours un spectre composé de troiâ
bandes lumineuses, mais traversé cette fois par un très-faible spectre con-
tinu. L'éclat de l'astre ayant augmenté, l'observation spectrale a pu être
faite avec une fente relativement étroite, et la bande du vert a pris alors
une physionomie plus nette; sur une partie de sa longueur elle était ter-
( d66 )
minée des deux côtés en ligne droite, tout en restant toujours plus brillante
du côté du rouge. L'éclat des lignes jaune et bleue avait également un peu
augmenté. »
GÉOLOGIE COMPARÉE. — Sur Informe des mers martiales comparée à celle
des océans terrestres. Note de M. Stan. Meumer.
n Au moment où l'attention des observateurs est dirigée vers la planète
Mars, je crois intéressant de somnetlre à l'Académie une remarque relative
à cet astre, remarque qui confirme la théorie déjà développée de l'évolu-
tion sidérale.
» On sait que, à ce point de vue, Mars se présente comme un globe
actuellement plus âgé que le globe terrestre, et offrant, dès maintenant,
des conditions que celui-ci ne présentera que dans un avenir très-éloigné.
Une foule de considérations appuient cette donnée, et, parmi elles, la min-
ceur de l'atmosphère et le peu d'étendue des océans par rapport aux sur-
faces océaniques.
» Le fait que je veux signaler aujourd'hui concerne la forme des mers
martiales comparée à celle des mers terrestres. J'y vois un nouveau signe
de la vétusté relative de Mars, car il paraît évident que nos mers prendront
sensiblement les mêmes contours que celles de Mars, lorsqu'elles auront
suffisamment diminué de volume, à la suite de leur absorption progressive
par le noyau Solide.
*) La forme des mers de Mars est décrite dans les termes suivants, par
M. Proctor, l'un des observateurs contemporains les plus actifs et les plus
précis :
« Un des traits les plus remarquables de la planète Mars, dit-il, consiste dans le grand
nombre des passes longues et étroites, et des mers en goulots île bouteille (bottie necked).
Cette disposition diffère essentiellement de tout ce que l'on connaît sur la Terre. Ainsi la
passe d'Hugyins est un long courant fourchu, beaucoup trop grand pour qu'on ])uisse le
comparer à aucune rivière terrestre. II s'étend sur 3ooo milles anglais environ, et joint la
mer d'Airy à celle de Maraldi. La passe de Bessel est presque aussi longue. Un autre canal,
que les cartes désignent sous le nom de Nasmyth est encore plus remarquable : commen-
çant près de la mer de Tyclio, il coule vers l'est, parallèlement à elle et à celle de Béer,
puis se courbe brusquement vers le sud et, s'élargissant alors, forme le fond de la mer de
Kaiser. »
» Or, si l'on prend une carte marine, telle que celle de l'océan Atlantique
boréal, et que l'on trace les courbes horizontales successives pour des
profondeurs de plus en plus grandes, on reconnaît que ces courbes tendent
( 567 )
progressivement à limiter des zones dont la forme est de plus en plus
allongée. A /jooo mètres, par exemple, on obtient des formes compaiables,
de tons points, à celles des mers de Mars qui viennent d'être citées.
» Il en résnite qne, si l'on suppose l'eau de l'Atlaiitiqne absorbée par
les masses profondes actuellement en voie de solidification, de façon que
le niveau de cet océan s'abaisse de 4ooo mètres, on aura à la fois une
bien moins grande surface recouverte par l'eau et une forme étroite et
allongée de la mer, c'est-à-dire exactement les conditions que présente
Mars.
» J'ai cru ne pas devoir négliger cette confirmation d'idées, précédem-
ment émises, et que j'ai eu tout récemment l'occasion de développer à
nouveau, dans les Leçons de Géologie comparée professées au Muséum
d'Histoire naturelle. »
La séance est levée à 6 heures un quart. É. D. B.
BVLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i*"" septembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Des races dites berbères et de leur elhnogénie ; par J.-A.-N. Perier. Paris,
A. Hennuyer, 1873; br. in-8°. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Météorologie forestière et agricole comparée; année 1872, 7" Rapport.
Paris, 1873; in-8".
Losange saharien du réseau pentagonal dressé en projection gnomonigue sur
l'horizon de son centre pour un rayon de sphère de o,55; par A. POMEL.
Paris, imp. Becquet; i feuille grand aigle.
Y a-t-il des faunes naturelles distinctes à la surface du globe, et quelle mé-
thode doit-on employer pour arriver à les définir et les limiter i par A. Preu-
DHOMME DE BoRRE. Sans lieu ni date; br. in-8°. (Extrait des Annales de la
Société entomologicjue de Belgique.)
K. Jsiitulo di Studi supeiiori di Firenze, Memorie del R. Osservatorio ad Âr-
cetri; t. I, n" L Firenze, Leinonnier, 1873 ; in-4°.
Reale Accademia dei Lincei. Sulle variazioni del diametro del Sole in cor-
( 568 )
rispondenza al varia strtlo di altività délia sua superficie; Nota del prof. L.
RiîSPiGiii. Sans lieu ni date; br. in-4°.
Jahrbuch iibcr die Forlsrlirille der Mathematili, elc; dritter Band, Jahr-
gnng 1871. Berlin, G. Reimer, 1873; in-8°.
PUBLICATIONS PEKIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE
PENDANT LE MOIS d'aOUT 1073.
Annales de Chimie et de Physique; septembre 1873; in-8°.
Annales de l'Agriculture française ; août 1873; in-S".
Annales de l'Obscruatoire météorologique de Biuxelles; n" 3, 1873; in-4".
Annales du Génie civil; août 1873; in-8''.
Annales industrielles ; n"* Sa à 35, 1873; 'in-/i°.
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n"' des 3,
10, 17, 24, 3i août 1873; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 188, 1873; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n°' 6 et 7, 1873;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; n°' 6 et 7, 1873; in-S".
Bulletin des séances de la Société enlomologique de France; n"' 8 et 9, 1 873 ;
in-8".
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; août et
septembre 1873; in-4°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; \. II, 2" liv., 1873; in-8°
avec atlas in-fol.
{La suite du ^\.\\\e\.\n au pi ochain numéro.)
ERRATA.
Page 527, lige 12, «« lieu de RI. C. Beuhmann, lisez RI. C. Bavmann.
•o»a«a
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
SEANCE DU LUNDI 8 SEPTEMBRE 1875,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MEMOIRES ET COiMMUiMCATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le SECRÉTAinE PERPÉTUEL annoiice à l'Académie que le tome XLVIII
des Mémoires de V Académie des Sciences est en distribution au Secrétariat.
CHIMIE AGRICOLE. — Cinquième Noie sur le guano;
par M. E. Ciievreul.
« J'ai signalé, dans une première Note sur le guano, une malière cris-
tallisable, que j'ai provisoirement désignée par la lettre c, laquelle se dis-
sout dans l'eau avec le carbonate d'aunnoniaque effervescent. Dans la
quatrième Note, j'ai montré que cette matière est un sel ammoniacal;
aujourd'hui j'ai toutes les raisons de croire que c'est un oxalate neutre
d'ammoniaque; j'en aurai bientôt la certitude absolue, ayant réduit le sel
en azotate d'ammoniaque, présentant des aiguilles de 3 à 4 centimètres de
longueur, et en un acide cristallisant en aiguilles prismatiques de 5 à
6 centimètres. Ce produit est assez pur et assez beau pour que je puisse
me prononcer définitivement sur sa nature. Si je ne le fais pas aujourd'hui,
c'est que j'ai tiré d'un troisième échantillon de guano, d'une couleur brune
et mate, en partie pulvérulent et en partie faiblement agrégé, un sel
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXWII, N° 10.) 1^
( 570)
ammoniacal, qui paraît être de l'oxalate neutre et qui cependant se présente
dans le lavage aqueux sous une forme prismatique, un peu différente de
celle de l'oxalate du guano blanc et du guano en pierre.
M Je rappelle que Vauquelin a reconnu l'acide oxalique dans le guano,
que lui avait donné M. de Humboldt.
» Guano d'une couleur brune et maie. — Ce guano, qu'un agriculteur a
jugé devoir être de mauvaise qualité, à cause de sa couleur, qui lui sem-
blait une indication de mouillure, m'a présenté un fait bien curieux :
c'est que, en ayant traité loo grammes par loo grammes d'eau et en ayant
réitéré le lavage cinq autres fois, puis en ayant fait trois nouveaux avec
200 grammes d'eau chaque fois, après ces lavages, le guano n'était point
épuisé de son carbonate d'ammoniaque, le résidu mouillé ramenait encore
au bleu le papier rouge de tournesol.
» La fixation d'une matière soluble, comme l'est le carbonate d'ammo-
niaque, persistant malgré ces lavages, prouve la nécessité de prendre en
considération cette attraction exercée par la surface des solides sur des
corps qui peuvent être solides, liquides ou gazeux. Ne perdons pas de vue
que, reconnue de i8og à 1820, cette attraction ou affinité, que j'ai qua-
lifiée de capillaire, est la cause immédiate d'une foule d'actions que pré-
sentent l'économie de la nature et celle d'un grand nombre d'arts et la
teinture notamment. Le rôle qu'elle joue en agriculture, relativement aux
sols et aux engrais, est considérable; elle se manifeste à un haut degré
dans les terres argileuses, les terres calcaires et, conséquemment, les
marnes, et n'oublions pas la force avec laquelle le charbon retient des
sulfures- alcalins.
» Le carbonate d'ammoniaque, que présente le guano d'une couleur
brune et mate, est sans doute effervescent avec l'oau, mais il ne manifeste
pas cette propriété avec une intensité comparable à celle du guano blanc
et du guano en pierre.
» Enfin j'ai tout lieu de soupçonner dans l'extrait aqueux un ou plu-
sieurs acides volatils, odorants, indépendamment de l'acide avique.
1) Le phosj)ttate de cliaux existe dans le guano à un état remarquable
d'union avec une matière organique azotée et brune; il existe dans cet en-
grais en pierre dans la partie que l'eau froide ne dissout pas. Les expériences
que je viens de faire, grâce à des débris d'oiseaux qui se trouvent dans
le guano, débris dont je suis redevable à M. Barrai, m'ont vivement inté-
ressé, après avoir suivi la manière dont les os disparaissent dans les oiseaux
que nous offrent les gisements de l'engrais aujourd'hui en exploitation.
( 571 )
» Les oiseaux dont j'ai observé les restes semblent n'avoir plus d'os
tant ils sont aplatis et roulés sur eux-mêmes, si cette expression m'est
permise.
» Ce qui est remarquable, c'est la conservation de leur peau, de leur
bec, de leur Iracliée-arlère, des membranes de leurs ailes, de leurs pattes
palmées; il existe encore des débris de plumes, mais ils sont rares,
M La peau et toutes les parties extérieures sont couvertes de petits cris-
tatix qui lappellent une salaison sèche. Ces cristaux appartiennent à du
carbonate et à de l'oxalate d'ammoniaque.
» Un oiseau m'a présenté à l'intérieur, au lieu d'intestins, une agglomé-
ration de guano ammoniacal en aiguilles longues et peu consistantes.
» Fait remarquable : des peaux macérées dans l'eau se sont gonflées et
m'ont présenté une structure superficielle qui a dû être celle de l'oiseau
vivant. J'ai trouvé une membrane élastique vraiment curieuse. Je réserve
ces détails pour un travail prochain.
» Quant au phosphate deçhaiix, voici ce que la partie osseuse d'un oi-
seau m'a présenté :
» Les os étaient réduits en fragments irréguliers, anguleux plutôt qu'ar-
rondis, depuis le volume de i k i centimètres cubes jusqu'au volume de
I millimètre cube, de couleur orangeâtre brune.
» Un fragment chauffé a donné un sublimé ammoniacal et un résidu
conservant la forme de la matière chauffée même avec le contact de l'air.
II m'a présenté le tissu spongieux de l'os, et s'est dissous pour ainsi dire
sans effervescence dans l'acide azotique ; la solution précipitée par l'ammo-
niaque m'a présenté un phosphate de chaux gélatineux qui, bien lavé, a
conservé sa forme, et, mis alors avec de l'azotate d'argent, a produit du
phosphate tribasique jaune serin.
» Mais le fait remarquable, c'est que ces fragments d'os n'ont aucune
cohésion; il suffit de les triturer avec une baguette de verre dans une
capsule de platine avec un peu d'eau pour les réduire en flocons orangés.
L'eau se colore et, fait remarquable encore, par la concentration, elle est
sensiblement acide et tient en solution une quantité sensible de phosphate
de chaux.
» Je nie borne à citer ces faits et à les ajouter à ceux dont j'ai parlé rela-
tivement à l'action des agents atmosphériques et terrestres; ils sont certai-
nement d'une grande importance pour la théorie de l'efficacité du guano
en agriculture et pour la théorie des engrais en général. »
74..
( 57^ )
VITicULTunE. — Noie sw les observations de M. Lecoq de Boishaudran rela-
tives à r apparition du Phylloxéra dans les vignobles de la Cliarenle; par
M. MiLNK Edwards.
« Dans sa dernière séance, l'Académie a renvoyé à mon examen divers
échantillons de racines de vigne que M. Lecoq de Boishaudran lui avait
adressés comme étant probablement attaqués par le Phylloxéra. Agissant
avec une prudence digne d'éloges, cet ohservateur avait désiré ne donner
aucune publicité à son opinion jusqu'à ce que l'exaclitude en eût été re-
connue par des naturalistes, et, par conséquent, la Lettre dont il accompa-
gna l'envoi de ces pièces ne (ut pas insérée aux Comptes rendus; mais aujour-
d'hui il ne convient pas de garder le silence à ce sujet, car la présence du
Phylloxéra sur les racines en question est indubitable.
M Voici donc la Lettre de M. Lecoq de Boishaudran, datée de Cognac le
2g août 1873 :
n J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie plusieurs échantillons de racines de vigne atta-
quées par un insecte qui me paraît n'être autre que le Phylloxéra (i); ces racines ont été
recueillies dans le vignoble situé sur la rive droite de la Charente en face de la ville de
de Cognac. Voici dans quelles circonstances j'ai été amené à faire l'observation.
u Ce malin, 29 août, je fus prévenu de la part de M. Thibaud, propriétaire;! Crouin (2),
qu'il existait en plusieurs points de ses vignes des espaces sensiblement circulaires, de 2 à
6 mètres de rayon, dans lesquels les ceps avaient mal poussé et étaient à peine couverts de
feuilles jaunes, Quelquefois recroquevillées, ce qui contrastait singulièi'ement avec l'aspect
vigoureux qu'ils offraient l'an passé. W. Thibaud, qui avait souvent lu la description des ra-
vages faits par le Phylloxéra, ajouta que, soupçonnant cet insecte d'être la cause du mal, il me
priait d'aller examiner ses vignes avec lui. Ayant fait arracher quelques ceps jaunis, nous
pûmes constater que leurs racines étaient pourries et presque entièrement dépourvues de
radicelles. Il y avait peu ou ]ioint d'insectes sur les petites racines, mais beaucoup sous la
grosse écorce des principales racines et du tronc, à une petite distance au-dessus du niveau
du sol. L'examen des ceps voisins, en ajiparence bien portants, montra les radicelles char-
gées de renflements et fourmillant d'insecles.
» Nous parcourûmes ensuite plusieurs autres vignes adjacentes; les racines des ceps
jaunis y furent toujours trouvées pourries avec insectes sous la grosse écorce, tandis (|ue les
ceps voisins, verts encore, avaient leurs radicelles garnies de renflements et d'insectes.
» Les ceps jaunis ne sont pas seulement distribués en cercles plus ou moins réguliers, il
y en a d'épars isolément au milieu de vignes d'aspect magnifique, mais néanmoins infestées
d'insectes, comme on s'en est assuré en déchaussant des ceps éloignes de 10 mètres environ
(1) D'après les descriptions que j'en ai lues, car je n'ai pas eu l'occasion de voir le Phyl-
loxéra du IMidi.
(2) A environ i5oo mètres de Cognac.
( 573)
de tout pied jauni. Dans un seul plantis de très-belle apparence, il n'a été trouvé ni
insectes, ni renflements sur les radicelles.
» En nous rapprochant de Cognac, nous avons rencontré, à 5oo mètres de la ville, un
propriétaire occupé à faire arracher des viijnes qui présentaient l'aspect le plus désolant; les
racines des plants arrachés étaient couvertes d'insectes partout où elles n'étaient pas déjà
pourries.
D Un fait important à noter, c'est que le propriélaire des vignes détruites (jardinier de
profession) m'a affirmé que le mal, dont il ignorait la cause, avait commencé il y a trois
ans au moins, et avait fait, depuis lors, des progrès de plus en plus rapides.
» Les terrains explorés aujourd'hui présentent d'assez notables différences de composi-
tion; ainsi l'insecte s'est montré avec abondance: \° dans un sol argilo-sableux de lo cen-
timètres de profondeur recouvrant un sous-sol formé d'une épaisse couche d'argile ; 2° dans
une terre du même genre, mais plus meuble et plus profonde; 3" dans un sol sableux assez
léger; c'est dans ce dernier terrain que se trouvent les vignes les plus malades.
1) Dans la terre forte, l'insecte se trouvait aussi bien sur les racines plongées dans le soi
supérieur, relativement meuble, qu'à 20 centimètres au-dessous du niveau de l'argile com-
pacte.
» Tous les terrains visités sont placés sur des pentes plus ou moins prononcées; ce sont
des vignes de colline et non de plaine basse. Les expositions sont les unes à l'ouest-nord-
ouest, les autres au sud-est.
» Les divers cépages paraissent être également attaqués, tels sont le charles (noir), le
balzac (noir), la folle blanche, la folle noire.
» Je compte explorer maintenant les autres vignobles de nos environs et en particulier
ceux des terrains crayeux de la rive gauche de la Charente. »
» La Commission du Phylloxeia n'a pu se réunir cette semaine, pat-
suite de l'absence de la plupart de ses Membres, mais j'ai pensé qu'il n'y
avait pas de temps à perdre, et, de concert avec le Bureau de l'Académie,
j'ai engagé notre jeune coUaboratetu', M. Maxime Cornu, à se rendre im-
médiatement à Cognac, afin d'étudier sur place le mal signalé par M. Lecoq
de Boisbaudran et d'y faire, d'une manière méthodique, l'essai des divers
moyens préconisés par les viticulteurs pour la destruction du Phylloxéra.
M. Cornu partira demain et adressera à la Commission les résultats de ses
observations. »
GÉOMÉTRIE. — Noie suv le nombre des points d'intersection que représente
un point multiple commun à deux courbes planes, lorscfue diverses brandies
de la première sont tangentes à des branches de la seconde; par M. de la
GOURNERIE.
« 1 . La solution du problème qui fait l'objet de celte Note est utile dans
un grand nombre de questions, notamment lorsqu'on veut appliquera deux
( ^l^ )
courbes ayant à l'infini des points multiples communs avec des tangentes
comnuuies la formule donnée par M. Chasles pour déterminer le nombre
des points d'intersection qui sont à distance finie.
1) Les méthodes ordinaires se prêtent peu à des investigations de ce
genre, car, sauf dans des cas simples, elles ne permettraient d'obtenir
l'ordre des différents contacts que par des calculs pénibles (*). Je me
propose de montrer que les opérations deviennent, au contraire, faciles
lorsque l'on remplace l'équation de chaque courbe par les équations
caractéristiques des différentes branches qui se croisent au point multiple
commun, suivant une méthode que j'ai fait connaître, en 1869, dans un
Mémoire inséré au Journal de Matltématiques pures et appliquées.
)> Je vais exposer sur un exemple la marche à suivre, en considérant
deux courbes du septième ordre ayant deux points multiples communs
avec tangentes communes, l'un à l'origine des coordonnées, l'autre à
l'infini.
Les deux courbes sont
(i) S = [x -h 1) /^ -{- jc'^ [x- — 2)j^— Ji:^j'+ 2X*;- — .r' = o,
(2) S'= (x — l)/*— X^(X- — 2)j-' — X-(jC-— "iX — i)j>""— 2X*j-i-x' = o,
ou, en appelant u le rapport — >
(1 his) S = (x + i)«* 4- .r(j:^— 2)«' — .r«^ -H a.r-« — .r' = o,
i S' = {x — 1)11'' ~ x[x- — 2)iâ — (x'-' — 2X — \)u^
(2 ois)
l — 2X11 -i- X- =^ o.
n 2, Recherclie des équations caractéristiques des brandies qui se croisent
à l'origine. — La courbe S possède quatre branches tangentes à l'origine
à l'nxe des abscisses. Lorsque x est infiniment petit, l'équation (1 bis)
donne pour u quatre valeurs infiniment petites qui correspondent à ces
branches. Pour déterminer leurs grandeurs principales, on peut ne con-
server dans les coefficients des diverses valeurs de u que le terme de
l'ordre le moins élevé en x, et même, dans l'équation ainsi réduite, sup-
primer le terme — 2.r«', qui disparaît devant —xu"^, quel que soit l'ordre
de II par rapport à x.
(*) Fo/r sur ce sujet les observations présentées par M. Painvin dans le Bullciin des
Sciences mfithématirjnes; mars 1873.
( 575 )
B L'équation (i bis) devient alors
(3) u* — X u'' -{- 2 x^ u — j:' — o.
Les valeurs de u qui satisfont à cette équation sont données par
A. = ir — .r ^ o, B| = ir — sx + .r- = o.
On voit, en effet, que, lorsque l'on suppose u de l'ordre |, les deux der-
niers termes de l'équation (3) disparaissent devant les premiers, et que
ceux-ci s'annulent si l'on admet l'équation A. De même, quand u est du
premier ordre, le premier terme de l'équation (3) dispai-aît, et les autres
se détruisent en vertu de la relation B,.
1) La branche A présente à l'origine un rebroussement du premier
ordre. L'équation B détermine pour u deiix valeurs égales à jc; afin de
savoir si elle correspond à deux branches osculatricës Ou à uh rebrousse-
ment du second ordre, il faut prendre dans (i bis) les termes les plus rap-
prochés par leur ordre de ceux qui donnent ces valeurs, et y attribuer
à u sa grandeur principale x ['). On trouve
B = M — X ± \J — x^ = o.
» En opérant d'une manière analogue pour la seconde courbe, on ob-
tient
tV = u ± i = o, B' = « — J? ± y'— 2X' = o.
M Ainsi la courbe S' possède à l'origine un point quadruple formé par
deux branches simples qui se croisent, et un rebroussement du second
ordre ayant l'axe des abscisses pour tangente de rebroussementi
» 3. Détermination du nombre des points que les courbes ont en commun à
l'origine. — Je vais maintenant prendre les intersections à l'origine des
branches élémentaires des deux courbes.
» Chacune des branches simples A' détermine deux points sur les
branches à rebroussement A et B. Nous avons ainsi huit points.
» Pour comparer les équations B et B', je les mets en coordonnées or-
dinaires
B = [j— x^)^ + x'"' = o, B' = {j — x^)- + 2 j:'* = o,
(*) Il n'est utile d'avoir la valeur B que parce fjue la courbe S' a une branche B' ayant
un rebroussement du second ordre et un même rayon de courbure que B; Sans l'existence
de la branche B', l'équation B serait suffisante.
( 576)
el je pose
1 = B' — B = x^ — o.
» Les vingt-cinq intersections de 2 avec B sont les mêmes que les vingt-
cinq de B avec B'; or 1 se compose de cinq fois l'axe des ordonnées, et
cet axe rencontre la branche B en deux points à l'origine, donc les branches
B et B' ont dix points communs à l'origine.
» En opérant d'une manière analogue pour les branches A et B', on
trouve six points.
» Les deux courbes S et S' ont donc vingt-quatre points d'inter-
section réunis à l'origine.
» Le procédé qui m'a donné le nombre des points communs aux bran-
ches B et B' est imité de la méthode ingénieuse et sûre employée par
M. Painvin pour déterminer, à un point multiple d'une courbe, le cercle
osculateur de l'une de ses branches [Annali di Matematica, IP série, t. IV,
p. 2l6).
» 4. Recherche des points communs situés à riufnii. — La courbe S a une
asymptote parallèle à l'axe des abscisses et dont l'équation est
C = jc -\- i = o.
» Quand jc et j' sont très-grands, plusieurs termes de l'équation (i) dis-
paraissent, et il reste, en divisant par le facteur commun x, qui corres-
pond à la branche C,
; ' + jc^j-^ -+- ix''y — a" = o.
M Par des raisonnements analogues à ceux de l'article 2, on déduit de
cette relation les équations caractéristiques suivantes pour les branches
infinies :
D = j + x' = o, E = j" — X i= o, F = j"- 4- x/ 4- X* = o.
)) Lorsque l'on considère S', on obtient trois branches infinies
C'=x — 1 = 0, D'=r-.r' = o, L' = y' — x- = o.
» Les branches E et F déterminent à l'infini des points qui n'appartien-
nent pas à S'; je peux donc les négliger, ainsi que E', qui se trouve dans le
même cas par rapport à S.
» C et C déterminent un point, C et D' deux, D et C deux, D et D' six.
Les deux courbes S et S' ont ainsi onze points communs coïncidant à l'infini
sur l'axe des ordonnées.
( 577 )
» 5. Degré de l'équation finale. — Les courbes du septième ordre S et S'
ont vingt-quatre points communs à l'origine et onze à l'infini. Elles ont
donc quatorze points d'intersection à des distances qui ne sont ni nulles
ni infinies. Aucun de ces points n'a une abscisse nulle, car l'axe des ordon-
nées ne rencontre les courbes qu'à l'origine et à l'infini. L'équation finale
en jc, résultant de l'élimination dejr, doit être par conséquent du quator-
zième degré.
» Pour vérifier ce résultat, j'ai opéré sur deux courbes 2 et 1' définies
par les relations
x2 = S + S'=o, 7-=r=:S + S'x = o.
» Les équations 2 et 2' sont plus simples que S et S', mais elles contien-
nent deux solutions étrangères. On a, en effet, y- 2' — x2 = S'(x — i), et
la valeur i de x détermine dans 1 deux points à distance finie.
» J'ai employé la méthode de Bezout, qui permet d'obtenir l'éliminant
sous forme d'un déterminant. Les deux facteurs étrangers (jr ~ i) se trou-
vent en évidence dans les lignes. Lorsqu'on les a fait disparaître et qu'on
a enlevé complètement les facteurs x, ce qui exige quelques combinaisons
entre les colonnes, le déterminant représente un polynôme du quatorzième
degré.
» J'entre dans ces détails uniquement pour montrer que le résultat de
mon analyse sur les deux points multiples des courbes S et S' et le degré de
l'équation finale a été contrôlé. Si je ne m'imposais cette condition, je
pourrais présenter des calculs pour des cas beaucoup plus compliqués. »
PHYSIQUE. — Recherches sur la dissociation cristalline (suite) : Evaluation et
répartition du travail dans les dissolutions salines; par MM. P. -A. Favre
et C.-A. Valson.
« Dans deux Communications que nous avons eu l'honneur de faire à
l'Académie (i), nous avons développé quelques considérations qui nous
paraissent de nature à jeter un jour nouveau sur la question, encore si
obscure, du travail mécanique, mis en jeu par les actions moléculaires,
pendant le phénomène des dissolutions salines.
M La dissolution d'un sel dans l'eau est accompagnée habituellement
d'une contraction du volume total, du sel et du dissolvant, qu'il est facile
de déterminer en comparant la densité de la solution aux densités respec-
(i) Comptes rendus, séances des 5 et lî août 1872, t. LXXV, p. 33o et 385.
(;. R., 1S73, 2» Semeitrf. (T. LXXVll, N» 10.) 7^
( 578)
tives du sel et du dissolvant ; mais cette contraction peut être produite sur
l'eau de diverses manières : on peut, notamment, la réaliser directement,
en dehors de l'action coercilive du sel, par un abaissement de la tempéra-
ture du liquide, c'est-à-dire par la soustraction d'une certaine quantité de
chaleur; on peut donc mesurer le nombre de calories cédées, qui corres-
pondent à une contraction déterminée de l'eau, et, par suite, on peut éva-
luer le travail mécanique correspondant. Si l'on admet ensuite, conformé-
ment aux principes de la théorie mécanique de la chaleur, que les diverses
forces nécessaires pour produire un même effet sont équivalentes et peuvent
se transformer les unes dans les autres, il en résulte en particulier que, si
l'on mesure les contractions de volume qui accompagnent les dissolutions
salines, on aura en même temps une mesure de l'action coercilive exercée
par le sel sur l'eau.
)) Nous avons déjà appliqué ce principe au cas de la dissolution, dans
l'eau, du sulfate de soude, soit anhydre, soit hydraté (Communication du
5 août 1872). Aujourd'hui nous nous proposons de généraliser cette ap-
plication en étudiant, de la même manière, une série de sels qu'on peut
obtenir, soit à l'état anhydre, soit à l'état de cristaux, renfermant un cer-
tain nombre d'équivalents d'eau.
» A cet effet, il était d'abord nécessaire de déterminer exactement les
densités des sels à ces deux états et, en outre, de déterminer les densités
des solutions normales correspondantes, c'est-à-dire des solutions renfer-
mant uniformément i équivalent de sel anhydre, évalué en grammes, dis-
sous dans une quantité d'eau fixe et égale à i litre. Ces diverses densités
ont été obtenues par la méthode du flacon, et nous avons eu soin d'opérer
en nous entourant des précautions les plus minutieuses (i).
11 La détermination des densités des liqueurs normales se fait sans diffi-
culté et avec une grande précision. Il n'en est pas tout à fait de même pour
la détermination de la densité des solides. En opérant avec des sels diffé-
rents et en comparant nos résultats avec ceux qui ont été obtenus par di-
vers expérimentateurs dignes de confiance, nous avons été conduits à
admettre que la densité d'un sel n'est pas un élément absolument fixe,
(1) Nous nous sommes toujours assurés que les sels déshydratés par la chaleur nerenfermaient
plus d'eau; nous avons aussi analysé tous les sels hydratés dont nous avons déterminé les
chaleurs de dissolution et avec lesquels nous avons préparé les li(|ucurs normales, après en
avoir pris les densités; enfin, lorsque les sels étaient très-déliquescents, nous les avons
pesés en les introduisant dans les flacons à densité, tarés à l'avance et remplis ensuite d'es-
sence de térébenthine ou de toluène.
( 579 )
mais qu'elle peut varier légèrement avec les circonstances de sa formation,
par exemple, suivant qu'il a cristallisé lentement ou qu'il s'est précipité
plus ou moins rapidement au sein de la liqueur.
M On sait que des effets de ce genre se produisent pour plusieurs corps,
tels que le soufre, le phosphore et un grand nombre de métaux, dont la
densité varie un peu, suivant leur état moléculaire. Peut-être faut-il aussi
tenir compte de l'action capillaire exercée sur le liquide ambiant par les
sels pulvérulents, qui agissent alors par leur grande surface. Ajoutons
enfin que, dans certains cas, le liquide employé peut exercer ime véritable
action chimique sur le sel, dont on cherche la densité. Pour la généralité
des sels expérimentés, nous avons employé l'essence de térébenthine; mais,
pour les iodures, cette essence, lorsqu'elle a subi pendant quelque temps
le contact de l'air, exerce une action manifeste sur le sel, et de l'iode est
mis en liberté (i).
Tableau I.
ClCa, 6HO
ClSt, 6H0
ClBa, 2IIO
BrNa, .'1 IlO
BrSt, CHO
INa, /iHO
AzO'Ca, 4 HO
AzO'St, .'|H0
SO'Na, 10 HO
S0'Cu,5H0
S0'A1%6H0
a
SO'Cr', 5H0
s„.(5^),2JL°,,.
CO»Na, 10 110
Bo'Na, loHO
Bo% G HO
UES5ITÉ
des
Is anhydres.
TEM-
PlîrUTUKE.
2,160
0
27 ,0
3,o35
17,2
3,814
16,8
3,198
17,3
3,985
20,5
3,654
18,2
2,5o4
'7,9
2,980
16,8
2,681
20,7
3,707
"j<o
3,672
22,5
2, ,43
'7,2
2,784
20,5
2,407
20,5
2,37,
20,0
1 ,823
21,6
DENSITÉ
dos
TEM-
sels liydratés.
PÉRATURE.
0
1 ,701
'7,'
i,g32
17,2
3,o5'|
i5,5
2, iGj
16,8
2,358
•7,9
2,448
20,8
1,878
18,0
2,249
i5,5
1,455
26,5
2,243
'8,9
,,767
22,1
1,867
'7,2
2,1 86
iS,S
1,456
'9,0
1,711
20,0
',.'l!j3
20,5
DE^SITE
des litiueuis
Durmales.
1,0'|D9
1 ,0667
1,0887
1 ,0768
1,102',
1,1104
1 ,0578
I ,081 1
1 ,o(io6
1,0776
I ,o568
I ,0600
I ,0713
1 ,o5uj
1 jOigo
I , o 1 06
TEM-
l'ÉriArUKE.
i:>,o
i5,o
i'l,9
14,8
lS,2
'1,8
,4,8
,4,8
21,2
20,2
22,0
i5,o
20 ,2
lS,2
30,2
20,2
(i) Il est facile de reconnaître qu'un bromure renferme des traces d'iodure par la colora-
tion que l'iode, mis en liberté, communique à l'essence de térébenthine. I^es bromures purs
ne sont pas sensiblement modifiés par l'essence prise dans les mêmes conditions.
(2) Nous sijj'iialerons, au sujet du sulfate double de potasse et de cuivre, quelques dé-
75..
( 58o )
» Dans le tableau qui précède, les densités inscrites ont été prises en
considérant chaque sel : i" à l'état anhydre; 2° à l'état hydraté ; 3° à l'état
de liqueur normale.
» La température à laquelle la détermination a été faite est inscrite en
regard. Dans chaque opération, la densité de l'eau ou celle de l'essence
a été soigneusement ramenée à la température même de cette opération,
enfin les densités des liqueurs normales ont élé toutes obtenues directe-
ment, excepté pour le borate de soude et l'acide borique, qui ne sont pas
suffisamment solubles et dont les densités ont été obtenues au moyen d'une
interpolation.
)) En ce qui concerne la liqueur normale du sulfate de chrome, obte-
nue à froid, qui est violette et dont la densité est de 1,0600 à la tempéra-
ture de i5 degrés, cette liqueur, portée à une température suffisamment
élevée, devient verte, et sa densité n'est plus que de i,o556 à la tempé-
rature de i^",^. La contraction a donc diminué. Toutefois cette con-
traction ne pourra plus être calculée, ainsi que nous le faisons plus loin
pour les autres sels, parce que la liqueur verte ne peut plus cristalliser,
de sorte qu'on ne peut pas prendre la densité du sel hydraté corres-
pondant.
» Voici maintenant le détail des calculs pour l'un des sels, le carbonate
de soude par exemple :
tails d'expérience qui offrent de l'intérêt au point de vue de la constitution des sels doubles.
Lorsqu'on chauffe le sel hydraté, qui est bleu, il perd son eau et devient blanc d'abord, puis
vert et fond à une température inférieure à celle qui correspond à la fusion du sulfate de
potassium. Le sel double ne se décompose pas à une température qui décomposerait
(sans fusion) le sulfate de cuivre. Le sel fondu est d'un vert foncé. Le sel double ne présente
aucun des caractères des sels constituants, pris isolément. Par le refroidissement, il se
forme d'abord une mince croûte verte à la surface du liquide, et presque immédiatement
une portion assez considérable du sel, encore en fusion, perce cette croûte et forme une
sorte d'excroissance au-dessus d'elle, comme s'il s'opérait un phénomène de ségrégation,
entraînant une augmentation de volume, malgré le refroidissement; enfin la ma'>se refroidie
et devenue solide revient à la teinte bleue, qui n'est, ni celle du sullate de [)otasse, ni celle
du sulfate de cuivre anhydre, puis se résout en une fine poussière, de même couleur, ainsi
que CL'la se produit pour une larme balavique, dont on casse rexlréniilé effilée. Les mêmes
phénomènes se produisent avec la même netteté lorsqu'on chauffe, non plus le sel double,
nuiis un mélange de i équivalent de sulfate de cuivre cristallisé à 5 équivalents d'eau et de
I équivalent de sulfate de potasse.
Il serait intéressant d'étudier les effets thermiques qui accompagnent cette singulière suc-
cession de phénomènes. C'est un point que nous comptons examiner.
Sel anhydre.
( 58, )
Carbonate de soude.
équivalent (P) 53^'
densité (D) 2,407
volume (V=— j 22", 02
Sel hvdiaté à 10 HO.
équivalent (P) i43^''
densité (D) i ,456
volume IV=-| 98", 22
Volume du sel anhydre 22"^% o
Volume de l'eau de cristallisation po'^o
Somme des deux volumes i i2",o
Volume de CO^Na, loHO 98", 2
Contraetion dans la formation du cristal i3", 8
poids de la liqueur (P). . . io53'^', o
, densité (D) i ,o5ig
Liqueur nonuale < . ,
volume (V = — | iooi"^'",o
» On peut énoncer les conséquences suivantes :
» 1° Le carbonate de soude anhydre et l'eau, en s'associant pour former
un cristal à 10 équivalents d'eau, ont éprouvé une contraction de i3'^'',8
sur I i2'^'',o; c'est-à-dire I environ du volume total des éléments consti-
tuants.
» 2° Le volume du sel anhydre étant de 22'='', o et celui de la liqueur
normale étant de iooi™,o, on en conclut que le volume total des éléments,
J022'^'',o, a éprouvé une contraction de 2i*''',o.
» 3° Si, de la contraction 21'''', o qui correspond à la dissolution du sel
anhydre, on retranche la contraction i3'^'^,8 survenue pendant la formation
du cristal, il reste 7*''', 2, qui représente la contraction résultant de la disso-
lution de I équivalent de sel hydraté.
» Si l'on fait le même calcul pour chacun des sels mis en expérience,
on obtient les résidtats compris dans le tableau II, colonnes intitulées
rt, b, [a — b). a désigne la contraction du volume total du sel et du dissol-
vant, due à la dissolution du sel anhydre ; b, la contraction pendant la for-
mation du cristal, et [a— h), la contraction due à la dissolution du sel
hydraté.
» Nous donnons, en même temps, l'interprétation de ces mêmes résul-
( 582 )
tats au point de vue thermique et, par conséquent, au point de vue méca-
nique. Nous avons vu (Communication du 5 août 1872) qu'une contraction
de I centimètre cube éprouvée par i litre d'eau, à la température de i5 de-
grés, équivaut à un dégagement de 7S76 calories, le gramme étant pris pour
unité, et que, réciproquement, ce nombre de calories mesure le travail néces-
saire pour comprimer i litre d'eau et diminuer son volume de i ceniimètre
cidje à la température de i5 degrés; donc, pour obtenir en calories les
effets thermiques qui correspondent aux diverses contractions désignées
par a, b, [a — b), il suffira de multiplier les nombies qui mesurent ces
contractions par le nombre constant ']5']6. On trouve ainsi les nombres
inscrits dans les colonnes intitulées A, B, (A — B) du tableau suivant, et
placées à droite des colonnes où sont inscrites les contractions correspon-
dantes :
Tableau II.
ClCa, 6H0
ClSt,6H0
CUia, 2HO
BrNa, /j HO
BrSt,6HO
llVa, 4HO
AzO'Ca, 4H0
AzO'St, 4 HO
SO'Na, loHO
SO'Cu, 5H0
SO'Ar, 6H0
S0*Cr',5H0
so.(!ii^),Z^.
CO'Na, loHO. ...
Bo'Na, loHO
Bo«, 6 HO
j4,3
12,3
8,0
11,8
5,'l
9.7
•12,7
ir.,7
'9-^
21,0
18, j
it
j
21 ,0
3',,'i
16,2
1098J2
iu83j7
y3l8j
6o(loS
S9:t97
',0910
73 '187
96215
126J19
i',62,7
159096
i'|Oi56
i'|Oi56
159096
260614
122731
LC
i5.3
11,1
5,1
'(."
9'7
1 ,0
5,8
8,5
5,8
1 1 ,0
12,5
9. G
6,1
i3,8
20.9
9.3
1 1 09 1 0
3S63S
3o3o'|
73 '187
7576
■'|39'|i
64396
■139 'm
83336
9I700
72730
46214
104549
158338
70457
(a-i)
- 0,8
3,2
7>-
'),"
2, 1
3,9
4 .-2
10,9
8,3
8,9
12,4
7,2
i3,5
6,9
(A-B)
— 6061
24243
54547
3o3o4
15910
33334
29546
31819
82578
62881
6 '(396
67'|26
939^^
54547
102276
52274
» La dissolution des sels anhydres ou hydratés est accompagnée d'un
dégagement ou d'une absorption de chaleur. Ces quantités de chaleur,
positives ou négatives, accusées par le calorimètre à mercure, sont inscrites
dans le tableau III, où C, C désignent les quantités de chaleur qui se rap-
portent à la dissolution: 1" du sel anhydre, 2° du sel hydraté; la diffé-
f 583 )
rence C — C représente, par conséquent, la quantité de chaleur qui corres-
pond à la formation du cristal hydraté.
Tableau III.
C
C
(c-r/)
H- 9053
— iB'Jr)
+ 10682
H- 5',83
— 35HG
-f- 9069
-h 1173
- o',,S
-H 3590
-+- '09
- 4SS2
-t- '1991
-+- 785.1
— 3lI2
-i- 10962
■+- 1762
— 5716
+ 7I7S
+ 30l/|
— 4"'j'
+ 6075
— -^S'iS
— C4i5
-t- 3977
4- 354
— g3ao
+ 9fi->'l
-h 8198
- ■■^7'l
H- 9i7-^
//
■+- \Xk)
//
II
— ia85
//
-*- ''1190
— 685 '1
-i-uo44
+ 3658
- /S'i"
+ 1149S
-t- 3093
— I I I 1 0
-hl6302
II
//
II
ClCa, CHO
ClSt,6H0
ClBa, 2 HO
lirNa, 4 HO
BrSt, 6H0
INa,4H0
Az0«Ca, 4 HO
AzO«St, 4 HO
SO'Na, loHO
SO'Cii, 5H0
S
80* Al', 6H0
SO^Cr', dHO
so*(!i:^),Z^.
CO'lNa, loHO
Bo'Na, loHO
Bo«,6HO
» La discussion de l'ensemble des résultats que nous avons fait connaître
nous autorise à conclure que :
» 1° Les sels peuvent être rangés dans l'ordre suivant, les contractions
allant en croissant : borates, carbonates, sulfates, chlorures, azotates,
bromures, iodures.
» 2° La coutraction produite par la dissolution d'un sel anhydre est su-
périeure à celle du même sel hydraté. Le chlorure de calcium est le seul
sel qui, à cet égard, ne préseute pas de différence sensible, soit à l'état
anhydre, soit à l'état hydraté.
» 3° La contraction due à la dissolution du sel hydraté est générale-
ment moindre que la contraction produite dans la formation du cristal.
» 4° Si l'on compare ensuite les résultats thermiques des tableaux II
et III, on reconnaît, comme nous l'avons constaté précédemment poiu* le
sulfote de soude, que les nombres de calories qui mesurent les effets de con-
traction sont de beaucoup supérieurs aux nombres de calories accusées par
( 584 )
lo calorimùtre : ainsi la chaleur mise en jeu par l'eau qui se contracte, an
Uni (le passer à l'extérieur et de devenir sensible, comme dans le cas du re-
froidissement libre, se trouve absorbée, le plus souvent en totalité, par le sel
dissous dont les éléments se dissocient. Cette chaleur s'emmagasine à l'état
latent. La chaleur accusée par le calorimètre n'est donc qu'une différence
(et de signe presque toujours négatif) entre le phénomène tlicrmoposilif
de la contraction de l'eau, et le phénomène lliermonéyatifde la dissociation
des éléments salins. Nous avions déjà eu l'occasion de faire cette remarque
au sujet de la dissolution du sulfate de soude, et les résultats de notre
nouveau travail nous permettent de généraliser cette conclusion et de
l'étendre aux autres sels. Il en est de même des autres conséquences que
nous avons énumérées dans notre Communication du 12 août iS'ya.
» 5° D'après ce qui précède, les calories accusées par le calorimètre et
inscrites dans le tableau III doivent être ajoutées ou retranchées, suivant
leurs signes, aux nombres du tableau II pour avoir le nombre de calories
correspondant exclusivement au phénomène de dissolution. Ainsi, par
exemple, le carbonate de soude anhydre donne, en se dissolvant, une con-
traction de 2 1 centimètres cubes, qui correspond à 1 69096 calories ; mais il y
a 3658 calories qui restent libres et sont accusées par le calorimètre; le tra-
vail afférent à la dissolution est donc représenté par la différence, c'est-à-
dire par 1 55438. D'un autre côté, la dissolution du carbonate de soude,
à 10 équivalents d'eau, donne une contraction de 7'", 2 qui correspond à
54547 calories, et en même temps le calorimètre accuse une production de
froid de — 7840 calories. Pour avoir la mesure du travail afférent à la dis-
solution de CO^ Na, loHO, il faudra donc ajouter ce nombre au précédent,
ce qui donnera 62387 calories.
» 6° Le tableau III donne lieu à quelques autres remarques. Les valeurs
de C sont généralement positives; il en résulte que les sels anhydres déga-
gent généralement de la chaleur en se dissolvant; l'azotate de strontiane
est le seul qui fasse exception. Le signe négatif des valeurs de C apprend,
au contraire, que les sels hydratés donnent généralement du froid; signa-
lons encore, parmi les sels mis en expérience, une exception pour le sulfate
d'alumine à 6 équivalents d'eau; enfin les valeurs de (C — C) sont toutes
positives, d'où l'on conclut que tous les sels que nous avons étudiés et qui
cristallisent avec de l'eau dégagent de la chaleur pendant leur cristallisa-
tion. »
( 585 )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un nouveau système de représentation d'obser-
vations météorologiques continues faites à l'Observatoire national d'Alger.
Note de M. Bulard.
(Commissaires: MM. Faye, Janssen, Lœwy.)
« Le travail que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie
n'est qu'un spécimen d'études nombreuses que j'ai entreprises depuis vingt-
sept ans.
» Dès 1845, frappé du peu de documents complets que contenaient les
archives de la science météorologique, je résolus d'accumuler, avec ordre
et méthode, tous les renseignements capables, à un moment donné, de ser-
vir de base à un travail très-étendu que j'avais entrepris sur les mouve-
ments de l'atmosphère.
» Tout le monde savant est unanime aujourd'hui pour reconnaître l'uti-
lité, je dirai même la nécessité d'étendre de plus en plus sur le globe le
réseau météorologique, afin d'arriver au plus vite à la connaissance des
mouvements généraux de l'atmosphère. Si l'on est également unanime sur
le nombre et le choix des stations, la qualité des instruments et le mode
d'installation, on ne l'est pas encore sur la manière d'observer et surtout
de représenter les diverses apparences que le ciel présente; là cependant
est tout le secret de la météorologie.
» Depuis longtemps les principaux éléments météorologiques sont en-
registrés dans les grands observatoires, à l'aide d'appareils très-perfection-
nés, il est vrai; mais on n'en a encore tiré que fort peu de résultats utili-
sables, parce qu'ils étaient isolés, tandis que, s'ils se trouvent mis en regard
de l'apparence du ciel, avec laquelle il existe une liaison intime, on en tire
de suite des inductions utiles et fort intéressantes.
» Nous sommes heureux d'avoir commencé, il y a vingt-sept ans, ce sys-
tème d'observations, et nous sommes en mesure, mèuîc aujourd'hui, de
donner les preuves irrécusables de la supériorité du système sur tous ceux
connus jusqu'à présent, et particulièrement de démontrer ce que nous
avons dit plus haut au sujet de l'étude de l'apparence du ciel.
» Je me suis surtout appliqué à résumer mes observations sous un mode
d'enregistrement qui permet d'embrasser, d'un seul coup dœil, iLiiseaible
général des variations de l'atmosphère. Je donne à mon système Je nom de
C. 11., 1873, 2'^ Semestre. (1 . LXXVII, M» 10.) 7"
( 586 )
Météorologie descriptive, et je le présente au monde scientifique, autant
pour l'initier aux efforts que j'ai tentés dans mon humble domaine, que
pour soumettre à mes honorables collègues un spécimen d'études qui
pourraient être suivies par nos jeunes météorologues.
» L'Académie accueillera avec intérêt, je n'en doute pas, un commen-
cement de publication des observations météorologiques faites à Alger
dans d'excellentes conditions d'installation et d'accord avec les exigences
de la science moderne. Elle doit savoir que cette publication n'a pu avoir
lieu plus tôt, par suite du manque de fonds et le peu d'encouragement dont
l'Observatoire a été l'objet depuis la mort du maréchal Pélissier. Nous ne
parlerons pas de la publication des travaux d'Astronomie physique pour
lesquels il faudrait des sommes plus considérables. A part les douze an-
nées d'observations météorologiques faites à l'Observatoire d'Alger, il
n'existe, dans toute l'Algérie, aucune série d'observations météorologiques
qui mérite d'être publiée, si ce n'est à titre de simples renseignements.
La mauvaise installation de quelques stations improvisées depuis quinze
et vingt ans, sans direction intelligente aucune, a donné des résultats qui
offrent peu d'intérêt ; il me suffira, pour faire apprécier à leur juste valeur
les anciennes observations météorologiques algériennes, de dire que, dans
un pays où l'humidité relative joue un si grand rôle et où les oscillations
sont considérables, suites du siroco, le psychromètre d'August n'a jamais
été connu ni par conséquent consulté; que la pluviométrie a été de tout
temps mal observée, avec de petits pluviomètres tout à fait insuffisants, là
où la pluie tombe parfois en quantité si considérable pendant la saison
pluvieuse.
Je ne parlerai pas de tous les autres éléments météorologiques qui ont
été également négligés, ce qui nous entraînerait trop loin.
» Le point principal, sur lequel je désire attirer l'attention de l'Acadé-
mie, est surtout la manière de représenter, sur le tableau graphique ci-
joint, la quantité horaire du ciel bleu et des nuages, et qui a été ])lacée
simultanément en regard des divers éléments météorologiques qui figurent
gur le tableau.
» Le système décimal a été naturellement employé d'un bout à l'autre
de ce travail : ici le ciel se trouve divisé en dix parties égales, zéro repré-
sentant le ciel bleu pur ou l'absence complète de nuages, i l'unité ou
lo dixièmes représentant le ciel couvert de nuages.
» Afin de ne pas compliquer le système, on a représenté par des leintes
de diverses nuances les trois sortes principales de nuages : la teinte blanche
( 587 )
représente les cirrus, la teinte gris-clair les cumiili el la teinte neutre les
nimbi. Il résulte de cette combinaison que, à la simple inspection du
tableau, on voit comment les périodes nuageuses se succèdent les unes aux
autres, ou bien encore comment les périodes de ciel bleu succèdent aux
périodes de nuages.
» En comparant ces diverses évolutions, dans l'apparence du ciel, avec
les oscillations barométriques, thermométriques, anémométriques, etc.,
on saisit parfaitement le rapport et les liaisons qui existent entre ces divers
éléments météorologiques.
» Nous renvoyons, du reste, le lecteur aux explications et légendes con-
tenues dans le texte, ainsi qu'aux nombreuses observations qui sont ré-
duites et corrigées des erreurs instrumentales el qui se trouvent contenues
dans le registre de toutes les observations, qui ont été faites dans ce laps
de temps, c'est-à-dire du mois de janvier 1872.
» Disons, en passant, que ce travail sera soumis à l'approbation du Con-
grès météorologique qui s'assemble en ce moment à Vienne, et qu'il rentre
directement dans le programme que les membres assemblés ont adopté.
» En terminant, qu'il me soit permis d'émettre le vœu de voir le Gou-
vernement s'intéresser à ce travail et fournir les moyens de publier, au
plus vite, les douze années d'observations qui sont amassées dans les ar-
chives de l'Observatoire national d'Alger, et qui sont réclamées par tous les
observatoires du monde entier.
» Grâce aux encouragements que M. le général Chanzy, gouverneur de
l'Algérie, a bien voulu déjà nous donner, en nous accordant une mission
au Congrès météorologique de Vienne, nous pensons bien réaliser l'idée
que nous avons conçue depuis longtemps, de réorganiser les services mé-
téorologiques sur les bases que nous venons d'avoir l'honneur d'exposer
à l'Académie. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Noie sur le magnétisme (suite); par M. J.-M. Gaugain (i),
( Renvoi à la Commission du prix Trémont. )
« 38. Tous les physiciens qui ont étudié la force portante des aimants
en fer à cheval ont constaté que cette force croît avec le temps, de telle
(i) Voir les Comptes rendus du i3 janvier et 3o juin i8'j3. Les numéros placés en tète
des divisions de celte Note font suite à ceux des Notes précédentes.
76..
( 588 )
sorte qTi'on a élé amené à conclure que le contact prolongé de l'arnialiire
et de l'aimant a pour effet d'augmenter graduellement le magnétisme dé-
veloppé à l'extrémité des branches du fer à cheval. Il était intéressant de
rechercher si cet accroissement graduel pourrait être également constaté
par la mélhode des courants d'induction, que j'ai indiquée (n° 32) ; en con-
séquence, j'ai placé, sur l'extrémité de l'une des branches d'un aimant en
fer à cheval, un toron de fils que j'ai mis en communication avec un galva-
nomètre; j'ai appliqué contre les faces polaires une armature en fer doux,
également en fer à cheval et de même section que l'aimant, et j'ai déter-
miné la valeur du courant de désaimantation : i" en ne laissant subsister
que pendant quelques secondes le contact entre l'aimant et l'armatine,
2° en prolongeant ce contact pendant des heures et des journées entières.
J'ai trouvé que le courant de désaimantation conservait toujotus, à fort
peu près, la même valeur. J'ai transporté le toron induit sur l'extrémité
de l'une des branches du fer à cheval qui servait d'armature, j'ai répété
les mêmes déterminations et j'ai trouvé le même résultat. Ainsi, quand ou
explore, au moyen des courants d'induction, l'état magnétique d'un aimant
en fer à cheval muni d'une armature, on trouve que cet état est absolu-
ment indépendant de la durée du contact entre l'aimant et l'armature. Ce
résultat est en désaccord avec le fait que j'ai rappelé en commençant, et je
ne saurais dire en ce moment à quoi tient cette conlradiction apparente;
je ferai remarquer seulement que les aimants sur lesquels j'ai opéré se
trouvaient tous dans l'état que M. Haecker a appelé constntit.
)) 39. Je ne me suis occupé jusqu'ici que des aimants permanents; je vais
maintenant faire connaître les résultats de quelques expériences exécutées
sur deséleciro-aimnnis. J'ai particulièrement étudié l'électro-aimantdont on
se sert le plus fréquemment, celui qui se compose d'un barreau de fer
doux, en forme de fer à cheval, et de deux bobines placées respectivement
sur les branches du fer à cheval, dans le voisinage de leurs extrémités.
Pour déterminer la courbe de désaimantation d'un tel électro-aimant, il
suffit de placer successivement, sur divers points du barreau, un toron de
fils communiquant avec un galvanomètre, et de déterminer, pour chaque
position du toron, la valeur du courant induit développé aii moment où le
courant inducteur est interrompu. 11 est impossible, à la vérité, de déter-
miner les valeurs du courant induit cpii correspond aux points du l^arreau
placés dans l'intérieur des bobines, et, par conséquent, la courbe obtenue
présente deux lacunes; mais ces lacunes n'empêchent pas d'apercevoir sa
forme générale, ce qui suffit pour le but que je me suis proposé.
(589)
» D'après ce que j'ai dit ( n° 29), la méthode qui vient d'être indiquée
devrait donner les mêmes résultats que celle dont je me suis servi pour dé-
terminer la courbe de désnimantation des aimants permanents. Je dois
faire remarquer qu'il n'en est pas toujours rigoureusement ainsi : le fer,
n'étant presque jamais dépourvu de force coercitive, conserve, en général,
une certaine aimantation après que le courant inducteur a cessé de circuler
dans les bobines, et il résulte de là que le courant induit, développé au
moment où le circuit inducteur est rompu, est presque toujours un peu
plus petit que le courant induit qui serait obtenu en poussant le toron in-
duit hors du barreau, assez loin poiu' le soustraire complètement à l'action
de ce barreau; mais la différence entre ces deux courants induits est petite
quand on emploie du fer très-doux.
» Pour donner une idée de la forme de la courbe de désaimantation
que j'ai obtenue, je vais indiquer les valeurs de quelques ordonnées.
A 10 millimèlres des extrémités des branches (en dehors des bobines). . . r = i8,6
A 107 » » ■> (en dedans des bobines). . . 56,2
A 244 i> » 1) (au talon) 5o
» On voit que la courbe s'élève à partir des extrémités des branches
du fer à cheval, qu'elle atteint son maximum de hauteur en un point cou-
vert par les bobines, qu'ensuite elle s'abaisse légèrement et atteint son
minimum au talon; par conséquent, son inclinaison change quatre fois de
signe dans l'étendue du fer à cheval.
» J'ai obtenu une courbe tout à fiit analogue en opérant sur un électro-
aimant composé d'un barreau de fer droit et de deux bobines placées près
des extrémités.
» Maintenant, si l'on explore, au moyen d'une aiguille aimantée, l'état
magnétique de l'un ou de l'autre des électro-aimants dont je viens de
parler, on trouve que le magnétisme change aussi quatre fois de signe; si
l'on part de l'extrémité boréale de l'électro-aimant, par exemple, on trouve
que, de l'autre côté de la bobine voisine de cette extrémité, le magnétisme
devient austral; il est nid vers le milieu du barreau, il redevient boréal
lorsqu'on approche de la deuxième bobine, et enfin il est austral au delà
de cette bobine, à l'autre extrémité du barreau. L'électro-aimant offre
donc un exemple de cette deuxièiue espèce de points consécjuents dont j'ai
parlé (u° 31), de ces points conséquents qui sont dus, non à l'interversion
du courant solénoïdal, mais aux variations d'intensité de ce courant. La
distribution du magnétisme, dont je viens de parler, a très-probablement
( -^90 )
été aperçue depuis longtemps; mais ce que je veux faire remarquer, c'est la
corrélalion constante qui existe entre l'interversion du nifigni'tisme accusé
par l'aiguille aimantée et le changement de signe qu'éprouve l'inclinaison
de la courbe de désaimantation.
» 40. La courbe de désaimantation dont il s'agit dans le numéro précé-
dent se rapporte an cas où aucune armature n'est appliquée contre les
faces polaires; dans le cas où l'on opère sur un électro-aimant en fer à
cheval muni d'une armature, il est nécessaire, pour obtenir la combe de
désaimantation, de procéder à une nouvelle série de mesures. Le toron in-
duit étant successivement placé sur divers points du barreau, on détermine,
pour chaque point, la valeur du courant d'arrachement (j'appelle ainsi, pour
abréger, le courant induit développé lorsqu'on arrache l'armature); on
obtient, de cette manière, une nouvelle courbe. Au moyen de cette courbe
et de la courbe de désaimantation qui a été obtenue (n" 39) lorsque l'é-
lectro-aimant ne portait pas d'armature, on peut aisément tracer, comme
je l'ai indiqué (n° 32), la courbe de désaimantation qui correspond au
cas où l'armature est appliquée.
» 41. Je vais faire connaître maintenant les particularités que présente
la courbe des courants d'arrachement. Si nous considérons d'abord l'ac-
croissement d'aimantation qui se produit aux points voisins des extrémités
des branches du fera cheval, par suite de l'application de l'armature, nous
trouvons que cet accroissement est énorme ; il peut être 6o fois, loo fois
plus grand que l'aimantation qui existe avant l'application de l'armature.
Dans le cas d'un aimant permanent, je n'ai jamais trouvé que l'accroisse-
ment d'aimantation résultant de l'application de l'armature fût plus grand
que 5 0!i 6 fois l'aimantation i)réexistante. La réaction produite par l'applica-
tion de l'armature est donc bien plus considérable dans le cas des aimants per-
manents. Il résulte de là que, si l'on compare un électro-aimant et un aimant
par la méthode des oscillations de Coulomb et par la méthode des poids
portés, on pourra trouver, parla première méthode, que l'électro-aimant
est plus faible que l'aimant, et, par la seconde méthode, que c'est au con-
traire rélectro-aimanl qui l'emporte sur l'aimant. Ces résultats n'ont rien
de contradictoire. La première méthode, en effet, mesure l'intensité magné-
tique qui existe avant l'application de l'armature, tandis que le poids porté
dé|)end de l'étal magnétique qui s'établit après que l'armature est appli-
quée, et, comme nous venons de le voir, la modification apportée à l'état
magnétique par la présence de l'armature est très-différente dans les électro-
aimants et les aimants. »
{%' )
CAPILLARITÉ. — Du mouvement ascendant spontané des liquides dans les tubes
capillaires (Partie théorique). Mémoire de M. C Decharme (suite).
(Extrait.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée )
« ...La formule obtenue, en partant de considérations tliéoriques
basées sur rexpérieiice, est la suivante :
^2 + A« = B lognép (/T"^) - Cj,
dans laquelle t désigne le temps en secondes, j la longueur (comptée sur
l'axe du tube) de la colonne capillaire au temps t, h la longueur finale,
A, B, Cdes constantes dépendant de la nature du liquide (de ses propriétés
physiques et chimiques), de sa température, du diamètre, de l'inclinaison
et de la nature du tube.
» Les différences que l'on constate, pour l'eau, entre les résultats de
l'expérience et ceux du calcul ne portent que sur les dixièmes ou les cen-
tièmes de millimètre. Il est bon de remarquer qu'une variation d'un cen-
tième de millimètre dans la donnée expérimentale peut produire, par suite
des calculs, à cause de la grande valeur numérique de deux des constantes,
des différences de près de loo unités dans la vérification, surtout pour les
ordonnées des points rapprochés de l'extrémité supérieure de la courbe.
Malgré ces grandes valeurs des constantes, les vérifications donnaient des
résultats théoriques dont la concordance présentait des erreurs relatives
souvent moindres que , „ ^ ^ p- et même â-irôêrïï) "lais n'atteignaient jamais
Yuôô, même dans les cas les plus défavorables.
» La vérification de la formule a été appliquée à V alcool anlijdre et a
donné des résultats concordant avec l'expérience.
» On peut donc conclure de ces vérifications et d'autres non moins
exactes, faites sur plusieurs liquides et avec des tubes différents, que la
concordance entre les résultats de l'expérience et ceux que donne la for-
mule est suffisamment établie, et qiie celle-ci représente le phénomène
avec une approximation qui tombe dans les limites d'erreurs d'observa-
tion. Enfin, si cette formule ne contenait pas tous les éléments (ce qui est
possible) du phénomène qu'elle est destinée à représenter dans sa généra-
lité, elle restei'ait du moins une lelation empirique tiésapprochée dt^ la
vérité théorique.
( 592 )
» Eu différentiaiit l'équalion suivante :
gt s\na + b = i>l ^ J _ ' \
(qui a servi à établir la formule générale, et dans laquelle y^désigne le coef-
ficient de frottement) et remplaçant d/ par vdt et i^dj- par v-dt, on obtient
une expression de — ou de la force accélératrice o ,enf onction de v et de j',
dv [h — y y- g sinx — i'^[// (i +/o-cosa ) 4- C]
dt-'^ - (A-j)[T(>^g/cos«) + C]
» Enfin, en égalant ia/o/re accélératrice aux résistances qu'il lui reste à
vaincre au temps t, on a une relation entre i> et j", de la forme
^ ~ Pj'+Qj + R '
dans laquelle L, M, N, P, Q et R sont des constantes.
» En partant de considérations théoriques différentes, ou en admettant
d'autres iiypothèses, on arrive à diverses formules, parmi lesquelles je
citerai seulement les suivantes :
t^C = slj{h -j) - Aarcsin y^4^'
où les lettres ont des significations analogues à celles de la formule adoptée.
Ces dernières se prêtent à des vérifications pareilles à la précédente, sans
atteindre toutefois une aussi grande exactitude, ce qui justifie notre choix.
» Enfin, lorsque l'on veut traiter la question à un point de vue tout à
fait général, on arrive à des expressions de la forme suivante :
Vè'/J Vr-
m y' — ny' -+■ J>
que l'on ne peut intégrer.
» J'ai dû chercher aussi des formules empiriques propres à représenter
le phénomène en question ; mais celles que j'ai trouvées, par interpolation
ou autrement, n'ont pas subi l'épreuve de la vérification expérimentale
aussi avantageusement que la formule théorique adoptée. »
(593)
CHIMIE ORGANIQUE. — Le pjrocjaUol en présence des sels de fer. Mémoire
de M. E. Jacquemin. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. H. Sainte-Claire Deville, Fremy, Berthelot.)
« Mes expériences particulières contredisant les auteurs qui assignent à
l'acide pyrogallique la propriété de colorer en bleu les sels ferreux, je crois
utile de soumettre ces expériences à l'Académie, ainsi que de nouveaux
faits pour lesquels je désire prendre date, parce que leur étude me semble
mériter d'être poursuivie.
» Pjrocjallol et sulfate ferreux. — Le sulfate ferreux préparé dansles labora-
toires et, à plus forte raison, le sulfate commercial s'oxydent plus ou moins
au contact de l'air et acquièrent seulement alors, suivant mes observations,
la propriété d'être colorés en bleu persistant par le pyrogallol. Toute so-
lution de ce sel, franchement colorable en bleu par ce phénol, est égale-
ment colorée en rouge sang par le sulfocyanate potassique, qui montre si
nettement la présence des sels ferriques.
» Si les cristaux de sulfate sont lavés, à plusieurs reprises, avec de l'eau
distillée, ils finissent par donner une solution qui n'est plus colorée en
bleu par l'acide pyrogallique, mais qui manifeste avec lui un trouble blanc
lactescent. Lorsqu'on abandonne cette liqueur à l'air, le trouble disparaît
insensiblement pour faire place, par oxydation d'une partie du fer, à la
coloration bleue caractéristique. •
» 11 est une remarque faite par moi, dans les essais successifs des eaux
de lavage, qui ne manque pas d'intérêt au point de vue de la sensibilité
relative des réactions chimiques : c'est que le sulfocyanate potassique, qui
décèle des traces à peine appréciables de sel de fer au maximum, ne donne
plus sa coloration rouge, alors que l'acide pyrogallique, dans une solu-
tion pareille, fournit encore une teinte bleue sensible.
» Pyrogallol et sel ferrosoferrique. — Vient-on à ajouter au sulfate fer-
reux pur quelque peu de sulfate ferrique, puis à additionner de pyrogallol
ce mélange, la coloration bleue des auteurs paraît alors dans toute sa pu-
reté, pour faire place à une teinte verdàtre, et enfin rouge, sous l'influence
d'un excès de sel ferrique. J'ai constaté qu'il suffit de la présence de
2 pour loo de sel ferrique dans un sel ferreux pour que le bleu engendré
vire au rouge en quelques minutes.
» Lorsqu'on s'est placé dans les conditions d'un excès de sel ferrique,
d'un mélange, par exemple, de trois molécules de sel ferreux pour une molé-
C.R., 1873, i^Semeitre. (T. LXXVll, N» iO.) 77
( 594 )
cule de sel ferrique, on remarque bientôt, dans ces liqueurs rouges, un trou-
ble qui s'accroît, et que l'on sépare le lendemain à l'aide du filtre : c'est de
la purpurogalline. Le liquide clair a pris la teinte brune des solutions de
sulfate ferrique des laboratoires; il continue à se troubler et dépose, le se-
cond jour, un mélange de purpurogalline et de tannomélanate de 1er et, le
troisième jour, du tannomélanate seulement.
» L'acide tannomélaiiique résulte d'une oxydation qui se continue par
le contact de l'air atmosphérique, car on voit naître à la surface un voile
qui se brise et se renouvelle; on démontre d'ailleurs aisément le fait, en em-
prisonnant le liquide dans une fiole mise en communication, par un tube
courbe, avec une cloche remplie d'air et placée sur la cuve à mercure.
» Toutefois le concours de l'air n'est pas indispensable, puisque, en ajou-
tant, après la séparation de la purpurogalline, un excès de sel ferrosofer-
rique, l'oxydation arrive de suite à son terme, et le liquide qui tient en
suspension le tannomélanate est brun et précipite par l'ammoniaque, ainsi
que j'en avais déjà fait la remarque dans l'oxydation du pyrogallol par
l'acide iodique.
» L'action de l'ammoniaque est bien différente lorsqu'on opère pendant
la période d'oxydation lente, après la séparation de la purpurogalline. On
obtient en ce cas, par des traces de cet alcali, une coloration foncée bleu-
noir qui, par dilution, devient d'un beau bleu pourpré. Il est indispensable,
lorsqu'on répète cette réaction, de veiller à la quantité d'ammoniaque
étendue que l'on ajoute , car des traces en plus donnent un violet analogue,
comme teinte, au violet d'aniline; une quantité un peu plus grande four-
nit un violet améthyste; une quantité plus grande encore conduit au
rouge.
» Si le bleu de purpurogalline est très-fugace, il n'en est pas de même
de ce dernier, dont la nuance ne varie pas d'un jour à l'autre, mais qui
s'oxyde ensuite pour se convertir en un précipité noir de tannomélanate
de fer.
» Pyro(jaUol et perchlorure de fer. — Le perchlorure ferrique sirupeux
brunit la solution concentrée de pyrogallol et la modifie profondément
avec rapidité; mais, lorsque ces corps sont suffisamment étendus d'eau et
qu'on emploie un léger excès de ce phénol, la liqueur, dans ces conditions,
passe promptement du bleu au rouge et présente les phénomènes généraux
que je viens d'indiquer.
» Ainsi, que l'on ajoute de l'ammoniaque, même avant l'apparition de
la purpurogalline, et l'on obtiendra nettement, par des additions suc-
( SgS )
cessives, tontes les nuances de passage du bleu au rouge. De ce rouge vif,
si différent de la teinte première, on remonte au bleu en saturant dans la
même mesure par de l'acide acétique : le liquide est alors faiblement acide
au papier. Ces réactions sont au moins curieuses, puisque ces solutions,
qui rougissent par un alcali et qui bleuissent par un acide, présentent
l'inverse des réactions de la teinture de tournesol et de celles que j'ai
annoncées comme caractérisant l'acide érythrophénique.
» Toutefois ini excès d'acide acétique fait disparaître le bleu : le liquide
se décolore en partie et prend une teinte verdàtre; mais, en saturant par
de l'ammoniaque, on revient au bleu pour descendre ensuite la gamme
jusqu'au rouge. Quelque peu d'acide chlorhydrique, ajouté à la couleur
ammoniacale, fait retourner à la nuance primitive rouge du mélange de sel
ferrique et de pyrogallol.
)) Toujours est-il que, par l'action de l'acide pyrogallique sur un sel fer-
rique minéral et par l'addition d'ammoniaque, qui augmente le pouvoir
colorant de la combinaison, on peut constater des traces de sel ferrique
dans un liquide. En effet, une liqueur qui renferme i centigramme de
perchlorure de fer par litre, soito,oooi par centimètre cube, bleuit d'une
manière fort appréciable par le pyrogallol, puis prend une teinte rougeâtre
et enfin se colore par l'ammoniaque très-manifestement en violet plus ou
moins rouge. On observe les mêmes phénomènes dans une liqueur titrée
contenant 5 milligrammes de percbloriue de fer par litre, ou o,ooooo5 par
centimètre cube. En opérant sur i centimètre cube renfermant celte quan-
tité impondérable de fer, la teinte améthyste est encore sensible ; mais il
me semble difficile de chercher pratiquement à aller au delà de ce degré
de sensibilité.
» Pyrogallol et cyanure ferrique. — Lorsque, à la solution brune de
cyanure ferrique, obtenue par le mélange de cyanure rouge et de chlorure
ferrique, on ajoute du pyrogallol, il se forme un précipité bleu foncé qui
se dissout dans l'eau quand le cyanure rouge a été employé en petit excès.
La teinte du liquide est très-pure et persiste indéfiniment. On sait, d'ime
part, que le cyanure ferrique donne du bleu par les agents réducteius,
tels que le chlorure stauneux et même le sulfate ferreux, et que, lorsque
le cyanure rouge qui a servi à la préparation domine, on obtient des bleus
de Turnbuhl solubles, le simple ou le stanné, que j'ai obtenus autrefois
(Strasbourg, 1860) et décrits dans ma Thèse pour le doctorat ès-sciences.
» Le bleu produit par le pyrogallol est-il de même nature que le ferri-
cyanure ferrosopotassiquePou bien les éléments du pyrogallol n'en font-ils
77--
( 596 )
point partie constituante comme l'élain dans mon ferricyanure stanno-
ferrosopotassiqiie? Cette dernière hypothèse me paraît, en attendant
l'étude, parfaitement admissible; car, s'il en était autrement, si les élé-
ments du pyrogallol oxydé étaient restés libres, la couleur rouge qui
suit habituellement l'oxydation de l'acide pyrogaliique, en se mélan-
geant au bleu de Turnbuhl soluble, n'eilt pas manqué de donner un vio-
let pourpre.
» Voici d'ailleurs comment l'ammoniaque se comporte avec ces diffé-
rents bleus :
» L'ammoniaque fournit, avec le bleu de Turnbuhl soluble ou ferricya-
nure ferrosopotassique, un violet un peu plus rouge qu'avec le bleu de
Prusse soluble, et sa destruction par un excès est un peu plus lente.
» Cette même base produit, avec le bleu stanneux soluble, une réaction
que je regardais comme caractéristique à l'époque où je l'obtins : une goutte
fait virer au bleu violacé, quelques autres amènent un violet aniline, puis
la rougeur se prononce de plus en plus, et tout disparaît pour ne laisser
que la rouille. Une seule goutte, si le bleu est assez étendu, suffit pour le
faire passer lentement par toutes ces phases (Strasbourg, 1860).
» Le bleu ferricyanopyrogallique, bien que ne renfermant pas d'étain,
soit qu'il ait une constitution moléculaire analogue, se comporte d'une
façon presque semblable. Il vire successivement au rouge améthyste par
l'ammoniaque, mais reparaît par saturation à l'acide acétique, pour rougir
de nouveau par l'alcali, et ainsi de suite.
» J'aurai l'honneur de présenter prochainement à l'Académie la suite de
mes observations sur ce sujet, et les applications qui me paraissent en dé-
couler pour la teinture et pour l'impression des tissus. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Recherches sur te spectre de ta clitoroptiylte;
par M. J. Chautakd.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Conchtsions. — L Le spectre de la chlorophylle est caractélisé par un
certain nombre de bandes parmi lesquelles s'en trouve une, dans le rouge,
dont les propriétés spéciales suffisent pour distinguer la solution. Les qua-
lités de cette bande sont : la settsibilité, la siirelé, la généralité.
» a. Sensibilité, \ydr des contours nets, une position fixe et une perma-
nence remarquable au travers d'une solution étendue à moins de 777^770-
)) b. Sûreté, par le dédoublement dont elle est l'objet sous l'intluence
( 597 )
des alcalis, caractère qui n'appartient ni aux raies du sang, ni à celles de
la bile, ni aussi à celles d'aucun autre liquide organique.
M c. Gcné)'alilé, c'est-à-dire que cette raie apparaît toujours et partout
où existe la chlorophylle pure ou altérée.
» II. La chlorophylle existe, dans les végétaux, sous trois états différents
qui peuvent être parfaitement reconnus au spectroscope : sur les feuilles
de récente formation, sur les feuilles adultes, sur les feuilles mortes ou
détachées du végétal.
» a. Sur les jeunes feuilles en voie d'épanouissement, l'instabilité des
éléments est très-grande et se reconnaît à l'apparition de bandes acciden-
telles temporaires, sous l'action de l'acide chlorhydrique.
» b. Dans le second cas, le même acide fait naître, au sein de la so-
lution alcoolique, un tout autre système débandes, que je nomme bandes
accidentelles permanentes.
» c. Enfin, dans les solutions alcooliques de feuilles où la vie a dis-
paru, ou bien dans celles de chlorophylle fraîche qui ont subi une certaine
altération, les bandes accidentelles permanentes se présentent immédiate-
ment sans intervention d'acide chlorhydrique.
, M III. Comme dernière conséquence de l'analyse spectrale delà chloro-
phylle, disons que cette substance, si facile à modifier lorsqu'on l'envisage
au point de vue physiologique, est au contraire beaucoup moins altérable
qu'on ne le croit généralement. Elle résiste à l'action de l'iode, des acides,
des alcalis, du travail digestif, et conserve, sous l'influence de ces agents,
sinon sa composition et ses aptitudes primitives, du moins des caractères
qui permettent de la retrouver au sein des mélanges les plus complexes,
les plus variés et après un laps de temps considérable.
» Si la teinture alcoolique est détruite assez rapidement à l'air et surtout
à la lumière solaire, les solutions huileuses opposent à ces mêmes agents
une force de résistance très-remarquable, dont nous avons fait ressortir
les conséquences dans certaines questions de philosophie naturelle. »
GÉOLOGIE. — Sur l'étal du volcan de Nisiros au mois de mars 1873. Note
de M. H. GoRCEix, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
(Renvoi à la Commission administrative.)
B L'île de Nisiros est située à peu de distance de l'extrémité sud d'une
ligne dirigée à peu près du nord-nord-est au sud-sud-ouest, et presque perpen-
diculaire à l'axe volcanique de la Méditerranée. Autour de cette ligne sont
( 598 )
groupées, depuis Chio jusqu'à Rhodes, un certain nombre des îles des Spo-
rades soumises à des tremblements de terre presque continuels. Le com-
mencement de 1873 a été signalé par une recrudescence dans la violence
des secousses; mais, presque toutes étant horizontales, aucun dégât notable
ne s'est produit. Chio, Samos, Rhodes ont eu souvent à déplorer des désastres;
Cos, Nisiros et les îles voisines n'ont jamais beaucoup souffert.
» Nisiros est pourtant un centre volcanique analogue à Santorin. Sa
constitution est complètement volcanique; elle est formée par des laves
sorties du cratère qui en occupe le centre. Strabon (liv. X, p. 373) parle
de sa formation mythologique et des eaux chaudes qu'elle possède. Ross,
vers 1840, l'a visitée; il signale les soufrières indiquées sur la carte de
Brook et les phénomènes dont elles sont le siège. Sangrèbe, dans son
Histoire nalnrelle des volcans (F* partie, p. 248-2/I9), ue fait que citer la re-
lation de Ross. Depuis Brook, l'état et la situation des soufrières a notable-
ment changé, et, lors de mon voyage aux mois de mars et d'avril 1 873, cette
partie de la carte ne représentait plus la configuration actuelle de cette por-
tion du cratère primitif". Celui-ci a la forme d'une ellipse dont le grand axe,
dirigé du nord-ouest au sud-est, a environ aSoo mètres de longueur, et le
petit de 800 à 1000 mètres. Les bords du cratère, couverts d'un amoncel-
lement de laves brisées, disloquées, sont terminés par des crêtes aiguës s'é-
levantà des hauteurs de 600, 700, 800 mètres, sauf du côté sud, où il existe
une dépression. La peote du côté de la mer, quoique rapide, permet de
faire partout l'ascension des pics les plus élevés, mais les parois internes
sont taillées à pic, et la descente n'est praticable que par un petit nombre
de sentiers. Le fond du cratère est à i3o mètres au-dessus du niveau de la
mer; il est recouvert d'une couche de terre provenant de la décomposition
des roches et forme un vaste cirque couvert d'arbres et de cultures.
» L'extrémité sud-est, sur une étendue peu considérable, est occupée par
des fumerolles aqueuses trèa-actives. Tout autour, la lave a été altérée et
transformée, comme à Pouzzoles, en une argile kaolinique blanche.
» Sur la paroi nord-est, quelques fumerolles se montrent encore à une
hauteur de i5o mètres. Leur situation a varié, comme le montrent les ta-
ches blanches qui indiquent les points où la roche a été attaquée.
» La paroi sud-ouest, au-dessous du village de Nikia, est profondément
rongée, bien qu'il n'y ait plus trace d'émanations, qui sont surtout groupées à
l'est. Ces fumerolles forment deux centres d'émanations, situés à aSo mètres
l'un de l'autre et occupant le fond de deux petits cratères d'âges différents,
mais de formation récente par rapport au cratère principal de l'île. Le plus
( 599)
ancien des deux occupe un réservoir circulaire, sans rebords extérieurs, de
I 4o mètres de diamètre et de lo à 12 mètres de profondeur
» Les fumerolles, qui, au dire des habitants, diminuent d'activité, depuis
dix ans, y sont groupées autour d'un diamètre dirigé de l'est à l'ouest.
Leur température est partout supérieure à loo degrés; les pluies d'hi-
ver s'accumnlant dans cette cavité peuvent la transformer en un petit
lac sulfureux, dont la température atteint bientôt celle de l'eau bouillante.
Des jets de gaz et de vapeur d'eau s'échappent par de nombreux oriGces,
autour desquels des cristaux de soufre forment de petites cheminées; le sol
est partout imprégné d'acide sulfurique. Plusieurs essais faits sur place ont
donné, pour composition de ces fumerolles :
Hydrogène sulfuré 65
Acide carbonique. 3o
Oxygène o ,4
Résidu 45*^
» Le résidu n'a pu brîiler, mais l'essai était trop grossier pour conclure
à la non-existence de gaz combustibles; une analyse complète, avec le gaz
recueilli dans les tubes, résoudra la question. L'absorption par l'eau d'un
peu d'acide carbonique, pendant l'essai par l'acétate de plomb, a pu aug-
menter le chiffre trouvé poia' l'hydrogène sulfuré.
» Pendant que l'activité volcanique diminuait en ce point, elle augmen-
tait d'une manière sensible dans la seconde solfatare. Celle-ci est entourée
de parois coupées à pic à l'intérieur et s'inclinant en pente rapide à l'exté-
rieur. Au nord, ces rebords se confondent avec les roches du cratère pri-
mitif; sur les autres côtés, ils sont formés de fragments de laves profondé-
ment altérées et soulevées à des hauteurs de 5o à 60 mètres, délimitant
ainsi un petit cratère de forme irrégulière. Partout y existent des fumerolles,
dont l'activité est surtout considérable sur les parois internes. La tempéra-
ture est de 90 à 100 degrés à la surface; à une petite profondeur, elle at-
teint 1 10 à 1 15 degrés.
» Deux de ces fumerolles sont surtout remarquables. L'une est située à
5o mètres de la paroi est. D'un trou circulaire de 2 mètres de diamètre
s'échappent avec violence des torrents de gaz et de vapeur, s'élevant en tour-
billons blancs à une hauteur de plus de 100 mètres. La seconde est placée
au fond d'un entonnoir adossé à la paroi sud; les vapeurs qui s'en échap-
pent sont aussi considérables que dans la première, mais leur violence est
moindre. L'une et l'autre n'existent que depuis une année.
» Les dégagements latéraux ont aussi une grande action; ils forment
77
74
7I77
70
i8
21 ,6
24
25,3
0,4
0,4
0,4
0.4
4,6
3,7
3,9
3,8
( Coo )
une multitude de petits fours à soufre, substance se présentant en amas
assez importants tout autour d'eux.
» Les analyses suivantes ont été faites sur place, à trois jours d'inter-
valle, sur deux fumerolles a et è de la paroi sud.
Hydrogène sulfuré 74
Acide carbonique 21 ,6
Oxygène 0,4
Résidu 4
100 100 99,7 100,0 99,5
u Le résidu a brvilé en produisant une petite détonation.
» Les gaz de la fumerolle centrale sont mélangés d'une grande quantité
d'air; la proportion d'hydrogène sulfuré est moindre que dans les précé-
dentes : on y trouve 23 d'hydrogène sulfuré pour 77 d'acide carbonique.
» En 1871, à la fin du mois de novembre, d'après les renseignements
recueillis dans l'île même, ces solfatares avaient été le siège de phénomènes
beaucoup plus actifs.
» A la suite d'un violent tremblement de terre, les habitants des villages de Nisiros en-
tendirent des détonations comparables à une suite de coups de tonnerre; des flammes rouges
et jaunes s'élevèrent plus haut que l'île au-dessus des points où il existait déjà auparavant
quelques fumées, des pierres passèrent en sifflant au-dessus des pics les plus élevés, pour
aller tomber dans la mer; les champs au fond du cratère primitif furent couverts d'une
poussière blanche; la même nuit, les deux grandes fumerolles s'ouvrirent, et, depuis cette
époque, elles n'ont pas cessé de vomir des vapeurs.
» C'est à la suite de cette éruption qu'a été modifiée la solfatare indi-
quée dans la carte de Erook, et elle s'est confondue avec le second cratère.
» L'île possède, au bord de la mer, un certain nombre de sources mi-
nérales situées à l'extrémité de couches de laves. La première jaillit dans la
mer, au sud-ouest du village de Nikia; sa température est deo°,55, bien
qu'il y ait certainement mélange d'eau de mer. La seconde est située au cap
Pétrodi; une troisième, à pei\ de distance au nord du village de Mandraki.
» A une heure du cap Soutro, des dégagements de vapeur d'eau mé-
langée d'un peu d'acide carbonique s'effectuent au milieu des rochers; la
température varie de 3o à 35 degrés; un petit établissement de bains a
permis de les utiliser.
» Tout autour de Nisiros, existent un certain nombre d'îlots de même
nature : Hyali, situé à 3 milles au nord, est le plus curieux et le plus im-
portant de ces îlots; à l'extrémité de la pointe est, quand la mer est très-
calme, on peut voir un dégagement gazeux.
( <''Oi )
» Cos, placé à 8 milles nord de Nisiros, possède deux petites solfatares,
dont l'une est remarquable par un dégagement gazeux très-abondant et
présentant la composition suivante :
Hydrogène sulfuré 8,6
Acide carbonique 9° > 2
Résidu (azote) i ,2
» Le dépôt de soufre est très-peu important; une source considérable
d'eau ferrugineuse, légèrement sulfurée, jaillit à quelque distance.
)) Telle était la situation du volcan de Nisiros, aux mois de mars et
d'avril 1873. Depuis les temps historiques, aucune éruption avec coulée de
lave n'avait eu lieu; des maisons avaient été bâties au fond du cratère,
plusieurs à côté même des solfatares. Le gouvernement turc songeait à
tirer parti du soufre; quelques renseignements m'avaient été demandés par
les autorités du pays sur l'établissement d'une pareille exploitation. Dans
ma réponse, je signalais les chances que l'on avait de voir l'établissement
bouleversé par une nouvelle éruption ; ces prévisions semblent avoir été
confirmées. Une Note, insérée au Journal officiel du 1 5 juillet 1873, p. 4739,
annonce, en effet, que le volcan de Nisiros est entré en activité :
« Une dépêche de VHélion, en relâche à Chanak, dans les Dardanelles, annonce qu'une
éruption a eu lieu dans l'île de Nisiros, l'une des Sporades, sur l'emplacement d'un ancien
volcan. Vers le 10 juin, de nouveaux cratères se sont ouverts et ont vomi des cendres,
des pierres et de la lave; le sol en a été couvert sur une étendue considérable; mais
heureusement personne jusqu'ici n'a péri. De nombreuses crevasses se sont formées
sur la pente de la montagne, d'oîi ont coulé des eaux chaudes. L'île était chaque jour
ébranlée par des tremblements de terre, qui ont jeté la terreur parmi les habitants. Les
chocs ne se sont pas étendus aux îles voisines; mais on distinguait très-bien de Rhodes la
fumée du cratère. »
» Une lettre, que je dois à l'obligeance de M. Missir, agent consulaire
de France à Samos, confirme cette dépêche. Le 9 aoiit, un témoin oculaire
avait quitté l'île et avait rapporté à M. Missir que, continuellement, le
volcan vomissait des cendres, des pierres et de l'eau qui cristallisait [sic). Il
semble donc que l'éruption durait encore au commencement d'août. »
VITICULTURE. — Réclamation de priorité^ à propos de l'emploi du sulfure de
carbone contre le Phylloxéra. Lettre de M. E. de Laval à M. le Président.
(Renvoi à la Commission.)
« Je trouve dans le Compte rendu du aS aoîit dernier une Lettre de
M. Dumas, annonçant qu'on a enfin trouvé, dans le département de l'Hé-
C. R., 1873, 2* Semestre. (T, LXXVII, N» 10.) 7^
( 602 )
ranlt, un remède contre les ravages du Phylloxéra. Le procédé, attribué à
MM. Monestier, d'Ortoman et Lautaud consiste à pratiquer, autour de
chaque cep, trois trous dans lesquels on verse du sulfure de carbone à
l'aide d'un entonnoir, puis on recouvre le trou avec de la terre. Ce mode
de destruction du puceron a obtenu un plein succès aux environs de Mont-
pellier.
» J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie un numéro du Paris-Journal,
en date du aS septembre 1872 (c'est-à-dire remontant à près d'une an-
née) dans lequel, sous le titre de « Mode économique d'application des
liquides curatifs de la vigne », j'ai indiqué exactement le même procédé
général d'emploi, et j'ai conseillé deux liquides au nombre desquels figure
le sulfure de carbone.
» Mon article a été reproduit par plusieurs journaux, et notamment par
le Paysan, feuille d'agriculture pratique qui se publie à Lyon et compte
un très-grand nombre d'abonnés dans le midi de la France. C'est peut-être
ainsi que mon procédé a trouvé des expérimentateurs dans le département
de l'Hérault.
» Dans tous les cas, il est naturel que je revendique la priorité de l'in-
vention, aujourd'hui surtout que l'Académie, par l'organe de M. Dumas,
constate le succès.
» En conséquence, je viens vous prier de vouloir bien renvoyer ma ré-
clamation à la Commission du Phylloxéra. »
M. West adresse une Note concernant l'utilité de l'étude des volumes
des équivalents chimiques, qu'il a entreprise.
« ... Les volumes des substances inégalement dilatables présentent des
rapports qui changent à chaque température, c'est-à-dire des rapports
simplement accidentels, tandis que les volumes des substances également
dilatables présentent seuls des rapports invariables et, par suite, des rap-
ports comparables avec précision.
» On peut réaliser la condition de rendre deux substances également
dilatables, moyennant qu'on abaisse suffisamment la température de la
substance la plus dilatable, ou bien qu'on élève suffisamment la tempéra-
ture de la moins dilatable. C'est entre les volumes dilatés ou contractés
par ces changements de température qu'on doit effectuer la comparaison.
» Les conséquences numériques de ce qu'on a réalisé entre deux sub-
stances d'égale dilatabilité ne sont aujourd'hui susceptibles d'être men-
{ 6o3 )
tionnées que pour les substances relativement auxquelles on a étudié les
relations entre les températures et les volumes.
» On n'a encore fait ce genre d'études que sur peu de corps; mais ces
études, bien qu'en petit nombre, ont suffi à l'auteur pour remonter des
volumes des équivalents des corps composés à ceux des corps simples, ce
qui lui a permis de reconnaître une partie des lois qui régissent ces derniers;
autrement dit, de fixer les volumes théoriques des équivalents des corps
simples, volumes correspondant à une dilatabilité type, et à l'aide de ces
volumes élémentaires on détermine les volumes théoriques des équivalents
des corps composés.... »
Cette Note sera soumise à l'examen de la Commission déjà nommée pour
examiner le travail de M. West; cette Commission la transmettra elle-
même, ^'il y a lieu, à la Commission administrative.
M. Cazauran adresse une Note relative aux mesures à prendre contre la
propagation du Phylloxéra.
M. Leboiî adresse deux Notes concernant l'emploi du gaz d'éclairage ou
de la vapeur de soufre contre le Phylloxéra.
M. VicAT adresse une Note relative à un instrument formant tarière,
qu'il a construit spécialement pour introduire les substances insecticides
jusqu'aux racines de la vigne.
Ces diverses Communications seront transmises à la Commission du
Phylloxéra.
M. E. DccHEMiN envoie un spéchnen de la boussole circulaire au sujet
de laquelle il a adressé une Note à l'Académie.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Ed. Gouriet adresse, de Niort, un Mémoire portant pour titre « Re-
marques sur les membres postérieurs des Phoques et sur l'extrémité cau-
dale des Cétacés. »
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Lacaze-Duthiers.)
M. A. Barbier adresse, de Gujan (Gironde), une Note concernant les
78..
( 6o4 )
principes qui lui paraissent devoir présider à la classification des familles
dans le règne animal.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. E. Blanchard.
M. J. Billet adresse, de Lyon, un Complément à ses Communications
précédentes, concernant la navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. A. Brachet adresse une INote relative au télescope catadioptrique
binoculaire.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. Hena adresse une Note relative à des concrétions trouvées dans les
terrains de Saint-Brieuc.
(Renvoi à la Commission précédemment Bommée.)
M. B. Constant adresse une Note concernant la transmission des dépê-
ches par des tubes pneumatiques.
(Commissaires : MM. ïresca, Resal.)
M. C.-M. Mathey adresse, de Plombières (Vosges), une Note relative à
son procédé d'application de la force du vent à la vapeur.
(Renvoi à la Commission nommée.)
CORRESPONDAIVCE.
M. le Seckétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. H. Gérardin, intitulé « Théorie des moteurs hy-
drauliques; applications et travaux exécutés pour l'alimentation du canal
de l'Aisne à la Marne par des machines » (Renvoi au Concours du prix
Dalmont);
2" Trois ]Mémoires de I\[. Max. Marie, intitulés « Sur quelques propriétés
générales de l'enveloppe imaginaire des conjuguées », « Déternnnation du
point critique où est limitée la convergence de la série de Taylor » et « Dé-
( 6o5 )
terminalion du périmètre de la région de convergence de la série de
Taylor » (Ces documents sont renvoyés, conformément au désir exprimé
par l'auteur, à la Commission du prix Poncelet) ;
3° Une brochure de M. Mourelte, portant pour litre « Question du ton-
nage; Note sur la nouvelle base de perception des droits du canal de
Suez »;
4° Le second Mémoire de M. Fan der Mensbrur/glie, sur la tension su-
perficielle des liquides, considérée au point de vue de certains mouve-
ments observés à leur surface.
ASTRONOMIE. — Épliéinéride de la comète à compte période de Brorsen calculée
par M. W. Plummer, d'après les éléments de M. Hind, communiquée par
M. Le Verrier.
i5'', temps moyen de Greenwich.
1873.
Asc. droite.
Dist. polaire.
h m 9
" r
Août 26. . .
6.28.38
y3-57,9
27...
34.22
93.41,0
28...
40. 10
93.23,6
29. . .
46. 2
93. 6,0
3o...
51.57
92.48,0
3i...
6.57.56
92.29,8
Sept. I . . .
7. 3.58
92. 1 1 ,2
2. . .
10. 4
91.52,4
3...
i6.i3
91 .33,3
1873.
Asc. droite.
Dist. polaire
b m 8
0 t
Sept. 4. . .
7 . 22 . 26
91.14,1
5...
28.4.
90.54,6
6...
35. 0
90.34,9
7...
4i .21
90.14,9
8...
47-45
89.54,9
9...
7 54.12
89.34,7
10. . .
8. 0.41
8g.i4,3
II...
8. 7.12
88.53,8
ASTRONOMIE. — Sur la comète de Brorsen et la comète de Faye, retrouvées
à l'Observatoire de Marseille. Note de M. E. Stephan, communiquée
par M. Le Verrier.
Comète V, 1873. {Comète de Brorsen, retrouvée h l'Observatoire de Marseille,
par M. E. Stephan, dans la nuit du 3i tiout au i'"' septembre 1873.)
Ascension droite Distance polaire Etoile
T. m. de Marseille. do la c(aiiète. de la comète. de comp. Observ.
1873.
Septembre i. i5''57'"3i
Stephan.
7''6"'32-,o3 9i<'54'3i",2 a
Position moyenne de f étoile de comparaison pour 1873,0.
Étoiledecomp. Grandr. Asc. droite. Dist. polaire. Autorité.
a... 177 W. (anc. cat.) H. VII 9° 7''7'"9%69 9i''5i'49",7 Cat. Weisse.
« La comète a l'apparence d'une nébulosité ovoïde, diffuse, d'une
( GoG )
excessive faiblesse, avec une trace de condensation vers la partie centrale.
L'observation est très-difficile.
Comète VI, iS'jS. [Comète de Faye, retrouvée à /'Observatoire de Marseille,
par M. E. Stephan, dans la nuit du 3 au 4 septembre iS^S.)
CoiTf'ct. du Jahrbuck
(Obs. cale.)
Temps moyen Asc. droite Dist. polaire Etoile ^ — -^ „ — -^
1873. de Marseille, de la comète. de la comète, decomp Observ. en iR. en P.
Sept. 3. i6''9'"3' 7''o"48s37 74°i2'33",8o b E. Steplian. -t-o%48 -4".8
Position moyenne de l'étoile de comparaison pour 1873,0.
Étoile de comp. Grande. Asc. droite. Dist. jiolaire. Aiilorilé.
b i5 W. (n. c.) H. VII. g" 7''3™4s5i 74"ii'i8",i Cat. de AVeisse.
» La comète est excessivement faible, très-petite, mais avec un petit
noyau bien net, qui rend l'observation facile. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouvelles observations relatives à In présence du
inaqnésium sur le bord du Soleil, et réponse à quelques points de la théorie
émise par M. Faye. Note de M. Tacchini.
<t Palerrae, 27 août 1873.
» Comme suite à ma Communication insérée aux Comptes rendus du
3o juin, je crois devoir présenter à l'Académie le complément des obser-
vations faites sur la raie b et la raie i474^ au bord du Soleil. Voici les
nombres des positions observées chaque jour :
1873.
Magnésium.
./|,4A.
1873.
Magnésium.
■47^'î--
1873.
Magnésium.
.474 A.
Juin 20. .
54
56
Juin. 9..
. 58
59
Juin. 29. .
. 54
58
11. .
60
60
11..
. 53
58
3o..
5i
58
22. .
57
59
i3..
. 48
49
3...
. 60
60
23..
Go
60
14..
. 53
54
Août !..
. 32
40
26..
39
39
i5..
26
44
0.
. 48
53
27..
47
5i
16.
. 60
60
3..
55
57
28..
49
57
18..
. 54
57
6..
. 53
58
29..
49
5?
19..
. 56
58
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. 52
55
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• 43
48
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. 53
58
Juin. 2..
. 36
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32
39
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. 56
58
5..
59
59
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. 55
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16..
. 51
56
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53
54
26..
. 53
55
26..
. 46
5o
•:■■
58
58
28..
. 46
5i
27..
60
60
» Comme j'ai eu le soin de prendre seulement les jom-s où le ciel était
très-clair et l'air tranquille, ou certains jours, comme le 27 août, dans les-
(6o7)
quels, l'air étant troublé, on distinguait cependant le magnésium avec une
parfaite netteté, il est évident que les différences offertes par les nombres
ci-dessus dépendent vraiment de la différence de distribution des vapeurs
le long du bord, laquelle est très-variable et indépendante de la position
du disque. Quant à la fréquence, comparée à celle de l'année dernière,
elle me semble bien plus grandej car, dans le mois de juillet 1872, on
trouve cinq jours avec le nombre des positions surpassant cinquante, tandis
que, en juillet iSyS, nous on avons quatorze. Les observations du mois
d'août montrent encore ime constance extraordinaire du maximum. La
raie i474 ^ accompagne toujours les raies b, mais donne un nombre de posi-
tions presque toujours plus grand, c'est-à-dire qu'il y a des positions où on
la distingue, tandis que le magnésium n'est pas visible, circonstance qui
me semble indiquer qu'elle n'appartient pas aux raies du fer, qui est bien
plus lourd que le magnésium.
» J'ajouterai quelques mots au sujet de la dernière Note de M. Faye.
L'illustre astronome se préoccupe vivement, en voyant s'accroître le
nombre des adversaires de sa théorie, et je le comprends; mais ce que je
n'ai pas compris, c'est le rôle qu'il fait jouer à mes critiques à l'égard de
MM. Zôllner etTarry. Quant à moi, je ne puis pas admettre queMM. Zôllner
et Tarry aient accepté mes conclusions aussi inconsidérément que semble
le croire M. Faye; je suis bien certain, et l'on aurait grand tort de soup-
çonner le contraire, que ces deux savants, avant de se prononcer, auront
dû s'occuper sérieusement du travail de M. Faye, ainsi que de mes obser-
vations et des critiques que j'en ai dédnites, en sorte que l'opposition qu'ils
ont faite à la théorie des cyclones n'est pas une acceptation aveugle de mes
conclusions.
» Quant à moi, pour répondre à M. Faye, j'aurais de nouvelles obser-
vations à lui présenter : ainsi, hier, sur le bord occidental, j'ai trouvé
de belles facnles entre 45 et 58 degrés, sans taches ni trous. Elles devaient
être sur le bord le matin suivant, et, en considération de leurs carac-
tères, je m'attendais à avoir un spectre métallique. En effet, ce matin,
quoique le ciel fût très-brumeux, j'ai trouvé le spectre métallique assez
intense. Je pourrais répéter ici mes raisonnements, qui me conduiraient
rigoureusement aux mêmes conclusions; je pourrais y ajouter d'autres
observations et d'autres dessins, mais tout cela serait inutile; car l'illustre
académicien répondrait tout simplement en disant : « Quant à ses observa-
tions, je suis loin de les contester; leur parfait accord avec ma théorie me dis-
pense d'ailleurs de les rappeler. »
( r.o8 )
» En ce qui concerne les pénombres, M. Faye anrait raison si les pénom-
bres (Irins les taches solaires étaient semblables à îles anneaux très-minces,
montrant des filets nidimentaires de la facu'.e; mais, au contraire, la pé-
nombre est presque toujours très-large, et beaucoup de ses langues ou cou-
rants vont jusqu'au fond, partageant et segmentant les noyaux d'une ma-
nière tout à fait contraire à ce que font les cyclones. Par conséquent, il
y a bien lieu de s'étonner que, dans 634 observations de taches, 9 seule-
ment présentent des indices d'un mouvement tourbillonnant! Les tourbil-
lons n'existent que dans un nombre de cas très-restreint, et, quand le
tourbillon se forme, la pénombre, sans perdre ses caractères ordinaires,
prend une disposition spirale conforme au sens du tourbillon.
» M. Faye me fournit le moyen plus sûr de mettre en défaut sa théorie. Je
le prierai de vouloir bien donner un coupd'œil à la Table XVII des Meinoiie ;
il pourra constater que les dessins des taches qu'il a déjà invoquées en faveur
de sa théorie lui sont contraires, car ils montrent des mouvements opposés
dans les fig. 5 et 9, tandis que les taches étaient dans le même hémisphère.
Mais supposons encore, en faveur de M. Faye, que mon observation soit
fausse; la question resterait toujours la même, car je n'ai jamais dit que les
tourbillons ne se présentent jamais; au contraire, j'ai démontré leur exis-
tence par l'observation. Je n'ai jamais dit qu'ils doivent se former contrai-
rement aux lois indiquées par M. Faye, mais j'ai seulement chercbé à
démontrer que les tourbillons n'existent, dans les taches, que dans des cas
très-rares : mes observations et mes conclusions ont obtenu l'approbation
de quelques autres savants, et voilà tout.
» Quant au second point, je me permettrai de dire à l'illustre astronome
qu'il n'y a pas de méprise : son dessin et les expressions si claires qui
l'accompagnent m'auraient plus qu'autorisé à prendre en considération
la couronne de protubérances régulières, et même, sans le dessin, c'est
une conséquence naturelle des courants ascendants de M. Faye tout autour
du tourbillon. La symétrie, comme la fait intervenir M. Faye, n'a aucune
importance, c'est-à-dire que, au lieu de se présenter toujours, avec ou sans
régularité, avec ou sans symétrie, il y a des cas où la couronne n'existe
pas, ce que l'illuslre astronome a cru devoir passer sous silence, comme
les spectres métalliques.
» Arrivons au troisième et dernier point. Ici, M. Faye renverse entière-
ment l'ordre de mon raisonnement, c'est-à-dire que, ce que j'ai présenté
comme conséquence de sa théorie, il le donne comme prémisses; peut-être la
différence de langue at-elle contribué à faire interpréter mon raisonnement
( 6o9)
avec peu d'exactitiule. En effet, est-il possible de se demander si les
protul)érances se montrent on non aux pôles dn Soleil, si les protubérances
se trouvent ou non en dehors des taches? L'observation spectrale a com-
plètement résolu ces questions. La véritable question se pose d'une ma-
nière inverse : elle consiste à examiner si la théorie de M. Faye est d'ac-
cord avec l'ensemble des faits observés, et, sur ces points, j'ai trouvé qu'il
n'en est rien. En effet, je le répète, il préfend que, parmi les hypothèses
qui doivent disparaître définitivement, se trouve celle des éruptions in-
ternes donnant naissance aux taches; quant aux spectres métalliques des
taches, il les considère comme le résultat de la circulation hydrogénique
produite par le tourbillon ou par la tache. Or j'ai démontré, par l'observa-
tion, qu'il y a des taches sans protubérances et sans spectres métalliques,
c'est-à-dire sans tourbillons.
» M. Faye dit que la constance d'épaisseur de la chromosphère est mainte-
nue par rap]iel des taches, qui abandonnent par leur orifice inférieur l'hydro-
gène qu'elles ont aspiré, et lui permettent de se répandre dans les couches
supérieures, d'où il remonte avec une extrême vitesse pour s'élancer en jets
plus ou moins inclinés dans l'espace presque vide qui surmonte la chromo-
sphère; et c'est ainsi qu'il croit établir l'équilibre. Or, outre que j'ai
exposé des cas où cette circulation n'existait pas, j'ai fait voir encore
que l'équilibre était impossible, car il y a des époques sans taches, mais avec
beaucoup de protubérances, et des époques de protubérances aux pôles,
sans taches; de là mes conséquences contre la théorie de M. Faye et con-
tre la compensation admise par lui. Je n'ai donc rien imaginé : j'ai seule-
ment discuté en m'appuyant sur les propositions énoncées par M. Faye.
M J'espère que le savant astronome voudra bien relire mes Notes : il
pourra mieux juger alors du véritable état de la question, et il me par-
donnera sans doute si je continue à soutenir que sa théorie ne repré-
sente pas les faits que j'observe chaque jour directement et avec le spec-
troscope. »
GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION. — Sur T emploi des chronomètres à In mer.
Lettre de M. de Magnac à M. Yvon Villarceau.
« Je viens de terminer les calculs relatifs aux recherches chroaiomé-
friques de la deuxième campagne du vaisseau le Jenn-Bart; je m'empresse
de vous faire part des résultats auxquels ils m'ont conduit : ils sont tout
C. R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVII, >» 10.) 79
( 6.0 )
à fait concluants, c'est-à-dire qu'ils démontrent complètement que l'appli-
cation de la série de Taylor et de la méthode d'interpolation de M. Cauchy
au calcul des marches diurnes des chronomètres permet d'atteindre une
précision et, par conséquent, de conserver l'heure du premier méridien
avec une exactitude extraordinaire.
» La première partie de mon travail, faite avec les observations de la
frégate la Victoire, m'avait amené à cette conclusion, que :
» De toutes les causes physiques agissant à bord sur les chronomètres,
les principales sont la température et le temps, et que le théorème de
Taylor rend parfaitement compte de leurs actions.
)) Un point capital se trouvait ainsi obtenu : la construction des chro-
nomètres est arrivée à un assez haut degré de perfection pour que la
fonction du temps et de la température, qui représente la marche diurne,
soit presque toujours continue; mais il n'était pas prouvé que l'on n'eîit
pas souvent à redouter l'action perturbatrice de causes autres que le
temps et la température, et surtout l'impossibilité de les combattre. Pour
un chronomètre isolé, l'étude de l'action de ces causes perturbatrices
est absolument impraticable; nous avons donc dû laisser de côté le cas
où l'on n'aurait qu'un chronomètre et ne chercher à étudier qu'un groupe
de ces instruments.
» A ce sujet, il se présentait de suite à l'esprit cette grave objection : si
les causes perturbatrices toujours communes, telles que le roulis, le tan-
gage, les secousses, l'électricité, agissent d'une manière sensible sur la
plupart des montres, il faudra étudier les perturbations d'un groupe de
montres tout comme celles d'un chronomètre isolé, et alors nous devrons
renoncer à poursuivre notrebut; mais, d'après nos premières observations,
nous pensions qu'il n'en était pas ainsi et que le plus grand nombre des
montres étaient en fait, pour nous, insensibles à ces causes de perturba-
tions; c'est ce que nous avons cherché à vérifier définitivement, pendant
les deux dernières campagnes du Jean-Bart.
» Dans ce but, on a observé tous les jours, à 7'' 3o"' du matin, les diffé-
rences des heures des chronomètres pris deux à deux; on en a conclu les
variations diurnes observées de ces différences d'heures, qui sont, comme
on le sait, égales aux différences des marches diurnes des chronomètres;
en outre, on a calculé, au moyen de la série de Taylor, les marches diurnes
de chaque chronomètre; on en a déduit les variations diurnes calculées;
on a alors comparé les variations observées aux variations calculées : toutes
les fois que leurs écarts restaient dans les limites d'erreurs d'observation,
(6i. )
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79-
( 6.2 )
on admettait que les chronomètres auxquels ils se rapportaient avaient
suivi les marches calculées; mais si, au contraire, ils dépassaient les li-
mites fixées, on regardait les montres comme ayant suhi des perturbations
et l'on rejetait leurs indications. En opérant de cette manière, nous sommes
arrivé k constater ce fait très-remarquable, c'est que, sur un groupe de
quatre chronomètres, un a éprouvé des perturbations fréquentes, un second
n'en a éprouvé que d'assez rares, ces perturbations ont été très-rares pour
un troisième el elles n'ont pour ainsi dire pas existé pour un quatrième;
en définitive, on a toujours eu, en même temps, au moins deux chrono-
mètres n'ayant point de perturbations; on a donc pu conserver l'heure de
Paris très-exacte, ainsi qu'on en va juger.
» I/inspection du tableau ci-contre montre que les longitudes observées
dans les deux campagnes ne diffèrent que des faibles quantités suivantes :
— 1%62, — 4%i3, — 2%07, -+- o^Sg.
Ces nombres sont très-satisfaisants; car ils sont tout à fait dans les limites
d'erreurs d'observation. Les méthodes en usage à bord des navires et qui
nous ont servi à observer les heures ne permettent pas d'en répondre à
plus de ± 2 secondes : or la combinaison fortuite de deux erreurs pareilles
peut produire, sur la différence de deux longitudes, une erreur de zh 4 se-
condes; si l'on tient compte, en outre, des erreurs des températures, on
aperçoit à première vue que l'on peut avoir à redouter, dans le cas qui nous
occupe, ime erreur supérieure à — 4%i3, la plus forte des discordances
de nos longitudes obtenues dans les deux campagnes de 1871-1872 et
1872-1873.
» Si, d'un autre côté, nous comparons nos longitudes à celles qui sont
données dans la Coiuiaissa)icc des Temps, ou à celles de M. Mouchez, nous
ne trouvons encore que des différences très-petites.
» Nos résultats sont donc aussi précis qu'on pouvait le demander,
surtout eu égard aux très-grands nombres de jours de mer au bout desquels
ils ont été obtenus. Nous attirerons particulièrement l'attention sur celui de
la traversée du cap de Bonne-Espérance à Lisbonne; elle a duré 69 jours :
les marches diurnes ont été calculées par extrapolation et la longitude
obtenue ne diffère que de 2^9 de celle de la Connaissance des Temps. Ceci
est fort important au point de vue de la navigation, pour laquelle il faut
extrapoler. En ce qui concerne les positions géographiques, on pourra
facilement pousser la précision plus loin : il suffira d'employer huit chro-
nomètres au lieu de quatre, en ayant soin de les étudier avant le départ,
(6.3)
puis de substituer la lunette méridienne portative au sextant, et enfin d'em-
ployer des thermomètres donnant le dixième de degré. Moyennant ces
précautions, on parviendra sûrement à conserver l'heure de Paris, pour
ainsi dire sans erreur, à moins toutefois de circonstances tout k fait extra-
ordinaires, telles qu'un cyclone, la seule qui ne se soit pas présentée pen-
dant les cinq années d'études que nous avons faites, soit sur la Victoire,
soit à bord du Jean-Bait.
» Je suis très-heureux, Monsieur, de vous faire parvenir ces dernières
preuves décisives de l'excellence de la méthode que vous avez proposée
pour le calcul des marches diurnes des montres marines : vous avez rendu
un nouveau service à la science et à la navigation; je ne doute pas qu'il
ne soit bientôt apprécié par les marines des divers États. Déjà, lors de notre
passage à Rio-de-Janeiro, Sa M;ijesté l'empereur du Brésil, à laquelle aucun
progrès de la science ne reste étranger, m'a fait l'honneur de m'appeler pour
lui exposer la nouvelle méthode, afin de pouvoir la faire mettre en pratique
dans la marine brésilienne. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Réflexions sur les générations spontanées, à propos
d'une Note de M . U. Gayon sur les altérations spontanées des œiijs, et d'une
Note de M. Crace-Calvert sur le pouvoir de quelques substances de prévenir le
développement de ta vie protoplasmique; par M. A. Béchamp.
« Il y a quelques années, j'ai publié, siu' la fermentation alcoolique et acé-
tique des générations spontanées des œufs, un travail où je disais : « L'oeuf
» porte en lui-même, normalement, la cause de cette fermentation, et c'est
» surtout dans le jaune que réside cette cause ». Un autre travail montrera
que j'aurais pu intituler cette Note : « Des microzymas de V œuf considérés
comme organismes producteurs d'alcool et d'acide acétique (i) ».
» Mon intention était de ne revenir sur ce sujet qu'après avoir résolu
quelques-uns des problèmes qu'il soulève et qui se rattachent à mes autres
études sur les microzymas. Il fallait, notamment, reprendre l'étude des
matières albuminoïdes de l'œuf et les caractériser, afin de déterminer
dans quelle limite on peut dire qu'elles sont modifiées dans l'altération pro-
voquée par le procédé de M. Donné. Ce travail est très-avancé (2). La
(i) Comptes rendus, t. LXVII, p. 523.
(2) Contiaiienient à ce que l'on croyait, il y a au moins trois matières albuminoïdes dis-
tinctes dans le blanc d'œuf ; dans le jaune, outre les microzymas qui sont insolubles dans
l'eau, il y en a au moins deux qui y sont solubles.
( 6./, )
Note que M. U. Gayon a récemment présentée à l'Académie (i) m'oblige
à modifier le plan que je m'étais tracé. Les critiques adressées à la conclu-
sion que je rappelais en commençant soulèvent une question de méthode
qu'il m'importe, dans l'intérêt de cette étude, d'examiner avant tout. « On
se rappelle, dit M. Gayon, les expériences décisives par lesquelles M. Pas-
teur a combattu victorieusement les théories de la génération spontanée,
je veux parler de la disposition simple qui consiste à conserver au contact
de l'air pur, à l'abri de tous germes actifs, les liquides les plus altérables,
tels que le sang et l'urine. « Et l'auteur s'efforce de démontrer que je me
suis trompé ; qu'il n'y a dans l'œuf, dans le jaune, normalement, néces-
sairement, rien à quoi l'on doive attribuer les transformations observées.
Pour les expliquer, il fait intervenir des germes de l'air, accidentellement
introduits dans l'œuf avant le dépôt de l'enveloppe calcaire de la coquille.
Je répondrai plus tard à l'argumenlalion de M. Gayon, par des faits que je
crois pouvoir regarder comme décisifs ; mais n)on honorable contradicteur
laisse croire que, dans mes recherches, je ne prends aucune précaution
contre les germes actifs de l'atmosphère. C'est ici que se place la question
de méthode.
» Je ne sais jusqu'à quel point les sectateurs de l'hétérogénie ont été
convaincus; ce qu'il y a de certain, c'est qu'une école physiologique n'en
continue pas moins de professer la doctrine que l'on dit vaincue, et ici je
ne fais pas allusion aux savants qui font dériver le monde organisé d'un
monère, simple flocon d'albumine vivante, spontanément formé, mais à
ceux qui soutiennent que la cellule, dans les êtres supérieurs, naî! d'un
protoplasma vivant où n'existerait rien d'organisé. Quoi qu'il en soit, je
me hâte de déclarer que je n'ai aucune objection à élever contre la mé-
thode invoquée. Or cette méthode, qui a pour but de tuer les germes
atmosphériques ou d'en empêcher l'arrivée dans les mélanges ou les pro-
duits fermentescibles, est insuffisante et caduque quand il s'agit d'expéri-
menter sur des matériaux dans lesquels on veut démontrer l'existence
d'éléments anatomiques vivants, qui proviennent d'êtres dont toutes les
partiesorit eu le contact de l'air atmosphérique normal, c'est-à-dire chargé
de poussières où, comme je l'ai démontré, dominent précisément des mi-
crozymas d'un certain ordre.
» La méthode plus générale que j'ai substituée à celle-là, en la combinant
au besoin avec elle, consiste à introduire de la créosote, de l'acide phé-
(i) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 2i4; 21 juillet iSjS.
(6,5 )
nique, des ngents analogues on autres, dans le milieu fermenfescible. J'ai
eu l'occasion d'y insister plusieurs fois devant l'Académie et d'en exposer
la théorie. Je demnnde la permission de répéter que la créosote, par
exemple, employée à dose non coagulante, qui n'empêche pas une fermen-
tation commencée de s'achever, a pour effet, non, sans doute, de tuer les
germes atmosphériques, mais de s'opposer à leur évolution en moisissures,
bactéries ou autres infusoires, selon les circonstances. Réciproquement,
elle peut enrayer l'usure et la destruction physiologique de certaines cel-
lules. Il n'est pas même nécessaire que la créosote soit introduite dans le
milieu fermentescible ; il suffit que celui-ci soit placé dans une atmosphère
qui en contient la vapeur. Sous son influence, ou celle d'agents analogues
bien choisis, même sans prendre d'excessives précautions, les matières les
plus altérables se conservent au contact de l'air sans subir de transforma-
tion chimique appréciable, alors que, sans leur usage, les moisissures ou
les bactéries, ou d'autres infusoires apparaissent, lesquels opèrent consé-
cutivement la transformation de la matière,
M 11 n'est peut-être pas inutile d'ajouter que, cette méthode, je l'avais ap-
pliquée à une époque où la question des générations spontanées n'était
pas de nouveau soulevée, c'est-à-dire longtemps avant i858. Depuis lors,
elle a fait ses preuves ; la théorie qui en découle a été confirmée, et ses con-
séquences ont abouti à des applications, même pour l'art de guérir. En
effet : i° M. Crace-Calvert (i) s'est assuré que l'acide phénique et le crésy-
lique sont « des substances qui préviennent entièrement le développe-
ment de la vie protoplasmique et de la moisissure ». Comme moi, M. Cal-
vert se sert de ces substances à dose non coagulante. Sans doute ce savant
appelle « vie protoplasmique » le développement des vibrions et des bac-
téries. Cela est de peu d'importance, bien que ce soit là le langage d'un
spontépariste. M. Calvert dit : « prévient le développement de la vie pro-
toplasmique », là où je dis : « empêche l'évolution des germes atmosphé-
riques en vibrions, bactéries ou moisissures ». C'est une nuance, mais ce
qui reste acquis, c'est que la créosote et les agents analogues créent nn
milieu stérile où n'apparaît rien d'organisé. 2° M. Masse (2), en 1864, a
appliqué la créosote au traitement du sycosis parasitaire, en s'appuyant
sur la théorie que je viens de résumer. « C'était, dit-il, un nouveau para-
siticide à essayer. Toutefois, il ne fallait pas se faire illusion; la créosote
(i) Comptes rendus, t. LXXV, p. ioi5; 28 octobre 1872.
(2) Comptes rendus, t. LIX, p. 574, et Montpellier médie'nl, t. XIII, p. 44'-
(6i6)
ne devait point tuer immédiatement le parasite développé, puisqu'elle n'ar-
rête pas une fermentation qui a commencé. Elle s'oppose au développe-
ment ultérieur des sporesj elle crée dans les follicules pileux un terrain
stérile, dans lequel le cryptogame ne pourra que s'épuiser et mourir. » La
guérison est venue donner raison à la théorie. Plus tard, dans les mêmes
hôpitaux de Montpellier, M. Pécholier (i) a employé, avec succès, le
même agent dans le traitement de la fièvre typhoïde, et les résultats obte-
nus ont été confirmés par M. Gaube (2). Enfin MM. Barrant et Jessier se
sont servis de l'acide phénique dans le traitement de la fièvre intermittente,
en invoquant la même théorie. Je pourrais multiplier les cas où la créo-
sote et l'acide phénique ont eu des applications médicales couronnées de
succès.
» Il est donc démontré que la nouvelle méthode empêche les fermen-
tations, parce qu'elle s'oppose à la naissance des ferments organisés par
les germes atmosphériques. La méthode ancienne empêche les mêmes ma-
nifestations, parce qu'elle tue les germes ou s'oppose à leur arrivée dans
le milieu fermentescible. On voit la différence. Je reviens à la Note de
M. Gayon. L'auteur, après avoir rappelé la conservation de l'urine et du
sang par l'ancienne méthode, annonce qu'il a conservé de même l'albu-
mine et son mélange avec le jaune. J'ai plusieurs fois insisté sur ce que
l'albumine, la gelée de gélaline, le bouillon on l'infusion de levure, sucrés
ou non, d'autres matières albuminoïdcs, additionnés de créosote, se con-
servaient sans difficulté au large contact de l'air. Pour ce qui est de l'urine,
celle qui a été créosotée ou phéniquée, même sans être filtrée, ne s'altère
plus; j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie un Mémoire imprimé sur la
kyesléine, où se trouvent rapportées mes expériences. Le sang aussi se
conserve aisément; c'est un des liquides où apparaissent le plus difficile-
ment des bactéries. Tous les médecins légistes savent que le ponnion est,
de tous les viscères, celui qui se putréfie le dernier. M. Le Rieque de
Monchy (3) n'a jamais vu apparaître de bactéries ou de vibrions dans un
mélange créosote de sang et d'empois de fécule; bien mieux, un mélange
créosote de gelée de gélatine et de sang ne se fluidifie pas, parce que des
vibrions n'y apparaissent point. Quant au mélange du blanc et du jaune
de l'œuf, M. Donné et moi avons fait remarquer qu'il n'est pas facile d'eii
(i) Comptes rendus, t. LXVIII, p 67!; mars 18G9.
(1) Ibid., t. I,XIX, p. 838; octobre 1869.
(3) Mémoires de l'Acndcmic des Sciences de Montpellier, t. VII, ]i. 175; i8(it).
( 6i7 )
obtenir la fermentation; ce qu'il y a de certain, c'est que jamais, ni
M. Donné, ni moi, n'y avons vu ni bactéries, ni vibrions, ni moisissures,
ni autre chose d'organisé. J'affirme de nouveau qu'il n'y a, normalement,
dans le mélange, avant et après la fermentation, que des microzymas;
j'affirme, de plus, que nulle part, bien que M. Gayon me le fasse dire, je
n'ai soutenu que les microzymas de l'œuf évoluassent en bactéries ou pro-
duisissent des cellules de levure alcoolique. Les microzymas du jaune
d'œuf sont d'un ordre spécial, sans doute par destination; ce sont eux
qui ne permettent pas de dire que l'animal qui se développe dans l'œuf est
le produit d'une génération spontanée; mais ceci formera l'objet d'une
nouvelle Note (i). »
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
(i) M. Béchamp joint à cette Note diverses brochures se rapportant au mêrae sujet, et
relatives, en particulier, à la nature de la kyestéine, aux microzymas, aux organes micro-
scopiques de la bouche, et à l'alimentation.
ERRATA.
(Séance du 4 août iSyS.)
Page 35o, ligne i6, au lieu de
V L 27r/nl J y L 27r/«I J
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVll, N» 10.) 8o
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( 6i9 )
Observations météorologiq. faites a l'Observatoire de Montsouris. — Août 1875.
MAGNÉTISME TERRESTRE.
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0,3
0,54
( 620 )
ObSBRYATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A l'ObSEBVATOIRE DE MONTSODRIS. — AOUT 1873.
Résumé des obsen-alions régulières,
6hM. ghRl. Midi. S^S. 6>>S. ghS. Minait. Moj.
mm mm mm mm mm mm mm mm
Baromètre réduit à 0» 756, 16 766,39 755,95 755, 3o 763,21 756,08 756, i/i 755,87(1)
Pression de l'air sec ^!^5,:t2 7^5,26 7!i5,7i 745,2', 7.'!^, 84 7^5, i3 745,37 745,29(1)
0000000 o
Thermomètre à mercure (jardin) 14,86 19, ij 22,61 23,70 21,64 '7, 81 i5,6i 18,68(1)
» (terrasse) (3). » 19,06 22,39 ^3,28 21,88 18, 23 16,09 18,97(1)
Thermomètre à alcool incolore 14, 65 18,89 22, 3o 23,47 21, 53 17,74 i5,52 i8,5o (1)
Thermomètre électrique à 29™ n»»»»»» »
Thermomètre noirci dans le vide, T'.. . 20,19 35,87 4'i46 4'j5i 26,39 " " 36, 06(2)
Thermomètre incolore dans le vide, «. . 16, 43 26,86 3o,62 3i,i5 22,71 » » 27,66(2)
Excès(T' — f) 3,76 '10,01 10,94 10,36 2,68 » .. 8,60(2)
Tempérât, du sol à o™, 02 de profond'.. 16, 23 20,77 23, 00 23,49 21,29 "8,58 16,96 19,37(1)
» o^jio » 18,16 18,99 20,86 22,00 21,82 20,61 19,62 20,09(1)
» o"',20 » 20, o5 19,82 20,10 20,69 21, i4 21,23 20,92 20,55(1)
• o'n.So II 20, 3i 20,06 20,00 20,21 20, 5i 20,70 20,66 20,37(1)
• i™,oo » 19,60 19,63 19,65 19,66 19,63 19,61 19,59 19,63(1)
Tension de la vapeur en millimètres.. . 10,94 11, i3 10,24 10,06 10,37 iOi95 'Oi77 io,58(i)
Etat hygrométrique en centièmes 86,9 67,2 5o,8 47)7 ^4,6 71,7 80,7 68,0 (1)
Pluie en millimètres à I™, 80 du sol... . 11, i 5,7 8,2 4i' 5,i 7,4 1,1 t. 42,7
» (à 0™, 10 du sol). . 11,3 6,1 8,7 4)3 5,2 7,8 1,1 t. 44)5
Évaporation totale en millimètres 7,79 11,66 21,69 32,96 29,63 16, 5o 9,11 t. 129,33
Vitesse moyenne du vent par heure. . . 3,7 5,4 7,1 7,7 6,7 4i3 4>i »
Pluie moy. par heure (à I™, 80 du sol). 1,86 1,9 2,7 1,4 1,7 2,5 0,4 »
Évaporation moyenne par heure i,3o 3,88 7,23 10,99 9,88 5,5o 3,o4 »
Inclinaison magnétique. .. (B) 65<'-4- » 3o,4 » » » » >• » (1)
Déclinaison magnétique (A)i7<'-(- 26,9 29,0 37,0 35,9 29,8 26,6 29,3 3o,75(i)
Tempér. moy. des maxima et miniraa (parc) 19,3
» » (façade nord du bâtiment, terrasse du grand escalier). 19,4 (3)
» à 10 cent, au-dessus d'un sol gazonné (thermomètres à boule verdie). 22,7
Therm. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 obs. : 6'' M. 9'' M., midi, 3^ S. G^ S.). 32,88
» incolore t » » » 25,33
Excès (T' — f) » ,) » 7,55
» (valeur déduite de 4 observations : g*" M., midi, S*", 6'' S.).. . . 8,5o
(1) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations de 9 heures du matin, midi, 3 hmircs et 6 heures du soir.
(3) Les thermomètres de la terrasse ont été transportés le 24 août, au nord de l'un des pavillons
du parc.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 SEPTEMBRE 1873,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Réponse à la dernière Note de M. Tacchini; par M. Faye.
« Je prends, dans la dernière Note de M. Tacchini [Comptes rendus, 8 sep-
tembre, p. 6o6), non les appréciations qui me sont personnelles, mais les
observations. Je lui avais indiqué précédemment [Comptes rendus, 1 1 août,
p. 383) un moyen simple d'éprouver par les faits la théorie des cyclones :
c'était d'examiner si, dans les taches dont les pénombres indiquent mo-
mentanément ini mouvement gyratoire, ce mouvement est bien conforme,
comme l'exige ma théorie, au sens de la rotation solaire. J'ajoutais qu'il
fallait exclure les taches qui présentent de grands troubles intérieurs par
suite de segmentation prononcée; alors le phénomène, d'ailleurs secon-
daire et accidentel et nullement normal, se complique d'influences diffi-
ciles à apprécier, telles que les remous ou l'action mutuelle de tourbillons
qui sont encore enchevêtrés par le haut l'un dans l'autre. M. Tacchini me
cite deux taches dont voici les dessins, reproduits d'après la PL XFII
des Memorie degli Speltroscopisti italiani, et fait observer que leurs gyrations
internes sont de sens opposés, bien que les taches, nous dit-il, aient été
vues sur le même hémisphère.
G. R., 1873, 2" Semestre. {T. hW\U, N° H.) °'
( 622 )
). La première tache a un mouvement très-accusé dans le sens opposé
à celui des aiguilles d'une montre. Si le dessin n'est pas renversé, s'il re-
présente bien ce que l'on voyait à l'œil nu sur le Soleil, la tache devait
être sur l'hémisphère boréal. Malheureusement M. Tacchini a omis de due
sur quel hémisphère il a observé cette tache. Quant à la seconde, le phé-
nomène n'est pas régulier; on y trouve un pont lumineux des plus
accentués, indiquant une segmentation avancée : il y a déjà là plusieurs
taches dans la même pénombre. En outre, sur les deux tiers du contour la
Fig. I.
gyration paraît se faire dans un sens; sur l'autre tiers, elle va en sens
contraire et s'opère dans le même sens que la ])remière tache.
» Que conchue de ces rapprochements? Rien de plus que la justesse de
la recommandation que j'avais laite d'avance de s'adresser aux taches
intactes et non aux taches déjà segmentées lorsqu'il s'agit d'étudier un
phénomène régulier. Puisque M. Tacchini a encore d'autres dessins de
taches à mouvements gyratoires, il rendrait service à la science en les
publiant; mais il y faudrait joindre l'indication précise du sens des mou-
vements observés, ainsi que celle de l'hémisphère nord ou sud sur lequel
les taches se sont trouvées.
» Il y aurait encore une autre précaution à prendre, si la tache se trou-
vait sur l'équateur ou très-près de celte ligne : ce serait de donner sa posi-
( 6^3 )
lion exacte et la direction de son mouvement en latitude; mais de pareils
cas sont très-rares, attendu le peu de durée des taches équatoriales que
n'alimente pas une différence sensible de vitesse entre les zones conliguës
de la photosphère.
» Le second point de fait sur lequel je me vois forcé de revenir, c'est
l'argument que M. Tacchini persisie à tirer de l'apparition de protubé-
rances là où il n'y a pas de taches. M. Tacchini croit encore, malgré mes
protestations, mes citations et mes éclaircissements [Comptes rendus du
Fig.*2.
II aoùl), que ce fait, bien connu avant lui et même avant toute analyse
spectrale, est en contradiction avec ma théorie. J'ai beau lui représenter
que ma théorie avait expliqué parfaitement ce fait avant toute objection
de sa part; que, si les protubérances dérivent des tourbillons solaires,
cela ne veut pas dire du tout qu'elles ne dérivent que des taches; que les
pores aussi sont des tourbillons; qu'ils contribuent, à ce titre, tout aussi
bien que les taches, à la circulation de l'hydrogène; que les pores ne sont
pas localisés étroitement comme les taches; qu'ils dépassent de beaucoup
les limites de ces dernières, etc.... M. Tacchini ne veut rien entendre et
répète invariablement que ses observations monlrent des protubérances
bien loin des taches, et, par conséquent, qu'elles sont en contradiction
avec ma théorie.
8r..
( 62/, )
» Puisque ce point est resté obscur, je dois donc y revenir une dernière
fois. Voici des faits que personne ne contestera :
» 1° La surface du Soleil est parsemée de pores innombrables. Sir
J. Herschel les représente comme étant dans un continuel état decliange-
nient. Ceux dont on peut apprécier les dimensions ayant au moins i se-
conde de diamètre, c'est-à-dire 461 milles anglais, doivent présenter, dit-il,
une ouverture de 1G7000 milles carrés. Ces pores, avec des diamètres de
180 lieues, sont semés sur la surface entière du Soleil et lui donnent une
apparence chagrinée que les nouveaux oculaires ont permis de mieux
apprécier.
» 2° Les taches sont des pores qui grandissent et deviennent souvent
énormes.
» 3" Les taches finissent^ en général, comme elles commencent; elles
se rétrécissent peu à peu et redeviennent desimpies pores finalement im-
perceptibles.
» 4" Bans ces transformations successives de pores en taches' gigan-
tesques et de lâches en pores imperceptibles, il y a un élément qui échappe
à tout changement, c'est l'axe primitif du pore. J'ai montré par le calcul
que les observations d'une même tache se font suite les unes aux autres,
que celte tache soit grande ou ])etite, simple pore ou cavité énorme, pourvu
que les mesures soient rapportées au centre du noyau (l'axe de la gyralion
locale), comme le sont presque toutes celles que j'ai calculées. C'est ce
que je nomme la conservation de l'axe de la tache, parce que cet axe reste
invariable (i), malgré les énormes ddatations ou contractions qui s'opèrent
(i) En supposant qu'on ait tenu comple exactement du mouvement de rotation et des
petites inégalités périodiques dont j'ai donné les expressions analytiques. Les observations
étant corrigées ainsi de la parallaxe de profondeur, dépouillées des effets de la petite oscil-
lation elliptique des taches et rapportées à un méridien suivant exactement la rotation
locale, à l'aide de la formule générale de la rotation, on voit alors, pendant des mois entiers,
la même verticale solaire servir d'axe invaiiablc de gyration à la même tache malgré les
dilatations et contractions gigantesques qu'elle a ]ni éprouver dans l'intervalle. Les segmen-
tations elles-mêmes m'ont paru n'exercer aucune iniluence bien ap|)réciable (du moins dans
la limite des petites erreurs de l'observation, devenue alors plus difficile), pourvu que les
mesures ne cessent pas de se rapporter à la tache ])rincipale. Quel dommage qu'on n'entre-
prenne ])as, sous un climat favorable, une série conlinue de mesures i)liotograi)hiques de ces
admirables phénomènes! L'indifférence des astronomes à ce sujet tient à une vieille erreur :
on considère les taches comme des accidents capiicieux, des éru]itions, des scories, etc.,
tandis qu'en réalité leurs mouvements suivent des lois constantes, bien dignes de l'attention
des géomètres et des efforts des observateurs.
( 625 )
autour (le lui. Voilà une des lois les plus caractéristiques du mouvement
des taches; on en saisira aisément le rapport étroit avec ma théorie des
tourbillons.
» 5° Il y a deux zones parallèles à l'éqiiateiir où la transformation des
pores en taches est fréquente, et où les pores, devenus taches, conservent
très-longtemps d'énormes dimensions avant de redevenir des pores comme
auparavant.
» 6° Au delà de ces zones, sur les deux calottes polaires et aussi à l'é-
quateur, les pores ne deviennent des taches que pour quelques instants.
Le phénomène est très-rare à partir de 4o degrés de latitude nord ou sud ;
au delà de Sa degrés, les pores n'acquièrent jamais la dimension des taches,
ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pins de pores.
» Cela posé, ma théorie attribue la circulation de l'hydrogène à l'action
mécanique des pores, ceux-ci étant considérés comme des tourl)illons ver-
ticaux produits par l'inégale vitesse des zones contignës de la photosphère.
Lorsque ces pores sont accumulés en certaines régions, ils peuvent y don-
ner lieu à une activité exceptionnelle de cette circulation et produire des
protubérances. La distribution héliographique de celles-ci indique donc
simplement celle des pores plus ou moins accumulés. Les pores étant dé-
terminés par le mouvement spécial de rotation, on doit s'attendre à voir
leur distribution héliographique réglée par des parallèles : rares ou peu actifs
à l'équateur, ils seront également rares aux pôles, oti trop peu profonds
pour engendrer des protubérances. Il y aura donc trois régions pauvres
en protubérances : une zone équatoriale et deux calottes polaires ayant à
peu près des cercles de ± 70 degrés de latitude pour base. Exceptionnel-
lement, aux époques de grande activité tourbiilonnaire de la surface, les
groupes de pores et, par suite, les protubérances pourront apparaître très-
près des pôles et très-près de l'équateur. Ces traits sont d'accord avec la
distribution des protubérances : c'est même celle-ci, dois-je ajoutei-, qui
me fournit les limites ci-dessus assignées pour la région ordinaire des
groupes de pores (les parallèles de ± 70 degrés sont donnés par M. Res-
pighi comme étant les limites ordinaires des protubérances).
» Jusqu'ici je n'ai [)as dit un mot des taches. Celles-ci sont des pores
agrandis qui sautent aux yeux, tandis que les pores sont à |jeine visibles;
mais n'oublions pas que les pores ne peuvent devenir des taches que dans
des zones deux fois plus étroites (de ± 35 degrés) où les tourbillons ont le
plus de stabilité. Ces taches produiront à elles seules des |)rotul)érances
encore plus marquées que ne pourraient le faire des files accumulées de
( 626 )
pores, mais par un mécanisme identique. Les protubérances produites par
les taches sont naturellement confinées dans les zones favorables à celles-ci;
mais cela n'empêche pas que d'autres protubérances soient produites par
les pores, et celles-là se rencontrent bien au delà des zones étroites qu'af-
feclent les taches.
» En résumé, les tourbillonnements solaires, taches ou pores, produisent
des protubérances; il n'y a donc pas lieu de s'étonner, avec M. Tacchini,
si des protubérances se montrent dans des zones où il n'y a pas de taches.
SiM' ces zoneslà les pores ne peuvent se transformer en taches durables;
mais cela ne les empêche pas d'être des toinbilloiis tout aussi bien que les
taches et de remplir les fonctions mécaniques de tourbillons de i8o lieues
de diamètre, c'est-à-dire de contribuer largement à la circulation de l'hy-
drogène solaire quand ils ne l'alimentent pas à peu près exclusivement (à
l'époque du minimum des taches).
» Aussi lorsque le savant astronome de Palerme affirme avoir observé
ces jours-ci de belles facules sans taches entre 45 et 58 degrés de latitude
héliocentrique, ainsi que des protubérances à spectre métallique, je ne puis
que reproduire cette phrase dont il s'étonne à tort : ces observations sont
en parjait accord avec ma théorie. J'ajoute que ces observations ne nous
apprennent rien, pour la question actuelle bien entendu, que les pre-
miers profils solaires de M. Respighi ne nous aient déjà appris, et que
depuis longtemps les éclipses, indépendamment de l'analyse spectrale,
nous avaient montré les protubérances dépassant de beaucoup les deux
étroites zones des taches. Mon savant adversaire persiste à oublier que,
bien avant les observations qu'il m'oppose, j ai eu sous les yeux des cen-
taines d'observations semblables auxquelles j'ai dû satisfaire et auxquelles
j'ai évidemment réussi à satisfaire, grâce à l'identité bien constatée des
pores et des taches. Je satisferai pareillement et d'avance à tout ce que
M. Tacchini pourra produire d'observations du même genre.
» Je joins ici un double tableau : c'est d'abord l'histoire jour par jour
d'iui pore qui devient tache et qui, au bout de quelques jours, redevient
pore comme devant. La tache ne subit pas de segmentation ; aussi reste-
t-elle régulière et ronde (i). C'est ensuite la série des transformations d'un
autre pore qui devient tache, mais tache à segmentation, puis finit par un
groupe de pores bientôt imperceptibles ou inobservables. Ces dessins, que
(i) .l'ai fait disparaître dans ces dessins l'tlfet de perspective qui lia aplatit piès des bords
du Soleil.
( 627 )
j'ai faits moi-niême, résument sous ce rapport les nombreuses observations
que M. Carrington a consignées graphiquement sous la même forme dans
les soixante dernières planches de son bel ouvrage.
Fig. 3.
■ '■''jour. 20 jour. :i« jour. 4° jo"''- Séjour. 6« jour. 7e jour. 8« jour. .9e jour.
Fig. 4.
® % % *^ V e^ ®'
]"■ jour. séjour. 3o jour. ij' jour. Séjour. Ce jour. 7" jour. Séjour. 9" jour.
» Ces phénomènes capitaux et journaliers mettent en pleine lumière
l'identité que je viens de signaler entre les fonctions des taches et celles des
pores. Ils se comprennent aisément dans la théorie des cyclones solaires;
ils sont inintelligibles dans celle des éruptions ou déjections des astro-
nomes italiens. »
PHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur l'analyse et la théorie du pouls
à iélal normal et anormal^ par M. Bouii.laud. (Extrait.)
« 11 ne sera question, dans cette première Communication, que du
pouls à l'état normal.
I. — Définition du pouls et procédés de son exploration.
1) a. Les auteurs définissent le pouls un choc perçu par le toucher, à
chaque augmentation de la tension artérielle par les afflux successifs du
sang que lance le cœur (i).
» Ce phénomène n'est pas le seul que fasse percevoir le toucher appli-
qué à l'exploration des artères; il n'est pas même le seul choc que cette
exploration fasse percevoir. En effet, comme nous allons le voir dans la
description des phénomènes de l'action des artères, le toucher fait sentir
un second choc, dont jusqu'ici les physiologistes n'ont pas recoiuiu
l'existence.
» Le toucher n'est pas le seul sens au moyen duquel on observe le
pouls et les autres phénomènes que présentent les artères. Le sens de la
vue nous permet également de les constater, et il est assez singulier que
(i) Foir\a. Physiologie île M. Lonjjet.
( 628 )
les pliysiologistes n'aient encore rien écrit snr ce mode on procédé d'ex-
ploration.
» Les données ou les notions que notre esprit peut acquérir par ce
double procédé d'exploration sont relatives an nombre, à la force, à la
grosseur du pouls, au rhylhtne des mouvements et des repos des artères (i).
» b. Des instruments divers ont été inventés, les uns pour déterminer
d'une manière précise le nombre et la force des mouvements ou batte-
ments des artères, d'autres pour représenter graphiquement ces mouve-
ments : tels sont la montre à secondes, depuis déjà bien longtemps em-
ployée, le sphygmomètre de M. le D'^ Hérisson et le spliygmograplie de
M. Marey (2). >)•
» La sphjgmographie est une des plus heureuses applications de cette
méthode d'enregistrement des mouvements, ingénieusement inventée,
comme nous le rappelait, dans une de nos séances, M. le général Morin,
par M. Duhamel, dont l'Académie déplore la perte encore récente. Cette
application a déjà renflu de signalés services à la sphygmologie, mais elle
n'a pas encore dit son dernier mot. Les tracés sphygmographiques, que
j'appellerais volontiers des autographes du pouls, ou, par abréviation, des
sphygmaulographes, lorsqu'ils sont bien exacts, donnent une image fidèle
des mouvements et des repos des artères. Toutefois, ils ne sauraient dis-
penser de l'étude de ces phénomènes eux-mêmes, d'autant plus que, sans
leur connaissance, l'interprétation même de ces tracés serait absolument
impossible. Aussi, la connaissance dont il s'agit ayant fait en partie défaut
aux sphygmographes, aucun d'eux, que je sache, ne nous a encore donné
la signification rigoureuse et complète des tracés qu'il a obtenus.
II. — Analyse ou description des moui>ements et des repos des artères.
» Pour abréger, nous désignerons sous le nom de révolution artérielle
une série de ces mouvements et de ces repos, dénomination que nous
avons déjà donnée, il y a bien des années, à l'ensemble ou à la série des
mouvements et des repos du cœur, et que l'usage paraît avoir consacrée.
Ces séries de mouvements et de repos successifs commencent avec la vie et
ne finissent qu'avec elle.
(i) Le toucher nous foiiniit aussi des données sur certains étals du sani;, sur lesquelles
nous n'insisterons pas aujourd'hui.
(2) Avant M. Marey, M. Karl Vierhordt (deTubingen) avait imaginé un sphygmo-
graphe, mais très-im])arfait.
( «29 )
» Chaque révolution artérielle commence par un mouvement de dila-
tation ou de diastole des artères, accompagné d'un choc. C'est le principal
des phénomènes fourni par l'exploration des artères.
» Il constitue le premier temps d'une révolution artérielle, et il est iso-
chrone à la systole ventriculaire du coeur.
» A ce premier mouvement succède un très-court repos, qui est le 5e-
cond temps de la lévolution artérielle. Il est isochrone au repos, très-court
aussi, qui succède à la systole ventriculaire.
» Après ce repos et comme coup sur coup ou sur-le-champ, s'opère
un mouvement de contraction ou de systole de l'artère, accompagné d'un
c/joc, comme le mouvement de diastole de cette artère.
» Cette systole est le troisième temps de la révolution artérielle et est iso-
chrone à la diastole ventriculaire du cœur,
» A la systole des artères succède un second repos, bien plus long que
le premier, et c'est le vrai repos de ces vaisseaux. Il constitue le quatrième
et dernier temps de la révolution artérielle, et est isochrone au long et vrai
repos des ventricules du coeur.
» Il résulte de cette analyse des mouvements et des repos des artères,
comparée à celle des mouvements et des repos du cœur, qu'ils se font en
quelque sorte en des temps inverses les uns des autres. Ainsi le mouvement
de systole ventriculaire s'opère en même temps que la diastole artérielle ; le
mouvement de diastole ventriculaire en même temps que le mouvement de
systole artérielle ; le court repos des ventricules après leur systole et le court
repos des arlères après leur diastole; le long repos des ventricules après
leur diastole, et le long repos des artères après leur systole.
» Cette sorte d'inversion était absolument nécessaire, comme nous le
verrons plus loin, pour que le sang ptit exécuter le mouvement circulatoire
auquel Harvey nous a démonti é qu'il était soumis. Il résulte encore de notre
analyse des révolutions artérielles que le pouls dicrote des pathologistes, sur
lequel nous reviendrons plus loin, n'est autre chose, au fond, que le pouls
normal des artères, lequel est double et non unique, comme on l'avait
admis jusqu'à présent.
» A. Nombre des révolutions artérielles dans im temps donné. — Il est évi-
demment le même que celui du pouls, tel qu'il a été compris jusqu'ici, c'est-
à-dire comme étant le seul choc des artères. Faire connaître le nombre de
fois que bat celui-ci dans un temps donné, ce sera donc faire connaître
également celui des révolutions artérielles dans ce même espace de temps.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N" H.) ^2
( 63o )
» Le noiiibie des battements du pouls n'est pas le même chez tous les
sujets. Chez les jeunes gens et les adultes, il offre les différences suivantes,
en prenant une minute pour mesure de temps :
» Dans une première catégorie, et c'est la plus nombreuse, les battements
du pouls sont de Go, 72, 80; dans une seconde catégorie, ils sont de 4o,
5o et au-dessus jusqu'à 60; dans une troisième catégorie, qu'on peut
appeler exceptionnelle, le pouls s'élève au-dessus de 80, ou descend au-
dessous de 4o.
» B. Force des battements artériels. — Elle varie beaucoup selon un grand
nombre de circonstances. Poiu- l'apprécier d'une manière précise, le tou-
clieret la vue ne suffisent pas; nous ne possédons encore que l'instrument
inventé par le D' Hérisson, et il laisse beaucoup à désirer. Il ne nous
apprend rien, par exemple, sur la force de la systole artérielle elle-même,
puisqu'il n'a été disposé que pour la mesure du pouls proprement dit, ou
du mouvement diastolique des artères.
» C. Rliylhme des mouvements et des repos des artères. — Nous ne con-
naissons encore que d'une manière approximative la durée propre de
chacun de ces mouvements et de ces repos, que la sphygmographie repré-
sente très-heureusement; mais telle est la régularité avec laquelle ils se
comportent, qu'on peut la comparer à celle de certains exercices, dont
les mouvements sont soumis aux lois de la musique, comme, par exemple,
la marche militaire, la danse et le chant. Déjà les anciens, au rapport de
Bordeu, avaient signalé un certain ra})port entre le pouls, tel qu'ils le
connaissaient alors, et la musique. Bordeu lui-même approuve cette
comparaison, en l'appuyant sur quelques considérations nouvelles.
» On peut aussi comparer la régularité des révolutions artérielles à celle
d'un pendule ou d'une montre, ou bien encore à la double révolution de
notre planète. La durée d'une révolution artérielle étant connue pour un
temps donné, elle pourrait servir elle-même de chronomètre. Lorsqu'elle
est d'une seconde, par exemple, comme chez les individus dont le pouls
bat 60 fois par minute, 60 pulsations donneraient une minute, 36oo une
heure, et ainsi de suite. Il est vrai qu'un tel chronomètre, bien que cha-
cun de nous le porte sans cesse avec soi, ne serait pas d'un usage fort
commode.
III. — Forces motrices des artères et mécanisme du cours du sang artériel.
» Galien, qui, le premier, démontra que les artères contenaient du sang
et non tie l'air, enseignait qu'il émanait du cœur aux liuiiques artérielles
( 63, )
une faculté pulsifiqite et que les artères se remplissent en raison de celte
faculté pulsifique, parce qu'elles se distendent comme des soufflets; qu'elles
ne se distendent pas parce qu'elles sont remplies comme des outres.
» Harvey combat, de foutes ses forces, cette doctrine. Il a démontré
déjà publiquement, dit-il, et il espère pouvoir clairement démontrer en-
core que les artères se distendent parce qu'elles se remplissent comme des
outres {ut utres), que, par conséquent, 'elles ne se remplissent pas, parce
qu'elles sont distendues comme des soufflets [ut folles) (i).
» C'est le cœur, en se contractant, qui, selon Harvey, remplit les artères,
et nulle part l'immortel inventeur de la circulation ne fait jouer, dans cette
fonction, un rôle actif aux artères.
)) M. Longet professe une doctrine qui ne diffère pas beaucoup de
celle de Harvey. « H ne faudrait i)as », selon lui, « attribuer aux artères
un rôle réellement ac/î^dans la propulsion du sang. La seule force impul-
sive émane de la pompe cardiaque ».
» Si l'on adoptait à la lettre la théorie de Harvey et de M. Longet, il
serait bien difficile, pour ne pas dire plus, de comprendre la grande fonc-
tion de la circulation du sang. En effet, en attribuant à la seule impulsion,
à la seule force motrice du cœur, l'oeuvre tout entière de cette circula-
tion, comment, une fois expulsé de cet organe, le sang pourrait-il arriver
à toutes les parties du corps et de là revenir à son point de départ? Com-
ment le cœur, qui remplit les artères, les désemplirait-il? Et comment, si
les artères ne se désemplissaient pas, le cours du sang pourrait-il continuer?
Oui, nous osons le dire, si le cœur était le seul et unique moteur du sang,
la circulation ne serait, en quelque sorte, qu'un vain mot.
» Mais, grâce à cette contraction, à cette systole des artères, jusqu'ici
méconnue, les artères se vident du sang qu'elles ont reçu des ventricules
du cœur, comme ceux-ci se vident du sang qu'ils ont puisé dans les oreil-
lettes. De cette façon, c'est-à-dire après l'espèce de coup de piston qui le
pousse dans les réservoirs capillaires, le sang poursuit son cours circulatoire.
Il ne saurait, d'ailleurs, refluer du côté des ventricules qui l'ont projeté
ou lancé dans les artères, puisque, au moment de la systole artérielle, les
orifices de ces ventricules sont fermés par leurs valvules sygmoïdes.
(i) Pour qu'un corps pût, selon Harvey, attirer au dedans de soi quelque cliosc propre
à le distendre, il faudrait qu'il aiiît à la manière d'une éponge qui, après avoir été com-
primée, revient à sa constitution naturelle. Mais, ajoule-t-il, il est difficile d'imaginer qu'il
existe rien de tel dans les artères.
82..
» Que l'élasticité proprement dite des arlères et la pression atmosphé-
rique ne soient pas étrangères à certains phénomènes du cours du sang
dans les arlères, certes nous en convenons volontiers; mais nous croyons de-
voir nous contenter en ce moment d'avoir montré que, poiu' s'accomplir, le
passage du sang dans les artères et de là dans les réservoirs qui lui sont ou-
verts dans toutes les parties du corps réclamait le double concours et de
la systole des ventricules du cœur et de la systole des artères. Que cette
dernière systole porte les noms de mécanique ou de phjsiologique, qu'on
l'attribue à des fibres élastiques ou à des fibres musculaires, ELLE est, et si
elle n'était pas, pour que la circulation du sang pût s'opérer, il faudrait
l'inventer. Mais encore une fois, elle est.
IV. — Centre régulateur ou coordinateur des mouvements artériels.
» A l'instar de ceux du cœur et de plusieurs autres, les mouvemenis des
artères appartiennent à la classe des mouvements coordonnés de la vie orga-
nique. Conmie nous l'avons vu, d'ailleurs, les mouvements coordonnés
du cœur et les mouvemenis coordonnés des artères, par on ne sait quelle
autre harmonie préétablie, ou association coopérative, se comportent de
telle sorte, dans la grande fonction de la circulation du sang, que leurs
systoles et leurs diastoles s'accomplissent dans des temps inverses ou op-
posés. Ces mouvements sont régis par le système nerveux ganglionnaire.
Mais où se trouve leur centre régidateur ou coordinateur ? Il faut l'avouer,
malgré les travaux dont il a été jusqu'ici l'objet, ce beau problème de
localisation est encore à résoudre.
V. — Identité du double pouls normal et du pouls dicrote ou redoublé.
» Les auteurs, dont nous avons si longtemps nous-méme partagé l'opi-
nion erronée, ont décrit comme un état anormal le pouls connu sous le
nom de dicrote, bisferiens, redoublé, dédoublé, expressions diverses rempla-
cées aujourd'hui par celle de dicrotisme du pouls. Combien de centaines
de fois ne l'avons-nous pas signalé, de la manière la plus expresse, pendant
les longues années de notre clinique! Que de temps nous avons vainement
consacré à la recherche de l'explication de ce phénomène si singulier, si
incompréhensible, même quand on le considère selon l'opinion reçue! Nous
l'avions rencontré à son maximum d'évidence, et à titre de phénomène
constant dans diverses maladies, mais plus spécialement dans la fièvre
continue, sous ces diverses formes, parmi les maladies aiguës, et dans l'hy-
perti ophie généralisée, parmi les maladies chroniques, organiques.
( 633 )
» J'ose affirmer aujourd'hui, avec la conviction que donne l'observa-
tion exacte et raisonnée, mille et mille fois répétée, que le dicrolisme,
étudié jusqu'ici, n'est point, comme son nom l'indique et comme on l'a
enseigné, un redoublement du po\ils proprement dit, ou du pouls diasto-
lique des artères, mais bien un simple renforcement du dicrotisme normal
de ces vaisseaux.
» Mais je n'insiste pas ici plus longlemps sur ce sujet, parce que je
devrai l'étudier, de la manière la plus approfondie, quand je m'occuperai
du pouls à l'état anormal. J'ajouterai, toutefois, que les bruits artériels à
double courant, que j'avais déjà signalés longlemps avant d'avoir reconnu
formellement la systole des artères, la supposent nécessairement; car le
second souffle ne saurait exister, si cette systole artérielle n'existait pas elle-
même.
Conclusion,
» 1. L'action ou le travail des artères se compose de deux mouvements,
séparés l'un de l'autre par un même nombre de repos. Pendant le premier,
les artères sont dilatées, distendues, ou en état de diastole. Pendant le se-
cond, elles sont contractées, rétrécies, ou en état de systole. Les artères
constituent donc un instrument ou un organe d'hydraulique vivante, à
quatre temps, et non à deux, comme on l'avait cru jusqu'ici.
» 2. Le premier choc.^ connu sous le nom de pouls, est produit par la
systole veiitriculaire du cœur. Le second choc, on pourrait dire le second
pouls, résulte de la systole des artères. Celles-ci sont donc passives dans le
premier et actives dans le second.
» 3. Ces deux chocs alternatifs des artères constituent un dicrotisme nor-
mal, dont le dicrotisme prétendu anormal n'est que le renforcement, soit
simple, soit double, c'est-à-dire, soit qu'il porte seulement sur le second
choc, ou systolique, soit qu'il porte à la fois sur celui-ci et sur le premier
choc, ou diastolique.
» 4. Contrairement à la doctrine de Harvey et à celle de certains phy-
siologistes modernes, les artères possèdent, comme le coeur, une force im-
pulsive, sans le concours de laquelle le premier acte de la circulation du
sang (transport de ce liquide dans toutes les parties du corps) ne saurait
s'accomplir.
» 5. Les mouvements coordonnés des artères et du cœur sont régis par
l'innervation ganglionnaire; mais le siège précis du ceutre nerveux qui
coordonne ces mouvements, d'une régularité vraiment admirable, reste
encore à découviir. »
( 634 )
n M. Boulet déclare qu'il ne se propose pas de discuter la doctrine que
M. Bouillaud vient d'exposer sur les quatre temps des pulsations. 11 dira
seuleir.ent que, pendant que M. Bouillaud parlait, il a cherché, par l'explo-
ration de son propre pouls, à coustater ces différents temps, et qu'il n'a
pu les reconnaître. Mais ce n'est pas sur ce sujet que M. Bouley veut faire
quelques observations, c'est sur uu autre point de la Communication de
notre confrère, celui qui est relatif au rôle des artères dans la circulation.
» D'après M. Bouillaud, des physiologistes éminents de notre temps,
mais qu'il n'a pas nommés, affirmeraient que ce rôle est nvd et que
le coeur est le seul agent du mouvement du sang. M. Bouillaud semble
donner aujourd'hui comme une idée nouvelle que, au contraire, les artères
sont actives et contribuent, pour leur part, à faire mouvoir le sang dans
l'appareil qu'elles constituent. En l'absence de ceux des Membres de
l'Académie qui ont, en Physiologie, une compétence plus particulière,
M. Bouley croit devoir faire observer que cette idée, loin d'être nou-
velle, date, au contraire, de longtemps dans la science, et il a le souvenir
très-précis que Magendie l'a formellement exposée, comme sienne, dans
sa Physiologie, il y a quarante ans. D'après Magendie, c'est grâce à l'élas-
ticité des parois artérielles que le mouvement intermittent du cœur serait
transformé en mouvement continu. Il est vrai que Magendie fait jouer ce rôle
à l'élasticité, tandis que iM. Bouillaud invoque peut-être la contractilité;
mais, au point de vue de ce qui est en discussion actuellement, cette ques-
tion est secondaire. »
MÉMOIRES LUS.
MÉDF.CINE. — Les déjections choléri(jues, agent de transtnission du choléra.
Note de M. Ch. Pellarin. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du legs Bréaiit.)
« Le rôle des déjections cholériques comme ageut de transmission du
choléra avait peut-être été soupçonné chez nous dés l'épidéune de choléra
de i832; mais personne, que je sache, n'avait apporté à l'appui autant de
faits précis que j'en ai rassemblé dans une série de Communications adres-
sées, soit à l'Académie des Sciences, soit à l'Académie de Médecine, pendant
les quatre derniers mois de 18/19, *^'» '' <liverses reprises, dans le cours de
l'année i85o.
» La conclusion de mes recherches, renouvelée dans chacune de mes
( 635 )
Communications (i), était « que les miasmes exhalés des matières rendues
>' par les cholériques sont le principal agent de la transmission du choléra ».
Pour ne citer que deux de ces conclusions, insérées dans les Comptes rendus
de l'Académie des Sciences, je disais (iSZJQ, 2*" semestre, t. XXIX, p. 693
et 694) :
« Le choléra ne voyage rjn'avec et par les individus qui en ont pris le germe.
» En temps d'épidémie de clioléra, la désinfeclion des fosses d'aisance et des matières
rejetées par les cholériques, l'enfouissement immédiat de ces matières, si c'est dans les cam-
pagnes, où la plupart des habitations n'ont |)as de fosses d'aisance couvertes, voilà l'essen-
tielle mesure de préservation à mettre en pratique. »
» Or on a lu, dans une séance du Congrès de l'Association française pour
l'avancement des Sciences tenu à Lyon, et l'on a publié dans plusiem-sfeiu lies,
tant de la presse scientifique que de la presse politique, un Mémoire d'un
médecin de l'armée anglaise de l'Inde, M. H. Blanc, qui donne comnie une
chose inédite la constatation, faite par lui-même ou par quelques-uns de
ses collègues, de la propriété que possèdent les déjections cholériques de
transmettre le choléra. D'après ce document, les observations de nos con-
frères anglais sont des années iSô'y-iSôS.
» Je ferai remarquer que, dès le mois de septembre 1849, je rapportais,
avec les détails les plus circonstanciés, comme point de départ de l'épidémie
de choléra qui venait d'éclater à Givet, une série de cas, tous développés
chez les habitants d'une maison dont la cour avait reçu, jetées sur un fu-
mier, les déjections d'un premier cholérique, arrivant de Bruxelles, oii ré-
gnait le choléra (2).
(i) Fni/-]cs Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1849, 2^ semestre, p. SSg, 4^3,
5o3j 693 et 694 ; i85o, !"■ semestre, p. 49; et 1 85 1, i"'' semestre, p. 8o5-8o6.
(2) Ces faits ont été résumés de nouveau dans une publication intitulée Le Cliotérn ou
Typhus indien, épidémie de i865, pi-ophyliixic et traitement (J.-B. Baillière et fils, 1866), dont
je joins ici un exemplaire, à titre de document, pour la Commission.
Ils y sont rappelés, p. 17, et dans une Note, p. 'jo-7!, avec une rectification communi-
quée à l'Académie et insérée dans les Comptes rendus, i85i, i" semestre, p. 8o5-8o6. Celte
lectification portait sur le mode d'invasion du choléra dans la garnison de Givet, que j'avais
primitivement attribuée à une cause d'infection locale, tandis qu'elle résultait, en réalité,
d'une transmission par les premiers cholériques civils. Le premier militaire attaqué et enlevé
par le choléra dans la nuit du 3i août avait visité, le jour même, la jeune fille Ursule D., sa
prétendue, qui avait présenté le deuxième cas de choiera dans Givet. Cette particularité, une
fois révélée, me fit abandonner l'opinion que j'avais jusque-là soutenue, de la possibilité d'une
genèse spontanée du choléra épidémique dans nos pays d'Europe.
( 636 )
» Dans une Note adressée à l'Académie des Sciences et mentionnée dans
la séance du 29 octobre 1849, je disais formellement :
0 Je liens à ce (lu'il soit, dès à présent, constaté que j'ai le premier signalé les matières
rendues par les cholériques comme étant l'agent le plus ordinaire de la transmission du mal. «
» On objectera peut-être, contre ma revendication, que j'ai indiqué l'ab-
sorption par la voie pulmonaire comme étant le mode d'introduction le
plus habitLiel du miasme cholérique, tandis que le médecin anglais, en pro-
fessant que « le principe contagieux réside dans les évacuations de l'homme
» pris du choléra », ajoute : « Cette transmission de la maladie a lieu,
» presque loiijoitî's, au moyen de l'eau employée en boisson. »
» Sans rejeter entièrement ce mode d'intoxication, auquel les expé-
riences de Tlîiersch et de M. le professetu' Robin fournissent un certain
appui, je maintiens qu'il est rare, comparativement au mode que j'admets
comme le plus général. Quelques-uns des faits allégués par M. Blanc, en
faveur de son interprétation, vont directement contre elle. Tel est, par
exemple, le fait, emprunté au journal de Médecine américain le Sanitarian
et observé dans l'hospice de Blackwell-Island en 1866, de douze biancliis-
seuses sur trente-quatre, qui succombèrent au choléra après avoir lavé des
linges souillés. Il est clair que c'est par une autre voie que celle de l'es-
lomac et de l'intestin qu'elles avaient absorbé le principe cholérigène.
)) Je suis loin d'imputer à nos honorables confrères anglais une inten-
tion quelconque de spoliation ; s'ils n'ont pas mentionné mes travaux, c'est
sans doute qu'ils n'en avaient point eu connaissance.
)) J'ajouterai enfin que l'une de mes conclusions lues dans la séance de
l'Académie des Sciences du 10 décembre 1849 et rapportées dans les
Comptes rendus, p. 694, était ainsi conçue :
« Il faut repousser, comme aussi peu fondée qu'effrayante, l'idée de grandes niasses, de
colonnes d'air empoisonné, de nuages cholériques, qui circuleraient dans l'atmosplière,
promenant le fléau indien d'un bout à l'autre du globe. »
)) D'autre part, le Mémoire de M. H. Blanc, lu au Congrès de Lyon tu
1873, débute parla phrase suivante :
« Le choléra n'est pas une substance insaisissable, mystérieuse, s'élevant dans les airs
pour fondre impitoyablement sur quelques points de la Terre, guidée et dirigée par la main
incertaine des vents. <•
» Je crois, par ce qui précède, avoir mis l'Académie en mesure de se
prononcer en pleine connaissance de cause. »
(637 )
MÉ3I0I11ES PRÉSEIVTÉS.
M. Erb, m. Clarke adressent des Communications relatives au choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. A. Brachet adresse une nouvelle Note concernant les perfectionne-
ments à apporter au microscope.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. J. Kregau adresse une Note relative à diverses questions d'Astronomie
et de Physique du Globe.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Lœwy.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Ministre des Travaux publics adresse, pour la bibliothèque de
l'Institut, une seconde série de feuilles de la Carte géologique détaillée de
la France (i).
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, la 6" série des « Matériaux pour la Paléontologie suisse,
ou Recueil de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes, publié
par M. F.-J. Pkiet » (7", 8'', g*' et lo*' livraisons, contenant la descrip-
tion des Échinides des terrains crétacés de la Suisse, par P. de Loriol).
Cette nouvelle série est adressée à l'Académie par Madame Pictet, veuve
de l'illustre paléontologiste.
M. le Secrétaire perpétuel signale également, parmi les pièces impri-
mées de la Correspondance, treize brochures de M. J.-fJ.-L. Glaisher, im-
primées en anglais et relatives à diverses questions de Géométrie ou de
Physique mathématique. L'une de ces brochures, intitulée « Quadrature
du cercle, de i58o à 1620, » contient un historique des travaux effectués
pendant celte période sur le calcul du rapport de la circonférence au
diamètre, calculs qui en ont fourni la valeur jusqu'au 34* chiffre décimal.
(r) Le dttail Je cet envoi sera indi(]mi plus loin, :iii Bulletin bibliographique relatif à
cette séance.
C. K., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVU, N» H.) ^3
( 638 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. —Sur les changements déforme de la comète 1873. IV.
Note de MM. G. Rayet et André.
o Depuis le i" septembre, le ciel s'est montré particulièrement défavo-
rable aux observations d'Astronomie physique; deux fois seulement l'atmo-
sphère est devenue, pendant quelques instants, a^scz transparente pour
laisser voir quelques détails dans le noyau de la comète découverte par
MM. Paul et Prosper Henry.
« Dans la nuit du 3 au 4 septembre, vers 2 heures du matin el après le
coucher de la I.unc, la comète, déjà haute au-dessus de l'horizon, avait
luie queue longue de 2 degrés environ et très-nettement liée au noyau
central par un brillant filet de hnnière. I.e diamètre total de la tète de
l'astre ne paraissait pas beaucoiqj augmenté; il était toujours d'environ
8 ou 9 minutes d'arc, mais sa forme avait changé. Le noyau, qui dans les
observations précédentes était sensiblement au centre de la nébulosité,
avait pris une position excentrique vers la partie de la comète opposée à
la queue. Du point brillant central vers la tète, la décroissance de lumière
était d'abord brusque, cl le noyau paraissait Icrniiné de ce côté en arc de
cercle; vers la queue il se j)rolongeait en un filet brillant.
( 639 )
» Le ciel s'est couvert av;nit que la comète fût assez haute pour pou-
voir être examinée an s|)ecfroscope.
» F.a comète a été de nouveau observée dans la nuit du lo au 12 sep-
tembre et pendant une éclaircie qui s'est produite entre i heure et 2 heures
du matin.
» Malgré la Lune, alors à son troisième quartier, qui illuminait vive-
ment le ciel, la comète était bien visible et d'un grand éclat; son noyau se
détachait vivement sur le champ complètement éclairé de l'équatorial et
dans des conditions où les étoiles de sixième grandeur étaient effacées. Ce
noyau tranchait, par sa leinle bleue (lumière propre de la comète), sur
la lumière jaunâtre de la lampe. La forme de la tète s'était accentuée
et se trouve reproduite dans le dessin ci-joint. Vers la lète de la co-
mète, le noyau dessine un arc de cercle convexe dont l'intensité lumineuse
tranche nettement sur la nébulosité générale; sa courbure paraît moindre
vers la partie droite du champ, à l'ouest. La portion la plus lumineuse
du noyau a une forme grossièrement triangulaire et se prolonge vers la
queue par un vif filet de lumière.
» L'éclat de la Lune empêchait de voir la queue dans tout son dévelop-
pement et restreignait les dimensions de la comète,
» Depuis le II, l'astre n'a pu être observé que quelques instants et tout
à fait à l'horizon pendant la dernière nuit.
» La comète marche avec une rapidité extrême vers le Soleil, et, dans
notre hémisphère, on ne peut espérer la revoir que longtemps après son
passage au périhélie, lorsqu'elle sera de nouveau devenue faible. »
ÉLASTICITÉ. — Sur le mouvement d'un fil élastique dont une extrémité est
animée d'un mouvement vibratoire. Noie de M. E. Mercadier, présentée
par M. Balard.
« L Dans une Note insérée aux Comptes rendus du 19 mai 1873, j'ai
indiqué comment j'ai été conduit, en construisant un électro-diapason, à
étudier un mouvement de cette nature : c'est celui d'un fil métallique
qu'on fixe à un diapason pour en enregistrer les vibrations; mais le dia-
pason n'est ici évidemment qu'un corps sonore de forme particulière,
animé d'un mouvement vibratoire déterminé (i).
(i) Ce genre de mouvement a été déjà étudié par M. Gripon, qui a donné, dans les
Comptes rendus du 4 décembre iS'ji, l'indiration d'un certain nombre de résultats qu'il a
83..
{ 64o )
» L'éleclro-diapason que j'ai décrit dans la Note du 19 mai et dans une
Note précédente du 12 mai m'a procuré une méthode nouvelle et précise
pour étudier ces mouvements, en les rendant réguliers, continus, indépen-
dants de la volonté de l'observateur, et m'a permis, par suite, de les sou-
mettre à des mesures exactes.
» La méthode consiste à encastrer solidement un fil élastique quel-
conque à l'une des extrémités d'un éleclro-diapason , perpendiculai-
rement au plan de vibration de l'instrument, après avoir mesuré son
diamètre et sa longueur. On peut faire varier la longueur, en raccour-
cissant peu à peu le fil avec une pince coupante, le diamètre du fil, sa na-
ture, le diapason auquel il est fixé, l'intensité du mouvement de ce dia-
pason, etc.
» Quelles que soient les circonstances dans lesquelles on se place, deux
cas peuvent se présenter si l'on prend au hasard une longueur quelconque
de fil, quand l'électro-diapason se met en mouvement.
» 1° Ou bien le fil se divise nettement en un certain nombre de conca-
raérations, avec une extrémité libre dont la vibration (comme celle du fil
entier) s'exécute parallèlement à celle de tous les points du diapason.
L'autre extrémité, fixée à l'instrument, vibre comme lui. Un nœud se
trouve à une distance plus ou moins grande du diapason, dont l'intensité
vibratoire et l'amplitude ne sont pas sensiblement altérées parla présence
du fil. Celui-ci se trouve alors dans ce que j'appellerai l'un de ses étals vi-
bratoires normaux.
» 2° Ou bien le fil présente des formes vibratoires plus ou moins com-
plexes, indiquant des superpositions de mouvements et quelquefois des
vibrations tournantes. L'extrémité libre, depuis le nœud extrême, prend
la forme d'une sorte de cornet dont la section droite est une ellipse, une
courbe fermée irrégulière, ou une courbe à nœuds : forme fixe, ou dont
les parties semblent quelquefois tourner les unes autour des autres, et qui
peut être encore compliquée par des mouvements d'ensemble désordonnés
du fil.
» Cette complexité d'effets a lieu surtout quand le fil est fin; mais, dans
tous les cas, ces états vibratoires, que j'appellerai anormaux ou de transi-
tion, sont caractérisés par une diminution de l'amplitude et de l'intensité
du mouvement du diapason : diminution remarquable, qui peut aller jus-
observés. Mes propres rcdierches ont confirmé la plupart des lois indiquées par M. Gripon
et m'en ont fourni de nouvelles.
(64i )
qu'à l'extinction à peu près coni])Iète clans des cas bien déterminés que
j'indiquerai plus tard.
» On est.d'ailleurs toujours le maître de passer d'un état normal à un
état anormal : il suffit de raccourcir le fil en en coupant un morceau.
» Je distinguerai ces deux états et j'établirai d'abord les lois que suivent
les fils pendant l'état normal.
» IL Elat vibratoire normal. — Dans cet état, le fil présente un premier
nœud à une distance plus ou moins grande du diapason, une série de
nœuds et de ventres. J'appelle D, la première distance nodale (distance du
premier nœud au second); D les autres distances nodales (elles sont égales),
sauf la dernière, que j'appelle d; après le dernier nœud se trouve une cer-
taine longueur l du fil qui vibre librement.
» Le nombre des nœuds, les distances nodales, la longueur Z dépendent
de la longueur L du fil, de son diamètre 5, du nombre de vibrations n du
diapason. En mesurant avec soin ces quantités diverses, on trouve les lois
que le tableau suivant met en évidence :
NATURE DES FILS.
(1)
(31
D,
(M
D
(5)
(1)
D
3
(8)
fi
D
m
D
(10)
(11)
- !:!,::;::
( IV
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Cuivre Il
III
Platine
I
Aluminium II
( III
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0.46
".'19
0,17
0,2/|
0,38
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u, '.Ut
0 , 2 '1
0>92
0,3,4
0,4 90
0,678
0,700
0,412
0,490
0,616
o.Vn
0,547
0,490
0,686
0,959
mm
33,2
58,3
M
3o,6
37.4
44,6
29-7
n
4l>2
57,0
80,7
mm
32,6
43,5
58,8
60,7
3o,7
37. '1
45,7
3o,4
36,7
42,6
58,5
82,5
mm
29,5
40,4
54,2
56, 0
28.0
3 '1,0
4..0
27.5
»
39/1
53,7
75.4
mm
10,7
.4.9
■9.7
20,4
10, I
12,5
1 5 , 2
10,2
12,0
II, 4
19.3
26,7
mm
10,8
14 ,5
19.6
20,2
10,2
12,5
l5,2
10, I
12,2
.4,2
i9i5
27,5
0.91
0,93
0,92
0,92
0,91
0.91
0,90
0.90
»
0,92
0,92
0,92
I , t>0
1,35
1,80
1,86
1 ,00
1 ,23
1,48
1 , 00
1,21
1 ,00
1,37
■•94
1 , 00
1,38
1,81
.,87
1,00
1,25
■•49
1 ,1)0
I ,22
I ,ou
1,40
1.96
» 1. Quelle que soit sa longueur, quand le fil vibre régulièrement, il vibre
toujours synchroniquement avec le diapason.
I » On le voit en inscrivant ses vibrations sur un cylindre et en les comp-
tant; on peut s'en assurer très-simplement, en appuyant légèrement la
tranche d'une feuille de papier sur un nœud : le frôlement de la feuille
mise en vibration reproduit toujours le son du diapason.
( 642 )
» 2. Pour un même fil, les distntïces nodales, sauf la première D, et la der-
nière d, -sont égales.
» Nous appellerons cette grandeur constante D distance nodale normale.
La colonne n° 5 du tableau ci-dessus donne les valeurs de D pour chaque
fil; les nombres de ce tableau sont les moyennes de 5 à i5 valeurs très-
concordantes, car leur erreur relative moyenne ne dépasse jamais o,oi.
» La différence entre D et D, est très-faible et n'a pas de grandeur ni
de sens déterminé. La distance d, au contraire, est constamment égale
aux ^ de D environ ivoir la colonne 9 qui donne les rapports — )•
)) C'est une loi identique à celle que M. Lissajous a trouvée pour les
verges vibrantes fixées à un bout et libres à l'autre.
» 3. Pour un même fil, quelle que soit sa longueur, l est constante et égale
au tiers de la distance nodale normale D [voir les colonnes 7 et 8 du tableau).
» Ceci est encore conforme aux lois des vibrations des verges encas-
trées à un bout, de sorte qu'à un instant quelconque, en considérant la
tige à partir du premier nœud seulement, elle est divisée comme le serait
une tige vibrante fixée en ce nœud et libre à l'autre extrémité.
» 4. ^ mesure qu'on fait varier la longueur du fil, /, d, D restent invariables,
jusqu'à ce f^u il ny ait plus (ju'un nœud; la distance du premier nœud au diapa-
son seule varie.
» Cette distance varie précisément comme le fil ; elle se raccourcit de la
même quantité que lui, du moins jusqu'à la limite oii commencent ses vibra-
tions anormales; par conséquent les choses se passent, quand on raccourcit
le fil, comme si l'on taisait glisser par degrés, dans l'encastrement, la figure
qu'il présente, les nœuds disparaissant successivement. (On fait abstraction
pour le moment, sauf à y revenir plus tard, de ce qui arrive quand, dans
ce glissement fictif, les mouvements anormaux commencent.)
» 5. Toutes choses égales d'ailleurs, les distances nodales normales de fds
de même nature sont entre elles comme les racines carrées de leurs diamètres
(noir les colonnes 2, 3, 4» 10 et 11 du tableau; la colonne 11 intitulée
^ donne les rapports des nombres de la colonne 3 au premier de chaque
série; il en est de même de la colonne 10 par rapport à la colonne 5).
» 6. Pour des diapasons dijjérents, les distances normales correspondant à
un même fil sont en raison inverse des racines carrées des nombres de vibrations
des diapasons.
» C'est ce que montre le tableau suivant pour deux diapasons ri et n'.
D'
v/ïï
D
H
D'
n'
D
^n-
45,7
3.57,5
86,5
74,0
I ,90
'.90
60,7
257,5
ii5,6
74.0
1,90
'.90
82,5
257,5
157.7
74.0
'.9'
',90 ('
( G43 )
s
Cuivre. .... o,38
Fer 0,49
Aluminium . . 0,92
» 7. Si l'on fait varier l''amj)UlLidt du diapason (en faisanl varier graduel-
lement, par exemple, l'intensité de la pile), la forme de la vibration dit filne
change pas, mais les trois ou cpiatre premiers nœuds voisins dit diapason se dé-
placent, en s'éloiijnanl ou se rapprochant de lui siiiunnt que son ampUlude aug-
mente ou diminue. Ce déplacement dcrioit très-rapidement du premier an der-
nier nœud déplacé.
» Par exemple, en faisant varier l'amplilnde d'un diapason de 257,0 vi-
brations complètes par seconde, depuis celle qui produit des nœuds suffi-
samment nets jusqu'à ut}^; valeur triple, ou oblieut les nombres moyens
suivants, qui représentent les déplacements en fractions de la distance
moyenne des nœuds considérés au diapason :
1*^'' nœud, -j*^ nœud. S^ nœud. /|^ nœud. Oi)ber\nti()us.
I I I I \
FtT — — 7— 1 I,cs auht'S nœuds
5 20 5o 100
ne tliaiiirent pas
Cmvre p -? 7^73 ■ \ "'^■position.
D 25 DO 200 /
>> Un tel déplacement n'altère pas la distance nodalc iinruialc et ne
change |ias les lois ci-dessus indiquées ; mais il en résidte néanmouis la né-
cessité d'opérer avec une amplitude constante du diapason pour avoir des
résultats comparables; c'est ce que j'ai toujours fait.
» J'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet dans une prochaine Commu-
nication, où seront indiqués les faits relatifs aux vibrations anormales, et
où les résultats précédents seront complétés. »
GÉOLOGIE COMPARÉE. — Produit d'oxydation des fers météoriques; compa-
raison avec les magnétites terrestres. Note de M. Stan. Meunier.
« D'après des considérations déjà développées, les roches terrestres,
prises dans leur ensemble, se comportent comme l'épiderme d'un globe
dont les régions profondes seraient constituées par des masses semblables
aux roches météoritiques.
(i) Tout ce qui ])récède est une confirmation complète, par une méthode d'observation
sûre, précise et commode, des résultats obtenus par M. Gripon.
( 644 )
M Par exemple, les filons de serpentine sont, clans cette manière de voir,
comme le chapeau des filons plus profonds de chantonnite. C'est un point
qui a fourni le sujet d'éludés spéciales (i), et sur lequel nous ne revenons
pas.
» Une autre conséquence non moins nécessaire de l'hypothèse est que
les filons de fer oxydulé doivent de même représenter les portions supé-
rieures de filons de fer massif comparables aux Iiolosidères. Pour que ce
dernier point puisse être admis, il faut montrer que, en s'oxydant à la fa-
veur de certaines conditions, les fers météoriques se transforment en ma-
tières analogues à nos fers oxydulés.
» Ceci suppose à la fois que la structure de la masse se modifie considé-
rablement et que sa composition s'altère, le nickel, par exemple, étant
éliminé. C'est dans cette direction que j'ai tenté quelques expériences, qui
seront résumées en peu de mots.
» Pour ce qui est de la structure caractéristique, il est facile de démon-
trer que le fait pur et simple de l'oxydation la détruit complètement. Un
fragment du fer de Charcas (Mexique) fut chauffé au rouge, pendant cinq
heures, dans un courant de vapeur d'eau. Au bout de ce temps, on laissa
refroidir; la masse très-cohérente d'oxyde fut polie, puis traitée par l'acide
chlorhydrique très-faible, suivant le procédé ordinaire de Widmanslœtten :
aucune figure n'apparut.
n Une fois ce fait constaté, on soumit une partie de l'oxyde qui venait
d'être produit à l'action, continuée pendant plusieurs heures, de la cha-
leur rouge et du gaz hydrogène : une portion assez épaisse fut réduite à
l'état métallique. Quoique la cohésion eût beaucoup diminué, on polit de
nouveau et l'on recommença l'attaque par l'acide; il fut impossible d'ob-
tenir une figure.
» On doit rapprocher de ce résultat le résultat tout pareil que donna
un frngment préalablement poli de la magnétite contenue dans la serpen-
tine de Firmy et traité par l'hydrogène. Ici encore, il fut impossiblede dé-
terminer la production d'un dessin régidier.
» Donc, pour ce qui est seulement de la structure, la magnétite terrestre,
et spécialement celle qui est en relation avec les roches serpentineuses,
peut être comparée au produit de l'oxydation des fers météoriques.
» En ce qui concerne la différence de composition qui sépare la ma-
gnétite des fers météoriques, la difficulté est plus grande. Cependant la
(i) Cuiiiptcii rendus, t. LXXI, p. ûgo.
( 645 )
disparition du nickel se présente comme pouvant, dans certaines circon-
stances, être une conséquence de Toxydation.
» Le fer de Charcas, sur lequel j'ai opéré de préférence, parce que plu-
sieurs petits fragments étaient à ma disposition, m'a rendu témoin d'un
phénomène extrêmement curieux, dont les chimistes ne paraissent pas
s'être préoccupés. Après avoir abandonné un petit morceau de ce fer dans
l'eau régale, afin d'examiner le résidu de sa dissolution, on le sortit, on le
lava, puis on le laissa sécher : au bout de quelque temps, et longtemps
après qu'il semblait avoir perdu toute hiuuidité, il se couvrit, en divers
points, d'efflorescences d'un vert clair très-remarquable et contrastant, de
la manière la plus nette, avec la nuance fortement ocreuse qu'il avait ac-
quise. Ces efflorescences, examinées avec le plus grand soin, parurent ne
pas renfermer de fer en quantité sensible et être surtout formées de chlo-
rure de nickel. J'en conserve à l'air depuis plus de deux ans, sans que leur
nuance ait changé, ce qui n'aurait pas eu lieu pour un chlorure ferru-
gineux.
» Il résulte de là qu'il peut s'opérer, dans certaines circonstances, un
véritable départ entre le chlorure de fer et le chlorure de nickel. Le pre-
mier se décompose, de façon à donner de la limonite et du perchlorure
très-sol ub le; l'autre reste tout entier, intact, à la disposition des agents
capables de le dissoudre.
» Ce fait me paraît rendre compte, sans parler davantage de la différence
de composition qui nous occupe, de diverses particularités offertes par les
serpentines. On sait, par exemple, que presque toutes renferment du nic-
kel, tandis que la partie lithoïde de la chantonnite en paraît exempte.
Cela doit provenir, d'après le fait précédent, du lavage, par les eaux
chargées de principes salins, des grenailles oxydées. Il est naturel de rap-
procher ces observations de celles que M. Daubrée a faites, à l'inverse,
sur le produit de la réduction des serpentines par le charbon (i) : il a vu
le fer, réduit à l'état métallique, aller chercher le nickel dans la pierre, de
manière à se rapprocher de la composition des alliages météoritiques. La
cause de ces phénomènes réside dans une différence d'oxydabilité du fer
et du nickel, intéressante à étudier et à comparera celle des divers alliages
de ces métaux.
» On voit donc que si, eu résumé, on admet qu'un filon de fer météo-
(i) Bulletin de la Société géologique de France, 2'^ série, t. XXIII, p. 4oo.
0. K., 1873, 2» Semesfre. (T. LXXVII, N" H.) <^4
( 646 )
riquo, même ayant la strucfure régulière que fait apparaître l'expérience
de Witlmannsfaelten, eût été soumis, clans les profondeurs de l'écorce ter-
restre, à racliou de la chaleur qui y règne et des agents qui y circulent,
on comprend aussi bien sa transformation en filon de fer oxydulé dépourvu
de nickel que celle des filons de chantonnite en serpentine. Cette conclu-
sion est importante, comme on voit, au point de vue de la Géologie com-
parée, et justifie une fois déplus le rapprochement des roches terrestres et
des roches cosmiques. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Procédé de préparation d'un nouveau rouge
d'aniline. Note de M. E. Ferrière.
« Ce procédé de préparation consiste dans la série d'opérations sui-
vante : i" on forme un acétate d'aniline; 2° on verse une dose d'hydrate
de cuivre ammoniacal; 3° on sature par l'acide sulfurique : il se développe
une belle couleur d'un rouge pourpre.
» Après concentration, la liquein-, abandonnée à elle-même, laisse
déposer des cristaux de sulfate d'ammoniaque, qu'on sépare par filtration.
Le nouveau rouge d'aniline conserve alors une grande limpidité. «
La séance est levée à 4 heures trois quarts. É. D. B.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE
PENDANT LE MOIS d'aOUT 1875.
Bulletin de la Société de Géocjraphie; juin i8^3; in-8".
Bulletin de la Société Géologique de France ; n" S , 1872; in-8°.
Bulletin de Statistique municipale ; septembre, octobre, novembre 1872;
in-4°.
Btilletin général de Thérapeutique; n"* des i5 et 3o août 1873; in-8".
Bulletin international de l'Observatoire de Paris, n°* des 27, 28, 3o juillet
1 à 4? 6 à 9, 17, 18, 20, 21 à 25, 27 à 3o août 1873; in-4''.
Bulletin mensuel de la Société des agriculteurs de France; n" 8, 1 873 ; in-8°.
Bulleltino meteorologico deW Osservatorio del R. Collegio Carlo Alberto,
n"4, 1873; in-4".
( 647 )
Biilletlino meteorotogico del R. Ossenjaiorio del Collegio romano ; n° 7,
1873; in-4«.
Chronique de l'Industrie; n°' 79, 81, 82, 1873; \n-[\°.
Gazette de Joulin, n° 22, 1873; in-S".
Gazette des /hôpitaux; n"' 91 à 100, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n°' i5 et 16, 1873; iii-8".
Gazette médicale de Paris; i\°'^ 32 à 35, 1873; 111-4°.
Jron, n°* 3o à 33, 1873 ; in-folio.
Journal de Médecine de l'Ouest; 2* trimestre, 1873; in-8°.
Journal d'agriculture pratique; n°* Sa à 35, 1873; 111-8".
Journal de r agriculture; n°^ 226 à 229, 1873; in-8°.
Journal de r Eclairage au Gaz; n"' i5 et 16, 1873; in-^".
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; septembre 1873; iii-Z^".
Journal de Pharmacie et de Chimie; août 1873; iii-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiq tes; 11"' des i 5 et 3o
août I 873; 111-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; 11°^ 18 à 20, 1873; in-iolio.
Journal de Physique théorique et appliquée; août 1873 ; iii-8°.
Journal médical de la Mayenne; n° 5, 1873; in-8°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n°* 16 à 21,
1873; iii-8°.
L'Abeille médicale; 11°' Sa à 35, 1873-, in-4°.
La Nature; n°* 10 à i3, 1873; in-4°.
La Revue médicale française et étrangère; 11° du 5 juillet 1873; iii-8°.
La Revue scientifique; 11°* 6 à 9, 1873; in-4°.
La Tribune médicale; n°^ 259 à 203, 1873; in-4°.
L Art médical; août 1873; in-8°.
L'/m/jn'mene; juillet 1873; in-4".
Le Gaz; n° 2, 1873-, in-4°.
Le Messager agricole; n° 7, 1873; iti-8°. ,
Le Moniteur scientifique-Quesneville; août 1873; gr. in-8°.
Le Mouvement médical; n" 35, 1873; in-4°.
Les Mondes; a°' i5 à 18, 1873-, in-8°.
Magasin pittoresque; août 1873; iii-4".
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; liv. 3,
1873; in-8°.
Montpellier médical. Journal mensuel de Médecine ; août 1873; in-8°.
Memorie délia Società degli Speltroscopisti ilaliani; mai 1873; in-4°.
( 648 )
Monalsheruht dcr Kônir/licli preussisclien Akademie der fVissenschaften zit
Berlin; marz-april 1873; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; août 1873; in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire militaire; n° 7, 1873; in-S".
Répertoire de Pharmacie ; n"^ i5 et 16, 1873; in-8°.
Revue bibliographique universelle; août 1873; in-8°.
Revue d' Artillerie ; août 1873; in-8".
Revue des Eaux et Forêts; août 1 873 ; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n°' 16 et 17, 1873; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle; n°* 28 à 3i,
1873; in-S".
Revue maritime et coloniale; août 1873; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; août 1873; ii]-8°.
Rendiconto délia R. Accademia délie Scienze fisiche e matematiche ; Napoli,
n" 7, 1873; in-4°.
Société d' Encouragement. Comptes rendus des séances ; n° i3, 1873; iii-8°.
Société des Ingénieurs civils ; n° i/j, 1873; in-4°-
Société enlomologique de Belgique; n° 8g, 1873; in-8°.
The Journal of tlie Franklin Inslitute ; june, july 1873; 111-8".
The Food Journal; n° 43, 1873; 111-8".
ERRATA.
(Séance du 8 septembre 1873.)
Page 572, ligne g en remontant, nri lieu de petite distance au-dessus du niveau du sol,
lisez petite distance au-dessous du niveau du sol.
Page 592, ligne 9,
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Pj^ + Qj+R Pr^4-Q/-4-R
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 SEPTEMBRE 1873,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTRAND.
M. le Président annonce à l'Académie les pertes douloureuses qu'elle a
faites, depuis la dernière séance, dans la personne de M. Coste, Membre
de la Section d'Anatomie et Zoologie, décédé au château de Rézenlieu, près
Gacé (Orne), le 19 septembre, et dans la personne de M. Nétalon, Membre
de la Section de Médecine et Chirurgie, décédé à Paris, le 2 i septembre.
M. le Président se fait, en quelques paroles émues, l'interprète des sen-
timents de l'Académie dans cette triste circonstance.
Sur la proposition de M. le Baron Larrey, l'Académie décide que, en
présence de ce double deuil, elle n'entendra aucune lecture, et que la
Correspondance seule trouvera place dans le Compte rendu de la séance.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Recherches thermiques sur la condensation des gaz par les corps
solides (suite) : Absorption de l'hydrogène par le noir de platine ; par
M. P.-A. Favre.
« J'ai essayé de démontrer que l'hydrogène électrolytique est actif, et
que, pour passer à l'état gazeux ordinaire, il met en jeu 4600 calories
environ. Cette quantité de chaleur n'étant pas transmissible au circuit, le
C. R., i8n3, 2" Semestre. (T. LXXVU, N» 12.) °^
( 65o )
changement allotropique de l'hydrogène appartient à cette classe de phé-
nomènes que j'appelle méla-électrolyiiques.
•» Dans mes recherches sur l'absorption de l'hydrogène par le palla-
dium (i), j'ai fait connaître : i^la quantité de chaleur (9000 calories envi-
ron) due à la formation de l'alliage ôJ hydrogénium et de palladium; 2° j'ai
montré que la condensation de l'hydrogène par le palladium et la con-
densation des gaz par le charbon ne sont nullement comparables. En effet,
lors des absorptions fractionnées de gaz par le charbon, la fixation succes-
sive de poids égaux d'un gaz donné correspond à des dégagements de
chaleur de plus en plus faibles (2). Dans la fixation échelonnée de l'hydro-
gène sur le palladium, au contraire, à des poids égaux d'hydrogène cor-
respondent des quantités de chaleur égales; aussi la condensation de l'hy-
drogène par le palladium donne-t-elle naissance à un alliage défini.
3° Enfin j'ai cherché si la chaleur mise en jeu par la formation de cet al-
liage profite au courant, et j'ai reconnu que les 9000 calories, environ,
dégagées par cette réaction, ne sont pas transmissibles au circuit. La con-
densation de l'hydrogène par le palladium est donc un phénomène »ie7a-
éleclrolytique (3).
V J'avais signalé l'intérêt qui s'attachait à l'élude de l'absorption de l'hy-
drogène par le noir de platine, recherche qui fait l'objet de ce travail,
(1) Comptes rendus, t. LXVIIl, séances du 7 et du 28 juin 1869.
(2) Comme si le [jaz formait à la surface des pores du charbon des couches de moins en
moins denses.
(3) Aux résultats de l'élertrolyse des bases alcalines, dans un voltamètre à électrodes en
platine [Comptes rendus, t. LXXIII, séance du i5 septembre 1871) et de l'électrolyse de
l'acide siilfurique dans un voltamètre à électrode négative en palladium [Comptes rendus,
t. LXVIIl, séances du 7 et du 28 juin 1869), j'en ai ajouté de nouveaux, qui m'ont été
fournis par l'électrolyse des oxydes de potassium, de sodium et d'ammonium dans un volta-
mètre à électrodes de platine et de palladium (ce dernier métal constituant l'électrode né-
gative).
Dans CCS condilions, l'électrolyse s'effectue comme dans un voltamètre à électrodes de
platine seul, avec cette différence, toutefois, que l'hydrogène forme un alliage avec le
palladium, ainsi que cela a lieu également lorsqu'on électrolyse l'acide sulfurique dans un
voltamètre à électrode négative en palladium.
L'expérience, suivant mon appréciation, diffère en ce que l'hydrogène fixé par le i)alla-
dium ne provient pas directement de l'électrolyse de la base alcaline, mais bien de l'eau
décomiiosée par le métal alcalin mis en liberté. Cetle conclusion résulte de mes expériences
sur l'électrolyse des bases alcalines, opérée dans un voltamètre à électrodes de platine et de
mercure [Comptes rendus, t. LXXIII, séance du 3o octobre iS'ji). En un mol, l'électrolyse
(65. )
» Voici les résultats d'opérations qui se sont succédé sans interruption
jusqu'à saturation presque complète du noir :
OPERATIONS.
!..
II.,
m.
IV.
V.
VOLUME
du naz
TEMPERA-
fODden_f
TUKE.
(corrigé).
ce
38u, j
0^
339,/,
23, JO
339,5
25,8.)
76,3
26jOO
ii3:),7(')
25,70
TRESSIOX
bai'O-
Diélrique.
7G'|.70
/G'i , 80
HAUTEUR
du mercure
cODtenu
ilflns le [ubf
H (■)
Dtann-
mèlriqiie.
mm
Ci3
Dim
IJI,8
'1I8
3i6,7
26S
i96,7
21
7Î3,8
21
7'l3,S
POIDS
CALORIES
de Vhydroçène
dégagées
fixé
dans
dans cliaque
chaque
opération.
opération.
er
cil
0,03395
îS'l.'l
o,o3û33
G53,3
o,o3o33
573,3
0,00682
92.2
0, lQl\3
2 1 o3 , 2
CALORIES
dégagées
pour I gr.
d'hydrogène
condensé.
23075
2i55i
18951
i353S
20735
» Le mode de condensation de l'hydrogène par le noir de platine dif-
fère de celui de l'hydrogène par le palladium en lames. En effet, lorsqu'on
introduit ce gnz, par portions successives, au contact du noir de platine et
finalement jusqu'à saturation, la chaleur mise en jeu n'est pas constante
pour des poids égaux de gaz absorbés, comme cela a lieu pour le palla-
dium. Ainsi, pour i gramme d'hydrogène actif, provenant de l'électrolyse
de l'acide sulfurique et condensé par le palladium :
La première expérience a donné 8988 calories.
Et la dix-septième 9167 »
)) Pour la condensation de l'hydrogène ordinaire et gazeux par le pla-
tine, au contraire, la chaleur a été de plus en plus faible; en effet :
La première expérience a donné aSoyS calories.
Et la quatrième 1 3 SaS «
des bases alcalines, effectuée dans les conditions que je viens de signaler, participe des deux
ordres d'électrolyses que j'ai rappelés, soit par la manière dont se comporient les ékctro-
lytcs et leurs éléments constituants mis en liberté, soit par les résultats thermitjues oljtcnus.
Je ferai remarquer, d'ailleurs, que Vaniinoniiim mis en liberté par électrolyse, pas plus que
le potassium et le sodium obtenus de la même manière, ne paraît s'allier au palladium.
(i) H exprime la pression maximum que supporte le gaz renfermé dans le récipient en
acier contenant le noir, dans le tube en plomb qui réunit le récipient au tube manonié-
trique et dans ce tube lui-même, à la fin de chaque opération.
(2) Ce nombre, divisé par ^fi5 (volume du platine exprimé en centimètres cubes),
donne 244- Ainsi le noir de platine qui m'a servi n'a condensé que 244 f"is seulement son
volume d'hydrogène, en raison, sans doute, de la température à laquelle ce noir avait été
porté, et qui avait probablement modifié son pouvoir absorbant pour l'hydrogène.
85..
( 65» )
» L'hydrogène condensé par le palladium semble donc se répartir d'une
manière uniforme dans toute la masse du métal pour constituer avec lui
un véritable alliage, tandis que l'hydrogène condensé par le noir de pla-
tine semble se répartir à la manière de l'acide carbonique ou de l'am-
moniaque, fixés parle charbon de bois(i), c'est-à-dire en formant des
couches de moins en moins denses, à partir de la surface du métal. L'ac-
tion du noir de platine sur l'hydrogène me paraît donc rentrer dans la
classe des phénomènes dus à V affinité rapitlaire, pour me servir de l'ex-
pression de M. Chevreul. Remarquons, toutefois, que l'hydrogène, con-
densé en si grande quantité par le noir de platine, n'est absorbé par le
charbon qu'en quantité insignifiante.
» J'ai fait voir que, pour l'acide suUureux et le protoxyde d'azote conden-
sés par le charbon de bois, la chaleur dégagée dépasse la chaleur latente
de liquéfaction de ces gaz (2). On peut, par induction, supposer qu'il en
est de même pour l'hydrogène, gaz qui n'a pu cependant élre liquéfié di-
rectement par la pression. Quant à l'acide carbonique, la chaleur d'ab-
sorption par le charbon dépasse la chaleur latente de gazéification de
l'acide solide (3). Il y aurait donc affinité entre l'acide carbonique solide et
les cellules du charbon. On pourrait faire une supposition semblable à
l'égard de l'hydrogène fixé sur le noir de platine.
» Considérons maintenant ce qui se passe lors de l'électrolyse de l'acide
sulfurique, par exemple, en employant soit un couple zinc et palladium,
soit un couple zinc et platine. Dans le premier cas, l'hydrogène est absorbé
par le palladium (expérience 1 ci-dessous) et, dans le second cas, l'hydro-
gène se dégage librement à la surface du platine (expérience II).
B Expérience I. — L'hydrogène engendré par l'électrolyse de l'acide snl-
(1) Comptes rendus, t. XXXIX, p. 782; l854.
(2) Comptes rendus, t. XXXIX, |i. 782.
Chaleur de liquéfaclion de l'acide sulfureux. . . . 2822 calories.
» du protoxyde d'azote. . . 2222 «
Chaleur de condensation de l'acide sulfureux. . . . 6267 »
» du protoxyde d'azote. . . 3718 »
(3) Comptes rendus, t. XXXIX, p. 732.
Chaleur de solidification de l'acide carbonique. . . 3 128 calories.
Chaleur de condensation de l'acide carbonique. . . 3467 »
Différence 339 »
( 653 )
furique, et fixé au moment même où cet hydrogène abandonne le composé
liquide, se fixe à l'état actif sur le palladiinn (t); car il n'a pas pu passer
à l'état gazeux ordinaire de l'expérience II ci-dessous, et les gooo calories
environ qu'il dégage en se fixant sur le palladium peuvent être considé-
rées comme l'expression thermique de la combinaison de Ihydrogène à
l'état actif et liquide avec le palladium solide, pour former un alliage où le
gaz est passé à Vélal solide sans cesser pour cela d'être actif.
» Expérience II. — Il n'en est plus de même lorsque l'hydrogène, ayant la
même origine, prend naissance au contact du platine. Dans ce cas, l'hydro-
gène actif, en sortant de la combinaison, à l'état de véritable corps explosif,
subit une modification allotropique et se transforme en hydrogène ordi-
naire et liquide. La quantité de chaleur qu'il dégage, pendant cette trans-
formation, est telle, que, malgré l'absorption de chaleur due au passage de
l'état liquide à l'état gazeux de l'hydrogène ainsi formé (absorption de cha-
leur qui doit être considérable d'après la chaleur dégagée par la conden-
sation de l'hydrogène gazeux sur le noir de platine), le calorimètre accuse
encore 46oo calories environ.
» Si nous nous reportons maintenant au phénomène thermique qui ac-
compagne la condensation de l'hydrogène ordinaire et gazeux par le pla-
tine, nous arrivons à cette conclusion que l'hydrogène actif et liquide (c'est-
à-dire tel qu'il se trouve dans le composé liquide dont il se sépare), qui
dégage 4fioo calories environ, en passant à l'état gazeux ordinaire (expé-
rience II), et 20700 calories, environ, en se fixant sur le noir de platine,
après cette transformation, dégagerait aS 3oo calories environ, s'il ne
subissait pas une transformation avant sa condensation par le platine, à la
surface duquel il cesserait d'être à l'état actif (a).
» Nous arrivons également à cette autre conclusion que l'hydrogène
actif et liquide qui ne dégage que 9000 calories, environ, en se fixant direc-
tement sur le palladium (expérience I), doit nécessairement rester à l'état
actif et constituer avec ce métal un véritable alliage explosif (^), susceptible
(i) On peut admettre qu'il occuperait, en sortant de l'acide sulfurique, un volume mo-
mentanément double de celui qu'il occupe à l'état ordinaire (4 volumes au lieu de
2 volumes).
(2) L'électrolyse de l'acide sulfurique, dans un voltamètre à électrodes de platine et de
noir de platine (celui-ci constituant l'électrode négative), me semble offrir assez d'intérêt
pour que je me propose de la réaliser prochainement.
(3) A toutes les preuves qui ont été fournies à l'appui de l'état actif de l'hydrogène allié
( 654 )
de dégager i/jooo calories environ (i), par sa décomposition en palladium
et en hydrogène ordinaire, supposé à l'état solide.
)i Je reviendrai sur ce point lorsque j'aurai déterminé la chaleur mise
en jeu dans la condensation, par le palladium, de l'hydrogène ordinaire,
c'est-à-dire non éleclrolyticpie et par conséquent non actif.
» Rapprochons maintenant les phénomènes thermiques qui accom-
pagnent l'électrolyse de l'acide sulfurique, ainsi que la condensation de
l'hydrogène, soit à la surface du platine, soit dans la masse du palladium,
des phénomènes thermiques afférents à la synthèse de l'eau, en partant
de ses éléments constituants prisa divers états.
» J'ai établi depuis longtemps que, dans l'électrolyse de l'acide sulfu-
rique, la quantité de chaleur empruntée à la pile, et qui ne lui est pas res-
tituée, est de 485oo calories environ, et que, sur ce nombre, 1 4 ooo calories,
environ, sont accusées par le calorimètre qui renferme le voltamètre (2),
tandis que 345ao calories, environ, restent à l'état latent dans les éléments
constituants de l'eau devenus libres et qui sont passés à l'état ordinaire.
» J'ai été conduit à admettre aussi que l'oxygène n'était pas un produit
immédiat de l'électrolyse, mais qu'il provenait très-probablement de l'eau
an palladium, j'en ajoute une nouvelle qui s'est présentée accidentellement dans le cours de
mes expéiiences.
Une lame d'hydrure de palladium, recourbée et ])roveiiant de l'électrolyse de l'oxyde
d'ammonium, avait été plongée dans l'eau distillée. Au bout de quelques jours, cette lame,
retirée de l'eau, redressée et essuyée vivement, afin de la sécher, a été introduite de suite
dans un tube de verre bouché dont le fond a été brisé par son contact. Ayant retiré immé-
diatement cette lame, je me suis aperçu qu'elle s'était fortement échauffée, au point de
brûler les doigts. Comment expliquer ce dégagement de chaleur? Est-il dû à une simple
transformation de l'hydrogène actif en hydrogène ordinaire, c'est-à-dire à un phénomène
explosif (\m s'est produit dans la masse de l'alliage? ou bien faut-il attribuer le phénomène
à une combustion sans flamme de l'hydrogène à la surface du palladium? C'est ce que je
me propose de rechercher.
(i) En admettant, pour l'hydrogène, ce que j'ai établi expérimentalement pour l'acide
carbonique (c'est-à-dire qu'il faut retrancher ~ environ de la chaleur de condensation de
l'hydrogène ordinaire pour avoir sa chaleur de solidification, il en résulterait que la somme
des chaleurs latentes de liquéfaction et de gazéification de l'hydrogène ordinaire serait
exprimée par 18000 calories environ.
(2) 4600 calories sont dues à la transformation du l'hydrogène actif, à l'état liquide, en
hydrogène ordinaire et gazeux, et 9400 calories à une transformation du même ordre pour
l'oxygène.
( 655 )
que le radical métalloïdiquc SO* décompose à l'électrode positive, de même
que les métaux alcalins, provenant de l'électrolyse des bases alcalines et
des sels alcalins, décomposent cette eau à l'électrode négative, en mettant
l'hydrogène en liberté.
» L'étude de l'électrolyse des bases alcalines (i) m'a également conduit
à admettre que la décomposition de l'eau par le radical métalloïdique des
sels constituait un phénomène 5)'J!e7eciro/y/;'(jfi/e aussi bien que sa décompo-
sition par le radical métallique de ces composés, c'est-à-dire que la chaleur
mise en jeu profite au courant. C'est ainsi que l'acide sulfurique, par
exemple, qui semble n'emprunter à la pile que 485oo calories, environ,
pour se décomposer en SO' et H, en emprunte en réalité un excédant qui
lui est restitué.
» Jusqu'à présent tout semble établir que l'hydrogène qui entre dans la
constitution des acides s'y trouve à l'état actif. En est-il de même pour
l'hydrogène qui entre clans la constitution de l'eau? Tout porte à le croire.
En effet, si l'hydrogène de l'eau (corps non électrolysable) ne peut pas être
obtenu directement par l'électrolyse, il peut être obtenu indirectement,
ainsi que nous venons de le dire, dans le phénomène synélectrolylique de
la décomposition de l'eau par un métal alcalin, et, dans ce cas, il se com-
porte absolument comme l'hydrogène qui provient directement de l'élec-
trolyse de l'acide sulfurique. Ce que je viens de dire de l'état actif de 1 hy-
drogène de l'eau s'applique également à son oxygène (2).
» On voit, en définitive, que le phénomène thermique de la formation -
de l'eau et celui de sa décomposition ne sont pas aussi simples qu'on aurait
pu le croire au premier abord. En effet, en partant des éléments consti-
tuants de l'eau pris à l'état ordinaire, la quantité de chaleur accusée par le
calorimètre est la somme algébrique des nombres fournis par les phéno-
mènes suivants :
» i" Passage de l'hydrogène et de l'oxygène, ordinaires et gazeux, à
l'état actif et également gazeux; 2° combinaison de ces éléments ainsi
(i) Comptes rendus, t. LXXIII, p. 767 et io36.
(2) Dans un prochain Mémoire, j'étudierai les effets thermiques dus à la condensation de
l'oxygène ordinaire par le noir de platine, ainsi que l'oxydation des corps par l'ozone. Si
je n'ai pas immédiatement étudié la rondcnsalion de l'oxygène par le noir de platine, cela
tient à ce que le noir de platine qui m'avait servi à condenser l'hydrogène (apiés avoir
été chaulfé dans le vide, afin de lui enlever la totalité du gnz qu'il avait condensé) s'est
trouvé impropre à fixer la moindre trace d'oxygène : il était devenu moins noir et plus
cohérent.
( 656 )
modifias; 3° enfin passage de la vapeur d'eau à l'état liquide. Il est bien
entendu que le premier phénomène est solidaire du second.
» Je répéterai que nous ne connaissons pas encore la chaleur de for-
mation de l'eau, en partant de ses éléments constituants pris à l'état où ils
se trouvent dans ce composé. Cet état, tant pour l'eau que pour les autres
composés, n'est pas le même qu'à l'état de liberté, ainsi que je m'efforce,
depuis longtemps, de le démontrer.
» En terminant, je crois devoir exprimer mes remercîments à M. F.
Roche, attaché au Laboratoire de recherches de Marseille, pour le con-
cours intelligent et dévoué qu'il a bien voulu me prêter. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE. — Sur quelques particularités relatives à la forme ailée du
Phylloxéra au point de vue de la propagation de iinsecte. Lettre de
M.Max. Cornu à M. Dumas (i).
(Renvoi à la Commission.)
I.
« En faisant une étude suivie des renflements des radicelles attaquées par
le Phylloxéra vastatrix, j'ai rencontré un fait qui ne paraît pas être sans
imporlance, au point de vue des conclusions qu'on en peut tirer : c'est ;
une particularité relative à la fois aux transformations et aux mœurs de
l'insecte.
» On a considéré jusqu'ici la forme ailée du Phjlloxera vastatrix comme
fort rare. Je me rappelle avoir cherché, à Montpellier, en compagnie de
M. Planchon, des nymphes de cet insecte sur les grosses racines, couvertes
d'un nombre énorme d'individus aptères et d'oeufs, et elles y étaient fort
rares, même au mois de septembre. Quand, après l'examen d'une dizaine
ou d'une quinzaine de racines fortement attaquées, nous en rencontrions
cinq à six, nous nous tenions pour très-satisfaits. Dans les bocaux où l'on
dépose pour l'étude les racines couvertes de pucerons, on voit, de temps
en temps, sur les parois, des insectes ailés, mais toujours très-peu abondants;
je n'en ai pas rencontré plus de trois ou quatre dans mes études de l'année
dernière. M. Planchon m'en montra une quinzaine qu'il avait obtenus en
(i) Cette Note est adressée de Cognac, où M. Cornu s'est rendu, d'après les instructions
de la Commission du Pliylloxcra.
( ^^1 )
recherchant les nymphes et en les mettant à part. L'observation de M. Faucon,
qui rencontra les individus ailés en marche sur le sol avec les individus
aptères, montra que les premiers étaient plus communs qu'on ne le pensait.
Il en envoya à Montpellier une douzaine, dans un pli de lettre, quantité
qui parut tout à fait remarquable.
» Si l'on n'a pas encore observé beaucoup d'individus ailés, c'est qu'on
les a cherchés en dehors de l'endroit où ils se développent d'ordinaire. Les
nymphes (i) se montrent non pas sur les grosses racines, mais sur le ren-
flement des radicelles. Dans l'intéressant et important travail qu'ils viennent
de publier (2), MM. Planchon et Lichtenstein disent, sans y insister d'ail-
leurs, que les nymphes se trouvent plus fréquemment sur les nodosités
que sur les grosses racines. Elles n'y sont cependant pas nombreuses;
mais, point capital, elles le deviennent par la transformation des individus
qui y sont fixés. Il faut, pour s'en assurer, les observer pendant plusieurs
jours de suite, en les conservant comme on conserve d'ordinaire les grosses
racines; mais c'est une opération assez difficile, car les nodosités se prêtent
mal à l'observation : elles pourrissent infailliblement, au bout de peu de
temps, à moins de précautions spéciales; le nombre des insectes qu'elles
olfrent (surtout des mères pondeuses) est relativement beaucoup plus res-
treint que sur les grosses racines; elles sont moins commodes à tenir que
celles-ci et à retourner en tous sens; elles offrent des replis et des anfrac-
tuosités où se cachent les insectes; c'est à cause de tout cela qu'elles pa-
raissent avoir été le plus souvent négligées jusqu'ici.
» Quoique j'aie observé ce fait sur des renflements récoltés à Bordeaux
et k Montpellier, et que je puisse citer des nombres décisifs observés sur
des nodosités de ces deux origines, je préfère citer un exemple, de beau-
coup le plus saillant et le plus intéressant, à cause des circonstances dans
lesquelles il a été observé.
» Un des tubes adressés à l'Académie par M. Lecoq de Boisbaudran
[Comptes rendus, 8 septembre 1873, p. 572) contenait des radicelles char-
gées de Phylloxéras et munies de renflements gros et petits, de taille
(i) Les nymphes se distinguent aisément des autres individus par leur corps, en général
plus allongé et étranglé au milieu, leur teinte plus orangée ou plus rougeâtre, et surtout par
des fourreaux d'ailes qui forment deux petites taches noires latérales.
(3) Le Phylloxéra [de i854 « iSyS). fiésuiné pratique el scie/iti/iqiie, par J.-E, Planclion
et Lichtenstein, p. 10.
C. R,, 1673, i" Umeslic (T. LXXVll, M» 12.) ^^
( 658 )
moyenne en général et au nombre de vingt, ainsi que je m'en assurai dans
la suite. Ce tube était long et gros comme le petit doigt. Il me fut remis
avec les autres par la Conunission du Phylloxéra, le 6 septembre. 3e trouvai
trois nymphes et un individu ailé (à la suite d'un examen lui peu super-
ficiel d'ailleurs), ainsi que je l'écrivis le soir même à M. Milne Edwards.
Or, depuis ce jour jusqu'à aujourd'hui 19 septembre, où les renflements
sont entièrement pourris, j'ai successivement enlevé (rente et un individus
à l'état de nymphes ou ailés. Dans la nature, ces renflements en relation
avec les racines auraient probablement vécu encore quelque temps et
fourni de la nourriture à un certain nombre d'insectes, qui meurent de
faim sur les parois du tube ou sur le tissu noir et décomposé des ren-
flements. D'autres renflements m'ont donné des individus ailés, mais
bien moins nombreux; cela tient au petit nombre des insectes présents à
leur surface.
» Si maintenant on se représente l'ensemble d'un système radical d'un
cep de vigne entièrement attaqué, et le nombre véritablement énorme de
nodosités qu'il offre, on conçoit que le nombre des individus qui s'y dé-
veloppent successivement doit être considérable. Aussi cette forme toute
spéciale et si différente des autres entre pour une proportion notable dans
le nombre des insectes fixés sur la vigne. Les générations qui en procèdent
constituent ainsi un total assez important. Seraient-ce ces générations qui
constitueraient les individus liibernants?... Il y a là une étude directe à
entreprendre, qu'il est d'ailleurs assez difficile de mènera bien.
» Les œufs de l'insecte ailé, comme cela a été dit souvent, sont en petit
nombre dans son abdomen ; ils sont volumineux, très-visibles et au nombre
de trois. Quand l'un d'eux a été pondu sur les parois du Inbe, on peut,
dans le corps de la mère, retrouver les deux autres, qui paraissent éti e au
même état de développement. Rien ne les distingue, comme dimension,
des œufs pondus par les insectes aptères; le diamètre longitudinal est le
même (o'"'", 35 environ) que celui des insectes aptères des racines ou des
galles : je m'eij suis spécialement assuré.
>) En quel endroit doivent être déposés ces œufs? Ce n'est évidemment
pas sur les feuilles des vignes, comme on l'a cru d'abord; les feuUles des
vignes indigènes ne portent jamais de galles, si ce n'est dans des cas très-
rares, et le plus souvent dans les expériences faites spécialement en vue de
les obtenir. Les insectes ailés étant nombreux sur les vignes, ils ont évidem-
ment, dans la naliuc, lui rôle à remphr, autre que celui de donner nais-
sance à la forme gallicole.
( 659)
» Dans quels vignobles sont-ils le plus abondants ? Il est facile de ré-
pondre à cette cpiestion : ce sera dans ceux qui présenteront le plus de
noilosités; c'est donc la première année de l'invasion, car on sait que
c'est alors que les renflements sont le plus nombreux; c'est un fait bien
connu des viticulteurs du Midi : tel est, en effet, le premier symptôme de
la maladie. C'est donc la première année que les Phylloxéras ailés se pro-
duiront en plus grand nombre.
» Nous savons, d'autre part, que ces nodosités pourrissent à la fin de
l'été ou au commencement de l'automne, époque à laquelle se montrent
principalement les ailés; ce n'est donc probablement pas sur les renfle-
ments qu'ils pondront leurs œufs; ce n'est probablement pas non plus sur
les grosses racines, où les nymphes sont très-rares et où jamais ne se
rencontrent les individus ailés. Leurs yeux multiples et leur double or-
gane sensitif des antennes, tandis que les individus aptères n'ont cpie des
yeux rudimentaires (trois cellules de pigment rouge) et un seul organe
sensitif aux antennes, l'existence de leurs ailes, tout semble montrer qu'ils
doivent avoir une existence aérienne, au moins en partie; ils doivent donc
quitter le sol et paraître à la lumière.
» A quel instant ce départ loin des renflements se produit-il, car les
individus ailés ne se montrent pas non plus sur les nodosités? Il est
probable que c'est à l'état de nymphe, un peu avant la mue définitive,
durant la courte période pendant laquelle il se passe de nomriture, que
l'insecte quitte les renflements pour se rapprocher de la surface du sol :
il y trouve des conditions favorables pour déployer ses ailes, sécher et
consolider ces délicates membranes. Dans les vignobles des environs de
Cognac, où j'étais envoyé par la Commission, j'ai trouvé sur le sol et j'ai
montré en place à M. Lecoq de Boisbaudran que j'accompagnais, outre ces
jeunes agiles, une nymphe agile aussi et vivante. Elle fut mise dans un
tube et se transforma le lendemain en individu ailé. Je me suis assuré par
l'observation directe que la nymphe, pendant un certain temps du moins,
adhère au renflement par son suçoir, qu'elle y enfonce au quart de la lon-
gueur de cet organe. Cela n'empêche pas que, à un certain instant, vers la
fin de l'intervalle où elle doit passer à l'état de nymphe, elle puisse aban-
donner la racine. C'est un fait général chez les Phylloxéras et que j'ai
observé maintes fois siu- les racines, que la peau des mues est libre de
toute adhérence avec elles : ils ont donc, avant de muer, retiré leur suçoir
enfoncé dans les tissus. Organiquement cela ne serait pas nécessaire, puis-
86..
( 66o )
que le phénomène de la mue s'étend aux trois soies grêles du suçoir comme
à tontes les parties, même les plus délicates, des appendices.
D Ce qui vient d'être dit paraît établir a priori que les individus ailés
quittent le sol avant ou après la mue définitive, et arrivent à la lumière,
ainsi que M. Faucon et ses neveux l'ont directement observé ; mais ils ne
doivent pas demeurer sur le sol ; on en retrouve dans des toiles d'arai-
gnée, comme nous avons pu le constater, M. Planchon et moi, après
M. Lichtenstein qui fit le premier cette observation. Ces individus ailés
paraissent destinés à disséminer les parasites et la maladie dévastatrice dont
ils sont la cause.
» Parmi les conclusions relatives à ce qui précède, quelques-unes, au
moins, auront certainement un intérêt pratique.
» 1° La propagation de la maladie par les individus ailés, qui soulevait
de sérieuses difficultés (i), est expliquée et justifiée; mais on ne doit pas
oublier qu'elle peut avoir lieu à de petites distances, aussi bien qu'aux
grandes distances.
» a° C'est dans les premiers temps de l'invasion en un point que la mala-
die se transporte à de grandes distances de ce point, dans des circonstances
encore mal déterminées.
» 3° L'arrachage des premiers individus attaqués (moyen préventif qui
donne souvent les meilleurs résultats) ne peut pourtant avoir lieu entière-
ment. On enlève la souche et les grosses racines; mais, le plus souvent,
les radicelles sont brisées et restent en terre : elles y sont retenues par les
renflements, qui sont un obstacle à la traction exercée sur elles. Ainsi la
plupart des racines extrêmes et leurs nodosités demeurent en terre; elles
y pourrissent probablement moins vite que dans les tubes de nos expé-
riences, et peuvent successivement donner naissance à des individus nom-
breux, qui sortent de terre et propagent au loin, ou même à peu de dis-
tance, la terriJjle maladie. L'arrachage et le brûlis sur place constituent
un moyen plus sûr d'enrayer la propagation, mais d'une efficacité encore
(i) Le petit nombre des individus ailés connus, aussi bien que le nombre si restreint
d'œufs qu'ils contiennent, forçait d'admettre des générations successives, rrès-nombreuses
et lrès-])rolifiques, se multipliant démesurén)ent, pendant un teni])s très-court. Les causes
variées de destruction naturelle des insectes, les accidents de toute nature, la difficulté de
pénétration dans le sol, etc., n'étaient pas les moindres objections qu'on ])ût faire, et elles
pouvaient être très-embarrassantes, quoique théoriquement la propagation par l'air fût des
mieux démontrées.
(66. )
insuffisante, car on laisse en terre des Phylloxéras non détruits. Cela était
connu; mais ce qui ne l'était pas, et ce sur quoi j'insiste, c'est que, parmi
ces insectes qu'on laisse en terre, beaucoup ne deineuretont pas dans le
sol; ils en sortiront plus ou moins tard et se répandront sur le reste du
vignoble encore sain. Les tranchées qu'on arrose de liquides divers, pro-
duits phéniqués ou autres, ne peuvent donc ni tuer ni arrêter l'insecte
ailé : il faut, à l'arrachage, joindre un traitement du sol.
» 4° En attaquant le Phylloxéra de bas en haut par les vapeurs toxiques
déposées dans le sol à une grande profondeur (progrès réel dans le trai-
tement des vignes), ne force-t-on pas cependant les individus agiles et
principalement, à l'époque où nous sommes, ces dangereux insectes ailés
et les nymphes qui leur donneront naissance à abandonner plus vite les
radicelles qui les nourrissent? C'est un point à examiner.
» 5° Il faut donc faire entrer sérieusement en ligne de compte la propa-
gation de l'insecte par la surface du sol. On a proposé, pour s'y opposer,
de répandre des poudres ou des liquides insecticides, que le Phylloxéra
devrait affronter pour sortir au dehors ; on emploiera le moyen (pi'on ju-
gera convenable, mais il y a là un danger avec lequel on doit compter.
II.
)) Quant à la possibilité du vol des insectes ailés, elle ne fait, pour moi,
l'objet d'aucun doute; le petit nombre des individus qu'on a observés
jusqu'ici et les conditions peu favorables à l'observation sont, je crois, les
causes qui ont empêché de constater ce fait directement.
» Le Phylloxéra quercus se sert de ses ailes, c'est une chose acquise ; j'ai
récolté à Cognac, le 12 septembre dernier, des centaines de ces insectes à
l'état ailé, sur la face inférieure des feuilles du chêne blanc. Ils sont, malgré
quelques différences, fort semblables au parasite de la vigne (à l'état aptère
comme à l'état ailé); ils s'en distinguent par tuie couleur plus rouge et
des antennes plus longues. Le D' Siguoret, dans une brochure spéciale et
déjà ancienne (i), a très-bien indiqué ces différences, qui ne laissent aucun
doute sur la distinction des deux espèces.
» Au premier coup d'œil, les insectes ailés se ressemblent beaucoup; ce
sont des sortes de petits moucherons, ils ont les ailes horizontales; mais
(i) Lex P/tyl/oxcra vastntri.r, hémiptèrc Iwinnptcre de la famille des JphUliens. Extrait
des Annales de la Société entnmologique de France, 22 décembre i86q.
( 662 )
chez le Phylloxéra quercus le corps est rouge : il est orangé chez le Phyl-
loxéra vfislatrix.
» Je plaçai sur une feuille de papier blanc les feuilles de chêne cou-
vertes de ces insectes ailés. Ils se laissèrent tomber sur le papier et s'y dépla-
cèrent avec rapidité; puis, relevant leurs ailes verticalement, à la manière
des pucerons ordinaires, ils prirent leur vol, sans s'élever beaucoup, vers
une fenêtre située à plus de i mètre et demi de là. Au début de leur vol, ils
décrivaient des cercles, en tournoyant comme pour prendre leur élan ; mais
ils finissaient par voler en ligne droite, assez lentement du reste et lourde-
ment. Au bout de peu de minutes, un nombre notable s'était échappé, et j'en
retrouvai plusieurs fixés sur les vitres de la fenêtre. Ce fait de leur vol
n'était pas inconnu : M. Planchon les a vus voler à la distance de quelques
décimètres {loc. cit., p .20); mais constatons que, comme les individus ailés
des pucerons du rosier, etc., ils se sont dirigés vers la fenêtre, vers ia lu-
mière. Il est donc probable, si l'analogie ne nous trompe pas, que les indi-
vidus ailés du Phjlloxera vastalrix se servent de leurs longues, mais fragiles
ailes, aussi bien que ceux du Phjlloxera quercus, et que, à l'aide des vents,
ils peuvent franchir des distances considérables.
)) On peut donc dire, en résumé, que les individus ailés du Phylloxéra
vastalrix sont beaucoup plus nombreux qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, et les
conséquences que l'on peut tirer de l'abondance de cette forme particulière
du parasite doivent être prises en sérieuse considération, aussi bien au
point de vue de l'histoire naturelle de l'insecte qu'au point de vue du trai-
tement des vignes malades.
» Je m'abstiens, pour l'instant, de donner aucun conseil pour ce traite-
ment, de crainte de faire concentrer les efforts à une époque inopportune.
On ne saura au juste ce qu'on doit faire et dans quelle mesure on peut agir
efficacement que lorsque l'histoire naturelle du parasite sera entièrement
connue; mais je me permets de faire i-emarquer qu'il semble ressortir de
cette Communication et des précédentes que le Phylloxéra pourrait être,
par des moyens divers et à des époques diverses, attaqué avec succès, au
moment de l'une ou l'autre de ses transformations. Chaque traitement cor-
respondrait à un danger spécial. Doit-il, quand ses formes sont si variées
et ses mœurs si différentes, être combattu une seule fois, à une époque
unique, ou même en tous temps avec le même agent;' C'est une réflexion
que je soumettrai aux viticulteurs.
» La question n'a rien d'extraordinaire; ne répète-t-on pas le soufrage
des vignes jusqu'à trois fois dans le Bordelais, jusqu'à quatre fois dans
( G63 )
le Midi? Répéter plusieurs fois le même traitement ou en exécuter plu-
sieurs successifs n'a rien qui doive étouner les viticulteurs. Ne se met-on
pas successivement, par des moyens divers, à l'abri des attaques de la
Pyrale, de l'oïdium, de l'Altise, etc., etc.?
III.
» Je me suis rendu à Cognac, selon le désir de la Commission, etj'aiécrit à
M.Milne Edwards les conditions dans lesquelles nous avons opéré; mais il
me semble que le temps que nous avons eu depuis (la pluie n'a cessé de tom-
ber depuis le 12 jusqu'à hier 20 septembre) est extrêmement défiivorable à
l'essai que nous avons fait. Nous avons voulu expérimenter le système de
M. Monestier, préconisé par M. Gaston Bazille [Messager du Midi, i3 août
1873); dans un trou profond on dépose 5o grammes de sulfure de car-
bone ; mais les interstices du sol, dans les conditions actuelles, sont
remplis par l'eau de pluie; partout où la vapeur pourrait passer et at-
teindre l'insecte, elle trouve l'eau qui imbibe le sol et empêche les bons
effets du principe asphyxiant. Une pluie légère, qui s'opposerait à la sor-
tie de cette vapeur à l'extérieur du sol, aurait un effet adjuvant, mais les
pluies torrentielles sont contraires à l'emploi du sulfure de carbone. Un
insuccès ne prouverait donc rien contre les bons résultats que peut donner
la méthode proposée, si ce n'est qu'il faut l'appliquer par un temps sec, ou
dans un sol non imbibé à une grande profondeur; une légère couche hu-
mide à la surface serait loin de nuire. Dans le Midi, où les pluies prolon-
gées sont rares, cela n'aurait aucun inconvénient. »
VITICÙLTUHE. — Sur répoque à laquelle il conviendrait d'appliquer la sub-
mersion aux vignes alleintes par le Phylloxéra. Lettre de M. L. Faucon
à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission.)
« Dans le remarqr.able Rapport sur les études relatives au Phylloxéra,
que vous avez lu à l'Académie le 16 juin dernier, vous avez insisté sur
l'importance que présenterait la détermination de l'époque la plus conve-
nable pour pratiquer la submersion des vignes. Guidé par vos indications,
j'ai de nouveau examiné ce point intéressant de la question, et voici quel
a été le résultat de mes études.
» S'il était possible, sans de graves inconvénients, d'attaquer les Phyl-
loxéras au moment précis du terme de l'hibernation, immédiatement après
la première mue prinlanière, lorsqu'ils sont dépouillés de leur enveloppe
( 664 )
protectrice, qu'ils sont tous jeunes, que tous les œufs de l'année précédente
sont éclos ou détruits et que les nouveaux œufs ne sont pas encore pondus,
conditions dans lesquelles les Phylloxéras résistent très-peu de temps à l'im-
mersion, ce moment serait certainement le plus favorable à leur complète
destruction; mais plusieurs motifs s'opposent à l'application du traitement
à cette époque et en contrarient la réussite. D'abord tous les insectes ne
sortent pas en même temps de leur sommeil hivernal : j'en ai vu qui com-
mençaient à s'éveiller dès le i*' avril, et d'autres qui étaient encore dans
un complet engourdissement vingt jours plus tard, alors que déjà les pre-
miers, revenus à la vie, avaient grossi, s'étaient de nouveau revêtus d'une
peavi résistante et avaient pondu. Il y a là un cercle duquel il est difficile
de sortir.
» Si l'on pratique la submersion dès qu'un certain nombre d'insectes
ont passé de la léthargie à la vie active, ou aura facilement raison de ceux-
ci; mais, par le fait même de l'opération, la transformation de ceux qui
sont encore engourdis sera retardée, et leur destruction exigera une im-
mersion plus prolongée, aussi prolongée probablement qu'en hiver.
M Si l'on attend que la cessation de la vie latente se soit produite chez
tous les Phylloxéras, on se trouvera en présence d'insectes de tous âges,
(jeunes, adultes, mous, résistants) et d'un nombre considérable d'œufs, et
l'on se heurtera contre les difficultés qu'on avait cru éviter eu opérant à
cette époque.
» De ce que l'insecte nouveau-né résiste peu à l'immersion, on aurait
tort de conclure, même dans le cas où tous les Phylloxéras pourraient
être attaqués en même temps dans la période de leur plus grande faiblesse,
qu'une submersion de courte durée serait suffisante pour les faire périr
tous. D'abord, si l'on a à traiter un vignoble de quelque étendue, plu-
sieurs jours sont nécessaires pour que l'eau soit amenée dans toutes les
parties de ce vignoble. Ensuite il faudrait toujours attendre que l'eau eût
pénétré jusqu'aux racines les plus profondes; et, pour peu que le terrain
soit de nature argileuse et compacte, nous savons combien est difficile et
lente cette pénétration.
» Si tous ces inconvénients n'existaient pas, il en est un qui, à lui seul,
s'opposerait radicalement à l'application de la submersion des vignes au
printemps : c'est le mal qu'une eau surnageante, telle qu'il la faut pour
tuer le Pliylloxera, ferait éprouver aux vignes à cette époque. Le réveil
de l'insecte coïncide avec celui de hi végétation : c'est le moment où la
vie des plantes, pour se; manifester au dehors, a besoin non-seulement
d'une certaine dose de chaleur, mais aussi de l'action que les agents at-
( 665 )
mosphériques impriment aux racines. Priver la vigne de ces auxiliaires
indispensables serait l'exposer à de grands désordres, auxquels elle ne ré-
sisterait pas longtemps. Enfin, si l'on tient compte aussi des difficultés très-
sérieuses que les submersions faites au printemps occasionneraient aux
cultures générales, taille, apports d'engrais, labours, on est forcé de re-
noncer à l'application de ce mode de traitement à cette époque de l'année.
» En été, à l'époque de la grande multiplication du Phylloxéra et au
moment où, de l'aveu de tous les expérimentateurs, il résiste le moins à
l'immersion, la submersion des vignes pourrait donner des résultats posi-
tifs au point de vue de la destruction de l'insecte; mais l'opération prati-
quée alors présente des inconvénients non moins graves qu'au printemps.
D'abord, si l'argument le plus général qu'on oppose au traitement de la
submersion (son application restreinte) n'a une valeur réelle que pour les
situations élevées, il aurait bien plus de force si la submersion devait se
faire en été, puisque le traitement ne serait alors possible que dans des cas
véritablement exceptionnels; il y a, en effet, beaucoup de pays qui ont de
l'eau en abondance en hiver et qui en manquent totalement en été. Ensuite,
s'il est prouvé et admis que dès masses d'eau considérables, répandues sur
de grandes surfaces, ne sont pas susceptibles de porter la moindre atteinte
à la salubrité publique en hiver, il n'en serait pas de même en été. La sub-
mersion des vignes, pratiquée sur une vaste échelle, donnerait une eau
stagnante s'étendant, dans certaines localités, à des milliers d'hectares et
formant de véritables étangs, et pourrait devenir luie cause d'insalubrité
pendant la saison chaude. Enfin l'expérience a démontré que, à l'époque
des chaleius, la vigne ne peut pas impunément rester sous l'eau un temps
un peu trop prolongé, et qu'elle est tuée par une immersion d'une durée
très-insuffisante pour faire périr le Phylloxéra.
M Les graves inconvénients que je viens de signaler ne permettant pas
de pratiquer la submersion des vignes au printemps et en été, il faudra
nécessairement en reporter la mise en oeuvre à l'automne ou à l'hiver,
époques les plus convenables à l'application et à la réussite du procédé, si.
ron suit à la lettre toutes les prescriptions cpiej'ai indiquées.
» J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie une nouvelle Notice que je viens
de publier sur V application de la subnwrsiondesvignesalleinlesduPhjlloxera.
Dans cette Notice, j'ai reproduit les idées qui font l'objet de la présente
Comnuuiication, et qui sont dues aux indications que vous avez bien voulu
me donner à ce sujet. >»
G. R., 1H73, i* Semestre. (T. LXXVH, N» 12.) 87
( 666 )
M. R. Re-iol- adresse une Note concernant l'emploi des feuilles de tabac
pour coiiibattre ie Phylloxéra.
Les expériences effectuées par l'auteur le conduisent à affirmer l'effica-
cité d'un procédé qui consiste à enfouir des feuilles de tabac, soit vertes,
soit sèches, au pied des ceps de vigne : la décomposition s'effectuant au
voisinage des racines donne naissance, selon lui, à un poison qui détruit
rapidement l'insecte. Il fait remarquer seulement que ce procédé ne pour-
rait être employé en grand, d'une manière économique, que si les règle-
ments relatifs à la culture du tabac subissaient quelques modifications,
en vue de cette application spéciale.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Hay adresse une Note relative à l'emploi, contre le Phylloxéra,
d'une décoction de tabac mélangée avec de la chaux.
(Renvoi à la Commission.)
M. l'abbé Magnat prie l'Académie de vouloir bien lui adresser quelques
documents relatifs à l'histoire naturelle du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. Brachet adresse la suite de ses recherches sur les perfectionne-
ments à apporter au microscope.
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
M. DzwoNKowsKi adresse une Note relative à un élixir anticholérique.
M. A. PiCKERix adresse une Note relative au traitement du choléra.
M. V. BuRQ adresse un Mémoire sur l'action du cuivre contre le cho-
léra.
Un Auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse une
Note concernant un traitement rationnel du choléra épidémique.
Ces diverses Communications sont renvoyées à la Commission du legs
Bréant.
( <^^^1 )
M. HÉNA adresse deux Communications relatives, l'une à des « Galets
de silex dans le diluvium de Saint-Brieuc », l'autre au « Grou ou gravier
granitique à blocs de Saint-Brieuc ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. PiERLOT adresse une Note concernant une pile au chlorure de plomb.
« On place, au fond d'un vase de verre ou de porcelaine, 5oo grauunes
environ de chlorure de plomb; on y enfonce luie plaque de plomb fixée à
un fil de même métal, isolé au moyen d'un vernis, puis une plaque de
zinc, d'environ g millimètres d'épaisseiu", amalgamée et enveloppée d'un
sac de papier diaiyseur; on ajoute de l'eau tous les deux ou trois mois; le
courant est à la fois énergique et constant. »
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Edm. Becquerel.
M. IVoiRET soumet au jugement de l'Académie deux Notes relatives,
l'une aux reproductions photographiques, l'autre aux murailles et par-
quets ornementés.
Ces Notes seront soumises à l'examen de M. Balard,
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Intégration de Inéquation aux dérivées partielles
des cylindres isostatiques qui se produisent à l'intérieur d'un massif ébouleux
soumis à de fortes pressions. Note de M. J. Roussinesq, présentée par M. de
Saint- Venant.
« Ainsi que je l'ai remarqué dans une Note sur VEqualion aux dérivées
partielles des vitesses, etc. [Comptes rendus, t. LXXIV, p. ^Bo, 12 février
1872), les deux relations
I rfF d]ou./i 1 rfF, _ <:/log(F — F, ) I dV
F— F, r/p dp, F,— Ff/p, dp, F — V,dp,
qui expriment, en coordonnées curvilignes rectangles, l'équilibre intérieur
d'un corps soumis, parallèlement à un plan, à des pressions assez fortes
pour qu'on puisse négliger en comparaison son poids et son inertie, s'in-
tègrent exactement, non-seulement quand le milieu est ductile ou que la
différence F — F, a une valeur constante, cas intéressant dont je me suis
87..
( 668 )
occupé dans trois articles [Comptes rendus, 22 janvier, 29 janvier et 29 juil-
let 1872, même tome, p. 242, 3 18, et t. LXXV, p. 254), mais encore toutes
les fois qu'il existe entre les deux forces principales F, F, une relation sous
forme finie, permettant d'exprimer une de ces forces en fonction de l'autre,
ou toutes les deux en fonction d'une même variable, et de rendre ainsi
différentielles exactes les deuxièmes membres de (1). Ou peut même négli-
ger les deux fonctions arbitraires qu'introduit l'intégration, comme je l'ai
démontré d'après les formules (3) du piemier de ces trois articles, si l'on
choisit convenablement les paramètres p, pt, caractéristiques des deux
familles de cylindres isostatiques. On obtient ainsi, avec deux con-
stantes C, C, dont la valeur pourra être prise quelconque, les formules
(2) ^"g'''.=JF=T; + ^'
F- F.
= C.
» Appliquées au cas d'un massif pulvérulent à l'état ébouleux, ou tel que
p p
rapport — r; — pt' vaille le sinus de l'angle constant (j
donnent, par la substitution à F de _ . '' (F — F,),
p p
le rapport — r; — pt' vaille le sinus de l'angle constant (p de frottement, elles
(3) F— ¥,=/![-'■''"■'' h'-^''"fhl^''"'°=i.
« La seconde de celles-ci, déjà obtenue dans la Note citée du 12 fé-
vrier 1872, est l'équation, en coordonnées courbes, des cylindres isosta-
tiques produits à l'intérieur du massif ébouleux. Elle comprend, comme cas
particulier correspondant k o = o, celle [hh, = i) des cylindres isosta-
liques d'un milieu ductile déformé parallèlement à un plan.
» Si j), (], p,, </, désignent les dérivées respectives en x et en j- des deux
pai-amètres p et p,, cette seconde équation (3), où //, //, représentent les
radicaux s/p^ -^ (j\ V/'i + îi» combinée avec la condition d'orlhogonalilé
pp^ _j_ qq^ = o, et résolue par rapport k p,, q,, donnera
\p,=±q(y- + q-) ''■■ ^ <i,=-^p[ir + q^-)
f OÙ A-=i/ ^ = lan^ 7 + -
(4)
Comme /),, (/, sont les deux dérivées respectives en x et en y de la fonc-
tion p,, la dérivée en y de la valeur (4) de /), doit égaler la dérivée en x
de la valeur analogue de «y, ; cette condition d'intégrabilité est d'ailleurs la
seule que doive vérifier la fonction p pour que, la famille de cylindres
{ 669 )
J{x, y) = p étant donnée, on puisse en trouver une autre y^ (x, y) = /5,
orthogonale à la première el; satisfaisant à la seconde relation (3). L'équa-
tion caractéristique des cylindres^ (a:, j-) = p est donc
(5)
cLk
l'iir+fj ^'''-
<i[p- + r
^]-o,
ou bien, en développant les calculs et appelant, comme à l'ordinaire,
/', s, t les trois dérivées secondes en dx^, dxdj, dj- de la fonction à dé-
terminer p,
(G) (p- — /r(j-)r -h 2{i +• l<-)pqs + [q- — f^" p') t ~. o.
» Cette équation, qui se réduit, pour y = o ou A" = i , à celle que j'ai
intégrée dans l'article cité du 29 janvier 1872, se traitera exactement de
la même manière. On lui appliquera d'abord la transformation de Le-
gendre, c'est-à-dire qu'on prendra pour variables indépendantes p, q, et,
pour fonction à déterminer, l'expression sj =p.r + qj' — p, dont x etj-
sont les deux dérivées respectives en p et ^; il viendra ainsi
/ \ 11/ ^d'a d'u .,d-ûi\ I ^d'u d-vj ., f/'rrX
[r a,. -
- 2;"/
djj dtj
+ //-
drr
ouvelle
transformation.
on rempla
cera
par le paramètre différentiel du premier ordre, h ou \/p^-i-q^ , de la famille
considérée de cylindres, et par l'angle a (ayant pour tangente - 1 que leur
normale en [x^j) fait avec les x positifs : ces deux nouvelles variables
définissent complètement, la première en grandeur, la seconde en direc-
tion, l'état mécanique du milieu au point [Xjj'); ce sont des coordon-
nées naturelles caractérisant chaque état physique possible, tout comme
leurs deux fonctions x, j caractérisent le point du corps où cet état se
trouve réalisé. Les équations du problème deviendront ainsi
(8)
d%- dir dh
rfe r/n si ri a ffo . dzs rosz
-— cosa — , r = -T^sina4- — ■
dn d'j. h -^ du du. h
» Lorsqu'on aura obtenu, par l'intégration de la première (8), zs en a
et /(, la seconile et la troisième (8) donneront les valeurs cherchées Aux
et de /.
( 670 )
» Les intégrales simples de la première (8) sont de l'une des formes
Ur^l^Ae '' +Re " j[c/("' +D7/='- J,
(^ = M/i ou cosinus [« V (^^^j -<-'^""'"-J ou cosinus ("*log^)'
où A, B, C, D, 71, M, m représentent des constantes quelconques. En su-
perposant, comme je l'ai lait dans l'article cité du 29 janvier 1872, une
double infinité de celles de ces intégrales simples qui sont périodiques, on
aura l'intégrale générale que comporte la question, c'est-à-dire luie inté-
grale contenant explicitement deux fonctions arbitraires, dont on pourra
disposer de manière à donner, pour a = o, des valeurs quelconques, en
fonction de h, à zs et k -—, ou encore à x et à r.
» J'ai reconnu l'intégrabilité de l'équation (7) et même de la suivante,
qui est plus générale,
i {k^x- —y-)r-\- 2{k--Jri)xj's
' \ -\-[k-j- — x-)t + {ax-\-bj')p-^{aj — hx)q-^cz^o
(où X, y désignent les deux variables indépendantes, z la fonction incon-
nue, p, q, /•, .y, t ses dérivées des deux premiers ordres, A-, a, b, c des con-
stantes quelconques), en me servant de la transformation de Laplace, que
j'ai exposée dans une Note du 11 mars 1872 [Comptes rendus, t. LXXIV,
p. 730), sans savoir qu'elle était connue depuis longtemps. Cette transfor-
mation a pour résultat de faire évanouir de l'équation linéaire du second
ordre, aux dérivées partielles et à deux variables indépendantes, les deux
termes affectés des dérivées r, t, de manière à la réduire (quand elle est
sans second membre) à la forme simple
(11) s -hVp+ Qq -\- Lz = o.
On ne l'avait appliquée jusqu'à présent qu'à la recbercbe des intégrales
sous forme finie que ces équations admettent dans certains cas; mais elle
est susceptible d'un autre emploi, plus important en Physique mathéma-
tique, et dont j'ai donné dtux exemples dans la Note du ii mars 1872 :
elle est propre à transformer, toutes les fois que c'est possible, une équation
linéaire à coefficients variables en une autre à coefficients constants, et par
conséquent intéqraôlc en série d'exponentielles réelles ou imaginaires. En effet,
si l'équation |)ro[)osée peut être changée en une autre à coefticients con-
(67r )
stants, la transformation de Laplace, convenablement appliquée à celle-ci,
laissera constants ses coefficients, comme on le reconnaît aisément, et il
est d'ailleurs facile de montrer que cette transformée inconnue ne pourra
différer de celle (i i), déduite directement de l'équation proposée, qu'en ce
que les variables ^, y, qui paraissent dans l'équation (i i), y seront rem-
placées par deux autres X, Y, dépendant seulement, la première de x, la
seconde de y. En effectuant ce changement de variables, l'équation (n),
divisée par X'Y', devient
('^^ dXdY "*" Y' dX~^ X' dY '^ X'Y' " °'
pour qu'elle ait ses coefficients constants ou que la transformation
désirée soit réalisable, il faut et il suffit : i" que P ne dépende pas de .r;
2° que Q ne dépende pas de j-; 3" que L soit le produit de PQ par une
constante. Si ces conditions se trouvent vérifiées, on prendra les variables
X, Y telles, que les rapports respectifs des dérivées X', Y' à Q, P soient
constants, et la transformée (ra) sera intégrable en série double d'expo-
nentielles. Dans l'exemple (lo), cette transformée s'obtient en choisissant
pour variables indépendantes les deux expressions
u = logv'j^- -h J' — iî'arctang— > v = log^^rM-^ -H A arc tang — •
Elle est simplement
d'z (a -\- ib) — Ik^ + j) dz {a — kb) — (h-'-\-i)dz c
' — ' ;Z= O. ))
diidi' ^P da 4A^ dv^ Xk-'
ÉLASTICITÉ. — Sur le moiivemenl d'un fil élastique dont une extrémité est animée
d'un mouvement vibratoire (a'' Note) ; par M. E. Mercadier.
« On a donné, dans une première Note [Comptes rendus, page ôSg de ce
volume), les principales lois de ce mouvement quand les vibrations du fil
sont planes ou normales. En voici une nouvelle dans laquelle entrent le
coefficient d'élasticité q et la densité p du fil. En cherchant les relations
entre les distances nodales normales D' de fils différents, rapportées à un même
c/iamè/re, et les diverses puissances du quotient -> on forme, pour les racines
quatrièmes de ce quotient, le tableau suivant :
( 67a )
q p \J1 D'
iiini
Fer 20794 7-8 7,18 47 >8
Cuivre (*) 12418 8,8 6,12 42,0
Platine 14810 21, i 5, i4 3^,0
Aluminium 6684 2,6 7,12 47 1 3
Si l'on construit la courbe dont les abscisses sont les D' et dont les
\J - sont les ordonnées, on trouve une ligne droite. Donc :
» 8. Pour des fils différents de même section, les dislmices jwdales normales
sont proportionnelles aux racines quatrièmes des quotients des coefficients d'élas-
ticité par les densités.
» En réunissant dans une seide formule les lois indiquées jusqu'à pré-
sent, en appelant D et D' les distances nodales normales de deux fils quel-
conques de densités p et p', de coefficients d'élasticité q et q', de diamètres c?
et â', fixés à des diapasons ou autres corps vibrants faisant 7i et n vibrations
par seconde, on a la relation générale
_D /or/' '' /yp'
D'~ V 3'/i V q'p'
p
» III. Etat vibratoire anormal. — Supposons un fil fixé à un électro-dia-
pason animé par une pile constante, de façon que son amplitude se main-
tienne également constante; supposons la longueur de ce fil telle, qu'il
vibre dans un plan, se trouvant ainsi dans ce que j'ai appelé un état vibra-
toire normal. Avec une pince coupante, raccourcissons le fil de millimètre
en millimètre par exemple; on observe alors les faits suivants :
» D'abord le fil continue à vibrer régulièrement; l'amplitude de son
extrémité libre varie, mais celle du diapason reste constante.
» A partir d'une certaine longueur, les vibrations du fil commencent à
devenir curvilignes; leur amplitude augmente, celle du diapason com-
mence à diminuer. En continuant à raccourcir le fil, la forme des vibra-
tions du fil s'accentue, surtout s'il a un faible diamètre de o™™, i à 0°"", 5
par exemple; on observe alors des formes qui rappellent celles qu'on ob-
(*) Les coefficients d'élaslirité du cuivre, du pUiline, de l'aluminium sont tirés d'un tra-
vail encore inachevé, dans le cours duipicl nous avons dû, M. Cornu et moi, déterminer
avec l)caucou]) de précision les alloiij,'ti)ients de fils métalliques soumis à une iraciion dé-
terminée, en évitant tout allongement permanent pendant les expériences. Le coefficient du
fer est celui qui a été donné par Wertheim.
( 673)
tient dans la composition de mouvements vibratoires à l'aide des diapasons
à miroirs de M. Lissajous, et l'effet général se complique souvent de mou-
vements tournants. En même temps, l'amplitude de ces vibrations curvi-
lignes augmente; celle du diapason diminue graduellement.
» On arrive à une longueur telle, que cette dernière amplitude est nulle;
à ce moment, il est impossible de faire vibrer le diapason. Appelons lon-
gueur el point d'extinclioti cette longueur du fd et son extrémité.
» En continuant le raccourcissement du fil, les mêmes phénomènes se
reproduisent en sens inverse, l'amplitude du diapason augmentant peu
à peu.
» A partir d'une certaine longueur, les vibrations du fil redeviennent
planes, l'amplitude du diapason reprend sa valeur normale. La série des
vibrations curvilignes ou anormales du fil est terminée; on entre dans une
série de vibrations planes ou normales, dans laquelle l'amplitude du bout
libre du fil, d'abord décroissante, devient minimum, puis croît de nou-
veau, pendant que l'amplitude du diapason reste constante; puis recom-
mence une série de vibrations curvilignes ou anormales accompagnée
d'une variation de l'amplitude du diapason,...; et ainsi de suite jusqu'à
ce que le dernier nœud du fil ait disparu.
» J'ai observé ces phénomènes continus sur des fils dont la longueur
initiale allait jusqu'à 5o et Go centimètres, en les raccourcissant de milli-
mètre en millimètre, mesurant chaque fois l'amplitude de l'extrémité du
fil et celle du diapason. J'ai pu construire ainsi deux courbes dont les
abscisses sont les longueurs du fil, les ordonnées de l'une étant les ampli-
tudes de l'extrémité libre du fil, et les ordonnées de l'autre les amplitudes
du diapason.
» On obtient de cette manière :
» 1° Pour la courbe des amplitudes du fil, une série de branches, de
forme parabolique, convexes vers l'axe des x, discontinues, parce qu'il
n'est pas possible de mesurer l'amplitude maximum des vibrations curvi-
lignes aux environs des points d'extinction; chaque branche présente une
ordonnée minimum précisément égale à l'amplitude normale du diapason;
» 2° Pour la courbe des amplitudes du diapason, une série de branches,
convexes aussi, tangentes à l'axe des a: aux points d'extinction et raccor-
dées entre elles par des droites parallèles à cet axe et tangentes aux bran-
ches de la courbe précédente.
» Les mesures effectuées sur ces courbes conduisent à formuler les lois
suivantes :
C. R.,1873, 2» Semestre. (T. LXWl!, N» 12.) 88
( 674 )
» 9. Les longueurs du fil pour lesquelles rampUlude du bout libre est mini-
mum et égale à celle du diapason sont, à partir de la plus courte, en progression
arithmétique dont la raison est précisément la distance nodale normale dufd.
» 10. Les longueurs du fil correspondant aux points d' extinction complète
du diapason sont aussi, à partir de la plus courte, en progression arithmétique
dont la raison est la distance nodale normale.
» 11. Chacun des points correspondant aux amplitudes minimum du fil est
à tiès-peu près à égale distance de deux points d'extinction du diapason entre
lesquels il est compris.
n La réserve contenue dans cet énoncé tient à la difficulté de déter-
miner avec précision la longueur du fil par laquelle l'amplitude du bout
libre est minimum.
» Les résultats ainsi obtenus donnent la solution d'une question pra-
tique, qui a été, dn reste, le point de départ de ces recherches, à savoir :
ini style étant fixé à un corps vibrant, un diapason, par exemple, pour en
enregistrer les vibrations, quelle est la longueur qu'il faut lui donner pour
obtenir à son extrémité, sans altérer la période vibratoire du diapason, la
plus grande amplitude possible ? Aujourd'hui, dans toutes les recherches
expérimentales, on cherche avec raison à enregistrer automatiquement,
toutes les fois que cela est possible, les phénomènes qu'on observe ; cette
question a donc de l'importance.
» En ce qui concerne particulièrement les mouvements vibratoires, la
première des lois indiquées dans ce travail montre qu'il n'y a pas à craindre,
en employant un style élastique, d'altérer la période vibratoire. Quant à
la longueur la plus favorable de ce style, l'examen des courbes dont on
vient de parler montre qu'il faut rester en deçà des longueurs correspon-
dant aux vibrations anormales, qui ne peuvent être régulièrement enregis-
trées ; mais depuis cette limite jusqu'à la longueur qui donne l'nmplitude
même du diapason, on peut choisir une solution, et l'on en a immédiate-
ment une infinité en progression arithmétique, du moins théoriquement;
car, en pratique, il faut s'en tenir aux longueurs les plus petites, afin que
le style ait une rigidité suffisante pour un enregistrement convenable.
» L'existence des points d'extinction du diapason constitue un fait re-
marquable. En le généralisant, on est conduit à dire que, un corps étant
animé d'un mouvement vibratoire d'une période déterminée, il est toujours
possible d'éteindre complètement ses vibrations, en lui attachant un fil
élastique d'une longueur convenable, et susceptible de vibrer transversale-
ment dans un plan parallèle à celui des vibrations des points du corps.
( 675 )
» Ce cas particulier du mouvement complexe, qui a fait le sujet de ces
recherches, paraît se prêter à des applications pratiques.
» Il resterait maintenant à en déterminer clairement la cause; à indi-
quer nettement les relations qui existent entre le mouvement général du
corps vibrant et du fil et le mouvement propre du fil vibrant seul à la ma-
nière d'une tige élastique encastrée à une extrémité et libre à l'autre ;
enfin à rendre un compte satisfaisant des formes curvilignes variées que
prend le fil pendant les séries vibratoires anormales. J'ai commencé, sur
ces divers points, des expériences dont j'espère pouvoir donner prochai-
nement les résultats. »
ctllMiE AGRICOLE. — Sur ta proportion d'acide carbonique existant dans
l*air atmosphérique. Variation de celte proportion avec l'altitude. Note de
M. P. Trdchot.
c( La détermination des quantités d'acide carbonique, d'ammoniaque
et d'acide nitrique que renferment l'air atmosphérique, l'eau de pluie
ou la neige offre un grand intérêt pour l'agronomie, et je demanderai à
l'Académie la permission de lui soumettre la première partie d'un travail
que j'ai entrepris sur ce sujet, celle qui est relative à la proportion d'acide
carbonique contenue dans l'air atmosphérique.
» Le dosage a été effectué par une méthode qui consiste à faire passer
de l'air dans de l'eau de baryte préalablement titrée, à laisser ensuite dé-
poser le carbonate formé, puis à titrer de nouveau la liqueur limpide sur-
nageante, dont on sépare une quantité connue avec une pipette.
M Un appareil de Woolf est formé de quatre tubes fermés par un bout,
de lo centimètres de haut et de 2 centimètres de diamètre, reliés comme de
coutume par des tubes de verre. Chacun de ces tubes reçoit 10 centimètres
cubes d'eau de baryte, titrée au moyen d'une liqueur contenant /j^^g
d'acide sulfurique par litre. Après avoir constaté que cette eau de baryte
est bien limpide, ce qu'on obtient sans difficulté, on y fait passer lente-
ment, au moyen d'un aspirateur ordinaire, de 10 à 20 litres d'air. Ordinai-
rement, 10 litres suffisent, à cause de la grande sensibilité de la méthode
résultant de l'emploi des liqueurs titrées : en effet, une goutte de la solution
sulfurique, qui suffit amplement à rougir la teinture de tournesol et qui
forme le tiers d'une division d'une burette divisée en dixièmes de centi-
mètre cube, correspond à environ o™^,07 d'acide carbonique.
» Dans toutes les expériences, le liquide du quatrième tube, celui qui
88..
(676)
est le plus rapproché de l'aspirateur, est toujours resté limpide; c'est un
tube témoin ; le troisième ne présentait souvent qu'un très-léger louche.
Le passage de l'air terminé, on laisse déposer le carbonate de baryte et l'on
prélève successivement, au moyen d'une pipette graduée, 5 centimètres
cubes dans chacun des trois premiers tubes. Ces i5 centimètres cubes,
réunis dans un verre, sont additionnés de quelques gouttes de tournesol
très-sensible et saturés par la liqueur titrée d'acide sulfurique. Un simple
calcul donne la proportion d'acide carbonique fixée. L'observation du
thermomètre et du baromètre permet de ramener le volume de l'air à zéro
et à 760 millimètres.
» Des observations presque journalières ont été faites à Clermont-Fer-
rand, pendant les mois de juillet et d'août, soit sur une terrasse élevée d'une
maison qui touche à l'entrée de la Limagne, soit dans la campagne, à quel-
ques kilomètres de la ville.
» Voici les moyennes des résultats obtenus dans diverses circonstances :
Poids de l'acide Volume
carbonique pour loooo vol.
par litre. d'air,
mg
( pendant le jour 0,701 3,53
Sur la terrasse \ , , . ' , ^
( pendant la nuit 0,001 ^^oi
i loin de toute j pendant le jour 0,624 3,i4
.1 \ végétation j pendant la nuit 0,^53 3,78
„{ , , , . l au soleil 0,708 3.54
campai;ne pinn.,ence Pendant le jour '^ ^
I sous i inuuence i i ( temps couvert.. o,025 4i'5
( de la végétation j pendant la nuit 1,290 6,4g
» Ces chiffres montrent : 1° que la proportion d'acide carbonique est
un peu plus forte pendant la nuit que pendant le jour ; c'est ce qui a été
constaté déjà, notamment par Théodore de Saussure, qui a trouvé, sur
10 000 volumes d'air, /^ volumes pendant le jour et ^'°\i pendant la nuit,
et par M. Boussingault, qui a obtenu 3™', 9 pendant le jour et 4™'>2 pen-
dant la nuit (1).
» 2° Que la proportion d'acide carbonique n'est pas, sensiblement plus
élevée à la ville qu'à la campagne, hors de l'influence directe de la végéta-
tion; toutefois il faut remarquer que la terrasse sur laquelle les observa-
tions ont été faites se trouve à une extrémité de la ville, et dès lors l'air
analysé était peu influencé par son voisinage; mais on sait aussi que
(i) Boussingault, Anitales tic Chimie et de Pliysi<iue, Z" série, l. X, p. 456.
( <i77 )
M. Boiissingaulf a constaté (i) que l'air atmosphérique ne contenait pas
sensiblement plus d'acide carbonique qu'à la campagne.
)) 3° Que, dans le voisinage des plantes à feuilles vertes en pleine végéta-
tion, la proportion d'acide carbonique varie notablement, suivant que ces
parties vertes sont éclairées par le soleil, ou à l'ombre, ou qu'elles sont
tout à fait dans l'obscurité, ce qui correspond à un fait bien connu de phy-
siologie végétale.
» 4° Qu'une moyenne générale serait représentée de la manière suivante :
Poids de l'acide carbonique par litre d'air 0™%8i4
Volume pour lo ooo d'air 4"'*>09
Ces chiffres se rapprochent beaucoup de ceux que Th. de Saussure (4™',i 5),
Thenard (4™',o), Verver (4™', 2), M. Boussingault (4™',o) ont obtenus,
mais sont notablement supérieurs à ceux que des savants allemands,
M. F. Schulze (2™', 9) et M. Henneberg (3™', 2) ont trouvés dernièrement à
Rostock et à la station de Weende (2).
» Tous ces résultats se rapportent à l'air atmosphérique pris à la surface
du sol, là où la végétation, les fermentations, les combustions produisent
ou décomposent tour à tour l'acide carbonique ; mais il était intéressant de
savoir si la proportion de ce gaz dans l'air ne varierait pas avec l'altitude.
Le voisinage du Puy-de-Dôme, célèbre par l'expérience mémorable de
Pascal et qui va le devenir plus encore par la construction d'un Obser-
vatoire météorologique, sous la direction du savant professeur de la Fa-
culté des Sciences de Clerniont, M. Alluard, a donné l'idée de cette re-
cherche. J'ai donc dosé l'acide carbonique à peu près simultanément à
Clermont-Ferrand, à une hauteur de SgS mètres au-dessus du niveau de la
mer, au sommet du Puy-de-Dôme, élevé de i446 mètres, et au sommet du
pic Sancy, qui mesure 1884 mètres.
)> Le tableau suivant résume les résultats obtenus.
^ Poids Volume
Teni- Hauteur d'acide carbon. pour
Dates, stations. Altitude, pérature. barométr. par litre lo ooo d'air
ào^età-jeo"'™. ào''età76o™'".
26-28-30 ) "^ '* ^^ ™^
„ . ; Clesmont-Ferrand. 3n5 aS 725 c.ôîS 3,i3
août 1073. ) j ; ' >
., l Sommet du Puv- I .//r „. «2Q / tr o
27 août. .. < , _. - ï44t> 21 d3o o,4o5 2,o3
' ( de-Dome ! 't >
aoaoùt... i Somn>et du pic I 88^ g 53 ^ ^^
•^ ( de Sancy. . . . ) ■* ^ ' '
(i) BoussiNGAULT, Aiinales de Chimie et de Pliysiijue, 3* série, t. X, p. 456.
(2) (jv,i\.i'(uj.\v, Journal d'Agriculture pratique, l. Il, ^. lo; 1873.
(678)
» La proportion d'acide carbonique diminue assez rapidement, comme
on le voit, à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère, et ce résultat n'a rien
d'étonnant lorsque l'on considère, d'une part, que c'est à la surface du sol
que se produit l'acide carbonique et, de l'autre, qu'il est notablement plus
lourd que l'air. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sut^ la coralline; par M. Commaille. (Extrait.)
« Conclusions. — 1° On obtient la coralline à des températures qui
peuvent varier de 1 15 à i5o degrés; mais, dans ce dernier cas, le rende-
ment est plus considérable et l'opération est plus rapide.
» 2° La quantité d'acide oxalique indiquée par les auteurs est beaucoup
trop élevée.
» 3° La corailine ne donne pas de sels métalliques définis, mais seule-
ment des laques colorées.
» 4° La coralline jaune n'est pas un acide, car elle ne chasse pas l'acide
carbonicjue de ses combinaisons et ne donne pas avec les bases des com-
posés définis. Le nom d'acide rosolique qu'on lui applique est tout à fait im-
propre.
» 5° La coralline rouge, ne contenant pas d'azote, n'est pas une amide
de la jaune. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observation, dans la nuit du 20 septembre i 878, d'un bolide
laissant après lui une traînée phosphorescente. Note de M. Cuapelas.
« Pendant la nuit du 20 septembre courant, à io''57", nous avons été
témoins du passage d'iui bolide des plus curieux, par les particularités
qu'il présentait dans le parcours de sa trajectoire, et dont il nous a été
possible de relever exactement la position.
» Parti de l'étoile 0 de la Baleine, passant entre les deux étoiles p. et X
de cette constellation, puis près de â du Bélier, il venait s'éteindre entre
la Mouche et les Pléiades, parcourant ainsi 35 degrés d^ course, du sud-
sud-est au nord-nord-ouest.
» Ce bolide, d'un diamètre apparent assez considérable, était d'une belle
couleur rouge, coloration produite peut-être par l'interposition des vapeurs
alors fort épaisses; au moment où il se fragmentait, il était d'un blanc
éblouissant.
» La traînée phosphorescente et large qu'il laissait derrière lui, observée
( 679 )
à l'aide d'une petite lunette, présentait une ondulation très-remarqnable.
Elle subsista environ dix minutes après la disparition complète du mé-
téore, en suivant identiquement la même direction; puis, devenant de
plus en plus comp;icte et brillante, elle prit tout à coup la direction du
nord-ouest au sud-est, c'est-à-dire la direction du vent de terre, et vint
s'éteindre près de la tête de la Baleine, après avoir parcouru 20 degrés.
Il est bien évident que la matière ayant donné naissance à cette traînée,
poussée par un courant plus ou moins incliné, avait été amenée dans une
région de l'atmosphère assez voisine de nous, de manière à lui faire sidiir
l'influence du vent que nous ressentions à terre et qui existait aussi dans
la région des nuages.
» Je dirai, en terminant, que, lorsque nous finissions notre observation,
un épais brouillard couvrait Paris; riiumidité était tellement grande, que
le registre sur lequel l'im de nous est chargé d'inscrire les étoiles filantes
que l'on signale était mouillé comme s'il avait été trempé dans l'eau : il
n'était plus possible d'y tracer le moindre caractère. »
M. Durand (de Gros) adresse, de Rodez, une réclamation de priorité
concernant la découverte du glacier d'Aubrac.
M. G. Fabre a annoncé à l'Académie (i) l'existence, durant la période
quaternaire, d'un grand glacier dans les montagnes de l'Aubrac (Lozère);
M. Durand (de Gros) lait remarquer qu'il a lui-même fait cette découverte,
il y a plusieurs années, et qu'il l'a fait connaître à la Société d'Anthropo-
logie, dans la séance du 18 mai 1869 (2).
M. Gaillard adresse, de Provins, une Note relative à l'influence exercée
par la présence des acides ou des alcalis sur le développement des orga-
nismes végétaux ou animaux.
La séance est levée à 4 heures. D.
(i) Comptes rendus, séance du 18 août 1873, p. 49^ de ce volume.
(2) Bulletin de Iti Société d'Antlifopologie, i86g, p. 211 et Note.
( 68o )
BULLETIN BIBLIOGRAPIlIQrE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 8 septembre 1878, les ouvrages
dont les titres suivent :
Théorie des moteurs, applications et travaux exécutés pour l'alimentation du
canal de l'Aisne à la Marne par des machines; par M. H. GÉRARDIN. Paris,
Gauthier-Villars, 1872; ï vol. in-8°, avec atlas in-folio.
Traité de Botanique conforme à l'état présent de la Science; parJ. Saciis,
traduit de la S*' édition allemande et annoté par Ph. Van Tieghem, fasci-
cule III. Paris, F. Savy, 1873; i vol. in-8".
Détermination du point critique oii est limitée la convergence de la série de
Taylor; par M. Max. Marie. Paris, Gaulhier-Villars, sans date; in-4°.
Extrait d'une Lettre adressée à M. Liouville; par M. Max. Marie. Paris,
Gauthier-Villars, sans date ; in-4''.
C.-M. Mathey. Addition relative à l'application, à prix réduits, de ta force
du vent à la vapeur dans les usines et manufactures. Plombières, sans date;
4 pages in-4'' oblong.
Observatoire d'Alger. I™ Partie : Panorama météorologique du climat d' Al-
ger. Observations météorologiques. 33 tableaux, 1 tableau graphique, jan-
vier 1872. Alger, typ. Juillet Saint-Lager, 1873; 2 atlas in-folio.
Panorama météorologique du climat d'Alger. Observations faites à l'Ob-
servatoire d'Alger pendant le mois de janvier 1872, par M. BuLARD, Direc-
teur, et un Aide; carte en 6 feuilles.
Vierleljahrsschrift det astronomischen Gesellschaft; VIII Jahrgang, zweites
Heft (April 1873). Leipzig, W. Engelmann, 1873; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
■aao<— »
SÉANCE DU LUNDI 2«) SEPTEMBRE 1873,
PRÉSIDÉE PAR M. BERTR.\ND.
MÉMOIRES ET COM]\nJNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ANIMALE. — Note sitr le tissu élastique jaune ^ et remarques sur son histoire,
à propos du Mémoire de M. Boiiilhiud et des remarques faites sur ce travail
par 31. Bouley; par M. E. Chevreul.
« Dans l'avant-dernière séance, je dis, assez haut pour être entendu de
mes voisins, que l'élasticité des artères ne pouvait être mise en doute après
l'opinion de Bichat, qui non-seulement l'avait parfaitement reconnue, mais
l'avait encore attribuée à un tissu particulier appelé depuis tissu élastique
jaune; c'est sous cette dénomination que je l'examinai, de 1811 à 1821, à
l'invitation de M. deBlainville. En 1821, d'après le conseil de M. Berlhollet,
je présentai à l'Académie un Mémoire où les principaux tissus de l'économie
animale étaient examinés relativement aux propriétés physiques qu'ils pré-
sentent, lorsqu'ils sont unis à une certaine proportion d'eau déterminée.
» L'Académie me permettra, aujourd'hui que le Mémoire de M. Bouillaud
est imprimé, ainsi que l'observation que M. Bouley y a faite, de justifier
ce que j'ai dit dans l'avant-dernière séance par des citations empruntées aux
écrits de Bichat et de Blainville. Après ces citations, j'exposerai des recher-
ches sur le tissu jaune élastique, qui, entreprises à l'invitation de Blain-
ville, remontent à l'année 181 1.
C. K., 1873, 2« Semestre. (,T. LX.XV1I, N» 13.) ^9
( 68a )
» La nrcmièro citation est tirée du tome II de l'édition de V Jnatomie
gmévale de Bicliat, publiée en 1871 par Béclard, page ô/j.
« L'élasticité, obscure dans la plupart des autres tissus animaux qu'une
» grande mollesse caractérise, est très-remarc|uable dans les artères; c'est
» même ce qui les dislingue spécialement des veines. Cette élasticité tient
» leurs parois écartées, quoiqu'elles soient vides de sang. Ce sont les seuls
» conduits, avec les cartilagineux, comme la trachée-artère, le couloir au-
» ditif du foetus, etc., lesquels sont également doués d'élasticité, qui se
» tiennent ainsi ouverts d'eux-mêmes. Tous les autres ont leurs parois
» appliquées les unes contre les autres lorsque le fluide qui les parcourt ne
» distend point ces parois.
» C'est à l'élasticité des parois artérielles qu'il faut rapporter leur retour
» subit sur elles-mêmes lorsqu'on les a affaissées de manière à oblitérer
» leur cavité, le redressement d'un tube artériel que l'on a courbé, etc. »
» Qu'on me permette d'ajouter quelques lignes encore à la citation pré-
cédente.
» M. Bouley, après ma Communication (séance du 29 de septembre), a
demandé la parole et a dit : n L'opinion que M. Chevreul piiÉTE à M. Bicliat
» îï'est pas vraie (ou n'est pas exacte), et la preuve, a-t-il ajouté, en est dans
» les passages suivants, que je vais lire. »
» J'ai encore ici commis la faute de dire, sans demander la parole à
M. le Président, que j'avais cité textuellement Bichat, et que, dès lors, je ne
lui avais pas prêté une opinion; et parce que, dans la citation de Bichat, qu'a
lue M. Bouley, il est question de la locomotion des artères comme d'un fait
qui serait contraire avec la citation que j'avais faite, j'ai demandé au Bureau
d'ajouter à ma citation quelques lignes qui la suivent et que je n'avais pas
cru devoir citer.
« Cette propriété, dit Bichat, joue aussi un rôle évident dans respéce
» de locomotion que les artères éprouvent par l'abord du sang. En effet,
» mettez à découvert un tronc artériel flexueux, dans un animal vivant,
}> »
» Je reprends maintenant mes remarques sur ce que M. Bouley a dit de
Magendie.
» Après avoir entendu citer Magendie ])ar M. Bouley comme partisan
de l'opinion que les artères sont douées de l'élasticité, j'ai dit à mes voisins
qu'il fallait citer de lilaiuville; car per.soiuie, à ma connaissance, n'a attribué
plus d'importance que lui au tissu élastique jaune des animaux. Les passages
suivants de la dix-septième leçon de son Cours de Phjsioloqie en sont la
preuve :
( G83 )
« Tissu fibreux élastique. — J'avais d'abord cru ne pas devoir séparer le
» lissLi fibreux élastique du tissu fibreux proprement dit ; mais, eu lisant
» les derniers travaux qui ont été faits à ce sujet en France et en AUe-
» magne, j'ai pensé qu'il fallait distinguer ces deux tissus l'un de l'autre.
)) Le tissu jaune élastique avait été entrevu par Hunter ; il avait cru y voir
» une fibre ordinaire dont la disposition serait analogue à celle des cein-
» tures par lesquelles on remédie à l'obésité. Bichat ne l'a pas traité d'une
» manière générale; il ne l'a indiqué que dans les artères, et il a cru qu'il
» leur appartenait en propre. Je crois avoir été le premier qui, dès 1808,
» dans un Cours spécial d'anatomie de l'homme, ait démontré les ca-
» ractères de ce tissu et sa présence dans le ligament cervical des quadru-
» pèdes, à la base de la plume des oiseaux, etc. Depuis, d'autres personnes
M ont adopté mes idées et les ont introduites dans la Science, tels que
» MM. Dupuytren, Béclard, etc. M. Laurent, M. Herman Stauff ont donné
» des dissertations spéciales sur ce sujet; l'importance de ce tissu est sur-
') tout relative à la locomotion : ainsi il a pour but de rétablir les choses
» dans l'état où elles étaient avant l'effort quelconque qui les a déplacées.
» C'est de la sorte que les tuyaux que parcourt le sang se distendent suc-
» cessivement et reviennent sur eux-mêmes. Lorsqu'un animal a une tête
)) très-lourde, qu'il est obligé de baisser pour prendre sa nourriture, la
» nature a placé à la partie supérieure de son col un ligament énorme,
» extrêmement élastique, destiné à diminuer l'effort que les muscles sont
» obligés de faire pour soutenir cette tète. L'éléphant, par exemple, qui a
» une tête très-forte et d'énormes défenses, présente un ligament de cette
» sorte extrêmement prononcé. Tous les animaux qui ont des cornes à la
» tête ont également ce ligament très-développé. Les tigres, les chats, qui
» doivent conserver leurs ongles pour déchirer leur proie, ont un ligament
» analogue chargé de relever l'ongle pour l'empêcher de s'user contre le sol.
1) Les plumes de l'aile des oiseaux, qui, pendant le vol, sont élargies,
» étendues, ont à leur base des ligaments élastiques qui les reploient dans
» les moments de repos. Chez l'éléphant, le bœuf, le dromadaire et
» d'autres gros animaux, le centre du diaphragme présente une disposi-
» tion élastique; certains muscles des osselets de l'ouïe ne sont autre
» chose que du tissu élastique; partout enfin où la nature a pu éviter un
» effort musculaire, elle l'a fait à l'aide de cette élasticité. »
» Je m'abstiens de citer un alinéa relatif aux caraclères chimiques, p. i4o
et i4i, où de Blaiuvdle cite mes travaux sur le tissu élastique jaune, nxV opi-
nion de M. II. Stauff, qui est une preuve frappante des inconvénients pour
89..
( 684 )
la science scrieuse de mois mal définis; et c'est encore la raison qui me lait
insister siu" ce point de l'histoire des travaux sur le tissu jaune élastûiue,
tissu qui m'a tant occupé depuis 1811 jusqu'en 1821. »
CHIMIE ANIMALE. — Recherches de M. Cmevreul sur (e lissu élastique jaune
de l'éléphant et du bœuf.
« J'ai publié, en 1821, mes résultats d'expériences sur la proportion de
l'eau dans le tissu élastique jaune du ligament cervical du bœufetdu liga-
ment cervical de l'éléphant.
» J'ai montré que l'eau seule donne de l'élasticité à ces tissus; qu'ils
absorbent à l'état sec de l'huile d'olive, sans reprendre l'élasticité qu'ils
avaient à l'état frais; ily a plus, l'eau expulse l'huile qu'ils ont absorbée.
» Mais je ne pense pas avoir publié que i gramme de tissu élastique^ soumis
à deux reprises à l'action de l'eau de 119 a 120 degrés, dans mon digestcur
distiliatoire, a perdu o^', 219 de son poids. C'était du tissu cellulaire dont
la gélatine qui en provenait n'avait pas été suffisamment séchée, car elle
pesait 0°"^, 265, et je sais, par ma propre expérience, que le tissu cellulaire
séché dans le vide donne, par l'eau bouillante, un poids de gélatine, séchée
de même, égal au sien. Mais, fait remarquable, le lissu jaune avait conservé
son élasticité, ce qui ne permet pas de le confondre avec le tissu cellulaire,
le tissu satiné des tendons, ni avec tout autre.
» En cela il diffère encore du tissu musculaire qui, pris à l'état de pu-
reté et plongé dans l'eau distillée bouillante, se durcit plutôt qu'il ne
s'attendrit, et sous ce rapport se rapproche de l'albumine.
» Je constatai, en outre, que le tissu jaune ne se change point en adipocire,
comme Fourcroy l'avait prétendu; car, après avoir reconnu la proportion
de matière grasse qu'il cédait à l'alcool et à l'éther, celle que l'acide azo-
tique à 34 degrés étendu de son poids d'eau en séparait, je suivis, du
5 d'avril 1817 au i"' de juin 1821, la décomposition qu'il éprouve spon-
tanément dans l'eau distillée d'une part et dans l'eau de puits d'une autre
part. La quantité d'acides gras formés d'acides stéarique, margarique et
oléique que j'en retirai correspondait à la quantité de matière grasse
neutre extraite par l'alcool, lether et l'acide azotique.
)) Je constatai, en outre, qu'il s'était séparé dans la fermentation opérée
dans l'eau de puits du soufre, et que du gaz sulfuré noircissant les métaux
blancs s'était produit. Rien de semblable n'avait eu lieu dans l'eau distillée.
Ces observations, relativement aux débris organiques qui sortent des usines
( G85 )
où l'on traite des matières animales et même des matières végétales, prouvent
combien il est nécessaire de prendre en considération la nature des eaux
où les débris dont nous parlons peuvent être jetés. Ainsi la fermentation
des tendons dans de l'eau dépourvue de sulfates ne donne pas de produit
sulfuré, mais seulement l'odeur des acides volatils des cadavres; tandis que,
dans des eaux tenant une quantité notable de ces sels, il se dégage des gaz
qui noircissent les métaux blancs et, entre autres produits volatils, un de
ceux qui contribuent à donner à la gadoue l'odeur qu'on lui connaît. Je
reconnus qu'au commencement de la fermentation il se dégage des gaz. Le
tissu jaune élastique d'élépbant me donna :
Acide carbonique i )54
Oxygène 3,78
Hydrogène 38,41
Azote 66 , 27
100,00
Les tendons d'éléphant, dans les mêmes circonstances, ont donné plus
d'acide carbonique, pas d'hydrogène et presque pas d'azote.
)) Le tissu élastique jaune, au point de vue des propriétés chimiques que
je lui ai reconnues dans mes recherches de 1 8 1 1 à 1 82 1 , en l'étudiant com-
parativement avec les autres tissus de l'économie animale, est un des prin-
cipes immédiats les mieux caractérisés par son élasticité, qui le distingue si
éminemment de tous les autres, et qu'il ne perd pas en le chauffant au
milieu de l'eau à une température de 119 a 120 degrés, tandis que le tissu
cellulaire, les tendons, le cartilage des os [osséiuc] se transforment en gé-
latine dans l'eau bouillante.
» Non-seulement la propriété élastique le distingue des tissus nombreux
de l'économie animale qui se changent en gélatine, mais il diffère encore
des tendons par la nature des gaz qu'il donne en se décomposant sponta-
nément dans l'eau; et, sous ce rapport, je ne conçois pas la raison pour
laquelle de Blainville, qui a si bien apprécié l'importance de son rôle dans
l'économie animale, a éprouvé quelque hésitation à le séparer du tissu
fibreux proprement dit, et je ne conçois pas l'importance qu'il a accordée
aux opinions chimiques de M. PL Slaiiff relativement à la nature du tissu
jaune.
» J'ai attaché et j'attache encore tantd'importance au tissu élastique jaune,
parce qu'il est du nombre des principes immédiats que l'on peut séparer
d'autres tissus sans que ses propriétés paraissent modifiées; il appartient
donc à la catégorie de ceux qui démontrent la possibilité d'isoler des prin-
( 680 )
cipes immédiats des êtres vivants sans les altérer. Or le principe fondamental
de Vanal/se immédiate organique que j'ai énoncé dans le premier volume
des Elémenls de Botanique de Mirbel est qne, après avoir fait une analyse or-
ganique immédiate, on doit chercher si les principes séparés représentent
les propriétés principales que la matière présentait avant l'analyse.
» L'examen des produits de l'altération du tissu jaune au sein de l'eau,
fait comparativement avec les produits de l'altération des tendons, etc., a
un véritable intérêt au point de vue de 1 hygiène, eu égard à l'infection des
eaux et du sol par les débris organiques qu'ils reçoivent des usines ou de
toute autre cause.
» Enfin le tissu élastique jaune, ainsi que le tissu des tendons, la
peau, etc., m'ont servi à démontrer, contrairement à l'opinion de Fourcroy,
que ces matières ne se changent point en gras, c'est-à-dire en adijwcirc,
dans le sein des eaux, et en outre que l'alcool et l'éther ne convertissent
pas ces tissus en matière grasse lorsqu'on les soumet à l'action de ces
liquides; leur action se borne à dissoudre des matières grasses qui s'y trou-
vent naturellement. »
PATHOLOGIE. — Nouvelles recherches sur l'aiialjse et la théorie du pouls,
à l'état normal et anormal (suite); par M. Bouillaud. (Extrait.)
n C'est du pouls à l'état anormal que nous traiterons dans cette seconde
Communication (i).
1. — Lésions relatives au nombre des battements artériels.
» Nous avons dit, dans notre première Communication, quels étaient à
l'état normal, chez les jeunes gens et les adultes, les chiffres du pouls par
minute. Voici ceux qui représentent l'augmentation ou la diminution de
sa vitesse à l'état anormal.
» Il peut s'élever à loo, 120, i4o et même 160; il dépasse même quel-
quefois ce chiffre; mais, dans ces cas exceptionnels, il est impossible de le
compter avec une exactitude suffisante.
» Il peut descendre an-dessous de 60, de 5o et même de l\o. J'ai vu,
dans le cours de l'année 1871, chez un enfant de six à sept ans (âge au-
(i) De même que nous nous sommes abstenu d'étudier des pliénoraènes que l'exploration
des ailéres, à rélat normal, fournit sur certains caracti-res du sang qui les parcourt, ainsi
ferons-tious, en nous occupant aujourd'hui de l'exploration de ces vaisseaux, à l'elat
anormal.
(687 )
quel le pouls normal but 80 au moins par minute), le pouls lombé k 3^ (i).
» Si nous appliquons ce que nous avons dit des chiffres qui représentent
la vitesse du pouls normal et anormal à l'ensemble des deux mouvements
et des deux repos dont se composent chaque révolution, chaque pas de la
marche réglée des artères, et que, sous le rapport dont il s'agit, nous la
comparions à la marche pi-oprcmcnt dite, nous voyons qu'elle a, comme
celle-ci, plusieurs allures : son pas ordinaire et son pas accéléré ou ralenti,
enfin, si on peut le dire, son Irot el son galop.
» Quelle est maintenant la cause, quelle est la raison, quelle est la
théorie du mode de lésion des battements des artères que nous venons
d'examiner? Et d'abord, dans quel cas le rencontre-t-on ?
» Les cas dans lesquels on le rencontre ne peuvent être que des mala-
dies des artères elles-mêmes, ou du système nerveux qui préside à leurs
battements. Comment, en effet, ceux-ci pourraient-ils être lésés, d'une
manière quelconque, sans que leurs instruments, leurs organes le fussent
eux-mêmes? Et comme le cœur est l'agent nécessaire, essentiel de l'un de
ces battements, il doit nécessairement aussi participer alors à la lésion des
artères. Les maladies spéciales des artères et du cœur, dans lesquelles on
rencontre une accélération ou un ralentissement de leurs battements,
jouent un grand rôle dans la Pathologie. Parmi celles qui appartiennent à
l'espèce dans laquelle la vitesse des battements du cœur et des artères est
augmentée, qu'il nous suffise de citer la grande famille coiuiuo sous le
nom séculaire de fièvres, soit continues, soit intermittentes.
» Quelles que soient les maladies du cœur et des artères dans lesquelles
se rencontre xine augmentation ou une diminution de leurs battements,
celles-ci ne sauraient avoir lieu sans une augmentation ou une diminution
de la force qui régit ces battements. Or nous avons vu que cette force ré-
sidait dans le système nerveux ganglionnaire. C'est donc là, en dernière
analyse, qu'il faut chercher la cause, soit directe ou immédiate, soit indi-
recte ou médiate du mode de lésion des battements des artères et du cœur,
et auquel est consacré le présent article de ce travail. Mais, comme nous
ne connaissons pas encore en elle-même la force nerveuse spéciale dont il
(i) Cet enfant, que je vis, en consultation avec M. le docteur Lemaire, avait été atteint
d'une angine couenneuse, dans le cours de laquelle son pouls était monté au delà fie 100
par minute. Il devint albuminurique dans les derniers temps, et il était plongé dans un
assoupissement comateux au moment de notre examen. Le ralentissement provenait sur-
tout, dans ce cas, de la longue durée du second repos de l'artère.
( 688 )
s'agit ici, il s'ensuit que nous ignorons aussi le mécanisme an moyen du-
quel se produit l'accélération ou le ralentissement des battements du
cœur et des artères, soit par voie directe, soit par voie réflexe ou réac-
tionnelle.
II. — Lésions relatives a la force des battements artériels,
» Ces lésions, comme celles relatives à la vitesse, ne comportent que
deux espèces, savoir : le plus ou le moins, l'augmentation ou la diminu-
tion (i); mais cette augmentation ou cette diminution de la force des
battements ou des pouls des artères peuvent porter, tantôt sur le pouls
diastolique et systolique à la fois, tantôt sur l'un ou sur l'autre séparé-
ment.
» Puisque le premier, le pouls diastolique, est l'effet de la systole du
cœur ventriculaire, il est évident qu'il faut rapporter son augmentation
ou sa diminution aux lésions de cet organe, comme il faut rapporter aux
lésions des artères l'augmentation on la diminution de leur pouls propre,
provenant de leur systole. Tous les sphygmologistes ont signalé l'augmen-
tation ou la diminution de la force du pouls diastolique; mais ils ne pou-
vaient en faire autant du pouls sysloUque, du pouls propre de l'artère,
dont ils ne connaissaient pas même l'existence.
» L'augmentation durable, permanente des pouls diastolique et systo-
lique des artères se rencontre dans la double bypertrophie des ventricules
du cœur et des artères. L'hypertrophie isolée des ventricules détermine
l'augmentation de la force du pouls diastolique. L'hypertrophie isolée des
artères produit l'augmentation de la force du pouls systolique.
)i Lorsque les battements dont nous parlons ont acquis leur plus haut
degré de développement, on leur donne généralement le nom de palpita-
lions du cœur ou des artères.
)) L'augmentation temporaire, transitoire du double pouls des artères,
soit de l'un des deux seulement, a lieu sous l'influence des excitations,
tantôt purement dynamiques ou vitales, comme le disent certains sphyg-
mologistes, tantôt sous cette même influence associée à un état phlegma-
sique du cœur et des artères, lequel peut exister seul, ou bien coïncider
avec les phlegmasies des divers organes intérieurs ou extérieurs, et spécia-
lement avec celle connue sous le nom de rhumatisme articulaire aigu.
» La diminution permanente ou transitoire de la force des battements
(i) Ceux qui se plaisent aux dcnominations venant du grec pourraient proposer celles-ci :
hypersphygmie pour l'augmentation, et hyposphygmie pour la diminution.
( 689)
artériels se rencontre dans les états morbides ou anormaux des ventricules
du cœur et des artères, opposés à ceux que nous venons de désigner.
1) Comme le phénomène prétendu anormal du pouls, désigné sous la
dénomination de dicrotisme des artères, n'est autre chose, selon ce qui a
été dit dans notre première Communicatiou, qu'nn renforcement, simple
ou double, des battemenîs artériels, nous pourrions le faire rentrer dans
ce qui vient détre dit de l'augmentation de la force de ces battements.
Mais, en raison de l'importance exceptionnelle du sujet, nous avons cru
devoir lui consacrer l'article particulier qui va suivre. Nous comprendrons
dans cet article le pouls appelé rebondissant avec le pouls dicrote, le pre-
mier, selon Bordeu lui-même, étant identique au second.
III. — Dicrotisme prétendu anormal du pouls {^pouls dicrote, bisferiens, redoublé,
rebondissant).
» On a quelque raison de s'étonner que des auteurs, selon lesquels le
dicrotisme du pouls des artères est un phénomène anormal, n'aient pas
aussi décrit, en quelque sorte parallèlement, un dicrotisme anormal du
cœur ventriculaire. En effet, dans leur doctrine, le pouls artériel n'étant
autre chose que la diastole des artères produite par la systole du cœur
ventriculaire, pour qu'il fût réellement f/Zc/ote ou redoublé, il aurait fallu
nécessairement que cette systole le fût également. Or jamais aucun auteur
n'a parlé d'un tel dicrotisme du cœur ventriculaire.
» Quoi qu'il en soit, il nous faut maintenant exposer les preuves cli-
niques de la nouvelle doctrine. Or ne serait-ce pas une preuve péremptoire
de ce genre, si l'on montrait que, dans les cas dans lesquels on a reconnu
le dicrotisme prétendu anormal des artères, ces vaisseaux sont affectés
d'une maladie de nature à renforcer leur systole ou le pouls qui leur ap-
partient en propre? Eh bien, tels sont précisément les cas d'après lesquels
nous avions si longtemps nous-mème, autant et peut-être plus que nul
autre, signalé le dicrotisme dit anormal du pouls artériel, réputé alors
unique ou monocrote. Ces cas, nous l'avons déjà dit dans notre précédente
Communication, sont la fièvre continue, dite typhoide, et l'hypertrophie
généralisée des artères, bien étonnées de se trouver ainsi rapprochées et
moins étonnées peut-être que nos auditeurs. Cet étonnenient cessera, nous
l'espérons, quand on aura reconnu, avec nous, que ces maladies, si diffé-
rentes entre elles sous tant de rapports, contiennent néanmoins, chacune
à lenr manière, un élément propre à renforcer la systole des artères. Com-
mençons par la fièvre continue, dite typhoïde.
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» 15.) 9°
( 690)
» I. Après Sarcone et d'autres sans doute, nous avions déjà, en 1826,
rencontré le pouls dicrote ou bi&feriens chez certains indhidus atteints de
cette fièvre; mais nous ne l'avions pas encore considéré comme en étant un
signe constant, ainsi que nous le fîmes peu d'années après avoir été chargé
d'un enseignement clinique. Depuis cette dernière époque, c'est-à-dire
pendant près de quarante années de cet enseignement, nous n'avons cessé
de le constater et de le faire constater aux élèves, sans avoir jamais pu
trouver, nous l'avouons, l'explication de ce phénomène avant d'avoir re-
connu que le pouls des artères était naturellement dicrote et non monocrote,
comme on le croyait universellement.
» Depuis lors, certes, je ne suis plus étonné d'avoir rencontré constam-
ment ce pouls dans la fièvre typhoïde. Mais ce dont je suis profondément
surpris, ce qui me cause même une sorte de honte clinique, c'est de ne l'a-
voir pas rencontré aussi alors dans toutes les autres espèces ou formes de la
fièvre continue ou intermittente, comme cela m'arriva plus tard, et comme
il m'arriva plus tard encore de le rencontrer, à un moindre degré il est
vrai, chez toutes les personnes bien portantes, sans m'en excepter; car, ce
qui redouble ma surprise, c'est que je suis du nombre de ceux dont le
pouls artériel systolique est très-prononcé.
» Qui, désormais, serait moins surpris, que je ne le suis moi-même, de
ce que, d'abord, dans la fièvre dite tjphoïde, type des fièvres continues es-
sentielles des anciens auteurs, et ensuite dans toutes les autres fièvres essen-
tielles ou primitives, comme aussi dans toutes les fièvres secondaires, et, en
un mot, dans l'état fébrile, considéré d'une manière générale, on trouve le
renforcement du dicrotisme normal du pouls artériel, puisque c'est un fait
universellement connu et démontré que ce renforcement constitue un des
signes caractéristiques du pouls monocrote, tel qu'on l'avait admis jusqu'ici?
Au reste, qu'on en soit ou non surpris, le pouls des artères est naturelle-
ment ou normalement dicrote, et ce dicrotisme est renforcé ou plus fort
dans l'état fébrile, comme le monocrotisme l'était, de l'aveu unanime de tous
les médecins, lorsque l'on croyait que ce monocrotisme constituait l'état
du pouls artériel.
» La cause de ce renforcement ou de cette augmentation de la force
du pouls dans létat fébrile se présente d'elle-même, puisque cet état a, pour
l'un de ses éléments constituants, une excitation plus ou moins considérable
du cœur et îles artères, soit idiopalliiqae, soit sympathique ou réflexe.
» IL Passons au dicrotisme prétendu anormal que nous avons dit appar-
tenir à l'hypertrophie généralisée des artères. Cette espèce de dicrotisme ne
( Ggr )
nous avait pas paru moins singulière que la précédente pendant l'époque si
longue où, nous aussi, nous avions ignoré que le dicrotisme était l'état
normal des battements artériels ou du pouls. Mais, depuis qu'il n'en est
plus ainsi, pourrions-nous trouver singulière une espèce de dicrotisme,
dans lequel le renforcement affecte spécialement le second de ces batte-
ments, c'est-à-dire la contraction ou la systole des artères? Autant vaudrait
trouver singulier aussi que la systole du cœur ventricidaire soit renforcée
dans l'hypertrophie des ventricules.
» 11 n'est pas rare de rencontrer une hypertrophie simultanée du cœur
ventriculaire et des artères, et c'est alors aussi que se montre à la fois le ren-
forcement du pouls diastolique et du pouls systolique des artères.
» C'est ici le moment de parler d'un dicrotisme anormal qui, au premier
abord, semble bien différent, sous le rapport de son mécanisme ou de son
explication, des deux espèces que nous venons d'étudier. Cette nouvelle
espèce de dicrotisme est celle que l'on observe dans la maladie dite de Cof-
rigan^ dont l'insuffisance des valvules aortiques est le caractère pathogno-
monique, maladie dont nous avons recueilli, pour notre part, un si grand
nombre de cas. Oui, certes, la différence dont il s'agit serait vraiment
énorme si, comme l'enseignent quelques observateurs, le dicrotisme mo-
dèle, que l'on rencontre si souvent dans les cas d'insuffisance des valvules
aortiques, était l'effet du reflux du sang dans le ventricule gauche, auquel
donne lieu cette insuffisance, au temps de la diastole ventriculaire et de la
svstole artérielle. Mais une telle explication est purement imaginaire, et,
en y réfléchissant plus sérieusement, on ne tardera pas à voir combien elle'
s'accorde peu avec la véritable nature des choses dont il s'agit ici. Eu effet,
il est deux états morbides qui se rencontrent ordinairement dans cette ma-
ladie dite de Corrigan, et qui font rentrer la nouvelle espèce dans une de
celles déjà étudiées par nous. Ces deux états morbides sont en effet une
hypertrophie généralisée des artères et une hypertrophie du ventricule
gauche du cœur, dont l'une produit, ainsi que nous l'avons établi tout à
l'heure, le renforcement du pouls systolique, et l'autre le renforcement du
pouls diastolique des artères.
» Telle est l'explication réelle, et si naturelle, de ce dicrotisme observé
dans la maladie de Corrigan, double, quand il existe une hypertrophie
simultanée du ventricule gauche du cœur et des artères, simple ou uni-
que, quand il n'existe qu'une hypertrophie isolée, soit des artères, soit du
ventricule gauche. Combien de fois ne nous est-il pas arrivé, à la vue et
au toucher de ces battements renforcés des artères, d'annoncer une insuf-
90..
( 692)
fisance aortique avec les accompagnements ci-dessus indiqués, maladie
complexe dont une plus ample exploration ne tardait pas à nous démon-
trer l'existence !
» Combien de fois aussi, dans les cas de ce genre, n'avons-nous pas en
même temps annoncé d'abord, puis constaté et fait constatera d'autres,
qu'en exerrant une compression convenable sur les artères extérieures
(crurales, carotides, sous-clavières, etc.), sur l'aorte abdominale elle-même,
on rencontrerait un renforcemenl du double souffle, que cette expérience
détermine constamment à l'état normal de ces artères. Et rappelons ici que
les doubles bruits normaux et anormaux des artères, dicrotistite d'un autre
genre, démontrent eux-mêmes la réalité du dicrotisme des battements arté-
riels, puisque les premiers supposent ces derniers.
IV. — Lésions relatives au rhytliine des battements et des lepos des artères et du cœur ( i ).
» Sous le rapport du rhythine comme sous tous les autres rapports de
leurs révolutions, les artères et le cœur sont unis par les liens d'une telle
solidarité coopérative, que nous traiterons en même temps ici et des lésions
du rbythme de l'un et des lésions de rhytlime des autres.
)) On n'a pas oublié que les artères et le cœur sont des organes ou des
instruments à quatre temps, réglés comme nous l'avons dit. Ce sont les dé-
rangements des règles auxquelles ils sont soumis, les infractions aux lois
qui les coordonnent qu'd s'agit d'exposer ici.
» Ces désordres ou ataxies s'observent, tantôt dans l'ensemble des révo-
lutions artérielles, tantôt dans quelques-uns de leurs éléments seulement.
INous ne décrirons, pour être plus court, que les désordres ou dérange-
ments de la première catégorie, c'est-à-dire ceux qui atteignent à la fois et
les deux mouvements et les deux repos dont se compose une révolution du
cœur et des artères, et dans lesquels, pour comble de désordre, les diverses
révolutions de ces organes ne se ressemblent pas toutes entre elles.
» Dans l'ataxosphygmie des artères et du cœur, tous les temps des
révolutions de ces organes, les mouvements et les repos dont elles se
composent sont en quelque sorte bouleversés, sous quelques rapports qu'on
les examine. Les mouvements en particulier sont, le plus souvent, telle-
ment précipités qu'on ne peut les compter, tantôt très-faibles et presque
imperceptibles, tantôt violents et connue par sauts et par bonds, souvent
entremêlés de/au.r pas, d'arrêts ou d'intermittences, toujours tumultueux.
'- (i) Ataxosphyfjiiiie du cœur et des artères.
(693 )
» Nous avons dit ailleurs que les désordres ci-dessus brièvement ex-
posés constituaient une sorte de délire ou de folie du cœur et des artères;
ajoutons qu'on peut les comparer jjIus justement encore à ceux de la
marche ordinaire, à ceux de la voix, soit simple, soit modulée, à ceux de
la prononciation, lorsqu'ils sont frappés de cet état anormal connu sous
le nom d'ataxodj-nainie.
» Cette sorte d'anarchie des battements du cœur et des artères déter-
mine nécessairement un trouble profond dans la circulation générale du
sang, trouble auquel il faut rattacher ce sentiment particidier d'ancjoisse,
d'atixiélé, de défaillance, dont se plaignent les individus atteints d'ataxo-
sphygmie.
)) Les lésions du rhythme, de la coordination des battements du cœur
et des artères se produisent tantôt par l'effet de lésions de ces organes eux-
mêmes, tantôt par l'effet de lésions du système nerveux qui préside à ce
rhythme, à cette coordination. Ces lésions, qui portent sur l'anatouiie, la
structure externe, la construction pour ainsi dire du cœur et des artères,
sont, en particulier, celles qui s'opposent au libre jeu des valvules, les
rétrécissements des orifices auxquels celles-ci sont adaptées, etc. Celles qui
ont pour siège le système nerveux, chargé de veiller, en quelque sorte, au
maintien du rhythme et de la coordination des mouvements du cœur et des
artères, se divisent en deux espèces, selon qu'elles sont matérielles, c'est-
à-dire visibles, tangibles ou palpables, ou qu'elles échappent, au contraire,
à l'action de nos sens extérieurs.
V. — Lésions relatives à l'absence ou à la suspension passagère des battements
des artères et du cœur.
» Les lésions comprises sous ce titre sont connues sous les noms d'i»-
termittences, ou d''artéts des mouvements du cœur et des artères.
» Nous avons déjà dit, au commencement de cette Communication,
que la cessation définitive des révolutions du cœur et des artères était
incompatible avec la vie, et tout le monde sait que, dans les cas où il
s'agit de constater la mort, le premier soin dont on s'occupe, c'est de
s'assurer si les battements du cœur et des artères ont cessé sans retour.
Mais la vie elle-même n'est pas compromise, quand il s'agit seulement d'un
arrêt momentané, d'une simple intermittence des battements du cœur et
des artères.
» Cette intermittence peut même se répéter plusieurs fois dans l'espace
d'une minute, et cela pendant des mois et des années, je ne dis pas seide-
( Co^i )
ment sans préjudice de la vie, mais sans nul dérangement notal)le de la
santé. Cependant ce phénomène, semblable à une sorte de faux pas du
cœur et des artères, donne lieu à un sentiment de surprise pénible et, chez
quelques personnes, à une véritable frayeur. Les arrêts ou intermittences
dont il s'agit n'ont que la durée d'un instant, d'un éclair.
» Lorsqu'un arrêt des battements du cœur se prolonge, au contraire,
pendant plusieurs secondes, il en résulte cette perte de connaissance, dési-
gnée sous les noms de défaillance ou de syncope. On dit aussi des personnes
qui éprouvent cet accident qu'e//es se trouvent mal. Au moment où ces
personnes vont en être frappées, au milieu de l'effroi qu'elles ressentent,
elles prononcent souvent ces mots : Je vais mourir, je me meurs! lesquels
font en quelque sorte passer dans l'âme des spectateurs l'effroi de ceux
qui les prononcent.
)) Montaigne nous raconte avoir éprouvé une sorte de volupté au mo-
ment d'une syncope dont il fut frappé. Mais, sous ce rapport, comme
sous tant d'autres, tout le monde n'est pas un Montaigne. La plupart des
personnes auxquelles l'accident du célèbre philosophe est arrivé réservent
ce sentiment de volupté, dont il parle, pour le moment où elles reviennent à
elles, et ressuscitent en quelque sorte de la mort syncopale.
» Pour se changer en mort réelle, il suffirait à cette mort syncopale
de se prolonger : il en est malheureusement quelquefois ainsi, et c'est là
une des trois grandes formes des morts subites. »
PHYSIOLOGIE. — Nouvelles observations relatives à la Communication
de M. Bouillaud du i5 septembre; par M. Bouley.
« J'ai demandé la parole, dans l'avant-dernière séance, après la pre-
mière Communication de M. Bouillaud, sur la théorie du pouls, non pour
entrer dans la discussion que cette théorie pourrait comporter, mais pour
établir que l'idée que les artères contribuent, pour une certaine part, à
imprimer au sang son mouvement, n'était pas une idée nouvelle, comme
M. Bouillaud semblait le prétendre; et, ne m'en rapportant qu'à mes sou-
venirs, je rappelai que Magendie s'était exprimé sur ce point de la ma-
nière la plus |)ositive et la plus nette. Je ne m'étais pas trompé; voici tex-
tuellement ce que dit Magendie du rùle des artères dans la circulation :
a L'élasticité des parois artérielles représente celle du réservoir d'air dans certaines
pompes à jeu alternalif, et qui pourtant fournissent le liquide d'une manière continue; et
en général on sait, en Mécanique, que tout mouvement iutirmittcut peut être transformé en
( 695 )
mouvement continu, en employant la force qui le produit h comprimer un ressort qui reaf^it
ensuite avec continuité. » {Précis élémentaire de Physiologie, t. 11^ i833.)
» Magendie, on Je voit, est très-explicite dans ce passage. Il donne
coinine sienne l'idée qui vient d'être formulée, et il dit que Bicliat n'a pu
comprendre le rôle des artères dans la circulation, parce que, « niant la
» contraclilité des parois artérielles, il a dû nécessairement rejeter le phé-
)) nomène important qui en est l'effet (p. 388) ».
» Cependant M. Chevreul vient de revendiquer tout à l'heure pour
Bichat l'idée que Magendie lui conteste formellement, et, à l'appui de cette
revendication, il a donné lecture d'un passage de Y Anatomie générale,
où Bichat signale l'élasticité comme une des propriétés physiques les plus
remarquables des artères. Il est incontestable que Bichat connaissait l'élas-
ticité des artères, mais il ne lui a pas fait jouer le rôle que Magendie lui
a attribué. Cela ressort manifestement de tout le chapitre de Bichat sur le
système vasculaire à sang rouge. On va en juger par la série des passages
que je vais citer textuellement.
)> Pour Bichat, « cette propriété joue un rôle évident dans l'espèce de
» locomotion que les artères éprouvent par l'abord du sang. » [Atialomie
générale, édition de Béclard et Blandin, t. II, p. 8o; i83o). Mais « les artères
» ont peu d' extensibilité suivant leur diamètre. Quelques efforts qu'on fasse
)) pour les dilater par des injections avec l'eau, l'air, les substances
n grasses, etc., elles ne prennent guère un calibre supérieur à celui qui
» leur est naturel (p. Sa) ». A cette occasion, Blandin rappelle en note,
pour prouver que l'opinion de Bichat n'est pas fondée, une expérience
par laquelle Poisseuille démontre, à l'aide d'un appareil ingénieux, qu'à
chaque pulsation l'artère se dilate.
» Je continue les citations. Dans le paragraphe relatif aux Remarques sur
les causes du mouvement du sang rouge ( p. loo), Bichat établit « que le sang
» rouge se meut dans le cœur par un mécanisme sur lequel ne s'élève au-
» cune difficulté; mais une question importante reste à décider, dit-il,
» sur son mouvement dans les artères. Ces vaisseaux sont-ils actifs ou pas-
» sifs dans ce mouvement? » et il répond :
« D'après l'absence de contractilité organique sensible que nous avons observée dans ce
tissu, il est évident que son rôle doit être spéci;ilcment passif, que le mouvement dont il est
le siège lui est communiqué, que le cœur est le grand agent du battement des artères, que
c'est lui qui donne l'impulsion ;x laquelle ces vaisseaux ne font qu'obéir. ... »
» A la page io4, Bichat rappelle tuie exi)érience dont il a rendu compte
(696)
dans son Traité des membranes, et a qui consiste à faire circuler le sang
» rouge dans les veines, sans mouvement de locomotion, il est vrai, mais
» avec un bruissement sensible au doigt et avec une vitesse presque égale
» à celle des artères. »
« Cette dernière expérience prouverait seule, ajoute-t-il, que le cœur est presque l'unique
agent d'impulsion du sang circulant dans les artères. ... »
M A la page 106, Bichat conteste « que les artères puissent se contracter
)) par elles-mêmes, car le moindre dérangement dans une partie, la
)) moindre pression occasionneraient une discofdance dans les mouve-
» ments » ; aussi ajoute-t-il, à la page suivante, « qu'il résulte bien évi-
» demment de tout ce qu'il vient de dire que, dans le battement des
» artères, le cœur est presque la seule puissance qui mette le fluide en
» mouvement ; que les vaisseaux sont alors, pour ainsi dire, passifs ; qu'ils
» obéissent au mouvement qui leur est communiqué, mais qu'ils n'en ont
» point par eux-mêmes de dépendant au moins de la vitalité. « Dans ce
dernier membre de phrase, il y a une sorte de réserve, à laquelle Bichat
ne semble pas attacher d'importance; car, à la page suivante, il dit ex-
pressément :
n Plus on examinera attentivement les clioses, plus on se convaincra de la nécessité qu'il
n'y ait qu'un seul agent d'impulsion pour le système artériel, et que, toujours inerte, ce sys-
tème ne puisse nullement arrêter la marche du fluide. »
» Cette opinion, Bichat la ressasse pour ainsi dire :
« Dans les gros vaisseaux , dans les branches et même dans les rameaux, le cœur est
presque tout pour les mouvements du sang (p. 1 1 1). »
Cl I,a contractilité insensible existe dans les troncs, dans les branches et les rameaux;
mais son effet est nul, tant celui du cœur est marqué (p. 1 13). »
» Et enfin, pages 116 et 1 17, il affirme très-nettement que « ce n'est pas
» la contraction des artères qui pousse le sang à leurs extrémités », et,
après avoir présenté les arguments sur lesquels il appuie cette manière de
voir, il ajoute qu'il n'est pas vrai, connue il l'avait professé lui-même pen-
dant plusieurs aimées, que les artères se contractent pour pousser le sang
dans toutes les parties. « Ce temps n'existe pas, dit-il; je vous défie de
M l'observer jamais sur un animal vivant. »
» Ces citations suffisent potu- prouver que Bichat n'a pas attribiu' aux
grosses artères un rôle cotnine agents du tnoiivement du sang. Pour lui,
elles étaient passives absolument, et c'est le cœur qui est l'organe exclusif
de ce mouvement. Magendie avait donc raison quand il disait que « Bichat,
( 697 )
» ne reconnaissant pas la coniraclilité des parois artérielles, a dû néces-
» sairement rejeter le phénomène important qui en est l'effet. » Mais ce
n'est pas à Magendie ni à M. de Blainville que revient le mérite d'avoir
reconnu le rôle de l'élasticité des artères dans la circulation. Ces deux
savants ont eu un précurseur : c'est John Hunter. Voici comment il s'ex-
prime à ce sujet dans son Traité du sang et de l'inflammation, écrit en 1762
à Belle-Isle, après l'entière réduction de la place, est-il dit dans l'intro-
duction :
« Le mouvement du sang étant un phénomène mécanique, l'élasticité est la propriété
qui convient le mieux pour obvier à l'effet imuiédiat de l'impulsion du cœur. . . . Sans
l'élasticité, le sang serait mû dans l'aorte comme au moment où il sort du cœur. . .; mais,
bien que le sang sorte du cœur par jets interrompus, comme la totalité du tube artériel est
plus ou moins élastique, le mouvement du sang, en raison de cette élasticité, devient gra-
duellement de plus en plus uniforme. L'élasticité des artères produit un effet analogue à
celui du soufflet double : bien que le mouvement de ce so\ifflet soit alternatif, le courant
d'air est continu, et, si ce courant passait à travers un long tuyau élastique semblable à une
artère, il serait encore plus uniforme. •> (OEuvres complètes de John Hunier, traduction de
Richelot, t. III, p. 199; 1840.)
» Voilà une opinion très-nettement exprimée et qui ne laisse pas de doute
dans l'esprit. Évidemment l'idée que Magendie croyait sienne appartient
à John Hunter. Il y a donc déjà plus d'un siècle qu'elle est dans le domaine
de la science. C'est ce que je voulais prouver contre M. Bouillaud. »
Réponse de M. Bouillaud à M. Bouley.
« Notre savant confrère, M. Bouley, continue, à mon grand regret, de
croire que, selon moi, des physiologistes éminents de notre temps affirme-
raient que le rôle des artères, dans la circulation du sang, serait nul. Je n'ai
attribué celte affirmation qu'au seul Ilarvey, physiologiste éminent s'il en
fût, mais qui n'est pas, malhciîreusement, de notre temps. J'ai ajouté, il
est vrai, que, selon Longet, dont notre temps s'honore et qui lui a été
trop lût ravi, il ne faudrait pas attribuer un rôle réellement actif dans la pro-
pulsion du sang, et que la stule force impulsive émane de la pompe cardiaque ;
mais, cette réserve faite, I^onget enseigne que le cours du sang, dans le
sj'stème artériel, est sous la dépendance de rélasticilé et de la contracldité de
ce système, les<iuelles, bien que différentes entre elles, jouent simultanément leur
râle.
)) Ainsi donc, admettant, avec Magendie, l'influence de l'élasticité des
artères et, de plus, l'influence de la conliactilité de ces vaisseaux, Longet
C, R., 1873, 2* Semestre . (T. LXXVU, N" 15.) 9 '
( 698 )
leur refusait néanmoins toute force impulsive, tout rôle actif dnna In propul-
sion du sang. C'est en cela que je n'ai pu me trouver d'accord avec
Longet et les autres physiologistes de la même école. J'ai reconnu, en
effet, dans les artères une force impulsive, une systole avec choc, qui leur
est propre et destinée h propulser le sang qu'elles reçoivent des ventricules,
comme ceux-ci propulsent celui qui leur vient des oreillettes.
» Voilà précisément Vidée que j'ai donnée comme noHye//e, et qui , si
l'on en croyait M. Bouley, loin d'être nouvelle, daterait, au contraire, de
longtemps dans la science, puisqu'il a le souvenir très-précis que Magendie
l'a formellement exposée comme sienne, dans sa Physiologie, il y a qua-
rante ans. « Il est vrai, ajoute M. Bouley, que Magendie fait jouer ce nMe à
» l'élasticité, tandis que M. Bouillaud invoque peut-être la contractilité. »^
Assurément, si, comme le suppose M. Bouley, j'avais pris pour une nou-
veauté Vidée que « les artères contribuent pour leur part à faire mouvoir
» le sang dans l'appareil qu'elles constituent », je me serais étrangement
trompé. Je savais, en effet, de concert avec mon savant confrère, que Ma-
gendie et bien d'autres encore, sans compter Longet, déjà cité, avaient
professé que les artères, en vertu de l'élasticité dont elles sont douées,
contribuent pour leur part à faire mouvoir le sang dans leur cavité; je savais
même que le mouvement des artères, d'après des expériences célèbres,
reconnaissait pour cause une action nerveuse. Ce ne pouvait donc pas être
ni l'élasticité ni la contractilité des artères cpie je semblais donner aujour-
d'hui comme une idée nouvelle. Non, la chose que je présentais comme nou-
velle, et que je présente encore comme telle, après les longs passages de
Magendie dont M. Bouley vient de nous donner l'intéressante lecture,
c'est la systole rhythmique ou le pouls propre des artères. Certes, mon sa-
vant confrère voudra bien avouer qu'il n'en est aucunement question dans
les passages cités par lui. Ce n'est pas à l'élasticité fixe, permanente el conti-
nue des artères, telle qu'elle a été admise par Magendie et par d'autres phy-
siologistes, que M. Bouley attribuera, je pense, la systole artérielle rhyth-
mique et, par conséquent, intermittente ou périodique dont je viens de
parler. 11 ne pouvait pas ignorer, d'ailleurs, que c'était là Vidée nouvelle,
le fait nouveau, si l'on aime mieux, que j'avais signalé à l'attention de
l'Académie. Il ne pouvait pas l'ignorer; car je l'avais déclaré dans les
termes suivants, dont la clarté, ce me semble, ne laisse rien à désirer :
'. Que rélnsticiti- proprement dite des artères et la ])rcssion atmosphérique ne soient pas
étrangères à certains pliinoniènes du cours du sang que ces vaisseaux rnniienncnt, certes
nous en convenons volontiers ; mais nous croyons devoir nous contenter d'avoir montré que,
( 699)
pour s'accomplir, le passage du sang dans les artères et de là dans toutes les parties du corps
réclaipait le double concours et de la systole des ventricules du cœur et de la systole des
artères. Que cette dernière systole porte les noms de mécanique ou de physiologique, qu'on
l'attribue à des fibres élastiques ou à des fibres musculaires, elle est. »
» C'est donc, M. Bouley le voit, c'est donc l'existence même de cette
systole, de ce pouls des artères, rhytlimiqtie, à l'instar de la systole ventri-
cidaire elle-même, que je donnais comme nouvelle, et que notre savant
confrère n'a point trouvée dans la Phjsiologie de Magendie. »
ART MILITAIRE. — Observations relatives aux sujets traités dans le numéro 21
(lu Mémorial de l'Officier du Génie; par M. le général Morin.
« Dans ce recueil, publié par ordre du Ministère de la Guerre et par les
soins du Comité des Fortifications, on trouve plusieurs Mémoires d'un assez
grand intérêt pour que je croie devoir demander à l'Académie la permission
de lui en présenter une analyse abrégée.
» Sous le titre de Note relative aux effets du tir des batteries allemandes
pendant le siège de Paris, M. le capitaine du Génie Petit a réinii un grand
nombre de résultats, d'observations précieuses pour l'art de l'ingénieur, et
dont l'ensemble est de nature à augmenter la confiance qu'il nous est per-
mis de conserver dans la valeur de cette grande place.
» Nous n'en citerons qu'un exemple.
» Tir en brèche. — La seule tentative sérieuse faite par les Allemands
pour pratiquer une brèche aux fortifications de Paris par un tir à grande
distance est celle qu'ils ont dirigée sur le fort d'Issy, dont le revêtement
était constitué par des voûtes en décharge de 6 mètres de portée et de o"", '^5
seulement d'épaisseur à la clef de voîite. Deux batteries, armées chacune
de six pièces de 24» situées à des distances de 2200 et de 2400 mètres, et
une troisième de six pièces de 24, construite à 1000 mètres, ont ouvert un
feu violent contre l'une des courtines de ce fort, et leur effet s'est réduit à
démolir le mur de masque des casemates, sans parvenir à produire une
brèche praticable.
)) La même courtine ayant été, pendant trois joints, lors de l'insurrection
de la Commune, exposée au feu de batteries françaises occupant les mêmes
positions que celles des Allemands, la brèche ne put encore être rendue
praticable devant une seule caseiuate par ce tir à grande distance, tandis
que quelques heures suffisent à des batteries placées selon les règles ordi-
naires de l'attaque des places.
91..
( 700 )
» Il résulte de ces faits cette conséquence importante que les remparts
casemates des lorts de Paris ne peuvent être démolis, comme on le craignait,
par des batteries à tir plongeant, tirant à grandes distances, de manière à
offrir à l'ennemi des brèches praticables pour l'assaut; et si, à cette diffi-
culté, on ajoute les dangers de destruction auxquels seraient exposées des
colonnes d'attaque mises eu mouvement à près de 2000 mètres, ou recon-
naîtra, sans doute, que l'introduction dans les armées de l'artillerienouvelle,
à longue portée, lançant d'énormes projectiles, n'enlève pas aux fortifica-
tions, et en particulier à celles de Paris, autant de leur valeur qu'on est
trop généralement porté à le croire. L'art de nos ingénieurs parviendra faci-
lement d'ailleurs à compléter leurs moyens de défense.
» L'ensemble de tous les faits recueillis et le résultat final de ce siège,
dont l'issue n'a été due qu'au manque absolu de subsistances de la popu-
lation, prouve combien les ingénieurs qui ont présidé aux grands travaux
de défense, le maréchal Dode de la Brunerie, le général Haxo, le général
Vaillant et le Gouvernement qui leur avait donné sa confiance, avaient été
sagement inspirés quand ils avaient insisté pour ajouter à une vaste en-
ceinte continue de puissants forts détachés, dont le nombre fut malheu-
reusement trop limité par le pouvoir législatif.
M Un autre résultat non moins remarquable, c'est que les magasins à
poudre construits d'a|)rès les règles et les proportions données par l'im-
mortel Vauban, et recouverts d'une couche de terre de 1", 00 à i'",5o d'é-
paisseur, ont parfaitement résisté, même au choc presque vertical des obus
de 21 centimètres pesant 80 kilogrammes.
)) Si l'on se rappelle que les recherches de noire illustre Poncelet sur la
poussée des terres, basées sur les principes de la science moderne, l'avaient
conduit, pour le cas particulier des nuirs d'escarpe, à des règles qui con-
cordaient avec celles que Vauban avait laissées, on ne saurait trop admirer
la merveilleuse |)uissance d'intuition dont était doué le grand ingénieur
de Louis XIV.
M Une Note fort succincte de MM. le capitaine Petit, et Vinclaire, sous-
lieutenaut du Génie, accompagnée d'un plan, donne sur le bombardement
de la ville de Paris des renseignements qui ne seront pas perdus pour l'his-
toire de la guerre de 1 870-1 871.
» La Note est courte, mais elle en dit assez pour montrer que cet acte,
contre lequel l'institut tout entier avait inutilement invoqué les droits de
la science et de l'humanité, a été aussi inutile que barbare.
» H nous suffiia de dire que les dix mille obus des plus gros calibres, lan-
( 7°' )
ces sur la capitale des Arts pendant vingt et un jours et vingt et une nuits,
ont élé principalement et très-habilement concentrés sur trois groupes
d'établissements comprenant : le Jardin du Luxembourg (80 obus), le Jardin
des Plantes (87 obus), l'Asile des Aliénés (187 obus), et six autres hôpitaux.
Le Louvre n'a été préservé que parce qu'il était hors de portée.
» Les dégâts matériels ont été relativement peu considérables, et l'effet
psychologique, sur lequel on paraissait compter beaucoup, a été nul ; mais
le nombre des habitants ou blessés ou tués s'est élevé à près de 4oo, dont
la moitié environ étaient des femmes et des enfants.
» Tout commentaire de ces résultats serait ici superflu; mais nous
croyons répondre au sentiment national en exprimant le vœu que, pour
l'honneur de nos armes, notre artillerie ne se croie jamais dans la nécessité
d'user de semblables moyens.
» Un Rapport de M. le commandant Peltier, sur les mines exécutées
pour la rupture des tunnels et des ponts de la vallée de la Seine, contient
d'utiles renseignements sur ces opérations.
)> Parmi les autres travaux que nous ne pouvons analyser ici, il convient
cependant de signaler de très-savantes études des mines militaires, présen-
tées en i863eten 1869 par M. le commandant Dambrun, qui, après avoir
rappelé les premières recherches de Bélidor en 1730 et celles de Lebrun
en 1812, discute les résultats de toutes les expériences connues jusqu'à ce
jour.
» Ce travail considérable, fruit de longues recherches, est destiné à
guider les ingénieurs militaires dans les o|)érations délicates de la guerre
souterraine, dont l'importance dans les sièges peut être appréciée par ce
seul fait que, pour la défense de Sébasiopol, les Russes avaient établi, en
avant des fronts d'attaque voisins du bastion du Mât, des galeries à deux
étages ayant un développement d'environ 637 kilomètres, et que pen-
dant plusieurs mois deux compagnies de mineurs français ont lutté, avec
succès, d'habileté et de persévérance pour déjouer les efforts de l'ennemi.
» Pour remplacer les calculs que les circonstances de la guerre ne per-
mettent pas toujours d'exécuter, M. le capitaine Ricour, récemment dé-
cédé au Sénégal, avait donné, en 1866 et eff 1867, sous le titre d'Abaque
des mines mitilaiies, des tableaux graphiques qui représentent les résul-
tats des formules, et qu'un officier peut facilement porter en campagne
avec lui.
» Dans un même ordre d'idées, M. le commandant Guillemot avait aussi
donné, dès i853, une solution graphique des problèmes de mines, à
( 702 )
l'aide do laquelle on peut calculer les charges des fourneaux, leurs rayons
d'enlouiioir, ceux de rupture et le côté de la boîte aux poudres.
)) Enfin M. le capitaine Delanibre a aussi construit un abaque pour la
résolution des problèmes de mines.
» On voit, par ce résumé des Mémoires contenus dans le numéro 21 du
Mémorial de l'Officier du Génie, que ce volume constitue nn recueil aussi
riche en recherches scientifiques qu'en résidtats pratiques relatifs à l'art de
l'ingénieur militaire; mais nous croyons surtout devoir faire remarquer
l'heureux usage que les savants officiers, auteurs de ces travaux, savent
faire de la Géométrie pour représenter les données de l'expérience et de
la théorie, en en facilitant l'application.
» Le volume est terminé par une Note relative au nouveau système de
télégraphie optique, dont l'idée première appartient à M. Maurat, profes-
seur de Physique au lycée Saint-Louis, et qui a été essayé avec succès, soit
à Paris pendant le siège, soit en province pendant et après la guerre. Cette
Note, dans laquelle se trouvent deux extraits d'un pli cacheté, déposé le
29 avril 1872 au Secrétariat de l'Académie, et ouvert dans la séance du
7 juillet dernier, a pour objet d'établir la priorité des savants français sur
des essais analogues exécutés en Italie, et publiés seulement en sep-
tembre 1872 dans un Mémoire de M. Fani, savant capitaine du Génie pié-
montais. Le contenu du pli cacheté a été inséré in extenso dans les Comptes
rendus. »
MÉMOmES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Aole sur le maijnétisme (suite) ; par M. J.-M. Gaugain (i).
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
a 42. Dans le cas d'un aimant permanent, la courbe qui représente les
courants d'arrachement s ahuisse très-rapidement à partir des extrémités des
branches du fer à cheval, et se confond sensiblement avec l'axe des ab-
scisses dans le voisinage du talon. Dans le cas d'un électro-aimant, la courbe
des courants d'arrachement diffère peu d'une ligne droite dans tout l'interr
valle qui sépare les deux bobines ; mais celte ligne parallèle à l'axe des ab-
scisses est située à une très-grande hauteur au-dessus de cet axe. Les chiffres
(i) Fnir les Coiiijilcx iindits dus i3 janvier, 3o juin et 8 septembre 1873. Les numéros
plapés en tète des divisions de ceUe JSole font suite ù ccu.\ des Notes précédentes.
( 7o3 )
suivants donneront une idée de sa forme et de sa position :
A 10 millimètres des exliéniiiés des branches (en dehors des bobines).. . j = 1 168
107 >' » (en dedans des bobines). . y = loïc)
244 " " {■'" '•''Ion ) .?' = 994
» L'échelle est la même que dans la série d'expériences qui a fourni les
chiffres du n° 39.
» Dans les électro-aimants, l'accroissement d'aimantation qui résulte de
l'application de l'armature est presque uniforme dans toute l'étendue du
fer à cheval; il l'est, du moins, dans l'intervalle qui s'étend entre les deux
bobines, et il est partout très-considérable, tandis que dans les aimants
permanents cet accroissement, très-marqué aux extrémités des branches,
devient sensiblement nul dans les parties qui avoisinent le talon.
» 43. Le courant de désaimantation qui se produit à la rupture du cou-
rant inducteur, lorsque l'électro-aimant est sans armature (celui dont il a
été question n° 39), varie à peu près comme l'intensité du courant induc-
teur pour un point déterminé de l'électro-aimant. Au contraire, le courant
d'arrachement dont il s'agit au n° 40 est sensiblement proportionnel au
carré du courant inducteur. Il résulte de là que le rapport du courant d'ar-
rachement au courant de rupture varie lui-même comme l'intensité du cou-
rant inducteur. Dans la série d'expériences à laquelle j'ai emprunté les nom-
bres cités aux n°^ 39 et 42, le rapport des deux courants de désaimantation
est 63,8 ; or, je me suis servi pour ces expériences d'un courant inducteur
très-faible ; ce courant était fourni par un seul élément de Daniell et n'au-
rait donné au voltamètre que 27 centimètres cubes d'hydrogène par heure;
il serait facile d'obtenir une intensité double, et par conséquent le rapport
des deux courants de désaimantation peut être aisément porté au delà
de 100, connue je l'ai dit. On voit que, lorsque l'inlensitédu courant induc-
teur est un peu considérable, l'aimantation qui existe avant l'application de
l'armature est tout à fait insignifiante en comparaison de celle qui résulte
de cette application. Les lois dont l'énoncé précède cesseraient sans doute
d'être vraies pour des courants inducteurs puissants, mais elles sont véri-
fiées avec tonte l'exactitude possible pour les courants faibles.
» 44. J'ai trouvé (n° 38) que l'accroissement d'aimantation, qui se pro-
duit dans un aimant permanent par suite de l'application de l'armature, est
indépendant de la durée du contact établi entre cette armature et l'aimant.
Dans le cas d'un électro-aimant, la réaction produite par l'application de
l'armature s'accomplit encore dans un temps très-court, mais elle n'est pas
( 7o4 )
instantanée. Je me suis assuré que, dans les conditions de mes expériences,
l'état magnétique continue à se modifier pendant quatre ou cinq secondes
d'une manière appréciable. Pour établir ce fait, j'applique l'armature, et je
laisse écouler un temps déterminé avant de former le circuit induit. J'ai
obtenu ainsi les déviations suivantes :
Après 1 seconde d'intervalle 90°
Après 2 secondes '3°, 9
Après 3 secondes 4°
Après 4 secondes i"
Après 5 secondes une petite fraction de degré.
» Avec des instrinnents plus sensibles que ceux dont je me suis servi, on
pourrait, sans nul doute, suivre la variation de l'état magnétique pendant
un temps un peu plus long; mais si l'on considère la rapidité avec laquelle
décroît le courant d'induction lorsque le temps écoulé augmente, on ne
peut pas douter que, au bout d'un petit nombre de secondes, l'état magné-
tique ne devienne sensiblement constant.
» 45. Poiu" établir les lois énoncées dans le n° 43, il est nécessaire de
tenir compte de plusieurs causes pertiubatrices dont la plus iiriportante est
le magnétisme persistant du fer. Le fer doux s'aiiuante dans les mêmes
conditions que l'acier trempé, quoique à un degré beaucoup plus faible, et
cette aimantation permanente, lorsqu'elle existe, modifie nécessairement
l'aimantation qui se produit sous l'influence d'un courant inducteur d'in-
tensité déterminée. J'ai donc été forcé d'étudier en détail les propriétés du
fer aimanté, et j'ai reconnu qu'elles sont exactement les mêmes que celles
de l'acier aimanté.
» 46. M. Jamin a récemment fait connaître (Co/npto refjc^(/5, t. LXXV,
p. 1797 et suiv.) un fait très-important, qui consiste en ce que l'acier peut,
au moyen de certaines opérations, être amené à un état neutre apparent
très-différent de l'état neutre véritable. Le fer doux peut être également
amené à l'état de neutralité apparente dont il s'agit. J'ai fait passer dans les
bobines d'un électro-aimant, muni de son artnature, un courant fourni
par un seul élément de Daniell et dont l'intensité, mesurée au moyen d'ini
multiplicateur conique, était 17980 (ce nombre est la tangente trigonomé-
triqiie de la déviation obteiuie avec mon instriunent, et j'ai constaté que
le courant dont l'intensité était 1000, avec le même instrument, donnait au
voltamètre 2,f)4 centimètres cubes d'hydrogène par heure). Après avoir
laissé circuler pendant quelques secondes le courant 17980, j'ai fait passer,
en sens contraire et pendant quelques instants seulement, un courant dont
( 7o5 )
l'intensité était 8900, à peu près la moitié du courant primitif. A la suite de
ces opérations, j'ai constaté que le noyau de fer ne possédait aucun magné-
tisme apparent, mais qu'il jouissait de la propriété de s'aimanter plus
énergiquement dans un sens que dans l'antre, lorsqu'on le soumettait alter-
nativement à l'action de deux courants inducteurs égaux, de signes con-
traires et d'une intensité plus petite que 17980. L'aimantation était très-
faihle dans tous les cas et n'eût pu être constatée par la méthode des poids
portés; mais elle pouvait être aisément mesurée au moyen des courants
d'arrachement. Conformément à l'observation de M. Jamin, j'ai trouvé que
l'inégalité des deux aimantations s'effaçait à mesure c{ue l'intensité du cou-
rant inducteur se rapprochait de l'intensité 17980, c'est-à-dire de l'inten-
sité du courant employé en premier lieu.
» 47. L'état neutre apparent peut être établi d'une infinité de manières,
et, suivant qu'il a été obtenu de telle ou telle façon, le fer possède des pro-
priétés différentes. On peut rendre compte des faits énoncés dans le numéro
précédent en admettant, comme le fait M. Jamin, que deux couches de ma-
gnétisme contraires sont superposées à la surface d'un même barreau; mais,
dans d'autres cas, on est conduit à admettre la superposition d'un plus grand
nombre de couches alternativement positives et négatives. Dans une expé-
rience, j'ai fait passer successivement dans les bobines de l'électro-aimant,
pourvu de son armature : 1° un courant que je considère comme positif, et
dont l'intensité était 17900; 2° un courant négatif dont l'intensité était
irioo; S** un courant positif dont l'intensité était 6898 : j'ai trouvé que,
à la suite de ces opérations, le fer ne possède pas de magnétisme sen-
sible, mais qu'il jouit des propriétés suivantes : lorsqu'on f;ut passer alter-
nativement, en sens contraires, un courant inducteur d'intensité déterminée,
les deux aimantations positive et négative sont généralement inégales, et leur
rapport varie avec l'intensité du courant inducteur. Quand cette intensité
est peu supérieure à 5898, l'aimantation négative l'emporte de beaucoup
sur la positive; les deux aimantations sont égales pour l'intensité 8606;
lorsque l'intensité continue à croître, l'aimantation positive prend le dessus;
elle est de beaucoup la plus forte pour l'intensité 1 1 100, et enfin les deux
aimantations reviennent égales pour l'intensité 17900. Pour expliquer ces
faits, il devient nécessaire d'admettre que le barreau de fer renferme deux
couches de magnétisme positif, séparées par une couche de magnétisme
négatif.
» 48. On conçoit aisément comment on pourrait superposer un plus
grand nombre de couches alternativement positives et négatives. Il suffirait
C. R., 1873, 2« Semettre. (T. LXXVII, N» 15.) 9^
( 7o6 )
de faire passer dans les bobines de l'électro-aimant une série plus nom-
breuse de courants alternativement positifs et négatifs, d'intensités décrois-
santes. Pourtant il faut remarquer que la loi du décroissement n'est pas
indifférente. Pour que le fer acquière les propriétés énoncées dans le nu-
méro précédent, il faut que l'intensité du courant inducteur décroisse avec
une certaine rapidité. Lorsque cette intensité diminue très-lentement, le
fer, qui a subi l'uifluence de la série des courants alternatifs est dans le
même état que s'il eût été soumis seulement à l'influence du plus faible des
courants qui ont été employés; il est très-faiblement aimanté, et, si on le
soumet ultérieurement à Taction d'un courant d'intensité déterminée plus
énergique, il s'aimante également dans le sens positif et dans le sens né-
gatif. Il se comporte comme s'il était véritablement à Vélat neutre. En con-
séquence, lorsque j'ai voulu, dans le cours de mes recherches, désaimanter
un barreau de fer, je l'ai soumis à l'action d'une série de courants alter-
natifs dont l'intensité décroissait graduellement et lentement. Je suppose que
la même méthode pourrait servir à désaimanter l'acier. »
PHYSIOLOGIE. — Du rôle des gaz dans la coagulation de l'albumine.
Note de MM. E. Mathieu et V. Urbain.
(Commissaires: MM. Cl. Bernard, Berthelot.)
« Lorsqu'on a extrait complètement les gaz dissous dans le sérum du
sang, on obtient un liquide albumineux qui ne se coagule plus, même à
la température de loo degrés. Cette expérience, répétée sur l'albumine de
l'œuf, a été le point de départ de nos recherches sur les causes de la coa-
gulation de cette substance, exécutées au laboratoire de l'École Centrale.
» La machine pneumatique à mercure permet d'extraire de l'albumine
non-seulement les gaz, mais les sels volatils qu'elle renferme. L'extraction
des gaz la rend incoagulable par la chaleur; la disparition des sels volatils
la convertit en une substance analogue à la globuline. Ces deux transfor-
mations méritent d'être examinées séparément.
» i" L'acide carbonique est l'agent de la coagulation de r albumine par la
chaleur. — Les gaz que renferme l'albumine de l'œuf sont de l'acide car-
bonique en forte proportion, ainsi qu'un peu d'oxygène et d'azote.
Gaz contenus dans loo centimètres cubes d'ulbuminc de l'œuf.
ce co ce te ce ec
CO' 65,43 62,23 56,07 55, 5o 76,15 84, 5o
G 2,86 2,11 2,00 1,66 2,69 2,55
Az 4)9^ 3,11 3,87 4)5° 4j-^ 4)''o
( 707 )
» L'albumine, privée de ses gaz, est incoagulable même à 100 degrés;
mais elle est précipitée par l'alcool, les acides et les sels métalliques,
comme l'albumine normale.
» On peut rendre de l'oxygène et de l'azote à cette albumine transformée,
sans qu'elle redevienne coagulable; mais elle recouvre cette propriété si
on lui restitue l'acide carbonique (ju'elle a perdu. L'acide carbonique se-
rait donc la cause de la coagulation de l'albumine sous l'influence de la
chaleur.
» Il est d'ailleurs facile de démontrer que ce gaz entre dans la constitu-
tion du coagulum. En effet, lorsqu'on coagule par la chaleur, dans une
atmosphère limitée, de l'albumine normale qui, comme on vient de le voir,
contient beaucoup d'acide carbonique, ce gaz ne se dégage pas. D'autre
part, si l'on introduit dans le vide de l'albumine coagulée et bien broyée,
et qu'on fasse agir sur celte substance un acide fixe, une solution d'acide
tartrique par exemple, on recueille de 60 à 80 centimètres cubes d'acide
carbonique pour 100 centimètres cubes d'albumine. Or, comme en coagu-'
lant par un acide quelconque une solution d'albumine on peut toujours
constater dans le précipité la présence de cet acide, combiné à la matière
azotée, on est conduit, pour expliquer le mode d'action de l'acide carbo-
nique dans la coagulation de l'albumine par la chaleur, à l'interprétation
suivante : l'acide carbonique, qui existe normalement à l'état de liberté
dans l'albumine liquide, serait à l'état de combinaison dans l'albumine
coagulée par la chaleur.
)) A l'appui de cette théorie, nous citerons encore l'expérience suivante.
