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Full text of "comptesrendusheb77acad"

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Uàm. 


WHITNEY   LIBRARY, 
HARVARD  UNIYERSITY. 


THE  GIFT  OF 
.1.    D.    WHITNEY; 

Stuff/is  Hooper  Professor 


MUSEUM  or  COMPARATIVE  ZOOLOGT 


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COMPTES  RENDUS 


IlEBDOMADAmES 


DES  SÉANCES 
DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCE 


PAniS.    —    IMPRlMEnlE   DE   GAUTHIEB-VILLARS,    QUAI    DES   AUGBSTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PCIiLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 
PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  SOIXANTE -DIX-SEPTIEME. 

JUILLET— DÉCEMBRE  1875. 


PARIS, 


GAUTHIER-VILLARS ,  IMPRBlEUR-LiBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

SUCCESSEUR  DE  MALLET-BACHELIER, 

Uuai  des  Augustins,  55. 

'"    1873 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  JUILLET  187.'. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

priYSlOLOGlE  NORMALE  ET  PATHOLOGIQUE.  —  Nouvelles  vecliercties  cliniques 
sur  la  localisation,  clans  les  lobes  cérébraux  antérieurs,  de  l'action  par  la- 
quelle le  ceiveau  concourt  à  la  faculté  psycho-physiologique  de  la  parole; 
par  M.  Boi]illaud(i). 

L   Récit  abrégé  de  quelques  nouveau.r  cas  de  lésions  de  la  faculté  de  parler, 
provenant  d''unc  lésion  du  cerveau  (2). 

«  A  l'observation  de  perte  complète  de  la  parole  que  j'ai  eu  l'honiieur  do 
communiquer  à  l'Académie,  qu'il  me  soit  permis  d'en  ajouter  ici  quelques 
autres,  au  moyen  desquelles  on  pourra  se  faire  une  idée  des  autres  foi-mes 
principales  des  lésions  que  cette  faculté,  si  compliquée,  peut  offrir. 

))  Parmi  ces  nouvelles  observations,  les  unes  seront  relatives  aux  lésions 

(i)  Cette  ComiTiunication,  commencée  par  M.  Boiiillaud  dans  la  séance  du  3o  juin,  n'avait 
pas  été  achevée,  l'Académie  ayant  dû  se  former  en  comité  secret. 

(?.)  Je  déclare  ici,  une  lois  pour  toutes,  que,  dans  tous  les  cas  de  l'espèce  dont  il  sera 
question  ici  ,  toutes  les  conditions  nécessaires  à  la  parole  ,  autres  que  celles  dont  nous  nous 
occupons,  soni  supposées  à  l'état  normal,  c'est-à-dire  l)ien  conservées. 


(  «) 

isoires  do  l;i  |)arole,  les  autres  nppartieiulroiit  à  ces  mêmes  léiions,  accom- 
pagnées de  lésions  d'une  ou  de  plusieurs  autres  tacidtés  spéciales  de  l'in- 
telligence. 

»  Je  commencerai  par  un  cas  dans  lequel  l'ouverture  du  corps  fournit 
un  exemple  remarquable  de  l'une  des  lésions  des  lobes  antérieurs  du  cer- 
veau, capables  de  produire  les  lésions  de  la  parole  dont  nous  nous  occu- 
pons. 

■>  Première  obscivtitinn.  —  Un  niemiisier,  âgé  de  trente  et  un  ans,  entre  dans  notre  ser- 
vice clinique,  le  16  juin  1840,  un  mois  :ipiès  avoir  fait  une  cliiile  du  liaut  d'une  échelle. 

>.  La  parole  est  einliarrassce,  liien  (jiii'  les  luouveiiienls  de  la  langue  et  des  lèvres  soient 
parfaitement  libres.  Il  ne  peut  donner  aucun  détail  sur  sa  chute,  dont  il  n'a  cependant  pas 
jiciilii  le  ^ouvcnir.  A  piine  a-t-ii  «lit  quchpics  mots,  qu'il  s'arrête.  Il  conserve  la  liberté  des 
mouvements  de  ses  membres. 

•  iSjuin.   Le  malade  bégaye  et  bredouille,  mais  prononce  quelques  mots  intelligibles. 

»  27-28  juin.  Il  lire  facilement  la  langue,  la  porte,  à  volonté,  dans  tous  les  sens;  néan- 
moins, il  ne  peut  répondre,  et  encore  avec  peine,  que  par  les  mots  oui  et  non. 

•  ■"■juillet.  Lorsque  le  malade  veut  répondre  à  quelques  questions,  on  le  voit  agitei'  les 
lèvres,  marmotter  quelques  sons,  s/ms  articuler  distinctement  iiucunc  st  llitbe.  —  Il  succombe 
(]iielques  jours  après  à  une  méningite  généralisée,  sans  avoir  recouvré  un  seul  instant  la 
parole. 

"  A  l'ouverlure  du  corps  on  rencontra  la  lésion  suivante  des  lobules  antérieurs  du  cer- 
veau. On  ne  put  les  séparer  de  la  pie-mère,  à  laquelle  ils  adhéraient,  sans  déchirer  la  sub- 
stance grise,  qui  était  ramollie  surtout  à  la  partie  la  plus  antérieure  de  la  face  inférieure  du 
lobule  droit.  Les  deux  lobides,  dégagés  de  la  pie-mère,  offraient,  principalement  à  la  région 
inférieure,  un  aspect  chagriné,  provenant,  en  partie  du  moins,  de  la  déchirure  indiquée,  et 
l'on  comptait  25  à  3o  érosions  plus  ou  moins  profondes  (quelques-unes  de  2  à  5  et  6  lignes 
<le  profondeur).  Elles  étaient,  ainsi  que  les  foyers  de  ramollissement,  plus  nombreuses  à 
droite  qu'à  gauche,  et  c'était  particulièrement  à  la  partie  la  plus  antérieure  et  au  plancher  du 
lobule  antérieur  droit  que  la  substance  cérébrale  était  ramollie  en  pulpe;  de  ce  coté,  les 
érosions  et  le  rainollissemeut  s'étendaient  jus()u'à  la  scissure  de  Sylvius,  mais  la  partie  anté- 
rieure était  d'une  mollesse  plus  que  difflucnte 

u  Deuxième  observation.  —  Presque  à  la  même  jilace  où  est  couché  ce  malade,  nous 
avons  eu  sous  nos  yeux,  pendant  deux  années  au  moins,  un  malade  du  nom  de  Bàscle  qui 
lui  ressemblait  beaucoup  sous  le  raj)port  de  la  perle  de  la  parole,  mais  qui  n'avait  pas  été, 
comme  lui,  frappé  d'hémiplégie.  Il  était,  lui  aussi,  fort  intelligent,  parlait  en  quelque  sorte 
du  geste  ou  mimiqucment,  et  ne  pouvait  prononcer  (ju'un  juron  en  quatre  mots  [S.  n.  il.  D.), 
(|ui  lui  échappait  comme  automati([uement,  et  comme  rex|)rcssion  énerj^ique  de  la  contra- 
riété, de  l'impatience  qu'il  éprouvait  de  ne  pouvoir  répondre  aux  jdus  pressantes  questions 
iju'ou  lui  adressait  et  qu'il  comprenait  à  merveille. 

<i  Troisième  observation.  —  J'ai  vu,  il  y  a  déjà  bien  des  années,  la  femme  d'un  juge  de 
paix  de  l'un  des  cantons  de  mon  département  natal,  tiès-intelligente,  très-respectable,  très- 
pieuse,  qui  ne  pouvait  jirorKUicer  que  ces  mois:  mon  Dieu!  mon  Dieu! 


(   7  ) 

I)  Quatrième  observation.  — •  «  Un  notaire,  i>  raconlo  Pinel  (  Traite  fie  l'alié/iatiofi  inen- 
tale^.,  «  avait  oublié  son  propre  nom,  ceux  de  sa  femme,  île  ses  enfants,  de  ses  amis, 
quoique  d'ailleurs  sa  langue  jouît  de  toute  sa  mobilité.  Il  ne  savait  plus  ni  lire,  ni  écrire,  et 
cependant  il  paraissait  se  ressouvenir  des  objets  qui  avaient  fait  autrefois  impression  sur  ses 
sens  et  qui  étaient  relatifs  à  sa  profession.  On  l'a  vu  désigner  avec  les  doigts  des  dossiers 
qui  renfermaient  des  actes  qu'on  ne  jjouvait  retrouver,  et  indiquer  par  d'autres  signes  qu'il 
conservait  l'ancienne  chaîne  de  ses  idées.  » 

»  Cinquième  observation.  —  Un  soldat,  dont  parle  Gall,  et  qui  lui  avait  été  envoyé  par 
M.  le  baron  Larrey,  ressemblait  beaucoup  au  notaire  dont  il  vient  d'ctie  question.  «  11  est, 
dit  M.  Gall,  dans  l'impossibilité  d'exprimer  par  le  langage  parlé  ses  sentiuients  et  ses  idées  ; 
sa  figure  ne  porte  aucune  trace  d'un  dérangement  de  l'intellect.  Son  esprit  trouve  la  réponse 
aux  questions  qu'on  lui  adresse  ;  il  fait  tout  ce  qu'on  le  prie  de  faire.  .Te  lui  montrai  un 
fauteuil  et  je  lui  demandai  s'il  savait  ce  ([ue  c'était  ;  il  me  répondit  en  s'asseyant  dans  le 
fauteuil.  Il  est  incapable  d'articuler  sur  le  cliamp  un  mot  qu'on  prononce  pour  le  lui  faire 
repéter  ;  mais  quelques  instants  après  ce  mot  lui  échappe  involoniairemenl.  Dans  son  em- 
barras, il  montre  du  doigt  la  partie  inférieure  de  son  front  ;  il  témoigne  de  l'impatience  et 
indique  par  des  gestes  que  c'est  de  là  que  vient  son  impuissance  de  parler.  Ce  n'est  point 
sa  langue  qui  est  embarrassée,  car  il  la  fait  mouvoir  avec  une  grande  agilité,  et  il  prononce 
très-bien  un  grand  nombre  de  mots  isolés.  Ce  n'est  pas  non  plus  sa  mémoire  qui  est  en 
défaut,  car  il  me  témoigne  très-vivenicnt  qu'il  est  fâché  de  ne  pouvoir  pas  s'exprimer  sur 
beaucoup  de  choses  qu'il  eût  voulu  me  raconter.  Il  n'y  a  d'aboli  chez  lui  que  la  faculté  de 
parler.  Ce  soldat,  tout  comme  le  malade  de  M.  Pinel,  n'est  plus  capable  ni  de  lire  ni 
d'écrire  (ij.  » 

»  Si.rième  observation.  —  M.  P...,  âgé  de  cinquante  ans,  gendre  d'un  très-honorable  et 
distingué  médecin  de  Châtellerault  (M.  L...),  convalescent  d'un  rhumatisme  articulaire  aigu, 
se  couche  gaiement  le  2  avril  i865.  Il  s'éveille  à  10  heures  et  s'aperçoit,  en  voulant  pailer 
à  sa  femme,  que  les  mots  lui  faisaient  défaut  pour  exprimer  ses  idées,  qui  d'ailleurs  étaient 
parfaitement  lucides.  Il  prenait  les  "mots  qu'il  parvenait  à  prononcer  les  uns  ])Our  les 
autres,  se  frappait  le  front  en  signe  d'impatience  de  ne  pouvoir  se  faire  comprendre. 

))  lo  avril.  M.  P...  veut  donner  des  ordres  à  ses  domestiques,  mais  il  ne  peut  s'en  faire 
comprendre,  parce  qu'il  lui  manque  certains  mois  et  que,  parmi  ceux  qui  lui  restent,  il  en 
est  qui  sont  prononcés  pour  d'autres  et  ne  s'appli(juent  pas,  par  conséquent,  aux  choses 
qu'il  veut  indiquer. 

..  3o  mai.  Si  le  malade  prend  le  temps  de  chercher  ses  mots,  il  parvient,  avec  une  pé- 
nible lenteur,  à  se  rendre  intelligible.  Il  reconnaît  bien  ce  progrès,  et,  en  y  songeant,  la 
joie  se  peint  sur  son  visage  et  dans  son  regard. 

»  5  et  12  juin.  On  obtient  les  renseignements  suivants  touchant  l'écriture,  la  lecture,  le 
calcul,  la  musique,  chez  le  malade  : 

»  i"  Les  lettres  sont  bien  tracées,  mais  elles  ne  viennent  que  confusément,  sans  ordre  con- 
venable, ne  forment  point  de  mots,  et  ne  peuvent  exprimer  une  pensée  quelconque.  Il  n'a 

(1)  Ainsi,  chez  ce  soldat  qui  n'est  pluscajjable  ni  de  lire  ni  d'écrire,  il  n'y  a,  selon  Gall, 
d'aboli  que  la  /parole  !  C'est  comme  s'il  eût  dit  que  cliez  ce  même  soldat,  incapable  de 
parler,  il  n'y  avait  d'aboli  que  la  faculté  de  lire  et  d'écrire. 


(  «  ) 

|)ii  écrire  que  son  nom.  Tous  ses  efforts  pour  en  écrire  d'autres  n'ont  eu  pour  résultat  que 
(les  lettres  bien  formées,  mais  sans  suite,  sans  ordre,  sans  arranj^'ement  qui  pussent  consti- 
tuer des  mots. 

"  2°  Le  malade  iil  TO('«^fl/e»;r«;  des  |>liras('s  entières  qu'il  conçoit  bien,  dont  il  se  rend 
compte,  mais  qu'il  ne  peut  rendre  par  la  parole.  Toutefois,  avec  un  grand  effort  d'atten- 
tion et  de  volonté,  il  a  pu,  lentement,  lire  haut  et  correctement  deux  à  trois  lignes  seu- 
lement. 

»  3°  M.  P...,  qui,  avant  sa  maladie,  avait  une  grande  aptitude  pour  le  calcul,  a  fait 
assez  lestement  une  addition  correcte  de  deux  lignes  de  chiffres.  Cependant  il  reste  beaucoup 
à  désirei'  sous  ce  nouveau  rapport. 

•  4°  M'"'  ?•••  ayant  prié  son  mari,  qui,  dans  l'état  de  santé,  faisait  sa  i)rincipale  occupa- 
lion  de  la  musique,  d'essayer  de  composer  et  de  noter  quelque  air,  il  prit  un  papier  rayé 
et  se  mit  à  composer  et  à  écrire,  sans  la  moindre  hésitation,  quelques  lignes  que  sa  femme 
exécuta  sur  le  piano,  toute  stupéfaite  de  l'exactitude  de  la  composition,  exemple  de  toute 
faute  ou  erreur  musicale.  11  se  prit  ensuite  à  moduler  de  sa  voix  (non  articulée]  l'air  écrit, 
et  accom|)agna,  avec  correction  et  harmonie,  les  sons  du  piano,  ne  laissant  échapper,  sans 
les  relever,  les  moindres  fautes  ou  négligences  dans  la  modulation  des  sons. 

u  5°  La  perte  de  la  parole  (aphasie)  persiste.  Le  malade  ne  peut  prononcer  ce  qu'il  lit, 
et  il  ])arvient  à  montrer  plus  ou  moins  clairement  qu'il  comprend  ce  qu'il  lit.  Il  ne  peut 
crrire  de  lui-même,  mais  parvient  à  copier  quelques  mots. 

»  Passoiis  à  une  seconde  série  d'observations.  Chez  certains  individus, 
affectés  de  lésion  partielle  de  la  faculté  de  parler,  cette  lésion  peut  ne  porter 
que  sur  certains  noms,  comme  ceux  des  personnes,  des  choses,  des  lieux, 
des  faits,  des  événemenis.  Quelquefois  aussi  elle  n'est  relative  qu'à  certains 
genres  de  mois,  tels  que  les  verbes,  les  substantifs,  etc.  Citons-en  quelques 
exemples  : 

>.  Septième  observalioit.  —  Le  célèbre  Cuvier  avait  connu  un  homme  qui  avait  perdu 
seulement  la  mémoire  des  noms  substantifs,  en  sorte  qu'ilconstruisait  régulièrement  et  com- 
plètement une  phrase,  à  cela  près  des  mots  de  cette  espèce. 

"  Huitième  obse/mlio/i.  —  Moi-même,  il  y  a  quelques  années,  j'ai  vu  plus  d'une  fois,  à 
Saint-Clouil,  avec  M.  le  D"'  Tahére,  un  monsieur  qui  ne  prononçait  jamais  aucun  verbe. 
Il  juDUoiK  ait  d'ailleurs  avec  une  sorte  de  volubilité,  et  écrivait  des  phrases,  même  des  dis- 
cours, mais  il  peu  près  incorai)réhensibles,  en  raison  de  cette  absence  constante  des  verbes. 

»  Ncwième  observation.  —  M.  le  l)aron  Larrey  conduisit  chez  M.  Gall  un  de  ses  malades 
qui,  à  la  suite  d'un  coup  de  fleuret,  dont  la  pointe  pénétra  dans  la  région  frontale  du  cer- 
veau, à  gauche,  avait  perdu  complètement  la  mémoire  des  noms  propres,  entre  autres  celui 
de  M.  le  baron  Larrey  qu'il  désignait  par  celui  de  Monsieur  Chose.  Il  avait  conservé  la  mé- 
nioire  des  images,  des  personnes,  etc. 

«  Relativement  aux  personnes  aphasiques,  chez  lesquelles  la  faculté  d'écrire  n'est  pas 
abolie,  M.  Baillarger  m'a  raconté  un  cas  qui  mérite  de  trouver  place  ici.  La  personne  apha- 
sique qui  en  est  le  sujet  était  privée  aussi  de  la  faculté  d'écrire  d'elle-même  un  mot  donné, 
celui  de  chapeau,  par  exemidc,  mais  clic  pouvait  aussitôt  le  copier,  si  on  lui  mettait  sous 
les  yeux  ce  mot  écrit  par  une  antre  personne. 


(9  ) 

II.  —  Rèsnnic  itrs  doctrines  de  M.  Floureris  sur  1rs  lorali salions  ccrrhralrs. 

a  I.  Dans  les  mois  de  mars  et  avril  1822,  M.  Flourens  lut  à  rAcadémie 
un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  Délerminnlion  des  propriétés  du  système  ner- 
veux et  du  rôle  que  jouent  les  diverses  parties  de  ce  système  dans  les  mouvements 
dits  volontaires  ou  de  locomotion  et  de  préhension. 

«  Il  y  a,  dans  le  système  nerveux,  trois  propriétés  essentiellement  distinctes,  dit  M.  Flou- 
rens :  l'une  de  vouloir  et  de  percevoir  :  c'est  la  sensibilité;  l'autre  d'exciter  imniédiale- 
iiient  la  contraction  musculaire  :  c'est  l'excitabilité;  la  troisième  de  coordonner  les  mou- 
vements :  je  l'appelle  coordination. 

»  Dans  les  mouvenienls  dits  volontaires  ou  de  locomotion  et  de  préhension,  le  cervelet 
coordonne  ces  mouvements  en  mouvements  réglés,  marche,  course,  vol,  station,  préhen- 
sion, etc.;  les  lobes  cérébraux  veulent  et  pensent. 

»  Les  animaux  privés  de  lobes  cérébraux  ont  réellement  perdu  toutes  leurs  sensations, 
tous  leurs  instincts,  toutes  leurs  facultés  intellectuelles;  toutes  ces  facultés,  tous  ces  instincts, 
toutes  ces  sensations  résident  donc  exclusivement  dans  ces  lobes. 

»  Dés  qu'une  sensation  est  perdue,  toutes  le  sont;  dés  qu'une  faculté  disparaît,  toutes 
disparaissent,  et  conséqueniment  toutes  ces  facultés,  toutes  ces  sensations,  tous  ces  instincts 
ne  constituent  qu'une  faculté  essentiellement  une  et  résidant  essentiellement  dans  un  seul 
organe  (i). 

»  II.  Tout  le  monde  connaît  le  beau  Rapport  de  M.  Cuvier,  alors  Secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences,  sur  les  expériences  de  M.  Flou- 
rens. Voici  ce  que  j'y  remarque,  en  ce  qui  concerne  les  fonctions  du  cer- 
velet et  du  cerveau. 

»  Ce  que  les  expériences  de  M.  Flourens  paraissaient  à  M.  Cuvier 
avoir  de  plus  curieux  et  de  plus  nouveau,  c'est  ce  qui  coucenie  les  fonc- 
tions du  cervelet.  Après  avoir  exposé  les  phénomènes  produits  par  ces 
expériences,  il  dit  ne  passe  souvenir  qu'aucun  physiologiste  ait  fait  con- 
naître rien  qtii  ressemblât  à  ces  singuliers  phénomènes.  Certainement, 
ajoute-t-il,  personne  ne  s'était  encore  douté  que  le  cervelet  iùt  en  quelque 
sorte  le  balancier,  le  régulateur  des  mouvements  de  translation  de  l'animal. 
Selon  lui,  cette  découverte,  si  des  expériences  répétées,  avec  toutes  les 
précautions  convenables,  en  établissaient  la  généralité,  ne  pourrait  que 
faire  le  plus  grand  honneur  au  jeune  observateur  dont  il  analysait  le  travail. 

»  Lorsque  les  lobes  cérébraux  sont  enlevés,  dit  encore  M.  Cuvier,  la 
volonté  ne  se  manifeste  plus  par  des  actes  spontanés.  Cependant,  quand 


(i)  Dans  un  Mémoire  que  l'auteur  de  cette  Communication  a  lu  devant  l'Institut  en  1827, 
il  a  rapporté  de  nombreuses  et  exactes  expériences  contradictoires  à  celles  de  M.  Flourens, 
sous  le  rapport  dont  il  s'agit  ici. 

C.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (  T,  LXXVll,   N"  i.)  a 


(  lo) 
on  excite  imraéfliatement  l'animal,  il  excrute  des  mouvements  de  transla- 
tion rcijiiliirs,  coiniiie  s'il  clicrdiait  itislinrtivemcnt  à  fuir  la  douleur  et  le 
malaise;  mais  ces  mouvements  no  le  conduisent  point  à  ce  but,  très-proha- 
blement  parce  que  la  mémoire,  qui  a  disparu  avecles  lobes  qiii  en  étaient 
le  siège,  ne  fournit  plus  de  base  ni  d'éléments  à  ses  jugements.  Ces  mouve- 
ments n'ont  point  de  suite  par  la  même  raison,  parce  que  l'impression  qui 
les  a  causés  ne  laisse  ni  souvenir,  ni  volonté  durable. 

»  III.  A  l'époque  même  (1822)  où  le  système  de  localisation  cérébrale 
proposé  par  M.  Flourens  devenait  ainsi  le  sujet  du  mémorable  Rapport  de 
IM.  Cuvicr,  M.  Gall  publiait,  dans  un  format  iu-8°,  inie  nouvelle  édition 
de  son  grand  ouvrage  in-folio,  sur  V Aiialomie  el  la  Physiologie  du  cerveau. 

»  Selon  M.  Gall,  ce  que  les  expériences  de  INI.  Flourens  paraissent  offrir 
de  plus  basardé,  c'est  précisément  ce  qui  concerne  les  fonctions  du  cer- 
velet. Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  ici  quelles  étaient,  dans  la  doctrine  de 
Gall,  les  fonctions  de  cet  organe,  et  que  cette  localisation  particulière  était 
Tuie  de  celles  auxcjuelles  il  tenait  le  plus,  sa  localisation /(luo/iVe,  si  je  puis 
ainsi  i\ive.  Mais  on  me  permettra  bien  d'ajouter  que,  peu  d'années  a()rès 
la  publication  de  l'ouvrage  de  M.  Flourens,  je  publiais,  à  mon  tour,  des 
expériences,  et  de  plus  des  observations  cliniques,  qui  portaient  aussi  à 
cette  localisation  favorite  de  Gall  une  atteinte  des  plus  graves. 

in.  — Premières  rcchcrelies  tic    l'auteur  sur  ta    locaUsntinn,   dans  les  lobes  antérieurs  du 
cerveau,  du  principe  coordinateur  ou  régulateur  des  mom'cmettts  nécessaires  à  la  parole. 

»  C'est  en  1822,  étant  interne  à  l'hôpital  Cocliin,  que  je  recueillis  les 
premières  observations  d'après  lesquelles  je  conçus  l'idée  de  la  localisntion 
cérébrale  dont  il  s'agit  en  ce  moment.  Je  m'empressai  de  rechercher  dans 
les  ouvrages  de  iMM.  Rostan  et  I>allemaiid,  où  se  trouvaient  un  grand 
nombre  d'observations  de  maladies  du  cerveau,  des  arguments  favorables 
ou  contraires  à  l'idée  nouvelle.  J'avouerai  que  j'éprouvai  une  vive  satisfac- 
tion en  constatant,  de  la  manière  la  plus  formelle,  qu'elles  témoignaient 
en  faveur  de  la  localisation  proposée. 

»  Comme  celles  que  je  jiossédais  de  mon  côté,  les  observations  de 
MM.  I.allemand  et  Roslan  se  i)artageaient  en  deux  catégories  :  dans  l'une, 
se  plaçaient  celles  où  les  lésions  de  la  parole  provenaient,  en  effet,  de  ce 
que  les  mouvements  nécessaires  à  rarticulation  des  sons  vocaux  ou  à  la 
prononciation  des  mots  étaient  jilus  ou  moins  lésés  eux-mêmes.  L'autre 
catégorie  renfermait  les  observations  dans  lesquelles  les  mois  faisaient 
plus  ou  moins  défaut,  ou  se  trouvaient  tellement  dérangés  de  leur  ordre 
normal,  tellement  incoordonnés,  qu'il  était  impossible  de  les  comprendre. 


(  II  ) 

»  c'est  à  cette  dernièt-e  catégorie  de  cas  que  se  rapportait  la  doctrine  de 
Gall,  et  vùilà  comment  je  l'avais  associée  à  celle  qui  m'élait  propre.  Remar- 
quons, disais-je,  qu'il  est  de  toute  nécessité  de  distinguer,  dans  l'acte  de 
la  parole,  d'une  paît,  ce  qui  coucerns  les  mots,  et  de  l'iuilre,  ce  qui  regarde 
leur  articulation  ou  leur  prononciation.  Il  y  a,  pour  ainsi  dire,  luie  paiole 
m/e'r/eure  et  une  parole  e.\<er/e((/'e,  et  celle-ci  n'est  que  l'expression  delà 
première  (la  seule  dont  M.  Gall  s'était  occupé). 

»  Comme  on  le  voit,  par  le  litre  même  de  cet  Article,  notre  problème 
consistait  particulièrement  à  rechercher  le  rapport  qui  pouvait  exister  entre 
la  lésion  des  mouvements  nécessaires  à  la  prononciation  des  mots  et  celle 
des  lobes  antérieurs  du  cerveau.  Ce  même  titre  annonce  que,  contraire- 
ment à  M.  Flourens,  jef.iisais  participer  le  cerveau  à  celle  faculté  de  coor- 
dination des  mouvements  volontaires,  dont,  selon  cet  auteur,  le  cervelet 
était  l'unique  possesseur.  Et  non-seulement  sous  le  rapport  des  mouve- 
ments coon/oiinés  de  la  parole,  mais  encore  sous  celui  d'un  grand  nombre 
d'autres  mouvements  coordonnés,  soumis  à  l'empire  de  l'intelligence  et  de 
la  volonté,  c'était,  selon  moi,  le  cerveau  et  non  le  cervelet  qu'd  fallait  con- 
sidérer comme  l'agent  régulateur  ou  coordinateur  de  ces  mouvements,  sans 
contester,  d'ailleurs,  au  cervelet  le  pouvoir  de  cooidnnner  ceux  relatifs  à 
la  marche,  à  la  station  et  à  tout  ce  qui  concerne  ces  fonctions. 

»  Mais,  après  avoir  ainsi  posé  le  principe  de  la  multi|ilicité  ou  de  la 
pluralité  des  centres  nerveux  coordinateurs,  je  ne  m'occujjai,  d'une  manière 
spéciale,  que  de  la  démonstration  de  la  localisation  relative  aux  mouve- 
ments nécessaires  à  la  parole. 

IV.  —  État  de  la  question,  depuis  i825  jusqu'à  l'époque  actuelle  (1873),  et  conclusions. 

»  I.  La  doctrine  ci-dessus  exposée  rencontra,  comme  on  le  pense  bien, 
des  contradicteurs,  soit  dans  les  sociétés  savantes,  soit  dans  les  livres,  soit 
dans  les  journaux.  Je  réfutai,  selon  mes  moyens,  leurs  diverses  objections. 
Les  faits  nouveaux  que,  pour  ma  part,  j'ai  recueillis  pendant  ce  long 
espace  de  temps,  sont  extrêmement  nombreux,  et  je  déclare,  avec  toute 
la  sincérité  dont  je  suis  capable,  que  leur  témoignage  a  dû  me  confirmer 
dans  la  doctrine  primitiveme'nt  étalilie. 

»  Eu  i838,  1848  et  i865,  cette  doctrine  fut  discutée  à  l'Académie  de 
Médecine;  aucun  des  faits  qui  lui  fuient  Ojiposés  ne  me  parut  pouvoir  ré- 
sister à  une  discussion  approfondie.  Dans  le  cours  tie  la  discussion  dernière 
(i865),  deux   observateurs,   d'une  grauile  autorité,  tous  deux    médecins 

aliéuistes  éminents,  MM.  Badiarger  et  Parchappe,  se  montrèrerU  favorables 

2.. 


(    12    ) 

à  la  doctrine  de  la  localisation  de  la  parole,  dans  les  termes  fondamentaux 
où  nous  venons  de  la  formuler  ici. 

»  Cette  doctrine  fit  une  conquête  non  moins  précieuse,  dans  la  personne 
de  jM.  le  professeur  Broca,  qu'elle  compta  d'abord  parmi  ses  incrédules, 
pour  me  servir  de  sa  propre  expression.  11  importe  de  raconter  ici  les 
principales  circonstances  de  cette  heureuse  conversion. 

»  Une  Communication  de  M.  Gratiolel,  à  la  Société  anthropologique, 
V  devint  l'occasion  d'un  grave  débat  sur  les  localisations  cérébrales.  Dans 
cette  discussion,  M.  le  D'  Aubarlin,  qui  s'honore  d'être  l'ami  de  M.  Broca, 
se  constitua  le  défenseur  de  la  localisation  spéciale  qui  concerne  la  parole. 

»  Peu  de  jours  après  avoir  entendu  l'argumentation  de  M.  le  D'  Aubur- 
tin,  M.  Broca,  \^ar  une  sorte  de  hasard  providentiel,  trouva  dans  son  ser- 
vice de  Bicètre,  dont  il  était  alors  chirurgien,  lui  moribond  qui,  depuis 
vingt  et  un  ans,  avait  perdu  la  faculté  du  langage  articulé.  Il  recueillit, 
avec  le  plus  grand  soin,  l'observation  de  ce  malade,  qui,  dit-il,  lui  sem- 
blait venir  tout  exprès  pour  servir  de  pierre  de  touche  à  la  théorie  soute- 
nue par  son  collègue  à  la  Société  anthropologique,  M.  Auburtin.  Bien  que 
la  discussion  devant  cette  Société  eût,  dit-il,  laissé  planer  quelque  doute 
dans  son  esprit,  sur  «  la  doctrine  de  M.  Bouillaud,  il  voulut,  dans  l'attente 
»  d'une  autopsie  prochaine,  raisonner  comme  si  cette  doctrine  était  vraie.  » 
M.  Auburtin  ayant  déclaré  qu'il  y  renoncerait,  si  on  lui  montrait  un  seul 
cas  d'aphén)ie  (mot  proposé  par  M.  Broca  comme  synonyme  de  celui  de 
la  perte  de  la  ])arole),  il  l'invita  à  venir  voir  son  malade,  pour  savoir,  avant 
tout,  quel  serait  son  diagnostic,  et  si  cette  observation  était  une  de  celles 
dont  il  accepterait  le  résultat  comme  concluant.  M.  Auburtin  affirma, 
sans  hésitation,  que  la  lésion  devait  exister  dans  les  lobes  antérieurs. 

»  Or,  le  malade  étant  mort  le  17  avril,  l'autopsie  qu'en  fit  M.  Broca 
lui-même,  avec  un  soin  digne  de  servir  de  modèle,  confirma  pleinement 
le  di;ignostic  de  M.  Auburtin;  aussi  M.  Broca  déclara-t-il  que  «  son  ob- 
»  servation  venait  confirmer  l'opinion  de  M.  Bouillaud,  » 

»  Quelques  mois  après  cette  première  observation,  par  une  bonne  for- 
tune qu'il  avait  bien  méritée,  M.  Broca  en  recueillit  une  nouvelle,  qu'il 
publia  sous  ce  litre  :  Nouvelle  observalion  d'aphtmie  produite  par  une  lésion 
de  la  troisième  circonvolution  frontale. 

M  II  ne  cachera  pas,  dit-il,  qu'il  a  éprouvé  un  étonnement  voisin  delà 
stupéfaction,  lor.squ'il  a  trouvé  que,  sur  son  second  malade  aphémique,  la 
lésion  occupait  rigoureusement  le  même  siège  que  chez  le  premier,  et  préci- 
sément du  même  coté  gauche.  INIais,  ajoute-t-il,  il  ne  peut  oublier  que,  dans 
plusieurs  observations  antérieures  aux  siennes,  on  a  vu  Vophémie  succéder 


(  I3  ) 

à  des  lésions  qui  occupaient  principalement,  sinon  exclusivement,  la  moitié 
antérieure  des  lobes  frontaux.  Ces  faits,  selon  lui,  sont  compatibles  avec 
l'hypothèse,  qu'il  adopte,  des  localisations  par  circonvolution. 

»  Je  termine  cet  article  en  ajoutant  que,  à  l'époque  de  la  dernière  dis- 
cussion à  l'Académie  de  Médecine  (i8G5),  j'avais  rassemblé  un  nombre 
d'observations,  dans  lesquelles  l'ouverture  des  corps  avait  confirmé  la  doc- 
trine à  laquelle  Aï.  le  professeur  Broca  s'est  rallié,  qui  s'élevait  à  plus  de  cent. 

»  II.  Arrivons  enfin  à  nos  conclusions,  et  donnons-en  les  raisons. 

»  i"  Dans  les  lésions  de  la  parole,  causées  ou  produites  par  une  affection 
cérébrale,  c'est  dans  les  lobes  antérieurs  ou  frontaux  du  cerveau  que  cette 
affection  a  son  siège. 

»  Or,  dans  une  catégorie  de  ces  cas,  les  lésions  de  la  parole  dépendent 
de  ce  que  les  mouvements  coordonnés  ou  coassociés,  nécessaires  au  langage 
dit  articulé,  c'est-à-dire  à  la  prononciation  des  mots,  ne  peuvent  plus  s'exé- 
cuter. Donc  il  existe  dans  ces  lobes  antérieurs  un  centre  coordinateur  ou 
législateur  de  cette  espèce  des  mouvements  volontaires^  dits  coordonnés,  co- 
associés^ congénères. 

»  Or  aussi,  dans  une  autre  catégorie  des  cas  dont  il  s'agit,  les  lésions  de 
la  parole  dépendent  d'une  lésion  portant  sur  les  mots  eux-mêmes,  et  non 
sur  l'acte  de  leur  prononciation  ;  donc  il  existe,  dans  les  lobes  indiqués,  un 
autre  centre,  sans  la  coopération  duquel  la  parole  ne  pourrait  s'exercer. 

»  2°  Sous  l'un  des  deux  rapports  indiqués  ou  sous  tous  les  deux  réunis, 
la  faculté  de  la  parole  peut  être  lésée  ou  perdue,  les  autres  facultés  intellec- 
tuelles spéciales  étant  conservées  ou  intactes,  et  réciproquement.   » 

PHYSIOLOGIE.  —  Deux  remarques  relatives  à  la  Communication 
de  M.  le  D'^  Bouiilaud;  par  M.  E.  Cheviieul. 

«  Le  temps  ne  m'ayant  pas  permis  de  prendre  la  parole  dans  la  dernière 
séance,  après  la  Communication  du  D'  Bouiilaud,  je  ferai  aujourd'hui, 
d'une  manière  aussi  concise  que  possible,  deux  remarques  que  cette 
Communication  m'a  suggérées. 

»  Première  remarque.  —Elle  est  relative  à  la  perte  de  la  mémoire  des  noms 
substantifs.,  mais  non  à  la  perte  qui  serait  causée  par  un  accident.  Je  ne  dis- 
cute donc  pas  s'il  existe  ou  n'existe  pas  dans  le  cerveau  des  parties  dis- 
tinctes, correspondant  à  des  mémoires  spéciales,  telle  que  celle  des  noms 
substantifs,  comme  Gall  l'a  prétendu;  je  ne  m'occupe  que  d'un  fait  de  conver- 
sation ordinaire.  Beaucoup  de  personnes,  surtout  en  avançant  eu  âge,  dit-on, 
perdent  la  mémoire  des  noms  des  substantifs  propres  sans  perdre  celle  des 
attributs  relatifs  à  ces  substantifs,   de  sorte  que  si  le  substantif  propre  est 


(  I4  ) 

une  personne,  le  nom  s'est  effacé  lorsque  la  pensée  peut  exprimer  les  qua- 
lités, les  déf.uils  Je  l.i  personne,  peindre  ses  attributs  physiques,  ses  tics,  son 
costume  liabituel  même.  Eli  b:en  !  un  autre  fait,  c'est  que  je  n'ai  jamais 
entendu  faire  la  remarque  qu'une  personne  avait  oublié  les  attributs  du 
substantifdont  elle  se  rappelait  le  nom. 

»  Four  moi  qui,  frappé  de  la  fadjiesse  de  l'esprit  liumain  dans  l'indi- 
vidu, n'ai  jamais  eu  la  pensée  de  faire  des  nomeuclaUtres,  des  classijicnlions 
iiATlOMMiLLiiS,  Comme  on  dit  aujourd'hui,  ni  des  s/ntlièies  qui,  se  Ion  des 
criti.pies  de  nos  jours,  relèvent  si  haut  le  mérite  de  leurs  auteurs,  j'ai  dirigé 
tous  mes  efforts  à  rechercher  la  cause  des  erreurs  si  fréquentes  chez  l'indi- 
vidu-homme,  et  permettez-moi  d'ajouter,  et  dont  des  associations  où  l'ac- 
tion devient  collective  ne  sont  pas  toujours  exemptes.  Je  me  suis,  en  défi- 
nitive, proposé  de  rechercher  les  causes  de  l'erreur  dans  le  raisonnement, 
pour  les  éviter,  et  avec  l'espérance  de  les  faire  éviter  aux  autres. 

M  Une  étuile,  qui  m'a  longtemps  occupé,  a  été  de  savoir  en  quoi  con- 
siste essentieller.ient  la  connaissance  réelle  que  nous  avons  des  substantifs 
propres.  La  conclusion  à  laquelle  je  suis  arrivé  est  que  cette  connaissance 
réside  dans  les  attributs  appartenant  au  substantif,  de  sorte  qu'en  réahté 
le  nom  de  ce  substantif  exprime  l'ensemble  des  attributs  que  nous  lui 
reconnaissons.  Or  chacun  de  ces  attributs  a  fixé  notre  attention,  et  c'est 
ainsi  que  nous  l'avons  connu;  et  ici  notre  intérêt  personnel,  tout  aussi 
bien  que  l'amour  de  savoir,  peuvent  expliquer  que,  en  beaucoup  de  cas,  la 
pensée  s'est  livrée  à  une  véiitable  étutle.  On  voit  encore  comment  l'étude 
d'un  enseudde  d'attributs  dans  un  même  substantif  propre  ainsi  faite  est 
favorable  à  l'application  du  princifie  de  Vassocialion  des  idées,  eu  égard  à  la 
mémoire,  quand  il  s'agit  de  conserver  le  souvenir  du  substantif  propre 
ainsi  envisagé.  Je  le  demande,  si  la  mémoire  s'affublit,  quelle  qu'en  soit  la 
cause,  n'est-il  pas  conséfiueut  à  ma  manière  de  voir  ipie  les  attributs  dont 
chacun  a  fixé  notre  atteiiiion  d'autant  plus  que  nous  le  connaissons  mieux 
restent  gravés  dans  la  mémoire,  tandis  que  le  nom  proprement  dit,  (\iù  n'a  point 
été  l'objet  de  la  même  attention,  de  la  même  étude,  s'en  efface;  aussi  plus 
d'un  maître  de  mtiémotichnie  a-\.-'\\  en  recours,  à  ma  coiniaissance,  aux  pres- 
criptions les  plus  étranges  |)our  faire  retenir  les  noms  propres.  En  définitive, 
les  attributs  comprenant  les  qualités,  les  déf.iuts,  îles  propriétés,  des  rap- 
ports quelconques  d'un  substantif  propre,  sont  donc  à  notre  égard  dans 
la  pensée  les  éléments  de  ce  substantif  même  (i). 

( I )  Voici, en  qiielq(ies piirases,  des prciposilions que ji;  d>'vol(ippe dans duiix ou viagcs  inédits. 
1"  Cliaque  science  naturelle  pure.   Ciiimic  et  Physique,  Gcologie,  Botanique,  Zoologie, 


(  ^5  ) 

M  Je  renvoie  à  fies  écrits  prochains  l'application  générale  du  principe  de 
l'association  des  idées  à  la  pédagogie,  parce  que,  à  mon  sens,  elle  a  été 
trop  négligée  dans  les  écoles  ;  j'y  renvoie  également  beaucoup  de  projiosi- 
lions  qui  se  raltaclient  à  un  tel  alfaiblisseinent  de  nos  facultés,  qu'elles  |)er- 
dent  riîinnonie  à  laquelle  elles  sont  subordonnées  à  l'état  normal. 

»  Seconde  remarque.  —  Elle  est  relative  à  ce  qu'a  dit  M.  le  D' Bonillaud 
de  l'opinion  de  Flourens  concernant  la  facitllé  du  cervelet  de  coordonner 
les  mouveuienis. 


Anatomie   et  Physiologie,  auxquelles  j'ajoute  une  partie  de  la  Psychologie,  a   pour  objet 
l'élude  des  substantifs  propres  de  la  nature. 

Tous  les  subsl/i/it/J's  propres,  physiques  et  niétapliysiques,  ne  nous  sont  connus  que  par 
leurs  attributs 

Ces  attributs,  pour  l'espèce  chimique,  sont  les  pro])riétés  physiques,  les  propriétés  chimi- 
ques et  les  priq)riélés  org^nolepliques.  Vindividu  les  représente,  mais  cet  individu  nous 
échappant  à  cause  de  sa  ténuité,  nous  ne  connaissons  en  réalité  que  des  agrégats  d'individus 
que  nous  considérons  comme  identiques. 

Les  attributs  sont  pour  l'espèce  organisée  vivante  toutes  les  qualités,  toutes  les  ])ropriétés, 
toutes  les  relations,  toutes  les  facultés  que  nous  reconnaissons  à  l'ensemble  des  individus 
qui  représentent  l'espèce,  parce  que  nous  leur  attribuons  une  origine  commune,  ce  (]ui  le- 
vieiit  à  les  considérer  comme  issus  d'un  même  père  et  d'une  même  mèie,  si  l'espèce  est 
hisexuelle.  L'espèce  vivante  diffère  donc  de  Vcspècc  chimique  en  ce  (]u'elle  n'est  jamais  re- 
présentée par  un  seid  individu,  mais  toujours  par  un  ensemble;  de  soi  te' qu'il  est  vrai  de 
dire  que  Xvsin'ce  chimique  représentée  par  un  individu  est  un  substantif  propre,  tandis 
qu'une  espèce  vivante  est  toujours  un  substantif  appellatif. 

En  délinitive,  toutes  les  espèces  cliimi(pies  et  toutes  les  espèces  organisées  aboutissant  à 
des  inilividus  ronerets,  et  tous  ces  individus  pouvant  être  soumis  à  l'expérience,  c'est  donc 
ineonlestablemeut  à  la  science  consacrée  à  leur  étude  que  la  méthode  a  posteriori  exi)ériincn- 
taie  est  ap|)liral)le  dans  tonte  la  rigueur  des  termes,  puisque  cette  méthode  tire  son  caractère 
ducontiôle  fondé  sur  l'expéiieiice. 

2°  Si  les  compositions  littéraiies  échappent  an  contrôle  expérimental,  l'esprit  de  la  mé- 
thode A  POSTERIORI  erpérinicntnle  n'est  point  étranger  h  un  examen  ciitiijue  de  ces  coniposi- 
tions,  lorsqu'il  s'agit  de  prononcer  sur  les  connaissances  positives  de  leurs  auteurs. 

T.e  but  (jue  se  proposent  les  sciences  morales  et  politiques  étant  de  connaître  les  sociétés 
humaines,  ce  n'est  pas  de  l'individu  humain,  du  substantif  propre  dont  elles  s'occupent, 
mais  bien  des  actes  collectifs  des  diverses  sociétés  humaines,  des  dilférentes  catégories  d'in- 
dividus dont  chacune  de  ces  sociétés  se  compose;  en  un  mot  la  connaissance  du  substantif 
apjje/latif-  homme  est  leur  but.  L'expéri<nee  proprement  dite  leur  est  interdite  sans  doute, 
mais  Vesprit  de  la  méthode  a  posteriori  leur  est  applicable,  et,  en  outre,  l'homme  qui  se 
livre  à  l'étude  des  sciences  morales  et  politi(pies  ne  peut  avoir  aucune  connaissance  solide 
et  générale  s'il  n'a  pas  étudié  l'homme-individu,  comme  les  sciences  naturelles  peuvent  le 
connaître  au  point  de  vue  expcrimenlal. 


(  -6) 
»  Flourens  n'est  pas  le  premier  qui  ait  coîisidéré  le  cerveau  comme 
l'organe  des  facultés  inffliecluellcs  proprement  dites,  et  le  cervelet  comme 
un  organe  dont  rinfliicnce  concerne  les  mouvements;  car  Willis,  entre 
autres,  en  attribuant  aux  lobes  cérébraux  le  siège  des  facultés  intellectuelles, 
considérait  le  cervelet  comme  l'organe  producteur  des  esprits  qui  servent 
aux  mouvements  naturels  et  involontaires. 

).  Mais  il  y  a  aujourd'hui  quarante-deux  ans  et  cinq  mois  que,  en  ren- 
dant compte  des  tomes  VIII  et  IX  des  volumes  de  l'Académie  des  Sciences, 
je  m'exprimais  en  ces  termes  (i)  dans  l'examen  auquel  je  me  livrais  de 
deux  Mémoires  de  Flourens  intitulés  :  Expériences  sur  les  canaux  semi-cir- 
culaires de  l'oreille,  clans  les  oiseaux  et  les  mammifères. 

«  Les  canaux  semi-cii'culaires,  au  nombre  de  trois,  deux  verticaux  et  un 
»  horizontal,  forment  avec  le^vestibule  et  le  limaçon,  le  labyrinthe  ou 
»  l'oreille  interne.  Les  canaux  temi-circulaires  sont  très-petits,  et  cependant 
»  les  expériences  de  Flourens  démontrent  qu'ils  ont  une  influence  frès-re- 
»  marquable  dans  l'économie  animale.  En  dfet,  si  vous  coupez  sur  un  pi- 
»  geon  le  canal  horizontal  de  l'oreille  droite  et  de  l'oreille  gauche,  sur- 
»  le-champ  l'animal  est  en  proie  à  de  violents  mouvements  de  tète  dans 
»  le  sens  horizontal  de  droite  à  gauche  et  de  gauche  à  droite  ;  s'il  veut 
»  marcher,  il  perd  en  partie  son  équilibre;  s'il  veut  courir  ou  voler,  il  le 
)i  perd  tout  à  fait;  enfin,  au  repos,  il  se  tient  sur  ses  pieds  et  sa  tête  reste 
»  immobile;  d'ailleurs  il  voit,  il  entend,  il  a  tous  ses  instincts,  il  boit,  il 
»  mange,  très-souvent  il  tourne  sur  lui-même,  tantôt  d'iui  côté,  tantôt 
»   de  l'autre. 

))  L'ablation  des  canaux  verticaux  inférieurs  donne  lieu  à  des  phéno- 
»  mènes  analogues,  sauf  ces  différences  notables,  que  les  mouvements  de  la 
»  tète,  au  lieu  d'être  horizontaux  de  droite  à  gauche,  sont  verticaux  de  bas 
»  en  haut  et  de  haut  en  bas,  et  que  l'animal  ne  tourne  point  sur  lui-même, 
»   mais  qu'il  se  renverse  souvent,  malgré  lui,  sur  le  dos. 

»  L'ablation  des  canaux  verticaux  supérieurs  est  suivie  de  mouvements 
»  violents  de  la  tête  de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haut,  mais  l'animal,  au 
»  lieu  de  se  renverser  srir  le  dos,  comme  celui  auquel  on  a  coupé  les  canaux 
»  verticaux  inférieurs,  tombe  sur  la  tête  et  fait  la  culbute  en  avant.   » 

»  Je  re|)roduis  maintenant  textuellement  les  lignes  suivantes  du  Mé- 
moire de  Flourens: 

«   ...  Il  ne  l'est  pas  moins,  enfin,  de  voir  chacune  de  ces  parties  (les  di- 

(i)  Journal  des  Savants,  page  8;  i83i. 


(  '7  ) 
»  vers  canaux  semi-circulaires)  (/eVenniVier  un  ordre  ou  mie  direction  de 
»  tnouvements  si  parfaitement  conformes  à  sa  propre  direction.  Ainsi  les 
»  canaux  horizontaux  délerminent  un  mouvement  horizontal,  les  canaux 
»  verticaux  un  mouvement  vertical;  de  plus,  l'un  des  deux  canaux  verti- 
»  eaux,  l'inférieur,  est  dirigé  d'avant  en  arrière  ;  il  détermine  un  mouvement 
»   d'avant  en  arrière,  etc.    » 

»   Voici  une  observation  critique  sur  ces  lignes  : 

«  Le  mot  déterminant  n'est  pas  exact,  car  c'est  Vabsence  de  ces  canaux 
»  et  non  leur  présence  qui  est  la  cause  des  phénomènes  si  singuliers 
«  décrits  par  M.  Flourens  ;  c'est  donc  hors  d'eux  qu'il  faut  chercher  cette 
»  cause,  et  dès  lors  il  faut  les  considérer,  non  plus  comme  des  organes  qui 
»  produisent  les  phénomènes  en  question,  mais  comme  des  organes  qui 
»   les  empêchent  au  contraire  de  se  manifester. 

»  Ces  mêmes  phénomènes  me  semblent  encore  devoir  conduire  M.  Flou- 
»  rens  à  revenir  sur  sa  méthode,  et  en  particulier  sur  le  rôle  qu'il  attribue 
»  au  cervelet  dans  la  coordination  des  mouvements  de  locomotion,  rôle 
»  qu'il  a  conclu  des  phénomènes  qui  apparaissent  à  la  suite  de  l'abla- 
»  tion  de  cet  organe.  En  effet,  si  les  conséquences  qu'il  a  déduites  de 
»  l'ablation  des  lobes  cérébraux  paraissent  justes,  ce  n'est  pas  seulement 
»  parce  que  cette  opération  fait  disparaître  un  ensemble  de  facultés  déter- 
»  minées,  mais  c'est  encore  parce  que  l'expérience  a  appris  que  l'ablation 
»  de  toute  autre  partie  ne  fait  point  disparaître  ces  mêmes  facultés.  //  est 
»  donc  évident  que  la  méthode  de  M.  Flourens  de  conclure  le  sié(je  d'une 
»  faculté  dans  une  partie  déterminée  du  coi-ps  d'un  animal  n'est  satisfaisante 
»  qu'autant  qu'il  est  démontré  que  l'ablation  de  toute  autre  partie  n'entraîne 
»  pas  la  destruction  de  cette  méméjaculté. 

))  Si  nous  appliquons  le  contrôle  dont  nous  venons  de  parler  à  la  conclu- 

»  sion  que  l'auteur  a  tirée  de  ses  expériences,  au  sujet  du  rôle  qu'il  assigne 

»  au  cervelet  d'être  le  siège  de  la  faculté  de  coordonner  les  mouvements 

»   de  locomotion,  nous  verrons  que  la  contre-épreuve  de  cette  conclusion 

»   n'a  point  été  faite,  et  ce  qui  en  prouve  la  nécessité,  ce  sont  les  phéno- 

))   mènes  amenés  par  l'ablation  des  canaux  semi-circulaires,  phénomènes 

»   qui  ont  tant  de  ressemblance  avec  ceux  qui  résultent  de  l'enlèvement 

»   du  cervelet  que,  si  i auteur  eût  commencé  ses  expériences  par  faire  l'ablation 

))   des  canaux,  il  aurait  eu  autant  de  laisons  déplacer  dans  ces  organes  le  siège 

»  de  la  faculté  de  coordonner  les  mouvements  de  locomotion,  qu'il  en  a  eu 

»  de  les  placer  dans  le  cervelet.  » 

3 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T,  LXXVll,  N»  l.)  "^ 


(  I«) 

»  Concttisio».  —  ï°  J'ai  profité  de  l'occasion  pour  justifier  auprès  de 
rAcadémic  l'importance  que  j'attaclie,  au  double  point  de  vue  de  la  gram- 
maire et  des  sciences  du  domaine  de  la  philosophie  naturelle,  à  la  défini- 
tion (lu  substantif  propre  et  à  celle  de  ses  attributs. 

»  2°  Je  pense  avoir  montré,  dès  i83i,  l'impossibilité  d'admettre  l'opi- 
nion de  Flourens  relative  au  cervelet,  démonstration  qui  a  été  pour  moi, 
dès  cette  époque,  l'occasion  de  fixer  l'attention  sur  ce  que  la  méthode  que 
j'avais  a|)pliquée  à  laC^liimie  s'appliquait  incontestablement  aux  recherches 
physiologiques  de  vivisection. 

»  M.  leD'"Bouillaud  ne  pensera  certainement  pas  que  j'ai  pris  la  parole 
pour  le  combattre.  » 

ANALYSE.  —   Sur  lafonction  exponentielle;  par  M.  Hermite. 