On sait que de l'albumine, étendue de dix à quinze fois son volume d'eau
distillée, n'est pas coagulable; ce résultat proviendrait de la dilution, qui
permet à la majeure partie de l'acide carbonique de se dégager avant que
la température soit suffisante pour que la combinaison du gaz et de l'al-
bumine se produise; mais fait-on traverser la solution, chauffée à 70 de-
grés, par un courant d'acide carbonique, on détermine la précipitation
complète de la substance albuminoïde.
)) La propriété que possède l'albumine de former avec la plupart des acides
des composés insolubles permet d'expliquer pourquoi de l'albumine, pri-
vée de son acide carbonique et par suite incoagulable par la chaleur, donne
un précipité lorsqu'on élève sa température après avoir ajouté la solution
d'un sel alcalin. Une portion de l'acide du sel s'est combinée à l'albumine;
aussi le liquide, primitivement neutre, est devenu alcalin après la coagu-
lation. Il résulte de ce fait que l'albumine normale, coagulée par la cha-
92--
( 7o8 )
leur, est un produit assez complexe qui renferme, non-seulement la com-
binaison de la matière aihuminoïde avec l'acide carbonique, mais encore
d'autres composés albumineux provenant de la décomposition des sels
alcalins que renferme cette substance.
)) Enfin, étant admise cette constitution de l'albumine coagulée, on
comprendra comment il est toujours possible de régénérer de l'albumine
soluble, en parlant d'une albumine coagulée par la chaleur ou par un
acide. Il suffit de chauffer le coagulum, en vase clos, à tuie douce tempéra-
ture avec une solution ammoniacale jusqu'à dissolution complète, puis
de soumettre le liquide à l'évaporation poiu' éliminer l'ammoniaque en
excès et le sel ammoniacal qui a pris naissance.
» 2° L'albumine, privée de ses sels volatils, se transforme en glolmline. —
Le caractère dislinclif d'une solution de globuline, extraite soit du cristal-
lin, soit des épanchements séreux, est d'être coagulée par l'acide carbo-
nique à la température ordinaire; ce précipité peut se redissoudre sous
' l'influence d'un courant d'air ou de tout autre gaz neutre, tel que l'hydro-
gène, l'azote, etc. L'albumine, à laquelle on a enlevé non-seulement ses
gaz, mais ses sels volatils, se comporte comme de la globuline.
» La machine pneumatique à mercure permet d'extraire et de doser ces
sels, qui consistent en carbonate d'ammoniaque, avec traces de sulfate et
de sulfhydrate d'ammoniaque, dans la proportion deo^', 20 pour 100 cen-
timètres cubes d'albiunine ordinaire.
» L'emploi de la pompe à mercure n'est pas indispensable pour éliminer
les gaz et les sels volatils que renferme l'albumine. On arrive au même ré-
sultat, en évaporant complètement à une très-douce chaleur cette sub-
stance, étendue de 10 fois au moins son volume d'eau. On peut même
opérer cette dessiccation à la température ordinaire, ce qui est préférable;
il suffit pour cela de placer l'albumine, suffisamment diluée, sous une
cloche, à côté de deux vases renfermant, l'un de l'acide sulfurique concen-
tré, l'autre des fragments de potasse caustique fondue; de cette façon, non-
seulement la vapeur d'eau, mais l'acide carbonique et l'ammoniaque sont
absorbés au fur et à mesure de leur dégagement. Suivant la plus ou moins
grande dilution initiale de la solution, suivant aussi la température à la-
quelle s'est faite l'évaporation, on peut obtenir, soit de l'albumine, privée
seulement de son acide carbonique et par suite jncoagulable par la chaleur,
soit de l'albumine ayant perdu son acide carbonique et ses sels ammonia-
caux, c'est-à-dire de la globuline.
» Une solution de globuline, additionnée d'un peu de carbonate d'am-
( 7^9 )
moniaque, reprend les propriétés caractéristiques de l'albumine; traitée
par l'acide carbonique, elle ne se coagule plus à froid, mais à une tempé-
rature de 70 degrés environ.
» La globuline coagulée par l'acide cabonique est une combinaison de
ce gaz avec la substance albuminoïde. 10 grammes de globuline coagulée
et supposée sèche, introduits dans le vide, dégagent par la chaleur et un
acide fixe 26 centimètres cubes environ d'acide carbonique.
» La combinaison que forme la globuline avec l'acide carbonique à la
température ordinaire est assez instable; comme nous l'avons dit, un cou-
rant d'air déplace l'acide carbonique et redissout le coaguluni; mais, si l'on
chauffe, la combinaison devient persistante.
» A l'état préci|)ité, la globuline, comme la fibrine, décompose l'eau
oxygénée. D'un autre coté, la solution de globuline, lorsqu'on y ajoute
une petite quantité d'un phosphate alcalin (o^', 5o pour 100) paraît acquérir
les propriétés de la caséine : les acides lactique et acétique la précipitent.
Enfin les différentes matières animales, albumine, caséine, fibrine coagu-
lées, redissoules par l'ammoniaque et soumises à l'évaporation, comme il
a été indiqué ci-dessiis, donnent toutes naissance au même produit, qui est
la globuline. De ces faits il résulte que la globuline peut être comparée à
la protéine de Mulder et semble être le point de départ d'où dérivent les
diverses substances albuminoïdes. »
MiîDECiNE. — Sur un nouveau traitement du choléra et probablement de ta
fièvre jaune par V acide phénique et le phénate d'anmioniaque^ au moyen
des injections sous-cutanées. Note de M. Déclat. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
« Je ne compte pas développer ici les considérations théoriques qui
m'ont conduit à l'application de la méthode nouvelle, ni les nombreuses
expériences confirmatives faites sur les animaux; je me bornerai donc à
donner les explications strictement nécessaires pour que les médecins en
puissent faire l'applicafion. Je dirai seulement que, dans les deux seuls cas
où il m'a été donné jusqu'à présent de faire moi-même cette application,
j'ai obtenu deux succès.
» 1° En temps d'épidémie, on devra employer, comme moyen préser-
vatif, l'acide phénique blanc et cristallisé en boisson, à la dose de 3o à
40 centigrammes par jour, soit trois à quatre cuillerées du sirop phénique
que je fais préparer pour cet usage.
( 7IO )
» 1° Dans la cliolérine on le choléra confirmé, jusqu'à la période de
cyanose exclusivement, on fera usage de la même boisson, et, de plus, on
pratiquera de quatre à six injections sous-cutanées chacune de 5 grammes
d'eau phéniquée à deux et demi pour cent. On continuera ces injections
jusqu'à la convalescence confirmée, et la boisson jusqu'au rétablissement
complet de la santé.
» 3** A partir du moment où la circulation s'embarrassera, c'est-à-dire
dès le début de la cyanose, on donnera pour boisson un sirop de phénate
d'ammoniaque (i) dans les mêmes proportions et aux mêmes doses que le
sirop phéniqué simple, et l'on pratiquera de deux à dix injections sous-cu-
tanées, chacune de 5 grammes d'eau contenant en dissolution deux et demi
pour cent de phénate d'ammoniaque.
» Si la mort paraissait imminente, on pourrait faire directement dans les
veines une injection goutte à goutte, jusqu'à concurrence de i5o et même
200 gouttes de la même solution ou d'une solution pins allongée, mais ne
contenant pas plus de 5o centigrammes à i gramme de phénate d'ammo-
niaque. Sur des animaux atteints de sang de rate foudroyant, j'ai vu ces
injections opérer de véritables résurrections. J'ai lieu d'espérer qu'on les
reproduira sur les cholériques. »
VITICULTURE. — Comparaison du Phylloxéra vastatrix des galles avec celui
des racines. 4*^ Note de M. Max. Cornc.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
(c Dans la Note présentée, le 4 août dernier, à l'Académie des Sciences,
M. le D' Signoret énumère les formes diverses du Phylloxéra vastatrix. Cette
(i) J'emploie le nom de phénate d'ammoniaque, sans prétendre que ce soit un véri-
table sel ; c'est une question réservée. Mais il est une particularité d'une haute importance
pratique, sur laquelle je dois fortement insister : c'est que le phénate ou prétendu phé-
nate doit être préparé en faisant arriver directement du gaz ammoniac sec dans de l'acide
phéniquu pur, blanc et cristallisé, et non en versant sur celui-ci de l'ammoniaque liquide.
J'ai pu constater, sur des animaux, que la combinaison préparée par le dernier procédé
produit très-souvent la gangrène, et quant à l'ammoniaque seule, elle cause la gangrène à
peu près dans tous les cas. Pour que les expériences que mes confrères voudraient tenter
soient comparables et concluantes, j'ai eu la précaution de faire déposer chez M. Guenon,
pharmacien i'i Paris, du phénate d'ammoniaque préparé comme je le prescris. Le ])hénate,
même ainsi préparé, précipite souvent, après un certain temps de préparation; il est donc
indispensable de liltrer la solution au moment de l'injecter.
•(71')
espèce est, selon lui, très-polymorphe; il y indique une iloubic série de
générations qui procèdent l'une de l'autre. Je ne m'occuperai ici que de
l'une, qui aboutit à la forme qu'il a nommée le t/pe mère. Il avait antérieu-
rement, dans un article publié dans le Journal de l' Acjricullnre (numéro du
17 février 1872, t. I, p. 268, avec figures), a|)pelé l'attention sur ce type
mère, qui diffère, à plus d'un titre, du type tuberculeux des racines, et dans
lequel les individus des galles rentrent pleinement. C'est de ces derniers
qu'il sera plus spécialement question dans cette Note.
» Y a-t-il une différence aussi grande qu'il le pense entre ces deux
formes, et le polymorphisme n'est-il pas plus apparent que réel?
» On doit être un peu mis en garde contre les différences tirées de
l'aspect entre le type mère elle type tuberculeux. Disons d'abord que, entre
l'un des deux et le jeune dont il provient, la dissemblance est considérable,
on le sait, tandis que les jeiuies des deux séries sont identiques.
» Les divergences de taille et de forme s'expliquent aisément dans l'hy-
pothèse d'une variété unique, en considérant que l'insecte des feuilles con-
tient dans son abdomen une quantité considérable d'œufs volumineux, et
qu'il en pondra successivement jusqu'à trois cents, dit-on. Il s'est distendu,
déformé, au point de perdre l'apparence qu'il avait précédemment; cela
n'a rien que de très-rationnel, et des exemples analogues pourraient être
pris jusque dans les vertébrés. Cette différence de forme ne constitue donc
pas réellement une altération du type de l'espèce.
» Si le diamètre transversal s'est notablement accru, les appendices,
pattes et antennes, toutes choses égales d'ailleurs, n'ont point partagé ce
mouvement d'extension; elles demeurent dans leur position naturelle, elles
ont la disposition et la structure habituelles, sauf de légères différences
qui seront examinées dans une autre Note. Les pattes paraissent, à cause
delà dilatation du corps, être relativement ouvertes ; elles sont rapprochées
par paires sous la portion inférieure du corps. Cela prouve bien qu'on n'a,
en réalité, affaire qu'à un individu dilaté, et dilaté principalement dans la
partie dorsale et abdominale.
» Quant à la disposition plus ou moins chagrinée de la membrane
externe, c'est un caractère d'un ordre et d'une valeur spécifique assez mé-
diocres. Les boursouflures hémisphériques et très-petites qui les produisent
varient souvent beaucoup sur les Phylloxéras des racines (qui présentent
tous d'ailleurs une peau chagrinée et n'ont jamais une peau lisse, comme
on l'a dit quelquefois), de telle sorte qu'on en rencontre parfois qui sont
presque assimdables, sous ce rapport, aux insectes des galles.
( 712 ) •
» Lri distinction entre les deux types ne peut être établie ni par la diffé-
rence de taille, ni par l'élat plus ou moins verruqueux ou chagriné de la
peau. La présence chez lui, l'absence chez l'autre de tubercules particu-
lières constitueront-elles un meilleur caractère? Les tubercules sont des
points où la peau de l'animai est saillante et se relève en formant de pe-
tites bosses noires très-nettes ; ils sont disposés transversalement par six sur
la partie dorsale du thorax, par quatre sur le reste du corps et sont visi-
bles à l'aide d une loupe très-faible ou même à la vue simple. On n'en
trouve pas trace sur les individus des galles et sur bon nombre d'insectes
des racines.
» L'origine de ces verrues noires est facile à reconnaître au microscope.
Ce sont des points où la peau a pris une teinte plus foncée; les boursou-
flures et les plis cjui produisent l'aspect chagriné y sont comme groupés
autour d'un ou plusieurs petits poils très-courts. Cela se voit aisément sur
les mues abandonnées par les insectes tuberculeux et notamment par les
nymphes qui sont toutes munies de tubercules. Or, en examinant avec atten-
tion la peau des insectes des galles sur des individus rendus transparants
par l'action des réactifs, on remarque, à la surface, de petits poils disposés
en ligne comme chez l'insecte tuberculeux. Ces poils dépassent à peine les
boursouflures de la peau, mais ou peut cependant les mettre eu évidence.
Ils occupent la partie moyenne des anneaux et s'aperçoivent surtout sur le
contour; ils y correspondent aux tubercules marginaux. Ainsi toute la diffé-
rence provient de ce que, dans les individus tuberculeux, la portion de la
peau qui entoure ces poils prend une teinte plus foncée; c'est vraisembla-
blement une question d'épaisseur de la membrane. Chez les individus des
galles, ce sont les pattes et les antennes qui prennent surtout cette teinte
foncée.
» Ce qui montrera encore que l'importance des tubercules des Phyl-
loxéras a été exagérée, ce sont les deux faits suivants :
» 1° Quand on observe entre deux lames de verre, c'est-à-dire dans un
liquide et non plus à sec, par lumière transmise et non par éclairage direct
les Phylloxéras tuberculeux, les tubercules deviennent presque indistincts
et difficiles à mettre en évidence; ils représentent donc une modification
extérieure qui disparaît aisément;
» 2° Quand un individu tuberculeux se dépouille de son enveloppe et
vient à muer, il apparaît aux regards complètement dénué de tubercuks. J'ai
plusieurs fois observé ce fait (qui n'est pas sans importance dans la critique
du double type), et j'en suis positivement sur.
( 7i3)
» Ces individus, non tuberculeux, sont alors d'une belle couleur jaune
soufre ou jaune d'or; leur forme est spéciale. Ce sont peut-être eux que
MM. Planchon et Liclitenstein citent à la page i[\ de leur dernière bro-
chure [Le Phylloxéra de i85o à i853; résumé pratique et scientifique). Comme
ces insectes ne sont pas adultes, puisqu'ils viennent de subir une mue,
cela explique pourquoi ils n'ont pas d'oeufs dans le corps. Quant à leur
agilité, c'est un phénomène temporaire qu'on observe après chaque mue,
et qui ne contribue pas peu à rendre difficile l'étude d'un seul et unique
individu, depuis sa naissance jusqu'à la ponte. Telle serait l'interprétation
de ces individus problématiques encore.
» Disons, du reste, que ces insectes ne demeurent pas longtemps avec
leiu" couleur éclatante; ils deviennent rapidement jaune verdâtre, puis
jaune brun; dans cette transformation, les tubercules apparaissent de
nouveau, mais plus ou moins nettement.
» Quant au changement par la mue d'un insecte tuberculeux en un auti'e
qui ne l'est pas, cela a lieu d'une façon normale pour les individus ailés;
ils proviennent de nymphes toutes tuberculeuses, et sont eux-mêmes dé-
nués de tubercules. Le même fait s'observe sur le Phylloxéra du chêne,
et là les tubercules acquièrent un bien autre développement que chez le
Phylloxéra de la vigne, sans avoir probablement plus d'importance. Le
parasite du chêne fournirait des preuves encore plus saisissantes de la thèse
que je soutiens. Je me contenterai de dire brièvement que cet insecte, qui
n'est encore connu qu'à l'état foliicole, est, sous cette forme, dénué de
tubercules, à Paris, tandis que, dans les départements méridionaux, dans
la Gironde, dans l'Hérault par exemple, il est hérissé de tubercules très-
développés, cjui ressemblent à de petites sphères échinées terminant une
portion conique. Ainsi, dans le genre Phylloxéra, la modification, qui, à
l'œil, semble considérable, n'a probablement pas une valeur aussi grande
que celle qui a lieu, dans la même génération, de la nymphe à l'individu ailé.
» Mais une différence capitale entre le type mère et le type tubercideux,
d'une importance tout autre que les précédentes, serait celle que donne en
dernier lieu le D'^ Signoret. Selon lui, l'insecte, pour arriver à l'état de type
mère, changerait de peau en devenant adulte, non pas trois fois, comme
le type tuberculeux, mais deux fois seulement. De son huitième temps
au neuvième, aurait lieu la première mue; du neuvième au dixième, la
deuxième mue. Il dit alors que « cette larve possède deux articles aux
» tarses et prend tout l'accroissement nécessaire pour arriver à l'état par-
C. R., 1873, 2' Semescre. (T. LXXVII, N» 15.) 93
{7'4)
» fait et ponJre : c'est notre type mère » ; et il ajoute en note que « le type
» mère, rentèrmé dans les galles, est complètement identique. »
» Or, en étudiant avec soin les galles, j'y ai trouvé trois dépouilles de
l'insecte, constituant les enveloppes quittées dans les trois mues. L'une
d'elles, la plus pâle, est celle de la larve jeune, dépouille facilement recon-
naissable aux antennes et aux pattes munies de longs poils; une deuxième
présente un seul article aux tarses, et la troisième possède deux articles
aux tarses. Ces trois mues ont été trouvées dans des galles ne contenant
qu'un seul et unique insecte. J'avais déjà, l'année dernière, au mois de
septembre {Comptes rendus, t. LXXV, p. 638) signalé l'existence dans les
galles de ces mues au nombre de trois.
» Ainsi, sur le type mère, se retrouvent les rudiments des tubercules, et,
dans l'un et l'autre type, le nombre des mues est le même. S'ils ne doivent
pas être considérés comme identiques, ils sont moins dissemblables au
point de vue morphologique que ne le pensait le D"^ Signoret.
» On lit dans la Note citée que les individus tuberculeux ne se ren-
contrent que du i5 juillet au i5 septembre; or on en observait déjà le
i" mai sur de grosses racines récoltées à Montpellier. Ces individus me
furent montrés par M. Dumas, à son laboratoire de l'École centrale.
» Enfin, selon M. Signoret, c'est après la troisième mue que les insectes
prennent des tubercules; cela n'est pas exact non plus. On rencontre
des Phylloxéras tuberculeux avant la troisième mue [le dessin ci-joint le
prouve (i)], avant la deuxième aussi; j'ai même observé des jeunes qui
présentaient avec évidence des commencements de tubercules. Je revien-
drai plus tard sur cette question.
)) En résumé, ces deux types, le type mère et le type tuberculeux, iden-
tiques à l'état jeune, n'offrent pas, à l'état adulte ou dans leur développe-
ment, des différences aussi considérables que l'affirme le D' Signoret. Le
polymorphisme semble donc être plus apparent que réel ; cela n'empêche
pas cependant qu'il existe entre eus, au |)oint de vue des moeurs et dans la
manière dont ils se nourrissent aux dépens des vignes, une différence con-
sidérable; mais il faut peut-être attribuer les variations de l'insecte à une
simple modification de nutrition. »
(i) Ce dessin représente un individu dénué de tubercules, qui vient de dépouiller une
peau tuberculeuse ; j'ai représente les tubercules de cette peau, les pattes et les antennes
qui donnent Vâgc de l'insecte, c'est-à-dire le numéro d'ordre de sa mue.
(7-5)
M. Gauban du Mont adresse une Note relative à l'inHiience que pour-
rait avoir la culture du chanvre pour éloigner des vignobles le Phylloxéra.
M. Ë. DE Laval adresse une Note relative à l'emploi du sulfure de car-
bone mélangé avec une huile végétale, et à l'emploi du sulfure de potas-
sium, contre le Phylloxéra.
M. Peyrat adresse des documents relatifs à l'efficacité des produits
qu'il a indiqués pour combattre le Phylloxéra.
Ces Communications sont renvoyées à la Commission du Phylloxéra.
M. Penart adresse une Lettre relative à son travail sur la richesse al-
coolique des boissons.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault,
Balard, Cahours.)
M. O. Tamin-Despalles adresse un Mémoire sur le choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. L. Hugo adresse une Note relative à la sphère considérée comme
tui équidomoïde.
(Commissaires : MM. Bertrand, Roulin.)
CORRESPONDANCE.
• ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la grandeur des variations du diamètre solaire.
Note de M. Respighi (i).
« La Note du P. Secclii [Nouvelles recherches sur le diamètre solaire, pu-
bliées dans les Comptes rendus du 28 juillet 1873) est trop complexe pour
pouvoir être analysée et discutée en peu de mois dans ses différentes par-
ties; par conséquent, en me réserv;int d'y répondre d'une manière dé-
taillée dans une prochaine publication, je demande à l'Académie la permis-
sion de faire, pour le moment, quelques remarques relatives à quelques-
unes des critiques présentées par l'illustre astronome sur mon instrument
et stir mes observations.
(i) L'Académie a décidé que cette Communication, bien que dépassant en étendue les
limites réglementaires, serait insérée en entier au Compte rendu.
93..
(7i6)
)) Le défaut capital de mon instrument serait, suivant le P. Secchi, la
faiblesse de la dispersion des prismes, à laquelle il attribue la production,
dans le bord de l'image spectrale du Soleil, des ondulations plus ou moins
marquées que l'on obtient quand on observe à la lunette simple avec les
verres colorés; de manière que, dans mon instrument, le bord solaire est
ondulé et oscillant, tandis qu'il serait toujours tranquille et bien tranché
dans l'instrument du P. Secchi, pourvu de prismes très-dispersifs.
» Si le P. Secchi avait donné la théorie de sa lunette à doidjle com-
binaison spectroscopique , il serait parvenu sans doute aux conclusions
suivantes :
1° Dans la lunette avec le prisme objectif, ces ondulations sont inévita-
bles, si l'air n'est pas tranquille.
» 2° Dans la lunette avec le prisme à vision directe devant la fente du
spectroscope, ces ondulations sont en grande partie effacées; non pas par
effet de la dispersion des prismes, mais par une déformation produite dans
l'image du bord solaire par la réfraction dans le prisme fixé devant la fente.
» Je crois que pas un astronome ne s'accordera avec le P. Secchi dans
la supposition que les ondulations du bord solaire soient produites par
des ondes atmosphériques, agissant séparément et successivement sur les
rayons des différentes réfrangibilités, comme dans la scintillation chroma-
tique des étoiles voisines de l'horizon. Tout le monde sait que l'oscilla-
tion du bord solaire à de grandes hauteurs, comme l'oscillation des étoiles
pendant le jour, est produite par des réfractions extraordinaires plus ou
moins sensibles, à cause de l'hétérogénéité et de la mobilité des masses at-
mosphériques, agissant à la fois sur les rayons de toutes réfrangibilités;
tandis que la scintillation des étoiles voisines de l'horizon, pendant la •
nuit, est produite par de petites déviations ou réfractions momentanées,
agissant séparément et successivement sur les rayons des différentes cou-
leurs; réfractions produites par des ondes ou masses atmosphériques hé-
térogènes à de grandes distances de l'observateur, c'est-à-dire là où ces
rayons sont plus ou moins séparés les uns des autres, à cause de la disper-
sion atmosphérique.
» Le spectroscope appliqué à la lunette, comme pour l'observation des
protubérances, montre avec évidence que les ondulations du bord solaire
sont simultanément formées par tous les rayons du spectre; car, en obser-
vant avec la fente tangente au bord, nous voyons se projeter sur le spectre
atmosphérique des spectres linéaires complets, eu correspondance au som-
met de ces ondulations.
( 7'7 )
» Par conséquent, on doit considérer ces ondulations comme une partie
intégrante de l'image solaire, et considérer connne vicieuse une lunette qui
reproduit cette image dépouillée de ces apparences, de même que l'on
devrait accuser d'imperfection une luneftequi nousdounerait l'image solaire
parfaitement circulaire près de l'horizon, où elle est nécessairement aplatie,
à cause de la réfraction atmosphérique.
» Dans l'instrument du P. Secchi, si l'on emploie le prisme objectif,
comme les rayons lumineux sont réfractés et dispersés avant leur arrivée à
l'objectif de la lunette, les images monochromatiques du Soleil ne sont
point altérées dans leur forme, et, par conséquent, les différentes sections
de ces images, reçues à travers la fente du spectroscope, sont développées
par la dispersion du second prisme, de manière à former une portion
plus ou moins étendue de l'image solaire, en correspondance avec la posi-
tion de la fente sur le spectre diffus donné par le prisme objectif.
1) Celte image spectrale, projetée sur le spectre fixe de la lumière diffuse
par l'atmosphère, est l'image fidèle du disque solaire, lorsque la dispersion
ap[)arente du prisme objectif est égale à la dispersion effective du prisme
du spectroscope ; mais elle se présente allongée ou aijlalie suivant que la
première dispersion est plus ou moins inférieure à la dernière, et les taches
et les facules sont, dans la même proportion, allongées ou aplaties, tandis
que la chromosphère et les protubérances conservent leur forme régulière.
» Lorsque le bord solaire est oscillant ou ondulé, les oscillations et les
ondulations doivent également se présenter dans l'image spectrale, et s'é-
tendre à la partie du spectre correspondant à leur hauteur. Voilà ce que
doit présenter l'instrument, suivant la théorie, et voilà ce que je vois dans
ma lunette. Si l'air est tranquille, je trouve le bord solaire, près du point
de contact avec la fente, bien tranché et tranquille; la raie C est bien dé-
tachée du bord et presque aussi intense que dans le spectroscope simple, et
même, en ouvrant un peu la fente, je puis voir les jets et les filets de la
chromosphère et les protubérances, mais moins bien qu'avec le spectro-
scope simple; j'ai pu quelquefois voir la raie C renversée même sur le
disque solaire, à la distance de plus d'une minute du bord, dans le voisi-
nage des taches; ce fait suffit pour prouver que, dans mon instrument, il
n'y a pas défaut de dispersion.
» Mais si l'air n'est pas tranquille, le bord est ondulé et oscillant, et la
raie hmiineuse C est plus ou moins noyée dans les ondulations. La disper-
sion apparente de mon prisme objectif étant à peu près dans le rapport de
2 à 3 avec la dispersion du prisme du spectroscope, l'image solaire, les
(7i8)
taches et les facules sont allongées clans In même proportion, quoique bien
distinctes et bien définies. Celte oircoiistance ne permettrait pas d'em-
ployer cet instrument pour dessiner les accidents de la surface solaire,
mais elle est très-utile pour les observations de la durée du passage du
diamètre du Soleil, car elle augmente le grossissement de la lunette spec-
troscopiquedans le rapport de 3 à 2, sans produire aucune altération dans
la durée cherchée, ce qui rend plus facile et plus sûre l'observation des
contacts des bords solaires avec les raies spectrales.
» Cet allongement de l'image solaire doit exister aussi dans la lunette
du P. Secchi, s'il emploie un spectroscope très-dispersif, la dispersion de
son prisme objectif étant bien limitée.
» Le P. Secchi, avec le prisme objectif, trouve une grande différence
entre les apparences du bord observé sur la raie C, à l'extrémité de l'image
spectrale formée sur la fente, et celle de l'autre bord, qui tombe sur une
partie presque blanche de cette image; dans le premier bord, la raie C est
très-bien détachée de ce bord et parfaitement séparée, tandis que, dans le
second bord, la raie C est à peine visible, et se perd au milieu de l'agi-
tation atmosphérique dont ce bord est entouré, pendant que l'autre est
très-tranquille.
» Dans mon instrument, je trouve les deux bords de l'image solaire dans
les mêmes conditions, ou de tranquillité ou d'agitation, avec cette seule
différence que le premier est plus vif que l'autre, et que la raie C delà chro-
mosphère est plus intense dans le premier que dans le second, à cause de
la lumière réfléchie sur ce dernier par le prisme du spectroscope, et non
pas par la lumière vive ou blanche tombant sur la fente, dont les rayons,
dispersés parle même prisme, suivent chacun leur marche et viennent
former un spectre très-pur, lorsque la fente est suffisamment rétrécie. Dans
mon instrument, ou peut très-facilement se débarrasser de cette lumière
diffuse, qui n'est pas rouge, njais verte, en employant un verre rouge peu
absorbant, avec lequel on peut voir la raie C également intense dans les
deux bords, également séparée du bord de l'image solaire.
» Celle combinaison spectroscopique, quoiqu'elle donne les raies prin-
cipales de la chromos])hère et des protubérances suffisamment intenses,
les taches et les facules suffisamment distinctes, ne peut pas faire concur-
rence au spectroscope simple et à la lunette simple dans l'étude de ces
objets; car, dans ces derniers instruments, les observations sont certaine-
ment plus faciles et plus sûres.
» Cette conclusion est encore mieux applicable à la seconde combinai-
( 7'9 )
son spectrale du P. Secchi, c'est-à-dire à celle du prisme à vision directe,
appliqué devant la fente du spectroscope, car elle ne peut donner que des
images plus ou moins déformées,
M Le prisme à vision directe ne fait pas converger les rayons homogènes,
provenant de chaque point du Soleil, en un foyer commun, mais d'abord
sur une ligne focale parallèle au plan de dispersion, et, plus loin, sur
une ligne focale perpendiculaire à ce plan; par conséquent, si l'on fixe
la fente du spectroscope sur la première ligne focale, où l'image mono-
chromatique de chaque point du Soleil est transformée en une ligne paral-
lèle au plan de dispersion, le bord solaire tangent à la fente est nécessai-
rement diffus; si on le fixe sur la seconde ligne focale, où l'image de
chaque point est transformée en une ligne parallèle à la fente, le bord
solaire à cet endroit se présente bien tranché; mais, dans les deux cas,
l'image du bord solaire et celles des facules, des taches et des protubérances
sont nécessairement déformées.
» Probablement le P. Secchi observe au second foyer, car c'est là seu-
lement que le bord solaire est bien terminé et peu oscillant, parce que
les ondulations sont en partie effacées, et en partie confondues avec le
bord; cependant, de cette manière, on n'observe pas le bord vrai du So-
led, mais un bord artificiel ou fictif, et, même dans ce cas, le bord de-
vient oscillant et agité lorsque l'agitation atmosphérique est assez mar-
quée.
» Le P. Secchi a expérimenté cet instrument dans l'observation de
l'éclipsé solaire du 25 mai 1 873 : malgré un succès complet, malgré la com-
modité plus grande de cet appareil pour les observations, malgré sa con-
struction plus simple et moins coûteuse, il a cru devoir engager les astro-
nomes qui seraient disposés à se servir de son instrument, pour l'observation
du passage de Vénus, à donner la préférence au prisme objectif, parce que
les prismes à vision directe absorbent trop de lumière et sont sujets à des
avaries. Ce conseil bien tardif du P. Secchi prouve qu'il n'a pas été complè-
tement satisfait de son observation, et je crois qu'on doit l'attribuer bien
moins à l'absorption du prisme qu'à l'indécision du bord lunaire et à la
déformation du bord solaire. C'est ainsi, je crois, qu'on doit expliquer
aussi la différence entre les résultats de celte observation et ceux que j'ai
obtenus par un moyen plus sûr, celui du spectroscope simple à fente élar-
gie, avec lequel j'ai observé cette éclipse.
M II est certain que, dans les relations du P. Secchi sur l'observation de
cette éclipse, il y a des circonstances qui no peuvent pas s'accorder avec le
( 720 )
mouvement relatif de la Lune et du Soleil aux moments des contacts ; car,
pour les expliquer, il faudrait supposer que ce mouvement était assez ra-
pide, tandis qu'il est incontestable que, pour nous, la Lune ne s'approche
du Soleil qu'en raison de i seconde d'arc en 8 secondes de temps. Par
exemple, le P. Secchi assure que, 47 secondes après le dernier contact, la
Lune avait déjà franchi toute la hauteur de la chromosphère à la distance
de i5 secondes, tandis qu'elle n'aurait pu franchir cet espace que dans un
temps supérieur à 2 minutes.
» Je regrette de ne pouvoir pas, dans cette Note, entrer dans les détails
de la théorie de cet instrument : j'espère que ce qui précède suffira pour
prouver que les assertions du P. Secchi sur les imperfections de mon in-
strument ne sont pas fondées, et que je ne mérite pas le reproche de témé-
rité pour avoir cherché à vérifier, avec mon instrument, les résultats obte-
nus avec la grande lunette du Collège romain; si j'ai contesté la vérité
de quelques-uns de ces résultats, je crois l'avoir fait, non pas d'après de
simples assertions, mais par de nombreuses et consciencieuses obser-
vations.
» J'espère que l'Académie, en vue de l'importance de la question sou-
levée par le P. Secchi, relativement à la grandeur du diamètre solaire et
à ses variations, me permettra de discuter, dans une seconde Note, les
objections présentées contre les résultats de mes observations, et d'établir
la vérité de mes conclusions par les résultats de plusieurs séries d'obser-
vations, que j'ai voulu exécuter avant de répondre à la Note de l'illustre
Directeur de l'Observatoire du Collège romain. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur le fonctionnement de iappareU respira-
toire après l'ouverture de la paroi tlioracique. Note de MM. G. Caulet
et I. Straus, présentée par M. Milne Edwards.
« Une question souvent débattue en Médecine est celle de l'opportunité
de l'opération de l'empyème, dans les cas d'épanchements purulents de la
plèvre. Les dissidences qui se manifestent encore tous les jours à cet égard
tiennent, sans aucun doute, à ce que les phénomènes physiques qui se
passent dans l'appareil pulmonaire, à la suite de cette opération, n'ont pas
été soumis au contrcMe des procédés exacts de la méthode expérimentale.
» La question à résoudi-e est celle-ci : après l'ouverture de la plèvre, le
poumon reste-t-il immobile, ou se meut-il dans une certaine mesure? Les
recherches que nous présentons à l'Académie ont été entreprises dans le
( 721 )
but d'éclairer ce point de physique médicale, et nous avons eu recours à
l'emploi de la méthode graphique.
» Le sujet de nos expériences a été un malade que nous avons observé,
à l'Hôtel-Dieu, dans le service de M. le professeur Béhier. C'était un homme
de trente ans, entré à l'hôpital pour mie pleurésie purulente, qui nécessita
l'opération de l'empyème. Trois mois après, au moment de nos expériences,
cet homme présentait encore un trajet fistuleux, de la grosseur du petit
doigt, par lequel on pouvait faire pénétrer dans la plèvre environ un tiers
de litre de liquide. L'état excellent dans lequel le sujet se trouvait alors lui
a permis de se livrer, sans aucune fatigue, aux explorations dont il fut
l'objet.
» Le malade était assis auprès d'une table, sur laquelle se trouvaient des
tambours à levier et un cylindre enfumé constituant l'appareil enregis-
treur. Deux pneumographes (r) de Marey et un tube de caoutchouc à pa-
rois épaisses servaient d'appareils explorateurs. Les pneumographes étaient
appliqués sur la cage thoracique, au niveau de la fistule, ou de chaque
côté, et le tube de caoutchouc était introduit dans la cavité pleurale par
l'oiivertnre thoracique, qu'il obturait parfaitement. Les choses étant ainsi
disposées, le malade pouvait respirer librement ou tousser sans difficulté.
C'est dans ces conditions que nous avons obtenu les tracés ci-contre :
» La courbe A est fournie par le tube intra-pleural ; la courbe B est le
tracé des mouvements de la paroi thoracique du côté sain, et la courbe C
celui des mouvements de la paroi malade.
» Dans tous ces tracés, jusqu'à la rencontre de la ligne verticale c, le
sujet en expérience respire tranquillement. De c en /, il tousse, et, à partir
de ce dernier point, la respiration redevient calme. Il faut aussi noter que,
de cen h, le cylindre est animé d'un mouvement de rotation un peu [)!us
rapide, pour donner plus de développement au tracé de la toux, qu'il était
important d'analyser avec soin.
» Dans les deux courbes B et C, les parties ascendantes correspondent
à l'expiration et les descendantes à l'inspiration. Le parallélisme de ces
courbes montre que les deux parois thoraciques se comportent de la même
manière, à l'amplitude près, celle-ci étant moindre que le côté malade.
» Si nous examinons maintenant le tracé A, nous voyons que, de A en
a, c'est-à-dire pendant l'inspiration, il se produit une aspiration dans la
(i) Appareil enregistreur des mouvements de la cage thoracique.
C. R., 1S73, 2« Seme$tre. (T. LXXVII, N" 15.) 0)f\
( 722 )
cavité pleurale, tandis que, de a en b, pendant l'expiration, c'est une souf-
flerie qui a lieu, de dedans en dehors, par l'ouverture tlioracique. En
d'autres ternies, pendant la respiration normale, l'air contenu dans la
plèvre se comporte, vis-à-vis de la fistule thoracique, comme l'air contenu
dans le poumon sain vis-à-vis de l'ouverture de la glotte.
)) Il suit de là que, si l'ouverture thoracique est fermée, il y aura dilata-
tion de l'air pleural et, par suite, tendance au développement du poumon
pendant l'inspiration, tandis que, au contraire, pendant l'expiration, il y
aura compression de cet air et tendance au resserrement du poumon. Cette
double tendance existe aussi, mais à un moindre degré, quand la plèvre
est ouverte, ainsi qu'on peut s'en convaincre au moyen d'un appareil
schématique. Mais voyons si, chez notre malade, le poumon obéira aux
forces qui agiront, soit pour le dilater, soit pour le rétracter.
» Si l'on ordonne au malade de tousser, on observe, pendant l'effort qui
précède la toux, une ascension très-brusque, cd de la courbe A, puis, au
moment où se produit la toux, une descente également très-brusque ej.
I/ascension n'est pas produite par le seul mouvement d'abaissement de la
cage thoracique, car alors elle ne dépasserait pas le niveau h de la courbe
abc, elle prouve donc que le poumon s'est développé. Quant à la des-
cente, elle se produit aussi pendant l'expiration et montre que le poumon
revient sur lui-même; car, s'il n'en était pas ainsi, il y aurait ascension et
non de.sccnle de la courbe.
( 7^3 )
» Nous avons donc maintenant la preuve certaine que, après l'opération
de renipyème, le poumon peut se dilater et se rétracter ; il obéira, par con-
séquent, aux tendances que nous avons signalées.
» Il semble, au premier abord, paradoxal que le poumon malade se
développe, pendant l'expiration, immédiatement avant la toux; mais, à ce
moment, le malade fait un effort, et, par suite de l'occlusion de la glotte,
l'air contenu dans les poumons ne peut trouver une issue. Comme le mou-
vement d'expiration s'exerce surtout du côté sain, cet air est refoulé en
partie dans le poumon malade. Ce dernier se développe alors brusquement,
et c'est à ce développement qu'est due la différence de niveau db. La ligne
horizontale de correspond au moment où, la glotte restant fermée, le pou-
mon a atteint son volume maximum. En e, la glotte s'ouvre brusquement et
la toux se produit. Le poumon revient alors sur lui-même, d'abord très-
rapidement de e en /, puis très-lentement de/en p, et, à partir de ce point,
l'inspiration recommence.
» L'auscultation permettait d'entendre très-nettement le murmure vési-
culaire du côté malade; mais ce signe ne peut avoir de valeur qu'autant
qu'on a démontré les mouvements du poumon. Ceux-ci étant prouvés, l'aus-
cultation confirme les conséquences du tracé.
» En résumé, après l'ouverture de la paroi thoracique :
n i" Le poumon du côté lésé suit, dans une certaine mesure, les mouve-
ments de la cage thoracique, se développant pendant l'inspiration et se ré-
tractant pendant l'expiration; il se comporte donc, à l'amplitude près,
comme le poumon sain.
» 2° Pendant l'occlusion de l'ouverture thoracique, il y a exagération
des phénomènes précédents, et, par suite, on devra, après l'opération de
l'empyème, tenir la plaie fermée, aussi hermétiquement que possible, au
moyen d'un appareil en caoutchouc.
» 3° Les efforts répétés, après l'opération, constituent une sorte de gyiïi*
nastique pulmonaire que le médecin pourra utilement employer. »
ZOOLOGIE. — De la classification des Poissons (jui composent la famille des Tri-'
glides [Joues-cuirassées de Cuvier et Valenciennes). Note de M. H.-E.
Sauvage, présentée par M. E. Blanchard.
(i Le groupement si différent des genres qui constituent la famille
des Joues-cuirassées de Cuvier et Valenciennes prouve surabondamment
que les caractères admis pour les familles ou les sous-familles entre les-
94.-
( 7^4 )
quelles ont été répartis ces poissons (i) sont complètement artificiels et
arbitraires; c'est ainsi que les divers groupes sont établis d'après la nature
des téguments, la longueur plus ou moins grande de l'anale comparée à
la dorsale molle, les rapports des deux dorsales entre elles, etc. Des tra-
vaux relatifs à la classification des collections ichthyologiquesdu Muséum,
dont M. le professeur Blanchard a bien voulu me charger, m'ont conduit
à une recherche des affinités naturelles qui existent entre les espèces du
groupe des Joues-cuirassées; c'est la conclusion de ce travail qne j'ai l'hon-
neur de soumettre à l'Académie.
» Par l'examen du crâne, on reconnaît deux types différents. Dans le
premier groupe, qui comprend les Tricjles, Prionotus, Periilhedion, Dacty-
lopteriis, Ceplialacantluis, vrais types des Joues-cuirassées, la joue est entière-
ment recouverte par les sous-orbitaires s'articulant eu avant avec le mu-
seau, en arrière avec presque toute l'étendue du préopercule. Dans le
second groupe, au contraire, Scorpène, Sébasle, Pterois, Colle, Platj'cépitale,
la partie supérieure seule de la joue est protégée, et les sous-orbitaires
forment une bande osseuse étendue en travers du museau au préopercule.
» Dans ce dernier groupe, les Scorpènes et les Cottes, le vomer donne
une branche supérieure ou manche qui se voit entre le prolongement des
frontaux et des branches internes des intermaxillaires. Chez les Trigles, il
n'en est pas ainsi : on remarque, recouvrant le vomer comme lui toit, une
large plaque unique formée par la soudure des nasaux, et, comme l'ont
fait observer Cuvier et Valencienoes, le museau est constitué par la sou-
dure immobile des frontaux antérieurs, des nasaux, de l'extrémité antérieure
de l'ethmoide et même du vomer. Nous ne retrouvons jamais celte fusion
intime chez les Scorpènes. Dans les Pèristhédions, la plaque a les mémos
rapports généraux que chez les Trigles. Dans les Dactyloptères, chez les-
quels le museau est tronqué, la plaque recouvre complètement les branches
montantes des intermaxillaires et se met en rapport avec l'extrémité des
préorbitaircs ; on doit noter qu'une fente assez large sépare cette plaque des
frontaux antérieurs.
» Pour ce qui est de la terminaison de la colonne vertébrale, les carac-
(i) M. Gunllicr iulnul quatre soiis-lamilles : les Heteroîepidini, lus Scoipœiiinri [Scbnstfs,
Scorpœna, Pcerois, Apistcs, Minous, Peloi), les Cottina (Cottiis, Fltilyrcphalus, Trigla), les
Cataphnicti. Ces sous-ramilles sont élevées au lany de faiiiilles par MM. Swainsoii et Gi-
rard. Les l'aïuilles de M. Jeiiys sont : Triglidu: [Trigia, Piiuiiotus), Cottidte (Aspidophores,
Plalyeépliales, Cottes), les Scorpœnklœ (Sébastcs, Scorpène).
( 7^5 )
tèrcs fournis par celle-ci ne paraissent pas correspondre à ceux fournis par
le crâne. Dans le groupe des Scorpènes, les genres Sébasie, Scorpène, Plérois
présentent une terminaison identique de la colonne vertébrale, tandis que
chez les Cottes, qui, par leur crâne, ne peuvent en rien être séparés des
Scor|)ènes, la colonne vertébrale est construite et terminée tout différem-
ment. Le genre Platycéphale, que nous verrons constituer im petit groupe
distinct, tend, par la colonne vertébrale, vers le type des Cntapliracti.
Quant au type Trigle [Trigla, Prionotus), quoique par le crâne il soit du
type Cataphracli, par la colonne vertébrale il est un type à part, aussi
distinct du type Scorpène et du type Cotte que du type Calopliracli [Peri-
stedion catapittaclum, Acjonus calapliractus, CcphalacaiUltus spinareltn, Dcwly-
lopteriis volitans).
a Chez les Trigles, on remarque sur la moelle épinière, en" arrière du
calannts scilptorius^ de quatre à six tubercules ganglionnaires, tandis que
rien de semblable ne s'observe chez nos Scorpènes [S. scrofa, poicus), ni
chez nos Cottes (C gobio, bithalis, srorpiiis)^ d'après M. Em. Moreau. Les
Trigles ont les branchies doubles et cinq fentes branchiales; les Coites
et les Scorpènes, trois branchies entières et une demi-branchie; il y a
donc seulement quatre fentes branchiales, le quatrième arc branchial en-
voyant une membrane s'appliquer sur les parois de la chambre.
» Quoique ayant, dans la disposition générale des os du crâne, de nom-
breux rapports avec les Scorpœni, les Plalycéphales s'en éloignent toutefois
trop, par la disposition de leur bassin, pour qu'on ne doive pas les dis-
tinguer. Chez les Scorpœni, le bassin est constitué par deux os intimement
soudés l'un à l'autre, venant s'intercaler par la pointe entre l'extrémité
de l'arc pectoral et formant une tige médiane qui supporte les ventrales
placées l'une contre l'autre. Chez les Platycéphales, il n'en est plus ainsi:
les deux os du bassin sont largement séparés, de sorte que les ventrales
sont très-écartéos l'une de l'autre; par son extrémité, l'os du bassin vient
se mettre en contact avec l'humérus; à sou extrémité postérieure, chaque
os du bassin fournit une branche transverse qui se met en rapport avec une
branche fournie par l'os du côté opposé.
» Ceci étant, les trois groupes ou tribus que l'on peut admettre se ca-
ractériseront ainsi (i) :
(i) Il faut séparer des Joues-cuirassées lesÉpinoches, qui, d'après les Uavaux de MM. Blan-
chard et Guntlier, constituent une famille à pari ; les ^lonoccntrcs, qui rentrent dans la famille
des Bcrycidœ de M. Gûnllier; VOreosoiiia qui, d'après les travaux de M. Lowe, doit se placer
parmi les Sconibcridœ, à cote des Zcus et des Cyttus.
( 7^6)
« I. ScoBP.ENiD.E : Dentition faibie, dents en velours, pas de canines. Sous-orbitaircs s'ar-
ticulant d'une manière mobile avec le préopercule, ne couvrant jamais toute la joue; os
nasaux libres et petits. Peau, ou nue ou revêtue d'écaillés, parfois épineuse, jamais cui-
rassée. Ventrales thoraciques supportées par un os du bassin long, les dpux os étant en con-
tact et soudés. Des pseudobranchies : trois branchies entières et une demi-branchie; quatre
fentes branchiostéges. Pas de tubercules sur la moelle, en arrière du calnmus scriptorius.
» A. Scorpœni : Corps revêtu d'écaiiles ordinaires [Sebastes, Scoipœna, Pterois, Tœnia-
nrtus, groupe des Jpistcs).
» B. Cotti'ii : Corps ou nu ou portant des écailles épineuses (HemitripCenis, Sjnan-
cidium, SyNciriceia , Minons, Pelor, groupe des Cottes, Iceliis, Triglops, Polycaulus , Hemi-
lepidotiis).
« II. Platïcïpbalid.e : Tête aplatie et comme écrasée. Corps aplati antérieurement.
Dentition faible, pas de canines. Deux dorsales; la première épine séparée des autres. Ven-
trales thoiaciques, largement séparées; os du bassin jamais réunis ni soudés, laissant entre
eux un très-grand intervalle [Plntyccplialas).
» III. Triglid* : Sous-orbitaire, s'articulant d'une manière presque fixe, ou du moins
à peine mobile avec le préopercule, et couvrant toute la joue. Nasaux soudés en grande
Iliaque, conviant la plus grande partie du museau. Ventrales thoraciques et réunies. Pseudo-
branchies; arcs briinchiaux complets; cinq fentes branchiostéges. De quatre à six tuber-
cules ganglionnaires à l'origine de la moelle.
» A. Triglini. i" groupe, Trigli : corps revêtu d'écaillés ordinaires [Trigla, Lcpklo-
trigla, Prionotiis, Bemhrcis); n." groupe : corps ayant des écailles et des plaques : Boplichthyi
[Hoplichthys).
» B. Cataphrncti. \" groupe : un interpariétal: Dartyloptcri [Dactyloptcriis, Cephala-
canthus); i" groupe : pas d'interpariétal : Pcristhi [Agonus, Agonomalas, Peristhedion), »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches relatives à V action de la cha-
leur sur le virus charbonneux. Note de M. C. Dav.une, présentée par
M. Boiiley.
« Dans ces dei'nières années, on s'est beaucoup occupé de l'étude de
divers agents qui puissent détruire facilement les matières sepliques on les
virus, et s'opposer ainsi au développement et à la propagation des maladies
infectieuses ou contagieuses; mais généralement ces recherches n'ont point
eu toute la précision désnable, parce qu'on ne possédait pas un moyen
certain de constater si le virus avait été complètement détruit.
)) Mes travaux sur la putréfaction et sur la maladie charbonneuse ont
donné un moyen facile de reconnaître si les agents virulents qu'elles ren-
ferment ont été détruits par les diverses substances avec lesquelles ils ont
été mis en contact. En effet, un cent millième ou même un millionième de
gotitte de sang contagieux injecté sous la peau d'un cobaye ou d'un lapin
( 72? )
suffit pour clélerminer la maladie et la mort de ces animaux; ainsi de l'eau
dans laquelle on introduit une quantité infiniment petite de sang charbon-
neux ou septicémique, et en même temps l'agent antiseptique que l'on
veut expérimenter, déterminera la mort du lapin ou du cobaye auquel on
en injectera une seule goutte, si l'agent antiseptique n'a pas détruit le
virus. Je me propose de communiquer prochainement à l'Académie le ré-
sultat de mes recherches sur les substances antiseptiques; aujourd'hui je
ne parlerai que de l'action de la chaleur sur le virus charbonneux.
» J'avais fait, il y a plusieurs années, sur cette question d'assez nom-
breuses recherches qui m'avaient donné des résultats contradictoires : c'est
que le sang coagulé, introduit sous la peau des petits animaux', donne
souvent lieu à des inflammations ou à des abcès qui s'opposent à l'absorp-
tion du virus; mais de l'eau contenant un cinq millième ou un dix millième
de sang reste limpide sous l'action de la chaleur, et peut être injectée sous
la peau, à la dose d'une ou de plusieurs gouttes, sans déterminer aucune
inflammation locale qui s'oppose à l'absorption du virus qu'elle peut con-
tenir.
» Si donc la chaleur tue le virus charbonneux, une goutte d'eau con-
tenant un cinq millième ou un dix millième de sang charbonneux, injectée
sous la peau d'un cobaye, n'aura aucune action sur cet animal ; mais elle
en déterminera la mort d'une manière certaine dès que le degré de chaleur
sera insuffisant pour tuer le virus.
» J'avais reconnu, par ce procédé, que le virus de la septicémie n'est
nullement détruit par une ébuUition prolongée; mais il n'en a pas été de
même pour le virus charbonneux. Des expériences successives, faites à des
degrés de température sans cesse décroissants, m'ont amené à reconnaître
qu'à 55 degrés C. le virus charbonneux est toujours détruit dans l'espace
de cinq minutes. Il peut l'être encore par une température de 48 degrés C;
mais alors il faut qu'il soit soumis à cette chaleur pendant un quart d'heure
au moins. A 5o degrés C, il suffit de dix minutes.
» Ce résultat, tout à fait inattendu, m'ayantfait reconnaître que le sang
charbonneux perd ses facultés virulentes par une température qui ne le
coagule pas encore, j'ai répété ces expériences avec du sang non mêlé
d'eau; et, dans cette condition, le virus n'est détruit que par une tempé-
rature un peu plus élevée. Après un quart d'heure, il perd sa virulence à
5i degrés C.
» Le principe virulent du sang charbonneux est formé, comme on le sait
aujourd'hui, par de petits végétaux de la famille des vibrioiiiens, que ydi
( 7^8 )
.nppelés (les harU'ridies. Or, chez clos animaux et choz des végélaiix dits
7-esstiscitants, chez les rotifères surtout, une température voisine de i oo degrés
n'empêche pas la reviviscence, lorsque ces petits êtres ont été préalable-
ment bien desséchés; elle les tue, au contraire, toujours lorsqu'ils sont
humides. J'ai constaté que les mêmes facultés existent dans les bactéridies
charbonneuses, car du sang rapidement desséché en présence du chlorure
de calcium, puis soumis à une température de loo degrés pendant cinq
minutes, a tué les animaux auxquels il a été inoculé. Les bactéridies avaient
donc, dans ces cas, conservé leur vitalité.
» Les travaux de M. Pasteur ont fait connaître que les petits végétaux
filiformes qui se développent dans le vin et qui l'altèrent sont détruits par
une température de 60 degrés C. à 70 degrés C, et c'est sur cette pro-
priété qu'est fondé le procédé de conservation des vins par la chaleur.
» J'ai reconnii moi-même que des bactéries mouvantes, qui déterminent
la pourriture de certains végétaux, sont tuées par une température de
S2 degrés C. La pourriture qu'elles occasionnent dans les plantes grasses
et qui les envahit complètement est arrêtée par l'exposition du végétal
envahi à une température de Sa degrés C. à 55 degrés C, pendant une
demi-heure. {Dictionnaire des Sciences médicales, art. BACTÉRIE, 1868).
» Ces faits m'ont porté à croire que Ton pourrait détruire de la même
manière le virus charbonneux chez les animaux; mais les travaux de
M. Cl. Bernard nous ont appris que les mammifères meurent instantané-
ment lorsque leur sang acquiert une température de 45 degrés C.
M Toutefois, souvent le charbon est primitivement local, et c'est presque
toujours le cas chez l'homme pour cette maladie, qui commence sons la
forme d'une simple pustule (pustule maligne).
» Afin de reconnaître si une partie d'un animal peut être échauffée iso-
lément jusqii'à 5i degrés C, j'ai fait siu' l'oreille des lapins plusieurs expé-
riences qui ont été toutes négatives. Sous l'influence de la chaleur, la circu-
lation s'accélère beaucoup, et les tissus, traversés rapidement par le sang,
n'acquièrent qu'un petit nombre de degrés de chaleur au-dessus de la
normale. En suspendant la circulation par la compression des vaisseaux,
j'ai obtenu de meilleurs effets, et même j'ai empêché le développement du
charbon; mais assez souvent la partie de l'oreille dans laquelle le sang ne
circule plus tombe en sphacèle. En comprimant la partie inoculée de
l'oreille avec un corps dur et chauffé à 5i degrés C. pendant un quart
d'heure, j'ai plusieurs fois empêché le développement du charbon. La
circulation étant suspendue dans la partie comprimée, celle-ci s'échauffe
( 729 )
facilement a» degré voulu; il ne reste à la suite qu'une légère inflamma-
tion qui se dissipe bientôt.
» J'ai reconnu que la pustule maligne cliez l'homnie est toujours siqier-
ficielle au début; elle se produit sous l'épiderme, dans le corps muqueux
delà peau, couche cellulaire tout à fail dénuée de circulation sanguine, La
compression au moyen d'un corps diu', un marteau, par exemple, maintenu
à une température de 5i degrés C, doit facilement faire pénétrer la chaleur
dans toute l'épaisseur de la pustule et tuer par conséquent toutes les bacté-
ridies qui s'y trouvent.
» Par un procédé que j'ai fait connaître à l'Académie de Médecine, j'ai
produit à l'intérieur de la cuisse, chez des cobayes, des vésicules charbon-
neuses analogues à la pustule maligne et, quoique cet animal soit de tous
le plus facile à tuer par le charbon, j'ai plusieurs fois, non toujours, arrêté
les progrès de cette pustule maligne par l'application d'un fer chauffé à
5i degrés C. pendant un quart d'heure.
» Ij'application, sur la peau de l'homme, d'un fer chauffé à 5i degrés C.
donne lieu à une cuisson très-tolérable et à une rougeur qui se dissipe en
quelques heures. Je puis donc espérer qu'on trouvera là un moyen de
guérir la pustule maligne, surtout au début. N'étant point douloureux et
ne déterminant aucune plaie, il pourra être employé dans les cas douteux
où le médecin hésite à pratiquer une opération très-douloureuse et qui
laisse ordinairement des traces fâcheuses.
» Cependant, avant que j'ose conseiller l'usage de ce moyen de traite-
ment, de nouvelles études sont nécessaires pour reconnaître toutes les con-
ditions qui peuvent en assurer le succès. »
BOTANIQUE FOSSILE. — Sur le cjisemenl de /'Endogenites echinatus qui fail
partie de la collecliunde végétaux fossiles du Muséum. Note de M. E. Robert.
» Les paléontologistes savent que le Muséum possède, dans ses galeries
de Géologie, un magnifique échantillon iV Endogenites echinatus, trouvé à
Vailly et donné par M. le vicomte d'Abaucourt, alors qu'il était préfet de
l'Aisne. Bien que l'on considère ce remarquable représentant de la famille
des Palmiers comme provenant des sables supérieurs à argile plastique,
il n'en était pas moins désirable de pouvoir contrôler son véritable gise-
ment. C'est ce que j'ai entrepris avec le concours éclairé de M"" L. R.,
qui a bien voulu me guider.
» Les collines qui bordent l'Aisne, entre Vailly et Soissons, sont presque
c. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N" 1.%.) gS
( 73o)
entièrement composées de sable on fie grès glaiiconifères, ce dernier deve-
nant qnelqnefois quartzenx et lustré. Ces puissantes agglomérations sili-
censes reposent sur les argiles plastiques à lignites pyriteux et supportent,
à leur tour, un calcaire marin presque entièrement formé de nnmmulites
ou de lenticulitesavec nérites, tous ces mollusques devenant accidentel-
lement siliceux lorsque la rocli£ est pénétrée par du sable qui s'est sub-
stitué à la chaux; enfin des bancs puissants de calcaire marin grossier pro-
prement dit, sur lesquels, avant le passage des eaux du grand cataclysme,
devaient s'étendre des meulières ou des silex d'eau douce, dont on ne
retrouve plus que des traces; de grandes assises de calcaire marin, disons-
nous, disloquées par la violence des eaux diluviennes ou de soulèvement,
et dont les interstices sont remplis de limon rougeàtre et de cailloux rou-
lés, parmi lesquels il y a beaucoup de quartz primitif (qnarizite), terminent
la série des divers étages occupés par le terrain tertiaire dans ce que j'ap-
pellerai le bassin de Soissons.
» Ayant été sollicités (i) à examiner avec soin les végétaux fossiles qui
couvrant les pentes rapides de l'une de ces collines, appelée, je ne sais
pourquoi , Calais, et qui s'avance comme un cap vers l'ouest, entre les pro-
fonds vallons de Vauxcelles et de Sancy, nous ne tardâmes pas à rencontrer
des débris de stipes de Palmiers, appartenant sans doute à plusieurs espèces.
Nous ne savons pas s'ils sont du même âge que le grand Endogi'nite de
Vailly, mais nous ne craignons pas d'affirmer que de véritables Palmiers
partagent le gisement des arbres dicotylédones, dont jusqu'à présent, que
nous sachions, il avait seulement été fait mention dans les sables quarizeux
glauconifères supérieurs à l'argile plastique. Nous croyons donc que c'est
définitivement un fait acquis à la science. En effet, peut-on douter que
toutes ces pseudomorphoses silicifiées (monocotylédonées et dicotylédo-
nées) sortent des flancs de la colline susnommée, lorsqu'on en rencontre
qui sont encore engagées dans une roche calcaréo-siliceuse? On peut
remarquer, d'ailleurs, qu'il y a des échantillons de bois dicotylédones en-
core revêtus de leur écorce rugueuse (silicifiée, bien entendu), et que
d'autres sont remplis de térédos, tandis que rien de semblable ne s'observe
(i) Indépendamment du tronc de Palmier, qui était le point de mire de nos recherches,
nous avions déjà été excités à les poursuivre (M"'Wathely, savante conchyliologiste, était
des nôtres dans cette circonstance), par la rencontre, dans les atterrissements de la vallée
de l'Aisne, entre Chassemy et Ciry-Sermoise, de nombreux fragments de Palmier roulés, et
surtout du tronc entier d'un Palmier, que nous rangeons provisoirement dans les Palmiers
acaules ou raccourcit en bulbe de MM. Dccaisne et Leniaout.
( 73< )
chez les Palmiers; mais la raison en est bien simple : ces derniers vt'gétanx
étant dépourvus d'aubier, les xylophages marins ne pouvaient que diffici-
lement les attaquer.
» D'autres traces végétales du même terrain offrent peut-être aussi un
grand intérêt : ce sont de nombreux moules de tiges de plantes qui ont
dû être herbacées, et dont la surface corticale était couverte d'excroissances
ou de tubercules trés-rapprochés les uns des autres, comme on en remarque
sur les liges de certaines plantes grasses (Cactées) ou sur les fruits de plu-
sieurs Cucurbitacés. »
HYGIÈNE. — De rinjliience des sulfates sur la production du goitre, à propos
d'une épidémie de goitre observée dans une caserne à Saint-Etienne. Extrait
d'une Lettre de M. Bergeret à M. Boussingault.
« Depuis 1857, j'^i ^^^ conduit à attribuer la production du goitre, à
Saint-Léger et aux environs, à la présence du sulfate de chaux dans les
eaux potables; j'ai publié un Mémoire à ce sujet, en i865, dans la France
médicale.
» En i865, je visitai Saxon-les-Bains; là je pus vérifier que l'eau gyp-
seuse était bien réellement la cause du goitre. En effet, avant i835,
tous les habitants de Saxon étaient goitreux ou crétins. Or, avant i835,
les habitants buvaient une eau qui coule sur un banc de gypse d'une
étendue de 8 à 10 kilomètres , situé à 200 ou 3oo mètres au-dessus du
pays.
1) Je transcris ici une analyse quantitative que M. le professeur Brauns, de Sion, a bien
voulu faire d'une eau que j'ai prise moi-même dans le torrent de la SatigonaïUe, au mo-
ment où elle sort, en jet, du banc de plâtre.
» M. Brauns dit : « L'eau dont vous m'avez envoyé un échantillon contient, par litre
u (looo grammes), i6'',88 de substances fixes :
Sulfate de chaux 1,02
Sulfate de magnésie Oji9
Etc. »
» En i835, les habitants de Saxon eurent l'heureuse idée d'amener
dans leur village l'eau des May eus, situés au-dessus du banc de plâtre. De-
puis cette époque, le nombre des goitreux a considérablement diminué; les
enfants ne le sont plus, et, d'ici peu, la maladie aura probablement disparu.
» J'arrive maintenantaugoître épidémique de la caserne deSaint-Étienne.
Il y on a aujourd'hui plus de deux cent cinquante cas. Ici l'eau n'y est pour
rien, car la ville a l'eau la plus pure que l'on puisse imaginer; elle est trop
( 73^ )
pure; elle ne précipite ni par les sels de baryte, ni par ceux d'argent, ni par
l'ammoniaque, etc.; les photographes s'en servent comme d'eau distillée;
c'est de l'eau de pluie qui coide sur les roches primitives du mont Pilât. La
cause de production du goitre me paraît être ici l'excès des sulfates mis
en circulation dans le sang par une déirophie musculaire exagérée, qui
a l'exercice forcé pour cause. En effet, pour que la santé d'un adulte soit
bonne, il faut que tous les jours, à la même heure, il ait le même poids,
ainsi que le fait remarquer M. Chevreul dans sa Méthode a posteriori
(p. 245). Ceci veut dire qu'il faut que les éléments anatomiques, les tissus,
les organes, en un mot, reçoivent des principes assimilables en poids égal
à celui qu'ils détruisent incessamment, pour entretenir la chaleur animale
et pour produire le travail mécanique qu'on leur impose. Si la recelte
n'égale pas la dépense, il y a consomption, anémie. C'est ce qu'on observe
sur les soldats goitreux de la caserne, qui sont soumis à un travail exagéré
et qui n'ont pas une alimentation en rajiport avec la force qu'ils dépensent.
Il y a là un phénomène qui présente une certaine analogie avec ce qui
s'est passé chez les ouvriers français lors de la construction du chemin de
fer du Nord, et plus tard dans l'usine Talabot, dans le Tarn.
» D'un autre côté, on sait que, lorsqu'un muscle travaille avec force et
continuité, ou lorsqu'il est soumis un certain temps à l'aclion d'un courant
électrique continu, ce muscle, en brûlant sa propre sîdjstance, devient
acide, et que les acides produits sont l'acide sulfurique et l'acide phospho-
rique, aux dépens du soufre et du phosphore que renferment les prin-
cipes albuminoïdes. Dans les conditions de travail exagéré, un honune a
donc en circulation dans le sang une quantité anormale de sulfates, abso-
lument comme s'il buvait des eaux plâtreuses.
» C'est ce qui a lieu chez les soldats goitreux de la caserne. M. le doc-
teur Plaisant, un des médecins militaires, a eu l'obligeance de me donuer,
à plusieurs reprises, de l'urine des soldats goitreux : 1° urine de soldais
dont le goitre débutait; 2° urine de soldats dont le goitre était à la période
d'état; 3" urine de soldats convalescents de goitre. Pour la même quantité
d'urine, dans tous les cas, j'ai mesuré, dans un long tube gradué, la quan-
tité de précipité obteiui avec le chlorure de baryum. L'urine était toujours
prise le matin, à jeun :
1° Urine normale .... 8à 10 divisions.
2° Urine du goitre au début 17 à 3o divisions.
3" Urine de la période d'état 19 à 35 divisions.
4" Urine des convalescents 10 à i5 divisions.
{ 733 )
» Ainsi c'est à la période d'état que la quantité des sulfates est maxi-
mum; il y en a 3 à 4 ft>is plus qu'à l'état normal. C'est ensuite l'urine du
début, puis celle des convalescents.
» De l'ensemble de ces faits il semble résulter que le goitre se déve-
loppe, soit que les sulfates viennent du dehors, avec l'eau ingérée, soit
qu'ils naissent dans l'organisme par désassimilation exagérée des muscles.
» Dans le goitre épidémique, le traitement se déduit rationnellement
des causes : repos, toniques à l'intérieur et à l'extérieur; réparations san-
guines, fer et chlorure de sodium; aliments d'épargne. Les iodures ne
peuvent qu'être nuisibles au début et comme préventifs; ils ne doivent être
employés qu'à la fin du traitement, si le goitre ne cède pas spontanément. »
HYGIÈNE. — Remarques de M . le baron Larrev, sur In Communication relative
à In tliyréoïditc aiguë, dite gnitrc épidémi(iuc, chez les jeunes solilnls.
« Je demande à l'Académie la permission de lui soumettre quelques
remarques au sujet de l'intéressante Conununication que vient de faire M. le
Secrétaire perpétuel, de la part de M. Boussingault,
» L'extrait de la Letire de M. Bergeret, sur Vépidémie de goitre observée
dans la caserne de Saint-Etienne, comprend deux points essentiellement dif-
férents.
» L'un se rattache à un fait général bien reconnu, de l'influence des
eaux potables mélangées de certains sels, comme les sulfates, sur la pro-
duction du goitre proprement dit. Je n'ai pas en vue ce point-là, ni par
conséquent l'action des moyens, tels que les iodures, propres à diminuer
ou même à neutraliser cette influence, en diminuant aussi ou en faisant
disparaître la fréquence du goitre endémique, uni ou non au crétinisme.
» Je chercherai encore moins à discuter l'hypothèse, peu admissible,
à mon avis, du développement, en quelque sorte spontané, du goitre par
désassimilation organique de certains tissus; et, à cet égard, la compétence
de notre éminent Secrétaire perpétuel M. Dumas semble, par un signe,
confirmer mes doutes.
» Mais l'autre point de la Lettre qu'il vient de lire soulève une question
encore nouvelle, et dont j'ai eu occasion de m'occuper, dans le cours de
ma carrière militaire; je veux parler de l'engorgement ihyréoïdien, appelé
goitre épidémique , chez les jeunes soldats. C'est surtout dans divei-ses in-
spections médicales que j'ai été à même d'en voir un assez bon nombre
d'exemples, même chez les enfants de troupe, et j'ai pu rattacher la cause
de la maladie à une cause non exclusive dans tous les cas, mais bien sj)é-
ciale et absolument mécanique.
( 734 )
» Je veux |)arlpr de la pression locale, exercée au niveau même du corps
thyréoïde par le bouton de chemise, par le col d'uniforme et par l'agrafe
de la capote. L'irritation produite par cet effet mécanique ne tarde pas à
provoquer l'irritation et le gonflement variables de l'organe glanduleux,
ainsi que du tissu cellulaire ambiant, avec plus ou moins d' œdème. Cet
engorgement, assez circonscrit, mais plus uniforme et toujours moindre
que le goitre proprement dit, persiste ou disparaît, suivant la continuité
ou la cessation de la cause locale.
» Et si cette affection se manifeste, non-seulement chez quelques indivi-
dus isolés ou à l'état sporadique, mais encore chez un certain nombre à la
fois, elle ressemble alors, en effet, à un goitre de forme ou d'apparence
épidémique, dont la cause est souvent recherchée bien loin, tandis qu'elle
peut se trouver en contact avec le cou lui-même, soumis en avant à une
pression directe.
» Les effets, d'ailleurs, en deviennent plus marqués, si, par moment ou
dans les intervalles du service, le cou, dégagé brusquement de toute en-
trave, est exposé à une suppression subite de transpiration, à des courants
d'air ou à des ablutions et à des ingestions d'eau froide, ainsi que les sol-
dats en ont la fâcheuse habitude dans les casernes.
» Mais la cause de constriclion locale peut subsister tonte seule, comme
je m'en suis assuré, notamment, dans mon inspection médicale de 18C4,
à Lyon. J'y ai trouvé la plupart des enfiints <le troupe du 9'' régiment de
ligne, au nombre de quinze ou vingt, affectés de thyréoïdite aiguë plus ou
moins développée, par l'effet seul de la compression due au col d'uni-
forme. Il a suffi d'en prescrire la suppression pour faire cesser le mal, sans
avoir besoin de recourir à d'autres moyens thérapeutiques.
» Je n'ai pas seulement signalé cette influence toute mécanique, à propos
du corps thyréoïde; je l'ai surtout observée, pendant longtemps, autrefois,
comme d'autres médecins militaires, pour l'engorgement des ganglions
cervicaux, et j'en ai fait l'objet d'un travail communiqué, en i85o, à l'Aca-
démie de Médecine (i).
» Or, sans faire intervenir les conditions générales suivant lesquelles se
manifestent, par exemple, les engorgements scrofulcux du cou, sans préciser,
non plus, les causes pathologiques, telles que les ulcérations de la bouche,
de la langue ou de l'arriere-gorge, susceptibles de déterminer l'inflamma-
(l) Mi'innirr sur l'/idrnKr ccnùciili' nhservci' iliins Icx Iiôpitmix iiiililiiire.i rt sur l't'.rtir/ia-
tiori (les tumeurs ganglionnaires du cou. [Mémoires de l'y/cadémic de Médecine, t. XVI,
i85i, 92 pages.)
(735)
lion aiguë ou chronique dos g.inglions cervicaux, nous avons constaté, par
(les fjiits multipliés à l'infini, lafréquence de cette affection dans l'armée
parune cause exclusivement locale, la compression du cou, due surtout au
col d'uniforme.
» J'ai plus particulièrement observé cet effet chez les jeunes soldats
venus de la campagne, où ils avaient le cou nu, tout à fait à découvert,
tandis qu'à peine incorporés dans la troupe ils se trouvaient astreints à
porter un col roile, étroit ou serré, à la pression duquel s'ajoutait celle
du bouton de chemise, de l'agrafe ou du collet même de la capote.
» La conclusion pratique de ce travail, à part les indications fournies
par les causes générales, était de remédier à la cause locale par la sup-
pression du col d'uniforme. Une décision du Ministre de la Guerre pres-
crivit de remplacer le col par la cravate, dans toute l'infanterie, et dès lors
les engorgements glanduleux du cou sont devenus aussi rares qu'ils avaient
été fréquents dans l'armée.
» Je crois donc, par analogie, que l'engorgement accidentel ou aigu de
la glande et de la région thyréoïdienne requiert, avant tout, une mesure
semblable, la recherche et la suppression de la cause locale de compres-
sion, sauf l'emploi réservé des moyens applicables aux causes générales et
surtovu à l'influence des eaux.
» Quant à la dénomination de goître épidémique, adoptée par quelques
observateurs, je ne saurais l'admettre, pour les cas dont il s'agit, chez les
jeunes soldais. Le goître proprement dit est une affection 5i(( generis, telle-
ment caractéristique dans son origine et son développement, que je ne
puis lui assimiler une affection toute différente, aussi simple dans son étio-
logie que bénigne dans sa terminaison. C'est [jourquoi je proposerais de
substituera cette dénomination celle de thyréoïdite simple ou aiguë, soit
sporadique, soit même épidémique.
» Les faits nombreux observés à la caserne de Saint-Etienne, par les mé-
decins de la garnison, et communiqués par M. Bergeret à M. Boussingault,
tendraient peut-être à confirmer mes remarques à ce sujet, si, à part l'in-
fluence possible, mais générale, d'un exercice forcé ou même d'une ali-
mentation insuffisante, on avait pu tenir compte des causes locales ou di-
rectes de la compression de la partie antérieure du cou, au niveau même
de la glande thyréoïde. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. D.
( 736)
BULLETIN BIBLIOtiKAPIlIQrE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i5 septembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Carte géologuiue détaillée de la France, exécutée, siu' la carie topo(jiriplii(jHC
de rÉtal-Major, par le Service (jéologique des Mines, publiée par le Ministère
des Travaux publics. Paris, Imp. nationale. Second envoi, comprenant. :
Deux planches Dn VI et Dn VII de la légende géologique générale ;
Six feuilles au , „ J) „ : Rouen (3i), Beauvais (32), Soissons (33), Evreux
(47), Chartres (64), Cliàteaudun (79);
Une planche découpes longitudinales : P/. ///(annexe delà feuille 49);
Une planche de sections verticales : PL IV (annexe delà feuille 49);
Une planche de perspectives photographiques : PL IV [annexe de la
feuille 48);
Deux planches de séries paléontologiqnes : PL III et IV (sables de
Beanchamp);
Un cahier des explications de la feuille de Paris (48);
Un fascicule du Mémoire n" i : Pa^s de Bray.
Matériaux pour la Paléontologie suisse, ou Recueil de Monographies sur tes
fossiles du Jura et des yélpes, publié par F.-J. PiCTET; VP série, 7*, 8", 9"
et lo*" liv. Genève, Bàle, Lyon, H. Georg, 1873; in-4'', avec planches.
Sur la tension superficielle des liquides considérée au point de vue de certains
mouvements observés à leur surface; par G. VaN DER MENSBaUGGHE, second
Mémoire. Bruxelles, F. Hayez, 1873; in-4".
Chemin de fer d'Orléans. Service de santé. Instruction relative aux mesures
à prendre pour se préserver du choléra et aux pr^emiers soins à donner avant
l'arrivée du médecin; j)ar le D'' T. Gallard. Paris, imp. Poitevin, 1873;
in-4''.
Que faut-il penser de iios institutions d'Iijgiène publique et de salubrité? par
le D'^Levieux. Bordeaux, Duverdier et C'% 1873; br. in-S".
De L alimentation. Conférence faite à Lyon en mars 1 868; pr/rM. A.BÉCHAMP.
Montpellier, lyp. Boehm, sans date; br. in-S". (Extrait du Montpellier
médical. )
(La iuite du BuUelin au prochain numéro,)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SGIE]NCES.
SÉANCE DU LUNDI G OCTOBRE 1875,
PRÉSIDÉE PAU M. BERTRAND.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAINTS DE L'ACADÉMIE.
HYGlÈNli DES HABITATIONS. — Nolc suv les moyens à employer pour maintenir
dans un lien donné une lempéralurc à peu près constante^ et pour modérer
dans la saison d'été la teinpéiainre des lieux habités; par le grnéral Morix.
« Il est parfois utile, pour des travaux scientifiques ou pour la conser-
vation de quelques substances ou de certains appareils, de jiouvoir main-
tenir, dans un local donné, une lempcrature aussi peu variable que possible.
» D'une autre part, lors de la saison d'été, dans les pays chauds et même
dans nos climats, l'élévation de la température intérieure des habitations
ou des lieux de réunion est une cause de malaise à laquelle il est désirable
qu'on puisse porter remède.
» Je me propose, dans cette Note, d'inditpier des moyens simples et peu
dispendieux de résoudre ce problème.
» Déjà, par l'adoption d'une disposition proposée par M. Trosca, à la
section française de la Comr.ùssion du Mètre, et exécutée en 1870 au Con-
servatoire des Arts et Métiers (i), on est parveiui, à l'aide d'un appareil
réfrigérrail à vaporisation d'éiher, du système Tellier, à obtenii' dans uiie
[l] Procès-verbaux de la Section française; 1869-1870, p. 1^.
C. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVU, N" H.) 9^
( 738 )
enceinte convenablement isolée la températnre constante de zéro, alors
même que celle de l'air extérieur était de aS degrés.
» Mais cette solution, si satisfaisante pour les expériences que la Com-
mission du Mètre doit exécuter, exige l'emploi d'un moteur destiné à faire
foncliotuier plusieurs appareils, et ne pourrait, sans une dépense perma-
nente notable et sans de grandes sujétions, être adoptée dans tous les cas.
» Jeu ai recherché xuie autre plus simple, plus économique et d'un
effet régulier, n'exigeant que fort peu de surveillance. Je crois l'avoir
trouvée, en partant de l'observation des effets suivants.
» Depuis plusieurs années déjà, le cabinet de la direction du Conser-
vatoire des Arts et Métiers, silué au rez-de-chaussée et exposé au midi,
est, pendant les journées de grandes chaleurs, maintenu à volonté à la
tem])érature de 20 ou 23 degrés, selon que celle de l'air extérieur est de
aS ou de 3o degrés.
» Il a suffi pour cela d'y déterminer, à l'aide de trois becs de gaz placés
dans la cheminée, l'introduction de 5oo à 600 mètres cubes d'air aspiré
des caves par heure.
M A l'aide d'une disposition plus simple encore, le laboratoire de M. H.
Deville, à l'École Normale, est également maintenu à la température de
25 degrés, quand celle de l'air extérieur est de 32 degrés : l'air des caves y
afflue parle seid effet de l'aspiration naturelle qu'exerce la toiture vitrée,
dont il suffit d'ouvrir quelques châssis.
» Je passe sous silence les résultats analogues obtenus en 1870 au Corps
législatif, où l'air frais, venant de galeries souterraines, était déversé près
de la voûte du plafond à 20 mètres au-dessus de son point d'entrée. Ces
résultats ont été publiés dans les Annales du Conscrvnloiie des Arts cl Métiers.
» Ce que l'on obtient ainsi, à volonté, par le seul effet d'une aspiration,
soit naturelle, soit artificielle, selon les cas, peut donc l'être aussi d'une
manière permanente dans un local convenablement disposé.
» Renouveler régulièrement l'air des lieux à assainir, en y faisant affluer, à
l'aide d'une aspiration modérée, de l'air frais à température constante, tel est
le principe simple de la solution que je propose : il me reste à montrer
qu'il est d'une application facile.
» On sait qu'à la profondeur d'environ 24 mètres la température inté-
rieure du sol est constante (i). A Paris, dans les caves de l'Observatoire, à
28 mètres de profondeur, celte température est de 1 1°, 7.
(1) QuETELET, Mcinoircs de l'Jcattcniic de Uruj elles, l. X et XI.
( 739)
» Cette profondeur, à laquelle la température ne varie pas, a été déter-
minée, soit dans le sol mèuie, soit dans des caves sèches. Dans des condi-
tions pareilles, on serait donc toujours certain de pouvoir y puiser de l'air
à la température de ii degrés environ.
)i D'une autre part, lorsqu'on opère dans des puits profonds, où le
niveau est à i5 ou 16 mètres seulement au-dessous du sol, et dans lesquels
le liquide provient parfois de nappes souterraines descendant de terrains
supérieurs où elles étaient à une plus grande profondeur, la température
de l'air devient constante à des hauteurs beaucoup moindres au-dessous
du sol, et se maintient dans le voisinage de 1 1 degrés, même dans les jour-
nées les plus chaudes de l'été. C'est ce que j'ai constaté à diverses reprises
tout récemment, et en particvdier le 24 août iSyS, par des observations
dont les résultats sont consignés dans le tableau suivant :
Observations sur la Icmpératurc de l'air à différentes hauteurs au-dessous du sol
dans un puits profond.
Hauteurs au-dessous du sol . . .
Températuies ^ en descenilant.
observées ) en remontant..
14, o
'4' o
5,5o
I 2, o
» o
7,5o
II, o
11,2
9,5o
11,0
10, 8
I i,5o
I I, o
10, 8
i3,5o
il, o
10, 8
i5,5o 16 (i)
II, o I I I Jans reau
10, 8
» La température extérieure a été de 21 à 23 degrés.
» Il suit de ces expériences que, dans des puits profonds, l'air prend,
jusqu'à des hauteurs de 7 à 8 mètres au-dessous du sol, la température de
l'eau de puits, et que celle-ci peut n'atteindre que 1 1 degrés, comme on
l'a trouvé dans des lieux secs.
» Mais il en est rarement ainsi, et, pour atteindre le but principal que
nous proposons, on devra en général tuber le puits et lui donner un fond
qui le rende étanche, en le descendant jusqu'à 24 ou aS mètres au-dessous
du soi.
» D'après ces préliminaires, on comprendra facilement que, pour satis-
faire aux conditions du problème, il suffira d'adopter des dispositions ana-
logues à celles que nous nous contenterons d'indiquer ici en termes géné-
raux.
(i) Dans les puits ordinaires, et à Paris en particulier, où l'eau provient de nappes plus
voisines du sol, la température de l'air est un peu variable : plus basse en été, elle est
plus haute l'iiiver que celle de l'air. Lorsqu'il ne s'agirait que des lieux habités, où il suffi-
rait seulement d'obtenir à l'intérieur une légère différence de température avec celle de
l'air extérieur, et où la condition de constance de cette température ne serait pas imposée,
on pourrait se contenter d'appeler l'air frais de ces puits.
96..
( 74o)
)i La salle principale, où l'on voudrait maintenir une température à peu
près constante, serait précédée d'une autre salie à peu près de înème capa-
cité, ou simplement d'un petit antichambre d'introduction : cette pièce
d'accès ferait fonction d'écluse à air pour atténuer l'effet de l'ouverture
des portes. Ces locaux auraient des murs, des plafonds et un plancher
assez épais. Leur sol en béton et les murs seraient fondés sur arceaux. Ils
seraient entourés, à une faible distance, par une enceinte isolante de même
forme, communiquant avec les arceaux et avec le fond du puits d'aérage.
» Des orifices d'évacuation, pratiqués vers le sommet du plafond de la
galle et de celui de l'enceinte, seraient en communication directe, mais
ilistincte, et au besoin tout à fait indépendante avec des tuvanx d'appel,
dans lesquels des becs de gaz, dont l'expérience ferait connaître le nombre
variable avec les saisons, seraient allumés, sous pression constante, d'une
manière permanente.
» L'air à introduire dans les locaux à assainir, dans les arceaux du sous-
sol et dans l'enveloppe, serait pris vers le fond du puits par un conduit
spécial ménagé à partir de ce puits, et auquel on donnerait le développe-
ment nécessaire.
» Le local pourrait ainsi être établi au rez-de-chaussée, au-dessus du
sol, et éclairé par des fenêtres pratiquées du côté du nord et munies de
doubles châssis, dont l'intervalle serait eu communication libre avec l'en-
veloppe isolante.
» Après avoir indiqué sommairement les dispositions générales que nous
proposons d'adopter, il ne sera pas inutile de montrer la marche à suivre
pour en proportioiuicr les parties.
» On possède fort peu de données expérimentales relatives à la trans-
mission de la chaleur à travers les corps d'une certaine épaisseur, et sur-
tout en ce qui concerne les parois des bâtiments. Quoique la loi don-
née par Newton (i) pour calculer cette transmission ait été vérifiée par
plusieurs physiciens dans des circonstances assez diverses, il est peut-être
ini peu hasardeux de l'étendre aux murs et aux enveloppes de nos habita-
tions.
» Cependant, comme les plus habiles ingénieurs qui s'occupent du chauf-
fage l'emploient depuis longtemps, nous allons essayer d'en faire l'appli-
cation à la question inverso, c'est-à-dire à celle du refroidissement de cer-
tains locaux par la circulation de l'air chaud.
(l) BiOT, Traitt- de Physique, t. IV, |). 63.8, édition de i8t(j.
( 74> )
» A cet effef, nous rappellorons que la formule de Newton, à l'aide de
laquelle on calcule le nombre d'unités de chaleur qu'une surface donnée
peut laisser passer par heure est, en appelant
T la température extérieure au local ou à son enveloppe;
T' la température intérieure;
S la surface intérieure de transmission de la chaleur;
K un coefficient constant, particulier à chaque nature de paroi et variable
avec son épaisseur,
KS (T — T') calories.
» Pour les applications, les praticiens adoptent généralement les valeiu-s
suivantes du coefficient K : murs de face d'épaisseur moyenne, R = 1,20;
planchers et plafonds, K = 0,80.
» D'une autre part, si l'on nomme
V le volume d'air à la température ^ et à la densité d= i''^, 29 à introduire
dans le local ;
T' la température intérieure que l'on veut maintenir;
c = 0,237 la capacité de l'air pour la chalein-;
le nombre d'unités de chaleur que le volume d'air V potuTa entraîner, en
passant de la température / à celle de T', sera exprimé par
Yd{T — t) o, 237 = o, 3o6 V (T' - t) calories.
» PoiH- que le passage de cet air dans le local à rafraîchir, qu'on sup-
pose inhabité, compense l'introduction de chaleur à travers les parois, il
faut que l'on ait la relation
KS(T -T') = o,3oGV(T'- 0,
d'où l'on tire
KS(T-T')
o,3o6{T'— f)'
» Cette relation montre :
» 1° Que le volume d'air à introduire est d'autant plus grand que la
température à maintenir à l'intérieur s'approche davantage de celle de l'air
introduit, et que les surfaces de refroidissement sont plus étendues : il
deviendrait infini si l'on voulait que la température intérieure T' fût égale
à celle de l'air introduit;
» 2" Que ce volume est, au contraire, d'autant plus faible que l'excès de
la température extérieure sur celle de l'intérieur est plus petit, et que les
parois sont moins conductrices de la chaleur;
( 742 )
» 3° Que, toutes choses égales d'ailleurs, ce volume d'air sera propor-
X T'
tionnt'l à la valeur que l'ou jugera couvenable d'assigner au support , _
de ces différences de température, selon les données relatives à chaque
saison et à chaque ap|)lication.
» Il est d'ailleurs évident que la détermination du volume d'air V à in-
troduire par heure devra être faite pour le cas où la température extérieure
T atteint son maximum, sauf à limiter cette introduction, selon les conve-
nances, à l'aide de registres.
» La question se simplifiera toutes les fois qu'il sera possible de sup-
poser —, = I, ce qui revient à se contenter de la valeur
T' = '^^^.
» Pour donner au moins une idée des résultats auxquels ou peut espé-
rer parvenir, cherchons à faire une application numérique de la fornude
précédente à un local donné.
» Application. — On suppose que l'on veuille résoudre la question pour
une salle de 5 mètres de largeur sur 4 mètres de hauteur, couverte par
un plancher en fer, avec hourdis en petites voûtes de briques, surmonté
d'une aire en béton de o™, 20; cette salle et son antichambre auraient en-
semble 7™, 5o de longueur, et les pieds-droits o™,6o d'épaisseur.
» Le volume total de ces deux locaux serait de i5o mètres cubes, et
leur surface refroidissante intérieure de 17? mètres carrés.
» L'enveloppe serait à o'", 5o des murs de la salle; elle serait également
couverte par un plancher en fer, avec une aire supérieure en béton. Des
arceaux en briques sous le sol de la salle permettraient la circulation de
l'air frais au-dessous de cette pièce.
)) Le volume total de l'enveloppe serait de i34'"'',76, et sa surface re-
froidissante de 267""!, 80.
f T'
» D'après ces proportions, et toujours dans l'hypothèse de— := t,
le volume d'air à évacuer et à introduire pour le rafraîchissement serait
Par heure. Par seconde.
Pour la salle intérieure 428""^ o""^, la'j
Pour l'enveloppe 700 o'""-', igS
Total 1 158""^ 0'"% 322
» Lavites.se d'appel dans le conduit d'air froid pouvant être facilement
( 743 )
de o*". 70 en i seconde, le tuyau devrait avoir un diamètre de o'°,7o; et
si la vitesse d'introduction dans le puits est réduite à o™,2o en i seconde,
pour assurer son refroidissement pendant sa circulation descendante, ce
puits devrait avoir un diamètre de i™, 5o.
» On voit que ces proportions seraient facilement réalisables.
f f
» Si maintenant nous appliquons la formule -;; = i , à laquelle cor-
respondent les valeurs précédentes trouvées pour les volumes d'air à faire
circuler dans les deux capacités, et si nous appelons respectivement T' et T^
les températures qu'on pourrait obtenir dans l'enveloppe et dans le local
principal, en les supposant d'abord établis au rez-de-chaussée, nous trou-
verons pour T = 25°, valeur exagérée, et < = 1 1° :
Dans l'enveloppe I T'^ — j i8",o
T'-f .
Dans le local principal ( T', == ) ' 4°> ^
ce qui serait très-suffisant pour la plupart des cas.
» Si l'on établissait le local dans le sous-sol, on aurait au plus T= 16",
et l'on en déduirait
T=i3°,5, et t; = i2°,25.
» On voit donc que, par les dispositions indiquées sommairement, on
pourrait facilement, dans la saison chaude, satisfaire à la condition de
maintenir dans le local supposé une température modérée et très-peu
variable.
» On peut se demander s'il n'y aurait pas avantage à supprimer l'en-
ceinte qui forme l'enveloppe, et l'application des données précédentes
montrerait qu'en effet on obtiendrait sensiblement les mêmes résultats,
quant aux températures, en augmentant convenablement la circulation
d'air dans ce local unique.
)> Mais il convient de faire remarquer que nous n'avons jusqu'ici appli-
qué la formule qu'au cas où la température extérieure était notablement
supérieure à celle de l'air puisé à 24 mètres environ au-dessous du sol : il
s'agissait alors seulement d'obvier à réchauffement intérieur.
» Or nous avons vu plus haut que le volume d'air à introduire flans ce
local, pour y maintenir une température donnée T', était d'autant plus
faible que celle T de l'air extérieur était elle-même plus basse ; et il est facile
de faire voir que, si celle-ci était égale à la température t de l'air à introduire
( 744 )
ou à [ I degrés, le volume de cet air serait complélement indéterminé, ce
qui est d'ailleurs évident de soi-même.
» Si, passant ensuite au cas où la température extérieure T serait infé-
rieure à celle < = 1 1°, que l'air du puits peut atteindre et conserver, nous
tenons compte de certains effets physiques, dont nous n'avons pas encore eu
à parler, nous arriverons à des conséquences qui mettront en évidence l'uti-
lité de l'enveloppe extérieure. En effet, supposons que T = t ~ a, et que
^ T 1"
nous raisonnions toujours dans l'hypothèse simple où ^,__ = i, on aura
alors
t — a — V
T -t ■'
d'où l'on tirera
2
par conséquent la température constante que la circulation d'un volume
KS
d'air V = — ^T ^ ''' température de 1 1 degrés, qui serait celle du puits, dé-
terminerait dans le local projeté serait inférieure à celle de cet air.
') Au point de vue des effets directs de la température sur les ohjels dé-
posés dans ce local, cela n'aurait généralement pas d'inconvénients graves,
» Mais il est une autre circonstance physique qui ne permet pas d'admettre
que, si ce lieu devait servir de dépôt pour des objets précieux et délicats, tels
que des balances et des appareils de précision, la température y devienne
sensiblement inférieure à celle de l'air qui y afflue. En effet, cet air, en se
refroidissant au contact des parois du local, y abandonnerait une partie de
la vapeur qu'il aurait dissoute, et le liquide condensé se déposerait non-
seulement sur les murs, sur le sol, mais encore sur les appareils, qui
seraient ainsi exposés à des altérations plus ou moins graves.
» Cet effet est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister. Il suit de
là qu'en toute saison la température des locaux destinés à recevoir des appa-
reils de précision doit être maintenue un peu supérieure à celle de l'air qu'on
y introduit, c'est-à-dire au-dessus de 1 1 degrés, puisque c'est par une circu-
lation d'air à cette température constante qu'on peut espérer obtenir dans
ces lieux l'uniformité approximative de température désirée.
» Dès lors, l'enceinte extérieure dont nous avons parlé devient d'une
grande utilité, attendu qu'au moyen d'a|)pareils de chauffage jiar circula-
tion d'eau chaude elle pourra toujours être maintenue à une température
peu variable et convenable pour éviter les inconvénients signalés.
( 745)
)) En résumé, on voit que la condition de maintenir dans un local
donné une température à peu piès invariable peut être satisfaite sans que
l'on soit obligé de recourir à l'emploi de caves profondes, dispendieuses à
construire et à maintenir à l'abri des infiltrations, et dans lesquelles on ne
pourrait s'éclairer que par la lumière artificielle. En adoptant les disposi-
tions proposées, on pourra, au contraire, établir ce local, soit au niveau
du sol, soit dans un sous-sol peu profond, bien aéré, 'salubre, éclairé (si
on le désire) par la lumière du jour, et dans lequel des observations pour-
raient même être faites, sans inconvénients, à une température peu infé-
rieure H celle du printemps.
» Il est évident, d'ailleurs, que les dispositions que l'on vient d'indiquer
en termes généraux pour un dépôt d'appareils de précision, qui devrait être
maintenu à une température presque constante, seraient applicables avec
bien plus de facilité encore lorsqu'il ne s'agirait que d'obtenir, dans la saison
des chaleurs, une température modérée, un peu inférieure à celle de l'air
extérieur, pour des lieux de réunion, pour des bureaux ou des habitations
privées, et même pour des magasins de conservation des substances alimen-
taires, toutes les fois que l'on pourrait puiser l'air frais dans des espaces
souterrains salubres situés à proximité.
» Pour tous les cas pareils, il ne serait plus nécessaire, comme on l'a
déjà fait remarquer, de recourir à des puits profonds, puisqu'à quelques
mètres seulement au-dessous du sol l'air est toujours suffisamment frais.
Le palais où l'Institut tient ses séances publiques ou celles des diverses
Académies présente, pour une amélioration semblable, toutes les facilités
désirables. Pour les obtenir, il suffirait de le vouloir. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur de nouveaux dérivés du propyle (suite) ;
par M. A. Caiiocrs.
« Je demande à l'Académie la permission de lui faire connaître quelques
nouvelles combinaisons éthérées qui se rattachent à la série du propyle.
» Oxalate de propjle. — Lorsqu'on distille l'alcool propylique anhydre
avec de l'acide oxalique desséché employé, soit seul, soit additionné du tiers
de son poids d'acide sulfurique, il se condense dans le récipient un liquide
incolore et limpide que l'eau sépare en deux couches. La couche supérieure,
qui est un peu plus légère que l'eau, étant lavée avec une solution de carbo-
nate de soude, puis à l'eau distillée, est desséchée sur du chlorure de calcium.
C. U,, 1873, 2« Semeslre. (T, LXXVII, N" ii.) 97
( 746 )
Le liquide étant soumis à la distillation commence à bouillir vers 85 de-
grés; mais le thermomètre monte rapidement, et la majeure partie passe
entre 2o5 et 21 5 degrés.
» Cette dernière portion étant soumise à une nouvelle rectification donne
finalement un liquide incolore très-limpide, doué d'une odeur aromatique
qui rappelle celle de l'éther oxalique, et dont la densité, peu différente de
celle de l'eau, est représentée par le nombre 1,018 à 22 degrés. Ce com-
posé, qui présente la composition de l'éther oxalopropylique, est représenté
par la formule
C*0"(C^H'0)' = C'«H'*0\
» Il bout régulièrement entre 209 et 2 1 1 degrés. Une dissolution aqueuse
d'ammoniaque le transforme rapidement en oxamide. Lorsqu'on fait agir
sur cet élher une dissolution alcoolique d'ammoniaque, en évitant de l'em-
ployer en excès, la liqueur ne se trouble pas. Soumise à l'évaporation, cette
dissolution abandonne mie belle substance cristallisée, correspondant à
l'oxaméthane. C'est Vétlier oxalopropylicjue,
cMi^AzO'cnro.
chauffé dans un petit tube, ce composé fond en un liquide incolore, puis
exhale des vapeurs qui se condensent en prismes déliés sur les parties
froides du tube.
» L'éther oxalopropylique se décompose assez rapidement au contact
de l'eau, en régénérant l'acide oxalique et l'alcool propylique, qui ont
servi à sa préparation. La décomposition est encore plus prompte lors-
qu'on remplace l'eau pure par une dissolution de potasse ou de soude.
» Carbonate de propj le. — Le sodium agit sur l'oxalatc de propylesous
l'influence de la chaleur de la même manière que sur son homologue éthy-
lique. On observe les mêmes phénomènes, et la conduite de l'opération est
exactement la même. Le produit de la réaction étant traité par l'eau, il se
sépare un liquide étliéré qui, lavé, séché sur du chlorure de calcium et
soumis à la distillation, passe, pour la plus grande partie, entre i5o et
i65 degrés. Ce produit, soumis à de nouvelles lectifications, donne finale-
ment \\n liquide bouillant entre i56 et iGo degrés, dont la densité est de
0,968 à la température de 22 degrés.
» C'est un liquide incolore et très-limpide, dont l'odeur suave rappelle
celle du carbonate d'étliyle. Bouilli avec une solution concentrée de potasse
caustique, il se dédouble avec régénération d'alcool propylique. Au contact
d'une dissolution aqueuse d'ammoniaque, il se change lentement, à la tem-
( 747 )
pérature ordinaire, en urét/tane propjiique, qui se sépare par l'évaporation
de la liqueur sous la forme de prismes magnifiques. La transformation est
plus rapide avec une dissolution alcoolique.
» Sa composition est représentée par la formule
C'*H"'0« = C*0"(C'■■H'0)^
» Salicjlate de propjle. — Ce composé s'obtient en soumettant à la dis-
tillation un mélange d'alcool propylique, d'acide salicylique et d'acide sul-
furique concentré, ces trois corps étant employés dans les rapports de 2,2
et I . Le liquide condensé dans le récipient étant traité par l'eau, il se sépare
une huile qui vient nager à la surface. On la purifie par un lavage à l'eau
chargée de carbonate de soude, qui la débarrasse d'une petite quantité
d'acide sulfureux qu'elle tenait en dissolution; on la lave ensuite à l'eau
distillée, puis on la fait digérer pendant quelques heures sur du chlorure
de calcium; enfin on la rectifie.
» L'ébullition du liquide commence à 85 degrés et se maintient pendant
quelques instants entre cette température et 92 degrés; puis elle s'élève
très-rapidement, et les deux tiers du liquide environ passent entre aSo et
et 240 degrés. Une nouvelle distillation fournit cet éther à l'état de pureté.
» Ainsi piu'ifié, le salicylate de propyle est un liquide incolore, limpide
et très-réfringent. Son odeur suave rappelle celle du salicylate de méthyle.
Sa densité est de 1,021 à 21 degrés. Il bout entre 238 et 240 degrés. Sa
saveur est chaude et aromatique. Peu sokible dans l'eau, à laquelle il com-
munique néanmoins son odeur, il se dissout en toutes proportions dans
l'alcool et l'éther.
» Sa composition est représentée par la formule
C'*H'0»C»H'0 = C=»H'^0».
» De même que ses homologues inférieurs, les salicylates de méthyle et
d'éthyle, le salicylate de propyle s'unit aux alcalis, avec lesquels ils forme
des combinaisons cristallisables. Distillé sur de la baryte, il se dédouble en
acide carbonique qui s'unit à l'alcali et en phénate de propyle qui se dé-
gage. Nous reviendrons tout à l'heure sur ce produit, qu'on peut préparer
au moyen d'un procédé plus commode.
» Le chlore et le brome agissent énergiquement sur le salicylate de pro-
pyle et donnent naissance à des produits de substitution qui cristallisent
très-bien.
» L'acide nitrique fumant, ajouté par petites portions et refroidi, traus-
97-
( 748 )
forme le salicylate de propyle en nitrosalicylate ou indigotate de propyle,
que l'eau sépare sous la forme d'une huile jaune pesante. Empioie-t-on
l'acide en excès et fait-on bouillir, on obtient une belle cristallisation
d'acide picrique ; enfin, par son contact avec luie dissolution aqueuse
d'ammoniaque, il se transforme à la longue en salicylamide.
» Je n'ai pas cru devoir pousser plus loin l'étude de ce composé dont
les analogies avec ses homologues inférieurs font prévoir quels sont les
dérivés qui pourront naître de son contact avec les réactifs.
» Pliénate de propjle. — Nous avons dit précédemment qu'en distillant
le salicylate de propyle sur de la baryte anhydre cette base se changeait
en carbonate avec formation de phénate de propyle.
» Ce composé peut s'obtenir plus facilenient et plus économiquement
en chauifant en vase clos, à une température de loo et iio degrés, l'io-
dure de propyle avec une dissolution alcoolique de pliénate de potasse. La
réaction étant terminée au bout de quelques heures, on laisse refroidir les
tubes dont on extrait le contenu. De l'eau, ajoutée à ce produit, détermine
la séparation d'une huile qu'on lave à plusieurs reprises avec de l'eau alca-
line, puis à l'eau pure; on la dessèche ensuite sur du chlorure de calcium;
enfin on la rectifie.
« Ce liquide commence à bouillir vers i6o degrés; mais bientôt la tem-
pérature s'élève à 190 degrés, et la presque totalité distille entre 190 et
195 degrés.
» Une nouvelle rectification fournit le phénate de propyle à l'état de
pureté parfaite.
» C'est un liquide incolore, très-mobile, dont l'odeur suave rappelle celle
du phénate d'éthyle. Sa densité est de 0,968 à la température de 20 degrés.
Il bout régulièrement entre 190 et 191 degrés.
» I.e brome l'attaque vivement en donnant, lorsqu'on l'emploie en excès
et que l'on fait intervenir la chaleur, un produit incolore, cristallisé en belles
aiguilles blanches.
» L'acide nitrique fumant l'attaque avec une grande énergie. Lorsqu'on
laisse tomber, en effet, cet acide sur du phénate de propyle, chaque goutte
produit un bruissement en arrivant au contact de ce liquide, qui prend
une coloration d'un brun rougeâtre en même temps que, im peu au-dessus
du liquide, apparaît contre les parois du tube une couche mince d'une
belle couleur d'indigo. En continuant l'addition progressive de l'acide, il
arrive bientôt un moment où l'action s'arrête. De l'eau versée sur ce pro-
duit détermine la séparation d'une huile brun rougeâtre plus pesante que
l'eau .
( 749 )
» Si, au lieu de s'arrêter à ce point, on ajoute de l'acide et qu'on chauffe
jusqu'à ce qu'il ne se manifeste plus d'action, à l'ébuliition, il se forme un
nouveau produit que l'eau précipite sous la forme d'une huile pesante
d'un jaune clair.
» L'acide suHurique concentré le dissout, comme ses homologues infé-
rieurs, et donne un acide copule.
» La composition du phénate de propyle est représentée par la formule
» y^zotite (le propyle. — Lorsque l'on fait passer dans de l'alcool propy-
lique, qu'il faut avoir soin de maintenir froid, un courant d'acide nitreux
provenant de l'action de l'acide azotique sur l'amidon , ces doux corps
réagissent immédiatement l'un sur l'autre. Si l'on arrête le courant, dès
que les vapeurs ne paraissent plus absorbées, on peut considérer la réaction
comme terminée. De l'eau ajoutée à la liqueur, qui est fortement acide,
détermine aussitôt la séparation d'une huile qui vient nager à la surface.
» Cette dernière étant lavée, d'abord avec une dissolution de carbonate
de soude, puis à l'eau pure, est séchée siu' du chlorure de calcium anhydre
et finalement soumise à la rectification.
» Le thermomètre, qui marque à peine /jo degrés lorsque l'ébuliition
commence à se déclarer, se maintient pendant quelque temps entre cette
température et 5o degrés. Entre ces limites, j'ai recueilli une proportion
assez notable de produit, puis la température s'est élevée rapidement à
loo degrés et s'est maintenue pendant quelque temps entre io5 et 112; il
ne restait alors dans la cornue qu'une quantité de liquide insignifiante.
M Le produit le plus volatil étant soumis à de nouvelles rectifications
distille pour la plus grande partie entre 43 et 46 degrés.
» Ce composé, qui est le véritable homologue de l'éther nitreux, dont il
reproduit les principales propriétés, et l'isomère du nitropropane, est un
liquide incolore, très-mobile, brûlant avec une flamme jaunâtre et dont
l'odeur analogue à celle de l'éther nitreux rappelle fortement celle des
pommes de reinette. Sa densité est de o,g35 à 21 degrés.
» Sa composition est représentée par la formule
AzO= )
» Quant au produit le moins volatil qui, après purification, bout entre
108 et 110, et dont je n'ai pas fait l'analyse, il paraît constituer le nitrate
de propyle. »
( 75o )
CHIMIE ANIMALE. — Quelques considérations sur le tissu jaune et l'analjse
organique immédiate ; par M. Chevreul.
« Je demande pardon à l'Académie de revenir encore sur 1 histoire du
tissu élastique jaune : ce n'est point une affaire personnelle, puisque je
n'ai aucune réclamation à adresser ni à M. Bouillaud ni à M. Bouley ; mais
il s'agit, pour moi, d'une manière d'interpréter les/aifs conformément à une
définition que je n'ai publiée qu'en i856, dans treize Lettres adressées à
M. Viliemain.
» C'est conformément à cette définition que j'ai présenté les matériaux
dont j'ai fait usage dans les écrits que j'ai pul)liés sur l'histoire de la science,
et sur riiistoire des hommes qui en ont agrandi le domaine ; et, à l'occasion
de cette Note, je prie l'Académie de recevoir comme hommage de ma pro-
fonde reconnaissance un opuscule sur l'histoire de VluUiograpItie, opuscule
qui est le développement d'une réclamation que je fis à l'Académie en
faveur de Nicéphore Niepce, et qui répond en outre à un désir exprimé par
M. le Président Fondet, de Chalon-sur-Saône, dans une Lettre adressée à
l'Académie, dont elle a bien voulu me renvoyer l'examen.
» Maintenant je reviens à la phrase qui termine la Communication de
M. Bouley.
a Voilà une opinion très nettement exprimée, ce qui ne laisse pas de
» doute dans l'esprit. Évidemment l'idée que Magendie croyait sienne
» appartient à John Hunter. 11 y a donc déjà plus d'un siècle qu'elle est
» dans le domaine de la science. »
» Au point de vue de l'histoire du tissu élastique jaune, j'ai cité Bichat
comme le premier savant qui ait distingué dans les artères un tissu particu-
lier, de couleur jaune, doué de r élasticité.
» Cette découverte a été heureusement généralisée par de Blainville, et,
dans la citation que j'ai faite d un passage de ses leçons, il avait rendu
justice à J. Hunter en disant qu'il avait entrevu le tissu élastique jaune, et
je crois qu'il n'est pas possible d'aller plus loin.
» L'importance que j'attache, au point de vue de la Chimie organique,
aux recherches de Bichat et de Blainville, c'est d'avoir reconnu les premiers
la propriété élastique dans un tissu spécial qui, jusqu'à eux, avait été con-
fondu avec tout autre.
» Et ce tissu étudié au point de vue chimique a parfaitement justifié la
pensée de ces illustres anatomistes.
» L'existence du tissu jaune élastique, ainsi démontrée par Bichat et de
{ 75> )
Blainville, est un fait que j'aime toujours à citer au point de vue de la re-
clierche des principes immédiats des êtres vivants, parce qu'il est un exemple à
imiter; ainsi^ après avoir observé une propriété notable, caractéristique, la mé-
thode conduit iobservnteur à rechercher si cette propriété peut être concentrée
dans un principe spécial.
» Or, c'est l'analyse d'un tout de nature organique qui conduit à en
répartir les propriétés diverses dans des espèces chiuiitjues que j'appelle
les principes immédiats de ce tout, qui est la base scientifique de la connais-
sance de la matière constituant les êtres vivants.
» Préoccupé, comme je le suis, du progrès de la science, et sachant
combien la précision est nécessaire dans l'observation de ce que tout le
monde appelle des faits et dans la description dont ils sont l'objet, l'Aca-
démie me permettra de lui exposer prochainement quelques idées à ce
double point de vue appuyées sur des expériences.
» P. S. — Entre plusieurs faits nouveaux que le guano m'a présentés,
je citerai l'existence d'un oxalate d'ammoniaque et dépotasse. »
« M. Boulet dit que, puisque M. Chevrenl lui fournit l'occasion de reve-
nir sur la question du rôle des artères dans la circulation, il demande à
l'Académie la permission d'en profiter pour réparer une erreur qu'il a
commise, dans la dernière séance, en attribuant à Hunter une idée que
nous pouvons revendiquer pour un savant français, qui est une de nos
gloires, Sénac, l'auteur du Traité de la structure du cœur, de son action et
de ses maladies. Cette revendication pour Sénac a été faite par la Gazette
des hôpitaux, dans son numéro du 3o septembre iSyS, et il est de toute
justice de l'inscrire dans les Comptes rendus. Voici le passage du Traité de
la structure du cœur, relahi aux forces qui agissent dans les artères.
B Les artères, qui sont si actives, sont de vrais cœurs sous une autre forme; elles ont les
mêmes fonctions, les mêmes mouvements et sont soumises au même agent. Ce sont, comme
on sait, les causes secondes et les instruments de la circulation; leurs mouvements sont des
dilatations et des contractions alternatives, qui se suivent sans cesse; le sang qui entre dans les
cavités de ces vaisseaux pousse leurs parois qui le repoussent à leur tour avec violence;
enfin un principe secret qui les anime est inhérent à leur tissu et indépendant de la volonté.
» La force attachée à ce tissu est dépendante surtout de la fibre musculaire; on a voulu
jeter quelques soupçons sur la réalité de ces fibres ; m.-iis elles sont trùs-sensibles dans l'aorte
et dans ses rameaux, mêmes. ...
" Une des causes sul«idiaires de cette force est l'élasticité; la mort même ne l'affaiblit
pas ....
» Que les fibres soient musculaires ou élastiques, elles ont de plus dans leur tissu un prin-
( l^-> )
cipe fort singulier de vie, c'est l'irritabilité, qui est le mobile secret de toutes les parties. . .;
des nerfs sans nombre se distribuent dans toutes ces fibres; voyez les plexus mésentériques,
ils embrassent de grandes artères, se divisent comme elles et leur envoient des filets, qui
les accompagnent jusqu'aux dernières divisions; or que nous annonce cet appareil? une
puissance qui domine les autres (t. II, p. igS et 194, 2" édition; Paris, i']']^). "
» On voit, par cet Extrait, que Sénac avait vu et très-nettement précisé
avant Hunter le rôle que les artères remplissent comme organes propul-
seurs du sang. »
RAPPORTS.
Rapport sur un Mémoire de M. Mannheim « Sur les surfaces trajectoires des
points d'une figure de forme invariable dont le déplacement est assujetti à
quatre conditions. »
(Commissaires : MM. Bertrand, O. Bonnet, Cliasles rapporteur.)
« Dans un précédent travail, intitulé Etude sur le déplacement d'une figure
de forme invariable, inséré dans le Recueil des Mémoires des Savants étran-
gers (*), M. Mannheim a traité diverses questions concernant la construc-
tion des normales aux trajectoires des points d'une figure qui éprouve
dans l'espace un déplacement complètement déterminé, c'est-à-dire dans
lequel chaque point de la figure ne peut prendre qu'une direction. Ce
Mémoire contient, en outre, des recherches relatives à une figure dont le
déplacement n'est pas complètement défini, sujet qui n'avait pas encore
été abordé et qui devait prendre, comme on va le voir, un grand dévelop-
pement.
» Six conditions assurent l'immobilité d'un corps, disons d'une figure
dans l'espace; conséquemment cinq conditions seulement permettent lui
déplacement, dans lequel chaque point ne peut décrire à chaque in-
stant qu'un élément linéaire; et quatre conditions seulement permettent
à chaque point de décrire une infinité d'éléments linéaires de directions
diverses et appartenant tous à l'élément d'une surface que M. Mannheim
appelle surface trajectoire du point.
» Ce sont les propriétés relatives à ces surfaces trajectoires des différents
points d'une figure douée de mouvements déterminés par quatre condi-
tions qui font le sujet principal du Mémoire dont nous avons à rendre
compte.
(*) T. XX; 1866.
( 7-" )
» Nous rappellerons d'abord quelques théorèmes, extraits de Commu-
nications antérieures de l'auteur, qui sont des préliminaires nécessaires du
travail actuel. C'est ainsi que tout s'enchaîne progressivement et laborieu-
sement dans les théories de pure Géométrie.
» Nous citerons : i° In détermination du plan oscillateur et du rajon de
courbure de la liajecluire d'un point quelconque d'une droite dont quatre points
se déplacent sur quatre surfaces données [Comptes rendus, t. LXX, p. 121 5);
2° la construction de l'axe de courbure de la surface dévelopjpable enveloppe
d'un plan qui se déplace en satisfaisant à quatre conditions [ibid., t. LXX,
p. laSg) ; 3" le lieu des centres de courbure des points d'une droite mobile dans
l'espace: courbe à double courbure du cinquième ordre [ibid. , t. LXXVI,
p. 55i); 4" '<-" ^'C" des centres des splières osculatrices des trajectoires des points
d'une droite: cubique gauche [ibid., t. LXXVf, p. 635).
» Passons au Mémoire actuel. On sait que, dans tout mouvement infini-
ment petit d'ime figure dans l'espace, les plans normaux aux trajectoires
de tous les points d'une droite G passent tous par une même droite G',
qu'on a appelée la conjuguée de G, et laquelle, considérée comme partici-
pant au mouvement de la figure, a pour conjuguée, réciproquement, la
droite G.
M Tous les mouvements infiniment petits que peut prendre luie droite G
quelconque, dont le déplacement n'est assujetti qu'à quatre conditions,
donnent lieu, chacun, à une conjuguée G'. M. Mannheim démontre d'abord
ce théorème fort important, que les normales aux surfaces trajectoires des
différents points d'une droite G s'appuient toutes sur une quelconque des droites
conjuguées G', conséquemuient sur deux droites conjuguées, et forment donc
un hyperboloide ; d'où s'ensuit que toutes les conjuguées d'une droite G, rela-
tives à tous les déplacements que comportent les quatre conditions du déplace-
ment de lafiijwe, forment un hyperboloide dont la droite G est elle-même une
génératrice du même système que ses conjuguées, les génératrices de l'autre
système étant les normales aux surfaces trajectoires des points de la droite G.
» Que l'on considère, maintenant, un point quelconque m de la figure
en mouvement, la normale à la surface trajectoire de ce point m rencontre en
deux points l'hyperboloïde dont il vient d'être question, et, conséquemmenf ,
s'appuie sur deux des conjuguées de la droite G. Or, autre fait très-impor-
tant, M. Mannheim démontre que ces deux conjuguées sont toujours les mêmes
pour tous les points de la jlgwe en mouvement.
» Ces deux droites, que l'auteur désigne par les lettres D et A, jouissent
G. R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVIl, N» 14.) 9^
( 7^4 )
nécessairement, dans les déplacements de la figure, d'nne propriété parti-
culière et caractéristique; celte propriété est que chaque point de cliarune
des deux droites ne peut décrire, dans lotis les déplacements jiossibles île la figure,
quun seul élément linéaire (au lieu d'un élément de surface) : le plan normal
à cet élément passe par l'autre droite.
» Ces propriétés remarquables forment le premier paragraphe du Mé-
moire.
» Dans le paragraphe suivant, M. Mannheim démontre diverses propriétés
des surfaces trajectoires des points d'une droite, dérivant princip;dement de
la considération de l'hyperboloïde lieu des normales à ces surfaces trajec-
toires. Nous citerons les suivantes :
» Parmi les surfaces trajectoires des points d'une droite, il j en a deux qui
sont tangentes à la droite.
» La développable, enveloppe des plans tangents aux surfaces trajectoires des
points d'une droite, est du quatrième ordre et de la troisième classe.
» Les plans normaux aux surfaces trajectoires des points d'une droite, menés
par les éléments rectilignes d'un déplacement quelconque, déterminent, dans ces
surfaces tr-ajectoirvs, des sections dont les centres de courbure sont sur une cu-
bique gauche.
» Puis M. Mannheim cherche combien il y a de points, sur une droite,
qui décrivent des trajectoires satisfaisant à diverses conditions, relatives aux
surfaces trajectoires de ces points.
» Ainsi il détermine :
» 1° Combien il y a de points, sur une droite, dont les trajectoires
soient tangentes aux lignes asymptotiques des surfaces trajectoires de ces
points;
» 2° Combien dont les trajectoires soient osculatrices aux lignes géodé-
siques des surfaces trajectoires, et dont les plans osculateurs, dés lors, soient
normaux aux surfaces trajectoires;
» 3° Combien dont les trajectoires ont leur rayon de courbure nul;
u 4" Combien dont les surfaces trajectoires ont un rayon de courbure
principal nul ;
)) 5" Combien dont les trajectoires sont tangentes aux lignes de cour-
bure des surfaces trajectoires ;
» 6° Combien dont les surfaces trajectoires ont un rayon de courbure
principal infini ;
» 7° Combien dont les surfaces trajectoires ont leurs rayons de cour-
bure principaux égaux;
( 755)
» 8° Enfin combien dont les surfaces trajectoires ont leurs rayons de
courbure principaux égaux et de signes contraires.
» Considérant les trajectoires, non plus simplement des points d'une
droite, mais de tous les points de la figure en mouvement, M. Mannheim
parvient à divers théorèmes qui étendent ce vaste sujet de recherches.
» Il nous faut citer ses résultats principaux pour donner une idée de la
nouveauté et de l'importance qu'ils comportent.
» Le lieu des points dont les trajectoires, dans un quelconque des déplace-
ments que permettent quatre conditions données, sont tangentes à des lignes
asjinptotiques des surfaces trajectoires de ces points, est une surface du troi-
sième ordre qui conlieîit les deux droites D et A et le cercle imaginaire de
l^ infini.
» Le lieu des points dont les trajectoires ont leurs plans osculaieurs normaux
aux surfaces trajectoires de ces pomts est une surface du sixième ordre, qui passe
par le cercle imaginaire de iinfmi.
» Le lieu des points dont les surfaces trajectoires ont un rayon de courbure
principal nul est la surface réglée du quatrième ordre dont les génératrices s'ap-
puient SUT les deux droites D, A et sur le cercle imaginaire de l'infini.
» Le lieu des points dont les trajectoires ont leur rayon de courbure nul est
une surface imaginaire du second ordre.
M M. Mannheim appelle point parabolique sur une surfiice un point où la
surface a l'un de ses rayons de courbure principaux infini. Il trouve que
les points d'une figure en mouvement, qui sont des points paraboliques de leurs
surfaces trajectoires, forment une surface du sixième oirlre qui passe par le cercle
de l'iiifni.
)) Enfin, le lieu des points dont les surfaces trajectoires ont leurs rayons de
courbure principaux égaux est une surface du huitième ordre.
M Et le lieu des points dont les surfaces trajeclob^es ont leurs rayons de
courbure principaux égaux et de signes contraires est une surface du cinquième
ordre.
» En terminant, l'éminent géomètre fait observer qu'en ce qui concerne
les trajectoires des points d'une droite faisant partie d'une figure en mou-
vement, il a toujours été question d'une droite quelconque; mais qu'il
y a certaines droites jouissant de propriétés particulières. Il annonce
qu'il reviendra sur ce sujet, qui lui donnera lieu de considérer aussi ce qui
se rapporte à des plans de la figure en mouvement, et particulièrement aux
surfaces trajectoires des points de ces plans, lesquelles ont leurs centres de
courbure principaux sur une surface du sixième ordre, qui présente quel-
9^"
( 75G )
que analogie avec le lieu des points dont les surfaces trajectoires ont un
centre de courbure principal sur un plan.
» Les géomètres comprendront, sans que nous ayons besoin d'insister,
toute l'importance d'un travail qui réunit dans une même théorie, abso-
lument nouvelle, en les déduisant d'un mode uniforme de démonstration,
des résultats aussi précis et aussi considérables. Nous ne saurions le recom-
mander trop vivement aux encouragements de l'Académie; et la Commis-
sion déclare, à l'unanimité, que ce Mémoire lui paraît très-digne d'être
inséré dans le Recueil des Savants étrangers. »
RIÉMOmES LUS.
MÉDECINE. — Traitement du charbon et de la pustule maligne par l'acide
phénique et le phéna te d'ammoniaque. Note de M. Déclat.
(Commissaires : jMM. Andral, Larrey, Bouley, Bouillaud.)
« La question du charbon des animaux et surtout celle de la pustule ma-
ligne de l'homme nous paraît résolue, au moins quant à ce qui est relatif
au traitement.
» On peut désormais renoncer à la méthode barbare du fer rouge, et
même à la méthode inoffensive delà cuillère chauffée dans de l'eau au-
dessus de 60 degrés; je puis, du reste, affirmer qu'aujourd'hui tous les
vétérinaires ont recours à l'acide phénique pour combattre le charbon et
suivent la méthode que j'ai indiquée dans un Mémoire présenté à l'Aca-
démie, le 2 janvier i865 [Sur l emploi de l acide phénique en Médecine),
et publiée dans un vohnne déposé à l'Académie également en i865.
J'espère que les médecins ne tarderont pas à suivre l'exemple des vétéri-
naires, surtout en présence des faits consignés dans mon Mémoire du
2 octobre 1871 et dans les documents ci-joints.
» Je prie l'Académie de vouloir bien ordonner l'ouverture de mon pli
cacheté du 3i mai i 86g et celui du 10 septembre 1870; elle verra la mar-
che qui m'a conduit à compléter ma première méthode et à la rendre, je
crois, définitive, car je puis aujourd hui conclure : 1° que le charbon de
l'homme et même celui des gros animaux guérit, presque toujours, traité au
début de la maladie; 2° que le charbon guérit très-souvent, même lorsque
l'on n'est appelé à le traiter qu'à une période avancée de la maladie.
» Le traitement consiste, pour la pustule maligne, avant qu'il n'y ait des
accidents généraux : 1" à cautériser vigoureusement et à plusieurs reprises
( 757 )
le bouton initial avec l'acide phénique pur et mieux encore avec le phé-
nate d'ammoniaque; on détruit ainsi la source de l'empoisonnement géné-
ral; 2" à faire boire de l'acide pbénique à la dose de i à 2 grammes en
vingt-quatre heures, pour un adulte, dans un sirop titré à | pour 100. Si
la maladie remonte à plusieurs jours, s'il y a de l'engoindissement, de l'en-
flure, ou une traînée rouge des lymphatiques, indiquant une intoxication,
surtout si déjà il est survenu des vomissements, il faut, en outre du trai-
tement ci-dessus, pratiquer de suite quatre injections sous-cutanées, de
100 gouttes chacune, d'une solution d'acide phénique très-pur à 2~ pour
100, et recommencer luie heure après si tous les symptômes ne paraissent
pas diminuer; si la maladie ne s'améliore pas dans les deux premières heures,
il faut faire boire le phénate d'ammoniaque, à la dose de i gramme par
jour dans un sirop titré à ^ pour 100, et faire quatre injections sous-cuta-
nées de la même substance à. 2 ~ pour 100 au plus.
» Je pense qu'il serait imprudent d'augmenter le titre des injections
sous-cutanées, quoique M. le D'' Masétig, chirurgien en chef de l'Exposi-
tion actuelle de Vienne, m'ait écrit qu'il a fait avec succès, dans un cas
d'infection purulente consécutif à un écrasement de la face, des injections
phéniquées à 5 pour 100, de manière à injecter i gramme par jour d'acide
phénique, et cela pendant huit jours : je pense qu'il vaut mieux augmenter
le nombre des injections que d'augmenter la densité. Du reste, un succès
constant me permet d'engager mes confrères à ne pas dépasser chez
l'homme le titre de 2-| pour loo.
» Quant au charbon des gros animaux, le traitement est le même; seu-
lement il faut porter la dose de la boisson de 10 à 20 grammes par vingt-
quatre heures, en solution aqueuse de -i- à | pour 100 au plus; la dose de
1 pour 100, que j'avais indiquée en i865, me paraît trop concentrée pour
les animaux nerveux, surtout pour les taureaux; il faut pratiquer des
injections à 2^^ pour 100, soit d'acide phénique, soit de phénate d'ammo-
niaque; chaque injection peut être de 100 grammes, mais il ne faut pas
dépasser la dose de 10 grammes d'acide phénique, ni celle de 5 grammes
de phénate d'ammoniaque par vingt-quatre heures. Dans un cas extrême,
on doit, au contraire, doubler et tripler au besoin.
» Sur le cheval, les injections de phénate d'ammoniaque occasionnent
des abcès. Quant au sang de rate du mouton, il ne peut être combattu
avantageusement que parle phénate d'ammoniaque en injections propor-
tionnées et en boisson.
» Je répète ici ce que j'ai déjà dit à propos du choléra : le phénate d'am-
( 758 )
moniaqiie doit être préparé au moyen du gaz ammoniacal et de l'acide
|)héuique blanc, et, de plus, la préparation doit être récente, car il se
forme assez prompteraent un dépôt noir; aussi est-il prudent de filtrer la
solution au moment de s'en servir.
» La question d'alimentation est également résolue, à mes yeux, pour
le charbon et la peste bovine : beaucoup de bœufs et de moutons atteints
soit du charbon, soit de la peste bovine ont été mangés impunément pen-
dant le siège et pendant la Commune.
» Prochainement je ferai connaître à l'Académie l'effet de l'acide phé-
nique, du phénate d'ammoniaque et de l'acide sidfo-phénique ammoniacal
sur le sang charbonneux et sur le sang septicémique. Je puis déjà déclarer
que les résultats obtenus sont en faveur de ces deux derniers produits. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
STATISTiQtlE. — Tableaux statistiques des pertes des armées allemandes d'après
les documents officiels allemands, pendant la guerre de 1 870-1 87 1 ; par M. le
Capitaine D.-H. Leclerc (i).
(Renvoi au Concours de Statistique.)
« Les tableaux statistiques des pertes subies par les armées allemandes
pendant la guerre de 1 870-1 871 ont été établis d'après les listes nominatives
de perles publiées à Berlin, Munich, Stutfgard, Dresde et Bade par les dif-
férents ministères de la guerre de ces capitales. Pour la Prusse seule, cette
publication, close en août 1871, comporte 248 listes de 1982 pages in-4*',
ne relatant que les pertes du fait de guerre.
» Ce sont ces listes qu'un de nos officiers, pendant sa captivité en
Prusse, a cru utile de reproduire sous la forme de 8000 tableaux, assem-
blés chronologiquement par mois, dans l'ordre des marches et des opéra-
tions, par batailles, combats ou sièges, totalisés par compagnies, escadrons,
batteries et régiments.
M Ce livre de chiffres donne avec clarté, dans les grandes batailles
comme dans les moindres engagements, les totaux des hommes tués ou
morts des suites de blessures, les blessés grièvement, les blessés légère-
(i) Les table.Tux iiianiiscrils de M. le capilainc Leclerc, présentés au Secrétariat pour le
Concours de ibya, en furent retires pour être livrés à l'impression. {Note du Secrétaire per-
pétuel.)
( 7^9 )
ment, les absents, prisonniers ou disparus, divisés par catégories d'offi-
ciers, de sous-officiers, de tambours, de volontaires d'un an et de soldats.
» Les officiers sont inscrits nominativement.
» Les blessures par obus, par coup de sabre, de lance, de crosse ou de
baïonnette, par petit plomb, etc., sont scrupuleusement relevées; les dis-
tances kilométriques et l'orientation des localités où il y eut bataille, com-
bat, reconnaissance, patrouille, attaques de francs-tireius, etc., sont notées
avec exactitude; des sommaires, de courtes notices sur les mouvements
d'ensemble et les mouvements partiels des armées allemandes complètent
ces renseignements; en sorte que l'ensemble des tableaux statistiques offre
des documents précieux pour l'histoire de la guerre, appuyés sur l'autorité
irréfutable des chiffres.
» Voici quelques nombres qui peuvent donner une idée de l'étendue et
de la portée de ce travail.
•» Les pertes générales de la 3* et de la 4* armée allemande opposées au
maréchal de Mac-Mahon, du 24 juillet au 3 septembre, s'élèvent à
aS/jSa tués, blessés ou disparus. Sur 2721 disparus, 322 Bavarois le sont
encore: sur 1072 officiers atteints, 298 ont été tués.
» Pendant cette même période de temps, du 24 juillet au 3 septembre,
la i" et la 2* armée prussienne, qui combattirent contre le général Fros-
sard et contre le maréchal Bazaine, perdirent à Spickeren-Forbach, le
6 août, 5o56 officiers, sous-officiers ou soldats, tués, blessés ou disparus;
le i4 août, à Borny, à l'est de Metz, en moins de cinq heures, 5o54 offi-
ciers ou soldais tués, blessés ou disparus; le 16 août, à Vionville et Mars-
la-Tour, de 9''3o'" du matin à 9 heures du soir, i49i5 officiers, sous-offi-
ciers ou soldats tués (3167), blessés ou disparus (i436); le 18 août, à
Gravelotte, Verneville et Saint-Privat-la-Montagne, de midi à 7 heures du
soir, 20675 tués, blessés ou disparus. Le chiffre des tués s'élève à 44495
parmi lesquels 292 officiers.
» Eu résumé, du 24 juillet au 3 septembre, les quatre armées allemandes
perdirent 74786 hommes, dont 2989 officiers, 61 54 sous-officiers, 749 tam-
bours ou trompettes et 217 volontaires d'un an. Dans ce total entrent
63i5 disparus, dont 323 Bavarois le sont encore.
» L'investissement et le siège de Paris, depuis le i5 septembre 1870
jusqu'au 28 janvier 1871, ont fait perdre aux corps prussiens, wurtember-
geois et saxons 11 710 officiers, sous-officiers et soldats. Dans ce nombre,
2307 ont été tués ou sont morts des suites de leurs blessures, et i465 sont
portés absents, prisonniers ou disparus; i3 le sont encore.
f -jGn )
)) Du 17 septembre 1870 au 3i janvier 1871, les troupes allemandes qui
proli'-gèrent les lignes d'investissement de Paris et marchèrent contre
Artenay et Orléans, Gien et Briare, Vierzon et Salbris, Beaugency et Ven-
dôme, Blois et Tours, le Mans et Alençon, perdirent 21694 officiers,
sous-officiers et soldats tués, blessés ou disparus. Dans ce nombre il faut
compter 876 officiers, 1737 sous-officiers, 201 tambours et clairons,
102 volontaires et 14639 soldats. Les tués s'élèvent à 3579, dont 246 of-
ficiers, et les disparus à 4i3g, dont 60 officiers. Parmi les disparus, 4oi of-
ficiers, sous-officiers ou soldats bavarois le sont encore.
» Dans la région au nord de Paris, c'est-à-dire dans les départements de
l'Aisne et de la Somme, de l'Oise, de la Seine-Inférieure et de l'Eure, les
pertes qu'eurent à subir les deux corps d'armée prussiens contre l'armée
française du Nord et contre les détachements de mobiles organisés sur la
basse Seine, depuis le 16 novembre 1870 jusqu'au 3o janvier 1871, s'élè-
vent au total de 6887 officiers, sous-officiers ou soldats tués, blessés ou
disparus. Le nombre des tués est de 938, parmi lesquels 56 officiers.
» Pendant ces différentes opérations capitulaient successivement les di-
verses places fortes de la région française envahie.
» Les pertes éprouvées par les troupes assiégeantes devant ces places
varient, sauf pour Strasbourg, Verdun et Belfort, entre 60 et 100 officiers,
sous-officiers et soldats tués, blessés ou disparus.
» Le siège de Strasbourg, avec les pertes subies par les colonnes mo-
biles en surveillance dans les Vosges, a coûté aux Prussiens 1046 officiers,
sous-officiers et soldats, dont i85 tués et 5o disparus; celui de Verdun,
271 officiers, sous-officiers et soldats, dont 4o tués et 44 disparus;
Belfort, avec les pertes subies par des colonnes mobiles vers Montbé-
liard, i55o officiers, sous-officiers et soldats, parmi lesquels 272 tués et
121 disparus.
» Dans les combats contre l'armée française de l'Est, à Villersexel le
q janvier, à Sainte-Marie le i3 janvier, dans les quatre jours de bataille
sur la Lisaine, i5-i8 janvier, dans les attaques du corps de Bressolles, au
sud de Montbéliard, dans les combats devant Dijon le 23, de Salins le 26,
Jes attaques de Chaffois le 2g, et de Pontarlier le i*"^ février, le 14^ corps
et la 5* armée allemande perdirent 458 1 officiers, sous-officiers et soldats
tués, blessés ou disparus; tués : 85o, dont 46 officiers.
» En résumé, les armée.s allemandes perdirent, du 4 octobre 1870 au
n février 1871, dans les départements des Vosges, de la Haute-Marne, de la
Côte-d'Or, de la Haute-Saône et du Doubs : 709 1 officiers, sous-officiers
( 7fi. )
et soldats. Cette somme se décompose en 1:^)51 tués, dont 68 officiers,
1 85f) blessés grièvemcnr, dont 70 officiers, et 3 106 blessés, dont 1 53 officiers.
» La récapitulation générale des pertes des armées ennemies montre
que : la première partie de la guerre, du il\ juillet au 3 septembre, a coûté
aux troupes allemandes 74 78G officiers, sous-officierset soldats tués, blessés
on disparus; et la seconde partie, du 3 septembre 1870 au 3o mai 1871,
54484 officiers, sous-officiers et soldats tués, blessés ou disparus.
» En septembre, les pertes devant Paris, Metz, Toul et Strasbourg at-
teignent 3368 officiers, sous-olficiers et soldats tués, blessés ou disparus.
» En octobre, devant Paris, Metz, Soissons et Schlestadt, avec les opé-
rations en rase campagne, elles atteignent 64^0 officiers, sous-officiers et
soldats tués, blessés ou disparus.
)) En novembre, avec les sièges de Paris, de Verdun, de Thionville et de
Neuf-Brisach, elles s'élèvent à 9107 officiers, sous-officiers et soldats tués,
blessés ou disparus.
» En décembre, avec les sièges de Phalsbourg et de Montmédy, les pertes
s'élèvent à 19297 officiers, sous-officiers et soldats tués, blessés ou dis-
parus.
» En janvier, avec les sièges de Mézières, Péronne, Longwy, Belfort et
P.itche,les combats du i"' février sur la frontière suisse et les pertes isolées
pendant l'armistice, elles atteignent 16237 officiers, sous-officiers et soldats
tués, blessés on disparus.
» La somme des sommes des pertes allemandes, du fait d'armes de
guerre seulement, du a4 juillet 1870 au 3o mai 1871, est de 1292^0. Ce
total se décompose ainsi : 5i 53 officiers, dont 1379 tués ou morts des suites
de blessures avant le i*''mai 1871; 1 1 ngS sous-officiers, dont 2454 tués ou
morts des suites avant le i^'' mai 187^, r202 tamboius, musiciens ou trom-
pettes, dont 227 tués; SgS volontaires d'un an et 96425 soldats, dont
19100 tués ou morts des suites de blessures avant le 1'='' janvier i87t
(dans ce nombre ne sont pas compris 11 69 Bavarois morts des suites de
blessures, ni les 715 décès expliqués ailleurs) et 14780 disparus, absents
ou prisonniers, parmi lesquels 3 officiers et 4o23 sous-officiers et soldats
qui sont encore absents (1872).
» L'ensemble général des décès (tués, morts des suites, disparus ou
morts de maladies) dans les armées allemandes (contingents de l'Allemagne
du Sud compris) est de 4499*^^ officiers, sous-officiers et soldats.
» Les contingents entrent dans le total des hommes tués, blessés ou dis-
C. R.,1873, 1" Semestre. (T. L\XVI1, N" |/<.) 99
( 76'^ ) ■
parus : la Bavière pour 16 388; le Wurtemberg pour 263 1; Bade pour 3385;
la Saxe pour 6858; la Hesse Grand-ducale pour 2214.
» Le pour cent des pertes, du fnit d'armes de guérie, comparé à l'effectif
des officiers, des hommes de troupe et des non-combattants fournis par les-
dits contingents, entrés en France, est, pour la Bnvière, de 16, 3; pour le
Wurtemberg, de 9,5 ; pour le duché de Bade, de i3,4; pour la Saxe, de
i5,8; pour la Hesse grand-ducale (25'' division), de il\,5.
)) Les affaires dans lesquelles ces contingents ont éprouvé le plus de
pertes sont : ceux de la Bavière, à Baseillos, Coulmiers, Orléans et Beau-
gency; ceux du Wurtemberg, à Champigny; ceux du duché de Bade, dans
l'Est; ceux de la Saxe, à Saint-Privat-la-Montagne et à Sedan; ceux de la
Hesse, à Verneville, le 18 août.
» L'inspection des pertes par compagnie fournit la conclusion du tra-
vail présenté par M. le capitaine Leclerc.
» Dans la première partie de la guerre, le chiffre des pertes d'un grand
nombre de compagnies est compris entre 100 et 170; dans la seconde par-
tie, en janvier surtout, ce même chiffre n'est plus compris qu'entre 10 et -yO.
L'opiniâtreté, les aptitudes militaires ne s'improvisent ni ne se comman-
dent; et les plus généreux élans, sans la direction qui conduit et la dis-
cipline qui tempère, ne peuvent prévaloir contre l'art et la science dans
les guerres modernes. »
« M. Lakhey, après l'analyse donnée par M. le Secrétaire perpétuel,
de cette Communication sur les pertes des armées allemandes dans la der-
nière guerre, annonce à l'Académie que M. le docteur Chenu, ancien mé-
decin principal des hôpitaux militaires, bien connu par ses travaux sta-
tistiques sur les campagnes de Crimée, d'Italie, etc., s'occupe, depuis deux
ans, de la publication, plus considérable encore, des documents relatifs
aux diverses catégories des hommes tués, blessés, amputés et pensionnés,
morts de blessures ou de maladies et disparus, dans les armées françaises,
pendant la désastreuse période de i8'7o-i87i. »
MÉDECINE. — Infarctus sanguins sous-cutanés du choléra et des maladies
septicémiques; par M. Iîouciiut. (Extrait par l'autcin-.)
(Commissaires : MM. Cloquet, Robin, Boudiaud.)
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie des recherches nou-
villes sur l'auatomif pathologique du choléra et quehpies maladies sep-
( 763 )
ticémiques. Il s'agit de la présence d'infarctus sanguins ou embolies capil-
laires sous-cutanées des membres supérieurs et inférieurs, produits par la
thrombose cardiaque et quelquefois par l'endocardite végétante valvulaire.
» Voici les conclusions de ce travail, qui repose sur quarante-cinq ob-
servations :
» 1° Des infarctus hémorrhagiques se produisent sous la peau et dans
les interstices musculaires chez les enfants atteints de choléra, de diphté-
rite, d'angine couenneuse, de croup, de scepticémie lyphoïde ou puru-
lente, et même de quelques maladies aiguës inflammatoires.
» 2" Les infarctus hémorrhagiques sous-cutanés du choléra, des mala-
dies aiguës septicémiques ou inflammatoires, ont de a à 12 millimètres de
diamètre et se révèlent par une tache bleuâtre ou violacée du tissu cellu-
laire, visible à travers la transparence de la peau.
» 3° Ces infarctus sous-cutanés sont toujours accompagnés d'endocar-
dile végétante valvulaire e! de thrombose cardiaque, avec dépôts fibrineux
sur les valvules et sur les colonnes charnues du coeur.
» 4" Il est probable que les infarctus sanguins sous-cutanés résultent
d'embolies capillaires artérielles, mais cela est impossible à démontrer.
» 5" Ces infarctus apoplectiques peuvent quelquefois suppurer et don-
ner lieu à des abcès sous-dermiques.
» 6° Des infarctus hémorrhagiques semblables existent presque toujours
dans les poumons, où ils amènent de l'infiltration purulente et de petits
abcès.
» 7° On rencontre aussi, mais plus rarement, ces infarctus dans le foie,
dans les reins, dans les muscles et dans le tissu conjonclif intermuscu-
laire.
» S'* Aux infarctus apoplectiques disséminés de la peau et des viscères,
il faut joindre le purpura, qui est rare, la leucocylhose aiguë, qui est très-
commune et qui accompagne les cas graves, enfin la dégénérescence grais-
seuse des reins, accompagnée d'albuminurie.
» 9" Les infarctus apoplectiques sous-cutanés n'ont rien de spécial au
choléra ni à la diphtérite, car ils existent dans la septicémie typhoïde grave
et dans la résorption purulente.
» 10° La recherche de ces infarctus pendant la vie est très-utile sous le
rapport du pronostic; car, en indiquant la mort probable, elle peut servir
à empêcher l'emploi de médications hasardeuses, ou d'opérations qui n'au-
raient aucune chance de succès. »
99-
{ "M )
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Assainissement des terrains inaiéccujeux
/^fl/- /'Eucalyptus globulus; par M. Gimbeiit. (Extrait.)
(Keuvoi au Concours des prix de Médecine, fondation Montyon.)
« D'après des documents qui nous parviennent de tous côtés et des
sources les plus sérieuses, il paraît acquis à l'hygiène et à l'agriculture que
la fièvre iiiteraiittente disparaît là où prospère VEucalyplus fjlolndus. Un
arbre qui pousse avec une rapidité incroyable, qui peut absorber dans le
sol dix fois son poids d'eau en vingt-quatre heures, qui répand dans l'atmo-
sphère des émanations camphrées antiseptiques, devait à coup sûr jouer
un rùle très-important dans l'assainissement des contrées miasmatiques.
Grâce à ces propriétés singulières, il était capable de pomper directement
et rapidement l'eau des marécages superficiels, de prévenir les fermenta-
tions qui s'y produisent et de paralyser, par ses effluves, les miasmes ani-
malisés qui pouvaient en provenir. Ces prévisions, énoncées en 1869 (i),
se réalisent tous les jours. 11 suffira de relater ici quelques-uns des
nombreux résultats d'assainissement produits par ce végétal pour con-
vaincre le lecteur.
» Les Anglais ont fait les premiers essais de plantations assainissantes
dans la colonie du Cap. En deux ou trois années, ils ont changé les con-
ditions climatériques et l'aspect des régions insalubres de leur possession.
» Quelques années après, les Algériens répandirent VEucalyplus dans
notre Afrique. Voici quelques-uns des résultats obtenus.
« A 32 kilomètres d'Alger, à Pondouk, dit M. Trottier (2), je possédais une projiriélé
dont riiabitalion se trouvait près de la rivière llaïuyxo qui, par ses eaïaiiations, dounait
chatiue aunèc la fièvre paludècuue aux lèniiiers et à leurs serviteurs. Au priutenips de
l'année 1867, je plantai sur celle ferme i3ooo Jiucrilj/Jtus globulus; en juillet 1867, époque
où les fièvres commencent à sévir, les fermiers eurent une immunité complète. Les arbres
cependant avaient à peine 2 ou 3 mètres d'élévation. Depuis lors, la population sédentaire
a été exemple de fièvres. »
» La ferme de Ben-Machydlin, dans les environs deConslantine, était, il
y a quelques années, réputée par son insalubrité (3) ; elle était couverte de
marécages en hiver et en été. Aujourd'hui tout cela a disparu, i/jooo pieds
d'Eucalyptus ont desséché complètement le sol en cinq ans; ils répandent
(1) ISalUlin de la Socictc des Sciences de Cu/i/ies; i86y.
(2) Extrait d'une lettre que Rl.ïrotlier a bien voulu m'écrire, le 19 novembre 187a.
(3) llouviiRtL-WAïKL. i!<«//c/(« de la Socictc d'Jccliinalation; 1872.
(-765)
constammeiil dans l'atmosphère des vapeurs aromatiques. Les fermiers
n'ont plus la fièvre; leurs enfants sont brillants de santé et de vigueur.
» L'usine du Gué de Constantine était entourée d'un marécage dont
les émanations pestilentielles rendaient le fonctionnement de l'établissement
impossible pendant l'été. M. Saulière eut l'idée de semer dans ces mares
une grande quantité d'^Hca/j/j/ui; en trois années, 5 hectares de sol bour-
beux se sont conveitis en un magnifique parc. Les eaux ont été littérale-
ment bues par les arbres, et les ouvriers n'ont plus la fièvre.
» La même révolution hygiénique s'est opérée, par suite de grandes plan-
tations à'EucatjplLis (jlobulus, dans la ferme de la Maison-Carrée, située dans
ces parages, et dans laquelle les habitants succombaient à l'impakidisme.
« Ces grands et rapides succès sont consignés dans un Rapport fait par
un jury agricole, et ne sont point, par conséquent, le fait d'une illusion
personnelle.
» Des propriétaires de Cuba, auxquels nous devons accorder toute
créance, nous ont affirmé que, dans les régions malsaines de l'île où l'on
plante V Eucalyptus depuis quelques années, on voit les maladies palu-
déennes ou telluriques disparaître.
» Au dire de E.amel, l'Australie est salubre là où prospère VEucalyplui,
morbigène dans les parties où l'arbre n'existe pas.
» Sur les rives du Var, il existe, à l'entrée du pont du chemin de fer,
une maison de garde-barrière voisine de terrassements, de colmatages, que
l'on avait dû faire lorsqu'on endigua la rivière pour bâtir le pont. Cette
maison était meurtrière; toutes les années, on était obligé de changer les
gardiens, dont riai|)aludisme ruinait la santé. M. Villard, ingénieur de
cette section du chemin de fer, fit planter, il y a deux ans, quarante arbres
dans le voisinage de l'habitation ; dès cette année, les employés de la voie
furent préservés de la fièvre et, depuis lors, ce poste est un des plus sains
de la contrée,
» Cet exposé nous dispense de faire ressortir toute l'importance de pa-
reils résultats, et nous serions heureux si nous pouvions provoquer de
la part des particuliers ou du gouvernement des applications de ce pro-
cédé d'assainissement, »
( 7^6 )
AGKlCULTURE. — Études sur le Phylloxéra ; par M. Max. Cornd.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« I^e Phylloxéra qui vit sur les racines des vignes et celui qui vit aux
dépens des feuilles constituent une seule et unique espèce. En transpor-
tant le second à l'état de jeune ou à l'état d'œuf sur les racines, on le voit
se développer, acquérir des tubercules, comme MM. Planchon et Signoret
l'ont vu et comme j'ai pu le constater moi-même. 11 produit, en outre, sur
les radicelles, comme le Phylloxéra des racines, ces renflements spéciaux
qui pourrissent ensuite et occasionnent enfin, mais plus ou moins rapide-
ment, l'inanition et la mort de la vigne. J'ai insisté sur ce point [Comptes
rendus du ii juillet dernier). Ainsi, les deux formes radicicole et gallicole
peuvent dériver, la première de la seconde; l'expérience directe que j'ai
répétée encore ces jours-ci le prouve sans réplique ; c'est uii fait qui doit
être considéré comme hors de doute. Les différences qui existent entre ces
deux formes sont, du reste, assez faibles, ainsi que je l'ai montré dans ma
dernière Lettre, puisqu'elles ne portent que sur des caractères variables
dans la même forme.
» Mais une objection très-grave, au preoiier abord, peut être opposée à
cette affirmation. Comment se fait-il que les galles soient si rares dans nos
vignes? Et pour bien montrer toute l'étendue de cette objection, je vais
la développer un peu.
» On ne rencontre en Europe ces galles phylloxériennes que dans quel-
ques serres, en Angleterre, où M. Westwood les observa dès i863, et en
France, chez M. Laliman, où elles furent trouvées en juillet 1869. M. Plan-
chon en trouva à Sorgues, à la même époque, sur trois pieds d'un cépage
qu'il rapporta au Tinto. Ainsi, en France, Bordeaux et Sorgues sont les
deux seules localités où les galles aient été produites naturellement. Dans
le premier cas, elles se présentent chaque année sur des cépages améri-
cains, c'est-à-dire dérivés de vignes autres que le Filis vinifera. Dans le se-
cond cas, il n'est pas impossible que ces trois pieds appartiennent à une
vigne américaine. En effet, ce cépage fut montré à M. H. Mares, ampélo-
graphe habile, et, malgré son propre examen et les connaissances réunies
de diverses personnes, il ne fut pas possible de le déterminer avec cer-
titude. Il se rapprochait du Tinto; mais on sait que les vignes américaines
se rencontrent parfois disséminées dans nos cultures, où l'on en a introduit
depuis plus de quarante ans dans un grand nombre de localités; certaines
d'entre elles, et notamment le Vitis vulpina, sont très-semblables comme
( 7^7 )
port au Fiiis vinifera^ et les dérivés peuvenl être confondus avec des variétés
indigènes. Quoi qu'il en soit, du reste, ces trois pieds ne furent pas retrou-
vés, et l'on ne rencontra plus de galles à Sorgues. En dehors de cette saule et
unique fois, on n'en a jiunais rencontré dans riiniucnsepérimètie (i million
d'hectares) qui circonscrit la partie envahie par le parasite dans le midi
de la France.
» Disons encore que, dans le cas où l'on a obtenu des galles sur des
vignes européennes, ce fut toujours dans des expériences spéciales, par le
moyen de Phylloxéras tirés d'autres galles.
» Ainsi donc on peut se demander, l'identité des deux formes radici-
cole et gallicole étant établie rigotu'eusement d'ailleurs, pourquoi l'on
n'observe de Phylloxéras des galles que dans une localité uniijue et circon-
scrite de la France. Telle est l'objection présentée dans toute sa force.
» Voici ce que l'on peut répondre.
» Les galles ne se rencontrent naturellement que sur les cépages amé-
ricains (sauf le cas unique et douteux d'ailleurs de Sorgues); mais il faut
se garder de croire qu'elles y soient communes, même dans les terrains
envahis. Chez M. Laliman, on n'en observe ni sur tous les pieds de la
même espèce ou de la même variété, quand bien même ils sont situés
côte à côte (exemple : Isabella, Catawba, Fokalon dérivés du Vitis labrusca)
ni tous les ans sur le même pied. Un Fokalon qui, l'an dernier, était chargé
de ces galles et divers cépages rapportés au Fiiis cordifolia, sur lesquels j'en
ai récolté l'an dernier, n'en présentent aucune cette année. Des Isabella
meurent sous l'action du parasite sur leurs racines, et leurs feuilles n'en
offrent aucune trace. Divers pieds de Clinton { Fiiis riparia) croissant non
loin les uns des autres ou d'individus d'une autre espèce couverts de
galles en sont les uns exempts, les autres entièrement couverts. Ces varia-
tions s'observent également en Amérique et sont connues depuis l'origine
de l'élude du Phylloxéra; de sorte que, en résumé, on peut dire que, si le
Phylloxéra se montre exceptionnellement sur les feuilles de vignes euro-
péennes, il est loin de se présenter constamment sur les vignes américaines
elles-mêmes; son apparition semble y être très-irrégulière et les conditions
qui la déterminent ne sont pas encore connues. Ajoutons encore que la
présence de l'insecte sur les feuilles n'exclut en rien sa présence sur les
racines, ainsi que nous l'avons vérifié ces jours-ci avec M. Laliman en com-
pagnie de M. Durieu de Maisonneuve, l'habile directeur du Jardin des
Plantes de Bordeaux .
» Les personnes qui ont obtenu des galles sur les cépages européens
sont au nombre de irois seulement.
( 7«8 )
» M. le D'^Signoret qui le premier, en 1869, les fit développer en dépo-
sant des jeimes d'nntrcs gnlles sur les feuilles du chasselas.
» M. Laliinan les observa sur un nialbec (cépage du Bordelais) qui
entrelaçait ses rameaux avec ceux d'ini Fitis conlifolia. Ce fait fut signalé
à l'Académie au mois de septembre dernier par M. Dticlaux et moi.
» M. Balbiani les obtint, cette année, sur un cliasselas en déposant des
pucerons des galles sur les feuilles non adultes; les jeunes, issus de ces
nouvelles galles, servirent à obtenir une deuxième génération de galles.
» M. Laliman, cette année même, les a fait développer sur im chasse-
las de son jardin en déposant, sur les rameaux, des feuilles chargées de
galles.
n Ce sont les seuls exemples que je connaisse. Ainsi le Phylloxéra des
feuilles peut se développer sur nos cépages; mais on doit se garder de
croire que l'expérience réussisse toujours. En ce qui me concerne, je n'ai
pas été très-henreux et je n'ai pas été le seul dans ce cas. J'ai fait des essais
divers qui n'ont pas abouti; mais une expérience faite avec soin, quel
qu'en soit le résultat, comporte toujours un enseignement; je demande
la permission de citer les miennes. On verra que les insuccès nombreux ne
m'ont pas découragé, et, de tout cela, il pourra sortir une conclusion de
quelque utilité.
» J'ai d'abord employé des insectes provenant de galles de cépages amé-
ricains comme les observateurs cités plus haut.
» Je me suis d'abord adressé au f^ilis vinifcra ; je rapporterai en une
seule fois mes tentatives qui furent faites du mois de juillet au mois d'oc-
tobre sur des plantes ou des bourgeons en pleine végétation.
» Je déposai dans un bourgeon à peine débourré des œufs nombreux;
je plaçai à plusieurs reprises, sur des feuilles tendres et délicates, un
grand nombre d'insectes jeunes et agiles (de vingt à quarante), sans aucun
succès.
» J'ai répété l'expérience à l'air libre dans une chambre à l'abri du
vent, à la lumière diffuse, aux rayons ardents d'un soleil intense; les in-
sectes ont abandonné les feuilles jeunes ou adultes sur lesquelles ils avaient
été déposés un à un. Cet insuccès fut d'autant plus étonnant que l'une
des expériences fut faite sur le même cépage, avec le même mode d'opéra-
tion, les mêmes matériaux (il avait bien voulu les partager avec moi) que
M. Balbiani; il réussit et j'échouai. Le D'' Siguoret, auquel je rapportai ma
mésaventure, en m'en étonnant, me raconta que lui-même, qui avait le
premier obtenu artificiellement des galles, n'avait pas été plus heureux que
moi cette année.
( 769)
» Je répétai des expériences analogues sur des vignes américaines, et tout
d'abord je croyais devoir réussir aisément; il n'en fut pas ainsi.
)) Sur le Filis rupestris, Engelmann, je choisis une branche en bel état de
développement, je notai trois feuilles longues, l'une de 2 centimètres,
l'autre de 3^ centimètres, et la troisième de 4'',20. J'y déposai trente-trois
jeunes : au bout d'une heure, ils avaient quitté les feuilles ; je recommençai
avec les mêmes feuilles, avec d'autres prises à une autre branche, à plusieurs
jours d'intervalle, sans obtenir qu'un seul insecte s'y fixât.
M Je joins à cette Note un croquis qui montre l'état dans lequel se trou-
vaient les feuilles mises en expérience.
» La même opération fut répétée avec le Filis caiiescens, Engelm., le
Fitis vulpina, le Fitis conlifolia type, et la variété du précédent, érigée main-
tenant eu espèce, le Filis riparia, et sur chaque espèce, malgré des essais
réitérés, elle n'eut aucun résultat. Il en fut de même pour une vigne récem-
ment apportée d'Amérique, dont le pépiniériste ne put me dire le nom,
mais qui iloit être rapportée au Filis labrusca ou au F. œsliuatis, si difficiles
à distinguer en l'absence des fruits.
» Ainsi, quoique j'aie recommencé jusqu'à trois ou quatre fois sur des
plantes, dont quelques-unes offrent généralement des galles en Amérique
{F. cordifolia type, et F. riparia), quoique j'y aie répandu un grand
nombre d'insectes à plusieurs reprises, je n'ai obtenu aucune galle.
» J'ai enfin obtenu un succès dans les circonstances suivantes. M. La-
liman m'avait montré un magnifique raisin rose d'un goût fort agréable,
le delawarre, qui est rapporté au Fitis œstivalis.
» J'en remis quelques graines à M. Durieu de Maisonneuve, directeur
du Jardin public à Bordeaux; il voulut bien les semer en octobre 1872 : il
en provint, au mois de juin dernier, quatre petites plantes qui ont au-
jourd'hui cinq à six feuilles, dont les plus longues ont 5 i centimètres et
sont larges de 6 | centimètres environ. Leur forme rappelle surtout le
P^. cordifolia.
» Le 17 septembre dernier, je déposai, sur une feuille jeune encore et
luisante, soixante-cinq jeunes des galles, tous agiles ; le lendemain, je n'en
retrouvai qu'un petit nombre, moriset desséchés à la surface de cette feuille.
J'avais mis, en outre, une feuille chargée de galles en contactavec une feuille
jetnie encore; je fis des deux un petit rouleau et je les introduisis toutes
les deux, ainsi disposées, dans un tube étroit qu'elles remplissaient com-
plètement, et je les laissai ainsi ensemble de quatre à cinq jours : les
G, R., 1873, 2» Semescre. (T. LXXVII, N» ii.) I OO
( 77" )
jeunes se répandirent sur les parois des tubes et allèrent où bon leur
sembla.
» Je crus d'abord à un insuccès, car rien ne se développa sur les feuilles
mises en expérience, mais, le 3 octobre, après seize jours, j'aperçus, siu' luie
feuille presque adulte, quatre galles dont une seule avec un insecte (les
trois autres avaient été abandonnées probablement, comme cela se voit
quelquefois), et sur une feuille très-jeune, longue de 6 millimètres, deux
galles en bel état se sont développées.
» On peut remarquer la disproportion qu'il y a entre le nombre des
galles produites (6) et celui des insectes déposés (65) et de ceux qui durent
naître des œufs nombreux renfermés dans les galles mises en expérience.
Ainsi j'ai obtenu une série d'insuccès complets avec les cépages européens,
dans des circonstances identiques en apparence avec celles qui donnèrent
des résultats heureux à M. Balbiani. J'ai eu aussi une série d'échecs avec les
cépages américains sans que je pusse en remarquer la raison. Quoique des
expériences négatives ne prouvent pas grand' chose d'ordinaire, il semble
bien ressortir de là que la production des galles n'est pas aussi facile à ob-
tenir qu'on pourrait le supposer au premier abord et qu'elle exige un con-
cours de circonstances encore à déterminer.
» Quant à la production des galles par le moyen des insectes des racines,
elle n'a été obtenue par personne que je sache; les essais tentés jusqu'ici
par moi dans ce but n'ont pas encore réussi.
» J'ai opéré sur l'aramon, cépage de l'Hérault, en avril, sur le chasselas,
de juillet à octobre, pour les vignes européennes; sur les Fitis vulpina,
V. cordifolia, le Vilis rupestris et le F. canescens.
» J'ai même, dans bien des cas [Vilis œstivalis ou Labrusca, dont j'ai parlé
plus haut), enfermé des racines couvertes d'œufs, de jeunes, de mères
pondeuses, dans un flacon fermé avec un bouchon coupé en deux; le bour-
geon terminal et les feuilles jeunes y furent placés; le tout fut mastiqué
avec du suif pour empêcher les jeunes de s'échapper. Le flacon fut aban-
donné plusieurs jours dans cet état. Il n'y eut aucun développement.
y» Ce qui vient d'être dit explique ou, du moins, montre pourquoi les
galles sont rares sur les cépages américains eux-mêmes. Cette rareté n'in-
firme en rien l'identité, parfaitement établie d'ailleurs, de la forme radici-
cole et de la foj'me gallicole du Phylloxéra vaslalrix. Les insectes paraissent
se fixer peu volontiers sur les feuilles. »
( 771 )
VITICULTURE. — Effets que le sulfure de carbone, employé pour détruire le
Phylloxéra, paraît exercer sur In vigne. Lettre de M. Lecoq de Boisbau-
DRAN à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les craintes que vous m'exprimiez, il y a quelques mois, au sujet de
l'envahissement probahle des Charentes par le Phylloxéra, n'étaient que
trop fondées : l'insecte destructeur a été trouvé dans nos environs il y a cinq
semaines. Quand j'ai écrit à ce sujet à l'Académie, je n'avais encore pu
visiter que des terrains argileux et argilo-sableux appartenant au cru dit
des Borderies : j'ai, depuis lors, reconnu la présence du Phylloxéra dans
les sols crayeux du cru désigné dans le pays sous le nom de Grande-
Champagne. Les renseignements qui me sont parvenus des autres points
de la contrée montrent que le Phylloxéra a commencé son oeuvre en
beaucoup d'endroits. Les progrès du mal ont été très-grands pendant le
mois dernier. Au lieu de quelques hectares, ce sont maintenant des dizaines
d'hectares qui sont totalement détruits dans la seule partie de la com-
mune de Cognac située sur la rive droite de la Charente.
» Il a été fait, chez M. Thibaud (en présence de M. Maxime Cornu), une
expérience sur le traitement par le sulfure de carbone. Voici les résultats
constatés au bout de dix-sept jours.
» Toutes les feuilles des ceps traités sont complètement sèches (i), mais
encore attachées aux branches, lesquelles sont néanmoins vertes à l'inté-
rieur. L'aspect des racines n'a pas paru modifié : seulement, il a été impos-
sible à trois observateurs (M. Thibaud, M. G. Kandratowicz et moi) d'y
découvrir un seid Phylloxéra; il y en avait cependant beaucoup sur ces
plants avant l'expérience, et l'on en trouve des quantités considérables sur
les racines des ceps voisins non traités. Les insectes ont donc été tués ou
chassés; dans le premier cas, ils auraient subi une prompte décomposition.
» On verra si les vignes traitées pousseront au printemps; en ce mo-
ment, elles ont fort triste mine. Dans tous les cas, la dépense de ce traite-
ment dépasserait tellement la valeur de nos récoltes, qu'd ne deviendrait
applicable que si l'on découvrait une autre vapein- toxique, beaucoup plus
économique. M. Thibaud a bien voulu se charger d'exécuter, chez lui,
quelques essais avec les substances que je lui désignerai, m
(ij On avait traité des ceps attaqués à divers degrés, et par conséquent dont les uns
, avaient peu et les autres beaucoup de pampres.
loo .
( 772 )
M. A. RoussiLLE adresse une Note sur les ravages que pourrait exercer
le sulfure de carbone, employé pour détruire le Phylloxéra, sur la vigne
elle-même.
Les expériences de l'auteur ont porté sur des buis et sur un poirier, qui
étaient envahis par des pucerons, et qui ont été tués, en même temps que
les insectes, par le sulfure de carbone.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Gagnât adresse une Note relative à l'importance de la fumure, com-
binée avec l'emploi des insecticides, pour combattre le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. Peixekin soumet au jugement de l'Académie une Note sur une
machine à gaz.
(Commissaires : MM. Morin, Tresca.)
M. Ch. Gros adresse une Note relative à l'étude des couches ligneuses
annuelles que présente la coupe des arbres exogènes.
(Commissaires : MM. Brongniart, Ducbartre, Trécul.)
?T. E. DucHEMiN adresse une Note intitulée : « De la boussole circulaire
et de son aimantation; système de compensation appliqué aux compas de
la marine ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. H. GiKAiiD adresse une Note relative à l'emploi de matelas à air,
propres à être étendus sur le sol, près des édifices incendiés, pour recevoir
les habitants des étages supérieurs.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. RoMANowsKi adresse des remarques concernant la cause et la nature
du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Rréant.)
M. A. Braciiet adresse de nouveaux documents sur les perfectionne-
ments à apporter au microscope.
(Renvoi à la Commission du prix Tréniont.)
( 773 )
M. A. Bouvet adresse une Lettre relative à ses Communications sur les
aérostats.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. Pir.HE adresse une Note relative à un système de représentation
graphique des observations météorologiques.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Ch, Sainte-Claire Deville.
Un Acteur anonyme adresse, par l'entremise de M. Plu Joiirde, un Mé-
moire sur un propulseur destiné à augmenter la vitesse des navires à
voiles.
On fera savoir à M. lourde que l'Académie, ne pouvant examiner les
travaux anonymes, attendra, pour prendre connaissance de ce Mémoire,
que l'auteur se soit fait connaître.
CORRESPONDANCE.
L'Institut impérial des Mines de Saint-Pétersbourg invite l'Académie
à vouloir bien se faire représenter par l'un de ses Membres au Jubilé du
centième anniversaire de sa fondation, qui doit avoir lieu le 2 novembre
prochain.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. le Secrétaire perpétuel signale à l'Académie deux Rapports de
M. J.-/4. Banni, sur un Concours de machines à faucher et sur un Con-,
cours de machines à moissonner, et donne lecture du passage suivant de la
Lettre d'envoi :
« Il est constaté, par ces Rapports, que, depuis dix ans, les machines à moissonner ont
fait le pi-ogiès de très-bien couper, en même temps que d'exécuter un javelage parfait. 11 y
a dix ans, chaque machine devait être suivie par trois ou quatre hommes; aujourd'hui, il
suffit du seul conducteur de l'attelage, qui est lui-même commodément assis sur les ma-
chines. On peut dire que, pour la moisson, se trouve désormais accomplie la mémo révolu-
tion qu'a faite, il y a quarante ans, pour le battage des céréales, l'invention de la machine à
battre. Le travail à la faux va peu à peu disparaître, comme a maintenant complètement
disparu le travail au fléau. Les ouvriers agricoles sont ainsi affranchis des deux opérations
les plus pénibles et les plus insalubres qu'ils avaient à effectuer, sans que pour cela ils voient
diminuer la quantité de travail qu'un leur demande, grâce aux progrès généraux de l'agri-
culture ([ui, pour produire davantage, exige que l'on donne à la terre des façons plus di-
verses. »
( 774 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la grandeur et les variations du diamètre solaire;
2* Note de M. L. Respighi, présentée par M. Faye. (Extrait.)
« Le P. Secchi, dans sa Note Sur les taches et le diamètre solaire {Comptes
rendus, iS'ya, t. LXXV, p. i58i), a annoncé à l'Académie que la durée du
passage du diamètre solaire, mesurée sur les images monochromatiques
obtenues dans la lunette spectroscopique avec le prisme à vision directe
devant la fente du spectroscope, était inférieure à la durée donnée par le
Naulical Almanac de Greenwich, d'une quantité égale à o^G environ; il
en a conclu que le diamètre de l'image monochromatique du Soleil est
inférieur, d'au moins 8 secondes, au diamètre de l'image à lumière com-
posée, obtenue par la lunette simple avec les verres colorés. Ce résultat
inattendu n'était appuyé qne sur deux séries de passages, observés les 8 et
q novembre 1872, dans des conditions atmosphériques peu favorables,
comme le P. Secchi l'a dit lui-même. Possédant les deux combinaisons
spectroscopiques du P. Secchi, j'ai cherché à vérifier ce résultat.
» De nombreuses observations, exposées dans ma Note Sulle variazioni
del diametro solare, etc., publiée dans les Actes de l'Académie royale des
Nuovi Lincei, 1873, ne présentent, avec les durées du passage du diamètre
solaire données par le Naulical Almanac, (jue de petites différences de
l'ordre des erreurs probables; j'en ai conclu que l'on ne pouvait pas
admettre la différence de 0% 6, donnée par le P. Secchi.
» Je n'ai remarqué aucune différence entre la durée des passages avec les
raies obscures et avec les raies renversées de la chromosphère; j'ai seule-
ment remarqué que, avec les raies C et F, l'observation des contacts était
moins sûre, à cause de leur renversement subit près de ces contacts.
» Le P. Secchi avait trouvé aussi que la durée du passage était un peu
plus grande lorsque le Soleil était voilé par le brouillard; dans ces circon-
stances, je n'ai trouvé aucune différence appréciable, seulement l'obser-
vation des contacts était plus sûre et les résultats plus concordants.
M Je devais, dès lors, rechercher quelles circonstances avaient pu pro-
duire cette différence de o%6, dans ia durée des passages du diamètre
solaire. Le P. Secchi n'a jamais donné les détails de ses observations : on
pouvait donc attribuer les erreurs à des causes accidentelles, telles que
l'imparfaite rectification et l'instabilité de l'instrument, l'influence de la
réfraction atmosphérique, etc. Je savais bien que chacune de ces causes
d'erreur, isolée, ne pouvait pas produire la différence trouvée par le
P. Secchi : j'ai voulu indiquer seulement que leur ensemble avait pu influer
sur le résultat.
( IV )
» Aujourd'hui, le P. Secchi assure avoir écarté ces causes d'erreur; mais
il reste toujours la principale, savoir, l'influence des variations de tem-
pérature du prisme.
)) Les expériences f^iites à Palerme par le professeur Blaserna et à
Vienne par M. Stefan, sur les déplacements des raies spectrales dans les
prismes par les variations de la température, ont montré qu'il suffit d'une
petite variation de température pour produire un déplacement sensible
dans ces raies : on est donc fondé à supposer que, dans un prisme à vision
directe Irès-absorbant, fixé près du foyer d'une grande lunette, et sujet,
comme l'assure le P. Secchi, à des avaries causées par l'intensité de la cha-
leur solaire, les raies spectrales ou l'image spectrale du Soleil sont sujettes
à des déplacements sensibles, même pendant la durée de passage.de cette
image; ces déplacements seraient d'ailleurs dans le sens de la différence
trouvée par le P. Secchi.
» A cet égard, le P. Secchi dit que la température du prisme arrive
assez rapidement à un état d'équilibre pour donner des résultats constants;
que, autrement, les différences seraient progressives, et non pas constantes,
counne celles que fournit l'observation; mais on ne peut accepter ni l'une
ni l'autre de ces conséquences; car, pendant chaque passage de l'image
solaire, la température du prisme ne peut pas rester constante, et ses va-
riations doivent se reproduire périodiquement, dans les passages succes-
sifs, indépendamment de la température absolue du prisme : ce sont pré-
cisément ces variations périodiques qui peuvent déplacer l'image solaire
d'une quantité presque constante dans tous les passages successifs, et altérer
ainsi la durée de ces passages. Cette influence, si elle existe dans mon
instrument, doit être peu sensible, à cause de la moindre quantité de
chaleur donnée par l'objectif, dont l'ouverture, pour ces observations, est
réduite à moitié par un diaphragme, et à cause de la faible absorption du
prisme construit par M. Hoffmann, dont la monture est protégée contre
la radiation solaire par un autre diaphragme.
» J'ajouterai que, dans ces observations, il y a d'autres causes d'er-
reur : par exemple, l'ondulation ou l'agitation du bord solaire, et l'erreur
personnelle dans l'observation des deux contacts.
)) Les prismes à vision directe très-absorbants, comme celui du P. Sec-
chi, peuvent faire disparaître presque complètement ces ondulations et
donner un contact en apparence régidier entre le bord solaire et la fente,
mais on ne peut pas considérer ce bord artificiel comme la limite vraie du
disque solaire : cette limite, selon moi, doit ordinairement tomber entre
le sommet et la base des ondulations.
( 776 )
» Dans le passage des images monochromatiques du Soleil, comme
dans la lunette simple, les contacts des deux bords sont observés dans des
conditions bien différentes, soit par la nature différente de ces contacts,
soit par la différence de netteté des raies obscures ou lumineuses servant
de fils micrométriques. Par conséquent, il peut exister entre les deux ob-
servations une erreur personnelle, plus ou moins sensible pour les divers
observateurs, et je crois cette erreur encore plus à craindre dans les
contacts pris avec les raies B et C, choisies par le P. Secchi : pour la pre-
mière, à cause de la faiblesse de la partie du spectre dans laquelle elle se
trouve et à cause de l'étendue du groupe de raies obscures auquel elle est
iniie; pour la dernière, à cause de son renversement subit au voisinage du
moment des contacts.
)) En énumérant ces différentes causes d'erreurs, je ne prétends pas
qu'elles doivent toutes agir dans le sens de la différence trouvée par le
P. Secchi; je prétends seulement que ce genre d'observations n'est pas
assez sûr pour permettre de déduire d'un petit nombre d'observations,
faites en deux jours, avec le même instrument, par le même observateur,
quoique très-habile, et dans des conditions atmosphériques peu favo-
rables, une conséquence aussi importante et, je dirai même, aussi éton-
nante que celle qu'en a déduite le P. Secchi.
» En employant le prisme objectif, plusieurs de ces causes d'erreurs
sont évitées, et c'est avec plaisir que j'ai vu le P. Secchi répéter les obser-
vations des passages des images monochromatiques du Soleil avec cet
appareil. Je regrette seulement qu'il ait fait trop peu d'observations, et
toujours sur les deux raies B et C, pour lesquelles les contacts sont le plus
incertains; malgré cela, les résultats ont déjà réduit presque de moitié la
différence primitive : je crois que, si le P. Secchi continue ses observa-
tions, en prenant les contacts avec des raies obscures, bien définies et
isolées, nos résultats finiront par s'accorder, entre les limites restreintes
de nos erreurs personnelles.
» Avant de lépondre à la Note du P. Secchi, j'ai voulu faire de nou-
velles et nombreuses séries d'observations, soit avec le prisme objectif, soit
avec le prisme à vision directe, et je puis assurer que les résultats moyens
de vingt-quatre séries d'observations, faites en douze jours, entre le 2S août
et le 19 septembre, ne présentent, avec les durées du passage du diamètre
solaire données par le Naulical Almanoc, que de petites différence.s, com-
prises en 4- ou — 0% 1 2. Le D' Di Segge, mon aide, très-exercé dans les
observations des passages et dans l'usage du spectroscope, a obtenu des
( 777 )
résultats compris entre ces mêmes limites. Par conséquent, je dois affir-
mer de nouveau que, s'il y a une différence entre le diamètre des images
monochromatiques du Soleil et le diamètre adopté par ]e Naulical Alma-
nac, elle doit être bien inférieure à celle de 8 secondes, trouvée par le
P. Secchi.
» Pour expliquer cette différence, le P. Secchi admet que la lumière in-
tense de la base de la chromosphère, pour une hauteur de 4 secondes au
moins, est visible dans la lunette simple avec des verres colorés ou absor-
bants, en continuation avec l'image donnée par la photosphère; et, à
l'appui de son opinion, il cite l'agrandissement de l'image monochroma-
tique du Soleil avec la raie C, à cause du renversement de celte raie sur
la base de la chromosphère. Pielativement à ce fait, je dirai que, si l'ap-
pareil spectroscopique donne l'image du bord réellement monochroma-
tique, cet agrandissement est impossible, car la chromosphère, si la fente
est étroite, ne peut doiuier qu'une ligne lumineuse, fonctionnant comme
un fil micrométrique éclairé. En supposant même que l'intensité de la
raie(j et celle de toutes les raies qui se renversent à la base de la chromo-
sphère soit égale à l'intensité des rayons limitrophes du spectre solaire, ce
qui est contestable, la somme de ces raies lumineuses ne pourrait consti-
tuer qu'une lumière trés-faible, en comparaison de celle qui résulte de
tous les rayons compris dans les parties du spectre solaire embrassées par
nos verres colorés; par conséquent, elle serait insuffisante pour produire
la continuation de la photosphère.
» En accordant même au P. Secchi que les raies renversées à la base de
la chromosphère soient assez nombreuses et assez intenses pour égaler la
lumière de la photosphère, ce qui est loin de la vérité, on ne pourrait
encore obtenir, dans le demi-diamètre solaire, qu'un accroissement d'une
seconde au plus; car les observations faites pendant les éclipses totales et
en plein soleil montrent que la couche des vapeurs et des gaz n'est pas
élevée de plus d'une seconde au-dessus de la pliotosphère. Le P. Secchi
porte cette hauteur à plusieurs secondes, en la déduisant du temps employé
par la Lune pour franchir la couche brillante renversée, qui a été évaluée
à une ou deux secondes au plus; mais il admet que, dans les éclipses
totales, la Lune, en une seconde de temps, avance vers le Soleil de plu-
sieurs secondes d'arc, tandis qu'il est certain qu'elle n'avance que d'une
fraction de seconde d'arc.
» Si la chromosphère est impuissante à produire dans nos lunettes un
C.R., 1873, a»Semej<re. (T. LXXVll, N" 14.) lO'
( 77^ )
agrandissement sensible dans le diamètre solaire, elle doit être d'autant
plus impuissante à produire dans ce diamètre des variations sensibles d'ini
jour à l'autre, ou d'une époque à l'autre, comme le suppose le P. Secchi. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la théorie de la poussée des terres ;
Note de M. J. Curie, présentée par M. Belgrand.
« M. de Saint-Venant a jugé utile, dans une Note insérée aux Comptes
rendus (p. aS/J de ce volume), de donner les motifs qui ont déterminé, en
1868, une Commission dont il est le seul membre survivant, à refuser son
approbation à la théorie de la poussée des terres développée dans un
Mémoire que j'ai présenté à cette époque. Tout en regrettant vivement
qu'il n'ait pu admettre les conclusions de mon travail, je m'estime heureux
de ce que les points sur lesquels je suis en désaccord avec lui soient
nettement formulés. L'objet de la présente Note est de répondre à ses ob-
jections, et de faire saisir d'une manière encore plus claire, s'il est possible,
qu'il ne l'a fait, en quoi consiste la différence qui existe entre la théorie
que je propose, théorie avec laquelle les expériences mentionnées dans ma
Note du 14 juillet présentent un accord frappant, et l'ancienne théorie
considérée comme approximativement équivalente à la théorie rationnelle
due à M. Maurice Levy.
)) Le nœud de la question se trouve, selon moi, dans le moyen par le-
quel on exprime que le remblai est constitué par un demi-fluide, tel qu'un
sable parfaitement sec et dépourvu de cohésion. C'est dans le cas d'un
milieu pareil, formé par la superposition d'une multitude de petits corps
solides, que je crois qu'il n'est pas permis d'appliquer les remarquables
théorèmes de Cauchy, relatifs aux pressions qui s'exercent en un même
point d'une masse solide ou fluide. Ces théorèmes supposent, en eftet, une
parfaite continuité dit milieu que l'on considère, tandis que la disconti-
nuité de la matière qui constitue les remblais demi-fluides place ces rem-
blais dans une catégorie à part.
» Ce que je conteste surtout, c'est que, dans un pareil milieu, on puisse,
comme le fait Cauchy pour les milieux solides ou fluides, considérer un
parallélépipède élémentaire, et établir que les pressions tangentielles diri-
gées suivant deux axes rectangulaires soient égales.
» J'ajoute qu'il ne faut pas confondre le problème de l'équilibre absolu
des différentes parties très-petites dont se compose un remblai et de leur
arrangement en vue de cet équilibre avec le problème de l'équilibie d'un
revêtement, équilibre dont les conditions varient nécessairement avec la
( 779 )
position de l'arête autour de laquelle le renversement peut se produire. On
conçoit sans peine qu'au moment où le renversement devra avoir lieu, les
pressions qui s'exercent dans la masse du remblai puissent se répartir pour
déterminer ce renversement d'ime manière variable avec la forme du re-
vêtement, et différente de celle qui correspond à l'assiette normale du rem-
blai. A part mon objection relative au parallélépipède élémentaire, je
serais porté à penser que la théorie de M. Maurice Levy pourrait être celle
qui donnerait la répartition réelle des pressions dans le cas d'un système
en écjiiiUbre slable, cas très-différent de celui de l'équilibre limite du revêle-
ment.
» Nul plus que moi, d'ailleurs, ne considère une théorie rigoureusement
rationnelle comme infiniment supériein-e à une règle empirique, qui ne
saurait trouver sa confirmation que dans les limites mêmes pour lesquelles
elle aurait été établie. Sous ce rapport, l'application de ma théorie m'a
donné pleine et entière satisfaction, car c'est toujours par une épure préa-
lable que j'ai déterminé les conditions de mes diverses expériences, et ce
sont les expériences faites dans les conditions les plus exagérées qui ont le
mieux accusé, de prime abord, l'accord avec ma théorie et le désaccord
avec l'ancienne théorie.
» Je passe aux deux objections capitales de M. de Saint- Venant.
» Il n'admet pas qu'après avoir décomposé le poids Q du prisme de
rupture en deux forces, dont l'une GN est détruite, et dont l'autre GP'estla
poussée primitive que je transporte en LP, je décompose à son tour cette
force, de manière que l'une de ses composantes LIT, qui serait la poussée
effective, étant dirigée de manière à faire l'angle cp' avec la normale à la
paroi du mur, l'autre composante LS, dirigée dans le sens de la paroi du
mur et exerçant son action dans le remblai, puisse être détruite par la réac-
tion du terrain solide. Suivant lui, celte composante LS ou IIP devrait
être décomposée elle-même, au point L, en deux autres, dont l'une égale
et parallèle à IIII' et faisant l'angle f avec la normale au plan de rupture
BR, ou, ce qui revient au même, étant perpendiculaire à BF, serait consi-
dérée comme détruite, tandis que l'autre IIII, s'ajouterait à la poussée LII
pour donner la poussée véritable LII,, à laquelle conduit l'ancienne théorie,
et qu'on peut obtenir immédiatement en décomposant le poids Q en deux
forces, l'une perpendiculaire à tîF, l'autre dirigée suivant LH,.
M Je maintiens que la composante LS peut être intégralement détruite
par la réaction du terrain solidesur lequel repose le remblai dont le prisme
de rupture fait partie.
lOI..
( 7«o )
» Il n'en serait |ias ainsi si le prisme de rupture était un prisme solide;
mais, dans le cas d'un demi-fluide, il n'y a rien qui s'y oppose. J'ajoute que
c'est là ce qui établit la différence entre la poussée exercée par un demi-
fluide et la poussée exercée par un prisme solide, et c'est pour cela que
l'ancienne théorie est, en réalité, applicable au cas d'un prisme de rupture
solide.
» La seconde objection de M. de Saint-Venant consiste à ne pas ad-
mettre, dans le cas où la poussée primitive LP fait, avec la normale à la
paroi BH, un angle moindre que l'angle 9' du frottement des terres contre
les maçonneries, que ce soit la poussée LP qui agisse réellement contre le
mur sans modification nouvelle. Il pense que, dans le mouvement initial
de renversement du mur, l'exlrémité inférieure de chacune des tranches
élémentaires du remblai, comprises entre deux plans parallèles au plan de
rupture, tendrait à être soulevée par le frottement développé, par suite du
relèvement des différents points de la paroi BH, en contact avec le remblai
pendant ce mouvement initial.
» Il y aurait donc, d'après M. de Saint-Venant, à tenir compte de ce
frottement. J'admets qu'il en serait ainsi si les tranches élémentaires étaient
solides. La réaction du mur, oblique j)ar rapport à la direction de ces
(78. )
tranches, créerait alors, en quelque sorte, un point d'appui sur lequel elles
seraient soutenues.
» Dans le cas d'un demi-fluide, je conteste que les choses puissent se
passer de la même manière. Les particules du remblai, en contact direct
avec le mur, pourraient bien être entraînées, mais elles seraient immédia-
tement remplacées par d'autres, de telle sorte cjue l'état d'équilibre dans
lequel ce frottement entrerait en jeu ne pourrait pas s'établir. Il est essen-
tiel de remarquer que, dans ce cas, la poussée piimilive LP est dirigée au-
dessus de la poussée LIT et qu'elle est par conséquent plus dangereuse.
L'équililire ne pourrait donc s'établir qu'à la condition qu'il y eût mouve-
ment; car, par hypothèse, le frottement dont il s'agit ne peut être déve-
loppé à l'état statique, puisque la poussée LP fait, avec la normale à la
paroi du mur, un angle moindre que y'. Ce mouvement, d'ailleurs, devrait
nécessairement se produire sous l'action de la force LP, plus dangereuse
que la force LIT ; c'est donc pour la poussée primitive P qu'il est nécessaire
et suffisant que les conditions d'équilibre soient remplies. »
CHIMIE GÉNI2UALE. — Sur la condensation des gaz et des liquides par le charbon
de bois. Phénomènes thermicpies produits au contact des licpiides et du char-
bon. Liquéfaction des gaz condensés. Note de M. Melsens.
« L'absorption du chlore par le charbon de bois peut aller jusqu'à re-
présenter un poids de chlore égal à celui du charbon. La force condensante
du charbon peut servir, en conséquence, à réaliser la liquéfaction des gaz
non permanents.
» On sature de chlore sec du charbon placé dans un tube analogue au
tube en A de Faraday, les deux extrémités de ce tube en siphon étant scel-
lées ensuite à la lampe, si l'on vient à chauffer la longue branche du tube
contenant le charbon, dans un bain-marie d'eau bouillante, et si l'on
plonge la courte branche 'dans un mélange réfrigérant, luie quantité con-
sidérable de chlore abandonne le charbon pour reprendre l'état gazeux,
et, sous l'influence de la pression développée, ce gaz se liquéfie dans la
courte branche refroidie.
» J'ai obtenu ainsi plusieurs centimètres cubes de chlore pur liquide. En
enlevant le tube du bain-marie, le chlore liquide entre spontanément en
ébullition et va de nouveau se condenser sur le charbon pendant que la
courte branche se couvre de givre.
» On peut reproduire, pour ainsi dire indéfiniment, cette succession de
( 7«'^ )
pliénomènes. Ces expériences, faciles à réaliser dans les Cours publics, per-
mettent à l'auditoire d'en observer les diverses phases (i).
» Bien que je ne puisse considérer mes expériences que comme un essai,
je les ai étendues cependant à la liquéfaction d'un assez grand nombre
de gaz, absorbés à froid par le charbon et s'en dégageant par une tempé-
rature ne s'élevanl pas à plus de loo degrés C. : le chlore, l'amuioniaque,
l'acide sulfureux, l'acide sulfhydrique, l'acide bromhydrique, le chlorure
d'étliyle et le cyanogène. Pour tous ces gaz, la liquéfaction peut être dé-
montrée dans les Cours, en exposant l'histoire de ces corps.
u En réfléchissant aux faibles effets thermiques constatés par Pouillet,
lors de l'indjibition des matières minérales pulvérulentes par l'eau, l'huile,
l'alcool et l'éther acétique, et aux effets, un peu plus forts, constatés lors de
l'absorption des mêmes liquides par les matières organisées, je me suis de-
mandé si l'on ne pourrait pas arriver à constater des effets thermiques pro-
noncés, en mettant en contact, avec les cellules du charbon, des liquides
sans action sur lui : l'eau, l'alcool, l'éther ordinaire, le sulfure de carbone
et le brome.
» L'expérience a dépassé mon attente. En employant le brome liquide,
par exemple, réchauffement est tel que, avec i partie de charbon et 7 à
g parties de brome, l'élévation de température dépasse 3o degrés C, en
opérant seulement sur 5 à 10 grammes de charbon.
» En opérant dans des appareils vides d'air, avec du charbon bien dé-
barrassé de gaz à chaud et refroidi dans le vide, réchauffement dû à l'im-
bibition du brome serait, sans aucun doute, bien plus considérable en-
core.
» Les liquides volatils condensés dans les pores du charbon, le brome,
l'acide cyanhydrique, le sulfure de carbone, l'éther ordinaire et l'alcool
n'en sont pas chassés, ou ne s'en dégagent que partiellement, par une tem-
pérature de 100 degrés C. à la pression ordinaire. J'ai fait l'expérience
avec un tube de l'araday, et en opérant comme je l'ai dit pour la liqué-
faction des gaz. Un tube, plein de charbon saturé d'alcool, n'en laisse rien
distiller à 100 degrés. »
M. le Secrétaike pekpétuel, en présentant la Note de M. Melsens, met
sous les yeux de l'Académie les tubes qu'il lui a fait parvenir et à l'aide
(i) Les résultats précités ont fait l'objet d'une Note déposée au Secrétariat de l'Institut,
le 10 février dernier. Le titre seul de cette Cuminunication a été inséré aux Comptes rendus.
( 783 )
desquels les principales expériences, la liquéfaction du chlore, du cya-
nogène, etc., ont été reproduites au laboratoire de l'Ecole Centrale.
La condensation du brome liquide par le charbon, effectuée sur quelques
grammes, a donné lieu à une brusque élévation de température, le mé-
lange passant en quelques minutes de 20 à 45 degrés.
CHIMIE MiiNÉRALE. — Production par voie sèche de quelques borates
cristallisés. Note de M. A. Ditte.
« Lorsqu'on chauffe de l'acide borique avec un oxyde ou on carbonate
métallique, on obtient en général des matières vitreuses plus ou moins trans-
parentes, contenant à la fois l'acide et la base; mais ce ne sont pas là des
combinaisons définies; leur composition dépend des proportions de matières
mises en présence, et leur fusibilité varie avec la quantité d'acide borique
qu'elles renferment. Quand on cherche à préparer des borates cristallisés,
ayant par suite une composition bien définie, la première difficulté que l'on
rencontre tient à la grande fusibilité de ces corps. Dans les circonstances
où l'on se place d'inbitude pour obtenir des cristaux par voie sèche, ils ne
fournissent en effet, le plus souvent, que des masses transparentes, des
perles vitreuses, mais sans traces apparentes de cristallisation.
» J'ai pu tourner la difficulté en opérant à température très-basse, et
soustrayant les cristaux, dès leur formation, à l'influence de la chaleur. Je
me sers à cet effet, comme dissolvant, d'un mélange à équivalents égaux,
de chlorures alcalins, qui fond au rouge sond^re, et dans lequel j'introduis
des borates amorphes ou les éléments du sel que l'on veut obtenir. Le tout
est placé dans un creuset de platine chauffé par une lampe à gaz, et plus
fortement au fond qu'à la partie supérieure. Dans ces conditions, le fond
du creuset étant porté au rouge, une portion du borate se dissout dans la
matière en fusion, vient cristalliser vers le haut dans les parties plus froides,
et les cristaux formés se réunissent au bord du creuset, où la température
n'est qu'à peine celle de fusion des chlorures alcalins. Ils y forment, mé-
langés à un peu du dissolvant qui se solidifie, iine sorte de bourrelet ou de
couronne solide qui s'accroît peu à peu. On la détache très-facilement du
creuset refroidi; on la traite par l'eau bouillante, qui dissout les chlorures
et laisse à l'état de pureté les cristaux obtenus.
» L Borates de chaux. — Une dissolution saturée et bouillante d'acide
borique attaque facilement le spath d'Islande, eu formant de petites ai-
guilles de borate de chaux, et les parois du vase, aussi bien que le spath,
( 784 )
se recouvrent, après quelques lieures, d'une couche blanche et cristalhne
de ce sel, qui s'épaissit peu à peu. On arrive au même résultat en substituant
au spath le marbre, la craie ou la dolomie; mais le produit est alors mé-
langé aux impuretés du carbonate de chaux employé. L'aspect de ces ma-
melons cristallins est com])arable à celui du borate de chaux naturel de
Toscane, que l'on trouve en croûtes superficielles sur des calcaires, et que
Beudant attribue à la double décomposition du borax et de la chaux car-
bonatée. Je n'ai pu toutefois le produire ainsi : une solution bouillante et
saturée de borax n'attaque pas les calcaires à la pi'ession atmosphérique,
c'est-à-dire vers loo degrés. Quoi qu'il en soit, le sel obtenu avec l'acide
borique est un borate de chaux hydraté qui renferme 3BoO', CaO, 4HO,
que l'on peut écrire (2BoO% CaO, HO) (BoO', 3liO), en le regardant
comme une combinaison d'acide borique cristallisé avec un borate de chaux
analogue au borax. Ce sel perd son eau à 200 degrés et fond en lui verre
limpide vers ZjSo degrés environ.
» Quand on l'introduit dans le mélange de chlorures alcalins, en mo-
dérant beaucoup le feu, de manière à l'empêcher de fondre, on voit se for-
mer rapidement, sur les parois du creuset, un bourrelet de cristaux; s'il
fond et se rassemble en une masse vitreuse, ce qui diminue de beaucoup sa
surface de contact avec les chlorures, la cristallisation est considérable-
ment ralentie. Ou obtient, dans ces circonstances, un borate neutre de
chaux (I), qui se produit encore (II) quand on traite par les chlorures
alcalins du borate précipité, provenant de l'action du borax sur l'azotate de
chaux. Il se forme aussi (III) quand, dans les deux opérations qui précè-
dent, on ajoute au mélange fondu une petite quantité de chlorure de cal-
cium pur; dans ce cas, le bourrelet se forme sur les |)arois du creuset avec
une rapidité extrême et tout est bientôt transformé en cristaux. Il est tou-
jours préférable, et pour la même raison, d'éviter la fusion de la matière au
fond du creuset. Voici la composition de ce sel, qui répond à la formule
BoO% CaO.
II. m.
t^iiaux 44,57 44,36 44,75 44,86 44,96 44,44
Acide borique. . . 55,42 55,63 55,24 55, i4 55, o3 55,56
» Les cristaux sont des prismes quadrilatères, aplatis de manière à pré-
senter souvent la forme de lames, et qui, en s'accolant les uns aux autres,
constituent des groupes cannelés; ils sont incolores, transparents, facile-
ment soluhles vers Bo degrés dans les acides nitrique et chlorhydrique
( 785 )
élondiis de letir volnme dVan, insolubles dans l'acide acétique cnncenfré
et bouillant, et très-facilement fusibles.
» Si le chloriu-e de calcitnn, ajouté et en grand excès, formait, jiar
exemple, le quart du mélange, la pioduction des cristaux et du bourrelet
est des plus rapides, et l'on obtient un nouveau sel renfermant plus de chaux.
C'est un borate basique que l'on prépare encore en ajoutant simplement
un peu d'acide borique aux trois chlorures fondus dans les proportions
suivantes : 2 de chlorure de potassium, 1 de chlorure de sodium, i de
chlorure de calcium. Ce sel a pour formule 3CaO,2BoO'. Les cristaux
prismatiques allongés, striés parallèlement aux arêtes latérales, sont solu-
bles dans les acides autres que l'acide acétique.
» En ajoutant au borate de chaux précipité, ou à celui qui provient de
l'action de l'acide borique dissous sur le spath calcaire, le tiers environ
de son poids d'acide borique fondu, on obtient, par la cristallisation dans
les chlorures, des aiguilles longues, soyeuses, légères, souvent accolées en
pinceaux délicats ou en groupes plus épais. Les cristaux (I) terminés par
une face inclinée sur les arêtes latérales sont du sesquiborate de chaux
aCaO, 3BoO' ; on l'obtient directement en fondant de l'acide borique en
excès avec de la chaux ; après refroidissement on trouve une masse blanche,
fibreuse, formée de grandes aiguilles plates, nacrées, nettement séparée de
l'acide borique excédant, et dont on extrait sans difficulté de grandes lames
brillantes, solubles dans les acides (II). Voici la composition de ce sel :
I.
Ch;iux 34,66
Acide borique 65,33
» Enfin, lorsque, au lieu d'uTie petite c[uantité d'acide borique, on en
met un grand excès, la cristallisation s'opère avec une lenteur extrême.
An bout de six ou huit heures, on n'obtient que quelques décigrammcs
de cristaux aplatis, solubles, même à froid, dans l'acide nitrique et formés
de biborate de chaux.
M II. Borates de strontiane. — Le carbonate de strontiane est attaqué,
comme celui de chaux, par une solution bouillante d'acide borique, et
donne un sel qui se dépose en mamelons cristallins. Si l'on introduit ce
corps, ou le borate provenant de l'action du borax sur le nitrate de stron-
tiane, dans le mélange de chlorures alcalins, il ne fond pas comme le sel
de chaux correspondant, et se transforme en cristaux de biborate de stron-
tiane. On obtient le même sel en ajoutant au mélange un grand excès de
C. R., 1873, i" Semestre. (T. LXXVII, N» i^l.) I02
II.
Calculé.
34,68
34,34
34,78
65, 3i
65, 60
65,22
( 786 )
chlorure de strontium, qui ne joue en aucune façon ici le rôle du chlo-
rure de calcium dans les expériences précédentes.
)) Quand on fait arriver à la partie supérieure du creuset qui contient ce
mélange de chlorures alcalins et de chlorure de strontium un courant de
vapeur d'eau, le bourrelet très-volumineux qui se produit ne renferme que
des cristaux du même sel; il contient :
u.
I. ,--^.^_^-^— — ~ III. Calculé.
Slronliane 42>^6 ^"^^^9 42>44 ^2,52 ^2,62
Acide borique... 67,33 57,3i 57,55 57,48 57,88
» Ce biborate de strontiane, SrO,2BoO% est en aiguilles longues, fines et
minces, assemblées en pinceaux, et solubles, à froid, dans l'acide azotique.
» Si l'on répète les expériences qui précèdent en ajoutant de la stron-
tiane caustique en excès, on n'obtient plus des aiguilles fines, mais des
prismes à quatre pans, épais, plus volumineux et couverts de stries; ils
sont terminés souvent par un pointement, et se dissolvent bien dans les
acides; leur composition montre que c'est là le sesquiborate de strontiane
2SrO, 3BoO'.
» Un mélange, à équivalents égaux, d'acide borique et de strontiane
caustique, fortement chauffé dans un creuset de charbon, laisse un résidu
solide au-dessus duquel est une matière fondue. Celle-ci devient, en se
refroidissant, une masse couverte d'aiguilles brillantes, qui, traitée dans le
mélange de chlorures alcalins avec un peu de chlorure de strontium, cris-
tallise très-facilement. Les cristaux, assez gros, courts, striés et terminés
par un pointement, sont du borate neutre de strontiane, BoO', SrO.
» Enfin, si cette dernière opération 5e fait en présence d'un excès de
strontiane caustique, les cristaux prismatiques, aplatis, accolés les uns aux
autres, que l'on obtient, sont fort petits; ils sont colorés en jaune par des
traces d'oxyde de fer et constituent un borate basique analogue à celui de
chaux décrit précédemment; sa formule est 3SrO, 2B0O'.
» Ce sel, comme le précédent, se dissout facilement, à froid, dans les
acides étendus autres que l'acide acétique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acide tribromacélique ;
par M. H. Gal.
« Dans l'étude que j'ai faite, en i863, des dérivés bromes du bromure
d'acétyle (1), j'eus occasion de préparer une certaine quantité d'acide tri-
[1) Comptes tendus, t. LVI, p. 17.57.
( 787 )
bromacétique et d'indiquer quelques propriétés de ce nouveau composé.
Le procédé dont je fis usage à cette époque est d'une application difficile;
désireux de me procurer cette substance en plus grandes proportions pour
des recherches ultérieures, j'ai pensé à oxyder le bromal hydraté par l'acide
azotique fumant. M. A. Clermont ayant obtenu, par un procédé analogue,
l'acide trichloracétique en grande quantité, il y avait lieu d'espérer que
l'action de cet oxydant sur l'hydrate de bromal conduirait à un résultat
analogue; c'est en effet ce que l'expérience a démontré.
» Le bromal hydraté se dissout dans l'acide nitrique fumant en produi-
sant un abaissement considérable de température. Lorsque la dissolution
est complète et qu'on soumet le liquide à l'action de la chaleur, il ne tarde
pas à se dégager des vapeurs rutilantes qui deviennent de plus en plus abon-
dantes; il est même nécessaire d'enlever la source de chaleur pour éviter
une réaction trop vive; l'attaque se continue d'elle-même. Lorsqu'il ne se
produit plus de vapeurs nitreuses, on abandoiuie au refroidissement la li-
queur qui se prend en une masse cristalline. Les cristaux sont jetés sur un
entonnoir; lorsqu'ils sont bien égouttés, il suffit de les redissoudre dans de
l'eau froide, et d'abandonner la dissolution à une lente évaporation pour
obtenir l'acide tribromacétique tout à fait pur. Celui-ci se présente alors
sous la forme de prismes obliques à base rhombe, de fort grande dimen-
sion. Ce corps n'est pas déliquescent et peut se conserver à l'air libre.
» L'analyse de ce produit a fourni les résultats suivants :
1^'', 180 de matière, brûlés par l'oxyde de cuivre, ont donné naissance à 0,680 d'acide
carbonique et à 0,0^5 d'eau.
0,301 de substance, chauffés avec la chaux vive, ont produit, avec l'azotate d'argent, un
précipité de o,4i4 ''^ bromure de ce métal.
» Ces nombres conduisent à la composition centésimale suivante :
C 8,5
H 0,37
Br 87,6
» L'acide tribromacétique exige :
C 8,7
H 0,33
Br 87,5
« Cet acide s'élhérifie avec la plus grande facilité; il suffit de le chauffer
avec l'alcool pour obtenir, iumiédiatement après l'addition d'une quantité
convenable d'eau, un produit plus lourd que ce liquide et qui n'est autre
que l'éther tribromacétique.
X02..
( 788 )
)) En présence des alcalis et sous l'action de la ch.deur, le nouvel acide
se décompose raj)idenieiit en donnant naissance, connue je l'ai déjà in-
diqué, à du bromoforme et à du carbonate de la base employée, d'après
l'équation
C'HBr^O" -+- 2(M0, HO) = CMlBr^ + 2(M0, CO^) + 2HO.
» Cette réaction est tout à fait comparable à celle que fournit l'acide
trichjoracétique dans les mêmes circonstances, et que INI. Dumas a fait con-
naître depuis longtemps.
» L'acide tribromacétique est un acide très-énergique; on peut cepen-
dant le toucher sans inconvénient avec les doigts lorsqu'il est bien sec; il
n'en est plus de même lorsqu'il est humide : il détermine alors sur les points
de la peau où le contact a lieu une forte inflammation qui amène le soulè-
vement de répidtrme.
» Les sels que forme cet acide ont une grande tendance à cristalliser.
J'ai obtenu, entre autres, un sel de baryte sous la forme de longues aiguilles
ayant plusieurs centimètres de longueur, et un sel de cuivre constitué par
des |jrisnies volumineux, qui parait isomorphe avec l'acétate de ce métal.
L'étude de ces composés et des autres tribromacélates fera l'objet d'une
prochaine Communication. »
CHIMIE. — RéclanuUiun de j)iiotité, au sujet île l'aclion du gaz ammoniac
sur le nitrate d amntoniaque; par M. K. Divers.
« Je Iroiive dans le Chemical News du i3 juin un Extrait, d'après les
Comptes rendus du 12 mai 1873, d'un Mémoire de M. F. -M. Raoult, traitant
de l'action du gaz ammoniacal sur le nitrate d'ammoniaque.
» J'ai l'honneur d'atlresser à l'Académie un exemplaire d'un Mémoire
sur le même sujet, qui a été présenté à la Royal Society de Londres, le
2y octobre 1872, lu le 9 janvier 1873, et publié en Extrait dans le n" i[\i
de ses l'roceedimjs, et maintenant, sans doute, en entier dans ses Transac-
tions. Je crois avoir devancé M. Raoult, et je prie l'Académie de vouloir
bien me permettre de réclamer l'honneur de la découverte de l'action
du gaz ammoniacal sur le nitrate d'ammoniaque. »
EMBRYOGiiNlD:. — Développement des Batraciens. Note sur les embrjons
de /'Ilylodes niartinensis. Extrait d'une Lettre de i\L Iîavay.
Il Une grande sécheresse, ijui depuis longtemps désolait la colonie en
suspendant la végétation, empêchait aussi la ponte de mes Batraciens. Je
( 7»9)
n'avais pu rassembler tous les degrés de leur évolution et former la série
que je jugeais nécessaiie pour lever les doutes émis sur la véracité de mon
récit. Aujourd'hui seulement, j'ai pu me procurer des œufs à la veille d'é-
clore; mais la simple opération de leur immersion dans la glycérine n'a
pas eu un succès complet : une partie des jeunes animaux sont sortis quand
j'ai saisi les œufs, luie autre paitie ont brisé leurs enveloppes dans les
convulsions de l'agonie, de sorte que l'on ne trouvera dans le tube ci-joint
que fort peu d'œufs contenant encore leurs embryons-larves.
» Presque tous ont encore de légers vestiges de queue, soit que l'éclo-
sion ait été un peu prématurée, soit aussi que j'aie mal vu en affu'mant
qu'ils sortent de l'œuf parfaitement dépourvus de cet appendice. On ne le
dislingue pas, en effet, sur l'animal sorti normalement de l'œuf et vivant.
Il faut peut-être que ce vestige membraneux soit durci et soutenu par la
glycérine pour être visible.
» Je crains que les blanchies ne soient pas bien visibles dans certains
échantillons; le sang, ayant perdu sa couleur, ne les rend plus assez
opaques.
» D'ailleurs, si tous les œufs sont gonflés par l'absorption de la glycérine,
les parties de l'embryon sont très-racornies par cet agent conservateur. »
(( M. CiiASLEs présente à l'Académie, de la part de M. le prince B.
Boncompagni, plusieurs livraisons du Butlettino di Bibliogfdfia c di Sloiia
délie Scienze malematiche e fisiche : livraisons de décembre 1872, janvier et
février 1873. Le numéro de décembre contient la suite de la publication
de M. Steinschneider sur les mathématiciens arabes, d'ajjrès un ouvrage
inédit de Bernardino Baldi, que j'ai eu l'honneur de signaler à l'Acailémie
dans notre séance du 28 juillet dernier. Nous citerons, dans le numéro de
janvier 187^, un écrit du P. Timoleo Berlelli, Barnabite, sur les Recherches
relatives aux petites oscillations du pendule, faites dans le cours du
xvu" siècle. Il y est fait mention naturellement de la belle expérience de
notre regretté confrère Foucault. Puis se trouve un manuscrit inédit de
Galilée, en la possession de M. le prince Boncompagni. Ce sont des Notes
adressées par Galilée à J.-B. Morin, au sujet de son ouvrage de i63i sur
la question du mouvement ou de l'immobilité de la Terre. Ces Notes de
Galilée sont précédées de recherches historiques et bibliographiques du
très-zélé et savant éditeur du Bullellino. On trouve dans le numéro de fé-
vrier une Lettre de M. Guido Vimercati sur la première idée des chaudières
tubulaires, et quelques remarques de M. Bouchon Brandely sur VHhloire
( 79° )
des Malliéinaticjues chez tes Jrabes, du D' Hankel, et les Notes y relatives de
M. Steinschncider. Ce cahier se termine par une Table fort étendue des
publications mathématiques les plus récentes dans tous les pays. »
La séance est levée à 6 heures un quart. D.
BCIiLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i5 septembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Recherches sur la nature de la kyesléme; par M. A. BÉCHAMP. Montpellier,
typ. Boehm, sans date; br. in-S". (Extrait du MonlpeUier médical. )
Les Microzymas, la Pathologie et la Thérapeutique ; par M. A. Béchamp.
Montpellier, typ. Boehm, sans date; br. in-8°.
Des Microzymas des organismes supérieurs; par MM. A. Béchamp et A.
ESTOR. Montpellier, typ. Boehm, 1870; br. in-S". (Extrait du il/oH;/;e//jer
médical. )
Du rôle des organismes microscopiques de la bouche (ou de Lemvenhoeck)
dans la digestion en général ^ et particulièrement dans la formation de la diaslase
salivaire; par MM. Béchamp, Estor et Saintpierre. Montpellier, typ.
Boehm, 1867; br. in- 8°. (Extrait du Montpellier médical.)
annuaire spécial des vétérinaires militaires, années 1873-1874. Paris,
E. Donnaud, 1873; br. in-8°.
La question du tonnage. Note sur la nouvelle base de perception des droits
du canal de Suez; par M. MOURETTE. Paris, imp. A. Pougin , 1872;
br. in-S".
On the quadrature of the circle, A. D. i58o-i62o; by J.-W.-L. Glaisher.
London, i873;br. in-S".
On the évaluation in séries of certain defmite intégrais; by J.-Vi.-L. GlaisheR.
London, 1872; br. in-8°.
On theform of the cells of bées; bj J.-W.-L. Glaisher. London , 1873 ;
br. in-8°.
On functions ivith recurring derivatives; bj J.-W.-L. Glaisher, London,
sans date; opuscule in-8".
( 79' )
On certain séries for n; hy J.-W.-L. Glaisher. London, 1873; br. in-8°.
On a déduction Jrom von Staiidts property of BernouUi's numbers; hy
J.-W.-L. Glaisher. London, sans date; br. in-S".
On the rejection of discordant observations ; 6/ J.-W.-L. GLAISHER. London,
sans date ; br. in-B".
On early logarithmic Tables, and their calculators; by J.-W.-L. Glaisher.
London, iSyS; br. in-B".
On theprogress toaccuracy oftlie logarithmic Tables; by J.-W.-L. Glaisher.
London, sans date; br. in-B".
Arithmetical identities; /^r J.-W.-L. Glaisher. London, iByS; br. in-8°.
On Jrilhmetical irrationality ; by J.-W.-L. Glaisher. London, 1873;
br. in-B".
Remarks on certain séries occurring in a pnper « On the dednction of
séries from infinité producls », p. i3S-i42; />/ J.-W.-L. Glaisher. Lon-
don, 1B73, br. in-B°.
Remarks on logarithmic and factor Tables, with spécial référence to
Mr Dracli s suggestions; by J.-W.-L. Glaisher. London, 1B73; br. iri-8°.
Results of aslronomical and meteorological observations made at the Rad-
cliffe Observatory Oxford in theyear 1B70, etc.; vol. XXX. Oxford, J.Parker
and C°, 1873; in-B°, relié.
L'Académie a reçu, dans la séance du 22 septembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Mémoires de la Société de Physique et d' Histoire naturelle de Genève;
t. XXIII, r" partie. Genève, Cherbuliez et Georg, 1873; in-4°.
Annales de la Société Unnéenne de Ljon, année 1B72; nouvelle série,
t. XIX. Paris, Savy, 1872; grand in-8°.
Annales de la Société d'Agricultute^ Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon;
4^ série, t. III, 1B70. Lyon, imp. Pitrat; Paris, Savy, 1871 ; grand in-8°.
Société scientifique et littéraire d' A lais, année 1872; 2* Bulletin. A lais,
typ. Martin, 1873-, in-8°.
Bulletin de la Société agricole et industrielle d'Angers et du département de
Maine-et-Loire; 1872, n"'* 4, 5, G, juillet à décembre; 1873, i"' et 2" tri-
mestre. Angers, Barassé, 1872-1873; 2 br. in-8°. (2 exemplaires.)
( 79^» )
Bidleliu de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, annôe
1873 ; XXVIP volume. Auxene, an Secrélai iat de la Société; Paris, Masson
et Durand, iSyS; in-8°*
Mémoires de i Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Jrras; 2*^ série, t. V.
Arras, A. Conrtin, iSyS; iii-H".
Bulletin de la Société d^ Agriculture, Sciences et y/rts du département de la
Haute-Saône ; 3" série, 11° 4- Vesoiil, inip. Snchaux, iS'y'i; in-8°.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales; t. XX.
Perpignan, imp. Tjatrobe, 1873; in-8°.
Société de Médecine légale de Paris. Bulletin; t. Il, 2^ fascicnle. Paris,
J.-B. Baillière, 1870-1872; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Reims; 1873, t. VIII, n" Sg. Reims,
H. Gérard; Paris, Lacroix, 1873; in-8°.
M. Malapert. Le printemps perpétuel en France et en Angleterre. Paris,
A. Lemerre, 1873; br. in-8°. (2 exemplaires.)
La rag(i au point de vue physiologique; par le colonel E. Belleville. Ton-
lonse, Meissonnier; Paris, Savy, 1873; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de
la Société d'Histoire naturelle de Toulouse.)
Métallothérapie. Du cuivre contre le choléra an point de vue propliylac-
tique et curatif ; par\. BuHQ. Paris, G. Baillière, 18G7; in-8".
Métallothérapie. Du cuivre contre le choléra. Rapport ofHciel de M. le
D''Vernois sin' l'immunité cholérique des ouvriers en cuivre. Instruction pour le
traitement préservatif et cwatij; par le D"' Y. BuRQ. Paris, G. Baillière, sans
date ; br. in-8''.
(Ces denx derniers ouvrages sont adressés par l'auteur an Concours
Bréant, 1874.)
Àtti délia renie Accademia dei Lincei, compilali dal Segretnrio ; t. XXVI,
anno XXVI. Roma, tip. dclle Belle-Arti, 1873; in-4°. (2 exemplaires.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 29 septembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Société des Agriculteurs de France. Liste générale des Membres par ordre
(dplial)éti(jue et par département, arrêtée au i^'^ juillet 1873. Paris, au siège de
la Société, 1873; in-8".
( 793)
Comptes rendus des travaux de la Société des À cjriculteurs de France. Qua-
tiième session générale annuelle; t. IV. Annuaire de iS^S. Paris, au siège de
la Société, 1873; in-8".
Lamalière médicale chez les Chinois; par M. le D''J.-L. Soubeyuan et
M.Dabryde THiERSAiST;/jrece(/ee d'un Rapport à V Académie de Médecine de
Paris, parM. le prof. GuBLER. Paris, G. Masson, 1874; iu-8°. (Présenté par
M. le Baron Larrey et renvoyé à l'examen de M. Dumas.)
Du choléra observé en Cochinchine et de son traitement; par le D"' ARMAND.
Paris, V. Masson, i865; br. in-8°. (Présenté par M. le P.aron Larrey.)
Mémorial de l'Officier du Génie; n" 21, 2" série, t. VI. Paris, Gauthier-
Villars, 1873; i vol. in-8°. (Présenté par M. le général Morin.)
Revue d'Artillerie; i'" année, t. II, 6" liv., septembre 1873. Paris et
Nancy, Berger-Levrault, 1873; in-8''. (Présenté par M. le général Morin.)
L'osmose et ses applications industrielles, etc.; par M. DuBRUNFAUT. Paris,
Gaulhier-Villars, 1873; in-8"^, avec planches.
De la régénération des organes et des tissus en physiologie et en chirurgie;
par J.-N. Demauquay. Paris, J.-B. Baillière, 1874; grand in-8°. (Présenté
par M. le Baron Cloqnet, pour le Concours Montyon, Médecine et Clii-
rurgie, 1874-)
J.-B.-V. Salle. Recherches sur la nature des affections tjphoïdes du cheval.
Paris, Donnaud, 1873; i vol. in-12. (Présenté par M. Bouley.)
Histoire naturelle des oiseaux-mouches ou colibris constituant la famille des
Trochilidés; par E. MuLSANT et feu E. Verreaux. Lyon, au Bureau de la
Société linnéenne, 1878; in-4°> avec planches. (Présenté par M. Milne
Edwards.)
BOURCHANI. Nouveau procédé de vidange par te vide dit hydro-atmosphé-
rique. Paris, imp. Lefèvre, 1873; opuscule in-4".
Métaphysique du Calcul différentiel ; par J . COFFlN. Sainl-Pol, imp.Warmé,
i853; opuscule in-8°.
Note sur une formule de M. Botesu., deJassy (Roumanie); parE. Catalan.
Sans lieu ni date ; opuscule in-8''.
Les Merveilles de l'Industrie; par L. Figuier; 9® série : Le soufre et l'acide
sulfurique. Paris, Furne, 1873; grand in-8°, illustré.
Station agronomique du Nord. Bulletin des analyses effectuées pour l'agri-
C.R., 1873, l'Semeslre. (T. LXXVII, N" li.) ^^^
( 794)
culture ; par M. CORENWINDER ; 3^ et 4*" séries, n°' 21 à /jo. Lille, imp. Cas-
tiaux-Richez, br. in-8°.
Géoi/e'sie au décimal ; par E. Macé. Nantes, lith. Rondet, 1 868-, opus-
cule in-'^2.
Sulle esposizioni industriali con alcune considerazioni intorno aile cause che
possono influire sul progressa délie industrie, etc.; da G. Arnaudon. 1870,
Firenze, Torino, Milano, Paravia e Coinp.; in-8°. (Présenté par M, Che-
vreul.)
Sulla classificazioiie, conlraslo ed armonia dei colori ed applicazioni aile
nrii del cav. G. ARNAUDON. Torino, sans date. (Estratto dall' Eiiciclopedia
di Chimica.) (Présenté par M. Chevreul.)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉBIIE
PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1875.
Annales de Chimie et de Physique; octobre 1873; in-8°.
Annales de l' Agricultur-e française ; septembre 1873; in-8°.
Annales du Génie civil; septembre 1873; in-8°.
Annales industrielles; n°^ 36 à Sg, 1873; in-4°.
Association française contre l'abus du tabac; n" 3, V^ année, 1873-, in-8°.
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n"" des 7,
i4, 21, 28 septembre 1873; in-8".
Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 189, 1873; in-8''.
Bulletin international de l'Observatoire de Paris; août, n"' 10 à i4, 16, 3i;
septembre, n"^ x à i3, 1873; in-S".
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n» 8, 1873; in-8°.
Bulletin de la Société Botanique de France; Comptes rendus, n° i, 1873;
in-8''.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; n°^ 178 à "180, 1873; in-8°.
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n"' 10, 11 et 12
1873; in-8^
( 795)
Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture de France; n" 8,
1873; in-S".
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; octobre
1873; in-4°.
Bulletin de ta Société de Géographie; juillet 1873; yi-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; n° 8, 1873; in-S".
Bulletin de ta Société Géologique de France; n° 3, 1873; in-8°.
Bulletin de Statistique municipale ; décembre 1872; in-4°-
Bulletin général de Thérapeutique ; n"^ des i5 et 3o septembre 1873;
iii-8°.
Bulletin météorologique mensuel de l'Observatoire de Paris; x\° 9, 1873;
in-8".
Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del B. Collegio Carlo Alberto,
n^a, t. VII, 1873; iii-4°.
Chronique de l'Industrie; n°' 83 à 87, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n"' 17 et 18, 1873; in-8".
Gazette des Hôpitaux; n°^ loi à 1 14! 1873; 10-4°.
Gazette médicale de Paris; n°^ 36 à 39, 1873; in-4°.
Gazette de Joulin, n°' 23 et 24, 1873-, in-8°.
Iron, n°'34à 37, i873;in-4°.
Jouriml de la Société centrale d'Horticulture; juillet et août r873; in-S".
Joui'nal de Médecine vétérinaire militaire; juillet, août, septembre, 1873;
iii-S".
Journal d' Agriculture pratique ; n°* 36 à 39, 1873; in-8°.
Journal de l'Agriculture; n°' 23o à 233, 1873; in-8°.
Journal de l'Éclairage au Gaz; n"' 17 et 18, 1873; in-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie; septembre 1873; 111-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 3o septembre,
i873;in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; n°^ 21 à 24, 1873; in-folio.
Journal de Phjsique théorique et appliquée; septembre, 1873; in-S*^.
Journal médical de la Mayenne; n° 6, 1873; iu-8°.
Le Rucher du sud-ouest; n°^ 5 et 6, 1873; iii-8'^.
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(79G )
La lievue scientifique ; n"* lo à i3, iSyS; in-Zi".
L'Abeille médicale; n°' 36 à Sg, 1873; in-4°.
Z/'y^^ronau/e; juillet et août, 1873; in-S".
V Art dentaire ; septembre, 1873; in-8°.
L'Art médical; septembre, 1873; in-8°.
Le Gaz; n" 3, 1873; in-4°.
Le Messager agricole; n° 8, 1873; iti-8*'.
Le Moniteur de la Photographie; n"^ 18 et 19, 1873; in-4".
Le Moniteur scientifique-Quesneville ; septembre, 1873; gr. in-S".
Le Mouvement médical; n"' 36 à 39, 1873; in-4°.
Les Mondes; t. XXXII, n°' i à 4, 1873; in-S".
La Nature; n°' i4 à 17, 1873; 111-4°.
La Tribune médicale; n°* 264 à 267, 1873; \n-[\°.
Magasin pittoresque; septembre 1873; in-4°.
Marseille médical; n""* 8 et 9, 1873; in-8°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; livr. 4»
1873; iii-8°.
Memorie délia Socielà degli Spettroscopisli itoliani; juin 1873; in-4°.
"Nachrichten.... Nouvelles de l'Université de Gœttingue; n*" 18 à 24, 1873;
in-i2.
Nouvelles Annales de Mathématiques; septembre 1873; in-8°.
Proceedings ofthe London malhematical Society ; n"* 58 et Sg, 1873; in-8".
Recueil de Médecine vétérinaire; n° 8, 1873; in-S".
Répertoire de Pharmacie; n*" 17 et 18, 1873; in-S".
Revue agricole et horticole du Gers; août et septembre 1873; m-%°.
Revue d' Artillerie ; septembre 1873; in-8".
Revue bibliographique universelle; septembre 1873; in-S",
Revue des Eaux et Forets; septemlire 1 873 ; in -8°.
Revue des Scietices 7iaturelles; t. II, n° 2, 1873; in-S''.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n" 19, 1873; in-S".
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle ; n°* 32 à 36,
1873; in-8^
Revue maritime et coloniale; septembre 18735 in-S".
( 797 )
Rendicotito délia R. Accademia délie Scienze fisiche e mateirmlictie ; ISapoli,
n°8, 1873; 111-4°.
Société des Ingénieurs civils ; n"' i5, 16, 1873; in-8°.
Société erilomologique de Belgique; n° go, 1873; in-8°.
Société linnécnne du nord de la France; Bulletin mensuel, n°' 10 à 12,
1873; in-8°.
The Food Journal; n° 44, '873; iii-8°.
ERRJTJ.
(Séance du 29 septembre 1873.)
Page 682, ligne 2, nu lieu de 1871, lisez 1821.
ligne 7, au lieu de couloir, lisez conduit.
( 798)
Observations météohologiq. faites a l'Observatoire de Moxtsouris. — Sept. 1875.
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Observations MÉTÉOROLOGiQ. faites a l'Observatoire de Montsocris. — Sept. 1873.
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ObSBRVATIONS MÉTÉOROLOOIQUES FAITES A l'ObSEUVATOIRK DE MoNTSODRIS. — SePT. i8^3.
Résumé îles ohser\>ations régulières.
6hM. 9l>M. Midi. Sl^S. e"" S. 9>'S. Mlnaii. Moj.
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Baromètre réduit à 0° ^55, 90 756, 3j 756,oj 705,55 ^55,65 756, i3 766,07 755,92(1)
Pression de l'air sec 7'i7,oo 7/16,54 7. '16, 71 74^,87 746,06 746,46 746,86 746,66(1)
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Thermomètre à mercure (jardin) 10,82 14, 52 17, 3i 17,73 i5,34 i3,36 12,12 i3,go(i)
■> (pavillon)... 11,11 i5,oi 17,44 '7)8^ i5,32 i3,49 12,11 i4,oo(i)
Thermomètre à alcool incolore 10, 65 i.'(,25 17,02 17,54 i5,22 i3,25 12,01 i3,73 (1)
Thermomètre électrique à 29™ »»»»»»» »
Thermomètre noirci dans le vide, T'. . 1414" 28,21 33, 08 31,72 i5,i8 » • 27,05(2)
Thermomètre incolore dans le vide, r. . 10, 56 19,90 24,37 23,58 14,78 » » 20,67(2)
Excès(T' — 0 0,84 8,26 8,71 8,i4 0,40 » » 6,38(2)
Tempérât, du sol à o''',o2 de piolond'.. 12,26 i4i'9 'J|7^ 16,09 '5,o3 i4iOi i3,23 14,06(1)
» o-n.io » i3,97 14,17 i5,25 15,92 15,92 i5,37 i4,83 i4)99(')
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i> o'",3o » '5,54 10,38 i5,3o i5,44 i5,64 15,77 i5,74 i5,56(i)
» i-n.oo » 16,86 16,86 16,86 16, 85 16, 83 16,80 16,78 i6,83(i)
Tension de la vapeur en millimètres.. . 8,90 9,78 9,34 9,G8 9,69 9,6; 9,21 9,26(1)
État hygrométrique en centièmes QOjS "8,5 63,4 63,6 72,8 83,2 86,2 78,3 (1)
Pluie en millimètres à i"", 80 du sol 10,1 6,0 7,1 18,0 6,2 4>7 ii5 t. 53,6
M (à o"", 10 du sol). . 11,4 6,4 7,9 19,6 6,6 5,0 i,5 t. 58,4
Évaporation totale en millimètres 4>8o 6,97 i!\,ii 18, 44 '4170 8,i5 4i77 !• 72,35
Vitesse moyenne du vent par heure. . . 4)8 6,4 8,5 9,0 7,5 5,i 5,7 »
Pluie moy. par heure (à 1™, 80 du sol). 1,68 2,00 2,37 6,00 2,07 1,57 o,5o »
Évaporation moyenne par heure 0,80 2,32 41*^4 6,i5 4i90 2,72 1,69 »
I t t Ê t t t I
Inclinaison magnétique 6jO-i- « 27,4 »»»»»» » (1)
Déclinaison magnétique i7°-4- 27,6 28,3 36,3 33,4 29,2 27,0 27,6 3o,2 (1)
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Tempér. moy. des maxima et minima (parc) ^k^k^
» » (pavillon) i4,5o
» à 10 cent, au-dessus d'un sol gazonné (thermomètres à bouleverdie). 16, 33
Therm. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 obs. : G'' M. 9'' M., midi, 3'' S. 6'' S.). 23,92
» incolore f » w » 18, 65
Excès (T' — f) » i> u 5,27
1) (valeur déduite de 4 observations : g*" M., midi, 3'', 6'' S.)... . 6,38
(i) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations de 9 heures du matin, midi, 3 heures et 6 heures du soir.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
SEANCE DU LUNDI 13 OCTOBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président donne lecture d'une Lettre par laquelle M. Louis Passy
communique à l'Académie la perte qu'elle vient de faire en la personne de
M. Jntoine Passy.
M. le Président ajoute : « L'Académie est cruellement frappée : en un
mois elle vient de perdre trois de ses Membres. Une circonstance pénible
doit ajouter aux regrets qu'aurait causés en tout cas la mort du dernier
atteint : M. Passy est mort loin de Paris. Par suite de cette circonstance et
de l'absence actuelle de la plupart de nos confrères, il est à craindre que
l'Académie n'ait pas été représentée aux obsèques de celui qui vient de lui
être enlevé; mais la Section dont il faisait partie va être convoquée, et
ses Membres s'entendront pour confier à l'un d'eux le soin de rédiger la
Notice nécrologique habituelle, bien due à un confrère éminent, aimé
autant qu'estimé de tous ceux cjui l'ont connu. »
M. le PnÉsiDENT donne lecture |de la Lettre suivante que lui a adressée
M. Robert, administrateur de la manufacture de Sèvres.
« Monsieur le Président,
» J'ai l'honneur de vous adresser le portrait de mon excellent maître et ami M. Dumas,
C, R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVII, N» lij.) I o4
( 802 )
guidé par la pensée (jiio la bibliotliéque de l'Académie des Sciences accueillera avec sym-
pathie l'image, quoique imparfaite, du savant illustre dont se glorifie notre pavs. <>
M. le Président ajoute : « J'ai reçu en effet plusieurs épreuves du portrait
de notre éminent Secrétaire perpétuel et les ai déposées au Secrétariat. Ce
sont des eaux-fortes gravées d'après un portrait dont M. Robert est l'au-
teur. Nous devons donc à ce dernier un double remercîment; car, à coup
sûr, l'Académie s'associera tout entière aux sentiments qui ont motivé
l'envoi et dicté la Lettre de M. Robert. »
« M. Mathieu présente à l'Académie, de la part du Bureati des Longi-
tudes, la Connaissance des Temps pour l'année iS^S. Cette éphéméride, que
la guerre avait beaucoup retardée, est maintenant en avance de plus de
deux ans, et le volume de 1876 paraîtra vers le milieu de l'année prochaine.
» Les Additions renferment des corrections sur la Table des positions géo-
graphiques de M. de la Roche-Poncié; des Notes de M. Puiseux sur le cal-
cul des positions apparentes de 1 de la Petite Ourse et sur le passage de
Vénus en 1882; des Notes sur les positions de Saigon et de Port-Saïd par
M. Hatt; la position de la Guadeloupe par M. Caspari, ingénieur hydro-
graphe de la Marine. »
PHYSIQUE. — Sur la dissociation cristalline (suite) : évaluation et réjiar-
tilion du travail dans les dissolutions salines; par MM. P. -A. Favre
et C.-A. Valson.
« Nous allons exposer, dans cette nouvelle Communication, les résul-
tats auxquels ou est conduit lorsque, après avoir dissous dans l'eau des
sels anhydres appartenant à des genres différents, on essaye de comparer
entre eux les effets de coercition produits par divers sels sur leur dissolvant.
» Le tableau suivant renferme les résultats fournis par l'expérience ainsi
que les conséquences nvunériques qui s'en déduisent.
» La première colonne contient les formules des sels en expérience; la se-
conde, P, donne leurs poids équivalents (H =1 gramme). Dans la troisième
colonne D sont inscrites les densités des sels pris à l'état solide et anhydre.
Ces densités ont été déterminées avec les précautions que nous avons indi-
quées dans notre précédente Communication, et sur lesquelles nous ne re-
P - .
viendrons pas. La colonne intitulée Y = - fait connaître les volumes des
équivalents de ces sels.
( 8o3 )
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— 35û5o
» Si l'on fait ensuite dissoudre uniformément i équivalent de chacun
(1) Dans notre dernière Communication (t. LXXVIK p. 583, séance du 8 septembre
1873), remplacez le nombre — S^iG, inscrit à la troisième colonne C du tableau III,
pour INa, 4 HO, par le nombre — 7384, et le nombre H- 7478, correspondant dans la
colonne C — C, par le nombre -f- 9146-
(2) C'est le premier exemple que nous ayons rencontré d'un sel déshydraté qui absorbe
de la chaleur en se dissolvant.
104..
( 8o/i )
de ces sels dans une quantité d'eau fixe et égale à i litre, on obtient les
liqueurs salines normales dont les densités, déterminées avec soin, sont
inscrites dans la colonne d. Au moyen de ces densités, on peut calculer les
augmentations de volume produites séparément dans i litre d'eau par la
dissolution de i équivalent de chacun de ces sels.
» Les nombres qui représentent ces augmentations de volume sont in-
scrits dans la colonne v. Les valeurs de v sont en général moindres que
celles de V, de sorte qu'on peut déjà constater que les phénomènes de
dissolution sont généralement accompagnés d'une contraction du volume
total, qui sera représentée par la différence V — i'. Enfin, si l'on veut avoir
la contraction spécifique de volume produite par le sel, c'est-à-dire la cou-
traction qui correspond à l'unité de volume du sel solide, il suffira de
calculer le quotient — - — Les valeurs de ces contractions sont contenues
dans les colonnes V — c et — —•
» La colonne suivante C contient les nombres de calories auxquels ou
est conduit quand on interprète les contractions V — v au point de vue
thermique, et par suite au point de vue mécanique. A cet effet, nous rap-
pellerons qu'une contraction de i centimètre cube, éprouvée par i litre
d'eau à la température ordinaire de i5 degrés, équivaut au dégagement
de 7576 calories, le gramme étant pris pour unité. Pour avoir les valeurs
de C, il suffira donc de multiplier les valeurs de V — v par le nombre con-
stant 7576 calories. Ainsi, par exemple, i équivalent de chlorure de potas-
sium produit, en se dissolvant, une contraction de 8", 8; pour avoir l'effet
thermique correspondant, il faudra prendre 7576*^^' X 8,8 = 66G69 ca-
lories.
» La quantité de chaleur ainsi mise en jeu dans les phénomènes de dis-
solution peut être supérieure à celle qu'exige la dissociation plus ou moins
avancée des éléments constituants du sel, ou peut élre insuffisante à la
production de cet effet. Cet excédant de chaleur non utilisée, et qui reste
à l'état de chaleur sensible, ou bien la quantité de chaleur complémentaire,
et qui est nécessairement empruntée aux corps mêmes qui réagissent,
peuvent être mesurés à l'aide du calorimètre à mercure. C'est ainsi qu'ont
été obtenus les nombres de calories renfermés dans la colonne C.
» Enfin la dernière colonne C — C renferme les différences des valeurs
de C et de C. Ces différences, exprimées eu calories, peuvent donc être
considérées, d'après ce qui précède, comme le travail intérieur.
( 8o5 )
» L'inspection de ce tableau autorise les remarques suivantes :
» 1° A l'exception des chlorure, bromure et iodure d'nmmonium, tous
les sels ont donné une contraction de volume en se dissolvant.
» 2° Si l'on prend pour mesiu'e de l'action coercitive la contraction
spécifique représentée par — - — ? les sels, d'après la comparaison des radi-
caux métalloïdiques, peuvent être groupés de la manière suivante, au point
de vue de l'énergie coercitive : premier groupe, carbonates et borates;
deuxième groupe, sulfates et fluorures; troisième groupe, chlorures, azo-
tates et bromures; quatrième groupe, iodures. Si l'on compare entre eux les
radicaux métalliques, on obtiendra cet autre classement : premier groupe,
aluminium et cuivre; deuxième groupe, strontium, baryum, calcium; troi-
sième groupe, sodium et potassium; quatrième groupe, ammonium.
)) Parmi les sels expérimentés, le sulfate d'alumine et le carbonate de
soude sont ceux pour lesquels la contraction spécifique est la plus forte.
I équivalent de ces sels se dissout dans i litre d'eau, sans en augmenter
sensiblement le volume, A l'extrémité opposée se trouve l'iodure d'ammo-
nium qui, au lieu de produire une contraction, augmente de 5'''', i le vo-
lume total du sel et du dissolvant.
» Nous ajouterons encore que les chlorure, bromure et iodure d'am-
monium, qui, au lieu de produire une contraction, augmentent le volume
total des corps mis en présence, accroissent d'autant plus ce volume que
leur radical métalloidique a moins d'affinité pour le radical métallique
auquel il est combiné.
» 3° Lorsqu'un sel se dissout, on peut admettre qu'il se produit deux
effets de sens inverse : i° un effet de contraction du dissolvant sous l'in-
fluence du sel; 2° un effet d'augmentation de volume du sel, par suite de
la dissociation plus ou moins avancée de ses éléments constituants. Le pre-
mier effet est, dans la généralité des cas, plus considérable que le second,
de sorte que le résultat final est ordinairement une contraction. Toutefois,
ainsi que nous l'avons dit, l'inverse a lieu pour les chlorure, bromure et
iodure d'ammonium.
» 4° I-6S valeurs de r/, obtenues pour la densité des liqueurs normales,
donnent une nouvelle vérification, fondée sur des expériences plus pré-
cises, du module auquel satisfont les solutions salines normales, et en
vertu duquel chaque radical salin produit dans la dissolution une augmen-
tation de densité qui lui est propre et qui est indépendante de l'autre
radical auquel il se trouve associé. Le tableau suivant met cette vérifica-
( 8o6 )
tion en évidence ponr deux séries de sels, pour les sels d'ammonium
comparés aux sels de potassium et pour les chlorures de divers métaux
comparés aux azotates des mêmes métaux.
Cl
Br
1
FI
se
AïO'
K
Am
Diff, . . .
'.o'i'i'i
1 ,01 J7
1,0800
1 ,ÛJ20
I,ll,),i
.,oS'i7
o,ù:zlS8
1.0.^68
I , oa I 5
1 ,oC>(h
1,0378
0,028 j
1,0591 1
I , 0007
0,O2S,'|
0,0287
0,0'iSo
O.OJ,J|
i
1
K
iNa
A m
Ca
St
Ea
AzO»
Cl
Diir. . . .
1,0391
I ,0J'(0
1,0,396
0,01,5 1
1, 11307
1 ,01, '17
0,(11 , M J
1,0,578
i,o'|:{i)
I ,081 I
1 , 06(17
o,0I.'|'|
1,1 0,3 S
1,0887
0,0147
0,01 39
0 , Ci I j 1
» On voit en effet que, dans l'un et l'autre cas, les différences des den-
sités correspondantes sont sensiblement constantes; le plus grand écart se
présente pour les fluorures de potassium et d'ammonium, et il peut tenir à
la difficulté de se procurer le premier sel dans un état aussi bien défini que
les autres. Il est bon, du reste, d'ajouter que, très-probablement, cette re-
lation est l'expression d'une loi naturelle que l'expérience ne peut établir
que par approximation, comme cela arrive pour la plupart des relations
constatées dans l'étude des phénomènes naturels.
» 5° Les valeurs négatives de V — t», obtenues pour le chlorure, le bro-
mure et l'iodure d'ammonium, et la valeur presque nulle de V — i', qui cor-
respond à l'azotate d'ammonium, semblent établir que, dans les solutions
salines, les sels ammoniacaux sont dans un état de dissociation beaucoup
plus avancée que les autres sels étudiés.
» Les éléments constituants des sels peuvent-ils éprouver eux-mêmes, et
dans une certaine mesure, im phénomène de dissociation plus ou moins
avancée, mais qui, dans ce cas^ se produirait entre molécules similaires,
comme cela a lieu, par exemple, dans le passage de l'hydrogène ordinaire
à l'étal d'hydrogène actif? C'est une question que nous osons à peine poser;
toutefois nous allons indiquer quelques considérations qui peuvent justi-
fier jusqu'à un cerlain point cette proposition.
» Rappelons ce qui se passe lorsque le carbonate de soude anhydre S(!
combine avec l'eau pour former le sel cristallisé CO' Na, 10 HO. Le carbo-
( 8o7 )
nate de sonde anhydre, en se dissolvant, donne an calorimètre +3658 ca-
lories; de son côlé, le carbonate hydralé cristallisé CO'Na, loHO accuse
— 7840 calories. La différence 1 1 498 représente donc la chaleur cédée au
calorimètre par les éléments des cristaux pendant leur formation. Si l'on
se bornait à tenir compte, flans ce phénomène, du changement d'état des
10 équivalents d'eau qui passent de l'état liquide à l'état solide, la quan-
tité de chaleur accusée par- le calorimètre serait seulement de 7200 calories
(à raison de 80 calories pour i gramme d'eau), au lieu de 1 1 /igS calories
que donne l'expérience. La chaleur de réaction est donc supérieure de
4298 calories à la chaleur latente de solidification de l'eau ; dn sorte qu'il
faut admettre que, dans la formation du cristal, il y a lui apport de cha-
leur par l'eau ou par le sel, ou par les deux à la fois. Cet apport de chaleur
semble trouver son explication naturelle dans le phénomène de coercition.
L'expérience démontre, en effet, que la formation du cristal est accompa-
gnée d'une contraction de volume des éléments égale à i^*^"^, 8, à laquelle
correspond ijécessairemenî lui dégagement de chaleur.
» Toutefois la différence de 4298 calories est bien loin de corre.spondre
à l'effet calorifique résultant de la contraction, si l'on suppose que cette
contraction est subie exclusivement par l'eau, prise à la température
de i5 degrés; car, dans ce cas, la quantité de chaleur rendue libre serait
de 104549 calories, à raison de 7576 calories par centimètre cube, ainsi
que nous l'avons expliqué précédemment. Les 4298 calories accusées au
calorimètre ne sont donc qu'une très-faible partie de ce flux considérable
de chaleur; on est alors conduit à se demander à quoi est employé tout le
reste. La dissociation des éléments constituants du sel rendrait difficile-
ment compte, à elle seule, du passasse à l'état latent de près de 100 000 ca-
lories, et, en supposant que cette dissociation soit complète, ce qui n'est
guère admissible, il resterait encore un excédant considérable de chaleur
dissimulée; on est donc porté à penser que cet excédant pourrait bien être
employé, connue nous l'avons dit plus haut, à opérer luie dissociation jihis
ou moins avancée entre les molécules similaires des éléments des composés
salins (i).
(1) Nous devons cependant reconnaître que ce raisonnement paraît infirmé, au premier
abord, parce qui se produit pour certains sels ammoniacaux. En effet, dans la dissolution
des chlorure, bromure et iodurc d'ammonium, par exemple, on observe, non plus une con-
traction, mais bien une augmentation de volume des éléments mis en présence, de sorte
que, en attribuant à l'eau seule cette augmentation de volume, l'eau, au lieu de céder de
la chaleur dans le phénomène, devrait en emprunter. Toutefois, daus ce cas, il pourrait
( 8o8 )
M Une dernière question reste à résoudre : si la coercition de l'eau, dans
la formation du cristal, vient en aide à la dissociation du sel par la chaleur
provenant de cette coercition, pourquoi y a-t-il un excédant de chaleur
accusé au calorimètre, et qui n'a pas été utilisé pour opérer celle disso-
ciation? A cet égard, il faut remarquer que, dans la formation des cris-
taux, l'eau ne peut intervenir que par niasses équivalentes : d'où il résulte
que les quantités de chaleur qu'elle met en jeu sont nécessairement défi-
nies. En prenant l'eau qui doit entrer dans sa constitution, le cristal prend
la chaleur qui lui est nécessaire, et le reste, n'ayant plus de travail à effec-
tuer, reste libre et est accusé au calorimètre. 11 n'en est plus de même lors-
qu'on dissout le sel hydraté cristallisé. Ce sel peut bien encore exercer sur
l'eau une action coercitive en se dissolvant, mais l'intervention de masses
d'eau équivalentes n'est plus nécessaire, et l'on comprend le résultat ther-
mique généralement négatif accusé par le calorimètre, la chaleur de disso-
ciation et de diffusion l'emportant alors prescjue toujours sur la chaleur
de coercition.
» Les considérations qui précèdent ne sont pas particulières au carbo-
nate de soude : elles s'appliquent également aux autres sels, susceptibles
de cristalliser avec de l'eau, que nous avons étudiés dans notre précédente
Communication.
M On peut encore interpréter le phénomène de coercition en le rappro-
chant du phénomène bien connu de la condensation des gaz et des liquides
par les corps solides. En effet, rappelons ce qui se passe lorsque l'acide
carbonique, par exemple, est condensé par le charbon de bois. On sait que
le gaz carbonique, en se condensant jusqu'à refus sur le charbon, dégage
une quantité de chaleur supérieure à celle qu'il dégage en se solidifiant.
On sait en outre qu'en se condensant sur le charbon, par fractions suc-
cessives, la première fraction de gaz condensé dégage plus de chaleur que
la deuxième, la deuxième que la troisième, et ainsi de suite jusqu'à la
dernière; de sorte qu'on doit admettre que, sous l'influence coercitive du
charbon, l'acide carbonique semble former des couches de densité décrois-
sante à partir de la surface de condensation. Suivant toute apparence, les
choses se passent de la même manière lorsqu'un sel se trouve en présence
bien se faire que l'augmentation de volume de l'eau ne fût qu'apparente, et que celle-ci
subît au contraire une contraction, comme celle qu'elle subit en présence des autres sels
étudiés; mais, avant de justiCer cette assertion, nous avons besoin de compléter quelques
recherches sur l'ammonium et sur les sels ammoniacaux.
( «09 )
de l'eau, les surfaces moléculaires du sel amené à un état de division ex-
trême agissant sur l'eau pour lui donner une densité supérieure à celle
qu'elle possède à l'état liquide et même à l'état solide.
)> Dans un prochain travail, nous reviendrons sur la comparaison des
quantités de chaleur mises en jeu par le phénomène de coercition avec les
quantités de chaleur mises en jeu dans la formation des composés salins.
Ce rapprochement est nécessaire si l'on veut se rendre un compte exact
des modifications que ces composés subissent sous l'influence de l'eau. »
« M. P. Gervais fait hommage à l'Académie des Mémoires suivants,
qu'il a récemment publiés :
» 1° Nouveau Mémoire sur \es formes cérébrales des Mammifères, faisant
connaître, sous ce rapport, le Toxodon ainsi que le Tjpolheriitm, deux
genres éteints très-singuliers qui sont particuliers à l'Amérique méridionale,
les Chéiroptères^ les Insectivores^ les Rongeurs et les Ongulés de petite taille.
» 2° Mémoire sur les fossiles propres aux dépôts à chaux phosphatée du
Quercj (deuxième partie).
» 3° Monstres pol/gnathes et hétérognathes. — Ce travail complète les
remarques présentées, en i85r, à l'Académie, par Isid. Geoffroy Saint-Hi-
laire, à propos du genre de monstruosités que ce savant a nommé Desmio-
gnathes; il renferme, en outre, la description d'un cas très-rare de monstres
hétérognathes, recueilli dans la clientèle de M. le D'' Péan ; cas rappelant
par la multiplicité des pièces osseuses, toutes garnies de dents, qui étaient
contenues dans une inclusion ovarique, celui que Ploucket et Authenrieth
ont autrefois fait connaître.
» 4° Ostéologie du Sphargis luth. — Ce grand Chélonien marin n'avait
point encore été étudié sous ce rapport. Sa carapace extérieure diffère par
des caractères importants de celle des autres animaux du même ordre et
n'adhère pas au squelette proprement dit; elle ne répond pas anatomique-
ment à la carapace de ces derniers. D'autres particularités importantes
éloignent également le Sphargis du reste des Chéloniens.
» L'auteur traite, dans les Mémoires dont les titres viennent d'être rap-
pelés, de diverses questions générales se rattachant aux faits qui y sont
exposés.
» M. P. Gervais offre, en outre, à l'Académie plusieurs Notes consa-
crées à différents sujets, qu'il vient aussi de faire imprimer.
(;. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» lo.) *o5
( 8,o )
» L'une de ces Notes énumère le produit des fouilles entreprises par
M. Picite, dans la grotte de Gourdan (Haute-Garonne i, fouilles qui ont
conduit à la découverte d'un dessin sur os, représentant Y Antilope Sànja.
Ce dessin était mêlé à de nombreux débris fracturés du Renne et à des
restes d'oiseaux, parmi lesquels figurent les genres Coq et Tétras. »
RIÉMOmES LUS.
ZOOLOGIE. — Recherches sur la Jaune ancienne de l'île Rodrigues;
par M. Alph.-Milne Edwards. (Extrait.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
« Jusque dans ces derniers temps, la petite île Rodrigues, située à environ
3oo milles marins à l'est-nord-est de Maurice, n'avait attiré que peu l'atten-
tion des naturalistes. Vers la fin du xvii^ siècle, un voyageur français.
Léguât, y séjourna pendant deux années ; il en donna une description fort
étendue, mais tout ce qu'il en disait s'accordait si mal avec les indications
fournies plus récemment par d'autres navigateurs, que son livre n'in-
spira que peu de confiance. En effet, i'ile Rodrigues semblait, d'après les
récils de ce voyageur, avoir une riche végétation et une faune variée, tandis
qu'aujourd'hui les animaux y font presque entièrement défaut. Un chan-
gement si complet, effectué en moins de deux siècles, paraissait improbable
et la véracité de Léguât fut mise en doute. Cependant les assertions de ce
naturaliste méritaient d'être accueillies avec confiance, car les débris
appartenant à des espèces éteintes et découverts depuis quelques années
dans les terrains meubles de I'ile Rodrigues doivent être considérés comme
autant de témoins irrécusables de l'exactitude de ses observations.
» Les intéressantes recherches de MM. Strickland et Melville, puis de
MM. A. et E. Newton, sur l'oiseau que Léguât appelait le SoUlaire commen-
cèrent la réhabilitation scientifique de ce voyageur et, dans un Mémoire
publié il y a quelques années, j'ai montré que, conformément à ses asser-
tions, il y avait jadis à Rodrigues de grands Perroquets, dont l'espèce
n'existe plus aujourd'hui ni dans cet île ni sur aucun autre point du globe.
» Les ossements dont l'étude m'a fourni ces résultats ne sont pas les
seuls fossiles qui prouvent l'existence d'une faune ornithologique éteinte
récemment sur cette terre isolée. Les fouilles pratiquées sous la direction
de M. Edouard Newton, auditeur général à Maurice, ont ramené au jour
( 8'> )
beaucoup d'autres débris analogues, et les pièces recueillies de la sorte
ayant été généreusement mises à ma disposition parle frère de ce natura-
liste, M. Alfred Newton, professeur d'Anatomie comparée à l'Université
de Cambridge, j'ai pu constater que, à côté des Solitaires et des grands Psit-
taciens dont je viens de parler, vivaient autrefois plusieurs autres oiseaux
se rapportant à des types zoologiques que Léguât avait observés à Rodri-
gues en 1691, mais qui n'y existent plus de nos jours.
» Parmi les ossements recueillis dans les cavernes, j'ai remarqué
d'abord un sternum, un fragment de crâne et un tarso-métalarsien, qui
provenaient évidemment d'un oiseau de la taille d'une petite poule, mais
ressemblant beaucoup à l'Ocydrome de la Nouvelle-Zélande et, comme
celui-ci, incapable de voler.
» Je ne m'étendrai passur les particularités auatomiques qu'il présente,
car, dans un travail précédent, j'ai établi avec soin les traits dislinctifs des
différentes espèces de Rallides, fournis par la conformation de cette partie
du squelette.
» Le sternum trouvé à Rodrigues montre aussi, par sa conformation,
que cet oiseau devait être sinon complètement apténien, du moins inca-
pable d'un vol soutenu. Par ses caractères généraux, cet os ne diffère pas
du sterniuîi de l'Ocydrome, et les muscles pectoraux qui s'y insèrent ne
pouvaient avoir que très-peu de force; il présente d'ailleurs différentes parti-
cularités (le structure qui le distinguent de celui de tous les Rallides connus.
)) Aujourd'hui il n'existe à Rodrigues aucun oiseau ayant la moindre
ressemblance avec les Ocydromes; mais tous les caractères ostéologiques
que je viens de signaler s'accordent très-bien avec l'idée qu'on peut se
former de certains oiseaux qui babitaient en grand nombre cette île, il y a
deux siècles, et que Léguai signale sous le nom de Gelinottes.
» Ceux-ci n'étaient évidemment pas des Gelinottes et ils ne pouvaient
appartenir à ce groupe zoologique; car ils avaient, au dire de Léguât, le
bec long, droit et pointu, à peu près comme celui des Ocydromes et, de
même que ces Rallides, ils ne volaient presque pas. Ils ressemblaient aussi
aux Ocydromes par une singularité physiologique, l'antipathie pour la
couleur rouge. Si on leur présente quelque chose de rouge, dit Léguât,
cela les irrite si fort, qu'ils viennent l'attaquer pour tâcher de l'emportrr;
si bien que, dans l'ardeur du combat, on a occasion de les prendre faci-
lement. Or j'ai observé le même instinct chez les Ocydromes de la ména-
gerie du Muséum d'Histoire naturelle.
» Il me paraît donc très-probable que le Rallide dont les os se trouvent
lOJ..
( 8.2 )
encore à Rodrigues est le aiême oiseau que celui que Léguât désignait
sous le nom de Gelinotte, et, comme ses caractères anatomiques ne permet-
tent pas de le ranger dans aucun des genres précédemment établis, je lui
donnerai le nom dErythromaque.
n Les débris fossiles soumis à mon examen par M. le professeur Newton
m'ont permis de constater que la famille des Hérons, aujourd'hui inconnue
à Rodrigues, était représentée jadis par une espèce particulière, à grosse tète,
à bec robuste et à pattes courtes. J'ai pu reconstituer, presque en entier,
le squelette de cet Échassier, et je ne doute pas que ce ne soit l'oiseau dont
Léguât a parlé sons le nom de Butor. Ce n'était cependant pas un Butor
proprement dit, mais il ressemblait assez à cet Ardéide pour motiver le
rapprochement fait par Léguât, et, d'après le récit de ce voyageur, aussi
bien qu'à raison du nombre d'ossements recueillis par les soins de M. New-
ton, on voit qu'il devait être très-commun. Je craindrais d'abuser de l'at-
tention de l'Académie si j'entrais dans plus de détails au sujet des carac-
tères ostéologiques de cette espèce, et je me bornerai à ajouter qu'elle ne
peut être confondue avec aucune de celles du même genre que l'on connaît
aujourd'hui.
» Une nouvelle preuve de la véracité de Léguât et des changements
considérables survenus dans la faune ornithologique de l'île Rodrigues, de-
puis deux siècles seulement, m'a été fournie par les os des oiseaux de nuit,
dont j'ai constaté l'existence. Aujourd'hui on ne connaît, dans celte loca-
lité, auciui oiseau de proie; mais, lorsque Léguât y séjournait, les Rapaces
nocturnes étaient en assez grand nombre pour aider activement à la des-
truction des Rats, dont l'île était infestée. D'après les pièces osseuses dont
je viens de parler, on peut voir qu'il y avait deux espèces de Hibous à Ro-
drigues : l'une trop imparfaitement représentée pour que je puisse en dé-
terminer les affinités exactes, l'autre appartenant au genre Athcne et bien
distincte de toutes les espèces vivantes.
» Les autres oiseaux terrestres dont Léguât fait mention comme vivant
à Rodrigues sont des Pigeons, des Perroquets, et une espèce du groupe
des Passereaux.
» Si les Pigeons n'ont pas entièrement disparu de cette île, ils y sont
devenus extrêmement rares, car M. E. Newton, malgré ses recherches, n'a
pu en voir un seul indivithi-, mais leur existence passée est démontrée par
les ossements qui ont été trouvés associés à ceux du Solitaire, de l'Érytluo-
maque, des Hérons et des Iliboiis, dont je viens de parler. Ces débris m'ont
permis de constater que jadis il y avait là deux espèces de Colombes : l'une
(8,3)
est évidemment le Tiiilur picluralus, qui habite actuellement l'île Maurice.
» La seconde espèce reconnue, d'après un sternum, est plus intéressante.
Léguât n'en a pas fait mention, soit parce que cet oiseau échappa à son at-
tention, soit parce qu'il avait déjà disparu de Rodrigues avant l'arrivée de
ce voyageur. C'était une espèce de petite taille, à peine plus grande que le
Colitmba tjmpaiiistiia, mais beaucoup mieux conformée pour le vol. Je ne
connais aucun genre de la famille des Colombides offrant les mêmes carac-
tères.
» Les Perroquets observés par Léguât étaient de médiocre grosseur,
leur plumage était vert et bleu. Ils étaient très-abondants et la chair des
jeunes avait un goût agréable. J'ai pu voir, d'après les manuscrits de Pin-
gré, conservés à la Bibliothèque Sainte-Geneviève et qui m'ont été très-
obligeamment communiqués par M. Ferdinand Denis, qu'en 1761, époque
à laquelle cet astronome visita l'île Rodrigues, pour y observer le passage
de Vénus, ces oiseaux commençaient à devenir rares. Cependant ils ne pa-
raissent pas avoir entièrement disparu; car, dernièrement, M. Newton est
parvenu à se procurer un Perroquet qui, suivant toutes probabilités, est un
représentant de l'espèce observée par Léguât, car plusieurs ossements,
trouvés dans les cavernes de l'île, s'y rapportent évidemment. Cet oiseau,
bien distinct de tous les Psittaciens actuels, a été décrit par M. Newton,
sous le nom de Palceoinis cxsiil. Le même ornithologiste a constaté que
VJgaponds cana, petite Perruche commune à Madagascar et à Maurice,
habite actuellement Rodrigues; mais les colons assurent qu'elle est d'ori-
gine étrangère et ajoutent qu'elle a été apportée par un navire américain^
venant de Madagascar.
» Quant au grand Perroquet fossile de Rodrigues, que j'ai déjà fait con-
naître précédemment, sous le nom de Psiltacus rodericanus, il ne peut être
rapporté ni à ï Acjapornis cana ni au Palœornis exsul, et fournit une preuve
de plus des changements survenus dans la faune de cette île. Quelques
ossements, qui en ont été trouvés dans des fouilles récentes, m'ont permis
de voir que cet oiseau se rapprochait beaucoup plus des Palœornis que je
ne l'avais d'abord supposé et, d'après l'examen que j'en ai fait, je pense que
ce Psittacien doit prendre place entre les Loris et les Palœornis.
» Je ne parlerai pas ici des oiseaux de mer qui fréquentent les côtes de
Rodrigues; ce sont toujours les mêmes espèces qui vivent aujourd'hui et
qui y vivaient il y a deux siècles; on y voit, comme du temps de Léguât,
des Frégates, des Fous, des Phaétons, des Pétrels.
» La faune ornithoiogique sédentaire avait un tout autre intérêt, puisque
( 8-4 )
c'est en la comparant, telle qu'elle est aujourd'hui, aux espèces que ré-
vèlent les ossements extraits du sol des cavernes et que Lesjuat avait ob-
servées, qu'il est possible de constater que, en moins de deux siècles, des
changements très-considérables se sont accomplis dans la composition de
cette faune, riche jadis et anjourd'iuii remarquablement pauvre.
» La végétalion y a cliangé aussi de caractère, car les beaux arbres tlont
parle Léguât ont, pour la plupart, fait place à des broussailles; mais ces
modifications ne sont dues ni à une catastrophe géologique, ni à des phé-
nomènes météorologiques particuliers, car le climat n'a pas varié.
» Les traditions locales attribuent la destruction des bois à de grands
incendies, allumés par l'homme, et c'est aussi l'influence, soit directe, soit
indirecte de celui-ci qui me paraît avoir déterminé l'extinction des espèces
animales dont je viens de parler. »
MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
DOUCr>E KKFUACTION. — Vérificdùon de la loi irHiiygliens, par lu inclliode
du })mine. Mémoire de M. Abkia. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Physique.)
o La loi de la double réfraction dans les cristaux uni-axes n'a été vérifiée
jusqu'à présent, à ma connaissance, que dans des cas particuliers et par la
méthode du transport. Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au juge-
ment de l'Académie renferme les résultats de quelques expériences que
j'ai entreprises pour la vérification de cette loi, en employant la méthode
du prisme.
» Soit une substance biréfringente, taillée sous la forme d'un prisme offrant
cinq angles dièdres, l'axe ayant du reste une direction quelconque. Si l'on
mesure pour une raie déterminée, pour la raie D par exemple, l'indice de
réfraction de chacun des rayons, en amenant pour ce rayon le |)risme dans
la position du minimum de déviation, on devra trouver, quelle que soit
l'arête réfringente, une valeur constante de l'indice pour l'un d'eux, lequel
sera l'ordinaire et se trouvera ainsi déterminé. Le prisme étant dans la po-
sition du niininuHu de déviation pour l'image ordinaire, si l'on mesure
l'angle que forment entre eux les rayons émergents, ordinaire et extraor-
dinaire, à leur sortie du prisme, d sulfira de comparer la valeur fournie par
l'observation à celle à laquelle conduit l'application de la loi d'Huyghens;
s'il y a concordance, il ne pourra rester de doute sur l'exactitude de cette
loi.
( 8.5)
» Les calculs sont un peu longs, parce que, pour chaque cas, on a besoin
(le six quantités; mais ils exigent seulement beaucoup d'altention, sans
offrir de gi';uKles ilitficultés.
ANGLE
DU RA\ON E
AVEC L'AXE.
76.19
108. 5o
32.13
32.4-2
60. 8
i; ',.:!■..
73.21
I II. g
/|4.56
39.20
Go. 7
60. 5
38. 16
3l.2I
6',.. 3/,
4.55
57.19
G2.18
ANGLE DES RAYONS G ET E
à leur sortie du prismo.
Observation.
14 . II .37
l3.22. ti
3.54.51
4 -01 .26
Il . o3 . 46
12.02.53
13.27. 6
12.56.23
5.3o. 5
5.29.57
4.» . 55
46. 4
36. I
40. I9
4.. 46
12
43. iS
33.42
i4 . io.3o
l3.22.20
3.5I.3.J
3.58. 10
II . 3.10
12 . 10. 3o
.3..34.'|o
i2./|g.b6
5.27.-20
j.23.5o
/|G.25
3ô . 53
4 1 . 00
/(O. :>
ïo" h 20"
42, 5.J
3.. 45
DIFFERENCE.
'■ 7
>'t
3.3i
3.16
36
7.37
7.3',
0.33
2.45
6. 7
20
'M
Insensible.
23
■n
OBSERVATIONS.
Prîsirn; de spalh, olff-iiit cinq .tngins dièdres;
cli.tcun d'enx donne lien h den.v cxpt}-
riences de vérification.
I
Prisme de quart/., ofirant seulement trois
an[[les dièdres; cliacnn d'eux ne donne
Heu qu'à nne expérience de vérification.
Prisme de quartz, offrant seulement trois
angles dièdres; l'axe est parallèio h l'un
des côtés de la base.
» Le tableau ci-joiut renferme les résultats de dix-huit expériences, faites,
les dix premières avec im prisme de spalh, et les huit autres avec deux
prismes de quartz. Les différences sont presque toujours inférieures à ■^~^
de la quantité à mesurer; elles sont très-acceptables, si l'on réfléchit au
nombre de formules que l'on est obligé de calculer. »
ZOOLOGIE. — Monographie des poissons de la famille des S/mhrancliidës;
par M. Camille Dareste. (Extrait.)
(Renvoi à la Section d'Aualomie et Zoologie.)
« La famille des Symbrancliidés est une famille très-naturelle, voisine,
mais bien distincte de celle des Anguilles.
» Elle ne contient que quatre espèces qui, malgré leurs affinités bien évi-
dentes, sont cependant assez distinctes, surtout au point de vueanatomique,
pour être réparties en quatre genres : ce sont les Sjmbranclius marmoralus
( 8.6 )
(Bloch), Vniapcrturn lerns (Lacépède), Monoptenis javai^icus (Lacépède),
Jmphipnous ciuhia (J. Mùller). Le genre Àlabes, de Cnvier, bien qne je ne
l'aie étudié que d'une manière très-incomplète, et qu'il m'ait été impossible
d'en faire la dissection, me paraît appartenir à un autre groupe; car, s'il
ressemble aux Symbranchidés par l'existence d'une seule fente branchiale,
il s'en écarte complètement par la position de l'anus fort en avant et, par
conséquent, par le grand développement de la région caudale.
» Les Symbranchidés, qui ressemblent aux Anguilles par la forme géné-
rale du corps, s'en distinguent a. l'extérieur, ainsi que des autres poissons,
par la réunion en une seule des deux fentes branchiales, par l'absence com-
plète desnageoires paires et l'état excessivement rudimentaire delà nageoire
paire, qui commence à la face dorsale au-dessus de l'anus et qui, à la face
ventrale, ne s'étend pas toujours jusqu'à cet orifice; enfin, par la brièveté
excessive de la queue, résultant de la position très-reculée de l'anus en
arrière.
)) L'organisation de ces animaux présente des particularités très-remar-
quables.
» La tête osseuse, qui caractérise si bien les groupes naturels des pois-
sons, ainsi que je l'ai montré dans un travail publié l'année dernière, re-
produit assez exactement le type de la tête des Murénoïdes, mais avec de
remarquables différences. Le trait le plus saillant, c'est que l'aile palatine
s'attache dans toute son étendue à la base du crâne et forme ainsi, à la voûte
de la cavité buccale, un plafond entièrement osseux, caractère qui ne se
rencontre, dans la classe des poissons, que dans un type très-différent, celui
des Mormyres et du Gymnarchus. Le rebord de l'aile palatine est garni de
dents dans toute son étendue, de telle sorte qu'il existe chez ces poissons
deux rangées de dents, l'intérieure aux palatines, et l'extérieure aux inter-
maxillaires, comme chez les Serpents, à qui, d'ailleurs, ils ressemblent à
beaucoup d'égards; le vomer, au contraire, est complètement dépourvu
de ces organes. La mâchoire supérieure, contrairement à ce que l'on ob-
serve chez les Anguilles, est formée de deux pièces juxtaposées dans pres-
que toute leur longueur, et qui représentent le maxillaire et l'intermaxil-
laire des poissons. L'aile operculaire est assez développée, bien qu'entière-
ment cachée sous la peau comme chez les Anguilles; mais les rayons bran-
chiostéges sont fort petits. Du reste, bien que la forme générale de la tète
osseuse et des autres parties du squelette soit exactement la même, chaque
espèce ou, pour mieux dire, chaque genre se distinguo p:ir des caractères
ostéologiques d'une grande importance. Ainsi V Uniaperluia et le Mono^
( 8.7)
pterus ont une ceinture scapulaire complète et attachée au crâne, comme
chez la phipart des poissons osseux, taudis que les pièces supra-scapulaires
font complètement défaut chez le S/inhrauchus et VAmphipnous^ plus sem-
blables, sous ce rapport, aux véritables Anguilles. Le Monoplerus présente
aussi ce fait que l'interparictal sépare complètement les pariétaux et vient
se réunir aux frontaux, tandis que, dans les trois autres, comme chez les
Anguilles et les Murènes, les pariétaux séparent complètement les frontaux
et l'interpariétal. Il en est de même pour les côtes, qui tantôt existent et
tantôt manquent.
» La disposition des parties molles, et principalement de l'appareil cir-
culatoire, est également très-remarquable. Les Symbranchidès, contraire-
ment à ce qui existe chez tous les poissons, possèdent un véritable cou. Le
cœur, au lieu d'être placé immédiatement en arrière de la tète et de la ré-
gion branchiale, en est au contraire à une très-grande distance, et la région
du corps qui les sépare, véritable région cervicale, est entièrement occupée
par des plans musculaires, entre lesquels sont placés, supérieurement
l'œsophage, inférieurement l'artère branchiale, qui est très-longue, et laté-
ralement les deux veines jugulaires. Le cœur est parfaitement symétrique;
le ventricule est très-allongé; l'oreillette, dont le développement est con-
sidérable, se replie à la face supérieure du ventricule, et ses rebords fran-
gés viennent s'accoler l'un à l'autre. Les veines qui viennent aboutir au
sinus veineux sont au nouibre de quatre et restent complètement séparées,
contrairement à ce qui a lieu chez tous les autres poissons : ce sont supé-
rieurement les deux veines jugulaires, inférieurement une grosse veine qui
vient de l'intestin et du foie, et qui représente la veine cave inférieure,
puis une autre veine qui provient de la région caudale et qui reçoit les
veines du rein. Je n'ai pu, à mon grand regret, étudier en détail ces faits si
exceptionnels, parce que je n'ai eu à ma disposition que des animaux qui
avaient séjourné depuis très-longtemps dans l'alcool ; je les signale aux
anatomistes qui pourront étudier des pièces fraîches. Je dois rappeler ici
que Taylor a signalé ces faits en i83i, dans le Ciichia, et en a conclu
que cet animal devait former un passage des poissons aux reptiles; cette
organisation si remarquable du Cuchia existe chez tous les Symbranchidès.
» Je dois rappeler encore, comme caractères anatomiques communs à
tous ces poissons, la disposition du tube digestif, qui se dirige en droite
ligne et sans présenter extérieurement des divisions, depuis la tète jusqu'à
l'anus; le grand volume du foie, qui est accolé au tube digestif dans la plus
grande partie de son parcours dans la cavité abdominale, et qui, même
C, K., 1873, 2"= Semestre. (T. LXXVII, N» 13.) lOf^
(8.8)
chez \e Sjinbranclius et Wniapertura, l'accompagne jusqu'à l'anus; le déve-
loppement considérable de la vessie virinaire qui, chez de grands individus,
présente une longueur de a décimètres; l'existence, chez les mâles, de
deux testicules, et chez les femelles d'un ovaire unique venant s'ouvrir à
l'extérieur, en avant de la vessie urinaire. Les œufs atteignent un volume
assez grand pour faire croire à l'existence de l'ovoviviparité; mais tous ceux
que j'ai étudiés étaient trop altérés pour permettre de constater s'il y avait
eu commencement de développement embryonnaire.
M L'encéphale, dont l'étude eût été si intéressante, était complètement
altéré sur les individus que j'ai eus entre les mains.
» D'autre part, ces animaux, si semblables par tant de détails de leur
organisation, diffèrent complètement les uns des autres par la disposition
de l'appareil respiratoire et par la manière dont la respiration s'accomplit.
Ici je n'ai point de fait nouveau à signaler. Je rappellerai seulement que,
tandis que le Symbrancliuset V Uniapertura ne diffèrent en rien des autres
poissons, le Monoptcrus ne présente, de chaque côté, que trois branchies,
bien qu'il possède quatre crosses de l'artère branchiale, l'une de ces
crosses n'étant point en communication avec un système de vaisseaux ca-
pillaires et ne pouvant, par conséquent, servir à l'oxygénation du sang. Le
Monoplerus se rapproche donc, à ce point de vue, des reptiles. Le Cuchia
possède une organisation plus remarquable encore; car il joint à l'orga-
nisation branchiale du Monopterus l'existence d'un sac respiratoire, qui
est en communication avec la partie antérieure de la chambre branchiale
et qui est à peine indiqué, chez les autres espèces, par une petite excava-
tion dépourvue d'un réseau capillaire.
)) Je dois signaler ici, dans le Monoplerus, un fait fort intéressant, mais
dont je ne puis donner la signification. Dans la plupart des individus que
j'ai étudiés, le troisième arc branchial ne porte point de lamelles, mais il
est seulement revêtu par une membrane continue. Tous ces individus ont
été péchés dans des étangs et même dans des étangs desséchés, qu'il faut
ouvrira coups de bêche. Deux individus, péchés dans le Yancj-lse-Kiang et
qui ne présentent avec le précédent aucune différence spécifique, ont,
au contraire, le troisième arc branchial garni de lamelles branchiales,
comme les deux arcs précédents. Ces lamelles du troisième arc branchial
seraient-elles des organes temporaires coexistant avec la vie active de ces
animaux, lorsqu'ils remontent les fleuves, et disparaissant pendant leur
période d'engourdissement, lorsqu'ils vivent dans la vase desséchée? Je ne
puis ici que soulever la question.
( f^M» )
» Il est Tort curieux de constater de si grandes différences darts Ife mode
de fonctionnement des phénomènes respiratoires chez des animaux, d'ail-
leurs si voisins les mis des autres. Cela nous apprend, par un très-frappant
exemple, que ce qui caractérise les groupes naturels, c'est le type ou les
conditions anatomiqnes de la forme générale, et que les caractères tirés des
faits physiologiques ne doivent venir qu'en seconde ligne. »
CHIMIE iNDUStRiELLE. — Epwaleur mécanique pour te cjaz d'éclairage, pouvant
servir en même temps à mélamjer les gaz avec des vapeurs liquides. Note
de M. D. CoLLADON. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission nommée pour un Mémoire précédent de MM. Au-
douin et Pelouze, Commission qui se compose de MM. Peligot, Rolland,
Jamin.)
« Retenu quelques semaines au SaintGothard par les travaux d'instal-
lation des moteurs hydrauliques et l'établissement des nouvelles pompes
de compression qui fourniront l'air comprimé aux deux extrémités du
tunnel, long de 14900 mètres, à percer dans le granit, je n'ai connu que
tardivement la Communication faite à l'Académie par MM. E. Pelouze et
P. Audouin, dans la séance du 28 juillet, sur un nouveau procédé de con-
densation des matières liquéfiables tenues en suspension dans les gaz.
)i II est assez naturel que le même principe se présente à l'esprit de di-
vers inventeurs, et que des procédés analogues soient proposés par des
savants ou des praticiens pour obtenir des effets semblables ; mais il est tou-
jours permis à celui qui a publié le premier l'ini de ces principes, ou de
ces procédés, de rappeler la forme sous laquelle il les a présentés et l'époque
où ils ont été publiés.
» J'espère donc que l'Académie me permettra de lui transmettre une
réclamation de priorité sur l'application du principe essentiel sur lequel
est basée la méthode d'épuration proposée récemment par les éminents chi-
mistes et praticiens, MM. Pelouze et Audouin, et je réclamerai de sa bien-
veillance l'insertion dans les Comptes rendus de la Communication que
j'avais adressée en i858 à MM. Bolley et Rronauer, professeurs à Zurich,
et qui a paru la même année dans leur Journal polytechnique, avec les ré-
flexions qu'ils y avaient ajoutées (i).
(i) T'oir-\e volume LXII des Brevets expirés, qui donne la figure de l'appareil que j'ai
employé, et «jue \q Journal polytechnique & reproduite.
106..
( 820 )
» L'épuration doit débarrasser le gaz d'éclairage des particules solides,
naphtaline, goudron, combinaisons ammoniacales, ainsi que des gaz, tels
que l'acide carbonique, l'acide sulfurique, etc.
» Pour le lavage, on a employé des vases opérant comme les appareils
de Woolf, dans lesquels le gaz traverse l'eau ou une solution liquide con-
venable, sons forme de bulles ou de courants ténus, à travers une toile mé-
tallique. Cette disposition est insuffisante pour des travaux en grand, parce
que les bulles de gaz prennent la forme sphérique qui, pour le plus
grand volume, présente la surface minima. En outre, cette méthode est
liée à une notable augmentation de pression, ce qui n'est pas sans in-
convénient.
» Les cascades chimiques, dans lesquelles le gaz se meut de bas en haut
à travers une fine pluie du liquide laveur, conviennent déjà beaucoup
mieux , mais elles exigent une trop grande quantité de liquide. Les
tours à coke [sclirubbeis] produisent un effet encore plus complet : ce sont
de grands vases dans lesquels on dispose par couches du coke, du gravier
ou d'autres substances, qu'on entretient humilies par un filet de liquide
tombant du haut, et au travers desquels le gaz passe de bas en haut; mais
l'effet est très-inégal, et, quand les laveurs ne sont pas très-grands, ils re-
fusent le service.
» Le nouveau laveur mécanique a l'avantage de produire un effet très-
puissant sous des dimensions assez restreintes. A l'usine à gaz de Genève,
il fournit du gaz de houille tout à fait supérieur au point de vue du
pouvoir éclairant et au point de vue de la salubrité; en outre, avec ce
nouveau laveur, on dépense moins de matériel d'épuration qu'avec l'an-
cien système de lavage. Le même appareil rendrait sans doute les meilleurs
services dans le cas où l'on voudrait saturer un gaz avec les vapeurs d'un
liquide, par exemple l'hydrogène avec de la vapeur de pétrole.
» Le système repose sur ce principe, que la meilleure disposition pour
laver un gaz ou pour le saturer doit consister à le faire frapper, sous la
forme de courants aussi ténus que possible, contre des parois solides entre-
tenues perpétuellement humides; les courants se brisent contre ces sur-
faces et sont empêchés de se mouvoir en ligne droite. Les particules ga-
zeuses sont ainsi toujours maintenues dans un mouvement gyratoire et
sont pressées contre les parois humides, de façon qu'elles absorbent la
substance répandue sur ces parois ou qu'elles y déposent une partie de
leur substance propre , suivant qu'il s'agit de saturer le gaz ou de le
laver.
( 821 )
» J'ai établi des laveurs mécaniques basés sur ce principe, en i856,
1857 et i858, à Genève, à Berne, clans quelques 'petites usines et, en i86'3,
clans la grande usine de Naples. L'effet produit a été considérable, comme
l'attestent les rapports annuels de l'usine de Genève et la diminution des
frais d'épuration.
» En 1857 et i858, les exhausteurs n'étaient employés que dans quel-
ques-unes des plus vastes usines à gaz du continent; encore aujourd'hui
la plupart des petites usines n'en possèdent pas. Les appareils que j'ai pro-
posés et fait construire sont applicables à toutes les usines.
» Pour celles qui n'ont pas d'exliausteurs, on donne plus de largeur
aux fentes ou ouvertures successives c[ui dirigent le gaz contre les surfaces
épurantes, et la surélévation de pression qui en résulte peut être au-des-
sous d'un millimètre d'eau, quoique la puissance épurante soit très-grande.
» Dans les usines qui ont des exhausteurs, on peut rétrécir ces fentes
ou passages, et la puissance épurante en est augmentée, sans accroissement
de volume des appareils. C'est ce que j'ai fait à Genève, lorsque cette usine
a été pourvue d'un exhausteur en i863, et à Naples à la même époque. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches relatives à iaclion des substances
dites antiseptiques sur le virus charbonneux . Note de M. C. Davaine, pré-
sentée par M. Bouley.
(Commissaires : J\iM. Cl. Bernard, Bouley, Fremy.)
« Dans une précédente Comnuinication, j'ai établi que le virus char-
bonneux est détruit par une température cpii varie entre 48 et 55 degrés C,
suivant la durée de l'application de la chaleur; je vais rechercher aujour-
d'hui quelle est l'action, sur ce virus, de plusieurs autres agents auxquels
on donne en médecine le nom tV antiseptiques.
» Mais d'abord je dois rappeler que le cobaye étant tué constamment
par une quantité de sang charbonneux frais inférieure à un cent millième
de goutte, lorsqu'on la lui injecte sous la peau avec la seringue de Pravaz,
cet animal peut servir de réactif pour déterminer l'existence du virus
charbonneux, même lorsqu'il se trouve en quantité extrêmement minime.
» Si donc on mêle avec de l'eau un centième, un millième, un dix mil-
lième de sang charbonneux, et si l'on ajoute à cette eau la substance dont
on veut connaître l'action antiseptique, il suffit, après un certain temps de
contact, d'injecter sous la peau d'un cobaye une seule goutte de ce liquide
pour obtenir le résultat cherché. En effet, si l'animal continue de vivre,
( 822 )
c'est que le virus a été détruit par la substance antiseptique; il mourra, au
contraire, si le virus est resté intact.
» La mort du cobaye, après l'injefction du virus charbonneux, arrive
dans les limites de un à quatre jours; ce n'est que dans des cas très-rares
qu'elle dépasse celte limite, qui n'atteint jamais huit jours.
» Par ces considérations, les expériences faites successivement avec la
mêhie substance, et dont je vais parler, ont eu entre elles un intervalle d'au
moins quatre jours.
» En l'absence de toute donnée sur la puissance d'action de chacune
de ces substances, la première dose essayée a été pHse arbitrairement;
puis, dans des expériences successives, elle a été augmentée ou diminuée,
suivant les résultats obtenus. Un exemple fera comprendre cette manière
de procéder :
■» Dans 2^'', 5o d'eau distillée, on introduit une quantité de sang char-
bonneux suffisante pour qu'une goutte du liquide injectée sous la peau
d'un cobaye le tue nécessairement ; on y .njoute ensuite i centigramme
d'acide chromiqtte. Après une demi-heure de contact, une goutte de ce li-
quide est injectée sous la peau d'un cobaye, qui n'en éprouve aucun effet.
Quatre jours après, la même expérience est répétée avec une solution
d'acide chromique au -—j^, puis successivement au 70V0? ^" teVô» ^" Tô'ôô»
au WthT' 3» TiArïï. au ^'^, au j^^, au — '— , au ^Vî- Tous les animaux
survivent. Quatre expériences au ^-ûVï; donnent deux morts et deux survi-
vants; une au y^Vôi ^ort- L'action antiseptique de l'acide chromique sur
le virus charbonneux s'arrête donc au six millième.
M II est à remarquer, cependant, que la limite de l'action de l'acide chro-
mique n'est point nettement tranchée : c'est une question sur laquelle je
reviendrai à la fin de cette Note.
)) L'analogie ayant pu faire isiipposer que Vacide chlorhydrîque possède
des propriétés antiseptiques non moins énergiques, une première expé-
rience est faite avec cet acide au -â-ôVô- Le cobaye auquel une goutte de la
solution est injectée meurt trois joiu'S après. Dans une deuxième expérience,
la solution étant au ^ „'„ „ , le cobaye mourut aussi au bout de trois jours.
Dans une troisième expérience, avec une solution au j^*^, l'animal inoculé
survécut.
» L'action antiseptique de l'acide chlorhydrique est donc inférieure à
celle de l'acide chromique.
» Dans les expériences dont je vais rapporter les résultats, la proportion
du sang charbonneux a clé généralement de j~^; il provenait d'un animal
( 823 )
mort le jour même ou la veille, condition importante, car la putréfaction
détruit rapidement le virus. La durée du contact du virus avec la substance
antiseptique a été d'une demi-heure à ime heure; enfin l'autopsie et l'exa-
men microscopique après la mort ont constamment montré qu'elle était
due au charbon.
)> Ne pouvant rapporter ici toutes les expériences avec les détails qu'elles
comportent, je n'en donnerai qu'une indication sommaire ;
» Ammoniaque au -~^ -~, les deux animaux survivent; au •— , -~, ■—, -~, les quatre
animaux meurent.
» Silicate de soude A\x -^, y^î» survivent; au yj-j, 77^, meurent.
» Potasse caustique au -—^ yy^, yj-j, survivent; au yjj, sur cinq, un meurt et quatre sur-
vivent; au yi-j, YTTS^ meurent.
>. Chlorure d'oxyde de sodium au ^\-^, ^-j, 5-5-5, -ç^^-^, ^J-j, survivent.
1) Vinaigre ordinaire AU -pj-j, -\-^, -pi-j, survivent; au jyj, meurt.
» Permanganate de potasse au j^, -^, -pjVî, j^VS' survivent; -^, y-'—, meurent;
TTF7' ITIT' TTFTT. TT77. TTcnr. Survivent; ■^, j^, meurent.
» Acide sulfurique au -^, ■^, j^, y^, y^Vj' TlVî' TTÏT' TsVv» TïïVï. TTJl' «"''vi-
vent; au -~^, sur quatre inoculés, deux survivent et deux meurent; au -5-5^7. un survit et
un meurt; un au -^-~ survit.
» Solution d'iode ioduré au ,-;„, jl-^, -pjVô» TTTTT. TiTïir' TITT» TTST' IViT. 7W. TôV;.
TÔVÔJ 6 <i 0 U ' 6 0 0 II * 6 0 U 0 ) 6 U 0 0> 7 0 u 0 ' y o U 0 I K 0 0 0 ' 8 0 0 U ' I 0 0 TÔ » "Ti" 0 0 0 ' 1 1' (i "ÎTo > SUlVlVeni, SaUI
un seul inoculé au 75—.
» A l'exception de ce cas et de deux avec le permanganate de potasse,
on remarque dans toutes ces expériences, au nombre de 101, une régu-
larité parfaite jusqu'au voisinage de la limite d'action de la substance anti-
septique. Ces trois cas exceptionnels tiennent sans doute à ce que les vases
ou les instruments qui avaient servi aux expériences n'étaient pas bien nets,
car il suffit de ^ „ „'„ „ ^ de goutte de sang pour communiquer le charbon au
cobaye. Ces erreurs sont facileiiient rectifiées en répétant l'expérience,
comme on l'a fait ici.
» 'L'acide ^>/«e;i(V/«e jouissant aujourd'hui d'une grande réputation comme
antiseptique, je rapporterai avec plus de détails les expériences qui le con-
cernent :
» Le 4 juillet, dans une solution d'acide phénique au j^, on met du
sang charbonneux dans la proportion de y—. Après quarante-cinq minutes
de contact, une goutte du liquide est injectée, sous la peau de la nuque, à
un cobaye qui survit.
» Le 8 juillet, la même expérience est faite avec une solution d'acide
phénique au —ô» l'animal meurt du charbon dans la nuit du 10 au 1 i juillet.
( 824 )
» Le i6 du mèine mois, l'expérience est reprise avec une solution
d'acide phénique au j^; l'animal survit. Le 22, la même expérience est
faite avec une solution au ytô'i le cobaye survit. Le 26, l'expérience est
faite de nouveau avec une solution au -—j^; le cobaye meurt du charbon
le 29.
» Enfin la même expérience, avec une solution d'acide phéniqxie au -5-5^»
est faite le 28 septembre dernier, et le cobaye inoculé meurt du charbon
le 3o, deux jours après.
)) On peut donc, d'après leur puissance comme antiseptiques, ranger les
diverses substances que nous venons d'examiner dans l'ordre suivant :
ammoniaque, silicate de soude, vinaigre ordinaire et acide phénique; puis
la potasse caustique, le chlorure d'oxyde de sodium (?), l'acide chlorhy-
drique, le permanganate de potasse, l'acide chromique, l'acide sulfurique,
l'iode. La puissance de l'ammoniaque, du vinaigre et de l'acide phénique
enfin étant représentée par -^, celle de l'iode le serait par yj^-ûô-
» L'irrégularité dans les résultats, que l'on remarque vers les limites de
l'action de la substance antiseptique, s'explique par la nature du virus; en
effet, ce virus étant nu être vivant, un corps solide, par conséquent, ne se
trouve point en égale quantité dans tous les points du liquide, comme le
ferait une substance soluble. Lorsque, par le fait de sa destruction par la
substance antiseptique, sa quantité diminue beaucoup, il arrive que
chacune des gouttes injectées n'en contient pas toujours; de là une irrégu-
larité nécessaire dans les résultats. Le même fait s'observe aux limites
d'action de la chaleur et à un certain moment, lorsque l'on diminue pro-
gressivement la quantité du sang virulent par des dilutions successives.
» Cette irrégularité prouverait, si le fait n'était aujourd'hui suffisamment
démontré, que le virus charbonneux est un corps solide et non une sub-
stance soluble.
» Les expériences que j'ai exposées dans une Communication précédente
et dans celle-ci donnent des indications utiles pour la pratique : l'action
de la chaleur sur le virus montre que l'on peut impunément faire usage,
pour l'alimentation, de viandes charbonneuses cuites. L'iode doit être con-
sidéré comme le meilleur antiseptique que l'on puisse employer dans le
traitement des maladies charbonneuses, lorsque, n'étant plus localisées sous
forme d'une simple pustule, elles ont pris une certaine extension. Des injec-
tions d'eau iodée au ûtôtt ^°'^' parfaitement tolérées par les tissus, et peut-
être dans l'œdème charbonneux, quiest constamment mortel pour l'homme,
et dans les tumeurs de même nature chez les animaux, ces injections donne-
( 825 )
ront d'heureux résultats; enfin, comme désinfectant des peaux, des débris
et du sang des animaux charbonneux, l'acide sulfurique, dont on se sert
déjà dans l'agricultiu-e et dont le prix est modique, sera certainement le
plus précieux de tous. »
AGRICULTURE. — Etudes sur te Pli/ lloxem (suite); par M. Max. Cornu,
délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« J'ai voulu savoir pourquoi le Phylloxéra déposé sur les feuilles n'y
produisait aucune galle, ne s'y fixait pas, et reconnaître comment il dispa-
raissait brusquement et même très-rapidement.
» J'entourai d'abord d'un nœud de laine une branche (de P^itis rupeslris)
sur laquelle je déposai trente-lrois insectes jeunes et agiles; au bout de peu
de minutes ils avaient disparu. Aucun d'eux ne se retrouva retenu pri-
sonnier dans les filaments de laine qu'ils avaient dû traverser, ainsi que je
le pensais.
» Autour de l'axe qui portait les feuilles, je traçai un anneau de glycé-
rine, anneau que les insectes devaient, dans ma pensée, traverser pour
s'échapper. Ils ne pouvaient s'aventurer sur la surface enduite de glycérine
sans y rester embarrassés et adhérents. Les insectes disparus de la surface
des feuilles ne furent pas retrouvés sur cet enduit.
)> Pour simplifier le végétal et le rendre plus facile à observer, je pris
deux jeunes branches du Fitis cordifolia, qui offre si souvent des galles, et
une autre de Fitis vulpina; les larges feuilles furent enlevées, l'extrémité
seule fut conservée et maintenue dans l'eau d'un flacon dans sa position
naturelle par le moyen d'un fil de plomb ; toutes les parties étaient parfai-
tement visibles. Un seul et unique insecte, provenant de galles d'une autre
vigne américaine, fut déposé sur les feuilles terminales de cette tige et
suivi avec attention. Il était fort agile; déposé à 3'' 35", il se déplaçait avec
rapidité; les poils de la feuille étaient un grand obstacle à sa marche et le
faisaient souvent trébucher et tomber sur le côté. 1! parut vouloir passer
sur la face inférieure de la feuille, atteignit le bord garni de poils roides
et tomba à 3''47'"- Une feuille de papier très-blanc avait été déposée au-
dessous du flacon. L'insecte fut immédiatement aperçu; il s'était relevé et
marchait avec agilité. Il n'était demeuré sur la feuille que douze minutes;
il l'avait quittée, quoiqu'elle fiât très-jeune, qu'il y eût autour de lui des
feuilles plus jeunes encore, et qu'elle appartînt à une espèce fréquem-
C, R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVU, N» 13.) ÏO7
( 826 )
ment couverte de galles. D'après Riley, en effet, les variétés du Filis cordi-
foUa sont aussi souvent couvertes de galles que le type que j'avais employé.
» Des expériences analogues furent faites avec le Filis vulpina; l'insecte
restait six, cinq ou quatre minutes. Il y a chez lui un parti pris de se lais-
ser tomber.
» De là on peut conclure que le passage de l'insecte des feuilles aux ra-
cines, dont la Commission se préoccupait l'année dernière, passage qui n'a
du reste qu'un intérêt théorique à cause de l'extrême rareté des galles, a
lieu non pas par la marche du Phylloxéra le long de la tige, mais par une
chute volontaire et naturelle sur le sol, même d'une grande hauteur. La
petite taille et le faible poids du puceron rendent cette chute sans danger
pour lui. Ceci nous montre pourquoi, sur les feuilles où les galles se sont
vidées, on ne rencontre aucun vestige des jeunes, qui se sont évidemment
laissés tomber.
» Une vérification de ce fait peut être donnée. Dans les flacons où l'on
conserve des galles, les œufs nombreux qu'elles contiennent éclosent et
donnent naissance à une grande quantité de jeunes. Si 1 on prend alors
une de ces feuilles chargées de galles, et qu'on la dépose sur une feuille de
papier avec précaution et sans secousse, on voit, au bout de peu de minutes,
les jeunes se laisser choir et se déplacer ensuite avec rapidité. Le même fait
s'observe encore dans les mêmes conditions sur le Phylloxéra des racines,
surtout quand ces dernières commencent à se dessécher; les jeunes, et même
les insectes plus âgés, quittent la racine et semblent décidés à tenter la re-
cherche d'un autre substratum. On voit que c'est bien volontairement qu'ils
quittent l'écorce où leurs crochets peuvent s'implanter aisément, et qui est
plus favorable à la progression que le papier lisse où ils se déplacent ce-
pendant allègrement. Ainsi donc, je le répète, ils se laissent volontairement
tomber; c'est un moyen habituel à ces insectes pour quitter le point où ils
se trouvent. J'ai signalé le même fait chez les Phylloxéras ailés (i) du chêne.
Les entomologistes ne seront pas surpris de cette particularité, qui se re-
trouve chez un grand nombre d'insectes; encore fallait-il la signaler ici.
» Ainsi, eu résumé, le passage des feuilles aux racines doit se faire par
la chute spontanée des jeunes individus des galles qui doivent ensuite, à
leurs risques et périls, chercher à pénétrer dans le sol.
» Les feuilles couver les degalles et conservées en flacon permettent d'obser-
ver une autre particularité. Les jeunes, récemment éclos, quittent les feuilles
(i) Voir Comptes rendus, séance du i5 septembre iS^S.
( «27 )
et se dispersent en grand nombre sur les parois dti flacon; si ces parois ne
sont pas couvertes dune couche d'humidité, on les voit circuler de côté et
d'autre, mais on remarque aisément qu'ils se tiennent de préférence du côté
le plus éclairé. Ils s'y accumulent, et le pointillé jaune qu'ils y produisent
par leur présence rend l'observation très-aisée. Pour rendre le fait plus
saillant, j'entourai le flacon (une éprouvette à pied) d'un manchon de pa-
pier noir, sur lequel je ménageai une petite ouverture rectangulaire de
5 millimètres sur 7 environ. En plaçant cette ouverture du côté du jour,
à la lumière diffuse, on voyait, à la loupe, sur le fond noir de l'intérieur du
flacon, des insectes éclairés passer et repasser. J'en comptai de treize à dix-
sept; en voilant la petite fenêtre pendant peu de minutes, on n'en apercevait
plus que trois ou quatre. En déplaçant par glissement le manchon et la pe-
tite ouverture, on pouvaU se convaincre que l'accumulation des insectes était
toute locale et non répartie sur tous les points de la paroi; en un mot,
qu'elle provenait bien de l'action de la lumière.
» Ainsi les jeunes, munis seulement d'yeux imparfaits, aussi bien que
les individus ailés munis d'yeux multiples, sont sensibles à l'action de la
lumière. C'est vraisemblablement aussi à cause de cette action de la lumière
sur eux qu'on voit les insectes conservés sur les racines, dans des flacons,
quitter ces racines et venir se fixer sur les parois. Ce sont surtout les
jeunes. Cette particularité est moins nette ici, car les jeunes y sont en
nombre beaucoup moindre. Sur une feuille unique, qui présente jusqu'à
cent cinquante galles renfermant plus de deux cents œufs chacune, il peut
se montrer un nombre plus considérable de jeunes que sur une racine qui
ne présente ni un aussi grand nombre d'œufs ni un aussi grand nombre
de mères pondeuses.
» Il faut aussi faire entrer en ligne de compte le peu d'attraction que
les insectes semblent avoir pour les feuilles mêmes des vignes américaines;
dans les flacons, les feuilles qui présentent des galles n'en développent
jamais de nouvelles ; les jeunes se laissent périr de faim sur les parois du
flacon, où ils se rassemblent en grand nombre, sans essayer de se fixer sur
les feuilles même jeunes qui sont à leur portée. Sur les racines, quoique
certains insectes, les jeunes surtout, s'obstinent à demeurer sur les parois,
on en voit d'autres se fixer sur la racine et y prendre leur développement;
il y a pour ainsi dire lutte entre deux tendances.
» Au point de vue physiologique, n'est-il pas curieux de constater que
des insectes destinés à passer leur existence dans l'obscurité la plus pro-
fonde, jusqu'à l'instant où ils acquerront des ailes (et tous ne sont proba-
107..
( 828 )
blement pas destinés à en avoir), soient munis sous la surface du sol, jus-
qu'à I mètre sous terre, d'organes qui leur sont là complètement inutiles?
M Faut -il croire que ces yeux imparfaits, mais sensibles à l'action de la
lumière, peuvent leur être parfois de quelque utilité, leur permettre de se
diriger vers le jour, en quittant les racines, soit pour gagner les feuilles
quand ce sont des vignes américaines, soit pour changer de cep et aban-
donner celui qui est épuisé? Cela n'a rien d'invraisemblable. L'insecte pé-
nétrerait de nouveau dans le sol qu'il vient de quitter, évitant une aridité
qui le ferait périr ou attiré par les racines d'où il tire sa nourriture. Il v
aurait ainsi lutte entre deux tendances, comme je l'ai dit plus haut. La
progression à la surface du sol a été d'ailleurs directement observée par
M. Faucon, et j'ai pu la vérifier partiellement.
» La marche du Phylloxéra des racines aux feuilles a été indiquée, mais
personne ne l'a, à ma connaissance, directement observée; elle est pos-
sible, ou du moins paraît l'être. M. Planchon avait cru pouvoir supposer
que les galles provenaient des œufs pondus par les individus ailés. On a vu,
dans une précédente Note, qu'il n'en était pas nécessairement ainsi, puis-
que, malgré une grande quantité d'ailés, il n'y a pas de galles dans les vi-
gnobles français, sauf dans une localité unique. D'où proviennent les pre-
miers individus des galles? On ne le sait pas encore. J'ai observé un fait
qui m'a permis de constater la marche du Phylloxéra sur une vigne de bas
en haut, c'est-à-dire dans le sens du passage encore problématique des ra-
cines aux feuilles. C'étaient, il est vrai, des jeunes issus des galles; cela ne
mérite pas moins d'être mentionné.
» Dans une expérience (citée dans la précédente Note) faite sur un semis
d'un cépage américain, le delaware {Fitis œstivalis), j'ai obtenu sept galles
sur deux feuilles. La feuille où furent déposés soixante-cinq jeunes fut mar-
quée avec un nœud de laine rouge : le pied, portant cinq feuilles (les deux
cotylédons étant tombés), ne présenta aucune galle.
» La feuille d'un autre pied, mise dans lui tube en contact avec une
feuille couverte de galles pleines d'œufs et déjeunes, n'en porta pas non
plus; mais la feuille terminale, du même pied, très-jeune encore et longue
seulement de 6 millimètres, en porta trois bien développées. Il est donc
vraisemblable que le Phylloxéra est, de la base de ce pied, remonté non-
seulement à la feuille jeune et terminale, mais encore à cette autre feuille
d'un pied voisin qui porta quatre galles. Ce pied touche au précédent et
est au contraire séparé du jiremier (portant un index de laine rouge) par un
quatrième pied, resté sans galles comme lui. Le niveau de la feuille aux
(829)
quatre galles est d'ailleurs supérieur de 6 centimètres à celui de la feuille
marquée d'un index, et sur laquelle furent déposés soixante-cinq jeunes.
Quelle que soit d'ailleurs l'une ou l'autre provenance des insectes qui ont
donné les galles, il est évident qu'ils se sont dirigés vers la partie supérieure
de la tige. Il y a donc eu passage du Phylloxéra de bas en haut ; c'est tout ce
qu'il s'agissait d'établir directement.
» Si l'on examine les rameaux qui, naturellement, présentent des galles,
on remarque que les galles, comme les feuilles qui les portent, sont de plus
en plus jeunes de la base au sommet. Il est impossible d'admettre que celles
qui sont remplies d'œufs ou déjeunes nouvellement éclos, celles qui, plus
âgées, ne contiennent plus ni les uns ni les autres, celles qui, plus jeunes de
beaucoup, n'en contiennent pas encore, sont de même âge : on trouve en
effet certaines feuilles peu développées couvertes d'insectes étroitement ap-
pliqués à leur surface, sans que les galles soient encore apparentes. J'ai re-
présenté une feuille dans cet état [P/. J. de mon Mémoire sur le Phylloxéra
[Recueil des Savants étrangers de l'Académie)]. Il faut admettre ainsi, et ce
qui vient d'être dit le prouve directement, que, tandis que le plus grand
nombre des insectes se laissent tomber siu' le sol, quelques-uns d'entre eux
remontent vers les feuilles les plus jeunes de l'extrémité de la tige, pour
y produire des galles. Ces nouvelles colonies se succèdent ainsi jusqu'à ce
que les feuilles nouvelles leur fassent défaut, c'est-à-dire jusqu'au repos
de la végétation, période qui a commencé depuis une huitaine de jours à
Bordeaux.
» En résumé, de cette Note et de la précédente, on peut conclure que,
malgré l'identitébien établie de la forme gallicoleet radicicoledu P/ij/Zo-rera
vastalrix, on n'observe pas en général de galles sur nos cépages ; que les galles
sont difficiles à obtenir dans des expériences directes; qu'elles sont rares
sur les cépages américains, où il est relativement le plus facile de les faire ^
développer. Cela résulte, vraisemblablement, du peu d'attrait que le Phyl-
loxéra ressent pour la nourriture que lui offrent les feuilles.
» Telle serait l'explication d'une objection formulée dans la Note précé-
dente sur la rareté des galles.
» Il reste encore, pour compléter la série, à obtenir la production de
galles au moyen de l'insecte des racines ; quoi qu'il paraisse possible, ce
résultai n'a pas encore été obtenu.
» Je suis amené à m'occuper de faits divers qui peuvent paraître les uns
(nouveaux) trop théoriques et sans intérêt immédiat, les autres (déjà énon-
cés) dépourvus d'actualité. Dans une étude générale, j'ai dû, pour les faits
( 83o )
émis sans preuves, les soiimeltre au contrôle de l'expérience directe, et
je signale, quelle que soit leur valeur, les particularités bien constatées que
je rencontre dans le cours de cet examen. On verra ultérieurement si elles
peuvent être utilisées, soit en elles-mêmes, soit par leurs conséquences. »
ZOOLOGIE. — Sur la reproduction du Phylloxéra du chêne;
par M. Balbi.ini, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« L'ignorance où nous sommes encore des laits les plus essentiels de
l'histoire génésique du Phylloxéra vaslatrix de la vigne, malgré les efforts
d'un grand nombre d'observateurs habiles attachés à cette étude, ne prouve
que trop les difficultés inhérentes à ces recherches. J'ai pensé qu'on serait
peut-être plus heureux en prenant pour sujet d'étude le parasite du chêne
(Phylloxéra quercûs) qui, par son existence exclusivement aérienne, est plus
accessible à l'observation. Bien que, malgré les affinités zoologiques
étroites qui rapprochent les deux espèces, on ne puisse probablement pas
rigoureusement conclure de l'une à l'autre, à cause de leur genre de vie si
différent, il n'est pas défendu d'espérer que les résultats acquis chez le
parasite du chêne pourront fournir des indications précieuses pour les
investigations à faire sur celui de la vigne. C'est dans cet espoir que j'ai
tenté d'entreprendre une étude suivie des phénomènes de la reproduction
chez le Phylloxéra quercûs, phénomènes qui, ainsi que tous les naturalistes
le savent, ne nous sont guère mieux connus que ceux de son congénère de
la vigne. Alors même que ces observations ne devraient avoir que des
résidtats pratiques nuls, elles n'auront pas été perdues pour la Science,
car elles nous font connaître un des faits les plus singuliers que présente
l'histoire de la reproduction chez les insectes; mais avant d'exposer les ré-
sultats de mes observations personnelles, il ne sera pas inutile, pour l'en-
chaînement des faits, de rappeler en peu de mots ce que nous savons
jusqu'ici sur la reproduction du Phylloxéra quercûs.
» A une époque généralement assez tardive de la belle saison, on voit
apparaître à la surface inférieure des feuilles du chêne les premiers indi-
vidus de l'espèce sous la forme de petites larves d'un jaune pâle, dont cha-
cune occupe le centre d'une tache jaunâtre produite par la piqûre du pa-
renchyme de la feuille. Ces larves grandissent sans changer de place; puis,
après avoir atteint une taille d'environ i millimètre, s'entourent successi-
vement d'un nombre assez considérable d'oeufs disposés autour d'elles en
(83i )
cercles concentriques. Le développement de ces œufs commence presque
aussitôt après la ponte, et, au bout de quelques jours, on en voit sortir les
jeunes individus, lesquels abandonnent successivement la place où ils sont
nés pour gagner une partie fraîche et verte de la feuille. Là ils se fixent en
enfonçant leur suçoir dans l'épaisseur de celle-ci et y déterminent la for-
mation d'une tache jaunâtre qui grandit avec eux et qu'ils ne quittent plus.
De même que leurs premiers parents, ces larves nouvelles se reproduisent
par des œufs pondus en rond. Les générations s'ajoutent ainsi aiix généra-
tions, et bientôt toute la surface inférieure de la feuille se trouve couverte
.d'une quantité innombrable de petits insectes aptères de toute dimension,
qui, suivant leur âge et leur taille, sont entourés au moins d'un cercle
d'œufs plus ou moins nombreux.
» Jusque-là, ce sont exclusivement, comme nous venons de le dire, des
individus aptères ou larves qui sont produits de la sorte; mais, vers la fin
de l'été, du milieu à la fin du mois d'août à Paris, un certain nombre de
ces larves se transforment en individus ailés, après avoir passé par l'état
de nymphes rougeâtres (i).
» Que deviennent, d'une part, ces insectes ailés et, d'autre part, les
larves qui n'ont pas subi la même transformation à l'époque de l'année
dont nous parlons? Comment, surtout, s'établit le passage des générations
d'une année à celles de l'année suivante? C'est ici que l'incertitude com-
mence et que les divergences se manifestent parmi les observateurs. Il est
inutile de m'arrèter ici sur les diverses opinions qui ont été émises sur ces
questions, attendu qu'aucune d'elles n'est conforme à la réalité des faits.
Au contraire, les résultats que je vais avoir l'honneur d'exposer à l'Aca-
démie peuvent être considérés comme leur expression exacte ; car ils
reposent sur l'observation directe et attentive de l'insecte et de ses trans-
formations. Mais, avant d'aborder les faits nouveaux sur lesquels je désire
appeler l'attention de l'Académi^ il convient de revenir sur les larves pon-
deuses de l'été, afin de nous faire une idée plus exacte de leur nature et de
leur mode de reproduction.
» Aucun des observateurs qui ont porté leur attention sur ces insectes
n'a parlé avec certitude de l'existence de Phylloxéras mâles. Qvielques-uns,
il est vrai, ont cru pouvoir signaler comme t^^ls les individus ailés qui, à
(i) Dans les localités situées plus au nord, par exemple sur le littoral de la Normandie,
j'ai vu, cette année même, les premiers individus ailés du Phylloxéra qucrciis n'ai>paraîtro
que vers le milieu de septembre.
( 83. )
une certaine époque, apparaissent au milieu des individus aptères; mais
personne encore, que je sache, ne s'est avancé jusqu'à affirmer avoir con-
staté des accouplements entre ces prétendus mâles et les larves pondeuses.
Pourtant, en présence de l'extrême fécondité de celles-ci et du renouvel-
lement fréquent des jeunes générations de femelles, on aurait dû avoir
de nombreuses occasions d'observer des accouplements, si réellement le
concours du mâle était nécessaire pour la reproduction des femelles. Ajou-
tons qu'une observation déjà ancienne du professeur Leuckart ne peut
laisser aucun doute sur l'état virginal de ces dernières : en examinant leur
appareil reproducteur, jamais M. Leuckart n'a pu y découvrir la moindre,
trace de spermatozoïdes [Arcinv fur Natiirgescldchte , t. XXV, i85g, p. 208).
» Je suis arrivé de mon côté, par l'étude anatoinique de l'appareil gé-
nital de ces mêmes femelles, à une conclusion parfaitement identique à
celle du célèbre naturaliste de Leipzig, ainsi que cela résulte des observa-
tions suivantes.
)) Vers la terminaison du canal évacuateur des œufs on trouve, sur le
trajet de celui-ci , trois poches ou réservoirs en communication libre avec
ce conduit : deux de ces poches sont symétriquement disposées de chaque
côté du corps, tandis que la troisième est impaire et médiane; les deux
poches latérales renferment, chez les femelles adultes, une masse d'une
matière homogène, assez réfringente, et communiquant antérieurement,
par une portion rétrécie, avec un organe glandulaire dans lequel s'élabore
la matière précédente.
» Il est impossible de méconnaître dans ces parties les analogues des or-
ganes appendiculaires de l'appareil femelle des autres insectes qui ont reçu
le nom de glandes sébifiques ou collétériques, et dont la fonction est de
produire la substance agglutinative qui réunit les œufs au moment de la
ponte.
» Quant à la troisième poche des femdles du Phylloxéra, on en trouve
également le représentant chez les autres insectes : sa position impaire et
médiane, son insertion à la portion vaginale du canal vecteur des œufs, et,
jusqu'à un certain point aussi, son mode de conformation, tout démontre son
analogie avec l'organe connu sous le nom de poche copulatrice et qui a pour
usage do recevoir la liqueur fécondante du mâle pendant l'accouplement;
mais, tandis que chez les autres femelles d'insectes le réservoir en question
se montre constamment rempli de nombreux filaments spermatiques, à
l'époque de la ponte, chez celles du Phylloxéra au contraire on le trouve
toujours vide ou ne contenant du moins qu'un liquide clair et aqueux. Pour
( 833 )
toules ces raisons, nous conclurons donc que les générations aptères du
Phylloxer.T, qui s'engeudrent mutuellement pendant l'été, sont fécondes
sans le concours du niàle, et que, dès lors, leur mode de reproduction
rentre complètement dans la catégorie des phénomènes qui ont reçu de
nos jours le nom de parlliénogénèse (i).
» Mais ce mode de multiplication est-il le seul que l'on observe chez ces
parasites et n'y a-t-il pas chez eux, comme chez les pucerons, leurs proches
parents, des circonstances où apparaissent des individus sexués, mâles et
femelles, et qui les font rentrer ainsi dans la règle ordinaire de la reproduc-
tion des autres animaux ?
» Cette question nous ramène aux larves de la deuxième génération dont
nous avons parlé plus haut, en disant que les unes se transformaient en
insectes ailés et parfaits, tandis que les autres persistaient sous cette forme
sans subir de modification ultérieure; nous devons envisager isolément
chacune de ces deux catégories d'individus.
» Pour ce qui regarde d'abord ceux destinés à devenir des insectes
ailés, nous ne constatons extérieurement rien qui les différencie des géné-
rations aptères antérieures ; mais l'examen anatomique révèle une parti-
cularité de leur organisation interne dont l'attention est immédiatement
frappée, c'est le peu de développement qu'a acquis chez ces individus
l'appareil reproducteur. Eu effet, taudis que, chez les larves pondeuses, on
trouve toujours, dans Tintérieur de cet appareil, i\n nombre variable
d'oeufs plus ou moins rapprochés du terme de leur maturation, cet appa-
reil, chez les individus dont nous nous occupons, ne contient que des
ovules fort peu développés et qui, parfois même, commencent à peine à se
différencier des autres éléments renfermés dans les chambres germinatives
de l'ovaire. On doit donc en inférer que ces individus ne pondent pas à
l'état de larve, comme faisaient leurs devanciers, ou même à celui de
nymphe; car c'est seidement vers la fin de l'intervalle qui sépare ce dernier
état de celui d'insecte parfait que les œufs achèvent d'acquérir chez eux
toute leur maturité.
(i) Telle est également la conclusion à laquelle je suis arrivé par mes recnercties anato-
miques sur le Phylloxéra vastntrix. L'appareil reproducteur de celte espèce, soit chez les
individus des galles, soit chez ceux des s-acines, offre une disposition presque identique à
celle décrite ci-dessus chez le Phylloxéra querciU. Les organes appendiculaires s'y compo-
sent de même d'une paire de glandes sébifiques conformées comme chez cette dernière espèce,
et d'une poche impaire et médiane, qui ne renferme non plus jamais de spermatozoïdes cliez
les femelles en pleine voie de reproduction.
C. R.,1873, jOSemwrre. (T. LXXVII.No IS.) IO<^
( 834 )
» Un autre fait sur lequel il n'est guère possible non plus de conserver
de doutes, c'est que, une fois leur transformation opérée, les Phylloxéras
ailés ne séjournent généralement à la surface des feuilles que le temps
nécessaire à la consolidation de leurs téguments et de leurs ailes encore
molles et humides de la dernière mue; en tous cas, sauf de rares exceptions,
ils n'y déposent pas leurs œufs. La durée de leur séjour sur les feuilles
paraît, du reste, dépendre beaucoup de l'état de l'atmosphère. Par un
temps calme, ils la prolongent beaucoup plus que lorsque l'air est agité,
ce qui semble confirmer la remarque souvent faite pour un grand nombre
d'insectes, et notamment par Morren chez les pucerons, que ces animaux
profitent du vent pour franchir des distances plus ou moins considérables.
Mais où les Phylloxéras ailés vont-ils déposer leurs œufs ? J'avoue n'avoir
pu obtenir de réponse satisfaisante à cette question ; toutefois il est probable
qu'ils se comportent à cet égard comme les individus aptères dont nous
parlerons dans une autre ]Note et qu'Us vont chercher, comme ceux-ci, les
parties abritées des branches et des rameaux pour y cacher leur progé-
niture.
» Je réserve également pour une prochaine Communication l'examen
d'une question plus importante, savoir celle de la nature des individus
auxquels les Phylloxéras ailés donnent naissance. Cette question offre
surtout lui haut intérêt par rapport au Phylloxéra vastatrix, à raison du
rôle attribué par les viticulteurs à la forme ailée, chez cette espèce, dans la
propagation de la maladie de la vigne. La ressemblance existant dans les
caractères morphologiques entre les individus ailés du Phylloxéra du chêne
et de celui de la vigne, leur apparition à des époques identiques de l'année,
tout démontre en effet qu'ils représentent des |)hases correspondantes sem-
blables dans la série des transformations des deux espèces. »
M. C. Daulé adresse une Note relative à l'influence salutaire de la lie
de vin sur les vignes malades.
M. A. Dei adresse une Note relative à l'emploi des trous de sonde, déjà
proposé par lui en 1871, pour introduire jusqu'aux racines de la vigne les
substances insecticides.
Ces deux Communications sont renvoyées à la Commission du Phyl-
loxéra.
M. Boucher adresse une Note relative à la fécondation du chanvre.
(Renvoi à la Section de Botanique.)
( 835 )
M. ïlÉNA adresse des recherches « sur les silex de la Bretagne, et sur le
prétendu tufau vert de la Lanvollon ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. A. Beauvais adresse de nouveaux documents sur son système pour
atténuer le danger des rencontres entre les trains de chemin de fer.
(Renvoi à la Commission nommée.)
M. J. Wallace adresse, de Londres, une Note sur la cause et le traite-
ment du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. DéclaT demande l'ouverture de deux plis cachetés, déposés par lui
et relatifs à ses recherches sur les moyens de guérir les maladies à ferments,
et spécialement le choléra.
Ces deux plis, déposés le 3i mai 1869 et le 29 août 1870, sont ouverts en
séance par M. le Secrétaire perpétuel. Tjes Notes qu'ils contieiment seront
renvoyées à la Commission nommée pour un Mémoire récent de M. Dé-
clat, Commission qui se compose de MM. Andral, Larrey, Bouley, Bouil-
laud.
M. Bkachet adresse une nouvelle Note sur les perfectionnements à ap-
porter au microscope.
(Renvoi à la Commission du prix ïrémont.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un discours prononcé à la Société américaine pour l'avancement des
Sciences par M. L. Smitlt, sur les méthodes modernes des sciences;
2° Une Biographie de Sir Benjamin Thompson, conile de RumforJ, par
M. G.-Ë. Ellis.
108..
( 836 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Note sur tin nouveau mode de trempe de l'acier.
Regénération du fer brûlé. Note de M. II. Carox.
« Trempe de l'acier . — Une pièce d'acier est généralement trempée, puis
recuite plus ou moins, suivant la dureté et l'élasticité qu'on désire lui
donner. La trempe sèche, comme on la pratique ordinairement, c'est-à-dire
la trempe du métal rouge dans l'eau froide, a l'inconvénient grave de dé-
velopper fréquemment des fentes et des criques nuisibles à la résistance de
la matière. Le recuit donné ensuite ne peut faire disparaître ces défauts;
plus tard, à l'usage, ces fissures, invisibles d'abord, augmentent peu à peu et
finissent par amencîr une rupture préjudiciable. Il a déjà été reconnu que,
pour obvier en partie à un tel danger, il est préférable de tremper l'acier
un peu moins dur, sauf ensuite à recuire plus faiblement. Ainsi un ressort
porté au rouge, trempé dans l'eau froide et recuit à l'huile flambante, pos-
sède la même élasticité qu'un ressort semblable trempé à l'huile froide
(trempe plus faible que la première) et recuit à l'huile fumante (recuit
plus faible que le précédent); seulement la dernière méthode est plus
avantageuse, en ce sens qu'on a moins à craindre les criques provoquées
par un refroidissement trop rapide du métal. Voulant aller plus loin, je
me suis demandé s'il est vraiment nécessaire de commencer par durcir
l'acier outre mesure, pour revenir ensuite en arrière et l'adoucir au moyen
d'une deuxième opération. En conséquence, j'ai cherché une trempe dont
la douceur écartât, autant que possible, les chances de criques et produisît
toutefois sur l'acier, en une seule opération, les effets de la trempe et du
recuit combinés.
» J'y suis arrivé très-simplement en échauffant l'eau dans laquelle le
métal porté au rouge est inunergé; une température de 55 degrés environ
.m'a suffi pour donner aux ressorts mentionnés plus haut (ressorts de fusils
à aiguille) l'élasticité et la résistance correspondant à la meilleure trempe
suivie du recuit approprié.
» Nécessairement la température de l'eau varie avec les dimensions de
la pièce et l'usage auquel elle est destinée. Le degré de chaleur du bain
est facile à déterminer par des tâtonnements préalables.
» La trempe à l'eau chaude, et mieux bouillante, modifie singulièrement
l'acier doux contenant de 2 à 4 millièmes de carbone: elle augmente sa
ténacité et son élasticité sans en altérer sensiblement la douceur; le grain
change de nature et souvent la cassure devient nerveuse, de grenue ou
cristalline qu'elle était auparavant.
{ 8^7 )
» Réqénéialion du fer brûlé. — Dans une Communication insérée aux
Comptes rendus, séance du 4 mars 18^2, j'ai démonlré que la texture cris-
talline, présentée par la cassure de certaines pièces de fer, n'était due ni à
l'action du froid, ni à celle de viljrations prolongées, mais qu'elle préexis-
tait dans le métal avant sa mise en service. D'après mes expériences, cette
conformation particulière résidterait d'un forgeage incomplet, laissant
encore le métal bn'dé, c'est-à-dire cristallin et cassaut. J'annonçais, en
outre, qu'il était possible de rendre au fer ainsi détérioré la texture ner-
veuse ou la ténacité qu'il aurait eue si les opérations du forgeage avaient
été bien conduites, et cela sans avoir recours, comme on le fait quelque-
fois, à un nouveau martelage, qui entraîne une perle de temps, de métal,
et souvent le rebut de la pièce elle-même.
» Le moyen que j'emploie pour régénérer le fer brûlé est également une
trempe du métal rouge dans un liquide chaud. Je me bornerai à citer ici
une seule expérience, qui suffira, je pense, pour permettre d'apprécier et
de vérifier au besoin les effets que je viens d'annoncer.
» Une barre de fer rond du Berri, de 3 centimètres de diamètre, facile à
replier à froid sur elle-même sans cassure, fente ou gerçure, a été brûlée,
c'est-à-dire chauffée de telle façon que, prise dans un étau, elle a pu être
rompue à froid sans plier sensiblement. La cassure était parsemée de facettes
brillantes de plusieurs millimètres carrés.
» Dun autre côté, une solution bouillante, saturée de sel marin
ordinaire, avait été préparée; un morceau de la barre de fer brûlée,
chauffé au rouge vif, a été plongé dans ce liquide pendant le temps néces-
saire pour l'amener le métal à la température du bain (i 10 degrés environ).
Il se |)roduit alors un phénomène assez curieux : aussitôt plongé dans la
solution saline, le métal rouge se couvre d'une couche de sel blanc, qui
l'isole du liquide et contribue assurément à ralentir le refroidissement. Le
morceau de fer ainsi trempé a pu être replié sur lui-même à froid, comme
l'avait été la barre avant d'être brîilée (i).
» Ainsi la treuipe à l'eau bouillante, saturée de sel, permet de régénérer
\e fer brûlé. Il est donc acquis désormais cpi'il y aura toujours intérêt à
faire subir cette opération aux pièces de forge terminées; bien travaillées,
la trempe ne leur causera aucun dommage; si, au contraire, elles ont subi
des chaudes trop fortes ou trop longtemps prolongées, elle leur donnera
(i) L'eau pure, ù rcbiillilion, peut aussi être emjiloyéej mais ses effets sont moins
accentués.
( 838 )
les qualités qu'un bon foigeage eût fait ressortir. Il en sera de même pour
lacier.
» Il est certain qu'il existe d'autres liquides et d'autres solutions qui
donneraient les mêmes résultats, en les employant comme la solution sa-
line; j'ai cité seulement celle-ci parce qu'elle me paraît la plus économique
et en même temps la plus facile à se prociu'er. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Noie SUT remploi (lu bisulfate de polasse comme agent
révélateur de ht (jalène dans tous ses mélanges; par M. E. Jannettaz.
« J'examinais, il y a quelques jours, un échantillon de tellure, portant
(lu moins cette détermination dans la collection d'Haûy. Les clivages cu-
biques de ce morceau et sa couleur noire m'y faisaient soupçonner la pré-
sence de l'argent, peut-être aussi du plomb. J'obtins sur le charbon l'enduit
caractéristique de ce dernier métal. L'acide sulfurique prit, de son côté,
lorsque j'y mêlai un peu de la matière iinement pulvérisée, la couleur rouge
qui décèle le tellure. Après m'êtte assuré que l'argent s'y trouvait en grande
quantité, je voulus y rechercher le sélénium. A peine eus-je mêlé au mi-
nerai pulvérisé un peu de bisulfate de potasse, que, immédiatement, je
sentis qu'il s'en dégageait de l'hydrogène sulfuré. Je me transportai au labo-
ratoire de Chimie, dont M. Fremy m'a donné le libre accès, et là je fis,
avec M. Terreil, une série de recherches, dont voici les premiers résultats.
» Il suffit de jeter, sur de la galène grossièrement broyée, un fragment,
un cristal de bisulfate de potasse | aSO', pour qu'aussitôt l'on ob-
tienne lui dégagement très-sensible d'hydrogène sulfuré. Si l'on broie les
deux matières ensemble, l'odein- devient presque insupportable. Le bisul-
fate de potasse maintenu en fusion pendant une demi-heure produit en-
core le même effet, peut-être avec un peu moins d'intensité. On sait que
l'acide sulfurique mêlé, ou même chauffé avec de la galène, ne donne pas
lieu à un dégagement sensible d'hydrogène sulfuré.
» Une lame transparente de blende, d'un jaune clair, broyée de même
avec du bisulfate de potasse, a exhalé une odeur assez manifeste, mais peu
intense, qui tenait aussi au dégagement du gaz sulfhydrique. Avec les
sulfures d'antimoine, de fer, de mercure, d'argent, je n'ai rien obtenu de
semblable, c'est-à-dire aucune odeur sensible.
» La boulangérite, la zinkénite, la bournonite et, d'une manière géné-
rale, les sulfures dans lesquels le plomb et le soufre ne forment pas une
(839)
combinaison isolée, ne cèdent pas non plus leur soufre au bisulfate de po-
tasse; mais que dans un mélange quelconque on jette un fragment de
sulfure de plomb libre, aussitôt qu'on le broie avec du bisulfate de
potasse, ou obtient le dégagement de l'acide sulfhydrique. Je ne crois pas
que l'on ait observé ni signalé jusqu'ici cette curieuse réaction. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques en ballon;
par M. G. TissANDiER.
« La particularité la plus remarquable de l'ascension que nous avons
exécutée le 4 de ce mois est la route suivie par l'aérostat, sous l'influence
Fig- I.
Ascension du 4 octobre i8j3.
de deux courants aériens superposés. Au moment où nous nous sommes
élevés de l'usine à gaz de la Villette, à midi 3 minutes, le courant inférieur
nous a lancés dans la direction est-sud-est, tandis que, vers l'altitude de
700 mètres, le courant supérieur sud-oue«t nous a dirigés vers le nord-est.
On nous a vus décrire dans l'espace une courbe très-prononcée, comme
l'indique le tracé de notre voyage {fuj. i.)
( 8/,o )
» Cette particularité se présente assez fréquemment au navigateur aérien ;
il ne nous semble pas nécessaire d'insister sur l'importance considérable
qu'elle offre au point do vue de la navigation aérienne, puisqu'elle permet
à l'aéronaute de choisir à son gré deux directions différentes. On se rappelle
peut-être que des circonstances analogues nous ont sauvés d'un naufrage
imminent en 1868, lors de notre ascension de Calais, où, entraînés jusqu'à
7 lieues au large au-dessus de la mer du Nord, il nous a été possible de
revenir à terre, en rebroussant chemin, sous l'influence d'un courant de
surface, complètement opposé au courant supérieur. TAHude des couches
d'air atmosphérique superposées ne présente pas moins d'intérêt, au
point de vue météorologique; elle ne peut être bien exécutée qu'à l'aide
de l'aérostat. En effet, dans les ascensions, l'aéronaute mesure avec exacti-
tude la vitesse des courants supérieurs, dont l'existence peut échapper aux
Fi;;. 3.
Omlire du ballon ciUuuiée d'une auréole.
observateurs terrestres. Connaissant la durée de notre voyage et la longueur
du chemin parcouru, nous avons constaté que le courant supérieur dans
lequel nous étions plongés avait une vitesse de 35 kilomètres à l'heure.
La vitesse du courant inférieur n'était que de 6 à 7 kilomètres à l'heure, ainsi
que M. Paul Henry, qui nous accompagnait, a pu le constater très-exacte-
ment, en observant la différence des temps du passage des bords du ballon
sur une ligne terrestre. Nous avons ainsi observé l'existence d'un cotu-ant
atmosphérique, entraîné par un mouvement relativement considérable,
au-dessus de la couche d'air terrestre d'une si faible vitesse.
( 841 )
» A la hauteur maximum de l'ascension, c'est-à-dire à 2600 mètres,
l'aérostat s'est trouvé plongé dans un banc de cumulus Irès-espacés. Ces
nuages étaient dominés par une couche épaisse de ciunulo-nimbus dont nous
avons évalué l'altitude à 36oo mètres environ. Quelques éclaircies s'ou-
vraient çà et là dans ce massif de vapeurs et nous laissaient entrevoir le
bleu du ciel. A ce moment M. Paul Henry a constaté que la polarisation
de l'atmosphère était beaucoup plus faible qu'à la surface du sol.
» Pendant une partie de la durée du voyage, on a relevé, à l'aide d'ini
psychromètre, l'état hygrométrique de l'air et les températures. Le tableau
suivant donne les résultats de ces observations :
UEUBES.
TUEHMOMÈTr.E
TllEUMOSIÈTRE
DIFFÉRENCE.
TENSION
de la
ÉTAT
liysro-
IIADTEIT.
ilu
OBSERVATIONS.
sec.
muuilli;.
vapeur.
raélrûiue.
b.'iUoii.
h m
12. 3
12.35
0
0
l'i.O
0
'1.7
0.7
57
m
20 1 0
Dciiart.
12. '17
iS,()
.3,',
5.2
8,3
J2
1920
i 2 . 53
'9.0
12,9
0,1
!'■>
40
2000
12. j^
1 . 3
1 . 1 1;>
'9.-'
18,0
iS,3
12,8
.2,',
l3,2
0,7
5,0
5, 1
7-1
7.3
8,1
53
21 10
2O0O
1590
Bancs de cumulus à la
liauleui' du ballon.
1.33
22, S
17.6
5 , 2
'1.7
J7
780
Le baltun pas.c au-
..',2
25,0
20,8
'1,8
i5,3
03
520
dessus d'un bois.
2. ij
Descente.
» Nous n'avons pas cessé d'apercevoir l'ombre du ballon sur la terre.
A i''35™, à l'altitude de ^00 mètres, celte ombre, projetée sur une prairie,
est a[)|)arue entourée d'une auréole très-lumineuse et de couleur jaune.
Le dessin ci-joint {ficj. 2), fait d'après nature par M. A. Tissandier, repré-
sente très-nettement ce phénomène.
» La descente s'est effectuée, dans d'excellentes conditions, à Crouy-siu--
Oiircq; en nous rapprochant de terre, nous avons été repris par le courant
inférieur qui nous a ramenés sur notre route, comme au moment du dé-
part. Si le vent n'avait pas été aussi faible, il nous aurait été possible, en
y restant plongés, de nous rapprocher sensiblement de notre point de
départ. »
C. R,, 1873, 3« Semestre. (T. LXX.V1I, IN° lii.)
109
( 84a )
MÉDECINE. — Nouvelles remarques relatives au goîlre épidémique de la caserne
de Sainl-Etienne; par M. Bergeret.
« Dans la séance du 29 septembre [Comptes rendus, p. 733 de ce vo-
lume), M. le baron Larrey m'a fait l'honneur d'une critique relativement à
ma Lettre à M. Boussingault, sur le goitre épidémique de la caserne de
Saint-Étienne. M. Larrey admet l'influence des eaux plâtreuses sur la pro-
duction du goitre ordinaire; mais il ne croit pas à l'action des sulfates pro-
duits en excès par la désassimilation histologique sur le goitre épidémique
des casernes; pour lui, la cravate est la cause unique de cette affection.
» Je suis loin de vouloir innocenter la cravate de laine qui, pendant
l'été, maintient constamment le cou des soldats macéré dans la sueur; la
fluxion permanente qui en résulte peut certainement favoriser l'engorge-
ment de la glande thyréoïde (i). Je dirai même, pour appuyer la manière
de voir de M. Larrey, que, dans l'épidémie actuelle de Saint-Etienne, le
mal a presque toujours débuté par la corne droite de la glande, ce qui,
bien certainement, permet de croire à une certaine influence mécanique;
mais la cravate est-elle seule coupable? Je ne le pense pas, car le goitre est
accompagné de certaines autres affections qu'on ne peut pas lui imputer.
En effet, les états pathologiques sont les mêmes chez les individus qui
boivent de l'eau fortement gypseuse et chez ceux qui ont dans le sang des
sulfates en excès, de source organique; il n'y a qu'une différence d'in-
tensité.
Qu'observe-t-on chez les individus qui boivent de l'eau fortement plâ-
treuse? 1° Une anémie plus ou moins accusée; 2° un papillôme plus ou
moins confluent et souvent ulcéré du palais, des amygdales et du pha-
rynx; 3° une desquamation épithéliale plus ou moins considérable des
reins et de la vessie; 4° souvent le goitre; 5° enfin quelquefois l'albumi-
nurie (2).
» Qu'a-l-on observé chez les goitreux de la caserne? i" Un teint terreux,
une décoloration des tissus, de l'œdème des paupières, des palpitations de
(i) M. Lnrrey propose de nommer celte affection thyréoïditc. Cette dénomination im-
plique l'idée d'une inflammation; cependant le mal est apyrétique; en dehors du la iiimc-
faclion, il n'y a aucun symplômc inflaiiiniatoire, et jamais la glande ne suppure.
(2) J'ai iléjà signalé ces faits dans mon ouvrage intitidé : De l'urine. Chimie filtysiolo-
gique, ou indications nosologiques, pathologiques et thérapeutiques fournies par les urines.
Paris, 1868; Germer-Baillièrc; article Sulfates, p. 90, et article Alhumine, p. 229.
{ 843 )
cœur, etc., en un mot, une anémie profonde; 2" un papillôme général,
peu prononcé, quelquefois ulcéreux (on pourrait croire que le traitement
ioduré a eu une part d'action dans cet état morbide; il n'en est rien,
puisque le papillôme s'observe dès le début du goitre); 3° une très-légère
desquamation des reins et de la vessie; 4° i' y ^ eu un albuminurique ;
5° chez tons, un excès considérable de sulfates dans l'urine; 6° le goitre a
pris d'abord les plus faibles et a atteint ensuite les forts, au fur et à mesure
qu'ils sont devenus anémiques.
» Ainsi la thyréoïdite aiguë de la caserne de Saint-Étienne a présenté
les mêmes accidents pathologiques que ceux que j'ai signalés, en 1868,
chez les individus qui boivent de l'eau fortement plâtreuse; cependant ces
accidents sont moins accusés chez les premiers que chez les seconds.
» Il faut savoir qu'à Saint-Etienne la bucco-pharyngite granuleuse et la
desquamation épithéliale de l'appareil urinaire sont très-rares; je n'en ai
observé, depuis près de quatre ans, que quelques cas dans mon service de
l'Hôtel-Dieu; cependant j'examine souvent la gorge, et toujours l'urine
des malades de mes salles. Je pense donc que, chez les soldais goitreux,
si l'on ne doit pas rattacher ces états morbides à l'excès des sulfates de la
désassimilation organique, on ne peut négliger de constater cette singulière
coïncidence.
>) Comme les causes de la thyréoïdite aiguë sont probablement mul-
tiples, il est de mon devoir de signaler ici un fait qui peut avoir son impor-
tance étiologique. Je dirai encore que le régiment goitreux a été fortem.ent
éprouvé par la syphilis, ou du moins par les maladies vénériennes. Je ne
veux pas donner ici le chiffre des soldats qui en ont été atteints (i). Les
soldats vénériens, surtout les blennorrhagiques, sont, à la caserne et à
l'Hùtel-Dieu, soumis à un régime débilitant. N'y a-t-il pas eu dans ce ré-
gime une cause prédisposant à l'engorgement thyréoïdien? On pourrait
facilement rechercher dans quelle proportion les vénériens ont été ou sont
encore goitreux. »
M. Rochon adresse les observations de six cas de guérison de rétrécisse-
(i) Dans un Rapport sur le service syphilitique de l'Hôtel-Dieu, fait à l'Aclministration
des hôpitaux, et ensuite dans une Lettre sur le même sujet, j'ai consigné les chiffres fournis
par le registre des vénériens de la caserne. Pendant la guerre, j'ai fait, pendant quelques
mois, le service médical de la caserne, et, à un moment donné, plus de la moitié de l'effectif
était atteint de maladies vénériennes.
109..
( 844 )
ments multiples de l'urèlhre, par la méthode de strictiirotomie, dite im-
médiate.
M. H. Valérius informe l'Académie qu'il a traité, dès 18G4, et publié
dans le tome XVII des Mémoires de l'Académie rojale de Bruxelles, la ques-
tion, étudiée par M. Mer cadier (^Comptes remliis, p. G'ig et 67 i de ce vo-
lume), du mouvement d'un fd élastique dont une extrémité est animée
d'un mouvement vibratoire.
M. le baron Larrey présente à l'Académie, de la part de M. le D"^ Thomas
Evans, président du Comité sanitaire des Etats-Unis, un volumineux livre
en anglais, intitulé Histoire de l'ambulance américaine établie à Paris durant
le siège de 1 870-1 871, et il en donne un exposé sommaire.
« L'organisation de l'ambulance américaine, dit M. Larrey, se rapporte
aux premiers temps du siège et nous a offert, pendant toute sa durée, l'un
des modèles les mieux réussis de l'assistance aux blessés. Cette ambulance,
située avenue de l'Impératrice, se composait d'iuie série de pavillons sous
tentes, parfaitement établis, séparés les nns des autres, couverts d'une
double toile et chauffés par un tuyau de vapeur en dessous du sol, avantage
ii)a|)préciable loi'sque l'intensité du froid exerçait autre part sa funeste
influence. J'ai eu souvent occasion, alors, d'apprécier les heureux effets
de ce nouveau système, au point de vue des grandes opérations chirur-
gicales, telles surtout que les résections articulaires et les amputations des
membres.
M Le livre que j'ai 1 honneur de présenter à l'Académie expose longue-
ment, à ce sujet, toutes les questions relatives non-seulement à cette ambu-
lance en particulier, mais encore à l'établissement des hôpitaux en général
et à l'organisation des tentes et des tentes-baraques. Ces deux chapitres
seuls forment plus d'un tiers du volume et offrent un certain nombre de
planches comme s|)écimcns des divers genres de construction successive-
ment proposés ou adoptés dans ces derniers temps.
» Une étude sur les hôpitaux militaires en France, en Amérique et ail-
leurs, soit en temps de paix, soit en temps de guerre, mérite d'être signalée
plus spécialement à l'attention.
» Le résumé des blessures observées à l'ambulance américaine et les
résultats des grandes opérations complètent cet ouvrage, en faisant voir
l'emploi d'un moyen usité aux États-Unis, un simple miroir, pour refléler
sur la même planche l'image d'une double plaie ou d'une double cicatrice.
( B45 )
» Je bornerai là l'indicalion de cet ouvrage remarquable, dont l'analyse
se prêterait à beaucoup de développements et dont la lecture intéressera
surtout les chiriu-giens d'armée. »
La séance est levée à 4 heures et demie. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 6 octobre i S^S, les ouvrages dont
les titres suivent :
1870-1871. Tableaux stalisliqiies des perles des années allemandes d'après
les documents allemands; par M D.-H. Leclei'.G. Paris, Dumaine, Berger-
Levrault, P. Dupont, Dosse, 1873; 2 vol. in-folio oblong. (Renvoi à la
Commission du prix de Statistique.)
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des
constntctions et au service de l'inc/enieur, etc.; mai 1873. Paris, Diinod, 1873 ;
in-8°.
Fragments zoologiques; n° 111 : Un crinoïde tertiaire dam la Gironde; n" IV :
Note sur un Spatangue du miocène supérieur de Saucats, etc.; par M. Cli. Des
Moulins. Bordeaux, Coderc et Degréteau, 1872; br. in-8".
Notes chimitpies et chimico physiques ; par M. Melsens. Bruxelles, imp.
Hayez; br. in-8°. (Extrait du tome XXllI des Mémoires couronnés et autres
Mémoires puldiés par i Académie rojale de Belgique.)
Matériaux pour la carte géologique de la Suisse; XIP livraison : Alpes de
Fribourg en général et Monscdvens en particulier ; par Y. GlLLiÉRON. Berne,
J. Dalp, 1873; in-4°.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
rédaction du D'' Renaud; année 1872, n"* 3 et 4- Moscou, 1872-1873;
a vol. in-8°.
Note di Galileo Galileiad un opéra di Giovanni-Battisla Morin, pubblicate
dit B. BoNCOMPAGNi. Roma, tip. délie Scienze matematiche e fisiche, 1873;
in-4''.
Dieci Lettere inédite di Giuseppe-Luigi Lagrange, pubblicate daW ing" Giam-
( 8/,6 )
Ballistn P.i.vDEGO. Roina, ti|>. délie Scienze matematiche e fisiche, 1873;
Jjjjmnli slorici iiilorno (die ricerche sui jjiccoli e spontaiiei luoti dei penduli
fdlle dal secolo Wil in poi del P.-D.-Timoteo Beutelli, barnabita. Roiiia,
tip. délie Scienze mateinaticlie e fisiche, 1873; in-4''.
(Ces trois derniers ouvrages, présentés par M. Chasles, sont extraits du
Bullctlino di Bddiografia e di Storia délie Scienze mateinaticlie e fisiclte.)
Biillettino di BibUocjrafin e di Storia délie Scienze malematiclie e fisiche, puh-
blicato da B. RONCOMPAGNr ; t. V, dicembre 1872; Indici detjli arlicoU e dei
noini; t. YI, geniiaio-febbraio 1873. Roma, tip. délie Scienze mateinaticlie
e fisiche; 4 "'" in-4°. (Présenté par M. Chasles.)
Choiera: Ils cause and cure ; par J. Wallace. Belfast, .T. Magill, 1866;
br. in-8°.
The pharmaceuliral Journal and transactions; june 1873. London, Chur-
chill, i873;in-8°.
Aslronomical observations and researches made at Dunsinli tlie Observatory
of Trinity Collège, Dublin; second part. Dublin, llodgos, Fosler, 1873;
in-40,
The médical and surgical historj of ihe ivar oj ihc rébellion (i8Gi-i865)
prepared, in accordance ivilh acls ofCongress, imder the direction of surgeon
gênerai Joseph-K. Barnes, United-Slatcs armj. Washington, Govcrnnient
printing Office, 1870; 2 vol. in-4°, reliés.
Smilhsonian conliihuiions to knoivledge; vol. XVIII. City of Washington,
Smithsonian Institution, 1870; in-4'*.
yïbhandlungcn, hcrausgegeben von der Senckenbergischen natuijorschenden
Gesellschaft ; achten Bandes, dritles und viertes Heft. Frankfurt, Christian
Winter, 1872; in-4'\
Abhandlungcn der Kôniglischen Gesellschaft der TVissenschaften zu Gôtlin-
j/t'/i; siebzehnter Band vom Jahre 1872. Gôttingen, 1872; in-4'*.
Die Expédition zur physikalisch-cheniischen imd biologischen Untersuchung
der Oslsee ini Sommer 187 i aufS. M. Avisodanipfer Pommerania, etc. Berlin,
Wiegandt und Tlempel, 1873; in-4°-
Vierleljahrshefte zur Slalistik des deutschen Beichsjiir dasJahr 1873; ersies
Ih'ft I, hcrausgegeben vom kaiserlichen slatistischen Amt; Rand II, Heft I
der Slatislik des deutschen Beichs. Berlin, 1873; iii-4".
( 847 )
Statislili des deutschen Reiclis, lieraiisgegeben voni kaiserliclien stcUislisclien
Ami; Bancl I. Berlin, [873; 'm-l\°.
Bericlit iïber die senckenbergisclie nnltn fovschende Gesellscliajt; nSyi-iS^a.
Frankfurt, 1872; in-8°.
Schweizerische meteorologisclie Bcobachtungen ; Mai, Juni, Jiili 1872. Sans
lieu ni date; 3 n*'* in-4°.
Untersuchimgen zur natiirlehre des Menschen tind der Thiere, lierniisgegeben
von J. MOLESCiiOTT; XI Band, zweites und dritics Heft. Giesson, 1873;
in.8".
Exposicion nncional del 20 de jiilio de 1871. Informe de los exploradores
del terrilorio de San-Mctrlin. Bogota, M. Rivas, iB7i; in-8'^.
Exposicion nacional del 20 de jiilio de 1871. Ensajo descriptivo de Ins pat-
mas de San-Maiiin i Casanaie; por Jenaro Balderrama. CaUdogo de las co-
lecciones mineralogica ijeologica de Liboiio Zerda. Bogota, M. Rivas, 1871;
in -8°.
Exposicion nacional del 20 de julto de 1 87 1 . Calalogo del Eslado S. de Àn-
liocpùa. Bogota, M. Rivas, 1871; in-8°.
Jornal de Sciencias mailiematicas, pliydcas e naluraes, publicado sob os
auspicios da Jcademia real das Sciencias de Lisboa; n. XV, jullio de 1873,
Lisboa, 1873; in-8°.
Ministère des Finances, section III. Tableau général du commerce de la
Grèce avec les nations étrangères pendant les années 1867 et 1868. Athènes,
1873; in-4°, en langue grecque et française.
Ministère des Finances, section III. Tableau général du commerce de la
Grèce avec les nations étrangères pendant les années 186g. 1870 et 1871.
Athènes, 1873; in-4°, en langue grecque et française.
L'Académie a r'sçu, dans la séance du i3 octobre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Connaissance des Temps ou des mouvements célestes pour l'an 1875, pid)liée
par le Bureau des Longitudes. Paris, Gaulhier-Villars, 1873; iu-S".
Ostéologie du Spluirgis Luth (Sphargis coriacea); par M. P. Geuvais.
Sans lieu ni date; hr. in-4", avec planches.
{ S48 )
Mainmijcres dont tes ossements accompagnent les dépôts de chaux phosphatée
(Us (Icparlemcnts de Tcrn-ct-Garoinw et du Lot; pai'M. P. Gervais; second
Mémoire. Paris, 1873; Lr. in-S", avec planches. (Extrait du Journal de
Zoologie.)
Rapport sur les découvertes Jaites dans la grotte de Loubeau, près Melle, par
la Société des Jouilles de cette ville; par M. P. Gebvais. Paris, Imprimerie
nationale, 1873; br. in-8°.
Des monstres polygnathes el hétcrognalhes; par^\. P.Gekvais. Paris, 1873;
br. in-S**, avec planches. [¥^\U'à\X. an Journal de Zoologie.)
Mémoire sur les formes cérébrales propres à différents groupes de Mammi-
fères; par M. P. Gervais. Paris, 1873; br. in'8°, avec planches. (Extrait
du Journal de Zoologie.)
Sur le Tapir de Baird;par M. P. Gervais. Paris, sans date; br. in-8".
( Extrait du Journal de Zoologie.)
Débiis humains recueillis dans la Confédération Argentine, avec des ossements
d'animaux appartenant à des espères perdues ; par M. P. Gervais. Paris, sans
date; br. in-8°. (Extrait du Journal de Zoologie.)
Fouilles exécutées par M. Ed. Piette dans la grotte de Gourdan, près Mon-
trejeau (^Haute-Garonne) ; par M. P. Gervais. Paris, 1873; br. in-8°. (Extrait
du Journal de Zoologie.)
Hybridation des Axolotls par les Tritons; par M. P. Gervais. Paris, 1873;
br. in-8''. (Extrait du Journal de Zoologie.)
Fabrication des étoffes. Traité du travail des laines peignées, etc.; par
M*' Alcan. Paris, J. 13aiidry, iSjS; i vol. in-8", avec atlas in-4°. (Présenté
par M. le général Morin.)
Les climats de montagnes considérés au point de vue médical; par le D"" II.-C.
Lombard; 3*^ édition. Genève, Cherbuliez, 1873; i vol. in-i8. (Adressé par
l'auteur au Concours Monlyon, Médecine et Chirurgie, 1874)
Étude botanirpie sur la Kabylie du Jurjura, avec Catalogue; par A.. LetoUR-
KEUR. Paris, Imprimerie nationale, 1871; in-H".
Considérations générales sur r électricité; par M. Dumas, capitaine d'Etat-
Major. Paris, Dnmaine, 1873; br. in-S". (Extrait du Journal des Sciences
militaires.)
(La suite du Bullctiu au prochain numéro.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 OCTOBRE 1875.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMIIIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Théorème relatif au mouvement d'un point
attiré vers un centre fixe; par M. J. Bertrand.
« Les orbites planétaires sont des courbes fermées; c'est la cause prin-
cipale de la stabilité de notre système, et cette circonstance importante
résulte de la loi d'attraction qui, quelles que soient les circonstances ini-
tiales, {ait mouvoir chaque corps céleste qui n'est pas expulsé de notre
système, suivant la circonférence d'une ellipse. On n'a pas remarqué jus-
qu'ici que la loi d'attraction newtonienne est la seule qui remplisse cette
condition.
» Parmi les lois d'attraction qui supposent l'action nulle à une distance
infinie, celle de la nature est la seule pour laquelle ini mobile lancé arbi-
trairement avec une vitesse inférieure à une certaine limite, et attiré vers
un centre fixe, décrive nécessairement autour de ce centre une courbe fer-
mée. Toutes les lois d'attraction permettent des orbites fermées, mais la loi
de la nature est la seule qui les impose.
» On démontre ce théorème de la manière suivante :
» Soit (p[r) l'attraction exercée à la distance rsiu' la molécule considérée
C.K.,\S-]i, 7<' Semestre. {T. LWVU, ^« IG.) JIO
( 85o )
et dirigée vers le centre d'attraction que nous prendrons pour origine des
coordonnées, r et Q désignant les deux coordonnées polaires du mobile,
on a, en'verlu d'une formule bien connue,
et, en posant - = z,
(i) r^^[r)=.^[z),
d''z I , / N
Multiplions les deux membres par zdz et intégrons en posant
(2) 2/i|;(s)fl(z = i7r(z),
nous aurons
h étant une constante.
» On en déduit
\/''-^P'
r(^).
» Si la courbe représentée par l'équation qui lie 2 à (5 est fermée, la
valeur de z aura des maxima el des minima pour lesquels — sera nul, et
les rayons vecteurs correspondants, normaux à la trajectoire, seront né-
cessairement pour elle des axes de symétrie. Or, quand une courbe admet
deux axes de symétrie, la condition nécessaire et suffisante pour qu'elle
soit fermée est que leur angle soit commensurable avec tt. Si donc a et ^
représentent un minimum de z et le maximum qui le suit, la condition
demandée est exprimée par l'équation
(3) mn =
l'V'-
dz
p^(3).
OÙ m désigne un nombre commensurable. Cette équation doit avoir lieu,
quels que soient li et A et, par suite, les limites « et /3 qui en dépendent.
On a
jiar conséquent
(85, )
// + — sj(a) — a- = Oj
et l'équation (3) devient
(4) mn= —
Je. V«
f--
a'
1 ■. '
Cf)
°IP)
— CT(a^
) '
j/zvMl) — '^("■J
» La fonction rz[z) doit être telle que cette équation ait lieu pour toutes
les valeurs de a et de /3. Le nombre commensurable m doit d'ailleurs être
constant, car, s'il changeait d'une orbite à l'autre, une variation infini-
ment petite dans les conditions initiales apporterait un changement fini
dans le nombre et la disposition des axes de symétrie de la trajectoire.
» Supposons a et /5 infiniment peu différents ; soit
[5 = a H- u,
z restant compris entre a. et fi, nous pouvons poser
2 — a + ;•,
et j-sera, comme u, infiniment petit. Nous aurons, en négligeant les infi-
niment petits du second ordre,
\/w(|3) — w(a) = y/«sy'((z).
Dans l'expression placée sous le radical au dénominateur de l'intégrale (4),
les infiniment petits du premier ordre se réduisent à zéro, et il en est de
même de ceux du second; ce sont ceux du troisième qu'il faut conserver,
et l'on a, en négligeant les infiniment petits du quatrième ordre,
a-5T(P) - fi'w(«) + (fi- - «-)î7(s) - z-[zrr(/3) - v;{a)]
= [ts'{a) - CKu"{u)]{u-f - HJ-).
L'équation (4) devient
Jo V^ («)— «n"(a) V/«J— y
IlO..
( 852 )
c'csl-à-diro, tn offccluanl l'inlégralion et supprimant les facteurs communs,
ou
V t7'(a)-an."(a)'
^i — ni-) v;'{c/.) + ui- azô" {(/.) = o.
On en déduit
t.'(«)=-^'
a'"-
I
2
m'
A ri B désignant tics constantes.
» D'après les relations supposées entre les fonctions ra, i\i et <p, il en résulte
A
A
?
('■)
- 7'
Telle est la seule loi d'attraction possible, m y désignant un nombre coni-
mensurable quelconque; mais il n'en résulte pas qu'elle remplisse, quel
que soit /«, toutes les conditions de l'énoncé. On doit avoir, en effet, pour
toutes les valeurs de a et de [i,
dz ' '
(0) inn
i v/^.-LH-(r-«')i;-==(-i3-ir.)
» Supposons d'abord — — 2 négatif; posons a == o, ,'5 = i, l'équation
devient
ch ,1 1 1
mn =
et l'équation (0) doiuie
mn = m- n-
//i =: I .
( 853 )
I.;i loi d'attr.TClion correàpondante est
?('■) = 77-
» Si l'on suppose — —2 positif, l'équation (6) devient, pour a =: i , /5=:o,
inn =
C dz
in=
On en déduit ;h = -> et la loi d'attraction correspondante est
9(r) = A/'.
» Deux lois seulement remplissent donc les conditions demandées,
celle de la nature, par Inquelle l'orbite fermée n'a qu'un axe de symé-
trie passant par le centre d'action, et l'altraction proportionnelle à la dis-
tance, pour laquelle il y en a deux.
» Notre illustre Correspondant M. Tchebychef, à qui j'ai communiqué
la démonstration qui précède, m'a fait judicieusement observer que le
théorème, inutile aujourd'hui pour la théorie si parfaite des planètes, pourra
être utilement invoqué pour étendre aux étoiles doubles les lois de l'atlrac-
tion newtonienne. »
MÉTÉOROLOGIE COSMIQUE, — Sur /es Astronouîische Mittheilungen
du D' Rodolphe TVolf. Note de M. Faye.
<( En présentant à l'Académie le numéro 33 de celte publication, je crois
devoir insister sur la portée de plus en plus manifeste des recherches de
son savant auteur. Si quelques personnes ont |)u hésiter au commencement,
lorsqu'il ne s'agissait que d'un petit nombre de concordances entre les
époques du maximum de fréquence des taches solaires et celui du maximum
de la variation diurne de l'aiguille aimantée, observée ici ou là, elles seront
sans doute excusées, pour peu que l'on songea la difficulté d'imaginer un
lien quelconque entre deux ordres de phénomènes en apparence si étran-
gers l'un à l'autre; mais, aujourd'hui, il ne leur serait pas possible de ré-
sister aux concordances qui se révèlent, année par année et mois par mois,
entre les taches du Soleil et le magnétisme terrestre. Grâce au concours
de quelques collaborateurs dévoués en Suisse, en Allemagne, en Italie et
même en Grèce, M. il. Wolf parvient maintenant à déterminer pour chaque
jour de chaque année les nombres qui mesurent la fréquence dus taches à
la surface du Soleil. Pour l'année 1872, par exemple, il ne lui manque
( 854 )
qu'un jour sur 366, et, pour ce jour-là seulement, il a dû se résoudre à in-
terpoler, afin de régulariser ses moyennes mensuelles. Dès lors il est en
état de calculer avec ces nombres les variations de la déclinaison de l'ai-
guillé aimantée en un point quelconque du globe terrestre, pourvu qu'on
ait une fois pour toutes déterminé, relativement à ce point, deux constantes
pareilles à l'établissement du port et à l'unité de hauteur dans le calcul des
marées, et je dis un point quelconque, qu'il s'agisse de Christiania ou de
Prague, de Munich ou de Batavia. En voici un exemple : on vient de publier
les observations horaires de la déclinaison, à Batavia, pour les années 1868
et 1869. En ce point les constantes sont 2,i3o et 0,01 85; le nombre R des
taches est lié à la variation en déclinaison par la simple formule
i> = 2',i3o ■+■ o',oi85R,
et voici comment les observations de l'aiguille de Java sont représentées
par les taches du Soled :
18G8.
Janvier. .
Février. .
Mars. . . .
Avril . . .
Mai
Juin . . . .
Fréquence Variation Variation
des taches, observée, calculée.
Il), 3
21 ,5
24,2
27,6
3i,7
35,5
Juillet 39,2
42,9
45,8
47»o
5o,4
56,9
Août
Septembre..
Octobre . . .
Novembre.
Décembre. .
2,56
2,56
2,56
2,58
2,62
2,71
2,81
2,92
3,01
3,o4
3,08
3,!9
2>49
2,53
2,58
2,64
2.72
2,79
2,85
2,92
2,98
3,00
3,06
3, 18
1SC9.
Fréquence Variation \'ariation
des taches, observée, calculée.
Janvier. .
Février . .
Mars.. . .
Avril . .
Mai
Jnin ....
Juillet 74;*'
Août 77 j6
Septembre.. 84,3
Octobre ... 93, 7
Novembre.. 101,7
Décembre.. io5,8
61,4
64,5
68,0
69,4
70,1
72,4
3,27
3,36
3,44
3,46
3,47
3,5o
3,58
3,61
3,67
3,83
3,95
3,98
3,27
3,32
3,39
3,4.
3,43
3,47
3,5i
3,57
3,69
3,86
4,01
4,09
» L'écart moyen est ± o',o5, c'est-à-dire ±: 3".
» S'agit-il des moyennes annuelles, résumant toutes les influences de
l'année, voici par exemple le résultat obtenu par le Soleil pour l'an passé :
R=: 101,7. Avec cela la formule relative à Munich, depuis longtemps
connue,
7', 109 + o',o363R,
donne i' = 10', 80. L'observation a donné 10', 75 pour 1872.
» Ces concordances frappantes qui s'étendent, de la période générale
de onze ans, aux détails des années et des mois, et qui permettent de lire sur
les taches du Soleil, comme sur l'échelle divisée d'une aiguille aimantée,
( 855 )
les variations continuelles du magnétisme terrestre, ne jnstificnt-elles pas
pleinement le titre de Météorologie cosmique que j'ai donné à cette Note,
pour rendre hommage, à la fois, aux travaux de M. Wolf et à la mémoire
de Donati qui nous a légué cette appellation hardie dans son dernier
Mémoire. »
ASTRONOMIE. — Sur f explication des taches solaires
proposée par M. le D'' Reje (i). Note de M. Fave.
« Lorsqu'on fait tourner rapidement un vase contenant un liquide au-
tour de son axe de figure placé verticalement, on sait que la surface libre
de ce liquide se creuse au centre et se relève sur les bords, de manière à
former un paraboloïde de révolution; c'est la figure d'équilibre de la sur-
face libre d'un liquide dont toutes les parties ont même vitesse angulaire
de rotation. Si l'on imprime, non plus à toute la masse, mais à une petite
portion d'un liquide en repos ou animé d'un mouvement rectiligne, exac-
tement commun à toutes les parties, un mouvement analogue, la dépres-
sion qui se forme à la surface libre est conique, et la rotation s'y accélère
vers la pointe; mais cet effet disparaît bientôt, à moins que la rotation
locale ne soit alimentée par quelque circonstance particulière.
)) C'est ce qui se présentera si les vitesses des filets liquides du cours
d'eau ne sont pas égales. Alors le tourbillon une fois produit s'alimente
aux dépens de la différence de vitesse entre les filets contigus; la dépres-
sion conique centrale se propage vers le bas, de couche en couche, par
l'afflux spiraloïde des filets qui convergent vers l'axe en s'inclinant peu à
peu vers le bas. Il n'y a plus, à proprement parler, de figure d'équilibre;
mais on peut concevoir une surface limite qui envelopperait ces dépres-
sions ou plutôt ces ruptures coniques des couches successives; elle aurait
elle-même une forme conique, évasée vers le haut, rétrécie vers le bas, à peu
près comme un entonnoir.
M Cet entonnoir invisible au sein de la masse liquide suivra d'ailleurs
exactement la marche moyenne du courant et n'absorbera que la force
vive due à la faible différence originaire de vitesse des filets qui s'y en-
gagent.
» Enfin, si l'on considère les régions moyennes de l'atmosphère, où des
(i) Die IFiroelstûrme, Tornados luul ffettersàiilen, von D'' Th. Revo, oiiltntliche Pro-
fessor an der UniversitiU Strassburg. Hannover, 1872.
( 8:'56 )
courants se meuvent comme des fleuves immenses avec des vitesses va-
riant d'une franclie verticale à la suivante, on conçoit que les phénomènes
tourl)illonnai!'cs qui s'y produiront puissent prendre des dimensions con-
sidérables. Et ce qu'il y a de particulier dans ce cas, c'est qne la surface
enveloppe de toutes les spirales tourbillonnaires deviendra visible par
suite de la condensation de la vapeur d'eau dans les couches qu'elles tra-
versent et qu'elles refroidissent. Les masses d'air supérieures affluent peu
à peu en convergeant dans la vaste ouverture supérieure de l'entonnoir, le
creusent de plus en plus, en vertu de leur vitesse accélérée de rotation vers
l'axe et finissent d'ordinaire par le faire dégénérer en une sorte de cylindre
étroit qui descend progressivement de couche en couche, en hésitant par-
fois si l'afflux supérieur n'est pas régulier, jusqu'à ce qu'il rencontre l'ob-
stacle du sol. Alors toute la force vive des masses d'air qui ont eu accès, à
un instant donné, par l'orifice de ce vaste entonnoir, se retouve concentrée
en bas, presque sans perte, sur un très-petit espace et peut produire en peu
de temps, à la rencontre de certains obstacles, les effets les plus étonnants.
Les arbres seront abattus et couchés en un certain ordre, les maisons ren-
versées, l'eau des mares ou des étangs balayée de tous côtés, les vagues de
la mer écrêtées et enlevées en écume par l'air qui s'échappe en tournoyant
et en prenant sur l'obstacle même une force ascensionnelle marquée, etc.
» Quelques personnes, frappées de ces effets dévastateurs, ont cru que
les trombes opéraient par succion ou aspiration, qu'elles arrachaient
les arbres par un mouvement de tire-bouchon et qu'elles pompaient l'eau
des étangs, des fleuves ou des mers, en l'aspirant dans la surface enve-
loppe que nous venons de décrire, comme si c'était un canal solide de
succion.
» Sans doute il existe des tourbillons ascendants; même c'est presque
toujours en tourbillonnant que les innombrables filets d'air ascendants,
destinés à rétablir incessamment l'équilibre des couches atmosphériques,
s'élèvent vers les régions supérieures. Tels sont aussi les pefits tourbillons
qu'on voit si fréquemment courir sur nos chaussées et nos places par les
journées chaudes, et les tourbillons mieux caractérisés qui se forment çà
et là au-dessus de vastes incendies, dont les flammes se réunissent parfois,
en tournoyant, dans une colonne verticale, surmontée d'un cône de fumée.
Mais ces phénomènes fugitifs n'ont rien de commun que le tournoiement
avec ceux que nous venons de décrire.
» "Voilà cependant le point de départ que M. le D' Reye a choisi pour
se rendre compte des trombes, cyclones, orcans ou tornados dont il a fait
( 857 )
une étude spéciale dans un livre publié vers Fa fin de l'année dernière (i).
Le savant auteur pense que les trombes et cyclones sont des phénomènes
identiques à ces petits tourbillons de nos routes (2) ; ils seraient dus unique-
ment à l'ascension de l'air des couches les plus basses, lorsque la rapidité
du décroissement vertical des températures atteint une valeur telle, que
l'équilibre de l'atmosphère soit voisin de l'instabihté. Alors il suffit du plus
léger accident pour décider çà ou là l'ascension d'une bouffée d'air, et, une
fois le mouvement commencé en ce point, l'air de la couche inférieure afflue
vers ce même point pour suivre le mouvement. Bientôt, par ce mince orifice,
des masses considérables appelées de tous côtés se précipitent et montent
vers le ciel en se dilatant et en élargissant de plus en plus (vers le haut
seulement) le canal d'ascension. Le phénomène dure jitsqu'à ce que l'équi-
libre soit rétablientre la couche inférieure qui fournit les matériaux et les
couches supérieures qui les reçoivent. L'air chaud inférieur, en se dilatant
dans les régions élevées, laisse une partie de sa vapeur se condenser, et la
chaleur due à cette condensation le rendant plus léger ajoute encore à sa
force ascensionnelle. Enfin, c'est par l'afflux de l'air de la couche infé-
rieure vers l'étroit orifice de la trombe ainsi formée que s'opéreraient les
dévastations susdites.
» Je ne me propose pas de discuter cette théorie, mais seulement d'exa-
miner l'application ingénieuse que M. le D'' Reye en a faite aux taches
du Soleil. Suivant lui, lorsqu'une facule se forme à la surface du Soleil,
l'excès de chaleur qui en résulte dans une région limitée de la photo-
sphère détermine les phénomènes suivants : la température de la couche
atmosphérique qui repose immédiatement sur cette facule s'élève et rend
instable l'équilibre de l'atmosphère; les masses de gaz et de vapeurs dont
celte couche est formée tendent à s'élever. Il pourra donc se former çà et
là, au-dessus de cette facule, tnie sorte de trombe par où les matériaux de la
couche inférieure s'élèveront verticalement dans les couches supérieures. Le
refroidissement qui en résulte déterminera la condensation des vapeurs ;
il donnera ainsi à l'intérieur de cette trombe le degré d'opacité nécessaire
pour masquer la région sous-jacente de la photosphère.
» Ce nuage se formera déjà vers 100 ou 200 milles allemands de hau-
(i) J'en ai eu connaissance par le dernier Mémoire de )M. Zœllner.
(2) Les cyclones seraient de vastes trombes produites également par l'ascension des
masses d'air inférieures ; seulement la condition relative à l'équilibre atmosphérique ne se-
rait plus ici nécessaire.
C, R., 1873, 2° Semestre. (T. LXXVII, N» 16.) I I I
( 858 )
leur. Par-dessous ce nuage et latéralement, des niasses gazeuses s'échapjje-
ront en nappe conique; mais, déjà dépouillées en partie de vapeurs, elles
iront déposer, beaucoup plus haut, une foule de très-pelifs nuages opaques
qui formeront la pénombre, en affaiblissant pour nous l'éclat général du
foud brillant de la photosphère. Enfin ces masses gazeuses, complètement
dépouillées de vapeurs par ces condensations successives, et s'emparant de
la chaleur latente qu'elles rendent libre, jailliront violemment au-dessus
de la chromosphère, autour de la pénombre, en flammes d'hydrogène pres-
que pur.
» La hauteur du cyclone solaire ne doit pas (d'après le phénomène de
Wilson) dépasser 800 milles allemands au-dessus du nuage noir absolument
opaque qui en forme la base, ce qui fait en tout de 900 à 1000 milles, ou,
en secondes, un peu plus de 9 à 10 secondes, c'est-à-dire à peu près la
hauteur moyenne de la chromosphère.
» Tel serait, suivant M. Reye, le mécanisme de la formation des taches
solaires. Le corps de cet astre n'y serait pour rien ; tout se passerait dans
son atmosphère au-dessus de la surface brillante.
» Quant à l'observation célèbre de Wilson (confirmée par les mesures
d'Herschel et de plusieurs astronomes modernes, en particulier par les
belles mesures de l'Observatoire anglais de Rew), qui prouve que les taches
sont des cavités, M. Reye accorde que les taches sont bien des cavités, des
espèces d'entonnoirs s'évasant par le haut, mais il fait remarquer, comme
l'ont fait avant lui plusieurs savants du même pays, dans l'intérêt d'hypo-
thèses analogues, qu'on satisfait aussi bien à l'observation de Wilson
avec des entonnoirs placés au-dessus du Soleil, qu'avec des entonnoirs
placés dans sa masse même. Son hypothèse de trombes extérieures ascen-
dantes n'est donc pas en contradiction avec ce fait, et, comme elle ré-
|)ond bien d'ailleurs à la figure et aux caractères principaux des taches,
il la propose aux astronomes à titre de conséquence logique de sa théorie.
» Je ne m'attacherai ni à la théorie ni à ses conséquences, mais seule-
ment au point de fait que voici : les observations courantes des taches du
Soleil , lesquelles ne sont pas susceptibles d'une double interprétation
comme le fait de Wilson, montrent que les taches sont des cavités non
pas extérieures, mais intérieures à la photosphère. L'hypothèse de M. Reye
n'est donc pas plus acceptable que celle de M. Zœllner, dont j'entretenais
dernièrement l'Académie.
)) Tâchons de rendre la démonstration bien claire, et pour cela rédui-
sons-la à une forme purement géométrique. Voici une table avec une
( 859 )
cuvette exactement placée en son milieu. Un observateur, trop éloigné
ponr avoir la sensation du relief, cherche à décider si la cuvette est posée
simplement sur la table ou si elle est insérée dans un trou circulaire de
même orifice, de manière que la cuvette entière soit au-dessous de la surface
de la table. S'il voit la table obliquement, l'orifice de la cuvette et le fond
lui paraîtront comme deux ellipses à peu près semblables, mais non con-
centriques. A ne considérer que la perspective de la cuvette, il notera que
les deux ellipses ne sont pas concentriques; celle du fond se trouvera, par
rapport à l'autre, un peu rejelée de son côté. C'est là le phénomène de
Wilson; il ne nous apprend, en effet, qu'une seule chose, c'est que l'objet
est creux; c'est bien une cuvette; seulement cela ne nous apprend rien sur
la position de la cuvette par rapport à la table.
» Mais il y a là un moyeu bien simple de résoudre le problème, c'est
de mesurer sur le tableau perspectif la distance du fond de la cuvette aux
deux bords de la table. Si ces distances sont sensiblement égales, la cuvette
centrale est posée sur la table et lui est extérieure. Si la distance du fond
au bord voisin de l'observateur est la plus petite, la cuvette est insérée
dans la table.
» Ce calcul a été fait non pas une fois, mais sur des mdiiers d'observa-
tions des taches solaires de M. Carrington. Il a constamment donné le même
résultat : la cuvette est dans la table, la cavité de la tache est dans le corps
du Soleil ; elle y est engagée de toute la profondeur que le phénomène de
Wilson assigne à cette cavité.
» Sans doute M. le D' Reye ignore ce simple fait qui aurait supprimé
dans son germe toute sa théorie, car il n'en parle pas. D'ailleurs ces calculs
et leurs résultats ont été publiés, pour lui, à l'étranger.
» Cependant je ne puis m'empècher de faire remarquer qu'un astronome
allemand dont le nom a beaucoup d'autorité en ces matières, et à qui cette
branche de la science doit d'intéressants résultats, M. le D'' Peters, direc-
teur de l'Observatoire d'Hamilton Collège, a publié après moi, sur ses
propres mesures, les mêmes calculs et est arrivé au même résultat. Son
Mémoire a été publié en 1868, dans les Aslronomische Nachrkhlcu, n" 1696;
je l'ai analysé et discuté dans les Comptes rendus, t. LXYII, p. i85.
» Il existe un second moyen que je n'ai pu employer, parce que les me-
sures anglaises dont je disposais se rapportaient exclusivement aux noyaux
noirs des taches, c'est-à-dive au fond de la cuvette : c'est de considérer
l'orifice supérieur de la pénombre ou de la cuvette. Le P. Secchi, dont les
travaux sont si justement connus et appréciés en Allemagne, a observé
MI.,
( 86o )
avec soin le centre de cet orifice dans plusieurs belles taches, d'une ma-
nière très-suivie, avec tous les raffinements de la précision moderne. Il a
trouvé que le centre de cet orifice ne subissait pas de déplacement quelle
que fût sa distance au centre du Soleil. Donc l'orifice supérieur est au ras
de la table, je veux dire de la photosphère, et non à 900 ou 1000 milles
allemands au-dessus.
» Il y a une troisième manière encore plus simple, c'est de regarder la
table par la tranche. Les trombes verticales ascendantes de 9 à 10 secondes
de saillie, lorsqu'elles arrivent au bord même du Soleil, devraient devenir
visibles, que dis-je? éclatantes de lumière pendant les éclipses totales. Or
jamais on n'a rien vu de pareil ; pas le plus léger indice de cette urne formée
par des nuages incandescents; tout se passe au contraire, sauf une dépres-
sion locale de la chromosphère signalée par M. Rcspighi, comme s'il s'agis-
sait de simples cavités entièrement masquées sur les bords par la sphéricité
du globe solaire.
)) D'ailleurs, en temps ordinaire, on voit les taches disparaître vers les
bords comme de simjiles trous, sans indication d'un relief quelconque, en
sorte que Wilson, les Herschel, Bode, Arago, tous les astronomes en un
mot de tous les pays, n'ont jamais hésité, jusque dans ces derniers temps,
entre les deux interprétations purement géométriques qu'en Allemagne on
trouve aujourd'hui également admissibles.
» Ainsi les longues années de mesures anglaises, les observations et les
calculs du D"^ Peters, celles du P. Secchi, le témoignage négatif si frappant
de toutes les éclipses totales, etc., tous les faits, en ini mot, s'accordent à
établir que les taches ne sont pas hors du Soleil, dans son atmosphère, mais
bien dans l'épaisseur de sa masse brillante.
» Je ne pousserai pas plus loin la discussion ; il me suffit d'indiquer à
M. le D'' Reye et aux lecteurs de son savant ouvrage, de simples faits qui
rendent sa théorie entièrement inapplicable au Soleil.
» Si ces faits bien connus de tous les astronomes, faits qui ont si souvent
figuré dans tant de controverses, ne sont même pas mentionnés dans certains
livres allemands, où l'on ne cite que le phénomène de Wilson, susceptible
d'être interprété de deux manières différentes, je ne puis l'expliquer que par
l'influence d'une idée préconçue. M. Rirchhoif, en Allemagne, comme
M. Spencer et M. Balfour Steward, en Angleterre, a pensé que les taches ne
pouvaient provenir d'une cause interne, mais seulement du refroidissement
extérieur. Cette pensée juste, mais bien vague dans la partie affirmative,
fut traduite aussitôt dans les deux pays par deux hypothèses contradic-
(861 )
toires, celle des nuages formés dans une vaste atmosphère solaire par le
refroidissement et la condensation des vapeurs ascendantes, et celle de
courants verticaux formés dans cette puissante atmosphère semblable à la
nôtre, à laquelle on croyait alors, et pénétrant violemment de haut en bas
(clown rush) dans la photosphère. La première hypothèse, celle du célèbre
physicien de Kœnigsberg, fut accueillie vivement en Allemagne. Encore
aujourd'hui, malgré quelques déviations (les scories, par exemple, de
M. Zœllner), on y considère les taches comme des édifices atmosphériques,
entièrement extérieurs au Soleil; les faits contraires apparaissent comme
douteux et sont écartés; on n'y pense même plus.
» Ils n'en subsistent pas moins, et leur oubli frappe fatalement de stéri-
lité de très-remarquables efforts comme ceux de MM. Zœllner et Reye.
» Quoi qu'il en soit, je désire vivement que, à l'aspect de ces désaccords
et de ces hypothèses qui surgissent de tous côtés, l'Acadéniie n'en vienne
pas à conclure que la question du Soleil n'est réellement pas mûre. Loin
de là, les faits ne laissent place à l'indétermination que si on les envisage
isolément, prenant tel groupe et laissant arbitrairement tel autre de côté.
Dans leur magnifique ensemble actuel ils contiennent la solution inté-
grale du problème; il suffit de se laisser guider par eux pour y arriver par
le raisonnement, sans hypothèse, sans effort d'imagination. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Recherches anatomiques sur les Edentés Tardicjrades ;
par M. P. Gekvais. (Extrait par l'auteur.)
« Il a existé dans l'Amérique méridionale, à une époque peu reculée et
certainement postérieure à la fin des temps géologiques compris sous la
dénomination commune de période tertiaire, un certain nombre d'espèces gi-
gantesques, appartenant à l'ordre des Edentés, qui étaient pourvues de
dents rappelant celles des Paresseux, soit les Unaus, soit les Aïs. Par leurs
caractères ostéologiques, ces animaux se rattachaient aussi, d'une manière
particulière, à ces deux genres de mammifères encore actuellement existants,
et les grands Tardigrades sud-américains n'avaient, comme les Paresseux,
aucun représentant dans les autres parties du globe. Les affinités, qui rat-
tachent les uns aux autres les genres de ces deux catégories, ont été re-
connues par Cuvier, lorsqu'il a pu étudier des débris appartenant au
Mégathérium et au Mégalonyx et comparer les particularités ostéologiques,
qui distinguent ces deux animaux éteints, à celles que présentent les Aïs et les
Unaus. Ce mode de classement, d'abord contesté par quelques anatomistes
( 862 )
qui voulaient réunir les Paresseux au groupe des Singes, comme l'avait fait
autrefois Linné, et ne placer parmi les Édenlés que les gr.uuls Tardigrailes
d'espèces détruites, a fini par èlre généralement accepté. Toutefois, les
grandes espèces dont il s'agit différaient de celles beaucoup plus petites, qui
existent encore maintenant par leur manière de vivre. La masse énorme de
leur corps en faisait nécessairement des animaux terrestres; les ongles puis-
sants, dont un ou plusieurs de leurs doigts étaient armés, leur servaient à
fouiller le sol, et si, dans la plupart des cas, elles se nourrissaient, comme le
font les Unauset les Aïs, de substances végétales, ce dont on ne peut douter
en considérant la conformation habituelle de leurs dents, on doit éga-
lement supposer qu'elles se servaient de leurs ongles pour bouleverser les
grandes fourmilières, et que les Fourmis, ainsi que les Termites, faisaient
partie de leur alimentation aussi bien que les substances végétales accu-
mulées par ces insectes ou les parties succulentes des végétaux que leurs
énormes griffes leur permettaient d'extraire du sol. Cependant le Lestodon
était sans doute en partie Carnivore. On le voit, ces gigantesques représen-
tants de nos Tardigrades, dans la faune quaternaire, n'avaient pas tous les
mêmes habitudes; c'est ce que l'on ne savu-ait contester, si l'on passe en
revue les particularités souvent remarquables d'organisation qui les dis-
tinguaient les uns des autres.
» Le nombre de leurs genres peut être évalué à une dizaine environ.
» 1. Le premier, ou le genre 3Iécjathcrium, présentait cinq paires de mo-
laires supérieures et quatre inférieures; ce qui est la règle à peu près con-
stante pour les Tardigrades. Ses dents étaient équidistantes entre elles, à
quatre pans et relevées à la couronne par une paire de crêtes ou collines
transversales comparables à celles de certains mammifères essentiellement
herbivores et phjUopliages, tels que les Tapirs et les Kangurous. On doit
supposer, connue on l'a fait du reste pour les Dinothériums fossiles en
Europe et dans l'Inde, et aussi pour le Notothérium et Je Diprotodon,
qui sont de gigantesques Marsupiaux éteints, particuliers en Australie, que
le régime du Mégathérium était analogue à celui de ces animaux. L'humérus
du même animal manquait de perforation au-dessus du condyle interne;
son fémur était fort large et ses pieds de derrière qui se distinguent surtout
par la forme de deux de leurs os du tarse, le calcanéum et l'astragale, ne
portaient d'ongle qu'à un seul doigt. Il avait au contraire trois doigts
onguiculés aux pieds de devant,
» Ce gigantesque animal a été successivement décrit par différents auteurs,
depuis Cuvier, et M. Owen en a donné la monograpliie en 1861. Le sque-
( 863 )
Ictte de Mcgathérium que je viens de faire préparer pour la collection du
Muséum, grâce à l'habile et utile concours de M. le D'' Sénéchal, nous a
permis, à M. Sénéchal et à moi, d'ajouter des fails nouveaux à ceux qui
ont déjà été publiés au sujet de ce mammifère, faits sur lesquels nous re-
viendrons dans un travail actuellement en préparalion.
» 2. On trouve une disposition peu différente de celle qui caractérise
le système dentaire du Mégathériuni dans le genre Cœlodon, découvert au
Brésil par M. Lund. Ce genre est encore peu connu. J'ai pu en étudier le
squelette dans le musée de Copenhague et recueillir à son égard quelques
indications utiles pour la science. Les dents du Cœlodon sont au nombre
de qnatre paires à la mâchoire supérieure et de trois seulement à l'infé-
rieure, formule que je retrouve sur un des crânes de Mégathérium que
possède le Muséum.
» 3. Le Lestodon est un autre Tardigrade gigantesque que j'ai, le premier,
distingué du reste des animaux de cet ordre. Il joignait à certaines dispo-
sitions ostéologiques, rappelant le Mégathérium et leCoelodon, des carac-
tères qui ne se retrouvent que chez le Mylodon, dont je parlerai tout à
l'heure; mais ce c|ui le distingue surtout, c'est l'apparence caniniforme de
la première paire de ses dents supérieures et inférieures, qui rappellent
par leur écarlement et par leur forme les canines des Unaust En outre, le
bord mentonnier était large et aplati. On possède des fragments de la léte
du Lestodon, son membre postérieur à peu près entier et quelcjues autres
pièces encore, dont j'ai commencé à publier des descriptions accompa-
gnées de figures. Le fémur mesurait 0,74 de longueur totale; mais, s'il était
plus long que celui du Mégathérium, il était en même temps moins large.
M La collection du Muséum paraît être, jusqu'à présent, la seule dans
laquelle on voit des portions du squelette de ce singulier animal.
» 4. Le genre Mégalonyx avait aussi la première paire de dents écartée
des autres, mais avec une forme de ces dents rappelant les incisives des
Rongeurs. Le squelette de cet Edeuté n'a été connu de Cuvier qu'en partie;
mais M. Leicly l'a décrit plus récemment dans la plupart de ses pièces. On
rencontre des débris de Mégalonyx dans l'Amérique méridionale aussi
bien que dans les États-Unis, où ils ont été découverts par Jefferson, et
pour chacune de ces grandes régions l'espèce est différente. Un maxillaire
inférieur indiquant aussi le genre Mégalonyx a été également recueilli dans
l'île de Cuba; quoiqu'on en ait fait un genre distinct, sous les noms de
Mégalochmis et de Mjoinorpluts, ce fossile doit être certainement attribué à
un véritable Mégalonyx.
» 5. Si de ce genre nous passons à celui des Mytodons, nous trouvons
( 864 )
d'autres particularités faciles à saisir, et cela dans les squelettes aussi bien
que dans le système dentaire. Certains os du pied ont une forme tout autre
que dans les genres précédents, et la première paire de dents, tout en res-
tant écartée, soit à la mâchoire supérieure, soit à la mâchoire inférieure,
l'est beaucoup moins que chez les Lestodons ou les Mégalonyx. Son fût ne
ressemble d'ailleurs ni à la canine des premiers ni à la dent incisiforme
des seconds.
» Il en est des Mylodons comme des Mégalonyx ; ces animaux ont existé
dans les deux Amériques.
» 6. Vient ensuite le genre Scélidolhérium, plus semblable aux Pares-
seux Aïs par la forme de ses dents antérieures qu'aux Unaus, et dont le
squelette est aussi très-facile à distinguer dans plusieurs de ses parties de
celui des cinq genres dont il a été question jusqu'ici.
» 7. Ce ne sont pas là les seuls grands Tardigrades dont les dépôts su-
perficiels et les cavernes à ossements de l'Amérique aient conservé les dé-
bris. M. Lund, à qui l'on doit tant de belles découvertesau sujet des fossiles
de ce continent, et qui a décrit les Scélidothériums sous le nom de Platjo-
n/x, en même temps que M. Owen les faisait connaître sous la dénomina-
tion qui a été conservée, parle d'une septième forme d'animaux du même
ordre qu'd appelle Sphenodon. Ces Sphénodons n'auraient, suivant M. Lund,
que quatre paires de molaires à chaque mâchoire, tandis que nous avons
vu que les autres Tardigrades, sauf cependant le Cœlodon, en avaient cinq
en haut et quatre en bas, ce qui est aussi le cas des Paresseux Unaus et
celui des Aïs, du moins après leur naissance.
)) 8. On doit regarder comme indiquant un huitième genre une denl
encore implantée sur la partie antéro-externe d'un maxillaire inférieur;
par la forme en pyramide de sa couronne, elle nous signale un animal
non encore décrit et voisin des Lestodons dont il différait cependant d'une
manière certaine. Cette dent a été trouvée dans la Confédération Argentine
par M. Seguin; elle n'a encore été ni décrite, ni figurée. Le grand Édenté
qu'elle nous signale devait dépasser le Lestodon en dimensions ou tout au
moins l'égaler.
)) 9. Les os du pied, plus particulièrement le calcanéum et l'astragale,
présentent chez les Tardigrades des différences de forme qui peuvent être
utilement employées dans la diagnose des divers genres de cet ordre. Un
calcanéum rapporté du Brésil par M. Claussen, avec des restes du Scéli-
dothérium et de plusieurs autres animaux éteints, et déposé avec eux dans
notre collection publique, permet de conclure à l'ancienne existence dans
l'Amérique méridionale d'un neuvième genre dont l'espèce type n'est encore
( 865 )
connue que par cette seule partie. Les caractères du calcanéum auquel je
fais allusion ne laissent à cet égard aucun doute. Ce Tardigrade inconnu
était aussi un animal de grande taille; il égalait, sous ce rapport, le Scélido-
thérium et dépassait le Mégalonyx de Jefferson. Je publierai aussi la des-
cription et les figures de la pièce unique sur laquelle celte démonstration
repose encore.
» On peut dés à présent soupçonner l'ancienne existence en Amérique
d'animaux encore différents de ceux-là par le genre, mais appartenant de
même aux Tardigrades.
» Les Édentés, dont les Tardigrades constituent une section importante,
forment parmi les mammifères une division primordiale qui devrait être
regardée comme une sous-classe de ces animaux plutôt que comme un
ordre comparable à ceux des Singes, des Carnivores, des Chéiroptères ou
des Rongeurs. C'est pourquoi nous faisons des Tardigrades un ordre à part.
» Malgré l'apparence d'uniformité que présentent leurs dents, toujours
à une seule racine et à peu près semblables entre elles pour chaque espèce,
ce qui m'a conduit à donner aux Édentés la dénomination d'Homodontes,
on remarque certaines particularités de ces organes qui, pour être passa-
gères, n'en sont pas moins dignes d'être prises en considération dans la
diagnose des différents ordres dont cette sous- classe se compose. C'est
ainsi que j'ai signalé chez les Fourmiliers du genre Myrmidon, ou Four-
miliers didaclyles, des apparences d'alvéoles existant dans le très-jeune âge
et qui tendent à faire penser que ces animaux, bien que dépourvus de
dents pendant la plus grande partie de leur vie, en possèdent peut-être des
rudiments vers l'époque de la naissance, ce qui établirait un nouveau rap-
port entre eux et les Tardigrades.
» J'ai reconnu, d'autre part, la présence chez le Tatou Cachicame de
véritables dents de lait, ce qui n'avait pas encore été signalé. Cette obser-
vation, dont l'exactitude a été contestée, a été vérifiée par le savant pro-
fesseur d'Anatomie comparée du Collège des Chirurgiens de Londres,
M. Flower.
M Une remarque que j'ai également eu l'occasion de faire récemment a
trait à l'un des deux genres actuels de Tardigrades, celui des Paresseux
Aïs. La formule dentaire de ces Édentés, telle qu'on l'a jusqu'à présent
établie, n'est pas exacte, et, comme cela a lieu pour beaucoup d'autres
animaux de la classe des mammifères, il faudra tenir compte ici des modi-
fications que la succession des âges apporte dans le nombre de dents. Au
G. R., 1873, a« Semeitre. (T. LXXV1I,^<> 16.) '12
( 866 )
lieu de cinq paires de dents supérieures et de quatre inférieures seule-
ment, l'Ai en présente cinq paires à chaque mâchoire; c'est ce que j'ai
constaté par l'examen d'un foetus à terme appartenant à ]'es])èce ou variété
à front jaune. Il avait déjà toutes ses dents apparentes et présentait, en
avant de la paire de dents inférieures qui répond aux canines des Unaus,
une petite dent supplémentaire, ce qui portait à cinq, au lieu de quatre,
le nombre des paires dentaires propres à cette mâchoire. Il est évident que,
si la première paire de dents inférieures persistant chez les Aïs doit être
regardée comme une canine, à cause de la forme que prend la même paire
de ces organes chez plusieurs genres de Tardigrades, particulièrement chez
l'Unau, cette paire surnuméraire et caduque ne peut être décrite que
comme étant une incisive; ce qui devra faire modifier la caractéristique
que l'on a jusqu'à présent donnée des Édentés de cet ordre.
» Les Tardigrades constituent néanmoins un groupe très-naturel. Ce
groupe reçoit, comme on l'a vu par les faits exposés dans ce résumé, une
extension considérable de l'adjonction des genres éteints à ceux qui vivent
encore de nos jours, et il est digne de remarque que les espèces de ces genres
anéantis atteignaient toutes des dimensions considérables. C'est aussi ce
qui a été observé pour la plupart des espèces propres aux faunes quater-
naires de l'Europe tempérée et des régions arctiques, ainsi que pour celles
de l'Australie, etc., qui ont disparu les premières. Il en est également ainsi
pour le Toxodon, le Macrauchénia, le Typothérium, le Chiamydothérium,
les Glyptodons des divers genres et d'autres encore qui ont été contem-
porains des Tardigrades dans les régions intertropicales du continent amé-
ricain.
» Dans un nouveau Mémoire, que j'aurai l'honneur de soumettre pro-
chainement à l'Académie, je discuterai les caractères principaux de ces
différents genres, et j'essayerai de déterminer leurs affinités naturelles en
me fondant sur les observations que j'ai pu récemment faire à leur égard. «
BOTANIQUE. — Note accompagnant la présentation du dernier volume du
Prodromus systematis naturalis regni vcgetabilis; par M. Alph.
DE CaNDOLLE.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le dix-septième et dernier
volume du Prodromus syslcnintis nntiirnlis recpn l'cgetabilis^ ouvrage com-
mencé, il y a cinquante-deux ans, par mon père et continué par moi-même,
avec l'aide de plusieurs collaborateurs. Ayant eu l'avantage de compter
( 867 )
dans le nombre de ceux-ci l'un de mes fils (i), on voit que cette œuvre
considérable a occupé trois générations de botanistes, en particulier, dans
ma famille.
» li'idée primitive d'Augustin Pyramus de Candolle avait été d'offrir
une énumération rapide et succincte de toutes les espèces du règne végétal,
d'après les principes de la méthode naturelle. Les deux premiers volumes
ont été effectivement un abrégé de l'ouvrage antérieur de mon père intitulé
Systema, avec une continuation également très-succincte; mais, à partir du
troisième volume, l'auteur jugea convenable de donner plus de détails sur
chaque espèce, en particulier sur les espèces nouvelles qui abondaient
alors dans les herbiers. 1! continua ainsi jusqu'au septième volume, tra-
vaillant à peu près seul. Son dernier effort fut la révision de l'immense
famille des Composées, qu'il parvint à terminer après une grave maladie et
bien peu de temps avant sa mort, survenue en 1841. De simple collaborateur,
je devins alors directeur de l'entreprise. Plusieurs botanistes de nos amis
s'étaient engagés à travailler spécialement certaines familles. J'augmentai
le nombre de ces collaborateurs et leur donnai l'exemple, dans mes propres
articles, de développer, autant que la science l'exigeait, les caractères, la
synonymie et la citation des localités. De cette manière le Prodromus a été
dans les dix derniers volumes, plus que dans les précédents, une véritable
série de monographies, et la plus grande assurément qui existe en Bota-
nique, peut-être même en Histoire naturelle, car elle traite de 214 familles,
comprenant 5i34 genres et 58975 espèces.
)) Trente-cinq auteurs y ont travaillé ; j'ai publié leurs noms, avec l'in-
dication de la part de chacun d'eux, dans un article final de l'ouvrage (2)
dont MM. les membres de l'Académie ont des exemplaires sous les yeux.
Le fondateur du Prodromus en a rédigé lui-même le tiers; MM. Bentham,
président de la Société linnéenne de Londres, Meissner, professeur à Bâle, .
Dunal, autrefois professeur à Montpellier, Millier ( d'Argovie), conservateur
de mon herbier, et moi-même, avons fait un autre tiers; enfin vingt-neuf
autres botanistes, parmi lesquels j'ai eu le plaisir de compter trois des
membres de l'Académie, MM. Decaisne, Moquin-Tandon et Duchartre, ont
écrit le troisième tiers, les uns contribuant pour un demi-volume et d'autres
pour quelques pages seulement.
» Nous avons poursuivi notre travail jusqu'à la fin de la classe princi-
(i) M. Casimir de Candolle.
(1) Prodromi historia, numeri, conctusio, vol. XVII, p. 3o3
I la..
( 868 )
pale, celle des Dicotylédones, arrivant ainsi à joindre l'cnumération des
IMonocotylédones faite par Kunth. A mesure que nous avancions, les dif-
ficultés allaient en augmentant; car, d'année en année, il faut, dans un
travail monographique, examiner plus d'échantillons, plus d'espèces, plus
d'ouvrages, et il est nécessaire surtout de constater des caractères plus nom-
breux et plus minutieux auxquels on ne pensait pas autrefois. Dans les dé-
buts de notre long travail, un botaniste actif, ayant autour de lui les livres
et les plantes, pouvait décrire, selon les usages de l'époque, environ un
millier d'espèces par année ; aujourd'hui, avec le même degré d'activité, il
ne pourrait en décrire que 3oo ou /(oo. La direction d'une œuvre collec-
tive est aussi devenue plus difficile. En augmentant le nombre de mes col-
laborateurs, j'ai été obligé de m'adresser à des botanistes dont je connais-
sais assurément le mérite scientifique , mais qui n'éiaient pas toujours dans
les conditions nécessaires pour un travail rapide et complet. Je pouvais
bien communiquer de riches matériaux et les notes que nous avons prises,
mon père et moi, pendant soixante ans, sans aucune inteiruption, sur
tous les livres et tous les journaux publiés en Botanique ; mais il manquait
souvent à nos amis la faculté de comparer les livres eux-mêmes avec les
échantillons. Le nombre des villes dans lesquelles on peut écrire, sans trop
de retards, une monographie botanique est bien plus limité qu'on ne
le pense. Il n'y en a peut-être pas plus de huit ou dix dans le monde. Celte
circonstance et plusieurs autres, qu'il est inutile de mentionner, ont en-
traîné pour le Prndronnis des complications et des délais d'une gravité crois-
sante, qui m'ont obligé, en définitive, à terminer avec la classe des Dico-
tylédones.
» Je ne voudrais pas énoncer ime opinion sur le Prodromus si j'en étais
le seul auteur ; mais, en jetant un coup d'œil sur les volumes rédigés par
des botanistes éminents, je ne puis éviter de faire allusion aux résultats
principaux de cet ouvrage. Il a servi de base pour une infinité d'autres
travaux, en particulier pour les flores. 11 a contribué puissamment à intro-
duire les principes de la méthode naturelle, surtout dans la division des
familles, des genres et des espèces, ainsi que les vrais principes de la
nomenclature, en |iarticulier celui de la loi de priorité. Nous avons été con-
servateurs, quant aux notions du genre et de l'espèce, telles que Tourne-
fort et JJnné les avaient admises, et novateurs dans l'introduction de plu-
sieurs caractères dignes d'être examinés et dans certains détails qui donnent
aux descriptions plus de précision et de clarté. Le nombre des genres nou-
veaux et des espèces nouvelles qu'd nous a été possible de publier, grâce
( 869)
aux découvertes des voyageurs, a été extraordinaire. Il s'élève à 657 genres
et 1 1790 espèces. Le chiffre des Dicotylédones contenues dans la deuxième
édition du S/jecics plantaruin de Linné est de 5727. Nous en avons dix fois
plus dans le Prodrome, et le nombre de nos espèces nouvelles est, à lui seul,
double du nombre total des espèces connues du temps de Linné. Chacun de
nos volumes a ajouté, en moyenne, 25 pour 100 aux espèces qui étaient plus
ou moins connues auparavant. D'un autre côté, le Prodrnmits a rejeté dans
la synonymie une foule de genres proposés trop légèrement et surtout d'es-
pèces qui ne reposaient pas sur des caractères suffisants ou qui formaient
double emploi. C'est là un travail de déblaiement que les monographes
seuls peuvent accomplir d'une manière uniforme et satisfaisante et, à mon
avis, c'est un service essentiel qu'ils rendent à la Science.
» Le XVIP volume se compose de plusieurs familles dont la place était
naguère douteuse ou l'est encore dans l'ordre naturel, et de quelques antres
qui avaient été ajournées sur la demande des auteurs. Indépendamment de
divers petits groupes que j'ai décrits au commencement, je signalerai : les
Phytocrénées, par M. Bâillon; les Podostémacées, par M. Weddell; les
Lennoacées, par le comte de Solms ;les Népenthacéesel les Cytiriées, par le
D'Hooker; lesBalanophorées, par le D'Eichler; les Ulmacées, par M. Plan-
chon aîné, de Montpellier; et les Moracées, par M. Edouard Bureau.
» Le dernier volume présente ainsi au plus haut degré le caractère cos-
mopolite de l'ouvrage, sur lequel j'ai insisté dans le chapitre intitulé Pro-
dromi liisloria, etc. Puisque nous avions à parler, dans un travail purement
scientifique, des plantes de toutes les régions, des récoltes faites parles
voyageurs de tous les pays et d'herbiers dispersés dans plusieurs capitales,
nous étions conduits tout naturellement à ne revêtir aucun caractère local
ou exclusif. Nous avons employé la langue latine, si admirablement adaptée
à la Botanique descriptive par Linné, et nous avons choisi nos collabora-
teurs dans des conditions très-variées. En fait, ils se sont trouvés apparte-
nir à huit nationalités différentes, et étaient dispersés de Florence à Lon-
dres, et de Montpellier à Stockholm ou Saint-Pétersbourg. De là certaines
difficultés d'exécution sans doute, mais aussi un accroissement général de
bienveillance chez les botanistes voyageurs ou sédentaires, et surtout un
gage de l'impartialité absolue qui s'impose dans toutes les sciences et dont
les naturalistes sentent particulièrement la valeur. »
M. le Secrétaire perpétuel, sur l'invitation de M. le Président, adresse
à M. de Candolle les remercîments de l'Académie. Elle reçoit avec recon-
naissance le dernier volume de l'œuvre commencée, il y a plus d'un demi-
( 870 )
siècle, par son illustre père, l'un de nos Associés étrangers par le titre;
mais, en réalité, par sa longue collaboration avec les anciens Membres de
l'Académie, l'un de nos Confrères les [jIus intimes, l'un de ceux qui ont
laissé parmi nous la mémoire la plus vénérée et la plus sympathique.
» Le Prodromiis est inie œuvre unique, digne de servir de modèle à
toute entreprise ayant pour objet le classement des êtres et la description
des espèces. Son exécution, poursuivie dans la même famille par trois gé-
nérations, avec le respect de la tradition, la persévérance dans la méthode,
le choix attentif des formules nouvelles et le concours dévoué de tous les
talents contemporains, offre un de ces rares exemples de force morale que
la Botanique semble avoir le privilège d'inspirer et qui rappelle la collabo-
ration non interrompue des Jussieu dans la création du Gênera Planlarum.
» Modeste témoin des grands préparatifs faits par de Candolie, qui vou-
lait bien me permettre de travailler près de lui, dans son herbier et dans
son admirable bibliothèque, il y a cinquante-quatre ans, je dois à cette cir-
constance, qui m'est toujours restée précieuse et chère, l'honneur que me
fait M. le Président, en me chargeant d'adresser, en ce moment, à son fils,
notre Confrère, pour lui-même et pour sou propre fils, troisième du nom,
les félicitations de l'Académie. »
M. E. CossoN fait hommage à l'Académie d'une Note sur la géographie
botanique du Maroc, qu'il vient de publier dans le Bulletin de la Société
botanique de France.
M. le Secrétaire perpétuel, en sa qualité de Président de la Commission
du Phylloxéra, rend compte à l'Académie de l'état des travaux de la Com-
mission, et analyse quelques pièces reçues par elle ou par l'Académie de-
puis sa dernière séance :
M. Lecoq de Boisbaudran fait connaître le fâcheux effet produit sur les
vignes qui ont été soumises, dans la Charente, à l'action du sulfure de
carbone.
M. H. Mares, dans une longue Lettre personnelle adressée à M. le Secré-
taire perpétuel, parmi d'autres observations qui feront l'objet d'un Mémoire
spécial, signale, connue ayant jusqu'à présent offert les chances de snc-
cès les moins problématiques, l'emploi des fumures énergiques associé
à celui des sulfures solubles. Il se dispose à essayer, avec tous les soins
nécessaires, le sulfkydrate d'ammoniaque , recommandé par M. Dnmas,
comme ayant le double caractère d'un agent vénéneux pour le Phylloxéra
( 87Î )
et d'un aliment efficace pour la vigne. M. Dumas pense qu'on peut pro-
duire ce composé, soit au moyen du sulfate de soude converti en sul-
fure de sodium par le charbon et mêlé au sulfate d'ammoniaque, équiva-
lent à équivalent, au moment de s'en servir, soit au moyen d'un mélange
de polysulfure de calcium et de sulfate d'ammoniaque.
M. le capitaine Bertrand, dans une Lettre transmise par M. Peyrat,
signale, comme spécialement opportune pour tous les traitements destruc-
teurs du Phylloxéra, la seconde année de son invasion. D'après l'auteur,
la maladie présenterait tiois périodes distinctes. La première année,
malgré la présence du Phylloxéra sur les racines, la vigne conserve
son aspect et le mal est le plus souvent ignoré. La seconde année, les
pousses et les fruits viennent conune d'ordinaire; mais, pendant les mois
de juillet, août et septembre, les feuilles jaunissent subitement, et, si le
raisin n'est pas mùr, il se flétrit. La troisième année, les sarments n'ont
que i5 à 20 centimètres, et la petite quantité de raisin qui apparaît périt,
avec la vigne, pendant l'été; le Phylloxéra a d'ailleurs abandonné déjà les
ceps, pour se porter sur des vignes saines : c'est donc la seconde année
qu'il convient de saisir, pour attaquer et détruire l'insecte.
M. Max. Cornu, délégué de l'Académie, lui adresse une série d'obser-
vations relatives aux galles produites par le Phylloxéra sur les vrilles et les
pétioles de la vigne américaine, Clinton. On trouvera la Note plus loin.
M. Batbiani, délégué de l'Académie, a présenté à la Commission du
Phylloxéra un Mémoire très-important, qu'on trouvera plus loin aussi, sur
le mode de reproduction du Phylloxéra du chêne, dans lequel il assigne son
rôle au Phylloxéra d'automne, aptère ou ailé, et où il montre que c'est lui
qui produit des individus sexués dont l'accouplement donne naissance aux
femelles destinées à se multiplier ensuite, à l'infini, par la parthénogenèse.
Enfin M. Planchon., Correspondant de l'Académie, de retour du voyage
qu'il vient d'effectuer en Amérique pour l'étude du Phylloxéra, fait con-
naître à la Commission et à l'Académie, entre autres fruits de sa mission,
trois observations importantes : 1° la certitude tout à fait acquise que le
Phylloxéra américain et celui qui détruit nos vignes sont absolument iden-
tiques ; 2° la certitude que certaines variétés de vignes américaines résistent
aux attaques du Phylloxéra; 3" enfin l'existence d'un acarus qui poursuit
le Phylloxéra jusque dans les profondeurs du sol, qui l'attaque, s'en nour-
rit et le détruit. M. Planchon rapporte de nombreux spécimens de cet
acarus, dont l'acclimatation pourra donner des résultats importants.
( 872 )
La Commission du Phylloxéra n'a donc qu'à se féliciter d'avoir per-
sévéré dans la marche logique et mesurée qu'elle avait adoptée, et d'avoir
maintenu dans une direction scientifique les travaux de ses délégués, avant
d'aborder les études pratiques qui l'occuperont l'année prochaine.
aiÉMOIRES LUS.
NAVIGATION. — Recherche d\me méthode facile pour mesurer la capacité
des navires. Mémoire de M. d'Avout. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Paris, Jurien de la Graviers, Dupuy de Lôme.)
« La recherche du volume intérieur d'un navire, autrement dit de sa
capacité, se réduit au calcul d'une intégrale triple, prise entre des limites
données. Le calcul exact serait impraticable et il est nécessaire de recourir
aux méthodes d'approximation ; celle que nous avons employée permet
de calculer celte capacité par des formules qui ne contiennent que des
mesures faciles à prendre, même sur des navires chargés.
» Nous appellerons axe du navire la droite menée sur le pont de l'avant
à l'arrière et partageant le navire en deux parties égales et symétriques. Par
cet axe, concevons un plan normal à la surface du pont; l'intersection de
ce plan avec la surface intérieure sera dite ligne de fond. Cette ligne sera
composée de deux parties courbes à l'avant et à l'arrière et séparées par
une partie droite à la carlingue. Nous supposerons la surface intérieure du
navire décrite par une courbe plane, qui se meut dans un plan perpendi-
cidaire à l'axe, en s'appuyant à la fois sur la ligne de fond et sur la trace
des bastingages sur le pont, et en changeant de grandeur sans changer
d'espèce. Le navire étant divisé en deux parties égales par un plan verti-
cal mené par l'axe, nous considérerons seulement la partie antérieure, dont
le volume devra conséquemment être doublé.
» Pour simplifier, nous désignerons par A l'extrémité de l'axe à l'avant,
par B son extrémité à l'arrière ; nous concevrons, par les deux extrémités
de la carlingue, deux verticales qui rencontreront l'axe en O, du côté de
l'avant, et en O' du côté de l'arrière. Le point O désignera le point de
l'axe qui répond à la plus grande largeur du navire ou à son maître
couple. Cela posé, par les points O,, O, O' nous mènerons trois plans per-
pendiculaires à l'axe, qui diviseront le volume en trois parties : v sera le
volume vers l'avant; V le volume de O, en O ; V le volume de O en O';
(873)
v' le volume de O' en B, Si C désigne la capacité totale, nous aurons
C= 2((^ + V + V'+^'').
» Nous aurons à considérer trois genres de courbes : i° i;i courbe inter-
section de la surface du navire par un plan perpendiculaire à l'axe; 2° les
deux parties de la ligne de fond vers l'avant et vers l'arrière ; 3" la courbe
trace des bastingages sur le pont.
Premier genre de courbe. — Menons, par un point quelconque de Taxe, tm
plan perpendiculaire à cet axe; ce point sera le centre des coordonnées de
la courbe obtenue ; ces coordonnées seront j^' dans le sens horizontal et z'
dans le sens vertical ; / sera la demi-largeur du navire sur le pont et z le
creux du navire répondant au point de l'axe considéré.
» Nous prenons, pour l'équation de la courbe,
, g., TTC
y' = jeP~ cos-^;
p est un paramètre qui se déterminera de la manière suivante :
» IjCS courbes que nous considérons ont, en général, à une certaine dis-
tance, sous le pont, un renflement qui répond à un maximum de j' ; soit
z'^ l'autre coordonnée répondant à ce maximum ; nous supposerons, pour
toutes les sections d'un même navire, le rapport ^ constant et nous le dé-
signerons par m; ce nombre sera donc donné pour chaque navire. Cette
hypothèse se rapproche de la réalité ; en effet, d'abord elle est exacte pour
toute la partie du navire répondant à la carlingue et l'on conçoit que, pour
l'avant et l'arrière, le renflement du navire, devant se rapprocher du pont z\
diminuera avec z.
» ]j équation --- =: o donne
d'où
y cos — - = — sm — - = — sui — ,
' 23 23 2 3 23 2m
^ tang
le rapport /3Z sera donc constant pour toutes les sections du navire.
» Soit s l'aire de la section considérée; nous aurons
s=j j'dx'=iji e''-' cos -^ f/c',
d'où, par les formules connues,
s ^= l 'jyyz,
c. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVU, N° IC.) • ■ 3
( «74)
en faisant
w
k
e'it — />
= —T. TT' OU h = 2TlI
7T- + /2
» Nous en déduirons, pour le volume compris entre deux sections dont
l'une est prise pour plan des coordonnées j)^ et z, et l'autre est située à une
distance a de la première section, l'axe du navire étant l'axe des x, l'équa-
tion suivante :
i^ ^ 2 &.) / jz dx ,
où il restera à mettre pour z et j leurs expressions en x.
a Nous avons été conduit à donner à z l'expression suivante, pour la
partie comprise entre O, et A :
z-=^ h cos — — h ex- -+- hx'' ;
a est la longueur O, A; c et è sont deux constantes à déterminer. Pour
X = o, on a z = //, h étant le creux du navire; pour x ^ a^ on a r = o,
d'où c -^ ab = o , et conséquemment z =^ li cos — — h ex- ( i — ' j -,
-^ doit être négatif pour les valeurs de x, de x = o à x = a; on en
conclut c <; n— :? et, en prenant c égal à cette limite, on aura
8 m-
7 r VX Tl-X- I X\~\
» Pour la ligne de fond de O, à O' on a z = h.
» Pour la partie de cette ligne de O' à B, nous prenons O' pour centre
des coordonnées, et nous faisons
7 / / X- c' .r- TZ.T \
pour O" ^ o, on a z = //, -^ = o; pour x = a' = O'B, on aura z := o,
-— = co : -^ doit être négatif pour les valeurs de a", de x = o à x = a',
(l.T dx. o I
ce qui donne, pour limite de c', -; en faisant donc c' := r on aura
z = /m \/ 1 — ^ 4- -^ cos —, ) •
» Courbe des bastingages su7- te jjont. •>— j est l'ordonnée et x l'abscisse.
(875)
» De O, à A, on prend O, pour centre des coordonnées, et l'on fait
X étant la demi-largeur en O,, on a, pour j: = o, / = X; pour x — «,
,, , c . D H- I r
on a / =: o, d ou p. — « = i ; en taisant p, = — - — -, /z = — ? on aura
\
on détermine D en mesurant j, qui répond k x = -\ on a D = ^..^ _ ;j ^ '
j-, = - X donne D infini. D sera d'autant plus grand que les formes du
navire seront plus renflées et d'autant plus petit que ces formes seront
plus fines. En prenant D = lo, ce qui conviendra généralement, on aura
->.=.X 1-1,1 -+o,f--
a' «■'
» De O, à O' on considère la courbe des bastingages comme deux arcs
de paraboles ayant leur sommet en O; et, en prenant ce point pour centre
des coordonnées, les équations de ces arcs de parabole seront
J- - ^ - J (^ - ^),
étant la demi-largeur en O, X celle en O,, X' celle en O'; A étant la
distance OO, et A' la distance O'O.
» De O' en B, pour les navires à arrière rond, nous ferons
\y a' V a^ la' )
Cette courbe sera normale en B à l'axe du navire; // se déterminera par
la mesure de y, répondant à x = ^5 et l'on aura //= /tv'^fj'i ~ ^^V^j ;
on aura, pour jr = o, j- = X'; pour x ^= a\ j- = o.
» Nous avons maintenant les expressions de z et j" en .r, el il restera
à effectuer les intégrations indiquées par les formules suivantes :
!> = 2 oj I ZY dx = 2 w Jù. I ces — + ^-^ ( i — -] ( i — u. — -h ?i — ] c/,r ,
V + V'=.../.j£[Z-5(/-X)]./x+£^'[/-|.(/-X')]./.|
v' = 2(ùh'K' ] [s./ 1—~ +~ ~co&^][\,/ i — ^, 4- 4 ^ cos ^ ) dx.
I x3..
(876)
» Développent et effectuant les intégrations dans les limites indiquées,
on trouve
V = 2 u A), a (0,74 — /Ji..o,i62 + «.o,io4),
où IJ. = fi ~h 1 (■) ;
V + V = I w h [2 l(A + A') + >. A 4- X'A'] ;
v'=: Ci X' /m' [1,333 + j'3y.o,o4 + (/3 + 7)0,042],
. C ù' r, .V
ou ;j- = 7, ry = p, et 1 on aura
il A
pour le volume total intérieur du navire.
» Calcul du volume v' de l'arrière, pour les navires à arrière carré. — Dans
ces navires, l'arrière est terminé par un plan à très-peu près perpendicu-
laire à l'axe. Soit O, l'extrémité de cet axe et soit O'O, = a, ; soient aussi
),, la demi-largeur et /i, le creux du navire à l'arrière, h étant toujours le
creux à la carlingue.
» Les lignes de fond et des bastingages ont ici des expressions différentes :
pour la ligne de fond, nous ferons z = Ii cos — -, pour a,' = o, z = Ii; pour
r = o, X = «; a est donc la distance de O' au point de rencontre des pro-
longements de l'axe et de la ligne de fond, et nous aurons
" = — 1 — ir-
1 arc cos =: —
Nous considérerons la ligne des bastingages comme le prolongement de
l'arc de parabole répondant à OO,, et, posant j =z a' — px — qx', nous
aurons, pour x = o, j- = X'; pour x = a,, y = X,, et pour x = — A',
y = /; nous en déduirons
)/(A' — «,) /„;_),,A'= (X' — ),)A'— (/ — V)«,
n =^ — ■ -+- et rt = ^ — •
t a, A' ^«,A'(fl,+ A'J ^ a,A'(«, -1-A')
» Ces valeurs se simplifieront en prenant, au lieu de O qui répond au
maître cou|)le, un point H, tel que O'H = 0,0', ce qui permettra de sup-
poser A'= a,, d'où, / désignant alors la largeur mesurée en H,
l—ï, iV—l — l,
p = , q —
' 0/7. *
za:
(*) Pour cette valeur de p., on a
f = 2w/(X« (0,5^8 — «.o,o58) et « = 6 — 8^,
Xi étant la dcuii-larj^eur qui ri'|)ond à .1=-.
On trouvera ensuite pour /, en faisant /i, =
(877)
h
— )
n
Faisons ts = ; ; zs dépendra seulement de n = 7--
2 arc I
» En faisant
B=ii
V--M'-^)+î(^-').
B,=(V°)"(-:\/.-;;.-0
■K- \ n /i y n
on obtient la formule simple
» Nous avons calculé la table suivante des valeurs de B, B, et Bj pour
les valeurs de - = j? depuis 0,70 jusqu'à o,4o:
Valeursde-- U,70. 0,65. 0,60. 0,55. 0,50. 0,45. 0,40.
B +0,697 +0,669 -^^fiil +0,620 +0,594 +o,58o +0,554
B, +1,252 +1,241 +1,223 +1,208 +i,ig3 +1,178 +1,164
B2 — o,i52 — o,i5o — 0,147 — 0,143 — 0,140 — o,i38 — o,i35
Table donnant w en fonction du m.
Valeurs de /n. m =z 2. m:=3. m =^ .\. in=:ô, m =^6. /h =00.
w 0,607 0,452 0,408 o,3g2 0,372 o,3i8
/m 9,78286 9,65559 9,61098 9,59362 9,57101 9,50243
» Nos formules, appliquées à la corvette de l'État iEurjdice, dont les
mesures n'ont pas été données complètement, ce qui nous a forcé de
prendre arbitrairement le nombre m, nous ont donné le résultat suivant :
Données: A = 7",3o; Z=5"',2o; A=io"',3o; A'=i3™,20; « = 7'", 8;
«, = 11™; /(,=4'^; ). = 4,9=V; ; = 5™,2o; X, — 3, 5;
le tonnage était 2077 "hêtres cubes. Le navire est à arriére carré; en pre-
nant m = 4) nous trouvons C = 2168 mètres cubes; différence, + 91 mè-
tres cubes; en prenant m = 5, nous trouvons G = 2o58 mètres cubes; dit-
férence, — 19 mètres cubes. »
( «7« )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ZOOLOGIE. — Note additionnelle à In monographie des Poissons de la fainille
des Symbranchidés ; par M. C. Dareste.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
« J'ai signalé, dans mon travail sur les Sjmbrancliidés, ce fait singulier
que les Monoptères ont le troisième arc branchial tantôt pourvu, tantôt
dégarni de lamelles branchiales. J'ai constaté, depuis la rédaction de ce
travail, un fait plus curieux encore, c'est l'absence complète de lamelles
branchiales sur les trois arcs branchiaux de trois individus do la même
espèce. Ces arcs branchiaux sont simplement revêtus par une membrane
assez épaisse, et présentant un rebord légèrement dentelé. Évidemment,
avec un semblable appareil respiratoire, la respiration doit être fort peu
intense. Ces trois individus avaient été rapportés de Siam par M. Bocourt.
Je me suis donc adressé à M. Bocourt pour lui demander quelques rensei-
gnements sur le genre de vie de ces animaux, pensant qu il pourrait peut-
être rendre compte d'un fait si extraordinaire. Je transcris textuellement
la réponse de M. Bocourt.
n Voici la Note relative au Monopteras jacanicus, rapporté par moi en 1861 d'Ajulliia,
ancienne capitale «lu royaume de Siam, située environ à une trentaine de lieues de la cote.
» En juin, dans une excursion faite avec le P. Larnaudie, missionnaire à Siam, nous
vîmes, dans une vaste plaine où nous nous trouvions en chasse, un Indien enfoncer perpen-
diculairement en terre une longue tringle en fer. Mon compagnon de'voyage excita vivement
ma curiosité en m'apprenant que nous allions assister, en pleine terre, à une pêche particu-
lière.
» En effet, après plusieurs essais, l'Indien se rendit maître, à trois fois différentes, d'un
RIonoptère accroché à l'extrémité de cette tringle qui avait la forme d'un harpon. Les ani-
maux ainsi harponnés étaient vivants; mais ils paraissaient être engourdis et n'avaient que
des mouvements très-lents.
» L'arme qui sert à cette pêche ou à cette chasse ressemble à une sonde à perforer; elle
peut s'assembler en deux ou trois parties, selon la profondeur que l'on veut atteindre.
» Siam reste environ quatre mois inondé. Celte pêche se fait dans les terrains à surface
un peu concave; l'eau pouvant séjourner un peu ])liis longteni])s dans ces lieux y forme des
mares plus ou moins profondes; mais, dans la grande sécheresse, les anguilles qui y vivent
s'enfoncent en terre et restent probablement engourdies jusqu'à l'inondation suivante, qui
commence ordinairement ;i se faire sentir vers novembre.
» Les terrains sont argileux; j'ai vu des tranchées de 4 mètres de profondeur dont le sol
offrait l'homogénéité la plus complète. »
( «79 )
» Ces détails ne peuvent laisser de doute. Ainsi les Monoptères de la
rivière de Siam, leMé-Nan, pénètrent dans l'intérieur des terres avec l'inon-
dation périodique qui commence au mois de novembre et, lorsque l'inon-
dation se retire, elle laisse après elle des mares dans lesquelles les Mono-
ptères séjournent en grand nombre.
» Plus tard, lorsque arrive la saison de la sécheresse, les Monoptères s'en-
foncent dans la terre, et y attendent l'inondation suivante, ayant souvent
au-dessus d'eux une couche épaisse de vase solidifiée. Dans ces conditions
leurs propriétés vitales doivent être considérablement amoindries. On est
donc tout naturellement conduit à se demander si la respiration cutanée
n'est pas alors suffisante pour répondre aux besoins d'une vie beaucoup
moins active, et si le ralentissement, peut-être même la suspension de la
respiration branchiale, n'aurait pas pour conséquence la flétrissiu'e et l'a-
trophie des lamelles branchiales. Je ne puis, pour le moment, que signaler
cette question aux naturalistes et aux physiologistes, en leur rappelant
d'ailleurs le fait que j'ai indiqué dans la dernière séance, de l'existence des
lamelles branchiales chez les Monoptères rapportés du Yang-Tse-Kiang
par MM. Dabry et Simon.
» Le Citchia présente probablement un fait analogue. Cet animal, pourvu
d'ailleurs de sacs respiratoires aériens, n'a que deux branchies. La pre-
mière porte seule des lamelles respiratoires, tandis que la seconde est
simplement revêtue d'une membrane à bord dentelé comparable à celle que
je viens d'indiquer chez le Monoptère. Taylor a déjà signalé cette particu-
larité, dont j'ai constaté l'existence sur un certain nombre d'individus. Or
le Cuchia a un genre de vie tout à fait comparable à celui du Monoptère ;
comme le Monoptère, il est entraîné par l'inondation du Gange et du Brah-
mapoutra, et il est souvent exposé à séjourner dans les mares que l'inon-
dation laisse après elle, puis dans la vase plus ou moins desséchée qui suc-
cède à ces mares. Ne peut-il se faire que les branchies des Cuchia péchés en
rivière soient complètement garnies de lamelles branchiales, comme celles
des Monoptères du Yang-Tse-Riang? »
VITICULTUEÎE. — Sur la production des (/ailes dans les vignes attaquées par le
Phjlloxera. Note de M. Max. Cornu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les galles déterminées par le Phylloxéra sont rares, même sur les
feuilles des cépages américains, où elles son t pourtant relativement beaucoup
( 88o )
plus communes; l'insecte paraît peu friand de la nourriture que lui offrent
les feuilles.
» Ces productions sont encore plus rares sur les autres organes aériens
de la vigne, et quoiqu'elles paraissent se rencontrer assez souvent en Amé-
rique, il ne paraît pas qu'elles soient très-fréquentes en France; j'ai eu la
bonne fortune de pouvoir observer, chez M. Lalimaii, une sommité de Clin-
ton [Filis ripatin), dans ces conditions; c'est le seul exemplaire rencontré
cette année : il n'y en avait pas eu l'an dernier. M. Laliman a bien voulu
m'abandonner ce rameau unique, pour que je pusse l'examiner à loisir et
en faire une étude qui trouve sa place dans la revue générale des altérations
produites par le Phylloxéra.
» I\ÎM. Planchnn et Lichtenstein, dans im Mémoire (i) très-important
au point de vue des recherches bibliographiques, donnent une figure d'iui
fragment de pampre chargé de galles; mais le tirage en couleur de la
planche laisse tant à désirer que plusieurs détails passent entièrement ina-
perçus; c'est ainsi que les rares galles développées sur la tige (trois galles)
et sur une vrille (une seule galle) sont tout à fait méconnaissables; leur
présence à cette place n'est même pas mentionnée dans le texte. L'échan-
tillon que j'ai eu à ma disposition, et dont j'ai fait un dessin colorié, pré-
sentait onze galles sur quatre entre-nœuds de tige, quarante-quatre galles
sur cinq vrilles; il présentait en outre sept galles sur les pédoncules de
quatre des feuilles, qui elles-mêmes en étaient chargées d'un très-grand
nombre.
» D'après Riley, cité par MM. Planchon et Lichtenstein, ces galles se-
raient intermédiaires entre les galles des feuilles et les renflements des
racines (galles des racines). Je reviendrai ultérieurement sur les renfle-
ments des radicelles, qui diffèrent, à plus d'un titre, des renflements produits
sur les racines un peu plus grosses. L'affirmation de M. Riley sera alors
examinée et discutée.
w La galle produite par le Phylloxéra sur les tiges, les vrilles ou les
pétioles des feuilles, affecte la forme d'une verrue creusée à son sommet et
présentant une ouverture allongée. C'est parfois encore une sorte de fente
dont les bords parallèles et la direction longitudinale de l'organe sont ren-
flés et surélevés. Cette fente est, suivant les cas, plusou moins béante; elle est
(l) Le Phrlloxera, faits acquis et revue bibliographique (1868-1870). Congres scienti-
fique tic France, XXXV session h Montpellier. Extrait îles Jetés du Congrès. Montpellier,
imprimerie Jean Martel aîné, 1872.
( 88t )
toujours garnie do poils nombreux. On aperçoit, clans l'intérieur de la
cavité, un Phylloxéra très-large, ramassé sur lui-même en forme de tortue
et entoiu'é d'œufs. Le nombre des œufs est parfois supérieur à la quantité
que peut contenir la logette; les nouveaux venus chassent alors les anciens
vers l'extérieur, jusque par-dessus les bords de la galle. J'ai pu voir ainsi à
l'ouverture des paquets d'œufs bruns et vraisemblablement sin- le point
d'éclore, d'autres d'un jaune soufre très-vif et plusieurs qui se tenaient
à l'ouverture réunis par une adhérence mutuelle et retenus par les poils
marginaux.
« La tige ou les pédoncules n'étaient pas modifiés dans leur forme par
la présence des galles. 11 en était de même pour les vrilles quand les galles
étaient situées à la base, au point où ces vrilles étaient le plus larges et le plus
lignifiées, si je puis ainsi ui'exprimer; au delà du point où elles se ramifient,
à l'endroit où elles deviennent plus grêles et moins rigides, la galle a déter-
miné, outre la dilatation des bords de la fente, une courbure toute locale
de la vrille, courbure qui fait infléchir le reste de l'organe. Aux endroits
où plusieurs galles sont nées, à la même hauteur, mais de côtés différents,
la courbure s'exagère encore; elle se joint à la tendance naturelle des vrilles
à s'enrouler et produit des effets particuliers de torsion.
» Aux dépens de quelle partie anatomique du tissu prolifié la galle se
forme-t-elle ? En laissant de côté les feuilles, dont il sera question dans une
autre Note, on peut dire que, chez les autres organes aériens, tige, vrille,
pédoncule, la galle est formée uniquement aux dépens du tissu cortical; ce
n'est même pas l'écorce tout entière qui prend part à cette formation :
c'est uniquement le tissu cellulaire, le parenchyme cortical situé entre l'é-
piderme et les faisceaux des fibres libériennes.
» En faisant une coupe transversale d'une vrille de Clinton, qui est co-
lorée en vert et en rouge avec tous les tons intermédiaires, on observe à
l'extérieur un épidémie dont les cellules sont incolores et dont la paroi
externe est munie de stries particulières. Ensuite vient un petit nombre de
rangées de cellules contenant un liquide rouge ou de la chlorophylle, puis
luie série d'îlots de collenchyme (cellules épaissies aux points où elles se
touchent trois par trois, les parois communes restant minces). Au milieu
de la couche, on voit xme moelle bien caractérisée et large, formée de cel-
lules à coupe transversale hexagonale, plus étroite à la périphérie qu'au
centre ; quelques-iuies sont remplies d'un liquide rouge ou de chloio-
phylle en globules peu abondants; ces deux substances peuvent même
occuper simultanément la même cellule. Entre les éléments décrits plus
G. R., 1873, 2» Semestre. (T.LXXVll, N» iG.) ' '4
f HSa )
haut de la moelle se trouve une série de faisceaux libéro-ligneux en forme
de coin, ilont la pointe est tournée vers le centre. A l'extérieur se trouve
un faisceau de fibres du liber arrondi; à l'intérieur un faisceau fibrovas-
culaire en forme de triangle, dont les vaisseaux sont de plus en plus étroits
à mesure qu'ils s'avancent vers le centre; entre les deux se trouve une
zone génératrice de peu d'importance. Ces faisceaux ligneux sont tantôt
séparés par de courts rayons médullaires, tantôt très-rapprochés, de façon
à former un cylindre presque continu.
» Le contour de la coupe d'une vrille en un point sain est un cercle parfait
ou une ligne un peu ondulée se rapprochant d'un cercle. Si l'on fait une
coupe transversale d'une galle, on voit que le tissu nouveau résulte de
l'hypertrophie d'une portion seulement de l'écorce, que les faisceaux de
fibres libériennes et le cylindre ligneux ne sont pas déformés et qu'ils sont
restés non altérés. Les bords de la fente ont grossièrement la forme d'un V,
dont la partie inférieure et moyenne serait dilatée au point de dépasser
même le diamètre de la vrille.
» Des poils longs et cloisonnés garnissent l'intérieur et surtout les bords
de la fente; ils sont formés par l'allongement d'une cellule de l'épiderme
qui revêt toute la formation nouvelle, aussi bien à l'extérieur qu'à l'inté-
rieur. Au-dessous de l'épiderme, sur les parties latérales, on rencontre un
grand nombre de cellules colorées en rouge plus ou moins vif. Le collen-
cliyme a perdu son aspect ordinaire; il s'est modifié et est remplacé par
des cellules diversement allongées et peu régulières. Le plancher de la galle
offre quelques cellules mortes et brunies; au-dessous se trouve luie zone
où les cellules sont remplies d'amidon : c'est le seul endroit où l'on en
rencontre, toutes les autres parties en sont dépourvues.
» A quoi attribuer cette accumulation toute spéciale à l'endroit où se
tient l'insecte ? Nous la retrouvons chez les galles des feuilles et sur les ren-
flements des radicelles. Constatons que sur les radicelles, comme ici, au
point où est fixé le Phylloxéra, correspond une dépression. Elle provient,
non pas de ce que le tissu s'est creusé sous l'influence du parasite, mais de
ce qu'il s'est accru tout autour d'un corps étranger.
» Devrait-on admettre que la plante envoie indistinclemeiU les élémenls
nutritifs à toutes les cellules, au niveau du point perforé; que les cellules,
suivant leur position, se comportent différemment, les unes dépensant
cette substance nutritive pour s'accroître et se segmenter, les autres ne la
dépensant pas et la mettant en réserve, sous forme d'amidon? Cette expli-
cation peut donner lieu à des objections et je la laisse pour ce qu'elle vaut.
( 883 )
» La constitution de la tige est la même, à de très-faibles différei)ces
près, que celle de la vrille; les galles sont entièrement pareilles à celles
des vrilles : elles sont seulement plus volumineuses, en général.
» Dans les pédoncules des feuilles, les faisceaux affectent une disposi-
tion différente de celle des tiges. Ils sont répartis suivant une ellipse un peu
déprimée d'un côté et de ce côté se trouvent deux faisceaux libéro-ligneux,
en dehors du premier contour, faisceaux correspondant aux deux côtés qui
forment un sillon, à la face supérieure du pédoncule. C'est à cette face,
qui correspond à la face supérieure de la feuille, que se sont uniquement
(comme sur la feuille) fixés les Phylloxéras. Les galles sont formées aux
dépens du tissu qui correspond au parenchyme cortical. Quelquefois le
faisceau libéro-ligneux extérieur le plus rapproché était un peu dévié de sa
position ; mais il n'y avait, comme dans les cas précédents, aucune per-
turbation dans la forme du cylindre central.
» Il y a cependant des cas où, sur une vrille, l'altération gagne le cy-
lindre central ; c'est lorsque deux insectes se sont établis sur deux points
voisins l'un de l'autre; les galles ainsi formées, et qui sont plus ou moins
conflnentes, déterminent des tiraillements, qui ont pour effet de modifier
la forme générale de la vrille et la régularité du contour de la coupe. On
obtient aussi des sections très-variables; mais le changement produit dans
le cylindre ligneux paraît être une inflexion des faisceaux plutôt qu'une
prolifération des anciens éléments ; les plus voisins deviennent obliques,
au lieu de conserver leur direction normale.
» Quand le cylindre central est entamé et ouvert, les cellules de la
moelle s'allongent du côté de la galle; au lieu de conserver leur forme
hexagonale, elles deviennent irrégulièrement rectangulaires et peuvent
renfermer, au point le plus rapproché du parasite, quelques globules
d'amidon. La structure ordinaire de la vrille est entièrement changée du
côté correspondant à la double galle ; mais c'est un cas tout particulier.
» En résumé, nous voyons que, sur les tiges, les vrilles et les pétioles des
feuilles, les points hypertrophiés, sous l'action d'un insecte unique, sont
situés au-dessous de l'épiderrae dans le parenchyme cortical; notons que
l'hypertrophie se développe, non pas dans les cellules, qui sont directe-
ment en contact avec l'insecte et son suçoir, ou dans le prolongement de
celui-ci, mais que ce sont les parties voisines situées latéralement. Nous
retrouvons un fait analogue dans les renflements produits sur les extrémi-
tés des radicelles, mais avec quelques différences. »
M/, .
( 884 )
ENTOMOLOGIE. — Sur la reproduction du Phylloxéra du chêne (suite). Note de
M. Balbiani (délégué de l'Académie), présentée par M. Mdne Edwards.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Si je ne suis arrivé à aucune conclusion certaine quant à l'endroit où
les femelles ailées vont déposer leurs œufs (voir le Compte rendu de la der-
nière séance), j'ai été plus heureux relativement à la détermination de la
nature des individus qui naissent de ces œufs. L'espèce de contradiction
que paraît renfermer la phrase précédente s'explique par cette circonstance
que ces insectes pondent très-facilement en captivité et que leurs œufs s'y
développent et éclosent aussi très-bien.
)) Rien de plus simple d'ailleurs que le procédé à l'aide duquel on peut
se procurer de ces œufs en abondance. Le 12 septembre dernier, je ré-
coltai au dehors une vingtaine de femelles ailées et les plaçai sur une
feuille de chêne bien fraîche et verte, après ni'ètre préalablement assuré
qu'il ne s'y trouvait aucun autre animal de même espèce, larve ou nymphe.
Cette feuille fut introduite ensuite dans un flacon à large ouverture, qu'on
ferma à l'aide d'un bouchon, tant pour empêcher les insectes de sortir
que pour prévenir la dessiccation trop rapide de la feuille. Au moment
où cette petite opération fut faite, nos animaux n'avaient pas tardé à en-
foncer leur rostre dans le point de la feuille où ils avaient été déposés, et
s'y tinrent dans un repos complet. Mais, dès le lendemain, un certain
nombre d'entre eux avaient abandonné leur place et parcouraient avec
une sorte d'inquiétude la surface de la feuille en déposant isolément çà et
là un œuf. D'autres, après avoir erré de même quelque temps, s''arrê-
îèrent plus ou moins loin de l'endroit d'où ils étaient partis et pondirent
tous leurs œufs en un seul tas, auprès duquel on trouva plus tard la fe-
melle morte et desséchée. Plusieurs enfin avaient abandonné la feuille et
se promenaient sur les parois du flacon, où ils déposèrent leurs œufs de
la manière indiquée pour les individus précédents, c'est-à-dire, soit isolé-
ment, soit en un seul groupe. Les deux jours suivants, toutes les femelles
avaient ainsi successivement pondu, et quelques jours plus tard elles
étaient toutes mortes.
» Les groupes d'œufs étaient généralement composés de cinq à huit de
ces corps, nombres correspondant à ceux des œufs que l'on rencontre com-
munément à l'état de maturité dans l'intérieur des femelles ailées avant
qu'elles aient commencé à pondre (i). Malgré leur captivité, qui les empé-
(1) Chez lo Plijllosera du tliùnt', le iiouibrc îles cœcums ovigèrcs que l'on rencontre dans
( 885 )
chait d'obéir à leurs instincts naturels, nos insectes ne s'en étaient pas
moins débarrassés de la totalité de leurs œufs mûrs, comme ils font à l'état
de liberté; chez un petit nombre seulement on en trouva un ou deux qui
étaient restés dans le corps de la mère.
» En examinant de plus près ces œufs, soit à la loupe ou même à l'œil
nu, je fus bientôt frappé d'une circonstance singulière, bien évidente surtout
chez ceux qui avaient été pondus en un seul groupe et provenaient par con-
séquent d'une même femelle. Je veux parler de l'inégalité très-sensible de
taille que ces corps présentaient entre eux, bien qu'ils se ressemblassent
tous par leur forme presque régulièrement ovalaire, et que, sous ce rap-
port, d n'y eût pas non plus de différence entre eux et les œufs pondus par
les individus aptères des précédentes générations; mais, tandis que chez
ceux-ci on ne remarque d'un œuf à l'autre que des variations de taille insi-
gnifiantes, on peut, au contraire, nettement distinguer parmi les œufs
pondus par les femelles ailées deux catégories bien tranchées, l'une formée
d'œiifs plus petits, l'autre d'œufs plus grands, ainsi que cela résulte des
mesures suivantes : grands œufs, diamètre longitudinal o™™,38, diamètre
transversal o™™, 19 ; petits œufs : grand diamètre o""", 29, petit diamètre
o'"'",i5.
» Les œufs pondus par nos femelles captives ne tardèrent pas à présenter
un commencement de développement embryonnaire, et lorsque, au bout
de quelques jours, un embryon bien reconnaissable eut apparu dans leur
intérieur, à la différence primitive qu'ils présentaient sous le rapport de la
taille se joignit une différence non moins prononcée dans le mode de colo-
ration ; les petits œufs prirent une teinte brun rougeàtre, tandis que les
plus grands offraient une couleur jaune pâle. Cette variation dans l'aspect
extérieur se maintint pendant tout le reste du développement, leqnel se
prolongea jusque vers le douzième ou treizième jour qui suivit la ponte et
où eurent lieu les premières éclosions.
chaque côté du corps varie de deux au moins à six au plus; le plus ordinairement, il est de
trois à cincj chez les individus apl^res aussi bien que chez les ailés. Cliacun de ces tubes renfer-
mant, à l'âge delà reproduclion,dcux, irois, et même quatre œufs très-inégaîement développés,
et qui n'arrivent que successivement à maturité, il s'ensuit qu'il faut un temps assez long
pour que tous les œufs renfermés dans une même femelle puissent être évacués par la ponle.
Cette condition ne se réalise que pour les femelles aptères, lesquelles non-seulement com-
mencent à se reproduire plus tôt, mais ont en outre une existence plus longue que les
femelles ailées, chez lesquelles la ponte ne commence qu'après leur transformation en insectes
parfaits et qui ne vivent que peu de jours. On s'explique, par ces différences, pourquoi les
premières sont si fécondes, tandis que les dernières n'ont qu'une postérité très-limitée.
( 886 )
» Les jeunes individus de cette nouvelle génération du Phylloxéra quercûs
pré.sentent entre eux les mêmes différences qui viennent d'être signalées
pour les œufs dont ils sont issus, c'est-à-dire qu'il y en a de petits et rou-
geâtres et de plus grands et jaunâtres:, mais laissons, pour le moment, de
côté ces nouveaux représentants de l'espèce, sur lesquels nous reviendrons
bientôt plus amplement, et disons seulement, par anticipation, qu'ils for-
ment la génération sexuée dioïque du Phylloxéra quercûs; que les petits
individus sont les mâles et les individus plus grands les véritables femelles
de l'espèce.
» Retournons maintenant aux dernières larves de l'année, c'est-à-dire
celles qui ne se sont pas transformées en insectes parfaits et ailés, alors
qu'un grand nombre d'individus de la même génération ont subi cette mé-
tamorphose, et suivons-les dans leur destinée ultérieure comme nous ve-
nons de le faire pour ces derniers.
» On remarque d'abord que ces larves arrivent à leur accroissement
complet sans pondre à la surface des feuilles, ainsi que le faisaient leurs
devancières. L'étude anatomique de leur appareil génital donne facilement
la raison de cette anomalie, en montrant que les œufs subissent chez elles
une évolution plus lente que chez les mères pondeuses des précédentes
générations, et qu'ils n'atteignent leur maturité que lorsque la larve elle-
même est arrivée à sa pleine croissance. Lorsque ce dernier moment est
venu, ces individus abandonnent successivement les feuilles et descendent
sur les branches, le long desquelles ou les voit cheminer isolément ou par
troupeaux plus ou moins nombreux.
» La dessiccation prématurée des feuilles, soit par suite des conditions
naturelles de la végétation, soit sur les branches détachées de l'arbre, en
leur soustrayant leur nourriture, hâte le moment de leur départ, et l'on
voit alors des individus de tout âge et de toute taille se mettre en mouve-
ment et descendre lentement sur les tiges.
» Cette période de migration constitue une phase criliqîie de l'existence
de ces insectes. N'ayant plus, comme naguère, pour s'abriter, la face infé-
rieure des feuilles, cheminant à ciel ouvert à la surface des branches, privés
surtout du moyen de résistance énergique que leur procuraient leurs stylets
rostraux, profondément enfoncés dans les tissus du végétal, beaucoup
d'entre eux sont jetés à bas par )e vent ou la pluie et périssent avant d'ar-
river à destui.ilion. Cette destination, ce sont les innombrables petites ca-
chettes et retraites que leur offre la surface des branches; on les voit sur-
tout chercher à s'inlrodiiue en grand nombre dans les interstices des
( 88-7 )
vieilles écailles placées à la hase des jeunes pousses fie l'année. Là ils pon-
dent un nombre d'œufs plus ou moins considérable, et bientôt après ils
meurent. En détachant avec précaution, vers la fin de septembre, sur le
chêne rouvre ou le chêne pédoncule, quelques-unes des écailles dont il
vient d'être question, il n'est pas rare de rencontrer, dans la concavité
qui regarde la tige, un petit amas d'œufs allongés et brillants, et auprès de
celui-ci le corps desséché d'un insecte; ce sont nos Phylloxéras avec leur
progéniture.
» Ces œufs présentent des caractères complètement identiques avec ceux
produits par les femelles ailées et dont nous avons donné précédemment
la desciiplion. De même que ceux-ci, ils sont de deux dimensions bien
tranchées, correspondant aux grands et aux petits œufs des individus ailés,
et au cours du développement on y voit se manifester aussi les différences
de coloration qui indiquent leur sexualité particulière. Ils mettent le même
temps pour éclore, une douzaine de jours environ, et les petits, en venant
au monde, présentent entre eux les mêmes différences de taille et de colo-
ration que ceux issus des femelles ailées. Bref, sous le rapport du mode
de reproduction, comme sous celui de la nature des individus auxquels
elles donnent naissance, il y a parité complète entre les femelles ailées et
les femelles aptères de la fin de l'été : les unes et les autres sont optes à pro-
duire la cjénéralion dioïque du Phylloxéra quercûs. Ce sont les caractères de
ces derniers représentants de l'espèce que nous devons actuellement exa-
miner d'une manière plus attentive.
1) Ce qui frappe tout d'abord chez ces individus, c'est, ainsi que nous
l'avons déjà dit, la taUle plus petite et la coloration rougeâtre du mâle,
tandis que la femelle est jaunâtre, comme les jeunes larves des générations
parthénogénésiques. Cette différence de coloration des deux sexes a princi-
palement pour siège les globules graisseux renfermés dans l'intérieur du
corps. J'ai signalé, il y a déjà longtemps, des différences analogues chez
les mâles et les femelles des Pucerons [Comptes rendus, 1866, t. LXII,
p. iSgo). Enfin on constate d'autres variations dans la conformation des
antennes et des pattes, les caractères des poils de la surface du corps, etc.,
mais sur lesquelles je ne puis m'arrêter ici.
» Les individus mâles et femelles présentent des différences plus consi-
dérables encore avec les larves parthénogénésiques, non-seulement sous le
rapport de la taille, qui reste toujours fort petite chez les premiers, comme
nous le dirons tout à l'heure, mais aussi par un grand nombre de leurs
( 888 )
caractères anatoiniques; mais le trait le plus remarquable de leur organisa-
tion, c'est l'absence complète d'organes digestifs. Le suçoir manque d'une
manière absolue, et il n'y a non plus aucune trace d'un canal inlestinal et
des glandes salivaires, si développées chez les individus ordinaires. Aussi
ces animaux ne prennent aucune noiuriture, ne subissent aucune mue,
restent par conséquent toujours à l'état aptère, et au terme de leur exis-
tence qui, chez le mâle, a une durée double de celle de la femelle, laquelle
ne vit que de six à huit jours seulement, leur faille est exactement ce
qu'elle était au moment de la naissance. Cette taille ne dépasse générale-
ment pas o™™, 3 1 chez le mâle, tandis qu'elle peut atteindre jusqu'à o""",45
chez la femelle. Pendant toute leur existence, la nutrition se fait unique-
ment aux dépens de la masse de substance vitelline non assimilée pendant
le développement dans l'œuf et qui était restée incluse dans le corps de
l'insecte.
» En effet, ces êtres soiît exclusivement organisés en vue de la repro-
duction, et leur appareil générateur présente déjà un développement très-
avancé à l'instant où ils viennent au monde. Cet appareil, chez le mâle, se
compose de deux capsules spermatogènes relativement amples, qui déjà
chez l'embryon renferment des filaments spermatiques bien développés,
plus d'une paire de glandes accessoires, semblables à celles qui existent
chez tous les mâles d'insectes; enfin, à son extrémité postérieure, le canal
déférent se termine par un petit mamelon conique garni de pointes chiti-
neuses, et qui joue le rôle d'iui pénis.
» L'appareil génital femelle diffère sensiblement par son mode de con-
formation de celui des mères parthénogénésiques. Au lieu de se composer,
comme chez ces dernières, de deux ovaires placés dans chaque moitié laté-
rale du corps et formés chacun d'un nombre variable (deux à six) de tubes
ou gaines ovigères, cet appareil, chez la femelle fécondable, est réduit à un
tube ovarique unique situé sur la ligne médiane du corps. Ce tube est tout
ce qui subsiste de l'ovaire du côté gauche, dont tous les autres éléments
ont disparu, ainsi que l'ovaire tout entier du côté droit. Le seul vestige qui
reste de ce dernier est une petite dilatation, en forme de cul-de-sac, de l'ex-
trémité antérieure de l'oviducte, représentant la trompe atrophiée de ce
côté du corps.
» Ce tube ovarique unique se compose, à sa partie antérieure, d'une
petite chand)re germinative arrondie, suivie d'une seule loge ovigère ren-
fermant un œuf déjà |Mesquc mûr au moment de la naissance et remplissant
(889)
la'majeure partie de la cavité du corps de la femelle. Quant aux parties
accessoires de l'appareil génital, elles se composent des mêmes organes que
j'ai décrits dans ma précédente Note, en parlant de l'appareil reproducteur
des femelles parthénogénésiques, c'est-à-dire d'une paire de glandes sébi-
fiques et d'une poche impaire et médiane représentant la vésicule copula-
trice des autres femelles d'insectes; mais toutes ces parties, chez la véritable
femelle du PhjUoxera quercûs, sont très-réduites de volume et en proportion
avec la petite taille de celle-ci.
» Les mâles et les femelles de cette génération naine sont fort vifs et
agiles; à peine éclos, ils se répandent de tous côtés sur la branche où ils
sont nés ou sur les parois du tube où on les détient. Organisés comme ils
le sont, dès la naissance, pour la reproduction, sans nul souci de leur ali-
mentation, leur seule préoccupation, en venant au monde, est de perpétuer
leur espèce. L'habitude qu'ils ont, dans les tubes, de pénétrer dans l'in-
terstice du bouchon et du verre et d'y former des groupes plus ou moins
nombreux, au milieu desquels quelques œufs ne tardent pas à se montrer,
me fait présumer qu'à l'état de liberté ils s'introduisent dans les fentes et
les fissures de l'écorce des branches pour s'y accoupler et pondre. L'accou-
plement ne dure que quelques minutes et un même mâle peut féconder
successivement plusieurs femelles, comme chez les Pucerons. Au bout de
trois ou quatre jours, la femelle pond l'unique oeuf qui s'était formé dans
son intérieur et qui, ayant continué de s'accroître après l'accouplement,
distend alors considérablement le corps de celle-ci.
» Cet œuf, que, par analogie avec ce qui existe chez d'autres animaux,
on peut appeler œuf d hiver, ne ressemble ni aux œufs des femelles parthé"
nogénésiques [œufs d'été), ni à ceux qui donnent naissance aux individus
dioïques [œufs mâles et femelles). Après quelques jours, l'œuf prend, comme
celui des Pucerons, une coloration noirâtre indiquant sa fécondité ; mais,
au moment où j'écris ces lignes (i6 octobre), aucun embryon n'est en-
core visible dans son intérieur, bien qu'il présente manifestement un com-
mencement d'organisation. Il est donc plus que probable que l'œuf passe
l'hiver dans cet état pour n'éclore qu'au printemps suivant, et donner alors
naissance au jeune animal destiné à recommencer le cycle reproducteur
de l'espèce.
» Tels sont les singuliers phénomènes que le Phylloxéra quercûs présente
dans son évolution. Nous trouvons bien chez un certain nombre d'espèces
appartenant à d'autres classes animales, et jusque chez les insectes eux-
mêmes, des faits plus ou moins comparables physiologiquement à ceux que
C. R., 1873, 2« Semcitre. (T. LXXVll, N" IG.) I I ^
( Sgo )
nous venons de faire connaître {i); mais, nulle part peut-être, le polymor-
phisme des individus reproducteurs, celui des appareils et des éléments
sexuels ne jouent un rôle plus considérable que chez le parasite du
chêne. Ainsi, parmi les vers, ÏÀscaris nirjrovenosa, le Leplodera appemlicu-
tata nous présentent également des espèces formées de générations suc-
cessives d'individus dissemblables se reproduisant par des organes sexuels
[Hétérogonie de M. Leuckarl). Dans la classe des Crustacés, dans celle des
Rotateurs, nous trouvons de même des œufs de plusieurs sortes, différant
par leur forme et leur structure, et dont les uns sont féconds par eux-
mêmes (œufs d'été), tandis que les autres ne le sont qu'à la suite d'un ac-
couplement avec le mâle (œufs d'hiver). Chez les Brachionus et un grand
nombre d'autres Rotateurs, nous rencontrons, comme chez le Phylloxéra,
des individus frappés d'avortement quant aux organes de la vie individuelle,
et complets seulement par ceux de la reproduction; mais ici l'avortement
ne porte que sur un seul des deux sexes, le sexe mâle, tandis que chez le
Phylloxéra il atteint tous les deux à la fois; enfin, dans la classe même
à laquelle appartient ce dernier, des travaux récents et célèbres nous ont
fait connaître chez certains diptères des cas remarquables de reproduction
chez des individus n'ayant pas encore atteint leur maturité organique;
mais, tandis que, dans les exemples précédents, les diverses anomalies
citées sont réparties sur des espèces différentes, elles se trouvent toutes
réunies chez le Phylloxéra quercûs, et c'est précisément là ce qui donne
aux phénomènes de reproduction chez cet insecte un caractère d'étrangeté
qu'on ne rencontre que rarement au même degré chez d'autres espèces
animales. »
M. E. DucBEMiN adresse une Note sur les avantages que présente la
boussole circulaire, comparée à la boussole à aiguille.
Selon l'auteur, les principaux avantages de la boussole circulaire sont :
1° Une puissance magnétique double, pour un diamètre déterminé, de
celle d'une aiguille dont la longueur serait égale à ce diamètre;
(i) Ainsi chez les Chermès. Bien que les belles observations du professeur Leuckart aient
beaucoup avancé l'état de nos connaissances touchant la reproduction de ces insectes, il est
probable que celle-ci présente encore bien des circonstances ignorées. Ainsi nous n'y con-
naissons rien d'équivalent à la génération dioïque du Phylloxéra quercûs^ mais leurs
étroites affinités avec celle dernière es]ièce, leur multiplication par doux sortes de femelles
ovi])ares, les unes aptères, les autres ailées, tout indique que les Chermès viendront un
jour se ranger complètement à côté des Phylloxéras, lorsque nous connaîtrons le cycle tout
entier de leur reproduction.
( Sgr )
2° L'existence de deux points neutres, au lieu d'un seul, ce qui a pour
effet de maintenir constante la position des deux pôles ; le magnétisme pa-
raît si énergiqucment conservé, que les étincelles les plus fortes d'une ma-
chine de Holtz ne font sidiir aucun déplacement aux pôles de la boussole;
3° Une suspension plus satisfaisante de l'aimant, lorsqu'il est bien monté
et équilibré au moyen d'une chape d'agate; il semble se mouvoir comme
s'il était placé sur un liquide;
4° Une augmentation de la sensibilité de la boussole, proportionnelle à
son diamètre ;
5° La possibilité, depuis longtemps recherchée par la Marine, d'équilibrer
l'aimantation au moyen d'un second cercle aimanté, modifiant la position
du premier d'une quantité calculée d'avance et permettant de régler le
compas avant le départ du navire; cette modification a été suggérée à l'au-
teur par M. Dumas-Vcnce, capitaine de vaisseau.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. G. Botta soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. Nigra, ministre d'Italie en France, un Mémoire concernant la distribu-
tion de la chaleur à la surface du globe.
(Commissaires : MM. Faye, Ch. Sainte-Claire Deville, Edm. Becquerel,
Jauiin, Janssen.)
M. Arau de Tekré adresse une Note relative à une poudre de mine, à
laquelle il donne le nom de pyroUlhe humanilaire.
(Commissaires : MM. Morin, Berthelot.)
M. A. Lacomme adresse un Mémoire sur un projet de bateau sous-marin,
par voie ferrée, pour traverser la Manche.
Ce Mémoire sera soumis à l'examen de M. Tresca.
M. GuLLicH adresse une Note relative à un cylindre moteur.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Tresca.
(89^
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaihe perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une biographie de l'astronome italien Donati, par M. G.
Uzielli.
G. B. Donalia succombé à une attaque de choléra, dont il avait senti les
premières atteintes à Vienne, le i6 septembre; il est mort à Florence, dans
la nuit du 19 septembre.
M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
le dix-neuvième volume du recueil de Mémoires et Observations sur l'Hy-
giène et la Médecine vétérinaire militaires.
M. le Ministre des Travaux publics adresse, pour la bibliothèque de
l'Institut, le Catalogue descriptif des modèles, instruments et dessins com-
posant les galeries de l'École des Ponts et Chaussées.
CHIMIE MINÉRALE. — Production par voie sèche de quelques borates cristal-
Usés (i). Note de M. A. Ditte, présentée par M. H. Sainte-Claire
Deville.
« III. Borates de baryte. — Le borax produit dans le nitrate de baryte
un précipité qui, lavé à froid avec une solution saturée d'acide borique,
séché et chauffé dans le mélange de chlorures alcalins, fond plus facile-
ment encore que le sel analogue de chaux. Il se transforme néanmoins en
cristaux qui s'accumulent au bord du creuset; ce sont des aiguilles fines,
minces, légères, courtes et présentant une tendance marquée à se grouper
en croix dont les branches font entre elles un angle de 60 degrés; ces croix
elles-mêmes se réunissent souvent en groupes étoiles. Ces cristaux, lente-
ment solublesà chaud dans l'acide nitrique étendu, contiennent :
Baryic 52,37, Acide borique 47, G3;
leur composition est celle du biborale de baryte BaO,2BoO\
)) Un mélange à équivalents égaux de baryte caustique et d'acide bo-
i) Voir Comptes rendus, page 783 de ce volume.
( %3 )
rirpie, chauffés nu rouge vif dans im creuset de charbon, donne, après
refroidissement, une masse grise, cristallisée, mais bien moins nettement que
celles fournies dans des circonstances analogues par la strontiane, et sur-
tout par la chaux. Cette matière, traitée par le mélange de chlorures alca-
lins et de chlorure de baryum, donne de beaux cristaux blancs, facilement
solubles à chaud dans les acides étendus. Ce sont des prismes à six pans,
courts, terminés souvent par une pyramide à six faces, et souvent aussi
accolés les uns aux autres; ils renferment :
Baryte 58,46, Acide borique 4' 1^4'
et sont par conséquent du sesquiborate de baryte 2BaO,3BoO'.
» Quand on essaye de produire des cristaux en présence de baryte caus-
tique, on n'obtient plus de nouveaux sels comme avec la strontiane, mais
seulement un mélange sans intérêt de baryte et d'une poussière non cris-
tallisée.
» IV. Borates de magnésie. — Lorsqu'on chauffe au blanc, dans un creuset
de charbon, de la magnésie avec un grand excès d'acide borique, on
trouve, après refroidissement, des masses blanches, opaques, dures, isolées
au milieu de l'excès d'acide borique transparent. Cette matière cristallisée,
à structure rayonnée, est formée de longues aiguilles partant d'un ou
plusieurs centres; elle est soluble à chaud dans les acides étendus diffé-
rents de l'acide acétique, et contient :
Magnésie 3o,oo, Acide borique 70,00.
Cette composition, qui répond exactement à la formule 3MgO,4BoO', est
celle de la boracite, que l'on rencontre à Lunebourg (Brunswick) dans les
gypses qui forment des niasses mtercalées dans les terrains crayeux, et à
Segeberg (Ilolstein).
» Ce composé, traité par les chlorures alcalins, donne rapidement une
couronne volumineuse à la surface intérieure du creuset; il perd, en cris-
tallisant, la moitié de son acide borique, qu'on voit, au fond du creuset,
envelopper dégouttes transparentes les fragments de sel non encore atta-
qués. Les cristaux (I) que fournit cette opération prennent aussi nais-
sance, comme on pouvait le prévoir, quand on ajoute à la matière, avant
de la soumettre à l'action des chlorures, un excès d'acide borique; tout le
sel employé se transporte en cristaux (II) en haut du creuset, et finale-
ment il ne reste au fond qu'une perle limpide d'acide borique en excès.
» Le mélange de i équivalent de magnésie avec 2 d'acide borique ne
( so/i )
fond qu'avec mie difficulté extrême. Il en résulte un verre blanc opalin,
très-friable, qui ne fond pas dans le mélange de chlorures, et qui donne
facilement un bourrelet de cristaux (HT). Ceux-ci sont, comme les précé-
dents, des aiguilles transparentes, larges, très-aplaties, terminées par des
pointements et fréquemment groupées entre elles. Ils se dissolvent à
chaud dans l'acide nitrique et dans l'acide sulfurique étendu, et ren-
ferment :
I. II. m. Calculé.
Magnésie 4^ > 4° ^6,36 4^ ? 83 4^ > 1 5
Acide borique .. . 53, 6o 53,64 54,i6 53,85
Leur formule, 3MgO, aBoO^, est celle d'un borate basique analogue à
ceux de strontiane et de chaux.
» Le borate 3MgO,4BoO', traité par les chlorures alcalins, mais en
chauffant très-fortement le creuset, donne un résultat différent; les mor-
ceaux de sel magnésien se hérissent d'abord de cristaux; la formation du
bourrelet est assez rapide, et, finalement, tout s'y transforme, sauf ime perle
d'acide borique qui reste au fond du creuset. Le sel primitif perd, dans ce
cas, le quart seulement de son acide borique, et l'on obtient des aiguilles
fines, déliées et légères, quelquefois des prismes minces, qui renferment :
Magnésie 36,85, Acide borique 63, i5.
C'est du borate neutre de magnésie MgO, BoO'; nous trouverons plus
loin d'autres circonstances dans lesquelles il se forme encore.
)) V. Borates doubles. — Quand on soumet le borate magnésien 3 MgO,
4B0O* à l'action du mélange de chlorures alcalins, en présence d'un
grand excès de chlorure de calcium , l'opération marche d'une tout
autre manière; la formation d'un bourrelet de cristaux n'est plus rapide
comme en l'absence du chlorure de calcium, mais très-lente; les fragments
de borate de magnésie qui sont au fond du creuset se recouvrent de pe-
tites aiguilles et disparaissent peu à peu. Les cristaux qui résultent de cette
opération diffèrent entièrement de ceux que l'on obtenait sans chlo-
rure de calcium : ce sont des prismes terminés par une pyramide régu-
lière; ils contiennent à la fois de la chaux et de la magnésie, comme le
montrent les nombres suivants :
I. II. Calculé.
Chaux 29,78 29,87 29,57
Magnésie 2i ,34 21,09 21,12
Acide borique 48)87 5o,oo 49>3i
( «95 )
Leur foriiiule est
4BoO% 3CaO, 3î\îgO = (3CaO, 2r,oO')(3MgO, ^BoO').
C'est un borate double de chaux et de magnésie, que l'on peut regarder
comme une combinaison de deux borates simples de même composition.
» La même expérience, répétée en remplaçant le chlorure de calcium par
du chlorure de strontium, ne donne rien que du borate neutre de magnésie
MgO, BoO'; le chlorure de strontium paraît ne jouer là aucun rôle;
mais si l'on introduit à sa place de la strontiane en excès, on produit un
nouveau sel double dont la foriuaiion est extrêmement lente, et qui con-
tient ;
1. II. Calculé.
Strontiane 43>6o 43>46 ^3,8^
Magnésie i6,4o i6,64 i6,85
Acide borique 4o>oo 3g, 6o 3g, 33
Cette composition exprimée par la formule
4BoO% 3SrO, 3MgO = (3SrO, aBoO^) (3MgO, 2B0O')
montre que c'est le sel précédent où la strontiane remplace la chaux; les
cristaux, quoique plus courts, présentent d'ailleurs un aspect analogue, et
comme eux se dissolvent facilement dans les acides étendus.
» Je n'ai pas obtenu le composé correspondant, renfermant de la
baryte.
» La méthode décrite en commençant m'a donc permis de faire cristal-
liser des sels de quatre bases différentes ; la comparaison de leurs formules
fait bien ressortir leur analogie de composition :
Sets simples.
CaO, 2B0O», SrO, 2B0O' BaO, 2lioO%
aCaO, 3BoO^ 2SrO, 3BoO^, 2BaO, 3BoO%
, , 3Mj,'0,4BoO%
CaO, BoO% SrO, BoO% MgO, BoO',
3CaO, 2BoO% 3SiO,BoO% , 3MgO, 2BoO\
Sels doubles.
(3CaO, 2B0O') (3MgO, 2B0O'),
(3SrO, 2B0O') (3MgO, 2BoO^).
» Remarquons qu'il est plus difficile d'introduire de la base dans les sels
de strontiane que dans ceux de chaux, ce qui conduit à préparer certains
( «96 )
(l'entre eux d'iino manière un peu différente, en substituant la base elle-même
à son chlorure. Cette difficulté s'accentue davantage dans les sels de baryte,
dont je n'ai pu donner que les deux plus acides. Ceux de magnésie pré-
sentent, au contraire, le phénomène inverse : c'est l'acide qu'on y fait en-
trer avec peine; ce sont aussi les sels basiques ou neutres que j'ai pu seuls
obtenir.
» Ce procédé de préparation s'applique à la production de borates mé-
talliques proprement dits, comme ceux de zinc et de manganèse; j'aurai
loccasion d'y revenir en décrivant d'autres borates cristallisés, mais ob-
tenus par voie humide. »
MINÉRALOGIE. — Sur les chlorovanadates. Note de M. P. Hautefeuille,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« La reproduction de la vanadinite pure et la préparation d'une wagné-
rite du vanadium m'ont permis d'établir que lesvanadates, comme les phos-
phates et les arséniates, jouissent de la propriété de former deux séries de
sels isomorphes en se combinant aux chlorures.
» On peut reproduire la vanadinite naturelle par la voie sèche. Il suffit
de porter au rouge sombre de l'acide vanadique pur intimement mélangé
à de la litharge et à du chlorure de plomb en grand excès pour obtenir ce
chlorovanadate à l'état cristallisé. Après refroidissement et dissolution de
l'excès de chlorure de plomb, on obtient des aiguilles jaunes transparentes
et douées d'un éclat gras sur lesquelles on peut mesurer les angles du prisme
hexaèdre régulier. Ce sont les caractères extérieurs les plus saillants de la
vanadinite. L'analyse établit que ces cristaux renferment, comme le produit
naturel, 3 équivalents de vanadate de plomb pour i équivalent de chlorure
de plomb.
» Les chlorures fondus susceptibles de s'unir aux vanadales ne sont pas
nombreux; la plupart sont décomposés par l'acide vanadique : c'est ainsi
que le chlorure de magnésium et l'acide vanadique fournissent de l'oxy-
chlorure do vanadium et de la magnésie cristallisée. Le chlorure de calcium
ne jouissant pas, au même degré, de la propriété d'être décomposé par l'acide
vanadique, on parvient à préparer un chlorovanadate de chaux en chauf-
fant modérément les éléments de ce sel. En reprenant par l'eau, après fu-
sion, on sépare de l'excès de chlorure des cristaux d'un blanc mat et doués
d'un éclat adamantin (i).
(i) Jusiiu'à présent, je n'ai pas rciissi à rLiii|)lacer, môme pai'tielleinent, le cblorc |)ar le
fluor. Le fluorure de calcium cristallise à part sous la forme de lamelles.
( 897 )
» L'analyse de ce produit donne les résultais suivants :
Rapports des équivalents.
Acide vanadique ^9,07 i
Chaux 36,66 3
Chlorure de calcium 23,76 i
Perte o,52
100,00
Ce sel, cristallisé, n'appartient donc pas au même type que la vanadinite,
ce n'est pas inie apatite. Il a la composition des wagnérites, puisqu'il ren-
ferme équivalents égaux de vanadate de chaux et chlorure de calcium.
» La densité de la wagnérite du vanadium est de /\,oi. Celte espèce n'a
pas encore été signalée sur les échantillons naturels.
» Les mesures cristallographiques effectuées sur ce produit établissent
son isomorphisme avec la wagnérite phosphorée, ainsi qu'on peut le con-
stater par la comparaison des mesures faites dans trois zones correspon-
dantes.
» Les faces, dans deux zones dislinctes, sont inclinées les unes sur les
aulres de 90 degrés dans les deux espèces.
» Les faces, dans une troisième zone, font entre elles des angles voisins ;
Composé Composé
du vanadium. du phosphore.
M: M 97°6' 96"'4o'
M:/(' i38°43' i38"25'
1) Il est presque inutile de faire remarquer que l'existence de cette
espèce, cristallissant dans le système du prisme droit à base rhombe comme
la wagnérite, apporte un nouvel argument en faveur de la formule que
M. Roscoë assigne à l'acide vanadique.
» Aux relations connues entre la vanadinite, la pyromorphite et la nii-
metèse, on peut ajouter aujourd'hui celles tout à fait de même ordre entre
la w.ignérite du vanadium, l'espèce artificielle de wagnérite découverte
par MM. Sainte-Claire Deville et Caron ( i), et la wagnérite arséiliée préparée
par M. Lechartier (2). »
(i) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. LXVII, p. 443-
(2) Comptes rendus, t. LXV, p. 172.
C. R., 1873, 2» Semestre. [T. LXXVII, N» IG.";
116
( 898 )
CHIMIE INDUSTEIELLE. — Mode de production des mélliy lamines dans la fabri-
cation des produits pyrolicjneux . Note de M. C.Vincent, répétiteur à l'École
Centrale.
« J'ai signalé la présence de la méthylaniine dans l'alcool niéthylique
[Bulletin de la Société chimique, t. XIX, 5 janvier) ; je viens aujourd'hui in-
diquer les conditions dans lesquelles on obtient celte ammoniaque, ainsi
que la diméthylamine et la triméthylamine.
» L'acide pyroligneux brut étant saturé par la chaux éteinte, avant la sé-
paration de l'alcool métiiylique, et soumis à la distillation partielle, donne
de l'alcool méthylique brut, dont les premières parties contiennent de l'iim-
moniaque en quantité considérable et quelques traces de méthylamine.
» Cet alcool, en effet, saturé complètement par l'acide sulfurique, a laissé
déposer une masse cristalline blanche non déliquescente, insoluble dans
l'alcool méthylique et facilement cristallisable dans l'eau. La dissolution de
cette matière mélangée de sulfate d'alumine a laissé par évaporation déposer
de l'alun qui, purifié par une seconde cristallisation, a été décomposé par
la potasse caustique. On a obtenu ainsi un gaz incolore fortement alcalin
présentant tous les caractères de l'ammoniaque pure.
» Si, au lieu de recueillir immédiatement l'alcool méthylique alcalin, on
le soumet à la rectification dans un appareil muni d'une colonne de con-
centration, on recueille un produit dont les premières parties sont rendues
alcalines par une petite quantité d'ammoniaque et par une proportion
notable de méthylamine. Cet alcool, redistillé plusieurs fois encore dans le
même appareil, ne contient plus que des traces d'ammoniaque, mais il
renferme des quantités considérables de méthylamine, de diméthylamine
et de triméthylamine.
» J'ni opéré sur les i5 premiers litres d'alcool méthylique recueillis à la
quatrième dislillalion, dans un appareil contenant environ 1000 litres de
produit.
» Cet alcool étant très-fortement alcalin, il était difficile de le saturer
directement à cause delà violence de la réaction; il a fallu l'étendre d'eau.
Le produit a été salure par l'acide sulfurique et évaporé au bain-marie jus-
qu'à consistance sirupeuse, afin de chasser complètement l'alcool méthy-
lique. Pendant i'évaporalion, il s'est séparé des pellicules goudronneuses
qui ont été enlevées avec soin ; en outre il s'est constamment dégagé de la
méthylamine pendant I'évaporalion du sulfate, bien que la liqueur fût acide.
Après refroidissement, la matière avait l'aspect d'un sirop brun foncé vis-
queux : ce produit a été traité par une lessive de potasse, afin de mettre
( 899)
en liberté les diverses annnoniaques; et le mélange gazeux ainsi obtenu a
été desséché par son passage surune longue colonne de potasse caustique en
morceaux et dirigé ensuite dans plusieurs matras refroidis à zéro dans la
glace fondante. Il s'est condensé dans les matras une quantité considérable
d'un liquide incolore, très-mobile, très-volatil, combustibleavecuneflamme
jaune pâle, fortement alcalin, ayant une odeur insupportable de marée, et
qui a été reconnu pour un mélange de diméthylamine et de friméthvlamine.
» Les produits non condensés dans les matras ont été dirigés dans deux
flacons de Woolf renfermant de l'eau distillée, dans laquelle ils se sont
complètement condensés. La dissolution ainsi obtenue, fortement alcaline,
a présenté tous les caractères de la dissolution de méthylamine; elle a
été saturée par l'acide oxalique, et le produit évaporé à sec au bain-marie ;i
été traité par l'alcool absolu ; il n'est resté qu'une trace de produit insoluble
consistant en oxalate d'ammoniaque.
» L'ensemble de ces faits montre que les méthylamiues ne se produi-
sent pas directement dans la carbonisation du bois, mais que l'ammoniaque
qui se forme d'abord, et qui accompagne les produits les plus volatils,
donne successivement de la méthylamine, de la diméthylamine et de la
triméthylamine, selon le temps plus ou moins long de contact des matières
dans les conditions signalées.
» J'ai recherché quelle était la réaction qui pouvait donner naissance
aux diverses mélhylamines pendant les distillations successives de l'alcool
méthylique alcalin; j'ai, dans ce but, mis en contact, dans un ballon muni
d'un réfrigérant de Liebig, et chauffé au bain-marie, puis en vase clos à
loo degrés, de l'alcool méthylique pur et de l'ammoniaque en dissolution
aqueuse, et, au bout de vingt heures, ayant mis (in à l'expérience, je n'ai
pu, dans l'un et l'aulre cas, trouver trace de méihylamine.
» L'alcool méthylique brut, contenant des quantités considérables d'acé-
tone, j'ai pensé que l'ammoniaque, en réagissant sur ce corps, pouvait en-
gendrer successivement les diverses méthylamines et de l'aldéhyde, d'après
les équations suivantes :
C«HfO- + AzH' =C'H''0= + AzH^(CHI'),
(?H°0- + AzH- (C^H') = C^H'O^ -t- AzH(C-H')-,
CH^O^-t- AzH(C-H')= = C'H^O^ + Az^C^H'/.
» J'ai donc mis de l'acétone et de l'ammoniaque en dissolution aqueuse
dans un ballon chauffé au bain-marie et conununiquant avec un réfrigé-
rant de Liebig; au bout de quelques heures, ayant mis fin à l'expérience,
le liquide a été salure par l'acide oxalique et évaporé à siccité au bain-
( 9o« )
marie; le résidu, traité par l'alcool absolu, a donné une solution qui a
été évaporée à sec, afin de chasser l'alcool ; la matière ainsi obtenue, traitée
p;ir uiie lessive de potasse bouillante, a laissé dégager un gaz qui a été dis-
sous dans l'eau.
» La solution obtenue était fortement alcaline, laissait par l'ébulli-
tioii flégager un gaz inflammable brûlant avec une flamme jaunâtre; elle
précipitait les sels de cadmium en blanc, et le précipité était insoluble dans
un excès de réactif; à ces caractères, j'ai reconnu la méthylamine.
» La présence de l'aldéhyde dans les produits de l'action de l'ammo-
niaque sur l'acétone a été décelée en saturant, par l'acide acétique, les pre-
miers produits de la rectification, et, y faisant passer un courant d'acide
suHhydrique, il s'est formé du sulfhydrale d'hydrure de sulfacétyle, dont
l'odeur est caractérislique.
» On peut conclure de l'ensemble de ces réactions que les méthylamines
qui se rencontrent dans l'alcool méthylique ont pris naissance par l'action
de l'ammoniaque sur l'acétone pendant le cours des distillations répétées,
qu'on doit faire subir à l'alcool méthylique brut, pour l'amener au degré
de pureté où l'exige l'industrie.
» De même la formation simultanée de l'aldéhyde dans ces réactions ex-
plique la présence de ce produit dans l'alcool méthylique. »
M. W. IvEusEN informe l'Académie qu'il a fait, l'été dernier, à Saint-
Pétersbourg, un essai d'éducation de vers à soie, dans le jardin de la Société
économique. Quarante mûriers blancs avaient été plantés, il y a deux ans et
demi, dans ce jardin. Il a obtenu cinq cents cocons de bonne qualité; les
essais doivent être continués l'année prochaine.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. D.
ERRATA.
(Séance du 29 septembre 1873.)
Page 711, ligne 28, au lieu de ouvertes, lisez courtes.
Page 713, ligne 29, au lieu de que celle qui a lieu, lisez puisqu'elle a lieu.
(Séance du i3 octobre 1873.)
Pai^e 820, ligne 3, au lieu de acide sulfurique, lisez acide sulfhydriquc.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 OCTOBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. DcMAs donne à l'Académie des nouvelles de la santé de M. Regnault,
qui, il y a quelques jours, avait pu inquiéter ses amis. Aujourd'hui l'état
de notre illustre Confrère permet de rassurer l'Académie. M. Henri
Sainte-Claire Deville a bien voulu se rendre auprès de lui et se faire l'in-
terprète de nos sentiments et de nos voeux pour son prompt rétablissement.
M. le Président l'a chargé spécialement de remercier, à Genève, au nom
de l'Académie, M. le professeur Louis Soret et M. le D"^ Prévost, qui ont
entouré M. Regnault de leur affection et de leurs soins dans celte cir-
constance.
CHIMIE AGRICOLE. — Sixième Note sur le guano; par M. Chevrecl.
« Deux faits que j'ai constatés dans un guano qui m'a été remis en der-
nier lieu par M. Barrai, et que je désigne par le n° 6, et dans le guano
n° 4i m'ont paru assez intéressants pour les communiquer à l'Académie,
faits auxquels je joindrai quelques observations générales concernant la
matière constituant les êtres vivants en général et les animaux en parti-
culier.
C. R., 1873, 2° Semestre. (T. LX.XVII, m 17.) I I 7
( 9»^ )
» Premier fait. — J'ai obtenu un sel parfaitement incolore, cristallisé
en prismes minces, dont je n'ai pas encore déterminé la forme.
» Ces cristaux m'ont présenté trois bases : l'ammoniaque, la potasse et la
chaux unies avec l'acide oxalique.
» Ils sont solubles dans l'eau, et leur solution concentrée ne se trouble
pas par l'oxalate d'ammoniaque, même après quarante heures et plus.
» Si cette solution concentrée est étendue d'eau, par exemple de 5oo par-
ties pour I partie de sel, et abandonnée à elle-même, après vingt-quatre
heures elle a perdu sensiblement de sa limpidité et le trouble va en aug-
mentant avec le temps. Le sixième jour, les couches inférieures sont moins
limpides que les couches supérieures, ce qui annonce la tendance d'une
matière à se précipiter. Cette matière, cause du trouble, est, comme on le
pense bien, de l'oxalate de chaux.
» Dans les mêmes circonstances, le trouble est plus grand lorsqu'on a
ajouté à une solution semblable de l'oxalate d'ammoniaque.
» Second Jait : Découverte de t'urate de chaux dans le guano Ji° 4- — I^"
guano n" 4, qui avait été traité préalablement par de l'eau froide, puis par
de l'alcool bouillant, fut soumis, à deux reprises, à l'action de l'eau bouil-
lante; celle-ci enleva, à loo parties, environ 9 parties, qui, soumises à
l'action de l'alcool et de l'eau froide, laissèrent 6 parties environ d'urate
de chaux faiblement coloré en jaune.
» La matière distillée donna du carbonate d'ammoniaque, une vapeur
douée de l'odeur cyanhydrique et un charbon abondant qui, brîilé, laissa
de la chaux.
» Enfin la matière unie à la chaux donna la couleur pourpre, un des ca-
ractères les plus remarquables de l'acide urique chauffé avec l'acide azo-
tique.
» IlL Quelques observations générales sur la matière constituant les êtres
vivants et particulièrement les animaux. — Une première observation m'a
frappé sur les réactions chimiques qui se passent dans les excréments des
oiseaux constituant le guano. Cette observation, je l'ai faite dès que j'ai
pu observer les débris des oiseaux que l'on trouve dans le guano, débris
remarquables eu ce qu'ils présentent surtout l'extérieur de l'animal, la
peau et ses aiuiexes cornées, non compris les plumes. Je ne parle, bien
entendu, que de ce que j'ai vu.
» J'ai lait mention, dans ime Note précédente, de la disparition des os;
j'ai tout lieu de penser que l'air a une influence sur leur altération, par la
raison que j'ai eu lieu d'observer, dans quelques os minces, que c'était
(9o3)
la partie découverte, exposée au contact de l'air depuis longtemps, qui,
réduite en petits morceaux, avait une couleur très-foncée, tandis que le
reste de l'os préservé du contact de l'air avait subi moins d'altération.
» Maintenant, ce qui est remarquable, c'est la forte proportion de la ma-
tière soluble dans l'eau que l'on trouve dans le guano, ce qui témoigne,
par son état solide, qu'elle s'est produite sans doute en contact avec l'eau,
mais que celle-ci n'a jamais été en excès.
» Une conséquence de cet état de choses, c'est que la peau, sans d'être
altérée dans son tissu, a pu s'unir à des matières salines solubles qui ont
contribué certainement à en assurer la conservation, et indubitablement
il y a une matière azotée, colorée en brun, qui aussi s'y est unie intime-
ment.
)) En un mot, les changements qui se sont opérés et dans la partie
excrémentitielle constituant le guano, et dans l'intérieur du corps des
oiseaux morts, que l'on trouve dans ces excréments, convertis aujourd'hui
en guano, se sont opérés lentement et dans des circonstances où ni l'air,
ni l'eau, ni la chaleur n'ont pu agir avec une grande énergie; et l'on voit,
en définitive, que les forces chimiques dont l'influence a été la plus grande
sont l'acidité et l'alcalinité, car ce sont des sels qui représentent en grande
partie la matière soluble du (juaiio.
» Si la forme saline est bien différente de la forme chimique que pré-
sentent le végétal et l'animal morts, cependant je ne peux nie défendre de
comparer la matière du guano et la matière des débris des oiseaux, au
point de vue de la lenteur des actions chimiques qui les ont faites ce que
nous les voyons, aux actions lentes qui se passent dans les êtres vivants.
Ici, je le répète, ma comparaison porte sur la lenteur des actions.
» C'est celte manière d'envisager la transformation de la matière excré-
mentitielle des oiseaux en guano qui explique ces deux faits remarquables,
que présentent les guano 4 ^t 5, de faire une vive effervescence de gaz
acide carbonique pendant leur lavage à l'eau, et enfin le premier fait de
cette Note, un composé salin d'acide oxalique uni à trois bases, dont l'une
d'elles est la chaux. Il est évident que cette combinaison et la première
ne se fussent pas produites si l'eau en forte proportion eût été présente
lors des réactions.
» J'ajouterai que ces recherches du guano m'ont présenté des faits de
cristallisation analogues à ceux que j'ai communiqués à l'Académie relati-
vement aux sels des cadavres. »
117.
(9o4 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Réponse à une Note de M. Respif/lti, sur la grandeur
des variations du diamètre solaire^ par le P. Secchi.
« Rome, 8 octobre iS^S.
» Dans une Communication faite récemment à l'Académie ( Comptes ren-
dus, p. 716 de ce volume), M. Respighi passe en revue quelques-unes de
mes recherches sur le diamètre solaire et mes méthodes spectroscopiques.
» Je remarque d'abord que, d'après cette Note, le savant astronome
semble avoir fait un grand progrès dans l'emploi de ma méthode d'obser-
vation spectroscopique. Autrefois, il déclarait cette méthode très-impar-
faite et se plaignait que les images fussent mal définies; aujourd'hui, il a
réussi à obtenir « les taches et les facules bien distinctes et bien définies
« (p. 718) » : c'est là un progrès considérable, tendant à prouver que je
n'ai pas eu tort d'opérer de cette manière.
» De plus, il admet la méthode comme « très-utile pour les observations
» de la durée du passage du Soleil, sans produire aucune altération dans
» la durée cherchée, ce qui rend plus facile et plus sûre l'observation des
» contacts des bords solaires avec les raies spectrales ». Je prends volon-
tiers acte de cette déclaration, qui m'encourage grandement. Il me reste à
m'expliquer sur quelques détails, qui sont d'un intérêt secondaire, car ils
sont relatifs à des appréciations théoriques, sur lesquelles il ne sera pas
difficile de nous entendre, avec un peu de réflexion et d'exercice.
» Je ne puis pas convenir, par exemple, que la différence de netteté des
images observées par moi aux deux bords solaires soit due, comme le veut
M. Respighi, à une réflexion de lumière verte, qu'on absorberait avec un
verre rouge. J'ai employé déjà le verre rouge, et l'effet dans ma lunette n'a
pas disparu; on comprend cependant qu'il peut avoir disparu dans la lu-
nette de M. Respighi, soit à cause de son angle réfringent plus grand, soit
encore, connue cela me paraît certain, à cause de la petitesse de son image;
son appareil peut, dans le spectre impur de l'image solaire, séparer les
extrêmes, ce qui n'arrive pas dans mon instrument, où l'image atteint
45 millimètres. Ce résultat peut être intéressant pour indiquer quels seront
la dispersion et l'angle à employer pour chaque instrument.
» M. Respighi prétend ensuite que la déformation n'est pas la même
avec le prisme objectif et avec le prisme interposé. Pour mon compte,
j'avoue que, après avoir employé les deux méthodes, je ne les trouve pas
sensiblement différentes; sa théorie ne s'accorderait donc pas avec l'ob-
servation.
(9o5)
» Il accuse le prisme interposé de donner une image fictive du disque,
où les oscillations atmosphériques sont confondues avec le bord solaire.
Malgré la longue exposition qu'il a faite de cette manière de voir, j'avoue
que je n'ai pas réussi à la partager. Quoi qu'il en soit de la théorie de la
scintillation des étoiles, il est certain que, même en acceptant son opinion
sur la manière dont se produit l'oscillation du bord solaire, on peut expli-
quer très-simplement le fait de la plus grande tranquillité de ce bord avec
ma méthode spectroscopique. En effet, l'ondulation atmosphérique, qui dé-
place l'image solaire, lui donne un mouvement très-rapide ; l'image formée
sur la rétine de l'observateur est ainsi déjà très-faible, et bien plus que
l'image fixe. Le spectroscope, qui affaiblit considérablement toutes les
lumières, affaiblit également celle-ci, la rend insensible, en sorte que
l'image apparaît plus slable.
» On dira que les verres colorés devraient produire le même résultat:
j'avoue que c'est là une objection considérable ; il est donc clair qu'il faut
admettre, dans le spectroscope, une action spéciale, et c'est pourquoi il ne
me semble pas absurde de faire intervenir la cause qui produit la scintilla-
tion des étoiles. Si cette cause peut agir sur les rayons stellaires, elle doit
pouvoir agir également sur les rayons solaires, et il peut se manifester une
dispersion atmosphérique quelconque, parles réfractions extraordinaires
qui produisent l'ondulation, même à une hauteur considérable. Quelle
que soit d'ailleurs la théorie, il ne me semble pas qu'on doive signaler
comme une imperfection ce privilège de mon système spectroscopique, de
supprimer, dans l'observation du Soleil, un défaut que tout observateur
voudrait voir disparaître de l'image qu'il contenq)le.
» Quant à la préférence que j'ai donnée au prisme objectif sur le prisme
interposé, j'en ai déjà exposé les motifs : ce n'est nullement parce que
l'observation de l'éclipsé n'a pas été satisfaisante, mais à cause de la diffi-
culté de trouver de bous prismes à vision directe, résistant à celte épreuve.
M. Airy m'écrit de Greenwich que M. Huggins a réussi, mais après avoir
essayé plusieurs prismes, et avoir détérioré l'un d'eux. M. Tupman a
échoué; quant à moi, j'ai essayé, sans succès, plusieurs prismes de
M. Hoffman : le seul que j'aie trouvé satisfaisant est un prisme de Merz. Ces
prismes, soudés aux mastics, s'altèrent lorsqu'Hs sont exposés aux rayons
du Soleil concentrés dans la lunette, et donnent des bulles intérieures.
Telles sont les véritables raisons de la préférence que j'ai donnée aux
prismes objectifs. C'est avec un de ces prismes que j'ai découvert la nié-
( 9o6)
thode; j'en crois l'usage plus facile et préférable pour le passage de Vénus,
et cet avis consciencieux que je donne, je ne le considère pas comme
« bien tardif ». Du reste, dans ce cas, les distorsions, lorsqu'elles existent,
ne peuvent pas être préjudiciables à l'observation; car il ne s'agit pas de
mesurer les images, mais de juger des contacts, et la distorsion est ici sans
influence, comme elle est sans influence, de l'aveu de IM. Respighi lui-
même, dans les passages sur les raies.
» Quant à l'usage que j'ai fait de cette méthode dans l'éclipsé du aS mai
1873, M. Respigbi dit que, dans les résultats de mon observation, il y a
« des circonstances qui ne peuvent s'accorder avec les mouvements des
» astres, le Soleil et la Lune ». Cette déclaration est grave : elle pourrait
paraître indiquer une appréciation que je suis loin d'attribuer à M. Respi-
glii. Je lui ferai seulement observer que je n'ai pas fixé la hauteur de la
chromosphère à 1 5 secondes, comme il le dit à la page 720. J'ai dit [Comptes
rendus, t. LXXVI, p. iSag) : « Enfin, quarante-huit secondes après la fin
» (dernier contact), aucune interruption n'était plus sensible, et la Lune
» paraissait sortir de la chromosphère. » En admettant un mouvement de
8 secondes par minute de temps, le calcul conduit M. Respighi à cette con-
clusion que toute la chromosphère n'était pas réellement passée et que,
par conséquent, avec mon procédé, « on ne voyait pas la chromosphère
» aussi haute qu'avec la méthode ordinaire ». La seule conclusion à en
tirer est que l'on ne voyait que la partie la plus basse et la plus vive de
cette enveloppe, ce que j'admets sans aucune difficulté, en considérant le
grand affaiblissement que fait subir à la lumière l'uiterposition du prisme
à vision directe et sa petite section, qui formait comme un diaphragme
dans la lunette.
» Quant à la petite valeur du diamètre solaire trouvée par moi avec cette
méthode, elle a pour résultat de dimuiuer de 5 à 6 secondes d'arc le dia-
mètre du Naulical Jlmanac (32'3"±); ce résultat s'accorde avec celui de
Encke, qui donnait 3i'56",8, avec celui de M. Mazzola, publié dernière-
ment à Turin (3i'57",3), après l'avoir dépouillé des influences de l'oscil-
lation atmosphérique, de l'uradiation, etc. Ma méthode spectroscopique a
donc le mérite de corriger toutes ces irrégularités à la fois et en bloc. Si
M. Respighi trouve une valeur différente, je ne saurais l'expliquer que par
la manière particulière dont est faite l'observation, sans chronographe, ou
par son équation personnelle, et par quelques-unes des causes indiquées
dans ma Note précédente.
( 907 )
» Quant à la variabilité du diamètre lui-même, M. Mazzola la considère,
dans quelques circonstances, comme réellement incontestable (i). J'espère
rendre ce point encore plus clair dans une autre Communication. »
PHYSIQUE. — Recherches sur la dissociation cristalline : Evaluation et répar^
tition du travail dans les dissolutions salines; par MM. P. -A. Favre et
C.-A. Valson.
« Lorsque plusieurs sels à acides forts sont dissous dans une quantité
d'eau suffisante, c'est-à-dire telle que l'action de chacun des sels sur le
dissolvant puisse s'exercer librement, il s'établit, au sein de la liqueur et
entre les éléments des sels, un équilibre tel, que chacun des radicaux mé-
talloïdiques peut être supposé associé indifféremment à l'un quelconque
des radicaux métalliques, et réciproquement. C'est ce qui résulte notam-
ment de l'observation des phénomènes de thermoneutralité, laquelle avait
été déduite de l'existence des modules thermiques.
» Ayant été amenés à étudier la question au point de vue des variations
de volume qui accompagnent le phénomène de dissolution, nous avons
pu constater que les densités des solutions salines satisfont à des relations
du même genre. 11 existe des modules de densité comme il existe des mo-
dules thermiques, et une neutralité par rapport aux densités conune par
rapporta la chaleur. Comme nous aurons souvent à revenir sur ce second
ordre de phénomènes, nous le désignerons, pour abréger, par la dénomi-
nation de densi-neutralilé (2).
» La généralité des sels satisfait à cette double relation; cependant il en
est un certain nombre qui font exception. L'étude de ces sels a fait l'objet
de ce nouveau travail, dans lequel nous avons étudié la question au double
point de vue de la chaleur et des densités.
» Les éléments de notre travail étaient déjà préparés et réunis, lorsque
M. Berthelot a publié, tout récemment, plusieurs Mémoires importants
(i) Atti délia R. Jcc. di Torino, vol. VIII, p. 645.
(2) La relation de neutralité pour cette classe de sels s'étend même à des actions d'un
autre ordre. Ainsi, par exemple, il résulte de travaux antérieurs que les actions capil-
laires satisfont aussi à la loi des modules, et que, par suite, elles sont du même ordre (|ue
les précédentes. Nous faisons d'autant plus volontiers ce rapprochement que, comme nous
le faisions remarquer dans notre dernière Com?uunication à l'Académie, les phénomènes
dus à Vaffinité capdlnirc offrent, à ceitains points de vue, une assez gi'iinde analogie avec
les pliénomènes dus à Ynffinilé cldmiijue.
(9o8 )
dans lesquels la même question est traitée au point de vue des actions calo-
rifiques. Plusieurs des résultats obtenus par ce savant physicien offrent
un intérêt considérable, particulièrement en ce qui concerne l'action com-
parée des acides/oris et des acidea faibles. Ces dénominations, qui, jusqu'à
présent, ne correspondaient à rien de bien net, se trouvent maintenant
précisées; la préférence et le choix que certains acides ont pour certaines
bases se trouvent ainsi nettement affirmés et justifiés.
» Notre travail ne fera donc, sur certains points, que reproduire et
confirmer des conclusions déjà données par M. Berthelot; et, malgré les
recherches qu'il nous a coûtées, nous ne l'aurions pas publié si nous
n'avions pas eu à exposer un ensemble de considérations nouvelles qui
nous semblent de nature à intéresser les physiciens; nous voulons parler
des résultats relatifs aux phénomènes que nous désignons sous le nom de
densi-îieulralité.
» Donnons d'abord un exemple, choisi parmi un grand nombre de sels
qui satisfont sensiblement à la double relation de thermoneutralité et de
densi-neutralité.
» Si, dans l'eau tenant déjà en dissolution i équivalent de chlorure de
potassium et i équivalent de sulfate d'ammonium, on fait dissoudre i équi-
valent d'azotate de sodium, on trouve au calorimètre une absorption de
4702 calories. Si, d'un autre côté, on dissout la même quantité d'azotate
de sodium dans l'eau pure, on trouve 4842 calories. La différence, i4o ca-
lories, est peu considérable, et, par suite, l'expérience comporte une véri-
fication suffisante de la relation de thermoneutralité.
» La relation de neutralité pour les densités et pour les coercitions,
dont les valeurs résultent de ces densités mêmes, est également vérifiée,
ainsi que cela résulte du tableau suivant, dans lequel, comme dans nos
Communications précédentes, P désigne le poids équivalent du sel,D et V
sa densité et son volume à l'état solide, d la densité de la liqueur normale,
('l'augmentation de volume du litre, produite par la dissolution de i équi-
valent de la solution, V— i' la contraction de volume et — - — la contrac-
tion spécifique.
( 909 )
Tableau I.
P
D
V
d
V
V — »■
V
AzO'Na
CIK.
SO'Àm
Moyennes..
Mélange. . .
85
7'l>5
66
75,2
75,2
■2,2'|I
1.976
1,766
'•99'l
1,994
ce
37,9
37,8
37.4
37,7
37,7
I .oâ.'io
1,0378
.,o45.',(.)
1,0445
ce
2g,/,
29.0
27,3
28,6
29,4
ce
8,5
8,8
10, 1
9.'
8,3
0,22
0,23
0,27
0.24
0,22
» Considérons maintenant ce qui se produit pour un sel double, le sul-
fate cupropotassique, par exemple (2).
» En premier lieu, et comme dans le cas précédent, nous avons constaté
que le sulfate de cuivre dissous, soit dans l'eau pure, soit dans l'eau con-
tenant déjà I équivalent de sulfate de potassium, met en jeu la niétne quan-
tité de chaleur.
» En second lieu, nous avons également constaté qu'on met en jeu la
même quantité de chaleur lorsqu'on précipite par le chlorure de baryum
soit le sulfate cupropotassique, soit ses sels constituants pris séparément.
» Il résulte de là que le sel double n'existe plus en dissolution et que
la relation de thermoneutralité s'applique, comme dans le cas précédent.
(0 On voit que les valeurs de d, qui se rapportent à la moyenne et au mélange et qui
V — !■
servent à calculer les valeurs de c, V — c et de — - — , offrent une concordance suffisante;
le fiiible écart qui s'accentue davantage, comme erreur relative, dans les valeurs de c, V — v
et de
sera beaucoup (ilus considérable dans les cas étudiés plus loin, où la relation
de thermoneutralité cesse de se produire.
(2) Dans notre précédente Cumiiiunication, cous avons signalé les diverses transforma-
tions que subit le sulfate cupropotassique sous l'influence de la chaleur. Nous avons
voulu nous assurer si les sels constituants de ce sel double se séparaient lorsque, après
avoir été fondu, puis solidifié par le refroidissement, il se résout spontanément en une
fine poussière. A cet effet, nous avons comparé la chaleur de dissolution de ce sel, ainsi
réduit en poussière, à la moyenne des chaleurs de dissolution des sels constituants pris
séparément et à l'état anhydre. Ainsi, d'une part, SO<Ii et SO'Cu donnent, le premier,
— 336i calories, et le second, -(-8198 calories; la moyenne est de -f- 24'8 calories; d'autre
part, SO' donne -+- 2og5 calories; il y a donc une différence en moins de ii'i calories.
Cette différence est bien dans le sens d'une combinaison, mais elle nous semble trop faible
C. R., 1873, 2» Sem>-ure. (T. LXXVII, N" 17.) I l8
( 9ïo )
aux sels constituants du sel double, que nous donnons ici comme exemple.
C'est ce que nous avons dit depuis longtemps de tous les sels doubles.
» Examinons maintenant la question an point de vue des densités.
» Le tableau suivant renferme les nombres donnés par l'expérience et
ceux qui s'en déduisent par le calcul :
Tableau II.
P
D
V
d
t'
V — f
V — ..
V
SO'K
S;
2,6.i,'i
ce
33,8
\ ,0662
ce
ec
l3,2
, 1
0,4 0 1
S0*Cu
S,i
.3,707
21,5
1,0777
3, 1
'9.1
0 , 90
Moyennes.
H i . .'i
3,180
■J7.>
1 ,0720
10,8
16,3
ij,6o
Mélange.. .
83,,)
3,180
27,1
1,0717
11,1
16,0
0,59
» La relation de densi-neutralité ressort de la comparaison des nombres
inscrits dans ce tableau, comme elle ressortait des nombres inscrits dans
le tableau L
» Les sels doubles dont nous venons de parler donnent donc des dis-
solutions dans lesquelles chacun des sels constituants est dans le même état
que s'il avait été dissous séparément; il n'en est plus de même pour les
sels acides, qui, à l'état cristallin, constituent de véritables sels doubles.
En etftt, lorsqu'ils sont dissous, leurs sels constituants sont dans l'état où
pour qu'il nous soit permis de rien affirmer à cet éyard, en tenant compte de ce seul résultat.
Cependant il serait peut-être permis d'être plus affirmatit' en ayant égard aux résultats
obtenus pour les densités. En effet :
Densité de SO'K 2,653
• SO'Cu 3,707
Moyenne. 3 , 1 80
„.->„« K. tu „,
Densité de S0« — — 2,784
Différence 0,396
Cette différence établit que les sels constituants du sel double ne sont plus à l'état de simple
mélange. Il est vrai que l'association se produirait, dans ce cas, avec augmentation de
volume, ce qui pourrait surprendre au premier abord; mais le même phénomène s'est déjà
produit pour les aluns, comme nous avons eu occasion de le signaler, et il s'accentuera bien
davantage dans une autre série de phénomènes dont il sera question dans notre prochaine
Comnmnication, où nous éludions les changcmenis de volume qui accompagnent lu combi-
naison des éléments constituants des sels.
( 9" )
ils se trouvent quand, après les avoir dissous séparément, on mêle les deux
liqueurs, ainsi que l'a fait M. Thomsen. Or on sait que, dans ce cas, il y
a une action réciproque des doux sels qui est accusée par une absorption
de chaleur. Il nous a été facile de prouver que les sels constituants îles sels
acides dissons sont bien à l'état que nous venons de définir; il nous a suffi,
pour cela, de précipiter par le chlorure de baryiun les sulfates acides dis-
sous; car alors la chaleur qui avait été absorbée dans Taction réciproque
des deux sels dissous séparément, puis mélangés, a élé restituée au calori-
mètre. Prenons pour exemple le sulfate acide de potassium, (SO*)^KH.
') La précipitation par le chlorure de bai'yum donne les résultats sui-
vants, obtenus à la température de 19 degrés :
Sel dissous séparément SO'IC 2879"'
SO'H 4766
Somme 7t>45
Sel acide dissous (SO*jK.H 845o
Différence 8o5 (i )
» Le tableau suivant renferme les résultats relatifs aux densités :
Tableau III.
P
D
\
ce
32,8
2I;, j
■•';)■ 7
29,7
d
l'
V — >■
\ — V
V
SO'K
SO'H
[ Moyennes.
Mélan{îe. . .
«7
49
68
68
2 . 6;,,i
i,S'|8
I , Of )ll2
1 , o3oo
ce
iS.:>
19,0
21,5
ce
l3,2
8,0
10,6
8,2
0,'|0
o,3o
0.3.3
0,Î7
3 , 35o
2,250(2)
i,o^l8i
1,0455
(i) La comparaison des cliaieuis de dissolution donne les résultats suivants :
Sel dissous séparément SO'IC — SSôi"^"'
» SO'H +8816
Somme -1-5455
Sel acide dissous (SO')nCH —3368
Différence . . -I-8823
Cette différence est l'expression thermique des deux réactions suivantes : 1° décomposition
du sel acide en ses éléments constituants : sulfate de potassium, sulfate d'hydrogène et dis-
solution de ces sels; 2° action réciproque de ces deux sels dans leur dissolution aqueuse.
(2) La densité 2,246, donnée par l'expérience pour le sullatc acide de potassium cristal-
118..
( 9'2 )
» Comme on le voit, l'accord n'existe plus entre le mélange et In moyenne,
pour les valeurs de d et par conséquent pour les valeurs de v, V — v et de
.. ~" " qui s'en déduisent. Les différences observées montrent que la disso-
lution de (SO'')"RH, comparée à la moyenne des dissolutions de SO'K
et de SO^H, est caractérisée par une différence de densité que pouvait faire
prévoir l'expérience de M. Thomsen, rappelée plus haut, expérience dans
laquelle une dissolution étendue d'acide sulfurique, mise en présence d'une
dissolution également étendue de sulfale de potassium, donne du froid.
M Considérons maintenant les sels qui, mis en présence dans leurs dis-
solutions étendues, ne satisfont pas à la relation de la thermoncutralilé.
Nos recherches ont porté sur des sels dont plusieurs ont été déjà signalés
et étudiés par M. Berthelot; et c'est parmi ces derniers que nous choisirons
nos exemples.
» Premier exemple. — Dissolution de i équivalent de carbonate de so-
dium dans l'eau contenant i équivalent de sulfate d'ammonium.
» D'un côlé, la chaleur de formation du carbonate de sodium, par la
réaction de l'acide gazeux sur la soude, en dissolution étendue, est de
12 g4o calories; celle du sulfate d'ammonium est de i4888 calories; la
somme de ces deux nombres est de 27828 calories. D'un antre côté, la
chaleur de formation du carbonate d'animoniiim par la réaction de l'acide
carbonique gazeux sur l'ammoniaque, en dissolution étendue, est de
8473 calories, celle du sulfate de sodium est de i6 3oi calories; la somme
de ces deux nombres est de 24774 calories. Il y a, entre ces deux sommes,
une différence de 3o54 calories. D'autre part, lorsqu'on dissout i équivalent
do carbonate de sodium dans l'eau tenant en dissolution i équivalent de
sulfate d'amiiionium, la quantité de chaleur mise en jeu est de — 10700 ca-
lories, tandis qu'elle n'est que de — 7840 calories lorsqu'on opère la disso-
lution du carbonate de sodium dans l'eau pure. I^a différence, 2860 calories,
entre ces deux nombres concorde sensibletuent avec la première différence,
3o54 calorios. La relation de thernioueutralité cesse donc d'avoir lieu, et
il se pioduil un phénomène nouveau, qui s'explique, comme l'a montré
M. Berthelot, en admettant un échange presque complet entre les acides et
les bases.
lise, est sensiblement égale à la moyenne 2,25o des densités des deux sels constituants pris
séparément, de sorte que la formation du sel acide semble avoir lieu sans variation notable
du volume de ses éléments salins. Il est vrai que, dans la formation du sel acioe, le sulfate
d'hydrogène passe de l'étal liquide à l'état solide.
( 9'3 )
» Considérons maintenant le phénomène au point de vue des densités et
interprétons le tableau suivant qui s'y rapporte :
Tableau IV.
Co'Na
SO'Am
Moyennes.
Mélange...
Co'Am
SO'Na
Moyennes.
p
53
66
59.5
59,5
;>
59, j
2,420
1,766
2,093
2,093
»
3,681
2I>9
29,6
29,6
I , o5 I 9
1,0378
1.0391(1)
I ,0178
1 ,0606
I .ii3(j3
1 ,0
27^
19,7
9.8
'9.7
20,9
10, 1
I .'» , .'>
9,9
«
.6,7
0,96
CN27
o.6[
0,33
»
0,63
)) Il résulte de ce tableau que : i" les valeurs défi?, f , V — f ,
— ) qui
conviennent au mélange, diffèrent notablement de la première moyenne;
on a ainsi une nouvelle preuve que les sels Co'Na et SO* Am ont été mo-
difiés dans le mélange; 2° la concordance se rétablit, au contraire, si l'on
compare le mélange à la seconde moyenne; ce qui prouve que, dans ce
mélange, les sels précédents ont été remplacés, à peu près complètement,
par les sels Co'Ain et SO^Na ; le rapprochement ne peut être fait, il est vrai,
que pour les valeurs de (/ et t^, parce que nous ne possédions pas la densité
du carbonate d'ammonium solide Co'Am; mais, pour ces valeurs, elle est
aussi complète qu'on peut le désirer; 3° l'écart constaté entre les valeurs de
V — (■
c^, ^,V
pour le mélange et pour la première moyenne, corres-
pond à une augmentation de volume des éléments, quand on passe des sels
Co'Na etSO'^Amaux sels Co'Am et SO^Na; mais, en même temps, on
constate un refroidissement correspondant à 2860 calories, ce qui semble
indiquer que le travail de dissociation prédomine dans le phénomène.
» Second exempte. — Dissolution de r équivalent de borate de sodium
dans de leau contenant i équivalent de sulfate d'ammonium.
» D'un côté, la chaleur de formation du borate de sodium est de
1 1 723 calories, celle du sulfate d'ammonium est de 14888 calories; la
somme de ces deux nombres est de 2661 1 calories. D'un autre côté, la
(i) Dans toutes nos expériences, nous avons pris les densités des mélanges qui se sont
produits dans les expériences thermiques.
< 9^4 )
chaleur de formation du borate d'ammonium est de 8720 calories, celle du
sulfate de sodium est de i63oi calories; la somme de ces deux nombres
est de aSo^i calories. Il y a, entre ces deux sommes, une différence de
iSgo calories. D'autre part, lorsqu'on dissout i équivalent de borate de
sodium dans de l'eau tenant en dissolution i équivalent de sulfate d'ammo-
nium, la quantité de chaleur mise en jeu est de — 12 206 calories (i), tandis
qu'elle n'est que de — 11 042, lorsqu'on opère la dissolution du borate de
sodium dans l'eau pure. La différence, 1164 calories entre ces deux nom-
bres, comparée avec la première différence 1590, doiuie un écart de
426 calories. Cet écart est plus considérable que dans le premier exemple;
cependant si on l'évalue sous forme d'écart relatif, il n'est que Ae -^ en-
viron du nombre 1220G, donné par l'expérience.
» Interprétons maintenant le tableau suivant, qui se rapporte au phé-
nomène étudié au point de vue des densités :
Tableau V.
P
D
v
d
V
V — .•
V — 1'
V
Bo'Na
101
.,376
ce
'|3,6
i,oc)3'|
ce
7,0
ce
35,4
(1,83
se Ara
66
1 . 766
37, '1
1,0878
27.'
10,3
<l,32
Moyennes .
83.5
3 , 066
!\ 0 , 0
1 ,o656
17,0
■j3,o
0,57
Mélange. . .
83,5
2,066
40,0
1,0594
22,8
17,2
0,43
Bo'Am
9«
M
»
I ,0601
3 '1,0
»
»
SO' Na
7'
i.tiSi
36, J
I , 0606
9,8
.6.7
0,63
Moyennes .
83. J
»
»
I , o6o3
■ii.o
"
»
» L'interprétation de ce tableau conduit aux mêmes conclusions que
pour le premier exemple; il est donc inutile de les reproduire. Nous ajou-
terons seulement une remarque: la différence entre les valeurs des con-
tractions V — f, relatives à la moyenne et au mélange, est de
iS'^SS — 9'=%9= S'^Sô,
dans le cas de la formation du carbonate d'ammonium (premier exemple,
tableau IV), et de
23,0 — 17,2 = 5*"^,8,
(i) La liqueur prend une odeur fortement aramoniacale, comme si l'ammoniaque était à
l'état de liberté. La même remarque s'applique à l'exemple précédent.
( 9'5 )
dans le cas de la formation du borate d'ammonium (second exemple, ta-
bleau V); la concordance entre ces deux résultats montre que les deux
radicaux Co' et Bo' agissent de la même manière au point de vue des con-
tractions dans les deux échanges (i). »
GÉOLOGIE. — Note sur la formation tertiaire supra-uummiilitique
du bassin de Carcassonne ; par M. Leymerie.
« Le système tertiaire du département de l'Aude, coordonné à la vallée
du canal du Midi, encaissé entre la montagne Noire et les Corbières, se
laisse tout naturellement diviser en deux parties ou bassins très-différents,
par la nature et les caractères des terrains qui les constituent. Le voyageur
qui se rend de Toulouse à JNarbonne par la voie ferrée entre dans ce système,
en sortant de la région lacusli'e miocène du pays toulousain, au col de Nau-
rouse, où se partagent les eaux qui s'écoulent par le canal, d'une part, vers
l'Océan et, d'autre part, vers la Méditerranée, et n'en sort qu'à Coursan,
vers l'embouchure de l'Aude, où commence le département de l'Hérault.
Dans ce long trajet, il a fréquemment l'occasion de constater les carac-
tères du terrain dont il s'agit, et il ne saurait lui échapper que, à partir d'une
ligne voisine du méridien de Lézignan, son faciès change complètement;
sa couleur devient terne et uniforme du côté de Narbonne, tandis qu'elle
était vive et variée, souvent rouge, dans la région de Carcassonne.
(i) Nous tenons à signaler la grande concordance enU'e les nombres obtenus par M. Ijer-
thelot et les nôtres, à l'exception d'un seul (A). Cette concordance a, pour nous, d'autant
plus d'intérêt que nos nombres ont été obtenus à l'aide d'un calorimètre différent et par
des méthodes souvent différentes. Voici ces nombres :
Beith. F. etV.
Bo* (Aqi + i" NaO(Aq) ii56o" 11723°
+ 2'=NaO(Aq) 8260 84o4
+ 3''NaO(Aq) 170 »
+ S'' et 4''NaO (Aq) • 62^
Bo«(Aq) +AmO(Aq) SgSo 8720
Chaleur mise en jeu lorsqu'on mélange la disso- 1 _ ^ , , ,
> 2230 I I oA ( A )
lution de Bo'Na avec la dissolution de So'Am, j ^ ■'
ISaO(Aq) ■+■ i^'Co' gazeux i3o5o 12940
+ 2^Co- gazeux 365o 3392
AmO (Aq) + Co' gazeux » 8473
Chaleur mise en jeu lorsqu'on mélange la disso- ( , -^ oz?
lution deCo^Naavec la dissolution de So' Ain. I
( 9'6)
» Le bassin narbonnais est, en effet, constitué d'une manière très-diffé-
renre de celui de Carcassonne. Ses principaux éléments sont des calcaires
blancs, pinson moins marneux, et des marnes renfermant souvent du gypse
en couches régulières, avec des argiles sableuses et des poudingues peu dé-
veloppés, étage lacustre éocène que recouvre assez fréquemment une assise
de la molasse marine, qui prend un développement considérable plus loin
dans l'Hérault. Ce système repose d'ailleurs directement sur le lias ou le
grès vert, sans interposition de terrain nummuiitique ni de garnmnien (i).
» Nous ne faisons que mentionner ici ce faciès narbonnais, dont nous
pourrons faire plus tard l'objet d'une Communication spéciale, n'ayant
pour but, dans la présente Note, que de jeter un rapide coup d'œil sur le
bassin lacustre de Carcassonne, que nous avons complètement étudié, dans
ces derniers temps, pour la carte géologique de l'Aude, bassin, je le répèle,
très-différent de celui de Narbonne, tant par sa co!r)position que par sa po-
sition constante au-dessus de la formation nummidilique, et enfin par l'ab-
sence de tout dépôt pouvant se rapporter à la période miocène.
» Cet étage supra-nummulitique a été étudié par plusieurs géologues,
particulièrement par M. d'Archiac, et surtout par M. Matheron, qui en a
donné une bonne description dans son important Mémoire sur les dépôts
fluvio-lacustres du midi de la France. Aussi n'ai-je pas la prétention de le
faire connaître pour la première fois, mais seidement de nneux préciser la
place qui revient à chacun de ses éléments dans l'ensemble de la formation
où mes prédécesseurs avaient attribué un rôle trop important à certains
d'entre eux, qui ne doivent être considérés, suivant moi, que comme des
modifications ou des accidents dans une formation générale que j'appelle
carcassieime.
B Le type du terrain dont il s'agit est le grès de Carcassonne (2) qui, dans
une grande partie du département de l'Aude, constitue à lui seul tout le
système. 11 ne se compose pas seulement de grès, ainsi que ce nom pourrait
le faire croire; si l'on voulait s'en faire une idée générale, il faudrait le con-
sidérer comme un dépôt aréno-argilenx, assez friable, versicolore, servant en
quelque sorte de matrice à des pseudo-couches ou amandes allongées, con-
(1) Il n'est question ici que du bassin narbonnais proprement dit, circonscrit par la limite
du département de l'Aude.
(2) Ainsi nommé ])arce qu'il constitue le sol fondamental de la région dont cette ville est
le centre. Une belle coupe montre ce terrain dans son état normal à la gare même, et la
voie ferrée l'entame assez profondément à l'ouest de ce point jusqu'à la station de Pezens et
au delà.
( 9'7 )
formément à la stratification, ou affaissées en divers sens, d'une molasse
grise à ciment calcaire, un peu grenue, passant çà et là à im poudingue à
petits éléments par In présence de petits cailloux, la plupart quartzeux, qui
s'y accumulent en certaines places, quelquefois sous forme de veines. Cette
molasse, aux environs de Carcassonne, offre la matière d'une belle pierre
d'appareil bien connue dans le Languedoc sous le nom de pierre de Carcas-
sonne; mais dans certaines parties de la montagne Noire, notamment à
l'est de Conques, elle se présente fréquemment à l'état de plaquettes.
» Telle est la manière d'être de ce type à Carcassonne et aux environs,
où, je le répète, il constitue à lui seul tout le système au-dessus du terrain
nummulitique; mais, au sud de la vallée du canal, dans les collines qui
peuvent être regardées comme les contre-forts des Corbières, il s'y introduit
un poudingue à cailloux calcaires, qui devient plus régulier et plus fréquent
au voisinage de ces montagnes. Cet état de choses s'accentue surtout dans
la partie occidentale de cette région mamelonnée et à la limite du dépar-
tement; au méridien deMirepoix, de nombreuses alternances de grès, de
couches argileuses et de poudingues calcaires constituent un passage au
poudingue de Palassou (i), qui prend ensuite ses véritables caractères avec
un développement considérable dans la vallée de l'Ariége. D'où il résulte
que ce dernier élage, qui, dans presque toute la longueur des Pyrénées,
forme une sorte de cuirasse au-dessus du terrain à nummidites, doit être
regardé comme un faciès du grès de Carcassonne. Ce dernier terrain,
d'ailleurs, participe, de ce côté de la vallée du canal, aux dérangements
résultant de l'influence des mouvements pyrénéens, tandis que, sur le flanc
de la montagne Noire, il n'offre, ainsi que les terrains garumnien et num-
nuditique qui le supportent, qu'une Irès-faible inclinaison dans le sens du
versant méridional de cette montagne.
» Le grès de Carcassonne proprement dit est très-pauvre en fossiles:
on y a trouvé de grandes tortues et des impressions de palmacites, et enfin
une mâchoire de Lophiodon [Lopli. occitonicwn, Gervais) à Conques.
» Le grand étage arénacé dont nous venons d'indiquer brièvement les
caractères est la base ou l'étoffe de la formalion que nous appelons car-
cassienne; les parties dont il nous reste à parler ne doivent être considérées
(i) C'est dans ce terrain de passage qu'a été découverte à Camou, entre Chalabre et Mire-
poix, une tète de Lophiodon qui semblerait rattacher ce gîte à celui d'Issel, dont il va être
question.
C. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVII, IN» 17.) ' '9
( 9'8 )
que comme des modifications on des accidents plus ou moins restreints de
ce type général.
» Nous signalerons d'abord le calcaire de Ventenac, sur lequel M. Ma-
theron a, le premier, attiré l'attention des géologues.
D Ce calcaire est blanc, subcompacfe, à cassure fière, et renferme quelques
coquilles lacustres, notamment un petit planorbe spécial. Nous le considé-
rons, avec l'auteur que nous venons de citer, comme le congénère du cal-
caire à lignite de l'Hérault, bien qu'il joue un rôle spécial dans l'Aude. H
se montre à la base de la montagne Noire, seulement dans la partie moyenne
du bassin, entre Alzonne et Conques, sous la forme d'tuie zone assez
étroite. Il repose immédiatement sur l'élage nummuiitique, dont il partage
la faible inclinaison méridionale, et date par conséquent de l'origine de la
formation carcassienne; on doit le regarder comme un faciès calcaire du grés
de Carcassonne, dont il remplacerait ici les couches les plus inférieures. On
n'en trouve, du reste, aucune trace du côté des Corbières.
» Nous avons dit que le grès de Carcassonne repose sur le terrain nimi-
mulilique : cela est vrai pour presque tout le bassin qui fait l'objet de cette
Note, excepté toutefois pour la partie occidentale ou terminale de la mon-
tagne Noire, où ce substratum manque à partir de Villespy, ainsi que l'étage
garumnien auquel le terrain à nunimulites est partout ailleurs superposé.
C'est aussi là que le terrain que nous étudions offre les modifications les
plus remarquables. On y distingue trois assises principales, que nous avons
représentées ailleurs dans une coupe passant par Casteinaudary à travers la
vallée du canal (i). Celte coupe montre d'abord le grès d'Issel, grossier et
caillouteux, si connu par ses Lophiodon, et autres fossiles déterminés par
Cuvier, passant sous une autre assise formée par une molasse tendre, argilo-
sableuse, d'un gris clair assez lerne, avec argile subordonnée, assise qui
vient constituer la butte sur laquelle est située la ville de Casteinaudary et
le fond de la vallée du canal où elle est intimement pénétrée, par places,
d'une matière gypseuse particulièrement exploitée au Mas-Saintes-Puelles.
Dans la même coupe, on voit, de l'autre côté de la vallée, un sol mamelonné
formé par les alternances de molasse, de poudingue et d'argile ci-dessus
signalées, sous lesquelles semble passer l'assise gypsifère et qui seraient par
conséquent plus récentes que les assises précédentes.
» Cette partie de la coupe mérite d'ailleurs une attention particulière,
(i) Voir: Etiule sur l'étage inférieur du bassin sous-pyrénéen (Mémoires de l'Académie
des Sciences de Toulouse, 6* série, t. VI) et plus parliculièremeiU la description de la mon-
( 9'9 )
car c'est clans l'assise supérieure que nous venons d'y signaler que vient
s'intercaler un calcaire blanc (pierre à chaux de Casteinaudary), qui est
très-connu des géologues par les Palœolhériums |)arisiens qu'on y trouve
assez fréquemment, avec d'autres mamnnfères de même époque, et par les
magnifiques coquilles terrestres et fluviatiies qui s'y rencoDtrent associées
à des œufs de tortue.
» Ce calcaire ne forme qu'une amande qui affleure en longueur sur le
flanc des collines dans un espace de 12 kilomètres, entre Feudeilleset Ségala,
près de Naurouse, et qui ne paraît pas s'enfoncer profondément dans le sein
de l'assise dont il est question. Ce n'est donc qu'un simple accident, qu'on
a considéré à tort comme constituant dans le système tertiaire une assise
spéciale. Nous regardons d'ailleurs le grès d'Issel comme représentant la
partie inférieure du système carcassien, différant en ce |)oint d'opinion avec
M. Matheron. Nous devons dire toutefois que ce grès ne repose pas immé-
diatement sur le gneiss de la montagne Noire. Il y a entre les deux une assise
puissante, formée par une argilolite rouge, maculée de blanc, avec argile
blanche intercalée, associée à des agglomérats considérables de cailloux
roulés quartzeux, dépôt dont personne n'a parlé jusqu'ici, et qu'il est tout
naturel de regarder comme un représentant clysmien du terrain garumnien,
et peut-être aussi du terrain nummulitiqiie, terrains qui ne commencent à
se montrer, ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, que plus loin à l'est vers
le méridien de Villespy, là même où le terrain clysmien vient de dispa-
raître.
» Tout cet ensemble, comprenant le grès de Carcassonne et ses modifi-
cations, forme donc un grand étage lacustre supérieur au terrain marin à
nummulites, étage pour lequel nous pro()osons le nom de système carcas-
sien on déformation carcnssienne. Nous pensons que ce terrain doit corres-
pondre, dans son ensemble, à la partie supérieure du calcaire grossier et aux
assises parisiennes qui lui sont postérieures, y compris le grès de Fontaine-
bleau qui, suivant nous, doit être considéré comme éocène, puisque ses
représentants au pied des Pyrénées ont participé au soulèvement de ces
montagnes, m
Ingne Noire, récemment publiée dans la Revue des Sciences nalurclles de Montpellier et dont
j'aurai l'honneur bientôt d'offrir un exemplaire à l'Académie.
I l(
( 920 )
TÉRATOLOGIE. — Sur certains cas de double monstruosité, observés
chez l'homme. Note de M. Roclin.
« On peut voir en ce moment à Paris deux exemples très-remarquables
d'ime double monstruosité qui consiste en un développement excessif
du système pileux coexistant avec un développement incomplet du sys-
tème dentaire. Les individus qui présentent cette singulière monsiruosité
sont l'objet d'une exhibition publique déjà annoncée par divers joiu'naux
quotidiens et qui a fourni en particulier à l'un des rédacteurs du Journal
des Débats la miitière d'une très-intéressante notice. L'auteur, dont nous
regrettons de ne pas connaître le nom, est évidemment un homme familier
avec ces sortes de questions, et qui sait fort bien quels sont les avantages
qu'on peut tirer pour leur élucidation des rapprochements entre faits ana-
logues; aussi, quoique le but apparent de sa notice fût seulement de rec-
tifier les idées que pouvaient faire naître les termes étranges par lesquels
était annoncée sur les murs de Paris l'exhibition dont il s'agit, il avait
eu soin, après avoir parlé des deux Russes à face velue exposés à la cu-
riosité du public, de rappeler qu'une anomalie semblable avait déjà été
constatée chez une femme de race indo-chinoise par des officiers anglais
qui se trouvaient en 1^55 en garnison dans la ville d'Ava.
M C'est aussi dans cette même ville d'Ava (et je demanderai plus tard
que l'on s'en souvienne) qu'a été faite l'observation sur laquelle je désire
appeler aujourd'liui l'alloution de l'Académie; je l'emprunte à un ouvrage
intitulé : Journal d'une ambassade envoyée par le gouverneur général de
l'Inde à la cour d'Ava, par John Crawfurd , 2' édit.; Londres, j834?
2 vol. in-8°.
» Le nom de M. Crawfurd, auteur de plusieurs ouvrages importants
sur l'Inde anglaise et sur diverses parties des archipels indiens et malais,
est assez connu pour me dispenser de tout éloge, et j'en dirai autant d'un
savant naturaliste qui l'accompagnait dans cette mission.
» Le D"^ Wallich, surintendant du jardin botanique de Calcutta, met-
tait à profit celte occasion d'enrichir de nouvelles espèces l'établissement
placé sous sa direction ; il était de plus chargé par la Compagnie des Indes
de recueillir des renseignements sur l'importance des forets de l'empire
birman, en tant que fournissant des bois de construction, et sur les pro-
duits végétaux qui pouvaient être exportés de ce pays.
» M. J. Crawfurd était chargé de régler les conditions d'un traité de
commerce qui avait été arrêté en principe au moment où se termina la
(9^1 )
guerre. Sa relation, rédigée sous forme de journal, et qui est en grande
partie remplie de ses discussions avec les diplomates birmans^ contient de
loin en loin des renseignements d'un intérêt plus général. Le passage sui-
vant, que nous lui empruntons, est tiré du premier volume, pages 3i8 et
suivantes.
» Depuis notre arrivée, dit l'auteur, nous avions beaucoup entendu
parler d'uuo persoiuie dont le corps était entièrement velu, et qui, assu-
rait-on, ressemblait bien plus à un singe qu'à une créature humaine; cette
dernière assertion, nous sommes heureux de le dire, était fort éloignée de
la vérité, comme nous pûmes bientôt nous en assurer par le témoignage
de nos yeux. Le roi, qui avait appris que nous étions curieux de voir cet
individu, eut la politesse de l'envoyer, il y a quelques jours, à notre loge-
ment, de sorte que nous pûmes, le D'^ Wallich et moi, l'examiner à loisir
et lui faire les questions qui nous semblèrent nécessaires pour bien con-
naître son histoire; je la donne ici d'après les notes que nous prîmes séance
tenante.
» Le nom de cet homme est Shioe-Maong, et il se dit âgé de trente ans. H
était né dans le district de Maiyong-gyi, canton du Laos, situé sur le cours
de la rivière Saluen ou Martaban. Le saubwa, ou chef du canton, l'envoya
au roi à litre de curiosité, lorsqu'il n'était encore âgé que de cinq ans,
et depuis ce temps il était toujours resté à Ava. Sa taille est de 5 pieds
3^ pouces, ce qui est la taille ordinaire des Birmans; toute sa personne
est frêle, comparée à celle des hommes de race indo-chinoise dont l'aspect
est robuste, et il paraît être d'une constitution délicate; son teint n'a rien de
remarquable, si ce n'est d'être d'une teinte peut-être un peu plus claire que
celui du commun des Birmans; ses yeux sont d'un brun foncé, un peu
moins noirs que l'ordinaire; j'en dirai autant de ses cheveux, qui sont
plus fins et un peu moins copieux que ceux qui couvrent le crâne de ses
compatriotes.
» Le front tout entier, les joues, les paupières, le nez, y compris une
partie de l'intérieur des narines, le menton, en un mot la face tout en-
tière, à l'exception du bord rouge des lèvres, est couverte de poils fins;
sur le front et les joues ces poils sont longs de 8 pouces environ, et de
4 sur le nez et le menton; leur couleur est d'un gris argenté; leur texture
est soyeuse, mais ils sont plats et nullement disposés à boucler. La sur-
face postérieure de l'oreille et la surface antérieure, de même qu'une partie
du conduit auditif externe, sont couvertes d'un poil de même nature que
celui de la face, de 8 pouces de longueur environ. C'est à cette toison
( 922 )
qu'est dû surtout ce que cette face a d'étrange et fait d'abord hésiter à y
reconnaître une face humaine. On peut dire qu'on n'y voit point de cils
ni de sourcils proprement dits; à la place où on les eût cherchés, on n'a-
perçoit que ces poils soyeux dont est couvert le reste du visage. Shwe-
Maong nous dit que, lorsqu'il était enfant, cette singulière toison était
d'une nuance beaucoup plus claire que celle qu'elle présente aujourd'hui.
Le corps tout entier, à l'exception des mains et des pieds, est couvert de
poils semblables, pour la texture et pour la couleur, à ceux dont nous ve-
nons de parler, mais en généra! plus clair-semés; ces poils ne sont nulle
part plus épais que le long de l'épine dorsale et aux épaule.s, où leur lon-
gueur est de 5 pouces; à la poitrine, ils n'en ont pas plus de 4; enfin ils
sont rares sur les avant-bras, sur les cuisses et sur l'abdomen.
» Nous avions d'abord pensé que cette singulière toison pouvait bien se
renouveler d'une manière plus ou moins complète par une sorte de
mue survenant périodiquement ou à des intervalles de temps irréguliers;
mais les questions que nous fîmes à cet égard nous obligèrent à renoncer
à cette conjecture; aucun changement sensible à cet égard ne survient
dans le cours de l'année.
» Quoique âgé seulement de trente ans, Shwe-Maong présente, à certains
égards, l'aspect d'un homme de cinquante ou soixante ans, ce qui lient
surtout à ce qu'il a les joues creuses, et ses joues sont ainsi affaissées faute
d'être soutenues, comme elles le sont dans le commun des hommes, par la
double rangée des molaires. En lui faisant ouvrir la bouche, nous avons
constaté qu'il n'a à la mâchoire inférieure que cinq dents : quatre incisives
et la canine de gauche, et à la mâchoire inférieure que les quatre incisives
dont les deux externes ressemblent un peu à des canines. En haut comme
en bas nulle trace de molaires, et il manque même aux deux os maxillaires
toute la partiedans laquelle les germes de ces dents, ou leurs racines, auraient
pu se loger ; il avait conservé ses premières dents jusqu'à près de vingt
ans, et c'était à cet âge seulement que lui étaient venues celles que nous lui
voyons anjoiu'd'hui. Ces dents, toutes bien saines, un peu petites d'ailleurs,
ont apparu dans l'ordre ordinaire; il n'en avait perdu aucune et, n'ayant
jamais eu de molaires, il était encore à comprendre ce qu'il eût gagné à en
avoir.
» Les traits de cet homme sont réguliers, et l'on peut dire que, pour
un Birman, il n'est pas laid. Sous le rapport des facultés intellectuelles,
il n'est point non plus trop à plaindre, il nous a paru même un honune
sensé, et à cet égard plutôt au-dessus qu'au-dessous de la moyenne.
( 9^'' )
» Shwe-Maong nous a fait l'histoire du développement de son enveloppe
pileuse depuis l'époque où elle avait commencé à attirer l'attention, c'est-à-
dire depuis sa naissance. En venant au monde, en eftet, il avait déjà les
oreilles rouvertes de poils longs de i pouces et d'ime couleur appro-
chant de celle de la filasse; c'est vers l'âge de six ans que le reste du corps
commença à se garnir de poils, et c'est le front qui fut le premier envahi.
Il nous a (lit positivement que chez lui l'époque de la puberté avait tardé
jusqu'à sa vingtième année.
» Ce fut deux années plus tard qu'il se maria, le roi, pour nous servir
de ses expressions, lui ayant alors fait don d'une femme; il y avait de cela
huit ans. Il avait eu déjà de cette femme quatre enfants, tous du sexe
féminin. L'aînée était morte à l'âge de trois ans, et la seconde à onze
mois, l'une et l'autre sans avoir présenté rien qui les distinguât des enfimts
ordinaires.
» La mère qui, dans le pays, pouvait passer pour une assez jolie femme,
nous est venue anjourd'lini (4 novembre 1824) avec les deux enfants qui
lui restent ;rainée, âgée de cinq ans environ, est véritablement une très-gen-
tille enfant qui ressemble beaucoup à sa mère et n'a rien qui rappelle le
père ; elle avait commencé à percer ses ilents à l'époque ordinaire, et celte
première dentition était complète à l'âge de deux ans. La dernière petite
fille qui a deux ans et demi environ est robuste et bien portante; au moment
tle sa naissance elle avait déjà du poil en avant de l'oreille; à l'âge de six
mois les poils gagnèrent tonte la conque, et à un an ils avaient déjà com-
mencé à envahir d autres parties du corps; ces poils sont d'un blond filasse.
Ce fut à deux ans seulement qu'on vit poindre chez elle deux incisives à
chaque mâchoire, et jusqu'à présent elle en est restée là.
» Shwe-?'.!aong nous a assuré que dans sa famille personne, à sa con-
naissance, n'avait offert les particularités qui le distinguent, et il n'a jamais
entendu dire que, dans le pays où il est né, des cas analogues se soient pré-
sentés. »
» Comme on le voit par ce dernier paragraphe, les cas de monstruosité du
genre de celui que présentaient Shwe-Maong et sa fille cadette étaient rares
dans le pays birman à l'époque où écrivait M. Crawfurd; devons-nous sup-
poser qu'ils sont, depuis lors, devenus beaucoup plus communs, ainsi que
semble le supposer l'auteur de l'article déjà cité (1)? Cela n'a certainement
(i) ic Une autre femme affectée d'une pareille infirmité (développement excessif du système
pileux correspondant à un développement très-incomplet du système dentaire) a été montrée
en i855 aux ofticiers anglais en garnison à Ava, et l'on a pu constater que des phénomènes
( 924)
rien d'impossible, mais c'est bien peu probable, et il n'y a nulle invraisem-
blance à supposer que des observations successives faites dans un même
lieu, mais à de lointains intervalles, au lieu d'être rapportées à plusieurs
individus distincts, peuvent s'appliquer toutes à une seule et même personne.
Ainsi, pour revenir à la femme qu'ont vue en i855 les ofticiers anglais qui
étaient en garnison à Ava, et qui, malheureusement, ont négligé de nous
faire connaître son âge, admettons poiu' un moment que cet âge fût de
trente-quatre à trente-cinq ans; c'est justement 1 âge qu'aurait eu la qua-
trième fille de Sliwe-Maong, qui, lorsqu'elle fut amenée à Crawfurd en
novembre 1824, avait deux ans et demi environ. Son père alors en comptait
trente, et quand cette fille, qu'on nous représente comme une enfant ro-
buste et bien portante, eût un peu dépassé cet âge, il n'y aurait pas à s'en
étonner. Enfin, qui nous dit que dans ce ménage, où les trois aînées te-
naient toutes du côté maternel et où l'influence du père n'a commencé à
se faire sentir qu'à la quatrième naissance, une cinquième fille n'ait pour
la seconde fois reproduit le type paternel. C'est là, j'en conviens, une pure
hypothèse, mais moins répugnante à la raison que celle qu'il faudrait ad-
mettre en se plaçant à un autre point de vue.
)) Les cas de double monstruosité sont, je le répète, très-rares, aussi rares
en Europe (i) qu'en Asie, et c'est pour cela qu'il ne faut pas, quand ils
se présentent, les laisser passer avant de les avoir bien étudiés. »
MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
TÉRATOLOGIE. — Nouvelles recherches sur l'origine et le mode de développement
des monstres omphalosites ; par M. C. Dakeste.
(Renvoi à la Section d'Analomie et Zoologie.)
« J'ai donné, dans un premier travail, présenté à l'Académie le 5 juillet
i865, l'explication d'un certain nombre de faits que présente l'histoire
semblablesn'étaient pas rares dans l'empire des Birmans. » [Journal des Débats, 18 octobre
■873.)
(i) Les deux Russes qui sont aujourd'hui l'objet d'une exposition publique dans Paris ne
sont pas les seuls hommes à face velue qui nous soient venus du même pays. Voici, en effet,
ce qu'on lit dans Buffon, Hist. mit., Suppténi., t. IV, p. 5^4 ■ " Nous avons vu à Paris, dans
l'année 1774j ^^ Russe dont le front et tout le visage étaient couverts d'un poil noir comme
sa barbe et ses cheveux. «
Il est à croire que l'anomalie portait seulement sur le système pileux; car, si la dentition
eût été notablement défectueuse, l'homme qui tirait profit de cette exhibition n'eût pas
manqué de faire ressortir ce trait comme un appât de plus pour les curieux.
(9^5)
des monstres omphalosites, et qui jusqu'alors étaient restés autant d'énigmes
pour la Physiologie. J'ai montré que ces monstres peuvent se produire
chez les Oiseaux et les Poissons, comme chez les Mammifères; mais qu'ils
n'ont, chez tous ces animaux, qu'une existence très-courte, presque éphé-
mère, s'ils ne se sont point développés sur un même œuf, simultanément
avec un autre embryon bien conformé, parce que, étant, le plus souvent
du moins, privés de cœur, c'est le cœur du frère jumeau qui sert de mo-
teur pour leur circulation. Leur vie ne peut donc se prolonger au delà
d'une certaine période, très-voisine de leur origine, qu'à l'aide de la vie
d'un autre individu, avec lequel ils ont des connexions vasculaires, for-
mées d'abord par la circulation vitelline et, plus tard, par la circulation
allantoïdienne chez les Oiseaux et par la circulation placentaire chez les
Mammifères.
» Ces monstres omphalosites possèdent des organisations très-diffé-
rentes, depuis les Anides, simples masses de tissu cellulaire, jusqu'aux
Paracéphales, qui reproduisent, à bien des égards, sauf l'imperfection de
la tète et l'absence du cœur, le type normal. Toutefois, la formation et le
développement de ces monstres présentent un ensemble de conditions
communes, d'autant plus remarquables qu'elles s'écartent, à bien des
égards, de celles qui déterminent la formation et le développement des
êtres normaux.
» Dans l'organisation animale, tout se lie et tout s'enchaîne, et tous les
organes sont dans une dépendance mutuelle les uns des autres, dépen-
dance qui se manifeste, au point de vue anatomique, par la corrélation des
formes, et, au point de vue physiologique, par l'harmonie des fonctions.
Rien de pareil dans les monstres omphalosites, dont toutes les parties se
constituent isolément et sans qu'il y ait entre elles de solidarité anatomique
ou physiologique, sans que l'on retrouve, par conséquent, cette succession
et cet enchaînement de formations organiques, qui sont si évidentes dans
les périodes postérieures du développement.
« Rappelons brièvement les premiers étals que traverse l'embryon. Il
apparaît d'abord au centre du blastoderme, sous la forme d'un petit disque
circulaire, qui s'allonge suivant un de ses diamètres et prend une forme
oblongue; puis on voit apparaître la ligne ou gouttière primitive, premier
indice du canal vertébral, d'abord à l'extrémité antérieure et ensuite à
l'extrémité postérieure; puis on voit la tête se produire à l'extrémité anté-
rieure, sous la forme d'un bourgeon ; enfin apparaissent, de chaque côté
du corps, deux paires de bourgeons, qui deviendront les membres.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N" 17.) I 20
( 9^G )
» Or, d'une part, l'embryon peut s'arrêter et se compléter dans chacun
de ces états; d'autre part, l'arrêt de développement d'une de ces parties
n'entraîne pas nécessairement celui des parties qui se développent ensuite.
En parlant de ces notions, on peut expliquer facilement les types téra-
tologiques si étranges que présentent les monstres omphalosites.
M Ainsi l'embryon peut s'arrêter dans sa première forme, celle d'un
disque circulaire, et cependant continuer à s'accroître. Dans ce cas, le
disque embryonnaire ne se sépare pas de l'aire vasculaire dans laquelle se
produit, comme d'ordinaire, un réseau de vaisseaux capillaires qui se
remplissentdesang et de globules rouges. Si des unions vasculairesavec un
frère jumeau permettaient à de pareils embryons de continuer à se déve-
lopper, on verr.iit apparaître le type des Anides, simjiles masses de tissu
cellulaire, revêtues d'une peau complètement formée, et dans l'intérieur
desquelles on rencontre un certain nombre de vaisseaux sanguins.
» Lorsque l'embryon a pris une forme allongée, la gouttière primitive
se produit sur son grand axe, apparaissant d'abord à la partie postérieure
et ensuite à la partie antérieure. Si l'embryon s'arrête dans le premier état,
on aura un monstre peracépliale et, dans le second, un monstre acéphale.
Ces deux types caractérisés, le premier par l'absence des régions thora-
cique et céphalique, le second par l'absence de la région céphalique seule,
se compléteront par la formation et le reploiement des lames viscérales et
par l'apparition des membres.
» Mais il peut arriver aussi que la gouttière primitive et, par suite, le
canal vertébral ne se forment pas. Le disque embryonnaire pourra néan-
moins se compléter par le reploiement des lames verticales et la forma-
tion des membres. On voit alors se produire les Mylacéphales qui parais-
sent réduits à un ou deux membres postérieurs. L'absence de la gouttière
vertébrale peut d'ailleurs se rencontrer dans des types d'une organisation
plus complète, comme les Peracépbales et les Acéphales, et même dans les
Hémiacéphales qui présentent une tête rudimentaire.
» On voit également, dans certains cas, que cet arrêt de développement
du disque embryonnaire, dans lequel la gouttière primitive ne s'est point
formée, n'empêche pas la formation de la tête à son extrémité. J'ai ren-
contré i)lusieurs fois de pareils embryons de poule qui paraissaient entiè-
rement réduits à une tète rudimentaire, portant toujours au-dessous d'elle
un cœur très-imparfait. Ces embryons, malgré la présence d'un organe
niotetn- pour la circulation, sont cependant condamnés à une mort pro-
chaine, lorsqu'ils se développent isolément, évidemment par l'impossibilité
( 0^7 )
de la formation de l'allantoïde et de l'établissement de la respiration allan-
toidienne.
« Ailleurs le disque embryonnaire se complète par la formation et le
reploiement des lames ventrales et produit une tète à son extrémité anté-
rieure, mais ne présente ni gouttière vertébrale ni membres. Ainsi se con-
stitue le type des Hétéroïdes, décrit par Pictet, et que j'ai eu moi-même
occasion d'étudier. La tète présente alors, dans ses pièces osseuses, l'indi-
cation de la Cyclopie, qui est elle-même le résultat d'un arrêt de dévelop-
pement.
» Cette absence de la gouttière primitive, qui n'empêche pas le dévelop-
pement de la tête et des membres, est un fait d'autant plus digne de re-
marque, que la formation du canal vertébral est le preuiier fait qui mani-
feste dans l'embryon l'apparition du type de l'animal vertébré. Il est fort
curieux de voir des organisations, souvent très-complexes, échapper ainsi
complètement à la condition la plus caractéristique de l'embranchement
auquel elles appartiennent par leiu' origine.
» Enfin tous les développements peuvent se faire suivant leur succession
normale, sauf celui de la têle, qui tantôt manque complètement, et tantôt
reste dans un état rudimenlaire ou du moins très-incomplet : c'est le cas
des monstres acéphaliens et paracéphaliens.
» Il est donc possible, eu partant de cette notion du défaut de solida-
rité des diverses parties de l'organisme, lorsqu'elles sont encore constituées
par des blastèmes homogènes, d'expliquer toutes les organisations, si bi-
zarres en apparence, que présentent les monstres omphalosites, lorsque le
cœur d'un frère jumeau a pu faire circuler le sang oxygéné dans leur appa-
reil vasculaire.
» Tous ces faits sont très-intéressants par eux-mêmes; ils deviennent
plus intéressants encore parce qu'ils expliquent ce qui se passe dans la for-
mation d'un grand nombre de monstres doubles, de ceux que Is. -Geoffroy
Saint-Hilaire appelait des monstres doubles parasitaires, et qui résultent
de la soudure d'un sujet complet avec un sujet plus ou moins incomplet.
Ces sujets, plus ou moins incomplets, présentent presque tous les types des
monstres omphalosites; et cela s'explique très-facilement : lorsque deux
embryons se développent sur un même blastoderme, il arrive très-fréquem-
ment que leur développement est inégal, et que l'un d'eux est frappé de
l'un quelconque de ces arrêts de développement que je viens de décrire.
Si les deux frères jumeaux se développent isolément, n'ayant qu'une union
médiate par le vitellus ou la vésicule ombilicale, on aura un sujet bien con-
I20.,
( 928 )
formé et un monstre omphalosite. Si les deux frères jumeaux viennent à
se souder, ou aura un monstre double parasitaire. Tout dépend, dans
l'un et l'autre cas, de la position plus ou moins rapprochée des deux em-
bryons sur le même blastoderme. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Nouveau procédé de condensation des matières liqué-
fiables tenues en suspension dans les gaz. Réponse à M. Colladon. Noie de
MM. E. Pelouze et P. Audoui.v, présentée par M. Peligot. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Peligot, Jamin, Rolland.)
« Nous avons eu l'honneur de présenter dernièrement à l'Académie un
Mémoire sur un Nouveau procédé de condensation des matières liquéfiables
tenues en suspension dans les cjaz, procédé adopté depuis quelques mois dans
plusieurs usines à gaz, où il fonctionne avec un plein succès.
» M. Colladon, de Genève, s'appuyant sur un brevet pris par lui en
1857, sous le titre de Nouvel appareil senant à laver et à saturer le gaz, ré-
clame aujourd'hui la priorité de cette invention. Le titre seul de son brevet,
opposé à celui de notre Mémoire, suffirait à démontrer que nous nous
sommes proposé un tout autre but.
)) Ce qui, en effet, constitue la nouveauté de notre moyen de conden-
sation, c'est l'idée d'obtenir cette condensation à sec, par le simple choc des
matières liquéfiables très-divisées, sans l'intervention de l'eau ou de solu-
tions liquides quelconques et sans surfaces de refroidissement.
)) Rien de semblable dans la description du brevet de M. Colladon, ni
dans la Note présentée par lui à l'Académie des Sciences, dans sa séance du
i3 octobre dernier; il est constamment question d'un laveur mécanique
pouvant servir au besoin à la carburation des gaz; aussi les deux appareils
présentent-ils une différence absolue, ainsi que le constatent les plans et
dessins qui accompagnent les brevets de M. Colladon.
» Les explications données par M. Colladon s'appliquent aux phéno-
mènes tels qu'ils se produisent dans les appareils laveurs employés de-
puis longtemps; l'auteur n'a fait que retourner les termes du problème
en ce qui concerne l'opération désignée sous le nom de lavage du gaz :
au lieu de maintenir humides, par un écoulement d'eau, les surfaces so-
lides au contact desquelles le gaz doit se laver comme dans les colonnes
à coke, scrubbers, etc., il immobilise le liquide en le plaçant dans des
cuves, et il met en mouvement les surfaces solides représentées dans son
appareil par des peignes ou par des plaques à ouvertures contrariées, assu-
( 929 )
rant l'efficacité d'action qui résulte d'un renouvellement continu du liquide
laveur par l'iinmersion de ces surfaces solides dans les cuves, et cela à l'aide
d'un mouvement continu ou alternatif.
» Rien n'indique que M. Colladon ait entrevu la possibilité de condenser
les matières liquéfiables tenues en suspension dans le gaz sans l'intervention
de liquides ou de surfaces refroidissantes. Son appareil est un laveur ou un
carburateur, selon la nature du liquide dans lequel il le fait plonger; il n'a
aucune analogie avec notre condensateur, établi sur de tout autres prin-
cipes. Tel est, du reste, l'avis unanime d'un grand nombre d'ingénieurs que
nous avons consultés sur cette question. »
VITICULTURE. — Le Phylloxéra n'est pas la cause, mais une conséquence
de la maladie de la vigne. Extrait d'une Lettre de M. Guérin-Méneville
à M. le Secrétaire perpétuel.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans la séance du lundi 20 courant, vous avez présenté une Note de
M. H. Mares, qui vient confirmer les conclusions que j'ai présentées, dès
l'origine de la maladie des vignes, relativement au rôle que joue le Phyl-
loxéra dans cette épiphytie.
» Pendant mes tournées séricicoles, j'ai pu m'assurtr que c'est un état
pathologique de la vigne qui a favorisé l'énorme multiplication du Phyl-
loxéra, l'un des parasites naturels de cette plante.
» Jusqu'ici cet insecte était demeuré presque inaperçu, à cause de sa
petitesse, de sa vie cachée et de son insignifiance comme espèce zoologique,
ce qui n'avait pas engagé à le rechercher et à le distinguer parmi les in-
nombrables espèces du groupe de parasites auquel il appartient.
» Dans les nombreux articles publiés ."1 ce sujet, j'en ai remarqué beau-
coup qui confirment la théorie que je soutiens, à savoir, que ce parasite
n'est pas In cause, mais une conséquence de la maladie des vignes. En effet,
M. H. Mares et beaucoup de ces observateurs montrent que, parmi les
innombrables remèdes que l'on propose, ceux qui contiennent quelques
substances jouant le rôle d'engrais ou de sliniulant, ont seuls donné quel-
ques résultats favorables. »
( 93o )
VITICULTURE. — Note sur les renflements produits par le Phylloxéra sur les
radicelles de la vigne; par M, Max. Cornu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Ce qui rend le Phylloxéra redoutable, c'est que non-seulement il vit
aux dépens des organes souterrains de la vigne, mais qu'il en détruit les
radicelles, spécialement chargées de nourrir la plante. J'ai, l'année der-
nière, insisté déjà sur ce fait, que ce n'est pas l'absorption par le parasite
d'une certaine quantité de sève ou de plasma qui fait mourir la plante,
mais bien la destruction des racines.
» Quand on déchausse un cep dans luie région envahie depuis plusieiu'S
années par le Phylloxéra, on est frappé, au premier coup d'œil, de l'ab-
sence de chevelu; les racines grêles sont très-rares, les racines plus gi-osses
se terminent souvent brusquement, leur extrémité est carrée, leur tissu in-
terne prend souvent une teinte rouge; l'écorce offre un aspect particulier,
elle a une surface bosselée et crevassée, qui dénote un état évident de dé-
périssement du végétal. Moins faciles à noter que les autres, ces caractères
sont pourtant bien reconnaissables; mais ce qui est saisissant sur le |)ied
souffrant depuis longtemps par l'action du parasite, c'est la rareté des
petites racines et l'absence presque complète de chevelu.
» Sur des pieds attaqués depuis peu de temps, le chevelu s'est singuliè-
rement modifié, ainsi que M. Planchon l'a reconnu le premier; c'est le
symptôme le plus net et le plus évident : les radicelles, au lieu d'être cy-
lindriques et grêles, se sont diversement renflées et ont pris un aspect
très-anomal, qui frappe toujoius les cultivateurs habitués à observer les
plantes saines; la couleur, différente de celle des radicelles en bonne santé,
attire l'oeil; elle est en général voisine du jaune vif ou du jaune d'or, mais
peut notablement varier. Dans les terrains très-fertiles et très-frais, on en
rencontre encore quelquefois, même pendant plusieurs années, tandis que,
dans les terrains secs ou peu fertiles, elles manquent au bout de peu de
temps, la production de radicelles nouvelles n'ayant pas lieu avec facilité.
» Ces renflements ou nodosités ont des formes très-diverses, et nous
essayerons ultérieurement de nous rendre compte de cette variété et d'ex-
pliquer d'où elle provient. Ils ont tantôt l'apparence d'un crochet renflé
dans la portion courbée; on les comparerait volontiers à un bec de héron.
Le Phylloxéra occu|)e la partie interne de la courbure. Cette forme est de
beaucoup la plus counnune ; le renflement n'est que peu développé en gé-
néral, et il résulte le plus souvent de l'action d'un Phylloxéra unique ; tan-
( 9^1 )
tôt, an coniraire, la radicelle est démesurément accrue, couverle de bosse-
lures et creusée d'un grand nombre de cavités séparées et distinctes, ou, au
contraire, confluentes. Ces dépressions impriment à la formation tout
entière des torsions Irès-diverses qui donnent des formes très-nombreuses
et très-différentes.
» La couleur est aussi variable que la forme : opaline dans certains cas,
elle est quelquefois très-brune et subéreuse comme celle des racines
adultes; d'autres fois elle est plus claire, et l'on distingue à la loupe de
petites plaques brunes assez régulièrement espacées, se détachant sur un
fond blaiicliâtre ou jaunâtre; la teinte ordinaire et fondamentale est d'un
jaune vif ou d'un jaune d'or; mais cette couleur ne dure pas longtemps dans
la nature; les renflements qui la présentent ne tardent pas à la perdre et
à tourner au brun ; ceux qui frappent le regard sont relativement jeunes
et beaucoup plus récents que ceux qui, peu visibles, ont pris la teinte
brune.
» La variété des formes et des couleurs est extrême (i).
» A une certaine époque de l'année, en général vers la fin de l'été, les
renflements prennent une teinte brune, deviennent flasques, pourrissent
ou plutôt se flétrissent. L'absorption qui n'a lieu qu'à la faveur du tissu
jeune et toujours renouvelé des radicelles ne peut plus avoir lieu; la sup-
pression des radicelles entraîne le dépérissement et la mort de la vigne. Je
n'avais pu observer l'an dernier, à cause de la saison avancée, que les ren-
flements produits non sur les radicelles, mais sur les racines d'un petit
diamètre. J'ai repris cette année l'étude de l'altération des radicelles avec
des matériaux meilleurs; à partir d'une certaine époque, les renflements
disparaissent ou sont très-rares; l'été est la saison la plus favorable pour
les observer.
» Ces renflements des radicelles, destinés à périr bientôt, sont la cause
du mal produit par le Phylloxéra. On prétend encore, de temps en temps,
qu'ils sont le résultat d'une végétation normale et qu'ils se rencontrent
aussi sur des vignes où l'on ne peut découvrir aucun insecte. Cette opinion
est parfois soutenue, dans le département de la Gironde notamment, et les
conséquences en sont désastreuses.
» On voit, en effet, de malheureux paysans, ruinés par cette maladie
(i) Je joins à cftte Note trois planches coloriées représentant, l'une une racine de IMalbec
(cépage du Bordelais), chargée de nodosités, et les deux autres des exemples de divers ren-
flements.
( 9^2)
qu'ils attribuent à des causes vagues et indéterminées, s'acharner, malgré
un insuccès constant, à replanter des vignes sur des points contagioniiés
depuis plusieurs années. N'est-il pas douloureux de les voir retourner le
sol, y enfouir des engrais inutiles, faire successivement les nombreuses et
pénibles façons que réclame la culture de la vigne, lorsqu'on sait que dans
cette terre profonde et fertile de la palud de Bordeaux les sarments plantés
resteront toujours grêles et cliétifs et même mourront le plus souvent?
» Ne devrait-on pas, au lieu de les encourager, dire à ces pauvres gens
qu'ils dépensent en pure perte leur argent, leur temps, leur travail, et que
leur terre infectée demeurera improductive malgré le labeur de toute une
année? Et cependant, fermant les yeux à l'évidence, par esprit de système,
par légèreté ou par insouciance, on soutient encore que le Phylloxéra
n'est pas la cause de la maladie des vignes.
» Quelle lourde responsabilité pour ceux qui, influents dans leur pays,
à quelque titre que ce soit, soutiennent et propagent une opinion pareille!
» Ceux qui ne croient pas à l'influence du Phylloxéra comme cause dé-
terminante de la maladie devraient faire l'expérience suivante, qui réussit
aisément et qui est concluante. Dans deux vases de même capacité et rem-
plis de la même terre, on plante deux portions d'une même branche de
vigne souffrant ou non de la maladie. Ces boutures, cultivées avec soin,
développent pendant l'été des racines nombreuses, et l'on peut s'assurer,
par l'observation directe, qu'elles ne présentent aucun renflement. Si le ra-
meau auquel elles ont été empruntées appartenait à une vigne malade, cela
prouve que les renflements ne sont pas dus à une altération intime et pour
ainsi dire constitutionnelle, à une dégénérescence, à une modification de
la sève du cep, puisque les boutures qui en proviennent ne présentent pas
cette altération.
» Si maintenant sur les racines de l'une d'elles on transporte un certain
nombre de Phylloxcr.is, et il suffit pour cela de les mettre en contact avec
des plaques d'écorces chargées d'insectes, prises sur des vignes malades, on
voit au bout de peu de jours les renflements se produire en grand nombre.
L'autre bouture, qui n"a pas reçu de Phylloxéras, qu on a protégée contre
^envahi^sement possible de l'insecte, sert de témoin; elle permet de com-
parer, dans des conditions identiques d'ailleurs, sauf la présence de l'in-
secte, le développement resté normal des racines saines à l'altération des
racines malades.
M On .Trrive ainsi à démontrer sans réplique, ce qui peut être fait d'ail-
leurs de bien d'autres façons, que les renflements ne sont pas la consé-
( 933 )
qiience d'une dégénérescence du cep on de tonte autre cause, mais qu'ils
sont uniquement déterminés par la présence de l'insecte.
)) 11 fiiut se garder de confondre avec l'altération précédente certaines
racines adventives grosses et jaunes surtout à leur extrémité, et qui sont le
résultat d'une végétation luxuriante; on les observe fréquemment dans les
terres fertiles, sur les boutures cultivées en pots, à la chaleur dans un sol
riche; les jeunes plants enracinés en offrent aussi des exemples. La confu-
sion n'est possible que pour ceux qui n'ont pas vu de renflements des radi-
celles ou qui n'ont pas remarqué ces sortes de racines; il n'y a entre les
deux formations qu'une grossière analogie.
» Les radicelles portent quelquefois plusieurs renflements en divers
points de leur hauteiu- et des radicelles adventives munies elles-mêmes de
renflements. On peut se demander si ces formations sont tontes contempo-
raines? Si elles ont été produites successivement, par quelle série d'états a
passé le renflement que l'on voit hérissé de bosselures et creusé d'excava-
tions nombreuses? Les renflements des racines étaient-ils antérieurs au ren-
flement de la radicelle même? Les renflements peuvent-ils, au contraire,
émettre des radicelles saines et concourir dans une certaine mesure à la
nutrition du végétal? En d'autres termes, et ceci a son importance pra-
tique au point de vue d'essais qui seraient tentés dans ce sens, un traite-
ment qui anéantirait les nodosités ainsi que les insectes nombreux destinés
à devenir souvent ailés qu'elles nourrissent, serait-il nuisible ou utile à la
vigne?
w Enfin quelle est l'évolution de ces formations singulières, la série des
formes qu'elles prennent, des changements qu'elles subissent depuis l'in-
stant où la radicelle est encore saine jusqu'au moment de la décomposition
du renflement; quelle est la durée du développement complet, au bout de
combien de temps se montre-t-il?
» On peut encore se poser une série de questions relatives aux mœurs et
aux transformations de l'insecte. Comment se comporte le Phylloxéra à
la surface des racines? Sont-ce les jeunes ou les individus âgés qui produisent
les renflements? Le parasite choisit-il un endroit particulier ou se fixe-t-il
en un point quelconque? Combien de temps demeure-t-il à la même place?
Change-t-il souvent de lieu? Dans quelles circonstances émigre-t-il? Ces
diversesquestions, qui, pour la plupart, n'ont été ni résolues ni même posées,
seront étudiées dans une Communication idtérieure.
)) Puisque les renflements sont la cause du dépérissement des vignes,
l'étude de ces formations constitue l'un des chapitres les plus importants
C.R., 1873, Q«Scmes(r?.(T.LXXVU, N" 17.) ^ '^' '
( 9'^'1 )
de l'histoire de la maladie nouvelle. Suivant les vœux delà Commission,
je m'y suis spécialement attaché. Pour arriver à les connaître, j'ai dû
suivre, pas à pas, leur développement. Pour parvenir à ce but, je n'ai pas
voulu prendre des types épars et les réunir par des intermédiaires : cette
méthode, souvent applicable, ne l'était pas ici, avec rigueur du mouis, et
l'incertitude eût été trop grande. Je n'entrevoyais pas du reste, au début
de ces recherches, la marche que devaient suivre ces formations si diverses
en apparence. Ceux qui les connaissent ne me contrediront pas, on n'a
encore à ce sujet aucune donnée certaine.
i> Dans le but d'obtenir ces données indispensables, j'ai observé pendant
plusieurs semaines les mêmes racines de deux en deux jours. Un dessin
complet et colorié, une description détaillée en était faite chaque fois; elles
avaient été choisies de façon à présenter chacune un cas particulier. Les
insectes présents à leiu* surface étaient examinés, leurs mues notées, leurs
dépouilles recueillies dans la limite du possible, leur départ ou leur chan-
gement de place minutieusement inscrit. J'ai enregistré, jour par jour, tous
ces détails.
j) J'ose espérer que, malgré ses inévitables lacunes, ce travail sera reçu
avec indulgence par tous ceux qui s'intéressent à la question si importante
de la maladie des vignes. »
VITICULTURE. — Résultats d' expériences faites, à Hjères, sur la destruction
du Phylloxéra par le sulfure de carbone. Extrait d'une Lettre de
M. G.'Bazille.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M L'Académie veut bien s'intéresser à la lutte que nous poursuivons
dans le Midi contre le Phylloxéra, et tous les viticulteurs lui sont recon-
naissants des efforts qu'elle fait pour nous venir en aide. M. le Secrétaire
perpétuel a bien voulu l'entretenir des essais tentés avec le sulfure de car-
bone, près de Montpellier; ces essais ont donné des résultats contestables :
on a été plus heureux ailleurs. J'ai pensé qu'elle lirait avec intérêt les do-
cuments qui m'ont été adressés de Toulon, et que je prends la liberté
de lui adresser.
» Nous sonnnes malheureusement, à la submersion près, si peu riches
en moyens efficaces pour nous défendre contre le Phylloxéra, que nous
ne devons pas négliger les procédés qui présentent quelques chances de
succès.
(9^5)
Extrait du Bulletin de la Société d 'Horticulture et d'Acclimatation du Var.
'. M. Marius Bainéoud, vice-président de la Société, a la parole pour rendre compte des
expériences qu'il a instituées à Hyères, en collaboration de M. Hippolyte Dellort, sur la
destruction du Phylloxéra.
• La lecture du rapport de M. Gaston Bazille, sur le traitement par le sulfure de carbone,
lui avait inspiré de sérieux scrupules; employer de i5o à 4"° grammes de cette substance
toxique, lui paraissait une pratique dangereuse et capable de justifier la plaisanterie qui a
cours, a savoir, que le sulfure de carbone tue à la fois l'insecte et la vigne. Il résolut donc
de vérifier quelle dose de ce puissant insecticide serait applicable pour détruire le parasite,
sans danger pour son support.
» C'est sur un vignoble de 5 hectares, appartenant à M. Pons, à Hyères, que M. Barnéoud
a procédé, avec le concours de M. Dellort. Ces Messieurs se servent, pour pratiquer les
trous, qu'ils font |)énétrer un peu au-dessous de la profondeur corres|>ondant au talon des
racines, d'un pal en fer, enfoncé avec une masse, auquel ils substituent un tube en verre
de I mètre de hauteur, surmonté d'un petit godet, dans lequel ils versent, au moyen d'une
éprouvette graduée, la quantité voulue de sulfure de carbone.
» Ce liquide est dangereux à manier, si on a l'imprudence de le verser en présence d'un
corps en combustion; il ne faut même pas fumer dans le voisinage des travailleurs, car il
commence à se volatiliser de 12 à i5 degrés, et il bout à ùfi degrés. Mais, hors de la pré-
sence du feu, il est aussi facile à employer que de l'eau. Dès que la dose est versée dans le
tube, on retire celui-ci et l'on obture le trou d'un coup de cheville, sinon le sulfure de
carbone se volatiliserait inutilement par l'orifice, et il faut l'obliger à répandre ses vapeurs
dans l'intérieur du sol. Voilà pourquoi il ne faut l'employer que pendant la saison chaude
et hors les temps de pluie et de la présence de l'eau, car il serait empêché de se volatiliser
et d'aller chercher l'ennemi à détruire, en se répandant au contact des racines jusques aux-
quelles il pénètre à l'état de vapeur.
)> MM. Barnéoud et Dellort ont vérifié qu'en versant dans les trous i5o grammes de sul-
fure de carbone, la vigne ainsi traitée est comme foudroyée; en vingt-quatre heures les
feuilles se dessèchent et se recoquillent, comme sous l'action d'une violente chaleur. A la
dose de loo grammes, les vignes ne sont pas mortes instantanément, mais elles ont souf-
fert, et leur végétation est devenue languissante.
» Les expérimentateurs de notre Société d'horticulture ont graduellement abaissé la dose
de 6o à 3o grammes, et, dans le terrain d'alluvion cù ils opéraient, ils ont reconnu que cette
dernière dose, de 3o grammes, était suffisante pour détruire le Phylloxéra sans nuire à la
vigne. Le succès du reste était incontestable et l'effet décisif, car les vignes de M. Pons étaient
tellement infestées de Phylloxéras, que les racines en semblaient dorées. Au bout de trois
jours après l'opération, on constatait que les parasites étaient morts et noirs, et après huit
jours, toute trace en avait disparu, leurs cadavres s'étant décomposés.
» Or, en procédant d'après la méthode languedocienne, trois trous autour de chaque
vigne, et a o"',5o du cep, la dose de 3o grammes, répartie entre les trois trous, a été de
10 grammes par trou. MM. Barnéoud et Delfort avouent, du reste, que cette dose, ils ne
la prétendent pas invariable et qu'elle doit changer suivant la nature du terrain : s'il est
compacte, argileux, c'est-à-dire peu perméable, ils estiment que la dose doit être dou-
121..
( 936 )
blée, mais ils ne croient pas qu'il faille dépasser 60 grammes, soit 20 grammes par trou.
x> M. Barnéoud ajoute que les vignobles plantés en quinconce et sans cultures interca-
laires, paraissent plus disposés à subir les ravages du Phylloxéra. Sur le vignoble de M. Pons,
disposé en quinconce, les rangées de vignes étant espacées de 2 mètres, et les vignes
de chaque rangée étant à o'",75 l'une de l'autre, voici comment est appliqué le trai-
tement.
« Pour soumettre toute la terre à l'influence insecticide du sulfure de carbone, MM. Bar-
néoud et Dellort pratiquent, dans les intervalles des rangées, trois trous parallèles espacés
deo'",G5, de manière à comprendre toute la largeur de l'ouillière; ces trous se succèdent
eux-mêmes à la hauteur de chaque vigne, c'est-à-dire de o"', 75 en o'", 75. Ainsi, tout le ter-
rain est purgé du Phylloxéra par les vapeurs du sulfure de carbone qui s'y répandent ré-
gulièrement.
» Deux hommes, assistés d'un enfant qui bouche les trous, peuvent traiter par jour de
35o à 4oo souches. Le prix du sulfure de carbone, qui n'est commercialement que de
4o francs les 100 kilogrammes, a, par le fait de la demande qui s'en est faite, monté jusqu'à
120 francs; mais le commerce se mettra en mesure de satisfaire les besoins de l'agriculture,
et les prix s'équilibrant à 5o ou 60 francs les 100 kilogrammes, le prix de revient pour
chaque cep traité ne s'élèvera pas au-dessus de 0*^50*^.
» M. Ch. Simon dit qu'à Pourrières la dose de i5o grammes de sulfure de carbone a fou-
droyé les vignes traitées, et qu'à Saint-Nazaire M. le général Roze, notre collègue, n'a
réussi qu'en abaissant la dose évidemment excessive et dangereuse, préconisée par les
expérimentateurs languedociens. »
M. E. RoNDEPiERRE adresse une Note concernant l'efficacité que pourrait
avoir, contre le Phylloxéra, la décoction de feuilles de noyer.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Ch. Gros adresse une INote (c sur l'opportunité d'observer, au micro-
scope, les cellules nerveuses dans des lissus vivants attenant encore à l'animal,
ou dans des tissus frais traversés de courants galvaniques ».
(Commissaires : .MM. Milne Edwards, Cl. Bernard, Ch. Robin,)
M. A. Netter, m. Ch. Pellarin, M. J. de Zïcki adressent des Communi-
cations relatives au Choléra.
(Renvoi à la Commi.ssion du legs Bréant.)
(937)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un ouvrage de M. L. Pochet, intitulé « Nouvelle Mécanique
industrielle ».
Cet ouvrage, conformément au désir exprimé par l'auteur, sera soumis à
l'examen de la Commission chargée de juger le Concours du prix Dalmont.
ANALYSE SPECTRALE. — Aclion du coTidensnleur sw les courants d'induclwn[i)',
par M. Lecoq de Boisbaudran.
« Les physiciens admettent généralement, je pense, que les modifications
spectrales produites par l'introduction d'une bouteille de Leyde dans le
circuit induit sont la conséquence des variations de la température et non
d'une altération particulière dans la nature physique de la décharge. Je
prie néanmoins l'Académie de vouloir bien me permettre de présenter ici
quelques remarques à l'appui de cette opinion.
» I. On constate la supériorité thermique de l'étincelle condensée sur
l'étincelle ordinaire en comparant entre eux les spectres obtenus, dans des
conditions différentes, au moyen d'une même substance; car les raies su-
bissent une modification graduelle et de même sens par l'emploi successif :
1° du gaz d'éclairage; 2° de l'étincelle d'induction ordinaire tirée à la sur-
face d'une solution ; 3" de la même étincelle, tirée sur la substance solide ou
en fusion ignée; 4° enfin de l'étincelle condensée.
» Ainsi : 1° la raie orangée du lithium Li6io.2, à peine visible dans la
flamme du gaz, devient supérieure à la raie rouge Li 670.6 dans l'étincelle
ordinaire, tirée sur une solution lithique concentrée [Comptes rendus, 19 mai
1873, p. 1264), et se renforce encore relativement à la raie rouge quand
la même étincelle éclate sur le sel solide; 2° Avec une étincelle ordinaire et
une solution de chlorure d'étain, les raies Su 558. 9 et Su 556.1 sonl faibles
[Comptes rendus^ t6 octobre 1871); avec la même étincelle tirée sur le sel
d'étain solide, ces deux raies sont assez fortes; avec le condensateur, elles
sont très-brillantes.
» II. Les effets du condensateur étant dus à l'augmentation de la tempé-
rature, il y a passage graduel, depuis les spectres obtenus avec l'auréole de
(i) Foi r iiusii Comptes rendus, 16 octobre 1851, t. LXXIII, p. g43 et suiv.
(9^8 )
l'étincelle ordinaire, jusqu'à ceux qui résultent de l'emploi d'une puissante
jarre de I^cyde (i).
» III. L'action du condensateur ne paraît pas être la même sur les dif-
férents spectres; par exemple, les raies du plomb : Pb 560.7, ^^438. 6,
Pb42/!i.5, etc., sont déjà notablement renforcées, alors que les raies du se-
cond ordre de l'air ne possèdent encore qu'une intensité relativement mo-
dérée.
» IV. Les diverses raies d'un même spectre ne sont pas toujours égale-
ment affectéespar le condensateur ; ainsi : 1° les raies du plomb : PbSGo.y,
Pb438.6, Pb424-5, etc., sont notablement renforcées, tandis que les raies
Pb5oo.5, Pb4o5. 6, etc., sont peu ou point modifiées ; 2° les raies Sn558.9
et Sn 556.1 (déjà citées) sont très-renforcées, et la raie Sn 563.1 plus ou
moins affaiblie (2); 3° les faibles raies du cadmium : Cd 53^,9 et Cd 533.9
acquièrent un vif éclat, et la forte raie Cd 5o8.5 est un peu affaiblie.
» V. Les raies considérablement renforcées par le condensateur devien-
nent nébuleuses et d'une certaine grosseur. Pour un accroissement d'éclat
plus modéré (étincelle ordinaire tirée sur une substance solide), il arrive
souvent que les raies ne cessent pas d'être étroites. L'élargissement n'est
alors sensible qu'à la température extrêmement élevée d'une décharge fran-
chepient disruptive. Ainsi les raies Sn 558.9 et Sn 556.1 sont encore étroites
quand l'étincelle ordinaire est tirée sur le chlorure d'étain solide, mais le
condensateur les rend nébuleuses.
» VI. L'élargissement des raies étroites à haute température s'explique
par les perturbations que subissant les mouvements moléculaires quand les
forces appliquées sont trop considérables.
» Mais peut-on même concevoir l'existence de lumière rignttreusement
monochromatique? Je ne crois pas réalisable l'égalité complète des vibra-
tions productrices d'une raie, laquelle ne sain-ait dès lors être strictement
linéaire.
» VIL Les raies d'émission des corps solides ou liquides sont nébu-
( I ) Ceci ne veut pas dire que les spectres du premier ordre se transforment normalement
en spectres du second ordre (transformation que je crois cependant avoir observée quelque-
fois), mais que, par suite de l'augmentation graduelle de la température, le spectre du pre-
mier ordre s'affaiblit lentement, tandis que celui du second ordre se renforce peu à peu.
(2) J'ai en effet observé que la grande augmentation de températuic produite par le con-
densateur paraissait se traduire pour certaines raies, même du second ordre, par une dimi-
nution de leur éclat absolu qui passe ainsi par un maximum. Cela n'est pas d'ailleurs sans
analogie avec les phénomènes de l'acoustique.
( 1)39 )
leuses, exemple : erbine, phosphates et autres sels d'erbine [Comptes rendus,
28 avril 1873), sels de didyme. On s'accorde, je crois, pour r,e point attri-
buer dans ce cas la perturbation à l'exagération des forces appliquées, mais
au peu de liberté des molécules, lesquelles se gênent mutuellement dans
leurs mouvements.
» yiU. Il me paraît donc nécessaire de distinguer deux sortes de spectres
continus dérivant de ceux de second ordre, savoir : (rt) les spectres dont les raies
se sont élargies par accroissement de teaqiérature ; {b) ceux dont les raies
doivent leur élargissement au peu de liberté des molécules.
» Quant aux spectres continus provenant de la réunion des bandes
ombrées du premier ordre, il me semble qu'on ne devrait pas les confondre
avec les précédents (a) et [b), ce qui ferait peut-être disparaître le désac-
cord apparent qui existe entre les physiciens, dont les uns considèrent les
spectres continus comme produits par une température supérieure à celle
quifournit les raies étroites de second ordre, tandisque les autres admettent
avec Plûcker el Hittorf que les spectres coniinus se forment à des tempé-
ratures plus basses.
» Si, comme certains faits semblent l'établir, il y a quelquefois transfor-
mation graduelle des bandes ombrées d'un spectre de premier ordre en raies
étroites d'un spectre de second ordre, c'est par suite d'une augmentation de
température, comme cela résulte en particulier de l'étude du spectre du
chlorure de manganèse [Comptes rendus, 6 décembre 1869).
» IX. Les étincelles des diverses bobuies d'induction présentent des
différences spectrales dues à l'inégalité des températures développées. Ainsi,
certaines petites bobines (Gaiffe, modèle de 20 francs) donnent naturellement,
avec les solutions salines, des spectres analogues à ceux qu'on n'obtient,
au moyen des grosses bobines (Ruhmkorff, modèle de 3o centimètres), qu'en
ajoutant un condensateur ou en tirant l'étincelle sur des substances solides.
» J'avais estimé (contrairement à l'opinion de quelques persomies) que,
pour obtenir avec les petites bobines des effets spectraux s'éloignant moins
de ceux des grandes bobines, il fallait augmenter la longueur et la résistance
du circuit induit. Je dois à l'obligeance de M. Gaiffe d'avoir pu comparer
deux de ses bobines de moyenne grandeur (iç) centimètres), spécialement
construites pour mes essais, l'une avec un gros fil induit, l'autre avec un
fil quatre fois plus long et de section sept fois plus faible. Les effets spec-
traux de la bobine à long fil se sont rapprochés de ceux de mon appareil
Ruhmkorff, tandis que la bobine à gros fd a donné des résultats analogues à
ceux de la petite bobine.
( 94o )
» Cette expérience et les remarques ci-dessns me paraissent autoriser à
dire que, au point de vue spectral, le condensateur se borne à raccourcir
la distance intcrpolaire à laquelle peut se produire la décharge disruptive
ou trait de feu. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur ta purification du gaz hydrogène.
Note de M. Cii. Vioilette. (Extrait.)
« Dans son travail classique sur la composition de l'eau [Annales de
Chimie et de Phy&iijue., "i^ série, t. VIII, p. 189; i845), M. Dumas ne cite,
parmi les impuretés qui accompagnent le gaz hydrogène obtenu par l'ac-
tion de l'acide sulfurique pur sur le zinc du commerce, que l'hydrogène
arsénié et l'hydrogène sulfuré, et cependant on trouve, dans la plupart des
Traités de Cliimie publiés depuis cette époque, que l'hydrogène carboné
accompagne constamment l'hydrogène préparé dans les circonstances que
nous venons d'indiquer.
» Cette question de la présence ou de l'absence des hydrogènes car-
bonés dans le gaz hydrogène me parut acquérir une importance capitale à
la suite de la Communication de M. Frankland sur le pouvoir éclairant de la
flamme de l'hydrogène brûlant sous pression dans le gaz oxygène [Comptes
rendus, t. LXVII, p. nZ& et 1089; 1868), car rien n'indiquait, dans la Com-
munication faite à l'Académie, que M. Frankland s'était servi pour ses expé-
riences de gaz hydrogène absolument pur. N'était-on pas autorisé à penser
que l'éclat de la flamme de l'hydrogène pouvait être attribué à la présence
d'une faible quantité de carbone qui, sans effet, lorsque le gaz brûle sous
la pression ordinaire, exercerait une action d'autant plus sensible que la
pression serait plus considérable? D'autre part, les réactifs conseillés par
M. Dumas pour la purification du gaz hydrogène, tels que le nitrate de
plomb, le sulfate d'argent, la potasse, l'acide sulfurique concentré, se-
raient-ils capables d'absorber tous les hydrogènes carbonés, et notamment,
s'il s'en produit, le gaz des marais ou ses analogues, que les chimistes dé-
signent actuellement sous le nom de carbures saturés? Ces considérations
m'avaient déterminé, avant de chercher à répéter les expériences de
M. Frankland, à examiner si l'hydrogène préparé par le zinc contient oui
ou non des composés hydrogénés du carbone, et c'est le résultat de ce
travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie.
» L'hydrogène, préparé comme le conseille M. Dumas, venait se purifier
en passant dans une série de tubes de i mètre de longueur, contenant des
(94> )
colonnes de nitrate de plomb, sulfate d'argent, potasse caustique, pierre
ponce imprégnée d'acide sulfuriqne concentré, et passait ensuite dans un
tube à boules contenant une solution limpide de baryte (servant de témoin),
puis dans un tube contenant de l'acide .sulfuriqne concentré. L'hydrogène
ainsi purifié se rendait dans un tube à combustion aussi long que possible
(80 centimètres environ), contenant de l'oxyde de cuivre maintenu au rouge.
L'eau formée se condensait dans un tube en U et les gaz passaient ensuite
dans un tube de Liebig contenant de l'eau de baryte limpide, séparée de
l'atmosphère par un tube plongeur.
» Lorsque le tidie à combuslion était porté au rouge, on y faisait passer
de l'air privé d'acide carbonique, avant d'adapter le second tube de Liebig,
afin de brûler les poussières qui auraient pu rester dans le tube ou se trou-
ver mélangées à l'oxyde de cuivre pendant le remplissage du tube, et l'on
ne faisait passer l'hydrogène sur l'oxyde de enivre que lorsque le gaz ne
troublait plus l'eau de baryte. Alors, on adaptait le tube de Liebig, et l'on
faisait passer lentement l'hydrogène, en prolongeant l'expérience de façon
à n'obtenir jamais moins de l\o à 5o grammes d'eau comme produit de la
combustion.
» Je constatai, dans mes premières expériences, que l'eau de baryte se
troublait dans le second tube de Liebig, et que l'eau provenant de la com-
bustion présentait une réaction fortement acide, due à une substance qui
précipitait les sels de baryte.
» Soupçonnant quelque influence étrangère, je répétai une expérience
de combustion eu me servant de gaz hydrogène provenant de l'électrolyse
de l'eau distillée, privée d'acide carbonique et de matières organiques, et je
trouvai que les résultats étaient sensiblement les mêmes. Ne pouvant ad-
mettre dans ces circonstances que le trouble observé fût dû à la présence
de l'acide carbonique, je dirigeai mes efforts vers la recherche de cette
cause perturbatrice, que je finis par découvrir. Je constatai que l'acidité de
l'eau était due à des composés oxygénés du sélénium, provenant de la pré-
sence de cet élément dans le cuivre du commerce qui m'avait servi à la
préparation de l'oxyde employé pour la combustion. Ce fait devint l'objet
d'une Communication faite à l'Académie dans sa séance du 4 avril 1870
{Comptes rendus, t. LXX, p. 729).
» Une fois en possession de ce résultat, je répétai mes expériences en
me servant, pour la combustion du gaz hydrogène, d'oxyde de cuivre
privé de sélénium par oxydation dans un courant d'air prolongé et réduc-
tions successives (opération fort longue), et je constatai alors que, après avoir
C. R., 1873, 2* Semestre. (T. LXXVII, N» 17.) ' 22
( 94^ )
obtenu 35 grammes d'eau, l'eau de baryte du tube avait conservé toute
sa limpidité.
» La même expérience fut répétée en supprimant les deux tubes conte-
nant de la ponce sulfurique, et le résultat lut encore le même.
B On peut donc conclure de ces expériences qu'il n'y a pas de carbone
gazeux accompagnant l'hydrogène préparé et purifié comme l'a indiqué
M. Dumas, et que, par suite, l'éclat de la flamme de l'Iiydrogène pur brij-
lant sous pression, ne saurait être attribr ■• à la présence de petites quantités
de carbone.
» 11 n'en est plus de même S' emplace, dans la préparation de
l'hydrogène, le zinc par le fer c .onte; dans ce cas, même avec un cou-
rant de gaz Irés-leut, on obse j que l'eau de baryte se trouble fortement,
dès qu'on a obtenu quelqr grammes d'eau de combustion. Il se pro-
duit donc, dans l'action de l'acide sulfurique sur le fer ou le zinc, des
carbures d'hydrogène qui ne peuvent être absorbés par les réactifs ordi-
naires employés pour la purification du gaz hydrogène.
» En présence de ces résultats, on est conduit à se demander comment
il se fait que la plupart des Traités de Chimie mentionnent la présence des
hydrogènes carbonés parmi les impuretés du gaz hydrogène, et quels
sont les faits qui ont pu donner naissance à cette opinion. C'est là une
question difficile à résoudre. Peut-être cette opinion a-t-elle pris naissance
à la suite du travail de Erdmanii et Marchand sur le poids atomique de
l'hydrogène [Annales de Chimie et de Phjsique, 3^ série, t. VIII, p. soy). Ces
savants, en ré[)étant les expériences de M. Dinnas sur la composition de
l'eau, disent que « le zinc employé (p. 209) pour le dégagement de l'hy-
)) drogène ne renfermait pas la moindre trace d'arsenic on de soufre, mais
» seulement un peu de plomb et d'étaiu et quelques traces de fer et de
» cliarbon. » Est-ce la présence du charbon admise par ces savants, dans
les résidus de la préparation de l'hydrogène, qui a été l'origine de l'opinion
que nous venons d'indiquer? A-t-on raisonné par analogie avec ce qui se
passe avec le fer ou la fonte? Ce sont là, je le répète, des questions qu'il
m'est impossible de résoudre.
» D'ailleurs, le cliarbon existe-t-il réellement dans le zinc, comme l'ont
admis Erdmann et Marchand? Il est bien permis d'en douter lorsqu'on
songe au mode d'extraction de ce métal volatil. Je m'occupe en ce moment
(le la solution de celte question, dont je me ])ropose d'entretenir l'Acadé-
mie, lorsque j'aurai pu me mettre à l'abri de toutes les causes d'erreur que
j'ai rencontrées jusqu'ici. »
{ 943 )
GÉOLOGIE. — Les champs diamanlifères du Cap. Note de M. Desdemaine-
HuGON, présentf'e par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
Il Les champs diamantifères du Cap sont situés sur la limite de la colonie
du cap de Bonne-Espérance et des Etats libres du fleuve Orange, à envi-
ron I200 kilomètres de la ville du Cap, par 29 degrés de latitude sud et
23 degrés de longitude est; ils sont à une altitude d'environ 2000 mètres.
On les divise en deux catégories : les mines de rivières et les mines sèches.
Dans les premières, les diamants se trouvent sur les bords et dans le lit des
rivières, au milieu de pierres d'une grande variété : calcédoines, agates,
olivines, grenats, arragonites, etc. Aux mines sèches, ils gisent parmi les
ilménites, grenats, feldspaths décomposés, granités, tufs, schistes pyriteux,
arragonites.
» Les mines sèches sont situées au milieu de plaines unies, planes,
presque entièrement nues. La surface du sol est formée par une terre
argileuse rouge, dont l'épaisseur varie de 3o centimètres à 3 mètres
environ.
» Les diamants ne se trouvent en abondance que dans quelques bassins
distincts. A chacun de ces bassins correspond une petite élévation de ter-
rain à peine sensible, mais suffisante pour les faire reconnaître à distance.
Les mines sèches sont au nombre de quatre, distribuées dans un rayon
d'environ 5 kilomètres : Bull-Fontein, du Toit's Pan, Old de Beer's, de
Beer's New Push. Cette dernière, dans laquelle l'auteur a travaillé durant
six mois, est un vaste bassin, long de 900 pieds anglais, large de 63o,
ayant à peu près la forme d'une poire dont la partie rétrécie est allongée
vers l'ouest-nord-ouest. L'enceinte est formée par une ceinture de schistes
altérés, dont les lames, variant d'épaisseur, se désagrègent rapidement au
contact de l'air. La paroi du bassin descend en pente irrégulière vers le
fond; les couches de schiste qui le limitent sont de toutes parts inclinées
du dedans vers le dehors. Les terres qui le remplissent (sables gris et verts,
tufs, glaises, graviers, coraux) sont déposées en couches distinctes, suivant
les ondulations les unes des autres. A environ 85 pieds de profondeur, on
a rencontré un lit de cailloux roulés. En deux ou trois endroits du bassin
s'élèvent dans l'intérieur du dépôt des récifs de calcaire arrivant jusqu'à
la surface du sol. Au milieu des terres de remplissage se montrent, çà et là,
des roches isolées de dimensions variables, ayant jusqu'à 8 et 10 pieds de
diamètre, distribuées très-irrégulièrement ; on y rencontre aussi parfois des
fragments de bois sUicifié. Dans une petite couche observée à 20 pieds de
122..
(944)
profondeur, on a trouvé une écaille d'huître, un œuf d'autruche, un grain
de collier en verre bleu et des os d'antilope.
» Les diamants commencent à se rencontrer presqu'à la surface du soi.
A toutes les profondeurs, jusqu'au fond du bassin, les recherches ont été
également fructueuses pour les mineurs.
» I^es diamants sont, la plupart, plus ou moins brisés. Ils sont, en géné-
ral, d'autant plus colorés en jaune qu'ils sont plus gros. Les plus pesants
que l'on ait recueillis pesaient 288, 166 et i44 carats; aucune mine du
monde n'a donné d'aussi gros diamants en telle quantité ; le bassin de New
Push seul a fourni en moyenne plus de trois mille diamants par jour,
pendant plus de huit mois (la plupart de fortes dimensions).
» Les gisements diamantifères du Cap présentent les particularités sui-
vantes :
» 1° La qualité de diamants la plus précieuse, en raison de la pureté de
son eau, est de forme octaédrique à arêtes vives ; elle est sujette à éclater au
contact de Tair. Celles de ces pierres, dont la surface est la plus lisse, écla-
tent ordinairement dans le cours de la première semaine; exceptionnelle-
ment, l'éclatement s'opère encore quelquefois au bout de trois mois. Le
meilleur moyen pour empêcher cet effet de se produire consiste à enduire
la pierre de suif aussitôt après sa découverte.
» 2° L'abondance des grenats est un signe fréquent de la richesse dia-
mantifère du point exploité.
y> 3° Il est très-rare de rencontrer de gros diamants là où l'on en trouve
une grande quantité de petits.
» 4° Dans les environs d'une grosse roche, ou plutôt au-dessous, se
trouve presque toujours un gros diamant.
» 5° Les couches qui avoisinent intérieurement les parois du bassin
sont très-riches en diamants, tandis que les pierres précieuses sont toujours
distribuées très-inégalement dans la masse de l'intérieur du dépôt. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le sucre contenu dans les feuilles de vigne;
par M. A. Petit.
(c Dans une Note insérée aux Comptes rendus (1869, t. LXIX, p. 760),
j'ai indiqué que les feuilles de vigne contiennent de 20 à 3o grammes de
glucose par kilogramme, et une quantité d'acide variant de i3 à 16 grammes.
» En poursuivant ces recherches, j'ai constaté que l'acide tartrique entre
pour un tiers environ dans l'acidité totale, et que la plus grande partie de
cet acide s'y trouve à l'état de crème de tartre.
(945 )
» Le sucre du raisin est entièrement composé de sucre interverti, sans
mélange de sucre de canne. M. Buignet a trouvé son pouvoir rotatoire
égal à — 26".
» L'examen des feuilles de vigne m'a prouvé qu'elles renferment, outre
le sucre interverti, une quantité très-notable de sucre non réducteur. Le
dosage par la liqueur de Feliling, avant et après l'interversion par les acides
et les notations polarimétriques, montre que ce sucre non réducteur est
du sucre de canne. Après l'action des acides, le pouvoir rotatoire est sen-
siblement égal à — 26°.
» J'ai obtenu des liqueurs absolument limpides et incolores, en traitant
à plusieurs reprises par le charbon animal, qui absorbe aussi très-rapide-
ment le tannin contenu dans les feuilles. Je citerai seulement deux expé-
riences :
» Dans la première, i kilogramme de feuilles m'a donné
Sucre de canne 9*', 20
Glucose 26*', 55
)) Dans la seconde, j'ai opéré plus rapidement, afin d'éviter la transfor-
mation du sucre de canne en glucose, et, par kilogramme de feuilles, j'ai
obtenu les chiffres suivants :
Sucre de canne i5^'',8o
Glucose i'j5'',49
» Les feuilles de cerisier et de pêcher contiennent également un mélange
de sucre de canne et de glucose.
j> Dans un de mes e.'ssais, i kilogramme de feuilles de pêcher contenait
Sucre de canne 33 grammes,
Glucose 12 grammes. »
ZOOLOGIE.— Sur les Cirripèdes Rliizocéphales. Note de M. Alpu. Giard,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Les curieux parasites connus sous les noms de Sacculina, Peltocjas-
ter, etc., ont été étudiés par de nombreux observateurs. Cavolini, Rathke,
Thompson, Anderson, Lilljeborg et Fritz Mûller nous ont donné des ren-
seignements précieux sur l'anatomie et le développement de ces singuliers
animaux; mais, tant de questions obscures restaient encore à élucider,
tant de contradictions se rencontrent dans les Mémoires les plus importants
sur ce sujet, que j'ai proBté de mon séjour au laboratoire de zoologie expé-
( 946 )
rimentale, fonflé et dirigé par M. de Lacaze-Duthiers, à Roscoff, pour
étudier avec soin quelques-uns des points en litige. Ce travail m'a conduit
à quelques résultais intéressants, les uns confirmant.,les vues de certains de
mes prédécesseurs, les autres entièrement nouveaux.
» La Sacculina Carcini est tellement abondante à Roscoff et à Saint-Pol
de Léon qu'on peut dire que les deux tiers au moins du C. Mœnas de la
plage sont affectés par ce parasite. Le Peltognster Paguri est bien moins
abondant : du i5 août au i5 octobre, j'ai examiné deux mille huit cents
Pagurus Bernltarclus qui m'ontfourni trente et un Pellogasler. Tout à fait aux
basses eaux, j'ai trouvé, une fois seulement, sur un Pagurus piibescens, le
Peltognster albidus (Hesse) que je crois identique au Peltogaster socialis
(F. Mùller) et peut-être au Peltogaster sulcntus (Lilljeborg). Les Rliizocé-
phales sont des Cirripèdes dégradés par le parasitisme; l'Histologie et l'Em-
bryogénie ne laissent aucun doute sur cette détermination établie par
Lilljeborg et Fritz Mûller. Les rapports que certains naturalistes ont voulu
trouver entre ces animaux et les Crustacés parasites de la famille des Bopy-
riens n'existent nullement. Parmi les Crustacés, les Isopodes sont certaine-
ment l'un des groupes dont l'embryogénie diffère le plus de celle des
Rhizocéphales.
» J'ai retrouvé, chez la Sacculina Carcini, les racines signalées par Wright
et Anderson chez le Peltogaster Paguri^ et par F. Millier chez la Sacculina
purpurea qui n'est qu'un Peltogaster el le Lernœodiscus Porcellanœ. Ces ra-
cines entourent le tube digestif et les lobules hépatiques du C. Mœnas, leur
couleur jaune, bien que plus pâle que celle du foie du Crabe, les aura sans
doute fait méconnaître par mes prédécesseurs. Je considère ces racines
comme homologues de la couche interne du pied des Anatifes : ce sont de
longs tubes remplis de corps arrondis, colorés en vert chez le Peltogaster,
en jaune chez la Sacculina; ces corpuscules ont un aspect graisseux et ne
méritent nullement le nom de cellules.
» Les Rhizocéphales sont hermaphrodites. Les testicules sont des or-
ganes pairs situés sous les ovaires et dont la fonction était restée indéter-
minée jusqu'à présent. La structure histologique de ces organes, représentés
par Anderson comme simplement graïudeux, est des plus compliquée; on
peut y reconnaître quatre couches distinctes. De plus ces corps testicu-
laires ont une autre fonction à remplir; ils sécrètent une substance d'appa-
rence cornée et d'inie grande l'ésislance à tous les réactifs. Ija sécrétion se
fait au centre même de l'organe chez la Sacculina jeune; chez le Pelto-
gaster, c'est le canal déférent, dont les parois sont très-épaisses, qui paraît
( ^^l )
remplir siirrout cette deuxième fonction. Il y a donc chez les Rhizocé-
phales quelque chose d'analogue à ce que Claparède a signalé pour les
tubes segmentaires de terlaines Annélides (Chétoptériens).
« Les spermatozoïdes ressemblent beaucoup à ceux des Cirripèdes; ils
sont agiles et très-longs, un peu renflés vers l'une de leurs extrémités. Bien
que leius mouvements les fassent deviner à un grossissement plus faible,
on ne les voit nettement qu'avec l'objectif 9 à immersion de Hartnack.
J'ai pu suivre complètement la formation de ces spermatozoïdes.
» Ij'existence d'un organe mâle bien reconnu rend de moins en moins
probable l'hypothèse des nombreux naturalistes qui ont supposé l'existence
d'un mâle rudimentaire. Je sais que de tels mâles ont été décrits même
chez des Cirripèdes hermaphrodites; mais chaquefois que l'on a annoncé
pareil fait chez les Rhizocéphales, on s'est basé sur des observations in-
complètes et trop légères.
» La position des testicules de la Sacculine et l'existence d'une cloison
membraneuse, sorte de mésentère reliant l'ovaire aux membranes ex-
ternes, m'ont permis de rectifier les idées que l'on se fait généralement sur
la position de ce parasite. Le plan de symétrie de la Sacculine est perpen-
diculaire au i)lan de symétrie du Crabe et ne coïncide pas avec ce plan,
comme on pourrait le croire à première vue et comme on l'a cru en effet.
Si l'on considère comme antérieure, chez le Pellogasler, l'extrémité de l'ani-
mal qui porte une ouverture et se trouve dirigée vers l'entrée de la co-
quille, l'extrémité antérieure de la Sncculina est à la droite du Crabe.
Cette position constante de la Sacculine, que rien ne détermine ni dans
les conditions extérieures ni dans l'embryogénie, est un des faits les plus
intéressants de l'histoire de ce parasite. Je crois être en mesure d'en don-
ner une explication suffisante par la théorie de la descendance modifiée
en considérant le Brachyure et sa Sacculina comme dérivés graduelle-
ment d'un Anomoure porteur d'un Pdtoijasler.
« Les ovaires sont au nombre de deux et s'ouvrent séparément à droite
et à gauche de la Sacculine. Près de leurs ouvertures d'excrétion dé-
bordent de belles glandes collétériqnes qui ont échappé à tous mes prédé-
cesseurs, sans doute parce qu'elles ne sont pas également visibles en tout
temps et qu'il faut choisir, pour les étudier, le moment où les œufs vont
sortir de l'ovaire pour constituer les sacs ovigéres à l'aide de la sécrétion
agglutinante des organes dont nous parlons.
» La constitution de l'œuf des Rhizocéphales a fait le sujet d'une impor-
tante discussion entre MM. Gerbe, Balbiani et Ed. Van Beneden : j'ai donc
(948)
eu à m'en occuper avec le plus grand soin ; les faits observés l'ont été avec
une liabilelé si grande que j'aurai peu de chose à y ajouter ; mais l'inter-
prétation de ces faits me paraît encore obscure et Insuffisante. L'opinion
de M. Gerbe, qui considère la cellule polaire comme une cicalricule, doit
être complètement rejetée, puisque le fractionnement est total, comme l'a
montré le premier M. Mùller. M. Ed. Van Beneden attache trop peu d'im-
portance à cette vésicule qu'il considère comme analogue au pédicule de
l'œuf de l'JcIiteris; de plus le fractionnement continue au delà du nombre
de sphères indiqué par ce savant; enfin je n'ai pu voir les vésicules em-
briogènes signalées par M. Balbiani, et la formation de l'œuf me semble
de tout point comparable à celle de l'œuf de VJpus cancrifonnis, avec
cette différence que chez VÀpm, il y a quatre cellules primitives, dont trois
disparaissent ultérieurement, tandis que chez les Rhizocéphales il y a seu-
lement deux cellules dont une disparaît,
» Le développement des embryons après l'éclosion jusqu'au moment de
la fixation dure huit jours. Il y a une première mue quelques instants
après la naissance, une deuxième le troisième jour, une troisième le cin-
quième jour, une quatrième le septième jour. Le Nauplius est fout à fait
analogue à celui desCirripèdes. Les cornes frontales renferment les canaux
sécréteurs de glandes volumineuses. La partie considérée par M. Balbiani
comme un ovaire primitif donne naissance, après la troisième mue, aux
six paires de pattes ventrales homologues des cirres des Cirripèdes. L'em-
bryon possède alors la forme cypridienne (pupal-stage). Quand ces em-
bryons ne peuvent se fixer sur des Crabes, ils adhèrent les uns aux autres
et périssent. Leur dépouille se retrouve parfois sur le Pellogaster adulte et
a été prise par F. Mùller pour un mâle rudimentaire.
» La formation du jeune parasite se fait pendant l'accouplement des
Crabes.
» Les embryons figurés par M. Hesse [annales, 1866) appartiennent en
partie à des Cirripèdes (Anatifes?) et non à la Sacculina Carcini. »
PHYSIOLOGIE BOTANIQUE. — De l'iirilabiUlé (les élamines ; distinction dans
ces organes de deux ordres de mouvements. Note de M. E. Heckel, pré-
sentée par M. P. Duchartre.
« Les mouvements chez les végétaux supérieurs ont, pendant de lon-
gues années, fixé l'attention des observateurs, et le sujet justifie cette opi-
niâtreté par le caractère surprenant de ces manifestations vitales. Aujour-
(949 )
d'hiii il puise un nouvel intérêt dans l'appoint que ces phénomènes étranges
fournissent comme arguments à opposer à la théorie de la dualitt' vitale
dans les deux règnes. Jusqu'ici les études sur la sensibilité et la niotilité
végétale ont eu pour résultat de faire naître chez leurs auteurs deux appré-
ciations parfaitement opposées. Les uns admettent, à l'exemple des physio-
logistes allemands, une interprétation unique de ces phénomènes et con-
fondent dans une même essence les mouvements spo72fr/«e5 et les mouvements
provoqués, ceux-ci n'étant à leurs yeux que l'exagération de ceux-là et
reconnaissant une même cause; les autres distinguent absolument ces deux
ordres de phénomènes comme n'obéissant pas aux mêmes conditions phy-
siologiques. M. P. Bert, parmi les physiologistes français, s'est appliqué,
dans ses belles études sur la Sensitive [Journal de Phjsiolocjieàe Robin, i86'7
et 1872), à différencier ces deux sortes de mouvements et à en étudier
le déterminisme : dans ses conclusions, il admet la division en spontanés et
provoqués et en justifie la séparation par l'action différente des agents anes-
thésiques sur les uns et les autres. 11 m'a semblé que, pour bien établir
cette distinction essentielle, le choix du Mimosa pudica, qui offre ces deux
ordres de mouvements combinés et simultanés, pouvait avoir quelques
inconvénients en venant compliquer l'action expérimentale ou en troubler
les conséquences. Je m'occupais de recommencer les expériences dans des
conditions plus favorables quand, dans le cours de quelques recherches
sur l'irritabilité des étamines des Berbéridées, je m'aperçus que les filets
staminaux des Mahonia ne sont doués d'aucun autre mouvement que celui
qui résulte de l'irritation directe. En effet, en dehors de toute excitation,
ces organes n'obéissent à aucun mouvement, ni diurne ninoctiu'ne, comme
cela se voit chez quelques plantes : en agissant sur ces filets, on peut donc
affirmer n'avoir mis en cause que le mouvement provoqué. Dans ces con-
ditions, j'ai placé la plante au milieu d'une atmosphère de vapeurs de
chloroforme, capable de déterminer l'anesthésie, et les étamines sont deve-
nues promptement insensibles à toute irritation de quelque nature qu'elle
fût. Pour établir une contre-épreuve sérieuse, je devais rechercher une
plante m'offrant, dans les mêmes organes (étamines), des mouvements spon-
tanés bien établis et bien indépendants de toute action irritante : je la
trouvai dans le Rula graveolens. Les mouvements automatiques bien connus
dont les organes mâles de cette plante sont doués rentrent dans la seconde
classe; car, s'ils sont variables avec certaines conditions cosmiques, du
moins ils ne peuvent être en aucun cas provoqués ni même accentués par
C. K., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVll, N» 17.) I 23
( 95" )
l'excitation directe ou indirecte et ne sont pas sons la dépendance de la
sensibilité. Un plant âe Rue, placé en observation rigonreuse, dans les
mén)es conditions qne ci-dessus, sous cloche, an milieu des vapeurs chloro-
formitpies, n'a rien changé à sa manière d'être; les étamines ont continué à
être animées, comme en plein air, du même mouvement, lequel n'a cessé
que lorsque la nutrition de la plante a été altérée par un séjour trop pro-
longé dans une atmosphère artificielle. De ces faits bien constatés on jieut
conclure : i" que les mouvements provoqués ont un déterminisme spécial
qui mérite d'être étudié, et qu'ils peuvent dès aujourd'hui être classés
parmi les phénomènes d'irritabilité fonctionnelle ; 2° que les mouvements
spontanés se rattachent à la vie générale de la plante et doivent être ran-
gés parmi les phénomènes d'irritabilité nutritive. De nouvelles expériences
viendront bientôt confirmer cette manière de voir, en précisant le siège de
la fonction et en mettant plus en évidence son absolue indépendance. »
PHYSIQUE. — Réponse à une réclamation de priorité de M. H. Valérius;
par M. E. Mercadier.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus (p. 844 ^6 ce volume),
M. H. Valérius informe l'Académie qu'il a traité, dés ib64, la question
du mouvement d'un fil élastique dont j'ai donné récemment [Comptes
rendus, p. G39 et 6^1 de ce volume) les lois expérimentales. Il y a, en
effet, dans le tome XVU des Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés
par l'Académie royale de Belgique {1860), un travail de M. Valérius, inti-
tulé « Mémoire sur les vibrations de fils de verre attachés par une de
» leurs extrémités à un corps vibrant et libres à l'autre. » Si j'avais connu
ce Mémoire, j'aurais restitué la priorité à son auteur, quant à ce qui est de
Yélude de la question, car la question n'y est pas résolue. Les résultats qu'il
a obtenus sont beaucoup moins complets que ceux de M. Gripon et, par
suite, qne les miens. Sa méthode d'observation est tout autre et, je le crois,
beaucoup moins précise que la mienne; il n'a d'ailleurs étudié que des
fils de verre très-minces et d'une faible longueur, et n'a indiqué qu'une
seule loi expérimentale exacte, la sixième des onze que j'ai indiquées moi-
même.
» Je crois donc que, jusqu'à présent, si M. H. Valérius a la priorité de
l'étude de celte question, je dois conserver celle de la solution. Je complé-
terai du reste très-prochainement mes études sur ce point, en montrant que
cette solution s'accorde avec les principes de la théorie mathématique de
l'élasticité. »
( 9^' )
« M. le général Mouin signale à l'Académie plusieurs documents inté-
ressants, dont les uns sont empruntés à des ouvrages étrangers, les autres
à des études faites en France, et qui font partie de la Revue d'Jrtillerie, pu-
bliée par ordre du Ministre de la Guerre.
» Parmi les premiers, se trouve la traduction, due à M. le capitaine Collet-
Maygret, d'un Mémoire de M. le lieutenant-général prussien de Decker
sur les effets du tir plongeant contre les maçonneries, exécuté avec le
canon de i5 court, au siège de Strasbourg.
» Sans entrer ici dans des détails qui ne seraient pas à leur place, je
crois pouvoir dire, contrairement aux conclusions de l'auteur allemand,
que les effets de ces batteries établies à 866 et à ^55 mètres des ouvrages
à battre, malgré l'habileté et le soin minutieux avec lesquels elles ont été
dirigées, ne paraissent pas aussi importants qu'il semble le penser. L'é-
norme consommation de gros projectiles que ce tir a entraînée, les en-
traves qu'il a apportées aux travaux du Génie me semblent compenser,
et au delà, l'apparente accélération qu'd a pu produire dans l'époque où il
était devenu possible de donner l'assaut.
» Il ne convient pas d'en dire davantage sur l'influence que ce mode de
tir aurait exercé sur la capitulation de Strasbourg, et je me bornerai à
émettre le vœu que nos artilleurs pèsent avec soin les circonstances dans
lesquelles ils pourraient être tentés de l'appliquer.
)) Un Mémoire de M. le capitaine H. Blackenbury, de l'artillerie royale
anglaise, sur la Tactique des trois armées, traduit par M. le commandant de
Grandry, contient d'utiles renseignements sur les modifications de l'an-
cienne tactique de la guerre, que l'emploi des armes de précision à tir
rapide a déjà conduit à introduire dans l'armée allemande.
» On aura une idée de cette nécessité par ce seul fait, publié par le
duc de Wurtemberg, que, à la bataille de Saint-Privat, trois brigades prus-
siennes formant un effectif de 18000 hommes, en perdirent 6000 en
dix minutes et durent se retirer devant l'armée française.
1) Quoique ce chiffre puisse paraître singulièrement exagéré par le gé-
néral allemand, peut-être dans la vue d'expliquer l'échec qu'il a subi, il
n'en met pas moins en évidence des nécessités sur lesquelles il est utile
d'appeler l'attention de nos officiers en leur faisant connaître les résultats
des études faites en Allemagne.
» Un très-savant Mémoire de M. le capitaine Jouffret, professeur adjoint
à l'École d'Application de l'Artillerie et du Génie, sur l'établissement et sur
123..
(95^ )
l'usage des tables de tir, faisant partie d'un travail complet sur la matière
dont la suite annoncée, est aussi contenu dans ce numéro, ainsi qu'une tra-
duction par M. le capitaine Lefèvre d'un Mémoire sur les batteries de côte,
dû à M. le lieutenant-colonel Hundt, de l'artillerie de marine allemande.
» Enfin une Note de M. le commandant Godin, relative à des expériences
comparatives entre le canon à côtes saillantes de M. Vavasseur et le canon
de Woolwich en acier, indique que, sous le rapport balistique, le système
à côtes saillantes s'est montré supérieur au système à rayures.
» On voit par cette analyse des sujets variés traités dans ce numéro que,
en poursuivant ses propres recherches pour les progrès de nos armes,
l'artillerie ne perd pas de vue l'utilité qu'il y a pour elle de se tenir au
courant des études les plus importantes qui se font à l'étranger. »
« M. CiiASLEs fait hommage à l'Académie de quelques Mémoires et Opus-
cules mathématiques de M. Emile Weyr, président de la Société mathéma-
tique de Bohème. Il cite, entre autres, un Mémoire sur la Lemniscale traitée
comme courbe rationnelle, écrit en allemand; et une reproduction, en langue
tchèque, de la première partie de l'ouvrage de M. Cremona : Introduzione
ad una teoria geometrica délie citrve piane (Bologna, in-4°; 1862). »
« M. Chasles fait également hommage à l'Académie du Bulkltino de
M. le prince Boncompagni, de mars 1873, où se trouvent dix Lettres
inédites de Lagrange adressées à Lorgna, de 1770 à 1786; ime Dissertation
mathématique de M. l'ingénieur Giambattista Biadego, se rapportant à
ces Lettres; et des Recherches historiques et bibliographiques sur divers
ouvrages d'Euler et autres, au sujet de ces mêmes Lettres et de la Disser-
tation de M. Biadego. »
M. Ch. Sainte-Claire Deville appelle l'attention de l'Académie sur le
« Bulletin météorologique du département des Pyrénées-Orientales, pour
l'année 1872. »
« Ce travail, publié sous les auspices du Conseil général, par M. le
D"^ Fines, est, dit M. Ch. Sainte-Claire Deville, la première réalisation
d'un vœu bien souvent émis, à savoir, que chaque département imprime
à ses frais, et par les soins de sa Commission météorologique, les données
d'observations recueilliessur divers points de sa superficie. Le volume actuel
contient, en effet, les résultats obtenus en 1872 dans onze observatoires,
que je ne puis tous citer ici, mais parmi lesquels on remarque les deux
stations établies par M. Fines sur les fortifications de Perpignan et à la
( 953 )
gare du chemin de fer; la station météorologique instituée à Collioure par
notre savant confrère M. Naudin, et la station de Mont-Louis, située à
une altitude de i586 mètres, où l'instituteur, M. Falguère, fait depuis
plusieurs années des observations assez complètes. Dans rna tournée d'in-
spection de 1872, j'ai visité moi-même ces divers observatoires, pour les-
quels M. Fines indique la position exacte, la nature et la disposition des
instruments utilisés.
» La première partie de l'Ouvrage présente des considérations d'une in-
contestable valeur : Sur les applications de la météorologie à l'agriculture et
à l'acclimatation, par M. Naudin; Sur les récoltes en Roussillon peiidant
l'année 1872, par M. Labau, directeur de la Ferme école; enfin des Notes
sur les orages de l'année, par M. Tastu, ingénieur des Ponts et Chaussées,
et sur le jardin d'expériences de M. Ch. Naudin, à Collioure.
)) Nous ne pouvons que féliciter le Conseil général des Pyrénées-Orien-
tales du bon exemple qu'il vient de donner, et l'engager à accroître encore
ses allocations, de manière à donner à sa Commission scientifique les
moyens de publier plus complètement les résultats obtenus, il faut, en
effet, regretter que, pour les localités dont on ne publie qu'une seule heure
d'observation, cette heure tombe à 9 heures du matin, c'est-à-dire à un
moment de la journée qui n'offre, pour aucun des éléments importants de
la climatologie, ni un maximum, ni un minimum, ni une moyenne. »
M. Ch. Sainte-Ci.aire Deville appelle également l'attention de l'Aca-
démie sur une brochure de M. le D' Fines, intitulée « Vent, sa direction et
sa force, observées à Perpignan. »
« L'auteur, avec un rare désintéressement, a acquis et fait établir, à ses
frais, plusieurs anémométrographes électriques, dont l'anémomètre Robin-
son a été construit par M. Salleron et l'enregistreur par M. Breguet, d'a-
près le système proposé par notre confrère iVl. Hervé Mangon. Un de ces
appareils a fonctionné pendant les trois années 1870, 1871 et 1872, et l'on
trouvera dans ce remarquable Mémoire, avec la description, accompagnée
de dessins, de l'instrument employé, les résultats numériques des observa-
tions tri-horaires de la direction et de la vitesse du vent pour ces trois
années, ainsi que les remarques intéressantes qu'elles ont suggérées à l'au-
teur. En définitive, cette double publication marquera dans l'histoire des
Observatoires départementaux, dont l'établissement ou la réorganisation
est en ce moment d'un intérêt capital. »
La séance est levée à 4 heures et demie. D.
( 9^ )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
r/Acailémie a roçii, dans la séance du i3 octobre iSyS, les ouvrages
dont les titres suivent :
Mémoires sur les vibrations des fils de verre attachés par une de leurs extré-
mités à un cor/is vibrant et libres à l'autre; par M. H. ValÉHIUS. Bruxelles, imp.
Hayez, sans date. (Extrait des Mémoires de l'Jcadémie royale des Sciences,
des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.) (Deux exemplaires )
Journal télégraphique publié pai le Bureau international des Administra-
tions télégraphiques; V^ \o\., aS novembre 1869-25 décembre 1871 ; IP vol.,
25 janvier 1872-25 septembre i8'73. Berne, imp. Rieder et Simmen ;
2 vol. in-4°.
Bapporl spécial sur l'immigration, accompagné de renseignements pour les
immigrants, etc.; par Edward YouNG. Washington, imp. du Gouverne-
ment, 1872; in 8°.
Rapports publiés par le Ministère de l' Agriculture et du Commerce. Direction
de l'Agriculture. Rapport du Jury sur le concours spécial et international de
machines à moissonner, tenu à l'Ecole d'Agriculture de Gricpwn^ les i", 2 et
3 août 1873; parJ.-A. Barral. Paris, G. Masson, 1873; in-8°.
Etude des applications thérapeuticjues de /'Eucalyptus globidus; par le
D^'GlMRERT (de Cannes). Paris, Asselin, 1873; br. in-8°. (Adressé au Con-
cours Montyon, Médecine et Cliirurgie.)
Hislory of the anrerican ambulance established in Paris during the siège
of 1 870-187 1 , togellier ivilli tlie détails of its metliods and its ivorlis; by Th.-W.
Evans. Eondon, Sampson Low, 1873; in-8'', relié. (Présenté par M. le
Baron Larrey.) «.
A phrenologist amongst the todas or the study of a primitive tribe in south
India ; history, character, customs, religion, irfanticide, potyandry, languagc;
6rW.-E. Marshall. London , Longmans, Green and C, 1873; in-S",
relié.
Conlrdiutions to our knoivledt/e of the mcteorology of the antariic r-egions.
London, printed by (}.-Ed. Eyre, 1873; in-4°.
Memoir of sir Benjamin Thompson, counlRuuford, ivith notices ofhisdaugh-
( 955 )
ter; by George-E. Ellis. Fhiladelpliia, Claxton, Remsen and Haffelfinger,
sans date; r vol. in-8", relié.
Sanitarj Commission, n° 96. Jlie U. S. sanilary Commission in the vallej '
oj the Mississipi durincj tlie war of the rébellion 18G1-1866. Final Report of
D' J.-S. Newbeury. Cleveland, Fairbanks, Benedict et C", 1871; in-8°,
relié.
Tlie american Ejihemeris and Nauticnt Ahnanacfor tlieyear 1870. Bureau
of Navigation, 1872; in-8°.
Tliird and foitrth annunl Report oj llie geological survey of Indiana, made
durimj the years 1871 and 1872; b/ E.-T. Cox. Indianopolis, Bright, 1872;
in-8°, relié, avec cartes.
Proceedincjs oj the american Association for the advancement of Science,
twentieth meeting held at Indianopolis, Indiana, augiist 1871. Cambridge,
J. Lovering, 1872; in-8°.
Memoirs of the Peabody Academj of Science; yo\. I, nnniber 2, 3. Salem,
published by the Academy, 1871-1872-, 2 br. in-8''.
Fourth annual Beport of the trustées of the F eabodj Academy of Science
for the jear 1871. Salem, printed for the Academy, 1872; in-8°.
Record of american Entomology for the year 1870; edited by A. -P. Pac-
kard. Salem, naturalist's book Agency, 1871; in-S".
The american Naturalisl a popular illustrated Magazine of natural Ilistorjr;
vol. V, april-december 1871, w"^ 2 à 12; vol. VI, january-november 1872,
n"* I à II. Salem, 1 871-1872; in-S".
Science in America with remarks on the modem methods of science. Address
to the american Association Jor the advcmcement of Science; by the retiring
Président J. Lawrence-Smith, Aug., 29, 1873. Sans lieu ni date; in-S".
Schrijlen der Universitdt zu Kiel ans dem Jahre 1872; Band XIX. Kiel,
C.-F. Mohr, 1873; in-4°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 20 octobre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Ecole nationale des Ponts et Chaussées. Catalogue descriptif des modèles,
instruments et dessins des gaLries de l'Ecole; par M. H. Bakon. Paris, Impri-
merie nationale, 1873; in-S".
( 956 )
Recueil de mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires
militaires; t. XIX. Paris, Dum.iiiie, 1871 ; in-8°.
Note sur la géographie botanique du Maroc; par M. E. CossoN. Paris,
1873 ; br. in-8''. (Extrait du Bulletin de la Société botanique de France.)
Prodromus sjstematis naturalis regni vegetabilis, etc.; auctore Alphonse DE
Candolle. Parisiis, G. Masson, 1878; in-8°.
Comparaison de Véocène inférieur de la Belgique et de l' Àngleteire avec
celui du bassin de Paris; par M. HÉBEUT, Paris, Martinet, sans date;
br. in-S''.
Une synthèse physique, ses inductions et ses déductions, etc.; par M. le
D'F.-A. Durand (de Limel). Paris, Savy, 1878; i vol. in-i8. (Présenté
par M. le Baron Larrey.)
Résumé didactique sur les hernies des chevaux; par L. COLLENOT. Nancy,
irap, Hinzelin, 1873; in-H".
Étude sur le mouvement de la population et sur les ajfections épidémiques qui
ont régné au Havre durant les aimées 1871 et 1872 ; par le D"' Ad. LecaDRE.
Paris, Baillière et fils, 1873; in-8''. (Deux exemplaires.)
Essai sur la détermination des pas des hélices des canons rayés ; par
M. Martin de Brettes. Paris, Dumaine, 1873; br. in-8''. (Extrait du
Journal des Sciences militaires.)
Limites des pas des hélices des canons rayés; par M. Martin de Brettes.
Paris, Dumaine, 1873; br. in-8°. (Extrait du Journal des Sciences mili-
taires. )
(Ces deux derniers ouvrages sont présentés par M. Tresca.)
Report of the forly-second meeting of ihe brilish Association for the advan-
cement of Sciences held al Brighlon in august 1 872. London, J. Murray ; in-8'',
relié.
The zoological record fort 1871; being eighlh volume of the record ofzoo-
logical literalure., edited by AI. Newton. London, J. Van Voorst, 1873;
in-8°, relié.
The Transactions of the linnean Society of London; vol. XXVIII, part ihe
tliird. London, 1873; {(1-4°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Analyse et critique d'un « Essai sur la constitution
et l'origine du sjslème solaire, par M. Roche ». Note de M. Faye.
« L'Académie a toujours accueilli avec intérêt les travaux que M, Roche,
professeur éminent de la Faculté de Montpellier, lui a adressés sur divers
points de la Mécanique céleste. Elle a remarqué plus particulièrement ses
idées sur la variation de la densité à l'intérieur de notre globe. La loi de
M. Roche donne aux couches centrales une densité de même ordre que
celle du groupe intermédiaire de nos métaux usuels (argent et plomb),
densité cinq fois plus grande que celle des couches superficielles, et as-
signe à la pesanteur un maximum au-dessous de la surface, à une profon-
deur d'environ i million de mètres. On sait que cette théorie a été bien
remarquablement confirmée par une expérience célèbre de M. Airy dans
ime mine profonde du Northumberland. Nous connaissons tous les re-
cherches de M. Roche sur les atmosphères des corps célestes et sur la
figure des comètes, travaux devenus classiques depuis qu'un de nos savants
confrères, M. Resal, en a introduit dans l'enseignement supérieur les
principaux résultats.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVM, N" 18.) ' ^4
(958)
» Le nouveau livre de M. Roche n'a pns pour but de reprendre ces tra-
vaux, mais d'exposer les conséquences qui en dérivent siu- une des plus
grandes questions de ce siècle, à savoir la constitution et l'origine du
système solaire : il m'a chargé d'en faire hommage en son nom à l'Aca-
démie.
» On a pu voir déjà que l'étude mathématique des atmosphères célestes
touche de bien près aux questions que Laplace avait soulevées dans son
hypothèse cosmogonique : il est peut-être plus exact de dire que l'étude
des surfaces de niveau dans ces atmosphères nous place à un point de vue
général auquel se rattache cette célèbre hypothèse qui devient ainsi plus
accessible à l'analyse. M. Roche a considéré en effet le cas où un astre isolé
n'aurait qu'un simple mouvement de rotation, ce qui s'applique au Soleil;
celui où l'astre serait en outre soumis à l'attraction d'un corps extérieur,
ce qui comprend les planètes; enfin le cas extrême où l'astre dénué de
rotation se précipiterait vers un centre de force, cas d'où dépendent les
phénomènes cométaires; et bien que son analyse ne puisse le conduire
qu'à des figures d'équilibre vers lesquelles les atmosphères tendent à
chaque instant sans s'y arrêter jamais, elle peut néanmoins fixer les idées
et servir de base à nos spéculations sur le système solaire tout entier.
» M. Roche a étudié ainsi, dans ces divers cas où tous les phénomènes
de notre système se trouvent compris, la série de ces surfaces de niveau
bien au delà des limites actuelles des atmosphères; il a fait voir qu'à partir
d'une certaine distance ces surfaces cessent d'être convexes vers le centre
de l'astre considéré : elles s'entr'ouvrent pour ainsi dire et présentent des
nappes infinies, de sorte que, si par la pensée on étendait l'atmosphère
actuelle d'imedenos planètes jusque dans ces régions d'instabilité, ses ma-
tériaux ne seraient plus retenus par leur pesanteur vers l'astre, mais se
disperseraient dans l'espace en coulant le long de ces surfaces. On voit
naître dès lors cette idée qu'un corps n'a pas une faculté absolue d'exister,
en vertu de la seule attraction mutuelle de ses parties, et qu'il doit y avoir
des circonstances très-admissibles où cette faculté cessera pour lui. Parmi
celles qui se réalisent autour de nous, sous nos yeux, ou qui ont dû se
réaliser, il en est qui offrent un vif intérêt : telles sont, pour l'époque actuelle,
celles qui se présentent pour les comètes, et, dans le passé, celles qui ont
présidé à la formation de notre système planétaire.
» C'est à ce point de vue que M. Roche reprend l'étude des origines de
ce système afin de compléter l'idée de Laplace et de faire disparaître cer-
taines objections que l'illustre auteur avait laissé subsister. Il y restait en
( 9^9 )
effet certaines difficultés. Sans parler du mouvement rétrograde des satel-
lites d'Uranus et de Neptune, les anneaux de Saturne, dont la merveilleuse
structure avait été justement présentée comme un exemplaire subsistant
d'une des formations primitives, se trouvent à moitié compris dans la limite
actuelle de l'atmosphère de leur planète, c'est-à-dire dans une région où
il serait impossible, en prenant à la rigueur les idées de Laplace, que cette
atmosphère en se contractant eût abandonné ces matériaux, puisque, si
elle venait à se dilater actuellement, elle pourrait subsister jusque vers
le milieu de leur largeur.
» De même la grande distance qui sépare la Lune de la Terre présente
une difficulté inverse. Jamais, dans l'ordre d'idées de Laplace, l'atmosphère
propre de la Terre n'eût pu s'étendre jusque-là.
)) Outre les difficultés, il y avait aussi des lacunes. Pourquoi, entre
Jupiter et Mars, cette solution de continuité déjà remarquée par Kepler dans
la succession des grosses planètes? Pourquoi cette multitude d'astéroïdes
dont le nombre s'élève déjà à i35 et dépasse peut-être de beaucoup ce
nombre déjà si grand, au lieu de la planète unique que nous devrions y
voir circuler? Pourquoi, après cette espèce de hiatus dans le monde pla-
nétaire, voit-on se succéder des formations si différentes des précédentes,
celles des planètes très-denses à rotation lente, comme Mars, la Terre,
Vénus et Mercure ?
» Ces problèmes ont été traités par M. Roche à l'aide d'une conception
nouvelle qu'il a tirée de ses travaux antérieurs. Laplace n'avait considéré
que des anneaux abandonnés au delà de la limite où la pesanteur vers le
Soleil fait équilibre à la force centrifuge. M. Roche a fait voir, par la discus-
sion de ses surfaces de niveau, que la portion de la nébuleuse devenue libre
ne vient pas seulement de l'équateur, mais d'une nappe superficielle qin
s'étend beaucoup plus loin vers les deux pôles et qui se met à couler vers
l'ouverture équaloriale. Or certaines parties y arrivent avec une vitesse
insuffisante pour circuler extérieurement ; elles rentrent dès lors dans la
nébulosité en décrivant des ellipses dont l'aphélie est précisément à la
limite équatoriale. Une fois cette notion admise, et elle ne peut l'être plei-
nement que si l'on tient compte de la rareté excessive de la nébuleuse so-
laire dans les régions considérées, M. Roche admet que, en vertu de la résis-
tance du milieu, une partie de ces matériaux finissent par tomber sur le
Soleil en lui restituant quelque chaleur, mais que d'autres n'éprouvent
pas cet effet et perdent seulement, par leurs réactions mutuelles, leurs
124..
(96o )
vitesses radiales, en conservant à peu près leurs vitesses tangentielles (i).
» Cette idée d'anneaux intérieurs rendus libres a leur tour par la con-
traction progressive de l'atmosphère génératrice donne à M. Roche l'ex-
plication de l'existence d'nne partie des anneaux de Saturne dans une région
où, d'après une autre loi qui lui est due, aucun satellite de même densité
que la planète n'aurait pu se former.
» Bornons-nous à indiquer ici les notions originales introduites dans
cette belle théorie par M. Roche.
» Égalité de durée, à l'origine, entre la rotation et la révolution de
chaque masse planétaire.
» Impossibilité de la formation de satellites quelconques pendant toute
la période où l'action solaire a pu maintenir cette égalité.
» Possibilité de la formation d'un ou de plusieurs satellites à partir de
l'époque où le rétrécissement de la surface limite de l'atmosphère de la
planète a réduit la force dirigeante de l'astre central.
» Formation d'anneaux intérieurs, à la surface limite, entièrement liée
à celle des anneaux extérieurs considérés par Laplace.
» Condition pour qu'une planète ou une masse fluide puisse conserver
sa figure d'équilibre, malgré l'attraction du corps central. [La distance ne
doit pas tomber au-dessous des cinq quarts du quotient du diamètre de ce
dernier divisé par la racine cubique de la densité du satellite (2)].
(i) Me permettrai-je d'ajouter ici, pour mon propre compte, qu'ayant examiné, il y a
quelques années, l'influence d'un milieu circulant sur la marche d'un corps qui s'y meut
dans une orbite excentrique, j'ai trouvé que le grand axe ne diminuait pas indéfiniment
comme dans le cas d'un milieu iiumobile, mais que sa variation est liée ù la variation plus
t-apide de l'excentricité, de manière à s'annuler en même temps que celle-ci, en sorte que, à
partir du moment où celle-ci s'annule, le grand axe reste indéfiniment constant (sauf de
petites variations périodiques). Il résulte de là qu"auciine partie des traînées elliptiques
de M. Roche ne tombera sur le Soleil, mais que leur ensemble se transformera peu à
peu, par l'action du milieu audiiant, en un anneau ou une série d'anneaux circulaires. C'est
seulement dans le cas d'un milieu résistant immobile, seul milieu considéré par les géo-
mètres, mais qui ne saurait exister à moins d'être en môme temps impondérable, que le
mobile se rapproche indéfiniment de l'astre central en décrivant une spirale de plus en plus
resserrée, de manière à tomber finalement sur lui. [Comptes rendus, 1860, t. L, p. 68 et
suiv, : Sur l' hypothèse du milieu résistant, par RI, Faye. )
(2) La formule de M. Roche est 2,5./- 1/ ^î 0 et 0 clant lés densités de l'astre central
et du salellile. Si on prend la promicrc pour unité, ainsi qu'on le fait souvent, on retombe
identiquement sur l'énoncé du texte.
(96i )
» Ces notions nouvelles complètent, j'ose le dire, la conception de
Lnpiace; elles Ini permettent de s'étendre jusqu'aux détails au moyen d'iuie
discussion analytique assez simple pour ne dérouter aucun lecteur. C'est
cette discussion qui a permis à M. Roche de mettre en pleine lumière,
longtemps avant le beau Mémoire de M. Clerk Maxwell et les recherches
si originales de notre Confrère M. Hirn sur les anneaux de Saturne, la véri-
table nature de ces satellites, et qui a permis de rattacher pleinement à la
théorie les délicates conditions physiques que M. Simon avait signalées pour
la Lune dans un Mémoire justement remarqué.
» La seule critique que je me hasarderai d'opposer au beau travail de
M. Roche porte sur un point de détail, à savoir une des actions que
M. Roche attribue aux anneaux intérieurs (primitivement) qui ont pu se
former en dernier lieu autour de la Terre et même du Soleil, et dont il ne
reste plus aujourd'hui aucune trace. Il admet qu'ils ont di'i se briser sous
l'influence des actions extérieures, tomber sur l'astre central et modifier
sensiblement sa rotation. Si de tels phénomènes ont eu lieu pour le So-
leil, l'époque en est bien éloignée, et encore doit-on admettre, je pense,
contrairement à l'opinion énoncée par M. Roche, que ces menus accidents
n'ont pu modifier que fort passagèrement la rotation, bien loin de lui avoir
imprimé, il y a des milliers de siècles, une allure capable d'expliquer les
phénomènes singuliers dont nous sommes témoins aujourd'hui.
» Quoi qu'il en soit, le livre nouveau de M. Roche ne se recommande
pas seulement à l'attention de l'Académie parla vieille et légitime autorité
scientifique de l'auteur, mais aussi par la nouveauté des réstdtats et un
style assez clair pour rendre aisément accessibles les délicates questions de
nos origines. Ce livre manquait dans la littérature astronomique, et M. Roche
était probablement le seul auteur suffisamment préparé à l'écrire, grâce à
ses travaux antérieurs. Je me bornerai, en terminant, à citer ses dernières
paroles :
» Ces questions se rattachent intimement, comme on voit, à notre étude sur les atmo-
sphères et les lois de leur condensation ; mais ce premier aperçu a besoin d'être approfondi
et développe, surtout par l'application de l'analyse. Peu de travaux ont été jusqu'ici effec-
tués dans cette voie; nous avons eu occasion de les citer. Quant à nos propres recherches sur
ce sujet, nous sommes loin de nous dissimuler combien elles laissent à désirer. Laplace lui-
même, avant d'aborder l'exposition de son hypothèse cosmogonique, s'excuse presque en
disant (pi'il la présente avec la défiance que doit inspirer tout ce qui n'est jioint un résultat
de l'observation et du calcul. Cette réserve, exagérée sans doute chez l'illustre auteur, s'im-
pose comme un devoir quand, après Laplace, on ose aborder un sujet aussi ardu; mais, si
imparfait que soit cet essai, il en suscitera peut-être un peu plus complet en appelant l'at-
( y62 )
Jention sur les grands problèmes cosraogoniques. Puisse-t-il ainsi avancer le jour où il sera
donné à l'homme de connaître l'histoire de ce monde où il vit, du système solaire, cette
bien minime partie de l'œuvre du Créateur. >>
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Aclion mutiiette (les courants volloJques ;
par M. J. Bertrand.
« Il y a deux ans environ, dans la séance du 23 octobre 1 87 1 , j'appelais
l'attention de l'Académie sur une fornuile nouvelle proposée par un savant
allemand, M. Helmholtz, et destinée, par lui, à remplacer la loi d'Ampère
sur l'action élémentaire des courants.
» La loi nouvelle, je l'ai démontré, ne correspond à aucune force de
grandeur et de direction déterminée s'exerçant entre les deux éléments, et
cela seul, suivant moi, devait conduire à la rejeter. Une année plus tard,
le i4 octobre 1872, je revenais sur la même question pour examiner la ré-
ponse faite par M. Helmholtz à mon objection et insérée au tome LXXV
du Journal de Mathématiques publié à Berlin par M. Borchardt.
» M. Helmholtz reconnaît sans difficulté qu'aucune force, d'après la loi
qu'il propose, ne saurait représenter l'action d'un élément infiniment petit
sur un élément infiniment petit; mais il n'y voit aucun argument décisif
contre sa théorie : l'action de deux éléments se composera d'une force et
d'un couple agissant sur chacim d'eux, et cela, dans son opinion, n'im-
plique aucune contradiction.
» Mais, en suivant jusqu'au bout les conséquences des principes admis,
en calculant le moment du couple, on trouve que les forces qui le pro-
duisent devraient avoir une intensité finie.
)i Quelle que soit la ténacité d'un fil, nue infinité de forces, de grandeur
finie, distribuées sur sa longueiu', doivent en procurer la rupture; je l'ai
montré avec détail dans la Note du i4 octobre 1872, croyant cette fois
avoir établi rigoureusement l'impossibilité de la loi nouvelle.
» On me cominunique le Compte l'cndu de l'Académie de Berlin, du
6 février 1873; M. Helmholtz revenant sur la question n'a rien changé, je
le vois, à ses convictions. J'ai traduit son Mémoire, assez court pour figurer
aux Comptes rendus, et j'espère, après l'y avoir inséré en entier, montrer
avec évidence, dans la séance prochaine, les causes précises de son illusion
et l'inexactitude de ses formules.
« Comparaison de la loi d'Jmpcie et de celle de Neumann sur les forces élcctrodynamiqties.
» M. F.-E. Neumann (père) a réuni sous une seule loi, relaliveruent très-simple, l'étude
complète :
( 963 )
» i" Des forces motrices électrodynamiques enil)rassées par la loi d'Ampère;
1' 2° De l'iiiduction cloctrodynamique produite par le mouvement des conducteurs;
» 3° De l'induction électrodynamique produite par des variations de l'intensité du cou-
rant. Cette loi ne donne pas directement les forces qui tendent à faire mouvoir les conduc-
teurs, mais le potentiel, c'est-à-dire le travail développé par elles dans le passage d'une
position à une autre. Il est vrai que, pour les phénomènes cités n"' 1 et 2, on aurait pu
trouver une loi lors même qu'il serait impossible de représenter les forces électrodynamiques
par les coefficients différentiels d'un potentiel ; les phénomènes indiqués au n° 3, au con-
traire, exigent l'existence d'un potentiel, comme je l'ai déjà exposé dans l'Introduction à
mon travail sur les équations de mouvement de l'électricité, dans le 72* volume du Journal
fur reine und angewandte Mathematik (de Borchardt).
» Cette loi de Neumann, qui ramène de la manière la plus heureuse, à une expression
aussi simple que quantitativement exacte, une des théories les plus compliquées de la Physique,
s'est toujours accordée avec les expériences et même avec les faits que son auteur n'avait
pas primitivement en vue. Moi-même je me suis efforcé de démontrer, par des expériences, son
application aux courants rapidement variables de l'induction à circuit fermé ou ouvert, et,
dans le travail théorique cité plus haut, j'en ai poursuivi les conséquences pour la forme la
plus générale des décharges électriques oscillatoires dans des conducteurs à trois dimensions,
et ces conséquences s'accordent avec la marche générale empiriquement connue des phéno-
mènes, quoique des mesures quantitatives n'existent jusqu'à présent que pour les fils li-
néaires à circuit fermé. Pour ceux-ci, les conséquences de la loi de Neumann concordent,
du reste, avec celles que M. Kirchhoff a fait découler de la loi de AVeber, et qu'il a com-
parées en partie avec l'expérience.
» Or M. F.-E. Neumann a seulement démontré, du moins dans les travaux publiés
par lui, que la loi du potentiel pour les forces motrices électrodynamiques donnait, dans les
conditions observées jusqu'à présent, je veux dire dans les courants fermés, des résultats
concordant avec la loi d'Ampère parfaitement juste pour ces cas, et il ne l'a fait qu'en
partant de la supposition plus restreinte que les deux conducteurs, dans leur mouvement,
ne changent ni de forme ni de dimension. On ignorait, en effet, à l'époque oii parut son
travail, les recherches sur le mouvement des courants électriques dans des conducteurs à
trois dimensions; sans elles, on ne pouvait former le potentiel d'un conducteur agissant sur
lui-même : la considération de ce potentiel, qui devient infini pour un conducteur linéaire,
est indispensable à l'étude des actions mutuelles exercées par les parties d'un conducteur
mobile, ou du moins on ne pouvait la remplacer que par des considérations compliquées
ou difficiles. IM. F.-E. Neumann, s'attachant prudemment et rigoureusement aux données, a
peut-être, pour cette raison, limité sa démonstration aux cas déjà clairement connus à
cette époque.
» Les recherches qui manquaient alors ont été faites par M. Kirchhoff, et, les résultats
pouvant être regardés comme certains, on pouvait sans difficulté étendre aux cas les plus
généraux du mouvement des courants électriques la loi qui se déduit d'une manière presque
nécessaire de la définition donnée primitivement par M. Neumann. Cela n'ayant encore eu
lieu nulle part explicitement, que je sache, et, d'un autre côté, l'absence d'application spéciale
ayant fait naître des doutes, tels qu'en ont formulés surtout MM. Ed. Riecke, Bertrand et
C. Neumann fils, je me suis efforcé de combler cette lacune, et je prends la liberté de résu-
mer ici les résultats de ce travail.
(964)
D 1. Valeur du potentiel P de deux cléments de courants linéaires T)s et Dt Vun sur
l'autre-, dont les intensités de courant sont i et j, et dont Ui distance est représentée par r. —
J'ai conservé ])our celte expression la forme employée dans mon travail indiqué plus haut ;
par l'introduction d'une constante h, d'abord indéterminée, mais en tout cas positive, celte
forme est plus générale que celle employée de préférence par M. F.-E. Neumann, et qui
correspond à la valeur /= i :
(i) P = — - A= -[(i + Â-)cos(Dy, Dcr) + (i — /•)cos(7', D^)cos(/-, D(r)]DjD<;.
» Les quantités (D^, Dt), (a, D^) et [r^ De) désignent les angles formés par la direction
des lignes indiquées dans les parenthèses; on choisit comme direction positive pour réelle
qui va de n i\ s; mais, pour D^ et Dr?, celle que suit l'électricité positive.
a La quantité — P désigne l'énergie produite dans D^ et D^ par l'existence simultanée
des courants électriques, énergie qui apparaît comme courant d'induction à la cessation d'un
des courants.
1) La quantité + P, au contraire, est l'énergie potentielle des forces motrices électrodyna-
niiques agissant sur les conducteurs, à condition que dans leurs mouvements les intensités
de courants / et y restent invariables.
» Le potentiel P dépendant des angles, l'effet mécanique du courant Dt sur l'élément D.i-,
représenté comme une barre solide, ne pourra pas se remplacer par une seule force, comme
chez Ampère, Grassmann, Stefan, mais par deux forces appliquées aux deux extrémités de
\is, dont l'intensité est indépendante de la longueur Df.
» La manière dont ces forces agissent sur un élément parfaitement élastique résultera du
reste plus complètement de l'analyse suivante :
i> Les quatre forces agissant sur les extrémités de D^ et de Du satisfont, pour toute valeur
de la constante h, à la loi de l'égalité de l'action et de la réaction ( i ), ce que font également
les forces admises par Ampère, mais pas, en général, celles admises par MM. Grassmann et
Stefan.
1) 2. Loi des forces motrices clectrody namiques . — Pour la formuler pour des conducteurs
à trois dimensions, il faut se les figurer divisés en fils conducteurs suivant partout la direction
des lignes actuelles de courant, de telle sorte qu'aucune électricité ne passe de l'un de ces
fils dans son voisin.
• Les forces motrices électrodynamiques exercées sur chaque élément d'un fil conduc-
teur sont alors données par la lègle que le travail mécanique que fournissent lesdites forces
dans un déplacement quelconque infiniment petit des fils conducteurs considérés comme
flexibles et ductiles est égal à la diminution du potentiel électrodynamique ayant lieu pour
ce même déplacement, en supposant, dans le calcul, que l'intensité de courant reste inva-
j-iable dans chaque filet formé par les mêmes particules pondérables.
!) 3. A tout point du système conducteur, où la quantité de l'électricité libre n'est pas
modifiée par les courants existants du moment, les fils conducteurs sont continus. Il faut
admettre des interruptions partout où la quantité de l'électricité subit des variations. S'il y
(i) Cela n'a sans doute été nié que par mégarde ])ar M. C. Neumann dans son travail cité
plus haut. L'exactitude de l'assertion résulte de ce que le potentiel de ces forces dépend
seulement de la position relative des éléments Y>s et Mn.
( ge-'î )
a (le tels points dans l'intérieur du conducteur, une partie de l'clectricité peut passer
ailleurs; on peut se ligurer là l'extrémité d'un lil conducteur ou d'une partie de ce fil coïn-
cidant avec les élément de longueur d'une autre parlie de ce même fd. Si / est l'intensité du
courant dans le fd et c l'électricité libre à son extrémité, on aura à l'extrémité supérieure
de , . . de
(vers laquelle sera dirigé un / positif) i = — ; à l'extrémité inférieure ! = —•
» Pour les effets d'un conducteur linéaire a sur un conducteur s de même nature, on peut
succinctement indiquer la marche du calcul de la manière suivante : la ductilité des conduc-
teurs permettant la variation des longueurs s et o-, il faut introduire deux autres para-
mètres yj et cT pour caractériser les différents points matériels du conducteur. Nous admet-
trons que, dans le mouvement, la valeur de p reste constante pour cliaque point du con-
ducteur s, de même celle de ra pour chaque point de a, et que .1 soit une fonction univoque
continue de /), et c- une fonction pareille de ct. Nous composons la valeur de P de deux
parties, à savoir :
(la) , P =P, -1-P,,
(..) p.=-av//^-^^^^^)d.d.,
L'expression pour P, peut s'écrire
X, y, z sont les coordonnées des points du conducteur s ; '^, ■/>, 'C, celles du conducteur a.
» Pour trouver les forces X, Y, Z qui agissent sur s et dépendent de P,, il faut attribuer
à X, y, z les variations S.v, Sy, Sz et écrire
(2) //(XoV + YJy-l-Zrî:)-HrîP, = o.
» Pour trouver les forces X, il suffit de faire varier x; cela donne
J J d.v \r J \dp da dp da dp du
r ri di ds.r , ,
~ V J TT^'dF''''-
, . ,,. . dSx , , 1-1 • ,,• ' •
» Il faut éliminer — — de la seconde partie de cette expression par lintegration par parties.
En faisant cela et en considérant que, d'après l'équation (2), les facteurs multipliés par Sx
sont les valeurs des forces X appliquées à l'élément, prises eu signe contraire, on aura :
» 1° Pour l'intérieur de s,
--'-/[i(;);f:-è(r)S]"-
c. R„ 1873, 2" Semestre, (T. LXWII, N» 18.) '25
I dp dxn Sx
(966)
» 2° Pour les extrémités de s, dont l'électricité libre peut être désignée par e,
-^'tjl
au
» Les expressions analogues pour les forces Y et Z sont faciles à trouver.
" Les forces X, pour l'intérieur, concordent avec la forme de Grassmann; les actions
exercées aux extrémités distinguent la théorie du potentiel de celle de Grassmann.
» Les allongements des conducteurs n'étant plus à prendre en considération dans la suite
du calcul, on peut, dans ces expressions, introduire ^ et t; à la place des variables indéter-
minées p et îû.
» Quand on intègre de nouveau, par parties, les termes provenant de la seconde intégrale
de la valeur de 5P, et contenant tous comme facteur —-i de manière que -— soit éliminé
et remplacé par son intégrale (ç — x), on peut écrire la valeur de X
(3) X=/X,rf<7 + IX„...,
où Xa sont les parties de l'expression provenant de l'intégration par parties se rapportant
aux extrémités de c; mais les X, se comportent ici comme les composantes des forces
d'Ampère, à savoir :
,, , ^ X — % , Y 1 [ dx d"^ dy dn dz d^\~\ 3 dn dr>
(3a) X,- = y A' — — ■—--{-— 1 I H ■ — 5
r Lr' \ds dtj ds da ds de J J r' ds da
(3.) x.=_..4;i^|.
» En opérant la même intégration partielle sur l'équation [ib), celle-ci revient à la forme
X = 2X„+/X.-^<T,
où
(3 c) X,=.
(3^/) X„ = -
» Il faut ajouter encore les forces qui proviennent de la deuxième partie Pj du potentiel P
donnée dans ( ic). Mais, par l'intégration par rapport à « et c, la valeur de cette deuxième partie
peut être ramenée à la forme
A'.
de -r
r
-J
dr
A'
de X
r
1
i — / V /* 'II'
y /de dt
^^\dt di
où l'addition se rapporte aux valeurs qui correspondent aux différentes combinaisons de deux
extrémités de s et tr. Ce Pj n'est plus dépendant des directions des éléments de conducteurs,
mais seulement de la distance de leurs extrémités, et indique par conséquent l'existence de
forces répulsives entre elles, ayant pour intensité
I — /i de ds
A' -r -T^
3 dt de
dont les composantes s'ajoutent à celles données en Xa- La somme des deux forces répul-
( 967 )
sives est
I + k fie eh
— A= -r -T'
» L'<ipplication de ce calcul à des conducteurs linéaires ramifiés, à des conducteurs qui
s'étendent dans trois dimensions, et aux effets d'un conducteur sur lui;-méme, n'offre en
principe aucune difficulté.
» Comparaison des résultats fie ce calcul. — La loi d'Ampère et celle do Grassraann ne
reconnaissent que des forces agissant entre éléments de courant; les éléments de courants
n'en exercent aucune sur les extrémités de courants, non plus que les extrémités les unes sur
les autres. Quant à cette première catégorie d'effets, à savoir, des éléments de courants sur
des éléments de courants, la loi du potentiel est dans un accord parfait avec ces deux lois
pour toute espèce de déplacement d'un conducteur parfaitement flexible, ductile ou liquide.
Les cas des points de glissement sont compris dans l'application des principes; mais la loi
du potentiel donne, outre les forces d'élément de courant sur élément de courant :
» a) Les forces agissant entre les éléments de courant et les extrémités de courant;
i b] Les forces agissant entre les extrémités de courants.
» Le calcul de ces forces donne des résultats un peu différents, selon qu'on ramène ce
calcul des éléments de courants à la loi de Grassmann ou à celle d'Ampère; car, dans le cas
où un courant est ouvert, ces deux lois deviennent distinctes.
» Nous pouvons, comme Ampère l'a fait, ramener toutes ces forces à des forces attrac-
tives ou répulsives, agissant toutes dans le sens de la ligne de jonction des éléments linéaires
et des points d'extrémités en question. La loi de l'action exercée, d'après Ampère, par deux
éléments de courant est exprimée par l'équation (3«).
» D'après la loi du potentiel, il faut y ajouter :
» a) une force répulsive entre l'élément de courant y'Da et l'électricité e, devenant libre
à l'extrémité du fil s de la grandeur
de cos /•, D(7 „
A=J ~ Dot.
dt r
.1 Celle-ci est, à ce qu'on voit, propre à toute loi de potentiel et indépendante de la va-
leur spéciale de la constante /■.
» b) une force répulsive entre deux extrémités de courant avec les quantités électriques e
et £, dont la grandeur est
(i -f- ^1 de dt
2 dt dt
* Celle-ci est dépendante de / et indépendante de /•.
1) Il est à remarquer que, d'après la loi du potentiel comme d'après la loi de Grass-
niano, la résultante électrodynamique de toutes les extrémités et de tous les éléments (de
courant) réunis est toujours perpendiculaire à la direction du courant. D'après la loi
d'Ampère, cela n'a lieu que pour les effets des courants fermés. Il résulte de cela que la va-
riation dans la répartition de la masse pondérable le long du fil conducteur dont elle fait
partie n'exerce, d'après la loi du potentiel, aucune influence sur le travail des forces élec-
trodynamiques, ce qui, par conséquent, comprend aussi le cas extrême où les ])arties pon-
120..
( 968)
dérablcs disparaissent complètement d'un élément conducteur, pourvu que les électricités
suivent sa direction.
» h. Points de gliisemcnt. — Si l'on se ligure le glissement d'une pièce conductrice le
long de la surface d'une autre comme le mouvement de deux coriis absolument solides,
l'application de la loi exposée au n° 2 pourrait paraître douteuse pour le cas où l'on ferait
passer un courant électrique par un pareil point de glissement; car, à cette occasion, tout fil,
en tant que composé d'une série continue de parties pondérables, serait nécessairement brisé
au point de glissement. Du reste, l'électricité ne s'accumulant pas en réalité aux extrémités
brisées, mais passant au moyen de nouvelles jonctions, nous ne devrions pas considérer
dans le calcul les deux extrémités de la partie pondérable du Hl comme des extrémités du
courant en général, mais comme étant unies par un élément linéaire infiniment petit et dé-
pourvu de substances pondérables. C'est dans ce sens que nos calculsiet tous nos résultats
seraient applicables à un pareil cas.
» Ceci est un des cas où la supposition de la solidité absolue des corps en question et de
la discontinuité absolue du mouvement en deçà et au delà de la surface de glissement n'est
pas admissible en Physique; mais elle ne peut être posée que comme limite, de laquelle les
cas se présentant dans la réalité se ra])proclient dans certaines circonstances favorables, au
point que la distinction n'est plus possible. Pour trouver comment, dans un pareil cas, il faut
appliquer la loi du potentiel, nous aurons à examiner comment les conséquences qu'on en
tirerait se comporteraient dans le cas limite, lors du rapprochement successif d'un mou-
vement continu et d'un mouvement discontinu.
>) Or, en réalité, il n'existe pas de discontinuité dans les cas où nous pouvons observer
l'effet des forces électro-dynamiques sur des conducteurs ayant ce qu'on appelle des points
(le glissement; car, les forces motrices étant comparativement faibles et une bonne conduc-
tibilité étant exigée, il faudra toujours en faisant l'expérience porter un liquide conducteur,
du mercure ou un électrolyle, entre les extrémités des conducteurs métalliques pour avoir
une bonne conductibilité unie à une grande mobilité. Alors, en effet, le mouvement a lieu
par un déplacement continuel des couches du li(iuide les unes par rajiportaux autres, tandis
que les couches extrêmes du liquide sont adhérentes aux conducteurs métalliques. Si nous
avons besoin de métaux secs qui glissent l'un sur l'autre, nous sommes, comme on sait,
obligés de produire par une forte pression un frottement dur qui modifie les surfaces, pour
faire passer les faibles courants, et, pour les autres, il jaillit, aux points de frottement, des
étincelles, c'est-à-dire des courants de vapeur métallique brûlante. Il se produit de fait
par là une mince couche de transition dans laquelle peut avoir lieu d'une manière continue
le passage de la partie immobile à la partie mobile du conducteur. Or, dès qu'il existe une
couche de transition, quelque mince qu'elle soit, qui rétablit la continuité des déplace-
ments, l'application de toutes les thèses posées plus haut et les conséquences de la loi du
potentiel pour les circuits fermés ayant de pareils points de glissement restent en parfaite
harmonie avec la loi d'Ain[)ère et avec l'expérience.
» Si l'on veut, dans des cas de ce genre, calculer directement le résultat au moyen de la
loi du potentiel, il faut remarquer que les fils conducteurs font, dans la couche de transi-
tion, des rotations angulaires qui, la rapidité du glissement restant la même, deviennent
d'autant plus rapides que les parties tournantes des fils sont plus courtes, et que |)ar
là le travail électrodynamique à fournir à l'occasion de la rotation devient indépendant
(969)
de leur longueur, par conséquent, donc, indépendant de l'épaisseur de la couche de tran-
sition.
» Si, dans une pareille considération, on veut négliger l'existence d'une couche de tran-
sition Infiniment mince, il faut cependant ajouter le couple dans les endroits de glissement,
qui agit sur ces éléments négligés ih\ Mais l'intensité des deux forces est indépendante de
la longueur eh, comme on l'a déjà fuit observer dans (1).
» Quand, comme dans l'exemple de M. Riecke, le rayon d'un cercle conduit le courant
du centre autour duquel il |)eut se mouvoir à la circonférence conductrice, et qu'il se trouve
en même temps sous l'influence de courants circulaires concentriques, il arrivera, comme
M. Riecke l'a justement remarqué, d'après la loi du potentiel, qu'aucune force n'agira direc-
tement sur la |)artie solide du rayon dont la position relative, par rapport aux courants
circulaires, ne se mo*lifie pas, et il ne se manifestera que le coujjle qui agit sur la couche
de transition au point de glissement. On en déduit le résultat annoncé.
>) Quant à la question soulevée par M. Bertrand, et se rapportant aux forces qui tendent
à détruire la cohésion du conducteur, l'analyse détaillée qui a été faite ici et qui prend en
considération le cas le plus général d'éléments parfaitement ductiles et élastiques, montre
que seules et exclusivement les forces de la loi de Grassmann agissent sur tous les éléments
intérieurs des fds conducteurs en tant que l'intensité du courant électrique reste constante ;
mais dans le cas de rupture du fil conducteur les forces trouvées dans 24 deviendraient, il
est vrai, actives sur la surface des extrémités et agiraient sur les deux surfaces en sens op-
posé. Elles pourraient tendre à rompre le conducteur s si le courant en o- était assez fort,
assez proche et parallèle, mais de direction opposée à celui de s. Or les forces qui exerce-
raient leur action auraient toujours une intensité finie, et de plus, immédiatement après la
rupture, la force électrostatique relativement très-puissante des électricités accumulées aux
surfaces de rupture tendrais à produire le rapprochement. Or la considération de M. Ber-
trand (]ui se rapporte avant tout à un lil conducteur élastique, et parle résultat de laquelle
il croit avoir anéanti toute la loi du potentiel, puisque, d'ajjrès lui, ces forces devraient
briser tout conducteur qu'elles parcourraient, repose sur une erreur. Il a confondu la t/e-
foniiûtiiiri rclatiiv, c'est-îi-dirc \e rapport entre les déplacements et les dimensions linéaires
de l'élément en question, avec la déformntion absolue, c'est-à-dire la somme absolue de ces
déformations. Sous l'influence d'un couple fini la déformation relative d'une lamelle infini-
ment mince est, il est vrai, finie, comme l'indique M. Bertrand; mais pour que le travail
du couple produit dans la déformation fût fini, la di'formatioii absolue de celle lamelle de-
vrait être finie, ce qui n'est pas le cas. Celle-ci est, au contraire, du même ordre de gran-
deur que l'épaisseur de la lamelle, et par conséquent le travail produit dans la déformation
sur la lamelle est également de l'ordre de son épaisseur, et le travail exercé sur tout le corps
est fini.
» 5. Quant à la |)ossibilité de décider entre la loi d'Ampère sur l'électrodynamique et la
loi du potentiel, elle ne peut exister qu'avec des courants aux extrémités libres où l'électricité
s'ae.cumule et disparaît de nouveau. Sous ce rapport, la marche suivante s'offre comme ne
iiaraissant pas irréalisable, quoiqu'elle ne puisse réussir sans le secours d'une grande masse
de fil.
a Un aimant annulaire fermé ou un solénoïde équivalent de courants circulaires n'agit
pas du tout extérieurement, comme on sait, d'après la loi d'Ampère. D'après la loi du j)o-
tentiel, il n'agit pas sur des courants fermés, mais bien sur les extrémités de courants non
( 970 )
fermés. Si l'on suspend une table circulaire de Franklin de telle façon qu'elle puisse se
niou\ ûir autour de son diamètre vertical, qui se confond avec le diamètre vertical de l'aimant
'annulaire, et que l'on fasse communiquer ses tablettes avec le fil de l'anneau, la décharge de
la table de Franklin par l'anneau qui, dans ce cas, serait oscillatoire, tendra, d'après la loi du
potentiel, à donner à la table une position parallèle au plan de l'anneau ; d'après la loi d"Am-
j)ère, elle sera sans influence.
D Si, d'un autre coté, une table circulaire de Franklin est suspendue horizontalement,
qu'elle puisse tourner autour d'une verticale passant par son centre, et qu'il se trouve au-
dessus d'elle un éleclro-airaant cylindrique à axe vertical, par les fils enroulés duquel la table
de Franklin se décharge, elle devra, d'après la loi d'Ampère, tourner autour de son axe ver-
tical ; elle ne sera pas influencée, au contraire, d'après la loi du potentiel.
» J'essayerai de faire ces deux expériences; cependant il faut pour«;ela exécuter des re-
cherches préliminaires, pour éviter les étincelles, et préparer les pièces de fer doux, avant
de pouvoir commencer la construction de l'appareil avec quelque certitude. Tout cela
exigeant un temps assez long, je me suis décidé à ne pas retarder plus longtemps la publi-
cation des résultats précédents de recherches théoriques. »
PHYSIQUE. — F'érijicalion de l'aréomctre de Baume; par MM. Beiithelot,
CouLiER et d'Albieida.
« Nous avons l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un travail
que nous venons d'exécuter sur la vérification de l'aréomètre de Baume,
à la demande écrite d'un grand nombre d'industriels qui emploient cet
instrument dans leurs transactions.
» Sans vouloir disculer les avantages ou les inconvénients respectifs du
densimètre et de l'aréomètre de Baume, au doi>ble point de vue de l'usage
et de la construction facile et rigoureuse de ces instruments, nous avons
rétabli, stu' des bases que nous croyons irréprochables parce qu'elles sont
strictement conformes à la définition originelle, la gradtiation de l'aréo-
mètie de Baume. Cette graduation avait été gravement altérée par divers
usages, qui avaient abouti à en faire construire l'échelle d'après deux règles
incompatibles.
» Nous croyons devoir extraire de ce travail quelques données numé-
riques, susceptibles de rendre service aux chimistes et aux physiciens,
» I. Densité de la solution d'eau salée qui sert de type dans la construction de
l'aréomètre de Baume. — Celte solution a été préparée en dissolvant 1 5 parties
de chlorure de sodium ptu' dans 85 parties d'eau distillée, pesées dans l'air
avec des poids de laiton.
M I litre de la solution, pesé dans l'air avec des poids de laiton, sous
la pression o'", 760 et à la température de 12°, 5, le tout conformément
aux définitions de Baume, pèse 1 110^% 57.
( 97' )
» Ce nombre et celui qui représente le poids du litre d'eau à la même
température déterminent la valeur des degrés de l'aréomètre. Nous en
avons donné la table.
» II. Construction et vérification des vases de i litre. — Pour obtenir un
vase de i litre à la température de 12°, 5, il faut y introduire un poids
d'eau distillée égal à 998^', 4o4; la pesée étant faite dans l'air à 12°, 5, à la
pression normale, avec des poids de laiton ; c'est le poids apparent de
I litre d'eau à 12°, 5.
A i5" le poids apparent de i litre d'eau est 998^'', 084.
A 4° 'e poids apparent de i litre d'eau est 998^'', 876.
)) On voit que les vases de 1 litre construits à i5 degrés, d'après la con-
vention qu'un tel vase doit renfermer 1000 grammes d'eau, pesés dans l'air,
tels que ceux que livre souvent l'industrie des constructeurs, sont trop
grands de deux millièmes environ. »
THERMOCHIMIE. — Sur quelques valeurs et problèmes calorimétriques;
par M. Beuthelot.
a 1. Dans un Mémoire imprimé dans le Compte rendu de la dernière
séance, MM. Favre et "Valson, après avoir reconnu, dans des termes
dont je les remercie, la concordance de leurs expériences calorimé-
triques et densimétriques sur les acides forts et les acides faibles avec
mes propres résultats calorimétriques, exposent divers chiffres destinés à
mettre cette concordance en évidence. Ils ne signalent d'écart que pour
une seule réaction, celle du borate de soude dissous sur le sulfate d'am-
moniaque dissous. J'avais trouvé que cette réaction donne lieu à une
double décomposition qui se traduit par une absorption de — 2,25.
MM. Favre et Valson ont trouvé seulement — 1,16. Quoiqu'une seule dis-
cordance sur des expériences si nombreuses n'ait rien de surprenant, j'ai
cru cependant devoir en rechercher l'origine.
)) Le résultat que j'ai obtenu l'a été par une méthode directe, c'est-à-
dire en mêlant les deux dissolutions; au contraire, le nombre de MM. Favre
et Valson, relatif à la réaction du borate de soude sur le sulfate d'ammo-
niaque a été obtenu d'une manière indirecte : il résulte de la différence
entre les chaleurs de dissolution du borate de soude dans l'eau pure d'une
part (— I i,o4), et dans l'eau chargée de sulfate d'ammoniaque ( — 12,20),
valeurs qui comportent chacune des erreurs inévitables. Je pense, en
outre, qu'une portion de l'écart doit être attribuée à l'inégale dilution
du borate d'ammoniaque formé dans nos expériences respectives, ce sel
( 972 )
absorbant beaucoup de chaleur dans sa dibition, attendu que l'eau le
sépare en partie en acide et base libres, d'après mes expériences.
» Il m'a paru utile de répéter mes expériences. J'ai trouvé cette se-
maine, en opérant à lo degrés,
B0'Na(i'^'i = 6'") + S0'Ani(i'^i=r4i") —1,72.
Les anciens essais, faits il y a deux ans, avaient été exécutés à 22 degrés;
ils avaient fourni — 2,25, comme je l'ai dit plus haut.
» L'écart entre ces nombres ne surpasse pas les effets attribuables à
l'inégalité des températures, laquelle tend à accroître la décomposition
partielle du borate d'ammoniaque, et par conséquent l'absorption de cha-
leur corrélative de celte décomposition.
» En tenant compte du couple inverse
BO'Am + SO'Na — o,5,
on trouve que l'écart entre la chaleur dégagée par les deux acides s'unis-
sant à l'ammoniaque l'emporte de 1,2 sur l'écart analogue relatif à la
soude .
K, -K=:-o,5 + i,7 = i,2 = (N-N,)-(N'-IS',).
Les expériences directes sur les chaleurs de neutralisation ont donné
(11,6 — 8,9) — (i5, 8 — 14, 5) = 2, 7 — 1,3 = 1,4,
nombre qui concorde suffisamment avec le précédent, en tenant compte
de ce fait que la comparaison porte sur six données numériques, exactes
chacune à ±0,1 près (attendu le degré de concentration employé), et
déterminées à des températures qui ne sont pas identiques.
)> MM. Favre et Valson ont trouvé +1, 5 pour cette même différence,
ce qui concorde encore avec les valeurs précédentes.
» 2. Je me suis demandé si la formation progressive des borates n'y
jouerait pas quelque rôle; en d'autres termes, l'union de l'acide borique
avec les alcalis dégage-t-elle immédiatement la totalité de la chaleur dont
elle est susceptible? ou bien la combinaison se poursuit-elle lentement jus-
qu'à un terme plus avancé, comme il arrive pour les éthers, par exemple?
» Afin de m'en assurer, j'ai déterminé cette quantité de chaleur par la
méthode des doubles décompositions réciproques, eu ojiérant sur des
solutions étendues de borate de soude conservées depuis deux ans. J'ai
trouvé
lîO'Na(ri = 6"') 4- HCi(i"i = 4'") +2,i3
B0'=(i"i = 4'")-f NaCI(i''i=6"') -f-0,08
K, — K=2,i3 — o,o8=-l- 2,o5 = N — N,.
(973)
» Les expériences directes faites avec la soude et les acides borique et
chlorhydrique, pour ce degré de concentration, avaient donné d'autre
part
N — N, = 13,7 — ii,6=-<-2,i.
Il résulte de ces chiffres que la saturation de la soude par l'acide borique
atteint la limite de ses effets immédiatement, comme par les autres acides.
» 3. Les changements successifs dans la constitution des corps sont bien
plus marqués dans l'étude des précipités, où le thermomètre fournit un
miiyen de recherche qu'il serait difficile de remplacer. J'en ai cité de
nombreux exemples dans mes Recherches sur tes carbonates [Comptes rendus,
t. LXXIII, p. 1 109, 1162 et surtout i2i5). En voici quelques autres.
» La précipitation de l'iodure d'argent, par double décomposition entre
l'azotate d'argent et l'iodure de potassium, ne fournit pas tout d'abord la
totalité de la chaleur dégagée pendant la formation du corps solide sous
son état définitif. Les changements successifs dans l'état du précipité sont
très-nettement manifestés par le thermomètre, quoiqu'ils se succèdent
parfois si rapidement qu'on ne puisse guère en assigner de mesure. Dans
une expérience récente, exécutée à i3 degrés, et où les phases du phéno-
mène ont été mieux marquées que dans mes précédents essais,
K^i-^q = 8'") + AzO'^ Ag(i'^i = 2'"),
j'ai observé que la chaleur, dégagée pendant la première minute (in-
tervalle de temps plus que suffisant pour établir l'équilibre de tempéra-
ture entre la liqueur et le thermomètre convenablement agités), s'élevait
seulement à 4- 23*^"',!. Il a falhi trois à quatre minutes pour atteindre
+ 26*^", 4. valeur concordant avec mes anciennes observations (+26'^'", 9).
Au delà de ce temps, le thermomètre cesse de rien indiquer avec certitude,
soit que les variations d'état aient cessé, soit plutôt qu'elles continuent
à s'effectuer avec trop de lenteur.
M L'ancienne notion de la cohésion reparaît ici avec des caractères plus
précis. On voit, en même temps, que la formation thermique d'un corps so-
lide ne saurait être représentée, en général, par des modules ou coefficients
constants, toutes les fois qu'il ne s'agit pas d'un corps cristallisé, tels que les
sels alcalins solubles, ou bien encore le picrate de potasse ou l'iodure de
mercure. Cette remarque est fort importante dans la discussion des pro-
blèmes de mécanique chimique où interviennent des précipités. En effet il
est probable que l'état correspondant aux premiers dégagements de cha-
leur est plus voisin que l'état définitif, de cet état initial que le corps inso-
C. R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVll, N" 18.) ' 26
( 974 )
lubie possédait au moment où il a commencé à se précipiter : or cet état ini-
tial répond aux conditions déterminantes du début de la réaction. Ce ne
serait donc pas la cohésion finale du corps solide qui produirait le com-
mencement de la réaction; mais les accroissements successifs de la cohé-
sion peuvent, au contraire, jouer un rôle prépondérant dans l'accomplis-
sement des phénomènes, en s'opposant à la permanence de tout ériuilibre
intermédiaire entre les composés produits tout d'abord.
» 4. Je saisis cette occasion pour rectifier un chiffre que j'ai publié
récemment, relativement à la formation de l'iodure de mercure ; par suite
d'une méprise dans le calcul des données, exactes d'ailleurs, de mes essais,
j'ai exprimé la réaction thermique :
HgCI(ri = 4''') +KI(i-q = 4"") par la valeur -t- 20,6.
C'est + 13,67 f|"''l f^i'*^ ''''6-
» Une nouvelle expérience toute récente m'a donné + i3,6i; par suite,
m dissous + HgO (précipité) dégage -l- 23, o.
» Entre la formation du chlorure de mercure solide et celle de l'iodure
solide, au moyen des hydracides dissous, l'écart est, dès lors, + 12,1;
tandis qu'il est seulement de -l- 1,1 en faveur de l'iodure de potassium so-
lide, comparé au chlorure, et qu'il s'élève à + i i,a en faveur de l'iodure
d'argent, valeiu- qui se réduirait au-dessous de 8,4, si on la rapportait aux
|)remiers moments de la précijiitalion. La formation de l'iodure de mer-
cure cristallisé l'emporte donc au point de vue thermique sur celle de tous
les autres iodiu'cs connus, comme je l'avais annoncé.
M 5. La formation plus ou moins ra|)ide des hydrates salins intervient
également dans les variations de la chaleur produite par les corps inso-
lubles; par exemple la chaleur, dégagée dans la réaction de l'acide oxalique
étendu sur l'hydrate de chaux délayé dans l'eau, a varié de près de 2"^,o
dans mes expériences. Cette variation est due à la formation des oxalales
de chaux diversement hydratés, qui ont été signalés par les analystes et
les micrographes, et dont la composition varie suivant des conditions très-
légères de concentration, de température ou de présence des corps étran-
gers. Les variations, observées récemment par M. Favre, dans la chaleur
de formation du sulfate de baryte, pourraient bien être dues à la produc-
tion de quelque hydrate analogue.
)) 6. Il n'est pas jusqu'à la formation des hydrates salins solubles dans
les dissolutions qui ne doive offrir parfois des circonstances analogues, la
constitution d'un sel récemment dissous n'étant pas nécessairement la même
( 91^ )
que celle qu'il acquiert an bout d'un certain temps. I^es expériences de
M. Marignac sur le sulfate de chaux sont conformes à cette manière de voir.
Je citerai ici diverses observations relatives à l'acétate de soude anhydre,
bien que leur interprétation me semble un peu différente.
« M. Reischauer (i) a fait la remarque que l'acétate de soude fondu
entre en déliquescence au contact de l'air humide et attire jusqu'à i4 équi-
valents d'eau, en constituant une liqueur sursaturée; celle-ci cristallise
subitement en abandonnant l'acétate hydraté : C/'H'NaO* + 6HO; elle
perd ensuite par évaporalion spontanée les 8 équivalents d'eau excédants
qu'elle avait d'abord absorbés. L'acétale hydraté, au contraire, perd la
tolalité de son eau dans le vide à la température ordinaire. Mais le scd
anhydre ainsi obtenu se comporterait autrement que le sel fondu, d'après
l'auteur; car il se bornerait à reprendre dans l'air humide les 6 équivalents
d'eau perdus sans se liquéfier : ce serait donc là un cas d'isomérie.
» Il m'a paru intéressant de le soumettre au contrôle des épreuves ther-
miques. J'ai préparé d'abord l'acétate de soude anhydre, en le desséchant
dans le vide froid. Ce corps, dissous dans 5o parties d'eau à 7 degrés, a dé-
gagé pour C'H'NaO' +4^'",o8
» La solution additionnée d'acide chlorhydrique étendu (1^1 = 2'") a
dégagé -1-0, 85
M D'autre part, l'acétate de soude fondu, au bout d'ime heure de pré-
paration, a été dissous à la même température dans le même poids d'eau.
J'ai trouvé -1-4,23
» L'addition de l'acide chlorhydrique a dégagé -1- o,85
» De même l'acétate de potasse, déshydraté dans le vide, perd la totalité
de son eau. Ce corps, dissous dans l'eau, a dégagé pour C''H'K.O'. H- 3,27 ;
le même acétate fondu a dégagé -f-3,2i
» Je conclus de ces expériences que les acétates alcalins anhydres sont
identiques, quelles que soient les conditions préalables delà déshydratation.
J'ajouterai enfin que la dissolution récente de l'acétate de soude hydraté,
C*H'NaO''+ 6H0, étendue au même degré que les précédentes, et addi-
tionnée d'acide chlorhydrique a dégagé + o,85
valeur identique aux précédentes. Comme elle répond à un déplacement
complet, ou à peu près, de l'acide acétique par l'acide chlorhydrique,
avec formation d'un corps identique dans les deux cas : le chlorure de
sodium, il en résulte que les dissolutions de l'acétate de soude anhydre
(i) Annalen der C/iemie iind Pharmacie, t. CXV, p. I i6; 1860.
T26..
( 976 )
sont identiques avec les dissolutions de l'acétate hydraté. Il résulte encore
de ces faits qu'il n'y a isoniérie, ni entre les sels anhydres, ni entre les dis-
solutions des divers acétates de soude.
» Les expériences intéressantes de M. Reischauer s'expliquent, je crois,
autrement. La déshydratation de l'acétate de soude dans le vide est assez
lente, et il suffit de la moindre trace d'acétate hydraté, demeuré empri-
sonné dans la masse, pour expliquer l'impossibilité de former avec celle-ci
une liqueur sursaturée. Il n'eu reste pas moins probable que la solution
sursaturée renferme principalement un acétate anhydre. Comme on passe
de cette solution concentrée d'une manière continue et sans phénomènes
thermiques bien particuliers aux solutions étendues, comme d'ailleurs l'ad-
dition d'une trace d'acétate de soude hydraté en cristaux à une solution
sursaturée, mais étendue d'eau, jusqu'au degré où elle ne dépose rien par
le contact des cristaux, ne donne lieu à aucun effet thermique spécial, il
me paraît vraisemblable que les solutions étendues renferment encore le
même acétate de soude anhydre, mélangé avec une certaine proportion
(probablement croissante avec la quantité d'eau) d'acétate hydraté. Ce se-
rait la production subite de cet hydrate solide, sous la forme cristallisée, dans
toute la masse d'une solution concentrée, qui déterminerait le terme de la
sursaturation, comme il arrive pour le sulfate de soude et tant d'autres sels.
» La formation des hydrates salins solides, dans ces circonstances, semble
subite et aussi complète que le comportent les équilibres qui doivent se
produire entre l'eau, les sels anhydres et les sels hydratés, dans la portion
des dissolutions subsistantes après la séparation du sel cristallisé. Mais
on conçoit qu'il ne doive pas en être toujours ainsi, et que certains hydrates
puissent se former peu à peu. Cette formation lente des hydrates doit pou-
voir se traduire par les variations de la chaleur de dissolution de certains
sels, et l'on peut la contrôler à l'aide du thermomètre : par exemple, en mê-
lant les liqueurs avec un nouvel acide, capable de les ramener lentement
ou subitement à un équilibre identique. J'ai rencontré des observations de
ce genre, notamment en étudiant le formiate de chaux, le formiate de
strontiane anhydre, etc.
» On s'explique par là pourquoi certaines sursaturations exigent un
temps plus ou moins considérable pour cesser d'exister; il doit en être ainsi
lorsque la sursaturation ne peut cesser que par la formation lente d'un nou-
vel hydrate. Peut-être même l'existence et la disparition d'un grand nombre
de sursaturations salines expriment-elles uniquement l'existence et le pas-
sage d'un certain état d'hydratation (ou de combinaison) définie à un
autre état défini, qui répond à une moindre solubilité. »
( 977 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Suite des Observations des protubérances solaires,
pendant les six dernières rotations de l'astre du 23 avril au i octobre iS^S;
conséquences concernant la théorie des taches. Lettre du P. Secchi à M. le
Secrétaire perpétuel.
n Rome, 17 octobre 1873.
» Bien que les observations n'aient plus cet attrait de nouveauté qu'elles
offraient dans les premiers temps, elles me paraissent avoir toujours la même
importance, et je crois qu'il y a un grand intérêt à les continuer. La série
actuelle montre une décroissance continuelle dans le nombre de ces
éruptions, pendant toute la période, le minimum tombant en août à la trente
et unième rotation; c'est ce que montre bien la comparaison des tableaux
de cette série et de ceux des précédentes. (Voir Comptes rendus, t. LXXVI,
p. 1 525). Ainsi, tandis que le nombre des éruptions était, dans les premières
séries de 1871, en moyenne de i4 à i5 par jour, avec des maxima de ao
à 23, et des minima qui descendaient rarement à i o, les dernières rotations
donnent une moyenne de 8 à 9, et les maxima ne dépassent pas 12; les
minima sont ordinairement de 4^5, les observations étant faites par un
ciel très-beau. Certains jours ont donné deux protubérances seulement;
mais comme'l'air n'était pas assez pur, il est possible que quelques-unes
des protubérances, les plus faibles, n'aient pas été aperçues.
Tableau A. — Rotations solaires et leurs
époques.
ROTATIONS
1873.
COMMENCEMENT.
FIN.
NOMBRE
des
prolubérances.
NOMBRE
des
jours d'obseryat.
MOYENNE
diurne.
MAXIMUM
diurne
MINIMUM
diurne.
XXVII....
XXVlll...
XXIX
XXX
XXXI
XXXII...
23 avril.. . .
19 mai
i5 juin ....
i3 juillet...
9 août. . . .
6 septenib.
18 mai.. . .
i4 juin . . .
12 juillet..
8 août...
4 sept... .
1 octobre.
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1 1
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12
8
5
6
3
2
5
0 En somme, il y a donc une grande diminution dans le nombre des
protubérances, bien que les taches continuent à apparaître un peu moins
nombreuses toutefois qu'à l'ordinaire. Dans les régions polaires, elles ont
été très-rares ; le maximum numérique se trouve entre 3o et /jo degrés N.,
et 20 et 3o degrés S. Ce que je dis du nombre est également vrai pour la
hauteur, qui est considérablement réduite en moyenne. En examinant la
Tableau B.
(978 )
Résumé ries observations des protubérances solaires du ?,3 m'Hl nu ?, octobre iS^S.
Rotat. XXVII.
. XXVIII
» XXIX.
., XXX..,
)> XXXI..
» XXXII..
Totaux.
HEMISPHERE NORD.
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3 40»
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Nombre des protubérances.
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12 3
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à 70"
70O
à 80»
80»
à 90»
Rotat,
XXVII.
XXVIII
XXIX..
XXX .
XXXI..
XXXII.
Totaux.
Protubérances de
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et au-dessus.
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Rotat. XXVII.
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» XXXI..
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Moyennes . .
Hauteur des protubérances. Unité de mesure = 8".
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( 979 )
distribution des protubérances en longitude, on trouve des méridiens qui
donnent nettement des minima, et d'autres des maxima. En examinant sé-
parément le bord oriental et le bord occidental, on constate que les points
extrêmes s'accordent très-souvent entre eux, en sorte qu'il paraît bien y
avoir une distribution diamétrale; mais ces détails disparaissent dans les
moyennes. J'avais déjà annoncé autrefois que les grandes protubérances
affectent des positions diamétralement opposées : c'est aussi ce que M. de
la Rue a également observé pour les taches.
1) Les éruptions métalliques ont été peu nombreuses, et elles ont été
surtout très-intermittenles. Quoique, après le travail du dessin, on eiJt
l'attention de répéter deux fois l'examen des parties les plus importantes,
il est arrivé que des observations accidentelles ont signalé des éruptions
considérables. Une de ces éruptions restera mémorable : c'est celle du
1 8 septembre; elle a été observée et dessinée par M. Tacchini, alors présent
à Rome. Le ciel était magnifique; on put observer à loisir la matière lancée
en haut et retombant en pluie sur le Soleil, de manière à se convaincre de
la netteté fournie par l'instrument. Cette éruption, que l'on put suivre
pendant une heure, donna naissance le jour suivant à un groupe de taches.
» Le petit nombre des éruptions et leur faiblesse nous ont fourni une
occasion de nous persuader que les difficultés soulevées contre notre théorie
des taches n'ont aucune importance.
» On a dit qu'on rencontre des éruptions sans taches. Cela est vrai;
mais nous répondons : i" Ces cas sont très-rares; i° ils ne se présentent
que dans les éruptions faibles et offrant une grande intermittence; il est
donc naturel que, si les masses projetées ne sont pas assez denses pour
pouvoir absorber convenablement les rayons delà couche inférieure, elles
se dispersent au fur et à mesure qu'elles se produisent; 3" nous avons re-
marqué qu'il ne suffit pas, pour pressentir l'apparition d'une tache, d'avoir
observé dans une éruption des raies métalliques quelconques; certains
métaux ont une efficacité plus grande que certains autres. Ainsi les érup-
tions fortement chargées de sodium donnent des taches très-prononcées;
le magnésium ne paraît pas aussi efficace ; cela découle d'ailleurs de ce que
nous connaissons sur l'élargissement, dans les taches, des raies apparte-
nant à ces métaux. Cette remarque expliquerait pourquoi on a parfois de
belles éruptions de magnésium sans taches très-sombres.
» Les cas de taches sans éruptions n'ont pas été rares, mais il y en a eu
très-peu à l'orient. Au couchant, il y en a eu un certain nombre, mais de
celles qui se manifestaient évidemment comme des cavités, et qui étaient
( 98o )
entrées dans une période visible de tranquillité avant d'arriver an bord.
Comme les détails de tontes ces observations sont publiés dans le BuUeltino
meteorologico de notre Observatoire, je n'en reproduirai pas ici le résumé.
» Un savant s'est préoccupé de trouver la couche solide dans laquelle se
formeraient les bouches de ces éruptions. Je dirai que cette recherche ne
me paraît guère nécessaire. J'ai eu l'occasion d'observer souvent, mais
surtout le 2 octobre, les formes que prennent nos cirrhus atmosphé-
riques légers, et j'ai trouvé des formes parfaitement identiques à celles des
protubérances, surtout à celles de ces gerbes d'hydrogène à éventail, qui
ressemblent à des fleurs de giroflée détachées de leur calice; ce jour-là,
une couche de cirrhus avait ses bords tout parsemés de ces figures; il n'y
avait cependant sans doute pas là d'ouvertures de sortie. Nous avons
déjà remarqué autrefois qu'on rencontre des masses isolées, suspendues et
assez persistantes, qui produisent des gerbes semblables et certainement
sans présenter d'ouverture. J'en ai observé un exemple frappant le aS août
1872; j'en reproduis ici la figure. Pour expliquer ces formes, il n'est donc
pas nécessaire d'admettre l'existence d'aucune croûte solide.
Protubérance observée le 25 août 1872, de loli^S"' à li''i4'" (hauteur 88").
(Le jour suivant, la grandeur était moindre; la forme était restée presque la même.)
» On a trouvé des difficultés pour expliquer pourquoi les éruptions se
produisent sur tout le Soleil, tandis que les taches se manifestent seule-
ment dans des zones très-bornées. Nous avons déjà remarqué que la diffi-
culté est résolue par la considération de la nature des matériaux qui for-
ment les éruptions. Les éruptions métalliques les plus vives ne se présen-
tent que dans les zones les plus équatoriales; sur le reste du Soleil, on ne
voit que des émissions d'hydrogène pur, parfois seulement avec des traces
( 980
très-rares de magnésium; il est donc facile de comprendre comment les
taches n'apparaissent pas an delà de certaines régions.
M Reste sans doute à concevoir ponrquoi les érnptions métaliiqnes ont
lieu exclusivement dans une région, de préférence aux autres; mais c'est
là un problème qui sera résolu lorsqu'on connaîtra mieux les lois de la cir-
cidation solaire et les causes de ses périodes d'activité.
» Quant à la disposition systématique de la direction des protubérances,
je trouve que, dans les dernières rotations, la loi n'est pas aussi tranchée
que dans les précédentes. Ce qui paraît se conserver toujours, c'est, pour
hs latitudes élevées, la direction dominante vers les pôles, et, pour les
basses latitudes, une tendance prononcée vers l'équatein-, le changement
de direction se trouvant à /jo degrés environ. La discussion de ces particu-
larités m'entraînerait ici trop loin et demanderait trop de temps. J'ajou-
terai seulement que, sans pouvoir traduire ces variations par des nombres,
on constate, dans ces périodes de calme, un système de directions certai-
nement différent de celui qui caractérisait les périodes d'activité. S'il m'est
permis de continuer mes études, j'espère, avec le temps, apporter quelque
lumière dans l'examen de ces variations singulières.
» J'ai encore voulu vérifier si les anciennes observations satisfaisaient à
la loi de Carrington, qui donne des rotations de durées différentes aux dif-
férents parallèles. J'ai discuté celles de Blanchi, publiées en 1820, et un
certain nombre de celles de Lalande [Mémoires de i Académie; 177G et
1778). J'ai trouvé que, en tenant compte des latitudes héliographiques, on
obtient des résultats très-concordants. Une telle discussion aurait un inté-
rêt immense; il m'est impossible, quant à présent, de m'en occuper. »
PHYSIQUE. — Recherches sur les effets ihermiques qui accompagnent [a compres-
sion des liquides; par MM. P. -A. Favue et Laurent. (Extrait.)
« M. Favre avait déjà annoncé l'intention de s'occuper de ces recherches
[Comptes rendus, t. J^XXV, p. 33o; 1872); aujourd'hui, et eu collaboration
avec M. Laurent, il décrit les dispositions d'un appareil qui a été construit
pour cet objet. Celte description ne pourrait élre bien suivie qu'à l'aide
des figures qui accompagnent le Mémoire et dont la reproduction dans les
Comptesrendus eût présenté quelques difficultés. En déposant leur Mémoire,
les auteurs désirent prendre date; ils reviendront sur ce sujet lorsqu'ils
pourront fournir les résultats complets des expériences commencées. »
C, R., 1873, 3" Semestre. (T. LXXVII, N« 18.) I27
(982 )
M. DE Marignac fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un Mé-
moire qu'il vient de publier « Sur la solubilité du sulfate de chaux ».
M. le général Didion fait hommage à l'Académie, par l'entremise de
M. le général Morin, d'un exemplaire de son Mémoire « Sur le mouvement
d'un segment sphérique sur un plan incliné », dont il a lu un extrait dans
une séance précédente.
RAPPORTS.
HYDRODYNAMIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Graeff, sur l'applica-
tion des courbes des débits à l 'élude du régime des rivières et au calcul des
effets produits par un système multiple de réservoirs.
(Commissaires : MM. Phillips, Morin rapporteur.)
« Dans un avant-propos succinct, l'auteur rappelle d'abord l'usage que
l'on peut faire des courbes expérimentales de débit, qui représentent la loi
des variations d'un cours d'eau en fonction du temps, soit pour calculer
les proportions d'un réservoir de retenue ou d'alimentation, soit pour ap-
précier l'effet que ce réservoir peut produire pour la défense d'une ville ou
d'une contrée.