«  I.  Étant  donné  un  nombre  quelconque  de  quantités  numériques 
«,,  «2,...,  a„,  on  sait  qu'on  peut  en  approcher  simultanément  par  des  frac- 
tions de  même  dénominateur,  de  telle  sorte  qu'on  ait 

A,  S, 


«'  =  T 


A'^k 


A 

«o   =    -^ 


A          AvA 
j 

A„  l, 


A 


—=f 


Ay'A 


0,,  So,...,  5„  ne  pouvant  dépasser  une  limite  qui  dépend  seulement  de  n. 
C'est,  comme  on  voit,  une  extension  du  mode  d'approximation  résultant  de 
la  théorie  des  fractions  continues,  qui  correspondrait  au  cas  le  plus  simple 
de  «  =  I .  Or  on  peut  se  proposer  une  généralisation  semblable  de  la  théorie 
des  fractions  continues  algébriques,  en  cherchant  les  expressions  appro- 
chées de  ;j  fonctions,  f,{jc),  ff„{jc),...,  (p„{^)  par  des  fractions  rationnelles 

ÏTiy' *{iy"'4r(^  manière  que  les  développements  en  série  suivant 
les  puissances  croissantes  de  la  variable  couicident  jusqu'à  une  puissance 
déterminée  .r".  Voici  d'abord  à  cet  égard  un  premier  résultat  qui  s'offre 
immédiatement.  Supposons  que  les  fonctions  y,  (x),  f^{jc),...,  (p„{x)  soieul 
toutes  développables  en  séries  de  la  forme  a  +  fix  -+-  -ya;*  + . . .  et  faisons 

4)(a:)  =  Aa:'"+  hx'"-'  -h.-.  +  Kx  +  L. 


(  '9  ) 
On  pourra  en  général  disposer  des  coefficients  A,  B,,..,  L  de  manière   à 
annuler  dans  les  n  produits  çp,(x)$(x),  les  termes  en 

fx,  étant  un  nombre  entier  arbitraire.  Nous  poserons  ainsi  un  nombre  d'é- 
quations homogènes  de  premier  degré  égal  précisément  à  p.,-,  et  l'on  aura 

£,,  £2,...  étant  des  constantes,  <I>,(^)  un  polynôme  entier  de  degré  M  —  /ji,. 
Or  cette  relation  donnant 

?'(-^")  =  M'^)  -^ ^^T^ô ' 

on  voit  que  les  développements  en  série  de  la  fraction  rationnelle  et  de 
la  fonction  seront  en  effet  les  mêmes  jusqu'aux  termes  en  :r",  et,  comme 
le  nombre  total  des  conditions  posées  est  fx,  -H  ju., -1-  ...  -1- p.„,  il  suffit 
d'assujettir  à  la  seule  condition 


;j.,  +  f»..,  +  ...  +  fJ.,,  = 


m. 


les  entiers  p.,  restés  jusqu'ici  absolument  arbitraires.  C'est  cette  considéra- 
tion si  simple  qui  a  servi  de  point  de  départ  à  l'étude  de  la  fonction  expo- 
nentielle que  je  vais  exposer,  me  proposant  d'en  taire  l'application  au.K 
quantités  (p,{x)  =6""^,  Çaf-^^)  =  ^'"' ■,■■■■>  ^n[x)=  e*-^. 

»   II.  Soit  pour  abréger  M  —  ui  =  p.;  je  compose  avec   les  constantes 
rt,  b ,...^  h,  le  polynôme 

de  degré  p.  +  [J.,  -+-  ...  4-  p.„  =  M,  et  j'envisage  les  n  intégrales  définies 

i/o  ^  0  «'O 

qu'il  est  facile  d'obtenir  sous  forme  explicite.  Faisant,  en  effet, 

F(;)         F'(zl  F(»')(3) 


nous  aurons 


/ 


(    20    ) 

et,  par  conséquent, 

^V"-  ¥{z)  dz  =  j(o)  -  e-«^-J(rt),     f  e-'^-F{z)dz  =  j(o)  -  e-*^ff(^),.... 

Or  l'expression  de  ^(z)  donne  immédiatement,  sous  forme  de  polynômes 
ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  -,  les  diverses  quantités  J(o), 
#(a),  S{b),...,  et  si  l'on  observe  qu'on  a 

r(;0)=0,       F\0,;,...,       F<l^-'\Oy  =  0, 

puis  successivement 

Fi»  =  o,     F'(rt)  =  o,...,     ¥^^-'\a)  =  o, 
F(ij  =  o,     F(^i  =  o,...,     F'^-'\é)  =  o, 


nous  en  conclurons  les  résultats  suivants  : 

où  le  polynôme  entier  ^[x]  est  du  degré  M  —  p.  =  ?h,  et  les  autres  <I>,(a?), 
<l'2(x),..,,  '^«(x),  des  degrés  M  —  fx,,  M  —  [J.^-,-.'-,  M  —  [J-w  Cela  posé,  nous 
écrirons 

er'^Yyz)dz^ 

0 

c''^4\xj  —  'i>.i[Xj  =  a?"+'e*-^  /    e-'-'F'^z)  dz, 

«/o 
Jo 

or  les  intégrales  définies  se  développant  en  sériesdela  forme  a -f- 1*3  JT+Y^- H-..., 
on  voit  que  les  conditions  précédemment  posées  comme  définitions  du  nou- 
veau mode  d'approximation  des  fonctions  se  trouvent  entièrement  remplies. 
Nous  avons  ainsi  obtenu,  dans  toute  sa  généralité,  le  système  des  fractions 

rationnelles  -rj—zi  tt^'""'  tt-t'  représentant  les  fonctions  e"-^,  e*-^,..., 

e'",  aux  termes  près  de  l'ordre  o:"^'. 

H   III.  Soit,  comme  application,  «  =  i ,  et  supposons  de  plus  [i.  =  [1,  =  ni, 
ce  qui  donnera  M  =  2»/,  I'{z)  =  z'"[z—  i/";  les  dérivées  de  F(z)  pour  s  =  o 


(    21     ) 

se  tirent  sur-le-champ  du  développement  par  la  formule  du  binôme 


^  '  I  I  -  ■>.  ^       ' 


et  l'on  obtient 


F(""-')(o)  _  m{m  —  i}...(m  —  ^--hi)  , 

t,  3. .  .21/1  —  k  1.2.3.../-  ^ 


d'où,  par  suite, 


—  2fn\^2m  —  i)... [m. +  ij  —  [im  —  i)[i III  —  2  >...(*«  4- 1)     a: 


I  .  2 .  O  ■  .  .  /«  ^  '         ^  '  ^  •    ■  -  '     I 

4-(2»i-  2)(>/«-3)...(w  +  i)"'^"'~'^x°-...  +  (-iy".r'". 

»  Pour  avoir,  en  second  lieu,  les  valeurs  des  dérivées  quand  on  suppose 
z  =  i,  nous  poserons  :  =  i-i-/;,  afin  de  développer  suivant  les  puissances 
de  h,  le  polynôme  F (i  +  h)  =  h'^îli  H- 1)'".  Or  les  coefficients  précédemment 
obtenus  se  reproduisant,  sauf  le  signe,  on  voit  qu'on  aura 

»   Ces  résultats  conduisent  à  introduire,  au  lieu  de  ^{x)  et  <P|(j:^),  les 

polynômes  Ulx)  =  ■ — '-^ — ,  Il,(x)  =  — '^ ,  dont  les  coefficients 

1 . 2 . 3 .  . .  /?i        ^     '         1 .  2 . 3 .  .  .  «j 

sont  des  nombres  entiers;  on  aura  ainsi 

e-^ n  (x)  —  n ,  (a- )  =  -^-—^ d"  \    c-^-^  2'"  (z  —  I )'"  dz 

-^ —  /'  '  e-^"-^'  z'"  (  I  -  z)'"  i/x, 
2.5...mJ^  ^  '  ' 


—  [-  I 


et  l'on  met  en  évidence  que  le  premier  membre  peut  devenir,  pour  une 
valeur  suffisamment  grande  de  m,  plus  petit  que  toute  quantité  donnée. 

Nous  savons  effectivement  que  le  facteur  — — a  zéro  pour  limite,  et 

il  en  est  de  même  de  l'inlégrale;  or  la  quantité  z"'(i  — -  z)  étant  toujours  in- 
férieure à  son  maximum  (  -  j  qui  décroît  indéfiniment  quand  m  augmente. 
Il  résulte  de  là  qu'en  supposant  x  un  nombre  entier,  l'exponentielle  e"^  ne 
peut  avoir  une  valeur  commensurable;  car  si  l'on  fait  x  =  -,  on  parvient, 
après  avoir  chassé  le  dénominateur,  à  l'égalité 

bn  {X)  -  au,  {X)  =  (-  .)'"  7:11^,  £  '  e-'"-»  z'"  (.  -  z)'"  dz, 


(     22    ) 

dont  le  second  membre  peut  devenir  moindre  (|tie  toute  grandeur  donnée, 
et  sans  jamais  s'évanouir,  tandis  que  le  premier  est  un  nombre  entier. 
Lambert,  à  qui  l'on  doit  cette  proposition,  ainsi  que  la  seule  démonstra- 
tion jusqu'à  ce  jour  obtenue  de  l'irratiounaiilé  du  rapport  de  la  circonférence 
au  diamètre  et  de  son  carré,  a  tiré  ces  importants  résultats  de  la  fraction 
continue 


à  laquelle  nous  parviendrons  plus  tard.  Laissant  entièrement  de  côté  le  rap- 
port de  la  circouléreuce  au  diamètre,  je  vais  maintenant  tenter  d'aller  plus 
loin  A  l'égard  du  nombre  e,   en  établissant  l'impossibilité  d'une  relation 

de  la  forme 

N  +  e^N,  +  e'No  +.  .  .+  e''N„=  o, 

a,  b,....  Il  étant  des  nombres  entiers,  ainsi  que  les  coefficients  N,  N,, N„. 

•>  IV.  Je  considère  à  cet  effet,  parmi  les  divers  systèmes  de  fractions  ra- 
tionnelles  — --^>  — 7— -V7  — - — -■■>  celui  qu  on  obtient  lorsqu  on  suppose 
|jL  =  a,  =...=:  fj.„,  ce  qui  donne 


m 


nii,     n  ={n  +  \)ij.     et     F  (  z)  =f^  (  2), 


en  faisant  y  (3)  =:  z  (z  —  rt)  (z  —  Z»),  ..,  (z  — /().  Soit  alors,  comme  tout 
il  l'beiu'e, 

^     '         1.^.3.../.  ^     '        I .  a .  3 . . .  u.  ^     '  1 . 2 . 3 ...  p. 

ces    nouveaux    polynômes   aiu'ont    encore,  pour  leurs    coefficients,   des 
nombres  entiers,  et  conduiront  aux  relations  suivantes  : 


(A)  )  e*-MI(x)-n,(x)  =  s„ 


en  écrivant,  pour  abréger. 


••2  3..   fzj„  '  J^  1.2.3. ..p 


(  23  ) 
»  Cela  posé,  j'ol)serve  en  premier  lieu  que  £,,  Eoi---  deviennent,  pour  une 
valeur  suffisamment  grande  de  /j.,  plus  petits  que  toute  quantité  donnée; 
car,  le  polynôme_/(z)  ne  dépassant  jamais  une  certaine  limite  X  dans  l'in- 

lervalle   parcouru  par  la  variable,  le  facteur  \ qui   multiplie 

'  '  l.2.3...(i^  • 

l'exponentielle  sous  le  signe  d'intégration  est  constamment  inférieur  à  la 
quantité  _ )  qui  a  zéro  pour  limite. 

^  I .2.3. . .p     T  ' 

n  Je  suppose  maintenant  x  =  i  dans  les  équations  (A),  et  désignant 
alors  par  F,  la  valeur  correspondante  de  Ui{x)  qui  sera  un  nombre  entier 
dans  l'hypothèse  admise  à  l'égard  de  «,  b,...,  h,  elles  deviendront 

e-p_P,  =  ;,, 
e*P  -  P,  =  £,, 


f'^P    —    P       =    £ 

et  la  relation  supposée 

N  +  f'"N,  +  r-'-No  -t-. . .+  e''N„  =  o 
donnera  facilement  celle-ci  : 

NP  +  N,  P, +...+  N„P„  =  -  (N,£,  -h  N,  £,-+-...  4- ]Sr„£„), 

dont  le  premier  membre  est  essentiellement  entier,  le  second,  d'après  ce 
qui  a  été  établi  relativement  à  £,,  ^i,...  pouvant,  lorsque  [j.  augmente, 
devenir  plus  petit  que  toute  grandeur  donnée.  On  aura  donc  nécessaire- 
ment, à  partir  d'une  certaine  valeur  de  [x  et  pour  toutes  les  valeurs  plus 
grandes, 

NP  +  N.P,  +...+  N„P„  =  o. 

»  Supposons,  en  conséquence,  que  p.  devenant  successivement  p.  +  i, 
|7.  -h  2,  . . .  ,  jLi.  -t-  /j,  P,  se  change  en  P'  P" , . .  . ,  F;"',  on  aura  de  même 

NP'  +N,P'„  +...h-N„p:,  :=o, 

NP"  +N,p';  +...+  n„p:,  =o, 


NP<«>  +  N,  P'; 


N„P!,'"=o. 


Ces  relations  entraînent  la  condition  suivante 

P    P,    ...  P,; 


P' 
P" 


p(n)        p(n 


p: 

p;: 


=  o. 


(  ^4  ) 

En  prouvant  donc  que  ce  déteniiiiiant  est  différent  de  zéro,  on  démontrera 
rimpossiliilité  de  la  relation  admise 

N  +  CN,  +5'^^  +...+  e''N„  =  o. 

»  J'observerai  dans  ce  but  qu'on  peut  substituer  aux  lermes  d'une 
même  li^ne  horizontale  des  combinaisons  linéaires  semblables  pour  toutes 
ces  lignes,  et  que  j'indiquerai  en  considérant,  par  exemple,  la  première. 
Elle  consiste  cà  remplacer  respectivement  P,  P,,  Po,-.-,  P«-i,  P«,  par 
p  _  e-«P,,  e-"P,  -  e-'Po,...,  e-^'P,,,,  -  e-''P,„  e-"P„;  il  est  alors  aisé 
de  voir  que  si  l'on  nudtiplie  toutes  ces  quantités  par  i .  2  .  3 . . .  p.,  elles  de- 
viennent précisément  les  intégrales 

f"c-'p-{z)clz,      f''e-'f^{z)dz,...,      f\-^f^{z)dz,      re-\f^\z)dz. 

»  Maintenant  les  autres  lignes  se  déduisent  de  celle-là  par  le  change- 
ment de  ij.  en  p.  +  I ,  p.  -)-  2, . . . ,  p.  +  ?i,  et  le  déterminant  transformé  sur 
lequel  nous  allons  raisonner  est  le  suivant  : 

f%--p{z)dz,  f\-^f^{z)dz,  ....  r%-/>(r.)./r, 

^_      re-'p-^'{z)dz,      Ç\-'f^-^{z)dz,...,       f^e-^/^-^{z)dz, 

1 

JJe-'J^-"{z)dz,     j\-^p-"[z)dz,...,      J%-J^-"{z)dz. 


THERMOCMlMlE.   —  Sur  la  chaleur  de  combinaison  rapportée  à  l'état  solide; 
nouvelle  expression  thernnque  des  réactions;  par  M.  Berthelot. 

«  1.  Les  quantités  de  chaleur  dégagées  dans  les  actions  chimiques  ne  se 
prêtent  point  en  général  à  des  comparaisons  théoriques,  parce  que  l'état 
des  corps  réagissants  n'est  pas  le  même  pour  tous,  les  uns  étant  gazeux, 
d'autres  liquides  ou  dissous,  d'autres  solides,  tantôt  cristallisés,  tantôt 
amorphes,  ce  qui  comporte  encore  de  grandes  diversités  (*).  La  théorie 
pure  exigerait  que  l'on  pût  opérer  toutes  les  actions  et  eu  calculer  les  effets 


{*)  Sur  la  formation  des  précipités  ;   dans  ce  Recueil,    t.   LXXIII,   p.   1 165,  et  surtout 
p.  1215-1219. 


(  '-^'5  ) 
d.ins  l'étnt  gazeux  et  à  volume  constant  (*).  Par  malheur,  cette  condition 
ne  peut  être  remplie  que  clans  des  cas  exceptionnels. 

»  Cependant  les  travaux  de  Hess,  Andrews,  Favre  et  Silbermami  ont 
monlré  que  les  actions  réciproques  des  acides  et  des  bases  devenaient  com- 
parables dans  l'état  dissous;  mais  cette  condition  ne  s'applique  qu'à  un 
groupe  de  corps,  et  elle  ne  rend  pas  un  compte  suffisant  des  doubles  dé- 
compositions qui  s'opèrent  dans  les  dissolutions,  celles-ci  ne  pouvant  être 
prévues  que  par  le  calcul  des  réactions  entre  les  corps  séparés  de  l'eau, 
joint  à  l'étude  de  l'influence  spéciale  du  dissolvant  sur  chacun  d'eux  ("). 

»  C'est  pourquoi  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  quelque  intérêt  à  rapporter  la 
chaleur  des  réactions  à  un  même  état  physique  :  l'état  solide  et  cristallisé, 
presque  toujours  facile  à  réaliser  pour  tous  les  corps  réagissants.  Les  quan- 
tités de  chaleur  calculées  dans  cet  état  ne  varient  que  faiblement  par  les 
abaissements  de  température,  même  jusqu'au  zéro  absolu,  à  cause  delà 
faible  variation  des  chaleurs  spécifiques.  C'est  la  niême  circonstance  qui 
a  permis  à  Duloug  et  à  Petit  de  découvrir  leur  loi,  si  importante  pour  la 
Chimie,  mais  qui  n'est  susceptible  d'une  démonstration  rigoureuse  que  dans 
l'état  gazeux. 

»  Or  pour  calculer  la  valeur  thermique  des  réactions  dans  l'état  solide,  il 
convient  de  joindre  à  la  connaissance  de  la  chaleur  dégagée  entre  les  corps 
dissous,  celle  de  la  chaleur  mise  en  jeu  lorsqu'ils  se  dissolvent.  C'est  dans 
cette  intention  que  j'ai  mesuré  les  nombres  compris  aux  tableaux  ci-après, 
lesquels  viennent  s'ajouter  à  ceux  qui  existent  dans  la  science,  pour  per- 
mettre de  construire  un  système  assez  étendu  ("*). 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  série,  t.  VI,  p.  SiG. 

(**)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4'^  série,  t.  XXIX,  p.  loi,  433.  —  Comptes 
rendus,  années  1871-1873. 

(***)  Je  renverrai  à  mes  publications  dans  le  présent  Recueil  pour  les  hydracitles  (t.  LXXVI, 
p.  679  et74i);  lesalcalis(t.LXXVI,  p.  io4i  et  1106);  les  carbonates  (t.  LXXIIT,  p.  i  107, 
ii(i?,,  iai5);  l'es  sulfates  insolubles  (t.  LXXIIl,  p.  1109);  les  oxalates  insolubles  (même 
volume,  p.  iai8). 


C.P..,  187:5,  1'  Semestre.  (T.  l.KX Vil,  N"  1.) 


(a6) 

»  2.   CItalcur  de  dissolution  (*)  des  sels. 

I.  _  Sels  monobasiques 
rormiates.  Acétates. 

C'H'0<  cristallisé...    -2,35     C<  H '0*  cristallisé..  .    -2,i3 

C^n^O' liquide -f-o,o8     C«H'0' liq.  vers  23°.   +0,24 

C'H<0'liq.  vers    7°      ■  -    '" 
Cn^KO'  sec  (vide) 
C'H'KO'  fondu..  . 


C-HKO' sec  (vide). 
C^HNaO'  sec  (vide 

C'HAmO' —2,94 


-0,93 
-0,52 


C'HCaO' +0,33 

C'HSrO' 
CHSrO' 


2  HO.. 


+o,3i 
—  2,73 


C'H^NaO' sec  (vide). 
C'H^NaO'  fondu  .  .  . 
OH»NaO'  +  6HO.  . 

C'H'CaO' 

C*H'CaO'-)-HO..  .. 


-0,40 
-3,27 

-3,21 

-4,08 

-4,23 

-4,58  1 

-3,5i 

-2,68 


C'H'SrO^ +2,78 


Benzoates,  picrates,  etc. 

CH^O*  environ — 

giojjioQi  (_ac  pivaiiq.-jsolide.  -+ 

C'H'X'O^' - 

C'H'KO' - 

C'H'ISaO' -f 

C'H'AinO' - 

C'ffCaO' -f 

C'°H'KO'  (pivalate) -+ 


C'HBaO' 


C'HZdO' 
C^HZnO< 

C'HCuO* 
OHCuO» 
C=HPbO' 


2UO. 


4eo.., 


C'H'SrO'4-iHO   .  4-2,63 

—  1,22     C'H'BaO* -1-2,62  I 

C*H'BaO*-f  3H0..  — o,4i   j 

C'H'MnO'  (vide).  .  .  -+-6,12 

C"H']\InO<-4-4HO..  -1-0,79 

4-1,99  1  C'Il-ZnO'  (vide)  ...  -+-4,91 

—  1,20  j  C*H'Zn0*4-H0..  .  4-3, 18 

C'ffZn0'4-2H0..  4-2,12 

4-0,26  >  C H' CuO' 4-1,21 

—3,92     C*H'CuO'4-nO  . 

—  3,45     C'H'PbO' (vide).. 

C'H'PbO'4-3HO 

C^H'AgO* — 4>3o 

Chlorures. 

KCI -4>i9 

NaCl —1,08 

AuiCl — 4,00 


C'  =  H=KX»0'. 
C'^H^NaX'O'. 
C'H'AniX'O' 


6,5 

o,34env. 
7,10 

.,48 

0,78 
2.69 
2,34 

:,35(") 

10,0 

6,44 

8,7 


Mn-O'K  (très-pur) —  io,3o 


AzO'Ba 

AzO<Ba4-  HO. 


CyKO= 

CvRS-  environ. 


2,84 
4,3o 

5,17 
5,70 


0,40 
0,70  j 

—2,77  ) 


Azotates. 

AzO'K —8,29 

AzO'Na — 4!'i6 

AzO'Ain —6,20 

AzO''Ca -t-i  ,6(?)  I 

AzO'Ca4-4HO..    — 3,81     j 

AzO'^Sr —2,54     I  SrCl 4-5,48  | 

AzO'Sr4-5HO..    —6,48    |SrCl4-6H0 —3,65) 

BaCl 4-0,82  I 

BaCl4-2H0 —2,61  ) 

PbCl —2,0 

HgCI —1,52 

SnCl4-2H0 —2,58 


AzO'Ba —4,64 

AzCPb —4)" 

AzG'Ag —5,73 


Bromures,  iodiires,  cyamires, 

KBr 

NaBr 

NaBr4-4HO 

Kl 

Nal 

Nal4-4HO 

KCy 

Am  Cy 

HgCy 

AzH',  H^S^  pur 


etc. 

-  5,45 

—  0,29  1 

-  4,45) 

-  5,32 
4-   i,3o  I 

-  3,98 i 

-  2,86 

-  4,36 

-  r  ,5o 

-  3,25 


(*)  I  ])arlie  de  sel  4- 5o  à  100  parties  d'eau.  Les  détails,  souvent  curieux,  des  expé- 
riences ,  seront  donnés  dans  le  Rlénioire  complet.  Tous  les  sels  et  leurs  hydrates,  sans  excep- 
tion, ont  été  analysés. 

(**)  C"'H'°0'  (ac.  pivarupiel  dissous  (ri  =  6''M  4- KO(i*i  =  a"')  dégage.  ..  4-i3,59. 
Un  excès  d'acide  ou  d'alcali  ne  change  pas  ce  nombre,  très-voisin  de  l'acide  acétique. 


(  ^7  ) 

II.  —  Sels  bibasiques. 
Sulfates.  Oxalates.  Tarliales. 

S'O* +37,30 

(S'H-0"crislallisé  H-i6,o6     fC'H'O' —2,29     C»H«0'^ —3,45 

I  S-H-0"  liquide. .    +16,92      |  C'H-0»  +  4H0  .  .  .    —8,49 

j  S'O'K' -  6,04     I  C'K'O» —  4,74  )  C'H'R'O'^ —   3,56  ( 

(S^O'KH —3,23     j  C*K.=  0»+2H0....  —  7  ,73  }  C»H«K^O'=  + HO _  5,56  | 

f  S'0»Na' +   o,76(*)  I  C^Na'O' —   4,3o     C'H'Na'O'^ —    j,i2  ^ 

S'0»Na"+ioH-0=— i8,io     jC'HNaO' —  5,6o  )  eH'Na^O"  +  4H0 —  5,88j 

(s'0«NaH —0,76     (  OHNaO»+2HO..  —  9,5o  )  ClPNaO'^ —   5,66i 

S=0»Am^ —  a,7o        C'Am^O" —   7  ,98  j  C«H^NaO'=+ 3HO —8,54) 

C'Am'0«  +  2H0..  — 11,47  j  C» H' NaKO'- environ —   1,87! 

C'H*NaK0''+8H0 — 12,34  i 

Carbonates. 

C'0«K.' +  6,54        C'0«KH —  5,32 

C'0n<.^+3H0.    —0,24        C=0«>aH —4,27 

C'O'Na^ +   5,54       C'O'AmH —6,28 

Les  conséquences  que  l'on  peut  tirer  de  ces  ciiiffres  sont  trop  nom- 
breuses et  trop  importantes  pour  être  développées  ici  sans  dépasser  le  cadre 
de  la  présente  Note.  Je  me  bornerai  à  en  signaler  quelques-unes,  à  titre 
d'exemples. 

3.  Relations  entre  les  chaleurs  de  dissolution.  —  Les  sels  de  potasse  et  les 
sels  de  soude  formés  par  un  même  acide  manifestent  parfois  une  différence 
presque  constante:  — 3,i  pour  les  cliloruies;  —  3,7  pour  les  azotates; 
—  3,6  pour  les  picrates;  —  3,4  X  2  pour  les  sulfates.  J'ai  déjà  fait  cette 


(*)  Ce  chiffre  +  0,76  concorde  avec  les  valeurs  +  0,76  observées  par  Graliam  et 
+  0,70  par  M.  Favre,  en  1871.  Il  sécarte,  au  contraire,  sensiblement  de  — 0,06,  valeur 
observée  par  M.  Thomsen,  et  dont  il  est  facile  de  constater  l'incorrection.  Comme  elle  a  été 
mesurée  en  présence  de  400H-O',  l'erreur  reportée  sur  les  indications  du  thermomètre 
serait  de  0°,  ir.  C'est  là  une  erreur  d'observation  pure,  qu'elle  soit  due  h  la  lecture  du 
thermomètre,  à  l'analyse  chimique  ou  à  toute  autre  cause;  car  elle  ne  résulte  pas  d'un  rap- 
prochement contestable  entre  les  chiffres  observés  et  des  chiffres  calculés  par  quelque  for- 
mule empirique,  comportant  un  écart  inévitable.  Si  je  relève  cette  erreur  commise  par 
M.  Thomsen,  dans  une  expérience  aussi  simple  que  la  dissolution  d'un  sel  (et  je  pourrais  en 
citer  un  grand  nombre  du  même  ordre  de  grandeur),  c'est  afin  de  montrer  que  les  chiffres 
de  cet  auteur  n'ont  pas  la  précision  absolue  qu'il  leur  attribue,  et  au  nom  de  laquelle  il 
condamne  avec  assurance  les  travaux  des  autres  savants.  Les  données  qui  concourent  dans 
les  évaluations  ihermochimiciues  sont  trop  diverses  pour  qu'on  puisse  en  espérer  toujours 
une  si  minutieuse  exactitude. 


(  ^t3  ) 
iciuarciue  il  y  a  plusieurs  années.  De  même,  entre  les  sels  de  sonde  et  d'am- 
moniaque :  +  2,9  (chlorures);  +  2,5  (azotates);  -+-  1,7  x  2  (sulfates); 
+  2,3  (picrates).  Si  ces  relations  étaient  générales,  on  pourrait  calculer  a 
priori  la  chaleur  de  dissolution  d'un  sel  donné;  mais  on  ne  les  observe 
plus  dans  l'étude  des  sels  formés  par  d'autres  bases  ou  d'autres  acides. 
Entre  les  formiates  de  potasse  et  de  soude,  la  différence  est  seulement  de 
—  0,4  ;  entre  les  acétates,  —  0,8;  entre  les  oxalates,  —  0,2  x  2,  etc. 

»  Au  contraire,  les  acétates  anhydres  de  potasse,  de  soude,  de  chaux,  de 
haryle,  de  plomb,  l'emportent  tous  de  +  4  environ  sur  les  formiates  cor- 
respondants, ce  qui  est  l'indice  d'une  certaine  analogie  de  constitution  entre 
les  deux  séries.  Il  serait  facile  de  multiplier  les  rapprochements  de  ce  genre; 
mais  les  exceptions  sont  trop  marquées  ])our  autoriser  une  généralisation 
absolue.  Bref,  le  travail  de  désagrégation  qui  se  produit  dans  la  solution 
tl'un  sel  offre  une  relation  évidente  avec  sa  composition  chimique,  les  dif- 
férences d'équivalent  correspondant  souvent  aux  différences  thermiques; 
mais  la  loi  paraît  fréquemment  masquée  par  le  concours  d'autres  circon- 
stances, difficiles  à  faire  entrer  en  ligne  de  compte,  telles  que  la  forme  cris- 
talline différente,  la  cohésion  inégale,  enfin  la  formation  des  hydrates  salins 
dissemblables  dans  les  dissolutions. 

4.  Formation  des  hydrales  cristallisés.  —  Cette  formation,  au  moyen  des 
acides  ou  des  sels  anhydres  et  de  l'eau  solide  (*)  peut  être  calculée  aisé- 
ment par  les  nombres  précédents  : 

SO^  (solide)  -1-  HO  (solide)  —  SO'H    (solide)  dégage -,-  9,,) 

BaO       I.      4- HO       »      =:î5aH0=       >.  »      -+-8,i 

SiO        ..      -I- no       »      =SrHO=        ^  v      -+-7>*) 

CaO       ..      -f-HO       .-      =CaHO'       »  .-      -f-6,« 

Ces  nombres  n'offrent  entre  eux  aucune  relation  simple;  ils  ne  sont  pas 
les  multiples  d'une  constante  commune,  comme  on  aurait  pu  l'espérer  dans 
des  réactions  où  l'état  des  corps  est  rendu  comparable.  On  ne  rencontre 
pas  davantage  de  relation  simple  dans  la  formation  des  hydrates  propre- 
ment dits,  renfermant  ce  qu'on  appelle  de  l' eau  de  cristallisation.  Celte  for- 
mation dégage  d'ailleurs  bien  moins  de  chaleur  que  la  précédente.  Voici 
des  nombres  : 


(*)  H^O^  en  devenanl  solide  dégage,  d'après  les  nombres  de  M.  Desains,  +  i  ,43. 


C'H'O" 

+ 

4  HO 

KHO' 

+ 

4  HO 

BaHO= 

+ 

9H0 

SrIlO' 

+ 

y  HO 

BuCl 

+ 

2HO 

SiCI 

+ 

(iHO 

NaBr 

+ 

4  HO 

Nal 

+ 

4  HO 

SO'Na 

+ 

10  HO 

C'H'NaO 

'  + 

6  HO 

1 

C'H'CaO' 

'  + 

HO 

1 

C'H'SrO' 

+ 

IHO 

( 

C'H'BaO* 

+ 

3  HO 

C'HSrO' 

+ 

a  HO 

i 

( 

C'H^ZnO' 

'  + 

2  HO 

XI 

+ 

no 

DHZnO' 

+ 

2UO 

( 

C-FPCiiO 

'  + 

liO 

\ 

cm  Cil  0' 

+ 

4  HO 

C'HH'bO 

'  + 

3  HO 

(  ^9  ) 

. ..     +3,34 

soit 

+  (>,83 

pour  HO 

. ..      +;),63 

n 

+  2,4. 

.. 

...      +5,72 

)) 

-(-  0,64 

U 

. ..      +5,92 

» 

+  n,66 

" 

+  2,00 

.. 

+  1 ,  00 

., 

...    +4,84 

» 

+  0,81 

» 

.  .  .      +  1 ,3o 

» 

+  0,32 

» 

...      +2,42 

» 

+  0,61 

n 

...      +2,28 

1) 

+  0,23 

» 

...      +4,37 

» 

+  0,73 

« 

.  .  .      +o,B3 

)> 

-1-  1)  ,  I  2 

n 

...     —0,21 

w 

» 

» 

. . .     +  t> ,  88 

» 

+  0,29 

w 

...     +  I , 60 

■• 

+  0 ,  80 

« 

. . .     +2,00 

» 

+  1,18 

w 

. . .     +1 ,01 

1) 

+  1 , 0 1 

I. 

...     +1,76 

)> 

+  0,88 

1) 

+  0,08 

w 

+  0,08 

» 

. .  .        +  I  ,  32 

w 

+  0,33 

s 

...        +1,32 

» 

+  0,44 

)J 

»  Sans  multiplier  davantage  ces  calculs,  dont  mon  tableau  fournit  en- 
core plusieurs  applications,  et  sans  trop  insister  sur  des  chiffres  qui-  com- 
portent de  petites  erreurs,  et  qui  varieraient  sans  doute  un  peu  avec  la 
température,  on  voit  cependant  qu'il  n'existe  point  de  relation  simple  entre 
la  chaleur  dégagée  et  le  nombre  d'équivalents  d'eau  fixés.  La  chaleur  dé- 
gagée diffère  notablement,  même  pour  les  corps  isomorphes,  tels  que  les 
hydrates  d'iodure  et  de  bromure  de  sodium.  Elle  ne  répond  pas  non  plus 
au  degré  de  stabilité  des  hydrates.  L'acétate  de  soude,  par  exemple,  perd 
toute  son  eau  dans  le  vide;  or  la  fixation  de  chaque  équivalent  d'eau 
de  ce  composé  dégage  +0,78;  tandis  que  l'acétate  de  cuivre,  qui  dégage 
neuf  fois  moins  de  chaleur  :  +0,08,  ne  perd  pas  son  eau  dans  le  vide. 
L'acélate  de  strontiane  relient  son  demi-équivalent  d'eau  jusque  vers 
180  degrés,  quoique  la.  combinaison  de  l'eau  avec  le  sel  semble  répondre 
à  une  absorption  de  chaleur  (*),  si  les  nombres  observés  sont  exacts.  De 
même,  le  formiate  de  zinc,  qui  garde  son  eau  dans  le  vide,  a  dégagé  moins 
de  chaleur  que  l'acétate,  qui  j)erd  toute  son  eau  à  la  longue,  etc.,  etc. 

(*)  La  forniation  de  ce  sel,  qui  crislallise  dans  le  prisme  oblique  a  base  oblique,  le  moins 
symétrique  tie  tous,  et  dans  lequel  2  molécules  de  sel  sont  asssociées  avec  un  seul  équivalent 
d'eau,  l'cpoud  îl  des  liavaux  tinii  [)arliculieis. 


(  3o  ) 
«  5.   Formation  des  seU  acides,  sels  doubles,  etc. 

(  SO'K-)-SO'=S=0'K  dégage -(-i3.o 

I  S=O^K-t- HO  (sol.)  =:S'0'KH  dégage  +    4-3 

(  SO'I<.-t-SO'H(sol.)  =  S'0«KH       »  +    7.6 

SO'Na-f-SO*H(sol.)  =  S=0'NaH 4-   8.0 

i(C*Na'O"  +  C'U=0»)  =C'HNaO' -+-    1.9 

i(C''H<Na=0'=-l-C'H'^0'=)  =  C»H*NaO'=  -+   3.3 

»  La  lonnation  des  sels  Mcides  organiques  solides  répond  donc  à  un  dé- 
gagement de  chaleur  très-faible.  De  même  le  sel  de  Seignette  : 

4(C'H*K-0'=  +  C'H'Na-0'  =  )  =  CH'NaKO'-.  .  .  .    ciialeur  nulle. 

))   6.  Fonnalion  des  sels  à  partir  de  l'acide  et  de  la  base. 

iSO'H-BaO=:SO'Ba -4- 5i  ,u   | 

SO'-t-SrO  =SO'Sr -(-47,8  j 

S0'+  CaO  =  SO'Ca -+-  42.0  environ 

SO=+PbO=:SO"Pb -t-3o,4 

SO^  +  ZnO  =  SO'Zn -h  22 ,5   | 

SO=+CiiO  =  SO'Cii +21,3) 

»  Les  clialeurs  de  formation  décroissent  dans  l'ordre  de  stabilité,  sans 
que  l'on  aperçoive  aucune  relation  numérique  simple,  aucune  constante 
commune,  .se  dégager.  Remarquons  seulement  le  rapprochement  des  cha- 
leurs de  formation  entre  les  sels  de  baryte  et  de  stronliane,  comme  entre 
les  sels  de  zinc  et  de  cuivre  ;  ces  rapprochements  subsistent  quel  que  soit 
l'acide.  On  les  retrouve  dans  les  tableaux  suivants  : 

SOiH  +  KHO'  =SO'ie  +  H'0=  (solide) -H  4", 6 

SOMI -(-  NaI10'=:S0<Na+ H'0=  ..        +34,7 

•SU' H  +  BaHO^  =  SO^Ba  -t-  11=0-  +  32,7    j 

SiHO' =  SO'Sr  +H=0'  »        -I- 29,8   j 

CaHO'^SO'Ca  -H  H=0=  ..         H- 25,4 

Pbn02=SO'Pb-4-iPO=  "         +  >9)9 

ZnllO==SO'Zn-+-H'0-  ..      -t-i3,i    | 

CiilI02=S0'Cii+H^0'  »        H- 10,5  j 

»   L'ordre  de  stabilité  se  trouve  conservé  ici. 

m.  Sels  acides.  \  «'0"H=+  KHO'   =  S^O'ICH    +  H=0=  solide +48,2 

(  SH)Ml-'+lNa[IO'  =  S'0«NaH  +  H=0=      »       +43,7 

»  IV..S't'/.s  »!0)(o/'r(5iV/(;f's.— La  comiKiraison  entre  la  formation  des  acétates 
et  celle  des  l'ormiates  est  digne  d'intérêt.   Les  chiffres  répondent  à  la  réac- 


.    Acide  et  base 

]  SG'H 

Il  Y  drilles. 

SO  II 

SO'H 

SO'H 

\   SO'H 

(  3i  ) 

tion  suivante 

:  Acide  +  Case  hydratée  =  Sel 

c=nKO< . . . 

+  25, G 

OH'KO'  .  . 

.     +2,, 8 

C'HNaO^.. 

+  22,5 

C'H^NaO'.. 

.    +.8,4 

CniCaO'... 

+  i3,3 

C'H'CaO'.  . 

.     +10,6 

C'HSrO*.  .. 

+  16,71 

C<H'SiO'.. 

•     +«4,7( 

C'HBaO'.  .. 

+  18,6 

eH'BaO'.. 

+l5,2| 

C'HZnO'... 

+  6,1 

CH'ZnO'.. 

+    3,7 

CnCiiO»... 

+     5,2 

OH'CuO'.. 

.    +  4.5 

C^HPbO'... 

+  10,2 

C'H'P!)0\. 

.     +   (i,3 

Envi,  tous  les  corps  solides. 

pivalate). 


C"'H»KO* 
C'H'KO' 
C'H'NaO 
C'H'CaO" 


+  .9,8 

+  22,5 
+  '7,4 
+   7 '7 


»  La  production  des  forniiates  solides  dégage  donc,  en  général,  plus  de 
chaleur  que  celle  des  acétates,  l'excès  étant  de  +  4  calories  environ  pour  les 
alcalis  et  l'oxyde  de  plomb.  Le  pivalate  dégage  encore  moins  de  clialenr; 
les  benzoates  ne  s'écartent  pas  beaucoup  des  acétates.  Enfin  la  formation 
des  sels  métalliques,  tels  que  les  sels  de  zinc  et  de  cuivre,  dégage  bien 
moins  de  chaleur  que  la  formation  des  sels  alcalins;  ce  qui  explique,  jus- 
qu'à un  certain  point,  leur  décomposition  partielle  dans  les  dissolutions, 
laquelle  devient  très-tnanifeste  pendant  l'évaporation ,  leur  destruction 
plus  facile  par  la  chaleur,  etc. 

»  V.  Sels  des  acides  bibasiques.  —  Ils  l'emportent  sur  les  sels  nionobasiques 
analogues,  comme   le  montrent  les   nombres  suivants,  comparés  à  ceux 

des  acétates  : 

+  58,8  :  2  =  +  2f),4, 
+  53,0  :  2  =  +  26,5, 


Oxalates. 


Tartrates. 


O  K.'  0" 

C'Na'O» 

(  C'NaHO» 

C'H'Na'O'' 

C'H'NaO" 

C'H'NaKO' 


28,4; 


+  53,8  :  2  =  +  26,9, 
+  45,9  :  2  r=  +  22,9, 

+  26,2, 

+  49,5  (ses  composants  =:  49>8). 


))  On  voit  encore  <]ne  les  sulfates  surpassent  de  beaucoup  les  sels  orga- 
niques par  la  chaleur  dégagée  dans  leur  formation  ;  les  différences  entre 
les  chaleurs  relatives  aux  sels  alcalins  et  terreux  sont  d'ailleurs  à  peu  près 
du  même  ordre  de  grandeur  pour  tous  ces  sels.  On  remarquera  que  toutes 
ces  relations  s'appli([nent  seulement  aux  sels  anhydres,  les  hydrates  salins 
ne  donnant  lieu  à  aucun  rapprochement  généra!  sous  le  même  point  de 
vue.  La  solubilité  ou  l'insoluljilité  des  corps  y  jouent  également  peu  de 
rôle,  comme  le  montre  la  comparaison  des  sulfates  avec  les  fornn'ates  ou 
les  acétates. 

»   7.   Déjjlacements  réciproques  des  acides  dans  les  sels  —  J'ai  montré,  dans 


(    32    ) 

le  présent  Rccuoil  (t.  T-XXV,  p.  435,  480,  538,  583),  que  ces  fléplacemenls, 
toutes  les  fois  qu'aucun  corps  ne  se  sépare  par  insolubilité  ou  moindre 
solubilité,  pouvaient  être  prévus  et  calculés  rigoureusement  :  il  suffit  de 
réunir  les  prévisions  fondées  sur  les  réactions  des  corps  séparés  de  l'eau, 
avec  la  connaissance  de  l'action  propre  de  l'eau  sur  chacun  d'eux,  sur  les 
acides  en  particulier. 

»  8.  Doubles  décompositions  salines.  —  Il  est  probable  qu'elles  pourront 
être  calculées  de  la  même  manière,  pourvu  que  l'on  sache  le  degré  de  dé- 
composition que  chaque  sel  soluble  éprouve  de  la  part  de  l'eau,  les  sels 
métalliques  en  particulier;  en  envisageant  à  la  fois  la  séparation  partielle 
du  sel  hydraté  en  eau  et  sel  anhydre,  et  la  séparation  de  ce  dernier  en  sel 
acide  et  sel  basique  dans  les  liqueurs.  Mais  il  serait  trop  long  d'entrer  ici 
dans  cette  discussion.  Il  me  suffit  d'avoir  montré  l'intérêt  qui  s'attache  à 
la  nouvelle  expression  thermique  des  réactions  que  je  propose  d'introduire 
dans  la  science.   » 

M.  Daubrée  fait  la  Communication  suivante  : 

((  L'Académie  sait  que  la  courageuse  expédition  conduite  par  M.  Nor- 
dinski(')ld  a  voulu  passer  tout  cet  hiver  au  milieu  des  glaces  du  Spitzberg, 
afin  de  pouvoir,  dès  le  printemps,  se  diriger  plus  avant  vers  les  régions  po- 
laires. Aucune  nouvelle  n'en  était  parvenue  depuis  le  mois  de  novembre, 
et  l'on  ignorait  comment  les  intrépides  voyageurs  avaient  traversé  ces  sept 
mois.  Un  télégramme  de  Tromsoë,  en  date  d'avanl-liier  (5  juillet),  fait 
cesser  les  inquiétudes  qu'on  pouvait  avoir  siu'  le  personnel  de  l'expédi- 
tion. Il  est  ainsi  conçu  : 

1  Tromsoë,  5  juillet.  —  Hiver  et  printemps  passés  très-bien;  l'état  des  glares  a  fait 
échouer  complètement  l'expédition  du  Nord,  qui  a  dû  diiiger  ses  efforts  vers  un  aulre  but; 
nous  serons  de  retour  à  Trotnsoë  au  commencement  d'août;  santés  excellentes.  » 

M.  HiuN  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  intitulée  «  Applica- 
tion du  pandynaniomètre  à  la  mesure  du  travail  des  machines  à  vapeur  à 
balancier.  » 

M.  Lestiboudois  adresse  à  l'Académie,  par  l'entremise  de  M.  Dumas,  un 
Mémoire  manuscrit,  accompagné  de  planches  nombreuses,  siu'  la  structure 
de  l'écorcc  et  la  formation  du  siiher. 

Ce  Mémoire  sera  transmis  à  la  Section  de  Botanique. 


(33) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  remplacement  de 
M.  Acjassiz,  élu  Associé  étranger. 

Au  premier  lourde  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44^ 

M.  Steenstrup  obtient 38  suffrages. 

M.  Darwin 6       » 

M.  Steenstrup,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  autre 
Correspondant,  pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  remplacement 
de  feu  M.  Piciet. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.  Dana  obtient  .   .- 35  suffrages. 

M.  Darwin lo  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Dana,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  j)roclamé 
élu. 

L'Académie  procède  encore,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
autre  Correspondant,  pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  rempla- 
cement de  feu  M.  Pouchel. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  Carpenter  obtient 35  suffrages. 

M.  Darwin 12  » 

M.  Huxley i 


» 


M.  Carpenter,  ayant  réuni  la  majorité   absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 


G.  R.,  i8-)3,  1'  Semestre.  (T.  LXXVll,  N"  1.) 


(  34  ) 

MÉftlOniES   PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  système  de  télégraphie  optique,  réalisé  pendant 
le  siéqe  de  Paris  par  une  Commission  nommée  par  le  Gouverneur.  Note  de 
M.  A.  Lacssedat. 

(Commissaires  :  MM.  H. -Sainte-Claire  Deville,  Edm.  Becquerel,  Desains.) 

«  Pendant  le  siège  de  Paris  par  les  armées  allemandes,  une  Commis- 
sion (i),  nommée  par  le  Gouverneur,  sur  la  proposition  de  M.  le  général  de 
Chabaud-Latour,  et  composée  de  savants  physiciens  qui  m'avaient  fait 
l'honneur  de  m'appeler  à  les  présider,  est  parvenue  à  résoudre,  avec  un 
plein  succès,  le  problème  de  la  télégraphie  optique. 

»  Le  principe  de  cette  solution,  entrevu  vers  la  même  époque  par  d'au- 
tres personnes,  tant  en  France  qu'à  l'étranger,  n'avait  pas  reçu  jusqu'à 
présent,  à  notre  connaissance  du  moins,  les  développements  que  nous 
étions  parvenus  à  lui  donner,  en  réunissant  tous  nos  efforts  dans  un  mo- 
ment de  suprême  danger.  Nous  évitions  d'ailleurs  la  publicité,  rien  ne  nous 
obligeant  à  faire  part  aux  étrangers  du  réâliltat  do  nos  recherches;  mais 
nous  avions  cru  néanmoins  prudent  de  prendre  date,  en  déposant,  le 
aq  avril  1872,  au  Secrétariat  de  l'Académie,  un  pli  cacheté  contenant  un 
exposé  sommaire  des  expériences  faites  et  des  résultats  obtenus  pendant  la 
guerre. 

»  Un  numéro  du  Recueil  intitulé  :  Giornale  del  Genio  militare,  récemment 
paru,  est  venu  nous  prouver  que  nous  avions  eu  raison  de  prendre  celte 
précaution.  Ce  journal  contient,  en  effet,  un  Mémoire  étendu  et  intéres- 
sant sur  la  télégraphie  optique  à  laquelle  le  Comité  du  Génie  italien  paraît 
s'élre  beaucoup  intéressé  depuis  quelques  années. 

»  Nous  sommes  persuadé  que  ce  Mémoire  a  été  rédigé  avec  une  entière 
bonne  foi,  mais  les  méthodes  d'observation  et  les  résultats  qui  y  sont  an- 
noncés présentent  une  telle  analogie  avec  les  nôtres  que,  en  gardant  plus 
longtemps  le  silence,  nous  nous  exposerions  à  passer  plus  tard  pour  des 
imitateurs,  alors  que  nous  avons  réellement  imaginé  et  improvisé,  en  quel- 
ques semaines,  un  système  que  nous  continuons  à  perfectionner,  mais  qui, 


(1)  Cette  Commission  était  composée  de  MM.  Brion,  Hioux,  Lissajous,  Malet  et  Maiirnt. 
M.  Cornu  lui  fut  adjoint  dans  le  courant  d'octobre. 


(35) 
tel  qu'il  était  à  la  fin  de  1870,  pouvait  supporter  avantageusement  la  com- 
paraison avec  l'appareil  italien  actuel. 

»  D'ailleurs,  bien  que  les  expériences  dont  il  est  rendu  compte  dans  le 
Giornale  del  Genio  mililare,  aient  été  ordonnées  dés  1869  par  le  Comité  du 
Génie  italien ,  elles  n'ont  été,  de  l'aveu  de  l'auteur,  terminées  qu'en  1871,  et 
le  Mémoire  qui  vient  de  paraître  est  daté  du  29  septembre  1872.  Or  les 
appareils  décrits  dans  le  Mémoire  que  nous  avons  déposé  le  27  avril  1872 
ont  été  construits  à  Paris  en  septembre,  octobre  et  novembre  1870,  et  les 
expériences  dont  nous  faisons  connaître  les  résultats,  commencées  en  sep- 
tembre 1870,  ont  été  terminées  en  février  1871, 

»  Le  droit  de  la  Commission,  celui  de  M.  le  professeur  Maurat  surtout, 
qui  a  fait  les  premiers  essais,  sinon  à  une  invention,  du  moins  à  la  réali- 
sation d'une  idée  utile  et  féconde,  ne  saurait  donc  être  contesté,  grâce  à  la 
garantie  offerte  par  l'Académie  des  Sciences.  J'ai  l'honneur  de  prier  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  ouvrir,  dans  la  prochaine  séance,  le  pli  cacheté 
inscrit  sous  le  n"  2667,  et  d'en  faire  connaître  le  contenu  au  public.  » 

Ce  pli  est  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  qui  donne 
lecture  des  passages  suivants  : 

CI  Depuis  l'invention  de  l'héliotrope  par  le  célèbre  Gauss,  les  géodésiens  ont  à  leur 
u  disposition  un  moyen  de  correspondance  d'une  grande  simplicité  et  d'une  portée  qui 
»  n'est  limitée  que  par  la  courbure  de  la  Terre.... 

»  Le  mode  de  correspondance  à  l'aide  des  héliotropes,  si  simple  de  jour  et  par  un  ciel  dé- 
»  couvert,  est  malheureusement  d'un  emploi  très-limité,  puisqu'il  exige  la  présence  du  Soleil. 

»  Pour  correspondre  par  les  temps  couverts  et  même  pendant  la  nuit,  il  a  fallu  recourir 
.)  à  des  systèmes  optiques  plus  ou  moins  puissants  et  à  des  lumières  artificielles  d'une  in- 
I)  tensité  assez  grande  pour  rester  visibles  à  des  distances  qui  peuvent  atteindre  et  dépasser 
..  5o  kilomètres.  Les  astronomes  emploient  depuis  un  certain  nombre  d'années,  sous  le  nom 
.,  de  collimateurs-,  un  dispositif  de  lunettes  qui  se  prête  parfaitement  à  la  solution  du  pro- 
..   blême  dont  il  s'agit. 

1)  Avant  d'exposer  le  principe  sur  lequel  repose  l'emploi  des  collimateurs,  nous  devons 
"  dire  immédiatement  que  RI.  le  professeur  Maurat,  qui  a  réalisé  les  premiers  essais  faits 
»  à  Paris  pour  établir  une  télégraphie  optique,  a  imaginé  spontanément  le  système  que 
»   nous  allons  décrire — 

»  Principe  de  l'appareil.  Considérons  deux  lunettes  ab,a'b\  dirigées  l'une  sur  l'autre 
»  de  telle  sorte  que  leurs  axes  optiques  coïncident  sensiblement...  Au  delà  de  la  lunette  a'  b' , 
«  un  peu  en  arrière  et  tout  [)rês  de  son  oculaire,  plaçons  une  lumière,  la  flamme  d'une 
»  bougie,  par  exemple;  si  la  distance  n'est  pas  trop  grande  et  qu'un  observateur  regarde 
"  à  travers  la  lunette  ab,  il  apercevra  cette  lumière  ou  plutôt  l'image  de  la  flamme  comme 
»  un  point  brillant.  Si  la  distance  des  deux  lunettes  augmentait,  il  deviendrait  nécessaire 
i.   d'augmenter  aussi  l'intensité  de  la  source  lumineuse  ou  l'ouverture  des  objectifs  des  lu- 

5.. 


(  36) 

»  nctlcs.  Plus  généialement,  il  est  évident  que  l'éclat  de  l'image  perçue  à  travers  la  lunette 
o  ab  dépendra  à  la  fois  : 

»    1°  De  l'inlensité  de  la  source  liiinineiise; 

•  2"  De  la  dislance  qui  sépare  les  deux  lunettes; 

»   3°  De  l'ouverture  des  objectifs  de  ces  deux  lunettes; 

'.   4"  Knfin  di-'  l'état  de  l'atmosphère. 