» Le nouveau travail présenté par M. Graeff se compose de deux parties
distinctes : la première est relative aux questions qui concernent le régime
des rivières et l'alimentation des canaux ; la seconde traite de l'action
simultanée d'un système multiple de réservoirs sur le régime d'une
rivière.
» On voit que, après avoir étudié les questions de détail, l'auteur termine
ses recherches par la discussion des grandes questions d'ensemble.
» La méthode qu'il suit poiu" cette discussion est basée sur la représen-
tation graphique des résultats des observations continues qu'il a fait re-
cueillir depuis longues années, seule marche qui, dans l'état actuel de la
science, permette d'arriver à des résultats suffisamment exacts pour la pra-
tique de l'art de l'ingénieur.
)) Dans l'article 2 de son Mémoire, l'auteur étudie la marche des
crues et leur vitesse de propagation, en partant toujours de cette consi-
dération fondamentale que, pendant la période de croissance, le volume
d'eau débité en amont étant supérieur à celui qui l'est en aval, et que,
l'inverse ayant lieu pendant la période de décroissance, la différence est,
( 983 )
clans le premier cas, emmagasinée, et, dans le second, restituée par le lit
et les rivages inondés.
» Il indique comment, ayant, par des observations suivies, déterminé dans
deux postes consécutifs, entre lesquels il n'existe pas d'affluents importants,
la diu-ée de propagation d'un certain nombre de crues, et noté les instants
correspondant au minimum et au maximum en chaque poste, on peut
former une table des durées de propagation des crues observées du poste
d'amont au poste d'aval, et en déduire, pour ce dernier, le débit qui aura
lieu, à une heure donnée, par suite d'une crue d'amont annoncée.
» Les courbes, qui représentent la relation des hauteurs d'eau et des
débits, permettraient ensuite de conclure de ces débits les hauteurs aux-
quelles s'élèverait au poste d'aval le niveau des eaux par suite de la crue
d'amont, et de prendre les précautions dictées par la prudence.
» L'auteur a soin de faire remarquer qu'en indiquant cette marche il a
fait d'abord abstraction des volumes d'eau que les versants du terrain
pourraient ajouter aux crues.
» Mais il indique plus loin, comme nous allons le dire, la marche à suivre
pour comparer les débits réels des cours d'eau au volume fourni par les
versants, selon le degré de perméabilité du sol.
» On comprend de suite que l'ensemble des courbes de débit, en fonc-
tion du temps, relatives à tous les postes d'observation d'un cours d'eau,
fournit la représentation de son régime, et permet d'en étudier toutes les
circonstances.
» L'auteur indique comment il est facile de déduire des courbes de
débit, par seconde, celles qui représenteraient le débit moyen par jour,
par mois, par saison et par année, et le parti que l'on en peut tirer pour
la solution des questions qui se rattachent au régime, à la réglementation
et à l'emploi des eaux pour les canaux de navigation, d'irrigation et pour
l'industrie.
» Nous croyons devoir faire remarquer, ainsi que nous l'avons déjà fait,
que les Mémoires présentés par M. Graeff sur les importantes questions
qu'il a traitées sont le fruit de longues et persévérantes observations conti-
nuées pendant plusieurs années, et que le relèvement, la représentation
graphique des résultats, leur groupement par périodes mensuelles, trimes-
trielles ou annuelles exigent un travail considérable, qui pourrait être sin-
gulièrement abrégé par l'emploi d'appareils mécaniques qui les enregistre-
raient automatiquement et avec plus de régularité qu'on ne peut l'obtenir
du personnel le plus dévoué. L'installation de semblables appareils, fùt-
127..
( 984)
elle même un peu dispendieuse, conduirait finalement, selon toute proba-
bililr, à une économie dans les dépenses, en même temps qu'elle fournirait
des données plus certaines et d'une continuilé complète.
» L'auteur montre ensuite comment, en combinant les observations sur
Je débit avec celles qui font connaître le volume d'eau de pluie tombé en
chaque saison sur l'étendue des versants qui abmentent le cours d'e:iu, on
peut déterminer le degré de perméabilité d'une région et le rapport plus
ou moins régulier qui existe entre les volumes débités par un cours d'eau
et les quantités tombées dans chaque saison.
» Il en donne des exemples pour des terrains granitiques, tels que ceux
du bassin supérieur de la Loire, où les grandes pluies ont lieu en automne.
Dans de semblables bassins, ce rapport est habituellement, pendant l'hiver,
supérieur à l'unité, c'est-à-dire que les volumes débités sont plus considé-
rables que les volumes d'eau tombée, par suite de l'emmagasinement in-
térieur dans les réservoirs des sources. La valeur moyenne annuelle de ce
rapport, toujours à l'inverse inférieiu'e à l'unité, paraît être pour les ter-
rains granitiques, peu perméables, d'environ 0,60, et, poin- les terrains
siliceux du grès des Vosges, de o,5o. Elle doit s'abaisser considérablement
pour des terrains encore plus perméables.
» Mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler que, si par suite de la
grande perméabilité du terrain en certains endroits le thalweg d'un assez
vaste bassin peut, à la suite de grandes pluies, n'offrir d'abord qu'une très-
faible augmentation de débit, il arrive quelquefois qu'à une certaine dis-
lance en aval l'effet de ces pluies détermine, au contraire, peu de temps
après, une crue considérable et très-brusque. L'un de nous a eu, il y a déjà
longues années, l'occasion d'appeler l'attention de l'Académie sur un fait
de ce genre, qui se reproduit régulièrement, en temps de grandes pluies,
sur un petit coins d'eau à Signy-l'Abbaye, })rès de Rélhel.
» Dans le chapitre second de son Mémoire, l'auteur examine l'influence
d'un .système de réservoirs sur les crues d'une rivière.
)) Il montre d'abord comment, étant données les courbes de débit, en
fonction du temps, pour un poste établi sur la rivière en amont et à peu
de distance du débouché d'un affluent, dont on connaît aussi la courbe
analogue, on peut facilement et par une construction évidente d'elle-même
obtenir la loi graphique du débit total de la rivière à un poste situé à l'aval
près de ce confluent, lorsqu'il est permis de faire abstraction de Femmaga-
sinement dans l'intervalle des postes.
» Examinant ensuite l'influen -e d'un système de réservoirs placés sur
( 985 )
une même rivière, l'auteur montre d'abord que, abstraction faite de l'ac-
tion des affluents et des emmagasinements partiels qui peuvent résulter
de la forme du terrain, les combes des débits obtenues à des postes suc-
cessifs et résultant de i'cifet d'un seul réservoir iraient en retardant les uns
sur les autres et en s'aplatissant, indiquant ainsi une réduction de débit
par unité de temps; mais il ajoute que cet effet serait de moins en moins
sensible à mesure que la distance augmenterait.
» Lorsque plusieurs réservoirs sont établis sur un même cours d'eau,
leur influence relative pour la réduction des débits en aval va ens'atténuant;
elle est cependant encore sensible.
» Mais, quand les réservoirs sont répartis entre le cours d'eau principal
et ses affluents, il peut en être tout autrement, parce qu'il arrive le plus
souvent que le maximum de débit de l'affluent précède celui de la rivière :
c'est ce que l'auteur met en évidence.
M A l'aide des méthodes graphiques qu'il a indiquées, M. Graeff donne
la marche à suivre pour la transformation successive des combes de débit,
en tenant compte de la variation de la vitesse de translation, et il établit
ainsi la transformée définitive de ces courbes pour un cours d'eau sur
lequel il existe un système multiple de réservoirs. Mais il ne se dissimule
pas que les résultats de ces opérations présentent d'autant moins de proba-
bilité d'exactitude que le nombre des retenues et surtout celui des affluents
deviennent plus considérables.
» La conclusion générale de cet important travail est empreinte de
cette prudence que de longues observations inspirent aux ingénieurs ex-
périmentés. Elle peut se résumer ainsi qu'il suit :
)) L'effet d'un réservoir unique sur une région prochaine en aval est
certain et peut être calculé avec un degré suffisant d'exactitude.
» Celui de plusieurs réservoirs, établis sur un même cours d'eau, est
encore certain, quoique plus difficile à apprécier avec précision.
» Enfin, lorsqu'il existe à la fois des réservoirs sur le cours d'eau prin-
cipal et sur des affluents, les incertitudes augmentent tellement, que ce
système ne serait admissible que dans des cas tout à fait spéciaux.
» Aussi l'auteur est-il sagement d'avis, avec les ingénieurs les plus ha-
biles, que le système multiple des réservoirs disséminés sur tous les affluents
des grands fleuves ne peut être conseillé par la prudence.
i> L'Académie peut juger, par les détails dans lesquels il nous a paru
nécessaire d'entrer, sur ce troisième Mémoire de M. Graeff, que ce travail
n'est pas moins digne d'estime que les précédents, et nous lui proposons
d'en ordonner, comme elle l'a fait pour les deux premiers, l'insertion dans
( 986 )
le Recueil des Mémoires des Savants étrangers, en réservant les droits de
l'auleur pour le Concours au prix Dalmont, sur lequel une Commission
spéciale est aj^pcléc à se prononcer. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées,
MÉMOIRES LUS.
TÉRATOLOGIE. — Mémoire sur ta tératogénie expérimentale;
par M. C. Dareste. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
« Je résume, dans ce Mémoire, les résultats des recherches que je pour-
suis, depuis vingt ans, sur la formation des monstres.
» Antérieurement à ces recherches, on ne connaissait les monstres que
dans leur état définitif, tel qu'on peut l'ohserver après la naissance ou
l'éclosion, et l'on ignorait complètement les phases successives qu'ils
traversent pendant leur évolution. La tératologie se bornait donc à la
description et à la classification des types monstrueux; et, quand elle
cherchait à se rendre compte de leur origine et de leur mode de formation,
elle ne pouvait faire intervenir que des données purement conjecturales.
Sans doute Et. Geoffroy Saint-Hilaire a souvent deviné juste, en essayant
de déduire, de la connaissance de l'état définitif des monstres, celle de
leur état primitif; mais la divination ne peut remplacer la science; car,
même lorsqu'elle ne s'égare point, elle a toujours besoin d'être vérifiée
par la constatation des faits.
» On ne pouvait donc connaître le mode de formation des monstres
qu'en les étudiant aux diverses époques de leur évolution. Geoffroy Saint-
Hilaire avait signalé la possibilité de la production artificielle des mons-
tres. Je suis parvenu, en reprenant ses mémorables expériences, à créer
les objets de mes recherches, et j'ai pu ainsi soumettre à l'observation
directe l'évolution de la plupart des types de la monstruosité simple.
» Je dois signaler tout d'abord ce premier résultat, car il démontre
de la façon la plus nette la possibilité de modifier, par l'action de causes
extérieures, un organisme en voie de développement. Quand on soumet
des œufs à l'incubation dans des conditions un peu différentes de celles
qui régissent l'incubation normale, ce qu'il est facile d'obtenir à l'aide
de l'incubation artificielle, on trouble l'évolution et l'on obtient des ano-
malies et souvent des monstruosités. J'ai employé, dans ce but, quatre pro-
cédés : la position verticale des œufs, la diminution de la porosité de la
( 987 )
coquille par des enduits plus ou moins imperméables à l'air, le coiilact de
l'œuf avec une source de chaleur dans un point voisin de la cicatricule,
mais ne coïncidant pas avec elle, enfin l'emploi de températures un peu
supérieures ou un peu inférieures à celle de l'incubation normale. A l'aide
des deux premiers procédés, l'évolution est souvent modifiée; elle l'est
toujours à l'aide des deux derniers.
» Ces changements dans les conditions normales de l'incubation pro-
duisent deux sortes d'effets. Dans certains cas, l'effet est direct et peut être
prévu d'avance. Ainsi réchauffement de l'œuf en un point voisin de la cica-
tricule détermine un résultat toujours le même : le plus grand dévelop-
pement du blastoderme et de l'aire vasculaire entre l'embryon et la source
de chaleur. Le blastoderme et l'aire vasculaire, au lieu de se développer
également dans tous les sens et de prendre ainsi la forme normale d'un
cercle, se développent alors inégalement en prenant la forme anomale
d'une ellipse dont l'embryon occupe l'tui des foyers. Il est très-probable
que cette déformation du blastoderme et de l'aire vasculaire n'est point la
seule anomalie que l'on peut produire à volonté; j'ai lieu de croire que l'on
peut provoquer le nanisme et l'inversion des viscères par certains modes
d'application de la chaleur; mais je n'ai pas, jusqu'à présent, acquis sur
ce point une conviction complète.
)) Le plus souvent l'effet de la variation ne peut être prévu. Ainsi,
d'une part, la même cause modificatrice produit les monstruosités les plus
diverses; d'autre part, les causes les plus diverses produisent les mêmes
monstruosités. Évidemment tout ce que l'on obtient alors en modifiant les
conditions physiques de l'incubation , c'est un trouble de l'évolution
d'où résultent les effets les plus variés. On ne peut expliquer ces faits
qu'en admettant que, dans la même espèce, les germes ne sont pas plus
identiques entre eux que les individus adultes.
» J'ai produit ainsi dans mes appareils presque tous les types de la mons-
truosité simple, et j'ai suivi leur évolution.
» Je signale d'abord comme un résultat très-général ce fait que les
monstruosités ont toujours leur origine dans cette période de la vie em-
bryonnaire où l'embryon est entièrement constitué par des blastèmes
homogènes. Les organes monstrueux apparaissent d'emblée avec tous leurs
caractères tératologiques dans des blastèmes déjà modifiés à l'avance. C'est
surtout, par suite de l'ignorance de ces faits, que les explications térato-
géniques d'Ét. Geoffroy Saint-Hilaire ne sont que partiellement vraies
et ont donné prise à de nombreuses objections.
(9«8 )
» L'arrêt de développement est le procédé général de la formation des
monstruosités simples. Il agit d'abord directement sur certains organes;
puis la modificalion de ces organes entraîne consécnlivement un certain
nombre de modifications dans d'autres organes, modifications qui sont
caractérisées par des arrêts de développement, par la fusion des parties
similaires, par des changements de position, etc.
» L'arrêt de développement, au début de l'évolution, atteint l'embryon
lui-même. C'est là ce qui produit les monstres appelés inexactement omplin-
losites. Ces monstres, les plus imparfaits de tous, n'ont qu'une existence
éphémère, et périssent de très-bonne heure quand ils ne se sont pas déve-
loppés sur un même vitellus, conjointement avec un embryon bien con-
formé dont le cœur sert de moteur pour la circulation de l'embryon mal
conformé, presque toujours privé de cet organe.
» La formation des monstres simples autosites a pour point de départ
un arrêt de développement, partiel ou total, de l'amnios, ou un arrêt de
développement de l'aire vasculaire.
» L'arrêt de développement du capuchon céphalique de l'amnios dé-
termine la cyclopie, la duplicité du cœur, et certaines monstruosités carac-
térisées par divers déplacements de la tête, et qu'Is. Geoffroy Sainl-
Hilaire n'a pas connues.
M L'arrêt de développement du capuchon caudal de l'amnios détermine
la symélie.
» L'arrêt de développement de la totalité de l'amnios détermine des
monstruosités très-diverses, qui tantôt se produissent isolément et tanlôt
sont associées en plus ou moins grand nombre. Ce sont les célosomies ou
éventrations, les exencéphalies ou hernies cérébrales, les ectromélies, ainsi
que diverses incurvations de la colonne vertébrale et diverses déviations
des membres.
» L'arrêt de développement de l'aire vasculaire détermine l'anencé-
phalie.
» Les monstres simples aiitosites périssent le plus ordinairement long-
temps avant l'éclosion. Les causes de leiu' mort prématurée sont l'anémie
et l'asphyxie, qui sont elles-mêmes la conséquence nécessaire d'arrêts de
développement. L'anémie est produite par un arrêt de développement de
l'aire vasculaire qui s'oppose à la pénétration des globules dans le sang.
L'asphyxie est produite par un arrêt de développement de l'allantoïde,
produit lui-même par un arrêt de développement de l'amnios.
» L'inversion des viscères, qui n'est pas, à proprement parler, une
( 9«9 )
véritable monstruosité, a pour point de départ l'inégalité des deux blas-
tèmes qui, ainsi cpie je l'ai découvert, s'unissent, à un certain moment,
])our former le cœur.
» Je n'ai jamais produit de monstres doubles; mais j'ai eu plusieurs fois
l'occasion d'en observer en voie de formation.
» Les monstres doubles, chez les Oiseaux, ne proviennent jamais, comme
on l'a cru longtemps, de la soudure de deux vilellus primitivement dis-
tincts, pas même de la soudure de deux endjryons provenant de deux
cicatricules existant sur un viîellus unicpie. Il faut, pour la production
d'un monstre double, l'existence de deux embryons développés sur une
cicatricule unique et enveloppés d'un même amnios. Dans ce cas seulement,
les deux embryons se soudent souvent, mais non toujours, en obéissant
à la loi de l'union des parties similaires qui régit leur organisation
définitive.
» La soudure est généralement très-précoce (monstres par union laté-
rale ) ; un peu plus tardive chez les monstres doubles par union antérieure
ou à double poitrine; plus tardive encore chez certains monstres à double
ombilic [métopocjes et céphalopacjes).
» L'union des sujets composant les monstres doubles à union antérieure
résulte de l'union des lames ventrales au moment où elles se reploient
pour former la cavité thoraco-abdominale.
» L'existence de deux coeurs dans les monstres à double poitrine tient à
deux causes différentes. Lorsque les têtes sont distinctes, chaque cœur
appartient en propre à chaque embryon. C'est alors, ainsi que Serres l'a
fait remarquer, mais alors seulement, que la loi d'union des parties simi-
laires entraîne nécessairement l'inversion d'un des sujets. Au contraire,
lorsque les têtes sont unies entre elles, j'ai constaté que les deux cœurs
appartiennent par moitié à chacun des embryons, chaque blastème car-
diaque de l'un des sujets allant s'unir avec le blastème cardiaque cor-
respondant de l'autre sujet.
» En tenant compte de ces faits que j'ai constatés directement et en les
combinant avec ceux que j'ai découverts au sujet du mode de formation
des monstruosités simples, on explique avec la plus grande facilité la for-
mation de presque tous les types de la monstruosité double.
» Bien que mes recherches tératogéniques aient été bornées à une seule
espèce, elles ont cependant une portée beaucoup plus grande qu'on ne
le croirait d'abord. En effet, les types tératologiques, en voie de forma-
tion, que j'ai étudiés, chez les Oiseaux, sont exactement les mêmes que
C.R.,1873, 2« Jemmre. (T. LXXVII, N" 10.) I^S
( 99° )
ceux que l'on observe chez les Mammifères et aussi chez les Poissons,
classe où ils sont beaucoup moins diversifiés, par suite de l'absence de
l'amnios. Cette identité des types tératologiques pour les Manniiifères, les
Oiseaux et les Poissons est une conséquence nécessaire de l'unité du type
des animaux qui appartiennent à l'embranchement des Vertébrés.
» La tératogénie des Oiseaux, telle qu'elle résulte de mes recherches,
donne donc, d'une manière à peu près complète, la tératogénie de tous
les animaux Vertébrés. »
GÉOGRAPHIE. — Carte du globe en projection gnomoniqiie, avec te réseau penta-
gonal superposé, accompagnée dhme Notice explicative ; par M. 15. de Chan-
couRTOis. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Elie de Beaumont, Faye, Ch. Sainte-Claire Deville,
Paris. )
« L'exécution de la Carte que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie
a été déterminée par l'étude géologique, concernant les faits d'alignement,
que j'ai présentée en i863, et dont celte carte gnomonique va me per-
mettre (le fig;urer les résultats d'une manière très-convaincante, puisque
tous les grands cercles y sont représentés par des droites; mais elle a été
aussi entreprise dans le but d'appuyer, par la production d'un spécimen,
le programme d'un système général de cartes géographiques préparé anté-
rieurement.
» Je désire hâter, autant que possible, la publication de ce programme,
pensant que sa discussion serait particulièrement opportune dans un mo-
ment où l'on sent le besoin de raviver en France les travaux de Géogra-
phie, et souhaitant que l'agitation produite à cet égard puisse être dirigée
conformément aux tendances méthodiques manifestées dans l'institution
du système métrique décimal.
» Toutefois je crois devoir faire de la carte exécutée l'objet d'un exposé
distinct, dont la publication préalable rendra plus net l'exposé de mon
programme, et c'est ce dont je m'occuperai aujourd'hui.
» Je désire d'abord appeler l'attention sur les mérites des collabora-
teurs qui ont bien voulu se charger de dresser cette carte sous ma di-
rection,
)) Les calculs trigonoinétriques nécessaires pour établir le canevas
gnomonique ont élé faits par M. J. Thoulet, qui avait adressé à l'Acadé-
mie, le i5 février i86g, une Note sur les calculs à l'aide desquels avait été
construite la grande carte du pentagone européen présentée par M. Foucou,
( 99» )
et qui avait publié, à la même occasion, dans le Bulletin de la Société de
Géographie de janvier 1868, une Note sur les projections gnomoniques.
» Le dessin est dû au talent de M. E. Picard qui, joignant à une intel-
ligence parfaite des conditions géométriques, les connaissances géogra-
piiiques aussi sérieuses qu'étendues dont il avait déjà fait preuve en dessi-
nant le beau globe au riïTTTnriroôi édité en i865 par M. Andriveau Goujon,
a donné, je crois, au travail que je lui demandais le degré d'exactitude
et de fini que comporte la petitesse de l'échelle.
» J'indiquerai maintenant, en les motivant, les conditions d'établisse-
ment telles que je les ai réglées.
» La Carte est dressée en projection gnomonique sur les huit faces trian-
gulaires d'un octaèdre régulier circonscrit à la sphère.
» Un des axes de l'octaèdre a été mis en coïncidence avec l'axe des
pôles, et chacun des triangles de la Carte correspond à un des triangles
trirectangles formés par Véquateur, le méridien 0°-180° et le méridien OO^-OO",
de manière que l'on n'a pas à compter des longitudes à l'ouest et à l'est
dans un même triangle.
» Afin de conciher cette condition avec celle de conserver dans chaque
feuille des ensembles naturels de régions continentales, je suis revenu au
méridien de l'ile de Fer, que j'ai pris à 20 degrés juste de celui de Paris, sui-
vant l'usage de l'Office géographique de Justus Perihes à Gotha.
« Avec ce méridien, qui laisse à l'est à peu prés tout l'ancien monde, la
distribution des régions dans les huit triangles I B, II B, III B, IV B, III A,
IV A, lA, II A a lieu d'une manière assez satisfaisante, comme on le voit
du premier coup d'œil sur la carte.
)) Le globe auquel l'octaèdre est circonscrit a un rayon de o^,o63']. Le
coefficient de réduction de la carte est donc le louuloouo a" point de con-
tact de chacun des triangles qui est situé par 35° iS'Sa" (ou par Sg*^ 18^27",!)
de latitude; mais il diminue nécessairement à mesure qu'on s'éloigne de
ce point.
» Pour donner Véchelle variable des différentes parties de la carte, il a
suffi de figurer les méridiens par des lignes ponctuées où les points sont
espacés d'un degré qui vaut r 1 1 1 1 1*", ni.
» Les méridiens ne sont tracés que de 10 en 10 degrés de longitude;
mais, comme tous les méridiens sont rectilignes, il est facile de construire
les intermédiaires au moyen des points qui marquent le tracé des parallèles
de 10 en 10 degrés de latitude, et qui sont également espacés d'un degré.
» Outre les méridiens et les parallèles de 10 eu 10 degrés, on a marqué
128..
( 992 )
aussi les méiitliens et les parallèles à 45 degrés, ainsi que les tropiques et
les cercles polaires.
» Les quatre planches d'épurés qui accompagtient les huit triangles de
l'octaèdre donnent : a le profil de la construction graphique du canevas;
b le rabattement de la même construction; c le canevas d'un triangle
dans le système de géodésie duodécimal ; d le canevas d'un triangle dans
le système de géodésie décimal.
» La carte gravée sera accompagnée de ce dernier canevas, tiré en rouge
sur papier dioptrique, pour que l'on puisse, par la simple superposition,
traduire approximativement les coordonnées duodécimales en coordonnées
décimales.
» Ne voulant pas, en vue des applications immédiates, rompre préma-
turément avec les conditions dans lesquelles sont dressées presque toutes
les cartes et s'exécutent par suite les calculs trigonométriques concernant
les questions de Géographie, j'ai tenu au moins à amorcer ainsi le passage
de l'ancienne graduation à la nouvelle.
» Il importe de figurer le réseau pentagonal sur une carte du globe
destinée spécialement à l'étude des faits d'alignement, et, dès que les feuilles
seront gravées, je ferai tracer les cercles principaux sur un report; mais,
en attendant, pour pouvoir faire des études repérées sans endommager le
dessin minute, j'ai fait construire la figure du réseau sur des feuilles de pa-
pier dioptrique superposables aux planches.
» A cet effet, les positions des points principaux D, //, /, F ont été
marqués sur le dessin géographique, d'après le tableau des données numé-
riques de M. Élie de Beaumont.
)) Le tracé du réseau effectué au moyen de ces points, reportés sur le
papier dioptrique, comprend seulement les trois premières catégories de
cercles, savoir : les primitifs (noir), les octaédriques (rouge), les dodécaé-
driques réguliers (bleu), sur la figiu'e desquels on ajoute facilement les tracés
également rectilignes des dodécaédriqiies rhomboïdaux, des bissecteurs
conjugués aux octaédriques et aux dodécaédriques, des hémi-hexatélraé-
driques, des trapézoédriques, des diamétraux, des diagonaux et successive-
ment des autres cercles auxiliaires.
» Les cercles principaux figurés sont prolongés dans toute l'étendue de
chaque planche, de manière à fournir par leurs intersections des points de
repère pour la [irolongation d'un cercle, du triangle où il est d'abord
tracé, dans le triangle adjacent construit sur une autre feuille.
» liCs rapports et les raccordements des figures tracées sur les diverses
(993)
planches sont indiqués par le coloriage de cinq des triangles qui composent
un pentagone. Ce mode de coloriage est imité du globe sur lequel a été pu-
blié le premier tracé du réseau pentagnnal, mais les couleurs sont choisies
et distribuées d'une manière méthodique. Chacune des six couleurs prin-
cipales du spectre est appliquée à deux pentagones diamétralement opposés.
M Le dessin géographique a été poussé en dehors de chaque triangle à
5 degrés en longitude et en latitude pour faciliter les études relatives aux
régions voisines d'une arête de l'octaèdre.
)) Mais un système quelconque de Carie du globe en projection gnomonique
comporte nécessairement deux séries de feuilles pour ainsi dire imbruiuécs,
de manière que l'une remédie aux discontinuités de l'autre; la seconde
série conjuguée à la série octaédrique est celle des six feuilles exécutées sur
les faces du cube circonscrit conjugué à l'octaèdre, c'est-cà-dire faisant
correspondre les parties moyennes des dernières aux parties extrêmes des
premières et réciproquement.
)) Les six feuilles carrées de la projection gnomonique sur les faces du
cube circonscrit, dont l'exécution va suivre, seront accompagnées de six
planches d'épurés donnant : e la construction graphique du canevas géo-
désiquesur les deux faces tangentes aux pôles ;/ la construction graphique
du canevas géodésique sur les quatre faces tangentes à l'équateur; g et
h les canevas de ces deux genres de faces dans le système duodécimal;
A' et l les canevas correspondants dans le système ilécimal.
» Je m'occupe en ce moment, dans la mesure de mes ressources particu-
hères, de la construction de cette seconde série de feuilles et de planches,
que j'espère terminer avec le concours des mêmes collaborateurs.
» J'aurais peut-être quelque hésitation s'il survenait une discussion
approfondie de la question du méridien international et des moyens de
mettre en pratique la géodésie décimale, qui me ferait entrevoir la possibi-
lité d'établir très-|)rochainement les deux séries octaédriqite et liexaédiique
dans les conditions où elles formeraient le point de départ d'un système
géographique plus ou moins rapproché de celui dont je donnerai incessam-
ment le programme.
» Je n'en poursuivrais sans doute pas moins l'exécution delà série hexaé-
drique conjuguée à la série octaédrique déjà faite; car l'ensemble, à raison
même de son caractèretransitoire, pourra rendreencore beaucoup deservices
à côté de l'instrument perfectionné, dont je souhaite d'ailleurs plus que je
n'espère la prochaine construction, pour l'étude des faits d'alignement
non-seulement en Géologie, mais aussi en Hydrologie et en Météorologie. »
( 994 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ASTRONOMIE.— Observations reklives à une Communication de M. Ed. Dubois,
sur l influence de la réfraction atmosphérique, à l'instant d'un contact dans
unpassagede Vénus. Lettre de M. Ocdemans à M. Faye.
(Renvoi à la Commission du passage de Vénus.)
« Batavia, ce 24 septembre 1873.
)) L'influence de la réfraction sur les éclipses et les occultations des
étoiles a été l'objet d'une Note de M. Hansen, écrite en i838 et publiée au
numéro 347 des Àstronomisclie Nachrichten.
» En lisant la Note de M. Dubois {Comptes rendus, i3 juin 1873,
t. LXXVI, p. i5a6), je conclus de suite que son résultat devait être trop
grand. Il suppose la hauteur de l'atmosphère égale à 1 00000 mètres, soit :
les étoiles filantes ont donné des hauteurs supérieures à cela. Mais il dit,
page iSaS ; « L'angle bOa est peu différent de la réfraction a'Oa, que
» subit le point a" »; voilà ce qui n'est point admissible.
» Alors même que le rayon de lumière décrirait un arc de cercle, depuis
son entrée dans l'atmosphère terrestre jusqu'au moment qu'il atteint l'œil
de l'observateur, l'angle bOa serait la moitié de la réfraction a'Oa;
mais, comme le rayon de courbure de la courbe suivi par la lumière dans
l'atmosphère décroît à mesure que In lumière s'approche de l'observateur,
une figure montre de suite que la proportion doit être encore beaucoup
moindre que la moitié.
» En prolongeant, dans la figure donnée par M. Dubois à la page iSaS,
le rayon terrestre CO et la ligne ab^ et nommant x la hauteur de leur
point d'intersection au-dessus de la surface de la Terre, M. Hansen a cal-
culé la valeur de - pour différentes dislances zénithales. Selon que l'on
veut considérer le cas où le point a une distance zénithale apparente ou
vraie de 90 degrés, la valeur de - est o,ooo353i ou 0,0002827, en em-
ployant la réfraction moyenne selon Bessel.
» Or, si l'on accepte poiu' la parallaxe moyenne du Soleil la valeur
8", 86, nous aurons, pour l'angle baO,
o.ooo353i X 8", 86 = o",oo3i.
( 995 )
mi bien
0.0003537 X 8",(S6 = o",oo:î2,
tandis que M. Dubois a trouvé o",oi5.
» L'influence de la réfraction sur l'instant du contact n'a donc pour
maximum qu'un cinquième de l'évaluation de M. Dubois, c'est-à-dire
qu'en tout cas elle est moindre que o', i3. »
CHIMIE. — Sur une nouvelle matière sucrée volatile, extraite du caoutchouc
de Madagascar . Note de M. Aimé Girard.
(Commissaires : MJM. Balard, Fremy, Wurtz, Jamin.)
« J'ai fait connaître précédemment (i) deux matières nouvelles, à saveur
sucrée, cristallisables, volatiles toutes deux, dont j'ai démontré la préexis-
tence dans le suc des lianes qui fournissent certains caoutchoucs du com-
merce.
» La première de ces deux matières, la dambonite , C'H*0% a été
extraite par moi du caoutchouc du Gabon [n dambo) ; la seconde, la bor-
nésite, C'H'^O'-, a été extraite de même du caoutchouc de Bornéo.
» C'est par leur composition et par les dédoublements qui en sont la
conséquence que ces matières sont particulièrement remarquables. Toutes
deux, en effet, traitées dans des conditions convenables par les hydracides,
se dédoublent, d'une part, en éthers méthyliques correspondants, de
l'autre, en matières sucrées cristallisables, non volatiles, et possédant la
composition du glucose desséché.
M Les réactions suivantes rendent compte de ce dédoublement :
C* H» O» -t- IH = C-IPI + C« H'= O"
Dambonite. Dambose.
C'*H'*0'-+ IH = C-H'I + C'-H'=0'-
Bornésite. Bornéu-dambose.
et permettent de considérer la dambonite et la bornésite comme des com-
posés de l'esprit de bois analogues aux éthers de cet alcool.
» Depuis la publication des résultats que je viens d'indiquer, j'ai pour-
suivi mes recherches dans le même sens, et je suis parvenu à extraire du
caoutchouc de Madagascar une troisième matière sucrée appartenant à la
même famille que les deux précédentes.
(i) Comptes rendus^ t. LXVII, p. 820, et t. LXXIII, p. 426.
(99^^)
» Comme les caoutchoucs qui nous viennent du Gabon et de Bornéo, le
cnoutcho'uc de Madagascar est poreux et contient dans les cavités dont il
esl parsemé une portion de la sève qui lui a donné naissance.
1) D'aprt'S les i-enspignenients qu'a bien voulu me communiquer
M. Alfred Grandidier, le caoutchouc de Madagascar provient, comme les
caoutchoucs du Gabon et de Bornéo, de lianes qui, d'après ce savant, se
rencontrent en abondance dans foute la bande étroite de forêts qui en-
toure l'île africaine. Ces lianes, coupées brutalement, laissent échapper
un suc laiteux qui, coagulé au feu, en présence de sucs acides, donne
naissance au caoutchouc que les indigènes désignent sous le nom de ma-
teza roritina.
1) MM. Aubert et Gérard, il y a quelques années, M. Guibal, plus ré-
cemment, ont bien voulu, à ma demande, faire passer, à sec, au cylindre
tuie certaine quantité de ce caoutchouc, et c'est en soumettant à l'analyse
immédiate le jus ainsi obtenu que j'ai pu en retirer la matière nouvelle, à
laquelle je donnerai le nom de mntézite.
» La matézite est blanche, cristallisable, Irès-soluble dans l'eau, moins
soluble dans l'alcool, d'où on l'obtient sous la forme de mamelons crêtes,
durs et croquant sous la dent. Chauffée, la matézite fond à i8i degrés, en
une masse vitreuse, qui ne cristallise pas par le refroidissement; vers 200
ou 2 10 degrés, elle se sublime lentement, sans décomposition, si l'on opère
avec les précautions nécessaires; mais la partie sublimée, au lieu d'affecter,
comme cela a lieu pour la dambonite et la bornésite, la forme d'aiguilles, se
présente en gouttelettes transparentes, qui bientôt se solidifient.
» La matézite correspond à la formule C-''H-''0"', ainsi que l'indiquent
les nombres suivants, fournis par son analyse :
Calculé.
Carbone 4'>9 4'»3 4'->3
Hydrogène 7,3 7,2 7,0
Oxygène » • 5o , 7
100,0
)) L'analogie de cette formule avec celles de la dambonile, CH'O*, et
de la bornésite, C'^H'^O'^, est frappante; l'analogie se poursuit lorsqu'on
soumet la matézite à l'action des hydracides.
» Chauffée à i 10 degrés en vase clos, avec l'acide iodhydrique fumant,
elle se dédouble en éther métliyliodhydrique et en une matière sucrée
nouvelle que, par analogie, j'apj)ellerai le malézo-dambose,
C-oH^oo" + UT - C-H'I + C''H'«0"
Mali'/.ile. Malczodanjbose.
( 997 )
» En présence des acides siilfurique, nitrique, etc., du réactif ciipro-
jiotassiqiie, des ferments, etc., la matézite se coniporlc de la même façon
que la dambonite et la bornésite.
» Mais ce qui la distingue nettement des deux matières précédentes,
c'est le pouvoir rotatoire considérable qu'elle possède. Ce pouvoir, en effet,
rapporté à la lumière du sodium, n'est pas moindre que 79 degrés ^.
» Le niatézo-dambose diffère, de son côté', des produits correspondants
fournis par la dambonite et la bornésite. Il est plus soluble qu'eux dans
l'eau et dans l'alcool; comme eux il est sucré, aisément cristallisable,
mais, et ceci permet de le caractériser, il possède un pouvoir rotatoire,
alors que ceux-ci n'en possèdent aucun; ce pouvoir rotatoire = 6° z'.
Cbauffé, le matézo-dambose fond à a'iS degrés et se comporte d'ailleurs
avec les réactifs exactement de la même façon que le dambose et le bor-
néo-dambose. Sa formule a été établie par les analyses suivantes :
Calculé.
Carbone 39,5 39,7 4"»°''
Hydi-ogcne 6,8 6,8 6,65
Oxygène » » 53,25
100,00
» En présence des analogies absolues que présentent, au point de vue
chimique, les trois matières sucrées méthyliques que m'a fournies l'examen
des caoutchoucs du Gabon, de Bornéo et de Madagascar, en présence
également des différences que l'expérience m'indiquait dans leurs proprié-
tés physiques, j'ai pensé qu'il y aurait intérêt à reprendre avec plus de
soin que je n'avais pu le faire jusqu'alors l'étude de ces propriétés. J'ai pu
ainsi reconnaître nettement la non-identité des trois damboses fournis par
leur dédoublement, et j'ai pu constater entre leurs propriétés physiques
des relations qui, jointes à leurs principales propriétés chimiques, auto-
risent à les considérer comme résultant de la condensation progressive-
ment croissante d'une même molécule, CH^O^ Voici le résumé de mes
observations à ce sujet :
Point Pouvoir Point Pouvoir
de fusion, rotatoire. de fusion, rotatoire.
Dambonite, C'H'O'. c4o5° néant Dambose, C'H'O" 111° néant
Bornésite, C"H"0'-. 200° 32°/' Bornéo-dambose, C'-II"0'=. 220" néant
Matézite, C^» H" 0". . 181° 79°/' Matézo-dambose, C"H"0". 235" Çf/
» En résumé, le nombre des composés méthyliques à saveur sucrée que
je suis parvenu à retirer des sucs de certains caoutchoucs me paraît, dès
G, R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» 18.) I 29
( 99« )
à présent, suffisant pour qu'on puisse faire de ces composés une classe
nouvelle. Cependant le véritable rôle chimique de ces matières sucrées ne
pourra être nettement établi que par l'étude approfondie des damboses,
produits principaux de leur dédoublement. Je poursuis cette étude en
ce moment, et j'espère la mener à bonne fin, grâce à une quantité no-
table de dambonite que j'ai pu récemment me procurer. »
PHYSIQUE. — Effets frigorifiques produits par la capillarité jointe à l'évapora-
tion; évaporation du sulfure de carbone sur du papier spongieux. Note de
M. C Decharme. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Chevreul, H. Sainte-Claire Deville, Berthelot.)
« Dans im verre à expérience, contenant du sulfure de carbone, on
place verticalement une bande de papier spongieux, de lo à 12 centi-
mètres de long, sur 2 ou 3 de large, pliée eu deux, en trois ou en quatre,
dans le sens de la longueur, ou roulée en flèche. Le liquide monte d'abord
rapidement dans le corps poreux; en moins d'une minute, il a atteint la
hauteur de 7 à 8 centimètres. Alors on voit apparaître sur le papier, d'abord
vers la partie supérieure, une zone blanche uniforme de givre provenant,
soit de la condensation de la vapeur d'eau atmosphérique, soit de la for-
mation d'un hydrate de sulfure de carbone, couche d'épaisseur croissant
avec le temps et qui descend jusqu'à 2 centimètres environ au-dessus du
niveau du liquide dans le vase. Alors l'ascension du sulfure de carbone
paraît complètement arrêtée. (En vase clos, le givre ne se produit pas;
le liquide peut s'élever à plus de 3o centimètres de hauteur dans une
bande n'ayant que 2 centimètres de large.) Toutefois, si le liquide ne dé-
passe plus la zone de givre, l'aspiration capillaire n'en continue pas moins
très-active dans cette zone elle-même, où l'on ne tarde pas à voir croître
des arborescences, toutes perpendiculaires à la surface ou aux arêtes du
papier. Ces arborescences atteignent, en une demi-heure, 12 à i5 milli-
mètres de longueur, dans certains cas. Elles offrent, en se groupant,
l'aspect en miniature de massifs d'arbres couverts de givre, ou de champi-
gnons, ou de têtes de choux-fleurs contiguës. Le phénomène peut se con-
tinuer indéfiniment, pourvu que l'on ajoute de temps à autre du liquide
pour remplacer celui qui se volatilise alors très-vite. Les arborescences ne
commencent à fondre que quand le sulfure de carbone est complètement
épuisé depuis quelques minutes (i). '
(1) La fusion a lieu à zéro, comme on le constate en produisant les arborescences sur la
boule d'un thermomètre, sans employer de papier spongieux.
( 999 )
» La formation des arborescences est à peine ralentie en plein soleil,
à une température de 35 degrés. Bien plus, en chauffant le liquide lui-
même au bain-marie dans de leau à 60 degrés, le phénomène cUi givre se
produit également pendant l'ébullition du sulfure de carbone. Les arbo-
rescences, quoique plus rares et plus grêles, sont même plus longues qu'en
opérant à froid.
» Pour évaluer l'abaissement de température qui se produit, on entoure
de papier s|)ongieux le réservoir d'un petit thermomètre, et l'on dispose
l'instrument de manière que la partie inférieure du papier plonge dans le
sulfure de carbone et que le réservoir soit à 3 centimètres environ du ni-
veau du liquide. La couche de givre se forme, s'épaissit, et le mercure
de l'instrument descend, en quelques minutes, de -+- 20 à — i5 degrés.
» Il suffit même de plonger dans le sulfure de carbone le thermomètre
entonré de sa bande de papier et de le retirer aussitôt, pour que la couche
blanche se manifeste, et qu'en moins de deux minutes le mercure descende
de +20 à — 12 degrés, quelquefois à — 16 degrés, si l'on a soin d'agiter
l'instrument à l'air. 11 est à remarquer que, dans le liquide abandonné à
l'évaporation spontî^née, le thermomètre, sans papier spongieux, ne s'abaisse
pas à +5 degrés, la température de l'air ambiant étant de i5 à 18 degrés.
» En plongeant simplement inie bande de papierspongieux dans le sulfure
de carbone, et la retirant aussitôt, on voit, en vingt ou trente secondes,
la zone de givre se former, augmenter pendant une minute environ, puis
se fondre. C'est là un moyen de constater instantanément, même au so-
leil, la présence de la vapeur d'eau dans l'air atmosphérique. Par un temps
de brouillard, le phénomène est plus prompt, le dépôt plus abondant et le
froid plus intense. On a ainsi un hjgroscope d'une grande simplicité.
» Il est facile de passer des expériences précédentes à celles de la
congélation de l'eau. Il suffit d'entourer d'une bandelette de papier spon-
gieux un petit tube de verre mince, de la grosseur d'un tuyau de plume,
contenant 2 à 3 centimètres d'eau, de le plonger dans le sulfure de car-
bone et de le retirer immédiatement; la congélation de l'eau se fait en
deux minutes. Quand l'air est sec, une deuxième immersion est quelque-
fois nécessaire.
» Si l'on fait l'expérience avec un tube de i centimètre et plus de diamètre,
il faut que l'aspiration capillaire et l'évaporation soient continuées pen-
dant un temps plus long; pour cela, on dispose le papier de manière que
le maximum de froid se produise vers le milieu de la colonne d'eau, le
papier plongeant de i centimètre dans le liquide. Si la colonne d'eau avait
129..
( lOOO )
plus de 5 centimètres de longueur, il faudrait faire une seconde prise de
liquide à hauteur convenable, ou une seule prise un peu au-dessus de la
première moitié (dispositions que l'expérience apprend facilement à réa-
liser), ou placer le tube horizontalemenl, la prise étant eu dessous à 2 ou
3 centimètres du tube. Au bout d'un quart d'heure ou d'une demi-heure,
on obtient un beau cylindre de glace, de la grosseur du doigt. Si l'on
active cette évaporation par ventilation, ou avec la machine pneumatique,
les effets sont beaucoup plus rapides et plus intenses. Je m'occupe de re-
chercher un moyen commode de condenser la vapeur du sulfure de car-
bone et de rendre l'opération pratique.
» Le chloroforme détermine aussi le |)hénomène des arborescences dans
le papier spongieux, mais moins facilement que le sulfure de carbone.
L'éther sulfurique, quoique Irès-voiatil, ne le produit pas.
» Lorsqu'on examine, à l'aide d'un microscope de faible grossissement
(vingt à trente fois eu diamètre), les sommets des arborescences en voie de dé-
veloppement, on y aperçoit un mouvement qui ne ressemble en rien à celui
des cristallisations que l'on projette au microscope solaire : c'est comme
une pâte humide en fermentation rapide; il s'y fait des soulèvements, sui-
vis d'éboulements, d'affaissements; on y voit des espèces de tètes qui
s'élèvent, puis s'abaissent pour reparaître de nouveau, et parfois avec une
vitesse telle, que l'œil a peine à suivre ces différentes phases. Le phéno-
mène n'a de limite que l'épuisement du liquide. Il résulte de ce mode de
développement que les arborescences n'offrent rien de cristallin, bien
qu'elles aient entre elles une certaine simihtude de port et de structure.
Lors de l'épuisement du liquide, les branches terminales laissent voir de
petites pointes cristal hues, encore opaques et comme efflorescentes.
» On peut projeter les arborescences avec le nouvel appareil de M. Du-
boscq, à miroir incliné, qui grossit suffisamment pour cet effet. Les parti-
cularités de ce phénomène en font une expérience de cours des i)ius inté-
ressantes. »
PHYSIOLOGIE. — Origine et formation du follicule dentaire chez les Mammifères.
Note de MM. P. 3Iagitot etCu. Leguos, présentée
par M. Ch. Robin,
(Commissaires : MM. Milne Edwards, (".h. Robin, de Lacaze-Duthiers.)
« La recherche de l'origine des follicules dentaires chez les Mammifères
est, parmi les problèmes de l'embryogénie, l'un de ceux qui, depuis le siècle
( lOOI )
dernier jusqu'à nos jours, ont suscité le plus grand nombre de travaux,
sans que la question ait pu être considérée comme résolue d'une manière
exacte. L'époque relativement précoce de la vie embryonnaire à laquelle
débutent ces phénomènes, les difficultés que présentent la préparation et
le traitement des pièces , la nécessité de l'emploi de nombreux réactifs sont
les causes qui ont retardé la connaissance de cette évolution.
» Lorsque l'embryon des Mammifères est parvenu à cette période où
les arcs maxillaires viennent d'être constitués par la soudure des divers
bourgeons qui les composent, c'est-à-dire à une époque qui correspond
chez l'homme à la fin de la sixième semaine, les bords alvéolaires sont re-
couverts par un bourrelet arrondi qui, outre la saillie qu'il forme dans la
bouche, présente une autre saillie uniforme et continue qui plonge dans le
tissu embryonnaire des mâchoires. Ce bourrelet est exclusivement épithé-
liai : cellules polyédriques stratifiées recouvrant une couche de cellules à peu
près prismatiques ou coiiclie de Malpighi; c'est l'épithélium buccal.
» De la partie profonde de ce bourrelet se détache, vers la fin de la
sixième semaine chez l'homme, une bande de même nature que ce bourrelet,
et qui, du point dont elle émane, se dirige transversalement ou oblique-
ment vers la ligne médiane. Cette bande, occupant ainsi toute la longueiu-
du bord alvéolaire, est la lame épitliéliale.
n C'est sur le bord libre de la lame épilhéliale qu'a lieu la production
d'un certain nombre de bourgeons représentant les organes de rémail des
dents futures. Ces bourgeons, dont l'apparition est presque simultanée aux
deux mâchoires, sont d'abord en nombre égal aux follicules des dents
temporaires; ils constituent les bourgeons primitifs.
» Le bourgeon primitif, après avoir cheminé pendant un certain trajet
au sein du tissu embryonnaire, se déprime à son extrémité par suite de l'ap-
parition (à peu près contre le cordon vasculo-nerveux dentaire) d'un nouvel
organe, le bulbe dentaire^ qui, primitivement conique, se loge dans celte
dépression correspoudanle de l'organe de l'émail. Le nouvel organe naît
du tissu embryonnaire lui-même, dont il garde du reste les caractères his-
tologiques, tandis que le premier, qui lui forme une sorte de capuchon,
conserve sa nature épithéliale. Plus tard on voit se délacher de la base du
bulbe la paroi folliculaire d'aspect membraniforme qui s'élève autour de
ce dernier et arrive à circonscrire les deux organes, pour se clore au point
de jonction de l'organe de l'émail avec le cordon qui s'est rompu en cet
endroit. A ce moment, le follicule représenté par un sac clos de toutes
parts est constitué. Cette série de phénomènes est uniforme et constante
( I002 )
pour la formation des follicules de toutes les dents pourvues de dentine
et d'émail : les dents temporaires ou caduques se forment invariablement de
cette manière.
» Quant aux dents permanentes, leur mode d'évolution répond à plusieurs
ordres de phénomènes, suivant qu'elles sont ou non précédées de dents ca-
duques correspondantes. En effet, si, d'une pat-t, chaque follicule tempo-
raire est suivi d'un follicule permanent qui prend sa place au sein des mâ-
choires, il est un certain nombre de dents qui, évoluant à l'extrémité de la
série des dents temporaires, ne sont nullement précédées d'aucune autre :
telles sont, par exemple, les molaires de l'homme, au nombre de six à chaque
mâchoire.
» Les dents permanentes qui succèdent en nombre égal aux temporaires
naissent d'un bourgeon épithélial, émanant du cordon primitif de la dent
temporaire. Ce cordon secondaire se détache sur un point voisin du sommet
du follicule primitif pour se diriger de là dans la profondeur des tissus jus-
qu'en un point sous-jacent au follicule temporaire; là il devient le siège
des mêmes phénomènes ultérieurs d'évolution qui amènent la formation du
bulbe et de la paroi folliculaire.
» Quant aux molaires permanentes situées au delà de la série des tem-
poraires, à la partie la [)lus reculée des arcades dentaires, voici comment
a lieu leur évolution chez l'homme : La première de ces molaires naît d'un
bourgeon émanant directement de la lame épithéliale et non d'un diverti-
culum d'un follicule voisin. La deuxième naît d'une dérivation du cordon
épithélial de la première, et la troisième d'un nouveau bourgeon qui se dé-
tache du cordon de la deuxième.
)) Trois séries de phénomènes résument donc l'évolution du système
dentaire : i° La série des dents temporaires naît de la lame épithéliale;
2° la série des dents permanentes qui succèdent à celles-ci procède des
cordons épithéliaux des follicules temporaires; 3° la série des dents per-
manentes non précédées de temporaires correspondantes procèdent l'une
de l'autre, à l'exception de la première qui naît directement de la lame
épithéliale.
» Au point de vue de la physiologie générale, la formation du follicule
dentaire résulte donc de la rencontre de deux organes : l'un, organe de
rémail, de nature épithéliale, né le premier et procédant de la couche épi-
ihéliale delà muqueuse buccale; l'autre, de nature embryoplastique, le
bulbe dentaire; enfui une paroi émanée de la substance de ce dernier enve-
loppe le tout: c'est le scu: folliculaire. Nous ue parlons pas ici d'iui autre
( ioo3 )
organe, Vorgmie cfu cément qui entre clans la constitution do certains folli-
cules et dont il sera traité dans lui autre travail.
» Si, d'autre part, on cherche à rapprocher ce mode d'évolution d'au-
tres phénomènes analogues dans l'économie, on reconnaît qu'il y a iden-
tité complète entre le développement du follicule dentaire et celui du
follicule pileux. Ce dernier naît, en effet, aussi d'un cordon épithélial
effectuant sa migration au seiu du derme où il rencontre un autre organe,
le bulbe pileux, le recouvre, tandis qu'une paroi détachée de la base du
bulbe entoure toutes les parties et leur forme un sac qui, à la seule diffé-
rence avec le follicule dentaire, reste constamment ouvert du côté de l'ex-
térieur, tandis que le follicule dentaire, d'abord clos, ne s'ouvre que plus
tard pour donner passage à la dent au moment de l'éruption (i). »
MÉDECINE. — Sur les embolies capillaires et tes infarctus hémorrliagiques
du choléra. Deuxième Note de M. Bouchut.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Dans une première Communication à l'Académie, j'ai présenté des
recherches sur une lésion du choléra qui n'a pas encore été signalée,
l'existence des infarctus hémorrhagiques de la peau et de quelques or-
ganes intérieurs. J'adresse aujourd'hui la suite de mes observations.
» Dans tous les cas de choléra assez graves pour occasionner la mort,
il se fait des embolies capillaires, caractérisées par des infarctus hémorrha-
giques plus ou moins volumineux et en nombre très-variable. Ces embo-
lies se font dans les capillaires sous-cutanés, et dans les petits vaisseaux de
l'endocarde, du péricarde, des poumons, des reins et du tissu conjonctif
inter-musculaire. Je n'en ai pas rencontré dans le cerveau, mais, d'après
ce que j'appris sur un cas de mort subite en ville, chez une personne à
peine convalescente d'une attaque de choléra, il est vraisemblable qu'il y
a eu embolie cérébrale.
» Ces embolies se sont présentées à moi sous la forme de noyaux apoplec-
tiques, ou infarctus sanguins, de volume variable depuis la dimension
d'une petite tête d'épingle jusqu'à celle d'un gros pois.
V Sous la peau, elles se révélaient à l'extérieur par une tache d'un rouge
(i) Nous n'avons pu, dans ce court résume, donner les nombreuses indications biblio-
graptiiques qui concernent ce sujet; on les trouvera dans le Mémoire complet que publie le
Journal (l'Aiiatoniie et de Physiologie ; iSjS.
( ioo4 )
livide violacé n'intéressant pas la substance du derme. Elles étaient for-
mées par une suffusion sanguine du tissu conjonctif sous-culané, et, au
centre, se trouvait un noyau noirâtre plus foncé en couleur. Une injection
d'eau, poussée par l'artère centrale du membre et revenant par les veines,
n'emportait pas cette hémorrhagie et ne traversait pas les vaisseaux obs-
trués. J'ai rencontré ces embolies sous-cutanées buit fois sur huit autopsies.
)) Dans les reins, l'infarctus hémorrhagique, large de i centimètre, était
superficiellement placé sous la coque fibreuse de l'organe, et pénétrait à
3 millimètres environ dans la substance corticale. Il était formé par
une infiltration noirâtre, sanguine, très-foncée en couleur. Il n'y en a eu
qu'un seul cas sur huit autopsies.
» Dans les poumons, les infarctus, durs, noirs et superficiels avaient
une forme légèrement conique, à base tournée en dehors; une injection
d'eau par l'artère pulmonaire ne pouvait les enlever. Sur les huit autopsies,
je les ai rencontrés deux fois.
« Dans le cœur, les infarctus étaient petits, miliaires, placés à l'inté-
rieur de l'organe, sous l'endocarde, et entraient à peine dans la substance
musculaire. Il y en avait sur les parois et sur les colonnes charnues, mais
sur la grosse colonne, qui donne attache aux tendons de la valvule mitrale,
j'en ai compté huit. Je les ai rencontrés trois fois à l'intérieur du cœur.
» Il Y en a aussi sous le péricarde; ils sont très-petits, miliaires, entrent
à peine dans la substance des ventricules. Je les ai observés à la base de
l'organe, près du sillon auriculo-ventriculaire, dans un seul cas.
» I^e cœur lui-même présente toujours, dans sa membrane interne ou
dans ses cavités, des altérations importantes qui sont: soit de l'endocardite
valvulaire végétante, au bord libre des valvules; soit delà thrombose car-
diaque, plus ou moins ancienne et caractérisée par des caillots fibrineux,
blanchâtres, adhérents, mêlés à un coagulum jaunâtre, demi-transparent,
gélatiniforme, ambré, et à des caillots noirs, mous, cruoriques, de forma-
tion récente. L'endocardite peut manquer, mais la thrombose cardiaque
existe toujours. Il est probable que c'est à ce commencement d'endocardite
valvulaire et surtout à la thrombose cardiaque qu'il faut attribuer la pro-
duction des embolies capillaires et des infarctus hémorrhagiques dont je
viens de donner la description.
» Cette découverte auatomo-pathologique me paraît avoir pour autre
conséquence l'explication du mécanisme des phlcgmasies secondaires si
graves de la période de réaction du choléra algide. En effet, à la suite de
l'état de cyanose sanguine et de stase vasculaire générale, lorsque la cir-
( lOOJ )
culafion se rétablit, le sang pousse devant lui des thromboses, qui forment
çà et là des obstructions et provoquent des méningites ou des pneumonies
mortelles. Le cours du sang ne peut se rétablir, entravé qu'il est par des
embolies venues du cœur, et il en résulte des congestions locales, suivies
d'un état de phlegmasie plus ou moins prononcé. »
MÉDECINE. — Observations relatives à une Note précédente de M. Pellarin,
concernant les déjections cholériques comme agent de transmission du (holéra.
Note de M. H Blanc, présentée par M. Wurtz. (Extrait.)
(( Dans la séance du i5 septembre dernier (page 634 de ce volume),
M. le IK Pellarin a lu une Note dans laquelle \° il cherche à démontrer
que je me suis attribué la priorité de la découverte du rôle des déjections
cholériques comme agent de la transmission du choléra; 2" il me reproche
de n'avoir pas fait mention de travaux antérieurs, des siens en particulier,
et d'avoir cherché à établir comme inédit ce qu'il avait lui-même affirmé
il y a vingt-quatre ans. Je vais répondre, en quelques mots, à ces assertions,
» 1° Je n'ai jamais réclamé aucune priorité au sujet de la découverte
du rôle des évacuations cholériques, comme agent de transmission du
choléra; la question de priorité n'est même pas mentionnée dans mon
Mémoire. L'opinion que le choléra est transmis par les évacuations cho-
lériques a, depuis bien des années, de nombreux partisans, et je n'ai pas
cru nécessaire de remonter à l'origine de cette découverte pour en démon-
trer la valeur, le seul point sur lequel j'insiste. D'ailleurs, déjà en i838,
Bœhm publia un ouvrage sur les évacuations cholériques, et il décrivit
même les champignons que Haller plus tard remit en honneur.
» Mais des faits plus précis encore furent publiés en Angleterre, avant
la date indiquée par M. Pellarin, c'est-à-dire avant le 24 septembre 1849.
Le D'^Snow publia à Londres, en 18/19, ""® brochure sur le mode de trans-
mission du choléra au moyeu des déjections cholériques. Il étudie la ques-
tion à fond et pose des principes qui ont ime base vraiment scientifique.
Cette brochure est antérieure à la première Note de M. Pellarin, car le
5 septembre 1849 le D' Budd, de Bristol, fit insérer dans le Times une lettre
dans laquelle il cite le travail du D' Snow.
» 2" Pour M. Pellarin, le choléra est une maladie infectieuse : je re|)ousse
cette hypothèse. Pour qu il n'y ait pas de malentendu, je citerai textuelle-
ment M. Pellarin; il dit :
K Le choléra ne voyage qu'avec et par les individus qui en ont pris le germe; l'in-
G. R., 187:1, 3« Sfmcttre. (T. I.XX.VII, U° 10.) ' 3o
( ioo6 )
fluence épidémique ne doit s'entendre que de la disposition créée par la présence d'un certain
nombre de malades, dont chacun est susceptible de devenir pour les personnes qui l'appro-
chent un foyer d'infection cholérique, c'est-à-dire un agent de transmission de la maladie,
ce qui constitue la contagion proprement dite, de quelque manière que cette transmission
se fasse. »
M Les vues exprimées dans mon Mémoire sont tout à fait opposées;
je dis :
« Le choléra est transmis de l'homme à l'homme. Le principe contagieux réside dans les
évacuations de l'homme pris de choléra. Cette transmission de la maladie a lieu presque
toujours, au moyen de l'eau prise en boisson; exceplionncllement, quand de nombreux ma-
lades cholériques sont réunis ensemble, et dans quelques circonstances rares dont nous par-
lerons plus loin, le choléra pent-être communiqué par l'air renfermant les produits dessé-
chés ou les exhalaisons t'.es évacuations cholériques. »
« M. Pellarin (en 1849) croyait le choléra infectieux; il fait jouer un
rôle important aux évacuations cholériques, mais, pour lui, elles n'agissent
que par les miasmes et les effluves qu'elles dégagent. En 1873, je déclare
le choléra contagietix, la contagion résidant dans les évacuations cholé-
riques, la transmission, selon moi, ayant toujours lieu par les voies diges-
tives, que le principe contagieux soit contenu dans l'eau, dans la nourri-
ture ou dans l'air. Il n'y a donc, sur ce point, rien de commiui entre nous,
à part les mots « évacuations cholériques ».
B L'histoire de l'épidémie de Givet, décrite par M. Pellarin, repose
sur l'idée que des miasmes furent exhalés de certaines évacuations cholé-
riques, jetées sur un tas de fumier et dans des latrines; on ne dit pas quelle
était la qualité de l'eau prise en boisson par les personnes atteintes du
fléau, s'il y avait eu communication possible entre des puits ou des réser-
voirs et le tas de fumier et les latrines; si toutes les précautions avaient
été prises pour s'assurer que la transmission n'avait pas eu lieu par d'autres
moyens, c'est-à-dire par la nourriture ou par l'air renfermant des parti-
cules desséchées des évacuations cholériques. Ces observations sont inté-
ressantes, mais elles n'offrent pas une valeur suffisante pour soutenir la
doctrine d'infection. Ce n'est pas sur des données aussi vagues que j'aurais
pu accueillir des faits qui, comme ceux que j'ai cités, établissent l'influence
des évacuations cholériques comme moyen de communication du choléra.
» Un court résumé de mon travail démontrera qu'il est entièrement
basé sur des faits récents, authentiques et la plupart inédits ou peu
connus en France.
» Mon Mémoire est divisé en trois parties. Dans la première, j'examine
( I007 )
d'abord les faits se rapportant à la transmission du choléra, au moyen de
l'eau potable. Les faits à l'appui sont : le pèlerinage d'Hurdwar en 1867,
les rapports officiels des chirurgiens américains en 1866, l'iuimunité dont
jouissent certaines tribus du Bengale; le fait du D' Macuamara, de quelques
personnes qui boivent de l'eau contaminée des évacuations cholériques,
(1866); le résumé de l'opinion de cinq cent-cinq médecins des Indes con-
sultés par le gouvernement anglais (1866); les expériences des D"* Lewis et
Cuningham sur les <Wacuations cholériques (1869). En ce qui concerne
les autres modes de transmission du choléra, je m'appuie sur le Mémoire
du D' Murray (1866), sur le travail du D" Macpherson (1866), et du D' Ha-
milton ( 1873).
» Dans la deuxième partie, je m'occupe des moyens de prévenir le cho-
léra. Les faits sur lesquels je m'appuie sont : le campement des troupes
anglaises; l'armée de l'empereur Théodoros d'Abyssinie (i865); l'épidémie
de Saltara (1872), et des faits pratiques tirés de mon expérience person-
nelle.
» La troisième partie a rapport au traitement : il est basé sur mon expé-
rience personnelle; sur le résumé du Rapport des cinq cent-cinq médecins,
déjà cité; sur la méthode antiseptique et le traitement au chlorure d'alu-
mine qui m'est propre.
« Comme conclusion, j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie la rectifi-
calion suivante : je ne me suis pas attribué une priorité sur la question
des évacuations cholériques comme moyen de transmission du choléra;
cette priorité n'appartient pas non plus au D' Pellarin, mais bien au D' Snow,
de Londres; de plus, pas un mot dans mon Mémoire ne justifie la récla-
mation du D' Pellarin. »
NAVIGATION AÉRIENNE. — Remarques sur différents problèmes pratiques de
navigation aérienne; par M. W. de Fonvielle. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
« L'auteur donne des détails sur les accidents survenus aux aérostats
captifs qu'on a essayé de construire pour l'usage des visiteurs de l'Expo-
sition internationale de Vienne. Il montre que l'échec complet constaté
à deux reprises peut s'expliquer parce que l'on a négligé plusieurs des
précautions essentielles réalisées par M. Giffard dans ses ballons captifs de
Paris et de Londres, appareils dont toutes les parties avaient été soigneu-
sement calculées.
i3o..
( ioo8 )
» L'auteur fait l'hypothèse fort admissible que la température du gaz
d'un ballon libre diffère de celle de l'air extérieur de lo degrés C, au moins
deux fois par jour : eu plus quand l'action calorifique des rayons solaires
a atteint son maxinuim, eu moins quand le rayonnement vers les espaces
célestes a produit tout son effet. S'il en est ainsi, celte seule rupture d'équi-
libre thermique suffit pour limiter à un très-petit nombre de jours la durée
de la course. Il n'est doue pas raisonnable d'espérer qu'un aérostat, exposé
à tant d'autres causes de perturbations, indépendamment des fuites qu'on
ne peut supposer supprimées d'une façon absolue, franchisse l'Atlantique.
Il ne pourrait arriver au terme de son voyage, même quand les aéronautes
parviendraient à se maintenir, pendant tout le temps de la traversée, dans
le grand courant sud-ouest, dont l'existence est du reste problématique, et
qu'il est sage de commencer par rechercher, à laide d'ascensions faites sur
terre. Les travaux récents de Donati et de M. Brown sur la météorologie
ne lui paraissent point de nature à faire croire qu'il souille d'une façon
normale et régulière.
)) L'auteur cherche à établir qu'on ne saurait supprimer les effets de
ces ruptures d'équUibre thermique, en fermant l'orifice du ballon à l'aide
d'une soupape hermétique. En effet, un petit ballon de caoutchouc dia-
phane fait explosion avec un bruit pareil à celui d'une bombe dès qu'on
vient à le percer avec une épingle. Ce phénouiène tient à l'étonnante rapi-
dité avec laquelle la membrane de caoutchouc se déchire, quoique la pres-
sion du gaz hydrogène ne dépasse pas notablement celle qui régnerait
dans l'intérieur d'un grand ballon libre où l'on voudrait paralyser les effets
de la dilatation solaire. L'enveloppe serait, il est vrai, beaucoup plus résis-
tante que la membrane mince de caoutchouc de ces petits ballons; mais ne
se trouverait-elle pas également, jusqu'à un certain point, dans le cas d'une
larme batavique qui se disloque dès que les différentes parties cessent de
se prêter un mutuel appui?
» Les aéronautes américains ont eu l'idée de lâcher des pigeons succes-
sivement, à intervalles réguliers. Grâce à cette innovation , on a eu au
point de départ des nouvelles constantes de l'ascension exécutée sur terre
par le grand ballon transatlantique, au commencement d'octobre, après
son échec de septembre. Cette ascension s'est terminée au bout de quatre
heures, parce qu'un courant du sud a ramené les voyageurs aériens vers
le continent, où ils ont constaté par expérience que les chutes sont moins
dangereuses que sur mer.
» Cet épisode du seul voyage tout à fait terrestre exécuté par le grand
( I009 )
ballon transatlanlique peut être enregistré à la suite de tous les chan-
gements de sens déjà signalés sur les bords de la mer, où la superposition
de courants aériens de direction différente, suivant la hauteur, est si fré-
quente. L'auteur a coujmuniqué à plusieurs journaux scionlifiques et
autres des lettres reçues de M. Bunelle, aéronaute français, qui annonçait
être parvenu à profiter de ces alternances pour exécuter, pendant le prin-
temps dernier, des évolutions aérostatiques au-dessus de Saint-Pétersbourg.
» L'auteur rappelle le récit, fait dans plusieurs journaux, des incendies
aériens qui, au mois de juillet et de septembre, ont coûté la vie aux
aéronautes La Mountain et Bailey qui, l'un et l'autre, montaient des
inongolfières. Ces horribles catastrophes lui permettent de combattre la
prédilection que quelques personnes persistent à conserver pour des appa-
reils incapables de rendre le moindre service, soit à la science, soit à l'art
de la guerre.
» Il ajoute que tous ces faits, survenus pendant la gravure et l'impres-
sion du Tableau pratique de navigalion aérienne, qu'il vient de publier chez
M. Bouasse-Lebel, et dont il prie l'Académie d'agréer l'honunage, sont une
conséquence incontestable des principes physiques simples qu'il y a déve-
loppés. Il a cherché à en tirer quelques règles précises, tant pour la con-
struction des ballons que pour leur manœuvre. »
VITICULTURE. — Nole sur la formation des renflements sur tes radicelles
de la vigne,- par M. Max. Cornu, délégué de rA.cadémie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
'< Le séjour du Phylloxéra vastalrix sous terre, pendant la plus grande
partie de son existence, complique l'élude des mœurs de cet insecte. Les
modifications qu'il produit dans le système radiculaire de la vigne sont
bien moins évidentes que celles qu'il exerce sur ses organes aériens; on n'a
pas la même facilité pour l'examiner à toute heure. C'est pour une cause
analogue qu'un grand nombre de personnes ignorent que beaucoup de vé-
gétaux nourrissent sur leurs racines, comme d'autres sur leurs feuilles, des
pucerons appartenant à divers genres et à diverses espèces. On s'explique
ainsi pourquoi la forme gallicole du Phylloxéra fut observée la première
en Amérique et en Angleterre, et comment la forme radicicole ne le fut que
plus tard. Tandis qu'on suit instinctivement et sans y penser l'accroisse-
ment de la végétation des parties visibles des plantes, le développement
des feuilles, l'allongement des branches, les modifications qu'elles su-
bissent de jour en jour, bien des gens ignorent entièrement comment se
( lOIO )
fait l'accroissement des parties souterraines, et ne savent pas reconnaître
si telles radicelles sont jeunes ou âgées, si elles sont ou non destinées à s'al-
longer. Telle est la cause pour laquelle la carie et l'excoriation des grosses
racines, l'absence des petites, la disparition du chevelu sur les vignes ma-
lades, par le fait du Phylloxéra, ne frappent pas autant que la chute ou le
jaunissement des feuilles d'un arbre.
» C'est le manque d'observations faites sur le système souterrain qui
laisse croire que la pourriture des racines est, dans le cas actuel, due
à des causes autres que l'action de l'insecte et celle des renflements qu'il
produit.
» Pour les organes aériens, visibles à toute heure, oserait-on soutenir un
instant que les galles de la vigne, dues an Phylloxéra, celles du peuplier,
du saule, les grosses cloques de l'orme et les gigantesques cornes du léré-
binthc sont dues à des causes vagues, telles que l'humidité, la gelée, la
mauvaise culture; à la dégénérescence de la plante, à une maladie de la
sève, etc., et non pas à l'action précise et locale de pucerons bien connus?
Mais, pour les altérations des racines de la vigne, comme tout se passe
sous terre, on ne voit rien, on n'observe rien et l'on peut discuter, tout
à son aise, a priori, sans raisons valables et sans preuves. Telle est l'ori-
gine des étranges opinions émises sur la maladie de la vigne.
» De là aussi la nécessité d'observer les racines et de les étudier.
» Le fait qui me frappa d'abonl, dans l'étude suivie des renflements ra-
dicellaires, fut que les hypertrophies déterminées par le Phylloxéra
n'avaient pas perdu la faculté qu'ont les racines d'émettre des radicelles
vigoureuses, saines et entièrement semblables à celles qui proviennent de
racines saines en pleine végétation. C'est à la suite de cette obser%ation que
j'eus l'idée de suivre, jour par jour, un même renflement et de noter avecsoin
les diverses particularités qu'il présenterait. En faisant des mesures, j'acquis
aussitôt la certitude que le point végétatif de la radicelle renflée pouvait
encore déterminer l'accroissement de cette radicelle et qu'il n'était pas
frappé d'impuissance; M. Duchartre m'avait spécialement recommandé
de m'en assurer.
» Pour bien juger du début des renflements et de leur âge, je pris une
bouture de vigne saine et j'y déposai quelques Phylloxéras; elle était con-
tenue dans un pot à fleurs. Les insectes furent placés sur les racines qui
contournaient les parois du vase et qui se présentaient dans un bel état de
développement. Après six jours, il y avait déjà des renflements très-nets,
d'une longueur de 3 millimètres environ et d'une couleur jaune d'or toute
spéciale, indice de l'hypertrophie. Ces renflements, produits uniquement
(ioit)
par l'insecte, étaient tous terminaux, c'est-à-dire qu'ils étaient fournis tous
par le tissu jeune et en voie de formation de l'extrémité des radicelles que
l'on nomme point végélatif; aucune nodosité ne s'était formée sur une par-
tie déjà complètement développée de la racine ou de la radicelle. Le Phyl-
loxéra ne s'attacha qu'aux parties les plus jeunes. Ce premier fait est très-
important et formellement contraire à la théorie de la prédisposition des
plantes déjà souffrantes, puisque l'insecte choisit de préférence les parties
les plus vigoureuses et fuit les parties déjà un peu affaiblies par la végé-
tation et moins riches en sucs nutritifs.
» Je notai avec soin un certain nombre de ces radicelles. Je choisis di-
vers exemples qui me présentèrent lui certain nombre de cas particuliers.
Treize renflements furent spécialement observés, décrits et représentés en
couleur; les radicelles saines émises, ainsi que les modifications des ren-
flements, furent étudiées.
» Je ne rapporterai pas le détail de toutes ces observations; je me coîi-
tenterai de donner l'énoncé des résultats qu'on peut en tirer. Elles ont eu
lieu du mois d'aoïit au mois d'octobre; les nombres qui seront donnés ne
sont pas absolus : ils sont destinés à fournir, non pas une règle invariable,
mais des indications qui ne seront précises que pour des conditions sem-
blables à celles où l'observation a été faite. Des nombres, quand bien
même ils ne sont pas toujours exactement applicables, ont leur intérêt,
c.Tr ils font sortir du vague une question qui y demeurerait entièrement
plongée.
» Les renflements produits sur les radicelles par un Phylloxéra unique
prennent en général la forme d'un crochet; la radicelle se renfle tout au-
tour de l'insecte, au-dessus et au-dessous de lui, mais surfout au-dessus,
c'est-à-dire surtout du côté de la partie terminale qui continue à s'accroître
en se recourbant plus ou moins. Elle forme ainsi une sorte de retraite où
le Phylloxéra se trouve logé. Quelquefois le renflement ainsi formé reste
définitivement slationnaire; le plus souvent, au contraire, le point végé-
tatif n'est pas épuisé et continue à allonger l'extrénnté radicellaire demeurée
pleine de vie et d'activité; elle peut de nouveau s'accroître et être modifiée,
à son tour, par la présence de nouveaux Phylloxéras.
» Le renflement est d'abord translucide et opalin avec un point végétatif
d'un jaune vif; cette période ne dure pas beaucoup plus de deux ou trois
jours. Il prend de suite une couleur jaune d'or différente comme teuite et
con)me origine de celle du point végétatif; elle est tres-accentuée dans
certains cas déjà vers le sixième join-.
( IOI2 )
))'vSi l'extrémité ne doit pas s'accroître, elle revêt une teinte plus foncée
imitant en cela la base du renflement; bientôt et successivement la teinte
jaune tourne au brun et l'on aperçoit à la loupe des peluches briuies, qui
dessinent un réseau comme on en voit sur la porcelaine craquelée. Le tissu
extérieur, qui brunit de plus en plus, se fendille quelquefois assez réguliè-
rement pour produire ainsi des alignements remarquables. Les plaques
adhérentes laissent apercevoir entre elles la teinte jaune du tissu situé au-
dessous. Plus un point prend d'accroissement et plus la feinte jaune s'y
révèle par l'écartement des plaques de tissu fendillé. Les couches périphé-
riques s'exfoliant d'ailleurs successivement laissent apercevoir une teinte
de plus en plus pâle. La couleur jaune est en effet produite, non par un
plasma dense et riche en éléments organisateurs comme au point végétatif;
elle est due, comme nous le verrons plus tard, dans une Note spéciale sur
la structure anatomique des renflements, à une ligne jaune et réfringente
qui occupe les celhdes des assises périphériques, situées en dessous de l'épi-
derme; à mesure que les couches les plus extérieures s'exfolient, il reste en
dessous d'elles un nombre de plus en plus petit de cellules jaunes. Telle
est l'explication sommaire du changement que les renflements offrent dans
leur aspect.
» Si la nouvelle formation s'accroît par son extrémité, la partie renflée
seule subit ces modifications; quant à la partie située au-dessus, elle prend
l'apparence d'une radicelle ordinaire. Notons que le diamètre de la radi-
celle, dans cette région, est souvent supérieur à celui qu'elle avait au-des-
sous du renflement, c'est-à-dire dans une portion plus âgée.
» Quand il y a sur une radicelle, non plus un seid Phylloxéra, mais plu-
sieurs, l'altération est plus considérable, l'hypertrophie est plus importante,
le développement est plus rapide, la teinte jaune apjiaraît plus tôt. Si deux
insectes se sont fixés à peu près à la même hauteur et côte à côte, leurs
effets s'ajoutent; on retombe presque dans le cas précédent s'ils sont éloi-
gnés, les effets de torsion se compensent, le renflement présente un étran-
glement et demeure à peu près droit ; il se développe de telle manière qu'il
semble s'être creusé sous l'action de l'insecte. S'il y a un plus grand nombre
de pucerons, on arrive à luie grande variété de formes; à chaque Phvl-
loxera correspond une cavité, et du côté opposé une courbure convexe
dont l'effet est plus ou moins combattu par la courbure déterminée par
lui autre insecte; il y a ainsi une sorte de composition entre les forces qui
sollicitent la radicelle, une résultante entre les directions qu'elles doivent
lui imprimer; de là, une variété indéfinie de productions qui peuvent ce-
( ioi3 )
pendant se grouper sous plusieurs chefs principaux. Comme précédem-
ment, le point végétatif peut avoir perdu ou gardé son activité. Si les cavi-
tés restent isolées, il en résultera une masse mamelonnée; si elles sont
confliientes ou si leurs effets concordent, l'ensemble agira comme un seul
Phylloxéra et le renflement rappellera plus ou moins la formation en cro-
chet. Il peut y avoir tous les intermédiaires entre ces deux extrêmes.
» Lorsque l'insecte s'attaque, non pas aux radicelles grêles et ayant un
diamètre égal ou inférieur à i millimètre, mais à celles qui en ont un qui
s'approche de 2 millimètres, ou qui dépasse cette dimension, l'effet pro-
duit est bien moins sensible. Lorsque le Phylloxéra est unique, le résultat
s'arrête à une légère déviation et à un renflement faible; s'il y en a plu-
sieurs, leur action est plus considérable, mais n'atteint jamais celle qui est
produite sur les radicelles plus grêles.
') Les renflements n'ont perdu ni la faculté de s'accroître par leur extré-
mité, ni celle d'émettre des radicelles nouvelles, propriété singulière pour
une formation anomale; mais ces radicelles ne se développent ni sur tous les
points ni à une époque quelconque. Les radicelles naissent sur la courbure
convexe opposée au point où se tient l'insecte. Ces radicelles, ainsi qu'on l'a
dit plus haut, sont saines et vigoureuses; elles s'accroissent rapidement,
comme si elles étaient la continuation d'une formation cellulaire active,
ou comme si elles étaient destinées à un travail d'absorption pressant et
considérable. Il est probable que l'une et l'autre hypothèse sont réelle-
ment vraies et que l'excitation cellulaire déterminée par la présence de l'in-
secte épuise la plante et nécessite la formation rapide de nouveaux organes
d'absorption, les anciens étant insuffisants.
)) Les radicelles apparaissent d'abord comme un mamelon très-court sur
les courbures des renflements ; le tissu déchiré laisse passer une petite pointe
conique de couleur jaunâtre. Après deux jours, la jeune radicelle acquiert
plusieurs millimètres; en quatre jours, quelquefois en deux seulement, on
lui voit atteindre i centimètre et plus ; elle s'accroît ensuite très-rapidement
encore. Le point végétatif est d'un jaune vif, le corps de la radicelle d'un
blanc cristallin. On a donc affaire à une formation saine, issue d'un point
modifié d'une façon toute locale par le parasite. On pourrait de là déduire
des conséquences d'une haute valeur pour combattre les adversaires du
Phylloxéra, cause de la maladie actuelle des vignes. Cette radicelle se com-
porte comme une radicelle ordinaire, c'est-à-dire qu'elle s'accroît surtout
en longueur et finit par donner elle-même naissance à des radicelles secon-
C. R., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVII, iN» 18.) ' 3l
( ioi4 )
daires-, ou bien elle cesse de croître, l'extrémité brunit de bonne heure,
l'ensemble prend une teinte grisâtre, et tout développement ultérieur a pris
fin.
» Pendant la période d'allongement, elle porte souvent des poils radi-
cellaires, sigue certain qu'elle sert à puiser des éléments nutritifs dans le
sol; ces poils se retrouvent, non-seulement sur la radicelle issue d'un
renflement, mais encore sur l'extrémité accrue du renflement et sur le ren-
flement lui-même^ avant qu'il ait pris la teinte brune et qu'il se soit exfolié
en partie.
» Il suit évidemment de là que tout traitement en vue de détruire les
Phylloxéras épars sur les renflements devra respecter les parties hypertro-
phiées; si l'on supprimait ces formations sous prétexte qu'elles épuisent la
plante, on supprimerait du même coup un centre actif de productions radi-
cellaires; ces racines adventives et les renflements eux-mêmes, pendant
quelque temps, peuvent à un instant dor^né être d'un puissant secours pour
la plante. C'est probablement par ces radicelles, toujours renaissantes dans
les premiers temps, que sont absorbés avec rapidité les engrais puissants
dont l'efficacité avait été proclamée d'abord avec trop de légèreté. Ils n'ont
d'effet que tant qu'ils sont réellement absorbés. Sous leur influence pas-
sagère, la vigne épuisée reprend des forces, elle se relève un instant, mais
elle retombe dès que cette nourriture surabondante lui fait défaut ou
qu'elle n'est plus absorbée.
» En effet, quand toutes les radicelles sont détruites, que le végétal a
perdu les organes qui devaient puiser dans le sol la nourriture dont il a
besoin, à quoi bon lui prodiguer des substances désoriuais inutiles dont il
ne peut plus tirer parti?
M L'expérience l'a prouvé maintes fois : les moyens cuîturaux, les en-
grais employés seuls, ainsi que je l'ai déjà dit, ne peuvent pas, et pour des
raisons parfaitement sûres, fournir le remède propre à combattre avec suc-
cès la maladie des vignes. On voit encore malheureusement beaucoup trop
d'habiles cultivateurs, égarés par des opinions sans base, se lancer dans des
essais coûteux, dont l'insuccès définitif peut être prédit.
» Pendant la première période de la maladie, la production de radicelles
vigoureuses et saines pourra, toutefois, être mise à profit; c'est un fait phy-
siologique d'une certaine importance au point de vue pratique, et sur le-
quel le viticulteur sagace, qui saurait observer et qui prendrait l'expérience
pour guide, dans des essais méthodiques, s'appuierait avec utilité dans la
recherche du traitement. »
( ioi5 )
M. Dumas, après avoir analysé la Communication précédente, donne
lecture du passage suivant d'une Lettre qu'il a reçue de M. 3Iax. Cornu :
(c J'ai trouvé vendredi soir un individu sexué du Phylloxern vas-
talrix; il était en train d'éclore. Il est dénué de suçoir. Il provient de ra-
cines sur lesquelles j'ai trouvé plusieurs individus ailés.
» Je prends la liberté de vous annoncer cette nouvelle comme une véri-
fication des recherclies magnifiques de M. Balbiani. »
VITICULTURE. — Observations relatives à l'opinion exprimée par M. Guérin-
Méneville, sur l'apparition du Phjlloxera considérée comme une consé-
quence de la maladie de la vigne; Extrait d'une Lettre de M. de Male-
GNANE à M. le Président.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
«... D'après M. Guérin-Méneville, le Phjlloxera vastntrix serait indi-
gène en France; son développement abondant serait dû à un état maladif
antérieur de la vigne. Les vignerons du Midi sont bien à plaindre déjà!
Ajouter qu'ils le sont par leur faute est un peu dur; mais est-on bien fondé
à le soutenir? Je ne le pense pas :
1° Parce qu'on ne définit pas en quoi consiste cet état maladif de la vigne
et à quels signes il se reconnaît;
» 2° Parce qu'on ne donne aucune preuve de l'existence du Phylloxéra
vnstatrix en France avant iSG.');
» 3° Parce que, si le Phylloxéra était indigène, il se trouverait en France,
comme on le rencontre en Amérique, partout où il y a des vignes, tandis
que l'Est, la Champagne, le Jura, la Bourgogne, l'Orléanais, etc., n'en pré-
sentent pas;
» 4° Parce que, loin de se développer à la fois sur toute la France, le
Phylloxéra s'est étendu, comme une tache dlmile, par la circonférence,
en partant des centres où il s'était manifesté pour la première fois vers 1 865;
» 5° Enfin, parce que, partout où le Phylloxéra paraît, la vigne est tuée,
et que, partout où elle se porte bien, on n'en a pas vu et l'on n'en voit pas
trace, ni avant l'invasion, ni depuis.
.) Je conseillerai donc aux vignerons de s'occuper du Phylloxéra et de
lui faire la chasse, tant que j'ignorerai où il se trouvait avan-t 1 865, en France,
et où il se trouve aujourd'hui, à l'état latent, dans les régions vinicoles de
l'Europe qui n'en souffrent pas; car, jusque-là, il m'apparaît comme la
cause du mal et non comme sa conséquence. »
i3i..
( ioi6 )
M. J. Lechape adresse une Note concernant l'action que peut exercer
l'ail broyé et mélangé de sel marin pour la destruction du Phylloxéra.
M. A. Pagani adresse une Lettre par laquelle il réclame la priorité pour
l'indication de l'emploi du sulfate de cuivre contre le Phylloxéra.
M. VicAT adresse le dessin d'une tarière pour l'introduction des snb-
stances insecticides jusqu'aux racines de la vigne.
Ces diverses Communications sont renvoyées à la Commission du Phyl-
loxéra.
M. T. Héna adresse deux Notes relatives à la géologie de quelques points
des Côtes-du-Nord.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Lailler adresse une Note, accompagnée d'une pièce anatomique,
pour servir à l'étude de la formation des calculs biliaires.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. A. DE Chasseqcint adresse une Note relative à la navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. C.-M. Matiiev adresse un nouveau Mémoire concernant l'utilisation
de la force du vent, pour réduire la consommation du combustible dans
les machines motrices.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. E. Métamorfotis adresse le dessin d'une machine fondée snr la
gravité.
(Renvoi à l'examen de M. Tresca.)
M. DuvoNKOwsKi adresse une Note concernant un élixir anlicholérique.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( ïo>7 )
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE. — Noie sur les meilleures dimensions ù donner aux électro-aimanls;
par M. Th. du Moncel.
u Dans la dernière Note que j'ai adressée à l'Académie (i), j'avais posé
une formule assez simple pour déterminer le diamètre à donner au noyau
de fer d'un électro-aimant, pour le placer dans les meilleures conditions
possibles par rapport à une force électromotrice, et à une résistance de
circuit donnée. Cette formule, qui conduit implicitement à conclure que,
dans le cas où un électro-aimant est établi dans toutes ses conditions de
maximum, ce diamètre est indépendant de la résistance du circuit et pro-
portionnel à la puissance f de la force électromotrice, ne peut se rap-
porter qu'à un électromoteur dont le fd est de même diamètre que celui
du circuit. Or ce cas n'est pas général, et il était à désirer que la formule
pût s'étendre à des circuits composés de conducteurs différents, tant par la
nature que par la grosseur : c'est cette partie du problème dont je donne
aujourd'hui la solution.
» Nous avons vu que, pour obtenir la valeur de c, c'est-à-dire celle du
diamètre du fer d'un électro-aimant, j'étais parti de la loi de MiUler, qui
peut se formuler par l'équation
1/ _ v'~
c, c' représentant les diamètres de deux électro-aimants dont l'un c' sert de
type de comparaison, et qu'on suppose placé dans des conditions conve-
nables; I, r les intensités des courants; t, i' les nombres de tours de spires
des deux hélices.
» Nous avons vu de plus que, pour obtenir les valeurs de t et de t' en
fonction de quantités connues, j'avais eu recours aux formules dérivées des
conditions de maximum des électro-aimants par rapport à leur bobine ma-
gnétisante qui donnent
t=—-i K = — -7-5 1 =
27:c'77j'
(1) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 347.
( ioi8 )
m représentant le coefficient par lequel il faut multiplier le diamètre c
pour obtenir la longueur du fer de l'électro-aimanl; g désignant le dia-
mètre du Hl recouvert de son enveloppe isolante, R la résistance du circuit
extérieur et E la force éleclromotrice totale (i).
» Quand le conducteur du circuit extérieur est dans les mêmes condi-
tions que le fil qui constitue l'hélice de l'électro-aimant, R n'a pas besoin
d'être réduit en fonction de g pour fournir la valeur de t; mais il n'en est
plus de même si, le fil ayant un diamètre indéterminé, R est exprimé en
unités d'une résistance autre que celle qui peut servir de mesure de lon-
gueur à ce fil. Il devient alors nécessaire de réduire R en fonction de g,
du moins pour l'évaluation de t. Or, comme cette réduction a pour expres-
siou '^ ° [q représentant une longueur égale à SySooo, quand R est ex-
primé en unités de fil télégraphique de 4 millimètres de diamètre, ety^étnnt
le coefficient par lequel il faut diviser g pour obtenir le fil dépourvu de
sa couverture de soie), on arrive à avoir pour valeur de t
?17C- l/nR /- i/R m Jq
t = ^ = \IC -i-r . ^ •
\jf- 1 n c' m J \llTsm
» La seconde partie du second meuibre de cette équation, étant une
constante, peut être calculée avec les quantités connues résultant des don-
nées fournies par l'électro-aimant type, et qui sont -77-7; de sorte que l'on
arrive à l'expression simple
t
E / m \Ic'^q
C = ' ^
/\JR \il't'<j2nm
qui peut encore se débarrasser du facteur^, si l'on considère qufi, en faisant
pour l't' ce que l'on a fait pour Jt, ou arrive à l'équation
''"'' E' v/r/'
Or la quantité entre parenthèses du second membre de l'avant-dernière
équation peut être aisément calculée, et, d'après les conditions de l'électro-
aimant type que j'ai employé, elle est égale à 0,0000288 quand/ ne figure
pas dans la formule, ou à 0,00004394 quand cette quantité y est repré-
(i) Voir Comptes rendus, t. LXXVI, p. i4o5.
( IOI9 )
sentée, ce qui est d'ailleurs inutile, puisque le rapport -j est setisiblement
égal a i.
» Il résulte de cette formule plusieurs conséquences importantes, qui
peuvent se traduire ainsi :
» 1° Pour des résistances de circuit égales, tes diamètres d'un électro-aimant
doivent être proportionnels aux forces électromotrices.
» 2° Pour des forces électromotrices égales, ces diamètres doivent être en
raison inverse de la racine carrée de la résistance du circuit extérieur, j compris
la résistance de la pile.
» 3° La valeur de ces diamètres, en supposant que la résistance R du
circuit extérieur soit exprimée en unités métriques de fil télégraphique de
4 millimètres et que la valeur de E soit calculée dans l'hypotlièse que la
force électromotrice d'un élément Daniell est représentée par 5973, a pour
expression
c = —= 0,0000288. . . mètres,
et le chiffre que l'on obtient représente des fractions du mètre.
» 4° En n'employant pour valeur de E que le rapport de la force élec-
tromotrice donnée à celle de l'élément Daniell prise pour unité, la formule
devient
c=: —r= 0,172175... mètres,
et la valeur de R doit toujours être exprimée en unités métriques de fil
télégraphique.
» 5" En rapportant les valeurs de E et de R au système coordonné des
mesures électriques de l'Association Britannique, c'est-à-dire au volt ou
unité de force électromotrice qui représente les -^ de la force de l'élément
Daniell, et à Vohm qui équivaut à 100 mètres de fd télégraphique de
4 millimètres de diamètre, la formule devient
c= -^i o,oi5n57... mètres,
OU, en estimant ce diamètre en milsj mesure anglaise qui représente des
millièmes de pouce,
c = —=628,223... mils.
» D'après ces formules, on pourra savoir que le diamètre le plus conve-
( I020 )
nable d'un électro-aimant devant fonctionner sotis l'influence d'un élé-
ment de Bunsen (moyen modèle), sur un circuit n'ayant guère d'autre résis-
tance que celle de l'électro-aimant, devra être
or
c = —?=^ 0,172175 = o"", 0424 ou iP,674 mi/s.
» De même, un électro-aimant qui devra être interposé sur un circuit
de 1 18620 mètres et qui devra fonctionner sous l'influence d'une pile de
Daniell de 20 éléments devra avoir un diamètre représenté par
c = -—- 0,172175 = o'",oi ,
V^i 18620 ' ^ ^
ou, en partant des unkés anglaises,
0,015957 = o™, 01 = 393,7 miïs.
\/ 1 1 86 , 2
>) Le diamètre c étant obtenu, la longueur totale des deux bobines de
l'électro-aimant devient, pour le premier, 5i centimètres, soit 25^ centi-
mètres pour chacune des branches, et, pour le second, 12 centimètres,
soit 6 centimètres pour chaque bobine.
» La grosseur du fil peut, comme je l'ai déjà dit, se déduire de l'équa-
tion suivante, quand c est déterminé (*),
\/f\/i °.
00002 1 06 , . . mètres ;
ce qui donne, pour le premier électro-aimant, g = o™,oo4865, y compris
la couverture isolante, et o'",oo336 sans cette couverture. La longueur du
fil est, avec ce diamètre, 242™, 8, et cette quantité, réduite en fil télégra-
phique (en divisant par 6 et en multipliant par le rapport des sections),
donne bien les 57 mètres exprimant la valeur de R. Pour le second électro-
aimant, ces valeurs sont g' =: 0,0002597 avec la couverture isolante, et
0,0001 583 sans cette couverture, avec une longueur de fil de 1 1 16™, 7.
» La force attractive de ces deux électro-aimants, avec un écartement de
l'armature de i millimètre, et en partant de la force de l'électro-aimant
(*) Le coeflîcicnt de cette formule était un peu faible dans celle que j'ai donnée
t. LXXVIT, p. 35: des Comptes rendus. Cela provenait de ce que j'avais exprimé le rapport
des conductiliiliiés du fer et du cuivre plus fort qu'il ne l'est pratiquement, et que le dia-
mètre du fer était au-dessous de sa valeur réelle.
( I02I )
type, qui est aS grammes pour un circuit de 1 18620 mètres, est, pour le
premier, 23'^^, 112, et, pour le second, 268',85; c'est du moins la force
qui résulte des lois de MM. Dub et Mùller, représentées par la formule
3^
£ _ Pf-c-
l't'^c"
» Ces différentes formules montrent pourquoi les électro-aimants qui doi-
vent être interposés sur de longs circuits doivent avoir de petites dimensions
et être enroulés de fil fin, et pourquoi, au contraire, ils doivent en avoir
de très-fortes quand le circuit est court.
CHIMIE ORGANIQUE. — Procédé pour préparer l'alcool amjlique actif;
par M. J.-A. Le Bel.
« M. Pasteur, en soumettant le sulfoamylate de baryte, fait avec l'alcool
amylique du commerce, à une série de cristallisations successives et frac-
tionnées, en a séparé deux sulfosels dont la décomposition fournit un al-
cool amylique inactif, bouillant à 29 degrés, entièrement pur, dont la con-
stitution est bien établie, et un alcool actif, ayant un pouvoir rotatoire
de 20 degrés environ pour une colonne de 5o centimètres. Ce dernier alcool
a été moins bien étudié, à cause de la difficulté de sa préparation; il bout,
d'après M. Pasteur, à 27 ou 28 degrés; l'absence de caractères chimiques
qui le distinguent de son isomère inactil l'a même fait considérer comme
un état d'isomérie physique de ce dernier. Il perd son pouvoir rotatoire
quand on le distille à plusieurs reprises sur la potasse. Cependant M. Er-
lenmayer a constaté que le valérianate d'amyle, résidu de la préparation
de l'acide valérianique, renferme l'alcool actif semblable à celui de M. Pas-
teur ; ce fait suffit pour prouver que certaines réactions chimiques des deux
alcools ne sont pas les mêmes.
» En cherchant un procédé pour préparer l'alcool actif, j'ai eu l'occa-
sion d'étudier la cause de l'anomalie que présentent le chlorure d'amyle, lé-
gèrement lévogyre, l'iodure et le bromure du même radical, notablement
dextrogyres. Comme il est difficile d'admettre que ces trois corps, compo-
sés d'un même nombre de molécules groupées de la même manière, aient
des rotations en sens inverse, il y avait lieu de croire que cette différence
provenait de la diversité des modes de préparation des trois éthers ha-
loïdes.
» En effet, les deux premiers éthers s'obtiennent par l'action du bro-
C. R„ 1873, 2» Semestre. (.T. LX.\VU, Pi" 18.) * "^^
( I022 )
mure ou do l'iodure de phosphore, tandis que le chlorure d'amyle est pré-
paré le plus souvent par le procédé indiqué par M. Balard, procédé con-
sistant à distiller avec de l'acide chlorhydriqiie, et à décanter la couche
huileuse, qui est redistillée et lavée à l'acide chlorhydrique pour enlever
l'alcool restant. J'avais observé que le chlorure d'amyle ainsi obtenu con-
tient un peu d'alcool amylique; car, si on le chauffe en vase clos avec des
fragments de potasse, il y a formation d'un peu d'alcool potassé, lequel,
réagissant sur le chlorure d'amyle, donne du chlorure de potassium et de
l'éther amylique; en prenant des équivalents égaux de chlorure et d'alcool
amylique, on peut même préparer l'éther amylique aussi facilement qu'a-
vec l'iodure.
» Pour purifier le chlorure amylique en se mettant à l'abri des erreurs
pouvant résulter de la présence de l'alcool, on l'a chauffé à iio degrés,
après l'avoir saturé avec de l'acide chlorhydrique gazeux; ensuite on a
neutralisé et séché de nouveau ; la rotation observée alors s'est trouvée
nulle, au lieu d'être à gauche comme auparavant. Cette différence, très-
faible du reste, lo minutes environ pour lo centimètres, était due à une
élimination partielle de l'alcool amylique; pour en supprimer les dernières
traces, on a employé successivement deux moyens :
» 1° Agiter avec l'acide sulfurique, qui, se combinantavec l'alcool, laisse
surnager le chlorure d'amyle préexistant.
» 2° Traiter par le perchlorure de phosphore qui, outre le chlorure tout
formé, fournit une nouvelle quantité d'un nouveau chlorure aux dépens
de l'alcool amylique subsistant encore.
» Le mélange de ces deux chlorures était plus actif que le chlorure pri-
mitif isolé par la première méthode; il s'ensuit que le chlorure obtenu aux
dépens de l'alcool est lui-même plus actif, et il devait en être de même pour
l'alcool amylique non attaqué primitivement et qui l'a fourni.
)) I.e calcul des différences de rotation montre, en effet, qu'il faudrait
supposer, dans le chlorure impur, jj; d'alcool ordinaire, pour que la trans-
formation de celui-ci produisît le changement observé dans le pouvoir ro-
tatoire; comme une pareille quantité d'alcool ne pouvait exister après des
rectifications soigneusement faites, cet alcool et son chlorure devaient être
plus actifs.
)> Il restait à isoler l'alcool non transformé et à mesurer directement son
pouvoir rotatoire.
» En employant l'acide chlorhydrique en dissolution pour éihérifier
l'alcool amylique, il y a une ]>prte notable de cet alcool, retenu en disso-
( I023 )
lution dans la couche d'acide affaibli sur laquelle surnage le chlorure à la
fin de la réaction ; on a donc employé exclusivement le gaz chlorhydrique,
quoique la présence de l'eau n'empêche pas l'alcool inactif de s'élhérifier
d'abord. La réaction avait lieu dans un appareil à reflux; de temps en temps,
on distillait la portion volatile avant 120 degrés, qui contenait du chlorure
et de l'alcool amylique, de l'eau et un excès de gaz chlorhydrique. Ce der-
nier était, en majeure partie, éliminé par une seconde distillation ; on saturait
le restant d'acide par du carbonate de potasse en excès et l'on décantait la
couche huileuse renfermant l'alcool et lo chlorure amylique. Après dessic-
cation, on les séparait par fractionnement et l'alcool rentrait dans l'appa-
reil. Quand il ne reste plus qu'une petite quantité d'alcool, il est avantageux
de le saturer à froid d'acide chlorhydrique et d'accomplir la réaction en
chauffant au bain -marie dans de grands matras scellés. L'emploi d'un
grand autoclave doublé de plomb permettrait probablement de terminer
en quelques jours toute la série de ces opérations.
» Dans ces expériences, on est parti d'un alcool du commerce qui, dé-
barrassé de la majeure partie de ses impuretés, par distillation dans l'appa-
reil à boules, tournait de — 1°58'. Après avoir transformé en chlorure près
dey^ de la masse primitive, on a eu un seul alcool, tournant de 4°32' pour
10 centimètres. (Ces mesures, prises avec l'appareil de M. A. Cornu, se rap-
portent au I ayon jaune du sodium) Dans la dernière opération, la rotation
avait encore augmenté de plus de 20 minutes; cela prouve que, quoique
beaucoup d'alcool se transforme en chlorure, on peut obtenir un alcool
notablement plus actif en continuant le même traitement. Le pouvoir rota-
toire de l'alcool actif ainsi obtenu est de 22°^ pour 5o centimètres, celui de
M. Pasteur étant de 20 degrés environ. Cette identité pourrait faire croire
que le corps approchait de l'état de pureté; néanmoins il est douteux, a
priori, que l'une ou l'autre méthode puisse produire une séparation com-
plète; car l'eau mère dont M. Pasteur a extrait le sulfoamylate actif renfer-
mait évidemment du sel inactif, et, dans le procédé actuel, les deux alcools
se trouvant éthérifiés, il doit arriver qu'ds se combinent à l'acide chlorhy-
drique dans la proportion où ils sont mélangés.
» Quant aux chlorures, les premiers obtenus tournaient à droite de
10 minutes, et les derniers de i°/i'; on voit que l'alcool actif se transforme
également en chlorure, et cela d'autant plus facilement qu'il se trouve en
plus petite proportion. Le point d'ébuUition de l'alcool actif paraît être de
127 d' grés; celui de son chlorure, d'environ 97 degrés, notablement inférieur
à celui du chlorure inaclif. Comme généralement les éthers iodhydriques
l32 .
( I024 )
isomériqnes manifestent des différences plus marquées entre leurs points
d'ébullition, ou a transformé entièrement de l'alcool tournant de !\°n' en
iodure d'amyle. Ce liquide a commencé à bouillir à \[\i degrés; la moitié a
passé avant i/jS degrés, et vers la fin le tliermomètrc marquait 149 degrés,
point d'ébullition de l'iodure inactif. Il suit de là que, malgré la coïncidence
du pouvoir rotatoire de l'alcool obtenu avec celui obtenu par M. Pasteur,
on doit considérer les liquides qui tournent de [\ degrés par 10 centimètres
comme des mélanges renfermant encore une certaine proportion d'alcool
actif. On peut, parla distillation, purifier encore l'iodure d'amyle actif, qui
finit par passer entre i44 et i45 degrés. La réaction observée alors est de
8°4o'- Ce dérivé est le plus riche en produits actifs que l'on ait préparé
jusqu'ici. Je me réserve de poursuivre l'étude de l'alcool actif et de ses dé-
rivés, ainsi que l'action sur l'alcool brut de quelques autres acides qui pa-
raissent également avoir le pouvoir d'opérer une séparation.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Wùrtz. »
CEUMiE physiologiQul;. — De l'influence qu'exercent ceiiains gaz
sur ta conservation des œufs; par RI. F.-C Cai.vert (1).
K Je prends la liberté de comnuiuiquer à l'Académie quelques résultats
d'un travail sur la décomposition des œufs, dont je m'occupe depuis deux
ans.
» action de l'oxygène sur les œufs. — L'oxygène agit très-différemment
selon qu'il est sec ou luunide : si l'on place dans l'oxygène sec un œuf
entier, il n'est aucunement altéré; mais, si ce gaz est humide, on voit, au
bout de peu de temps (trois semaines ou un mois), l'œuf se recouvrir d'une
moisissure blanche composée de filaments de i centimètre environ, et que
je pense être le Pénicillium glaucuni ou un Mycélium. Vieuton à casser cet
œuf, on reconnaît que son contenu n'a subi aucune décomposition, quoique
l'examen des gaz de l'appareil révèle la formation d'une notable quantité
d'acide carbonique et d'un peu d'azote, ainsi qu'on le voit dans le tableau
ci-après.
(i) Les deux Notes suivantes de JI. Crace Calvert avaient clé adressées par lui, il y a
quelque temps, à l'un de ses amis, pour être communiquées à l'Académie; des circon-
stances particuliùrcs en ont retardé le dé|)ot au Secrétariat. SI. le Secrétaire perpétuel ap-
prend à rAcademie que M. Ciace Caivcrt, à son retour de Vienne, vient de succomber à
une fièvre ty|)linïde : il se fait l'inti-rprélc des sentiments de regrets qu'inspire aux amis
de la Science cette perte prématurée.
( loaS )
» Ces résultats se trouvent grandement modifiés si l'on fait, à l'extré-
mité de l'œuf, un petit trou avec une aiguille très-fine. Dans ce cas, l'œuf
placé dans l'oxygène sec se décompose, et donne naissance à une plus
grande quantité d'azote et d'acide carbonique. On remarque, en outre, un
peu de mycélium sur la surface de l'œuf, et son contenu, qui est devenu
putride, renferme une très-grande quantité de vibrions et de microzymas.
Dans l'oxygène humide, la décomposition est encore |)lus complète, ainsi
que le prouve l'analyse du mélange gazeux : non-seulement le /'enicj7//(/m
recouvre la siu-face de l'œuf, mais il a pénétré à l'intérieur et altéré l'appa-
rence de l'albumine, en lui communiquant un aspect crémeux; dans le jaune,
on remarque des microzymas, mais pas de vibrions. Cela tient, comme
nous l'ont prouvé d'autres expériences, à ce que le Pénicillium empêche le
développement des vibrions, soit par sa présence seule, soit par l'acide
carbonique qu'il produit.
» Azote. — Dans ce gaz humide, des œufs, soit percés, soit intacts,
peuvent se conserver pendant trois mois. Les œufs entiers se recouvrent
d'un léger duvet de Pénicillium, mais l'intérieur reste sain. Avec les œufs
percés, le contenu est un peu décomposé : on n'y observe au microscope
aucun filament de Pénicillium, mais on y trouve des vibrions; il ne se pro-
duit aucun gaz étranger,
» Hydroijène. — Dans ce gaz, les œufs, soit entiers, soit percés, se re-
couvrent d'un léger duvet, mais l'intérieur reste sain.
» Acide carbonique. — Les œufs, soit intacts, soit percés, se sont con-
servés parfaitement. Il n'a paru sur la surface aucune trace de Pénicillium.
Le résultat est le même, que l'acide carbonique soit sec ou humide.
» Le gaz d'éclairage a donné les mêmes résultats que l'acide carbo-
nique.
action fie Voxygcne,
Composition de l'atmosphère dans laquelle se trouvent les œufs
au bout de trois mois.
OEufs entiers. OEufs percés.
Oxygène sec. Oxygène humide. Oxygène sec. Oxygène humide.
Oxygène 100,00 85,25 70,33 48)06
Acide carbonique. . . 0,00 i3,65 22,62 4'! 79
Azote 0,00 1,00 7,05 10,1 5
100,00(1) 100,00 100,00 100,00
(1) Ce résultat n'est pas d'accord avec d'anciennes observations que j'ai eu l'occasion de
faire. (Note de M. Dumas. )
( I026 )
Action de Vacide carbonique .
Composition de ratniosphère
clans laquelle se trouvent les œufs
au bout de trois mois.
OEufs entiers. OEufs percés.
Acide carbonique 100,00 08, i a
Azote 0,00 1 ,88
100,00 »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De V influence de quelques substances
sur la conservation des œufs. Note de M. F.-C. Calvert.
« J'ai |)longé des œufs récemment pondus dans des solutions faibles
(à -g^) de chlore, d'hypochlorite de chaux, de sulfite de chaux et d'acide
phénique. Ces expériences, que j'ai commencées le 18 avril, ontété termi-
nées le 12 décembre 1871.
)) Chlore. — Des œufs plongés dans une solution de chlore, contenue dans
un flacon bouché à l'émeri, se sont parfaitement conservés et, le 12 dé-
cembre, lorsqu'on les a retirés de la solution, ils ne présentaient aucun
changement visible; mais, les ayant replongés dans le même liquide en
laissant le flacon ouvert, on a observé, le 19 du même mois, qu'ils étaient
recouverts de Pénicillium glcmcum.
» Hfpochlorite de chaux. — Les œufs plongés dans cette solution
furent d'abord examinés au bout de dix jours; le 28 avril, ils étaient cou-
verts de Peniciliniin ; le 8 mai, ils étaient apparemment dans le même état,
mais ]e Pénicillium avait augmenté notablement, et le 8 juin, lorsqu'on ter-
mina cette expérience, on remarqua à travers la coquille que le jaune
s'était déplacé et l'observation microscopique révéla dans l'intérieur de
l'œuf la présence de nombreux filaments de Pénicillium.
» Eau de chaux. — Ces œufs furent examinés aux mêmes dates que les
précédents. Dans le premier examen, on ne constata aucun changement;
au second, on trouva les œufs couverts de Pénicillium et, le 8 mai, ils
contenaient en outre, à l'intérieur, d'autres moisissures. Leur contenu s'était
décomposé; le blanc contenait beaucoup de Pénicillium et le jaune une
grande quantité de microzymas.
» Le sulfite de chaux a donné les mêmes résultats.
» Acide phénique. — Les œufs plongés dans cette solution n'ont pré-
senté aucun changement jusqu'au 8 juin. A cette époque ils étaient légè-
rement recouverts de Pénicillium ; mais l'intérieur était parfaitement sain. »
( I027 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Métamorjyfiisme et mutabilité physiologique de
certains microphylcs sous l influence des milieux; relation de ces phénomènes
avec la cause initiale des fermentations ; zjmogénèse intraceUulaire. Noie de
M. J. DuvAL, présentée par M. Ch. Robin.
a Les recherches que j'ai entreprises, depuis neuf années, sur la micro-
graphie aérienne et sur la fermentation alcoolique, m'ont amené à con-
clure (i) :
)) 1° Que l'air, bien qxi'ii soit le réceptacle d'une multitude de germes,
d'origine principalement végétale, ne recèle aucune cellule type permettant
d'affirmer qu'elle est le représentant non douteux d'une levure, ayant
déjà accompli antérieurement sa mission de dédoublement sur une matière
fermenfescible quelconque ;
» 2° Que, quoi qu'il en soit, l'air est bien le véhicule le plus approprié
à la genèse et à la dissémination des ferments dans les milieux fermentes-
cibles ou putrescibles, mais qu'il faut toutefois établir cette restriction
fondamentale, à savoir que : si ratmosphère charrie tous les éléments néces-
saires propres à façonner ces mêmes ferments, ceux-ci n'en sont que l'ébauche
première et nj existent pas tout faits et immédiatement prêts à agir.
» C'est de la fausse interprétation des faits que sont nées ces discussions
interminables sur l'hétérogénie et la pansperniie. Lorsque les partisans de
la spontéparité disaient à leurs adversaires : « Montrez-nous vos prétendus
» germes? » ils demandaient surtout qu'on leur fît voir, d'une façon
palpable, une levure déterminée ou bien le corps reproducteur d'im mi-
crozoaire bien connu. L'argument des sponféparistes est resté debout et les
homogénistes, malgré les expériences les plus décisives en leur faveur,
n'ont pu convaincre, jusqu'à l'évidence, nos premiers maîtres en microgra-
phie. Sans la mutabilité, l'hétérogénie est une négation sans fondement, la
panspermie une affirmation vague; avec elle, les deux doctrines fusionnent
et se confondent.
(i) Ce résumé porte sur les travaux originaux suivants : i° Causerie sur une expérience
de micrngrapliie aérienne, à propos des générations dites spontanées , Neufchâte!-en-Bray,
i864; 2° Des ferments organisés, de leur origine, etc., thèse couronnée par la Société de
Pharmacie de Paris, en 1869, et reproduite en partie dans le Journal de Pharmacie et de
Chimie, 55'^ année, 4° série, t, X, 1869; 3° Mémoire sur la mutabilité des germes microsco-
piques et ta question des fermentations, dans le Journal de l 'Anatomie et de la Physiologie
de M. Ch. Robin, p. 4oo; juillet 1873.
( loaS )
» Spornles de Miicédinées diverses, spores de Cryptogames d'un ordre
plus élevé, débris microscopiques d'Algues desséchées, tels sont les seuls
éléments qui, dans l'air en moui'emenl^ participent à la génération des fer-
ments végétaux. De cellule microdermique constituée ferment actif, il n'y
en a pas une seule, l'observation microscopique le démontre, l'expérience
physiologique le contrôle (i).
» Un jus sucré naturel, soumis à l'ébullilion ou simplement filtré avec
soin, étant abandonné au libre contact de l'air, ne donne jamais lieu à la
fermentation d'emblée, et les corpuscules qui tombent à sa surface, si on
ne les force pas à choir mécaniquement au fond des vases pour les priver
de l'oxygène de l'air, s'y développent constamment sous forme de moisis-
sures, de mucors ou de ramifications byssoïdes. Le même èlre qui produit
la combustion du sucre, en croissant sous forme d'expansions mycéliales,
produira plus tard son simple dédoublement en alcool et acide carbonique;
mais alors il ne vivra plus de la vie aérienne, et son accroissement se fera
par bourgeonnement. Jusqu'ici, toutefois, le phénomène est aussi obscur
que la panspermie pure et simple l'est elle-même, et, avant d'aller plus
loin, il importe de se demander en vertu de quelle loi et par quel méca-
nisme la spore de la Mucédinée, être à fonction normalement comburante,
devient, en certaines circonstances, simple organisme ferment.
» L'état purement cellulaire de certains êtres microscopiques, en tant
qu'ulricules azotés, ploie ces infiniment petits à des fonctions multiples, et
c'est en raison même de cette simplicité de structure qu'il est permis aux
microphytes les plus infimes de modeler leurs formes, comme leurs attri-
butions, sur le terrain qui doit leur servir d'aliment et de support (2).
» Deux méthodes, également accessibles à l'expérience, démontrent la
mutabilité des germes microscopiques : la première, c'est l'observation
optique directe; la seconde, c'est le phénomène chimique. J'ai pu observer
et suivre toutes les phases du métamorphisme cellulaire sur plusieurs sémi-
(i)Ona pris trop peu en considération les conditions jibysiques aiixtiuelles les êtres
ferments devraient répondre, dans la supposition prématurée de leur migration incessante
dans l'atmosphère. Ces conditions, qui sont, pour les sporules végétales, leur faible densité
relative, le ])eu d'hygrométricilé de leur membrane histologique et surtout leur réductibi-
lité en atomes impalpables, sous les influences divisantes les plus légères, ces propi ittes es-
sentielles, dis-je, n'appartiennent pas aux ferments.
(2) A quelles bornes s'arrêtent la loi du métamorphisme et la mulabilité physiologique dont
j'ai pu appliquer quelques cas à l'étude des fermentations? Cette loi, sans doute, est plus
étendue qu'on ne le suppose; j'avoue cependant qu'il me serait impossible de la délimiter.
( I029 )
nnles récentes de Mucédinées exosporées. En emprisonnant celles-ci sons
nne lamelle de verre en présence d'un peu de suc de raisin bouilli et fdtré,
et, mieux, en présence de décoction de levure sucrée et limpide, j'ai vu ces
séminules s'accroître par bourgeonnement. L'expérience m'a toujours
réussi avec les poussières de l'air, et je ferai remarquer que, quant aux grains
de fécule, aux cellules polliniques et aux granulations moléculaires libres,
entraînées en même temps que les autres particules organisées, aucune de
ces dépouilles pulvérulentes n'a éprouvé de modification morphogénique
pendant les nombreuses épreuves que j'ai tentées à cet égard.
» Les poussières atmosphériques, récoltées telles quelles sur des bal-
lons remplis de glace, ou bien des sporules déterminées et exemptes de
tout organisme étranger, ayaiit été ensemencées dans des matras à moitié
pleins de liquides sucrés dont j'avais à l'avance assuré la stérilité par les
procédés de M. Pasteur, ont déterminé dans ceux-ci des phénomènes de
fermentation continue; et, toutes les fois que j'ai opéré sur des liqueurs
légèrement acides, j'ai obtenu la formation de levure normale en même
temps que le dégagement d'acide carbonique et production d'alcool (i).
» Des faits non moins curieux de mutabilité, et ceux-là ne permettent
nulle équivoque, m'ont été fournis par les cellules globuleuses d'un cer-
tain nombre d'Algues d'ordre inférieur. Je citerai principalement, comme
ayant donné sons mes yeux les plus beaux exemples de genèse intra-
zymique, le Palmella cruenta, le Protococcus viridis (major), et V Hœmalo-
coccus.
» Ayant ensemencé, l'hiver dernier, avec les cellules de ce dernier mi-
crophyte, du suc de raisin blanc, resté sans altération depuis cinq
mois, j'ai obtenu, au bout de quatre jours, une fermentation éner-
gique. Le sixième jour, je recueillais un gaz entièrement absorbable
par la potasse, et, au bout de trois semaines, la température ambiante
ayant été maintenue à 28 degrés C, je recueillis un vin de bon goût, titrant
i3 pour 100 d'alcool absolu et dépouillé de toute trace d'acide acétique.
A l'ouverture du ballon, la levure formée différait complètement de la
levure habituelle du raisin.
(i) J'ai consigné ces expériences dans ma thèse inaugurale sur les Ferments organisés
(1869), et je me permets de demander à l'Académie de bien vouloir enregistrer cette date,
des épreuves, en tout semblables aux miennes, n'ayant été relatées pour la première fois,
par M. Pasteur, qu'en 1872, à propos de sa discussion avec M. Freniy sur l'origine des
levures, discussion engagée, d'ailleurs, au sein même de cette Académie.
C.R.,1873, 2" Semestre. (T. LXXVII, N" IR.) l33
( io3o )
» La transformation de certains êtres nidimentaires en levures hétéro-
morphes est donc un fait acquis à l'expérience (i). »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur le fonctionnement de Cappareil respira-
toire après l'ouverture de la paroi thoracique. Note additionnelle, par
MM. G. Carlet et J. Strakss, présentée par M. Milne Edwards.
n Nous désirons compléter, par quelques éclaircissements historiques,
notre Communication sur le fonctionnement des poumons après l'ouver-
ture du thorax (2), Le fait du développement du poumon, au moment de
l'effort, malgré l'ouverture du thorax, a été déjà mis en lumière par Mal-
gaigne, dans ses recherches sur la hernie du poumon dans les plaies péné-
trantes de poitrine. Sur le malade même qui a fait l'objet de nos recher-
ches, M. Béhier constatait l'existence du murmure vésiculaire, distinct
quoique affaibli, immédiatement après l'opération de l'empyème, preuve
évidente que le poumon continuait à se développer malgré la libre péné-
tration de l'air extérieur dans la plèvre. Enfin, l'année dernière, pareille-
ment à la clinique de l'Hôtel-Dieu, sur un malade auquel on avait pratiqué
l'opération de l'empyème, MM. Bail et Liouville ont observé, à chaque
mouvement d'inspiration, l'apparition du poumon derrière les lèvres de
la plaie. Le développement pulmonaire, malgré louverture de la plèvre,
était donc cliniquement constaté, tant au moment de l'effort que dans la
respiration ordinaire. Nos recherches ont fourni une nouvelle preuve, la
preuve graphique, et en même temps la mesure exacte de ce dévelop-
pement. »
HISTOLOGIE. — Propriétés et structures différentes des muscles rouges et des
muscles blancs, chez les Lapins et chez les Raies. Note de M. L. Ranvier,
présentée par M. Cl. Bernard.
« Les anatomistes savent depuis longtemps que, chez certains animaux,
il y a deux espèces de muscles : des muscles rouges et des muscles pâles.
Ainsi, chez le Lapin, le muscle demi-tendineux est un muscle rouge,
tandis que le vaste interne, dans lequel il se trouve logé, est un muscle
(i) L'étude des fermentations s'ouvre donc sous un nouveau jour, et j'ai dit ailleurs tout
le parti qu'on pourrait, sans doute, tirer industriellonient de ces nouvelles inductions phy-
siologiques autant pour la fabrication que pour la conservation des vins.
(2) Comptes re/iilus, aq septembre 1873.
( io3i )
pâle (i); les adducteurs de la cuisse présentent un mélange de fibres
rouges et de fibres pâles.
» Chez les Poissons, on trouve aussi cette distinction en muscles
rouges et en muscles pâles, et chez quelques-uns, les Raies et les Torpilles,
par exemple, il y a des muscles formés des deux espèces de fibres.
« Cette différence de coloration des muscles ne provient pas de la
quantité variable de sang contenue dans leur système capillaire; en effet,
si l'on fait passer dans les vaisseaux un courant de sérum artificiel, les
mîiscles blancs deviennent encore plus pâles, tandis que les muscles
rouges gardent leur coloration; celle-ci tient donc à la fibre musculaire
elle-même.
M Nous avons étudié ces muscles chez les Lapins et chez les Raies, et
nous avons reconnu des différences aussi bien dans leurs propriétés que
dans leur structure.
» Propriétés physiologiques. — Le muscle demi-tendineux du Lapin, mis
à nu et excité avec un courant électrique interrompu, se raccourcit peu à
peu et progressivement; une fois tétanisé, il reste raccourci tant que
l'excitation est continuée, sans communiquer de secousses à la pince
électrique et à la main qui la tient, comme en donnent les muscles striés
ordinaires. Lorsque l'excitation cesse, le muscle revient peu à peu à sa
longueur primitive.
» Les muscles blancs du Lapin, excités avec le même courant, se con-
tractent au contraire brusquement, et pendant toute la durée de l'exci-
tation ils sont agités de secousses correspondant aux interruptions du
courant. Lorsque l'excitation cesse, ils reviennent brusquement à leur
longueur primitive,
n Sur un Lapin dont le bulbe a été sectionné et auquel on pratique la
respiration artificielle, le nerf sciatique est coupé en deux points, à sa sortie
de l'échancrure sciatique et au tiers supérieur de la cuisse; le tronçon de
nerf coupé contient des fibres qui se rendent au vaste interne et au demi-
tendineux. Jj'excitant électrique appliqué à ce nerf fait contracter ces deux
muscles à la fois et différemment; chacun se comporte de la façon que
nous avons décrite plus haut.
Il Les Raies possèdent, entre autres muscles rouges, de petits faisceaux
musculaires, en forme de fuseaux, situés sous la peau de la région dor-
(i) Dans son ouvrage sur l'iinatomie du Lapin, Krause signale ces différences dans la
coloration des mi'srles. {Die .■/natomie rlex Kfinim/irn.f, p. iiq; 1868. 1
i33.
( io32 )
sale; chacun de ces faisceaux correspond à un intervalle entre deux arêtes
cartilagineuses; ils reposent, sur des masses de muscles pâles. Ces muscles
rouges isolés se comportent, sous l'influence de l'excitation électrique,
comme les muscles rouges du Lapin. Les muscles pâles qui se trouvent
au-dessous présentent les mêmes phénomènes que les muscles blancs du
Laj)in. Si l'on découvre chez une Raie le gros nerf de la nageoire latérale et
qu'on l'excite, les muscles rouges et les muscles blancs auxquels il se dis-
tribue se comportent comme leurs analogues chez le Lapin.
» Nous devons à l'obligeance de M. Marey, qui a bien voulu mettre à
notre disposition ses instruments et son concours, d'avoir obtenu le tracé
graphique de ces confraclions musculaires; il confirme parfaitement les
observations que nous avions faites d'abord, et nous permet d'y ajouter
quelques détails.
» Chez un Lapin, le muscle demi-tendineux et le vaste interne sont excités
au même moment par l'intermédiaire du nerf sciatique. Les courbes fournies
alors par les deux muscles n'ont pas leurs points de départ sur la même
verticale; celle du demi-tendineux présente un retard notable, ce qui
montre que le temps perdu des muscles rouges est plus considérable que
celui des muscles pâles.
» Les muscles blancs, excités directement par un courant interrompu
dont on n'a pas déterminé exactement la fréquence des interruptions, don-
nent un tracé composé d'une série de zigzags ou de crochets correspondant
aux interruptions du courant. Les muscles rouges, excités par le même
courant, interrompu aux mêmes intervalles, donnent une courbe continue
qui atteint une certaine hauteur correspondant à la contraction tétanique
et s'y maintient pendant tout le temps que dure l'excitation. Lorsque celle-ci
cesse, la courbe redescend lentement. Si l'appareil est disposé de manière
à diminuer le nombre des interruptions dans l'unité de temps, on constate,
dans la partie ascendante de la courbe générale du muscle rouge, trois ou
quatre ondulations à peine marquées, correspondant aux interruj)tions du
courant. Au contraire, si l'on fait agir sur les muscles blancs un courant à
interruptions très-rapprochées, le muscle est tétanisé, comme l'est le muscle
rouge par un courant à interruptions plus rares. Il faut ajouter que les
muscles rouges perdent leur excitabilité après la mort plus rapidement que
les muscles blancs.
» Stnichnc. — Chez le Laj)in, les faisceaux musculaires blancs et rouges
ont les mêmes diamètres, o""",o4o à o""",o6o. Les faisceaux blancs pré-
sentent une strialion transversale très-nette, tandis que la striation longitu-
( io33 )
dinale y est à peine distincte ; les rouges, au contraire, ont des stries longi-
tudinales très-apparentes, tandis que les stries transversales, au lieu d'être
rectilignes, coinnu; dans les nuiscles pâles, y forment des lignes brisées. Il
résulte de cette disposition que les faisceaux primitifs des muscles rouges,
vus suivant leur longueur, ont un aspect granuleux.
» Colorés avec le carmin, les faisceaux primitifs des muscles rouges pré-
sentent des noyaux très-abondants et disposés en séries longitudinales,
tandis qu'ils sont épars dans les faisceaux des muscles pâles.
« Sur des coupes transversales des muscles, on reconnaît facilement les
noyaux qui existent à la face supérieure de la coupe de cbaque faisceau
primitif. Les faisceaux des muscles pâles montrent, immédiatement au-des-
sous du sarcolemme, les noyaux aplatis au nombre de i à 4 pour chaque
faisceau. Des préparations semblables des muscles rouges nous laissent
voir 4^9 noyaux pour chaque faisceau. De plus, ces noyaux sont sphé-
riques et logés dans de petites dépressions creusées dans la substance mus-
culaire. Il n'est pas rare de rencontrer des faisceaux de muscles ronges pos-
sédant des noyaux au milieu même de leur substance.
» Chez les Raies, les muscles rouges, dont j'ai parlé plus haut, ont des
faisceaux beaucoup plus minces que les blancs. Une Raie, longue de 90 cen-
timètres, m'a présenté des faisceaux rouges dont le diamètre était de
o™™,o6o à o™'",09o, et les faisceaux blancs de o""",i5o à o'"'",i8o de dia-
mètre; les deux ordres de faisceaux montrent la même différence de stria-
lion que les muscles du Lapin.
» Chez les Raies, les Torpilles et d'autres Poissons, le sarcolemme, au
lieu d'être appliqué directement sur la masse qui constitue le faisceau pri-
mitif, en est à une certaine distance; l'intervalle est occupé par une ma-
tière parsemée de fines granulations; des noyaux plats, logés dans une
masse de protoplasma également aplatie, tapissent la face profonde du
sarcolemme; des noyaux sont également disposés dans l'épaisseur du
faisceau primitif, ainsi qu'on l'observe facilement sur les coupes transver-
sales : il y a donc dans les muscles de ces animaux deux espèces d'éléments
cellulaires. Les premiers, c'est-à-dire ceux qui sont placés à la face pro-
fonde du sarcolemme, sont bien plus nombreux dans les muscles rouges
que dans les blancs.
» Les faits que je viens d'indiquer établissent qu'il y a, dans l'économie
de quelques animaux, deux sortes de muscles, tant au point de vue de la
forme que des fonctions. Je pense que ces deux espèces de muscles existent
chez un très-grand nombre d'animaux; mais, pour l'établir, il faudrait des
( io34 )
recherches spéciales que je n'ai pas encore faites. Ces recherches doivent
être minutieuses; car il se pourrait que les deux espèces de fibres fussent
mélangées intimement, au lieu d'être combinées par gros faisceaux, comme
dans les adducteurs du Lapin et dans certains muscles des Raies et des
Torpilles.
» L'action des deux espèces de muscles n'étant pas la même, il est pro-
bable que leur rôle est différent; les pâles, avec leur contraction brusque,
seraient des muscles d'action par excellence; les rouges, avec leur con-
traction plus lente et plus persistante, seraient plutôt équilibrateurs ou
régulateurs.
» Ce travail a été fait dans le laboratoire d'Histologie du Collège de
France et dans le laboratoire de Concarneau. »
MÉDECINE. — Sur te scorbut et son traitement. Note de M. Cbampôl'ili.on,
présentée par M. Larrey. (Extrait par l'auteur.)
« La diffluence du plasma du sang, qui constitue le scorbut, est générale-
ment attribuée à l'usage exclusif et prolongé des salaisons. Le rôle du sel
marin dans la production de cette maladie a été fort exagéré et surtout
inexactement interprété. Le scorbut est, en réalité, un effet de la dyspepsie
gastro-intestinale et de l'inanition.
» Les viandes conservées au moyen du chlorure de sodium et de l'azotate
de potasse perdent, par exosmose, leurs sucs, leur arôme, leurs princi|)es
albuminoïdes azotés, qui passent dans la saumure; elles tombent dès lors
dans la classe des aliments simplement carbonés; elles ne répondent plus
au besoin d'une alimentation animalisée. Dépouillées de toute saveur par
les lavages auxquels on les soumet avant de les consommer, les salaisons
dégénèrent en une substance fade et indigeste, qui fatigue très-prompte-
ment l'estomac; dénaturées d'autre part par l'action du chlorure de so-
dium, elles constituent un élément insuffisant et très-propre à amener la
dyspepsie et l'inanition. Quand les viandes conservent un excès de salure,
elles deviennent encore une cause de dyspepsie, par l'intensité de leur im-
pression sur le palais et sur l'estomac, un obstacle à la digestion par la
neutralisation des acides des sucs gastriques, une cause d'inanition en
restreignant la quantité des matériaux de nutrition, et aussi luie cause
de diffluence morbide des éléments coagulables du sang.
» Les vivres secs (riz, biscuit, légumes féculents) qui composent la ra-
tion journalière des équipages et des garnisons dans les places assiégées
( io35 )
entrent eux-mêmes dans le mécanisme physiologique du scorbut, en déter-
minant la dyspepsie flatulente, par suite de l'insuffisance de la diastase ani-
male et de la pepsine propres à convertir en produits absorbables des quan-
tités considérables de substances amylacées.
» C'est encore par la dyspepsie que prélude le scorbut chez les sujets
condamnés à se nourrir invariablement des mêmes aliments pendant un
temps plus ou moins long.
» Le scorbut peut être un résultat de 1 inanition, chez les religieux qui
ne vivent que d'aliments végétaux.
M Dans le traitement prophylactique ou curatif du scorbut, l'indication
la plus urgente consiste à soustraire le personnel des navires ou des places
assiégées aux causes de la maladie; quand cette mesure est impraticable, il
faut absolument introduire désormais dans les approvisionnements de
consommation : i° des fruits acides; ils raffermissent la cohésion des ma-
tériaux du sang, ils secondent la digestion stomacale et neutralisent l'excès
des principes alcalins répandus dans l'organisme; i" le vin rouge aroma-
tique; en lotions, il rehausse l'énergie contractile des vaisseaux capillaires
et prévient lessuffusions sanguines ou séreuses; 3° la pepsine; comme con-
diment et auxiliaire de la digestion; 4° le suc ou l'extrait d'orties brû-
lantes, justement réputé comme hémostatique; 5" le lait condensé, comme
aliment frais et très-nutritif; 6° l'extrait concentré de malt lioublonné; son
amertume donne à l'estomac le ton qui lui manque, sa diastase assure la
digestion des substances amylacées; par lui-même, en raison de sa compo-
sition, il représente un aliment complet et il offre de plus les propriétés
des sucs d'herbes. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l'intoxication lellurique. Deuxième Note
de M. L. Colin, présentée par M. Larrey.
« Tout en reconnaissant le rôle nécessaire dévolu à la putréfaction végé-
tale dans la production de la malaria, je crois devoir insister encore sur
certains faits qui militent en faveur de l'influence simultanée du sol , et qui
viennent à l'appui de la doctrine de V intoxicalion lellurique.
» Si la putréfaction végétale était la cause unique des fièvres intermit-
tentes, nous ne verrions pas, dans les régions marécageuses du littoral
méditerranéen, soit en France, soit en Algérie, soit en Italie, ces affections
ne sévir en général qu'à partir du mois de juillet. Dès le commencement
de juin, la masse de matières organiques en putréfaction dans leau des
( io36 )
marais a été réduite à un état de concentration suffisant pour infecter de
son odeur l'atmosphère environnante.
» Quel que soit le degré de corruption de l'eau stagnante, le danger en
est bien moindre que la disparition de cette eau laissant à nu un sol plus
redoutable qu'elle.
» A Paris même, on a eu la preuve que les miasmes de la putréfaction
végétale sont moins redoutables que certaines émanations du sol. Quand
les longues sécheresses de lySi eurent entraîné l'abaissement de niveau
des eaux de la Seine, et la putréfaction d'un grand nombre de plantes qui
exhalaient une odeur fétide au delà des bords du fleuve, la fièvre ne se
développa point chez les habitants riverains. A. de Jussieu ne parle que
des accidents survenus chez ceux qui burent de cette eau, accidents qui,
du reste, ne furent pas des fièvres intermittentes. Nous voyons, au con-
traire, ces maladies apparaître, avec une grande fréquence, parmi la popu-
lation parisienne, en 1811 et en i84o, époques où l'on exécuta de vastes
remuements de terre, pour creuser le canal Saint-Martin et pour con-
struire les fortifications. Ici, l'on ne peut s'en prendre qu'aux émana-
tions du sol ; i\ n'y avait ni mares, ni étangs, ni rivière à demi-desséchée
constituant un milieu de putréfaction comparable à celui de 1731.
» Pour produire la malaria, il faut autre chose que de la chaleur, de
l'humidité et des plantes en décomposition : il faut le sol, qui n'est pas un
s\m\)\e. substratum dans cette élaboration morbifique, mais qui remplit,
dans la genèse du miasme, un rôle peut-être aussi considérable que dans
la végétation.
» On a cité des exemples d'individus atteints d'intoxication palustre
pour avoir bu de l'eau marécageuse et de ces faits on a conclu que la
putréfaction végétale suftit pour engendrer la fièvre. D'après l'examen que
j'ai fait de ces observations, et d'après mon expérience personnelle en Italie
et en Algérie, je crois pouvoir révoquer en doute l'action fébrigène de ces
boissons; et, dans cette étude (1), je suis arrivé à la conclusion suivante :
» L eau marécageuse n'a pas l'action spécifique du miasme palustre atmo-
sphérique; elle n'agit, dans le développement de imtoxication, que comme la
série des causes banales qui diminuent la résistance de l organisme aux in-
fluences morbides.
» Ces faits me semblent importants, au point de vue de la direction à
(1) De l'ingestion des eaux marécageuses comme cause de la dyssenterie et des fièvres
intermittentes. [Annales d'Hygiène publique, t. XXXVIII; octobre 1872.)
( «037 )
donner aux recherches qui ont pour objet de constater la nature du germe
des fièvres intermittenles. Ce germe a été recherché surtout dans l'atmo-
sphère des marais, où certainement il existe à son maximum; les gaz dé-
couverts jusque aujourd'hui dans cette atmosphère, ne possédant par eux-
mêmes aucune puissance fébrigène, on a plus spécialement incriminé la
matière organique qui s'y trouve en si grande abondance. Or, comme les
émanations des terres vierges nouvellement défrichées produisent aussi les
fièvres, il est probable que la majeure partie de la matière organique re-
cueillie à la surface des marais doit être mise hors de cause dans la genèse
du miasme, et que, peut-être même, elle complique les difficuUés de cette
analyse.
1) Je crois donc pouvoir émettre les propositions suivantes : i° le sol joue
un rôle considérable dans le développement de la malaria; 'i° l'ingestion
de l'eau marécageuse ne produit pas la fièvre intermittente; 3° il sera plus
facile peut-être de découvrir le germe fébrigène à la surface des terres
nouvellement défrichées que dans l'atmosphère des marais. «
GÉOLOGIE. — Sur le calcaire spalliique des marnes vertes de Chennevières.
Note de M. Stan. Meunier.
(( La partie supérieure des marnes vertes et la zone qui s'étend entre elles
et le travertin moyen paraissent correspondre à une époque où un régime
spécial de sources incrustantes exerçait une action prépondérante dans le
bassin de Paris. Par exemple, c'est là, comme on sait, que se trouve ce cal-
caire oolithique de Villejuif signalé par M. Ch. d'Orbigny et dont la struc-
ture rappelle celle des roches jurassiques. De mon côté, j'ai rencontré au
même niveau, mais dans une autre localité, un calcaire sur lequel je de-
mande la permission d'appeler l'attention.
» C'est dans une marnière très-récemment ouverte le long de la route
qui relie Champigny à Chennevières-sur-Marne (Seine-et-Oise), et sur un
point plus voisin de cette dernière localité que de l'autre, que j'ai rencontré
le calcaire nouveau. La marnière de Chennevières permet d'apprécier une
fois de plus la justesse des opinions de M. Hébert, quant à l'âge relatif du
travertin de Champigny et des meulières de la Brie.
» Ces meulières étant exploitées plus haut, sur le plateau, du côté de
Villiers par exemple, la marnière offre à sa partie supérieure une argile
sableuse blanchâtre, dans laquelle sont noyés des rognons de silex corné
et des plaquettes d'un calcaire compact très-fin, d'un blanc jaunâtre sou-
C. R., 1873, 2» Semestre. (T, LXXVll, N" 18.) I 34
( io38 )
vent marbré de jaune clair. C'est au-dessous que commencent les marnes
vertes, présentant, à leur partie supérieure, des lils plus ou moins brunâ-
tres, où gisent précisément les nodules calcaires dont je vais parler et une
couche très-mince d'une argile blanchâtre qui paraît contenir de la sfrou-
tiane. Comme le travertin de Champigny est exploité beaucoup plus bas,
par exemple sur la route de Bry, où l'on en fait de la chaux grasse, il est
manifeste que la marne verte sépare les meulières de Brie du travertin de
Cliampigny, et, par conséquent, comme l'enseigne M. Hébert, que ce tra-
vertin est, sur la rive gauche de la Marne, le correspondant et l'équivalent
du gypse de Nogent.
» Quoi qu'il en soit, le calcaire de Chenneviéres contraste avec toutes
les roches environnantes par sa structure éminemment cristalline et par
son aspect, de tous points comparable à celui de maints calcaires encrini-
tiques. Sa couleur est d'un jaune ocreux, rappelant celle du fer spathique.
11 se présente en rognons de formes extrêmement tuberculeuses. Quand
on brise ces rognons, on reconnaît qu'ils sont souvent comme enveloppés
d'une sorte d'écorce de calcaire fibreux, à peu près blanc, atteignant par-
fois 5 millimètres d'épaisseur. La masse contient des vacuoles où il n'est
pas rare de rencontrer des cristaux très-nets de spath calcaire; elles peuvent
présenter aussi des concrétions calcaires tuberculeuses d'un blanc de lait.
» Si l'on dissout le calcaire de Chenneviéres dans l'acide chlorhydrique
faible, on obtient luie liqueur parfaitement incolore, ne contenant que de
la chaux et un peu de magnésie. Le fer reste tout entier insoluble dans la
matière argileuse à laquelle est due la coloration de la roche, et qui, par
conséquent, contrairement à l'apparence, est simplement interposée entre
les cristaux. Examinée au microscope, cette matière est tout à fait amorphe;
mais elle confient quelques grains de quartz hyalin, extrêmement actifs sur
la lumière polarisée.
» On remarquera que cette argile ocreuse contenue dans les rognons
est essentiellement différente de la marne verte dans laquelle ils sont en-
globés. Son origine doit être analogue à celle du calcaire lui-même et se
rattache, par conséquent, comme nous le disions plus haut, à un régime
spécial de sources incrustantes. C'est une sorte de rappel des actions qui
ont produit des accidents si dignes d'attention dans les couches supérieures
au calcaire grossier, désignées sous le nom de caillasses. »
( loSg )
GÉOLOGIE. — Sur la récente éruption de Nisiros. Extrait d'une Lettre
de M. H. GoRCEix à M. Ch. Sainte-Claire Deville.
» Smyrne, i3 octobre iS^S.
« L'éruption a eu lieu, et, si elle n'a pas eu une grande importance, elle
offre quelques caractères intéressants à étudier. Je puis déjà, grâce aux
documents écrits qui m'ont été confiés, aux renseignements verbaux
que j'ai recueillis, donner quelques détails sur les phénomènes qui ont eu
Nisiros pour siège.
» Le 2 juin, après une très-violente secousse de tremblement de terre,
suivie de deux autres plus faibles, un petit cratère s'est ouvert près des deux
anciennes solfatares, indiquées dans la Note que vous avez bien voulu pré-
senter à l'Académie des Sciences avant mon départ. Des pierres, des cen-
dres furent lancées dans toutes les directions; des torrents d'eau salée et
chaude s'en échappèrent.
» Ces eaux transformèrent le fond de l'ancien cratère en un lac et, en
s'évaporant, laissèrent déposer des croûtes de sel marin, qui recouvrirent
le sol et les arbres comme d'une couche de givre; j'ai pu voir des cristaux
volumineux, à peine salis par de l'oxyde de fer, et ayant cette provenance.
Mêlées aux argiles provenant de la décomposition des l.ives anciennes, les
eaux formèrent des torrents boueux. Ce sont ces éruptions aqueuses qui
ont surtout frappé les premiers observateurs, et sur lesquelles toutes les
relations appellent l'attention.
» Des gaz combustibles produisant de grandes flammes signalèrent
aussi ces débuts de l'éruption.
» La coulée de lave est plus douteuse, bien que les relations en parlent,
mais sans signaler les dégâts qui auraient été, dans ce cas, produits sur les
champs et sur les habitations voisines du centre de l'éruption.
» Du cratère s'échappe continuellement de la fumée; vers le 24 sep-
tembre, une recrudescence a eu lieu dans les phénomènes éruptifs. De
Rhodes, à cette époque, on a pu voir pendant quatre jours une épaisse fumée
couvrant Nisiros et formant, à l'horizon, comme une seconde île au-dessus
de celle-ci. (Rhodes est éloignée de 5o milles de Nisiros.)
» Pendant l'éruption, quelques habitants ont été blessés et presque tous
ont dû abandonner leurs maisons et camper en plein air; le danger a
même, pendant quelque temps, paru assez grand pour qu'il ait été question
d'évacuer l'île. »
La séance est levée à 5 heures un quart. D.
134..
( io4o )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 20 octobre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
The Transactions of llie linncan Society oj London; vol. XXIX, part the
second. London, iSyS; in-4°.
The Journal of the linnean Society. Bolany ; vol. XIII, n. 68, 69, 70, 71,
72, London, 1872-1873; 3 br. in-S".
The Journal ofthe linnean Society. Zoolocjj; vol. XI, n°' 55, 56. London,
1872-1873; 2 br. in-8°.
Philosophical Transactions of the royal Society of London for the year 1872;
vol. CLXII, part II. London, 1872; in-4°.
The 7'oyal Society 30"" november 1872. London, 1872; in-4".
Proceedincjs ofthe rojal Society; vol. XXI, n. 139, i4o, )l\i, il\2, i43,
i44) i45- London, 1873; 7 liv. in-8°.
Journal of the royal geotogical Society of Ireland; vol. XIII, part 3;
vol. III, part 3 (new séries), 1872-1873, London-Dublin, 1873; in-8°.
The american Journal of Sciences and Arts; vol. VI, 11° 34, october 1873.
New-Haven, 1873; in-8°.
G. UziELLi, G.-B. Donati. Sans lieu ni date; br. in-4''. (Estratto dal Bul-
letlino délia Socielà geocjrafica italiana.)
Exploracion cientifica de las costas del departemento maritimo del Feirof
verificada de orden del Almirantazgo en cl verano de 1869; por D. Mariano
delaPazGraells. Madrid, Fortanet, 1870; in-8<'.
L'Académie a reçu, dans ses séances des 27 octobre et 3 novembre 1873,
les ouvrages dont les titres suivent :
Mouvement d'un segment sphérique sur un plan incline; par M. le général Dl-
DlON, Correspondant de l'Instilut. Nancy, Berger-Levrauit, 1873; br. in-8'^.
(Présenté par M. le général Morin.)
Vérification de l'aréoinèlre de Baume; par MJM. BertHELOT, COULIER et
d'Almeida. Paris, Gautliier-Villars, 1873; br. ii)-8'\
{ io4i )
Du pwgnalhisme alvéolo-sous-nasal ; parV. TOPINARD. Paris, Hennuyer,
sans date; br. in-8°. (Extrait de la Revue d'Anthropologie.) (Présenté par
M. de Quatrefages.)
Bapporl sur i Ecole pratique des Hautes-Etudes. Seetion des Sciences mathé-
matiques. Paris, Delalaii), sans date; br. in-8°. (Épreuves.)
(Ces trois derniers ouvrages sont renvoyés à l'examen de M. Dumas.)
Du crâniophore. Instrument à mesurer les projections du crâne; par P. To-
PINARD. Sans lieu ni date; opuscule in-8°. (Extrait de la Revue d' Anthro-
pologie.)
Emuneratio plantarum in Jnponia sponte crescentium hucusque rite cogni-
tarum, adjectis descriplionibus specierum pro regione novarum, quibus accedit
determinatio herbarum in librisjaponicis so mocou Zousselz, xylographice de-
tineatarum; auctoribus A. Franchet et L. Savatieu; vol. I, pars I. Parisiis,
F. Savy, 1874; in-8°.
Fie de l'univers, ou Etude de Physiologie générale et Physiologie appli-
quée à l'univers; par Th. Galiciur. Paris, A. Delahaye, 1873; in~8°. (Pré-
senté par M. le Baron Larrey.)
Deux Lettres aux Académies de Médecine et des Sciences. Quelques réflexions
sur la Communication de M. Boulej à l'Académie de Médecine relativement à
la cocotte et au typhus de la race bovine. Théorie du sommeil; parM. le D"' Ch.
Pigeon (de la Nièvre). Nevers, imp. Paulin Fay, 1873; 10-4°. (Deux
exemplaires.)
L. DE Martin. Le Phylloxéra devant la Commission spéciale de l'Assemblée
nationale à Montpellier. Narbonne, imp. Gaillard, sans date ; br. in-8°.
(Trois exemplaires.)
G. -M. Mathey. Application de la Jorce du vent à la vapeur. Plombières,
1873; 2 pages in-8° oblong.
Une mission au Hedjaz [Arabie). Contribution à l'histoire du choléra;
par le D^ A. BuEZ. Paris, G. Masson, 1873; in-8°. (Présenté par M. Sé-
dillot.)
Le choléra, comment il se propage et comment l'éviter. Solution trouvée
et publiée en i84g; par le D"^ Gh. Pellarin. Paris, J.-B. Baillière, 1873;
br. in-S".
Essai sur la constitution et l'origine du système solaire; par Ed. EocliE.
Paris, Gauthier-Villars, 1873; in-4<'. (Présenté par M. Faye.)
Les principes sociaux. Nécessité d'enseigner les notions fondamentales de
( I042 )
l'économie sociale et industrielle à tous les citoyens; par L.-Ch. BONNE. Bar-
le-Duc, typ. Numa Rolin, Cliuquet, 1872; br. in-8°.
Nouvelle Mécanique industrielle; par M. L. POCHET. Paris, Diinod, 1873;
in-S". (Renvoyé au Concours Dalmont, 1876.)
Expériences sur les graines de diverses espèces plongées dans de l'eau de
mer; par M. G. Thuret, Note préliminaire de M. Alph. DE Candolle. (Tiré
des Archives des Sciences de la Bibliothècjue universelle, juillet 1873.) (Pré-
senté par M. Decaisne.)
Chirurgie expérimentale. Elude historique et clinique sur les amputations
sons-périoslées, etc.; par M. A. HouzÉ DE l'Aulnoit. Paris, J.-B. Baillière,
1873; in-8". (Présenté par M. le Baron Larrey, pour le Concours Mon-
tyon. Médecine et Chirurgie, 1874.)
Fent, sa direction et sa force observées à Perpignan avec un anémornétro-
graphe électrique ; par le D' Fines. Perpignan, imp. Cli. Latrobe, 1873;
in-8°. (Présenté par M. Ch Sainte-Claire Deville.)
Bulletin météorologique du département des Pyrénées-Orientales, publié sous
les auspices du Conseil général; année 1872. Perpignan, Ch. Latrobe, 1873;
in-4°. (Présenté par M. Ch. Sainte-Claire Deville. )
Comptes rendus mensuels de la Commission des maladies régnantes, faits à la
Société médicale des hôpitaux de Paris; par le ly Er. Besnier ; 6" fascicule,
année 1872. Paris, Malteste, 1873; in-8^ (Présenté par M. Ch. Robin.)
Traité de Calcul géométrique supérieur; par GoRAN-DiLLKER; i'^ partie.
Upsal, E. Berling, 1873; in-4°. (Présenté par M. Hermite.)
Des mojens de prévenir et de traiter le choléra; par M. le D'' H. Blanc.
Paris, Germer-Baillière, 1874; br. in-8°.
Mémoires et Compte rendu des travaux de la Société des Ingénieurs civils;
avril à juin 1S73. Paris, Lacroix, 1873-, in-B".
Notes météorologiques; par M. A. Cheux. Angers, Barassé, 1873; br. in-S".
(Extrait du Bulletin de la Société industrielle.)
Bévue d' Artillerie ; 7." année, t. III, i™ liv., octobre 1873. Paris et Nancy,
Berger-Levrault, 1873-, in-S". (Présenté par M. le général Morin.)
Mémorial de V Artillerie de la Marine; t. I, 3® liv., texte et allas. Paris,
Chamerot, 1873; in-8° et in-folio,
Ministère de la Marine et des Colonies. Aide-mémoire d' Artillerie navale;
1^ liv., texte et atlas, 1873. Paris, Chamerot, 1873; in-8" et in-folio.
( >o43 )
Almanach astronomique du Jounint du Ciel el de la Société d' Astronomie
pour 1874; par A. VlNOT. Paris, Pion, i8n3; iii-12.
Navigation aérienne [Etude pratique) ; tableau en une feuille par M. W. DE
FoNviELLE, figures et texte. Paris, Bouasse-Lebel, 1873.
De t'oxygène électrique et de l'emploi thérapeutique des eaux dites d'oxy-
gène et c/'ozone, etc., rédigé d'après une publication allemande; par B. TÉCÈRE.
Berlin, H. Mùller, 1873; in-8°. (Deux exemplaires.)
Bulletlino di Bibliografia e di Storia délie Scienze matematiche ejisiche, pub-
blicalo da B. BoNCOMPAGNi; t. VI, marzo 1873. Roma, tip. délie Scienze
matematiche e fisiche, 1873; in-4''. (Présenté par M. Chasles.)
Census oftlie town of Madras 1871. Madras, printed hy H. Morgan, 1873;
in-4°.
Memoirs on the spermogones and pycnides of Lichens; by W. Lauder
LiNDSAY. Sans lieu ni date; in-4''.
Das Venôse convolut der Beckenhôhle beim Manne; von J. von Lenhossek.
Wien, W. Braumûller, 1871; in-4°, carlonné.
^z en^beri gerinczagj\ nyultagy es varolhid szervezeteneck gorcsoi tajviszo-
nyaiirla LENHOSSEK. Pesten, F. Magyar, 1869; in-4", cartonné.
Die Lemniscate in razionaler behandlung ; von D' E. Weyr. Prag, 1878;
in-4°.
Uvoddo geometricke Théorie krivek rovinnych sepsal D'' L. Cremona jez us-
poradal E.W^Yn, sezit I, zakiadove. Praze, 1873; in-8°.
D''E.Weyr. TJber 7'azionale ebene Curven vieiter Ordnimg, deren doppcl-
punklstangenten Inflexionstangenten sind. Wien, 1873; opuscule in-8°.
D'' E. Weyr. Ueber razionale Curven. Prag, 1873; opuscule in-8°.
D' E. Weyr. Ueber Durchschnittspunkte von Focalen mit Kreisen und mit
Lemniscaten. Prag, 1873 ; opuscule in-8°.
D"^ E, Weyr. Ueber die lineale Construction der Curven n— ter Ordnung mil
einen (n — i) — fachen. Punkte und der Curven n — ter Classe mit einer
[n — i) —fachen tangente. Prag, 1873; opuscule' in-S".
D''E. Weyr. Ueber Punktsj sterne auf razionalen Curven. Prag, 1873;
opuscule in-8°.
Sopra le proprietà involutorie d'un esagono gobbo e d'un esaedro compléta,
Nota de! prof. E. Weyr. Milano, Bernardoni, 1873; opuscule in-8°. (Es-
tratto dai Rendieonti del R. Istituto lombardo. )
Tous ces ouvrages de M. le D"^ Weyr sont présentés par M. Chasles.
( 1044 )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE
PENDANT LE MOIS d'ocTOKHE 1875.
^ctes de la Société d' Ethnographie ; octobre 1873; in-8°.
Annales de Chimie et de Physique; novembre 1873; in-8°.
Annales de i Agriculture française ; octobre 18^3; iii-S".
Annales de l' Observatoire météorologique de Bruxelles; 11° 4» '873 ; in-4°.
Annales des Conducteurs desPonts et Chaussées; juill. à septemb. 1 873 ; inVi"-
Annales du Génie civil; octobre 1873; in-S".
Annales industrielles; n"* l\o à 43, 1873; in-4°.
Annales médico-psychologiques; septembre 1873; in-8°.
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n°^ des 5,
12, 19, 26 octobre 1873; in-8°.
Bibliothèque universelle et Bévue suisse; n° 190, 1873; in-B".
Bulletin des séances de la Société enloniologique de France; n"' i3 et i/j
i873;in-8°.
Bulletin du Comice agricole de Narbonne; 11° 8, 1873; in-B".
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; no-
vembre 1873; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie; août 1873; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; n° 9, 1873; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique ; n"* des i5 et 3o octobre 1873; in-8°.
Bulleltino meteorologico dell' Osservatorio del B. Cotlegio Carlo Alberto,
n°^3et5, 1873; in-4°.
Chronique de l'Industrie; n°' 88 à 91, 1873; in-4*'.
Gazette de Joulin, 2" année, n°' i et 2, 1873; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n"* ii5 à 127, 1873; 10-4°.
Gazette médicale de Paris; n°' 4° à 43, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n°' 19 et 20, 1873; in-S".
Il NuovoCimento.., Journal de Physique, de Chimie et d' Histoire naturelle;
juillet à septembre, 1873; in-S".
Journal de la Société centrale d'Horticulture; septembre 1873; in-S".
Journal de l'Agriculture; n"" 234 à 237, 1873; in-8''.
Journal de l'Eclairage au Gaz; n°' 19 et 20, 1873; in-4".
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; octobre 1873; in-4''.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; octobre 1873; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; octobre 1873-, in-B".
Journal de Physique théorique et appliquée; octobre 1873; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n*"desi5et
3o octobre 1873; in-8°.
( io45 )
Journal des Fabricants de Sucre; n"' aS à 29, 1873; in-folio.
La Nalure; n°* 18 à 21, iSyS; in-^".
La Revue médicale française el étrangère; n° du 4 octobre 1873; in-8°.
La Tempérance; n" 3, 1873; 111-8".
La Tribune médicale; n"* 268 à 271, 1873; 111-4".
L'Abeille médicale; n°' l[o à 43, 1873; in-4°
V Aéronaute; septembre 1873; in-8°.
VArt dentaire; octobre 1873; iii-8°.
LArt médical; octobre 1873; iii-8°.
L'Ècho médical; octobre 1873; iii-8°.
Le Messager agricole; n° 9, 1873; iii-8".
Le Moniteur de la Photographie; n° 20, 1873; in-4°.
Le Moniteur scientifique-Quesneville ; octobre 1873; gr. in-8".
Le Mouvement médical; n°' 4° ^ 4-^? 1873; iii-4°.
Le Progrès médical; 11° 20, 1873; in-8".
Les Mondes; n"^ 5 à 9, 1873; in-8".
Magasin pittoresque; oclohre 1873; in-4".
Marseille médical; n" 10, 1873; in-8".
Memorie délia Società degli Spettroscopisti itatiani ; imWel 1873; in-4".
Monalsbericht der Koniglich preussischen Akademie der Wissenschaften zu
Berlin; mai 1873; in-8".
Montpellier médical. Journal mensuel de Médecine; octobre 1873; in-8".
Nouvelles Annales de Mathématiques; octobre 1873; in-8".
Proceedings ofthe London mathematical Society : n"^ 60 et 6 1 , 1873; in-8".
Recueil de Médecine vétérinaire; n"^ 9 et 10, 1873; in-8°.
Rendiconto délia R. Accademia délie Scienze jisiche e matematiche ; n" 9.
1873; in-4".
Répertoire de Pharmacie; n° 19, 1873; in-S".
Revue bibliographique universelle ; octobre 1873; in-8".
Revue des Eaux et Forêts; octobre 1873; in-8".
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 11" 20, 1873; in-8°.
Revue ItebdomadaiYe de Chimie scientifique et industrielle ; n°^ 37 à 39,
1873; in-8".
Revue maritime et coloniale; octobre 1873; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; octobre 1873; in-8".
Revue scientifique; n"* i4 à 17, 1873; in-4".
Société des Ingénieurs civils; n" 17, 1873; in-4".
The Food Journal; n" 45, 1873; in-8°.
The Canadian patent Office record ; n" 5, 1873-, in-4".
C. K., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVII, N" 18.) '35
( io46 )
Observations météorologiq. faites a l'Observatoire de Montsouris. — Oct. 1873.
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Observations météorologiques faites a l'Observatoire de Montsooris. — Oct. 187 3.
Résumé des observations régulières .
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mm mm mm mm mm mm mm
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Pression de l'air sec 7''|6,io 7/j5,62 744)88 744)45 745, 08 740,87 746,01
Thermomètre à mercure (jardin) 7,85 10,70 i3,S3 13,87 "
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Tiiermomètre à alcool incolore
Thermomètre électrique à 29""
Thermomètre noirci dans le vide, T'.
Thermomètre incolore dans le vide, c
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Tempérât, du sol à o™,o2 de profond"^.
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Tension de la vapeur en millimètres
État hygrométrique en centièmes. . .
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Pluie moy. par heure (à i™,8o du sol)
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Tempér. moy. des maxinia et mininia (parc). . • 11,0
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>i à 10 cent, au-dessus d'un sol gazonné (thermomètres à boule verdie). 11,8
Therm. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 obs. : â*" M. g*" M., midi, 3'' S. 6*' S.). 16,66
» incolore t » n » i3,39
Excès (T' — c) Il ,1 u 3,37
» (valeur déduite de 4 observations : g*" M., raidi, 3'', 6° S.)... . 4)06
(i) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations de 9 heures du matin, midi, 3 heures et 6 heures du soir.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 10 NOVEMBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATKEFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Examen de la loi proposée par M. HelmhoUz pour
représenter f action de deux éléments de courant. Note de M. J. Beutuand.
K Avant de discuter de nouveau la loi proposée par M. Helmhoitz et
d'en examiner les conséquences développées dans le Compte rendu de notre
dernière séance (p. 962 et suiv.), on me permettra d'en rappeler l'origine.
» Cette loi, très-différente de celle d'Ampère, en a été déduite cepen-
dant par le calcul seul, sans qu'aucune expérience nouvelle ait été invo-
quée et sans qu'aucun des faits admis par notre illustre compatriote ait été
révoqué en doute. La seule preuve qu'on allègue en sa faveur est le complet
accord avec celle qu'elle doit remplacer dans les cas où l'expérience a été
faite, et l'impossibilité de faire l'expérience dans les cas où l'accord n'a pas
lieu.
» Une théorie ainsi motivée ne présente, a priori, ni plus ni moins de
vraisemblance que les autres lois, en nombre infini, qui s'accordent avec
celle d'Ampère lorsque le courant attirant est fermé, la loi d'Ampère ce-
pendant restant distincte et supérieure à toutes les autres, parce que seule
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVll, N» 19.) I 36
( io5o )
elle remplit la condition, bien naturellement acceptée, d'une action élé-
mentaire dirigée suivant la ligne droite qui réunit les deux éléments.
» Mais, en étudiant de plus près la loi de M. Helinholtz, celle qu'il nomme
la loi du potentiel, on reconnaît qu'elle n'offre pas même cette probabilité
commune à une infinité d'autres et également partagée entre elles. Aucune
force, je l'ai démontré, et M. Helinholtz en convient volontiers, ne peut,
dans son hypothèse, représenter l'action de deux éléments. L'action d'un
élément infiniment petit sur un autre élément infiniment petit doit être es-
sentiellement composée d'une force et d'un couple, dont la détermination,
conséquences nécessaires de la loi discutée, ne présente aucune difficulté;
nous sommes d'accord sur ce point, et je n'ai pas à m'y arrêter. La force,
développée par un courant fini sur un élément ds, est de même ordre
de grandeur que ds, et le couple, dont le moment est un infiniment petit
de même ordre, doit avoir, pour cela, une force d'intensité finie. Je l'ai
affirmé dans ma Note du i4 octobre 1872, et M. Helmholtz ne le conteste
pas.
» De telles actions briseraient le fil, quelque rigide qu'on voulût le
supposer. Je l'ai prouvé, je crois, simplement et rigoureusement, sans ce-
pendant convaincre M. Helmholtz; l'éminent auteur, on peut le voir dans
son Mémoire, croit me réfuter en quelques mots dans lesquels j'aperçois
moi-même une méprise bien singulière.
» Pour être plus clair et n'avoir pas à y revenir, j'avais cru devoir
donner trois démonstrations successives; on me permettra de reproduire
la troisième, à laquelle seule s'appliquent les objections de M. Helmholtz :
« La question est assez importante, avais-je dit, pour que j'insiste encore, en montrant
par des considérations d'un autre ordre, l'impossibilité de l'hypothèse proposée : considé-
rons un fil dont chaque élément soit sollicité par une force et un couple, conformément à
l'hypothèse de M. Helmholtz, et admettons qu'il puisse résister; un état d'équilibre se pro-
duira, mais il est évident que la substance du fil étant élastique, et chaque élément sollicité
par des forces finies, cet équilibre sera précédé d'une déformation ; si petite qu'on veuille la
supposer, cette déformation sera finie ; la force appliquée à chaque élément l'étant égale-
ment, le travail total serait infini. »
)) C'est à ce raisonnement que M. Helmholtz répond sans faire allu-
sion aux développements très-différents et décisifs qui l'avaient précédé;
il déclare que je me suis trompé, et son objection revient à contester,
dans la phrase citée, les mots qtii y sont imprimés cette fois en caractères
italiques.
» On jugera la valeur de l'objection, en transportant sur un exemple
( io5i )
plus simple l'assertion contestée et la raison alléguée pour la rejeter.
Considérons une tige rectiligne tirée à ses extrémités par deux forces égales
et contraires d'intensité infinie. Elle sera brisée, personne n'en peut douter;
mais si, non content d'invoquer l'évidence, on ajoute : « si la lige ne se
» brisait pas, elle s'allongerait ; un état d'équilibre se produirait, chaque
» extrémité subirait un déplacement fmi, et le produit de ce déplacement par
» une force infinie donnerait un travail infini. »
» C'est, on le voit, le raisonnement même proposé plus haut, ve-
nant, comme lui, par surabondance, pour compléter une certitude déjà
acquise.
» Or voici la réponse de M .Helmhollz également simplifiée pour son ap-
plication au même cas.
•> L'allongement d'une tige est proportionnel à la longueur : si donc
celle que nous considérons est de longueur infiniment petite, le raisonne-
ment cesse de lui être applicable.
» L'un des mots dont on s'est servi cesse d'être exact, cela est vrai;
mais la tige devient-elle plus tenace parce qu'elle est plus courte? En
prouvant que les forces considérées peuvent rompre une tige de longueur
finie n'ai-je pas démontré qu'elles rompront de même une tige infiniment
courte ?
» L'allongement qu'une tige ne peut supporter sans se rompre n'est-il
pas un allongement relatif et non absolu ?
» De même, en démontrant que les forces briseront un fil d'épaisseur
petite mais finie, ne prouve-t-on pas, par cela même, qu'elles briseraient,
a fortiori, un fil infiniment mince?
» Je n'ai donc rien à retrancher de mes remarques et de mes assertions
relatives à la théorie de M. Helmhoitz ; mais je veux montrer, de plus,
l'inexactitude des formules nouvelles, proposées par lui, qui ne s'accordent
même pas avec l'hypothèse dont il croit les déduire.
» Le point essentiel du nouveau Mémoire est la détermination des forces
Xds, Yds, Zds qui sollicitent un élément, et dont l'éminent physicien croit
donner l'expression.
» Le lecteur remarquera tout d'abord une singulière contradiction :
L'action exercée sur un élément doit se composer d'une force et d'un
couple, je l'ai prouvé; M. Helmhoitz en tombe d'accord, il le répète dans
le Mémoire actuel (page 964, lignes 17 et 18), dont voici le texte oi'iginal :
(c Da (las Polentiat P auch von den ÏVinkeln abhdncjuj ist, so folcjt daraus um-
milelbar, dass die mechanische Wiikung des Stroms in Da, auf das als festensslab
i36..
( io5a )
vorgcslellte Stromelemcnl T)s sicli in aUgemeinen nicht durcit eine einziqe Kraft,
ivie hei Ampère, Grassman, Slefan, sondern nur ditrcli zwei an den eiiden von
T)s angreifende Krafle, ersetzen lassen wird, deren Inlenshal uniibliangig l'on
dcr Lange Ds ist. Et cependant, quand il fait son calcul, il cherche et trouve
les composantes X, Y, Z de la force qui agit sur un élément. Il n'est plus
question de couples.
» Dès le début du calcul, en écrivant la formule (2) (page 965, ligne 29.),
M. Heliiiholtz se met donc en contradiction avec une vérité reconnue par
lui-même à la page précédente. Cette équation est inacceptable. Pour la
corriger, il faut dire : Soient Xc(s,Ycls, Zds les composantes de la force qui
sollicite l'élément cls, et Pds, Qds, J{ds les moments des trois couples com-
posants ayant les axes parallèles aux axes X, Y, Z et sollicitant le même
élément. Lors d'un déplacement infiniment petit, le travail des forces sera
(X5x + Y âj -h Zdz) cls,
et celui des couples (négligé par M. Helmholtz) est, en supposant le fil
inextensible,
QSdz — 'RSdj j
dx
» L'introduction de ce terme, est-il besoin de le dire, change tous les
résultats, et il est inutile d'insister sur l'inexactitude des expressions obte-
nues en le supprimant.
» Une difficulté peut et doit subsister cependant : L'hypothèse d'une
action représentée sur chaque élément, par une force unique, implique
contradiction. Cela a été démontré et n'est pas contesté; les conséquences
de cette hypothèse doivent donc non-seulement se trouver inexactes, mais
contradictoires, et l'impossibilité des résultats obtenus, si l'on pousse à
bout les raisonnements, doit résulter de leur étude même, sans qu'il soit
nécessaire de les conqjarer à d'autres.
» Il en est précisément ainsi ; il nous reste à dire pourquoi l'analyse
de M. Helmholtz ne le met pas en évidence.
» Après s'être donné comme loi primordiale l'expression du potentiel
relatif à chaque élément du courant pour en déduire ^ s. force exercée en
chaque point, le savant auteur, en effet, écrit que, pour un déplacement
quelconqiie du fil, le travail de ces forces est égal à la variation du poten-
tiel. Telles sont, en effet, la conséquence et la traduction de son hypothèse;
mais l'égalité doit être écrite non-seulement pour le fil entier ou, comme
le fait M. Helmholtz, pour la portion terminée aux points où le courant
( io53 )
change d'intensité, mais elle s'applique à un arc quelconque et même,
si l'on veut, à un élément infiniment petit. 11 s'agit, en effet, du potentiel
de deux éléments infiniment petits : Werlh des Potenlials P ziveier Unearer
Stromelemente Ds, Dff auf einamler, telle est l'expression proposée par
M. Helmholtz (page 964, ligne t). Si donc nous étudions un élément parti-
culier Ds, arbitrairement choisi dans le courant attiré, la loi proposée fait
connaître le potentiel des forces qui agissent sur lui, et ce potentiel, par
définition, est, pour tout déplacement, égal au travail des forces élec-
triques.
)) Or, en étudiant, comme on en a le droit, un arc quelconque, l'ana-
lyse même de M. Helmholtz prouverait que les extrémités de cet arc, c'est-
à-dire deux points quelconques du fil, sont sollicitées par des forces finies,
qui, n'étant pas dirigées suivant la tangente, ne peuvent être assimilées à
la tension qui remplace l'action mécanique de la partie contiguë. Il n'y a
pas là seulement une inexactitude ou une impossibilité physique, mais une
contradiction formelle, conséquence prévue et nécessaire de celle qui a
été introduite au début. Le calcul, en effet, fait connaître la force infini-
ment petite exercée sur chaque élément, et, en outre, deux forces finies
qui doivent agir aux points arbilrairemenl choisis pour les extrémités de
l'arc considéré.
» Si, au contraire, nous rétablissons, dans l'équation (2) de M. Helm-
.11 QSdz — 'RSdy j . ' 1 > 1 i-.-
hollz, les termes -^ cls, en ayant égard a la condUion
P^.r + Qd/ -h- B.dz = o,
qui exprime que le plan du couple passe par l'élément, et
dx âdx + dj âdj + dz ùdz = o,
qu'il faut écrire si l'on suppose le fil inextensible, on déduira, comme cela
doit être, de la seule équation du travail, les composantes X, Y, Z de la
force et celles P, Q, R du couple agissant sur l'élément D^.
» La démonstration est complète; il serait inutile de soumettre d'autres
points à une critique minutieuse. Je veux signaler cependant un résultat
indiqué par M. Helmholtz (page 967, ligne Sa), et qui suffirait seul pour
enlever toute confiance à son lecteur :
M En analysant les diverses forces qui s'exercent entre deux portions
de courants, M. Helmhollz en rencontre une indépendante de la distance :
( io5'4 )
» Eine ahslossende Kraft Zwischen je zwei Slromenden mit den elektrischen
Quantis e und e, von der Grosse :
, o i-\- f; 'le dt
— A- — —5
2 dt dt
dièse isl von k abliangig und unabhancjicj von r.
» Une force indépendante de la distance! Les physiciens, je crois, re-
pousseront un tel résultat sans plus ample examen. Si M. Helmholtz, qui
ne paraît pas accepter cette opinion, réalise un jour les expériences dont
il indique le projet à la fin de son Mémoire, il trouvera, en cas d'insuccès,
une explication très-commode : une pile, montée par hasard à Paris, à
Londres ou à Saint-Pétersbourg au moment de ses expériences, et dont
l'action, indépendante de in distance, pourra se trouver considérable à Berlin,
deviendra l'explication, théoriquement possible d'après ses formules, de
tout résultat contraire à ses prévisions. »
CHIMIE, — Note sur l'action que le plomb exerce sur l'eau; par M. Ddmas.
« M. Fordos m'a prié de présenter à l'Académie la Notice qu'on lira
plus loin (i). En me rendant au désir de cet habile chimiste et tout en ac-
ceptant, pour les circonstances où il s'est placé, les résultats qu'il annonce
au sujet de l'effet d'une agitation prolongée des grenailles de plomb au
contact de l'air et de l'eau, ainsi que des conséquences qu'il en tire à l'égard
du rinçage des bouteilles, l'Académie me permettra de faire quelques ré-
serves en ce qui concerne le contact des eaux potables avec des vases ou
tuyaux de plomb.
» Je faisais, il y a longtemps, dans mes cours publics l'expérience suivante :
» Cinq flacons renfermant de la grenaille de plomb, je versais dans cha-
cun d'eux, respectivement :
» 1° De l'eau distillée ;
» 2° De l'eau de pluie;
» 3° De l'eau de Seine ;
» 4° De l'eau de l'Ourcq;
» 5° De l'eau de puits.
» Je démontrais, par l'action de l'hydrogène sulfuré, que l'eau du premier
flacon accusait presque immédiatement des traces d'oxyde de plomb dis-
(i) Foirîx la Correspondance, p. logg.
( io55 )
sous, tandis que les flacons qui renfermaient de l'eau plus ou moins char-
gée de sels calcaires n'en contenaient pas (i).
» La rapidité avec laquelle l'eau distillée se charge de plomb est sur-
prenante. L'effet produit par des traces de sels calcaires pour s'opposer à
cette réaction ne l'est pas moins. On ne peut s'empêcher de rapprocher ces
faits de ceux que M. Schlœsing a observés au sujet de l'argile qui demeure
indéfiniment en suspension dans l'eau pure et que la plus légère trace de
sels de chaux en précipite.
» L'eau absolument pure est un agent au sujet duquel tout n'est pas
connu et dont les propriétés diffèrent, je ne crains pas de le dire, plus qu'on
ne le croit de celles de l'eau commune. »
M. Elie de Beaumont fait remarquer que les observations de M. Schlœsing,
concernant l'argile qui demeure indéfiniment en suspension dans l'eau
pure, et que la plus légère trace de sels de chaux en précipite, expliquent
de la manière la plus simple la limpidité incomparable des sources qui
sortent des terrains calcaires, telles que celles qui donnent naissance aux
rivières des montagnes du Jura.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De i action de l'eau sur les conduites en plomb.
Note de M. Belgrand.
« Le plomb est employé à la confection des tuyaux de conduite depuis
l'origine des distributions d'eau dans les villes. Ne considérons que les
aqueducs romains. C'est, suivant Yarron, en l'an de Rome 44^, que fut
construit le premier aqueduc qui conduisait l'eau Appia. Depuis cette
époque, on n'a cessé de faire des conduites en plomb. Toutes les cana-
lisations, dans l'intérieur des villes antiques, étaient faites avec ce métal.
Chaque usager avait son branchement qui partait du château d'eau privé,
sorte de cuvette de distribution commune à tous les habitants d'un quartier,
et aboutissait à son habitation. Les fontaines publiques étaient alimentées
de la même manière. La canalisation publique, qui reliait le château d'eau
public au château d'eau privé, était habituellement en plomb. (/'oiVFrou-
tin, qui donne les dimensions des tuyaux en plomb de la distribution de
(i) Si l'on prend de l'eau des premières pluies tombées après un temps sec, elles sont
chargées de poussières calcaires, que les dernières pluies, ayant traversé un air pur, ne
renferment plus. Pour des eaux pluviales choisies, les effets peuvent donc différer; mais,
prise en masse, l'eau des pluies de Paris se comporte sensiblement coranie l'eau de Seine.
( io56 )
Rome.) Ce mode de dislribution, qui exigeait de très-longues conduites en
plomb, a été en usage à Paris jusqu'à ces dernières années. Il fonctionne
encore à Rome, à Clermont-Ferrand et dans quelques autres villes. Dans
le moyen âge, et jusqu'à la fin du xviii'' siècle, la canalisation publique était
en plomb. On trouvait encore à Paris, il y a quelques années, des conduites
de ce genre posées du temps de Pbilippe-Auguste. L'emploi des conduites
de fonte ne s'est généralisé que vers 1782, à l'époque de la création des
usines de Chaillot et du Gros-Caillou par les frères Périer.
» Depuis ces temps si reculés, personne jusqu'ici n'avait vu le moindre
danger dans cet emploi du plomb. Ni Pline, ni Frontin, ni aucun des his-
toriens de l'antiquité n'avait signalé le moindre fait d'empoisonnement. Il
en a été de même dans le moyen âge et dans les temps modernes.
1) C'est seulement depuis (juelques années qu'on cherche à émouvoir le
public et à démontrer que les conduites d'eau en plomb sont d'un emploi
dangereux. L'eau, dit-on, s'y charge d'iuie petite quantité de plomb qui
exerce une action lente, mais pernicieuse, sur la santé des consommateurs.
» Cette année, la guerre au plomb (c'est le nom qu'on donne à cette
croisade) a pris un grand développement, et peut jeter de l'inquiétude dans
l'esprit des Parisiens. Il était donc de mon devoir de chercher ce qu'il y a
de fondé dans ces attaques, et je l'ai fait avec l'aide d'un chimiste distingué,
M. Félix Le Blanc, vérificateur du pouvoir éclairant du gaz.
» M. Bondet a été chargé d'un travail analogue par le Conseil de salu-
brité. Il a été convenu entre nous qu'il lirait son travail à la séance du
Conseil de vendredi dernier, et que jelirais le mien à l'Académie des Scien-
ces à la séance d'aujourd'hui.
» Je dois d'abord poser nettement la question et faire connaître la sta-
tistique des conduites publiques et privées de la ville.
» Voici, d'après le relevé fait au 3i décembre dernier, la statistique des
conduites publiques :
Conduites en fonte i 333 184°'
» en tôle bitumée 63 126
» en plomb, environ 3 000
Total I 399310°'
» On voit déjà que les conduites publiques sont hors de cause et que
ta guerre au plomb serait sans objet, s'il n'y avait un autre réseau composé
de branchements très-courts, d'un très-petit diamètre, et qui, à peu d'ex-
ccptiotis près, sont tous en plomb.
( loSv )
» Ces branchements relient les conduites publiques aux orifices de
puisage. Leur réseau se subdivise ainsi :
1° Branchements des établissements de l'État iSa
1° Brancheinenis du dqjarlement i4
Bornes fontaines à repoussoir 224
Fontaines de puisage à la sangle. . . 3:'>
_ „ , , Bornes fontaines 456 1
3° Branchements 1 „ . , , „
, , , ,. / Fontaines marchandes 2b , _,
des etabnssements < „ , . ^^) . .. \i~.
. Bureaux de stationnement i55 1
de la Ville de Pans ^ , ,. .... -
Etablissements nuinicipaux divers... ifoi
Edifices religieux 49
\ Écoles et collèges 247
4° Branchements des établissements de l'Assistance publique 83
5° Brancliements des abonnés aux eaux de la Ville, au 3 1 décembre 1872. . 37889
Total des branchements ^9495
» Les branchements en plomb appartiennent donc, pour la plupart, aux par-
ticuliers.
)i Dans ces nombres ne figurent pas ceux des branchements appartenant à
la Ville de Paris, qui ne servent jamais au puisage de l'eau destinée aux be-
soins domestiques, tels que ceux des fontaines monumentales, des bouches
d'eau sous trottoir, des poteaux et boîtes d'arrosement, des bouches d'ar-
rosage à la lance, des coffres d'incendie, des pompes à vapeur et des uri-
noirs, qui sont au nombre de 8277, ni ceux du service des Promenades et
PlautStions qui ne sont pas moins nombreux.
» Les branchements en plomb qui servent aux puisages domestiques
sont donc au nombre de 39600, et l'on peut évaluer leur longueur moyenne
à 4o mètres, et leur longueur totale à i 58o 000 mètres.
» Malgré le développement énorme de ce réseau, chaque litre d'eau puisé
pour la consommation des habitants ne parcourt qu'une très-petite lon-
gueur de conduite en plomb, 5 mètres à peine, lorsque le puisage est fait
aux orifices de la voie publique, 100 mètres au plus lorsque le branche-
ment aboutit dans une maison particidière.
» Lorsque la maison est habitée, le plus long séjour de l'eau dans les
conduites en plomb peut être évalué ainsi :
., -1. ,-1 1 Séjour pendant la nuit, q heures.
Abonnements a robinets libres, l „ . , . , _
( Séjour pendant le jour, de 5 à 10 minutes.
Abonnements jaugés, écoulement continu, au plus de 3 à 6 heures.
» Le temps du contact de l'eau avec les parois de la conduite est trop
court, comme on le verra plus loin, pour que le plomb soit attaqué.
C. R., 1873, ■i' Semestre. (T. LXXVU, IN» 19.) iSy
( :o58 )
M J'ai (lit que, dans le réseau des conduites publiques, il reste environ
3 kilonièlres de conduites en plomb. On en démonte quelques-unes de
temps en temps, et l'on constate que leur surface intérieure est toujours
parfaitement lisse et sans traces d'érosion ; j'en mets deux, tronçons sous les
yeux de l'Académie. L'un provient de la conduite du faubourg Saint-
Antoine qui a été posée en 1670, à l'époque où la pompe du pont Notre-
Dame fut érigée; il a donc plus de deux cents ans, et l'on voit encore dans
l'intérieur l'impression des grains de sable du moule. L'autre a été extrait
des rues latérales au marcbé Saint-Germain; il est d'une date plus récente
et n'est pas moins intact.
» Je dois faire remarquer encore que les branchements en plomb se ta-
pissent promptement d'une légère croule adhérente qui empêche le contact
de l'eau et du plomb. Je mets sous les yeux de l'Académie un tronçon d'un
de ces branchements où cette patine est très-visible.
» J'ai visité dans les ateliers de M. Fortin Hermann, entrepreneur des
travaux d'entretien de la Ville, le dépôt des vieux plombs où se trouvent
de nombreux débris de branchements. Je n'en ai pas trouvé un seul qui
ne satisfît à cette condition : surface intérieure du plomb parfaitement lisse,
tapissée d'une croûte mince très-adhérente de limon ou de carbonate de
chaux.
» L'innocuité des conduites en plomb me semble démontrée par l'en-
semble de ces faits, qui font comprendre pourquoi ces conduites sont en
usage dans toutes les villes de France et dans la plupart des villes de l'Eu-
rope, sans qu'on ait jamais eu à s'en plaindre.
» J'ai voulu cependant, par des analyses directes, rechercher le plomb
dans toutes les eaux distribuées à Paris, et c'est dans cette recherche que
M. Le Blanc a bien voulu me prêter son bon concours.
» Les essais ont été faits d'abord sur les eaux publiques de Paris puisées
aux points suivants :
1° Eau de Seine. — Hôtel-Dieu, branchement en plomb de 200 mètres de longueur.
2" Eau de Seine. — Avenue d'Orléans, n° 74» branchement en |jlomb de 100 mètres.
3° Eau d'Ourcq. — Hôpital des Récollets, branchement en plomb de 70 mètres.
4" Eau de Dhuis. — Avenue de Clichy, n° ^o, abonnement jaugé de 25o litres par
vingt- quatre heures, branchement en plomb de ao mètres.
5° Eau de Dhuis. — Rue de Moscou, n° 25, abonnement à robinet libre, branchement en
plomb de ^o niètfes.
» On envoyait à M. Le Blanc un échantillon de 5 litres d'eau de chaque
espèce.
» Envoi du 16 août iSyS; observation de M, Le Blanc. Aucune de ces eaux, limpides et
( 'o59 )
incolores, ne prend une coloration appréciable sons l'influence de l'hydrogène sulfuré.
Pas de trace de plomb dans le produit évaporé dans une capsule en platine.
« Eni'oi du i"'' septembre. Même observation,
o Erifoi du \" octobre. Même observation.
M On peut conclure de cette première série d'expériences que les eaux
publiques de Paris puisées à l'extrémité des brancheirients en plomb ne
contiennent pas trace de ce métal lorsque la maison est habitée, c'est-à-dire
lorsque l'eau ne séjourne jamais plus de neuf à dix heures dans le bran-
chement.
» M. Le Blanc a entrepris une autre série d'expériences en laissant sé-
jomner le plomb beaucoup plus longtemps dans l'eau. Je lui laisse la
parole :
« Sur l'action des eaux sur le plomb.
o Les chimistes savent depuis longtemps avec quelle facilité s'oxyde le plomb immergé
dans l'eau distillée ayant le contact de l'air. Il se forme très-rapidement de l'oxyde de plomb
hydraté en très-petits cristaux blancs, à éclat nacré, dont la quantité va toujours en aug-
mentant et finit par former un dépôt notable au fond des vases. Il en est de même de l'eau
de pluie très-pure. Au contraire, l'eau contenant une certaine quantité de sels, principa-
lement l'eau de puits sélénitcuse, n'atta([ue pas du tout le plomb dans les mêmes conditions.
» Ce sont là des expériences que les professeurs de Chimie font depuis quarante ans dans
les cours publics. M. Dumas ne manquait jamais de mettre ces résultats sous les yeux de ses
auditeurs à la Sorbonne. Plusieurs fois divers chimistes ont fait remarcjucr l'innocuité du
plomb à l'égard des eaux potables circulant dans les tuyaux de ce métal, et cela en raison
des nii^fières salines qui préservent le métal de l'oxydation.
• Il serait sans doute difficile de donner une théorie de ces faits, mais ils semblent du
même ordre que ceux qui ont été constatés à l'égard du fer qui peut se conserver sans oxy-
dation dans l'eau distillée, même aérée, à la faveur de quelques millièmes d'alcali ajouté à
cette eau, tandis que ce métal s'oxyde très-rapidement dans l'eau pure aérée. Chose siuL'u-
lière ! en augmentant, dans une certaine mesure, la proportion d'alcali, on peut faciliter
l'oxydation. On sait combien les particularités signalées par M. Gaymard dans les conduites
d'eau, à Grenoble, ont occuj)é les chimistes, il y a environ quarante ans (oxydation tuber-
culeuse de la fonte). Il importait de s'assurer si les eaux potables les j)lus pures contenaient
encore assez de matières salines pour préserver le plomb de l'oxydation.
« Le tableau ci-après démontre que des eaux très-pures, telles que celles du puits de
Grenelle, par exemple, contenant beaucoup moins de matières salines que l'eau de Seine,
possèdent encore la propriélé de préserver le plomb de l'oxydation ; cette eau marque de
8 à lo degrés à l'hydrotimètre.
» On verra que des eaux, marquant même moins de i degré à l'hydrotimètre, conservent
encore celte même propriété. Enfin l'eau de pluie elle-même peut ne pas attaquer le
|)lomb, si elle n'a pas été recueillie avec le plus grand soin et après une sorte de lavage pro-
longe de l'atmosphère par l'eau pluviale. Pour peu que l'eau de pluie indique la présence
des sels de chaux par les réactifs, on lui reconnaît la propriété de ne pas agir sensiblement
137. .
( loGo )
sur le plomb. Lorsque l'eau de pluie esl devenue insensible à l'action des réactifs de la
chaux, elle commence à attaquer le plomb assez rapidement, à la manière de l'eau distillée.
Action du plomb chimiquement pur sur diverses eaux.
(Le plomb est immergé dans l'eau et le liquide a le contact de l'air; lingot de 25 grammes
de plomb pur et 200 centimètres cubes d'eau.)
^A^lJRE DES EAl'X.
DATE
do l'immersion.
KÊStlLTAr ODSERVÉ.
Attaque considérable; cristaux
Eau distillée
2; septembre
blancs d'oxyde de jilomb hy-
draté.
Eau de Dhuis(')
kl.
Pas d'attaque.
Eau de Seine (')
Id.
Id.
Eau du puits de Grenelle (')
Id.
Id.
Eau d'Ourcq (')
Id.
Id.
Eau d'Arcueil {')
Id.
Id.
Eau de puits de Belleville ('}
Id.
Id.
Sources du nord, Prés-Saint-Gervais (').
Id.
Id.
Eau du puits de Passy
Id.
Id.
Eau du réservoir du goulTre d'Enfer,
h Saint-Etienne (terrain granitique),
8 octobre
Id.
Titre lijdrotimétrique 10,44 (')
Eau du réservoir des Settons (Morvan), ■.
rivière de Cure. Titre liydrotimétri- ( JJ.
Id.
(iiie o® 06 f '1 1
Eau de rOurtlie (Belgique), terrain dé-
vonien. Titre hjdrotimétrique o°,r)6.
i5 octobre
Id.
Eau de pluie, recueillie dans la cour,
quai de Belhune
8 octobre
Pas d'attaque constatée. Traces de
sulfate et de chaux.
L'attaque du plomb est sensible ou
Eau de pluie, recueillie sur les réser-
28 octobre
bout de vingt-quatre heures et va
en augmentant. Dépôt assez abon-
dant le 5 novembre.
(') A renibouchure de l'acqueJuc de Ménilmontant.
(') Au milieu du fleuve, près do la prise d'eau du chemin d
e fer d'Orléans.
(') A l'orilice supérieur.
(*) Au milieu de la gare circulaire.
(') Dans l'aqueduc au regard X, en amont de la conduite.
(') Maison, rue Fessart, ig.
(') Rigole du regard des Mossins, derrière le bastion 20. (Eau très-limpide.)
(') Ce réservoir contient habituellement i Goo 000 mètres eu
bes d'eau.
(°) La capacité de ce réservoir est de 19 à 20 millions de mè
très cubes.
Nota. — Les tuyaux doublés d'eiain ne s'attaquent pas plus que le plomb des tuyau.'c de
la Ville. On a employé Ttau du puits de Grenelle pour les expériences comparatives.
( io6i )
» Quels sont les sels les plus efficaces pour s'opposer, même à faible dose, à l'oxydation
du plomb au contact de l'eau? Les sels de chaux, employés seuls, sont incontestablement ef-
ficaces aux doses les plus minimes.
» Cependant, en l'absence de la chaux, d'autres sels paraissent aussi capables de protéger
le plomb à la dose de o^'', i environ par litre. Néanmoins, au bout de vingt-quatre à trente
heures, l'eau se colore à peine par l'acide sulfhydrique, mais cet effet s'arrête bientôt et
l'oxydation cesse. C'est ce qui résulte des observations suivantes.
1) Expériences pour constater l'influencé particulière de divers sels. — On a formé les dis-
solutions suivantes avec : 1° sulfate de soude, 2° chlorure de sodium, 3" chlorure de potas-
sium, 4" sulfate de magnésie.
» La dose de chaque sel était de o^',! par litre.
» Le plomb a été immerge dans ces dissolutions le 22 octobre. Au bout de vingt-quatre
heures, l'eau devenait fauve par l'acide sulfhydrique; mais l'attaque n'a pas continué, et l'on
peut dire que les eaux précitées n'attaquent pas sensiblement le plomb, car, au bout de dix
jours, il n'y avait pas de véritable précipité par le réactif.
» Ces expériences seront continuées, en variant les proportions.
» Nous avons entrepris avec M. Le Blanc une autre série d'expériences;
c'est ainsi qu'on a obtenu quelques traces de plomb dans cette eau éva-
porée, en mettant l'eau dans les conditions les plus favorables pour une
attaque.
» Dès que ces expériences seront terminées, j'en ferai connaître les ré-
sultats à l'Académie.
» En résumé, le danger d'empoisonnement par l'eau de la Ville puisée à
l'extrémité d'un branchement en plomb est nul. Je ne pense pas qu'il soit
possible d'obliger, comme on l'a demandé, les propriétaires de Paris à rem-
placer les i5oo kilomètres de branchements en plomb, établis aujourd'hui
dans leiu's propriétés. On trouverait l'intérieur de ces branchements par-
faitement lisse, sans trace d'attaque et recouvert de la mince croûte de
dépôt adhérent, qui sépare le plomb de l'eau.
» Peut-on même recommander aux peisonnes timorées un autre mode
de canalisation ; je ne le crois pas. Le fer et la fonte, très-en usage à Londres
à cause de leur bas prix, conviennent beaucoup moins à Paris, d'abord
parce qu'on ne trouve pas dans le commerce les pièces de raccord né-
cessaires, et surtout parce que les accidents dus à la gelée, beaucoup plus à
craindre à Paris qu'à Londres, sont plus redoutables avec le fer et la fonte
qu'avec le plomb.
» On a recommandé dans ces derniers temps des tuyaux en plomb dou-
blés d'étain. Ces tuyaux d'un prix élevé présentent un grave inconvénient;
en faisant les nœuds de soudure, on fond la doublure d'étain et l'on produit
( ioG2 )
des obstructions dans la conduite. J'ai i'ait disparaître ce danger d'obstruc-
tion, en faisant fondre d'avance l'étain, sur 8 à lo centimètres de chaque
côté des nœuds de soudure, dans un bain de sable chauffé à phis de 227 de-
grés, point de fusion de l'étain et moins de 33o degrés, point de fusion du
plomb, ce qui, à la vérité, met le plomb à nu, mais, suivant moi, sur une
trop petite longueur pour qu'il soit attaqué. On ne peut cependant recom-
mander remploi de ces tuyaux qui sont trop nouveaux pour que les incon-
vénients qu'ils peuvent présenter soient bien connus.
» En réalité, aucun de ces genres de conduites ne peut avoir une action
quelconque sur la santé des usagers. L'Administration a donc pris le seul
parti raisonnable, en autorisant les abonnés à prendre à leur gré et sous
leur responsabilité, soit des tuyaux de plomb, soit des tuyaux en fonte
et en fer, soit des tuyaux en plomb doublés d'éfain, à la seule condition
de donner à ces tuyaux, sous la voie publique, l'épaisseur nécessaire pour
résister à la pression de l'eau. »
M. BouiLLAUD, après avoir entendu la lecture de la Communication de
M. BeUjrand, demande la parole et s'exprime comme il suit :
« La question qui se discute en ce moment devant l'Académie com-
prend un élément hygiénique et médical sur lequel je crois devoir présenter
quelques considérations. Ce n'est pas d'aujourd'hui que datent les recher-
ches dont l'eau, l'un des plus grands agents de la nature, a été l'objet de
la part des médecins : elles remontent aux époques les plus reculées. Qui
ne sait, en effet, qu'Hippocrate lui-même, ce père de la Médecine, en a
traité dans un de ses Ouvrages les plus justement célèbres [De aère, locii et
AQUls), Ouvrage qui, pour le dire en passant, a eu l'insigne honneur d'être
cité par Montesquieu, dans son Traité De l'Esprit des Lois? La Communica-
tion de M. Eelgrand, en particulier, a pour objet spécial l'étude de l'eau
de la Ville de Paris, sous le rapport des propriétés nuisibles qu'elle
pourrait contracter en coulant à travers des canaux de plomb; et bon
nombre des remarques de M. Dumas se rattachent à cette importante
question d'hygiène publique. Oui, certes, elle est importante, et au plus
haut degré, la question de l'influence de l'usage de l'eau mise en contact
avec le plomb, dans diverses conditions qui n'avaient pas encore été suffi-
samment examinées, et sur lesquelles cette discussion vient de répandre
de si précieuses lumières.
» Certaines préparations saturnines constituent, comme tout le monde
( io63 )
le sait, pour les personnes qui en subissent l'influence plus ou moins pro-
fonde et prolongée, un des poisons les plus funestes. Combien ne comptent-
elles pas de victimes, pur exemple, parmi ces nombreux ouvriers qui tra-
vaillent au blanc de céruse, ou qui exercent la profession de peintres en
bâtiments?
» La Médecine peut heureusement arracher à la mort plusieurs de ces
personnes, frappées d'intoxication saturnine, et notamment celles où elle
sévit plus spécialement sous la forme de coliques de plomb. Mais n'est-ce
rien, même dans ces cas heureux, que ces atroces douleurs auxquelles la
maladie doit son nom de coliques? Certes, je ne veux point, à Dieu ne
plaise, faire ici le procès à l'usage des eaux qui coulent dans des conduits
de plomb; je le veux d'autant moins, que la savante Communication de
M. Belgrand est bien propre à nous rassurer sur les qualités de ces eaux.
J'insisterai d'autant plus sur cet article, dont, je le répète, je suis bien loin
de vouloir exagérer l'importance, que divers médecins, et notamment des
médecins attachés à la marine, ont publié des travaux d'après lesquels des
cas de coliques, observés à bord de certains bâtiments, devraient être rap-
portés au mode d'intoxication saturnine dont il s'agit en ce moment.
» On ne saurait donc, quand il s'agit de l'usage d'un agent hygiénique
aussi universellement répandu que l'eau, s'appliquer, avec trop de soins,
à éloigner toutes les causes capables dallérer les qualités sans lesquelles
cette boisson ne saurait mériter le nom consacré d'EAU potable. »
PHYSIOLOGIE. — Remarques sur un point historique relatif à la chaleur animale;
par M. Berthelot.
« Quand Lavoisier eut découvert le phénomène chimique fondamental
delà respiration, c'esl-à-dire le dégagement dans les jjoumons d'une cer-
taine quantité d'acide carbonique et la disparition d'un volume à peu près
égal d'oxygène, il compara aussitôt ce phénomène à « une combustion, à
» la vérité fort lente, mais d'ailleurs parfaitement comparable à celle du
M charbon ; elle se fait dans l'intérieur des poumons, sans dégager de lu-
» mière sensible, parce que la matière du feu, devenue libre, est aussitôt
» absorbée par l'humidité de ces organes ; la chaleur développée dans cette
» combustion se communique au sang qui traverse les poumons et se ré-
» pand dans tout le système animal (i) ».
(i) Mémoire sur la chaleur, par MM. Lavoisier et de Laplace, 1780. — OEuvres de
Lavoisier, t II, p. 33 1; 1862.
( io64 )
» La théorie de la chaleur animale, qui résulte de ces découvertes, est
demeurée acquise à la science dans sa partie principale ; je veux dire que
tout le monde l'attribue aujourd'hui aux changements chimiques produits
dans les êtres vivants, changements dont le plus important est la transfor-
mation de l'oxygène en acide carbonique.
» Mais la localisation dans les poumons des réactions qui produisent la
chaleur n'est plus acceptée ni par les chimistes, ni par les physiologistes.
Les premières objections furent faites par Lagrange, à peu près dans les
termes suivants :
« M. de Lagrange réfléchissant que, si toute la chaleur qui se distribue
» dans l'économie animale se dégageait dans les poumons, il faudrait né-
» cessairement que la température des poumons fût tellement élevée que
» l'on aurait continuellement à craindre leur destruction, et que, la tem-
» pérature des poumons étant si considérablement différente de celle des
» autres parties des animaux, il était impossible qu'on ne l'eût point en-
» core observée; il a cru pouvoir en conclure, avec une grande probabi-
» lité, que toute la chaleur de l'économie animale ne se dégageait pas
» seulement dans les poumons, mais bien dans toutes les parties où le sang
» circulait (i) », par l'effet d'une combustion lente et générale, produite
aux dépens de l'oxygène, d'abord simplement dissous.
» On ne sainait, d'après les expériences faites depuis lors, révoquer
en doute cette dernière opinion, sauf quelques modifications introduites
dans son énoncé par le progrès des connaissances ; mais ce que je n'ai vu
signalé nulle part, c'est que le raisonnement sur lequel elle était d'abord
fondée, et que l'on reproduit encore chaque jour dans plus d'un enseigne-
ment, est plus spécieux que réel : toute la chaleur dégagée par la transfor-
mation de l'oxygène inspiré en acide carbonique, fût-elle développée au
sein des poumons, n'en élèverait la température que d'une faible fraction
de degré, incapable d'en produire la destruction. C'est ce qu il est facile
d'établir.
» D'après les recherches de MM. Andral et Gavarrct, la quantité moyenne
de carbone exhalée par un homme, sous forme d'acide carbonique, est com-
prise entre lo et 12 grammes environ par heure, soit o^', iG^ à 0^^,200 par
minute. En admettant que les matières qui ont fourni cet acide carbonique
aient dégagé à peu près la même quantité de chaleur que du carbone pur,
ce qui n'est pas très-éloigné de la vérité, cette chaleur serait capable d'é-
(l) llASSENFaATz, Annales (le Cliimir, t. IX, p. 266; 1791.
{ io65 )
lever de i degré par minute la température de i''^, 3oo à i''s,Goo d'eau.
En admettant seize inspirations par minute, chacune d'elles produirait
donc, en moyenne, une quantité de chaleur capable d'élever de i degré
loo grammes d'eau, ou moins. Celle quantité de chaleur, répartie entre
toute la masse des poumons, qu'on peut évaluer à a kilogrammes ou
2*'^, 5oo environ, ne saurait en élever la température que d'une très-petite
fraction de degré (un vingtième à un vingt-cinquième de degré) par chaque
inspiration, La circulation incessante du sang, dans les vaisseaux pulmo-
naires, sang dont le poids ne paraît pas éloigné de 3oo à 4oo grammes enire
deux inspirations (i), jointe à l'inthiencc du contact des parties voisines,
absorberait d'ailleurs à mesure la chaleur jM-oduile, de façon à empêcher
ses effets de s'accumuler.
» Il résidte de ce caicid que la réaction île l'oxygène sur les principes
combustibles de l'organisation, même si elle se produisait tout entière
dans les poumons, — ce cjui n'est pas le cas, — ne donnerait lieu qu'à des
effets difficiles à constater, loin de détruire l'organe qui servirait de siège à
cette combustion. Les conclusions de Lagrange n'en étaient pas moins
conformes à la réalité, quoique fondées sur des prémisses inexactes. Mais
ce n'est pas la seule fois dans l'histoire des sciences qu'un argument sans
valeur est devenu l'origine de découvertes importantes. »
MÉTÉOROLOGIE. ♦— Fondation d'un observatoire météorologique nu pied du
pic du Midi, par la Société Rnmond. Note de M. Ch. S.\i\te-Clahîe
Deville.
(c J'appelais, il y a quelques jours, l'attention de l'Académie sur les deux
excellentes publications faites par la Commission météorologique des Pyré-
nées-Orientales, sous les auspices du Conseil général. Permettez-moi aujour-
d'hui de vous signaler un fait tout aussi intéressant, qui se passe encore
dans les Pyrénées, et qui témoigne du zèle qui s'y déploie en faveur des
progrès de la météorologie départementale.
» Il existe à Bagnères-de-Bigorre deux sociétés : l'une, scientifique, porte
un nom qui nous est cher : c'est la Société Ramond, dont M. le pasteur
Frossardest président. L'autre société a fondé, il y a quelques années, au
col de Sencours (ou de cinq ours) au pied du pic du Midi, à 2364 mètres,
une hôtellerie, destinée à recevoir les voyageurs et les touristes dans la belle
(i) P'oir MiLNE Edwards, Leçons sur la Physiologie, t. IV, p. qf.
C. P.., 1873, 2" Semestre, (T. LXXVII, IS" 10.) '^8
( ioG6 )
saison. Ces deux sociétés se sont réunies pour mettre deux pièces de l'hô-
tellerie à la disposition d'un observateur, pour lequel on a étnlili, à cette
altitude, lui petit malériel météorologique, tout à fait semblable à celui
que j'ai institué à Montsouris et dans un grand nombre de stations fran-
çaises.
» Cet observatoire a fonctionné du i*"^ août au 9 octobre de cette année,
sous la direction d'une Commission dont M. le général de Nansouty est
président, et M. Peslin, ingénieur des mines, secrétaire. Outre l'observa-
teur, M. Baylac, MM. de Nansouty et Vaussenat, ingénieur civil, ont con-
tribué, pour une grande part, aux observations.
» De temps en temps, on faisait des observations comparatives an som-
met du pic du Midi {28'j'j mètres).
» J'ai eu lavautage, l'an dernier, au mois de novembre, de conférer
avec cette Commission, à laquelle s'était adjoint le maire de Bagnères. Le
vif désir de la Société Ramond serait d'obtenir qu'elle fût reconnue comme
établissement d'utilité publique, ce qui lui donnerait le droit de recevoir
des souscriptions, d'acquérir des terrains au sommet du pic du Midi et d'y
construire un observatoire.
» Quel que soit l'avenir réservé à cette pensée, dont la réalisation serait
d'un grand intérêt, la fondation du petit observatoire de Sencours est déjà
un vrai service rendu à la météorologie des montagnes. Inauguré cette
année, tout fait penser que, dès le mois de juillet prochain, les travaux y
seront repris, et assurément aucune oeuvre scientifique ne mériterait plus
que celle-là secours et encouragement. »
GÉOGRAPHIE. — Extrait d\ine Lettre de M. Ferd. de Lesseps à Lord
Granville, à Londres, sur le projet d'un chemin de fer dans l'Asie centrale.
n Paris, 3o octobre 18^3.
« Je vous remercie de la bienveillante réponse que vous m'avez fait
adresser, par l'intermédiaire de lord Lyons, à la Communication de mon
Mémoire à la Société de Géographie de Paris, sur le projet d'un chemin de
fer dans l'Asie centrale.
w Dans quelques semaines, mon fils, Victor de Lesseps, accompagné d'un
ingénieur anglais, M. A. Stuart, se rendra aux Indes, afin d'étudier la pos-
sibilité de la jonction des chemins de fer russes avec les lignes anglo-in-
diennes. S'il y a lieu, ils poursuivront leurs recherches au delà des posses-
sions actuelles de l'Angleterre, suivant les indications qu'ils se feront un
( 'o67 )
devoir de demander au Vice-Roi. Je crois donc utile de soumettre, dés à
jjrésent, à Votre Seigneurie quelques considérations sur l'entreprise.
» Dans l'exposé que j'ai fait devant la Société de Géographie, j'ai décrit
d'une manière générale un tracé approximatif de la ligne projetée. Partant
de Moscou, elle arriverait à Samarkand via Toschkar. Atteignant l'Oxus
dans le voisinage de Balkl, elle suivrait d'abord la vallée de ce fleuve et en-
suite le cours d'un de ses nombreux affluents. Elle traverserait les montagnes
par un des passages que suivent actuellement les caravanes; arrivant ainsi
dans la vallée de la rivière Caboul, elle en suivrait le cours jusqu'au Pes-
hawer.
» L'énoncéprécédent n'est naturellement que provisoire et recevra toutes
les modifications qui paraîtront convenables.
» Il me semble superflu, mylord, de m'étendre avec détails sur les avan-
tages commerciaux devant résulter au profit de l'empire anglo-indien, de
l'établissement d'une voie ferrée se reliant à l'Asie centrale.
)) Des communications rapides et directes avec l'Europe augmenteraient
considérablement le trafic international; toutes les branches du commerce,
tant en Angleterre qu'aux Indes, s'en ressentiraient probablement. Comme
conséquence nécessaire, l'augmentation du trafic sur les chemins de fer
indiens diminuerait d'abord et probablement annulerait bientôt les lourdes
charges que les garanties d'intérêt imposent au budget indien.
M Je n'insisterai donc pas davantage sur ce point, et j'aborderai le côté
politique de la question.
» On exprime souvent de l'anxiété en Angleterre au sujet des progrès de
la Russie et de l'influence russe dans l'Asie centrale, et l'on a déjà mani-
festé la crainte que, dans l'hypothèse d'une guerre, une armée russe pour-
rait se servir avec avantage, pour une invasion de l'Inde, de la ligne que
nous projetons. Je ne crois pas qu'il existe des causes sérieuses de conflit
entre la Grande-Bretagne et la Russie dans l'Asie centrale. Les deux em-
pires ontun champ assez vaste, l'Angleterre au midi, la Russie au nord de
l'Indo-Kouch, pour employer toute leur énergie et leur ambition à étendre
le progrès et la civilisation pendant des siècles à venir.
)) Cependant des guerres sont malheureusement toujours possibles, et je
comprends qu'il soit du devoir du gouvernement de Sa Majesté de prévoir
toutes les éventualités. Je suis, du reste, trop l'ami et l'admirateur de l'An-
gleterre pour ne pas avoir examiné avec soin quelles seraient les consé-
quences d'une jonction des lignes russes et anglo-indiennes, dans le cas
d'une guerre entre les deux puissances.
i38..
( 'o68 )
M Je ferai d'abord remarquer que l'intention publiquement connue du
gouvernement russe est d'exécuter lui-même un chemin de fer jusqu'à Sa-
markand, dans le cas où une société privée ne s'en chargerait pas. Une voie
ferrée partant de Peshawer par la vallée de la rivière Caboul, traversant
l'Indo-Kouch, et allant de là opérer sa jonction avec la ligne russe, serait-
elle utile ou nuisible aux intérêts britanniques en cas de guerre ?
)) Il est incontestable que la Russie, depuis la campagne de Rhiva, est
obligée de poursuivre l'extension de sa domination ou de son influence di-
recte sur la population de l'Asie centrale, non-seulement dans l'intérêt de
ces populations, mais aussi pour sa propre sécurité. Cette action s'étendra
fatalement dans le bassin de l'Oxus jusqu'aux limites qui lui sont naturelle-
ment marquées par les plus hautes montagnes du globe. Si, dans celte si-
tuation, l'Angleterre continue à rester passive au midi de l'Indo-Kouch,
l'élément fanatique musulman de la vallée de l'Oxus sera rejeté en totalité
ou en partie au delà des montagnes et fortifiera les germes d'hostilité ou
d'insurrection qui fermentent toujours parmi les populations musulmanes
de l'Inde et des provinces limitrophes. L'Angleterre a donc tout intérêt à
percer, par une voie ferrée facilitant le mouvement de ses troupes, un foyer
dangereux. En tout cas, la ligne ferrée tendrait à augmenter considérable-
ment l'influence anglaise siu' toute la frontière.
)) Si, d'un autre côté, comme il arrivera probablement dans le cours
naturel des événements, la vallée de la rivière de Caboul est annexée au
territoire britannique, il serait évidemment nécessaire d'avoir une ligne
sur la frontière jusqu'à l'Indo-Kouch, où elle se joindrait à celle du côté
russe.
» Aussi longtemps que l'Angleterre restera maîtresse des mers (position
que la navigation à vapenr a rendue encore plus évidente), elle n'a rien à
craindre des conquêtes ou de l'influence légitime de la Russie dans l'Asie
centrale. Une armée russe cherchant à envahir l'Inde par l'Indo-Kouch
se trouverait à des milliers de milles de sa base dans la Russie européenne.
Une armée anglaise opérant dans le nord-ouest ne serait qu'à une distance
relativement courte de sa base d'opération à Rombay ou à Calcutta. En
outre, des communications promptes et sûres existeraient toujours entre
l'Angleterre et les ports indiens par la voie du canal de Suez.
» Nous croyons donc que l'Inde anglaise pourrait attendre avec con-
fiance l'attaque d'une armée dont la seule ligne de communication serait
un chemin de for long de plusieurs milliers de milles, et que la destruction
d'un tunnel ou d'un pont pourrait obliger à capituler ou à se disperser.
( 'o6g )
» Si notre projet reçoit l'approbatiGii du gouvernement anglais, nous
n'avons point la prétention de choisir nous-nièines le tracé de Peshawer
à i'Indo-KoucI], mais nous adopterons celui cpii sera aj)prouvé et indiqué
par le gouvernement anglo-indien. Nous en agirons de même à l'égard
des autorités russes de l'autre côté de l'Indo-Roucli.
» J'espère que le gouvernement tle Sa Majesté voudra bien autoriser
S. Exe. le Vice-Roi à donner à mon fds et à M. A. Stuarl; les facilités néces-
saires pour l'exploration qu'ils cntrt^prenuenf. J'ai, du reste, la confiance
que l'Angleterre protégera spécialement une entreprise qui permet de favo-
riser le progrès matériel et moral du monde, et qui, dans l'avenir, sera
une nouvelle garantie de paix dans l'Asie centrale. »
ANATOMIE COMPARIÎE. — Slritcliirc (les (L'iits de l' llélolerme et des Ophidiens;
par RI. P. Geuvais.
u L'Héloderme constitue un genre de Sauriens propre an Mexique, au
sujet duquel Wiegmann, Duméril et Bibron, M. Gray et, plus récemment,
M. Raup, ont successivement donné des renseignements. Sa morsme passe
pour venimeuse, et ses dents, qui sont implantéesà la manière de celles des
Varans et des Ophidiens, présentent sur leur couronne, à la face antérieure
et à la face postérieure, un sillon vertical très-prononcé, rappelant à cer-
tains égards celui que l'on voit en avant sur le fût des dents de certains
Ophidiens venimeux. Une autre particularité des dents de l'Héloderme, qui
ne se trouve pas non plus chez les autres Sauriens, réside dans leur bulbe,
dont la partie interne fournit des digitations muHiples dirigées vers la
fine couche d'émail recouvrant ces dénis. Une coupe de leur partie basi-
laire, ou de leur région moyeiuie, montre très-dislinctcment cette disposi-
tion lorsqu'on fait l'examen au microscope. On ne connaît encore rien de
semblable chez les autres Sauriens, et \\ en est de même pour les Ophi-
diens.
» On sait qu'd existe, parmi ces derniers, indépendamment des Vipé-
ridés ou Serpents venimeux à dents de forme tubidaire, des espèces égale-
ment pourvues de glandes toxiques chez lesquelles les dents servant à l'in-
troduction du venin ne forment pas des tubes complets. LesNajas etgenres
voisins sont dans ce cas ; c'est un canal fendu en avant, mais non disposé
en forme de tube, qui livre alors passage au poison, et, dans une troisième
catégorie de Serpents venimeux, les dents, également cannelées, qui ser-
vent au même usage, sont placées, non plus sur la partie antérieure des
( 1070 )
maxillairos stipérieurs, mais à la partie postérieure <le ces os, et après
(i'aulres dcnis qui 11e sont ni tubulées ni cannelées.
» Daméril et Bibron ont appelé Solénogly plies les Serpents à dents en
forme de tubes, tels que les Crolaies, les Vipères, etc.; ceux dont le venin
est inoculé par des dents également placées sur la partie antérieure des
maxillaires supérieiu-s, mais fendues dans toute leur longueur, sont leurs
Proléioijljplies, et ils ont nommé Opislocjljjilies l'ensemble des espèces ayant
des crochets, également cannelés, mais situés à la partie postérieure des
mêmes os. Tous les autres Serpents manquent de venin et de dents compa-
rables à celles dont il vient d'être question ; je les ai compris sous la déno-
mination commune d'Jtjl/phes, quelle que soit d'ailleurs la famille à laquelle
ils appartiennent. Des détails plus étendus, relatifs à ces différentes dispo-
sitions, et des figures destinées à les représenter ont été insérés dans le
Traité de Zoologie médicale que j'ai publié en commun avec M. Van
Beneden.
» Il était naturel de supposer que la cavité en tube des crochets pro-
pres aux Vipéridés n'est pasle fait d'une sorte de perforation dont ces dents
auraient été l'objet, perforation de laquelle résulterait le canal dont elles
sont percées. Elle est due, en effet, au rapprochement des deux bords de
chaque dent, et le bulbe dentaire est ici disposé sous la forme d'une lame
se repliant sur elle-même, comme le fait, sous la main de l'homme, la
lame de métal ou de carton dont on veut faire un tuyau en soudant ses
deux bords libres l'un avec l'autre.
» Cette coinj)araison se trouve justifiée par l'existence le long de la dent
d'une véritable suture dont les deux bords sont au contraire disjoints aux
deux extrémités inférieure et supérieure de celte dent, ces extrémités
restant ouvertes pour l'entrée et la sortie de la sécrétion toxique. La suture
n'existe que dans la région intermédiaire ; elle résulte du rapprochement des
deux bords de la dent répondant aux deux extrémités amincies de son bulbe,
et, sous le microscope, on voit très-bien la disposition en portion de cercle
qu'affecte ce dernier, ainsi que la direction divergente que prennent les
tubes de la dentine sur ses deux faces et à ses extrémités. Cette curieuse
disposition anatomique fournit un nouvel argument à l'appui de la loi des
perforations, par laquelle M. Serres expliquait le mode de formation des
organes disposés tubidairement.
» M. Owen (1) a montré l'existence de la suture dont il \ient d'être
(i) Oclonlography, PI. LXXTa.
( '0?' )
qiieslion dans la coiipo qu'il adonnée d'une dent en crochet appartenant
à une espèce de la famille des Vipéridés, et j'ai fait exécuter, de mon cùlé,
des préparations, en partie reproduites sur les planches accompagnant
cette Notice, qui la mettent également en évidence. Au-dessous et au-
dessus de la ligne de jonction, les deux bords sont séparés, et ils laissent
entre eux un intervalle plus ou moins grand, suivant le point que l'on con-
sidère. Leur disposition reproduit alors celle que présentent, dans tonte
leur étendue, les dents cannelées, mais non tubulaires, des Opiiidiens pro-
téroglyphes et opistoglyphes. Au contraire, chez les Aglyphes, le bulbe est
central, et les canaliculesdela dentine qu'il fournit par son ossification vont,
comme autant de rayons divergents, gagner le pourtour de la dent, qui
affecte alors dans sa structure la disposition ordinaire.
» C'est aux dents protéroglyphes et opistoglyphes que les dents bican-
nelées de l'Héioderme ressemblent aussi sous ce rapport. J'en donne des
figures dont la comparaison avec celles tirées des serpents venimeux ren-
dra cette analogie de structure plus facile à saisir. Les digitations du
bulbe et la duplicité du sillon restent toutefois des caractères particuliers
de ce singulier genre de Sauriens. »
M. Lk Verrieiî annonce à l'Académie que toutes les mesures sont prises
pour que l'observation de l'essaim d'étoiles fdantes de la fin de novembre
puisse s'effectuer, sur un très-grand nombre de points, dans les meilleures
conditions.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE. — Mémoire sur le Piohlème des trois Corps,
par M. Ém. Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Serret, Bonnet.)
« En adoptant un système convenable de variables, M. Bertand a dé-
montré que huit des intégrales du problème dépendent d'une équation
aux différences partielles linéaires et du premier ordre, par rapport à neuf
variables, ou, ce qui revient au même, de huit équations différentielles
ordinaires du premier ordre entre ces neuf variables. M. Bertrand observe
de plus que, parmi les huit intégrales précédentes, se trouvent le principe
des forces vives et une seconde qu'on obtient en faisant la somme des car-
rés des trois intégrales des aires.
( 'o?» )
» Boni-, pour Irailer la même question, commence par adopter le sys-
tème tics variables de M. Bertrand; puis il substitue huit autres variables,
qui sont fonctions des |)remicres. L'avantage qu'il obtient par ce change-
ment consiste en ce que les huit équations différentielles auxquelles il est
conduit ont la forme hamiltonienne.
» Mais il y a lieu de remarquer que, si aux huit intégrales des équations
hamiltoniennes qui renferment celle des forces vives, on ajoute les trois in-
tégrales des aires, ou n'obtient que onze intégrales, tandis que la solution
du problème en doit renfermer douze. On doit faire une seconde remarque :
on doit en général regarder la solution d'un jn-oblème de calcul intégral
connue beaucoup plus satisfaisante, si l'on obtient, pour intégrales, des
équations résolues par rapport aux inconnues et qui dispensent de toute
élimination. Or, dans le problème actuel, en imaginant même que la dou-
zième intégrale soit trouvée, les éliminations auxquelles on serait obligé
pour déterminer les coordonnées des corps conduiraient à des calculs
inextricables et qui en rendraient impossible toute application à l'Astro-
nomie.
» Le Mémoire actuel a pour but de montrer comment on devra procé-
der, après l'intégration des huit équations hamiltoniennes, dans la supposi-
tion que les huit inconnues de ces équations soient exprimées au moyen
du temps. Je prouve, en effet, qu'on n'aura plus qu'à faire des quadratures
et à intégrer une équation différentielle ordinaire du second ordre. J'en
conclus les coordonnées des trois corps, sans faire aucune élimination.
» En s'appuyant sur le principe de la conservation du mouvement du
centre de gravité, on peut remplacer le système des trois corps par lui
corps fixe IM et deux corps mobiles seulement m et w,.
» Désignons par /• et r, les distances de m et /??, à M, et par a et «, les
angles formés par les rayons r et r,, avec une droite S ainsi définie : S est
l'intersection du plan des trois corps avec la position infiniment voisine
qu'il occuperait, si, M restant fixe, ui et 7J2, se déplaçaient normalement à
ce plan, de quantités égales à — Iv/v/^ et -f- K,;-, <f<, en posant
Kr-w/-B, K, = »j,/7B,,
et désignant par B(/< et B,f// les vrais déplacements angulaires normaux
des points ni et /«,. Enfin, désignons par kdt et k,dt les déplacement an-
gulaires autour de M des corps m et /w, dans le plan variable des trois
corps, et posons
( 1073 )
La force vive est donnée par la formule, où C désigne une constante arbi-
traire,
^ [dry- , [dr,y- G^' G?
\<lt ' \c/t mr' ni.r
/«i/-Jsin'(s(, — a)_
et si l'on pose T — U = H, U étant la fonction de forces, on aura les huit
équations hamiltoniennes
/ •, ftrji du dpi dR
^'^ irt~'d^,^ Tt ~~ lî^-'
i étant susceptible des valeurs i, 2, 3, 4, et en posant
q, = r, q._=^r,, q^=a,, 7, = a,
p, ~ m -, p, = m, ^, p, = G, p, = G,.
)) Supposons qu'on soit parvenu à intégrer les équations (i) exactement
ou par approximation, en sorte qu'on connaisse /', /,, oc, «,, G, G, en
fonction du temps, on aura
,- — v/C— (G + G,)'sina _ ^/c — (G-H G,)'sin:(,
ii =^ T-:—, i ' t),= 5-^- r
(«r'sinfa, — a) m, r'^s,in{a, — a)
« Désignons par jS et /3, les angles des rayons vecteurs r et /•, avec la
droite L, provenant de l'intervention du plan des trois corps avec sa po-
sition infiniment voisine, nous aurons
. ^ Bsin(a, — a) „ Ê, — Bcosfai^a^
Sm/i =:: ^- -, COS/3 = -^ ,
. r, B,sin(a, — a) „ _ R -f. B, rosfa, — a),
sni/3| — '-, cos/3,= ^— ^-^ ^,
en posant
I = v/B' + B;- 2BB,cos(a, -a).
» Expliquons comment on pourra passer, des positions de m et m, sup-
posées connues, aux positions qu'ils occuperont après un temps infiniment
petit.
» 7' et r, subiront les accroisscuicnis — dt, -^ dt qui sont connus. Le
de ' dt '■
point m subit, dans le plan du tiiaiigle des trois corps, un accroissement
C.K., 1873, ■i'^ Scmesuc.{J .l.\\\\\, Xi" 19.) ' %
( '074 )
de la coordonnée angulaire mMh égal à
la droite L étant supposée fixe; de même, le point m, subit, dans le plan
du triangle autour de M, le déplacement angulaire
Le déplacement angulaire de la droite L dans le plafi du triangle est
W d-^ = -^. dt - d^.
La droite L étant venue ainsi dans la position infiniment voisine L,, il n'y
a i)lus qu'à imaginer que le plan du triangle tourne autour de L, d'un angle
infiniment petit w dont la valeur sera
,ov v/B=-+-B?— 2BB,cos(a, — a) .
(3) W = ' ■ , r-^ dt.
^ ' Sin(a, — a)
Les points m et vi^ sont arrivés de la sorte dans leurs positions infiniment
•voisines.
» On en conclut ensuite un mouvement fini des deux corps m et m,
dans le plan du triangle, et ce plan roule sans glisser sur un cône dont
l'équation différentielle s'obtiendrait en éliminant f entre les équations (2)
et (3), dont les seconds membres sont fonctions des t seulement, -i
PHYSIQUE. — Note sur le magnétisme ; par M. J.-M. Gaugain(i).
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
« 48 bis. Pour faire voir comment doivent être échelonnés les cou-
rants alternatifs destinés à effectuer la désaimantation, j'indiquerai une
série d'intensités que j'ai plusieurs fois employées. Le noyau d'un électro-
aimant ayant été aimanté au moyen d'un courant dont l'intensité était
26370, je l'ai désaimanté d'une manière à peu près complète en f;iisant
passer dans les bobines une série de courants alternatifs dont les intensités
étaient 18G10, i35i3, 9901, 8204, GqqS, 5997, 5iGi, 4^12, 4oGi, 3388,
2871, 2540, 225o, 1808.
( 1) Foir les Comptes rendus des i3 janvier, 3o juin, 8 et 2g sepicmbre.
( 1075 )
» Cette opération n'est pas aussi longue qu'on pourrait le supposer,
parce qu'il suffit de laisser passer chacun des courants pendant quelques
secondes seulement. Il est rare d'ailleurs que l'on ait besoin d'opérer une
désaimantation complète. Si, dans les expériences qu'on se propose d'exé-
cuter, on doit employer un contact d'intensité I, il est évident qu'il est
inutile de ramener préalablement l'aimantation au-dessous de la valeur qui
correspond à cette intensité.
u Le procédé de désaimantation que je viens d'indiquer repose sur ce
fait d'expérience, qu'un courant d'intensité déterminée peut détruire une
aimantation un peu plus forte que celle qu'il est lui-même capable de dé-
velopper dans un barreau pris à l'état neutre. Lors donc qu'on adopte
l'hypothèse émise par M. Jamin pour rendre compte du magnétisme dissi-
mulé, on est conduit à admettre qu'un courant d'intensité I, qui ne peut
développer d'aimantation que dans une couche superficielle, d'épaisseur
déterminée e, est apte cependant à détruire l'aimantation qui préexiste
dans une couche située à une profondeur un peu plus grande que e.
» 49. Lorsqu'il s'agit d'établir les lois formulées dans le n°43, on peut
se dispenser de faire disparaître le magnétisme préexistant de l'électro-
aimant dont on se sert; il est plus simple de le laisser subsister et d'en éli-
miner l'influence. On peut le faire aisément en se fondant sur l'observation
suivante : après avoir ramené l'électro-aimant à l'état neutre par la mé-
thode du n° 48, j'ai déterminé la valeur du courant d'arrachement obtenu
sous l'inflaence d'un courant inducteur dont l'intensité était 8606, et j'ai
trouvé que cette valeur était 25,5 pour l'une et l'autre direction de l'induc-
teur. A la suite de cette première détermination, j'ai aimanté le noyau
de l'électro-aimant en faisant passer dans les bobines un courant positif
dont l'intensité était 17900, puis j'ai de nouveau déterminé les valeurs des
courants d'arrachement obtenus sous l'influence des courants positif et
négatif d'intensité 8G06; j'ai trouvé que ces valeurs étaient l'une 3i,G,
l'autre 19; la moyenne de ces deux nombres est 25,3, nombre à peine diffé-
rent de celui qui a été obtenu lorsque l'électro-aimant était à l'état neutre.
Il suffit donc, pour écarter l'influence du magnétisme permanent du fer,
d'exécuter deux observations en sens contraire et de prendre la moyenne
des deux. Il paraît évident a priori qu'il en doit être ainsi lorsqu'on admet
l'hypothèse de M. Jamin, que j'ai rappelée tout à l'heure; mais il m'a semblé
utile de le constater par une observation directe.
w 50. Il me reste encore à faire connaître un certain nombre de résul-
tats d'expériences, qui se rapportent au magnétisme dissimulé; mais il me
139..
( '076 )
paraît indispensable de présenler auparavant quelques observations sur les
modifications que subit le magnétisme d'un fer à cheval, lorsqu'on arrache
son armature. M. Haecker, le premier, je crois, a remarqué que, lorsqu'un
barreau d'acier en fer à cheval vient d'être aimanté, il est dans un état
magnétique instable, qui se modifie chaque fois que l'on applique et que
l'on arrache l'armature, mais qu'il suffit de répéter une vingtaine de fois
cette opération pour amener le barreau à un état magnétique qui ne varie
plus, même quand le barreau reste sans armature une année entière. Ces
observations s'appliquent au fer doux, sans restriction : on ne peut pas
communiquer d'aimantation sensible au noyau eu fer doux d'un électro-
aimant quand on n'applique pas l'armature, à moins que l'on n'emploie
un courant inducteur très-intense; lorsque, au contraire, l'armature est
appliquée, le fer s'aimante très-énergiquement, alors même que le courant
inducteur est fourni par un seul élément de Daniell. J'ai fait passer uu
semblable courant dans les bobines d'tui électro-aimant, j'ai appliqué l'ar-
mature, j'ai rompu le circuit inducteur, etj'ai constaté que, sous la seule
influence du magnétisme conservé par le fer, l'armature pouvait porter de
5 à G kilogrammes. Ces résultats trouvent leur explication dans ce qui pré-
cède (n° 43) : il n'y a pas de proportionnalité entre le magnétisme persis-
tant du fer et celui qu'il peut acquérir temporairement, sous l'influence d'un
courant donné ; mais ces deux quantités croissent et décroissent en même
temps, et nous avons vu (n° 43) que l'aimantation temporaire est augmen-
tée, dans une proportion considérable, par l'application de l'armature.
» 51. Lorsque l'armature, arrachée une première fois, est appliquée et
arrachée de nouveau, sans qu'on rétablisse le courant inducteur, le ma-
gnétisme du fer s'affaiblit beaucoup, mais il peut être aisément mesuré, au
moyen des courants d'induction. Les méthodes que j'ai indiquées (n°'29 et
32), pour le cas de l'acier aimanté, peuvent être appliquées au fer, sans
aucune modification. Les nombres suivants permettront de voir quelle
marche suit le décroissement du magnétisme. Dans une série d'expériences,
où le courant était fourni par un seul élément de Daniell, j'ai trouvé que
les courants de désaimantation, produits par les accroissements successifs
de l'armature, étaient :
Premier arrachement '76)0
Deuxième airacliement '9>5
Troisième arrachement 16,0
Quatrième arrachement 145^
Vingtième arrachement ■ '3,4
( '077 )
» Lorsque l'armature a été appliquée et arrachée une vingtaine de fois,
on ne fait plus varier le magnétisme du fer en répétant les mêmes opéra-
tions un plus grand nombre de fois, et, si l'on met de côté l'éleclro-aimant,
avec ou sans armature, on le retrouve, au bout de quelques mois, dans
l'élat où on l'a laissé; il est dans l'état conslaiil signalé par M. Haecker.
On voit donc que, lorsqu'on parle du magnétisme acquis par le fer dans
des conditions déterminées, il est nécessaire de mentionner le nombre
d'arrachements qu'a subis l'armature, après que l'on a supprimé la source
do l'aimantation; en général, je ne me suis occupé que du magnétisme
amené à l'élat constant.
i> 52. L'arrachement de l'armature, effectué dans les conditions indi-
quées (n° 21), a pour effet de diminuer le magnétisme. levais rendre compte
maintenant d'autres expériences dans lesquelles il semble que l'arrache-
ment de l'armature ait pour résultat d'augmenter l'aimantation. J'ai fait
passer, dans les bobines d'un électro-aimant muni de son armature, un
courant d'intensité déterminée; j'ai interrompu ce courant, et j'ai arraché
l'armature; ensuite, j'ai appliqué et arraché cette armature, un assez grand
nombre de fois pour amener le magnétisme à l'élat constant (n" 51), et j'ai
déterminé la valeur du courant d'arrachement développé par ce magné-
tisme constant. La série d'opérations que je viens d'indiquer ayant été ré-
pétée une cinquantaine de fois, j'ai trouvé que la valeur du courant d'ar-
rachement, déterminée à la fin de chaque série, allait en augmentant à
mesure que l'on multipliait les opérations, du moins jusqu'à une certaine
limite. L'accroissement s'est élevé jusqu'au cinquième de la valeur obtenue
à la fin de la première série; cet accroissement ne dépend pas du temps
plus ou moins long pendant lequel circule le courant inducteur; si l'on
n'exécute qu'tuie seule série d'opérations, ou peut constater que la valeur
du courant d'arrachement reste la même, soit que l'on fasse passer le
courant inducteur pendant une heure entière, soit qu'on le laisse passer
pendant quelques secondes seulement. L'accroissement d'aimantation
dont il s'agit ne se produit pas non plus lorsqu'on interrompt et qu'on
rétablit le courant inducteur un nombre de fois quelconque sans arracher
l'armature. Pour l'obtenir, il est indispensable que l'armature soit arra-
chée à la suite de chacune des interruptions du courant inducteur; on se-
rait donc tenté de croire que, dans les conditions indiquées, l'arrachement
de l'armature augmente l'aimantation; mais telle n'est pas, je crois, la
véritable signification des faits qui précèdent. »
( lo?» )
CHIMIE. — Recherches sur ['absorption de l'ammoniaque par les solutions
salines. Mémoire de M. F. -M. Raoult, présenté par M. Balard. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Balard, Peligot, Berthelot.)
« Parmi les solutions salines réputées indécomposables par l'ammo-
niaque, il en est un certain nombre qui, à mesure qu'elles se saturent de
ce gaz, perdent la faculté de retenir tout le sel dissous et déposent celui-ci
sous la forme de cristaux contenant ou non de l'ammoniaque. Il en est
d'autres qui, quoique concentrées, ne laissent rien déposer dans ces cir-
constances; c'est sur ces dernières seulement qu'ont porté les expériences
dont il est ici question.
» Lorsqu'on veut expérimenter sur une solution, on en verse exacte-
ment 5o centimètres cubes dans \\n ballon de capacité triple, fermé par un
bouchon de caoutchouc percé de deux ouvertures. L'une de ces ouvertures
livre passage au tube de verre qui doit amener l'ammoniaque au fond du
ballon ; l'autre ouverture, destinée à la sortie du gaz non absorbé, est
munie d'un tube coudé qui communique avec un tube en U, rempli de
fragments de potasse caustique, et qui sert à retenir la vapeur d'eau enlevée
à la solution. Le ballon est placé dans un bain d'eau constamment agité
et de température connue, puis on y fait passer un courant de gaz ammo-
niac pur, sec ei froid jusqu'à parfaite saturation. L'augmentation de poids
du ballon, pesé avec le tube en U, donne la quantité d'ammoniaque ab-
sorbée.
» Le plus souvent, les liquides dont on veut spécialement comparer le
coefficient d'absorption sont placés dans des ballons pareils, immergés
dans le mémo bain, et mis simultanément en communication avec autant
d'appareils distincts produisant l'ammoniaque; la saturation se fait alors
à la même température et à la même pression, et il est aisé de distinguer
immédiatement le fait essentiel.
» Voici un résumé des principaux résultats obtenus :
» Mes expériences sur l'absorption de l'ammoniaque par l'eau confirment
les résultats récents de MAL Roscoe et Dittmar (i), résultats qui, comme
on le sait, sont supérieurs de un dixième à ceux de M. Carius (2).
(1) Chem. soc. Qii.J. XJI. 147.
(2) Ann. Ch. Pliaim. XCIX, iG^, cl iivuz^ti, iVcthndts gazométriques.
( '079 )
» Elles montrent que le coefficient de solubilité de l'ammoniaque dans
les solutions de potasse est moindre que dans l'eau pure, et d'autant
moindre que ces solutions sont plus concentrées. Par exemple, à la tem-
pérature de i6 degrés et sous la pression 760 millimètres, 100 centimètres
cubes d'eau peuvent dissoudre 60 grammes d'ammoniaque, tandis que,
100 centimètres cubes d'une solution renfermant 24^', ^5 de potasse
anhydre n'en peuvent absorber que 3o grammes, c'est-à-dire la moitié.
Le même volimie d'une solution saturée de potasse ne dissoudrait que
1 gramme de ce gaz.
» Les solutions de soude ont, à l'égard de l'ammoniaque, le même
coefficient d'absorption que les dissolutions de potasse de même titre.
Sous le même volume et dansles mêmes circonstances, les dissolutions de
nitrate de soude et de nitrate d'ammoniaque absorbent exactement autant
d'ammoniaque que l'eau. Il est à remarquer que ces nitrates qui, à l'état
dissous, se comportent de la même manière à l'égard de l'ammoniaque,
exercent néanmoins, à l'état anhydre, des actions très-différentes sur ce
gaz : en effet, tandis que le nitrate de soude sec n'absorbe point trace d'am-
moniaque, le nitrate d'ammoniaque sec en absorbe des quantités consi-
dérables (i).
» Quant aux solutions de nitrate de chaux, elles absorbent, sous le
même volume, plus d'ammoniaque que l'eau. Ce fait tendrait à faire croire
que l'ammoniaque exerce sur le sel dissous une action décomposante ou
qu'il forme avec lui un composé stable; mais l'expérience prouve qu'il n'en
est rien. En effet, le résidu obtenu après évaporation, à la température
ordinaire, ne contient pas d'ammoniaque; de plus, l'absorption de l'am-
moniaque sous différentes pressions, par les solutions de nitrate de chaux,
se fait à très-peu près conformément à la loi de Dalton et en dégageant la
même quantité de chaleur que l'absorption du même gaz pour l'eau pure.
L'ammoniaque paraît donc se fixer dans cette solution et, à plus forte
raison, dans les autres au même état que dans l'eau.
)) Relativement à l'influence du degré de concentration des liquides sur
la quantité d'ammoniaque absorbée, j'ai observé une loi générale que
l'on peut formuler ainsi : La différence enlre le coejficienl de solubilité
de r ammoniaque dans ieau et dans des solutions plus ou moins concentrées
d'un même sel est proportionnelle au poids de set contenu dam un volume
(1) Il se produit alors un coinposé liquide décrit, sous le nom de nitrate d'ammoniaque,
dans les Comptes rendus de l' Académie des Sciences du icj mai 1878.
( io8o )
conslniit lie liquide (mesuré •avant l'nbsorplion du gaz). — Celle loi peut
souffrir des exceptions pour les solutions extrêmement concentrées de
certains corps, tels que les hydrates de potasse et de soude, mais elle est
vraie pour toutes celles dont le point d'ébullition ne dépasse pas i lo de-
grés centigrades.
» Les expériences que je poursuis en ce moment feront savoir si cette
loi s'applique à d'autres gaz. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' exhalation aqueuse des plantes dans l'air
et dans l'acide carbonique ; par M. A. Barthélémy.
(Commissaires : MM. Brongniart, Ducharlre, Trécul.)
« i" 31élliodes d'observation. — Les méthodes employées jusqu'ici par
les observateurs peuvent se réduire à trois :
» 1° Détacher la feuille et la plonger par le pétiole dans un tube à
deux branches, pour voir l'abaissement de niveau produit par l'évapo-
ration.
» 2° Fermer le vase où végète la plante par une plaque que traverse seu-
lement la tige, et peser pour obtenir l'eau évaporée. Il faut, dans cette mé-
thode, pratiquer, suivant les conseils de M. Sachs, im trou au couvercle
pour laisser rentrer l'air. Or, si l'air rentre, la vapeur peut sortir, et cette
précaution entache les résultats d'erreurs qui peuvent être considérables.
» 3° Vient ensuite la méthode de Mariette, qui consiste à faire pénétrer
une branche dans un ballon ou une éprouvetle fermée, et à peser l'eau
condensée.
» J'ai étudié avec soin cette dernière méthode, en ayant la précaution
d'introduire dans la cloche un thermomètre. On voit alors, au soleil, la
température s'élever jusqu'à 5o degrés et au delà, et des gouttelettes se dé-
poser sur les parties froides de la cloche; à l'ombre, la température inté-
rieure s'élève peu, et la condensation est nulle. On n'obtient pas de con-
densation au soleil lorsqu'on entoure la première cloche d'une seconde
plus grande. 11 me semble que l'influence de la chaleur est ici évidente, et
qu'on ne doit point se hâter de conclure que la lumière est nécessaire à
l'évaporalion. Les plantes grasses seules {Opuntia, Aloès) donnent peu
d'eau condensée, au soleil, et résistent à ce traitement; les autres plantes
ne tardent pas à succomber, et la face inférieure des feuilles est boursou-
flée, les stomates sont déchirés, indiquant ainsi leur rôle de soupape pour
les gaz intérieurs.
( ■0''^i )
» Pour ces divers motifs, j'ai donné la préférence à la méthode d'ab-
sorption par les substances chimiques, suivie déjà par M. Gareau, pour
rechercher le rapport des quantités évaporées par les deux faces. La partie
feuillée de la plante était engagée sous une cloche lutée avec soin ; on avait
introduit en même temps un poids suffisant de chlorure de calcium, taré à
l'avance, et, pour que la plante se trouvât dans les mêmes conditions que
dans une niasse d'air indéfinie, j'avais pris la précaution de mettre sous la
cloche une très-petite quantité de bicarbonate de soude, dont la dissocia-
lion suffisait à donner à la plante la quantité d'acide carbonique qu'elle
trouve dans l'air. Un thernioniétre intérieur donnait la température de l'air
de la cloche.
» Résultats d'expériences. — i° Une plante placée dans les mêmes condi-
tions émet, pendant vingt-quatre heures, une quantité constante de vapeur
d'eau : c'est cette quantité que j'ai appelée le régime.
» 2° Le régime se modifie suivant la quantité d'eau que les racines re-
çoivent; il diminue avec la température; il est plus grand pour les feuilles
jeunes que pour les feuilles vieilles. Ainsi des études comparatives, faites
sur un Opuntia brasilicnsis et sur un Ficus elastica, m'ont donné les résultats
suivants :
Oi>untia.
gr
3i mai (temp. 24"), Ué^'ime. . 0,78
3 juin (lemp. i5°), Régime.. 0,4?-
9 jiiillet(leiiip. 23'',4), Ri-i^'ime. . 0,84
Ficus clnsticn.
Régime i ,5i
Régime i ,00
Régime 3,45 (i)
» ^° Après quelques heures d'exposition au soleil, la plante rapportée à
l'ombre continue à émettre une quantité considérable de vapeur d'eau et
ne revient que lentement à son régime,
« 4° La température restant constante., il peut arriver que la plante émette
plus de vapeur la nuit que le jour, surtout si elle est au moment de son
plus rapide développement. Dans les expériences comparatives, il m'est
arrivé souvent de constater que la plante qui émettait le moins de vapeur
le jour en émettait, au contraire, le plus pendant la nuit.
M 5° Quand on élimine la quantité d'eau évaporée par la tige, il y a à
peu près égalité entre la quantité absorbée par les racines et la vapeur
d'eau rejetée par les feuilles.
» QP Euaporalion dans Vacide carbonique. — Lorsque la cloche contient
(i) Toutes les feuilk'S ont été remplacées par des feuilles nouvelles.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVU, N° 19.) ' 4°
( io82 )
de l'acide carbonique sec, la quantité d'eau rejeti'e parles feuilles baisse
et devient moindre que celle qui est absorbée par les racines, surtout si la
plante est au moment de son développement.
» Ainsi un O/Junlia, placé, le 20 juin, pendant deux heures, au soleil,
a donné oS'^,49; le lendemain, la cloche contenant la moitié de son vohime
d'acide carbonique, la plante ne donne, dans le même temps, que o^', 28.
» Ces différences n'existent plus pendant la nuit, et l'acide carbonique
semble se conduire à l'obscurité comme les gaz inertes, azote, hydro-
gène, etc.
» Ce résultat, tout d'abord inattendu, me semble susceptible d'une
interprétation intéressante au point de vue de la respiration végétale.
» On sait, en effet, que la plante qui emprunte l'acide carbonique à
l'air ne fixe pas le carbone seul, mais bien les éléments de la cellulose ou
d'une matière sucrée C"H"0". Il s'ensuivrait que. la présence de l'acide
carbonique déterminerait la fixation de l'eau qui, sans cet acte respi-
ratoire, se trouverait rejetée au dehors.
» A l'appui de cette explication, je rappellerai que M. Boussingault
a constaté [Annales de Chimie et de Physique, 1868) que la faculté décom-
posante des feuilles pour l'acide carbonique diminue à mesure qu'elles se
dessèchent. Nous avons aussi reconnu déjà que certaines plantes, au mo-
ment de leur développement le plus grand, peuvent émettre, à température
égale, plus de vapeur la nuit que le jour.
» Du phénomène de l'exsudation. — Un grand nombre de plantes sé-
crètent, au moment de leur plus grand développement, des gouttelettes
liquides pendant la nuit. Ce phénomène a été étudié par MM. A. Du-
chartre et Ch. Musset sur la Colocasia esculenta et plus dernièrement par
M. N. Joly sur les Richaidia., mais on peut le constater sur un grand
nombre de plantes [Zea Mais, Triticum vulgare, Bambusa, Arum, Pn-
paver, etc.).
)> J'ai eu occasion d'étudier ce phénomène sur un Bambusa milis du
Jardin des Plantes de Montpellier, que M. Martins m'avait signalé. Cette
plante croissait au mois de juin de aS centimètres par jour, c'est-à-dire de
plus de I centimètre par heure. Dès le coucher du soleil, alors qu'aucune
trace de rosée ne s'était monirre à l'extérieur, on voyait des gouttelettes
liquides se rassembler au sommet des feuilles et tomber sur le sol qu'elles
arrosaient abondamment toute la nuit. Ce suintement ne cessait qu'au
lever du soleil.
» L'influence de l'absence de lumière sur cette exsudation me paraît
{ loSi )
pouvoir se rattacher à l'explication que nous venons de donner pour la
diminution de l'évaporation, dans l'acide carbonique, sous l'action des
rayons lumineux. Tl faut remarquer, en effet, que le suintement a lieu
surtout dans les plantes à développement rapide et qui fixent beaucoup
de matières sucrées ou amylacées sous l'influence de la lumière. Quand
vient la nuit, les racines, dont l'action est indépendante de celle de la
lumière, continuent à puiser dans le sol de l'eau qui n'est plus fixée par
le végétal; de là, défaut d'équilibre momentané entre l'action des racines
et la parlie feuillée de la plante et, par conséquent, une espèce de coup
de bélier qui a pour résultat le suintement, soit par des organes spéciaux,
soit par toute la surface du végétal.
» Il résulte donc, des faits et des expériences dont je viens de donner le
résumé, que l'exhalation aqueuse dans les végétaux peut se faire de trois
manières :
» 1° Par exhalation insensible et par toute la surface cuticulaire, au
moyen d'une véritable dialyse gazeuse;
» 2° Par une émission brusque de gaz saturés qui s'échappent par les
stomates lorsque la plante est soumise à une élévation rapide de tempéra-
ture, surtout sous une cloche;
» 3° Par exsudation accidentelle, résultat d'un défaut d'équilibre entre
l'action absorbante des racines et le travail des parties aériennes pour la
fixation du carbone ajouté aux éléments de l'eau, travail qui cesse avec la
lumière.
» Je crois aussi être en droit de conclure que la chaleur exerce une
grande influence sur cette fonction, et que, à teinpéralure égale, l'acide car-
bonique en présence de la lumière a pour effet de diminuer l'évaporation. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Nouvelles recherches sur le transport ascendant,
par l'écorce^ des matières nourricières. Mémoire de M. E. Faiviie. (Extrait
pur l'autein-.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Nous nous sommes proposé, en associant les recherches histologiques
et physiologiques, de contrôler, de compléter de précédentes études sur
le rôle de l'écorce dans le transport ascendant des matières nourricières.
» Prenons pour sujets d'étude le Mûrier, le Noyer, le Laurier-cerise;
dans des conditions de végétation normale, nous avons fait, sur ces
plantes, pendant la saison végétative, trois sortes d'opérations : i" des an-
i4o..
( io84 )
nclalions simples, complètes ou incomplètes; 2° des valves ou des tubes
d'écorce, bien séparés du bois et portant des bourgeons; 3° des anne-
lations complètes, associées sur le même rameau, soit aux annelalions
partielles, soit aux valves ou tubes corticaux. Voici les résultats obtenus.
» Sur des pousses ligneuses de l'année et de l'année précédente, nous
pratiquons, sur le Noyer et le Laurier-cerise, deux sortes d'annelations com-
paratives : les unes horizontales complètes, à peu de distance au-dessous
du sommet d'un rameau; d'autres horizontales incomplètes, dans les
mêmes conditions, sur des rameaux différents; le bois mis à nu est sous-
trait soigneusement au contact de l'air; dans ces conditions, nous avons
toujours constaté la faible végétation, la prompte extinction du bourgeon
réservé au-dessus de l'annelation complète, la pousse active et continue
du bourgeon situé au-dessus de l'annelation partielle, et cela, alors même
que la distance entre la partie supérieure du poni et le sommet du rameau
est seulement de i centimètre.
» Si, dans le cas d'une pousse déjà avancée, le pont est incisé trans-
versalement, la jeune pousse se flétrit rapidement; l'eau cessant de lui
parvenir en quantité suffisante par l'écorce, la végétation s'arrête.
» Mêmes résultats si les annelations comparatives, complètes et incom-
plètes, sont pratiquées verticalement autour des] bourgeons. Nous avons
ainsi opéré plusieurs fois chez les Mûriers, et nous avons toujours con-
staté, les conditions étant les mêmes, que la pousse du bourgeon, faible
et momentanée dans le cas d'annelation verticale complète, était active et
persistante si un pont cortical avait été réservé.
» L'examen histologique des pièces nqus a donné les résultats suivants,
i" Dans le cas d'annelation complète horizontale, l'amidon n'a point dis-
paru au-dessous de la décortication, bien qu'il y eût au voisinage un
bourgeon à développer; il n'est pas transporté par le corps ligneux, il
a disparu au niveau et au-dessus de l'écorce enlevée; dans le cas d'anne-
lation incomplète où le bourgeon s'est développé vigoureusement, on
constate la disparition de l'amidon au-dessous de l'annelation, jusqu'à une
certaine distance; le pont d'écorce rései'vé a donc conduit au bourgeon
cette matière nourricière. 2" Dans plusieurs cas d'annelation verticale
complète, en forme de fer à cheval, pratiquée sur des Mûriers et des Noyers,
l'examen histologique nous a montré nettement la diminution et même
l'entière disparition de la matiei'c amylacée, dans la portion du rameau
située en avant des deux branches de fer à cheval, tandis qu'en arrière,
au même niveau, ramidou était resté normal; le bourgeon s'était éteint
( io85 )
sans que la matière amylacée de la partie postérieure eût pu lui parvenir,
la continuité de l'écorce étant interceptée.
» L'ascension par l'écorce est prouvée directement par les expériences
qui consistent à isoler, sur une certaine étendue d'un même rameau,
l'écorce et le bois, soit que l'écorce en ait été séparée sous forme d'une
valve de quelques centimètres portant un bourgeon, et lui adhérant seu-
lement par sa base, soit qu'on ait donné à l'écorce la forme d'un tube de
l'inlérieiu' duquel le bois est compiclement extrait.
» Pour assurer la réussite des expériences dans lesquelles on obtient
l'évolution de bourgeons sur des valves ou des tubes d'écorce, il importe
essentiellement de se placer dans les conditions suivantes : opérer pen-
dant les mois de la plus grande activité végétative; ne pas éborgner le
bourgeon réservé sur l'écorce isolée; maintenir soigneusement l'écorce à
l'abri de la dessiccation.
» En opérant avec ces précautions en juin, juillet, août, nous avons
toujours réussi à obtenir l'évolution du bourgeon sur une valve ou un
tube d'écorce. A considérer la vigueur de la pousse, la faible quantité de
matière nourricière contenue dans l'écorce détachée du bois, le transport
de la matière nourricière par cette écorce ne saurait être douteux; sur une
branche de Mûrier, le bourgeon réservé sur une valve d'écorce de 3 cen-
timètres de longueur, l'opération étant faite le 20 juin, avait formé à la fin
d'août un rameau-feuille, vigoureux, de plus de /(O centimètres; un déve-
loppement non moins rapide s'est produit dans les mêmes conditions, sur
des bourgeons réservés au milieu de valves corticales de Noyers; dans ces
divers cas, la face interne de la valve d'écorce s'est constamment recouverte
d'une abondante exsudation de nature cellulaire; la végétation n'a pas
offert autant d'activité que celle des rameaux voisins et normaux.
)) Si, au lieu d'une valve, un tube cortical, vide de boisa l'intérieur, est
préparé comme nous l'avons indiqué dans im précédent travail, on ob-
tient également, pourvu toutefois qu'on se place dans les conditions déjà
signalées, l'évolution du bourgeon réservé sur le tube. Sur le Mûrier, le
Noyer, nous avons répété, à diverses reprises, ces expériences et nous avons
obtenu le développement, sur les tubes d'écorce, de vigoureux rameaux
feuilles; une exsudation s'est constamment produite à la face interne des
tubes d'écorce et nous avons pu l'enlever plusieurs fois sans empêcher ni
sa reproduction, ni la pousse gennnaire. Comme exemple do la \igiieur
que la pousse peut atteindre sur un tube d'écorce, signalons l'évolution
d'un bourgeon qui, chez un Mûrier, du i/j juillet au i"^'' novembre, a formé,
( io86 )
sur un tube, un rameau feuille de o™,o25 de circonférence à la base, de
i"',o4 de hauteur, pourvu de seize feuilles très-larges.
» On obtient des résultats intéressants si l'on pratique une annelation
complèle à des distances plus ou moins grandes au-dessous soit d'annela-
tions partielles, soit de valves ou de tubes corticaux. Sur un même rameau
de Laurier-cerise, nous pratiquons deux annelations : l'une supérieure in-
complète, peu distante du sommet et surmontée d'un bourgeon ; l'autre in-
férieure entière. Ces deux annelations sont distantes d'environ 12 millimè-
tres. Dans ces conditions, l'évolution du bourgeon est manifeste, mais faible
et momentanée; l'examen histologique des pièces montre que, au niveau des
annelations, dans toute la portion intacte du rameau comprise entre elles,
l'amidon a disparu : on le retrouve en abondance dans l'étui et le rayon au-
dessous de l'annelation inférieure ; voilà donc encore des cas dans lesquels,
alors même qu'il s'agit d'assurer la pousse d'un bourgeon, la matière nour-
ricière, bien qu'abondante au voisinage, n'y est pas puisée, n'est pas trans-
portée par le corps ligneux. Il y aurait donc des conditions pour l'ablation
des voies déterminées pour le transport de la matière nourricière; dans les
cas dont nous parlons, c'est manifestement par le pont cortical que l'ami-
don, absent dans la virole intacte intermédiaire, a dû être transporté; une
preuve expérimentale qu'il en est ainsi, c'est que plus on laisse d'étendue à
cette zone intermédiaire, plus le bourgeon se développe, pourvu qu'un pont
cortical ait été réservé entre lui et cette zone. Nos expériences multipliées
sur les boutures et les végétaux en pleine terre confirment à la fois ce fait.
» Nous avons , pour compléter ces expériences, pratiqué l'annelation
complète, à des distances variables, soit au-dessous d'une valve, soit
au-dessous d'un tube cortical , chez le Noyer et chez le Mûrier. Nous
avons encore obtenu, dans ces cas, un développement d'autant plus
facile et durable du bourgeon, que l'annelation était plus distan!e de
la base de la valve ou du tube. Ayant fait l'examen histologique d'une
branche de Noyer ainsi préparée, nous avons encore constaté la présence
de l'amidon au-dessous de l'annelation, son absence à partir de ce niveau ;
l'observation histologique, confirmant encore la donnée expérimentale,
indiquait un transport collatéral de la matière en provision, du bois à
l'écorce, un transport ascendant par celle-ci au bourgeon. »
( io87 )
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Influence de L'eau employée en boisson sur la propaqation
du choléra. Note de M. L. Colix. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du legs Bréant. )
« Dans les pays où l'eau employée comme boisson est habituellement
souillée par les produits excrémentitiels de l'homme et des animaux, on
accepte volontiers la pensée qu'elle constitue le mode essentiel de propa-
gation des épidémies cholériques. Sur les grandes routes sillonnées par les
caravanes de l'Inde et de l'Arabie, cette infection de chaque jour est consi-
dérée, par nombre d'auteurs, comme la principale cause de la diffusion du
mal Mais, dans les pays civilisés, où l'on peut plus facilement discerner
ce qui revient à chacun des modificateurs de l'organisme, nous trouvons
bien des arguments à opposer à celte doctrine.
» Et d'abord elle est inapplicable à la répartition initiale de l'épidémie
actuelle à Paris; dès les premiers jours, celte épidémie apparut simulta-
nément dans divers quartiers, dont l'éloignement réciproque écarte la
pensée de toute infection par l'intermédiaire d'un élément bromatologique
commun.
» Comme preuves d'un ordre plus général, j'indiquerai les suivantes,
dont chaque épidémie vient grossir le nombre :
» 1° Quand un individu atteint de choléra ou de diarrhée cholériforme
arrive dans une localité indemne et y transmet son affection, les premières
victimes sont les personnes qui ont vécu près de lui et qui lui ont rendu les
premiers soins ; la rapidité avec laquelle sont habituellement frappées ces
personnes nous empêche d'admettre que la transmission du mal se soit
accomplie par l'usage interne de l'eau préalablement souillée des déjections
du nouvel arrivant; les habitants des maisons voisines font d'ailleurs usage
de cette même eau de consommation.
» 2" Dans les cas si fréquents où un navire, approvisionné d'eau dans
une localité salubre, prend des passagers dans une localité suspecte, et où le
choléra éclate ensuite à bord, cette eau de consommation, dont l'origine
ne peut être suspectée, est maintenue, dans les caisses d'approvisionne-
ment, entièrement à l'abri de toute contamination spécifique.
» 3° Si la marche du choléra est parfois conforme à la direction des
fleuves et des rivières, il en est surtout ainsi dans les pays où les cours
d'eau constituent les principales voies de communication. Dans nos pays,
où les relations s'accomplissent surtout par les routes de terre, n'a-t-on
( io88 )
pas vu lo choléra suivre une tlireclion perpendiculaire à celle de nos
fleuves, comme en iSSa et en 1848, quand de Calais ou de Diudcerque il
a marché sur Paris? L'épidémie actuelle, en passant du Havre à Paris, ne
remo'nte-t-elle pas en sens inverse du courant de la Seine?
» Du reste, on a émis la même opinion pour la dyssenterie et la fièvre
typhoïde, qui offrent, avec le choléra, ces caractères communs : 1" d'en-
traîner la surabondance et l'altération des évacuations intestinales ; 2° de
présenter leurs principales lésions sur le trajet du tube digestif, en sorte
qu'on se laisse aller volontiers à la pensée d'une propagation morbide fa-
cilement explicable par la production exagérée du produit pathologique,
et par son transport presque immédiat dans un autre organisme, sur le
point même où se développera la lésion caractéristique; cette conception
prend l'apparence de simplicité de l'inocnlalion d'un produit virulent.
» J'admets, pour mon compte, l'influence morbifiqne de l'eau conta-
minée par les sécrétions morbides, mais sans considérer cependant celle
influence comme spécifique. La mauvaise qualité des eaux de consommation
constitue, à mes yeux, une cause occasionnelle banale; elle produit une sol-
licitation morbide, comme les écarts de régime, les refroidissements sus-
ceptibles d'entraîner des troubles intestinaux, dans un moment où la pre-
mière indication est le maintien de l'état normal des fonctions digestives. »
VITICULTURE, — Développement des renflements sur les radicelles de la vigne,
Note de M. Max. Counu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les radicelles nouvelles nées sur les renflements peuvent, à leur tonr,
être occupées par les Phylloxéras et se renfler de même. Comme ceux qui
leur donnent naissance, ces nouveaux renflements ou restent stationnaires
ou s'allongent et donnent naissance à de nouvelles radicelles, qui se com-
portent comme les précédentes; mais la vigueur de leur végétation est
beaucoup moindre. L'énergie de la plante allant en s'affaiblissar.t, les
renflements nouveaux n'atteignent que rarement la taille de leurs devan-
ciers. Ainsi s'expliquent ces agglomérations de nodosités qui procèdent,
comme on voit, les unes des autres; celle qui porte l'ensemble ou qui est
située le pins avant sur la radicelle est la plus ancienne; elle a en général
une teinte plus fauve ou plus brune; elle est aussi la plus développée
comme volume et la plus avancée.
» De même qu'elles n'apparaissent pas en un point quelconque, les
( io89 )
radicelles nouvelles n'apparaissent pas non plus à une époque quelconque
de la vie du renflement. C'est sur la première et plus importante courbure
et du côté convexe qu'on voit apparaître la première radicelle. Elle se
montre plus tôt lorsque l'ensemble de la formation s'est entièrement re-
vêtu de la teinte jaune d'or ou brune qui a été signalée précédemment et
jamais A\ant cette époque; dans mes expériences, c'était après huit ou dix
jours, et encore cette date est-elle précoce. Cette radicelle peut ne pas
rester isolée.
» On voit en outre quelquefois, en général après la précédente, naître
au-dessous du renflement une autre radicelle et sur la partie saine. Lors-
qu'il y a plusieurs renflements successifs, l'ordre d'apparition des radicelles
est régulier le plus souvent et la loi s'observe assez bien. A l'extrémité
d'un renflement développé en pointe conique elles apparaissent successive-
ment et de plus en plus loin, toujours aussi sur la partie convexe des
courbures ou des ondulations de la partie terminale.
» D'après ce qui vient d'être dit, il est évident que les renflements nou-
veaux se montrent tant que des radicelles nouvelles apparaissent, et ils se
produisent jusqu'à ce que la végétation s'arrête. A la fin de l'été, la plu-
part des renflements pourrissent, et dans les terrains secs et maigres où la
végétation n'est pas très-vigoureuse, celte époque passée, on ne voit plus
de nodosités.
» Au bout de combien de temps les renflements se détruisent-ils ou,
comme on dit vulgairement, pourrissenl-ils naturellement ? Quel est l'âge
qu'ils ont à celte époque, combien ont-ils vécu de temps?
» La période de leur existence paraît être très-variable.
» Dans une expérience suivie avec soin, un renflement déterminé par
quatre insectes a vécu seulement quatorze jours, du i5 août, où h^s Phyl-
loxéras furent déposés sur la plante saine, jusqu'au 29 août, jour où il fut
trouvé entièrement décoinposé. C'est le développement le plus rapide et la
fin la plus prompte que j'aie rencontrés.
» Le sixième jour (21 août), il avait déjà pris une teinte jaune doré
très-nette; sa taille n'était encore que de 3 millimètres.
» Le huitième jour, il s'était franchement séparé en detix par un étran-
glement ; la supérieure, bien plus grosse que l'autre, s'allongeait rapidement;
l'ensemble avait g millimètres: en deux jours la longueur avait triplé.
» Le dixième jour, il s'était encore accru par son extrémité, et avait
presque doublé (1*7 millimètres) après deux jours, du 26 au 25 août; celte
i;. K., 1873, 2^ Semestre. (T. LXXVII, N" 19.) 1 4 '
( 'ogo )
partie s'est couverte de poils radicellaires nombreux ; la partie inférieure
commençait à devenir très-brune et émettait une radicelle.
» Le douzième jour l'extrémité se pourrit, quoique la radicelle se fût un
peu accrue.
» Le quatorzième jour tout est devenu noir et flasque, renflement et ra-
dicelle nouvelle; la formation entière est décomposée.
» Je puis encore citer une autre observation. Le renflement qui fut
observé n'avait pas été pris à son début : à l'époque où il fut décrit
et suivi, il pouvait avoir approximativement dix jours de date, peut-être
un peu plus; deux jours après la première observation, il avait pris une
teinte brune à sa partie inférieure et en plusieurs points du reste de sa sur-
face; une radicelle nouvellement accrue s'était même déjà décomposée.
» Après quatre jours l'ensemble était devenu plus foncé; cependant,
trois vigoureuses radicelles, parfaitement saines, étaient nées dans l'inter-
valle et une quatrième commençait à poindre.
» Ces radicelles s'allongèrent un peu, mais quatre jours après tout se
décomposa ; le renflement avait probablement au plus trois semaines. Mais
il faut se hâter de dire que ces exemples doivent être rares : ils l'ont été du
reste dans mes cultures. Cette décomposition rapide est due au nombre
des Phylloxéras accumulés sur une petite radicelle et à l'excitation qu'ils
déterminent par leur action réunie en un point si restreint.
» Il arrive fréquemment que l'insecte abandonne le point qu'il avait
choisi et qu'il se porte vers un autre; l'action qu'il avait déterminée con-
tinue encore, et je le prouverai un peu plus loin, mais elle va en diminuant.
L'influence du parasite cessant, la formation demeure moins anormale
qu'elle eût pu le devenir, et se conserve quelquefois sans périr pendant un
temps plus ou moins long. Elle prend une teinte foncée uniforme et se con-
solide partiellement ; elle persiste assez longtemps sans trop de changements.
J'en ai observé une du 21 août au 8 septembre, époque à laquelle elle fut
abandonnée par l'insecte ; elle n'était pas décomposée à la fin de septembre ;
j'en pourrais citer d'autres, encore vivantes, et dont l'apparition date des
derniers jours d'août.
» Il est probable que dans la culture ordinaire, grâce aux conditions
plus favorables dans lesquelles elles se trouvent, grâce aussi à ce que les
insectes quittent les anciennes nodosités pour se fixer sur des racines plus
jeunes, elles peuvent subsister plus longtemps et rester sans être envahies
par la putréfaction ; les radicelles très-vigoureuses, et non pas grêles et
chétives, résistent en partie, comme il a été dit piécédeuunent, à l'action
( logi )
excitante du suçoir de l'insecte et peuvent pendant longtemps lutter contre
la décomposition qui les menace.
» An bout de combien de temps l'insecte détermine-t-il la production
d'un renflement; combien de temps doit-il demeurer à la surface pour y
déterminer une altération ?
)) MM. Planchon et I^ichtenstein dans leur dernier Mémoire [LePhylloxera
de i854 à 1873, p. 9) ont vu une nodosité « se développer en deux jours
» sur une racine adventive naissante, sous l'influence de la piqûre d'un seul
» Phylloxéra. » Quoique cela ne soit pas explicitement dit, il est probable
que les auteurs ont voulu dire qu'elle était déjà indiquée, mais non adulte.
Ce résultat concorde entièrement avec ceux que j'ai obtenus. Dans l'une
de mes séries d'observations, j'ai constaté un changement notable d'une
radicelle en moins de deux jours sous l'influence de deux insectes qui
s'étaient fixés sur elle pendant la durée de cet intervalle. I/extrémité de
cette radicelle avait déjà sous leur action doublé de diamètre et s'était no-
tablement recourbée ; à chacun des insectes correspondait, en outre, une
dépression ; à cet instant le renflement offrait 3 millimètres de longueur
totale; huit jours après, il en avait i3 et s'accrut encore : il était donc loin
d'être adulte.
)) Quant au temps nécessaire pour déterminer la production du renfle-
ment, il faut pour le déterminer des expériences nouvelles ; mais voici
cependant ce que je puis rapporter. Sur luie radicelle non encore modifiée
s'était fixé un Phylloxéra jeune. Quand il fut remarqué, il était en marche
et se déplaçait encore; il se fixa sur la racine, mais n'y demeura pas; deux
jours après, il avait quitté la place qu'il avait momentanément choisie; il
est probable que l'exposition des racines à l'air et à la lumière, les mouve-
ments et dérangements nécessités par l'observation des autres renflements
le forcèrent à s'éloigner. Il abandonna la radicelle et ne fut plus retrouvé;
mais le peu de temps (deux jours au plus, quelques heures seulement,
peut-être) pendant lequel il était demeuré à la surface et avait implanté
son suçoir dans les tissus de la plante suffit pour faire naître, au bout de
quatre jours, un renflement en forme de crochet. Il ne s'accrut pas démesu-
rément, mais il fut très-appréciable, et son diamètre devint le double de celui
de la radicelle. Ainsi donc, un séjour de l'insecte, quelque court qu'il soit,
détermine la formation d'une hypertrophie. On voit en outre que l'effet
s'est manifesté plusieurs jours après l'action du Phylloxéra, et qu'il s'est
produit entièrement quatre jours après le départ de l'insecte. On peut encore
en conclure une chose assez singulière, c'est que la courbure en crochet
i4i-.
( '092 )
et surtout la dépression spéciale dans laquelle se loge le parasite sont dus
à la piqûre plutôt qu'à l'action de présence et au séjour du Phylloxéra en
ce point; j'y reviendrai à propos de l'anafomie des renflements.
)) Cette action a été plus lente que si l'insecte eût été présent; l'effet,
quoique notable, n'a été qu'ébauché et ne s'est pas continué, l'action qui le
produisait ayant cessé. Un plus grand nombre d'insectes l'aurait accélérée,
ainsi que cela résulte d'autres observations comparatives.
» Quand un renflement a été abandonné par les insectes, qu'il paraît
stalionnaire, il n'a pas pour cela perdu la propriété de se développer encore
sous l'influence de nouvelles piqûres, ainsi que je m'en suis positivement
assuré.
» Les assises cellulaires périphériques, qui ont pris une couleur brune,
se fendillent sous l'effort de cet accroissement nouveau; on aperçoit dans
les interstices du tissu éclaté la couleur blanc jaunâtre et pâle du paren-
chyme situé au-dessous; les crevasses s'exagèrent à mesure que le diamètre
augmente et que les cellules nouvelles se multiplient. Les insectes nou-
veaux venus, dans les cas que j'ai examinés, se logèrent dans le sillon laissé
par les prédécesseurs fixés antérieurement au même point.
» On peut donc dire que, lorsque l'insecte est demeuré peu de temps sur
une radicelle, le renflement produit est peu important; quand il y reste
plus longtemps, quand plusieurs parasites s'y rassemblent, les déformations
s'accentuent, les hypertrophies s'exagèrent; si le Phylloxéra quitte inie
nodosité, celle-ci cesse bientôt de s'accroître; s'il s'y fixe de nouveau, une
nouvelle activité organique est déterminée par les nouvelles piqûres.
)) Àmsi les altérations de la racine sont produites uniquement par l'action
du suçoir de l'insecte; e]\es dépendent du nombre des Phylloxéras et du
temps pendant lequel ils demeurent sur cet organe ; l'effet produit est entiè-
rement local et pour ainsi dire proportionnel à ce nombre et à ce temps.
)) Les vignes émettent des radicelles saines; le Phylloxéra modifie ces
radicelles et y développe des nodosités; ces nodosités développent elles-
mêmes des radicelles saines que le Phylloxéra vient encore occuper et alté-
rer. A l'automne, toutes ces formations se décomposent, les plus anor-
males disparaissant les premières.
)) Quant à la plante, elle est épuisée :
)) i*^ Parce qu'elle a nourri ces renflements dont le développement l'a
déjà affaiblie;
» 2" Parce que les moyens nécessaires pour puiser sa nourriture dans
le sol lui font défaut.
( J093 )
» Quand les radicelles sont entièrement détruites, elle meurt.
» Le Phylloxéra est donc l'origine de tout le mal, "parce qu'il détermine
sur les racines des renflements qui périront à l'automne et priveront ainsi
Je végétal successivement de tous ses organes d'absorption.
» L'insistance que je mets à rappeler ces faits et à chercher des preuves
nouvelles, pour démontrer une chose si nette et si bien établie de tant
d'autres façons, semblerait étrange, s'il n'était pas indispensable d'opposer
sans cesse à des raisonnements vagues des faits précis.
» Les partisans du Phylloxera-effet n'ont jamais sérieusement combattu
l'opinion contraire à la leur; ils ne lui ont opposé que des expériences in-
complètes et non concluantes, des opinions négatives, des faits sans préci-
sion. Les faits que présente le développement comparatif de la racine saine
et de la racine malade sont inexplicables dans leur hypothèse; je les mets
au défi de donner raison, par une cause interne ou due à un ensemble de
circonstances générales, des altérations physiques et anatomiques des ra-
cines et des particularités qu'elles présentent dans leur marche ou leur
accroissement, non plus que de celles qu'on observe à la mort finale de
l'organe. »
M. L. DucASSE adresse une Note relative à une poudre destinée à jouer
à la fois le rôle d'engrais pour la vigne et d'insecticide contre le Phyl-
loxéra.
«
M. A. Pagani adresse une Note relative à l'emploi du sulfate de cuivre
combiné avec les engrais, pour combattre la maladie de la vigne.
Ces Communications sont renvoyées à la Commission du Phylloxéra.
M. leC Gl-ipon, de Laon, soumet au jugement de l'Académie, par l'en-
tremise de M. le baron Larrey, un manuscrit intitulé : « Remarques à
propos d'une nouvelle application des greffes épidermiques ». M. Larrey
analyse sommairement ce travail de la manière suivante :
« L'auteur indique ou rappelle d'abord les expériences de M. Reverdin
sur l'emploi des lamelles épidermiques dans le traitement des ulcères dont
la cicatrisation n'avait pas été obtenue par d'autres moyens curatifs. Il
énonce ensuite les objections adressées à ce nouveau mode d'autoplastie
superficielle, et reconnaît enfin, d'après les succès obtenus par divers chi-
rurgiens, le parti utile à eu tirer pour la pratique.
( I094 )
» M. Gtiipon fait, à son tour, de ce procédé ingénieux une application
rationnelle à une Inrge plaie par déchirure, sur la face dorsale de la main,
entièrement dépouillée de la peau, et il en rapporte l'intéressante observa-
tion dans les détails les plus précis. Le but indiqué, mais difficile de la
cure, était d'obtenir la cicatrisation de cette perte de substances, en
prévenant la formation d'une cicatrice rétractile qui aurait empêché la
flexion complète des doigts ou l'usage essentiel de la main.
» L'insuccès, dans ce cas particulier, de la méthode ordinaire d'auto-
plasfie épidermique suggère à l'auteur un procédé opératoire dont l'effi-
cacité assure enfin une cicatrisation durable de la plaie dans foute son
étendue, en conservant aux doigts leurs mouvements, sauf une légère
rétraction de l'annulaire et de l'auriculaire. 11 imagine, à cet effet, de
détacher de la peau de l'avant-bras des lamelles d'épiderme garnies de
leur couche celhileuse ou de la superficie du derme et de les juxtaposer
plus profondément à la surface de la solution de continuité, en les mainte-
nant bien en place par un pansement contentif.
» Les remarques de M. Guipon, à propos de cette observation, démon-
trent la possibilité d'appliquer les greffes épidermiques à certaines plaies
récentes, comme on l'avait déjà fait, en France ou à l'étranger, pour des
plaies anciennes ou pour des ulcères rebelles à la cicatrisation.
» L'auteur termine son travail par la description du mode opératoire
employé par lui, et formule des conclusions favorables à la pratique de
l'hétéroplaslie, ou de ce mode d'autoplastie à distance, à condition de
donner plus d'épaisseur et de consistance aux greffes épidermiques. »
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. RoufiE adresse de nouveaux documents, relatifs à sa méthode pour
le traitement chirurgical de l'ozèue.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. R. DE Paz adresse une Note relative à un appareil destiné à mesu-
rer la quantité de chaleur émise parle Soleil.
(Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel.)
M. F. RiciiTER adresse une Note relative à un artifice permettant
d'agrandir la sphère d'attraction d'un électro-aimant.
(Renvoi à l'examen de M. Jamin.)
( logS )
M. Pons adresse une Note intitulée « la Vie de l'Homme ».
(Renvoi à l'examen de M. Cl. Bernard.)
M. A. Beacvais prie l'Académie de renvoyer sa seconde Communication,
relative à un système destiné à prévenir les accidents sur les chemins de
fer, à la Commission qui avait été nommée pour la première.
(Renvoi à la Commission nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. LE Ministre de l'Instuuction publique transmet l'amplialion du dé-
cret par lequel le Président de la République autorise l'Académie à accep-
ter le legs qui lui a été fait par M™^ Guérineau-Delalande, pour être employé
conformément aux conditions énoncées dans son testament.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° « L'Instruction sur les paratonnerres, ndoptée par l'Académie des
Sciences », qui vient d'être publiée par M. Gauthier-Villars (i'''' partie,
1823, M. Gay-Lussac rapporteur; 2'' partie, i854, M. Pouillet rappor-
teur; 3" partie, 1867, M. Pouillét rapporteur);
2° « L'Histoire de l'Astronomie, depuis ses origines jusqu'à nos jours » ;
par M. F. Hoefer.
PHYSIQUE. — Sur divers cas d'intermillence du courant voltaujue. Note
de M. A. Cazin, présentée par M. Jamin.
« En poursuivant les recherches que j'ai entreprises sur la chaleur des
électro-aimants, j'ai eu l'occasion d'observer plusieurs cas d'intermittence
du courant voltaïque, qui n'ont pas encore, je crois, été signalés.
» Première expérience. — Un circuit voltaïque est formé par 20 élé-
ments moyens de Bunsen, et par une bobine de 960 spires, renfermant un
tube de fer de 8 centimètres de diamètre et de i millimètre environ d'épais-
seur. On peut le fermer ou l'ouvrir à volonté à l'aide d'une pointe de pla-
tine et d'une couche de mercure, qui communiquent respectivement avec
chacun des rhéophores.
( 1096 )
» Lorsque Je platine ne touclie pas le mercure et qu'on les met en com-
munication avec les armatuj-es d'un condensateur à lame de verre (surface
armée de 3 mètres carrés), on entend un bruissement continu dans le noyau
de fer. Le même effet se produit lorsque, supprimant le condensateur,
on interpose une couche d'alcool entre le mercure et la pointe de platine.
Le bruit cesse quand on supprime l'alcool, de façon que le platine et le
mercure soient séparés par une couche d'air, et aussi quand on plonge la
pointe dans le mercure.
» Ces faits indiquent que le courant passe à travers le verre dans le pre-
mier c;is, à travers l'alcool dans le second, et que son passage est intennillent.
Le noyau de fer subit une succession rapide d'aimantations et de désaiman-
tations alternatives, et chacune des désaimantations occasionne un faible
bruit dans le noyau. La succession rapide de ces bruits constitue le bruis-
sement qu'on entend.
M Un galvanomètre indique seulement un courant continu dans le cas où
le noyau de fer résonne. Cet instrument ne peut, en effet, indiquer autre
chose, quand les intermittences sont très-rapprochées les unes des autres.
» Je pense que la cause de cette intermittence est l'action condensante
du verre et de l'alcool. Lorsque les deux faces du corps isolant, qui sont
en contact avec les rhéophores, ont acquis un certain potentiel électrique,
ime décharge aurait lieu à travers la couche isolante; le magnétisme du
noyau s'accroîtrait pendant la charge du condensateur et diminuerait pen-
dant sa décharge. Le bruit se produirait pendant la diminution du magné-
tisme. Après chaque décharge, il s'écoulerait un certain temps avant que
le condensateur fût rechargé, et le même phénomène se reproduirait indé-
finiment.
» On reconnaît aisément que le noyau résonne pendant la diminution de
son magnétisme : il suffit de plonger la pointe de platine dans le mercure,
puis de la retirer; à l'instant où l'étincelle jaillit au point d'interruption, on
entend un bruit relativement intense dans le noyau de fer. C'est seulement
la rupture du circuit qui donne lieu à ce son; la fermeture ne produit aucun
effet, au moins dans mon appareil.
» M. de la Rive a découvert, en i843, qu'un courant interrompu à
l'aide d'un rhéotome engendre un son dans le fer d'un électro-aimant, mais
je pense que le phénomène que je viens de décrire n'a pas encore été si-
gnale
» L'audition d'un son dans le noyau d'un électro-aimant peut être con-
sidérée comme un nouveau procédé d'investigation; nous venons de la voir
( '097 )
révélant l'intermittence du courant, dans des circonstances où les méthodes
connues sont insuffisantes. Je citerai nn exemple qui montre que cette mé-
thode s'accorde avec les autres, quand on peut les employer simultané-
ment.
» Seconde expérience. — Lorsqu'on observe l'étincelle de ruptiu'e du cir-
cuit précédent à l'aide du disque tournant, suivant le procédé que j'ai fait
connaître à l'Académie le 7 avril dernier, cette étincelle paraît composée.
Quand elle éclate dans l'alcool, et que la pointe de platine et le mercure
communiquent avec les armatures du condensateur, le disque tournant
montre que cette étincelle se compose de quatre ou cinq traits brillants suc-
cessifs : l'intervalle des traits va eu diminuant à partir du premier. (J'ai déjà
signalé la division de cette étincelle par un autre procédé, BuUeiin de la
Société Philomathique, i3 mai 1 865, et journal l'/nsïih/f, 3i mai i865.)
» Le bruit que produit l'étincelle de rupture présente un mode de divi-
sion semblable. Il en est de même de celui qu'on entend dans le conden-
sateur et de celui qui a lieu dans le noyau de fer : ces trois bruits sont com-
poses exactement de la même manière.
» La production d'un bruit dans le condensateur prouve qu'il y a une
décharge partielle à travers la matière isolante, bien que celle-ci ne paraisse
percée nulle part.
» On augmente le bruit du condensateur en augmentant sa surface,
jusqu'à une certaine limite qu'on ne peut dépasser. En même temps, on
voit diminuer l'étincelle entre le mercure et la pointe de platine. Ces mo-
difications indiquent un changement dans la distribution de l'électricité,
que l'on pourrait analyser mathématiquement en considérant l'alcool de
l'interrupteur comme la lame isolante d'un second condensateur, réuni
au premier par les armatures de même signe.
M Je pense qu'il n'y a pas de différence essentielle entre l'intermittence
du courant, (jui accompagne la rupture du circuit dans les circonstances
que je viens de décrire, et celle que présente ma première expérience.
» Troisième expérience. — La pointe de platine de l'interrupteur à mer-
cure est vissée dans un écrou fixe, de façon qu'on puisse la faire monter
ou descendre. Le mercure et la pointe communiquent respectivement avec
les armatures d'un condensateur, de i mètre carré environ de surface. I^e
reste du circuit est disposé comme précédemment.
» La pointe étant plongée dans le mercure, on l'élève graduellement
jusqu'à ce que l'étincelle jaillisse à travers l'alcool. Dès lors, la pointe
G. R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVU, N» 10.) 14"*
( logS )
restant fixe, une succession d'étincelles s'établit et persiste pendant
longtemps. Ces étincelles sont vives et bruyantes; on peut aisément les
compter.
» Il est évident que le niveau du mercure oscille au-dessous de la
pointe.
» Voici une cause possible de cette oscillation ; l'étincelle étant formée
par la vapeur de mercure, la force élastique de cette vapeur déprime le
niveau du liquide; celui-ci revient à son niveau primitif, le dépasse en vertu
de sa vitesse acquise et rejoint la pointe de platine. En retombant, le mer-
cure produit une nouvelle interruption et le même phénomène se renou-
velle.
» Cette cause purement mécanique ne peut être la seule : car les cir-
constances favorables à ce nouveau mode d' interruption automatique sont
celles qui accompagnent la décomposition de l'étincelle de rupture en un
petit nombre de traits brillants successifs. On reconnaît cette corrélation
en changeant l'étendue du condensateur, ce qui modifie le nombre des
divisions de l'étincelle. C'est ainsi qu'en diminuant la surface de ce
condensateur on voit les étincelles se succéder de plus en plus rapi-
dement, et finalement, quand on supprime ce condensateur, on n'a plus
q'j'un arc volfaïque crépitant. Il est probable que la période d'oscillation
du mercure comprend un nombre déterminé d'intermittences dans la dé-
charge du condensateur, et que ces deux causes sont dans une dépendance
mutuelle.
» Je crois qu'on doit assimiler la décharge à travers l'air, sous forme d'arc
voltaïque, et la décharge à travers le verre dont la première expérience
nous fournit un exemple, et que les crépitations bien connues de l'arc vol-
taïque sont dues à la même cause que les phénomènes dont je viens de
parler. Tous ces faits seraient rattachés les uns aux autres à l'aide d'une
proposition unique : l' interposition d'une résistance convenable dans le circuit
voltaïque détermine l' intermittence du courant. Les lois de cette intermittence
devront être étudiées avec interposition d'un condensateur, parce que les
périodes sont assez longues pour être observées facilement. Les lois trou-
vées de cette manière seront ensuite généralisées et devront conduire aux
lois connues des courants qu'on regarde comme continus.
» On ne saurait négliger de tirer de l'ensemble de ces considérations
cette importante conclusion, que le courant est une succession de modifications
qui s'accomplissent périodiquement dans le circuit. »
( I099 )
PHYSIQUE. — Sur un procédé destiné à constater les nœuds dans un tujau sonore.
Noie (le M. Bourbouze, présentée par M. Jamin.
« Les nœuds de vibration dans les tuyaux sont les lieux où l'air est im-
mobile, mais où il subit des compressions et des dilatations alternatives,
synchrones avec la durée de la vibration. On les constate ordinairement
en montrant qu'une membrane couverte de sable, introduite dans le tuyau,
ne vibre pas.
» M. Kœnig a imaginé de placer dans la paroi une capsule, fermée inté-
rieurement par une membrane flexible et dans laquelle circule un courant
de gaz d'éclairage qu'on allume. Quand le tuyau porte la membrane com-
primée, il dilate alternativement le courant d'hydrogène carboné et la
flamme éprouve des oscillations, que l'on constate en les regardant dans
un miroir tournant. Ce procédé est excellent, mais il ne se prête point aux
projections qu'il est nécessaire de faire dans les cours.
» Je remplace ces capsules par une simple membrane de caoutchouc
flexible, sur laquelle je colle un miroir argenté très-léger qui oscille avec
elle. Par conséquent, si l'on fait réfléchir sur ce miroir les rayons partis d'un
point lumineux et qu'on en projette l'image avec une lentille, on voit celte
image s'allonger, comme dans les expériences de M. Lissajous, et souvent
se transformer en une ellipse; elle a son maximum d'allongement quand le
miroir est au nœud, elle se rapproche de l'immobilité et s'y maintient quand
le miroir s'éloigne du nœud pour se placer sur un ventre.
» On peut placer cette membrane à l'extrémité des résonnaleurs de Hcl-
nioltz, ou à l'extrémité d'un tube de caoutchouc fixé à l'extrémité de ces
instruments, et l'on s'assure que le miroir vibre quand on produit dans le
voisinage un son mixte, contenant la note propre aux résonnaleurs.
» Ce nouveau procédé remplace avantageusement, dans les cours et dans
les recherches d'investigation, ceux dont on a jusqu'à présent fait usage. »
HYGIÈNE. — Action de ieau aérée sur le plomh, considérée au point de vue
de l'hygiène et de la médecine légale. Note de M. Fordos.
« Les chimistes ont étudié l'action de l'eau sur le plomb, à propos dos
tuyaux dont on se sert pour la conduire et des réservoirs dans lesquels
on la conserve: ils ont constaté que l'eau pouvait, dans certains cas, con-
tenir des sels de plomb; de là des plaintes formulées à différentes reprises
142..
( I I oo )
contre l'emploi de pareils tuyaux pour la distribution des eaux dans les
villes; mais on s'est, je crois, beaucoup exagéré le danger; du moins je
n'ai rencontré, dans cjuelques essais, et en opérant sur lo litres, que des
traces de plomb dans l'eau de la pharmacie de l'hôpital de la Charité.
Si danger il y a, il me paraît bien minime à côté de celui que présente un
autre emploi fréquent du plomb, comme on va le voir par les expériences
qui font l'objet de cette Note, et que j'ai l'honneur de soumettre au jnge-
nient de l'Académie.
» Quand on ajoute du jjlomb avec de l'eau dans une fiole à médecine,
on voit l'eau se troubler rapidement, et bientôt il se forme un dépôt blan-
châtre qui n'est autre chose que du carbonate de plomb ou céruse; en
même temps une couche très-légère de céruse se trouve fixée sur les parois
du vase, et y adhère tellement que l'on ne parvient pas à l'enlever par des
lavages répétés. Cette couche est visible quand on examine la fiole avec at-
tention, et elle enlève au verre une partie de sa transparence. Vient-on à
introduire dans la fiole quelques grammes d'eau acidulée par l'acide ni-
trique (5 grammes pour looo d'eau), de manière à pouvoir mouiller les
parois, la couche disparaît, le verre devient très-limpide et l'on obtient une
dissolution qui précipite en jaune par Tiodure de potassium, en noir par
l'hydrogène suHiiré, et en blanc par l'acide sulfurique. Celte dissolution
renferme donc un sel de plomb.
» J'ai répété cette expérience avec des flacons et des bouteilles en verre
de composition différente, verre blanc, verre vert, verre bleu, verre noir :
tous ces verres m'ont donné le même résultat. La quantité de plomb qui
reste dans les bouteilles est très-variable; toutefois, dans mes expériences,
elle ne m'a pas paru dépasser i centigramme de plomb par litre; dans
quelques essais de dosage, j'ai obtenu de 4 à G milligrammes.
» Je me suis alors demandé ce qui arrive quand on introduit dans des
bouteilles rincées avec du plomb des liquides alimentaires ou médica-
menteux capables de dissoudre la céruse, et j'ai fait les expériences sui-
vantes :
» J'ai introduit dans des fioles de 25o grammes, passées au plomb :
1° du vin blanc, 2° du vin rouge, 3° du vin de quinquina, 4*^ du vinaigre.
Au bout de deux jours de contact, j'ai filtré tous ces liquides, et je les ai
traités par l'hydrogène sulfuré : il s'est produit une coloration brune dans
le vin blanc et dans le vinaigre; cette coloration est masquée par la matière
colorante rouge dans le vin rouge et le vin de quinquina. J'ai recueilU sur
( iioi )
de petits filtres le sulfure de plomb produit, et, après avoir brûlé les filtres,
j'ai traité les cendres par un peu d'acide nitrique dans de petites capsules
placées sur un bain de sable. J'ai évaporé à siccité; l'examen des résidus,
fait dans les capsules mêmes, indique la présence d'un sel de plomb. Une
goutte ou deux de solution d'iodure de potassium (5 grammes d'iodure
pour loo d'eau) donne de l'iodure de plomb jaune, et la solution d'acide
sulfhydrique produit une coloration noire; tous les liquides soumis à l'ex-
périence se sont donc chargés d'une quantité notable de sel de plomb.
» Les faits que je viens de rapporter me paraissent offrir lui grand intérêt
au point de vue de l'hygiène. Tout le monde sait que l'on est dans l'usage
de nettoyer avec du plomb les bouteilles destinées à contenir des liquides
alimentaires ou médicamenteux; et les tonneliers, avant de mettre le vin
en bouteilles, ont l'habitude de passer celles-ci au plomb et de les rincer
ensuite à l'eau une fois seulement, de sorte que les bouteilles retiennent
non seulement le carbonate de plomb adhérent, mais encore celui qui peut
y rester par suite d'un lavage insuffisant; ce qui fait que le vin dont on les
remplit se charge d'une quantité plus ou moins grande de sel de plomb,
et devient plus ou moins dangereux pour la santé. Nul doute qu'un pareil
vin n'ait, dans beaucoup de circonstances, occasionné des indispositions
passagères, ou même des affectjons graves, dont la cause est restée inconnue.
Ne serait-ce pas aussi à l'usage de ce vin plombifère qu'il faudrait attribuer
la plupart de ces maladies aiguës ou chroniques des organes de la digestion,
si fréquentes dans les villes, où l'on boit généralement plus de vin en bou-
teilles que dans les campagnes. C'est aux médecins a le rechercher.
» Puissent mes observations attirer l'attention de l'autorité chargée de
veiller à la santé publique, et l'amener à prendre des mesures efficaces pour
empêcher, à l'avenir, l'emploi du plomb pour rincer les bouteilles.
» Mes expériences me paraissent présenter encore un autre genre d'in-
térêt; considérées au point de vue de la médecine légale, les experis
devront en tenir compte, lorsque, dans un cas d'empoisonnement, ils
auront constaté la présence du plomb dans les organes. Si la quantité de •
plomb trouvée par les experts est très-minime, il y aura lieu de s'en-
quérir de la pureté des boissons alimentaires ou médicamenteuses prises
avant la mort, ces boissons pouvant contenir accidentellement des sels de
plomb.
» Enfin ces expériences sont de nature à expliquer la présence fréquente
du plomb dans nos organes, constatée, il y a plus de trente ans, par MM. De-
vergie et Hervy : ce qui a porté ces deux chimistes à dire que le plomb
( 1 I02 )
existe à Vétat normal dans le corps de l'homme, opinion partagée par
OrEla (i). »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la présence et le dosnge du titane et du vanadium
dans les basaltes des environs de Clermont-Ferrand. Note de M. V. Roussel,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le titane a été reconnu dans le basalte depuis très-longtemps; néan-
moins, on ne s'est guère occupé jusqu'ici de rechercher dans quelles pro-
portions il peut s'y trouver. Quelques échantillons en renferment cepen-
dant assez pour qu'il soit intéressant de s'y arrêter.
» Dans ses analyses et ses recherches, 51. Cordier a trouvé le titane dans
le basalte à l'état de fer titane, et M. Delesse a confirmé cette indication.
Enfin, M. Richard Apjohn a indiqué la teneur en acide titanique de deux
basaltes d'Italie. En étudiant, sous ce point de vue, les basaltes des envi-
rons de Clermont-Ferrand, je les ai trouvés plus riches en titane qu'aucun
de ceux qui avaient été analysés jusqu'ici. '
» Pour retirer le titane des basaltes à l'état d'acide titanique, on peut
opérer comme il suit. On fond la matière pulvérisée avec trois fois son poids
de carbonate de soude; la masse refroidie est pulvérisée et traitée par l'eau
aiguisée d'acide chlorhydrique, évaporée à siccité, chauffée pendant vingt-
quatre heures au bain-marie, et reprise par l'eau acidulée, puis filtrée. La
silice éliminée est, après calcinalion, mise à digérer pendant douze ou dix-
huit heures, à chaud, avec de l'acide sulfurique concentré, traitée, après
refroidissement, par une grande quantité d'eau froide et filtrée. On répète
cette opération, et les liquides réunis sont additionnés d'ammoniaque qui
précipite l'acide titanique. On le filtre, lave et calcine (A). Le liquide, sé-
paré delà silice, renferme aussi de l'acide titanique. Pour l'en retirer, on
le traite par le sulfate de soude, l'acide sulfureux et l'hyposulfite de sonde;
on fait bouillir vingt minutes, et l'on sépare par filtra tion le précipité formé
de soufre, d'alumine et d'acide titanique. Le soufre est enlevé par une cal-
•cination ménagée, et le reste est mélangé au précipité A, mis à digérer à chaud
avec l'acide chlorhydrique pur et concentré, dans un tube fermé à la lampe,
afin d'éliminer l'alumine. A|)rès cette série d'opérations, l'acide titanique
reste seul; il est alors séché et pesé.
)) Les mêmes basaltes renferment aussi du vanadium, mais en proportion
(i) Voir les observations faites par I\l. Dumas au sujet de cette Note, aux Communica-
tions des Membres, p. io54-
( iio3 )
beaucoup plus faible. Pour en retirer une quantité appréciable à la ba-
lance, il est nécessaire d'opérer sur un poids vingt fois plus fort que pour le
titane.
» Le basalte est fondu avec le carbonate de soude et la masse oxydée par
un peu de salpêtre. Après refroidissement, la matière est pulvérisée et traitée
par une assez grande quantité d'eau bouillante, filtrée et lavée parfaitement.
Le liquide est évaporé, bouilli avec du carbonate d'ammoniaque et filtré,
traité par le sulfhydrate d'ammoniaque et laissé au repos pendant deux ou
trois jours. Si la solution renferme du vanadium, on voit apparaître à ce
moment la belle couleur rouge du sulfure de vanadium en dissolution dans
le sulfure alcalin. On filtre et l'on verse dans la liqueur de l'acide chlorhy-
drique qui précipite le sulfure de vanadium mélangé de soufre; ce dernier
disparaît en soimiettant le mélange à une calcination modérée; le sulfure
de vanadium VS- est pesé.
» Le tableau ci-après donne, en centièmes, la teneur en titane et en va-
nadium des basaltes d'Auvergne que j'ai étudiés :
Titane Vanadium
ProTenance des basaltes. pour loo parties. pour loo parties.
Puy-de-Dôme (col (le Ceyssat) i>95i 0,028
Orcine i ,792 0,020
Ternant i j549 0,012
Montrodeix i >45i 0,0 15
Gergovie 2,3^8 0,011
Montrognon O)707 0,017
Montaudoux o,8o5 0,019
Royat (près la Grotte) 0,731 0,006
Prudelle i)756 0,011
Chanturgue 'jSgo 0,008
» Je continue ces rechercbes, et je me réserve de comparer, sous le rap-
port de leur teneur en titane, les coulées diverses de basalte et les diverses
parties d'une même coulée.
» Ce travail a été fait au laboratoire de chimie de la Faculté des Sciences
de Glermont-Ferrand. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Méthode de dosage du sucre au moyen du fer.
Note de M. Edm. Riffard, présentée par M. Balard.
« L'acide tartrique, l'acide malique, l'acide citrique, l'albumine, le
sucre possèflent la propriété connue d'empêcher la précipitation du fer
dans les liqueurs alcalines.
( MO/, )
I) Du fer peroxyde, en dissolution dans une liqueur acide ne contenant
pas de sucre, est précipité aussitôt que la liqueiu- est neutralisée par l'am-
moniaque; mais, si le fer et le sucre se trouvent dans un certain rapport
déterminé ou si le sucre est en excès, on obtient, après saturation par l'ammo-
niaque, un composé sucro-ferrique ammoniacal d'une belle couleur ronge,
qui reste soluble dans la liqueur, pourvu qu'elle ne contienne aucun des
métaux alcalino-terreux.
» Ayant étudié, comme élève de M. Juette, la méthode de dosage de
l'acide taririque qu'il a indiquée le premier d'après ces principes et qui a
été présentée à l'Académie, j'ai cherché à en faire l'application au dosage
du sucre, et j'ai reconnu que ce dernier participe exactement aux mêmes
propriétés.
» Il importe pourtant d'établir deux distinctions, suivant l'état du fer
peroxyde dans la solution.
» S'il est à cet état, encore imparfaitement connu, que l'on désigne
sous le nom de peroxyde modifié et qu'on obtient en chauffant pendant
longtemps à loo degrés une solution neutre ou acide de perchlornre de fer
cristallisé, loo milligrammes de fer exigent pour rester en dissolution, en
présence de l'ammoniaque, 2S'",'7ro de sucre.
)) Si, au contraire, on prépare la solution en dissolvant simplement
dans l'eau pure du perchlorure de fer cristallisé, sans adjonction d'acide,
loo milligrammes de fer n'exigent que a^'jSSy de sucre pour rester en
dissolution.
» Si donc à cette solution on ajoute par loo milligrammes de fer ■i^'',58']
de sucre en toute quantité supérieure, puis de l'ammoniaque, de manière à
rendre la liqueur très-nettement alcaline, on obtient, après avoir agité
énergiquement, une liqueur rouge d'une limpidité parfaite et durable.
» Si, au contraire, à loo milligrammes de fer on ajoute 2^'^,5S'j de
sucre ou une quantité inférieure, puis de l'ammoniaque en excès, la
liqueur, d'abord louche, laisse promptement déposer le précipité si carac-
téristique de peroxyde de fer.
» Le composé soluble qui se produit dans le cas d'une proporlibn de
sucre égale ou supérieure à - — ^ persiste en présence de l'alcool, de l'éther;
mais il est détruit par la chaleur ou par les sels calcaires et sa précipitation
est activée par les sels ammoniacaux ajoutés en excès.
» Toutefois, des expériences m'ont démontre que l'erreur qui résulterait
de la précipitation produite dans les liqueurs limpides par le chlorhydrate
d'ammoniaque formé dans l'essai est négligeable.
( iio5 )
» Dans la pralique, on dissoudra 25s'',870 ou 3715', roo, suivant l'état de
la solution ferrique, du sucre à essayer; on ajoutera quelques gouttes
d'oxalate d'ammoniaque pour précipiter la chaux; ou filtrera et l'on com-
plétera un volume de aSo centimètres cubes; on prélèvera aS centimètres
cubes, et, suivant le nombre n de centièmes de sucre pur renfermé dans
l'échantillon, ou pourra ajouter n centièmes de fer, qui resteront dissous.
» On arrivera donc à avoir, dans deux essais, des résultats différents,
savoir :
Avec 71 milligraTiinies de fer, solution limpide,
Avec /î + I, précipité,
ti étant le nombre de centièmes de sucre que contient l'échantillon.
» L'action du sucre interverti est plus forte que celle du sucre cristalli-
sable. 11 suffit de 0^%'iS'] de sucre cristallisable interverti par l'acide chior-
hydrique pour maintenir en dissolution 100 milligrammes de fer à l'état de
peroxyde modifié.
» Or, comme certains sucres, exotiques principalement, renferment du
sucre interverti qui peut fausser les résultais, j'évite complètement cette
cause d'erreur en agitant à froid le sucre à essayer avec de l'alcool à gS de-
grés et filtrant la liqueur. Le sucre interverti et quelques substances orga-
niques acides passent en dissolution, tandis que le sucre reste indissous.
» Le procédé que je viens d'indiquer, et que j'ai appliqué bien souvent
aux nombreuses analyses de sucre qu'il m'a été donné d'effectuer, m'a
toujours fourni des résultats identiques à ceux du saccharimètre; il peut
remplacer avantageusement cet instrument et pourrait, je crois, être mis
sans difficulté entre les mains des employés de la régie pour la perception
de l'impôt sur les sucres. »
HISTOLOGIE. — Quelques faits relatifs au développement du tissu osseux.
Note de M. L. Rawier, présentée par M. Cl. Bernard.
(c Depuis le remarquable travail de II. Mûller (i) sur le développement
du tissu osseux, travail qui a ouvert pour l'histogenèse luie voie entière-
ment nouvelle, lui très-grand nombre d'histologistes se sont occupés de la
même question. Ce serait sortir des limites de cette Note que de reprendre
tous ces travaux. Mou intention est de donner simplement ici les princi-
(i) H. MiiLLEB, in Zcitschrifc fur IFisscnscIi. Zoologie, t. IX, p. 1/(7.
C.R,, 187.3, '1^ Semestre. (T. LXXVU, K" J9.) l'I'^
( iio6 )
paux résultats de recherches que j'ai commencées il y a dix ans et que j'ai
presque constamment poursuivies depuis cette époque.
» Je ne m'occuperai que des os en voie de croissance et développés aux
dépens des masses cartilagineuses du squelette primitif. Pour les étudier,
je me suis arrêté à la méthode suivante : des os d'embryon, séparés des
parties molles qui les entourent, leur périoste étant soigneusement con-
servé, sont placés dans de l'alcool absolu pendant vingt-quatre heures,
puis dans une solution saturée d'acide picrique. Lorsque, sous l'influence
de ce dernier réactif, les sels calcaires sont complètement dissous, ce dont
on juge à la flexibilité de l'os, celui-ci est plongé dans une solution siru-
peuse de gomme arabique pendant quarante-huit heures, ensuite dans de
l'alcool à 4o degrés. Après l'action de ces divers réactifs, le cartilage, la
substance osseuse, la moelle et le périoste ont acquis nue même consis-
tance, et il est alors facile de pratiquer des coupes régulières dans des di-
rections déterminées. Ces coupes sont mises pendant vingt-quatre heures,
ou plus, dans l'eau distillée, qui dissotit la gomme; après cela, elles sont
colorées avec le picrocarminate d'ammoniaque et montées dans la glycé-
rine, pour en faire des préparations persistantes. On peut traiter de la
même façon des os dont le système vasculaire a été préalablement injecté
avec le bleu de Prusse liquide. Ces diverses préparations montrent des dé-
tails de structure extrêmement délicats, que l'on ne voit aussi bien par
aucun des procédés antérieurement mis en usage. Au moment où je rédige
cette Note, j'ai sous les yeux un grand nombre de ces préparations.
» Je laisse de côté le dépôt de sels calcaires, précédé d'un agrandisse-
ment et d'un arrangement spécial des cellules de cartilage, qui caractéri-
sent l'apparition du point d'ossification. Je suppose connue la disposition
du cartilage d'ossification, et je passe de suite à l'observation de la ligne qui
sépare l'os en voie de développement de son cartilage primitif. Cette ligne est
généralement droite. Lecartilagefinitbrusquement; commence alorsuntissu
alvéolaire, dont les travées sont formées par la substance cartilagineuse in-
filtrée de sels calcaires, et dont les alvéoles correspondent aux capsules
primitives. Ces alvéoles présentent de nombreuses communications et
constituent un système caverneux, continu, renfermant des vaisseaux san-
guins et de la moelle embryonnaire. Sur des préparations injectées et bien
réussies, les premiers alvéoles, c'est-à-dire ceux qui font suite au cartilage,
présentent chacun une anse vasculaire dont la convexité est en rap|)ort
direct avec une capsule secondaire destinée à disparaître bientôt. Je pense
que la résorption de cette capsule, qui va mettre la cellule en liberté et
( 'lo? )
concourir à l'agrandissement de l'alvéole, est sous la dépendance de l'ac-
croissement du vaisseau capillaire disposé en anse. J'ai trouvé souvent chez
de jeunes embryons d'Homme, de Chien, de Bœuf, de Mouton et de Lapin,
sur les lignes d'ossification du fémur, du tibia, de l'humérus et d'autres os
longs, des anses capillaires terminales, dilatées à un degré tel, que l'alvéole
en était rempli et paraissait plein de globules rouges du sang. Déjà Lovin (i)
a soutenu que, dans le processus de l'ossification, les vaisseaux jouent le
rôle le plus important et qu'ils apportent avec eux non-seulement les ma-
tériaux nutritifs, mais encore les éléments cellulaires de la moelle.
)) Je passe sous silence les phénomènes qui se montrent dans les alvéoles
médullaires, lors de la formation des corpuscules osseux et de la substance
osseuse. Je dois indiquer seulement que, dans l'os développé aux dépens du
cartilage, on retrouve toujours des vestiges de la substance cartilagineuse
sous la forme de petites masses triangulaires ou quadrangulaires dont les
cùtés courbes se regardent par leur convexité. Sur des préparations teintes
au carmin, ces figures sont incolores, tandis que la substance osseuse est
colorée. Elles se colorent en violet foncé par le bleu de quinoléine, en bleu
par le bleu d'aniline, et en violet par l'hématoxyline. C'est M. Rolliker
qui m'a montré dernièrement l'action de l'hématoxyline sur les os em-
bryonnaires, et il m'a offert des préparations démonstratives, mais infé-
rieures, même à ce point de vue, à celles que l'on obtient par les autres pro-
cédés.
» Ce queje viens d'exposer établit qu'il est toujours facile de reconnaître
les portions d'un os, développées directement aux dépens du tissu cartilagi-
neux, de celles qui se forment à la surface de l'os. Ces dernières sont celles
qui présentent le plus grand intérêt, surtout depuis les expériences si jus-
tement estimées de mon savant ami M. Ollier : aussi ont-elles particulière-
ment attiré mon attention.
)) Sur une coupe longitudinale bien réussie d'un os long d'un embryon
de Mammifère, passant par l'axe de l'os et comprenant le cartilage épi-
physaire, le périoste et l'os proprement dit, il est facile de voir la limite
entre l'os périosliqiie et l'os cartilagineux. Ce dernier occupe le centre et
rappelle la coupe longitudinale d'un sablier. L'os périostique forme de
chaque côté une figure semilunaire. H serait possible de représenter l'os,
à cette période de développement, par un schéma ainsi compris : un sablier
figurant l'os cartilagineux est placé debout dans un vase cylindrique re-
[i) Studier och Undersokninger ofver Benvnfnaden, Stockholm, i863.
i43..
( iio8 )
présentant le périoste ; l'espace compris entre eux correspondrait à l'os pé-
riostique. Celte forme ne se montre pas dans toutes les phases de la crois-
sance d'un os long; mais elle existe toujours à une certaine période du
développement, et je la choisis entre les autres parce qu'elle est la plus
essentielle.
» Si nous considérons maintenant la ligne d'ossification qui établit la
limite de l'os et du cartilage, nous observerons, aux extrémités de cette
ligne, une encoche creusée dans le cartilage. Il est clair que cette encoche
correspond, sur l'os considéré dans son entier, à une rainure circulaire.
C'est sur cette encoche, encoche d'ossification, que je désire surtout attirer
l'attention, parce qu'on }' observe des détails de structure dont on ne jjcut
méconnaître l'importance au point de vue de la formation de l'os. De la
voûte de l'encoche d'ossification partent des fibres qui, à leur origine, se
confondent avec la substance fondamentale du cartilage, s'incurvent du
côté de l'os embryonnaire et y pénétrent.
» Le vénérable M. Sharpey (r) a observé, il y a déjà longtemps, dans
les os complètement développés, des fibres spéciales qui portent son nom.
Il n'est pas douteux que les fibres dont je viens de parler deviendront des
fibres de Sharpey ; mais elles ne peuvent être encore considérées comme
telles : aussi les appel lerai-je^J/^/es arciformes. Il convient d'étudier les fibres
arciformes chez les embryons de Mouton, parce qu'elles s'y montrent avec
une grande netteté. Elles existent cependant chez tous les autres mammi-
lères que j'ai étudiés à cet effet. Dès qu'elles ont dépassé la limite du car-
tilage, ces fibres sont séparées les unes des autres par des cellules arrondies
ou légèrement polyédriques, disposées en traînées. Ces cellules me sem-
blent provenir des cellules du cartilage, devenues libres après la dispari-
tion de leurs capsules. Une série d'éléments intermédiaires, dont on ne
pourrait donner une idée que par des dessins, viennent à l'appui de cette
manière de voir. Ces cellules, nées dans le cartilage et placées entre les
fibres arciformes, prennent peu à peu les caractères des cellules que
M. Gegenbaur (2) a appelées ostéoblastcs. C'est sous cette forme qu'on les
observe le long des fibres arciformes, lorsque ces dernières pénètrent dans
l'os embryonnaire, ou plutôt lorsqu'elles se recouvrent de substance os-
seuse pour constituer les premières travées sous-périostiques de l'os.
» Les fibres arciformes sont des fibres directrices de l'ossification; on
(i) SnARPEV, in Quain's Anatomy, 1867, t. I, p. gS.
(2) Gegenbaur, in Jciinisclie Zcitschrifl fiir Medicin, p. 343; 1864.
( iiog )
les retrouve dans l'intérieur de l'os et sur des coupes transversales de
celui-ci; elles se montrent, dans les systèmes de lamelles intermédiaires,
sous la forme de petits cercles ponctués. Sur la face externe du cartilage
comprise dans l'encoche, et en deçà de la ligne d'ossification, il se forme
une première lame osseuse que j'appelle écorce osseuse périchondrale. Celle-ci
établira plus tard la limite entre l'os cartilagineux et l'os périoslicpie.
» Je ne puis entrer ici dans de plus grands détails, bien qu'il me reste
beaucoup à dire sur les rapports des fibres arciformes avec le périoste, les
ligaments et les tendons : j'en ferai le sujet d'un travail plus étendu. J'ajou-
terai seulement que les os des Grenouilles, qui sont si rudimenlaires, puis-
qu'ils sont constitués par un simple système de Havers, présentent une
disposition vraiment démonstrative de l'encoche d'ossification. Le carti-
lage primitif se transforme directement en tissu médidlaire, et le cylindre
osseux est entièrement formé par l'encoche d'ossification.
» Les faits consignés dans cette Note ont été observés dans le labora-
toire d'Histologie du Collège de France et ont déjà été exposés aux per-
sonnes qui y ont suivi mes conférences. »
ENTOMOLOGIE. — Sur les Pemphigus du Pistacia Terebinthus, compctre's
au Phylloxéra quercùs. Note de M. Derbès, présentée par M. Milne
Edwards.
« Un travail de M. Balbiani, inséré dans les Comptes rendus, séances des
i3et 20 octobre de cette année, contient des faits sur la manière dont se
reproduisent les Phylloxéras du chêne, lesquels, outre l'intérêt qu'ils pré-
sentent par eux-mêmes, sont d'une importance incontestable, puisqu'ils
contribueront à jeter du jour sur les diverses phases de l'existence du
redoutable destructeur de nos vignobles. Parmi ces faits, dont je ne mets
pas en doute l'exactitude, qu'il me soit permis de citer une petite omission,
que je regrette d'avoir à relever, parce qu'elle me regarde.
» M. Balbiani, après avoir mentionné ses observations, se demande
s'il existe dans les archives de la Science des faits analogues à ceux qu'il
vient d'exposer, et il cite V Ascaris nigrnvenosa, le Leptodera appendiculata,
et certains Rotateurs, tels que les Brachionus, chez lesquels la reproduction
offre des anomalies qui ont quelques rapports avec celles qu'il a constatées
chez le Phylloxéra quercùs. Il aurait pu trouver dans le volume même des
ylnnales des Sciences naturelles qui renferme une portion de son intéressant
Mémoire sur la Génération des Aplùdes (t. XV, octobre 1871, art. 8, p. 3
( "10 )
et suiv.) (les faits qui se rapprochent bien pins de ceux qu'il a observés, et
qui ont trait à des animaux qui ont une affinité très-granrle avec le Phyl-
loxéra, les Pemphigus, Aphidiens qui vivent sur le Térébinthe.
» En effet, chez ceux-ci, on observe une similitude presque complète avec
ce qui se passe chez le Phylloxéra querciis: un premier individu, issu d'un
œuf, produit sans fécondation, dans une galle, une première génération
qui demeure aptère, laquelle en enfante de la même manière une seconde,
qui prend des ailes; celle-ci abandonne l'arbre où elle a vécu jusque-là et,
toujours sans fécondation sexuelle, produit des individus de troisième
génération, qui probablement, après avoir passé l'hiver en lui lieu qu'il
reste encore à trouver, reviennent au printemps avec des ailes sur les
branches du Térébinthe, où ils déposent chacun une progéniture se com-
posant de petits individus, les uns mâles, les autres femelles. Ceux-ci com-
posent la quatrième génération, s'accouplent et n'ont d'autres distinction
que celle de donner une nouvelle impulsion à la vie par la fécondation.
C'est leur rôle essentiel, ou mieux leur rôle unique : aussi sont-ils dépourvus
de tout organe qui leur servirait à la préhension des aliments; ils n'en ont
pas besoin pour l'accomplissement de la fonction qui leur est dévolue et
qu'ils rempliront dans un temps très-court.
» Les principales différences qui existent entre les Phylloxéra et les Pem-
pliigits consistent en ce que, dans ceux-là, les individus qui produisent les
mâles et les femelles sont de deux sortes, les uns munis, les autres dépourvus
d'ailes, tandis que chez ceux-ci, ces individus sont tous doués de ce moyen
de locomotion ; en ce que, chez les Pemphigus^ l'œuf unique reste dans la
femelle, dont la j)eau durcie lui sert d'enveloppe; de cette sorte de Icyste sort
un individu qu'on peut appeler de cinquième génération, qui recommence
le cycle des reproductions; et ensuite en ce que M. Balbiani n'a remarqué
ou du moins n'a cité aucune différence entre les diverses générations, si ce
n'est l'absence ou la présence des ailes, tandis que, chez les PemphUjus^ les
cinq générations, qui se succèdent dans un ordre parfaitement déterminé,
ont des formes diverses, qui pourraient les faire prendre pour autant d'es-
pèces différentes; à quoi l'on peut ajouter encore quelesdiversesgénérations
de Pemphiijus, excepté la dernière, se composent d'individus tous produits
vivants, tandis que, chez les Phylloxéras, toujours ils sortent d'un œuf
pondu; mais il faut convenir que les ressemblances sont plus importantes
que les différences. »
« M. MiLNE Edwards, en présentant la Note précédente, ajoute que
( "■• )
M. Balbiani ne manquera pas de citer les observations intéressantes de
M. Derbès dans le Mémoire sur le Phylloxéra du chêne, dont un extrait
a été publié dans les Comptes rendus, mais qu'il y a, entre ce dernier in-
secte et les pucerons des différences considérables dans le mode de re-
production, l'un étant toujours ovipare, l'autre tantôt vivipare, tantôt ovi-
pare. Or les Pemphirjus sonl des pucerons, m
ZOOLOGIE. — Sur un nouveau genre de Lémurien fossUc, récemment découvert
dans les gisements de phosphate de chaux du Querc/. Note de M. II. Filhol,
présentée par M. Milne Edwards.
« M. Delfortrie, dans une Communication qii'il adressait, il y a quelques
mois, à l'Académie (i), annonçait la découverte, dans les gisements tertiaires
de phosphate do chaux du Qnercy, d'ini Lémurien fossile qu'il désignait
par le nom de Palœolemur Betillei. C'était le premier Lémurien fossile
connu, ou du moins c'était le premier dont la détermination exacte était
établie; car plusieurs dents d'animaux dece groupe avaient été trouvées dans
d'autres gisements et rapportées à tort à des Herbivores.
» J'ai reçu, ces jours derniers, de M. Marlignac de Saint-Antonin, un
crâne de Lémurien différent de celui que M. Delfortrie avait décrit, et con-
stituant un genre nouveau.
» Sa taille est inférieure de beaucoup à celle du Palœolemur Betillei^ et
peut être comparée à celle du Galago du Sénégal [Galago senegalensis). Les
orbites sont grandes et indiquent un animal nocturne. Pourtant nous sa-
vons, par l'exemple des Perodicticus, qui sont les animaux les plus essen-
tiellement nocturnes que nous connaissions, que les orbites sont loin de
prendre toujours un développement aussi grand et de devenir par cela
même caractéristiques.
» L'espace inlerorbitaire est assez considérable et par cela très-différent
de ce qu'il est chez les Loris. Les crêtes temporales viennent se réunira la
partie postérieure du front, tandis que dans les Nycticèbes elles se portent
directement en arrière sans se réunir.
» Si l'on examine la dentition, on remarque que les dents sont beau-
coup moins aiguës que dans les Loris, et que la première prémolaire de la
mâchoire supérieure est beaucoup moins développée.
» C'est avec les Galagos que la nouvelle espèce que je décris présente le
(l) Comptes tendus, t. LXXVII, p. 64.
( "»2 )
plus de ressemblance, par la forme de ses molaires, par la courbe du bord
dentaire supérieur. Mais, chez les Galagos, il existe entre la première et la
deuxième prémolaire supérieure une sorte de barre que l'on ne retrouve
pas chez le Lémurien des phosphorites. D'autre part, la première prémo-
laire supérieure chez les Galagos est très-forte et a un aspect caniniforme
qu'elle ne possède pas chez le Lémurien dont je j)arle.
» La forme du maxillaire inférieur est celle du maxillaire inférieiu' du
Galago, et les caisses lympauiques ont le même développement.
» En résumé, c'est de ce genre que l'animal trouvé dans les phosphates de
chaux est le plus voisin, bien qu'il présente quelques affinités avec les
Loris. J'indique brièvement dans cette Note les caractères spécifiques, sur
lesquels je reviendrai avec plus de détails dans un Mémoire qui paraîtra
dans le prochain numéro des Annales des Sciences géologiques, et je propose
de désigner ce Lémurien par le nom de Necrolemiir anliquus. »
MÉTÉOROLOGIE. — De Vinjluence exercée par ta Lune sur les phénomènes
météorologiques. Note de M. E. Marchand.
« La doctrine de l'influence exercée par la Lune sur les changements de
temps, professée au siècle dernier par Joseph ïoaldo Vicentin, n'est point
admise aujourd'hui dans la Science, dépendant l'expérience montre que
les derniers jours de la seconde lunaison qui succède à l'équinoxe du prin-
temps, ceux qui sont voisins ou témoins de la fête de l'Ascension, sont bien
souvent plus atteints par les orages et les grêles que ceux qui les précèdent
ou les suivent. Cette observation, que j'ai eu l'occasion de faire bien des
fois, avait fait naître des doutes dans mon esprit ; elle m'a conduit à essayer
de chercher la vérité, en procédant au dépouillement des registres sur
lesquels j'ai consigné les résultats des observations auxquelles je me suis
livré, sans interruption, dans la période des vingt années écoulées du i"jan-
vier i853 au 3i décembre iS'ji. Je suis arrivé ainsi à quelques conclusions
qui me paraissent dignes d'attirer l'attention de l'Académie.
» Mes éludes ayant porté d'abord sur le mode de distribution des
orages, je n'ai pas tardé à me trouver en présence de faits tellement signi-
ficatifs, qu'ils m'ont conduit à rechercher sur les registres de l'Observatoire
de Paris si j'en trouverais la confirmation. Grâce à la bienveillance de
M. Delaunay, j'ai pu me livrera un travail qui m'a mis à même de relever
1081 orages, sur lesquels io/i4 ont trouvé leur répartition normale, entre
tous les jours pendant lesquels ils avaient éclaté, durant les six lunaisons
( in3 )
qui succèdent à l'équinoxe du printemps. En agissant ainsi, j'ai obtenu la
justification des déductions auxquelles mes observations antérieures m'a-
vaient conduit, et, de l'ensemble des faits que j'ai recueillis, il résulte que,
dans le pays compris entre Paris et la Manche (qui baigne la ville de Fé-
camp), l'apparition des orages est en rapport bien appréciable avec l'âge
de la Lune.
» Ainsi, de la distribution des io44 orages ci-dessus indiqués et déve-
loppés durant le printemps et l'été des années 1785 à 1872, il résulte que
les probabilités de l'apparition du phénomène sont grandes les dixième,
quatorzième et quinzième jours de la Lune, mais surtout le dixième;
qu'elles sont appréciables le dix-huitième; qu'elles s'accenluent le vingt et
unième, pour décroître dès le vingt-deuxième, et enfin qu'elles reprennent
une importance très-marquée dans les trois jours qui précèdent ou qui
suivent la néoménie. Eu revanche, ces probabilités descendent à leur mi-
nimum le vingtième et le vingt-quatrième jour, mais surtout le sixième.
» Ces résultats, déduits de la répartition méthodique des orages entre
tous les jours des six lunaisons, condensés en une seule série moyenne,
sont trop généraux. Ils prennent un caractère plus particulier et mieux
défini quand on étudie spécialement dans chaque mois lunaire le mode
de distribution des phénomènes qui lui sont afférents. On trouve alors que,
si des orages éclatent à tous les âges de la Lune, les chances de leur appa-
rition se présentent plus particulièrement, pendant chaque lunaison, aux
dates qui vont être indiquées, surtout si ces dates correspondent elles-
mêmes à des dates critiques du calendrier grégorien; car il est plusieurs de
ces dates qui sont affectées plutôt que d'autres par le phénomène, ainsi que
je l'établirai dans un Mémoire spécial.
» Voici les dates critiques de chaque lunaison :
i" lunaison 2 » i4 21 27
2^ » 2,3,4 ^ '4) '5 » 28
3' » 2,3 9)'o i3,i4 18 26
4' » 1)2,3 10 » 21,22 28,29
5"^ » 1,2 !o i5,i6 2 27,28
6' » 1,2 9 > ' o 14 20,21 26
» La constance avec laquelle se représentent les dates du 2, du 10, du i4,
du 21 et celles voisines du 28, est fort singulière. Je ne saurais trop insister
pour la faire remarquer.
» En présence de ces résultats, qui mettent si bien en évidence la liaison
qui existe entre l'âge de la Lune et les phénomènes dont le tonnerre est la
C. R., i8i3, 2- Semestre. (T. LXX.VII, N° 19.) '44
( >"/i )
manifestation bruyante, je n'ai pas hésité à m'imposer la fastidieuse tâche
de rechercher l'influence que notre satellite peut exercer encore sur la
marche du thermomètre et du baromètre, sur l'état du ciel et sur la dis-
tribution des pluies. En accomplissant ce travail, je suis arrivé à trouver les
chiffres qui, déduits des vingt années complètes d'observations, sont repro-
duits dans le tableau suivant : ils font voir, ce me semble, que, pour être
bien peu sensible, l'influence exercée par la Lune sur notre atmosphère
et sur les phénomènes qui s'y accomplissent n'est cependant pas contes-
table.
phénomènes observés.
Tempérât, diurne, moyenne.
Pression barométr. diurne,
moyenne
État du ciel: nébulos. diurne,
moyenne
Total observé j de pluie...
des jours... j d'orage....
liTAT DE LA LUNE
ENTRE LES QUADRATUEES
da dernier
quartier
au premier
^aslre obscur;,
mm
760, 170
0,587
2008
du premier
quartier
au dernier
(astre éclairé^
mm
759,668
o.SgS
.867
Différences
en faveur
de la phase
obscure.
o,oo4
mm
G , 5o'3
16
ENTRE LES SYZ\CIES
pendant
les
i5 jours
du croissant.
9t93ï
mm
760,071
0,583
1903
i65
pendant
les
i5 jours
du décours.
mm
759^767
o , Go'i
1972
.75
Différences
en faTeur
de
la deuiiième
quinzaine.
0
0,070
mm
o,3o^
0,019
69
10
» Ainsi, pendant les quinze jours qui séparent le premier quartier du
dernier, la température diurne est, en moyenne, de o°,oo4 plus faible qu'elle
ne l'est pendant les quinze jours suivants. Pendant ceux-ci, la pression at-
mosphérique est plus intense, et, si la puissance de la nébulosité y est un
peu moins prononcée, le nombre des jours de pluies, comme celui des
orages, y devient prépondérant. Sous ce rapport, les huit derniers jours
de la Lune qui finit et les sept ou huit premiers de celle qui lui succède
voient s'aggraver d'ini treizième la valeur pluviogénique de la période qu'ils
représentent, comparée à la même valeur des quinze jours précédents ou
suivants, comme ils voient s'augmenter d'un dixième les chances d'appari-
tion des orages.
T » En outre, pendant le décours, entre les syzygies, tous les phénomènes
météorologiques s'accentuent plus énergiquement : la température s'élève,
pour la moyenne diurne, de 0^,07, et, conséquence immédiate, la pression
de l'air diminue, le ciel s'obscurcit davantage, quoique bien peu, tandis que
Nébulosité.
Pluies.
Orages.
0,583
.34
i3
0,590
137
8
o,55o
118
14
o,58o
i33
7
0,587
120
9
0,620
,4.
i3
0,597
i33
1 1
0,595
.45
>4
( i"5 )
le nombre des jours de pluies et celui des orages deviennent plus consi-
dérables.
» Tous les résultats obtenus peuvent encore être groupés de la façon
suivante :
Températures Hauteurs
diurnes. du baromètre,
o mm
Nouvelle lune 9,94 759,86
Premier octant .... QjQo 60, 12
Premier quartier. . . 9,98 60, 45
Deuxième octant. . . 9» 85 60, 35
Pleine lune 9; 94 ^9,43
Troisième octant. . . 9,96 59, 1 1
Dernier quartier. . . 10, 16 59,89
Quatrième octant. . . 10,09 60, 35
» Je ne discuterai pas ici ces nouveaux renseignements; je me borne à
les exposer. Cependant si, à l'imitation de Bouvard étudiant les chiffres ré-
duits des observations de Flaugergues, j'établis une comparaison entre la
valeur des pressions moyennes inscrites pendant les syzygies et les quadra-
tures, je trouve pour différence au profit des quadratures o""",44- Les ob-
servations de Flaugergues donnent o""", 42, et celles de Toaldo Vicentin
o""",46. Cette différence est donc normale, sous nos latitudes, pour l'heure
tle midi, puisqu'elle se rapporte, dans les trois cas, à des observations faites
à celte heure de la journée.
» En cherchant à étabUr une analogie entre les attractions exercées par
la Lune sur l'atmosphère et sur les eaux de l'Océan, on est arrivé à émettre
la pensée que les marées atmosphériques, si elles se produisent, sont peu
appréciables. Cette opinion ne me paraît pas devoir être maintenue; car, si
l'on tient compte de ce fait que, dans le port de Fécamp, la mer est dans
son plein à midi le troisième et le dix-septième jour de la Lune, tandis
qu'elle y est basse à la même heure les dixième et vingt-cinquième jours,
la comparaison des pressions aux époques indiquées conduit au résultat
suivant :
( . , 1 le 10' jour de la Lune. . . =^760, 28 1 ^ """^
lamerbasse l /. ' S moyenne. . . =760,15
\ I le ao^jour « ... =760,02 )
i. , . l le 3" jour de la Lune.. . =:75q,8i | „
f "^ ""'' P'^'"^ j le 17e jour . ... =758,85 j '""y^"""" ' ' =7^9'^^
Différence en faveur des heures où la mer est basse 0,82
La pression
» Cela correspond à une vague atmosphérique de 8™, 62 de hauteur, si
on la considère comme étant formée de l'air qui existe normalement au ni-
144-
( iii6 )
veau (le la mer. C'est, comme on le voit, une valeur qui ne saurait passer
inaperçue et que l'on ne peut négliger. »
M. Marchand, en transmettant cette Note à l'Académie, demande l'ou-
verture d'un pli cacheté qui a été déposé par lui le 19 février 1872. Ce pli,
ouvert en séance par M, le Secrétaire perpétuel, contient l'indication d'un
certain nombre des résultats mentionnés dans la Note précédente : il con-
tient, en outre, le diagramme suivant, relatif à la distribution des orages.
Diagramme représentant la distribution générale des orages entre tous les jours de chacune des cinq pre-
mières lunaisons de 1786 à 1871 (observations faites à Paris de 1785 à i852, et àFécamp de i853 à 1871).
(La première lunaison est celle qui prend naissance après l'équinoxe du printemps.)
i" lunaison.
i' lunaison.
3* lunaison.
4° lunaison.
5' lunaison.
TÉRATOLOGIE. — Sur le pied d'Homme à huit doigts, dit pied de Morand.
Note de M. A. Lavocat.
« En 1770, Fr. Morand, médecin des hôpitaux de Paris, publia, dans
les Mémoires de l' Académie des Sciences, des recherches sur les anomalies
des doigts de l'homme. L'une des observations recueillies par Morand avait
pour sujet un pied d'Hoinme à huit doigts; c'est ce que les tératologistes
ont généraleiuent désigné sous le nom de pied de Morand.
» Dans l'étude de cette anomalie, ce qui est le plus important, c'est la
détermination exacte des doigts atteints de duplication. Morand n'a pas
cherché à résoudre celte question; Geoffroy Saint-Hilaire, dans son Traité
des anomalies, s'est borné à constater les dimensions relatives des doigts et
le nombre de leurs phalanges. En 1 869, M. Delplanque, vétérinaire à Douai,
a entrepris de déterminer quels étaient les doigts surnuméraires du pied de
Morand; les résultats auxquels il est arrivé ne nous ont pas paru com-
plètement exacts. Après avoir examiné le dessin joint au Mémoire de Mo-
( m? )
rand, et en nous appuyant sur le principe des connexions, nous sommes
arrivé aux conclusions suivantes :
» En procédant de dehors en dedans, c'est-à-dire du petit doigt au
pouce, le premier doigt est double : son métatarsien, simple en haut, répond
au premier os cuboide; en bas, il se bifurque et chaque branche porte
trois phalanges. Le doigt surnuméraire est ici, comme d'ordinaire, en
dehors du doigt normal.
» Le deuxième doigt est simple, complet et caractérisé par sa connexion
avec le deuxième os cuboïde.
» Le troisième doigt est reconnaissable par son contact avec le premier
cunéiforme. Il est double comme le premier doigt, c'est-à-dire par bifur-
cation de son métatarsien : le doigt principal est régulier; le doigt acces-
soire est situé en dedans et ne porte que deux phalanges.
» Le quatrième doigt est normal et répond, comme d'ordinaire, au
deuxième os cunéiforme.
M Le cinquième doigt est complètement double, et la duplication atteint
même les pièces tarsiennes. Il y a donc deux pouces complets, ayant chacun
deux phalanges, comme à l'ordinaire : le premier a pour base le troisième
cunéiforme, et, par conséquent, il ne peut pas être une duplication du
quatrième doigt; c'est le pouce régulier, bien qu'il soit moins long et
moins fort que le pouce surnuméraire. Ce dernier est en dedans du pied,
comme est en dehors le petit doigt surajouté. Il joue sur un troisième cu-
néiforme qui est, comme lui, supplémentaire. Les grandes proportions de
ce doigt expliquent parfaitement le moindre développement du vrai pouce;
. c'est un remarquable exemple de la loi de balancement organique.
1) En résumé, l'examen des os du tarse démontre que, dans le pied
anomal, les pièces constitutives ne s'éloignent de l'état normal que pour se
rapprocher du type. Dans la région des doigts, il esc évident que trois sont
doubles et que, d'après les connexions régulières, ce sont le premier, le
troisième et le cinquième : les deux premiers par bifurcation de leur méta-
tarsien; le dernier par duplication complète. Enfin il esta remarquer que,
d'après les observations recueillies jusqu'à présent, ces trois doigts sont
précisément ceux sur lesquels la duplication a été constatée le plus souvent. »
MÉTÉOROLOGIE. — Procédé pour déterminer la direction et la force du vent;
suppression des girouettes ; application aux cyclones; Note de M. H. Tarry.
(Extrait.)
« Au moment où le décret du i3 février iS^S, le vote de subventions
importantes par les Conseils généraux, et la création d'une Inspection gé-
( ii>8 )
nérale des établissements météorologiques viennent de donner aux études
de climatologie une nouvelle impulsion, il est d'une très-grande impor-
tance, alors que des stations ou observatoires vont être établis dans chaque
canton, par les soins des Commissions météorologiques déparlemenlales
de France et d'Algérie (i), de discuter le mérite des instruments mis à la
disposition des observateurs. De tous les éléments de la climatologie, il
n'en est pas dont la détermination laisse plus à désirer que la direction et
la force du vent.
» Dans de très-rares observatoires, comme ceux des Pyrénées-Orien-
tales, dont M. l'Inspecteur général Ch. Sainte-Claire Deville faisait l'éloge
dans une des dernières séances, on se sert d'anémomètres, auxquels
sont appliqués des enregistreurs électriques. Le nombre de ces stations
modèles est extrêmement restreint; partout ailleurs on recommande et
l'on emploie la girouette, pour déterminer la direction du vent, et
les observateurs évaluent sa vitesse d'après leurs sensations person-
nelles.
» Or la girouette a trois défauts essentiels : i° elle indique une direc-
tion lorsqu'il n'y a pas de vent ; a" elle ne donne aucun moyen d'apprécier
sa force ou sa vitesse; 3° elle ne fait connaître que la composante horizon-
tale, et non pas la direction réelle du veut. En réfléchissant à ces inconvé-
nients, il m'a semblé qu'il y a un moyen, à la fois simple et économique, d'y
remédier. 11 consisterait à substituer à la girouette une banderole légère
et résistante, suspendue eu forme de bannière à un anneau mobile, passé
dans une tige verticale.
» Pour fixer les idées, supposons un paratonnerre portant, au quart de
sa longueur à partir de la pointe, un renflement. On enfile sur la fige un
anneau de cuivre, creusé en forme de poulie, qui vient reposer sur le ren-
flement : dans la gorge de cette poulie mobile passe une corde nouée,
dont les deux extrémités vieiment s'accrocher, en forme de triangle, à un
petit bâton; c'est à ce morceau de bois ou de métal qu'on attache la ban-
derole. Dans ces conditions : i° lorsqu'il n'y aura pas de vent, la bannière
lindiquera en tombant verticalement; 2° suivant que le vent sera plus ou
moins fort, son extrémité s'écartera plus ou moins de la tige du paraton-
nerre; 3° à l'aide des mouvements de rotation de l'anneau autour de la
tige et de la banderole autour du bâton, la bannière pourra prendre toutes
les directions. Ainsi, dans le cas où la composante verticale du vent sera di-
(i) Les trois Commissions méléorologiques départementales d'Algérie viennent d'être con-
stituées par arrêtés préfectoraux des 1 1, 22 et 3i octobre 1873.
( ii>9 )
rigée de bas en haut, si celui-ci est suffisamment fort, elle s'élèvera au-des-
sus du plan horizontal qui passe par le point de suspension. Cet instru-
ment serait étalonné et sa comparaison avec un anémomètre indiquerait
l'angle de la bannière avec la verticale, qui correspondrait à une vitesse
déterminée du veut. On aurait ainsi, à la fois, un paratonnerre et un instru-
ment permettant d'étudier la direction réelle du vent.
» Enfin la méthode que j'indique permettrait de vider expérimentale-
ment un débat qui s'est élevé à propos des cjclones. Au commencement de
cette année, M. Faye a émis sa belle théorie des cyclones solaires, qu'il
assimile en tous points aux cyclones terrestres; d'après cette théorie, les
mouvements tourbillonnants de notre atmosphère s'exécuteraient, aussi
bien que ceux de la photosphère, par engouffrement de haut en bas.
Dans la séance du 7 juillet dernier, j'ai cru devoir contester cette assimi-
lation, en affirmant que les cyclones terrestres sont dus à un mouvement
d'aspiration de bas en haut (i), de sorte que, si le mouvement des cyclones
solaires est réellement dirigé de haut en bas, ils sont différents des cyclones
terrestres, dont le mouvement se fait en sens inverse.
» J'ai cité mes auteurs : Maury, pour les faits d'observation ; M. l'ingé-
nieur Peslin, pour la discussion mathématique. Je pourrais ajouter que
M. Buchan, secrétaire de la Société météorologique d'Ecosse, est arrivé,
par des considérations théoriques, aux mêmes conclusions que M. Peslin;
M. Mohn, directeur de l'Institut météorologique de Norvège, dont les atlas
de tempêtes font autorité, se range à l'opinion de Maury, après examen
des faits (2). De son côté, M. Faye a cité avec éloge, dans les Comptes
rendus du 10 février 1873 (3), l'ouvrage auquel il a emprunté l'opinion qu'il
partage. Elle se trouve exposée en plusieurs passages du chapitre de cet
ouvrage, intitulé : Théorie des cjclones (4). Le débat se trouve donc établi
(i) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 44-
(2) Bulletin de V Association scientifique de France, t. V, p. i4o.
(3) Comptes rendus, t. LXXVI. Renvoi an bas de la p. 3o3.
(4) « Dans les cyclones, une forte aspiration se produit dans le sens de l'axe et y appelle
l'air des régions atmosphériques, situées au-dessus du disque tournant ou au-dessous, s'il
en existe. . . L'aspiration par l'extrémité inférieure de l'axe de rotation est gênée par la
surface terrestre. » ( P. 236.)
n Au-dessus du disque tournant, l'air afflue de toutes parts vers l'axe du tourbillon. »
(P. 227.)
" Le mouvement tournant, ayant pour effet à'appeler vers la surface terrestre l'air des
hautes régions, est une condition favorable à la production des orages. » (P. 229.)
( I 1 20 )
entre le Directeur de l'Observatoire météorologique de Montsouris et les
illustres météorologistes dont j'ai cité les noms.
» Si l'on emploie la disposition que j'ai indiquée, lorsqu'un cyclone ar-
rivera, selon que la bannière se dirigera de haut en bas ou de bas en haut,
on verra de quel côté est la vérité. Nous sommes, depuis un mois, dans la
saison des cyclones, qui dure d'octobre à avril et remplace la saison des
orages ; l'expérience sera donc bientôt faite. Je la signale aux météoro-
logistes qui, jusqu'à présent, ne se sont préoccupés que de la compo-
sante horizontale du vent. La composante verticale a, selon moi, encore
plus d'miportance; car c'est elle qui, dans le mouvement tourbillonnant
des cyclones, aspire et transporte, à de grandes distances, non-seulement
les sables jaunes du désert, qui tombent périodiquement en Italie (i) et
les poussières noires du pôle (a), mais encore les insectes qui viennent
tomber en pluie épaisse sur nos cités, comme les grosses mouches noires
d'avril 1872, et les insectes qui ravagent nos vignes. »
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. É. D. B.
( i) De la prédiction du mouvement des tempêtes africaines. [Bulletin de la Société de cli-
matologie algérienne, i8'j3.)
(2) Comptes rendus, séance du 18 août iS^S.
ERRATA.
(Séance du i5 septembre 1873.)
Page 632, dernière ligne, après les mots hypertrophie généralisée, ajouter des artères.
(Séance du 3 novembre 1873.)
Page 1020, ligne 17,
au lieu de ^ ^ 1/ /i/— 0,00021065 lisez g =: 1 / /i / — o,ooo20lo624'
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEINCES
SÉANCE DU LUiNDI 17 NOYEMBRP: 1875.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIK.
M. Daubrée rend compte à l'Acacléinie de la mission qu'elle lui a con-
fiée, pour assister à l'anniversaire séculaire de la fondation de l'Institut
impérial des Mines de Saint-Pétersbourg :
« Le témoignage d'estime et de sympathie que l'Académie des Sciences
m'avait chargé de porter à l'Institut impérial des Mines de Saint-Péters-
bourg, à l'occasion de l'anniversaire séculaire de la fondation de cet Éta-
blissement, a été accueilli avec gratitude par les membres du corps des
Mines, ainsi que par les hautes notabilités qui ont |)ris part à cette solen-
nité. '
» Pendant les trois jours (2, 3 et 4 novembre, ou 21, 22 et 23 octobre,
style russe) qui ont été consacrés à cette solennité, ces sentiments se sont
manifestés chaleureusement, et j'en conserverai un profond souvenir.
» Une cérémonie religieuse d'actions de grâces a été célébrée, le premier
jour, dans la chapelle de l'Institut des Mines. Le second jour, en présence
d'une nombreuse assistance, dans laquelle figuraient, comme la veille, trois
membres de la famille impériale, de nombreux représentants d'administr.i-
C. R., i87'5, i' Semeslic. (T. LXXVII, N<'20.'! l4''
( 1122 )
lions, (le sociétés savantes et de corporations, se sont réunis clans la prin-
cipale salie de l'établissement et ont apporté leurs adresses de félicitations.
Le délégué de l'Académie des Sciences de l'instiint de France a été le pre-
mier api^elé à la tribune. Des banquets ont été offerts à la suite des céré-
monies de ces deux premières journées. Une visite détaillée de l'Institut
des Mines, et particidièrement de ses ricbcs collections, a occupé le troi-
sième jour.
» Avec les vifs remercîments dont j'ai été prié d'offrir l'expression à
l'Académie, j'ai Thonneur de lui présenter, de la part du directeur de l'In-
stitut, M. le général de Kokscbarow, la médaille commémoralive de ce
jubilé. »
ASTRONOMIE. — Réponse aux remarques de M . Tarry (i) sur la théorie
(les taches solaires; par M. Faye.
« Je croyais avoir répondu indirectement aux critiques de M. Tarry. 11
avait été frappé de celles des astronomes italiens, et, comme ceux-ci as.su-
raient que ma théorie était en contradiction avec les faits journellement
observés par eux, il avait cru devoir chercher le côté faible d'idées qui
d'abord lui avaient paru très-acceptables, ainsi que le moyen de les cor-
riger. L'erreur que je devais avoir commise lui parut consister en ce que
je faisais descendre les tourbillons du Soleil dans les profondeurs de sa
masse gazeuse, tandis que, sur notre globe, les tourbillons, trombes ou
cyclones de notre atmosphère sont ascendants. M. Tarry proposa donc
un simple changement de mot dans cette théorie : faire monter les tour-
billons solaires au lieu de les faire descendre. Un savant physicien, M. le
D'' Reye, avait proposé antérieurement quelque chose d'analogue dans
une étude très-élaborée, qui lui est propre, sur les deux ordres de phéno-
mènes.
» Il ne m'élait pas possible d'accepter le changement de sens indiqué
par M. Tarry. En dépit du mot si fréquemment employé à'éruj)tion, tous
les faits solaires se prononcent contre l'idée que ce mot exprime, et contre
toute hypothèse de mouvements ascendants à l'intérieur des taches (a). Il
(i) Voir Compta: rendus, p. i i ir) de te volume.
[lj A l'inlerieiir, dis-jc, car les énormes flamiiies Iij'drogénîcs qui jaillissent si souvent
aux environs des taches ne sortent jamais de leur prétendu eralére. (;'esl là une des faces,
et la plus prodigieuse assurément, de la circulation de l'Iiydrogène solaire, dont l'aclion de
( II23 )
me parut suffisant de répondre aux astronomes italiens, de faire voir que
la prétendue contradiction de ma théorie avec leurs observations, d'ailleurs
si remarquables, tenait uniquement à un malentendu, et dé montrer aussi
à l'Académie que la théorie de M. le D' Reye ne s'applique réellement pas
aux phénomènes solaires.
» Je reconnais néanmoins qu'il est nécessaire de faire tme réponse plus
directe à M. Tarry. Il a soulevé un débat dont la solution importe à la fois
à la Météorologie et à l'étude du Soleil.
» M. Tarry est d'avis, comme le D' Reye et, à ce qu'il paraît, comme
MM. Maury, Buchau, Mohn, Peslin, etc. [Comptes rendus, p. 1119), que
les trondies sont ascendantes dans notre atmosphère; il en conclut qu'il
en doit être de même sur le Soleil. Il ajoute, à l'appui de son opinion,
que si les trombes étaient tlescendantes l'air s'en échapperait à la partie
inférieure, tandis que nous constatons au contraire, du moins pour les
cyclones, lui afflux de l'air vers le centre de ces mêmes cyclones. Evi-
demment robjeclioii est bien formulée; elle s'appuie sur des faits très-nom-
breux, plus ou moins bien interprétés et sur des autorités imposantes : elle
exige une réponse.
» Je la ferai d'autant plus volontiers qu'elle me fournira l'occasion de
montrer qu'au besoin l'étude du Soleil peut rendre quelques services à la
Météorologie.
» Les météorologistes sont en effet fort divisés, je ne dis pas seulement
sur la question un peu embrouillée des cyclones, mais même sur la question
beaucoup plus simple des trombes. Les uns veulent que l'air circule dans
les trombes en descendant des hautes régions; les autres soutiennent que
l'air y monte en vertu d'un genre d'appel particulier, en sorte que les
trombes exerceraient une action mécanique d'aspiration et d'arrachement
de bas en haut.
» Voici ce que je conclus à ce sujet de mes études solaires. Sur le Soleil,
tous les mouvements tournants de la photosphère aboutissent à la forme
trombe; ils sont tons descendants et se propagent coniquement de haut en
bas dans la niasse gazeuse pour ainsi dire indéfinie. La trombe s'arrête ou
plutôt se défait dans des couches situées à une très-grande profondeur (r).
haut en bas des trombes solaires constitue la contre-partie, on pUitôt la cause médiate, et
la force motrice empruntée par elles à la rotation.
(i) C'est sans doute la température rapidoruent croissante des couclies infériLiucs <pii
!45 .
( 11^4 )
M Si l'on transporte à la Terre ces notions parfaitement établies pour le
Soleil, on rencontre bien dans les trombes des phénomènes analogues, mais
l'analogie presque complète potu' les trombes va en diminuant pour les
tournades et surtout pour les cyclones.
» C'est qu'il y a, sur notre globe, une circonslance spéciale qui limite
le développement naturel des mouvements tournants, à savoir l'obstacle
du sol, dont les météorologistes n'ont peut-être ])as assez tenu compte. Cet
obstacle du sol, déjà sensible pour les trombes, devient tout à fait pré-
pondérant pour les cyclones, à lel point que ceux-ci n)e semblent être des
trombes tronquées dès l'origine et réduites au bord circidaire de leur
entonnoir.
» Considérons donc avant tout les trombes terrestres, c'est-à-dire le
phénomène dansson entier, ouïe moins altéré qu'il est possible par l'obstacle
inévitable du sol, el voyons s'il se comporte comme son analogue sur le
Soleil.
» Nous nous heiu'tons ici tout d'abord à l'opinion popidaire qui attribue
aux trombes une force aspiratrice. On y voit monter l'eau de la mer,
disent certains témoins oculaires ; elle monte liquide ou en écume jus-
qu'aux nuages et de là elle retombe en pluie. On a été jusqu'à chercher si la
pluie des trombes ou des typhons ne serait pas salée comme l'eau de la
mer. De plus de savants physiciens ont tâché de prouver mathématique-
ment que le seul moyen d'expliquer l'aspiration constatée serait d'admettre
en bas ime rupture d'équilibre exigeant l'ascension d'une certaine masse
d'air dans les hautes régions.
» D'un autre côté certains météorologistes et, en particulier, M. Peltier,
dont M. Marié-Davy a adopté et développé la théorie avec une grande
clarté, admettent le mouvement descendant des trombes, mais y font con-
courir essentiellement l'action électrique des nuages.
» Sur le Soleil, la cjncslion est loin d'élre aussi indécise; si, comme je
crois l'avoir prouvé, les taches et les pores sont des trombes, ces trombes
sont dcscendanics, toutes, sans exception, et elles tendent à se propager
indéfiniment par le bas. La profondeur de Goo ou 700 lieues, en moyenne,
que j'ai assignée au bord inférieur de la pén()ud)ro est loin de donner une
idée de la profondeur des trombes solaires elles-mêmes. L'existence d'un
lend à dilalcr los tromhcs el favoiiso l'expulsion reiitrirnge des gaz et vapeurs, relativement
(Voides, ijui s'y s<uU engagés par le liant.
( 1 I2J )
second noyau, plus foncé que le noyau ordinaire, permettra peut-être de
déterminer une partie de cette profondeur; en ce moment je me borne à
conjecturer, d'après la grandeur relative du noyau de M. Dawes, que les
trombes solaires vont beaucoup plus loin que la pénombre, laquelle, il
est vrai, enveloppe la trombe à quelque distance sans faire corps essentiel-
lement avec elle.
» Voyons donc s'il n'en serait pas de même sim' la Terre, toute propor-
tion gardée et tout compte tenu de l'obstacle inévitable du sol; examinons
s'il est possible que les trombes y aient ini mouvement diamétralement
opposé à celui qu'elles affecfent sur le Soleil.
» Que M. Tarry veuille bien prendre, pour suivre mon raisonnement, le
dessin d'une trombe quelconque. Voici celui de la trombe de Kônigswin-
Trombe de Kijnigswiiiter, près Pjonii , lo ro juin i858.
ter, qu'on a observée avec beaucoup de soin à Bonn, le lo juillet i858,
et que je trouve dans l'ouvrage du D' Reye([). Elle descendait des nuages
au Rhin, ou, comme le voudraient M. Reye et M. Tarry, elle montait du
(l) Die fVirhelsturme, Tornndos and tVellcrsanlen... von D' Reye, p. 3o-34. Voir aussi
clans ]c iiiùme livre les trombes de !\1. Maxwell; voir les dessins donnés dans tous les
oiivrof^es de météorologie.
( II26 ) ■
Rhin aux nuages. Sur cette figure, où les lignes ponctuées ont été ajou-
tées par moi, mais dont les traits pleins sont fidèlement copiés sur le
dessin de la p. 3i du livre susdit, on voit que le pied de la trombe a atteint
le fleuve.
» Considérons la section AB et supposons d'abord que l'orifice inférieur
(le la trombe se termine là. Si elle est due à un ap|)el ascendant de la
couche d'air inférieure, les flèches indiqueront l'afflux de l'air ilans le
canal creux de la trombe, et CD sera l'épaisseur de la couche indéfinie
qui se précipite de toutes parts vers cet orifice.
» Voici l'orifice de la branche qui s'abaisse en EF. La couche d'air
appelée se réduit alors à une hauteur GH.
)) Plus bas encore, la bouche de la trombe est en IR et la hauteur de la
couche appelée est LM.
» L'aliment et, par suite, lu force vive de la tromhevont doncen diminuant
à mesure que son extrémité inférieure se i-approciie du sol ou de l'eau. Au
moment où cette extrémité atteint le sol ou la surface d'un lac, d'un fleuve
ou d'une mer, l'épaisseur de la couche aérienne, dont l'afflux détermine le
phénomène, devient nulle, et la force de la trombe doit s'annuler aussi.
Toute communication étant rompue entre l'air inférieur et la trombe,
celle-ci n'a plus de raison d'être, elle doit s'évanouir. Or c'est, au contraire,
le moment où elle manifeste son énergie mécanique. Par un travail con-
sidérable et prolongé, elle fait bouillonner l'eau tout autour d'elle [voir la
figure et tous les dessins analogues), ou bien, sur terre, elle abat les mai-
sons, renverse les arbres, et promène, pendant de longues heures, la dévas-
tation sur une grande étendue de pays. Donc la cause de ces mouvements
violents, l'aliment de cette énorme force vive, sans cesse renouvelée, est
en haut et non en bas; ces mouvements tourbillonnaires si violents sont
descendants et non ascendants (i).
(i ) Pour se rendre compte des relations des témoins oculaires, il ne faut pas perdre de vui' :
i" qu'une trombe n'est visible que |)ar les particules nuageuses que l'air entraîne à l'intérieur
ou par les condensations que sa température, relati%ement basse, provoque autour d'elle;
(.'lie peut devenir partiellement transparente, par suite invisible, et semble alors rompue en
lron(;ons; 2° qu'on n'a jamais constaté la direction de l'air dans le voisinage immédiat de la
trombe; 3° la (pumlilé d'air (jui s'en échappe n'est pas suffisante pour produire un vent
divergent sensible à grande distance ; 4" l'électricité atmosphérique paraît étie un ]dienomène
coexistant et non délerininaut. Cela est surtout manifeste pour les cyclones, que personne
assurément n'aurait l'idée d'e.xpliquer par l'électricité. L'alimentation d'une trombe s'opère
pai- en haut, aux dépens de la force vive qui résulte de la différence de vitesse de vastes
( "27 )
» Nous voilà maintenant édifiés sur la première objection de M. Tarry
et sur la valeur de l'opinion générale qni altrihuo aux trombes le pouvoir
d'aspirer l'eau des étangs, des fleuves ou des mers, de déraciner les arbres
comme on tire un bouchon, etc. La conclusion est qu« les trombes sont
descendantes et non ascendantes; c'est un simple phénomène mécanique
qui, partout, provient de la même cause et se comporte de la même ma-
nière, aussi bien sur la Terre que sur le Soleil. Les ilifférences secondaires
doivent évidemment tenir à la présence du sol .sur lequel s'épuise leur
action mécanique, et qui arrête tout court leur développement naturel en
profondeur. Il ne faut donc pas s'étonner si, en transportant au Soleil
son idée des trombes ascendantes, M. le docteur Reye est arrivé à une
conception des lâches totalement en désaccord avec les plus simples faits.
Si j'acceptais celle de M. Tarry, il m'en arriverait tout autant.
» Est-il nécessaire de dire qu'on n'entend pas nier qu'il n'y ait dans
notre atmosphère, comme sur le Soleil, des mouvements tourbillonnaires
ascendants? Mais il sufht de citer lestourbillons de poussière de nos routes
ou les flammes d'hydrogène tordues en spirales qui s'élèvent parfois au-
dessus du Soleil, pour montrer qu'il n'y a pas là véritablement d'identité
avec le phénomène si bien caractérisé des trombes terrestres ou solaires.
» Abordons maintenant la seconde difficulté que m'objecte M. Tarry.
Dans les cyclones, l'air afflue vers le centre de l'ouragan. Si les cyclones
terrestres étaient identiques aux taches solaires, c'est le contraire qui de-
vrait avoir lieu, puisque nous voyons les cyclones par en bas. Au bas d'une
trombe où l'air descendrait en tournoyant, cet air s'échapperait en effet
avec une vitesse quelconque et fuirait le centre au lieu de marcher vers
lui. Cette nouvelle objection est naturelle; elle exige aussi une explication.
» On la trouvera dans cette circonstance déjà mentionnée que, siu'
Terre, les phénomènes tournants sont entravés plus ou moins par l'obstacle
du sol liquide ou solide. Pour les trombes, le phénomène se développe
librement sur une grande étendue verticale; pour le cyclone, il est en-
travé à son début. Les cyclones sont de vastes trombes réduites à leur
embouchure. Si nous pouvions nous transporter dans les courants supé-
rieurs où naissent les trombes et où se forme l'orifice de leur entonnoir,
courants supérieurs. Cette force, qui suffirait sans doute à faire tourner en haut I)ien ties
ailes de moulin et à enfler bien des voiles de navire, se trouve, dans les Irombes, concen-
trée jiar la gyration et amenée en bas. [Foir à ce sujet, dans les Comptes rendus du 5.0 octobre
dernier, ma Note Sur l'explication des taches solaires proposée par M. le D' Reye.)
( II28 )
nous nssisterions aussi à ce mouvement convergent dont parle M. Tarry el
qu'on observe dans les cyclones; mais nous voyons les trombes par en
bas, dans un air souvent calme, où la cause première, située bien plus
haut, nous échappe.
M Au contraire, les grands mouvements de l'atmosphère qui donnent
lieu aux cyclones entraînent à la fois les couches supérieures et les couches
inférieures; nous sommes à lorifice même d'un entonnoir qui ne peut se
prolonger à travers le sol, et nous assistons en plein au mouvement con-
vergent qui engendre le cyclone, c'est-à-dire le rudiment supérieur d'une
gigantesque trombe en tout semblable, par ses dimensions et son mode de
rotation, à l'orifice des taches solaires.
» Je reconnais donc que le mot trombe conviendrait mieux aux taches,
où le phénomène dynamique est toujours complet et simple, que le mol
cyclone qui désigne lui phénomène toujours entravé par une résistance
exclusivement particulière à notre globe. Si je désire maintenir le mot
cyclone^ c'est que ce mot rappelle mieux l'échelle des phénomènes so-
laires et le lien qui les rattache, sur l'un et l'autre globe, au sens de la
rotation.
» Mais il convient de ne pas perdre de vue les différences assez tranchées
des trombes et des cyclones, différences qui tiennent toutes à l'influence
du sol. Je ne veux pas dire par là que l'enloiuioir des trombes soit placé
au-dessus de la région supérieure des cyclones; c'est une simple affaire
de dimensions relatives dont il est aisé de déduire l'opposition des ré-
sultats.
» Les météorologistes ont parfaitement raison do considérer les trombes,
tournades, typhons et cyclones comme les faces diverses d'un seul et
même phénomène dû à la gyration de masses atmosphériques. Seule-
ment où est la cause qui les différencie aussi profondément?
» Cette cause est, je le répète, l'obstacle du sol qui, sans influence sur
les mouvements gyratoires étroits (jusqu'au moment où ceux-ci se pro-
pagent couiquement jusqu'à lui), agit, au contraire, énergiquement et
modifie dès l'origine les mouvements gyratoires de très-grande amplitude.
Alors ceux-ci se réduisent bien vite, non pas même au disque tournant
des météorologistes, disque bien mince en comparaison de son diamètre,
mais à un simple anneau rasant le sol et tournant autour d'un centre
calme et dégagé de nuages. Cet anneau marche en se dilatant peu à peu ;
à mesure qu'il se dilate, sa vitesse de gyration diminue; il disparaît finale-
ment à force de s'être élargi. Souvent même une grande partie des effets
( "29 )
habituels de ces phénomènes atmosphériques fait complètement défaut,
non-seulement au centre, mais sur une moitié de hi circonférence de l'an-
neau où manquent les nuages et les pluies abondantes de l'autre moitié.
Les trombes, au contraire, tout comme les taches, n'offrent pas d'espace
central calme et dégarni; si elles se dilatent, ce n'est pas indéfiniment; elles
finissent, tout autrement que les cyclones, en se contractant peu à peu et
en se réduisant dans !e sens de la largeur; leur développement vertical
s'atrophie et semble remonter vers les nuages. De même les taches se ré-
duisent à un pore, puis à un point invisible; sans doute, elles diminuent
tout aussi rapidement en profondeur. La pointe du cône inférieur doit
remonter à mesure que l'entonnoir se rétrécit.
» Quant aux tournades, elles me semblent plus voisines, ainsi que les
typhons, des trombes que des cyclones. Ceux-ci apparaissent de loin, à
l'horizon, comme une étroite bande de vapeurs d'une grande étendue.
Quand ils arrivent, ils présentent une vaste région centrale de calme et de
ciel clair, et souvent, comme je viens de le dire, une moitié de l'anneau
ainsi formé est invisible faute de pluie et de nuages. Au contraire les
toiu'uades se présentent de loin comme un très-petit nuage isolé et rond
que les navigateurs portugais appellent œiV c/e bœuf, nuage si bien carac-
térisé que l'on peut bien y voir la perspective d'une véritable trombe. Il
arrive plus ou moins rapidement, obscurcit bientôt le ciel tout entier et
éclate en orage et pluie diluvienne (i).
» Ainsi les trombes, les tournades américaines, les typhons chinois et les
grands cyclones de deux cents lieues de diamètre sont bien le même phéno-
(i) La plus ancienne et la plus nette ilescriplion que je connaisse de ce phénomène se
trouve clans la Bible, au livre l" tles Rois. Il s'agit de la grande pluie annoncée à Achab
par le prophùle Elle, pluie qui mit fin à la stérilité et à la famine dont la terre des Israélites
avait été frappée pendant près de trois ans:
« 41. Puis Élie dit à Achab : « Monte, mange et bois, car on entend le bruit d'une grande
» pluie. »
» 43. Et il dit à son serviteur : « Monte maintenant cl regarde vers la mer. » Il monta
donc et regarda et dit : « Il n'y a rien. » Et Élie lui dit : « Retourne par sept fois. »
» 44. A la septième fois il dit : « Voilà une petite nuée comme la |>aume de la main
» d'un homme, qui monte de la mer. » Alors il lui dit : « IMonte et dis à Achab : attelle
» ton char et descends, de peur que la pluie ne te surprenne. »
>> 43. Et il arriva que les cieux s'obscurcirent de nuées de tons côtes et rpie le vent
s'éleva, et il y eut une grande pluie. »
C. 11. ,1873, 2« Semestre. ( T. LX..\V1I, N» 20.) 1 4'J
( ii3o )
mène diversement modifié par l'obstacle du sol. Le sol coupe ces trombes
par la pointe de leur cône allongé, les tournades beaucoup plus liaut
proportionnellement, et les cyclones tout près de leur embouchure, de ma-
nière à réduire ceux-ci à un simple anneau tournant autour d'un espace
calme.
)) Mais je n'aurais pas complètement répondu à M. Tarry, si je ne me
préoccupais du point sur lequel ses études, fort intéressantes d'ailleurs,
sur les pluies de sable et d'insectes, ont appelé si vivement son attention.
Résulte-t-il, de ce que je viens de dire, que les cyclones ne puissent sou-
lever des nuages de poussière, les maintenir à une certaine hauteur pour
les laisser retomber plus loin en pluie sèche, lorsque leur courant s'est
affaibli? En aucune façon. J'indique, d'une manière générale, l'influence
de l'obstacle du sol qui tronque lui phénomène dont on peut suivre au
contraire l'entier développement sur le Soleil, quelle que soit son ampli-
tude; mais je ne prétends pas déterminer dans ses détails le mode de
réaction de cette résistance. Il me semble fort probable que la gyration
d'un vaste anneau n'est point incompatible avec le relèvement plus ou
moins marqué de courants peu inclinés qui viennent à frôler le sol. Il
n'est pas étonnant que les cyclones, tout comme les vents ordinaires, et
peut-être beaucoup mieux qu'eux, enlèvent au sol des particules plus ou
moins divisées, pour les transporter au loin. Tel est en effet le moyen
ingénieux dont M. Tarry s'est habilement servi pour jalonner leur route.
Je n'y contredis certes pas, seulement il ne me semble pas juste de tirer
de ce détail, si intéressant qu'il sait, la conclusion que les trombes mon-
tent et aspirent, et que les taches solaires doivent monter et aspirer comme
elles. Je me crois plutôt en droit de dire, comme je l'ai déjà fait en pré-
sentant à l'Académie le résultat de mes études sur les taches, que, la mé-
canique des gaz et de leurs mouvements gyratoires devant être sur la Terre
la même que sur le Soleil, la Météorologie terrestre pourrait tirer d'utiles
renseignements de l'étude suivie des phénomènes analogues, plus durables
et plus faciles à observer, qui se produisent journellement sur le Soleil. »
ÉLECTROCHIMIE. — Deuxième Mémoire sur le mode d' intervention de l'eau
dans les aetiotis chimi(jues et sur les rappoits existant entre les forces électro-
motrices et les affinités; par M. Becquerel. (Extrait.)
n On s'occupe maintenant du mouvement ou plutôt de l'évolution des
molécules pendantles combinaisons, question qui est du ressort des sciences
physico-chimiques; on emploie à cette étude le calorimètre, le thermo-
mètre et les appareils électriques.
» Si le thermomètre et le calorimètre servent à mesurer la quantité de
chaleur devenue libre dans les actions chimiques, les appareils électriques
permettent de mesurer les effets électriques produits avec une grande
précision, de pénétrer profondément dans le mécanisme de ces actions et
de montrer les rapports existant entre les trois grands agents de la na-
ture, l'affinité, la chaleur et l'électricité. L'électricité a, en outre, l'avan-
tage de montrer comment, avec le concours des affinités, s'opèrent les
actions lentes de la nature organique et de la nature inorganique, avec
transports des éléments constitiUifs des corps.
» J'ai démontré, dans le précédent Mémoire, que, lorsque deux dissolu-
lions salines neutres communiquent ensemble par l'intermédiaire d'un
espace capillaire et donnent lieu, en se mélangeant à une double décom-
position, l'eau de chacune d'elles décompose successivement des quantités
excessivement minimes du sel de l'autre dissolution, de manière à former
des hydrates, comme l'avait déjà démontré M. Berthelot, en analysant les
phénomènes de chaleur produits pendant le mélange; cette réaction de
l'eau précède l'action chimique en vertu de laquelle la double décompo-
sition s'opère.
» De semblables réactions se manifestent au contact des dissolutions
acides et alcalines contenant de l'eau en différentes proportions; mais il
ne suffit pas d'ajouter ou de retrancher les forces électromolrices résul-
tant de la réaction de l'acide sur l'eau et de celle de l'alcali silr le même
liquide pour avoir la force électromotrice résultant de l'acide sur l'alcali,
il faut encore ajouter à la somme ou à la différence un certain appoint
dépendant de l'affinité des deux corps l'un pour l'autre, et dont il sera
question plus loin.
» J'ai traité avec de grands détails cette question, en indiquant préala-
blement les causes d'erreur contre lesquelles il faut se mettre en garde; j'ai
rapporté ensuite les résultats obtenus en cherchant les forces électro-
motrices produites au contact des dissolutions neutres, acides on alcalines :
1° au contact de l'eau et d'une dissolution de potasse contenant différents
équivalents d'eau; 2° celles que donner également, au contact de l'eau,
l'acide sulfiirique contenant le même nombre d'équivalents de ce liquide,
afin de trouver les lois qui régissent les forces électromotrices et par suite
les affinités, dans la formation des hydrates. Les deux tableaux suivants
renferment quelques-uns des résultats obtenus.
146..
( Il32 )
La force vlcctromotrice du couple h cadmium valant loo.
Dissolutions.
SO%HO
Eau
SO'.aHO ,
Eau
SO'SHO
Eau
S0^4H0
Eau
50^5 HO.
Eau
SOS 6 HO..
Eau
SOS 7 HO. .
Eau
S0S8H0..
Eau
SOSgHO..
Eau
SOSioHO.
Eau
SOS II HO.
Eau
SOSiaHO.
Eau
S0',i3H0.
Eau
SOS 1 4 HO.
Eau
SOS I 5 HO.
Eau
SOS 1 6 HO.
Eau
SOS 17 no.
Eau
SOS 18 HO.
Eau
SOS19HO.
Eau
SOS^oHO.
Eau
Forces
électromotriccs.
89
58
Rapports.
1,53
,,r.
43
)
1,18
36,27
j
1,17
3i
'.MOY.
1
l
'.'7
1,06
29
)
1,07
27
26
!
i,o4
25
!
1,04
Moy. . . i ,o5
Forces
clectromotrices
déduites des
apports moyens.
Forces
élecii'omotrices
déduites de la
formule .r = —
58
58
5o
5o
42,6
42,6
36,4
36,3
1,0128
01
29
27
25,9
24,6
22,00
3i
29
27
25,7
25
24.7
2.4,38
24,07
23,76
23,44
23, iG
2a,8fi
22,57
22,28
22,00
( ,.33)
La force èlcctromotricc ilii couple à ctidiniiiin valant loo.
KO, 4oH0 .
Eau ..,.,..
Disse Ui lions.
KO, no — )
Eau + \
KO, 2HO. .. — (
Eau -f )
KO, 3H0 ... — )
Eau -I- j
KO, 4U0... — j
Eau + \
KO, 5H0... - j
Eau -f- )
KO, 6H0... 1
Eau \
KO, 7 HO . . . —
Eau -f-
KO, 8H0... —
Eau H-
KO, 9HO ... —
Eau +
KO, loHO.. —
Eau -+-
KO, 1 1 HO . . —
Eau 4-
KO, 12 HO .. —
Eau +
K0,i3H0.. —
Eau -+-
KO, i4H0 .. —
Eau +
KO, i5H0 .. —
Eau +
KO, 20HO . . —
Eau
Uapporls
ForCL's entre Rapports
élccli'omotrices les formules déduits
observées. éleclroniotriccs. de la rorniiile.
94,00
66,00
61 ,00
55,00
5o,oo
46,7
43,5
Moy,
40,40
40,00
38, 00
37,00
,40
1,08
1,10
1,07
1,07
1 ,08
i,4o
.09
1,10
1,06
1,01 69a
I ,0101
Forces
clectromotiices
déduites
de la l'orimile.
66,00
61 , i
56, 00
5i,8
47»9
44,0
43,0
4a, I
4i,r
4o,4o
4o,oo
37,40
37 ,00
» Les résultats contenus dans le premier tableau conduisent aux consé-
quences suivantes :
)) A partir de S0%2H0 jusqu'à SO',6HO, le rapport entre les forces
électromotrices est de 1,17; puis, à partir de SO%6HO, il est de i,o5 jus-
( ii34 )
qu'à SO%ioHO; au delà jusqu'à 20, il est de 1,0128; lesdiffércuces ne por-
tent que sur les centièmes; les différences ensuite deviennent insensibles.
» Dans le second tableau, les forces électromotrices produites dans la
réaction, sur l'eau, de la potasse renfermant différents équivalents d'eau,
montrent que les rapports entre les forces électromotrices ne commencent
à suivre une marche régulière qu'à partir de KO, 5 HO; il est à remarquer
que KO, HO; KO, 2HO; KO, 3H0 ne pouvant s'obtenir que difficilement
à l'éfnt de dissolution, on n'a pu déterminer dans ces trois cas la loi qui
régit les forces électromotrices et par suite les affinités correspondantes.
» Il est à remarquer que les rapports entre les forces éleclromotrices
relatives à l'acide sulfurique et à la potasse diffèrent à partir de 5 équiva-
lents; ces différences ne portent que sur des centièmes, ce qui n'est rien
quand on réfléchit aux causes d'erreur que présente la méthode d'expéri-
mentation employée : les lois auxquelles on est parvenu ne sont pas sans
importance pour l'étude des affinités.
» Les tracés graphiques des forces électromotrices obtenues soit avec
l'eau et l'acide sulfurique d'une part, soit avec la potasse de l'autre,
contenant l'un et l'autre le même nombre d'équivalents de ce liquide,
montrent que les courbes qui représentent l'intensité des forces électrxt-
motrices et, par suite, les rapports des affinités, sont hyperboliques,
comme on l'a déjà dit.
» On trouvera encore ci-après le tableau des forces électromotrices ré-
sultant de la combinaison de l'acide sulfurique et de la potasse, contenant
également l'un et l'autre le même nombre d'équivalents d'eau :
Dissolulion. Forces
électroraolrices. Rapports.
S0''4H0+ )
K0,4H0- i ,,,,8
K0,50H- ) \ ,,,,8
S0=,6H0-+- ) \
K0,6H0- î ' \ ,^o55
SO%7HO-4- ) )
K0,7H0- î ''9 j ,,068
S0',8H0-+- ) )
K0,8H0- \ ^
SO',qHO-+- )
KO, 9HO- j '^^
SOS.OHO+ I ^ «„„„„,
KO, 10 HO — ^ j d'ijilfipolation.
i3a
,008
se», 20 HO -
KO, 20 HO
( ii35 )
« On voit encore ici, comme dans les tableaux précédents, que les
forces électromotrices vont en diminuant, ainsi que les rapports, mais ces
derniers très-lentement, et l'on arrive à un terme où la diminution est ex-
cessivement lente. La courbe des forces électromotrices, et par suite celle
des affinités, est une courbe hyperbolique.
» Eu comparant ces résultats à ceux des tableaux précédents, il est
facile de voir l'appoint qu'apporle à la force électroniotrice la combi-
naison de l'acide sulfurique à différents équivalents d'eau avec la potasse
contenant le même nombre d'équivalents. Ces appoints sont :
Appoint fourni par la combinaison
de l'acide avec l'alcali.
ro'it™:;;:;::::::: I ^-'- ('^-« =»=."
S0%5H0 ) „ ... , ,^ , „
S0',6H0 ) o« ,r , ^ ^ /
KO,6eo i '^^- ('^'+2') =94,0
SO', 7HO ) l.l- ^ r- '
Ko,7no i ''9- ^^^ + -^-9' =95,0
SOS 8 HO.
KO, 8 HO.
SOSgHO.,
KO, 9 HO..
SO%ioHO,
KO, 10 110.
i63— (5o + 25) = 86,0
1 52 --(46, 7 + 26) =^ 80,0
143— (43,5-1-25) =74)5
» La théorie semblerait indiquer des nombres égaux pour l'appoint,
c'est-à-dire la force électromotrice résultant de la combinaison directe de
l'acide sulfurique avec la potasse sans l'intervention de l'eau. Les diffé-
rences sont les plus grandes depuis 4 HO jusqu'à 8 HO; elles sont dues peut-
être à des erreurs qui n'ont pu être évitées dans les expériences ou à des
causes inaperçues; elles oscillent entre ç)5 et 80.
M On voit donc que les forces électromotrices permettent non-seulement
de mesurer les affinités, du moins leurs rapports dans le mélange des dis-
solutions, mais encore d'étudier le mécanisme en vertu duquel s'opèrent
les réactions chimiques pendant ce mélange.
» Les courants électrocapillaires, qui représentent l'intensité des forces
électromotrices, jouant un grand rôle dans la nature organique et dans la
nature inorganique, comme je l'ai déjà démontré dans mes précédentes
Communications à l'Académie, j'ai cherché quelle pouvait être la force élec-
tromotrice produite au contact de l'eau et des liquides contenus dans les
tissus des végétaux. Il suffisait, pour cela, de plonger dans de l'eau dis-
(..36)
tillce les tiges de diverses plantes et d'employer pour électrodes dos fils
d'or ou de platine parfaitement dcpolarisés ; on a tronvé que la force
électromotrice du SMC d'une tige de pavot, plongeant dans de l'eau distillée,
est égale à 84; l'eau était positive et !e tissu négatif. Les expériences ont
montré que les forces électromotrices n'étaient pas les mêmes dans toute la
longueur de la tige. Une tige de vigne a donné 89, une de lilas .8, un
pétiole d'oseille 3o, une branche de cèdre 28; dans toutes ces expériences
l'eau a été conslamment positive et se comportait alors comme acide.
» On conçoit d'après cela ce qui doit arriver lorsque les tiges des végé-
taux sont mouillées par la pluie : la réaction qui s'opère entre cette eau et
les sucs des plantes par l'intermédiaire du tissu extérieur donne lieu à des
l'éactioiis chimiques provenant d'actions électiocapillaires dont je in'oc-
cu|)erai ultérieurement. On voit déjà, d'après ce qui précède, de quelle
lUililé peuvent être pour la Physiologie végétale les i-echerches dont il vient
d'être question; on est en droit également d'en conclure que des effets
semblables sont pi'oduits sur l'homme et les ani.uaux quand leur peau est
.nouillée, comme cela arrive dans les bains prolongés : ce sont là des études
à faii-e.
» Les expériences dont les résultats sont rapportés dans ce Mémoire
exigent beaucoup de temps, de suite et de patience pourse mettre à l'abri
des causes d'erreur que présente souvent ce procédé. J'ai été puissamment
aidé, sous ce rapport, par M. Guoi'out, jeune chimiste distingué, élève des
Hautes-Etudes, et que M. le Ministre de l'Instruction publique a bien voulu
attacher à mon laboratoire et qui m'est indispensable pour continuer mes
travaux qui pi'ennent de jour en jour de plus grands développements.
» En résumé les faits consignés dans ce Mémoire conduisent aux consé-
quences suivantes :
» i" Le mélange de deux dissolutions salines neutres, donnant lieu à
une double décomposition avec ou sans pi'écipité, produit ime suite non
interrompue d'hydrates, d'acides et d'alcalis, par l'intermédiaire desquels
s'opèrent les doubles décompositions, lesquelles ne ti'oublent pas l'équi-
libre des forces électriques;
» 2° Dans la l'èaclion des dissolutions acides sur les dissolutions alcalines,
il se produit également des hydrates par l'intermédiaire desquels s'opère la
combinaison des acides avec les alcalis, comme on le reconnaît par la pro-
duction des forces électi-omotrices; mais, dans ce cas, il y a un excédant
de force électromotricc provenant de la l'éaclion directe de l'acide sur
l'alcali;
)) 3° La détermination des forces éleclromotrices sert non-seulement à
( »'37 )
comparer les affinités sous le rapport de leur intensité, mais encore à suivre
pas à pas pour ainsi dire leurs variations à mesure que les dissolutions sont
plus ou moins étendues d'eau ;
» [\° Dans la réaction l'une sur l'autre d'une dissolution acide et d'une
dissolution alcaline, contenant le même nombre d'équivalents d'eau, la
force électromotrice est dans un rapport à peu près constant avec celle
résultant d'un couple dont les dissolutions contiennent un équivalent d'eau
de plus que le précédent; ainsi le rapport de la force électromotrice du
couple SO%4HO etRO,4HO à celle du couple S0% 5HOetKO,5HO est
sensiblement égal à celui du couple SO', 5 H(3 et KO,5HO et du couple
SO', 6H0 et K0,6ïI0,...; puis ce rapport diminue excessivement lente-
ment. Cette loi paraît être générale; on peut donc, au moyen d'une fornude
empirique très-simple, trouver la force électromotrice d'iui couple quel-
conque de la série, laquelle est en rapport avec l'affinité qui a produit cette
force. »
CHIMIE. — Action de l'eau pure sur divers métaux. Note de M. Ciievreul.
« Le temps ne m'ayant pas permis d'insérer dans le Compte rendu de la
séance du 3 de novembre les observations relatives à l'action de l'eau pure
sur plusieurs métaux, observations qui m'avaient été suggérées par des
Communications de M. Fordos et de M. Belgrand, je demande que l'Aca-
démie veuille bien permettre l'insertion des observations suivantes dans le
Compte rendu de la séance d'aujourd'hui :
§ I. — Observations relatives à l'hygiène,
» Dans le Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture de
France (9 de juillet 1873), à propos d'une pétition de M. de Laval au
Conseil municipal de la ville de Paris, à l'effet d'obtenir la proscription des
tuyaux de plomb, je fis les remarques suivantes (i) :
« M. le Vice-Président (Chevreul) rappelle les observations qu'il a faites aux Gobeiins,
relativement à l'action de l'eau distillce sur le plomb et le zinc, action que n'exercent pas
des eaux dures qui contiennent certains sels en dissolution.
» M. le Vice-Président rappelle encore avoir dit à la Société que des observations sem-
blables ont été faites longtemps avant les siennes par M. Guyton de Rlorveau, qui avait re-
connu que l'action des eaux pures s'exerce non-seulement sur le plomb, mais encore sur
(i) Page 765.
C. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVII, N» 20.) '4?
( u3H )
le zinc. C'est à M. Guylon, ajoute M. Clievreul, que remonte le mérite de l'observation
dont il s'agit. »
» Et) outre, dans le Journal des Savants (octobre 1871, page l\SS), on lit :
« 11 n'est pas inutile de rappeler un fait que le public ne connaît pas assez : c'est que les
eaux de pluie altèrent plus les vaisseaux de ])lomb et les vaisseaux de zinc que des eaux où
se trouvent des sels en solution, des eaux de puils par exemple. La conséquence de ce fait
est que ces dernières eaux peuvent séjourner dans un vaisseau de plomb sans l'attaquer et
sans devenir toxiques, tandis que des eaux de pluie, exemptes de matières salines, dissou-
dront de l'oxyde de plomb, et, l'attaquant, deviendront toxiques. Celte observation, qui ap-
partient à Guyton de Morvcau, est parfaitement exacte; je l'ai vérifiée lors de mes re-
«lierclics sur les eaux de !a Bièvre. »
» Si aujourd'hui des circonstances particulières m'ont empêché d'aller
aux Gobeiins chercher les produits d'expériences qui remontent à l'année
i836 et que je mettrai lundi prochain sous les yeux de l'Académie, elle au-
rait pu voir l'effet de l'eau distillée sur une lame de plomb comparative-
ment à l'effet de l'eau de puits, et enfin la même différence entre le fer et
l'acier dans l'eau distillée et le fer et l'acier plongés dans une eau alcaline.
» J'eus l'occasion, en 1844? fie constater un fait relatif à l'hygiène et à
l'économie usuelle, c'est que, dans un grand établissement industriel dont il
est inutile de dire le nom, on avait imaginé d'apprêter des pièces de calicot
avec du sulfate de plomb provenant de la préparation du mordant des in-
dienueurs résultant de la réaction de l'acétate de plomb et de l'alun. Il ar-
riva qu'une blanchisseuse de Sèvres, dont la clientèle appartenait surtout
au quartier de Paris où sont les magasins de toiles peintes, fut fort étonnée
de voir le linge qu'elle blanchissait sortir noir et marron de sa lessive.
L'explication est qu'elle usait des lessives préparées avec un mélange de
soude, de potasse et de chaux très-suifiirée, et que dés lors s'opérait la
sulfuration du plomb sulfaté par le sulfure de la lessive. J'ai consigné ce
fait dans le Compte rendu de la séance du 16 de septembre i844-
» En i84i> je fus chargé par M. le Ministre de la Marine d'examiner,
conjointement avec M. Lebas, dont le nom est uni à celui de robélisque
de Louqsor de la place de la Concorde, d'examiner plusieurs procédés de
purification de l'eau destinée au service de la flotte. Parmi ces procédés se
trouvait celui de la distillation de l'eau de mer au moyen de l'appareil d'iui
industriel de Nantes. Nous reconnûmes dans l'eau distillée la présence du
cuivre provenant de métal du condensateur, et, après avoir constaté qu'il
suffisait, pour obtenir de l'eau potable, de reconnaître la présence d'un
métal avec de l'eau sulfurée, puis de passer l'eau dans un filtre de charbon,
( "3c) )
qui par affinilé capillaire s'empare du cuivre, nous conseillâmes à l'autorilé
de charger le docteur du bord d'avoir des flacons fermés à l'émeri, de
I décilitre de capacité, avec des copeauK de chêne et de l'eau sulfatée, pour
obtenir un réactit jn'opre à constater non seulement la présence du cuivre
mais encore celle du plomb, par la raison que le sulfate soluble dissous
dans l'eau se transforme en sulfure, après quelques jours, par la matière
combustible soluble du bois de chêne.
§ II. ^- Observations relatives aux arts,
» Je rappelle que la présence d'une matière cuivreuse dans des tissus de
laine qui sont destinés, par exemple, à subir l'action de la vapeur après
limpressioii, se tachent en une couleur orangeâtre, parce que le soufre
de la laine produit un sulfure coloré sous l'influence de la chaleur hu"
mide (i).
» Il se produirait du sulfure noir ou brun, si le tissu tenait quelque sel
de plomb, ainsi que cela arriva en i844- Des tissus de laine avaient été
confectionnés en Picardie; le tisserand s'était servi d'une gélatine que le
fabricant avait voulu blanchir avec de l'acétate de plomb, dès lors l'encol-
lage de la chaîne, préparée avec cette gélatine, fut cause que ces tissus
ayant été imprimés, puis passés à la vapeur, furent absolument tachés (2).
8 III. — Observations relatives h la Chimie.
» En 1837 (3), j'appelai l'attention des chimistes sur ini fait auquel j'at-
tache une grande importance : il s'agit de l'usage des réactifs en Chimie.
Je reconnus, en efftt, que tous les réactifs alcalins que contiennent des fla-
cons de verre blanc dans la composition desquels il est entré des cassons de
verre plombeux, afin d'obtenir plus de blancheur, renfermaient tous de
l'oxyde de plomb en solution. Je crus devoir, dans l'intérêt de la science,
faire sentir la nécessité de renfermer désormais les réactifs dont je parle
dans des flacons de verre vert.
« 11 ne s'agit pas ici de la science piu'e seulement, mais encore de l'exa-
inen ciu'iui tribunal criminel peut ordonner dans des cas d'empoisonne-
ment, et personne ne me blâmera de recommander l'observation prescrite
par la mélliode a posteriori expérimentale, à savoir que les experts nommés
pour examiner des faits relatifs à xui procès criminel fassent toujours ce
(i) Compte rendu de 1;\ séance du ati de décembre 1837.
(■2) Compte rendu de la séance du 16 de septembre i844-
(3) Compte rendu de la séauce du 26 de décembre 1837.
147..
( i>4o )
qu'on nppelle des expériences à blanc pour éviler tonte erreur, et notam-
ment celles dont la cause proviendrait des réactifs employés.
» Puisqu'il est question de science, une Comiiiiniication faite dans la
dernière séance sur l'influence d'un sel pour déterminer la précipitation
d'une terre argileuse en suspension dans l'eau, Communication dont M. Elie
de Beaumont a fait sentir l'importance, m'encourage à faire les deux re-
marques suivantes :
» La première, c'est que cette Communication justifie la proposition que
j'ai énoncée plusieurs fois, et récemment encore, sur les dissolvants. En
effet, du moment, ai-je dit, qu'un dissolvant renferme une substance en
solution, c'est un autre dissolvant que le dissolvant pur; en d'autres termes,
il pouria dissoudre des corps qu'il ne dissolvait pas à l'état de piu-eté, et
telle est la cause d'une des plus grandes difficidtés de l'analyse organique
inmiédiale.
» La seconde, c'est que, dans l'article or écrit pour le Diclionnaire des
Sciences naturelles (article qui parut, en iSaS, dans le tome XXXVI), je
disais, après avoir parlé d'un procédé de préparation du pourpre de Cassius
par V azotate de protoxrde d'étain :
«... J'ai observe plusieurs fois que l'addition de quelques gouttes d'une solution de sel
neutre, tel que le sulfate de potasse, déterminait instantanément le dejiôt d'une liqueur qui
aurait été plusieurs jours sans donner de précipité. «
Conclusion finale.
» Après avoir entendu les conseils donnés par M. Belgrand relativement
à l'évacuation des eaux de source qui ont séjourné un temps suffisant dans
des vaisseaux de plomb pour se colorer par l'acide sulfhydrique, je par-
tage son opinion relativement au bon usage des tuyaux de plomb dans le
cas dont nous parlons, à la condition de l'usage du réactif toutes les fois
que l'on pourrait craindre un séjour trop long de l'eau dans des vaisseaux
de ce métal. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Elude sur la bière; nouveau procédé de fabrication
pour la rendre inaltérable; par M. L. Pasteuiî.
« Tout le monde sait que la bière est éminemment altérable : j)cndant les
chaleurs de l'été, elle ne résiste pus |)lus d'iui mois à six semaines aux
causes de sa détérioration. Le moût qui sert à sa préparation est d'une
conservation plus diflicilc encore. A une température un j)eu élevée, le
( M/,. )
nioîil de bière peul devenir, dans l'intervalle de quelques heures, surlout
par un temps orageux, le siège d'altérations diverses.
» Les altérations du moût de bière et de la bière ont une si grande
influence sur les procédés de fabrication de cette boisson, qu'on pourrait
avancer, sans crainte d'erreur, que toutes les pratiques de l'art du brasseur
sont liées à l'existence de ces altérations et dominées par la nécessité de
lutter contre leurs désastreux effets. Une des plus dispendieuses de ces
pratiques propres à assurer, dans une certaine mesure, la conservation du
moût et de la bière, consiste dans remjjloi de la glace et plus généralement
des basses températures.
» Qu'est-ce donc que ces altérations de la bière qui dominent à ce point
la fabrication de cette grande industrie, et, si elles étaient connues dans
leurs causes, ne pourrait-on pas espérer les combattre par des moyens plus
économiques et plus simples que ceux auxquels s'est trouvée conduite une
pratique intelligente?
» J'ai imaginé un procédé nouveau de refroidissement et de fermentation
qui réalise ce progrès.
» Voici les résultats les plus essentiels de mon travail :
» 1° Toutes les altérations de la bière, soit de la bière achevée, soit de
la bière en cours de fabrication et du moût qui sert à la produire, sont
corrélatives du développement et de la multiplication d'organismes micro-
scopiques, que j'appelle, pour ce motif, i]esjcniients de maladie ;
» 2° Les germes de ces ferments sont apportés par l'air, par les matières
premières, par les ustensiles en usage... ;
» 3" Toutes les fois qu'une bière ne renferme pas les germes vivants qui
sont la cause immédiate de ses maladies, cette bière est inaltérable, quelle
que soit la température de sa fabrication et de sa conservation;
» 4" J6 démontre que, par l'emploi des procédés actuels de la brasserie,
tous les moûts, tous les levains et toutes les bières renferment les germes
des maladies propres à ces substances.
» Prenons inie bière quelconque dans le commerce, c'est-à-dire une
bière qui aura été fabriquée par les procédés en usage dans les brasseries
de France, d'Angleterre ou d'Allemagne; exposons-la dans des bouteilles
closes à une température de i5 à 25 degrés C. Il arrive constamment (du
moins je n'ai pas rencontré à ce fait luie seule exception) que cette bière,
dans l'intervalle de quelques semaines, s'altère jusqu'à devenir impropre
à l'alimentation. La conservation ne serait possible, dans quelques cas
excepliounels, que par l'addition d'une quantité de houblon supérieure
( 11/.^ )
à celles que l'usage a consacrées (i). En même temps et parallèlement au
progrès même de l'altéralion, on voit apparaître et se multiplier des orga-
nismes microscopiques divers.
» Comment ces organismes ont-ils pris naissance?
» Mes études antérieures ont établi que les liquides organiques les plus
altérables, tels que le sang, l'urine, le jus de raisin, etc., se conservent in-
définiment, sans éprouver ni fermentation, ni putréfaction quelconques,
lorsqu'on les expose à l'air ordinaire, mais à l'air débarrassé des poussières
qu'il charrie sans cesse ou de celles qui sont déposées à la surface de tous
les objets de la nature. Les contradictions que cette proposition a soulevées
de la part des liétérogénistes, soit de ceux qui veulent que la matière brute
puisse s'organiser d'elle-même, soit de ceux qui prétendent que les orga-
nismes microscopiques peuvent être engendrés par les matières albumi-
noides de l'économie vivante, sont venues échouer devant l'expérience si
simple dont j'ai souvent rendu témoin l'Académie, qui consiste à enfermer
les liquides organiques dont il s'agit d.ins des vases ouverts, mais dont
l'ouverture, placée à l'extréniité d'un tube sinueux, est assez éloignée du li-
quide contenu dans ces vases pour que les poussières, en suspension dans
l'air, ne puissent arriver jusqu'au contact du liquide.
» Cela posé, préparons une série de ces vases où du moût de bière sera
en conservation parfaite depuis des semaines, des mois ou des années; puis,
par un artifice très-simple, qui repose sur l'existence et l'emploi d'une
deuxième tubulure soudée aux ballons dont je parle, introduisons séparé-
ment, dans chacun de ceux-ci, une goutte du dépôt de tontes lesbières com-
merciales. Comme la bière; la plus limpide contient toujours quelques glo-
bules de levure en suspension, h-, fermentation alcooliques'élablira, les jours
suivants, dans tous les ballons et le moût de bière, que chacun d'eux ren-
ferme, se transformera en bière. Or, si l'on opère dans une étuve, à la
température de l'été, et que les ballons y séjournent quelques semaines,
on reconnaîtra que toutes les bières ainsi préparées seront altérées et qu'aux
globules de levure alcoolique ordinaire se trouveront associés, en nombre
plus ou moins considérable, les ferments de maladie dont j'ai parlé tout à
l'heure. Les germes de ces ferments existaient donc dans toutes les bières
commerciales employées. Cette interprétation des faits est confirmée par les
résidtats suivants.
(i) On agit ainsi pour les biùres anglaises d'exportation, <|iii ont en nutru une teneur en
alcool plus élevée que les bières du continent.
( ii43 )
» Si l'on prépare une bière privée de tout germe de maladie, et qu'on
ensemence les moûts, consei-vés sans alloration, non plus avec des bières
fabriquées par les procédés actuels, mais avec cette bière exempte de germes
vivants d'altération, on obtient, dans tous les cas, des bières parfaitement
saines et une absence complète d'êtres vivants, autres qTie ceux qui con-
stituent les globules de la levure alcoolique. Cette expérience achève de
prouver, en outre, la corrélation qui existe entre l'altération de la bière et
la présence de certains organismes microscopiques.
» De mes études sur le vin javais déduit que le vin n'est pas tui li-
quide altérable de lui-même. Cette conclusion est vraie également pour la
bière. C'est en dehors de sa nature propre, de sa composition, qu'il faut
chercher les causes de son altération. Les seules modifications qu'elle
puisse éprouver spontanément sont des modifications d'ordre chimique,
telles que l'évcnl, si on l'expose au contact de l'oxygène, ou des effets de
vieillissement, par suite de réactions entre ses éléinents constituants, princi-
palement sous une influence oxydante lente et ménagée. Ces derniers, chan-
gements dans la nature du liquide ne correspondent pas à des états maladifs
proprement dits : souvent même ils contribuent à son amélioration. Pour
que la bière s'altère, pour qu'elle devienne aigi^e, putride, filante, tour-
née, lactique..., il est nécessaire que, dans son intérieur, se développent des
organismes étrangers, et ces organismes n'apparaissent et ne se multiplient
qu'autant que leurs germes existent à l'origine dans la masse liquide. Ces
faits sont vrais pour les températures les plus hautes de l'atmosphère aux-
quelles la bière peut être exposée, à tel point qu'une bière pourrait faire
le tour du monde et séjourner dans les pays les plus chauds, si elle ne
portait en elle les organismes de maladie qui nous occupent. Elle ne pour-
rait éprouver que la seule fermentation alcoolique.
» La nature du moût de bière donne lieu à des conclusions toutes sem-
blables. Rien ne saurait mieux démontrer que les altérations du moîit
sont réellement dues à des organismes microscopiques que le fait rap-
pelé tout à l'heure de l'inaltérabilité absolue de ce moût au contact de l'air,
quand, par une ébulition préalable, on a détruit la vitalité des germes que
le moût pouvait renfermer et que, par un artifice quelconque, on ])lace
ensuite ce moût à l'abri des poussières que l'air chairie.
» Des faits du même ordre nous sont offerts par la levure de bière, ce
produit indispensable de toute bonne fabrication. Toutefois, en ce qui
concerne la levure, les choses ne se présentent pas avec la même simplicité
que [)our la bière et le moût d'où on la tire. La bière et le moût de bière
( M/|1 )
sont des substances mortes; co n'est que par un langage figuré qu'on les
considère quelquefois comme des liquides doués d'une vie propre. On
comj)rend, dès lors, que ces liquides soient indestructibles tant qu'ils ne
sont pas soumis à des causes extérieures de détérioration. La levure, au
contraire, est un être vivant. La matière des êtres vivants est-elle indes-
tructible au contact de l'atmosphère, celle-ci élant envisagée comme un
ensemble d'éléments gazeux ou de fluides impondérables n'ayant à aucun
degré la puissance d'évolution d(! tout ce qui a vie? Nos cadavres à nous-
mêmes, par exemple, resteraient-ils intacts, n'éprouvant que des phéno-
mènes d'ordre physique ou chimique, tels que l'humectation ou la dessic-
cation, ou des oxydations lentes, s'ils n'étaient naturellement des sources
de matières nutritives pour ime multitude d'animaux ou de végétaux
inférieurs? Enfin, pour la levure de bière, les doutes que je soulève se
compliquent encore d'un autre problème. On sait que des botanistes
très-habiles, autrefois M. Turpin, de nos jours, en Allemagne, M. Hoff-
mann, pour ne citer qu'un seul nom, et présentement encore en France
M. Trécul, ont cru devoir conclure de leurs observations que la levure de
bière peut faire naître des moisissures diverses, entre autres le Pénicillium
glaucmn.
■» Que la levure de bière soit éminemment altérable, tous ceux qui ont
manié cette substance ont eu l'occasion de le constater. Pendant les cha-
leurs de l'été, et même à des températures plus basses, elle change de
consistance dans l'intervalle de quelques jours, répand une odeur putride,
perd son activité comme ferment. On sait aussi que ces altérations s'ac-
compagnent du développement d'organismes microscopiques, bactéries,
vibrions, ferment lactique, moisissures diverses. D'où viennent ces produc-
tions organisées? La levure les engendre-t-elle d'elle-même par une modi-
fication de ses cellules dans des conditions de vie nouvelle; ou bien ces
organismes trouvent-ils leur origine dans les poussières des objets avec
lesquels la levure a été en contact?
» Je suis parvenu à préparer de la levure privée de tout germe étranger
à sa nature propre, et j'ai pu, dès lors, me rendre compte des changements
qu'elle éprouve au contact de l'air pur. Chose assurément remarquable dans
ces conditions, la levure paraît inerte comme une substance minérale, ne
donne lieu à aucune putréfaction quelconque, et l'on ne voit apparaître à
sa siu'face ou dans son intérieur ni moisissure, ni vibrions, ni bactéries,
ni ferments acétique ou lactique; elle ne donne même pas naissance, dans
ces conditions, au myiodcrma vini^ si voisin de la levure par sa structure,
(ii/,5)
sa forme, son mode de développement (i); enfin elle conserve son carac-
tère ferment, quoique, forcé de vivre pour un temps sur sa propre sub-
stance, son protoplasma se modifie profondément, comme il arrive toujours
pour des cellules où les phénomènes habituels d'assimilation se trouvent
suspendus.
» Si l'on se pénètre bien des principes qui précèdent et de leurs consé-
quences pratiques, il est facile de comprendre qu'on puisse parvenir à faire
de la bière qui ne soit plus exposée à s'altérer, quelle que soit la tempéra-
ture extérieure.
» Nous pouvons considérer tout d'abord que la bière est forcément
portée à l'ébullition lorsqu'elle est encore sous la forme d'extrait de malt
houblonné; à ce moment, tous les germes de maladie du moût sont
détruits. Opposons-nous donc, dès que cette opération de l'infusion de
houblon est achevée, à l'introduction de germes nouveaux, doués de vie.
Voici les dispositions auxquelles je me suis arrêté.
» (M. Pasteur décrit ici, au tableau noir, l'appareil dont il se seit, qui
consiste essentiellement en une cuve de fer-blanc ou de tôle étamée, mu-
nie d'un couvercle à fermeture hydraulique et qui peut ne communiquer
avec l'air extérieur que par des tubes verticaux A et B, brisés pour le manie-
ment du couvercle, mais dont les parties se rejoignent ensuite facilement,
lesquels tubes font l'office des cols sinueux des ballons de verre dont se
sert M. Pasteur dans ses expériences sur les générations dites spontanées,)
» Le moût enfermé très-chaud dans la cuve est refroidi, soit par le cou-
tact de l'air, soit par un courant d'eau. On peut abréger la durée du refroi-
dissement par une circulation d'eau intérieure à l'aide d'un serpentin.
Rien de plus simple cjue de s'opposer à la rentrée des germes extérieurs
pendant le refroidissement, en faisant arriver du gaz acide carbonique par
(i) J'ai annoncé à l'Académie que le mycoderma vint se transformait en levure de bière
basse par la submersion dans un milieu nuliilif sucré. Depuis lors, j'ai exprimé des doutes
sur cette opinion et indiqué la cause d'erreur que je craignais. Je crois que l'interpré-
tation que j'ai donnée des faits que j'avais observés est inexacte. Les articles du myco-
derma vint se gonflent, en effet, par la submersion et se transforment en cellules qui agissent
à la manière des cellules de levure alcoolique, avec production d'alcool et de gaz acide car-
bonique; mais ces cellules n'ont pas, sous cet état nouveau, la faculté de se reproduire. La
levure spontanée qu'on voit apparaître et se multiplier doit provenir de germes de levure
apportés par l'air, qui tombent sur le mycoderma vint pendant qu'il est exposé en grande
surface, lesquels germes se développent après la submersion.
C. R., 1S73, 2« Semetire. (T. LXXVII, N» 20.') '48
( II/1<1 )
l'un des twbes verticaux A on B, pendant que l'autre de ces tubes laisse
échapper l'excès du gaz. Ces tubes peuvent encore servir d'une autre ma-
nière pour que le moût refroidisse à l'abri des germes de maladie; en effet,
notre appareil, muni de ses tubes, ou mieux de l'un d'eux qui restera
ouvert, l'autre étant fermé, nous offre exactement la disposition des vases
de verre à col recourbé et à ouverture éloignée du liquide dont il a été
parlé ci-dessus. Pour ce moût de bière introduit bouillant à l'origine, les
choses se passeront comme pour les liquides fermenlescibles dans ces bal-
lotis de verre; il pourra se refroidir au contact de l'air, sans être exposé à
s'altérer. L'expérience montre, en effet, que le moût peut se conserver
dans ces conditions, quelle que soit la capacité des vases, aussi longtemps
qu'on le désire, avec toutes ses qualités premières.
» Il faut ensuite le mettre en levain, en opérant autant que possible à
l'abri de l'air commun, ce qui est facile, et en se servant d'un levain tout
à fait pur, condition indispensable à réaliser et qui a été l'une des princi-
pales difficultés de mon travail.
» Où trouver ce levain pur? J'ai reconnu que tous les levains des bras-
series, même les mieux tenues, sont toujours impurs, parce que celte im-
pureté est inhérente aux procédés mêmes qui sont en usage aujourd'hui.
Or l'emploi de tels levains, non-seulement rend impossible la fabrication
des bières inaltérables en vases clos, mais il exagère, au contraire, les dé-
fauts des procédés actuellement employés.
» Dans ces conditions, les levains deviennent de plus en plus défectueux :
c'est qu'il existe entre la levure et les ferments de maladie de la bière une
différence physiologique très-digned'attention.Tandisque la levure de bière
vit et se multiplie au contact de l'air plus rapidement et plus facilement
qu'en présence du gaz acide carbonique, les ferments de maladie, au con-
traire, sont gênés dans leur vie et leur propagation par la présence du gaz
oxygène : sous ce rapport, ils sont analogues à ce singulier vibrion que j'ai
montré autrefois être le ferment butyrique et que l'oxygène de l'air prive
de mouvement et d'action comme ferment. Il en résulte que, quand on
opère à l'abri de l'air, les fermentations accessoires se développent avec
facilité, tandis que la fermentation alcoolique est entravée, parce que la
levure de bière ne peut venir reprendre au contact de l'oxygène une source
nouvelle d'activité ; aussi toutes les tentatives de fabrication de la bière
en vase clos, à l'abri de l'air, ont échoué jusqu'à présent. Mais tous ces
effets sont la conséquence de l'impureté des levains habituels des bras-
( 1^47 )
séries (i); car si ces derniers ne portaient pas en eux-mêmes des fermenls
étrangers, ceux-ci ne pourraient apparaître ni spontanément, ni par le fait
d'une transformation de la levure.
» Tels sont les principaux motifs de la nécessité de l'emploi d'un levain
pur et toujours tel dans l'application de mon procédé. Plusieurs moyens
peuvent être mis en pratique pour la production et l'usage d'un levain pur;
je serais entraîné trop loin si je voulais ni'arréter à ceux que j'ai adoptés;
qu'il me suffise de dire qu'on y parvient surtout en profilant de la différence
d'action de l'oxygène de l'air sur la levure et sur les ferments de maladie, et
que, quand on a obtenu une petite quantité de levain pur, il est possible de le
conserver tel et de le multipliera l'aide des dispositions d'appareilsdont j'ai
donné tout à l'heure la description. On placerait à la rigueur dans un de
ces appareils remplis de moût pur quelques cellules de levure, sans mé-
lange d'organismes étrangers, que celles-ci fourniraient de grandes quan-
tités de levain toujours pur. La levijre, n'ayant pas à craindre d'être gênée
par les ferments de maladie, pourra s'accommoder de quantités limitées
d'air, s'en passer même tout à fait, quoique au préjudice de sa rapidité
d'action, tandis que, dans les procédés ordinaires, la présence de beaucoup
d'air est nécessaire.
» Je mets donc le moût eu levain, mais en levain pur; la fermentation
a lieu et, quoique s'effectuant à l'abri de l'air ou en présence de quantités
limitées d'air pur, elle ne donne pas de ferments étrangers, parce que l'es-
pèce levure de bière seule a été semée, et que ce qui a été avancé au sujet
d'une transformation possible de la levtireen bactéries, vibrions, Hi/tWen/irt
aceti, moisissures vulgaires, ou vice versa, est erroné. Enfin, quand la bière
est faite, on peut la traiter à la manière ordinaire, sans que, cette fois, le
contact de l'air offre des inconvénients sérieux, parce que la bière achevée
ou sur le point de l'être n'offre plus un milieu nutritif favorable à la propa-
gation des germes aériens de ses propres ferments de maladie, du moins à
ceux qui sont anaérobies, c'est-à-dire qui n'ont pas besoin de l'oxygène de
l'air pour vivre et se multiplier. Quant aux autres, qui sont le mjcoderma
aceti et le mycoderma vini^ des précautions simples, et que la pratique d'ail-
leurs a toujours suivies, permettent de les éviter facilement.
(i) Cette apprécialion est confirmée par ce fait que les bières obtenues par mon procédé
avec emploi de l'acide carbonique ont des qualités remarquables; la plus grande lenteur
de la fermentation propre à cette disposition de la fabrication contribue sans doute à ce ré-
sultat.
j/l8..
( Ji48 )
» En résumé, la bière faite dans les conditions que je viens d'indiquer,
logée selon l'usage dans des tonneaux goudronnés récemment, ou mise en
bouteilles, se conserve indéfiniment, même dans une étuve de 20 et aS de-
grés centigrades. Loin d'éprouver avec le temps quelque altération, elle
paraît plutôt s'améliorer parmi effet de vieillissement naturel, analogue à
celui qu'offrent les vins, qui se conservent sans se détériorer ^ i).
» On comprend dès lors la possibilité de supprimer l'emploi de la glace,
ou plus généralement des basses températures, pendant et après la fermen-
tation, puisque le nouveau procédé est applicable, à toute température,
aux bières dites allemandes, et que les bières qu'on en obtient sont inalté-
rables. La température des caves de conserve pourra ne pas être inférieure
à 10 ou 12 degrés centigrades, température qu'on peut obtenir, même en
été, sans emploi de la glace, dans les climats tempérés, par des caves d'une
profondeur qui n'a rien d'exagéré.
)i Tel est, d'une manière succincte, le procédé de fabrication de la bière
que j'ai imaginé, et dont l'étude m'a occupé pendant ces trois dernières
années. »
M. le Président annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient
de faire dans la [pcrsonjie de Cl. Bitidin, Correspondant de la section de
Mécanique, décédé à Clermont-Forrand le 12 novembre 1873.
M. Bertrand rappelle en ces termes quelques-uns des services rendus
à la science par M, Burdin :
(c M. Burdin, ingénieur en chef des Mines, après avoir renoncé aux
fonctions actives, s'était fixé à Clermont-Ferrand; son grand âge le tenait
éloigné de l'Académie, dont il était Correspondant depuis plus de trente
années. Beaucoup de nos confrères, cependant, l'ont personnellement
connu; ils n'oublieront ni la distinction de son esprit, ni la persévérance
de ses projets scientifiques, ni la hardiesse et l'originalité de ses vues. La
(1) La rigiieui' îles principes que j'avance au sujet des causes des maladies delà bière est
telle, que la fabrication peut être améliorée par la mise en usage d'une partie seulement des
pratiques que ces principes conseillent. M. Velten, à Marseille, M. Kiihn, à Clermont-Fer-
rand ont perfectionné sensiblement leur travail en agissant ainsi, c'est-à-dire en adoptant
i;ne partie seulement de mon procédé à une époque où celui-ci n'était pas encore définitif.
M. Velten refroidit le moût dans l'air pur; M. Kulin le refroidit de manière à éviter les
germes d'altération provenant des bacs, de la cuve guilloire et ceux que les levains ramas-
sent partout dans la brasserie, entre le niouieni où on les recueille et celui où on les utilise.
triste nouvelle qu'on nous annonce inopinément laissera parmi nous de
profonds et durables regrets.
» C'est à M. Burdin que l'on doit la première turbine. Si les progrès de
la Mécanique ont suggéré des dispositions différentes des siennes et si
d'autres inventeius ont très-légitimement recueilli, en perfectionnant son
œuvre, des avantages considérables unis à une juste renommée, M. Bur-
din, qui n'a tiré aucun profit de son invention, doit garder une grande part
de l'honneur qui s'y attache.
» Les travaux de M. Burdin sur l'emploi de l'air chaud comme moteur
n'ont pas donné de résultats praliques; mais les persévérantes études de
noire savant Correspondant et ses ingénieuses combinaisons porteront leurs
fruits. Plus d'un inventeur, aujourd'hui déjà, se plaît à reconnaître, dans
ces essais incomplets, l'origine d'une idée utile et féconde.
» Lorsque la Section de Mécanique, en i843, le proposa aux suffrages
de l'Académie pour une place de Correspondant, elle comptait dans son
sein Poncelet et Coriolis, lesdeux grands promoteurs de la théorie du tra-
vail, dont on sait aujourd'hui dans toutes les branches de la science la
fécondité et la portée. Tous deux en accueillant, en suscitant sans doute
la candidature de M. Burdin, ont loyalement salué en lui leur judicieux
et modeste précurseur. Burdin, plusieurs années avant eux, dans un tra-
vail trop peu lu aujourd'hui, mais cité par tous ceux qui s'attachent à
retracer l'histoire exacte de la Science, avait très-nettement indiqué l'im-
portance capitale du principe des forces vives et appelé sur lui, en termes
excellents, toute l'attention des ingénieurs.
» Dévoué dès sa jeunesse à la Science, il a appliqué à des recherches dif-
ficiles et élevées les dernières forces de son esprit. L'Académie lui doit
ses regrets et son pieux souvenir. »
« M.Élie de Beaumoxt rappelle que le Mémoire intitulé : Considérations
sur les machines en mouvement, dans lequel M. Burdin a donné la formule
générale de l'application aux machines du principe des forces vives et l'ex-
pression de l'effet utile, ou du travail, a paru dans le Journal des Mines,
cahier de mai i8i5, publié quelque temps après sa date nominale (i).
Presque au même moment, en i8i8, parut dans les .annales de Chimie et
de Physique (2), un Mémoire, de M. Petit : Sur l'emjjloi du principe des
foi ces vives dans le calcul de l'effet des machines, où le savant professeur
(i) Journal des Mines, t. XXXVII, p. 3ii).
(2) Annales de Chimie et de Physique, t. VIII, p. 287.
( I i5o )
développait, avec sa lucidité habituelle, l'application du principe des
forces vives à plusieurs appareils mécaniques. Ces deux publications,
presque simultanées, ont été les points de départ de l'introduction du
principe des forces vives dans l'enseignement de la science des machines,
à laquelle il a fait faire de si grands progrès. »
aiÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ASTRONOMIE. — Réponse aux Observations de M. Oudemans, sur iinjlucnce
de la réfraclion atmosphérique à l'instant d'un contact darts un passage de
Fénus [i). Lettre de M. Ed. Dlbois à M. le Secrétaire perpéluel.
(Renvoi à la Commission du passage de Vénus.)
« Pour chercher une limite de l'influence de la réfraction atmosphé-
rique sur l'instant d'un contact, dans un passage de Vénus, j'ai pensé
qu'il n'était nullement nécessaire d'avoir égard aux formes hypothétiques
de la trajectoire du rayon lumineux.
» Je ne devais, du reste, pas perdre de vue, que la méthode de Halley,
pour la détermination delà parallaxe solaire, avec l'approximation désirée,
permet une erreur de cinq secondes dans l'appréciation d'un contact. En
prenant à la place de l'angle BOA l'angle A'OA, évidemment plus grand, j'ai
voulu me placer, relativement à l'erreur que je cherchais, dans une limite
très-large, et pouvoir aussi donner à cette recherche un caractère tout élé-
mentaire.
» M. Oudemans trouve, par des considérations qui, dans une certaine
mesure, pourraient au moins être discutées, que l'influence delà réfraction
sur l'instant d'un contact sera moindre que o', i3. Son résultat ne fait donc
que rendre plus frappant celui que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca-
démie et qui indiquait que, dans le passage de i8^4) '^i réfraction astrono-
mique n'aura pas d'influence sérieuse. »
PHYSIQUE. — Sur l'emploi du prisme dans la vérification de la loi de la double
réfraction. Note de M. G. -G. Stokes.
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel, Jamin.)
« La Communication de M. Abria [Comptes rendus, séance du i3 oc-
tobre, p. 8i4 de ce volume) me détermine à appeler l'attention de l'Aca-
démie sur une méthode que j'ai proposée pour le même objet dans un
(i) Comptes re/ului:, p. ^q^ ilc ce volume.
( •>5. )
travail STir la double réfraction (i), ^f que j'ai appliquée plus tard au
spath calcaire (2). Cette méthode me paraît plus facile, plus générale et plus
exacte que celle de M. Abria.
» Quand on veut mesurer l'indice de réfraction d'une substance ordi-
naire, on emploie le plus souvent la méthode de la déviation minimum.
Mais il y a une autre méthode, aussi exacte et presque aussi facile, qui con-
siste à mesurer la déviation pour un azimut arbitraire du prisme, et en
outre l'angle d'incidence ou l'angle d'émergence, suivant que le prisme de-
meure en repos quand on déplace la lunette, ou qu'il l'accompagne dans
son mouvement. Cette méthode n'est pas nouvelle : elle a déjà été em-
ployée par M. Swan dans sa vérification de la loi de Snellius pour le rayon
ordinaire du spath calcaire (3) ; mais ou n'avait pas, à ma connaissance,
indiqué le parti qu'on en pourrait tirer pour la recherche de la loi
de la réfraction extraordinaire dans les cristaux. Le phénomène que
l'on observe dans le cas d'un cristal est le même que dans le cas d'une
substance ordinaire, avec cette seule différence que l'on obtient deux
imagos au lieu d'une seule; on peut encore mesurer la déviation de cha-
cune des deux images, et il ne s'agit que d'intei'préter les résultats obtenus.
Or, en s'appuyant sur la démonstration qu'a donnée Huyghens pour la
réfraction en général, démonstration qui, fondée sur le seul principe de
la coexistence des petits mouvements, n'exige aucune hypothèse sur la loi
de variation des vitesses de propagation dans diverses directions, on dé-
montre facilement que les deux quantités qui représentent pour une sub-
stance ordinaire, 1° l'angle de réfraction, 2° l'indice de réfraction, et qui
se déduisent des données d'observations par un calcul très-facile, expri-
ment pour un cristal, i" l'inclinaison de l'onde réfiactée à la surface d'in-
cidence, onde qui est nécessairement perpendiculaire au plan d'incidence,
a" le rapport de la vitesse de propagation dans l'air à celle de l'onde ré-
fractée. La direction ainsi déterminée par rapport aux deux faces du prisme
est rapportée ensuite, par le calcul, à des directions fixes dans le cristal,
l'orientation de chaque face artificielle ayant été déterminée, au moyen de
la réflexion, par rapporta des faces, soit naturelles, soit de clivage. On peut
ainsi examiner un cristal dans une série de directions, au moyen d'un seul
angle réfringent, et l'on peut faire tailler deux angles au moins sur un
(1) Report nf the Britisk Association for iSôî, part I, p. 2^2.
(2) Procecdings of the Royal Society, vol. XX, p. 44^ (20 juin 1872).
(3) Transactions 0/ t/ic Royal Society 0/ EdinOurg, \o\. Tiyi, p. 375.
( Il 52 )
même bloc sans détruire les faces dont on a besoin pour la détermination
de l'orientation des plans artificiels.
» Je n'ai appliqué jusqu'ici celte méthode qu'au spath calcaire, cristal
que j'ai choisi à cause de la facilité avec laquelle on peut s'en procurer de
bons échantillons, et de l'énergie de sa double réfraction, qui devrait ren-
dre plus sensibles les écarts par rapport à la loi d'Huyghens, s'il en existait.
J'ai trouvé que cette loi représente la réfraction extraordinaire aussi exac-
tement que la loi de Snellius représenté la réfraction ordinaire.
» L'erreur moyenne de quinze observations du rayon extraordinaire,
faites dans des directions qui s'étendaient de 3o à 60 degrés environ de
l'axe, et rapprochées de la formule déduite de la construction d'Huyghens
en y introduisant les indices principaux, obtenus à 90 degrés de l'axe, ne
s'élevait qu'à 0,0001 3 de l'indice, quantité qui est de l'ordre des erreurs
accidentelles de mes observations, et qui correspond à J3V0 environ de la
différence des indices principaux. L'erreur correspondante de déviation
dans tm prisme de 45 degrés est d'environ aS secondes. »
ANALYSE SPECTRALE. — Sur quelques spectres mélalliques {plomb, c/ilorure
d'or^ tlialliuin, lilliiwn). T^ote de M. Lecoq de Iîoisbaudiia\.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Plomb. — Quand l'étincelle d'induction éclate entre deux fragments
de plomb, dont les surfaces ont été récemment rafraîchies, le spectre est
uniquement composé de raies étroites. Bientôt les électrodes se recouvrent
d'oxyde de plomb, et le champ spectral se remplit des bandes ombrées
caractéristiques de l'oxyde de plomb chauffé dans la flamme du gaz.
» L'oxydation du plomb des électrodes modifie très-inégalement les
raies étroites, dont quelques-unes s'évanouissent entièrement, tandis que
d'autres conservent leur éclat.
( V 560,7
Disparaissent complètement ou à Irès-peii près J 554,4
( Ç 537,0
/ e 600, l
Persistent, mais avec une perte notable d'éclat ; / ,'/-
J 43^>o
( 44,5
4 >7
P 5oo,3
N'est pas scnsililenient modifii'c a 4o5,6
(..53)
» L'action du condensateui" est à peu près exactement inverse de celle
de l'oxydation des électrodes; car, plus les raies sont affaiblies par l'oxy-
dation, plus elles sont reiiforcées par le condensateur. Ainsi, les raies
7560,7, Ç 537,0, etc., éteintes par l'oxydation, reprennent leur éclat dès
qu'on établit la communication avec une bouteille de Leyde. La ."aie
a 4o5,6, au contiaire, n'est sensiblement modifiée ni par le condensateur,
ni par l'oxydation.
M Chlorure d'or. — Dans la flamme du gaz, le AuCP produit de magni-
fiques bandes (sillonnées de raies un peu nébuleuses) s'étendaut du jaune
au vert bleu. Avec l'étincelle tirée sur une solution de AuCl', le spectre se
compose des bandes vertes et d'un certain nombi-e de i-aies étroites dissé-
minées depuis le l'ouge jusqu'au violet. Les intensités relatives des bandes
et des raies étroites varient avec les conditions de l'expérience, l'écarte-
ment des pôles favorisant la formation des bandes.
» L'éclat relatif des laies étroites du AuCl' diffère sensiblement, suivant
le mode opéi'atoi.'e. J'appellerai seulement ici l'attention sur le change-
ments que subissent les raies s 5o6,3 et 0 oaS.o lorsqu'on modifie le degré
de dilution des liqueui's, la longueur de l'étincelle, ou la direction du
courant induit (i). Ainsi :
» [a) Avec une solution très-<;oncentrée et une étincelle un peu courte,
la l'aie 5 est légèi'emeut plus forte que £ ; si l'on allonge l'étincelle, c peut
l'emporter légèi'ement sur 5.
» [b] Avec une solution de richesse moyenne et une étincelle qui ne
soil pas très-courte, £ est un peu plus brillante que c?; par renversement
des pôles, la laie 5 devient, au conti'aire, nolable.nent plus forte que £. Si
l'étincelle est un peu longue (sans atteind.-e toutefois la limite de l'ap-
parition du trait de feu), s est notablement plus forte que 5, tandis qu'avec
une étincelle très-courte, à peut dominer légèrement s.
» (c) Avec une solution ti'ès-étendue, s est notablement plus marquée
que (?, mais l'immersion des pôles lend c? très-notablement plus vive que s.
» Quand la solution de chlorure d'or est de concentration moyenne, le
specti'e pai-aîl être un peu plus beau qu'avec une liqueur tout à fait
saturée. J'ai fait la même re.narque pour le chlorure platinique.
» Tliallium. — Les sels de thalliu.n donnent, dans la flamme du gaz,
(i) Par le renversement du courant, le dépôt d'or spongieux formé sur le fil extérieur
devient négatif; on facilite l'expérience en mouillant ce dépôt avec la solution un instant
avant de lancer le courant.
C. P.., 1873, 1" Semestre. (T. LXXVII, N» 20.) '49
( ii54 )
outre la brillante raie verte « 534,9, ""^ autre raie, beaucoup plus faible
et légèrement nébuleuse, ayant pour longueur d'onde 568, o. Celte raie,
facilement visible dans une flamme riche en thallium, paraît bien appar-
tenir à ce métal, car son intensité relative s'est maintenue avec divers sels
de thallium soigneusement purifiés; je ne l'ai pas obtenue en tirant l'étin-
celle d'induction sur la solution des mêmes sels qui la donnaient aisément
dans la flamme du gaz.
» Lilliium, — Guidé par des considérations théoriques, j'avais été
amené (il y a quelques années) à prévoir l'existence probable d'une
raie nouvelle dans le spectre du lithium; le calcul indiquait 4j3,o pour
la longueur d'onde. On n'obtient qu'une trace de cette raie en faisant
éclater l'étincelle d'induction sur une solution deLiCl;mais on la voit
facilement avec l'étincelle et le Li^O,CO- fondu au rouge. Deux séries
de mesures provisoires m'ont donné 412,9 et 4i3,o pour la longueur
d'onde. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIUE. — Sur le maximum de densité de l'eau ; explication
mécanique de ce phénomène. Note de M. Piarron de Mondesir.
(Commissaires : MM. Bertrand, Serret, Jamin.)
« Pourquoi le volume de l'eau ne va-t-il pas toujours en diminuant avec
la température? Pour(]uoi ce volume atteint-il son minimum aux environs
de 4 degrés et croît-il ensuite entre 4 degrés et zéro?
u Je ne connais aucune explication de ce phénomène. En voici une
purement mécanique :
» J'admets d'abord que chaque molécule d'eau se compose de 4 élé-
ments ou atomes affectant la forme d'une sphère ou d'un ellipsoïde de
révolution à axe vertical. Ces 4 atomes, dont les centres sont sur le même
plan horizontal, sont tangents entre eux et tournent harmoniquement au-
tour de leurs axes verticaux. C'est ce mouvement de rotation des atomes
qui, dans l'ordre d'idées que j'adopte ici, représente la chaleur latente de
l'eau et constitue un travail dynamique invisible, dont l'estimation, en
unités de chaleur, est d'environ 80 calories par kilogramme.
» Tant que le mouvement de rotation des atomes subsistera, l'eau res-
tera à l'état liquide. Elle passera à l'état solide au moment même où ce
mouvement rotatoire s'arrêtera. C'est alors que, en vertu du principe le
travail se transforme et ne s'anéantit pas, le travail dû. au mouvement de
rotation des atomes liquides, lequel est l'équivalent de la chaleur latente
( ii55 )
de l'eau, se trouvera représenté par le travail dynamique dû à l'expansion
de la glace.
» Il me faut maintenant expliquer comment le mouvement de rota-
tion des 4 atomes, qui constituent i molécule, peut s'arrêter instanta-
nément.
» Je désigne ici, sous le nom de prisme moléculaire, le prisme droit formé
par quatre plans verticaux tangtnts extérieurement à i molécide, et je
partage la masse liquide que je considère, et dont la forme est quelconque,
en une infinité de prismes moléculaires accolés les uns aux autres. Chaque
prisme contiendra lui-même une infinité de molécules superposées, dont
les éléments se toucheront par les pôles, ce qui ne saurait contrarier leur
mouvement de rotation harmonique.
» Pour que les 4 atomes, qui constituent i molécule, puissent tourner
harmoniquement, il est nécessaire qu'ils soient orientés de manière à ne
présenter que quatre points de contact, attendu que, avec cinq points de
contact, le mouvement de rotation harmonique est impossible.
» C'est cette observation qui m'a conduit à admettre que l'orientation
moléculaire commençait à se modifier à partir de 4 degrés, de manière à
présenter les cinq points de contact à zéro.
» Les trois figures qui suivent font ressortir clairement le changement
qui s'opère dans l'orientation moléculaire :
Fig. I. Fig. 2. Fig. 3.
Coupe Coupe Coupe
d'un prisme moléculaire d'un prisme moléculaire d'un prisme moléculaire
à 4° et au-dessus. entre ff° et 0°. à 0°.
» A 4 degrés et au-dessus, la coupe horizontale du prisme moléculaire
est le carré PQRS. Les 4 atomes a, b, c el d de la fig. i n'ont que quatre
points de contact et tournent harmoniquement autour de leurs axes verti-
caux. Les 2 éléments a et d tournent, par exemple, de droite à gauche,
tandis que les a autres b el c tournent de gauche à droite.
)) A partir de 4 degrés, l'orientation moléculaire se modifie. Le carré PQRS
est remplacé par le losange P'Q'R'S' de la ^g. 2. L'atome a s'est éloigné
de l'atome d, tandis que les 2 atomes i et c se sont rapprochés. Toutefois,
149..
( ii56 )
comme le nombre des contacts ne dépasse pas 4, le mouvement de rota-
tion harmonique continue et l'eau reste à l'état liquide.
» Au moment où la température atteint la limite zéro, le prisme mo-
léculaire a pour base le losange P"Q"R"S" de \afig. 3, lequel est tracé sous
les angles de 60 et de 120 degrés. Les 4 atomes inscrits dans ce losange li-
mite se touchent alors en cinq points, attendu que les atomes b et c, en se
rapprochant déplus en plus, sont arrivés au contact. Dans cette position, le
mouvement rotatoire des 4 atomes est nécessairement arrêté. C'est alors que
l'eau passe de l'état liquide à l'état solide, et que la glace se forme en cristaux
sous les angles de 60 et de 120 degrés, ce qui est parfaitement conforme à
l'observation.
» Il me reste maintenant à faire voir que, par suite du changement d'orien-
tation moléculaire que je viens d'exposer, le volume de l'eau doit nécessai-
rement augmenter entre 4 degrés et zéro.
» L'eau se dilate sous l'influence de la chaleur, comme tous les corps de
la nature. D'après Dalton, son coefficient de dilatation, dans les basses tem-
pératures, serait de o, ooo46 par chaque degré C.
)) L'effet de la dilatation se produit directement sur le volume de l'atome,
et il n'y a aucune raison pour admettre une exception à la loi de dilatation
de l'atome entre 4 degrés et zéro.
» Tant que la température de l'eau dépasse 4 degrés, l'orientation mo-
léculaire restant la même, il est évident que le volume total ou apparent
varie proportionnellement au volume atomique. Ce volume total irait donc
toujours en diminuant jusqu'à zéro, suivant la loi de la dilatation, si
l'orientation moléculaire ne variait pas; mais, comme l'orientation change
à partir de 4 degrés, la proportion cesse d'exister, à partir de cette limite
de température, entre le volume apparent et le volume atomique.
» Le calcul du reste est des plus simples.
» Je désigne par V le volume d'un poids donné d'eau à 4 degrés, par V„
le volume réellement occupé par cette eau à zéro et par V'^, le volume qu'oc-
cuperait cette eau à zéro si son orientation moléculaire ne variait pas.
» J'aurai d'abord
V = V'(,(i 4- 4 X 0,00046) = V'o X 1,00184.
» J'aurai ensuite, en observant que les volumes \ „ et V'„ sont entre eux
comme les prismes moléculaires P"Q"R"S"et PQRS, soit, comme les sur-
faces du losanges P"Q"R"S" et du carré PQRS qui leur servent de base,
, P-Q'R'S'
( ii57 )
» Or la Géométrie nous donne, en observant que le sinus de l'angle
v'3
de 60 degrés est égal à ^, et en prenant pour unité le rayon d'un atome,
Cane PQRS = 16,000,
Losange P"Q"R"S"=('. + -iV.-f-4^^ = ^i^tli3):^|i^g^^g3_
v \/y\ \/3y 2 V3 s/3
» On a donc
, i6,o83i4 t;' , te -«r i,oo5iq6
V„ = V„— ^=V,X. ,005.96 = V-^-^;
soit, finalement,
y = r ,oo335.
n Ainsi donc, dans le système que je viens d'exposer, et en adoptant le
chiffre de 0,00046 donné par Dalton pour le coefficient de dilatation de
l'eau, les volumes de l'eau liquide à zéro et à 4 degrés seraient entre eux
comme les nombres i,oo335 et i. »
PFIYSIQUE. — Effets frigorifiques produits par la capillarité, jointe
à l'évaporation. Deuxième Note de M. C. Decharme. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« En dirigeant sur un papier spongieux, plongeant dans le sulfure de
cnrhone, le jet d'un pulvérisateur contenant de l'eau pure, on n'active pas
la formation du givre, au contraire; mais, si l'on pulvérise le sulfure de
carbone lui-même, le jet projeté sur le papier y détermine un cercle d'ar-
borescences, qui va en croissant avec le temps. Ce même jet, dirigé sur la
boule nue d'un thermomètre, y produit aussitôt du givre, puis des arbo-
rescences et un abaissement de température qui va de + 10 à — aa degrés.
Sur une lame de verre, les arborescences que l'on obtient de cette manière
se conservent assez longtemps pour qu'on puisse facilement les observer
au microscope —
M Parmi les divers corps poreux soumis à l'action capillaire du sulfure
de carbone (papiers de diverses natures, tissus, fils, mèches, ouate, amadou,
moelle de sureau, éponge, amiante, etc.), le charbon de bois ordinaire a
présenté un intérêt particulier. D'abord il fait entendre des craquements
très-forts, analogues à ceux qui se produisent lorsqu'on l'allume sur un
réchaud; ici, c'est l'effet inverse : le refroidissement subit, qui détermine
( ii58 )
des contractions, suivies quelquefois de la rupture du morceau. De plus,
la disposition des arborescences glacées correspond aux ouvertures des
vaisseaux capillaires, terminaux ou latéraux, en sorte qu'elles sont placées
en couronnes concentriques à l'extrémité du charbon et rangées parallèle-
ment, suivant les génératrices du cylindre, sur la surface latérale.
» Les liquides capables de produire, comme le sulfure de carbone, le
phénomène des arborescences sur les papiers spongieux sont, jusqu'à pré-
sent, le chloroforme, Véther sulfurique rectifié, Véllter bromliydrique. Il est
très-probable que l'éther chlorhydrique (que je n'ai pu encore avoir pur)
produit le même effet. Je ne doute pas que, parmi les liquides nombreux
dont le point d'ébullition est inférieur à 60 degrés, il ne s'en trouve plu-
sieurs jouissant de la même propriété frigorifique que les précédents. Jus-
qu'ici aucun liquide n'a produit les arborescences sur papier d'une manière
aussi rapide et aussi intense que le sulfure de carbone, dont le point d'ébul-
lition (48 degrés) est cependant supérieur à celui de l'éther sulfurique
(35°,5) et dont la tension de vapeur (3o2 millimètres à 20 degrés) est
moindre que celle de l'éther (433 millimètres à 20 degrés). J'ajouterai tou-
tefois que les effets frigorifiques produits sur le thermomètre à boule
entourée de papier spongieux ont été à peu près les mêmes pour ces liquides
(de + 10 degrés à — 17 ou — 19 degrés), sauf pour le chloroforme, qui
n'a donné qu'un abaissement de — 8 degrés dans les mêmes conditions;
et cependant les arborescences auxquelles il donne lieu sont plus nom-
breuses et plus belles que celles que détermine l'élher sulfurique.
» Relativement à la nature des arborescences glacées, voici quelques
faits qui semblent montrer qu'elle est purement aqueuse. Le point de
fusion de ce givre correspond exactement à la température zéro, qu'il ait
été produit par le sulfure de carbone, ou par le chloroforme, ou par l'élher
sulfurique ou bromhydrique. La saveur de cette neige est nulle, ainsi que
son odeur, au moment de la fusion, c'est-à-dire après l'évaporation com-
plète du liquide volatil dont elle est constamment imprégnée durant son
accroissement. La densité de l'eau de fusion est la même que celle de l'eau
pure. Enfin la vitesse et la hauteur capillaires dans les tubes et dans les
papiers spongieux ne présentent pas de différences sensibles pour les deux
liquides. »
( "59)
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la quantité d'ammoniaque contenue dans l'air
atmosphérique à différentes altitudes. Note de M. P. Tkuchot.
(Commissaires : MM. Élie de Beaiimont, Boussingault, Fremy,
Ch. Sainte-Claire Deville.)
« Dans une précédente Communication (i), j'ai eu l'honneur de sou-
mettre à l'Académie les résultats de recherches sur la quantité d'acide
carbonique existant dans l'air atmosphérique à différentes altitudes; je
lui demanderai de lui communiquer aujourd'hui un travail analogue au
sujet de l'ammoniaque.
» Plusieurs savants ont déterminé la proportion d'ammoniaque contenue
dans l'air, et leurs résultats montrent que cette proportion est variable
avec les conditions de l'expérience. Cest ainsi que M. Griiger a trouvé
o™^, 43 d'ammoniaque par mètre cube; M. Kemp, 5™^, 02; M. Frésénius (2),
o"e, 17; M. Is. Pierre (3), 4™e,53 et o'^s.eS, et M. G, Ville, une quan-
tité très-notablement moindre; mais le premier opérait, à Mulhouse, sur
II 12 litres d'air, pendant quatre journées pluvieuses de mai i845; le
deuxième, sur 376 litres d'air, pris à 3oo pieds au-dessus de la mer d'Ir-
lande; le troisième, sur 689'", 5, à Wiesbaden, et durant quarante jours
des mois d'aoiàt et de septembre 1848. M. Is. Pierre opérait à Caen : une
première fois, sur 2720 litres d'air pendant cent dix-huit jours de l'hiver
i85i-i852, et une seconde sur 4oi5 litres recueillis en cent soixante-neuf
jours d'observations, de mai i852 à avril i853.
» Le but principal de mes recherches étant de déterminer Ta variation
de la quantité d'ammoniaque avec l'altitude, en opérant, comme cela a
été fait pour l'acide carbonique, à Clermont-Ferrand à 3^5 mètres au-
dessus du niveau de la mer, au sommet du Puy-de-Dôme à i446 mètres,
et au sommet du pic de Sancy à 1884 mètres, j'ai dû employer un pro-
cédé qui permît d'expérimenter sur une grande quantité d'air, plusieurs
mètres cubes par exemple, tout en ne consacrant à l'expérience qu'un
temps très-court, de trois à cinq heures.
» J'ai fait construire par M. Brunt, à Paris, un aspirateur formé d'une
espèce de compteur à gaz, dont les hélices sont mues par un ressort, au
lieu de tourner sous la pression du gaz ; un compteur ordinaire de cinq becs
(i) Comptes rendus, p. 6^5 de ce volume.
{2) Annales de Chimie et de Physique, 3* série, t. XXVI, p. 208.
(3) Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XXXIX, p. 428.
( ii6o )
est adapté à cet aspirateur au moyen d'un tube en plomb. Un tel système
permet d'aspirer rapidement ou lentement à volonté une grande quantité
d'air, tout en le mesurant à i litre près, et je suis persuadé qu'il peut rendre .
des services dans bien des recherches.
» Je me proposais d'abord de faire passer l'air aspiré soit dans de longs
tubes à ponce suif urique, soit dans un liquide acide ; mais, dans ces condi-
tions, l'appareil n'aspire l'air que très-lentement, et mon but n'était plus
atteint. J'ai alors acidulé au millième, par l'acide sulfurique, l'eau que
contient l'aspirateur lui-même, et c'est ce liquide qui retient l'ammo-
niaque. Je me suis assuré au préalable, par l'examen de l'eau du compteur,
également acidulée, que l'ammoniaque atmosphérique était complètement
absorbée dans l'aspirateur, et qu'il ne s'en formait pas de traces sensibles
par la réaction chimique, très-faible d'ailleurs, de l'eau acidulée sur les
métaux qui constituent l'appareil, et qui sont la tôle plombée et un alliage
blanc contenant du nickel. L'eau employée était de l'eau distillée, prove-
nant des dernières portions de la distillation, ou de l'eau de source dans
laquelle on avait dosé l'ammoniaque pour établir luie correction.
M L'appareil ayant fonctionné de manière à aspirer de 2 à 5 mètres cubes
d'air, ou recueillait le liquide de l'aspirateur et l'on déterminait l'ammo-
niaque par la méthode si précise et si commode que M. Boussingault a
employée pour déterminer cet alcali dans les eaux.
» Le tableau suivant indique les résultats obtenus.
Quantité
Klat Pression Volume d'ammoniaque
de Tempe- baro- d'air parmèlreculied'air
Stations. Dates. l'atmosphère, rature, métrique. aspiré, à 0 et à O", 700.
/22aoûti873. Couvert.... 11" 728'""' 432o''' 1,20
Clermoat-Ferrand ' ''^ Pluie légère . 22 ,28 ,730 ,,06
J 25 Soleil 27 725 5ioo 0,93
'26 Soleil 26 728 6600 i,4o
Sommet du Puy-de-Dôme. 27 Soleil 21 638 3Gi8 3,i8
Clermont-Ferrand 28 Soleil 22 728 4334 1,12
( (Brouillards..) r- r o
Sommet du pic de Sancy . V^ " ' | Nuages | ^ ^'8 ao63 5.55
( 6 octobre... Soleil 11, 5 608 2400 5,27
Brouillard . . )
> II n 20 i"3G '' 43
Pluie légère. \ ' ' "'^
Clermont-Ferrand. ......{ ( Beau, un peu )
'9 . 'o 727 2837 1,33
( couvert. . . . ) ' ' '
i4 Brouillard.. 11 72G 3172 2,79
» On voit que, tandis que la proportion d'ammoniaque était, à Clermout-
( ''G. )
Ferrand, le 28 août, de i™^^ 12, elle était, la veille, de 3"'^, 18 au sommet
du Piiy-de-Dôme, et, le lendemain, de 5'"e,55 au sommet du pic de Saucy.
» Comme à celte dernière station le sommet du pic était couvert de
brouillard ou plutôt de nuages pendant l'expérience, on pouvait attri-
buer à leur influence le chiffre élevé trouvé pour l'ammoniaque atmosphé-
rique; une nouvelle ascension fut alors résolue, pour un moment où l'on
pourrait espérer le beau temps : elle eut lieu le 6 octobre. Le ciel était
pur et le soleil brillait; aussi la température était-elle de 1 1°,5. Des nuages
se sont bien formés vers midi, mais ils n'atteignaient pas le sommet, et,
divisés par la montagne, ils passaient de chaque côté du pic. Un seul,
formé de vapeur assez rare et ne mouillant pas les vêtements, a enveloppé
la cime pendant dix minutes; l'aspirateur n'a pas fonctionné pendant ce
temps.
» La proportion d'ammoniaque, B"'^,^'], n'a pas été trouvée sensible-
ment différente, et il faut conclure de ces expériences que, dans la ré-
gion des nuages, l'air atmosphérique contient plus d'ammoniaque qu'à une
petite distance du sol. Ce résultat est assez important pour que je me pro-
pose de le vérifier dans d'autres saisons.
M Quant aux proportions trouvées à Clermont, sur une terrasse, à
ao mètres environ du sol, elles oscillent entre o"*''^g3 et 2"s,79 par mètre
cube; la moyenne est de i^^^Gô. On reconnaît, à l'inspection du tableau
ci-dessus, que, pendant une pluie légère, et surtout pendant le brouillard,
la quantité devient plus forte. On sait, du reste, par les analyses de M. Bous-
singault, que le brouillard contient des quantités souvent considérables
d'ammoniaque, ce qui justifie ce dicton populaire: Les brouillards qui
duretil engraissent la terre.
» Enfin, pour ne comparer ces résultats qu'à ceux de M. Is. Pierre, on
voit qu'ils tiennent le milieu entre les chiffres trouvés à Caen par ce sa-
vant chimiste et agronome.
)) En résumé, il résulte de mes premières recherches que, si la propor-
tion d'acide carbonique diminue à mesure qu'on s'élève dans l'atmo-
sphère, de manière à être successivement de o™s,632, o"'s,4o5, o"*», 342
par litre aux trois stations adoptées, Clermont-Ferrand (SgS mètres), som-
met du Puy-de-Dôme (i446 mètres), et sommet du pic de Sancy (1884 mè-
tres), la quantité d'ammoniaque va au contraire en augmentant et se
trouve être respectivement i™^, 12, 3™^, 18 et S™^, 55 par mètre cube. »
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N» 20.) ' ^^
( ll62 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Remarques relatives aux observations présentées par
MM. E. Pelouze et P. Audouin, sur la condensation des matières liquéfiables
tenues en suspension dans les gaz. Note de RLD. Collado\.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« MM. Pelouze et Audouin, dans leur Communication du 27 octobre
(p. 928 de ce volume), font observer que, dans mon brevet français, expiré
aujourd'hui, j'ai intitulé mon appareil : « Laveur mécanique, » et ils ajou-
tent : « Rien n'indique que M. Colladon ait entrevu la possibilité de con-
» denser les matières liquéfiables tenues en suspension dans le gaz, sans
)) l'intervention de liquides ou de surfaces refroidissantes, etc. »
» Pour démontrer que je ne considérais pas l'intervention de l'eau
comme indispensable dans mon nouveau système d'épuration, je reproduis
ici l'Introduction de la Notice que j'ai publiée, en i858, dans le Journal
polytechjiique de Zurich :
« Lorsque les gaz rencontrent des corps solides, il se produit parfois des phénomènes
très-remarquables; il se forme des dépôts de substances qui, ou bien sont effectivement
dissoutes dans le gaz, ou bien s'y trouvent suspendues en particules très-fines. Le givre qui
se dépose en hiver sur les arbres en est un exemple très-connu. Lorsr/u'on épure le gaz
d'éclairage, la naphtaline et le goudron s'en séparent dans des circonstances tout à fait
originales. En général, les aspérités et les rétrécissements des tuyaux de conduite forcent le
gaz à déposer une partie des substances en suspension ; mais, dans d'autres cas, les mêmes
inégalités et les mêmes aspérités dans les conduites provoquent le mélange du gaz avec les
substances en suspension. En un mot, c'est la même cause qui produit dans un des cas une
séparation, dans l'autre un mélange.
» Dans tout ce paragraphe, il n'est nullement question, comme on le
voit, de surfaces mouillées. »
AÉROSTATION. — Sur l'emploi des pigeons voyageurs dans la navigation
aérienne. Mémoire de M. W. de Fo.wielle. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
« L'auteur exprime le désir de compléter sa précédente Communication,
parce qu'il a appris que quelques personnes attribuent aux aéronaules du
Dcnlj Grapltic l'honneur d'avoir imaginé ces expériences. Or des pigeons
ont été lancés par Biot et Gay-Lussac, dans leur ascension du 9 fructidor,
an XII, dont le récit détaillé a été inséré au Moniteur Universel quelques
jours après.
{ iiG3 )
' Il résulte du récit fait par ces deux illustres Membres de l'Académie
des Sciences que les pigeons ne peuvent revenir à leur pigeonnier si
l'on ne prend la précaution de rapprocher l'aérostat de terre au moment
de leur rendre la liberté; autrement l'air trop rare ne peut servir au vol,
et ils tombent avec une vitesse accélérée.
» Comme l'auteur a appris que des expériences sur les pigeons voya-
geurs lancés d'un ballon vont être tentées, il croit devoir faire remarquer
quelesaéronautes américains n'ont réussi que parce qu'ils ont tenu compte,
sans s'en douter, de cette circonstance, puisqu'ils se sont tenus très-près
de terre pendant toute la durée de leur ascension.
» L'auteur croit cependant que l'on pourrait lâcher utilement des
pigeons bien dressés à une hauteur quelconque, mais à condition de les
placer sur un perchoir soutenu par un parachute. Tout porte, en eflèt, à
penser que ces intelligents oiseaux prendraient l'habitude de cette ma-
nœuvre, et qu'ils ne lâcheraient prise que lorsqu'ils seraient parvenus
dans un air suffisamment dense pour que le battement de leurs ailes pût
leur permettre de lutter contre la gravitation. Un pigeon que M. Glaisher
avait lancé, dans son ascension du 5 septembre 1862, à une altitude de
6437 mètres, mais à un moment où le ballon descendait rapidement, eut
l'idée de se percher sur le ballon, dont il se servit comme de parachute.
Prenant son vol quand il jugea l'air valable^ il put regagner son pigeonnier.
» Pendant le siège de Paris, M. Deroard, une des personnes qui furent
le plus justement récompensées pour l'organisation du service des pigeons
voyageurs, imagina de faire^servir des ballons-postes au dressage des jeunes
pigeons. M. Rampont, directeur général des postes, fit procéder à une
expérience, le 7 octobre 1870, à l'aide des ballons V Armand-Barbes et le
Georges-Sand. JMalheureusement les aéronautes ne lâchèrent point leurs
pigeons pendant la durée du voyage, alors que la distance était assez faible
pour qu'ils pussent revenir une première fois. L'expérience fut considérée
comme manquée, et elle ne fut plus recommencée.
)) Il ne serait pas sans intérêt, pour éclairer la théorie de l'instinct d'orien-
tation, de voir si des pigeons reviendraient à leur pigeonnier, dans le cas
où ce pigeonnier ne serait autre que la nacelle d'un aérostat flottant dans
l'air, à faible distance, pour qu'ils pussent l'apercevoir nettement.
» Aucune tentative n'a été faite par les journaux anglais pour organiser
un service de pigeons voyageurs, parce que la législation télégraphique du
Royaume-Uni pei met aux entrepreneurs de publicité de prendre un câble
électrique en location.
i5o..
(n64)
» Un service comme celui du National, pour ses dernières dépêches de
Versailles, coûte 3o francs par jour. Le journal dispose de dix pigeons
voyageurs qui peuvent porter cinq dépêches en double expédition. Le
temps du voyage dure de quinze à vingt minutes, suivant l'état de l'atmo-
sphère et la direction du vent. Quand il y a des brumes, l'oiseau, obligé de
chercher sa route, reste plus longtemps dans l'air. Les pigeons bien
dressés peuvent revenir de nuit par lui beau clair de lune, mais lentement.
Le retour de Versailles semble la limite du trajet qu'ils peuvent exécuter. »
ENTOMOLOGIE. — Remarques au sujet d'une Note de M. Derbès sur les Pem-
phigus du Pistacia Terebinlhus, comparés au Phylloxéra quercûs. Note
de M. Balbiani, présentée par M. Milne Edwards.
(Pienvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans sa dernière séance, l'Académie a reçu de M. Derbès une Note
dans laquelle il rappelle ses anciennes observations sur les Pemphiijus du
Pistachier Térébinthe, et signale de nombreux traits de ressemblance entre
la reproduction de cet Aphidien et celle du Phylloxéra du chêne, dont j'ai
fait l'objet d'une Communication récente à l'Académie [Comptes rendm
des i3 et ao octobre). M. Derbès me reproche d'avoir omis de citer ses
propres observations en cherchant, dans les annales de la science, des faits
analogues à ceux offerts dans sa reproduction |)ar le parasite du chêne.
» Je reconnais la justesse de la réclamation du savant professeur de Mar-
seille, mais pour une partie seulement. En ce qui concerne d'abord les petits
individus aptères, mâles et femelles, à trompe rudimentaire, dont il signale
l'apparition, à une certaine époque de l'année, dans le cycle d'évolution
des Pempidgus, il est évident qu'ils présentent une ressemblance frappante
avec les individus sexués, dépourvus de suçoir et d'intestin, qui, chez le
Phylloxéra quercûs, s'accouplent à l'état de larves et donnent naissance
aux femelles qui se multiplient ensuite, pendant un grand nombre de géné-
rations, par la voie de la parthénogenèse. Si je n'ai pas mentionné cette
intéressante observation de M. Derbès, je le prie de croire que c'est par un
oubli bien involontaire de ma part, et que je regrette; mais, puisqu'il a
soulevé cette discussion historique, je suis obligé de lui répondre que son
travail, publié en 1871 dans les ^nna/es des Sciences naturelles, coitùenl une
lacune complètement semblable à celle qu'il relève dans le mien. Il est vrai
que l'observation qu'il a omis de citer est ancienne et peu connue. Quoi
qu'il en soit, je retrouve dans mes notes l'indication que l'entomologiste
( ii65 )
von lleyden avait, dès i838, constaté déjà, chez les Aphidiens, l'existence
de petits individus sexnés dépourvus d'ailes et de suçoir (i).
» Mes recherches sur le Phylloxéra confirment donc, d'une part, les
observations de mes deux prédécesseurs et démontrent, d'autre part,
l'existence d'individus reproducteurs tout pareils chez des espèces diffé-
rentes des véritables Pucerons. Enfin je rappellerai que, dans une famille
voisine des espèces précédentes, celle des Coccides ou Cochenilles, l'exis-
tence de mâles dépourvus de trompe, à l'état d'insecte j)arfait, est pour
ainsi dire une règle sans exception, tandis que les femelles sont toujours
douées de cet appendice.
» Un autre trait d'analogie entre le Phylloxéra du chêne et les Pemplii-
qiis du térébintho est la dissemblance des individus qui s'engendrent les
uns les autres, soit sans accouplement préalable, soit avec le concours des
deux sexes. C'est à tort que M. Derbès prétend cpie je n'ai signalé entre
les générations successives, chez le PhjUoxera querxûs, aucune différence,
sinon que les luies sont munies et les autres dénuées d'ailes. En parlant
des individus composant la génération sexuée, j'ai indiqué, d'une manière
générale, mais très-explicite, leurs dissemblances avec les femelles parlhé-
(i) Je demande la permission de transcrire ici retle Note, en raison de l'intérêt d'actualité
que présentent les faits dont il y est question.
Au commencement d'octobre 1837, von Heydcn trouva, sous récorced'un cliène, une
colonie du Lnchnus qiiercûs, composée de vingt grosses femelles, longues de n- lignes, et
de nombreux individus tout semblables aux précédents, mais beaucoup plus petits (i 4 ligne).
L'une des grosses femelles mit bas, sous les yeux de von lleyden, un petit individu mâle;
chacune des autres femelles portait sur son dos un mâle tout pareil, et il y avait déjà vingt-
quatre œufs de pondus; ces œufs étaient longs de i| de ligne, tandis que les màUs n'at-
teignaient que I de ligne.
En novembre i838, le même observateur vit une deuxième colonie de la même espèce
sous l'écorce d'un cliàlaignier. Les femelles étaient toutes accouplées et portèrent les mâles
sur leur dos pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que ceux-ci fussent morts d'épuise-
ment. Les femelles pondaient pendant l'accouplement, qui cessait de temjis en temps. Von
Heyden conclut de cette observation que le même Puceron, après s'être d'abord reproduit
queliiue temps à l'état d'individu aganie, en mettant au monde des jietils vivants, fonctionne
ensuite comme femelle, à l'approche de l'hiver, et pond des œufs préalablement fécondés.
Les mâles qui opèrent cette fécondation sont les derniers imlividus produits par viviparité
et ils s'accouplent avec leurs mères. Le mâle ne s'accroît plus après la naissance et ne subit
aucune mue; en outre, il est dénué de (rompe et, par conséquent, incapable de se nourrir
{^Stettiner cntomol. Zeitting, t. XVIII, p. 83; iSS^),
On trouve aussi, dans Kaltenbach, d'intéressants détails sur les mâles du Laclmus qucrcûs
et leur accouplement [Monograp}d(^ der Familien dcr PJlanzcnlause; i843).
( iiG6 )
no£;cn<'siqnos et j'ai particulièrement insisté sur l'atropliic de l'appareil
digestif, qui constitue le trait le plus saillant de leur organisation. Si j'ai
omis de parler des autres caractères différentiels, M. Derbès comprendra
que les limites qui m'étaient imposées dans les Comptes rendus ne me per-
mettaient guère de m'étendre sur ce point de mes observations, ainsi que
sur beaucoup d'autres, et que ces détails devaient être réservés pour une
publication plus développée. J'avais encore plus de raisons pour ne pas
m'arrêter sur les différences que présentent entre elles les femelles aptères
et les femelles ailées, outre celle constituée par la présence ou l'absence
d'ailes, attendu qu'elles ont déjà été signalées par la plupart de mes pré-
décesseurs, non-seulement chez le Phylloxéra du chêne, mais aussi chez
celui de la vigne.
» De mon côté, je ferai à M. Derbès le reproche précisément inverse de
celui qu'il m'adresse dans sa Note, c'est-à-dire d'avoir trop multiplié le
nombre des formes dissemblables qu'il fait dériver les unes des autres chez
une même espèce de Pempltigus. Eu effet, M. Derbès indique jusqu'à cinq
sortes d'individus doués de caractères spécifiques différents et représen-
tant autant de générations distinctes dans chaque espèce ; mais comme les
caractéristiques qu'il donne de ces diverses générations ont été prises tan-
tôt chez les individus très-jeunes, tantôt chez les insectes parfaitement dé-
veloppés, il est évident qu'elles sont loin d'avoir toutes une valeur mor-
phologique égale. C'est ainsi qu'en décrivant les individus formant la
progéniture des Pempliigiis ailés, et qu'il appelle de troisième génération,
individus qu'il n'a pu observer qu'à l'état tout à fait jeune, comme il en
convient lui-même, M. Derbès leur attribue, entre autres caractères, d'être
dépourvus d'ailes et d'avoir des antennes composées de quatre ou cinq ar-
ticles seulement, tandis que chez l'insecle parfait, on en compte six chez tous
les Pemphigiis (i). Or ce sont ces mêmes individus qui, suivant M. Derbès,
sont déposés par leurs mères dans un lieu qu'il n'a pu découvrir, et où ils
passent l'hiver pour revenir au printemps suivant, avec des ailes, et mettre
alors bas les petits vivants qui constituent la génération sexuée des Pcin-
pliigus. Sous leur forme dernière et parfaite, ces individus présentent-ils ou
non des caractères identiques avec ceux des femelles dont ils sont issus et
(i) CIicz un grand nombre d'antres Pucerons, tels que ceux des genres Jpliis cX. Siphnno-
phorn, Kocli, on observe également chez les jeunes individus venant de naître deux et
même quelquefois trois articles de moins aux .intennes que cliez l'insecte con)plélement déve-
loppé.
( iïG7 )
qui composent la deuxième génération développée dans l'intérieur des
£;alles? C'est ce que M. Derbès ne nous dit pas, et qu'il serait important de
connaître pour l'évaluation du nombre des formes dissemblables se succé-
dant dans une même espèce. Au cas très-probable où cette similitude exis-
terait, les deux générations ailées issues l'une de l'autre ne devraient donc
compter que pour une seule et même forme organique, et nous aurions
alors chez les Pemphigiis comme chez les Phylloxéras, quatre sortes seule-
ment d'individus dissemblables entre eux, au lieu de cinq que M. Derbès
admet chez les premiers (i).
» Un dernier point sur lequel je désire m'arrèler un instant dans celle
étude comparative des Phylloxéras et des Peinpliiijus, est celui qui concerne
leur mode de reproduction. Les Pcmpliigus, comme tous les véritables
Aphidiens, se propagent par des individus alternativement vivipares et ovi-
pares; les Phylloxéras, au contraire, se reproduisent exclusivement par
oeufs pondus à toutes les générations. Dans sa Note insérée aux Comptes
reudiis,M. Derbès ne paraît attacher qu'ime importance secondaire à cette
distinction, tandis que, comme l'a fait très-justement observer, selon moi,
M. Mihie Edwards, en donnant communication de cette Note à l'Académie,
elle doit être considérée comme un caractère différentiel de première va-
leur.
» En effet, c'est précisément par cette dissemblance dans le mode de
reproduction que les Phylloxéras s'éloignent le plus des Pempliigus et, par
conséquent, de tous les autres Pucerons, pour se rapprocher des Coccides
ou Cochenilles, qui sont également ovipares à foutes les générations; mais,
tandis que les naturalistes disculent encore sur la signification qu'il faut
attribuer aux phénomènes de propagation des Pucerons, dont les individus
vivipares sont considérés tantôt comme des nourrices, dans le sens attaché
à ce mot par Steenstrup, tantôt comme des femelles à reproduction virgi-
nale, la même incertitude ne peut exister pour les Phylloxéras, où toutes
les générations intermédiaires à celle qui se reproduit par accouplement se
multiplient par des éléments auxquels on ne saurait refuser les caractères
de véritables œufs, bien qu'ils ne soient pas fécondés par le mâle. Cette
différence avec le développement généagénésique ou par générations altér-
ai) Cliez les Phylloxéras, ces quatre sortes d'inilividus seraient les suivantes : i° les fe-
melles parthénogcnésiques ai)tères; 2" les femelles ijarlliénotjénésiques ailées; 3° les indi-
vidus sexués, et 4° le jeune Phylloxéra sorti de l'œuf fécondé produit par ces derniers et
qui recommence le cycle des générations.
( ti68 )
nantes a été signalée, pour la première fois, par le professeur Leuckart,
d'après des faits observés par lui-même chez V/iscaris nigrovenosa, Ver
nématoïde parasite de la Grenouille, faits auxquels il a rattaché ceux plus
anciennement connus chez les Chermès, insectes voisins des Phylloxéras,
dont le mode de multiplicalion a été étudié par de Geer, Kaltenbach et par
M. Leuckart également [Avchiv fur Anatomie und Physiologie; i865). Au
petit nombre d'espèces connues jusqu'ici comme présentant ces phéno-
mènes d'hétérogonie, pour employer le nom donné par M. Leuckart à ce
mode de reproduction, il faut donc ajouter deux espèces nouvelles, les
PhjUoxera quercûs et vaslatrix. »
VITICULTURE. — Elude des renflements produits sur les radicelles des vignes
par le Phylloxéra (suite). Note de M. Max. Cornu, délégué de l'Aca-
démie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« En suivant, jour par jour, les modifications d'une radicelle qui se
renfle sous l'action du Phylloxéra et de celles qui l'entourent, il n'est pas
rare de voir les radicelles voisines se modifier, à leur tour, sous l'action di-
recte du parasite. On constate avec une pleine évidence qu'une radicelle,
parfaitement saine et normale avant l'arrivée de l'insecte, prend des formes
de plus en plus anormales; on peut ainsi se rendre compte avec exactitude
de la série des formes successives revêtues par elle, du temps exigé pour
ses transformations, etc. Cela j)ermet aussi de constater une particularité
curieuse des mœurs de l'insecte et de l'instinct qui le dirige. On voit, en
effet, que la plupart des renflements des radicelles ne sont pas terminaux ;
ils portent le plus souvent à leur extrémité une portion cylindrique non
renflée, parfois très-longue. Comment se forment ces nodosités, en appa-
rence intercalaires? Pourquoi se sont-elles développées en un point et non
au-dessus ou au-dessous? Quelle cause a déterminé le Phylloxéra à se fixer
ici plutôt qu'ailleurs? Il était nécessaire de constater le début de ces nodo-
sités poiu' répondre à ces questions.
» Quand les radicelles sont en pleine vigueur de végétation, c'est-à-dire
au printemps, pendant l'été ou au début de l'automne, ou plus exacte-
ment quand elles s'allongent encore et qu'il s'en produit de nouvelles, le
jeune Phylloxéra se fixe toujours à l'extrémité de la radicelle en voie d'ac-
croissement; jamais je ne l'ai vu s'établir en son milieu; il choisit invaria-
blement la partie terminale. La radicelle, quand elle est en pleine crois-
( «'69 )
sance, se termine par un cône obtus d'un jaune vif; la partie exactement
terminale est un peu plus sombre; c'est la ])iloiliize, coiffe de la racine,
organe de protection, tissu sans cesse renouvelé d'un côté, et qui s'exfolie
et se désagrège de l'autre; ce sont les spongioles des anciens botanistes.
Immédiatement au-dessous se trouve le point végétatif, centre d'un actif
développement; c'est là que se cloisonnent les cellules qui, par leur allon-
gement ultérieur, produiront l'accroissement tout local de lu racine; c'est
là que se forment les organes divers qui serviront à la nutrition, là qu'afflue
un plasma toujours abondant, dense et riche en matières albuminoïdes.
» C'est justement à la hauteur du point végétatif, un peu au-dessous de
l'extrémité, et non sur la pilorhize, que se fixe le Phylloxéra. 11 a bien choisi
l'endroit qui lui est le plus favorable; le tissu y est tendre, gorgé d'élé-
ments nulriti/s, les cellules périphériques elles-mêmes en sont encore rem-
plies. L'insecte qui, après son éclosion, a dû, sans prendre de nourriture,
se mettre à la recherche d'un endroit qui pourra lui en offrir, arrive au
point végétatif avec une sûreté et une précision vraiment remarquables. Il
s'y établit et demeure immobile; le tissu se renfle rapidement autour de lui
et lui crée ainsi une sorte d'abri.
» Représentons-nous quelles sont les conséquences de cette particula-
rité des mœurs de l'insecte. Imaginons un cep qui, l'année précédente, a
perdu sous l'action des parasites toutes ses radicelles, qui, d'abord hyper-
trophiées, se sont décomposées à l'automne; si la plante, cherchant à réa-
gir contre ce funeste effet, émet sur les anciennes racines de nouveaux
organes d'absorption, les jeunes insectes, s'ils le peuvent, se porteront sur
ces jeunes radicelles et les feront périr successivement, connue leurs de-
vancières, et cela aura lieu d'autant plus rapidement que les jeunes Phyl-
loxéras pourront cu'culer dans le .sol avec plus de facilité. Ainsi la plante
non débarrassée de l'insecte ne peut, dans certaines conditions, conserver
de radicelles saines, c'est-à-dire d'organes d'absorption. J'avais déjà, l'an
dernier, énoncé ce résultat; les observations qui précèdent le précisent
davantage, en montrant que ce sont les jeunes PhjUoxems qui se portent
sur les radicelles, nouvelles.
» La conséquei.ce est que tout traitement qui ne détruira pas le para-
site, ou ne le mettra pas dans l'impossibilité de se porter sur les nouveaux
organes d'absorption, sera forcément peu efficace.
» Quand plusieurs insectes se fixent les uns à côté des autres et simul-
tanément, on les voit, à peu près à la même distance, non loin de l'extré
C. R., 1873, 2«Semcjlre. (T. LXXVII, N» iiO.) 'Si
( ï>7o )
mité, li Psl fréquent de rencontrer de nouveaux venus, qui viennent s'éta-
blir sur une radicelle déjà occupée par d'autres. Ces nouveaux venus
implantent leur suçoir plus près de l'extrémité que les anciens et ceci est
une confirmation de la tendance manifestée par les premiers ; car, ceux-ci
restant stationnaires, tandis que la racine s'accroît par sa partie terminale,
ils semblent avoir rétrogradé et se trouvent loin du point végétatif Les pa-
rasites nouveaux sont tantôt très-éloignés des premiers, quand plusieurs
jours ou plusieurs semaines se sont écoulés entre les deux arrivées; tantôt,
au contraire, ils ne sont séparés des autres que par une distance très-faible,
celle qui correspond à l'élongation de la racine pendant un intervalle beau-
coup plus restreint. Plusieiu's exem|)les peuvent en être constatés dans les
jilanches qui accompagnent cette Note et les précédentes.
» Quand il y a plusieurs radicelles, ils choisissent la plus vigoureuse ou
la plus jeune, ce qui revient au même, car les radicelles de la vigne sont
destinées à n'acquérir souvent qu'une longueur assez faible (lo, 20, 3o cen-
timètres), après quoi elles deviennent stationnaires. Quand elles s'ap-
prochent de la limite dejeur croissance, le point végétatif, qui va devenir
bientôt inactif, offre probablement au parasite un plasma moins abon-
dant, moins riche, une nourriture moins succulente. Quand ces racines
ont atteint leur longueur définitive, jamais l'insecte ne se fixe sur elles. Je
pourrais citer, comme exemple, des radicelles presque adultes à la fin du
mois d'août, d'autres adultes vers la fin de septembre ou le milieu d'oc-
tobre, qui sont restées jusqu'à ce jour délaissées par les Phylloxéras,
tandis que d'autres, plus jeunes qu'elles et situées dans leur voisinage, ont
été successivement occupées par ces insectes.
» Quand le Phylloxéra a choisi une position convenable, il enfonce son
suçoir dans la plante, puis paraît s'y appliquer très-étroitement. Ce n'est
]>as seulement une apparence, c'est une réalité; quand on l'examine à la
loupe, se déplaçant sur les radicelles, on aperçoit les objets environnants
par le faible espace situé entre l'abdomen de l'insecte et le substratiun sur
lequel il marche; quand il est fixé, il n'eu est plus ainsi; le tissu se
gonfle autour du jeune Phylloxéra; mais, avant que la radicelle se soit tu-
méfiée, on aperçoit l'insecte les pattes ramassées sous lui, les articulations
pliées, l'abdomen reposant presque sur le tissu qu'il occupe.
» Je n'ai parlé jusqu'ici que des Phylloxéras jeunes, et l'on doit res-
treindre leur marche vers les radicelles à la période pendant laquelle il
s'en produit en abondance de nouvelles. A l'automne, en effet, les rares
renflements des radicelles qui existent encore sont dégarnis d'insectes ;
( "7' )
ceux-ci se portent vers les racines plus grosses, car les raflicelles seront
bientôt le siège d'une modification toute particulière. Les radicelles, en
effet, exfolient la totalité de leur écorce et en produisent une nouvelle; à
cette exfoliation correspond un profond changement dans la structure
anatomique de la radicelle, qui prend alors la constitution d'une racine;
cela résulte d'observations nouvelles et de travaux français assez récents.
Il sera nécessaire de donner sur ce point des détails plus circonstanciés
quand la partie anatomique de ces recherches sera traitée spécialement.
Le suçoir de l'insecte ne pénètre pas jusqu'au delà de la limite des couches
qui seront exfoliées; il est naturel qu'il se mette de lui-même en garde
contre cette éventualité par une retraite prudente et prématurée.
» Il n'a encore été question que des jeunes; dans mes séries d'observa-
tions, je n'ai jamais vu que des jeunes se portant à l'extrémité des radi-
celles; quant aux individus adultes ou presque adultes qui parfois aban-
donnent les renflements qu'ils occupaient, je ne les ai jamais remarqués
s'établissant sur des parties complètement saines, mais plusieurs fois je les
ai rencontrés sur des renflements présentant encore des insectes ou déjà
abandonnés par eux. Ceci peut nous prouver plusieurs choses : d'abord
qu'une nodosité est quittée pour une cause ou inie autre, mais que ce
n'est pas parce que cette nodosité est devenue impropre à nourrir le
Phylloxéra, puisqu'un autre peut s'y établir ou continuer à y vivre sans
s'en éloigner. Ceci nous prouve encore que la noiuriture qui convient aux
jeunes, et qui est recherchée par eux avec tant de soin, n'est plus recherchée
par les individus adultes, quoique les tissus soient beaucoup plus tendres et
plus chargés de matières nutritives. Je n'oserais affirmer que dans aucun cas
ces derniers ne s'établissent sur les radicelles saines, mais ce qui me paraît
curieux à signaler c'est que, dans mes cultures, lorsqu'ils auraient pu les
choisir, ces insectes les ont délaissées poiu" des renflements déjà formés.
» C'est peul-étre en vue d'éviter un changement brusque dans leur ali-
mentalion, plutôt c{u'à toute autre cause, qu'il f;iul attribuer cette particu-
larité; plusieurs faits me le font supposer.
» Une fois que le Phylloxeras'est établi à la surface d'une radicelle, que
devient-il ? Comment se comporfe-t-il? Change-t-il souvent de place, par
exemple, pour aller vers une autre place non épuisée?... L'observation
journalière des mêmes radicelles pouvait seule résoudre cette difficulté.
» L'insecte demeure immobile, sans changer de place, toutes choses
restant dans le même état; il n'abandonne le lieu qu'il a choisi que lors-
qu'il en est chassé par quelque accident, quand la racine est brisée, qu'elle
i5i..
( "7^ )
se dessèche, pourrit, etc.. Il y a aussi des époques où le Phylloxéra est
repris d'une certaine activité, c'est à la suite de ses mues : tantôt il se con-
tente de dépouiller son ancienne peau pour se fixer de nouveau à côté de
son ancienne position; tantôt, au contraire, il s'éloigne laissant la mue
qu'il vient de quitter comme témoin de son séjour en ce lieu. Il arrache
son suçoir qui, fixé dans l'écorce, le gênerait probablement dans les mou-
vements nécessités par le dépouillement de son enveloppe ; il quitte cette
enveloppe et s'éloigne, Toutes les fois qu'un individu partait dans ces con-
ditions, je tâchais de le retrouver et j'y ai plusieurs fois réussi, quand il
n'avait pas été entraîné par l'eau des arrosages.
)) Pourquoi l'insecte s'éloigne-t-il de l'endroit qii'd avait primitivement
choisi et sur lequel d'autres peuvent cependant demeurer longtemps après
son départ? Je l'ignore. Quoique ce départ se produise après toutes les
mues, il paraît plus fréquent après la troisième, celle qui précède la
ponte. Ces individus n'étaient pas toujours retrouvés, ce qui donne à pen-
ser qu'ils se rendaient clans les profondeurs du sol sur des racines plus
grosses; les œufs, en effet, sont relativement rares sur les renflements.
» Ces allées et ces venues compliquent l'étude du développement de l'in-
secte; on voit combien de lacunes peuvent se produire; il faut en outre se
défier de prendre une fausse piste et de confondre un insecte avec un
autre qui l'a remplacé sur un renflement.
» Tandis que beaucoup d'entre eux parcourent les différentes phases de
leur existence à des endroits divers, d'autres demeurent sans s'éloigner et
pondent au point même où ils se sont fixés.
» Il arrive le plus souvent que ce point, qui était terminal au début, se
trouve ultérieurement situé à une distance assez grande de l'extrémité ; l'ac-
croissement du point végétatif n'a pas été arrêté (comme cela résulte des
Notes précédentes) par la présence du Phylloxéra. Dans certains cas, au
contraire, le renflement reste gros et court en forme de virgule ou de cro-
chet très-dilaté, à extrémité obtuse, et ne s'accroît pas.'
» Quelle est l'origine de celte différence? Les radicelles de la vigne ne
sont pas toutes destinées à s'allonger indéfiniment; quand le point végé-
tatif a été piqué par un insecte, il devient le lieu d'un développement con-
sidérable. N'est-il pas raisonnable de supposer qu'après avoir suffi à ce
développement, épuisé par lui, il ne trouve plus de force pour s'accroître
davantage? Il s'arrête, comme il se serait arrêté normalement après avoir
prodtùt une certaine élongation, assez faible du reste, de la radicelle.
» On pourrait supposer que le point végétatif a été frappé de stérilité
( ■:73 )
par le fait de la présence du Phylloxéra. Beaucoup de personnes ont sup-
posé que l'insecte verse dans la radicelle un liquide irritant dont l'effet
produirait la modification de la radicelle en renflements de diverses formes.
Ce liquide pourrait-il, après l'avoir déterminé, arrêter ce développement?
Comment admettre, aucun nouveau Phylloxéra ne venant se joindre
aux anciens, et ces derniers restant à la même place, ainsi que j'ai pu le
constater, comment admettre, dis-je, que dans ce cas spécial l'effet de-
vienne à un instant justement inverse de celui qui a été déterminé d'abord
sur le point végétatif par des insectes versant toujours ce même liquide au
même endroit:' Comment concilier cette hypothèse avec le fait bien net et
facile à vérifier que, toutes choses égales d'ailleurs, plus il y a de Phyl-
loxéras sur une radicelle et plus le renflement est considérable ?
» L'autre explication de l'arrêt du développement de la nodosité paraît
bien plus rationnelle. Je reviendrai plus tard sur celte hypothèse du liquide
irritant considéré comme cause des renflements radicellaires.
» Pour pouvoir examiner les racines et en suivre jour par jour les mo-
difications, j'ai dû adopter une méthode d'observation qu'il n'est pas sans
intérêt de rapporter ici ; j'ai choisi, après plusieurs essais, la plus commode,
qui est on même temps la plus simple. Je me suis servi de boutures main-
tenues dans des vases à fleurs d'origines diverses, mais principalement du
chasselas de treilles situées à Paris, noiamment l'une dans les jardins de
l'Ecole Normale supérieure; j'ai eu à ma disposition des plants préparés
par un horticidteur de Charonne, renommé pour la culture intelligente de
ses vignes et la qualité de ses raisins (i). Je n'ai pas besoin de dire qu'elles
étaient parfaitement saines; une partie seulement fut livrée au Phylloxéra,
une autre partie fut maintenue saine dans les mêmes conditions que les
premières.
» Pour les étudier, j'emploie ime planche munie d'une longue échan-
crure, dans laquelle j'engage la tige du plant en expérience, puis je re-
tourne l'ensemble et je découvre les racines, en enlevant le pot; la terre se
maintient par cohésion sans se désagréger; la tige et les feuilles sont à la
partie inférieure. Je pose les bords de la planche sur deux tables voisines
et de même hauteur, de façon à la maintenir horizontale. Les racines,
mises à découvert, sont protégées contre la sécheresse par du papier buvard
( I ) Je dois mentionner spécialement les diverses vignes que M. Durieu de Maisonneuve, de
Bordeaux, a eu l'obligeance de préparer pour celte étude; des cépages du pays, des boutures
de vignes américaines, des semis de Fitis œitivalis et inontkola.
( i'7^< )
mouillé, moins lourd que du linge, quelque fin qu'il soit, et qu'on peut
facilement déchirer au point qu'on veut examiner. De temps en temps, la
partie qui demeure à l'air est humectée à l'aide d'un jet du pulvérisateur
de Richardson.
» Grâce à ces précautions, certaines racines, choisies dans de bonnes
conditions, fournissent d'excellents sujets d'étude et peuvent se conserver
sans altération pendant une assez longue série de semaines. Comme preuve
de ce que j'avance, je joins à cette Note une planche représentant l'état
actuel des racines observées, depuis le 29 du mois d'août; c'est la dernière
de celles qui sont relatives à l'une des séries d'observations suivies. Ces
racines furent examinées de deux en deux jours, jusqu'au 4 octobre ; elles
le furent ensuite à de plus longs intervalles et non d'une manière suivie.
On peut, en comparant l'état actuel à l'état initial, spécialement représenté
au début de la série, constater qu'elles n'ont pas souffert de ces manipula-
tions répétées ; que les radicelles saines ont pris une teinte de plus en plus
foncée, mais sans se froisser, s'altérer, se dessécher, comme on aurait pu
le craindre. Cette méthode, malgré les dangers que courent les racines,
peut donc, si elle est employée avec beaucoup de précautions, fournir d'ex-
cellents résultats.
» Pour étudier les renflements et les examiner, je me servais d'une
loupe à main ou d'un pied spécial (construit par M. Verick, sur les indi-
cations de MM. Rûnkel et Balbiani), pied sur lequel je fixais, à volonté, un
doublet, un objectif ou même le tube du microscope. Un miroir concave
servait à concentrer la lumière sur le point observé.
» Il faut ajouter à tout ce qui vient d'être dit que certaines dispositions
des racines ou des renflements compliquent ou facilitent le travail, et qu'il
y a un choix préalable à faire avant de se lancer dans une longue suite
d'observations.
» J'ai pu, par les moyens indiqués plus haut, étudier le développement
des renflements, examiner et reconnaître les diverses particularités pro-
duites expérimentalement par des insectes déposés dans ce but sur des
plantes saines. Les résultats obtenus avec le chasselas sont identiques à
ceux que j'ai observés sur des cépages divers de la Gironde, de la Cha-
rente et de l'Hérault [inalbec, cabernet, vidwe, folle blanche ou noire, balzac,
aramon, caricjnane, tewet, alicante, etc.), dérivés du Fitis vinifera. Les ren-
flements des vignes américaines paraissent ne pas différer des précédents.
J'en ai suivi le développement sur un semis de Fitis œstivalis; la marche
m'a paru être la même que dans les autres cas.
( "75 )
» En résiimé, on peut dire que, quel que soit le genre de vigne sur
lequel ou opère, si l'on dépose des Phylloxéras plus ou moins nombreux
sur les racines saines, on y fera naître des renflements semblables dans
tous ces cas si divers. Ils ont lui développement analogue et sont le résultat
de la piqûre de l'insecte.
M J'ai pu constater ces renflements, sans en faire d'ailleurs une élude
approfondie, sur le Filis œstivalis, labrusca, cordifolia, riparia, condicans,
Lincecumii, soit dans mes cultures, soit chez M. Laliman.
» Je n'ai pu faire développer de nodosités sur les racines d'un Cissus
{Ampélopsis) liirsuta que j'avais apporté de Paris dans ce but. J'ai examiné
chez M. Laliman les racines d'un Cissus qttinquefolia, situé dans le voisinage
immédiat de plans divers très-souffrants, presque morts, par l'action du
Phylloxéra, ou couverts de renflements : aucun indice de la présence de
l'insecte ne put y être constaté. M. Laliman a, sans succès, tenté de grefter
une vigne sur ce Cissus. Je compte faire des essais nouveaux et des expé-
riences réitérées dans ce sens à la saison prochaine. »
VITICULTURE. — Observations relatives aux rësullats obtenus par les éludes
scientifiques, concernant le Phylloxéra. Extrait d'une Lettre de M. L. Falcon
à M. le Président de l'Académie.
« Permettez à un modeste praticien de présenter ses félicitations au
jeune et savant délégué de l'Académie qui, par sa rare persévérance et ses
remarquables travaux, apporte tous les jours un nouveau rayon de lumière
dans l'importante question du Phylloxéra des vignes.
)) Dans ses récentes Notes, M. Max. Cornu a attaqué de front et mis en
plein jour deux points très-importants de cette question, autour desquels
les théories de quelques personnes menaçaient d'entretenir une obscurité
très-regrettable. Après la lecture des Communications qu'd vient de faire
à l'Académie, le doute n'est plus possible au sujet de la cause directe de
la maladie des vignes et de l'impuissance des engrais el des moyens culluraux
employés comme procédés de guérisun.
» Les consciencieuses études de M. Cornu reposent sur des bases telle-
ment solides, que tout esprit éclairé et non prévenu devra désormais en
admettre les conclusions irréfutables.
)) Certains faits avaient depuis longtemps fait pressentir les résultats aux-
quels votre infatigable délégué est arrivé; mais ces faits, mal définis, avan-
cés par les uns, contestés par les autres, et flottant dans une incertitude
(II76)
continuelle, n'avaient pas encore été pris en sérieuse et universelle consi-
dération; ils avaient besoin de la consécration de la science.
» Parmi ces faits, il y en a cependant quelques-uns d'une telle valeiir,
qu'il est difficile de comprendre qu'on les ait laissé tomber dans l'oubli.
Je n'en citerai qu'un seul : dès les premiers ravages du Phylloxéra, les
bonnes cultures et les engrais furent emplovés pour combattre le terrible
fléau. Personne ne contestera que ces essais n'aient été tentés par un
grand nombre d'expérimentateurs, et qu'après avoir donné des apparences
de réussite ils n'aient fini par échouer tous. Si le moindre doute existait
à ce sujet, on n'aurait qu'à consulter les Annales de toutes les Sociétés
d'agriculture des pays où le Phylloxéra fit ses premières apparitions. Aux
années 1868 et 1869, plusieurs rapports et mémoires, signés des noms de
nos plus éminents agronomes, relatent de nombreux cas de vignes qu'on
avait crues sauvées par l'application de bonnes cultures et de bonnes fu-
mures^ et qui ne tardèrent pas à mourir. On trouverait dans tous ces
écrits la confirmation la plus éclatante d'une des conclusions que M. Max.
Cornu a tirées de ses études et qu'il a formulée en ces termes :
« Les moyens culturaux, les engrais employés ^e«/^, ainsi que je l'ai déjà dit, ne peuvent
pas, et pour des taisons parfaitement sûres, fournir le remède propre à combattre avec
succès la maladie des vignes. On voit encore malheureusement beaucoup trop d'habiles cul-
tivateurs, égarés par des opinions sans base, se lancer dans des essais coûteux, dont l'insuccès
définitif peut être prédit.
» Je suis heureux d'être un des premiers à exprimera M. Max. Cornu
ma part de la reconnaissance que tous les propriétaires de vignes lui doi-
vent pour ses travaux, que je puis qualifier d'admirables, appréciant mieux
que personne la persévérance, la pénétration et le grand savoir qui ont
été nécessaires potir les accomplir. »
M. L. Petit adresse une nouvelle Note concernant les résultats fournis
par l'emploi, contre le Phylloxéra, des goudrons provenant de la distilla-
tion de la houille.
« Le 25 juin dernier, dit l'auteur, j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Aca-
démie une Note sur les moyens employés pour la destruction du Phyl-
loxéra avec les produits obtenus, dans les usines à gaz, par la distillation
de la houille, et, en particulier, le goudron, l'eau ammoniacale, la chaux
provenant des épurations.
» Depuis cette époque, j'ai continué mes expériences, en employant, soit
( "77 )
lo goudron seul, soit In goudron avec l'eau ammoniacale, soit ces deux
substances avec la chaux des épurateurs, tamisée légèrement entre deux
terres. Toutes ces applications ont réussi, et les souches ont été complète-
ment purgées de pucerons : i° au bout de trois mois, avec le goudron
seul; 2° au bout de quarante-cinq jours, après les arrosages avec l'eau
ammoniacale contenant une certaine quantité de goudron; 3" en un mois,
en employant les trois substances dans l'ordre indiqué.
» Mais comme il convenait de simplifier la méthode, la plus grande
partie des souches a été traitée avec du goudron seul. Je suis arrivé aujour-
d'hui à ce résultat, que le goudron 5ei//peut conserver la souche, la purger
et lui faire produire sa récoite habituelle. »
L'auteur entre ensuite dans le détail des précautions à prendre pour
employer le goudron avec efficacité, et annonce qu'il est en mesure de
faire de nouveaux essais, l'an prochain, sur une quantité considérable de
vignes.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Beaume adresse, de Bourg, une Note relative à une expérience cou-
ronnée de succès, sur la destruction du Phylloxéra à l'aide d'arrosages
avec les eaux de condensation des usines à gaz.
M. ViGNiAL adresse une Note relative à la dégénérescence des vignes et
aux procédés qui permettraient de les régénérer.
M. F. MicHAUD adresse une Note concernant un procédé pour éviter les
effets désastreux des gelées tardives sur les vignes.
Ces diverses Communications sont renvoyées à la Commission du Pliyl-
loxera.
M. Pellarin adresse, par l'entremise de M. Ch. Robin, une réponse aux
observations présentées par M. //. Blanc (p. ioo5 de ce volume) sur les
déjections cholériques considérées comme agent de transmission du choléra.
L'auteur revient sur les assertions contenues dans sa Note du i5 sep-
tembre dernier (p. 634 ^^^ ce volume); il examine de nouveau les princi-
pales divergences qui existent entre ses opinions et celles de M. H. Blanc,
et cherche à établir la part qui doit revenir à chacun dans les questions de
priorité qui se rattachent à la détermination des agents de transmission du
choléra.
C. R., 1873, 2' Semestre. [T. L\XVII, N" 20.) I ^2
{ i'78 )
M. Di5cr,AT adresse un Mémoire intitulé n Nouveaux résultats tie l'appli-
cation de la nouvelle méthode de traitement du choléra; quelques explica-
tions sur l'emploi de cette méthode ».
L'auteur indique les résultats obtenus par la médication nouvelle fondée
sur la théorie des ferments pathologiques, à l'hôpital des cholériques de
Venise. Il entre ensuite dans quelques nouveaux détails .«ur les précautions
à prendre pour appliquer avec sécurité la médication phéniqnée.
Ces Communications seront soumises à l'examen de la Commission du
legs Bréant.
M. Resal est désigné pour remplacer feu Cli. Diipin dans la Commission
nommée pour juger le Concours du prix de Mécanique.
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Réponse à M. Faye concernant les taches solaires;
par M. Th. Reye.
« M. Faye (i) m'a fait l'honneur de discuter un des chapitres de mon
livre sur les cyclones, tornados et trombes. Je voudrais présenter à ce
sujet quelques remarques à l'Académie.
» M. Faye admet que « sans doute il existe des tourbillons ascendants »;
l'illustre savant ajoute que « tels sont aussi les petits tourbillons qu'on voit
)) si fréquemment courir sur nos chaussées et nos places pendant les jour-
» nées chaudes. » Or, dans les déserts et dans les landes, on voit des tour-
billons ascendants de tontes grandeurs, depuis les plus petits jusqu'aux
larg( s trombes qui soulèvent vers le ciel des colonnes de sable (2), et jus-
qu'aux orages de poussière (3) dont le diamètre dépasse quelquefois 80 kilo-
mètres. Tous les observateurs s'accordent à reconnaître que ces phéno-
mènes ne se distinguent que par leur extension, et qu'ils sont tous pro-
duits par les mêmes causes.
» La longue série des faits d'observation contenus dans la riche litté-
(i) Voir les Comptes rendus du 20 octobre 1873, t. LXXVII, p. 855-86i.
(2) Voir TiEiD, Jn Attemjit lo dci'elop the Uuv of Stornis, p. 4*^9 > London , l85o,
3' édition.
(3) Voir Baubeley, On the Dust-Stornis of India; ou l'Inlosophical Magazine, i85o,
vol. XXXVII, p. i55.
( «'79 )
rature des tourbillons démontre, en outre, que toutes 1rs Ironibes sont des
courants d'air verticaux, ordinairement ascendants, qui s'élèvent le plus
souvent quand l'air est chaud et tout à fait calme. Il en est de même des
effrayants tornades de l'Amérique du Nord qui, par leur extension et par
leurs terribles effets mécaniques, forment une sorte d'intermédiaires entre
les trombes et les cyclones. Si pourtant M. Faye assure que les petits tour-
billons de nos chaussées « n'ont rien de commun que le tournoiement «
avec les tornados et les cyclones, il ferait bien de désigner la limite où les
petits tourbillons finissent et où les trombes ou les cyclones commencent.
» En m'aijpuyant sur les nombreuses et belles observations de MM. Red-
field, Reid, Piddiugton, Thom, Meldrum, Buys-Ballot, Mohn , dont
M. Faye ne contestera pas l'aulorité, j'ai démontré que, dans les cyclones,
des masses énormes d'air s'élèvent des couches atmosphériques les plus
basses jusqu'aux nuages. Un des cyclones les mieux étudiés est sans doute
telui de Cuba (i) [4 à 7 octobre i844]. dont le diamètre dépassait
144^^ kilomètres. Or j'ai réussi à évaluer l'intensité du vaste courant as-
cendant de ce cyclone, et j'ai trouvé que la quantité d'air enlevée par lui
se montait au moins à 420 millions de mètres cubes ou 490 millions de
kilogrammes par seconde. La même quantité étant continuellement resti-
tuée au cyclone par les régions environnantes, le cylindre énorme formé
par l'ouragan se remplissait d'air nouveau en moins de cinq heures et
demie. Le travail mécanique consommé en une seconde pour communi-
quer à l'air affluent la vitesse d'un ouragan excédait 35 milliards de kilo-
grauimètres; mais, malgré tous les faits d'observation qui conduisent à de
tels résultats, M. Faye assure que, dans les tornados et dans les cyclones,
il y a un courant d'air, non pas ascendant, mais descendant.
» J'ai insisté sur un autre phénomène de premier ordre, qui accompagne
régulièrement nos cyclones terrestres; je veux parler de la couche épaisse
des nuages denses qui couvrent le cyclone et les régions environnantes et
qui versent sans cesse des torrents de pluie. M. Thom (2) a évalué la quan-
tité de pluie qui peut tomber dans un cyclone dans l'espace de vingt jours,
et, en s'appuyant sur des observations sûres faites à l'île Maurice, il trouve
que cette quantité suffirait pour couvrir toute la surface de la Grande-
(i) Voir les excellents travaux de Redfield dans Sillininn's american Jinimal 0/ Science
and Arts, 1" série, vol. I et II, 1846.
(2) Voir Thom, .la Imiuiry in to the nature and course of Stornis , p. ibj ;
London, i845.
l52..
( ii8o )
Brelagne d'une couche d'eau de 5 pieds et 4 pouces de hauteur. Ces tor-
rents de pluie naissent sans doute des vapeurs d'eau que le courant ascen-
dant entraîne des couches inférieures humides aux régions plus élevées
de l'atmosphère. Si M. Faye ne veut pas admettre ce fait, il pourrait rendre
nn grand service à la Météorologie en proposant une explication plus na-
turelle et plus simple.
» M. Faye appuie sa nouvelle théorie des taches solaires sur l'analogie
des trombes ou des cyclones terrestres; mais cette analogie n'existe pas(i).
On ne connaît aucune trombe bien étudiée qui se soit formée par l'action
de deux vents parallèles à vitesses différentes, et, dans aucun cyclone, on
n'a constaté de courants descendants compavah\es à ceux qui, selon M. Faye,
donnent naissance à la noirceur des taches solaires. M. Thom est, de tous
les météorologues qui ont traité spécialement des cyclones, le seul qui
explique l'origine des cyclones terrestres d'une manière analogue à la
théorie de M. Faye; mais son explication a été complètement réfutée, il y
a vingt ans, par M. Piddinglon (2).
» Dans mon livre, j'ai soutenu l'ancienne opinion de Galilée, que les
taches solaires sont des nuages suspendus dans l'atmosphère du Soleil.
J'ai ajouté que ces nuages, étant remplis de denses vapeurs métalliques,
doivent se trouver dans les régions inférieures de cette atmosphère et qu'ils
sont nourris ou constamment renouvelés (comme les nuages des cyclones
terrestres) par les couches atmosphériques les plus basses. J'ai avancé mes
opinions sous toutes réserves, en déclarant formellement que, vu les ra-
pides progrès de la science du Soleil, il faudrait probablement modifier
bientôt et corriger en quelques points cette explication des taches. C'est
seulement à l'idée principale de cette théorie que je croyais pouvoir attri-
buer un peu plus de valeur qu'à une sinqjle hypothèse. C'est donc à tort
que M. Faye prétend que je propose mon hypothèse aux astronomes à titre
de conséquence logique de ma théorie.
» M. Faye croit avoir réfuté mon hypothèse en opposant le fait (pie les
taches sont des cavités, non pas extérieures, mais intérieures à la photosphère.
Cette objection m'étonne d'autant plus que cet éminent astronome soutient
lui-même que non-seulement la photosphère, mais tout le Soleil, esta
1) M. Tarry a déjà fait ceUe objection à M. Faye dans les Comptes rendus du 7 juillet
.873, p. 44-48.
(1) PiDDiNGTOW, Tlic Sailoi's Horn-£ooh fur thc Itav n/Stoniis, 2' édition, p. 282-291;
London, i85i.
( >>«• )
l'état gazeux. Si M. Faye veut me permettre de comprendre aussi sous le
nom d'atmosphère solaire la photosplière ou du moins ses couches supé-
rieures, il trouvera que son objection ne démontre rien contre mon hypo-
thèse.
» Je me suis bien gardé d'avancer une opinion sur l'état d'agrégation
du Soleil, parce que je ne connais aucune observation ni aucun fait qui
puisse nous renseigner à ce sujet. Quand j'ai parlé de la surface brillante
du Soleil, cette expression ne s'appliquait pas à la limite inférieure de l'at-
mosphère. Certains phénomènes qui accompagnent souvent les protubé-
rances m'ont conduit à la conclusion formelle que les vapeurs métalli-
ques découvertes par M. K.irchhoff dans l'atmosphère du Soleil se trouvent
au-dessous de la chromosphère.
M Si je n'ai pas discuté dans mon livre les travaux antérieurs de M. Faye
sur les taches solaires, c'est que son ancienne théorie des taches, qu'il a
depuis modifiée à fond lui-même, me paraissait être déjà réfutée par
M. Rirchhoff, et que la formule de JM. Zœllner représente mieux que la
sienne la loi de rotation des taches. »
GÉOMÉTRIE. — Si»' les plans tangents triples à une surface;
par M. William Spottiswoode.
(( Les coordonnées de quatre points P, P,, Po, P3 dans un plan, savoir
les quantités
satisfont à l'équation bien connue
(0
ry* /y* 'y -y
7 J> I2 J3
Z Z, Zo Z3
t t, t., t^
o;
par conséquent, des relations de la forme suivante doivent subsister entre
les quantités dont il s'agit :
/ \x + [j.x^ + vo-o + px.^ = o,
Xs + [XZ, + VZo + |î -3 = o,
! \t -+■ p.f, -i- vt.^ ~h ph = O-
(-)
( II^?. )
Soit
(3) (S,-,,, Ç,^)«=:o
l'équation d'une surface U; et, pour abréger la notation, posons
o"=(x,jr, 2, O'S
(4)
Cela étant ainsi, la condition qu'un quelconque des quatre points, T^ par
exemple, se trouve sur la surface U, peut s'écrire comme ci-dessous
(5) 3" = o.
et les coordonnées des autres points P, P,,P2 doivent satisfaire à l'équa-
tion suivante :
(6) {lx-+-[j.x,+vx„ ).;- + .a;-, + vro, >:H-/xi., + vSo, X< + /j./,+v^)" = o,
ou, en se servant de la notation (4),
o"X" + i"p." -+-... + iio"-' I X"-' /u, + . . . = o,
ou bien
[rj) (oX 4-i/J. + 2v)"= o;
et, si l'on regarde les quantités X, /j., v comme variables, on peut ])rendre
la formule (7) comme l'équation de la courbe d'intersection du plan pas-
sant par les points P, P,, P. avec la surface U.
» Si le point P» se trouve sur la surface, on aura 2" — o; si le plan
touche U dans le point Po , les points P, P, se trouveront dans le plan
tancent à V„, et l'on aura 12""' = o, 02"-' = o; si le plan touche U dans
les deux points PoiPi, on aura, de plus, les conditions i"=o, oi"~' = o,
21"-' = o; et, s'il touche dans les trois points P, P,, \\, on aura, de plus,
o" = o, o""' I = o, o"~' 2 = 0.
« Si les droites PP2, PjPo se confondent avec les tangentes principales
au point l\, on aura les conditions 0-2"""-= o, 1^2""- = o, et ainsi de
suite, pour une paire quelconque des tangentes principales.
» Dans le cas d'une surface du troisième degré, l'équation de la courbe
d'intersection sera
(8) (oX + iu. ■+ 2-jy — o,
( ii83 )
ef, si le plan touche U dans les trois points P, P,, P2, on aura les condi-
tions suivantes :
o. o-i=o, 0"2 = 0,
(9)
/ o'
01" = o,
02- == O,
\' =0,
12" = O,
l' 2 = O,
— O,
et, dans ce cas-là, l'équation (8) se réduit à la forme
(10) oi2X[j.v = o :
c'est-à-dire qu'il faut que X = o, ou 11 = o, ou v = o. Eu posant X ^ o, on
trouve que X3 = p.x, -H vx^, ^3 = . . ., z, = . . . , ^3 = . . . , et, par consé-
quent, le plan rencontrera la surface dans une droite dont les équations
seront
(«0
X,
r.
Z,
t
X.
J2
z.
t
X3
J3
Z3
t
= o.
On peut donc conclure que chaque plan tangent triple rencontre une
surface du troisième degré en trois droites qui se coupent deux à deux
dans les points P, P,, Pj.
» Passons au quatrième degré. En se servant des mêmes conditions,
on trouvera que l'équation de la courbe d^ contact prendra la forme
suivante :
(12)
l^2'lJ.'v'
2- O- v'^1- + O- 1"^!- [j.- -h 2[o- \ 2X4-oi-2/l;.-|-oi2^v)X/j.v = 0;
ce qui représente luie courbe du quatrième degré, unicursale, trinodale,
dont les trois nœuds se trouvent aux points P, P,, Pj.
» Dans le cas d'une surface d'ini degré^uelconque n, on trouve une
propriété semblable. En effet, quand le plan touche la surface dans les
trois points P, P,, Pj, l'équation de la courbe d'intersection prend la
forme
(i3) X/jiv(X, p., v)"-' + p.-v-(/^., v)«-" + v=X-(v, X)"-' -i- X-/J.^(X, p.)«-*= o.
En posant X =: o, on en tire p.-v- (/->., v)""* = o, c'est-à-dire que la courbe
coupe le côté BC du triangle fontlamental deux fois dans le point B et
deux fois dans le point C, et ainsi de suite pour les autres côtés du triangle.
En outre, la courbe coupe le côté BC dans les points donnés par l'équation
(fx, v)"-* = o. »
( i'84 )
PHYSIQUE. — Sur le sens de propagation de l'électricité.
Note de M. Netreveuf.
« Si l'on fait communiquer avec le sol une des armures de la machine
de Hollz, privée de ses deux bouteilles en cascade, on obtient des effets
inverses suivant le signe de l'armure. Si l'on touche l'armure négative, le
rendement de la machine semble exalté; si l'on touche l'armure positive,
la machine se décharge, à moins que la distance explosive qui ferme le cir-
cuit ne soit très-petite.
» Il n'y a plus une différence aussi marquée si on laisse sur la machine
la paire de bouteilles en cascade.
» Admettons que l'électricité se propage dans le sens du positif au négatif
(voir Comptes rendus, t. LXXVI, p. looo et i35i); si on lui fournit une
route facile d'écoulement, en touchant l'armure positive, il est clair que le
jeu inverse d'éiectrisation des différentes parties de la machine ne pourra
pas persister. Si elle trouve deux routes, comme lorsqu'on laisse la paire
de bouteilles, une dérivation se produira, de sorte que le rendement de la
machine pourra continuer. Le circuit du courant ne fait ciue s'agrandir
quand on établit la communication de l'armure négative avec le sol et,
par conséquent, il n'y a pas de raison pour que la machine cesse de fonc-
tionner. »
PHYSIQUE. — Réponse à la dernière Note de M. Mercadier, à propos de l'étude
du mouvement vibratoire d'un fd élastique; par M. II. Valérius. (Extrait.)
« Pour répondre aux déclarations contenues dans la dernière Note de
M. Mercadier (p. g5o de ce volume), je me contenterai de rappeler les
conclusions de mon Mémoire et de les comparer aux lois données par
M. Mercadier {Comptes rendus, p. 639 et 671, t. LXXVII).
» Voici les conclusions de mon Mémoire :
» i" Entre certaines limites, des fds de verre de longueurs différentes,
attachés par une de leurs extrémités à un même corps sonore, et libres à
l'autre extrémité, peuvent vibrer, soit transversalement, soit longitudina-
lenicnt, d'après le même mode de subdivision, et donner lieu, suivant leur
longueur, à des concnmérations normales, à des concamérations réduites ou à
des concamérations anorn^alcs ou irrégutières.
» 2° Les longueurs des concamérations normales et réduites obéissent
rigoureusement aux mêmes lois que les longueurs des concamérations dans
( "«^^ )
les lames vibrantes libres à leurs deux bouts, pourvu que, dans les vibra-
tions des fds de verre, on tienne compte de l'influence perturbatrice; exer-
cée par le corps sonore.
M 3° Pour des fils de verre de même épaisseur, le nombre des vibrations
par seconde est en raison inverse du carré de la longueur des concaméra-
tions normales de même espèce.
» 4" Dans les fils de verre, la vitesse de transmission des impulsions
longitudinales est égale au double de celle des impulsions transversales.
» Voici maintenant les lois données par M. Mercadier :
» 1° Quelle que soit sa longueur, quand le fil vibre régulièrement, il
vibre toujours synclironiquemcnt avec le diapason. (Cette loi appartient à
M. Mercadier, mais on conviendra qu'elle était en quelque sorte évidente
à priori. )
» 2° Pour un même fil, les distances nodales, sauf la première à partir
du diapason et l'avant-dernière, sont égales.
» 3° Pour un même fil, quelle que soit sa longueur, / (la partie du fil
après le dernier nœud) est constante et égale au tiers de la distance nodale
normale des concamérations égales.
» 4° A mesure qu'on fait varier la longueur du fil, /, cl, D restent inva-
riables; la distance du premier nœud au diapason seule varie. (On remar-
quera que les lois 2, 3 et 4 de M. Mercadier sont toutes renfermées dans
ma deuxième loi ci-dessus. Les figures jointes à mon travail et les explica-
tions dont elles sont accompagnées montrent, du reste, que j'avais bien
reconnu les trois lois dont il s'agit.)
» 5° Toutes choses égales d'ailleurs, les distances nodales des fils de
même nature sont entre elles comme les racines carrées de leurs diamètres.
(Cette loi appartient à M. Mercadier. N'ayant opéré que sur des fils de
verre de même diamètre, je ne pouvais songer à la rechercher.)
)) 6° Pour des diapasons différents, les distances normales correspondant
à un même fil sont en raison inverse des racines carrées des nombres de
vibrations des diapasons. (Cette loi est identique à ma troisième.)
)) 7° Si l'on fait varier l'amplitude du diapason, la forme delà vibration
du fil ne change pas, majs les trois ou quatre premiers nœuds voisins du
diapason se déplacent, en s'éloignant ou en se rapprochant de lui suivant
que son amplitude augmente ou diminue. (Ce fait est clairement signalé
dans ma deuxième loi; mais je crois que les irrégularités occasionnées par
le diapason ne s'étendent que jusqu'à l'origine des concamérations égales
C. U., 187?), 2» Semestre. (T. LXX.VII, iN» 20.) • ^'^
( ii86 )
que M. Mercadier désigne par la lettre D. Du resto, j'avoue que je ne me
suis pas occupé d'une manjère spéciale de ces déplacements.;
)) Telles sont les sept lois de M.Mercadier, que je connaissais au moment
où j'ai adressé ma réclamation à l'Académie. Sur ces sept lois, j'en avais
donné cinq, et, en outre, j'avais signalé l'existence des concamératious
réduites et étudié les vibrations longitudinales.
» Depuis, j'ai eu connaissance des quatre dernières lois de M. Mercadier
[Comptes rendus , 22 septembre). Ces lois lui appartiennent; mais elles sont
relatives aux vibrations transversales. M. Mercadier ne s'est pas encore
occupé ni des vibrations longitudinales, ni du phénomène des concaméra-
tious réduites. »
HYGIÈNE. — action de l'eau de Seine et de l'eau de l'Ourcq sur le plumb.
Note de M. Fordos.
« Dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, lundi
dernier, j'avais examiné l'action de l'eau sur le plomb, uniquement au
point de vue du danger que présente l'emploi de ce métal pour rincer les
bouteilles. Je ne m'étais pas préoccupé de l'influence que pouvait exercer
sur la réaction la nature de l'eau ou la grosseur des grains de plomb em-
ployés. Mes expériences avaient été faites avec l'eau qui alimente mon labo-
ratoire et la pharmacie de l'hôpital de la Charité, c'est-à-dire de l'eau de
l'Ourcq, et je m'étais servi du plomb de chasse que l'on emploie pour net-
toyer les fioles dans les hôpitaux civils, dans les hôpitaux militaires et dans
les pharmacies.
» J"ai lait depuis les expériences suivantes : i" J'ai introduit dans une
fiole de 25o grammes 5o grammes de plomb de chasse neuf n° 4 ^t
100 grammes d'eau distillée, et dans une autre fiole pareille, contenant éga-
lement 5o grammes de même plomb, j'ai mis 100 grammes d'eau de
l'Ourcq; j'ai pris les deux fioles, ime dans chaque main, et je les ai agitées
de la même manière, pendant le même temps. Le plomb a été attaqué dans
les deux fioles, comme je l'ai indiqué dans mon précédent travail; mais
l'action a commencé et a marché plus rapidement dans l'eau distillée.
2° Même expérience, en remplaçant le plomb u" 4 P'»'' du gros plomb à
bouteilles neuf : l'action a été plus lente à se manifester, mais elle s'est
produite dans les deux flacons, en commençant, comme précédemuieut,
dans l'eau distillée. 3° Même expérience avec du plomb de chasse neuf
n° 10, c'est-à-dire du trè.s-petit plomb : ici l'action a été beaucoup plus
( "8-7 )
prompte; d'ailleurs même résultat. 4° Même expérience avec du plomb
ayant déjà servi : action plus rapide qu'avec le plomb neuf. 5" L'eau de
Semé et l'eau de 1 Ourcq se sont comportées de la même manière dans
Ions mes essais. 6° J'ai soumis à l'analyse le dépôt blanc sale, ou blanc
grisâtre, qui résulte de l'action de l'eau de Seine et de l'eau de l'Ourcq
sur le plomb. Ce dépôt se dissout, avec dégagement d'acide carbonique,
dans l'eau acidulée par l'acide nitrique, et dans l'acide acétique, en lais-
sant uu très-léger résidu noir. La solution précipite en jaune par l'iodure
de potassium, et en noir par l'hydrogène sulfiué, et, après la séparation
du plomb par l'acide sulfhydrique, elle précipite eu blanc par l'oxalate
d'ammoniaque. Ces réactions indiquent que le produit examiné est
formé de carbonate de plomb et de carbonate de chaux. Dans mes précé-
dentes recherches je n'ai signalé que la présence du carbonate de plomb;
cela suffisait pour le but que je me proposais d'atteindre. L'eau de Seine
et l'eau de l'Ourcq, après leur action sur le plomb, ne sont pas colorées
par l'acide sulfhydrique; elles ne renferment donc pas de plomb en dis-
solution, du moins dans les conditions de mes expériences. Ici toutefois
je fais des réserves, car dans quelques essais j'ai obtenu des indices de
plomb.
» Il résulte de toutes ces expériences : i° que l'eau de Seine et l'eau de
l'Ourcq attaquent le plomb, mais plus lentement que l'eau distillée; 3° que
l'action est d'autant plus rapide que le plomb est plus divisé; 3° que l'ac-
tion se produit plus rapidement avec du ploipb ayant déjà servi qu'avec
du plomb neuf; 4'' que le produit de l'action de l'eau de Seine et de l'eau
de l'Ourcq sur le plomb est formé de carbonate de plomb et de carbonate
de chaux, et que ces eaux, après la réaction, qe renferment pas de plomb
dissous, ou seulement une quantité infinitésimale.
» Voici comment on peut, je crois, expliquer l'action de l'eau distillée
et des eaux calcaires sur le plomb. Dans l'eau distillée, l'acide carbonique
est libre et peut immédiatement, en présence du plomb et de l'oxygène de
l'air, former du carbonate de plomb; il résulte aussi d'observations faites
antérieurement par les chimistes que l'eau pure peut agir sur le plomb en
«lonnant naissance à un hydrate. Dans les eaux calcaires, l'acide carbo-
nique est combiné au carbonate de chaux, à l'état de bicarbonate, et est
par suite moins apte à contracter une nouvelle combinaison. Quand on
agite l'eau calcaire avec du plomb, il y a dissociation du bicarbonate, sous
l'influence de la chaleur et de l'électricité que développe lefrotlemeul des
grains de plomb les uns contre les autres et contre les parois du vase, et
i53..
( ii88 )
l'acide carbonique peut alors entrer en combinaison avec le plomb, en
présence de l'oxygène de l'air, et produire du carbonate qui se dépose;
mais, en même temps, le carbonate de chaux, ayant perdu l'acide carbo-
nique qui le maintenait en dissolution, se précipite aussi; de là la pré-
sence de ces deux sels dans le produit de la réaction. Si l'eau ne contient
pas de plomb en dissolution, il faut encore, je crois, en chercher l'expli-
cation dans la présence du carbonate de chaux; celui-ci relient l'acide car-
bonique à l'état de combinaison et l'empêche d'agir comme dissolvant sur
le carbonate de plomb.
» J'ai désiré me rendre compte de ce qui se passe dans les conduites en
plomb. J'ai trouvé, dans les magasins de l'hôpital de la Charité, des bouts
de tuyaux ayant servi. Ces tuyaux sont recouverts à l'intérieur par un dé-
pôt semblable à celui que donnent les eaux calcaires. J'ai pris des parcelles
du dépôt dans trois tuyaux, pour les soumettre à l'analyse. L'acide nitrique
étendu d'eau et l'acide acétique les dissolvent avec dégagement d'acide
carbonique; la solution est précipitée en jaune par l'iodure de potas-
sium et eu noir par l'acide sulfhydrique, et, après avoir été débarrassée
du plomb par l'hydrogène sulfuré, elle donne un précipité blanc abon-
dant avec l'oxalate d'ammoniaque. Cette analyse indique que le dépôt est
formé de carbonate de chaux contenant du carbonate de plomb, et fournit
la preuve la plus évidente que les conduites en plomb sont attaquées par
les eaux calcaires.
» La théorie que j'ai donnée de l'action des eaux calcaires sur le plomb
en grenaille est applicable aux tuyaux; seulement, ici l'action doit être
très-lente. Le carbonate de chaux et le carbonate de plomb se déposent
sur le métal et forment un vernis préservateur, et, lorsque le plomb est
complètement recouvert, un nouveau dépôt de carbonate de chaux peut
se produire si l'eau est très-calcaire.
» On conçoit que, dans ces conditions, l'eau arrive à sa destination dans
un état de pureté absolue. En est-il de même de l'eau sortant des tuyaux
nouvellement posés?
» Ici encore, l'eau ne doit pas, par suite de la présence du carbonate
de chaux, contenir du plomb en dissolution; mais l'eau ne peut-elle pas,
surtout au début de la pose et dans les premiers temps, entraîner méca-
niquement des particules de plomb carbonate? C'est un point à éclaircir.
D'ailleurs la question de l'action des eaux sur les conduites en plomb ne
me paraît pas avoir été étudiée sous toutes ses faces. Elle mériterait de
fixer l'attention des chimistes placés pour observer et expérimenter, o
( i'89)
PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur le pouvoir rotaloire des hyposulfalcs.
Note de M. E. Bichat, présentée par M. Pasteur.
« M. Pape a annoncé [Ann. de Poggendorff, t. CXXXIX, p. la^-iSg)
qu'il avait trouvé le pouvoir rolatoire clans les cristaux d'hyposulfates de
potasse, de plomb, de chaux et destrontiane. Ce fait est en désaccord avec
les observations de M. de Senarmont. Cet éminent physicien a étudié avec
beaucoup de soin les cristaux d'hyposulfates de plomb, de chaux et de
strontiane. 11 a déterminé le signe de ces cristaux et observé les anneaux
qu'ils donnent dans la lumière polarisée convergente, et il n'y a pas con-
staté le pouvoir rotatoire.
» D'autre part, M. Pape considère les cristaux des quatre hyposulfates
qu'il a étudiés comme appartenant au système hexagonal régulier; tandis
que, d'après Ramelsberg et Gmelin, celui de potasse ne l'est pas. Il est
iniliqué par ces deux derniers auteurs comme étant orthorhombique. Dans
le premier cas, on comprend Irès-bien qu'on ait pu constater l'existence du
pouvoir rotatoire. Dans le second cas, au contraire, on ne connaît pas
encore de procédé pour mettre en évidence cette propriété. Pour vérifier
l'exactitude des résultats donnés par M. Pape, il y. a donc lieu de recher-
cher si, comme il l'affirme, l'hyposulfale de potasse est un cristal a un
axe, ou bien si, comme l'affirment Ramelsberg et Gmelin, ce même corps
se présente sous la forme d'un cristal à deux axes.
» Enfin, d'après M. Pape, aucun des hyposulfates étudiés n'est hémièdre,
ce qui est en contradiction formelle avec une théorie générale d'après
laquelle il doit exister une relation intime entre l'hémiédrie et le pouvoir
rotatoire.
» Il fallait donc, pour élucider la question, vérifier d'abord l'existence
du pouvoir rotatoire dans les cristaux d'hyposulfates, pouvoir rotatoire
annoncé par M. Pape, contrairement aux observations de M. de Senar-
mont; lever ensuite le doute qui existe sur la forme cristalline de l'hypo-
sulfate de potasse en présence des assertions contradictoires de M. Pape et
de MM. Ramelsberg et Gmelin; et enfin, si le pouvoir rotatoire existe,
chercher à mettre en évidence les facettes hémiédriques.
» Il est vrai que les hyposulfates de potasse, de plomb, de chaux, de
strontiane jouissent du pouvoir rotatoire. Les lois sont les mêmes que pour
le quartz. Le pouvoir rotatoire est nul dans les dissolutions; dans les cris-
taux, il est droit ou gauche. Le pouvoir rohitoire du quartz étant repré-
senté par loo, celui derhyposulfate de |)0tasseest représente par 4o, celui
( 119° )
de riiyposulfate de plomb par 24, ctini de l'iiyposulfate de stroiitiane
par 8. Ces nombres sont fort peu différents de ceux donnés par M. Pape.
Dans le cas de l'hyposulfiite de potasse, il faut que le cristal soit observé
sous une épaisseur de i cenlimètre, pour que la croix noire qui traverse
les anneaux n'aille pas jusqu'au centre. Dans le cas des autres hvposul-
fates, l'épaisseur des cristaux que l'on a pu obtenir n'a jamais été assez
grande pour que la croix noire ne fût pas complète.
» Sous le rapport de la forme cristalline, j'ai étudié surtout avec soin
l'hyposulfale de potasse. Les cristaux de ce coips appartiennent en effet au
système hexagonal régulier. Ils se présentent sous la forme de prismes à
douze pans, portant à chaque extrémité des pyramides à six faces. A la
base de ces pyramides, et tangentieliement aux arêtes d'intersection de
leurs différentes faces, se trouvent de petites facettes triangulaires rappe-
lant, par leur position, les faces rhombiqiies du quartz. Dans un grand
nombre de cristaux formés naturellement dans une eau mère maintenue
à température constante, on observe de petites facettes plagièdres dispo-
sées à droite ou à gauche des faces triangulaires. Les faces triangulaires,
et, par suite, les faces plagièdres ne s'observent facilement que dans les
gros cristaux. Si les grqs cristaux que l'on observe ne possèdent pas natu-
rellement de facettes hémiédriques, ils les possèdent certainement dans
leur structure intime, car il est toujours facile de les faire naître en em-
ployant l'un des procédés indiqués par M. Pasteur.
» Suivant que les facettes plagièdres sont placées à droite ou à gauche
de la face triangulaire, le pouvoir rotatoire de l'hyposulfate est lui-même
droit ou gauche.
» Dans l'hyposulfate de plomb, que l'on peut obtenit facilement en
cristaux assez volumineux, les facettes plagièdres qui, naturellement, se
produisent très-rarement, peuvent également être mises en évidence au
moyen des procédés de M. Pasteur.
» Dans le cas des hyposulfates de chaux et de strontiane, je n'ai pu
obtenir que des cristaux trop minces pour pouvoir y établir la présence
des facettes hémiédriques.
» Les cristaux d'hyposulfate de plomb, tout en conservant la même
forme extérieure, présentent souvent des mâcles plus ou moins compli-
quées. C'est ainsi que, dans les différentes parties d'un même cristal, j'ai
pu observer des anneaux avec la croix noire allant jusqu'au centre, des
lemniscates comme dans le cas d'un cristal à deux axes, et des spirales
d'Airy comme dans les quartz contraires'superposés.
( Ilpf )
» En résumé, comme l'a annoncé M. Pape, les cristaux d'hvposulfates
de potasse, de plomb, de chaux et do slrontiane jouissent du pouvoir
rotatoire.
» Les cristaux d'hyposnlfate de potasse, comme l'a annoncé encore
M. Pape, appartiennent au système hexagonal régulier.
» Enfin, contrairement aux résultats obtenus par M. Pape, et confor-
mément à la théorie générale, les cristaux d'hyposuifates de plomb et de
potasse sont hémièdres,et le sens de l'hémiédrie est intimement lié au sens
du pouvoir rotatoire. »
CHIMIE MOLÉCULAIRE. — Du pouvoir rolatoire de la mannite.
Note de M. Vigxon, présentée par M. Pasteur.
« M. Loir a fait, le premier, l'observation très-curieuse que les solutions
aqueuses de la nitromannite manifestent une action sur la lumière pola-
risée, quoique la mannite soit classée parmi les corps inactifs. Depuis lors,
on a reconnu que cette propriété de la nitromannite était générale et que
la plupart des dérivés de la mannite dévient le plan de polarisation;
toutes les analogies tendent donc à faire considérer ce corps comme
une substance active. Néanmoins, les expériences tentées dans le but de
constater son action sur la lumière polarisée ont été, jusqu'à ce jour, sans
résultat.
» Je suis parvenu à mettre en évidence le pouvoir rotatoire de la man-
nite, en ajoutant à une solution saturée de ce corps de l'acide borique, ou
mieux encore du borax, et en examinant l'action d'un pareil système sur
la lumière polarisée. On sait en effet, d'après les expériences de M. Biot,
que l'acide borique a la singulière propriété d'augmenter le pouvoir rota-
toire de l'acide tartrique. M. Pasteur a montré également qu'd augmen-
tait celui de l'acide malique.
» J'ai pris de la mannite pure, cristallisée, et de l'acide borique purifié
par plusieurs cristallisations; j'ai constaté tout d'abord que ces deux corps,
mis séparément en solutions saturées dans l'eau, ne déviaient pas le plan de
polarisation. J'ai fait dissoudre dans un peu d'eau de la mannite et de
l'acide borique en proportions telles que ces deux corps fussent en excès
par rapport au dissolvant. Une telle solution, examinée après filtraliou à
l'appareil Soleil, dans des tubes de 200 millimètres, m'a donné une dévia-
tion de cinq divisions à droite.
» En évaporant cette solution au bain-marie, on obtient une masse vis-
( i'92 )
qiieiiso qui, traitée par l'alcool absolu, se délite peu à peu en une poudre
blanche qui n'est autre chose que de la nianriitc paraissant de nouveau inac-
tive. L'acide borique se retrouve en dissolution dans l'alcool avec toutes ses
propriétés. Il n'y a donc pas eu de combinaison. Si l'on ajoute à cette
solution mannito-borique des cristaux de carbonate de soude en léger
excès, ce sel se dissout avec effervescence, et la déviation vers la droite
augmente considérablement. La déviation primitive, qui était de cinq
divisions à droite, devient égale à vingt et une divisions dans le même sens.
» Il résulte de là que le borate de soude a la propriété d'augmenter le
pouvoir rotatoire de la mannite d'une quantité plus considérable que l'acide
borique : c'est ce que l'expérience directe vérifie. En faisant dissoudre dans
un volume d'eau de la mannite pure jusqu'à saturation, et 2 grammes de
borax, on obtient une déviation de vingt divisions à droite. Ces expériences
ont été répétées avec des échantillons de mannite pure de diverses prove-
nances; elles ont toujours donné les mêmes résultats.
» Ces faits prouvent que la mannite possède le pouvoir rotatoire. L'acide
borique et le borax ne se sont pas combinés avec cette substance ; ils n'ont
fait qu'augmenter, par une action qui leur est spéciale, la dissymétrie pré-
existante dans les molécules de mannite. Il n'est donc plus étonnant que
les élhers de la mannite agissent sur la lumière polarisée. Trop faible pour
être apprécié directement, le pouvoir rotatoire préexistait dans le géné-
rateur. Il n'a pas été créé dans l'acte de l'éthérification.
M Je donne, pour prendre date, ce premier résultat qui, indépendam-
ment de toute détermination quantitative, établit que la mannite possède le
pouvoir rotatoire. Dans une prochaine Note, je reviendrai sur celte action
de l'acide borique et des borates, et je mesurerai les déviations pour des
systèmes ternaires bien définis.
» Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences
de Lyon. »
« M. Pastei'r, après avoir communiqué les résultats qui précèdent, au
nom de leur auteur, annonce que cette question du pouvoir rotatoire de
la mannite est étudiée depuis plusieurs mois au laboratoire de Physique de
l'École Normale, par M. Bichat, qui arrive à la même conclusion que M. Vi-
gnon par des épreuves peut-être plus décsives encore. En effet, M. Bichat a
reconnu que la mannite en solution aqueuse manifeste le pouvoir rotatoire
dans un tube de 4 mètres de longueur. La maïuiite n'est donc pas, comme
on avait été porté à le penser, un corps inactif qui donne des combinaisons
( "93)
actives : c'est une substance douée du pouvoir rotatoire, dont l'action est
trop faible seulement pour qu'on puisse la constater dans les sacchari-
niètres ordinaires. L'asparagine a déjà présenté des faits du même ordre. »
MÉTÉORITES. — Masse de fer météorique découverte en creusant un fossé. Ob-
servations sur la structure moléculaire du fer météorique. Protocidorure
solide de fer dans les météorites; par Pvî. J. -Laurence Smith.
« Masse de fer météorique. — Cette masse de fer présente un intérêt par-
ticulier; elle n'a pas été découverte comme le sont généralement ces corps
gisant à la surface du sol : elle a été trouvée enfouie dans la terre, non
toutefois à une profondeur très-considérable.
» En 1862, un fermier du nom de E. Freeman, en creusant un fossé
dans le comté de Howard (État d'Indiana), après être arrivé à une pro-
fondeur de 60 centimètres, vint à heurter une masse dure qui attira son at-
tention, et, voyant que la densité de cette masse était beaucoup plus grande
que celle des roches d'alentour, il eut l'idée de la conserver.
» La terre creusée présentait une argile compacte au-dessous de 10 cen-
timètres de terre noire, et la masse se trouvait enrobée dans cette argile,
preuve évidente de son long séjour dans la terre; l'argile, tout autour du
gisement, était colorée d'oxyde de fer dû à une légère oxydation delà surface
du météorite, dont le métal s'attaque lentement, cependant, au contact de
l'influence atmosphérique.
» Ce météorite a été perdu de vue pendant un certain nombre d'années,
étant tombé entre les mains de personnes prenant peu d'intérêt aux ques-
tions d'histoire naturelle, et ce n'est que tout récemment qu'il me fut
envoyé pour être soumis à mon examen. C'est un ovale oblong, irrégulier
de forme et pesant 4 kilogrammes : il porte sur sa surface les dentelures
ordinaires dont sont affectés la plupart des fers météoriques. L'altération
produite sur la surface est très-légère, vu la longueur de temps que le
produit doit avoir séjourné en terre. Une coupe fraîchement faite laisse
voir un brillant parfait.
» La pesanteur spécifique du fer est 7,821. Voici la composition du mé-
téorite :
Fer 87,02
Nickel '2,29
Cobalt o,65
Phospliore 0,02
Cuivre trace.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N» 20.) I 54
( '-94)
» Si l'on polit une surface dti météorite et si on la traite par l'acide ni-
trique ou l'eau de brome, elle ne donne pas la plus légère indication des
figures Widmannstpetten, si caractéristiques pour la plupart des fers météo-
riques. Au fait, elle appartient à ce genre de fers riches en nickel (et ne
donnant toutefois aucun signe de figures Widmannsta;tten) auquel appar-
tient le fer du Cap de Bonne-EspéranceVIe 1793, qui contient i 5 poiu* 100 de
nickel et 2,5 pour 100 de cobalt, et un fer plus récent de Californie, appelé
lefersliimjle-sprmgs, contenant 17 pour 100 de nickel et6 decobalt; lamème
chose peut se dire du météorite octihhelia, contenant la quantité énorme
de 59,7 pour 100 de nickel. En outre des fers ci-dessus, il en est d'autres qui
contiennent beaucoup moins de nickel, et qui n'offrent pas non plus les
figures Widmannstœtten, tels que ceux du comté de Nelson, de Brau-
nan, etc.
» Structure du fer météorique. — Dans la solidification et la cristallisation
du fer, comme dans celles d'autres substances contenant des impuretés, il
y a tendance à éliminer les constituants étrangers vers la portion exté-
rieure des cristaux; et là où la masse devient une agglomération de cris-
taux, c'est entre ces derniers et dans les vides contigus à leur surface que
se trouvent en grande partie les constituants étrangers, mêlés à plus ou
moins de la matière prédominante. A l'égard du fer, nous voyons se mani-
fester ce phénomène d'une manière très-marquée, par exemple, quand un
haut-fourneau vient à se refroidir et que le fer accunudé au fond passe len-
tement d'un état pâteux à un état solide; le fer se trouve alors formé en
gros cristaux contenant une bien plus petite quantité de carbone que le fer
ordinaire produit par le même fourneau, le carbone en ayant été élitniué
entre les cristaux sous forme de flocons de graphite.
» Pour appliquer ce raisonnement au cas des fers météoriques (et mes
expériences de i852, faites sur quatre-vingts spécimens, ont prouvé que
toujours il s'y manifestait des (races de phosphore, fait qui a été vérifié par
toutes mes analyses subséquentes), je dois dire, d'abord, que si le fer se
solidifie rapidement, on devra s'attendre à une diffusion du phosphore
sans manifestation exagérée dans aucune partie de la masse; mais que, si le
fera passé lentement de l'état pâteux à l'état solide, alors on pourra s'at-
tendre à une élimination plus ou moins parfaite du phosphore vers cer-
taines parties représentant les espaces entre les cristaux de la masse. Il ne
faut pas croire que nous ayons toujours à chercher sa complète élimination
sous forme de composé défini de phosphore et de fer, mais bien que les
portions de fer formant les limites des cristaux deviendront plus chargées
( "95 )
de phosphore du centre à la circonférence durant la lente soUditication
de ces derniers-
» L'homogénéité de la masse ainsi détruite, ses parties différentes de-
viendraient différemment sensibles à l'action des agents chimiques, même
alors que le phosphore s'y trouverait en quantité très-minime. On don-
nerait amsi naissance à cette surface marbrée dans les lignes de la cristal-
lisation, que l'on connaît sous le nom défigures TVidmannslœtten.
» Le phénomène des figures Widmannstœtten, comme on les appelle,
dans ses rapports avec les fers météoriques, présente un très-grand intérêt
et n'a pas été ejicore suffisamment expliqué. Il fut un tempsoù on le su[)po-
sait provenir d'un alliage plus riche en nickel dans les lignes des figures
que la masse du fer; puis on l'a fuit provenir de l'accumulation d'un phos-
phure de nickel et de fer (schreibersite) le long de certaines lignes de cris-
tallisation dans la masse; mais aucune de ces hypothèses ne saurait expli-
quer les traits variés de ces figures, m leur absence totale, dans le cas qui
nous occupe.
» Ma conviction est que nous n'arriverons pas à une conclusion sa-
tisfaisante tant que notre connaissance des effets de quantités minimes
de corps étrangers dans le fer ne sera pas plus complète qu'elle ne l'est
aujourd'hui; c'est un sujet que la Chimie élabore, afin d'apprendre jus-
qu'à quel point les inipiirelés peuvent être considérées comme nuisibles
dans le fer. La tendance des recherches est de démontrer que ces impu-
retés, même en minimes proportions, peuvent avoir im rôle important à
jouer dans les utiles modifications du fer, et, pour ma part, je constate,
comme résultat de mes observations que i pour loo et même moins de
phosphore modifie le fer à ce point qu'il présente une résistance plus
grande à l'action de l'acide sulfurique concentré. Les affineurs d'or et
d'argent par le procédé de l'acide sulfurique essayent les fontes avant d'en
trouver une qui réponde à leur but. Certains vaisseaux de fonte sont dé-
truits en quelques semaines, tandis que d'autres dureront des années. 11
est vrai que, en dehors de la propriété chimique que peut communiquer
la trace du phosphore, elle peut modifier, à un certain degré, les pro-
priétés physiques du fer en lui donnant plus de fluidité à l'état de fusion
et en fournissant des fontes plus compactes.
» Mais de tous les exemples de séparation de substances dans la for-
mation de composés naturels il n'en est point de comparables à ceux
que montre le fer météorique, où les éléments qui ont le plus d'affinité l'un
pour l'autre sont séparés l'un de l'autre par les lignes de démarcation les
if)4..
( '19^ )
plus prononcées. Je n'entends pns par là dire que le soufre, le phosphore
et le fer d'un météorite soient complètement séparés l'un de l'autre, mais
hien qu'une petite portion de fer se combine avec la presque totalité du
soufre et du phosphore de la masse entière, s'isola nt en forme de nodules
clairs et distincts et si bien que l'on tenterait en vain d'en produire artifi-
ciellement de semblables.
» Une des formes] les plus remarquables de cette séparation se présente
quand les composés de soufre et de phosphore sont éliminés dans la même
cavité, comme je l'ai moi-même démontré en i852. J'ai dans mon cabinet
(ce qui peut encore se trou ver en d'autres mains) divers spécimens de ce phé-
nomène : le dernier est présenté par le fer tombé dans l'Afrique méridionale
en 1862 et que j'ai décrit devant l'Académie. On y voit une cavité ovale de
2^^, 5 sur son grand diamètre; dans le centre est du triolite (sulfure de fer)
remplissant la cavité à i millimètre ou 2 de la surface, et entre la sur-
face extérieure du triolite et celle intérieiue de la cavité est une mince
couche de schreibersite (phosphurede fer et de nickel d'une composition
définie (Ni^Fe'Pl contenant à peine un vestige de soufre. En d'autres places,
ou trouve des lames de ce même phosphure d'épaisseur plus ou moins
grande. On y découvre fréquemment des nodules de triolite entièrement
isolés.
» Mais, pourra-t-on se demander, et ce fer qui contenait cette grande
quantité de phosphore et de soufre? Voici la réponse : dans le fer propre-
ment dit on n'en découvre qu'une tiace; dans le fer Tazewelt, par exemple,
qui m'a fourni plusieurs de ces nodules composés, il n'y a que o,oiG pour
100 de phosphore dans le fer; dans celui d'Arva, rempli de couches de
schreibersite, le fer même n'en conserve dans sa masse que 0,019 poiu' 100,
et il me semble impossible d'expliquer une élimination aussi parfaite du
phosphore et du soufre, corps qui ont pour le fer une si grande affinité,
autrement qu'en supposant un long séjour à l'état pâteux et une solidifica-
tion lente de la masse.
» Il est presque inutile de dire que des géologues et des minéralogistes
ont fait remarquer ce procédé de ségrégation dans un grand nombre de cas;
sa prééminence, dans le cas présent, tient à la grande affinité des substances
qui participent à la production de ce phénomène dans les fers météoriques.
» Pioloclilorme solide de jer dans les météoriles. — Ce fut en iBSa que,
pour la première fois, je découvris de petites parcelles de protochlornre
solide de fer dans le fer Tazeivell, car, bien que l'on eût souvent observé
l'exsudation d'un sel déliquescent sur la surface de ces fers, celte exsuda-
( "07 )
tioii avait toujours été attribuée à un perchlorure liquide, sans qu'on eût
jamais pu indiquer sa source exacte dans le fer, de sorte que beaucoup
étaient d'avis que ce perchlorure avait une origine terrestre; mais la dé-
couverte de protochlorure solide dans l'intérieur de la masse suffit pour
mettre hors de doute que le chlorure faisait partie de la masse originelle
dans les météorites. Depuis lors, il n'a pas été question d'antre décou-
verte de protochlornre, et il n'y a que quelques mois que je le retrouvai
pour la seconde fois dans le fer météorique de Rockingham, comté de la
Caroline du Nord. Il m'apparut sous la forme d'une petite masse verte;
ime prise dans l'intérieur du fer fut employée pour une analyse qualita-
tive; la portion leslante fut placée aux mains de M. Daubrée, professeur à
l'Ecole des Mines. »
GÉOLOGIE. — Sur la formation tertiaire supranummulitiqiie du département
de l'Hérault. Note de M. P. de Rodville.
« Il me paraît intéressant de prolonger, dans le département de l'Hé-
rault, les observations de M. Leyinerie sur la formation tertiaire supra-
uumniulitique du bassin de Carcassonne.
» L'Aude et l'Hérault ne sont que des divisions purement arbitraires
d'une unité pétrographique dont le caractère de continuité s'impose à
tout observateur; le grès de Carcassonne franchit donc les frontières
administratives, et présente dans l'Hérault tous les éléments qu'énumère
M. Leymerie; il se prolonge ainsi, identique à lui-même, au milieu de ses
variations de matériaux adventifs et de couleurs, jusqu'à Cesseuon et
Causses-Mur viel (arrondissement de Saint-Pons et deBéziers) sur une lon-
gueur d'une cinquantaine de kilomètres, juxtaposé sur tout ce parcours
au calcaire à nunuiuilites, sauf dans son extrémité orientale, où il revêt
d'une manière inuiiédiate les schistes et les calcaires paléozoîques.
» Une circonstance remarquable, c'est qu'à partir de Causses-Murviel
jusqu'à la terminaison orientale du déparlement de l'Hérault, le grès de
Carcassonne ne se retrouve plus avec ses mêmes caractères pétrogra-
phiques, pour ce qui regarde plus particulièrement sa partie élastique,
tandis que les calcaires qu'il renferme à l'ouest, dans l'Hérault et dans
l'Aude, et qui doivent bien lui être rapportés, continuent, accompagnés de
dépôts mécaniques d'une physionomie presque entièrement nouvelle. Il y
a évidemment ici changement régional dans les caractères de la sédimen-
tation, et, par conséquent, juxtaposition de deux faciès analogues à ceux
( "9» )
que M. Leymerie se borne, dans sa Note, à indiquer dans les bassins de
Carcassonne et de Narbonne.
« La siinditude des faits, entre l'Aude et l'Hérault, se constate encore
dans une circonstance plus importante; je veux parler du rôle essentielle-
ment subordonné du calcaire de Ventenac au milieu du dépôt détritique,
subordination que M. Leymerie met en relief.
» Le calcaire de Ventenac, que M. Matheron a rapj)orté le premier au
calcaire à lignites de l'Hérault (calcaire de la Caunette), forme en effet,
dans ce département, des masses assez puissantes en certains points, se
réduisant, sur d'autres, à des bancs d'une faible épaisseur, et placées dans
des situations diverses de gisement; elles recouvrent immédiatement le cal-
caire à nummulites, à Félines-Hautpoul, la Caunette, Assignan ; elles se
présentent prés de Cesseras et d'Oupia en intercalation dans les grès.
Quand on ne se contente pas de recouper ces masses normalement à leur
prolongement, mais qu'on les suit en surface, comme je l'ai fait pour le
tracé de la carte géologique de l'Hérault, où j'ai distingué les régions ex-
clusivement calcaires d'avec les régions composées de roches élastiques,
on les voit très-irrégulièrement configurées, s'atténuant le plus souvent
après s'être élargies et comme renflées, et finissant par se perdre au milieu
des matériaux d'agrégation qui conservent leur continuité et leur puis-
sance.
» Ces contours ellipsoïdaux ou lenticulaires se voient très-bien sur la
carte de l'arrondissement de Saint-Pons, actuellement à la gravure, au
nord de la Livinière, d'Azillanet, d'Aiguë et d'Aiguesvives; les calcaires
lacustres y recouvrent tout ensemble le calcaire à nummulites, et pénètrent
dans l'épaisseur du grès. On y voit la preuve qu'ici, comme dans la [du-
part des cas, des phénomènes de sédimentation chimique (dépôts de
sources) ont coexisté à certains intervalles avec d'autres, plus continus,
de nature mécanique.
» Ces circonstances fournissent l'occasion de faire ressortir l'importance
extrême de l'étude d'un terrain en superficie, les relevés de coupes et de
profils ne suffisant pas à montrer le rôle relatif des divers éléments qui
entrent dans son économie; c'est cette étude en superficie, inaugurée
presque par Gressly dans le Jura soleurois, qui a fait naître la notion de
faciès, si importante pour la juste appréciation des unités géognostiques.
» Ce même ordre de considérations, et les observations de M. Leymerie
pour le département de l'Aude, me confirment encore dans les doutes que
j'ai soumis à M. Matheron, sur la distinction d'époque établie par lui
( "99 )
pour les calcaires de Grabels et ceux de Saint-Gely, près de Montpellier;
pour moi, les calcaires de ces deux localités ne forment qu'un seul horizon ;
à des différences de faune, j'opposais et j'oppose encore des caractères
d'association et même de continuité qui me font rapporter à un même
ensemble de dépôts et, par suite, à une même formation, les sédiments
qui ont offert, en certains points de l'Aude et de l'Hérault, des Lophio-
dons, et les calcaires à Paléothérium de Saint-Gely. J'arrive donc, pour
l'Hérault, à la conclusion de M. Leymerie pour l'Aude, à savoir l'unité de
formation de tous les dépôts compris entre le calcaire à nummulites et les
sédiments lacustres ou marins à Dinotliérinm. L'auteur de la Note propose
d'appeler cette formation Carcassienne ; je la nommerais plutôt, pour plus
d'euphonie, Carcœsonienne (de Canœso, Carcassonne, comme la nomme
César dans ses Commentaires), si je n'hésitais à donner une appellation dé-
duite d'un faciès tout local aune formation d'une extension géographique
aussi considérable, et d'une constitution aussi complexe dans tous les pays
que celle qui répond à l'éocène moyen et à l'éocène supérieur des
géologues. »
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du lo novembre iS^S, les ouvrages
dont les titres suivent :
Traité théorique et pratique d' Hydrothérapie ; par le D'' Beni-Barde. Paris,
G. Masson, 1874; in-S". (Présenté par M. Bouillaud au Concours Mon-
tyon. Médecine et Chirurgie, 1874)
Etudes et lectures sur r astronomie ; par C. FLAMMARION; t. IV. Paris,
Gauthier-Villars, 1873; i vol. in-i8. (Présenté par M. Faye.)
Insltuction sur les paratonnerres, adoptée par i Académie des Sciences. Paris,
Gauthier-Villars, 1874; i vol. in-i8, avec figures.
Histoire de r Astronomie depuis ses origines jusqu'à nos jours ; par F. HOEFER.
Paris, Hachette, 1873; 1 vol. in- 12.
( 1200 )
Mémoire sur les agents ialralepliqiies en général et en parlirnlier sur la com-
position, l'emploi^ l'action et les propriétés du topique-Faine [glycéio-mellite
composé); par D. Fabre-VolpelièRE. Avignon, A. Roux, 1873; in-4''.
(4 exemplaires)
Des ferments organisés, de leur origine par voie de mutabilité et du rôle qu'ils
sont appelés à jouer dans les phénomènes naturels ; Thèse par J.-E. DuvAL.
(de Versailles). Nenfchâtel, imp. Duval, sans date; in-S". (Présenté par
M. Ch. Robin.)
Conservation des membres blessés par armes à feu perfectionnées; par le
D"' E. Lantiep.. Paris, A. Asselin, 1873; br. in-8°.
Expérimental researches in cérébral phjsiology and pathologj; by David
Ferrier. London, Smith, Elderand C, 1873; in-8°. (Adressé par l'auteur
au Concours de Physiologie expérimentale.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 17 novembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
La Marine cuirassée; par M. P. DiSLERE. Paris, Gauthier-Villars, 1873;
I vol. in-8°.
Hygiène et assainissement des villes; parJ.-B. FONSSAGRIVES. Paris, J.-B.
Baillière, 1874; 1 vol. in-S*^. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
La théorie Darwinienne et la création dite indépendante. Lettre à M. Ch.
Darwin par Joseph Bianconi. Bologne, N. Zanichelli, 1874; i vol. in-8°.
(Présenté par M. Milne Edwards.)
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents ; juin 1873. Paris,
Dnnod, 1873; in-8«.
(La suite du Bullulin au /iiocliain numéro.)
ERRATA.
(Séance du 10 novembre 1873.)
Page 1 100, ligne 9, au lien de ajoute, lisez agite.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24. NOVEMBRE 1873,
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMRITJNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Développement des Polypes et de leur Potjpier.
Note de M. II. de Lacaze-Dutiuers.
« L'Académie a bien voulu, l'été dernier, demander à M. le Ministre de
la Marine mon embarquement à bord du Narval^ occupé à celte époque
à terminer l'hydrographie des côtes de l'Algérie. Mon but, en entreprenant
ce voyage, était d'étudier de nouveau les bancs de corail, dont j'avais déjà
appris à connaître la richesse, en 1860, 1861 et 1862.
» Le capitaine de vaisseau Mouchez, bien connu de l'Académie par ses
travaux considérables d'hydrographie, désirait depins longtemps avoir à
son bord des hommes s'occupant de recherches scientifiques, afin de voir
utiliser les moyens d'étiule dont il disposait et les matériaux qu'il pouvait
recueillir, en faisant de nombreux sondages.
» Un jeune géologue de la Sorbonne, aussi zélé que plein de savoir,
M. Velain, avait été embarqué le i"' mai sur le Narval. Durant cinq mois,
il a pu étudier les côtes de l'Algérie, si difficiles à explorer, car ce n'est
qu'en arrivant du côté de la mer que, dans bien des cas, on peut en abor-
der l'étude, et je puis assurer à l'Académie qu'elle recevra des Connnu-
C.R., 1873, i" Semestre. (T. LXXVII, A'o'il.) '55
( iao2 )
nicalions fort intéressaiilos sur la conslitution géologique de nos posses-
sions d'Afrique.
» De Gibraltar au cap Négro, en Tunisie, des sondages nombreux ont
été faits à des profondeurs diverses, et les produits en ont été recueillis avec
grand soin. Ils sont à l'étude en ce moment et tout porte à croire qu'ils
fourniront des données curieuses.
» L'histoire de la formation actuelle des fonds coralligènes sera l'objet
de Communications, résultant d'un travail que je prépare, en commun
avec M. Velain.
» On va généralement très-vite dans les recherches de zoologie ma-
rine à de grandes profondeurs; aussi, après avoir étudié trois années de
suite la faune des mers de la Galle et de la Tunisie et l'avoir revue avec des
moyens nouveaux, en restant constamment embarqué, cette année, j'espère
pouvoir montrer que la proposition suivante de M. Carpenter mérite d'élre
nn peu modifiée. Je vois qu'il dit, dans son travail sur les mers intérieures (i)
et les draguages sous-marins :
o Le long des côtes d'Afrique, nous ne trouvâmes absolument rien; j'y supplée en don-
nant la liste des coquilles trouvées à Tunis, par M. Jcffreys. »
» Pour moi, j'ai trouvé des genres nouveaux et des types très-intéres-
sants dans ces mêmes mers, comme on le verra par des Communications
ultérieures.
» Ai-je besoin de dire que M. Velain et moi avons reçu, à bord du Nar-
val, de la part de son savant commandant, l'accueil le plus empressé, le
plus affectueux et je dois ajouter l'accueil le mieux approprié au besoin
des recherches scientifiques? Le commandant Mouchez était toujours
préoccupé de la réussite de nos études, et il a fait tout ce qu'il a pu pour
les favoriser, en restant dans les limites de sa mission, qui avait poiu" but
de terminer l'hydrographie des côtes de l'Algérie.
» Le champ de mes recherches se trouv.iit donc avoir les mêmes limites
que celui des études du commandant, et je puis dire à l'Académie, ayant
été son missionnaire, que j'ai mis toute la réserve possible pour éviter d'en-
traver les travaux du commandant, qui de son côté faisait tous ses efforts
pour aider nos observations.
M Je remercie sincèrement MM. les Secrétaires perpétuels, et particuliè-
rement M. Dumas, des soins qu'ils ont pris d'aider mon embarquement et
(i) Voir C*RPF.NTKR, Revue scientijîque, p. ii38; 3i mai 1873.
{ I203 )
mes recherches. J'ai trouvé auprès d'eux l'empressement qu'ils mettent
toujours quand il s'agit de faciliter les travaux scientifiques.
» Il est (les régions de la Méditerranée que je crois fort riches. Mon désir
ardent eût été de les explorer; mais les exigences du service du Narval ne
me l'ont pas permis. J'ai tout lieu de penser que des circonstances nouvelles
pourront se présenter, qui me permettront peut-être de mettre à exécution
mes desseins.
>) Pendant le voyage que Je viens de faire, j'ai eu l'occasion de recueillir
des observations dont les résultats, indiques dans des noies succinctes,
semblent n'avoir point été admis en France. J'ai pu vérifier de nouveau
la vérité des faits que je vais publier maintenant en détail, et j'ai cru que
je devais à l'Académie de lui communiquer d'abord ces résultats.
)) Je veux parler du développement des Polypiers.
» 11 n'y a pas, dans la science, de travail étendu et suivi sur l'embryo-
génie des Polypes à Poljpier. Presque tous les auteurs qui ont eu pour
but l'élude du mode d'accroissement du Polypier se sont attachés à
prendre, d'un côté, les calyces ou Polypiérites paraissant les plus jeunes;
de l'autre, ceux qui semblaient les plus complètement développés, et, en
cherchant les termes intermédiaires entre ces extrêmes, à déduire, par le
passage insensible des uns aux autres, les lois soit de la multiplication des
parties, soit du mode d'accroissement général des calyces.
)) On ne voit pas les zoologistes s'appliquer à reconnaître les premières
traces des dépôts du calcaire dans les corps des Polypes encore à l'état
d'embryons, et à suivre ces premiers nodules inorganiques jusqu'à l'entière
constitution du calyce ou Polypiérite avec tous ses éléments. En un mot,
on a étudié plutôt et plus exclusivement le squelette isolé de l'animal ou le
Polypier lui-même.
» On a induit dfs lois qui se trouvent dans la science, non de l'étude de
la charpente pendant sa formation dans l' embryon, mais bien de Vobservation,
des Polypiérites tout formés ayant différentes cjïandeurs . En un mot, on a cm
pouvoir affirmer ce qui avait dit être d'après ce qui était au moment de l'obser-
vation.
» Dans un Polypiérite, c'est-à-dire dans l'un des calyces du Polypier d'un
Actiniaire, quelle qu'en soit l'espèce, on sait qu'il existe des lames rayon-
nantes de grandeur variée. Ces lames, de première, de deuxième, de troi-
sième, . . . , de n'^'"" grandeur, alternent régulièrement dans un certain ordre.
L'ensemble de celles qui sont homologues ou semblables constitue ce qu'on
nomme un cycle. A cette vue, la même pensée vient naturellement à l'esprit
i55..
( I20/, )
de tous les observateurs, et l'on peut dire que, aux jeux de tous, les lames
égales ou de même graudeur formant un cycle sont nées à une même
époque, qu'elles ont commencé et continué à croître simultanément, ce qui
expliquerait leur égalité; enfin que les lames de grandeur différente sont
aussi d'âges différents, et que leur étendue est directement proportionnelle
à la durée de leur croissance, c'est-à-dire à leur âge.
» On peut certainement affirmer que cette idée, qui se présente tout
naturellement à l'esprit, a été le point de départ des lois nombreuses for-
mulées d'après l'observation des objets de collection, lois qui ont fourni
les bases principales des classifications et de la nomencialure des parties
des Polypiers proposées surtout par les auteurs français. Des naturalistes
allemands, plus particulièrement MM. Schneider et Rotteken d'une part,
et C. Semper de l'autre, en se plaçant à des points de vue différents, se
sont attachés à démontrer l'impuissance de ces lois, et la difficulté ou
l'impossibilité qui existe souvent quand il s'agit de les vérifier ou de les
apjdiquer.
» L'un de mes désirs, en allant cet été en Afrique, était de trouver des
embryons ainsi que de très-jeunes Polypes à Polypier et de revoir, pour
les vérifier, les théories diverses émises sur l'origine et le mode de crois-
sance des Polypiers.
» J'ai été assez heureux pour réussir à avoir des embryons ainsi que
de très-jeunes Polypes, et ce sont les résultats de mes nouvelles obser-
vations que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
» On sait que le Polype, qui coiffe et produit un Polypier, offre autour
de sa bouche des couronnes de tentacules ou bras de grandeurs diffé-
rentes; que ces tentacules ont aussi été groupées en cycles et que l'on a
appliqué à leur développement la même série de lois que pour les lames
du Polypier. Or, en suivant l'apparition des tentacules sur l'embryon, on
ne peut vérifier aucune des lois qu'on trouve dans la science : c'est ce
que j'ai prouvé dans un Mémoire (i) publié l'année dernière.
M Ceci jette un grand lroid)le dans l'esprit quand, de l'étude des parties
molles de l'animal, on veut passer à la connaissance du développement de
ses parties dures. En effet, chaque tentacule répond à une loge du corps
du Polype, et dans le fond de chacune de ces loges s'élève une des lames
calcaires du Polypier; on devait donc d'avance se demander si la loge et le
(i) Voir 11. uE LACAzt - DuTuiEus , Archii'cs de Zoul'j^ic cxpcrimcnCalc et gcnémlc
vohiiiic I; 1-672.
( I2o5 )
lenlMcule qui en dépend, comme aussi la cloison calcaire qui la remplit,
suivaient une seule et même loi ou des lois différentes dans leur formation.
» J'ai pu de nouveau, dans mon voyage, m'assurer de la parfaite exac-
titude des faits suivants.
» Deux questions se présentaient : il s'agissait de déterminer d'abord
dans quelle partie et dans quelle couche élémentaire des organes com-
mençaient à se déposer les particules calcaires du calyce; ensuite quelles
étaient les lois présidant à l'apparition et à la multiplication des pièces du
Polypier.
» Il fallait logiquement, pour suivre les progrès du développement des
pièces calcaires, commencer par connaître, comme on l'a cherché pour les
os, où se déposaient les premières particules.
» Des auteurs français admettent que c'est dans le derme du corps des
Polypes que se fait le dépôt princijial : aussi appellent-ils sclérodcnnés le
groupe des Coralliaires dont il est ici question; mais on remarquera qu'il
serait d'abord utile de donner une définition précise, histologique du
derme, ce qui n'est pas fait. Aujourd'hui, on distingue deux couches dans
les parois du corps des Polypes, l'une interne, l'autre externe, appelées ec-
toderme ou bien aiolliéliam et endoderme ou bien endolhéliiim. Les auteurs
français ont parlé de ces deux couches ; mais ils les ont subdivisées en
couches secondaires nombreuses et séparées par un plan de fibres muscu-
laires. C'est donc en dehors de celte couche musculaire que se fait le dépôt
|)rimitif de la partie qui, à leurs yeux, est la plus importante, celle qui
forme les parois du calyce et qu'ils nomment la muraille {theca).
» Or l'embryogénie et l'histologie de l'embryon, faites sur les jeunes
Jslroides de tout âge et bien vivants, et non sur des Polypiers à un moment
donné de leur existence, dans les collections, dépouillés de leurs parties
molles, ont montré sans doute possible que les premiers nodules calcaires
se trouvaient et apparaissaient dans la couche interne ou endothéliiun, dont
les caractères histologiques sont absolument différents de ceux de la couche
externe, ce qui ne permet pas de les confondre.
» Ainsi, pour ce qui est de l'origine histologique du Polypier, il n'est
pas possible de continuer à admettre l'ancienne opinion, et par conséquent
la dénomination de scléioderinés.
» Relativement à la loi présidant au mode d'apparition des cloisons
(septa) du Polypier, voici ce qui nous a paru non moins certain.
» IjCS nodules calcaires primitifs, déposés les premiers, se montrant
dans l'épaisseur de la couche interne tapissent le fond de la cavité de chaque
( I 20() )
loge (le l'embryon eiicorc sans tentacules et s'unissent en fornianl ordi-
nairement une bande centrale au fond de la loge, bande simple vers le
milieu du corps, bifurquée vers la circonférence; de telle sorte qu'on trouve
à un moment, au fond de chaque loge, une sorte de Y calcaire, dont les
branches tournées vers l'extérieur peuvent être soit très-courtes, soit très-
longues.
» Qu'on le remarque, à ce moment, il n'y a pas trace de circonvalla-
tion ou de muraille [theca), ou de limite extérieure du calyce.
» En suivant ces premiers dépôts, on voit qu'ils s'élèvent de plus en
plus sous la couche interne, et que, comblant la fourche de l'Y, ils produi-
sent des lames saillantes, simples, une seule dans chaque loge de l'em-
bryon.
» Ces lames (ce sont les origines des septa) se soudent aux corps étran-
gers sous-jacenfs aux embryons, et constituent les premiers rudiments du
Polypier.
» Or il y a douze loges, il y a donc douze septa primitifs et, je le ré-
pète, pas de muraille. Cependant, par la considération seule des Polypiers
dans les collections, on avait été conduit à admettre que la muraille se dé-
veloppait la première, et que d'elle naissaient d'abord six septa à une pre-
mière époque, et en même temps; que ces six lames primaires, conservant
les avances que leur donnait leur âge, se retrouvaient chez l'adulte avec
la plus grande taille, et de même pour les septa de deuxième, de troisième,...,
de »;'""'' grandeur : de là l'admission de cycles dont la grandeur des élé-
ments traduisait l'âge et ! l'ancienneté. Cela n'existe jamais dans l'em-
bryon de Y Aslroidcs, des Balanophvllies, et j'ai de nombreux exemples de
très-jeunes individus ayant tous douze septa égaux, avant d'avoir de mu-
raille, et chez qui la formation cycle par cycle de six éléments n'est pas
admissible.
» Il n'est pas davantage possible d'admettre que les septa émanent de
la muraille et de donner à celle-ci la prééminence sur tous les autres élé-
ments du calyce, puisque les septa sont déjà bien constitués, alors qu'il
n'y a pas trace de muraille.
» En résumé, pour les deux premiers cycles, les lois d'après lesquelles
élaicnt réglés le moment absolu et relatif de l'apparition des septa, leur
origine comme dépendant de l'un des éléments du calyce, n'ont pas de
raison d'être; et cependant c'était pour ces deux premiers cycles surtout
cjuc ces lois étaient admises et plus facilement vérifiables. Quant à l'ori-
gine hiblologique, il ne nous paraît ]ias jiossible, comme on l'a vu, au
( I207 )
moins chez l'embryon et les espèces ('tiulii os, de continuer à l'attribuer à
la couche dermique.
» On retrouve donc, à l'origine du Polypier, une règle qui n'a point
fait défaut pour le mode de mulliplication des tentacules chez les Acti-
niaires sans Polypier; c'est celle-ci : le nombre des parties, d'après un
certain nombre type, se forme d'abord; ensuite, une croissance plus grande
se manifestant dans certaines de ces parties formées, il en résulte une symé-
trie que rien ne pouvait faire prévoir si l'embryon n'avait été suivi instant
par instant.
» C'est ainsi que les tentacules des Actinies, qu'on trouve disposés si
régulièrement quelquefois en cycles successifs d'après le type six : 6 de pre-
mière, 6 de deuxième, 12 de troisième, 24 de quatrième, 48 de cinquième
grandeur, sont loin de s'être développés 6 à une première époque, 6 à
une deuxième, 12 à une troisième et ainsi de suite. Le nombre 12 a été
produit d'abord eu passant successivement par les nombres inférieurs 2,
4, 6, 8 et 12. Après sa production, les grandeurs sont restées alternati-
vement stalionnaires pour six et se sont accrues pour les six autres. Alors,
mais alors seulement, s'est manifestée la symétrie radiaire avec deux cycles
d'âge en apparence différent que traduit la relation (6'"+ 6").
» De même pour les septa du Polypier : le nombre 12 est produit
d'abord, mais avec cette différence, que les 12 éléments commencent à se
montrer tous au même moment, et que ce n'est que plus fard que leur
croissance inégale les assemble en deux groupes qui paraissent d'âge diffé-
rent, tandis qu'ils ne sont que de taille différente.
» Les faits que nous rapportons nous paraissent d'une certitude absolue.
Ils ont été constatés à plusieurs reprises, soit sur des Polypes pris na-
geant dans la mer à l'état de globe embryonnaire sans divisions et conduits
jusqu'à la formation complète de leur Polypier qui s'est déposé sur les
parois des bocaux des lames de verre à observation microscopique, ce qui
permettait de porter et de suivre sous le microscope un même embryon
dont on pouvait ainsi voir naître les parties et se constituer la charpente;
soit sur de très-jeunes individus recueillis sur les rochers des localités où
vivent Y Jstroides ou les Balanophyllies. »
( 1208 )
ZOOLOGIE GÉNÉRALE. — Remarques sur lafauitc stid-américninc, riccompngin'es
de drluils nnntoniMjucs relatifs à (juelques-wn de ses tjpes les jilus rarnrléiis-
liques; par M. P. Gervais.
« J'ai rappelé, dans une précédente Communication (i), combien l'ordre
des Tardigrades, dont j'ai passé en revue les différents genres éteints, en les
comparant à ceux de la nature actuelle, s'éloignait, des autres ordres com-
posant avec lui la grande division des Edentés. En même temps, j'ai fait
voir comment cet ordre devenait, par l'ensemble des animaux qui le consti-
tuent, l'un des groupes les plus caractéristiques de la faune sud-améri-
caine. C'est aux Edentés qu'appartiennent également les Myrmécophages
ou Fourmiliers, et les Dasypidés ou Tatous, dont l'aire d'habitat est la
même que pour les Tardigrades.
» Si l'on ne connaît pas encore de fossiles susceptibles d'être attribués à
des animaux de la même catégorie que les Fourmiliers, il n'en est pas de
même pour les Dasypidés dont les formes actuelles rentrent toutes dans la
tribu des Tatous. Plusieurs d'entre elles se rencontrent déjà parmi les fos-
siles des dépôts pampéens ou dans les cavernes des mêmes contrées, et il
s'y joint deux genres éteints qui sont l'un et l'autre fort remarquables. Le
plus anciennement décrit, au sujet duquel j'ai moi-même donné quelques
détails, a reçu de M. Lund le nom de Chlamydothcrium , et j'ai appelé
le second Eiitatiis; leurs espèces atteignaient de fortes dimensions.
» Une autre tribu des Dasypidés est celle des Glyptodontes, qui ont
constitué trois genres distincts : les Scliislopleurum de M. Nodot, les Pa-
iiochllais de M. Burmeisler, et les Hoplojdwrusde M. Lund, dont j'ai égale-
ment eu l'occasion de m'occuper.
» Les Glyptodontes possédaient une cuirasse osseuse, comparable à
celle des Tatous; mais les débris de cet appareil protecteur ont d'abord
été attribués au Mégathérium, erreur qui a été rectifiée. Cependant il ne
faudrait pas croire que les Tardigrades avaient toujours la peau dépourvue
de granulations osseuses. Il s'en trouvait, en particulier, dans certains
points de celle du Myiodon, ainsi que l'ont observé MM. Sénéchal et Bur-
meister. C'étaient des espèces de tubercules, ayant à peu près la grosseur
d'un dé et une forme assez peu différente, quoique beaucoup moins régu-
lière. Les collections réunies par M. F. Seguin en renferment un certain
nombre d'échantillons, dont quelques-uns sont restés appliqnés contre
(i) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 861; séance du 20 octobre 1873.
( i'09 )
l'omoplate d'un animal du genre qui vient d'être cité. On doit y voir un
rudiment de la cuirasse propre aux Dasypidés, rudiment que l'on peut
comparer, aussi bien que les pièces composant la véritable cuirasse des
Tatous et desGlyptodontes, aux disques osseux qui solidifient la peau des
Sphargis et celle des Coffres ou Ostracions, ainsi que de beaucoup d'autres
animaux cataphractés. Toutefois ce serait à tort que l'on chercherait à assi-
miler les pièces osseuses dont il s'agit aux plaques constituant la carapace
des Chéloniens, et, chez le Sphargis, la vraie carapace de Tortue est elle-
même représentée par une grande plaque de forme irrégulièrement étoilée,
placée au point de jonction des vertèbres cervicales et dorsales, au-dessous
de la cuirasse en mosaïque propre à cette espèce.
» Il serait sans intérêt pour le but que je me propose dans ce résumé de
passer en revue, comme je l'ai fait ailleurs, les différences tirées du sque-
lette proprement dit, de la dentition, de la cuirasse, etc., par lesquelles les
espèces comprises dans les trois genres connus de (ilyptodontes se distin-
guent les unes des autres, ce que l'état de nos collections rend actuellement
facile; je me bornerai donc à ajouter aux indications précédentes que l'exa-
men des formes cérébrales propres aux Dasypidés vivants et fossiles, ou
celles des Fourmiliers et des Tardigrades, m'a aussi conduit à des résultais
dignes d'être pris eu considération lorsqu'on veut se faire une idée plus
exacte des traits caractéristiques de ces trois groupes d'Edentés américains.
M Le Macrothérium, de la faune miocène de l'Europe, a été quelquefois
regardé comme devant être classé avec les Fourmiliers; mais il n'a en réa-
lité rien de commun avec ces animaux. Il ne doit pas non plus être rap-
proché des Orycléropes, qui sont particuliers à l'Afrique, puisque ses dents
n'offrent pas la structure spéciale que l'on connaît aux dents de ces der-
niers. En considérant ses caractères ostéologiques, je suis conduit à le
placer près des Pangolins, quoique ceux-ci manquent entièrement de
dents, et l'on sait que Cuvier avait attribué à un grand Pangolin la seule
phalange par laquelle il connaissait le même animal.
» H a existé, dans l'Amérique, des Mammifères non moins singuliers
que ceux dont nous avons parlé jusqu'à présent. De ce nombre est le Ty-
potliérium, genre dénommé, mais non décrit, par M. Bravard, et dont
M. Serres a entretenu l'Académie à plusieurs reprises en lui donnant le
nom de Mésothérium. Malgré une certaine ressemblance avec leToxodon,
dont nous parlerons bientôt, et aussi avec les Edentés, le Typothérium se
rattachait d'une manière plus directe aux Rongeurs : toutefois, il y a ici
une distinction à établir.
C. K., 1S73, a^ Semestre, (T, LXXVIl, IN» 21.) 1 56
( I2IO )
» Les Rongeurs, si naturel que soit le groupe qu'ils constituent, cessent
d'offrir ce caractère d'uniformité, si on leur associe les Lièvres, les Lapins,
les Lagomys et certains genres fossiles rentrant aussi dans la famille des Lé-
poridés; c'est comme constituant un ordre particulier et non comme une
simple famille de l'ordre des Rongeurs proprement dits qu'il faut les con-
sidérer.
» C'est auprès d'eux, et sans doute dans le même ordre, que le Typo-
thérium doit prendre rang, tout en devenant le type d'une famille à part.
Son crâne ressemble beaucoup à celui des Léporidés; il a, comme ces ani-
maux, le péroné articulé avec une saillie latéro-externe du calcanéum, et
j'ai, en outre, constaté que par sa forme cérébrale il s'en rapproche plus
que de tout autre groupe. Certaines dispositions de son bassin et de ses
membres établissent, il est vrai, entre lui et les véritables Léporidés une
séparation de valeur plus que générique, et l'on doit en faire une famille
à part, ayant cependant sa place marquée dans le même ordre que ces ani-
maux.
» Le Macrauchéuia et le Toxodon, signalés l'un et l'autre pour la pre-
mière fois par M. Owen, sont des Mammifères d'un autre ordre. Ils appar-
tiennent l'un et l'autre à la série des Ongulés et présentent des caractères
non moins insolites, qui rendent également difficiles à saisir leurs véritables
affinités. C'étaient des animaux de grande taille.
» Le premier, c'est-à-dire le Macrauchénia, possédait un cou long et re-
courbé à la manière de celui des Chameaux ou des Lamas, et dont les
vertèbres avaient aussi le trou artériel placé dans l'intérieur du canal ra-
chidien; ses membres étaient imparidigités; il avait, de même que les Ju-
mentés, le fémur pourvu d'un troisième trochanter, remonté comme cela
a lieu chez les Chevaux; son astragale était différent de celui des Bisulques
et comparable à celui des Rhinocéros et des Tapirs, etc.; enfin ses dents,
qui rappellent à certains égards celles des Paléothériums, étaient équidis-
tantes, égales en hauteur, et semblables sous ce rapport à celles des Ano-
plothériums, animaux qui doivent être rapportés au sous-ordre des Por-
cins. J'ai donné récemment la description détaillée des caractères dentaires
du Macrauchénia et, en même temps, j'ai fait voir que le pied de derrière
de cet Ongulé présente une particularité qui le rapproche aussi des Bisul-
ques : je veux parler de l'articulation de son calcanéum avec le péroné,
disposition qui ne se voit dans aucun des Jumcnlês connus, mais est con-
stante chez les Ruminants et les Porcins.
M Le genre éteint des Nésodons, que l'on ne trouve également que dans
( 121, )
l'Amérique méridionale, est sans doute aussi de la famille des Macrauché-
nidés.
Quant au Toxodon, c'était un animal comparable à l'Hippopotame par
ses proportions, mais Irès-différent de ce dernier par ses traits principaux
et d'une tout autre famille. La forme de son crâne et ses dents, que
M. Owen a fait connaître; ses membres, dont j'ai décrit les principales
pièces, en faisaient un animal très-singidier, certainement allié aux Por-
cins, mais qui mêlaient à plusieurs dispositions particulières à ce sous-ordre
une tendance vers les Proboscidiens. La forme de son astragale vient à
l'appui de cette dernière remarque, et, si l'on considère la façon dont le
calcanéum du Toxodon était en rapport avec le péroné, ce qui a été indi-
qué par M. Burmeister, on constate une analogie plus grande avec les deux
groupes dont il vient d'être question qu'avec les Jumentés; mais le Toxodon
se rattachait évidemment aux Porcins plutôt qu'aux Proboscidiens, et je
doute maintenant qu'il faille en faire, comme on l'a proposé, l'objet d'un
ordre particulier. L'examen de la forme cérébrale nous fournit ici encore
une indication précieuse : elle éloigne le Toxodon des Proboscidiens et,
tout en rappelant à certains égards celle de certains Jumentés, c'est aux
Porcins et de préférence aux Hippopotames qu'elle conduit.
» A ces Mammifères se distinguant par le genre, souvent même par la famille,
de ceux qui s'observent ailleurs, s'en ajoutaient d'autres dont les formes
se sont pour la plupart conservées après avoir été contemporaines de celles
que la nature a perdues. Hs sont encore en partie très-différents de ceux
que l'on rencontre dans les autres parties du monde, et la faune sud-amé-
ricaine leur doit aussi en grande partie le cachet qui lui est propre. Ce
sont les Lamas, dont nous avons décrit une espèce éteinte atteignant les
dimensions des Chameaux; les Pécaris, qui possédaient autrefois une espèce
également supérieure en dimensions aux Pécaris actuels; les Sarigues,
dont il y a encore des représentants jusque dans les États-Unis; les Phyl-
lostomidés, constituant une des grandes familles de l'ordre des Chéiroptères,
et certains Rongeurs de formes exclusivement américaines, les Caviadés; les
Viscaches et genres analogues; les Cténomydés, enfin les Myopotames, les
Capromys, les Échimys, ainsi que les genres qui s'en rapprochent. Ces ani-
maux sont au nombi'e des fossiles enfouis dans les terrains quaternaires
de la sud-Amérique ; mais la plupart de leurs espèces existent encore main-
tenant. Il faut ajouter à cette liste toute la série des Singes cébins dont
l'Amérique possède seule des représentants, soit fossiles, soit vivants. On
sait que ces quadrumanes constituent une tribu bien distincte de colle des
i56..
( I2I2 )
Singes actuellement propres à l'ancien continent ou qui sont fossiles dans
les terrains tertiaires de ce continent.
» Certains Mammifères sud-américains s'éloignent moins par les traits
qu'ils présentent de ceux que possèdent les autres faunes ou qui en ont
fait autrefois partie. Les Mastodontes ont habité l'Amérique méridionale
aussi bien que l'Amérique septentrionale, le midi de l'Asie, l'Europe tem-
pérée et une partie de l'Afrique. Il y a même des fossiles du genre Éléphant
jusque dans les parties centrales de l'Amérique, qui fournissent d'ailleurs
plusieurs des grands Mammifères éteints si fréquents dans la Guyane,
au Brésil, dans la Bolivie, au Pérou et dans la Confédération Argentine.
» D'autres animaux sud-américains sont congénères de ceux que l'on
rencontre dans l'Amérique du Nord et dans les diverses parties de l'ancien
continent, ou qui ont habité ces grandes régions à une époque géologique-
ment peu éloignée de nous. Ce sont des Chevaux dont les espèces avaient
depuis longtemps disparu, lorsque les Espagnols transportèrent en Amé-
rique des individus domestiques du même genre ; des Tapirs représentés,
dans l'ancien continent, par une espèce propre à l'Asie méridionale et par
plusieurs espèces fossiles en Europe ; des carnivores de différentes familles,
et parmi eux le grand Machairodus nommé Neocjeus par M. Lund et Smilo-
c/oHparM.deBlainville, ainsi que le grand Ours, type du genre Arclotherium,
que j'ai appelé Ursus bonariensis . Les autres animaux du même ordre, qu'ils
soient fossiles ou encore existants, rentrent pour la plupart dans des genres
représentés ailleurs, et, quoique différant par leurs caractères spécifiques,
ils s'éloignent en général assez peu de leurs analogues propres aux autres
régions. On sait d'ailleurs que les Carnivores sont au nombre des Mammi-
fères les moins circonscrits dans leur répartition géographique. L'Amérique
méridionale n'en a pas moins ses espèces propres, et la plupart sont à la
fois connues dans les dépôts fossilifères, ainsi que dans l'époque actuelle.
» Il en est également ainsi pour les petits Rongeurs sud-américains du
groupe des Rats ou Murins et pour les Chéiroptères de la famille des Ves-
pertilions ou Chauves-Souris proprement dites, que l'on rencontre aussi
dansées deux conditions. Dans la plupart des cas, ils ne se séparent pas par
le genre de ceux des autres parties du monde, ou ils ne s'en séparent que
d'une fa^on très-légère, ce qui concorde avec ce fait, aujourd'hui bien
constaté, que ces animaux, tous de faible dimension et qui occupent un
rang inférieur dans leur groupe respectif, ont une aire d'habitat si étendue
qu'on doit les considérer comme réellement cosmopolites. Il existe, en
effet, des Vespertilions et des Rongeurs de la tribu des Murins jusque
( I2l3 )
dans l'Australie, cette terre dont la faune est presque exclusivement fournie
par les deux sous-classes des Marsupiaux et des Monotrèmes. Les Vesper-
tilions et les Murins de la faune dont nous parlons n'en sont pas moins
particuliers à cette faune, si l'on ne tient compte que de leurs caractères
spécifiques.
» Dans le remarquable chapitre de son Histoire naturelle qu'il a con-
sacré aux lois régissant la distribution des Mammifères, Buffon compare
les espèces propres aux parties méridionales de l'ancien continent à celles
du nouveau, et il ajoute :
" Plus on fera de recherches et de comparaisons à ce sujet, plus on sera convaincu que
les animaux des parties méridionales de chacun des continents n'existaient point dans
l'autre, et que le petit nombre de ceux qu'on y trouve aujourd'hui ont été transportés par
l'homme. »
» L'étude attentive des fossiles découverts dans l'Amérique méridionale
montre que cette séparation de la faune particulière à celte région |d'avec
celle de l'Afrique ou de l'Asie est pltis ancienne que ne supposait ce grand
naturaliste, et l'on sait d'aulre part que les découvertes faites bientôt
après lui, à Madagascar et en Australie, ont singulièrement étendu, en les
confirmant, les remarques auxquelles un premier coup d'œil l'avait con-
duit. C'est ce que j'ai signalé, il y a déjà longtemps, et c'est ce que les
observations de chaque jour entreprises par les zoologistes sont venues
confirmer.
L'étude des fossiles recueillis dans une grande partie de l'Amérique méri-
dionale et dans le sud de l'Amériqize septentrionale montre, au contraire,
que Buffon était arrivé à un résultat inexact, lorsqu'il avait vu dans la pe-
titesse relative des espèces qui composent la faune américaine un des ca-
ractères distinctifs de cette faune comparée à celle de l'ancien continent. Il
faut, comme on l'a fait lorsqu'on a voulu se rendre im compte exact de
la dernière des populations animales propres à l'Europe, restituer à la faune
sud-américaine les espèces qu'elle a perdues depuis le commencement de la
période quaternaire. On t'econnaît alors que, semblable à celle-ci, elle le cède
peu, par le nombre aussi bien que par la grandeur de ses Mammifères, aux
populations animales qui se sont perpétuées en Afrique et en Asie. On sait
que le même fait a été observé pour l'Australie.
» Mais, si l'on cherche ensuite à établir l'origine de ces diverses faunes
et, en particulier, celle de la fume sud-américaine, on voit bientôt surgir
des questions pour la solution desquelles l'observation n'a encore fourni
que des documents tout à fait insuffisants, et l'on est forcé de reconnaître
( '2.4 )
que ce n'est pas résoudre ces difficiles problèmes que de dire, avecBtiffon,
« qu'il ne serait pas impossible, même sans intervertir l'ordre de la nature,
» que tous ces animaux du nouveau monde tussent, dans le fond, les
» mémos que ceux de l'ancien, desquels ils auraient autrefois tiré leur
» origine ».
» Les savants les plus favorables aux théories transformistes doivent
reconnaître qu'il a existé et qu'il existe encore, parmi les animaux améri-
cains, des formes qu'il est impossible de faire dériver de celles qui habi-
tent les différentes régions de l'ancien continent ou qui les ont habitées
depuis la fin de la période tertiaire. Leur comparaison avec les espèces
tertiaires laisse également subsister bien des doutes, et, dans l'élat actuel de
nos connaissances, remonter au delà serait s'exposer à des objections non
moins sérieuses, puisque les liens de parenté que l'on pourrait supposer
seraient, dans la plupart des cas, dépourvus de toute apparence de
réalité. C'est à peine si l'on commence à en entrevoir quelques-uns, en
ayant recours aux faunes postérieures à la période crétacée. Sous ce rap-
port, cependant, les fossiles du Nébraska et du Dakota paraissent, à défaut
de notions sur les animaux que les changements géologiques survenus
dans l'hémisphère austral peuvent avoir fait disparaître, devoir fournir des
indications précieuses lorsqu'on les connaîtra plus complètement. On y
signale déjà plusieurs genres éteints se rattachant à la fois aux Lamas et
aux Chameaux, et il s'y trouve aussi des genres identiques avec ceux
qui vivaient alors en Europe.
» Mais Buffon semble avoir prévu les difficultés qui viennent d'être
rappelées, et il ajoutait au passage que nous lui avons emprunté, à propos
des Mammifères sud-américains :
a Cela ne doit pas nous empêcher de les regarder comme des animaux d'espèces diffé-
rentes; de quelque cause que vienne cette différence, qu'elle ait été produite par le temps,
le climat ou la terre, ou qu'elle soit de même date que la nature, elle n'en est pas moins
réelle. »
» Non-seidement les animaux sud-américains diffèrent par leurs espèces
de ceux des régions méridionales de l'ancien continent, mais, dans un
grand nombre de cas, ils fortnent des genres à part, quelquefois même
des familles entièrement distinctes de celles que possèdent l'Amérique du
Nord et les diverses parties de l'ancien continent. C'est là un fait considé-
rable, que la loi relative aux régions australes des continents, telle que l'a
formulée Buffon, ne met pas suffisamment en lumière. »
( I2l5 )
M. Leymerie fait hommage à l'Académie d'un travail imprimé portant
pour titre : « Description géognostique du versant méridional de la mon-
tagne Noire, dans l'Aude ».
NOMIiVATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Bérard.
Au premier lourde scrutin, le nombre des votants étant 44?
M. Williamson obtient 44 suffrages.
M. AViLLiAMsoN, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section deChimie, en remplacement de feu M. Graham.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Zinin obtient 36 suffrages.
M. Stass 7 »
M. Melsens i »
Il y a un bulletin blanc.
M. Zinin, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de trois
Membres qui seront adjoints à la Section deChimie, pour juger le Con-
cours du prix de Cliimie de la fondation Lacaze.
MM. Berthelot, Dumas, Peligot réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Pasteur,
H. Sainte-Claire Deville, Boussingault.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de trois
Membres qui seront adjoints à la Section de Médecine et Chirurgie, pour
juger le Concours du prix de Physiologie de la fondation Lacaze.
MM. Milne Edwards, Cli. Robin, de Lacaze-Duthiers réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Brongniart, Bouley, Roulin.
( I2î6 )
AIÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Sur quelques phénomènes d'illumination;
Note de M. A. Lallemand.
(Commissaires : MM. Fizeau, Edm. Becquerel, Jamin.)
« Tous les effets d'illumination que l'on observe sur les corps dia-
phanes, traversés par la lumière solaire naturelle ou polarisée, s'expliquent
aisément, si l'on admet que le mouvement vibratoire de l'éther, en péné-
trant dans le milieu transparent, éprouve une résistance, en vertu de la-
quelle les vibrations se propagent latéralement, de telle sorte que, suivant
inie direction quelconque oblique au rayon incident, le mouvement de la
particule étliérée représente la projection de celui qui anime l'éther sur le tra-
jet du faisceau lumineux; et si, d'un autre côté, on admet encore que les
molécules du milieu, en absorbant une partie de la force vive de l'éther,
vibrent à leur tour et propagent, dans le fluide élhéré, les vibrations com-
plexes qui constituent la lumière naturelle. L'illumination résulte donc
de deux effets superposés, et la lumière qui en émane est formée de deux
sortes de rayons : les uns, toujours de même couleur que les rayons inci-
dents, sont, ou partiellement, ou complètement polarisés, suivant que le
faisceau incident est neutre ou polarisé; les autres, dont la réfrangibilité
est souvent inférieure à celle des rayons excitateurs, ont les propriétés de
la lumière naturelle et déterminent une propriété générale des corps que
l'on a appelée fluorescence. Dans le cas des corps opaques, cette propriété
correspond à ce que l'on désigne, plus habituellement, par couleur propre
du corps.
M Je viens de dire que la fluorescence est un phénomène général pour
les corps diaphanes; en opérant, en effet, sur les liquides les plus purs,
ceux que l'on obtient, par exemple, en condensant un gaz comme l'acide
sulfureux, le cyanogène, etc., on constate que l'illumination ne s'éteint pas,
lorsqu'on vise dans une direction normale au faisceau et au plan de pola-
risation de la lumière incidente; ou, si l'on opère avec de la lumière natu-
relle et que l'on observe au travers d'un biprisme, l'une des deux images
du rayon illuminé ne disparaît jamais complètement. Cependant, en étu-
diant dans de meilleures conditions quelques substances cristallisées, j'ai pu
reconnaître que le quartz et le sel gemme bien purs n'offrent pas la
moiudre trace de fluorescence et s'illuminent très-nettement. Pour réussir
( I2I7 )
cette expérience, il faut polariser un large faisceau de rayons solaires avec
un prisme de Foucault à faces normales, et !e concentrer avec ime lentille
de quartz, taillée parallèlement à l'axe, de 35 à 4o centimètres de foyer. On
fait coïncider les sections principales du polariseur et de la lentille, et l'on
rend ensuite leurs mouvements solidaires. Silefaisceau, ainsi concentré, tra-
verse le quartz, soit à l'état de rayon ordinaire, soit à l'état de rayon extraor-
dinaire, on observe, dans le plan de polarisation, une traînée blanche bien
visible, qui s'éteint complélement avec un Nicol. En visant dans une di-
rection normale au plan de polarisation, l'illumination est nulle; il ne reste
pas la moindre trace de fluorescence. Quand le rayon solaire traverse le
quartz suivant l'axe optique, la dispersion du plan de polarisation a pour
résultat de donner une illumination égale autoiu- du rayon, et la polarisa-
tion n'est complète que suivant une direction normale an faisceau. On de-
vrait observer dans ce cas une illumination chromatique, semblable à celle
du sirop de sucre et tontes les solutions à pouvoir rotatoire, mais avec
le quartz elle n'est pas manifeste. On sait, en effet, que les teintes mixtes
très-affaiblies affectent toutes une teinte grise uniforme, que l'œil ne sau-
rait distinguer; le sel gemme bien pur s'illumine aussi, comme le quavlz,
et n'est pas fluorescent.
» Il n'en est pas de même du spath d'Islande : tous les échantillons que
j'ai pu examiner s'illuminent en rouge orangé, avec plus ou moins d'éclat;
mais cette illumination colorée est la même dans le plan de polarisation et
normalement à ce plan ; elle ne s'éteint pas avec un Nicol, quand les rayons
émergents, qui subissent nécessairement la double réfraction, restent su-
perposés. Cette lueur louge orangé est uniquement due à la fluorescence,
et l'illumination polarisée, semblable à celle du quartz, n'est pas appré-
ciable. Une particularité que je dois signaler, c'est que, lorsque le filet so-
laire incident n'est pas polarisé et traverse le rhomboèdre de spath, de
manière à donner deux faisceaux bien séparés, la fluorescence due an rayon
ordinaire paraît plus vive et d'un rouge plus foncé que celle du rayon ex-
traordinaire; c'est du moins ce que j'ai observé nettement sur deux échan-
tillons dont la fluorescence était vive. La fluorescence du spalh avait d'ail-
leurs été étudiée par M. Edm. Becquerel, avec le phosphoroscope, et je ne
fais que confirmer, par une autre méthode, ses observations. Le spath
fluor incolore réunit avec plus d'intensité les deux propriétés distinctes
du quartz et du spath. Il donne une illumination blanche, très-vive dans
le plan de polarisation, et une fluorescence violet indigo dans la direction
perpendiculaire. Ces trois corps cristallisés, quartz, spath et fluorine, re-
C.R., 1873, 2" Scm«(re. (T. LXXVn.N» 21.) '^7
( I2l8 )
présentent, au point de vue de l'illumination, trois types auxquels on peut
rapporter tous les corps transparents; pour ne citer qu'iui exemple, non
encore remarqué, la naphtaline pure, en dissolution dans l'alcool ou l'es-
sence de pétrole rectifiée, possède une fluorescence quinique, d'un bleu
indigo très-vil. L'analyse spectrale de cette lumière donne une bande bleue
très-intense, s'étendant de la raie G à la raie H et dominant les autres
coideurs du spectre, qu'elle renferme aussi.
» Je dois aussi faire mention des effets curieux qu'on obtient; avec des
prismes de verre trempé; le filet de lumière polarisée qui les traverse donne
une trace lumineuse blanche et partiellement polarisée en certains points,
tandis qu'en d'autres points elle est neutre et colorée en vert jaunâtre ou
vert bleuâtre, suivant la fluorescence du verre employé. Sans entrer dans
plus de détails, on voit que ces effets dépendent de la double réfraction que
subit le rayon lumineux, et de la direction du plan de polarisation du fais-
ceau illuminant.
» Pour compléter ces observations, j'ajoxiterai quelques mots sur les
expériences photométriques à l'aide desquelles j'ai mesuré la proportion de
lumière polarisée que contiennent les rayons émis par un liquide qu'illu-
mine un faisceau de lumière naturelle. Si le liquide n'était pas fluorescent,
la polarisation serait totale lorsqu'on vise normalement dans un plan quel-
conque passant par l'axe du faisceau, et la proportion de lumière polarisée
varierait comme le sinus carré de l'angle que fait le rayon visuel avec l'axe
du faisceau., si l'on admet, comme je l'ai dit plus haut, que la trajectoire
d'une particule éthérée, sur la ligne de visée, n'est autre chose que la pro-
jection du cercle enveloppe de toutes les ellipses à orientation variable
qui représentent le mouvement de l'éther dans un rayon de lumière na-
turelle.
» La vérification de cette loi ne présenterait aucune difficulté si la fluores-
cence inévitable du liquide ne venait ajouter à l'illumination ime pro-
portion, constante il est vrai, de lumière neutre, mais dont il faut tenir
compte.
» Voici comment j'ai opéré, avec un photomètre dont les dispositions
générales reprotluisent en partie celles qui ont été adoptées par MIVL lîer-
nard et Edin. Becquerel. Je vise le faisceau illuminé au travers d'un Nicol
dont la section principale lui est d'abord normale, et j'égalise sa lumière
avec celle d'une lampe qui est reçue dans un prisme à réflexion totale,
après avoir traversé deux Niçois, le jiremier mobile, le second fixe, et dont
les sections principales coïncident. Cela fait, j'éteins la portion de lumière
( I2I9 )
polarisée qu'émet le liquide illuminé, en tournant de 90 degrés le premier
j)risme. Pour rétablir l'égalité des lumières, il suffit alors de tourner d'un
certain angle le Nicol mobile, qui sert à faire varier l'intensité de la lumière
de comparaison.
» Soient a et a! les angles de rotation qui ont rétabli l'égalité des images
quand on vise le faisceau, d'abord normalement, puis suivant une direc-
tion faisant un angle oj avec l'axe du faisceau illuminant. Si l'on appelle^
la |)roportion de lumière fluorescente, et m la lumière totalement ou par-
tiellement polarisée qui provient de la propagation latérale du mouvement
lumineux, on aura les deux égalités suivantes :
cos"a,
m cos'w -\-f
m ~\-f ■' m +f '
remarquons qu'on peut supposer j?i = i , et que les deux teimes du second
rapport devraient être multipliés par un même facteur, variable avec oj,
puisque la lumière émise varie avec la profondeur du filet lumineux et que
celle-ci change avec l'inclinaison. En éliminanty^ entre ces deux égalités,
il vient
sina'^ sin« sin w.
» J'ai vérifié cette relation avec un ballon sphérique, à mince paroi, rem-
pli successivement d'alcool et d'hydrure d'hexyle très-purs. Sans entrer dans
le détail des expériences et des précautions prises pour réaliser l'égalité des
teintes des deux images, condition sans laquelle l'égalité des lumières de-
vient illusoire, je puis dire qu'en faisant varier w depuis zéro jusqu'à 65 de-
grés la loi s'est bien vérifiée; les erreurs dans les déterminations de a n'ont
jamais dépassé i degré, ce qui représente une approximation très-suffisante
pour des mesures pholométriques. »
PHYSIQUE. — Obseruaiions relatives à l'accroissement de volume de l'eau au-
dessous de 4 degrés, ci propos d'une Note de M. Piarron de Mondesir; par
M. F. Hément. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Serret, Jamin.)
« La Note de M. Piarron de Mondesir, sur le maximum de densité de
l'eau (p. 1 154 de ce volume), a poiu' base une hypothèse multiple sur la
forme, la disposition, le nombre des molécules d'eau groupées, le mode de
rotation de ces molécules, etc. Je demande à l'Académie la permission d'in-
157..
( I220 )
(liqiier, en quelques mots, l'explication qui me paraît pouvoir être donnée
(lu phénomène lui-même.
» La dilatation est, en général, le fait par lequel les molécules d'un
corps s'éloignent les unes des autres sans que la forme du corps soit altérée,
ces molécules conservant les mêmes positions relatives. L'accroissement de
volume de l'eau au-dessous de 4 degrés n'offre rien d'analogue. On peut
dire que les molécules du liquide continuent à se rapprocher sous l'in-
fluence de l'abaissement de la température : ce doit être là un fait général;
mais les pores diminuent constamment d'étendue, des intervalles d'une
autre nature se produisent dans l'eau, depuis 4 degrés jusqu'à zéro.
» Afin de mieux me faire comprendre, je prendrai comme exemple une
boîte dans laquelle des épingles sont disposées par couches, de manière
qu'il y ait le moins de vides possible. Si la boîte est ensuite renversée et
les épingles répandues, elles s'enchevêtrent en tous sens et occupent un
volume plus grand que celui de la boîte; chaque épingle pourrait même
devenir plus courte, et néanmoins l'ensemble occuperait un plus grand
volume qu'auparavant. On peut comparer les aiguilles cristallines de la
glace à ces épingles entremêlées; chaque aiguille est, pour ainsi parler,
une brochette de molécules, dans laquelle les molécules sont plus rappro-
chées qu'elles n'étaient avant la cristallisation.
» On dira sans doute que, la congélation n'ayant lieu qu'à zéro,
c'est alors seulement que les choses se passent comme il vient d'être
dit ; or c'est à partir de 4 degrés que commence l'augmentation de
volume. Je répondrai que, si la cristallisation s'effectue à zéro, elle est
préparée dès 4 degrés. C'est à partir de 4 degrés que les molécules com-
mencent à se disposer dans l'ordre convenable; le changement d'état n'est
pas lui phénomène instantané : il est préparé longtemps à l'avance, et
l'accomplissement n'en est que la dernière jihase.
» Il n'est pas probable que le fait du maximum de densité soit aussi
particulier qu'on le dit. D'autres corps présentent cette apparente singu-
larité, et il est probable que c'est un fait aussi général que la cristallisa-
tion dont il paraît dé[)endre. »
M. Colla RDEAu- Vacher adresse une Note, accompagnée de pièces justi-
ficatives, et portant pour titre : o De l'aréomètre Baume et des densités
correspondant à ses divers degrés, d'après le manuscrit de Gay-Lussac. »
(Renvoi à la Section de Physique.)
( I22I )
M. Ch. Tei.lier informe l'Académie qu'il vient d'organiser des expé-
riences permanentes, pour la conservation de la viande fraîche par l'appli-
cation du froid : il sollicite la nomination d'une Commission, pour exa-
miner les résultats obtenus.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Peligot, Bouley.)
M. Ch. O'Keenan adresse une Note sur l'emploi de l'acide sulfureux
pour détruire le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. Hexnequin soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. Cloquet, une Note sur l'allongement du fémur dans le traitement de
ses fractures, par la méthode et l'appareil dont il est l'auteur.
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. DemÔle adresse une Note sur un moyen d'augmenter la force des
machines à vapeur.
(Commissaires : MM. Morin, Rolland, Tresca.)
M. Gillet-Damitte adresse de nouveaux documents concernant les
propriétés lactigènes du Galéga. L'auteur ajoute, aux documents déjà
fournis par lui, quatre observations nouvelles, faites par M. Ceresoli et par
M. Goubeaux.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. C. Collier adresse divers résultats de calculs concernant la naviga-
tion aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. J. RouBY adresse une Lettre relative aux effets toxiques produits par
une eau qui avait parcouru des conduits en plomb.
Cette Lettre sera soumise à l'examen de M. Belgrand.
( laaa )
CORRESPOND A]\ CE .
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à rAcadéinie les ou-
vrages suivants, qui lui ont été adressés pour elle, par M. le Ministre de
France à la Haye :
1° « Illustrations de la flore de l'Archipel indien », par M. F. A. Muriel
(t. I, livr. I, 2 et 3);
2° (( Musée botanique de Leyde », par M. Suringar[t. I, livr. i, 2 et 3).
M. E. Raudelot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi
les candidats à la place laissée vacante, dans la Section de Médecine et
Chirurgie, par le décès de M. Nélalon.
(Renvoi à la Section.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° La iS" livraison des « Contributions à la carte géologique de la
Suisse, publiée par la Commission géologique de la Société des Nalura-
lisles suisses ». Cette livraison et la carte qui l'accompagne sont relatives
à la région du Saint-Golhard ; elle est due à M. Karl von Fiitsch.
2° « L'Histoire des Astres illustrée, ou Astronomie pour tous » ; par
]\L ./. Rambosson.
M. le Secrétaire perpétuel, en signalant à l'Académie un « Rapport au
Ministre de l'Instruction publique sur l'état de la Piscicullure en France et
dans les pays voisins », par M. Bouchon-Brandely, donne lecture du pas-
sage suivant d'une Lettre de l'auteur :
« Je me suis proposé de constater les progrès que la Pisciculture a faits dans les pays
voisins, et les grands avantages qu'ils en retirent pour le repeuplement des rivières et pour
l'alimentation ])ublique. Les vues que j'expose sur cette nouvelle science économique, qui a
sa place marquée dans l'enseignement, me paraissent mériter d'être prises en considération
par l'Académie. »
M. le Secrétaire perpétuel communiqne à l'Académie une Lettre qui
lui est adressée par M. A. l'ocy^ siu' les rapports entre les taches solaires et
( 1223 )
les ouragans des Antilles, de l'Atlantique nord et de l'océan Indien siul;
M. Élie de Beaumont donne lecture des passages suivants de cette Lettre :
0 Les rapports intimes île causes et d'effets qui relient entre eux les phénomènes pliysico-
cliimiques de notre système planétaire, ainsi que ceux des autres systèmes siellaircs, tendent
de plus en plus à agrandir le domaine de cette étude nouvelle, jusqu'au jour où elle se
constituera en une véritable IMétéorologie céleste et comparée ; car il est impossible de con-
cevoir le plus simple des phénomènes de îMétéorologie terrestre en dehors des phénomènes
de Météorologie cosmique. Ce n'est plus sur la Terre que nous devons chercher l'origine de
nos phénomènes, c'est sur le Soleil et dans notre système planétaire, où nous découvri-
rons l'impulsion qui émane de causes supérieures et encore plus lointaines. A cet égard, on
l)eut considérer les taches solaires comme un miroir qui réfléchit l'action combinée des in-
fluences cosmiques que nous éprouvons ici-bas; il nous faut donc remonter jusqu'aux tem-
pêtes solaires, pour y trouver la source plus ou moins directe des tempêtes terrestres.
u M. C. Meldrum, directeur de l'Observatoire de Maurice, trouve, dans les années com-
prises de 1847 à 1873, que les ouragans de l'océan Indien sud sont plus fréquents et plus
intenses aux périodes maxima qu'aux périodes minima des taches solaires (i). J'ai discuté
les 4°° ouragans de mon Catalogue des Antilles (2), après l'avoir rectifié et complété,
ayant exclu les tempêtes hivernales des hautes latitudes et les norles du Mexique. Le tableau
ci-joint contient 35'] ouragans qui prirent naissance dans la région intertropicale nord,
aux environs. des Bermudes et des îles du Cap-Vert, et atteignirent l'Europe.
» Les cas d'ouragans dont j'ai connaissance pour les xv% xvi^, xvii" siècles et la pre-
mière partie du xviii'' sont trop peu nombreux pour être pris en considéralion. Ce n'est
qu'à partir du maximum des taches solaires de i^So que l'on entrevoit déjà une certaine
coïncidence. Le tableau comprend, pour la seconde moitié du xvm* siècle, cinq périodes
maxima de taches solaires dont quatre coïncident avec les maxima des ouragans : ce sont
celles de 1750, 1769, 1779 et 1789; une seule période, celle de 1761, ne concorde point.
); Il est à remarquer que la plupart des années à maxima d'ouragans tombent de six mois
à deux ans au plus après les années à maxima de taches solaires. On observe aussi un retard
dans le magnétisme, les aurores polaires, les hivers rigoureux et autres phénomènes mé-
téorologiques. Nous avons encore cinq périodes minima, dont f/c«x sont assez satisfaisantes,
celles de 1755 et 1798; deux douteuses, 1775 et 1784, puis celle de 1766 ne concorde pas
et suit le maximum de i 761, qui fiiit également défaut. Ces deux exceptions coup sur coup
proviennent-elles du manque de documents ou de quelque perturbation planétaire?
» A partir du xix'^ siècle, les documents deviennent plus nombreux et plus précis. Le
tableau présente sept périodes maxima de taches solaires, dont six offrent une parfaite con-
cordance. Il n'y a qu'une seule grande exception, c'est le maximum de 1860, qui n'a point
d'ouragans, ainsi que l'année suivante, et seulement trois cas en 1862. Maintenant des six
minima, trois coïncident, 1823, i833 et i856; le minimum de 1844 est encore douteux j
celui de 1867 aussi, parce que les années suivantes, 1868 et i86g, n'ont point d'ouragans.
En résumé, dans le dernier siècle et un quart nous avons douze périodes maxima d'oura-
(i) Nature, London, 9 octobre 1873, n° 206, p. 49^-
{2) Journal geographical Society. London, i855, t. XXI, p. 291 ; traduit et publié par le
Dépôt de la Marine. Paris, 1862, n" 348.
( 1224 )
gans, dont dix correspondent aux périodes maxima des taches solaires, puis onze périodes
niininia, dont cinq correspondent également.
.. Si l'on envisage l'intensité absolue des ouragans, on trouve la même concordance avec
les taches solaires. Par exemple, des six ouragans de 1751, celui d'octobre fut éprouvé dans
toutes les Antilles et détruisit Port-au-Prince à Saint-Domingue; des sept ouragans de 1 780,
quatre eurent lieu au mois d'octobre, dont trois sont restés célèbres, surtout celui du 10-
18, surnommé le grand ouragan ; des treize ouragans de 1837, dans celui du 25-26 octobre
le baromètre Laissa à la Havane à 71 a'"'", 84. C'est la ])lus grande baisse dont on ait con-
naissance à Cuba, après celle à 687""", 3i dans l'ouragan de 1846; enfin, des sept ouragans
de 1870, trois ont traversé Cuba, toujours en octobre. Il est digne de remarque que les ou-
ragans qui traversent l'île de Cuba au mois d'octobre sont généralement les plus intenses,
et atteignent bien plus directement l'Europe occidentale. D'autres se dissipent vers les ré-
gions polaires, comme ceux de 1708, 1846, i85i, etc. J'ai pu, de la sorte, annoncer dès le
10 octobre dernier, à la première nouvelle télégraphique, l'arrivée en Europe, vers le 20,
de l'ouragan qui venait de traverser Cuba; c'est le ig qu'il a été signalé sur les côtes de
l'Angleterre. Les ouragans mémorables de 1751, 1780 et 1887, qui correspondent à des
maxima de taches solaires, ont également atteint l'île de Cuba au mois d'octobre. Enfin la
distribution mensuelle des taches solaires, d'après M. R. Wolf, présente le premier maxi-
mum précisément au mois d'octobre, époque des plus furieux ouragans aux Antilles, puis
un second maximum en décembre et janvier, correspondant aux maxima des tempêtes hi-
vernales et des coups de vent des hautes latitudes.
» La période décennale des taches solaires n'est pas la seule qui paraît offrir une certaine
liaison avec la fréquence et l'intensité des ouragans; car je retrouve la même concordance
dans la grande période de 55 à 56 ans de RIM. Fritz et Wolf, dont les derniers maxima tom-
bent en 1837 et en 1779. Eh bien, 1887 offie i3 cas d'ouragans, le maximum maximonim
de ces formidables cyclones pour une seule année, et 29 cas en trois ans, de 1887 à 1889.
C'est aussi la seule année, excepté 1870, où l'on voit nettement coïncider le maximum des
taches avec le maximum des ouragans. La période de 1780, bien que moins tranchée, est
encore remarquable à cause de ses trois mémorables cyclones, surtout du grand ouragan.
Elle offre 7 cas en 1780 et 12 cas de 1779 à 1781. Sous tous les rapports, ces deux périodes
sont néfastes dans l'histoire des ouragans aux Antilles.
X Si, d'après M. Carringtonet d'autres recherches de M. Wolf, on considère l'année 1^88,6
comme le grand maximum des taches solaires, le tableau présente également, en 1787, 10 cas
d'ouragans et 5 cas en 1788, total i5 cas en deux ans, chiffre considérable, vu la pénurie
des documents pour le siècle dernier. Autour des années 1780 et 1837 |)ivo[ent encore des
maxima du magnétisme terrestre, des aurores polaires. D'après le catalogue du professeur
Lovering, «jui embrasse 12882 aurores boréales, le premier grand maximum tombe en
1787, peu avant le grand maximum des taches, puis en 1889. Quant à la température,
1887-1838 est un hiver rigoureux. Les sept hivers extrêmement rigoureux, signalés par
M.Renou, depuis 1624, concordent tous avec les maxima des taches solaires (1624, i665,
1707, 174*^) '7^9) i83o et 1870), sauf l'hiver de i665 qui correspondrait au minimum
de i666; mais, si l'on prend l'hiver de 1677, dans lequel la Seine gela pendant trente-
cinq jours, on se rapprocherait du maximum des taches solaires en 1675.
» Il ne reste plus qu'à se rendre compte de cette exception imprévue du maximum de
1860, où le tableau n'offre aucun cas d'ouragan. J'ai eu recours à une découverte récente
( 1225 )
de MM. (le la Riio, Stewart et Lœvy (i). Ces savants ont trouvé que, quand la photosphère
éprouve de grandes perturbations, les taches prédominent et se transportent [change alter-
ncitrly) alternativement de Ihémisphère nord à l'hémisphère sud, et vice versa, dans la iié-
riode moyenne de 25,2 jours. Ils ont tracé trois de ces perturbations. Il est à remarquer
que la première perturl)ation de i85g s'est bien plus étendue sur l'hémisphère sud du
1 ; septembre à fin décembre, où les taches étaient plus abondantes que dans l'hémisphère
nord. Lors de la deuxième perturbation de i86o, les taches sont encore plus nombreuses
dans l'hémisphère sud depuis le 9 août jusqu'au commencement de novembre. La troi-
sième perturbation de 1862 s'est en partie dirigée sur l'hémisphère sud du 21 mai et sur-
tout le i5 juin. En 1860, du 16 janvier au i''' août, et du i'' août au !"■ décembre,
M. Carrington a observé, sur l'hémisphère austral, deux taches d'une durée extrêmement
longue, de quatre mois et quatre premiers retours pour la dernière, et de six mois et de
huit rotations pour la première tache.
» De ces faits est-il permis de conclure que, si la perturbation solaire de 1860 s'est prin-
cipalement limitée à l'hémisphère austral, cette circonstance a pu avoir une influence quel-
conque sur la rareté ou même l'absence d'ouragans dans la région inlertropicale de notre
hémisphère, pendant que, dans la même région de l'hémisphère austral et de nos anti-
podes, M. Meidrum signalait pour cette année i3 cas d'ouragans, et pour l'année précédente
le maximum de i5 cas, dont le premier chiffre n'a été atteint qu'en 1S72, et le second chifre
dans une autre occasion? On sait qu'en général les taches ne s'écartent pas beaucoup au delà
de la région inlertropicale, région dans laquelle nos ouragans prennent naissance. Il reste
à savoir si en 1861, 1868, 1869 et 1872, où les ouragans manquent aux Antilles, les
taches et les perturbations solaires ne se sont pas étendues vers l'hémisphère austral. Le
21 avril i86g, M. Norman Lockyer observait des perturbations solaires. Le 7 juin 1872, le
P. Secchi constatait de formidables éruptions. Ce sont encore des années, comme celles de
1860 et 1861, qui n'offrent point d'ouragans.
» Si cette hypothèse venait à se confirmer, la rareté des ouragans dans notre région
intertropicale nous révélerait l'existence des perturbations solaires, le transport des taches
vers l'hémisphère austral, l'abondance d'ouragans dans l'océan Indien sud. Le P. Secchi
a déjà trouvé des méridiens qui donnent nettement des maxima, et d'autres des niinima de
protubérances.
» Les taches solaires agissent directement sur l'état thermique du globe, ce qui donne
lieu aux déplacements périodiques des alizés nord et sud et des moussons, dont la ren-
contre occasionne les perturbations cycloniques. Les cyclones solaires paraissent dépendre
des mêmes causes propres aux cyclones terrestres. IM. Faye signala en 1866 les petites
ellipses que décrivent les cyclones solaires. En 1860, M. Clare Bernard concluait du grand
ouragan de 1818, à Maurice, que les cyclones sontel liptiques, que le centre occupe le foyer
postérieur de l'ellipse et que l'inclinaison du grand axe varie par rapport au méridien. De-
puis, M. Meidrum a observé dans l'océan Indien sud plusieurs cyclones d'une forme ellip-
tique et d'autres dans lesquels le vent soufflait en spirale autour du centre. Les taches ob-
servées par MM. Peters et Carrington au delà de 70 degrés prouveraient que les cyclones
solaires s'étendent en latitude comme les nôtres. Dans trente-deux rotations du Soleil, de
(1) Procecclings Rnynl Society, t. XXI, p. 899, 1873.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, K» 21.) I 58
( iii6 )
18" I an 2 octobre 1873, le P. Scccln a remarqué une décroissanrc tics protubérances so-
laires, de manière que le minimum est tombé en août 1873. Les protubérances auraient-
elles quelque rapport avec la période décennale des taches solaires, dont le dernier maxi-
mum eut lieu en 1870,7?
Périodes maximn et minima des taches solaires et des ouragans aux Antilles,
dans l'Atlantique nord et l'océan Indien sud.
Maxim.
1700,0
Minim.
1755,5
Maxim.
1761,5
Minim.
1766,5
Maxim.
i7<'9i9
Minim.
,775,8
Maxim.
17'9.5
Minim.
1784,8
Maxim.
1789,0
OURAGANS.
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Minim.
1798,5
Maxim.
1804,0
Minim.
1810,5
Maxim.
iSi6,8
Minim.
1823,3
Maxim.
1829,5
Minim.
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Ol'RACAXS.
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24-1-
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12—
14
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22
Total. .
227
Les périodes des onragans, marquées -{-et — , coïncident avec les périodes des taches solaires. Sur douze
maxima, dix concordent. — Sur ciiKj minima, cinq concoi-dent.
Les périodes des taches de cinquante-cinq à cinquante-six ans de Fritz et Wolf et de Carrin^ton paraissent
concorder avec celles des ouragans d*; 1780 ou 1787 et 1837.
M. A\ oit' m'a communique les périodes des taches solaires, d'après ses dernières corrections.
( '227 )
MÉTÉOROLOGIE. — Observations^ à propos d'une Note récente de M. Reye, sur
les analogies qui existent entre les taches solaires cl les tourbillons de notre
atmosphère. Lettre de M. Marié-Davy à M. Faye.
« Les analogies qui existent entre le phénomène des taches solaires et
les tourbillons de notre atmosphère sont, depuis quelque temps, l'objet
d'une discussion approfondie devant l'Académie. Puisque vous avez bien
voulu y mêler mon nom, dans des termes dont je vous remercie, permettez-
moi de préciser mon opinion, qui a été, sur ce point, un peu dénaturée
par quelques personnes.
» Dès le début de mes études météorologiques, j'ai été frappé par les
faits qui vous ont amené à formuler votre théorie des taches solaires ; et,
dès que nous avons eu la disposition d'un équatorial à l'Observatoire,
M. Sonrel et moi, nous nous sommes occupés activement de l'étude des
taches, dans le but de rechercher leur nature et leur mode de formation.
Les événements et la mort de M. Sonrel ont interrompu ce travail. Nous
partagions l'opinion qu'une atmosphère gazeuse, quelle que fût sa tempé-
rature, ne pouvait présenter l'éclat du Soleil; que cet éclat devait être le
résidtat de nuages suspendus dans l'atmosphère et produisant l'effet des
particules de charbon dans les flammes du gaz d'éclairage; que tout mou-
vement ascendant dans la masse gazeuse, au niveau de la couche de nuages,
doit augmenter sa masse et tendre à accroître son pouvoir rayonnant ; que
tout mouvement descendant doit produire un effet inverse, en fondant
plus ou moins la masse nuageuse par le seul effet du réchauffement qui
accompagne tout accroissement de pression dans un gaz. Mais nous n'a-
vions pas assez de faits nouveaux à l'appui de cette opinion pour les porter
devant l'Académie.
» M. Th. Reye (i) semble attribuer, comme vous, les taches solaires à des
mouvements tournants analogues à nos cyclones; mais, dans sa pensée, le
mouvement ascendant à la hauteur des nuages solaires aurait lieu dans
l'axe. Les nuages produits seraient obscurs, au lieu d'être lumineux.
» Cette obscurité accuserait en eux un abaissement de température qui
me paraîtrait peu conciliable avec le degré de chaleur générale de la sur-
face solaire. Dans cette hypothèse, il me semblerait, en outre, difficile de
s'expliquer l'énorme pouvoir lumineux de la photosphère, et en particulier
sur le pourtour des taches.
(i) Comptes rendus, 17 novembre 1873,(1. 1178 de ce volume.
i58..
( 1228 )
» Dans mon Traité des mouvements de l'almosp Itère, dont la date est déjà
ancienne et bien voisine du début de mes travaux de météorologie, j'étais
préoccupé, en décrivant la marche de l'air dans les cyclones, d'une opinion
qui tendait à prendre sa place dans la science, et qui, en assimilant le
cyclone à nu corps solide conservant le parallélisme de son axe de rotation,
attribuait la violence des vents du sud-ouest dans nos parages à l'incli-
naison vers le sud de l'extrémité supérieure de l'axe de rotation. Je vou-
lais montrer surtout que l'air se renouvelle incessamment dans la masse
tournante et que, dès lors, l'assimilation n'était pas possible.
» Au point de vue de la description des phénomènes terrestres, ma des-
cription de la circulation de l'air dans les cyclones était incomplète, parce
que je ne l'envisageais que sous un de ses points de vue. M. Th. Reye me
paraît tomber dans l'excès contraire.
» Ma description a été complétée dans mes publications ultérieures.
» Dans tout mouvement tournant de l'atmosphère, que l'air soit ascen-
dant ou descendant dans l'axe, il existe nécessairement deux courants op-
posés dans le sens horizontal, l'un d'appel vers l'axe, l'autre de dégorge-
ment. Il doit exister, en outre, un contre-courant dans le sens vertical et à
une certaine distance de l'axe , sans qu'on doive admettre néanmoins que
cette double rotation englobe d'une manière continue les mêmes masses
d'air.
» Il nous paraît également incontestable qu'un mouvement tournant ne
peut durer qu'à la condition qu'il s'y produise un apport continu de forces
vives suppléant aux pertes occasionnées par les frottements. Dans les mou-
vements tournants, disions-nous, il sort moins d'air qu'il n'y en entre : de
là gain de force vive. Cette différence ne pouvait provenir que des conden-
sations de vapeur. Ou s'exprime sans doute d'une manière plus précise en
disant que les courants ascendants constituent la véritable cause de déve-
loppement et de durée des mouvements tournants par les condensations
qu'ils amènent, et je me suis depuis longtemps rangé à cette manière de
s'exprimer; mais que les courants ascendants aient lieu dans l'axe même
ou sur son pourtour, l'apport nécessaire de force vive ne s'en effectue pas
moins. Le reste n'est plus qu'une discussion spéciale à chacun des groupes
de mouvements tournants observés et qui, malgré l'uniformité de la cause
générale de leur durée, ne laissent pas de présenter de grandes différences,
quant àMeur origine, à leur mode de formation première, à leur étendue,
à leur mode de circulation intérieure. Avec un fluide aussi mobile que
l'atmosphère, il y aurait danger à limiter trop étroileuieut ce mode de cir-
culation.
{ 1229 )
» En l'absence de moyens sérieux, que les banderoles flottantes ne rem-
placeront jamais, pour évaluer les vitesses dans le sens vertical, comme
nous le pouvons faire dans le sens horizontal, il existe des phénomènes
visibles, qui accusent le sens du mouvement. Pour le Soleil, ce sont les
taches, les protubérances, les facules. Pour la Terre, ce sont les nuages et
les pluies, ainsi que la comparaison de la direction des vents des nuages
avec celle des girouettes.
» Dans les cyclones des régions voisines des tropiques, il pleut sur tout
le pourtour du disque tournant; mais, en général, dans le voisinage du
centre même, il y a beau temps et accalmie. La nappe ascendante s'enroule
donc à une certaine distance autour de l'axe. Que se passe-t-il dans l'axe
même?
» Dans nos tempêtes d'Europe, le disque tournant a une étendue consi-
dérable. La température et l'état du ciel sont loin d'être semblables sur
toute cette étendue, et la circulation est beaucoup moins simple que dans
les trombes, les tornades ou les cyclones considérés près de leur origine.
» Ce qu'on peut affirmer d'une manière générale, c'est que, dans un
mouvement tournant, la force centrifuge est d'autant plus grande que la
rotation est, d'une part, plus rapide, et que, d'autre part, elle entrahie des
masses d'air d'une densité plus forte.
)) La densité est maxima vers la surface de la Terre, mais la rotation y
est considérablement ralentie par les frottements. Ce n'est donc pas là que
la force centrifuge a son maximum d'énergie; aussi les vents des nuages
sont-ils généralement en avance dans leur rotation vers le nord sur le vent
superficiel à la Terre. 11 y a donc appel d'air vers le bas jusqu'à une dis-
tance plus ou moins rapprochée de l'axe. Mais est-il permis de s'arrêter là?
L'appel d'air, comme le mouvement tournant, est gêné en bas par les frot-
tements sur la surface terrestre; il est complètement libre par le haut. Dans
ces conditions, et en considérant l'étendue horizontale du disque tournant
et sa faible hauteur jusqu'à la région des nuages en temps de perturbation
atmosphérique, est-il permis de nier l'appel par en haut? Certains mouve-
ments tournants limités peuvent naître sur place, d'un mouvement ascen-
dant de l'air; mais, dans les véritables tourbillons tout formés, cette
ascension entretient une rotation qui préexiste et dont les effets naturels ne
peuvent être négligés.
» Je crois pouvoir conclure de ce qui précède que les objections de
M. Th. Reye ne paraissent pas suffisantes pour infirmer votre théorie des
taches solaires. »
( I23o )
MlÎTÉonOLOGlE. — Note sur les cjclones terrestres cl les ijcloiics solaires;
par M. H. DE Parville.
« Dans une très-intéressante Note (i), M. Faye vient d'appliquer les consi-
dérations, qu'il détluit de sa théorie des taches solaires, à l'étude des trombes
et des tourbillons terrestres. L'air circule-t-il dans les tourbillons en
descendant des hautes régions ou, au contraire, en remontantPTel est avant
tout le sujet en discussion. La théorie des cyclones solaires conduit M. Faye
à conclure que le mouvement de l'air est descendant; pour la plupart des
météorologistes, pour M. le D'' Reye en particulier, qui vient de reprendre
la question, le mouvement est ascendant, et si réellement, comme l'entend
M. Faye, les tourbillons solaires sont descendants, il n'y aurait aucune
analogie à établir entre les deux phénomènes. Ces deux opinions contraires
me paraissent beaucoup trop absolues. En ce qui concerne la direction du
mouvement dans les cyclones, le doute ne me paraît pas possible. Un tour-
billon révèle lui-même s'il est ascendant ou descendant par le sens de sa
rotation. Tout cyclone qui tourne en sens inverse des aiguilles d'une montre
est forcément ascendant (hémisphère nord). Tout cyclonequi tourne dans
le même sens que les aiguilles d'une montre est forcément descendant.
Telle est la loi : afflux convergents, rotation de gauche à droite; afflux di-
vergents, rotation de droite à gauche. En effet, si le courant est ascendant,
il se produit un vide partiel autour duquel afflue l'air dans tous les sens;
par suite de l'inégale vitesse de l'air sur les différents parallèles, l'afflux
nord est dévié vers l'est et l'alflux sud vers l'ouest; il se forme un couple
qui tend à faire tourner la masse intermédiaire dans le sens opposé aux
aiguilles d'une montre. Inversement, si le courant est descendant, l'air
s'écoule vers le nord et le sud, en déviant respectivement à l'est et à l'ouest;
formation d'un couple à rotation directe.
» Dans notre hémisphère, le sens de la rotation des tournades est in-
verse; donc ils sont produits, comme le pensent les météorologistes, par
des vitesses ascendantes de l'air. Nous verrons tout à l'heure qu'il existe
toutefois de véritables tourbillons descendants. L'observation confirme ces
vues. Les tournades très-fréquentes des Açores et les ouragans des Antilles
semblent bien provenir d'une dilaUition locale de l'air surchauffé au con-
tact du sol de ces îles, meilleur conducteur du calorique que l'eau.
» Les ouragans de la zone équatorialo résultent de la rencontre des
(i) Comptes rendus , l 'j novcuiliic 1873, p. 1122 de ce voliiiiic.
( ..3i )
moussons opposées; l'air s'élève, et les afflux déviés en sens inverse lui
impriment le mouvement gyratoire. I.e mot lourhillon n'implique pas tou-
joiH's l'idée de tempête; il existe des tourbillons à vitesse très-réduite. Si
le tourbillon prend de la force, il faut en rapporter la cause à un retard
apporté dans sa formation ; l'air se détend ensuite en raison même de l'ob-
stacle qu'il aura eu à surmonter.
» On a proposé de rechercher, à l'aide de banderoles, si, dans ces phé-
nomènes, la composante verticale du vent est ascendante; la banderole,
obéissant à tous les remous de l'air, ne fournirait aucun indice certain.
Le baromètre répond très-nettement, an contraire, à la question. La com-
posante verticale détermine en effet, dès le début du phénomène, une
baisse rapide résultant des vitesses ascendantes de l'air. Si le tourbillon
était descendant, l'instrument monterait, loin de baisser : ainsi, le sens de
la rotation des cyclones et la baisse du baromètre, avant la génération
complète du météore, nous paraissent fournir deux argunu'nts décisifs
contre la théorie des mouvements descendants des cyclones équatoriaux
à mouvement inverse, soutenue par l'éminent astronome.
» Nous ne saurions plus être aussi affîrmatil en ce qui concerne les
trombes; le sens de la rotation paraît moins bien déterminé. Peltier admet
le mouvement descendant sans preuves. M. Faye défend son opinion à
l'aide d'un raisonnement ingénieux. Si l'alimentation du météore avait lieu
par en bas, fait-il remarquer, la trombe descendant sans cesse finirait par
perdre de sa force, puisque la tranche d'air affluente va elle-même dimi-
nuant sans cesse d'épaisseur. Peut-être serait-il permis de répondre que,
précisément parce que l'orifice d'introduction se rapetisse, la vitesse d'ar-
rivée augmente en proportion, et le phénomène prend, au contraire, de
la violence en touchant terre; mais, quand la trombe plonge dans l'eau,
la résistance au mouvement tournant augmente, et le météore ne tarde pas
à perdre de sou intensité et à disparaître. Si la trombe s'est formée dans les
hautes régions, elle peut déterminer la convergence de deux afflux inverses;
le phénomène, d'abord local , prenti de l'extension et se transforme en un
véritable cyclone.
» M. Faye disait très-justement, dans la dernière séance : « L'étude du
» Soleil pourra rendre quelques services à la Météorologie ». Je demande
la permission maintenant de suivre le savant astronome sur ce nouveau
terrain. M. Faye assimile les taches solaires à des tourbillons engendrés
par les différences de vitesse inhérentes à deux parallèles voisins; je n'ai
pas considéré, on l'aura remarqué, les tourbillons comme générés par l'ac-
tion de deux courants parallèles, à vitesse différente; M.Piddington autre
( 1232 )
fois, pins récemment M. Vicaire, M. Reye, ont présenté des objections à
celte tiiéorie. Le tourbillon, pour moi, résulte d'une rupture d'équilibre
dnns la verticale déterminant des afflux à vitesses inverses. Je fais de même
pour les tourbillons solaires. Partout où il y aura appel des gaz de la péri-
phérie au centre pour combler le vide produit par un courant ascendant,
il y atu-a nécessairement afflux convergent et génération d'un tourbillon ;i
rotation inverse. Ce cyclone descendant viendra s'épancher dans les pro-
fondeurs du Soleil. La masse gazeuse divergente engendrera i\n tourbillon
à rotation directe.
» Avant d'aller plus loin, je tiens à répondre immédiatement à une
objection fondamentale que ne manquera pas de m'adrosser M. Faye. Si
les taches sont produites par un afflux convergent, il y aura appel de gaz
de l'équaleur solaire aux parallèles moyens et déviation dans le sens de
la rotation ; or la vitesse angulaire de rotation est maximum à l'équa-
teur; c'est l'argument dont on se sert depuis bien longtemps pour dé-
montrer qu'il ne saurait exister sur le Soleil d'alizés de retour. Le I'.
Secchi, pour maintenir les analogies et tourner la difficulté, a projtosé
d'admettre que la rotation est moins rapide à la surface que dans les cou-
ches plus voisines du centre; aussi toute masse lancée de l'intérieur vers
la périphérie posséderait un excès de vitesse dans le sens de la rotation,
qui se traduirait par un mouvement en longitude.
» Le raisonnement invoqué en pareille circonstance ne nous paraît que
spécieux. On ne mesure la rotation que par le mouvement des taches; la
variation des vitesses réelles sur les différents parallèles échappe à l'ob-
servation ; or les vitesses angulaires doivent bien diminuer pour les taches,
conformément aux formules exprimant la loi de rotation de MM. Carring-
ton, Faye ou Spoèrer. On n'a pas remarqué assez que, quelle que soit la
vitesse des gaz à l'équateur, tout afflux en remontant vers les parallèles
moyens diverge dans le sens de la rotation ; tout afflux descendant, au
contraire, vers l'équateur diverge en sens inverse. La force vive de ces
afflux est employée presque tout entière à faire tourner la masse de gaz
intermédiaire, qui continue à suivre sa route avec une vitesse à très-peu
près égale à celle du parallèle sur lequel elle se trouve. 11 ne faut donc
pas rejeter aussi facilement qu'on l'a fait jusqu'ici l'analogie qui paraît
exister entre les circulations des alizés sur la Terre et sur le Soleil.
» Les taches se montrent de part et d'autre de l'équateur, depuis
lo jusqu'à 3o degrés de latitude. Si un baromètre pouvait être placé
dans le Soleil, à l'extrémité inférieure de l'axe de ces tourbillons descen-
dants, il accuserait évidemment une hausse marquée. Sur notre globe,
( 1233 )
aux mêmes latitudes, la pression barométrique s'accuse également de plus
CM plus pour atteindre un maximum vers 3o degrés. Or les courants
d'air ascendants de l'écpiateur retombent vers ces latitudes et doivent
produire, comme sur le Soleil, de véritables cyclones à rotation inverse
aux limites atmosphériques, à rotation directe à la surface du sol.
» La température de l'air étant surélevée sur les continents, en raison de
la conductibilité des terres, la rupture d'équilibre et le flux descendant s'opé-
reront principalement en mer, au large, comme l'avait du reste déjà pres-
senti Dove dans sa théorie des vents. L'axe du flux descendant coïncidera
donc avec le milieu de l'Océan, et c'est autour de ce point central que
devra se produire la rotation de l'air. La rotation sera ordinairement lente,
car la descente de l'air est habituellement progressive; mais le mouvement
s'étendra à de grandes masses, parce que la masse du courant descendant
est elle-mèine considérable. Il se produira ainsi dans notre hémisphère
une circulation générale de l'air de gauche à droite; elle aura lieu en sens
inverse dans l'hémisphère austral.
» L'observation s'accorde-t-elle avec ces déductions? Tous les naviga-
teurs savent bien qu'il en est ainsi. A partir de 45 degrés de latitude, le
vent souffle de l'ouest et passe successivement, en tournant dans le sens
des aiguilles d'une montre, au nord-ouest, au nord-est, à l'est, au sud-
ouest, pour revenir à l'ouest; c'est la circulation tropicale des marins.
» De même l'air est chassé du maximum de pression vers les pôles, et
engendre dans son mouvement ascendant un vent de sud-ouest à compo-
sante verticale. Le vent de sud-ouest à nos latitudes est montant au lieu
d'être descendant, comme le soutiennent les météorologistes; s'il en était
aiitrement, il ferait monter le baromètre, au lieu de le faire baisser. Cet af-
flux ascendant engendre un nouveau mouvement gyratoire de grande
élcndae à rotation inverse, mais moins bien déterminé que le précédent,
parce que l'axe se déplace sans cesse. Ce mouvement représente le courant
ouest du large, le vent sud-ouest de nos contrées et le vent de nord-ouest
du littoral américain et des parages de Terre-Neuve. L'afflux d'air ascen-
dant des hautes régions doit engendrer des tourbillons aux limites atmo-
sphéi'iques, mais à sens de rotation opposé à celui des tourbillons du
maximum de pression. Ces mouvements gyratoires des hautes régions ne
doivent pas être étrangers h la production des aurores.
» Des considérations précédentes, il nous paraît résulter des conséquen-
ces importantes pour la Météorologie. Nous prierons l'Académie de nous
permettre de les développer dans un prochain travail. »
C, K., 1S7J, 2" Sciueslre. {T. LWVll, M" 21.) 1 ^9
( 1234 )
ASTRONOMIE. — Orbite apparente et période de révolution de l'étoile double
ë,de la Grande Ourse. Noie de M. Flammarion, présentée par M. Faye.
« Parmi toutes les étoiles doubles découvertes jusqu'à ce jour, il n'y en
a qu'un très-petit nombre dont les observations s'étendent sur un assez
long espace pour permettre de déterminer l'orbite parcourue par la petite
étoile autour de la grande, ou plus exactement par les deux astres autour
de leur centre commun de gravité. Il serait intéressant pour nous de
connaître au moins l'orbite apparente du mouvement vu de la Terre, et
de nous représenter cette orbite pour les systèmes stellaires qui ont été
suffisamment étudiés. C'est le travail que j'ai entrepris, et j'ai l'honneur de
présenter à l'Académie le résultat auquel je suis parvenu pour l'étoile
double ^ de la Grande Ourse, l'une de celles dont les observations sont
les plus complètes et les plus sûres.
» Ce système stellaire se compose de deux étoiles de quatrième et
cinquième grandeur. La plus brillante des deux étoiles est colorée d'une
teinte jaune d'or, et la seconde d'une nuance de gris-cendre. La position
actuelle de cette étoile double sur la sphère céleste est : vR = 1 1"*! i" 17%^
et co =: + 32°i5'25". La distance moyenne des deux composantes est de
deux secondes et varie, entre son maximum et son minimum, de 3", i à
o",9; cette distance est actuellement à son minimum : l'étoile satellite
vient de passer à son périhélie apparent.
» J'ai cherché à déterminer l'orbite apparente décrite par la seconde
étoile autour de la première, en employant la méthode graphique et en
utilisant presque toutes les observations d'angles de position et de dis-
tances faites depuis 1821. La période de révolution étant relativement
courte, et les observations étant nombreuses, cette méthode m'a paru sus-
ceptible de conduire à un résultat aussi rapproché que possible de la réalité.
» L'élimination que j'ai faite pour le tracé de la courbe des observa-
tions antérieures à l'année 1821 a été rendue nécessaire par l'uicertitude
des distances estimées. William Herschel , William Struve , sir John
Herschel et South ayant ap|)récié ces distances par de simples estimations
de diainètris, le résultat est insuffisant. J'ai tenu compte au contraire de
toutes les bonnes mesures prises au micromètre, en leur donnant d'autant
plus de poids qu'elles représentent les moyennes d'un plus giand nombre
d'observations. De plus, j'ai choisi pour échelle une mesure qui exagère
les positions données : une seconde d'arc est représentée, dans la figure
ci-dessus, p;u' 20 unllimclres. De celle façon, les erreius d'observation se
( 1235 )
rendent évidentes d'elles-mêmes, et elles sont considérables dans ces
apni'éciations si délicates, non-seulement par la construction même des
appareils de mesure, qui offrent de singulières différences de résultats,
mais encore et surtout par l'équation personnelle de chaque astronome :
il y a certaines étoiles doubles très-rapprochées, dans lesquelles les séries
des différents observateurs ne concordent presque pas. Lorsque j'eus fixé
toutes les positions (angles et distances) constatées, j'obtins une première
approximation de l'orbite tracée en quelque sorte par points continus. En
étudiant cette orbite, on ne tarde pas à reconnaître en elle une ellipse
suffisamment déterminée. Le travail consiste ensuite à chercher les élé-
^;iii,,:Moh ïSiCc
Oibite apparente de l'étoile double ? de la Grande Ourse.
menis de cette ellipse et h tracer une courbe qui passe par tous les points
donnés. Lorsque les observations diverses ont offert pour une même date
des points différents, la courbe doit naturellement passer entre eux et se
ra])procher de ceux qui sont les plus sîirs. On sent que ce procédé d'en-
semble conduit inévitablement à déterminer l'orbite apparente avec toute
l'exactitude désirable.
» Il ne s'agit pas ici, comme on le voit, de l'orbile absolue, mais de
celle du mouvement apparent vu de la Terre. Dans cette orbite de per-
spective, l'étoile n'est pas au foyer de Tellipse, mais en dehors, et, dans le
cas qui nous occupe, elle se trouve à o",34 de distance du grand axe
apparent et à i",4 du foyer le plus rapproché. Par suite du mouvement
159..
( 1236 )
combiné des deux astres autour de leur centre commun de gravité, l'étoile
satellite paraît décrire l'ellipse tracée, le long de laquelle ou peut suivre
les positions qu'elle a successivement occupées depuis plus d'un demi-
siècle. Les dates sont inscrites en années et dixièmes d'année. Voici du
reste les éléments de cette ellipse du mouvement apparent :
Demi-grand axe 2", 45
Excentricité o, 8i3
Plus grand apliélie apparent i854j 5 à 1 16°, 5
Plus petit périhélie apparent 1878,4 à 358°, o
Durée de la révolution 60 ans 60
» La ligne o°- 180° représente la ligne nord-sud à laquelle les angles de
position sont rapportés; d'où l'on voit que le point 90° marque l'est et le
point 270° l'ouest de l'étoile principale. L'étoile secondaire marche dans
le sens indiqué par la flèche, et a accompli la plus grande partie de son or-
bite depuis la première de nos positions, vers laquelle elle se retrouvera
en 1882.
» Les astronomes qui ne voudraient pas s'arrêter à l'orbite apparente
pourront se servir de celle-ci avec avantage, je crois, pour déterminer
l'orbite absolue à laquelle elle correspond. On voit déjà, au simple tracé,
la projection du grand axe de l'ellipse absolue, ainsi que la valeur de
l'excentricité, qui est de o,366. Le passage au périhélie vrai aura lieu en
1876,1, à 3i5 degrés; le dernier a eu lieu en i8i5,5. L'aphélie vraie tombe
en 1845,8, à i35 degrés; ce point ne s'accorde pas avec l'observation
de 1846,4 de O. Struve; mais il est impossible de diminuer la période ni
de déplacer le périhélie.
)) L'examen des positions antérieures à 182 1, comparées aux observa-
tions contemporaines, pourrait faire supposer que l'orbite n'est pas une
section conique, résultat presque inadmissible, ou pour le moins extraor-
dinaire. On croit remarquer un mouvement en spirale; une distance esti-
mée en 1 782 par W. Ilerschel est de quatre secondes à 1 43 degrés; une autre
estimée en iSi(), par W. Struve, est de 2" 56 à 284 degrés; on en trouve
même une, en 1823, de sir John Herschel et South, de 2", 81 à 258 deo-rés.
Il paraît plus sûr de rejeter ces divergences siu- des erreurs d'observation
plutôt que d'imaginer une chute en spirale ou des perturbations. Aussi
m'en suis-je tenu à l'ellipse, qui est parfaitement déterminée par la série
des observations modernes.
H Pour rendre évidents et bien distincts les lieux des positions observées
j'ai représenté les deux étoiles composantes par de très-petits cercles.
Optiquement, ces étoiles offrent un diamètre sensible, que l'on peut estimer
( >237 )
à 6, 7 et 8 dixièmes de seconde, suivant les instruments employés. Il en
résulte que dans leur plus grande proximité, comme c'est le cas actuel, les
deux disques apparents semblent non-seulement se loucher, mais même
pénétrer l'un dans l'autre. Conserver ces diamètres optiques eût été impos-
sible. En réalité, d'ailleurs, la distance qui nous sépare de ces lointains
soleils est telle, qu'ils se réduisent pour nous à des points mathématiques.
» Voici maintenant le relevé des observations dont je me suis servi :
Angles
Angles
Dates.
de position.
Distances.
OIjs.
Dates.
de position.
Distances.
Obs.
1821,78.
0
.. 264,70
l",92
W.-S.
l856,l8...
. Iii°,88
3,12
J.
1826,20.
... 238,75
1,75
«
i856,26...
1 1 3 , 89
3,i3
S.
1827,27.
. .. 228,27
1,72
»
i856,82...
. 110,91
3>99
F.
1829,35.
.. 213,59
1,67
«
1857, 36...
• 109,74
3,11
S.
i83i,44.
. .. 203,82
''7>
»
i858,o....
. 108, i5
2,90
F.
i832,4i.
.. 195,94
1 ,75
i863,23...
96,66
2,56
D.
1833,84.
. .. 188,42
1,76
»
1864,20.. .
95>42
2,57
E.
1834,40.
... 184,10
1,87
))
1864,83...
• 9'.96
2,23
D.
i835,4i.
... 180,18
1,76
»
i865,i2...
91,42
2,44
E.
i836,44.
.. 171,20
',97
»
i865,5i...
. 89,88
2,53
S.
1837, 47-
i65,32
■,93
)t
i866,3o...
. 86.76
2,06
D.
1 838, 43.
160,40
2,26
»
1866, 3i...
. 86,55
2,26
S.
1840,25.
. . . l52,2
2,08
K.
1867,31 ...
82,22
1,90
D.
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. . . l52,0
2,28
0. S.
1868, 3o...
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2,55
K.
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• 47,70
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1844,79.
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2,53
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1872,09.. .
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1846, 36.
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2,62
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1872,35.. .
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1,18
w.
1847,41.
... i3i,8
2,70
M
1872,48...
. i5,43
0,98
S.
.848,41.
... 128,7
2,75
»
1873,22.. .
3,93
0,90
w.
1 856,0..
1 13, 1 1
3,17
D.
1873,27...
0,0
0,90
F,.
( w.-s. =
William Strtive; O.-S
= Ollo
Sliiive; K.
=:: Kaiser ;
D. = Dembowski
J.=: Jacob; S.= Secchi; E.= EngeIman; K.= Knott; W. = Wilson; e. = Erck.)
» Ce système stellaire de ^ de la Grande Ourse est un de ceux qui réu-
nissent le plus grand nombre d'observations. Sa période de révolution,
conclue d'après l'ensemble des angles de position mesurés, et principale-
ment d'après les comparaisons des mouvements moyens des époques
1782-1842 et r8o2-i863, est de 60*, 60, ou environ 60 ans 7 mois. C'est
l'une des plus courtes; il n'y a que trois étoiles doubles connues dont la
l'évolution soit plus rapide, ce sont : i" l'étoile 4'^ de la Chevelure de
Bérénice; 2° 'Ç d'Hercule; et 3°-/] de la Couronne boréale, dont les périodes
sont respectivement de 25'', 5, 34'', 6 et 4i*)4- Je nie propose de présenter
prochainement à l'Académie un travail relatif à ces étoiles. »
[ 1238 )
PHYSIQDE. — Sur la décharge des conducteurs éleclrisés. Note de
M. J. MouTiER, présentée par M. II. Sainle-Claire Deville.
« L'équilibre de l'électricité à la surface d'un système de corps conduc-
teurs résulte, connue l'a nionlré Poisson, de la condition suivante : La ré-
sultante des actions exercées par les diverses couches électriques surtout
point pris à l'intérieur des conducteurs doit être nulle. Si l'on désigne
par m l'une des masses électriques, affectée d'un signe suivant sa nature,
par /■ sa distance à un point situé à l'intérieur d'un conducteur, la fonc-
tion
doit alors avoir une valeur constante pour tous les points situés à l'inté-
rieur d'un même conducteur. La fonction V, introduite par Lajjlace dans
l'Analyse, a été désignée par Green sous le nom de fonclion potentielle.
M Si l'on désigne par m et m' deux masses électriques de même nom,
situées à une distance r, chacune des masses est repoussée par une force
égale à -^-; si la distance des masses électriques devient r -\- dr, la
somme des travaux élémentaires des forces répulsives est
mm' , , ( inm'\
La somme des travaux élémentaires de toutes les forces répulsives est donc
égale à l'accroissement de la fonction
où la somme est étendue à toutes les masses électriques, en supposant
chacune d'elles affectée d'un signe. La fonction W est désignée, d'après
une notation empruntée à Gauss, sous le nom de potentiel de l'électricité.
» Les travaux de MM. Helmholtz et Clausius ont particulièrement ap-
pelé l'attention sur cette fonction, qui joue un rôle considérable dans le
phénomène de la décharge électrique : l'accroissement du potentiel repré-
sente, en effet, le travail effectué dans la décharge électrique. M. Clausius
a montré que le potentiel peut s'exprimer facilement au moyen des charges
et des fonctions potentielles n^latives à chaque conducteur; si l'on appelle
V la fonction potentielle sur un conducteur, Q sa charge,
( '239 )
Si l'on appelle Vo, Q„ les valeurs initiales, V,, Q, les valeurs finales rela-
tives à un conducteur,
mesure le travail effectué dans la décharge partielle du système de con-
ducteurs, et, lorsque les conducteurs sont ramenés à l'état neutre, le tra-
vail de la décharge complète est
» L'équivalent mécanique de la décharge est indépendant de la manière
dont la décharge s'effectue; il ne dépend que des valeurs initiale et finale
du potentiel, de sorte cpie la somme des effets de la décharge électrique
reste la même, quelle que soit la nature de la décharge.
» M. Helmholtz a déjà évalué la force vive gagnée par l'électricité en
passant de la surface d'un conducteur à une distance infinie ; mais il a con-
sidéré le potentiel de l'électricité d'un conducteur comme une quantité
constante, tandis qu'en réalité le potentiel diminue sur le conducteur pro-
portionnellement à la charge; cette diminution a pour effet de modifier
l'expression du travail qui se produit dans la décharge par l'air.
» Considérons un corps conducteur électrisé ayant une charge q, et
supposons qu'une quantité d'électricité c/r/ s'échappe du corps électrisé et
disparaisse dans l'air. Lorsque cette électricité dq passe d'une surface de
niveau, où la fonction potentielle a une valeur V, à la surface de niveau
infiniment voisine, où la fonction potentielle a la valeur V + c/V, en dési-
gnant par dn la portion infiniment petite de normale comprise entre les
deux surfaces au point considéré, la force répulsive qui s'exerce sur dq est
— '— (fq. Le travail élémentaire de la répulsion, en passant d'une surface
de niveau à la surface infiniment voisine, est — dY dq. Par suite, lorsque
la quantité d'électricité dq s'éloigne à l'infini, le travail correspondant a
pour valeur Y'dq, si l'on appelle V la fonction potentielle à la surface du
conducteur ou, ce qui est la même chose, à l'intérieur de ce conducteur :
celte expression a été déjà donnée par M. Helmholtz.
» iMaiSjà mesure que la déperdition de l'électricité s'effectue, la charge
diminue sur le conducteur; il en est de même de la fonction potentielle.
La fonction potentielle V est proportionnelle à la charge ç du conducteur;
on peut poser V' = acj, a étant une constante particulière au conducteur.
Le travail nécessaire pour repousser à l'uifini la quantité d'électricité rf/
est aqdq. Par conséquent, si l'on appelle r/„ la charge initiale du condiic-
( I2/|0 )
leur, le travail nécessaire pour repousser à l'infini toute l'électricité du
COI |)s a |)our expression
en appelant Vo la valeur initiale de la fonction potentielle sur le conduc-
teur.
» Ainsi le travail consommé par la répulsion à l'infini de toute l'électri-
cité du corps est égal au potentiel de l'électricité, ou, en d'autres termes,
l'équivalent mécanique de la décharge extérieure est égal au potentiel de
l'électricité. Le résultat est évidemment le même pour un système de con-
ducteurs électrisés.
» La valeur de T est indépendante du chemin suivi par l'électricité qui
s'échappe des conducteurs; il est aisé de reconnaître que cette valeur reste
également la même lorsque deux quantités égales d'électricités contraires
se rencontrent sur leur trajet et se recomposent.
» Supposons, en effet, que deux quantités d'électricité + m et — m se
recomposent en un point M pour former de l'électricité neutre; soit V la
fonction potentielle en ce point. Supposons qu'au point M l'électricité +in
soit repoussée par la force —in~; la portion du travail T nécessaire pour
éloigner -hm à l'infini, en partant du point M, est Y m. La quantité — /«,
ail contraire, placée au point M, est attirée; la force attractive a la même
valeur que la force répulsive, et lorsque — }?i s'éloigne de M jusqu'à l'in-
fini, le travail correspondant est égal au précédent et désigne contraire. La
valeur de T reste par conséquent la même, soit que les deux électricités
s'éloignent à l'infini, soit que la recomposition ait lieu en un point quel-
conque : il en est nécessairement de même si la recomposition se produit
sur un conducteur.
» C'est le cas qui se présente, par exemple, dans la décharge d'une hou-
leille de Leyde. Considérons une bouteille spliérique: appelons /• le rayon
de la sphère qui forme l'armature intérieure, e l'épaisseur du verre. Si l'on
désigne par q la charge de l'armature intérieure à un instant donné, par dq
la (juantité d'électricité repoussée de l'armature intérieure sur l'armature
extérieure, lorsque ces ûeux armatures sont réunies parmi conducteur, le
travail elfeclué dans la répulsion de la quantité d'électricité clq e&l
fr''-^"'--{^-^)r':.
( '24. )
» Le travail Je répulsion qui correspond à la quantité d'électricité q^
primitivement contenue sur l'armature intérieure ,est
T=(i--i-) r°qdq = l(-'^--±-\
70.
» Le facteur contenu dans la parenthèse représente la fonction poten-
tielle sur l'armature intérieure; on retrouve ainsi, dans le cas particulier
de la bouteille de Leyde, l'expression du potentiel de l'électricité.
» M, Helmlioltz a appliqué le premier la théorie du potentiel à la dé-
charge de la bouteille de Leyde; ses recherches ont été complétées par
M. Clausius (i), et l'on peut regarder aujourd'hui la théorie des expériences
de M. Riess comme très-satisfaisante. Il reste toutefois à rechercher com-
ment la décharge peut se produire, indépendamment de la valeur de son
équivalent mécanique. M. Helmholtz, après avoir expliqué la chaleur dé-
gagée dans les expériences de M. Riess, ajoute :
" Cette loi se comprend facilemeni pourvu que /a décharge d'une batterie ne soit pas
représentée comme un simple mouvement de l'électricité dans une direction, mais comme une
SÉRIE d'oscillations kntre LES DEUX ARMATURES, oscillatious qul deviennent toujours plus
petites, jusqu'à ce que la force vive soit éteinte par l'ensemble des résistances (2). ><
» On vient de voir que la décharge peut être représentée par un mou-
vement de l'électricité dirigé d'une armature vers l'autre.
» On peut déduire de ce qui précède la démonstration d'un théorème
établi par Gauss dans le cas d'iui conducteiu' unique, et généralisé ensuite
par M. Liouville pour un système de conducteurs: Lorsque des conduc-
teurs renferment respectivement des quantités égales des deux fluides, tous
ces conducteurs sont à l'état neutre. En effet, dans ce cas, le potentiel est
nul; par conséquent la décharge extérieure du système de conducteurs ne
peut donner lieu à aucun travail. »
PHYSIQUE. — Sur l'étal variable des courants voltaïques.
Réponse à M. Cazin; par M. P. Blaserna.
a Dans un Mémoire assez étendu sur les courants induits et les extra-
courants, publié en 18'yo (3), j'ai examiné, entre autres questions, celle de
(i) Théorie Mécanique de la chaleur, traduite par M. F. Folie, t. II, p. 45-
(2) Mémoire sur la conservation de la force, traduit par L. Pérard, p. lO'j.
(3) SuUo sviluppo e la durata délie correnti d'induzione e délie estracorrenti [Giornale di
Scienze naturali ed economiche, vol. VI, Palermo).
G. R., 1873, i' Semestre, (T. LXXVII, N» 21.) ' 60
{ 1242 )
savoir comment l'intensité d'un courant constant varie dans les premiers
instants après sa fermeture. On sait que, jusqu'alors, on avait diverses
théories, entre autres celles de M. Helmholtz et de Ohm, qui s'accordaient
à dire que l'intensité croît depuis zéro jusqu'à sa valeur normale, sans os-
cillalions : suivant nne courbe exponentielle, d'après M. Helmholtz; suivant
une courbe plus compliquée, avec un point d'inflexion, d'après Ohm.
» Ma méthode consistait essentiellement à mesurer l'effet produit sur un
galvanomètre par le courant, depuis la fermeture jusqu'à un certain temps,
toujours très-court, que je faisais varier à volonté, et dont je mesurais la
durée avec une grande précision. L'effet galvanoiuétrique / idt, i étant
l'intensité variable et t le temps, est représenté graphiquement par une
aire, dont le temps est l'abscisse, et l'intensité l'ordonnée. L'expérience me
fournissait donc les aires et les abscisses correspondantes, et il était facile
alors de calculer, avec toute la précision désirable, les ordonnées, c'est-
à-dire les intensités.
» Après de longues recherches, je suis arrivé ainsi à cette conclusion,
que l'état variable des courants est formé d'une série d'oscillations, les-
quelles sont très-prononcées quand le circuit contient de fortes spirales,
capables de produire un extra-courant énergique, et deviennent presque
insensibles dans les circuits aussi reclilignes que possible.
» Or, dans le Compte rendu du i4 juillet (t. LXXVIl, p. 120), M. Cazin
a présenté quelques objections, qui tendent à infirmer les conclusions de
mon travail. Voici comment il s'exprime :
c ... En effet, si l'on admet que l'intensité / à l'époque t soit fonction du temps seul, et
qu'il u'y ait pas d'effet appréciable à l'ouverture du circuit, l'intensité moyenne du courant
interrompu donne la mesure de I idt, et il est théoriquement possible de calculer ; d'après
Jo
cette intégrale. Cette méthode ne me paraît pas susceptible de précision; mais la complexité
de la fonction ( est une objection plus importante. La conclusion du savant italien, à savoir
que l'intensité est alternativement croissante pendant la période variable de la fermeture,
n'est donc pas rigoureusement fondée sur les faits observés. »
)) Je demande à l'Acadéiuie la permission de répondre à ces objections.
» 1° Il n'est pas nécessaire que l'intensité i soit fonction du temps seul ;
il suffit que le temps seul varie, toutes les autres circonstances étant rigou-
reusement coHStantes. Or c'est ce qui est réalisé dans chaque série de mes
expériences, de sorte que les résultats auxquels je suis arrivé, pour chaque
série, sont mathématiquement exacts. Personne ne nie que / dépende aussi
d'autres circonstances, et c'est jjour cela que j'ai fait de nombreuses séries
( 1243 )
d expériences, pourvoir comment les courbes varient dans les différents cas.
» 1° Dans ma méthode, il ne s'agit jamais d'intensités moyennes, mais
toujours d'aires, mesurées directement par le galvanomètre. Les abscisses
à partir de zéro étaient également mesurées d'une manière directe, et les
ordonnées étaient ensuite calculées sans hypothèse : c'est une simple ques-
tion de calcul.
» 3° J'ai démontré, dans mon Mémoire, qu'à l'ouverture du circuit il n'y
avait pas d'effet appréciable produit par l'étincelle d'ouverture, de sorte
que, en négligeant cet effet, ou commettait une erreur inférieure à la limite
des erreurs d'observations.
» 4" J'ai donc le droit d'insister sur mes conclusions. Les oscillations
fin courant existent et sont très-prononcées, notamment les premières.
Dans mon Mémoire, j'ai examiné, avec beaucoup de détails, le degré de
précision de mon procédé expérimental. Pour nier l'existence des oscilla-
tions, il faudrait fausser les déviations du galvanomètre de 3, 5 et même
lo degrés; d'où l'on voit qu'il ne s'agit pas de petites quantités, sur les-
quelles il pourrait y avoir du doute.
)) Je suppose que M. Cazin n'a pas eu l'occasion de lire mon Mémoire
même, et qu'il le connaît seulement par le résumé qu'en a fait M. Bertin,
dans les Annales de Chimie et de Physique, t. XXII, résumé fait avec une
grande clarté, mais naturellement un peu bref. Évidemment M. Cazin s'est
préoccupé de ce que ses propres expériences ne sont pas d'accord avec les
miennes, attendu que sa courbe contient seulement un maximum, au lieu de
véritables oscillations.
» Mais je ferai observer qu'il fermait d'abord le circuit; puis, après un
certain temps, qu'il faisait varier à volonté, il appliquait au circuit une dé-
rivation, pour un temps déterminé et toujours le même, et il observait un
galvanomètre placé dans cette dérivation. Dans mes expériences, au contraire,
j'ai examiné directement le circuit principal, sons aucune dérivation. On com-
prend facilement que les conditions sont bien différentes.
» Je me suis également occupé, dans mon Mémoire, d'une manière in-
cidente, du cas des courants dérivés. Voici l'une des conclusions, que je
traduis (p. 102) :
« Naturellement, le courant dérivé est différent du courant simple. Il lui ressemble seu-
lement en ceci, qu'il présente aussi de vraies oscillations, avant d'arriver à sa valeur nor-
male; mais la forme des oscillations est différente. »
» Ainsi donc, même pour les conditions où il se plaçait, M. Cazin aurait
dû trouver des oscillations, si son procédé était suffisamment précis; mais
160..
( 1244 )
mes expéi'iences expliquent aussi pourquoi il ne les a pas trouvées. La
durée, toujours la même, de son contact, qui fermait le courant dérivé,
était, d'après ses indications, de -rahiii ^'"^ seconde. Or le temps, pour une
oscillation complète, varie, d'après mes expériences, suivant les cas, de i-g-f^Tj
à TooiTô ^^ seconde. Il s'ensuit que la durée de son contact embrassait une
et peut-être deux oscillations complètes; il ne pouvait évidemment pas
les constater. Pour les mesurer, j'ai été obligé d'aller jusqu'à -^ ^ ^'^ ^ ^, et
même au delà. Tous les temps que M. Cazin mesure sont beaucoup trop
longs, et sa courbe représente une somme algébrique dans un pliénomène
probablement très-compliqué.
» J'extrais de mon Mémoire (p. loa) les valeurs de la courbe d'un cou-
rant dérivé, que j'ai examiné; les temps sont exprimés en ^ t, ^/^ ^ ^ de se-
conde, les intensités sont évaluées en unité arbitraire :
t
i
t i
t
i
t
i
t
i
0
0
65 i56o
77.5
840
90
3,5720
ti5
4920
3o
260
67,5 6440
80
2o4o
95
17280
120
4920
4o
540
70 6760
82,5
484o
100
8960
i3o
6000
5o
660
72,5 5240
85
7720
io5
6440
i4o
6700
60
840
75 1160
87,5
16280
IIO
536o
180
6700
» Cette courbe contient deux oscillations énergiques, dont les maxima
sont pour t = 0,00070 et ^ = 0,00090. Or, si mon appareil ne m'avait
permis que de mesurer yt^,-^ de seconde, comme dans le procédé de
M. Cazin, on peut voir, par le calcul, ce que j'aurais dû trouver. 11 suffit,
pour cela, de prendre les aires correspondantes de 4 en 4 dix millièmes de
seconde. Ces aires représentent, dans ce procédé, les intensités moyennes
de M. Cazin. En les rapportant alors aux temps moyens, on trouve facile-
ment les valeurs suivantes de l'intensité, multipliée par 100,
;=: 0,0002 6 10 14
' = 8,0 76,1 4o3,2 246,8
» On voit que, au lieu des deux oscillations complètes, il n'y a qu'un
maximum pour ( = 0,0010, précisément comme dans l'expérience citée par
M. Cazin. C'est donc bien le phénomène décrit par lui. Il faut en conclure
qu'il suffit de rendre ma méthode i5 ou 20 fois moins précise, pour re-
trouver les phénomènes que M. Cazin croit avoir découverts. La courbe
ci-dessus tombe, après son maximum, plus vite que celle de M. Cazin- d'où
il suit que, probablement, dans les conditions particulières où il s'était placé,
il y avait encore bon nombre d'oscillations assez prononcées. »
( ia45 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Application du phospltate d'ammoniaque et de la
baryte à l'épuration des produits sucrés. Note de M. P. Lagranue, pré-
sentée par M. Peligot.
« Les méthodes d'épuration actuellement employées dans l'industrie su-
crière reposent presque toutes sur l'action de la chauxetl'éliminalion de cet
alcali par l'acide carbonique. Elles laissent subsister dans les produits sucrés
une certaine proportion de matières organiques et de sels minéraux, qui
s'opposent, dans une certaine mesure, à la cristallisation du sucre. Or il
est un fait acquis à la science, c'est que ces corps sont la cause de la
t'orinalion des mélasses et de l'entraînement du sucre dans ces résidus.
» Le procédé dont j'ai l'honneur de faire part à l'Académie repose sur
l'élimination des sels organiques de chaux, de certains acides végétaux
combinés à la potasse et à la soude, et des sulfates alcalins existant dans
les produits sucrés, en combinant l'action de la baryte et du phosphate
d'ammoniaque.
» Dans le travail des sirops, il y a un principe qu'on doit rigoureuse-
ment observer, si l'on ne veut pas transformer le sucre cristallisable en glu-
cose : c'est le principe de l'alcalinité.
» Or tous les sirops et les sucres ne sont maintenus alcalins, jusqu'à pré-
sent, que par la chaux. Cette chaux, mise dès le début du travail de la canne
ou de la betterave, n'est pas seulement à l'état soluble dans les produits su-
crés : elle se combine aussi à des acides végétaux pour former des sels orga-
niques de chaux solubles, très-stables. Ces sels de chaux sont indécompo-
sables par l'acide carbonique, tandis que la chaux, dissoute à la faveur du
sucre, est éliminée par ce gaz.
» Ces sels organiques de chaux, qui résistent à l'action de l'acide carbo-
nique, donnent de très-grandes difficultés dans le travail des sucres, aussi
bien en sucrerie qu'en raffinerie. Ils nuisent beaucoup aux cuites, qu'ils
rendent lourdes et quelquefois immobiles, donnent de mauvaises cristalli-
sations et de longs turbinages, et comme conséquence de mauvais rende-
ments. Le noir seul, dans la proportion où il est employé, ne suffit pas à
l'absorption de ces sels.
» J'utilise avec succès le phosphate basique d'ammoniaque pour la
décomposition de ces sels de chaux; il se forme, dans cette réaction, du
phosphate de chaux, et l'ammoniaque est mise en liberté.
)) Les jus et sirops, ne contenant plus de chaux par suite de son élimina-
tion par le phosphate d'ammoniaque, ne tarderaient pas, par la prompte
( 12/16 )
évaporation de l'ammoiiiaqtie, à devenir neutres, puis ensuite acides.
C'est alors que j'ai recours à la l)aryte ou au sacrale de baryte obtenu
préalablement avec les mélasses ou avec les sirops, pour compléter l'épu-
ration des produits sucrés. La baryte possède une double action : elle dé-
compose les sulfates alcalins en formant du sulfate de baryte, ainsi que
plusieurs sels organiques à base de potasse et de soude, et elle donne nais-
sance à des composés insolubles dans un milieu alcalin. Or celte mise en
liberté de la potasse et de la soude, non-seulement favorise cette insolu-
bilité des sels organiques de baryte, mais encore sert à l'entretien de l'alca-
linité des sirops privés de chaux, dans toute la série du travail industriel
jusfju'aux mélasses, dernier terme de leur épuisement.
» Le problème industriel que j'ai résolu, en appliquant au travail de la
sucrerie et de la raffinerie le phosphate d'ammoniaque et la baryte, est de
pouvoir, sans chaux et sans sels de chaux, tout en éliminant des sels miné-
raux et des matières organiques, travailler les produits sucrés, eu obser-
vant les meilleures conditions d'alcalinité, sans former du glucose aux
dépens du sucre cristallisable. L'application de ce procédé sera surtout
d'un grand secours pour les fabriques de sucre de canne, dans lesquelles
les sels de chaux et la formation si facile du glucose donnent de si sérieuses
difficultés et de si grandes pertes.
» En sucrerie, c'est ordinairement sur les sirops à 20 degrés Baume que
se fait l'épuration, sirops qui ont déjà subi généralement le traitement
calco-carbonique. Les produits étant amenés dans une chaudière à ser-
pentins ou à double fond, on y introduit le phosphate d'ammoniaque
dans la proportion de la chaux dont la quantité a été déterminée par
l'analyse hydrotiniétrique, de façon à ne laisser dans les sirops qu'un
millième de chaux absorbable par le noir; puis on ajoute la baryte dans
la proportion des sulfates et des matières organiques, de façon à ne laisser
dans les sirops qu'un centième des matières précipi labiés encore par la
baryte; on porte à l'ébuUition et l'on envoie le mélange sur des filtres
Taylor. Le sirop épuré sortant de ces filtres est dirigé sur le noir en grain,
après avoir laissé dans les poches un précipité qui constitue un engrais
précieux.
» En raffinerie, l'épuration se fait à la chaudière à fondre le sucre brut.
On supprime le noir fin et le sang, dont l'emploi entraîne avec lui de
graves conséquences, au point de vue des fermentations qu'il développe
si facilement, et l'on y substitue le phosphate d'ammoniaque, préalablement
dissous, dans la proportion de la chaux, en ne laissant qu'un centième de
( «^7 )
cet alcali, que le noir absorbe totalement; puis une solution de baryte
dans la proportion des sulfates alcalins et des matières organiques contenus
dans les sucres, de façon à y laisser la quantité d'alcali nécessaire au facile
maintien de l'alcalinité jusqu'aux mélasses.
» Pour obtenir le maximum de rendement, les expériences industrielles
m'ont démontré que, pour une moyenne de sucre titrant 88 degrés, la pro-
portion de pbosphale d'ammoniaque cristallisé par looo kilogrammes de
sucre est de 800 grammes, et celle de la baryte, pour le même poids de
sucre, de 3 kilogrammes, en se servant de l'hydrate à 10 équivalents d'eau.
» Le mélange, après la fonte, est porté à l'ébullition; à celte température,
le précipité se gonfle, et il se fait, en même temps qu'une véritable épura-
tion chimique, une clarification comparable à celle qui était obtenue avec
l'albumine du sang. Les sirops sont envoyés sur des filtres Taylor; ils
passent sur le noir en grain et ils suivent ensuite la série des opérations
ordinaires. Le précipité restant dans les poches est, après lavage, passé
aux filtres-presses; les tourteaux fournis par ces filtres constituent un
excellent engrais.
» Le travail des cuites, les cristallisations et les turbinages s'accomplis-
sent avec la plus grande régularité et dans les meilleures conditions. Le
résultat de l'application de ces deux corps se traduit par une augmentation
de rendement qui, d'après M, Guillon, l'habile raffineur lequel a fait, le
premier, dans son usine, l'application de ce procédé, s'élève notablement
au-dessus du rendement habituel.
» Les sulfates alcalins et terreux, notamment le sulfate de chaux,
n'existent pas ou n'existent qu'en très-petite quantité dans le jus de la
betterave. Ce dernier sel, qu'on rencontre souvent en assez forte propor-
tion dans le sucre brut extrait de celte racine, provient des procédés de
carbonatation dans lesquels on sépare, au moyen de l'acide carbonique,
la chaux qu'on a introduite dans le jus. Ce gaz est fourni par la cuisson
de la j)ierre calcaire mélangée au coke; il se trouve très-souvent souillé
d'acide sulfureux, qui forme des sulfites; ces sels se transforment par la
suite en sulfates alcalins et terreux. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'action physiologique el lliérapeutique du chlorlijdratc
d'ainy lamine. Note de M. DuJAiiDiN-DEAUJiiiTZ, présentée par M. Wuriz.
« l^ors de mes recherches physiologiques et thérapeutiques sur la tti-
méthylamine, mon maître, M. A. VVurIz, pensa que l'amylamine devait
( Î248 )
avoir une action plus énergique encore, et qu'il était nécessaire d'étudier
l'action de ce corps sur l'économie. C'est le résumé de cette étude que j'ai
l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie.
M Je me suis servi du chlorhydrate d'amylamine (C^H"AzCl), corps
parfaitement défini, et qui cristallise en écailles incolores; ce sel avait
été préparé parles soins de M. Frédéric Wurtz. Lorsqu'on introduit sous
la peau des animaux des solutions de chlorhydrate d'amylamine, on ob-
serve des phénomènes variables suivant la dose employée. Chez le Lapin,
par exemple, à la dose de i à 5 centigrammes, on observe une diminution
très-marquée du pouls et de la tcmpéiature, qui peut faire abaisser le
pouls, dans l'espace d'une heure, de 2o4 pulsations à i56.
» La diminution de la température est moins nette, et l'on obtient à
peine une descente de i à 2 degrés. Lorsque, chez le même animal, on
dépasse la dose de 5 centigrammes, ces phénomènes dépressifs au pouls
et de la température font place à des symptômes nerveux, bizarres et à
formes variées, caractérisés essentiellement par des convulsions toniques
et chloniques, et par des mouvements de tournis. Ces phénomènes prennent
une grande intensité à la dose de 20 centigrammes, et deviennent assez
graves, à 3o centigrammes, pour entraîner la mort. Chez le Cobaye, 10 cen-
tigrammes suffisent pour produire ces convulsions et amener la mort par
asphyxie dans le court espace de 18 minutes. Chez le Chien de taille
moyenne, à la dose de 20 centigrammes, il se produit des dépressions
notables du pouls qui s'abaisse de 80 à 64 ptdsations, et il faut atteindre la
dose de plus de i gramme pour voir se développer les troubles nerveux dont
nous avons parlé. Ainsi donc, chez les animaux précédents (Cobaye, Chien,
]^aj)in), le chlorhydrate d'amylamine produit d'abord, à faible dose,
l'abaissement du pouls et de la température, et à dose plus élevée, des
convulsions toniques et chloniques qui entraînent promptement la mort.
» Chez l'homme, à la dose de 5o centigrammes à i gramme, on observe
aussi cette diminution du pouls et de la température, abaissement qui peut
être de 10 à 20 pulsations par minute dans l'espace d'une heure. Nous
avons appliqué ces propriétés dépressives du chlorhydrate d'amylamine sur
le pouls et la température au traitement de la fièvre, et particulièrement
de la fièvre typhoïde, et, dans dix cas où cette médication a été employée,
nous avons toujours constaté, d'une manière manifeste, cet abaissement du
pouls et de la température, et le résultat obtenu nous a paru avantageux.
Si l'on vient maintenant à comparer l'action physiologique du chlorhydrate
de iriméthylamine à celle du chlorhydrate d'amylamine, on voit que ce
( 1249 )
dernier, s'il ne possède pas l'action sédative et calmante sur le système
nerveux que possède la triméthylamine, jouit du moins d'une action
beaucoup plus marquée sur le pouls et sur la température, et que son ac-
tion toxique est beaucoup plus considérable que celle du chlorhydrate de
triméthylamine, de même que celle du chlorhydrate d'ammoniaque.
» Nous nous proposons, dans un prochain travail, d'étudier l'action
physiologique de la propylamine, et de la comparer à son tour à celle de
l'amylamine et de la triméthylamine, continuant ainsi les recherches que
nous avons établies sur les ammoniaques composées, recherches qui nous
paraissent appelées à fournir des éléments importants à l'étude de la Théra-
peutique. »
« M. le général Morin présente à l'Académie, de la part de M. Dougli's-
Gallon, un Mémoire intitulé : On the Construction of Hospilah, dans lequel
l'auteur discute, avec l'autorité d'une grande expérience, toutes les condi-
tions d'établissement des hôpitaux. Ce Mémoire a été l'occasion d'une
discussion très-intéressante devant l'Association médicale d'Angleterre, et
contient un grand nombre de faits et d'observations qu'il est utile de si-
gnaler à l'attention de tous ceux qui s'occupent de ces importantes
questions. »
Ce travail, imprimé en anglais, sera soumis à l'examen de MM. Morin
et Larrev.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 17 novembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Nouvelle étude du système du monde; par h. d'Apremont. Paris, J. Le
Clère, 1873-, br. in-S". (Deux exemplaires.)
Mémoire sur la mutabilité des germes microscopiques et la question des fer-
mentations; par J. DUVAL. Paris, Martinet, 1873; opuscule in-S". (Extrait
C.R,,i873, 2' Semesire. ;T. LXXVU, N" 21.) ' *^ '
( I25o )
du Journal de l'Jnatomie et de la Physiologie. (Présenté par M. Charles
Robin.)
Recherches anatomiques sur les Edentés tardigrades ; par M. P. Gervais.
Paris, Gauthier-Villars, 1873 ; opuscule in-4°. (Extrait des Comptes rendus
de l' Académie des Sciences.)
Notes on ttiejorm of cjclones in the southern Indian océan, and on some of
the rules given for avoiding their centres ; by G. Meldrum. London, G. -Ed.
Eyre and W. Spottiswoode, 1873 ; br. in-8°.
Report on double refraction; by G. -G. Stokes. London, Taylor and
Francis, i863; br. in-8°.
ArchivfûrmikroskopischeAnatomie, lierausgegeben von Max. SCHULTZE;
zehnter Band, erstes Heft. Bonn, Max Cohen et Sohn, 1873, in-8°.
Atti del renie Istituto d'incornggiamento aile Scienze naturali economiche
e tecnologiche di Napoli; t. VIII, parte II; t. IX. Napoli, 1872; 2 vol. in-4'*.
Catalog der Gemmensammlung des T. Riehler. Wien, Zaniarski, 1871;
br. in-8°.
Revista de Portugal e Brazil; n°' r, 2, outubro 1873. Portugal et Brazii,
1873; 2 n°' grand in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 24 novembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Mémoires de la Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du déparlement de l'Aube; t. IX, 3'' série, 1 872. Troyes, Dufour-
Bouquot, sans date; j vol. in-8°.
Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles de Cherbourg;
t. XVII, -2* série, t. VIL Paris, Baillière; Cherbourg, Bedelfontaine et Syf-
fert, 1873; I vol. in-8°.
Catalogue de la Bibliothèque de la Société nationale des Sciences naturelles
de Cherbourg; rédigé par M. le D"" Aug. Le JOLIS; 2* partie, 1" liv. Cher-
bourg, Bedelfontaine et Syffert, 1873; i vol. in-8°.
Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire ; t. XXVII : Lettres
et Arts; t. XXVIII : Sciences. Angers, P. Lachèse, 1872 ; 1 vol. in-8*'.
Mémoires de l' Académie de Stanislas, 1872; 4* série, t. V. Nancy, Berger-
Levrauit, 1873; in-8°.
( I25l )
Société des Sciences médicales de r arrondissement de Gannat [Allier). Compte
rendu des travaux de Vannée 1872-1873; 2'^* année. Gannat, Didier-Dau-
bourg, 1873; I vol. in-8°.
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-
Inférieure; 1H73, 1" semestre. Nantes, veuve Mellinet, 1873; i vol. in-S".
Précis analytique des travaux de l 'Académie des Sciences, Belles-Lettres et
Arts de Rouen pendant l'année 1 87 1 - 1 872. Rouen, H. Boissel ; Paris, Derache,
1872; 1 vol. in-8°.
Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuclidtel; t. IX, 3* cahier.
Neuchâtel, H. Wolfrath et Metzner; i vol. in-8°.
Résumé didactique sur les hernies des chevaux ; par L. COLLENOT. Nancy,
Hinzelin et C'% 1873; in-8°.
Histoire des astres. Astronomie pour tous; par J. Rambosson. Paris, Firmin
Didot, 1874; I vol. grand in-8°, avec planches.
Description cjéocjnostique du versant méiidionnl de la montagne Noire (Unis
l'Aude; par M. Leymerie. Montpellier et Cette, Boehm et fils, 1873;
br. in-8''.
Les hommes velus; par le D' E. Magitot. Paris, imp. Durand, 1873;
br. in-8°. (Extrait de la Gazette médicale de Paris.) [Présenté par M. Ch.
Robin.]
Rapport au Ministre de l' Instruction publique sur l'état de la Pisciculture en
France et dans les pays voisins ; par M. BoucHON-Brandely. Paris, Witters-
heira, 1873; br. in-8°.
Areographische Fragmente. Manuscrit et dessins originaux et inédits de l'as-
tronome J.H. Schroeter, de Lilienthal; par M. F. Terby. Bruxelles, imp. F.
Hayez; br. in-4°. (Extrait du tome XXXVII des Mémoires couronnés et Mé-
moires des Savants étrangers, publiés par l'Académie royale des Sciences, des
Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.)
Quelques considérations sur l'extension continue et les douleurs dans la
coxalgie; parle D"' J. HenneQUIN. Paris, P. Asselin, 1869; br. in-8°.
L. DE Martin. Note sur un tube-pal à propos des expériences faites dans
l'Hérault, avec le sulfure de carbone. Sans lieu ni date; br. in-8°.
Les Merveilles de l'Industrie; parh. Figuier. 10" série : Le sucre de canne.
Paris, Furne et Jouvet, 1873-, i liv. grand in-8°, avec figures.
Traité des matières colorantes artificielles dérivées du goudron de houille; par
( 1252 )
P. BOLLEY et E. Kopp, traduit de l'allemand et augmenté des travaux les
plus récents par leD'' L. Gautier. Paris, F. Savy, 1874; in-8°.
L'unité des forces physiques. Essai de Philosophie naturelle; par le P. A.
Secchi; 2* édition, fascicule 2. Paris, F. Savy, 1874; iu-8°.
Constitution physique du Soleil ; explication ■ de la Jormation et de la dis-
parition des taches ; par le colonel A. Gazan. Antibes, Marchand, 1873;
br. in-8°.
Illustration de la flore de l'Archipel indien; par F.-A.-W. MlQUEL ; t. I,
liv. I, 2, 3. Amsterdam et Utrecht, Van der Post, 1 870-1 871 ; 3 livraisons
in-4°.
Musée botanique de Lejde; par W.-F.-R. SURliNGAR; t. I, liv. i, 2, 3,
feuilles t à i 1, planches I à XXV. Leyde, J. Brill, sans date; in-4°.
ERRATA.
(Séance du 17 novembre 1873.)
Page 1191, ligne i3, au lieu rfe aqueuses, lisez alcooliques.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
■ ■eOOn T' I
SÉANCE DU LUNDI 1"' DÉCEMBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le PnÉsiDEST annonce à l'Acaclémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. A. de la Rive, l'un de ses Associés étrangers, dé-
cédé à Marseille, le 27 novembre 1873, en se rendant de Genève à Cannes.
Celte douloureuse noiivelle est transmise à l'Académie par une Lettre du
fils de l'illustre physicien, M. William de la Rive, adressée à M. Dumas.
« M. le Secrétaire perpétuel ne se propose pas de faire connaître en
ce moment les titres qui ont mérité d'abord à M. Auguste de la Rive une
place parmi les Correspondants de l'Académie et qui, plus tard, l'ont
élevé au nombre de nos Associés étrangers.
)) L'Académie partage l'émotion de la ville de Genève, qui rend pieu-
sement, à cette heure même, les derniers devoirs à l'un de ses plus illus-
tres et de ses meilleurs citoyens ; elle s'associe à tous les sentiments dont
sa population est pénétrée.
» M. Auguste de la Rive, dès sa jeunesse, avait vu son digne père mettre
une singulière ardeur à reproduire, à populariser, à commenter les décou-
vertes d'Ampère sur l'électricité dynamique; il s'était ainsi préparé nalurel-
C, K., 1873, 2« Semeslre. (T. LX.X.V1I, N» 22.) 1 62
( 1254 )
leiiieiit à se dévouer, lui-même, à l'élude de l'électricité. Cette branche de
la science l'a occupé, en effet, pendant toute sa vie : le Traité qu'il a publié,
les Archives de l'Électricité qu'il a fondées et dirigées, témoignent de la
vaste connaissance qu'il en avait acquise ; ses travaux originaux sur celte
matière difficile, nombreux et variés, montrent qu'il savait saisir en géo-
mètre le principe fondamental des théories et qu'd possédait en expérimen-
tateur consommé l'art délicat d'en fournir la déraonsiration.
» Il a montré, le premier, qu'à l'aide de dissolutions alcalines on peut
argenter et dorer solidement le laiton par des moyens galvaniques, et il a
fixé ainsi le principe qui sert de base à la grande industrie à laquelle lil-
kington, Ruolz et Christofle ont, plus tard, attaché leurs noms.
» L'étude des phénomènes observés pendant l'apparition des aurores
boréales et leur relation avec les propriétés que manifestent, sous l'in-
fluence de l'aimant, les flammes de l'arc voltaïque, ou l'étincelle élec-
trique éclatant dans les fluides élastiques raréfiés, ont conduit M. Auguste
de la Rive à enrichir la Physique de brillantes expériences et à poser les
fondements d'une théorie des aurores polaires.
» Mais ne bornons pas ainsi l'expression de nos regrets, donnons-leur
toute l'étendue qui convient à cette grande perle. Ce n'est pas seulement
un savant profond, persévérant, pénétrant et dévoué que nous regret-
tons en ce jour! L'usage libéral que M. de la Rive faisait de sa fortune,
toujours au service de la science, l'hospitalité que tous les savants de
l'Europe ont reçue dans sa noble demeure, l'ardente affection qu'il portait
à sa patrie, l'élévation morale de son caractère, lui avaient mérité dans
tous les pays civilisés les sympathies des esprits cultivés et, dans son propre
pays, la meilleure des popularités.
» L'Académie n'oubliera jamais l'empressement avec lequel il lui ap-
portait les prémices de ses travaux et le fruit de ses longues études; elle
n'oubliera pas non plus, et moins que personne j'en aurais le droit, l'ac-
cueil amical dont ses Membres ont été si souvent l'objet depuis le com-
mencement du siècle dans la maison patriarcale des de la Rive. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note accompagnant la présentalioii du « Cours
de Mécanique appliquée aux machines, » de J.-V. Poncelcl; par M. Resal.
o J'ai l'honneur de présentera l'Académie, de la part de M*"' Poncelet,
le Cours de Mécanique appliquée aux mucliines, de J.-V. Poncelet, qui vient
d'être publié sous la direction de M. Kretz, ingénieur en chef des manu-
factures de l'État. L'origine de cet Ouvrage remonte à 1825, époque à la-
( ia55 )
qtielle Poncelet, qui, jusqu'alors, s'était uniquement occupé de Géométrie,
fut chargé d'organiser, à l'École d'Application de l'Artillerie et du Génie,
l'enseignement de la Mécanique appliquée.
1) Eu 182G, des feuilles lilhographiées, reproduisant les Leçons de Pon-
celet, furent distribuées aux officiers élèves. On ne tarda pas à connaître
au dehors l'originalité de cet enseignement, qui se distinguait par la nou-
veauté des aperçus et la nature de certaines questions qui y avaient trouvé
place.
1) Ces feuilles furent, l'année suivante, soumises h l'appréciation de
l'Académie. Dans la séance du 7 mai 1827, Ch. Dupin, au nom d'une
Commission qu'il constituait avec Arago, fit, sur l'enseignement de Pon-
celet, un Rapport extrémetnent élogieux, qui aurait conclu à l'insertion
aux Mémoires des Savants étrangers, si le INIinistre de la Guerre ne s'était
réservé la faculté de reproduire les lithographies.
» Aux feuilles de 1826, qui produisirent une grande impression dans le
monde savant, succédèrent, avec quelques modifications, celles de i832 et
de i836, publiées en cahiers par les soins de M. Morin. C'est en colla-
tiounant ces trois éditions que M.Rretz a constitué l'Ouvrage dont il s'agit,
et dont on comprendra tonte l'importance par le simple énoncé des cha-
pitres qui le composent :
. 1° Considérations générales sur les macliines en mouvement; 2° principaux moyens de
ré"iilariser l'action des forces sur les machines et de transmettre les vitesses dans des rap-
ports donnés; 3° calcul des résistances passives dans les pièces à mouvement uniforme;
4" influence cle la variation de la vitesse sur les résistances.
M Quoique les premières Leçons de Poncelet sur la Mécanique appliquée
remontent presque à un demi-siècle, le Cours qui vient de paraître, k
quelques détails près, est très-complet. Les lacunes inhérentes aux pro-
grès des sciences et des mécanismes qui ont pu se produire dans une aussi
longue période ont été comblées par des notes placées au bas des pages,
qui témoignent des soins consciencieux apportés par M.Rretz à cette pn-
blication et donnent une haute idée de sa sagacité et de son esprit obser-
vateur et philosophique. Parmi ces notes, les unes ont surtout pour but de
mettre en lumière les idées, parfois mal interprétées, de l'auteur; les autres
résument certains travaux récents encore peu connus; d'antres enfin se
font remarquer par leiu' originalité. Je crois devoir signaler parmi
celles-ci :
» Période de mise en marche des machines et <les comlitions de bon fonctionnement. —
162..
( 1256 )
De l'écart proportionnel des vitesses au point de vue de la réj^ularisation ; effet du couple-
nicnl sur la régularité. — Détermination de la vitesse de règle et conditions de régularité
des machines industrielles. — Corrélation entre le régulateur et le volant. — Équations du
mouvement d'une transmission en tenant compte de l'élasiicité des liens. — Rajiport des
accélérations niaxima et niinima des manivelles simples et h double effet. — Volant des
machines couplées. — Ralentissement dans les transmissions par courroies; loi des tensions
d'une courroie sur une poulie en mouvement. — Influence de l'écartement des arbres sur
le fonctionnement des outils.
■ » En résumé, le Cours de Mécanique appliquée de Poncelet traite avec
une haute autorité toutes les questions qui forment aujourd'hui le fonds
de l'enseignement en ce qui concerne la science de l'ingénieur et du mé-
canicien, et les notes qui y ont été ajoutées renferment des considérations
utiles qui étahlissent de nouveaux liens entre la théorie et la pratique in-
dustrielles. »
« M. le général Morin, à l'occasion de la présentation d'une partie du
Cours de Mécanique oppiupiée aux Machines^ créé et professé par M. Pon-
celet, à l'École d'Application de l'Artillerie et du Génie, que vient de pu-
blier M. Krelz, adresse quelques observations, qu'il se propose de repro-
duire dans une prochaine séance, afin de faire connaître plus complètement
l'ensemble et les développements qu'a reçus successivement cet enseigne-
ment, devenu la base d'tuie science qui a rendu si populaire le nom
de son illustre auteur. »
ASTROKOMIE. — Sur Ics trombes terrestres et solaires (i); par M. Faye.
« Voici la simple question qtie je me propose d'examiner : les trombes
descendent-elles ])rogrcssivement des nuages vers la Terre, ou bien mon-
tent-elles violemment de la Terre vers les nuages? Dans ma dernière
Note (2), j'ai donné à ce sujet une démonstration par l'absurde; mais ce
genre d'argument est moins convaincant que l'examen direct des faits, et
comme, malgré quelques approbations précieuses, je vois que la seconde
opinion prévaut parmi les météorologistes, je vais reprendre la question
par l'ensemble des faits.
o La seconde hypothèse a le double avantage d'être conforme à l'opi-
nion générale et d'être facilement comprise. Rien de plus simple, en effet,
(i) Voir les Notes précédentes, p. 853 et 1 122 de ce volume,
(2) Compte rendu de la séance du 17 novembre, p. 11 22. J'écarte ici provisoirement
toute discussion relative aux cyclones, pour les motifs indiqués dans cette Note.
{ 1257 )
que le mouvement vertical d'une colonne d'air ascendante ; un léger excès
de température suffit pour déterminer l'ascension d'une masse d'air, et
l'on se figure aisément, sans plus y penser, qu'un tel mouvement puisse
êlre, à l'occasion, accompagné d'un léger tourbillonnement aulour de l'axe
de la colonne ascendante. On observe journellemenl ces phénomènes dans
les flammes et dans les colonnes de fumée de nos cheminées quand l'air
est calme.