•'  Les  expériences  multipliées  faites  à  Paris  en  septembre,  octobre  et  novembre  ont  eu 
»  pour  objet  de  déterminer  avec  soin  les  meilleures  conditions  de  construction  et  d'insialia- 
»  tion  des  appareils  ainsi  que  la  nature  des  sources  lumineuses  à  adopter  selon  les  circons- 
»  lances,  c'est-à-dire  selon  que  les  distances  sont  plus  ou  moins  considérables,  l'atmosphère 
"  jjIus  ou  moins  chargée  de  vapeurs,  de  jour  et  de  nuit.  Il  est  à  peine  nécessaire  d'ajouter 
»  que,  pour  produire  les  éclipses  et  les  réapparitions  du  signal  lumineux,  on  n'a  qu'à  inler- 
»  poser  un  petit  écran  au-devant  de  la  lumière  ou  sur  un  point  choisi  du  pinceau  lumineux 
»  et  à  le  retirer  allernativement.  On  conçoit  facilement  comment  les  mouvements  de  cet 
•  écran  peuvent  être  guidés  et  réglés  en  l'adaptant  au  bras  du  levier  du  manipulateur  Morse. 

>'  En  employant  le  même  alphabet  conventionnel,  on  pouvait  donc  espérer  aussi  que  l'on 
»  obtiendrait  à  peu  près  la  même  rapidité  dans  la  transmission  des  dépêches  qu'avec  la  lelé- 
»  graphie  électrique.  11  résulte  encore  de  celte  identité  de  l'organe  essentiel  de  la  transmis- 
»  sion,  que  toutes  les  personnes  exercées  peuvent  passer  de  l'un  des  systèmes  à  l'autre  après 
»  un  exercice  de  quelques  heures  au  plus.  C'est,  d'ailleurs,  ce  que  l'expérience  a  dé- 
montré.... 

u  L'un  des  savants  physiciens  qui  ont  concouru  à  la  création  du  nouveau  système, 
»  M.  Brion,  est  parvenu  à  rendre  les  éclipses  absolument  invisibles,  pour  un  observateur 
»  non  prévenu  de  la  position  exacte  de  la  station  télégraphique....  » 

»  Ici  se  Irotive  un  historique  de  la  création  de  la  Commission,  duquel 
est  extrait  seulement  le  passage  suivant  : 

«  Cette  Commission,  constituée  par  un  ordre  du  Gouverneur  de  Paris,  était  autorisée  à  faire 
»  construire  les  appareil  nécessaires  à  ses  expériences  et  à  les  installer  partout  où  elle  juge- 
"  rait  convenable,  notamment  dans  les  forts,  ce  qui  lui  permettrait  de  faire  varier  la  portée 
»  des  ajipareils,  de  jour  et  de  nuit,  et  d'atteindre  le  maximum  de  20  kilomètres  entre  le 
>•  Mont-Valérien  et  le  fort  de  Nogent.    » 

»  Vient  ensuite  la  description  des  différents  modèles  d'appareils,  accom- 
pagnée de  dessins  très-détaillés  et  qu'il  eût  été  impossible  de  reproduire 
dans  les  Comptes  rendus. 

»  Les  expériences  de  la  Commission  avaient  été  entreprises  pour  tenter 
de  mettre  Paris  en  communication  avec  la  province,  et  il  était  convenu  que 
deux  (le  ses  membres  partiraient  en  ballon  pour  aller  s'installer,  si  cela  était 
possible,  au  delà  des  lignes  d'investissement.  Voici  ce  que  le  Mémoire  de 
M.  Laussedat  contient  à  ce  sujet  : 

•  Les  expériences  étaient  terminées  et  les  préparatifs  de  départ  pouvaient  être  faits  dès 


(37  ) 

»  les  premiers  jours  de  novembre,...  Des  retards  loiit  à  fait  indépendants  de  la  volonté  des 
»  deux  membres  désignés  s'opposèrent  pendant  près  d'un  mois  à  leur  départ.  EnKn  le  i"''  dé- 
»  cembre,  le  lendemain  de  la  première  affaire  de  Champigny,  M.  Mercadier,  directeur 
»  général  par  intérim  de  l'administration  des  lignes  télégraphiques  ayant  mis,  avec  «ne  grande 
»  obligeance,  à  la  disposition  de  la  Commission,  le  ballon  la  BaUiillc  de  Paris,  MM.  Ilioux 
»  et  Lissajous  purent  s'embarcpier  avec  un  matériel  soigneusement  préparc  et  franchirent 
«  heureusement  les  lignes  prussiennes.  Un  rapport  de  M.  Lissajous,  annexé  à  cette  Notice, 
«  fait  connaître  en  détail  les  services  que  MM.  Hioux  et  Lissajous  ont  rendus  ou  essayé  de 
»  rendre  en  province,  dans  des  circonstances  qui  devenaient  de  jour  eu  jour  plus  difficiles.   » 

»  M.  Lissajous  fait  connaître  dans  ce  Rapport,  également  contenu  dans 
le  pli  cacheté,  les  essais  iiidépetidanls  faits  en  province,  dans  le  Midi,  par 
MM.  Le  Verrier  et  Crova,  et  à  Tours  par  MM.  Grammassini  et  Matagrin. 
Il  y  rend  compte  de  la  création  d'une  école  de  télégraphie  optique  à  Bor- 
deaux, sur  les  indications  de  son  collègue, M.  Hioux,  et  de  la  construction 
d'un  matériel  dans  la  composition  duquel  entraient  des  verres  non  aclirunia- 
tiques  d'un  grand  diamètre,  fort  avantageux  au  point  de  vue  de  l'économie. 

»  Enfin  il  fait  connaître  les  résultats  obtenus  à  l'armée  du  général 
Clianzy  par  MM.  Hioux  et  Grammassini. 

«   M.   l'inspecteur  ïamisier,  chef  du  service  télé;;raphique  à  la  deuxième  armée,  dit-il, 

»  profita  de  nos  appareils  pour   relier  une  des   divisions  avec  le  quartier  général  établi  à 

»  Laval.  M.  Ilioux  installa  une  station  à  Laval  même,  au   bureau  télégraphique  provisoire 

»  situé  rue  du  Bel-Air.  M.  Grammassini  alla  installer  la  station  correspondante  à   la  ferme 

>'  du  Grand-Guérouli,  située  aux  avant-postes,  à   proximité  de  la   division  du  général   de 

<>  Curten.  La  distance  des  deux  stations  était  de  5  kilomètres  en  ligne  directe.  La  corres- 

«  pondance  fut  établie  de  jour,  par  un  soleil  des  plus  vifs.  La  réussite  fut  complète.  >> 

»  Dans  un  Rapport  supplémentaire,  à  la  date  du  22  mars  1871,  M.  Lissa- 
jous rend  compte,  en  outre,  des  expériences  faites  à  Poitiers  après  la  con- 
clusion de  l'armistice. 

«  Les  premières  expériences  se  firent  le  4  mars.  L'une  des  stations  était  à  la  préfecture, 
»  l'autre  à  Saint-Georges,  à  12  kilomètres.  On  se  servait  de  deux  appareils  à  prismes  (ob- 
"  jectifs  de  6  pouces  d'ouverture).  L'installation  fut  rapide;  M.  Baudot  se  servit  d'une 
u  boussole  et  d'une  carte  du  pays  pour  déterminer  sa  position.  La  correspondance  se  fit  de 
»  jour  et  de  nuit,  à  l'aide  d'une  simple  lampe  à  pétrole. 

»  Le  lendemain,  5  mars,  M.  Baudot,  sans  prévenir  M.  Grammassini,  se  transporta  à 
o  Beaumont,  à  22  kilomètres  de  Poitiers.  Il  s'installa  en  plein  champ  à  8'' 10'"  du  soir.  A 
•  8''3o'"  la  correspondance  était  établie.  La  station  de  Poitiers  avait  retrouvé  promptement 
»  la  station  extérieure. 

»  Le  10  mars,  IM.  Baudot  se  transportai  Champagné-Saint-Hilaire,  à  87  kilomètres  de 
»  Poitiers,  à  l'angle  delà  promenade  de  Blossac.  Il  faisait  très-beau  soleil  ;  chaque  station 
»   était  pourvue  d'un  miroir  plan.  On  s'en  servait  pour  envoyer  le  soleil  par  réflexion  dans 


(  38  ) 

»  l'appareil,  ef  la  correspondance  se  fit  ainsi  de  jour.  La  nnit  venue,  on  employa  la  lampe 
>.  à  pétrole.  La  lecture  des  signaux  se  faisait  à  l'œil  nu,  à  celte  distance  de  87  kilomètres. 

.  Ces  expériences  ont  eu  lieu  sous  les  yeux  de  M.  Morin,  inspecteur  des  télégraphes  à 
»   Poitiers,  et  de  W.  Tamisier,  inspecteur  télégraphique  de   la  deuxième  armée.  » 

HYGliÏNE  PUBLIQUR.  —   Sur  les  propriétés  nutritives  et  lactigènes  du  Galega 
officiiialis.  Mémoire  de  M.  Giixet-Damitte.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Cl.  Bernard,  Bouillaud,  Ducharire.) 

«  L'Auteur  indique  d'abord  le  rendement  agricole  de  la  plante  comme 
foin-rage,  sa  vigueur  et  su  valeur  nutritive,  qui  est,  de  33  pour  100,  supé- 
rieure au  foin  de  pré  prototype.  Il  cite  des  détails  d'expériences  tendant  à 
prouver  que  le  bétail  accepte  ou  s'habitue  à  accepter  ce  fourrage  pour  sa 
nourriture;  d'une  analyse  du  Galega  sec,  opérée  par  M.  Gaucheron,  pro- 
fesseur de  Chimie  agricole  à  Orléans,  et  des  données  de  Springel  sur  les 
principes  constitutifs  du  lait  de  vache,  il  conclut  que,  le  Go/e^/ocontenant  tous 
les  éléments  propres  à  former  de  bon  lait,  cette  plante  doit  être  lactigène. 

»  Il  indique  diverses  expériences,  faites  sur  des  vaches  nourries  exclusi- 
ment  de  Galega.  En  vingt-quatre  heures,  ces  vaches  ont  donné,  les  unes,  33 
pour  100  de  lait  de  plus  que  des  vaches  nourries  d'herbes  de  même  poids; 
les  autres,  environ  5o  pour  100  en  plus. 

»  L'Auteur  indique  enfin  les  résultats  obtenus  par  l'administration  du 
Galega,  soit  à  l'état  naturel,  en  salade,  soit  à  l'état  de  sirop,  à  des  nourrices 
dont  le  lait  commençait  à  tarir.   » 

M.  Bourgeois  adresse  un  certain  nombre  d'observations,  faites  pendant 
le  siège  de  Paris  ou  à  la  suite  du  siège,  et  tendant  à  confirmer  l'efficacité  du 
sirop  de  Galecja  comme  lactigène,  et  la  possibilité  de  l'emploi  du  Galega 
comme  plante  fourragère.  Ces  diverses  observations  ont  été  faites  d'après 
les  instructions  de  M.  GiUet-Damitte. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Meuget  adresse  une  Note  complémentaire  à  sa  Communication  sur 
l'emploi  des  gaz  comme  révélateurs.  L'auleur  fait  remarquer  que  M.  Renault, 
dans  l'intérêt  duquel  M.  Balard  avait  fait  une  réclamation  i^et  non  pas 
Raoult,  comme  on  l'a  imprimé  par  erreur  en  note,  t.  LXXVl,  p.  i47'/  'i*^ 
s'est  point  occupé  de  la  réduction  des  sels  de  platine  par  l'hydrogène,  mais 
bien  de  la  réduction  des  sels  d'argent.  Que  les  sels  d'argent  soient  réduc- 
tibles par  l'hydrogène  pur,  ou  qu'il  faille  attribuer  l'action  aux  gaz  élran- 


(39) 
gers  que  l'hydrogène  contient,  c'est  ce  que  M.  Merget  ne  veut  pas  examiner; 
mais  il  maintient  ses  assertions  relativement  aux  sels  de  platine,  qni  sont 
parfaitement  réductibles  par   l'hydrogène  pur,  comme  Brunner  l'aftirnie, 
et  comme  ses  propres  expériences  tendent  à  le  confirmer. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Chataing  adresse,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre  de  l'Iiistruclion 
publique,  une  Lettre  relative  à  ses  appareils  d'aérostation. 

(Renvoi  à  la  Commissidn  des  aérostats.) 

M.  T.  Hé\a  adresse  luie  nouvelle  Noie  relative  à  des  coprolithes  trouvés 
dans  les  terrains  quaternaires  des  environs  de  Saint-Briciic. 

(Commissaires  :  MM.  Delafosse,  Daubrée,  Des  Cloizeaux.) 

.M.  J.- A.  Le  Coz  adresse  uiie  Note  relative  à  ces  mêmes  fossiles,  qu'il 

croit  être  formés  par  un  dépôt  de  carbonate  de  chaux  dans  le  moule  de 

racines  d'arbres. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

M.  Br.ANDiN  adresse  une  Lettre  relative  à  sa  précédente  Communication 
sur  le  Martinet  noir  ou  de  muraille. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Dezautières  adresse  une  Lettre  relative  à  sa  précédente  Note  sur  une 

averse  de  grêle. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  J.  DusART  adresse  un  Mémoire  sur  une  machine  à  vapeur  à  rotation. 
(Commissaires  :  MM.  Morin,  Rolland,  ïresca.) 

M.  Bertrand  adresse,  comme  complément  à  son   travail   pour  le  Con 
cours  de  Statistique,  un  Allas  de  Géographie  et  Statistique  médicales  de  la 
France.  Cet  Atlas  est  transmis  à  l'Académie  par  M.  Larrey. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  Note  sur  des  modifications  à  apporter  aux 

télescopes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Trémont.) 


(  4o  ) 

M.  C.  MoRELLo  adresse  une  Note  relative  à  la  vie  de  la  matière. 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Romain  d'Olizar  adresse  une  Note  relative  à  une  machine  nouvelle 
de  son  invention. 

(Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Tresca.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  «  Observations  faites  dans  les  stations  astronomiques 
suisses,  par  M.  E.  Plantamour.  » 

JM.  LE  Secrétaire  perpétuel  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  l'envoi 
qui  lui  a  été  fait  par  M.  Th.  du  MonccI,  de  la  collection  des  Ouvrages  pu- 
bliés par  lui  sur  l'Électricité  et  sur  la  Télégraphie  électrique. 

{V^oir  la  mention  de  ces  Ouvrages  au  Bulletin  bibiiociraplikjue.) 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  constitution  du  Soleil  et  la  théorie  des  taches; 
*par  M.  E.  Vicaire. 

«  Les  produits  non  gazeux  de  la  combustion,  après  avoir  flotté  quelque 
temps  dans  la  photosphère,  retombent  dans  le  noyau  central  lorsqu'ils  se 
sont  suffisamment  agglomérés.  Quand,  grâce  à  des  circonstances  favorables, 
les  masses  qu'ils  forment  sont  assez  considérables  pour  descendre  violem- 
ment et  sans  se  refroidir,  elles  déterminent  la  formation  des  lâches  cl 
des  protubérances.  Au  contact  de  ces  masses,  en  effet,  une  grande  quan- 
tité de  chaleur  se  trouve  appliquée  brusquement  à  un  liquide  déjà  bouil- 
lant; de  là  une  violente  explosion,  analogue  à  celle  qu'on  obtient  en  pro- 
jetant du  plomb  fondu  dans  de  l'eau  bouillante.  Il  ne  semble  même  pas 
difficile  de  distinguer  les  trois  cas  auxquels  doivent  correspondre  les  trois 
ordres  principaux  de  phénomènes  éruptifs  que  l'on  observe  à  la  surface  du 
Soleil. 

»  Une  masse  à  la  fois  volumineuse  et  dense,  pénétrant  profondément 
dans  le  noyau,  déterminera  une  ébullition  violente,  mais  courte,  et,  l'effet 
purement  mécanique  du  choc  venant  s'y  ajouter,  il  se  produira  une  de  ces 


(  4I  ) 

brusques  projections  de  matières,  peut-être  encore  en  partie  liquides,  que 
l'on  observe  de  temps  à  autre. 

M  Une  masse  moins  considérable  et  surtout  peu  dense  donnera  une  pro- 
tubérance plus  on  moins  vive,  plus  ou  moins  durable. 

»  Enfin  une  masse  très-considérable,  mais  de  nature  à  flotter  sur  le 
noyau,  donnera  une  tache.  Les  vapeurs  produites  sous  cette  scorie  flot- 
tante, se  dégageant  à  la  périphérie,  y  produisent  une  ceinture  de  protubé- 
rances et  de  facules.  Le  long  de  la  nappe  évasée  qu'elles  forment,  la  com- 
bustion s'effectue  vivement,  sans  séparation  de  carbone  solide,  comme  à  la 
base  de  la  flamme  d'un  bec  de  gaz.  C'est  ce  qui  produit  la  pénombre;  mais 
les  oxydes  fixes  continuent  à  s'y  former;  c'est  pourquoi  les  jets  enflammés 
qui  s'allongent  contre  les  parois  de  la  cavité  ne  sont  pas  complètement 
obscurs;  lis  sont  seulement  amaigris  par  l'absence  de  carbone  solide. 

Au-dessus  de  la  photosphère,  les  jets  gazeux  sont  rabattus  en  arrière  par 
suite  du  mouvement  relatif  de  l'atmosphère.  De  là  la  dissymétrie  habituelle 
des  facules;  de  là  ces  queues  que  présentent  certaines  taches  toujours  en 
arrière.  De  là  une  agitation  de  la  photosphère  qui,  laissant  apercevoir  çà 
et  là  un  noyau  obscur,  forme  une  série  de  petites  taches  dans  le  sillage  de 
la  grande.  C'est  une  première  cause  de  la  formation  de  groupes  allongés 
suivant  les  parallèles. 

»  On  peut  réaliser  des  conditions  analogues  dans  une  expérience  de  la- 
boratoire. Le  moyen  le  plus  simple  est  de  lancer,  dans  la  flamme  plate  d'un 
bec  de  gaz  à  fente,  et  perpendiculairement  au  plan  de  cette  flamme,  un  jet 
de  gaz  de  forme  arrondie.  En  augmentant  ou  en  diminuant  la  pression  de 
ce  dernier  jet,  on  obtient  à  volonté  une  facule  ou  luie  tache;  mais,  pour  ob- 
tenir une  représentation  plus  parfaite,  il  faut  d'abord  se  procurer  une  nappe 
lumineuse  simple,  en  faisant  arriver  le  jet  du  bec  fendu  sous  le  bord  d'un 
creuset  de  terre  couché  horizontalement  :  le  creuset  se  remplit  de  gaz  et  la 
nappe  lumineuse  en  ferme  l'entrée.  Un  tube  qui  traverse  le  fond  du  creuset 
amène  un  jet  de  gaz  normal,  et  l'on  écrase  ce  jet  au  moysn  d'un  petit  disque 
métallique  un  peu  irrégulier,  qui  représente  le  noyau  de  la  tache. 

»  Des  îles  flottantes  de  scories,  dont  le  diamètre  égale  plusieurs  fois  la 
profondeur  des  taches,  ne  peuvent  pas  tomber  tontes  formées  du  haut  de  la 
photosphère;  mais  il  n'y  a  aucune  difficulté  à  comprendre  qu'elles  se 
forment  sur  place  par  l'agglomération  de  blocs  tombant  en  pluie  dans  une 
même  région.  Le  phénomène  de  caléfaction  qui  se  produit  nécessairement 
au-dessous  d'elles  leur  permet  de  flotter  plus  facilement,  et,  pour  peu 
qu'elles  aient  une  structure  huileuse  et  scoriacée,  on  comiirend  qu'elles 

C.R.,1873,  2<>  5<;me«rc.  (T.  LXXVII,  N"   I.)  6 


(    42    )        . 

surnagent,  même  avec  une  densité  propre  bien  supérieure  à  celle  du  liquide; 
mais,  dès  que  la  masse  est  assez  refroidie  pour  être  mouillée,  une  dernière 
explosion  se  produit,  la  scorie  est  submergée  et  la  tache  disparaît. 

»  Les  nuages  détaciiés  que  l'on  voit  souvent  au  bord  du  Soleil  peuvent 
être  desimpies  bouffées  de  gaz  combustibles;  mais  je  crois  qu'ils  sont  dus 
habituellement  à  des  jets  gazeux  qui,  lancés  avec  une  grande  vitesse,  ne 
s'enflamment  qu'à  une  certaine  distance  de  leur  origine.  Pareil  effet 
s'observe  à  chaque  instant  dans  un  feu  de  bois  ou  de  houille,  et  récemment 
31.  Benevides  a  montré  qu'il  se  produit  toujours  lorsqu'on  allume  dans 
l'air  un  jet  de  gaz  d'éclairage  un  peu  fortement  comprimé. 

»  Les  vitesses  énormes  avec  lesquelles  s'élèvent  les  protubérances 
s'expliquent  de  la  façon  la  plus  simple  par  la  présence  de  l'atmosphère.  Si 
nous  considérons  une  masse  de  gaz  dont  la  densité  soit  le  dixième  de  celle 
de  l'atmosphère,  la  vitesse  qu'elle  acquerra  sous  l'action  de  la  pesanteur 
solaire  y,  après  un  parcours  h  égal  seulement  au  rayon  terrestre,  sera 


\  (lo  —  i)  2Jh  =  yV)  X  2  X  9,81  X  27,5  X  6370000  =  176000  mètres. 


»  Ainsi  s'explique  également  le  mouvement  ascensionnel  des  queues  des 
comètes. 

»  Quant  aux  protubérances  qui  semblent  retomber  comme  des  jets 
d'eau,  suivant  la  comparaison  du  P.  Secchi,  cela  pourrait  tenir  à  la  densité 
plus  grande  des  matériaux  qui  les  constituent;  mais  je  pense  que  c'est  le 
plus  souvent  un  simple  effet  de  perspective.  Ce  sont  des  jets  qui,  entraîtiés 
par  l'atmosphère  à  peu  près  parallèlement  à  la  surface  du  Soleil,  passent 
d'un  côté  à  l'autre  du  contour  apparent  de  l'astre.  Cet  entraînement  par 
l'atmosphère  explique  les  formes  couchées  que  présentent  ordinairement 
les  protubérances  ailleurs  qu'aux  pôles. 

»  Les  produits  solides  qui  flottent  dans  la  photosphère  ne  restent  pas 
immobiles.  Sous  l'influence  de  la  force  centrifuge,  ils  se  portent  vers 
l'équateur,  de  même  que,  dans  l'expérience  élémentaire  de  Physique,  les 
corps  les  plus  denses  sont  ceux  qui  s'éloignent  le  plus  de  l'axe  de  rotation. 
Les  taches  sont,  en  effet,  concentrées  dans  une  zone  peu  étendue  de  part  et 
d'autre  de  l'équateur.  Toutefois  il  y  aurait  à  expliquer  pourquoi  l'équateur 
lui-même  en  offre  très-peu.  Cela  tient  sans  doute  à  des  causes  secondaires, 
telles  que  le  remous  produit,  à  partir  de  l'équateur,  par  les  gaz  que  ces 
matériaux  refoulent  vers  les  pôles,  et  le  mouvement  général  de  l'équateur 
aux  |)ôles,  qui  paraît  exister  à  la  base  de  l'atmosphère  oxygénée,  d'après  les 
observations  du  P.  Secchi  sur  la  direction  des  protubérances.  Enfin  il  est 


(  43  ) 

à  remarquer  que  le  noyau  liquide  n'est  pas  nécessairement  homogène;  la 
force  centrifuge  peut  aussi  y  déterminer  une  séparation  par  zones,  qui 
influerait  évidemment  sur  tous  les  phénomènes  photosphériques. 

»  Les  causes  principales  ou  secondaires  dont  nous  venons  de  parler,  agis- 
sant de  la  même  manière  tout  le  long  de  chaque  parallèle,  donnent  une 
seconde  explication  de  la  formation  de  groupes  de  taches  disposés  suivant 
ces  cercles. 

))  D'autre  part,  il  se  peut  que  la  distribution  des  taches  et  des  protubé- 
rances soit  influencée  par  une  cause  périodique,  dont  l'intervention  a  déjà 
été  signalée  comme  fait  d'observation,  sans  qu'on  ait  pu  l'expliquer  d'une 
manière  satisfaisante  :  c'est  l'action  des  planètes.  On  a  calculé  que  cette 
action  ne  pourrait  produire  à  la  surface  du  Soleil  que  des  marées  absolu- 
ment insignifiantes;  mais  il  ne  suit  pas  de  là  qu'elle  ne  puisse  agir  efficace- 
ment dans  des  cas  où  elle  ne  serait  pas  en  lutte  avec  la  pesanteur  solaire; 
or  c'est  ce  qui  arrive  lorsqu'il  s'agit  de  déplacer  des  corps  flottants,  suivant 
des  surfaces  de  niveau  le  long  desquelles  le  travail  de  cette  pesanteur  est 
nul.  Je  trouve  que  l'action  de  Jupiter  sur  un  corps  placé  à  la  surface  du 
Soleil  est  environ  y^tû  ^^^  '■''  composante  tangentielle  de  la  force  centri- 
fuge à  la  latitude  de  4^  degrés,  où  cette  composante  atteint  son  maximum. 

»  Quant  aux  mouvements  des  taches,  j'ai  déjà  exposé  ailleurs  les  faits 
d'observation  qui  établissent  un  rapport  très-net  entre  ces  mouvements  et 
les  dégagements  gazeux  dont  les  taches  sont  le  siège.  Il  n'est  pas  étonnant 
que  les  scories  flottantes,  sous  lesquelles  se  forme  incessamment  un  mate- 
las de  vapeurs,  circulent  aisément  à  la  surface  du  liquide  qui  les  porte, 
comme  un  globule  de  potassium  sur  l'eau.  Si  le  mouvement  a  lieu  toujours 
suivant  les  parallèles  et  dans  le  sens  de  la  rotation,  cela  tient  évidemment 
à  ce  que  l'impulsion  qui  le  produit  se  trouve  orientée  par  le  déplacement 
relatif  de  l'atmosphère,  et  voici,  ce  me  semble,  comment  cela  peut  se  faire. 
Lesjelsqui  sedégagent  toutautour  du  noyau  scoriacé  n'ont, pareux-mèmes, 
aucune  tendance  habituelle  à  le  pousser  d'un  côté  plutôt  que  de  l'autre; 
mais  l'atmosphère  qui  les  rabat  en  arrière  leur  conununiquc  une  obliquité 
générale  dans  le  même  sens  :  la  réaction  qu'ils  produisent  tend  donc  à 
pousser  le  corps  flottant  en  sens  contraire. 

Ta  vitesse  communiquée  à  celui-ci  doit  augmenter,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  avec  l'obliquité,  et  par  conséquent  aller  en  croissant  du  pôle  à 
l'équateur;  mais  ce  corps,  à  son  tour,  doit  entraîner  le  liquide  qui  le 
porte  et  y  produire  un  courant  dirigé  suivant  le  parallèle.  Ces  courants 
régularisent  les  mouvements  des  taches  et  font  que  la  vitesse  de  chacune 

6.. 


(44  ) 

d'elles  110  dépenil  pas  absolument  de  l'intensité  actuelle  du  dégagement 
gazeux  dont  elle  est  le  siège.  La  vitesse  du  courant,  à  chaque  latitude, 
dépend  à  la  fois  de  roi)liquité  moyenne  des  jets,  à  celte  latitude,  et  du 
iiombie  des  taches  ou  protubérances  qui  s'y  produisent.  C'est  pourquoi, 
en  déiinitive,  la  vitesse  observée  dans  les  taches  semble  diminuer  un  peu  à 
l'équatenr  même,  où  ce  nombre  offre  un  minimum.  On  comprend,  par  la 
même  raison,  que  la  vitesse  générale  de  rotation  du  Soleil  puisse  varier 
avec  le  temps,  comme  le  nombre  des  taches.  » 

MÉTÉOROLOGIE  SOLAIRE.  —  Les  cydones  du  Soleil  comparés  à  ceux 
de  notre  atmosphère.  Note  de  M.  H.  Tarry. 

«  L'Académie  a  reçu  de  nombreuses  Communications  sur  les  taches  du 
Soleil,  que  INI.  Faye  assimile  à  des  cyclones,  en  tous  points  comparables  à 
ceux  qui  bouleversent  notre  atmosphère. 

»  Cette  théorie  est  combattue  à  la  fois  par  les  spectroscopistes  italiens 
qui,  s'en  rapportant  au  témoignage  de  leurs  yeux,  déclarent  que  les  taches 
sont  dues  à  des  mouvements  ascendants  et  non  descendants  de  vapeurs 
métalliques  incandescentes,  et  par  les  mathématiciens  qui,  appliquant  le 
calcul  à  cette  question,  établissent  que  l'effet  produit  est  hors  de  propor- 
tion avec  la  cause.  Je  m'attendais  à  ce  qu'un  météorologiste  plus  autorisé 
que  moi  intervînt  dans  le  débat  pour  l'éclaircir,  en  expliquant  comment 
les  choses  se  passent  dans  notre  atmosphère,  où  les  phénomènes  sont 
plus  facilement  observables.  Personne  ne  l'ayant  lait,  je  demande  à  l'Aca- 
démie la  permission  de  faire  une  observation  extrêmement  simple,  qui 
montrera  que  toute  la  discussion  roule  sur  un  malentendu,  et  qui  aura 
peut-être  pour  résultat  de  mettre  tout  le  monde  d'accord,  ce  qui  serait 
extrêmement  désirable. 

»  M.  Faye  a  présenté  un  tableau  qui  comprend,  en  regard  les  unes 
des  autres,  toutes  les  particularités  des  cyclones  terrestres  et  solaires,  en 
montrant  leur  complet  parallélisme.  La  plus  importante  de  ces  propriétés, 
c'est  que,  dans  les  cyclones,  il  se  produit  un  mouvement  de  rotation 
dirigé  de  haut  en  bas.  C'est  là  le  point  de  départ  de  la  théorie  de  M.  Faye. 
Le  P.  Secchi  le  condiat,  en  ce  qui  concerne  les  cyclones  solaires;  je  viens 
le  combattre,  à  mon  toiu-,  en  ce  qui  concerne  les  cyclones  terrestres, 
dont  je  fais,  depuis  plusieurs  années,  une  étude  attentive. 

»  Dans  les  cyclones  qui  bouleversent  notre  atmosphère,  le  mouvement 
d'aspiration  rotatoire  se  produit  de  bas  en  haut  et  non  de  haut  en  bas-  l'ob- 


(45) 
servation,  l'analogie  et  le  calcul  sont  d'accord  pour  rendre  ce  fait  incon- 
testable, et  je  suis  surpris  que  M.  Faye  ait  aftiriné  le  contraire,  sans  même 
le  discuter. 

»  Les  mouvements  tourbillonnants  auxquels  on  donne  le  nom  de  cy- 
clones ne  sont  que  de  vastes  trombes,  dont  le  diamètre  est  de  plusieurs 
centaines  de  kilomètres.  Or,  dans  les  trombes,  ne  sait-on  pas  que  la  force 
aspirante  dévastatrice  est  dirigée  de  bas  en  baut,  à  tel  point  qu'elle  soulève 
les  toits,  déracine  les  arbres,  aspire  et  dessèclie  les  étangs? 

»  Se  figure-t-on  une  trombe,  passant  sur  une  surface  liquide  et  dépri- 
mant cette  surface,  par  suite  d'une  poussée  qui  ferait  pénétrer  l'air  au  sein 
des  eaux  pour  le  faire  ressortir  en  bulles  gazeuses,  tout  autour  de  Venton- 
noir  qu'elle  aurait  ainsi  formé?  C'est  là  le  phénomène  que  M.  Faye  déclare 
se  produire  sur  le  Soleil.  Rien  de  pareil  n'existe  dans  les  cyclones  terres- 
tres. L'eau  est,  au  contraire,  soulevée;  la  surface  de  la  mer  s'élève  de 
plusieurs  mètres  et  produit  ces  terribles  inondations  qui  ravagent  nos 
colonies  et  viennent  s'ajouter  aux  désastres  causés  par  la  violence  du  vent. 

))  Maury,  le  créateur  de  la  Météorologie  dynamique  ne  s'y  est  pas 
trompé  et  voici  comment  il  s'exprime  dans  le  Chapitre  des  tempêtes  de  son 
magnifique  ouvrage  des  Sailing  Directions  : 

«  C'est  au  centre  de  l'oiiiagan  qu'on  observe  le  mininuini  barométrique.  Il  se  fait  là  un 
vide  considérable,  accru  encore  par  l'ell'et  de  la  force  centrifuge,  résultant  du  mouvement 
gyratoire,  et  une  force  considérable  d'aspiration,  comme  dans  les  trombes,  y  produit  les 
effets  les  plus  désastreux.  La  crête  des  lames  est  emportée  dans  l'espace  et  une  pluie  salée 
retombe  de  toutes  parts.  L^eau  e/i  masse  obéit  à  cette  force  ascensionnelle  et  le  niveau  de  la 
mer  s'élève,  formant  comme  une  marée  locale  qui  suit  la  tempête  dans  sa  course  (i  ).    » 

»  De  même,  lorsqu'un  cyclone  passe  sur  le  Sahara,  il  soulève,  en  vertu 
de  la  même  force  tourbillonnante  ascensionnelle,  les  sables  du  désert,  jus- 
qu'aux régions  les  plus  élevées  de  l'atmosphère,  d'où  on  les  voit  retomber, 
plusieurs  jours  après,  sur  la  Méditerranée  et  le  sud  de  l'Europe. 

»  C'est  en  m'appuyant  sur  ce  fait  que  j'ai  présenté  à  l'Académie,  il  y  a 
trois  ans  (a),  une  théorie  complète  de  ce  phénomène  des  pluies  de  sable,  qui 
s'est  depuis  vérifiée  un  très-grand  nombre  de  fois,  à  tel  point  que  j'ai  pu 
prédire  ces  pluies  de  sable  plusieurs  jours  à  l'avance. 

))  Si  la  force  tourbillonnante  était  dirigée  de  haut  en  bas,  ce  phénotnène 
périodique  deviendrait  inexplicable;  il  est  probable,  en  outre,  qu'il  s'exer- 

(i)  Sailing  Directions,  traduction  de  M.  Charles  Ploix,  chap.  VII,  ]).  85. 
(2)  Comptes  rendus,  séances  des  9  mai  et  20  juin  1870. 


(46) 

ccrait  une  sorte  de  poussée  sur  la  cuvette  du  baromètre,  par  suite  de  la 
composante  verticale  dirigée  de  haut  en  bas,  et  les  énormes  dépressions 
barométriques,  produites  précisément  parce  que  celte  composante  est  diri- 
gée de  bas  en  haut,  s'expliqueraient  moins  facilement. 

»  D'ailleurs  la  question  a  été  soumise  au  calcul  et  a  été  résolue  dans  le 
sens  que  j'indique.  Dans  un  Mémoire  remarquable  sur  la  théorie  méca- 
nique des  tempêtes,  inséré  en  1867  dans  le  Bulleliii  de  F  Association  scien- 
tifique et  dans  l'Jtlas  des  orages,  M.  Peslin,  ingénieur  à  Tarbes,  combat,  par 
les  raisons  suivantes,  l'opinion  que  M.  Faye  prend  pour  base  de  son  argu- 
mentation : 

»  Afin  de  conserver  sa  force  vive,  le  tourbillon  qui,  dans  sa  marche, 
déploie  une  force  mécanique  sans  cesse  renaissante,  a  besoin  de  s'alimenter 
d'air  nouveau,  qu'il  emprunte  aux  parties  de  l'atmosphère  qui  entrent 
successivement  dans  son  cercle  d'action  en  vertu  de  son  mouvement  de 
translation;  il  doit  aspirer  l'air  d'iui  côté  et  le  rejeter  dans  l'atmosphère 
libre  de  l'autre.  Si  c'est  l'air  des  régions  supérieures  qu'il  aspire,  comme 
il  se  trouve  soumis  à  des  pressions  graduellement  croissantes  dans  son 
mouvement  descendant,  sa  température  devra  s'élever,  et  lecalcid  montre, 
en  tenant  compte  de  la  vapeur  d'eau  qu'il  contient,  que  cette  élévation  ne 
saurait  être  inférieure  à  i  degré  par  loi  ou  102  mètres  de  hauteur  verti- 
cale parcourue  dans  son  mouvement  descendant.  Or  jamais,  dans  l'atmo- 
sphère terrestre,  nous  ne  trouvons  une  loi  aussi  rapide  de  variation  des 
températures.  L'air  appelé  par  le  cyclone  des  hautes  régions  de  l'atmo- 
sphère serait  donc,  à  chaque  instant,  non  pas  plus  froid,  mais  plus  chaud 
que  les  couches  successives  de  l'atmosphère  qu'il  traverse.  Il  ne  pourrait 
donc,  en  se  mêlant  à  l'air  des  couches  moyennes,  précipiter  sous  forme 
de  pluie  la  vapeur  d'eau  dont  elles  sont  chargées.  Or  l'observation  con- 
state, au  contraire,  que  le  passage  des  cyclones  est  marqué  sur  terre  par 
des  pluies  générales  et  diluviennes,  qui  sont  une  cause  fréquente  d'inon- 
dations, ainsi  que  j'en  ai  cité  de  nombreux  exemples  (i). 

»  L'opinion  soutenue  par  M.  Faye  que,  dans  les  cyclones  terrestres,  le 
mouvement  tourbillonnant  est  dirigé  de  haut  en  bas,  qu'il  y  a  engouffre- 
ment et  non  aspiration,  est  donc  une  erreur  qui  doit  être  bannie  de  la 
science.  C'est  cependant  sur  cette  erreur  que  s'appuie  la  théorie  des  cy- 
clones solaires  et  de  la  circulation  de  l'hydrogène  à  la  surface  du  Soleil. 
»  Cette  théorie    doit-elle  être  abandonnée?  Nullement  :  j'en  suis  un 


(  I  )  De  1(1  pn-diction  du  mouvement  des  tempêtes.  {Rei'ue  maritime  et  coloniale,  mars  18^3). 


(47  ) 
partisan  très-convaincu  et  j'espère  donner  ainsi  à  son  illustre  autein'  le 
moyen  de  l'établir  sur  des  fondements  plus  solides.  Qui  ne  voit  que,  en 
admettant  la  même  loi  pour  les  cyclones  solaires  que  pour  les  cyclones 
terrestres,  tout  s'explique  avec  une  merveilleuse  facilité? 

»  D'abord  les  objections  des  spectroscopistes  italiens  tombent,  la 
théorie  se  mettant  d'accord  avec  les  f;iits;  ensuite  ce  mouvement  si  com- 
pliqué de  la  circulation  souterraine  de  l'hydrogène  solaire  devient  d'ime 
extrême  simplicité,  et  l'on  voit  mie  analogie  frappante  entre  la  manière 
dont  s'accomplissent  les  phénomènes  analogues  sur  le  Soleil  et  sur  la 
Terre. 

))  Sur  terre,  l'action  calorilique  du  Soleil  produit  i'évaporalion  des 
mers  :  la  vapeur  d'eau,  aspirée  et  enlevée  jusqu'aux  hautes  régions  de 
l'atmosphère,  s'y  condense,  forme  les  nuages  et  la  pluie  qui  vient  répartir 
l'eau  sur  les  continents  et  entretenir  la  végétation.  Lorsqu'un  cyclone  se 
produit,  ce  phénomène  d'aspiration  et  de  condensation  de  la  vapeur  d'eau, 
au  contact  de  la  basse  température  des  régions  supérieures  de  l'atmo- 
sphère, prend  des  proportions  énormes,  et,  vus  du  Soleil,  nos  cyclones 
sembleraient  des  taches  interceptant  la  vue  de  la  surface  de  la  Terre. 

»  Sur  le  Soleil,  l'inégalité  de  vitesse  des  différents  parallèles  engendre 
les  cyclones  qui  aspirent  et  rejettent  au  dehors,  d'abord  l'hydrogène,  puis 
les  matériaux  plus  denses  qu'ils  vont  puiser  à  une  plus  grande  profondeur; 
de  là  cette  distinction,  fiiile  par  le  P.  Secchi,  de  deux  sortes  de  protu- 
bérances bien  distinctes.  Parvenues  à  l'extrémité  de  leur  course,  les  va- 
peurs métalliques  entraînées  aux  hauteurs  prodigieuses  où  nous  les  montre 
le  spectroscope  se  condensent  au  contact  de  régions  plus  froides  et  retom- 
bent en  gouttes  liquides  à  l'intéiieur;  c'est  ce  qui  produit  les  taches.  En 
effet  le  spectre  est  direct  dans  les  éruptions  ou  protubérances,  et  renversé 
dans  les  taches. 

»  On  s'explique  ainsi  pourquoi  les  protubérances  composées  d'hy- 
drogène et  de  la  matière  subtile  qui  produit  la  raie  Dj  ne  produisent 
pas  de  taches;  tandis  que  les  protubérances  composées  de  vapeurs  métal- 
liques sont  toujours  suivies  de  taches,  à  tel  point  que,  d'après  l'appari- 
tion des  unes,  le  P.  Secchi  a  pu  prédire  avec  certitude  l'apparition  des 
autres  (i). 

»  Tous  les  faits,  en  un  mot,  sur  lesquels  s'appuient  les  spectroscopistes 

(\)  Memoria  ciel  P .  A.  Secchi  intorno  alla  conricssiunc  clellc  macchic  colle  protuberanzc 
solari.  [BuUettino  rneteorologico  dcir Osseivaturio  dcl  Collcgio  romano,  février  et  mars  iS^S). 


(  48  ) 
italiens  pour  réfuter  la  théorie  de  M.  Paye,  deviennent  au  contraire  des 
arguments  en  sa  faveur,  si  l'on  y  fait  la  seule  modification  de  changer  deux 
mots  de  place.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Sur  (/»  nouvel  isomère  de  l'acide  valérianique;  par 
MM.  C.  Friedel  et  R.-D.  Silva,  présenté  par  M.  Berthelot. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (i),  après  avoir  fait  connaître 
l'alcool  innacolique,  dérivé  delà  pinacoline  par  hydrogénation,  nous  avons 
annoncé  que  l'oxydation  de  cet  alcool  régénère  la  pinacoline,  et  que  cette 
dernière,  elle-même,  oxydée  à  l'aide  du  bichromate  de  potasse  et  de  l'acide 
sulfurique,  fournit  un  acide  isomérique  avec  l'acide  valérianique. 

»  Nous  avons  poursuivi  depuis  avec  soin  l'étude  de  cet  acide,  que  nous 
appellerons  pivaliqiie,  pour  rappeler  à  la  fois  son  origine  et  l'isomérie  qu'il 
présente  avec  l'acide  valérianique;  si  cette  étude  ne  peut  pas  encore  être 
considérée  comme  terminée,  à  cause  des  questions  nombreuses  et  intéres- 
santes qui  s'y  rattachent,  elle  est  arrivée  pourtant  à  un  point  où  nous  pen- 
sons qu'elle  mérite  de  fixer  l'attention  de  l'Académie. 

»  Lorsqu'on  ajoute  de  la  pinacoline  à  un  mélange  d'acide  sulfurique 
étendu  d'iui  peu  moins  de  son  poids  d'eau  et  de  bichromate  de  potasse, 
on  voit  la  réaction  s'établir  seule  ou  avec  l'aide  d'une  douce  chaleur;  elle 
est  fort  régulière  et  accompagnée  d'un  dégagement  continu  d'acide  carbo- 
nique; pour  h  terminer,  il  faut  chauffer  légèrement  jusqu'à  ce  qu'il  se  pro- 
duise des  soubresauts.  Ou  ajoute  alors,  après  refroidissement  du  mélange, 
une  nouvelle  quantité  d'acide  sulfurique,  pour  détruire  un  composé  chro- 
mique  soluble  dans  l'éther  qui  nage  à  la  surface  sous  la  forme  d'une  mousse 
verte,  puis  on  soumet  à  la  distillation. 

»  Il  passe,  avec  une  certaine  quantité  d'eau,  un  liquide  huileux,  ayant 
une  légère  odeur  butyrique  ou  valérianique,  qui  se  concrète  souvent  par  le 
refroidissement.  On  distille  aussi  longtemps  que  le  produit  présente  une 
réaction  acide,  puis  on  sature  par  le  carbonate  de  soude,  qui  dissout  avec 
effervescence  le  liquide  huileux.  On  évapore  à  sec,  on  reprend  par  l'alcool 
à  f)5  degn's  pour  séparer  le  carbonate  de  soude  en  excès,  et  par  évapora- 
tiou  de  la  solution  alcoolique,  on  obtient  le  sel  de  soude  du  nouvel  acide, 
sous  la  forme  de  lames  cristallines  faiblement  nacrées. 

»  Ce  sel  de  soude,  dissous  dans  lui  peu  d'eau,  décomposé  par  l'acide 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p,  226. 


(  49  ) 
siilfiiriqiie  et  distillé,  fournit  l'acide  à  i'élat  de  pureté;  pour  l'avoir  sec,  il 
suffit  de  décanter  les  parties  huileuses  plus  légères  que  l'eau  et  de  les  mettre 
en  contact  avec  du  chlorure  de  calcium  (ondu,  puis  de  les  distiller.  Ou  met 
à  part  ce  qui  passe  avant  i6i  degrés  et  qui  renferme  encore  un  peu  d'eau. 
La  partie,  bouillant  de  i6i  à  i65  degrés,  constitue  l'acide  à  l'état  de  pureté 
presque  complète;  dans  ime  nouvelle  distillation,  on  peut  très-bien  ne  re- 
cueillir l'acide  cju'à  son  point  d'ébuUition  exact,  i63  degrés.  L'acide  ainsi 
obtenu  cristallisait  0.2']  degrés;  au  moyen  d'un  grand  nombre  de  fusions 
partielles  avec  décantation  des  premières  parties  fondues,  nous  sommes 
arrivés  à  élever  légèrement  ce  point  de  cristallisation  que  nous  avons  trouvé 
alors  à  3o  degrés. 

»  Nous  avons  prêté  une  attention  particulière  à  ces  déterminations,  à 
cause  de  la  grande  ressemblance  que  présente  l'acide  pivalique  avec  l'acide 
Irimélhylacéiique  àe  M.  Boutlerow  (i).  Ce  chimiste  éminent  n'hésite  pas  à 
considérer  son  acide  comme  identique  avec  le  nôtre,  malgré  leur  diversité 
d'origine. 

»  M.  Boutlerow  a  trouvé,  pour  le  point  de  fusion  de  son  acide,  34  à  35 
degrés,  et,  pour  son  point  d'ébuUition,  i6i  degrés.  11  a  décrit  de  plus 
un  sel  de  baryte  en  fines  aiguilles  groupées  en  étoiles,  qui  renferme 
(C^H''0-)-Ba  -H  5H-0.  On  verra  plus  loin  que  le  pivalate  de  baryte  ren- 
ferme la  même  quantité  d'eau.  L'identité  des  deux  acides  semble  donc 
assez  probable.  Néanmoins,  dans  ces  questions  délicates  d'isoraérie,  qui 
prennent  chaque  jour  une  importance  plus  grande,  il  n'est  pas  permis  de  se 
contenter  de  ressemblances  approchées  :  il  faut  arriver  à  une  identité  de 
caractères  complète;  c'est  ce  que  nous  avons  cherché  à  faire  en  desséchant, 
comme  M.  Boutlerow,  notre  acide  avec  l'air  phosphorique  anhydre.  Cette 
opération  n'a  pas  eu  pour  résultat  d'en  élever  le  point  de  fusion,  mais 
plutôt  de  l'abaisser  un  peu.  Si  donc  ce  point  de  fusion  est  abaissé  par  une 
petite  quantité  de  matière  étrangère,  cette  matière  ne  peut  être  l'eau. 
Peut-être  y  a-t-il  des  traces,  insensibles  à  l'analyse,  d'acide  acétique; 
en  eftet,  en  prenant,  après  plusieurs  distillations,  les  toutes  premières 
parties  passées  et  en  les  transformant  en  sel  d'argent,  on  y  trouve  un  peu 
plus  d'argent  qu'il  n'en  faut  pour  le  pivalate. 

»  L'acide  s'obtient  toujours  à  l'état  cristallisé,  jamais  à  l'étal  vitreux, 
que  parait  présenter  partiellement  l'acide  triméthylacétique.  Les  cristaux 
en  se  formant  s'agrègent  en  dendrites  tout  à  fait  analogues  à  celles  du  sel 

(i)  BcricItCc  dcr  dcutschoi  chcmisclicn  Gcsellschaft,  t.  V,  p.  47^* 

G.  U.,  iS^S,  ■!'  Semestre,  (T.  I.XXVII,  N°  1.)  7 


(  5o) 
ammoniac;   peu   à   peu   la  masse  cristalline  devient  grenue;    les   grains 
grossissent  avec  le  temps  et  le  tout  prend  un  aspect  oolithique  ;  parfois  on 
peut  y  reconnaître  des  formes octaédriques.    Les   cristaux   appartiennent 
au  type  cubique,  car  ils  n'agissent  pas  sur  la  lumière  polarisée. 

M  L'acide  est  soluble  dans  46  fois  son  poids  d'eau  à  la  température  de 
20  degrés.  La  solubilité  croît  assez  rapidement  avec  la  température  pour 
que  les  solutions  chaudes  se  troublent  par  le  refroidissement.  En  se  dis- 
solvant, l'acide,  comme  ses  sels,  subit  des  mouvements  analogues  à  ceux 
du  camphre  et  des  butyrafes. 

»  Le  sel  d'argent  s'obtient  en  petites  lames  cristallines  quand  on  préci- 
pite un  pivalate  par  l'azotate  d'argent. 

»  Le  sel  de  soude  cristaUisé  dans  l'eau  renferme  C^H'O^Na  +  ali^O;  il 
perd  toute  son  eau  dans  l'air  sec.  Il  fond,  comme  le  sel  de  potasse,  en  une 
masse  feuilletée  ressemblant  aux  acétates.  Le  pivalate  de  potasse  est  déli- 
quescent. 

»  Ces  sels  sont  facilement  décomposables  par  l'acide  acétique  avec  mise 
en  liberté  d'acide  jnvalique;  c'est  ce  qui  n'a  lieu  ni  pour  les  butyrates 
ni  pour  les  valérates. 

))  Le  sel  de  cuivre  est  presque  insoluble  dans  l'eau  ;  il  faut  plus  de 
5oo  parties  d'eau  pour  le  dissoudre  ;  on  l'obtient  sous  la  forme  d'un  pré- 
cipité cristallin  et  lourd  d'un  joli  vert  en  traitant  un  pivalate  par  le 
sulfate  de  cuivre.  Il  se  transforme  facilement  en  sel  basique;  lorsqu'on 
fait  évaporer  sa  dissolution,  ce  n'est  pas  le  sel  lui-même  qu'on  obtient, 
mais  un  sous-sel  en  jolies  écailles  bleues.  Le  lavage  avec  une  grande 
quantité  d'eau  suffit  pour  le  transformer  partiellement  en  sel  basique;  on 
l'obtient  pur  en  le  précipitant  en  solulion  peu  étendue  et  légèrement  aci' 
dulée  par  l'acide  pivaliqne  ;  il  renferme  alors  (C'H*  O*)^  Cu  +  H-0.  L'eau 
s'en  va  facilement  à  1 00  degrés  et  dans  le  vide  sec.  Lorsque  le  sel  de  cuivre 
est  mélangé  de  sel  basique,  on  peut  le  puriâer  par  dissolution  dans  l'al- 
cool à  c)5  degrés,  dans  lequel  ii  est  très-soluble,  de  même  que  dans  l'éther, 
tandis  que  le  sous-sel  ne  l'est  pas.  Il  cristallise  de  l'alcool  en  jolis  prismes 
d'un  vert  foncé  bleuâtre,  qui  renferment  à  la  fois  de  l'alcool  et  de  l'eau  de 
cristallisation  :  ils  paraissent  contenir  (CirO")  Cu  +  H-0  +|C=H«0.  L'al- 
cool se  dégage  assez  rapidement  à  l'air  pour  que  sa  détermination  et  la  me- 
sure des  cristaux  soient  fort  difficiles.  Les  cristaux  paraissent  appartenir  au 
type  orlhorhombique. 

»  Le  sel  de  cuivre  cristallisé  ou  sec  présente  une  particularité  curieuse, 
c'est  celle  de  se  décomposer,  lorsqu'on  le  chauffe  doucement,  en  émettant 


(  5.  ) 
une  fumée  blanche  qui  se  réunit  au-dessus  de  l'essai  en  une  masse  co- 
tonneuse très-légère  de  fibres  non  cristallines,  semblant  avoir  été  passées  à  la 
filière.  Elles  ne  sont  pas  volatiles  et  un  nouveau  chauffage  les  décompose; 
elles  sont  formées  d'un  sel  cuivreux  se  dissolvant  dans  l'ammoniaque, 
sans  la  colorer  d'abord  et  se  colorant  ensuite  à  l'air.  L'acétate  de  cuivre 
préseute  un  phénomène  analogue,  mais  beaucoup  moins  marqué. 

»  Le  sel  de  baryte  obtenu  en  saturant  l'acide  par  l'hydrate  de  baryte 
est  fort  soluble  dans  l'eau  et  cristallise  en  aiguilles  soyeuses  renfermant 
(C^  H9  0^)^Ba  +  5H-0;  le  sel  de  chaux  est  également  soluble  dans  l'eau; 
il  cristallise  en  fibres  soyeuses  et  contient  (C^  H"  0)^Ca  ■+-  4HH). 

»  En  faisant  agir  l'iodure  d'éthyle  à  i/jo  degrés  sur  le  pivalate  de  soude, 
nous  avons  obtenu  le  pivalate  d"élhy!e;  c'est  un  liquide  limpide,  d'une 
très-agréable  odeur,  bouillant  à  ii8",5  et  renfermant  C^  H' 0^  C"  tP.  Sa 
densité  est  de  o,S'j'j'i  à  zéro,  et  de  o,8535  à  aS  degrés. 

»  La  distillation  du  pivalate  de  chaux  mélangé  avec  le  formiate  a  donné 
une  petite  quantité  d'un  liquide  d'odeur  aldéhydique  bouillant  vers 
go  degrés  et  qui  a  régénéré  par  oxydation  l'acide  pivaiique. 

»  Si  maintenant  nous  nous  demandons  quelle  peut  être  la  constitution 
de  l'acide  pivaiique,  il  est  naturel  de  remonter  à  la  pinacoline  qui  lui  a 
donné  naissance;  cette  dernière  est  une  sorte  d'oxyde  d'éthylène  dérivé 
de  la  pinacone  : 

I.  (CH5)=C0H  II.  (CH')'C\  m.   (CH=)'C\ 

I  10  •      I  o 

{CH')'COH  (CH')=C/  CH'C/OH 

Pinacone.  Pinacoline.  Acide  pivaiique. 

»  Une  oxydation  tout  à  fait  régulière  enlève  CH'  à  la  pinacoline  et  y 
introduit  OH;  les  quantités  obtenues  sont  presque  celles  qu'indique  la 
théorie;  il  semble  donc  naturel  d'assigner  à  l'acide  la  formule  IIL  On  voit 
que  ce  symbole  ne  renferme  pas  le  groupe  CO^  H,  qui  a  été  regardé  jus- 
qu'ici comme  caractéristique  de  la  fonction  acide;  mais  rien  ne  prouve 
qu'il  ne  puisse  exister  un  groupe  {C*0-H)"  ayant  la  même  fonction. 
Dans  un  travail  récent  et  étendu  sur  l'acide  lactique,  M.  Wislicenus  admet 
l'existence  d'acides  ayant  des  formules  analogues  ;  antérieurement,  M.  Gri- 
maux  en  a  proposé  une  se  rapprochant  des  précédentes  pour  l'acide  ben- 
zylique.  Si  l'acide  pivaiique  est  reconnu  différer  de  l'acide  triméthylacé- 
tique,  on  sera  conduit  à  admettre  la  formule  III,  par  exclusion  d'autres 
possibles.  Dans  le  cas  contraire,  et  la  question  sera  maintenant  facile  à 
tranchera  l'aide  des  caractères  que  nous  avons  donnés,  nous  ne  pensons 

7-- 


(  5:^) 
pas,  avec  M.  Boutlerow,  qu'il  y  ait  lieu  de  changer  la  formule  de  la  pina- 
coline  pour  la  mettre  d'accord  avec  celle  de  l'acide.  S'il  y  a  tine  transpo- 
sition moléculaire,  c'est  ))lutôt  dans  l'oxydation  de  la  pinacoline  que 
dans  sa  dérivation  de  la  pinacone  qu'elle  doit  avoir  lieu.  On  connaît  des 
exemples  de  transpositions  pareilles,  et  récemment  encore  M.  Hofmann 
en  a  donné  un  remarquable  en  montrant  que  l'oxydation  des  méthylanilines 
peut  fournir  des  dérivés  toluiques  (i). 

»  Nous  pensious  que  l'étude  thermique  de  notre  acide  pourrait  jeter  du 
joiu"  siu"  sa  constitution.  M.  Berthelot  a  bien  voulu  fyire  les  détermina- 
tions nécessaires;  nous  désirons  lui  en  témoigner  ici  notre  reconnaissance; 
mais  les  nombres  obtenus  n'ont  rien  d'assez  particulier  poiu'  permettre  de 
résoudre  le  problème  dès  maintenant.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  de  l'acide  siiccinique  en  acide  maléique. 
Note  de  M.  E.  Bouugoin,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  M.  Dessaignes  a  fait  voir  le  premier  que  l'acide  maléique,  dans  certains 
phénomènes  de  fermeniation,  pouvait  se  transformer  en  acide  succinique; 
on  sait  que  la  même  transformation  s'opère,  d'une  manière  analogue  et  plus 
régulière,  sous  l'influence  de  l'hydrogène: 

»  J'ai  observé  fe  réaction  inverse  en  étudiant  l'action  de  la  chaleur  sur 
le  succinate  d'argent  :  une  partie  de  ce  sel  se  scinde  très-nettement  en  ar- 
gent et  en  acide  maléique,  d'après  l'équation  suivante  : 

C«H"Ag-0«  =  Ag-  +  C«H^O«. 

»  Voici  comment  il  convient  d'opérer.  Le  succinate  sec  d'argent  est  in- 
timement mélangé  avec  trois  fois  environ  son  poids  de  sable  fin  ;  on  intro- 
duit le  mélange  dans  une  cornue  tubulée  entourée  de  sable  jusqu'à  la 
naissance  du  col,  puis  on  élève  graduellement  la  température  jusqu'à 
i8o  degrés.  Au-dessus  de  loo  degrés,  des  vapeurs  se  dégagent  continuel- 
lement de  la  masse  et  se  résolvent  en  deux  parties  :  un  liquide  qui  se 
condense  eu  stries  Imileuses  et  que  l'on  recueille  dans  un  petit  récipient; 
des  cristaux  qui  tapissent  le  dôme  et  le  col  de  la  cornue. 

»    1°  Produit  liquide.  —  Il  est. faiblement  coloré  en  jaune,  exhale  une 


(i)  Jlerichte  der  dcittschcn  chcmischen  Ges.,  t.  VI,  p.  35?.. 


(  53  ) 
légère  odeur  enipyremiiatiqae,  due  à  la  présence  de  quelques  traces  de 
produits  pyrogénés;  sa  saveur  est  acide,  désagréable.  11  constitue  une  dis- 
solution aqueuse  très  concentrée  qui  abandonne  parfois  des  cristaux  du 
jour  au  lendemain;  en  l'évaporant  à  sec,  et  en  épuisant  par  l'éther,  on 
obtient  des  cristaux  incolores  qui  jouissent  des  propriétés  suivantes  : 

»  Ils  fondent  à  i3o  degrés.  Leur  saveur  est  acide,  très-désagréable.  Ils 
sont  solubles  dans  l'eau,  dans  l'alcool  et  dans  l'éther. 

»  Leur  solution  aqueuse  donne  avec  l'eau  de  baryte  concentrée  un  pré- 
cipité soluble  dans  un  excès  d'acide,  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  transformer  en 
paillettes  cristallines.  Le  nitrate  d'argent  est  sans  accion,  mais,  si  l'on  sature 
au  préalable  par  l'ammoniaque,  on  obtient  un  précipité  abondant  qui 
brûle  facilement  en  donnant  pour  résidu  de  l'argent  métallique  (i). 

))  Tous  ces  caractères  appartiennent  à  l'acide  maléique. 

»  2°  Cristaux.  —  Les  cristaux  qui  se  condensent  dans  l'allonge  sont  de 
deux  sortes  :  les  premiers,  que  l'on  rencontre  de  préférence  dans  la  partie 
antérieure  de  l'allonge,  se  prosenteiit  sous  forme  d'aiguilles  sublimées  qui 
fondent  à  i3o  degrés,  comme  l'acide  maléique,  dont  ils  possèdent,  du  reste, 
les  propriétés;  les  seconds  n'entrent  en  fusion  qu'à  f8o  degrés,  et  présen- 
tent les  caractères  ordinaires  de  l'acide  succinique. 

»  La  régénération  de  l'acide  succinique  aux  dépens  du  succinate  d'ar- 
gent a  été  signalée  autrefois  par  Woehier  dans  des  conditions  un  peu  dif- 
férentes, ce  savant  chauffant  le  sel  à  loo  degrés  dans  un  courant  d'hydro- 
gène. On  voit  que  la  présence  de  ce  gaz  n'est  pas  indispensable  à  la 
reproduction  de  l'acide  succinique. 

»  Le  succinate  d'argent  fournit  environ  la  dixième  partie  de  son  poids 
de  produit,  ce  qui  correspond  à  une  transformation  régulière  égale  au  tiers 
de  l'acide  succinique  employé. 

»  Il  reste  dans  la  cornue  un  charbon  argentifère,  pidvérnlent,  qui  dé- 
gage d'abondantes  vapeurs  nitreuses  quand  on  le  traite  par  l'acide  azo- 
tique. » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  mode  de  décomposition  des  corps  explosifs,  comparé 
aux  phénomènes  de  la  sarsaturation;  par  MM.  P.  Champion  et  H.  Pellet, 
présenté  par  M.  Berthelot. 

«  On  désigne  généralement  sous  le  nom  de  composés  explosifs  des  com- 
binaisons ou  des  mélanges  qui,  sous  des  influences  diverses,  donnent  nais- 

(i)  o,3i5   a   donné   par  combustion  o,2o4   (l'ari^cni.  Pour  la  formule  C'H^Ag'0%  la 
théorie  indique  0,206. 


(  54  ) 
sance  à  un  volume  de  gaz  dont  la  formarion  rapide  provoque  une  explo- 
sion plus  ou  moins  énergique.  Dans  certains  cas,  comme  pour  les  poudres 
dont  la  poudre  noire  est  le  type,  l'explosion  provient  de  combinaisons  entre 
les  éléments  qui  la  com|)osent;  dans  d'autres,  comme  les  substances  de 
composition  définie,  tels  que  les  éthers  des  alcools  mono-atomiques  et  polya- 
tomiques,  les  fulminates,  les  combinaisons  de  l'azote  avec  quelques  mé- 
talloïdes, etc.,  l'explosion  résulte  de  la  séparation  brusque  des  éléments. 

»  Cette  définition  paraît  limitée  à  un  nombre  restreint  de  phénomènes 
et  nous  avons  pensé  que,  pour  distinguer  entre  eux  les  corps  sous  le  rapjjort 
de  leur  rapide  décomposition,  la  classification  en  stables  et  instables  serait 
mieux  appropriée  à  ce  genre  de  phénomènes.  A  ce  point  de  vue,  on 
désignerait  sous  le  nom  d'instables  des  corps  ou  des  composés  dans  les- 
quels l'équilibre  rompu  en  un  point,  et  sous  des  influences  déterminées, 
provoquerait  la  décomposition  immédiate  de  toute  la  masse,  avec  une  vi- 
tesse et  un  dégagement  de  chaleur  dépendant  de  la  nature  du  corps  et  des 
influences  auxquelles  on  le  soumet.  Un  grand  nombre  de  corps  instables 
peuvent  manifester  leur  changement  d'état  de  différentes  manières,  soit  par 
une  décomposition  rapide  doiniant  lieu  à  une  véritable  détonation,  soit  par 
la  séparation  plus  lente  des  éléments  qui  les  composent. 

»  La  dynamite  et  le  coton-poudre,  dont  la  décomposition  peut  s'effectuer 
avec  ignition,  flamme  ou  explosion  violente,  présentent  un  exemple  frap- 
pant de  ces  faits  (i).  La  dénomination  que  nous  proposons  pourrait  d'ail- 
leurs s'étendre  aux  modifications  de  l'état  physique  (2). 

»  De  là  à  comparer  l'état  d'équilibre  instable  des  composés  explosifs  à 
celui  des  solutions  sursaturées,  ainsi  que  l'a  fait  M.  Cernez,  il  n'y  a  qu'un 
pas.  Nous  avons  donc  cherché  à  établir  des  rapprochements  précis  entre 
les  phénomènes  qui  aciompagnent  les  difiérents  modes  d'action  des  solu- 
tions sursaturées  et  des  composés  instables,  parmi  lesquels  nous  avons 
choisi  la  dynamite,  en  raison  de  la  facilité  avec  laquelle  elle  se  prête  à  des 
décompositions  d'ordre  différent. 

»    1°  On  peut  considérer  les  solutions  sursaturées  comme  des  combinai- 

(i)  Le  coton-poutire  tordu  en  fil  de  faible  diamètre  peut  fuser  à  la  manière  de  la  dynamite. 

(2)  Les  lauies  hataviques,  dont  on  peut,  dans  cet  ordre  d'idées,  rapprocher  l'état  d'insta- 
bililc  de  celni  des  roniposés  explosifs,  présenlont  dis  phénomènes  analogues  à  ceux  que 
nous  venons  de  rappeler.  Tandis  qu'on  peut  déterminer  le  brisement  rapide  de  toute  la 
masse,  suivi  d'une  légère  explosion,  en  IroUant  légèrement  les  couches  sensibles,  mises  à 
nu  au  moyen  de  la  meule,  d'un  autre  côté,  ainsi  que  l'a  démontré  dernièrement  M.  de 
Luynes,  on  peut  obtenir  la  désagrégation  plus  lente  et  sans  explosion  en  attaiiuant  ]>ro- 
gressivement  la  partie  effilée,  au  moyen  de  l'acide  fluorhydrique. 


(55) 
sons  instables  d'eau  et  de  sel  hydraté  dans  lesquelles  la  dissolution  s'ef- 
fectue au  contact  d'un  cristal  de  même  sel  ou  isomorphe  (t), 

))  Le  cristal  représente  l'amorce  explosive  sous  l'influence  de  laquelle 
s'effectue  la  décomposition  rapide  tie  la  nitroglycérine.  En  effet,  tandis  que 
quelques  décigramnies  de  fulminate  de  mercure  produisent  l'explosion  de 
la  dynamite,  l'iodure  d'azote,  en  quantité  suffisante  pour  donner  lieu  à 
un  effet  mécanique  équivalent,  est  impuissant  à  déterminer  l'explosion  du 
uième  composé. 

»  2°  Action  de  ramorce.  —  En  présence  d'une  charge  convenable  de 
fulminate  de  mercure,  la  dynamite  fait  explosion,  en  quantité  quelconque 
el  quelle  que  .soit  la  forme  du  récipient. 

LTu  poids  suffisant  de  sulfate  de  soude,  à  la  température  ordinaire,  déter- 
mine la  cristallisation  du  sulfate  sursaturé  (même  dans  les  cas  de  désensi- 
bilisation que  nous  examinerons  plus  loin). 

Le  diamètre  des  tubes  qui  contiennent  le  sulfate  de  soude  ainsi  que  la 
forme  des  récipients  sont  sans  influence  sur  la  vitesse  de  cristallisation  (2). 

Une  solution  sursaturée  renfermée  dans  un  tube  plusieurs  fois  coudé  et 
ayant  une  longueur  de  4^  centimètres  a  cristallisé  dans  le  même  temps 
qu'une  semblable  solution  placée  dans  un  tube  droit  de  même  longueur. 

»  Si  l'amorce  est  insuffisante,  la  dynamite  peut  ne  subir  cju'une  dé- 
composition partielle  et  s'enflammer  dans  certains  cas. 

»  De  son  côté,  le  sulfate  de  soude  sursaturé  présente  des  cristallisations 
différentes  suivant  le  mode  d'action  de  l'amorce.  Les  solutions  sursaturées, 
cristallisant  sous  l'influence  de  particules  de  sulfate  de  soude  contenu 
dans  l'air,  fournissent  de  longs  cristaux  aiguillés.  Si,  au  contraire,  on  intro- 
duit dans  la  solution  des  cristaux  volumineux  de  sulfate  de  soude,  on  ob- 
tient une  cristallisation  confuse  et  les  cristaux  paraissent  en  partie  brisés  (3). 

(i  )  M.  Gernez,  dans  une  récenle  Communication,  a  répondu  victorieusement  aux  théories 
ingénieuses,  mais  dénuées  de  fondement,  basées  sur  le  noyalisnie.  Nous  ajouterons,  à  l'ap- 
pui des  faits  indiqués  par  ce  savant,  que  l'on  peut  à  volonté  lendre  telle  ou  telle  huile  noya- 
lique  pour  les  solutions  sursaturées  de  sulfate  de  soude,  par  une  exposition  suffisante  dans 
une  atmosphère  chargée  de  particules  de  ce  sel.  D'ailleurs  en  élevant  convenalilement  la  tem- 
pérature dfs  corps  gras,  de  manière  à  déshydrater  le  sulfate  de  soude  qu'ils  renferment,  on 
les  soustrait  à  cette  influence  supposée. 

{2)  Nos  expériences  sur  les  solutions  sursaturées  ont  été  faites  à  l'aide  de  tubes  bouchés 
de  22  centimètres  de  hauteur  et  de  22  millimètres  de  diamètre.  La  solution  était  composée 
de  sulfate  de  soude,  2  parties,  eau,  i  partie. 

(3)  Si  l'on  introduit  dans  un  ballon  d'une  capacité  de  plusieurs  litres  et  rempli  de  solution 


(  56  ) 
»  3"  L'addition  à  la  iiitroglyccrine  d'un  corps  inerte  en  excès  (silice,  etc.) 
modifie  complètement  sa  sensibilité  et  la  transforme  en   un  composé  qui 
résiste    à   des  chocs  même  énergiques.    On   obtient  tni    résultat  corres- 
pondant avec  les  solutions  sm'saturées. 

La  cristallisation  provoquée 
On  a  ajouté  .'lo  ccntiniélrcs  cubes  de  solution  par  les  poussières  atmospliéiiques 

sursaturée  de  sulfate  de  soude  :  s'est  effectuée  eu  : 

Eau,  a^" 37  secondes. 

Glycérine,  1^' 4 1  » 

Chlorure  de  sodium,  a^'' 4°  " 

Azoïate  de  potasse,  i^' 5i  « 

Carbonate  de  sonde,  2"' 62  « 

Sidfate  d'ammoniaque,  2^' 64  " 

Solution  de  :  eau  72='',  sulfate  de  soude  46^'' 1 14  " 

Ea  remplaçant   la   glycérine  par  une  claircc   de   sucre 

feau  5o,  sucre  100) 177  » 

Glycérine  à  28  degrés  12",  5,  solution  sursaturée  de  sul- 
fate de  soude  26  centimètres  cubes 36o 

Solution  de  :  eau  72^'',  sulfate  de  soude  46^''  (saturée  de 

carbonate  de  soude 900  ^          (i) 

»  Si,  à  une  solution  de  sulfate  sursaturée,  aS  centimètres  cubes,  on 
ajoute  12'^'', 5  d'une  solution  d'azolate  de  potasse  saturée  à  froid,  011  peut 
impunément  laisser  le  mélange  exposé  aux  poussières  atmosphériques.  La 
cristallisation  ne  peut  être  provoquée  que  par  l'introduction  directe  de 
stilfate  de  soude  en  cristaux  d'une  grosseur  appréciable. 

))  L'addilion  de  corps  étrangers  agit  donc  d'tine  façon  analogue  sur  la 
nitroglycérine  et  sur  les  solutions  sursaturées,  ce  qui  résulte  de  l'écarte- 
ment  des  molécules  et  de  la  difficulté  qu'éprouve  chacune  d'elles  à  subir 
l'influence  de  la  molécule  voisine. 

»  4"  Quanta  laclion  de  la  température,  en  raison  de  la  nature  rnéme 
des  phénomènes  entre  lesquels  nous  cherchons  à  établir  des  rapproche- 
ments ainsi  que  des  résultats  auxquels  elle  donne  naissance,  on  compren- 
dra que  cette  action  doit  être  inverse  dans  les  deux  cas  pour  pouvoir  don- 

sursalurée  de  sulfate  de  soude  une  baguette  de  verre  exposée  quelques  instants  à  l'air  et 
recouverte  de  poussière  de  sulfate,  ou  si  l'on  emploie  comme  amorce  une  pincée  de  cristaux 
et  cela  dans  les  mêmes  conditions  de  température,  on  peut  s'assurer  que  le  temps  pendant 
lequel  s'eflcclue  la  cristallisation  de  toute  la  masse  est  notablement  différent. 

;  i)  On  peut  alois  reproduire  une  partie  de  ces  expériences  par  des  additions  succcsiives 
d'eau  distillée.  La  solution  qui  renferme  la  ylycérine  donne  lieu  à  la  formation  de  cristaux 
invisibles,  déjà  signalés  dans  d'autres  cas  par  (|uelques  observateurs. 


(  57  ) 
lier  lien  à  des  phénomènes  comparables.  A  de  basses  températures,  en  effet, 
la  faculté  explosive  de  la  dynamite  et  des  composés  explosifs  en  générai 
décroît  notablement,  tandis  que,  dans  les  mêmes  conditions,  l'instabilité 
des  solutions  sursaturées  augmente  rapidement. 

»  Une  charge  de  o™,2  de  fulminate  de  mercure  est  sans  action  sur  la 
dynamite  à  ^5  degrés  gelée. 

■»  Une  solution  sursaturée  de  sulfate  de  soude,  placée  dans  un  tube,  a 
cristallisé  en  3g  secondes  à  la  température  de  1 5- 1 6  degrés  tandis  qu'à 
•4-  8  degrés  la  cristallisation  totale  s'est  effectuée  en  ig  secondes  pour  une 
même  hauteur  de  liquide. 

»  Une  semblable  inversion  dans  les  résultats  se  produit  encore  dans  le  cas 
où  l'on  introduit,  dans  la  solution  sursaturée,  un  corps  pidvérident,  et  si, 
réciproquement,  on  remplace  la  silice,  qui  sert  d'absorbant  à  la  nitroglycé- 
rine, par  un  dissolvant  quelconque  (i).  L'esprit  de  bois  ajouté  à  la  nitrogly- 
cérine, dans  la  proportion  de  j  à  ^  pour  loo,  ne  lui  permet  plus  de  faire 
explosion  ;  mais,  dans  ce  cas,  la  nature  même  du  corps  explosif  est  profon- 
dément modifiée. 

»  D'un  autre  côté,  la  présence  d'une  quantité  suffisante  d'im  absorbant 
tel  que  la  silice  s'oppose  à  la  sursaturation. 

»  Dans  les  expériences  sur  la  dynamite  que  nous  venons  de  rappeler,  on 
pourrait  substituer  à  la  nitroglycérine  telle  combinaison  analogue  (nitro- 
glycol,  nitroérythrite,  etc.)  possédant  les  m.êmes  propriétés. 

))  La  série  de  faits  qui  précèdent,  et  qu'on  pourrait  multiplier,  nous 
paraît  suffisante  pour  établir  une  relation  directe  entre  les  phénomènes 
de  la  sursaturation  et  ceux  que  présentent  les  corps  explosifs,  lorsqu'on  se 
place  dans  des  conditions  comparables  d'expérimentation.  )> 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  chlorure  de  benzjle  sur  la  naphtylainine. 
Note  de  MM.  Ch.  Fboté  et  I>.  Tommasi,  présentée  par  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville. 

((  Eu  faisant  réagir  à  chaud,  en  présence  d'une  petite  quantité  de  zinc 
en  poudre,  du  chlorure  de  benzyle  sur  la  naphtylamine,  nous  avons  obtenu 

(  i)  Si  l'on  place,  dans  une  conserve  remplie  de  sulfate  de  soude  sursaturé,  un  lube  en  verre 
contenant  la  même  solution  et  muni  à  l'une  de  ses  extrémités  d'un  diaphragme  en  baudruche, 
la  cristallisation  provoquée  artificiellement  dans  l'un  des  récipients  s'étend  jusqu'aux  parties 
externes  de  la  membrane  et  détermine,  après  quelques  secondes  d'arrêt,  la  cristallisation  de 
la  deuxième  partie. 

Q 

C.  R.,  1873,  1'  Semeslie.  (T.  LXXVll,  N"  I.) 


(  58  ) 
un  composé  isomère  à  la  cressylnaplitylaraine,  différant  de  celle-ci  par  la 
substitution   de  l'atome  de  benzyle  à  l'atome  de  cressyle  et  qui  semble 
prendre  naissance  en  vertu  de  l'équation  suivante  : 


C'H'  (     .         ..(*„_  H  I     ,  jj 


»  La  benzylnnphlj lamine,  ainsi  obtenue,  est  débarrassée  de  l'excès  de 
chlornrc  de  benzyle,  en  la  cbauffant  pendant  quelque  temps  à  l'ébullilion, 
et  du  cblorure  de  zinc  par  des  lavages  à  l'eau. 

»  On  dissout  ensuite  ce  produit  dans  l'alcool  et  l'on  évapore  au  bain- 
marie  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  On  étend  sur  des  assiettes  la  masse 
visqueuse,  et,  après  dessiccation,  on  l'obtient  sous  forme  d'écaillés  trans- 
lucides, d'un  brun  foncé,  semblables  au  tartrate  ferrico-potassique. 

»  La  benzylnaphtylamine  est  très-soluble  dans  l'éther  à  froid  et  dans 
l'alcool. 

»  L'acide  chlorhydrique,  même  concentré,  ne  l'attaque  pas;  l'acide  azo- 
tique concentré  n'a  aucune  action  sur  elle;  l'acide  azotique  fumant  l'at- 
taque, au  contraire,  facilement  en  formant  un  dérivé  nitré  jaune,  insoluble 
dans  l'eau  et  peu  soluble  dans  l'éther  et  l'alcool,  dérivé  que  nous  étudie- 
rons prochainement. 

»  La  benzylnaphtylamine  fond  vers  66-67  degrés;  le  point  de  fusion  de 
son  isomère  est  à  7g  degrés.  Chauffée  sur  une  lame  de  platine,  elle  brûle 
avec  une  flamme  éclairante  et  fuligineuse,  en  dégageant  une  odeur  rappe- 
lant la  nnphtylamine. 

»  Les  quantités  des  corps  employés  pour  la  préparation  ci-dessus  sont  : 
i438  de  naphtylamine,  1265  de  chloriue  de  benzyle  et  2  à  3  grammes  de 
zinc  en  poudre. 

»  L'analyse  nous  donne  : 

Calculé.  Trouvé. 

Carbone 87 ,  55  Carbone ^7  >  % 

Hydrogène 6,8  Hydrogène 7,2 

Azote 6,0  Azote 5,3^ 

»  Ce  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  de  M.  Schutzenberger,  à  la 
Sorbonne.  » 


(59) 

PHYSIOLOGIE.   —  Recherches  expérimentales    sur  l'action   du   qaz  protoxyde 
d'azote.  Note  de  MM.  F.  Jolyet  et  T.  Blanche. 

«  Le  gaz  protoxyde  d'azote,  depuis  sa  découverte,  a  été  l'objet  de  nom- 
breuses observations  et  expériences,  faites  tant  sur  l'homine  que  sur  les 
animaux,  et  les  opinions  les  plus  contradictoires  ont  été  émises  relative- 
ment à  son  action  pliysiologique.  Ne  pouvant  faire  ici  l'historique  de  cette 
question,  nous  citerons  seulement  les  noms  de  Davy,  Thenard,  Zimmer- 
mann,  Magitot  et  Krishaber,  qui  s'y  rattachent  particulièrement. 

»  Les  deux  points  de  l'action  du  protoxyde  d'azote,  comme  gaz  respi- 
rable  et  comme  agent  anesthésique,  étant  encore  aujourd'hui  controversés, 
il  nous  a  paru  utile  de  les  contrôler  par  quelques  expériences  nouvelles, 
faites  dans  des  conditions  précises.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  expériences 
que  nous  avons  l'honnetu'  de  soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie  : 

»  1°  Le  protoxyde  d'azote  est-il  un  gaz  respirable?  On  sait  que  l'air 
atmosphérique  n'entretient  la  respiration  des  animaux  que  par  l'oxygène 
qu'il  renferme  ;  on  s'est  donc  demandé  si  le  gaz  protoxyde  d'azote,  combi- 
naison instable  d'azote  et  d'oxygène,  beaucoup  plus  riche  en  oxygène  que 
l'air  atmosphérique,  pouvait  aussi  servir  à  la  respiration. 

))  Dans  une  première  série  d'expériences,  nous  avons  recherché  si  des 
graines  pourraient  germer  dans  une  atmosphère  de  protoxyde  d'azote. 
Nous  avons  placé,  sous  des  cloches  contenant  du  gaz  chimiquement  pur, 
des  graines  d'orge  et  de  cresson,  sur  du  papier  à  filtre  humide.  Nous  avons 
constaté  que,  après  neuf  jours  dans  un  cas  et  quinze  jours  dans  un  autre,  les 
graines  n'offraient  aucune  trace  de  germination,  tandis  que  d'autres  semis 
d'orge  et  de  cresson,  faits  comparativement  et  de  la  même  façon,  mais  sous 
une  cloche  renfermant  de  l'air  atmosphérique,  entraient  en  pleine  germina- 
tion du  deuxième  au  troisième  jour. 

»  Les  graines  placées  dans  le  protoxyde  d'azote  germaient  à  leur  tour, 
si  l'on  faisait  passer  sous  les  cloches  quelques  centièmes  d'oxygène. 

»  Les  mêmes  résultats  étaient  obtenus  avec  des  graines  en  voie  de  déve- 
loppement :  le  développement  était  arrêté  dans  une  atmosplière  de  pro- 
toxyde d'azote,  et  reprenait  lorsqu'on  faisait  arriver  sous  la  cloche  quelques 
centièmes  d'oxygène. 

»  Si  la  germination  et  le  développement  des  plantes  est  impossible  dans 
le  protoxyde  d'azote,  les  fonctions  essentielles  de  la  respiration  des  ani- 
maux ne  peuvent  non  |)lus  s'effectuer  dans  une  atmosphère  de  ce  gaz  pur. 
Les  oiseaux  y  meurent  en  trente  secondes;  les  mammifères  ^lapins,  chiens), 

8.. 


(    fio    ) 
en  trois  à  quatre  minutes  et  demie.  A   la  mort,  le  sang  est  noir   clans 
les  vaisseaux;  l'autopsie  permet  de  constater  les  signes  ordinaires  de  l'as- 
phyxie par  respiration  de  gaz  inertes  (azote,  hydrogène). 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  nous  avons  recherché  si  le 
protoxyde  d'azote  possède  réellement  les  propriétés  anesthésiques  qu'on  lui 
attribue,  et  qui  le  font  employer  dans  certaines  opérations  chirurgicales 
et  spécialement  poiu- l'extraction  des  dents. 

»  Dans  ce  but,  nous  avons  fait  des  mélanges  de  protoxyde  d'azote  et 
d'oxygène  plus  ou  moins  riche,  de  telle  façon  que  ces  mélanges  conte- 
naient i8  à  21   d'oxygène  et  60  à  80  pour  100  de  protoxyde. 

»  Des  moineaux  placés  sous  des  cloches,  dans  des  atmosphères  sem- 
blables, se  comportaient  comme  ceux  qu'on  avait  placés  comparativement 
dans  des  cloches  renfermant  de  l'air  ordinaire,  et  mouraient  à  peu  près  dans 
le  même  temps,  après  avoir  formé  autant  d'acide  carbonique  et  épuisé  éga- 
lement l'oxygène. 

»  Nous  avons  fait  respirer  à  des  chiens  des  mélanges  de  protoxyde  d'a- 
zote et  d'oxygène,  dans  les  proportions  de  l'air,  pendant  20  à  3o  minutes, 
sans  avoir  pu  constater,  à  aucun  moment,  un  affaiblissement  appréciable 
de  la  sensibilité  :  le  nerf  sciatiqne,  excité  par  un  faible  courant,  a  toujours 
produit  des  signes  d'une  vive  douleur. 

»  Chez  les  animaux  respirant  le  gaz  protoxyde  pur,  nous  avons  constaté, 
en  excitant  le  nerf  sciatiqne  à  divers  moments,  que  la  sensibilité  dispa- 
raissait chez  l'animal  entre  la  troisième  et  la  quatrième  minute,  c'est-à-dire 
à  un  moment  où  l'animal  offrait  tous  les  signes  de  l'asphyxie. 

»  Ces  expériences  suffiraient  déjà  à  montrer  que  le  gaz  protoxyde  d'azote 
n'est  pas  un  agent  anesthésique  véritable,  et  qu'il  ne  produit  l'insensibilité 
qu'en  amenant  l'asphyxie.  L'extraction  des  gaz  du  sang  par  la  pompe  à 
mercure,  et  leur  analyse  à  l'eudiomètre,  mettent  ce  fait  hors  de  doute. 
Lorsqu'on  cherche,  en  effet,  par  des  analyses  des  gaz  du  sang,  la  quantité 
de  protoxyde  d'azote  qui  existe  dans  le  sang  artériel  de  chiens  respirant 
des  atmosphères  artificielles  de  protoxyde  et  d'oxygène,  dans  les  propor- 
tions de  l'air  atmosphérique,  depuis  20  à  3o  minutes,  on  trouve  qu'il  a 
dissous  environ  3o  à  35  centimètres  cubes  pour  100  de  protoxyde  d'azote. 
D'un  autre  côté,  les  animaux  qui  meurent  en  respirant  le  protoxyde  d'azote 
pur  ont,  à  la  mort,  de  3o  à  38  pour  100  de  protoxyde  d'azote,  c'est-à-dire 
à  peu  près  la  même  quantité  que  plus  haut.  Mais,  tandis  que  les  premiers 
ont  dans  leur  sang  18  à  20  d'oxygène  pour  100,  les  seconds,  au  moment 
où  l'anesthésie  a  lien,  n'ont  plus  que  2  à  3  pour  100  d'oxygène  dans  le 


(  6>   ) 
sang  artériel.  Or  l'expérience  a  montré  que  l'insensibilité  a  lieu  chez  les 
ciiiens  lorsque  précisément  il  n'y  a  plus  que  2  à  3  pour  100  d'oxygène 
clans  le  sang  (P.  Bert). 

»  De  ces  expériences,  nous  concluons  que  le  gaz  proloxyde  d'azote  ne 
peut  entretenir  la  respiration  des  plantes  ni  celle  des  animaux;  que,  si  ce 
gaz  respiré  pur  produit,  à  un  certain  moment,  l'aneslhésie,  c'est  par  priva- 
tion d'oxygène  dans  le  sang,  c'est-à-dire  par  asphyxie. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  Physiologie  de  la 
Faculté  des  Sciences.  » 

BOTANIQUE.  —  Recherches  SUT  l'orcjanocjénie  Jlorale  des  Noisetiers. 
Note  de  M.  H.  Bâillon,  présentée  par  M.  Brongniart. 

«  jM.  Payer,  qui  fut  mon  maître  et  le  plus  autorisé  des  organogénistes 
de  l'Académie,  avait  coutume  de  dire  que  «  celui-là  serait  bien  habile  qui 
»  découvriraitle  mode  de  développemeiît  des  fleurs  femelles  des  Coudriers.  » 
Il  y  faut,  à  vrai  dire,  moins  d'habileté  que  de  méthode  et  de  persévérance. 
Les  voies  de  la  nature  sont  ici  semblables  à  elles-mêmes,  et  l'évolution  flo- 
rale y  suit  la  même  marche  générale  que  dans  les  antres  plantes.  Les  Co- 
rylées  différent  uniquement  des  autres  par  une  plus  grande  lenteur  dans 
la  succession  des  phénomènes,  si  bien  que  c'est  vers  le  mois  de  juin  de 
cette  année,  par  exemple,  qu'il  faut  surprendre  le  début,  puis  suivre  pas  à 
pas  l'évolution  d'une  fleur  dont  le  fruit  sera  cueilli  au  mois  de  septembre  de 
l'année  prochaine. 

»  TjOS  Noisetiers  dont  les  fruits  mûriront  vers  l'automne  ont,  dit-on,  des 
fleurs  femelles  qui  s'épanouissent  vers  le  mois  de  janvier  de  la  même  année; 
mais  on  sait  que,  à  cette  époque,  si  l'on  étudie  les  chatons  femelles,  on  n'y 
voit  les  fleurs  représentées  que  par  deux  longs  styles,  à  extrémité  pourprée 
et  sligmatifère,  unis  à  leur  base,  dans  une  très-faible  étendue,  en  une  masse 
qu'entoure  un  très-petit  calice,  et  qui  ne  renferme  ni  cavité  ovarienne,  ni 
ovides.  Les  botanistes  ont  remarqué  avec  étonnement  cette  singularité, 
sans  pouvoir  se  rendre  compte  du  développement  de  la  portion  ovarienne 
du  gynécée.  Celui-ci  obéit  toutefois  à  cette  sorte  de  loi  qui  veut  que,  dans 
un  pistil,  on  voie  d'abord  émerger  le  sommet  stylaire  des  feuilles  carpel- 
laires,  puis  la  base  de  ces  styles,  et  enfin  la  portion  ovarienne.  Les  Coryhts, 
rentrant  dans  la  règle,  ne  diffèrent  de  la  plupart  des  autres  végétaux  que 
par  la  lenteur  de  l'évolution.  Vers  le  mois  de  juin,  ces  fleurs  femelles,  qui 
montreront  leurs  styles  rouges  au  mois  de  janvier  suivant,  naissent  dans 


(G.) 
les  chatons  femelles,  alors  axiles,  dont  l'axe  porte  des  bractées  alternes  et 
imbriquées.  Dans  l'aisselle  de  chacune  des  bractées,  se  développe  un  corps, 
d'abord  entier,  qui,  né  comme  Vécaille  des  Conifères,  présente  successive- 
ment les  mêmes  modifications  de  forme  que  cet  organe,  s'aplatissant  de 
dehors  en  dedans,  puis  se  partageant  supérieurement  en  trois  lobes,  un 
médian  et  deux  latéraux.  Ces  deux  derniers  l'emportent  bientôt  de  beau- 
coup en  volume,  également  comme  dans  les  Abiétinées,  et  chacun  d'eux 
devient  le  réceptacle  d'une  fleur  femelle,  réceptacle  sur  lequel  se  montre, 
dès  l'été,  un  petit  bourrelet  circulaire,  rudiment  du  calice.  Puis,  sur  le 
sommet  légèrement  déprimé  du  même  réceptacle,  naissent  deux  petites 
feuilles  carpellaires,  opposées  l'une  à  l'autre,  limitant  la  fossette  apicale,  de- 
venant connées  à  la  base  et  ne  présentant  alors  qu'un  sommet  court  et 
obtus,  si  bien  qu'alors  le  gynécée  est  tout  à  fait  semblable  à  celui  de 
la  plupart  des  Conifères. 

»  Depuis  ce  moment  jusqu'à  la  fin  de  l'iiiver,  les  sommets  des  feuilles 
carpellaires  ne  font  que  s'allonger  lentement  et  se  garnir  de  papilles  stig- 
matiques.  Ce  n'est  qu'au  mois  de  février  ou  de  mars  que,  par  suite  de 
l'inégal  accroissement  de  ses  diverses  portions,  l'ovaire  se  creuse  d'uns 
cavité  unique,  de  plus  en  plus  profonde,  béante  au  sommet,  autour  de 
laquelle  les  parois  s'élèvent  lentement  pour  constituer,  en  somme,  un  ovaire 
uniloculaire. 

w  Alors  que  cette  sorte  de  puits  qui  représente  la  cavité  ovarienne  est 
complètement  creusé,  son  fond,  arrondi  en  cul-de-sac,  répondant  à  la  base 
même  de  l'ovaire;  son  ouverture,  un  peu  plus  étroite  que  le  reste  du  tube, 
s'apercevant  distinctement  entre  les  bases  écartées  des  styles,  et  sa  paroi 
intérieure  étant  tout  à  fait  lisse,  les  deux  placentas  apparaissent  vers  la  fin 
du  mois  de  mars.  Ce  sont  deux  cordons  verticaux  ou  deux  piliers,  alternes 
avec  les  styles,  qui  semblent  se  sculpter  en  saillie  en  face  l'un  de  l'autre, 
mais  dont  la  production  est  due  à  une  inégalité  d'accroissement  dans 
l'épaisseur  de  la  paroi.  Ces  piliers  se  terminent  inférieurement  par  une 
extrémité  obtuse,  qui  bientôt  présente  plus  d'épaisseur  que  le  reste  du  pla- 
centa. Bientôt  encore  elle  est  partagée  par  un  sillon  vertical  en  deux  saillies 
collatérales,  qui  sont  les  premiers  rudiments  de  deux  ovules.  On  a  donc 
alors,  dans  une  cavité  unique,  quatre  ovules  qui  se  regardent  deux  à  deux, 
sans  se  toucher  encore,  et,  au-dessus  d'eux,  deux  placentas  pariétaux  qui 
s'aplatissent  en  se  rap[)rochant  l'un  de  l'autre,  et  ne  sont  plus  séparés  sur 
une  coupe  transversale  que  par  une  fente  en  forme  de  boutonnière. 

»  Il  est  rare  que  les  quatre  ovules  continuent  de  grossir  également;  le 


(  63  ) 
fait  s'observe  cependant,  pendant  une  période  assez  longue,  dans  certaines 
fleurs  de  Co;j/«s,  et,  plus  souvent,  dans  celles  des  Carpinus.  Plus  ordinai- 
rement, un,  deux  ou  trois  des  ovules  s'arrrtent,  à  une  époque  variable,  dans 
leur  développement.  Quand  l'arrêt  de  développement  porte  sur  deux 
ovules,  ce  sont  tantôt  les  deux  ovules  d'un  même  placenta  qui  cessent  de 
s'accroître,  et,  plus  fréquemment,  un  des  ovules  de  chaque  placenta,  celui 
de  droite  pour  le  placenta  postérienr,  et  celui  de  gauche  pour  l'antérieur, 
ou  réciproquement.  Il  en  résulte  que  la  fente  qui  représente  la  coupe  trans- 
versale de  la  cavité  ovarienne,  au  lieu  de  demeurer  rectiligne,  comme  dans 
la  portion  des  placentas  qui  surmonte  l'insertion  des  ovules,  se  trouve,  au 
niveau  de  ceux-ci,  avoir  la  forme  de  deux  petits  arcs  placés  bout  à  bout  et 
concaves  du  même  côté,  ou  plus  souvent  celle  d'un  S.  Quand  donc  les 
deux  placentas  se  sont  rejoints  sur  la  ligne  médiane  de  l'ovaire,  celui-ci 
présente  deux  loges,  et  les  ovules  qu'elles  renferment  appartiennent,  ou  au 
même  placenta,  ou  à  deux  placentas  différents.  Quant  aux  déformations 
successives  de  l'ovule,  elles  sont  telles  qu'il  est  d'abord  hémisphérique, 
avec  son  axe  transversal,  puis  presque  conique,  obliquement  descendant, 
puis  anatrope,  ovoïde,  avec  une  seule  enveloppe  et  un  micropyle  extérieur 
et  supérieur. 

»  Quant  au  bourrelet  calicinal,  infère  tant  que  le  réceptacle  sur  lequel 
repose  le  gynécée  représente  supérieurement  une  plate-forme  horizontale, 
il  s'élève  à  mesure  que  ce  réceptacle  devient  de  plus  en  plus  concave  ;  péri- 
gyne  quand  le  réceptacle  est  cupuliforme  ;  épigyne,  ou  à  peu  près,  quand 
l'inégal  accroissement  des  parties  a  fait  du  réceptacle  un  véritable  sac,  à 
ouverture  relativement  étroite,  dans  lequel  est  enchâssé  l'ovaire,  devenu 
infère,  et  qui,  à  la  maturité  du  fruit,  constituera  précisément  la  coque 
ligneuse  qui  entoure  la  graine  des  noisettes. 

»  Les  mêmes  phénomènes  se  produisent,  avec  des  différences  de  détail, 
dans  les  autres  genres  de  ce  groupe,  notamment  dans  les  Charmes.  Chez 
eux,  seulement,  la  façon  dont  linvolucre  se  constitue  autour  du  fruit,  aux 
dépens  des  bractéoles  latérales  de  la  fleur,  est  bien  plus  manifeste,  de 
même  que  l'évolution  de  la  masse  molle  interposée  au  péricarpe  et  à  la 
graine,  et  dont  le  mode  de  résorption  a  souvent  été  mal  interprété.  Dans 
toutes  les  Corylées,  l'évolution  des  fleurs  mâles,  qui  ne  présente  d'ailleurs 
aucune  particularité  remarquable,  commence  avant  celle  des  fleurs 
femelles.  » 


(  64  ) 

PALÉONTOLOGIE.  —  Découverte  des  makis  et  du  cheval,  à  l' élut  fossile,  dans  les 
jjiiospliorites  du  Loi.  Note  de  M,  Ê.  Oelfortrie. 

»  J'ai  riiouneiir  de  porter  à  ia  connaissance  de  l'Académie  un  fait  pa- 
léontologique,  qui  nie  paraît  offrir  un  hant  intérêt. 

»  Les  makis  ou  singes  de  Madagascar  étaient  restés  jusqu'à  ce  jour  com- 
plètement ignorés  à  l'état  fossile.  Cette  lacune  est  enfin  comblée  :  les  dé- 
pôts de  phosphorite  du  département  du  Lot  viennent  de  me  donner  le 
crâne  presque  entier,  en  parfait  état  de  conservation,  d'un  individu  de 
cette  famille;  c'est  dans  le  gîte  de  Béduer,  exploité  sur  les  propriétés  de 
M.  Bétille,  que  vient  d'être  découverte  cette  importante  pièce,  que  je  vais 
décrire  sous  le  nom  de  Paleolemur  Belillei. 

»  Un  fait  non  moinsintéressant  pour  la  Science, c'est  que,  au  même  niveau 
que  ce  lémurien,  c'est-à-dire  à  i3  mètres  de  profondeur,  et  avec  lui,  a  été 
trouvé  le  cheval  (une  portion  de  bassin),  associé  aux  PaIcTothériens  et  aux 
Anthracotliériens,  ce  qui  viendrait  pleinement  confirmer  l'opinion  que  j'ai 
déjà  émise  {Les  gîtes  de  chaux  phosphatée  dans  le  département  du  Lot.  Actes 
de  la  Société  Linuéenne  de  Bordeaux.,  t.  XXVIII,  5"  série,  1873)  que  les  phos- 
phates de  chaux  du  Lot  seraient  de  formation  quaternaire. 

»  J'aurai  l'honneur  de  faire  observer  à  l'Académie  que,  outre  cette 
portion  de  bassin,  dont  je  viens  de  parler,  laquelle  se  trouve  en  ce  moment 
entre  les  mains  de  M.  Albert  Gaudry,  professeur  de  Paléontologie  au  Mu- 
séum, il  a  été  également  trouvé  à  Marcillac  ^Lot),  dans  un  dépôt  de  phos- 
phorite, identique  à  celui  de  Béduer,  et  peu  distant  de  celui-ci,  une  mâ- 
choire supérieure,  presque  entière,  de  cheval.  J'ai  même  en  mains  ime 
molaire  en  provenant,  que  je  me  fais  un  devoir  de  tenir  à  l'entière  dispo- 
sition de  l'Académie.   » 

MINÉRALOGIE.  —   Sut   les  formes  cristallines  de   la  lanarhite  d'Ecosse; 
par  M.  Alb.  Schrauf,  présentée  par  M.  Des  Cloizeaux. 

«  Ou  sait,  d'après  la  récente  analyse  de  M.  Pisani,  que  la  lannrkile 
d'Ecosse  est  un  sulfate  bibasique  de  plomb,  Vb-S,  et  non  un  sulfocarbo- 
nate,  comme  ou  l'avait  cru  jusqu'ici  (i). 

»  M.  Jannettaz  a  retrouvé  les  mêmes  caractères  chimiques  et  optiques 
sur  des  cristaux  provenant  du  département  de  l'Ariége  (2);  mais  les  divers 

(i)   Cnm/Jtcs  rendus,  t.  LXXVI,  p.  114. 
(2)  Cumptcs  rendus,  t.  LXXVI,  p.  i4ao. 


(65) 

échantillons  existant  clans  les  collections  publiques  ou  privées  de  Paris  sont 
trop  imparfaits  pour  se  prêter  aux  niesiu'es  d'angles  qui  auraient  pu  con- 
firmer, en  les  complétant,  les  données  cristallograpliiques  que  l'on  doit  à 
Haidinger,  à  Brooke  et  à  M.  Miller. 

»  AI.  le  D''  Alb.  Schrauf,  de  Vienne,  est  parvenu  à  combler  cette  la- 
cune à  l'aide  de  cristaux  existant  dans  la  riche  collection  I.  et  R.  de  cette 
ville.  Ces  cristaux,  allongés,  comme  toujours,  suivant  la  diagonale  hori- 
zontale de  leur  base,  offrent  trois  faces,  po^h',  situées  dans  une  même 
zone,  et  se  terminent  par  un  biseau  z,  déjà  cité  |)ar  Haidinger  et  M.  Greg. 
Deux  autres  formes,  p  et  oj,  très-voisines  de  o%  mais  a])parlenant  à  des 
hémi-octaèdres  antérieurs  dont  les  symboles  paraissent  bien  compliqués, 
et  un  second  biseau  voisin  de  z,  ont  été  observés  par  M.  Schrauf.  Les  com- 
binaisons citées  par  ce  savant  sont  :  h'[jrj)S,  h'vzs,  h'o^s. 

»  En  rapportant  la  lanarkite  à  un  prisme  rhomboïdal  oblique  de  98''6', 
inobservé  jusqu'à  ce  jour,  les  dimensions  de  sa  forme  primitive  sont,  d'a- 
près les  mesures  de  M.  Schrauf  : 

Z-:/;::  1000  :  1044,864,    0  =  755,148,    rf  =  655,554. 
Les  symboles  des  différentes  formes  sont  alors 

))  Le  clivage  facile,  qu'on  observe  sur  tous  les  cristaux,  est  parallèle  à 
la  base  p. 

»  Le  tableau  suivant  offre  en  regard  les  angles  calculés  et  les  angles  ob- 
servés par  M.  Schrauf  : 

Calculé.  Observé. 

|*;;A'=.9i°49' 9i»49' 

!     yyo' =  I 53° 25' 3o" l52°20' 

(    oVi'=  ii9°23'3o" 

pv  =  i5i°32'3o" i5i°a5' 

/;(.)=:  1 5o"2 1  ' 1 50°  35' 

* pz  antér.  =  io3"  i8' io3°  i8' 

*Z2  sur  g'  —  i3o°36' 130° 36' 

/;'z  antér.  =  i  io"5i' i  lo"  5i' 

/)';'  postér.=:  69°  9' 69°    8' 

/('j  antér.  =  109"  56' i09"4o' 

A'w=:i20°2o' 120°  5' 

cï  adj.  =  Il  3°55' 1 1 3°5o' 

l'z'  opp.  =  'jo"42'  3o" 70°4o' 

en.,  1873,  ■=  Semesuc.  (T.  LXXVll,  N°  i.)  9 


(66) 

Calcul!'.  Observé, 

wzadj.  =  Il8"5l' I  l8"5o' 

wz'opp.  =  75°28' 75"  3o' 

z.ïa<lj.  =  i3G"48' 137"  lo' 

jz' poster.  =  i65°5' i65°  i5 

»  Les  cristaux  mesurés  par  M.  Schrauf  ne  contiennent  jias  plus  d'acide 
carbonique  que  ceux  dont  on  doit  l'analyse  à  M.  Pisani,  et,  comuieeux,  ils 
se  rapportent  à  la  formule  Vb^S.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Quelques  détails  sur  le  tremblement  de  terre  du  ^g  juin; 

par  M.   W.   DE  Fox VI ELLE. 

((  Je  trouve,  dans  les  journaux  italiens,  au  sujet  du  tremblement  de 
terre  du  29  juin,  des  détails  dont  je  crois  le  résumé  systématique  de  nature 
à  intéresser  l'Académie:  je  prendrai  donc  la  liberté  de  les  mettre  sous  ses 
yeux. 

»  Autant  que  j'en  puis  juger,  le  centre  de  la  catastrophe  a  été  dans  le 
val  Mareno  ou  IMariuo,  appartenant  au  district  de  Viltorio,  dans  la  pro- 
vince de  Bellune  (ancien  Etat  Vénitien). 

»  Ce  val  a  été  déjà  ébranlé  par  de  nombreux  tremblements  de  terre, 
dont  il  porte  encore  les  traces  évidentes  (i),  caria  Mescbio,  qui  sert  de  trop- 
plein  au  lac  Sinla-Croce  et  au  lac  Morlo,  en  sort  brusquement  par  une 
faille  pratiquée  dans  la  muraille  de  rochers  qui  la  limite  du  côté  du  sud- 
ouest.  Ce  brusque  changement  de  direction  a  lieu  |)rés  de  Serravalle,  en- 
droit où  d'énormes  roches  se  sont  éboulées,  le  29  juin  dernier.  Depuis  lors 
de  nouvelles  secousses  s'y  sont  encore  produites. 

))  Deux  jours  avant  la  catastrophe,  les  eaux  du  lac  Santa-Croce  se  sont 
soudainement  exhaussées  de  plusieurs  pieds;  c'est  sans  doute  à  cette  cir- 
constance qu'il  f.iut  rapporter  le  bruit  que  ce  lac  était  en  pleine  ébidlilion  ; 
ce  racontar  s'était  répandu  avec  tant  de  rapidité  qu'on  a  dû  le  démentir 
téiégraphiqueuient. 

»  On  disait  également  qu'on  avait  ramassé  des  cendres  volcaniques 
près  (le  Farra,  au  nord  du  lac;  mais  il  n'y  a  pas  eu  d'éru|)tion  volcanicpie 
proprement  dite,  par  conséquent  les  prédictions  de  M.  Palmieri  relative- 

(1)  Un  de  ces  treniblenicnls  de  terre  ;mriens  ji.iraît  avoir  en  lieu  vers  l'an  1200.  La~ville 
de  Bellune,  com|ilélcn)ent  ruinée,  a  été  reconslruite,  j;ràce  à  l'assistance  des  habitants  de 
ïrévise  et  de  Feltre. 


(67  ) 
ment  à  la  naissnnce  d'un  volcan  dans  les  Alpes  ne  semblent  point  à  la  veille 
de  se  réaliser.  Dti  reste,  le  savant  directeur  de  l'Observatoire  vésnvien  sup- 
pose que  cet  accident  doit  avoir  lien  dans  les  environs  du  mont  Baido, 
qni  sépare  l'Adige  du  lac  de  Garnie,  et  qni  se  ttonve,  par  conséquent,  à  une 
assez  grande  distance  du  val  Marino.  Le  28  juin,  Us  babitants  de  Pnos, 
petit  village  situé  an  nord  du  lac  Snnta-Croce,  ont  entendu  des  grondements 
souterrains  annonçant  ainsi  la  catastrophe,  qui  n'a  pas  fait  moins  de  onze 
victimes  parmi  eux.  Le  torrent  Tesa,  qui  se  jette  dans  le  lac  Sanla-Croce,  est 
ordinairement  liminde;  après  le  tremblement  de  (erre  du  29  juin,  il  était 
devenu  subitement  bourbeux.  I^a  I^enn  d'Oio,  source  iherniaie  qui  ali- 
mente lui  établissement  hydroihi'rapique  des  environs  de  Bellune  a  i)ris 
subitement  nue  couleur  ronge  de  sang  qu'elle  a  gardée  pendant  quelques 
jours. 