» Cependant si l'on veut bien y réfléchir, c'est-à-dire considérer les
faits eux-mêmes, on sera frappé tout d'abord de l'énorme travail méca-
nique accompli par ces trombes dès que leur extrémité inférieure vient en
contact avec le sol. Une trombe est évidemment une sorte de machine,
fort étonnante sans doute, mais enfin un appareil de transmission de la
force, fonctionnant réguhèremenf, comme un axe qui tourne en portant à
son extrémité un outil prêt à agir sur tout obstacle qu'on lui présente. On
sera donc conduit tout d'abord à se demander où est la force, puis à exa-
miner le récepteur qui l'accumule, puis le transmetteur qui l'amène au
contact du sol ou des obstacles; enfin, en voyant cette machine se mou-
voir au sein d'un air calme et marcher devant elle malgré toutes les résis-
tances, on arrive à penser qu'on est en face d'un magnifique problème
dont on s'est flatté beaucoup trop lût d'avoir la solution.
» Dès lors il faut revenir aux faits, écarter au moins provisoirement les
impressions et les jugements des témoins, et former de ces faits un tableau
où l'on puisse distinguer les traits essentiels au milieu de détails moins
importants. En procédant ainsi, sans prévention, on arrivera sûrement
au but.
» Afin de ne pas avoir de controverses sur le choix des faits et sur la
manière de les disposer, je prends le tout dans l'ouvrage du D'' Reye.
Voici une traduction à peine abrégée et très-fidèle des pages remarquables
que ce savant physicien a consacrées à ce phénomène :
« D'ordinaire, le calme de l'atmosphère précède l'apparition des trombes comme celle
des orages. Dans le Catalogue de Peltier, sur 1 16 mentions de tromjjcs de terre ou d'eau,
il y en a bien 83 pour lesquelles on ne dit rien du vent; mais, pour les 33 autres, il y en a
20 notées calme, le plus souvent calme parfait, complet, ou calme autour. Pour 5, le vent a
été seulement léger ou faible; pour i , il était régulier; enfin, pour les 7 dernières, la trombe
se mouvait, avec son cortège d'arbres ou de maisons abattues, contre le vent. Quant aux
trombes d'eau, Horner, très-expert en ces matières, dit formellement qu'elles ne sont jamais
relîct d'un vent général, mais que le plus souvent le calme règne autour d'elles ( i ).
(1^ C'est à ces données que M. Reye fait allusion lorsqu'il m'objecte comme un fait que.
( 1258 )
« Leur forme est quelquefois relis d'un énorme entonnoir dont la pointe est tonrnée en
bas; le plus souvent, c'est celle d'un long tuyau, ordinairement un peu incliné on cotirbé,
qui s'élève vers le ciel. C'est surtout l.'i la forme des trombes d'eau (jui ont été fréquemment
observées avec exactitude.
» Quelquefois la partie moyenne de ce long boyau manque ou est invisible, paice qu'il
est transparent; on dirait alors deux colonnes ou cônes éloignés et tournant leurs pointes
l'une vers l'autre; quelquefois le pied de la trombe manque; alors la trombe est comparée
à une corne qui pendrait des nuages...
» Horner attribue aux trombes d'eaii des diamètres variant de 2 pieds à 200 pieds, et une
hauteur de 3o à i5oo pieds. Nous verrons qu'il existe des trombes de terre de i5o et même
de plus de looo pieds de diamètre. D'après OErsted, la bauteur de la plupart des trombes
est de i5oo à aooo pieds, et même on est conduit h assignera quelques-unes des bauteuis
de Sooo à 6000 pieds, quand on tient compte de la distance où elles ont été vues; si quel-
quefois on leur assigne 3o pieds seulement, c'est qu'on a pris le bas de la trombe pour la
colonne entière.
1) Toutes les trombes bien étudiées se meuvent en progressant dans le même sens. Leur
vitesse varie beaucoup de l'une à l'autre, depuis celle d'un piéton jusqu'.'i celle de Sooo pieds
par minute. Les trombes immobiles sont extrêmement rares; nous n'en connaissons qu'un
exemple, celle de Blanquefort, près Bordeaux, en 1787. La vitesse est d'ailleurs variable et
souvent elle diffère en haut de celle d'en bas, en sorte que l'axe de la trombe prend une cer-
taine inclinaison. La trajectoire du pied est tantôt droite, tantôt courbe, rarement en zigzag ;
quelquefois les trombes, dans leur course destructive, sautent des contrées entières, tout en
poursuivant leur course dans les airs, pour redescendre de nouveau sur le sol, un peu plus
loin.
Souvent les phénomènes électriques des orages accompagnent les trombes, mais elles
exercent bien rarement eiles-ménus une action électrique, comme l'a fait celle de Chatenay
(i83q), quePeltier a étudiée et d'où il a tiré son hypothèse électrique.
» Plus d'une fois les trombes a|)paraissent en groupes. Pcltier cite un cas de six trombes
simultanées et trois cas de sept. Il n'est pas rare non plus d'en voir plusieurs se succéder
les unes aux autres.
» Ce qui frappe le plus les témoins oculaires, ce sont les effets mécaniques des trombes.
De la stupéfaction qu'elles causent vient sans doute le peu de documents qu'ils sont en élat
de nous transmettre sur ce qu'il y aurait d'important à connaître au point de vue météo-
rologique. Ces effets sont limités à la zone, relativement étroite, que le pied de la trombe
parcourt; les objets légers sont enlevés en l'air; des poutres, etc., ont été souvent trans-
portées à une grande distance, et l'on a même vu retomber sur terre des feuilles vertes et
dans aucune trombe bien étudiée, on n'a observé de vents parallèles et de vitesses diffé-
rentes qui aient pu lui donner naissance. Evidemment il y a là une méprise; ce n'est pas
dans les couches basses que j'ai placé l'origine des trombes. Les dernières lignes de la lettre
du D'' Reye [Comptes rendus, t7 novembre, p. i 181) en contiennent deux autres : 1° l'ob-
jection essentielle qui m'a été laite en 1866 vient d'Angleterre (SL Spencer, M. Balfour
Steward), et non de AL Kirchhoff (Cf. Comptes rendus, t. LXIII, p. 234); -■" '^ formule
de RL Spoere^r n'est pas l'expression mathématique d'une loi.
( 1259 )
tles rameaux recouverts de givre; les arbres, par centaines, sont cassés ou arrachés ; les
niaisoiis détruites, etc..
» Tous ces caractères se retrouvent dans la trombe de Hainichen, dans VErzgebirgc
saxonne, en date du 23 avril 1800.
» Ce jour-là, le vent avait changé souvent de direction; plusieurs nuées orageuses
avaient déjà ])assé sur le ciel, lorsqu'à i mille environ du lieu susdit un long boyau nébu-
leux ])arut pendre d'un nuage épais; tantôt il descendait jusqu'au sol, tantôt il était retiré
en haut vers le nuage. Le nuage étant en marche, ce luyau descendit de nouveau jusqu'à
terre et, en se])t ou huit minutes, balaya le sol, accompagné de poussière et île débris, sur
une largeur de 60 pas et une longueur d'environ i mille allemand (7420 mètres). Tout ce
que le tourbillon toucha fut renversé, taudis qu'autour de lui régnait un calme parfait; car,
entre autres jireuvcs, une paysanne le vit à Ditteisdorf, étant à sa fenêtre, renveiser une
chaumière voisine, sans ressentir aucun souffle d'air. A Arcnsdorf, commune où commença
le ravage, au moment où la trombe alleiguil le sol en descendant, les maisons ou les toits
furent renversés. Jlais c'est surtout à Ditteisdorf que les ravaj^es furent le plus violents : là,
les bâtiments de la famille Philippi, construits depuis six ans seulement, furent renversés, les
poutres brisées et dispersées; le toit et les grains furent jetés dans un fossé voisin, la cuisine
résista seule et offrit un refuge aux habitants; les volailles, tourbillonnant dans l'air, fuient
tuées sans qu'on i)ùt trouver aucun dommage à leurs plumes. Sur la ferme voisine, le tour-
billon renversa deux granges et deux maisons, puis s'engagea dans une forêt ])eu éloignée
et s'y fraya vioLMument un passage. Sur une largeur de 60 ])ieds, pas un arbre, pas une
herbe ne furent épargnés; tout fut renversé ou brisé, et dans un instant apparut une large
allée au travers de la forêt. Beaucoup d'arbres furent entièrement écorcés; d'autres furent
transportés à quelques cents pieds de là jusqu'à la rivière voisine. Les ravages s'étendirent
jusqu'à Etïdoif, près de la petite ville de Rosswein ; puis le tourbillon finit par faiblir et se
dissiper, non sans avoir enlevé un garçon d'écurie et ses deux chevaux, qu'il jeta, le pre-
mier dans un chemin creux, les deux autres dans un bosquet voisin. »
» Voilà donc les faits cbsei'vés. Il s'en dégage claiiemenr, comme je le
disais au début, la notion d'un appai-eil mécanique produisant, à l'une de
ses extrémités, un travail énorme, et pourtant doué d'une singulière
faculté, celle île se mouvoir et de transporter avec lui la force qu'il met en
jeu; mais qui ne lui est pas propre. De plus il travaille et se meut sans se
délormer (i), bien qu'il soit uniquement composé de gaz en mouvement.
Quand le bout de cet otitil gigantesque, qui va de la Terre aux nuages ou
des nuages à la Terre, touche le sol, il détruit tout, renverse les maisons
et, en quelques instants, abat ou brise les arbres d'une forêt, de manière
à y tracer, de part en part, luie allée de Go, 100, 3oo jneds de large. Si le
sol s'abaisse, l'outil ne porte plus, le travail cesse, la contrée est épargnée;
(1) M. Faye iirésente à l'Académie les dessins de trombes du cajjitaine Maxwell, repro-
duits par le D^ Picye.
( 1260 )
mais bientôt le transmetteur s'allonge, porte l'outil plus bas et le ravage
recommence. Où est donc la force ainsi transmise? Est-elle en bas, est-elle
en haut?
» El) bas, je vois un air calme d'ordinaire. C'est souvent au sein du
calme que les trombes apparaissent, se meuvent et fonctionnent. Il semble
donc déjà bien douteux que la force vienne du sein de ce calme-là. En tout
cas ce ne serait qu'une force répartie sur un grand espace ; alors, comment
s'accumule-t-elle en un point déterminé? Et ce point de concentration lui-
même, comment voyagerait-il dans cette couche immobile? L'improbabilité
de celte opinion ne fait que s'accroître à cet examen. Mettons-y pourtant
de la bonne volonté. La seule force qui puisse exister à l'état latent dans
une couche immobile, c'est la tendance ascensionnelle qu'une élévation de
température anormale lui aurait imprimée. C'est assurément en chaque
point de cette couche une bien faible force; mais, si l'on parvenait à les
réunir toutes en un petit espace, leur somme, proportionnelle à l'étendue
de la région considérée, pourrait être notable. Pour faire cette somme, la
première condition est que les foixes élémentaires soient empêchées de
produire leur effet au lieu même où elles sont nées. 1! faut que le poids et
en quelque sorte la cohésion des couches supérieures s'opposent, au moins
quelque temps, à l'ascension de tous les filets d'air qui d'ordinaire se
produit spontanément dans lui milieu fluide pour y rétablir l'équilibre.
Voilà déjà une condition bien restrictive; néanmoins, l'expérience montre
que, effectivement, cet état d'instabilité naît parfois et se maintient quelque
temps; il répond alors au phénomène du mirage; mais il faut pour cela
un calme complet. Si le vent souffle, le mélange des couches inégalement
chauffées se fait continuellement; les petites forces ascensionnelles exé-
cutent leur travail sur place.
)) Ainsi nous voyons déjà que jamais une trombe ne pourra rencontrer,
dans un air en mouvement, l'état de choses d'ailleurs bien précaire qui
doit lui foiuuir sa provision de force. Or les trombes se montrent aussi
bien dans des régions où le veut souffle que dans celles où le calme règne;
donc il faut chercher l'origine de leur force et son aliment ailleurs que dans
celte couche inférieure jusqu'ici considérée.
» Cet argument décisif nous autoriserait à arrêter là notre examen. Con-
tinuons néanmoins; examinons le seul cas atlmissible à toute force, celui
d'un calme parfait. Pour réunir eu une sorte de faisceau toutes les petites
tendances ascensionnelles de cette couche, M. le D' Reye a conçu un moyen
ingénieux, mais qui ne me send^le être ni celui du plus court chemin, ni
( I26l )
celui (le la moindre action : ce serait de décider, par une sorte d'appel
vertical, toutes les parties de cette couche à se mouvoir horizontalement
en convergeant vers un point déterminé pour y former une colonne d'air
violemment ascendante.
» Imaginons en ce point un orifice annulaire idéal par lequel l'air
alïluant serait obligé dépasser; vous verrez jaillir verticalement une co-
lonne ascendante assez semblable, au premier coup d'oeil, à une trombe.
Une fois le premier pas fait, le mouvement s'accentuera de plus en plus,
et bientôt toutes ces minimes forces, individuellement réparties sur plu-
sieurs lieues carrées de terrain, viendront s'engouffrer, pour ainsi dire,
dans le petit espace annulaire, de manière à produire tout autour des
effets considérables. Cette colonne ascendante montera jusqu'aux nuages;
elle y portera l'air chaud et humide du bas;, celui-ci en se dilatant et en
se refroidissant laissera sa vapeur d'eau se condenser et abandonnera de
la chaleur au profit du mouvement ascendant. En un mot, à l'autre bout
de cette colonne ascendante, il se formera un nuage où ira se cacher
l'extrémité supérieure de la trombe.
» A la vérité, ce nuage marche avec vitesse et la trombe aussi. Impos-
sible d'en donner une raison valable; mais il est toujours aisé d'en trouver
une mauvaise. La cause de ce mouvement de translation se trouvera en-
core en bas, toujours dans la région du calme complet. Il suffit, en effet,
que l'anneau idéal qui sert de base à la trombe et par où nous avons forcé
l'air à monter, il suffit, di*-je, que cet anneau se déplace progressivement;
la trombe suivra tant bien que mal et le nuage aussi. Or voici comment
l'anneau peut marcher. Supposez que l'air affluant de toutes parts vers ce
centre, suivant les rayons d'un vaste cercle, n'ait pas la même vitesse dans
toutes ces directions : l'anneau de convergence aura évidemment une
tendance à marcher du côté où se trouvera le courant le plus faible ; son
mouvement sera dû à la différence des deux vitesses diamétralement op-
posées, c'est-à-dire à l'excès de la vitesse maximum sur la vitesse minimum
de tous ces affluents. Si la trombe se meut avec une vitesse de 5o mètres
par seconde, c'est que le premier courant aura 5o mètres de plus en
vitesse que le second; mais cela ne devra empêcher ni le calme de régner
tout autour, ni les courants intermédiaires de suivre partout cet anneau
idéal de kilomètre en kilomètre, et de s'y précipiter avec une remar-
quable dextérité. Ce qui est non moins remarquable, c'est que, si l'anneau
dans sa marche vient à s'engager dans une forêt, ces courants convergents
devront l'y suivre malgré les arbres, et le retrouver encore de l'autre côté
C. R., 1873, 2^ Semestre. (T. LXXVH, N» M.) '63
( 1262 )
de la forêt comme si celle-ci n'existait pas. Enfin cet anneau vient-il à
s'élever, les courants se relèveront aussi; vient-il à s'abaisser jusqu'au
niveau du sol ou jusqu'à affleurer l'eau, les mêmes courants devront en-
core trouver le moyen de former celte colonne ascendante; car elle ne
doit pas cesser, au milieu de ces péripéties, de débiter la même masse d'air
et de la faire jaillir jusqu'à son nuage.
» Telle est l'accumulalion d'hypothèses qui constituent la théorie des
trombes ascendantes dans im air calme. Quanta celles qui se forment dans
un air agité, la théorie reste muette; car il lui manque alors le sembhmt
lui-même de l'élément essentiel, c'est-à-dire de la force.
» Certes, si quelque idée préconçue n'agissait fortement sur l'esprit dos
savants éminents qui admettent cette explication, ils se demanderaient
comment on pourrait décider l'air de toute une vaste couche horizontale
à affluer ainsi violemment vers une étroite ouverture idéale. Ce n'est pas,
sans doute, parce qu'une première file de molécules y aurait passé que
toutes les autres, dans un rayon de plusieurs lieues, se verraient forcées
d'en faire autant. Cette conception est bien éloignée, en effet, de l'idée que
nous nous faisons des lois de la nature, laquelle ne dépense pas un travail
formidable lorsqu'il lui est si facile d'arriver au but à peu de frais; car,
en fin de compte, il ne s'agit ici que de rétablir l'équilibre, vui peu dérangé
pour le moment, d'une couche d'air. On voit qu'il a fallu, à seule fin
d'étayer l'hypothèse des trombes ascendantes, imaginer tout exprès une
mécanique bien peu admissible rien que pour ie gros du phénomène; il a
fallu ensuite à chaque trait nouveau imaginer de nouvelles ressources non
moins singulières, le tout pour aboutir à laisser de côté, sans la moindre
explication, les phénomènes les plus caractérisés, tels que celui d'une
trombe en marche contre le vent inférieur.
» Si, au contraire, on examine les faits sans prévention, que trouve-
t-on dans le simple récit des faits bien connus qu'on vient de lire?
» Voilà une véritable machine : d'un côté la force, de l'autre le travail
" produit. Si l'on reconnaît que la force ne saurait être en bas, là où il ny a
pas de mouvement, on n'a qu'à lever les yeux et à regarder l'embouchure
de la trombe. Là les nuages orageux, en marchant sur nos tètes avec une
grande vitesse, nous avertissent qu'il y a de la force en haut. L'orage arrive,
et c'est alors aussi que les trombes paraissent d'ordinaire; elles ont dû (que
l'orage éclate ou non) se former en haut, aux dépens de ces vastes courants
qui ont envahi les régions supérieures. Non pas que les courants engen-
drent d'eux-mêmes des trombes ; mais nous savons par l'exemple journalier
( 1263 )
de nos cours d'eaii que, partout on un fliude se ment horizontalement
sous forme de courant, il suffit d'une différence de vitesse, d'une tranche
à l'autre, pour donner naissance à un mouvement gyratoire.
» Or ce mouvement gyratoire, qui peut englober de vastes espaces, ra-
masse et fait converger vers un centre ces inégalités de vitesse préexistantes ;
il les somme pour ainsi dire en un tourbillonnement dont la rapidité va
eu croissant vers le centre, et transmet de couche en couche toute cette
force vive, jusqu'à ce qu'elle aille s'épuiser en bas sur des obstacles. Dans
l'air, cette sommation et ce transport sont mille fois plus faciles que dans
l'eau; la perte due aux frottements est nulle, voilà toute la différence.
n Cela posé, voyons ce que devient cette force dans l'entonnoir de la
trombe. Elle se propage par en bas dans cette longue colonne de 2000 à
5ooo pieds de haut (d'après OErsted); c'est comme une gigantesque tarière
qui perce les couches successives de l'almosphère et qui parvient enfin au
sol sans avoir presque rien perdu de son énergie. Au moment où elle le
touche, elle agit contre sa résistance et produit un travail dévastateiu-,
stricte représentation de la force vive qu'elle a emmagasinée par en haut (1).
Si elle rencontre une vallée où sa pointe cesse de toucher le sol, le travail
cesse aussitôt; mais alors la pointe recommence à descendre et ne tarde
pas à reprendre son ravage. Celui-ci est étroitement limité au cercle que
le pied de la trombe embrasse; cependant l'air froid qui s'en échappe et
se réchauffe rebondit sur le sol et remonte tumultueusement tout autour
de la trombe. Aussi la voyons-nous sur terre entourée, au pied, d'un nuage
de poussière ascendante, et sur mer d'un nuage d'écume. C'est ainsi qu'elle
entraîne en haut des corps légers, après les avoir glacés de son souffle;
mais jamais elle ne les fait passer par son canal, comme l'ont cru tant de
témoins (2). Il lui importe peu d'opérer dans un air calme ou dans un air
en mouvement; elle suit le mouvement de son entonnoir, c'est-à-dire du
courant supérieur qui l'alimente. Elle marche comme les nuages orageux,
ou plutôt comme le courant lui-même et avec sa vitesse moyenne, car c'est
elle qui est chargée d'épuiser contre le sol les inégalités de ce courant.
» Si ces inégalités viennent à s'affaiblir, la trombe perd de son énergie;
elle cesse de s'appuyer sur le sol ; elle remonte peu à peu et semble ainsi sus-
pendue un moment comme une corne, toute prête néanmoins à recommen-
cer, si le courant d'en haut éprouve çà et là des résistances ondes remous.
(i) Sauf le travail accompli pour amener en bas une masse d'air notable d'en haut.
(2) C'est l'analogue de la phase ascendante dans la circulation de l'hydrogène solaire.
16:^..
( ia64 )
» Ce serait assurément un des plus beaux problèmes de la Mécanique
(les fluides que celui d'interpréter par l'analyse le fonctionnement de ce
merveilleux mécanisme où j'ai en le plaisir de retrouver l'an dernier,
jusque dans les détails, les phénomènes caractéristiques des taches du
Soleil. Si les mêmes lois mécaniques régissent notre atmosphère et la masse
gazeuse du Soleil, je n'ai pas eu tort d'identifier les trombes de cet astre
avec les nôtres et d'affirmer que les nôtres devaient être descendantes,
puisque celles du Soleil le sont. On voit maintenant que les faits terrestres,
loin d'y contredire, l'affirment également.
» Puisque me voilà ramené au point de départ, je demande la permission
d'ajouter quelques mots pour dire que nos discussions, du côté de l'Alle-
magne, ont singulièrement progressé ces jours-ci, grâce à la lettre du
D' Reye et surtout à un récent Mémoire que M. Zœllner vient de publier.
» Je constate d'abord qu'en Allemagne on accepte aujourd'hui la pro-
fondeur des taches; ni M. Zœllner ni M. Reye ne les posent sur la pho-
tosphère, mais ils les cachent dans son épaisseur. Le triclUerai-lig verlieft
donne enfin raison à mes premiers travaux et tort à l'hypothèse des nuages.
M Par là, la théorie de M. Reye échappe désormais à mon objection; mais
elle vient de succomber sous celles de M. Zœllner. En effet, en mettant son
tourbillon ascendant dans la photosphère, M. Reye revient aux éruptions
de Wilson que les objections des physiciens anglais m'avaient autrefois
obligé d'abandonner, et M. Zœllner lui prouve, en quelques mois, que !<■
noyau de ses tourbillons ascendants ne serait pas noir, mais aussi brillant
au moins que la photosphère.
» Reste la théorie de M. Zœllner; mais malgré la science profonde que
cet éminent physicien et astronome a dépensée pour corriger et soutenir
la vieille et peu heureuse hypothèse des scories, il a fatalement abouti à
une impossibilité que l'on peut considérer comme son dernier mot. »
HYDRODYNAMIQUE. — Observations sur la Communication de M. Faye ;
par M. le général Morin.
« Sans prétendre intervenir dans la question des trombes, que vient de
traiter M. Faye, je crois utile d'appeler son attention sur les phénomènes,
en quelque sorte inverses, quoique analogues, que présentent les tourbil-
lonnements qu'occasionnent, sur les grands fleuves, les ouvrages d'art ou
d'énormes rochers en saillie sur les rives.
» Ces obstacles, en entravant la marche du courant, déterminent
( 1265 )
d'amont en aval une dénivellation et, par suite, une accélération de vitesse
dans leur voisinage. Les filets fluides, qui s'écoulent ainsi plus obliquement
et rapidement que ceux de la masse générale, occasionnent des tourbillon-
nements qui apparaissent à la surface sous forme de cônes curvilignes
évasés, dont les parois sont animées d'un mouvement gyratoire rapide.
» Lorsque des corps flottants, des nacelles légères même, se trouvent
engagés près de ces parois, la diminution de pression, que détermine vers
l'axe la force centrifuge, produit l'effei; d'une sorte d'attraction qui les
entraîne dans cette espèce de gouffre béant, où ils se précipitent et dis-
paraissent.
» Les bateliers des grands fleuves connaissent ce danger et savent que le
seul moyen d'échapper à la perte, quand on est saisi par le tourbillon, est
de se laisser couler vers le fond, où son action cesse à peu près de se faire
sentir, puis de chercher à regagner, le plus loin possible, la surface de
l'eau, en nageant horizontalement pour s'éloigner.
» Les remous, qui se produisent en aval des obstacles dont je viens de
parler, présentent aussi à la navigation des fleuves des difficultés assez sé-
rieuses. Les bateaux ou les nacelles qui sont une fois engagés dans ces eaux
tournoyantes, tantôt dans le sens général du courant, tantôt en sens con-
traire, ont souvent beaucoup de peine à s'en dégager et à poursuivre leur
route. Les vieux pontonniers qui avaient fait la campagne de Wagiam, où
ils jetèrent quatorze ponts sur le Danube, m'ont raconté jadis qu'un convoi
d'une douzaine de bateaux, qu'ils conduisaient sur ce fleuve rapide, fut
arrêté tout un jour dans lui de ces remous, où il tournoyait sans cesse
sur lui-même. Ils n'étaient parvenus à en sortir qu'à l'aide de chevaux de
halage. »
CHIMIE INDUSTRIELLE, — Septième Note sur le guano; par M. E. Chevreul.
« Dans cette Note je me propose de faire connaître un sel formé d'acide
phosphorique, A' ammoniaque de potasse et d'eau, que je n'avais point encore
rencontré dans les guanos dont j'ai parlé sous la désignation des n°* 4» 5
et 6, et en outre quelques faits relatifs à l'acide avique et à un autre acide
volatil dont l'odeur se rapproche de celle de l'acide phocénique.
§ I. — Phosphate ammoniaco de potasse hydraté.
» J'ai obtenu ce sel d'une cristallisation lente de l'eau mère d'inie pre-
mière cristallisation ; il s'est produit dans le premier lavage d'un guano
( 1266 )
que m'avait remis M. Banal , et que je distingue des précédents par le
n° 7.
» Ce sel est en cristaux plus volumineux, plus décidément prismatiques
que les cristaux obtenus des premiers lavages du guano 4, 5 et 6.
» A l'état de pureté ils sont incolores et parfaitement limpides.
» Ils sont plutôt alcalins à l'hématine qu'acides.
» Ils précipitent l'azotate d'argent en jaune citrin, comme le font les
phosphates tribasiques.
» Ils précipitent en blanc le chlorure de baryum ; le précipité est soluble
dans l'acide chlorhydrique étendu.
» Chauffés dans un tube de verre , ils éprouvent d'abord la fusion
aqueuse; de la vapeur d'eau se dégage avec de l'ammoniaque, et une fumée
blanche se condense à l'état solide.
» Le résidu de la distillation, fondu en verre, dégage de fines bulles ga-
zeuses probablement ammoniacales; enfin il présente une malien' vitreuse
soluble dans l'eau, très-acide au papier bleu de toiu-nesol. Restait à savoir
si c'était de l'acide phosphorique pur ou uni à une base fixe.
» On décomposa par l'eau de baryte pure 10 grammes de sel dissous dans
l'eau. Il fallut employer un assez grand excès de baryte pour précipiter la
totalité de l'acide phosphorique, par la raison qu'il restait dans la solution
de l'ammoniaque et, comme je vais le dire, de la potasse, de sorte qu'a-
près la précipitation de l'acide phosphorique il fallut faire passer de l'acide
carbonique, afin de précipiter l'excès de la baryte. Après avoir filtré la
liqueur, évaporée de l'eau et de l'ammoniaque, on obtint un résidu de po-
tasse précipitant immédiatement le chlorure de platine.
» J'y recherche maintenant la présence de la soude au moyen du chlo-
rure de platine.
» Enfin le phosphate de baryte, décomposé par l'acide sulfurique, donna
de l'acide phosphorique parfaitement caractérisé.
,» J'ai dit que le sel précédent avait été obtenu par une cristallisation
lente de l'eau mère d'une première cristallisation. Celle-ci s'était produite
lors de la concentration du premier lavage du guano n° 7 dans le vide,
séché par l'acide sulfiu-ique ; il va sans dire qu'il s'était d'abord dégagé une
quantité notable de carbonate d'ammoniaque qui m'avait obligé à renou-
veler l'acide.
» Quoi qu'il en soit, il s'était produit, dans le vide, des cristaux plus
minces et plus allongés que les précédents.
» Ce sel ne m'a pas paru absolument leur identique, quoique conte-
( 1267 )
nanl certainemenl de l'acide pliospliorique , de l'ammoniaque, de la
potasse et de l'eau.
» 3o grammes de sel, à la vérité coloré, mis avec 10 grammes d'eau,
ont fait une légère effervescence due à de l'acide carbonique, comme le
prouve le petil appareil que je mets sous les yeux de l'Académie. Du reste,
je remarque que des cristaux d' oxalate ammonictco de potasse, obtenus avec
d'autres guanos, présentent le même phénomène ; ils retiennent donc,
comme les précédents, du carbonate d'ammoniaque effervescent.
» Les cristaux du phosphate ammouiaco de potasse dont je parle main-
tenant, qui avaient été lavés à l'eau distillée, puis pressés entre du papier
Joseph, distillés dans un tube de verre, ont décrépité, dégagé de la vapeur
d'eau ammoniacale, du carbonate d'ammoniaque qui a cristallisé. Il est
resté un résidu noir qui, dans le tube, est devenu d'une blancheur par-
faite ; en se tuméfiant, ce résidu m'a paru du phosphate de potasse, peu
acide en comparaison du précédent.
» Je ne puis donc le considérer en ce moment comme identique au pré-
cédent, quoique je ne puisse y méconnaître ni l'acide phosphorique, ni
l'ammoniaque, ni la potasse.
s II. — Quelques faits relatifs à l'acide aviqtie et h un acide volatil
d'odeur phocénique.
» J'ai obtenu, en concentrant dans luie cornue un lavage fort odorant
du guano n° 7, un produit auuuouiacal qui renfermait certainement de
Y acide avique avec de Vacide carbonique.
» Après avoir précipité par l'eau de baryte l'acide carbonique de ce pro-
duit, j'ai fait évaporer la liqueur; je l'ai filtrée pour en séparer du sous-
carbonate de baryte, et la liqueur filtrée m'a donné un résidu incolore
d'odeur avique franche.
» Enfin j'ai obtenu, d'un autre traitement, de l'avate de baryte qui, dé-
composé par l'acide phosphorique, m'a présenté des gouttes d'apparence
huileuse douées de l'odeur avique parfaitement franche de toute autre.
J'espère que bientôt je pourrai décider si l'odeur avique est inhérente à ce
produit, car c'est la première fois que je l'ai obtenue du guano.
» Acide volatil ayai\t une odeur phocénique. — Il existe dans le guano
un autre acide volatil que l'acide avique, et que l'odeur phocénique en
distingue complètement.
» Cet acide forme, avec la ba.'yte, un sel très-soluble dans l'eau. I^a so-
lution peut prendre la forme sirupeuse el lisèiue l'apparence vitreuse; mais,
( '268 )
après quelques jours, le sel se prend en cristaux présentant de larges feuil-
lets dendritiques du plus bel éclat. Je dépose sur le bureau une capsule
dont le fond est tapissé de cristallisations et dont l'odeur est bien distincte
de celle de l'acide avique que j'ai dans un tube.
» Je suis porté à penser que l'avate de baryte est susceptible de cristal-
liser comme le sel précédent, mais l'odeur démontre qu'elle n'est pas pho-
cénique.
>> Enfin j'ai obtenu, d'un produit acide volatil du guano saturé par la
baryte, un sel qui cristallise à l'état sirupeux ou vitreux, dont l'odeur
n'est pas avique, et qui ressemble, par ses étoiles formées d'aiguilles sati-
nées, à un des acides que j'ai trouvés dans le suint et parmi les acides vola-
tils des cadavres.
» L'examen du guano n° 7, quoique présentant des différences qui le
distinguent des guanos 4, 5 et 6, confirme les considérations que j'ai émises
|)Our expliquer les bons effets du gnano en agriculture.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Double réfraction. Directions des mouvements vibratoires des
rayons réfractés dans les cristaux uniaxes. Mémoire de M. Abria. (Extrait
par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
<( J'ai eu l'occasion de m'assurer, dans le cours des expériences relatives
à la vérification de la loi d'Huyghens, qu'il y a quelquefois une grande
différence entre les azimuts des plans de polarisation du rayon incident,
correspondant à l'extinction du rayon ordinaire ou extraordinaire réfracté,
suivant que l'incidence est normale ou oblique. J'ai pensé qu'on pouvait
déduire de cette différence luie vérification de la tbéorie de la double ré-
fraction donnée par Fresnel, et j'ai fait, à ce point de vue, quelques expé-
riences que je soumets au jugement de l'Académie.
» D'après cette théorie, pour avoir la direction des vibrations ordinaire
et extraordinaire correspondant à un rayon incident, il suffit de décrire,
en prenant pour centre le point d'incidence, l'ellipsoïde inverse des vi-
tesses, ou ellipsoïde de Pliicker, et défaire dans la surface, par le même
centre, deux sections parallèles, l'une au front de l'onde ordinaire, l'autre
à celui de l'onde extraordinaire. Les deux axes, d'espèces différentes, des
ellipses ainsi obtenues sont les directions cherchées.
( 1269 )
» Si l'on représente par ({;„ et i]>,- les azimuts des plans de vibrations du
rayon incident lorsque le rayon réfracté extraordinaire disparaît sous l'in-
cidence normale et sons l'incidence /, on trouve entre ces deux quantités
la relation
1 cosp / . , lanffp
taneu;; = ; r sin d/n H ^^
'^ ' cos-%cos(/ — p) \ ' t'"'g7
p étant l'angle de réfraction qui répond à l'angle /, et y l'angle des portions
intérieures de l'axe et de la normale à la face d'incidence.
» Sur quinze expériences, faites avec deux prismes de spath et de quartz,
la différence entre le calcul et l'observation varie entre quelques minutes
et 3 degrés. Je me borne à en citer ici quelques-unes.
Varîotion de razimut troxtinctîon, ^,
lorsqu'on passe de rincideace normale . hhmi h .
à rincidenco oblique. observé. calculé,
o , o , o ,
25.42. ■■ • i4- 3 16.46 1
122. 3o ig.33 16.46 > Spalh.
87.27 1 . 14 2.5l )
17.33 0.43 0.46
16.46 57. 6 57.15
Quartz.
OPTIQUE. — Étude analj-liqiie et expérimentale des interférences des rayons
ellipliques. Mémoire de M. Ciîoullebois, présenté par M. Fizeau. (Extrait
par l'auteur. )
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Je me suis proposé, dans ce Mémoire, d'étudier analytiquement et de
vérifier, par voie expérimentale, les phénomènes nombreux qui caractéri-
sent les interférences des rayons elliptiques diversement orientés et de gy-
ration semblable ou contraire. La polarisation elliptique, comme on sait,
forme la transition entre la polarisation rcctiligne et la polarisation circu-
laire, ces deux cas particuliers extrêmes du phénomène iondamental. Or
les conditions d'interférence des rayons polarisés rectilignement ont été
définies par Arago et Fresnel, et constatées par les expériences de MM. Fi-
zeau et Foucault; les conditions d'interférence des rayons circulaires, ont
été établies d'abord par Fresnel, et plus tard, dans toute leur généralité,
par les travaux de Babinet et de M. Billet. J'ai eu en vue d'effectuer une
étude analogue sur les rayons elliptiques, soit en employant des procédés
nouveaux, soit en utilisant les méthodes d'investigation créées par ces
physiciens.
G. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVII, N» 22.) 1^4
( 1270 )
» Sans introduire aucune restriction dans le fond même du sujet, on
peut supposer les deux ellipses semblables. Alors, si l'on prend pour axes
coordonnés les deux droites rectangulaires qui sont les bissectrices des
angles formés par les axes bomologues des deux ellipses considérées, les
équations des deux rayons elliptiques s'écrivent :
X = v'fl^cos^w + a'^ sin^wcos^,
j = sja^ sin- w -\- a'^ cos" w ces (S — 9 ) ,
jr,= )k \J à^ cos' tô
[ j-, = ~Ky'a^ sin- M + a'^cos^w COs(| qr y),
2 M étant l'angle d'écartement des axes, K le rapport de similitude, l'ano-
malie (f étant donnée par la relation
laa'
taneœ = -——. •
*^ * 1/7' — /7 ' \ ftin *> #.»
Dans la dernière formule, le signe — fournil un rayon de gyration contraire
à celle du premier, et le signe + un rayon de gyration semblable.
» Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie comprend
la discussion du cas général; je me bornerai ici à l'examen de quelques
cas particuliers remarquables, accessibles à l'expérience :
» 1° Elliptiques parallèles directs;
)) a° Elliptiques parallèles inverses;
» 3° Elliptiques rectangulaires d'Airy, égaux et inégaux.
» Dans l'interférence de deux rayons elliptiques parallèles, directs et
superposables, le rayon résultant est elliptique; son orientation et sa gyra-
tion sont les mêmes que celles des ellipses caractéristiques des rayons con-
stituants. L'ellipse définitive, restant semblable à elle-même, acquiert un
maximum d'amplitude et devient évanouissante pour des valeurs pério-
<liques du retard géométrique p.
» L'interférence de deux rayons elliptiques parallèles, inverses et super-
posables se traduit par un retour perpétuel à la polarisation rectiligne et
par une rotation du plan de polarisation dont l'angle H est donné par la
relation
taneû = — tang ■!-•
» Ces deux cas d'interférence ont été vérifiés à l'aide de l'appareil des
demi-lentilles de M. Billet,
( I27I )
» Pour le troisième cas d'interférence, la théorie indique que, si l'une
des ellipses est entièrement enfermée dans la plus grande, !e rayon résul-
tant est toujours elliptique sans retour à la polarisation recliligne. Cette
dernière apparaît, et une seule fois dans l'intervalle d'une période, dès que
la seconde ellipse devient tangente à la première; elle se produit deux fois
dans le même intervalle si les ellipses caractéristiques se coupent. Pour
opérer ces vérifications, je me suis servi d'un assemblage de deux de mes
biprismes biréfringents elliptiques, disposés de manière à détruire mutuelle-
ment la déviation qu'ils impriment aux rayons. Si l'on regarde suivant
l'axe, à travers cet appareil, une glace noire sous l'angle de polarisation, et
qu'on intercale un Nicol entre le biprisme et l'oeil, on découvre de très-
belles franges, sur lesquelles on peut reconnaître les caractères indiqués par
la théorie, caractères variables avec l'orientation du miroir polarisateur,
par rapport à celle des azimuts principaux de l'appareil biréfringent et à
celle de la section principale de l'analyseur. Il y a lieu de considérer trois
espèces de franges, que l'on peut encore produire en recourant aux an-
neaux des lames minces, en visant, par exemple, aux anneaux réfléchis
sous l'angle de polarisation, après avoir interposé entre les anneaux et l'œil
un quarlz oblique épais. »
HYGIÈNE PUBLIQUIî. — Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour la condailc
des eaux potables. Extrait d'une Lettre de M. E. de Laval à M. le
Président.
(Commissaires : MM. Chevreul, Dumas, Balard, Peligot, Wurtz,
Belgrand.)
« De la divergence des opinions émises sur la question de l'emploi
des tuyaux de plomb pour la conduite des eaux potables, il me paraît im-
possible de conclure à l'innocuité du plomb. Tout au plus pourrait-on
prétendre que cette question a été jusqu'ici imparfaitement connue, et
que les faits contradictoires qui ont été signalés sont dus à des circon-
stances spéciales qui peuvent en faire concevoir les variations. Mais il
faut reconnaître que, si le mal n'existe pas à l'état permanent, il est au
moins possible, et qu'il serait utile de prendre des mesures pour faire dis-
paraître le danger. »
164..
( 15.72 )
HYGIÈNE PUELIQUK. — Sur les diverses conditions dans lesquelles le plomb
est allaqué par Veau. Note de M. Ad. Bobiekre. (Extrait.)
(Renvoi à la même Commission.)
« J'ai pu constater, à bien des reprises, que le plomb, toutes choses
égales d'ailleurs, s'altère surtout dans des tuyaux où l'action de l'eau est
aidée par celle de l'air.
» Lorsqu'un doublage de navire est piqué et corrodé, tous les naviga-
teurs savent que l'usure a surtout lieu à la ligne de flottaison ou dans les
portions fouettées par l'eau aérée, c'est-à-dire là où ilj a action alternative
de l'eau, de l'oxygène et de l'acide carbonique; les portions de doublage com-
plètement immergées sont, au contraire, les moins usées.
» Un fait analogue a été l'objet de mes études, dans une expertise : un
réservoir en plomb, de très-belle qualité et servant dans un établissement
hydrothérapique, était piVjfue rapidement et mis hors de service. L'analyse
et l'exatnen physique du métal me démontrèrent qu'il était de fabrication
et de laminage irréprochables; mais le bassin était fréquemment et com-
plètement vidé, puis ensuite rempli à l'aide d'un jet de liquide tombant
d'une hauteur de i mètre et s'écrasant littéralement à la surface du
plomb. En pareil cas, le phénomène d'oxydation et de carbonisation était
maximum.
» Ayant été ultérieurement appelé à constater des phénomènes d'em-
poisonnement saturnin très-intense dans une propriété voisine de Nantes,
je m'aperçus que, si le tuyau de conduite de l'eau était recouvert d'une
couche boueuse d'hydrocarbonate de plomb, c'est que, par sa position et
ses nombreuses inflexions, ce tuyau offrait des chambres à air et, par suite,
toutes les conditions voulues pour activer l'oxydation.
n A Nantes, les tuyaux de répartition des eaux alimentaires sont en
plomb, et, bien que le liquide contienne à peine des traces de calcaire, il
n'y a pas d'accidents, à la condition essentielle que le métal soit toujours
immergé.
» Les hygiénistes savent que les eaux consommées par les marins, à
bord des navires pourvus de cuisines distillatoires, sont souvent plombi-
feres, Il est facile de démontrer, ici encore, que l'altération du métal est
surtout causée par l'action simultanée de l'eau et des gaz qui s'en dégagent
pendant la distillation. Pour m'en assurer, j'ai distillé de l'eau de mer,
connue l'avait fait avant moi INI. le D' Lefèvre, à Brest, et j'ai vu que, au
( 1273 )
contact de serpentins en plomb pur ou en plomb étamé par simple con-
tact avec de l'étain en fusion, l'eau distillée obtenue était Irès-plombifère.
Si l'on introduisait dans la cucurbite quelques grammes de lait de chaux,
le produit distillé ne renfermait plus que des traces de métal vénéneux. La
même opération, effectuée à l'aide de serpentins ne renfermant que lo de
plomb pour 90 d'étain, a fourni de l'eau plombifére ou pure, selon que
la distillation était conduite avec ou sans lait de chaux, à la condition
toutefois de perdre les pi'emiers produits de l'opération. Ces résultats s'ex-
])liqiient facilement lorsqu'on réfléchit que le chlorure do magnésium de
l'eau de mer (je pourrais ajouter les iodures, bromures et sulfiu-es) donne
lieu, par l'ébullition, à des émanations attaquant d'autant mieux le plomb
qu'elles sont aérées et élevées à la température de 100 degrés.
» Donc, à l'exception des eaux pluviales ou distillées, les eaux potables
n'attaquent en général les tuyaux de plomb d'une manière sensible que
si la surface métallique est alternativement en contact avec l'air et avec l'eau.
» Une autre série de recherches m'a conduit à celte autre conclusion,
que la plus grande quantité de matière vénéneuse d'un liquide plombifére
obtenu p,ir le contact de l'eau ordinaire avec des tuyaux de plomb est en
suspension, et que, dans certains cas, la hltralion de cette eau sur du calcaire
lui ôte toute propriété vénéneuse. »
HYGIÈNE PUI3LIQUE. — Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour la conduite et
la distribution des eaux destinées aux usages alimentaires. Note de M. Cham-
poiiii.i.ox, présentée par M. Larrey.
(Renvoi à la même Commission.)
« Toutes les casernes, tous les hôpitaux militaires de Paris sont pourvus
d'eaux potables, conduites et distribuées par des tuyaux de plomb ; ces
eaux proviennent de la Seine, de la Marne, de la Dhuis, du canal de
rOiucq et du puits artésien de Grenelle. De i845 à 1869, sur un effectif
de 108000 militaires malades, reçus dans les hôpitaux du Val-de-Gràce,
du Gros-Caillou, de Saint-Martin, il n'a pas été signalé un seul cas d'intoxi-
cation saturnine, à un degré quelconque. Tous les ans, depuis la seconde
quinzaine d'août jusqu'à la fin de septembre, la garnison de Paris souffre
plus ou moins de la dyssenterie ; mais ces petites endémies, à la produc-
tion desquelles l'eau des casernes n'est pas absolument étrangère, ne pré-
sentent jamais aucun des caractères propres à l'intoxication saturnine, la-
quelle se distingue d'ailleurs par d'autres symptômes.
( 1^74 )
» L'intoxication saturnine ne serait possible que dans les circonstances
exceptionnelles où les troupes s'abreuveraient d'eaux pluviales conservées
dans des récipients en contact avec le plomb. Il se forme alors, et plus ra-
pidement que dans l'eau distillée, c'est-à-dire en quelques heures, du car-
bonate de plomb hydraté pouvant être entraîné par l'écoulement du
liquide.
» Dès que les eaux potables contiennent, par litre, de i5 à 20 centi-
grammes de sels minéraux, et particulièrement de sels de chaux, tout
danger d'empoisonnement par les conduites de plomb est absolument nul.
Il se fixe sur la surface interne de ces conduites un sédiment terreux,
lequel suffit, ne serait-il que de l'épaisseur de l'épiderme, pour mettre
obstacle à une réaction quelconque entre l'eau et le métal, de sorte que
l'on peut dire des tuyaux de plomb que, plus ils servent, mieux ils valent.
Des échantillons de l'eau de la Seine, de la Marne, du canal de l'Ourcq, de
la source d'Arcueil, du puits de Grenelle, dans lesquels plongent, depuis
douze ans, de larges feuilles de plomb, sont restes parfaitement limpides;
rendus acides par quelques gouttes d'acide chlorhydiiqueet traités ensuite
par une solution concentrée de gaz sulfhydrique, ils ne donnent absolu-
ment aucun signe de réaction.
» Les eaux potables qui alimentent les casernes de Paris contenant de
i5 à 60 centigrammes de principes salins en dissolution, il est naturel que
le personnel de la garnison n'ait jamais offert un exemple d'intoxication
saturnine. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouvelle réponse à M. Colladon, à propos du j)rocédé
de condensation des malières licpiéfiables tenues en suspension dans les cjaz;
par MM. E. Pelouze et P. Aidodin.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Dans notre précédente réponse à M. Colladon, nous disions : « Les
» explications données par M. Colladon s'apj)liqucnt aux phénomènes
)) tels qu'ils seproduisent dans les appareils laveurs employés depuis long-
» tempsdans l'industrie du gaz et non au principe sur lequel est construit
» noire condensateur. »
» Les dernières observations de M. Colladon [Comptes rendus, p, 1162
de ce volume) confirmant pleinement notre manière de voir, nous ne
poursuivrons pas cette discussion devant l'Académie. »
{ 1^75 )
ZOOLOGIK. — Sut les pigeons voyageurs revenus à Paris pendant le siège.
Note de M. W. dk Fowifxle. (Extrait.)
(Commissaires: MM. Milne Edwards, de Quatrefages, E. lîlanchard,
de Lacaze-Diithiers.)
« L'auteur, en s'appuyant sur des documents officiels, montre qu'on a
beaucoup exagéré la portée réelle des services rendus ()ar les '^3 pigeons
rentrés, au moins en ce qui concerne la correspondance officielle. Le nom-
bre des courriers aériens qui ont pu exercer une influence utile sur le mou-
vement des armées de défense doit être réduit de yS à i6, si l'on défalque :
1° les arrivées de seplembre, époque d'installation du service; 2° les
pigeons égarés ; 3° les dépêches expédiées en double ou triple.
» Le nombre des ballons ayant fourni des pigeons de retour doit être
réduit à 20, dont l'auteur donne la nomenclature; /|3 ballons ont été
inutiles à ce service. Parmi les 20 ballons utiles à la correspondance
aérienne, 3 avaient été lancés en septembre; 7 n'ont fourni qu'un seul
pigeon.
n Le ballon qui a fourni le plus de pigeons utiles est le Général-JJhrich,
qui en avait emporté 3(3, sur lesquels i4 sont revenus. Ce ballon, parti le
i4 novembre, a i i heures du soir, est resté en l'air toute la nuit et n'a
fait sa descente qu'à 8 heures du matin. En cinq heures, il n'avait fait que
23 kilomètres, parce qu'il s'était trouvé ballotté entre deux courants de
sens contraire. C'est grâce au patriotisme des habitants de Luzarclies et
des aéronautes qu'il a pu être soustrait à l'ennemi.
» On verrait, dans une étude approfondie des deux branches du service
aérien, la preuve qu'il est trop tard d'atlendre que l'on soit sous le feu de
l'ennemi pour organiser un art, si conforme au génie français, d'une façon
satisfaisante; ni le patriotisme, iii le courage, ni le dévouement à la patrie
ne peuvent siq^pléer aux connaissances spéciales que l'étude seule permet
d'acquérir.
» L'auteur termine par une citation de Pline, qui prouve que l'usage
des pigeons voyageurs, en temps de guerre, était connu des Romains.
Decimus Brutus, un des meurtriers de César, fit usage des pigeons voya-
geurs pour communiquer avec le camp des consuls, qui cherchaient à le
délivrer de Marc-Antoine, par qui il était assiégé dans Modène. Marc-
Antoine fut obligé de lever le siège.
( 1276 )
VITICULTURE. — Note sur (es mœurs du Plijlloxcra ; par M. Max. Cornu,
délégué de l'Académie.
a Une opinion accréditée chez beaucoup de viticulteurs, et qui est loin
d'être déraisonnable, attribue les désordres produits par le Phylloxéra à
une substance irritante dégurgilée par lui; on admet volontiers que les
renflements sont déterminés par ce liquide spécial, « ce venin », déposé
par l'insecte dans le tissu des radicelles, au fond de la piqûre; que ce
venin, à la manière de celui des moustiques sur la peau de l'homme, dé-
termine luie irritation dont la conséquence est une hypertrophie. Les for-
mations qui en résultent doivent, selon cette hypothèse, finir par mourir
et se décomposer, sous l'action du venin demeuré dans la place.
» Les hémiptères ont en général des glandes salivaires très-développées,
et quelques-uns sécrètent un liquide plus ou moins acre et brûlant (on
connaît l'effet produit par la punaise des lits). On expliquerait par l'action
d'un pareil liquide la production des galles sur les feuilles, celle des ren-
flements des racines et des renflements des radicelles qui diffèrent à plus
d'un titre des précédents; mais cette hypothèse, vraisemblable au premier
coup d'œil, est-elle nécessaire? N'est-elle pas discutable? Ne pe\it-on |)as la
combattre par de bons arguments? Je vais essayer de prouver qu'on peut
la rejeter, en attendant des preuves directes.
» Les racines de la vigne, lorsqu'elles atteignent un diamètre supérieur
à 3 et 4 millimètres, ne présentent plus de renflements, et cependant on
voit souvent sur les grosses racines un nombre considérable de Phylloxéras.
Ils sont groupés ou alignés dans les crevasses de l'écorce, les uns à côté
des autres, et, s'ils déversaient un liquide acre, irritant, ils devraient, réunis
en masse, produire des perturbations considérables, ime segmentation
des éléments du tissu cortical. Dira-ton que l'écorce y est formée de cel-
lules moins jeunes; mais on sait que chaque année l'ancienne écorce est
exfoliée par le moyen d'une couche subéreuse nouvelle qui se développe
au-dessous d'elle et qu'une écorce de nouvelle formation prend sa place.
L'effet produit se borne à la coloration de certains réservoirs de gomme,
comme je l'ai dit dans une Note déjà ancienne; mais des preuves d'ini
autre ordre peuvent être fournies, et elles sont tirées des hvpertrophies
elles-mêmes.
)) Sans nous occuper de la constitution anatomique des renflements
radicellaircs dont il n'a pas encore été question, rappelons ce qui a été
dit sur la structure des galles des tiges et des vrilles {^Compte rendu du
( 1277 )
20 octobre dernier). Ces galles sont produites uniquement aux dépens
d'une portion du tissu corticnl autour du Phylloxéra et non immédiatement
au-dessous de lui. Ce u'est pas sa présence en ce point qui détermine cette
dépression, puisque, comme on l'a vu dans une Note précédente, on voit
cette même dépression se former sur une radicelle après le départ de l'in-
secte. Ce n'est pas non plus un excès tout local de liquide acre concentré
en un point; car, dans les cellules, de plus en plus distantes de ce point
où l'effet de cet excès devrait s'atténuer, l'hypertrophie arrêtée devrait
se produire de nouveau ; il n'en est rien, quoique, juste en face de l'insecte,
au-dessous de quelques assises de tissu cellulaire, se trouve la zone géné-
ratrice de la tige ou do la vrille : cette zone ne donne pas naissance, comme
dans les racines grêles, à de nouvelles formations.
» L'action d'un liquide irritant ne parait donc pas nécessaire à invo-
quer; ces derniers faits sembleraient même démontrer qu'il n'en est pas dé-
versé dans les cellules. A quoi bon faire une hypothèse que l'explication
des effets produits n'exige pas encore?
» Une action purement mécanique permet de se rendre compte des
segmentations cellulaires et de la production du tissu nouveau. Ne voit-on
pas tous les jours des exemples d'actions pareilles? On connaît les effets
produits sur les arbres par une corde, un fd de fer, une liane, par un corps
étranger qui les com|)rime; la rupture, l'écrasement, même partiels, sans
adjonction de substance irritante, déterminent des phénomènes de soudure
et d'hypertrophie très-remarquables, des altérations qui s'étendent bien
au delà de la partie atteinte, qui modifient les parties les plus intimes de
la fleur encore à venir et en détruisent la coloration et même la symétrie.
Et pourtant, dans les cas cités, l'action est localisée et s'exerce sur des or-
ganes en partie formés et consolidés; elle sera plus complète, plus éner-
gique si elle s'applique sur l'ensemble des parties d'une zone en pleine
voie de formation, telle que le point végétatif de la radicelle.
» A cette action mécanique il faut joindre l'absorption du contenu des
cellules; or cette absorption seule, quoique faible, peut produire des effets
considérables; on pourrait citer comme exemple les hypertrophies pro-
duites par certains champignons enfophytes. Le Spichitiium mercurialis,
petit parasite unicellulaire qui vit aux dépens des feuilles de la mercuriale
vivace, occupe une cellule unique; il absorbe le plasma des cellules voi-
sines, non pas avec un suçoir et en perforant leurs parois, mais par simple
endosmose; il détermine cependant une excitation cellulaire assez forte
pour produire autour de lui une sorte de galle saillante au-dessus du
C.R., 1873, 2' Semestre, (T. LXXVII, N" 22.) l65
( 1^78 )
niveau de la feuille; on pourrait rapporter un grand nombre d'autres
exemples.
» Il paraît donc que la piqûre du suçoir et l'absorption du plasma des
cellules perforées sont des causes suffisantes pour expliquer les perturba-
tions apportées par l'insecte dans la végétation de la vigne.
» Il ne sera peut-être pas inutile, à l'appui de la thèse soutenue ici, de
rappeler que le Phylloxéra (juercûs, si voisin du Phjlloxera vastatrix, ne dé-
termine pas de galles sur les feuilles du chèiie, qui, cependant, donnent lieu
à un grand nombre de ces formations d'origines diverses; il ne produit
que des taches brunes formées par la dessiccation partielle de la feuille
tout autour de lui; c'est cette particularité qui a déterminé la dénomina-
tion générique de Phjlloxera quercûs; le parenchyme de la feuille, plus
ferme que celui de la vigne, ne prend, sous l'influence du suçoir de l'in-
secte, aucun accroissement irrégulier et anormal, quoiqu'il puisse s'hyper-
trophier aisément sous la piqiîre d'autres insectes; il est donc probable
qu'il ne reçoit, lui non plus, aucun liquide irritant et que, sous ce rapport,
le Phjlloxera quercûs et le Phylloxéra vastatrix se comportent de même.
» Quant à l'hypothèse qui supposerait que le venin fût la cause de la
pourriture des renflements, elle ne paraît pas nécessaire non plus; quoique
la question à laquelle elle se rapporte n'ait pas encore été élucidée avec
une entière certitude, on peut cependant dire que plusieurs faits s'opposent
à cette manière de voir. Comme l'année dernière, je pense que la décom-
position des renflements est la conséquence aussi bien de la constitution
même de ces renflements que de leur relation avec le reste de la plante :
on voit en effet des renflements, qui se sont conservés longtemps après le
départ de l'insecte, périr cependant et à la même époque que d'autres
renflements chargés de Phylloxéras.
» J'ai insisté sur ce qui précède parce que l'hypothèse du liquide irritant
excrété par le Phylloxéra a été, dans le département de la Gironde, l'origine
d'une théorie particulière pour le traitement des vignes. L'action de ce
liquide, encore incoiuui du reste, on prétend la combattre par une sub-
stance acide ou basique, également inconnue aussi, qui serait déposée dans
le sol. Il faudrait donc trouver d'abord une substance antagoniste, un con-
tre-poison (l'auteur semble croire que les venins sont acides ou alcalins
et se préoccupe surtout de leur action chimique); on devrait répandre
cette substance dans toute la masse du sol et atteindre chaque Phyl-
loxéra; mais, après avoir obtenu ce résultat, ce qui serait très-coûteux,
quel que fût le prix de cette substance, il faudrait encore qu'elle se glissât
( '279 )
le long du suçoir de l'insecte pour pénétrer jusque dans l'intérieur des
tissus et neutraliser l'effet du venin encore problématique. Des essais
ne paraissent pas avoir été tentés encore; on peut prévoir d'avance qu'ils
seraient infructueux. Au point de vue pratique, ce traitement repose sur
une série d'hypothèses; il présente toutes les difficultés des traitements par
les insecticides, y compris la recherche de la substance à employer et une
difficulté de plus purement gratuite, la pénétration du liquide parla voie
même que suit le suçoir de l'insecte dans la racine. S'il était possible de
faire parvenir aisément et à bon compte autour de chaque insecte une sub-
stance quelconque, le grave problème de la maladie des vignes serait résolu,
car les agents insecticides abondent.
» Reprenons l'examen du Phylloxéra vivant à la surface des renflements
radicellaires et notamment l'étude des mues de l'insecte. Lorsqu'il vient
de muer, il est d'un jaune vif, couleur de soufre; peu après, il devient
jaune d'or ou jaune verdâlre sans que je puisse m'expliquer cette différence
de coloration ; puis il passe finalement à une teinte plus foncée, un peu
brune. J'ai signalé précédemment (Compte rendu de la séance du 2g sep-
tembre dernier) que l'insecte couvert de tubercules (et il en est déjà très-
netiement pourvu après la première mue et quelquefois même avant)
dépouille une peau munie de ces particularités et se montre à l'œil entière-
ment dépourvu de tubercules.
» A mesure que la teinte jaune de soufre disparaît, les tubercules se
montrent de nouveau ; il est probable que ce changement de couleur est dû
à une coloration noire que prend l'enveloppe externe; la réapparition des
tubercules se conçoit alors aisément: la coloration que prennent vers cette
époque les antennes et les pattes doit faire considérer celte supposition
comme très-fondée. D'abord très-vagues avec une teinte grisâtre, couleur
de mine de plomb, visibles seulement sous certaines incidences, les tuber-
cules deviennent de plus en plus nets, à mesure que l'insecte tourne au
brun; on rencontre ainsi Ions les intermédiaires entre les insectes tubercu-
leux et ceux qui ne le sont pas.
» Quand le Phylloxéra, à quelque état qu'il soit, est sur le point de
muer, il prend une teinte brune assez foncée; il ressemble aux individus en
mauvaise santé ou morts. Ce caractère se retrouve normalement et pendant
une longue période sur les individus hibernants, qui offrent la même appa-
rence et sont justement dans le même cas; on peut, en effet, les considérer
comme des jeunes dont la mue a été retardée par une cause ou par une
autre, notamment l'abaissement de la température.
i65..
( I28o )
» Quand ils sont sur le [joint de dépouiller leur ancienne peau, les in-
sectes arrachent leur suçoir implanté dans le tissu de la racine, ainsi que
je l'ai déjà plusieurs fois répété; on les voit s'allonger et porter à droite ou
à gauche la partie postérieure de leur corps; elle prend parfois lui mouve-
ment de rotation circulaire, la peau se fend à la partie antérieure, dans un
plan médian vertical, la fente s'arrête sur la face abdominale vers l'insertion
des raies du suçoir ou un peu plus bas, et à une pareille distance sur la par-
tie dorsale; remarquons en passant que c'est par la partie antérieure que
se rompt la membrane de l'œuf lors de l'éclosion. L'insecte s'agite par
instants, puis semble se reposer pour reprendre ensuite ses mouvements
de flexion désordonnés. On peut se demander par quel moyen il peut quit-
ter cette enveloppe qui l'entoure étroitement de toutes parts et avec
laquelle la nouvelle peau doit avoir une adhérence complète. En effet,
chaque organe se trouve moulé dans un organe identique, chaque poil
dans l'intérieur d'un autre poil ; les trois nouvelles raies du suçoir sont cou-
tenues dans la cavité de chaciuiedes anciennes. Il faut donc vaincre une
résistance de frottement qui doit être considérable entre ces parties si
exactement appliquées les unes sur les autres ; les organes nouveaux sont
d'ailleurs comprimés, car ils sont plus grands que ceux qui les contien-
nent. La mue est un moyen de se débarrasser de l'ancienne peau qui gène
l'accroissement de l'animal.
)) Le moyen à l'aide duquel l'insecte dépouille son ancienne enveloppe
est simple; il est relatif à luie particularité de son squelette externe, dont
il a été question déjà. Sur toute la longueur de son corps sont disposés de
petits poils qui occupent le centre de l'espace où la membrane est un peu
soulevée et où elle prend une teinte plus foncée et l'aspect de tuber-
cules; ce sont ces petits poils qui permettent au Phylloxéra de cheminer
dans son ancienne peau et de s'en débarrasser; il prend sur eux un point
d'appui, et tout mouvement qu'il fait concourt à faire reculer son enveloppe,
par un mécanisme analogue à celui qui fait monter constamment un épi
d'orge placé dans la manche.
» A. la suite des mouvements qu'exécute l'insecte, la partie postérieure
paraît être dépouillée la première; la peau se fendrait ensuite à la partie
antérieure sous l'effort de la pression de l'insecte cheminant ainsi. Le
22 août dernier, en observant des renflements récoltés à Montpellier, une
nymphe fut trouvée qui paraissait avoir une a|ipareuce particulière: elle
était d'un brun foncé, au lieu d'avoir la couleur jaune d'or ou rougeàtre
( I28l )
qni est habituelle à cette forme de l'insecte; elle exécutait, par sa partie
postérieure très-allongée, des mouvements considérables; mise à part à
lo heures du matin sur le porte-objet du microscope, à l'air sec, elle était
examinée de temps en temps, mais sans qu'il se présentât de modifications
bien sensibles dans son état. L'observation fut reprise à ii^lfS'": la nymphe
avait déjà dépouillé en partie son ancienne peau; mais elle paraissait em-
barrassée, ne trouvant pas sur la lame de verre de corps rugueux où elle
pût accrocher ses pattes ; elle y glissait sans cesse. Il est possible que la dif-
ficulté qu'elle devait éprouver ait augmenté, que la membrane se fût
durcie en se desséchant et se soit opposée au libre jeu des parties encore
molles de l'insecte ailé qui allait en sortir. La partie postérieure était
déjà dépouillée etplissée; l'abdomen, au lieu d'avoir la forme normale
ou celle qu'il avait au début, où il était allongé et longuement conique,
était fortement contracté : le segment anal était seul saillant, il avait
pris un contour à double courbure et la forme d'une toupie. Malgré les
efforts de l'insecte, qui lâchait de déployer ses anneaux plies les uns
contre les autres, la partie antérieure ne se fendit pas; la nymphe mourut
dans cet état sans avoir pu rompre la membrane trop résistante.
» Combien, dans les circonstances normales de la mue, doit durer ce
travail préparatoire? Les données suffisamment exactes font encore défaut
ici, mais il doit être assez long. Quand la rupture de la peau a commencé
dans des conditions favorables, le Phylloxéra s'en débarrasse en quelques
minutes ou en un quart d heure, suivant l'état plus ou moins avancé à
l'instant auquel on commence l'observation; elle n'a jamais été prise
à son début, mais toujours faite après que le dépouillement avait déjà
commencé. L'insecte reste souvent assez longtemps occupé à se débar-
rasser de la peau, qui se contracte à mesure qu'elle est rejetée, et dont
les replis retiennent encore les derniers segments ou s'attachent à leurs
poils.
» La peau est généralement placée dans la position de l'insecte, les
pattes étendues, mais les parties latérales se sont rapprochées et appliquées
l'une contre l'autre, la fente qui a livré passage à l'animal restant béante;
elle a donc ainsi un volume moindre que lui; ces différentes dépouilles
présentent entre elles des différences de taille beaucoup moins sensibles
que celles des insectes eux-mêmes. Quand on les recherche sur les racines
ou sur les renflements, on est exposé à des crieurs fréquentes; bien sou-
vent, croyant avoir affaire à une dépouille d'insecte, on recueille de petits
( 1282 )
graviers, des pellicules exfoliées par la racine, et qui, à la loupe, offrent la
même apparence qu'elle. Une fois la mue accomplie, l'insecte a recouvré
une certaine agilité dont il use quelquefois pour s'éloigner de l'endroit
qu'il avait choisi d'abord.
» Les mues de l'insecte aptère sont au nombre de trois, tant pour l'in-
secte des racines que pour celui des galles (i) ; les dépouilles se distinguent
assez aisément les unes des autres. La plus nette est la première, qu'on
reconnaît avec la plus grande facilité aux poils robustes et très-développés
qui garnissent les antennes et les pattes, à la longueur relative des divers
appendices, à la forme des antennes qui sont beaucoup plus grosses que
les autres ; ces caractères sont ceux du jeune, ils ont été établis depuis
longtemps par M. le D''Signoret. Cette dépouille est d'une couleur mani-
festement plus pâle que celle des autres, ce qui permet souvent de la recon-
naître à la vue simple. Chez les individus des racines, les trois dépouilles
du même individu ne se trouvant pas, comme dans les galles, réunies
ensemble et bien conservées, la comparaison ne peut plus se faire aussi
aisément : aussi ce caractère y est-il moins net.
» La deuxième et la troisième dépouille sont assez semblables; les an-
tennes sont, en général, colorées en noir, beaucoup plus coniques, moins
larges, pourvues de poils bien plus courts, la cicatrice moins large, l'article
basilaire moins renflé; elles différent l'une de l'autre, la deuxième parce que
les pattes n'y offrent qu'un seul article aux tarses, tandis que, dans la troi-
sième, elles en offrent deux. Il faut se garder de prendre la ligne pâle du
tarse dans la deuxième dépouille pour la séparation de deux articles: cette
ligne correspond à la séparation réelle de ce tarse en deux parties, qui a
lieu chez l'insecte qui a dépouillé sa deuxième mue, et elle s'appliquait
exactement siu' cette séparation avant le dépouillement. Les deux articles,
dans la troisième, sont séparés par une ligne noire, vis-à-vis de laquelle le
contour est un peu rentrant.
» Si la dépouille de la première nuie, ou mue du jeune, est très-aisée
à reconnaître entre toutes au premier coup d'oeil, les deux autres sont plus
difficiles à distinguer entre elles; elles sont bien moins nettement diffé-
rentes, les caractères, que je n'énonce pas tous, plus délicats; elles sont
toutes en général, à moins de circonstances spéciales, souillées de débris
d'écorce et de substances brunes qui altèrent beaucoup la netteté de la
surface. Quand on veut les préparer, elles restent recroquevillées; l'air
(i) Voir le Compte rendu de la séance du 29 septembre 18^3.
( 1283 )
occupe l'intérieur des cavités des antennes et des pattes et gêne souvent
l'examen.
» On se rappelle une discussion qui s'éleva au mois d'août dernier entre
le D'' Signoret et JM. Lichtenslein, au sujet du développement de l'insecte
depuis son éclosion jusqu'à la ponte. Le D' Signoret [Comptes rendus du
4 août 1873) contredisait une opinion, soutenue jadis par lui et reprise
par M. Lichtenstein, dans une conférence publique :
« Le Messager du Midi, à la date du 5 juillet dernier, a publié le compte rendu d'une
conférence sur le Phylloxéra, faite par M. Lichtenstein, dans laquelle nous relevons la phrase
suivante : « Sa ponte rapide, sa prompte évolution sont telles, que les |)etits sont aptes à
» devenir mères dans l'espace de dix jours. » C'est là une erreur considérable Pour
répondre tout de suite à l'énoncé ci-dessus, nous dirons que pour nous, au lieu de dix jours,
l'évolution complète ne se fait que dans l'espace d'une année. »
» Il donne ensuite les caractères des individus après chaque mue. Ces
caractères sont parfaitement exacts : ce sont ceux que j'ai rapportés plus
haut. Il doime ensuite, comme preuve de la longue évolution des Phyl-
loxéra des racines, l'intervalle de la première et de la detixième mue qu'il
fixe à quinze ou vingt jours.
» M. Lichtenstein répliqua [Comptes rendus du 25 août iSy^), et dans une
Note contradictoire avec celle du D'' Signoret, il cita un Piiylloxera qui,
éclos le 12 août, pondit le 21, après neuf jours.
)) Des divergences pareilles, entre deux entomologistes de mérite, néces-
sitaient des observations nouvelles. Disons tout de suite que l'une et l'autre
opinion, en apparence si disseiublables, peuvent peut-être se concilier, en
ce sens qu'elles se rapportent à des formes séparées de l'insecte. Dans la
même forme, du reste, il y a des variations assez notables, mais elles n'at-
teignent pas de limites pareilles.
» L'observation du Phylloxéra élevé sur des racines conservées dans
des flacons, sans que les partictdarités qu'il présente soient notées avec
soin, peut donner lieu à des erreurs; ne confondra-t-on pas un insecte
nouveau venu avec un ancien qu'on avait suivi et qui est parti? L'activité
des jeunes, l'agilité que recouvre le parasite après chaque mue doivent
mettre en garde contre des confusions faciles à commettre : aussi ne
• paraît-il pas suffisant de rapporter que tel insecte, fixé tel jour à tel
endroit, a pondu après un certain intervalle, pour qu'on puisse donner
l'observation comme absolument certaine et à l'abri de touie objeclion. Il
faudrait, pour qu'il en fût ainsi, que l'insecte fût seul, sur une racine
unique, afin qu'on ne pût le confondre avec un autre dans une situation
( «284 )
semblable, on qui vînt ie remplacer dans celle qu'il occupe. 11 est indis-
pensable de noter avec soin l'endroit où il est fixé; il est nécessaire
aussi d'observer les mues successives pour se rendre compte du développe-
ment de l'individu que l'on suit : ce sont des étapes de son existence qui
permettent des vérifications précieuses ; elles fournissent souvent des ren-
seignements excellents. La confusion la plus fréquente provient de l'arrivée
d'un insecte nouveau à coté d'un autre observé déjà depuis plusieurs
jours; à moins d'une très-forte différence de taille entre eux, on saura
difficilement auquel des deux se rapportent les observations antérieures;
faudra-t-il tout abandonner et recommencer sur un autre? Les observa-
lions simultanées ne peuvent avoir lieu, à moins qu'on ne repère cbaque
point avec le plus grand soin; si l'on ne prend pas ces précautions, on
court risque de donner des résultats douteux. Il faut donc se mettre à
l'abri de toutes les erreurs en observant un seul insecte sur une seule
racine; mais dans les flacons, où on les conserve isolément, ces racines
pourrissent ou se dessècbent; la température est différente, généralement
plus haute que celle qu'aurait trouvée l'insecte dans les profondeurs du
sol ; on est bien loin des conditions normales où la racine est maintenue à
l'obscurité et environnée par la terre végétale. Les Phylloxéras dépaysés
fourniront-ils ainsi des résultais bien satisfaisants? En se rapprochant des
conditions naturelles, n'est-on pas plus voisin de l'état normal, et les
nombres obtenus ne devront-ils pas inspirer plus de confiance? Pour me
rendre compte du développement des renflements, j'ai dû dessiner leur
forme, rendre leur couleiu-, prendre leurs dimensions, compter le nombre
et noter la place des insectes qui les déterminaient; je me suis astreint à
l'observation régulière des insectes eux-mêmes. Dans ces conditions, je
pouvais sans erreur reconnaître chaque renflement, dans une culture où
je les avais repérés avec soin et où ils étaient d'ailleurs peu nombreux; les
insectes situés à leur surface étaient très-aisés à retrouver; le dessin aidant,
la mémoire ne permettait aucune erreur. On peut joindre à cela que, sur les
renflements de couleur assez claire et lisses, les insectes étaient assez faciles
à voir; la seule difficulté, notable d'ailleurs, provenait de ce que l'on ne
peut toucher aux renflements et que le système des racines est peu ma-
niable. Il était cependant relativement facile de suivre plusieurs insectes
sur plusieurs renflements bien choisis, ce qui donne des moyens de com-
paraison et des éléments de contrôle. En un mot, l'observation des mues
dans ces conditions, aussi voisines que possible des conditions naturelles,
m'a paru la méthode la meilleure pour trancher ce débat entre M. le doc-
( 1285 )
teur Signoret et M. Liclitenstein ; mais des recherches pareilles sont très-
délicates et très-longues : il aurait fallu les entreprendre dans ce but
unique; il aurait fallu sacrifier à cela des résultats [)lus immédiatement
utiles, plus importants, et sur lesquels on n'avait encore aucune donnée,
pour en obtenir d'autres qui n'auraient peut-être pas paru valoir ce qu'ils
auraient coûté à remplacer. Mon objectif était l'étude du développement
des renflements; c'est donc seulement par surcroît et pour utiliser les
matériaux préparés en vue d'autres études que j'ai noté les mues des
divers insectes. Je rapporte quelques-uns des nombres que j'ai enregistrés,
sans dissimuler qu'ils présentent beaucoup de lacunes, dont les moeurs de
l'insecte lui-même sont l une des principales causes.
« Nota. — Tous les insectes suivis ici seront fixés sur les radicelles à l'état de jeunes.
» Un Phylloxéra fixé le i5 août est parti du 25 au 26 du mémo mois (après dix à onze
jours), en abandonnant une deuxième mue; en supposant les mues écjuidistantes, ce qui
est à peu près exact, cela fait un inlervalle d'environ cinq jours pour la durée d'une mue
à l'autre.
» Deux Phylloxéras, fixés l'un le 3,9 août, l'autre du 29 au 3i août, ont tous deux
effectué leur première mue le 3 septembre, après cinq jours au plus; le 7 septembre ils ont
effectué leur deuxième mue; après le neuvième jour, l'un d'eux partit. Après une interrup-
tion forcée dans les observations, le dernier fut trouvé absent le i5 septembre (a])rès
seize jours); il avait laissé l'enveloppe correspondant à sa troisième mue (depuis quand?).
Donc, en seize jours au plus, et probablement moins, se sont effectuées les trois mues envi-
ron à cinq jours d'intervalle chacune.
» Un Phylloxéra se fixe du Si août au 3 septembre, mais peu avant le 3 ; il a, le 7 sep-
tembre, quitté sa première enveloppe, après quatre ou cinq'jours ; placé dans de mau-
vaises conditions et difficile à observer, l'insecte effectue sa deuxième mue, et la dépouille
n'est pas retrouvée; il grossit et s'éloigne du 19 au 21, probablement plus près du 19, ce
qui fait environ seize jours pour la durée des trois mues, et cinq jours environ pour
l'intervalle séparant chacune d'entre elles.
» Dans ces observations concomitantes et assez concordantes,' l'inter-
valle entre les mues est d'environ cinq jours; nous allons voir maintenant
des intervalles beaucoup plus rapprochés notés tous vers la même époque.
Il y eut vers le 21 septembre, dans une de mes cultures, une éclosion de
jeunes qui se portèrent tous vers les radicelles nouvelles.
» Des insectes, fixés du 21 au 23 septembre, ont rapidement grossi, ont pondu le 3 oc-
tobre, après dix à douze jours, ce qui fait environ trois jours entre chaque mue et
trois jours entre la dernière unie et la ponte.
» Du 19 au 25 septembre, deux Phylloxéras se fixent; une troisième mue est trouvée
le i" octobre, après neuf ou onze jours; le 3 octobre, neuf œufs sont trouvés, après
G. R,, 1873, i" Semestre. {1 , LXXVll, N» 22.) 166
( 1286 )
onze ou treize jours, ce qui fait encore trois jours entre chaque mue et trois jours de la
dernière mue à la ponte.
» Deux Phylloxéras se fixent le 21 septembre; le 3 octobre, ils ont effectué leur troisième
mue (du i^''au 3 octobre), après neuf ou douze jours, et ont déjà des œufs assez avancés dans
l'abdomen: ce résultat concorde pleinement avec les précédents.
» Je n'ai pas rapporté toutes les observations; elles ne sont pas totites
aussi nettes, et la discussion nous entraînerait trop loin; en les considé-
rant, on pourrait conclure d'abord que le Phylloxéra quitte le plus sou-
vent le renflement après la troisième mue; ensuite, que 1 intervalle des
mues est à peu près égal, et qu'il varie dans mes recberches de trois à cinq
jours. En admettant un intervalle égal entre la dernière mue et la ponte,
il y aurait un intervalle de douze à vingt jours (avec des variations pos-
sibles) entre le moment où l'insecte se fixe et celui ou il commence à
pondre. Nous sommes loin, il faut l'avouer, de la période de quinze à vingt
jours entre les unies assignées par le D'' Signoret, mais peut-être n'esl-elle
pas exagérée pour les individus destinés à devenir ailés; certains faits me
le feraient supposer. Il reste encore ime indéterminée : combien de temps
les insectes peuvent-ils rester sans nourriture après leur éclosion? Quel-
ques expériences me feraient considérer cet intervalle comme égal à trois
ou quatre jours; ce serait autant à ajouter à la limite énoncée précédem-
ment, ce qui ferait, depuis l'éclosion de l'insecte jusqu'à sa ponte, un in-
tervalle de quinze à vingt-quatre jours.
» Malgré les lacunes qu'ils présentent, ces nombres sont assez concor-
dants et résultent, non pas d'une seule observation, mais d'une série, et
doivent ainsi se rapprocher davantage de la vérité. La méthode employée
pourra donner d'excellents résultats, pourvu que l'étude des transfor-
mations de l'insecte soit, non pas un travail supplémentaire, mais le but
uniqtie des observations.
» Quelle est la raison pour laquelle l'intervalle des mues et la rapidité
du développement du Phylloxéra peuvent osciller entre des limites pa-
reilles? Peut-être doit-on rapporter cette variation à la différence de tem-
pérature, plus chaude vers la fin de la saison, et dont l'effet s'est fait sentir
quelque temps après sur la croissance des insectes souterrains. Il serait
nécessaire, pour s'en assurer, de se mettre à l'abri des changements de
température et de faire des expériences directes. Notons qu'à Montpellier
M. Lichtenslein observa un développement complet en une douzaine de
jours, et que mes observations faites à Bordeaux fournissent un intervalle
un peu plus grand. »
( '=87 )
M. A. DusioxT adresse une nouvelle Note relative à l'efficacité de la sub-
mersion des vignes, pour la destruction du Phylloxéra.
Les observations faites par l'auteur, dans les départements de la Drôme,
de Vaucliise, du Gard et de l'Hérault, le conduisent à conclure que les
insecticides n'ont encore donné nulle part des résultats absolument satis-
faisants; que les fumures peuvent faire donner parfois des produits rému-
nérateurs, même par des vignes malades; que les progrès du Phylloxéra
sont toujours en raison directe de la sécheresse du sol; que la submersion
a été jusqu'ici le seul procédé absolument efficace.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Babret indique l'emploi de l'eau de mer comme remède contre
le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. E. DocLioT soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. Berthelot, une Note portant pour titre : « Influence de la température
et de la nature de l'électricité sur la force qui retient l'électricité à la sur-
face des corps » .
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin, Berthelot.)
MM. L. Bretonnière et E. Croissant adressent un Mémoire concernant
des matières colorantes artificielles, auxquelles ils donnent le nom de
« sulfures organiques ».
(Commissaires : MM. Chevreul, Balard, Fremy.)
M. Prota-Giurleo soumet au jugement de l'Académie :
1° Une Note manuscrite concernant l'emploi du chlorhydrate de ber-
berine contre le gonflement de la rate dans les fièvres intermittentes. (Ren-
voi à l'examen de M. Cloquet.)
2° Une Note, imprimée en italien, sur un « termoléimètre ». (Renvoi à
l'examen de M. Balard,)
M. Héna adresse la suite de ses études sur les terrains de transport des
Côtes-du-Nord.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
i66..
1288 )
M. A. PiGNONi adresse une Note relative à la lithoclysmie, opération
ayant pour objet la dissolution inlra-vésicale de la pierre.
(Renvoi à l'examen de M. Cloquet.)
M. A. CoRET adresse un « projet de pendule roulant, pour servir à
la démonstration expérimentale du mouvement de rotation diurne de la
Terre ».
(Renvoi à l'examen de M. Jamin.)
M. II. Baudot adresse le dessin d'un objet de bronze antique, remar-
quable par sa forme heptagonale.
(Commissaires précédemment nommés : MM. J. Bertrand, Roulin.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre écrit à l'Académie pour l'inviter à désigner
l'un de ses Membres, comme Membre du Comité spécial institué pour
donner son avis sur les questions relatives au Service des poudres et sal-
pêtres.
Cette Lettre sera transmise à la Commission administrative.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le n°6 du tome XXII
des tt Mémoires présentés par divers savants à l'Académie », contenant le
commencement des « Études sur la nouvelle maladie de la vigne », par
M. Max. Cornu, est en distribution.
M. T. HusNOT adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le 9* fascicule
de sa collection des Mousses de France.
MÉGANIQUE CÉLESTE. — Sur un théorème de Mécanique céleste.
Note de M. F. Siacci.
« M. Newcomb a communiqué à l'Académie, en 1872, un théorème de
Mécanique céleste qui peut être résumé comme il suit : « Si i,, b^,..., b^^
B sont les coefficients du temps dans les expressions des coordonnées et
» des vitesses de 72 planètes; si c,, Ca,..., c^„ sont les constantes canoniques
» dont les grands axes, les excentricités et les inclinaisons des orbites
» peuvent être considérés comme des fonctions, et si V est le viriel exprimé
( 1289 )
» en fonction de c,, Co,..., c^,,, on a
/; = — » .
0 Pour démontrer ce beau théorème, M. Newcomb a eu recours aux
expressions connues des coordonnées et des vitesses des planètes par des
séries infinies de sinus et de cosinus, dont les arguments sont de la forme
i= 1
où N( est un coefficient numérique, et /, une fonction des éléments qui
n'entrent pas en Z?,. Or ces expressions, que l'on admet dans la Mécanique
céleste, ne sont toutefois pas rigoureuses; car elles supposent sans effet, sur
le mouvement des planètes, le carré et les puissances supérieures des forces
perturbatrices. M. Newcomb, en outre, fait sur ces expressions des opéra-
tions dans lesquelles il néglige les termes périodiques.
)) On peut avoir un théorème analogue à celui de M. Newcomb sans faire
de ces opérations, sans même rien supposer à l'égard des coordonnées et
des vitesses des planètes, si ce n'est qu'elles puissent être exprimées au
moyen des c,, Cj,..., Cg,, et des binômes
A + l>it.
» Soient
'*^ c/t ~ ;iry,' lit ~ ï^i
les équations d'un problème de Mécanique quelconque, et
^^^ \l l l
\ '■I) '2) •••5 '■;)"
un système de composantes canoniques naissant de l'intégration de (i), en
sorte qu'on ait
Ci, /,') — O, [Ci, t>) = O, (/,, /,v) = O.
(3)
» Si k est une des constantes ( 2), on aura — = o, et, par conséquent,
^ + (^-,II) = o.
( lago )
» D'ailleurs, si l'on considère les variables /j, et ^,- dont H est fonction
comme des fonctions des constantes canoniques (2), on a
(X-,Hj = (A,c,)^^+(Z-,c,)'^+...+ (A,c,„) —
i'i| l."i clin
n Or, si Ton fait successivement h^=Ci et ^ = 1^^ on aura, à cause de (3),
(.,H)^^, (/.H) = _^,
donc
où les seconds membres sont constants, si le théorème des forces vives a
lieu. Dans la Mécanique céleste, où le mouvement des planètes n'est con-
sidéré que par rapport au Soleil, supposé fixe, le principe des forces vives
proprement dit ne se vérifie pas; mais on a une intégrale équivalente,
savoir :
{Zm dr)' + {Zm dyY -h {im dz)
3(M + lm)dt^
U = /j,
où M est la masse du Soleil, m, x^ y, z la masse et les coordonnées d'une
planète quelconque, T la force vive du système, U le potentiel, h la con-
stante des forces vives. Or rien n'empêche de comprendre aussi, dans la fonc-
_, , -. . dx dy dz . ■., . , , ,
tion T, la ronction en —1 -j^ yl^'i ^ accompagne, et qui est homogène de
second degré, comme elle, par rapporta ces variables. Alors, en appelant H
le premier membre de l'équation ci-dessus, les équations (i) ont toujours
lieu, ainsi que l'intégrale II = h. Il s'ensuit que, dans le problème des pla-
nètes, les seconds membres de (4) sont aussi constants.
» Cela posé, imaginons résolues les équations qui donnent les coordon-
nées et les vitesses des planètes, par rapport à c,, t',,..., C3,,, /, + ^,/,
(pi et <\>i contenant seulement les variables p et q ion bien ac, y, z, — . '—■> — U
sans le temps et sans aucune des constantes arbitraires. On pourra même
supposer bi remplacé par des fonctions ^j des mêmes variables, è, étant des
( I29I )
fonctions des c,, et écrire
h = '^i — li t ;
donc, en différentiant par rapport au temps, on aura
y^=-^U=-b^, ^ = o.
» Or, si l'on suppose, comme cela est permis, que, dans le cas des planètes
aussi,
t,, i2J-'-> '3 H?
C| , 6'2, . ■ • 5 C3,,
soient des constantes canoniques, et qu'on ait (c,, /^) = i, il en résultera,
d'après (4),
^'=-^.' « = .v:-
» De la première de ces relations il suit que, dans le théorème de
M. Newcomb, on peut remplacer le viriel par la constante des forces vives
avec le signe changé; de la seconde, que celte constante n'est dépendante
que des grands axes, des excentricités et des inclinaisons des orbites.
)) On peut aussi démontrer que — h est égal au viriel, tel que l'a défini
M. Clausius, savoir à la valeur moyenne de la force vive. En effet, en appe-
lant |2,, po,----, p,n Po les distances des planètes et du Soleil au centre de
gravité commun, on a la relation suivante :
I V' ti^mp' TT 7
Or, si l'on admet la stabilité du système du monde, le premier membre de
cette équation ne peut manquer d'être une quantité périodique; donc, siU,„
est la valeur de U dénuée des termes périodiques, nous aurons
U„, + 9. h — o,
et, si V est la force vive moyenne du système, / compris le Soleil,
w On pourra donc écrire indifféremment
hi = — , 6, z= — -— . »
V- = ^-^ ou = — 1 ,
( 1292 )
ÉLASTICITÉ. — Sur le mouvement dun fil élastique dont ime extrémité est
animée d'un mouvement vibratoire. Troisième Note de M. E. Mkrcadier,
présentée par M. Jamin.
« Je me propose de donner l'équation qui représente ce mouvement,
et de montrer que les conséquences en sont identiques aux lois expéri-
mentales que j'ai indiquées dans les Notes précédentes [Comptes rendus,
p. 63g, 671 de ce volume).
» Ce mouvement peut être considéré comme un cas particulier de celui
d'inie veige élastique, qui a été traité complètement par Euler et Poisson.
» L'équation différentielle de ce mouvement est
dans laquelle
l>- = ^.. _ ,
jetant le coefficient d'élasticité, I le moment d'inertie, p la densité, w la
section, /'le rayon, si la verge est circulaire, a la vitesse du son dans la
verge.
» Les conditions auxquelles il s'agit de satisfaire ici sont, en prenant
pour origine des coordonnées l'extrémité libre du fil, et en appelant / sa
longueur : pour a: = o,
(0 . ^ = °'
(cela résulte de la démonstration qui conduit à l'équation [AJ); pour x = l,
(3) J" = (i cos27;-î
(« 1 = °'
J = a cosin- étant l'équation du mouvement simple du diapason; pour
t := o,
(S) | = °>
en prenant pour origine du temps l'instant où la vitesse de tous les points
du fil est nulle.
( «293 )
» Posons
(B) j = p &\ntn-bt -h (J cosnrbt,
p et q étant des fonctions de x, et m une quantité indépendante de x
et de t.
)) La condition (5) conduit d'abord à p = o, et l'équation (B) se réduit à
[B'] j = CQsm-bt.
» En écrivant que [B'] satisfait à [A], on arrive à i'équalion différen-
tielle y-f = mq\ dont l'intégrale est
q = C sininx ■+- C cosmx + D{-(e"'^- - e"""^) + D'^e'"^ + e-'"''),
C, C, D, D' étant des constantes à déterminer.
» En posant
i(e'«-r _ e-'n-r) _ slnhmx, i(e"'^ + e'""') = cos/i mx,
[B'] devient
[B"] j — cosm^bt{Csmmx + C cosmx ■+- Usinhinx -hB' coshmx).
» Les conditions (r) et (2) introduites alors dans [B"] fournissent deux
équations, qui se réduisent immédiatement à celles-ci :
— m-C -\- i7rD'= o, ) ,, , ^ „ „, „,
d'où C = D et C = D',
— m^C + in^D = o, \
ce qui donne à l'équation précédente la forme
[B'"] j = cnsm^bt[C{s'wmx -+- sïnhmx) + C'(cos7?ia:' + coshmx)].
Il ne reste plus à déterminer que C, G et m.
» Les conditions (3) et (4) donnent les deux équations suivantes, qui
ont lieu quel que soit t :
(«) cosm-bt [C{sinml ■+- smhml) + C'(cosm/ + coshml)] = acos2n-,
(/3) mcosm^bt[C{cosml -h coshml) + C'{— sin ml -h s\n h ml)] =0.
» De l'équation (a), on tire
) mn = - ou ,«' = ±p = |^.
c. R., 1873, a= Semestre. (T. LXXVII, N» 22.) '"7
( 1294 )
» Les équations (a) et (/3), résolues après réduction, donnent
_, a{s\nml — sin/i ml) ^, a(cosml -{- cos/i ml)
3(14- cosml c()s/( ml) 2(1 -1- cosinl cos/j ml)
» En portant ces valeurs dans l'équation [B'"], il vient enfin
(sinml — smh ml] [sinmj: + sin/i m.v)
r„,„-, t -+- (cosml -h cash )/il) (cosm.v -{- cosh mx)
\B"\ r = acos2n- ^^ -, — ; 7^ — -, — r '■
'- J -^ T 2(i-i-cosmlcos/iml)
» Telle est l'intégrale de l'équation [A], qui satisfait à toutes les con-
ditions du problème.
)) I. Cette équation représente un mouvement vibratoire simple, dont
la période est celle du diapason ou du corps sonore auquel la verge, ou le
fil, est fixée, et tel est, en effet, l'expérience le prouve, le mouvement per-
manent régulier du fil.
» C'est là une première conséquence conforme à l'expérience.
» Pour tirer aisément de cette équation d'autres conséquences compa-
rables aux résultats expérimentaux déjà obtenus, je la simplifierai d'abord
en adoptant un système d'approximation semblable à celui que M. Lissa-
jous a adopté pour résoudre les équations données parEuler, pour la dé-
termination des nœuds dans une verge élastique vibrante (i). Ce système
consiste ici à remarquer : que m est égal à 1^, que s/Tb est toujours une
quantité très-petite, car b = —^ r étant toujours égal à quelques dixièmes
de millimètre, et T doit être égal à ^^ de seconde au moins, pour que les
expériences soient nettes; que, par suite, m, ml, e""' seront toujours assez
grands pour qu'on puisse négliger sinm/, cosml et e~'"' devant e"'. Les
quantités qu'on néglige ainsi sont inférieures aux erreurs inévitables des
expériences. (On trouvera d'ailleurs, plus loin, des valeurs numériques
de m; la valeur miniina dans mes expériences est encore égale à 36; elle
correspond à un fil d'aluminium de i millimètre de diamètre.)
» Cela admis, l'équation (B'^) devient, toutes réductions faites,
,_„, t i:'"'icosnix — sinmx + c-""^)
(^) r = acos2n- — ^ -, —-r •
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t, XXX.
( 129-^ )
ou bien
C"' Tsin /tt \ v/â h
r = rtcos27r-
i V/2(2 + cos?«/e'"')
» II. D'après cette équation, le fil vibrant doit présenter une série de
nœuds obtenus en faisant^ = o, c'est-à-dire
(c?) sin ( ^ —nijcj
2
» En construisant avec soin les courbes z = sin (/nx— ^J5 w = — e~"'-^,
on voit que leurs points d'intersection qui donnent les solutions de l'équa-
tion {§) sont, avec une approximation plus grande que l'expérience ne
le comporte,
» On en conclut : i" que les distances nodales sont égales à partir de la
seconde et que, par suite, la distance nodale normale D, qui serait repré-
sentée généralement par a-,^ — .^„_,, est constante et égale à — •
» Le tableau suivant renferme les valeurs de D = — > observées et cal-
m
culées d'après la formule m = i/^jrr = V/f~ ' pour quatre fils différents
pris parmi ceux qui ont servi à nos expériences et renfermés dans le ta-
bleau inscrit aux Comptes rendus, page 64» du même volume :
D
Nature des fi!s. T "(*) '' '" - — — ■- —
calculé. observé,
m m
Fer 0,0089 4*^)^3 0,00028 53, 02 ^9,2 58,8
Aluminium.. id. 5i23 0,00012 72,02 43>5 ^2,6
Cuivre id. 3^36 0,00012 84,07 Sy,! 87,4
Platine id. 2643 0,00010 89,07 35,3 36,7
» Si l'on songe à l'incertitude qui existe toujours sur les valeurs des
(*) La valeur de a pour le fer est la moyenne des valeurs données par Werllieim ; les
autres sont tirées des expériences indiquées dans les Comptes rendus, p. 671 de ce volume.
167..
( 1296 )
vitesses rt, on trouvera, je crois, ia concordance suffisante entre les valeurs
de D calculées et observées.
» Les autres conséquences de l'équation (B') feront l'objet d'une pro-
chaine Communication. »
PHYSIQUE. — Note sur le magnétisme ; par M. A. Trêve.
« L'année dernière, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie diffé-
rentes expériences révélant, sous plusieurs formes, le mouvement magné-
tique auquel donne lieu l'aimantation. J'ai pu recueillir, par exemple, au
talon d'un électro-aimant, dont les branches avaient 6 mètres de lon-
gueur, des courants d'induction, dont le sens varie avec celui du cou-
rant inducteur. La raison d'être de ces courants ne peut résider que dans
l'action du mouvement intermolécuiaire magnétique qui s'échange entre
les pôles.
» Étant donnée une très-longue barre de fer, dont une extrémité est garnie
d'une forte bobine inductrice et sur laquelle on peut faire glisser une bo-
bine induite (à fil fin), j'ai, depuis lors, étudié quelques-unes des condi-
tions dans lesquelles se propage ce mouvement magnétique et reconnu, par
exemple, la très-rapide décroissance d'intensité des courants induits nés
d'une même force inductrice, au fur et à mesure de l'éloignement de la bobine
induite par rapport à la bobine inductrice, de même que l'influence de la
section de la barre de fer sur l'intensité de ces mêmes courants. Mais ce
qui, dès l'an dernier, me frappait plus particulièrement et me paraît devoir
être la conséquence la plus utile de cette série de recherches, c'est la
constatation d'un retard notable des courants induits ou d'arrivée , sur
les courants inducteurs ou de départ, c'est-à-dire que le mouvement magné-
tique, sur lequel je crois avoir le premier appelé la bienveillante atten-
tion de l'Académie, est relativement lent par rapport au mouvement
électrique.
» JMesurer la vitesse de propagation de ce geiue de mouvement est de-
venu l'objet de mes nouveaux efforts; il serait, je crois, fort intéressant de
pouvoir la mettre en regard de celle de l'électricité, du -son et de la lu-
mière.
» P. S. — Je crois de mon devoir d'ajouter que M. Ruhmkorff, par des
procédés tout différents, qu'il a bieai voulu me communiquer avant-hier,
est arrivé à des résultats analogues : ces résultats seraient, dès lors, une
confirmation de plus de ceux que j'annonce. »
( '297 )
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — De la différence d'action physiologique des
courants induits, selon la nature du fil métallique formant la bobine induite.
Note de M. Oxi.mus, présentée par M. Edm. Becquerel.
« J'ai recherché les différences que la nature du fd composant les
bol)ines induites peut déterminer au point de vue physique, et surtout au
point de vue physiologique. J'ai fait faire, exactement dans les mêmes
conditions, des bobines induites avec dos fds de cuivre, des fils de plomb
et des fils d'argentan. Le diamètre du fil était le même; la longueur était
de 2IO mètres pour chacun de ces fils. Toutes les bobines étaient con-
struites de la même façon, et étaient influencées, d'une manière identique,
par le courant inducteur.
» Sur les nerfs et sur les muscles de l'homme sain, les effets de la
secousse ont été différents, selon la nature du métal, et l'on peut dire, d'ime
manière générale, que, lorsque le fil de la bobine induite est formé par un
métal mauvais conducteur de l'électricité, la contraction est plus forte et
l'impression sur les nerfs cutanés moins vive qu'avec des fils bons conduc-
teurs, comme le cuivre par exemple.
» Ces effets sont d'autant plus marqués que la résistance extérieure est
plus grande. Ainsi, en faisant passer le courant à travers de l'eau alcoolisée
et en le diminuant jusqu'à un minimum où les contractions musculaires
n'ont plus lieu avec le courant des fils de cuivre, on obtient encore, dans
les mêmes conditions, des contractions avec le courant provenant de la
bobine en fil d'argentan. Le plomb étant moins bon conducteur que le
cuivre, mais meilleur conducteur que l'argentan, donne des effets inter-
médiaires. Le prix élevé du platine nous a empêché de faire les mêmes
expériences avec ce métal.
» Sur les muscles superficiels, la différence entre les courants de la
bobine de cuivre et ceux de la bobine d'argentan est beaucoup moins
prononcée; elle s'accentue à mesure que l'épiderme est plus épais, ou que
les muscles sont plus profonds. L'impression déterminée par le courant
des fils de plomb ou des fils d'argentan est plus profonde; elle s'irradie
moins loin sur les nerfs superficiels de la peau.
» Sur les nerfs sensitifs, situésdans l'épaisseur des tissus, l'excitation est
peut-être plus vive que celle que donne le courant des fils de cuivre; mais
elle a quelque chose de moins aigu et de moins lancinant.
1) On peut conclure de ces faits que le courant induit des fils mauvais
( '^98 )
conducleiirs a une tension plus forte que celui qui se produit dans des fils
meilleurs conducteurs de l'électricité.
» J'ai complété ces recherches avec la collaboration de M. le D' Le-
gros, en prenant sur des animaux le tracé des contractions musculaires
provoquées par les courants de ces différentes bobines.
» Les tracés ainsi obtenus indiquent, d'une manière très-nette, l'action
plus énergique du courant de la bobine d'argentan. En employant un cou-
rant minimum, et en expérimentant dans des conditions identiques, la
courbe qui est formée par chaque contraction musculaire est bien plus
élevée pour la bobine d'argentan que pour la bobine de cuivre.
» De plus, pour la bobine d'argentan, les contractions sont régu-
lières, égales entre elles, et offrent toutes la doublesecousse due au cou-
rant de fermeture et à celui d'ouverture. (Nous avons employé, comme
interrupteur, le mouvement du levier du métronome.)
» Le tracé obtenu avec la bobine de cuivre offre des contractions plus
irrégulières; car plusieurs d'entre elles ne sont que légèrement prononcées,
et il est rare qu'elles aient la double secousse.
» Ces différences sont d'autant pins marquées que l'on agit plus loin
du muscle, et à travers l'épiderme. Si l'on enfonce les rhéophores dans le
muscle dont on enregistre le tracé, la différence existe encore, mais
elle est bien plus faible. Dans ce cas, le tracé que donne la contraction par
la bobine de cuivre accuse également les deux secousses. En étudiant ces
tracés, on reconnaît encore que la secousse déterminée par les fils de plomb
ou d'argentan a une durée un peu plus longue que celle de la secousse
déterminée par les fils de cuivre.
« Ces expériences montrent également que la tension est plus forte
pour les courants induits des fils de plomb ou d'argentan. Nous ferons en
même temps remarquer que ces différences, au point de vue physiolo-
gique, se rapprochent de celles qui existent entre l'extra-courant et le cou-
rant induit proprement dit. Si les courants des fils de plomb ou d'argentan
ont une tension plus grande que le courant des fils de cuivre, ils ont, par
contre, une quantité inférieure, grâce à la mauvaise conductibilité de ces
métaux. Ainsi, en expérimentant avec ces mêmes bobines, tandis que le
courant fourni par les fils de cuivre détermine, sur un galvanomètre, une
déviation de 20 à zS degrés, le courant fourni par des fils de plomb ne
produit, sur le même galvanomètre, qu'une déviation de i | degré, et les
fils d'argentan une déviation de | degré seulement.
» La fabrication des bobines à fils de plomb offre quelque difficulté,
( !299 )
surtout lorsqu'ou veut avoir un fil fin; mais celle des bobines à fil d'argen-
tan est facile, et ces bobines pourraient, d'après les faits que nous venons
de signaler, être avantageusement employées dans les appareils électro-
médicaux. »
HISTOLOGIE. — Sur les éléments conjonclifs de la moelle épinière.
Note de M. L. Ranvier, présentée par M. Cl. Bernard.
« Les histologistes qui, dans ces dernières années, se sont occupés du
tissu conjonctif descentres nerveux, entreautresM. Golgi(i) etM.F.BoJJfa),
s'entendent à admettre que ce tissu est essentiellement formé par des cel-
lules spéciales. Ces cellules, découvertes et figurées par Deiters (3), portent
aujourd'hui le nom de ce dernier auteur.
» Les cellules de Deiters seraient constituées par un noyau, un corps
cellulaire très-petit et de nombreux prolongements filiformes. Ces prolon-
gements, enchevêtrés et anastomosés avec les prolongements des cellides
voisines, composeraient à eux seuls le stroma fibrillaire des centres ner-
veux. Si cette manière de voir était fondée, il y aurait une différence mor-
phologique 'importante entre le tissu conjonctif du système nerveux cen-
tral et celui des autres organes. Je suis arrivé à me convaincre que cette
différence n'existe pas; en effet, le tissu conjonctif de la moelle épinière et
celui des cordons nerveux périphériques i4), par exemple, sont construits
sur le même type. Je dois ajouter que les personnes conjpétentes, aux-
quelles j'ai montré mes préparations, ont complètement partagé ma con-
viction.
» Aujourd'hui, je m'occuperai seulement de la moelle épinière, ren-
voyant à une prochaineCommunication ce que j'ai à dire sur le cerveau et
cervelet. Dans cette étude, j'ai employé plusieurs méthodes, mais celle qui
m'a donné les résultats les meilleurs, au point de vue de la démonstration,
est la suivante : une petite seringue de verre, munie d'une canule en or à
extrémité tranchante, est remplie 'd'une solution d'acide osmique à
I pour 3oo. L'extrémité de la canule est plongée soit dans un cordon
de la substance blanche, soit dans un cordon de la substance grise. L'in-
(i) GoLoi, Rivistà clinica di Bolngnii, novembre et décembre 1871.
(2) F. BoLL, Die Histologie und Histogenèse der nervoscn Centralorganc, 1S73.
(3) Deiters, Untcrsuch. ûber Gehirn und Riickenmark, PL U, fig. 10 et 11; i865.
(4) Recherches sur l'Histologie et ta Physiologie des nerfs [Arc. de Physiologie, t. IV,
p. 438).
( i3oo )
jection est faite alors avec ménagement jusqu'à ce que l'on voie refluer le
liquide par les espaces périvasculaires ouverts dans la surface delà moelle.
La pièce est abandonnée à elle-même pendant une heure ou deux; au bout
do ce temps, des sections longitudinales mettent à découvert les portions
de la moelle où l'acide osmique a pénétré et diffusé. On les reconnaît dans
la substance blanche ou fihro -nerveuse, à ime couleur noire homogène, et
dans la substance grise, ou cellulo-nerueuse, à une teinte noir marbré.
Des fragments imprégnés par l'osmium sont alors enlevés avec le rasoir,
plongés dans l'eau distillée et dissociés avec les aiguilles; la dissociation
doit être poursuivie avec beaucoup de soin, et suivant des règles que je
ne peux exposer ici. Placé sur une lame de verre et recouvert d'une la-
melle, le tissu dissocié est laissé, pendant vingt-quatre heures, en présence
du picrocarminate d'ammoniaque; puis le réactif colorant est remplacé
par de la glycérine. Les préparations obtenues par cette méthode sont per-
sistantes; elles peuvent être examinées à loisir; elles présentent des parti-
cularités de structure que je vais exposer rapidement.
M La substance fibro-nerveuse (cordons postérieurs et antéro-latéraux)
montre des tubes nerveux dont la myéline est fixée par l'acide osmique, et
colorée en noir plus ou moins intense. Chez les Mammifères adultes, ces
tubes peuvent être isolés, dans mie longueur de 3 à 4 millimètres, et
cependant on n'y observe ni étranglements annulaires ni noyaux. Chez
les embryons, au contraire, les tubes nerveux présentent des cellules appli-
quées à leur surface; je reviendrai sur cette disposition dans un autre
travail.
» Je n'ai pu distinguer, sur tous les tubes nerveux des centres, une
enveloppe membraneuse comparable à la gaine de Schwann; cependant,
sur quelques gros tubes, j'ai observé, autour de la myéline teinte en noir
par l'osmium, une membrane incolore et plissée. Cette membrane n'est
pas en tous points comparable à la gaîne de Schwann, puisque les tubes
nerveux de la moelle ne possèdent ni étranglements ni noyaux : peut-être
est-elle un artifice de préparation.
)) Entre les tubes nerveux, il existe des fibres ou plutôt de petits fais-
ceaux de fibrilles de tissu conjonclif, dont le diamètre est de o°"",ooi à
o""",oo2; ces faisceaux sont rectilignes ou courbés en divers sens. Quel-
ques-uns possèdent des coudes à angle droit au niveau desquels on observe
la réfringence spéciale des faisceaux du tissu conjonctif ordinaire, quand
ils se présentent ainsi: ce caractère suffirait déjà pour faire admettre que
ce ne sont pas de simples fibrilles. De plus, si l'on compare ces éléments
( i3oi )
avec des fibrilles isolées des tendons que l'on obtient bien facilement
apn'^s macération dans l'acide osmiqno , on leur reconnaît un dia-
mètre bien supérieur, car les fibrilles des tendons sont à peine mensu-
rables au microscope. Les petits faisceaux du tissu conjonctif de la sub-
stance fibro-nerveuse de la moelle épinière peuvent être suivis dans une
grande longueur. Ils ne s'anastomosent pas entre eux ; mais, en quelques
points, ils s'entre-croisent au nombre de 4, 5, 6, 7, 8 et même plus. A.u
niveau de cet entre-croisement, il y a souvent un noyau rond ou ovalaire,
muni de petits nucléoles, aplati et entouré d'une zone granuleuse. Avec un
bon objectif à immersion, donnant un grossissement de 600 à Soodiamètres,
il est facile d'apprécier tous ces détails et de reconnaître dans la zone gra-
nuleuse une lame de protoplasma qui, avec le noyau, constitue une cellule
plate de tissu conjonctif. Au-dessous ou au-dessus de cette cellule, les petits
faisceaux se poursuivent. Il ne me paraît pas douteux que cet ensemble a
été pris pour une cellule ramifiée; mais c'est là une erreur qui, j'en suis
convaincu, sera abandonnée de tous ceux qui suivront exactement la mé-
thode que j'ai indiquée. Du reste, à côté de cette disposition, il en est d'au-
tres qui viennent lever tous les doutes. Ce sont d'abord des entre-croise-
ments de faisceaux connectifs sans noyaux; ensuite* la présence de cellules
isolées ayant probablement perdu leur relation avec les faisceaux. Ces
cellules , formées par une faible quantité de protoplasma disposé en
lame, possèdent un noyau aplati. Dans leur voisinage, s'observent aussi
d'autres éléments cellulaires qui sont probablement des cellules lympha-
tiques.
» Les* éléments conjonctifs de la substance cellulo-nerveuse de la moelle
épinière sont semblables à ceux de la substance fibro-nerveuse; seulement
les faisceaux connectifs y sont plus souvent entre-croisés, et, par suite, les
cellules plates disposées sur les entre-croisements y sont plus nombreuses;
du reste, les rapports des cellules et des faisceaux y sont absolument les
mêmes que ceux indiqués plus haut, à propos de la substance blanche.
» Les grandes cellules des cornes antérieures peuvent être isolées assez
facilement après l'injection interstitielle d'acide osmique. Comme elles ont
été fixées par ce réactif, leurs divers prolongements se présentent avec
leurs caractères respectifs bien plus accusés que sur les préparations ob-
tenues à l'aide d'autres méthodes. Le prolongement de Deiters s'y montre
homogène avec une réfringence vitreuse, et les prolongements dits /);o/o-
plasmicfues avec leurs nombreuses ramifications et leurs stries longitu-
dinales.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVH, N" 22.) lO^
( i3oa )
» Il est presque inutile d'ajouter qu'il n'y a aucune anastomose entre les
faisceaux connectifs et les prolongements des cellules nerveuses.
» En résumé, le tissu conjonctifde la moelle épiiiière est formé par des
faisceaux de fibrilles connectives et des cellules plates. Il se monlre avec
les mêmes caractères dans tous les organes où je l'ai étudié jusqu'à pré-
sent, et en particulier dans les cordons nerveux périphériques; seulement,
dans les centres nerveux, le lapport des faisceaux et des cellules est tel,
que les figures qui eu résultent en ont imposé aux histologistes pour des
cellules ramifiées. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur /'Anthracotherium découvert par M. Bertrand
Il Saint- Metwux [Allier). Note de M. A. Gaudry, présentée par
M. Milne Edwards.
« M. Bertrand vient de découvrir, à Saint-Menoux (Allier), plusieurs
pièces à' Anthracotherium. Une de ces pièces est fort remarquable; c'est
une portion antérieure de tête, qui montre la mâchoire inférieure dans sa
position naturelle au-dessous des maxillaires ; elle permet de se faire
quelque idée de la physionomie du grand Pachyderme, qui fréquentait
nos pays pendant les premiers temps de l'époque miocène.
» Quand on considère que les molaires de VAnthracotherium sont dis-
posées pour un régime omnivore, on ne peut manquer d'être frappé de
l'aspect de Carnivore que présente la face de ce Pachyderne. Nul Carnivore
n'a pu faire des morsures plus terribles. Ses dents de devant, si bien dispo-
sées pour couper et percer, lui ont-elles servi à tailler les branches d'arbres,
ou à lutter contre ses puissants contemporains, l'Entélodon et l'Amphi-
cyon? Il serait difficile de le dire. En tout cas, il est intéressant de voir des
caractères de Carnivore chez un ancien Pachyderme, comme si autrefois
les séparations de familles avaient été moins tranchées qu'elles ne le sont
dans la nature actuelle; l'Oréodon et bien d'autres Ongulés fossiles ont
fait disparaître les barrières qui semblaient séparer les Ruminants des
Pachydermes; et, tout dernièrement, M. Delfortrie a découvert un
Lémurien moins éloigné des Pachydermes que les Lémuriens d'aujour-
d'hui.
» Dans l'échantillon trouvé par M. Bertrand, la direction de l'inter-
maxillaire montre que la face deVAnlhiacolhcriuni devait s'élever rapide-
ment, comme chez les Carnivores, au lieu de former un museau allongé,
ainsi que chez la plupart des Pachydermes, notamment chez le Cochon
( i3o3 )
qui, à certains égards, parait avoir été allié au quadrupède de Saint-
Menoux.
)) Outre ce caractère de Carnivore, V Anthracotherium avait des canines
longues, arrondies, qui ressemblaient plus à celles des Ours qu'à celles des
Cochons, des Pécaris et des autres Pachydermes actuels.
» Les iucisives de notre fossile étaient bien plus grandes et plus tran-
chantes que celles des Ours et des Lions. A la mâchoire inférieure, les coins
étaient plus forts que les pinces, tandis que, chez V Anthracolherium liip-
poideum d'Aarwangen leur dimension était bien moindre. Les pinces étaient
un peu comme celles des Cochons; au contraire, les mitoyennes et surtout
les coins présentaient une notable différence, éîant comprimés d'arrière
en avant, au lieu de l'être latéralement. A la mâchoire supérieiu'e, les
pinces avaient une forme à la fois conique et tranchante, qui se rappro-
chait de celle des Pécaris; mais toutes les incisives étaient grandes, au lieu
que, chez les Pécaris, les mitoyennes manquent, de sorte que les incisives
ne sont plus qu'au nombre de deux paires. La forme un peu gibbeuse des
incisives à' Anlhracolherium s'accorde avec la disposition mameloiniée des
éléments contitutifs des molaires; quand on réfléchit que les incisives des
Palœolherium rappellent les collines comprimées des molaires de ces ani-
maux, et que les incisives des Chevaux et des Hipparions rappellent la
forme contournée des lames de lein-s molaires, on se confirme dans la
croyance qu'il y a souvent ime certaine concordance entre les types des
molaires et des incisives.
» Les prémolaires sont remarquables par leur forme coupante et co-
nique; elles indiquent des affinités avec le Cochon, mais elles diffèrent
beaucoup des dents de Pécaris. Au-dessous de la troisième prémolaire, la
mandibule porte à son bord inférieur et externe un rudiment d'apophyse;
cette apophyse est estraordinairement développée sur une mâchoire d'Au-
vergne, qui a été attribuée, par quelques auteurs, à V Anlhrncolheriwn
magnum; elle manque, au contraire, chez les Anthracotherium appelés Lem-
bronicum^ Cuvieri o\i onoideum et minimum.
» Les arrière-molaires supérieures semblent avoir le mamelon médian
de leur lobe antérieur un peu moins accusé et moins arqué que dans V An-
tliracotlierium magnum de Cadibona. Les molaires d' Anlliracolherium re-
cueillies dans le Tarn-et-Garonne par M. Lalanne présentent le même
caractère d'une manière encore plus marquée; il y a là des rapports de
forme avec la dentition des Pachjiiolopus. Les arrière-molaires inférieures
ressemblent aux dents de plusieurs mâchoires tV Anlhracotlieraun, qui ont
i68..
i3o4 )
déjà été trouvées dans le centre de la France. Leurs mamelons internes sont
un peu moins forts et un peu mieux reliés aux croissants externes que dans
les molaires de V Anlhmcollierium macjnum de Cadibona, figurées par Cu-
vier; celles de Rochette, près Lausanne, figurées par M. lUitimeyer, et
surtout celles de Y Anlliracolhei ium minimum de Cadibona et d'Haute-
vignes; mais ils sont plus forts et moins reliés aux croissants externes que
dans VJulliracolIteiiiim hippoideum d'Aarwangen, chez lequel, suivant
Rûtimeyer, on observe des tendances vers le type paléothérien. Ces dégra-
dations de nuances sont très-dignes de fixer l'attention de ceux qui cher-
chent à comprendre l'histoire du développement des espèces.
» M. Riitimeyer a fait remarquer que Y Jnlhracotherium des sables de
r©rléanais, appelé Cuvieri par M. Pomel et onoideum par M. Gervais, est
encore représenté par un échantillon trop incomplet pour qu'où ail pu
établir ses caractères spécifiques ; cependant je crois que provisoirement
il vaut mieux inscrire V Anlhracotheriiim de Saint-Menoux sous la dési-
gnation de Cuvieri, que de lui créer un nom nouveau.
» Les pièces recueillies par M. Bertrand ont été découvertes dans la
carrière des Ouches, dépendance du domaine de la Tardivonerie; elles
étaient engagées dans une argile blanche qui formait une sorte de poche
haute de o",35, au milieu du calcaire miocène exploité comme j)ierre à
chaux ; M. Bertrand a trouvé dans ce calcaire des Uelix Ramondi et quelques
coqudies d'eau douce. Il m'a envoyé la liste suivante des couches de la
carrière où les fossiles ont été trouvés :
o™, i5 terre végétale ;
o'°,35 débris de calcaire;
I'", i5 argile rouge;
i^jSo marne mélangée de pierre caladre;
4 mètres de calcaire en bancs de o'",35 à o'°,6o, exploi(é
comme pierre à chaux. La [joclie à ossements est vers le
milieu de ce calcaire. «
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les séciélions de la fleur de /'Eucalyptus glo-
bulus. Note de M. Gimbkkt, présentée par M. Ch. Robin,
« Le but de cette Note est de montrer qu'une partie de la grande quan-
tité d'eau, absorbée par V Eucalyptus en fleur, est rendue à l'atmosphère sous
forme de sécrétion liquide sucrée et aromatique, produite par le style, la
portion de l'ovaire qui l'entoiu-e, ainsi que par le bourrelet sur lequel sont
insérées les étamines. Là est une des causes de l'influence hygiénique
favorable que cet arbre exerce lorsqu'on Tiiitroduit dans les contrées
Hiarécageuses. »
( i3o5 )
ASTRONOMIE, — Observations d'étoiles filantes pendant la nuit
du 12 au i3 novembre 1873; par M. Chapelas.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yoiix de l'Académie le résultat de
nos observations d'étoiles filantes, faites pendant la nuit du 12 au i3 no-
vembre de cette année. L'observation, commencée à 9''3o™ du soir et ter-
minée à 4 heures du malin, était favorisée par un fort beau temps, quoi-
qu'elle ait été légèrement contrariée par la présence de la I^unc à partir
de minuit. Nous pouvons affirmer que, ici du moins, le phénomène ne
s'est pas produit; car le nombre des météores enregistrés était tellement
minime, que le nombre horaire moyen calculé nous a fourni un chiffre
qui permet de ranger cette apparition parmi les apparitions ordinaires.
En effet, durant ces six heures d'observations, nous n'avons constaté qua
72 étoiles filantes, parmi lesquelles 2 bolides : le premier fort insi-
gnifiant, quant aux particularités qu'il présentait; le second fort dif-
ficile à étudier, car il fut vu à travers la couche de nuages qui à S*" 9™
avait envahi le ciel tout entier. Le nombre horaire moyen ramené à
minuit a été, pour cette année, de 1 1 étoiles -^ , résultat analogue à
celui qui avait été obtenu en i856 et en 1860.
» Les directions ne présentaient rien de bien accentué; le phénomène,
généralement diffus, n'a pas permis de déterminer un point de divergence
particulier. Nous avons aussi noté quelques beaux météores et quelques
traînées sans coloration.
» Ces différents caractères que nous signalons aujourd'hui, sur l'affai-
blissement et la diffusion du phénomène du 12 novembre, nous les signa-
lions également pour l'apparition du lo août de cette année.
» Enfin, si l'on se rappelle que, l'année dernière, le phénomène du
12 novembre, pi-esque nul, se trouvait compensé par une apparition fort
brillante dans les derniers jours du mois, ne serait-on pas en droit de se de-
mander si de nouveaux groupes, de nouveaux essaims ne sont pas en voie
de formation ? C'est ce que des expériences ultérieures nous apprendront;
expériences qui viendront peut-être fournir à la Science des données nou-
velles et des plus intéressantes pour la Physique du globe. »
M. Sacc adresse, par l'entremise de M. H. Sainte-Claire Deville, une
Note concernant l'action de l'acide nitrique sur les chlorures alcalins.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. D.
( i3o6 )
BCI.LETIIV BIBLIOGRAPHIQUE.
Î/Académic a rcçti, dans la séance du 1'='^ décembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Cours de Mécanique applifiuée aux machines; par J.-V. PONCELET, publié
par M. X. Rretz. Paris, Gauthier-Villars, 1874-, 1 vol. in-8".
Les passages de Vénus sur le dis(jue solaire, considérés au point de vue de
la délerminalion de la dislance du Soleil à la Terre. Passage de 1874- A'o-
tions liistorigues sur les passages de 1761 et 1769; par Ed. Dubois. Paris,
Gauthier-Villars, 1873; i vol. in- 18,
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; 1873, juillet.
Paris, Duiiod, 1873; iu-8°.
L'ovolomie abdominale ou opération césarienne ; par le Y)' BaudoN, Paris,
Germer-Eaillière, 1873; i vol. in-8°..( Adressé par l'auteur au Concours
Monlyon, Médecine et Chirurgie, 1874 )
Conservation des membres blessés par armes à feu perfectionnées ; par le
D"' E. Lantier; 2" édition. Paris, P. Asselin, 1873; br. ui-8°. (Adressé par
l'auteur au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1873.)
L'unité des forces physicpies. Essai de Philosophie naturelle; par le P. A.
Secchi; 2' édition, fascicule 3. Paris, F. Savy, 1874; in-8°.
Essai ciitiijue sur le fonctionnarisme et la bureaucratie en France, etc.;
par un ancien fonctionnaire; 2'' édition. Paris, Sagnier et Ghio, 1874;
br. in-8°.
apparition subite et inv ision rapide d'une puccinic exotique dans le dépar-
tement de la Gironde ; par M. DuniEU DE Maisomseuve c/ÏMad. '". Bordeaux,
Cadoret, 1873; br. in-S". (Extrait des /Ides de la Société liunéenne de Bor-
deaux. )
Le Sphinx de Sollics-Pont (Far). Réponse à M. le colonel Gazon et ciM. Léon
Renier. Di'aguigtian, Gimbert, sans date; br. in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Reims ; 1873, t. VIII, n° l\o. Reims,
H. Gérard et Masson; Paris, Lacroix, 1873; in-8".
Nouvelles recherches expérimentales sur l'action des matières putrides et sur
la septicémie; par M. COLlN. Paris, G. Masson, 1873; in-8".
( «307 )
Noie sur le tremblement de terre ressenti le 22 octobre 1873 dans la Puisse
rhenrine cl en Delijiiiue; par A. LANCASTiii!. Bruxelles, H;\yez, iSy'i; br. in-S".
(Extrait du Bulletin de l' Académie royale de Belgique.)
Musci Galiine. Herbier des mousses de France; par T. HUSNOT; fascicule IX
(n°* 4oi-45o). Cahan, par Alhis (Orne), Hiisnot, 1873; i carton in-4''.
(La suite du Bullelin au prochain numéro.)
PIIHUCATIOÎVS PÉRIODIQUES ItEÇCES PAU l'aCADÉMIE
PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1875.
Annales de l' Agriculture française ; novembre 1873; in-8".
Annales de l' Observatoire météorologique de Biuxelles; n° 5, 1873; in-4°.
Annales industrielles; n°^ 44 ^i 47i 1873; in-4°.
Annales médico-psychologiques; \\o\çxnhrQ 1873; in-8°.
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n"' des 2,
9, 16, 23 et 3o novembre 1873; iii-8".
Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° rc)i, 1873; in-S".
Bullelin de la Société Botanique de France; Revue bibliographique B,
1873; in-8".
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n" i5, 1873;
in-8°.
Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture de France; n" 9,
1873; in-8".
Bullelin de la Société de Géographie; septembre et octobre 1873; in -8°.
Bullelin de la Société française de Photographie; n" 10, 1873; in-8°.
Bullelin de ta Société Géologique de France; ix° 4? 1873; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; août et septembre 1873 ;
in-8°.
Bullelin général de Thérapeutique; n" du i5 novembre 1873*, in-8°.
Bulletin international de l'Observatoire de Paris; septembre, du i4 au 3o;
octobre, i à3r; novembre, i à 9, 1 1 à 23, 1873; in-4''.
Bullelin mensuel de la Société des Agriculteurs de France; n" 10, 1 873; in-8°.
( i3o8 )
Piillcltino meleorologico dcl R. Osservatorio del Collecjio romnno ; n'" 9,
10, 1873; in-4".
Chronique de l'Industrie; n^'ga, 9/1, 95, 1873; 111-4".
Gazelle des Hôpitaux; n°^ 128 à 137, 1873-, in-4°-
Gazelle de Joulin; n° 3, 1873; in-8°.
Gazette médicale de Bordeaux; 11° 21, 1873; in-8".
Gazelle médicale de Paris; n°^ 44 ^ 47i 1873; 111-4°.
Iron; n°' [[3 à 45, i873;iii-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; novembre 1873; in -8°.
Journal d'agriculture pratique; n°** 45 à 48, 1873; ln-8°.
Journal de l'Agriculture; n°* 238 à 2^1, 1873; In-S".
Journal de l'Eclairage au Gaz; n"' 21 et 22, 1873; in-4".
Journal de Mathématiques parcs et appliquées ; novembre 1873; in-4".
Journal de Pharmacie et de Chimie; novembre 1873; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; i5 iiovemljre
1873; in-8".
Journal des Fabricants de Sucre; u°^ 3o à 33, 1873; In-folio.
Journal de Zoologie; t. 11, n°* i, 2, 5, 1873; in-8°.
Kaiserliche... académie impériale des Sciences de Vienne; n"' 21 à 24,
1873; ln-8".
L'Abeille médicale; n°' 44 ^ 47> 1873; ln-4°.
V Jéronaute ; octobre, novembre 1873; ln-8".
VArt dentaire; novembre 1873; in-8°.
L'Art médical; novembre 1873; in-8".
L'Imprimerie; novembre 1873; in-4°.
La Nature; n°^ 22 à 26, 1873; ln-8°.
La Revue scientifique ; n°* 18 à 21, 1873; in-4°.
La Tribune médicale; n°' 272 à 275, 1873*, in-4".
L'Écho médical; novembre 1873; in-8".
Le Gaz; n" 5, 1873; in-4".
Le Messager agricole; n° 10, 1873; in-8°.
Le Moniteur de la Photographie; n" 21, 22, 1873; in-4".
Le Moniteur scienlifique-Quesnevillc ; novembre 1873; gr. ln-8°.
( '3o9 )
Le Mouvement médical; n"' 44 à 47? 1873; in-4°-
Le Progrès médical ; 11°' 21, 22, 24» 1873; in-8°.
Les Mondes; n"' 10 à i3, 1873; in-8°.
Magasin pittoresque; no\emhre 1873; 111-4°.
Montpellier médical. Journal mensuel de Médecine; novembre 1873; in-8".
Monalsbericlil der Kôniglich preussisclien Akademie der Wissenschaften zu
Berlin; juin, juiller, août 1873; in-8''.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; novembre 1873; in-S".
Répertoire de Pharmacie; n"^ 21, 22, 1873; in-8*'.
Revue agricole et horticole du Gers; octobre 1873; in-S".
Revue bibliographique universelle; novembre 1873; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n°' 21, 2a, 1873; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle; n°* 4° ^ 42»
1873; in-8°.
Revue maritime et coloniale; novembre 1873; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; novembre 1873; in-8°.
Société linnéenne du nord de la France; Bulletin mensuel, n°' i3 à 16,
1873; in-8''.
Société des Ingénieurs civils ; n°* 18, 19, 1873; in-4°.
The Food Journal; n° 46, 1873; in-8°.
ERRATA.
(Séance du 17 novembre 1873.)
Page II 53, ligne 5 en remontant, au lieu de l'immersion, lisez l'inversion
G. R., 1873, 1' Semestre. (T. LXXVII, N" 22.) ' ^9
( i3io )
Observations météorologiq. faites a l'Observatoire de Montsodris. — j\ov. 1875.
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THERMOMÈTRES
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5,4
(i) La II. arc
lie de la température ayant été co
ilinuellemenl descendante ou ai
cendante, la morenno (
Hume a
été dédi
lite de
quatre t
bser-
vallons coDT
înabloment choisies, faites à Inler
miles égaui. — (a) Variation d
urne presque nulle.
( «311 )
Observations météorologiq. faites a l'Observatoire de Montsouris.
Nov. 1875.
MAGNÉTISME TERRESTRE.
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ObserTalton
leures du malin.
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Pluie assez forte vers 9''3o mat.
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Givre se dépose dès gl" soir.
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Pluvieux jusqu'à la nuit.
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Qq. goût, de pluie vers g*" s.
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Contin. pluv. Bourr. le soir.
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NO
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Bour.Iem.Haus.barom. tr.-rap.
Moyen, j
ou
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65.25,9
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36,5
53,9
7,6
0,72
{O'i La température et létal liygromélrique, ainsi que les divers éléments magnétiques, ont três-peu varié.
( i3i:
Observations météorologiques faites a l'Observatoire de Moktsocris. — Nov. iS^S.
Résumé des observations régulières.
6h M. gliIVI. Midi. Sl'S. e^S. ghs. Minait.
mm mm mm mm mm mm mm
Baromètre réduit à 0° 753, o3 753,4/5 753, oi 702,74 753,33 753,72 753,81
Pression de l'air sec 7 16)82 746,88 746, 16 746, 19 747>o3 747,39 747,75
5,4i
Thermomètre à mercure (jardin) 5,49
» (pavillon)... 5,4i
Thermomètre à alcool incolore
Thermomètre électrique à sg™
Thermomètre noirci dans le vide, T'.
Thermomètre incolore dans le vide, t
Excès (T' — f) 0,06
Tempérât, du sol à o™,o2 de profond'. 5,89
» c"',io »
a 0"*,20 »
n o'",3o »
» ll^jOD »
Tension de la vapeur en millimètres. .
État hygrométrique en centièmes ^91 7
Pluie en millimètres à i^jSo du sol. . . 9,6
» (à o'",io du sol) . . 10,2
Évaporation totale en millimètres G, 80
Vit moy. du vent par heure en kilom. 7,3
Pluie moy. par heure (à i™,8o du sol). i ,60
Évaporation moyenne par heure 1 , i3
Inclinaison magnétique 65° ■+■ »
Déclinaison magnétique i7°-(- 24,2
G, 66
6,65
6,49
8,87
8,82
8,66
8,78
8,75
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t. 36,5
t. 39,1
t. 52,88
28,5 26,1 24,5 22,7 33,4 25,2 (1)
Tempér. moy. des maxima et minima (parc) 7, '7
» » (pavillon du parc) 7,21
u à 10 cent, au-dessus d'un sol gazonné (thermomètres à boule verdie). 7,3i
Therm. noirci dans le vide, T' (valeur moy. fournie par 5 obs. : 6'' M. g'' M., midi, 'i^ S. ô*" S.). u ,01
» incolore f » », » 8,63
Excès (T' — O » » ». 2,38
» (valeur déduite de 4 observations : gl" M., midi, S*", 6'' S.)... . 2,96
(i) Moyenne des observations de 6 heures du matin, midi, 6 heures du soir et minuit.
(2) Moyenne des observations de 9 heures du matin, midi, 3 heures et 6 heures du soir.
Errata au Compte rendu du 3 novembre 1878.
Page io46, 2° colonne, dernière ligne, au lieu de 754,0, Usez ^53, 5.
» 9' colonne, 2i^ ligne, au lieu de 3,5, lisez — 3,5.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
SÉANCE DU LUiNDI 8 DÉCEMBRE 1875.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Acadt^inie la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Cl. Gay, Membre de la Section de
Botanique, décédé à Deffends (Var), le 29 novembre i8y3.
FERMENTATIONS. — Réponse à M. Pasteur concernant l'origine de ta levure
lie bière; par M. A. Tréccl.
o M. Pasteur a fait à l'Académie, le 17 novembre, ime Communication
ilaiis laquelle il indique un perfectionnement pour la fabrication de la bière.
Je n'aurais pas demandé la parole à cette occasion, si noire confrère se fût
contenté de décrire son procédé; mais M. Pasteur parle de l'opinion des
botanistes qui se sont occupés de l'origine de la levure, de façon à en don-
ner une idée inexacte, puisque la manière dont il s'exprime tend à faire
croire que le Pénicillium obtenu par eux se développe dans de la levure en
putréfaction.
« On sait, dit-il (p. ii44)' 4''^ ''^* botanistes trés-lialjiles, autrefois M. Tnrpin, <Ic nos
jouis, en Allemagne, M. Hoffmann, pour ne citer qu'un seul nom, et piLsentemenl encore,
C.K.,lS,^i, 2' Semestre. {T, LX.XVI1, N» 83.) I 70
( i3i4 )
en France, IM. Trécul, ont cru devoir conclure de leurs observations que la Icvûrc de bière
peut faire naître des moisissures diverses, entre autres le Pénicillium glauciim. »
» Il continue ainsi :
0 Que la levure de bière soit éminemment altérable, tous ceux qui ont manié celte sub-
stance ont eu l'occasion de le constater. Pendant les chaleurs de l'été, et même à des tempé-
ratures plus basses, elle change de consistance dans l'intervalle de quelques jours, lépand
une odeur putride, perd son activité comme ferment. On sait aussi que ces allèrations s'ac-
compagnent du développement d'organismes microscopiques, bactéries, vibrions, moisissures
diverses. D'où viennent ces corpuscules organisés? La levure les cngendre-t-elle d'elle-même
par une modification de ses cellules dans des conditions de vie nouvelle; ou bien ces orga-
nismes trouvent-ils leur origine dans les poussières des objets avec lesquels la levure a été
en contact? «
» Ne semble-t-il pas, d'api'ès cela, que les botanistes désignés aient ob-
tenu de cette masse de levure en putréfaction les résultats qu'ils ont an-
noncés. Cette manière de présenter ropinion de ses adversaires est une
faute grave. M. Pasteur doit savoir que les botanistes qui ont soutenu la
parenté de la levure et du Pénicillium ont employé de la levure bien por-
tante, et qu'ils l'ont vue se développer à la manière desconidies. Il ne sau-
rait}' avoir de doute à cet égard ; toutes les dénégations de M. Pasteur n'em-
pêcheront pas la réalité de ce fait matériel; et puis on ne s'est pas borné à
obtenir le Pénicillium en cullivant de !a levure dans des conditions diverses,
on peut passer aussi des spores du Pénicillium à la leviire. C'est encore un
fait que nie notre confrère. Il n'en sera pas moins vrai que, de ces spores
encore jeunes, submergées dans du moût de bière qui a botiilli, et en-
fermées dans des flacons bien clos, avec les précautions que j'ai recomman-
dées, grossissent en se décolorant peu à peu et se multiplient par bour-
geonnement comme de la levure, dont elles acquièrent les dimensions et
les autres propriétés.
» Que nie donc M. Paslenr dans cette circonstance? Ce ne peut être la
décomposition du sucre en alcool et en acide carbonique, puisqu'il est con-
veiui de ce fait à la page ^87 du tome LXXV. Est-ce la faculté de se nudti-
plier par bourgeonnement qu'il refuse à ces spores? Mais on les voit grossir,
perdre graduelletuent leiu- couleur verte, enfin bourgeonner; et cela peut
s'accomplir dans des liquides qui, à la même température, ne produisent
pas de levure spontanée.
» Si les spores dti PenicUlium Aécom\)Osev\\. le sucre en alcool et en acide
carbonique, en prenant tous les caractères de la levure de bière, sur quelle
base M. Pasteur jicut-il a|)j)uyer sa négation ?
( l^^b )
)) Notre confrère a iiiie telle horreur des moclificatious dont la levure est
susceptible, qu'il renie une intéressante observation qu'il publia en 18G2,
et que j'ai renouvelée en 1868, sans coiuiaître son expérience.
« J'ai annoncé à l'Académie, dit-il (jiage i i45 de ce volume), que le Mycoderma vini se
lianslormait en levure de bière basse par la submersion dans un milieu nutritif sucré. De-
l)uis lors, j'ai exprimé des doutes sur cette opinion et indiqué la cause d'erreur que je crai-
gnais. Je crois que l'interprétation que j'ai donnée des faits que j'avais observés est inexacte.
Les articles du Myrndermn vini se gonflent, en effet, par la submersion, et se transforment
en cellules qui agissent h la manière des cellules de la levure alcoolique, avec production
d'alcool et d'acide carbonique; mais ces cellules n'ont pas, sous cet état nouveau, la faculté
de se reproduire. La levure spontanée, qu'on voit apparaître et se multiplier, doit provenir
de germes de levure apportés par l'air, qui tombent sur le Mycoderma vini pendant qu'il est
exposé en grande surface, lesquels germes se développent après la submersion. »
» Je ne puis voir là qu'iuie de ces assertions équivoques, comme on en
rencontre tant dans les travaux de M. Pasteur, et comme j'en vais citer
quelques exemples. Ceux qui suivent nos débats avec attention ont du s'en
ajiercevoir, et savent combien a varié l'opinion de notre confrère, en ce qui
concerne le Mycoderma vini. Il admit, en 1862 [Bulletin de la Sociélé chi-
mique de Paris, p. 73 à 74), (\^^^ ^^ Mycoderma est susceptible de se changer
en leviire alcoolique quand on le submerge dans une solution de sucre, à
l'abri de l'air. Dix ans après, en 1872 (t. LXXIV, p. 21 i et 212), M. Pasteur
affirme qu'il petit démontrer que le germe de la levure de raisin est le germe
du Mycoderma vini; que ce Mycoderma a dt-ux modes de vie essentiellement
distiticls : Moisissure, il s'empare de l'oxygène de l'air. . . et le rend à l'état
d'acide carbonique; Ferment, il se développe à l'abri de l'air et devient
la levTire alcoolique de raisin. Ce n'est que pins tard, dans le coiu-s de la
discussion, qu'apparaît la première trace des doutes de M. Pasteur. C'est
le 7 octobre 1872 qu'ils commencent à se manifester. A celte date, on trouve
à la page 786 du tome LXXV, que les assertions précédentes ne sont pas
de tout point conformes à la vérité, et, quelques lignes plus haut, l'auteur
assure que les cellules du Mycorderma vini, submergées dans un liquide
sucré, ne se reproduisent pas, mais qu'elles se gonflent pour la plupart, et
que la structure de leur plasma se modifie profondément.
)> On voit déjà qu'un nuage se répand sur la question; mais voici une
phrase qui jette plus d'obscurité encore sur la pensée de notre confrère.
Bien qu'il paraisse disposé à abandonner l'opinion qu'il a conservée dix
ans, il n'en dit pas moins à la page suivante (p. 787) :
>i Je ne parie pas de ces cas où les spoues semées donnent de la \kaie levure de bière.
J'y reviendrai ailleurs. »
1 70..
( .3i6 )
M 11 était bien à désirer qu'il y revînt, car le lecteur se demande de
quelles sporesil est question : si c'est de celles du Pénicillium dont il est parlé
niiis loin dans le même alinéa, ou si l'auteur appelle ainsi les cellules du
Mycoderma vini. 3'ai déjà dit (t. LXXV, p. 1 164) que M. Pasteur, consulté
par moi, m'a assuré que c'est de ces dernières qu'il s'agit. Je pourrais
multiplier beaucoup les exemples de ces phrases ambiguës qui troublent
la discussion.
» Dans cet intéressant travail du 7 octobre, basé sur la submersion des
cellules végétales en général et des cellules du Mycoderma vini en |)articu-
lier, lesquelles cellules, ainsi plongées dans un liquide sucré, produisent
de l'alcool et de l'acide carbonique, il n'est point fait mention de l'exis-
tence de la levure spontanée. Au contraire, il est expressément dit (t. LXXV,
p. 78G) que le vase est disposé de telle sorte que l'on n'a point à craindre
l'ensemencement par les germes en suspension dans l'air. Ce n'est que le
II novembre (t. LXXV, p. 1168), après une lecture que je fis à l'Aca-
démie, que M. Pasteur parle, ainsi que je le dirai tout à l'heure, de la
présence de la levure spontanée, qui vient jeter des doutes dans son esprit
et entraver ses conclusions. Enfin, dans sa dernière Communication
(p. 1145 de ce volume), il confirme l'existence d'une levure spontanée
et déclare qu'il croit inexacte l'interprétation d'après laquelle il avait
admis la transformation du Mycoderma en levure. Et pourtant il prétend
que « les articles du Mycoderma vini se gonflent par la submersion et
» se transforment en cellules cjui agissent à la manière des cellules de la levure
» alcoolique, avec production d'alcool et d'acide carbonique; mais ces
)) cellules n'ont pas, sous ce nouvel état, la faculté de se reproduire, m On
voit i^ar là que M. Pasteur accorde au Mycoderma vini modifié toutes les
qualités des cellules de la levure, moins la reproduction. C'est presque
l'aveu d'une nouvelle erreur. C'est en tout cas un autre exemple de ces
assertions ambiguës dont je parlais tout à l'heure; aussi, je crois devoir
affirmer à mon tour que, lorsque les cellules du Mycodeima grossissent et
se transforment en cellules semblables à celles de la levure, elles bour-
geonnent et se nmlliplicnl. Il ne leur manque rien pour être identifiées aux
cellules de la levure de bière. Je crois donc être autorisé à demander à
M. Pasteur comment il s'est assuré que ses mycodermes décomposent le
sucre en alcool et en acide carbonique, en présence de la levure spontanée
qui se développe simultanément.
» Voilà d'ailleurs une levure spontanée, dont M. Pasteur n'a certaine-
ment pas vu les germes, qui arrive bien à propos pour contrecarrer l'avis
( "3.7 )
que je soutiens depuis 1868. C'est qu'en effet, dès cette époque, je consta-
tai non-seulement la transformation du Mycoderma rervisiœ en levure de
bière, mais aussi j'ai observé le passage de ce Mycoderma au Pénicillium,
ainsi que l'avait vu Turpin. Comme, d'un autre côté, les spores du Peni-
cilimm se cban£;ent en Mycoderma et en levure de bière, la démonslration
de la parenté de la levure et du Pénicillium est aussi complète que possible.
» J'ai indiqué la cause de l'erreur nouvelle de M. Pasteur bien avant
qu'il commît cette faute; car, dès 1868, j'ai dit que \es Mycoderma trop
âgés ne se transforment pas en levilue, que les seuls Mycoderma jeunes su-
bissent la transformation.
» La conséquence de tout cela est qne, si l'on admet celte transforma-
tion du Mycodernm en levure, il faut nécessairement reconnaître que la
levure peut se changer en Mycoderma, et alors on n'a plus guère de raison
pour récuser le passage dn M) codernia au Pénicillium .
» D'un autre côté, on est pénétré d'élonnement de voir que M. Pasteur,
qui est connu comme un très-habile expérimentateur, et qui se dit, le
1 1 novembre, diîpuis quatre mois opprimé par des doutes que lui cause la
présence d'une levure spontanée, ait pu faire la longue série d'expériences
nécessitée par sa Communication du 7 octobre, sans s'apercevoir qu'il y a
dans ses appareils une telle levure spontanée. Si un tel fait a pu lui échap-
per aussi longtemps, quelle confiance méritent donc ses assertions. Toutes
les fois qu'une telle levure spontanée naquit dans mes flacons, je m'en suis
aperçu tout de suite, et je l'ai proclamé dans trois de mes Conununications,
dès 1868. C'est pourquoi l'on peut me croire quand j'affirme qu'il n'en
existe pas, et que ce sont bien les spores du Pénicillium et les cellules dn
Mycoderma qui se changent en levure de bière.
» Quand même luie génération spontanée aurait lieu dans les vases de
notre confrère, il devrait encore admettre le changement de ses myco-
dermes en levure, parce qu'elle est réelle quand ils sont jeunes. Rien n'est
plus facile à vérifier, du reste, ainsi que je l'ai dit aux pages 214 et ai 5
du tome LXVII, où on lit ceci :
« Ce Mycoderma [ceri'isiœ) bien développé, bien ramifié, ne détermine pas la feinienta-
tion(i), et celle-ci n'en désaj^réj^e pas les cellules. Il reste entier avec ses rameaux dans le
moût qui fermente. Plongé dans ce moût de bière, il languit, et quand la fermentation est
active, le plasma du mycoderme se contracte, et ses cellules se rétrécissent, sans doute par
affaissement. »
(i) J'ai voulu dire par là que, dans mes vases bien bouchés, il n'y a pas d'effervescence
à leur ouverture.
; i3i8 )
» Lo plus ordinairement le plasma se contracte seul. J'ajoute :
« Au contraire, <[uand des Mycodeniia ccivisiœ jeunes, non cnrore lauiiliés, furent pla-
cés dans du moût de bière frais, ou même dans du moût qui avait été conservé en flacon l)ien
houché jiendanl vingt jours, et même pendant un mois, les jeunes cellules du ÎMycoderme
grossirent et prirent l'aspect des cclhilcs de levure les plus actives, c'est-à-dire à plasma
homogène blanc et brillant. «
» Tous les savants connaissent quelles peines a causé^^s à M. Pasteur la
recherche des germes de la leviîre alcoolique. Il s'était imae;iné les avoir
trouvés, et proclamait pouvoir démontrer que le germe de la levure est le
germe du Mycoderma vini. Aujourd'hui que ce n'est plus ce germe qui pro-
duit la levure, il faut avoir recours à un autre.
» Je ferai remarquer à l'Académie combien il est heureux que notre
confrère ait trouvé à la levure la propriété de vivre et de se mtdtiplier au
contact de l'air plus rapidement et plus facilement qu'en présence de
l'acide carbonique (p. i il[6 de ce volume). Je prévois qu'elle le dispensera
de chercher désormais la uatiu-e des germes. Rien ne s'oppose plus main-
tenant à ce que les cellules de levure soient trouvées toutes faites dans
l'atmosphère. 11 n'en faudra pas moins les montrer tombant sur nos appa-
reils et pénétrant dans l'intérieur des fruits ( i).
» Il est à regretter que M. Pasteur n'ait ])as dit dans quelles conditions
il (ait vivre et multiplier sa levi'ire au contact de l'air. Quel que soit le
mode opératoire de notre confrère, il tend à rappiocher physiologique-
ment la levure du Mycoderma et du Pénicillium.
» Il est temps que cette discussion ait un terme. Elle fatigue tout le
inonde. Je veux y mettre tuie fin, en ce qui me concerne, en montrant
que l'opinion de j\I. Pastetir se modifie sans cesse avec les progrès de la
discussion. Je prie l'Académie de me permettre de constater la métamor-
phose considérable que l'opinion de notre confrère a subie le 1 1 no-
vembre 1872, à la suite de ma lecture, dans laquelle je disais ceci
(t. LXXV, p. 1166) :
« Ce sont toujours, suivant notre confrère, les germes du Mycoderma vini, tombés de l'air
sur le raisin, qui engendrent la levure; mais il ne nous dit pas à quels caractères on peut
(1) Je saisirai cette occasion pour dire à rA<a(lémie (pie, le i i décembre 187?., j'ai mis
24 fruits (18 pommes et 6 poires) chacun dans un vase clos; 16 de ces fruits furent exa-
minés de mars en octidjre. Aucun d'eux n'a montré de la levure dans son intérieur. I^cs huit
autres flacons n'ont pas été ouverts; n'ayant pas eu le loisir de les étudier en tem|)S conve-
nable, leurs fruits sont maintenant conq)létement altérés. Je continuerai cette expérience.
( .3i9 )
les distinguer des cellules et des spores de cliain|)ignons auxquelles ils sont mêlés. Il serait
surtout nécessaire de les différencier de ces spores de Pénicillium que j'ai vues germer sur
le raisin, où elles prennent aussi l'aspect de la levure alcoolique, comme je l'ai dit à la
page 988 du tome LXXV, lesquelles spores peuvent en réalité se changer en levure, quand
elles sont placées dans des conditions favorables. Il me paraît évident que la différence
d'opinion qui existe sur ce point entre M. Pasteur et moi se trouve dans la circonslance
suivante, savoir : que quelques-unes seulement des s])ores ou cellules de cliani))ignons, qui
sont a la surface du raisin, se transforment en levure alcoolique, et que ce sont elles que
M. Pasteur regarde comme les germes du Mycodcmiavini 1:1 de la levure. Cu malencontreux
germe cause de bien grands embarras à notre conficre. Aussi m'est-il diffiiile de concevoir
jjourquoi cet habile expérimentateur attache tant d'importance à prouver son autonomie.
Voyez dans quelle contradiction il est entraîné. ...»
» M. Pasteur comprit qu'il fallait opter entre la négation de la mélomor-
p ho se du Mycofleriiia vini (laquelle métamorphose il professait depuis dix
ans) el l'acceplation de la naissance de la levure par hélërogénèse. Il n'hésita
p.is. C'est alors seulement qu'il fit intervenir une levure spontanée, et il
inséra dans les Comptes rendus la note de la page 1 168, tome LXXV, dans
laquelle il s'exprime ainsi :
" ... Il y a quatre mois, lorsipie j'ai voulu rédiger l'ensemble de mes expériences rela-
tives à la transfoi niation des articles du Mycoderma vini en levure, des doutes se son! pré-
sentés tout à coup à mon esprit sur la vérité du fait dont il s'agit, et qui, pour M. Trécul,
on vient de l'entendre, est toujours indiscutable. ...»
1) L'expression de ces doutes n'a pas élé prononcée à la séance, ainsi que
je l'ai fail remarquer le lundi suivant (t. LXXV, p. 121 S), il y a tout lieu
de croire que ces doutes ont été yîxc's, sinon suggérés, par ce que je venais
de dire. Ce qui prouve qu'ils ne dataient |;as de quatre mois, c'est que
cinq semaines auparavant, le 7 octohre, M. Pasteur faisait à l'Académie sa
Communication basée sur la submersion du Mycoderma vini et autres cel-
lules végétales, dont j',11 parlé plus haut, et dans laquelle il n'est pas du
tout question de l'intervention d'une levure spontanée. On ne pouvait pas
prévoir par cette Commimicalion, que tout It' monde a admirée, quel
changement allait survenir dans l'avis de notre confrère. A l'assurance de
M. Pasteur dans l'affirmation des nouveaux phénomènes qu'il décrivait,
persoiuie n'aurait supposé qu'une levure spontanée les obscurcirait, au
moins en ce qui concerne les cellules jjlongées dans un liquide sucré.
» Malgré la présence de cette fâcheuse leviire, la note de la page 1 145 de ce
volume n'en iilti'ihucpas moins aux cellules du j]fy(0(/erma submergées toutes
les qualitésdes cellules de la levure, moins la f icullé reproduclriee, il est vrai.
Comme, à l'état normal, ce Mycoderma se multiplie par bourgeonnement
( l320 )
comme la levure, il est probable que M. Pasteur la lui refuse à l'ctal de
submersion, parce qu'il n'a pris en considération, sous ce rapport, que des
individus trop âgés, et il n'est pas impossible que les tendances de son
esprit l'aient porté à regarder comme levure spontanée les jeunes Myco-
dernies transformés en levure réelle.
» Quoi que fasse M. Pasleiu-, il revient sans cesse, par la puissance des
faits, vers ce pbénomène qu'il récuse, la mutabilité de la levure, et vers la
parenté de celle-ci avec le Mycoderma et le Pénicillium. I.a nouvelle opi-
nion de notre confrère sur la végétation de la levure vient à propos pour
réaliser les modifications à sa théorie, que je présentais (à la page 1221,
t. LXXV) comme nécessaires. En effet, voici une autre conséquence de la
nouvelle assertion de M. Pasteur. La levure de bière qui était, depuis i863,
le type des anaérobies comme le type des ferments, puisque ces deux mots
étaient synonymes, peut donc à présent devenir aérobie, puisque, au con-
tact de l'air, elle vit et se multiplie plus facilement qu'en présence de l'acide
carbonique. Que M. Pasteur ne s'y trompe pas, c'est là un pas vers l'état
mycodermique, et le Mycoderma cervisiœ, c'est du Pénicillium à courtes
cellules. M. Pasteur est donc ramené, malgré lui, vers ce Mycoderma, qu'il
a destitué de sa faculté de devenir levure de bière, en lui accordant, il est
vrai, les propriétés de cette levure. Quelle contradiction !
» Ce n'est pourtant pas là tout. Le vibrion butyrique lui-même a changé
quelque peu de physionomie. Autrefois, comme toutes les anaérobies^ il
était tué au contact de l'air; aujourd'hui, l'oxygène le prive seulement
de mouvement et d'action comme ferment. Je suis heureux que mes réflexions
consignées aux pages 1221 du tome LXXV, concernant la levure et la
théorie des aérobies et des anaérobies, aient provoqué de nouvelles re-
cherches, qui ont déjà fait faire un tel pas de progrès à cette partie de la
question. Que M. Pasteur continue, qu'il cultive les ferments qu'il con-
serve encore dans le groupe des anaérobies ; il n'est pas douteux qu'il ne
les voie passer à l'état d'aérobies.
» Tout cela prouve qu'il n'y a pas lieu de partager ces êtres inférieurs
en classe des anaérobies ou zymiquu:s et en classe des aéuoiîies ou azy-
MiQUES. Ce mode de distinction est sans fondement sérieux. En effet,
les êtres de ces deux catégories se comportent absolument de la même
manière; ils prennent de l'oxygène au milieu dans lequel ils vivent,
et rendent de l'acide carbonique. Que de la réaction il résulte en
outre de l'alcool, de l'eau, de l'acide acétique, etc., peu importe, il
y a toujours une combustion, et celle-ci est effectuée par des êtres
( '^-^I )
qui opèrent dans l'air ou au milieu des liquides ; et, certes, M. Pas-
leiu' ne peut pas plus refuser le fiire de ferment au Myco.lerma aceti,
qui agit à la surface du liquide, qu'au vibrion butyrique ou tartrique
et à la levure alcoolique, qui fonctionnent au sein des liquides. Cela
seul montre le défaut de parallélisme des z/miques et des azjmiques avec
les annérobies et les aérobies.
» M. Pasteur, qui s'était proposé de chercher si ces êtres peuvent passer
des aérobies aux anaérobies et vice versa, excité par les phénomènes chi-
miques qu'il observait, avait de la tendance à admettre ce passage. Il
l'entrevit, il le constata parfois, mais il recula épouvanté par les consé-
quences de la modification de la forme des êtres organisés, tant il a peur
de i'hétérogénie. Je pourrais citer d'autres observateurs qui lui ressem-
blent sous ce rapport. M. Béchamp, qui provoque quelquefois les hété-
rogénistes, est du nombre. En découvrant, dans toutes les matières proto-
plasmaliques, des microzymas qu'il voit se changer en bactéries, en
vibrions ou en amylobacters , ne fait-il pas de I'hétérogénie sans le
vouloir? ')
M. Pasteur, après avoir entendu la lectuie de M. Trécul, demande la
parole pour y répondre. M. le Président lui faisant.observer que l'heure est
déjà avancée, et que l'Académie doit se former en Comité secret, M. Pas-
teur ajourne sa réponse à la séance prochaine.
M. P. -A. Favre adresse à M. le Président de l'Académie la Lettre sui-
vante :
« J'ai consacré trente ans aux études caloriméfrique.«. Les faits que j'ai
constatés, soit seul, soit avec le concours de feu Silbermann ou de quelques
autres collaborateurs, ont pris place dans l'enseignement classique. J'ai
été soutenu par les encouragements constants de l'Académie, pendant ces
longues et coûteuses recherches. Aujourd'hui, ceux de ses Membres qui
ont suivi le progrès de mes travaux avec intérêt, convaincus que, si la mé-
thode que j'emploie dérive de la Physique, leurs résultats éclairent les
théories fondamentales de la Chimie, pensent que leur appréciation appar-
tient à la Commission chargée de juger le Concoius de Chimie des prix
fondés par mon vénérable ami M. Lacaze.
» Me conformant à leur pensée, j'ai l'honneur. Monsieur le Président,
de vous faire parvenir une collection de celles de mes publications qui se
rapportent à la ïhermochimie. »
G. R., 1873, a" Semestre. {T. hW\ M, N" 23.) I7I
{ l3a2 )
M. Sekket fait hommage à l'Académie de deux Mémoires qu'il vient de
faire imprimer, et qui ont pour titres « Détermination des fonctions en-
tières irréductibles, suivant un module premier, dans le cas où le degré est
égal au module » et « Des fonctions entières irréductibles suivant un mo-
dule premier, dans le cas où le degré est une puissance du module.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne de M. C.-F. iVaumann, Correspon-
dant de la Section de Minéralogie, décédé à Dresde le 4 décembre 1873.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MINÉRALOGIE. — Sur les inclusions vitreuses renfermées dans les feldspaths
des laves de Santorin; par M. F. Focqué.
(Commissaires : MM. Ch. Sainte-Claire Dcville, Daubrée, Des Cloizeaux.)
« I^es minéraux essentiels des laves de Santorin renferment presque tous
des inclusions cristallines ou vitreuses. Ces dernières sont formées par une
matière dépourvue d'action sur la lumière polarisée, et creusées ordinai-
rement d'une cavité arrondie, qui, .sous le microscope, offre tous les ca-
ractères d'une bulle de gaz fixée dans la substance vitreuse (1).
» Je me réserve, dans une prochaine Note, de présenter à l'Académie le
résumé des recherches auxquelles je me suis livré sur le gaz contenu dans
les bulles. Les détails qui suivent sont relatifs à la distribution de la ma-
tière colorante dans les inclusions vitreuses et à la forme de celles-ci. Ces
indications sont destinées à compléter les observations micrographiques
déjà publiées sur ce sujet par M. Zirkel.
» Dans le labrador de la lave albitique commune de Santorin, la ma-
tière des inclusions offre la même coloration générale que la pâte ambiante,
mais cette coloration est le plus souvent très-inégalement distribuée. Sur
le pourtour de l'inclusion, la matière vitreuse est complètement incolore;
elle forme là une petite zone périphérique transparente, régulière dans
certains cas, mais découpée plus généralement de dentelures ou de lobes
peu profonds.
» La partie principale de la matière vitreuse des inclusions est immé-"
(i) Le diamètre raaxinuiiii des inclusions vitreuses dépasse rarement quelques centièmes
de millimètre, et celui de la bulle quelques millièmes.
( i323 )
diatement limitée par la zone transparente: elle forme parfois nne colora-
tion uniforme du même ton que la pâte environnante, mais souvent la teinte
y est distribuée en plages inégalement foncées, séparées par des lignes irré-
gulières. Enfin la matière colorante est ordinairement concentrée à la sur-
face de la grosse bulle de gnz et sur la paroi des très-petites bulles qui se
présentent fréquemment par myriades dans l'intérieur de la masse vitreuse
des inclusions. A la surface de la grosse bulle, cette matière colorante est
aus>i inégalement répandue; elle manque par places et laisse ainsi appa-
raîlre des points incolores, transparents au milieu de parties foncées, de
telle sorte que la bulle ressemble parfois à une cellule végétale ponctuée.
L'intensité absolue de la coloration de la paroi des bulles est, du reste,
extrêmement variable.
» Dans la seconde variété de lave de Santorin (lave à gros cristaux
d'anorthite, de pyroxène et de péridot), les inclusions renfermées dans
les cristaux d'anorthite offrent une répartition de la matière colorante en-
core plus inégale. La zone transparente est généralement plus étendue que
dans les inclusions contenues dans le labrador de l'autre lave. Comme
dans celles-ci, elle affecte souvent des contours irréguliers ; cependant,
dans le cas le plus général, elle offre une certaine régularité dans sa distri-
bution; elle s'avance de chaque côté vers la partie moyenne de l'inclu-
sion, de manière à figurer à peu près deux triangles adossés par leurs
sommets. La portion plus colorée de l'inclusion se trouve comprise entre
deux parties transparentes et contient souvent une bulle de gaz dans l'une
de ses moitiés. Le maximum de concentration de la matière colorante s'ob-
serve aussi à la surface de la bulle.
>) Les inclusions vitreuses contenues dans l'anorthite des druses sont
caractérisées par la rareté et la petitesse des bulles gazéifères, et aussi par
l'irrégularité plus grande, la nuance plus foncée et plus uniforme de la
matière amorphe qui compose ces inclusions. Ces cristaux d'anorthite se
distinguent encore par la fréquence des inclusions de pyroxène à l'état
de masses à contours arrondis, dépourvus de toute apparence cristalline,
reconnaissables seulement par la coloration qu'ils présentent entre deux
Niçois croisés.
M Cette différence de constitution des deux espèces d'anorthite des
laves de Santorii: trouve son explication dans la différence probable des
conditions qui ont présidé à leur formation; la première ayant été formée
vraisemblablement par voie de cristallisation après fusion, et la seconde,
par volatilisation de ses éléments.
171..
( i324 )
» Le contour extérieur des inclusions vitreuses renfermées clans ces di-
vers feldspaths a été signalé comme curviligne et tout à fait irrégulier. Ce-
pendant, dans la très-grande majorité des cas, il n'en est pas ainsi. Avec
un grossissement suffisant, on reconnaît presque toujours que ce contour
forme une ligue brisée, dont les parties sont parallèles deux à deux, comme
les côtés d'un polygone symétrique par ra[)port à un point central. En un
mot, on dirait que l'on a sous les yeux le contour de la coupe d'un cristal
monoréfringent, dont les angles sont plus ou moins émoussés. Les angles
du contoiu" de ces inclusions ont été mesurés avec un goniomètre à angles
plans, adapté à l'oculaire du microscope. Un pareil instrument ne donne
que desmesuies approximatives; l'erreur |ieut atteindre 2 ou 3 degrés; la
petitesse de l'objet et la difficulté de superposer les fils du micromètre sur
les côîés de l'angle à mesurer empêchent d'obtenir des résultais j)lus pré-
cis. Néanmoins les observations de ce genre fournissent des données inté-
ressantes. Ainsi, quand les inclusions affectent la forme d'un dodécagone,
(ce qui est fréquent), on peut vérifier que tous les anglf^s sont très-voisins
de i5o degrés; quand elles sont hexagonales, tous les angles sont Irès-rap-
prochés de 120 degrés. Dans certains cas, on observe des combinaisons
d'angles voisins de i 5o degrés et d'angles qui se rapprochent de 120 de-
grés, et quelquefois en même temps des angles très -peu éloignés de
go degrés.
» Dans la partie du cristal de labrador qui entoure l'inclusion, on ob-
serve aussi parfois de petites cavités allongées, alignées en files linéaires.
Or, ces lignes correspondent à trois directions qui se coupent parallèle-
ment à trois des côtés de l'inclusion. Si l'on s'en fiait uniquement à ces
indications, on serait tenté de croire que ces inclusions ne sont, en réalité,
que des cristaux appartenant à une espèce minéralogique cristallisant dans
le système hexagonal régulier, à la néphéline par exemple, mais l'observa-
tion réfute surabondamment une telle hypothèse. Les rangées de petites
cavités alignées dans un feldspath sont toujours parallèles aux côtés d'une
inclusion voisine. Il existe donc là une relation certaine entre la forme de
l'inclusion et la structure de la substance feldspathique qui la renferme.
Cette relation est encore confirmée par ce fait capital, que toujours les
côtés du cristal de feldspath où est logée l'inclusion sont aussi parallèles à
quelqu'un des côtés de celle-ci. Eu un mot, la forme de l'inclusion repro-
duit celle du cristal qui la contient, tout en offrant généralement un plus
grand nombre de côtés. Que doit-on conclure de là, si ce n'est que la
matière des inclusions est emprisonnée dans une cavité qui reproduit en
( iSao )
creux la forme du cristal ambiant, et qu'elle est bien réellement vitreuse et
amorphe? La fréquence des angles se rapprochant de i5o, 120, 90 degrés
tient au développement ordinaire des cristaux de labrador |)arallt'leinent
à la face P, et par suite à la fréquence, dans le champ du microscope, de
larges lamelles cristallines taillées dans cette direclion. Les différentes
facettes qui sont susceptibles de modifier la face P d'un cristal de labrador
déterminent, en efi'ef, sur les bords de cette face, la formation d'un péri-
mètre dont les angles plans ont ces valeurs à quelques degrés près.
» Les photographies ci-joiules permettent de reconnaître l'exactitude de
presque tous les détails ci-dessus décrits. Ces photographies ont été faites
avec un microscope solaire appartenant au laboratoire d'Histologie du
Collège de France et au moyen de glaces sèches préparées par M. Steb-
bing. Elles représentent des agrandissements de i5o diamètres. Pour bien
juger les détails qui y sont retracés, il est bon de les examiner avec une
loupe douée d'un pouvoir grossissant de 5 à 6 diamètres, de telle sorte
qu'effectivement elles donnent une représentation fidèle des objets avec
un agrandissement de 1200 à i 5oo diamètres. »
PHYSIQUE. — Détermination du rapport des deux chaleurs spécifiques, par la
compressioji d'une masse limitée de gaz. Mémoire de M. E.-H. Amagat,
présenté par M. Balard. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Balard, Edm. Becquerel, Jamin.)
« La méthode la plus simple pour déterminer le rapport des deux cha-
leurs spécifiques serait évidemment la méthode de MM. Clément et De-
sormes, sans le phénomène des oscillations de la masse gazeuse à l'orifice,
découvert et étudié par M. Cazin ; c'est pour éviter la complication ap-
portée par ce phénomène, cpie j'ai entrepris les expériences qui font l'objet
de ce travail.
» La méthode que j'ai employée consiste à comprimer un volume
limité de gaz, pris sous la pression de l'atmosphère, et à déterminer sa
pression immédiatement après la réduction de son volume; le volume
initial et le volume final se déterminant sans difficulté, il ne reste plus
c c
qu'à appliquer la formule de Poisson pu'' = p' v" , dans laquelle l'expo-
C
sant -est l'inconnue de la question.
» Il paraît d'abord difficile de déterminer presque instantanément,
avec un manomètre, la pression du gaz, qui commence de suite à se
( l'^aG )
refroidir; on y arrive cependant assez facilement, en opérant comme je
vais l'indiquer.
» La masse gazeuse, immédiatement après la compression, est mise en
communication, par l'ouverture d'un robinet, avec nu manomètre à huile,
ré£;lé d'avance à une pression légèrement inférieure à celle qu'on clierclie :
de cette sorte, l'ascension du liquide manométrique est très-faible; on
referme aussitôt le robinet, et le manomètre reste ainsi à une pression plus
voisine que précédemment de celle qu'on doit obtenir. On lecommence
une nouvelle opération : le manomètre monte encore un peu. On arrive
ainsi, après quelques compressions, à ce que le manomètre reste station-
naire au moment de l'ouverture du robinet, et marque alors la pression
cherchée. On lit ensuite celte pression sur un manomètre à mercure, dis-
posé de façon à s'équilibrer exactement avec le manomètre à huile, ce der-
nier restant parfaitement slationnaire.
» La compression du gaz est opérée par une colonne de mercure s'éle-
vant brusquement dans un large tube, qui prolonge le col du ballon dans
lequel est enfermé le gaz. La pression est communiquée au mercure par
une couche d'huile, chassée par un piston qui se meut dans un cylindre
en cuivre et qui est articulé comme celui des machines pneumatiques
ordinaires. On évite ainsi la chaleur que développerait le frottement d'iui
piston comprimant directement le gaz; la compression se fait, du reste,
facilement en une demi-seconde; on arrive ainsi à des résultats extrême-
ment concordants.
» La valeiu' de la coinpression n'a jamais dépassé 3 centimètres de
mercure ; dans ma dernière série d'expériences, la moyenne ne diffère pas
de -j^ de millimètre du nombre qui s'en écarte le plus.
» En étudiant la marche descendante du manomètre après la compres-
sion, j'ai pu faire une légère correction, relative à l'abaissement de tem-
pérature que subit le gaz pendant l'opération, si rapide qu'elle soit.
» J'ai obtenu ainsi, avec l'air atmosphérique ;
C o ,.
-^i,oc)i sans correction.
et -= i,J97 avec la correction.
» Il est évident, du reste, qu'on pourrait éviter, ou tout au moins atté-
. nuer beaucoup l'eflet d\i refroidissement, en employant des appareils d'un
volume considi rable; le ballon que j'ai cm|)loyé avait à peine 20 litres,
{ '327 )
ce qui ne fait que mieux ressortir ce qu'on pourrait obtenir de cette mé-
thode avec des a|j|)areils plus grands que ceux que j'ai pu me procurer.
» Du résultat précédent, on tire, pour équivalent mécanique de la cha-
leur, le nombre 434i qui ne diffère que d'une unité de ceUii qui a été
trouvé récemment par M. Violle, avec l'appareil de Foucault.
» Une expérience sur l'acide carbonique m'a donné pour résultat
Q
- = 1,299; "" accident arrivé à l'appareil a interrompu l'étude de ce gaz.
J'ai lieu de croire ce résultat un peu trop fort; le gaz n'était pas, du reste,
complètement exempt d'air. »
PALÉOETHNOLOGIE. — Essai sur la distribution géographique des populations pri-
mitives dans le département de l'Oise. Mémoire de M. R. Guérin. (Extrait.)
(Commissaires : MM. de Quatrefages, Daubrée, Roulin.)
« J'ai l'intention de grouper, d'après des signes conventionnels, sur des
réductions de la carte d'Etat-major, Tensemble des faits, connus de nos
jours, qui établissent, par la nature même des objets trouvés, l'habitat et
la distribution des populations très-primitives sur le sol de la France. J'ai
d'abord limité ce travail au périmètre du département de la Seine, en lui
appliquant la méthode et le résultat des recherches commencées et pour-
suivies de i865 à i8y3 dans le département de la Meurthe.
» Frappé de voir, dans cette dernière région, que ce groupement pa-
raît affecter plutôt certains points du sol que d'autres, j'ai recherché
si, dans d'autres bassins, je retrouverais un ensemble de faits pouvant
confirmer tuie loi qui, si elle devenait définitive, pourrait se formuler
ainsi :
» 1° Eu général, et pour l'ensemble des populations dites de Vépoque
néolithique, les stations occupent des reliefs du sol avoisiiiant, le plus géné-
ralement, le cours des vallées.
M 1° La fréquence et l'importance de ces stations humaines sont eu rai-
son directe de l'importance de la vallée, et, par suite, les vallées secondaires
ou les plateaux qui les bordent recèlent moins de ces débris, à quelques
exceptions près, que les vallées principales.
» Sont exceptées, dans luie certaine mesure, de ces indications, les régions
exceptionnelles par leurs reliefs, ou encore les régions dites à dolmens.
» Les observations auxquelles je me suis livré démonirent ces faits pour
ce qui est du pays de Lorraine et des Vosges. Dans ce bassin, cinquante-
( i328 )
deux stations humaines ont été découvertes et étudiées par moi, et leur
groupement a été relevé aussi exactement que possible.
» Pour aujourd'hui, je me borne à indiquer le résultat de mes recherches
dans le département de l'Oise, que des circonstances spéciales m'ont permis
d'éludier dans de meilleures conditions que le bassin parisien.
» Dans cette contrée commence réellement, comme on le sait, la région
des tourbières. Les vallées de l'Oise, du ïhérain, de la Nonette, de l'Au-
thonne, etc., sont surtout les endroits où l'on rencontre ces dépôts de végé-
taux. Leur importance a cru depuis quelques années, et j'en donnerai une
idée en citant ce fait, que la tourbière deBresles, une des plus importantes
du pays, exporte ses produits jusqu'à Paris et donne un revenu annuel de
70000 francs à la commune. Or, depuis longteujps, les ouvriers employés
dans ces exploitations de combustibles ont eu occasion de rencontrer des
débris osseux, enfouis profondément, et qui donnent une excellente idée
de l'ancienne faune post-quaternaire du pays. De ces débris, les uns sont
venus au Muséum, d'autres sont allés à Beanvais, au Musée de la ville,
quelques-uns sont encore dans les mains de leurs inventeurs; c'est ainsi
que j'ai pu en acquérir un certain nombre pour les Collections du Musée
d'Histoire naturelle de Nancy.
» Voici une coupe de la tourbière, dite de Bresles, en pleine exploitation;
elle représente exactement les caractères des autres exploitations du même
genre.
» On observe de haut en bas :
» 1° Gazon et couclie mince d'iiumus.
» Limon blanchâtre, calcaire, coquillier. Il n'est pas constant. Les csp(-ces fossiles sont
terrestres et fltiviatlles.
" 2" Tourbe bleuâtre, léjjèrement friable, contenant du sable quelquefois glauconifère
(entraîné par des circonstances locales); souvent son épaisseur est de plusieurs pieds. Elle
n'est ))as employée.
» 3° Tourbe déjà plus compacte, rougeàtre, contenant des coquilles fliiviatiles, lacustres.
» 4" Tourbe dite chanvrcuse, formée de racines entrelacées, extrêmement poreuse et de
qualité très-inférieure.
» 5° Tourbe compacte, homogène, noire, très-dense, offrant quelques noyaux pyrileux,
ne contenant plus de débris végétaux reconnaissables ; c'est surtout, ainsi que la précé-
dente, la couche en exploitation.
» Enlin au-dessous, et reposant sur le fond du bassin, une couche de tourbe brune avec
végétaux encore reconnaissables, tels (|ue noisetier, bouleau, aulne, jiin, etc. C est celte
couche qui contient surtout les débris osseux. Çà et là, on rencontre dans son épaisseur
des troncs d'arbres en place, mais brisés à peu près à i mètre au-dessus du sol ancien. On
y reconnaît surtout des débris de pins.
( '^21) )
" M. le D'' Beaudon a donné, dans le Bulletin de lu Socicté acadéiniiiuc de l'Oise, 1867,
lu liste de quarante-huit mollusques observés dans les dépôts tourbeux de la vallée du
Thérain.
» Voici, pour les animaux de la série des Vertébrés, la liste des débris
connus, ainsi que quelques indications sur leur provenance :
u Bos bison. — Localités : Bresles, Rue-Saint-Pierre, Troissereux (musée de Beauvais,
musée de Nancy).
» Bos brachyceros . — Localités : Bresles, Rue-Saint-Pierre, Sacy-le-Grand (musée de
Beauvais).
» Equus caballus. — Localités : Bresles, Sacy, Rue-Saint- Pierre fmusée de Beauvais).
» Cennis elnphus. — Localités: Bresles, Rue-Saint-Pierre, vallée du Thérain (musée de
Nancy, musée de Beauvais).
o Cennis capreolus. — Localités : Bresles, Rue-Saint-Pierre, marais de Goincourt, de
Sacy (musée de Beauvais),
>) Lupus. — Une demi-mâchoire inférieure droite à Bresles (musée de Beauvais).
» Sus scrnfa ferox. — Tètes entières : Rue-Saint-Pierre, Sacy-le-Grand, Bresles.
» Sus palustris (?). — Un maxillaire inférieur complet (douteux?) ( musée de Beauvais).
» Castor fiber. — Une tête entière, marais de Sacy, et maxillaire inférieur : Rue-Saint-
Pierre (musée de Beauvais).
» Erinaceus europœus. — Bresles (musée de Beauvais).
» 3Iustcla lutra. — Rue-Saint-Pierre ( musée de Beauvais).
u Erinaceus europœus. — Rue-Saint-Pierre, Bresles, Sacy (musée de Beauvais).
» Ces dépôts tourbeux ont fourni des armes de pierre et de bronze; on
a trouvé des flèches (tètes), à Bresles, ainsi que des haches polies; il en a
été de même aussi pour le marais de Sacy-le-Grand. Le bronze a été ren-
contré dans les marais de Goincourt, de Sacy, dans ceux de la vallée de
Thérain, de la Nonette, à Beauvais même.
» Nulle part encore on n'a trouvé de traces de stations semblables à
celles établies en Suisse, sur pilotis; mais, en i-evanche, on voit que les
bords des vallées de l'Oise, du Thérain, de la Nonette, de l'Epte, de l'Au-
thonne, de l'Aisne ont vu naître, se développer et mourir des populations
nombreuses. Il suffirait, pour s'en rendre compte, de jeter un coup d'œil
sur les tableaux qui accompagnent la carte du département de l'Oise, prou-
vant ainsi, par le nombre des corps enfouis dans des sépultures nombreuses,
la persistance, sur des points déterminés, des populations stables et proba-
blement livrées à l'agriculture.
» Cet ensemble montre aussi, par son mode de groupetnent, l'impor-
tance des vallées déjà à cette époque, et quelles voies ou plutôt quels
G. R., 1873, 2'5emc-i(ie.(T.LX.XVII, N»2ô.) '7^
( i33o )
sentiers les peuplades avaient suivis pour venir habiter et se répandre sur
les plateaux.
» En résumé, le département de l'Oise, pris en particulier, confirme,
dans une certaine mesure, les faits que j'avais établis d'après mes observa-
tions; s'il se trouvait qu'ils ne fussent pas nouveaux, je puis dire qu'ils ont
été observés en dehors de toute espèce de système, simplement et méthodi-
quement, pendant de longues années.
» J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie les deux cartes de nos con-
naissances actuelles sur ces époques anciennes, dans l'Oise et dans la
Meurthe, ainsi que le texte explicatif de la carte de l'Oise. »
VITICULTURE. — iVb/e sur tes mœurs du Phylloxéra (suite); par M. Max. Cornu,
délégué de l'Académie. (Présentée par M. Dumas.)
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les nombres donnés dans la Note précédente sur l'intervalle des mues
du Plijlloxera vastalrix, apportent un élément nouveau dans la discussion
encore pendante entre MM. Signoret et Lichtenstein. Ces nombres se rap-
prochent de ceux qui furent cités par M. Lichtenstein, quoique l'intervalle
qu'il assigne soit encore plus petit que celui que j'ai observé ; il est possible
que la température plus chaude du midi de la France suffise à expliquer
cette rapidité de développement. Quant à l'opinion de M. Signoret, doit-
elle être absolument rejetée? Je ne le pense pas. Cette opinion, selon la-
quelle l'intervalle des mues serait de quinze à vingt jours, peut-elle s'appli-
quer à la forme gallicolc? Quoiqu'on manque encore de données sur
l'intervalle des mues de cette forme, on sait, d'après une observation de
M. Balbiani, rapportée par moi avec son assentiment {Comptes rendus,
21 juillet 1873), que les deux premières sont assez rapprochées. Mais il
faut bien se garder de confondre la durée de l'existence de ces insectes,
qui vivent pendant une grande partie de la belle saison, de mai en sep-
tembre probablement, sur les feuilles des vignes américaines, avec la du-
rée de leur évolution. La durée de la vie est approximativement connue
pour les insectes des galles; elle est d'environ deux ou trois mois (sauf
erreur); elle commence et finit avec la galle, qui devient vide et brunit
vers l'automne. Chez les individus radicicoles, cette durée est encore in-
connue; des expériences directes peuvent seules élucider ce point. Ces
deux sortes de Phylloxéra sont et demeurent aptères; c'est probablement
chez les individus destinés à devenir ailés que les mues présentent ini in-
( i33i )
tervalle plus considérable. Dans l'une de mes séries d'observations, je
rencontrai une mue de jeune après quatorze jours, et je supposai d'abord
qu'elle avait pu passer inaperçue (i); en admettant que l'insecte se fût fixé
le dernier parmi tous ceux qui l'entouraient, il resterait encore un inter-
valle notablement supérieur à celui que présentaient les mues des autres
Phylloxéras. On pourrait peut-être attribuer ce retard à une lente évolu-
tion destinée à donner l'insecte ailé; je n'ai pas été assez heureux pour
constater te changement en nymphe de l'un des individus fixés sur les
renflements que j'ai étudiés; je n'ai donc pas de nombres précis à citer.
Il y a cependant certains faits qui peuvent montrer, même en laissant de
coté celui qui a été rapporté plus haut et qu'on pourrait considérer comme
douteux, que le temps nécessité par le développement complet des indi-
vidus adés est assez long.
» Une nymphe recueillie sur des renflements récoltés à Montpellier
fut mise, le 20 août, en cellule à part, sur un fragment de racine, dans
des conditions d'humidité un peu excessives peut-être. Elle était très-
allongée, d'une couleur fauve, et munie de tubercules très-noirs et très-
visibles; il s'agissait de savoir combien de temps elle pourrait rester dans
cet état avant d'effectuer sa dernière mue; un dessin spécial en fut exé-
cuté, et elle fut placée, lors d'un voyage que je fus forcé de faire, le
10 septembre, sur des racines de vigne dans un tube, pour être empor-
tée; les mucédinées ne tardèrent pas à les envahir, et la nymphe périt.
Elle avait ainsi vécu sans modifications pendant vingt et un jours au
moins.
» Une autre nymphe de même origine, mais de taille plus petite, fut
placée le 22 aoiit à côté de la première; elle y demeura sans changement
jusqu'au 10 septembre, elle subit le même sort que l'autre : elle a donc
vécu sous cette forme dix-neuf jours au moins. Cette deuxième nymphe
offrait des tubercules à peine visibles; si l'on étend aux nymphes le fait
que j'ai signalé chez les individus aptères, que les tubercules sont de plus
en plus nets à mesure que les individus avancent en âge, cet insecte devrait
être considéré comme plus jeune que l'autre; il avait cependant une teinte
moins vive.
» On pourrait craindre que ces insectes, qui demeurèrent complètement
immobiles, ne fussent en réalité depuis longtemps morts, et que l'observa-
(i) Sur ce renflement, resté court, se trouvaient d'autres insectes très-voisins ilont les
mues furent recueillies à cette place même; celte omission est peu probable.
172..
( .333 )
tioii ne se rapportât à des cadavres présentant l'aspect de Phylloxéras
vivants; mais les Phylloxéras morts, qu'ils soient jeunes ou adultes, ne
tardent pas à prendre une teinte brune très-foncée, soit à l'air sec où ils se
racornissent, soit dans une humidité excessive où ils se gonflent notable-
ment.
» Cinq nymphes de même origine encore turent mises à part dans des
conditions analogues le 23 août; elles étaient, le 7 septendjre, toutes
mortes et brunies. On peut encore ajouter un fait plus convaincant : dans
la cellule qui contenait les deux premières nymphes et où la racine se con-
serva sans moisissures, fut placée luie troisième nymphe qui se porta dans
le voisinage du verre, y mourut, brunit et se décomposa. Je pense donc
que les observations précédentes sont relatives à deux insectes bien et
dûment vivants. Il aurait fallu, comme preuve directe, leur transforma-
tion définitive en insecte ailé; jusqu'ici, cette preuve manque. Une forte
présomption permet cependant de croire que l'évolution complète de
l'individu ailé doit exiger un temps beaucoup plus long que celle des in-
dividus aptères ordinaires.
» Parmi les mues, il en est une plus remarquable que les autres : c'est
celle de la nymphe, parce qu'elle s'accompagne du déploiement et de la
consolidation des ailes. Dans la Note précédente, il n'a été question que
des actes préparatoires; dans l'exemple cité, la nymphe mourut avant le
complet achèvement de la mue; cette mue ayant été observée dans des con-
ditions meilleures put s'effectuer entièrement.
» Il ne sera pas inutile de donner au préalable quelques détails sur la
nymphe jusqu'ici incomplètement ou inexactement décrite.
» Les nymphes rappellent par beaucoup de points les individus aptères
ordinaires; leur teinte générale cependant est différente, elle est d'une
couleur fauve tirant sur le jaune (surtout vers la région du corselet) ; elle
oscille entre le jaune d'or et le jaune rougeâtre suivant les cas; à cela
joignons une iorme plus élancée, la longueur paraissant être la même que
chez l'aptère adulte et la nymphe n'ayant pas l'abdomen distendu par
des œufs. On aperçoit, en outre, sur les côtés, les fourreaux des ailes, ou,
pour parler plus exactement, les deux fourreaux des élytres, ceux des
ailés étant beaucoup plus petits et cachés par les premiers. Ces fourreaux
sont noirs, non à cause de leur contenu qui est d'une grande blancheur,
comme on le verra plus loin, mais par le fait de la peau qui a pris une teinte
foncée sur toute celte région; elles se montrent comme de petites taches
noires qui font paraître l'insecte conmie muni d'un étranglement. La teinte
( .333 )
fauve, la forme allongée et comme étranglée au milieu, et les fourreaux
des ailes permettent de reconnaître les nymphes au premier coup d'oeil ;
ces caractères sont connus depuis les observations de M. Signoret et sur-
tout de MM. Lichtenstein et Planchon. Les nymphes se rencontrent prin-
cipalement sur les renflements des radicelles où elles sont et surtout de-
viennent communes [Comptes rendus, 22 septembre 1873, p. ôSy). Les
fourreaux des élytres procèdent du deuxième segment du thorax, celui
des ailes du troisième et du quatrième. Les appendices, antennes et pattes,
sont colorés en noir, ils sont plus longs que ceux des individns aptères.
Ils présentent, avec les organes de ces derniers individus, des différences
qui seront étudiées ultérieurement. L'individu dont la nymphe dérive
n'est pas encore connu avec certitude.
» Les nymphes sont munies de tubercules très-apparents, correspon-
dant identiquement à ceux des individus aptères tuberculeux, et dont la
place est la même, à de très-minimes différences près. La liisposition des
tubercules a été jusqu'ici décrite avec inexactitude, et le dénombrement en
a été imparfait ; chez les nymphes, les segments sont très-nettement indi-
qués et sont franchement transversaux sans replis, sans ondulations; c'est
ce qui permet une évaluation plus exacte. Sur la léte, il y a dix tubercules;
sur le thorax, divisé en quatre segments, il y en a : douze sur le premier
segment, souvent divisé en deux lui-même, huit sur le deuxième, autant sur
le troisième, six sur le quatrième; il y en a quatre sur les segments abdo-
minaux, au nombre de six (i): le septième segment, le segment anal, en
est dépourvu; il en est parfois de même du segment précédent, qui en
présente souvent d'indistincts.
» Les yeux sont latéraux (2), formés d'un petit nombre de facettes; mais
(1) Le D'' Signoret en cumpte sept, non compris le segment anal. — Le Phylloxéra cause
première de In maladie des vignes [Annales de la Société cntomologique de France, séance
du 22 décembre 18G9). MM. Planchon et Lichtenstein ont admis le même nombre et donné
une figure analogue. Le Phylloxéra de i854 « 1873. Montpellier, 1873. La figure est sur
la couverture.
(2) C'est dans celte région de la tête que les différences entre la nymphe et les individus
aptères tuberculeux sont les plus grandes, et encore sont-elles assez faibles.
Comme la description des formes diverses du Phylloxéra sera renvoyée à une date assez
éloignée, j'ai pensé qu'il était lîon, ;\ propos de la nymphe, d'entamer la question des tuber-
cules. Quoiqu'il ne soit uniquement, dans le texte, question que des nymphes, tout ce qui y
est dit s'applique aux individus tuberculeux en général ; c'est pour cela que j'ai cité MM. Si-
gnoret, Lichtenstein et Planchon.
( .3^4 )
on aperçoit en dessous les larges yeux de l'ailé qui apparaissent comme une
tache foncée; on reconnaît la constitution de ceux de la nymphe, abstrac-
tion faite des autres, sur la peau de la mue qu'elle abandonne en se transfor-
mant en insecte ailé. Ces yeux sont accompagnés de deux tubercules, l'un
supérieur, exactement marginal, l'autre un peu iniérienr ou sur le même
rang; ce tubercule est la continuation de la rangée des cinq tubercules in-
termédiaires entre la ligne marginale et la double ligne dorsale, ce qui
porte à six les tubercules de cette rangée intermédiaire. On en a donc omis
deux jusqu'ici dans chacnne de ces lignes intermédiaires.
» On en a omis deux aussi sur la double ligne dorsale à son extrémité
sur la région céphalique; il y a sur la tête trois séries de tubercules dans
le prolongement de chacune de ces lignes, mais les deux plus voisines de
l'extrémité sont très-rapprochées l'une de l'antre; dans l'observation au
microscope, la pression de la lamelle détermine souvent un pli qui refoule
sur l'autre face de l'insecte les deux derniers tubercules; à sec, on peut
les confondre, parce que les deux qui les précèdent sont placés sur une
surface courbe et se projettent sur eux; en traitant les Phylloxéras par des
réactifs qui les rendent transparents, on se rend compte assez aisément de
l'existence de ces trois séries de deux tubercides.
M On a omis aussi de chaque côté un tubercule marginal sur le deuxième
et le troi.sième segment du thorax; chaque série sur ces segments se ter-
mine non pas par un tubercule, mais par deux tubercules marginaux.
» L'omission la plus singulière est celle d'une rangée de quatre tuber-
cules sur le premier segment du thorax.
» Cela ferait en tout douze tubercules oubliés, si l'on n'avait pas compté
en trop un segment abdominal porteur de quatre tubercules.
» Il y a donc en tout 68 tubercules :
10 céphaliques lo
1 2 4- 8 -t- 8 -4- 6 thoraciqiii's 34
4 fois (j abdominaux 24
68
» Dans l'histoire du Phylloxéra, la description de l'insecte lui-même
laisse donc encore à désirer; il y a des inexactitudes à relever dans la
constitution des pattes, des antennes, la position des yeux, etc.; il en
sera spécialement question plus tard. Quant au nombre des tubercules,
entre ces divers segments, si semblables les uns aux autres, on peut aisé-
ment faire une confusion, que le peu de netteté des tubercules, la cour-
( i335 )
biire des surfaces, l'entre-croiscment des plis de la peau viennent encore
faciliter.
» La couleur de la nymphe pourrait s'expliquer par celle des globules
oléagineux qu'elle contient et qui sont d'un jaune orangé rosé; mais la
membrane externe ajoute sa propre teinte à la couleur orangée vue par
transparence. Il en est de même chez l'insecte ailé; la transformation et le
changement de couleur doivent, avec la plus grande évidence, s'y expli-
quer ainsi.
» Ce qui frappe au premitr coup d'oeil, quand on observe un individu
ailé aussitôt après la unie, c'est sa couleur; elle est d'un jaune d'or très-
vif et très-brillant ; le corselet est d'un jaune plus pâle, les ailes sont blan-
ches, les membres flexibles encore et Iransparents ; l'animal est animé d'un
mouvement continuel. Il est entièrement dénué de tubercules et n'en
prendra pas, quoique la nymphe en soit couverte. Les ailes (élytres et ailes)
sont encore chiffonnées et molles; elles sont bouchonnées et forment deux
petits amas cristallins ; les élytres recouvrent encore les ailes qui sont plus
petites et plus visibles; les élytres sont disposées de telle sorte que leur
extrémité est repliée en dessous de leur surface. L'insecte les écarte de son
corps et les dé|ilie lentement; elles s'allongent peu à peu, mais demeurent
encore assez étroites; les plis longitudinaux s'effacent et elles s'étendent
de plus en plus. Elles prennent d'abord la forme d'un triangle dont le
sommet est à leur insertion, la base étant formée par le pli de l'extrémité
repliée en dehors ; elles enjambent ensuite l'une sur l'autre, mais leur
surface est encore comme gaufrée longitudiualenient , l'extrémité se
recourbe vers le sol. Les nervures commencent enfin à devenir distinctes
et les trachées apparaissent dans leur intérieur. Le corselet dont la mem-
brane est Irès-blaiiche se couvre de plis, de plus en plus accentués ; l'abdo-
men a la forme d'une toupie d'Allemagne; les deux derniers segments sont
très-allongés. Les élytres s'étendant et commençant à se sécher, on aper-
çoit à leur surface un pointillé très-fin et très-délicat; les ailes commencent
à apparaître en dehors et à s'étendre librement à leur tour.
)) A cet instant, le Phylloxéra ressemble à une petite mouche de couleur
jaune d'or et à ailes très-blanches et cristallines.
» Après un séjour d'un certain temps à l'air, les membranes se dur-
cissent et se consolident, leur teinte se fonce. Les élytres et les ailes de-
viennent grises, les pattes et les antennes deviennent plus foncées, le cor-
selet est noir, le reste de l'insecte est d'un fauve rougeâtre.
» Cette teinte rouge est due à la superposition de la couleur des glo-
( .33(i)
bules graisseux jaune orangé et de la couleur foncée de la peau : telle
est l'explication du changement de couleur et des apparences diverses des
individus aptères on ailés. Ce changement est ici assez rapide et se produit
au bout d'un jour; chez certains pucerons, je l'ai vu se produire du matin
au soii". »
M. Ai-Pii. MiLixs adresse l'indication d'im mélange contenant du cya-
nure de potassium, pour détruire le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
M. A. CoM.MAiLi.E adresse une Note sur la cause de la constance de la
chaleur solaire.
(Commissaires : MM. Le Verrier, Faye, Janssen. )
M. BoNNAFONT adrcsse un Mémoire sur les trombes de mer.
L'auteur reproduit les conclusions déjà formulées par lui en iSSg, et
insiste sur ce que le mouvement des trombes de mer est ascendant et non
pas descendant.
(Renvoi à l'examen de M. Faye.)
M. RoussET adresse une nouvelle Note concernant les causes des ma-
ladies.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Rayon soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de
calorifère, destiné au chauffage des appartements.
(Renvoi à l'examen de M. le général Morin.)
M. De.iardin adresse inie Note relative aux problèmes de la trisection de
l'angle et de la duplication du cube.
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
M. A. Le Chevalier prie l'Académie de renvoyer au Concours des Arts
insalubres le contenu d'un pli cacheté récemment déposé par lui.
Ce pli sera transmis à la Commission, qui en fera l'ouverture.
( ';^37 )
CORRESPONDANCE.
M. WiixiAMsox, nommé Correspondant de la Section de Chimie, adresse
ses remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un volume intitulé « l'Empire du Brésil à l'Exposition
universelle de Vienne en iSyS ».
M. le Secrétaire perpétuel, en signalant à l'Académie un ouvrage de
M. Alph.-Milnc Edwards, intitulé : « Recherches sur la faune ornitholo-
giqne éteinte des îles Mascareignes et de Madagascar », donne lecture des
passages suivants de la Lettre d'envoi :
« Déjà, à plusieurs reprises, j'ai eu l'honnL'iir de communiquer à l'Académie les princi-
paux résultats de mes recherches sur ce sujet; aujourd'hui, j'appellerai son attention sur
quelques laits nouveaux, qui n'ont pu prendre place dans le travail que je lui présente.
» En 1868, M. Alf. Grandidier avait trouvé à Madagascar plusieuis ossements appar-
tenant à l'oiseau gigantesque que I. Geoffroy Saint-Hilaire a désigné sous le nom A'jEpyor-
nis ina.rimiis; ces pièces nous avaient permis d'étudier, d'une manière plus complète qu'on
n'avait pu encore le faire, les caractères anatomiques et les affinités naturelles de cette es-
pèce éteinte. Le même voyageur a pu se procurer, plus récemment, d'autres parties du sque-
lette de ce singulier oiseau, et je puis vous annoncer que les conclusions auxquelles nous
étions arrivés précédemment sont complètement en accord avec les faits fournis par l'exa-
men de ces ossements.
» Le plus important est un tarso-métatarsien ou os du pied, qui complète la charpente
solide du membre inférieur, et nous permet d'en déterminer exactement les dimensions.
Jusqu'à jjrésent, nous n'avions pu évaluer qu'approximativement la taille de l'animal,
parce que l'os du pied que nous avions à notre disposition était incomplet; mais les calculs
que nous avions faits se rapprochaient beaucoup de la vérité, car nous avions attribué à cet
os, environ 87 centimètres et, en réalité, il a 38 j centimètres, ce qui donne, pour la
longueur totale de la jambe, à l'état d'extension forcée, environ i'",35. Un fragment
du bassin indique que Y.Epyornis différait beaucoup plus des Dinornis de la Nouvelle-Zé-
lande qu'on ne le croyait d'après la conformation des pattes. La comparaison de ces deux
types ornithologiques éteints et si différents de tous ceux que nous offre aujourd'hui la
classe des Oiseaux, m'a été facilitée par l'envoi que M. le docteur J. Hasst a bien voulu
me faire d'une magnifique Collection comprenant plusieurs squelettes de Dinornis, qui sont
déposés au Muséum et seront bientôt mis sous les yeux du public dans les galeries d'Anato-
mie comparée.
» l,\Epyornis était beaucoup plus massif que les Dinornis les plus lourds, tels que le
D. Elephantopus. Son corps était plus large et plus robuste, ce qui s'accorde d'ailleurs avec
ce que nous avions déjà dit en parlant des vertèbres. »
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N» 25.) I 7^
( i338 )
GÉor.oGiR. — M. le SECRÉTAir.E PERPiÉTiTEL présente à l'Acndéniie, au
nom de l'auteur, un volume intitulé : « Exploration géologique du Béni
Mzab, du Sahara et de la région des steppes de la province d'Alger, par
M. Ville », et donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi :
« L'Ouvrage que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie fait suite au Voyage ci' exploration
dans les bassins du ffodna et du Sa/tara, que j'ai publié en 1868.
11 Dans ce nouvel Ouvrage, j'ai pour but essentiel de déterminer les points où la re-
rherche des eaux jaillissantes offrait le plus de chances de succès. Celte recherche est
nécessairement basée sur l'étude de la constitution géologique du sol.
» 1° Constitution géologique du pays situé entre Nrgonssa et Laghouat, et comprenant
le Sahara et le Béni Mzab. — Le terrain qui s'étend du sud au nord, entre Negoussa et
Laghouat, renferme un vaste plateau de craie blanche qui constitue en grande partie le
Béni Mzab, et qui est entouré de tous côtés par le terrain quaternaire. Des oasis impor-
tantes, celles de Metlili, de Guerrara, de Ghardaïa et ses quatre annexes, et de Berrian ont
été créées par les Mozubites, race énergique et intelligente, dans les vallées profondément
encaissées qui découpent cette région essentiellement plate.
1) J'ai étudié spécialement les chances de succès que présente l'exécution des puits arté-
siens, soit dans le tenain quaternaire, composé essentiellement de calcaiie parfois gypseux
à la surface et d'argiles, de sables et de grès en profondeur, soit dans le terrain crétacé,
composé essentiellement de couches de dolomies cristallines d'un gris jaunâtre, contenant
intercalés des bancs d'argile et de gypse. Le fond des trois grandes vallées qui découpent
toute celte région en coulant du nord-ouest au sud- ouest offre des chances de réussite. On
devrait partir de la dépression d'Ouargla, où il existe de nombreux ])uits jaillissants indi-
gènes, et remonter l'Oued Mzab, l'Oued en Nça et l'Oued Zegrir, qui vont se perdre dans
cette dépression. Les puits artésiens pourraient atteindre une profondeur de 100 mètres.
» Les eaux du Béni Mzab sont généralement de très-bonne qualité comme boisson et sont
très -appréciées par les voyageurs qui viennent de traverser la région quaternaire com-
prise entre l'Oued Rhir et Ouargla, où les eaux sont de qualité détestable.
» 2" Constitution géologique de la région des steppes. — Dans la région des steppes, qui
s'étend du sud au nord entre Laghouat etBoghar, existe une vaste dépression fermée, sorte
(le méditerranée dont le fond est occupé par deux grands lacs salés appelés Zalirez. On
peut signaler, dans la zone méridionale de ces steppes, les terrains suivants : i" Le terrain
crétacé comprenant le terrain néocomien, la craie chloritée, la craie blanche; 2" le ter-
rain quaternaire saharien; 3" le terrain d'alluvions anciennes; 4" le terrain d'alluvions
actuelles.
u Le terrain crétacé présente, aux environs de Laghouat un système particulier de cuvettes
montagneuses, isolées les unes des autres. On y trouve, en allant de haut en bas, des couches
de dolomies, de gypse et de grès quarizeux, alternant avec des marnes violettes. Quelques
sources impoitantes émergent du terrain crétacé. Leur débit pourrait être augmenté par
des coups de sonde d'une faible profondeur,
» Le terrain quaternaire présente les mêmes caractères minéralogiques que sur la lisière
nord du Sahara. Les ravinements qu'il a subis ont produit les dépressions que suivent
( ,33y )
les cours d'eau actuels. Le débit de ces derniers a diminué à la suite des siècles et le niveau
des eaux a également baissé. A une époque très-reculée, les jiluies diluviennes devaient
être très-fréquentes dans cette région, et hors de proportion avec les pluies de l'époque
actuelle.
" Les massifs montagneux de la région centrale des steppes appartiennent à la formation
crétacée, de même que ceux de la région méridionale. Ils présentent la même alternance
de roches. On y trouve des fossiles nombreux qui permettent de constater la présence des
étages suivants : terrain miocène, craie blanche, craie chloritée.
« Les couches crétacées forment, en général, de grandes ondulations qui sont propres à
l'existence de nappes souterraines. La puissance de ces dernières est favorisée par les pluies
souvent considérables qui tombent sur les massifs montagneux entourant le Zahrez et par la
vigoureuse végétation arborescente qui couvre ces massifs.
» Il existe sur la lisière méridionale du bassin des Zahrez une bande très-étroite de ter-
rain tertiaire supérieur et qui prend un plus grand développement sur les bords de l'Oued
Melali, en amont du rocher de sel. Il y forme une espèce de golfe de 8 kilomètres de large
qui affleure au milieu de la chaîne crétacée du Djebel Sahari. Les couches pliocènes étant
plus ou moins perméables à cause de leur nature sableuse, leur plongement général au nord-
ouest les rend propres à fournir des eaux jaillissantes, ou du moins ascendantes, dans un
trou de sonde qui, probablement, n'aurait pas une grande profondeur.
» Le Zahrez Rharbi et le Zahrez Chergui sont de vastes salines naturelles enclavées dans
le terrain quaternaire. Elles pourraient livrer au commerce d'immenses quantités de sel de
bonne qualité, si une voie ferrée allant de Laghouat à Boghar et remontant la vallée de
Chétif jusqu'à Amourah et Affreville, les reliait au chemin central d'Alger à Oran. Aujour-
d'hui elles ne sont exploitées que pour les besoins des tribus arabes qui les entourent. Le
Zahrez Rharbi (de l'Ouest) reçoit sur sa rive méridionale un affluent, l'Oued Jlalah, qui
passe au pied du rocher de sel de Rang el Melah, et un autre affluent, l'Oued Iladjera, qui
passe au pied du rocher de sel d'Aïn Hadjera. Ces deux gîtes de sel gemme sont très-remar-
quables par leur constitution géologique. Le sel y est associé à des argiles gypseuses bario-
lées et à une roche éruptive, de telle sorte qu'on peut les considérer comme le résultat
d'éruptions boueuses, gypso-salines, qui sont sans doute contemporaines, et se sont pro-
duites à travers une double enveloppe de terrain crétacé inférieur et de terrain tertiaire su-
périeur, au commencement de la période quaternaire.
» Le long des rives méridionales des deux Zahrez, il y a une ligne de dunes, qui ne sont
autre chose que le prolongement des couches quaternaires qui se relèvent au sud, contre
le flanc du Djebel Sahari. Elles se composent généralement de sables quartzeux jaunâtres,
alternant avec quelques assises d'argiles bitumineuses noires et de sables argileux tenaces,
sur lesquels la stratification est nettement accusée. Au milieu des dunes traversées par
rOued Kaurirech, affluent du Zahrez Rharbi, on observe des couches de calcaire très-dur et
une couche de gypse de i mètre de puissance. Au sommet d'une dune, située au sud du
Zahrez Chergui, il y a une couche horizontale de travertin calcaire, de o"',3o d'épaisseur.
En coupant les dunes, du nord au sud, on remarque que leurs sommets se trouvent sur une
surface à peu près plane, qui se relève en pente douce contre les montagnes crétacées du
sud. Tous ces faits ])ronvent que les dunes du bassin des Zahrez ne sont pas le résultat de
l'accumulation des sables apportés par les vents. Ce sont des couches régulières de sables de
173..
( '34^) )
lit période saliarienne ou quaternaire, qui ont été déposées par des eaux douces ou sau-
iiiàircs. Les vents modifient légèrement le relief extérieur des dunes, qui peut varier d'un
joui' à l'autre ; mais la masse générale des sables ne se déplace pas et les dunes sont aujour-
d'hui dans la même position qu'elles occupaient à l'origine de la période géologique ac-
tuelle.
» 11 existe, en plusieurs points des bords du Zalirez Rliarbi, des sources d'eau douce,
qui, par leur température élevée et à peu près constante en toute saison (i8°,5o à 21 de-
grés) et leur situation au milieu d'un sol plat, loin de tout accident de terrain, doivent être
considérées comme des sources jaillissantes naturelles. L'une de ces sources, appelée Moeta
Dckdenu, est d'autant plus remarquable qu'elle jaillit au milieu de la nappe d'eau salée
du Zahrez Rliarbi. Les couches quaternaires, formant une véritable cuvette, dont le Zahrez
occupe le fond, il était à présumer que les puits artésiens donneraient de l'eau jaillissante à
proximité des bords du lac. Cette prévision a été couronnée de succès, quatre sondages ont
été exécutés sur les bords du Zahrez Rliarbi
» La zone septentrionale de la région des steppes, outre les formations géologiques citées
précédemment, renferme au nord-ouest un très-petit affleurement de terrain jurassique, et
au nord-est un îlot assez considérable de calcaire nummulitique, celui de Birin. Le terrain
iiliocène y est entièrement caché par les vastes dépôts quaternaires qui constituent les plaines
de cette région. Il a été reconnu en profondeur dans les sondages de Chabounia et de Sbitéia.
A l'exception de l'époque des pluies d'hiver, il y a généralement très-peu d'eau courante
dans le haut Chélif qui est le fleuve de l'Algérie dont le bassin a le dévelo|)pement le plus
considérable. Aussi comme il traverse des plaines immenses de terrain quaternaire, resser-
rées parfois entre des massifs montagneux de terrain crétacé, ces détroits paraissent favo-
rables pour la concentration des nappes souterraines et la recherche des eaux jaillissantes.
Certains massifs crétacés de cette région sont remarquables par les sources abondantes
d'excellentes eaux potables qui en sortent et qui vont se perdre à peu de distance de leur
origine dans les plaines quaternaires. Plusieurs de ces sources sont de véritables rivières, on
citera l'Aïn Zerguin qui débite 200 litres par seconde.
a 3° Constitution géologique de la lisière sud du Tell. — La lisière méridionale du Tell
est formée principalement par le terrain tertiaire moyen qui renferme un grand nombre de
sources d'eau potable dont plusieurs sont dues à l'existence de nappes aquifères ascendantes.
L'inclinaison des couches varie de manière à former de grandes ondulations très-favorables,
par suite de la composition minéralogique du terrain, à la production de nappes souterraines
qu'on pourrait amener au jour au moyen de puits artésiens dont la profondeur ne dépasse-
rait pas 3oo mètres probablement.
» Les sources miocènes surgissent, la plupart, à la séparation des grès et des marnes.
Elles sont produites jiar les eaux de pluie qui s'infiltrent à travers les fissures des bancs de
grès, sont arrêtées par les marnes et arrivent au jour en glissant à la surface des couches
de marne par un trajet oblique sur la ligne de plus grande pente de ces dernières.
B Plusieurs sources émergent par sijihonnemcnt, ira])rèsle mécanisme des eaux jaillissantes.
On citera les sources de Bogbar et celles de la nappe aquifère qui affleure entre Rharbia et
Ain el Abiod, au sud Aïn bou Cif. Ces faits ont une grande importance, parce qu'ils indi-
(fuent la possibilité d'obtenir des eaux jaillissantes dans les ondulations que présentent les
couches tertiaires.
( .3/,. )
» Les sources qui émergent à travers les fissures des bancs de grès sont, en général,
fraîches, limpides et de bon goût. Les eaux qui coulent ensuite à la surface des marnes
tertiaires deviennent louches et prennent un goût saumàlre fort désagréable. Le débit des
sources pourrait être augmenté, pour la [ilupart d'entre elles, au moyen de travaux de
puits et de galeries souterraines.
» La température des diverses sources d'eau potable a varié entre i5 et 19 degrés dans la
partie montagneuse et froide du terrain tertiaire moyen. On a trouvé 21 degrés centigrades
pour les sources salées des Rebaïa, près d'Harmela. Cette dernière température provient,
sans doute, de ce que ces sources sont de véritables sources jaillissantes, passant sur un
gîte de sel gemme, qui se trouve à une certaine profondeur sous le sol.
» Les sources du terrain crétacé du sud ont souvent un débit beaucoup plus considé-
rable que les sources du terrain tertiaire moyen du nord, et leur température est parfois
plus élevée : elle atteint 27 degrés pour les eaux potables. Cela lient en grande partie à
ce que les sources crétacées viennent d'une plus grande profondeur que les sources ter-
tiaires.
• Je présente, dans la sixième partie, des considérations générales sur les sources natu-
relles du Sahara et de la région des steppes de la province d'Alger, et je fais connaître la
composition chimique des eaux de ces contrées. Plusieurs de ces sources sont thermales
simples, c'est-à-dire qu'elles doivent leur haute température à la profondeur d'où elles pro-
viennent. J'indique les rapports existant entre la composition et l'âge géologique des ter-
rains traversés par les eaux; j'ai ramené à une même formule les eaux potables des divers
groupes que j'ai été amené à établir. Ainsi, pour i en poids de matières salines, je donne
la proportion des divers genres de sels, chlorures, nitrates, sulfates, carbonates, silice et
silicates, contenus dans la composition moyenne de chaque groupe d'eau. On voit ainsi fa-
cilement comment les eaux diffèrent en passant d'un terrain à l'autre. Les eaux des terrains
quaternaires sont, en général, beaucoup plus chargées de matières salines que celles des
autres terrains et, par suite, elles sont moins convenables pour la boisson. Elles contiennent
plus de chlorures, et notamment plus de sel marin que les eaux quaternaires du Sahara de
la province de Constantine. Elles sont donc plus propres que ces dernières à former des
salines naturelles. Aussi trouve-t-on, dans les steppes de la province d'Alger, les grands lacs
salés des Zahrez qui renferment des masses de sel marin beaucoup plus considérables qu'au-
cun des Cholls de la province de Constantine.
» Une carte géologique en trois feuilles, et à l'échelle de 777-5-5^1 > est jointe au Mémoire. »
M. le Secrétaire perpétuel , en présentant à l'Académie la « Carte
agronomique de l'arrondissement de Vouziers (Ardennes) par MM. Meiigy
et Nivoit », extrait de la Lettre d'envoi les renseignements suivants :
1 Cette Carte, au 77577, est la reproduction de celle du Dépôt de la Guerre, agrandie au
double par la photographie.
" Nous aurions pu séparer complètement l'étude du sol superficiel de celle du sous-sol;
mais, si le sous-sol ne détermine pas seul la composition de la terre qui le recouvre, il
conserve presque toujours une influence prédominante sur cette composition; en outre, il
( i34î )
imprime au relief topographiqiie son caractère particulier; il exerce sur la végétation une
action de premier ordre, par la manière dont il se comporte à l'égard des eaux pluviales;
enfin il est essentiel à connaître, ])our la recherche des gîtes d'amendements, des engrais
minéraux, des sources, etc.
» Nous avons donc été conduits à prendre une grande division géologique comme base
de la classification des terres, dans l'arrondissement deVouziers; à faire, en d'autres termes,
une Carte géologique agronomique. Des teintes conventionnelles s'appliquent aux étages
géologiques, que nous avons cherché à subdiviser autant que possible, afin de limiter le
nombre de roches que chacune d'elles devait comprendre.
• Nous avons fait nos efforts pour que notre Carte parlât aux yeux, en rappelant
la nature et les propriétés générales des terrains renfermés dans un même cou)|)artiment
géologique. Ainsi, nous avons représenté les trois éléments fondamentaux de la terre
végétale, le sable, l'argile et le carbonate de chaux, par des couleurs particulières. Les
terrains marneux, ceux où la glaise et le sable jouent le prinrii)al r(Me, comme les terrains
des sables verts, où se trouvent les nodules phosphatés, si appréciés des agriculteurs, sont
également représentés par des teintes spéciales. Lesalluvions anciennes sont distinguées des
alluvions modernes.
X Chacun des compartiments géologiques porte, en outre, des lettres indiquant la nature
du sol superficiel. Ces lettres sont affectées d'un indice, variant de i à 5, et destiné à ren-
seigner sur le degré d'humidité des terres.
" La Carte est accompagnée d'un volume de texte, partagé en six Chapitres.
» Le Chapitre I [Description physique) donne des renseignements sur la topographie du
sol et sur l'hydrographie.
» Dans le Chapitre II [Description agronomique et minéralogique), chaque terrain est
décrit par ses caractères toi)ographiques, son étendue, sa répartition, sa constitution mi-
néralogique, les matières utiles qu'il peut fournir, la composition chimique des terres vé-
gétales qui le recouvrent, les cultures auxquelles il donne lieu, l'hydrographie souterraine.
Les terres les plus riches de l'arrondissement de Vouziers sont celles qui recouvrent l'argile
à briques ou le limon des alluvions anciennes.
•) Dans le Chapitre III [Culture], nous passons en revue les diverses cultures de l'arron-
dissement, en indiquant l'étendue qu'elles occupent, leur répartition sur les divers terrains,
les sols qui leur conviennent le mieux, leur rendement, les améliorations dont elles sont
susceptibles (terres labourables, terres plantées, prés, vignes, bois, landes), les procédés
d'irrifjation, de reboisement, etc.
» Dans le Chapitre IV [Engrais et amendements), nous étudions les engrais et amende-
ments divers qui se trouvent à la disposition du cultivateur : fumier de ferme, engrais
humain, engrais d'origine animale et d'origine végétale, engrais et amendements d'origine
minérale, engrais industriels. Le sol de l'arrondissement de Vouziers est particulièrement
riche sous ce rapport, car on y trouve en abondance des nodules de phosphate de chaux,
des marnes et des pierres à chaux de bonne qualité. Un certain nombre d'industries laissent,
en outre, comme résidus utilisables, des matières qui ont fait l'objet d'études spéciales de
notre part : telles sont les sucreries, les distilleries, les brasseries, les huileries, les tanne-
ries, etc.
( .3/,3)
» Le Chapitre V rontient Jos données concernant la population, dans ses rapports avec
la nature du terrain, le mode d'exploitation du sol, les matériaux de constrnction et les
voies de con)munication.
» Enfin le Chapitre VI donne une description de chacune des cent vingt et une communes
de l'arrondissement; c'est celui qui sera consulté avec le plus de fruit par le cultivateur. »
M. le Secrétaire perpétuel donne lectnre de la T,etlre suivante, qui lui
est adiessée par M. A. Po'éy, concernant les « Rapports entre les taches
solaires, les orages à Paris et à Fécamp, les tempêtes et les coups de vent
dans l'Atlantique nord » :
« Veuillez me permettre, monsieur le Secrétaire, de compléter mes dernières recherches
sur les rapports entre les taches solaires et les ouragans (i). J'ai trouvé que les orages à Paris
et à Fécamp coïncident, ainsi que les ouragans aux Antilles, avec les maxima des taches;
mais quant aux tempêtes et aux coups de vent violents de l'extrême nord de l'Atlantique,
celte coïncidence s'est, au contraire, présentée avec les minima des taches.
>) Le tableau ci-joint embrasse 1067 orages, compris dans la période de 1^85 à 1872, et
qui se trouvent inscrits dans les registres météorologiques de l'Observatoire de Paris, cor-
respondant aux mois d'avril, mai, juin, juillet, août et septembre. M. E. Marchand, qui en
fait lui-même le dépouillement, a eu la bonté de me remettre une copie de ces précieux
documents. Ce savant m'a encore communiqué les 3 10 orages qu'il a observés à Fécamp,
de 1853 à 1872, pendant ces mêmes mois. Je dois enfin à l'extrême obligeance de M. W. von
Freeden, directeur à Hamburg des Observatoires maritimes de l'Allemagne, les 8?.9 tempêtes
et coups de vent observés dans l'Atlantique nord sur les routes des bâtiments à vapeur de
la compagnie Ltnyd, allant de la Manche à New-York et vice ver.'in. Ces 82g coups de vent
violents correspondent aux n°' 10, 1 1 et 12 de l'échelle de Beauford, et sont désignés sous le
nom de tempêtes ou ivholc Gales. De i86o à 1867, nous avons environ 100 tempêtes par an;
sur un total de 374 voyages, on trouve une moyenne de 2 coups de vent n" 10 par voyage,
et par chaque intervalle de six jours de voyage, une moyenne de i coup de vent d'au moins
six heures de durée. Si l'on comptait les vents du n" g comme des tempêtes, on aurait, sui-
vant M. von Freeden, 2600 tempêtes dans ces huit années.
» La distribution des orages à Paris, de 1785 ;ï 1872, embrasse huit périodes maxima
t!-' taches solaires, dont si.r concordent avec les maxima d'orages, ce sont celles de 1804,
1816, 182g, 1837, 1860 et 1870; la période de 178g présente une hausse, mais en même
temps elle offre, en 1794, un second maximum d'égale valeur, et à égale distance entre le
maximum et le minimum suivant; la période de 1848 s'élève également avec un retard de
trois ans. Maintenant, des huit périodes minima, cinq coïncident avec les taches : celles de
1784, 1798, 1823, i833et i856; la période de i844 n'est pas bien tranchée, parce que
les orages augmentent après avoir graduellement baissés à partir du maximum de 1837 ;
mais il est vrai qu'ils diminuent considérablement jusqu'en 1847, ''"fis ans après, pourre-
(1) Voir les Comptes tendus, séance du 24 novembre, p. 1232.
{ i344 )
monter au maximum suivant de 1848; la période de 1867 fait défaut. Enfin la période de
18 10 offre un maximum considérable en place d'un minimum. C'est l'unique et étrange ano-
malie (jue l'on observe dans ces seize périodes des orages, dont onze correspondent aux pé-
riodes des taches solaires, deux sont assez satisfaisantes, deux sont douteuses, puis une est
entièrement manques.
• En comparant ce résultat avec celui ipie j'ai déjà obtenu pour les ouragans des Antilles,
on voit que les six périodes maxima des orages correspondent aux mêmes six périodes
maxima des cyclones, sauf celle de 18G0 qui nous a offert le maxiuiuni de ces perturbations
dans l'océan Indien sud, concordant avec le transport des taches vers l'hémisphère solaire
austral. Pour la période des orages de 178g, on voit un second maximum en 1794 d'égale
valeur, et l'on trouve de même pour les ouragans un léger maximum en 1792. Il y a encore
dans les ouragans et dans les orages un retard pour la période de 1848, qui est seulement
plus considérable pour les derniers. Quant aux cinq périodes d'orages et d'ouragans con-
cordant avec les taches, elles sont exactement les mômes, sauf celle de 1784, que j'ai pré-
sentée comme douteuse pour les ouragans; mais, considérant que l'année 1783 n'en présente
point, le maximum aurait pu s'anticiper de plus d'une année, ainsi qu'il arrive quelques
fois. La baisse de 1847, pour les orages, se retrouve dans les ouragans, bien que moins con-
sidérable. Dans la période de 1867, les cas d'ouragans ne sont pas assez nombreux pour
permettre une comparaison exacte. Finalement la période de 1810, faisant défaut à la fois
dans les ouragans et les orages, présente un maximum, en 1810, pour les premiers et en
1811 pour les derniers, puis un second maximum en 181 3 de part et d'autre. Ainsi la ré-
partition des orages à Paris, et des ouragans aux Antilles, jiaraît correspondre d'une manière
frappante aux périodes maxima et minima des taches solaires, non-seulement à l'égard de
leurs coïncidences, mais encore par rapport à leurs discordances. Une telle concordance
entre deux perturbations de nature différente et sous des latitudes tellement éloignées, ne
peut avoir ((u'une origine cosmique.
•> Dans la répartition des orages à Fécamp, le minimum de i856 et le maximum'de 1860
se sont anticipés à peu près d'une année sur les périodes des taches solaires; le minimum
de 1867, comme dans les orages à Paris, fait défaut; enfin le maximum de 1870 coïncide,
ainsi qu'à Paris, un an après le maximum des taches.
» Si l'on envisage les 829 tempêtes et coups de vent violents de l'extrême nord de
l'Atlantique, dans le trajet de la Manche à rsew-York, on trouve que le minimum de cas
correspond au maximum des taches solaires de 1860, et le maximum de cas au minimum
des taches de 1867; mais ce fait nouveau s'expliquerait probablement par la circonstance
suivante : M. von Freeden a trouvé que le plus grand nombre de ces tempêtes a lieu entre les
méridiens de 32 et de 57 degrés ouest; qu'il y a une différence de 12 pour 100 entre cette zoge
et celle d'égale étendue comprise entre 7 et 32 degrés; que cette différence est très-frappante
pour l'intervalle entre Sa et 47 degrés, et qu'elle n'a lieu ((u'avec les vents de l'ouest; que
dans la zone de 57 à 76 degrés, les tempêtes du nord-est sont bien plus nombreuses que
dans les autres sections, tandis qu'en dehors de la Manche, entre 7 et 32 degrés, les tem-
pêtes de l'est sont remarquablement plus fréquentes, mais qu'elles ne disparaissent pas dans
le dernier tiers de la route aussi comjjlétement (pie celles de l'ouest; que les vents de l'est
sont manifestement plus nombreux sur les côtes est et ouest de la zone centrale comprise
( '34'i )
enire Sa et 47 degrés. M. von Freeden conclut que les parties centrales de l'Atlantique nord
foinient le point de départ, aussi bien pour les vents d'ouest qui soufflent vers l'Europe,
que ])our les vents d'est qui soufflent vers rAuicri(|ue; car c'est principalement entre ces
méridiens que descend le courant polaire froid, amenant avec lui les glaces arctiques, et que
le vent s'échappe de cette large zone pour se répandre dans l'atmosphère plus chaude de ses
limites orientales et occidentales (i).
» J'ajouterai qu'avant iSSj le capitaine R. Inglis avait fixé la limite ouest du courant
équatorial entre les méridiens à 4° et 5o degrés ouest, dans le trajet de Liverpool à
Kew-York. A cette limite, le courant équatorial descend, souffle du sud-ouest, tandis que
le courant polaire souffle du nord au nord-nord-est, et, par leur collision, il se pro-
duit un vent d'ouest constant entre 4o degrés de longitude ouest et l'Angleterre, extrême-
ment favorable pour les voyages de retour. Le capitaine H. Toynbee remarque que la
limite ouest du courant équatorial, assignée par M. Inglis, correspond à la limite est de
la première rencontre des eaux froides, en partant d'Angleterre, et où les perturbations
des vents du nord sont très-fréquentes. Ce savant a prouvé que le contact des eaux froides
et des eaux chaudes donne lieu à un renversement des vents régnants, analogue aux
brises de terre et de mer, ainsi qu'à des coups de vent et à des tempêtes vers une de ces
limites (2).
» D'après M. von Freeden, c'est principalement en décembre et ^n janvier qu'eurent lieu
les 829 tempêtes signalées dans le tableau. Les vents de l'ouest au nord-nord-ouest prédo-
minent, ensuite viennent ceux du nord à l'est-nord-est, le chiffre le moins élevé étant celui
des vents de l'est au sud-sud-ouest ; mais les tempêtes les plus violentes commencent
généralement du sud-sud-ouest ; le vent tombe tout à fait et saute ensuite en passant par
le sud; il tourne alors rapidement au nord-ouest, ou, pour mieux dire, le vent froid et dur
du nord-ouest fait éruption avec une force insurmontable dans le courant raréfié du sud-
ouest.
» Nous avons donc, au centre même de l'Atlantique, deux systèmes de tempêtes, les unes
produites par la prédominance du courant polaire et le refoulement du courant équatorial
à la limite de contact entre les eaux froides et les eaux chaudes du gulf-stream : ce sont les
tempêtes hivernales et européennes; les autres, inversement produites à cette limite par la
prédominance du courant équatorial et le refoulement du courant polaire : ce sont les vrais
ouragans de l'équinoxe, qui nous arrivent delà région intertropicale, à partir de 10 degrés
de latitude nord. Le rapport que je trouve maintenant entre ces deux systèmes de pertur-
bations cycloniques et les taches solaires consiste en ce que la prédominance et l'énergie
du courant polaire correspondrait aux minima des taches, tandis que la prédominance et
l'énergie du courant équatorial correspondrait aux maxima des taches. Mes études sur ces
deux courants antagonistes ne sont pas encore terminées ; mais, dès à présent, je puis an-
noncer, d'après une série d'observations de 1810 à 1866, que des deux vents généraux qui
régnent alternativement dans le détroit de Gibraltar, celui de l'est correspond à la période
_ — __ »
( i) Mitthcilun^en ans (1er Norddeutschen Seewarte, Hamburg, 1870. N" m, p. i-55,
(2) Report on the Meteorology of the North Atlantic. London, i86g. Non-Offîcial. —
N° 2, p. 9-1 !•
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVII, N" 22.) • l^
( i34G )
minima des taches solaires, et celui de l'ouest, à la ppr'wde maxinia des taches; ce dernier,
corame les ouragans du sud-ouest, provenant des Antilles.
Périodes maxima et minima des taches solaires, des orages h Paris et h Fécamp,
et des tem/iétes dans l'extrême nord de l'Atlantique.
Minira.
1784,8
Maxim.
1789,0
Minim.
.798,5
Maxim.
1804,0
Minim.
1810,5
Maxim.
i8iG,8
Minim.
1823,2
Maxim.
1829,5
ORAGES A PARIS.
1785.
I7SG.
.787.
17S8.
1789.
1790.
179' •
1793.
'794-
1795.
1796.
■ 797-
.798.
1799-
1800.
1801.
i8o_>.
i8o3.
1804.
i8o5.
1806.
1807.
1S08.
1809.
iSio.
1811.
lSl3.
i8i3.
1 S 1 4 .
i8i5.
1816.
1817.
iSi«.
1819.
i8>o.
1821.
l8>2.
1823.
i8a4.
1895.
18-26.
i8>7.
1828.
,829.
10
- 8
il
20
8
10
i5
12
8
12
28
... 8 I
12
23
- 6
6
1 1
10
-19
18
i5
i3
28+
26
42
3o
20
28
32-1-
27
29
'7-
^9
33-t-
Minim.
i833,8
Maxim.
18.37,2
Minim.
■ 844,0
Maxim.
1848,6
Minim
i8.:i6,3
Maxim.
1860, 2
Minim.
1867,2
Maxim.
1870,7
ORAGES A PARIS.
iS3o..
• ''1
i83i..
. i3
18.32..
. 1^
i833..
- 8
1S34..
. 18
1835..
. .3
i836..
A-in
18.37..
i838..
.. 19
1839..
. . 21
1840..
• • 7
1841..
.. .5
1842..
.. 12 1
1843..
.. 9 !
1844..
. . 22 1
1845..
.. .4
i846..
.. 8
.847..
.. 3
i848..
. . II
1849..
. . 10
i85o..
■• 9
i85i..
.. 6
i852..
.. 17
i853..
■ • 17
1854..
. . 10
i855..
. . 9
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.. 8
1857..
.. .1
i85S..
— 5
1859. .
. . 10
1860..
.. 8
1861..
.. .6
1862..
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.863..
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.. 6
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. . 10
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. . 10
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-l-Ji
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37
22 —
3l
40-H
40
22
21
36
34
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1.) —
2 4-(-
21
16
'9
[067
ORAGES A FECAMP.
• 9
. 13
— 7
. 1 1
,. 16
. 20
-t-22
• 9
. 22
,. .6
•• 9
• 9
. . 21
. 12
. 19
. 16
.. 18
. .6
19—
TEMPÊTES
(OCÉAN ATLANTIQUE).
Total... 3.0
42-t-
3.
. . . — 25
.... 3o
23
.... 8.
.... 123
3o
.... 107
.... 72
3.
• • -1-199
.... 192
3Z,
Total..
34-1-
204
179
39T-
829
Nota. — I.os périodes des orages et des tempêtes, marquées -f- et — , coïncident avec les jjô-
riodes dus taches solaires. Pour les orages, sur huit maxima, six concordent; sur huit minima,
cinq concordent.
Le minimum des tempêtes corresponc^an maximum des taches, et le maximum des tempêtes au
minimum dus taches.
Errata au dernier tableau des ouragans : Usez sur onze minima, cinq concordent.
( >V,7 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Note préliminaire sur les éléments existant
dans le Soleil; par M. N. Lockyer. (Présentée par M. Dumas.)
« Dans une Communication présentée à l'Académie, le3o décembre 1872,
j'ai démontré que le caractère sur lequel on s'appuyait pour reconnaître
qu'un métal existait ou n'existait pas dans le Soleil, c'est-à-dire la pré-
sence ou l'absence des raies les plus brillantes et les plus fortes de ce
métal dans le spectre solaire, n'était pas un caractère absolument sûr, et
que la démonstration la plus certaine était la présence ou l'absence des
raies les plus longues de ce métal, ces longues raies étant celles qui per-
sistent le plus dans le spectre après que la pression de la vapeur a diminué.
» J'ai dit, dans cette Communication, à propos de l'essai en question :
« Ce caractère nous permettra bientôt, sans doute, de déterminer la pré-
)i sence de matières nouvelles dans l'atmosphère du Soleil; et l'on voit
» déjà, en consultant la dernière Table des éléments solaires, par Thalén,
» qu'on doit, d'après les résultats donnés par la nouvelle méthode, ajouter
)) le zinc, l'aluminium et peut-être le strontium aux éléments inscrits sur
» cette Table. »
» En vue de poursuivre ces recherches dans les conditions les plus
avantageuses, il sera nécessaire de dresser des cartes complètes des raies
longues et courtes de tous les éléments. Cependant il n'est pas absolument
indispensable d'attendre qu'une série complète de ces cartes ait été exécutée
pour commencer des recherches préliminaires, car les listes des raies,
données par les différents observateurs, peuvent servir à établir quelles
sont les raies les plus longues ou les phi? courtes, parce que j'ai démontré
que les raies reconnues à une température basse ou bien fournies par une
faible proportion de métal, ou bien encore par un de ses composés chi-
miques, sont précisément celles qui apparaissent les plus longues quand
on observe le spectre complet de la vapeur pure et dense.
» Quant aux différentes listes ou cartes publiées par les divers obser-
vateurs, on sait qu'il a été employé des températures très-différentes
pour produire les spectres : quelques savants se sont servis de l'arc élec-
trique avec une batterie très-puissante; d'autres ont employé l'étincelle
d'induction avec ou sans la bouteille de Leyde. Dans certains -cas, on
a mis en usage les chlorures des métaux ; dans d'autres, on a opéré sur
des échantillons des métaux eux-mêmes.
» Tl est donc évident que cette diversité dans les méthodes ou dans les
174..
( i3/,8 )
produits ne peut manquer d'amener des différences dans les résultats, et, en
comparant plusieurs tables ou cartes des spectres entre elles, nous trouvons
sur quelques-unes une grande quantité de raies qui sont omises sur les au-
tres. Lorsqu'on se reporte aux méthodes employées pour dresser ces tables,
on reconnaît de suite que les listes les plus complètes proviennent des
observateurs qui ont employé les batteries d'une grande puissance et les
électrodes métalliques, tandis que les listes les moins riches sont données
par les observateurs qui emploient de faibles batteries ou des chlorures.
Les listes de ces derniers donnent seulement les raies les plus longues;
celles qu'ils omettent, et qui sont signalées par les premiers, sont les raies
les plus courtes.
» Dans les cas où je n'ai pas pu tracer moi-même le spectre, par la nou-
velle méthode d'observation mentionnée dans mon Mémoire, j'ai considéré
les raies les plus longues comme étant ainsi approximativement déter-
minées, car il paraissait désirable, à cause du grand nombre de raies non
dénommées dans le spectre solaire, de rechercher de suite les plus lon-
gues raies des éléments, sans attendre que les cartes fussent complètement
dressées.
» M'étant décidé à faire cette recherche préliminaire, je voulus me
tracer une route en m'assuranf s'il existait quelque qualité qui pût établir
une différence entre les éléments déjà reconnus dans le Soleil et ceux que
l'on n'y avait pas découverts. Dans ce but, je chargeai mon préparateur,
M. R.-J. Friswell, de préparer deux listes des principaux caractères chi-
miques des éléments dont la présence était déjà reconnue, et de ceux
que l'on n'avait pas trouvés dans le Soleil. Ce travail fut fait en prenant un
certain nombre des composés les mieux connus de chaque élément,
tels que ceux qui sont formés par l'oxygène, le soufre, le chlore, le
brome ou l'hydrogène, et en les classant en stables ou instables. Lors-
qu'il n'existait pas de composé, on l'indiquait.
» Deux tables furent donc dressées, l'une contenant les éléments so-
laires, l'autre plus considérable, contenant les éléments non solaires, d'a-
près nos connaissances du moment.
» Ces tables me démontrèrent, par leur comparaison, qu'en général les
éléments solaires connus forment des composés d'oxygène stables.
» J'ai dit en général, parce que la différence n'était pas absolue, mais
elle était assez forte pour me décider à commencer mes opérations par la
recherche, dans le Soleil, des éléments disposés à créer des oxydes forts.
» Le résultai, jusqu'à présent, est que le strontium, le cadmium, le
( <34o )
cuivre, le cérium et rtiranium, ajoutés aux éléments de la liste de Tlia-
lén (*), semblent, très-probahlement, devoir exister dans la couche absor-
bante du Soleil. Si, dans la suite, la présence du cérium et de l'uranium
dans le Soleil se confirme, le groupe des métaux du fer s'y trouvera au
complet.
» Comme contre-épreuve, on rechercha les métaux qui forment des
oxydes instables, tels que l'or, l'argent, le mercure. On n'en trouva aucun.
« Le même résultat négatif se présenta quand on rechercha les raies
dues à l'étincelle de la bouteille de Leyde, éclatant dans le chlore,* le
brome, l'iode et antres corps non métalliques du groupe formant des
combinaisons avec l'hydrogène.
» D'antres recherches m'ont amené aux conclusions suivantes :
» I. L'absorption de quelques gaz élémentaires ou composés est limitée à
la partie la plus réfrangible du spectre, quand les gaz sont rares, et gagne
graduellement la partie violette et finalement l'extrémité rouge du spectre,
à mesure que la pression s'accroît.
n n. L'absorption générale et l'absorption sélective de la lumière de
la photosphère et, par conséquent, la température de la photosphère du
Soleil sont beaucoup plus grandes qu'on ne l'a supposé.
» m. Les raies des composés d'un métal avec l'iode, le brome, etc.,
sont généralement observées dans l'extrémité rouge du spectre, ce qui
vient corroborer l'absorption dans le cas de la vapeur d'eau.
» Ces spectres, comme ceux des métalloïdes, sont séparés spectroscopi-
quement de ceux des éléments métalliques par leur apparence en colonnes
ou en bandes.
» IV. Il n'y a, très-probablement, aucun composé habituellement pré-
sent dans la couche absorbante du Soleil.
» V. Quand un composé métallique en vapeur, comme ceux dont il est
question au n° III, est dissocié par l'étincelle, les bandes spectrales du
composé s'effacent et les lignes les plus longues du métal apparaissent, sui-
vant la température employée.
» Quoique notre connaissance des spectres des étoiles soit malheureu-
sement bien incomplète, j'extrais les faits suivants des observations si déli-
cates et si habiles faites par Rutherfurd et par le P. Secchi.
» yi. Le Soleil, autant que nous pouvons en juger par son spectre, peut
être considéré comme le représentant d'une classe (|S) et l'intermédiaire
(*) Dans CCS derniers jouis j'ai délerniinc ritjoureiiscmenl rexistcnre de potassium.
( i35o )
entre les étoiles (a) ayant un spectre de même nature, mais beaucoup plus
simple, et les étoiles (7) dont le spectre est beaucoup plus compliqué et
d'une nature différente.
» VIT. Sirius, comme type de la classe (a) est la plus brillante, et,
par conséquent, la plus chaude (?) des étoiles de notre ciel du nord.
On sait, d'une manière certaine, qu'elle contient de l'hydrogène; les autres
raies métalliques sont extrêmement fines et indiquent seidement la présence
d'une faible proportion de vapeurs métalliques, tandis que les raies de l'hj-
drocjène dans cette étoile sont énormément élargies; ce qui montre que la chro-
mosphère est en grande partie composée de cet élément.
» Il y a d'autres étoiles brillantes de la même classe : on peut nommer
a Lyrœ,
» VIII. Comme types de 7, les étoiles rouges peuvent être citées; leur
spectre est composé d'espaces cannelés et de bandes : d'où il suit que les
couches absorbantes de ces étoiles contiennent probablement des métal-
loïdes ou des composés, ou peut-être l'un et l'autre, en grande quantité,
et dans leur spectre non-seulement l'hydrogène manque, mais les raies
métalliques sont réduites en épaisseur et intensité, ce qui, au point de vue
indiqué au n" V, indiquerait que les vapeurs métalliques sont entrées en
combinaison. Il est naturel de supposer que ces étoiles sont à une tempé-
rature plus basse que celle de notre Soleil.
» Je me suis demandé si ces faits, groupés ensemble, ne pourraient pas
justifier l'hypothèse (*) que, dans les couches absorbantes du Soleil et
des étoiles, plusieurs ordres de dissociations célestes seraient en train de
s'accomplir et em|)écheraient le rapprochement des atomes, qui, à la tem-
pérature de la Terre et à toutes les températures artificielles qu'on ait pu
atteindre jusqu'ici, composent les métaux, les métalloïdes et les composés
connus.
» D'après cette hypothèse, les corps que nous appelons étéme/its, et qui
ne se trouvent pas dans les couches absorbantes des étoiles dont la tem-
pérature est très-exaltée, seraient en voie de formation dans l'atmosphère
coronale et en voie de destruction à mesure que la densité de leur vapeur
les ferait descendre; et non-seulement leur absorption serait faible en
conséquence de la réduction de pression de celle région; mais, quelle
que fût cette absorption, elle serait probablement limitée, entièrement ou
en grande partie, à l'extrémité invisible ultra-violette du spectre dans le cas
(*) l/^orking /ijjwl/usis.
( -^'' )
des corps simples, tels (jue les gaz purs, leurs cotnbiuaisons et le chlore.
{Foirl.)
» La démonslration spectroscopique relative à ce qu'où peut appeler
la plnslicilé des molécules des mélalloïdes, compreuant, bien entendu,
l'oxygène et l'azote, mais excluant l'hydrogène, est si absolue, que l'ab-
sorption de l'iode, quoique généralement ce corps soit transparent pour
la lumière violette, peut être poussée en partie dans le violet du spectre,
ainsi que je l'ai trouvé en répétant une expérience du docteur Andrews
sur le dichroïsme de l'iode, dans laquelle j'ai observé le spectre, car l'iode
en solution dans l'eau ou dans l'alcool se départit aussitôt de ses qualités
d'absorption ordinaires et arrête la lumière violette.
» La comparaison préliminaire de l'absorption ordinaire du spectre
d'iuie couche de 6 pieds de chlore ne rend pas improbable que le chlore,
à une basse température, soit la cause de quelques-unes des lignes de
Frauenhofer dans le violet, quoique, comme je l'ai dit d'abord, je n'aie
rien obtenu d'évident à l'égard de l'interversion des raies brillanics du
chlore vues dans l'étincelle de la bouteille de Leyde.
» Il y a aussi une coïncidence apparente entre quelques-unes des raies de
Frauenhofer et quelques raies d'absorption de l'iode à faible température.
M Si des recherches subséquentes confirment cette hypothèse pratique,
il semble probable que les météorites de fer se relieront aux étoiles tué-
talliques, et les météorites pierreux aux étoiles caractérisées par des métal-
loïdes ou des composés. Parmi les métaux du groupe du fer, connus dans
le Soleil, le fer et le nickel sont ceux qui y existent en plus grande quan-
tité, ainsi que je l'ai reconnu par le nombre des raies renversées. Ou pour-
rait aussi se reporter à d'autres faits frappants, tels que la présence de
l'hvdrogène dans les fers météoriques.
» Une spéculation de physique très-intéressante, qui se rapporte à cette
hypothèse, est de savoir l'effet qui serait produit sur la période de durée
de chaleur d'une étoile, en supposant que les atomes primaires dont l'étoile
est composée sont en possession de l'excès d'énergie potentielle de combi-
naison dont cette hypothèse les a doués. Depuis les premières phases de
l'existence de l'étoile, la dissipation de l'énergie mettrait en action, à tout
moment, une nouvelle quantité de chaleur qui servirait ainsi à prolonger
sa vie.
» Si les chimistes s'emparaient de cette question, qui surgit de l'évi-
dence spectroscopique, de ce que j'ai appelé la plasticité des molécules
des mctalloïdes prise dans son ensemble, il se pourrait aussi qu'une grande
( i3:)u )
partie de 1h puissance de variation qui est accordée à présent aux métaux
fût reportée aux métalloïdes. Je ne puis qu'indiquer ce fait; autant que
j'en puis juger, les changements d'atomicité se produisent dans les cas où
les métalloïdes sont intéressés et jamais quand les métaux seuls sont en
question.
» Comme exemple, je puis citer les combinaisons triatomiques formées
par le chlore, l'oxygène, le soufre, etc., dans les cas des métaux tétrades
ou hexades.
« Ne pourrions-nous, d'après ces données, définir avec justesse un mé-
tal, en disant que c'est une substance dont le spectre d'absorption est gé-
néralement le même que le spectre de radiation, tandis qu'un métalloïde
serait une substance dont le spectre d'absorption différerait généralement
du spectre de radiation? En d'antres termes, cela signifie qu'en passant d'un
état chaud à un état comparativement froid, la plasticité de ces derniers
entre en action, et nous obtenons un nouvel arrangement moléculaire.
» Ne sommes-nous pas alors autorisés à demander, par exemple, si la
transformation de l'oxygène en ozone ne serait pas simplement un type
d'un phénomène propre à tous les métalloïdes? »
CHIMIE. — Sur In nature des ëlémenls chimiques. Observations présentées
par M, Berthelot, à propos de la Communication de M. N. Lockjer.
« Je pense qu'il faut énoncer avec réserve l'hypothèse d'une dé-
composition progressive de tous les corps, sous l'influence d'une tem-
pérature croissante, laquelle ramènerait d'abord les substances com-
posées aux éléments simples actuellement reconnus des chimistes, puis
ceux-ci à des éléments plus simples encore, soit identiques avec certains
de nos éléments actuels, soit même complètement nouveaux.
» En effet les corps simples, tels que nous les connaissons, possèdent
certains caractères positifs qui n'appartiennent pas aux corps composés :
telles sont les relations qui existent entre la chaleur spécifique d'un corps,
sa densité gazeuse et son poids atomique, relations indépendantes de la
température.
» Les gaz simples, sous le même volume et la même pression, absorbent
tous à peu près la même quantité de chaleur pour s'élever de i degré, ce
qui paraît répondre à un même accroissement de force vive. Sous le même
vohmie, leurs poids absolus sont d'ailleurs proportionnels à leurs poids
atomiques, ces derniers étant définis par les rapports pondéraux des com-
( i353 )
binaisons. De là une relation entre les poids atomiques et les chaleurs
spécifiques des éléments : c'est la loi de Duloiig et Petit, découverte
d'abord, comme l'on sait, par l'étude des corps solides. En effet, les poids
atomiques des éléments solides absorbent aussi des quantités de chaleur,
les unes identiques, les autres doubles les unes des autres. On pourrait dire
toutes identiques, à deux ou trois exceptions près, si l'on adoptait les poids
des atomistes modernes; mais on ne retrouverait alors ni une conformité
exacte entre les nouveaux poids atomiques des métaux et les volumes
gazeux qu'ils occupent, ni une conformité exacte entre les nouveaux poids
atomiques des métaux et leurs chaleurs spécifiques sous la forme gazeuse,
chaleurs spécifiques dont la signification théorique est cependant mieux
définie que sous la forme solide. Quoi qu'il en soit de ce dernier point,
la loi de Dulong, pour les gaz simples et même pour les corps solides,
caractérise nos éléments chimiques.
» Or ces éléments tendent à conserver leur chaleur spécifique dans
les combinaisons. Ou a remarqué, depuis longtemps, que le produit de
la chaleur spécifique d'un corps composé solide, par son poids atomique,
c'est-à-dire sa chaleur spécifique atomique, ne diffère guère de la somme
des produits analogues relatifs à ses éléments : la chaleur spécifique ato-
mique d'un corps composé solide est à peu près la somme des chaleurs
spécifiques de ses composants solides, relation qui a été vérifiée par des
centaines d'observations numériques, telles que les déterminations de
chaleurs spécifiques par M. Regnault, par Neumann et, dans ces der-
niers temps, par M. Ropp. En admettant avec Dulong que les atomes de
tous les éléments possèdent une chaleur spécifique identique, on voit que
la chaleur spécifique atomique d'un corps composé solide sera égale à
cette valeur commune multipliée par le nombre des atomes qui forment
le composé.
» Les mêmes relations existent, d'après l'expérience, pour les gaz com-
posés formés sans condensation, tels que le bioxyde d'azote, l'acide
chlorhydrique et l'oxyde de carbone. Il y a plus : M. Clausius et la
plupart des physiciens qui se sont occupés de !a théorie mécanique de
la chaleur admettent que cette relation doit être générale pour les cha-
leurs spécifiques des gaz composés, prises à volume constant et dans l'état
de gaz parfait.
» Sans aller jusqu'à ce terme un peu hypothétique, et sans sortir du
domaine de l'expérience, il convient de remarquer, d'une part, que les
poids atomiques des gaz composés, déterminés par des considérations
C. R., 1873, 2» Semestre. (T. LXXVU, N» 83.) '7^
( i354 )
purement chimiques, occupent en général le même volume gazeux, et,
d'autre part, que la quantité de chaleur nécessaire sous pression constante
pour élever de i degré un certain volume d'un gaz composé et formé avec
condensation est, sans aucune exception , supérieure à la quantité de
chaleur absorbée par le même volume d'un gaz simple sous la même
pression; l'écart est d'autant plus grand que la composition du gaz est
plus compliquée, comme le montrent les expériences de M. Regnault sur
les chaleurs spécifiques des gaz et des vapeurs.
M Ces faits étant admis, il est facile d'assigner quels caractères devrait of-
frir un des corps actuellement prétendus simples, s'il était formé en réalité
par la réunion de plusieurs autres de nos éléments combinés entre eux,
ou bien parla condensation de plusieurs atomes d'un même élément, cette
combinaison ou cette condensation étant supposée comparable à la com-
binaison ou à la condensation qui donne naissance aux corps composés
actuels.
» S'il s'agissait de l'un de nos corps gazeux, réputé à tort élémentaire,
il devrait être formé sans condensation par l'union de ses deux éléments
hypothétiques ; car les gaz composés formés sans condensation sont les seuls
qui présentent la même chaleur spécifique que les gaz simples, sous le même
volume. Tous les autres gaz composés possèdent une chaleur spécifique
beaucoup plus forte et qui tend à se rapprocher de la somme de celles de
leurs éléments. Mais, d'autre part, le poids atomique de l'élément pré-
tendu, déterminé par la loi de Gay-Lussac, serait égal à la moyenne des
poids atomiques des composants et non pas à leur somme.
» D'où il suit qu'il ne peut exister d'élément tel que son atome chi-
mique soit formé par la réunion d'un certain nombre d'atomes identiques
d'un autre élément, à la façon de nos corps composés actuellement con-
nus; il n'existe pas d'élément polymère jouant le même rôle chimique que
l'élément non condensé dont il dérive, c'est-à-dire au sens des composés
polymères de la Chimie organique, dont le poids atomique est la somme
des poids atomiques de leur composant.
» Précisons ces idées par un exemple. Nous pouvons comparer une
série d'éléments dont les poids atomiques sont à peu près multiples les
uns des autres. Tels sont
L'hydrogène, dont le poids atomique est égal à. . . , '. . . i
L'oxygène, environ , i6
L'azote i4
pour nous borner aux gaz dont on a mesuré la chaleur spécifique. Or, si
l'oxygène résultait de l'as-sociation de i6 atomes d'hydrogène, au même
( i355 )
sens que le bioxyde d'azote résulte de l'association de i volume d'azote
et de I volume d'oxygène, il faudrait qu'il occupât un volume à peu près
i6 fois aussi grand : sinon la chaleur spécifique de l'oxygène, telle qu'elle
a été mesurée par M. Kegnault, ne satisferait pas aux lois des chaleurs
spécifiques des corps composés (i). De même l'azote devrait occuper un
volume i/j fois aussi grand. On voit par là que les lois des chaleurs spé-
cifiques gazeuses, déterminées par expérience, établissent une différence
profonde entre nos éléments actuels et leurs combinaisons connues ou
vraisemblables; cette différence est indépendante de la température.
» Les mêmes différences existent pour les corps composés solides, com-
parés avec les éléments solides. Soient, en effet, une série d'éléments sem-
blables, multiples d'une même unité, tels que les éléments thioniques :
Le soufre, dont le poids atomique est égal à. . 16x2= 82
Le sélénium, voisin de 16 X 5 ^ 80
Le tellure 16 X 8 = 1 28
» Les poids atomiques de ces éléments sont absolument définis : au point
de vue physique, par leurs densités gazeuses, prises à une température
suffisamment haute; au point de vue chiiuique, par leurs combinaisons avec
un même groupe d'éléments, tels que l'hydrogène et les métaux. Eu par-
ticulier, ils forment, avec l'hydrogène,
L'acide sulfhydrique S'H%
L'acide sélénhydrique Se'H%
L'acide tellurhydrique Te'H=,
composés dont la condensation est pareille.
» A première vue, il semble que l'on puisse comparer cette série d'élé-
ments avec une série de carbures d'hydrogène, diversement condensés,
mais jouissant de propriétés chimiques pareilles. Tels seraient :
L'éthylène, dont le poids atomique est égal à i4 X 2 = 28
L'amylène, » i4 X 5 = 70
Le caprylène, » i4X 8=112
L'éthalène, » i4Xi6:=224
» Les poids atomiques de ces carbures sont absolument définis : au
point de vue physique, par leiu' densité gazeuse ; au point de vue chimique,
par leur combinaison avec lui même groupe d'éléments, tels que l'hydro-
(i) A volumes égaux, ce qui est plus rigoureux au point de vue des chaleurs spécifiques,
la pression de l'oxygène devrait être 16 fois aussi grande que celle de l'hydrogène,
.75..
( i356 )
gène, le chlore, etc. Eo particulier, ils forment, avec l'hydrogène, les hy-
drures suivants :
Hydrure d'étbylène (C< H') H',
Hydrure d'amylène (C'H")!!',
Hydrure de caprylène (C"H")H=,
Hydrure d'éthalène (C"H")H'.
» Entre la série des éléments thioniques et la série des carbures éthy-
léniques, le parallélisme est évidemment fort étroit; une opinion des
plus autorisées s'appuie sur ces analogies pour rapprocher certaines séries
de corps simples avec les séries des corps composés.
» Mais ce rapprochement ne s'étend pas jusqu'aux chaleurs spécifiques.
En effet, les chaleurs spécifiques du soufre, du sélénium, du tellure, pris
sous l'unité de poids, sont en raison inverse de leurs poids atomiques, c'est-
à-dire que leurs chaleurs spécifiques atomiques ont la même valeur, con-
formément à la loi de Dulong.
» Au contraire, les chaleurs spécifiques des carbures polymères qui
viennent d'être cités sont à peu près les mêmes sous l'unité de poids,
d'après les déterminations que l'on en connaît, c'est-à-dire que leuis cha-
leurs spécifiques atomiques sont multiples les unes des autres, étant pro-
portionnelles à leurs poids atomiques.
» Entre les corps composés que nous connaissons et leurs polymères, il
existe donc cette relation générale, que la chaleur spécifique atomique
d'un polymère est à peu près un multiple de celle du corps non condensé.
» Au contraire, la chaleur spécifique atomique demeure constante pour
les divers éléments dont les poids atomiques sont multiples les uns des
autres. Les mêmes difficultés existent pour l'hypothèse d'un corps simple
dont le poids atomique serait la somme des poids atomiques de deux
autres.
» Il y a donc entre les propriétés physiques des éléments et celles de
leurs composés une opposition singulière et qui donne à réfléchir; elle est
d'autant plus importante que la notion de chaleur spécifique est une tra-
duction du travail moléculaire général, par lequel tous les corps sont
maintenus en équilibre de température les uns avec les autres. Cette oppo-
sition ne prouve nullement, et je ne voudrais pas que l'on se méprit sur
ma pensée à cet égard, l'impossibilité théorique de décomposer nos élé-
ments actuels; mais elle définit mieux les conditions du problème et elle
conduit à penser que la décomposition de nos corps simples, si elle pou-
vait avoir lieu, devrait être accompagnée par des phénomènes d'un tout
( i357 )
autre ordre que ceux qui déterminent jusqu'ici la destruction de nos corps
composés. »
M. DcMAS : « Les remarques de notre savant confrère, M. Berthelot,
sont parfaitement correctes, en tant qu'elles s'appliquent au mode de
vibration fie l'éther que nous appelons chaleur. Elles ne s'appliqueraie"*
plus à tout autre mode de vibration, à celui qui est nécessaire peut-être
pour décomposer un corps réputé simple. Comme il veut bien rappeler le
rapprochement que j'avais fait, autrefois, entre les radicaux organiques et
les éléments minéraux, il me permettra d'ajouter que les différences qu'il
signale entre eux m'étaient bien connues [Leçons de Philosophie chimique.,
i836, p. 280) et qu'elles ne m'avaient pas semblé suffisantes pour com-
battre les conclusions dérivées des analogies saisissantes que j'avais signa-
lées un peu plus tard.
» Mais M. Berthelot accorde, en terminant, tout ce que sont disposés à
admettre les personnes qui pensent que ce qui doit prédominer, dans ces
questions, c'est le sentiment de la continuité dans les caractères des êtres
et dans les phénomènes de la nature.
» Pour ne laisser, du reste, aucun doute sur la pensée propre de M. [>oc-
kyer, je communique une Lettre qu'il m'a écrite à ce sujet :
5, Alexandra Road, Finchley Boad, London N. W., 3 décembre.
« Je vous envoie quelques exemplaires des photographies des spectres des métaux
solaires dont je m'occupe à présent. Par un nouveau procédé, j'ai réussi à obtenir plu-
sieurs spectres métalliques et le spectre solaire sur la même plaque, de sorte qu'au lieu
d'observer 60 lignes par jour, je peux en photographier 3ooo et obtenir leurs coïncidences
EXACTES avec les lignes de Frauenhofer.
u J'espère vous envoyer, dans quelques jours, un Mémoire dans lequel j'explique le
nouveau procédé et où j'en montre quelques résultats.
» Dans ces derniers jours, j'ai tracé dans le Soleil les métaux suivants : cadmium, stron-
tium, cériura, uranium, plomb et potassium,
» Il semble que plus une étoile est chaude, plus son spectre est simple, et que les élé-
ments métalliques se font voir dans l'ordre de leurs puiJs atomiques.
i> Ainsi nous avons :
» i" Des étoiles très-brillantes où nous ne voyons que l'hydrogène en quantité énorme
et le magnésium ;
» 2° Des étoiles plus froides, comme notre Soleil, où nous trouvons :
H + Mg-l-iVa
H + Mg-f-Na-i-Ca, Fe, ...;
dans ces étoiles, pas de métalloïdes.
» 3° Des étoiles plus froides encore, dans lesquelles tous les éléments métalliques sont
( i358 )
ASSOCIÉS, OÙ leurs lignes ne sont plus visibles, et où nous n'avons que les spectres des mé-
talloïdes et des composés.
« 4° Plus une étoile est âgée, plus l'hydrogène libre disparaît; sur la Terre, nous ne
trouvons plus d'hydrogène en liberté.
u 11 me semble que ces faits sont les preuves de plusieurs idées émises par vous. J'ai
pensé que nous pouvions imaginer une « dissociation céleste », qui continue le travail
ut- nos fourneaux, et que les métalloïdes sont des composés qui sont dissociés par la tem-
pérature solaire, pendant que les éléments métalliques monoatomiques, dont les poids
atomiques sont les moindres, sont précisément ceux qui résistent, même à la température
des étoiles les plus chaudes. »
» 3'ai reçu de M. Lockyer de nouveaux documents; j'attendrai son au-
torisation pour les mettre sous les yeux de l'Académie. Peut-être serait-il
utile d'en avoir pris connaissance, avant d'aller plus loin dans la dis-
cussion d'une question dont il a si soigneusement considéré tous les as-.,
pects.
» En résumé, quand je soutenais devant l'Académie que les éléments
de Lavoisier devaient être considérés, ainsi qu'il l'avait établi lui-même,
non comme les éléments absolus de l'univers, mais comme les éléments
relatifs de l'expérience humaine; quand je professais, il y a longtemps,
que ï hydrogène était plus près des métaux que de toute autre classe de
corps, j'émettais des opinions que les découvertes actuelles viennent con-
firmer et que je n'ai point à modifier aujourd'hui. »
ANALYSE. — Note sur l'idetitité des formules données par Cauchy (*) pour
déterminer les conditions de convergence de la série de Lagrange, avec
celles qui ont été établies par Lagrange lui-même (**); par M. L.-F.
MÉNABRÉA.
» Étant donnée l'équation
(i) jc = u -h qj[x),
le terme général de la série de Lagrange correspondant à cette équation est
^ ' i...n du"-'
D'après Cauchy, la série sera convergente ou divergente, selon que le plus
(*) Mémoire sur divers points d'Analyse [Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris,
t. VII).
(**) Nouvelle Méthode pour résoudre les équations littérales, §4 [Histoire de l' Académie
des Sciences de Berlin pour l'année 1768).
( i359 )
grand module de
(3) 7/("+£l^N
sera moindre ou plus grand que l'unité.
» La valeur de y, qui donne le module maximum, correspond à une
racine de l'équation
4f^_
qui revient à
(5) j/'(«+j)-y(«+jr).
En remplaçant y par l'expression plus générale ^ = re"^, on cherchera,
dans l'expression (4), la valeur de w qui rend l'expression (3) un maximum,
et l'on déduira de l'équation (5) la valeur de /■ correspondant au maximum
maximonim du module : telle est la théorie de Cauchy.
» Lagrange considère une fonction qf{oc) de la forme
(6) <7/(.r) = A.r^ + Bx* — Cx'^+ ....
Observant que les termes de la série dont le terme général est (a) se dé-
composent en termes monômes suivant les puissances de u, il trouve,
pour le terme général monôme de l'ordre /, l'expression suivante :
(7) K[„(^)-(-;)'(^)-(^)'...]'=.N',
où R est un coefficient de l'ordre i élevé à une puissance Bnie, et les
quantités /x, v, n, . . . et u sont liées par les conditions suivantes :
( 8 ) /j. 4- V + 7r H- . . . = I ,
(g) ^ u = a/Jt.+ Av -I- en + . . . .
Lagrange, considérant que lim yR = i quand on fait / = oo , en conclut
que la condition nécessaire pour que les termes monômes de la série for-
ment eux-mêmes une série convergente est que le plus grand module
deN soit moindre que l'unité.
» En cherchant, par rapport à fjt,, v, ti, . . . , u, le maximum de
(.0) K = „(^)-'(^n5)-(^)"...,
( i36o )
on trouve, pour déterminer les valeurs de |ji., v, tt, . . . , u correspondant à
ce maximum, les équations suivantes :
X est un coefficient qui a pour expression
(•3) x = [a(^)%b(„-^)Vc(.-^)V...]-.
» Telle est la tliéorie de Lagrange, exposée dans toute sa généralité, mais
dont lui-même restreint l'application, comme on le verra, pour déterminer
la condition de convergence à laquelle doit satisfaire sa série, afin qu'elle
représente la plus petite racine (numériquement) de l'équation (i), lorsque
qj{x) est une fonction rationnelle et entière de x.
Si l'on fait
(i4) ;:^7=«+r»
puis qu'on substitue dans les équations (lo), (ii) et (12), et qu'on divise
cette dernière par [u +jr), on aura, en mettant pour X sa valeur (i3),
A[u-hyY+'R{u +r)*+C(«-t-.y)''+"
(i5) N
y
et à la place de l'équation (12) la suivante :
lj[ka[ii + J/'-' 4- Bè(M + j)*-' + Cc(« +;■)'-' + ...J ^
(.6
= o.
» En ayant égard à l'équation (6), les deux précédentes prendront la
forme suivante :
(17) ^ = '!l^^i±ll,
(18) jf{^jc^j)-Jlu-^J)^0,
équations identiques avec les équations (3) et (4) obtenues par Cauchy.
» Cette identité des résultats auxquels on arrive par des voies si diffé-
rentes est une confirmation de l'exactitude des formules données par ces
deux grands géomètres, pour établir les conditions de convergence de la
série de Lagrange. Ainsi quelques auteurs ont été mal fondés, en voulant
( i3Gi )
opposer la théorie de Caucliy à celle de Lagrange, pour démontrer que
cette deruière était inexacte; mais c'est dans l'application qu'ils font de leur
théorie et dans le but qu'ils se proposent que diffèrent ces deux mathéma-
ticiens.
» Lorsque l'on considère la fonction qf{x) sous un point de vue plus
général, c'est-à-dire lorsqu'on tient compte des signes des termes qui la
composent, les formules données précédemment servent à vérifier la con-
vergence de la série; mais elles ne donnent aiicune indication directe sur
la nature de la racine que cette série représente. Lagrange se propose,
au contraire, de déterminer la condition nécessaire pour que sa série ex-
prime la plus petite racine de l'équation (i), qj{jc) étant, comme il a été
dit, entier et rationnel. Dans ce but, il cherche la condition spéciale jiour
que, dans le développement de —■> donné par sa série, les termes dans
lesquels a se trouve élevé à des puissances positives puissent être négligés
en comparaison des autres où u est élevé à des puissances négatives, lors-
qu'on siqjpose m très-grand. Il arrive à conclure que, lorsqu'on considère
tous les termes (\e(]/[x) comme positifs, la série développée suivant les
puissances de u doit former une suite convergente par rapport à cette
quantité. Dans ce cas, la valeur absolue de N ne diffère pas de celle de
son module et la condition de convergence devient N < i.
» La discussion qui s'est élevée, il y a quelque temps, sur l'exacti-
tude du théorème énoncé par Lagrange dans la Note XI du Traité de la
résolution des équations numériques, et relatif à la plus petite racine de l'é-
quation (i), doit donc se restreindre à l'application des formules exposées
précédemment, et non à leur exactitude, qui a été confirmée par leur coïn-
cidence avec celles de Cauchy. Cette question est en dehors des limites de
cette Note; je me borne à faire observer que le théorème de Lagrange se
vérifie facilement sur l'équation
X = « + Ax^. »
ASTRONOMIE. — Obseiuation des étoiles filantes de novembre.
Note de M. Wolf, présentée par M. Le Verrier.
a L'observation des étoiles filantes, pendant les nuits des 12, i3 et i4 no-
vembre, a encore été faite cette année par nos collaborateurs de France,
d'Italie et de Portugal, avec le même zèle dont ils ont déjà donné plusieurs
fois les preuves. Le mauvais temps a, dans beaucoup de stations, contrarié
ou même rendu impossibles les observations; néanmoins, nous pouvons
C. R,, i8-;3, i» Semestre. (T. LWVII, N" 25.) > 7^'
( 1369. )
déjà déduire quelques conclusions des faits qui nous ont été signalés.
» Les signaux chronoinétriques ont été, comme d'habitude, envoyés
des quatre centres, Paris, Marseille (M. Stephan), Bordeaux (M. Serré-
Guino), et Lyon (M. Lafon), qui communiquaient aussi directement entre
eux. Tous les temps ayant été réduits au temps moyen de Paris, il en ré-
sulte les corrections suivantes, qui devront êlre appliquées aux heures
d'observation en chaque station. (Nous supprimons ici ce tableau.)
» Nous résumons rapidement les observations faites dans les diverses
stations.
Nuit du 12 au i3 novembre.
Barcelonnette (M. RuI) Ciel très-beau de 7'' à 3'' du matin, 184 étoiles.
Sainte-Honorine-du-Faj (M. Lebreton). De 9'' à i3'', nuit belle, mais pauvre, 36 étoiles
dont 12 belles.
Morée (ÏM. Faucheux). De 10'' 3o'" à i4'', 1 1 étoiles, dont 4 du Lion, 5 du Taureau.
Le Mans (M.\l. Martin et d'Amécourt). Nuit claire, de 8'' à i l'', presque rien.
Paris (Observatoire). De i i'' à i5'', 17 étoiles.
Paris- Belle.ville (M!\I. Tremeschini, Laniette et Droit). De 8'' à iS*", 37 étoiles venant du
Taureau, rien du Lion.
Tréinont (MM. Magnien et Lemosy). Ciel très-pur, 60 étoiles, presque toutes très-petites,
paraissant venir du Taureau.
Toulouse (M. Tisserand). Nuit assez belle, étoiles rares, faibles, sporadiques. 9 de 8'' à 9'';
5 de 10'' à 1 1*"; i4 de 1 1*" à 12''.
Rnchefort (M. Simon). 4 étoiles, ciel couvert après 1 1'" iS"".
Moncalicri (M. Denza). Ciel demi-couvert, 17 étoiles entre 5''45 et 1 1''.
Gènes (M. Garibaldi), Couvert, pluvieux, 3 étoiles.
Alexandrie (M. Parnisetti). Ciel beau de 3'' à 5'' du matin, 38 étoiles.
Nuit du i3 au i4 novembre.
Sainte- Honorine. De 8''25™ à i2''3o", 22 étoiles dont les f ordinaires ou belles.
Morée, Rien vu.
/•o/vj (Observatoire). De 1 1*" à i4'', 6 étoiles. Ciel presque couvert après i3''.
Paris-Belleville. 34 étoiles de 10'' à i3''.
Rouen (M. Gully). De 8'' à iS*", 87 étoiles.
Trvmnnt. Ciel presque couvert, 2 étoiles.
Lisbonne (Observatoire de l'Infant don Luiz). De 10'' à 4'' 20'", 248 étoiles.
Nuit du i^ au i5 novembre.
Avignon (M. Giraud). De 10'' à i5'', 89 étoiles.
Barcelonnette. Après lo'', éclaircies, puis ciel clair. Météores nombreux vers 2'', 3'' et 4'',
194 étoiles.
M^rée. De 9''3o'" à i4'', rares éclaircies, rien vu. De i4'' à 17'', 12 étoiles venant du Lion
et 2 du Taureau.
Montpellier (MM. Viguier, Collot, Foex, Hunold et Viguier fils). Le ciel se découvre en
partie à 16'', quelques belles étoiles.
Piiris-Bcllevittc. 9 étoiles de 10'' 39"' à 1 i''46'".
( i:}63 )
Rouen. Une vingtaine d'étoiles à travers des éclaifcies, ciel couvert à partir de 12''.
Trémont. De 7'' à ly'So'", ciel pur; rien jusqu'à minuit. Vers i'' première ajiparition
d'étoiles venant du Lion; 127 étoiles généralement belles.
Toulouse. Ciel couvert. Dans les éclaircies, 20 très-belles étoiles venant d'un point situé
entre y et s Lion.
» Les observations de 1873, comparées à celles des années précédentes,
manifestent clairement la décroissance rapide du phénomène, qui a at-
teint son maximum d'éclat en 1866. Sur son orbite de 33""% a5, l'essaim
des astéroïdes de novembre n'occupe donc encore qu'un arc restreint,
puisque, sept ans après le maximiun, l'apparition est presque nidle. Déplus,
la rétrogradation du nœud de l'orbite se fait sentir chaque année par le
retard de l'apparition. En 1866, le maximum si brillant avait lieu dans la
nuit du i3au i4, entre i heure et 2 heures du matin (M. Goulier, obser-
vations de Metz). En iStjy, des observations que j'avais faites avec plusietu's
de mes jeunes collègues, je concluais que le maximinii n'était pas atteint
à 6 heures du matin ; et en effet on apprit plus tard que l'averse d'étoiles
filantes s'était montrée fort brillante en Amérique.
» En 1871, les deux nuits du 12 et du i3 ne montrent que des étoiles
venant du Taureau et du Cocher; les T-éonides n'apparaissent que dans la
nuit du i4au i5 (M. Lespiault); enfin, en iByS, nous constatons le même
fait : les deux premiers essaims continuent à illuminer seuls les nuits du 12 et
du i3; les Léonides se monlrent dans la nuit du 14, vers 4 heures du matin.
» Dès 1871, s'est posée la question de l'origine de ces divei's essaims,
dont nos collaborateurs signalaient de toutes parts l'apparition presque
simultanée. Fallait-il voir une coïncidence fortuite dans cette rencontre
de la Terre avec des essaims de directions très-diftérentes? Ou plutôt, sui-
vant le second mode d'explication indiqué alors par M. Le Verrier, ces
divers essaims n'étaient-ils pas des portions d'im même essaim primitif,
celui des Léonides, disloqué par l'action perttubatrice de la Terre? Les
observations instituées par l'Association scientifique de France avaient
surtout pour but d'étudier les questions de cette nature, en permettant de
constater si réellement l'essaim des Léonides, en même temps qu'il s'al-
longe le long de son orbite, se divise de plus en plus en portions détachées,
caractérisées chacune par un point radiant distinct, et revenant toutes
croiser la Terre à la même époque, au moins pendant un certain noinbre
d'années, pour finir, dans un avenir éloigné, par ne donner plus que des
étoiles sporadiques.
» L'examen attentif des observations de cette année, que nous n'avons
pas encore entre Its mains, montrera si, en effet, le nombre des points
I 7G..
( i:i64 )
radiants a augmenté; mais la comparaison de ces observations avec celles
des années précédentes montre déjà que les essaims des étoiles venant du
Taureau et du Cocher, qui vers 1869 apparaissaient en même temps que
les Léonides, les précèdent aujourd'hui de plus en plus; de sorte que la
séparation des trois flux d'étoiles s'est produite naturellement et que les
observateurs reconnaissent aujourd'hui à première vue les divers points
radiants qu'ils avaient d'abord eu peine à démêler. On pourrait peut-être
considérer cette circonstance comme indiquant que les trois essaims sont
réellement d'origine distincte et que le phénomène de novembre ne va pas
en se compliquant, au moins dons l'espace de quelques années.
» Le 27 novembre de l'année iS'j2, une très-brillante apparition d'é-
toiles filantes a été signalée dans presque tous les pays de l'Europe, et a
été, avec très-grande vraisemblance, rattachée à la comète de Biéla. Il était
intéressant de savoir si quelque reste de ce nouvel essaim se montrerait
encore cette année. Nos observateurs ont bien voulu surveiller le ciel,
pendant les nuits du 26, du 27 et du 28 novembre; mais le temps n'a été
un peu favorable qu'à Montpellier et Avignon, et le nombre des étoiles
qui y ont été vues n'a point dépassé celui des nuits ordinaires. Nous
n'avons pas été plus heureux avec la comète de Coggia, dont M. Edm.
Weiss et M. Hind ont signalé l'identité probable avec la comète I, 1818, et
qui, suivant la remarque de M. de Littrow, a dû s'approcher de la Terre
à une très-petite distance, de manière à couper l'écliptique au point où
la Terre devait se trouver vers le 4 décembre. L'état du ciel et cette cir-
constance, que le point radiant devait se trouver par i4 heures d'ascen-
sion droite et près de 3o degrés de déclinaison sud, n'ont pas permis, à
notre connaissance, de constater l'apparition d'aucune étoile filante pou-
vant se rapporter à cet astre. »
ASTiiONOMlE. — Nouvelles observations de la comète périodique de M. Faye,
et découvertes et observations de vingt nébuleuses, faites à l'Observatoire de
Marseille. Extrait d'une Lettre de M. E. Stephan à M. Le Verrier.
« Je vous adresse deux nouvelles observations de la comète de M. Faye,
qui est toujours d'une extrême petitesse et dont l'observation présente de
grandes difficultés. Permettez-moi do rappeler que j'ai été le premier, cette
année, à retrouver les trois comètes périodiques attendues. La dernière,
celle de M. Faye, n'a encore été observée que par moi. On l'a vue ailleurs,
mais sans pouvoir en déterminer la position.
» Vous recevrez aussi, pour l'Académie, la liste de vingt nébuleuses
nouvelles.
( .3G5 )
Comète i'ériodique de Faye.
Correct, du Jahrbuch,
Heures de l'obs. (Obs.-calc.)
1S73. (t. m. M.). m. P —■ — — *
h ni s h m s i» » w î* //
Nov. 28.... \&.n^.55 9.i6.i9,'j5 89.37.25,6 +0,73 —5,7 a
3o.... 17. II. 2 g. 17.13,34 89.54.37,8 — 0,35 — 4>o *
Position moyenne des étoiles de comparaison pour 1873,0.
^ Grand'' M P Autorités.
89°. 38. 3",o Cat. de Weisse.
89.53.11,8 Cat. de Weisse.
» La comète est toujours excessivement faible.
» La seconde des deux observalions qui précèdent doit être affectée
d'un poids notablement plus élevé que la première. Dans la nuit du 28, où
celle-ci a été faile, l'astre était à peine perceptible et seulement par pulsa-
tions intermittentes.
NÉBULEUSES.
Positions moyennes pour 1878,0.
)t- iR P Description sommaire.
a. . .
. . 278 W. (a. c.
) H. IX.
9"
Il u] s
9.14.25, 12
h..
. . 307 W. (a. c;
) II. IX.
8»
9.15.40,72
II
«
2. 8.55,19 61.59.25,2 e.e.P — e.e.F — I.
h 18.23 38,27 67.10.21,1 e.P — e.F — R — Cond.auC.
c
8.41.18,79 57.51.8,7 m.E — i.R — e e.F — D.
d 19.51.32,23 57.58.58,9 e.e.F — t.P — Enveloppe 3 pet. *.
e 21. 9.53,99 91.21.14,8 e.e.F — t.P — 2 Gond, sur le même parallèle.
/ 22. 9.50, 36 53.2i.i3,9 e.e.F — e.e.P — En contact au N. avec très-petite *.
J 22.10. 7,11 53 20.12,1 e.F — e.P — Vap. — Lég. Cond.auC — ipet.*proj.
g 22.45.11,42 53.35.8,6 e.e.F — e.P — R — Cond. au C.
h 22.47 22,35 58.32.39,3 e.e.F— t.P — Vap. •
/ 22.55.55,98 63.37.55,2 e e.P — e.e.F — Cond.auC.
k 23.16:6,70 7848.5,5 e.e.F — Pet — i.R — Dif. — Lég. Cond. au C.
/■ 23.16.26,36 78.42.43,4 F — m.E — i.R — Dif. — Lég. Cond. auC.
/ 23.32.33,54 102.55.37,0 e.e.F — m.E — I.
m 23.38.59,16 63.23. 9,5 e.P — e.F — i.R — Cond. ir.
n 23.51.34,73 74.12.39,4 e.e.P — e.e.F — Cond. au C.
Abréviations .
e.P Excessivement petite. i.Pi Irrégulièrement ronde.
e.e.P Excessivement excessivement petite. t.P Très-petite.
e.F Excessivement faibh'. t. F Très-faible.
e.e.F Excessivement excessivement faible. I Irrcgulière.
m.E Modérément étendue. Cond Condensation.
Vii|>. Aspect vaporeux. Lég. Cuiid.au C. Légère condensation au
R Ronde. centre.
( i366 )
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1873,0.
Noms des et. de comp. JR P Autorités.
h m s o , ,,
710B.A.C 6} 2.11.36,01 Gi. 56. 41,7 Cat.B.A.C.
l> 34322 Lai 7ï 18.26. 7,80 67.6.13,0 Cat. Lai.
c 1221 W. (N. C.) H. XVIII.. 9 18.40.55,63 57.49.50,8 Cat.W.
d 1790 W. (N. C.) H. XIX. .. 8,9 19.55. i,5o 57.54.28,0 Cat.W.
a
c
»
i3i W. (A. C.)H. XXI. .. 8,9 21. 8. 8,57 91.21.25,1 Cat. AV.
f 253 W. (N. C.) H. XXII.. 9 22.11.17,04 53.24.9,1 Cat.W.
44751 Lai 9 23.45.56,17 53.36.27,2 Cat. Lai.
h ii35 W. (N. C.) H. XXII.. 9 23.49.56,87 58.32.22,8 Cat. AV.
(• 10797 Rumker. H. XXII 22.55.3,47 63.4i.6,8 Cat. R.
A 397 AV. (A. C.) H. XXIII.. 9 23.20.56,69 78.45.50,3 Cat.W.
/ 618 W. (A. C.) H. XXIII.. 9 23. 3i. 6,68 102.54.15,9 Cat.AV.
m 868 W. (N. C.)H.XXIII.. « 2341.13,62 63.3i.33,9 Cat.AV.
n ii33 AV. (A. C.) H. XXIII. . 9 23.55.54,18 74.16.46,8 Cat.AV.
ÉLASTICITÉ. — Sur le mouvement d'un fil élastique dont une extrémité est
animée d'un mouvement vibratoire. Quatrième Note de M. E. MeRCiniER,
piésentée par M. Jamin.
« On a vu, ilaiis la précédente Note [Comptes rendus, p. lagS), que les
abscisses des nœtids du fil sont
1 TZ / 1 \ ît / l\ TT
d'où résulte :
i> ï° Que la distance nodale normale D = .r„ — .r„_, est égale à — ;
» 2" On voit aussi que la distance x, du premier nœud au bout libre
1 TV D
du fil est égale à - — ou -^i loi déjà trouvée par l'expérience;
» 3" La première distance nodale
jTj — a,', = ^f 1 + ^ — ^1 = o,9j6D = f/,
loi également trouvée (voir le lableau déjà cité, colonne 91;
» /j" Pour un second fil fixé à un aulre diapa.son, on aura une valeur
jT P. _ :!L _ i/^jLÎ^ ■ i/A]ÙL!L..
^ ~ m' D' ~ //, ~" V qlgT- • V '/'VgV
( i367 )
» Si n et n' sont les nombres de vibrations des diapasons, 5 et J" les dia-
mètres de fils cylindriques, la formule précédente devient
D_ i/p' 7 .?'//=_ /Sn' »/p'r/
w ~ y p>j's"n' ~ V ^ V p?'
ce qui est précisément la formule que j'ai donnée [Comptes rendus, même
volume, p. 672) comme résumant les lois expérimentales des vibrations
normales ou régulières des fils considérés.
» III. En faisant x = o dans l'équation (B'), il vient
(X) r = acos2 7:— — r— t-Ti''
équation du mouvement de l'extrémité libre. Pour voir si son ampli-
tude, variable avec /, a des minima, prenons ^ et égalons le numérateur
à zéro. Il vient, toutes réductions faites,
me'"' {2 -+- sinml.e'"'] = o,
qui se réduit à
(u,) sin ml.e'"' 4-2=0
(la solution que donnerait 6'"'= o étant inacceptable).
B Les intersections des courbes z= sinml, 11=: 7 donnent les ra-
e""
cines de cette équation. On trouve
[mx), = TT, {mx)2 — n,..., {mx)k = n,...,
a ou
. TT. 27r , i ir
/, := — ? 12 = >•••> l/, =; •
/Il in m
» Donc : 1° Il y a, pour l'amplitude du bout libre, une série de minima pour
des valeurs de l en progression arithmétique dont la raison est — ou D.
» Pour avoir la valeur de ces amplitudes minima, faisons ml = kn dans
l'équation (X); il vient
» Pour A = I , l'amplitude est environ les |^ de «; pour A = 2, elle est
( i3G8 )
les ^-^ de a; pour les valeurs suivantes île A, les ain|)litucles se rappro-
chent encore plus de a; donc ou peut dire :
» 2° Les amplitudes mimma sont égales à a, amplitude du diapason.
» Ces deux résultats ont été trouvés expérimentalement et indiqués déjà
(Comptes rendus, même volume, p. 674, 11° 9)-
M IV. La valeur de j dans l'équation [W) devient infinie quand
o.
(e) e'"' cosm/ + :
» L'expression de la force qui produit le mouvement contiendrait
également ce dénominateur nul. Ces déplacements et cette force infinis
résultant d'un mouvement fini d'un corps sonore impliquent contradic-
tion. Il y a là un cas singulier dont il faut essayer de rendre compte.
« Et d'abord, si l'on construit les courbes z = co& ml, m = — —7 pour
avoir les racines de (s), on voit qu'à partir de la seconde [ml')^, leur valeur
est, avec une approximation bien supérieure aux erreurs d'expérience,
, ,,, Stt , ,,, 5tz I ,,v (2/ — l)7r
» Quant à la première, on peut la calculer aussi exactement que l'on
veut par une méthode d'approximation quelconque, et l'on trouve bientôt
(m/'), = 1,870.
)) Donc les longueurs l\, l'.,, l'^,-.-, qui rendent y infini, sont, à partir de
la seconde, en progression arithmétique dont la raison est — ou D.
» De plus, connaissant m pour chaque fil, on peut calculer les valeurs
./ 1,870 ,, Stt
^ m ^ 2 m
Or, si l'on fait ce calcul, on trouve précisément les mêmes valeurs que
celles qui correspondent à ce que j'ai appelé précédemment les points
d'extinction du diapason; c'est-à-dire que les longueurs l\, /'„,•■• sont celles
pour lesquelles il est impossible de faire vibrer le diapason.
» Voici un tableau contenant les valeurs de /', , l\ et l'^ calculées et ob-
servées pour quelques fils. En songeant que les valeurs observées corres-
pondent à la détermination si difficile des points de contact d'une courbe
déterminée par points avec l'axe des x, on trouvera, je crois, la compa-
raison très-satisfaisante.
( '369 )
Fi-i;.
ALUMINIUM.
CUIVRE.
,. — Oitim ,3
/■ = 0'""',,I2
7=0""','|6
;■= o™"',12
calculé.
(ibservc'.
calculé.
observé.
calculé.
observé.
calculé.
observé.
/',...
mm
35,0
□nn
33,5
mm
2 '(7 9
mm
2 ',,3
mm
5o,o
ni ni
/,S,5
ni ni
22,0
m 111
21,3
/;...
88,0
S/jO
C3,0
65,0
153,0
123,0
55,0
53,5
V,...
1)
I0/,,.S
io5,o
»
)>
92,0
91 ,0
» En outre, si l'on compare la série des valeurs de /' déduites de l'équa-
tion [i] à la série des valeurs de l déduites de l'équation (p.), on voit que
chacune des valeurs de l qui correspondent aux amplitudes minima du bout libre
du fil est la moyenne des valeurs de l' entre lesijuetles elle est comprise.
» Ces deux derniers résultats sont équivalents aux lois expérimentales
10 et II indiquées précédemment [Comptes rendus, p. 674).
» Supposons maintenant que le diapason auquel le fil est attaché soit
fixe, et que l'on fasse vibrer le fil à la manière ordinaire, on trouvera
l'équation de ce mouvement, que j'appellerai pour abréger mouvement
propre du fil, en suivant la même marche que précédemment. Les condi-
tions (i) et (2) sont les mêmes; celles relatives k x = /sont : _/• = o et
dx
= 0.
» En négligeant les autres conditions, on arrive aux équations suivantes,
analogues aux équations (a) et (/3) du précédent problème :
(a') cosm'bt\Q[&mml -^ ?,\nhml) + C[ cosmZ+ cosAm/)] = o,
[[i') mcosm-bt[C{cosml-hcoshnil) + C'{— s\n ml H- sin^/H/)] = o.
En divisant ces deux équations l'une par l'autre, on trouve
1 + cosmlcosh ml = o
et, en appliquant le système d'approximation déjà em|)loyé,
(v) e"''cos»2/+ 2 = 0,
équation qui donne, pour chaque valeur de /, une infinité de valeurs de
la quantité m, au lieu de la valeur unique qu'elle avait dans le problème
précédent; ces valeurs correspondent aux divisions du fil en ses harmo-
C. p.., 1873, i' Semestre. {T. hXyiVn, W 25.) '77
( «370 )
niques successifs, divisions pour lesquelles on sait qu'il y a toujours un
nœud au point d'eucastreuieut qui se trouve ici au diapason même.
» Inversement, si l'on se donne une valeur de m, on déduira de l'équa-
tion (v) une infinité de valeurs de /. Si l'on prend 771 = i/^, les équa-
tions (v) et (s) seront alors identiques, et le fil considéré dans son mouve-
ment propre aura, pour chaque valeur de / déduite de l'équation (v), le
même nombre de nœuds semblablement placés que lorsqu'il est animé par
le diapason, et rendra le son de celui-ci; mais cette coïncidence n'est pos-
sible que s'il y a un nœud au diapason, et, par suite, que si le mouvement
du diapason s'éteint. L'expérience prouve que c'est précisément ce qui
arrive. On peut donc se rendre compte, jusqu'à un certain point, des vibra-
tions curvilignes du fil et de la variation d'amplitude du diapason, qui les
accompagne, en admettant que, lorsque dans le mouvement général du
fil animé par le diapason le premier nœud se rapproche du diapason, le
mouvement propre du fd tend à se produire en même temps et se produit
faiblement d'abord : il en résidte une composition des deux mouvements
donnant lieu à des vibrations curvilignes, qui augmentent d'amplitude à
mesure que l'on raccourcit le fil et que le nœud se rapproche du diapason ;
mais, simultanément, l'amplitude du diapason doit diminuer d'une ma-
nière continue, jusqu'au moment où l'on arrive à une des longueurs l
déduites de l'équation (v) ou (s), pour lesquelles le nœud doit se trouver
au diapason; alors l'aniplitude s'annule et le mouvement propre du fil
séteint en même temps que le mouvement du diapason qui le produisait.
Si l'on continue à raccourcir le fil, les mêmes phénomènes doivent se pro-
duire et se produisent, en effet, en sens inverse avec une ro/(/(/ii/(<e remar-
quable
» En résumé, on retrouve dans les conséquences déduites de l'équation
générale (B'^) tous les faits que l'expérience directe avait indiqués aupa-
ravant, et il résulte de ces faits une nouvelle vérification expérimentale
des principes sur lesquels est fondée la théorie mathématique de l'élas-
ticité. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Observations touchant l'action de certaines
substances toxiques sur les Poissons de mer. Note de MM. A. Rabuteau et
F. Papillon, présentée par M. Claude Bernard.
« Nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie les résultats prin-
cipaux d'un ensemble d'expériences assez nombreuses que nous avons
( '^7' )
faites au printemps dernier, au laboratoire île Concarneau, touchant l'ac-
tion de plusieurs alcaloïdes sur les Poissons de mer.
» On aurait pu croire cpie peut-être, par suite des conditions spéciales
de la vie de ces animaux, ils ne sont pas toujours affectés par les poisons
comme le sont les autres Vertébrés. Nous avons nettement reconnu cpi'en
général, et exception faite de quelques particularités assez intéressantes, les
poisons organiques, les seuls que nous ayons étudiés, agissent sur les Pois-
sons (le la même façon que sur les espèces appartenant aux autres groupes
du règne animal, ce qui confirme luie fois de plus la doctrine de M. Claude
Bernard, concernant l'identité fondamentale des actions toxiques élémen-
taires dans toute la série vivante. Les expériences suivantes démontreront
ce que nous venons d'avancer.
» Strychnine. — Un certain nombre de petits Poissons du poids de lo
à 35 grammes. Anguilles, Plies, Raies, Blennies, Hippocampes, sont placés
ensemble dans i litre d'eau de mer tenant en dissolution ai centigrammes
de strychnine. Au bout de quatre heures, tous ces animaux sont morts,
après avoir présenté des accès convulsifs plus ou moins prononcés. Les
convulsions sont particulièrement remarquables chez les Plies et chez les
Raies, qui meurent en état d'opisthotonos.
» Nous avons étudié aussi les effets de la strychnine au moyen d'injec-
tions sous-cutanées. Voici quelques-uns des faits observés à ce sujet :
)) Nous injectons, sous la peau d'une Raie pesant 46 grammes, 5 centi-
grammes d'une solution au —-^ <^le chlorhydrate de strychnine, puis nous la
rejetons dans l'eau. Presque immédiatement la queue de l'animal se porte
en arrière, ses ailes se replient et s'infléchissent vers la face ventrale, et sa
respiration s'arrête. Cette face est plus bleue que d'ordinaire. L'animal
éprouve des convulsions spontanées, qu'augmentent les excitations chi-
miques, électriques et mécaniques. Au bout d'un quart d'heure la respi-
ration revient, mais la Raie est toujours recourbée en deux, le dos en de-
dans, le ventre en dehors, et la queue fortement arquée. Une demi-heure
après, la rigidité est encore la même, les "mouvements convulsifs sont
moins prononcés, la respiration est très-lente. Sept quarts d'heure après
l'injection, l'animal est mort.
» Une dose moitié moindre de chlorhydrate de strychnine a tué, dans
les mêmes conditions et dans le même temps, une Sole du poids de
2o grammes.
» Nous injectons, sous la peau d'une Torpille du poids de 45 grammes,
5 centigrammes d'une solution au —; de chlorhydrate de strychnine.
177.,
( '372 )
L'animal présente d'abord une contracture générale, ce qui ne l'em-
péclio pas de donner, dans l'espace de moins d'un quart d'heure, trois
secousses qui se font sentir jusqu'au poignet. La Torpille n'éprouve pas de
convulsions spontanées, mais, lorsqu'on frappe sur le vase qui la con-
tient, elle se contracte énergiquement. Elle meurt une heure après.
» Un autre fait intéressant relatif à l'action de la strychnine, c'est la
persistance de l'excitabilité réflexe chez les animaux qui ont reçu ce poison
à dose non mortelle. Une Roussette de près de 2 kilogrammes, dans la
bouche de laquelle nous avions introduit près de 2 centigrammes de
strychnine, a présenté pendant une semaine une susceptibilité excessive
au toucher.
» Morphine. Les effets de la morphine sur les mêmes animaux sont sem-
blables à ceux que l'on observe en administrant cet alcaloïde aux autres
Vertébrés. Une nijection de 5 centigrammes d'une solution de chlorhy-
drate de morphine au ~, pratiquée sous la peau d'une Torpille de
45 grammes, détermine, au bout de quelques instants, chez cet animal, la
perte de la sensibilité, du mouvement et du pouvoir électrique. Au bout
d'une heure environ, la Torpille est rétablie dans l'état normal. La même
injection, faite à une Blennie du poids de 3o grammes, l'anesthésie de la
même façon, sans la tuer. Une injection moitié moindre sous la carapace
d'ime Crevette du poids de 4 grammes la tue immédiatement.
» Thébaïne. — Nous injectons sous la peau d'une Blennie, du poids de
40 grammes, 10 centigrammes d'une solution au -^ ^^ chlorhydrate de
thébaïne. Au bout de cinq minutes, l'animal s'agite et paraît très-surexcité.
Les mouvements respiratoires continuent à s'effectuer. Il n'y a cependant
ni convulsions, ni rigidité; au bout de dix minutes, il se couche sur le dos
et ne respire plus; au bout de vingt-cinq minutes, l'animal étant en état
de mort apparente, on l'ouvre et l'on constate que le cœur bat encore.
» Nous avons injecté une quantité, moitié moindre, de la même solution
à une petite Raie. Au bout de cinq minutes, l'animal s'agite; ses ailes,
prises d'une sorte de frisson violent, s'élèvent et s'abaissent alternative-
ment avec rapidité; sa queue se relève aussi, comme dans l'empoisonue-
ment par la strychnine, mais son corps n'est pas rigide. Les battements
cardiaques, nettement observables au travers de la peau, continuent à s'ef-
fectuer; au bout de dix minutes, la respiration est complètement arrêtée.
Cette Raie n'a pas changé de couleur; au contraire, la Blennie qui a servi
H l'expérience précédente, et qui était d'un noir bleuâtre avant l'action du
poison, a passé au jaune verdàtre pâle après l'empoisonnement. Est-ce lui
( ■^7'^ )
phénomène consécutif à l'asphyxie on à quelques modifications des chro-
nioblastes? Nous ne saurions le dire.
» La thébaïne a excité de violentes convulsions chez la P>.aie, tandis
qu'elle n'en a pas provoqué chez la Blennie. Ce fait ne nous a pas étonné,
puisque, d'après les expériences de M. Cl. Bernard, ce même alcaloïde est
convulsivant chez le Chien, et que, d'un aulre côté, d'après des expériences
de l'un de nous, cette base parfaitement pure peut être prise par l'Homme
à la dose de lo centigrammes sans provoquer aucun phénomène d'excita-
tion.
» lodiire de tétramétlijlammoniuin . — Nous injectons, sous la peau d'une
Blennie pesant environ 4o grammes, lo centigrammes d'une solution an
— j de ce sel. Au bout de trois ou quatre minutes les mou%ements respira-
toires de l'animal sont à peu près complètement suspendus; au bout de
douze minutes, la paralysie des nerfs moteurs est totale. L'électricité pro-
voque encore la contraction des muscles. Le cœur mis à découvert bat
encore; une goutte de la solution déposée sur ce viscère l'arrête presque
instantanément, tandis que, auparavant, une goutte d'eau de mer n'en a
pas ralenti les mouvements. Une demi-heure après le cœur recommence
a se contracter; on l'imprègne d'une nouvelle goutte de la solution
toxique et alors il s'arrête pour toujours; cependant les excitations élec-
triques et mécaniques y déterminent encore des contractions, qui cessent
aussitôt qu'on retire l'agent excitant. Ces expériences, répétées plusieurs
fois par nous, contribuent une fois de pins à établir l'analogie de l'action
de i'iodure de tétraméthylammonium avec celle du curare (i).
)) En terminant, nous signalerons et nous recommanderons à l'attention
des physiologistes l'emploi des jeunes Raies pour les études relatives à l'ac-
tion des poisons. Tant que ces animaux n'ont pas atteint un diamètre de
i5 à 20 centimètres, ils ont la peau du ventre si transparente qu'on peut
suivre avec facilité, à la vue, tous les changements qui surviennent dans
leurs poumons, dans leur coeur et dans leurs gros vaisseaux. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur la cellule embryocjène de l'œuf des Poissons osseux.
Note de M. Balbiani, présentée par M. Cl. Bernard.
« L'interprétation histologique de l'œuf, envisagé comme une cellule
simple dont le vitellus représenterait le corps protoplasmatique, et la vési-
(i) Voir la Note publiée par l'un do nous, Comptes rendus, avril 1878.
( -v» )
cille germinative le noyau, n'a pas toujours existé sans conteste dans la
Science. Henri Meckel d'abord, auquel se sont bientôt ralliés Allen
Thompson et Eclter, s'est élevé contre cette manière de voir pour l'œuf
des Oiseaux, et, dans un Mémoire tout récent, M. W. His ( i ) s'est égale-
ment prononcé contre elle, à propos de celui des Poissons osseux.
En 1864, dans un travail présenté à l'Académie (2), j'ai, moi-même, es-
sayé d'établir qu'il existe dans l'œuf ovarien d'un grand nombre d'ani-
maux deux corps vésiculaires, dont l'un, c'est-à-dire la vésicule germina-
tive ou de Purkinje, occupe le centre de la partie nutritive, tandis que
l'autre, ou la vésicule embryogène, est situé au milieu de la partie plastique
ou germe. Dans cette manière devoir, l'œuf devait donc être considéré, en
quelque sorte, comme une cellule à deux noyaux, dont chacun remplirait
un rôle spécial dans les phénomènes ovogéuiques ; mais, ainsi qu'on le
verra plus loin, des observations nouvelles plus complètes m'ont amené à
modifier considérablement ma première interprétation du mode de consti-
tution de l'œuf ovarien.
» Depuis bientôt dix ans que ces résultats ont été annoncés à l'Académie,
ils n'ont guère fixé l'attention des embryologistes, ou, si quelques-uns s'en
sont occupés en passant, ils ne leur ont pas accordé beaucoup de créance.
Aussi je n'en ai été que plus heureux d'apprendre qu'un savant belge,
bien connu par d'importants travaux d'embryogénie, M. van Bambeke,
venait de constater récemment l'existence du noyau embryogène dans l'œuf
des Poissons osseux (3).
» De mon côté, j'avais, dès 1864, dirigé également mes investi£;ations
sur les Poissons osseux, et constaté chez eux la présence de cet élément
dans l'œuf ovarien. Dès cette époque aussi, j'avais déjà reconnu les grandes
variations que ces animaux présentent entre eux, relativement à la facilité
que l'on rencontre dans l'observation de ce corps. Tandis que je ne l'ai
jamais cherché en vyin chez certains Poissons, notaiiunent les diverses
espèces de Pleuronectes (Sole, Turbot, Plie, Limande, etc.) et que je l'ai
constaté également chez la Carpe, le Cyprin doré, la Tanche, le Brochet,
le Coltus lœvigaLus (vulgairement Crapaud de Mer), j'ai été moins heureux
(1) Untersuchungen ûber das Et iind die Eientwicheliwg dcr Knochenjîschc, Leipzig, iStS.
{2) Sur la constitution du germe dans l'œuf animal avant la Jécondalion [Comptes
rendus, l. LVIII, p. 584 et 621; 1864.)
(3) De la présence du noyau de Balhiani dans l'œuf des Poissons osseux. Coiniminica-
tion préalable. [Bulletin de la Société de Médecine de Gand, i8t3.)
( t'^vs )
chez le Gardon, l'Ablelte, l'Épcrlan, le Grondin et la Truite. Ces variations
dans la visibilité du noyau enibryogone sont évidemment, et avant tout,
en rapport avec les différences spécifiques; on en constate de semblables,
bien que moins étendues, pour la vésicule germinative; mais elles sont liées
aussi aux différentes phases du travail physiologique dans l'inférieur de
l'appareil reproducteur.
» Avant de décrire la forme, la situation et les autres caractères de ce
corps, il est nécessaire de présenter ici une remarque. Malgré le nom de
vésicule dont je me suis quelquefois servi pour le désigner, il ne faut pas,
chez les animaux qui nous occupent, s'attendre à rencontrer une vésicule
libre, à contour net et bien défini, comme l'est la vésicule germinative,
par exemple. Presque toujours, on n'observe tout d'abord qu'une petite
niasse arrondie ou ovalaire, d'apparence granuleuse, tranchant par sa ré-
fringence un peu plus forte sur le protoplasma pâle et homogène du jeune
ovule. Ce n'est qu'en allant d'un œuf à l'autre, s'arrêtant tanlôrsur les
plus grands, tantôt sur les plus petits, mais choisissant toujours ceux qu'un
dépôt de granulations vitellines opaques n'a pas encore privés de leur
transparence, que l'on parvient à distinguer, chez un certain nombre, im
espace clair et arrondi, situé au miUeu de la masse granuleuse précé-
dente. Cet espace correspond à la vésicule embryogène; quant à la sub-
stance qui l'environne, nous reviendrons bientôt sur sa signification.
» Sur un grand nombre d'ovules d'une même préparation, il est facile de
s'assurer que ce corps est toujours placé très-près de la périphérie de l'œuf,
et, par conséquent, excentriquement par rapport à la vésicule germinative,
ainsi que l'a très-bien reconnu, de son côté, M. van Bambeke. Mais il y a
plus : en suivant le contour extérieur, parfaitement net et régulier, de la
sphère vitelline, on reconnaît que, arrivé à l'endroit où se trouve la masse,
au lieu de passer par-dessus celle-ci, il s'infléchit vers le centre de l'œuf,
contourne la face interne de la masse, et, parvenu de l'autre côté, reprend
son trajet circulaire; en d'autres termes, le corps dont il s'agit, au lieu
d'être environné de toutes parts par la substance vitelline, ainsi qu'on pour-
rait le croire dans certaines positions des ovules, est, en réalité, extérieur
au vitellus. En effet, c'est un élément cellulaire surajouté à l'œuf, qui le
reçoit dans une dépression de sa surface; par conséquent, aux expres-
sions de vésicule ou de noyau embryogène que j'ai employées jusqu'ici pour
le désigner, et qui répondent à l'idée que je m'en étais faite d'après mes
observations premières, je puis substituer dorénavant celle de cellule
embryofjùne comme plus conforme à sa véritable nature.
( i376 )
» Quant à l'origine de celle cellule, je ne puis entrer ici dans le détail
des preuves qui me la font considérer coiuine ayant pris naissance sur
l'épithélium du follicule ovariqne dans lequel l'œuf se développe; l'en-
send)le des faits sur lesquels je base cette manière de voir forme le sujet d'un
travail soumis au jugement de l'Académie, et sur lequel elle sera appelée à
se |)roiioncer prochainement; mais il convient d'ajouter ici quelques détails
sur les modifications que la cellule embryogène éprouve avec l'accroisse-
ment de l'œuf, et son rôle dans l'évolution génésique de ce dernier.
» Dans de très-jeunes ovules du Pleuronectes limanda, larges de o^^joG
à o"'™,o7, cette cellule n'offre elle-même qu'un diamètre de o™™,oo6,
tandis que la vésicule gerniinative atteint en moyeime o™'",o3. Au premier
abord, elle paraît complètement entourée parla substance vitelline; mais,
avec un peu d'attention, on découvre l'étroit canal par lequel l'excavation
qui la loge communique avec l'extérieur. Sur des ovules un peu plus âgés,
cette excavation et son canal se sont convertis en une dépression plus ou
moins profonde de la surface du vitellus, au fond de laqiielle est logée la
cellule embryogène. Par les progrès du développement, celle-ci croît d'abord
proportionnellement avec l'ovule, mais comme, pendant ce temps, elle
s'est entourée d'une couche de granulations fines de plus en plus abon-
dantes, il arrive un moment où elle se dérobe complètement, sous cette
couche, aux regards de l'observateur, et se présente alors comme un noyau
compacte formé de granulations cohérentes. C'est sous cet aspect que la
cellule embryogène a été aperçue chez diverses espèces animales (Gre-
nouille rousse, plusieurs Araignées, etc.) par quelques observateurs alle-
mands et décrite par eux sous le nom de noyau vitellin [Dotlerkern).
» Cette production granuleuse s'étend dans un rayon de plus en plus
large autour de la cellule embryogène et finit par former sur toute la péri-
phérie de l'œuf une couche continue au-dessous de laquelle on aperçoit
encore, pendant quelque temps, le vitellus avec sa transparence et son
homogénéité primitives. Cette couche granuleuse représente le premier
rudiment du germe, lequel se compose, par conséquent, d'une partie péri-
phérique plus mince et d'une partie centrale plus épaisse, correspondant à
son centre de formation, c'est-à-dire à la cellule embryogène. Cette por-
tion épaissie est probablement le point où se formera plus tard, dans l'œuf
fécondé ou même avant la fécondation, suivant quelques travaux récents,
ce que l'on a nommé proprement le germe ou la ckalriculc dans l'œuf des
Poissons osseux. Quant à la partie périphérique, elle revêt dans l'œuf mùr,
durci artificiellement, l'apparence d'une membrane qui a reçu diverses
( '377 )
dénominations, suivant l'idée que les auteurs se sont formée de sa signifi-
cation [membrane vilelline, OEllachcr, couche corlicate du vitetlus, His).
» A mesure que l'œuf approche du terme de sa maturation, son opacité
augmente par le dépôt de plus en plus abondant de corpuscules vitellins
dans son intérieur. La vésicule germinative peut encore parfois être dis-
tinctement aperçue, alors que la cellule embryogène a depuis longtemps
cessé d'être visible. C'est probablement celte circonstance qui a induit
M. van Bambeke à penser que cette dernière disparaît avant la maturité de
l'œuf et que sa disparition précède celle de la vésicule germinative. Bien
que je n'aie aucune preuve positive pour affirmer qu'il en soit aulrement,
je crois néanmoins pouvoir conclure, par analogie avec mes observations
sur l'Araignée, que non-seulement la cellule embryogène survit à la vési-
cule germinative, mais existe encore dans l'œuf fécondé et en voie de dé-
veloppement embryonnaire. Mais on conçoit toute la difficulté, pour ne
pas dire l'impossibilité, que doit présenter la recherche d'un corps aussi
délicat au sein d'une émulsion abondante comme celle formée alors par le
vitellus.
)) En résumé, l'œuf des Poissons osseux présente la même composition
que celle dont j'ai antérieurement essayé de démontrer l'existence pour
l'œuf des Articulés, c'est-à-dire que, chez tous ces animaux, le germe a la
forme d'une vésicule étalée à la surface de l'œuf et renfermant dans son
intérieur le vitellus de nutrition. Non-seulement la partie plastique et la
partie nutritive présentent une indépendance réciproque complète, aussi
haut que l'on peut remonter dans l'observation des phénomènes ovogé-
niqups, mais elles ont chacune une origine différente. Tandis que le prin-
cipe nutritif est directement déposé au centre de l'œuf, avec ou sans le
concours d'éléments étrangers introduits du dehors, point que les auteurs
discutent encore, le germe se forme à la périphérie sous l'influence d'une
cellule particulière, la cellule embryogène, émanée de la paroi de la loge
ovarique, et qui de bonne heure vient se réunir au jeune ovule. »
PHYSIOLOGIE. — De la chronologie du follicule dentaire chez les Mammifères.
Note de MM. E. Magitot et Ch. Legros, présentée par M. Ch. Robin.
« Dans une précédente Communication, nous avons eu l'honneur de
faire connaître à l'Académie les résultats de nos recherches sur le mode
d'origine et la formation du follicule dentaire chez les Manuiufères. Au-
jourd'hui nous présentons un travail qui a pour but la fixation exacte
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N" 23.) ' 7°
( i378 )
des époques de la vie embryonnaire ou des premiers temps qui suivent la
naissance auxquels apparaissent les divers organes qui concourent à la
formation du follicule dentaire. Cette étude, qui a nécessité l'examen d'un
grand nombre d'embryons, tant de l'Homme que de divers Mammifères
domestiques, nous a fourni les données suivantes :
» En ce qui concerne l'Homme, chez lequel les résultats offrent le plus
d'intérêt et le plus grand nombre d'applications, nos observations ont
porté sur une série d'embryons présentant depuis 3 centimèlres de lon-
gueur totale, ce qui correspond à la septième semaine, jusqu'au moment
où il atteint 37 centimètres, c'est-à-dire six mois et demi. Cette première
série nous a permis de fixer toutes les périodes d'évolution des follicules
de la première et une partie de ceux de la seconde dentition. Les autres
phases de cette dernière ont été établies par l'étude de sujets voisins du
terme ou chez des nouveau-nés de divers âges.
» Le plus petit de ces embryons, mesurant 3 centimètres (septième
semaine), a permis de déterminer qu'à cette époque on ne rencontre aucun
point d'ossification sur une partie quelconque de la face et du crâne. Seule
la mâchoire inférieure présente quelques travées osseuses rudimenlaires
au voisinage du cartilage de Meckel. Au point de vue de l'évolution folli-
culaire, nous n'avons constaté chez cet embryon que l'existence du bour-
relet épithélial. La lame épithéliale n'est pas encore formée.
» Une série d'embryons humains mesurant 5| centimètres, 7 | cen-
timètres, 1 1 centimètres et 20 centimètres, a permis de fixer les époques
d'apparition de la laine épithéliale, de Vorgane de téinail, du bulbe, de la
paroi folliculaire jusqu'au moment où celle-ci effectue la clôture du sac.
» Sur le dernier de ceux-ci, c'est-à-dire sur celui de 20 centimètres,
nous avons établi l'époque exacte où le cordon du follicule de t/euxième
dentition se détache du cordon de follicule primitif.
» C'est sur un embryon de 23 ^ centimètres de longueur que nous
avons vu le follicule secondaire, représenlé par son cordon épithélial, se
séparer du cordon primitif pour poursuivre isolément son évolution dis-
tincte. Les phases ultérieures de ce développement ont pu être fixées sur
des embryons dont la dimension variait entre 27 et 4o centimètres.
» En ce qui concerne la chronologie des follicules des molaires perma-
nentes de l'homme, qui ne sont pas précédées de dents temporaires cor-
respondantes, les époques d'apparition de leurs parties constituantes ont
été établies à partir de 20 centimètres pour le début de. la première mo-
laire, du troisième mois après la naissance pour la seconde^ el de la troi-
sième année poiu- la dcriiiàc ou dent de sagesse.
( '379 )
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f i38o )
» Cette étude chronologique, poursuivie chez d'autres Mammifères, nous
a donné des résultats beaucoup moins précis, en raison des incertitudes qui,
pour quelques espèces, subsistent sur les rapports entre les dimensions de
l'embryon et leur âge.
)) Nous donnerons seulement sur ce point les documents suivants, l'en-
semble de ces recherches devant être publié ultérieurement :
» Chez le Mouton, c'est lorsque l'embryon a Sa millimètres que l'on
voit apparaître la lame épilhéliale. Antérieurement à cette époque, on ne
constate que le 6o(iA;'e/e<; à 72 millimètres, l'organe de l'émail se détache
de la lame; à 81 millimètres, le biitbe est apparu et la paroi folliculaire se
détache de sa base; à ii5 millimètres, le follicule est clos et l'on voit ap-
paraître les premiers rudiments du chapeau de dentine.
» Chez le Cheval, l'examen de quatre embryons nous a permis d'établir
les données suivantes. A cent jours, les organes de l'émail des incisives
sont distincts et se détachent de la lame épithéliale; les follicules des
molaires sont à un état un peu plus avancé. A cent quatre-vingt-dix
jours, les follicules des incisives sont clos; les molaires sont dans un état
à peu près analogue. A deux cents jours, les follicules sont arrivés à leur
entier développement, qui précède de quelques jours l'apparition du cha-
peau de dentine; les follicules des incisives permanentes sont visibles,
mais non encore clos. A deux cent vingt jours, les follicules temporaires
sont très-volumineux; le chapeau de dentine est déjà considérable; les
deux organes du cément coronaire et radiculaire sont en place et tout à
fait développés.
» Des recherches analogues ont été entreprises chez des embryons de
Veau, de Chien et de divers Rongeurs; l'exposé des résultats dépasserait
les limites de cette Communication. »
CHIRURGIE. — Expériences sur l'emploi de la galvanocaustie dans les opérations
chirurgicales. Note de MM. Ch. Leuros et Onimus (présentée par M. Sé-
dillot).
H Plusieurs chirurgiens ont déjà indiqué que les escarres galvanocaus-
tiques enfoncées dans la cavité péritonéale sont susceptibles de se résorber
sans suppuration. L'innocuité de ces escarres a été démontrée par plu-
sieiu's expériences; mais, dans celles-ci, les opérations qui ont été faites
avec le galvanocautère auraient pu, à la rigueur, être faites avec succès
par les instruments tranchants. Pour mieux démontrer les avantages delà
( i38i )
galvanocaustie, nous avons déterminé des lésions inira-péritonéales avec le
galv.'inocautère, lésions habituellement mortelles avec d'autres procédés.
» Nous avons ainsi, sur des rats et sur des chiens, après avoir ouvert
l'abdomen, enlevé une portion du foie au moyen du couteau galvanocaus-
tiqiie. En procédant lentement, nous n'avons eu aucune hémorrhagie, et
les animaux se sont complètement remis de ces opérations.
» A l'autopsie faite sur ces animaux, sacrifiés trois semaines après l'opé-
ration, on trouve, chez un rat, auquel on avait enlevé une portion notable
du lobe du foie, et qui n'a jamais eu de symptôme ictériqne, le foie abso-
lument sain, et, dans la partie sectionnée, de nombreuses et fortes adhé-
rences avec l'estomac et une portion de l'intestin.
» Chez un chien, on trouve à l'autopsie le péritoine sain ; le foie est
libre de toute adhérence avec la plaie extérieure. Au niveau de la section du
lobe, il existe des brides assez longues allant du foie au côlon Iransverse, au
côlon et à l'estomac. Les bords de la section sont légèrement recroquevillés,
et le lobe se termine par une surface obtuse, communiquant avec les néo-
membranes. Celles-ci sont vasculaires et ne renferment, nulle part, aucune
trace de pus ni d'inflammation. En tirant sur ces brides, on remarque
qu'elles se continuent avec la membrane de Glisson. On conçoit combien
cette opération serait impraticable avec d'autres procédés, car il est diffi-
cile, sinon impossible, de mettre une ligature sur un lobule du foie : la
section entraîne forcément une hémorrhagie; les caustiques seuls pour-
raient agir dans le même sens que la galvanocaustie, mais leur action ne
pourrait être limitée et agirait très-imparfaitement.
» La galvanocaustie a, dans ces cas, non-seulement supprimé toute hé-
morrhagie, mais empêché l'écoulement de la bile dans le péritoine, et elle
a produit une escarre qui s'est résorbée sans suppuration et sans inflam-
mation du péritoine.
» On comprend, d'un autre côté, combien une section faite dans le
tissu d'une glande entraîne des accidents bien plus graves que l'ablation
d'une glande entière; car dans ces cas l'escarre est plus grande, et il faut
non-seulement que l'hémorrhagie soit arrêtée, mais même que les liquides
de la sécrétion ne puissent, par cette section, se déverser dans le péritoine.
» Nous avons également, sur deux chiens, enlevé une portion des
reins. Sur l'un, nous avons coupé le rein dans presque toute sa longueur
en mettant à nu les bassinets; il nous a été impossible d'oblitérer com-
plètement ces bassinets, et, l'urine venant à suinter dans le péritoine,
l'animal est mort au bout de quarante-huit heures.
{ i382 )
» Sur le second chien, nous avons fait une section très-profonde dans
la couche corticale, mais sans mettre à nu les bassinets. Ce chien a vécu
dix jours, sans présenter de symptômes graves, mais, le dixième jour, il est
tombé malade et a succombé rapidement. A l'autopsie, on trouve à la
place de l'escarre quelques adhérences, et, en examinant au microscope la
surface de la plaie, on constate la présence de cellules épithéliales nor-
males des séreuses, et un grand nombre d'éléments embryo-plastiques.
La plaie était donc en voie de cicatrisation. Au fond de la perte de sub-
stance, on découvre une petite ouverture, communiquant avec un large
bassinet, par laquelle l'urine a dû s'écouler au moment de la chute de
l'escarre. Sans cette communication directe avec un bassinet, tout fait
supposer que la cicatrice se fût faite sans accident.
» Dans un autre ordre d'idées, mais toujours dans le but de montrer
l'innocuité des escarres galvanocaustiques, nous avons transpercé de part
en part, avec une large aiguille, le thorax d'un cobaye, et nous avons
aussitôt cautérisé cette longue plaie du poumon, au moyen d'un fil de
platine rougi par le courant électrique. L'animal a survécu sans accidents,
et sa plaie est complètement cicatrisée.
» Ces faits, dont quelques-uns n'ont, comme procédés opératoires, que
peu de valeur pratique, indiquent, d'une façon incontestable, l'innocuité
des escarres galvanocaustiques dans les cavités péritonéales et pleurales,
ainsi que la supériorité de cette cautérisation sur les autres procédés pour
l'ablation ou la cautérisation des organes renfermés dans ces cavités. »
GÉOLOGIE. — Sur les marnes à huîtres de Fresnes-lès-Rungis [Seine);
Note de M. Stan. 3Ieunier, présentée par M. Daubrée.
« Il existe, dans le village même de Fresnes-lès-Rungis, une petite car-
rière, maintenant abandonnée, et qui présente, de haut en bas, sur une
épaisseur de 3 à 4 mètres, les couches suivantes. Au-dessous de la terre
végétale se montrent successivement :
» 1° M<irne blanche pétrie d'OôYrnprt cj)fl?/;«/a ;
• 2° Marne brime ;
» 3° Marne blanche sans fossiles;
» 4° Marne brune identique au n° 2;
» 5° Marce blanche sans fossiles, identique au n" 3 j
» 6° Marne pétrie à'Ostrœa tongirostris ;
» 7° Marne sableuse, très-blanche ;
» 8° Enfin, calcaire à ceriihium plicatum, cytherœa incrassata, inilliolites, pinces de Crus-
tacés, etc.
( i383 )
» C'est ce calcaire qui faisait l'objet de l'exploitation aujourd'hui inter-
rompue; on le voit sur plus d'un mètre d'épaisseur, mais son support
n'est pas visible.
» Entre Petit-Fresnes et Chevilly, une exploitation de meulières de Brie
montre ce même calcaire en couches bien plus minces, surmonté de marne
blanche, à laquelle succède la couche à 0. tongirostris, et reposant sur un
petit lit de marne rougeâtre qui surmonte les meulières.
)) La position de ce calcaire est donc nettement déterminée, et il y a
lieu, par conséquent, de figurer désormais sur la carte géologique le sable
de Fontainebleau, dont il constitue la base, dans cette partie occidentale
du plateau de Villejuif.
» Ce point établi, revenons à la carrière de Fresnes. Les couches y sont
nettement inclinées vers le nord-ouest, ce qui fait que, dans une portion de
la carrière, c'est la couche à O. longirostris qui affleure, tandis que dans
une autre, et quoique ces assises soient restées parallèles entre elles, c'est
la couche à O. cjalhula. Ce fait, uni à cet autre, que les Huîtres sont ici à
la cote de 8i mètres, tandis qu'à Chevilly les meulières de Brie sont à celle
de 87 mètres, montre qu'il y a eu glissement en masse, glissement causé
sans doute par un taisement des marnes vertes sous-jacentes.
» Un point sur lequel je désire, en outre, appeler l'attention, c'est la
présence dans la couche à O. cjalhula (n° i de la coupe ci-dessus) de nom-
breux petits galets de calcaire, offrant tous les caractères de pierrailles long-
temps battues par les flots. Il en résulte, je crois, que Fresnes-lès-Rungis
est précisément placé sur le littoral de la mer où vivaient les 0. cyatliula.
Celles-ci se sont souvent fixées sur les galets qui nous occupent, comme
l'ont fait aussi des Serpules, des Balanes, des Bryozoaires et d'autres ani-
maux marins.
» Ce qui ajoute de l'intérêt à cette remarque, c'est que, en examinant ces
galets calcaires et en les brisant, on constate qu'ils sont fossilifères. Cer-
tains d'entre eux sont comme pétris de petites Bithinies qui ne paraissent
correspondre à aucune de celles que M. Deshayes décrit comme apparte-
nant au terrain des sables de Fontainebleau. Au contraire, elles m'ont
paru identiques à la B. pusilla du calcaire de Saint-Ouen.
» Si l'on fait attention que les galets calcaires que je signale ont la plus
grande analogie d'aspect et de texture avec les calcaires lacustres, on sera
porté à croire que c'est par la dtmolition du travertin inféi ieur que la mer
des O. c/atitula a produit à Fresnes ses galets.
» J'ajouterai que la petite Bithinie contenue à l'intérieur des galets se
( i384 )
retrouve autour d'eux dans l'argile où ils sont noyés; mais, avant d'ad-
mettre qu'elle est contemporaine del'O. c/ntliula, on peut présumer qu'elle
subsiste après la désagrégation du calcaire marneux qui la contenait déjà
à l'état fossile et que sa petitesse l'a préservée de toute altération.
» On voit qu'il résulte de ces faits, non-seulement la connaissance d'un
point du littoral de la mer des Huîtres, mais aussi celle de l'âge des falaises
qui la bordaient en ce point. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'ini bolide à Fersnilles, le 3 décembre fS'jZ;
Lettre de M. Martin dk Brettes à M. le Secrétaire perpétuel.
« Ce soir, 3 décembre 1873, à 7'" 10", j'ai aperçu, en traversant à peu
près du sud au nord la place d'Armes de Versadies, un peu vers l'est et à
une hauteur angulaire d'environ 3o degrés, un gros bolide lumineux. Il
se dirigeait de l'ouest vers l'est et s'est brisé en plusieurs éclats, qui for-
maient une gerbe lumineuse, divergeant vers l'est et dont l'axe tournait sa
concavité vers la Terre. Je n'ai pu voir qu'une petite partie des trajec-
toires, qui ont disparu derrière les maisons, au nord de l'avenue de Saint-
Cloud, dont la direction est ouest-est.
» Le phénomène n'a duré que quelques secondes. Je me suis arrêté
pendant dix minutes environ, pour attendre le bruit de l'explosion : je
n'ai rien entendu. »
HYDROLOGIE. — Nouvelle analyse de l'eau de la fontaine Saint-Thiéhaul,
à Nanrj ; par M. P. Gityot.
« L'eau ferrugineuse de la fontaine Saint-Thiébaut, connue à Nancy de-
puis environ i64o, est très-fraîche, limpide et laisse par l'évaporation un
sédiment calcaire, coloré en rouge par du fer. Sa densité est de i,oo4 et
sa température de + 8 degrés. Son titre hydrolimétrique est de S/j degrés.
Elle contient par litre :
» Acide carbonique libre : oe'',oi8; — carbonate de chaux : o^^Sio; — carbonate de
fer : o^'^oio; — des traces de carbonate de magnésie; — sulfate de chaux : o«'',35o;
— sulfate de magnésie : o^^oiS; — chlorure de sodium : of',059; — traces de chlorure
de potassium; — sesquioxyde de fer : o«%02o; — silice et alumine : os^oio; — traces
d'arséniate de fer, de fluor, d'acide crénique et apocrénique. — Total.. . . o''',8o2. »
( i385 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Etudes sur divers combustibles du bassin de Douetz
et de Toula [Russie). Analyses et déterminations calorimétriques. Note de
MM. A. Schecrer-Kestner et Ch. Meunier- Dollfus, présentée par
M. Balard.
« La Russie possède d'immenses ressources houillères, dans les terrains
carbonifères du bassin lie Doneiz. Ces gisements commencent à être ex-
ploités. Il n'est pas douteux que, lorsqu'ils auront été reliés à la mer
d'Azof par des voies de transport, ils fourniront des combustibles qui
pourront être substitués avantageusement aux houilles anglaises, dans la
mer Noire et dans quelques stations de la Méditerranée. Plusieurs de ces
combustibles sont d'une pureté exceptionnelle et ne produisent, à la com-
bustion en grand, que a à 3 pour loo de cendres. Nous avons eu l'occasion
d'en étudier quelques-uns. Les résultats des recherches que nous avons
l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie font suite à ceux que
nous avons communiqués précédemment (i).
» Nous avons reconnu, d'une manière générale, dans nos expériences sur
les combustibles minéraux, que leur chaleur de combustion est supérieure à
celle qui est indiquée par le calcul fait suivant la loi deDulong.Les houilles
de Ronchamp, du Creusot, de Blanzy, de Saarbruck, de Denain, d'Anziu
et deux houilles anglaises ont toutes présenté ce caractère; certains lignites
seuls ont donné des résultats inférieurs au calcul. Les houilles russes de
Donetz, tout en ne s' écartant pas d'une manière absolue des précédentes,
présentent cependant une différence assez sensible avec celles-ci, sous le
rapport de leur pouvoir calorifique. Ainsi, parmi celles que nous avons
étudiées, il y en a deux dont la chaleur de combustion ne dépasse pas de
plus de I à 2 pour loo le résultat du calcul; une troisième, au contraire,
reste un peu au-dessous (2). Quant au lignite de Toula, il possède les qua-
lités de certains lignites de France et de Bohême que nous avons étu-
diés (3). Sa chaleur de combustion est très-inférieure au nombre obtenu
par l'addition de la chaleur de combustion de ses éléments; mais elledé-
(i) Comptes rendus, t. LXVII, p. GSg et 1002; t. LXVIII, p. 608; t. LXIX, p. 412;
t.LXXIlI, p. 1061 et i332.
(2) Ce combustible est difficile à Lrùler dans le calorimètre. Il produit beaucoup de noir
de fumée; aussi ne sommes-nous pas arrivés à obtenir des nombres très-concordants. Il se
peut que la différence observée tienite à un défaut de combustion.
(3) Annales de Chimie et de Physique, ^^ série, l. XXVI ; 1872.
C. R., 1873, a» Semestre. (T. LXXVH, M» 23.) ' 79
( i386 )
passe de beaucoup celle qu'on obtient par le calcul fait suivant la loi de
Dulong.
Anthracite Houille Houille Lignite de Toula
Grouchesski fDon). Mioucki (Don). Galoubosski (Don). (Gouv.duRiazan)
Cumbastible Couibustible Combnst. Combust. Combast. Combust. Lignite Liçnile
brut. pur. brut. pur. brut. pur. brut. pur.
Carbone 91,30 96,66 89,97 91, .'|5 77,47 82,67 54,.37 73,72
Hydrogène 1,27 1,35 4,43 4>5o 4)75 5, 07 4>'i9 ^'°9
Oxygène et azote, avec trace
de soufre 1,88 1,99 3,98 4,o5 11,48 12,26 14,89 20,19
Cendres 1,57 » 0,23 » 1,42 » 16,86 «
Eau 4,08 » 1,39 » 4,88 .. 9,39 «^^
100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Cbaleur Chaleur Cbalenr Clialeur
de combustion. de combuslion. de combustion. de combustion.
Combustible brut 7855 "I (i) 8546 "1 (2) 75o5 "' (3) 0794 "1 (4)
.) pur S259 8695 8021 7687
Chaleur calculée A (somme
de chaleur de combustion
des éléments) 8277 Sg.'jG 8434 8o63
Chaleur calculée B (d'après
la loi de Dulong) 8igo 8773 7904 7191
» Ces expériences montrent, encore une fois, qu'il est impossible de se
rendre compte de la valeur de ce genre de combustibles par la connais-
sance de leur composition élémentaire. Nous avons eu entre les mains des
(11 La calcination en vase clos donne 91 pour 100 de résidu mal aggloméré.
La chaleur de combustion est à peu près égale à celle que donne l'addition de celle des
éléments qui la composent.
Cette chaleur de combustion a été déterminée au moyen du calorimètre k combustions
vives, qui nous a servi dans nos expériences antérieures. Dans nos calculs, afin que les ré-
sultats actuels restent comparables aux précédents, nous n'avons pas fait usage de la nouvelle
formule de MM. Jamin et Araaury. L'emploi de cette formule aiirait augmenté d'environ
2 pour 100 le nombre des calories accusées par notre calorimètre.
(2) La calcination en vase clos a produit 80 pour 100 de coke très-dur.
La chaleur de combustion de la houille IVlioucki est un peu inférieure à la somme de celles
des éléments. La combustion de celte houille étant difficile, on ne parvient pas à empêcher
la formation du noir de fumée dans le calorimètre. On peut donc admettre que la chaleur
de combustion observée doit être à peu près égale à celle que donne le calcul fait suivant la
loi de Dulong.
(3) La calcination en vase clos a produit 60 pour 100 de coke bien aggloméré, mais moins
consistant que le précédent.
La chaleur de combustion est supérieure à celle que donne le calcul fait d'après la loi de
Dulong.
(4) La calcination en vase clos laisse fio pour 100 de résidu jiulvérulent.
Ce lignite est connu, à Moscou, sous le nom de houille ou lignite de Toula. Plaques qui se
( i387 )
échantillons de houille très-rapprochés par leur composition élémentaire
et dont le pouvoir calorifique variait beaucoup. Voici, comme exemple,
la comparaison entre un échantillon de houille de Ronchamp et la houille
Mioucki ci-dessus :
Ronchamp. Mioucki.
Carbone 88,38 9' 54^
Hydrogène 4>42 4>So
Oxygène et azote 7,20 4>''^
100,00 ioo,oo
Chaleur de combustion. . . 91 '7 calories 86g5 calories
» Il semblerait, au premier abord, que la houille Mioucki dîit posséder
une chaleur de combustion supérieure à celle de la houille de Roncham|) ;
c'est le contraire qui a lieu : la différence est considérable, puisqu'elle
dépasse 45o calories, ou 5 pour 100. Il est vrai que ces houilles, assez
rapprochées quant à leur composition élémentaire, différent notablement
quant à leur composition immédiate : la première dégage, par la cal-
cination en vase clos, des hydrocarbures renfermant 70 pour 100 de
carbone, tandis que les hydrocarbures de la seconde en renferme!)!
80 pour 100. »
M. J. RonBY adresse une Note relative à un moyen pour prévenir les
inondations.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. É. D. R.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i*" décembre 1873, les ouvraj^es
dont les titres suivent :
Biillelm de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous
la rédaction du D"^ Renard f année 1873, n° i. Moscou, 1873; i vol.
in-8°.
brisent en fragments lamelieux à arêtes vives et à faces conchoïdales. Sa couleur est brune.
La chaleur de combustion de ce lignite est supérieure d'environ 5oo caloriec à celle que
donne le calcul fait suivant la loi de Diilong.
( i388 )
The nniitical Almanac and aslronomical Ephemeris for the year 1877, ivilh
cm appendix containing éléments and ephemerides of Ceies, Pnllas, Juno and
Fesld. London, J. Murray, 1873; in-S".
Proceedings of the London nialhematical Society; vol. I, II, III. London,
Hodgson and Son, i865 à 1871 ; 3 vol. in-8°, reliés.
An address on the gênerai principles ivhich should be observed in the con-
stniction of hospitals, etc.; DOUGLAS-G ALTON. London, Macmillan, 1869;
I vol. in-i 2, relié.
The american Journal of Sciences and Arts; third séries, vol. VI, n" 35,
noveniber 1873. New-Haven, 1870; in-8°.
Beitrâge zur geologischen Karle der Schweiz, etc. Fûnfzehnte Lieferung dns
Gotthardgehiet ; von Karl voN Fritsch. Bern, 1873; i vol. in-4°, avec
cartes.
Ueber Defonnntionen elastischer isolroper Kô'rper dwch mechanische an
ihrer Oberfldche JVirkende Krdfle von C.-W. BoRCHARDT. Berlin, G. Vogt,
1873; br. in-8°.
Revista de la Universidad de Madrid, jtinio, julio, agosto 1873. Madrid,
Aribau, 1873; 3 br. in-S".
Anales del Observatorio de Marina de San-Fernando, publicados de orden
de la mperioridad por el Director don C. PuJAZON; seccion 2": Observaciones
meteorologicas, ano 187 i . San-Fernando, tip. Gay, 1871; in-fol.
Memoria de la cuadratura del circula, exacta razon de n o sea el diametro y
su circonferencia; por D.-J. DE Pablosj'Sancho. Manila, 1872-1873, Ramirez
y Girandier; br. in-8°.
Memoria del nuovo procedimiento para hallar la raiz cuadrada a toda
cantidnd; por D.-J. DE Pablos / Sanoho. Binondo, 1873, B.-G. Moras;
br. in-8°.
C. PiTTEi. Ricordo delprof. G.-B. Donati. Firenze, 1873-, br. in-8".
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES*
SÉANCE DU LUNDI 15 DÉCEMBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MAGNÉTISME. — Sur les lois de l'aimantation de l'acier par les courants ;
par M. J. Jamin.
« J'ai montré, clans mes précédents Mémoires, qu'on peut mesurer le
magnétisme libre, en divers points d'un aimant, par la racine carrée de la
force qui est nécessaire pour arracher un petit contact de fer de i millimètre
de section et de longueur indéfinie. J'ai fait voir, en outre, que si la barre
d'acier est peu longue et suffisamment épaisse, elle constitue un aimant
normal, c'est-à-dire que la distribution magnétique est figurée par les or-
données d'une droite passant par le milieu et faisant avec l'axe un angle ce
plus ou moins grand suivant la qualité de l'acier; de telle sorte qu'il suffit
d'avoir la quantité magnétique à l'extrémité, c'est-à-dire la racine carrée
de la force d'arrachement f, pour connaître l'état de tous les points du
barreau. Je vais maintenant chercher comment varie y/quand on aimante
l'acier avec des courants d'intensité croissante.
» Les barres que j'ai examinées proviennent des forges d'Allevard. Elles
ont 3oo millimètres de longueur, 12 d'épaisseur et 3o de largeur; elles
réalisent des aimants normaux. Je les aimante en les plongeant dans des
C. R., 1873, 2= Semestre. (T. LXXVU, N" 24.) ' 8o
( '3()o )
bobines qui les enveloppent entièrement. La force d'arrachement à l'extré-
mité est mesurée à la manière ordinaire et exprimée en grammes.
» T. Pendant le passage dn conrant dans la bobine, la barre prend une
forte aimanlation, que j'appellerai totale. Soit j: -4- j; la racine carrée de la
force d'arrachement. Après l'ouverture du circuit, il ne reste qu'un faible
résidu, l'aimanlation permanente, que je représenterai par x; enfin je nom-
merai magnétisme temporaire y la différence entre les deux aimantations
totale et permanente.
» Considérons d'abord le cas où la barre, vierge de toute aimantation
antérieure, est soumise à l'action d'un courant d'intensité / progressivement
croissant. Tant que dure ce courant, l'aimantation totale j:" + /croît avec /,
conune dans les électro-aimanls, jusqu'à une limite yF pour i = oo ; elle
peut èlre représentée par la formule suivante ;
v'F i
(i\ o: + r — -^arc lang-î
V / -' go° " a
a étant une constante que l'expérience détermine. Cette formule montre
que X + y augmente avec /, et que, pour i z=: ce , l'arc devenant égal à
go degrés, x + j prend sa valeur maxima y'F. La courbe x -\- y est re-
présentée par AB' [ficj. i); elle a une asymptote BB' parallèle à l'axe des i
à une distance sJY. La formule (i) peut s'écrire
(^)
/ = rttang2|(x+jr).
( <39. )
F, qui est la force d'arrachement quand la pile est formée par un grand
nombre d'éléments, est doni)ée par l'expérience. On peut vérifier la for-
mule (2), soit en calculant pour chaque couple de valeurs de i et de
JC -hr le coefficient a qui doit être constant, soit en donnant à a une
valeur moyenne et en calculant celle de /, qui doit reproduire les nombres
donnés par 1 expérience. Les tableaux suivants ne laissent aucun doute sur
cette vérification, faite avec deux aciers qui étaient désignés par les lettres
A et D, le premier doux, le deuxième assez dur.
» Lorsque, après avoir circulé dans la bobine, le courant vient à être
interroujpu, il ne reste plus que l'aimantation permanente x; mais celle-ci
croît aussi avec l'intensité i du courant antérieur; elle peut également se
représenter par les mêmes formules
jc = — arc tane —
go" ° a,
) i = rt, tang --^ X
a, est différent de a, et \'V, est plus petit que \lb'. La courbe des valeurs
de X est représentée par OA'; elle admet également une asymptote parallèle
à l'axe des / et à une distance y/F,. Le même tableau de nombres justifie
cette deuxième formule comme dans le cas précédent.
w Quant à l'aimantation transitoire/, elle est représentée par la diffé-
rence entre x -+- j et j ; elle es! égale à la distance des deux courbes et croît
également avec /.
Aimantation totale.
Aimantation permanente.
Acier .A.
■v-hy
Acier D.
I calculé.
—
a
.V
Acier A
1 calculé
il
.1'
Acier D
l COlculé.
i observé.
-> +/
/ calculé
a
a
0,000
0
0
»
0
0
1'
0
0
»
0
0
0
0,0.18
6,9
0,0J9
0,122
5.-',
o,o53
0,
■ 48
i|i
0,044
0,224
1,6
0,049
0,254
o,o83
9,j
o,o83
0,i5i
9-'
o.ugS
0)
,37
2,0
0,078
0,222
2,6
0,082
0,265
o,i4i
i3,7
0,1 38
0,1 54
12,0
o,i38
0)
169
3,0
o,i33
0,218
^,9
0,129
0,286
0,186
i5,S
o."7Î
0, 162
■'1,1
0,178
0,
172
4,0
0,109
0,1 85
5,0
0,172
0,281
0,23l
17,6
0,212
0,1 6/|
16,0
0,221
0,
171
4,'i
o,23o
0,205
6,0
0,222
0,273
0,278
■O.J
0,267
0,1 58
.7,3
0,262
0,
176
4,9
0,280
0,203
6,6
0,273
0,267
0,359
■M,'|
o,3'l5
0,1 58
ly,'-!
0,319
0,
186
5,7
0,395
0,186
7.9
0,346
0,272
o,5io
23,9
0,5-28
0,1, '|6
21,9
o,56/|
0,
>i9
6,4
0,573
0,182
9,«
o,5'|5
0,234
0,578
»
"
n
22,7
0,573
0,
.67
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,1
),
10,0
0,618
0,245
0,727
»
1)
)i
23,7
o,7Î8
0,
i6j
»
»
I*
10,6
0,761
o,25o
a =; O, IJ I
V'F = 29,o
a =^ o,i6j
V/F =26,0
= 0,202
v^r, = 8,'
a = 0,262
v/r, = i3,',
u II. Le cas que je viens d'étudier, celui d'un acier primitivement
vierge, est le plus simple de tous. Une fois qu'il a subi l'action du
180,.
( «392 )
courant, le barreau garde un magnétisme que des courants ultérieurs peu-
vent modifier, mais non détruire. Cherchons les lois de ces modifications,
d'abord pour un courant du même sens que celui qui a donné la première
aimantation. Supposons que l'intensité du courant primitif soit / = OF,
qu'il ait produit un magnétisme total EF =z a -t-JT et laissé une aimanta-
lion permanente x= DF, que j'appellerai A.
» L'intensité du courant qu'on fait agir ensuite, croissant de / à OF,
détermine une augmentation du magnétisme représentée par la courbe CE,
et l'expérience pi'ouve que cette addition est justement égale au magné-
tisme transitoire jK qui a été développé, dans le cas précédent, pour l'acier
vierge, par la même intensité dç courant; puis, lorsque ce courant a cessé,
la barre se retrouve avec son magnétisme permanent j: = DF, qui n'a pas
changé, et qui est représenté par la droite CD.
» Lorsque l'intensité du courant atteint la valeur / = OF, la barre se
retrouve dans le même état que si, étant vierge, elle avait subi l'effet de
ce même courant / = OF, et, l'intensité continuant à augmenter ensuite
jusqu'à l'infini, les deux courbes demagnétismes total et transitoire se con-
tinuent suivant EB' et DA', comme dans le cas précédent.
» Dans le cas particulier ou l'aimantation jirimitive aurait été produite
par un courant infini, l'aimantation permanente serait OA, Elle resterait
égale à OA et représentée par la droite AA' après l'action d'un second cou-
rant de même sens, quelle que soit son intensité. Pour avoir l'aimantation
totale, il faudrait ajouter j" à l'ordonnée AA', et l'on aurait la courbe AB'
rejoignant à l'infini l'asymptote BB'.
» En résumé, le magnétisme transitoire j est indépendant de l'état per-
manent. Il n'est fonction que de / et s'ajoute au magnétisme, quel qu'il soit,
que la barre conserve après que le courant a cessé- Le deuxième tableau
montre les valeurs de y après des étals antérieurs très-divers qui sont in-
scrits en tête de chaque colonne pour i = o. On trouvera des différences
sensibles entre ces nombres; il ne faut pas les attribuer seulement à l'er-
reur des observations, mais probablement à une inexactitude de la loi elle-
même, que je suis porté à ne considérer que comme approximative.
( '393 )
Acier
E.
A
cier vierge
T
A+.r
Après
une aiman
ation antér
J-
eure A.
/ obs.
■r-hX
X
J-
A-*-j-
A+j-
r
0,000
0
0
0
9,5
0
10,4
0
12,4
0
o,o48
4.0
o,q
3,1
12,3
2,8
i3,.