»  Le  29  juin  tombait  précisément  le  jour  de  la  Saint-Pierre,  et  presque 
toutes  les  éo  lises  étaient  en  conséquence  fréquentées  par  les  fidèles  à  5  heures 
du  malin,  heure  de  la  catastrophe.  Cette  malhemense  coïncidence  a  eu 
des  conséquences  funestes,  car  beaucoup  de  fidèles  ont  été  écrasés  par  les 
pierres  tombant  des  plafonds.  L'église  de  Felleto,  village  situé  dans  la 
partie  inférieure  de  la  vallée,  sur  le  Soligo,  s'est  entièrement  éboulée;  qua- 
rante personnes  ont  été  tuées  sur  le  coup,  et  plusieurs  de  celles  qui  avaient 
été  Idessées  ont  succombé  depuis  lors. 

»  Il  n'est  pouit  inopportun  de  remarquer  que  les  églises,  surtout  quand 
elles  ne  sont  |ioint  voûtées,  sont  plus  exposées  que  d'autres  monumeuls  à 
être  renversées  par  les  tremblements  de  terre.  Est-ce  que  cela  ne  serait 
point  une  consé(|uence  de  l'habitude  qu'ont  les  architectes  d'orienter  la 
srande  ligne  de  ces  édifices  du  côté  du  mont  Calvaire,  au  lieu  de  chercher 
d'après  le  relief  du  tt^rrain  la  direction  de  la  situation  la  plus  stable. 
Coinuie  beaucoup  île  villes  d'Italie  ont  des  appareils  enregistreurs  des 
tremblements  de  terre,  l'Académie  recevra  peut-être  tous  les  docu- 
ments désirables  pour  déterminer  les  heures,  les  directions,  les  nombres 
de  vibrations,  les  intensités,  etc  ,  etc.  ;  mais  il  ne  me  paraît  point  superflu 
d'appeler  son  attention  sur  un  fait  liès-cnriaux.  Les  lignes  de  télégraphes 
ont  été  rompues  en  lui  grand  nombre  d'endroits,  ce  qni  lient  évidemment 
à  l'énergie  des  oscillations  qui  leur  ont  été  inijuimées.  Le  f lit  suivant  per- 
mettra de  montrer  combien  ces  mouvements  étaient  vifs  :  deux  fils  distants 
de  0,10  se  sont  choqués  l'un  contre  l'autre. 

»  On  a  remarqué  ([ue,  dans  beaucoup  de  maisons,  les  jiortes  avaient  été 
dérangées,   de  sorte  que  les   personnes  qui    étaient  renfermées  dans  des 


(  68  ) 
chambres  ne  pouvaient,  à   leur  grand  elTroi,  en  sortir  à  moins  de  passer 
par  la  fenêtre.  Dans  beaucoup  d'églises,  les  cloches  ont,  en  quelque  sorte, 
sonné  le  tocsin  d'elles-mêmes. 

»  Le  tremblement  de  terre  s'est  fait  sentir  en  Italie  et  en  Allemagne,  dans 
le  Tyrol  et  même  jusqu'aux  portes  de  Munich;  mais  les  Allemands  ne  pa- 
raissent pas  y  avoir  attaché  d'importance,  car  leurs  journaux  ne  font 
aucun  commentaire.  Leur  indifférence  est  d'autant  moins  explicable  que  le 
tremblement  de  terre  a  été  suivi,  quelques  heures  après,  d'une  trombe 
très-violen!e  qui  a  ravagé  plusieurs  villes,  notamment  Vienne,  et  enlevé  le 
ballon  captif  de  l'Exposilion  universelle.  Cet  aérostat,  d'iui  volume  de 
8000  mètres,  a  été  arraché  et  transporté  à  3o  kilomètres  dans  la  direction 
du  sud-est;  son  poids  est  de  3o  quintaux  métriques.  La  secousse  était  si 
vive  qu'il  s'est  crevé  en  l'air  et  est  retombé  comme  une  pierre  sans  traînage 
et  sans  rebondir.  11  a  été  trouvé  dans  un  champ  de  blé  où  les  épis  qu'il 
avait  recouverts  étaient  les  seuls  qui  eussent  été  endonunagés  par  sa  chute. 

»  Y  a-t-il  une  corrélation  entre  ces  orages  du  versant  allemand  et  les 
tremblements  de  terre  du  versant  italien?  C'est  une  question  qu'on  se  pose 
involontairement. 

»  Enfin  les  journaux  que  j'ai  entre  les  mains  parlent  de  secousses  acces- 
soires produites  après  la  secousse  principale,  et  qui  paraissent  avoir  inspiré 
une  violente  terreur  aux  habitants,  car  ils  se  sont  mis  à  camper  sous  la 
tente,  craignant  de  rentrer  sous  des  toits  dont  ils  avaient  appris  à  se  défier 
et  sous  lesquels,   depuis  leur  enfance,  ils  dormaient  sans  appréhension. 

»  Les  désastres  sont  épar|)illés  dans  une  multitude  d'endroits  et  le  club 
alpin  d'Agordoa  pris  l'initiative  d'une  Commission  de  souscriptions  dont  le 
centre  est  à  Bellune.  Nul  doute  que  le  gouvernement  italien  ne  s'empresse 
de  venir  en  aide  à  tant  de  misères,  et  que  l'appel  du  club  alpestre  d'Agordo 
ne  trouve,  même  de  ce  côté  des  Alpes,  des  âmes  compatissantes  (i).   » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  7  heures  un  quart.  '  É.  D.  B. 


(1)  Cette  Note  fist  accompagnée  d'extraits  de  journaux  italiens,  relatifs  aux  phénomènes 
qui  y  sont  décrits. 


(  co) 


nUM.ETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  7  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

application  du  pandpiamomèlre  à  la  mesure  du  Iravnd  des  machines  à  va- 
peur à  balancier;  par  G.-A..  HiKN.  Mulhouse,  imp.  de  veuve  Boder,  1873  ; 
br.  in-8°. 

Observai  ions  faites  dans  les  stations  astronomiques  suisses;  par  E.  Planta- 
MOUR.  I.  Riglii-Kulni;  IL  TFessenstein ;  IIL  Observatoire  de  Berne.  Genève, 
Bâie,  Lyon,  H.  Georg,  1873;  in-4°. 

Traité  de  la  police  sanitaire  des  animaux  domestiques;  par  J.  Reynal.  Paris, 
P.  Asselin,  1873;  in-8°,  relié.  (Présenté  par  M.  Boidey,  pour  le  Concours 
des  Prix  de  Médecine  et  Chirurgie,  fondation  Montyon.) 

Nouvelles  e7wc/es  5;«r /e  Phylloxéra  ;  par  A.  PEniN.  Aix,  imp.  Marins  Illy, 
1873;  br.  in-8°. 

Le  Phylloxéra.  Guérison  probable  de  la  vigne  par  un  traitement  pi'éventif 
physiologique  et  naturel;  par  k.ldvpO-HOWMh.  Montpellier,  C.  Goulet,  1873; 
br.  in-8°. 

(Ces  deux  dernières  brochures  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra,) 

Les  prétendues  terreurs  de  l'an  mil;  por  dom  F.  Plaine.  Paris,  V.  l'aimé, 
1873;  br.  in-8°.  (Extrait  de  la  Revue  des  questions  historiques.) 

Mémoire  concernant  les  ouvrages  jiubliés  depuis  1848;  par  L.-E.  Plasse. 
Poitiers,  typ.  A.  Dupré,  1872;  br.  in-8°. 

{Lft  suite  du  JjuUeiin  au  prochain  numéro.) 


ERRATJ. 

(t.  LXXVI,  1"  semestre  de  1873). 

Page  1548,  ligne  4  f"  l'eraontant,  nu  lieu  de  118  ù  120  '.îcgrés,  lisez  3 18  à  320  degrrs. 
Page  1582,  ligne  27,  au  lieu  de  causée,  lisez  accusée. 
Page  i585,  ligne  l5,  au  lieu  de  211,  lisez  20. 


(   70  ) 

OnSEUVATIOXS  MÉTKOROI.OGIQ.  FAITES  A  l'ObSERVATOIRE  DE  llîOXTSOURIS.  —  Jl  IX    1875. 


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1er. 

(  V   ) 
Observations  mÉTéoRor.or.iQ.  faites  a  l'Oksi  rvatofhe  de  Montsouris.  —  Jum  1873. 


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22 
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2.1 
25 
26 

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Moy. 


UACNETISME    TERRESTRE. 

Oliservallon 
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Direction 


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var.  faible. 
S  faible. 
SSE  tr-laible. 
0  à  SE  tr.-faib, 
N  nio:!éré. 
N  modéré. 
INNE  faible. 
G  très-faible. 
SSO  faible. 
SO  faillie. 
S  faible. 
SO-NOli-.-faib. 
SSO  faible. 
SO  très-faible. 
SSO  à  NO  p.  n. 
E  presq.  nul. 
0  faible. 
SO  tr.-faible. 
SO  presq.  nul. 
NNO  faible. 
tr.-var.,tr.-f'"' 
NISO  Ir.-faib. 
O  motléré. 
0  modéré. 
ONO  faible. 
OSO-N  tr.-faib 
.SO  presq.  nul. 
tr.-var.,  faib. 
SSO-NO  faib. 


SO  il  NO 

SSE 
SSO 

S 

E 

N 

N 

NNE 

NO-NE 

variaWe. 

SSO 


0,9 
0.8 
0,8 
0,9 
0,6 

",7 
0,5 

0,2 
0,0 


SSO 

o,S 

SO-NO 

0,8 

SO 

",8 

OSO 

0,7 

OSO 

0,8 

s 

0,9 

SO 

0,6 

SO 

0,7 

variable. 

0,4 

NO 

0,3 

» 

0,3 

NO 

0,6 

ONO 

0,6 

„ 

0,8 

NO 

0,5 

0 

0,9 

variable. 

0,5 

SO 

0,4 

SO 

>,o 

0,68 

Pluvieux  tout  le  jour. 
Or.ngi'ux  de  7)'  à  G*"  soir. 
Pluie  dans  la  mat.  et  l'ap.-midi. 
Éclairs  au  SE,  vers  9''  soir. 
Rosée  abondante  le  matin. 
Foudre  tombe  sur  l'Obs.  à  2"5os. 

u 
Piosée  abondante  le  soir. 


Pluvieu.x  le  soir. 

» 
Forte  averse  de  S''  55  à  9''. 
Orageux,  pluies;  tonn.  à  j^  40. 
Pluie. 

Lueur  aur.  à  1 1'' s.,  suiv.de  pluie. 
Tonnerre  il  midi,  pluie  vers  5''. 
Halo  persist.  de  9''  m.  à  Gl'  soir. 

» 
Très-vaporeux. 
Eclairs  fréq    de  ç^  s.  a  min. 
Violent  orage  vers  2''  3o  matin. 
Pluvieux  le  soir;  lueur  auror. 
Gouttes  de  pluie  vers  midi. 
Lueur  aurorale  à  minuit. 
Gouttes  de  pluie  vers  gh  m. 
Très-vaporeux. 
Otage  de  minuit  à  il"  matin. 
Lueur  aurorale  le  soir. 


(i)    Ob^ervalions  falles  à   partir  de  ce  jour,  à  l'aide  d'une   boussole  de  Gambey,  du  Déiiiit  do    la    Marine.  Ctiaque   ol,servation   est   la 
moyenne  de  dix  lectures. 


(  7^  ) 

Observations  mktéoroi.ociques  faites  a  l'Observatoire  de   Montsouris.  —  Juin   i8'^3. 
Réiiimê  tics  observations  régulières. 


GMl.     g^M.     Midi.       S^S.     G^S.       '^S. 


Moy. 


_  Dim  mm  mm  mm  mm  mm  mm  mm 

Baromètre  réJiiit  à  o° ^55,3o  755,52  755, 17  754,70  75/1,67  755,25  755, 3 1     755, 11  (i 

Pression  do  l'air  sec 7 '|5, 1 4  7^5,28  7(14,71   743,96  744,42  744.87  744,93     744,80(1 

0000000  o 

Theimomèlre  à  mercure  (jardin) 13,97     'Vi^^     '9t^l     20,01     19, o3     16, 3o     i'i,2i       16,(19(1 

»                      (terrasse)....  i5,o6  17,25  19,47  20,02  19,20  16,54  '4,48  17,05(1 

Thermomètre  à  alcool  incolore '3, 70  i7,i.i  19,28  19,75  iS,84  16, aj  14,12  16,48(1 

Thcrmomèlre  électrique  à  2;:)'" »             »  »  »             »             »             u  ,, 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'.. .  22,87  34, i3  37,61  34,16  2j,36         .,             »  32,81(2 

Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  r. .  17,02  23,95  27,13  25,29  21,12         u             »  24,37(2 

Excès(T'  — 0 5,85  10,18  10, .18  8,87  4,24         »             »  8,44(2 

Tempérât,  du  sol  il  o™, 02  de  profond''..  10,78  18,16  20,72  21,02  19,68  17,87  16,78  18,24(1 

»  0'",lO  »  »  )>  »  M  u  »  „  »         (i 

»  0"',20  »  »  »  a  »  »  ji  „  u        (i 

»  o"',3o        »  16,91  16,73  16, 7I  16,93  17,22  17,40  17,41       17,07(1 

>"'>oo         »  14,63  14, 65  14,69  14,71  14,71  14,74  14,74       14,69(1 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres.. .  10,16  10,24  '0,4'î  '0,7 1  10, 25  10, 38  10, 38       io,3i  (i 

État  hygrométrique  en  centièmes 84,2  69,1  62,5  62,4  62,6  75,0  85,2         73,6    (1 

Pluieen  millimèlres  (parc)  il  2™  du  sol.  69,6  g, 8  16,4  14)9  8,0  i3,4  5,8    1.187,9 

»  (ào">,iodusol)..  74,1  jo,7  17,4  16,3  8,8  i3,2  6,4     t.147,6 

Évaporation  totale  en  millinièlres 7,92  10, 54  17,93  21,06  19,57  12,76  7,50  t.    97,28 

Pluie  moy.  par  heure  (ij  2"' du  sol)....  11,60  3,27       5,47  4,97  2,67  4,47  i,93(3)     a 

Evaporation  moyenne  par  heure i,32  3,5i       5,98  7,02  6,52  4,25  2,5o(3)     » 

Inclinaison  magnétique (B)65°-f-         »         2g, 0  ,,  »  »  u  »  »      (,\ 

Déclinaison  magnétique. ..  .   (A)i7<'-1-     21,0       21,6       3o,4       3o,6       26,8       24,4       23,6         25,5    (i) 

Tempér.  moy.  des  maxiina  et  minima  (parc) 17,0 

»  »  (façade  nord  du  bâtiment,  terrasse  dn  grand  escalier).  17,0 

»  à  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazonné  (thermomètres  à  boule  verdie).  22,4 

Therni.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  obs.  :  6''  m.  9''  m.,  midi,  i^  s.  6''  s.).  30,82 

»  c  11  »  »  22,90 

Excès  (T'  —  t) »  ))  »  7,g2 

»  (valeur  déduite  de  4  observations  :  g*"  m.,  midi,  3*',  6'"  s.)..  . .         8,44 


(1)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 

(2)  Moyenne  des  observations  de  9  heures  du  matin,  midi,  3  heures  et  6  heures  du  soir. 

A.  Une  détermination  de  déclinaison  absolue  a  été  faite  le  26  juin,  de  5  i»  6  heures  du  soir,  sur  la  for- 
tication,  bastion  82,  avec  une  boussole  de  Gambey  appartenant  à  la  Marine.  Elle  a  donné  pour  résultat 
17°. 32', I.  Les  nombres  qui  suivent  la  constante  A  des  tableaux  précédents  doivent  être  retranchés  de 
170.47',5  pour  donner  les  valeurs  correspondantes  de  la  déclinaison. 

B.  Des  déterminations  d'inclinaison  absolue  ont  été  faites  du  26  au  27  sur  la  fortification  et  dans  le 
pavillon  magnétique  de  l'Observatoire  de  Montsouris  au  moyen  d'une  boussole  de  Gambey  appartenant  à 
la  Marine.  Cette  boussole  continue  a  être  observée  chaque  jour  à  9  heures  du  matin,  en  attendant  l'instal- 
lation de  la  nouvelle  boussole  des  variations  d'inclinaison. 

La  valeur  de  B  des  précédents  tableaux  est  égale  ii  6J''5i',o. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES* 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  JUILLET  1875, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

M.  LE  Secrétaire  perpétcel  informe  l'Académie  que  la  Société  pour 
l'encouragement  des  Arts  et  Manufactures  et  du  Commerce,  de  Londres, 
vient  de  décerner  sa  grande  médaille  d'or,  Médaille  Alberl,  à  M.  Chevreul, 
pour  ses  découvertes  en  Chimie  et  pour  l'influence  qu'elles  ont  eue  sur  les 
arts  industriels  dans  tous  les  pays. 

ASTRONOMIE.  —  Théorie  de  la  planète  Saturne;  pnr  U.-J.  Le  Verrier. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  Chapitre  XXI  de  mes 
Recherches  astronomiques,  chapitre  consacré  à  la  planète  Saturne. 

»  Le  travail  comprend  : 

»  Les  variations  séculaires  des  éléments  de  l'orbite  de  la  planète  ; 

»  Les  très-petites  perturbations  produites  par  Vénus  et  par  la  Terre; 

))  Les  perturbations  périodiques  du  premier  et  du  second  ordre,  dues 
à  la  présence  de  Jupiter  ; 

»  Les  inégalités  produites  parUranus; 

C.  R.,  i8:3,  2^  Semeslre.  (T.  LXXVU,  N»  2.')  '° 


(  74) 

»  L'inégalité  du  second  ordre  qui  dépend  de  deuxjoisle  moyen  mouve- 
ment de  Jupiter,  plus  trois  fois  le  moyen  mouvement  d'Uranus,  moins  six 
fois  le  moyen  mouvement  de  Saturne; 

»  Enfin  les  termes  dus  à  l'action  de  Neptune.    » 

ANALYSE.  —  Sur  la  Jonction  exponentielle  (suite);  par  M,  Hermite. 

M  V.  Nous  devons  supposer,  comme  on  l'a  vu  précédemment,  que  p. 
est  un  grand  nombre;  c'est  ce  qui  conduit  à  déterminer,  au  moyen  de  la 
belle  mélbode  donnée  par  Laplace  [De  l'intégration  par  approximation  des 
dijférentielles  qui  renferment  des  facteurs  élevés  à  de  grandes  puissances  [Théorie 
anal/tique  des  Probabilités,  p.  88)],  l'expression  asymptotique  des  intégrales 

fe-'/^iz)  dz,      f'e-^f^iz)  dz,...,      H  e-^f^z)  dz, 

afin  d'en  conclure  pour  A  une  valeur  approchée,  dont  le  rapport  à  la 
valeur  exacte  soit  l'unité  pour  p.  infini.  Admettant,  à  cet  effet,  que  les 
nombres  entiers  a,  b,...,  h  soient  tous  positifs  et  rangés  par  ordre 
croissant  de  grandeur,  de  sorte  que,  dans  chaque  intégrale,  la  fonction 
e~'J'^{z),  qui  s'annule  aux  limites,  ne  présente,  dans  l'intervalle,  qu'un 
seul  maximum,  je  considérerai  en  premier  lieu  l'équation 

dont  dépendent  tous  ces  maxima.  Or  on  sait  que  ses  racines  sont  réelles  et 
comprises,  la  première  z,  entre  zéro  et  a,  la  seconde  z»  entre  a  et  h,  et 
ainsi  de  suite,  la  plus  grande  z„+,  étant  supérieure  à  h.  Envisagées  comme 
fonctions  de  p.,  il  est  aisé  de  voir  qu'elles  croissent  lorsque  p.  augmente, 
et  qu'en  désignant  pary»,  </,...,  s  les  racines  de  l'équation  dérivéey(z)=o 

rangées  par  ordre  croissant  de  grandeur,  on  aura,  si  l'on  néglige  — » 


et  en  dernier  lieu  z„H_,  =  («  +  i)f/  -f- '-^ ■',  une  approximation  plus 

grande  n'étant  pas  alors  nécessaire.  Cela  posé,  si  l'on  écrit  pour  un  instant 


cp{z)  = 


JV) 


\/'H')-f{^)/"{^) 


(  ?•''  ) 

les  valeurs  cherchées  seront 


y/^.-vn^.)?(:^.),  s/~'-'-r^-)9{^^)^--  \/^^-^«-/^(-«..)?(^«..), 

mais  ces  quantités  se  simphfient  comme  on  va  le  voir. 

»   Considérant  la  première  pour  fixer  les  idées,  j'observe  que  nous  avons 

I  .f(p] 


z,  = 


V-f"{p) 

où  p  satisfait  à  la  condition  f'[p)  =  o,  on  en  conclut/(a?,)  =f{p),  en  né- 
gligeant seulement  —^-  Par  conséquent,  si  l'on  pose 

/(z.)=/(/')('  +  ^  +  ^ +•••)' 
puis  d'une  manière  analogue 

'(2.)  =?(/')( 
on  aura  d'abord 


fi^'}  =?[P)[ '+-.-+- ~ 


et  l'on  en  tire  aisément 

/^r,)?(20=/^(/.)'M/')(<  +  ^  +  ^, +...). 

»  Ainsi,  en  négligeant  seulement  des  quantités  infiniment  petites  par 
rapport  au  terme  conservé,  nous  pouvons  écrire 


et  l'on  aura  de  même 


» 

fe-^f^[z)dz  =  ^f  e-^f^s)  ?(.). 


'     e~^J^{z)dz  est  d'une  forme  analytique 

k 

différente,  en  raison  de  la  valeur  z„_^,  =:(//+  i)  ^jl  qui  devient  infinie  avec  p.. 
Pour  y  parvenir,  je  développerai,  suivant  les  puissances  descendantes  de  la 

lO., 


(  76) 
variable,  l'expression 

eu  négligeant  les  termes  en  j'  :^'--'  ce  qui  permet  d'écrire 

log/(z)=  («  +  .)  logz,      log^.=  log  ^,=^=^  =  log-^, 

et,  par  suite, 

\oë[e-'f^{z)rp{z)]  =  {niJ.  +  f«.  +  i)logz-  z  -  ilog(n  +  i). 

»  Après  avoir  substitué  la  valeur  de  z„+,,  une  réduction  facile  nous  don- 
nera, en  faisant,  pour  abréger, 

G{ii)  =  («fx  +  [J.  +  i)  log  {Ji  +  i)f-  -  ("  +  i)  /^-  -  iïog(«  -t-  0. 
cette  expression  semblable  à  celle  des  intégrales  eulériennes  de  première 
espèce 


f\-'n^)d.=^f 


,0(H-) 


Maintenant  on  va  voir  comment  les  résultats  ainsi  obtenus  conduisent  ai- 
sément à  la  valeur  du  déterminant  A. 

»  VI.  J'effectuerai  d'abord  une  première  simplification  en  supprimant, 

dans  les  termes  de  la  ligne  horizontale  de  rang  /,  le  facteur  \/^^î  puis 

une  seconde,  en  divisant  tous  les  termes  d'une  même  colonne  verticale  par 
le  premier  d'entre  eux.  Le  nouveau  déterminant  ainsi  obtenu,  si  l'on  fait, 

pour  abréger,  I 

P  =/(/.),     Q=/(7),...,     S  =  /(s), 

sera  évidemment 


oO(|j.+  t)-0(!J.) 


t  I  I  I 

P         Q         S         e' 

p-       0"       S"        e'J(ii+2)-0((j.) 


p«  Q«  S« 


fj(|j.  +  „)_0(|i) 


»  Or  on  voit  que  p.  ne  figure  plus  que  dans  une  colonne,  dont  les  termes 
croissent  d'une  telle  manière  que  le  dernier  e'''i'+"'-"<w  est  infiniment  plus 
grand  que  tous  les  autres.  Nous  avons  en  effet 


=  0(,a)  +  / [^  +  (/i  +  i)  log {n  +  i) p.]  +  '^[--^,  +  ^) 


(  77  ) 
et  par  conséquent,  si  l'on  néglige  -î  —,•••■, 


d'où 


e{[x  -+-  i)  —  0{[j.)  =  i{n  +  r)  log(«  +  i)  p., 


!'("+<) 


En  ne  conservant  donc  dans  le  déterminant  que  le  terme  en  /x  de  l'ordre 
le  plus  élevé,  il  se  réduit  simplement  à  cette  expression 


[{n -h  i)  li]"^"^' 


I 
P 

p2 
p«- 


I 

Q 


I 

s 


Q«_.  S«-. 


M  II  en  résulte  qu'on  ne  peut,  en  général,  admettre  que  le  déterminant 
proposé  A  s'annule,  car  les  quantités  V=f[p),  Q=^/{q)i- ..■,  fonctions 
entières  semblables  des  racines  p,  q,.--,  de  l'équation  dérivée  y  (:r)  =  o 
seront  comme  ces  racines  différentes  entre  elles.  C'est  ce  qu'il  fallait  éta- 
blir pour  démontrer  l'impossibilité  de  toute  relation  de  la  forme 

N  +  e«N,  +  e*N2 -+-... 4-  e*N„=  o, 

et  arriver  ainsi  à  prouver  que  le  nom'ire  e  ne  peut  être  racine  d'une  équation 
algébrique  de  degré  quelconque  à  coefficients  entiers. 

»  Mais  une  autre  voie  conduira  à  une  seconde  démonstration  plus  rigou- 
reuse; on  peut  en  effet,  comme  on  va  le  voir,  étendre  aux  fractions  ration- 
nelles 


<S>(x) 


le  mode  de  formation  des  réduites  donné  par  la  théorie  des  fractions  conti- 
nues, et  par  là  mettre  plus  complètement  en  évidence  le  caractère  arithmé- 
tique d'une  irrationnelle  non  algébrique.  Dans  cet  ordre  d'idées,  M.  Liou- 
ville  a  déjà  obtenu  un  théorème  remarquable  qui  est  l'objet  de  son  travail 
intitulé  :  Sur  des  classes  très-étendues  de  quantités  dont  la  valeur  nest  ni  algé- 
brique, ni  même  réductible  à  des  irralionnelles  algébriques  (*),  et  je  rappellerai 
aussi  que  l'illustre  géomètre  a  démontré  le  premier  la  proposition  qui  est 
le  sujet  de  ces  recherches  pour  les  cas  de  l'équation  du  second  degré  et  de 


(*)  Comptes  rendus,  t.  XVIII,  p.  883  et  910. 


(78) 
l'équation  bicarrée  [Journal  de  Mathémotiques  {Note  sur  l' irrationnalité  du 
nombre  e,  t.  V,  |).   192)].  Sous  le  point  de  vue  auquel  je  me  suis  placé, 
voici  la  première  proposition  à  établir. 

»  VII.  Soient  :  F(z),  F,  (s),...,  F„+,(z)  les  polynômes  dédnits  de  l'ex- 
pression 

zi'^^z  —  ap  {z  —  bp...  [z  —  hy-", 

lorsqu'on  attribue  aux  exposants  p.,  p.,,...,  p.„,  n  -h  2  systèmes  différents 
de  valeurs  entières  et  positives.  En  représentant,  en  général,  par    '  '^    les 

fractions  convergentes  vers  les  exponentielles,  qui  correspondent  à  l'un 
quelconque  d'entre  eux  F4(z),  on  pourra  toujours  déterminer  les  quan- 
tités A,  B,  C,...,  L  par  les  équations  suivantes  : 

A*  (a:)  +  B<ï)'(x)  4-C$-(x)  -+-...-+-L^"*\jc)  =  o, 
A<I>,(x)-t-B<ï>;(x)  -hC<^-^{x)  +...-t-L<î)r'(-^)  =  o, 

•       .       .  f 

A<I)„(.x)  +  BO,;  (.r)  +  C(i)„2(.r)+...  +  L<î)r'(-^)  =  »• 

Mais,  au  lieu  de  conclure  de  telles  relations  des  polynômes  «l'f  (x)  supposés 
connus,  notre  objet  est  de  les  obtenir  directement  et  a  priori;  je  vais  éta- 
blir pour  cela  qu'il  existe,  entre  les  intégrales  indéfinies 

Je— F(z)r/c,      Je— F,  (z)  ^z,....     Je— F„^,  (zVz, 

une  équation  de  la  forme 

A,  fe— F(z)  dz-hM>o  Ce-'"' F,  (z)^z  +  ...+  ^fe-'^'F^^,  (z)  dz  =  e— 0(z), 

les  coefficients  A,  ait,...,  4^  étant  indépendants  de  z,  et  ©(z)  un  polynôme 
entier  divisible  pary(z).  Si  l'on  fait,  en  effet, 

,,.w=!i{f]+I^;)+I^!)+..., 

^    '  X  x^  j:' 

on  aura 

.1  Je—  F(z)  dz  -+-  '.ft,  Je—  F,  (z)  r/z  -f-...-t-  4^  fe— F„^,  (z)  dz 

et  il  est  clair  que  les  rapports  ~,  -t'"-'  v  pourront  être  déterminés,  et 


(  79) 
d'une  seule  manière,  par  la  condition  supposée  que  le  polynôme 

0(z)  =  —  [.i,,f  (3)  +  H1,J,  (z)  H-...+  -(L^„+,(z)] 

contienne  comme  facteur  J [z]  =  z[z  —  a)  [z  —  b)...  {z  —  h).  Nous  conclu- 
rons de  là  en  prenant  les  intégrales  entre  les  limites  z  =  o  pI  s  =  «, 
par  exemple 

X  fe-^^  V{z)  dz  +  11!,  Pe-^^F,  (z)r/c  +...+  4^  Pe-^^  F„^,  (z)  dz^o 

»   Maintenant  les  relations 


j^   «-^-F,(z)r/2  = ^^ 

donneront,  en  égalant  séparément  à  zéro,  le  terme  algébrique  et  le  coeffi- 
cient de  l'exponentielle  e'^^,  si  l'on  fait,  pour  abréger, 

les  égalités  suivantes  : 

A<I>(.r)  +  B4)'(x)4-...+  L1>"+'(x)  =  o, 
A<î),(:c)  +  B<I)}(x)  +...+  L1'r'(j:)=:  o. 

»  Or  on  aura  de  même,  en  prenant  pour  limites  supérieures  des  inté- 
grales z  =  h,  c,...,  h, 

AA>Jx)-hB^l[x)  +...4-  T.'l'r'(^)  =  o, 


A<I)„(x)  +  B<Pl{x)  +...4-  L<I)r'(-^)  =  o, 
et  il  est  aisé  de  voir  que  les  coefficients  A,  B,...,  L  pourront  être  supposés 
des  polynômes  entiers  en  x.  L'intégrale  I     e~" zl"-  (z  —  ly  dz,  qui  figure 
dans  la  relation  précédemment  considérée  (p.  21), 

e^rifa:)  -  II,  ix)  = e-=^z"'(z-  lydz, 

nous  servira  d'abord  d'exemple.  » 


(8o  ) 

ASTHONOMIE.  —  Nole  sur  le  régulateur  isochrone,  construit  par  M.  Bréguet, 
pour  l'observation  du  passage  de  J^énus  à  Yokohama;  par  M.  Yvon  Vil- 

LARCEAU. 

i(  L'Académie  peut  se  rappeler  que  l'année  dernière  (le  lo  juin)  j'ai  eu 
l'honneur  de  mettre  sous  ses  yeux  le  premier  spécimen  d'un  régulateur 
isochrone,  établi  sur  les  principes  d'une  théorie  exacte.  L'artiste  n'avait  eu 
à  se  préoccuper  d'autre  soin  que  celui  de  se  conformer  aux  indications 
précises  de  la  théorie  :  ce  but,  faute  d'un  outillage  spécial,  n'avait  pas  été 
atteint  sans  quelque  difficulté.  Toutefois  ce  premier  essai  permettait  d'es- 
pérer qu'en  prenant  les  dispositions  nécessaires  on  parviendrait  directe- 
ment à  réaliser  un  appareil  qui  n'eût  à  recevoir  ultérieurement  aucune 
retouche. 

»  Une  occasion  se  présentait  de  tenter  l'application  sérieuse  du  nouvel 
instrument.  En  présence  du  résultat  obtenu  en  i8y2,  la  Commission  du 
passage  de  Vénus  a  bien  voulu  autoriser  la  construction  d'un  régulateur 
isochrone  pour  la  station  de  Yokohama,  et  m'a  confié  le  soin  d'en  sur- 
veiller l'exécution.  L'instrument  étant  terminé  et  ayant  été  soumis  aux 
vérifications  expérimentales  nécessaires,  j'aurai  l'honneur  aujourd'hui  de 
présenter  à  l'Académie  les  résultats  qui  ont  été  obtenus. 

»  Au  point  de  vue  de  la  construction,  le  nouvel  appareil  de  M.  Bréguet 
offre  un  magnifique  spécimen  des  produits  de  l'horlogerie  française  :  aussi 
l'Académie  apprendra-t-elle,  sans  étonuement,  que  l'instrument  doive 
figurer  à  l'Exposition  universelle  de  Vienne,  circonstance  qui  nous  prive 
actuellement  de  le  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Le  nouveau  régulateur  se  compose,  comme  le  premier,  de  trois  systèmes 
articulés,  munis  d'ailettes  et  disposés  symétriquement  autour  de  l'axe  ver- 
tical central.  Il  importait  que  ces  tj'ois  systèmes  présentassent  entre  eux  la 
plus  parfaite  égalité,  que  les  longueurs  des  tiges  articulées  fussent  parfaite- 
ment égales,  ainsi  que  les  distances  des  points  d'articulations  à  l'axe  cen- 
tral. C'est  particulièrement  pour  réaliser  ces  diverses  conditions  qu'il  était 
nécessaire  de  recourir  à  des  dispositions  spéciales  que  M.  lîréguet  a  dû 
imaginer  et  dont  le  succès  nous  semble  mis  hors  de  doute  par  les  résultats 
numériques  qui  vont  être  exposés. 

»  La  durée  des  oscillations  d'un  pendule  varie  avec  l'intensité  de  la 
pesanteur  ;  il  en  est  de  même  de  la  durée  des  révolutions  du  régulateur 
isochrone,  et  les  variations  proportionnelles  de  l'une  et  de  l'autre  de  ces 


(  «'  ) 

durées  suivent  exactement  la  même  loi.  En  conséquence,  l'artiste  chargé 
de  la  construction  de  l'équatorial  destiné  à  la  station  de  Yokohama,  ayant 
fixé  le  nombre  de  tours  par  seconde  que  devait  faire  le  régulateur  dans 
cette  station, il  a  fallu  en  déduire  le  nombre  de  tours  que  le  même  appareil 
établi  à  Paris  ferait  dans  le  même  temps,  et  l'on  a  trouvé,  par  seconde  de 
temps  sidéral,  le  nombre  de  8', 998/10.  A  ce  nombre  correspond  une  durée 
de  100% 01 77  pour  900  tours  du  régulateur.  11  détermine  d'ailleurs  la  dis- 
tance des  points  d'articulation  des  tiges  oscillantes  à  l'axe  central  et  la  fixe 

»  Préalablement,  nous  avions  fait  l'élude  d'un  deuxième  type  de  régula- 
teurs isochrones,  dans  lequel  la  longueur  des  tiges  oscillantes  avait  été 
arbitrairement  prise  de  4  centimètres, et  à  laquelle  correspond  une  distance 
de  points  d'articulation  à  l'axe  central,  qui  est  de  3"", 829.  Le  rapport  du 
nombre  précédent  à  celui-ci  étant  0,6175,  il  a  suffi,  conformément  aux 
théorèmes  concernant  la  similitude  des  régulateurs  isochrones,  démulti- 
plier par  ce  coefficient  toutes  les  dimensions  linéaires  du  type  considéré, 
pour  obtenir  les  dimensions  d'iui  appareil  isochrone  devant  faire  à  Paris 
8^,99840  par  seconde  de  temps  sidéral  :  les  poids  ont  été  obtenus  en  mul- 
tipliant ceux  du  deuxième  type  parle  cube  du  même  coefficient. 

»  Le  deuxième  type  diffère  de  celui  réalisé  en  1872,  par  les  proportions 
de  quelques  pièces,  par  les  dispositions  relatives  aux  articulations,  et  parti- 
culièrement en  ce  qui  concerne  la  situation  donnée  aux  masses  réglantes. 
Les  tiges  filetées  qui  supportent  ces  masses  ont  été  implantées  sur  la  face 
du  parallélépipède  opposée  à  celle  qui  regarde  les  ailettes.  Par  cette  disposi- 
tion, on  évite  l'indétermination  plus  ou  moins  accentuée  delà  position  des 
niasses  réglantes  qui  se  présentait  dans  la  disposition  primitive,  et  l'on 
augmente  notablement  la  sensibilité  de  l'appareil.  Le  nouveau  régulateur 
est  effectivement  doué  d'une  sensibilité  remarquable,  et  les  moindres  irré- 
gularités de  la  denture  du  mouvement  d'horlogerie  le  font  osciller.  Des 
difficultés  de  construction,  qui  ont  d'ailleurs  été  facilement  surmontées, 
s'étaient  opposées  à  ce  qu'on  adoptât  tout  d'abord  cette  disposition. 

))  Dès  que  l'instrument  a  été  terminé,  on  a  constaté  que  la  vitesse  requise 
était  réalisée  de  très-près  et  que  l'isochronisme  laissait  peu  à  désirer.  Nous 
avons  expliqué  l'année  dernière  les  causes  qui  s'opposent  à  ce  que  le 
résultat  obtenu  soit  exactement  d'accord  avec  la  théorie  :  les  densités  des 
métaux  employés  ne  sont  pas  exactement  égales  à  celles  sur  lesquelles  on 
comptait,  les  mesures  linéaires  et  les  poids  ne  pourraient  aisément  être 
réalisés  au  millième  de  millimètre  ou  au  milligramme  près,  d'où  la  néces- 

C.  K.,  1873,  i'  Scmeitre.  (T.  LXXVll,  N"  2.)  '  ' 


{  8^  ) 
site  de  corriger  l'appareil  en  déplaçant  les  masses  réglantes,  conformément 
anx  indications  du  calcul  appliqué  aux  observations  du   mouvement  de 
l'appareil. 

»  11  a  suffi  de  déplacer  ces  masses  de  quelques  filets  pour  obtenir  les 
résultats  suivants  : 

Observations  faites  le  \"  juillet  1878. 

Angle  de  l'axe  des  ailettes      Durée  de  goo  tours 
Poids  moteur.  avec  la  verticale.  en  temps  sidéral. 


32,4 

40,74 

100, lO 

27.4 

36,70 

100,1 3 

2,  ,4 

3i,79 

100,09 

■7,4 

26,68 

100,07 

'3,9 

22,11 

99' 95 

10,9 

.7,43 

99,9' 

8,6 

12,45 

100,07 

6,9  8,27  100, 3i 

»  Chacun  de  ces  résultats  a  été  obtenu  au  moyen  d'observations  faites  de 
900  en  900  tours,  ou  à  des  intervalles  d'environ  100  secondes,  qui  ont 
duré  vingt  minutes.  Au  dernier  correspond  une  obliquité  des  liges  qui 
produit,  dans  les  articulations,  des  pressions  et  par  suite  des  frottements 
trop  considérables  pour  un  bon  fonctionnement  de  l'appareil  :  aussi  n'en 
tiendrons-nous  aucun  compte. 

»  En  ne  considérant  donc  que  les  sept  premiers,  on  constate  que,  pour 
des  charges  variables  de  8''s,6  à  82''^, 4,  les  écarts  de  la  durée  de  900  tours 
par  rapport  à   la  nioyenne  n'excèdent  pas  ziz  0%  i  ;  en  d'autres  termes 
l'isochronisme  est  réalisé  à  -f^^  près. 

»  Nous  avons  reconnu  par  le  calcul  qu'on  ne  réussirait  pas,  au  moyen 
d'un  nouveau  déplacement  des  masses  réglantes,  à  atténuer  l'une  de  ces 
discordances,  sans  en  aggraver  on  en  faire  naître  d'autres.  La  cause  de 
ces  anomalies  et  la  possibilité  de  les  réduire  feront  l'objet  de  nos  investi- 
gations quand  l'appareil  sera  revenu  de  Vienne. 

»  Quoiqu'il  en  soit,  l'isochronisme  réalisé  sera  laigemeul  suffisant,  dans 
la  plupart  dos  cas,  entre  les  limites  correspondant  aux  charges  de  8''^,  6 
et  'i2^^,/\.  Si,  cependant,  ou  voidait  obtenir  |)lus  de  précision,  il  suitirait  de 
restreindre  les  positions  des  ailettes  entre  les  limites  40°, 74  et  2G",G8, 
lesquelles  répondent  aux  charges  de32'^s^4  et  17''^, 4;  î'Iors  le  défaut  d'iso- 
chronisme  se  trouverait  réduit  à  37^777.  Enfin,  et  c'est  le  cas  de  la  pratique 
ordinaire,  on  peut,  avec  un  bon  rouage  d'horlogerie,  restreinrlre  considé- 


(83) 

rablementramplilufle'lu  inoiivenient  des  ailettes,  et,  quelle  que  soit  d'ailleurs 
leur  position,  l' appareil  conservera  pendant  très-longtemps  la  réytilarilé  démar- 
che d'un  clnonomèlre  :  c'est  ce  qui  résulte  des  observations  faites  par  des  po- 
sitions sensiblement  constantes  des  ailettes,  où  les  erreurs  se  réduisent  sim- 
plement à  celles  des  observations  ou  à  ±  o%07  en  moyenne. 

»  Nous  terminerons  celte  Note  en  présentant  le  résultat  de  la  2®  série 
d'observations  faites  le  12  juillet.  Dans  ces  séries,  qui  ont  duré  une  demi- 
beure,  on  agissait  sur  le  mouvement  d'borlogerie  au  moyen  d'un  frein  serré 
arbitrairement;  il  avait  seidement  été  recommandé  à  l'opérateur  de  ne  pas 
faire  dépasser  aux  ailettes  les  positions  extrêmes  4'>°)7  et  12°,  4-  Les  obser- 
vations ont  été  faites  de  45o  en  45o  tours  du  régulateur,  ou  à  des  inter- 
valles d'environ  cinquante  secondes,  de  sorte  que  chaque  série  comprend 
trente-sept  observations.  Voici  les  erreurs  de  la  marche  de  l'instrument 
comparée  avec  celle  d'un  chronomètre  (l'unité  étant  le  dixième  de  seconde): 

2^  série.  .      -H3-4-a4-2+i-i-3+i        o—  i  —  2  —  4  —  2       o       o  —  3 

—  1        o       o+i        o       o  —  I  —  i-i-i        o+i       o       o       o 

—  a  —  2  —  2—1+3       c-t-3+i  +  i. 

Erreur  moyenne  d'une  observation  isolée =  ±  o,  17 

»         probable  »  ±0,11 

»  Les  erreurs  dues  à  l'instrument  sont  en  réalité  un  peu  moindres, 
puisque  les  précédentes  sont  affectées  des  erreurs  d'observation. 

»  Les  détails  que  nous  venons  de  présenter  montrent  que  le  nouveau 
régulateur  pourra  conduire  l'équatorial  auquel  il  est  destiné  avec  luie 
extrême  précision;  nous  y  comptons  d'autant  plus  que  l'artiste,  qui  est 
chargé  de  la  construction  de  cet  équatorial,  M.  Lichens,  saura  maintenir 
une  réputation  légitimement  acquise. 

»  Qu'il  nous  soit  permis,  en  terminant,  de  remercier  M.  Bréguet  pour 
les  soins  et  le  dévouement  qu'il  a  mis  à  perfectionner  un  appareil  dont  il 
n'est  pas  l'auteur,  et  de  signaler  l'habileté  de  M.  Roger,  auquel  M.  Bréguet 
a  confié  le  soin  d'exécuter  cette  belle  pièce  d'horlogerie.    » 


1 1 . 


1  ^'1  )   ■ 

ÉLECTRO-CHllsnE.  —  Stir  le  mode  d'intervention  de  l'eau  dans  les  actions  chi- 
miques pendant  le  mélange  des  solutions  salines  neutres,  acides  et  alcalines 
(premier  Mémoire);  par  M.  Becqcerki..  (Extrait.) 

«  Les  actions  chimiques  qui  ont  lieu  clans  le  mélange  des  dissolutions 
salines,  acides  et  alcalines  sont  accompagnées  d'effets  calorifiques  et  élec- 
triques qui  peuvent  servir  à  faire  connaître  le  mode  d'intervention  de  l'eau 
dans  les  effets  produits.  Les  appareils  calorimétriques  donnent  la  mesure 
des  quantités  de  chaleur  dégagées;  mais,  pour  déterminer  l'intensité  des 
effets  électriques  produits,  il  faut  évahier  la  force  éleclromotrice  qui  a  lieu 
lors  de  l'action  de  l'eau  sur  chacune  des  dissolutions,  puis  celle  qui  se  ma- 
nifeste pendant  l'action  des  dissolutions  les  unes  sur  les  autres. 

»  On  entend  par  force  électromotrice  la  cause  en  vertu  de  laquelle  deux 
corps  en  contact  se  constituent  dans  deux  états  électriques  différents  par 
suite  d'actions  physiques,  chimiques  ou  mécaniques.  On  mesure  cette  force 
par  l'intensité  du  courant  qu'elle  produit  dans  lui  circuit  fermé,  et  la  com- 
parant à  celle  d'un  autre  courant  pris  pour  unité,  les  deux  circuits  ayant  la 
même  conductibilité  électrique,  ou  bien  en  opposant  dans  le  circuit  un 
courant  de  force  électromolrice  variable  et  déterminée,  de  façon  à  contre- 
balancer son  effet. 

»  La  force  électromotrice  dans  les  actions  chimiques  est  en  rappoit 
même  avec  leur  énergie  plus  ou  moins  grande. 

»  M.  Berthelot  étudie  cette  question  depuis  déjà  plusieurs  années  à  l'aide 
du  calorimètre.  Il  a  publié  son  premier  Mémoire,  dans  les  Jnnales  de 
Chimie  et  de  Physique  (4*  série,  t.  XXIX,  p.  94),  sur  l'état  des  corps  dans 
les  combinaisons,  lequel  renferme  des  faits  importants,  qui  doivent  être 
pris  en  considération  dans  l'analyse  des  effets  électriques  produits  pendant 
le  mélange  des  dissolutions  salines,  effets  qui  peuvent  également  montrer 
connnent  agissent  dans  les  léactions  l'eau  et  les  parties  constituantes  des 
dissolutions.  Ces  faits  mettent  en  outre  en  évidence  un  principe  nouveau 
que  nous  indiquerons  plus  loin. 

»  Notre  confrère  s'est  demandé  quel  rôle  physique  et  chimique  remplit 
le  dissolant,  notamment  l'eau  dans  le  mélange  de  deux  dissolutions;  y 
a-t-il  simplement  dissolution,  ou  bien  le  dissolvant  exerce-t-il  une  action 
propre  sur  un  des  éléments  de  sels,  soit  en  formant  un  nouveau  composé, 
soit  en  opérant  une  décomposition?  Il  a  cherché,  en  un  mot,  dans  quel 
état  se  trouvent  les  parties  constituantes  des  sels  à  l'instant  où  les  réactions 
s'opèrent;  ces  questions  se  présentent  à  l'esprit  quand  on  cherche  à  con- 


(  85  ) 
naître  le  mécanisme  en  verfn  'liiquel  s'opère  l'action  réciproque  de  disso- 
lution, dont  le  dissolvant  est  le  même.  Une  base  se  répartit-elle  entre  deux 
acides  ou  un  acide  entre  deux  bases?  D'après  quels  principes  sont  formés 
les  précipités  qui  se  forment  quelquefois  dans  le  mélange?  Avant  d'aborder 
celte  question,  M.  Berthelot  s'est  d'abord  occupé  des  combinaisons  for- 
mées avec  les  acides  et  les  éthers.  Il  a  reconnu,  à  l'aide  d'essaisalcaliinétri- 
ques,  que  l'eau  et  les  alcalis  les  décomposent  très-lentement  et  progressive- 
ment, suivant  une  loi  régulière  et  jusqu'à  une  limite.  Parmi  les  résultats 
auxquels  ses  recherches  calorimétriques  l'ont  conduit,  je  rapporterai  le 
suivant,  ainsi  que  l'explication  qu'il  en  a  donnée:  si  l'on  met  en  présence 
le  sulfate  d'ammoniaque  avec  l'eau  et  un  carbonate  de  potasse,  quelques 
dix  millièmes  du  premier  sel  se  trouvent  décomposés  par  l'eau  seule,  en 
acide  sulfnrique  et  ammoniaque,  tenus  en  équilibre  par  l'antagonisme  de 
l'eau  et  du  sel  neutre;  mais  l'addition  du  carbonate  de  potasse  trouble  cet 
équilibre,  l'acide  sulfnrique  libre  ne  pouvant  subsister  en  sa  présence,  parce 
qae  la  formation  du  sulfate  dépotasse  dégage  plus  de  chaleur  que  celle  du 
carbonate  ;  ce  dernier  sel  est  décomposé  complètement  par  l'acide  sulfu- 
rique  équivalent,  même  lorsque  les  dissolutions  sont  étendues.  On  voit 
par  là  quel  est  le  mécanisme  en  vertu  duquel  le  sulfate  d'ammoniaque 
etj  le  carbonate  de  soude  se  décomposent  réciproquement.  Les  sels  ammo- 
niacaux et  métalliques  se  comportent  de  même  dans  le  mélange  de  leurs 
dissolutions. 

»  Les  effets  électriques  produits  dans  le  mélange  de  ces  dissolutions  con- 
duisent à  des  conséquences  à  peu  près  semblables,  et  permettent  même  de 
les  généraliser. 

»  Voici  la  mai'che  que  j'ai  suivie  pour  atteindre  le  but  que  je  m'étais 
proposé;  j'ai  commencé  par  déterminer  les  forces  électromotrices  pro- 
duites au  contact  des  dissolutions  et  de  l'eau  et  des  dissolutions  entre  elles. 
La  mesure  de  ces  effets  a  permis  de  mettre  en  évidence  les  lois  dont  il  sera 
question  plus  loin. 

»  Les  appareils  employés  pour  la  détermination  des  forces  électromo- 
trices se  composent  des  parties  suivantes  : 

»  i**  De  tubes  fêlés,  dont  les  fêlures  n'ont  que  quelques  millièmes  de 
millimètres  d'étendue;  d'éprouvettes  dans  lesquelles  on  les  introduit  après 
les  avoir  remplis  de  liquides  convenables  et  où  plongent  des  lames  d'or  ou 
de  platine  fixées  à  des  fils  de  même  métal,  destmés  à  les  mettre  en  com- 
munication avec  un  galvanomètre  ou  autre  appareil  ; 

«  2°  D'un  galvanoinètre  Irès-sensible  dont  l'aiguille  garde  parfaitement 
le  zéro  ; 


(  86  ^ 

»  3°  De  deux  piles  à  courant  constant,  formées  l'une  de  couples  de  zinc 
amali^ainé,  zinc  pur,  d'une  dissolution  de  sulfate  de  zinc  parfaitement  satu- 
rée et  d'un  diapliragme  poreux  en  porcelaine  dégourdie;  cette  pile  fournit 
des  couples  étalûns(i);  l'autrepile  est  composée  découplés  à  cadmium,  disso- 
lution desnlfatede  cadmium,  zinc  amalgamé,  sulfate  de  zinc,  diaphragme 
poreux  ;  un  couple  de  celte  dernière  équivaut  à  45  de  l'autre  environ. 

»  On  opère  comme  il  suit  :  on  met  en  opposition  le  couple  dont  on  veut 
connaître  la  force  électromotrice  avec  la  pile  étalon,  en  introduisant  l'un 
et  l'autre  dans  le  circuit  d'un  galvanomètre,  puis  on  cherche  combien  il 
faut  ajouter  de  couples  étalons  pour  ramener  l'aiguille  à  zéro  ;  le  nombre 
de  couples  nécessaires  donne  la  mesure  de  la  force  électromotrice  cher- 
chée, dont  l'unité  est  la  force  motrice  du  couple  étalon;  ce  procédé  a 
l'avantage  de  faire  connaître,  dans  la  réaction  de  deux  liquides  l'un  sur 
l'autre,  la  nature  de  cette  réaction,  c'est-à-dire  de  montrer  celui  qui  se  com- 
porte comme  acide  ou  connue  alcali,  par  rapporta  l'autre,  puis  son  inten- 
sité; il  y  a  certaines  précautions  à  prendre  pour  avoir  l'effet  produit  indé- 
pendamment des  actions  exercées  par  les  liquides  sur  les  électrodes;  elles 
sont  indiquées  dans  le  Mémoire. 

»  On  a  commencé  par  chercher  l'état  électrique  de  l'eau  distillée  dans 
son  contact  avec  diverses  dissolutions  salines;  on  a  trouvé  que  l'eau  est 
positive,  et,  par  conséquent,  joue  le  rôle  d'acideà  l'égard  des  dissolutions  de 
sulfate  de  potasse,  de  soude,  de  magnésie,  d'ammoniaque,  etc.,  de  nitrate 
de  potasse,  de  soude,  de  magnésie,  de  baryte,  de  strontiane,  de  chaux,  etc.; 
elle  est  négative,  au  contraire,  par  rapport  aux  dissolutions  de  chlorure  de 
baryum,  de  strontium,  de  magnésium,  de  calcuim,  etc. 

»  En  opérant  i^'avec  une  dissolution  saturée  de  sulfate  d'ammoniaque  in- 
troduite dans  un  tube  fêlé,  plongeant  dans  de  l'eau  distillée  ;  2°  avec  une 
dissolution  de  carbonate  de  soude  et  l'eau  distillée;  3"  avec  les  deux  dis- 
solutions placées  l'une  dans  un  tube  fêlé,  l'autre  dans  une  éprouvette.  Les 
moyennes  des  dix  expériences  ont  donné,  pour  forces  électromotrices, 

Première  série  d'expériences. 