2,7
14,4
2,0
o,o85
6,0
1,8
4,2
i3,8
4,3
14,4
4,0
i6,9
3,7
o.i4i
9,4
2,9
6,5
i5,5
6,0
16,1
5,7
17,5
5,0
o,i86
12,0
4,0
8,0
.6,1
6,8
17,"
6,7
.8,4
6,0
0,23l
i4,o
4.9
9,'
•7,4
7,9
17,8
7,4
'«,9
6,5
0,278
i5,8
5,8
10,0
18,4
8,9
.8,4
8,0
>9,«
7,4
0,359
18,2
7,'
II ,1
'9,<^'
10, 1
'9,7
9,3
20,7
8,3
o,5io
21 ,3
9,4
11,9
21,4
",9
21,2
10,8
21 ,6
10,2
0,5,8
»
»
»
22,1
12,6
22,0
1 1 ,6
23,4
1 1 ,0
» III. Supposons maintenant qu'après avoir donné, par un courant di-
rect, une aimantation permanente A = OA, on dirige dans la bobine un
courant croissant contraire, qui donnerait pour un acier vierge les deux
courbes Oa'et Ob' symétriques de OA' et OB', on verra le mHgnétisme
primitif diminuer d'abord, puis changer de signe. L'aimantation perma-
nente sera figurée par la courbe AQa'. Pour i = ce , elle sera devenue
égale et contraire à OA'; elle sera tangente à la courbe Oa' qui repré-
senterait l'aimantation inverse développée par le même courant si la barre
était vierge. L'expérience prouve que, dans tous les cas, les ordonnées
de AQa' sont représentées par A— sa: = 2; de sorte que, si l'on re-
tranche ces ordonnées 2 de A et qu'on divise la différence par 2, on re-
trouvera les valeurs de x. C'est ce que montre le troisième tableau.
observé.
O
0,048.
o,o83
o,i4i
0,186
0,23l
0,278
0,359
o,5io
0,578
0,727
o
5,8
8,3
•3,4
i5,7
•7,3
•»,9
20,7
22,9
25,8
28,2
Acier
B.
Première série.
Deuxième
SÉRIE.
Acier vierge.
-
Courant inverse.
z'
z
t'
A — z
X
.r
2
A-
-IJC — jr
A
— IX
.r
X
0
0
+
12,4
-1-12,4
0
0
1,6
3,8
-1-
5,7
-1-
8,6
2,9
',9
2,5
6,4
0
-1-
7,0
7,0
2,7
4,1
9,3
6,6
-t-
4,2
10,8
4,5
5,2
10,5
.1,4
-h
0,5
••,9
5,9
6,3
1 1 ,0
i3,8
1,0
12,8
6,7
7>'
••,7
16,2
2,8
•3,4
7,6
8,6
12,1
18,5
5,0
i3,5
8,7
10,3
12 ,6
21 ,3
7,6
.3,7
10,0
11,0
•4,8
22,4
8,4
•4,2
10,4
12,0
16,2
26,0
9,5
,6,5
10,9
( 'Vi )
1) Quant à l'aimantation totale z', elle est encore représentée par l'ai-
niaulation permanente A — ijc, diminuée de r, c'est-à-dire de ce que le
coin-ant ajoute à l'état primitif de la barre. La diflérence : — 2' des ordon-
nées des deux courbes est donc encore égale à j, comme le montre le
tableau.
1) Si l'aimantation primitive ou directe avait été seulement égale à OC ou
à a , les deux courbes seraient encore a — 2x, et a — 2X — y ou CG
et CH, après quoi elles se continueraient par les lignes G a', H//, que les
mêmes courants produiraient sur la baire vierge.
» IV. Avant d'aller plus loin, je chL^rcberai à expliquer ces diverses
lois par une hypothèse que j'ai déjà produite et que je vais développer.
» J'admets que le magnétisme n'est pas seulement répandu à la surface
extérieure du barreau, mais que chaque point intérieur, jusqu'à une pro-
fondeur limite, est un pùle. Ainsi, sur la normale AB à la surface exté-
rieure MN {fiij. 2), tous les points ont une quantité de magnétisme libre
proporlioinielle aux ordonnées de la courbe DREF, de façon que la
force d'arrachement en A est proportionnelle à l'aire de cette courbe BEF.
» On ne peut, a priori, savoir comment varient les ordonnées de cette
courbe. Nous supposerons qu'elles sont sensiblement égales en chaque point
et décroissent brusquement en B, hypothèse dont les conséquences seront
vérifiées par l'expérience.
» Pour une intensité /, l'aimantation pénétrera jusqu'à une profondeur
e = AC, et la courbe CEF représentera la quantité totale de magnétisme, ou
œ +j ; la couche e sera sursaturée pendant l'action de ce courant. Aussitôt
qu'il cessera, la couche arrivera à la saturation permanente et se réduira
à CHK., dont l'aire est.r.
» Pour un courant /' plus puissant, l'aimantation atteindra l'épaisseur
e' = BA, l'aimantation totale sera représentée par l'aire BDEF, qui se ré-
duira par la rupture du circuit à BGHK.
» 1° Cette hypothèse explique d'abord la différence trop peu remarquée
et absolument incomprise qui existe entre une aimantation totale, qui n'est
maintenue que par le courant, et uni; aimantation permanente égale à la
première, mais qui est stable. Il peut se faire, en effet, que l'aimantation
totale CEF, produite par un coinant faible, pénétrant à une profondeur e
et dont les ordonnées sont grandes, soit égale en valeur absolue à l'aiman-
tation permanente BCIIK, restant après l'action d'un courant plus puissant,
pénétrant à une grande profondeur c', mais ayant en chaque point une
intensité moindre.
( '^9^ )
» 2° L'aimanfatioii permanente après un conrant / étant BCHK, l'action
ultérieure d'un courant de même sens moindre que /, ou au plus égale à /,
fera naître l'aimantation totale CEF; elle augmentera l'effet de l'aire HEFK,
et c'est précisément l'aimantation transitoire y due à ce courant; cela
aura lieu, quelle que soit la profondeur e'= BCA à laquelle a pénétré l'ai-
mantation première, c'est-à-dire quel que soit l'état primitif de la lame,
pourvu que e' soit plus grande que e. L'action d'un courant /est donc
indépendante de l'aimantation antérieure, comme nous lavons expérimen-
talement montré.
» 3° Mais quand le courant / cessera de circuler, la' couche d'épaisseur
e cessera d'être sursaturée; on retrouvera la courbe BCUR, qui est l'ai-
mantation permanente primitive.
» 4° Un courant direct / ayant développé l'aimantation permanente
A = BCHK, on fait pnsser un autre courant inverse d'intensité moindre,
ou i, qui agit à une profondeur moindre e = AC. Il détruit d'abord tout
le magnétisme qui existait dans celte couche, ou x; il le remplace par
une couche égale et contraire CR {ficj. 3), égale aussi à x; et enfin il y
ajoute, pendant son action, l'aire CRLH ou j\ De cette façon, le magné-
tisme total est devenu A — 2X — j, comme l'expérience l'a démontré.
)i 5° Puis, si le courant cesse d'agir, l'aire GKLH disparaît, et il reste
A — 2jr, ce qui est encore conforme à l'expérience.
M 6** On voit avec quelle fidélité noire hypothèse représente les lois expé-
rimentales de l'aimantation et qu'elle pouvait conduire à les découvrir.
» Voici maintenant d'autres conséquences de celte hypothèse. Il peut
se faire que les deux courbes directe BC et inverse CK, qui sont super-
posées, aient une action égale; la lame sera neutre sous la double action de
deux magnétismes contraires et égaux. Cela arrivait dans mes appareils,
cjuand, après avoir aimanté les barreaux à satin-atiou dans le sens direct,
ou faisait ensuite agir un courant inverse de 6 éléments. Si, dans cet état
d'apparente neutralité, la lame est de nouveau soumise à un courant inverse
moindre que i, elle prend un magnétisme temporaire GRLH et paraît né-
gative, mais se retrouve à son état de neutralité première après le courant.
Elle ne peut donc plus être aimantée inversement par un courant de i à
G éléments, tandis cjue tout courant direct détruira une portion du magné-
tisme inverse et le rempilacera par une aimantation directe. Il y aura trois
couches superposées et une réaction dans le sens, positif ou direct.
» Je ne présente cependant ces hypothèses et ces lois expérimentales
que comme un premier degré d'approximation. Il est aisé de voir, en effet,
( '-^'ge )
que les valeurs de jc et de j% déduites des expériences, ne sont pas rigou-
reusement égales entre elles; d'autre part, notre hypothèse admet que la
couche magnétique a, dans toute sa profondeur, la même intensité en
chaque point, ce qui est tout à fait invraisemblable. On n'a donc ici que
des résultats moyens suffisants comme exactitude dans les cas que j'ai
étudiés; mais il ne faudrait pas en pousser- les conséquences jusqu'à 3
ou 4 couches magnétiques inverses superposées : on rencontrerait alors
des perturbations sensibles, qu'une théorie mathématique seule peut
expliquer. »
CHIMIE l'HYSiOLOGiQUE. — Réponse à la Note lue par M. Trécul,
dans la séance du 8 novembre; par M. Pasteur.
« Ce n'est pas une Communication académique que M. Trécul a faite
lundi dernier, c'est une sorte de réquisitoire dans lequel, sans apporter
une seule observation originale, notre confrère se hvre à une discussion
de textes et épilogue sur des citations qu'il paraît ne pas comprendre ou
qu'il ne comprend pas réellement. La clarté que je m'efforce d'apporter
dans mes recherches et dans leur exposition se transforme, sous sa plume,
en assertions « équivoques » et « ambiguës. » Il s'interroge sur ce que j'ai
dit, sur ce que j'ai fait, sur ce que je ferai ; il répond à ses doutes par des
dissertations soupçonneuses ou des interprétations gratuites, et conclut
que cette discussion fatigue tout le monde, comme si j'étais l'auteur de la
reprise de cette discussion, parce que je suis venu lire à l'Académie, le
mois dernier, le résumé de trois années de recherches assidues sur un
des problèmes les plus difficiles et qui, depuis plusieurs siècles, défie les
efforts de toutes les personnes qui se sont occupées de l'industrie de la
bière.
» La faiblesse des arguments invoqués par M. Trécul est si grande que
je ne prendrais pas la peine d'y répondre s'il ne s'agissait de deux des
sujets les plus élevés de la philosophie naturelle, la question des généra-
tions diles spontanées et celle de la transformation des espèces. Si l'on n'y
prend garde, cette hypothèse du transformisme introduira dans la science
une foule d'erreurs, parce qu'elle dispense beaucoup de personnes d'ob-
servations approfondies.
» L'Académie sait ce que veulent MM. Fremy et Trécul : tous deux
soutieinient l'une des formes de la génération spontanée; ils prétendent
que les matières albuminoïdes peuvent s'organiser d'elles-mêmes en des
( i397 )
êtres nouveaiTx; mais ils n'ont produit jusqu'à ce jour, à l'appui de cette
assertion, aucune expérience rigoureuse, taiulis que j'ai démontré l'erreur
de leur hypothèse par de nombreuses expériences, faites sur les liquides
les plus altérables de l'économie, notamment avec le sang et l'urine pris
à l'état naturel.
» On n'a pas oublié que, au cours de la discussion de 1872, comme
M. Fremy parlait sans cesse de la fermentation du jus de raisin, dont les
matières albuminoïdes devaient s'organiser suivant lui, au contact de l'air,
en cellules de levure alcoolique par la force vitale de leur hémi-organi-
sation, j'ai posé à notre confrère cette question : n Reconnaîtriez-vous que
» vous vous trompez, si je venais vous offrir du nioùtde raisin naturel, ex-
» posé au contact de l'air pur, et vous démontrer qu'il est impropre à entrer
» en fermentation alcoolique et à donner naissanceà des cellules de levrire?»
Quand je tenais publiquement ce langage à M. Fremy, je n'avais pas en-
core fait l'expérience dont je parle; mais c'est le propre des théories
vraies de conduire logiquement à des déductions que l'expérience n'a
plus qu'à contrôler. Depuis, j'ai fait cette expérience, et j'ai prouvé que le
jus du raisin ne peut produire des cellules de levure que par l'apport de
poussières extérieures, naturellement existantes à la surface des grains et;
de la grappe. Mais j'ai tort dera|)peler le nom de M. Fremy, puisque notre
confrère garde le silence depuis l'année dernière. Néanmoins, il avait
promis solennellement à l'Académie la lecture d'un grand Mémoire sur la
fermentation, et les derniers mots qu'il ait publiés dans les Comptes rendus
sont les suivants :
« Je prends l'engagement de démontrer avant ])cii, à tous les partisans de M. Pasteur,
qu'il n'existe pas de cellules de ferment alcoolique dans des milieux gazeux où la fermenta-
tion alcoolique se produit facilement, et que, par conséquent, les ferments sont engendrés
par l'organisme (séance du ii novembre 1872, t. LXXV, p. i l'ja) ».
M Les ferments sont engendrés par l'organisme! Voilà la dernière asser-
tion que M. Fremy a pris l'engagement de démontrer à tous les partisans de
M. Pasteur, et ceux-ci attendent toujours.
» M. ïrécul va plus loin encore que M. Fremy. Pour lui, les matières
albuminoïdes donnent, par génération spontanée, des bactéries; celles-ci,
descelkdes de levure lactique; celles-ci, des cellules de levure de bière; ces
dernières, à leur tour, du Mycoderma viiii et du Pénicillium glaucum, et pro-
bablement beaucoup d'autres espèces. Je soutiens, au contraire, que tous
ces faits sont erronés, que ces transformations ne sont qu'hypothèses à
C. K.,1873, 2' Semestre. {T. LWVII, N» 24.) I^I
( i398 )
l'appui desquelles on ne peut citer que des faits confus, mal observés, en-
tachés de causes d'erreurs qu'on n'a pas su dégager au milieu des difficultés
inhérentes aux expériences.
» Voici comment M. Trécul croit établir que le Pénicillium glaucum se
transforme en cellules de levure alcoolique. »
M. Pasteur expose de vive voix le dernier alinéa de la page 1 169 du
tome LXXV des Comptes rendus emprunté à une Note de M. Trécul; il
complète le détail de la manipulation pardesrenseignementsque M. Trécul
a bien voulu lui fournir de vive voix ; ensuite, il fait ressortir les nom-
breuses causes d'erreur de ces observations. Toute la manipulation est faite
au contact de l'air, et les spores du Pénicillium sont prises sur des citrons
moisis. Or il suffit d'observer au microscope les poussières de la surface
d'un citron pour y reconnaître une multitude de spores et de cellules orga-
nisées, très-différentes souvent des spores de Pénicillium. M. Pasteur décrit
ensuite la méthode qu'il emploie pour démontrer le contraire de l'asser-
tion de M. Trécul; toute la manipulation est faite à l'abri des poussières
atmosphériques avec des spores de Pénicillium qui a poussé dans l'air pur;
enfin M. Pasteur décrit le moyen de répéter les observations de M. Trécul
dans les mêmes conditions que ce dernier, c'est-à-dire en déposant des
spores de Pénicillium dans de petits flacons de moût de bière, mais avec
la précaution d'opérer sur des spores parfaitement pures. Dans ce cas, on
n'obtient jamais la transfonnatiou dont parle M. Trécul. Afin de mieux
convaincre ce dernier, M. Pasteur a apporté à la séance de petits flacons
semblables à ceux dont se sert M. Trécul, ensemencés avec des spores
pures de Pénicillium depuis mardi dernier; il prie M. Trécul de vouloir bien
les accepter, de les observer à loisir, et il annonce que M. Trécul sera dans
l'impossibilité d'y trouver la trace d'une transformation quelconque des
spores semées en cellules de levîire. M. Pasteur offre en outre à M. Trécul
un de ses ballons, où se trouve du Pénicillium à l'état de pureté, et de
petits fl;icons de moût non encore ensemencés, et il prie M. Trécul de
vouloir bien répéter chez lui ses anciennes observations, avec ces éléments
de travail; il l'assure que, cette fois, il reconnaîtra encore que la trans-
formation des spores de Pénicillium en levure n'existe jamais dans les con-
ditions où M. Trécul dit l'avoir observée.
M. Trécul, dit M. Pasteur, pourra s'assurer cependant qu'en dépo-
sant dans les flacons uni; quantité imperceptible de levure de bière, la
fermentation s'y établira pronq:)tement, avec développement des cellules
de levure; enfin M. Trécul pourra s'assurer également que les sj)ores de
Pénicillium y germent très-bien.
{ '399 )
« Lorsque M. Trécul, continue M. Pasteur, aura achevé le petit travail
que je sollicite de son dévouement à la connaissance de la vérité, je
remettrai à Vi. Trécul, dans une de nos séances, les éléments d'un travail
tout semblable sur le Mycoderma vint. En d'autres termes, j'apporterai à
M. Trécul du Mycoderma nj/uparfaitement pur, avec lequel il pourra repro-
duire ses anciennes observations et reconnaître l'exactitude des faits
que j'ai annoncés en dernier lieu. »
M. Pasteur termine ainsi : « Que l'académie me permette une dernière
réflexion. Il faut avouer que mes contradicteurs ont été vraiment bien
malencontreux, de prendre occasion de ma lecture sur les maladies de la
bière pour renouveler cette discussion. Comment n'ont-ils pas compris
que mon procédé de fabrication de la bière inaltérable ne pourrait exister
si le moût de bière pouvait donner au contact de l'air toutes les transfor-
mations qu'ils annoncent ? Et puis, ce travail sur la bière, fondé tout entier
sur la découverte et la connaissance des propriétés de quelques êtres
microscopiques, est-ce qu'il n'est pas venu à la suite de mes études sur le
vinaigre, sur les propriétés du Mycoderma aceti, sur le procédé nouveau
d'acétificiition que j'ai fait connaître ? Ce dernier travail n'a-t-il pas eu
poursuite mes études sur les causes des maladies des vins et des moyens
de les prévenir, toujours fondées sur la découverte et la connaissance
d'êtres microscopiques non spontanés? Cesdernières recherches n'ont-elles
pas été suivies de la découverte d'un moyen préventif de la maladie des
vers à soie, déduit également de l'étude d'organismes microscopiques non
spontanés ?
» Est-ce que toutes les recherches auxquelles je me suis livré depuis
dix-sept ans ne sont pas, malgré les efforts qu'elles m'ont coûtés, le produit
des mêmes idées, des mêmes principes, poussés, par un travail incessant,
dans des conséquences toujours nouvelles? La meilleure preuve qu'un
observateur est dans la vérité, c'est la fécondité non interrompue de ses
travaux. »
CHIMIE. — Nouvelles remarques sur la nature des éléments chimiques (i) ;
par M. Berthelot.
« Je n'ai pas besoin de rappeler à l'Académie toute l'importance de la
question agitée dans la dernière séance. Entre notre illustre maître, M. Du-
(i) Les exigences de la séance n'ont pas permis la lecture de ces Remarques. [Note du
Secn'-taire pcrpptiu-i. )
i8i..
( i4oo )
mas, et l'auteur de ces lignes, il ne saurait y avoir de dissentiment, ni sur
les principes d'une science qu'il nous a enseignée, ni sur l'originalilé de ses
vues relatives aux éléments chimiques et aux rapports de ces éléments,
soit entre eux, soit avec les radicaux organiques.
M C'est donc plutôt pour échapper au reproche d'une connaissance
insuffisante de l'histoire de la Science que pour insister davantage que
je lui demande la permission de reproduire ici la page 280 de ses Le-
çons de Philosophie chimique, passage qu'il a rapproché de mes propres
remarques.
n Avant (le bâtir avec quelque confiance un système sur ce terrain, dit M. Dumas, il faut
qu'un grand nombre d'expériences précises soient venues l'éclairer. C'est ainsi qu'il serait
de la plus haute importance d'étudier les corps composés sous le rapport de leurs capacités
pour la chaleur; car il ne faut pas s'imaginer que la relation des chaleurs spécifiques aux
poids d'atomes n'existe que pour les corps simples : elle se retrouve aussi dans les composés
du même ordre. On aurait donc tort d'y chercher une preuve de la justesse de l'idée
que nous nous faisons des corps qui nous paraissent élémentaires, et l'on |K'ut dire que la
capacité de leurs atomes chimiques tend vers l'égalité, parce que ce sont des corps du
même ordre, et sans que la simplicité de leur composition en découle nécessairement. »
» M, Dumas cite à l'appui de ces opinions les expériences, récentes
alors, de Nautnann, sur les chaleurs spécifiques des carbonates de baryte,
de strontiane, de chaux, de fer, de zinc et de magnésie, lesquelles, multi-
pliées par les poids atomiques correspondants, donnent ini produit con-
stant, i3i. De même les sulfates de baryte, de strontiane, de chaux, de
plomb, fournissent le produit i55. « Pour les autres corps composés,
» ajoute avec raison M. Dumas, nous manquons de données assez précises
I) pour nous permettre de faire de semblables comparaisons. »
» On voit qu'il ne s'agissait point encore, en i836, d'une relation entre
la chaleur spécifique des corps composés et celle de leurs éléments, mais
uniquement entre les composés du même ordre; a fortiori la possibilité de
distinguer un élément d'un corps composé en général par les chaleurs spé-
cifiques était-elle expressément écartée.
» Les chaleurs spécifiques des corps composés étaient d'ailleurs peu
connues. Cette laciuie ne tarda pas à être comblée, pour de nombretises
séries, par les travaux de M. Regnault; mais M. Regnault, comme Nan-
mann, se borna à rapprocher les chaleurs spécifiqi;es des corps composés
dont la constitution est semblable, sans chercher davantage à établir
quelque rapprochement plus étendu. C'est M. Wœstyn, en 1848, qui si-
gnala le premier, je crois, la relation approximative entre la chaleur spéci-
( i4oi )
fique atomique d'un corps composé et celle de ses composants : les rela-
tions partielles, découvertes par MM. Naumann et Regnault, deviennent
une conséquence de cette loi plus générale.
» En l'appliquant à mon tour aux radicaux organiques, et spécialement
aux carbures d'hydrogène, j'ai été conduit à mettre en évidence la diffé-
rence qui distingue leurs chaleurs spécifiques de celles des éléments, soit
pris individuellement, soit envisagés comme constituant un groupe de corps
du même ordre. Les carbures de la série de l'éthylène, par exemple, sont des
corps du même ordre, aussi analogues entre eux que les radicaux simples :
calcium, baryum, strontium, fer, zinc, magnésium-, et il en est de même des
combinaisons correspondantes formées par ces radicaux. Or, je le répète,
les chaleurs spécifiques atomiques des radicaux simples ont la même va-
leur, et, cette valeur étant connue et mise en regard de leur poids ato-
mique, la simplicité de leur composition en découle presque toujours né-
cessairement, comme je l'ai établi dans ma Note précédente; tandis que les
chaleurs spécifiques atomiques des radicaux composés sont à peu près
multiples les unes des autres, et leur grandeur suffit pour établir la com-
plexité des radicaux eux-mêmes.
)) Les combinaisons du même ordre, formées par les radicaux simples,
ont aussi toutes à peu près la même chaleur spécifique atomique, confor-
mément aux observations de MM. Naumann et Regnault. Au contraire, les
combinaisons du même ordre, formées par une série de radicaux composés
analogues, offrent des chaleurs spécifiques qui tendent à s'accroître propor-
tionnellement avec la variation même des poids atomiques: ce qui établit
encore la complexité de ces radicaux, et ce qui est précisément le contraire
des relations que l'on aurait pu concevoir entre les composés du même
ordre, à l'époque des travaux de Naumann, sur l'identité des chaleurs
spécifiques atomiques des carbonates et des sulfates.
» En résumé, l'étude des chaleurs spécifiques, telle que les travaux
les plus récents l'ont mise en lumière, conduit à établir un caractère
positif qui distingue, ce me semble, les corps simples de la Chimie
présente de ses corps composés; elle montre qu'aucun corps composé
connu ne doit être réputé du même ordre qu'un corps simple actuel.
L'importance d'un semblable caractère ne peut être révoquée en doute;
elle s'accroît en raison de la signification mécanique que les théories d'au-
jourd'hui attribuent à la notion des chaleurs spécifiques : c'est là ce que je
me suis efforcé de mettre en évidence.
» Cependant, et je demande la permission d'y revenir encore, il ne faut
( t402 )
pas tirer d'une telle opposition entre les caractères physiques et méca-
niques de nos corps simples et ceux de nos corps composés une conclu-
sion exagérée. Si nos corps simples n'ont pas été décomposés jusqu'ici et
ne paraissent pas devoir l'être par les forces qui sont aujourd'hui à la
disposition des chimistes et dont ils ont tant de fois épuisé l'action sur
leurs éléments, comme M. Dumas en a fait justement la remarque lors
de sa discussion avec Desprclz, pourtant rien n'oblige à affirmer qu'ils
soient indécomposables, selon une autre manière que nos corps com-
posés ; ])ar exemple, par les forces agissant dans les espaces célestes,
comme le veut M. Lockyer; rien n'empêche non plus de supposer qu'une
découverte, semblable à celle du courant voltaique, permette aux chi-
mistes de l'avenir de franchir les barrières qui nous sont imposées.
» L'identité fondamentale de la matière constitutive de nos éléments
actuels et la possibilité de transmuter les uns dans les autres les corps
réputés simples peuvent d'ailleurs être admises à titre d'hypothèses plus ou
moins vraisemblables, sans qu'il en résulte la nécessité d'une matière
unique, réellement existante, et telle que nos corps simples actuels en
représentent les états inégaux de condensation. En effet, rien ne force à
concevoir une décomposition finale qui tende nécessairement à ramener
nos éléments actuels, soit à des éléments plus simples, ajoutés les mis aux
autres pour former nos éléments actuels, soit aux multiples d'inie même
unité pondérale élémentaire. Les divers états d'équilibre, sous lesquels se
manifeste la matière fondamentale pourraient offrir entre eux certaines
relations générales, analogues à celles qui existent entre les valeurs multi-
ples d'une même fonction. Dans cette hypothèse, un corps simple pourrait
être détruit, sans être décomposé au sens ordiiiairedu mot. Au momentde sa
destruction, il se transformerait subitement en un ou plusieurs autres corps
simples, identiques ou analogues à nos éléments; mais les poids atomiques
des nouveaux éléments pourraient n'offrir aucune relation simple avec le
poids atomique de l'élément qui les aurait produits par sa métamorphose; le
poids absolu demeurerait seul invariable dans la suite des transformations.
» Mais je ne veux pas insister davantage sur cette hypothèse d'une ma-
tière identique au fond, quoique multiforme en ses apparences, caractéri-
sée dans chacune d'elles par un mode de mouvement particulier, telle enfin
qu'aucune de ses manifestations ne puisse être définie comme le point de
départ nécessaire de toutes les autres.
» Aussi bien serons-nous trop heureux si M. Lockyer, guidé par l'ana-
lyse spectrale des astres, parvient à jeter sur ces optnions une lumière non-
( <4o3 )
velle, et s'il continue à approfondir les questions que M. Dumas agitait, il
y a quarante ans, dans un ouvrage qui a tant concouru à notre éducation
scientifique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherclies sur de nouveaux dérivés du bulyte;
par M. A. Cahobrs.
« Ayant à ma disposition de l'alcool butylique de fermenlalion, dans
un grand état de pureté, je me suis proposé de préparer certains radicaux
organomélalliquesapparlenant à cette série, dans le but d'en faire une étude
comparative avec celle des composés correspondants des séries inférieures.
)) Cette étude offre en outre un certain intérêt en raison des anomalies
que présente cet alcool qui, quoique primaire, est bien différent de l'alcool
butylique normal, le véritable homologue des alcools méthylique, éthy-
lique et propylique. Ce produit présente, comme on sait, un point d'ébulli-
tion, inférieur de quelques degrés à celui que lui assigne la théorie, et
ces différences se retrouvent dans les quelques éthers qu'on en a fait dé-
river.
>) Tout récemment, en outre, MM. Is. Pierre et Puchot, dans un travail
intéressant, ont démontré que l'acide butyrique, fourni par l'oxydation
de cet alcool, bout à la température de i55,5, alors que l'acide butyrique
de MM. Pelouze et Gélis, qui prend naissance dans la fermentation du glu-
cose en présence de la caséine altérée, bout à 164, ainsi que l'acide buty-
rique obtenu par M. Chevreul par la saponification de la butyrine. Il était
probable, d'après ces observations, que les dérivés organométalliques se
rattachant à la série du butyle, fournis par l'alcool butylique de fermenta-
tion, devaient présenter, relativement à leurs points d'ébullition, des dif-
férences analogues à celles que nous venons de rappeler : c'est ce que
l'expérience a confirmé de la manière la plus complète.
» L'alcool qui a servi à ces recherches bouillait régulièrement depuis
la première goutte jusqu'à la dernière, entre 108 et 109 degrés, c'est-à-dire
à luie température de 5 à 6 degrés, inférieure à celle que présente l'alcool
normal. Les dérivés de cet alcool, qui fout l'objet de la présente Note, sont
le mercure butyle, le zinc butyle, l'aluminium butyle, le stanbutyle ainsi
que les éthers oxalo et silicobutyliques.
» Slanbutjle. — Lorsqu'on chauffe en vase clos de Tiodure de butyle
avec un alliage d'étain et de sodium, à 6 pour 100 de métal alcalin, réduit
préalablement en poudre grossière, l'attaque, qui déjà se manifeste à froid,
( >/)o/, )
s'effectue complètement à la température de loo degrés. Le résidu des tubes,
après une digestion d'environ douze heures à cette température, étant repris
par l'élher, cède à ce liquide tout l'iodure de tristanbutyle formé. La li-
queur éthérée, filtrée, puis soumise à la distillation au bain-marie, liisse
pour résidu une huile pesante, de couleur ambrée, mobile et très-limpide.
» Desséché par une exposition prolongée sous une cloche, à côté d'nn
vase renfermant de l'acide sulfnrique au maximum de concentration et
soumis à la rectification, ce produit passe en entier à la distillation, entre
292 et 296, et se condense dans le récipient en une huile limpide de cou-
leur jaune clair. Sa densité est de i,54o à i5 degrés.
» Son odeur, faiblement aromatique, rappelle, lorsqu'on le respire un
peu fortement, mais à un bien moindre degré, celle de l'iodure de tri-
stanpropyle.
» L'analyse de ce produit conduit à la formule
Sn(C'ir)'U.
» Distillé sur des fragments de potasse humectés d'eau, l'iodure de tri-
stanbutyle donne naissance à de l'iodure de potassium qui reste dans la cor-
nue, tandis qu'il passe à la distillation une huile incolore, pesante, visqueuse,
se concrétant très-lentement par le froid, sans présenter la structure cris-
talline si nette des hydrates, des oxydes de tristanméthyle et de trislan-
propyle.
)) Cet oxyde, qui bleuit fortement le papier de tournesol rougi, se com-
bine avec les divers acides organiques et minéraux et donne naissance à
des sels qui cristallisent en général très-nettement. L'acétate se sépare par
un refroidissement lent d'une dissolution saturée àrébuUition sousiaforme
de prismes minces qui possèdent un grand éclat.
» Le sulfate, qui demeure quelquefois assez longtemi)S à l'état huileux
lorsqu'on abandonne à l'évaporation spontanée sa dissolution alcoolique,
finit par se concentrer en une masse formée de magnifiques prismes entre-
croisés.
» Le nitrate reste aussi quelquefois un certain temps à l'état huileux et,
comme le produit précédent, donne à la longue des prismes très-nets.
» Dans la réaction de l'iodure de butyle stu' l'alliage de sodium, il se
forme en outre une très-petite quantité d'un produit cristallisé que je
ne me suis procuré qu'en faible |)roporlion et qui pourrait bien être le
di-iodure
( i/io5 )
« Ce dernier, chauffé avec de la potasse, se dédouble à la manière de son
homologue éthylé. en laissant dégager une vapeur qui se condense en un li-
quide huileux, se concrétant Irès-lentement à la réaction alcaline, qui pré-
sente les caractères de l'oxyde de tiistanbulyle.
» Cette réaction s'explique facilement au moyen de l'équation
3[Sn(C«H^)=0=]+ 2(RH0=) = SnK-0« + 2[Sn (CMi»)^ O, HO].
» Mercure Inilyle. — Lorsqu'on fait agir un amalgame à 2 pour 100 de
sodium sur de l'iodure de hutylo additionné de -^ de son poids en-
viron d'éther acétique, le liquide s'échauffe très-notablement. En empê-
chant une trop forte élévation de tempéralin-e par dcsaffusious d'eau froide
et n'ajoutant l'amalgame à l'iodure que par petites portions à la fois, il arrive
un moment où l'on n'observe plus le moindre dégagement de chaleur. On
ajoute alors une petite quantité d'amalgame, afin d'être assuré que tout
l'iodure est bien attaqué; puis on laisse refroidir. On sépare le mercure au
moyen d'un entonnoir à douille effdée, et l'on traite par l'eau la matière
pâteuse qui a pris naissance, ce qui détermine la séparation d'un liquide pe-
sant, renfermant le mercure butyle formé, mélangé d'iui peu d'iodiu-e de
butyle et d'éther acétique. Une rectification au bain-marie déterminant la
séparation complète de ce dernier, on distille le produit brut dans une
cornue de verre munie d'un thermomètre dont la boule plonge dans le li-
quide. L'ébnilition se manifeste vers iio h 120 degrés, et la température
monte assez rapidement à -joo degrés. On change alors de récipient et l'on
recueille un liquide dont les dernières gouttes passent vers 211 à 212 de-
grés. En soumettant le produit brut à de nouvelles rectifications, on obtient
finalement lui liquide incolore réfringent, qui distille entre 2o5 et 207 de-
grés. Sa densité est de i,835 à i5 degrés; son odeur, très-faible à froid, de-
vient très-manifeste dès qu'on l'échauffé et rappelle celle de ses homolo-
gues inférieurs.
» Très-soluble dans l'eau froide ou chaude, il se dissout très-bien dans
l'alcool et l'éther.
» Lorsqu'on ajoute à ce liquide des parcelles d'îode, ce corps simple dis-
paraît en faisant entendre un léger bruissement, en même temps qu'il se sé-
pare des écailles blanches brillantes d'iodure de mercure butyle. Le brome
se comporte d'une manière analogue.
» L'iodure de mercure butyle, chauffé avec un mélange d'oxyde d'ar-
gent, précipité récemment, et d'eau, se décompose avec formation d'iodure
d'argent qui se précipite, tandis que l'eau retient en dissolution une sub-
C. R., 1873, Q« Jîenimre. (T.LXXVll, Noo^ ) 182
( i4o6 )
stance alcaline qui, Irès-probablement, est l'oxyde de niercurosobiityle
IIg(C'H»)0,HO.
» Cette dissolution étant abandonnée sous une cloche au-dessus d'un
vase renfermant de l'acide sulfurique au maximum de concentration, il
s'en sépare de petits cristaux; cette base s'unit à divers acides et forme en
général des composés peu soiubles.
» Zinc hulyle. — Ce composé s'obtient par l'action du zinc sur le mer-
cure bulyle. On introduit dans des tubes, qu'on scelle ensuite à la lampe,
un mélange de mercure butyle et de zinc en feuilles découpées en petites
lanières, dont on maintient la température entre 120 et i3o degrés pendant
quelques heures. Il faut avoir soin d'employer le zinc en léger excès. Le
liquide extrait des tubes est distillé dans un courant d'acide carbonique,
puis soumis à une nouvelle rectification.
» Ainsi purifié, le zinc butyle est un liquide incolore répandant à l'air
d'épaisses fumées susceptibles de s'y enflammer, pour peu qu'elles soient
un peu chaudes. L'eau le décompose avec violence. Il bout entre i85et
188 degrés.
w Les trichlorures de phosphore et d'arsenic réagissent vivement sur le
zinc butyle, alors même que ces produits sont délayés dans l'éther
anhydre. Il se forme probablement dans ces circonstances des phosphines
et des arsines que je me propose d'examiner ultérieurement.
» L'arsenic en poudre agit sur l'iodure de butyle à la température de
1.75 à 180 degrés, comme sur ses huiuologues inférieurs, et donne nais-
sance à des cristaux rougeâtres qui sont une combinaison d'iodure d'ar-
senic et d'arsine tributylique.
» Aluminium butyle. — L'aluminium agit assez rapidement sur le mer-
cure butyle à la température de 120 a isS degrés; il en élimine graduelle-
ment le mercure et s'y substitue. Le produit de cette réaction est un li-
quide incolore, répandant à l'air des fnmées blanches; il brùle avec une
flamme éclairante dans laquelle se déposent des flocons d'altunine; l'eau
le décompose avec violence en donnant naissance à de l'hydriirc de butyle
et à de l'alumine gélatineuse.
» La composition de l'aluminium butyle est représentée par la formule
AP(C''H')».
). Elher silicobul/lique. — Lorsqu'on fait agir par petites portions, sur
5i grammes de chlorure de silicium Si CI', disposés dans une cornue de
( «407 )
verre, 89 grammes d'alcool bulylique de fermentation, parfaitement
anhydre (ces deux corps étant employés dans les rapports de i à 4 en
atomes), on observe, après chaque addition d'alcool, un dégagement con-
sidérable d'acide chiorhydrique, et l'on peut constater, comme avec les
alcools éthylique et propylique, un léger abaissement de température.
» Lorsqu'on a fini d'ajouter tout l'alcool, on soumet le mélange à la
distillation, après addition toutefois de 3 à 4 grammes d'alcool butylique.
Du gaz chiorhydrique se dégage en abondance, et la température d'ébulli-
tiou, qui est d'environ iio degrés au début, s'élève rapidement à 248
et aSo, la presque totalité du liquide passant entre cette température
et 265 degrés.
» Ce dernier, soumis à de nouvelles rectifications, m'a donné finalement
»ui produit bouillant entre 256 et 260 degrés, qui n'est autre que l'éther
silicobutylique normal.
» Ainsi purifié, c'est un liquide incolore très-mobile et très-réfringent,
dont l'odeur assez faible rappelle celle de l'alcool butylique. Sa densité
est de 0,953 à i 5 degrés.
» Il ne se mêle pas à l'eau, qu'il surnage, et ne s'altère que très-lente-
ment à ce contact. On peut même le faire bouillir quelques minutes avec ce
liquide sans observer la moindre altération. Une lessive de potasse l'attaque
rapidement à chaud; de l'alcool butylique se dégage, et l'on obtient du
silicate de potasse.
)) Il s'altère avec une lenteur extrême au contact de l'air humide et
donne naissance, au bout d'un très-long temps, à de la silice sous forme
vitreuse, comme ses homologues inférieurs.
» La composition de l'éther silicobutylique est représentée par la
formule
C'='H"SiO' = ,A^' . !0'*
)) Le chlorure de silicium réagit sur l'éther silicobutylique comme ses
homologues inférieurs et donne probablement naissance à des chlorhy-
drines, que je ferai connaître dans une Note postérieure.
Elher oxalobuljUque. — Ce composé s'obtient facilement en distillant un
mélange d'acide oxalique, en partie privé de son eau de cristallisation et
d'alcool butylique anhydre. On chauffe doucement ce mélange, qui doit
renfermer un excès d'alcool butylique, et l'on distille presque jusqu'à
siccité. Le produit condensé, débarrassé de l'eau qui l'accompagne, étant
soumis à la rectification, couuueuce à bouillir vers io5 à i 10 degrés; puis
182 .
( >4o8 )
la température s'élève progressivement pour atteindre 220 degrés. On
change alors de récipient, cl ce qui reste dans la cornue distille intégrale-
ment entre 220 et aSo degrés.
)) Cette dernière partie, soumise à une nouvelle rectification, m'a donné
plus des Ytt d'un produit bouillant entre 224 et 226 degrés. En employant
100 grammes d'acide oxalique débarrassé d'une partie notable de son eau
de cristallisation et ii5 grammes d'alcool butylique, j'ai obtenu 6:^ gram-
mes d'étlier oxalobuljlique pur.
» C'est un liquide incolore et très-limpide, dont l'odeur est forte et aro-
matique.
» Insoluble dans l'eau pure, il se dissout en toutes proportions dans
l'alcool et dans l'étlier. Sa densité est de 1,002 à la température de i4 de-
grés.
» L'eau froide le décompose très-lentement. Une solution de potasse
bouillante le décompose rapidement en acide oxalique et alcool butylique.
Traité par une solution alcoolique de jiotasse capable de déplacer seule-
ment un des 2 équivalents de butyle qu'il renferme, il fournit un sel
cristallisé en paillettes nacrées, qui est de Voxalobutjlate de jjotasse.
» L'ammoniaque aqueuse le décom|)ose à la manière de l'éther oxa-
lique, en donnant naissance à de l'oxamide. Une solution alcoolique d'am-
moniaque, ajoutée par petites portions, le transforme en éther oxamo-
/>i(/j'/i(/((e (oxamélhane butylique), qui se sépare de sa dissolution alcoo-
lique par évaporation spontanée sous la forme de très-beaux prismes.
» La composition de l'éther oxalobutylique est représentée par la
formule
•^ " ^ -(C'trr. )^ "
VITICULTURE. — De la propaijation du Plijltoxeia ;
Note de M. H. Warès.
(( Les travaux dont l'élude du Phvlloxera a été l'objet, depuis plus de
cinq ans, démontrent que cet insecte est nuisible à la vigne et qu'il est un
de ses parasites les plus dangereux. Il fait pourrir les racines des ceps sur
lesquels il se développe et, sous cette influence, au bout d'un temps va-
riable, tantôt court, tantôt long, la plante, à l'état de culture, s'étiole et
finit même par mourir.
)) Mais ces laits, s'ils prouvent que le Phylloxéra peut être regardé
comme la cause animée et visible de la maladie particulière qui sévit ac-
( 1-^09 )
tuellement sur les vignes, n'empêchent pas de considérer sa grande multi-
plication et, par suite, sa diffusion, sans lesquelles il serait peu redoutable,
comme le résultai de causes diverses, telles que les intempéries (sécheresses
prolongées, grandes humidités, gelées tardives et froids excessifs, etc.), les
sols pauvres ou de mauvaise nature, les cultures vicieuses qui nuisent à
la végétation de la vigne et abrègent la durée de sa vie.
» En remontant même à la période initiale de la maladie, ne faut-il pas
concevoir le Phylloxéra comme vivant sur la vigne, dont il se nourrit
mais sans la faire périr, et ne devenant destructeur pour elle que sous l'in-
fluence de causes qui lui permettent de se nndtiplier à l'excès?
» Le Phylloxéra est donc une cause directe de destruction pour la
vigne; mais, d'autre part, sa grande multiplication est l'effet de causes gé-
nérales, qui, depuis quelques années, l'ont fait reconnaître simultanément
sur divers points des vignobles de l'Europe.
» Si l'on considère le plus important de ces points, celui du vignoble de
Roquemaure (plateau de Pujaut), dans le bas Rhône, d'où sa diffusion a
été la plus grande, on voit le Phylloxéra se propager à la fois à de grandes
dislances, par bonds de 20, 3o, 4o kilomètres et même plus (i), et de
proche en ijroche, par contact d'un cep à l'autre. Entre ces extrêmes, il
lance des colonies plus ou moins rapprochées et dans toutes les direc-
tions; mais, quelle que soit la manière dont il se répand, on lui voit suivre
des règles constantes dans ses allures.
» Ainsi, quand le Phylloxéra lait son apparition dans un canton viti-
cole, il ne s'établit d'abord que sur certains points isolés, se bornant à
un petit nombre de ceps. Or ces points isolés sont toujours placés sur
quelque partie faible de la vigne attaquée et particulièrement sur ceux qui
subissent avec le plus d'intensité les effets de l'extrême sécheresse et de
l'extrême humidité (2).
(i) Exemples : le point d'attaque tie Saulce, entre Montéliraar el Valence, à 17 kilo-
mètres au nord de Montélimar, reconnu en 1868, au sommet d'un plateau aride; celui de
Redesson, dans le Gard, entre Nîmes et Beaucaire, reconnu en 1869; celui de Coulondres,
dans l'Hérault, reconnu en i86g; etc., etc.
(2) Exemples : les plateaux de Pujaut, en cailloux roulés, très-arides, sur une couche
d'argile; les terrains de la Crau, qui sont dans le même cas; plus près de Montpellier, le
point d'attaque de Redesson, petite dépression circulaire sur un poudingue argileux, im-
perméable ; le point d'attaque de Coulondres, à Saint-Gély-du-Fesq, dans un terrain in-
filtré par des eaux de source; le point de Sorieck, sur la route de Pérols, dans le fond
d'un petit étang desséché, où séjournent des eaux stagnantes dans les hivers pluvieux; le
( i4>o )
» Au début, le Phylloxéra n'allaque pas les surfaces; ce n'est que plus
tard, lorsque, à la suite de circonstances favorables, il s'est multiplié sur
les points de son apparition et qu'il le> a agrandis, qu'il s'étend à d'autres
points caractérisés comme les premiers, mais d'une manière moins tran-
chée, et ensuite aux surfaces. Sa multiplication, à ce moment, est telle qu'il
finit par envahir toutes les vignes à proximité.
» Selon l'année et l'état de la température, les progrès de l'invasion sont
plus ou moins grands : lents quand la vigne végète bien, comme en 1870
et 1872; rapides quand elle végète mal, comme en 1868 et 1873, sous
l'influence de nombreuses intempéries et de grandes sécheresses.
» Les vignes des terrains les plus exposés à l'action des intempéries et
particulièrement à celle des sécheresses, des humidités prolongées et des
gelées de printemps, sont les plus ravagées par le Phylloxéra, et générale-
ment attaquées les premières.
» L'influence des terrains et de la culture paraît même décisive sur la
diu'ée des vignes attaquées. Si elles meurent assez vite dans les sols très-
secs et presque stériles, compactes ou imperméables, on les voit résister
dans ceux qui, par leur nature, se ressuient vite et qui, facilement pénétrés
par l'air et l'eau, ne sont pas sujets aux sécheresses. 11 y a même des sols où
la durée des vignes malades se prolonge, puisqu'il en existe encore des
surfaces en culture, d'une certaine importance (20 hectares), chezM. Pieyre,
près de Tarascon, quoiqu'elles soient attaquées du Phylloxéra depuis l'an-
née 1868.
» La culture, avec sa taille annuelle et les mutilations répétées auxquelles
on soumet la vigne pour la forcer à donner des fruits volumineux, sa-
voureux et sucrés, exerce sur elle une action directe, favorable à la multi-
plication du Phylloxéra. Ainsi, commeje l'ai constaté dès l'année 1 868-1 869,
les vignes sauvages et celles qui croissent spontanément dans les terrains
incultes, ou n'ont pas le Phylloxéra, ou ne paraissent pas en souffrir,
quoiqu'elles soient à proximité de vignes cultivées détruites par cet insecte,
en totalité ou en partie, par exemple dans la Crau.
» Les treilles moins ravalées par la taille que la vigne en souche, et
plantées dans les cours des habitations en sol toujours ferme, où leurs ra-
cines s'étendent librement, souffrent peu ou point du Phylloxéra.
point d'attatiuc du domaine «le las Sorrès, au point bas du sol infiltré par les eaux d'un ruis-
seau, après les pluies d'hiver; le point de Saint-Martin, à Fabrcgues, dans un sol inarsi-
leux, infiltré i)ar les eaux d'un plateau supérieur; etc., etc.
( '4" )
» En résumé, toutes les circonstances qui influent défavorablement sur
la végétation de la vigne, et qui affaiblissent ce végétal, augmentent l'inten-
sité des invasions du Phylloxéra et en aggravent les effets, de même que
celles qui tendent à débiliter la vigne, sans engendrer toutefois un état
maladif déterminé, la prédisposent à être attaquée de préférence.
» J'ai déjà signalé à l'Académie, au mois de janvier dernier, des vignes
dont le développement s'est affaibli en 1872, sans autre cause apparente
que leur proximité de points malades, et sur lesquelles on ne pouvait dé-
couvrir de Phylloxéra. En 1873, elles ont toutes été attaquées par cet in-
secte, mais d'une manière très-inégale. S'il y a eu dans ce fait une phase
initiale de la maladie, elle n'est pas cependant suffisamment caractérisée,
et me paraît rentrer dans la généralité des cas où une diminution de vi-
gueur de la vigne la prédispose aux invasions des insectes. Il convient
#lors d'agir préventivement, comme je l'ai d'ailleurs conseillé depuis long-
temps, afin de lutter contre la maladie, par tous les moyens suscep-
tibles de rendre à la vigne sa vigueur primitive.
» Au point de vue pratique, les faits qui viennent d'être exposés per-
mettent d'exercer sur l'invasion du Phylloxéra une surveillance plus effi-
cace, en faisant connaître d'avance les points faibles des vignobles, par
lesquels elle débute ordinairement, et ils conduisent à poursuivre en même
temps la restauration de la vigne et la destruction de l'insecte, quand cette
dernière est possible. Préalablement la vigne peut être renforcée, avant
d'être attaquée, par les moyens les plus énergiques et les plus durables,
afin de la mettre en état de résister et de réagir contre le Phylloxéra, ou de
vivre et de fructifier plus tard, malgré ses attaques. En second lieu, on
peut chercher à détruire ce parasite directement, sans nuire à la vigne
elle-même. Enfin on peut traiter les vignes préventivement et curative-
ment tout à la fois, par la combinaison des moyens les plus propres à
défendre le système de leurs racines et à faire périr les insectes, moyens
dans lesquels l'application des engrais et des substances propres à être
absorbées par les ceps jouent le rôle principal.
M Je reviendrai prochainement sur ce dernier sujet. »
M. P. Geevais fait hommage à l'Académie d'un Mémoire consacré à des
Mammifères d'espèces éteintes, propres à TAmérique méridionale.
« Je donne, dit M. Gervais, dans ce Mémoire qui vient de paraître
parmi ceux de la Société géologique, la description détaillée de quatre
( 1.1.2 )
espèces propres à la faune sud-américaine, remarquables par la singularité
de leurs caractères. Ces espèces sont : le Marrnurhenia pritarlionica, Owen,
le grand Ours de la région de la Plata, (|ue j'ai nommé Ursiis hnnnricn-
5!5, ainsi que deux Edentés de genres précédemment inconnus, le Leslodon
armatus et VEulnliis Seguini.
» Les matérianx de ce Mémoire m'ont été fournis par la collection re-
cueillie de 1861 à 1867 dans la Confédération Argentine, par M. F. Seguin,
collection acquise en 1871 par le Muséum, el dont je continue à m'oc-
cuper. »
M. G. -A. HiR\ fait hommage à l'Académie d'un « Mémoire sur les pro-
priétés optiques de la flamme des corps en combustion et sur la tempéra-
ture du Soleil (Extrait des Annales de Chimie el de Physique) ».
IVOMIIVATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'inie Com-
mission qui sera chargée de proposer une question pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en iSyS.
MM. Milne Edwards, Brongniart, de Quatrefages, Cl. Bernard, Dumas
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont
obtenu le plus de voix, sont MM. Élie de Beaumont, Pasteur, Decaisne.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'iuie
Commission qui sera chargée de proposer une question pour le prix Bordin
à décerner en iSyS.
MM. Milne Edwards, Decaisne, Cl. Bernard, Chevrenl, Brongniart
réunissent la majorité des suffrages. Les Membresqui, après eux, ont obtenu
le plus de voix, sont MM. Elle de Beaumont, de Quatrefages, Pasteur,
Dumas.
( '4.3 )
RAPPORTS.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Rapport Mf un Mémoire de M. Douglas Galton,
inliltilé « On the construction of hospitals. »
(Commissaires : MM. Larrey, général Morin rapporteur.)
o L'auteur du Mémoire dout l'Académie nous a chargés de lui rendre
compte n'a quitté que depuis peu de temps le service militaire, dans le-
quel, conune capitaine au corps royal des ingénieurs, il avait été appelé,
par les fonctions de son grade, à s'occuper de l'importante question de la
salubrité du casernement des troupes et des hôpitaux militaires. Il a fait
partie de plusieurs Commissions composées des chefs de l'armée et de
sommités médicales, qui ont introduit dans cette branche du service de
grandes améliorations, dont nous ferons connaître plus loin les heureux
résultats.
» On lui doit déjà, en particulier, l'introduction, dans lescasernesetdans
les hôpitaux militaires d'Angleterre, d'un système de cheminée qui réunit à
l'action salutaire autant qu'agréable d'un chauffage à feu apparent, celui
d'assurer un renouvellement abondant de l'air, en en évitant les rentrées
par les portes et par les fenêtres, en même temps qu'il procure un accrois-
sement considérable du rendement calorifique de ces appareils. L'idée
fondamentale de ce genre de cheminée avait, il est vrai, été émise il y a
déjà de longues années, par M. Delmas, officier du Génie militaire fran-
çais, dans un Mémoire inséré au Mémorial de l'Officier du Génie, mais elle
n'avait pas reçu d'applications, et d'ailleurs la disposition adoptée par
M. D. Galton en a fait un appareil simple et réellement nouveau, d'un usage
très-satisfaisant.
» Dans le Mémoire dont il a chargé l'un de nous de présenter un exem-
plaire à l'Académie, M. Douglas Galton ne s'est pas proposé de faire une
étude générale du service hospitalier, et son but principal a été d'établir et
de propager parmi les architectes de son pays les principes généraux qui
doivent servir de règle pour la construction des hôpitaux et pour en assurer
la salubrité, ainsi que pour en rendre le service facile. Il examine successi-
vement les questions qui concernent le site, la surface de terrain à allouer
par lit, la forme et la distribution des diverses parties, les dimensions des
salles, le maintien de la pureté de l'air, la superficie et l'espace cubique
C. R., 1873, 2" Semestre. {T. LXXVII, N" 24.) I 83
( i4i4 )
par lit dans chaque salle, les matériaux à employer pour les parois, les dé-
peinlances des services, etc. Il passe ensuite aux dispositions d'ensemble et
applique les principes qu'il a énoncés à plusieurs grands hôpitaux d'Angle-
terre ou de France, en faisant ressortir les inconvénients et les avantages
que présentent celles qui ont été adoptées.
» Nous ne pensons pas qu'il soit utile d'indiquer les principales con-
clusions auxquelles il arrive, attendu que nous avons pu constater avec
satisfaction qu'elles sont, pour ainsi dire, de tous points conformes à
celles qui sont formulées dans le Rapport sur les conditions hygiéniques
à remplir dans la création des hôpitaux, rédigé avec tant de soins par
M. le D"^ Devergie, au nom d'une Comuiission du Comité consultatif d'hy-
giène et du service médical des hôpitaux, approuvé le i" juin i865, et qui
fait partie de la collection du Bulletin officiel publié par le Ministère de
l'Intérieur, adressé à tous les préfets des déparlements, pour servir de règles
dans les questions relatives aux hôpitaux.
» Ce Comité, qui se composait de vingt-neuf membres, contenait dans
son sein dix membres de l'Institut, quatorze de nos illustrations médicales
et les hommes les plus versés dans les questions qui se rattachent au ser-
vice et à l'administration des hôpitaux. Il est à regretter que, depuis 1867,
on ait cessé de faire appel au dévouement dont ce Comité avait donné des
preuves.
>) Une telle concordance de vues, pour des recherches semblables, n'a
rien qui doive surprendre, quand leurs auteurs prennent uniquement pour
point de départ les faits, les lois et les phénomènes de la nature, en mèuie
temps qu ils ne s'inspirent que de l'amour de l'humanité.
» Outre l'intérêt qui s'attache aux questions traitées dans le Mémoire de
M. Douglas Galton, la discussion à laquelle sa Communication a donné
lieu dans la réunion, à Leeds, de la Sociétété médicale d'Angleterre, a mis
en relief des faits et des opinions qu'il nous paraît utile de faire connaître
à tous ceux qui s'intéressent à ces questions.
» Le point le plus saillant de cette discussion, et celui sur lequel la plu-
part des sommités médicales qui y assistaient se sont trouvées d'accord,
c'est l'avantage immense que présentent, au point de vue de la salubrité,
les petits hôpitaux sur les grands. Cette supériorité a été mise en évidence
par M. le D'" sir James Simpson, qui a réuni des résultats statistiques sur
plus de six mille cas d'amputations de membres, et qui, en les discutant,
a pu former le tableau comparatif suivant de la mortalité due à ces opé-
rations dans un grand nombre d'hôpitaux :
( •4'5 )
Mortalité
Désignation des hôpitaux. Nombre de lits. sur loo amputés.
Grands hôpitaux de l'aris 4°° ^ 600 60
» d'Angleterre 3oo ^o
Hôpitaux de province ( Angleterre) moins de 3oo à i5o 25
» > 1 5o à 25 20
Petits hôpitaux de campagne (i) » 18 a i4
Praticiens ordinaires. .. . » n
Chirurgiens exerces » 8
Chambres isolées
» Les résultats précédents, uniquement relatifs aux hôpitaux civils, sont
d'ailleurs cotnplétement d'accord avec l'opinion de nos plus habiles chi-
rurgiens militaires, qui tous se sont prononcés, soit dans cette Académie,
soit dans leurs ouvrages, sur les avantages de la séparation des pavillons et
de celle des malades et des blessés.
» Mais on ne doit pas perdre de vue que, dans les petits hôpitaux
comme dans les grands, la capacité des salles, pour chaque lit, ne doit
pas descendre au-dessous d'une certaine limite qu'en France on a fixée à
5o ou 55 mètres cubes par lit pour les hôpitaux ordinaires, à 100 mètres
cubes pour les blessés avec plaies suppurantes et les femmes en couches,
et à i5o mètres cubes en temps d'é[)idémie. Sons ce rapport, les propor-
tions en usage en Angleterre nous paraissent insuffisantes.
» D'une autre part, l'espacement des lits a aussi, pour la diministion des
chances d'infection ou de contagion, une importance considérable que l'un
de vos Commissaires a eu souvent l'occasion de constater et qu'il a
signalée dans celte Académie; de sorte que, étant données la capacité et la
sinface de la salle par lit, il vaut mieux en limiter la hauteur et la largeur
que de restreindre l'écartement des lits au-dessous d'une limite que nous
fixerions volontiers à 1 mètre.
» Au sujet de l'importance de l'isolement des différentes salles et des
pavillons d'iuî même hù|)ital, M. le docteur Riunsey (de Cheltenham) a si-
gnalé un exemple frappant des inconvénients que présente la disposition
adoptée dans quelques hôpitaux, non ventilés énergiquement, et en parti-
culier dans le bel hôpital Royal Victoria, à Netley, où toutes les salles ont
leur entrée dans un corridor commun dont les fenêtres sont fermées. L'iui
des professeurs de cet établissement a constaté que l'ouverture d'un abcès
hépatique, contenant un pus extrêmement fétide, ayant été opérée dans
une salle située à l'extrémité du corridor, l'horrible odeur qu'il répandait
(1) Appelés cottage liospitals.
( >4i<3 )
lui |ierçiie d'une salle à l'autre, jusqu'à l'extrémité du corridor, à une dis-
tance d'environ 533 mètres.
» A l'appui de l'opinion sur les avantages de la séparation des malades,
il n'est pas hors de propos de citer les résult;)ts recueillis dans les hôpitaux
d'accouchement de Paris, dans lesquels la mortalité est en moyenne de
80 sur 1000 femmes accouchées, et s'élève pour l'un d'eux à 2o3 sur
1000, tandis que pour les accouchements à domicile elle n'est en moyenne
que de 5 sur 1000.
» L'administration de l'Assistance publique de Paris est d'ailleurs telle-
ment convaincue des avantages de la séparation et de l'isolement que,
depuis plusieurs années, elle développe autant qu'il dépend d'elle le ser-
vice des secours à domicile.
» De l'ensemble des opinions émises dans la discussion qui a eu lieu à
Leeds entre des médecins éminents, il ne serait pas permis de conclure à
la stqipression des grands hôpitaux, qui sont d'une nécessité imj)érieuse
pour les cités importantes ; mais il n'en reste pas moins établi que la pru-
dence et l'humanité conseillent de restreindre, autant que possible, le
nombre des lits dans chaque salle, de réduire à deux et même à un seul
le nombre des étages et de rendre tous les pavillons indépendants les uns
des autres.
M Telles sont les conséquences générales sur lesquelles les savants
médecins de l'Angleterre sont d'ailleurs d'accord avec ceux de la
France.
» La question d'économie, qu'on met trop souvent en avant à ce sujet,
nous paraît de peu de poids en pareille matière, et nous avons été surpris
de trouver dans le Mémoire de M. Douglas Galton une estimalion de la
valeur capitalisée des frais de construction et d'entretien d'un lit d'hôpital
s'élevant pour des salles de
fr
9 lits à 10781 par lit.
25 lits à 5821
32 lits à 5544
» D'où l'on a conclu qu'il y avait lieu de donner la préférence aux salles
de 32 lits.
» Ce mode d'appréciation n'est pas de l'auteur du Mémoire, nous devons
le dire, car il se montre, au contraire, partisan des petites salles; il paraît
même disposé à préférer ce qu'on appelle en Angleterre collage hospiuds,
et à adhérer à l'opinion émise par le D' J. Billings, des États-Unis, qui
( i4'7 )
pense qu'un hôpital ne doit être regardé que comme un édifice temporaire
destiné à être démoli après quinze ans de service (i).
» Nous nous bornerons à faire remarquer que, dans le calcul précédent,
on ne tient aucun compte des différences dans le chiffre de la mortalité et
dans la durée du séjour à l'hôpital, qui semblent résulter incontestable-
ment de la diminution du nombre des malades dans un même lieu.
» Si nous osions même songer à soumettre une semblable question à
des calculs financiers, ce qui ne serait peut-être pas difficile si l'on possé-
dait des statistiques médicales bien faites pour les divers hôpitaux, nous
croyons fermeaient que la balance arithmétique, tout étrangère qu'elle
puisse être aux considérations d'Iunnaiiité, serait en faveur de la plus
grande division possible des pavillons et des lits.
» Nous trouvons, à l'appui de cette opinion, des documents remar-
quables dans une Notice intitidée Adress on Hcnllh, lue au Congrès de la
Science sociale, par RI. Douglas Gallon, en octobre 18^3, et dans laquelle
il a fait connaître quelques-iuis des résultats statistiques dus à la seule in-
fluence de simples mesures hygiéniques introduites dans les casernes de
l'Angleterre et de ses colonies, par les soins des Commissions sanitaires
de l'armée, dont l'action continue est étendue partout où il y a des
soldats.
» Ces résultais sont d'autant plus concluants que, comme le fait juste-
ment remarquer l'auteur, les armées sont composées d'individus qui for-
ment la partie la plus valide de la population. Les chiffres parlent assez
clairement d'eux-mêmes pour qu'il suffise de les rapporter.
» De 1837 à 1846, la moyenne annuelle des décès dans l'infanterie de
ligne en Angleterre, sur 1000 individus, atteignait les chiffres suivants :
Maladies infectieuses. Affections de poitrine. Maladies diverses. Total.
4,1 10,1 3,7 17,90
«4,2
tandis que dans la population civile elle n'était que de
2,0 4,5 3,3 9,80
)) L'expérience de la campagne de Crimée ayant appelé la sérieuse atten-
tion de l'opinion publique sur ce sujet, lord Herbert créa ini service admi-
(1) Rapport on barrnchs and Itospitals, par J. Billings; Washington, 1870.
( i4i8 )
nistralif chargé de veiller à l'observation des règles à suivre pour améliorer
l'état sanitaire de l'armée.
» La première mesure prise, sur l'avis de la Commission royale de l'état
sanitaire de l'armée, fut d'élever la situation, les attributions et le traite-
ment du personnel médical, et d'établir une école de médecine militaire, où
l'on devait étudier la médecine préventive, avec le même soin que la mé-
decine curative.
» Les résultats des améliorations introduites dans le régime des casernes
se manifestent par les chiffres suivants :
Décès sur looo hommes en 1871.
Maladies infectieuses. Aflections de poitrine. !\laladies diverses.
1,2 3,3 3,6
au lieu de
4,5
4,1 10,1
14,20
observés avant 1846.
C'est-à-dire que le nombre des décès, provenant de maladies que l'on
peut prévenir par des soins hygiéniques, a élé diminué dans le rapport de
i4,3 à 4)5o sur 1000 hommes; ce qui montre que, pour un effectif de
90000 hommes, qui est celui de l'armée anglaise en Europe, on est par-
venu à conserver en santé 1000 hommes, au lieu de les perdre. C'est là,
qu'on nous pardonne l'expression, un capital qui a sa valeur.
» La sollicitude et l'aclion de la Conunissiou sanitaire de l'armée an-
glaise ont été étendues aux colonies, où la Noie de M. Douglas Gallon
signale la nécessité d'immenses améliorations. Mais déjà, par de simples
mesures d'hygiène intérieure el de voirie, la mortalité moyenne de la gar-
nison de Gibraltar qui, en 1818, était de 22 hommes sur 1000, s'était
abaissée, de 1837 à 184G, à i3,52 sur 1000, et, en 1871, elle n'était plus
que de 5,87.
)) Les pertes de l'armée des Indes étaient encore bien plus considérables et
s'élevaient en moyenne aimticlle, pour la province du Bengale, à G7 hommes
sur 1000, répartis ainsi qu'il suit :
Maladies infectieuses. Aireclions de poitrine. Maladies diverses.
58, o • 3,0 G,o
D'où il est permis de conclure, en passant, que le climat des Indes n'est
pas défavorable pour les affections de poitrine.
( '419 )
» Les améliorations successivement introduites avaient réduit déjà,
en 1871, ces chiffres de décès respectivement à
Maladies infectieuses. Affections de poitrine. Maladies diverses.
8,8 3,0 6,0,
ce qui indique sur les maladies dont les mesures hygiéniques peuvent dimi-
nuer les effets une réduction de 5i hommes sur 1000 ou de3i62 hommes
pour le total de l'armée, dont l'effeclif était en 1871 de 62000 hommes.
» L'influence des soins hygiéniques pour la conservation de la santé du
soldat et le maintien de l'effectif réel des armées n'a pas été moins sensible
dans celle de la France, quoiqu'il y ait encore de grandes améliorations à
y introduire.
» [>e (ableau suivant en offre la preuve (i).
Mortalité générale dans l'armée française sur looo hommes.
1846 à 1848 1SG3 à 1804 18GG
Intérieur. Algérie. Intérieur. Algérie. Intérieur. Algérie.
19,4 16,7 9»'' i7>o6 10,28 "iQS
» Les résultats que nous venons de signaler sont assez éloquents pour
provoquer toute la sollicitude des autorités chargées de veiller sur le bien-
être du soldat et sur le maintien de leur puissance militaire. On ne peut
donc qu'applaudir à la persévérance avec laquelle M. Douglas Galton pour-
suit l'œuvre d'amélioration qu'il a entreprise depuis phisieurs années, en
désirant qu'il trouve en France des imitateurs aussi dévoués.
» L'Académie jieut juger, par les détails dans lesquels nous avons cru
devoir entrer sur les recherches de M. Douglas Galton, qu'elles sont dignes
de toute son estime : nous lui proposons de remercier l'auteur de les lui
avoir communiquées. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
(1) Voir les statistiques médicales de l'armée publiées par le Ministère de la Guerre.
( l420 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Evaluation, en unités mécaniques, de la quantilé (Vélectricilé
que produit un élément de pile. Noie de M. Braxia, présentée par
M. Desains.
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin, Desains).
« Les expériences qui suivent ont pour objet d'évaluer en mesure élec-
trostatique la quantité d'éleclricilé transportée en une seconde par un élé-
ment de pile dans un circuit de résistance donnée. A cet effet, une sphère
métallique isolée reçoit m fois par seconde une charge constante A qu'on
lui enlève chaque fois en la mettant en communication avec le sol par la
bobine d'un galvanomètre. La quantité d'électricité /«A en Iravi rsant la
bobine fait dévier l'aiguille aimantée; il suffit de comparer celle déviation
à celle que détermine le flux d'électricité fourni par un élément Daniell
dans un circuit coniui.
)) La charge conslante A est puisée au pôle positif d'une pile de petits
éléments : zinc, platine, eau salée en nombre convenable; l'autre pôle est
relié à la terre.
» Deux minces liges d'acier, portant chacune à l'extrémité libre une
petite boule, sont fixées sur l'axe d'un interrupteur Foucault : elles font
entre elles un angle tel que, par suite du mouvement de l'interrupteur,
les deux boules viennent alternalivement toucher la sphère isolée.
» Le galvanomètre employé est un galvanomètre de Ruhndvorff à long
fil et à miroir. Par le déplacement du contre-poids de l'interrupleur, on
peut faire varier le nombre des décharges entre /j et 12 par seconde, et
dans tous les cas l'aiguille aimantée prend une position fixe d'équilibre.
» On fait usage en même temps d'iuie balance de torsion à miroir. Les
deux boules sont d'abord écartées l'une de l'autre sans qu'il y ait torsion
du fil; la distance de lems centres est déterminée par l'angle sous lequel
elle est vue au moyen d'une lunette indépendante de la balance. Pendant
qu'on observe la déviation de l'aiguille du galvanomètre, la balance est
mise en communicalion avec le pôle positif de la pile, et l'on évalue le po-
tentiel par l'action réciproque des deux boules.
» On a vérifié que la charge de la sphère est proportionnelle an potentiel
de la pile. Le potentiel du pôle positif, mesuré par la balance île torsion,
est, en effet, proportionnel à la déviation impiimée par la décharge de la
( '^nr )
sphère à l'aiguille du galvanomètre. Le même fait se vérifie encore si l'on
opère la charge de la sphère par un premier groupe d'éléments, puis par
un second groupe et enfin par les deux réiniis : la déviation produite dans
le dernier cas est égale à la somme des déviations observées dans les deux
premiers.
» La charge de la sphère esl proportionnelle à son rayon. On l'a constaté
en faisant usage de deux sphères, l'une en laiton de 69 centimètres de cir-
conférence, l'autre en cuivre rouge de 43 centimètres.
» La dévinlion est proportionnelle au nombre des décharges, au moins dans
les limites permises par l'emploi de l'interrupteur. L'axe de l'interrupleur
portait un appendice frappant à chaque interruption contre un tambour
qui transmettait son mouvement par lui tube de caoutchouc à un autre
tambour muni d'un style. Ce style enregistrait le nombre des décharges
sur un cylindre tournant recouvert de noir de fumée; le pendule d'une
horloge frappait contre un troisième tambour communiquant avec le même
style, et une amplitude plus grande dans le tracé correspondait à la fin de
chaque oscillation double du pendule.
» Ces préliminaires étant posés, le détail d'une des expériences faites •
avec la sphère dk^ù^ centimètres fera comprendre la marche adoptée.
» La pile employée comme source d'électricité était formée de 5oo élé-
ments. On avait 85 décharges pendant que le pendule faisait 8 oscillations
simples (l'oscillation simple du pendule, d'après une comparaison faite avec
im chronomètre, correspondait à une durée de o^gyS).
» En employant un commutateur qui permettait de changer le sens du
courant de décharge dans le galvanomètre, on a obtenu 5i,25 pour le
double de la déviation.
» Au moment où les âew-^ boules de la balance de torsion étaient au
même potentiel que le sol, leur écart angulaire était de Si^ia'iS"; après
que la communication avec le pôle positif île la pile a été établie, l'écart est
devenu 32°3S'3G" et l'angle de torsion du fil était de 5oo3" :
Boule mobile.
A l'état neutre
Comniunifjiiant avec la pile.
A l'état neutre
;E de T0RSI05
[.
Galvasc
Pile.
)METUE.
Lectures.
Torsion,
Écart angulaire.
Sphùrc.
122,0
»
3l°I2'l3"
37', 4
5i ,25
268,5
5oo3"
Sa» 35' 36"
»
»
121 ,5
»
»
V
k
» La quantité q d'électricité qiù se trouvait sur la boule mobile est alors
G. n., 1873, 1' Semeslie. (T. LXX.V1I, W» 24.) I ^4
( «422 )
déterminée par l'équation (*)
Oïl en déduit
1 ,33o2<7'X q5,4icosi6''i'i'48'' ^ ^
= — — ' — — 77 ^nn "»
4(95,40= sin'iG"., '48" -n^^noo.
q = 695,04 unités d'électricité.
A = 695,04 X ^ (•*) = 695,04 X 13,82 = 9605,45,
m A = 9605,45 X ô -^ = 104699 unités d'électricité.
» Le courant produit par les 104699 unités d'électricité qui se ren-
daient chaque seconde dans le sol donnait à l'aiguille aimantée une dévia-
tion mesurée par le nombre 5i,25.
» On a fait passer le courant d'un élément Daniell (***) dans un circuit
de mille kilomètres (le mètre est l'unité de mercure de Pouillel) et les deux
fils du galvanomètre ont été joints à deux points du circuit, comprenant
entre eux i kilomètre. La résistance du galvanomètre étant de 336 kilo-
mètres, si l'on représente par i l'intensité du courant principal, celle du
courant dérivé qui traversait le galvanomètre était très-sensiblement
—77^ ; on a lu, pour le double de la déviation, 371,4.
iSboou ' ' 1 ' 7 '-•
» On peut alors dire que le courant, dont l'intensité est ^--J — , fait cir-
' ' 33dooo
culer, en luie seconde, une quantité d'électricité représentée par
To46qq X ^ '7^ unités.
- -^ 5 1,25
(*) 7 est la quatitité d'électricité répartie sur la boule mobile dont le rayon est de 'j""",q5;
le rayon de la boule fixe étant de 10""", 5^5, la quantité d'électricité qui la recouvrait
, . 10,575 „„
était <7 ir- = i,3o02<7.
7 '95
Le rayon du cercle décrit par le centre de la boule mobile est de C)5""°,4i; n est le mo-
ment du couple nécessaire pour tordre le Cl de i seconde. On a déterminé ce moment en
faisant osciller l'aiguille d'abord seule, puis après l'avoir chargée de deux poids cylindriques
placés à des distances de l'axe mesurées à l'avance.
Les unités adoptées sont le millimètre et le milligramme (le poids de i milligramme
vaut 9808,8 unités de force).
On a trouvé // = 4) i03.4; il faut donc appliquer un peu plus de 4 unités de force à
1 millimètre de distance de l'axe pour tordre le fil d'un angle égal à 1 seconde.
(**) R rayon de la sphère isolée; r rayon de la boule mobile de la balance.
(***) L'élément Daniell dont il est ici question est formé de cuivre et zinc amalgamé, sulfate
de cuivre et sulfate de zinc.
( I/n"^ )
» Avant de donner un nombre définitif pour la constante qn'il s'agit de
mesurer, je me propose de déterminer, avec plus de précision que je n'ai
pu le faire encore, les résistances absolues des bobines employées.
» Comme nous l'avons vu, les déviations du galvanomètre sont propor-
tionnelles à la charge de la sphère et au potentiel de la pile. Il est facile
d'en déduire le moyen de mesurer la capacité électrique d'un corps con-
ducteur quelconque et le potentiel aux différents points de la pile.
)) Pour mesurer la capacité électrique d'un corps conducteur, on fixe, pa-
rallèlement à l'axe de l'interrupteur, un fil isolé, dont les extrémités recour-
bées plongent alternativement dans deux godets remplis de mercure. L'un
des godets commtuiique avec le pôle positif de la pile, le second avec le gal-
vanomètre. Un autre fil, soudé au fil principal, relie celui-ci au conducteur
étudié. Par une expérience préliminaire, on détermine la capacité élec-
trique de la partie indépendante du conducteur.
0 Eu modifiant la forme de l'interrupteur, de façon à permettre la me-
sure du temps, on peut aborder d'autres questions, par exemple celles qui
se rapportent aux condensateurs, et l'on aura l'avantage d'opérer avec des
sources d'électricité parfaitement connues.
B Pour mesurer le potentiel aux différents points d'une pile, il suffit
d'opérer la charge et la décharge d'iui même conducteur, par exemple
d'une sphère. Un grand nombre de mesures ont été faites : à une tension
positive correspond un courant dans un sens, à une tension négative un
courant en sens contraire, et la proportionnalité des indications du galva-
nomètre à celles de la balance de torsion subsiste toujours, dans le cas où
le second pôle de la pile est en communication avec le sol et dans le cas où
il est isolé. »
VITICULTURE. — Hibemalion du Phylloxern des racines et des feuilles.
Note de M. Max. Cornu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Lorsque la saison froide arrive, un changement considérable se pro-
duit à la surface des racines attaquées par le Phylloxéra. Les derniers ren-
flements qui subsistent encore, et qui sont depuis longtem|)s abandonnés
par le plus grand nombre des insectes, pourrissent et se décomposent, les
mères pondeuses disparaissent et le parasite devient de moins en moins
apparent. Les cultivateurs disent souvent « qu'il n'y a pas de Phylloxéra
» pendant l'hiver » ; il n'en est rien : l'insecte hiberne, sous une forme
( l42/| )
spéciale, mais peu visible : ce fait fut signalé par MM. Planchoii et Licli-
tenslein [Conseils pratiques contrée le Phylloxéra; extrait du Messager agri-
cole, j). 2 et 3 ; Monipellier, 5 juillet 1870). Cette forme que revêt l'in-
secte offre un intérêt très-grand, à cause des conditions particulièrement
favorables à l'application d'un traitement des vignes malades.
» Dans ce nouvel état, le Phylloxéra est en tout semblable à un jeune
dont la mue serait indéfiniment retardée; il est, comme le jeune, muni
d'antennes et de pattes très-longues, présentant des poils très-développés.
La couleur de la peau est teintée et communique à l'insecte une teinte
brune.
)) D'abord d'un jaune vif, comme les jeunes ordinaires, dont il ne parait
pas se distinguer, il acquiert bientôt un aspect mat et un peu blanchâtre,
visible quand on l'observe tel quel sous le microscope; puis la teinte brune,
déjà sensible, s'exagère de plus en plus et finit, à la longue, par devenir
assez foncée. Il n'est pas rare de voir, à la partie antérieure et sur les côtés
de l'abdomen, des tubercules plus ou moins nets, qui sont surtout visibles
sur l'insecte rendu transparent par l'action des réactifs. Quand la racine
sur laquelle il est fixé est mouillée et que l'eau le recouvre, la teinte
brune paraît encore plus foncée et se distingue à peine sur la couleur très-
brune de l'écorce.
» Aux points où ils se tiennent, les individus hibernants sont, tantôt clair-
semés, tantôt disposés par petits groupes dans les fentes de l'écorce, où sous
les plaques subéreuses, exfoliées depuis longtemps et qui n'ont plus d'adhé-
rence avec le reste du tissu. Quand on enlevé ces plaques, qui les cachent
entièrement aux regards et les protègent d'une humidité excessive et du con-
tact direct du sol, on aperçoit les Phylloxéras groupés les uns à côté des
axitres, dans des attitudes et des positions diverses et complètement immo-
biles.
» Ce qui est très-évident, au premier coup d'oeil, c'est que ces insectes
sont très-|ietits et qu'ils ont la même taille; qu'ils sont, non pas bombés,
en forme de tortue, mais relativement ajjlatis, quelquefois même leur par-
tie dorsale est concave. Dans cette position, la tète paraît avoir un volume
beaucoup plus grand (i) que chez les jeunes ordinaires, parce qu'elle est
vue en face et non de côté et en raccourci; on aperçoit un sillon médian,
antéro-postérieur, qui est à peine indiqué chez les autres individus; la par-
tie dorsale est saillante sur une ligue longitudinale médiane, qui forme un
(i) L;i même cause produit un effet analojjue cliez la nymphe.
( >425 )
bourrelet continu, d'une extrémité à l'autre de l'animal ; les antennes sont,
en général, réfléchies, les pattes re|)liées sous l'abdomen; aucini mouve-
ment de ces organes n'a lieu; l'insecte reste immobile, à moins que des
circonstances extérieures ne le forcent à changer de place pendant l'obser-
vation. Les yeux sont peu visibles, à cause de la teinte brune générale; la
peau est couverte d'aspérités, non pas hémisphériques, conune chez les
autres insectes, mais munie d'élévations et de dépressions sinueuses et, j)our
ainsi dire, vermiculées.
M A cette époque, les mères pondeuses ont peu à peu disparu; elles de-
viennent fort rares, car elles meurent et les nouveaux insectes restent sta-
tionnaires au lieu de se développer; les œufs, de même, éclosent successi-
vement et, si l'on en rencontre quelqu'un, il est brun et sur le point de
donner naissance à un jeune. Il est possible que, à de grandes profondeurs,
on puisse encore en découviir de frais jTondiis; mais, dans les conditions
ordinaires, pendant la période d'hiver, on ne rencontre plus ni ces amas
d'œufs d'un jaune vif, ni les insectes d'un jaune de soufre, si visibles et si
faciles à remarquer pendant la saison chaude; si cela a lieu, c'est lui fait
assez rare.
» Il est inutile de rapporter les opinions erronées émises relativement à
l'endroit où se tient le Phylloxéra pendant la saison froide; il ne choisit
pas de place déterminée pour y former de petits groupes, il se dissémine
sur les racines en dehors des radicelles extrêmes, qui sont le siège de mo-
difications particulières pendant l'hiver. Aux points qu'il occupe, il enfonce
son suçoir dans les tissus; quand on veut, à l'aide d'iui cheveu ou d'un
pinceau délicat, l'en déplacer ou l'enlever, il demeure al taché par les soies
de son suçoir, qu'il faut violemment arracher.
» Sur les grosses racines dont la couche subéreuse extérieure s'enlève
par plaques, cette partie, normalement exfoliée chaque année, ne sert de
support à aucun insecte; quoique le tissu sitiu^ au-dessus et qu'elle pro-
tège en soit abondamment couvert, on n'y en rencontre aucun. Cela tient
à ce que le parasite ne pourrait tirer aucune nourriture de ces éléments
morts et décomposés. Le Phylloxéra a besoin d'une racine vivante; dans
les flacons où on le conserve, on le voit fuir les parties desséchées ou
complètement mortes et se porter vers les parties plus fraîches; s'il ne
peut trouver un endroit plus favorable, il périt invariablement, qu'il y ait
ou non excès d'humidité ou de sécheresse, et il disparaît entièrement : il
est mort de faim.
» L'opinion, émise par nn viticulteur très-distingué, que le Phylloxéra
( '4^6 )
peut hiverner au milieu de mottes de terre nie paraît peu d'accord avec
la réalité des faits. S'il eu était ainsi, l'insecte ne chercherait dans le sol
qu'un peu d'humidité, qu'il trouverait aisément sur les parois des flacons,
sur les racines maintenues à l'ahri de la sécheresse, et cependant, dans ces
conditions, le parasite (qui se contente souvent de bien peu de chose)
meurt au bout de peu de jours.
» Peu vraisemblable pour la forme radicicole, cette opinion paraît de
même inadmissible pour la forme foliicole.
» Dans le but de savoir ce que devenaient, à l'arrière-saison, les der-
nières générations des jeunes développés dans les galles, j'ai tâché de me
procurer quelques galles non entièrement vidées. M. Laliman eut la com-
plaisance de me permettre de prendre les sommités, en partie desséchées
à leur extrémité, des rameaux porteurs des dernières galles; c'était à la
fin du mois d'octobre. Préoccupé d'idées théoriques et cherchant à dé-
couvrir si, dans les galles, ne se trouveraient pas des Phylloxéras aptères
ayant un rôle analogue aux mères pondeuses du Phylloxéra du chêne, qui
quitte les feuilles pour pondre sur les tiges, j'examinai avec soin les feuilles
qu'il m'avait été possible de recueillir et qui étaient malheureusement en
trop petit nombre. J'étais guidé dans cette recherche par les merveilleuses
observations de M. Balbiani {Comptes rendus des i3 et 20 octobre iSyS)
sur le Phylloxéra du chêne; je ne trouvai pas sur cette vigne (Clinton,
Fitis riparin) de feuilles présentant des galles imparfaites, c'est-à-dire
abandonnées avant la ponte par les insectes, ainsi que j'en avais trouvé
près d'un mois auparavant; un petit nombre de galles seulement furent
rencontrées : elles étaient noircies et déjà évacuées par les jeunes; quel-
ques-unes cependant présentaient encore des œufs, mais très-peu nom-
breux, à cause de l'état très-avancé de la saison; dans quelques galles
noircies, et en apparence décomposées en partie, se tenaient réunis quel-
ques jeunes agiles; ils n'étaient pas d'un jaune brillant, comme ceux qu'on
rencontre d'ordinaire, à pareille place, en été; ils étaient d'une couleur
mate, d'un jaune brunâtre, et avaient l'apjjarence d'insectes commençant à
hiverner; ils étaient demeurés agiles et vivants, quoique la galle ne parût
pas pouvoir leur offrir de nourriture; ils ne s'y étaient pas fixés d'ailleurs,
comme le prouvait leur agilité. Les deux bords de la galle, par une con-
traction méi'ani(pie due au dessèchement des tissus, semblaient leur inter-
dire toute possibilité de sortir. Ces individus étaient destinés à être entraînés
avec la feuille qui les abritait. Les galles furent toutes ouvertes artificielle-
ment et les feuilles furent placées dans un flacon contenant des racines
( '''«27 )
prises sur des boutures de chasselas sain apporté de Paris. Chaque racine
fut brossée et nettoyée; après cette opération, elles présentaient une sur-
fnce jaune Irès-lisse et très-polie. Les jeunes se répandirent, les uns sur
les racines, où ils hivernèrent direclement et sans aucun changement de
forme, les autres sur les parois du flacon, où ils ne tardèrent pas à périr.
» On pourrait tirer de là plusieurs conclusions qui seront développées
à la fin de cette Note ; en ce moment, je me contenterai défaire remarquer
que le Phylloxei'a, qui vit sur les feuilles, hiverne sur les racines, de même
que l'autre, et non en un lieu quelconque du sol. On peut être trompé
par une fausse apparence; quand on arrache hors de la terre des racines
chargées de Phylloxéras, il n'est pas rare de voir les individus non fixés,
les œufs, les jeunes agiles, rester adhérents à la terre qui les retient n)éca-
niquement ; mais ils sont entraînés par une force indépendante de leur
volonté, et il est douteux qu'on puisse les trouver établis en nombre en
dehors du contact immédiat des racines. Je n'en ai jamais vu dans de sem-
blables conditions.
» Lorsque le sol se réchauffe, le Phylloxéra sort de son engourdisse-
ment et, après une mue (la première), il reprend son activité organique,
insensible pendant plusieurs niuis;. c'est ce qu'on appelle le réveil du Phyl-
loxéra. Ce réveil, qui accompagne celui de la végétation, a eu lieu cette
année à Montpellier vers le i5 avril, et vers la même époque à Tarascon,
comme M. Faucon l'observa lui-même; ces deux nombres se corroborent.
J'ai cru pouvoir conseiller de saisir cette époque critique de la vie de l'in-
secte pour l'attaquer avec succès par l'une des substances essayées sans
succès jusqu'ici. La durée pendant laquelle le parasite demeure ensuite
sans défense, avant de pondre encore, est déterminée par l'intervalle qui
s'écoule entre les deux autres mues qui lui restent encore à subir et la
période nécessitée par l'évolution des œufs avant la ponte. Cette période
sera ultérieurement discutée; elle doit être, à mon sens, d'une quinzaine
de jours au plus et de huit jours au moins. C'est par ces conséquences qu'est
démontrée l'utilité de la connaissance des mues, de leur nombre et de
l'intervalle qui les sépare.
» Le réveil de l'insecte s'effectue sous l'influence du réchauffement du
sol, mais la tem[)ératia'e qui le détermine n'est pas encore précise. En at-
tendant que des n^esures exactes, qui font défaut aujourd'hui, soient faites,
j'ai cherché à me rendre compte vers quelles limites de température com-
mence l'hibernation ; j'ai essayé de déterminer le point particulier où, quand
la température s'abaisse, se produit l'engourdissement, point qui est peut-
( i42H )
eue celui à partir duquel, la température s'élevant,* cet état de repos dis-
paraît; j'ai assimilé cette modification au changement des corps de l'état
solide à l'état liquide, qui a lieu, dans un sens ou dans l'autre, à la même
température. Il restera à chercher vers quelles limites se réveille la végéta-
tion de la vigne, endormie de même pendant l'hiver, et les différences de
ces deux limites. On conçoit donc l'intérêt pratique que présentent de pa-
reilles déterminations; m;iis il est bien évident qu'il ne peut être question
ici d'un nombre parfaitement précis et délimité, comme le point de fusion
et de solidification d'un corps. L'effet déterminé par la température est
complexe : il s'exerce sur un être vivant, et non sur une substance inor-
ganique.
» Dans la chambre où je travaille, la température, plus douce qu'au
dehors, suit cependant l'abaissement graduel dû à la saison; il n'a pas
encore été fait de feu, afin que l'insecte trouvât, dans les bocaux où il est
conservé, des conditions analogues à celles qu'il trouverait dans la nature;
mais les variations sont moins brusques et moins rapides. La température
moyenne est de moins de lo degrés; elle s'éleva jusqu'à 12 pendant les
dernières belles journées, il y a un peu })lus d'une semaine, mais elle des-
cend le plus souvent à 8 degrés. Entre ces limites, sur des racines conser-
vées depuis longtemps (sept semaines au moins), dans des conditions di-
verses, les jeunes hivernent en grand nombre. La température de 8 à
12 degrés permet donc déjà l'hibernation; mais elle n'est pas encore assez
basse pour qu'elle ait, depuis plus d'un mois qu'elle règne, empêché le
développement de certains individus, qui sont parvenus à l'état adulte,
et ne leur permette i)as de pondre encore en ce moment même.
)) On peut se demander si Ihibernation n'est pas déterminée en partie
par le changement survenu ilans les radicelles; cela n'est pas impossible,
et il y a peut-être quelque chose de vrai dans cette manière de voir, quoique
l'insecte vive indifféremment sur les grosses ou sur les petites racines. On
peut cependant citer, contrairement à celte opinion, plusieurs faits assez
concluants qui prouvent qu'elle ne peut suffire à tout expliquer. Certains
renflements récoltés le 18 oclobre, et conservés depuis dans des conditions
toutes spéciales, vivent encore et ne paraissent pas altérés; je vois, depuis
plus de trois semaines, des jeunes hiverner à leur surface, encore visibles
aujourd'hui 8 décembreet parfaitement vivants; les radicelles renflées peu-
vent donc comme les racines ordinaires alimenter des insectes hivernants et
la nourriture qu'elles leur fournissent ne détermine pas forcément leur dé-
veloppement. En outre, sur l'un de ces renflements comme sur l'une des
( '4'-i9 )
racines pins grosses, vivent encore des mères pondeuses, mais leur activité
organique est bien faible; l'une de ces mères, par exemple, mit près de
trois jours à se débarrasser d'un œuf aux trois quarts libre et adhérent en-
core à la partie postérieure de son abdomen ; malgré les contractions suc-
cessives et réitérées de ses anneaux, l'oeuf fut libre et déposé sur la racine
le 5 décembre dernier.
>> Si le Phylloxéra peut encore pondre quelques œufs, et celui dont il est
question montre encore un œuf visible par transparence dans son abdo-
men, il est certain que cette faculté est sur le point de disparaître ; d'autre
part, de nombreux individus hivernants sont visibles dans son voisinage
et dans d'autres flacons; l'une des phases de la vie de l'insecte touche à
sa fin, et l'autre en est encore à ses débuts. On peut donc affirmer que le
phénomène de l'hibernation est déterminé principalement par l'abaisse-
ment de la température, et que ce changement d'état oii cet arrêt de dé-
veloppement commence à se produire sur une échelle notable entre les
limites de 12 à 8 degrés, en moyenne vers 10 degrés.
» Sur les racines des vignes phylloxérées, maintenues dans des vases à
fleurs au dehors et soumises aux conditions naturelles et à l'abaissement
normal de la température pendant la saison d'automne, le Phylloxéra était
en pleine hibernation déjà vers le i" novembre. Dans le courant du
mois d'octobre, aux envu-ons de Bordeaux, la proportion des individus hi-
vernants était déjà considérable; il est parfaitement sûr que la tempéra-
ture, plus douce dans ma chambre que celle de l'extérieur, a retardé cet
arrêt de développement; il ne s'est montré que lorsque la température,
s'abaissant graduellement, atteignit les limites indiquées plus haut. Dans
les conditions de l'observation, les variations de température sont moins
brusques chaque jour et moins fréquentes; la détermination du degré
plus précise qu'elle n'eût pu l'être dans la nature. Si l'on voulait appli-
quer ces résultats aux cultures en grand, il faudrait tenir compte des inéga-
lités de température de la nuit et des journées pendant lesquelles luit le
soleil, du réchauffement et du refroidissement du sol, variables avec la
profondeur, etc., etc..
» Nous avons vu plus haut que l'insecte des galles peut hiverner direc-
tement sur les racines. N'y aurait-il pas eu outre une hibernation spéciale
sur les organes aériens (tronc ou rameaux), comme cela se présente chez le
Phylloxeradu chêne? J'ai en vain cherché des mères pondeuses, descendant
le long de la tige; mais cette particularité est-elle probable? On ne saurait
le dire.
G. R., 1873, i' Semestre. (T. LXXVll, N» 24.) • 85
( i43o )
» D'après un fait, constaté en Fiance par M. Laliman,et par M. Riley eu
Amérique, certains ceps abondamment chargés de galles une année en sont
souvent dépourvus les années suivantes, et d'autres au contraire qui en
étaient dépourvus s'en montrent couverts. Cela semblerait indiquer que les
insectes, dont la progéniture quitte volontairement la plante ou est préci-
pitée sur le sol avec les dernières feuilles, ne laissent pas sur le pied qu'ils
habitent des individus chargés de donner, au retour de la belle saison,
naissance à des colonies nouvelles, mais que ces colonies nouvelles, dont
l'arrivée est si accidentelle et si irrégulière, proviennent d'une autre origine.
Les œufs ou les jeunes de réserve, en admettant leur existence, périssent-ils
souvent? Faut-il attribuer leur disparition à la pratique des cultivateurs de
tailler la vigne?
» L'une des conséquences à tirer de robservation précédente sur les
galles et sur laquelle je désire spécialement insister, c'est que les jeunes des
galles ont hiverné directement sur les racines et y demeurent depuis le
3i octobre jusqu'à ce jour (depuis cinq semaines) sans aucun changement :
c'est une preuve nouvelle de l'identité des deux formes de l'insecte. Ainsi
les Phylloxéras des galles donnent naissance à des générations en tout sem-
blables à celles des insectes nés sur les racines, comme je l'ai constaté après
MM. Signoret et Planchon ; j'ai observé qu'ils produisent sur les radicelles
des renflemenis identiques [Compte rendu de la séance du 21 juillet 1873) ;
qu'ils peuvent, en outre, sans aucune transformation et directement, prendre
l'état hibernant comme les autres insectes : il paraît difficile de trouver
une preuve plus convaincante de l'identité des deux formes.
» Le passage de l'une à l'autre de ces formes peut avoir lieu, soit par la
chute directe des individus des feuilles sur le sol, à une époque où ils
peuvent se développer immédiatement et devenir adultes [Compte rendu de
la séance du 12 octobre 1873), soit par la cluite à l'arrière-saison de la
feuille elle-même que l'insecte devrait quitter ensuite. Lors de la saison
froide, que l'insecte tombe volonlairemenî ou qu'il soit précipité à lene,
il ne se développera pas immédiatement; il attendra, sur les racines, le ré-
chauffement du sol pour achever son développement complet et poursuivre
la série de ses modifications : c'est une particularité à ajouter aux mœurs
de l'insecte. »
( f43i )
CHIMIE AGRICOLE. — Action de la terre volamique de la solfatare de Potizzoles
sur les maladies de la vigne. Note de M. S. ce Luca. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Comme suite de ma Communication du lo février 1873 (i) relative à
l'action qu'exerce la terre volcanique de la solfatare de Poiizzoles sur
les maladies de la vigne, je soumets au jugement de l'Académie quel-
ques nouvelles expériences, faites dans le courant de cette année.
» Deux cent cinquante-six ceps de vigne ont été partagés en quatre lots,
de soixante-quatre chacun. Tout le terrain a été retourné et cultivé à la
profondeur de 5o centimètres environ, en le débarrassant, en même temps,
de toutes les mauvaises herbes et racines. Dans un premier lot, pendant
qu'on labourait le sol, on plaçait autour de chaque cep 5oo grammes de
terre de la solfatare, à la profondeur de 3o centimètres; on recouvrait
ensuite avec de la terre ordinaire jusqu'à la hauteur de 10 centimètres, et
on laissait à découvert les 20 autres centimètres, de manière qu'autour de
la plante restassent un rebord circulaire et une cavité hémisphérique pour
recevoir et retenir l'eau de pluie. Un autre lot a été cultivé de la même
manière que le précédent; mais, tandis que le premier a été soufré deux
fois avec de la terre de la solfatare réduite eu poudre fine, avant l'ou-
verture des fleurs et lorsque le grain avait un peu grossi, l'autre a été
aussi soufré deux fois, aux mêmes époques, seulement avec du soufre
ordinaire. Un troisième lot a été soufré deux fois, aux époques indiquées,
avec de la terre de la solfatare. Enfin le dernier lot a été soufré avec du
soufre ordinaire, toujours aux deux époques déjà mentionnées. Les résul-
tats obtenus de ces expériences sont les suivants.
I. Les insectes avaient disparu du premier lot, non-seulement sur la
surface du terrain et sur les plantes, mais aussi dans le sol, ce qui a été
démontré par des fouilles pratiquées en différents endroits. Le deuxième
lot présentâmes mêmes qualités que le premier; mais on y découvrait quel-
ques rares insectes, attachés au feuillage des plantes. Dans le troisième lot,
on observait quelques insectes et des vers [lombrics) dans le sol, mais rien
à la surface ni sur les plantes. Le sol du quatrième lot était comme celui
du troisième; mais on voyait à la surface du sol et sur les plantes quelques
insectes.
» La végétation des plantes était luxuriante dans le premier et dans le
deuxième lot, médiocre dans le troisième et languissante dans le dernier.
(i) Comptes rendus, t. LXXVI, p. 359.
i85.
( i43a )
Le raisin obtenu du premier lot était abondant et de très-bonne qualité;
ceUii du deuxième différait peu du premier par sa quantité et par sa qua-
Hté. Le produit du troisième lot était d'un quart inférieur à celui du
premier. Enfin celui du quatrième lot représentait environ la moitié du
poids du raisin du premier. Plusieurs grains de raisin du quatrième lot
étaient tombés en pourriture. Les cendres obtenues du raisin du premier
lot étaient riches en potasse; celles du quatrième en étaient très-pauvres.
)) Il résulte de ces expériences que la terre de la solfatare de Pouzzoles,
par sa porosité et par les éléments qu'elle contient, agit avantageusement
sur les vignobles, en détruisant ou éloignant les insectes, en rendant la
végétation plus vigoureuse, en augmentant le produit en raisin, et en four-
nissant à la terre les éléments nécessaires à la végétation de la vigne. »
ANATOMIE VÉGÉTALE. — De qitekjues altérations morphologiques observées
dans le genre Cypripedium [Oicltidées). Mémoire de M. R. Gi'Érin.
(Extrait.)
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre.)
n Conclusions. — Dans la fleur des Cypiipedium , le labelle est un simple
pétale, n'ayant rien à voir avec les étamines.
» Quant à la position de celles-ci, deux normales existent sur les côtés
droit et gauche du gynostème. Deux autres, avortées et seulement repré-
sentées par un fdet souvent bifide à son extrémité, quelquefois présentant à
sa base un renflement ponctué de brun comme l'anthère normale, consti-
tueraient, sur un rang extérieur, les deux étamines supérieures, ou peut-
être seulement plus longues que les premières. Enfin les deux dernières ne
sont autres que le processus staminal, composé de deux pièces pétaloïdes,
placées au-dessous du style et soudées de très-bonne heure.
M De plus nous pensons, quoique nous n'en ayons que des preuves
moins certaines, que le stigmate est à deux, peut-être à trois divisions,
ou si l'on veut qu'il y a deux ou trois stigmates. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Des eaux de puits en général, et de celles de la ville
de Beauvais en particulier, au point de vue de l'hjgiène publique. Mémoire
de M. E. Dfxaisne. (Extrait.)
(Renvoi à la Srction de Médecine.)
« L'auteur insiste siu- la mauvaise qualité des eaux de puits en général
et sur les atteintes que leur usage peut porter à la santé publique. Il étudie,
( i433 )
à ce point de vue, les eaux de puits de la ville de Beauvais et formule les
conclusions suivantes :
» 1° Quoique placé au milieu de rivières et de canaux, et au-dessus
d'une nappe d'eau souterraine importante, Beauvais n'a ni eaux abon-
dantes d'assainissement, ni eaux d'alimentation de qualité convenable, ni
égouts.
» 1° L'altitude des eaux qui coident au milieu et autour de la ville n'est
pas assez grande pour qu'il soit possible de les faire servir au lavage des rues.
» 3° Les eaux des canaux et rivières de Beauvais ne peuvent être utili-
sées pour l'aliineutation, car elles sont le réceptacle de toutes les ordures
de la ville.
» 4° L'eau des puits qui alimentent la ville de Beauvais est de la |)lus
détestable qualité. En effet, d'après une analyse faite au laboratoire des
Ponts et Chaussées, et signée de M. Ilervé-Mangon, elle donne, par litre,
2 grammes de résidu solide. Elle marque ^2 à l'hydiolimètre, c'est-à-dire
72 centigrammes de sels de chaux par litre, tandis que les eaux de l'Ourcq
et d'Arcueil, qui sont incrustantes, ne donnent que 3o et /|0 degrés. Elle
ne dissout pas le savon et cuit difficilement les légumes.
» 5° La plupart des maisons de Beauvais, malgré les efforts de l'Ad-
ministration municipale, n'ont pas de fosses d'aisances étanches, beau-
coup même n'en ont pas du tout. Il en résulte que le sous-sol de la ville
et la nappe d'eau souterraine sont contaminés par des infiltrations qui,
comme l'expérience le prouve, peuvent faire courir à la santé publique les
plus graves dangers.
w 6° Si l'on considère enfin que la ville de Beauvais, par le dévelop-
pement rapide et incessant des voies nouvelles de communication, est des-
tinée à voir doubler bientôt son importance industrielle, et que le temps
n'est pas sans doute éloigné où sa population s'accroîtra dans des propor-
tions considérables qui l'obligeront à satisfaire à de nouveaux besoins,
on reste convaincu de la nécessité de pourvoir Beauvais d'une bonne
distribution d'eau, et d'utiliser les sources abondantes de bonne qualité
qui existent à proximité de la ville, et qu'on peut y amènera peu de frais,
comme le démontrent les éludes faites par l'Administration dans les der-
nières années. »
M. L. NoTTA adresse une Note relative à un « étalon monétaire mé-
trique universel ».
(Renvoi à l'examen de M. Peligof.)
( i434 )
M. T. SocRBÉ soumet au jugement de l'Académie divers documents con-
cernant la substitution du pesage métrique des alcools à leur mesurage.
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. J. Lasserre soumet au jugement de l'Académie un travail sur les
règles de la construction et de l'emploi des Tables de logarithmes.
(Renvoi à l'examen de M. Chasles.)
M. Méhay adresse une Note concernant les relations numériques qui
existent entre le volume des corps composés, à l'état de vapeur, et l'ato-
micité de leurs éléments.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. N. Dejean de Foxroqce adresse une Note concernant des expériences
faites à Bucharest sur les mouvements du pendule.
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
MM. B. DE Brctelette et E. de Vicq adressent, pour le Concours du
prix de La Fons-MéJicocq à décerner en 187/i, un Catalogue raisonné des
plantes vasculaires du département de la Somme.
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. N. ZiNiN, nommé Correspondant de la Section de Chimie, adresse
ses remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Un Ouvrage de M. F. Papillon, portant pour titre « La nature et la
vie » ;
2° Un nouveau volume des « Merveilles de l'Industrie », par M. L. Figuier
(verres, poteries, soudes, potasses, acide sulfuriqne, etc.).
3" Un nouveau volume des « Grandes usines de France », par M.Turcjan
(canons, poudres, etc.).
( i-^i^S)
ANALYSE. — Sur une réduction de l'équalion à différences partielles du
troisième ordre, qui régit les familles de surfaces susceptibles de faire partie
d'un système orthogonal. Note de M. Matrice Levy, présentée par
M. O. Bonnet.
« Soit
(i) p = F(.r,j, z)
l'équation d'une famille de surfaces. Posons, avec M. Lamé,
W [(l)-(|)V(.ï)f=H.
» On sait, par un théorème bien connu dû à M. O. Bonnet, que, si les siu'-
faces dont il s'agit sont susceptibles de faire partie d'un système orthogo-
nal, leur paramètre p satisfait à une équation à différences partielles du
troisième ordre; et, tout récemment, M. Cayley a mis cette équation sous
la forme remarquable
(3) A-— +A,-— +A2 -— +I5-— ;- + B, — — +B„-— — = o,
^ ' d.c' dy^ '■ d-J dy dz dz dx ' dx dy '
où les coefficients A, et B, s'expriment au moyen des dérivées partielles
des deux premiers ordres de la fonction inconnue p, de telle sorte que
l'équation est linéaire par rapport aux dérivées du troisième ordre de
cette fonction.
» Je me propose de montrer que, par un changement de variables des
plus simples, on peut, sans modifier la forme de l'équation (3), faire dis-
paraître trois des six termes qu'elle contient.
» Il suffit pour cela de prendre poii.r fonction inconnue, au lieu du pa-
ramètre p, l'une des coordonnées rectilignes : z par exemple, et pour
variables indépendantes x^y et p, au lieu de x, j et z.
» On pourrait déduire la nouvelle équation en z de l'équation (3); mais
il est plus simple de l'établir directement.
» Soient M x'. M/' les tangentes aux lignes de courbure de la surface p
passant en un point M de l'espace, et M:' la normale à cette surface. Dans
un Mémoire inséré au Journal de l'Ecole Polytechnique (*), nous avons
montré que, si l'on prend pour un instant les lignes Mjt', M^', Mz' pour
axes des x\ des ^' et des z' , la condition pour que les surfaces p puissent
(*) XLIIP cahier.
( '4^r, )
faire pnrtie (l'un système orthogonal, consiste simplement en ceci : qu'en
chaque point M rie l'espace on ait
tPB
dx' dy
= O.
» Or, si /?/,, «,, p, ; m^, fin, p. sont les cosinus des angles que les lignes
Mx' et Mj' font avec les axes des x, y, z; et si, pour abréger, on désigne
par H^., H^., H^, H^j,... les dérivées de la fonction H relativement aux
variables Xy j, z, on aura
^ = /",H,. -l-",H, +/;, H.-.
» Regardons maintenant z et, par suite, Il comme des fonctions de x,
, ,. . da da dR . .,
j-, p. iN^ous désignerons par les notations orduiaires -i— ? -^7' -r-'"* '^s dé-
rivées partielles de H relativement à ces nouvelles variables et par les
lettres/;, 7, /', s, t les dérivées des deux premiers ordres de z par rapport
aux variables x et y, nous aurons alors les formules de transformation
TT '^H TJ
par suite, l'expression ci-dessus de -ji deviendra
=: m.
fin , MT
d.r' ^ dx ' dy
On aurait de même
f/H r/H f/H , MT
— m.,- — h «2 3 [pin^ + 7"2 — P2 "i-
rf) " dx iy ^' ' '
Or, d'après la signification même des lettres,
pm, + (y«, — /j, = o,
p/W.j -f- '/"i; — P2 =^ O.
» En ayant égard à ces relations, on trouve immédiatement
W
1 d'B { r/>H , d-E , d'H
\dx'-dy' = "" = ('"''"=77?- + ^'"'"^ -^ '''"'-' dTdP'^"' "^--d^
I -- [///, /«2 '• + ('«I "2 + "1 "ij)^^ + "1 "2 ^] Hj'
» D'ailleurs, l'équation diflerentielle des lignes de courbure, telle qu'on
( i437 )
l'écrit habituellement
(5) [pqt-{^+q')s\dj^ - [(I +?=)'•- {i+p')i\dxdy
-\-[[i-\-p-)s — pqr]dx^ = o,
donne
OT,ff?j m, ii, + nyiii^ n,n2 mit7i.,r-i-{mtn,+n,mi)s-\-n,n,t _
donc
m, nio r -+■ (m^ «2 + f^t >Jh)^ + "i "2 ^ = o,
et l'équation (4) se réduit à
» La fonction H qui en x, /, z est donnée par la relation (2), a ici
pour expression
(7) H=(;,^ + 5^-mP| = A-|,
en désignant, pour abréger, par la lettre h la quantité p^ + 9* + i.
)) L'équation (6), où H a la valeur (7), est l'équation à différences par-
tielles du troisième ordre cherchée, à laquelle doit satisfaire une fonction
z=f[x,/,p), pour que les surfaces qu'elle représente puissent faire
partie d'un système orthogonal. On voit qu'elle s'établit très-simplement,
et, comme nous l'avons annoncé, tout en conservant la forme remarquable
de l'équation (3) de M. Cayley, elle ne contient que trois termes au lieu
de six. Pour la former, on peut d'ailleurs énoncer cette règle très-simple ■
Écrivez sous sa forme habituelle (5) l'équation des lignes de courbure en
projection sur le plan des xj; remplacez-y
dx^, dxdy, dj^,
respectivement par
d^p'+q'+l)'''^ cV[p'+q'+.l)'^'^ d^{p^+q'+l)'~'^
dx^ d.v dy tfy^
et vous aurez l'équation cherchée.
» Tandis que l'équation (3) en p contient toutes les dérivées du troi-
sième ordre de cette fonction, l'équation (6) en z ne contient pas les trois
C.R.,l873, ^'Semestre. (T. LXXVII, N» S'î.) I ^O
( i438 )
dérivées extrêmes :
ilH d^z
r'
» Cela donne à la transformation que nous venons d'effectuer une cer-
taine analogie avec celle qu'Ampère trouve si importante dans la théorie
des équations à différences partielles du second ordre à trois variables. La
quantité p a ici un rôle analogue à celui des variables appelées caractéris-
tiques dans la théorie des équations à différences partielles à deux variables
indépendantes, et même elle est analogue à une caractéristique double,
dH
puisque, outre la dérivée extrême — ^ elle fait disparaître les deux dérivées
... d'z d^z
voisines -——- et -i-r-r-'
d^-dx a^'dy
» Si l'on fait
s = j3-f 9',ar, j),
ce qui revient à chercher une surface S telle, qu'en la transportant paral-
lèlement à elle-même suivant une direction fixe prise pour axe des z on
engendre une famille de surfaces susceptibles de faire partie d'un système
dz
orthogonal, on aura — = i, et l'équation (6) devient
W-{^ + r)sY-^-^\!,l + r)r-{^ + f■)tf'
dx- L il \ ^ l ) \ dxdy
équation à différences partielles du troisième ordre, qui ne contient plus
la variable ç> et régit toutes les surfaces S, jouissant de la propriété de-
mandée.
» Si, pour abréger, on écrit cette équation sous la forme
^-l^^^lûd7-^^-d^=''^
son équation caractéristique sera, comme on le vérifie aisément :
A/'(ê)^-(-^?+ï^/')(ê)+(B7+c/,^g-c^=o.
» Elle se décompose en les deux suivantes :
( i439 )
dont la première est l'équation des lignes de courbure, et la seconde re-
présente les lignes de plus grande pente de la surface relativement au plan
desxj-, c'est-à-dire au plan perpendiculaire à la direction suivant laquelle
on doit faire la translation de la surface invariable S, pour obtenir un
système de surfaces susceptibles de faire partie d'un système orthogonal. »
ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes de décembre. Note de M. F. Tisseka.\d,
présentée par M. Le Verrier.
« Dans la nuit du lo au i i décembre dernier, à l'Observatoire de Tou-
louse, nous avons constaté un maximum intéressant dans le nombre des
étoiles filantes; ainsi, de 9''3o'° à lo heures, nous en avons compté 12;
i3 de 10 heures à lo'^So", et i4 de io''3o'" à 11 heures. Ces étoiles
étaient généralement très- faibles; de plus, le ciel était brumeux, de sorte
que les observations étaient assez difficiles. Néanmoins, nous avons pu in-
diquer, sur une carte céleste, les trajectoires de 20 météores. Voici les as-
censions droites et les déclinaisons des e:arémités de la trajectoire visible :
Fin.
Commencement.
JR
D
0
0
99>5
-+-
29,0
9i'5
-4-
32,5
89,0
-+-
27,0
92,5
+
19,0
72,5
4-
12,0
88,0
-+-
i3,o
96,0
-+-
.2,5
112,0
-+-
32,0
109,0
-f-
29,0
110,5
-1-
27,5
121 ,0
-t-
18,0
119,0
+
i5,o
95,0
-+-
47.0
237,0
-+-
78,0
io3,o
-h
21 ,0
82,0
—
2,0
69,0
—
2,5
5i ,0
0,0
85,0
—
4,0
io3,o
4-
22,0
74.0
-1-
33,0
79.0
-1-
a8,o
70,5
+
19,0
82,0
-1-
9,0
83, 0
-1-
'9.0
8i,o
■+-
7,0
90,0
-+-
2,0
94,0
-+-
29,0
95,0
-+-
27,0
182,0
-+-
36,0
127,0
■+-
8,0
127,0
-+-
4,0
95,0
-1-
58,0
166,0
-+-
77,5
98,0
4-
12,0
77>o
—
8,0
62,5
—
10,0
38,0
—
8,0
81,0
—
21 ,0
107,5
-t-
17,0
» Nous avons représenté ces trajectoires sur une carte, qui résulte
( i44o )
de la perspective de la sphère céleste sur le plan tangent au zénith, à un
moment donné, l'œil étant placé au centre de la sphère. On aperçoit
aisément, à l'inspection de cette carte, que les étoiles divergent sensible-
ment d'un même point; nous avons trouvé, pour les coordonnées de ce
point radiant,
m =107"', CD z= H- 28".
» Nous espérions obtenir une détermination plus précise le lendemain,
mais le ciel est resté constamment couvert, depuis la matinée du 12 dé-
cembre.
» L'essaim d'étoiles filantes, dont il vient d'être question, a été remar-
qué pour la première fois en i864; en i865, A. -S. Herschel avait trouvé,
pour les coordonnées du point radiant,
B=io5°, C0 = -)-3o°. »
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. D.
ERRATA.
(Séance du 8 décembre 1873.)
Page 1367, ligne 18, au lieu fie
(mx), = 7r, (mx),=:7r,..., ( OT,r)<=: 7r,...,
Usez
{ml),=:n, {ml], = Tt,..., (ot/)* = X?;,...
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 DÉCEMBRE 1875.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
FERMENTATIONS. — Observations au sujet du procès-verbal de la dernière séance;
par M. L. Pasteue.
« J'ai deux observations à faire au sujet du procès-verbal de la dernière
séance : la première, c'est que M. Trècul a refusé d'emporter les vases que
j'avais préparés d'ajjrès ses indications, mais en éloignant les causes d'er-
reur que, suivant moi, il n'a pas évitées et qui l'ont conduit à un résultat
erroné; la seconde, c'est que je tiens à dire à l'Académie que, pour faire
amende, honorable de la vivacité avec laquelle j'ai répondu à un de nos
confrères, j'ai supprimé, dans ma Note de lundi dernier, les expressions qui
ont paru blessantes. Par respect pour l'Académie, j'aurais dû ne pas me
montrer froissé d'une lecture dans laquelle, huit pages durant de nos
Comptes rendus, sans la moindre provocation de ma part, M. Trécul avait
porté sur l'exposition de mes recherches des appréciations soupçon-
neuses. Je plaide là les circonstances atténuantes de ma mauvaise launeur,
mais les torts d'autrui n'autorisent pas à pécher soi-même.
» Par un i-espect encore plus grand pour la vérité, je maintiens de
C. R,, 1873, 2« Semestre. (T. LXXVU, N» 2iJ.) I 87
( '442 )
nouveau avec force que mes travaux de ces dix-sept dernières années ont
établi définitivement que jamais on n'a vu les matières albuminoïdes,
naturelles ou cuites, donner naissance, par voie de génération spontanée
ou autrement, à des ferments organisés, ou à des Mycoderma, ou à des
moisissures; que ces matières se comportent seulement comme des aliments
de ces petits êtres, et que ces derniers ne se développent à leur aide qu'au-
tant que leurs germes, nés de parents semblables à eux, ont été apportés
du dehors. »
Réponse de M. A. Trécul à M. Pasteur.
« M. Pasteur me reproche d'avoir refusé d'emporter ses flacons. Je n'ai
point voulu prendre. ces flacons, parce qu'ils ne sont pas préparés dans
les conditions que j'ai signalées comme nécessaires, et parce que je ne
veux pas entreprendre d'expériences avec des matériaux que je ne connais
pas, c'est-à-dire avec du moût que je n'ai pas préparé moi-même, ni avec
du Pemcilliuin dont je ne connais pas l'âge. De plus, j'ai refusé l'appareil
dans lequel M. Pasteur a produit le Pénicillium employé par lui (ce que je
regrette, car c'eût été une pièce convaincante), parce que notre confrère
annonce des résultats que l'expérience qu'il a exposée n'a point pu lui
donner. En effet, on lit à la page 1898 de ce volume :
'I M. Pasteur décrit ensuite la méthode qu'il emploie pour démontrer le contraire de
l'assertion de M. Trécul ; toute la manipulation est faite à l'abri des poussières atraosphé-
riijues avec des spores de Pcnicillium qui a poussé dans l'air pur. >j
» Nos confrères se rappelleront l'appareil que M. Pasteur a présenté
et décrit à la séance du i5 décembre, et qu'il a figuré sur le tableau. Le
ballon, sininonléd'un tube droit et d'un tube recourbé, et dans lequel le
vide avait été fait par l'ébullition du liquide et ensuite fermé à la lampe
et laissé refroidir, fut ensemencé par un affltix d'air ordinaire dans son
intérieur, obtenu i)ar la rupture de l'extrémité du tube droit, qui.fut en-
suite refermé. Avec cet air, a dit M. Pasteur, sont entrées quelques spores
de Peuicillimn, peut-être une seule, a-t-il ajouté. Ce sont ces spores qui
auraient produit le Pénicillium dans son ballon à moitié rempli de moût
de bière.
» On jjourrait contester celte interprétation ; mais, pour le moment,
prenons les résultats comme l'auteur nous les a donnés; nous les discute-
ront dans une autre occasion. Constatons tout de suite que le Pénicillium
est né dans, un ballon plein d'air ordinaire t7 non dans l'air pur. C'est avec
( >443 )
ce Pénicillium que les flacons ont été ensemencés, el, pour eux comme
pour le ballon, il n'a point été pris de précaution particulière; ils furent
coinplélement remplis de moût de bière et fermés avec un liège. M. Pastein-
déclare n'avoir point obtenu de levure à l'intérieur de ces flacons.
» Voilà le fait dans toute sa nudité, tel qu'il a été exposé par M. Pasteur.
Qu'il me soit permis d'eu faire voir les conséquences en quelques mots.
M. Pasteur, qui prétend toujours être clair, a dit seulement n'avoir pas
obtenu les mêmes résultats que M. Trécul, c'est-à-dire pas de transforma-
tion des spores du Pénicillium en levure; mais il ne nous a pas dit si ses
flacons contenaient ou non de l'alcool et de l'acide carbonique. S'ils n'en
contenaient pas, son assertion du 7 octobre 1872, sur la végétation du Pé-
nicillium submergé, est en défaut (t. LXXV, p. 787); s'ils contenaient de
l'alcool et de l'acide carbonique, comme il n'y avait pas de levure dans ces
flacons, il ne s'en était donc pas produit de spontanée, bien que les flacons
eussent été ensemencés au contact de l'air avec du Pénicillium venu dans
un ballon plein d'air ordinaire; par conséquent l'assertion du 11 no-
vembre 1872 et du 17 novembre 1873 (t. LXXV, p. 1168, et ce volume
p. 1145) sur la naissance de la levure spontanée dans de telles cir-
constances, n'est pas confirmée. En outre, si de l'alcool et de l'acide car-
bonique existaient réellement, comment M. Pasteur a-t-il pu s'assurer
qu'aucune des spores qui ont grossi (elles ont grossi, car il y a eu des
germinations) n'a formé de levure véritable? On le voit, à quelque
conclusion que M. Pasteur s'arrête, l'une ou l'autre de ses assertions est
contredite.
» De plus, pour prévenir sans doute l'objection de la naissance du Pé-
nicillium dans son ballon, à l'aide des matières plasmatiques des particules
organisées sèches qui existent dans l'air, M. Pasteiu" affume, dans la Note
qu'il vient de lire, que les matières albuminoïdes ne sont pas susceptibles
de produire quoi que ce soit par hétérogénèse.
» Je me contenterai de lui opposer les expériences de MM. les profes-
seurs Wyman, H. Hofinann et Charlton-Bastian.
» M. Wyman a vu que du bouillon de bœuf ou des parcelles de bœuf
mises dans de l'eau sucrée, dans des vases fermés à la lampe, et soumis à
une température de 100 degrés pendant une heure, une heure et demie et
même deux heures, ont donné des bactéries, des vibrions et des monades
au bout de deux à trois jours. De l'extrait de bœuf entièrement soluble
dans l'eau, chauffé de même dans un baiii-marie à 100 degrés, donna des
187..
{ i4/i4 )
infiisoires après une ébullition de quatre heures, etc. {Sillimnnn's amer,
jotim.., 1867, sept., p. I Sa et suiv.).
» M. H. Hofmann [Bot. Zeil., 1869, t. XXVII, p. 291, et Ànn. se.
liai., 5*^ série, t. XI, p. 4?) c^'t cj"e dans de l'eau miellée, tenue en ébul-
lition pendant une demi-heure dans un ballon fermé par un tampon
d'ouate, les bactéries étaient apparues en si grande quantité qu'elles y
produisirent des nuages mucilagineux. Comme l'auteur est adversaire de la
génération dite spontanée, il ajoute que l'cbullition n'avait pas été suf-
fisante pour tuer les bactéries qui préexistaient. Mais on sait, par les expé-
riences mêmes de M. Pasteur, et par celles de MM. Pouchet, Wyman et
Charlton-Bastian, que quelques minutes d'une élévation de température
à 55 ou 60 degrés suffisent. (M. Pasteur pense que cela n'a lieu qu'autant
que le liquide est acide, et qu'il faut le porter à l'ébuUition quand il est
alcalin.)
M M. Charlton-Baslian a exécuté une longue série d'expériences, que je
regrette de ne pouvoir analyser entièrement. Il a reconnu aussi que les
cellules de levure, les bactéries et les vibrions sont tués entre 55 et 60 de-
grés C, comme je viens de le dire; de plus, que certains liquides restent
inféconds après une coction de 10 minutes ou moins à la température de
100 degrés; mais que d'autres liquides, tels que les infusions de foin et de
navet, portés à l'ébullilion dans un ballon que l'on ferme à la lampe quand
tout l'air est expulsé, donnent des bactéries et des vibrions après deux,
trois, quaire à treize jours [The modes oforigin of lowest orqanis^ns. London
el New-York, 1871).
» Pour terminer, j'allais citer une expérience curieuse de M. Pasteur,
qui conduit, à mon avis, aux mêmes conclusions. M. le Président,
riieure pressant, m'engage à réserver ces détails pour une Communica-
tion idtérieure; ce que j'accepte volontiers. »
Réponse de M. L. Pasteur à M. Trécul.
<i M. Trécul vient de dire qu'il n'avait pas voulu emporter (es flacons que
j'avais préparés, parce que ces flacons ne remplissaient pas les conditions
voulues.
)) M. Trécul a dit que ces flacons ne contenaient pas d'air. C'est une
erreur. Si M. Trécul avait pris la peine de venir regarder les flacons dé-
posés sur le bureau, il aurait vu qu'ils contenaient de l'air à l'origine,
( 1445 )
et que la meilleure preuve en est que les spores semées avaient germé,
qu'un mycélium ét^it même visible, à l'œil nu, à travers les parois des
flacons.
» M. Trécul reproche également au ballon contenant du Pénicillium jnir,
fructifié, que j'avais apporté, de contenir des spores trop vieilles. C'est une
erretu". Ce ballon avait été, comme les flacons dont je viens de parler, mis
en expérience le mardi 16 décembre, le lendemain delà Communication
de M. Trécul, c'est-à-dire depuis six jours seulement. Enfin rien de plus
facile que de faire traverser le ballon par un courant d'air pur et de pla-
cer la moisissure en contact avec autant d'air qu'on peut le désirer.
» Les critiques de M. Trécul sont donc sans fondement. »
MAGNÉTISME. — Sur la déperdition du magnétisme; par M. J. Jamin.
« Coulomb a démontré qu'un aimant chauffé successivement à des tem-
pératures croissantes ne garde après son refroidissement qu'une portion
de moins en moins grande de son aimantation première. L'opinion géné-
rale est qu'à chaque température t, l'acier prend une aimantation déter-
minée de moins en moins grande quand t augmente et qu'il la garde en se
refroidissant. Cela n'est pas exact, les phénomènes sont en réalité plus com-
plexes et plus curieux, comme je vais l'expliquer.
» Je prends un barreau préalablement trempé : formé d'un acier riche
en carbone, je le fais revenir à l'étuve au milieu d'un bain de sable, jusqu'à
lui donner la teinte bleue des ressorts; je l'introduis rapidement dans une
bobine de fils électriques parcourus par un courant de 20 éléments, et,
par des chalumeaux convenablement dirigés, j'empêche, ou, tout au
moins, je ralentis le refroidissement de l'appareil. L'acier prend une ai-
mantation totale un peu moindre que s'il était froid. Alors je romps le cir-
cuit, et je mesure tout aussitôt la force d'arrachement d'un contact
d'épreuve placé à l'extrémité, c'est-à-dire l'aimantation rémanente.
» Non-seulement l'acier s'aimante à chaud dans ces circonstances; mais
son aimantation rémanente est beaucoup plus considérable que celle qu'il
sera capable de garder quand il sera refroidi, elle est égale à 109 grammes
au lieu de 54 : il n'est donc pas exact de dire que la force coercilive ait
diminué avec réchauffement, c'est le contraire qui a lieu.
» Mais, si l'on recommence la mesure de la force d'arrachement de mi-
nute en minute, on reconnaît qu'elle décroît, d'abord très-rapidement,
ensuite moins vite et qu'au bout d'un quart d'heure tout a disparu.
( i446 )
» Cela se voit non-seulement quanti l'aimant est maintenu à sa tempé-
rature première, mais quand on le laisse se refroidir nalurellement, ce qui
se fait très-lentement, parce que la barre est polie, que son pouvoir émissif
est faible et qu'elle est dans la bobine comme au milieu d'un matelas non
conducteur. Il n'y a donc pas, pour chaque température, un état magné-
tique déterminé, décroissant quand réchauffement augmente. On passe
presque continûment de l'aimantation totale, figurée par AB, à l'aiman-
tation rémanente représentée par BCD qui s'abaisse jusqu'à zéro quand le
temps croît. Il y a une véritable déperdition magnétique qui est lente, qui
ressemble à la perte de chaleur par le refroidissement, et qui peut être
assez bien représentée par la loi de Newton j>- = e~'"^.
M Réchauffons maintenant la barre^ mais à une température moindre, et
recommençons l'aimantation initiale. Pendant que le courant passe, elle
est figurée par EF, elle a augmenté; mais aussitôt qu'il cesse, elle baisse
jusqu'à G; elle est moindre que précédennnent; mais d'un autre côté elle
s'affaiblit moins vite et ne se perd pas en totalité, il en reste après le refroi-
dissement une partie d'autant plus grande que le réchauffement avait été
moindre.
» Enfin, si l'on recommence l'épreuve sans chauffer la barre, elle a un
magnétisme total maximum RL et un magnétisme rémanent MN, le plus
petit possible, et qui ne varie pas sensiblement avec le temps. Les valeurs
de l'aimantation rémanente sont inscrites dans le tableau suivant, pour l'a-
cier E, après que la barre a été recuite, au bleu (n" 1), au jaune (n*' 2) et
maintenue à la température ordinaire (n" 3). L'acier E, qui donne des ré-
sultats plus saillants, avait été recuit au bleu. Refroidi et réaimanté, il
donna une aimantation permanente égale à 5/|,o.
( '447 )
Acier B n'ALLEvARD.
Durées.
O.
I .
2.
3.
4-
5.
6.
8.
10 .
I I .
i3 .
i8.
/' 11" 1 .
fn° 2.
/ n" 3
70,3
5o,6
47.6
63,5
49.. 7
47>o
56,2
48,5
»
5i,4
46,3
»
46,5
46,2
47.0
4>,3
45,8
»
37,0
45,0
u
3o,o
44,8
u
25,0
43,5
47.5
22,0
42.8
»
>9'°
42,7
D
i5 ,0
42,0
46,7
Acier E.
/
109,3
95,5
84,7
75,2
67,8
60,3
53,5
43,3
35,1
33,0
28,5
25,0
40
46
» Pour que celle expérience réussisse, il ne faut pas que le recuit de la
barre ait été poussé jusqu'à lui faire perdre toute force coercitive, c'est-à-
'dire jusqu'au rouge. Si cela avait lieu, la barre ne garderait de magné-
lisme ni à zéro ni à une température élevée, et la courbe précédente se
confondrait avec l'axe des oc.
» Dans ce cas, ou obtiendrait néanmoins, à toute température, une ai-
mantation totale. Le métal garderait la propriété magnétique sans avoir
celle de conserver l'aimantation, mais il posséderait celle-là à un degré de
moins en moins élevé, à des températures de plus en plus hautes. Il est
probable qu'il la perdrait au rouge, comme l'a avancé Pouillet. On peut
faire l'expérience eu plaçant la barre très-chaude dans la bobine, en fai-
sant passer un courant constant et en mesurant pendant le refroidissement
l'aimantation totale. J'ai trouvé les résultats suivants, après un recuit au
bleu d'une barre qui avait été préalablement chauffée au rouge.
, Acier E d'Allevabd (aimantaiion totale).
Durées.
/
Duices.
/
Durées.
/
Durées.
J
Durées.
/
0. . .
4i5
6..
462
11.. .
5i5
19...
540
35...
58o
I...
423
7--
4:o
i3...
5io
21 . . .
545
40...
590
2. . .
43.
8..
4,5
.4...
5l2
23...
56 1
5o...
5 go
3...
440
9--
480
i5..
520
25...
56o
4...
450
10. .
490
16..
520
27..
568
5...
456
11 . .
495
17..
5jo
3o..
575
( i448 )
CHIMIE. — Recherches sur les composés oxygénés de l'azote; leur slabilité
et leurs transformations réciproques ; par M. Berthelot.
« J'ai entrepris depuis deux ans une série d'expériences sur la chaleur
de formation de tous les composés oxygénés de l'azote : ces expériences
sont aujourd'hui complètement terminées, et j'en ferai i^rochainement
connaître les résultats. Dans le cours de leur exécution, j'ai été conduit à
étudier la formation et la décomposition des divers oxydes de l'azote,
sujet dont quelques points n'avaient pas été repris depuis le temps de
Gay-Luss3c (i), de Dulong (2), de Dalton (3) et même de Priestley. J'ai eu
occasion de reproduire également certaines des expériences classiques de
notre confrère _M. Peligot 4)? sur les acides bypoazotique et azoteux. Je
vais exposer celles de mes observations qui me semblent offrir quelque
nouveauté.
u I jdcide h/poazotique . — 1. Examinons d'abord le degré de stabilité
de l'acide bypoazotique. On le regarde avec raison comme le plus stable
des oxydes de l'azote : en effet, chauffé dans un tube de verre scellé, vers
5oo degrés, pr^ndaiit une heure, il résiste sans donner le moindre indice de
décomposition. Il n'exerce d'ailleurs aucune réaction, ni sur l'oxvgène à
froid, ni sur l'azote libre, au rouge sombre et dans les mêmes conditions.
M 2. Mais une série d'étincelles électriques le décompose dans un tube
scellé à la lampe, rempli vers 3o degrés sous la pression atmosphérique;
elle le réduit en ses éléments
AzO' = Az + 0'.
Au bout d'une heure, un quart était déjà détruit. Au bout de dix-huit
heures, j'ai obtenu un mélange, probablement voisin de l'équilibre, qui
renfermait en volume
Az = 28; O = 56; AzO' =14.
» 3. La décomposition s'arrête à lui certain terme, comme dans tous les
cas ou l'étincelle développe une action inverse. On sait en effft, depuis
Cavendish, qu'elle détermine la combinaison de l'azote avec l'oxygène;
mais cette combinaison, opérée entre les gaz secs, ne saurait fournir autre
(1) Annales de Chimie et de Physique, t. I, p. 394; 1816.
(2) Mêoie Recueil, t. IIj p. 817; i8i6.
(3) Même Recueil, t. VII, p. 36; i8!7.
(4) Même Recueil, 3' série, t. II, p. 58; 1841.
( i449 )
chose que de l'acide hypoazotique, attendu qu'il subsiste toujours de
l'oxygène libre, ainsi que je vais le montrer. Eu opérant sur l'air atmosphé-
rique, j'ai trouvé qu'au bout d'une heure, 7,5 centièmes, c'est-à-dire un
treizième du volume, avaient donné de l'acide hypoazotique ; dix-huit
heures d'clectrisation n'ont pas modifié sensiblement ce rapport.
» Mais je ne veux pas insister sur la valeur numérique de ces limites,
dont la mesure exacte réclamerait des expériences plus nombreuses et faites
dans des conditions plus variées, comme énergie électrique, comme pres-
sion et comme proportions relatives des gaz. Le seul fait que je veuille
mettre en lumière, c'est l'existence même des limites, conséquence néces-
saire des deux réactions antagonistes.
» II. Acide azoteux . — 1 . Peu de réactions ont été plusétudiées quecelle
du bioxyde d'azote sur l'oxygène, en présence de l'eau. Aux débuts de la
chimie pneumatique, on espérait y trouver un procédé sûr et facile pour
mesurer la pureté de l'air par son analyse [eudiométrié) ; mais on reconnut
bientôt que les rapports entre les volumes des gaz absorbés peuvent
varier extrêmement, de 3 ; 4 jusqu'à 3 : 12, par exemple, suivant qu'il
se forme d'abord de l'acide azotique ou de l'acide azoteux; la solution
aqueuse de ce dernier absorbe d'ailleurs assez vite l'oxygène, en de-
venant de l'acide azotique.
)) 2. Cependant la réaction effective passe toujours par un premier
terme défini, l'acide azoteux, comme je vais l'établir,
AzO' -h O = AzO^
» Gay-Lussac avait déjà observé que l'oxygène et l'azote, mêlés en
volumes dans le rapport de i ". 4? <^'i présence d'une solution concentrée
de potasse, fournissent seulement un azotite. J'ai reconnu qu'il en est de
même quelles que soient les proportions relatives des deux (jaz et l'ordre du
mélange, en présence des solutions alcalines concentrées et même de l'eau
de baryte, pourvu que la vapeur nitreuse qui apparaît un moment dans le
mélange soit aussitôt absorbée à l'aide de l'agitation dans des tubes suf-
fisamment larges. Non-seulement les rapports de volume des gaz disparus
établissent ce fait , mais les analyses laites sur plusieurs grammes de
matière ont montré que la proportion d'acide azoteux formé répond à
96 ou 98 pour 100 du bioxyde employé, dans les expériences bien con-
duites.
» 3. Si la réaction a lieu sans absorber à mesure l'acide azoteux, l'acide
hypoazotique y apparaît bientôt, et l'analyse indique alors, dans tous les
C. R., 1873, J« Semestre. (T. LXXVII, N» 2S.) ' 88
( i45o )
cas où l'oxygène fait défaut, un mélange des trois gaz : AzO", AzO', AzO',
quel que soit l'excès relatif du bioxyde d'azote; c'est-à-dire que l'acide
azoteux ne subsiste quelque temps, sous forme gazeuse, qu'en présence
des produits de sa décomposition. C'est ce mélange complexe et variable
avec les circonstances qui constitue le corps appelé vapeur nilreuse, toutes
les fois que l'oxygène n'est pas prépondérant. La même remarque s'ap-
plique d'ailleurs à l'acide liquide ; l'acide azoteux le plus pur qui ait été
obtenu (Fritzsche; Hazenbach) contenait environ un buitième d'acide hypo-
azotique, d'après les analyses. M. Peligot avait depuis longtemps insisté
sur cette circonstance.
» 4. En présence d'un excès d'oxygène, il se forme ou plutôt il sub-
siste uniquement de l'acide hypoazotique, comme on le sait par les tra-
vaux de Gay-Lussac, de Dulong et de M. Peligot, qui a obtenu par cette
voie l'acide cristallisé. Je n'ai pas à revenir sur ce point, si ce n'est pour
observer que l'acide azoteux, étant le produit initial de la réaction,
même en présence d'un excès d'oxygène, nous sommes forcés d'admettre
que c'est l'acide azoteux qui s'unit ensuite avec un second équivalent
d'oxygène
AzO^ +0 = AzO*.
dans un mélange gazeux sec, aussi bien qu'en présence de l'eau. La for-
mation des deux oxydes se succède presque immédiatement. En admet-
tant, d'après les analogies, et conformément à une densité gazeuse approxi-
mative donnée par M. Hasenbach, que la formule de l'acide azoteux,
AzO% représente 2 volumes, la seconde réaction offrirait ce caractère
remarquable, et jusqu'ici unique dans l'étude des actions directes, d'une
combinaison gazeuse réelle effectuée avec dilalalion : 3 volumes des gaz com-
posants fournissant 4 volumes.
» Il en serait de même de la métamorphose du protoxyde d'azote en
bioxyde :
AzO + 0 = AzO%
si elle pouvait avoir lieu. A la vérité, cette réaction ne s'effectue pas
directement; mais j'établirai tout à l'Iieure l'existence réelle de la décom-
position inverse, laquelle offre une anomalie du même ordre et corré-
lative, à savoir une décomposition gazeuse simple, effectuée avec contraction:
4 volumes se changeant en 3 volumes. Cette dernière relation est plus
nette, sinon eu principe du moins en fait, que la ju-emière, attendu qu'elle
a lieu entre trois gaz dont la densité est parfaitement connue.
» IIL Proloxyde d'azote. — 1. Ou enseigne depuis Priestley que le prot-
f i45i )
"oxyde d'azote est décomposé par la chaleur ronge en azote et oxygène.
J'ai clierché vers quelle température commence cette décomposition et
si le bioxyde d'azote apparaît parmi ses produits. Le protoxyde résiste à
l'action d'une chaleur modérée, mieux qu'on ne le supposait en général,
depuis que MM. Favre et Silbcrmanu nous ont appris que ce gaz est formé
avec absorption de chaleur. En le chauffant au rouge sombre vers 620 de-
grés, pendant une demi-heure, dans un tube de verre de Bohème scellé à la
lampe, c'est à peine si i,5 centième se trouve décomposé en azote et oxy-
gène, sans oxyde supérieur.
» 2. La compression brusque du protoxyde d'azote, dans un système
analogue au briquet à gaz et avec des conditions capables de faire détoner
un mélange d'hydrogène et d'oxygène, ne détermine également que des
traces de décomposition.
» 3. J'ajouterai encore que le protoxyde d'azote, mêlé d'oxygène et
chauffé au rouge sombre dans un tube scellé, ne fournit pas de bioxyde
d'azote ni de vapeur nitreuse.
y> 4. Rappelons enfin, pour achever d'en définir la stabilité, que le prot-
oxyde d'azote n'exerce d'action oxydante à froid sur aucun corps connu;
et qu'il n'est absorbé ou décomposé par la potasse aqueuse ou alcoolique
à aucune température, susceptible d'être atteinte dans un tube de verre
scellé, même avec le concours du temps ( 1 ). Si j'insiste sur ces circon-
stances, c'est pour les opposer aux propriétés du bioxyde d'azote.
» 5. J'ai aussi examiné l'action de l'étincelle électrique sur le protoxyde
d'azote, principalement pour en étudier les premières phases; caries pro-
duits généraux ont été déjà signalés par Priesiley, par M. Grove, par
MM. Andrews et Tait, ainsi que par MM. Buffet Hofmann. J'opérais dans
un tube scellé à la lampe, afin d'éviter toute action secondaire de l'eau
ou du mercure. La décomposition s'opère rapidement et la vapeur nitreuse
apparaît aussitôt. Au bout d'une minute et avec de faibles étincelles (appa-
reil de Ruhmkorff, mil par 2 éléments Bunsen), un tiers du gaz était
décomposé. La partie décomposée s'était partagée en proportion à peu près
égale entre les deux actions suivantes :
i Az(3 = Az + 0
j 4AzO=: AzO* + 3Az.
» La première action peut être regardée comme due surtout à l'action de
(l) Bulletin de la Société pkiloniathiqiie pour iSSy, [). I2i.
188.
( i452 )
la chaleur de rétincelle, tandis que dans la seconde action la chaleur
et l'électricité concourent,
» Au bout de trois minutes avec des étincelles plus fortes (6 éléments
Bunsen), près des trois quarts du gaz étaient déjà décomposés, toujours de
la même manière, la seconde réaction l'emportant un peu sur la première.
» On voit par là que le bioxyde d'azote n'apparaît point et ne saurait
apparaître dans la décomposition électrique du protoxyde, puisque celle-ci
donne toujours lieu à un excès d'oxygène libre. La proportion d'acide
hypoazotique formé représentait à peu près le septième du volume final,
proportion qui ne doit pas être très-éloignée de celle qui répondrait à
l'équilibre définitif |)roduit par l'étincelle, d'après les expériences expo-
sées plus loin. C'est un nouvel argument pour attribuer principalement à
l'électricité la formation de l'acide hypoazotique, aux dépens du protoxyde
d'azote.
» IV. Bioxyde d'azote. — 1 . Le bioxyde d'azote est réputé l'un des gaz les
plus stables de la Chimie; cependant on enseigne que l'étincelle (Priestley),
ou l'action de la chaleur rouge (Gay-Lussac), le décomposent lentement en
azote et acide hypoazotique. En présence du mercure ou du fer, il ne reste
que de l'azote (Buff et Hofmann, 1860).
» 2. Voici ce que j'ai observé. Le bioxyde d'azote (1), renfermé dans un
tube de verre scellé et chauffé au rouge sombre, vers 620 degrés, éprouve
un commencement de décomposition. Au bout d'une demi-heure, le vo-
lume de bioxyde décomposé s'élevait à près du quart du volume initial. La
partie détruite s'était partagée dans ses éléments, d'après les deux réactions
suivantes :
AzO==Az +0\ puis 0'-|-AzO'=:AzO', soit 2AzO'=:Az -l-AzO';
AzO'=AzO-4-0, puis O -l-AzO'=:AzO', soit 2AzO'= AzO -t- AzO>.
La formation du protoxyde d'azote était prédominante. Une autre expé-
rience, prolongée pendant six heures dans les mêmes conditions, a fourni
sensiblement les mêmes résultais : la proportion de bioxyde détruit était
la nième, et celle du protoxyde d'azote un peu moindre, mais toujours
très-considérable. La presque identité de ces deux décompositions, malgré
(i) J'ai préparé ce gaz par la réaction ménagée de l'acide azotique sur une solution bouil-
lante de sulfate ferreux; c'est la seule réaction qui le fournisse tout à fait pur. L'emploi du
cuivre et de l'acide azotique, même Irès-élendu et froid, donne toujours du protoxyde, dont
la proportion, variable avec la iiériode de la réaction, peut s'élever à plus d'un dixième du
volume du gaz qui se dégage.
( i453 )
leur durée si différente, mérite attention; elle tendrait à montrer que la
décomposition d'un corps par la chaleur peut s'arrêter k une certaine
limite, en présence des produits qu'elle fournit, et même alors que ces pro-
duits n'ont aucune tendance à se combiner pour régénérer le composé
primitif; en d'autres termes, nous aurions affaire à une décomposition
limitée et non réversible (i). Mais ce point important réclame luie étude
plus approfondie avant d'être regardé comme définitivement acquis.
» 3. L'action de l'étincelle électrique confirme et étend ces résultats.
Elle commence à s'exercer avec une extrême promptitude et présente di-
vers termes successifs, très-dignes d'intérêt. J'ai opéré sur le gaz enfermé
dans des tubes scellés et avec des élincelles assez faibles (2 éléments).
» Au bout d'une minute, un sixième du gaz est déjà détruit; la propor-
tion en serait certainement plus forte, si les électrodes de platine étaient
situés au centre de la masse, au lieu de se trouver à une extrémité, ce qui
ralentit le mélange des gaz. Un tiers environ du produit détruit a formé du
protoxyde d'azote
2AzO'=AzO-i-AzO%
les deux autres tiers produisant de l'azote et de l'acide hypoazotique
2AzO'=Az-4- AzO*.
Au bout de cinq minutes, les trois quarts du bioxyde d'azote étaient détruits,
avec formation de protoxyde d'azote et d'acides azoteux et hypoazotique. Le
rapport entre le protoxyde d'azote et l'azote, c'est-à-dire entre les deux
modes de décomposition, était à peu près le même que plus haut.
» Il y a lieu ici de distinguer encore l'action calorifique de l'élincelle,
laquelle donne lieu à la formation du protoxyde (corps que l'étincelle n'en-
gendre point en agissant sur les éléments) ainsi qu'à une portion de celle
de l'azote libre, et l'action propre de l'électricité, qui tend à faire prédo-
miner l'acide hypoazotique, comme le montre une expérience de plus
longue durée.
» En effet, le flux d'étincelles, prolongé pendant une heure, ne laisse
plus subsister qu'un mélange de bioxyde d'azote non déconqjosé (i3 cen-
tièmes du volume initial), de vapeur nitreuse (plus de 4o centièmes) et
d'azote; je n'ai pu y découvrir de protoxyde d'azote en proportion sen-
sible. Ce gaz disparait donc avant le bioxyde, sans doute sous l'influence
de la haute température de l'étincelle. Ce fait, opposé en apparence
( I ) Voir J finales île Chimie et de Physicjuc, 4"" série, t. XVIII, p. i4 ' *-'' ' 28.
( «454 )
avec !.i transformation initiale d'une partie du bioxyde en j)rotoxyde,
semble iinbquer (jue le bioxyde commence à se décomposer à une
température plus basse que le protoxyde et qu'il subsiste cependant, en
partie, plus longtemps ou à une température plus haule, en présence des
produits de sa décomposition.
» Pourtant l'action plus prolongée encore de l'électricité finit par le faire
disparaître à son tour, en même temps que diminue le volume de la vapeur
nifreuse produite dans la première période. Au bout de dix-iuiit heures
d'électrisation, je n'ai plus trouvé que 12 centièmes de vapeur nitreuse,
formée cette fois uniquement par l'acide hypoazotique. Le mélange gazeux
renfermait Az = 44» O = 87, AzO^ = i3 pour 100 volumes du gaz primitif.
» En raison de la durée de la réaction et de l'influence antagoniste
qui tend à former l'acide hypoazotique dans un mélange d'azote et d'oxy-
gène purs traversés par l'étincelle, le système ci-dessus doit être regardé
comme voisin d'un état d'équilibre.
» Mais revenons au bioxyde. En somme, ce composé est moins stable
dans les conditions ordinaires que le protoxyde, puisqu'il l'engendre d'a-
bord en se décomposant sous l'influence de la chaleur ou de l'étincelle.
» Ici se présente une contradiction apparente entre les propriétés
connues des deux g;iz. Pourquoi le charbot:, le soufre, le phosphore con-
tinuent-ils à briller plus facilement dans le protoxyde que dans le bioxyde
d'azote, circonstance qui a fait croire juseiu'ici à une stabilité plus grande
du dernier gaz? L'explication est, je crois, la suivante: d'une part, le
bioxyde ne renferme pas plus d'oxygène à volume égal que le protoxyde,
et, d'autre part, cet oxygène ne devient réellement disponible en totalité
pour les combustions qu'à une température beaucoup plus haute, le bioxyde
se changeant d'abord en grande partie en acide hypoazotique, corps réelle-
ment plus stable que le protoxyde d'azote. L'énergie comburante du
bioxyde à la température du rouge naissant devra donc être moindre que
celle du protoxyde, qui se détruit immédiatement en azote et oxygène
libre.
)i 4. Le défaut de stabilité de bioxyde se manifeste également dans un
grand nombre do réactions lentes opérées sur le gaz pur à la température
ordinaire, soit qu'il se résolve en azotite et protoxyde sous l'influence de
la potasse (Gay-Lussac), soit qu'il oxyde, à froid et peu à ])eu, divers corps
minéraux (d'après les anciens observateurs) ou organiques (1), avec mise
(i) Chimie organique fondée sur In sjnthàsc, t. II, p. 485.
( «455 )
en liberté, tantôt de tout son azote (Az+O-), tantôt de la moitié
(Az + AzO*), tantôt de protoxyde d'azote et même d'ammoniaque. La
même cause engemlre du protoxyde d'azote, de l'azote et même de l'am-
moniaque dans la plupart des réactions où un corps oxydable tend à ra-
mener l'acide azotique à l'état de bioxyde d'azote. Aussi ce dernier gaz,
préparé par la réaction des métaux sur l'acide azotique étendu, est-il rare-
ment pur.
» 5. Une semblable aptitude à des <lécorapositions lentes et multiples
est le caractère des composés peu stables et formés avec absorption de
chaleur. Je montrerai bientôt que le bioxyde d'azote est comparable sous
ce rapport au cyanogène et à l'acétylène; tous ces corps composés offrent
une aptitude à entrer en réaction, une sorte de plasticité chimique bien
supérieure à celle de leurs éléments et comparable à celle des radicaux les
plus actifs : ce que j'explique par l'excès d'énergie emmagasinée dans l'acte
de leur synthèse.
» En effet, l'énergie potentielle des éléments diminue, en général, dans
l'acte de la combinaison; tandis qu'elle se trouve, au contraire, accrue
pendant la formation de l'acétylène, du cyanogène et du bioxyde d'azote.
Or, un tel accroissement est évideuunent corrélatif avec l'aptitude que ces
corps, véritables radicaux composés, possèdent pour contracter directement
de nouvelles combinaisons avec les éléments.
» Le mécanisme qui préside à h formation synthétique de ces radicaux
composés n'est pas moins digne d'attention : c'est, en effet, sous l'influence
de l'électricité que l'on obtient la réunion directe, quoique toujours endo-
thermique, des éléments qui engendrent soit l'acétylène lui-même, soit la
combinaison hydrogénée du cyanogène, soit la combinaison suroxydée
du bioxyde d'azote. »
VITICULTURE. — 5ur les résuUats des expériences faites par la Commission de la
maladie de la vigne du département de l'Hérault. Note de M. H. Mares.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la brochure que vient de pu-
blier la Commission départementale de la maladie de la vigne du département
de l'Hérault, a6n de faire connaître les résultats qu'elle a obtenus jusqu'à
présent, de l'essai des nombreux procédés proposés pour concourir au prix
de 20 000 francs, institué par le Ministère de l'Agriculture, en faveur de
celui qui aura découvert, pour combattre la maladie caractérisée par le
Phylloxéra, un moyen pratifpie, elficace el applicable à la majorité des
vignobles.
( 1456 )
x Ces essais, commencés en avril et mai 1872, à Villeneuve-lès-Mague-
lonne, sur une vigne trop gravement attaquée, ne datent réellement que
du 6 juillet 1872, é[)oque à laquelle ils furent établis dans une vigne du
domaine de las Sorrès, dans le voisinage immédiat de la ville de Mont-
pellier. Cette vigne, déjà fort malade en 1872 (puisque son produit est
descendu de 175 hectolitres en 1870 et [871, à 33 hectolitres en 1872), a
été le siège principal des observations consignées dans le travail qui fait le
sujet de cette Note.
» Cent quarante expériences différentes ont été faites par les soins de la
Commission. Au point de vue pratique, elles représentent l'ensemble de
recherches le plus considérable et le plus varié qui ait encore été fait sur
la maladie de la vigne et sur les moyens de combattre le Phylloxéra.
» Deux hommes de talent, MM. Jeannenot et Durand, l'un et l'autre
professeurs à l'École régionale d'Agriculture de Montpellier, et adjoints à
la Commission par le Ministère de l'Agriculture, ont organisé l'application
des procédés à essayer avec un soin minutieux. Ils ont apporté à ces tra-
vaux longs et difficiles un zèle qui ne s'est jamais ralenti, et qui doit leur
mériter la reconnaissance des viticulteurs. C'est aux bonnes dispositions
qui ont été adoptées par eux, autant qu'à une observation persévérante,
que nous devons une méthode d'appréciation qui a permis, dans la limite
de ce qui est possible, de classer les résultats obtenus et d'en tirer des con-
clusions.
» M.Sahnt, l'un des trois membres de la Commission de la Société d'Agri-
culture de l'Hérault, qui, en 1868, découvrit le Phylloxéra dans les vignes
du territoire de Saint-Rémy, a bien voulu s'occuper spécialement, de con-
cert avec MM. Jeannenot et Durand, du soin de comparer les ceps en ex-
périence, et de leur assigner un coefficient. Crâce à ce concours d'hommes
habiles et dévoués, la Commission a pu mener à bien, jusqu'à présent, le
grand travail que le Ministère de l'Agriculture lui a confié.
» Si la question de la maladie de la vigne n'est pas encore résolue, et si
les expériences continuent à las Sorrès, on est cependant en possession
d'un ensemble de faits, dans lesquels la théorie et la pratique pourront
puiseï' d'utiles indications. Les résultats mentionnés pour chaque procédé
n'ont rien d'absolu ; on doit les rapporter aux conditions de sol et de cli-
mat dans lesquelles ils ont été obtenus, c'est-à-dire à un sol nrgilo-calcaire
profond et perméable, entouré de deux ruisseaux et infiltré après les
grandes iiluies ; et à une année caractérisée par un hiver peu humide, si
doux qu'il n'a pas gelé une seule fois pendant sa durée; par un printemps
( '457 )
sec et froid, signalé par des gelées d'avril désastreuses ; par un été et un
automne dont les chaleurs excessives ont été accompagnées de très-fortes
sécheresses. D'autres conditions climatériques, un autre sol, peuvent chan-
ger et modifier quelques-uns des résultats observés à las Sorrès; mais, dans
leur ensemble, ils ont une signification qui n'échappera à personne.
» La majeure partie des expériences n'est que l'application des procé-
dés proposés par les concurrents à mesure que la Commission en a eu
connaissance. 11 ne faut donc pas chercher dans leur ensemble une mé-
thode d'investigation guidée par une théorie. Sauf les essais faits par la
Commission sur quelques insecticides en 1872 et en 1873, et sur quelques
engrais en 1873, aucune idée préconçue ne relie la série d'expériences
dont les vignes de las Sorrès a été le sujet.
» Cette particularité a ses inconvénients, en ce sens que certains agents
importants ont été oubliés ou mal essayés; mais, d'un autre côté, comme
elle présente pêle-mêle les applications les plus disparates, elle permet de
mieux juger, lorsque les résultats s'accusent toujours dans la même direc-
tion, la voie dans laquelle il faut s'engager pour obtenir pratiquement les
résultats les plus utiles.
» Sous ce rapport, les expériences sont concluantes. Déjà, à la fin
de 1872, la Commission avait pu constater, soit à Villeneuve, soit à las
Sorrès, que « sous l'influence des sels à base de potasse, ainsi que sous
» celle de fortes fumures, la vigne malade reprend de la vigueur, mais sans
que pour cela le Phylloxéra soit détruit ». Elle signalait comme ayant
donné quelques résultats le sulfure de potassium dissous dans du purin,
le sulfure de potassium dissous dans l'eau, le savon noir dissous dans
l'eau, le purin, le fumier de ferme, les cendres, le sel ammoniac en solution
aqueuse. D'un autre côté, les agents exclusivement insecticides n'avaient
donné aucun résultat favorable.
» En 1873, les expériences, continuées sur les mêmes carrés par de
nouvelles applications de matières, faites, pour la plupart, pendant les
mois de lévrier et mars, se sont caractérisées dans le même sens avec une
telle évidence, qu'on ne saurait aujourd'hui méconnaître leur signification.
Nous les trouvons résumées non-seulement dans les conclusions géné-
rales adoptées par tous les membres de la Commission, à savoir « que
)) les fumiers et les engrais, surtout ceux riches en potasse et en matières
)) azotées, produisent quelques bons effets sur les vignes malades »; mais
surtout dans les tableaux qui reproduisent le résultat général des expé-
riences, ainsi que l'état comparatif de la végétation des ceps traités.
C.R., 1873, i' Semcitre. (T. LXXVII, N» 2S.) 1^9
( i458 )
» Trente-quatre procédés ont produit une amélioration appréciable sur
la vigne, et ils contiennent tons des engrais ou des agents considérés
comme engrais.
)) Au premier rang sont le sulfure de potassium, dissous dans du purin
on dans des urines; le mélange de sels alcalins sulfatisés des salines du Midi,
avec du sulfate de fer et des tourteaux de colza; le sulfure de potassium
en pains ou un solution aqueuse; la suie, le savon de potasse, le mélange
de fumier, de cendres, de sel ammoniac; les urines, les tourteaux, etc.
» Neuf procédés ont donné des résultats nuisibles à la vigne. Dans ce
cas, les agents employés sont l'essence de térébenthine, le pétrole, les huiles
lourdes du goudron de gaz, le sulfure de carbone, l'acide phénique con-
centré.
» Les insecticides, commme le goudron de gaz, l'huile de carde, l'acide
phénique, ajoutés aux urines ou aux purins, n'ont pas augmenté leurs bons
effets.
» Les poisons, tels que les composés d'arsenic, à l'état de sulfure, et
d'acide arsénieux, n'ont donné aucun résultat. Le Phylloxéra s'est main-
tenu dans tous les carrés expérimentés, malgré l'emploi des insecticides
les plus violents. Leur application a donc échoué jusqu'à présent, tandis
que l'emploi des engrais riches en sels de potasse et en matières azotées a
donné de bons résultats (i).
w Tel est le résultat général. A mon sens, il prouve d'abord la nécessité
de l'engrais pour combattre la maladie caractérisée par le Phylloxéra,
c'est-à-dire des agents dont se nourrit la vigne et qui sont particulière-
ment absorbés par elle.
» Le maximum d'effet est atteint, lorsque les sels de potasse et les ma-
tières riches en azote sont déposés ensemble au pied de la vigne, comme
on le voit pour le mélange de sulfure de potassium et d'urine, pour celui
de sels alcalins sulfatisés et de tourteaux de colza. De ces résultats, ne pour-
rait-on pas déduire le succès, à peu près certain, d'un mélange de sel po-
tassique et de guano, ou de matières très-azotées facilement décompo-
sables?
» Ajoutons que, si les matières potassiques et azotées sont, dans la plu-
part des sols où la vigne est cultivée, les substances qui agissent sur elle
[l] Tous les sels de potasse essayés ont donné des résultais favorables; par exemple, le
manganate de potasse, qui figure dans les essais, en nièinc leniiis que les sulfures, les sul-
fates, les chlorures potassiques.
( '4^.9 )
avec le plus d'énergie lorsqu'elle est attaf|uée de Phylloxéra, cette action
paraît encore plus spéciale quand elles sont à l'état de sulfure.
» Si les insecticides, qui torment la majeure partie des cent quarante
i)rocédés appliqués à las Sorrès, ont donné des résultats nuls ou nui-
sibles, c'est que, jusqu'à présent, aucun d'eux n'a pu être mis en usage,
de manière à détruire entièrement le Phylloxéra, sans nuire à la vigne.
Pour en obtenir d'utiles résultats, il me paraît nécessaire de leur donner
une action durable et de les constituer eux-mêmes à l'état d'engrais (par
exemple le savon de potasse), afin d'aider à la reconstitution des racines,
en même temps qu'à l'alimentation de la plante.
» C'est pour cette raison cjue, tout en constatant les mauvais résultats
des moyens inclusivement insecticides, j'insisterai, comme dans mes pré-
cédentes Communications, pour qu'on ne les abandonne pas et pour qu'ils
restent à l'étude, en même temps que les moyens culturaux et de concert
avec eux.
» Un fait très-remarquable, c'est que, malgré les intempéries de
l'année iS^S, et malgré l'énorme multiplication du Phylloxéra qui en a
été la conséquence, les procédés dont l'application a donné des résultats
utiles en 187a ont continué à les produire encore à la seconde année de
leur emploi: aussi, à la fin de iS^'i, les ceps sur lesquels ils ont été expé-
rimentés sont-ils plus vigoureux qu'à la fin de iS'j2. Ainsi, sous l'influence
du sulfure de potassium et du purin, les ceps se sont renforcés ; ils ont
refait de nouvelles racines, poussé de gros sarments et bien mûri leurs
fruits; ils se rapprochent progressivement d'un état normal, tandis qu'au-
tour d'eux ceux qui n'ont pas été traités s'affaiblissent de plus en plus et
paraissent devoir périr. N'est-il pas permis de croire que l'emploi préventif
des mêmes moyens donnera d'utiles résultats? car il est plus facile de
conserver en bonne végétation un cep encore intact que lorsqu'il a perdu
une grande partie de ses racines.
)) De pareils faits autorisent à croire que l'emploi judicieux des engrais,
aidés par les agents les plus propres à développer leur action, permettra,
sinon d'empêcher, au moins de diminuer les ravages du Phylloxéra et de
prolonger utilement la durée des vignes attaquées. On pourra, en même
temps, poursuivre l'insecte par les moyens les plus pratiques qui restent
encore à l'étude, et former alors une méthode complète de préservation et
de guérison ; aujourd'hui le premier pas est fait, ainsi que le démontrent
les expériences faites à las Sorrès.
» Pour le moment, c'est aux engrais et aux meilleurs procédés cultu-
i8q..
( i4(3o )
raux, dont 1rs bons effets sont manifestes, que recourent les praticiens,
quelles que soient d'ailleurs leurs idées théoriques. Aussi voit-on les parti-
sans les plus déclarés des insecticides les abandonner dans la pratique et
suivre l'exemple général, en couvrant leurs vignes de sels potassiques, de
tourteaux de graines oléagineuses et d'engrais de toutes sortes. Si les vignes
périssent, le sol profitera toujours des matières fertilisantes qu'il aura
reçues. »
»
PALÉOî<iTOLOGlE. — Squelette (le grand Palêolhérium (Palœotherium magnum,
Ciiv.) trouvé dans les plâlrières de VUry-sur Seine. Note de M. P. Gervais.
« On ne connaissait encore d'autre pièce pouvant donner une idée des
proportions du corps des Paléothériiuns et indiquer quelles étaient les
allures de ces animaux, qu'un squelette de Palœotlierium minus, Cuv.,
ayant conservé la région occipitale du crâne, le cou et une portion du
tronc, mais manquant du train de derrière, et dont les membres étaient
fort incomplets. Nous serons désormais mieux renseignés au sujet de ces
Mammifères, grâce à la découverte qu'a faite M. Fuchs, ingénieur civil,
propriétaire de la carrière Michel, située entre Vitry-sur-Seine et Choisy-
le-Roi, du squelette, à peu de chose près complet, d'un Pachyderme de
ce genre appartenant à l'espèce du /*. magnum.
» Cuvier avait conclu de la forme du P. minus, espèce à peu près égale
par la faille à un agneau, à celle du P. magnum., dont il ne possédait que
des parties séparées, et il disait du second de ces Paléothériums qu'il
devait avoir 4i pieds de hauteur au garrot, qu'il était moins élevé qu'un
grand Cheval, mais plus trapu; que sa tête était plus massive, et qu'il
avait les extrémités plus grosses et plus courtes. Cuvier avait d'ailleurs
démontré que les Paléothériums se distinguent des Chevaux, parce qu'ils
ont trois doigts à chaque pied au lieu d'un seul, et que leurs dents sont
différentes, par les détails de leur forme aussi bien que par leur disposi-
tion, de celles des Chevaux, des Tapirs et des Rhinocéros.
» Le squelette trouvé par M. Fuchs dans la carrière qu'il exploite, et
dont il a bien voulu, sur ma demande, faire don au Muséum, apporte une
confirmation rigoiueuse de ces caractères, et il montre, en outre, que le
P, magnum, malgré l'élévation considérable de sa taille, différait moins
du P. minus, dans son aspect général, qu'on ne serait d'abord porté à le
supposer.
» Tout en ayant la tête fort grosse (o'",5o de longueur), il avait, comme
( i46i )
son congénère de petite dimension, le cou plus allongé que ne l'ont, en
général, les Jumentés, soit vivants, soit fossiles, et, quoique ses pieds aient
été moins fins que ceux de l'espèce dont Cuvicr s'était servi pour en établir
la restauration, ce devait être aussi un animal assez agile. En somme, il
était moins trapu que ne le sont les Rhinocéros et les Tapirs.
» L'exemplaire entier qui vient de prendre place dans nos collections,
déjà riches des matériaux relatifs au même genre d'animaux qui ont été dé-
crits par Cuvier et, après lui, par de Blainville ainsi que par plusieurs autres
observateurs, paraît avoir flotté pendant quelque temps après sa mort dans
les eaux qui ont déposé les masses gypseuses constituant les carrières de
Villejuifet deVitry, et, lorsqu'il est descendu au fond, il y est restécouché sur
le flanc, la tète rejetée en arriére et les quatre membres étendus. Il a été
fossilisé dans cette position, dans la couche mince de marne située à 2 mè-
tres environ au-dessus de la nsasse épaisse de même substance qui sépare les
deux parties du gypse exploité dans la carrière Michel, et il a été mis à nu
au plafond de Vatelier inférieur, par suite des extractions de pierre à plâtre
opérées dans cet atelier.
» Son enlèvement était chose difficile, eu égard aux dimensions du bloc
gypso-marneux dans lequel il a été saisi, et son éloignement des points
d'entrée et de sortie de la carrière en rendait le transport à la fois périlleux
et pénible. En effet, il a fallu, pour le conserver intact, détacher une masse
de la roche n'ayant pas moins de 2™, 45 sur i^.So, avec une épaisseur de
o™, 25.
» Dans la crainte de quelque accident et pour assurer le souvenir d'une
observation aussi intéressante pour la science, j'ai pensé qu'il était conve-
nable, avant de procéder aux travaux de l'extraction, de la sortie et du
transport à destination d'un objet aussi volumineux et aussi pesant, d'en
faire exécuter une photographie sur place, en recourant à la lumière élec-
trique, moyen qui pouvait seul être employé dans l'endroit obscur où
nous opérions. MM. Serrin, Favre et Molleni, dont l'habileté dans ce genre
de travaux est bien connue, se sont chargés de ce soin et ils ont parfaite-
ment réussi.
» Actuellement le remarquable fossile dont il s'agit est installé dans la
galerie d'Anatomie comparée, et il y a été transporté sans avoir subi au-
cune dégradation, résultat que je n'aurais certainement pas obtenu sans
l'utile concours de M. Fuchs et des ouvriers qu'il a bien voulu mettre à ma
disposition.
» Quoique comprimé par la roche qui le renferme et endommagé sur
( '163 1
différents points lorsqu'on en a fait In déconverte, le squelette trouvé à
Vitry se voit presque dans son intégrité à la surface de la dalle dans laquelle
il est engagé comme un bas-relief qu'on aurait sculpté sur cette dalle. Pour
que l'on en comprenne mieux les particularités anatomiques, il a été placé
verticalement et non suivant la position horizontale qu'il occupait dans la
carrière dont on l'a retiré. De la sorte, il semble avoir repris les allures de
Ja course, et l'on peut en dire, comme le disait déjà Cuvier lorsqu'il com-
parait au Palœotherinm minus les parties isolées du P. magnum qu'il avait
pu étudier, « qu'il n'est rien de plus aisé que de se le représenter dans
» l'état de vie. »
» Je ne dois pas terminer cette Note sans remercier publiquement
M. Fuchs du don qu'il a généreusement fait au Muséum. Les amis de la
science lui seront reconnaissants des efforts qu'il a faits pour conserver les
résultats de cette découverte inattendue et de la manière dont il en a
disposé. »
iXOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant, pour la Section de Physique, en remplacement de feu
M. Hansteen.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. Angstrom obtient 45 suffrages.
M. Stokes 2 »
M. Tyndall r »
M. Angstkom, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant, pour la Section de Physique, en remplacement de
M. ïFhealslone, élu Associé étranger.
Au premier lourde scrutin, le nombre des votants étant 49,
M. F. Billet obtient 48 suffrages.
Il y a un billet blanc.
M. F. Billet, ayant obteiui la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
( 1463 )
MÉMOIRES PRÉSEiXTÉS.
ANALYSE. — Rapport anliannonique de quatre points du plan.
Note de M. F. Lucas, présentée par M. Resal.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
(i Soient a, /3, 7, 5 les coordonnées symboliques de quatre points A, B,
C, D du plan. J'ai appelé rapport anharmonique de ces quatre points [Compte
rendu du 18 novembre i<i']2) l'expression analytique
, , S — or y — a.
Cette expression est généralement imaginaire, en sorte qu'en désignant
par p son module et w son argument, on i)eut poser
(2) y = pe'^'^.
On a évidemment
/ _ DA . CA
H) ) '' ~ DB • Cb'
( «= ADB-xiCB.
» Le rapport anharmonique est donc une fonction de la figure ABCD,
et cette fonction conserve sa valeur primitive, soit qu'on déplace la figure
dans le plan sans la déformer, soit qu'on la transforme par la méthode
homothétique, soit qu'on la transforme par la méthode des rayons vec-
teurs réciproques.
» Pour que le rapport anharmonique devienne réel, il faut et il suffit que
les deux angles ADB, ACB soient égaux on supplémentaires, c'est-à-dire
que les quatre points A, B, C, D appartiennent à la même eirconférence. Le
rapport est positif si les deux points C et D se trouvent situés du même côté
de AB; il est négatif si ces points sont de part et d'autre de la droite. Dans
cette disposition circulaire, le rapport anharmonique peut aussi s'exprimer,
au moyen d'un cinquième point quelconque M de la circonférence, par la
formule
. sinDINlA . sinCMA
^^' . ^ ~ sinDMB • sinCMB'
H Si la circonférence dégénère en ligne droite, le rapport anharmonique
des quatre pouits s'identifie avec celui qui a servi de base à la Géumèlrie
supéiieure de M. Chasles.
( i464 )
» Le rapport anharmonique peut prendre la valeur + i ; il faut et il suffit
pour cela que les points D et C coïncident.
» Il peut aussi prendre la valeur — i , cas particulier dans lequel il est
dit rapport harmonique. Les deux cordes AB et CD sont alors deux ilioites
œnjiujitées relativement à la circonférence ABCD; en d'autres termes, le
pôle de chacune de ces droites est situé sur l'autre. Les tangentes ^menées
par les extrémités de chacune des cordes se coupent sur l'autre.
» Si, laissant fixes les points A et R, ou fait décrire au point C une figure
qtielconque, son conjugué harnioniqueD décrit une autre figure qui résulte
d'une transformation de la première par la méthode des rayons vecteurs
réciproques; par conséquent le rapport anharmonique de quatre points de la
seconde ficjure est é(ial à celui des quatre points correspondants de la première.
» Coordonnées anharmoniques. — Regardons comme fixes les trois
points A, B, C, et comme mobile le point D.
» Si l'on attribue au rapport anharmonique Ç3 de ces quatre points une
valeur quelconque
(2) y = pe"H^,
la coordonnée symbolique 5 et, par suite, le point D seront déterminés.
Le module p et l'argument w pourront s'appeler les coordonnées anharmo-
niques de D. En établissant une relation analytique entre ces deux quantités,
on déterminera une courbe, lieu géométrique du point D.
» L'équation
(4) p = const.
équivaut à
(5) 5b=^°;''**-
et, par conséquent, représente une circonférence T. La droite menée par
les points A et B forme un diamètre MN de cette circonférence; les couples
de points (A, B) et (M, N) sont harmoniques.
M L'équation
(6) w = const.
équivaut à
(.j) ADB = const.
et, par conséquent, représente un arc de circonférence A sous-tendu par
la corde AB.
( i465 )
» Les deux circonférences r et A se coupent à angle droit, en sorte que
les coordonnées anharmoniques forment un système orthogonal.
» Etant donnés le module p et l'argument u du rapport anharmoniqueip,
on ])ourra construire les deux circonférences T et A. Ces circonférences se
couperont d'abord au point cherché D, puis en un point parasite D'. Les
couples (D, D') et (A, B) seront harmoniques; par conséquent, si D décrit
une courbe quelconque, Ti' en décrira une autre dérivant de la première,
au moyen d'une transformation par rayons vecteurs réciproques. »
PHYSIQUE. — Note sur le magnétisme (suite); par M. J.-M. Gaogain (i).
(Renvoi à la Commission du prix Trémont.)
« 53. 11 résulte des expériences précédentes que, lorsqu'on aimante
le noyau d'un électro-aimant en fer à cheval, par la méthode indicpiée,
on n'obtient le magnétisme maximinn qu'après avoir répété un certain
nombre de fois les opérations qui développent l'aimantation. J'ai constaté,
en outre, le fait singulier que voici : lorsque l'on a aimanté un barreau
de fer aussi fortement qu'd est possible de Ife faire au moyen d'un courant
d'intensité déterminée, on peut augmenter très-notablement son aiman-
tation en employant des courants de même sens et de moindre intensité.
J'ai aimanté ini fer à cheval au moyen d'un courant inducteur dont
l'intensité était 395g4, et j'ai constaté que, lorsque l'aimantalioii était
portée à son maximum, la valeur du courant d'arrachement obtenu sous
l'influence du magnétisme constant était 45 degrés; cela fait, j'ai recom-
mencé l'aimantation en employant un courant dont l'intensité était 16060,
et j'ai répété l'opération jusqu'à ce que le magnétisme cessât de croître :
alors j'ai trouvé que la valeur du courant d'arrachement développé par
ce magnétisme était l\g,S. Après avoir effectué cette détermination, j'ai
encore employé successivement trois autres courants inducteurs dont
les intensités respectives étaient 12069, 6993 et 5 161, et j'ai trouvé que
les courants d'arrachement obtenus après le passage de chacun de ces
courants étaient 52,9, 56,5 et 57,9. Enfin, j'ai repris le courant inducteur
dont je m'étais servi d'abord, celui dont l'intensité était 39S9/1 ; je l'ai fait
passer une seule fois dans les bobines de l'électro-aimant, et la valeur du
courant d'arrachement est retombée à 45. Ainsi, dans les conditions de
(i) Voir les Comptes rendus des i3 janvier, 3o juin, 8 et iq septembre et 10 novembre.
C, R.,1873, ï' Semestre. {T. LXXVU, N0 2».) IQO
( i4G6 )
mes expériences, l'aimantation développée sons l'influence d'un courant
faible se trouve détruite par un courant plus énergique de même sens.
» 54. Mais ce l'ait singulier dépend, comme celui qui se trouve exposé
dans le n" 52, du mode d'arrachement de l'armature. Jusqu'à présent, j'ai
supposé que l'armature était arrachée par un mouvement brusque dirigé
perpendiculairement aux faces polaires ; quand ou l'enlève en la fai-
sant glisser parallèlement à ces faces, les résultats des expériences sont
très-notablement modifiés. Si l'on emploie le procédé d'aimantation in-
diqué dans le n" 52, on trouve que la valeur n)axiina du magnétisme
constant est plus grande que dans le cas où l'armature est arrachée par un
mouvement brusque. En outre, j'ai reconnu que les faits dont il s'agit dans
le numéro précédent ne se produisent plus : l'on n'ajoute plus rien au ma-
gnétisme développé par un courant d'intensité donnée, en employant suc-
cessivement une série de courants plus faibles. Il faut remarquer que, dans
les expériences où je dis que l'armature est détachée par glissement, je ne
l'enlève de celte manière qu'une seule fois, la première après l'interruption
du courant inducteur; je l'applique ensuite et l'arrache brusquement une
vingtaine de fois, pour ramener le magnétisme à l'état constant. Ainsi les
résultats énoncés dans les deux numéros précédents dépendent exclusive-
ment de la manière dont l'armalure est détachée une première fois après
l'interruption du courant.
» 55. Il me parait certain que l'arrachement de l'armature a toujours
pour résultat d'affaiblir le magnétisme et sans doute il l'affaiblit en inipri-
mantaux molécules du fer un ébranlement qui diminue la force coercitive.
A l'appui de celte manière de voir, je citerai l'observation suivante : si,
après avoir fait passer un courant inducteur d'intensité déterminée dans
les bobines d'un électro-aimant, on arrache une première fois l'armature,
qu'on frappe quelques coups avec un marteau sur le talon du fer à cheval
et qu'ensuite on applique et qu'on arrache l'armature de nouveau, la va-
leur du deuxième courant d'arrachement est la valeur limite {n° 51 ) qui
n'aurait été obtenue qu'après un plus grand nombre d'arrachements, si l'on
se fût abstenu d'imprimer aucun choc au barreau de fer. Ainsi, dans cer-
taines circonstances au moins, un choc mécanique produit le même effet
que l'arrachement de l'armature, et il me paraît probable que, dans un cas
comme dans l'autre, l'effet est dû à un mouvement moléculaire, bien que,
suivant toute apparence, ce mouvement ne soit pas le même dans les
deux cas.
» 56. Maintenant, comment expliquer l'accroissement d'aimantation
( '467 )
qui se produit dans les conditions indiquées n° 52? Voici l'idée que je
m'en fais : d'après les vues d'Ampère, l'aimantation consiste dans une cer-
taine orientation des molécules ou des courants qui circulent autour d'elles,
et, puisque l'aimantation persistante du fer est très-différente de l'aimanta-
tion qu'il acquiert sous l'iiiQuence du courant inducteur, on est bien forcé
d'admettre que les molécules qui restent orientées après l'interruption du
courant inducteur et l'arrachement de l'armature sont, en raison de leur
nature ou de leur position, douées d'une force coercitive plus grande que
les autres molécules.
» Maintenant, lorsqu'on exécute pour la deuxième fois la série d'opéra-
tions indiquées au commencement du n" 52, il paraît évident que les mo-
lécules qui ont conservé leur orientation après les arrachements de l'arma-
ture de la première série ne seront pas dérangées par le rétablissement du
courant inducteur, et il est naturel de penser qu'elles seront plus aptes que
d'autres à résistera l'ébranlement causé par de nouveaux arrachements de
l'armalure; d'autre part', parmi les molécules auxquelles le courant fera
subir lui mouvement de rotation, il devra s'en trouver de nouvelles, qui
posséderont cette force coercitive nécessaire pour que l'orientation de-
vienne persistante. Ou conçoit ainsi que le nombre des molécules orien-
tées d'une manière permanente puisse être plus grand après la deuxième
série d'opérations qu'après la première, bien que l'arrachement de l'arma-
ture ait toujours pour effet de diminuer le magnétisme permanent; chaque
série d'opérations nouvelles a pour effet d'établir une sorte de triage entre
les molécules, et d'amener à l'orientation magnétique celles qui possèdent
la plus grande force coercitive; l'aimanlation cesse de croître lorsque
toutes les molécules, douées de cette force coercitive supérieure, ont reçu
l'orientation magnétique..
)) 57. Je passe niaintenant aux faits exposés dans le n° 53; leur signifi-
cation ne me paraît |)as douteuse. Lorsqu'on a fait agir le courant dont
l'intensité est 89594, et qu'on a porté l'aimanlaiion à son maximum en
procédant de la manière indiquée n" 52, il faut admettre qu'il ne reste plus
dans l'espace annulaire où s'exerce l'action de ce courant aucune molécule
à orienter, parmi celles qui possèdent une force coercifîve suffisante pour
résistera l'arrachement de l'armature; mais il est naturel de penser que
l'ébranlement moléculaire qui résulte de cet arrachement est d'autant plus
violent que l'armature est plus fortement retenue, que le cotuant inducteur
dont ou se sert est plus intense, et l'on conçoit bien que des molécules qui
ne possèdent pas une force coercitive suffisante, pour résister à l'arrachement
190..
( i468 )
de l'armature qui suit le passage du courant 39594, puissent cependant
maintenir leur orientation, lorsque l'armature est arrachée après le passage
d'un courant plus faible, tel'que celui dont l'intensité est 16060. Si l'on
admet qu'il en soit ainsi, on comprend aisément comment un courant plus
faible peut renforcer l'aimantation développée par un courant plus fort;
les molécules que le premier amène à l'orientation magnétique y seraient
également amenées par le second; mais elles conservent leur orientation
lorsqu'on emploie le plus faible des deux courants, et ne la conserveraient
pas si l'on employait le plus fort, parce que l'ébranlement résultant de
l'arrachement de l'armature est moins violent dans le premier cas que dans
le second. Cette explication me semble parfaitement justifiée par cette ob-
servation, mentionnée à la fin du n° 53, que tous les accroissements d'aiman-
tation obtenus au moyen de courants plus faibles disparaissent quand on
fait passer de nouveau le courant initial.
» L'accroissement d aimantation que l'on obtient [n° 54) lorsqu'on dé-
tache l'armature eu la faisant glisser, au lieu de l'arracher brusquement,
s'explique aussi très-naturellement par cette considération, que l'ébranle-
nicnt moléculaire doit être moins violent dans le cas du glissement que
dans le cas de l'arrachement brusque. Je suis loin de regarder comme défi-
nitivement acquises toutes les notions que je viens d'exposer; mais il m'a
paru nécessaire de mettre en avant cet essai de théorie, pour établir un lien,
au moins provisoire, entre les faits nombreux que j'ai observés. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur des phénomènes de thermodiffusion gazeuse
qui se produisent dans les feuilles, et sur les mouvements circulatoires end
en l'ésulteut dans l'acte de la respiration chlorophyllienne. Note de
M. A. Merget. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Brongniart, Ducharire, Trécul.)
« Les phénomènes de ihermodiffusion gazeuse à travers les corps po-
reux, récemment étudiés par M. Feddersen, et les phénomènes de diffusion
simple, que M. Dufour a observés entre des masses d'air à différents étals
hygrométriques, peuvent aussi se constater dans les organismes végétaux,
où se trouvent évidemment réunies les conditions les plus favorables à
leur production. Plus nettement présentés par les jilantes aquatiques, ils
sont surtout très-facilement observables dans l'une d'entre elles, le Nelum-
Oium spcciosum, sur laquelli; ont |)orté d'abord mes investigations.
» On doit à Radeneau-Delille la connaissance de ce fait, que, lorsqu'on
( '469 )
recouvre d'eau la concavité centrale d'une feuille de Nelumbiam, il se
dégage, en exposant le limbe au soleil, des bulles de gaz des surfaces
mouillées, soit par les stomates, soit par des ouvertures artificiellement
pratiquées. Ce savant reconnut en outre que ce dégagement gazeux peut
également s'effectuer par des blessures faites au pétiole, qu'il cesse par
l'immersion complète du limbe et que, quand il a lieu, c'est de l'air atmo-
sphérique qu'il donne; ce qui le conduisit à en proposer l'explication sui-
vante :
« Il m'est demeuré démontré que chaque feuille de Nclumbium est pourvue d'un sys-
tème respiratoire complet, pour lequel le velouté possède la faculté absorbante, et les sto-
mates la faculté seulement exhalante, ce qui est sans exemple pour toute autre plante que
celle-ci, la seule qui ait pu se prêter aux expériences qui décident si manifestement l'aspi-
ration et l'expiration. »
» Cette explication fut vivement combattue par Dutrochet; mais les
faits qu'elle visait n'en avaient pas moins été très-exactement observés.
» De nombreuses analyses m'ayant démontré, conformément à l'asser-
tion de Raffeneau-Delille, que le gaz issu des feuilles de Nelumbhim était
de l'air atmosphérique, sauf quelques variations de composition néo|i-
geables ou explicables, je dus en conclure qu'il s'agissait là d'un phéno-
mène absolinnent étranger à la respiration chlorophyllienne, et qui se pro-
duisait exclusivement sotis l'influence des radiations calorifiques solaires;
ce qui me fit préjuger qu'on pourrait le reproduire en substituant à l'ac-
tion du soleil celle d'une source calorifique obscure.
» L'expérience, tentée dans ces conditions nouvelles, réussit très-facile-
ment quand on prend pour soiu'ce de chaleur une plaque annulaire de tôle
chauffée au-dessous du rouge : c'est donc alors la seule différence de tem-
pérature, entre les parties du limbe directement exposées au rayonnement
calorifique et celles qui en sont préservées par la lame d'eau, qui déter-
mine la sortie du gaz inclus dans ces dernières; et pour que ce gaz puisse
sortir, malgré la pression hydrostatique supérieure, il faut qu'il y ait une
action imptilsive émanant de l'air voisin échauffé.
» En admettant cette explication comme plausible, il en résidtait que
l'eau du centre de la feuille, ayant uniquement pour effet de soustraire les
tissus sous-jacents à l'action calorifique du foyer, son remplacement par
de l'eau suffisamment chaude pour uniformiser la température du limbe
devait arrêter toute émission gazeuse par les surfaces mouillées. C'est, en
effet, ce résultat qu'on obtient, et l'on peut aller plus loin que cette expé-
rience négative; car dans le cas oi'i les bulles, se dégageant lentement sous
( '47° )
l'eau froide, semblent retennes par une sorte de pédicelle gazeux qui les
maintient en communication avec la masse d'air intérieure, par des affu-
sions graduées d'eau chaude, on les voit progressivement disparaître, comme
résorbées par les tissus dans lesquels elles rentrent.
» Il suivrait de là qu'en échautfant également dans tous ses points la sur-
face supérieure du limbe d'une feuille de Nelumbium, l'air des méats serait
mis partout uniformément en état de tension sans que l'effoit de sa détente,
toujours dirigé de dehors en dedans, et s'exercant, cette fois, sur l'air des
lacunes, pîit avoir d'autre effet que de le comprimer. Pour rendre sensible
cet accroissement de pression, il m'a suffi, après avoir coupé une feuille de
Nelumbium, de mettre son pétiole en communication, au moyen d'un tube
de caoutchouc, avec un manomètre à eau : en exposant, dans ces condi-
tions, le limbe à des rayonnements calorifiques de nalure et d'intensité dif-
férentes, j'ai mesuré des dénivellations qui ont varié de i à 3 décimètres.
» En séparant le manomètre, sous l'effort de détente exercé par l'air du
limbe, celui des lacunes est mis en mouvement, et on le voit s'échapper
par bulles lorsqu'on plonge dans l'eau la seclion du pétiole. Le dégage-
ment est assez abondant pour que des feuilles de Nelumbium, exposées les
unes au soleil, les autres à un feu clair de charbon, m'aient donné, les pre-
mières \ de litre, les secondes i litre d'air par minute, soit des centaines
et des milliers de fois le volume de la feuille par heure, et cela pendant
plusieurs heures sans interruption, quelquefois pendant des journées en-
tières. Pour entretenir la continuité d'un débit aussi considérable, il fallait
évidemment qu'il y eût, à chaque instant, rentrée par le limbe d'un vo-
lume d'air égal à celui qui sortait par le pétiole, et je me suis assuré que
cette rentrée a lieu bien réellement par les stomates, dont l'occlusion en-
traîne la cessation immédiate de tout dégagement gazeux.
» L'air atmosphérique n'est pas d'ailleurs le seul gaz qui puisse être
ainsi diffusé thermodynamiquement à travers le limbe d'une feuille de
NeUimbium ; je l'ai constaté, à l'aide de dispositions faciles à concevoir, sur
l'oxygène, l'azote, l'hydrogène, l'acide carbonique, l'oxyde de carbone
et le protoxyde d'azote.
» Ces phénomènes de diffusion, par cela même qu'ils sont communs à
tous les gaz, doivent être considérés comme dépourvus de caractère vital
et comme déterminés par des conditions d'ordre purement physique. Ils
montrent, dans la feuille de Nelumbium^ le type naturel d'un apparcU
thermodynamique qui, recevant primitivement de la chaleur, emmagasine
la force vive qui lui est apportée par cet agent, pour la transformer eu
( i47' )
travail mécanique; et, sans aborder ici l'étiide, sur laquelle je me propose
de revenir ultérieurement, des conditions physiques de cette transforma-
tion, je dnai seulement qu'elle dépend essentiellement de la structure po-
reuse et de l'état hygrométrique des tissus où elle s'opère; les faits observés
rentrant dans la catégorie des phénomènes de thermodiffusion gazeuse et
de diffusion simple entre des masses d'air à différents degrés d'humidité,
récemment étudiés par MM. Feddersen et Dufour.
» D'après les résultats d'expériences que la mauvaise saison m'a con-
traint d'interrompre, je me crois en droit d'affirmer que l'on retrouve
dans tous les végétaux le pouvoir therniodilfusif si remarquablement dé-
veloppé dans le Nelumbiuin, et, si les mouvements qu'il détermine ne sont
pas partout aussi étendus que dans cette dernière plante, ils n'en sont pas
moins intéressants, à cause du rôle qu'ils jouent dans l'acte delà respiration
chlorophyllienne.
M Étant admis que, pour toutes les feuilles, réchauffement du lindje met
en jeu les forces thermodiffusives qui trouvent leurs conditions d'activité
dans la structure et dans l'état hygrométrique des tissus, comme cet écliauf-
fement, en l'état ordinaii'e, c'est-à-du'e lorsqu'il provient de la chaleur du
soleil, est loin de se produire uniformément aux points frappés par les
rayons solaires, l'air intérieur, par suite de l'excès de tension qu'il acquiert,
se détend sur celui des parties froides, qu'il presse en le contraignant à
s'échapper par les stomates des surfaces épidermiques correspondantes,
pendant que l'air extérieur afflue par les stomates des surfaces solarisées.
Il s'établit donc alors un véritable courant circulatoire gazeux, des parties
vertes cpii respirent à celles qui ne respirent pas, avec un double mou-
vement corrélatif d'aspiration par les premières et d'expiration par les se-
condes.
» D.iiis les plantes aquatiques, cette circulation respiratoire a plus
d'étendue et de profondeur que dans les plantes terrestres, car, au lieu
d'être circonscrite dans l'étroit réseau des méats du parenchyme foliaire,
elle se prolonge dans celui du système lacunaire tout entier. Quand les
feuilles des plantes aquatiques sont frappées par les rayons solaires, la
masse gazeuse des lacunes est, jjar le fait, soinnise comme à une sorte de
brassage, quia pour effet final de ramener dans le limbe l'air des cavités
profondes, qui arrive saturé de vapeurs d'eau et contenant un excès
d'acide carbonique, puisé par les racines dans un sol aqueux tout pénétré
de débris organiques en décomposition. L'afflux de cet air dans les feuilles
empêche, d'une part, la dessiccation de leurs tissus et contribue efficace-
( i472 )
ment, d'autre part, à l'entretien de leur activité respiratoire, en remédiant
ainsi à l'anomalie de la position de leurs stomates.
» A un autre point de vue, les phénomènes thermodynamiques qui
résidtent, pour les plantes aquatiques, de leur échauftement par les rayons
solaires, ont une influence marquée sur l'activité de leur développement
végétatif, en déterminant, par les excès de tension intérieure qu'ils pro-
duisent, les rhizomes et les racines à s'enfoncer dans le sol avec la force
de pénétration qui les caractérise. »
PHYSIQUE. — Sur l'action des corps incandescents dans la transmission de
l'électricité. Note de M. E. Douliot, présentée par M.Berthelot.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Edm. Becquerel, Jamin,
Berthelot.)
« M. Pouillet (i), ayant placé une lampe à alcool allumée sur im élec-
troscope, observa qu'un bâton de résine électrisé, luie lame de verre ou
tout autre corps très-faiblement chargé, produisaient une très-grande di-
vergence dans les lames de l'éleclroscope, même à une distance où ces
charges électriques n'avaient aucune influence dans les circonstances or-
dinaires. On constate aussi que, si la flamme est remplacée dans cette expé-
rience par un fil de platine porté au rouge, les résultats ne sont plus les
mêmes selon que l'on opère en présence de l'électricité positive ou de
l'électricité négative.
» En 1818, M. Erman ^2 , en plaçant une lampe aphlogistique de Davy
sur un électroscope, dont il approchait ensuite le pôle d'une pile sèche,
observait que, si la pile était présentée à la lampe par son pôle positif , il ne
se produisait rien, tandis que, si elle était présentée par son pôle négatif,
les lames divergeaient et restaient chargées d'électricité négative.
M M. Edm. Becquerel (i) a trouvé que le courant électrique subit une
influence analogue de la part du platine incandescent. Dans ses recherches
sur la transmission de l'électricité au travers des gaz à des températures
élevées, M. Becquerel, en effet, a observé que le courant allant du tube de
platine chauffé au fil qui en occupait l'axe rencontrait une plus grande
résistance qu'en allant du fil central au tube; en d'autres termes, que la
(1) Annales de Chimie, 2' série, t. XXXV, p. 4oi-
(2) Annales de Chimie, 1" série, t. XXV, p. 278.
(3) Annales de Chimie, 3' série, t, XXXIX, p. 372.
( '473 )
condition la plus favorable au passage de l'électricité était celle dans la-
quelle le conducteur négatif avait le plus d'étendue.
» Tout récemment M. Guthrie ( i) a repris l'étude de ces phénomènes et
a trouvé que le fer et le platine chauffés au blanc éclatant, et approchés
d'un conducteur électrisé, le déchargent quel que soit le signe de son élec-
tricité, tandis que ces métaux, chauffés seulement au rouge sombre, dé-
chargent plus facilement un conducteur lorsqu'il est chargé d'électricité
négative que lorsqu'il est chargé d'électricité positive.
» Mais celte différence d'action d'un corps incandescent sur les deux
électricités n'a pas toujours lieu dans le même sens. Les expériences sui-
vantes font voir que le charbon et le platine agissent d'une manière inverse.
» Je remplace la boule d'un électroscope par un porte-crayon sur lequel
est fixé un petit cylindre de charbon allumé. Si j'en approche un corps
chargé d'électricité positive, les lames d'or divergent rapidement ; elles
s'écartent jusqu'à ce qu'elles se soient déchargées sur les houles métalliques
disposées de part et d'autre sous la cloche de l'électroscope; mais elles
recommencent aussitôt à diverger jusqu'à ce qu'elles se soient déchargées
de nouveau, et le même phénomène se reproduit tant que le corps influent
est électrisé. Si j'éloigne le corps électrisé avant que les lames aient
touché les boules de décharge, elles restent divergentes et elles possèdent
de l'électricité positive. Sous l'influence de la source positive, le charbon
a donc laissé écouler l'électricité négative, et il retient V é\ec\v'\c\\é positive .
» Les résultats sont tout autres si l'on approche de l'électroscope,
toujours armé du cylindre de charbon allumé, un corps chargé d'élec-
tricité négative. Dans ce cas, l'électroscope n'est influencé qu'à une dis-
tance plus petite, les lames d'or s'écartent moins vite et elles se rap-
prochent prompfement lorsque la source d'électricité est retirée.
» Ces phénomènes sont donc entièrement opposés à ceux que M. Erman
a observés avec la lampe aphlogistique, c'est-à-dire avec un fil de platine
incandescent.
» Si l'on prend le charbon à la main, par l'intermédiaire d'un fil métal-
lique entourant l'extrémité non allumée, et si on l'approche de l'électro-
scope chargé d'électricité négative, on n'obtient aucun effet; mais si l'élec-
troscope est chargé d'électricité positive, les lames retombent presque
instantanément. On voit encore que, si l'électricité qui se porte sur la partie
incandescente du charbon, par l'influence de celle qui est sur l'électroscope,
[i) PItilosophical Magazine, octobre iSyS.
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N» 2;!.) '9'
( '^Ti )
est négative, elle s'écoule pour ramener l'électroscope à l'état neutre, et que,
si c'est au contraire l'électricité positive qui est attirée, la transmission ne
s'effectue pas.
» Ainsi, tle quelque manière qu'on fasse l'expérience, on voit que le
charbon incandescent laisse écouler pins facilement l'électricité négative
que l'électricité positive, tandis que les expériences rappelées plus liaut
prouvent que le plaline incandescent laisse écouler plus facilement l'élec-
tricité positive que l'électricité négative.
» On pourrait objecter que, dans la combustion du charbon, il y a
jiroduction d'électricité; mais cette électricité est à une tension trop faible
l)our agir siu- un électroscope ordinaire; il faut, pour la ruetire en évidence,
satisfaire à plusieurs conditions (i) et employer un électromètre condensa-
teiu' très-sensible. De plus, comme c'est l'éleclricité négative qui, dans la
combustion, se porte sur le charbon et l'électricité positive qin" est entraînée
])ar l'acide carbonique, ces électricités atténueraient les effets qui viennent
d'être décrits, s'il y avait lieu d'en tenir compte ici. «
PHYSIQUE DU GLOBE. — Siti- l'éiiiption boueuse de Nisyros. Extrait
d'une Lettre de M. Gorceix à M. Élie de Beaumont.
(Commissaires : MM. H. Sainte-Claire Deville, Daubrée, Des Cloizeaux.)
« J'ai l'honneur de vous transmettre im aperçu de mes recherches sur
les phénomènes qui ont accompagné la dernière éruption de Nisyros.
» Au mois de mars iS^S (i), le cratère elliptique de l'ancien volcan de
Nisyros était occupé à son extrémité sud-ouest : i° pariuie solfatare circu-
laire sans rebords extérieurs, dont l'activité allait en diminuant depuis de
nombreuses années, et qui doit correspondre aux points ou Ross, vers
i83o, trouva des dégagements abondants de vapeur, accompagnés parfois
de violentes détonations; 2° par un cratère advenlif, de forme très-irrégu-
lière, siège de nombreuses fiunerolles suHliydro-carhoniques.
)) Le cratère existe depuis fort longtemps; personne dans l'île n'a jamais
entendu parler de l'époque de sa formation et il est indiqué sur les an-
ciennes cartes hydrographiques de l'Amirauté anglaise.
M C'est ce dernier centre dont l'état a été considérablement modifié par
(i) ÎMM. PouiLLET, Becquerel, Mattel'cci, Annales de Chimie et de Physique, 2* série,
t. XXVII et XXXV; 3*^ série, t, XVI.
(2) Voir la jiremière Noie de 1\1. Gorceix, Comptes rendus, t. LXXVII, ]i. Sg'j (séance du
y seplembie iH^S}.
( >475 )
les éruptions récentes. Les indications fournies par les traces laissées, cor-
roborées par les récils des gens du pays, me permettent de fournir une
rehtion exacte de ces manifestations.
« Le 3 juin, après de fortes secousses de liemhlement de terre, ressenties
dans toute l'île, une bouche de 6 à 7 mètres de diamètre s'ouvrit sur le
revers extérieur du cratère adventif et fut le point de départ d'une fente
de 5o mètres de longueur, dirigée N. 22" E, à S. 22° O.
» Pendant trois heures, il s'en échappa des torrents d'eau chaude salée,
accompagnés de projections de pierres et suivis, pendant les trois jours
suivants, d'éruptions très-fréquentes d'une boue noirâtre très-fluide. L'eau,
s'évaporant, a laissé déposer des couches épaisses de chlorure de sodium et
de magnésium, salies souvent par de l'oxyde de fer ; elle inonda une grande
partie des champs, et, si elle eût coulé quelques heures de plus, elle
eût transformé en un vaste lac tout le cratère de l'ancien volcan.
» La boue a une épaisseiu' moyenne de 3 mètres; la longueur delà
coulée est d'environ 5oo mètres sur i5o mètres de largeur. Pendant les
tremblements de terre qui précédèrent l'éruption, il se produisit, à une
assez grande distance du cratère, une crevasse dirigée du nord au sud,
d'une centaine de mètres de longueui', fort peu large, mais encore béante.
» Une première période de calme suivit cette éruption; la nouvelle
bouche, ainsi que les deux anciennes fumerolles principales, dont l'activité
avait peu augmenté, laissaient échapper une grande quantité de vapeur
d'eau, mêlée d'hydrogène sulfuré, mais sans projection de matières solides
ou liquides.
» De faibles secousses se faisaient sentir chaque jour; le 1 1 septembre
elles devinrent beaucoup plus violentes. Dans les trois vdlages de l'île, les
maisons furent presque toutes lézardées; le village de Mandraki, situé au
bord de la mer, fut surtout éprouvé: les murs des jardins furent en partie
renversés; le monastère et l'église, situés sur une butte de conglomérat
trachytique, furent fortement endommagés. Eu même temps, à quelques
mètres du rivage, la mer devint blanchâtre; il s'en échappa des torrents
de vapeur d'eau, mêlée d'hydrogène sulfuré. L'ouverture de cette cre-
vasse linéaire coïncida avec un fait analogue qui eut lieu sur la falaise
de l'Ile d'Hyali, à trois milles en face du village de Mandraki. Les deux
crevasses se refermèrent quelques secondes après leur ouverture.
» Quelques joiu-s après, l'activité de la partie centrale s'accrut de nou-
veau. Le 7.6 septembre, les ouvertures nouvellement formées s'accriuent
considérablement.' l'une d'elles occupe actuellement la moitié du fond du
igr..
( -''176 )
cratère adveiitif. Elles furent le siège d'éruplions tl'eaii salée et de boue,
m:us moins abondantes que les précédentes. Elles furent suivies de nom-
breuses projections de pierres, dont j'ai pu recueillir plusieurs échantillons
en des points très-éloignés du cratère.
» Pendant ces diverses phases de l'éruption, ni la forme, ni l'activité de
l'ancienne solfatare circulaire n'ont éprouvé de changement.
M Depuis cette époque jusqu'à mon arrivée à Nisyros, aucune recru-
descence ne s'est produite dans l'activité des divers centres d'émanation;
les tremblements de teire sont journaliers, mais d'une faible intensité.
» Actuellement, la fente formée au mois de juin, bien qu'obstruée en
partie par la boue, est encore nettement visible; elle n'est le siège d'aucun
dégagement. Le cratère, qui s'est ouvert à la même époque, est presque
entièrement comblé; mais sa forme circulaire est encore bien accusée.
» Du côté nord-ouest, il existe encore inie crevasse, de 3 à 4 mètres de
largeur, occupant un quart de la circonférence du cratère. On peut, par
intervalles, apercevoir, à une grande profondeur, de l'eau bouillante, d'où
s'échappe un mélange de vapeftr d'eau, d'acide carbonique et d'hydrogène
sulfuré. Une petite fumerolle suifhydro-carbonique forme, avec celles-ci,
les seules émanations du coté extérieur du cratère adventif.
» La paroi qui sépare cette bouche des centres internes est fort mince
et attaquée par de nombreuses fumerolles; elle ne tardera pas à dispa-
raître. Celles-ci n'occupent plus que les bords du cratère, du côté de la
bouche dernièrement formée, et de nombreux points au nord-est d'une
petite crête, maintenant en partie détruite, qui séparait le cratère propre-
ment dit d'un ravin extérieur. Leur activité s'est affaiblie; les proportions
dé la vapeur d'eau ont beaucoup augmenté, tandis que celles de l'hydro-
gène sulfuré ont diminué par rapport à l'acide carbonique.
» Quant aux deux bouches nouvelles, leurs dimensions se sont consi-
dérablement accrues. Les parois internes de l'une d'elles sont taillées à pic
et lui donnent l'aspect d'un vaste puits, où, à 3o mètres environ de pro-
fondeur, on voit une nappe d'eau bouillante lançant des colonnes de
vapeurs blanchâtres, mélangées à de l'acide carbonique et à de l'hydrogène
sulfuré. Les trois principaux dégagements de vapeur s'opèrent sur une
même ligne, prolongement de la fente formée au mois de juin. Cette ligne
passe un peu à côté de l'ancienne solfatare circulaire, tandis que, au mois
de mars dernier, la ligne passant par les deux centres existant alors cou-
pait la solfatare suivant une corde.
» Celte même ligne prolongée renconlic le village de Mandraki, où l'on
( >477 )
voit encore dans la nier, par un temps calme, une ligne blanchâtre indi-
quant la trace de la crevasse. Peut-être s'y produit-il un léger dégagement
d'hydrogène sulfuré qui se décompose avant d'arriver à l'air.
» Plus loin, elle coupe l'îlot de Ilyali dans la partie où la falaise s'était
fendue et passe près d'une source minérale sous-marine qui existait avant
l'éruption; elle atteint ensuite l'île de Cos, en passant près de deux an-
ciennes solfatares, dont l'une est à peu près éteinte et où il ne se produit
aucun dégagement sensible, et dont l'autre, située près d'un filon de ba-
salte qui s'est fait jour à travers des calcaires cristallins et des terrains ter-
tiaires fossilifères, est le siège d'un dégagement froid d'acide carbonique
avec de faibles proportions d'hydrogène sulfuré.
» A l'autre extrémité, cette ligne est jalonnée par une crevasse encore
béante, d'où s'échappe de la vapeur d'eau tiède avec de très-petites quan-
tités d'acide carbonique. C'est autour de cette ligne, correspondant à une
ancienne fente, que sont groupés les phénomènes volcaniques dont Nisyros
est le siège. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la timile des glaces dans l'océan ^relique;
par M. Ch. Gkad. (Extrait.)
(Renvoi à la Section de Géographie.)
0 ... En résumé, la limite des glaces dans l'océan Arctique ne se trouve
pas par -jB degrés de latitude, entre Nowaja-Semlja et les îles Spitzbergen.
Cette mer est navigable chaque année sous des latitudes bien plus hautes,
et il n'y a pas de barrière de glaces fixes permanentes. Chaque année, la
calotte de glace plus ou moins compacte, formée pendant l'hiver au-
tour du pôle, se brise, se fractionne en champs et en fragments plus
ou moins étendus. Les courants polaires en entraînent les débris vers
l'équateur, de manière à diminuer d'autant plus le développement ou l'ex-
tension de la masse totale, que les vents favorisent mieux l'action des cou-
rants marins et que la fusion sous l'influence de l'élévation de la tempé-
rature est plus active. Comme les conditions météorologiques changent
d'une année à l'autre, l'état des glaces et leur extension varient de même.
Mais chaque année, et même pendant l'hiver, des espaces d'eau libre et
des passes nar^'igables apparaissent dans l'ensemble de la masse. En 1871,
l'expédition américaine du D'' Hall s'est trouvée arrêtée par 82° 16' de
latitude, dans le canal de Robesen, par une barrière de glace, tandis que
plus au nord la mer apparaissait libre de nouveau. Dans le nord des îles
Spitzbergen, l'expédition suédoise de IM. Nordenskiold a été cernée par les
( '47« )
glaces dès le commencement de septembre 1872, avec un grand nombre
de navires de|)èche norwégicns, qu'une lempèle a ensuite dégagés dans le
courant du mois de décembre, pour leur permettre de rentrer eu Europe
au milieu de l'iiiver. A la snriice dts grands lacs du nord de l'Amérique,
des espaces d'eau libre existent également eu hiver, au milieu des glaces.
Quant à la conclusion pratique à tirer de ces faits, c'est l'existence d'eau
navigable dans les mers polaires et la nécessité d'entreprendre avec des na-
vires à vapeur, et non en traîneaux, les expéditions scientifiques au pôle. »
VITICULTUIŒ. — Etude des formes du Phylloxéra; examen comparatif des
jeunes des racines et des feuilles, des individus hibernants, des individus sexués;
par M. RIax. Corxu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans la Note précédente, les individus hibernants ont été considérés
connue des jeunes arrêtés dans leur dévelop|)ement, qui, demeurant dans
cet état plus longtemps que d'ordinaire, restent ainsi pendant plusieurs
mois. Pour arriver à la démonstration complète de ce fait, il faut examiner
avec soin l'une et l'autre forme, et voir s'il existe entre elles quelques dif-
férences. L'aspect général est le même, la taille semblable ; la couleur
seule les distingue, couleur due à une teinte spéciale aussi bien qu'à un
épaississement des téguments; mais il ne faut pas s'en tenir à celte compa-
raison d'ensemble non approfondie.
» De plus, ainsi que nous l'avons vu dans la Note précédente, les
jeunes des galles pouvant se fixer sur les racines et s'y transformer en in-
dividus hibernants, nous sommes amenés à nous demander s'il existe des
différences entre ces deux formes.
» Comparons d'abord les jeunes des racines et ceux des galles; exami-
nons de point en point chaque insecte, organe par organe, et attachons-
nous à effectuer un dénombrement exact et détaillé même des particularités
généralement laissées de côté comme sans intérêt et trop minutieuses.
» Il convient de reprendre cette comparaison au début; l'œuf, dans l'un
et dans l'autre cas, est ovale et a une longueur d'environ o""", 3o, d'après
des moyennes assez concordantes. Dans les galles, où ils sont accumulés
en grand nombre, on en rencontre quelques-uns d'un dixième'plus ou moins
longs, mais la taille est en général assez constante. On retrouve, chez les
deux formes d'insectes, les mêmes particularités : aussi sera-t-il inutile de
spécifier de laquelle des deux il est question.
( '479 )
» Qiiaïul il vient d'être pondu, l'œuf est d'un jaune très-vif, mais un peu
plus tard il acquiert, par suite de son développement normal, une teinte
brime qui est, non un signe de mort, mais un caractère de vie et de santé;
avant qu'il ait déjà tourné au brun, on aperçoit fréquemment, à l'une des
extrémités, deux points formés chacun de trois taches rouges : ce sont les
yeux de l'embryon. Je n'ai pas à m'étendre ici sur la segmentation du plasma
intérieur (i) et sur la formation de la membrane du jeune; lorsque le bru-
nissement commence, on constate, avec la loupe, à l'aide de ce faible gros-
sissement, et même à la vue simple, que les deux extrémités n'ont pas
exactement la couleur de la partie centrale : l'une présente une teinte noire,
faible, mais qui s'étend assez loin; l'autre une tache noire, plus foncée,
beaucoup plus limitée et située à l'extrémité. Quand on cherche à se rendre
compte de ce fait, à l'aide du microscope, on s'aperçoit que la teinte foncée
correspond à la partie postérieure de l'insecte déjà presque entièrement
formé, et que la tache est la consécpience d'une production toute spéciale;
elle est due à une ligne noire qui s'étend en demi-cercle dans un plan
passant par le grand axe de l'œuf, et qui partage en parties égales la ligne
qui joindrait les deux yeux de l'embryon; elle descend peu au-dessous. Si
les yeux sont situés sur une même droite perpendiculaire au porle-objet,
la ligne noire suit exactement la partie supéiieure du contour apparent de
l'œuf, et on la voit tout entière : c'est dans cette position que la tache noire
est le plus nette. Si les yeux occupent le contour, on n'en voit plus que la
moitié, elle se projette suivant une ligne droite partant du sommet, et qui
ne dépasse qu'à peine la hauteur des yeux.
» En l'examinant avec un grossissement un peu plus fort, on peut s'assu-
rer que cette ligne noire offre, en réalité, la forme d'une crête formée d'une
membrane épaisse, noire, dont la partie supérieure porte de petites stries
transversales, de façon à simuler ou déterminer des dents obtuses, ou des
granulations confluentes à la base et disposées en file; il y en a une qua-
rantaine sur toute la longueur. Quand on observe cette crête, alors qu'elle
est située dans un plan vertical, ou remarque qu'elle est adhérente au corps
de l'embryon et située au-dessous de la membrane externe. A celte partie,
qui est l'extrémité antérieure de l'œuf, correspond, sous la membrane, un
petit espace incomplètement rempli par l'extrémité antérieure du futur
jeune, qui se moule sur la crête et semble faire corps avec elle; mais le
jeune n'offre rien de pareil après son éclosion : la crête appartient donc à
(i) Découverte dans l'œuf, en 1824, l>ar MM. Prévost et Dumas.
( i48o)
la membrane de l'œuf. Si, après l'éclosion, on recueille celte membrane,
en général fortement plissée, on peut remarquer qu'elle est brune, qu'elle
s'est fendue par la partie antérieure et exactement suivant l'un des côtés
de celte crête, qui demeure intégralement sur l'un des bords de la ligne de
rupture.
» En examinant cette membrane avec attention, on peut, dans certains
cas, observer que le contour de la rupture laisse reconnaître que cette
membrane n'est pas simple, mais formée de deux lames. La partie externe
est incolore, et elle est parfois rompue en des points différents et surtout
moins complètement déchirée; la couche interne présente une coloration
brune; c'est elle qui connnunique à l'œuf la teinte brunâtre qu'il prend
en vieillissant; le jeune qui vient d'éclore est d'un jaune vif, comme l'œuf
frais pondu.
» Dans l'intérieur de l'œuf, l'embryon se présente avec les pattes repliées
sur l'abdomen, les antennes réfléchies et parallèles aux pattes. Le méca-
nisme au moyen duquel il doit s'échapper de sa coque et la briser est en
partie le même que l'action qui s'exerce pendant la mue et dont il a été
question précédemment. Les segments du jeune présentent des lignes de
petits poils réfléchis sur lesquels il prend un point d'appui pour repousser
la membrane de l'œuf et cheminer à son intérieur; mais, comme cette
membrane, épaisse et double, serait trop difficile à entamer, une crête
spéciale se développe, qu'on ne retrouve que dans l'œuf, et qui fiit l'office
d'une scie pour fendre la couche externe.
1) H y a la plus grande analogie entre cette éclosion et les mues que
l'insecte effectue successivement. La membrane se rompt de même, sui-
vant une ligne antérieure et symétrique. Licolore au début, elle devient
colorée et briuie à l'époque où elle doit être dépouillée, et laisse échapper
un insecte coloré en jaune vif, couleur des globules graisseux, et dont la
peau est mince et incolore.
» C'est à la couche interne brune et épaissie de l'œuf qu'est reliée cette
crête, dont le rôle est si important pour le jeune. Si l'on considère, d'autre
part, la structure de l'œuf, on conçoit conunent l'embryon, à mesure qu'il
se développe, est de mieux en mieux protégé contre les agents extérieurs.
Il y a d'abord une double membrane dont la couclie interne s'épaissit de
plus en plus; les deux lames ne sont pas très-exactement soudées, puis-
qu'elles sont séparées à la partie antérieure et se déchirent isolément; le
jeune possède, en outre, nu tégument propre; il y a donc ainsi trois
épaisseurs superposées à traveis leurs parois diverses et non soudées; l'en-
( .4Hi )
dosmose ne doit pas se faire aisément. Ainsi s'explique la résistance des
œufs aux causes de destruction auxquelles peuvent succomber les indi-
vidus complètement développés, qui ne sont protégés que par un simple
tégument.
» Avant d'examiner comparativement les jeunes des galles et ceux des
racines, on peut se demander si tel ou tel organe extérieur se modifie chez
les différents individus de la même forme.
» Eu commençant par les pattes, on peut remarquer qu'elles ont toutes
à peu près la même disposition, et que les moindres particularités qui se
rencontrent sur l'une d'elles, par exemple certains poils, se retrouvent, à
la même place, chez les autres individus. Entre les différents membres du
même insecte, on constate, il est vrai, de légères différences : c'est ainsi
que varie la longueur relative de certains poils, qui, placés symétrique-
ment, devraient avoir un développement pareil. Quand ils supportent un
frottement égal, leur développement est le même (pattes antérieures);
quand, au contraire, l'insecte, à cause de la disposition des organes, s'ap-
puie différemment sur l'un d'eux, celui qui supporte l'effort le plus consi-
dérable (en général, c'est le plus rapproché du corps) se développe moins
ou s'use le plus (pattes postérieures); il y a des exemples très-nets, dans
certains cas, de cette inégalité. On ne doit pas sourire d'un examen aussi
minutieux, puisqu'il s'agit de rechercher des caractères distinclifs entre
des êtres en apparence très-voisins; c'est dans des faits de cet ordre qu'on
peut espérer les trouver.
» Il faut éviter de prendre pour des différences l'absence de certaines
parties brisées par accident ou qui manquent par toute autre cause. Cette
altération se présente souvent à l'extrémité des tarses, qui est terminée par
deux ongles crochus et un ensemble de poils spéciaux. Comme cette orga-
nisation a été jusqu'ici assez inexactement décrite à cause du nombre et de
la petitesse des parties qui la composent, il ne paraît pas inutile d'y insister
et de la décrire avec soin, pour éviter qu'on ne prenne pour un caractère
spécifique une altération toute locale et accidentelle.
» Sur la partie dorsale du tarse, se trouvent vers l'extrémité deux grands
poils courbés, dilatés à l'extrémité, non en sphère, mais en forme de fusil
tromblon. A la partie opposée du tarse se trouvent deux autres poils sy-
métriques et égaux comme les premiers, mais lui peu plus courts; ils sont
courbés en sens inverse et se redressent; leur extrémité est très-faiblement
dilatée et présente un coude brusque un peu au-dessous de leur partie
extrême. Deux autres poils situés du même côté, plus rapprochés de l'ex-
C. R.,1873, 2^ Semestre, (r. LX.\V1I, N" 25.) 19^
( l4«2 )
trémité et plus petits, affectent une forme et une disposition analogues, et
sont situés entre les ongles, qu'ils dépassent à peine; la première paire de
poils est la plus épaisse et la plus nette ; les deux autres viennent ensuite par
ordre de grandeur et de netteté. Quand la patte est à plat, les ongles étant
écartés par la pression de la lamelle, ces poils se présentent disposés en éven-
tail; on reconnaît aisément leur nombre et leur disposition, mais leur forme se
voit beaucoup mieux de profil. Ainsi l'extrémité porte trois paires de poils
spéciaux souvent empâtés avec diverses impuretés qui masquent leur pré-
sence ou qui sont brisés; il y a en outre deux autres poils symétriques à la
base du tarse vers la région où il se séparera en deux articles après la
deuxième mue, et enfin deux autres poils isolés et impairs, l'un sur la partie
supérieure, l'autre sur la partie inférieure du tarse. Ces particularités se
retrouvent chez tous les jeunes des racines et des feuilles.
» Quant aux antennes, sans entrer dans de longs détails, on peut dire
qu'elles sont terminées par un long et robuste poil entouré de quatre autres:
trois étroitement groupés ensemble et peu distincts les uns des autres et un
autre isolé; au-dessous du chaton, ou organe sensitif très-développéici, et du
même côté que lui, on en trouve un autre très-développé et un plus court
situé au-dessous du précédent; l'article basilaire présente deux poils symé-
triques. L'antenne est parcourue par des plis transversaux non exactement
superposables chez les divers individus, ni même d'une antenne à l'autre
sur le même insecte ; mais leur nombre et leur disposition ne sont pas li-
vrés au hasard : on peut parfaitement les retrouver et les indiquer dans les
différents cas, malgré les petites variations, non de position, mais déforme;
ce qui rend la comparaison pénible, c'est que telle ou telle partie est plus
ou moins accentuée, plus ou moins indistincte. Ces plis sont curvilignes et
confluents, suivant la position que la même ride occupe sur le contour,
suivant quelle est vue de face ou de profil; leur apparence et leur pro-
jection sont un peu différentes et embarrassent au premier coup d'œil. Il est
nécessaire, pour les reconnaître convenablement, d'étudier les deux fiices
de chaque antenne, la supérieure directement, l'inférieure par transpa-
rence.
M Or, chez les individus des racines et des feuilles, les poils et les plis
des antennes se retrouvent, ils sont identiques dans l'un et l'autre cas; la
forme extérieure, aussi bien que les moindres détails, sont parfaitement
semblables; et, s'il est assez facile de distinguer l'origine de certains indi-
vidus adultes, il paraît difficile de reconnaître, du moins j)ar les caractères
extérieurs, si l'on a affaire à un jeune des galles ou à un jeune des racines.
( i/iB-î )
Cette similitude, nous la retrouvons dansleur dimension longitudinale, qui
est de o""°,364(i).
» Les jeunes, comme les individus ordinaires, offrent, suivant les cas,
des apparences très-variables qui tiennent à des causes diverses ; elles sont
en particulier dues à la coloration, qui est, comme nous l'avons vu, \ui ca-
ractère peu important, en partie et principalement à l'état d'allongement
de l'abdomen. Dans certains cas, les anneaux sont très-écartés les uns des
autres, l'extrémité anale est pointue, la forme générale est celle d'une
amande; si les anneaux sont contractés, la forme est beaucoup plus ra-
massée : elle est à peu près elliptique; dans ce cas, il n'est pas rare que la
gaîne du suçoir dépasse l'extrémité de l'abdomen contracté de l'animal.
Malgré des variations notables dans la longueur de la gaine, on devra
éviter de se laisser tromper par une grossière eri'eur, assez facile cependant
à commettre; il arrive quelquefois que cette gaîne, se repliant deux fois sur
elle-même, semble être de beaucoup raccourcie; un examen comparatif et
minutieux permet de se mettre à l'abri de celte méprise. Malgré ces dif-
férences de formes, il est très-aisé de reconnaître à première vue, et sans
connaître la longueur de l'insecte, si l'on a affaire ou non à im jeune; la
longueur des appendices et les poils robustes qu'ils présentent sont un
caractère excellent et invariable.
» Les individus hibernants, comme le montre l'observation directe, ne
diffèrent en rien des précédents; ils en proviennent sans que ces individus
se soient en rien modifiés dans leur organisation. Ils ont pris uniquement
une couleur plus foncée, une forme plus aplatie.
» On doit cependant sigunler la couleur de leurs globules graisseux qui
paraît un peu rosée et non jaune comme chez les individus ordinaires. La
forme spéciale que preiment les jeunes hibernants paraît pouvoir être dé-
terminée par des causes autres que l'abaissement de la température. Des
boutures phylloxérées d'aramon et de carignan , conservées sans terre
dans un large vase de grès, l'été dernier, se desséchèrent petit à petit; les
racines moururent peu à peu et furent envahies par des champignons bien
communs dans les bûchers, des Rhizomorpha ; elles ne présentaient plus,
après plusieurs semaines, qu'une zone très-restreinle de tissu non encore
(i) J'ai cependant rencontré deux jeunes des galles parmi les antres, qui étaient d'un
tiers plus petits que les autres et qui, rinn cnntraclés, n'avaient pas une (aille supérieure à
o""",'2f). Sauf les différences de longueur et de diamètre, ils étaient en tout semblables aux
autres.
192,.
( i484 )
entièrement altéré; c'était à l'endroit où elles prenaient naissance que se
trouvait cette partie moins décomposée que le reste. Un certain nombre
de Phylloxéras s'y étaient réunis, ou plutôt entassés et fixés ; ils étaient tous
bruns, malgré la saison où ces parasites sont d'ordinaire très-jaunes; ils
étaient cependant vivants, mais peu actifs, aplatis, immobiles; c'étaient
tous des jeunes. Le manque de nourriture, les mauvaises conditions dans
lesquelles ils se trouvaient, la température relativement peu élevée à laquelle
ils étaient exposés (i4 degrés) avaient retardé leur accroissement; on les
aurait pris pour des individus hibernants ; pas une mère pondeuse ne fut
trouvée parmi eux : les causes qui avaient enrayé le développement des
jeunes avaient déterminé la mort des autres.
)) Ainsi donc on peut dire que l'activité des jeunes peut être arrêtée par
des conditions défavorables de température et de nutrition, et que, dans
ces circonstances, leur accroissement demeure suspendu jusqu'à ce que
des conditions meilleures se présentent. On n'est donc pas, en réalité, en
présence d'un état particulier, d'une forme spéciale et distincte des autres;
c'est purement et simplement la forme du jeune, momentanément arrêté
dans son développement. Cela permet d'apprécier avec plus d'exactitude
la modification que subit le Phylloxéra pendant l'hiver; cela montre bien
la cause pour laquelle il est moins sensible aux agents toxiques, puisque ses
fonctions d'absorption, dont le résultat est son développement, sont
suspendues.
» Si ces trois sortes d'individus sont identiques entre eux, il est loin
d'en être de même pour les jeunes qui proviennent des œufs des ailés. Ces
individus, découverts par M. Balbiani, chez le Phylloxéra du chêne, dif-
fèrent des autres à plus d'un égard, et ne peuvent être confondus avec eux.
J'en ai rencontré deux, tous deux en train d'éclore et encore engagés dans
la membrane brisée de l'œuf, par la partie postérieure de leur corps.
J'ignore s'ils sont du même sexe ou à quel sexe ils appartiennent ; ils sont,
à première vue, assez semblables aux autres jeunes; leur taille égale celle
des plus grands, o,l^l^l ; ce nombre est fourni par celui des deux individus
observés qui est le moins déformé. Vu par la partie dorsale, ce dernier
présente le même nombre d'articles au thorax et à l'abdomen que les au-
tres individus; vu par la partie abdominale, ce qui frappe, au premier
coup d'œil, c'est l'absence de suçoir. Obseivé à sec et sans verre mince, il
laisse apercevoir le rudiment des pièces de la bouche; la peau forme, en ce
point, une sorte de mamelon ayant à peu près l'apparence qu'offre à la
base l'ensemble de toutes ces pièces réunies, mouis la gaîne du suçoir; ce
( i485 )
mamelon est terminé par nn bouton arrondi. Un liquide et l'écrasement
font disparaître cette apparence.
» Une autre particularité, qui est très-frappante chez les deux individus
que je possède, c'est que la forme des antennes et des pattes n'est pas celle
des jeunes; elles ne sont pas munies de ces poils robustes dont il a été
question plus haut. Les antennes sont formées de deux articles presque
cylindriques et non globuleux, ce qui différencie immédiatement ces indi-
vidus des autres. Quoique les tarses n'offrent (pi'un seul article, les an-
tennes offrent plutôt l'apparence de celles d'adultes, et non de jeunes;
elles ont comme les pattes une couleur foncée qu'on ne retrouve qu'après
la première mue et qui ne se voit jatvais chez les jeunes ordinaires ni
même chez les individus hibernants, dont les téguments sont cependant
très-foncés. L'un de mes deux individus sexués, préparé aussitôt après
avoir été trouvé, présente des téguments incolores, qui ont été un peu
déformés par la préparation; l'autre fut conservé plus de deux jours en
chambre humide; la membrane externe s'est un peu raffermie : elle est
brune.
» Ainsi donc les individus sexués ne sont pas des jeunes; ils constituent
une forme spéciale du f/^Z/oxera wnsin^r/x; ils diffèrent des générations
qui procèdent de l'œuf des individus aptères ordinaires, et naissent avec
un ensemble de caractères non seulement internes, mais extérieurs, qui
permet de les reconnaître au premier coup d'œil.
» Les deux individus ont été rencontrés parmi un grand nombre de
jeunes ordinaires sur les bords d'un flacon ayant contenu un ou plusieurs
individus ailés. »
PALÉOETHNOLOGIE. — Essai sur la distribution géographique des populations
primitives dans les départements de Seine-et-Marne et de la Moselle. Mémoire
de M. R. GuÉKiN. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie deux nouvelles cartes, sur les-
quelles j'ai indiqué l'état de nos connaissances actuelles en ce qui concerne
les populations primitives dans les départements de Seine-et-Marne et de la
Moselle.
» Si l'on veut bien rapprocher la manière dont sont distribuées les sta-
tions humaines découvertes par M. V. Simon du même mode de grou-
pement tracé sur notre carte du département de la Meurthe, on peut
( >4a6 )
constater que ces deux « recherches « concourent au même résultat, à sa-
voir l'affirmation de la loi que j'ai déjà formulée dans une Note précé-
dente, sur l'importance de l'étude des vallées. «
M. E. Martin soumet au jugement de l'Académie une « Étude électro-
chimique sur le soufre, le carbone, le phosphore et les états allotropiques
qui leur sont attribués ».
Cette Communication, qui fait suite à un précédent travail, présenté en
août 18^3, « Sur un principe d'union de la Chimie universelle », sera ren-
voyé à la Commission nommée pour ce dernier travail, Commission qui se
compose de MM. Fremy, Ch. Robin, Berthelot. Sur la demande de l'auleur,
on renverra également à la même Commission un Mémoire présenté par
lui en mars 1870 : k Etude électrochimique sur l'ozone ».
M. Gillet-Damitte adresse l'observation d'un nouveau fait, constaté
par M. E. Masson d'Andres, attestant l'efficacité du sirop de Galetja.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. G. DE CoNiNCK adresse des observations relatives à la distribution
des saisons à la surface de la Terre et à la chaleur émise par la Lune.
(Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel.)
M. J. Leconte adresse une Note relative au tremblement de terre res-
senti à Barcelone le 27 novembre 1873.
L'auteur conclut, de diverses particularités observées, une théorie qui
rattacherait les tremblements de terre aux phénomènes électriques.
(Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel.)
M. Gui-LicH adresse une Note relative à un nouveau cylindre moteur.
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
M. Bell-Pettiguew soumet au jugement de l'Académie divers ouvrages
écrits en anglais, et relatifs à la locomotion aérienne. (Voir le détail au
Bulletin bibliographique du 22 décembre.)
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
( i4«7 )
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre KE la Guerre informe l'Académie que MM. Cliasles et
Serret sont maintenus Membres du Conseil de perfectionnement de l'Ecole
Polytechnique, pour l'année 187/1, ^" litre de Membres de l'Académie des
Sciences.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Deux volumes de M. y4. Guillemin, intitulés « Phénomènes de la
Physique (2* édition) », et « Applications de la Physique aux sciences, à
l'industrie et aux arts « ;
2" Un ouvrage de M. L. Moissenet, intitulé « Études sur les filons du
Cornwall; parties riches des filons; structure de ces parties et leurs rela-
tions avec les directions des systèmes stratigraphiques ». Cet ouvrage, qui
se compose d'un volume in-8°, accompagné d'un Atlas in-^", est le déve-
loppement du Mémoire présenté par l'auteur dans la séance du i'^' sep-
tembre dernier [Comptes rendus, t. LXXVII, p. 558);
3° La publication, faite par la Commission départementale de l'Hérault,
des « Résultats des divers procédés de guérison, proposés à la Commission,
pour combattre la maladie de la vigne caractérisée par le Phylloxéra, pro-
cédés qui ont été appliqués dans le domaine de las Sorres, près Montpel-
lier ».
ANALYSE. — Sur les polynômes bilinéaires ; par M. C. Jordan.
« On sait qu'il existe une infinité de manières de ramener un polynôme
bilinéaire
P=2AapXaJp («= I, 2,...,/2, |3= I, 2,...,«)
à la forme canonique
(;n étant généralement égal à 7i, mais s'abaissaut au-dessous de ce nombre,
si le déterminant des coefficients A,,,..., A„„ s'annide), par des transfor-
mations linéaires opérées sur les tleux systèmes de variables j:,,..., x^,
J'tT--) J'ir
•< Mais le problème de la réduction à la forme canonique devient dé-
{ i4«8 )
terminé, si l'on assujettit à certaines restrictions les substitutions linéaires
à opérer sur les variables, ou si l'on considère un système de deux poly-
nômes bilinéaires.
» Parmi les diverses questions de ce genre que l'on peut se proposer,
nous considérons les suivantes :
» 1° Ramener un polynôme bilinéaire P à une forme canonique simple
par des substitutions orthogonales opérées les unes sur x,,..., x,„ les
autres sur j>,,..., 7„.
» 2° Ramener P à une forme canonique simple par des substitu-
tions linéaires quelconques, mais opérées simuUanéinenl sur les x et sur
les j.
» 3° Ramener simultanément à une forme canonique deux polynômes
P et Q par des substitutions linéaires quelconques, opérées isolément sur
cliacune des deux séries de variables.
» Le premier de ces problèmes est nouveau, si nous ne nous trompons.
Le deuxième a déjà été traité (dans le cas où n est pair) par M. Kronecker
[iVonalshericht du i5 octobre i866), et le troisième par TM. Weiersirass
[ibicL, i8 mai i868); mais les solutions données par les éminents géo-
mètres de Berlin sont incomplètes, en ce qu'ils ont laissé de côté certains
cas exceptionnels qui, pourtant, ne manquent pas d'intérêt. Leur analyse
est en outre assez difficile à suivre, surtout celle de M. Weierstrass. Les
méthodes nouvelles que nous proposons sont, au contraire, extrêmement
sin)ples et ne comportent aucune exception.
» Problème I. — On voit aisément que les maxima et minima de P,
pour les valeurs de x,,..., x„, et dej,,..., j„, qui satisfont aux relations
a-:
sont les racines de l'équation caractéristique
D
-).
An
A,,
o
-X
A,,
Am
A|2
A2I
A,, ...
....
-X
0
0
-X ...
. . ..
» Cette équation ne contient que des puissances paires de X, et ses coef-
ficients resteront invariables, quelque s\iljstitution orthogonale que l'on
opère sur les x ou sur lesj'. Soient diX,,..., dzX„ ses racines. On pourra
( >489 )
ramener P à la forme canonique
Ce résultat ne pourra cire obtenu que d'une seule manière si X,,..., "k,, sont
distinctes; d'une infinité de manières dans le cas contraire. Dans l'un et
l'autre cas il sera aisé de calculer les transformations qui conduisent au
but.
» Problème II. — On peut poser
p = n + ri,,
n étant une fonction symétrique par rapport aux deux systèmes de va-
riables x etj-, et n, changeant au contraire de signe lorsqu'on permute
ces deux systèmes. Soit maintenant T la forme quadratique obtenue en
posant y, = x,,..., j;„ = a'„ dans H. On pourra, par une transformation
convenable opérée sur les x, ramener T à une somme de carrés
x2+... + x2 {m In),
et, en opérant cette même transformation à la fois sur les x et sur les )■,
on mettra II sous la forme
Quant à II,, il sera évidemment de la forme
n, = - B,p(,r, rp - ^p n) (j z ;; ^;::;; " _ ,)•
Il reste à simplifier cette expression par une substitution linéaire qui n'al-
tère pas la forme réduite déjà obtenue pour H.
» Supposons, pour plus de généralité, que l'on ait m <Cn, et considé-
rons ceux des coefficients Bo,p pour lesquels « et p sont tous deux >• m.
Si l'un d'eux, B„ „_(, par exemple, diffère de zéro, on pourra opérer un
changement de variables qui n'altère pas II et qui réduise II, à la forme
plus simple
n', étant de même forme que II,, mais ne contenant plus les variables a7„_,,
x„,j„_,,jn- O'i simplifiera de même la forme de U\, s'il y a lieu, de ma-
nière à avoir finalement
n, = X„J',i—, — X,i^i 2'n~^ •■■~^^n-2p+-2.X>'-'ip-i-l ^n-2p+l ) n-2p+2 ~t~ "21
C. R,, 1873, 2' Semestre. (T.LXXVU, N" 23.) '9"^
{ '490 )
n, étant de la forme
et les coefficients B^p étant nuls, toutes les fois qu'on aura simultanément
a > 7K, |3 > m.
» Considérons maintenant ceux des coefficients B^fj pour lesquels on
a u^ m, ^ ^m. Supposons, pour plus de généralité, que l'un d'eux, par
exemple B„_op „„ soit différent de zéro. On pourra, par une substitution
convenable, qui n'altère pas la forme de n, réduire Ho à la forme
n'j étant de même forme que Ho, mais ne contenant plus les variables x„,
^11— 2/n J mi Jn—lp'
X On simplifiera de même la forme de Il'g s'il y a lieu, et l'on aura enfin
11 2 =^ •^n—ipj m ' -^ mjn—2p ~i~ • • • ~t~ ^ n—'ip—q J m—q '*' m—q ,1 n—2p—q ~t~ ^*3)
ITj ne contenant plus que les variables x,, . . . , x„,_^_,, j-,,. . . , ;>■„-?-)•
» Soit
n3 = zB.p(x.jp -^pj„) (J = ;; ^;;_;;; '"ZT')- >
Supposons que l'un de ses coefficients, B,2 par exemple, soit ^o. On
déterminera aisément une substitution orthogonale qui n'altère pas n et
réduise n, à la forme plus simple
A,{x.f, —X,j:,) + n'a,
A, étant une constante et U\ ne contenant plus les variables x, , .To,^,, ^j.
Si l'un des coefficients de H', n'est pas nul, on opérera de même, de ma-
nière à ramener finalement Ils à la forme
A, (x,/, — a;, 7-2) + A^Cx.jj — a'3j,)+... -h às{^2fri?-> —^■2p-if2f)-
La réduction se trouve ainsi terminée, et l'on obtient cette proposition :
M Un polynôme bilinéaire peut toujours être ramené, par une substitution
convenable opérée sur les deux s/stènies de variables x et j, à une forme telle,
quelle soit la somme de fondions bilinéaires de l'une des formes suivantes :
x,j, + x.j-., + A(.r2j, - x,;-n),
*^mj m "î" ^ n~2pj m "^m / fi—2p*
( '49' )
» Chacune de ces fonctions partielles contient, comme on le voit, deux
ou quatre variables.
Problème III. — Posons
p et q étant des constantes déterminées par la condition que R ait son
déterminant nul. Choisissons les variables de manière à ramener R à sa
forme canonique
jf,y,-i-... +.r,„j,„ (/?2</z).
)) On voit, par une discussion très-simple, que l'on peut transformer les
variables de manière à ne pas altérer la forme de R et à mettre Q sous la
forme Db + ^, iil étant de l'une des trois formes suivantes :
ift, = XY,
olb = Xjr, -4- J",jr2 +...-+- J"a-)Ja, {k = m),
Dî, = X/, + j:, jo -f- . . . + Xi_, ri- + ^k'^'
où X, Y sont des variables non contenues dans R, et ^ ne contenant aucune
des variables qui figurent dans m, ni la variable jl-^.
» Donc, pour ramener à une forme simple P et Q, ou, ce qui revient
au même, R et Q, il suffira de ramener à une forme simple les fonctions
<£ = Xk+sjk+i + . • ■ + x,„y,n et ^, qui contiennent moins de variables que
les proposées.
» Le cas considéré par M. Weierstrass est celui où, parmi les fonctions
de la forme />P + çQ, il en est une dont le déterminant ne soit pas nul.
Nous montrons que, dans ce cas, la réduction simultanée des deux fonc-
tions P et Q est lui problème identique à celui de la réduction d'une sub-
stitution linéaire à sa forme canonique. »
ASTRONOMIE. — Sur la conslilution pli/sique du Soleil. Réponse aux critiques
de M. Faye. Note de M. E. Vicaire. (Extrait.)
« Les critiques formulées par M. Faye, au sujet des idées que j'ai émises
sur la constitution du Soleil, portent en premier lieu sur la méthode que
j'ai suivie. L'éminent astronome suppose que, ayant adopté de prime abord
une hypothèse tirée par analogie de quelques faits géologiques, je l'ai pu-
rement et simplement appliquée au Soleil, sauf à arranger les faits suivant
les besoins de la cause. A part ce dernier point, on pourrait soutenir que
c'est là une méthode fort acceptable, surtout si l'on considère que l'hypo-
193..
( >492 )
thèse géologique dont il s'agit repose sur des faits nombreux, et que l'ana-
logie entre l'histoire de la Terre et celle du Soleil est une conséquence
nécessaire de l'hypothèse nébulaire de Laplace, point de départ de M. Faye
lui-même. Mais, en réalité, j'ai procédé autrement, ainsi que cela résulte
du IMémoire que j'ai présenté à l'Académie le 26 août 1872 et dont un
Extrait figure aux Comptes rendus.
y> J'ai démontré d'abord l'impossibilité d'expliquer les taches et les
autres détails de la surface solaire sans admettre l'existence d'un noyau
moins chaud et moins lumineux que celte surface. J'en ai conclu que le
rayonnement de la photosphère ne peut pas être entretenu par de la cha-
leur emmagasinée dans la masse de l'astre, mais seulement par une cause
actuelle de la chaleur; puis je suis arrivé à reconnaître que la masse inté-
rieure ne peut être ni gazeuse ni solide, mais bien liquide. Jusque-là, j'ai
lâché de procéder uniquement par voie de raisonnement rigoureux, et
je crois avoir le droit de dire conune M. Faye, et, sauf erreur de ma part,
avec plus de fondement, que je n'ai pas fait d'hypothèse.
» Dans mes dernières Communications, poussant plus loin celte étude,
j'admets que la cause actuelle qui entretient la haute température de la
photosphère est une combustion. Peut-être, en passant en revue toutes les
causes imaginables, et procédant par élimination, arriverait-on à voir là
encore une conclusion obligatoire; mais, si l'on préfère y voir une hypo-
thèse qu'il faudra vérifier par ses conséquences, je ne chercherai pas à m'en
défendre; car il est, je crois, impossible de traiter une question comme
celle de la constitution du Soleil sans entrer, à un moment donné, dans
cette voie. Comme garantie que je ne me suis pas écarté, en cette circon-
stance, d'une saine méthode scientifique, je puis invoquer de la manière la
plus directe l'imposante autorité de Newton. En eifet, après avoir formulé
la deuxième de ses quatre règles physiologiques, savoir : « Qu'aux effets
» naturels de même genre il faut assigner les mêmes causes autant que
» possible )), Newton l'applique, à titre d'exemple, au Soleil, dont la lu-
mière, selon lui, doit avoir la même cause que celle de nos foyers : Uli...
lucis in igné cuUnari et in sole (1).
» Ce point admis, tout le reste suit presque forcément. Au commence-
ment de mes recherches, imbu des idées qui ont cours siu' l'impossibilité
d'une vaste atmosphère autour du Soleil, j'avais cherché à trouver dans le
globe solaire lui-même les deux termes de la combustion:, je le supposais
(i) Pline, math,, iib, tertius, Rcgulœ philusophaudi.
( '493 )
formé d'un mélange de matières, les unes combustibles, les autres riches
en oxygène, comme serait lui globe de poudre à canon brûlant dans le
vide. Les difficultés de cette hypothèse me la firent abandonner, et cela ré-
pond en partie au reproche que me fait M. Faye, de plier les faits à mes
conceptions.
» Je fus conduit alors à reprendre la question de l'atmosphère solaire;
je reconnus l'insuftisancc des objections qui en ont fait rejeter l'idée,
et la facilité avec laquelle elle explique les phénomènes mystérieux de la
lumière zodiacale, des comètes, de la force ascensionnelle des protubé-
rances; je fus, en outi-e, frappé de l'analogie qui se présentait avec les
conclusions de la Géogénie, analogie qui n'est donc pas mon point de dé-
part, mais une vérification précieuse ou plutôt nécessaire.
» Voilà pour la méthode. Quant aux résultais auxquels elle m'a con-
duit, les objections de M. Faye sont de deux sortes : il y a des objections
générales, principalement d'ordre mécanique, et des objections de détail,
relatives aux divers phénomènes de la surface solaire. Je serai bref sur
ces dernières, car une lecture attentive des exjjlications que j'ai déjà don-
nées suftlra , je crois, aux personnes que la question intéresse , pour
trouver la réponse à la plupart des objections. Elles verront, par exemple,
que je n'ai jamais parlé de nappes de scories formées dans la photosphère.
J'ai parlé de masses plus ou moins volumineuses, suivant l'abondance des
matériaux, leur fusibilité, l'épaisseur locale de la photosphère, etc. J'ai
dit expressément que, pour les taches de quelque étendue, la nn|îpe sco-
riacée se forme à la surface même du noyau liquide, par l'entassement de
blocs tombés dans la même région. Je n'ai parlé nulle part d'un mouve-
ment des taches vers l'équateur; quant à la relation entre la vitesse des
taches sur chaque parallèle et le nombre des taches ou protubérances qui
s'y produisent (mais non qui y existent actuellement, connue M. Faye l'a
compris), ce n'est point arbitrairement que je l'ai admise. J'ai pris, dans
un tableau publié par M. Faye, d'après M. Carrington, d'une part les vi-
tesses et d'autre part les nombres de lâches aux diverses latitudes; j'en ai
formé des courbes et j'ai trouvé une analogie frai)panle dans la manière
dont les ordonnées de ces courbes varient avec la latitude.
» J'ajouterai que, s'il m'était donné de répéter devant M. Faye les expé-
riences fort simples que j'ai décrites, il acquerrait la conviction que mes
taches ne sont pas dépourvues de pénombre et qu'un jet de gaz normal
à une flamme peut y produire, suivant sa vitesse, un trou noir ou un ren-
forcement.
( ^W^ )
» Je passe aux objections générales.
» La première est l'incompatibilité prétendue de ma théorie avec l' hy-
pothèse nébulaire de Laplace. Sans examiner s'il n'y a pas là quelque
contradiction avec le reproche que M. Faye me fait, d'autre part, d'avoir
pris pour base une hypothèse, je ne ferai aucune difficulté d'avancer que
je me suis d'abord préoccupé uniquement d'expliquer les phénomènes
actuels. Ce n'est qu'en second lieu que j'ai abordé la question d'origine,
Je ne suis pas encore en mesure de la traiter explicitement; mais je puis
indiquer le principe à l'aide duquel j'espère me rattacher aux idées qui
sont généralement admises aujourd'hui sur la formation du système so-
laire.
» Primitivement, une température énorme maintenait les élériients de la
nébuleuse solaire à l'état de gaz dissociés. A mesure qu'elle se refroi-
dissait, des combinaisons ont pu commencer à se former; en même temps,
la pression croissait au centre, puisque le rapprochement des parties aug-
mentait l'intensité de la pesanteur. A un moment donné, une conden-
sation a pu avoir lieu, soit qu'une combinaison fixe se lût produite, soit
par l'effet de la pression. Le noyau ainsi formé à la température de la
nébuleuse, ayant un pouvoir rayonnant beaucoup plus graiid, a dû se
refroidir bien vite et parla accélérer énergiquement la condensation. Que
les métaux ou des corps tels que les hydrocarbures se soient condensés
les premiers, tandis que l'oxygène restait dans l'enveloppe gazeuse, il n'y
a rien là que de très-naturel. Plus tard, un moment est venu où un phéno-
mène inverse a commencé à se produire, c'est-à-dire la combustion du
noyau central : c'était la période stellaire.
» Avant cette série de phénomènes, la masse formait sans doute une
nébuleuse irrégulière ou instable (résoluble?), dont les éléments incohé-
rents, en se précipitant les uns sur les antres, ont développé une chaleur
intense. C'est alors qu'elle a passé à l'état de nébuleuse ronde ou elliptique,
avec condensation croissant au centre, puis à l'élat d'étoile nébuleuse et
enfin d'étoile.
» Cette théorie n'est donc pas seulement conforme aux lois de la Phy-
sique; elle s'accorde avec les faits que nous révèle l'inspection du ciel
étoile. La contraction eu bloc qu'admet ]\L Paye exclut toutes ces analo-
gies. Il est d'ailleurs absolument inadmissible que cette- contraction ait
été, comme le pense l'éminent astronome, accompagnée d'un échauffe-
ment.
» La théorie que je propose ne s'accorde pas moins bien avec les con-
( '''195 )
sidérations géologiques de M. le D' Blandet. Par le rapprochement, on
voit que la période stellaire du Soleil a dû commencer vers la fin de l'his-
toire géologique de notre globe.
» Il est d'ailleurs évident que le noyau central a dû prendre une rota-
tion plus rapide que celle de l'enveloppe, puisque les matières qui s'y ras-
semblaient conservaient, an moins en partie, leur vitesse initiale. Si cet état
de choses subsiste encore dans le Soleil, malgré le frottement, c'est que les
phénomènes éruptifs, taches et protiil)éranccs, par la force d'impulsion
qu'ds produisent et qui se manifeste à nous par un accroissement de vitesse
vers l'équaleur, compensent cette action retardatrice.
» Quant à l'assimilation de la lumière zodiacale à une atmosphère du
Soleil, je serais tenté de dire que l'identité du plan de symétrie de cette
nébulosité avec le plan de l'éqnateur solaire forme, à elle seule, une dé-
monstration saisissante. Que si, poiu' la foiniation de la queue des comètes,
il faut qu'elle dépasse l'orbite de Mars, je vois là aussi bien une preuve
qu'iuie objection, puisque déjà la partie qui est assez dense pour être vi-
sible dépasse l'orbite terrestre.
» Enfin les difficultés que peut soulever la présence de quatre gros.ses
planètes, d'un satellite, etc., au milieu de celte atmosphère, se résolvent
par une question de densité relative, ainsi que M. Faye l'a monti'é à propos
de sa force répulsive. Les mêmes considérations s'appliquent ici, sans chan-
gement aucun.
» Reste la question de la durée du Soleil dans sa phase stellaire. Elle
fera, si l'Académie veut bien me le permettre, l'objet d'une Communication
spéciale. »
OPTiQUlî. — Note sur un procédé destiné à mesurer l' intensité relative des élé-
ments constitutifs des différentes sources lumineuses ; par M. H. Trannin.
(c On sait quelles difficultés on rencontre quand on veut mesurer les
intensités relatives des diverses sources lumineu.ses, à cause de leurs colo-
rations différentes. En outre, on est dans une ignorance absolue sur la com-
position de ces sources lumineuses, sous le rapport des couleurs simples
qui les constituent, j)arce que la comparaison des spectres de ces lumières
crée pour l'œil une épreuve Irès-délicate et très-difficile, et qui n'a donné
jusqu'à présent aucun résultat certain.
» Dans le travail que je poursuis, je me suis proposé de comparer les
diverses couleurs simples par un procédé indépendant du jugement direct
( 1496 )
de l'œil, en suivant une marche qui n'est pas sans quelque analogie avec
celle qu'a imaginée M. Wilcl, dans ses recherches photométriques.
» Mou appareil se compose :
» i°De deux petits prismes rectangles à réflexion totale, superposés et
tournés en sens inverse, de manière à renvoyer dans la même direction, et
l'un au-dessus de l'autre, les faisceaux lumineux émanant des deux lumi-
naires placés départ et d'autre de ces prismes, sur une ligne qui est per-
pendiculaire à l'axe commun du double faisceau réfléchi sur les faces hy-
poténuses.
» 2° Ces prismes sont placés devant une fente étroite, dont la hauteur
est ainsi partagée en deux parties, en général différemment éclairées. Der-
rière la fente, se trouve un collimateur qui rend parfaitement parallèles les
rayons émanant des deux sources lumineuses; ces rayons traversent en-
suite successivement un polariseur dont la section principale est verticale;
une plaque de quartz, de i centimètre d'épaisseur environ, parallèle àl'axe,
et dont la section principale fait un angle de 45 degrés avec celle du pola-
riseur; enfin, un prisme de Rochon ou de Wollaston, ayant sa section prin-
cipale parallèle à celle du polariseur, et par conséquent verticale.
» 3° Le prisme dispersif et la lunette d'un spectroscope reçoivent fina-
lement les rayons lumineux.
» Le prisme de Rochon, outre qu'il agit comme analyseur, dédouble
fortement chacun des faisceaux lumineux placés l'un au-dessus de l'autre,
et l'on arrive ainsi à faire coïncider le faisceau ordinaire d'une des sources
avec le faisceau extraordinaire émanant de l'autre source. Or, en général,
chacun des faisceaux élémentaires sortant de la lame de quartz est polarisé
elliptiquement, et l'on sait que celte espèce de limiière, après avoir tra-
versé un analyseur biréfringent quelconque, donne deux faisceaux d'inten-
sités inégales, polarisés à angle droit, mais dont la somme est constante et
égale à la somme des carrés des vitesses parallèles aux deux axes de
l'ellipse.
» Le faisceau, après avoir traversé le prisme de Rochon, donnera donc
au foyer de la lunette un spectre formé de plusieurs bandes horizontales;
celle du milieu sera due à la superposition du faisceau ordinaire venant
d'une partie de la fente avec le faisceau extraordinaire venant de l'autre
partie, et par suite sera pour l'œil cotnme si elle était complètement dépo-
larisée, si ces deux portions sont éclairées également. On verra alors au-des-
sus et au-dessous de cette région moyenne deux spectres cannelés, les
franges obscures de l'im alternant avec celles de l'autre, et, entre les
( '497 )
deux, la bande lutiiineiise moyenne sans aucune frange, si les deux par-
ties de la fente reçoivent des lumières semblablement composées et d'in-
tensités égales.
» Si cette égalité pour une partie déterminée du spectre n'existe pas, les
franges devront apparaître de nouveau dans cette partie, et l'on pourra les
faire disparaître en diminuant l'intensité du faisceau prédominant : il suf-
fira, pour cela, d'éloigner l'une des lumières du prisme à réflexion totale
correspondant, ou d'interposer, entre l'œil et l'oculaire, un Nicol tour-
nant au centre d'un cercle divisé.
» Le système des prismes employés pour la dispersion, polarisant légè-
rement la lumière dans un plan perpendiculaire à la section principale de
ces derniers, on doit corriger cette cause d'erreur, soit avec une glace in-
clinée, comme l'ont fait MM. Fizeau et Foucault, ou bien en faisant deux
observations successives, après avoir fait tourner le Rochon de i8o degrés.
» Je n'ai pas encore terminé complètement l'installation de l'appareil
dont je compte me servir, mais les essais préliminaires que j'ai déjà faits
d'après cette méthode ont complètement réussi et me font espérer que je
pourrai arriver à résoudre ainsi une des questions qui me semblent des
plus importantes dans la photométrie.
» Je crois pouvoir aussi, en suivant la même voie, arriver à déterminer,
avec plus de précision qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, les pouvoirs absor-
bants des milieux colorés. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — De la composition chimique de certains parenchymes des
végétaux. Note de M. Maudet, présentée par M. Fremy (Extrait.)
« On a admis, pendant longtemps, d'après les travaux de Payen, que
le squelette des végétaux est formé principalement de cellulose et d'une
substance indéterminée, qui a été désignée sous le nom de matière incrus-
tante. Il résulte des recherches de RI. Fremy que ces tissus sont beaucoup
plus complexes qu'on ne pensait. On y trouve un certain nombre de sub-
stances isomériques, que M. Fremy a désignées sous le nom de corps cellu-
losiques, et que l'on peut distinguer les uns des autres par quelques réactifs
assez simples. Il existe, en outre, dans le tissu des végétaux, une série de
corps absolument différents des précédents, par leur composition et leurs
propriétés générales, et que M. Fremy a nommés corps épiancjioliques. On
rencontre ces derniers, en proportions variables, dans le tissu ligneux, dans
les vaisseaux, dans le liège et dans les cuticules.
C. R., 1873, a* Semestre. (T. LXXVIl, N« itS.) ' 9^
( i498 )
» Ces différents corps étant bien spécifiés, M. Freiny a pensé qu'il serait
enfin possible d'aborder l'analyse quantitative des différents tissus des vé-
gétaux. C'est ce travail d'analyse quantitative que M. Fremy a commencé,
en collaboration avec M. Terreil. Ces deux chimistes ont fait connaître une
méthode qui permet de doser les principes élémentaires qui forment le
tissu ligneux.
» Suivant les indications qu'a bien voulu me donner M. Fremy, à qui je
suis heureux d'exprimer ici ma vive gratitude, j'ai entrepris, dans son labo-
ratoire du Muséum, un travail de même nature sur les parenchymes qui
existent dans les moelles, les écorces, les feuilles, les fleurs, les fruits, etc.
Le papier de riz (moelle de V Aralia papyrifera) et la moelle de sureau
offrant ces parenchymes dans un grand état de pureté, c'est sur ces tissus
que mes recherches ont principalement porté. Je résumerai ici, en peu de
mots, les résultats principaux de cette étude.
» Le papier de riz est essentiellement formé, d'après mes observations,
de deux parties bien différentes: l'une se compose de corps cellulosiques,
l'autre de principes pectiques.
» Les corps cellulosiques sont de deux espèces: l'un se dissout immé-
diatement dans le réactif ammoniaco-cuivrique: c'est la cellulose de Payen.;
l'autre ne devient soluble dans ce réactif qu'après l'action de la potasse,
des acides étendus, du chlorure de zinc, ou sous l'influence de la chaleur.
C'est cette dernière substance que M. Fremy a désignée sous le nom de
mêduUose.
» Les principes pectiques du papier de riz sont principalement le
pectate de chaux et la pectose. Le pectate de chaux joue, dans ce tissu,
un rôle physiologique qui avait été déjà signalé par Payen. Il sert à
relier entre elles les cellules du tissu, et à tel point que, lorsqu'on détruit
le pectate de chaux par les réactifs, le tissu du papier de riz se trouve im-
médiatement désagrégé, et les cellules isolées nagent dans le liquide.
» Toutes les moelles sont loin de présenter la même composition chi-
mique. C'est ainsi que la moelle de sureau ne contient pas sensiblement
de pectate de chaux; mais on y trouve en abondance une de ces substances
épiangiotiques qui existent dans le bois, et que M. Fremy désigne sous le
nom de vasculose. Cette substance est insoluble dans S0',2H0; elle se
dissout dans l'acide azotique, dans le chlore et dans les lessives de potasse
concentrées, agissant sous pression.
» 3e me contenterai de dire ici que, en appliquant à Faiialyse quanti-
tative l'étude complète que j'ai faite des éléments précédents, il m'a été
( i499 )
possible, par l'emploi d'un certain nombre de réactifs simples, de déter-
miner avec quelque exactitude la composition inmiédiate des parenchymes,
comme MM. Fremy et Terreil avaient fait précédemment pour les tissus
ligneux.
» Les composés pectiques ont été dosés, en opérant leur solution par
un traitement à la potasse bouillante. La proportion de pectate de chaux,
en particulier, a été déterminée en faisant agir sur le parenchyme, d'abord
de l'acide chlorhydrique très-étendu, qui opérait la décomposition du sel,
et ensuite l'ammoniaque, qui dissolvait l'acide pectique.
» Les corps cellulosiques ont été dosés en débarrassant le parenchyme
des composés pectiques, par un traitement à la potasse bouillante et à
l'acide chlorhydrique très-étendu. La proportion de médullose a été dé-
terminée en séparant d'abord toute la cellulose immédiatement soluble
dans le réactif ammoniaco-cuivrique ; les composés pectiques qui ont
résisté ont été enlevés par la potasse bouillante. Il reste alors de la mé-
dullose, qui a été transformée en cellulose soluble par l'action des acides
et des alcalis.
» Quant à la vmculose cjui existe dans la moelle de sureau principale-
ment, j'en ai déterminé la proportion, soit en la dissolvant dans le chlore
ou l'acide azotique, soit en la séparant des principes cellulosiques au
moyen de S0% 2HO. Ces réactifs énergiques ont été employés avec des
précautions qui préservaient, autant que possible, de l'altération, les
éléments que je me proposais de doser.
» Dans l'analyse des parenchymes de certaines moelles, et surtout dans
celle de la moelle de sureau, j'ai encore rencontré la substance cellulo-
sique, la plus stable de toutes, qui ne devient soluble dans le réactif
ammoniaco-cuivrique qu'après l'action du chlore, de l'acide azotique ou
de la potasse sous pression, et que M. Fremy a désignée sous le nom de
fibro&e.
» On me permettra de signaler ici un fait qui me paraît curieux : j'ai
reconnu que les actions chimiques qui transforment la fibrose ou la mé-
dullose en cellulose soluble sont justement celles qui produisent les altéra-
tions ou les transformations des corps épiangiotiques et des composés
pectiques qui accompagnent ces sortes de celluloses dans le tissu végétal.
Ne pourrait-on pas en conclure que cette fibrose et cette médullose sont
de la cellulose unie plus ou moins intimement, par affinité capillaire, aux
corps épiangiotiques et pectiques?
» Je donnerai, en terminant, la composition moyenne d'un paren-
'94"
( i5oo )
chyme, tel que celui du papier de riz, qui est caractérisé par la présence
du pectate de chaux.
» Ce tissu contient de 47 à oo pour loo de corps cellulosiques, et 5o à
53 pour loo de composés pecliques.
» Les corps cellulosiques sont, principalement, la cellulose de Payen
et la médullose. Ces deux corps se trouvent ordinairement dans le rapport
de 37 pour 100 de cellulose et 10 pour 100 de médullose.
» Les composés pectiques, solubles dans la potasse, sont formés prin-
cipalement de peclato de chaux, qui s'y trouverait dans la proportion de
35 à 4° pour 100. Le résidu de 10 à i5 pour 100, également soliible dans
la potasse, paraît être surtout formé de pectose.
)) J'ni dit que la moelle de sureau ne contient pas sensiblement de
composés pectiques, mais qu'on y trouve un corps épiangiotique, qui
est de la vasculose et dont la proportion est de aS à 3o pour 100.
» Ces déterminations analytiques présentent de grandes difficultés, et je
ne les donne pas comme absolument exactes : seulement elles démontrent
que le tissu ligneux, dont les éléments ne pouvaient pas être dosés autre-
fois, peuvent être aujourd'hui appréciés d'une manière approximative.
» Il est curieux de voir des corps auxquels on assigne le même rôle
physiologique présenter une composition chimique aussi dissemblable.
L'un, le papier de riz, se rapproche, par sa composition, du parenchyme
des écorces ; l'autre, la moelle de sureau, paraît constitué comme le bois
lui-même. Ces deux espèces de moelle se trouvent dans un grand nombre
de végétaux. »
CHIMIE. — Nouvelles recherches sur la préparation du kermès; action des
carbonates alcalins et des bases alcalino-terreuses sur le sulfure d'antimoine.
Note de M. A. Terreil, présentée par M. Fremy.
« En poursuivant mes recherches sur les composés de l'antimoine, je
me suis occupé de la préparation du kermès; dans celte étude, j'ai été
frappé des irrégularités qu'on observe, dans cette préparation, relati-
vement à la quantité de produit qu'on obtient, lorsqu'on emploie du
carbonate de soude ou du carbonate de potasse, ou lorsqu'on opère par
voie humide ou par voie sèche. J'ai recherché les causes de ces irrégulari-
tés en comparant l'action des carbonates de potasse et de soude purs sur
le sulfure d'antimoine, quand on agit par voie sèche et par voie humide;
j'ai également examiné l'action des bases alcalino-terreuses hydratées sur
( i5oi )
le même sulfure. Ce sont les résultats de ces recherches que je résume ici :
jo p,j,. Yoie humide, pour produire le kermès, par l'action du carbonate
alcalin sur le sulfure d'antimoine, il faut que le carbonate soit décom-
posé en acide carbonique et en alcali; ce dernier passe en partie à l'état de
sulfosel d'antimoine, et en partie à l'état d'antimonite. Le sidfosel en
dissolution bouillante dissont un excès de sulfure d'antimoine, et c'est cet
excès de sulfure dissous qui se reprécipile mélaugé d'antimonite peu so-
luble et qui constitue le liermès. Le carbonate de soude seul peut pro-
duire celte réaction.
» 2° Le carbonate de potasse n'est point décomposé, par voie humide,
par le sulfure d'antimoine; ou n'obtient donc dans ce cas ni kermès ni
sulfosel d'antimoine avec le carbonate de potasse. Ce caractère, tout à fait
inattendu, permet de constater la présence de la soude, même en quantité
infiniment petite, dans les carbonates de potasse du tartre et dans le bicar-
bonate de potasse, sels que l'on considère comme purs et avec lesquels
j'ai toujours obtenu des quantités plus ou moins grandes de kermès, selon
leur degré de pureté. J';ijouterai que, dans ce cas, la quantité de sulfure
d'antimoine entrée en dissolution pourrait permettre de doser la soude.
» Pour obtenir du carbonate de potasse très-pur, j'ai dû décomposer du
sulfate de potasse pur par la baryte et transformer la potasse obtenue en
carbonate p.ir l'acide carbonique. Ce carbonate de potasse pur ne dissout
pas trace de sulfure d'antimoine par voie humide.
» 3° Par voie sèche le carbonate de potasse pur, fondu avec le sulfine
d'antimoine, donne une masse qui, reprise par l'eau bouillante, fournit
une liqueur qui laisse déposer beaucoup de kermès en se refroidissant, et
qui retient peu d'antimoine en dissolution. Dans les mêmes conditions, le
carbonate de soude donne une liqueur qui relient presque tout l'antimoine
à l'état de sulfosel, et qui ne laisse déposer que peu de kermès.
)) 4° Le sulfure d'antimoine n'attaque point le carbonate de chaux par
voie humide.
» 5" Le sulfure d'antimoine est attaqué par un lait de chaux; il se pro-
duit une liqueur qui laisse quelquefois déposer, en se refroidissant, une
très-petite quantité d'une substance d'un jaune de chrome, mais qui retient
ordinairement tout le sulfure d'antimoine à l'état de sulfosel; elle contient
également de l'anlinionite de chaux, qui cristallise, plus tard, en petites
tables à sis faces. Au contact de l'air, sous l'influence de l'acide carbo-
nique, la liqueur se décompose : elle laisse déposer peu à peu tout son an-
timoine à l'état de kermès brun foncé.
( I no2 )
M 6° Les hydrates de baryte et de strontiane n'attaquent point le sulfure
d'antimoine.
» Il résulte des faits que je viens de résumer :
» Que la préparation du kermès, par voie humide, ne peut se faire
qu'avec le carbonate de soude;
» Que, par la voie sèche, le carbonate de potasse produit plus de kermès
que le carbonate de soude;
M Que le carbonate de potasse n'a aucune action sur le sulfure d'anti-
moine par voie humide, et que ce caractère devient un moyen analytique
qui permet de conslater la présence de la soude dans les carbonates de
potasse;
» Que l'hydrate de chaux attaque, par voie humide, le sulfure d'anti-
moine, tandis que les hydrates de baryte et de strontiane sont sans action
sur ce stdfure.
« J'ai exécuté ces recherches dans les laboratoires des Hautes Études
du Muséum, dirigés par M. Fremy. »
M. MoNCLAR adresse, d'Aibi, une Note concernant la panification des
farines fournies par diverses graines.
Le procédé, appliqué par l'auteur aux farines de lupin, de fève, de hari-
cot, de vesce, de maïs, etc., consiste à soumettre ces f;irines à des lavages,
pour leur enlever leur huile essentielle, jusqu'à ce qu'elles aient perdu le
goût caractéristique de l'huile elle-même. La farine égouttée est ensuite mé-
langée à de la farine de blé, en parties égales; on pétrit en ajoutant un peu
plus de levain que d'ordinaire.
M. le général Mokin appelle l'attention de l'Académie sur la 3' livraison
du tome III de la Revue d Jiiillerie, publiée par ordre du Ministre de la
Guerre. Ce numéro contient, en particulier :
Un article intéressant de MM. les capitaines Jouard et Huter, sur le ma-
tériel exposé à Vienne par M. Krupp, d'Essen, et qui est principalement
construit en vue du tir contre les navires cuirassés;
Un résumé du Mémoire de M. le capitaine du génie Petit, sur les effets
du tir des batteries allemandes pendant le siège de Paris, inséré au n^Sl
du Mémorial de i Officier du Génie, et dont on a fait conn;iitre l'ensemble;
La suite du savant Mémoire de M. le capitaine Jouffret, sur l'établisse-
ment et l'usage des tables de tir;
Une Note sur les principes à observer pour assurer l'efficacité des pro-
( i5o3 )
jecliles de l'artillerie, tiadiiife d'un Mémoire de M. E. Clayton, de l'artil-
lerie royale anglaise, par M. le cajiitainede Saint-Périer;
Un article de JVI. le capitaine Colard, sur les règles à snivre pour la rec-
tification du tir en campagne.
Parmi les notices bibliographiques insérées dans ce numéro, il convient
de signaler une analyse succincte d'un Mémoire fort important sur les
sièges de Paris et de Belfort, par M. de Geldern, capitaine du génie autri-
chien, traduit par M. le capitaine du génie Grillon,
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 8 décembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Voyage d'exploration dans les bassins du Hodna et du Scdiara; par M. Ville,
ingénieur eu chef des Mines. Paris, Imprimerie impériale, 1868; i vol.
in-/i°, avec figures et cartes.
Exploration géologique du Béni Mzab, du Sahara et de la région des steppes
de la province d'Alger ; par M. Ville, ingénieur en chef des Mines. Paris,
Imprimerie nationale, 1872; i vol. in-4°, avec planches et cartes.
Remarques sur la faune sud-américaine, accompagnées de détails anatomi-
ques, relatifs à quelques-uns de ses types les plus caractéristiques; par M. P.
Gervais. Paris, Gauthier-Villars, 1873; in-4'~'. (Extrait des, Comptes rendus
des séances de l'Académie des Sciences.)
Animaux jossiles du Mont-Léberon [Faacluse). Etude sur les Vertébrés ; par
A. Gaudry. Étude sur les Invertébrés; par P. Fischer e< R. Tournouer;
4*liv. Paris, F. Savy, 1873; in-4°, texte et planches.
Les phénomènes de la Physique; par A. GuiLLEMliS; 2' édition. Paris,
Hachette et G'*"; i vol. giand in-8°, illustré.
Les applications de la Physique aux sciences, à l'industrie et aux arts ; par
A.-GuiLLEMlN. Paris, Hachette et G'"; i vol. grand in-8°, illustré.
Revue d'Artillerie; 2"= année, t. III, a*" liv. Paris et Nancy, Bcrger-Levrault,
1873-, i liv. in-8". (Présenté par M. le général Morin.)
( >5o4 )
Le choiera. Eliologie et Uaitemenl ; par le ly CarOïn. Paris, G Tiiier-
Bj.illière, iSyS; br. in-S".
Le choléra à Toulouse; par M. le D' Armieux. Toulouse, imp. Doula-
doiirc, sans date; br. in-8°. (Extrait chi Bulletin des travaux de la Société
de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse.)
Répartition du choléra en France; par le D'' Armieux. Toulouse, imp.
Douladoure, sans date; br. iu 8". (Ces deux ouvrages sont présentés par
M. le Baron Larrey, pour le Concours Bréant, 1874.)
Population de Toulouse et de la France en 1872; par le D' Armieux.
Toulouse, imp. Douladoure, 1872; br. in-S". (Présenté par M. le Baron
Larrey.)
La Corse et son recrutement. Etudes historiques, statistiques et médicales;
par le D'' F.-M. Costa (de Bastelica). Paris, V. Rozier, 1873; br. in-S".
(Présenté par M. le Baron Larrey.)
Statistique agronomique de l'arrondissement de Vouziers [département des
Àrdennes), publiée sous les auspices du Conseil général; par MM. Meugy et
Nivorr. Charlevillo, Eug. Jolly, 1873; i vol. iii-8°, avec 3 cartes.
Détermination des fondions entières irréductibles, suivant tin module pre-
mier, dans le cas oii te degré est égal au module; par M. J.-A. Serret. Paris,
Gaulbier-Vdlars, 1873; in-4''. (Extrait des Comptes rendus des séances de
P Académie des Sciences.)
Sur les fonctions entières irréductibles, suivant un module premier, dans le
cas oit le degré est une puissance du module; par ]NL J.-A. Serret. Paris,
Gauthier-Villars, 1873; in-4°. (Extrait du Journal de Mathématiques pures
et appliquées. )
Lhéritier. La quadrature du cercle selon la réserve demandée et exprimée
dans les dictionnaires français. Bourges, chez l'auteur, 1873; br. in-S".
L'empire du Brésil à V Exposition universelle de Vienne en 1873. llio-de-
Janeiro, typ. Laemmert, 1873; i vol. in-8°.
Ànnual Report of ihe Commissioner of jialents for the jear 1869, vol. I, II,
TU; 1870, vol. I, II; 1871, vol. I, H. Washington, government printing
Office, 1 871-1872; 7 vol. '\n-%°, reliés.
yi stronomisclie Uiululations théorie oder die Lehre von der Aberration des
Lichtcs; vonD'E. Ketteler. Bonn, P. Neusser, 1873; in-8''. (Présenté par
M. Fizeau.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21) DÉCEMBRE 1873.
PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sitv la formation des équations de condition qui résulteront des
observations du passage de T^énus du 8 décembre 1 874 ; par M. V. Puisecx.
« Le nombre et l'habileté des astronomes qui se proposent d'observer
le prochain passage de Vénus permettent d'espérer que l'on aura de cet
important phénomène des observations exactes et multipliées. Ces obser-
vations seront de diverses sortes : les unes feront connaître l'heure d'un
contact intérieur ou extérieur des disques de Vénus et du Soleil; d'autres
fourniront, à un moment connu, soit la distance angulaire des centres des
deux astres, soit l'angle de position que fait la ligne des centres avec une
direction déterminée; on aura pu mesurer encore la projection de la dis-
tance des centres sur le méridien céleste passant par le centre du Soleil,
ou sur le parallèle du même point, ou sur quelque autre direction. Chaque
bonne observation conduira, quelle qu'en soit la nature, à une équation
de condition entre les diverses inconnues de la question et pourra con-
tribuer par conséquent à la détermination de ces inconnues, dont la plus
importante est la valeur moyenne de la parallaxe solaire.
C.R.,1873, 2' Semestre. [T. L\\\U,^° 1G.) '9^
( i5o6 )
)) La formation de toutes ces équations exigera des calculs ass^z labo-
rieux; mais ou peut, dès à présent, faciliter ce travail, eu déterminant à
l'avance certains nombres cjui doivent y entrer, ou du moins en construi-
sant des Tables d'où on les tirera commodément. C'est dans ce but que
j'ai calculé les tableaux numériques qui terminent la présente Note, et
l'Académie jugera peut-être qu'il y a opportunité à les publier. Je me
borne ici à les faire précéder de courtes indications sur la signification et
l'usage des nombres qui y sont contenus, me réservant d'entrer ailleurs
dans quelques détails sur la manière d'établir les équations où ils doivent
figurer.
» Je commence par remarquer que l'observateur aura, dans tous les
cas, à déterminer l'heure de son observation. Sa pendule ou son chrono-
mètre la lui donnera en temps moyen du lieu qu'il occupera. Soit main-
tenant L la valeur admise pour la longitude de la station, cette longitude
étant évaluée en temps et comptée positivement vers l'est. Si ou la re-
tranche du temps moyen du lieu, le résultat sera ce que j'appellerai l'heure
de l'observation, en temps moyen de Paris; elle sera désignée dans ce qui
va suivre par /<,. Il est clair cjue si la longitude L n'est pas exactement
connue, l'erreur dont elle est affectée se retrouve avec un signe contraire
dans le temps t^, en sorte que si âL désigne la correction dont la longi-
tude L a besoin, l'heure exacte, mais inconnue, de l'observation est, en
temps moyen de Paris, („ — ôL.
» Cela posé, considérons successivement les diverses sortes d'observa-
tions qu'on pourra avoir à discuter.
» i" On aura mesuré la projection de la dislanâe des centres des deux astres
sur la tangente au parallèle céleste passant par le centre du Soleil. — Soit X^
la projection mesurée, regardée comme positive ou négative, selon que
l'ascension droite de Vénus est plus grande ou plus petite que celle du
Soleil. D'un autre côté, appelons X^. la valeur de cette projection calculée
pour l'heure /„ et pour le lieu de l'observation, à l'aide des Tables du
Soleil et de Vénus et avec toute la précision que ces Tables comportent.
Désignons par 511 la correction de la valeur provisoire de la parallaxe
solaire moyenne, dont on aura fait usage dans ce calcul, et appelons 5« la
correction qu'il faut appliquer à X^ pour tenir compte des erreurs des
Tables; la valeur de &a peut être regardée comme constante pendant la
durée du passage. Ces notations admises, l'observation dont il s'agit four-
nira entre les inconnues c?ll, oa, BL l'équation suivante :
(i) (y'cosAcosL + A cosA sinL) oFl + o« jr- ^L + X^ — X„ = o.
{ i^o-] )
» TjPS lettres L et A désignent la longitude et la latitude géographiques
du lieu de l'observation; les quantités X,, — Xo, ^U, rî« sont exprimées en
secondes d'arc; oL l'est en minutes de temps. Quant aux coefficientsy, k,
— 5 ils ne dépendent que du ten)ps et peuvent être calculés à l'avance pour
un moment donné. Le tableau n° 1 eu contient les valeurs calculées de cinq
en cinq minutes pour le 8 décembre 1874» depuis i3''45™ (t. m. de Paris)
jusqu'à i8''5o™; cet intervalle comprend tous les instants auxquels le
passage pourra être vu dans les divers lieux de la Terre. On reconnaît
à l'inspection des nombres de chaque colonne du tableau qu'ils s'inter-
polent à l'aide des différences premières seulement ; on les obtiendra
donc aisément pour l'heure t^ quand celle-ci aura été donnée par l'ob-
servation.
» 2° On aurn mesuré In projection de In dislance des centimes des deux astres
sur la tangente nu méridien céleste passant par le centre du Soleil. — Soit ¥„ la
projection mesurée, regardée comme positive ou comme négative, selon
que la déclinaison de Vénus est plus grande ou plus petite (algébrique-
ment) que celle du Soleil. D'autre part, nommons Y,, la valeur de cette
projection calculée à l'aide des Tables pour l'heure t„ et pour le lieu de
l'observation; enfin appelons 5|3 la correction qu'il fiint appliquer à Y^
pour tenir compte des erreurs des Tables, et qu'on peut regarder comme
constante pendant le passage. L'observation considérée fournira, entre les
inconnues 5n, c^jS, âL, l'équation
(•2) (/cosA cosL+mcosA sinL+7z sinA) 5n + 5|3— — t?L4-Yc — Yo = o.
où la différence Y^ — Y^ est supposée exprimée en secondes d'arc, ainsi
que â[-j. Les valeurs pour l'époque fg des coefficients /, m, n, -,- se tireront
encore du tableau n° 1.
» 3° On aura mesuré la projection de la distance des centres des deux astres
sur un rajon du disque solaire de direction connue. — Nommons |u, l'angle
que le rayon du disque solaire servant d'a.xe de projection fait avec la di-
rection est du parallèle céleste passant par le centre du Soleil, cet angle
étant compté positivement de l'est vers le nord. Soit Z^ la projection me-
surée, regardée comme positive ou négative, suivant qu'elle tombe sur ce
rayon ou sur son prolongement. Enfin appelons Z^ la valeiu" de la même
projection calculée à l'aide des Tables pour l'heure t^ et pour le lieu de
l'observation. L'équation de condition entre les inconnues âU, 5«, â[i, 5L
195..
( I 5o8 )
sera
[(y cosp.-f Isinp.) cosA cosL
-h{k cos|j.+ //zsinp.)cos7\. sinL + « sin/x sin A] 5n
(3)
+ COS/J. §a + sin/Ji, c5*]S — ( — cosjXH — y- sin[i.j oL + Z^ — 2,,= o,
où la différence Z^ — Z^, est supposée exprimée en secondes d'arc. Les va-
leurs des coefficients /, A, /, m, n, —•, — se tireront, comme il a déjà
été dit, (Iii tableau n° 1.
» 4° ^" aura mesuré la distance angulaire des centres des deux astres. —
Soit Dj, la distance mesurée, et nommons D,- la distance calculée à l'aide
dps Tables pour l'heure t^ et pour le lieu de l'observation. On aura, entre
§n, o«, 5/3 et ôL, l'équation
I (A cosA cosL + BcosA sinL-H Csin A) an
^ j +cos^ aa+sin?5i'5-^c?L + D,-D„ = o,
où la différence D,; — D^ est supposée exprimée en secondes d'arc. Les va-
leurs des coefficients A, B, C, -^j pour l'époque /<,, se tireront du tableau
n° 2; on prendra sini) et cosct dans le tableau n" 1.
» 5° On aura mesuré l'angle de position de Fénus par rapport au Soleil. —
J'entends par là l'angle que le rayon du disque solaire dirigé vers le centre
de la planète fait avec la direction est du parallèle céleste passant par le
centre du Soleil, cet angle étant compté positivement de l'est vers le nord.
Désignons par ^^ l'angle de position mesuré et par l^^ l'angle calculé à l'aide
des Tables pour l'heure t^ et |)oin- le lieu de l'observation. On aura, entre
§n, §«, 5/3, 5L l'équation
(5)
I^EcosA cosL + FcosA sinL + G sinA)5n
— siii :) oa + cos .> c?j3 + H oL + D sin i ' (c\ — .>„)= o.
où la différence D^ — ':>„ est su|)posée exprimée en minutes d'arc, et où D
désigne la valeur en secondes d'arc de la distance des centres des deux
astres, telle qu'elle serait vue du centre de la Terre. Les valeurs des coeffi-
cients E, F, G, H, Dsin i' se tireront du tableau n° 2; celles de sinS et de
cos3 étant données, comme on l'a déjà dit, par le tableau n" 1.
» A raison du facteur Dsini' introduit dans le terme tout connu, le
( i5o9 )
poids de cette équation sera le même que celui des précédentes, si toute-
fois on admet que les mesures angulaires effectuées dans diverses directions
sur le disque solaire offrent des chances égales d'erreur.
» 6° On aura observé iheiire d\iti contact. — L'heure observée tg étant
toujours entendue comme ci-dessus, soit te l'heure du contact calculée à
l'aide des Tables pour le lieu de l'observation. Appelons d'ailleurs âp et âp'
les corrections dont peuvent avoir besoin les demi-diamètres du Soleil et
de Vénus employés dans le calcul. On aura, entre les inconnues cJlT, âa,
c?|3, Sp, âp', âL, l'équation
1(A cosA cosL + B cosA sinL-l-C sin A) §11
+ cosD âa + sin 3 5[-i - {!ip i Bp') - ^ ^L + ^ (/„ - t,) = o,
oîi &p et (?p' sont des secondes d'arc, tandis que la différence t„— t^ est
supposée exprimée, comme 5L, en minutes de temps. Dans le binôme
âp ± 5p', on devra donner à op' le signe supérieur ou le signe inférieur,
suivant que le contact observé aura été extérieur on intérieur. Quant aux
valeurs des coefficients A, B, C, cos?, sin?, — pour l'époque /„> elles se
tireront, ainsi qu'on a déjà eu l'occasion de le dire, des tableaux n° 1 et
n°2.
( i5io )
Tableau
n" 1.
, déc. 8,
rfX
<i
cos d
j
k
l
m
n
— —
sin d
de Paris.
de
de
3^j5■"
-l-i,3i
H-3/ll
+0,95
— o,5i
—2,55
-3,98
-l-i,o5
-1-0,621
+0,784
ôo
1,36
r>,4i
0,94
0,53
2,55
3,98
i,o5
0,634
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55
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2,38
0,92
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2,55
3,98
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0,763
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2,35
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0,57
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0,659
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5
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2,32
0,9a
0,09
2,55
3,98
i,o5
0,672
0,74 1
10
1,5(5
2,28
0,89
0,61
2,55
3,98
i,o5
0,685
0.729
10 '
1,1)1
2,25
0,87
0,63
2,55
3,98
i,o5
0,698
0.716
20
1,66
2,21
o,S6
0.65
2,55
3,98
i,o5
0,71 1
0,703
25
1,71
2,18
0,8',
0,66 '
2,55
3,98
i,o5
0,724
0,690
3o
1,76
2,1 '1
0,83
0,68
2,55
3,98
i,o5
0,737
0,676
35
i,So
2,10
o,Si
0,70
2,55
3,98
i,o5
0,750
0,661
4o
1,85
2,06
o,So
0,72
2,55
3,q8
i,o5
0,764
0,646
/|5
1,89
2,02
o,7«
0,73
2,55
3,98
i,o5
0,777
o,63o
5o
' .91
1,98
0.77
0,75
2,55
3,98
i,o5
0,790
o,6i4
. 55
1,98
.,03
0,75
0.77
2,55
M
i,o5
o,8o3
0,597
i5. 0
2,02
■>89
0,73
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-l-o,3o3
{ l5l2 )
FERMENTATIONS. — Nouvelle réponse à M. Pasteur, concernant ioruj'me
de la levure de bière; par M. A. Trécul.
« M. Pasteur pense que ce n'est pas une Communication académique
que j'ai faite le 8 de ce mois, que c'est un réquisitoire. J'accepte le mot.
C'est un réquisitoire contre l'erreur et pour la défense de la vérité. D'ail-
leurs, un réquisitoire doit avoir toutes les qualités d'un bon Mémoire aca-
démique. La première qu'il soit obligé de présenter, c'est le respect de la
vérité, et à cause de cela il suit toujours une enquête sérieuse. Conune
pour le Mémoire académique, ses autres qualités sont la clarté, la préci-
sion et enfin le respect des convenances, ce qui, dans cette enceinte, veut
dire le respect de ses adversaires, des auditeurs et de soi-même. M. Pasteur,
qui prétend n'avoir pas provoqué cette discussion, a-t-il bien présenté
l'opinion de Turpin, de M. H. Hoffmann et la mienne comme il devait le
faire? Il sera évident pour tout lecteur attentif que M. Pasteur a donné
lieu de croire que nous avons opéré dans des conditions qui ne pouvaient
donner qu'un résultat défectueux. L'Académie peut apprécier encore une
fois, par la Note du i5 décembre et par la seconde du aa (p. i445) de notre
confrère, combien sont peu claires et peu précises beaucoup de ses com-
munications. Et cependant M. Pasteur croit devoir se plaindre que la clarté
qu'il s'efforce de leur donner se transforme, sous la plume de M. Trécul,
en assertions « équivoques » et « ambiguës ».
» La faiblesse des arguments de M. Trécul est telle, que c'est uniquement
parce qu'il s'agit de deux des sujets les plus élevés de la philosophie natu-
relle, la question des générations dites spontanées et celle de la transfor-
mation des espèces, que M. Pasteur prend de nouveau la parole.
)) On s'attendait de sa part, après ce début, à des éclaircissements sur
ces deux questions importantes, dont ]M. Pasteur s'occupe depuis dix-sept
ans, au moins de la première. Il n'en dit rien de plus, si ce n'est toutefois
qu'il met à l'index les transformistes par la phrase suivante :
« Si l'on n'y prend garde, celle hypolhèse du Iransformisme introduira dans la science
une foule d'erreurs, parce qu'elle dispense beaucoup de personnes d'observalions appro-
fondies. »
» M. Pasteur se fait illusion. C'est tout le contraire qui est vrai, attendu
qu'il est bien plus facile de décrire comme espèces distinctes, ou même
d'ériger en genres, toutes les formes que l'on rencontre, que de rechercher
les liens de parenlé qui peuvent les unir.
» A cause de la faiblesse des arguments de M. Trécul, sans doute,
( '513 )
M. Pasteur ne les discute pas; il ne tente même pas de la re la comparai-
son des divers passages que je signale; il néglige tout cela pour provoquer
M. Freniy qui n'est pas en cause, comme il m'a provoqué, bien qu'il dise
le contraire. 11 somme donc M. Fremy de démontrer que les ferments sont
engendrés par l'organisme, et ensuite il accuse M. Trécul d'admettre que
« les matières albumiuoïdes donnent, par génération spontanée, des bac-
» téries; celles-ci des cellules de levure lactique; celles-ci des cellules de
» levure de bière; ces dernières, à leur tour, du Mycoderma viiù et du
» Pénicillium glauciim. ...» Je reconnais l'exactitude de tons ces chefs
d'accusation et j'en accepte la responsabilité (i). M. Pasteur, au contraire,
soutient « que tous ces faits sont erronés, que ces transformations ne sont
» qu'hypothèses, à l'appui desquelles on ne peut citer que des faits confus,
» mal observés, entachés de causes d'erreurs, qu'on n'a pas su dégager
» au milieu des difficultés inhérentes aux expériences. »
» Il sied vraiment bien à M. Pasteur de nous parler de difficultés non
surmontées, quand nous assistons actuellement encore à une transforma-
lion de son opinion. Est-il vrai, oui ou non, que de i 8G2 à 1872 il a cru
à la métamorphose du Mjcoderma vini en levure alcoolique, et que le
germe du Mycoderma vini est le germe de cette levure? Est-il vrai qu'il ait
abandonné cet avis après ma lecture du 11 novembre 1872? Est-il vrai
que ce jour-là seulement il fit intervenir la génération spontanée? Est-il
vrai que par là il anéantit les résultats de ses expériences du 7 octobre 1872,
fondées sur la submersion? Est-il vrai qu'il cherche toujours les germes des
différentes leviires?
« Voici, continue M. Pasteur, comment M. Trécul croit établir que le
)) Pénicillium rjlaucum se transforme en cellules de levure alcoolique. »
SLiitune phrase vague qui ne représente ni mon avis, ni ce que notre con-
frère a dit à la séance; car, à cet égard, M. Pasteur a confondu deux
phénomènes décrits par moi, à la page 1 169 du tome LXXV: il a appliqué
à la transformation des spores du Pénicillium en levure ce que je dis du
nioùt de bière destiné à produire de la levure dite spontcmée, lequel moût
est préparé entre 65 et 70 degrés, tandis que celui que j'emploie pour la
transformation des spores du Pénicillium est porté à roo degrés. S'étant
aperçu de la méprise, ou plutôt parce que je la lui ai signalée, séance
(1) Voir t. LXXV, p. 1 160, pour le rcsunié de mon opinion, it la note de la |);i^'e 1 i56
du tome LXVII el celle de la page 989 du tome I.XXV, |)(iur la tiansfoniialion des cellules
delà levùie lacticiueen cellules de lu levure alcoolique.
G. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVII, N" 21) ' '9"
( iSi/i )
tenante, M. Pasteur n'a point inséré ce passage dans les Comptes rendus. Il
nie reproclie ensuite de faire mes ensemencements au contact tle l'air et
(le prendre les spores de Paiicilliuin sur des citrons moisis.
» En ce qui concerne l'emploi du Penicilliiun venu sur le citron, M. Pas-
teur s'exprime ainsi :
* Or, il suffit d'observer an microscope i.ks poussières <le la surface d'un ciiroii pour y
reconnaître une niuliitude de spores et de cellules organisées, Ircs-différenlcs souvent des
spores du Pcnicillium. >.
» Voilà assurémenl mie phrase qui atteste que M. Pasteur n'a pas exa-
miné un seul de ces jolis gazons de Pénicillium., ordinairement si purs, qui
couvrent les citrons moisis. Il semble même ne les avoir jamais vus, puis-
qu'il ne |iarle que des poussières de la surjace du citron. Ce ])assage seul
.suffit pour déceler la disposition d'esprit de mon habile contradicteur.
» En ce qui regarde le reproclie d'avoir fait les ensemencements ati con-
tact de l'air, je dirai que M. Pasienr lésa pratiqués de 1862 à 1872; il les a
em|)loyés même pour son travail du 7 octobre de celte dernière année, et
M. Pastetir n'a trouvé des inconvénients à ce procédé qu'après que je lui
eusse démontré, le ii novembre 1872, que les phénomènes décrits par lui
le conduisent tout droit à l'hélérogénie. Alors seulement, comme je le disais
tout à l'heure, il fit intervenir la génération spontanée (voir p. 1168 du
t. LXXV). Aujourd'htii M. Pasteur, condamnant ses propres travaux sur
Je sujet qui nous occupe, antétieurs au 11 novembre 1872, parce qu'ils
tendent à faire de lui uti hétérogéniste, assure qu'il a trouvé un |)rocédé qui
lui permet de cultiver le PenicilUum DAiNS l'air pur, à l'abri des poussières
atmosphériques (p. iSgS de te volume).
» On a pu voir, par ma réponse de la page i442, s'il y a réussi. Je m'at-
tendais à trouver le mode opératoire exposé tout au long dans les Comptes
rendus; mais M. Pasteiu- a jugé prudent de n'y point iniroduire ce qu'il a dit
à la séance. Serait-ce potir plus de clarté? Ayant eu l'occasion de parler,
dans le dernier Compte rendu, de l'ajjparoil et du [)rocédé décrits ici par
notre confrère, je n'ai pas à y revenir. Je ra|)pellerai seulement que M. Pas-
teur nous a dit avoir effectué l'ensemencement tle son ballon avec l'air at-
mosphéricpie lui-même .
)) Ou M. Pasteur se trompe étrangement, ou il a voulu me mettre dans
l'embarras pour sortir du cercle de faits inflexibles dans lequel il est en-
fermé. Ne s'est-il donc j)as aperçu qu'il aurait à prouver par quoi, en réalité,
son ballon a été ensemencé. 11 ne sulfil pas de dire : ce sont quelques spores
da J'enicillium, introduites par l'air ilans mon ballon, qui ont constitué le
semis, peulèlre une seule; il faut prouver que les matières plasmatiques des
( ifïiS )
particules orgaiiiscos sèches, qui sont suspendues dans i'aluiosplière en bien
plus grande quantité, n'y sotit [)onr rien. Il faut donc compter avec l'iié-
térogénie.
» D'un autre côté, il est à croire que, pour faire ses expériences,
M. Pasteur ne choisit pas un air très-agité, qui seul peut contenir drs
corps lourds comme des spores. Un air en repos n'en renferme certaine-
ment pas. Pour s'en assurer, M. Pasteur peut, dans une chambre dont l'air
est tranquille, couvrir une table de lamelles de verre dites poilc-objels ;
au bout de quelques heures ou même de plusieurs jours, il n'y trouvera
pas une seule spore de Pcnuillhim. Si le Pénicillium est né dans son ballon
sous l'influence de l'air, comme l'affu-me M. Pasteur, il est plus que pro-
bable que la plantule n'a pas pour origine des spores de Pcnicillium qui
étaient suspendues dans l'atmosphère.
» En outre, il est bien certain que des petits flacons de i5 à 4o gram-
mes, rincés avec du moût qui a bouilli et chaud, remplis ensuite avec
du moût de bière semblable, et fermés avec un liège bien élastique,
bien préparé, et à surface renouvelée au moment de l'opération, restent
clairs, sans donner de levure alcooticjiie, ni même de cylindricules bac-
tériens ou lactiques, quand l'ébullition a été suffisaunnent prolongée.
Si de ces derniers cylindricules s'y manifestent, ils ne sont que relative-
ment bien rares. Il en est tout autrement quand on opère avec du moût
d(! bière préparé entre 65 et 70 degrés , température à laquelle sont
tués les organismes inférieurs dont on redoute la présence. Dans de
tels (laçons, bien fermés et bien ficelés, les bactéries se développent en
abondance dans les trente-six premières heures; elles deviennent inuno-
biles pendant que la liqueur devient acide et constituent alors la levure
lactique. Ce n'est qu'un peu après qu'apparaît la levure alcoolique si le
flacon est bien i)ouché, ou seulement des M/coderma ceruisiœ s'il ne l'est
qu'imparfaitement, ainsi que je l'ai souvent répété. Il suffit ordinairement,
dans ce cas, de remplacer le bouchon par un meilleur pour obtenir la
transformation des mycodermes en levure alcoolique, si ces derniers sont
jeunes, bien entendu. Je dois ajouter que, ne possédant pas d'étuve, j'ai
toujours opéré à la température de l'air ambiant (i).
» En tout cas, l'expérience que M. Pasteur oppose à ces dernières serait
bien uicomplète. Il nous a dit à la séance comment il croit que son ballon
(i) Comme je l'ai dit déjà pour les semis de spores de Penicilliinn, mes (laçons élaii iit
tenus couchés, et ils étaient agités queliiuelois pendant le jour. J'ai dit également que les
bouchons ne doivent être employés (ju'un mois ou six semaines après leur coction, a(iu
19G..
( i5i6 )
a été fécondé; mais il ne nous a pas fait connaître comment se pratique la
cueillette du Pénicillium dans son intérieur, ni comment on transporte les
spores, en les lenmit à l'abri île Pair ordinaire^ dans les flacons à ensemencer;
car il est évident, d'après le nouvel avis de M. Pasteur, que si les spores du
Pénicillium, qu'il dit venu dons Vair pur (nous savons à quoi nous en tenir
à cet égard), ne sont |)as transportées, à l'abri des poussières de l'air, dans
les flacons à ensemencer, tout ce qui aura pu être fait antérieurement pour
obtenir la pureté du Pénicillium est rendu inutile. Si M. Pasteur n'a rien
exprimé à ce sujet dans sa Noie du 1 5, c'est que vraisemblablement il
n'avait rien à en dire.
» Ma réponse à sa première Note du 22 a engagé M. Pasteur à introduire
dans sa seconde Note du même jour la phrase suivante (p. i445) :
« t'^nfin, rien de plus facile que de faire traverser le ballon par un courant d'air pur, et
de placer la ninisissui-e en contact avec autant d'air qu'on peut le désirer. >>
» (k'tte phrase ne dit pas que M. Pasteur l'ait pratiqué. Nous savons par
ce qu'il nous a dit verbalement le 1 5 que cela n'est pas. Et d'ailleurs l'eût-il
fait que le courant d'air pur n'aurait pas purgé le Pénicillium de son
origine vicietise puisée dans l'air ordinaire, qui contient, d'après M. Pas-
teur, beaucoup d'autres germes qui ont dû entrer dans son appareil avec
les prétendues spores du Pénicillium.
» M. Pasteur termine sa seconde Note du 22 en disant (p. i445) •'
a Les critiques de M. Trccul sont donc sans fondement. »
» Il semble, en vérité, que M. Pasteur juge bien peu attentifs les lecteurs
des Comptes rendus, pour croire qu'ils ne s'apercevront pas qu'en réalité il
n'a rien discuté, rien réfuté du tout de mes divers argutnents.
» C'est avec de pareils résultats que l'on prétend combattre les miens,
qui sont hors de doute, parce que l'on voit les spores vertes du Pénicillium
grossir, perdre graduellement leur couleur et enfin bourgeonner; et cela
que la dessiccation achève de tuer les mycéliums que le liège a protégés. Je dois rappeler à
cet égard que, dés i868, j'ai anuiincé que de tels bouchons bien secs ne donnent pas do vé-
gétation ; au conliaire, ,ç/ o// tes emploie imniédintcmeiit aprcx leur coction, ils se couvrent,
sur leur lace interne, d'une couche de iilauients mycéliens, qui se répandent dans le li(|uide
(]ui a élé introduit bouillatit dans les flacons, tandis que, et cela est bien singulier, il ne s'en
développe pas ordinaireincnl, ou seulement quelques fdaments, sur les bouchons des flacons
qui ont reçu du moût refroidi. Ci's mycéliums appartiennent au Mucnr ou au Pénicillium,
ou l)ii u à l'un et à l'autre à la fois. Ils ne déterminent pas de fermentation, car il n'y a ])as
d'effervescence à l'ouverture des flacons (voir t. LXVII, p 364). L'Académie peut juger par
là (]ue tous ces phénomènes ont été soigneusement analyses par moi, et que je n'annonce pas
de résultats qui n'aient été bien contrôlés.
( i5.7 )
peut s'accomplii' à lo ou 12 degrés, c'est-à-dire à une température à la-
quelle je n'ai jamais vu naître de levure de bière spontanée dans mes
flacons.
» Comme M. Pasteur nie celte transformation, j'ai cru pouvoir lui de-
mander s'il connaît, dans l'atmosphère, des germes verts de la levure de
bière qui ne soient pas des spores de Pénicillium. Cela ne veut pas dire
assurément que le Pénicillium glaucum soit le seul champignon qui pos-
sède des spores vertes, ni même que le Pénicillium soit le seul champignon
qui puisse produire de la levure alcoolique, attendu que, dans l'esprit de
M. Pasteur, qui n'admet pas les transformations, de tels germes ne pour-
raient appartenir à un autre champignon que la leviire elle-même.
» Avant de quitter ce sujet, je dirai que, bien que divers champignons
soient susceptibles d'engendrer de la levure alcoolique, je n'en suis pas
moins convaincu que le Pénicillium glaucum constitue la levure de bière
employée dans nos brasseries.
» Dans la séance du 22 décembre, M. Pasteur ayant cru devoir procla-
mer de nouveau, dans sa courte Note, que les matières albuniinoïdes de
l'organisme ne sont pas susceptibles de donner naissance, par voie de gé-
nération dite spontanée, à des ferments organisés, à des Mycoderma ou
autres moisissures, j'ai cru devoir, à mon tour, opposer à l'opinion de
notre confrère les expériences de MM. Wyman, îl. Hoffmann et Charlton-
Bastian. J'avais l'intention d'ajouter une expérience de M. Pasteur, qui,
suivant moi, conduit aux mêmes conclusions; je demande donc à l'Aca-
démie la permission de la rappeler.
» A la page 85 1 du tome L des Comptes rendus, M. Pasteur dit qu'un
ballon, dans lequel ou fait bouillir du lait pendant deux à trois minutes,
étant rempli avec de l'air calciné, puis fermé et maintenu à la température
de 3o degrés, après un temps variable, ordinairement de trois à dix jours,
le lait de tous les ballons ainsi préparés se trouve caillé.
« Cependant, ajoute notre confrère, ce lait est aussi alcalin que le lait frais et, d'autre
part, ce qui ferait croire aux générations spontanées (c'est toujours M. Pasleur qui parle),
ce lait est rempli (Viiifiisoires, le plus souvent de vibrions .... »
)) Ce n'est pas tout, M. Pasteur aurait reconnu qu'il est facile de com-
nuiniquer à de l'eau sucrée albumineuse la propriété que possède le lait de
donner des infusoires, en présence de l'air rougi, après une ébullition à
100 degrés. Il suffit d'ajouter un peu de craie à la liqueiu- avant l'ébuUi-
tion. Au bout de quelques jours, cette liqueur se trouble et se trouve rem-
plie d'infusoires.
( '5. H )
» L'altération est tout à fait mille si l'ébullition de cette eau albnmi-
neuse alcaline on celle du lait a été faite de i lo à i ta degrés.
» M. Pasteur en conclut que :
« C'est évidemment que ta fécondité des germes des vibrions n'est pas entièrement dé-
truite, mcmc au sein de l'eau, à une température de loo dej;rés, qui dure quelques mi-
nutes ; qu'elle l'est davantage par une ébullition plus ])rolongée à cette température et
qu'elle est supprimée entièrement à i lo ou 112 degrés. "
w Ainsi, des germes qui, d'apiés jVF. Pasteur et aussi d'après MM. Pou-
chet, Wyman et Charlton-Bastian, sont tués à 55 ou 60 degrés et perdent,
par conséquent, leur faculté reproductrice, ne seraient pas tués, d'après
le même M. Pasteur, à 100 degrés, i)ar cela senl que le liquide est natiu-el-
lement alcalin, comme le lait, ou parce que l'on a projeté un peu de craie
dans la liqueur avant l'ébullition.
» Assurément c'est là une hypothèse inadmissible. Il est bien pins vrai-
semblable que la coction modiSeTun des principes immédiats du liquide
albumineux, et finit par lui enlever, vers 110 à i la degrés, la faculté que
jusqtie-là il avait pu conserver. Si l'addition d'une substance alcaline a
une influence réelle, ne serait-ce pas plutôt en favorisant certaines affinités
susceptibles de déterminer les mouvements moléculaires nécessaires à la
formation des vibrions observés. D'autre part, ces vibrions ne doivent pas
être plus délicats que leurs prétendus germes, en admettant pour un in-
stant avec M. Pasteur l'existence de ceux-ci. Si ces vibrions sont tués,
comme d'habitude, à 55 ou 60 degrés, n'est-il pas vraisemblable que
leurs germes ne sauraient guère supporter une température plus haiile,
attendu que ces germes ne peuvent être représentés dans l'atmosphère que
par les petites cellules desséchées de ces vibrions ?
» L'Académie le voit, là encore tout semble attester la production de
ces vibrions du lait, etc., qui a bouilli, par l'hétérogénèse, de mêine qu'il
naît des êtres vivants analogues dans les liquides qui ont subi la tempéra-
Itire de 100 degrés tians les appareils de ?ilM. Wyman, Tl. Hoffmann et
Charlton-Bastian.
)) C'est donc en vain que M. Pasteur refuse d'admettre l'existence de l'hé-
lérogénie; elle s'impose aux observateiu's sérieux. Il est ime expérience
bien connue des micrographes, de laquelle on ne parle pas assez, à mon
avis. Elle consiste à mettre sur un porte-objet une toute petite goutte de
liquide tenant tine matière plastnatique en dissolution, à couvrir d'une
ItitMelle de verre et à voir ce qui survient dans celt(; mince couche de li-
quida filtré avec soin.
( '5.9 )
'> Cette fxpérience a été décrite de nouveau, dans ces dernières années,
|)ar M. Charlton-Basiian, qui l'a exécutée dans une chambre chaude {Hfe-
hox) à la lenipératnre de 29 à Sa degrés. Il en donne les résnitats à peu
près en ces termes :
'< On observe l'apparition de poinls presque sans mouvement, plus ou moins uniformé-
ment répandus dans le liquide immobile, et l'on voit ces points se développer graduellement
en bactéries mobiles ou en Torulœ ; de sorte que, où il n'existait aucun germe visible, appa-
raissent des jiarlicules visibles de matière vivante, qui croissent plus ou moins rapidement
en bactéries, etc. » [The modes of origine of lowcst urgaiiisins, p. Sa.)
» J'ai fait plusieurs fois cette expérience, mais dans des conditions plus
défavorables, sans le secours d'une chambre chaude, en mettant tout sim-
plement le porte-ohjel sur un support placé dans une soucoupe contenant
d:^ l'eau et renversant un verre à boire par-dessus, A cause de l'imperfec-
lion de cet appareil, je n'en ai jamais rien dit, mais je me suis convaincu de
l'exactitude du résultat, qui ne permet p;is de douter de la réalité de l'hé-
térogénèse, ou, comme dirait M. Charlton-Bastian, deiarcliebiosis (com-
mencement de vie).
» M. Pasteur termine sa Note du i5 décembre en rappelant ses travaux
en général et, en particulier, ses perfectionnements pour la conservation
des vins et pour la fabrication de la. bière et du vinaigre. Je n'ai point la
pensée de vouloir déprécier les services que M. Pasteur peut avoir rendus
dans ces voies diverses; mais ce qui nous préoccupe avant tout ici, c'est
l'origine des levures. Il n'est pas douteux qu'à cet égard notre confrère
n'est pas plus avancé qu'à son début, il y a dix-sept ans, puisqu'il cherche
encore les germes des différentes leviires. S'il a fait faire quelques progrès
à la fabrication ou à la conservation des boissons, c'est que ces améliora-
tions étaient possibles sans que leur auteur eût une connaissance exacte de
la nature des êtres sur lesquels il opérait. »
Réponse de M. Pastecu à M, Trécul.
« M. Trécul a rouvert la discussion par une lecture de huit pages,
portant exclusivement sur le Pénicillium ijlaïuiim et le M-ycodeinm vini.
» J'ai accepté le débat sur ces deux productions. J'entends l'y main-
tenir, en ce qui me concerne.
» Par un dispositif qui m'est propre, décrit par moi de vive voix dans
la séance du i5 décembre, j'ai obtenu des résultats tout autres que ceux
qui ont été annoncés par M. Trécul (i). Je ne me suis pas arrêté là : j'ai
(i) Déjà, en 1861, j'ai publié des résultais id<nliqii(s devant la Société |)liilon)alliiqnc
(voir le Bitlletiit de cette Société).
( iSao )
reproduit les observations de M. Tréciil en employant la manipulation
même qu'il a décrite, mais en me servant du Pénicillium pur, c'est-à-
dire en éloignant les causes d'erreur que je reproche aux observations de
notre confrère. Ici encore, mes résultats ont été tout autres que ceux de
M. Trécul.
» Enfin je me suis donné la peine d'apporter, en séance, à M. Trécul
des flacons préparés comme il l'indique. M. Trécul a refusé de les em-
porter pour les observer à loisir.
» Dans cet état de clioses, dont je prends acte devant l'Académie, je
déclare que je ne répondrai plus à M. Trécul tant qu'il n'aura p;is, soit
seul, soit avec l'aide de M. Fremy :
M i'^ Reproduit mes expériences, au sujet desquelles je lui offre toutes les
explications, verbales ou écrites, qu'il pourra désirer;
» 2° Refait ses propres expériences en éloignant les causes d'erreur que
j'y ai signalées.
» Plus tard, j'examinerai, s'il y a lieu, les travaux étrangers dont
M. Trécul a parlé. Quant à présent, je me borne aux sujets sur lesquels il
a plu à notre confrère de rouvrir le débat, et j'entends, comme c'est mon
droit, y fixer la discussion de la manière la plus stricte.
» C'est le seul moyen de ne pas permettre qu'elle s'égare. Du reste, au
point où nous en sommes, je rue sens autorisé à déclarer que l'accueil fait
à mes travaux et les soins que je leur consacre me font un devoir d'en
poursuivre les conséquences et le cours, laissant à chacun à les apprécier
selon ses lumières et selon son gré. Le temps les jugera. »
M. E. CossoN fait hommage à l'Académie d'un Mémoire intitulé : « Spe-
cies nova? maroccanac » . (Extrait du Bulletin de la Sociclé botanique de France.)
N03iINATI0NS.
L'Académie procède, par la voie du scrutai, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section d'Astronomie, en remplacement de feu Encke.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 3g,
M. Jjockyer obtient 35 sidfrages.
M. Newcomb a »
M. Warren de la Rue i »
H y a un billet blanc.
M. N. LocKVER, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
( 1021 )
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant, pour la Section d'Astronomie, en remplacement de
feu l'amiral Snijlli.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Roche obtient 89 suffrages.
M. Tisserand 5 »
M. Newconib i »
M. Warren de la Rue i u
M. Roche, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
aiÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Essai théorique sur V équilibre d^ élasticité des
massifs pulvérulents et sur la poussée des terres sans cohésion. Mémoire de
M. J. BoussiNESQ, présenté par M. de Saint-Venant. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Chasles, Bertrand, de Saint-Venant.)
« 1. Les milieux pulvérulents, tels qu'un amas de sable sec ou même de
terre fraîchement remuée, dont les diverses parties n'éprouvent, à glisser
les unes sur les autres, d'autre résistance que leur frottement mutuel, sont
susceptibles de plusieurs modes distincts d'équilibre.
» Le seul qui ait été étudié jusqu'ici est Véquilibre limite qu'ils présentent
lorsqu'ils sont sur le point de s'ébouler et que les frottements y atteignent,
par suite, les valeurs les plus grandes qu'ils soient capables de recevoir;
mais il y en a un autre plus important à considérer, c'est celui qui se pro-
duit au sein d'une niasse sablonneuse en repos, soutenue par un mur assez
ferme pour n'éprouver aucun ébranlement. Dans cet état, le seul dont l'in-
génieur ait à s'occuper, parce que c'est le seul qu'd soit chargé de produire
et de maintenir, le frottement mutuel des couches est généralement moindre
que dans le précédent, tout comme, dans lui solide en équilibre d'élasticité,
les tensions restent partout inférieures à celles qui altéreraient d'une ma-
nière permanente la structure du corps; les particules y sont donc moins
retenues par leurs actions mutuelles que dans le cas où le mur de soutè-
nement les fuirait en cédant sous leur pression, et elles exercent, sur ce
dernier, une poussée supérieure à celle qu'indiquent les formules de
C. R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVIl, N" 3C.) I 97
( l522 )
MM. Rankine et Maurice Levy. C'est siirroiit ce genre d'équilibre que
je me propose d'étuclier ici. Je l'appelle équilibre (rélaslicitc ; car je con-
sidère les pressions qui s'y trouvent effectivement exercées comme dépen-
dant des petites déformations qu'éprouverait la masse, supposée d'abord
homogène et sans poids, si elle devenait ensuite pesante comme elle l'est
en effet.
» 2. Les corps dont il s'agit tiennent le milieu entre les solides et les
fluides : tandis que les solides et les fluides, soumis à des pressions varia-
bles depuis zéro jusqu'à des valeurs considérables, opposent à une même
déformation qu'on leur fait subir une résistance constante, finie pour les
premiers, nulle pour les seconds, les milieux pulvérulents, au contraire,
résistent aux changements de forme avec d'autant plus d'énergie, qu'ils
supportent dans tous les sens luie pression moyenne plus considérable ;
fluides tant qu'on ne les comprime pas, ils deviennent en quelque sorte
solides sous pression. Leur coefficient d'élasticité de glissement, ou
coefficient de rigidité [p. de Lamé), au lieu d'être constant comme chez les
solides, nul comme chez les fluides, paraît pro])ortionnel à la pression
moyenne p.
» C'est ce que je déduis en effet des expressions par lesquelles on repré-
sente, dans les corps isotropes, la moyenne des trois forces élastiques prin-
cipales (c'est-à-dire la pression moyenne ^) changée de signe) et aussi les
différences respectives de ces trois forces, en fonction des trois dilatations
principales î),, Jo; ''a- En tenant compte, dans tous les résultats, des termes
affectés des carrés et des-produits deux à deux de ?,, 5n, ?3, puis exprimant
que le milieu considéré, pour des valeurs finies de ?,, Jj, ?,, cesse d'ad-
mettre des forces élastiques tangentielles dès que la pression moyenne p est
nulle, je trouve que les composantes appelées par Lamé N,, No, N3, T,,
To. Tj y ont pour valeurs (tant qu'elles ne dépassent pas certaines limites)
où m est un coefficient positif et constant assez considérable, et où 11, c, îc,
fonctions des coordonnées d'équilibre ce, j, z, désignent les trois compo-
santes du déplacement moléculaire. La même analyse |îrouve que la dila-
tation cubique est en même temps négligeable vis-à-vis des trois dilatations
linéaires dont elle égale sensiblement la somme algébrique, ou qu'on peut
T , , . ,,. .-,.,., du dv dw
admettre la relation d incompressibilité - — h - — I — r- "= o
^ dx dy dz
)) Si l'on joint celle-ci aux trois fonctions qui expriment l'équilibre de
( i52;i )
translalion d'un élément (le volume rectangulaire, on aura les équations
indéfinies nécessaires poin- déterminer les quatre fonctions inconnues
H, i',îv, p. Quant aux conditions spéciales aux surfaces limites, elles re-
viennent: 1° pour les surfaces libres, à exprimer que la pression du massif
sur sa couche superficielle est nulle (car on fait abstraction de la pres-
sion atmosphérique exercée autour de chaque grain sablonneux et qui
n'influe pas sur les actions mutuelles de ces grains) ; 2° pour les parois fixes
(ou faces postérieures des murs de soutènement), à y poser u = o, i» = o,
w = o diins le cas ordinaire où elles sont rugueuses au point d'immobiliser
la couche adjacente du massif, et à dire que la composante normale du dé-
placement et les deux composantes tangentielles de la poussée sont nulles
dans le cas contraire d'une paroi infiniment polie. Je me borne à consi-
dérer ces deux espèces opposées de parois.
» 3. Les intégrations sont faciles quand le massif pesant est limité supé-
rieurement par un plan faisant avec l'horizon un angle donné w, mais indé-
fini dans tous les autres sens. Une telle masse pulvérulente est susceptible
d'une double infinité de modes d'équilibre, suivant les valeurs qu'on
attribue à deux constantes arbitraires introduites par l'intégration. Un sys-
tème quelconque de droites parallèles, situées dans un |3lan vertical per-
pendiculaire à celui (lu talus supérieur, s'y change, par suite des petites
déformations éprouvées, en une famille de coniques concentriques, sem-
blables et semblablement placées, dont les axes ont les directions des bis-
sectrices des quatre angles que forme une verticale avec le profil du talus
supérieur. Ces coniques deviennent des cercles de très-grand rayon pour
les lignes parallèles au talus; elles se réduisent même toutes à de simples
droites parallèles, quand l'une des deux constantes arbitraires, c, est nulle :
alors les différentes parties du massif éprouvent exactement les mêmes dé-
formations.
» Le cas particulière ■= o, qui comprend une infinité de modes d'équi-
libre, puisqu'il y subsiste encore une constante arbitraire, est le seul pour
lequel les conditions relatives à une paroi, rugueuse ou polie, se trouvent
vérifiées en tous les points d'une surface. Celle-ci doit même, à cet effet, se
réduire à un plan coupant le talus supérieur suivant une horizontale; mais,
quelle que soit la direction d'un tel plan, on peut déterminer la constante
disponible de manière à vérifier dans toute son étendue les conditions aux
parois. Ainsi, parmi tous les modes possibles d'équilibre du massif indéfini,
il y eu a un et un seul qui, supposé préalablement établi, subsistera si la
matière comprise d'un c(jlé du plan considéré devient un mur ayant ce plan
197-
( i524 )
pour face postérieure. C'est naturellement ce mode d'équilibre qui doit se
produire lorsque le mur dont il s'agit existe effectivement, et Userait d'ail-
leurs le même pour deux directions rectangulaires de ce mur.
» Quand, en particulier, le mur de soutènement a une face postérieure
rugueuse, inclinée sur la verticale d'un angle que nous appelons s, ou sous
l'horizontale d'un angle s, le tassement du massif se fait par déplace-
menls parallèles à la face considérée, et qui valent, pour chaque particule,
le produit de sa distance à cette face par le facteur constant -, ;•
I ' m cos(w — 2 s)
Quant à la poussée exercée sur la même face à «la distance T. de son bord
supérieur, l'angle ip,, qu'elle fait avec le prolongement de la normale à la
face considérée, et la valeur R qu'elle a par unité d'aire résultent des for-
mules
sinw R cos(6) — s) cos '&> — 2e)
OT' COs(w — 2s) pgL C0S2(w — eJCOSç»,
où pg désigne le poids de l'unité de volume du massif.
» 4. Mais je n'ai pas tenu compte, dans ce qui précède, des limites d'é-
lasticité de la matière pulvérulente. Or, de même que, après avoir résolu
le problème de l'équilibre d'un solide soumis à des forces données et sup-
. posé parfaitement élastique, on exprime que la plus grande dilatation en
chaque point doit rester inférieure à la valeur pour laquelle les déforma-
tions commenceraient à avoir une partie permanente sensible, de même il
faut exprimer ici que la plus grande dilatation linéaire éprouvée aux divers
points du massif atteint tout au plus la valeur maxinia qui ne peut être
dépassée sans qu'un éboulement soit à craindre. Les corps pulvérulents
sont dénués de cohésion, c'est-à-dire incapables de transmettre des ten-
sions, et la dilatation la plus grande, à l'état élastique, doit j)our ce seul
fait y rester toujours inférieure au rapport — -• La limite d'élasticité, étant
, I ... 1 r sin<p , , ,
ainsi moHiiIre que — > peut toujours être mise sous la forme — îj ou a de-
^ 2 m ' •* 2.m '
signe un angle, caractéristique de chaque espèce de matière, que l'expé-
rience sera appelée à déterminer entre zéro et go degrés, et qui n'est autre
que l'angle dit de froltemenl ou de terre coulante.
» Une première conséquence de la nouvelle condition imposée à l'équi-
libre est de faire annuler la constante c, c'est-à-dire de réduire tous les
modes d'équilibre du massif indéfini à ceux qui conviennent à un massif li-
mité par un mur plan; mais, en outre, les modes d'équilibre subsistants.
( i525 )
qui dépendent alors d'un seul paramètre, £ par exemple, ne restent pos-
sibles qu'autant que
9/ \ _ sin'u
COS''( w — 2£)Ç ■ , •
^ '> sin'f
» Leur nombre, illimité tant que l'inclinaison w du talus sur l'horizon
est nulle, devient de plus en plus restreint à mesure que cette inclinaison
grandit en valeur absolue ; il se réduit à un seul quand elle atteint la valeur
absolue 9, et à zéro pour les valeurs de w prises en dehors des limites ± 155.
)) Ainsi s'explique, dans cette théorie, l'impossibilité qu'un massif pul-
vérulent se soutienne sous un angle supérieur à celui de la terre coulante;
mais celle même théorie indique de plus que, si le massif, au lieu d'être in-
défini, est limité d'un côté par un mur rugueux foisant un angle £ avec la
verticale, l'inclinaison « du talus supérieur ne pourra pas même atteindre
en général les valeurs extrêmes ± (jj (du moins tout près du mur et en
supposant la matière à l'état élastique). Voici, par exemple, pour 9 = 4^ de-
grés et pour diverses valeurs de £, les valeurs extrêmes de u :
O/ Of "/ o/ O/ O f o
Valeurs de s 0.00 10,00 20.00 22. 3o 3o.oo ^0.00 45
35.16 4'''4 44-4*^ 45'Oo 42'22 22.01 o
Valeurs limites de w. 1 _^ ^ „ r 01? / o
( — 35.16 — 2(3.09 — 20.2b — it).20 — 12.22 — 4.00 o
CHIMIE ORGANIQUE.— Recherches sur Visomérie dans les matières albiimindides.
Extrait d'une lettre de M. A. Bécu.»mp à M. Dumas.
(Commissaires : MM. Dumas, Chevreul, Boussingault, Wurtz.)
« Il y a quelques années, pendant que j'étudiais les produits de l'oxy-
dation des matières albuminoïdes par l'hypermanganale de potasse, j'ai
eu l'occasion de déterminer le pouvoir rotatoire de l'albumine du blanc
d'œuf. J'avais trouvé que ce pouvoir, pour la teinte de jiassage, était com-
pris entre [\o et 42 degrés \. Parmi les produits de l'oxydation de cette
albumine se trouvaient des composés à réaction acide, dont les pouvoirs
rotatoires, de même sens que celui de l'albumine, étaient de 4^, 49) 52 et
même 56 degrés. Je vis bientôt queje n'opérais pas sur des matières toujours
identiques, et que le blanc d'oeuf contenait plusieurs substances albumi-
noïdes possédant des pouvoirs rotatoires inégaux. L'albumine soluble pré-
parée par l'élégant procédé de M. Wurtz possède un pouvoir rolatoire
compris entre 3o et 34 degrés, toujours à gauche. Ne pouvant attribuer
une si grande différence à une erreur d'observation, ni à des impuretés,
j'imaginai que, outre l'albumine soluble de M. Wurtz, le blanc d'œuf en
( t526 )
coiUeiiait une autre d'un pouvoir rotatoire plus élevé et de même sens :
c'est, en effet, ce qui a lieu. Quoique la révision des matières albuminoïdes
que j'ai entreprise soit loin de son terme, il s'en dégage pourtant quelques
conséquences qui me paraissent mériter de vous être communiquées.
» Il me semble, si j'ai bien compris votre pensée, que vous n'avez jamais
cessé d'admettre plusieurs espèces distinctes de matières albuminoïdes, la
notion de l'espèce chimique étant conçue selon les idées de M. Chevrenl.
En effet, dans la Statkjue chimique des ëlres organisés, vous avez dit :
« La fibrine, l'albumine, le caséum, etc., présentent une analogie singu-
» lière avec le ligneux, l'amidon et la dextrine. » Or le ligneux, l'amidon
et la dextrine, quoique doués de la même composition, sont bien évidem-
ment des espèces chimiques distinctes. Ces idées, je les avais adoptées et
défendues dans ma Thèse. A la même époque, en i856, Ch. Gerhardt
disait :
« Ces matières possèdent non-seulement la même composition, mais encore la même con-
stitution chimique ; elles ne diffèrent que par leur état physique ou par la nature des sub-
stances minérales avec lesquelles elles sont combinées. >> Il ajoutait : « Il y aurait donc un
principe unique, un acide faible, qui, tantôt sokible, tantôt insoluble (à la manière de
l'acide tartrique anhydre, du chloral, de l'aldéhyde, etc.), constituerait l'albumine, la ca-
séine, la fibrine, suivant qu'il serait ou non combiné avec les alcalis ou mélangé avec des
sels étrangers. Si l'on conserve à ce principe le nom d'albumine, on peut dire que le blanc
d'œuf et le sérum, soUibles et coagulables par la chaleur, sont formés de bialbuminale de
soude; que la caséine du lait, soluble et incoagulable par la chaleur, représente de l'albumi-
nate neutre de potasse, et que la fibrine est l'albumine insoluble ou coagulée, plus ou
moins mélangée de [diosphates terreux. »
» Pour M. Eichwald [Bulletin de la Société citimique, t. XX, p. /^ïl^^, no-
vembre 1873), « les diverses matières albuminoïdes sont encore com-
» posées d'une seitle et même substance, modifiées par des combinaisons
» avec des matières colloïdes ou cristalloïdes. L'albumine du sang serait
» une combinaison d'albumine et de sel marin; par l'action prolongée de
« l'eau, elle se précipiterait à l'état colloïde (syntonine) ou à l'état coagulé.
» La précipitation par la chaleur s'expliquerait par la décomposition de
» la combinaison saline, plus facile à chaud qu'à froid. » Pour M. Soxhlet
[Ibid., p. 4 '5), (c il y a identité absolue entre les albuminates alcalins et la
» caséine. » Selon l'auteur, la caséine et les albuminates alcalins auraient
le même pouvoir rotatoire.
» J'ai toiijoius suj)posé que ces opinions ne reposaient sur rien de solide.
C'est |)our cela que, dans ma Thèse, combattant ces tendances, je disais :
( 15^7 )
« Il y a bien longtemps déjii, M. Biot a montre que l'albumine était lévogyre. Ponr
|)roiivcr que les albiuninoïdes représentent autant de substances identiques ou diffcrenles,
il faudrait prouver que, dans les mêmes circonstances, la fibrine, l'albumine, la caséine et
leurs variétés possèdent le même pouvoir rotatoire avec un ensemble de propriétés com-
munes, ou bien que leurs pouvoirs rotatoires sont différents, ce qui coïnciderait avec les
propriétés diverses qu'on leur connaît déjà. M. Bouchardat nous ])romet cette étude des
pouvoirs rotatoires des albuminoïdes; mais, en attendant que ce travail d'ensemble, qui
conduira à la solution du problème, soit fait, mieux vaut encore supposer que tous les
produits désignés sous le nom collectif à' albuminoïdes sont différents, que de venir hâtive-
ment les considérer comme une même substance. » J'ajoutais : « Considérés au point de vue
anatomique, les principes albuminoïdes sont nécessairement différents : l'albumine du sérum
n'est pas celle du blanc d'oeuf, la fdjrine du sang n'est pas la fibrine musculaire, u
)) Je me crois en mesure de démontrer chimiquement ce que, en i856,
je considérais comme démoniré analomiqiiement. Jusqu'ici, sauf M. Wtu'tz
■pour l'albumine soltible, on n'a réellement étudié que des mélanges, et
l'histoire des albuminoïdes est complètement à refaire. Il n'est que juste
de faire remarquer que M. Wurtz, dans son travail sur l'albinnine soluble
(1844)) s'était déjà élevé contre l'opinion que l'albumine ne devait sa solu-
bilité dans l'eau qu'aux alcalis ou à la présence de divers sels. Il avait
également fourni des preuves que l'albuminale de potasse ne saurait être
confondu avec la caséine. L'illustre chimiste avait noté, en outre, que le
sérum du sang ne fournissait pas l'albumine soluble par le procédé qui
permet de préparer si aisément celle du blanc d'œuf. N'étaient-ce pas là,
déjà à cette époque, autant de motifs pour engager à ne pas confondre
l'albumine de l'œuf avec celle du sang et, a fortiori, avec la caséine? Mais
il est inutile d'insister davantage. J'espère apporter à l'appui de vos pen-
sées et des expériences de M. Wurtz des preuves qui convaincront les plus
incrédules.
» Je ne peux pas, dans cette Lettre, décrire les procédés de séparation
et d'observations que j'ai ap()liqués ; je me bornerai à énumérer les diverses
substances que j'ai isolées et à donner le pouvoir rotatoire qui les carac-
térise individuellement comme espèces, les distinguant absoliunent les unes
des autres. C'est de la discussion de ces pouvoirs rotatoires et de la compo-
sition élémentaire des substances qui les possèdent que se dégagera la no-
tion juste du vrai caractère de l'isomérie dans les matières albuminoïdes.
H Blanc d'œuf de jioute. — Outre l'albumine soluble de M. Wuttz, le
blauc d'œuf en contient deux antres, également solubles dans les mêmes
conditions que celle-là, et dont l'une est une zymose capable de convertir
l'empois de fécule en fécule soluble, mais sans formation de dextrine et, à
{ i528 )
plus forte raison, de glucose. La zymose du blanc d'œuf, outre son pou-
voir rotatoire très-élevé, se distingue encore des deux autres en ce qu'elle
reste soluble dans l'eau après avoir été précipitée par l'alcool. Les pouvoirs
rotatoires ont été déterminés à l'aide du saccharimètre de Soleil :
Albumine soluble de Wuitz. . . [«],= 33°, i ^ Dans l'eau.
a ... [a]; := 32», 7 \ Avec addition d'acide acétique.
s ... [a]y=: 34°,4\ Avec addition de carbonate de soiide.
Autre albumine soluble [a]y= 53°, 6 'Si^ Dans l'eau.
Zymose du blanc d'œuf [a]y =: 7o°,8 '^ Dans l'eau.
» Jaune d'œuf de poule. — Le jaune d'œuf de poule contient naturelle-
ment un produit de nature aibuniinoïde et insoluble que je considère
comme organisé; il constitue la plus grande partie de la vitelline que vous
avez analysée. Débarrassé de tout ce qui l'accompagne dans le jaune, il
fluidifie l'empois malgré son insolubilité dans l'eau, et est capable d'agir
comme ferment organisé : ce sont les microzyma du jaune d'œuf. En outre,
il y a dans le jaune deux autres matières albuminoïdes qui sont solubles
dans l'eau : l'une devient insoluble après sa précipitation par l'alcool, je
n'ai pas encore pu déterminer son pouvoir rotatoire; la seconde reste so-
luble dans l'eau après sa précipitation par l'alcool, et elle agit comme
zymose sur la fécule, mais sans la saccbarifier : je la nomme lécilhozymose.
Lécithozymose [a]/ = 46°,5^^ Dans l'eau.
» Matières albuminoïdes du lait de vache. — On était indécis sur la ques-
tion de savoir si le htit contient ou non, outre la caséine, quelque autre
matière albuminoïde : il y en a deux, dont une zymose, qui reste soluble
dans l'eau après sa précipitation par l'alcool. J'ai déterminé le pouvoir
rotatoire de la caséine, de l'albumine et de la zymose du lait, en me ser-
vant de l'appareil de Soleil ;
Caséine du lait caillé,- , . [a]y = 1 1 1°, 7 \ Dans le carbonate de soude.
» du lait frais [«]/ = ' 09°> 7 \ "
Caséine de fromage de Munster (Alsace) [o.]j = io8'',9 'Sj »
» de caillette d'agneau [«]y= 102°, 2 'S^ »
» de lait frais ["]/= ^o^jO^S^ Dissolution dans l'acide acétique.
Lactalbumine 1"]/= 64°,8%j| Dans le carbonate de soude.
« [a]y = 54°, 5 \ Dans l'acide acétique.
Galactozyraose [a]j = ^0°, 7 '^^ Dans l'eau.
» Protéine de blanc d'œuf. — J'ai préparé la protéine avec le blanc d'œuf.
( '529 )
La matière se dissout aisément dans une dissolution de carbonate de soude
et dans l'acide acétique. Les dissolutions étant colorées en jaune assez in~
tense, je me suis servi de l'appareil de M. Cornu pour mesurer la déviation
qu'elles impriment au plan de polarisation :
Protéine dans le carbonate de soude [«1; = 36°, 6 ^
» dans l'acide acétique [a], = 26°, 3 'S^ .
» Albumine du sérum du sniig. — On ne connaissait point l'albumine du
sang à l'état soluble; j'ai réussi à l'isoler. L'albumine du sérum du sang de
bœuf n'est pas non plus luiique. Jusqti'ici j'en ai isolé une, dont le pouvoir
rotatoire est presque le double de celui de l'albumine soluble de M. Wurtz,
et une autre qui se comporte comme luie zyniose, c'est-à-dire qui est so-
luble dans l'eau, après sa précipitation par l'alcool, et qui fluidifie l'empois
de fécule sans le saccbarifier.
» Tels sont, Monsieur, les résultats les plus nets que j'aie obtenus jus-
qu'ici. L'espace me manque potu" les discuter, et pour les mettre en regard
des travaux allemands; mais il n'est plus possible de soutenir qu'un prin-
cipe unique, combiné ou mélangé avec des substances diverses, alcalines,
acides, colloïdes ou cristalloïdes, constitue les substances que l'on appelle
albuminoïdes.
a Les pouvoirs rotatoires de la plupart d'entre elles, toutes choses
égales d'ailleurs, sont si différents qu'aucune cause d'erreur ne pourrait
expliquer pourquoi la caséine a un pouvoir rotatoire trois fois plus grand
que celui de l'albumine soluble de M. Wurtz et deux fois plus grand que
celui de l'autre albumine du blanc d'œuf. »
M. DcMAS, après avoir donné connaissance à l'Académie de cette Lettre
très-intéressante, ajoute que, dans quelques recherches sur le lait de
vache, dont il s'est occupé cette année, il a constaté, comme M. Béchamp,
mais par d'autres moyens, la présence dans ce lait de trois matières albu-
minoïdes distinctes, le caséiim, toutefois, demeurant très-prépondérant
par sa quantité relative.
CHIMIE ANALYTIQUE, — Action de l'eau sur le plomb laminé. Note
de M. H. aiARAis. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Dumas,
Balard, Peligot, Wurtz, Belgrand.)
« L'acide sulfhydrique est le réactif le plus sensible : en prenant certaines
précautions, il peut déceler un cent-millième d'un sel soluble de plomb.
G. R., 1873, 2» 5em«tre. (T. LXX.V1I, N» 2G.) '9^
( i53o )
Son action n'est pas troublée par la présence de matières organiques mé-
langées aux liqueurs plombifères; c'est ainsi qu'il accuse très-nettement
un dix-millième de plomb dans des liqueurs sucrées, salées, mélangées de
bouillon gras, etc. Il donne une réaction particulière avec le lait : du lait
contenant un demi-milligramme de plomb par litre est coloré en rose chair
par l'hydrogène sulfuré; la réaction est encore sensible lorsqu'il n'en con-
tient qu'un dix-millième.
» L'acide sulfurique est aussi un excellent réactif du plomb. Il peut
accuser un dix-millième dun sel soluble de ce métal.
» Le chromate de potasse vient ensuite; puis, en dernier lieu, l'iodure
de potassium, qui est le réactif le plus susceptible d'occasionner des erreurs.
Contrairement à ce qui a été avancé, il n'accuse point un dix-millième de
plomb, quel que soit l'état de dilution auquel on l'emploie; sa limite de sen-
sibilité est un demi-millième. En outre, si l'on opère avec des liqueurs
acides, il arrive que l'on obtient un précipité d'iode ou bien des colorations
jaunes plus ou moins foncées, toutes choses qui peuvent induire en erreur.
» L'opinion la plus accréditée, en France et en Angleterre, est que l'eau
potable n'attaque pas le plomb. On a dit que la présence d'une petite pro-
portion de sels calcaires, carbonates ou sulfates, suffit pour empêcher
toute action dissolvante, ou tout au moins pour la limiter : nous ne crai-
gnons pas d'affirmer que cette opinion est erronée. En mettant en contact
des rognures de plomb avec de l'eau potable, qui se trouble par l'ébuUition
et contient un excès de carbonate et bicarbonate calcaires, on peut con-
stater, au bout de trois jours seulement, la présence d'une fine poussière
blanche, qui se caractérise nettement comme étant du carbonate de plomb.
L'acide sulfhydrique n'accuse point la présence du plomb dans l'eau trans-
parente qui surnage; mais, au bout de vingt jours, ce réactif communique
à l'eau une teinte appréciable.
» L'eau potable, chargée d'acide carbonique sous pression, et dans la-
quelle on laisse séjourner quelques rognures de plomb laminé, dissout une
quantité de plomb qui, dosé à l'état de sulfure, représente 6 mil/'ujrammes
de métal par demi-litre d'eau gazeuse. Dans ce cas, il ne s'est formé aucun
trouble dans l'eau en expérience : le sel de plomb formé était dissous.
» La filtration d'une eau plombifère sur une couche de braise de bou-
langer, grossièrement pulvérisée, suffit pour enlever le plomb dans une so-
lution qui en contient même i décicjramme pat litre. Toutefois, nos expé-
riences sur ce sujet ne sont pas encore assez nombreuses pour que nous
puissions garantir la constance de ce résultat. »
{ i53f )
BOTANIQUE. — Organocjénie comparée de l'androcée dans ses rapports
avec les nffinilés naturelles; par M. Ad. Chatin,
(Renvoi à la Section tle Botanique.)
« Les affinités naturelles des plantes sont l'un des points que j'ai eu
pour objet d'éclairer, en me livrant depuis de longues années aux études
organogéniques dont je me propose de soumettre à l'Académie les résultats
généraux.
« I. La classe des Éricoïdes se compose des Éricacées et des Épacri-
dées, familles dont tous les botanistes admettent les grandes affinités.
Cependant M. Payer indique les deux verticilles staminaux de V Erica
comme se produisant dans l'ordre centripète, les étamines opposées aux
sépales étant, selon lui, placées sur un cercle plus extérieur que celui qui
passerait par les étamines oppositipétales. Or, le contraire ayant lieu pour
VEpacris, dont les étamines premières nées forment le verlicille le plus
intérieur, quoique aussi opposé aux lobes du calice, il s'ensuivrait que
les Éricacées et les Épacridées n'appartiendraient pas au même type floral
et seraient, à tort, réunies dans la même classe. Dans celte hypothèse, les
Éricacées seraient aux Épacridées ce que sont, d'après mes observations
publiées depuis plus de quinze ans, les Limnanthées aux Géraniacées; mais
il n'en est rien : \eKalinia, le Rhododendruin, le Vaccinium, VEricn lui-même
observé par M. Payer, ayant bien en réalité, comme VEpacris, le verticille
interne des étamines placé, non devant les pétales, mais devant les sépales.
La différence essentielle, quant à l'androcée, entre VErica et VEpacris,
consiste en ce que dans celui-ci les étamines oppositipétales et dernières
nées passent à l'état de staminodes, comme le verticille correspondant dans
VErodium. C'est d'ailleurs ce même verticille qu'atteint, dans l'^za/ea, un
avortement complet; du reste M. Payer, qui attribue à VEpacris cinq éta-
mines seulement, savoir l'androcée de VJzalea, a Irès-bien vu et figuré
dans cette plante le verticille oppositipétale, d'abord semblable en tout au
verticille correspondant des Éricacées à deux rangs d'étamines fertiles.
» Étant d'ailleurs donné ce fait, très-général, que Tavorlement, même
congénital, du verticille d'étamines dernier né chez des plantes voisines
n'implique aucunement un changement de type et est même toujours à
prévoir, il en résulte que les Épacridées et les Éricacées doivent rester
rapprochées les unes des autres.
» IL Des botanistes distingués rapprochent les Térébinthinées des Lé-
gumineuses ; d'autres les tiennent pour voisines des Rutacées ; c'est même
198..
( i532 )
dai)s une classe commune qu'Endlicher et M. A. Brongniart réunissent
celles-ci. L'organogénie appuie à un haut degré ce dernier rapprocliement,
auquel elle ajoute un caractère important.
» C'est un fait général, d'après mes observations, que, dans toutes les
Légumineuses, la formation de l'androcée est centripète. Si l'espèce est
diplostémone, ce qui est le cas ordinaire, on constate que le verticille
opposé aux sépales apparaît le premier, et, fait assez rare dans les plantes
dicotylédones, est très-certainement plus extérieur que le verticille opposé
aux pétales. Or cet ordre déposition de l'androcée diplostémone, général
dans les Monocotylédones, est assez exceptionnel chez les Dicotylédones
pour donner aux gioupes qui le présentent un caractère très-spécial. J'ai
autrefois indiqué ce type floral dans les Limnanthées et montré dés lors
que ce petit groupe naturel, d'abord réuni aux Géraniacées par R. Brown,
doit en être définitivement séparé*-
» Parfois assez difficile à voir dans quelques Légumineuses pour avoii-
échappé à M. Payer, la symétrie vraie de l'androcée de ces plantes peut
être Irès-nettement observée dans les Cassici, Cercis, Coroni.lla^ Lalhyrm et
Pisiun; elle se maintient longtemps dans la préfloraison, poui' s'effacer plus
ou moins complètement au moment de l'anthèse.