Force  électromolrice. 


(  Sulfate   d'ammoniaque...      —   ) 

i'-'^  couple.  {„,..,,.  '  '    18,7. 

'         (   Eau  disti   ce +    )  '' 


Carbonate  de  soude. 


^"  ^""p'^- i  Eau .■:::::  + 1 38,9. 

,,            ,       \  Sulfate   d'ammoniaiiue  ...  -1-  I 

3'   couple.  „     ,  ,  ,'  }    21. 

(  Carbonate  de  soude —  ) 


(0   Fotr\i;s  Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  ^4  ("84"),  Mémoire  de  M.  Ed.  Becquerel. 


(  87  ) 
»  Ces  résultats  indiquent  sur-le-champ  que  la  force  électroniotrice  du 
2*  couple  est  égale  à  la  somme  des  forces  rlectromotrires  des  deux  autres. 
II  résulte  de  là  que  la  force  éieciromotrice  du  3^  couple  est  égale  à  la 
différence  des  forces  éleclromotrices  du  i^  et  du  i^"^  couple  à  o,8  près.  Les 
courants  produits  par  les  deux  premiers  couples  sont  dirigés  en  sens 
contraire,  l'eau  étant  positive;  on  verra  plus  loin  la  conséquence  à  en 
tirer. 

Deuxième  série  cV expériences. 


rorce  élccLrotnoliice. 


(  Sulfate  d'ammoniaque. ...  -t-  ) 

I-"'  couple.   {  ;    9. 

(  Chlorure  de  baryum —  ) 

(  Sulfate  d'ammoniatiue. ...  —  1 

2°  couple.  \  '    20. 

'  Eau -t-  \ 


3°  couple. 


Chlorure  de  baryum. 
Eau 


))  Ou  voit  encore,  dans  cette  série  d'expériences,  que  la  force  électro- 
motrice  du  i^'  couple  est  égale  à  la  différence  des  deux  autres. 

»  Les  résultats  consignés  dans  ces  deux  séries  d'expériences  sont  faciles 
à  expliquer;  considérons  d'abord  les  résultats  de  la  premièr-e  série. 

»  L'eau  étant  positive  par  rapport  à  la  dissolution  de  sulfate  d'ammo- 
niaque, c'est  une  preuve  qu'elle  réagit  sur  ce  sel;  elle  attire  à  elle  une 
très-faible  portion  d'ammoniaque,  et  la  dissolution  devient  négative, 
l'eau  positive.  L'ammoniaque  se  trouve  attirée,  d'antre  part,  par  les  actions 
antagonistes  de  l'acide  et  du  sel;  il  en  résulte  un  état  d'équilibre  qui  est 
troublé  parla  présence  d'un  autre  élément;  or  il  en  est  de  même  dans  le 
couple  où  se  trouve  le  carbonate  de  soude,  l'eau  étant  encore  positive. 

))  Cela  posé,  si  l'on  considère  le  couple  sulfate  d'ammoniaque  et  car- 
bonate de  soude,  il  faut  que  l'eau  de  la  dissolution  du  carbonate  réagisse 
sur  le  sulfate  comme  celle  du  sulfate  sur  le  carbonate,  puisque  la  force 
électromotrice  des  deux  dissolutions  est  égale  à  la  différence  des  deux 
autres,  en  même  temps  que  les  deux  courants  sont  dirigés  en  sens  contraire. 
La  loi  est  vérifiée  également  dans  les  résultats  de  la  deuxième  série.  Les 
effets  électriques  observés  résultent  seuls  de  la  réaction  de  l'eau  sur  les 
deux  sels,  attendu  que  l'échange  de  base,  qui  est  le  résultat  d'une  double 
décomposition,  ne  trouble  jamais  l'équilibre  des  forces  électriques. 

»  Il  n'en  est  plus  de  même  dans  la  réaction  des  dissolutions  acides  sur 
les  dissolutions  alcalines,  attendu  que,  indépendamment  de  l'action  de 
l'eau  sur  les  dissolutions,  il  y  a  encore  celle  de  l'acide  sur  l'alcali.  L'exj)é- 
rience  confirme  cet  état  de  choses. 


(  ««  ) 

Troisième  série  d 'expériences. 

Force  électroraolricc. 
Acide  azoriqiie. 


'"'^""l^'"!  Potasse -   î '"• 

(   Potasse —   I 

2=  couple.  .,  „^_^  ^       43. 


3"  couple. 


Eau. 

Acide  azolique. 

Eau ..... 


»  Ces  résultats  indiquent  que  la  force  électromotrice  des  deux  dissolu- 
lions,  ou  celle  du  i^' couple,  est  égale  à  la  somme  des  forces  électromotrices 
des  deux  autres,  plus  un  excédant  de  7,  qui  ne  peut  provenir  que  de  la 
réaction  de  l'acide  sur  la  potasse,  l'un  et  l'autre  anhydres. 

Quatrième  série  d'expériences. 


Force  éleclromotrice. 


,  Acide  azotique + 

i"^''  couple,   i    .  .  •    120. 

(  Ammoniaque —  ) 

,      i  Acide  azoticiue +  ) 

2"  couple.   -,  • 70. 

'  Eau —  ' 


1   Aiiimonianuo —    )  ,„ 

3'  couple.  \  ^  '  45. 

I  E:tu -I-    ) 

»  Mêmes  conséquences  à  tirer,  si  ce  n'est  que  la  différence  est  de  5  nu 
lieu  de  7.  Les  rapports  entre  les  forces  éiectromolrices  sont  exacts,  mais 
non  tout  à  fait  la  valeur  absolue  de  chacune  d'elles,  vu  les  causes  d'erreur 
que  l'on  rencontre  quelquefois,  et  sur  lesquelles  je  reviendrai  dans  un  autre 
Mémoire.  La  méthode  que  je  viens  d'exposer  pour  analyser  les  réactions 
partielles  qui  ont  lieu  dans  le  mélange  de  deux  dissolutions  peut  être  em- 
ployée également  dans  le  mélange  de  trois  dissolutions;  il  suffit,  pour 
cela,  de  chercher  la  force  électromotrice  de  chacune  des  dissolutions  des 
composantes  dans  leur  contact  avec  l'eau  et  celle  de  ces  dissolutions  entre 
elles.  J'ai  décrit  ensuite  un  procédé  très-simple,  à  l'aide  duquel  on  vérifie 
1  exactitude  des  résultats  obtenus,  lequel  consiste  à  mettre  en  opposition 
les  couples  ou  les  assemblages  de  couples  qui  sont  égaux  ou  présentent 
des  diflérences,  et  à  les  introduire  dans  le  circuit  d'un  galvanomètre  :  si 
l'aiguille  aimantée  reste  à  zéro,  c'est  une  preuve  que  les  forces  électro- 
motrices sont  égales;  si  elle  est  déviée,  on  détermine  la  force  électro- 
motrice  qui  correspond  à  la  déviation. 

I"  On  déduit  des  laits  consignés  dans  le  Mémoire  les  conséquences  sui- 
vantes : 

»    1"  Dans  le  mélange  île  deux  dissolutions  salines  neutres  donnant  lieu 


(«9) 
à  des  doubles  décompositions,  ces  décompositions  s'opèrent   par  l'inter- 
médiaire des  réactions  de  l'eau  sur  les  parties  constituantes  des  sels. 

»  2"  Dans  la  réaction  des  dissolutions  acides  sur  les  dissolutions  alca- 
lines, l'eau  est  encore  le  principal  agent  par  l'intermédiaire  duquel  elle 
s'opère.  L'affinité  de  l'acide  pour  l'alcali,  l'un  et  l'autre  anhydres,  entre 
pour  une  partie,  faible  à  la  vérité,  dans  la  production  des  forces  électro- 
motrices. 

))  Les  recherches  dont  je  viens  de  rendre  com|)te  à  l'Académie  sont  à  leur 
début;  elles  exigeront  beaucoup  de  temps  pour  être  complétées  et  permet- 
tent d'envisager  l'électro-cliimie  sous  un  nouveau  point  de  vue. 

»  Les  expériences  dont  il  s'agit  exigent  le  concours  de  deux  personnes,  à 
cause  des  manœuvres  à  opérer  et  des  préparations  à  faire.  J'ai  été  aidé, 
comme  précédemment,  par  M.  Guerout,  que  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion  publique  a  bien   voulu  attacher  à  mon  laboratoire.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  modifications  du  pouvoir  magnétique  de  l'acier 
par  la  trempe  ou  le  recuit;  par  M.  J.  Jamin. 

«  La  méthode  que  j'emploie  pour  apprécier  la  puissance  d'un  aimant 
consiste  à  placer  sur  le  point  qu'on  veut  étudier  un  petit  contact  d'épreuve 
en  fer  doux  et  à  mesurer  la  force  d'arrachement,  en  grammes,  au  moyen 
d'un  ressort  gradué,  que  l'on  tend  peu  à  peu.  Mais  comme  cette  force  dé- 
pend de  la -grosseur  et  de  la  forme  de  ce  contact,  il  est  nécessaire  d'en  fixer 
les  dimensions,  si  l'on  veut  rapporter  toutes  les  mesures  à  une  unité  définie 
et  qui  puisse  être  aisément  reproduite.  Je  propose  de  constituer  ce  contact 
par  un  fil  de  fer  doux,  de  section  égale  à  i  millimètre  et  de  longueur  assez 
grande  pour  qu'on  puisse  la  considérer  comme  infinie. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  de  réaliser  ce  contact,  car  je  me  suis  assuré  que 
la  force  d'arrachement  est  toujours  proportionnelle  à  la  section  des  fils 
employés.  On  pourra  donc  en  prendre  un  quelconque,  et  diviser  la  force 
observée  par  la  section  pour  avoir  le  résultat  qui  convient  au  fil  unité.  On 
pourra  même  donner  au  contact  d'épreuve  une  forme  quelconque,  ar- 
rondie par  le  bas,  ce  qui  en  rend  l'emploi  plus  commode,  et  chercher,  une 
fois  pour  toutes,  le  rapport  de  ses  indications  à  celles  du  contact  unité. 
C'est  ce  que  je  ferai  à  l'avenir. 

»  Cette  convention  faite,  je  vais  étudier  comment  varie  la  faculté  magné- 
tique des  divers  aciers,  après  qu'on  les  a  trempés  ou  recuits.  Je  chauffe  les 
barreaux  au  rouge,  dans  un  moufle,  au  milieu  d'un  fourneau  à  gaz,  du 
système  Perrot;  je  les  trempe  à  l'eau  et  je  les  fais  revenir  sur  plusieurs  cha- 

C.  U.,  i«73,  ■1'=  Semestre.  (T.  LXWll,  IN»  2.)  '  2 


(9») 
himeaux  à  gaz  alignés.  Après  tes  opérations,  je  les  aimante  dans  une  spirale 
formée  de  '5'j6  mètres  de  fil  de  cuivre,  de  2  millimètres  de  section,  en  y 
faisant  passer  le  courant  d'une  pile  ordinairement  composée  de  12  élé- 
ments Bunsen.  J'ai  opéré  sur  des  barreaux  à  peu  près  égaux,  peu  longs 
(3o  centimètres),  assez  larges  et  assez  épais  pour  que,  étant  aimantés  à  satu- 
ration, ils  constituent  des  aimants  normaux.  J'ai  montré  que,  dans  ce  cas, 
la  force  d'arrachement,  à  l'extrémité,  est  proportionnelle  à  la  longueur  /, 
de  sorte  que  le  quotient  de  cette  force  par  celte  longueur  est  pour  chaque 
acier  une  constante  qui  mesure  sa  qualité. 

»  Il  y  a  deux  cas  à  distinguer  :  1°  On  mesurera  la  force  d'arrachement  F 
pemlant  le  passage  du  courant,  c'est-à-dire  l'aimantation  temporaire,  celle 
qu'on  observe  dans  les  électro-aimants  :  elle  varie  avec  l'intensité  du  cou- 
rant, avec  les  dimensions  du  barreau;  mais,  si  toutes  ces  choses  sont  égales, 

Y 

-  =  H  est  proportionnel  au  pouvoir  magnétique  de  la  matière  employée  et 

peut  servira  le  représenter.  2°  On  mesurera  ensuite  la  force  d'arrachement/, 
après  que  le  courant  sera  interrompu  :  force  de  saturation,  indépendante 
(\c  l'intensité  primitive  du  courant,  ainsi  que  de  la  largeur  et  de  l'épaisseur 

du  barreau,  mais  proportionnelle  à  l;  de  sorte  que-  =  A  sera,  pour  un 

même  acier,  un  coefficient  invariable,  que  nous  nommerons  coefficient  de 
polarité.  Il  mesure  la  faculté,  non  de  prendre,  mais  de  garder  le  magné- 
tisme. H  et  A:  ne  varient  point  de  la  même  manière;  pour  le  fer  doux  H 
est  très-grancî,  k  est  nul;  pour  les  aciers  trempés,  H  est  moindre  et  k  prend 
des  valeurs  d'autant  plus  grandes  que  l'aimant  est  meilleur. 

»  Aciers  trempés.  —  Le  fer  doux  ne  durcit  pas  quand  on  le  trempe; 
mais  il  en  est  autrement  des  aciers  :  ceux  qui  sont  pauvres  en  carbone 
prennent  peu  de  dureté,  ceux  qui  ont  une  richesse  moyenne  deviennent 
élastiques  et  résistent  à  la  lime  ;  quant  à  ceux  qu'on  a  fortement  cémentés 
et  qui  ont  été  martelés,  ils  deviennent  fragiles  comme  le  verre  et  perdent 
toute  solidité  :  on  dit  alors  qu'ils  sont  brûlés.  Or  le  fer  doux  est  de  toutes  les 
substances  celle  qui  prend  le  plus  grand  magnétisme  temporaire  ;  les  aciers 
trempés  en  reçoivent  beaucoup  moins,  et  d'autant  moins  que  l'effet  produit 
sur  eux  par  la  trempe  a  été  plus  énergique.  Il  va  donc  en  diminuant  depuis 
le  fer  doux  jusfju'aux  aciers  les  plus  riches  et  les  plus  durs.  Ces  derniers  se 
montrent  rebelles  à  l'auiiantation  ;  on  peut  dire  qu'ils  sont  analogues  au 
manganèse  et  au  nickel  et  qu'ils  perdent  presque  entièrement  toute  faculté 
magnétique.  Pour  en  donner  une  idée,  je  citerai  un  échantillon  d'acier 
fondu  très-dur,  qui  m'avait  été  remis  par  M.  Dalifol,  un  de  nos  plus  habiles 
fahricanls  d'acier.  Cet  échantillon  avait  été  uiartelé  et  ensuite  recémenté. 


^  0'  ) 
Recuit  au  rouge,  il  offrait  une  force  d'arrachement  considérable,  égale  à 
1290  grammes  pour  un  courant  de  12  éléments.  Il  fut  trempé  ensuite, 
puis  remis  dans  les  mêmes  conditions,  et  la  force  d'arrachement  se  rédui- 
sit à  75  grammes,  c'est-à-dire  à  rien.  On  peut  même  se  demander  si  une 
trempe  encore  pins  vive  ne  ferait  pas  disparaître  en  totalité  ce  reste  de 
pouvoir  niagnétique,  si  même  l'effet  ne  changerait  pas  de  signe.  En  tout 
cas,  cette  propriété,  jusqu'alors  inaperçue,  révèle  une  relation  simple  entre 
les  effets  connus  de  la  trempe  et  la  valeur  du  coefficient  magnétique. 
Je  m'occupe  d'en  rechercher  les  lois. 

»  Le  magnétisme  gardé  par  un  barreau  après  la  cessation  du  courant  est 
toujours  beaucoup  plus  faible  que  pendant  l'aimantation,  c'est-à-dire 
que  k  est  toujours  plus  petit  que  H.  Il  en  résulte  cette  conséquence 
imprévue  que  les  aciers  riches  eu  lames  minces  et  fortement  trempés,  qui 
s'aimantent  très-peu  par  le  passage  du  courant,  ne  conservent  rien  après 
qu'il  a  |)assé  et  sont  absolument  inaptes  à  devenir  des  aimants  permanents. 
Au  contraire,  les  aciers  moyens  ou  pauvres,  pour  lesquels  H  est  très-giand, 
conservent  une  polarité,  c'est-à-dire  une  valeur  de  A"  notable,  comme  on 
le  verra  dans  les  tableaux  qui  suivent.  Ces  aciers  peuvent  donc  constituer 
d'excellents  aimants,  après  une  trempe  vive  et  sans  recuit. 

»  Aciers  revenus.  —  Pour  donner  aux  aciers  le  degré  de  dureté  voulu,  il 
faudrait  les  tremper  à  des  températures  variables  et  déterminées,  ce  qui 
serait  difficile.  Ou  suit  une  autre  méthode,  qui  consiste  à  les  tremper  au 
rouge  et  à  dépasser  ainsi  le  point  voulu,  pour  les  y  ramener  en  les  réchauf- 
fant. On  utilise,  pour  apprécier  les  températures  de  ce  revenu.,  les  colora- 
tions que  le  dépôt  d'oxyde  détermine  sur  les  surfaces,  ce  qui  est  un  procédé 
très-simple  et  très-précis.  Voici  comment  varient  H  et  k  pendant  cette 
opération, 

»  Pour  tous  les  aciers,  qu'ils  soient  pauvres,  moyens  on  rebelles,  H  varie 
de  la  même  manière  :  il  augmente  quand  la  températme  du  revenu  s'élève; 
cela  veut  dire  que  le  pouvoir  magnétique  auguiente  depuis  la  trempe  roide, 
où  il  est  minimum,  jusqu'au  recuit  fait  à  la  température  rouge,  où  il  atteint 
sa  plus  grande  valeur  possible.  C'est  ce  que  l'on  verra  en  parcourant  les 
valeurs  de  H  dans  les  tableaux  qui  suivent.  On  remarquera  que  leurs  va- 
riations sont  d'autant  plus  grandes  que  l'effet  delà  trempe  avait  été  j)lus 
accentué. 

M  Quant  au  coefficient  de  polarité  A,  il  suit  des  lois  plus  complexes.  Pour 
les  aciers  pauvres  ou  moyens,  il  est  maximum  après  la  trempe  roide,  et  il 
diminue  continûment  par  le  revenu  jusqu'à  être  nul  ou  très  fadjle  par  le 

12.. 


(  92  ) 
recuit  complet  fait  à  la  température  rouge:  tels  sont  les  aciers  de  Nieder- 
bronu,  ceux  qu'on  connaît  dans  le  commerce  sous  la  désignation  de  trois 
têtes  de  bœuf,  de  trois  doubles  marteaux,  etc.  Pour  cette  première  catégorie 
de  substances,  la  faculté  Reprendre  le  magnétisme  va  donc  en  augmentant 
depuis  un  minimum,  après  la  trempe,  jusqu'à  un  maximum  voisin  de  celui 
de  fer  doux  après  le  recuit,  tandis  que  la  propriété  de  gfart/er  le  magnétisme 
va  en  diminuant  entre  ces  deux  limites. 

»  Pour  les  aciers  rebelles,  qui  ne  prennent  après  la  trempe  qu'une  ai- 
mantation temporaire  insignifiante  et  qui  ne  gardent  rien  après  le  passage 
du  courant,  les  coefficients  de  polarité  ^,  d'abord  très-petits,  croissent  jus- 
qu'à tui  certain  degré  de  revenu,  atteignent  un  maximum  et  diminuent 
quand  ce  revenu  est  dépassé;  ils  diminuent  jusqu'au  recuit  complet, 
mais  ils  ne  devieiment  pas  nuls  et  restent  quelquefois  assez  considérables. 
En  résumé,  on  peut  dire  que  toutes  les  catégories  d'acier  atteignent  un 
maximum  pour  leur  coefficient  de  polarité,  mais  dans  des  conditions  di- 
verses :  les  aciers  pauvres  ou  moyens  après  la  trempe  roide;  les  aciers  riches 
ou  rebelles  et  très-fortement  trempés  après  un  degré  de  revenu  dont  la 
teuipérature  est  d'autant  plus  élevée  que  l'effet  de  la  trempe  avait  été  plus 
grand  ;  après  quoi  les  valeurs  de  k  décroissent  jusqu'à  un  minimiun. 

M  Si  l'on  veut,  avec  un  acier  donné,  faire  les  meilleurs  aimants  possibles, 
il  faut  atteindre  ce  maximum,  et  pour  cela  il  faut  traiter  différemment  les 
divers  aciers  :  il  faut  tremper  sans  les  recuire  les  aciers  moyens,  il  faut  re- 
cuire les  aciers  riclies  et  rebelles  après  les  avoir  trempés,  et  les  recuire  en 
proportion  de  leur  trempe,  les  uns  au  jaune,  les  autres  au  bleu,  quelquefois 
très  au  delà.  Il  n'y  a  pas  de  règle  fixe  ;  chaque  matière  exige  un  traitement 
particulier;  mais  il  sera  toujours  facile  de  découvrir  ce  traitement  après 
une  étude  préalable  faite  sur  un  échantillon.  Ij'ignorance  où  l'on  a  été  jus- 
qu'à présent  de  ces  conditions  explique  toutes  les  incertitudes  des  con- 
structeurs, les  insuccès  des  uns,  les  réussites  inespérées  des  autres  et  les 
pratiques  secrètes  de  quelques-uns.  Aujourd'hui  chacun  pourra  faire  le 
meilleur  aimant  possible  avec  l'acier  qu'il  possède  ;  il  pourra  même  cor- 
riger les  aimants  inactifs  qu'on  trouve  partout;  par  une  nouvelle  trempe 
et  uu  nouveau  recuit,  il  les  amènera  à  lem-  maximum. 

»  Le  tableau  suivant  contient  les  diverses  valeurs  de  H  et  A  pour  di- 
vers aciers.  On  a  marqué  par  des  chiffres  plus  gros  les  valeurs  maxima 
de  A.  On  voit  que,  pour  les  obtenir,  il  faut  tremper  le»  aciers  de  commerce 
et  recuire  au  contraire,  même  à  des  températures  assez  hautes,  les  aciers 
de  M.  Dalifol  cpii  étaient  très-riches.  Les  valeurs  de  A  représentent  la  force 
d'arrachement  eu  grammes  pour  un  fd  d'épreuve  de  i  millimètre   de  sec- 


9^'  ) 


lion,  à  l'extrémité  d'un  barreau  de  i  millimètre  de  longueur.  Si  celte  lon- 
gueur devenait  /,  cette  force  serait  kl.  Ces  résultats  ne  doivent  être  consi- 
dérés que  comme  un  premier  aperçu;  ils  sont  néanmoins  suffisants  poiu- 
faire  comprendre  dans  leur  ensemble  les  modifications  que  la  trempe  et  le 
recuit  font  éprouver  aux  divers  aciers.  Il  faudra  maintenant  découvrir  ceux 
de  ces  aciers  qui  atteignent  le  maximum  le  plus  élevé  et  aussi  ceux  qui 
perdent  le  moins  par  le  temps.  Ce  sera  l'objet  d'une  Communication  pro- 
chaine. 

Valeurs  de  H  et  de  k. 


DÉSIGNATION 

de  l'acier. 

XaOlS  TÈTES 
DE   SOEUF. 

SHEFFIELD. 

mois 

ACIERS    DE    M.  DALIFOL. 

HARTEAIX. 

Coulé. 

Coulé, 
élire. 

Coulf, 
martelé. 

Acier 
au  wolfram. 

H 

k 

H 

k 

H 

A 

H 

k 

H 

k 

H 

k 

H 

k 

Trempé  au  rouge 

Revenu  au  jaune 

»        au  i"  bleu.  . . . 

»        au  bleu  blanc. 

»        au  2"  bleu. .  . . 
Recuit  au  four 

0,9'i 
.,,6 
.,3. 

// 

i,6i 

0,24 

o,i8 

0,17 
o,iG 

t! 
0,00 

o,6G 
// 

O192 

// 
II 

1,53 

0,22 

II 

0,30 
0,01 

0.79 
II 

1,26 

r,oC 
rf 

1,66 

0,28 

// 

0,25 

0,25 

II 
0,00 

o,G3 
0,86 

1,11 

0,13 

0,25 

f/ 
0, 16 

0,14 

0,70 
1,12 
// 

',37 

1 ,5o 

0,12 
0,24 

'.'7 
0,10 

0,08 
0,17 
0,33 
0,83 

1,23 

i,'l9 

0,01 
0,07 
0, 12 
0,16 
0,28 
o,i3 

0,20 
o,C;i 

1,16 

// 

1,55 

o,i3 
o,3o 

0,32 

0,19 

ASTRONOMIE.   —    Sur  le  dec/ré  de  visibilité  que  ton  peut  atteindre  avec  des 
lunettes  astronomiques  de  petites  dimensions.  Note  de  M.  d'Abbadie. 

«  Dans  ses  Practicnl  Observations  on  télescopes,  Ritcliiner  annonçait,  en 
i8i5,  qu'une  lunette,  construite  parRamsden,  ayant  un  objectif  triple  de 
57  millimètres  d'ouverture  et  686  de  foyer,  montrait  bien  le  compagnon 
de  la  Polaire  avec  un  grossissement  de  70  fois,  et  qu'on  le  voyait  encore, 
mais  avec  grand'peine  et  une  amplification  de  5o  seulement,  quand  l'ob- 
jectif avait  été  réduit  à  44  millimètres. 

B  Peu  de  temps  avant  la  mort  de  Dawes,  j'engageai  cet  éminent  obser- 
vateur anglais  à  publier  quelques  résultats  de  sa  bien  grande  expérience 
dans  l'usage  des  lunettes.  C'est  ce  qu'il  fit  dans  le  tome  XXXV  des  Mémoires 
de  la  Société  rojale  astronomique.  Parmi  les  faits  qu'il  y  énumère,  il  dit 
qu'une  lunette  de  Dollond,  montée  aussi  sur  des  tubes  en  tirage,  ayant 
4o"",6  d'ouverture  et  495  de  distance  focale,  montrait  aisément  le  com- 
pagnon de  la  Polaire,  et  presque  sans  anneaux  ambiants.  On  continuait  à 


(  <ys  ) 

voir  cette  c-loile  double  après  avoir  réduit  l'ouverture  à  35,6,  et  même 
à  33  millimètres  seulement  quand  le  ciel  était  extraordinairement  favo- 
rable aux  observations. 

»  Curieux  d'expérimenter  moi-même  une  bonne  lunette  d'aussi  petite 
dimension,  j'avais  prié  le  P.  Perry,  directeur  de  l'Observatoire  de  Stony- 
liurst,  de  m'en  procurer  une  dont  l'ouverture  serait  limitée  à  45  millimè- 
tres. La  lunette,  que  ce  savant  a  pris  la  peine  de  choisir  et  de  m'envoycr,  il 
y  a  un  an,  a  été  faite  par  M.  Dalimeyer,  de  Londres.  Son  objectif  est  un  peu 
plus  grand  et  a  47  millimètres,  la  distance  focale  étant  de  5oo.  Avec  wn 
grossissement  de  3o  fois,  cette  lunette  sépare  la  Polaire  en  deux.  Par  un 
beau  ciel,  on  obtient  la  même  netteté  de  vision  avec  des  amplifications  de 
5o  et  même  de  78  fois.  On  y  sépare  aussi  avec  facilité  le  couple  N.  de  e  de 
la  Lyre,  mais  le  couple  S.  ne  s'y  distingue  qu'avec  peine. 

»  Cette  perfection  dans  les  petites  buieltes  n'est  pas  inconnue  aux  artistes 
français.  Après  quelques  recherches  chez  nos  opticiens,  j'ai  trouvé  une  lu- 
nette avant  l\o  millimètres  seulement  d'ouverture,  49^  de  distance  focale, 
et  qui,  supportant  bien  un  grossissement  de  60  fois,  montre  le  compagnon 
de  la  Polaire.  Celte  lunette  est  montée  sur  trois  tubes  en  tirage,  et  a  été 
construite  par  M.  Bardou.  Au  lieu  d'un  objectif  à  trois  verres,  comme  les 
lunettes  précitées,  celle-ci  n'a  qu'un  objectif  ordinaire  à  deux  verres. 

»  La  difficulté  qu'on  éprouve  à  voir  le  compagnon  de  la  Polaire  vient 
de  ce  qu'il  est  de  neuvième  grandeiu-,  qu'il  est  éloigné  de  18  secondes  seule- 
ment d'une  étoile  de  deuxième  grandeur,  et  qu'il  disparaît  le  plus  souvent 
sous  les  faux  appendices  lumineux  qui,  dans  les  petites  lunettes  ordinaires, 
sont  attachés  à  toutes  les  grosses  étoiles.  On  ne  trouve  pas,  dit-on,  une  lu- 
nette sur  cent  qui  soit  exempte  de  ces  appendices  et  qui,  par  conséquent, 
montre  bien  ronde  une  étoile  de  première  grandeur. 

»  J'ai  cru  pouvoir  citer  ces  données  pour  indiquer  aux  amateurs  d'Astro- 
nomie quel  degré  de  visibilité  on  peut  atteindre  avec  de  petits  instruments, 
et  surtout  pour  affirmer  que,  dans  une  lunette,  la  perfection  du  travail  de 
ses  verres  est  plus  importante  que  leur  grande  dimension.  » 

THERMODYiNAMiQUE. —  Démonstration  directe  desprincipes  fondamentaux  de  la 
Theriuodynamique;  lois  du  frottement  et  dit  choc  d'après  celte  science. 
Note  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  L  Considérations  générales.  —  Les  idées  se  portent  aujourd'hui  vers 
«les  recherches  parlant  d'un  certain  mouvement  supposé  pour  les  éhranle- 


(95  ) 
ments  des  atonies  pesants  ou  éihérés,  qui   produisent  les  phénomènes  ca- 
lorifiques. 

B  Les  travaux  sur  cette  matière  ne  sont  encore  qu'en  très-petit  nombre,  et 
ils  ne  concernent  que  les  gaz.  Toutefois  M.  Clansius  a  récemment  (n°  CXLIl 
des  Annales  de  Pocjcjendorff)  attaqué  la  question  d'une  manière  plus  géné- 
rale, et  s'est  proposé  de  déduire  luiiquement  des  théorèmes  connus  de  la 
mécanique  le  principe  de  Carnot. 

»  Nous  nous  proposons  aujourd'hui  d'abord  le  même  sujet,  en  l'éten- 
dant, et  en  en  formant  une  sorte  de  corps  de  doctrine,  comprenant  des  dé- 
monstrations directes  des  principes  fondamentaux  de  la  Thermodyna- 
mique. 

»  Après  avoir  lul'enchauiement  de  nos  démonstrations,  le  lecteur  pourra 
apprécier  ce  qu'il  y  a  d'original  dans  notre  travail,  et  juger  en  quoi  con- 
sistent et  d'où  proviennent  les  différences  existant  entre  nos  raisonnements 
et  ceux  de  M.  Clausius. 

»  Au  surplus,  les  recherches  que  nous  avons  entreprises  sont  indispen- 
sables pour  arriver  à  une  explication  complète  et  conforme  à  la  thermo- 
dynamique des  lois  du- frottement  et  du  choc,  explication  que  nous 
donnons  à  la  suite  de  nos  démonstrations  directes  des  principes  fonda- 
mentaux de  cette  science. 

»  Piien  n'empêche  de  ne  considérer  dans  les  corps  naturels  que  leurs 
atomes  pesants,  c'est-à-dire  d'établir  les  formules  en  faisant  abstraction  de 
l'élher  que  ces  corps  contiennent  en  quantité  constante  ou  variable.  On 
regarde  alors  cet  éther  comme  un  système  matériel  à  part,  dont  les  actions 
sur  le  corps  donné  doivent  être  comptées  au  nombre  des  forces  extérieures 
ou  mieux  étrangères.  Toutefois,  l'abstraction  dont  il  s'agit  n'est  pas  toujours 
pratiquement  acceptable;  car  elle  conduit  à  des  lois  qui  ne  sont  pas  véri- 
fiables,  à  moins  de  considérer  comme  négligeables  les  effets  définitifs  dus 
à  l'éther;  nous  disons  les  effets  définitifs,  car  les  effets  intermédiaires 
peuvent  être  indispensables  pour  la  propagation  du  calorique  et  l'établis- 
sement de  l'équilibre  de  température  des  atomes  pesants.  Ajoutons  que  la 
possibilité  de  regarder  comme  négligeables  les  effets  définitifs  dus  à  l'éther 
dans  réchauffement  des  corps  semble  justifiée  par  ce  fait  qu'un  même 
corps  solide  en  bloc  ou  réduit  en  poussière  possède  la  même  capacité  calo- 
rifique. 

»  Dans  tous  les  cas,  lorsqu'on  trouvera  nécessaire  de  considérer  pour 
chaque  corps  naturel  l'ensemble  de  ses  atomes  pesants  et  éthérés,  on  verra 


(  96) 
aisément  que  les  formules  obtenues  avec  ladite  abstraction  conviennent 
entièrement  à   la  supposition  que  la  quantité  d'éther  renfermée  dans  le 
corps  demeure  constante,  quels  que  soient  la  température  et  l'état  phy- 
sique ou  constitutif  de  celui-ci. 

»  Notre  mode  de  procéder  évite  de  se  lancer  dans  les  suppositions  com- 
pliquées et  toutes  gratuites  de  dynamidcs  ou  autres.  Nous  nous  bornons 
d'ailleurs  à  considérer  les  corps  composés,  aussi  bien  que  les  corps  simples, 
comme  des  agrégats  d'atomes,  sans  nous  occuper  des  groupements  des 
atomes  entre  eux  pour  former  les  molécules.  Le  nombre  des  hypothèses 
se  trouve  ainsi  réduit  au  minimum,  ce  qui  est  philosophiquement  la 
véritable  manière  de  faire  avancer  les  questions,  en  les  simplifiant  au 
lieu  de  les  compliquer.  Cette  voie  offre  d'ailleurs  l'avantage  d'être  entière- 
ment en  harmonie  avec  les  faits;  car  les  phénomènes  calorifiques  qu'on 
expérimente  en  physique,  ou  que,  pour  l'industrie,  on  a  besoin  de 
connaître  a  priori,  concernent  en  définitive  les  atomes  pesants  des  corps 
naturels. 

»  II.  Exposé  de  la  marche  suivie  pour  arriver  à  nos  démonslrations.  —  Nous 
reportant  aune  conception  imaginée  par  Coriolis,  dans  son  Traité  de  «  Méca- 
nique des  corps  solides»,  nous  supposons  que  tout  système  de  points  matériels 
est  à  chaque  instant  solidifié,  sans  que  rien  soit  changé  à  l'ensemble  des 
forces  et  des  quantités  de  mouvement  qui  actionnent  le  système.  Le  mou- 
vement de  ce  solide  fictif  constitue  le  mouvement  d'ensemble  du  système;  le 
mouvement  particulier  de  chaque  atome  composé  avec  ce  mouvement 
d'ensemble  pris  en  sens  contraire  donne  le  mouvement  relatif  de  l'atome 
par  rapport  au  solide  fictif,  c'est-à-dire  son  mouvemenl  propre. 

»  Ce  mouvement  propre,  à  son  tour,  se  décompose  eu  deux  autres  : 
l'un  correspond  au  changement  de  volume  que  le  corps  peut  subir  à  chaque 
instant  sous  des  influences  extérieures;  l'autre,  provenant  du  fait  même  de 
la  découqjosition,  ne  pourra  être,  d'après  les  idées  actuelles  sur  la  chaleur, 
qu'jm  mouvemenl  vibratoire. 

»  Hàtons-uous  d'ajouter  que  nous  allons  définir  rigoureusement  le  mou- 
vement de  changement  de  volume,  dès  que  nous  aurons  donné  quelques  expli- 
cations relatives  aux  vibrations. 

»  La  vibration  la  plus  simple  à  concevoir  consiste  dans  le  parcours  par 
chaque  atome  d'une  courbe  fermée,  décrite  avec  une  vitesse  variable  de 
grandeur  et  de  sens  à  chaque  instant,  mais  repassant  par  les  mêmes  valeurs 
au  bout  d'iui  temps  déterminé,  qu'on  appelle  la  durée  de  la  vibration.  Toute- 


(97  ) 
fois,  il  n'est  pas  nécessaire  que  les  trajectoires  soient  des  courbes  fermées 
pour  que  les  résultats  qui  conviennent  à  ce  cas  particulier  se  trouvent  ap- 
plicables à  une  hypothèse  plus  générale  concernant  des  trajectoires  non  fer- 
mées. Cette  hypothèse,  que  nous  adopterons,  et  qui  est  essentiellement  plau- 
sible, consiste  :  i°  à  considérer  la  vitesse  de  chaque  atome  décomposée 
suivant  trois  directions  respectivement  parallèles  aux  axes  desX,  des  Y  et  des 
Z;  a^à  supposer  cyie,  dans  tout  corps  en  équilibre  de  température,  chacune 
de  ces  vitesses  repasse,  sinon  rigoureusement  au  moins  en  moyenne,  par  les 
mêmes  valeurs,  au  bout  d'im  temps  fixe  et  déterminé,  différent  pour  chaque 
composante.  Il  est  évident  que  pour  tout  temps  égal  à  la  plus  petite  fraction 
de  seconde,  renfermant  un  nombre  entier  de  fois  les  durées  des  trois  vi- 
brations composantes  dont  nous  venons  de  parler  et  que  d'ailleurs  nous 
supposerons  toujours  moyennement  commensurablesentre  elles,  les  choses 
se  passeront  de  la  même  manière  que  s'il  s'agissait  d'une  vibration  sur 
trajectoire  fermée,  s'exécuant  dans  ce  temps;  et  nous  appellerons  cette 
vibration  vibration  complexe. 

»  Dans  les  corps  simples,  la  vibration  complexe  sera  considérée  comme 
moyennement  de  même  durée  poiu'  tous  les  atomes.  Dans  les  corps  com- 
posés, on  ne  saurait  admettre  qu'il  en  est  ainsi  que  pour  les  séries  d'atomes 
de  même  espèce,  jouant  d'ailleurs  le  même  rôle  dans  chaque  molécule  in- 
tégrante. Mais  les  choses  pourront  encore  dans  ce  cas  être  ramenées  fictive- 
ment au  cas  d'une  trajectoire  fermée.  Il  suffira,  à  cet  effet,  de  prendre  pour 
durée  commune  de  vibration  la  plus  petite  fraction  de  seconde  renfermant 
un  nombre  entier  de  fois  les  durées  des  diverses  vibrations  complexes,  re- 
latives aux  différentes  séries  d'atomes  de  même  espèce  et  de  même  rôle  dans 
le  corps  composé,  ces  durées  étant  pareillement  supposées  moyennement 
commensurables  entre  elles. 

»  Quand  il  y  aura  lieu  de  considérer  les  corps  avec  l'éther  qu'ils  ren- 
ferment, on  regardera,  au  point  de  vue  des  vibrations,  les  atomes  de  cette 
substance  comme  les  atomes  d'un  corps  simple  ordinaire  faisant  partie 
d'un  corps  composé. 

»  Nous  considérerons  la  durée  des  vibrations,  soit  simples,  soit  com- 
plexes, ordinaires  ou  composées,  comme  extrêmement  courtes  et  échappant 
entièrement  à  toute  appréciation  chronométrique. 

»  Pour  le  gMZ,  un  des  points  de  départ  de  leur  théorie  consiste  à  sup- 
poser que  leurs  atomes  sont  sans  cesse  animés  de  mouvements  de  trans- 
lation  dans  tous  les  sens,  et  que  leurs  trajectoires  de   translation  sont 

C.  R.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  2.)  '^ 


(  9^  ) 
formées  de  parties  rectilignes  très-petites,  reliées  par  des  parties  cour- 
bes, et  reviL'iinent  en  définitive  à  des  zigzags  irréguliers,  renfermés  dans 
un  très-petit  espace.  Or  il  est  plausible  d'admettre  que  ces  mouvements 
de  translation  se  superposent  à  des  mouvements  oscil'atoires  qui  leur 
seraient  perpendiculaires  ou  même  inclinés.  Mais,  en  fin  de  compte,  la 
composition  de  ces  deux  sortes  de  mouvement  revient  à  des  vibrations 
uniques  de  forme  hélicoïdale,  auxquelles  toutes  les  conveptions  précédentes 
sont  enlièrement  applicables. 

»  Ainsi  que  nous  le  montrerons  plus  tard,  la  température  d'un 
corps  doit  être  considérée  comme  caractérisée  par  la  force  vive  moyenne 
vibratoire  de  ses  atomes.  Quand  un  corps  change  de  volume  et  de  tempé- 
rature, les  vibrations  simples  ou  complexes  de  ses  atomes  se  modifient 
elles-mêmes  d'une  manière  incessante  en  étendue  comme  en  durée.  On 
peut  concevoir,  à  un  moment  quelconque,  poiu-  chaque  point,  la  vibration 
instantanée  correspondant  au  volume  et  à  la  température  que  possède  le 
corps  à  ce  moment,  c'est-à-dire  la  vibration  qui  existerait  réellement  si,  à 
partir  dudit  moment,  le  volume  et  la  température  demeuraient  constants. 
Le  déplacement  qu'éprouve  chaque  point  en  n'occupant  plus  dans  l'espace 
les  mêmes  positions  à  de  mêmes  périodes  ou  phases  de  la  durée  de  sa  vibra- 
tion instantanée,  est  dû  à  la  fois  au  changement  du  volume  et  à  celui  de  la 
température.  Mais  si  l'on  suppose  que,  toutes  choses  égaies  d'ailleurs,  la 
dernière  de  ces  quantités  ne  change  pas,  ledit  déplacement  représentera  le 
mouvement  de  changement  de  volume  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  sans  le 
préciser. 

»  Si,  après  avoir  examiné  les  différents  mouvements  des  atomes  des 
corps,  nous  considérons  les  forces  qui  les  actionnent,  nous  remarquerons 
que  toutes  ces  forces  sont  en  définitive  des  forces  moléculaires;  seulement 
elles  doivent  être  classées  en  trois  catégories,  savoir  : 

»  J^es  forces  mesurables  physiquement; 

»  hes  forces  moléculaires  réc/ulières; 

»  hes  forces  moléculaires  irrégulières,  ou  mieux  erratiques. 

»  1°  hes  forcesmesurables pli/siquement  sont  caractérisées  par  le  fait  qu'elles 
peuvent  être  regardées  comme  constantes  en  grandeur  et  en  direction 
pendant  le  temps  extrêmement  court  qui  correspond  à  la  durée  des  vibra- 
tions, entendue  comme  il  a  été  dit  plus  haut.  Nous  rangerons  dans  celte 
classe  de  forces  la  pesanteur,  la  force  musculaire  des  hommes  et  des  ani- 
maux, les  pressions  des  fluides  contre  les  parois  des  vases  qui  les  ren- 
ferment,  et  vice  versa   la   réaction   de  ces   parois   sur  eux,  etc. 


(90) 

En  d'autres  termes,  nous  considérerons  les  actions  moléculaires  don- 
nant lieu  à  toutes  ces  forces  comme  ayant  leur  résultante  sur  chaque  point 
d'un  système  matériel,  constante  de  grandeur  et  de  direction  pendant  la 
durée  de  chaque  vibration,  sinon  mathématiquement,  du  moins  en  moyenne, 
ainsi  que  cela  est  admis  implicitement  en  Mécanique  industrielle. 

»  2"  Les  forces  moléculaires  régulières  sont  caractérisées  par  le  fait  qu'elles 
changent  de  grandeur  et  de  direction  avec  une  rapidité  de  même  ordre 
que  celle  des  vibrations,  mais  suivant  une  loi  déterminée  propre  à  chaque 
cas,  et  provenant  précisément  de  ce  que  les  distances  respectives  des  atomes 
se  modifient  elles-mêmes  d'une  manière  normale. 

»  Nous  rangerons  dans  cette  classe  de  forces  les  forces  dites  intérieures, 
s'exerçant  dans  les  corps  solides  entre  les  atomes  qui  les  constituent. 

»  Comme  nous  le  démontrerons  ultérieurement,  la  somme  des  travaux 
des  forces  moléculaires  régulières,  relatifs  aux  mouvements  d'ensemble, 
s'annulent  toujours,  aussi  bien  lorsque  ces  forces  sont  dues  au  frottement 
ou  à  un  choc  que  quand  elles  proviennent  des  actions  mutuelles  des  atomes 
des  corps.  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  leurs  travaux  relatifs  aux 
mouvements  vibratoires  et  aux  mouvements  de  modification  de  volume, 
de  sorte  que  les  changements  des  forces  vives  vibratoires  ainsi  que  des 
forces  vives  de  variation  de  volume,  quand  elles  ne  sont  pas  négligeables, 
dépendent  en  partie  desdits  travaux. 

»  3°  Les  forces  moléculaires  irrécjulières,  ou  mieux  erratiques,  sont  caracté- 
risées par  le  fait  qu'elles  changent  de  grandeur  et  de  direction  avec  une 
rapidité  de  même  ordre  que  celle  des  vibrations,  mais  sans  aucune  loi.  Dès 
lors,  la  somme  de  leurs  travaux  relatifs  tant  aux  mouvements  d'ensemble 
qu'aux  mouvements  de  modification  de  volume,  s'annulent  toujours,  puis- 
qu'il n'y  a  pas  de  raison  pour  que  cette  sonune  soit  plutôt  négative  que 
positive.  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  leurs  travaux  relatifs  aux  mou- 
vements vibratoires,  de  sorte  que  les  variations  des  forces  vives  vibratoires 
dépendent  alors  de  ces  travaux,  aussi  bien,  du  reste,  comme  nous  l'avons 
dit  il  y  a  un  instant,  que  des  travaux  de  même  nature  des  forces  molécu- 
laires régulières. 

»  Parmi  les  forces  qu'on  rencontre  dans  la  nature,  jouissant  de  la  pro- 
priété d'être  erratiques,  nous  placerons  en  première  ligne  les  forces  dites 
calorifiques,  qui,  d'après  les  idées  actuelles  sur  la  chaleur,  doivent  être 
considérées  comme  provenant  des  chocs  des  atomes  d'éther  soit  entre  eux, 
soit  avec  les  atomes  pondérables,  pour  produire  les  phénomènes  de  trans- 

i3.. 


(  ioo  ) 
mission  de  calorique  aussi  bien  par  rayonnement  que  par  contact.  Il  im- 
porte d'ajouter  que  cette  manière  de  voir  n'est  pas  en  contradiction  avec 
le  fait  même  de  la  propagation  de  la  chaleur  rayonnante  en  ligne  droite;  car 
la  direction  de  la  propagation  n'a  aucune  corrélation  immédiate  avec  celle 
des  vibrations  elles-mêmes. 

»  Empressons-nous  de  dire  que  nous  n'aurons  besoin  d'invoquer  le 
caractère  d'erratisme  des  forces  calorifiques  que  pour  la  démonstration  du 
théorème  de  Carnot.  Cette  supposition  est  même  nécessaire  pour  la  réalité 
du  théorème;  mais  le  reste  de  notre  travail,  notamment  notre  théorie  du 
frottement  et  du  choc,  en  est  tout  à   fait  indépendant. 

M  Au  surplus,  voici  une  expérience  qui  n'a  pas  été  faite  et  qui  serait 
cependant  de  nature  à  vérifier  l'erratisuie  des  forces  calorifiques.  Imagi- 
nons une  barre  métallique  reposant  sur  des  rouleaux  d'une  extrême  mobi- 
lité, comme  ceux  de  la  machine  d'Atwood  ;  supposons  qu'un  des  bouts 
de  cette  barre  soit  exposé  à  un  feu  très-ardent,  et  que  ce  bout  soit  en  quel- 
que sorte  isolé  du  reste  de  la  barre  par  un  écran.  La  barre  aura-t-elle  un 
mouvement  d'ensemble  sous  l'action  de  la  chaleur  appliquée  à  une  de  ses 
extrémités?  En  d'autres  termes,  son  centre  de  gravité  se  déplacera-t-il  par 
rapport  à  un  point  fixe  de  l'espace?  Les  forces  moléculaires  extérieures  étant 
réciproques,  leurs  travaux  relatifs  à  tout  mouvement  d'ensemble  s'annulent 
mutuellement.  Il  eu  est  de  même  des  travaux  de  même  espèce  dus  à  la 
pression  atmosphérique;  car  toutes  les  forces  provenant  de  cette  pression 
se  font  équilibre  sur  le  corps  supposé  solidifié.  Dès  lors,  le  déplacement 
dont  il  sagit  ne  pourrait  se  produire  que  si  la  somme  des  travaux  calori- 
fiques relatifs  à  un  semblable  mouvement  n'était  point  nulle.  On  est  porté 
a  priori  à  penser  que  le  centre  de  gravité  doit  se  déplacer  dans  l'espace,  à 
cause  que  la  dilatation  est  très-forte  au  bout  chauffé;  luais,  en  réfléchissant, 
on  voit  qu'il  peut  se  faire  que  des  atomes  refoulés  passent  du  côté  le  plus 
chaud  au  côté  le  plus  froid  par  rapport  à  la  section  géométrique  qui  con- 
tient le  centre  de  gravité  au  début  de  l'opération,  et  dès  lors  on  reconnaît 
que  l'expérience  peut  seule  trancher  la  question. 

»  La  translation  de  la  Terre  autour  du  Soleil  offre  un  phénomène  ana- 
logue à  l'expérience  que  nous  venons  de  mentionner.  La  Terre  reçoit,  en 
effet,  constamment  l'action  calorifique  du  Soleil,  suivant  la  ligne  qui  joint 
le  centre  des  deux  astres.  Or,  si  cette  action  se  faisait  sentir  à  la  manière 
des  forces  dites  mentrables  physiciuement,  il  est  infiniment  probable  que  sa 
loi  serait  différente  de  celle  de  l'attraction,  et  que  son  influence  se  serait 


(    >oi    ) 
manifestée  depuis  longlenips  sous  la  forme  d'une  perturbation  inexplicable 
par  les  calculs  habituels. 

»  Il  nous  reste  à  dire  un  mol;  des  forces  intérieures  des  gaz  et  des 
liquides. 

»  On  appelle  gaz  parfaits  les  gaz  pour  lesquels  la  portion  du  travail  des- 
dites forces,  relative  à  tout  changement  de  volume,  se  trouve  constamment 
nulle.  Les  forces  intérieures  de  ces  gaz  doivent  donc  être  classées  parmi  les 
forces  erratiques;  mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  gaz  qui  s'éloignent 
plus  ou  moins  de  l'état  parfait. 

»  Pour  les  liquides,  il  faut  remarquer  que  les  forces  intérieures  ne  sont 
jamais  erratiques.  La  très-grande  mobilité  des  atomes  les  uns  par  rapport 
aux  autres  provient  de  ce  que  ces  forces  sont  extrêmement  faibles;  mais 
elles  deviennent  considérables,  suivant  d'ailleurs  une  loi  régulière,  dès 
qu'on  cherche  à  comprimer  les  liquides.  » 

THERMOCHiMlE.  —  Recherches  thermiques  sur  les  dissolutions  salines; 

par  M.  P.-A.  Favre. 

«  En  réponse  à  mes  observations  sur  le  calorimètre  à  mercure  (i), 
M.  Thomsen  a  signalé,  il  y  a  plus  d'un  an  (2),  la  grande  concordance  qui 
existe  entre  des  nombres  qui  m'ont  été  fournis  par  le  calorimètre  à  mer- 
cure (3)  {voir  la  colonne  (A)  du  tableau)  et  ceux  qu'il  a  obtenus  lui-même 
pour  les  mêmes  corps,  à  l'aide  du  calorimètre  à  eau  dont  il  fait  usage.  Ce 
savant  exprimait  le  regret  d'avoir  à  constater  que  cette  concordance  n'existe 
plus  pour  les  nombres  que  j'ai  indiqués  plus  tard  (4)  {voir  la  colonne  (B)  du 
tableau)  en  opérant  une  seconde  fois  sur  les  mêmes  corps  et  en  employant 
la  même  méthode  d'expérimentation.  Ce  savant  conclut  en  condamnant 
de  nouveau  le  calorimètre  à  mercure  que  j'emploie. 

»  Malgré  la  confiance  que  m'inspiraient  mes  dernières  expériences,  je 
me  suis  cependant  montré  plus  réservé  que  le  savant  de  Copenhague.  J'ai 
obéi  à  un  sentiment  de  déférence  qui  me  parait  dû  aux  savants  qui  tra- 
vaillent avec  persévérance  à  côté  de  nous.  Loin  de  nier,  sans  examen,  la 
valeur  de  ses  assertions,  je  les  ai  prises  en  sérieuse  considération  et  j'ai 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4°  série,  t.  XXVI,  p.  385. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  chimique  allemande.  Berlin,  n°  1 3,  juillet  1872,  p.  6i4' 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXXIII,  p.  707  (1871). 

(4)  Comptes  rendus.,  t.  LXXIV,  p.  io25  (1872). 


(  'f'î  ) 

cherché  la  cause  de  nos  discordances,  alors  que,  pour  certaines  séries  de 
déterminations,  l'accord  existe  entre  nous  deux. 

B  Dans  ma  dernière  série  d'opérations,  se  succédant  sans  interruption 
et  conduites  avec  un  soin  tout  particulier,  puisqu'il  s'agissait  de  contrôler 
une  série  d'expériences  plus  anciennes,  j'avais  obtenu  des  nombres  qui 
m'avaient  semblé  irréprochables.  Dans  ces  expériences,  les  résultais,  con- 
cordants entre  eux,  s'écartaient  toujours  de  la  même  quantité  des  résultats 
fournis  par  mes  expériences  d'une  date  plus  ancienne.  Cette  circonstance 
m'avait  amené  à  penser  que  les  résultats  des  anciennes  expériences  devaient 
être  entachés  d'une  cause  d'erreur  constante.  J'ai  pensé  que  le  désaccord 
pouvait  provenir  de  calciils  effectués  en  partant  d'un  poids  de  chlorure 
de  baryum  considéré  à  l'état  anhydre,  tandis  que  ce  sel  cristallise  avec 
2  équivalents  d'eau.  Mais,  en  présence  de  la  singulière  concordance  de  mes 
premières  déterminations  avec  celles  de  M.  Thomsen,  je  ne  pus  me  dé- 
fendre de  soupçonner  que  mes  premiers  nombres  pouvaient  être  aussi 
exacts  que  les  derniers,  et  que  l'écart  pouvait  tenir  à  l'influence  de  la  tem- 
pérature, différente  dans  les  deux  séries  d'expériences.  Je  supposai  que 
cette  influence  devait  être  prise  en  considération,  tout  aussi  bien  que  la 
quantité  d'eau  dans  les  dissolutions  salines,  circonstance  sur  laquelle  j'ai 
le  premier,  appelé  l'attention,  il  y  a  longtemps.  Or,  j'ai  eu  la  satisfaction  de 
constater,  par  l'expérience,  la  réalité  de  cette  présomption.  J'ai  pu  expliquer 
par  là  certains  écarts  dont  il  ne  m'avait  pas  encore  été  possible  de  signaler 
la  cause  et  qui  ont  dû  contribuer  à  entretenir  quelques  doutes  dans  l'esprit 
de  physiciens  scrupuleux  sur  la  valeur  de  mes  méthodes  calorimétriques 
et,  en  particulier,  sur  le  bon  fonctionnement  do  mon  calorimètre  à  mer- 
cure. Celte  confiance  ne  sera  plus  ébranlée  dorénavant,  je  l'espère,  et  l'on 
pourra  m'accorder  que  mon  instrument  est  à  même,  quanta  l'exactitude, 
de  rivaliser  avec  les  meilleurs  calorimètres  à  eau,  tout  en  conservant  l'avan- 
tage de  pouvoir  multiplier  les  expériences  devenues  plus  faciles  et  plus 
promptes  (i). 

M   Pour  connaître  la  part  d'influence  de  la  température  sur  le  pliéno- 


(i)  La  possibilité  d'une  erreur  sur  la  valeur  delà  calorie,  déterminée  pour  mon  instrument, 
est  admise  par  M.  Thomsen  comme  pouvant  seule  expliquer  notre  désaccord;  celte  liypo- 
tliùse  me  paraît  tout  à  fait  inacceptable.  Avant  d'entreprendre  ce  travail,  j'ai  vérifié  la  valeur 
de  mon  ancienne  calorie  exprimée  en  longueur  de  colonne  merciirielle,  à  l'aide  d'une  mé- 
lliode  que  je  ne  peux   pas  décrire  ici,  mais  que  je  crois  bien  préférable  à  l'autre.  Or  ia 


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mène,  j'ai  dissoiis  chacun  des  sulfates,  qui  devaient  être  précipités  par  le 
chlorure  de  baryum,  dans  une  quantité  d'eau  suffisante  contenue  dans  le 
calorimètre.  La  température  de  cet  instrument  était  différente  pour  chacune 
des  séries  d'expériences.  Comme  il  m'eût  été  trop  difficile  de  maintenir 
artificiellement  une  température  suffisamment  constante  dans  l'enceinte  où 
j'opérais  avec  mon  calorimètre,  j'ai  commencé  une  première  série  d'opé- 
rations pendant  les  premiers  jours  du  mois  d'août  1872,  avec  une  tempé- 
rature de  24*^,5  environ.  A  mon  grand  regret,  il  ne  m'a  pas  été  possible  de 
terminer  à  cette  époque.  La  seconde  série  d'opérations  a  été  faite  pendant 
le  mois  de  février  1873,  avec  inie  température  de  8  degrés  environ.  Enfin 
la  troisième  série  d'opérations  a  été  faite  pendant  les  mois  de  mai  et  de  juin 
de  la  même  année,  avec  une  température  de  19  degrés  environ.  Aussi 
dans  les  deux  séries  principales,  la  différence  de  température  n'a  été  que 
de  1 1  degrés,  environ.  C'est  donc  la  nécessité  où  je  me  suis  trouvé  d'opérer 
à  des  époques  différentes  de  l'année  qui  explique  le  retard  de  ma  réponse  à 
M.  Thomsen. 

»  Pour  connaître  la  quantité  de  chaleur  mise  en  jeu  pendant  la  disso- 
lution des  sulfates,  j'ai  employé  environ  5  grammes  de  chacun  de  ces  sels 
(excepté  pour  le  sulfate  de  potassium,  dont  je  n'ai  pris  que  3  granmies,  en 
raison  de  sa  moindre  solubilité).  Ce  poids  a  été  dissous  dans  une  quantité 
d'eau  suffisante,  et  toujours  la  même  pour  le  même  sulfate.  Sur  ces  sulfates, 
j'ai  fait  réagir,  successivement,  des  quantités  équivalentes  de  chlorure  de 
baryum  contenues  dans  ime  dissolution  normale  préparée  ad  hoc  (i). 

»  Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  de  trois  séries  d'expériences 
pour  lesquelles  la  température  diffère.  Ce  tableau  comprend  également  les 
colonnes  (A)  et  (B)  d'expériences  qui,  par  leur  peu  de  concordance,  ont 
suscité  la  discussion.  Ces  nombres  ont  été  obtenus  à  des  époques  diffé- 
rentes de  l'année. 


nouvelle  valeur  ainsi  obtenue  différait  très-peu  de  l'ancienne.  L'écart  était  de  ^,  environ 
en  plus  et  serait  insuffisant  pour  expliquer-  une  différence  de  20  pour  100  entre  mes  der- 
niers nombres  et  ceux  de  M.  Thomsen. 

(i)    3o   centimètres  cubes  de  la  liqueur    normale   contenaient   S^Sogi    de  chlorure   de 
baryum  cristallisé,  c'est-à-diu  o8'-,o64  de  i)liis  que  la  quantité  nécessaire. 


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»  D'après  l'inspection  du  tableau  ci-dessus,  il  paraîtra  maintenant  bien 
démontré  que,  dans  les  expériences  calorimétriques,  il  faut,  au  moins  dans 
quelques  cas,  tenir  compte  de  la  température  ambiante.  En  effet,  le  chan- 
gement de  température  peut  amener  une  modification  :  i°  dans  l'état  de 
dissociation  plus  ou  moins  avancée  des  éléments  constituants  des  sels  dis- 
sous; 2°  dans  l'action  coercitive  que  les  éléments  constituants  de  ces  sels 
peuvent  exercer  sur  l'eau  (ce  qui  fait  varier  le  volume  et  par  conséquent  la 
densité  de  la  dissolution,  ainsi  que  la  chaleur  spécifique  du  mélange); 
3°  dans  la  quantité  d'eau  qui  peut  se  trouver  unie  aux  sels  qui  aban- 
donnent la  dissolution;  4°  dans  la  densité  des  sels  ainsi  précipités,  etc. 

))  Dans  les  recherches  thermiques  sur  le  travail  moléculaire  effectué 
pendant  la  formation  des  sels  ou  lorsque  les  sels  entrent  en  dissolution,  il 
injporte  aussi,  presque  toujours,  de  ne  pas  interpréter  isolément  les  quan- 
tités de  chaleur  accusées  par  le  calorimètre.  En  effet,  ces  quantités  de  cha- 
leur sont  presque  toujours  la  somme  algébrique  de  nombres  fournis  par  des 
phénomènes  thermiques  de  signes  contraires.  Le  phénomène  qui  conduit  à 
l'état  d'équilibre  est  donc  un  phénomène  très-complexeetréquilibrenepeut 
être  réalisé  qu'autant  que  les  affinités  énergiques,  provoquant  l'ensemble 
des  réactions,  sont  satisfaites.  C'est  un  point  sur  lequel  il  est  inutile  d'in- 
sister davantage;  car  il  est  suffisamment  mis  en  évidence  dans  la  formation 
des  sels  qui  se  produisent  toujours  avec  dégagement  de  chaleur,  et  dans  la 
dissolution  de  ces  mêmes  composés  qui  est  accompagnée  le  plus  souvent 
d'une  absorption  de  chaleur,  mais  quelquefois  d'un  dégagement  de  cha- 
leur. Il  en  est  de  même  lorsqu'on  mélange  certaines  dissolutions  salines, 
ainsi  que  l'a  démontré  M.  Berthelot  dans  ses  intéressantes  recherches. 

»  En  résumé,  la  rectification  de  mes  calculs  thermiques ,  en  faisant  in- 
tervenir la  vraie  formule  du  chlorure  de  baryum  cristallisé,  m'avait,  en 
apparence,  mis  en  désaccord  avec  quelques  expériences  de  M.Thomsen. 
L'influence  de  la  température,  influence  qui  est  considérable,  rétablit  entre 
nous,  pour  une  série  de  nombres,  la  concordance  la  plus  complète.  Il  n'y  a 
donc  pas  lieu  de  recourirà  l'hypothèse  faite  par  M.Thomsen,  d'un  changement 
dans  la  valeur  de  la  calorie.  Comment  expliquer  cette  influence  si  notable 
de  la  température  lorsqu'on  précipite  les  sulfates  par  le  chlorure  de  ba- 
ryum, bien  que  la  chaleur  de  dissolution  des  sulfates  à  8  degrés  et  à 
25  degrés  diffère  peu,  et  bien  qu'il  soit  probable  qu'il  en  est  de  même 
pour  la  chaleur  de  dissolution  des  chlorures?  C'est  un  point  qui  reste  à 
examiner.  » 

G.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  2.)  '4 


(   'o6) 

PALÉONTOLOGIE.  —  5«r  les  fossiles  trouvés  dans    les   cliaux  pitospliatées  du 
Qucrcj.  —  Lettre  de  M.  P.  Gervais  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Je  vous  serai  recomiaissatit  si  vous  voulez  bien  communiquer  à  l'Aca- 
démie le  résumé  suivant  des  observations  nouvelles  que  je  viens  de  faire 
sur  les  fossiles  des  chaux  phosphatées  du  Quercy,  fossiles  sur  lesquels 
M.  Daubrce  et  iiioi  avons  déjà  donné  quelques  détails.  J'ai  visité  plusieurs 
des  collections  que  l'on  a  réunies  dans  ce  pays  et,  en  particulier,  celle  de 
M.  Daudibortière,  qui  est  remarquable  par  le  nombre  des  pièces  qu'elle 
renferme  et  par  leur  bonne  conservation. 

»  Elle  réunit  des  ossements  de  plusieurs  sortes  de  Pachydermes  ju- 
mentés  et  en  particulier  des  débris  de  Palœot/ierium  analogues  à  ceux  des 
plâtrières  de  Paris,  entre  autres  du  Palœotlierium  magnum,  des  débris  de 
Rhinocéros  comparables  aux  Rhinocéros  minutas  et  à  Wlcerotherium,  et 
quelques  débris  d'iui  autre  animal  de  plus  grande  taille,  ayant  de  la  res- 
semblance avec  les  Rhinocéros,  mais  que  l'on  devra  certainement  classer 
dans  un  genre  différent  des  leurs.  J'en  ai  sous  les  yeux  quelques  dents,  la 
dernière  mobiire  supérieure  dans  son  état  d'intégrité  et  notablement  en- 
tamée par  l'usure  à  sa  couronne,  ainsi  que  plusieurs  molaires  inférieures. 

»  La  molaire  supérieure  est  plus  forte  que  celle  des  Rhinocéros,  et  plus 
étroite  (longueur  o,o65,  largeur  en  avant  o,o35).  Sa  face  externe  est  légè- 
rement convexe  et  l'échancrure  de  sa  couronne  est  étroite  et  allongée. 

»  Les  molaires  inférieures  sont  bien  moins  larges  que  dans  les  Rhino- 
céros, à  collines  bien  plus  obliques  et  moins  saillantes  ;  leur  face  externe  est 
indivise,  du  moins  pour  les  postérieures,  et  la  courbure  en  est  faible;  une 
rainure  verticale  indique  cependant  la  séparation  des  deux  lobes  pour  les 
antérieures.  Je  donnerai  à  ce  singulier  genre  de  mammifères  le  nom  de 
Cadurcotlierium,  rappelant  le  Quercy,  et  j'en  appellerai  l'espèce  Rhinocéros 
Cad.  Cajluxi. 

»  Les  Porcins  sont  représentés  par  de  belles  pièces,  appartenant  à  des 
A nlhi acotherium  de  différentes  grandeurs,  à  des  Anoplothtriuin  différant 
également  par  la  taille,  à  VEntelodon,  au  Cainotlierium  et  à  un  petit  animal 
voisin  de  celui-ci,  mais  qui  a  une  barre  bien  marquée  entre  la  première  et 
la  seconde  fausse  molaire  supérieure.  Il  faut  encore  ajouter  le  genre  H^o- 
therium. 

o  Los  Ruminants  appartiennent  à  la  division  des  Amphitragulus,  et  j'ai 
vu  des  restes  d'une  espèce  de  Cervidés. 

»    Les  Carnivores  rentrent  dans  les  formes  précédemment  décrites  par 


(  '"7  ) 
moi  et  par  M.  H.  Filhol.  Les  Hfénodons,  en  particulier,  constituent  plu- 
sieurs espèces,  se  distinguant  surtout  par  leur  taille. 

»  L'ordre  des  Rongeurs  fournit  quelques  espèces  de  genres  différents 
les  uns  des  autres,  tels  que  Cricelodon,  Archœomys,  etc. 

»  Le  genre  Peratlierium,  de  la  famille  des  Sarigues,  se  rencontre  aussi 
parmi  les  animaux  fossiles,  à  Caylux ,  et  j'ai  constaté  qu'il  y  a,  dans  les 
mêmes  gisements,  des  Oiseaux,  rares  il  est  vrai,  des  Chéloniens  terrestres,  ce 
que  j'avais  déjà  signalé,  une  espèce  de  Crocodile,  des  Lacertiens  et  des  Ser- 
pents plus  grands  que  les  nôtres. 

»  Tous  ces  débris  mériteraient  un  examen  attentif  que  je  ne  puis  entre- 
prendre ici  ;  j'ai  pensé  toutefois  que  ces  indications  pourraient  offrir  déjà 
quelque  intérêt.  » 

aiÉMOIRES  LUS. 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Du  développement  de  la  peste  dans  les  pajs  mon- 
tagneux et  sur  les  hauts  plateaux  de  l'Europe,  de  l'JJricpie  et  de  IJsie; 
par  M.  le  D"^  J.-D.  Tholozan. 

I.  —  Opinions  admises  de  nos  jours  sur  les  foyers  primitifs  et  les  habitats  de  In  peste. 

«  L'opinion  médicale  a  singulièrement  varié  aux  différentes  époques  de 
l'histoire  sur  les  points  d'origine  de  la  peste.  Dans  les  temps  où  ce  fléau 
était  devenu  presque  endémique  en  Europe  et  où  il  était  relativement  rare 
en  Orient,  on  ne  pouvait  songer  à  attribuer  toutes  ses  épidémies  ou  ses 
recrudescences  à  des  importations  d'Asie  ou  d'Afrique. 

«  En  1845,  on  s'accordait  généralement  à  ne  reconnaître  que  trois 
foyers  principaux  de  la  peste,  l'Egypte,  la  Syrie,  Constanlinople,  et  encore, 
dans  les  deux  premières  contrées,  on  limitait  les  habitats  de  la  maladie  à 
certaines  zones  bien  restreintes.  Pariset  dit  que  la  peste  ne  dépasse 
jamais  en  Egypte  la  première  cataracte,  il  affirme  avec  tous  les  écrivains 
qu'elle  ne  naît  pas  dans  la  haute  Egypte,  la  Nubie,  l'Abyssinie.  —  Prus 
veut  que,  dans  tous  les  pays  où  l'on  a  observé  la  peste  spontanée,  son  déve- 
loppement puisse  être  attribué  à  l'habitation  sur  un  sol  d'alluvion  ou  sur 
des  terrains  marécageux,  près  de  la  Méditerranée  ou  près  de  certains  fleuves, 
le  Nil,  le  Danube,  l'Euphrate.  Hirsch,  qui  combat,  du  reste,  avec 
énergie  l'opinion  insoutenable  que  les  lieux  élevés  n'ont  jamais  été  atta- 
qués par  la  peste,  dit  cependant  que  jamais  ce  fléau  n'a  dépassé  Assouan, 
et  il  ajoute   qu'un  sol  très-humide  est  nécessaire  \toi\\'  la  genèse  de  cette 

14.. 


(   io«) 
maladie.  Il  affirme  que  la  patrie  de  la  peste  est  la  partie  nord  de  l'Afrique 
et  la  côte  ouest  de  l'Asie.    M.  Bouchardat  disait,  il  y  a  quelques  mois 
seulement, que  la  genèse  de  la  peste  d'Orient  est  dominée  par  une  question 
de  localité. 

»  Cette  doctrine,  fondée  sur  la  majorité  des  faits  observés  dans  le 
xvm''  siècle  et  dans  la  première  moitié  du  xix",  n'est  juste  que  dans  une 
demi-mesure  et  d'une  manière  relative.  Il  faut  la  modifier  aujourd'hui  de- 
vant des  faits  nouveaux  et  par  l'étude  plus  complète  des  faits  anciens, 
surtout  de  ceux  du  xvi*  et  du  xvn*  siècle,  si  l'on  veut  arriver  à  avoir  une 
formule  positive  qui  comprenne  toutes  les  conditions  d'origine  de  la 
peste.  Chaque  génération  n'est  témoin  que  d'un  certain  nombre  de  faits  ; 
les  époques  antérieures  ont  vu  se  réaliser  des  événements  que  nous  ne 
voyons  plus  de  nos  jours.  C'est  en  reliant  toutes  ces  observations  les  unes 
aux  autres  qu'on  a  le  point  de  vue  le  plus  élevé  et  le  plus  général,  celui 
sans  lequel  la  science  vraie,  qui  est  de  tous  les  lieux  et  de  tous  les  temps, 
ne  saurait  être  édifiée. 

II.  —  Enumération  des  faits  relatifs  au  déi'eloppement  de  la  peste  au  centre  des  continents 

et  dans  les  régions  élevées. 

»  Pour  ne  pas  abuser  des  moments  de  l'Académie,  je  ne  cite  ici  que 
quelques-unes  des  observations  les  plus  saillantes. 

»  Webster  fait  remarquer  que  les  villes  de  l'Allemagne  étaient  jadis 
aussi  souvent  attaquées  de  la  peste  que  les  ports  de  l'Angleterre,  de  la 
France,  de  l'Espagne  et  de  l'Italie.  D'après  un  document  officiel,  que  le 
Parlement  de  Provence  adressa  au  roi  en  1722,  la  Provence  présenta,  de 
i5o2  à  1664,  douze  fois  des  épidémies  de  peste,  et  plusieurs  de  ces  fléaux 
eurent  lieu  dans  des  années  où  Marseille  et  les  autres  ports  étaient  in- 
demnes. On  sait  que  la  peste  était  en  1606-1607  à  Poitiers;  de  1620  à 
1623,  à  Paris;  en  1626,  1627,  1G28,  à  Lyon,  Toulouse  et  dans  plusieurs 
autres  villes  du  Languedoc.  En  1629,  elle  était  à  Montpellier;  en  1629  et 
i63o,  à  Nîmes;  elle  s'y  renouvela  en  i64o,  venant  des  villages  voisins.  SCA- 
LIGER  a  vu  la  peste,  à  Toulouse  et  aux  environs,  durer  plus  de  sept  années 
consécutives.  Tadini  observa  la  peste  de  Milan  en  ^329;  elle  débuta  près 
d'un  bras  du  lac  de  Côme.  Un  demi-siècle  avant  lui,  Massaria  dit  que  la 
peste  qui  affligea  l'Italie,  de  i!j'j^k  i58o,  commença  par  la  ville  de  Trente, 
sur  l'Adige.  Félix  Plater,  médecin  de  Basle,  n'avait  pas  noté  dans  ce  pays, 
de  1539a  iGio,  moins  de  sept  pestes  Irès-meurtrières.  Il  y  eut  dans  les  mon- 
tagnes de  la  Suisse  et  du  Tyrol,  de  iSSg  à  161 3,  une  série  chronologique 


(  109  ) 
de  pestes  assez  rapprochées  les  unes  des  autres.  Selon  Muret,  la  maladie 
exista  en  Suisse,  à  de  courts  intervalles,  de  i55o  à  1620,  et  elle  y  pour- 
suivit ses  ravages  occasionnels  jusqu'en  1668.  Après  avoir  fait  le  départ  de 
certaines  observations  d'un  caractère  douteux,  il  n'en  reste  pas  moins 
prouvé  que  les  vraies  fièvres  buboniques  ont  existé,  à  l'état  endémo-épidé- 
mique,  dans  le  centre  même  de  l'Eurojie,  dans  le  xvi^  et  le  xvii^  siècle. 

»  La  vérité  qui  ressort  de  ces  faits  est  que  la  peste,  introduite  en  Europe 
à  certaines  époques  mémorables  de  l'histoire,  y  a  pris  droit  de  domicile 
pendant  de  longues  séries  d'années,  et  y  a  eu  des  temps  d'incubation  et  des 
époques  de  révivification,  dans  lesquels  les  poussées  épidémiques  ont  été 
aussi  graves,  aussi  généralisées  et  souvent  de  plus  longue  durée  que  les 
émissions  primitives  de  continents  étrangers. 

»  Si  nous  passons  maintenant  d'Europe  en  Afrique,  nous  voyons  que 
ÉVAGRE  et  Procope  disent  que  la  peste  inguinaire  du  milieu  du  vi*'  siècle 
prit  naissance  en  Ethiopie  ou  en  Egypte.  Russell  et  Éton  affirment  que  la 
grande  peste  de  lySô  vint  de  la  haute  Egypte.  D'après  plusieurs  obser- 
vateurs, la  peste  de  1 796-1 797  débuta  aussi  dans  l'Egypte  supérieure,  ainsi 
que  celle  des  quatre  premières  années  de  noire  siècle.  A  la  fin  du  xvu*  siè- 
cle, LuDOLF  écrivait  que  la  peste  règne  occasionnellement  en  Ethiopie.  J'ai 
découvert,  dans  un  Commentaire  du  Canon,  par  un  célèbre  médecin  arabe 
du  XIV^  siècle,  un  passage  très-important  à  propos  de  l'endémicité  de  la 
peste  en  Abyssinie.  Garchi  dit  que  la  peste  (taoun)  se  développe  souvent 
en  Abyssinie.  Il  tenait  ce  fait  d'Ibn-Meiçour,  qui  avait  longtemps  habité  ce 
pays.  Il  décrit  les  symptômes  de  cette  maladie  de  la  manière  la  plus  nette. 

»  Il  faut  donc  rectifier  pour  l'Afrique,  comme  je  l'ai  fait  pour  l'Europe, 
les  idées  généralement  reçues  sur  les  habitats  de  la  peste.  Il  me  reste  main- 
tenant à  parler  de  l'Asie. 

»  I>apesle  prit  naissance  en  1840-1 841  dans  les  villages  qui  entourent  Er- 
zeroum.  En  i8i2-i8i3-i8i4,  ainsi  qu'en  1824-1825-1827-1828,  elle  a  été 
endémique  dans  l'Anatoiieet  l'Arménie.  BUTEL  regardait  la  peste  comme  im- 
portée à  Constantinople  de  l'Asie  Mineure.  AuBERT  noie  que  l'épidémie  de 
1837,  à  Smyrne,  venait  de  l'intérieur.  L'histoire  des  pestes  de  la  Mésopo- 
tamie, dans  le  xviii"  et  lexix*  siècle,  démontre  que  la  grande  épidémie  de 
1773  vint  à  Bagdad  et  à  Bassora  de  l'Asie  Mineure,  par  la  voie  de  Diar- 
békir;  il  en  fut  de  même  de  celle  de  1800  à  1802.  La  peste  de  i83o-i83i  vint 
du  Kurdistan  et  du  nord  de  la  Perse,  où  elle  avait  été  introduite  du  pa- 
chalik  d'Erzeroumet  principalement  de  Kars.  La  petite  peste  de  1867,  seule 
parmi  tous  ces  fléaux,  prit  naissance  dans  la  Mésopotamie  même,  près  du 


(     MO    ) 

Birs-Nimroud,  comme  je  l'ai  démontré  il  y  a  quelques  années.  Elle  a  i)our 
pendant  une  petite  peste  tout  à  fait  semblable,  développée  six  ans  après, 
en  1871 ,  dans  le  Kurdist.in  persan,  sur  les  bords  du  Djagataï  et  du  Tataou, 
rivières  qui  se  jettent  dans  le  lac  d'Ourmiah. 

M  Pour  terminer  cette  Note,  j'ai  à  signaler  encore  des  faits  plus  impor- 
tants, relatifs  à  la  peste  de  deux  districts  de  l'Himalaya,  le  Gurwhal  et  le 
Kumaon.  Il  y  a  eu,  dans  notre  siècle  et  jusqu'à  ces  dernières  années  dans 
ces  pays,  une  peste  endémo-épidémique  dont  les  symptômes  sont  tout  à 
fait  identiques  à  ceux  de  la  peste  d'Egypte,  J'ai  pu  suivre,  d'après  les  do- 
cuments anglais,  les  développements  successifs  de  celte  maladie,  d'année 
en  année,  et  rien  ne  prouve  qu'elle  soit  complètement  éteinte  aujourd'hui. 

»  Tous  les  faits  que  je  viens  de  cita-  démontrent  que  la  peste  peut  se 
développer  sur  tous  les  sols  et  à  toutes  les  altitudes.  Sa  genèse  ne  tient  pas, 
par  conséquent,  à  des  conditions  particulières  du  terrain;  elle  ne  dépend 
pas  non  plus  des  influences  météorologiques;  le  développement  ultérieur 
est  seulement  influencé  par  les  saisons.  La  cause  de  la  peste  réside  proba- 
blement dans  certaines  influences  hygiéniques  encore  mal  déterminées. 
La  famine  est  une  circonstance  prédisposante  et  rien  de  plus.  Dans  les  trois 
dernières  pestes  qui  ont  été  observées  depuis  seize  ans,  la  première,  celle 
de  Benghahi,  en  1857,  coïncida  avec  la  famine,  la  seconde,  celle  de  la 
Mésopotamie,  en  1867,  et  la  troisième,  celle  du  Kurdistan  persan,  en  1871, 
se  sont  montrées  dans  des  districts  qui  n'ont  pas  même  souffert  de  la  di- 
sette, et,  en  1 871,  tout  le  monde  a  été  témoin  en  Perse  de  ce  grand  fait  étio- 
logique,  que  la  peste  s'est  limitée  à  un  très-petit  district,  où  les  vivres  ne 
manquaient  pas,  tandis  que  dans  le  centre  du  pays,  à  l'est  et  au  sud,  où 
la  famine  était  excessive,  on  n'a  observé  que  des  dyssenteries  pendant  le 
règne  de  la  faim,  et  à  son  terme  on  a  vu  se  développer  le  typhus  et  la  fièvre 
à  rechute,  sans  qu'aucun  cas  de  peste  se  soit  développé  dans  ces  régions.  « 

MÉMOIRES    l>RÉSEi\TÉS. 

GÉOLOGlli.  —  Sur  les  minerais  de  fer  du  département  d'I Ile-et-Vilaine. 

Note  de  M.  Delage. 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Les  minerais  de  fer  que  l'on  irouve  en  grande  quantité  dans  le  dépar- 
tement d'Ille-ct-Vilaine  occupent  trois  niveaux  différents  : 

»    1°  Le  minerai  que  l'on  trouve  à  Saint-Saturnin,  signalé  par  M.  Paul 


(  ni  ) 
Dalimier,  dans  sa  coupe  de  Poligné  à  Saint-Saturnin,  est  placé  au-dessus 
des  grès  k  bilobites  (grès  à  Scolilhus  lincaris).  Ce  minerai  de  fer  est  indiqué 
par  M.  Dalimier,  comme  existant  aux  environs  de  Falaise  (Calvados)  entre 
les  grès  à  Scolitlius  linearis  et  les  schistes  ardoisiers  à  Calymene  Tristani 
{Bull,  de  la  Soc.  géol.  de  France,  o."  série,  t.  XIX,  p.  907). 

»  2°  Le  minerai  trouvé  dernièrement  au  bourg  même  de  Saint-Aubin- 
d'Aubigné,  à  l'entrée  de  la  route  qui  conduit  à  Ercé  et  à  Liffré,  repose  sur 
les  grès  qui  sont,  ainsi  que  l'indique  M.  Nassieu  dans  sa  carte  géologique 
du  département,  supérieurs  aux  schistes  ardoisiers.  Ce  minerai,  exploité 
pour  les  forges  de  la  Vallée,  a  un  aspect  moins  ocreux,  plus  métallique 
que  le  précédent;  je  n'y  ai  pas  encore  trouvé  de  fossiles. 

))  3°  Un  minerai  de  fer,  ayant  même  aspect  que  le  minerai  de  Saint-Sa- 
turnin, mais  très-fossilifère,  que  l'on  rencontre  sur  la  nouvelle  route  que 
l'on  fait  du  Bois-Roux  à  Gahard,  à  environ  3  kilomètres  du  Bois-Pioux. 
Cette  route  peut  conduire  à  l'endroit  que  l'on  appelle  Bon- Air, où  se  trouve 
la  borne  (108  mètres  ;iu-dessus  du  niveau  de  la  mer)  placée  à  la  limite  des 
communes  d'Ercé  et  de  Gahard.  Ainsi,  en  partant  de  Bon-Air  pour  aller 
au  Bois-E.oux,  après  avoir  passé  l'illette,  on  rencontre  :  1°  le  calcaire 
dévouien  ayant  même  aspect  minéralogique  que  celui  du  Bois-Roux; 
2°  au  haut  du  coteau  le  minerai  de  fer  que  j'ai  pu  suivre  sur  une  étendue 
de  800  mètres  environ,  ensuite  des  grès  fossilifères  appartenant  au  même 
terrain. 

»  Les  fossiles  de  ce  minerai  de  fer  sont  analogues  à  ceux  trouvés  dans 
le  calcaire  dévonien  du  Bois-Roux.  Ce  minerai,  très-fossilifère  et  contenant 
les  fossiles  du  terrain  dévonien,  doit  être  considéré  comme  postérieur  aux 
deux  précédents.  D'ailleurs  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été  déjà  signalé.  Depuis 
im  mois  et  demi,  j'ai  rencontré  ce  minerai  dans  un  champ,  à  fleur  de  terre, 
et  ce  n'est  que  depuis  huit  jours  que  je  le  vois  retirer  par  blocs,  par  les 
cantonniers  chargés  de  la  construction  de  cette  route.  « 

VITICULTURE.  —  Expériences  relatives  à  l'action  de  l'ammoniaque  et  à  l'action 
prolongée  de  l'eau  sur  le  Phylloxéra.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Goeyraud 
à  M,  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  L'ammoniaque  à  l'état  gazeux  exerce  une  action  énergique  sur  le 
Phylloxéra,  qui  passe  au  rouge  en  quelques  secondes,  et  meurt  rapidement. 
Les  vieux  Phylloxéra,  les  jeunes  et  les  oeufs  sont  également  atteints  de 
désorganisation  sous  cette  influence. 


(     "2    ) 

i>  Malheureusement,  la  solii])ilité  de  ce  gaz  en  rend  l'application  incer- 
taine et  la  pénétration  difficile,  soit  dans  les  couches  profondes  du  sol,  soit 
à  une  distance  un  peu  éloignée  du  point  où  s'en  opère  le  dégagement.  Des 
mélanges  de  chaux  et  de  sel  ammoniac,  enfouis  à  3o  centimètres  de  pro- 
fondeur, dans  des  trous  bouchés  par  une  motte  de  terre,  ont  fait  périr  tous 
les  PhjUoxera  du  voisina.<;e;  mais  au  delà  d'un  rayon  de  [\o  centimètres, 
on  retrouvait  des  Phylloxéra  vivants. 

»  Une  circonstance  fortuite  ayant  retardé  l'inondation  d'une  vigne  at- 
teinte par  le  Phylloxéra,  on  y  a  fait  arriver  l'eau  le  17  mars,  et  on  l'a  main- 
tenue inondée  jusqu'à  la  fin  d'avril.  Les  plants,  étant  du  mourvèdres  et  du 
grenache  à  port  droit,  n'ont  pas  souffert.  Mais,  le  i4  jnin,  on  a  reliouvé 
des  Phylloxéra  vivants  sur  200  souches  comprises  pourtant  dans  la  partie 
inondée.  » 

M.  Pellet  adresse,  à  propos  d'une  Communication  récente  de  M.  Mer- 
cjel,  quelques  observations  sur  la  réduction  des  sels  de  platine  par  l'hydro- 
gène. 

L'auteur  a  déjà  montré  que  les  sels  d'argent  ne  sont  pas  réductibles  par 
l'hydrogène  pur  :  la  réduction  n'a  lieu  que  si  l'hydrogène  est  accompagné 
de  traces  d'arsenic,  d'antimoine,  de  soufre,  etc.  Tl  vient  de  répéter  ces 
essais  sur  des  sels  de  platine,  et  il  a  constaté  également  que  ces  sels  ne 
sont  pas  réductibles  par  l'hydrogène  pur  :  une  solution  à  10  pour  loo  se 
réduit,  au  contraire,  parfaitement  quand  on  ajoute,  à  l'hydrogène  pur, 
<pielques  traces  d'arsenic,  sous  forme  d'ar.sénite  de  potasse. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  Notes  de  M.  Merget.  ) 

M.  BuRQ  adresse,  pour  le  Concours  Montyon,  un  Mémoire  intitulé  «  Ap- 
plication du  thermomètre  à  ridio-métalloscopie,  etc.  ». 

(Renvoi  au  Concours  des  prix  de  Médecine  et  Chirurgie,  fondation 

Montyon.) 

CORRESPONDANCE. 

La  Société  centrale  d'Agriculture  de  France  adresse  à  l'Académie  le 
Compte  rendu  de  sa  dernière  séance  publique.  Ce  Compte  rendu  contient, 
entre  autres  documents,  des  Rajiports  faits  par  MM.  Pasteur,  Bromjniarl, 
Passy,  Peiujol,  et  une  biographie  de  feu  Payen. 


(  ":^  ) 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Le  t.  XXII  des  Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire 
naturelle  de  Genève  ;  ce  volume  est  consacré  tout  entier  à  un  Mémoire 
important  de  feu  Ed.  Ctaparède,  sur  la  structure  des  Annélides  sédentaires 
et  à  une  Notice  biographique  sur  ce  naturaliste,  par  M.  H.  de  Saussure; 

2°  Une  brochure  de  M.  Th.  du  Moncel,  sur  l'origine  de  l'induction. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  magnétisme  ;  par  1\I.  Tu.  du  SÎoxcel. 

«  Dans  son  dernier  travail  sur  le  magnétisme,  inséré  aux  Comptes  rendus 
du  3o  juin  1873,  M.  Gaugain  s'exprime  ainsi  : 

«  Lorsqu'on  applique  une  armature  do  fer  doux  contre  les  faces  polaires  d'un  aimant  en 
fer  achevai,  l'aimantation  accusée  par  les  courants  d'induction  se  trouve  augmentée  dans 
toute  l'étendue  du  fer  à  cheval  et  même  au  talon;  il  n'y  a  de  diminution  nulle  part.  Je  ciois 
devoir  insister  sur  ce  résidtat,  parce  qu'il  me  paraît  difficile  à  concilier  avec  l'idée  générale- 
ment admise  d'une  condensation  magnétique  qui  s'opérerait  dans  le  voisinage  de  la  surface 
de  contact...  » 

»  Cette  expérience  n'est  pas  nouvelle  ;  je  l'ai  longuement  développée, 
ainsi  que  beaucoup  d'autres  du  même  genre,  dans  mou  Mémoire  sur  les 
courants  induits  magnéto-électriques,  publié  en  i85g,  et  elle  est  résumée, 
avec  les  détails  nécessaires,  dans  mon  Exposé  des  applications  de  rélec- 
tricilé,  t.  II  (3"'  édition),  p.  i45;  mais  elle  peut,  ce  me  semble,  être  inter- 
prétée d'une  manière  atitre  que  ne  l'a  fait  M.  Gaugain,  car  je  m'en  suis 
servi  pour  arrivera  une  déduction  précisément  contraire  à  celle  qu'il  a 
émise.  Je  pense  que  ce  désaccord  tient  à  ce  que  ce  savant  confond  deux 
actions  magnétiques  complètement  différentes,  et  qu'il  se  sert,  pour  ap- 
précier l'une,  des  effets  produits  par  l'autre. 

»  J'ai,  en  effet,  démontré,  par  des  expériences  nombreuses  et  variées, 
que  les  aimants  ont  deux  genres  d'action  :  une  action  dynamique  s'exer- 
çant  à  la  manière  des  solénoïdes  d'Ampère,  dont  le  centre  correspond  au 
milieu  du  noyau  magnétisé,  en  fournissant  une  résultante  parallèle  aux 
spires  de  l'hélice  magnéticpie,  et  à  cette  action  doivent  être  rapportés  les 
effets  d'induction  produits  par  les  aimants,  ainsi  que  les  forces  directrices 
échangées  entre  eux  et  les  courants;  en  second  lieu,  une  action  statique  qui 
constitue  la  force  attractive  proprement  dite,  et  les  polarités  magnétiques, 
polarités  qui  varient  suivant  les  rapports  de  position  et  de  grandeur  de 
l'aimant  avecles  corps  magnéticpies  qui  en  reçoivent  l'influence. 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVll,  N"  2.)  I  5 


(  "4) 

»  Ces  deux  actions,  quoique  ayant  une  certaine  liaison  entre  elles,  peu- 
vent cependant  se  produire  indépendamment  l'une  de  l'autre  dans  des 
conditions  opposées.  Ainsi  la  partie  d'un  aimant  où  les  courants  d'induc- 
tion ont  le  plus  d'énergie  est  celle  qui  correspond  à  la  région  neutre, 
c'est-à-dire  celle  qui  n'a  aucune  polarité.  Ce  fait,  que  cite  lui-même  M.  Gau- 
gain,  avait  été  avancé,  il  y  a  longtemps,  par  MM.  Mûlier  et  Poggendorff,  et 
je  l'ai  démontré  moi-même  de  deux  manières  différentes.  [Voir  ma  Notice 
sur  mes  travaux  scientifiques,  p.  22,  et  mon  Mémoire  sur  l'origine  de  l'induc- 
tion, p.  18).  D'un  autre  côté,  un  faisceau  de  fils  de  fer  qui  fournit  les 
courants  induits  les  plus  énergiques  détermine  les  forces  attractives  les 
plus  faibles  ;  et  un  noyau  magnétique  ne  présentant  sur  toute  sa  périphérie 
qu'une  même  polarité  n'eu  agit  pas  moins  comme  un  aimant  régulière- 
ment constitué. 

»  On  voit  donc  que  les  courants  induits  déterminés  par  un  aimant  sont 
complètement  indépendants  des  polarités  qui  y  sont  développées,  et,  à  plus 
forte  raison,  que  leur  énergie  ne  peut  mesurer  la  force  attractive  qui  en 
est  la  conséquence.  C'est  pour  cette  raison  que  M.  Poggendorff,  dans  ses 
recherches  sur  la  force  attractive  des  électro-aimants,  n'avait  pu  concilier 
les  lois  de  Jacobi  avec  celles  qui  résultaient  de  la  mesure  de  la  force  par 
l'intensité  des  courants  induits  produits. 

»  Les  effets  de  condensation  magnétique  que  j'ai  le  premier  constatés, 
et  dont  M.  Gaugain  conteste  l'origine,  sont  le  résultat  de  l'action  polaire, 
et  sont,  par  conséquent,  étrangers  à  l'action  dynamique.  C'est  une  sorte 
d'action  réflexe,  échangée  entre  l'armature  et  le  pôle  ayant  action  sur  elle, 
et  qui  a  pour  effet,  non  pas  de  déplacer  le  magnétisme  d'un  bout  à  l'autre 
de  l'aimant,  comme  le  ferait  supposer  l'interprétation  qu'en  donne 
M.  Gaugain,  mais  de  provoquer  molcculnircment  une  plus  grande  quantité 
de  magnétisme,  tout  en  amenant  un  changement  d'orientation  dans  l'axe 
des  polarités  atomiques  des  molécules  magnétiques  qui  constituent  les 
chaînes  de  courants  de  l'hélice  magnétique.  Or  il  résulte  de  cet  effet  deux 
conséquences  :  1°  Les  polarités  atomiques  étant  surexcitées,  les  courants 
moléculaires  se  trouvent  avoir  plus  d'énergie,  et  le  solénoide  magné- 
tique agit  dynamiquement  avec  une  plus  grande  intensité  :  de  là  le  renfor- 
cement des  courants  induits  qui  résultent  de  l'action  d'une  armature  sur 
un  aimant.  2"  Les  polarités  déterminant  l'attraction  se  trouvant  déplacées 
ou  dissiuudées  plus  ou  moins  par  l'action  réflexe  de  l'armature,  toutes  les 
polarités  atomiques,  dans  les  différentes  parties  de  l'aimant,  sont  obligées  île 
so  déplacer  de  la  même  manière  pour  conserver  leur  èqudibre entre  elles;  or 


(  ii5) 
il  peut  en  résulter  soit  un  affaiblissement  générai,  dans  les  polarités  extérieures 
de  l'aimant,  quand  celui-ci  est  en  contact  par  ses  deux  pôles  avec  l'arma- 
ture, soit  un  affaiblissement  h  un  pôle  et  un  renforcement  à  l'autre,  quand 
le  contact  avec  l'armature  ne  se  fait  qu'à  un  pôle  seulement,  ce  que  l'ex- 
périence démontre. 

»  Du  reste,  les  effets  de  la  condensation  magnétique,  ou  plutôt  de  la 
concentration  prolongée  des  actions  polaires  magnétiques  à  la  surface  de 
contact  des  deux  pièces  magnétiques,  sont  palpables.  Ainsi,  si  l'on  prend 
deux  électro-aimants  en  fer  à  clieval,  de  mêmes  dimensions,  disposés  de 
manière  que  l'un  serve  d'armature  à  l'autre,  et  que  l'on  emploie  les  bo- 
bines de  l'un  pour  recueillir  les  courants  d'induction  résultant  de  l'aiman- 
tation et  de  la  désaimantation  du  système,  tandis  que  les  bobines  de  l'autre 
seront  utilisées  à  produire  les  alternatives  d'aimantation  et  de  désaiman- 
tation, on  reconnaîtra  : 

»  1°  Que  le  courant  induit  d'aimantation  sera  beaucoup  plus  énergique 
au  moment  de  [a  première  aimantation  qu'aux  aimantations  subséquentes; 

»  2°  Qu'il  suffira  de  séparer  mécaniquement  les  deux  électro-aimants  et 
de  les  remettre  ensuite  en  position,  pour  que  ces  courants  d'aimantation 
reprennent  leur  énergie  primitive; 

»  3°  Que  si,  après  avoir  interrompu  l'aimantation  parle  courant,  on  vient 
à  séparer  brusquement  l'un  de  l'autre  les  deux  électro-aimants,  il  se  pro- 
duit un  courant  de  désaimantation  dont  l'intensité  représente  à  peu  près 
la  perte  de  force  des  courants  d'aimantation  qui  ont  succédé  aux  courants 
primitifs. 

»  D'un  autre  côté,  quand  on  présente,  à  distance,  à  l'un  des  pôles  d'un 
aimant  le  bout  d'une  armature  de  fer  doux,  on  reconnaît  que  la  partie  de 
cette  armature  occupée  par  le  magnétisme  attiré  diminue  successivement 
d'étendue  à  mesure  que  cette  distance  elle-même  s'amoindrit,  et  ce  magné- 
tisme attiré  se  dissimule  complètement qmnd  les  deux  pièces  arrivent  au  con- 
tact, auquel  cas  l'armature  se  trouve  uniformément  polarisée  et  ne  semble 
plus  former  qu'un  épanouissement  du  pôle  avec  lequel  elle  est  en  contact. 

»  Il  est  facile  de  comprendre  que  ces  effets  ne  peuvent  être  expliqués 
que  par  une  action  condensante  qui,  après  une  première  surexcitation 
donnée  à  l'aimant,  immobilise  une  partie  des  polarités  développées  au 
point  de  contact  des  deux  pièces  magnétiques,  et  qui  est  suffisante  pour 
dissitnuler  complètement  à  l'extérieur  la  polarité  contraire  excitée  dans 
l'armature.  Ce  qui  montre  encore  l'analogie  de  ces  effets  avec  ceux  qui 
sonï  développés  dans  un  condensateur  électrique,  c'est  qu'ils  dépendent 

i5.. 


(  i'(3  ) 
hcaiicoui)  (.le  l'élentlue  des  surfaces  niagnéliques  ayant  action  l'une  sur 

l'autre. 

»  Cette  immobilisation  des  polarités  magnétiques  ainsi  développées, 
qu'on  a  souvent  confondue  avec  le  magnétisme  rémanent,  et  qu'on  retrouve 
avec  les  fers  les  plus  doux,  est  tellement  caractérisée,  que  j'ai  pu  conser- 
ver pendant  plus  d'un  an  un  système  magnétique  dont  l'armature  avait 
été  ainsi  collée  après  une  première  aimantation,  et  qui,  au  bout  de  ce 
temps,  fournissait  un  courant  d'induction  presque  aussi  énergique  que 
dans  l'origine;  mais  cette  action  ne  se  renouvelait  pas  lors  d'un  second 
contact.  C'est  précisément  en  raison  de  cet  effet  que,  pour  conserver 
un  aimant  permanent,  on  munit  ses  deux  pôles  d'une  armature  de  fer 
doux. 

»  J'ai  longuement  développé  toute  cette  théorie  dans  mon  Etude  du  ma- 
(jnélisme,  mes  Recherches  sur  les  meilleures  conditions  de  construction  des 
électro-aimants  et  mon  Mémoire  sur  ioricjine  de  l'induction.  Les  expé- 
riences si  nettes  et  si  précises  de  M.  Jamin  ne  peuvent  d'ailleurs  laisser  au- 
cun doute  à  cet  égard,  surtout  si  l'on  se  pénètre  du  double  rôle  des  aimants 
et  des  théories  magnétiques  qu'ont  entraînées  les  recherches  faites  sur  le 
diamagnétisme,  entre  autres  celles  de  MM.  Weber  et  de  la  Rive. 

»  Une  des  conséquences  les  plus  curieuses  de  la  condensation  magné- 
tique est  le  ralentissement  qui  est  donné  à  la  production  du  courant  de 
désaimantation  dans  un  système  magnétique  fermé,  quand  on  vient  à  in- 
terrompre le  courant  voltaique  qui  aimante  le  système.  Ainsi,  dans  l'expé- 
rience, citée  plus  haut,  de  deux  électro-aimants  opposés  l'un  à  l'autre,  les 
clfets  de  tension,  les  commotions  physiologiques  sont  infiniment  plus  mar- 
qués quand  la  traverse  ou  le  talon  réunissant  les  deux  branches  de  l'élec- 
Iro-aimant  induit  est  enlevée,  que  quand  elle  y  reste  adhérente;  et  pour- 
tant, dans  ce  dernier  cas,  l'action  sur  le  galvanomètre  est  notablement  plus 
grande.  Cela  vient  précisément  de  ce  que,  les  mouvements  magnétiques  se 
trouvant  entravés  par  la  condensation,  les  alternatives  de  désaimantation 
sont  moins  rapide,  et  conséquemment  la  tension  des  courants  induits  qui 
en  résultent  devient  moins  grande. 

»  Tous  ces  effets  sont  d'ailleurs  analogues  à  ceux  que  l'on  remarque 
dans  les  transmissions  électriques  à  travers  les  câbles  sous-marins.  Dans 
ces  transmissions,  en  effet,  il  existe  une  action  djnamique  qui  est  eu  rap- 
port avec  le  courant  transmis  et  une  action  statique  qui  est  représentée  par 
la  condensation  produite  à  travers  l'enveloppe  isolante  du  câble.  Or  ces 
dcHix  actions,  tout  en  existant  simultanément,  donnent  lieu  à  des  effets 


(  "7  ) 
tout  à  fait  différents  qui,  en  s'cntre-influcnçant  réciproquement,  entraînent 
comme  précédemment  un  ralentissement  dans  la  rapidité  du  développe- 
ment électrique  qui  les  a  engendrés.  » 

PHYSIQUE,  —  Sur  la  période  variable  à  la  fermeture  d'un  circuit  vollaï(jue; 

par  M.  A.  Cazin. 

«  Les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  les  effets  thermiques  du  ma- 
gnétisme m'ont  conduit  incidemment  à  étudier  l'état  des  diverses  parties 
d'un  circuit  voltaïque  contenant  une  bobine  ou  un  électro-aimant,  depuis 
le  moment  où  s'opère  la  fermeture  jusqu'à  celui  où  l'état  permanent  est 
atteint.  La  divergence  des  opinions  qui  régnent  sur  cette  question  m'a  fait 
adopter  une  méthode  expérimentale  nouvelle. 

»   Voici  le  principe  de  l'appareil  que  m'a  construit  M.  Ruhmkorff. 

»  Un  poids  oblong,  de  i  kilogramme  environ,  peut  tomber  d'une  hau- 
leiu-  de  I  mètre  entre  deux  rainures  verticales  qui  le  guident.  Ce  poids 
porte  deux  pièces  métalliques  isolées.  La  première  est  une  tige  de  fer  ver- 
ticale, ayant  4o  centimètres  de  longueur,  dont  l'extrémité  supérieure  com- 
munique par  un  fd  flexible  avec  l'un  des  pôles  de  la  pile.  Lorsque  le  poids 
tombe,  cette  tige  s'engage  dans  une  éprouvette  contenant  du  mercure  qui 
communique  avec  l'autre  pôle.  Le  circuit  se  ferme  donc  au  moment  où  la 
tige  rencontre  le  mercure,  et  ce  moment  est  déterminé  par  la  distance  du 
niveau  à  l'origine  du  mouvement.  On  fait  varier  cette  distance  à  volonté, 
en  ajoutant  ou  enlevant  du  mercure. 

))  La  seconde  pièce  portée  par  le  poids  est  un  ressort  d'acier  qui  com- 
munique par  un  fd  flexible  avec  un  point  du  circuit.  Un  autre  point  du 
circuit  communique,  par  l'intermédiaire  d'un  galvanomètre,  avec  une 
plaque  métallique  isolée,  fixée  au  bâti  de  l'appareil.  Lorsque]  le  poids 
tombe,  le  ressort  touche  la  plaque  fixe  pendant  un  instant  (o%ooo4)  et  une 
dérivation  temporaire  s'établit  par  le  galvanomètre  entre  les  deux  points 
du  circuit  que  l'on  considère. 

»  On  peut  ainsi  produire  une  dérivation  d'une  durée  invariable  à  une 
époque  quelconque  après  la  fermeture  du  circuit,  et  calculer  l'intervalle 
de  temps  qui  s'écoule  entre  la  fermeture  et  la  dérivation  d'après  la  hauteur 
du  mercure  contenu  dans  l'éprouvette.  Dans  mon  appareil,  un  change- 
ment de  hauteur  de  i  millimètre  correspond  à  o%ooo2. 

»  Pour  que  la  dérivation  temporaire  ne  trouble  pas  d'une  manière  no- 
table l'état  du  circuit,  il  convient  d'employer  un  galvanomètre  à  fil  long. 


(    "8    ) 
J'ai  fait  usage  d'un  galvanomètre  de  3o  ooo  tours  de  M.  Rufimkorff.  Ce- 
pendant  on  peut  vérifier  les  propositions  suivanles  à  l'aide  d'un  galvano- 
mètre  ordinaire.   On   obtient  des  déviations  constantes,  dans  les  mêmes 
circonstances,  lors(]u'elles  ne  dépassent  pas  20  degrés. 

»  Considérons  un  circuit  voltaique,  contenant  diveises  parties  de  même 
longueur  réduite,  les  unes  rectilignes,  les  autres  enroulées  en  bobines,  et 
supposons  qu'une  de  ces  parties  soit  l'inlervalle  d'une  dérivation  tempo- 
raire, de  durée  constante.  Lorsque  cette  dérivation  se  fait  longtemps  après 
la  fermeture  du  circuit,  par  conséquent  dans  l'clat  permanent^  la  déviation 
de  l'aiguille  du  galvanomètre  placé  dans  la  dérivation  est  constante,  quel 
que  soit  l'endroit  du  circuit  où  se  trouve  placé  l'intervalle,  pourvu  toute- 
fois qu'on  fasse  usage  d'iui  galvanomètre  à  fi\  long. 

»  Les  choses  se  passent  autrement  lorsque  la  dérivation  temporaire  a 
lieu  pendant  la  période  variable  de  fermeture. 

»  1°  Lorsque  l'intervalle  de  dérivation  est  rectiligne,  la  déviation  du 
galvanomètre  croît  d'une  manière  continue,  à  mesure  qu'on  fait  croître  le 
temps  compris  entre  la  fermeture  du  circuit.et  le  contact  de  dérivation. 
Cette  déviation  est  une  fonction  t!u  temps,  laquelle  reste  la  même  quelles  que 
soient  la  place  de  la  dérivation  dans  le  circuit  et  celle  du  point  de  fermeture. 

»  2"  Lorsque  l'intervalle  de  dérivation  est  enroulé  en  bobine,  la  dévia- 
tion du  galvanomètre  croît  d'abord  très-rapidement,  atteint  un  maximum, 
puis  décroît  d'une  manière  continue,  quand  on  fait  croître  le  temps  com- 
pris entre  la  fermeture  du  circuit  et  le  contact  de  dérivation.  La  loi  de 
cette  variation  est  la  même,  quelles  que  soient  la  place  de  la  bobine  et 
celle  du  point  de  feriuetiu'e. 

»  3°  La  durée  de  la  période  variable,  évaluée  d'après  l'une  ou  l'autre 
de  ces  manières  d'opérer,  est  la  même. 

»  4"  Cette  durée  augmente  considérablement  lorsqu'on  met  du  fer  dans 
les  bobines. 