» C'est encore dans l'ordre centripète que se produisent les étamines
dans les Acacia polystémones, dont l'androcée est d'ailleurs comparable,
par le grand nombre de ses éléments et son évolution, à celui des Rosi-
nées, classe voisine.
1) Tout autre est le cas des Térébenthinées. Ici, en effet, la formation
de l'androcée est toujours et très-nettement centrifuge; qu'on suive la
production de cet appareil dans V Ailantlius ou le Connarus^ dans VAna-
cardium ou le Balsamodendwii, et l'on constatera que toujours le verticille
opposé aux sépales, celui-là même qui se trouve le plus extérieur dans les
Légiunineuses, est, au contraire, placé ici sur un cercle inscrit à l'intérieur
de celui qui porte les étamines opposées aux pétales. C'est bien toujours,
dans les Térébenthinées, comme chez les Légumineuses, comme dans les
Géraniacées et les Limnanthées, le verticille oppositisépale qui naît le pre-
mier; mais chez les Térébenthinées, comme chez les Géraniacées vraies,
ce verticille est intérieur : donc l'évolution y est centrifuge et non centri-
pète, comme dans les Légumineuses et les Limnantliées.
» On avait été trompé sur l'ordre de position [)ar cette circonstance que,
dans les deux types, ce sont les étamines opposées aux parties du calice
qui apparaissent les premières.
( i533 )
» Mais, si le type .symétrique de l'aiidrocée écarte les Térébinthacées
des Légumineases, il cimente l'union déjà opérée par d'éminents bota-
nistes, d'après les caractères morphologiques, entre ces plantes et le groupe
important des Rutacées ; d'autre part, l'évolution centripète, commune
aux Légumineuses polystéiuones et aux Rosacées, est une analogie de plus
entre ces grou[)es natiu'els.
» III. Les Dilléniacées forment un groupe de plantes diaiypétales à type
polystémone, toujours rapproché, quoique à des degrés variables, des Re-
nonculacées, des Magnoliacées et des Anonacées. Or il est digne de re-
marque qu'entre toutes ces familles polystémones, les Dilléniacées pré-
sentent seules l'évolution centrifuge dans leur androcée, dont, par suite,
les étaraines premières nées sont dans le voisinage du pistil, les dernières
étamines produites occupant, au contraire, la portion du réceptacle la plus
voisine de la corolle.
» Les Dilléniacées présentent en outre ce caractère, que leurs étamines,
au lieu de se produire d'abord sur toute la circonférence du réceptacle,
commencent leur évolution sur des points donnés, et ici alternipétales, pour
de là s'irradier, en se multipliant, vers la portion inférieure du torns.
» Si ces deux caractères, naissance centrifuge en même temps que
procédant de points d'abord isolés et définis, distinguent nettement les
Dilléniacées des familles polystémones, auxquelles elles tiennent d'ailleurs
(aux Renonculacées surtout) par des caractères importants, ils établissent,
au contraire, un point de contact entre elles et d'autres familles de plantes
diaiypétales, avec lesquelles on trouverait d'ailleurs aisément quelques
autres rapports, savoir les Clusiacées, Hypéricinées, Ternstrémiacées,
Liliacées, Malvacées, grande association que relie, outre d'importantes
analogies morphologiques, l'évolution centrifuge des étamines, et leur
naissance procédant de points en nombre défini.
» IV. Si, par leur androcée à évolution centrifuge et procédant de
points isolés, les Dilléniacées font tache au milieu des Magiiolinées et des
Renonculinées, il n'en est plus ainsi des Berbérinées, qui toutes, Berbé-
ridées, Lardizabalées et Méuis[)ermées, d'ailleurs intimement unies par
leurs sépales et pétales bisériés, ne le sont pas moins, entre elles d'abord,
avec les Renonculacées ensuite par la symétrie et l'évolution de l'an-
drocée.
» Chez les Berbérinées, en effet, les étamines, le plus souvent sur deux,
parfois sur trois rangs, naissent toujours dans l'ordre centripète, savoir :
le verticille opposé aux pétales externes d'abord, puis le reste successive-
ment et alternativement. Or, cette évolution centripète de l'androcée, ab-
( i534 )
solunient de même ordre que dans les Limnanthées et les Légumineuses,
est, ai-je dit, assez rare dans les Dicotylédones pour bien caractériser les
groupes qui les présentent.
» Mais, en mèuie temps que l'évolution centripète de l'androcée ajoute
aux rapports intimes des Beibéridées, des Lardizabalées et des Méni-
spermées entre elles, elle rattache ces plantes à la classe des Renoncu-
linées. La différence, de même ordre qu'entre les Légumineuses diplosté-
mones et les polystémones, est que dans celles-là les étamines sont en
nombre défini, tandis que chez celles-ci elles sont multiples.
» L'ordre centripète de formation de l'androcée des Berbérinées con-
firme toutes les analogies admises entre cette classe de plantes et celle des
Papavérinées. C'est, en effet, à l'évolution centripète que se rattachent
aussi ces dernières qui, par leurs espèces à étamines eu nombre défini,
tiennent aux Berbérinées, tandis qu'elles touchent aux Renonculacées par
le Papaver polystémone,
» Les Berbérinées et les Papavérinées se rattachent aux Crucifères par
un point, la position alternipétale des étamines du verticille extérieur;
elles s'en écartent par l'ordre de naissance de celles-ci, ordre qui est cen-
trifuge dans les Crucifères. »
VITICULTURE. — N^ote sur les Phylloxéras hibernants; leur agilité, leur réveil
pi oduit artificiellement; par M. Max. Coknu, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
(c Quoiqu'ils demeurent immobiles et sans se développer, les Phylloxéras
hibernants n'ont pas cependant perdu la faculté de se déplacer et de changer
de lieu. Pour voir s'il en était ainsi, j'ai pris un fragment de racine long
de 3 centimètres et large de 5 millimètres, présentant à sa surface une
soixantaine d'individus hibernants; il n'y avait aucun adulte, pas d'œufs
ni d'individus agiles, ainsi que je m'en assurai spécialement. Je le fixai
avec une aiguille sur la partie d'origine caulinaire d'une vigne parfaitement
saine, sur laquelle étaient nées des racines adventives : c'était une bou-
ture de chasselas apportée de Paris. Au bout d'une huitaine de jours, le
petit fragment de racine commençait à se dessécher, malgré une humidité
excessive condensée sur les parois du flacon ; il fut abandonné par un cer-
tain nombre d'insectes qui se portèrent, sur les racines nouvelles, en meil-
leiu' état et non desséchées, placées à leur portée directe. Quoique main-
tenus à une température toujours inférieure à lo degrés, et qui descendit
pendant ces jours-là jusqu'à G et 5 degrés, plusieurs Phylloxéras ont re-
( i535 )
trouvé momentanément une certaine activité : il est donc établi que, dans
la nature, ces insectes peuvent ne pas demeurer en place et émigrer, à de
courtes distances au moins, d'iui point à un autre pendant l'hiver.
» Pendant que la surface du sol était gelée, j'ai voulu connaître quelle
était la température du sol à une certaine profondeur. Je fis crenser à 60
et 80 centimètres dans un terrain formé par les alluvions modernes de la
Garonne; la température à cette profondeur était de 6 4 degrés, tempéra-
ture tout à fait comparable à celle à laquelle se trouvaient exposés les in-
sectes de mes flacons : les résultats précédents peuvent certainement leur
être appliqués.
» En vue de conclusions pratiques, on peut rapprocher ce fait d'un autre ;
l'ensemble permettra de juger des difficultés que doit rencontrer dans la
nature l'une des méthodes de traitement.
» Si l'on cherche actuellement le Phylloxéra sur les racines des vignes,
il échappe aux regards; diverses raisons en sont la cause : d'abord l'insecte
est très-petit et sa couleur est très-foncée; d'autre part, il s'enfonce dans les
fissures de l'écorce et se cache dans les endroits où elle est rompue. En ces
points, le bois n'est pas mis à nu, il est loin encore du suçoir de l'insecte;
ce qui se rompt, c'est l'écorce ancienne, morte et exfoliée, en partie décom-
posée, dont la partie extérieure, mouillée et noire, est adhérente à la terre ;
mais, au-dessous d'elle, il y a l'écorce nouvelle parfaitement saine et
blanche, à cellules gorgées de sucs; c'est elle que le Phylloxéra préfère et
qu'il va chercher à travers les fissvu'es de l'écorce ancienne, sur laquelle il
n'est visible d'ailleurs qu'en petit nombre. Il trouve sur cette couche nou-
velle luie nourriture plus abondante et plus riche; il y est en outre beau-
coup mieux protégé.
» La couche qui sépare l'ancienne écorce de la nouvelle est la partie
extérieure du nouveau suber, elle est de couleur grise ou violacée, entière-
ment sèche et difficilement mouillée par l'eau ; l'alcool, l'acide acétique, au
contraire, la pénètrent instantanément. Quand on plonge une racine dans
l'eau, l'air demeure emprisonné et adhérent à cette couche grise qui reste
sèche, tandis que l'écorce noire est mouillée. Les Phylloxéras se réunissent
en assez grand nombre sous cette écorce noire, qui n'est plus reliée que
d'une façon mécanique et d'ailleurs très-incomplète à la couche située au-
dessous. Lorsque la partie supérieure se décompose de plus eu plus, les
Phylloxéras qui y sont fixés, mais en petit nombre, peuvent et doivent
émigrer vers lui endroit mieux abrité; on pouvait espérer que ceux qui
s'étaient établis, pour hiverner, sur une siu'face destinée à être normale-
ment exfoliée périraient, lorsque cette portion d'écorce viendrait à se dé-
( i536 )
composer pendant les six mois de repos de la végétation, il n'en est rien;
quand la place choisie par lui devient inhospitalière, l'insecte peut chan-
ger de lieu.
» Il faut remarquer, en outre, que les insecticides versés dans les pro-
fondeurs du sol au moyen de solutions ou déposés à la surface, et que les
pluies d'automne et de printemps devraient entraîner dans le sous-sol,
trouvent dans ces conditions un obstacle considérable à leur action. Ainsi
employés, les toxiques n'agissent, en général, que par contact, et c'est de
ceux-là seuls qu'il est question. Or, sur les racines, si la couche super-
ficielle est aisément humectée, la couche nouvelle est protégée par cette
surface grise, rebelle à l'action de l'eau dont il a été question plus haut.
Quoiqu'elle ne soit pas répandue stir toute la superficie de la racine, elle
n'en constitue pas moins une portion notable qui demeure à l'abri du
traitement des solutions et notamment des solutions salines, sels de mer-
cure, de cuivre, acide arsénieux, etc. Il faudrait donc un liquide capable de
mouiller inunédiatement ou, avec le temps, d'imbiber cette partie sèche (t);
qui, glissant dans les fissures, se répandît ensuite au-dessous de l'ancienne
écorce, poursuivant ainsi les insectes dans leur retraite. Sans cela, ces der-
niers y demeiueraient hors de danger. Puisque le Phylloxéra n'a pas perdu
la faculté de se déplacer, n'est-il pas vraisemblable qu'il fuira, en effet, les
zones occupées par la solution toxique? Il trouvera à une très-courte dis-
tance, en général, des points où il pourra se réfugier et où le poison ne
pourra le suivre. Ces points seront pour lui des lieux d'asile, d'où il se
répandra de nouveau sur la vigne, incomplètement débarrassée de son
parasite, dès que l'effet du toxique sera affaibli et quand il aura été en-
traîné au loin dans le sol.
» Un liquide qui mouillerait les corps imprégnés de substances grasses
présenterait un autre avantage; on ne doit pas oublier que la plupart des
insectes, et les Phylloxéras en particulier, ne sont pas mouillés très-aisé-
ment par l'eau ou les solutions aqueuses ; le poison qui doit être absorbé
exige au préalable un contact prolongé avec l'animal. Ce dernier peut être
entouré de liquide sans être directement touché par lui et demeurer envi-
ronné d'air; certains insectes profitent de cet avantage pour s'aventurer
(i) Diins le procédé de submersion, imagine par M. Faucon, un excès d'eau considérable
est maintenu pendant un mois et peut produire des effets tout particuliers; en ne versant que
dix litres de liquide par souche (ce qui constitue un Iraitenicnl Irès-coûteux), on change
peu, en général, les conditions d'humidité du sol, conditions dans lesquelles cette couche
tubéreuse demeure Ircs-longlemps sèche.
( -537 )
et vivre sous l'eau; mouillé directement par le liquide, le Phylloxéra sera
moins réfractaire à son action.
» Si le liquide émet des vapeurs sensibles et que ces vapeurs soient
toxiques pour le Phylloxéra, ce dernier ne pourra, dans sa retraite, échap-
per à leur action. Ce qui précède paraît montrer que les solutions de sub-
stances fixes ne donneront pas probablement tous les résultats qu'on paraît
en attendre.
» Si le Phylloxéra hibernant n'est qu'un jeune arrêté dans son dévelop-
pement par une température trop basse, cette modification devra dispa-
raître quand la température viendra à s'élever; ce sera la confirmation
directe de cette hypothèse qui concorde avec la forme et la disposition
extérieure des insectes issus des galles ou nés sur les racines (voir la Note
précédente).
» J'ai placé dans une enceinte chauffée un flacon contenant un certain
nombre de racines ayant un diamètre de i ^ centimètre environ. Elles
étaient couvertes d'individus tout jeunes, très-petits et bruns, disposés soit
isolément, soit en petits groupes dans les fentes de l'écorce extérieure. Deux
thermomètres indiquaient, l'un la température maximum, l'autre la tem-
pérature minimum. La température moyenne était de 3o degrés; elle ne
descendit pas au-dessous de 24°, 5; mais chaque jour elle s'élevait jusqu'à
35 degrés, et, ces jours derniers (20 et 21 décembre), elle monta jusc^u'à
44 et 45°, 5.
» Après trois jours, les Phylloxéras, de plats c^u'ils étaient, avaient pris
une apparence bombée: ils semblaient s'être gonflés sans augmentation de
longueur; le lendemain un certain nombre d'individus avaient déjà mué;
une douzaine furent recueillis; tous avaient dépouillé la peau du jeune,
ainsi que cela était reconnaissable, d'après leur taille et aussi d'après la
forme et la constitution des antennes et des pattes; leur couleur n'était
déjà plus jaune, leur peau avait bruni et plusieurs étaient très-nettement
tuberculeux. Les jours suivants eurent lieu les mues successives, et les
Phylloxéras prirent les uns après les autres une belle couleur jaune d'or,
identique à celle qu'ils offrent sur les racines pendant l'été. Après dix
jours, je rencontrai deux œufs pondus par deux individus; le onzième
jour les oeufs étaient plus abondants; deux Phylloxéras, qui m'avaient
peut-être échappé la veille, avaient déjà pondu, l'un quatre, l'autre six œufs.
Après douze jours une dizaine d'insectes sont en train de pondre, et cet
état paraît devenir général (20 décembre). Ainsi, en douze jours, les Phyl-
loxéras ont effectué leurs trois mues et ont pondu; cela fait trois jours
C. R., 1873, 2' Semestre. (T. LXXVU, N° 26.) I 99
( 1^)38 )
comme intervalle moyen, de la première mue à la deuxième, de la
deuxième à la troisième, de la troisième à la ponte, et de l'état initial à la pre-
mière mue (en considérant l'état initial à partir du réchauffement comme
point de départ analogue à l'éclosion), puisque, à partir de cet instant, l'in-
secle reprend son activité organique; nous retrouvons l'intervalle indiqué
par M. Lichtenstein [Compte rendu du 25 août dernier).
La période jusqu'à la ponte a été même ])lus courte pour certains indi-
vidus; elle n'a duré que onze jours pour quelques-uns, et même dix jours
pour deux insectes au moins. Ces nombres sont relatifs à une température
très-élevée, puisqu'elle a dépassé 4o et même 45 degrés. J'ai conservé
pendant plusieurs jours sur ma poitrine un tube renfermant des insectes
hibernants; le gonflement ne s'est montré qu'après quatre jours et le réveil
après cinq; la température maximum d'un thermomètre placé dans les
mêmes conditions a été de 33°, 4- Ce tube, soumis à diverses alternatives
de refroidissement, a présenté un développement moins rapide des insectes
que le flacon de l'étuve; la température maxima était moins élevée. On
voit nettement l'influence que la chaleur exerce sur la rapidité de crois-
sance de ces insectes.
» Il est à remarquer que les Phylloxéras ne se sont pas réveillés tous à la
fois, et que quelques-uns sont déjà gros, jaunes et ont déjà pondu, tandis
que les autres sont très-en retard et beaucoup plus petits ; la chaleur cepen-
dant a très-également pénétré toutes les parties; ce n'est pas à une cause
de ce genre qu'on peut ra|)porter une pareille inégalité; cette différence ne
peut être attribuée qu'à une disposition spéciale des insectes retardataires.
Serait-ce parce qu'ils se sont mis à hiberner plus tard ou plus tôt que les
autres? Cela serait possible sans doute, mais l'hibernation était déjà très-
généralisée, il y a plus de deux mois, et, dans cet intervalle, les différences
auraient dû disparaître. Ne serait-ce pas, plutôt, parce que, devenus
un peu souffrants à cause des conditions dans lesquelles ils vivent et
des changements qu'ils ont subis, leur activité organique se serait ra-
lentie? S'il en était ainsi, tout agent toxique déposé dans le sol avant le
réveil du Phylloxéra aurait pour effet primitif de retarder son développe-
ment et, par conséquent, sa ponte; ce serait un premier résultat obtenu :
les générations ultérieures seraient diminuées d'autant; on pense d'ail-
leurs que les œufs sont plus difficiles à détruire que les insectes qui leur
donnent naissance.
» Parmi les conséquences théoriques ou pratiques que les faits précé-
dents permettent de tirer, on peut signaler les suivantes.
{ ' 5-^9 )
» 1° Le réveil du Pliylloxera ne paraît pas lié à celui de la végétation,
puisque le changement d'état de l'insecte est déterminé par la chaleur seule
sur des fragments de racines isolées et détachées de la plante mère. Si l'on
avait affaire à des cépages diversement tardifs, il y aurait des intervalles
divers aussi, entre le changement d'état de l'insecte, déterminé à un degré
fixe, par la chaleur, et la reprise de la végétation déterminée à des tempé-
ratures différentes sur les cépages à réveils successifs, par leur nature
propre. Il serait préférable, pour attaquer le Phylloxéra, de choisir la
période pendant laquelle, l'insecte se réveillant et devenant plus atta-
quable, la vigne demeure encore insensible aux insecticides : c'est cette
période qu'il faudra essayer de préciser. Cela est délicat, mais semble
possible; les différences que présentent entre eux les divers cépages per-
mettant d'espérer un résultat, c'est une question que les viticulteurs de-
vront étudier avec soin. A Montpellier, au printemps dernier, les terrets
présentaient trois semaines de retard sur le chasselas et l'aramon; cet
intervalle peut donc être relativement considérable entre des cépages
dont les fruits mûrissent également bien.
)) Quant à l'intervalle entre l'apparition des premiers insectes jaunes et
des premiers œufs, il a été de six à huit jours dans mon expérience. Dans
la nature, il doit être un peu plus long, car le sol n'est pas porté à une
température aussi élevée. Au mas de las Sorres, près de Montpellier, dans
un terrain profond, je ne trouvai, le 8 avril dernier, que trois Phylloxéras
jaunes sur un certain nombre de souches; le 22 avril, les œufs étaient
communs; cet intervalle y fut de 12 jours au plus.
» 1'^ Dans les sols peu profonds et facilement échauffés dans toute leur
masse par les radiations calorifiques, le Phylloxéra se réveillera plus tôt que
dans les autres; la date du réveil variant, comme le prouve l'observation,
pour les divers insectes, elle variera aussi avec laprofondeurdaus les terrains
profonds et difficilement traversés par la chaleur.
» 3° Dans les pays chauds ou dans les terrains peu profonds et facile-
ment échauffés, le Phylloxéra hivernant plus tard, se réveillant plus tôt,
favorisé pendant l'été par une température plus élevée, multiplie ses géné-
rations et doit produire un effet plus considérable, toutes choses égales
d'ailleurs, que dans les pays froids ou dans les terrains difficilement pé-
nétrés par la chaleur solaire.
» On pourrait donc s'attendre à voir les ravages produits par ce fléau
redoubler d'intensité, à mesiu-e qu'il marchera vers le midi, et en dimi-
nuer lorsqu'il s'avancera vers le nord. »
'99-
.54o )
M. G. HiLLERET soumet au jugement de l'Académie une Note « sur les
cercles de hauteur et leur représentation sur la carte de Mercator ».
(Commissaires : MM. Serret, O. Bonnet, Phillips. )
M. A. MiMus adresse une nouvelle Note concernant l'emploi du cyanure
de potassium pour détruire le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Netter adresse luie Note intitulée : « Cause et nature du Cho-
léra ».
L'auteur admet l'existence d'un ferment cholérique, de la catégorie des
ferments qui sont tués par l'oxygène libre.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. F. RiLLET, élu Correspondant pour la Section de Physique, adresse
ses remercîments à l'Académie.
M. le Ministre de l'Agricultcre et du Commerce adresse, pour la biblio-
thèque de l'Institut, le n° 12 du Catalogue des brevets d'invention
de 1872, et les n°* i à 5 du Catalogue de iH'jS; la Table générale des
tomes LXI à LXXIX de la Collection des brevets, et le tome LXXXI de
cette Collection. (Le tome LXXX paraîtra prochainement.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° « L'Étude de la conformation du Cheval », par M. A. Riclictnl {da
Cantal*);
2" « La Pluie et le beau Temps », par M. P. Laurencin.
« M. le général Morin présente, de la part de M. le général de Chabaud-
Lalour, Directeur du Dépôt des fortifications, les premières feuilles (V et XV)
d'une carte de France que dresse ce Dépôt, et qui va èlre mise dans le
commerce. Les autres feuilles seront adressées à l'Académie, au fur et à
mesure de leur achèvement.
( i54. )
» Cetle carte est à l'échelle de g ^ q'^, ^, , et tirée en plusieurs couleurs. Elle
a été établie en prenant pour point de départ la carte à ^-âîr'ôTôi *'" r)^pôt
de la guerre, et l'on s'est efforcé de la rendre aussi complète que possible,
en lui conservant surtout un caractère militaire. Toutes les communes y
sont marquées par leur position; mais on n'a inscrit que les noms des
communes les plus importantes, pour éviter une trop grande surcharge de
dessin.
» Le figuré du terrain est représenté par les courbes de niveau, de loo en
loo mètres, et complété par des hachures, en sorte que cette représenta-
tion est exempte de toute convention et parti pris, et accuse bien les formes
du sol telles qu'elles résultent de sa nature géologique.
» Les exemplaires offerts à l'Académie comprennent : i° la carie dans
son état complet; i° la carte orographique et hydrographique. » •
M. Doumet-Adanson, sur le point d'entreprendre un voyage d'explo-
ration dans la Tunisie, se met à la disposition de l'Académie pour les
recherches botaniques, zoologiques et minéralogiques dont elle voudrait
bien le charger.
(Renvoi aux Sections de Zoologie, de Botanique et de Minéralogie;
M. Cosson est prié de s'adjoindre à la Commission.)
La famille de feu E. Tabarié demande la restitution de plis cachetés qui
ont été déposés par lui dans la séance du 5 janvier i8G3, et qui sont
relatifs à lui nouveau système d'aimants et d'électro-aimants, et à la télé-
graphie transatlantique sans câble.
Ces plis seront restitués au représentant autorisé de la famille.
ANALY.se. — Observations relatives à une Note précédente de M. Menabrea ,
concernant la série de Lacjramje; par M. A. Genocchi.
« M. Menabrea se propose (*) de démontrer l'identité des formules
données par Lagrange, pour reconnaître la convergence de sa propre série,
avec les formules établies pour le même objet par Cauchy.
» Je crois devoir faire remarquer que la transformation dont il se sert
dans ce but a été employée, il y a plus de vingt-cinq ans, par M. Félix
Chiô. Le second Mémoire de cet auteur, inséré au tome XII des Savants
(*) Comptes rendus, p. i358 de ce volume.
( l5/,2 )
étrangers, contient, outre des calculs et des équations identiques à celles
de M, Menabrea, plusieurs propositions très-remarquables pour déter-
miner les cas dans lesquels la règle de Lagrange doit s'accorder avec celle
de Cauchy ; il inoutre comment, dans ces cas, l'accord des deux règles
peut être démontré d'une manière complète. Il ne suffit pas, en effet, que
l'équation
j/'(«+jr)-/(«+j) = o
soit commune aux deux théories; il faut encore démontrer qu'on doit em-
ployer pour l'une et pour l'autre la même racine^ de cette équation; on
verra qu'il s'agit, en dernière analyse, d'un minimum de la valeur numé-
rique de l'expression
y
et que ce minimum existe toujours et correspond à une certaine racine
réelle de la même équation.
» Mais l'accord des deux théories est loin d'être général. En effet, les
équations (ii), (12) et(i3) de la Note de M. Menabrea supposent qu'on
cherche le maximum de la fonction ]S (maxinnun par rapport aux variables
p., V, ?:,..., minimum par rapport à la variable y), tandis qu'on a besoin
de déterminer le maximum de sa valeur numérique, ou, si l'on veut, de son
module; el, tandis que, dans la théorie de Cauchy, la racine y de l'équa-
tion auxiliaire devra le plus souvent être choisie parmi les racines imagi-
naires, dans la théorie de Lagrange, on doit toujours choisir une racine
réelle. Si, par exemple, y (j:) est une fonction entière à coefficients réels, il
faudra, avant d'appliquer ces équations (i i), (12), (i3), rendre tous posi-
tifs les coefficients, puisque sans cela le calcul ne conduirait pas à un
maximum numérique tel que Lagrange voulait l'obtenir. Ainsi l'équation
proposée
X = u + j[x)
(je réduis q à i pour plus de simplicité), dans la théorie de Lagrange, doit
être remplacée par
X r= u -\- v^[x),
si Ç'(j^) est ce que devient f {x) lorsqu'on rend tous les termes positifs; et
l'on arrive à cette conséquence curieuse, que la condition de convergence,
suivant la méthode de Lagrange, est la même pour ces deux équations dif-
férentes : on n'a plus, pour la première, comme dans la théorie de Cauchy,
yj'{ii + r)-J{u + 7-) = o.
( i543 )
mais bien
J'f'{"- -^ t) — 'f (« + j'^ = o»
et toute identité des deux règles disparaît.
» Sans la préparation indiquée, on peut dire, non-seulement que les
résultats conviennent à telle ou telle racine de la proposée, et non à telle
autre, mais qu'ils sont ou tout à fait insignifiants ou absurdes. On en a un
exemple frappant dans l'application de la règle de Lagrange au problème
de Kepler : dans ce cas, les quantités u, p., v, t:,..., et v sont réelles; par
conséquent ;• = -; est aussi réel, et sa valeur est déterminée par l'équa-
tion
Y cos [u -\-y) — sin (m + j) = o,
qui a un nombre infini de racines réelles; mais on a
/•/ \ ■ TT <sin ( « + r) , ,
f [x) — t ?,\n X , N= — — — — tco?,[u-{' y).
Ainsi N ne peut surpasser t en valeur numérique, en sorte que la série serait
convergente toutes les fois que t n'excède pas l'unité; or on sait que,
pour la valeur particulière u = -> la série devient divergente dès que l'ex-
centricité t surpasse o,663, et l'on ne peut obtenir les résultats connus
qu'en faisant /y/— i— /', et supposant que celte quantité imaginaire r est
réelle, positive et plus grande que l'unité (*). Si, au contraire, on fait le
changement indiqué en remplaçant sin x par ^ [e^-he~^), on trouve pour la
même valeur de u une excentricité inférieure à o,i54, résultat qui n'est
rien moins qu'absurde, mais qui diffère beaucoup de la limite connue.
D'un autre côté, en posant u =^ -■> jt = ^ z, on transforme l'équation
proposée en z = — t cos z, et en appliquant à celle-ci la règle de Lagrange,
après avoir remplacé cos z par ^ (e* + e~*), on trouve identiquement le
résultat de Laplace et Cauchy. La règle de Lagrange n'est donc pas géné-
rale.
» D'après le même article, « quelques auteurs ont été mal fondés en
» voulant opposer la théorie de Cauchy à celle de Lagrange, pour dé-
» tnontrer que cette dernière était inexacte ». Parmi ces quelques auteurs,
il faut placer, en première ligne, Cauchy lui-même, comme le montrent
ses Rapports sur les Mémoires de M. Chiô et les Notes jointes à ces Rap-
( *) \ oir Miiii. Accad. dt Toririo, 2" série, t. VIII, p. laS.
( i544 )
ports (*). M. Cliiô est le premier qui ait remarqué les cas d'exception de
la règle de Lagraiige : c'est un honneur qui lui revient.
» Je ferai remarquer encore qu'il n'est pas exact de dire que Lagrange,
en donnant sa règle de convergence, avait en vue « de déterminer la con-
» dition nécessaire pour que sa série exprimât la plus petite racine de
» l'équation ». Il serait bien extraordinaire que Lagrange eût pensé à la
possibilité de déterminer une racine plutôt qu'une autre, suivant la ma-
nière d'envisager la convergence de la série; au surplus, on confond deux
écrits de Lagrange publiés à trente ans de distance. Dans le Mémoire de
1768, Lagrange ne distingue pas la racine la plus petite des autres racines
de l'équation ; il cherche même à exprimer par sa formule toutes les ra-
cines, et, en proposant la question de la convergence, il ne fait aucune
allusion à la recherche de l'une ou de l'autre racine; mais il envisage la
condition de convergence simplement comme celle qui doit avoir lieu
« pour que la série puisse être regardée comme représentant réellement
» la valeur de la quantité recherchée », et dit expi'essément qu'il veut
'( rendre cette recherche aussi générale qu'il est possible (**) » : il ne dit
pas un mot de la racine la plus petite. Dans la Note de 1798 (date de la
première édition du Traité de la rcsolutioji des équations numériques), le
grand géomètre se propose de développer la plus petite racine, mais sans
parler jamais des- conditions de la convergence; en conformité des idées
de son temps, il regardait les séries comme ne pouvant exister par elles-
mêmes, indépendamment de la convergence, et comme susceptibles d'être
vérifiées identiquement par des substitutions successives.
» M. Menabrea a, depuis longtemps, énoncé cette proposition que, lors-
que la série de Lagrange satisfait à la condition de convergence établie par
Lagrange lui-même, elle exprime la racine la plus petite en valeur absolue.
Cette proposition est-elle exacte? Je répondrai comme j'ai répondu ail-
leurs : la démonstration donnée par M. Menabrea ne m'a pas semblé
suffisante; mais je crois qu'on peut la compléter en s'appuyant sur le théo-
rème qui faisait l'objet du premier Mémoire de M. Chiô, ou sur un théo-
rème analogue. »
(*) Comptes rendus, t. XXIII et XXXIV.
(**) Académie de Berlin, 1768, p. 3i4.
( i545 )
CHIMIE MiNlîRALE. — Recherches siui hydrure d'arsenic ;
par M. ËiVGEL.
« Depuis longtemps déjà on admet, dans les ouvrages de Chimie, que
le dépôt qui se forme lorsqu'on traite l'arséniure de zinc par l'acide chlor-
hydrique est de l'hydrure d'arsenic.
» Soubeiran, en i83o [Jim. de Chim. et de Ph/s., 2" sér., t. XLllI,
p. 421)» "i^ c^ ^^'' ^f démontra que le corps ainsi obtenu ne renferme
pas d'hydrogène.
» Wiederhold [Pogg. Ann., t. CXVIII, p. 61 5) prétend qu'on obtient de
l'hydrure d'arsenic en traitant par l'acide chlorhydrique un alliage de
I partie d'arsenic et de 5 parties de zinc, tandis que ce corps ne se forme
pas par l'action de l'acide chlorhydrique sur un alliage de i partie d'arsenic
et de 3 parties ou moins de zinc. Il explique ainsi pourquoi Soubeiran
n'avait pas obtenu (l'hydrure d'arsenic en dissolvant l'arséniure de zinc
dans l'acide chlorhydrique.
» Wiederhold fit l'analyse du produit qu'il avait obtenu et lui assigna
la formule As- H. Les conclusions de son travail sont aujourd'hui repro-
duites dans la plupart des Traités classiques.
» Lorsqu'on traite une solution d'acide arsénieux dans l'acide chlor-
hydrique par de l'acide hypophosphoreux en excès, on obtient un pré-
cipité brun qui jouit, comme le corps obtenu par Wiederhold, de la pro-
priété de brûler à l'air comme l'amadou, au contact d'un corps enflammé.
II suffit de toucher une petite quantité de matière ainsi obtenue avec une
allumetle présentant un point en ignition, pour que toute la masse de-
vienne incandescenle. Je fus donc porté à croire que le corps que j'avais
obtenu était l'hydrure d'arsenic. Une élude plus approfondie me démontra
que je n'avais affaire qu'à de l'arsenic métallique, dans un grand état de
division. En effet, en chauffant ce corps avec de l'oxyde de cuivre, dans
un tube à analyse organique, je n'obtins jamais trace d'eau. J'eus l'occa-
sion, dans ces expériences, de remarquer un fait qui me fit douter de la
valeur des analyses de Wiederhold.
» Voici, en effet, le procédé d'analyse de cet auteur :
» Il introduit une quantité pesée du corps qu'il suppose être l'hydrure
d'arsenic dans un tube de verre peu fusible, fermé par un bouchon percé
d'un trou, dans lequel se trouve un petit tube de verre. A ce dernier, il
adapte, au moyen d'un tube de caoutchouc, lui tube en U, dont une des
C. R., 1873, a" Semeitre. (T. LXXVII, N» 26.) 200
( i546 )
l)rnnches pénètre jusqu'au sommet d'une éprouvette graduée placée sur la
cuve à mercure. Celte éprouvette n'est pas remplie de mercure, mais ren-
ferme de l'air dans sa partie supérieure, de telle sorte que l'extrémitt'' du
tube à dégagement se trouve dans cet air. Lorsqu'on fait pénétrer 1 une
des branches du tube en U dans l'éprouvette, il y pénètre du mercure, ce
qui est nécessaire; car sans cela, sous l'influence de la pression atmosphé-
rique, le mercure s'abaisserait dans l'éprouvette jusqu'au niveau du mer-
cure dans la cuve. L'appareil étant ainsi disposé, on note la hauteur du
mercure dans l'éprouvette, la température et la pression atmosphérique;
puis on chauffe le tube de verre jusqu'au rouge. Le produit arsenical dé-
gage un gaz qui chasse le mercure du tube en U et fait baisser le mercure
dans l'éprouvette gradu; e. On laisse l'appareil revenir à la température
ambiante. L'augmentation de volume du gaz, considérée comme repré-
sentant l'hydrogène, permet de calculer le poids de ce corps que renfer-
merait un poids donné d'hydrure d'arsenic.
» L'auteur, en ne tenant compte que des analyses qui lui ont donné le
maximum de gaz, trouve que i gramme d'hydrure d'arsenic donne en
moyenne o^'', 00484 d'hydrogène. La formule As-II en exigerait o^'', 00668.
» Mais l'auteur n'a pas jugé à propos de s'assurer que, dans son ex-
périence, l'augmentation de volume du gaz était réellement due à de l'hy-
drogène; il constate une augmentation de gaz, l'attribue à de Vhjdrogène
et s'en tient là.
» Or, voulant m'assurer de l'état de complète dessiccation du corps
que j'avais obtenu par l'action de l'acide hypophosphoreux sur l'acide
arsénieux, et dans lequel j'espérais démontrer la présence de l'hydrogène
en transformant cet hydrogène en eau, je fis la tare d'une certaine quan-
tité de ce corps, que je mis ensuite dans le vide sec de la machine pneu-
matique. Au bout de quelques heures, je remis ce corps sur le plateau de
la balance, et je vis qu'il avait diminué de poids. Pendant que je cher-
chais à rétablir l'équilibre en enlevant le poids de la tare, je constatai
qu'il augmentait peu à peu de poids, et, au bout de quelques minutes, il
faisait de nouveau équilibre à la tare établie en premier lieu. J'ai vérifié
plusieurs fois de suite que, au sortir du récipient de la machine pneu-
matique, le poids du corj)s avait diminué, et que, peu à peu, il aug-
mentait jusqu'à faire équilibre à la tare. J'opérais à l'abri de l'humidité;
d'un autre côté, je ne pouvais attribuer ce phénomène à une oxydation de
la matière, puisqu'en somme elle ne changeait pas de poids d'une manière
( '547 )
définitive. Je fus donc porté à croire que le corps poreux auquel j'avnis
affaire condensait une certaine quantité de gaz qu'il perdait dans le vide de
la machine pneumatique. La perte de poids oscillait entre 2 et 3 milli-
grammes par gramme.
» Une seconde expérience, faite pour voir si le corps soumis à l'action
de la chaleur se dédoublerait en hydrogène et en arsenic, confirma cette
manière de voir. Je plaçai environ 2 grammes environ du corps que j'avais
obtenu dans une petite nacelle en verre que j'introduisis dans un tube à
analyse organique. Ce tube conununiquait par l'une de ses extrémités avec
une source d'acide carbonique desséché; l'autre extrémité était fermée par
un bouchon traversé par un tube à dégagement propre à recueillir les gaz.
Après avoir balayé tout l'air de l'appareil et m'être assuré que le gaz qui
venait de traverser l'appareil était complètement absorbé par la potasse, je
ralentis le courant d'acide carbonique et je chauffai le tube jusqu'au rouge;
la partie antérieure du tube n'était pas chauffée, afin que l'arsenic vo-
latilisé pût s'y déposer. Le gaz recueilli ne fut plus complètement absorbé
par la potasse; mais la partie non absorbée n'était pas de l'hydrogène,
c'était un mélange d'oxygène et d'azote. Ainsi, dans une atmosphère
d'acide carbonique pur, l'arsenic précipité ne perd pas immédiatement
et complètement les gaz qu'il avait condensés et que la chaleur seule
dégage.
» Le corps que j'avais obtenu, et qui n'était que de l'arsenic métallique,
jouissait donc non-seulement des propriétés physiques du corps décrit par
Wiederhold, mais pouvait même donner un dégagement de gaz sous 1 in-
fluence de la chaleur. Toutefois, je n'ai jamais obtenu que 4 «^ 8 centiinètres
cubes de gaz pour 2 à 3 grammes de matière, quantité de beaucoup infé-
rieure à celle qu'obtenait Wiederhold; mais, ainsi que je l'ai déjà dit, cet
auteur ne parle que des analyses dans lesquelles il a obtenu, pour la quan-
tité de gaz, une valeur maximum.
» J'ai préparé l'arséniure de zinc en suivant exactement le procédé in-
diqué par lui; on n'obtient qu'une très-faible quantité du corps brun, en
dissolvant l'arséniure de zinc dans l'acide chlorhydrique. Ce corps a toutes
les apparences de l'arsenic métailique précipité : chauffé avec l'oxyde de
cuivre dans un tube à analyse organique, il ne m'a jamais donné trace d'eau;
chauffé à 200 degrés et au-dessus, il ne m'a pas donné d'hydrogène. Quant
aux propriétés générales de ce corps, indiquées par Wiederhold, telles que
sa solubilité dans l'acide azotique, le chlore, son oxydation par l'acide
sulfurique à chaud avec formation d'acide sulfureux, je n'en parle pas;
200..
( '548 )
elles appartiennent aussi à l'arsenic métnllique. J'ai déjà dit que l'arsenic
précipité brûle à l'air lorsqu'on le touche avec un corps enflammé.
» Mes conclusions sont donc que la dissolution de l'arséniure de zinc
dans l'acide chlorliydrique ne donne pas naissance à de l'hydrure d'ar-
senic, contrairement à ce que disent la plupart des auteurs sur la foi des
expériences de Wiederhold; ces conclusions sont celles de Soubeiran, dans
un travail antérieur à celui de Wiederhold. Tout récemment, Janowski
[Bulletin de la Société chimique, t. XX, p. 77 ) est arrivé aux mêmes résultats;
mais il n'indique pas le détail de ses expériences.
» Dans une prochaine Note, je donnerai l'analyse du corps obtenu par
la décomposition de l'arséniure de sodium par l'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'iode sur l'acide uriqiie.
Note de M. F. Wuutz.
« Quand on introduit de l'iode dans de l'acide urique, tenu en suspension
dans de l'eau, cet iode disparaît peu à peu. La réaction est plus rapide à
chaud.
» L'acide urique subit une décomposition. Parmi les produits de la dé-
composition, j'ai constaté la présence de l'alloxane, avec formation d'acide
iodhydrique. Je suppose que, parmi les autres produits, il y a formation
d'urée. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de l'oxalyl-urée [acide parabanique).
Note de M. E. Gri.maux, présentée par M. Cahours.
« Les dérivés de l'acide urique peuvent être considérés comme des urées
composées renfermant des ratlicaux d'acides bibasiques. Les uns repré-
sentent des sels acides d'urée, moins les éléments d'une molécule d'eau ;
ce sont les acides uramiques :
C^O'H% COAzni' - H-O = C'O^Az^H*.
Oxalate acide d'urée. Eau. Acide oxaluiique.
Les autres dérivent de ces mêmes sels acides par élimination de deux mo-
lécules d'eau ; ce sont les uréides :
C-O'IV, COAz-H' - aTI-O — C'O^AzMl-.
Oxalate acide d'urée. Eau. Acide parabanique.
( I 549 )
» J'ai entrepris une série de recherches pour réaliser ia synthèse de cet
ordre de composés, et j'ai commencé par le moins complexe, l'oxalyl-urée
ou acide par;d)anique.
M M. Henry ayant obtenu l'oxalurate d'éthyle par l'action du chlorure
( Cl
d'éthyloxalyle C" O* qC'H* ^"^ l'nrée, et M. Pike ayant préparé un ho-
mologue de l'acide oxalurique, l'acide succinurique C'H'Az^O', en fon-
dant l'anhydride succinique avec l'urée, il m'a semblé que les premiers
essais de synthèse des uréides devaient avoir pour but d'enlever les élé-
ments de l'eau aux acides uramiques,
» Si l'on considère la formule de l'acide oxalurique CO \ ^ ^ ^ , on
' ( Az-CO-CO-H
, , ,, • , i CO-AzH»
voit que ce corps, analogue a 1 acide oxamique p^, „ est, comme
celui-ci, moitié acide, moitié amide (i). En tant qu'acide, il doit donner,
sous l'influence des chlorures de phosphore, un chlorure
çç. 1 AzH=
i AzH-CO-CO-Cr
et, comme les chlorures d'acides chauffés avec les amides éliminent de
l'acide chlorhydrique, il y avait lieu de croire qu'un tel chlorure serait
peu stable et perdrait les éléments de l'acide chlorhydrique pour se con-
vertir en oxalyl-urée :
C'0'Az=H^ = CO^:«JP.
Guidé par ces vues théoriques, j'ai fait réagir l'oxychlorure de phosphore
sur l'acide oxalurique.
» L'acide oxalurique bien desséché est arrosé de trois fois son poids
d'oxychlorure de phosphore, et le mélange est porté, au bain d'huile, à
une température de 200 degrés. Après l'expulsion de l'oxychlorure,
cette température est maintenue jusqu'à ce que la masse ne dégage plus
d'acide chlorhydrique. Le contenu du ballon est une masse blanche,
agglomérée, colorée seulement dans les parties qui touchent les parois
du ballon. Ce corps se dissout facilement dans l'eau froide, tandis que
(i) Dans son Mémoire sur l'acide oxamique, ^t. Billard a fait ressortir les analogies qui
existent entre l'acide oxalurique et l'acide oxami([ue. [Annales de Cliimie et de l'hjsique,
3'= série, t. IV, p. loo; 1842.)
( i55o )
l'acide oxaliiiiqiie y est presque entièrement insoluble. La solution est
filtrée, pour la débarrasser d'une petite quantité de matière brune prove-
nant de la décomposition partielle de l'oxalyl-urée par la chaleur, puis elle
est évaporée au bain-marie. Les cristaux sont comprimés entre des dou-
bles de papier buvard, redissous dans l'alcool bouillant, qui laisse un petit
résidu rouge, amorphe, et, la solution alcoolique étant évaporée à siccité,
les cristaux sont purifiés par une ou deux cristallisations dans l'eau bouil-
lante.
» Le corps, ainsi obtenu, présente tous les caractères de l'oxalyl-urée.
Facilement soluble dans l'eau et dans l'alcool, il s'en sépare en lames bril-
lantes, allongées, d'une saveur acide. Il supporte sans altération notable
une température de 200 degrés; plus fortement chauffé, il se détruit en
donnant un sublimé blanc, des vapeurs piquantes d'acide cyanique et
laissant un résidu de charbon. Sa solution donne avec l'azotate d'argent
un précipité blanc, pulvérulent, elle ne trouble pas l'acétate de calcium;
par l'ébullition avec la potasse elle dégage de l'aunnoniaque, et alors,
après avoir été sursaturée par l'acide acétique, elle précipite abondamment
les sels de calcium. A l'ébullition, elle chasse l'acide carbonique du car-
bonate de calcium, et la liqueur filtrée donne des cristaux présentant
l'aspect des cristaux d'oxalurate de calcium.
» Ces caractères et les chiffres donnés par l'analyse (i), ainsi que le
dosage d'argent du dérivé argentique (2) ne laissent aucun doute sur
l'identité de ce corps avec l'oxalyl-urée.
)' Je ferai remarquer que le nom d'acide parabanique donné à l'oxalyl-
urée, alors que sa constitution n'était pas coimue, doit aujourd'hui dispa-
raître de la science.
» Il signifie, en effet, je passe outre, et voulait rappeler que ce n'est pas
un véritable acide, et que sous l'influence des alcalis ou des carbonates al-
calins il fournit des oxalurates.
» Le nom d'oxalyl-urée, qui indique sa constitution et son origine, me
semble plus rationnel.
(■) Calculé. Trouvé.
C 3i ,57 3l , l5
H 1,75 1,83
.-^z 24,56 94,48
(2) 2(C'0'Az'''Ag'),lI'0 :
Argent 64,1 63,5
( i55i )
1) Je m'occupe d'essayer la réaction de l'oxychloriire de phosphore sur
l'acide siiccinurique, pour arriver à la synlhèse de la succinyl-urée.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Schùtzenberger, à
la Sorbonne. »
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle disposition de la pile hydro-éleclrique à sulfate
de cuivre. Note de M. Trouvé, présentée par M. Edm. Becquerel.
« M. Trouvé soumet à l'examen de l'Académie une pile dont l'action
est de longue durée et qui peut être utilement employée pour les études
physiologiques et même dans d'autres circonstances.
» C'est une disposition nouvelle de la pile à sulfate de cuivre, à courant
constant, imaginée en 1829 par M. Becquerel, et dans laquelle les sels de
cuivre et de zinc, qui sont en rapport avec les métaux de même nom, dans
chaque couple, sont simplement maintenus par action capillaire dans des
tampons de papier. Cette pile, de petites dimensions, est très-portative ; elle
a la même force électromotrice qu'une pile ordinaire à sulfate de cuivre, du
même nombre de couples, et peut fonctionner d'une manière continue
pendant longtemps, lorsqu'elle est placée dans une boîte fermée pour éviter
la dessiccation du papier. Quand l'eau s'évapore, la pile cesse de fonctionner
et reste inactive, pour reprendre son action première lorsqu'elle est de
nouveau rendue humide. »
ZOOLOGIE. — Observations sur Vexistence de certains rapports entre le mode de
coloration des Oiseaux et leur distribution géographique ; par M. Alph.-
MiLNE Edwards. (Extrait par l'auteur.)
« En poursuivant mes recherches sur la distribution géographique des
animaux dans les régions australes, j'ai été frappé de certaines relations
qui semblent-exister entre les parties du globe habitées par les Oiseaux et
le mode de coloration de ces animaux; et, désirant connaître le degré
d'importance qu'il convient d'attribuer à celte remarque, j'ai voulu exa-
miner, plus attentivement qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, ce que l'on
pourrait appeler la distribution géographique des couleurs chez les Oi-
seaux. En effet, cette étude m'a semblé susceptible de jeter quelque lumière
stu- l'influence que les conditions biologiques locales peuvent exercer sur
les caractères zoologiques secondaires des espèces et des races. Pour four-
( i552 )
nir des résultats significatifs, elle devait porter principalement sur les
groupes naturels qui ont une distribution géographique très-étendue, et,
pour avoir le degré de précision nécessaire, elle devait s'appuyer sur
l'analyse chromatique du plumage et sur la comparaison de ses couleiu's
rapportée à des normes bien définies. Sans le secours offert par les cer-
cles chromatiques dont la science et les arts sont redevables à M. Clie-
vreul, il m'aurait été difficile de bien apprécier les tons et les nuances
dont j'avais à tenir compte et plus difficile encore de formuler nettement
les résultats fournis par l'observation; mais, à l'aide de ces cercles, ce tra-
vail a été singulièrement facilité.
)) Dans une première série de recherches, je me suis occupé spécialement
du mélanisme à"divers degrés et, pour juger de l'influence relative du noir
sur le plumage des Oiseaux habitant diverses régions géographiques, j'ai
cru devoir tenir compte non-seulement de l'étendue des parties du système
tégumentaire qui sont teintées de la sorte, mais du degré auquel les autres
couleurs peuvent être rabattues, c'est-à-dire modifiées dans lein* ton par
leur mélange avec du noir en diverses proportions.
» On trouve des Oiseaux à plumage noir sur presque tous les points du
globe; mais, dans certaines familles ornithologiques dont l'extension géo-
graphique est très-grande, la tendance au mélanisme ne se montre guère
que dans l'hémisphère sud et plus particulièrement dans la région océa-
nienne qui comprend la Nouvelle-Zélande, la Papouasie, Madagascar et les
terres intermédiaires. Un exemple remarquable de cette coïncidence entre
le mode de coloration des Oiseaux et leur répartition à la surface du globe
nous est fourni par la famille des Cygnes. Celte fau)ille compte dans l'hé-
misphère boréal de nombreux représentants dont le plumage est complè-
tement blanc; dans l'hémisphère austral il n'en est plus de même, et une
partie plus ou moins considérable devient d'un noir intense. Ainsi le Cygne
de la Nouvelle-Hollande est presque complètement noir; le Coscoroba ou
Cygne anatoïde, qui est relégué dans l'Archipel feugien et les contrées
adjacentes de l'Amérique australe, a quelques-unes des pennes de l'aile
noires; ce n'est que par ce caractère qu'il diffère du Coscoroba de Chine
(C Davidii). Enfin chez le Cygne du Chili la tête et le cou sont d'un noir
de jais, l)ien que le reste du corps soit d'un blanc pur. Ce sont les seules
espèces de Cygne qui existent dans l'hémisphère austral.
)) Ces particularités n'offriraient que peu d'intérêt si elles étaient isolées ;
mais il n'en est pas ainsi, et l'examen de la distribution géographique des
( i553 )
couleurs des Perroquets nous fournit des preuves encore plus manifestes
(le la tendance au mélanisme dans la vaste région océanienne qui comprend
la Nouvelle-Zélande, la Papouasie et les terres intermédiaires.
» Les Perroquets noirs ou presque noirs ne se rencontrent ni en Amé-
rique, ni en Asie, ni eu Afrique (si ce n'est sur les bords du canal de Mo-
zambique); mais ils ne sont pas rares dans la région australe, comprise
dans les limites dont je viens de faire mention, et c'est là surtout que vivent
les espèces ou races locales dont le plumage ne présenle que des tons for-
tement rabattus.
» Ainsi, à la Nouvelle-Zélande et dans les îles adjacentes, ces oiseaux,
au lieu de présenter des couleurs franches, sont plus ou moins teintés de
noir. Les Nestors, par exemple, ont le plumage d'iui brun sombre; les
grandes plumes des ailes et de la queue, dans toutes les parties exposées
à la lumière, sont presque uniformément teinlées en brun semblable à
celui de la gamme, résidtantdu mélange de neuf parties de noir avec une
partie de royge orangé; sur les épaules, la plus grande partie du dos, la
tète et la poitrine, les plumes sont bordées d'un liséré brun dont le (on est
encore plus foncé, et, dans le reste de leur étendue, des teintes similaires
sont mitigées par du blanc, de façon à devenir plus ou moins grisâtres, et
ce n'est guère que sur les couvertures de la queue et à la face interne
des ailes, ainsi que sur la partie correspondante des flancs, où la lumière
n'arrive pas habituellement, que du rouge orangé peu rabattu se montre
par places.
>) Les Strigops, ou Perroquets nocturnes de la Nouvelle-Zélande, doivent
aussi, en majeure partie, leur aspect particulier à un autre genre de méla-
nisme, affectant un fond verdàtre, et se mêlant à des parties modifiées par
l'albinisme. Ce vert-jaune, qui se rapporte à la gamme n"^ 3 et 4 des cercles
chromatiques, est loin d'être franc : il est rabattu par environ -^ ou -pj de
noir, et il est interrompu en dessus par des taches et par des bandes irré-
gulières d'un noir presque pur, ainsi que par des stries blanchâtres, tandis
qu'en dessous et sur les côtés de la tête les maculatures sont dues presque
entièrement à l'albinisme. Il résulte de ces mélanges, où le noir joue un
grand rôle, un plumage terne et moucheté qui rappelle, jusqu'à un certain
point, celui de nos Chouettes.
» La tendance au mélanisme se retrouve aussi chez les Perruches de la
Nouvelle-Zélande; ces oiseaux appartiennent au groupe des Platycerques
dont les ornithologistes ont formé le genre Cyanoramphus; son plumage
est d'un vert sombre. Un |)eu de rouge ou de jaune francs se montrent
C.R., 1873, 2" Semestre. (T. LXXVU, IS' 20.) 20I
, ( i554 )
encore sur le front ou sur quelques autres parties très-limitées; tout le des-
sus du corps de l'oiseau est coloré en un jaune vert fortement rabattu de
noir, et en dessous une teinte analogue, mais moins foncée, s'étend à peu
près uniformément. Chez le Cjanoramphus alpinus, la coloration domi-
nante correspond à peu près au jaune-vert de la gamme n° 4i laballu par
Yô de noir; chez le Cjanoramphus Novœ Zelandiœ^ le vert jaune se rapporte
à la gamme n° 2 et à celle n° 3, mais est assombri par -j^ de noir; enfin,
chez le Cjanoramphus auriceps., le ton général du plumage correspond au
jaune vert n° i, rabattu par -^ de noir sur tout le dessus du corps.
» Les îles du grand océan Indo-Pacifique qui avoisinent l'Afrique res-
semblent à la Nouvelle-Zébuide, sous le rapport de la coloration du plu-
mage de la plupart de leurs Psittaciens. Effectivement, à Madagascar, à
l'île Maurice vers l'est, aux Seychelles et aux Comores vers le nord, et
même sur quelques points du littoral voisin de l'Afrique, on rencontre
plusieurs espèces de Perroquets noirs appartenant au genre Coracopsis.
» En Australie abondent les Calyptorhynques, dont l'ensemble du plu-
mage est d'un noir intense ou mitigé par du blanc. Beaucoup de Perruches
de la Nouvelle-Hollande ont des couleurs franches, au même degré que
celles de l'Amérique; mais, chez plusieurs de ces oiseaux, la tendance au
mélanisme se révèle, sur diverses parties du corps, tantôt par l'existence
d'un ton uniforme très-fortement rabattu, d'autres fois par l'envahisse-
ment de toute la portion basilaire de la plume par du noir, qui ne laisse
près des bords de cet appendice qu'une bande plus ou moins étroite de
rouge, de jaune, de vert ou de bleu francs.
» Dans le travail dont je ne puis donner ici qu'un extrait très succinct,
je passe en revue plusieurs autres familles ornithologiques, qui m'ont
fourni des faits analogues et montrent les mêmes tendances; par exemple
la famille des Martin-pécheurs, celle des Rallides et celle des Canards. Mais
l'espace me manque pour en parler ici, et les faits que j'ai signalés suf-
fisent pour montier que dans la région indo-pacifique australe les types
ornithologiques qui, ailleurs, sont revêtus de couleurs brillantes, ont gé-
néralement des tons rabattus par du noir ou affaiblis par une tendance à
l'albinisme. »
ZOOLOGIE. — Sur la structure de l'estomac chez /'Hyrax capensis.
Note de M. George, présentée par M. II.-Milne Edwards.
« Ea pliq)art des Mammifères ont un estomac simple comme celui de
l'Homme. Il en est cependant un ceitain nombre chez qui l'estomac (end à
( i555 )
se subdiviser en deux compartiments bien distincts. Tantôt cette séparation
est nettement indiquée an dehors, comme cliez plusieurs Rongeurs (Ham-
ster, Gerbille, Campagnol, Leinmiiîg); tantôt elle est surtout marquée par
la différence de structure que présente à l'intérieur la muqueuse stomacale
(comme chez le Cheval, l'Ane, le Rhinocéros). Il est enfin d'autres animaux
chez qui l'on trouve cette distinction tout à la fois à l'extérieur et à l'in-
térieur et VHyrax capensis est de ce nombre.
» J'ai pu, dans le laboratoire de l'École pratique des Hautes Études,
dirigé par M. Milne Edwards, poursuivre de nombreuses recherches ana-
tomiques sur cet animal encore imparfaitement connu. En attendant la
publication des résultats complets de ces travaux, je crois devoir signaler
la disposition remarquable présentée par l'/Z^rox dans la structure de son
estomac.
» La séparation de l'estomac en deux parties est très nettement indiquée
à l'extérieur par un bourrelet circulaire, blanc, nacré, d'aspect tendineux,
qui forme une espèce d'étranglement au milieu de la grande courbure. A
l'intérieur, cette limite entre les deux estomacs est tout aussi marquée. Elle
se révèle déjà à l'œil nu; mais elle s'accuse encore plus nettement par
l'examen microscopique.
» A l'œil nu, la portion cardiaque de l'estomac présente une épaisseur
beaucoup moindre que celle de la portion pylorique, et l'on en avait
conclu un peu vite que cette portion cardiaque était constituée par luie
couche muscidaire assez faible, tandis que la portion pylorique aurait pos-
sédé une couche musculaire beaucoup plus puissante.
)) Mais, à l'examen microscopique, les choses changent de face. Si l'on
étudie par ce moyen la structure de la portion pylorique, qui est en effet
la plus épaisse; on voit qu'elle est uniquement constituée par un amas de
glandes en tubes, excessivement serrées, car elles offrent l'aspect d'une
palissade régulière sans aucune interruption. Ces tubes n'ont pas moins de
2 millimètres de longueur; ils sont surmontés d'un épithélium très-mince
et reposent sur une couche musculaire d'une faible épaisseur (à peine -j^ de
millimètre).
» Quant à la portion cardiaque, il en est tout autrement. Au lieu de
glandes, elle ne présente que des papilles coniques, de hauteurs diverses
(tV^ ~h f^^ millimètre). Ces papilles reposent sur une triple couche de
muscles, dont l'épaisseur, totale est de i millimètre environ, c'est-à-dire
dix fois plus puissante que la couche musculaire sous-jacenle aiix glandes
en tubes. De plus, ces papilles sont surmontées d'une couche épithéiiale
aor ..
( i556 )
très-épaisse, dont la dimension même, rapprochée de celle de la couche
musculaire, révèle nettement les fonctions mécaniques de cette partie de
l'estomac.
)) A la limite des deux portions de l'estomac, la structure de chacune
d'elles offre une transition brusque, tout aussi bien à l'examen microsco-
pique qu'à l'œil nu. Les glandes cessent ijrusquement pour faire place aux
papilles; et les deux couclies musculaires sous-jacentes se présentent là
avec leurs différences très-marquées : la couche sous-glandulaire très-mince,
la couche sous-papillaire très-épaisse.
» De ces différences très-remarquables dans la structure des deux por-
tions de l'estomac, il est permis de conclure à une différence tout aussi
tranchée dans leurs fonctions. La portion cardiaque odre tous les carac-
tères d'un estomac dont le rôle est essentiellement mécanique, la portion
pylorique ceux d'un estomac exclusivement sécrétant. Cette division du
travail physiologique est tellement tranchée qu'elle m'a paru digne d'être
signalée à l'attention des zoologistes. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur des pièces fossiles provenant de Batraciens, de Lacer-
liens et d'Ophidiens, trouvées dans les dépôts de pitosphale de chaux de l' A-
veyron. Note de M. H. Fii.hol, présentée par M. H. Milne Edwards.
« J'ai reçu, durant ces derniers jours, quelques débris fossiles, rencontrés
dans l'exploitation des dépôts de phosphorife de l'Aveyron, et se rap-
portant à divers Reptiles. Ils m'ont j)aru dignes d'attirer l'attention de
l'Académie non par leurs caractères zoologiques, que je n'ai pu encore
suffisamment apprécier, mais par le magnifique et singldier état de leur
conservation.
» En eflet, l'un d'eux nous présente la portion antérieure du corps d'iui
Batracien, très-voisin probablement des Grenouilles, dont la tète et la por-
tion antérieure du thorax ont conservé leur volume absolument normal.
Non-seulement les yeux ont leur direction primitive, mais ils n'ont pas
perdu la forme saillante qui caractérise cet organe chez les Batraciens. Le
globe oculaire n'est point affaissé, les paupières entr'ouvertes le laissent
apercevoir dans son entier. Les ouvertures des fosses nasales sont nette-
ment indiquées; la bouche est entr'ouverte et laisse échapper au dehors,
sur le côté gauche, une partie de la langue qui a conservé le volume qu'elle
présenterait sur un animal vivant. La portion gauche de la face a été, au
niveau de la mâchoire supérieure, légèrement dénudée, de telle manière
( i557 )
que l'os apparaît avec sa struclure normale. En arrière de la face, les
bulles tympaniques s'accusent nettement. La peau qui recouvrait la face
dorsale du thorax a laissé ses dessins et ses nombreuses plicalures admira-
blement indiqués sur ce beau débris fossile. A la face inférieure du thorax,
on remarque l'origine des membres antérieurs qui ont été malheureuse-
ment brisés. Je ne sais si l'on doit rapporter au même animal une patte
antérieure droite qui certainement a appartenu à un Batracien. Cette
pièce a conservé le volume qu'elle présentait sur l'animal vivant, et permet
de suivre le trajet des muscles et de noter l'insertion des tendons.
M Une portion de la queue, probablement d'un Ophidien, présente dans
sa fossilisation les mêmes caractères singuliers qui sont offerts par les deux
échantillons dont je viens de parier. Les écailles dorsales sont fines, nulle-
ment altérées; les écailles ventrales également intactes, laissant voir les
moindres détails de leur structure, sont larges cl bien imbriquées les unes
sur les autres.
)) Enfin un dernier échantillon fossile, provenant des mêmes localités,
doit être rapporté à un Lézard de grande taille. Il comprend le point d'o-
rigine de la queue et le point d'attache des membres postérieurs qui sont
repliés sur les côtés du corps.
M Je communiquerai à l'Académie, dans une prochaine Note, la diagnose
exacte des diverses espèces auxquelles on doit rapporter ces pièces fossiles;
mais j'ai pensé que leur élat de fossilisation si remarquable, qui n'avait
jamais été observé jusqu'ici, méritait tout d'abord d'être signalé. En effet,
c'est un véritable moulage qui s'est effectué ; le corps de ces divers ani-
maux, pris dans l'argile rouge, au sein de laquelle on les trouve encore
aujourtrhui, y a laissé son moule en creux qui, plus lard, a été rempli
par la phosphorite : telle est l'explication qui me paraît la plus probable.
Peut-être pourrait-on admettre une imprégnalion des tissus par le phosphate
de chaux, une sorte de phosphatisaîion rappelant ce que nous observons
de nos jours pour certaines sources incrustantes. »
ZOOLOGIE. — Sur le développement du pliragmostvacum des Ccpltnlopodes et sur
les rapports zoologirpies des Aminoniles avec les Spirales. Note de M. Muxier-
Chalhas, présentée par M. 11. Milne Edwards.
« J'ai l'hoimeur de soumettre à l'Académie le résultat des observations
que j'ai faites sur le développement du phragmosiracum des Céphalo-
podes, dans le laboratoire des recherches paléontologiques de la Sorbonne,
sous la direction de M. Hébert.
» Cette étude embryogénique et comparative démontre, d'une manière
très-nettp, que les Ammonites ne sont pas des Céphalopodes télrabtan-
cliiaux, voisins des Nautiles, comme on' l'admet généralement, mais bien
des Céphalopodes dibranchiaiix et décapodes, ayant la plus grande affinité
avec les Spirnles.
» M. J. Barrande avait déjà établi, en 1867, dans son grand ouvrage sur
le système silurien du centre de la Bohème, le peu de ressemblance qui
existe entre les Goniatiles et les Nautilides pendant la première période de
leur développement. En effet, la loge initiale du phragmostracum des Cé-
phalopodes du groupe des Nautilides^ sauf la cicatrice externe, ne diffère
p3ssensil)lement, dans son organisation générale, des autres premières loges
qui se développent successivement un peu plus tard.
» M. J. Barrande, en parlant des Cyrloceras, s'exprime du reste ainsi :
« Nous ferons aussi observer que cette forme de l'origine de la coquille, qui se retrouve
également dans les Orthoceras, paraît semblable dans tous les types de Nautilides, où nous
l'avons observée jusqu'à ce jour. Elle contraste, an contraire, avec l'origine de la coquille
des Gnnintitrs, qui se montre sous la forme d'un œuf, isolé de la première loge aérienne par
un étranglement prononcé. «
» Cette loge initiale (ovisac) des Gonialites, si différente de celles qui
lui succèdent immédiatement, se retrouve à l'origine du phragmostraciun
de tous les Céphalopodes dibranchiaux que j'ai pu étudier.
» Les nouvelles et très-intéressantes études entreprises à Philadelphie,
par M. Hyatt, sur l'embryogénie du phragmostracum du NauliUis pompi-
lius, du Deroceras planicostn et des Gonialites, sont encore venues confirmer
ces observations. Cependant il faut ajouter que M. Hyatt, préoccupé par
ses idées théoriques sur l'évolution des êtres, a supposé, poiu- établir la
filiation des Ammonites et des Nautiles, que ces derniers perdaient leur
ovisac par troncature. Poiu' justifier sa supposition, il s'est appuyé sur la
cicatrice transversale et externe qu'il avait observée sur la loge initiale du
Nautilus pompilius.
» Les nombreuses observations que j'ai pu faire depuis, soit sur la ter-
minaison du siphon dans V Aliiviazicjzacj, dans les Nautiles jiu'assiques, cré-
tacés, tertiaires et dans les trois espèces actuelles ; soit sur l'étude micro-
scopique d'iuie section transversale de la loge '\n\\'\?i\e àe?, Nautilus pompilius
et umbilicalus; soit enfin par la comparaison attentive des Céphalopodes
siluriens qui perdent, par Ironcalure, l'extrémité de leur phragmostracum,
m'ont conduit à un résultat tout à fait opposé aux idées théoriques émises
par M. Hyatt, mais conforme en tous points aux faits observés par
M. J. Barrande.
( -559 )
» L'étude comparative que j'ai pu faire sur les ovisacs de la Sjjirida Per-
roni et des Ammonites Parkimoni^ ooliticas, mamillaris, etc., m'a dcmoniré
les rapports cpii existent entie ces deux types peiuhint leur évolution em-
bryonnaire. En effet, chez les Spirules et les Ammonites, le siphon prend
naissance dans l'ovisac, un peu avant l'apparition de la première cloison.
Il commence par un renflement en forme de cœcum, qui supporte dans
son prolongement le prosiphon. L'organe nouveau que je désigne sous ce
nom doit remplacer le siphon pendant la période embryonnaire. Il prend
naissance dans l'ovisac, en face du renflement siphonal, sur lequel il vient
se terminer, sans avoir de communication intérieure avec ce dernier. Il est
très-variable dans sa forme générale, et peut offrir tlans la même espèce
d'Ammonites un exemple de dimorphisme très-accusé. Il est formé par une
membrane qui est tantôt simplement étalée, comme dans la Spirula Perroni,
ou bien qui forme im tube plus on moins circulaire. 11 présente aussi quel-
quefois deux, trois ou quatre petites subdivisions, à son point d'insertion
sur les parois internes.
» J ai pu constater la présence d'un ovisac dans les genres Belemniles,
Belemnitella, Beloptera, Belopterina^ Spintliroslra, Ammonites, Ceratites. Dans
les Deroceras, les Clymenia et les Goniatites, sa forme générale et ses rap-
ports avec le siphon sont les mêmes que dans toutes les Ammonites. Il est en
général sphéroïdal lorsque les tours de spire sont libres, et ovoïde lors-
qu'ils sont contigus.
» Dans les Céphalopodes létrabranchiaux, qui vivent dans les mers ac-
tuelles, et dans tous ceux qui ont pullulé par milliers dans les mers an-
ciennes, on n'a jamais pu constater la présence d'un ovisac. Dans les Nau-
tiles et les Aturia, le siphon j)rend naissance sur les parois internes de la
première loge. Il est complètement fermé à son extrémité postérieure par une
partie du prolongement calcaire de la cloison qui concourt à sa formation.
La cicatrice transversale et externe, observée par M. Hyatt, n'a jamais dû
être en comnuuiication avec le siphon ; son rôle est encore complètement
inconnu. Elle a été signalée par M. J. Barrande, sur un grand nombre de
létrabranchiaux siluriens.
» Il résulte ainsi de ces observations ([u'à l'époque silurienne les Cé-
phalopodes tétrabranchiaux étaient aussi nettement séparés des Céphalo-
podes dibranchiaux qu'ils le sont actuellement. Les seules modifications
que nous puissions constater sont d'ordre générique; en effet, les Amuio-
niles, qui ont, pendant leur jeune âge, des cloisons semblaliles à celles des
Deroceras ei des Gonialites, paraissent dériver d'iui de ces deux types. »
( i56o )
MÉTÉOROLOGIE. — Les trombcs et les tourbillons. Note de M. E. RIocchez.
a Un des phénomènes les plus curieux el les moins connus de la Jlétéo-
rologie a été depuis quelque temps l'objet de diverses Communications à
l'Académie, au sujet des belles recherches de M. Faye sur la constitution phy-
sique du Soleil ; mais aucune de ces Noies ne donne une description précise
du phénomène sous le nom duquel on confond quelquefois des météores
fort différents.
» Le peu d'accord qui existe sur l'interprélalion des faits et sur les faits
eux-mêmes provient sans doulede ce qu'on a essayé d'établir des hypothèses
d'après des observations incomplètes ou erronées. Il est assez rare de ren-
contrer des trombes, et, quand il s'en forme en quelque point de l'horizon,
elles sont souvent trop loin pour qu'on |Miisse examiner ce cjui s'y passe;
j'ai eu l'occasion d'en voir cinq à six fois en trente-cinq ans de navigation,
et, dans deux circonstances, je les ai vues de si près, qu'd m'a été possible
d'en étudier et d'en dessiner les moindres détails, que j'ai consignés dans
mon journal de bord. (Voyage de circumnavigation de la Favorite,
I 840-1844.)
M Bien que ces Notes aient déjà trente ans de date, j'espère qu'elles re-
trouveront aujourd'fuii lui certain intérêt d'actualité.
» On paraît habituellement confondre sous le nom de trombe deux mé-
téores fort différents dans leur cause et leurs effets :
» Le premier, auquel convient mieux le nom de tourbillon ou cyclone,
est un mouvement gyratoire formé dans un fluide en mouvement, quand
deux couches voisines, accidentellement déviées, viennent se rencontrer
sous des angles ou avec des vitesses différentes. Les molécules situées sur
la ligne de rencontre se trouvent soumises à un couple, qui donne nais-
sance au mouvement de gyration : c'est ce que nous voyons journelle-
ment sur les routes, quand un arbre ou une maison coupe un courant d'air,
et dans les rivières, quand les filets d'eau sont divisés par une pile de
pont, en aval duquel ils se réunissent de nouveau en formant le tourbillon.
Ce tourbillon, une fois produit, persiste plus ou moins longtemps sui-
vant les circonstances accessoires, et prend un deuxième mouvement de
transport, dans la direction de la composante des i\euii courants qui lui
ont donné naissance. On sait aujourd'hui que les cyclones qui dévastent les
mers tropicales ne paraissent pas avoir d'autre cause.
» La condition essentielle d'un tourbillon dans l'atmosphère est donc
( i56i )
l'existence d'un vent plus ou moins fort. La présence ou l'absence de nuages
est absohunent indiflérenle dans la formation.
» La trombe, au contraire, prend toujours naissance au bas d'un nuage
particulier, d'un nimbus fort dense, dont elle n'est qu'un appendice, et elle
ne paraît pouvoir se former qu'en calme plat ou avec une très-faible
brise, car un vent, même modéré, la dissipe immédiatement.
» Toutes les trombes que j'ai eu l'occasion d'observer se sont formées
dans les conditions suivantes, toujours identiquement les mêmes: calme
plat, ciel généralement dégagé en quoique point de l'horizon, et couvert
dans d'autres de nuages noirs très-denses, terminés dans la partie infé-
rieure par une ligne droite horizontale, et dans la partie supérieure par
des masses floconneuses beaucoup plus claires; la ligne inférieure se dessine
souvent sur un ciel bleu ou voilé de légers cirrhus.
» Quand ces circonstances se rencontrent avec d'autres conditions en-
core inconnues, on voit se former, près de la partie inférieure du nuage,
une protubérance qui s'allonge lentement vers la mer et prend bientôt la
forme d'une colonne ou tube, qui reste verticale si le calme est absolu, et
s'ondule légèrement s'il existe quelque souffle de brise. Quand ce lube,
dont la partie supéiieure est toujours enveloppée d'un second tube ou
manchon, plus dillus, a atteint les f environ de la hauteur du nuage,
on voit la surlace de l'eau commencer à bouillonner sous la trombe; puis
on aperçoit très-distinctement, quand on est à une petite distance, un jet de
vapeur s'élever de la mer, en gerbe verticale, autour du pied de la trombe,
si celle-ci est verticale, et en faisceau oblique, faisant l'angle de réflexion
égale à l'angle d'incidence, si la trombe est inclinée. Pendant que cette
émission de vapeur ou d'eau a lieu, le tube s'éclaircit de plus en plus, et
finit par ne plus apparaître que sous la forme de deux traits noirs Irès-
déliés. Quand le jet de vapeur a cessé, la trombe paraît avoir terminé son
oeuvre, car elle commence à se dissoudre par sa partie inférieure et à re-
monter lentement vers le nuage, dans lequel elle va bientôt se perdre.
» Telle est la forme la plus simple, la plus générale des trombes, et celle
qui paraît en être le type fondamental; mais ce météore se complique sou-
vent de quelques faits particuliers, d'apparence très-singulière, beaucoup
plus difficiles à expliquer. J'en citerai quelques exemples
» Quelquefois, au lieu d'un seul tube, on en voit deux ou trois, l'un dans
l'autre, tous parfaitement concentriques réguliers et toujours limités par
des lignes fort nettes. Il arrive fréquemment, dans ce cas, que l'axe lui-
même est dessiné par une ligne centrale, se prolongeant en dehors du tube
C, R., 1873, 2« Semestre. (T. LXXVII, N" 26.) 202
( i562 )
jusqu'à la mer. Les tubes extérieurs sont plus courts que les tubes inté-
rieurs.
» D'autres fois, il survient une seconde phase, contraire à la première, et
qui a pu donner lieu à l'opinion que le mouvement danslestr ombes alieu
de bas en haut. Dans une trombe aperçue dans le détroit de Gilolo, à une
très-petite distance du navire, j'ai vu, après la cessation du jet de vapeur,
le tube, au lieu de se dissoudre, conserver sa forme intacte et se transformer
en cheminée d'appel, car on distinguait nettement, dans l'intérieur, des
petits flocons de vapeur, remontant lentement vers le nuage en oscillant
d'un côté à l'autre : c'est la seule fois que j'aie vu ce fait se produire.
» Dans une autre circonstance, la trombe se présentait comme un tube
fermé par le bas, ou plutôt comme un sac très-allongé; la pointe inférieure
était arrondie et plus noire que le reste du tube, et cependant on vit la mer
bouillonner au-dessous d'elle comme au-dessous des tubes ouverts. Cette
singulière apparence, qui paraît en contradiction complète avec celles que
nous avons décrites précédemment, m'a semblé présenter le seul cas où
l'intervention de l'électricité serait utile pour expliquer les faits.
» Enfin il y a des trombes qui présentent un autre aspect : leurs deux
extrémités sont évasées en forme d'entonnoir; la bouche inférieure paraît
s'élargir, comme sous une forte pression, et le jet a lieu en divergeant
comme celui qui sort d'une pomme d'arrosoir.
» Un même nuage peut donner naissance à plusieurs trombes, parmi
lesquelles il en est qui se dissipent avant d'avoir atteint leur complet déve-
loppement; elles n'apparaissent alors que comme de simples traits noirs,
plus ou moins allongés, descendant au-dessous du nuage. Une trombe en-
tièrement formée paraît devenir adhérente au point de la mer qu'elle a
atteint, car son pied reste immobile quand le nuage prend un léger mou-
vement de transport; on la voit alors s'incliner de plus en plus, s'allonger,
puis enfin se déchirer avant d'avoir accompli ses phases; ses ondulations
indiquent d'ailleurs les diverses directions de la brise à différentes hauteurs.
Je n'ai jamais vu ni éclairs ni tonnerre accompagner les trombes.
» La pluie précède très -rarement le phénomène, mais lui succède
presque toujours ; elle ne coexiste jamais avec lui. J'ai pu mesurer avec une
suffisante exactitude plusieurs trombes, que nous avons vues à moins de
I ou 2 milles, dans le golfe Persique et les îles de la Sonde : le diamètre
inférieur du tube a varié entre 5 et 20 mètres; le diamètre supérieur est
deux ou trois fois plus grand; la hauteiu- du nuage a été comprise entre
200 et 5oo mètres. La durée totale d'une trombe est de dix à vingt mi-
( i563 )
mîtes. Le clapotis de la mer forme un cercle quatre à cinq fois plus grand
que le diamètre du tube; la hauteur des vagues n'atteint pas i mètre, et le
seul inconvénient qu'une embarcation y aurait rencontré eût été proba-
blement une forte douche d'eau ou de vapeur; cependant, malgré mes
demandes réitérées, le commandant de la Favorite ne voulut pas m'auto-
riser à y aller faire quelques observations avec un baromètre et un ther-
momètre. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de revoir ce météore
depuis une vingtaine d'années, que, naviguant comme commandant, il
m'aurait été possible de faire ces observations avec tout le soin et l'intérêt
qu'elles mériteraient.
» Aucune des trombes que j'ai vues ne m'a paru pouvoir causer le
moindre danger à un navire. Les différentes phases se succèdent avec
calme, lenteur et régularité; elles n'ont jamais été accompagnées de mou-
vements violents de l'atmosphère, ni de tourbillons, ni d'orages. Ce météore,
d'apparence si vaporeuse et délicate, n'a donc aucun rapport avec celui que
l'on a décrit dans certaines relations, où on le voit venant au milieu d'une
tempête, avec une rapidité effrayante, en tourbillonnant, soulevant une
grosse mer et menaçant dt» faire sombrer les navires. Peut-être faut-il faire
dans ces récits luie large part à l'exagération et à la crainte inspirée par
un phénomène assez rare, et en réalité très-frappant la première fois
qu'on le voit; mais, si ces récits sont véridiques, ils se rapportent évidem-
ment à des faits tout autres que ceux que je viens de décrire, et ils doi-
vent avoir une cause toute différente. J'ajouterai cependant que je n'ai
pas encore rencontré de témoin oculaire de ces trombes de tempête, tandis
que j'en ai vu quelques-uns qui ont aperçu des trombes de calme, dans des
conditions identiquement semblables à celles que je viens de décrire.
)) Tout en laissant à des personnes plus compétentes le soin de chercher
les causes de ce curieux météore, je dirai que l'impression produite sur
les témoinsétait exprimée par l'idée qu'tnie masse d'air isolée, subitement
refroidie, tombait par son propre poids à travers des nuages doués d'une
force de cohésion particulière. Cette explication n'a d'autre valeur que de
constater d'une manière certaine, dans les trombes, le mouvement des-
cendanlmé par certains observateurs. Dans les tourbillons de vent, au con-
traire, on voit presque toujours se produire un mouvement ascendant selon
l'axe du tourbillon, mouvement qui a d'ailleurs pour résultat d'en pro-
longer la durée. C'est encore là une différence essentielle entre les deux
phénomènes, que l'on confond souvent sous le même nom, et dont je viens
d'essayer d'établir la diversité d'origine et d'apparence. »
202..
( >56.^, )
PHYSIOLOGIE. — Sjti les cjfcts (lu chanvre indien (haschicli).
Note de M. A. Naquet. (^Extrait.)
« Une des premières difficultés que l'on rencontre, lorsqu'on veut étu-
dier les effets du chanvre indien, est d'obtenir une préparation d'une com-
position uniforme. Le chanvre indien doit ses propriétés à des composés
mal définis, qu'on ne peut pas doser, qu'on ne connaît même pas, et l'on
ne sait jamais exactement ce que l'on administre. Ce qui m'a paru le plus
simple, c'est de prendre la teinture, qui est an moins uniforme dans sa
composition quand elle provient d'une même préparation, et qui se dose
avec facilité.
En opérant avec de la teinture de chativre indien, que je dois à l'obli-
geance de M. le directeur de la Pharmacie centrale, j'ai pu remarquer
d'abord que le haschich est très-variable dans ses effets. C'est ainsi que
non-seulement la même dose agit ou n'agit pas suivant les individus, mais
encore qu'elle agit ou n'agit pas sur le même individu, suivant le jour où
on l'administre. Il sera très-intéressant d'étudier en premier lieu, ainsi
que je me propose de le faire, quelles sont les conditions, soit morales, soit
physiques, qui favorisent ou entravent l'action du poison.
» La seconde question qu'il me paraît curieux de résoudre consiste
à savoir si, parmi les hallucinations que le haschich fait naître, il n'y
en a pas qui soient tout à fait propres à la substance toxique et qui se
reproduisent dans tous les cas. Mes expériences ne sont point encore assez
avancées pour que je puisse, dès aujourd'hui, me considérer comme ayant
résolu le problème. Les faits observés par moi sont cependant déjà assez
probants pour laisser supposer que, suivant toute apparence, les symp-
tômes de l'empoisonnement cannabien se divisent en symptômes con-
stants, propres au poison, et en symptômes accidentels, qui varient avec
l'individu soumis à l'expérience.
» Des symptômes variables, je n'ai rien à dire, sinon que l'action du
haschich se borne à l'exag'ération des idées courantes, lesquelles en outre
se succèdent avec une extrême rapidité, à ce point que le sujet passe,
presque sans transition, de la tristesse la plus lugubre à la gaieté la plus
absolue. Souvent, cependant, on peut suivre l'association des idées qui
amène ces modifications brusques de la pensée, et, dans lui grand nombre
de cas, on peut constater que la pensée se modifie sous l'influence des airs
de musique que l'on chante soi-même ou que l'on entend chanter autour
do soi.
( i565 )
Ce qui a plus d'intérêt, ce sont les symptômes propres au poison lui-
même, et qui se reproduisent chez tous les sujets. Je citerai parmi les
symptômes que j'ai observés, dans le petit nombre d'expériences que j'ai
pu faire, les hallucinations qui portent le sujet à s'imaginer qu'il moule
à cheval, qu'il chasse, qu'il voit de l'eau bleue, qu'il nage ou qu'il moule
eu barque, qu'il voyage, qu'il s'envole, qu'il ne pèse plus. A ces effets, je
crois devoir joindre, avec plus de réserve, quoique ce symptôme n'ait
jamais fait défaut dans mes observations, une tendance aux jeux de mots
et aux dissertations grammaticales... »
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i5 décembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Mémoires sur plusieurs espèces de Mammifères fossiles propres à l'Amérique
méridionale; parM. Paul Gervais. Paris, F. Savy, 1873; in-4°.
Mémoire sur les propriétés optiques de la flamme des corps en combustion
et sur la température du Soleil; par G. -k. HiRN. Paris, Gaulhier-Villars,
1873; br. in-8°. (Extrait des Annales de Chimie et de Physique.)
Recherches sur la faune ornitholocjique éteinte des îles Mascareicjnes et de
Madagascar; par M. Alph.-Mdne Edwards. Paris, G. Masson, i866à 1878;
I vol. in-4'', relié, avec planches.
Notice sur les travaux de M. E. BaudelOT. Nancy, Berger-Levrault, 1873;
br. in-8^
Fernand Papillon. La Nature et la Fie. Faits el doctrines. Paris, Didier
et C'% 1874; I vol in-8°.
Les fonds de la mer. Etude internationale sur les particularités nouvelles des
régions sous-marines, dirigée par MM. Fischer, Folin, Périer; liv. 5, 6, 7,
II, 12, i3, t. IL Paris, Savy, 1873; 4 hv. in-8''.
( i5G6 )
Catalogue raisonné des plantes vasculaires du département de la Somme; par
M. Éloy DE ViCQ et Bloindin de Brutelette. Abbeville, imp. P. Briez,
i865, avec Supplément, 1873 ; in-S". (Adressé au Concours La Fons Méli-
cocq, 1874.)
Les grandes usines. Études industrielles en France et à l'étranger; par
TURGAN, X. Paris, Michel Lévy, 1874; grand in-&°, avec figures.
Recueil des travaux de ta Société médicale du dépai'tement d' Indre-et-Loiie ;
année 1873, i" semestre. Tours, imp. Ladevèze, 1873; in-8°.
Le Phjlloxera et les vignes américaines. I. Rapport à M. le 31inistre de
l'Agriculture sur une mission aux Étals-Unis; par M. J.-E. Plancmon. Mont-
pellier, imp. Grollier. 1873; br. in-8°. (Renvoi à la Commission du Phyl-
loxéra.)
Becherches géologiques et chimiques sur les eaux sulfureuses du Nord; par
M. Roger-Laloy. Lille, imp. Danel, 1873; br. in-8''.
Mémoires de V Académie des Sciences, Inscriptions et Belles- Lettres de Tou-
louse; t. V. Toulouse, Douladoure, 1873; i vol. in-8°.
Association française pour l'avancement des Sciences. Sur l'assainissement
de la ville de Lisbonne; par M. Ch.-J. DA Silva. Bordeaux, G. Gounouiihou,
sans date; opuscule \n-8". (Adressé au Concours des Arts insalubres, 1874.)
La Saison d'Iiiver en Algérie; par le D"" A. Maurin. Paris, G. Masson, sans
date; i vol.in-12. (Adressé par l'auteur au Concours Montyon, Médecine
et Chirurgie, 1874)
Les Merveilles de l'Industrie ou Description des principales industries mo-
dernes; par L. Figuier. Paris, Furne et Jouvet, 1873; i vol. grand in-8°,
avec figures, relié.
Descriptiones plantarum novariim in regionibus turkestanicis a cl. viris
Fedjenko, Korolkov), Kuschakewicz et Krause collectis, etc.; fasciculusT, auc-
toreE. Regel. Petropoli, 1873-, br. in-S".
The Journal oj the royal geographical Society ; vol. the forty-second, 1872.
London, John Murray, i vol. in-S", relié.
Proceedings oj the royal geographical Society; vol. XVII, n"' 3, 4j 5. Lon-
don, 1873; 3br. in-8".
Medico-chirurgical Transactions., published bj ihe royal médical and chi-
rurgical Societj of London ; second séries, vol. the thirty-eighlh. London,
1873; I vol. in-8°, relié.
( '5(37 )
The qnarlerly Journal of the geological Sociely; yo\. XXIX, n° i i6. Lon-
don, 1873; in-S".
List oj ihe geological Societf of London; noveniber, Ist., 1873. London,
sans date; br. in-S".
Journal of the chemical Society ; august, september, oclobcr 1873; vol. XI.
Loiidon, van Voorst, 1873; in-8°.
Tlie pharniaceulical Journal and transactions; october 1873. London,
Churchill, 1873; in-8".
Analomy of the king Crah (Limuins polyphemus, Latr.); /)/ Richard
OwEN. London, by Taylor and Francis 1873; in-4°, cartonné.
Atti délia R. Accademia délie Scienze di Torino; vol. VIII, disp. i , 2, 3,
4, 5, 6, novembre 1872, giugno 1873. Torino, Stamperia reale, 1872-1873;
in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 22 décembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Tableaux de population, de culture, de commerce et de navigation, formant,
pour l'année 1869, la suite des tableaux insérés dans les Notices statistiques sur
les colonies françaises. Paris, Imprimerie nationale, 1872; !n-8°.
Études sur les filons du Cornwall. Parties riches des filons. Structure de ces
parties et leur relation avec les directions des systèmes slratigraphicjues; par
L. MoiSSENET. Paris, Dunod, 1874-, i vol. in-8°, avec atlas in-4''.
Proposition de loi sur l' organisation de l'enseignement supérieur de l'Etat,
présentée par M. P. Bert. Versailles, imp. Cerf; opuscule in-4''.
Commission drpnrlementale de l'Hérault de la maladie de la vigne caracté-
risée par le Phylloxéra. Résultats des divers procédés de cjnérison proposés à lu
Commission pour combattre la nouvelle maladie de la vigne, qui ont clé appli-
qués dans le domaine de las Sorres, près Montpellier, du 6 juillet 1872 au
29 août 1873. Montpellier, C, Goulet; Paris, A. Delahaye, 1873; in-8°.
Revue d'Artillerie; 2^^nnée, t. III, 3'= liv. Paris et Nancy, Berger-Levrault,
1873; I liv. iu-8°. (Présenté par M. le général Morin.)
Conseil général de la Loire-Inférieure. Rapport de M. le Directeur du Labo-
ratoire de Chimie agricole à M. le Préfet. Niinles, imp. Mellmet, sans date;
br. in-8°.
( i568 )
L'attraction; jjarM. H. Champion. Loiis-le-Saunier, imp. Gallard et C'%
1873; br. in-S". ( 5 exemplaires.)
Siibsiilution du yesage métrique des alcools à leur mesurage, etc.; pur T.
SouRBÉ. Bordeaux, imp. Goiiiiouilhou, 1873-, br. in-8''.
Essai sur la distribution géographique des populations primitives dans le dé-
partement de l'Oise; par M. R. GuÉRiN. Paris, Gauthier-Villars, 1873;
opuscule in-4°.
Animal locomotion 01 ivalliing, siuimming and flying ivilli a dissertation on
aeronaulics; by J. Bell-Pettigrew. Loiulou, Henry S. King and G", 1873;
I vol. in-i s, relié.
On llie Physiology nf ivings; bj J. Bell-Pettigrevv. Edinburg, 1871; in-4°.
(From ihe Transactions of tlie rojal Societ/ of Edinburgh, vol. XXVI.)
On the meclianical appliances by whicli fliglit in attained in llie animal king-
dow; by J. Bell-Pettigrevv. London, printed by Taylor and Francis.
(From the Transactions of the linnean Societj-, vol. XXXI.)
(Ces trois ouvrages sont renvoyés à la Commission des Aérostats.)
Animal Report of the board of Régents of the smilhsonian Institution for
the year 1 871. Washington, government printing Office, 1873; in-8",
relié.
Sixth annual Report oj the United-States geological survey of the territo-
ries; by F.-.V Hayden. Waskington , government printiiig Office, 1873;
in-8", relié.
Smithsoniam miscellaneous collections ; vol. X. Washington, 1873; in-8".
Annual Report of the chief signal-officer to the Secretary IFar for the year
1872. Washington, government printing Office, 1873.
Smilhsonian contributions lo hnoivledge. An investigation nf the orbit oj
Uranus, wilh gênerai Tables of its motion; by Simon NewCO.miî. Wasliington
city, 1873; in-4", cartonné.
The american Ephemer'is and Nautical Almanacfor the jear 1876. Bureau
of Navigation, 1873-, in-8".
On the origin of savnge life; opening address, read before the liternry and
pliilosophical Society of Liverpool, october 6"', 1873-, hj Albert-J. MoTT,
Président. Sans lieu ni date; br. in-8°.
Memoirs of the american Academy of Arts and Sciences; new séries,
vol. IX, part II. Cambridge, 1873; in-4°.
( >569 )
Proceedings oj tlie american Association for tlie aduancemenl of Sciences,
twenly-first meeting held at Dubuque, Jowa, aiigust 1872. Cambridge, 1873;
in- 8°.
The fiftli anmial Report of tlie public Ubrary of Cincinnati, jiine 1872.
Cincinnati, Robert Clarke and C°, 1872; in-B".
Catalogue of tlie public library of Cincinnati, Cincinnati, 1871; in-8°,
relié.
Transactions oftlie TVisconsin Academy of Sciences, Arts and Letlers, 1870-
1872. Madison, Wis, 1872; in-8°.
Transactions of thc Edinburgh geological Society f. vol. II, part II. Edin-
burgh, 1873; in-8«.
Proceedings of the literary and philosopliical Socielj oJ Liverpool during tlie
sixly-second session, 1 872-1 873, n° XXVII. London, Liverpool, 1873;
in-8'', relié.
The american Journal of Sciences and Arts; september i853, noveinber
1860, september 18G2, july i863, 'march 1864, noveinber i865; january,
jnly, september 1866; january, march, september 1867; january, may,
july 1868; january, july, september, november 1869; january, march,
may, july, september, november 1870; january to december 1871. New-
Haven, 1 853-1871 ; in-8°.
Atli deir Accademia ponlificin de' Nuovi Lincei, compilati dal Segretario;
anno XXVI, sessione Vl'* del 25 maggio 1873. Roma, 1873; in-4*'.
Ricerche sperimentali sulla solfatara di Pozzuoli ; per S. DE LuCA. Napoli,
1872; in-4''.
Reptilien von Marocco und von den canarischen Insetn; von D'' P.-O,
BoTTGER. Frankfurt, Ch. Winter, 1874; in-4°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 29 décembre 1873, les ouvrages
dont les titres suivent :
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844) publiée par les ordres de
C. R. ,1873, 2^ Semestre. ( T, LX. Wll, N» 2G.) 2o3
( i57o)
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; t. LXXXI. Paris, Imp.
nationale, 1873; in-4°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
ont été pris sous l'empire de la loi du 5 juillet 1 844, [nibliée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce. Table générale des tomes
LXI à LXXIX. Paris, Impr. nationale, 1873; in-4°.
Species novœ maroccanœ, auctore E. COSSON. Séries prima : Cerato-
cnemum, Coss. et Bal., Gen. nov. Paris, imp. Martinet, 1873-, in-H°. (Extrait
du Bulletin de la Société botanique de France.)
L'unité des forces ph/siques. Essai de Philosophie naturelle; par le P. A.
Secchi; 2' édition, fascicule 4- Paris, F. Savy, 1874*, in-B".
Traité de Botanique conforme à i état présent de la science; parJ. Sachs,
traduit sur la S*" édition allemande et annoté par Ph. Van Tiegeiem; feuilles
4i à 5o. Paris, F. Savy, 1873; in-8^
Nouvelle étude du système du monde; pat Luc D 'Apremowt. Paris, J. Leclère,
1873; in-8°.
Annales de la Société des Sciences industrielles de Lyon; n" 4» 1873. Lyon,
Storck, 1873; in-8".
Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
t. XYl, 1873, n"* I, 3. Angers, inij). Lachèse, 1873; iri-8°.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pjrénées-Orientales ; t. XVIL
Perpignan, Ch. Lalrobe, 1868; in-8°.
La pluie et le beau temps. Météorologie usuelle; par P. LaureinCIN. Paris,
J. Rothschild, 1874; in-i8, relié.
Etude de la conformation du cheval; par A. Richard (du Cantal); 4*^ édi-
tion. Paris, Hachette; i vol. in-i8.
Recherches cliniques sur l'intoxication saturnine locale et directe par absorp-
tion cutanée; par le W K.M.^.novyriez. Paris, A. Delahaye, 1874*, in-8°.
(Présenté par M. Puiseux.)
Recherches sur le développement de la fonction T et sur certaines intégrales
définies qui en dépendent; par Ph. Gilbert. Bruxelles, F, Hayez, 1873 ; hi-4°.
(Présenté par M. Puiseux.)
Philosophie de la nature; j)ar TT. Levittoux; 3^ édition originale fran-
çaise. Paris, F. Savy, 1874; in-8".
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou , publié sous
( ■•^7' )
fa rédaction du D'' Renard; année 1873, n" 2. Moscou, A. Lang, iSyS;
in-8°.
Tliomœ Fallnvrii de cavsis negleclœ tallnitatis aci oasis Jvgvblœ Tavrino-
rum, i8j3; in-J2.
PUBLICATIONS PÉKIODIQCES REÇUES PAR l'aCADÉMIE
PENDANT LE MOIS DE DECEMBRE 1875.
Annales de Chimie et de Physique; décembre 1873; in-8°.
Annales des Conducteurs des Pouls et Chaussées; novembre 1873 ; in-8°.
Annales du Génie civil; novembre et décembre 1873 ; in-S".
Annales industrielles; n°* 48 à Sa, 1873; in-4°.
Annuaire de la Société Météorologique de France; Tables météorologiques,
feuilles i à 6, 1873-, in-8°.
Association française contre r(d)us du tabac; n° 4, 1873; in-S".
Association Scientifique de France; Bulletin hebdomadaire, n°^ des 7,
i4, 21 et 28 décembre 1873; in-B".
Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 192, 1873; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; n"' 8, 9, 10, 1873;
in 8"^.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n"' 9, 10, 1873; in-S".
Bulletin de la Société Botanique de France; Comptes rendus, n° 2,
1873; in-8°.
Bulletin des séances de la Société entomologique de France; n"^ 16, 17,
1873; in-8°.
Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture de France; n" 10,
1873; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; dé-
cembre 1873; in-4°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; t. II , 3'' liv., 1873; in-8°
avec atlas in-fol.
2o3..
( i572 )
Bulletin de ta Société de Géocjrapine; novembre, 1873; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; n°^ 1 1 et 1 2, 1 878 ; in-S".
Bulletin de la Société Géologique de France ;n° 5, 1873; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n"' des 3o novembre et i5 décembre,
1873; in-8°.
Bulletin mensuel de la Société des Agriculteurs de France; n° 11, 1873; in-8°.
Bulleltino meteorotogico dcll' Osservatorio del R. Collegio Carlo Alberto,
n'«6et7, 1873; 111-4".
Chronique dé l'Industrie; n°^ 96 à gg, 1873 ; in-4''.
Catalogue des Brevets d'invention; n° 12, 1872; n°' i à 5, 1873; iii-8°.
Gazette de Joulin; n° 5, 1873; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n"* i38 à i45, 147 à i5o, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Paris; n°^ 48 à Sa, 1873; in-4°.
Gazette médicale de Bordeaux; n° 2/i, 1873; in-8'*.
Jron; n"' 46 à 5o, 1873; in-4°.
Journal télégraphique, n°' 23, 24, 1872; in- 8°.
Journal de la Société centrale d'Horticulture; octobre 1873; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; décembre 1873; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique; n°^ 49 à 62, 1873; in-8°.
Journal de r Agriculture; n"' 242 à 2/|5, 247, 1873; in-8''.
Journal de l'Eclairage au Gaz; 11"^ 23 et 24, 1873; in-4".
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; décembre 1873; in -4°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; décembre 1873-, in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; 3o novembre
et i5 décembre 1873; in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; n°^ 34 à 37, 1873; in-folio.
Journal de Physique théorique et appliquée ; novembre et décembre 1873 ;
in-8°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; i\° 25, 1873;
in-8°.
La Nature; n°' 27 à 3o, 1873; gr. in-8°.
La Revue médicale française et étrangère; n° du 22 novembre 1873 ; in-8°.
( i573 )
La Revue scientifique; ii*" aa à 26, 1873; in-4°.
La Tribune médicale; n°' 276 à 280, 1873; in-4°.
V Abeille médicale; n°^ 48 à 52, 1873; in-4°-
L'Jéronaute; décembre 1873; in-8°.
L'Art dentaire; décembre 1873; in-8°.
L'Art médical; décembre 1873; in-8°.
L'Ëclio médical; décembre 1873; in-S".
Le Gaz; n° 6, 1873; in-4°.
Le Messager agricole; n° 11, 1873; in-8°.
Le Moniteur de la Photographie; n"' ^3, a4, 1873; in-4°.
Le Moniteur scientifique Quesneville ; décembre 1873; gr. in-8°.
Le Mouvement médical; n°' 48 à 52, 1873; in-4°.
Les Mondes; n"^ i4 à 16, 1873; in-8°.
Le Progrès médical; lY^ 26 à 29, 1873; in-4°.
Le Rucher du sud-ouest; n°^ g, 10, 1873; in-8°.
Magasin pittoresque; décembre 1873; 111-4°.
Marseille médical; n° 1 1 , 1873; in-8°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; livr. 5
et 6, 1873; in-8°.
Montpellier médical. Journal mensuel de Médecine; décembre 1873; iii-8".
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
novembre 1873; in-8°.
Memorie délia Società degli Spettroscopisti italiani; août 1873; in-4°.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; décembre 1873; in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire; n" 11, 1873; in-S".
Répertoire de Pharmacie; r\° 23, 1873; iii-8°.
Revue bibliographique universelle; décembre 1873; in-8°.
Revue des Eaux et Forêts; décembre 1873; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n"' 23, 24, 1873; in-8°.
Revue hebdomadaire de Chimie scientifique et industrielle ; n°^ 43 à 45,
1873; in-8°.
Revue agricole et horticole du Gers; n°^ 11 à 26, 1873; in-8°.
( i574 )
Revue maritime et coloniale; décembre 1873; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; décembre 1873; ii]-8°.
Revistn de Portugal e Brazil; dezembro iSyS; \n-l\°.
Société d' Encouragement. Comptes rendus des séances ; n° i5, 1873; in-8°.
Société des Ingénieurs civils; n" ao, 1873; in-4°.
Société entomologique de Belgique; n° g3, 1873; in-8°.
Tlte Food Journal; n° 47, 1873; in-8°.
FIN DU TOME SOIXANTE-DIX-SEPTIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET — DÉCEMBRE 1875.
TABLE DES MATIERES DU TOME LXXVIÏ.
A
Pn(;os.
AcAniENS.— Sur la position zoologiqiic et le
rôle (les Acariens parasites connus sous
les noms d' H) yjn/jiis , Himiopus et Triclui-
dactylus ; Note de M. Mcgniri. 129 et 49'-
Acétique (acide) et ses déhivés. — Sur une
combinaison d'acide picrique et d'anhy-
dride acétique; Note de MM. D. Toin-
mnsi et H. David 207
— Recherches sur l'acide tribromacétique ;
par M. H. Gai 78G
Acier. — Note sur un nouveau mode de
trempe de l'acier ; régénération du fer
brûlé ; par M. H. Canm 83G
Acoustique. — Sur un procédé destiné à
constater les nœuds dans un tuyau so-
nore 1 099
— Voir aussi Elasticité.
Aérostats. — Observations météorologiques
en ballon ; Note de M. G. Tissandicr. . . 889
— Remarques sur différents problèmes pra-
tiques de navigation aérienne ; Note de
M. ff^. de Fonvielle 1007
— Sur l'emploi des pigeons voyageurs dans
la navigation aérienne ; par le même. . . i iGo>
— M. Chataing adresse une Lettre relative
à ses appareils d'aérostalion 39
— U. E. Riolet adresse une Note relative à
un projet d'aérostat. 346
— M. A. Mesqidte adresse une Note rela-
tive à une solution du problème de la
C. R., 1873, 5" Semestre. (T.LXXVH.)
P.nges.
navigation aérienne 527
- M. /. Billi-t adresse un complément à ses
Communications précédentes, concer-
nant la navigation aérienne Co4
— M. J. Bouvet adresse une Lettre relative
à ses Communications sur les aérostats. 773
— M. -'/. de Chaxscqidnt adresse une Note
relative à la navigation aérienne loïC
— M. C. Collier adresse divers résultats de
calculs concernant la navigation aé-
rienne 1221
— M. Bell-Pettigrew adresse divers ou-
vrages relatifs à la locomotion aérienne. i48(J
Agriculture. — M. Leprcstrc adresse un
Mémoire destiné au Concours du prix
de Mécanique, fondation Montyon (in-
vention ou perfectionnement des in-
struments utiles aux progrés de l'Agri-
culture) 2G8
— M. le Secrétaire perpétuel signale à
l'Académie deux Rapports de M. J.-A.
Barrai, sur un Concours de machines
à faucher et sur un Concours de ma-
chines à moissonner, et donne lecture
d'un extrait de la Letire d'envoi 773
-- M. le Secrétaire perpétuel, en signalant
une Carte agronomique de l'arrondis-
sement de Vouziers (Ardeniies), par
MM. MeugY et Nimit, extrait quelques
renseignements do la Lettre d'envoi. . . i34i
204
( '^1^
Pafjos.
Air ATMospnÉnrotiE. — Sur la proportion
d'iicidt' i-arbcmicjuo existant dans l'air
atmosphérique. Variation de cette pro-
portion avec l'altitude ; Note de M. P.
Tnichnt 675
— Sur la quantité d'ammoniaque contenue
dans l'air atmosphérique à différentes
altitudes ; par te ménw i iSg
Albojiimî. — Du rôle des gaz dans la coa-
gulation de l'albumine; Note delWM.-É'.
Mnthieu et V. Urbain 706
— Recherches sur l'isomérie dans les ma-
tières albuminoïdes ; par M. Â. Bé-
chninp iSaS
— Observations de M. Dumas, à propos de
la Communication de M. Béchamp, sur
trois matières albumino'i'des distinctee,
observées dans le lait de vache iSag
Alcools. — Sur les oxalines ou élhers de la
glycérine et des alcools polyatomiques ;
Note de M. Lorin 1 29
— Caractéristiques des alcools polyatomi-
ques proprement dits ; par le nicme. . . . 363
— Procédé pour préparer l'alcool amylique
actif; par M. J.-A. Le Bel 1021
— M. J . Penart adresse un Mémoire con-
cernant un instrument propre à déter-
miner la richesse alcoolique de liquides
non sucrés 194 et 715
— M. T. Sourbé adresse divers documents
concernant la substitution du pesage
métrique des alcools à leur mesurage. . i434
Alimentation. — Note concernant la pani-
fication des farines fournies par diverses
graines ; par M. Monclar i5o2
— M. Ch. Tellicr informe l'Académie qu'il
vient d'organiser des expériences per-
manentes, pour la conservation de la
viande fraîche par l'application du froid. 1221
Ammoniaques. — Ammoni-nitrométrie , ou
nouveau système pour doser l'ammo-
niaque, l'azote des matières organiques
et l'acide nitrique dans les eaux natu-
relles, les terres, les engrais, etc.; Note
de M. Piiiggnri 4^1
— Réclamation de priorité, au sujet de l'ac-
tion du gaz ammoniac sur le nitrate
d'ammoniaque ; Note de M. E. Divers. . 788
— Recherches sur l'absorption de l'ammo-
niaque par les solutions salines; Note de
M. lianult 1078
— Sur la quantité d'ammoniaque existant
dans l'air atmosphérique à différentes
altitudes; Note de M. P. Truclmt iiSg
Analyse mathématique. — Sur la fonction
exponentielle ; Notes de M. Hcmiite. . .
18, 74, 22G et 285
— Sur la constante d'Euler et la fonction
de Binet ; Note de M. E. Cntalan
— Sur l'identité des formules données par
Cauchy, pour déterminer les condi-
tions de convergence de la série de La-
grange, avec celles qui ont été établies
par Lagrangc lui-même ; Note de M. Me-
iiabrea
— Observations relatives à la Note précé-
dente de M. Menabrea ; par M. A. Genoc-
cld
— Sur une réduction de l'équation à diffé-
rences partielles du troisième ordre, qui
régit les familles de surfaces susceptibles
de faire partie d'un système orthogonal ;
Note de M. Lei>y [Maurice.)
— Sur les polynômes bilinéaires; Note de
M . C. Jordan
— M. Bertrand présente à l'Académie une
nouvelle édition de la « Théorie des
fonctions doublement périodiques », de
MM. Briot et Bouquet
- M. S. Smith soumet au jugement de l'A-
cadémie un Mémoire sur les équations
modulaires
— M. Serret fait hommage à l'Académie de
deux Mémoires sur les fonctions entières
irréductibles suivant un module pre-
mier
Anatomie animale. — Essai d'une détermi-
nation, par l'embryologie comparative,
des parties analogues de l'intestin, chez
les Vertébrés supérieurs ; Note de
M. Campana
— Sur la structure des ganglions cérébroïdes
du Zonites algirits; Note de M. //. Si-
cnrd
— Propriétés et structures différentes des
muscles rouges et des muscles blancs
chez les Lapins et chez les Raies ; Note
de M. L. Rani'ier
— Sur les éléments conjonctifs de la moelle
épinière ; par le même
— Structure des dents de l'Ilélodermeet des
Ophidiens ; Note de M. P. Gênais
— Sur la structure de l'estomac chez r//)7vu-
cape/isis; Note de M. George
Anatomie végétale. — M. Lestihoudois
adresse un Mémoire, accompagné de
planches, sur la structure de l'écorce et
la formation du suber
— M. Cil. Groi adresse une Note relative à
l'étude des couches ligneuses annuelles
des arbres exogènes
Aniline. — Procédé de préparation d'un
nouveau rouge d'aniline; par M. E. Per-
rière
Anthropologie. — Essai sur la distribution
géographique des populations primitives
âges..
198
i358
i54i
1435
1487
5oo
472
l322
217
275
io3o
■299
10C9
i554
32
772
G4G
( l'i?? )
P.Tges
dans le département de l'Oise; Note de
M. /?. Guéri/i 1 327
— Essai sur la distribution géographique
des populations primitives dans les dé-
partements de Seine-et-Marne et do la
Moselle ; par li; mcinc 1 485
Aréomètres. — Vérification de l'aréomètre
de Baume ; par MM. Berthdot, Coulîer
et d' Alincida gyo
— M. ColUirdi'cm-J'nclier adresse une Note
intitulée « De l'aréomètre Baume et des
densités correspondantes à ses divers
degrés, d'après le manuscrit de Gay-
Lussac » 1 220
Arsenic et ses composés. — Recherches
sur l'hydrure d'arsenic; par M. £«^'f/. iSJS
Art militaire. — Observations relatives
aux sujets traités dans le 21° numéro du
« Mémorial de l'Officier du Génie » ; par
M. le général Morln 699
— M. le général Mnrin signale à l'Académie
divers documents faisant partie de la
«Revue d'Artillerie », publiée par ordre
du Ministre de la Guerre g5i et i5o2
Astronomie. — Théorie de la planète Sa-
turne ; par M. Le Verrier yS
— Sur la planète Mars ;Jv!ote de M. C.Flam-
marion 278
— Sur la forme des mers martiales, compa-
rée à celle des océans terrestres; Note
de M. Stnn. Meunier 566
— Sur les Astronoinische Mitlheihingen du
D'' Rod. Wolf ; Note de M. Fayc 853
— Analyse et critique d'un « Essai sur la
Pa[Tes.
constitution et l'origine du système so-
laire, par M. Korhe » ; Note de M. Fayc. gSy
— Orbite apparente et période di; révolution
de l'étoile double i de la Grande Ourse;
Note de M. C. Flamimirion 1 234
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les « observations faites dans les
stations astronomiques suisses; par M. E.
Plaiitamoiir n 40
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, le premier numéro du tome I
des « Mémoires de l'Observatoire royal
d'Arcetri » 562
— M. F. Teinturier adresse un Mémoire
portant pour titre « Les merveilles du
Ciel et de la Terre » 562
— M. /. Kregau adresse une Note relative
à diverses questions d'Astronomie et de
Physique du Globe 637
— A'oir aussi Comètes, Mécanique céleste.
Planètes, Soleil, Vénus (passages de).
Aurores boréales. — Sur les aurores bo-
réales, à l'occasion d'un récent Mémoire
de M. Donati ; Note de M. Faye 545
Azote et ses composés. — Recherches ex-
périmentales sur l'action du gaz prot-
oxyde d'azote ; par MM. F. Joliet et
T. Blanche Sg
— Recherches sur les composés oxygénés
de l'azote ; leur stabilité et leur trans-
formations réciproques ; par M. £er-
tlielot 1448
B
Baromètre. — Sur un baromètre dit ofoofe;
Note de MM. Haiis et Herinary 121
Basaltes. — Sur la présence et le dosage du
titane et du vanadium dans les basaltes
des environs de Clermont-Ferrand ;
Note de M. V. Roussel 1 102
Batraciens. — Développement des Batra-
ciens ; Note sur les embryons de 1'//;-
lodes martinensis ; par M. Bat'ay 788
Bière. — Études sur la bière ; nouveau pro-
cédé de fabrication pour la rendre inal-
térable ; par M. L. Pasteur 1 1 40
Bolides. — Observation, dans la nuit du
20 septembre 1873, d'un bolide laissant
après lui une traînée phosphorescente ;
par M. Cliapelas 678
— Observation d'un bolide à Versailles, le
3 décembre 1873; par M. M/irtin de
Brcttes i384
Borates. — Production, par voie sèche, de
quelques borates cristallisés ; Notes de
M.A.Ditte 873 et 892
Botanique. — Recherches sur l'organogénie
tlorale des Noisetiers ; par M. H. Bâillon. 61
— Notice sur les Palmiers de la Nouvelle-
Calédonie; par M. Ad. Brongniart . . . . 396
— De la théorie carpellaire, d'après des Re-
nonculacées (suite); par M. A. Trécul.. 402
— De la théorie carpellaire, d'après des
Amygdalées ; par le même 54g
— Note de M. A . de Candolle, accompa-
gnant la présentation du dernier volume
du Prodromus systematis naturalis re-
gni vegetabilis 86G
— M. le Secrétaire perpétuel, sur l'invitation
de M. le Président, adresse à M. de
Candolle les remercîments de l'Acadé-
mie 86g
2o/| . .
( '5
Pages.
— Sur les sécrétions de la fleur de VEuca-
Ifptus ^lobidus ; Note de M. Gimbert. . i3o4
— De queliiues altérations morphologiques,
observées dans le genre Crp/ipediiim
(Orchidées) ; Note de M. R. Guérin . . . i432
— Organogénie comparée de l'androcée,
dans ses rapports avec les affinités natu-
relles ; Note de M. Ad. Clialin 1 53 1
— M. E. Cosson fait hommage à l'Académie
d'une Note sur la géographie botanique
du Maroc 870
— M. E. Cosson fait hommage à l'Académie
d'un Mémoire intitulé : « Specics novœ
maroccanœ » 1 520
— M. T. Hiisnot adresse, pour la bibliothè-
que de l'Institut, divers fascicules de sa
collection des Mousses dcFrance. igS et 1288
— M. le Ministre de l'Instruction publiqui'
transmet à l'Académie les ouvrages sui-
vants : 1° « Illustrations de la flore de
l'archipel indien n, par M. F.- A. Mi-
quel; 2° « Musée botanique de Lejde »,
jiar M. Suringnr 1222
— MM. B. de Brutdettc et E. de J'icq
adressent, pour le Concours du ]irix de
La Fons-Mélicocq à décerner en 1874,
un Catalogue raisonné des plantes vas-
culaires du déparlement de la Somme. . i434
BorANiQUE FOSSILE. — Giscment de végétaux
silicifiés dans le bassin houillcr do la
7« )
Pages.
Loire; Note de M. Grand' Enry 494
— Sur le gisement de VEndngenitrs echina-
ii/s qui fait partie de la collection de vé-
gétaux fossiles du Muséum ; Note de
M. E. Robert 729
Boussoles. — M. E. Diicheinin envoie un
spécimen de sa boussole circulaire. . . . 6o3
— M. E. Ducliemin adresse une Note inti-
tulée : « De la boussole circulaire et de
son aimantation; système de compensa-
tion appliqué aux compas de la Ma-
rine » 772
— M. E. Darhcmin adresse une Note sur
les avantages que présente la boussole
circulaire , comparée à la boussole à
aiguille 890
Bulletins BiBLiocnAPiiiQUES. — (ig, i47,
220, 284, 372, 449i 542, 567,646, 680,
736, 790, 845, 954, io4o, 1199, 1249,
i3o6, 1887, i5o3, i565.
Bulletins météorologiques. — 70, 378,
618, 798, 1046, i3io.
Bureau des Longitudes. — M. Muthieii pré-
sente à l'Académie, delà part du Bureau
des Longitudes, la Connaissance des
Temps pour l'année 1875 802
Butyle et ses dérivés. — Recherches sur
de nouveaux composés du butyle; par
M. A. Cahours i4o3
Calorimétrie. — Détermination du rapport
des deux chaleurs spécifiques, |)ar la
compression d'une masse limitée de
gaz ; Noie de M. Ama^at i325
Candidatures. — La Commission chargée de
préparer une liste de candidats pour la
place d'Académicien libre, laissée va-
cante par le décès de M. de Ferneidl,
présente la liste suivante : ■"M. de Les-
seps ; 2° MM. Bréguet, du Moncel, Jacq-
min, Sédillot i47
— M. E. Baudetot prie l'Académie de le
comprendre parmi les candidats à la
place laissée vacante, dans la Section de
Médecine et Chirurgie, par le décès do
M. Nélaton 1 222
Capillarité. — Du mouvement ascendant
spontané des liquides dans les tubes ca-
pillaires (partie théorique) (suite) ; Note
de !\L C. Decliarnie 59 1
— Ed'ets frigorifiques produits par la capil-
larité jointe à l'évaporation ; évapora-
tion du sulfure de carbone sur du papier
spongieux; par le même 998 et ii57 I
Carbonique (acide). — Sur la proportion
d'acide carbonique existant dans l'air
atmosphérique. Variation de cette pro-
portion avec l'altitude ; Note de M. P.
Triicliot 975
CÉPHALOPODES. — Sur le développement du
phragmostracum des Céphalopodes et
sur les rapports zoologiques des Ammo-
nites avec les Spirules ; Note de M. Mu-
nier-Chalmas 1 557
CÉTACÉS. — M. Ed. Gouriet adresse un Mé-
moire intitulé : « Remarques sur les
membres postérieurs des Phoques et sur
l'extrémité caudale des Cétacés » 6o3
Charbon. — Sur la condensation des gaz et
des liquides par le charbon de bois.
Phénomènes thermiques produits au
contact des liquides et du charbon. Li-
quéfartion des gaz condensés; Note de
1\\.Melsens 7B1
Cmaui'1-agi;. — M. Ravun soumet au juge-
ment de l'Académie un nouveau sys-
tème de calorifère, destiné au chauffage
des appartement.- ' i336
Pages.
— M. C. Batiinann adresse une Note rela-
tive à un projet de fabrication de bri-
quettes, au moyen de déchets de bois,
dans les Vosges 527
Chemins de fer. — Sur le projet d'un che-
min de fer au centre de l'Asie ; Note de
M. Fini, lie Lcsseps 433
— E.\trait d'une Lettre à lord Granville,
sur le projet d'un chemin de fer dans
l'Asie centrale ; par le même 106G
— M. A. Bemmiis adresse divers documents
concernant un système destiné à atté-
nuer le danger des rencontres entre
doux trains de chemin de fer
269, 835 et logS
— M. A. Lchlan adresse une Note relative
à un nouveau modèle do wagon 433
— M. L. Rnrchnert adresse une Note rela-
tive aux résultats obtenus avec sa loco-
motive à double articulation et à deux
cylindres Say
Chimie agricole. — Notes sur le guano
( 3", 4=, 5", 6'' et 7" Note ) ; par M. Chc-
vreul i55, 453, 56g, goi et i265
— Étude de la nitrihcation dans les sols;
Notes de M. Th. Scitlœsing . . 2o3 et 353
— Sur les méthodes d'analyse des phos-
phates naturels employés en agriculture;
Note de M. C. Mène 43o
— Ammoni-nitrométrie, ou nouveau sys-
tème pour doser l'ammoniaque, l'azote
des matières organiques et l'acide ni-
trique dans les eaux naturelles, les
terres, les engrais, etc. ; par M. ^'"1?-
gari 481
Chimie analytique. — Sur les méthodes
d'analyse des phosphates naturels em-
ployés en agriculture; Note de M. C.
Mène 43o
— Méthode de dosage du sucre au moyen
du fer ; par M. Edm. Riffard i io3
— Nouvelle analyse de l'eau de la fontaine
Saint-Tliiébaut , à Nancy ; par M. P.
Guyitt i384
Chimie animale. — Recherches sur le tissu
élastique jaune de l'éléphant etdu bœuf;
par M. Cliei'reid 684
— Quelques considérations sur le tissu
jaune et l'analyse organique immédiate ;
par le même 75o
— Observations sur quelques liquides de
l'organisme des Poissons, des Crusta-
cés et des Céphalopodes ; par MM. Ra-
buteau et Papillon i35
— Recherches sur l'isomérie dans les ma-
tières albuminoïdes ; par M. A. Bé-
champ i525
— Obsorvalions de M. Damas, k propos de
79)'
Pages.
la Communication de M. Béchamp, sur
trois matières albuminoïdes distinctes,
observées dans le lait de vache iSag
Chimie générale. — Premier Mémoire sur
le mode d'intervention de l'eau dans les
actions chimiques pendant le mélange
des solutions salines neutres, acides et
alcalines ; par M. Becquerel 84
— Deuxième Mémoire sur l'intervention do
l'eau dans les actions chimiques, et sur
les rapports existant entre les forces
électromotrices et les affinités; par le
même 1 1 3o
— Note complémentaire à une Communica-
tion précédente, sur l'emploi des gaz
comme révélateurs; par M. Mergci . . . 38
— Observations, à propos d'une Communica-
tion de M. Merget, sur la réduction des
sels de platine par l'hydrogène; par
M. Pellet 112
— Sur les déplacements réciproques entre
les hydracides; Note de M. Berlhelot. . 3o8
— Sur les cyanures ; par le même 388
— Sur la redissolution des précipités ; par
le même 3g3
— Action du platine et du palladium sur
les hydrocarbures; Note de M.J.-f.
Corpiillion 444
— Sur un principe d'union de la Chimie uni-
verselle, applicable à la Chimie orga-
nique ; Note de M. .E. Martin 523
— Sur la condensation desgazetdes liquides
par le charbon de bois. Phénomènes
thermiques produits au contact des
liquides et du charbon. Liquéfaction des
gaz condensés; Note de M. Melsens... 781
— Production par voie sèche de quelques
borates cristallisés; Note deU.A.Diite.
783 et 892
— Réclamation de priorité, au sujet de l'ac-
tion du gaz ammoniac sur le nitrate
d'ammoniaque ; Note de M. £. Divers. . 788
- Sur les chlorovanadates; Note de M. P.
Hautefeiiillc 896
— Sur la purification du gaz hydrogène;
Note de M. Ch. Fiollette 940
— Recherches sur l'hydrure d'arsenic; par
M. Engel i545
— M. de Marignac fait hommage à l'Acadé-
mie d'un Mémoire « Sur la solubilité du
sulfate de chaux » 982
— M. Trémaux adresse une Note tendant à
montrer que «les limites de combinai-
sons et de décompositions électriques
constatées par MM. P. et Arn. Thenard
sont des cas particuliers de la loi géné-
rale qu'il a considérée comme base du
Principe universel » 146
( i58o )
l'agcs.
— M. IVc.H adresse une Note concernant
l'utilité de l'étude des volumes des équi-
valents chimiques, qu'il a entreprise.. . 602
— Recherches sur l'absorption de l'ammo-
niaque par les solutions salines ; par
M. Riioult 1078
— Action de l'eau pure sur divers métaux;
Note de M. Chevrcnl 1 1 Sy
— M. Sncc adresse une Note concernant
l'action de l'acide nitrique sur les chlo-
rures alcalins 1 3o5
-- M. Mcluiy adresse une Note concernant
les relations niiraéricjues qui existent
entre le volume des corps composés, à
■ l'état de vapeur, et l'atomicité de leurs
éléments 1 134
— Voir aussi Thcnnochimie .
Chimie industrielle. — Nouveau procédé
de condensation des matières liquéfia-
bles, tenues en suspension dans les gaz;
Note de M5I. E. Pelouze et P. Aii-
douin 264
— Épurateur mécanique pour le gaz d'éclai-
rage, pouvant servir en même temps à
mélanger les gaz avec des vapeurs li-
quides; Note de M. D. Cnlladcn 819
— Réponse à M. Colladon; par MM. Pelmize
et Jiidniiin 928
— Remarques relatives à la réponse précé-
dente ; par M. Colladon 11 Ga
— Nouvelle réponse à M. Colladon; par
MM. Pelouze et Audoidn 1174
— Sur les méthodes d'analyses des phos-
phates naturels employés en Agricul-
ture ; Note de M. C. Mène 13o
— Procédé de préparation d'un nouveau
rouge d'aniline; par M. E. Ferrière. . . G46
— Note sur un nouveau mode de trempe de
l'acier : Régénération du fer brûlé ; par
M. H. Cnron 836
— Note sur l'emploi du bisulfate de potasse
comme agent révélateur de la galène
dans tous les mélanges; par M..E.Jan-
nettnz 838
— Mode de production des méthylaniines
dans la fabrication des produits pyroli-
gneux ; Note de M. C. Vincent 898
-- Étude sur la bière; nouveau procédé do
fabrication pour la rendre inaltérable;
par M. L. PnUeiir 1 140
— Application du phosphate d'ammoniaque
et de la baryte à l'épuration des pro-
duits sucrés ; Note de M. P. Lagrangr. i245
— M. Noiret adresse deux Notes relatives,
l'une aux « reproductions photographi-
ques», l'autre aux «murailles et par-
quets ornementés >• 6G7
— M. C. Bmimanii adresse une Note rola-
l'Mges.
tive à un projet de fabrication de bri-
quettes, au moyen des déchets de bois
provenant de diverses industries, dans
les Vosges 627
— MM. L. Bretonnièrc et E. Croissant
adressent un Mémoire concernant des
matières colorantes artificielles, aux-
quelles ils donnent le nom de « sulfures
organiques » 1 287
— Études sur divers combustibles du bas-
sin de Donetz et de Toula (Russie).
Analyses et déterminations calorimétri-
ques, par MM. A. Scheurer-Kestner et
Ch. Meiwier-Dolfm 1 385
Chimie obg.\nique. — Sur un nouvel isomère
de l'acide valérianique; Note de MM. C.
Friedel et R.-D. Silva 48
— Transformation de l'acide succinicjue en
acide nialéique; Note de M. E. Bour-
going 52
— .Action du chlorure de benzyle sur la
naphtylamine; Note de MM. Ch. Froté
et D. Tonintiisi 57
— Sur les oxalines ou éthers de la glycé-
rine et des alcools polyatomiques; Note
de M. Lorin 1 29
— Caractéristiques des alcools polyatomi-
ques proprement dits; pai le même. . . 363
— Sur une combinaison d'acide picrique et
d'anhydride acétique; Note de MM. D.
Tomnnisi et H. David 207
L'acide pvrogallique en présence de
l'acide iodique ; Note de M. Jacqaemin. 209
— Le pyrogallol en présence des sels de fer;
par le même SgS
— Sur l'essence de camomille romaine ; Note
de M. L. Demarçay- 3Go
— Surle chlorhydrate detérébèneetrisoraé-
rie descoraposésde formule G^H'", HCl;
Note de M. /. Riban 483
— Note sur lacoralline ; par M. Co/««(m7/f. 678
Note sur de nouveaux dérivés du propy le
( suite) ; par M. A. Cahours 745
— Recherches sur de nouveaux dérivés du
butyle; par le même i4o3
— Recherches sur l'acide tribromacétique;
par M. H. Gnl 786
Modo de production des méthylamines
dans la fabrication des produits pyroli-
gneux ; par M. C. Vincent 898
- Sur une nouvelle matière sucrée volatile,
extraite du caoutchouc de Madagascar;
Note de M. Aime Girard 995
— Procédé pour préparer l'alcool amylique
actif; par M. J.-A. Le Bel 1021
— De la composition chimique de certains
parenchymes des végétaux; Note de
M. Maudet '497
( i58i
Page
)
Recherches sur l'isomérie dans les ma-
tières albiiminoïdes ; par M. J. Bé-
chatnp \b'xb
- Observations de M. Dumas, à propos de
la Communication de M. Bécliamp, sur
trois matières albuniinoïdes distinctes,
observées dans le lait de vache 1629
- Action de Tiode sur l'acide urique ; Note
de M. F. IFurtz i548
— Synthèse de l'oxalyl-urée (acide paraba-
nique) ; Note de M. E. Grinuiiix i548
C'iiHiE VÉGÉTALE. — Sur l'essencB de camo-
mille romaine; Note de M. L. Dcmar-
ray 36o
— De la composition chimique de certains
parenchymes des végétaux ; Note de
M. Maiulct 1497
Chirlrgie.— Delà galvanocaustie thermique
ou éicctro- thermie, appliquée aux opé-
rations chirurgicales; Note de M. C.Sé-
clillot 249
— Expériences sur l'emploi de la galvano-
caustie dans les opérations chirurgi-
cales; par MM. Ch. Legms et Onimus. i38o
— M. Rochon adresse les observations de six
cas de guérison de rétrécissements mul-
tiples de l'urèthre, par la méthode de
stricturotomie, dite immédiate 844
— M. G//7TO« adresse un Mémoire sur une
nouvelle application des greffes épider-
miques. M. Z,«r/-er fait une analyse suc-
cincte de ce trayail 1093
— M. Rouge adresse de nouveaux docu-
ments, relatifs à sa méthode pour le
traitement chirurgical de l'ozène iog4
— M. Henneijuin adresse une Note sur l'al-
longement du fémur dans le traitement
de ses fractures, parla méthode et l'ap-
pareil dont il est l'auteur 1221
— M. A. Pignoiii adresse une Note relative
à la lithoclysmie, opération ayant pour
objet la dissolution intra-vésicale de la
pierre 1288
— M. Larrer présente à l'Académie, de la
part de M.7'/;.£i'a«.v,un ouvrage intitulé
« Histoire de l'ambulance américaine
établie à Paris durant le siège de 1870-
1871», et en donne un exposé som-
maire 844
Chlore ET SES COMPOSÉS. — M. Sacc adresse
une Note concernant l'action de l'acide
nitrique sur les chlorures alcalins i3o5
Choléra. —Infarctus sanguins sous-cutanés
du choléra et des maladies septicémi-
ques ; Note de M. Bnuchut 762 et ioo3
— Les déjections cholériques, agent de
transmission du choléra; Note de
M. Petlarin 034
P.iges.
— Observations relatives à la Note précé-
dente de M. Pellarin ; par M. //. Blanc. ioo5
— M. Pellarin adresse une réponse aux ob-
servations présentées par M. H. Blanc. 1177
- Sur un nouveau traitement du choléra et
probablement de la fièvre jaune par
l'acide phénique et le phénate d'ammo-
niaque, au moyen des injections sous-
cutanées ; Note de M. DccUit 709
- M. Déclat demande l'ouverture de deux
plis cachetés, relatifs à ses recherches
sur les moyens de guérir les mahulics
à ferments, et spécialement le choléra. 835
— M. Déclat adresse un Mémoire intitulé :
« Nouveaux résultats de l'application de
la nouvelle méhode de traitement du
choléra ; quelques explications sur l'em-
ploi de cette méthode » 1178
— M. /?/■& adresse une Lettre concernant ses
Communications sur le choléra 269
— M. Dai<in adresse une nouvelle Note rela-
tive à l'efficacité de la poussière de
cuivre contre le choléra 347
— M. C/i. Tellier adresse une Note sur
l'emploi de moyens préventifs contre le
choléra 473
— MM. Erb et Clarhe adressent des Com-
munications relatives au choléra G37
— M. Dzivonkoa'sli! adresse une Note rela-
tive à un élixir anticholérique . 666 et loïC
— • M. J. Pickerin adresse une Note rela-
tive au traitement du choléra 666
— ^L T'. Burq adresse un Mémoire sur
l'action du cuivre contre le choléra. . . . 666
— Un auteur, dont le nom est contenu dans
un pli cacheté, adresse une Note con-
cernant un traitement rationnel du cho-
léra épidéraique 666
— M. O. Tamin-Despalles adresse un 51e-
moire sur le choléra 716
— M. Rnmanoa'sU adresse des remarques
concernant la cause et la nature du
choléra • 772
— M. /. If'allacc adresse une Note sur la
cause et le traitement du choléra 835
— MM. A. Netter, Ch. Pellarin et /. de
Zycki adressent des Communications
relatives au choléra g36
— Influence de l'eau employée en boisson
sur la propagation du choléra; Note de
M. L. Colin 1 087
— M. A. Netter adresse une Note intitulée :
'1 Cause et nature du choléra » i54o
CuRO.No.MÈTRES. — Sur l'emploi des chrono-
mètres à la mer ; Note de M. de Ma-
gnac G09
Circulatoire (appareil). — De l'uniformité
du travail du cœur, lorsque cet organe
( i58a
Patres.
n'est soumis à nunine infliienco ner-
veuse extérieure; Note de M. Mnrcy. . 3G5
— Nouvelles recherches sur l'analyse et la
théorie du pouls, à l'état normal et
anormal ; par M. BouilUnul. . . C27 et (J86
— Observations relatives à la Communica-
tion de M. Bouillaud; par M. Bnulcy.. G34
— Note sur le tissu élastique jaune et re-
marques sur son histoire; à propos du
Mémoire de M. Bouillaud et des remar-
ques faites par M. Bouley ; Note de M. E.
C/ierreiil G8 1
— Nouvelles recherches sur l'analyse et la
théorie du pouls, à l'état normal et anor-
mal ( suite ) ; par M. Boidllniul 686
— Nouvelles observations relatives à la pre-
mière Communication de M. Bouillaud ;
par M. Bnuley C94
— Réponse de M. Bouillaud à M. Bouley.. . 697
— Rectification à une Communication pré-
cédente, sur un point de l'histoire de la
physiologie des artères; par M. Bouley. ySi
CiRBHiPÈDES. — Sur les Cirrhipèdes rhizocé-
|)hales ; Note de M. Alph. Ginrd 945
Combustibles. — Études sur divers combus-
tibles du bassin de Donetz et de
Toula (Russie) ; analyses et détermina-
tions calorimétriques; par. MM. A.
Scheurer-Kestncr et Ch. Meunier-Dol-
fus i3S5
— M. C. Bnumann adresse une Note rela-
tive à un projet do fabrication de bri-
quettes, au moyen de déchets de bois
provenant de diverses industries, dans
les Vosges 627
Comètes. — Découverte de deux noirvelles
comètes, par M. Borrelly et M. Paul
Henry ; Note de M. C. fFolf. 5-28
— Sur le spectre de la comète III de 1873;
Note de MM. C. ff'olf el G. Rayct. . . 529
— Observations de la comète de M. Bor-
relly; Note de M. Stéphan 563
— Sur les changements de forme et le
spectre de la comète 1873, IV; Note
de MM. G. Rayet et Amlrc 564
— Éphéméride de la comète à courte pé-
riode de Brorsen ; ■paryi. ir. Pluninwr. 6o5
— Sur la comète de Brorsen et la comète de
Faye, retrouvées à l'Observatoire de
Marseille ; Note de M. Stéphan
— Sur les changements de forme de la co-
mète 1873, IV; Note de MM. G. Rayct
el André
— Nouvelles observations de la comète pé-
riodique de M. Faye, et découverte et
observations de vingt nébuleuses, à l'Ob-
servatoire de Marseille; Note de M. Sté-
phan 1 364
6o5
63 R
P.i(;p5.
Commissions spéciales. — Commission char-
gée de juger le Concours pour le prix
Bordin à décerner en 1873 (question
relative aux productions organiques des
pointes australes des trois continents de
l'Afrique, de l'Amérique méridionale et
de l'Australie) ; MM. Milne Edwards, de
Quatrefages, Roulin, Élie de Beaumont,
Brongniart 264
— Commission chargée déjuger le Concours
pour le grand prix des Sciences physi-
ques à décerner en 1873 (Étude du
mode de distribution des animaux ma-
rins du littoral de la France) : MM, Milne
Edwards, Blanchard , de Quatrefages,
Coste, de Lacaze-Duthiers 2G4
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Fourneyron : MM. Morin, Phil-
lips, Rolland, Tresca, Resal 829
— - Commission chargée déjuger le Concours
du prix Dalmont : MM. Phillips, Resal,
Rolland, Belgrand, Tresca 329
— Commission chargée de juger le Concours
du prix de Physique de la fondation
Lacaze, pour 1873 : les Membres de la
Section de Physique et MM. Bertrand,
H. Sainte-Claire Deville, Pasteur 4^4
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Cuvier pour 1873 : MM. Milne
Edwards, de Quatrefages, Blanchard,
Élie de Beaumont, Coste 4^4
— Nouvelle Commission, pour les Commu-
nications relatives aux chemins de fer:
MM.Séguier, Morin, Phillips, Rolland,
Tresca 433
— M. F. de Lesscps prie l'Académie de dé-
signer une Commission, pour donner
quelques indications aux explorateurs de
la future ligne de chemins do fer du centre
de l'Asie. (Commissaires : MM. Élie de
Beaumont, Milne Edwards, Decaisne,
Phillips, Janssen, de Lesseps.) 463
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Morogues pour 1873 : MM. De-
caisne, Boussingault, P. Thenard, Peli-
got, Hervé Mangon 4C5
— Commission pour la vérification des
comptes : MM. Mathieu, Brongniart. . 522
— Commission chargée de iuger le Concours
du prix Bordin pour 1873 (Etude de
l'écorce des plantes dicotylédones) :
MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre,
Trécul , Tulasne. ..." 522
— M. Resal fsl désigné pour remplacer feu
Ch. Diipin dans la Commission nommée
pour juger le Concours du prix de Méca-
nique 1 178
— MM. Berthelot, Dumas, Peligot sont ad-
i583 )
Pages,
joints à la Section de Cliimie pour juger
le Concours du prix de Cliimie do la fon-
dation Lacaze 121 5
— MM. Milne Edwards, Cl). Robin, de La-
caze-Dutiiicrs sont adjoints à la Section
de Médecine et Chirurgie pour juger le
Concours du prix de Physiologie de la
fondation Lacaze i2i5
— ■ Commission chargée de proposerune ques-
tion pour le grand prix dos Sciences phy-
siques à décerner en 1875 : MM. Milne
Edwards, Brongniart, de Quatrefagcs,
Cl. Bernard, Dumas 1412
— Commission chargée' de proposer une
question pour le prix Bordin à décerner
en 1875: MM. Milne Edwards, Decaisne,
Cl. Bernard, Chevreul, Brongniart 1412
Concours. — M. /•'. Billet prie l'Académie
de comprendre, parmi les pièces de
Concours du prix de Physique de la
fondation Lacaze , son « Traité d'Op-
tique physique » 269
— M. Favrc prie l'Académie de comprendre
ses travaux dans les pièces du Concours
du prix de Chimie de la fondation
Lacaze i32i
— M. yl. Le Chcfalicr prie l'Académie de
Pages,
renvoyer au Concours des Arts insalubres
le contenu d'un pli cacheté déposé par
lui i336
CoRALLiNE. — Note sur la coralline; par
M. Comnmille G78
Crustacés. — Observations sur quelques li-
quides de l'organisme des Poissons, des
Crustacés et des Céphalopodes ; Note de
MJL Rahutcau et F. Papillon i35
Cyanogène et ses composés. — Sur les cya-
nures ; Note de M. Berlhelol 388
CïcLONES. — Les cyclones du Soleil, com-
parés à ceux de notre atmosphère ; Note
de M. H. Tarry 4'*
— Procédé pour déterminer la direction et
la force du vent; application aux cy-
clones; Note de M. H. Tarry 1 1 17
— Réponse de M. Paye aux remarques de
M. Tarry sur la théorie des taches so-
laires 1 1 2a
— Observations de M. Marié-Davy sur les
analogies qui existent entre les taches
solaires et les tourbillons de notre at-
mosi)hère 1227
— Note sur les cyclones terrestres et les cy-
clones solaires; par M. H. de ParMlc. izSo
— Voir aussi Soleil.
D
DÉCÈS de Membres et Correspondants de
l'Académie. — M. le Secrétaire perpé-
tuel annonce à l'Académie la perle
qu'elle vient de faire dans la personne
de M. G. Rose, Correspondant de la
Section de Minéralogie 264
— M. le Président annonce à l'Académie les
pertes douloureuses qu'elle a faites
dans la personne de M. Cosle, Membre
de la Section d'Anatomie et Zoologie, et
dans la personne de M. ISélaton, Mem-
bre de la Section de Médecine et Chi-
rurgie. Sur la proposition de M. Larrey,
l'Académie décide que, en présence de
ce double deuil, elle n'entendra au-
cune lecture 649
— M. le Président donne lecture d'une
Lettre par laquelle M. Louis Passy com-
munique à l'Académie la perte qu'elle
vient de faire en la personne de M. An-
toine Passy 80 1
— M. le Président annonce à l'Académie la
perte qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. Cl. Biirdin, Correspondant
de la Section de Mécanique 1 148
— M. Bertrand rappelle quelques-uns des
G. R., 1873, 2= Scmcsire. (T. LXXVIl.)
services rendus à la science par M. Bur-
din. 1148
~ M. Élie de Beanmont ajoute quelques
mots, au sujet des premiers travaux de
M. Burdin 1 149
— M. le Président annonce à l'Académie la
perte qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. A. de la Rire, l'un de ses
Associés étrangers laSS
— M. Dumas se fait, en quelques mots,
l'interprète des sentiments de l'Acadé-
mie 1253
— M. le Président annonce à l'Académie la
perle qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. Cl. Gay, Membre de la
Section de Botanique 1 3 1 3
— M. le Secrétaire perpéii/el annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. C.-F. Nau-
mann, Correspondant de la Section de
Minéralogie i322
DÉCRETS. — 51. le 31inistre de V Instruction
publique transmet l'amplialion du décret
qui approuve l'élection de sir Ch.
fVlieatslone à la place d'Associé étran-
ger 149
2o5
( i584 )
Pages.
— M. le Ministre de t'Instnictiun publitjue
adresse l'ampliation du décret par le-
quel le Président de la République ap-
prouve l'élection de M. F. de Lesseps. 38i
— Sf. le Ministre de V Instractinn publique
transmet l'ampliation du décret par le-
quel le Président de la République
autorise l'Académie à accepter le legs
qui lui a été fait par M"" Guérineau-
Delalande, pour être employé confor-
mément aux conditions énoncées dans
son testament logS
Dents. — Origine et formation du follicule
dentaire chez les Alammifères; Note de
M.M. P. Miigitot et Ch. Legros looo
— Chronologie du follicule dentaire chez
les Mammifères; par les mêmes 1877
— Structure des dents de l'Héloderme et des
Ophidiens; Note de M. P. Germis 1069
Pages.
Diamant. — Les champs diamantifères du
Cap ; Note de M. Desdemaine-Hugon. . . 943
Digestif (appareil). — Recherches pour
servir à l'histoire de la digestion chez
les Oiseaux ; par M. Jobert i33
— Essai d'une détermination , par l'em-
bryologie comparative, des parties ana-
logues de l'intestin chez les Vertébrés
supérieurs; Note de M. Campann 217
— Structure de l'estomac chez VHyrax ca-
pciisis ; Note de M. George i554
Dissociation. — Note sur la dissociation de
l'oxyde rouge de mercure ; par M. H.
Debniy laS
— Recherches sur la dissociation cristal-
line (suite) : évaluation et répartition
du travail dans les dissolutions salines ;
Notes de MM. P.-A. Ftme et C.-J.
Vulsnn 577, 802 et 907
E
Eau. — Sur le maximum de densité de l'eau ;
explication mécanique de ce phénomène;
Note de JI. Piarmn de Mondesir 1 154
— Observations relatives à l'accroissement
de volume de l'eau au-dessous de 4 de-
grés, à propos de la Note précédente;
par M. F. Hément 1219
Eaux naturelles. — Nouvelle analyse de
l'eau de la fontaine de Saint-Thiébault,
à Nancy; par M. P. Giiyot i384
— Voir aussi Hygiène publique.
École polytechnique. — M. le Ministre de
In Guerre informe l'Académie que
MM. Chaslcs et Serret sont maintenus
Membres du Conseil de perfectionne-
ment de l'École Polytechnique , pour
l'année 1874, au titre de Membres de
l'Académie des Sciences 1487
Économie do.mestique. — MM. Bopp adres-
sent une Note relative à une « nouvelle
marmite économique et portative, dite
bidon culinaire sans jeu » 347
Édentés. — Recherches anatomiques sur les
Édentés tardigrades; par M. P. Gcr-
vais 861
Élasticité. — Sur le mouvement d'un fil
élastique dont une extrémité est ani-
mée d'un mouvement vibratoire (1" et
'i" Note) ; par M. E. Mercadicr. 639 et 671
— Réclamation de priorité de M. //. J'alé-
/■ius, au sujet des Notes de M. Merca-
dicr 8(4
— Réponse de M. Mrrradicr à M. Valérius. gSo
— Réponse de M. Valérius à M. Mercadicr.' 1184
— Sur le mouvement d'un lil élastique dont
une extrémité est animée d'un mouve-
ment vibratoire (3° et 4° Note); par
M. E. Merradier 1292 et i366
Électricité. — Recherches sur la conden-
sation électrique; par M. V. Neyre-
ncuf 201 et 35 1
— Sur le sens de la propagation de l'élec-
tricité; Note de M. f-'. Ncyreneuf 1184
— M. F. Douliot adresse une Note relative
à l'inlluence de la température et de la
nature de l'électricité sur la force qui
relient l'électricité à la surface des
corps 1287
— Sur l'action des corps incandescents dans
la transmission de l'électricité; Note de
M. E. Douliot 1472
— Sur la décharge des conducteurs électri-
sés ; Note de M. J . Moutier i238
— M. Th. du Moncel adresse la collection
dos ouvrages publiés par lui sur l'élec-
tricité 4»
— M. ^. ^/wc/ic; adresse deux Notes rela-
tives à une nouvelle lampe électrique
destinée à éclairer sous l'eau. . 194 et 268
Électuocdimie. — Premier Mémoire sur le
mode d'intervention de l'eau dans les
actions chimiques pendant le mélange
des solutions salines neutres, acides et
alcalines ; par M. A.-C. Becquerel. ... 84
— Deuxième Mémoire sur l'intervention de
l'eau dans les actions chimiques, et sur
les rapports existant entre les forces
électroraotrices elles affinités; par le
même 1 1 3o
- M. E. Martin adresse une « Étude élec-
( i585
l'nges.
trocllimiqiie sur le soufre, le carbone, le
phosphore et les états allotropiques qui
leur sont attribués » 1 486
Électrodvnamique. — Action mutuelle des
courants voltaïques; Note deM. J . Ber-
trand 962
— Examen de la loi proposée par M. Helm-
■ holtz pour représenter l'action de deux
éléments de courant; par le même. . . . 1049
— Sur la période variable, à la fermeture
d'un circuit vol taïque ; Note de M. .'/. Ca-
zin 117
— Sur divers cas d'intermittence du cou-
rant voltaïque ; par le même logS
— Sur l'état variable des courants voltaï-
ques; Note de M. P. Blaserna 124'
— Suite de recherches sur les courants se-
condaires et leurs applications ; par
M. G. Planté 466
— Évaluation, en unités mécaniques, de la
quantité d'électricité que produit un
élément de pile; Note de iM. iJ. Branly. 1420
— Action du condensateur sur les courants
d'induction ; Note de M. Lecoq de Bois-
baudran 987
— De la différence d'action physiologique
des courants induits, selon la nature du
fil métallique formant la bobine induite ;
Note de M. Onimiis 1297
Électromagnétisme. — Quatrième Note sur
les résistances maxima des bobines ma-
gnétiques ; par M. T/i. du Moncet 347
— Note sur les meilleures dimensions à
donner aux électro- aimants; par le
même i o 1 7
— Note sur k bobine de Siemens; par
M. A. Pellerin 56i
— M. P. Richter adresse une Note relative
à un artifice permettant d'agrandir la
sphère d'attraction d'un électro-aimant. 1094
— La famille de M. Taharié demande la
restitution de plis cachetés, déposés par
lui le 5 janvier i863, et relatifs aux
aimants et électro-aimants i54 1
Embryologie. — Essai d'une détermination,
par l'embryologie comparative , des
parties analogues de l'intestin chez les
vertébrés supérieurs; par M. Cnm-
pana 217
— Développement des Batraciens; Note sur
les embryons de VHylodes martinensis;
par M. Bacaf 788
— Sur la cellule embryogène de l'œuf des
poissons osseux; Note de M. Balhiani. 1873
Papes.
Endosmose. — Du passage des gaz à travers
des membranes colloïdales, d'origine vé-
gétale ; Note de M. A. Barthélémy . . . . 427
Entozoaires. — II. /. Seguin adresse un
entozoairo trouvé dans la cavité abdo-
minale d'une ablette 527
— Expériences sur le scolex du Tœnia me-
diocanellata ; par M. Saint-Cyr 536
Err.\ta. — 69, 148, 224, 284, 377, 544,
568, 617, 648, 797, 900, 1120, 1200,
1252, i3o9, 1440.
Essenxes. — Sur l'essence de camomille ro-
maine ; Note de M. L. Demareay 36o
Éthers. — Sur les oxalines ou élhers de la
glycérine et des alcools polyatomiques;
Note de M. Lorln 129
Étoiles. — Orbite apparente et période de
révolution de l'étoile double ? de la
Grande Ourse; Note de M. C. Flam-
marion 1234
Étoiles filantes. — Note sur la pluie d'é-
toiles filantes du 27 novembre 1872;
par M. Cil. Dufour 497
— Sur les étoiles filantes des 9 et 10 août;
Note de M. F. Tisserand 498
— Étoiles filantes observées à Paris les 9,
10 et II août r873; remarques sur les
caractères actuels du phénomène; par
M. Chapelas , 499
— M. Le Verrier annonce à l'Académie que
les mesures sont prises pour l'observa-
tion de l'essaim d'étoiles filantes de no-
vembre 1071
— Observalions d'étoiles filantes pendant
la nuit du 12 au 1 3 novembre 1873 ; par
M. Chapelas 1 3o5
— Observation des étoiles filantes de no-
vembre ; Note de M. C. JFolf 1 36 1
— Sur les étoiles filantes de décembre; Note
de M. F. Tisserand 1 439
Explosifs (corps). — Sur le mode de dé-
composition des corps explosifs, com-
paré aux phénomènes de la sursatura-
tion ; Note de MÎM. P. Champion et
H. Pellet 53
— Sur la chaleur de combustion des ma-
tières explosives ; Note de MM. Roux et
Sarrau 1 38
— Recherches expérimentales sur les ma-
tières explosives ; par les mêmes 478
— M. Arau de Terré adresse une Note re-
lative à une poudre de mine, à laquelle
il donne le nom de pyroUthe humani-
taire 89 1
2o5.
( i586 )
F
Fer et ses composés. — Sur les minerais
(le fer du département d'Ille-et-Vilaine;
Note de M. Dctngc no
— Sur une combinaison naturelle des oxy-
des de fer et de cuivre, et sur la re-
production de l'atacamite ; Note de
M. C. Fricth'l 211
— M. Daithrcc romraunique une Lettre de
M. iVo/ï/f/;.v//o/(/ sur les poussières char-
bonneuses, avec fer métallique, qu'il a
observées dans la neige 463
■ — Produit d'oxydation des fers météori-
ques; comparaison avec les magnétiles
terrestres; Note de M. Stnn. Meunier. 643
— Masse de fer météorique découverte en
creusant un fossé; structure molécu-
laire du fer météorique ; protochlorure
solide de fer dans les météorites ; Note
de M. J.-L. Smith i igS
Fermentations. — Sur les altérations spon-
tanées des œufs; Note de M. U. Gayon. ai4
— Réflexions sur les générations sponta-
nées, à propos d'une Note de M. U.
Gayon sur les altérations spontanées
des œufs, et d'une Note de M. Crace-
Calvert sur le pouvoir do quelques sub-
stances, de prévenir le développement
de la vie protoplasmique ; par M. ^. Bé-
chnmp 6i3
— M. Caillard adresse une Note relative à
l'influence exercée par la présence des
acides ou des alcalis sur le développe-
ment des organismes végétaux ou ani-
maux 679
— Recherches relatives à l'action des sub-
stances n/itiseiJtiriarx sur le virus char-
bonneux; Note de M. C. Davainc 821
— De l'inlluence qu'exercent certains gaz
sur la conservation des œufs; Note de
M. F.-C. CaWcit 1024
— De l'influence de quelques substances sur
la conservation des œufs; par le mcnic. 1026
— Métamorphisme et mutabilité physiolo-
Tagcs.
gique de certains microphytcs , sous
l'influence des milieux. Relation de ces
phénomènes avec la cause initiale des
fermentations; zymogénèse intracellu-
laire ; Note <ie M. /. Biiml 1027
— Étude sur la bière ; nouveau procédé de
fabrication pour la rendre inaltérable ;
par M. Z. Pasteur 1140
— Réponse de M. J. Tréntl à M. Pasteur,
concernant l'origine de la levure de
bière i3i3
— M. /"rtv/fw ajourne sa réponse à la séance
suivante i32i
— Réponse de M. />. P«i7e"/- à M. Trécul. 1896
— Observations de M. L. Pasteur, au sujet
du procès-verbal de la séance précé-
dente 1441
— Réponse de M. A. Trécul à M. Pasteur. 1442
— Réponse de M. L. Pasteur à M. Trécul.. 1444
— Nouvelle Réponse de M. J. Trécul à
M. Pasteur, concernant l'origine de la
levflre de bière i5i2
— Réponse de M. L. Pasteur à M. Trécul. . 1619
— M. Dcclat demande l'ouverture de deux
plis cachetés, relatifs à ses recherches
sur les moyens de guérir les vuiladics
àfrrmeiits et spécialement le choléra.. 835
- M. Ch. Tellier informe l'Académie qu'il
vient d'organiser des expériences per-
manentes, pour la conservation de la
viande fraîche par l'application du froid. 1221
Fluorène. — Note sur le fluorène ; par M. Ph.
Barbier 44*
Foudre. — Sur les effets produits par la
foudre, à Troyes, le 2G juillet 1878;
observations de nombreux globes de
feu ; Note de M. E. Parent 370
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, l'Instruction sur les paraton-
nerres , adoptée par l'Académie des
Sciences, qui vient d'être publiée par
M. Gauthier-Villars logS
G
Gai-ega. — Sur les propriétés nutritives et
lactigènes duGalega; Note de M. Gillet-
Damitte 38
— Observations de M. Bourgeois sur le même
sujet •,• 38
Gaz. — Sur l'emijloi des gaz comme révéla-
teurs ; Note de M. Mergct 38
Du passage des gaz à travers des mem-
branes colloïdales d'origine végétale;
Note de M. Barthélémy 427
Sur la condensation des gaz par le char-
bon de bois; licpiéfaction des gaz con-
densés ; Note de M. Melscns 781
Procédé de condensation des matières ii-
( i587
Pages,
quéfiables tenues en suspension dans les
gaz ; par MM. E. Pclouze et P. Audniit. 2G4
— Épurateur mécanique pour le gaz d'éclai-
rage, pouvant servir en mônae temps à
mélanger les gaz avec des vapeurs li-
quides ; par M. D. Cnllnrum 819
— Réponse à M. Colladon ; par MM. E. Pc-
louze et P. Audoin 928
— Remarques relatives à la réponse précé-
dente ; par M. D. Colladon 1 1G2
— Nouvelle réponse à M. D. Colladon; par
MM. E. Pelouze et P. Jiidoin 1274
— Détermination du rapport des deux clja-
leurs spécifiques, par la compression
d'une masse limitée de gaz; Note de
M. Jnicigat 1 325
GÉNÉRATIONS SPONTANÉES. — Voir FcriIlC/l-
talioiis.
GÉODÉSIE. — M. G. Hillcrct adresse une
Note « sur les cercles de hauteur et
leur représentation sur la carte de Mer-
cator » 1 540
GÉOGRAPHIE. — Carte du globe en projection
gnomonique, avec le réseau pentagonal
superposé, accompagnée d'une Notice
explicative; par M. 13. de Cliancouiiois.
— Extrait d'une Lettre à Lord Granville,
sur le projet d'un chemin de fer dans
l'Asie centrale, par M. Ferd. de Lcs-
seps
— M. le général Morin présente à l'Acadé-
mie les premières feuilles d'une Carte
de France, à l'échelle de 5,/„„„, dres-
sée par le Dépôt des fortifications i54o
— M. le .S'«'7'e'to//-c /w/y;eVHf/ signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un volume intitulé « l'Empire du
BréSiil à l'exposition universelle do
Vienne en 1 873 » 1 337
GÉOLOGIE. — Lettre de M. le Ministre des
Travaux publics, relative à la Carte
géologique détaillée de la France 149
— Observations de M. Élie de Beniiiiioiil, à
propos de la Lettre précédente, sur l'or-
ganisation du travail d'ensemble qu'il
dirige, pour la réalisation de cette nou-
velle Carte i5o
— Carte géologique détaillée de la France ;
Note de M. Élie de Beaumont 409
— M. le Ministre des Travaux publics
adresse une seconde série de feuilles de
cette môme Carte géologique 637
— Sur l'ancienne existence, durant la pé-
riode quaternaire, d'un grand glacier
dans les montagnes de l'Aubrac (Lo-
99'3
106G
zéro) ; Note de M. G. Fabre
M. Durand (de Gros) adresse une récla-
mation de priorité, concernant ladécou-
495
P:if;r5.
verte du glacier d'Aubrac 679
Losange saharien du réseau pentagonal,
dressé en projection gnomonique sur
l'horizon de son centre, jHiur un rayon
de sphère de o°\55 ; Note de M. A. Pomel. bHy
Études sur les filons du Cornouailles.
Parties riches des filons; structure de
ces parties et leur relation avec les di-
rections des systèmes straligraphiques;
Note de M. Moissenet 558
Sur la formation tertiaire supranumniu-
litique du bassin de Carcassonne ; Note
de M. Lcymerie 91 5
Sur la formation tertiaire supra-nummuli-
tique du département de l'Hérault; Note
de M. P. de Rouville 1 1 97
Sur les marnes à huîtres de Fresne.s-lès-
Rungis (Seine); Note de M. Stan. Meu-
nier 1 382
Carte du globe en projection gnomonique,
avec le réseau pentagonal superposé ,
accompagnée d'une Note explicative;
par M. -fî. de Cliancourtois 990
M. le Secrétaire perpétuel s\gna\e, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, la i5' livraison des « Contribu-
tions à la carte géologique de la Suisse». 1222
M. le Secrétaire perpétuel, en signalant
un ouvrage de M. fille, intitulé : 0 Ex-
ploration géologique du Béni Mzab, du
Sahara et de la région des steppes de la
province d'Alger », donne lecture d'un
passage de la Lettre d'envoi 1 338
■ M. Leynwrie fait hommage à l'Académie
d'un travail imprimé portant pour titre:
« Description géognostique du versant
méridional de la montagne Noire, dans
l'Aude » 1 2 1 5
- M. T. Héna adresse une nouvelle Note
relative à des coprolithes trouvés dans
les terrains quaternaires de Saint-
Brieuc 39
- M. J.-J. Le Ciiz adresse une Note rela-
tive à ces mêmes fossiles 3g
- M. T. Héna adresse une Note complé-
mentaire sur le même sujet ig4
- U.Hé'ia adresse diverses Notes relatives
à la Géologie des environs de Saint-Brieuc.
473, 604, 667, 835, loiG et 1287
- Voir aussi Paléontologie
ÉOMÉTRiE. — Sur les différentes formes de
courbes du quatrième ordre ; Note de
M. H. -G. Zeul/ien ■j.yo
- Solution analytique du tracé des courbes
à plusieurs centres, décrites d'après le
procédé géométrique de Perronet; Note
de M. J.-P. Revellat 434
- Sur les courbes gauches algébriques
( i588 )
Pnges.
Noto (1p m. Piciiiict 474
Sur le planimèiro polaire ; Note de M. H.
Rcsfil 5o9
Sur le noiiil)re dt'S points rl'inlorsection
que représente un point multiple com-
mun à deux courbes pianos, lorsque di-
verses branches de la première sont
tangentes à des branches de la seconde;
Note de M. de la Gournerie SyS
M. Mannhcim adresse un Mémoire « Sur
les surfaces trajectoires des points d'une
figure de forme invariable, dont le dé-
placement est assujetti à quatre condi-
tions » 268
Rapport sur ce iVIéraoire ; par M. Chas-
tes ySa
Sur les plans tangents triples à une sur-
face; Note de M. IV. Spottiswnode. ... 1181
Sur une réduction de l'équation à diffé-
rences partielles du troisième ordre, qui
régit les familles de surfaces suscep-
tibles de faire partie d'un système ortho-
gonal ; Note de M. Maurice Levy 1 435
P.Tges,
— Rapport anharmonique de quatre points
du plan ; Noto de M. F. Lucas i463
— Un .Vuteur, dont le nom est contenu
dans un pli cacheté, adresse un Mé-
moire destiné au Concours du Problème
des trois Corps 269
— M. Dcjardin adresse une Note relative
aux problèmes de la trisection de l'angle
et de la duplication du cube i33G
GoÎTRE. — De l'influence des sulfates sur la
production du goitre, à propos d'une
épidémie de goitre observée dans une
caserne à Saint-Étienne; Note de M. Ber-
gcrct 731
— Remarques, à propos de cette Communi-
cation, sur la thyréoïdite aiguë, dite
goitre épidéinique, par M. Larrey . . . . 733
— Nouvelles remarques sur le même sujet ;
par M. Bergeret 842
Guano. — Notes sur le guano (3°, ^', 5% (i"
et 7" Note); par M. E. Chevreul
i55, 453, 5Gg, 901 et laGS
H
Histoire des scien'Ces. — M. Daubrée fait
hommage à l'Académie d'une « Notice
nécrologique sur M. Sauvage », qu'il
vient de publier 465
— M. le Président donne lecture d'une
Lettre qui lui est adressée par M. Ro-
bert, avec quelques épreuves d'un por-
trait de M. Dumas 801
— M. \e Secrétaire perpétuel s\gna\e, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance : 1° un discours prononcé à la
Société américaine pour l'avancement
des sciences, par M. Z. Smith, sur les
méthodes modernes des sciences ; 2° une
Biographie de Sir Benjamin Thompson,
comte de Rumford, par M. Ellis 835
— M. le Secrétaire perpétuel s\gna\e, parmi
les ])ièces imprimées de la Correspon-
dance, une biographie de l'astronome
italien Donati; par M. G. Uzielli 892
— M. L. Hugo adresse le dessin de deux
dodécaèdres antiques, conservés au
Musée de Lyon 433
— M. L. Hugo annonce l'existence, au
Musée de Chalon-sur-Saône, d'un nou-
veau dodécaèdre antique en bronze. . . . 472
— M. L. Hugo adresse divers documents
relatifs à des polyèdres antiques conser-
vés dans les collections des Départe-
ments 562
— M. L. Hugo adresse une Note relative à
la sphère considérée comme un équido-
mo'i'de 715
— M. H. Baudot adres&e le dessin d'un objet
de bronze antique, remarquable par sa
forme heptagonale 128S
Hydraulique. — Expériences sur le mou-
vement de la houle produite dans un
canal factice, et faisant monter l'eau le
long d'une plage inclinée, à une hauteur
sensiblement constante ; Note de M. J.
de Caligny • • ^ . . 182
— Rapport sur un Mémoire de M. Graejf',
sur l'application des courbes des débits
à l'étude du régime des rivières et au
calcul des effets produits par un sys-
tème multiple de réservoirs ; par M. le
général Morin 982
— M. A. Veillet adresse une Note relative
à une machine hydraulique destinée à la
création des chutes artificielles, etc. . . . 4/4
— M. Dalpcint adresse le dessin d'un projet
de machine hydraulique 474
Hydrocarbures. — Action du platine et du
palladium sur les hydrocarbures; Noie
de I\L J .-J. Coquillioii 444
HYDROGiiNE. — Observations, à propos d'une
Communication de M. Merget, sur la
réduction des sels de platine par l'hy-
drogène; Note de M. Pcllet 112
— Sur la purification du gaz hydrogène;
Note de M. Ch. J'iollclte 940
( '589
Pages.
Hydrologie.— Sur la perméabilité dessables
de Fontainebleau ; Noie de M. Bcl-
grnnd 178
— M. /. Rotibf adresse une Note relative à
un moyen pour prévenir les inondations. jSSy
Hygiène publique. — Du développement de
la peste dans les pays montagneux et
sur les hauts plateaux de l'Europe, de
l'Afrique et de l'Asie; Note de IVI. J.-D.
Tholozan 107
— Sur l'espace cubique et sur le volume
d'air nécessaires pourassurer la salubrité
des lieux habités; Note de M. le géné-
ral Mitiin 3 1 6
— Observations de M. Larrey, relatives à
la Communication précédente de M. le
général Morin 324
— Notes sur les moyens à employer pour
maintenir dans un lieu donné une tem-
pérature, à peu près constante, et pour
modérer, dans la saison d'été, la tempé-
rature des lieux habités; Note de M. le
général Morin 737
— Assainissement des terrains marécageux
par VEiicahplits globuhts ; Note de
M. Ciinbcrt 764
— M. E. de Lcivcd envoie un exemplaire
d'une pétition adressée au Conseil mu-
nicipal de Paris, à l'effet d'obtenir la
proscription des tuyaux en plomb pour
la distribution des eaux destinées aux
usages alimentaires 627
— Note sur l'action que le plomb exerce
sur l'eau ; par M. Dumas io54
— Observations de M. ÈUe de Beaumont,
au sujet de la Communication précé-
dente io55
— De l'action de l'eau sur les conduites en
Pages,
plomb ; Note de M. Bclgrand io55
Observations de M. Bmidlaud, au sujet
de la Communication de M. Belgrand. . io6'2
Action de l'eau aérée sur le plomb, ccn-
sidérée au point de vue de l'hygiène et
de la médecine légale ; Note de M. For-
dos i"99
Action de l'eau de Seine et de l'eau de
l'Ourcq sur le plomb ; par le même. ... 1 186
M. /. Rouby adresse une Lettre relative
aux effets toxiques produits par une eau
qui avait parcouru des conduits en
plomb I22I
Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour
la conduite des eaux potables; Note de
M. E. de Laval 1 27 1
Sur les diversesconditions dans lesquelles
le plomb est attaqué par l'eau ; Note de
M. A. Bobierre 1272
Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour
la conduite et la distribution des eaux
destinées aux usages alimentaires; Note
de M. Cluimpoidllon 1273
Action de l'eau sur le plomb laminé ; Note
de M. //. Marais iSag
Des eaux de puits engénéral,et de celles
de la ville de Beauvais en particulier,
au point de vue de l'hygiène publique;
Note de M. E. Decaisnc 1432
M. le Miinslre de V Agricidture et du
Commerce adresse le deuxième volume
(2'' partie) du Recueil des travaux du
Comité consultatif d'hygiène publique
de France 528
Rapport sur un Mémoire de M. Douglas
Gidton, intitulé : «On the Construction
of Ilospitals » ; par M. le général Morin.
1249 et 141 3
Incendies. — M. Dctanrier adresse une Note
relative à un projet de nouvelles pompes
à incendie, permanentes 268
— M. H. Girard adresse une Note relative
à l'emploi de matelas à air, propres à
être étendus sur le sol, près des édifices
incendiés, pour recevoir les habitants
des étages supérieurs 77*
Insectes. — Sur les Cocuyos de Cuba; Note
de M. de Dos Hermanas 333
— Observationsde M. jF. Blanchard, à pro-
pos de la Communication précédente. . . 335
— Sur les organes phosphorcsoenls Ihora-
ciques et abdominaux du Cocuyo de
Cuba ; Note deIMl\I. Ch. Robin cl J. La-
boulbène 5 1 1
— Sur la reproduction du Phylloxéra du
chêne; Noies de M. Balbiani. 83o et 884
— Note sur les Pemphigus àa Pistacia Tc-
rebinthus , comparés au Phylloxéra
cjuerciis; Note de M. Dcrbès 1 109
— Observations de M. H.-Milne Edwards,
au sujetde la Note précédente i no
— Remarques de M. Balbiani, au sujet de la
même Note > 164
— Voir l'article Viticulture, pour tout ce qui
concerne le Phylloxéra delà vigne.
Iode et ses composés. — L'acide pyrogal-
lique en présence de l'acide iodique ;
Note de M. Jacquemin 20g
iSgo )
Pages.
Locomotives. — M. L. TJarf/wrrt adresse une
Note relative aux résultals'obtenus avec
sa locomotive à double articulation et à
deux cylindres Say
LoGARiTiiMiîs. — M. A. Namur adresse des
« Études pratiques sur les logarithmes
des nombres, avec des projets de nou-
velles Tables » 4?^
Pages.
— M. /. Lasscrre adresse un travail sur les
règles de la construction et de l'emploi
des Tables de logarithmes i434
Lunettes. — Sur le degré de visibilité que
l'on peut atteindre avec des lunettes
astronomiques de petites dimensions ;
Note de M. cVAbhadie qS
M
Machines diverses. —M./. Dusart adresse
un Mémoire sur une machine à vapeur
à rotation Sg
— M. Romain d'U/iztir adresse une Note re-
lative à une machine nouvelle de son in-
vention 40
— U.C.-M. Mathey adresse un certain nom-
bre de documents complémentaires de
ses Communications relatives à l'appli-
cation de la force du vent à la vapeur.
194, 473, 604 et 1016
— M. J. Pellerin soumet au jugement de
l'Académie une Note sur une machine
à gaz 772
— M. Gullich adresse deux Notes relatives
à un cylindre moteur 891 et i486
— M. E. Métniiiorfotis adresse le dessin
d'une machine fondée sur la gravité. . . 1016
— M. Dcmôle adresse une Note sur un
moyen d'augmenter la force des machines
à vapeur 1221
Magnétisme. — Sur les modifications du pou-
voir magnétique de l'acier par la trempe
ou le recuit; Note de M. /. Jamin. . . 89
— Sur le rôle des armatures appliquées aux
faisceaux magnétiques; par le même. . . 3o5
— Sur les lois de l'aimantation de l'acier
par les courants ; par /c même 1 389
— Sur la déperdition du magnétisme; par
le même i445
— Note sur le magnétisme ; par M. 77i. du
Mnncel 1 1 3
— Notesurlemagnétisme; parM.^. Ï'/Y'i'c. 1296
— Notes sur le magnétisme; par M. J.-M.
Gaiigain 587, 702, 1074 et i465
— Voir aussi Boussoles.
Malique (acide) et ses dérivés. — Trans-
formation de l'acide succinique en acide
maléique ; Note de M. E. Bourj^oing. . 62
MÉCANIQUE. — Mouvemrnt d'un segment
sphérique sur un plan incliné; Note de
M. le général Didion 167
— M. le général Didion fait hommage à
l'Académie du Mémoire « Sur le mouve-
ment d'un segment sphérique sur un
plan incliné», dont il a lu un extrait.. 982
— M. R. Clausius fait hommage à l'Acadé-
mie d'une brochure imprimée en alle-
mand : « Sur un nouveau théorème rela-
tif à des mouvements stationnaires »... 423
— Théorème relatif au mouvement d'un
pointattiré vers.un centre fixe;Notede
M. J. Bertrand 849
— Mémoire surleProblème des trois Corps;
Note de M. Ém. Mathieu 1071
Mécanique appliquée. — M. Hirn fait hom-
mage à l'Académie d'une brochure
intitulée: «Applications du pandyna-
momètre à la mesure du travail des
machines à vapeur à balancier » Sa
— Nouvelles expériences relatives à la théo-
rie de la poussée des terres ; Note de
M. /. Curie 142
— E.xamen d'un essai de théorie de la pous-
sée des terres contre les murs destinés
à les soutenir; Note de M. de Saint-
T^cnant 234
— Intégration de l'équationaux dérivées par-
tielles des cylindres isostatiques qui se
produisent à l'intérieur d'un massif ébou-
leux soumis à de fortes pressions ; Note
de M. J . Buussinesq 667
— Sur la théorie de la poussée des terres ;
Note de M. /. Curie 778
— Essai théorique sur l'équilibre d'élasticité
des massifs pulvérulents et sur la pous-
sée des terres sans cohésion ; par ix. J.
Boussinesq 1 52 1
— M. le Secrétaire perpétuel signalcL,
parmi les pièces imprimées de la Corres-
pondance, un ouvrage de M. L. Pochet,
intitulé : « Nouvelle Mécanique indus-
trielle » 937
— Note accompagnant la présentation du
( '%!
Pages.
)
« Cours de Mécanique appliquée aux
machines «, de /.-/'. Poncelct ; par
M. Rcsnl 1 254
— Observations sur la Communication de
M. Resal ; par M. le général Moriri.. . . laSG
— M. ^. Corel adresse un « projet de pen-
dule roii/afii, pour servir à la démons-
tration expérimentale du mouvement de
rotation diurne de la Terre» 1288
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Tliéoric de la pla-
nète Saturne ; par M. Le T'errier 73
— Sur un théorème de Mécanique céleste;
Note de M. F. Sincci 1 288
MÉDECINE. — De l'asthme d'été ou fièvre de
foin [hny n.sthnid, /iti y fet-er des Anglais)
comme entité morbide; par M. E. Dc-
caisne 535
— Traitement du charbon et de la pustule
maligne par l'aride phénique et le phé-
nate d'ammoniaque ; Note de M. Dcclat . 756
— Sur le scorbut et son traitement; par
M. CliainpouiHon 1 o34
— Sur l'intoxication tellurique; par M. L.
CoUin I o35
— Sur les propriétés nutritives et lactigènes
du Gnlegn offlcinalis ; Notes de M. Gillct-
Damilte 38 et ) 121
— Observations à l'appui; par M. Mmir-
genis 38
— Nouveau fait recueilli par M. Masson
d'Andres ; Note de M. Gitlet-DeinnUe. . i486
— M. Larrey présente le XIII' volume des
« Rapports du département médical de
l'armée anglaise » 282
— M. le Ministre de la Guerre adresse le
dix-neuvième volume du recueil de Mé-
moires et Observations sur l'Hygiène et
la Médecine vétérinaire militaires 892
— Voir aussi Choléra.
MÉTALLURGIE. — Sur Ics mincrais de fer du
département d'Ille-et-Vilaine ; Note de
M. Delage 1 10
— Études sur les fdons du Cornouailles.
Parties riches des filons; structure de
ces parties et leur relation avec les di-
rections des systèmes stratigraphiques;
Note de M. Moissenet 558
MÉTÉORITES. — Produit d'oxydation des fers
météoriques ; comparaison avec les ma-
gnétites terrestres; Note de M. Scan.
Meunier 643
— Masse de fer météorique découverte en
creusant un fossé; observations sur la
structure moléculaire du fer météori-
que; protochlorure solide de fer dans
les méléorites; Note de M. J.-L.Sniil/i. iigS
MÉTÉOROLOGIE. — SuT Un nouvcau système
de représentation d'observations météo-
C. U., 1873, 2« Semestre. (T. L\XVII.Î
Pages.
rologiques continues, faites à l'Observa-
toire national d'Alger; Note de M. Bu-
lard 585
■ M. A. Pie/ie adresse une Note relative à
un système de représentation graphique
des observations météorologiques 773
Observations météorologiques en ballon;
Note de M. G. Tissamlicr 889
M. C//..S'«/«/t'-C'/n/rc i)ci'(7/(' appelle l'at-
tention de l'Académie sur le « Bulletin
météorologique du département des
Pyrénées-Orientales, pourl'annéc 1872 )> 952
M. Ch. Sninle-Claire Decille appeWe l'at-
tention de l'Académie sur une brochure
de M. Fines, intitulée : « Vent, sa di-
rection et sa force, observées à Perpi-
gnan » 953
Fondation d'un Observatoire météorolo-
gique au pied du pic du Midi, par la So-
ciété Ramond; Note de M. Ch. Sainte-
Claire Deville ioG5
De l'influence exercée par la Lune sur les
phénomènes météorologiques ; Note de
M. E. Marchand 1112
Procédé pour déterminer la direction et
la force du vent; suppression des gi-
rouettes ; application aux cyclones ; Note
de M. H. Tarry 1117
M. Dezautières adresse une Lettre rela-
tive à sa précédente Note sur une averse
de grêle 39
AL Martha-Bcckcr&àve&se une Note con-
cernant l'influence des courants aériens
sur les hivers des régions tempérées. . . 282
— M. G. de Coninch adresse diverses Notes
relatives à sa théorie sur les relations
entre les phénomènes météorologiques
et les phénomènes volcaniques.. 433 et 527
— M. G. de Conincii adresse des observa-
tions relatives à la distribution des sai-
sons à la surface de la Terre et à la cha-
leur émise par la Lune i486
— Voir aussi Bulteiins niëtéorologiques.
MÉTiiïLB ET SES DÉRIVÉS. — Modo de pro-
duction des méihylaminesdans la fabri-
cation des produits pyroligneux; Note
de M. C. rincent 898
Minéralogie. — Sur les formes cristallines
de la lanarkite d'Ecosse; NotedeM.^/6.
Schrauf. 64
— Sur une combinaison naturelle des oxydes
de fer et de cuivre, et sur la reproduc-
tion de l'atacamite; Note do M.C ^''/7(?-
del 211
— Analyse de la dewalquite do Salm-Chà-
teau, en Belgique; Note de M. F. Pi-
sani 329
— Note sur le corindon de la Caroline du
2 06
( i592 )
Pagps
Nord, de la Géorgie et de Montana ; par
M. X. Sniiih 35G et 439
Sur lo lluorùne ; Note de M. W. Barhii^r. 442
M. Daiihréc communique une Lettre de
M. Nordenskiôlcl sur les poussières
charbonneuses, avecfer métallique, qu'il
a observées dans la neige 463
Les champs diamantifères du Cap; Note
de M. Desdeniaine-Hiigon 943
Sur le calcaire spathique des marnes
vertes de Chennevières; NotedeM.^/w.
Meunier io37
Sur la présence et le dosage du titane et
du vanadium dans les basaltes des en-
virons de Clermont-Ferrand; Note de
Pages.
M. V. Roussel 1 102
— Sur les inclusions vitreuses renfermées
dans les feldspaths des laves de Santorin ;
Note de M. F. Fout/ué i322
Monnaies. — M. Léon adresse des observa-
lions relatives à une Communication de
M. E. Peligol sur les alliages employés
pour la fabrication des monnaies d'or.. 220
— M. L. Notta adresse une Note relative à
un « étalon monétaire métrique univer-
sel » 1433
Muscles. — Propriétés et structures diffé-
rentes des muscles rouges et des mus-
cles blancs, chez les Lapins et chez les
Raies ; Note de M. L. RaiMer io3o
N
Naphtaline et ses dérivés. — Action du
chlorure de benzyle sur la naphtyla-
mine; Notede MM. Ch. Froié et D. Toni-
masi 57
Navigation. — Dispositions proposées pour
établir un service régulier de navires
porte-trains entre Calais et Douvres;
Note de M. Dupuy de Lame 24'
— Recherche d'une méthode facile pour me-
surer la capacité des navires ; Note de
M. d'Amut 872
— M. C. Beucliot adresse une nouvelle Note
concernant les divers moyens de trans-
port et l'application définitive de la va-
peur aux canaux 473
— Un auteur anonyme adresse, par l'entre-
mise de M. Ph. Jourde, un Mémoire sur
un propulseur destiné à augmenter la
vitesse des navires à voiles 773
— M. A. Lacomme adresse un Mémoire sur
un projet de bateau sous-marin, par
voie ferrée, pour traverser la Manche. 8gi
Navigation aérienne. — Voir Aérostats.
NÉBULEUSES. — Découverte et observations
de vingt nébuleuses, à l'Observatoire de
Marseille, par M. E. Stéphaii i364
Nerveux (système).— Nouvelles recherches
cliniques sur la localisation, dans les
lobes cérébraux antérieurs, de l'action
par laquelle le cerveau concourt à la
faculté psycho-physiologique de la pa-
role ; par M. BoudUtud ^
— Deux remarques relatives à la Commu-
nication de M. Bouillaud ; par M. E. Clie-
vrcul '3
— Recherches et considérations nouvelles
propres h confirmer la localisation, dans
le cervelet, du pouvoir coordinateur des
mouvements nécessaires à la marche, à
la station et à l'équilibration ; par
M. Boudtmid 1 Sg
— Observations relatives à la Communica-
tion de M. Bouillaud; par M. E. Che-
vreul 225
— Mémoire sur les localisations cérébrales
(>l les fondions du cerveau ; par M. Ed.
Fournie 335
— Sur la structure des ganglions céré-
broïdes du Zonites algirus ; Note de
M. H. Siciird 275
— Sur les éléments conjonclifs de la moelle
épinière ; Note de M. L. Ranvier 1299
NiTRiFicATioN. — Étude de la nilrification
dans les sols; Notes de M. Th. Scldœ-
sintr 2o3 et 353
Nitrique (acide). — Ammoni-nitrométrie,
ou nouveau système pour doser l'am-
moniaque, l'azote des matières organi-
ques et l'acide nitrique dans les eaux
naturelles, les terres, les engrais, etc.;
Note de M. Piuggnri 481
— M. Scicc adresse une Note concernant
l'action de l'acide nitrique sur les chlo-
rures alcalins i3o5
Nominations de membres et de correspon-
dants DE l'Académie. — M. Steen-
stnipesl nommé Correspondant, pour la
Section d'Anatomie et Zoologie, en rem-
placement de M. Agassiz, élu Associé
étranger 33
— M.Drinri est nommé Correspondant, pour
la Section d'Anatomie et Zoologie, en
remplacement do feu M. Pictet 33
— M. C'(7/yK///r7- est nommé Correspondant,
pour la Section d'Anatomie et Zoolo-
gie, en remplacement do feu M. Pou-
chet 33
— ai. F. de Lesseps est nommé à la place de
( i593 )
Pages.
Membre libre laissée vacante par le dé-
cès de M. do Verneuil 1 90
M. IFillianison est élu Correspondant
pour la Section de Chimie, en rempla-
cement de feu M. Bérard I2i5
M. Ziniit est élu Correspondant, pour la
Section de Chimie, en remplacement de
feu M. Grahara r>. 1 5
M. Jngstrôni est nommé Correspondant,
pour la Section de Physique, en rem-
placement do feu M. Hansteen 1 462
Pages.
M. F. Billet est nommé Correspondant,
pour la Section de Physique, en rempla-
cement de M. Wheatstone, élu Associé
étranger \^(>^>■
M. N. Lockycr est nommé Correspon-
dant, pour la Section d'Astronomie, en
remplacement de feu M. Encke i52o
'W.Koche est nommé Correspondant, pour
la Section d'Astronomie, en rem[)lace-
ment de feu l'amiral Smyth i5'2i
0
Oiseaux. — Recherches pour servir à l'his-
toire de la digestion chez les oiseaux;
par M. Jfihert 1 33
— Lettre de M. Alph.-Milnc Edivards, à
propos d'un ouvrage intitulé « Recher-
ches sur la faune ornithologique éteinte
des îles Mascareignes et de Madagas-
car » 133;
— Observations sur l'existence de certains
rapports entre le mode de coloration des
oiseaux et leur distribution géographi-
que; par M. Alpli.-Milne Edwards. . . . i55i
— M. Blfindin adresse une Lettre relative à
sa |)récédente Communication sur le
Martinet noir ou de muraille 39
Optique. — Sur la détermination des lon-
gueurs d'onde des rayons de la partie
infra-rouge du spectre, au moyen dos
effets de phosphorescence; Note de
M. Edm. Becquerel 3o'2
— Vérification de la loi d'Huyghens, par la
méthode du prisme ; Note de M. Abria. 814
— Sur l'emploi du prisme dans la vérifica-
tion de la loi de la double réfraction ;
Note de M. G. -G. Stokes 1 i5o
— Double réfraction. Directions des mouve-
ments vibratoires des rayons réfractés
dans les cristaux uniaxes; Note de
M. Abria 1268
— Sur quelques phénomènes d'illumination;
Note de M. A. Lallcmand 1216
— Étude analytique et expérimentale des
interférences des rayonselliptiques; Note
de M. Croiillcbois 1269
— M. A. Brachet adresse des Notes sur des
modifications à apporter à divers in-
struments d'optique.. 39, 433, 473 et 604
— M. A. Brachet adresse diverses Notes sur
les moyens d'augmenter la puissance
des microscopes
628, 5G2, 637, 6C6, 772 et 835
Os. — Quelques faits relatifs au développe-
ment du tissu osseux ; Note de M. L.
Ra/icier 1 1 o5
Paléontologie. — Découverte des makis et
du cheval, à l'état fossile, dansles phos-
phorites du Lot; Note de M. E. Del-
fortric 64
— Sur les fossiles trouvés dans les chaux
phosphatées du Quercy ; Note de M. P.
Gervnis 106
— Sur une grotte de l'âge du renne, située
à Lortet (Hautes-Pyrénées); Note de
M. Ed. Pictte 43i
— Recherches sur la faune ancienne de l'île
Rodrigues; par M. Alph.-Mdne Ed-
wards 810
— Sur un nouveau genre de Lémurien fos-
sile, découvert dans les gisements do
phosphate de chaux du Quercy ; Note
do M. H. Filhol iiii
Sur 1 ' A nthracotherium découvert par
M. Bertrand à Saint-Menoux (Allier);
Note de M. A. Gaudry 1 3o2
Squelette de grand Paléothérium [Palœo-
thcrium ningfiiiDi, Cuw.) trouvé dans les
plàtrières de Vitry-sur-Seine; Note de
M. P. Geri'ais : 1460
Sur des pièces fossiles provenant de Ba-
traciens, de Lacertiens et d'Ophidiens,
trouvées dans les dépôts de phosphate
de chaux de l'Aveyron; Note de M. H.
Filhol i556
Sur le développement du phragmostra-
cum des Céphalopodes et sur les rap-
ports zoologiques des Ammonites avec
lesSpirules; Note àe'^i. Mitnicr-Chal-
nias 1 557
206..
( «594 )
Pages.
03:
444
396
l502
1434
Pn
i5oo
— M. le Secrétaire perpétuel signale la
C série dfis a Matériaux pour la Pa-
léontologie suisse 11, de M. F.-J. Pictet.
— ■\'oir aussi Botanique fossile et Géologie.
l'ALLADir.M. — Action du platine et du pal-
ladium sur les hydrocarbures; Note de
M. J.-J. Co(/lli//io/!
Palmiers. — Notice sur les palmiers de la
Nouvelle-Calédonie; par M. Jr/. Brou-
gniart
Panific.\tion. — Note concernant la ]iani-
fîcationdes farines fournies par diverses
graines ; par M. Monclar
Pendule. — M. N. Dejean de Fonroquc
adresse une Note concernant des expé-
riences faites à Bucharcsl sur les mou-
vements du pendule
l'iUBMAciE. — M. Clément AÙTCSse une Note
relative à une méthode de préparation
de l'onguent mercuriel aOg
— MM. Carré et Lcmoine adressent une
Note sur un nouveau mode d'emploi de
l'huile de foie de morue, au moyen de
la panification 347
— Nouvelles recherches sur la préparation
du kermès; action des carbonates alca-
lins et des bases alcalino-terreuses sur
le sulfure d'antimoine; par M. A. Ter-
reil
PuÉNiQUE (acide). — Sur un nouveau trai-
tement du choléra et probablement de
la fièvre jaune par l'acide phénique et
le phénate d'ammoniaque, au moyen
des injections sous-cutanées ; Note de
M. Déclat 709 et
— Traitement du charbon et de la pustule
maligne par l'acide phénique et le phé-
nate d'ammoniaque; Noie de M. Déclat.
— M. Déclat demande l'ouverture de deux
plis cachetés, relatifs à ses recherches
sur les moyens de guérir les maladies
à ferments, et spécialement le choléra. .
Phosphates. — Sur les méthodes d'analyse
des phosphates naturels employés en
agriculture ; Note de M. C. Mène
— Voir aussi Paléontologie.
PiiospiiouESCENCE.— Détermination des lon-
gueurs d'onde des rayons de la [lartie
infra-rouge du spectre, au moyeu des
efi'ets de phosphorescence ; Note de
M. Eilni. Becquerel
Sur les Cocuyos de Cuba ; Note de M. de
Dos Hermanas
— Observations de M. E. Blanchard, au
sujet de la Note précédente ^ 335
— Sur les organes phosphorescents Ihora-
ciques et abdominaux du Cocuyo de
Cuba; Noie de M.M. Ch. liMn et -•/.
1178
ySG
835
3o
309.
333
Laboulbéne
Photochimie. — Note complémentaire aune
Communication précédente sur l'emploi
des gaz comme révélateurs ; par M . Mer-
g<:t
— Polychromie photographique; Note de
M./., ndal
— M. Noiret adresse une Note relative aux
reproductions photographiques
Phylloxéra. — Voir J'iticuliure.
Physiologie animale. — Nouvelles recher-
ches cliniques sur la localisation, dans
les lobes cérébraux antérieurs, de l'ac-
tion par laquelle le cerveau concourt à
la faculté psycho-physiologique de la
parole ; Noie de M. Bouitlaml
— Deux remarques relatives à la Communi-
cation de M. Bouillaud ; par M. E. Clte-
iwrul
— Recherches et considérations nouvelles,
propres à confirmer la localisation, dans
le cervelet, du pouvoir | coordinateur
desmouvements nécessaires;! la marche,
à la station et à l'équilibration; par
M. Bouillaud
— Observations relatives à la ;Communica-
tion précédente de M. Bouillaud ; par
M . C/iei'reul
— Mémoire sur les localisations cérébrales
et sur les fonctions du cerveau ; par
M. Ed. Fournie
■ Recherches expérimentales sur l'action
du gaz protoxyde d'azote ; par MM. F.
Jolyet et T. Blanche
• Reciierches pour servir à l'histoire de la
digestion chez les Oiseaux ; par M. Jo-
hert
■ Des variations dans la quantité d'urée
excrétée avec une alimentation nor-
male, et sous l'influence du thé et du
café ; Note de M. E. Roux
. De l'uniformité du travail du cœur, lors-
que cet organe n'est soumis à aucune
inlluence nerveuse extérieure ; Note de
M. Marey
Sur les variations de l'hémoglobine dans
les maladies; Note de M. Quinquaud. .
- Sur les variations de l'hémoglo!)int^ dans la
série zoologique; par le même
- Des variations de l'urée sous l'influence de
la caféine, du café et du thé ; Note de
M . Ruhuteau ....
^ Recherches expérimentales surlinlluence
que les cliaugemenls dans la pression
barométrique exercent sur les phéno-
mènes de la vie ; \%' Noie de M. P.
Ben
- Nouvelles recherches sur l'analyse et la
0CS.
5ii
38
340
CG7
i3
139
225
335
5a
i33
oG5
3G7
447
487
489
53i
( '595 )
Pages.
(liiHirio du pouls, à lï-tat nornwl et
anormal ; par M. Bindllnitd 627
Observations relatives à la Communica-
tion de M. Bouillaud ; par M. Bmilrr. . C34
Note sur le tissu élastique jaune, et re-
marques sur son histoire, à propos du
mémoire de M. Bouillaud, et des remar-
ques faites sur ce travail par M. Bouley ;
Note de M. É. Chcvrcul G8 1
Recherches sur le tissu élastique jaune de
l'éléphant et du bœuf; par xM. E. Chc-
vrcid 684 et 750
Nouvelles recherches sur l'analyse et la
théorie du pouls, à l'état normal et
anormal (suite) ; par M. BouUlaud. . . . 68G
Nouvelles observations relatives à la pre-
mière Communication de M. Bouillaud;
par M. Boidey 694
Réponse de M. Bouillaud à M. Bouley. . . 697
Rectification à une Communication pré-
cédente sur un point de l'histoire de la
physiologie des artères ; par M. Bouler. 751
Du rôle des gaz dans la coagulation de
l'albumine ; Note de MM. E. Mathieu et
l-^. Urbain 706
Sur le fonctionnement de l'appareil res-
piratoire, après l'ouverture de la paroi
thoracique; Note de MM. G. Carlet et
/. Straus 720 et io3o
Origine et formation du follicule dentaire
chez les Mammifères ; Note de MM. P.
Magitot et Cil. Legros 1000
Chronologie du follicule dentaire chez les
Mammifères ; par les- mêmes 1877
Quelques faits relatifs au développement
du tissu osseux ; Note de M. L. Ran-
vier 1 1 o5
Remarques sur un point historique, rela-
tif à la chaleur animale; [)ar M. Bcr-
thclnt ioG3
Sur l'action physiologique et thérapeu-
tique du cldorhydrate d'amylamine;
Note de M. Du jardin- Beaumetz 1247
De la différence d'action physiologique
des courants induits, selon la nature 'du
fil métallique formant la bobine induite ;
Note de M. Onimus 1297
Observations touchant l'action de certai-
nes substances toxiques sur les Poissons
de mer ; par MM. A. Rabutcau et F.
Papillon 1 340
M. C. Morello adresse une Note relative
à la vie de la matière 40
M. 7Î/V//C adresse une Note sur des expé-
riences à effectuer, concernant l'action
du magnétisme sur les organismes vi-
vants 473
M. C/i.Cros adresse une Note « surl'op-
Pages.
portunito d'observer, au microscope,
les cellules nerveuses dans les tissus
vivants attenant encore à l'animal, ou
dans les tissus frais traversés de cou-
rants galvaniques » g-^*^
— M. Pons- adresse une Note intitulée « la
Vie de l'homme » logS
Physiologie pathologique. — Recherches
relatives à l'action de la chaleur sur le
virus charbonneux; par U.C.Dataine. 726
— Recherches relatives à l'action des sub-
stances dites anliscpliques sur le virus
charbonneux; par M. C. Daminc 821
— De l'influence des sulfates sur la produc-
tion du goitre, à propos d'une épidémie
de goitre, observée dans une caserne à
Saint-Étienne; Note de M. Bergcret. . . -Zi
— Remarques, à propos de la Communica-
tion précédente, sur la thyréo'idite aiguë,
dite goitre épidéiniquc, chez les jeunes
soldats ; par M. Larrey 733
— Nouvelles remarques sur le même sujet;
Note de M. Bergeret 842
— Infarctus sanguins sous-cutanés du cho-
léra et des maladies septicémiques;
Note de M. Bouchut 762 et ioo3
— M. Laillcr adresse une Note, accompa-
gnée d'une pièce anatomique, pour ser-
vir à l'étude de la formation des calculs
biliaires loiG
— M. Roussel adresse une nouvelle Note
concernant les causes des maladies.. . . i336
Physiologie végétale. — Sur la respiration
des végétaux aquatiques immergés;
Note de MM. P. Scliulzcnberger et E.
Quinquaud 272
— Sur le mouvement des étamines dans les
Rula; Note de M. G. Cnrlet 538
— M. Bouclier adresse une Note relative à
la fécondation du chanvre 834
— De l'irritabilité des étamines ; distinction
dans ces organes de deux ordres de
mouvements ; Note de M. E. Hcckel . . 948
— Sur le sucre contenu dans les feuilles de
vigne; Note de M. A. Petit 944
— De l'exhalation aqueuse des plantes dans
l'air et dans l'acide carbonique; Note
de M. A. Barllii-lcmy 1080
~ Nouvelles recherches sur le transport
ascendant, par l'écorce, des matières
nourricières ; Note de M. E. Faii're. . . io83
— Sur les sécrétions de la fleur de VEuca-
typlus globulus ; Note de M. Gimbert. . i3o4
— Sur des phénomènes de thernioditfusion
gazeuse qui se produisent dans les
feuilles, et sur les mouvements circu-
latoires qui en résultent dans l'acte de
la respiration chlorophyllienne ; Note
( .596 )
Pages.
fie M. A. Mcr^ct 1468
Physique appliquée. — M. Burq adresse,
pour le Concours ilontyon, un Mémoire
intitulé « Application du thermomèiro
à ridio-mélalloscopie, etc. » 1 1'-*
— Vérification de l'aréomètre de Baume ;
par MM. Berthclot, Coulier et d'Jl-
incida 97"
— M. Collardcan-Î'aclwr adresse une Note
intitulée « De l'aréomètre Baume et des
densités correspondant à ses divers de-
grés, d'après le manuscrit de Gay-
Lussac » • 1220
— M. R.de Paz adresse une Note relative à
un appareil destiné à mesurer la quan-
tité de chaleur émise par le Soleil log/j
Physique généhale. — Détermination du
rapport des deu.\ chaleurs spécifiques,
par la compression d'une niasse limitée
de gaz ; Note de M. E.-H. Amngat iSaS
— M. Bom'icr adresse une Note relative à
l'origine de la chaleur et de la lumière. 433
Physique du globe.— Quelques détails sur
le tremblement de terre du i5 juin;
Note de M. JV. de Fonviellc 00
— Sur l'état du volcan de Nisiros au mois
de mars 1873 ; Note de M. H. Gorceix. 597
— Sur la récente éruption de Nisiros; par
/(■ même I o3g et 1 474
— Do la propagation de la marée sur divers
points des côtes de France. Change-
ment dans l'heure de la pleine mer du
Havre, depuis les travaux d'endiguement
de la Seine; Note de M. L. Gciussi/i.. . 424
— Sur la proportion d'acide carbonique
existant dans l'air atmosphérique. Va-
riation de cette proportion avec l'alti-
tude ; Note de M. P. Tnichot C75
— Sur la quantité d'ammoniaque contenue
dans l'air atmosphérique à différentes
altitudes ; jiar le même 1 1 Sij
— M. G. Botta adresse un Mémoire concer-
nant la distribution de la chaleur à la
surface du globe 291
— Sur la limite des glaces dans l'océanArc-
tique ; Note de M. Cli. Grad 1477
— M. /. Lccniite adresse une Note relative
au tremblement de terre ressenti à Bar-
celone, le 27 novembre 18-3 i486
Physique mathématique.— Action mutuelle
des courants voltaïques; Note de M. /.
Bertrand 962
— Examen de la loi proposée parM.Ilelm-
hollz pour représenter l'action de deux
éléments do courant ; par le même 1049
— Sur le maximum de densité de l'eau ;
explication mécanique de ce phéno-
mène ; Note do M. Piarron de Mondc-
Pat;es.
sir 1 1 54
— Observations relatives à raccroissement
de volume de l'eau au-dessous do 4 de-
grés, à propos de la Note précédente;
par M. F. Hément 1219
— M. G. Perry adresse une Note intitulée :
« Sur les rapports entre la dilatation
cubique et les isotorsions; équation de
l'élasticité en coordonnées obliques,
pour les cristaux tiiréfringents, par
M. G. Perry; système orthogonal pour
le prisme rectangle, par M. Lamé. . . . 347
PiCRiQUE (acide). — Sur une combinaison
d'acide picrique etd'anhydride acétique ;
Note de MM. D. Tommasi et H. David. 207
Pigeons voyageurs. — Sur l'emploi des
pigeons voyageurs dans la navigation
aérienne; Note de M. fV. de Fon-
vietle 1 1 62
— Sur les pigeons voyageurs revenus à
Paris pendant le siège ; par le même.. . 1276
Piles électriques. — Suite de recherches
sur les courants secondaires, et leurs
applications ; par M. G. Planté 4G6
— Note concernant une pile au chlorure de
plomb ; par M. Pierlot 667
— Sur une nouvelle disposition de la pile
hydro-électrique à sulfate de cuivre;
Note de M. Trouvé i55i
— Évaluation, en unités mécaniques, de la
quantité d'électricité que produit un
élément de pile ; Note deM. E.Brauly. \.\ia
Pisciculture. — M. le Secrétaire perpétuel
signale un Rapport sur l'état de la Pisci-
culture, par M. Bouclion-Brandely . .. xiii.
Planètes. — Théorie de la planète Saturne;
par M. Le Verrier 78
— Sur la planète Mars; Note de M. C.
Flammarion 278
— Observations de la planète (i33); par
M. Stephan 563
— Sur la forme des mers martiales, compa-
rée à celle des océans terrestres ; Note
de M. Stan. Meunier 566
Pl.ivtine. — Sur l'emploi des gaz comme ré-
vélateurs ; Note de M. Merget 38
— Observations, à propos d'une Communi-
cation de M. Merget, sur la réduction
des sels de platine par l'hydrogène ;
Note deM. Pcllct 112
— Action du platine etdu palladium sur les
hydrocarbures ; Note do M. /.-/. Co-
ijuillion 444
Plomb et ses composés. — M. E. de Laval
adresse un exemplaire d'une pétition
adressée au Conseil municipal de Paris,
à l'effet d'obtenir la proscription de
tuyau.x en plomb, pour la distribution
( i597 )
1 062
'099
8G
Pages,
des eaux destinées aux usages alimen-
taires 527
— Note sur l'action que le plomb exerce sur
l'eau ; par M. Dumas io54
— Observations relatives à la Communica-
tion précédente; par M. Etic de Bcnu-
mont I o55
— De l'action de l'eau sur les conduits en
plomb ; Note de M. Belç;rart(l io55
— Observations relatives à la Communica-
tion précédente; par M. BouHlaud. . . .
— Action de l'eau aérée sur le plomb, con-
sidérée au point de vue de l'hygiène et
de la médecine légale; Note de M. Far-
das
— Action de l'eau de Seine et de l'eau de
rOurcq sur le plomb ; par le ?neme
— M. J. Ronbj adresse une Lettre relative
aux effets toxiques produits par une eau
qui avait parcouru des conduits en
plomb 1221
— Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour
la conduite des eaux potables; Note de
M. £. de Laval 1271
— Sur les diverses conditions dans les-
quelles le plomb est attaqué par l'eau ;
Note de M. A. Bobierre 1272
— Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour
la conduite et la distribution des eaux
destinées aux usages alimentaires; Note
do M. Cliampouillon
— Action de l'eau sur le plomb laminé;
Note de M. H. Marais iSag
— Emploi du bisulfate de potasse comme
agent révélateur de la galène dans tous
les mélanges ; Note de M. E.Janncltaz. 838
Poissons. — Observations sur quelques li-
quides de l'organisme des Poissons, des
Crustacés et des Céphalopodes; par
MM. Rabuteou et F. Papdlon 1 35
— Observations touchant l'action de certaines
substances toxiques sur les Poissons de
mer ; par les mêmes 1 37G
1273
Pages
— De la classification des Poissons qui com-
posent la famille des Triglides (Joues
f»//v/f.veV.s-deCuvier et de Valenciennes);
Note de M. H.-E. Sauvage 723
— Monographie des Poissons de la famille
des Synbranchidés ; Notes do M. C. Da-
resle 816 et 878
— Sur la cellule embryogène de l'œuf des
Poissons osseux; Note de M. Balbiani. i373
Polypes. — Développement des Polypes et
de leurs polypiers ; Note de M. de
Lacaze-Dutliiers 1201
Poudres. — Sur un moyen de comparer les
poudres entre elles; Note de M. de
Troinenec 1 2G
— Sur la chaleur de combustion des matières
explosives ; Note de MM. Roux et Sar-
rau 1 38
— Recherches expérimentales sur les ma-
tières explosives ; par les mêmes 478
— M. Arnu de Terré adresse une Note rela-
tive à une poudre de mine, à laquelle
il donne le nom de pyrolithe humani-
taire 89 1
— M. le Ministre de la Guerre écrit à l'Aca-
démie pour l'inviter à désigner l'un de
ses Membres, pour faire partie du Co-
mité spécial institué pour donner son
avis sur les questions relatives au Ser-
vice des poudres et salpêtres 1288
Propyle. — Note sur de nouveaux dérivés
du propyle ( suite ) ; par M. A. Cahours. 745
Pyrogallique (acide) et ses dérivés. —
L'acide pyrogallique en présence de
l'acide iodique; Note de M. Jacque-
min aog
— Le pyrogallol en présence des sels de fer;
par le même SgS
Pyroligneux (produits).— Mode de pro-
duction des méthylamines dans la fabri-
cation des produits pyroligneux; Note
de M. C. Vineenl 898
R
RÉGULATEURS. — Note sur le régulateur iso-
chrone, construit par M. Bréguel, pour
l'observation du passage de Vénus à Yo-
kohama ; par M. Ymn Tdlarceau
— Note concernant le changement de la vi-
tesse de régime, dans les régulateurs
isochrones ; par le même
Respiration. — Recherches expérimentales
sur l'influence que les changements dans
la pression barométrique exercent sur
les phénomènes de la vie ; 12* Note de
80
i5i
M. P. Bert 53 1
— Sur le fonctionnement de l'appareil respi-
ratoire, après l'ouverture de la paroi
thoracique; Note de MM. G. Cartel et
/. Strauss 720 et io3o
— Remarques sur un point historique, rela-
tif à la chaleur animale; parM. Bertlie-
lot ioG3
Rotatoires (pouvoirs). — Sur le pouvoir
rotatoire des hyposulfates; Note de
M. E. Bicliat 1 i8q
( 'SgS )
Pajcs.
Du pouvoir rolaloiro fie la mannile; Note
(Ir M. Jigiiou 1191
Pages.
— Observations de M. Pnsirnr, îi propos de
la précédenlo Communication 1 192
Sa^o. — Sur les variations de l'hémoglobine
dans les maladies ; Note de M. Qiii/i-
quaiid i i 7
— Sur les variations de l'hémoglobine dans
la série zoologique ; par le même 487
SÉRICICULTURE.— M. Cil. Dcrtis adresse une
Note concernant les causes probables de
la maladie des vers à soie 433
— M. JF. h'erscn informe l'Académie qu'il
a tait, l'été dernier, à Saint-Pétersbourg,
un essai d'éducation de versa soie, dans
le jardin de la Société économique 900
Sociétés s.wan'tes. — M. le Secrétaire per-
priuct informe l'Académie que la Société
pour l'encouragement des Arts et Manu-
factures et du Commerce, do Londres,
vient de décerner la méduille Jlhert à
M. Chevreul, pour ses découvertes en
Chimie 73
— M. de Qitatrcfdges {iilXwmmdLge -à l'Aca-
démie du compte rendu de la première
session de l'Association française pour
l'avancement des sciences \i.'i
— M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
d'une Lettre adressée à l'Académie par
M. le Secrétaire de l'Académie des
Sciences naturelles de Minnesota 434
— h' Institut impérial des Mines de Saint-
Pétersbourg invite l'Académie à se faire
représenter par l'un de ses Membres au
Jubilé du centième anniversaire de sa
fondation 773
— M. Daubrée rend compte à l'Académie
de la mission qu'elle lui a confiée, pour
assister à l'anniversaire séculaire de la
fondation de l'Institut impérial des Mines
de Saint-Pétersbourg 1 121
.Soleil. — Sur la constitution du Soleil et la
théorie des taches; Note de M. E. fi-
caire 40
— Les cyclones du Soleil comparés à ceux
de notre atmosphère; Note de M. H.
larry 44
— Nouvelles observations spectrales, en
désaccord avec quelques-unes des théo-
ries émises sur les taches solaires; Note
de M. Taccliini 1 gi
— Nouvelles recherches sur le diamètre so-
laire ; par le P. Secclii 253
— Sur la théorie physique du Soleil, propo-
posée par M. Vicaire : Note de M. Faye. 293
— Réponse à de nouvelles objections de
M. Tacchini ; par M. Faye 38i
- Théorie des scories solaires, selon M.
Zœllner ; Note de M. Faye 5oi
- Nouvelles observations relatives à la pré-
sence du magnésium sur le bord du So-
leil, et réponse à quelques points de la
théorie émise par M. Faye; Note de M.
Tacchini GoG
- Réponse de M. Faye à M. Tacchini 621
- Sur la grandeur des variations du dia-
mètre solaire; Notes de M. Rcspighi. . .
7i5 et 774
- Sur l'explication des taches solaires,
proposée par M. le D' Reye ; Note de
M. Faye SSri
- Réponse à une Note de M. Rcspighi, sur
la grandeur des variations du diamètre
solaire ; par le P. Secchi
- Suite des Observations sur les protubé-
rances solaires, pendant les six dernières
rotations de l'astre, du 23 avril au 2 oc-
tobre 1873; conséquences concernant la
théorie des taches; par le P. Secchi. . .
- Réponse aux remarques de M. Tarrysur
la théorie des taches solaires; par
Faye
- Réponse de M. Th. Reye à M. Faye con-
cernant les taches solaires
- Lettre de M. A. Poéy, sur les rapports
entre les taches solaires et les ouragans
des Antilles, de l'Atlantique nord et do
l'océan Indien sud 1222
• Observations de M. Marié-Daiy, à pro-
pos d'une Note récente de M. Reye, sur
les analogies qui existent entre les taches
solaires et les tourbillons de notre atmo-
sphère 1227
• Note sur les cyclones terrestres et les cy-
clones solaires; par M. H. de Pan>ille. i23o
■ Sur les trombes terrestres et solaires ;
Note de M. Faye i25C
■ Observations de M. le général Morin
sur la Communication de M. Faye 12G4
■ Lettre de M. A. Poéy à M. le Secrétaire
perpétuel sur les « Rapports entre les
taches solaires, les Orages à Paris et à
Fécamp, les tempêtes et les coups de
vent dans l'Atlantique nord» i343
Sur la constitution jibysiquc du Soleil.
Réponse aux critiques de M. Faye; par
M. E. J'icaire 1491
M. R. de Paz adresse une Note sur un aii-
977
1122
1178
( 1% )
Pages.
1094
pareil destiné à mesurer la dialeur
émise par le Soleil
— M. J. Coiiimaillc adresse une Noie sur
la cause de la constance de la chaleur
solaire j33G
Spectroscopie. — Sur les spectres du fer et
de quelques autres métaux, dans l'arc
voltaïque ; Note du P. Secclii 173
— Nouvelles observations spectrales, en
désaccord avec quelques-unes des théo-
ries émises sur les taches solaires ; Note
de M. Tnrchim ig5
— Sur le spectre de la comète lit de 1873;
Note de MM. C. If'olfay G. Rnyct 529
— Sur le spectre de la Comète IV do 1873 ;
Note de MM. G. Rmct et Jmlrè 564
— Sur le spectre de l'atmosphère solaire;
Note de M. G. Rayet 529
— Recherches sur le spectre de la chloro-
phylle ; Note de M. /. Chcmtiml 096
— Surquelques spectres métalliques (plomb,
chlorure d'or, thallium, lithium) ; Note
de Rf. Lccnr/ lie Bnishaiidran 1 1 5ii
— Note préliminaire sur les éléments exis-
tant dans le Soleil; par M. N. Lochrr. 1347
— Sur la nature des éléments chimiques;
observations à propos de la Communi-
cation de M. N. Lockyer; Note de
M. Bcrthclot 1 352
— Observations relatives aux considérations
présentées par M. N. Lockyer et aux
remarques do M. Berthelot; Note de
M. Dumas 1 357
— Nouvelles remarques sur la nature des
éléments chimiques; Note de M. Bci'
Pa[;es.
tliflot 1 399
— Note sur un procédé destiné à mesurer
l'intensité relative des éléments consti-
tutifs des diffcrenles sources lumineuses;
par M. H. Trannin 1 495
— M. G.-A. Hirn fait hommage à l'Acadé-
mie d'un Mémoire sur les propriétés
optiques de la flamme des corps en
combustion et sur la température du So-
leil 1412
Statistique. — M. Bertrand adresse un
Allas de Géographie et de Statistique
médicales de la France 3o
— Tableaux statistiques des pertes des ar-
mées allemandes d'après les documents
officiels allemands, pendant la guerre de
1870-1871 758
— M. Lnrrey fait savoir à l'Académie que
M. Chenu s'occupe do la publication de
documents statistiques sur les pertes
des armées françaises, pendant la guerre
de 1870-1871 762
SucciNiQliE (acide). — Transformation do
l'acide succinique en acide maléique ;
Note de M. E. Bourgoing 52
Sucres. — Sur le sucre contenu dans les
feuilles de vigne; Note de M. J. Petit. 944
— Sur une nouvelle matière sucrée volatile,
extraite du caoutchouc de Madagascar;
Note de M. Aime Girard gg5
— Méthode de dosage du sucre au moyen
du fer ; Note de M. Edm. Riffard i io3
— Application du phosphate d'ammoniaque
et de la baryte à l'épuration des pro-
duits sucrés; Note de M. P. Lagra/igc. 1245
Telègrapiiié. — Sur un système de télégra-
phie optique, réalisé pendant le siège
de Paris, par une Commission nommée
par le Gouvernement ; Note de M. Laii.s-
.scdat 34
— Sur un nouveau système de télégraphie
pneumatique; Note de MM. D. Tom-
masi et R.-F. Michel 281
— Note descriptive du cryptographe; par
M. Pélegriii 4^9
— M. B. Constant adresse une Note con-
cernant la transmission des dépêches
par des tubes pneumatiques G04
Tératologie. — Sur certains cas de double
monstruosité, observés chez l'homme ;
Note de M. Rmdin 920
— Nouvelles recherches sur l'origine et le
mode de développement des monstres
omphalosites ; Note de M. C. Dareste. 924
C. R., i8;j, !^ Semestre, (T. \XLV1I.)
— Mémoire sur la tératogénie expérimen-
tale; Note de M. C. Dareste 986
— Sur le pied d'Homme à huit doigts, dit
pied de Morand; Note de M. A. La-
vocat 1116
TÉRÉBÈNE. — Sur le chlorhydrate de téré-
bène et l'isomérie des composés de for-
mule G'»H"',HC1 463
Thérapeutique. — Sur l'action physiolo-
gique et thérapeutique du chlorhydrate
d'amylamine; Note de M. Dujardin-
Baiimetz 1247
— Observations touchant l'action de cer-
taines substances toxiques sur les Pois-
sons de mer; par MM. A. Rahnteau et
F. Papillon 1 370
— Sur les effets du chanvre indien [Itaschieh] ;
Note de M. A. Naqitet i564
— M. Prota-Ginrlco adresse une Note sur
207
l'emploi du chlorhydrato de bcrbérine
contre le gondemenl de la rate, dans les
fièvres intermittentes, et une Note im-
primée en italien, sur un « termoiéi-
mètre » 1287
TiiERMociiiMiE. — Sur la chaleur de combi-
naison, rapportée à l'état solide; nou-
velle expression thermique des réac-
tions ; Note de M. Berlhdm 24
— Sur les déplacements réciproques entre
les hydracides ; par le même 3o8
— Sur les cyanures ; par le même 388
— Sur la redissolution des précipités; parfc
même • . . . . BgB
— Sur quelques valeurs et problèmes calori-
métriques; par le même 971
— Recherches sur les composés oxygénés
de l'azote; leur stabilité et leurs trans-
formations réciproques; par le même. . 1448
— Recherches thermiques sur les dissolu-
tions salines ; Note de M. P.-J. Favrc . loi
— Recherches sur la dissociation cristalline
(suite). Évaluation et répartition du tra-
vail dans les dissolutions salines; Note
de MM. P.-A. Fiwre et C.-A. Val-
son 577 et 802
— Recherches thermiques sur la condensa-
tion des gaz par les corps solides (suite):
Absorption de l'hydrogène par lo noir
de platine; Note de M. P.-A. Fm-re. .. 649
— Sur la condensation des gaz et des liqui-
des parle charbon de bois ; phénomènes
thermiques produits au contact des
liquides et du charbon. Liquéfaction
des gaz condensés ; Note de Jl. Mvlsens. 781
— Voir aussi Dissocitithn.
( 1600 )
Pages.
Pages.
Thermodynamique.— Démonstration directe
des principes fondamentaux de la Ther-
modynamique. Lois du frottement et du
choc d'après cette science ; Notes de
Sr. A. Lcdieu
94, i63, 2G0, 325. 414, 455 et 517
— M. A. Osselin adresse un Mémoire sur
les « Conséquences du principe de l'é-
quivalence mécanique de la chaleur ».. 340
— Recherches sur les effets thermiques qui
accompagnent la compression des li-
quides ; Note de MM. P.-A. Favre et
Laurent 9^ '
— Sur la décharge des conducteurs électri-
.^és ; Note de M. /. Moutier i238
— Évaluation, en unités mécaniques, de la
quantité d'électricité que produit un élé-
ment de pile; Note de M. E. Brarily. . 1420
Travaux publics. — Sur les travaux pu-
blics des États-Unis d'Amérique; Note
de IL Belgrand 4 ' 7
Tremblements de terre. — Voir Volcani-
ques [phénomènes ].
Trombes. — Sur les trombes terrestres et
solaires; Note de M. Faye I25C
— Observations de M. le général Morin, à
propos de la Communication précé-
dente 1 264
— Les trombes et les tourbillons; Note de
M. Mouchez i56o
— M. Bonnafnnt adresse un Mémoire sur
les trombes de mer i33G
Tuyaux sonores. — Sur un procédé destiné
à constater les nœuds dans un tuyau
sonore ; Note de M. Bourhouze 1099
U
Urée et ses dérivés. — Des variations dans
la quantité d'urée excrétée, avec une
alimentation normale, et sous Finfluence
du thé et du café ; Note de M. T. Roux.
— Des variations de l'urée sous l'intluence
de la caféine, du café et du thé ; Note de
365
M. Rabuteau 489
Action de l'iode sur l'acide urique; Note
de M. F. ffurtz i548
Synthèse de l'oxalyl-urée (acide para-
banique) ; Note de M. E. Griniaujc. . . i548
Valérianioue (acide). — Sur un nouvel
isomère de l'acide valérianique ; Note
de MM. C. Friedct et R.-D. Silra
V.VNADIUM ET SES COMPOSÉS. — Sur IcS chlo-
rovanadates ; Note de M. P. Jlaute-
jruillc
Ventilation. — Note sur les moyens à em-
|)loyer i)our maintenir dans un lieu
8y6
donné une température à peu près con-
stante, et pour modérer dans la saison
d'été la température des lieux habités;
par M. le général Morin 737
VÉNUS (passages de). — Observations rela-
tives à une Communication de M. Ed.
Dubois sur l'inlluencc de la réfraction
atmosphérique, à l'instant d'un contact,
( i6o
dans un passnge fie Vénus ; par M. Oii-
ileinnns gg î
— Réponse aux observations de M. Oude-
mans ; par M. Ed. Dubois 1 1 5o
— Sur la formation des équations de condi-
tion qui résulteront des observations du
passage de Vénus du 8 décembre 1874 ;
Noie de M. F. Puiscu.r i5o5
Vins. — Note sur le turbinage des vins
gelés ; par M. Mclsens i4(')
Viticulture. — Expériences relatives à l'ac-
tion de l'ammoniaque et à laction pro-
longée de l'eau sur le Phylloxéra ; Note
de M. Gueyraud 1 1 1
— Note sur l'identité du Phylloxéra des
feuilles et de celui des racines; par
M. Max. Cornu igo
— Sur quelques matières propres à la des-
truction du Phylloxéra; Note de
M. Petit ig3
— M. Yof adresse une Note relative à un
procédé de destruction des insectes . . . 2G9
— M. Erb adresse une Lettre concernant
ses Communications sur le Phylloxéra. 2G9
— Sur l'état actuel de la question du Phyl-
loxéra ; Note de M. Lichtcnstcin 342
— Du Phylloxéra et de son évolution ; Note
de M. Signoi-ct 34')
— M. le Secrétaire pei-pétuel commwmqwe à
l'Académie divers documents relatifs au
Phylloxéra, adressés par MM. E.Ayral,
Coulomb, Dcleuil, Gauthier, H. Per-
rnud, Lnliman, L. de Martin 346
— M. H. Peyraud adresse une nouvelle Note
relative à l'action toxique des infusions
d'absinthe et de tanaisie sur le Phyl-
loxéra 432
— M. Fauconnet adresse une Note relative
à divers procédés de destruction du
Phylloxéra 4^2
— De la marche de proche en proche du
Phylloxéra ; Note de MM. J.-E. Plan-
clion et /. Liclitenstein 4*îi
— Observations, à propos d'une Lettre de
M. Lichtonstein, sur la reproduction du
Phylloxéra; procédé de M. Moneatier,
pour la destruction de l'insecte, au
moyen du sulfure de carbone ; Note de
M. Dumas 52o
— Sur la rapidité de la reproduction du
Phylloxéra; Lettre de M. Liclitenstein. 522
— M. yl. Sarrand adresse une Note relative
à deux remèdes qu'il propose contre le
Phylloxéra 5G2
— M. Leco(/ de Boisbaudran adresse une
Note relative aux ravages produits par
le Phylloxéra 5G2
— Note sur les observations de M. Lecoq de
ï )
Pages.
Boisbaudran, relatives à l'apparition du
Phylloxéra dans les vignobles de la Cha-
rente ; par M. H.-Milne Edwards 672
- Réclamation de priorité, à propos de
l'emploi du sulfure de carbone contre le
Phylloxéra ; par M. E. de Laval 601
- M. Cazaurnn adresse une Note relative
aux mesures à prendre contre la propa-
gation du Phylloxéra 6o3
- M. X6'/;o« adresse deux Notes concernant
l'emploi du gaz d'éclairage ou de la va-
peur de soufre contre le Phylloxéra. . . . 6o3
- M. llcat adresse une Note relative à un
instrument formant tarière, qu'il a con-
struit spécialement pour introduire les
substances insecticides jusqu'aux ra-
cines de la vigne 6o3
- Sur quelques particularités relatives à la
forme ailée du Phylloxéra, au point de
vue de la propagation de l'insecte ;
Note de M. Ma.r. Cornu 656
- Sur l'époque à laquelle il conviendrait
d'appliquer la submersion aux vignes
atteintes par le Phylloxéra ; Note de
M. L. Faucon 663
■ M. R. Rcjou adresse une Note concernant
l'emploi des feuilles de tabac pour com-
battre le Phylloxéra 6GG
- M. A. Hay adresse une Note relative à
l'emploi, contre le Phylloxéra, d'une dé-
coction de tabac mélangée avec de la
chaux 6fiG
- M. l'abbé Magnat prie l'Académie de lui
adresser quelques documents relatifs à
l'histoire naturelle du Phylloxéra G6G
- Comparaison du Phylloxéra vastatrix des
galles avec celui des racines; Note de
M. Max. Cornu 710
M. Gauhan du Mont adresse une Note
relative à l'influence que pourrait avoir
la culture du chanvre pour éloigner des
vignobles le Phylloxéra 7i5
■ M. E. de Laral adresse une Note relative
à l'emploi du sulfure de carbone mé-
langé avec une huile végétale, et à
l'emploi du sulfure de potassium, contre
le Phylloxéra 715
M. Pe//rrf adresse des documents relatifs
à l'efficacité des produits qu'il a indiqués
pour combattre le Phylloxéra 715
Études sur le Phylloxéra ; par M. Max.
Cornu 766 et 825
■ Ellets que le sulfure de carbone, employé
pour détruire le Phylloxéra, paraît
exercer sur la vigne, Note de M. Lecoq
de Boisbinidran 771
M. J. Roiissillc adresse une Note sur les
ravages que pourrait exercer le sulfure
20'7..
( lG02
Pages,
de carbone, employé pmir détruire le
Pliylloxera, sur la vigne ellc-niCme 772
M. 'Cfif;iiiit adresse une Note relative à
l'importance de la fumure, combinée
avec l'emploi des inseclicides,pour com-
battre le Phylloxéra 77^
Sur la reproduction du Phylloxéra du
chêne ; Notes de M, Bulbiani . 83o et 884
Sur les Pcmphigas du Pistacia Tcrcbiii-
tliiix, comparés au PliyUoxcra qucrciis;
Note de M. Derhès 1 109
Observations de M. Il.-Milnc Edwards,
à propos de cette Note 1 1 10
Remarques de M. Balbinni, sur le môme
sujet 1164
M. C. Dftu/é adresse une Note relative à
l'influence salutaire de la lie de vin sur
les vignes malades 834
M. ^. Dci adresse une Note relative à
l'emploi des trous do sonde, pour intro-
duire jusqu'aux racines de la vigne les
substances insecticides 834
M. le Srcrctnire perpétue/, en sa qualité
de Président de la Commission du Phyl-
loxéra, rend compte à l'Académie de
l'état des travaux de la Commission, et
analyse quelques pièces qui lui sont ré-
cemment parvenues 870
Sur la production des galles dans les
vignes attaquées par le Phylloxéra ;
Note de M. Mû.r. Corrui 879
Le Phylloxéra n'est pas la cause, mais
une conséquence de la maladie de la
vigne ; Note de M. Guériii-Méncvillc. . . 929
Note sur les renflements produits par le
Phylloxéra sur les radicellesde la vigne;
par M. Mnx. Cornu g3o
Résultats d'expériences faites à Hyères
sur la destruction du Phylloxéra par le
sulfure de carbone ; Note de M. G.
Bnzille 934
M. F.. Eondcpicrrc adresse une Note con-
cernant l'ellicacité que pourrait avoir,
contre le Phylloxéra, la décoction de
feuilles de noyer gSG
Note sur la formation des renflements sur
les radicelles de la vigne ; par M. Max.
Cornu 1 009
• M. Diiiiuis lit une Lettre de M. Mru-.
Cornu, annonçant qu'd a trouvé un in-
dividu sexué An Phylloxrra vnslalri.v.. 101 5
Observations relatives à l'opinion expri-
mée par M. Guérin-Méneville sur l'appa-
rition du Phylloxéra, considérée comme
une conséquence de la maladie de la
vigne ; Note de M. de Ulnlr^nrinr loiri
■ M. J. Lrrbapc adresse une Note concer-
nant l'action que peut exercer l'ail broyé
)
Pages,
et mélangé de sel marin, pour la des-
truction^du Phylloxéra loïC'
M. J. Pagoni adresse une réclamation
de priorité pour l'indication de l'emploi
du sulfate de cuivre contre le Phyl-
loxéra 10 iG
M. f'icat adresse le dessin d'une tarière
pour l'introduction des substances in-
secticides jusqu'aux racines de la vigne. loiG
Développement des renflements sur les
radicelles de la vigne ; Notes de
JL Max. Cornu 1088 et 1 1G8
M. L. Durasse adresse une Note relative
à une poudre destinée à jouer à la fois
le rôle d'engrais pour la vigne et d'insec-
ticide contre le Phylloxéra.. 1093
M. j4 . Pagani adresse une Note relative
à l'emploi du sulfate de cuivre, com-
biné avec les engrais, pour combattrele
Phylloxéra 1093
Observations relatives aux résultats obte-
nus par les études scientifiques, concer-
nant le Phylloxéra ; Note de M. L.
Faucon 1175
Note concernant les résultats fournis par
l'emploi, contre le Phylloxéra, des gou-
drons provenant de la houille ; par M.Z,.
Petit 1 1 7G
M. Bvaume adresse une Note relative i\
la destruction du Phylloxéra à l'aide
d'arrosages avec les eaux de condensa-
tion des usines à gaz 1 177
M. J'ignial adresse une Note relative à
la dégénérescence des vignes et aux
procédés qui permettraient de les régé-
nérer 1 1 77
M. F. Mic/uiud adresse une Note concer-
nant un procédé pour éviter les effets
désastreux des gelées tardives sur les
vignes 1 177
M. C/i. O'Keenan adresse une Note sur
l'emploi de l'acide sulfureux pour dé-
truire le Phylloxéra 1221
Notes sur les mœurs du Phylloxéra ; par
M. Max. Cornu 1 27O et 1 33o
M. Diimonl adresse une Note relative à
l'elllcacilé de la submersion des vignes,
pour la destruction (lu Phylloxéra 1287
M. .-} . Babrct indique l'emploi de l'eau de
mer comme remède contre le Phyl-
loxéra 1287
HL \e Secrétaire perpétuel annonce que le
n° G du tome XXII des « Mémoires pré-
sentés pardivers savants à l'Académie »,
contenant le commencement des études
sur la maladie de la vigne par JL Max.
Cornu, est en distribution au Secréta-
riat 1288
( i6o3 )
Pages
— M. Alph. Milin.i adresse l'indication d'un
mélange contenant du cyanure de potas-
sium, pour détruire le Plivlloxora. . .
". . i33G et i54o
— De la propagation du Phylloxéra; Note de
M. H. jVarès l4o8
— Hibernation du Phylloxéra des racines et
des feuilles; Note de M. M(i.r. Coniii. . \fyi'i
— Action de la terre volcanique de la sol-
fatare de Pouzzoles sur les maladies do
la vigne ; Note de M. S. de Liicu 1 43i
— Sur les résultats des expériences faites
par la Commission de la maladie de la
vigne du département de l'Hérault ;
Note de M. H. Mares i455
— Étude des formes du Phylloxéra; exa-
men comparatif des jeunes des racines et
des feuilles, des individus hibernants,
des individus sexués; Note de M. Mnx.
Cornu 1478
— M. le Secrétaire perpétuel signale une
publication de la Commission départe-
mentale de l'Hérault sur les procédés
de guérison des vignes atteintes du
Phylloxéra 1 487
— Sur les Phylloxéras hibernants ; leur agi-
lité, leur réveil produit artificiellement;
Note de M. Max. Cornu 1 534
Vol.CANIOUES (PHÉNOMiiNES). — QuelqilCS
détails sur le tremblement de terre du
Pages.
I.') juin 1873; Note de M. //". de Fo/i-
vielle (JG
— Sur l'état du volcan de Nisiros au mois
de mars 1873; Note de M. H. Gorceix. 5f)7
— Sur la récente éruption de Nisiros; par
le même loSget i474
— M. /. Leconte adresse une Note relative
au tremblement de terre ressenti à Bar-
celone le 27 novembre 1873 1486
Voyages scientifiques. — M. Dauhréc
transmet à l'Académie un télégramme de
Tromsoë, donnant des nouvelles rie l'ex-
pédition conduite par "iX.NordensIdôtd,
qui a passé l'hiver au milieu des glaces
du Spitzbcrg 32
— M. Dauhrée communique une Lettre de
M. Nordenstiiôld, datée de Mossel-Bay,
et contenant un certain nombre de faits
intéressants, recueillis par l'expédition
pendant son hivernage 1 87
M. le Ministre des Affaires étrangères
transmet une Lettre destinée à recom-
mander M. de Lcicazc-Dutliicrs aux
agents de son Département, pendant
la mission scientifique qu'il doit
accomplir dans la Méditerranée SaS
■ M. Doumel-Jdansnn demande des in-
structions à l'Académie pour un voyage
en Tunisie i.'»4i
Zoologie. — Lettre de M. Blandin, à pro-
pos de sa Communication précédente sur
le Martinet noir ou de muraille 39
— Sur la position zoologique et le rôle des
Acariens parasites connus sous les noms
(YHr/>npus, Honsnpus et Tricliodactrlus ;
Notes de M . Mégnin 1 29 et 499.
— Sur les Cocuyos de Cuba ; Note do M de
Dos Hermanas 333
— Observations de M. E. Blanchard, rela-
tives à la Communication précédente.. . 335
— Sur les organes phosphorescents thora-
raciques et abdominaux du Cocuyo do
Cuba (Pyropliorus nnclilucus ; Elnter
noctilucus, L.) ; Note de MM. C/i. Rabin
et A. Laboutbéne 5 1 1
— M. J. Seguin adresse un entozoaire
trouvé dans la cavité abdominale d'une
ablette 527
— Expériences sur le scolex du Tœnia mc-
diocancllatn ; par M. Sidnt-Cyr 536
— M. Ed. Couriet adresse un Mémoire inti-
tulé : « Remarques sur les membres pos-
térieurs des Phoques et sur l'extrémité
caudale des Cétacés 0 f)o3
M. A. Barbier adresse une Note concer-
nant les principes de la classification des
familles dans le règne animal Go3
De la classification des poissons qui com-
posent la famille des Triglides (Joues-
cuirassées de Ciii'ier et Valencienncs) ;
Note de J[. H.-E. Simvnge 723
M. P. Gervais fait hommage à l'Académie
de divers Mémoires qu'il a récemment
publiés 80g
Recherches sur la faune ancienne de
l'ile Rodrigues; par M. Alph.-Milne
Edivards 810
Jlonographie des Poissons de la famille
des Synbranchidés ; Notes de M. C.Da-
reste 8i5et 878
Recherches anatomiqncs sur lesÉdentés
tardigrades ; par M. P. Germis 8G1
Sur les Cirrhipèdes Rhizocéphales; par
M. Alph. Giard g45
Sur la reproduction du Phylloxéra du
chêne; Notes de M. ^«/i/rtw.. 83o et 884
• Note sur les Peniphigus du Pistacia Te-
( i6
Papes.
rehir?//irix, comparés au P/iy/loxcraf/iicr-
riis ; par M. Drrhrx i lor)
Observations (Je M. H.-AJihie Edivnrils,
relativesà la Communication précédente. 1 1 lo
Remarques de M. Balbiani, au sujet de la
même Note 1 1 64
Développement des Polypes et de leur
Polypier ; Note de M. de Lncazc-Dii-
tliiers ■ I ao I
Remarques sur la faune sud-américaine,
accompagnées de détails anatomiques
relatifs à quelques-uns de ses types les
plus caractéristiques; parM.P. Gc/'cm.?. 1208
Lettre de ^\.AIph.-Milnc Edwards, à pro-
pos d'un ouvrage intitulé : «Recherches
sur la faune ornithologique éteinte des
04 )
Pages.
îles Mascareignes et de Madagascar».. . 1337
M. P. Gi°nmv fait hommage à l'Académie
d'un Mémoire consacré à des Mammi-
fères d'espèces éteintes, propres à l'Amé-
rique méridionale 1 4 "
Observations sur l'existence de certains
rajiporls entre le mode décoloration des
Oiseaux et leur distribution géogra-
phique; par M. Alph .-MUnc Edwards . i55i
Un auteur dont le nom est contenu dans
un pli cacheté, adresse un Mémoire ma-
nuscrit portant pour titre : «Mammalo-
gie australe, comparée et raisonnée » . . 472
Voir aussi f'ittcukiire, pour tout ce qui
concerne le Phylloxéra de la vigne.
( i6o5 )
TABLE DES AUTEURS.
MM. Piigcs.
ABBADIE (d'). — Sur !o degré de visibilité
que l'on peut atteindre avec des lu-
nettes astronomiques de petites dimen-
sions 93
ABRIA. — Vérification de la loi d'Huyghens,
par la méthode du prisme 814
— Double réfraction. Direction des mouve-
ments vibratoires des rayons réfractes
dans les cristaux unia.Kes 12G8
ALMEIDA (d'). — Vérification de l'aréomètre
de Baume. (En commun avec MM.-Cc/--
tlwlot et Coulier) 970
AMAGAT (E.-U.). — Détermination du rap-
port des deux chaleurs spécifiques, par
la compression d'une masse limitée de
gaz 1 Saâ
ANDRÉ. — Sur les changements de forme
et le spectre de la comète de 1873, IV.
(En commun avec M. iJ(7jc/)... 564 et 638
ANGSTROM. — Est nommé Correspondant
pour la Section de Physique, en rem-
MM. Pnjcs.
placement do feu M. Hamtcen 1 462
ANONYMES. — Mémoire destiné au Con-
cours du Problème des trois Corps. . . . 269
— Mémoire manuscrit portant pour titre :
« Mammalogie australe , comparée et
raisonnéo » 472
— Note concernant un traitement rationnel
du choléra épidémique 006
— Un auteur anonyme adresse, par l'entre-
mise de M. Ph. lourde, un Mémoire
sur un propulseur destiné à augmenter
la vitesse des navires à voiles 77I
ARAU DE TERRÉ adresse une Note rela-
tive à une poudre de mine, à laquelle il
donne le nom de pyrolitlie humanitaire . 8g i
AUDOUIN (P.). — Nouveau procédé de con-
densation des matières liquéfiables, te-
nues en suspension dans les gaz. (En
commun avec M. E. Pclouze.)
264, 928 et 1274
B
BABRET (A.) indique l'emploi de l'eau de
mer comme remède contre le Phyl-
loxéra 1287
BAILLON (H.). — Recherches sur l'Orga-
nogénie florale des noisetiers Oi
BALBIANL — Sur la reproduction du Phyl-
loxéra du chêne 83o et 884
— Remarques au sujet d'une Note de M. Z)(v-
bès sur les Pemphigus du Pistacia
Tcrchiiithus, comparés au Phylloxéra
qiicrcùs 1164
— Sur la cellule embryogène de l'œuf des
Poissons osseux 1373
B.4.RB1ER (A.) adresse une Note concernant
les principes qui lui jiaraissent devoir
présider à la classification des familles
dans le règne animal Co3
BARBIER (Ph.). — Sur le fluorène 442
BARTHÉLÉMY (A.). — Du passage des gaz
à travers des membranes collo'idales,
d'origine végétale 427
— De l'exhalation aqueuse des plantes dans
l'air et dans l'acide carbonique 1080
BAUDELOT (E.) prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats à la place
laissée vacante, dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie, par le décès de
i\I. Nélatoii 1 222
BAUDOT (H.) adresse le dessin d'un objet
do bronze antique, remarquable par sa
forme heptagonale 1288
BAUMANN (C.) adresse une Note relative
( i6o6 )
52"
934
H 77
835
1093
Gi3
MM. Pages
à un projet de fabrication de briquettes,
au moyen des déchets de bois provenant
do diverses industries, dans les Vosges.
BAVAV. — Développement des Batraciens.
Note sur les embryons de X Hvloilcs
ntnrtiricnsis 788
BAZILLE (G.). — Résultats d'expériences
faites à Hyères sur la destruction du
rhylloxcra par le sulfure de carbone. .
BEAUME adresse une Note relative à la des-
truction du Phylloxéra, à l'aide d'arro-
sages avec les eaux de condensation des
usines à gaz
BEAUVAIS (A.-C.) adresse un Mémoire con-
cernant un système destiné à atténuer
le danger des rencontres sur les che-
mins de fer 269 et
— Prie l'Académie de renvoyer sa seconde
Communication à la Commission qui
avait été nommée pour la première.. . .
BÉCUAMP (A.-C.)— Réflexions sur les géné-
rations spontanées, à propos d'une Note
de M. U. Gayon sur les altérations
spontanées des œufs, et d'une Noie de
M. Cnice-Cdhert sur le pouvoir de
quelques substances, de prévenir le dé-
veloppement de la vie protoplasmique..
— Recherches sur l'isomérie dans les ma-
tières albimiino'i'des iS^S
BECQUEREL ( A. -C.). — Surlemoded'inter-
venlion de l'eau dans les réactions chi-
miques,pendant le mélange des solutions
salines neutres, acides et alcalines
84 et
BECQUEREL (Edm.). — Sur la détermiiialion
des longueurs d'onde des rayons de la
partie infra-rouge du spectre, au moyen
des effets de phosphorescence 3o2
UELGRAND. — Sur la [lerméabilité des sa-
bles de Fonlainebicau 178
— Note sur les travaux |)ublics des États-
Unis d'Amérique 417
— De l'action de l'eau sur les conduites en
plomb io55
— M. Bilgrand est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du jirix Dalmont Sag
BELL-PETTIGREW adresse divers ouvrages
relatifs à la locomotion aérienne
BERGERET. — De l'inlluence des sulfates
sur la production du goitre, à propos
d'une épidémie du goitre observée dans
une caserne à Saint-Etienne. . . 73 1 et
BERNARD (Cl.). - M. Cl. Bernard est
nommé Membre de la Commission char-
gée de proposer une question pour le
grand prix des Sciences physiques à
décerner en 1 875 1 i 1 a
I i3o
8G
■42
MM. I<
— Et de la Commission chargée de propo-
ser une question pour le prix Bordin à
décerner en i8;5
BERT (P.). — Recherches expérimentales sur
l'influence que les changements dans la
pression barométrique exercent sur les
phénomènes de la vie
BERTHELOT. - Sur 'la chaleur de combi-
naison rapportée à l'état solide; nou-
velle expression thermique des réactions.
— Sur les dé|)lacements réciproques entre
les hydracides
— Sur les cyanures
— Sur la redissolution des précipités,
— Vérification de l'aréomètre de Baume.
(En commun avec MM. CoH/(e/_ et d'Jl-
meiila.)
— Sur quelques valeurs et problèmes calo-
rimétriques
— Remarques sur un pointhistorique rela-
tif à la chaleur animale
— Sur la nature des éléments chimiques;
observations à propos d'une Communi-
cation de M. N. Lnckycr i352 et
— Recherches sur les composés oxygénés
de l'azote; leur stabilité et leurs trans-
formations réciproques
— M. Bcrihelot est adjoint à la Section de
Chimie pour juger le concours du prix
de Chimie de la fondation Lacazc
BERTRAND adresse un Atlas de Géographie
et de Statistique médicalede la France.
BERTRAND (.L). - M. Bertrand présente ù
l'Académie un ouvrage de M. le général
TSoizet et un ouvrage de M. Dnrboux. .
— M. Bertrand est nommé Membre de la
Commission chargée déjuger leConcours
du prix Lncuze pour iSyS (Physique.).
— M. Bertrand présente à l'Académie une
nouvelle édition de la « Théorie des
fonctions doublement périodiques », de
MM. Bviot et Bouquet
— Théorème relatif au mouvement d'un
point attiré vers un centre fixe
— Action mutuelle des courants volta'i'ques.
— Examen de la loi proposée par M. Helm-
holtz, pour représenter l'action de
deux éléments de courant
— M. le Président annonce à r.\cadémie les
perles douloureuses qu'elle a faites, dans
la personne de M. Coste, et dans la per-
sonne de M. Nélaton
— M. Bertrand rappelle quelques-uns des
services rendus à la science par feu
M. Burdin, l'un de ses Correspondants.
BEUCHOT (C.) adresse une nouvelle Note
concernant lesdi\ers moyens de trans-
port et l'application définitive de la
a|;câ.
53i
24
3o8
388
393
970
97'
10O3
1399
■ 448
I2l5
39
424
849
9(12
1049
649
II, S
( '6o7 )
MM. Pages,
vapeur au.K canaux 473
BICII.VT (E.). — Sur le pouvoir rotatoiro des
liyposulfates 1 189
BILLET (F.), prie l'Académie de comprendre,
parmi les pièces de Concours du prix do
Physique de la fondation Lacaze, son
« Traité d'Optique physique » 269
— Est nommé Correspondant, pour la Sec-
tion de Physique, en remplacement de
M. fVIieatstone, élu Associé étranger. . 1462
— Adresse ses remercîments il l'Académie. i54o
BILLET (J.) adresse un complément à ses
Communications concernant la naviga-
tion aérienne 6o4
BL.VNC (IL). — Observations relatives à une
Note précédente de M. Pellarin, con-
cernant les déjections cholériquescomme
agent de transmission du choléra ioo5
BLANCHARD (É.). — Observations relatives
à une Communication de M. de Dos
Hermatins, sur les Cocuyos de Cuba.. . 335
— M. Blanchard est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours pour !e grand prix de Sciences
physiques à décerner en 1873 264
— M. Blanchard est nommé Membre de la
Commission du prix Cuvier pour 1873. . 424
BLANCHE (T.). — Recherches expérimen-
tales sur l'action du gaz protoxyde d'a-
zote. (En commun avec M. F. Jolyct). Sg
BLANDIN adresse une Lettre relative à sa
précédente Communication sur le Mar-
tinet noir ou de muraille Sg
BLASERNA (P.). — Sur l'état variable des
coiirants voltaïques 124 1
BOBIERRE (A.). — Sur les diverses condi-
tions dans lesquelles le plomb est atta-
qué par l'eau 1 272
BONNAFONT adresse un Mémoire sur les
trombes de mer i33G
BOPP adresse une Note relative à une Nou-
velle marmite économique et portative,
dite bidon culinaire sans feu 347
BOTTA (G.) adresse un Mémoire concernant
la distribution de la chaleur à la surface
du globe 89 1
BOUCHER adresse une Note relative à la fé-
condation du chanvre ,. 834
BOUCHUT. — Infarctus sanguins sous-cula-
nés du choléra et des maladies septicé-
miques 7G2
— Sur les embolies capillaires et les infarc-
tus hémorrhagiques du choléra ioo3
BOUILLAUD. — Nouvelles recherches cli-
niques sur la localisation, dans les lobes
cérébraux antérieurs, de l'action par
laquelle le cerveau concourt à la l'acullé
psycho-physiologique de la parole. ... 5
C. R., 1S73, 1" Semestre. (T. LXWIL)
MM. Pages.
— Recherches et considérations nouvelles
propres à confirmer la localisation, dans
le cervelet, du pouvoir coordinateur des
mouvements nécessaires à la marche, à
la station et à l'équilibration iSg
— Nouvelles recherches sur l'analyse et la
théorie du pouls, à l'état normal et anor-
mal 627 et G8G
— Réponse à M. Boulcy 697
— Observations relatives à une Communi-
cation de M. B( Igrand, relative à l'ac-
tionde l'eausur les conduites en plomb. 10G2
BOULEY. — Observations relatives à une
Communication de M. Bouillaud, sur
l'analyse et la théorie du pouls à l'état
normal et anormal 634 et 694
— Rectification à une Communication pré-
cédente, sur un point de l'histoire de
la physiologie des artères 75 1
BOURBOUZE. — Sur un procédé destiné à
constater les nœuds dans un tuyau so-
nore 1 099
BOURGEOIS adresse un certain nombre d'ob-
servations, faites pendant le siège de
Paris ou à la suite du siège, sur les pro-
priétés nutritives du Gnléi^a 38
BOURGOING (E.). —Transformation de l'a-
cide succinique en acide malèique 52
BOUSSINESQ (J.). — Intégration de l'é-
quation aux dérivées partielles des cy-
lindres isostatiques qui se produisent à
l'intérieur d'un massif ébouleux, soumis
à de fortes pressions GG7
— Essai théorique sur l'équilibre d'élasticité
desmassifspulvérulentset sur la poussée
des terres sans cohésion 1 52 1
BOUSSINGAULT. — M. Boussingntdt est
nommé Membre de la Commission char-
gée de juger le Concours du prix Moro-
gues pour 1873 4*35
BOUVET (A.) adresse une Lettre relative à
ses Communications sur les aérostats.. 773
BOUVIER adresse une Note relative à l'ori-
gine de la chaleur et de la lumière 433
BRACHET (A.) adresse une Note sur des
modifications à apporter aux télescopes. Sg
— Adresse deux Notes relatives à une nou-
vellelampe électrique, destinée à éclairer
sous l'eau i94 et 2G8
— Adresse une Note sur un « hélioscopepa-
rallactique, fondé sur un mégascope
aplanétique de Foucault. » 433 et 473
— Adresse divers Mémoires sur les moyens
d'augmenter la puissance des micro-
scopes. 528, 562, 637, 666, 772 et 835
— Adresse une Note relative au « télescope
catadioptrique binoculaire. » G04
BRANLY. — Évaluation, en unités niécani-
208
( i6o8 )
MM. Pages,
ques, de la quantité d'éleciricilé que
produit un élément de pile 14^0
BRÉGUET est présenté par la Commission
chargée de préparer une liste de candi-
dats pour la place d'Académicien libre,
vacante par le décès de M. de Verneuil. . 1 4 7
BRETONNIÈRE (L.) adresse un Mémoire
concernant des matières colorantes arti-
ficielles, auxquelles il donne le nom de
<i sulfures organiques. » ( En commun
avec M. F. Croissant. ) 1287
BRONGMART (Ad.). — Notice sur les Pal-
miers de la Nouvelle-Calédonie 896
— M. Brongriiart est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Bordin, à décerner en
1 873 2G4
— Et de la Commission pour la révision des
comptes bi.i.
— Et de la Commission chargée de juger lo
Concours du prix Bordin pour 1873. . . 522
MM. Pages.
— El de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences physiques, à décerner en 1876. 1412
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour le prix Bordin, à dé-
cerner en 1 875 1 4 ' ^
BRUTELETTE (E.de) adresse, pour le Con-
cours du prix de La Fons-Mélicocq, un
Catalogue raisonné des plantes vascu-
laires du département de la Somme.
(En commun avec M. E. de T'icq.) i434
BULARD. — Sur un nouveau système de
représentation d'observations météoro-
logiques continues, faites à l'Observa-
toire national d'Alger 585
BURQ (V.) adresse un Mémoire sur l'action
du cuivre contre le choléra 666
— Adresse, pour lo Concours Montyon, un
Mémoire intitulé « Application du ther-
momètre à l'idiométalioscopie, etc. ». . 112
c
CAHOURS (A.). — Note sur de nouveaux
dérivés du propyle 745
— Recherches sur de nouveaux dérivés du
butyle 1 4o3
CAILLARD adresse une Note relative à l'in-
fluence exercée par la présence des
acides ou des alcalis sur le développe-
ment des organismes végétaux ou ani-
maux 679
CALIGNY (.4. de). — Expériences sur le
mouvement de la houle produite dans
un canal factice, et faisant monter l'eau
le long d'une plage inclinée, à une hau-
teur sensiblement constante 182
CALVERT (F.-C). —De l'influence qu'exer-
cent certains gaz sur la conservation des
œufs 1024
— De l'influence de quelques substances sur
la conservation des œufs 1026
CAMPANA. — Essai d'une détermination, pur
l'embryologie comparative, des parties
analogues de l'intestin, chez les Verté-
brés supérieurs 217
CANDOLLE (A. de). — Note accompagnant
la présentation du dernier volume du
Prodromus syslcnititis niituralis icgni
vegelid>ilis 8GG
CARLET (,G.).— Sur le mouvement des éta-
mines dans les liiita 538
— Sur le fonctionnement de l'appareil respi-
ratoire, après l'ouverture de la paroi
thoracique. (En commun avec M. J.
Stnius.)^ 720 et io3o
CARON (H. ). — Note sur un nouveau mode
de trempe de l'acier. Régénération du
fer brûlé 836
CARPENTER. — M. Carpcntcr est nommé
Correspondant, pour la Section d'Ana-
tomie et Zoologie, en remplacement de
feu M. Poiichet 33
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 195
CARRÉ adresse une Note sur un nouveau
mode d'emploi de l'huile de foie de mo-
rue, au moyen de la panification. (En
commun avec M. Lcmoinf.) 347
CATALAN (E.). — Sur la constante d'Eulcr
et la fonction de Binet 198
CAZAURAN adresse une Note relative aux
mesures à prendre contre la4)ropagation
du Phylloxéra Co3
CAZIN (A.). — Sur la période variable à la
fermeture d'un circuit voltaïque 117
— Sur divers cas d'intermittence du cou-
rant voltaïque 1095
CHAMPION (P.). — Sur le mode de décom-
position des corps explosifs, comparé aux
phénomènes de la sursaturation. (En
commun avec M. H. Pcltct.) 53
CHAMPOUILLON. — Sur le scorbut et son
traitement io34
— Sur l'emploi des tuyaux de plomb, pour
la conduite et la distribution des eaux
destinées aux usages alimentaires 1273
ClIANCOURTOIS (B. de). - Carte du globe
en projection gnomonique, avec le lé-
seau pentagonal superposé, accompagnée
( i6o9 )
MM.
d'une Notice explicative
CHAPELAS. — Étoiles filantes observc'es à
Paris les 9, lo et ii août 1873; remar-
ques sur les caractères actuels du phé-
nomène
— Observation, dans la nuit du 20 septem-
bre 1S73, d'un bolide laissant après lui
une traînée phosphorescente
— Observations d'étoiles filantes, pendant la
nuit du 12 au i3 novembre 1873. ......
CIL-YSLES. — M. Chdslcs présente à l'Acadé-
mie diverses publications, de MM. Dai-
bniix et Hoûct, de MM. Brisse et Ln-
gi/crrcjde M. Boncompagni , de M. Chc-
lini, de M. Wcy>\ do M. Painvin
— Rapport sur un Mémoire de M. Maim-
liciin « Sur les surfaces trajectoires des
points d'une figure de forme invariable
dont le déplacement est assujetti à
quatre conditions »
— M. Chaslc:i présente diverses livraisons
du Bullettino du prince Boncompagni.
789 et
— M. C/OT.f/fï fait hommage à l'Académie de
quelques Mémoires et Opuscules mathé-
matiques de M. Em. JFcyr
CIIASSEQULNT (A. de) adresse une Note
relative à la navigation aérienne
CHATAING adresse une Lettre relative à ses
appareils d'aérostation
CH.4TIN (Ad.). — Organogénie comparée de
l'androcée, dans ses rapports avec les
affinités naturelles
CHAUTARD (.T.). -Recherches sur le sp.ectre
de la chlorophylle. . .■
CHEVREUL (E.). — Remarques relatives à
une Communication de M. Bmàlldiid. .
— Notes sur leguano, i55, 4^3, 569,901 et
— Observations relatives à une Communi-
cation de M. Bouillaud
— Noie sur le tissu élastique jaune, et re-
marques sur son histoire, à propos du
Mémoire de M. Bouillaud, et des remar-
ques faites sur ce travail par M. Bouley.
— Recherches sur le tissu élastique jaune
de l'éléphant et du bœuf
— Quelques considérations sur le tissu jaune
et l'analyse organique immédiate
— Action de l'eau pure sur divers métaux.
— M. Oicvrcul est nommé Membre de la
Commission chargée de proposer une
question pour le prix Bordin, à décerner
en 1875
CLARKE adresse une Communication relative
au choléra
CLAUSIUS (R.) fait hommage à l'Académie
d'une brochure imprimée en allemand
« Sur un nouveau théorème relatif à
Pagres.
090
499
678
i3o5
283
702
952
952
loiG
39
i53i
596
i3
12G5
G81
G84
750
1 137
1412
G37
269
io35
1087
819
I tG2
MM. Papes,
des mouvements stationnaires. » 4^3
CLÉMENT adresse une Note relative à une
méthode de préparation de l'onguent
mercuriel
COLfN (L. ). — Sur l'intoxication tellurique.
— Infiuence de l'eau employée en boisson,
sur la propagation du choléra
COLLADON (D.). — Epurateur mécaniciue
pour le gaz d'éclairage, pouvant servir
en même temps à mélanger les gaz avec
des vapeurs liquides
— Remarques relatives aux observations pré-
sentées par MM. E. Pelouzc et P. Ju-
douin, sur la condensation des matières
liquides tenues en suspension dans les
gaz
COLLARDEAU-VACHER adresse une Note
intitulée : « De l'aréomètre Baume et
des densités correspondant à ses divers
degrés, d'après le manuscrit de Gay-
Lussac» 1220
COLLIER (C.) adresse divers résultats de cal-
culs concernant la navigation aérienne.. 1221
COMMAILLE. — Note sur ia coralline G78
— Adresse une Note sur la cause de la
constance de la chaleur solaire i33G
CONINCK (G. de) adresse une nouvelle Note
relative à sa théorie sur les relations
entre les phénomènes météorologiques
et les phénomènes volcaniques. . 433el 627
— Adresse des observations relatives à la
distribution des saisons à la surface de
la Terre et à la chaleur émise par la
Lune '480
CONSTANT (B.) adresse une Note concer-
nant la transmission des dépèches par
des tubes pneumatiques C04
COQUILLION (J.-J.). — Action du platine
et du palladium sur les hydrocar-
bures 444
CORET (A.) adresse un «Projet de /je«rf«/f
roulant, pour servir à la démonstration
expérimentale du mouvement de rota-
tion diurne de la Terre» 1288
CORNU (Max.). — Note sur l'identité du
Phylloxéra des feuilles et de celui des
racines 19°
~ Sur quelques particularités relatives à la
forme ailée du Phylloxéra, au point de
vue de la propagation de l'insecte G5G
— Comparaison du Pliytloxera vastntri.x
des galles avec celui des racines 710
— Éludes sur le Phylloxéra 7GG et 825
— Sur la production des galles dans les
vignes attaquées par le Phylloxéra 879
— Note sur les renflements produits par le
Phylloxéra sur les radicelles de la vigne. 930
— Note sur la formation des renflements
208..
( I^
MM. P^Cfs.
sur les radicelles de la vigne
ioog-ioS8 et I iG8
— Lettre de M. Cnrim à M. Dumas, annon-
oint qu'il a trouvé un individu sexué
du Phylh.rcra vastntrix I0i5
— Notes sur les naœurs du Phylloxéra
1276 et i33o
— Hibernation du Phylloxéra des racines et
des feuilles i4'i3
— Étude des formes du Phylloxéra; examen
comparatif des jeunes des racines et
des feuilles, des individus hibernants,
des individus sexués 147^
— Note sur les Phylloxerashibernants ; leur
agilité, leur réveil produit artificielle-
ment 1 534
COSSON (E.). — M. Co.s:so,i fait hommage
à l'Académie d'une Note sur la géogra-
))hie botanique du Maroc 870
— 51. Cosso/i fait hommage à l'Académie
d'un Mémoire intitulé : « Species nov»
maroccanœ » i Sac
COSTE. — M. Costc est nommé Membre de
la Commission chargée déjuger le Con-
cours pour le grand prix des Sciences
physiques, à décerner en 1873 2G4
— Et de la Commission chargée de juger le
.0)
MM. Pa(;es.
Concours pour le prix Cuvier pour 1878. 424
— Sa mort, arrivée le 19 septembre , est
annoncée à l'Académie C49
COULIER. — Vérification de l'aréomètre de
Baume. (En commun avec MM. Bcrtlic-
lot et d'Alnicidii.) 97"
CROISS.\NT (F.) adresse un Mémoire con-
cern.int des matières colorantes artifi-
cielles, auxquelles il donne le nom de
sulfures orgûiiii/iies. ( En commun avec
M. Z. Brctonnière.) 1287
CROS (CH.) adresse une Noie relative à
l'étude des couches ligneuses annuelles
que présente la coupe des arbres exo-
gènes 77^*
— Adresse une Noie «surl'opportuniléd'ob-
server, au microscope, les cellules ner-
veuses dans les tissus vivants attenant
encore à l'animal, ou dans les tissus frais
traversés de courants galvaniques » 930
CROULLEBOIS. — Étude analytique et expé-
rimentale des interférences des rayons
elliptiques '2G9
CURIE (J.). — Nouvelles expériences rela-
tives à la théorie de la poussée des terres. 1 42
— Sur la théorie de la poussée des terres. . 778
D
DALPEINT adresse le dessin d'un projet de
machine hydraulique
DANA. — M. Dtina est nommé Correspon-
dant, pour la section d'Anatomie et Zoo-
logie, en remplacement de feu M. Pic-
tct
— Adresse ses remerciments à l'Académie.
DARE6TE (C.).— Monographie des poissons
de la famille desSynbranchidés. 8i5et
— Nouvelles recherches sur l'origine et le
mode de développement des monstres
omphalosites
— Jlémoire sur la tératogénie expérimen-
tale
DAUBRÉE. —M. Dmthrée transmet à l'Aca-
démie un télégramme do Tromsoë, don-
nant des nouvelles de l'expédition con-
duite par M. Niir(lciiskiùl<l, qui a passé
l'hiver au milieu des glaces du Spilz-
berg
— M. Daubréc communique une Leltiede
M. Nordemkiold, datée de Mossel-B.iy,
et contenant des faits recueillis par
l'expédition pendant son hivernage.. .
— M. Dauhn'-i: communique une Lettre de?
M. Nordcnskiolil , sur les poussières
charbonneuses , avec fer nu'lalli(iu(',
474
33
528
878
924
98O
32
iS-
qu'il a observées dans la neige 4^3
— M. Dinibrée fait hommage à l'Académie
d'une « Notice nécrologique sur M. Sau-
vage » qu'il vient de publier 40^
— M. Dtiuhréc rend compte à l'Académie de
la mission qu'elle lui a confiée, pour
assister à l'anniversaire séculaire de la
ibnd.ition de l'Institut impérial desMines
de Saint-Pétersbourg 1121
DAULÉ (C.) adresse une Note relative à l'in-
fluence salutaire de la lie de vin sur les
vignes malades 834
DAVAINE (C). — Recherches relatives à
l'action de la chaleur sur le virus char-
bonneux 72(j
— Recherches relatives à l'action des sub-
stances dites (intisrpliqucs sur le virus
di irbonneux 821'
DAVID (11.).— Sur une combinaison d'a-
cide picrique et d'anhydride acétique.
( En commun avec JL Tomiiinsi.) 207
DAVIN adresse une nouvelle Note relative à
l'efficacité de la poussière de cuivre
contre le choléra 347
U AVOUT. — Recherche d'une méthode fa-
cile pour mesurer la capacité des na-
vires 872
6ii )
23
ÎG5
53.J
i432
7f>9
MM. Pages
DEBRÂY (H.). — Note sur la dissociation de
l'oxyde roiigp de mercure
DECAISNE. — M. Drcnisnc al nommé Mem-
bre de laCommissionchargée déjuger le
Concours du prix Morogues, pour 1873.
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bordin pour 1873. . . 5t/-
— Et de la Commission chargée de propo-
ser \me question pour le prix Bordin, à
décerner en 1876 i4 12
DECAISNE (E.). — De l'asthme d'été ou
fièvre de foin ( /lay astlana, luiy fera-
des Anglais) comme entité morbide. . .
— Des eaux de puits en général, etde celles
de la ville deBeauvaisen parlicidier, au
point de vue de l'hygiène publique. . . .
DECHARME (C). — Du mouvement asccn-
dantspontané des liquidesdans les tulies
capillaires Sgi
— Effets frigorifiques produits par la capil-
larité jointe à l'évaporation; évapora-
tion du sulfure de carbone sur du pa-
pier spongieux 998 et 1 1 5-
DÉCLAT. — Sur un nouveau traitement du
choléra, et probablement de la fièvre
jaune, par l'acide phénique et lophénate
d'ammoniaque, au moyen des injections
sous-cutanées
— Traitement du charbon et de la pustule
maligne par l'acide phénique et le phé-
nate d'ammoniaque 756
— Demande l'ouverture de deux plis cache-
tés, relatifs k ses recherches sur les
moyens de guérir les maladies à fer-
ments, et spécialement le choléra 835
— Nouveaux résultats de l'application de la
nouvelle méthode du traitement du
choléra ; quelques explications sur
l'emploi de cette méthode
DEI (A.) adresse une Note relative à l'em-
ploi des trous de sonde, déjà proposé
par lui en 1871, pour introduire jus-
qu'aux racines de la vigne les substan-
ces insecticides
DEJARDIN adresse une Note relative aux pro-
blèmes de la trisection de l'angle et de
la duplication du cube
DEJEAN DE FONROQUE (N.) adresse une
Note concernant des expériences faites
à Bucharest sur les mouvements du
pendule. . j
DELAGE. — Sur les minerais de fer du dé-
partement d'Ille-et-Vilaine
DE LA RIVE (A.). — Sa mort, arrivée le
27 novembre, est annoncée à l'Académie.
DELAURIER adresse une Note relative à un
projet de nouvelles pompes à incendie,
permanentes 2G8 I
1178
83.
i33G
1434
1253
MM. Pîicej.
DELFORTRIE (E.). —Découverte des makis
et du cheval, à l'état fossile, dans les
pliosiihoriles du Lot C4
DEMARÇAY (L.). — Sur l'essence de camo-
mille romaine 3Go
DEMOLE adresse une Note sur un moyen
d'a\igmonter la force des machines à va-
pe\ir 1221
nENIS( Ch.) adresse une Note concernant les
causes probables de la maladie des vers
à soie 433
DERBÈS. — Note sur les Pcmpliigas du
Pistacia Terebintims, comparés au P//)/-
In.rera qurrctls ' 109
DESDEMAINE-HUGON. - Les champs dia-
mantifères du Cap 943
DEZaUTIÈRES adresse une Lettre relative
à sa Note sur une averse de grêle 3g
DIDION (le général). — Mouvement d'un
segment sphérique sur un plan incliné. 1G7
— Fait hommage à l'Académie de son Slé-
moire sur cette question 982
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES
(i\I. le) adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, le tableau général des
mouvements du cabotage en 1870 195
DITTE (A.). — Production par voie sèche
de quelques borates cristallisés. 783 et 892
DIVERS (E.). — Réclamation de priorité, au
sujet de l'action du gaz ammoniac sur
le nitrate d'ammoniaque 788
DOUGLAS-GALTON. - Mémoire intitulé :
« On the construction of hospitals »
(Rapport sur ce Mémoire; M. le géné-
ral Marin , rap|)orteur ) 1 4 1 3
DOULIOT (E.) adresse une Note relative à
l'inlluence de la température et de la
nature de l'électricité sur la force qui
retient l'électricité à la surface du corps. 12S7
— Sur l'action des corps incandescents dans
la transmission de l'électricité 1472
DOUMET-ADANSON demande des instruc-
tions à l'Académie pour un voyage en
Tunisie i54i
DUBOIS (Ed.). — Réponse aux observations
de M. Oiidemans, sur l'infiuence de la
réfraction atmosphérique, à l'instant
d'un contact, dans un passage de Vénus. 1 1 5o
DUCASSE (L.) adresse une Note relative à
une poudre destinée à jouer à la fois le
rôle d'engrais pour la vigne et d'insec-
ticide contre le Phylloxéra iog3
DUCHARTRE. — M. Duchartre est nommé
Membre de la Commission chargée de
juger le Concours du prix Bordin pour
1873 522
DUCHEMIN (E.) envoie un spécimen de sa
boussole circulaire Go3
( i6
MM. •'"ff'"'-
— Adropse une Note intitulée : « De la bous-
sole circiihiire et (le son aimantation;
système de compensation appliqué aux
compas de la Marine. » "■'■
— Adresse une Note sur les avantages que
présente la boussole circulaire, compa-
rée à la boussole à aiguille 890
DUFOUR (Cil.)- — Note sur la pluie d'étoiles
filantes du 9.7 novembre 1 872 497
DUJARDIN-BEAUMETZ. - Sur l'action phy-
siologique cl thérapeutique du chlorhy-
drate d'aniylamine 1247
DUMAS. — Observations à propos d'une
Lettre do M. Uclitcii.\tcin,?,\iv la repro-
duction du Phylloxéra ; procédé de
ai. Mimrslirr, pour la destruction de
l'insecte au moyen du sulfure de car-
bone 5211
— M. Damas donne à l'Académie des nou-
velles de la santé de M. Rcgnnult, qui
avait donné quelques inquiétudes 901
— M. Ditiiins lit une Lettre de M. Mn.r.
Cnniii, annonçant qu'il a trouvé un in-
dividu sexué du Plirlloxcrn vastatrix.. ioi5
— Note sur l'action que le plomb exerce sur
l'eau io54
— M. Diimns est adjoint à la Section de
Chimie, pour juger le concours du prix
de Chimie do la fondation Lacaze 121 5
— M. Dumas se fait l'interprète des senti-
ments de l'Académie, à l'occasion de la
moTi àa M. A. de ta Rh'c i253
— Observations relatives à des considéra-
tions présentées par M. TV'. Lockyer, sur
les éléments existants dans le Soleil, et
à des remarques de M. Bcrtliclot sur
le même sujet iSSy
— M. Dumas est nommé membre de la
Commission chargée de proposer une
question pour le grand prix des Sciences
physiques, à décerner en 1875 1412
— Observations, à propos d'une Communi-
cation de "W.Béchamp, sur trois matières
albimiinoïdes distinctes, observées dans
le lait de vache 1 629
— M. le Secrétaire perpétuel informe l'Aca-
démie que la Société pour l'encourage-
ment des Arts et Manufactures et du
Commerce de Londres vient de décer-
ner la médaille Albert à M. Chci'reid,
pour ses découvertes en Chimie 73
— M. le Secrétaire perpétuel communique
à l'Académie divers documents relatifs
au Phylloxéra, adressés par MM. Ayral,
Cnidomb, Detcuil, Gauthier, H. Pey-
raiid, l.aliman, L. de ISlartiii 340
— Sur l'im itation de M. le Président, M. le
Secrétaire perpétuel adresse à M. de
12 )
MM.
Papes
Candotle les remercîments de l'Acadé-
niic à l'occasion de la publication du
dernier volume du Prodromus 869
— En sa qualité de Président de la Com-
mission du Phylloxéra, AL le Secrétaire
per|iétuel rend compte à l'Académie de
l'état des travaux de la Commission. . . 870
— M. le Secrétaire perpétuel annonce que le
n° 6 du tome XXII des «Mémoires pré-
sentés par divers savants à l'Académie )>,
contenant le commencement des études
sur la maladie delà vigne,par M.3/n.r.
Cornu, est en distribution 1288
~ M. lo Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, le t. XXII des « Mémoires de la
Société de Physique et d'Histoire natu-
relle de Genève » et une brochure de
M. Th, du Moncel, sur l'origine de l'in-
duction 1 1 3
— Un ouvrage de M. Marer, intitulé : « La
machine animale » 347
— Deux Rapports de M. J.-A. Barrai, sur
un Concours de machines à moissonner. 773
— Un discours prononcé à la Société amé-
ricaine pour l'avancement des sciences,
par M. L. Smith, sur les méthodes mo-
dernes des sciences; une biographie de
sir Benjamin Thompson, comte deRum-
ford, par M. EWs 835
— Une biographie de l'astronome italien
Donati ,"par M. G. UzielU 892
— Un ouvrage de M. L. Pochet, intitulé :
« Nouvelle mécanique industrielle. » . . 937
— Divers ouvrages de JlM. F. Papillnn, L.
Figuier et Turgan i434
— Des ouvrages de M. .-/. /{/c/(fl/Y^ ( du Can-
tal) et de M. P. Laurencin i54o
DUMONT adresse une Note relative à l'effica-
cité de la submersion des vignes pour
la destruction du Phylloxéra 1287
DUPU'i' DE LOME. — Dispositions proposées
pour établir un service régulier de na-
vires porte-trains, entre Calais et Dou-
vres 24 1
DURAND (deGros) adresse une réclamation
de priorité, concernant la découverte du
glacier d'Aubrac O79
DUSÀRT (J.) adresse un Mémoire sur une
machine à vapeur à rotation 39
nUVAL (J.). — Métamorphisme et mutabi-
lité physiologique de certains micro-
phytes, sous l'influence des milieux.
Relation de ces phénomènes avec la
cause initiale des fermentations; zymo-
génèse intracellulaire 1027
DUYONKOWSKI adresse des Notes concer-
nant un élixir anticholérique.. CGG et loiG
( i6i3;, )
E
MM. Pages.
EDWARDS (H.-Milne). — Note sur les ob-
ser\;ilions de M. Lccoq de Boislxiiulnui^
relatives à l'apparition du Phylloxéra
dans les vignobles do la Charente S;'^
— Observations relatives à une Communica-
tion deM.Dcréè.s-, intitulée : « Note sur
les Pcnip/iigiis du Pislacia Terebinthii.s,
comparés au Phylh.xcra quercds » . . . . 1 1 lo
— M. Milne Edwards est nommé Membre
de la Commission chargée de juger le
concours pour le prix Bordin à décerner
en 1 873 264
— Et de la -Commission chargée de juger le
Concours pour le grand piix des Scien-
ces physiques à décerner en 1873 '264
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Cuvier pour 1873.. . . 4^4
— M. Mdiie Edwards est adjoint à la
Section de Médecine et Chirurgie, pour
juger le Concours du prix de Physiolo-
gie do la fondation Lacaze I2i5
— M. Mdne Edwards est nommé Jlembre
de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences physiques, à décerner en 1875. 1412
— Et de la Commission chargée de propo-
ser une question pour le prix Bordin, à
décerner en 1 875 1412
EDWABDS (Ali'honse-Milne). — Recher-
ches sur la faune ancienne de l'île Ro-
drigues 810
— Observations sur l'existence de certains
rapports entre le mode de coloration des
oiseaux et leur distribution géographi-
que i55i
ÉLIE DE BEAUMONT. — Observations à
propos d'une Lettre de M. le Ministre
des Travaux publics, relative à la carte
géologique détaillée de la France i5o
— M. Élie de BeaiiinorU est nommé Mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Bordin à décerner
en 1873 264
— Carte géologique détaillée de la France. . 4of)
— M. Élie de Bcaamnnt est nommé Mem-
bre do la Commission chargée déjuger
le Concours pour le prix Cuvier pour
1873 424
— Observations relatives à une Communica-
tion de M. Dumas sur l'action que le
plomb exerce sur l'eau io55
— M. Élie de Bcaumnnt rappelle quelques-
uns des premiers travaux de ^X.Burdin,
Correspondant, dont la mort estannon-
MM. Pages,
cée à l'Académie 1 1 49
- M. le Secrétaire perpétuel A\>\w\\o l'atlen-
tion de l'Académie sur l'envoi qui lui a
été fait, par M. Th. du Mrmcel, de la
collection des ouvrages publiés par lui
sur l'Électricité et sur la Télégraphie
électrique 4»
— M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
d'une Lettre adressée à l'Académie par
M. le Secrétaire de l'Académie des
Sciences naturelles de Minnesota 434
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie que le tome LXXV des
Comptes rendus est en distribution au
Secrétariat 545
— Annonce que lo tome XXXVIII des « Mé-
moires de l'Académie des Sciences» est
en distribution au Secrétariat G5ij
- M. \e Secrétaire perpétuel comm\ir\k\na à
l'Académie deux Lettres qui lui sont
adressées parM. ^. Poey, sur les rapports
entre les taches solaires et les ouragans
des Antilles, de l'Atlantique nord et de
l'océan Indien sud 1222 et i343
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. G.
Rose, Correspondant pour la Section de
Minéralogie 264
— Et de M. C.-F.Naumaim, correspondant
pour la Section de Minéralogie 1 322
— M. le 6'(^cretoi>c /;if/y«'7«f/ signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les ouvrages suivants: «Obser-
vations faites dans les stations astrono-
miques suisses , par M. E. Plctntamour» . 40
— Divers ouvrages de MM. Graeff, Ch.
Antoine, Ed. Lambert ig5
— Trois brochures de M. E. Nouel 269
— Une brochure de MM. J.-E. Plaïulton et
/. Lichtcnstein; une brochure de M. F.
Garrii;ou; un volume imprimé en espa-
gnol, intitulé: « Collection de documents
relatifs à l'histoire de la Bolivie » 434
— Une brochure de M. de Croizier; les nu-
méros du journal le Ciel, adressés par
M. /. î'inot 474
— Le premier numéro du tome I des « Mé-
moires del'Observatoire royal d'Arcetri». 562
— Divers ouvrages de iM. Gérardin, de
M. Max. Marie, de M. Mourette, de
M. Van der MensbruggJie Co4
- La 6° série des « Matériaux pour la Pa-
léontologie suisse» de M. /•'.-/. Pictet. 63;
( iC
MM.
Pages.
Diverses brocliurcs de M. Clahlicr et
en particulier « La quadrature du
cercle, de i58o à 1620 » 637
— L'Instruction sur les paratonnerres, adop-
tée par l'Académie des Sciences, qui
vient d'être publiée par M. Gautliicr-
Villars; l'Histoire de l'Astronomie, dé-
liais ses origines jusqu'à nos jours, par
M. F. Horfcr logS
— La i5' livraison des « Contributions à la
Carte géologique de la Suisse » ; et
« l'Histoire des astres illustrée n, par
M. J . Rnmhosson 1 222
— Le « Rapport sur l'état de la Piscicul-
ture >', par M. Bo'iclion-Brnnclcly 1222
— Un volume intitulé» l'Empire du Brésil à
l'exposition universelle de Vienne en
1873» 1337
— Un ouwago deM. J/p/i.-Milne E(/uYird\,
intitulé ; « Recherches sur la faune or-
nithologique éteinte des îles Masca-
reignes et de Madagascare », et donne
>4 )
MM. VAzes.
lecture d'un passage delà Letlred'envoi. i337
— Un ouvrage de M. Fi/lc, intitulé : «Ex-
ploration géologique du Deni-Mzab, du
Sahara et de la région des steppes de la
province d'Alger », et donne lecture
d'un passage de la Lettre d'envoi 1 338
— Une Carte agronomique de l'arrondis-
sement do Vouziers (Ardennes), par
MM. MciigyciNimit, et extraitquelques
renseignements de la Lettre d'envoi. . . i34i
— Divers ouvrages de M. A. Giiiltcniin cl
de M. L. Moisscnet, et une publication
de la Commission départementale de
l'Hérault, sur les procédés de guérison
des vignes atteintes du Thylloxera 1 487
ENGEL. — Recherches sur l'hydrure d'ar-
senic 1545
ERB adresse une Letire concernant ses Com-
munications sur le choléra et sur le
Phylloxéra 2C9
— Adresse une nouvelle Communication re-
lative au choléra O37
F
FABRE (G.). ~ Sur l'ancienne existence,
durantla périodequaternaire, d'un grand
glacier dans les montagnes de r.\ubrac
(Lozère) 495
FAIVRE (E.). —Nouvelles recherches sur le
transport ascendant, par l'écorce, des
matières nourricières ioS3
FAUCON (L.). — Sur l'époque à laquelle il
conviendrait d'appliquer la submersion
aux vignes atteintes par le Phylloxéra. GG3
— Observations relatives aux résultats obte-
nus par les études scientifiques, concer-
nant le Phylloxéra 1175
FAUCONNET adresse une Note relative à
divers procédés de destruction du Phyl-
loxéra 432
FAVilE (P. -A.). — Recherches thermiques
sur les dissolutions salines loi
— Recherches sur la dissociation cristalline:
Évaluation et répartition du travail dans
les dissolutions salines. (En commun
avec M. C.-.l. î'alsoii.]. . 577, 802 et 907
~ Recherches thermiques sur la conden-
sation des gaz par les corps solides.
Absorption do l'hydrogène par le noir
de platine 649
— Recherches sur les effets thermiques qui
accompagnent la compression des li-
quides. (En commun avecM. LdurciU.). ijSi
— Prie l'Académie do comprendre ses tra-
vaux parmi les pièces du Concours du
prix Lacazc (Chimie) i32i
FAVE. — Sur la théorie physique du Soleil,
proposée par M. Jlcairr 293
— Réponse à de nouvelles objections de
M. Tacchini 38 1
— Théorie des scories, selon M. Zœlliicr. . 5oi
— Sur les aurores boréales, à l'occasion d'un
lécent Mémoire de M. Donati 545
— Réponse à la dernière Note de M. Tac-
rliini 62 1
— Sur les Astroimmische Mittheilungen du
D'- Rodolphe Wolf 853
— Sur l'explication des taches solaires, pro-
posée par M. le D' Reye 855
— Analyse et critique d'un « Essai sur la
constitution et l'origine du système so-
laire, par M. Rmlic « 957
— Réponse aux remarques de M. Tnrry sur
la théorie des taches solaires i ia2
— Sur les trombes terrestres et solaires. .. i256
FERRIÈRE (E.). — Procédé de préparation
d'un nouveau rouge d'aniline G46
FILIIOL (H.). — Sur un nouveau genre de
Lémurien fossile, découvert dans les gi-
sements de phosphate de chaux du
Quercy 1 1 1 1
— Sur des pièces fossiles provenant de Ba-
traciens, de Lacertiens et d'Ophidiens,
trouvés dans les dépôts de phosphate de
chaux de l'Aveyron i556
FLAMMARION (C). - Surla planète Mars. 278
— Orbite apparente cl période do révolu-
tion de l'étoile double ? de la Grande
( t6
MM. Paf;es.
Ourse 1234
FONVIELLE {W. de). - Quelques détails
sur le tremblement de terre du iSjuin. 66
— Remarques sur différents prublémus pra-
tiques de navigation aérienne 1007
— Sur l'emploi des pigeons voyageurs dans
la navigation aérienne .... 1 162
— Sur les pigeons voyageurs revenus à Paris
pendant le siège 1275
FORDOS. — Action de l'eau aérée sur le
plomb, 'considérée au point de vue de
l'hygiène et de la médecine légale. . . . 1099
— Action de l'eau de Seine et de l'eau de
rOurcq sur le plomb 1186
FOUQUÉ (F.). — Sur les inclusions vilreu- 1
i5)
MM. Pases.
ses renfermées dans les feldspaths des
laves de Santorin 1 322
FOURNIE (Ed.). —Mémoire sur leslocalisa-
tions cérébrales et sur les fonctions du
cerveau 335
FRIEDEL (C). —Sur un nouvel isomère
de l'acide valérianique. (En commun
avec M. D. Si/m.) 48
— Sur une combinaison naturelle des oxydes
de fer et de cuivre, et sur la reproduc-
tion de l'atacamite .... 211
FROTÉ (Ch.). — Action du chlorure do
benzyle sur la naphtylamine. (En com-
mun avec M. D. TumnmsL] 57
GAGNAT adresse une Note relative à l'im-
portance de la fumure, combinée avec
l'emploi des insecticides, pour com-
batlre le Phylloxéra 772
GAL (H.). — Recherches sur l'acide tribro-
macétique 786
GAUBAN DU MONT adresse uneNole rela-
tive à l'influence que pourrait avoir la
culture du chanvre pour éloigner des
vignobles le Phylloxéra 7i5
GAUDRY (A.). - Sur VJnthracolhrrinm
découvert par M. Bertrand à Saint-
Menoux (Allier ) 1 3o2
GAUGAIN (J.-M.). — Notes sur le magné-
tisme 587, 702, 1074 et i465
GAUSSIN(L.). - De la propagation de la
marée sur divers points des côtes de
France. Changement dans l'heure de la
pleine mer du Havre, depuis les travaux
d'endiguement de la Seine 4^4
GAYON (U.). — Sur les altérations sponta-
nées des œufs 214
GENOCCHI (A.). — Observations relatives
à une Note de M. Mcnabrea, concer-
nant la série de Lagrange i54i
GEORGE. — Sur la structure de l'estomac
chez VHyntxcnpcnsis i554
GERVAIS (P.). — Sur les fossiles trouvés
dans les chaux phosphatéesdu Quercy. 106
— M. P. Gcn'oj.v fait hommage à l'Académie
de divers Mémoires qu'il a publiés. . . . 809
— Recherches anatomiques sur lesÉdentés
tardigrades 86 1
— Structure des dents del'Hélodermeet des
Ophidiens 1069
— Remarques sur la Faune sud-américaine,
accompagnées de détails anatomiques
relatifs à quelques-uns de ses types les
plus caractéristiques 1208
C. R., 1873, 2" Semenre. (T. LXXVII.)
— Fait hommage à l'Académie d'un Mémoire
consacré à des Mammifères d'espèces
éteintes, propres à l'Amérique méridio-
nale 141 1
— Squelette de grand Paléothérium [Palœo-
theritim Dingniim, Cuv.) trouvé dans les
platrières de Vitry-sur-Seine 1460
GI.\RD (Alph.). — Sur les Cirrhipèdes
rhizocéphales g45
GILLET-DAMITTE. — Sur les propriétés nu-
tritives et lactigènes du Gnlega offici-
nalis 38 et 1221
— Adresse l'observation d'un nouveau fait,
constaté par M. E. Massnn d'Andres,
attestant l'efficacité du sirop de Galegn. i486
GI.MBERT. — Assainissement des terrains
marécageux par V Eucalyptus ghbulus. . 7G4
— Sur les sécrétions de la lleur de V Euca-
lyptus globulus i3o4
GIRARD (Aimé). — Sur une nouvelle ma-
tière sucrée volatile, extraite du caout-
chouc de Madagascar gg5
GIRARD (H.) adresse une Note relative à
l'emploi de matelas à air, propres à être
étendus sur le sol, près des édifices in-
cendiés, pour recevoir les habitants des
étages supérieurs 772
GORCEIX (H.). — Sur l'état du volcan de
Nisyros au mois de mars 1873 597
— Sur la récente éruption de Nisyros io39
— Sur l'éruption boueuse de Nisyros 1474
GOURIET (Ed.) adresse un Mémoire inti-
tulé : « Remarques sur les membres pos-
térieurs des Phoques et sur l'extrémité
caudale des Cétacés » 6o3
GRAD (Cii.).— Sur la limite des glaces dans
l'océan Arctique i477
GRAEF. — Mémoire sur l'application des
courbes des débits à l'étude du régime
209
( i6i6 )
MM. Pages.
fies rivières et au calcul des effets pro-
duits par un système multiple de réser-
voirs. (Rapport sur ce Mémoire; rap-
porteur I\l. Moriii.) 982
GRAND'ICURY. — Gisement de végétaux si-
licillés dans le bassin houiller de la
Loire 494
GR1MAUX(E.). — Synthèse de l'o.valyl-
urée (acide parabanique) i548
GUÉR1N(R.). — Essai sur la distribution
géographique des populations primitives
dans le déparlement de l'Oise 1327
— De quelques altérations morphologiques,
obser\ées dans le genre Cypripcdium
{ Orchidées ) 1 432
— Essai sur la distribution géographique
des populations primitives dans les dé-
MM. Pages.
parlements de Seine-et-Marne et de la
Moselle i485
GUËRIN-MÉNEVILLE. - Le Phylloxéra
n'est pas la cause, mais une conséquence
de la maladie de la vigne 929
GUEYRAUD. — Expériences relatives à l'ac-
tion de l'ammoniaque et à l'action pro-
longée de l'eau sur le Phylloxéra m
GUIPON adresse un Mémoire sur une nou-
velle application des greffes épidermi-
ques. M. Lnrrey fait une analyse suc-
cincte de ce travail 1093
GULLICH adresse deux Notes relatives à un
cylindre moteur 891 et i486
GlTi'OT (P.). — Nouvelle analyse de l'eau de
la fontaine Saint-Thiébaut, à Nancy. ... 1 384
H
HANS. — Sur un baromètre dit absolu. (En
commun avec M. Hermnrr.] 121
HAUTEFEUILLE (P.). - Sur "les chlorova-
nadates 896
HAY (A.) adresse une Note relative à l'em-
ploi, contre le Phylloxéra, d'une décoc-
tion de tabac mélangée avec de la chaux. 66G
HECKEL (E.). — De l'ïrritabilité des éta-
mines; distinction de deux ordres de
mouvements dans ces organes 948
HÉMENT (F.). — Observations relatives à
l'accroissement de volume de l'eau au-
dessous de 4 degrés, à propos d'une
Note de M. Piarron de Mondcsir 1219
HÉNA (T.) adresse une nouvelle Note rela-
tive à des coprolithes trouvés dans les
terrains quaternaires des environs de
Saint-Brieuc 39 et 194
— Annonce la découverte de divers gise-
ments géologiques aux environs de Saint-
Brieuc 473
— Adresse une Note relative à des concré-
tions trouvées dans les terrains de Saint-
Brieuc 604
— Adresse deux Communications relatives,
l'une à des galets de silex dans le di-
luviura do Saint-Brieuc , 1 autre au
groii ou gravier granitique à blocs, de
Saint-Brieuc C67
— Adresse des recherches sur les silex de
la Bretagne et sur le prétendu tufau vert
de la LanvoUon 835
— Adre.sse deux Notes relatives à la géologie
de quelques points des Côtes-du-Nord.
1016 et 1287
HENNEQUIN adresse une Note sur l'allonge-
ment du fémur dans le traitement doses
fractures, par la méthode et l'appareil
dont il est l'inventeur 1221
HERMANAS (de Dos). - Sur les Cocuyos
de Cuba 333
HERMARY. — Sur un baromètre dit absolu.
{ En commun avec M. Hans.) 121
HERMITE. — Sur la fonction exponentielle.
18, 74 , 226 et 285
HILLERET (G.) adresse une Note « sur les
cercles de hauteur et leur représenta-
tion sur la carte de Mercator » 1 540
HIRN. — M. Hirn fait hommage à l'Acadé-
mie d'une brochure intitulée : « Appli-
cations du pandynamomètre à la mesure
du travail des machines à vapeur à ba-
lancier » 32
— Fait hommage à l'Académie d'un Mémoire
sur les propriétés optiques de la flamme
des corps en combustion et sur la tem-
pérature du Soleil 1412
HUGO ( L.) adresse le dessin de deux dodé-
caèdres antiques, conservés au Musée de
Lyon 433
— Annonce l'existence, au Musée de Chalon-
sur-Saône, d'un nouveau dodécaèdre
antique en bronze 47»
— Adresse divers documents relatifs à des
polyèdres antiques conservés dans les
collections des départements 5G2
— Adresse une Note relative à la sphère
considérée comme un équidomoïde.. . . 7i5
HUSiNOT (T.) adresse, pour la bibliothèque
de l'Institut, les fascicules 8 et 9 de
sa collection des mousses de France.
195 et 1288
( i6i7 )
I
MM. Pages.
INSTITUT IMPÉRIAL DES MINES DE SAINT-
PÉTERSBOURG (l') invite l'Académie
à se faire re|)résenter par l'un de ses
Membres au jubilé du centième anni-
versaire de sa fondation 773
MM. Pages.
IVERSEN (W.) informe l'Académie qu'il a
fait, l'été dernier, à Saint- Pétt'rsbourg,
un essai d'éducation de versa soie, dans
le jardin de la Société écunomiquc 900
J
JACQMIN est présenté par la Commission
chargée de préparer une liste de candi-
dats pour la place d'Académicien libre
vacante par le décès de M. de Fenieuit. 147
JACQUEMIN.— L'acide pyrogallique en pré-
sence de l'acide iodique 209
— Le pyrogallol en présence des sels de fer. SgS
JAMIN (J.). — Sur les modifications du pou-
voir magnétique de l'acier par la trempe
ou le recuit 89
— Sur le rôle des armatures appliquées aux
faisceaux magnétiques 3o5
— Sur les lois de l'aimantation de l'acier
par les courants 1 389
— Sur la déperdition du magnétisme i445
JANNETTAZ (E.). — Note sur l'emploi du
bisulfate de potasse comme agent révé-
lateur de la galène dans tous les mé-
langes 838
JOBERT. — Recherches pour servir à l'his-
toire de la digestion chez les oiseaux.. i33
JOLYET (F.). — Recherches expérimentales
sur l'action du gaz protoxyde d'azote.
( En commun avec M. T. Blanche.).. . . 59
JORDAN (C). — Sur les polynômes bili-
néaires 1487
K
KREGAU (J.) adresse une Note relative à
diverses questions d'Astronomie et de
Physique du Globe G37
LABOULBÈNE (A.).— Sur les organes phos-
phorescents thoraciques et abdominaux
du Cocuyo de Cuba (P/m/i/ioms nocti-
liicus; Elater noctiliicus, L.). (En com-
mun avec M. Ch. Robin.) 5i 1
LACAZE-DUTHIERS (de). — Développement
des Polypes et de leur polypier 1201
— M. rie Lacaze-Dutliicrs est nommé Membre
de la Commission chargée de juger Je
Concours pour le grand prix de Sciences
physiques à décerner en 1 873 26 ;
LÂCOMME (A.) adresse un Mémoire sur un
projet de bateau sous-marin, par voie
ferrée, pour traverser la Manche 891
LA GOURNERIE (de). — Note sur le nom-
bre des points d'intersection que repré-
sente un point multiple commun à deux
courbes planes, lorsque diverses bran-
ches de la première sont tangentes à
des branches de la seconde 673
LAGRANGE (P.). — Application du phos-
phate d'ammoniaque et de la baryte à
l'épuration des produits sucrés 1245
LAILLER adresse une Note, accompagnée
d'une pièce anatomique, pour servir à
l'étude de la formation des calculs bi-
liaires ICI 6
LÂLLEMAND (A.). — Sur quelques phéno-
mènes d'illumination 121G
LARREY.— M. /.«rrer présente le XIH" vo-
lume des « Rapports du département
médical de l'armée anglaise » 282
— Observations relatives à une Communi-
cation de M. le général AJorin, sur le
volume d'air nécessaire pour assurer la
salubrité des lieux habités 324
— Remarques sur la thyréo'i'dite aiguë, dite
goitre épidémique, chez les jeunes sol-
dats 733
— M. Ldrrcy fait savoir à l'Académie que
M. Chenu s'occupe de la publication de
documents statistiques sur les pertes
des armées françaises pendant la guerre
de 1 870-1 871 762
2oy..
( i6i8 )
MM. l'^Ces-
— M. LnrrcY présente à l'Académie, de la
part de M. Th. E^'ans, un ouvrage inti-
tulé ■- « Histoire de l'ambulance améri-
caine établie à Paris durant le siège
de 1870-1871 », et en donne un exposé
sommaire 8 i4
— Analyse verbale d'un Mémoire de M. Gui-
pon, sur une nouvelle application des
greffes épidermiques 1 ogS
LASSERRE (J.) adresse un travail sur les
règles de la construction et de l'emploi
des Tables de logarithmes 14 34
LAURENT. — Recherches sur les effets
thermiques qui accompagnent la com-
pression des liquides. (En communavec
M. P.-A. Fm're.) 981
LAUSSEDAT. — Sur un système de télégra-
phie optique, réalisé pendant lesiége de
Paris, par une Commission nommée par
le Gouverneur 34
L.WAL (E. de) envoie un exemplaire
d'une pétition adressée au Conseil mu-
nicipal de Paris, à l'effet d'obtenir la
proscription des tuyaux en plomb pour
la distribution des eaux destinées aux
usages alimentaires 527
— Réclamation de priorité, à propos de
l'emploi du sulfure do carbone contre
le Phylloxéra 601
— Adresse une Note relative à l'emploi du
sulfure de carbone mélangé avec une
huile végétale, et à l'emploi du sulfure
de potassium, contre le Phylloxéra. ... 715
— Sur l'emploi des tuyaux de plomb pour
la conduite des eaux potables 1271
LAVOCAT (A.). — Sur le pied d'homme à
huit doigts, dit pied de Mornnd 1116
LE BEL (J.-A.). — Procédé pour préparer
l'alcool amylique actif 1021
LEBLAN (A.) adresse une Note relative à
un nouveau modèle de wagon 433
LEBON adresse deux Notes concernant l'em-
ploi du gaz d'éclairage ou de la vapeur
de soufre contre ,1e Phylloxéra 6o3
LECHAPE (J.) adresse une Note concernant
l'action que peut exercer l'ail broyé et
mélangé de sel marin, pour la destruc-
tion du Phylloxéra JoiG
LE CHEVALIER (A.) priol'Académiede ren-
voyer au concours des Arts insalubre» le
contenu d'un pli cacheté déposé par hii. i336
LECLERC (D.-IL). — Tableaux statistiques
des pertesdes arméesallemandes, d'après
les documents officiels allemands, pen-
dant la guerre de 1870-1871 758
LECONTE (J.) adresse une Note relative au
tremblement de terre ressenti à Barcc-
olone,le 27\cmbro ni 873 i IgG
MM. Pages.
LECOQ DE BOISBÂUDRAN adresse une Note
relative aux ravages produits par le
Phylloxéra 562
— Effets que le sulfure de carbone,'employé
pour détruire le Phylloxéra, paraît exer-
cer sur la vigne 77 '
— Action du condensateur sur les courants
d'induction 93?
— Sur quelques spectresmétalliques (plomb,
chlorure d'or, thallium, lithium) i iSa
LE COZ (J.-A.) adresse une Note relative à
des coprolithes trouvés dans les envi-
rons de Saint-Brieuc, qu'il croit être
formés par un dépôt de carbonate de
chaux dans le moule de racines d'arbres. Sg
LEDIEU (A.). — Démonstration directe des
principesfondamenlaux de la Thermody-
namique. Lois du frottement et du choc
d'après celte science. 94, ï63, 260,
325, 414, 455, 5i7
LEGROS (Ch.). — Origine et formation du
follicule dentaire chez les Mammifères.
(En commun avecM. P. Mn^itot.) 1000
— De la chronologie du follicule dentaire
chez les Mammifères. (En commun avec
M. P. Magitoi.) 1377
— Expériences sur l'emploi de la galvano-
caustie dans les opérations chirurgicales.
(En commun avec M. Onimiis.) i38o
LEMOINE adresse une Notesur un nouveau
mode d'emploi de l'huile de foie de mo-
rue, au moyen de la panification. (En
commun avec M. Carré.) 347
LÉON adresse quelques observations rela-
tives à une Communication de M. E.
Peligot, sur les alliages employés pour
la fabrication des monnaies d'or 220
LEPRESTRE adresse un Mémoire destiné au
Concours du prix de Mécanique, fonda-
tion Montyon (invention ou perfection-
nement des instruments utiles aux pro-
grès de l'agriculture) 2G8
LESSEPS (de) est présenté par la Commis-
sion chargée de préparer une liste de
candidats pour la place d'Académicien
librCj laissée vacante par le décès de
M. de Verneuil 1 47
— M. de Lcsseps est nommé à cette place. 190
— M. de Lesseps prie l'Académie de dési-
gner une Commission, pour donner quel-
ques indications aux explorateurs de la
future ligne de chemins de fer du centre
de l'Asie 463
— Extrait d'une Lettre à lord Granville,
sur le projet d'un chemin de fer dans
l'Asie centrale 1066
LESTIBOUDOIS. — M. Lcstiboudoh adresse
un Mémoire manuscrit, accompagné de
( '6i9 )
MM. Pages,
planches nombreuses, sur la structure
de l'écorce et la formation du subor. . . 32
LE VERRIER. — Tliéorie do la planète Sa-
turne 73
— M. Le Verrier annonce à l'Académie que
les mesures sont prises pour l'observa-
tion de l'essaim d'étoiles filantes de la
fin de novembre 1071
LEVY (Maurice). — Sur une réduction de
l'équation à différences partielles du
troisième ordre, qui régit les familles
de surfaces susceptibles de faire partie
d'un système orthogonal i435
LEYMERIE.— Note sur la formation tertiaire
supra-nummulitique du bassin de Car-
cassonne 9 ' 5
— Fait hommage à l'Académie d'un travail
imprimé, portant pour titre : « Descrip-
tion géognostique du versant méridional
de la montagne Noire, dans l'Aude »... 121 5
LICHTENSTEIN. — Sur l'état actuel de la
MM. Pages,
question du Phylloxéra 342
— De la marche de pioche en proche du
Pliylloxera. (En commun avec M. Plnn-
cliiin.] 4c I
— Sur la rapidité de la reproduction du
Phylloxéra 622
LOCKYER (N.). — Note préliminaire sur les
éléments existant dans le Soleil 1 347
— Est nommé Correspondant pour la Sec-
tion d'Astronomie, en remplacement de
feu M. Enckc i Sao
LORIN. — Sur les oxalines ou éthers de la
glycérine et des alcools polyatomiques. 129
— Caractéristiques des alcools polyatomi-
ques proprement dits 3G3
LUCA (S. de). — Action de la terre vol-
canique de la solfatare dePouzzoles sur
les maladies do la vigne i43i
LUCAS (F.). — Rapport anharmonique de
quatre points du plan 1 463
M
MAGITOT (P.). — Origine et formation du
follicule dentaire chez les Mammifères.
(En commun avec M. Ch. Lcgros.) 1000
— De la chronologie du follicule dentaire
chez les Mammifères. ( En commun avec
M. Ch. Legros.) i377
MAGNAC (de). — Sur l'emploi des chrono-
mètres à la mer 609
MAGNAT (l'abbé) prie l'Académie de lui
adresser quelques documents relatifs à
l'histoire naturelle du Phylloxéra 666
MALEGNANE (de). — Observations rela-
tives à l'opinion exprimée par M. Giié-
rin-Mé/ieviUc , sur l'apparition du Phyl-
loxéra considéré comme une consé-
quence de la maladie de la vigne ioi5
MANGON ( Hervé ) . — M. Hervé Mangnn est
nommé Membre de la Commission char-
gée de juger le Concours du prix Moro-
gues pour 1873 465
MANNHEIM adresse un Mémoire « Sur les
surfaces trajectoires des points d'une
figure de forme invariable, dont le dé-
placement est assujetti à quatre condi-
tions » 268
— Rapport sur ce Mémoire; rapporteur
M. Chastes 75^
MARAIS (H.).— Action de l'eau sur le plomb
laminé "529
MARCHAND (E.). — De l'innuence exercée
par la Lune sur les phénomènes météo-
rologiques ' I ' 2
MARES (H.). — De la propagation du Phyl-
loxéra 1 408
— Sur les résultats des expériences faites
par la Commission de la maladie de la
vigne du département de l'Hérault. . . . i455
MAREY. — De l'uniformité du travail du
cœur, lorsque cet organe n'est soumis à
aucune influence nerveuse extérieure. . . 367
MARIÉ-DAVY. — Observations à propos
d'une Note de M. Rey, sur les analo-
gies qui existent entre les taches so-
laires et les tourbillons de notre atmo-
sphère 1 227
MARIGNAC (de) fait hommage à l'Académie
d'un Mémoire sur la solubilité du sul-
fate de chaux 982
MARTHA-BECKER adresse une Note con-
cernant l'influence des courants aériens
sur les hivers des régions tempérées. . . 282
.MARTIN (E.). — Sur un principe d'union
delà Chimie universelle, applicable à la
Chimie organique 523
— Adresse une «Étude électrochinaiquesur
le soufre, le carbone, le phosphore etles
états allotropiques qui leur sont attri-
bués» i486
MARTIN DE BRETTES. — Observation d'un
bolide à Versailles, le 3 décembre 1873. i384
MATHEY adresse un certain nombre de do-
cuments complémentaires de ses Com-
munications relatives à l'application de
la force du vent à la vapeur
., 194, 473, 6o4 et 1016
MATHIEU. — M. Mathieu est nommé Mem-
MM.
bre de la Commission pour la révision
des romples
— M. Matliiiii pr(?sente à l'Académie, de la
part du Bureau des Longitudes, la Cnn-
nahsancc des Temps pour l'année 1 875 . 802
MATHIEU ( E.). — Du rôle des gaz dans la
coagulation de l'albumine. (En commun
avec M. F. Urbain.) 706
MATHIEU (Emile). — Mémoire sur le pro-
blème des trois Corps 1071
MAUDET. — De la composition chimique de
certains parenchymes des végétaux 1497
SrÈGNIN. — Sur la position zoologique et le
rôle des Acariens parasites connus sous
les noms à'Hfpnpiis, Hoinnpus et Tri-
c/ioilnc/y/its 1 29 et 492
MÉH.AY adresse une Note concernant les re-
lations numériques qui existent entre
le volume des corps composés, à l'état
de vapeur, et l'atomicité de leurs élé-
ments 1434
MELSENS. — Note sur le turbinage des
vins gelés i46
Sur la condensation des gaz et des liqui- ■
des par le charbon de bois. Phénomènes
thermiques produits au contact des li-
quides et du charbon. Liquéfaction des
gaz condensés 781
MENABREA. — Note sur l'identité des for-
mules données par Cauchy, pour déter-
miner les conditions de convergence de
la série de Lagrange, avec celles qui ont
été établies par Lagrange lui-même 1 358
MÈNE (Cn.). — Sur les méthodes d'analyse
des phosphates naturels employés en
Agriculture 43o
MERCADIEU (E.).— Sur le mouvement d'un
fil élastique dont une extrémité est ani-
mée d'un mouvement vibratoire
039, 67 1 , 1 292 et 1 366
— Réponse à une réclamation de priorité de
M. H. ralérias 9^0
MERGET. — Note complémentaire à sa
Communication sur l'emploi des gaz
comm.e révélateurs 33
— Sur des phénomènes de thermodiffusion
gazeuse qui se produisent dans les
feuilles, et sur les mouvements circula-
toires qui cn résultent dans l'acte de la
respiration chlorophyllienne i4G8
MESQUITE (A.) adresse une Note relative à
une solution du problème de la naviga-
tion aérieime 527
MÈTAM01U''0T1S (E.) adresse le dessin
d'une machine fondée sur la gravité. . . loiG
MEUNIER -DOLLFUS (Cn.). — Éludes sur
divers combustibles du bassin deDonelz
et de Toula ( Russie ) . ( En commun avec
( 1620 )
Pages.
522
i382
77
i54o
MM. Pages.
M. Schenrer-Kestner.) i385
MEUNIER (STAN.).-Sur la forme des mers
martiales, comparée à celle des océans
terrestres 566
— Produits d'oxydation des fers météo-
riques; comparaison avec les magnétites
terrestres 643
— Sur le calcaire spathique des marnes
vertes de Chennevières 1037
— Sur les marnes à huîtres de Fresnes-les-
Rungis (Seine)
MICHAUD (F.) adresse une Note concernant
un procédé pour éviter les effets désas-
treux des gelées tardives sur les vignes.
MICHEL (R.-F.).— Sur un nouveau système
de télégraphie pneumatique. (En com-
mun avec M. D. Tommasi.) 281
MILINS (Alpii.) adresse l'indication d'un
mélange contenant du cyanure de potas-
sium, pour détruire le Phylloxéra
i336 et
MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU
COMMERCE (M. le) adresse, pour la
bibliothèque de l'Institut, les n" 9, 10
et 1 1 du Catalogue des Brevets d'inven-
tion pris en 1S72, et le tome LXXIX
du Recueil des Brevets 195
— Adresse le deuxième volum.e (2" partie)
du Recueil des travaux du Comité con-
sultatif d'hygiène publique en France. . 528
— Adresse divers numéros du Catalogue des
Brevets d'invention i54o
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) adresse
le dix-neuvième volume du Recueil de
Mémoires et Observations sur l'hygiène
et la Médecine vétérinaire militaire.. . .
— Écrit à l'Académie pour l'inviter à dési-
gner l'un de ses Membres, pour faire
partie du Comité spécial institué pour
donner son avis sur les questions rela-
tives au Service des poudres et sal-
pêtres
— Informe l'Académie que MM. Cliasles et
Scriet sont maintenus Membresdu Con-
seil de perfectionnement de l'École Po-
lytechnique, pour l'année i874,autilre
de Membres rie l'Académie des Sciences.
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(M. le) transmet l'ampliationdu décret
qui approuve l'élection de sir Ch.
ff'heatstone à la place d'Associé étran-
ger'
— Adresse l'anipliation du décret par lequel
le Président de la République approuve
l'élection de M. /•". de Lcsscps
— Transmet l'amiilialion du décret par le-
quel le Président de la République auto-
rise l'Académie à accepter le legs qui
892
14S7
i49
38i
MM. Pajjes.
lui a élé fait par M"" Giiérinrnti-Di'In-
liindc, pour être employé conlormi--
mont aux conditions énoncées clans son
testament 1095
— Transmet à l'Académie les ouvrages sui-
vants : « Illustration de la flore de l'Ar-
chipel indien», par M. F. -A. Miqucl;
« Musée botanique de Leyde « , par
l\r. Surinc^ar 1 222
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
(M. le) transmet une Lettre destinée à
recommander M. de Lacnze-Duthicrs
aux agents de son Département, pendant
la mission scientifique qu'il doit accom-
plir dans la Méditerranée 528
MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS (M. le).
— Lettre relative à la Carte géologique
détaillée de la France 149
— Adresse une seconde série des feuilles de
la Carte géologique de la France CSy
— Adresse le catalogue descriptif des mo-
dèles, instruments et dessins composant
les galeries de l'École des Ponts et
Chaussées 892
MOISSENET. — Études sur les filons du
Cornouailles. Parties riches des filons ;
structure de ces parties et leur relation
avec les directions des systèmes strati-
graphiques 558
MONCEL (Th. du). — Note sur le magné-
tisme 1 1 3
— Sur les résistances maxima des bobines
magnétiques 347
— Note sur les meilleures dimensions à
donner aux électro-aimants 1017
— Est présenté par la Commission chargée
de préparer une liste de candidats à la
place d'Académicien libre, vacante par
le décès de M. de Vernctnl 147
MONCLAR. — Note concernant la panifica-
tion des farines fournies par diverses
graines i5o2
MORELLO (C.) adresse une Note relative à
la vie de la matière 4°
MORIN (le général). — Note sur l'espace
cubique et sur le volume d'air néces-
saires pour assurer la salubrité des lieux
( 1621 )
MM.
r.iges.
habités 3iG
— M. Marin est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours du
prix Fourneyron 329
— Et de la Commission des chemins de fer. 433
— Observations relatives aux sujets traités
dans le 21'' numéro du «Mémorial de
rOtlicier du Génie » 699
— Noie sur les movens à employer pour
maintenir dans un lieu donné une tem-
pérature à peu près constante, et pour
modérer, dans la saison d'été, la tempé-
rature des lieux habités 737
— M. Morin signale à l'Académie divers
documents faisant partie de la Rame
d' Arldlerie, publiée par ordre du Mi-
nistre de la Guerre gSi et i5o2
— Rapport sur un Mémoire de M. Grnef, sur
l'application des courbes des débits à
l'étude du régime des rivières etau cal-
cul des etTets produits par un système
multiple de réservoirs 982
— M. Marin présente à l'Académie, de la
part de M. Doiigl/is-Gnkon, un Mémoire
intitulé : « On the Construction of Hns-
pitals » 1249
— Observations sur la Communication faite
par M. Resnl, en présentant le Cours
de Mécanique appliqué de Poncelet. . . : 1266
— Observations sur une Communication de
M. Faje, sur les trombes terrestres et
solaires 1264
— Rapport sur un Mémoire de M. Douglas-
Gfi/ton, intitulé: «On the Construction
of Hospitals)'. 141 3
— M. le général Morin présente à l'Acadé-
mie les premières feuilles d'une Carte de
France, à l'échelle de ^ „ „ ', „ ^ , dressée
par le Dépôt des fortifications i54o
MOUCHEZ. — Les trombes et les tourbil-
lons 1 5Go
MOUTIER (J.). —Sur la décharge des con-
ducteurs électrisés i238
MUNIER-CHALMAS. — Sur le développe-
ment du phragmostracum des Céphalo-
podes, et sur les rapports zoologiques
des Ammonites avec les Spirules i557
N
NAMUR ( A.) adresse des « Études pratiques
sur les logarithmes des nombres, avec
des projets de nouvelles Tables » 472
NAQUET (A.). — Sur les effets du chanvre
indien ( hnxcliicli ) 1 5G4
NÉLATCJN.— Sa mort, arrivée le 21 septem-
bre, est annoncée à l'Académie C49
NETTER ( A.) adresse une Communication
relative au choléra 93G
- Adresse une Note intitulée : «Cause et na-
ture du choléra » 1 54o
NEYRENEUF (V.). — Recherches sur la
condensation électrique 201 et 35i
— Sur le sens de propagation de l'électri-
1622
MM. Pages.
Cit(^ 1184
NOIRET adresse deux Notes relatives, l'une
aux 11 rd'iiniductions photographiques, »
l'autre aux « murailles et parquets or-
nementés » 6C7
NOTA (L.) adresse une Note relative à un
MM.
Pages.
1433
0 étalon monétaire métrique universel »
NYLANDER (\V.) prie l'Académie de reti-
rer du Concours du prix Thore le tra-
vail sur les Lichens des Pyrénées-
Orientales, qu'il avait adressé pour ce
Concours 662
o
O'KEENAN (Cn.) adresse une Note sur l'em-
ploi de l'acide sulfureux pour détruire
le Phylloxéra 1221
ONIMUS. — De la différence d'action physio-
logique des courants induits, selon la
nature du fil métallique formant la bo-
bine induite 1297
— Expériences sur l'emploi de la galvano-
caustie dans les opérationschirurgicales.
(En commun avec M. Cli.Legros.) 1 38o
OSSELIN (A.) adresse un Mémoire sur les
« Conséquences du principe de l'équi-
valence mécanique de la chaleur » SijG
OUDEMANS. — Observations relatives à
une Communication de M. Eil. Dubois,
sur l'influence de la réfraction atmo-
sphérique, à l'instant d'un contact dans
un passage de Vénus 994
PAGANI (A.) adresse une réclamation de
priorité, pour l'indication de l'emploi du
sulfate de cuivre contre le Phylloxéra.. 1016
— Adresse une Note relative à l'emploi du
sulfate de cuivre combiné avec les en-
grais, pour combattre le Phylloxéra... 1093
PAPILLON (F.). —Observations sur quelques
liquides de l'organisme des Poissons,
des Crustacés et des Céphalopodes. (En
commun avec M. Rcihuteau.) i35
— Observations touchant l'action de. cer-
taines substances toxiques sur les Pois-
sons de mer. (En commun avec M. Ra-
buteaii] • 370
PARENT (A.). — Sur les ellets produits par
la foudre, à Troyes, le 2C juillet 1873;
observations de nombreux globesde feu. 370
PAR'VILLE (H. de).— Note sur les cyclones
terrestres et les cyclones solaires i23o
PASSY (Ant.). — Sa mort, arrivée le 8 octo-
bre, est annoncée à l'Académie 801
PASTEUR. — Étude sur la bière ; nouveau
procédé de fabrication pour la rendre
inaltérable •'4o
— Observations relatives à une Communica-
cation de M. rignon, intitulée : » Du
pouvoir rotatoire de la mannite « 1 192
— M. Prt.s/fH/- ajourne sa réponse à M. Tré-
ciil a la séance prochaine i32i
— Réponse à la Note lue par M. Trcnil,
dans la séance du 8 novembre 139G
— Observations au sujet du procès-verbal
de la dernière séance i44'
— Réponse à M. Trrail i444 et i5i9
— M. Pasieur est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix de Physique de la fonda-
tion Lacaze 4^4
PAZ (B. de) adresse une Note relative à un
appareil destiné à mesurer la quantité
de chaleur émise par le Soleil 1094
PÉLEGRIN. — Note descriptive du crypto-
graphe 4C9
PELIGOT. — M. Petigot est nommé Membre
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Morogues pour 1873. 465
— M. Peligot est adjoint à la Section de
Chimie pour juger le Concours du prix
de Chimie de la fondation Lacaze i2i5
PELLARIN (Ch.). — Les déjections choléri-
ques, agent de transmission du choléra. 634
— M. PcUarin adresse une nouvelle com-
munication relative au choléra 936
— Adresse une réponse aux observations
présentées par M. B. Blanc 1 177
PELLERIN (A.). — Note sur la bobine de
Siemens 5G i
— Soumet au jugement de l'Académie une
Note sur une machine à gaz 772
PELLET. — Observations, à propos d'une
Communication de M. Mcrgct, sur la
réduction des sels de platine par l'hy-
drogène lia
PELLET (11.). — Sur le mode de décomposi-
tion des corps explosifs, comparé aux
phénomènes de la sursaturation. (En
commun avec M. P. Chumpion.) 53
PELOUZE (E.). — Nouveau procédé de con-
densation des matières liquéfiables, te-
nues en suspension dans le gaz. (En
( i623 )
MM. Pages.
chlorure de plomb GG7
commun avec M. P. Audouin.)
264 , 928 et 1 274
PENART (J.) adresse un Mémoire concer-
nant un instrument propre à déterminer
la richesse alcoolique de liquides non
sucrés 194 et yiS
PERRY (G.) adresse une Note intitulée « Sur
les rapports entre la dilatation cubique
et les iso torsions , équations de l'élasticité
en coordonnées obliques, pour les cris-
taux triréfringents, par M. G. Perry;
système orthogonal pour le prisme rec-
tangle, par M. Lamé. » 347
PETIT (A.). — Sur le sucre contenu dans les
fouilles de vigne g44
PETIT (L.). — Sur quelques matières pro-
pres à la destruction du Phylloxéra.. 193
— Note concernant les résultats fournis par
l'emploi, contre le Phylloxéra, des gou-
drons provenant de la houille 1176
PEYRAT adresse des documents relatifs à
l'efficacité des produits qu'il a indiqués
pour combattre le Phylloxéra 715
PEYRAUD (H.) adresse une nouvelle Note
relative à l'action toxique des infusions
d'absinthe et de tanaisie sur le Phyl-
loxéra .'. . 432
PHILLIPS. — M. Phillips est nommé Mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Fourneyron 329
— Et de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Dalmont 329
— Et de la Commission des chemins de fer. 433
PIAURON DE MONDESIR. — Sur le maxi-
mum de densité de l'eau; explication
mécanique de ce phénomène 1 154
PICHE (A.) adresse une Note relative à un
système de représentation graphique
des observations météorologiques 773
PICKERIN (A.) adresse une Note relative au
choléra GGG
PICQUET. — Sur les courbes gauches algé-
briques 474
PIERLOT. — Note concernant une pile au
MM. Pages.
PIETTE (Ed.). — Sur une grotte de l'âge
du renne, située à Lortet (Hautes-Pyré-
nées) 43 1
PIGNONI (A.) adresse une Note relative à
la lithoclysmie, opération ayant pour
objet la dissolution inlravésicale de la
pierre 1288
PISANI (F.). — Analyse de la dewalquite de
Salm-Châleau, en Belgique 329
PIUGGARI. — Ammoni-nitrométrie, ou
nouveau système pour doser l'ammonia-
que, l'azote des matières organi(iues et
l'acide nitrique dans les eaux naturelles,
les terres, les engrais, etc 48 J
PLANCHON (J.-E.). — De la marche do
proche en proche du Phylloxéra. (En
commun avec M. Lichtcnstcin.) 461
PLANTÉ (G.). — Suite de recherches sur les
courants secondaires, et leurs applica-
tions 466
PLUMMER (W.). — Éphéméride de la co-
mète à courte période de Brorsen 6o5
POEY (A.). — Lettre à M. le Secrétaire
perpétuel sur les « Rapports entre les
taches solaires, les orages à Paris et à
Fécamp, les tempêtes et les coups do
vent dans l'Atlantique nord » i343
POMEL (.A.). — Losange saharien du réseau
pentagonal, dressé en projection gnomo-
nique sur l'horizon de son centre, pour
un rayon de sphère de o'" 55 557
PONS adresse une Note intitulée « la Vie
de l'homme » 1095
PRÉSIDENT (M. le). — Voir Qtiatrefages
[(te) et Bertrand
PROTA-GIURLEO adresse une Note sur l'em-
ploi du chlorhydrate de berbérine contre
le gonflement de la rate dans les fièvres
intermittentes, et une Noie imprimée
en italien, sur un « lermoléimètre »... 1287
PUISEUX (V.). — Sur la formation des équa-
tions de condition qui résulteront des
observations du passage de Vénus du
8 décembre 1874 i5o5
Q
QUATREFAGES (de). — M. de Quatre fasses
est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours pour le
prix Bordin à décerner en 1873 2G4
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours pour le grand prix des Sciences
physiques à décerner en 1873 2G4
— M. de (juati-efages fait hommage à l'Aca-
démie du Compte rendu de la première
C. R., 1873, 2'^ Semc$t,e. (T. LXXVII.)
session do l'Association française pour
l'avancement des Sciences 4^3
M. de Qnati-cfages est nommé Membio
de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Cuvier pour 1873... 4^4
M. lo Président donne lecture d'une Let-
tre par laquelle M. Lotds Passy com-
munique à l'Académie la perte qu'elle
vient de faire en la personne de M. Jn-
210
( i624 )
MM.
Ini/ic Pnssy
RI. le Président donne lecture d'une
Lettre qui lui est adressée par M. Iln-
bcri, avec quelques épreuves d'un por-
trait de M. Dumas
M. le Président annonce à l'Académie
la perte qu'elle vient de faire dans
la personne de SI. Cl. Biinliii , Corres-
pondant de la Section Mécanique....
M. le Président annonce à l'Académie la
perte qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. J. de la Rire, l'un de ses
.Associés étrangers
Piif;es.
80T
u48
1253
MM. rases
— M. le Président annonce à lAcadéuiic la
perte qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. Cl. Car, Membre de la
Section de Botanique i3i3
— M. rlc Quatrcfagcs est nommé Membre
de la Commission chargée de proposer
une question pour le grand prix des
Sciences physiques à décerner en 1875. 1412
QUINQU.\l]D (E.). — Sur la respiration des
végétaux aquatiques immergés. ( En
commun avec M. P. Sclnitzenbcrger.). 27a
— Sur les variations de l'hémoglobine dans
les maladies 447^1 487
R
RABUTEAU. — Observations sur quelques
liquides de l'organisme des Poissons, des
Crustacés et des Céphalopodes. (En
commun avec M. F. Papillon.) i3J
— Des variations de l'urée sous l'inlluence
de la caféine, du café et du thé 489
— Observations touchant l'action de cer-
taines substances toxiques sur les
Poissons do mer. (En commun avec
M. F. Papillon.) 1370
R.4NVIER (L.). — Propriétés et structures
différentes des muscles rouges et des
muscles blancs chez les Lapins et chez
les Raies i o3o
— Quelques faits relatifs au développement
du tissu osseux i io5
— Sur les éléments conjonctifs de la moelle
épinière 1 29g
R.\OULT. — Recherches sur l'absorption de
l'ammoniaque par les solutions salines. 1078
RARCHAERT (L.) adresse une Note relative
aux résultats obtenus avec sa locomotive
à double articulation et à deux cy-
lindres 527
RAYON soumet au jugement de l'Académie
un nouveau système de calorifère, des-
tiné au chauffage des appartements. . . . i336
RAYET. — Sur le spectre de la comète III do
1873. (En commun avecM. C.Jf'olf,). 529
— Sur le spectre de l'atmosphère solaire. . . 629
— Sur les changements de forme et le spec-
tre de la comète 1873, IV. (En commun
avec M. Jndrc.) 564 et 638
REJOU (R.) adresse une Note concernant
l'emploi des feuilles de tabac pour com-
battre le Phylloxéra (j()6
RESAL. — Note sur le ])lanimèlro polaire.. Sog
— Note accompagnant la présentation du
« Cours de Mécanique appli(iuée au.\
machines » de M. /.-/'. Poiudci 1254
— M. licsal est nommé Membre do la Com-
mission chargée de juger le Concours du
prix Fourncyron 329
— Et de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Dalmont 329
— M. Resal est désigné pour remplacer feu
M. Dupin dans la Commission nonnnée
pour juger le Concours du prix de Méca-
nique 1 1 78
RESPIGHI. — Sur la grandeur des variations
du diamètre solaire 715 et 774
REVELL.4T (J.-P.). — Solution analytique
du tracé des courbes à plusieurs cen-
tres, décrites d'après le procédé géo-
métrique de Perronet 434
REYE (Th.). — Réponse à W.Fayc, concer-
nant les taches solaires 1 1 78
RIBAN (J.). — Sur le chlorhydrate de téré-
bène et l'isomérie des composés de for-
mule C'MI'", IlCl 483
RICHE adresse une Note sur des expériences
à effectuer, concernant l'action du ma-
gnétisme sur les organismes vivants. . . 4/3
RICHTER (F.) adresse une Note relative à
un artifice permetlant d'agrandir la
sphère d'attraction d'un électro-aimant. 1094
RIFFARD (Edm.). — Méthode de dosage du
sucre au moyen du fer 1 io3
RIOLET adresse une Note relative à un [iro-
jet d'aérostat 34G
ROBERT (E.). — Sur le gisement de \Endo-
geiiitcs cchinattis qui fait partie de la
collection de végétaux fossiles du Mu-
séum 729
ROBIN (Cil.). — Sur les organes phospho-
rescents thoraciiiues et abdominaux du
Cocuyo (le Cuba [Pfrop/ionis /loctiliicus ;
Elatcr riociilticus L.). (En commun a\ec
M. -V. Laboiilbèiie) 5i i
— M. Robin est adjoint à la Section de 5lé-
decine et de Chirurgie pour juger le
Concours du prix de Physiologie de la
( -6
MM. Pages.
fondation Lacaze i2i5
nOCIIE (É.-A.).— Est nommé CorrospondanI,
pour la Section d'Astronomie, en rem-
placement de feu l'amiral Smrlh iSai
ROCHON adresse les observations de six cas
do !;iiérison de rétrécissements multiples
de l'iirètro, par la méthode do strictu-
rotomie, dite immédiate 8(3
ROLET (E.) adresse une Note relative à un
projet d'aérostat 34C
ROLLAND (E.). — iM. Rnllnnd est nommé
Membre de la Commission chargée de
juger le Concours du prix Fourneyron. 829
— Et de la Commission cliargée do juger le
Concours du prix Dalmont 829
R01\JAIN D'OLIZAK adresse une Note rela-
tive à une machine nouvelle de son
invention 4u
ROiALVNOWSKI adresse des remarques con-
cernant la cause et la nature du choléra. 772
RONDEPIERRE (E.) adresse une Note con-
cernant l'efficacité que pourrait avoir,
contre le Phylloxéra, la décoction de
feuilles de noyer 986
ROSE (G.) — Son décès, arrivé le i5 juil-
let 1878, est annoncé à l'Académie. . . . 264
ROUBY (J.) adresse une Lettre relative aux
cfl'ets toxiques produits par une eau qui
avait parcouru des conduits en plomb.. 1221
— Adresse une Note relative à un nioven
25 )
!*1M. Pages.
pour prévenir les inondations 1887
ROUGE adresse de nouveaux documents, re-
latifs à sa méthode pour le traitement
chirurgical de l'ozène 1094
ROULIN (^.).—l\.Rniilin est nommé Membre
de la Commission chargée de juger le
Concours pour le prix Bordin à décer-
ner en 1878 264
— Sur certains cas de double monstruosité,
observés chez l'homme 920
ROUSSEL (V.). - Sur la présence et le
dosage du titane et du vanadium dans
les basaltes des environs de Clermont-
Ferrand 1 1 02
ROUSSET adresse une nouvelle Note con-
cernant les causes des maladies 188G
ROUSSILLE (A.) adresse une Note sur les
ravages que pourrait exercer le sulfure
de carbone, employé pour détruire le
Phvlloxera, sur la vigne elle-même. . . . 772
ROUVILLE (P. de). — "Sur la formation
tertiaire supra-nummulitique du dépar-
tement de l'Hérault 1 197
ROUX. — Sur la chaleur de combustion des
matières explosives. (En commun avec
M. Sarrau.) 188 et 478
ROUX (E.). — Des variations dans la quan-
tité d'urée excrétée avec une alimen-
tation normale et sous l'inlluence du
Ihé et du café 3C5
SACC adresse une Note concernant l'action
de l'acide nitrique sur les chlorures al-
calins i3o5
SAINT-CVR. — Expériences sur le scolex
du Tn'riia niediocancllata 58C
SAINT-VENANT (de). — Examen d'un essai
de théorie de la poussée des terres
contre les murs destinés à les soutenir. 284
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Cii.). - M. Ch.
Sainte-Chirc DcviHc appelle l'attention
de l'Académie sur le « Rulletin météoro-
logique du département des Pyrénées-
Orientales, pour l'année 1872 » 932
— El sur une brochure de M. le /)' F/nci-,
intitulée « Vent, sa direction et sa
force, observées à Perpignan » 968
— Fondation d'un Observatoire météorolo-
gique au pied du pic du Midi , par la
Société Ramond io05
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (H.). — M. H.
Sainte-Claire Dffille est nommé Mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix de Physique de la
fondation Lacaze 4'-*4
SARRAND (A.) adresse une Note relative à
deux remèdes qu'il propose contre le
Phylloxéra 5C2
SARRAU. — Sur la chaleur de combustion
des matières explosives. (En commun
avec }S. Jioi/x.) i38 et 478
S.VUVAGE (H.-E.). - De la classification
des poissons qui composent la famille
des Triglides (Joues-cuirassées de Ciwier
et Jalenciennes.) yaS
SCHEURER-KESTNER (A.). - Études sur
divers combustibles du bassin de Do-
netz et de Toula (Russie). (En commun
avec M. Cli. Meutiirr-Dollfus.) i385
SCHLŒSING (Th.). —Étude do la nitri-
ficalion dans les sols 208 et 353
SCHRAUF (Alb.). — Sur les formes cristal-
lines de la lanarkite d'Ecosse 64
SCHUTZENBliRGER (P.). - Sur la respira-
tion des végétaux aquatiques immergés.
(En conmiun avec M. E. Qiiimjiiai/t/.). , 272
SECCHI (P.). — Sur les spectres du fer et
de quelques autres métaux, dans l'arc
voltaïque 178
210..
Pages.
MM.
— Nouvelles recherche.« sur le diamètre
solaire
— Réponse à une Note de M. Respi<^lii, sur
la grandeur des variations du diamètre
solaire
— Suite des observations .sur les protubé-
rances solaires, pendant les six dernières
rotations de l'aslre, du aS avril au 2 oc-
tobre 1873; conséquences concernant
la théorie des tache*
SECRÉTAIRESPERPÉTUELsl-Voiràl.'ife
de Beaumont et AI. Dumas
SEDILLOT (C). - De la gahanocaustie 'ther-
mique ou électro- thermie, appliquée
aux opérations chirurijicales
SEDILLOT (L.-Am.) est "présen'ti "p,;;" 1;
Commission chargée de préparer une
liste de candidats pour la place d'Aca-
demicien libre, vacante par la mort do
m. de Verncuil , _ _
SÉGUIER _ M. Séguicr^ii nommé Membre
SEGUIN (J.) adresse un entozoaire trouvé
SFRRFT M ""Vf t^^°"^''"«'e d'«ne ablette. 027
SERRET ( J..A.).-M. Srrrct fait hommage à
I Académie de deux Mémoires sur les
fonctions entières irréductibles suivant
un module premier 3
SIACCI (F.). - Sur un théorème deMéca- '
nique céleste „„
SICARD(H.). _ Sur '
glions cérébroïde:
( 1626
i53
204
977
249
"47
133
MM.
Pages.
1193
4-2
1434
son evo-
la structure des gan
-S du Zoiiitex al^iriit
SIGNORET.- Du Phylloxéra et de s
lution
SILVA (R.-D.). _ Sur' un" nouvel isomère
de lacide valérianique. (En commim
avec M. C. Friedet.)
SMITH (L.). - Note sur le corindon de la
Caroline du Nord, de la Géorgie et de
275
343
48
*'o"lana 35c pt
— Masse de fer météorique découverte en
creusant un fossé; observations sur la
structure moléculaire du fer météorique;
protochlorure solide de fer dans les mé-
téorites
SMITII (S.) soumet au jugement de l'Aca-
démie un Mémoire sur les équations
modulaires
SOCIÉTÉ CENTRALE D'AGRicULTURE DE
FRANCE (la) adresse à l'Académie le
Compte rendu de sa dernière séance
publique
SOURBÉ (T.) adresse divers documents con-
cernant la substitution du pesasse mé-
trique des alcools à leur mesurase .
SPOTTISWOODE (W.). - Sur les plans
tangents triples à une surface. . . ■ 181
STEENSTRUP (h].~U.Slcc.strup est nom-
me Correspondant, pour la Section d'Ana-
tomie et Zoologie, en remplacement de
M. Jgnssiz, élu Associé étranger 33
- Adresse ses remercîmenls à l'Académie.'
STEPHAN. _ Observations de la planète
(i33) et de la comète de M. Borrelly.. .
- Sur la comète de Brorsen et la comèlie dé
Paye, retrouvées à l'Observatoire de
Marseille
- Nouvelles observations de la comète pé-
riodique de M. Faye, et découvertes et
observations de vingt nébuleuses, faites
à l'Observatoire de Marseille
STOKES (G. -G.). — Sur l'emploi du prisme
dans la vérification de la loi de la double
réfraction
STRAUS (J.)
Sur le fonctionnement de
l'appareil respiratoire après l'ouverture
de la paroi thoracique. (En
avec M. G. Carlct.)
,433
563
6c5
i3G4
ii5o
commun
■ 720 et
io3o
TABARIÉ. - La famille de M. Tabarié de-
mande la restitution de plis cachetés
déposés par lui le 5 janvier i863.. ' iSj,
TACCIIINI. - Nouvelles observations snecl
Irales, en désaccord avec quelques-unes
des théories émises sur les taches so-
laires
- Nouvelles observations relà'tive's'à" ia pré- '^
sence du magnésium sur le bord du
Soleil, et réponse à quehpies points de
la théorie émise par M. Fnjc. . . ,;„,;
TAMIN-DESPALLES (0.) adresse un Mél
moire sur le choléra ^,r
TARRY(H.). _Lescyclonesdu'so'i;;r;om'- '
parés a ceux de notre atmosphère 44 ]
I - Procédé pour déterminer la direction et
I la force du vent; suppression des gi-
rouettes : application aux cyclones "^ II 17
TEINTURIER ( F.) adresse un Mémoire por-
tant pour titre : « Les xMerveilles du
Ciel et de la Terre. » 5G2
TELLIER (Ch.) adresse une Note sur l'em-
ploi de moyens préventifs contre le
choléra
— Informe l'Académie qu'il vient d'organi-
serdesexpériences permanentes, pour la
conservation de la viande fraîche par
1 application du froid ,221
TERREIL(A.) - Nouvelles recherches' sur
la préparation du kermès; action des
4:3
( -6
MM. Pages,
carbonates alcalins et des bases alcalino-
terreuses sur le sulfure d'antimoine. . . i5oo
THENARD (P.).— M. P. Thcnnrd ei\, nommé
Membre de la Commission chargée de
juger le Concours du prix Morogues
pour I S73 4''-''
THOLOZAN (J.-D.).- Du développement de
la peste dans les pays montagneux et
sur les hauts plateaux de l'Europe, de
l'Afrique et de l'Asie 107
TISSANDIER (G.). — Observations météo-
rologiques en ballon 839
TISSERAND (F.). — Sur les étoiles filantes
des 9 et 10 août 49S
— Sur les étoiles fdantes de décembre. . . . 1439
TOMMASI (D.). — Action du chlorure de
benzyle sur la naphtylamine. (En com-
mun avec M. Cli. Froic.) 57
— Sur une combinaison d'acide picriqiie et
d'anhydride acétique. (En commun a\ec
M. H. Diwid.) 207
— Sur un nouveau système de télégra-
phie pneumatique. (En commun avec
M. R.-F. Michel.) 281
TRANNIN (H.). —Note sur un procédé des-
tiné à mesurer l'intensité relative des
éléments constitutifs des différentes
sources lumineuses i495
TRÉCUL (A.). — De la théorie carpellaire,
d'après des Renonculacées 402
— De la théorie carpellaire d'après des
Amygdalées 549
— Réponse à M. Pasteur, concernant l'ori-
gine de la levure de bière i3i3
— Réponse à des observations présentées
27 )
MM. Pages.
par M. Pasteur, au sujet du Procès-ver-
bal 1442
— M. Trêcul est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Hordin pour 1873 522
— Nouvelle Réponse à i\I. Pasteur, concer-
nant l'origine de la levure de bière. . . . i5i2
TRÈMAUX adresse une Note tendant à mon-
trer que « les limites de combinaisons
et de décompositions électriques consta-
tées par MM. P. et Jrn. TIténard sont
des cas particuliers de la loi générale
qu'il a considérée comme base du prin-
cipe universel » 1 40
TRESCA (H.-É.). — M. Tresra est nommé
Membre de la Commission cluirgée de
juger le Concours du prix Fourneyron. 329
— El de la Commission chargée de juger le
Concours du prix Dalmont 829
TREVE (A.). — Note sur le magnétisme... 129G
TROMENEC (dk). — Sur un moyen de com-
parer les poudres entre elles nC
TROUVÉ. — Sur une nouvelle disposition
de la pile hydro-électrique à sulfate de
cuivre i55i
TRUCHOT (P.). — Sur la proportion d'acide
carbonique existant dans l'air atmo-
sphérique ; variation de cette propor-
tion avec l'altitude G75
— Sur la quantité d'ammoniaque contenue
dans l'air atmosphériqu(! à différentes
altitudes 1 i5g
TUL.4SNE. — M. Tuinsne est nommé Mem-
bre de la Commission chargée de juger
le Concours du prix Rordin pour 1S73.. 622
U
URBAIN (V.). — Du rôle des gaz dans la
coagulation de l'albumine. (En commun
avec M. E. Mathieu.) -oG
VALÉRIUS(H.). — Réclamation de priorité
au sujet d'une Note récente de M. Mer-
cudier, sur le mouvement d'un fil élas-
tique dont une extrémité est animée
d'un mouvement vibratoire
— Réponse à une nouvelle Note de JI. Mer-
cadier sur le même sujet
VALSON (C.-A.). — Recherches sur la dis-
sociation cristalline : évaluation et ré-
partition du travail dans les disso-
lutions salines. ( En commun avec
M. P.-A. Fnvrc] 677, 802 et
VEILLET (A.) adresse une Note relative à
041
184
907
une machine hydraulique destinée à la
création des chutes artificielles, etc. . . . 4-'4
VICAIRE (E.). — Sur la constitution du So-
leil et la théorie des taches. ... 40 et 1491
VIC.\T adresse une Noie relative à un in-
strument formant tarière, qu'il a con-
struit spécialement pour introduire les
substances insecticides jusqu'aux racines
de la vigne 6o3
— Adresse le dessin de cette tarière 10 iG
VICO (E. de) adresse, pour le concours du
prix de La Fons-Mèlicocq à décerner
en 1874, un catalogue raisonné des
{
MM. f^i
plantes vajculaires du dôpartoment de
la Somme. (En commun avec M. B. de
BnilclcUc.)
VID.VL (L.). — Polychromie photograplii-
(pie
VIGNIAL adresse une Note relative à la dé-
générescence des viu;nes et aux procédés
qui permettraient de les régénérer....
VIGNON. — Du pouvoir rolatoire de la man-
nite
VILLARCE.\U (Yvon). - Note sur le régu-
1628 )
MM.
[;e3.
340
'9'
latenr isochrone, construit par M. Brc-
'^iict, pour l'observation du passage de
Vénus à Yokohama 80
— Note concernant le changement do la
vitesse de régime, dans les régulateurs
isochrones 1 5 1
VINCENT (C). — Mode de prod\iction des
méthylamines dans la fabrication des
produits pyroligneux 898
VIOLLETTE (Ch.). — Sur la purification du
gaz hydrogène 940
w
WALLACE (.1.) adresse une Note sur la cause
et le traitement du choléra 835
WEST adresse une Note concernant l'utiliti;
de l'étude des volumes des équivalents
chimiques, qu'il a entreprise G02
WHE.\TSTONE (Cn.). - M. U'hcatstnnc,
élu Associé étranger, adresse ses remer-
ciments à l'Académie 433
WILLIAMSON. — M. U'ilUaimon est élu
Correspondant pour la Section de Clii-
mie, en remplacement de feu M. Bc-
rnrd i ai 5
— Adresse ses remercîmenls à l'Académie. 1337
WOLF (C). — Découverte de deux i:ouvelles
comètes, par M. Borrelly et M. Paul
Henry 5i8
— Sur le spectre de la comète III de 1873.
(En commun avec M. Rinet.) 529
— Observations des étoiles filantes de no-
vembre 1 3(5 1
WUUTZ (P.). — Action de l'iode sur l'acide
uriquc 1 548
YOF adresse une Note relative à un procédé
de destruction des insectes 269
YVON VILLARCEAU. - Voir rnimcemi.
ZEUTHEN (H.-G.). - Sur les différentes
formes de courbes du quatrième ordre. 27
ZININ. — M. Ziiiin est élu Correspondant
liour la Section île Chimie, on rempla-
cement de feu M. Graham 1 ?. 1 5
— Adresse ses remercîmenls à r.\cadémie. 1434
ZVCKI (J. m;) adresse une Communication
relative au choléra 930
c\viTuii;n-vii.i.\ris, nipuiMiîrn i.niiAinE des comités rendus des séances de l académie des sciknci
Paris. — U"<'' des Augusiins, 55.
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