))  5°  Lorsqu'on  fait  varier  la  longueur  de  l'intervalle  de  dérivation,  pris 
soit  sur  ini  même  fil  rectiligne,  soit  sur  ime  même  bobine,  la  déviation  est 
proportionnelle  à  cette  longueur. 

M  Exemple:  Le  circuit  contient  une  bobine,  dont  le  fil  de  cuivre  a  une 
longueur  totale  de  900  mètres,  avec  un  diamètre  de  3  millimètres  environ, 
et  forme  960  spires  :  il  contient  aussi  un  fil  de  platine,  inniiergé  dans  l'eau, 
ayant  une  résistance  égale  à  celle  de  la  moitié  de  la  bobine. 

))  L'intensité  du  courant  est  0,042,  l'unité  de  courant  étant  celui  qui 
décompose  9  milligrammes  d'eau  en  inie  seconde. 


Béviation  o 

hservée, 

l'intervalle  de  dt 
In  nioitit 

■livation  étant 

le  fil  lie  pla 

tine. 

!  de  la  bobine. 

M 

47 

7 

i54 

'4 

.44 

20 

126 

26 

ii3 

3o 

94 

37 

79 

40 

68 

43 

56 

43 

5i 

46 

4« 

45 

46 

45 

w 

46 

» 

46 

» 

47 

47 

(  "g) 

Époque  de  la  dérivation 

en  dix  millièmes  de  seconde. 

3 

10 

21 

3i 

42 

62 

83 

io4 
146 
187 

22r) 
271 
3i3 
355 

397 
00 

»  Dans  ce  tableau,  les  déviations  sont  évaluées  en  dixièmes  de  degré.  On 
les  appréciait  facilement  sur  le  cadran  du  galvanomètre. 

»  On  voit  que  la  durée  de  la  période  variable  était  de  o%027i  environ. 
»  Elle  était  quadruplée  quand  on   mettait  un    noyau   de  fer   dans   la 

bobine. 

»  La  marche  générale  du  phénomène  ne  changeait  pas. 

»  En  prenant  la  bobine  entière  pour  intervalle  de  dérivation,  on  avait 
des  déviations  doubles  des  précédentes,  dans  les  mêmes  circonstances,  con- 
formément à  la  cinquième  proposition. 

»  Les  mêmes  faits  ont  été  observés  avec  une  bobine,  dont  le  fil  avait  le 
même  diamètre  que  celui  de  la  précédente,  et  une  longueur  triple 
(2900  mètres.) 

))  Les  propositions  qui  précèdent  sont  renfermées  dans  la  suivante  : 

M  Proposition  générale.  Considérons  un  circuit  voltaïque  dont  le  hl  homo- 
gène présente  des  portions  rectilignes  et  des  portions  enroulées  en  spirale. 

»  Appelons  V  le  potentiel  en  un  point,  dont  x  désigne  la  distance  à  un 
point  quelconque  du  circuit,  comptée  le  long  du  fil;  le  coefficient  diffé- 
rentiel   —  possède  à  chaque  instant  la  même  valeur  aux  différents  points 

des  portions  rectilignes;   il  croît  graduellement  avec  le  temps.  Restant 
aussi  le  même  aux  divers  points  d'une  portion  enroulée,  dont  les  éléments 


(     I20    ) 

sont  partout  soumis  à  des  actious  inductrices  égales,  ce  coefficient  croît 
(l'abord  Irès-rapidement  avec  le  temps,  atteint  un  maximum,  et  décroît 
d'une  manière  continue,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  la  même  valeur  que  dans  les 
portions  roctiligues  :  ou  est  arrivé  alors  à  l'état  permanent. 

1)  Ainsi,  dans  la  période  variable  de  fermeture,  —  n'est  pas  une  fonc- 
tion du  temps  seul  ;  il  dépend  de  jt  et  de  la  manière  doutles  circonvolutions 
sont  disposées  au  point  que  l'on  considère. 

»  Ce  coefficient  est  proportionnel  à  l'intensité  du  courant  /. 

»  Récemment,  M.  Blaserna  a  cberché  à  déduire  les  lois  de  la  période 
variable,  de  l'observation  des  effets  produits  par  un  courant  interrompu 
périodiquement  à  l'aide  d'un  appareil  à  rotation  [Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, t.  XXII,  1871.).  En  effet,  si  l'on  admet  que  l'intensité  /  à  l'époque  t 
soit  fonction  du  temps  seul,  et  qu'il  n'y  ait  pas  d'effet  appréciable  à  l'ouver- 
ture du  circuit,  l'intensité  moyenne  du  courant  interrompu  donne  la  me- 
sure de  I    idt,  et  il  est  théoriquement  possible  de  calculer  /  d'après  celte 

intégrale.  Cette  méthode  ne  me  paraît  pas  susceptible  de  précision  ;  mais  la 
complexité  de  la  fonction  i  est  une  objection  plus  importante.  La  conclu- 
sion du  savant  italien,  à  savoir,  que  l'intensité  est  alternativement  croissante 
et  décroissante  pendant  la  période  variable  de  fermeture,  n'est  donc  pas 
rigoureusement  fondée  sur  les  faits  observés. 

»  La  relation  qui  existe  entre  -j-  et  l'intensité  moyenne  du  courant  in- 
terrompu pourra  être  fournie  parune  théorie  mathématique,  telle  que  celle 
de  M.  Kirchhoff.  Ce  savant  a  établi,  sur  les  principes  de  l'Électrostatique,  des 
formules  générales,  relatives  à  la  période  variable;  mais  il  n'a  appliqué,  je 
crois,  ces  formules  qu'à  un  fil  rectiligne.  Lorsque  le  cas  d'un  fil  enroulé  en 
spirale  aura  été  traité,  il  sera  intéressant  de  comparer  les  faits  observés  aux 
indications  théoriques. 

»  M.  Kirchhoff  a  trouvé,  par  le  calcul,  que,  dans  la  période  variable,  il 
y  aurait  de  l'électricité  libre  à  la  fois  à  la  surface  et  à  l'intérieur  du  fil, 
tandis  que,  dans  l'état  permanent,  il  n'y  en  aurait  qu'à  la  surface.  Cette 
idée  me  paraît  correspondre  à  la  suivante,  à  laquelle  j'ai  été  conduit  par 
rexi)érience. 

M  Dans  tout  phénomène  d'induction,  il  y  aurait  deux  opérations  succes- 
sives, à  savoir  une  production  deleciricité  statique  et  une  décharge  de  cette 
électricité.  Dans  les  extra-courants,  la  production  se  ferait  dans  les  |)or- 


(    121    ) 

lions  enroulées  du  circuit  ;  quant  à  la  décharge,  elle  pourrait  être  locale 
ou  générale,  suivant  les  circonstances  ;  les  effets  des  courants  interrompus 
varieraient  avec  ces  circonstances.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  baromètre  dit  absolu.  Noie  de  MM.  Hans  et  Hekmary, 

présentée  par  M.  Jamin. 

«  Le  baromètre  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
est  fondé  sur  la  comparaison  d'un  thermomètre  à  air  et  d'un  thermomètre 
à  liquide.  Divers  essais  déjà  tentés  dans  celle  voie  ont  eu  à  lutter  contre 
deux  difficultés  que  nous  croyons  avoir  vaincues. 

»  La  pression  atmosphérique  se  déduisait  des  indications  fournies  par 
les  thermomèlres  au  moyen  d'un  calcul  très-simple  d'ailleurs,  mais  qu'on 
était  obligé  de  faire  après  chaque  observation.  Nous  substituons  à  ce  cal- 
cul une  construction  géométrique,  fondée  sur  les  considérations  suivantes. 
Supposons  deux  thermomètres  ordinaires  A  et  B,  placés  parallèlement.  Les 
allongements  des  colonnes,  pour  une  même  élévation  de  température, 
étant  constamment  proportionnels,  la  ligne  droite  qui  joint  les  extrémités 
de  ces  colonnes  passera  constamment  par  un  point  P. 

»  Si  B  est  un  thermomètre  à  gaz,  A  étant  toujours  un  thermomètre  à 
liquide,  cette  propriété  subsistera,  pourvu  que  la  pression  ne  change  pas. 
Si  la  pression  change,  les  indications  de  B  seront  modifiées,  le  point  P  se 
déplacera  décrivant  un  certain  lieu.  Qu'on  gradue  ce  lieu,  on  aura  un 
baromètre.  Or  ce  lieu  est  une  ligne  droite.  En  effet,  soient  a  et  b  les  som- 
mets des  colonnes  thermométriques  à  —  2^3  degrés  (nous  supposons  la 
loi  géométrique  admise  pour  les  dilatations,  prolongée  indéfiniment;  c'est 
à  ce  point  de  vue  que  nous  considérons  la  température  —  273  degrés  ;  nous 
n'y  attachons  aucune  idée  physique).  A  cette  température,  le  volume  du  gaz 
étant  nul,  les  indications  de  B  ne  sont  plus  modifiées  par  la  pression;  la 
ligne  ab  sera  donc  la  même  pour  toutes  les  pressions;  elle  devra  passer  par 
tous  les  points  tels  que  P  cl  sera,  par  conséquent,  le  lieu  cherché. 

»  Du  lliermomètre  à  air.  —  Cet  appareil  se  compose  essentiellement 
d'une  certaine  masse  d'air  emprisonnée  dans  un  tube,  à  l'aide  d'une 
colonne  liquide,  dont  les  déplacements  indiquent  les  variations  de  volume 
du  gaz.  Il  résulte  d'expériences  de  plusieurs  physiciens  et  de  nos  recherches 
personnelles  que  l'acide  sulfurique  est  le  liquide  qui  remplit  le  mieu.\  les 
conditions  imposées  à  un  bon  obturateur  ;  il  ne  se  solidifie  pas  et  n'émet 
pas  de  vapeurs  sous  l'influence  des  températures  extrêmes  de  nos  climats; 

C.  R.,  1873,  2^  Semestre.  (T,  LXXVU,  N"  2.)  '" 


(     122    ) 

la  netteté  de  son  ménisque  donne  une  bonne  lecture.  Nous  l'avons  donc 
adopté.  La  rapidité  avec  laquelle  ce  liquide  absorbe  la  vapeur  d'eau  exige 
qu'il  soit  isolé  de  l'air  extérieur.  Nous  obtenons  ce  résultat  par  l'emploi 
d'un  deuxième  obturateur  d'huile  d'horlogerie. 

»  Un  premier  instrument,  construit  d'après  ces  principes,  fonctionne  ré- 
gulièrement depuis  un  an,  mais  nous  croyons  que  les  chocs  réitérés  d'un 
transport  pourraient  diviser  la  colonne  d'acide  sulfiuique,  et  il  serait  diffi- 
cile, sinon  impossible,  de  la  rétablir  dans  les  conditions  primitives.  Nous 
avons  paré  à  cet  inconvénient  en  plaçant  les  colonnes  liquides  dans  des 
tubes  en  U,  et  les  prenant  assez  longues  pour  que,  dans  leurs  positions 
moyennes,  elles  occupent  des  longueurs  à  peu  près  égales  dans  chacune  des 
branches. 

))  Par  cette  disposition,  la  division  des  colonnes  est  rendue  plus  difficile, 
et,  si  néanmoins  elle  se  produit,  il  est  toujours  facile  de  rétablir  la  conti- 
nuité du  liquide  en  employant  le  mouvement  de  fronde  dont  l'usage  est 
bien  connu  pour  les  thermomètres.  Nous  utilisons  aussi  ce  mouveiuent  de 
fronde  dans  la  construction  de  l'appareil;  grâce  à  ce  perfectionnement, 
l'introduction  des  colonnes  liquides,  qui  naguère  était  une  opération  assez 
difficile,  s'exécute  maintenant  avec  une  facilité  étonnante. 

»  Du  baromètre.  —  Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  l'instrument  pour 
voir  comment  l'opération  géométrique  qui  détermine  la  pression  atmo- 
sphérique est  exécutée  à  l'aide  d'un  fil  tendu  entre  deux  curseurs. 

»  On  remarquera  que  les  colonnes  liquides  sont  placées  toutes  du  même 
côté,  dételle  sorte  que,  l'instrument  étant  jdacé  convenablement  dans  sa 
boîte,  on  peut  facilement  soumettre  l'ensemble  à  un  mouvement  de  fronde 
qui  rétablisse  la  continuité  de  l'une  des  colonnes  sans  risquer  de  diviser  les 
autres. 

))  Cet  instrument  a  été  construit  avec  un  thermomètre  à  alcool  et  un  tube 
de  verre  pris  auhasard  dans  lecommerce.  Sesindications  peuvent  comporter 
quelqueserreurs  provenant  du  défaut  de  proportionnalité  entre  la  dilatation 
de  l'alcool  et  celle  de  l'air,  et  des  irrégularités  des  sections  des  tubes.  Ce  n'est 
donc  pas  un  instrument  de  précision;  mais  il  suffit  parfaitement  pour 
constater  les  variations  de  pression  atmosphérique  qui  précèdent  ou  ac- 
compagnent les  principaux  phénomènes  liiétéorologiques. 

Comment  on  ])ouriail  conslriiue  un  baiotnètrc  de  jnécisiun.  —  En  employant 
le  thermomètre  à  mercure,  et  faisant  un  choix  judicieux  des  tidji  s  qui  doi- 
vent entrer  dans  la  construction  des  deux  thermomètres,  on  pourrait  laire 
un  baromètre  de  précision  fondé  sur  les  principes  énoncés  ci-dessus.  Nous 


(  123  ) 
croyons  qu'à  cet  insfniment  on  pourrait  en  substituer  un  plus  simple  et 
moins  voluuiineux,  consistant  en  deux  thermomètres,  l'un  à  liquide,  l'autre 
à  air,  portant  tous  les  deux  des  graduations  arbitraires,  mais  bien  étudiées 
d'avance.  La  pression  atmosphérique  s'obtiendrait  à  l'aide  d'une  table  ou 
d'un  calcul.  Ce  calcul  n'aurait  aucun  inconvéqient  pour  un  instrument 
destiné  uniquement  à  des  observations  scientifiques.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Note  sur  la  dissociation  de  V oxyde  rouge  de  mercure; 

par  M.  H.  Debray. 

«  M.  J.  Myers  a  publié  récemment  un  Mémoire  (i)  sur  la  dissociation 
de  l'oxyde  rouge  de  mercure  dont  les  conclusions,  peu  en  rapport  avec  ce 
que  nous  savons  aujourd'hui  de  ce  phénomène  général,  ne  me  paraissent 
pas  justifiées. 

»  Voici  en  peu  de  mots  quelles  sont  les  expériences  du  chimiste  hol- 
landais. Il  chauffe  de  l'oxyde  rouge  de  mercure  dans  un  lube  de  verre, 
luis  en  communication  avec  une  pompe  de  Geissler,  permettant,  soit  de 
faire  le  vide  dans  le  tube,  soit  de  mesurer  la  tension  du  gaz  qui  se  dégage 
lorsqu'on  le  chauffe.  Il  trouve  ainsi  que,  à  i5o  degrés,  la  tension  atteint 
bientôt  2  millimètres  et  reste  stationnaire  lorsqu'on  continue  à  chauffer 
l'oxyde  durant  une  heure  environ.  A  240  degrés,  elle  reste  encore  égale  à 
2  millimètres  ;  à  298  degrés  elle  ne  dépasse  pas,  dans  les  mêmes  conditions, 
2°"°,  5  ;  elle  atteint  8  millimètres  à  la  température  de  35o  degrés,  mais 
au-dessus  de  ce  point,  vers  4oo  degrés,  la  tension  de  l'oxygène  dégagé  par 
l'oxyde  de  mercure  n'a  plus  de  limite  supérieure  ;  elle  croît  constamment, 
quoique  lentement,  avec  la  durée  de  l'expérience.  C'est  ainsi  qu'elle  atteint 
progressivement  16  millimètres  à  400  degrés,  après  5  hein-es  de  chauffe,  et 
343  millimètres  à  5oo  degrés,  l'expérience  étant  prolongée  pendant 
7  heures. 

))  La  tension  du  gaz  ne  diminuant  pas  sensiblement  dans  ses  expériences 
j)ar  un  refroidissement  lent  ou  rapide,  M.  Myers  a  cru  devoir  en  tirer  les 
conclusions  suivantes  : 

»  La  dissociation  de  l'oxyde  de  mercure  est  normale  jusqu'à  une  tem- 
pérature inférieure  à  4oo  degrés,  sauf  que  la  tension  atteinte  ne  diminue 
pas  par  le  refroidissement.  A  partir  de  400  degrés  (probablement  un  peu 
au-dessous),  il  n'y  a  plus  de  tension  maximum;  la  décomposition  est  con- 

(1)  Deutsche  chemisclie  Gescllscliaft,  t.  VI,  p.   i  i  ;   1873. 

16.. 


(    124    ) 

tinueet  deviendrait  totale  après  un  temps  suffisamment  long,  «  parce  que 
»  les  molécules  séparées  possèdent  alors  un  mouvement  plus  rapide  que 
»  celui  qui  convient  à  la  combinaison.  » 

»  Beaucoup  de  chimistes  ont  encore,  sur  la  dissociation,  des  idées  trop 
incomplètes  et  parfois  même  inexactes  pour  qu'il  soit  possible  de  laisser 
passer  sans  observations  des  conclusions  que  n'autorisent  pas,  à  mon  avis, 
les  résultats,  fort  exacts  d'ailleurs,  d'expériences  nombreuses  et  souvent 
très-délicates  que  l'auteur  a  effectuées  dans  le  travail  que  j'ai  succinctement 
résumé. 

»  Pour  étudier  les  lois  de  la  dissociation  de  l'oxyde  de  mercure,  il  fau- 
drait, si  l'on  veut  conserver  à  ce  mot  le  sens  net  et  précis  que  lui  a  donné 
M.  n.  Sainte-Claire  Deville,  chauffer  ce  corps  dans  un  espace  dont  tous 
les  points  fussent  à  la  même  température  et  déterminer,  pour  chacune  des 
températures  successivement  communiquées  à  cet  espace,  la  tension  maxi- 
mum que  prennent  alors  l'oxygène  et  la  vapeur  de  mercure. 

»  Il  y  aura,  en  effet,  dans  ce  cas,  un  maximum  de  pression  ;  car,  si  d'une 
part  la  chaleur  décompose  l'oxyde  de  mercure,  d'autre  part,  elle  déter- 
mine la  combinaison  de  loxygène  et  de  la  vapeur  de  mercure,  et  cela  dans 
des  limites  de  température  bien  autrement  étendues  que  ne  le  pense 
M.  Myers,  en  reproduisant  de  l'oxyde  de  mercure,  de  sorte  qu'il  arrivera 
un  moment  où,  ces  deux  tendances  se  faisant  équilibre,  la  tension  des  gaz 
dégagés  demeurera  constante.  Sans  aucun  doute,  la  valeur  de  cette  force 
élastique  croîtra  avec  la  température,  sans  que  nous  puissions  déterminer 
a  priori  la  loi  de  cette  variation  et  la  nature  des  circonstances  qui  peuvent 
modifier  sa  grandeur. 

»  En  1867,  j'avais  entrepris  cette  étude,  dont  l'intérêt  était  d'ailleurs 
plus  général  (1),  car  les  lois  particulières  de  ce  phénomène  s'applique- 
raient sans  doute  à  beaucoup  d'autres  corps,  susceptibles,  comme  l'oxyde 
de  mercure,  de  se  détioubler  par  la  chaleur  en  deux  éléments  gazeux  :  tels 
sont  l'eau  et  le  perchlorure  de  phosphore  ;  si  je  n'ai  pas  publié  ces  recher- 
ches, c'est  que,  pas  plus  que  celles  de  M.  Myers,  elles  n'étaient  de  nature  à 
éclairer  beaucoup  ce  sujet  imporlant. 

»  J'avais  d'abord  employé  un  appareil  ressemblant  beaucoup  à  celui  de 
ce  chimiste;  mais  je  n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  qu'il  ne  pouvait  servir  à 
déterminer  les  lois  du  phénomène.  En  voici  la  raison. 

))  Supposons  pour  un  instant  que,  à  la  température  de  44o  degrés,  la 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  196. 


(  '25  ) 
décomposition  de  l'oxyde  de  mercure  soit  limilce  par  une  tension  d'oxy- 
gène,  la  tension  correspondante  de  la  vapenr  de  mercure. 

»  Si  l'on  vient  alors  à  enlever  la  totalité  ou  seulement  ime  partie  du 
mercure,  il  est  évident  que  l'on  rompra  l'équilibre  existant  entre  les  ten- 
dances à  la  décomposition  de  l'oxyde  et  h  la  combinaison  des  éléments  sé- 
parés. Une  nouvelle  décomposition  de  l'oxyde  aura  donc  lieu  pour  restituer 
le  mercure  soustrait  à  l'action  de  l'oxygène  :  la  tension  de  ce  dernier  devra 
donc  augmenter,  et  si  l'on  continue  à  enlever  le  mercure  an  fur  et  à  me- 
sure qu'il  se  forme,  on  ne  voit  pas  de  raison  a  priori  pour  que  la  tension 
de  l'oxvgène  n'augmente  pas  d'une  manière  indéfinie. 

»  Dans  nos  appareils,  l'élimination  du  mercure  dégagé  dans  la  partie 
chaude  s'effectue  d'une  manière  continue  et  naturelle  en  vertu  du  principe 
de  Walt  sur  la  condensation  des  vapeurs.  T^e  métal  vient  se  condenser  sur 
les  parties  froides  et  écbappe  ainsi  à  l'action  de  l'oxygène  dont  la  tension 
augmente  progressivement.  Dans  mes  expériences,  elle  pouvait  dépasser  la 
pression  atmosphérique.  Ces  appareils  ne  sont  donc  pas  disposés  de  ma- 
nière à  mesurer  la  tension  de  dissociation  de  l'oxyde  de  mercure,  et  la  dé- 
composition qu'on  y  observe  n'a  aucun  rapport  avec  la  dissociation  véri- 
table. Pour  bien  montrer  que  ce  n'est  pas  à  l'impossibilité  où  se  trouverait 
la  vapeur  de  mercure,  vers  4oo  degrés,  de  se  combiner  à  l'oxygène  qu'est 
due  la  continuité  de  la  décomposition,  on  peut  chauffer,  dans  la  vapeur  du 
soufre,  à/|4o  degrés,  des  tubes  scellés  contenant  du  mercure  et  de  l'oxygène; 
ilse  forme  alors surlesparoisdu  tubedes  cristaux  rouge-rubis,  transparents, 
d'oxyde  de  mercure  que  les  anciens  chimistes  connaissaient  sous  le  nom  de 
précipité  per  se,  et  la  presque  totalité  des  gaz  se  trouve  absorbée.  J'espérais 
qu'en  refroidissant  rapidement  les  tubes  chauffés  à  44°  degrés  je  retrou- 
verais rme  portion  notable  du  gaz  qni  doit  rester  non  combiné  au  mercure 
à  cette  température;  mais  il  paraît  que  la  combinaison  des  deux  éléments 
gazeux  met  moins  de  temps  à  s'effectuer  dans  le  tube  qu'il  n'en  faut  à  la 
vapeur  de  mercure  pour  se  condenser  et  arriver  aux  températures  où  elle 
est  sans  action  sensible  sur  l'oxygène. 

»  Si  donc  l'oxygène  ne  s'est  pas  recombiné  au  mercure  dans  les  expé- 
riences faites  au-dessus  et  au-dessous  de  35o  degrés  par  M.  Myers,  il  faut 
en  chercher  la  raison  dans  la  condensation  du  métal  dégagé  pendant  la 
décomposition  sur  les  parois  froides  de  l'appareil  :  on  ne  peut  pas  conclure 
non  plus  que  la  tension  soit  réellement  limitée  au-dessous  de  35o  degrés; 
la  décomposition  est  alors  trop  lente  pour  qu'il  y  ait  des  variations  bien 
sensibles  en  quelques  heures. 


(   '26  ) 

»  Mais  ce  que  confirment  manifestement  ces  expériences,  c'est  que  la  dé- 
comjjosilion  de  l'oxyde  de  mercure  n'est  nullement  empêchée  par  l'aug- 
mentation de  pression  de  l'oxygène,  quand  on  soustrait  le  mercure  dégagé 
à  l'action  de  ce  gaz;  il  faut,  pour  que  la  décomposition  de  l'oxyde  soit 
arrêtée,  pour  qu'il  cesse  de  se  dissocier,  que  ce  corps  soit  en  contact,  non 
pas  seidement  avec  l'un  de  ses  éléments,  mais  avec  tous  les  deux,  à  une 
pression  convenable  et  dépendante  de  la  température. 

»  On  ne  peut  donc  pas  admettre,  comme  l'a  fait  dernièrement  M.  Wuriz, 
dans  son  beau  travail  sur  le  perclilorure  de  phosphore,  que  la  dissociation 
de  ce  corps,  en  chlore  et  protochlorure,  soit  empêchée  par  la  présence  d'un 
excès  de  protochlorure.  Si  l'illustre  chimiste  a  trouvé  pour  le  perchlorine 
une  densité  de  vapeur  plus  grande  que  la  densité  habituelle,  en  le  faisant 
vaporiser  dans  une  grande  quantité  de  protochlorure,  cela  peut  tenir  à  ce 
que  la  rapidité  avec  laquelle  un  composé  se  dissocie  dans  un  gaz  inerte  est 
moindre  que  lorsqu'il  est  chauffé  seul  (i).  Mais  il  ne  résulte  pas  de  son 
expérience  que,  en  maintenant  suffisamment  le  mélange  à  une  température 
constante,  on  ne  retrouverait  pas  la  densilé  de  vapeurs  correspondant  à 
la  dissociation  normale.  J'ai  hâte  de  déclarer  d'ailleurs  que  cette  remarque, 
importante  au  point  de  vue  de  la  théorie  de  la  dissociation,  n'enlève  rien 
à  la  rigueur  des  conclusions  que  M.  Wurtz  a  tirées  de  ses  expériences  sur 
le  perchlorure  de  phosphore.   » 

PHYSIQUE  APPLiQUitE.  —  Sur  un  moyen  de  comparer  les  poudres  entre  elles. 
Note  de  M.  de  Tromenec,  présentée  par  M.  Berthelot  (2). 

«  Les  différents  moyens  de  comparer  les  poudres  entre  elles  sont  jusqu'à 
présent  le  pendule  balistique,  le  mortier-éprouvette,  les  éprouvettes  à  res- 
sort, etc. 

(i)  On  it:iii;iifiiiei-a  ([iie  l'analogie  qui  e%iste  entre  les  plicnomènes  de  vaporisation  et 
de  dissociation  rend  cette  interprétation  bien  plausiLle.  L'eau  se  vaporise  beaucoup 
plus  vite  dans  le  vide  que  dans  un  gaz,  riiydrogène  ou  l'oxyi^'ène  par  exenqile;  mais  la 
tension  niaxinium  de  la  vapeur  est  la  même  dans  ces   gaz  que  dans  le  vide. 

(2)  Ce  Mémoire  m'a  été  remis  dans  le  cours  de  l'année  1872.  L'auteur  n'en  avait  pas 
réclamé  la  publication  immédiate,  pour  diverses  circonstances,  et  surtout  ;\  cause  du  désir 
de  compléter  ses  expériences  par  l'analyse  des  produits  de  la  combustion  de  la  poudre. 
Mais,  ayant  appris  que  d'autres  savants  s'occupaient  de  la  même  question,  je  crois  devoir 
faire  connaître  ce  travail,  tel  qu'il  m'a  été  conuuuniqué,  afin  de  réserver  les  droits  de  l'auteur. 
(Note  de  M.  Berthelot.) 


(  i'^7  ) 

»  Ces  moyens  sont  généralement  jugés  insuffisants:  les  résultats  qu'ils 
donnent  ne  sont  pas  toujours  comparables  d'un  établissement  à  l'autre;  on 
ne  peut  comparer  entre  elles  que  des  poudres  différant  peu  jiar  leurs  carac- 
tères physiques.  Il  est  évident,  par  exemple,  que,  si  l'on  tire  dans  le  mortier 
éprouvette  une  pondre  très-fine,  puis  une  poudre  très-grosse,  les  résultats 
que  l'on  obtient  ne  peuvent  servir  de  termes  de  comparaison  entre  les 
deux  poudres. 

Le  procédé  que  nous  proposons  s'applique  à  toute  espèce  de  poudre,  et 
en  donne  la  valeur  absolue,  indépendamment  de  l'arme  dans  laquelle  elle 
est  tirée. 

»  Définition.  —  Lorsqu'une  poudre  détone,  elle  produit  sur  les  cor|)s 
voisins  des  effets  mécaniques,  dont  l'intensité  varie  avec  la  nature  de  la 
poudre  et  avec  la  quantité  employée. 

»  Si  nous  supposons  que  la  détonation  ait  lieu  dans  un  cylindre,  dont  les 
parois  ne  puissent  ni  s  échaujfer  ni  se  dilater,  et  dans  lequel  glisse  un  piston 
chargé  de  poids,  tout  l'effort  de  la  poudre  sera'employé  à  soulever  le  piston, 
qui  sera  soulevé  d'antant  plus  haut  que  la  poudre  est  plus  forte. 

»  Supposons,  par  exemple,  que  5  grammes  d'une  poudre  soulèvent 
à  I  mètre  de  hauteur  le  j)iston  chnrgé  de  looo  kilogrammes,  le  travail 
dévelo|)pé  sera  de  looo  luiogrammètres.  Si  5  grammes  d'une  autre  pou- 
dre le  soulèvent  à  i"',io  de  hauteur,  le  travail  sera  de  iioo  kilogram- 
mètres,  et  nous  pourrons  dire  qvie  les  deux  j)oudres  sont  entre  elles 
comme  lo  :  1 1 . 

»  En  général,  nous  appellerons/orce  absolue  d' une  poudre  le  plus  grand 
nombre  de  kilogrammètres  qu'elle  puisse  produire  en  détonant;  nous 
avons  ainsi  une  définition  qui  nous  permet,  non-seulement  de  comparer  les 
poudres  entre  elles,  mais  encore  de  les  comparer  à  tous  les  autres  mo- 
teurs. 

»  Mesure  de  la  force  absolue.  —  Pour  mesurer  la  force  absolue  de  la 
poudre,  on  peut  se  baser  sur  ce  principe  de  thermodynamique  :  Lorsqu'un 
corps  détone  sans  produire  d'effet  dynamique,  la  force  disponible  se  trans- 
forme en  chaleur.  11  suffit  donc  de  faire  détoner  la  poudre  en  vase  clos  et 
de  mesurer  la  chaleur  produite  (i). 

))    Description  de  l'appareil.  —  L'appareil  que  nous  proposons  se  compose 


I 


Cette  méllKuie  a  déjà  été  employée  par  MM.  Bunsen  et  Schisclikoff;  iiinis  les  valeurs 
numériques  qu'ils  ont  ol)servées  sont  plus  faibles  que  les  nôtres,  sans  doute  à  cause 
d'une  combustion  moins  complète. 


(  '^«  ) 

d'il»  vase  cylindrique  en  acier  fondu  (i),  ayant  une  capacité  intérieure 
d'un  demi-litre  environ  et  des  parois  fort  épaisses,  de  3  à  4  centimètres. 

»  Le  vase  est  hermétiquement  fermé  par  un  bouchon  à  vis,  muni  d'un 
canal  central  fermant  à  robinet  et  de  deux  conduits  latéraux,  où  sont  mas- 
tiqués les  deux  fils  d  un  appareil  électrique  destiné  à  enflammer  la  charge. 

»  Dans  une  des  parois  du  vase,  il  serait  utile  de  visser  un  élément  ther- 
mo-électrique, destiné  à  donner  la  température  des  gaz  dans  les  périodes  qui 
suivent  l'explosion;  mais  nous  n'avons  pas  encore  réalisé  celte  disposition. 

»  Le  vase  est  placé  dans  un  récipient  en  tôle  rempli  d'eau,  qui  sert  de 
calorimètre,  et  qui  lui-même  est  placé  dans  un  baquet  rempli  de  coton,  pour 
éviter  les  pertes  de  chaleur.  Le  vase  est  rendu  immobile  par  une  vis  de 
l)ression  qui  appuie  sur  le  l)ouchon. 

»  Un  thermomètre  donne  la  mesure  de  la  température  à  un  centième  de 
degré  près.  On  agite  l'eau  au  moyen  d'un  agitateur. 

))  Expériences  (3  juillet  1 870).  —  La  valeur  de  l'obus,  du  calorimètre,  du 
thermomètre  et  de  l'agitateur,  réduite  en  eau  (K),  a  été  calculée  à  626  gram- 
mes, en  prenant  pour  base  les  capacités  calorifiques  données  dans  la  Phy- 
sique de  Jamin. 

»  Le  calorimètre  contenait  1 5oo  grammes  d'eau  à  chaque  expérience;  ou 
avait  ainsi  :  K  +  P  =  a''s,o26. 

Poudre  à  ca/w/i  du  Bouchct  (1861). 
Poids  de  la  poudre 5  grammes 

Elévation  de  teinpcralure  observée 2°,  i 

Nombre  de  calories  correspondant  à  5  grammes  de  poudre 4'''''>2546 

IS'oiiibre  de  calories  correspondant  à  i  kilogramme  de  poudre.  .  . ,      8^0  Calories 

Poudre  de  mine. 
Poids  de  la  poudre 5  grammes 

Elévation  de  température  observée 1°,  8 

Nombre  de  calories  correspondant  à  5  grammes  de  poudre 3*^"',  6468 

Nombre  de  calories  correspondant  à  i  kilogramme  de  poudre.  .  .  .      72g  Calories 

Poudre  de  contrebande^  d'origine  anglaise. 

Poids  de  la  poudre 5  grammes 

Elévation  de  température  observée 2",  2 

Nombre  de  calories  correspondant  à  5  grammes  de  poudre 4'^'">457'2 

Nombre  de  calories  correspondant  à  1  kilogramme  de  poudre.  ...  891  Calories 

))  I^cs  chiffres  84o,  729  et  891  peuvent  servir  de  comparaison  entre  ces 
poudres.    »' 


(1)  Dans  ces  premiers  essais,  nous  avons  employé  simplement  un  obus  de  4  en  fonte. 


(     '29    ) 

CHIMIE  ORGANIQUR.  —  Sur  les  oxatines  on  éthers  de  la  glycérine  et  des  alcools 
poljatomkjites ;  par  M.  Lorin.  (Extrait.  )' 

«  L'acide  oxalique  et  la  glycérine  donnent  naissance  à  l'oxaline,  com- 
posé solide,  blanc,  soyeux  commo  l'acétamide,  hygrométriqnc,  d'un  as- 
pect gras.  Chauffé,  il  entre  en  fusion,  émet  des  vapeurs,  dégage  de  l'oxyde 
de  carbone  et  laisse  de  la  glycérine. 

»   L'ammoniaque  convertit  l'oxaline  en  oxamide. 

»  L'acide  oxalique  donne  un  composé  analogue  avec  la  mannite. 

»  L'auteur  avait  déjà  signalé  la  formation  d'une  substance  du  même 
type  par  l'action  de  l'acide  oxalique  sur  le  glycol. 

»  Ces  recherches  ont  été  effectuées  au  laboratoire  de  l'École  centrale.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  position  zoologique  et  le  rôle  des  Acariens  parasites  connus 
sous  les  noms  fi'Hypopus,  Ilomopus  et  ïrichodactyliis;  Note  de  M.  Mé~ 
fiNiv,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Degeer,  le  premier,  en  1735,  observa  sur  la  mouche  domestique  de 
très-petits  Acariens  rougeâtres,  à  corps  ovale,  à  tète  munie  d'une  petite 
trompe  déliée,  garnie  de  poils  assez  longs,  à  pattes  antérieures  assez  grosses, 
les  dernières  filiformes  (i),  que  Linné  inscrivit  dans  son  Systema  nalurœ 
sous  le  nom  A'Acarus  muscarum.  Geoffroy,  qui  paraît  l'avoir  vu  aussi, 
nomma  cet  Acarien  mite  brune  des  mouches  (2). 

»  Hermann,  en  avril  1757,  trouva  aussi,  sur  le  ventre  et  les  pieds  d'une 
larve  de  scarabée  ou  de  la  tricliie  liermite,  un  très-grand  nombre  de  petites 
mites  ovales,  charnues,  d'un  brun  jaunâtre,  ayant  les  pieds  courts  et  roi- 
des  et  le  tarse  garni  de  piquants  tendus  en  avant,  qu'il  nomma  Acarus  spi- 
nitarsus  (3));  il  lui  donne  une  longueur  de  ^  de  ligne,  une  paire  de  soies 
postérieures  et  une  antérieure  qu'il  regarde  comme  des  antennules,  lui  corps 
gras,  à  peine  plus  large  qu'épais. 

»  En  178 1,  Schranck  fit  connaître,  sous  le  nom  d' Acarus  acarorum,  une 
petite  mite  semblable,  trouvée  sur  une  grande  mite,  \ Acarus  crassipes  L., 
qui  n'est  autre  que  le  mâle  d'une  espèce  de  Gamase  (4). 


.(i)  Degeer,  t.  VIII,  p.  1 15,  pi.  7,  fig.  i,  2,  3. 

(2)  Histoire  des  insectes,  t.  II,  p.  624,  n"  6. 

(3)  Mémoire  aptérnlogique,  p.  85,  pi.  6,  fig.  5. 

(4)  Enumeratio  insectorum  Austriœ.  Aiigusta  Vindelicoruin  ;  17S1,  p.  524. 

C.  R.,  1873,  2"  Semfsiro.  (T.  LXXVII,  S"  2.)  '  7 


(    >3o) 

»  Diigès,  en  i834  (i),  trouva  sur  un  Hister  un  Acarien  qu'il  regarda 
comme  identique  à  celui  d'Hermann  et  qu'il  nomma  Hypopus;  à  ce  genre  il 
rattacha  Y Acarus  muscarum  de  Degeer,  \e  Spiitilarsiis  d'Hermann  et  le  pou 
du  limaçon  de  Lyonnet. 

»  Dufour,  en  1839(2),  fit  connaître  deux  autres  espèces  de  ce  genre, 
l'une  [VH.  Feroniarum)  vivant  en  troupes  serrées  sur  la  tète  et  le  corselet 
des  Féronies,  l'autre  {VH.  Sapromyzarum)  vivant  sur  les  Diptères  du  genre 
Sapioinyza;  et,  en  même  temps,  il  fit  connaître  sous  le  nom  de  Tricltodac- 
tyle  un  autre  Acarien  parasite  des  Osmies  qui  appartient  certainement  au 
même  système  de  développement. 

»  Roch  admit  le  nouveau  genre  dans  son  ouvragesur  les  Arachnides  (3), 
paru  en  i843,  l'enrichit  de  nouvelles  espèces  et  créa  le  genre  Homopus 
pour  les  Tiichodactyles  de  L.  Dufour. 

»  La  même  année,  Dujardin  rencontra,  sur  l'aile  d'une  abeille,  un  petit 
Acarien  dont  il  fit  d'abord  un  genre  spécial  sous  le  nom  d'^noctus,  qu'il 
supprima  ensuite  lorsqu'il  reconnut  qu'il  s'agissait  d'un  véritable  Hypo- 
pus (4). 

»  Un  peu  plus  tard,  Gervais  décrivit  encore  une  nouvelle  espèce  d'Hy- 
popiis  et  classa  ce  genre  à  côté  des  Tyroglyphes  (5). 

»  En  1  847,  Dujardin  reprit  l'étude  de  ces  petits  êtres  et  ajouta  dix  nou- 
velles formes  à  la  liste  des  espèces  déjà  connues  (6).  Dans  ce  travail,  Dujar- 
din fait  remarquer  les  nombreuses  ventouses  abdominales  qui  servent  aux 
Hypopes  pour  se  fixer  sur  les  insectes  sur  lesquels  on  les  trouve  en  parasites; 
il  constate  l'absence  de  mandibules  et  regarde  ces  Acariens  comme  privés 
complètement  de  bouche.  Ayant  recueilli  sur  une  fougère,  au  milieu  de 
plusieurs  autres  Hypopes  et  de  nombreux  Gamases,  des  individus  desséchés 
dont  l'enveloppe  renfermait  une  forme  molle  d'Acariens  pourvus  de  palpes 
et  (le  mandibules  chélifères,  il  fut  porté  à  regarder  les  Hypopes  comme  des 
larves  de  Gamases  et  il  vit  une  confirmation  de  son  opinion  dans  le  fait  que 
l'on  rencontre  souvent  les  Hypopes  en  compagnie  des  Gamases. 

»  En  18G8,  Claparède,  dans  une  étude  très-approfondie  sur  l'embryolo- 


(1)  Jnnales  des  Sciences  mathématiques.,  1'  série,  t.  I,  p.  3'J. 

(2)  Annales  des  Sciences  mathématiques,  2°  série,  t.  XI,  p.  2'j8. 

(3)  Uebersicht  der  Jracliniden  Systems,  von  Koch,  1889-1843. 

(4)  Annales  des  Sciences  naturelles,  3°  série:  ZooL,  t.  II,  |).  245. 

(5)  Suite  à  Buffon.  Les  Aptères,  t.  III,  p.  260. 

(6)  Loco  citato. 


(  «3i  ) 
gie  de  quelques  Acariens  (i),  rapporte  qu'une  larve  octopode  ou  nymphe 
d'un  Tyroglyphe  particulier  [déjà  décrit  par  MM.  Fumouze  et  Robin  sous 
le  nom  de  Tyroglyphus  ecliinopus  (2)],  s'étant,  sous  ses  yeux,  et  en  muant, 
transformée  en  Hypope,  il  a  été  conduit  à  le  regarder  comme  le  mâle  adulte 
du  Tyroglyphe  en  question,  et  il  donne  comme  preuve  la  tendance  qu'ont 
ces  Hypopes  à  s'attacher  aux  femelles  adultes  du  Tyroglyphe,  et  l'absence 
d'autres  mâles.  L'étude  si  complète,  faite  par  MM.  Fumouze  et  Robin,  de 
cette  nouvelle  espèce  de  Tyroglyphe  à  ses  différents  âges  et  dans  les  deux 
sexes,  détruit  l'interprétation  deClaparède;  mais  le  fait  de  son  observation 
subsiste. 

»  1/ Hypopiis  est  un  Acarien  évidemment  imparfait,  malgré  la  présence 
de  ses  huit  pattes,  car  il  est  impossible  de  trouver  trace  d'organes  sexuels. 
Les  observations  soutenues,  renfermées  ici,  le  prouvent.  Pour  étudier  les 
diverses  phases  du  développement,  à  tous  les  âges  et  dans  les  deux  sexes, 
d'un  Acarien  nouveau  que  nous  venons  de  décrire,  le  Tjroylyphus  rostro- 
serrattts  (Mégnin)  (3),  nous  élevons  de  nombreuses  générations  de  cet  être 
microscopique,  dans  des  cages  de  fer-blanc,  en  leur  fournissant  simplement 
des  éphichures  de  champignons  qui  leur  servent  à  la  fois  d'aliments  et  d'ha- 
bitat. Un  fait  nous  avait  frappé  en  observant  nos  élèves  :  c'est  que,  tant  que 
le  champignon  était  humide  et  en  pleine  décomposition,  des  myriades  de 
Tyroglyphesà  scie  grouillaient  dans  nos  boîtes;  quand,  au  contraire,  les 
champignons  commençaient  à  se  dessécher,  les  Tyroglyphes  disparaissaient 
en  grande  partie,  et  étaient  remplacés  par  des  légions  d'un  petit  Hypope, 
facile  à  reconnaître  pour  YH.  Feroniarum  de  Dufour,  ou  ÏH.  Dugesii  de  Cla- 
parède.  En  renouvelant  la  provision  de  champignons,  les  Hypopes  dispa- 
raissaient à  leur  tour,  remplacés  de  nouveau  par  les  Tyroglyphes.  L'obser- 
vation la  plus  attentive  ne  montrait  aucun  Gamase  dans  les  cages. 

»  Persuadés  que  ces  Hypopes  devaient  changer  de  forme  en  muant,  nous 
en  avons  isolé  à  différentes  reprises  dans  de  petites  cages  de  verre,  mais  sans 
succès  :  ils  restaient  inertes,  collés  aux  parois,  et  comme  privés  de  vie. 
L'idée  nous  étant  venue  de  les  mettre  en  contact  avec  du  champignon  frais, 
nous  les  avons  vus  alors  se  transformer  sous  nos /eux  en  petits  Tyrocjlyphes  oclo- 
podes  non  encore  sexués.  Mais  nous  n'avions  encore  qu'une  partie  de  la  so- 
lution du  problème;  en  cherchant  bien,  sur  le  champignon  desséché,  nous 

(1)  Zeitsrhr./ur  fFiss.  zooL,  t.  XVIII,  p.  445,  Leipzig,  i868. 

(2)  Journal  de  V Ànatomie...  1868,  n"  3,  mai  et  juin. 

(3)  Voir  le  Journal  de  l 'Anatomie  de  M.  Ch.  Robin,  n"  de  juillet  1873. 


(  i32  ) 

avons  fini  par  trouver  des  Tyrocjljphes,  à  Celai  de  nymphe  octopode,  prêts  à 
muer,  présentant  dans  leur  intérieur  un  Hypope  tout  formé.  (Nous  avons  fait 
constater  le  fait  par  M.  Robin,  nous  en  avons  dessiné  toutes  les  phases,  et 
des  préparations  microscopiques  sont  là  pour  en  témoigner.) 

»   Ainsi  les  Hypopes  ne  sont  autre  chose  qu'une  phase  de  la  vie  de  cer- 
tains Acariens  et,  en  particulier,  des  ïyroglyphes. 

»  Mais  pourquoi  ce  changement  temporaire  de  forme  au  milieu  de  leur 
existence?  L'observation  montre  combien  sont  lents  les  mouvements  des 
Tyroglyphes  à  scie,  par  exemple,  et  l'on  se  demande  comment  ils  peuvent, 
dans  l'état  de  nature,  se  transporter  d'un  champignon  à  l'autre.  D'un  autre 
côté,  on  constate  que,  privés  d'humidité,  ces  Tyroglyphes,  qui  sont  de  véri- 
tables amphibies,  meurent  vite.  Or,  dans  ces  conditions,  l'arrivée  d'une 
sécheresse,  qui  fait  disparaître  les  champignons  à  l'humidité,  ferait  dispa- 
raître aussi  les  Tyroglyphes  et  toute  leur  espèce,  si  la  nature  n'y  avait  pourvu 
par  la  transformation  des  nymphes  en  Hyjiopes.  L'Hypope  est  certainement 
la  forme  acarienne  qui  résiste  le  mieux  aux  influences  extérieures  :  nous  en 
avons  vu  faire  encore  des  mouvements  après  un  bain  d'une  demi-heure 
dans  l'essence  de  térébenthine,  qui  tue  si  vite  tous  les  autres  Acariens, 
surtout  ceux  qui  ne  sont  protégés  par  aucune  carapace,  comme  presque 
tous  lesSarcoptides.  La  cuirasse  complète  qui  couvre  entièrement  l'Hypope, 
la  faculté  qu'il  a  de  fermer  hermétiquement  babouche  (qui  existe  quoi  qu'en 
dise  Dujardin)  avec  sa  lèvre,  comme  avec  un  clapet,  la  faculté  qu'il  a  de 
vivre  longtemps  expliquent  le  fait.  Pour  fuir  les  endroits  désolés  par  la  sé- 
cheresse, il  a,  en  outre,  l'instinct  et  les  moyens  de  se  cramponner  et 
d'adhérer  solidement,  par  ses  ventouses  abdominales,  à  tous  les  petits  èlres 
plus  agiles  que  lui  qui  passent  à  sa  portée,  ce  qui  en  fait  un  admirable 
agent  de  dissémination.  Nous  avons  retrouvé  notre  petit  Hypope  sur  des 
Coléoptères  et  des  Diptères,  parfaits  ou  à  l'état  de  larve,  sur  des  Arach- 
nides (Faucheurs,  Hombidions,  Gamases,  etc.),  et  surtout  sur  des  Myria- 
podes. Ainsi  ce  n'est  pas  un  vrai  parasite;  il  n'est  pas  spécial  à  tel  ou  tel 
insecte  ou  autre  animal. 

"  L'Hypope  n'est  donc  autre  chose  qu'une  nymphe  cuirassée,  adventive^ 
hétéromorplie,  chargée  de  la  conservation  de  la  dissémination  de  l'espèce 
d'acarien  qui  passe  par  cette  forme  dans  son  évolution.  » 


(  -33) 

ANATOMlu:.  —  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  ladigeslion  chez  les  oiseaux. 
Note  de  M.  Jobert,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

n  Dans  les  Traités  classiques  d'Anatomie  et  de  Physiologie  comparée,  le 
gésier  des  oiseaux  est  considéré  comme  un  organe  exclusivement  tritura- 
teur,  les  fonctions  chimiques  étant  dévolues  entièrement  au  renflement 
succenturié. 

n  Depuis  quelques  années,  la  structure  de  l'estomac  musculeux  a  été 
l'objet  de  recherches  nombreuses.  Mollin  a  décrit  des  glandes  situées  dans 
l'épaisseur  de  la  muqueuse  qui  tapisse  la  face  interne;  Leydig  a  figuré  des 
organes  de  ce  genre  dans  la  description  de  l'eslomac  du  Héron,  et  il  consi- 
dère le  revêtement  jaune  épais  que  recouvre  la  nuiqueuse  comme  un 
produit  de  sécrétion  des  glandes  profondes.  Curschman  a  étudié  les  mêmes 
glandes  et  a  découvert,  dans  l'épaisseur  du  revêtement  épithélial,  des  tubes 
pleins  qu'il  considère  comme  des  produits  de  sécrétion  et  dont  la  réunion 
intime  constitue  la  masse  jaune  pidermoïde  ;  il  nie  énergiquement  la  com- 
munication de  ces  tubes  avec  l'intérieur  de  la  cavité  du  gésier  et  refuse 
d'admettre  la  possibilité  d'une  réaction  acide  de  la  part  du  liquide  sécrété 
par  les  glandes,  idée  émise  en  Hollande,  mais  peu  acceptable.  Le  liquide 
pris  dans  le  gésier  pouvant  provenir  du  ventricule  succenturié,  j'ai  pu,  au 
laboratoire  des  Hautes  Etudes,  étudier  de  nombreux  gésiers.  Celui  de  l'Au- 
truche {Strulhio  camelus)  m'a  présenté  une  structure  absolument  différente 
de  celle  figurée  par  Curschman. 

M  Les  tubes  excréteurs  des  glandes,  très-gros,  s'ouvrent  à  l'extérieur 
d'une  façon  manifeste.  Quelques-uns  des  canaux  sont  tortueux  comme 
ceux  des  glandes  de  la  sueur  dans  l'épiderme,  le  liquide  sécrété  est  lim- 
pide, d'une  réaction  acide  extrêmement  énergique  ;  il  rougit  le  papier  de 
tournesol  immédiatement,  et  fournit  avec  l'oxyde  de  zinc  un  sel  soluble  de 
zinc  mis  en  évidence  par  la  cristallisation  ou  à  l'aide  de  la  réaction  du 
sulfhydrate  d'ammoniaque  qui  donne,  avec  la  liqueur  extraite  du  gésier, 
chauffée  avec  l'oxyde  de  zinc  convenablement  préparé,  un  précipité  blanc 
de  sulfure  de  zinc.  La  réaction  n'est  pas  douteuse.  Je  ne  saurais  donc  me 
ranger  à  l'opinion  de  Curschman,  anatomiquement  et  physiologiquement. 
Les  glandes  du  gésier  sont  particulièrement  intéressantes  chez  l'Autruche, 
et  cette  disposition  a  échappé  à  l'observateur  allemand. 

»  Elles  sont  disposées  en  culs-de-sac  nombreux  qui  viennent  aboutir  à 
un  tube  central  excréteur  et  ce  tube  lui-même  offre  des  cloisons  incom- 


(   "3',  ) 
plètes  qui  tendent  à  le  diviser,  ce  qui  lui  donne  l'apparence  d'un  moule 
cannelé. 

»  Chez  le  Pélican  qui  ne  possède  pas  de  gésier,  les  glandes  que  j'appelle- 
rai acides,  tout  en  existant  sur  tonte  la  surface  de  l'estomac,  sont  cependant 
exirêmement  nombreuses;  vers  le  pylore,  dans  l'étendue  de  2  centimètres, 
on  n'y  trouve  plus  de  glandes  à  pepsine,  à  grandes  cellules  rondes,  les 
glandes  acides  étant  à  épithélium  pavimenteux.  Chez  le  Flamant  rose,  le 
gésier  offre  à  considérer  des  glandes  nombreuses  isolées  et  non  groupées, 
comme  l'a  vu  Mollin  chez  quelques  Gallinacés.  Chez  le  Pigeon,  elles  sont 
isolées  également  et  la  sécrétion  est  acide  au  plus  haut  degré. 

)>  Il  faut  donc  considérer  le  gésier  non  comme  un  organe  exclusivement 
trituratenr,  mais  comme  un  estomac  chimique  également  et  chargé  de 
sécréter  un  licpiide  acide.  J'ai  pu  avec  le  liquide  recueilli  obtenir  une  disso- 
ciation des  cellules  nei'veuses  des  ganglions  du  sympathique,  comme 
MM.  Faivre  et  Polaillon  l'ont  fait  avec  du  suc  gastrique  de  Mammifères. 
Avec  le  liquide  du  ventricule  succenturié,  M.  Cl.  Bernard  m'a  dit  n'avoir 
jamais  pu  obtenir  de  digestions  artificielles.  Ce  fait  ne  saurait  étonner, 
après  les  observations  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie.  En 
terminant  cette  Communication,  je  constaterai  : 

»  i"  L'absence,  dans  le  jabot  du  Pélican,  du  Flamant,  du  Poulet,  de 
toute  espèce  de  glande; 

»  2°  Dans  les  glandes  de  leur  œsophage,  une  disposition  anatomique 
analogue  à  celle  de  glandes  du  gésier  de  l'Autruche;  celles-ci  sont  ana- 
logues elles-mêmes  à  celles  du  ventricule  succenturié;  on  y  observe  des 
cloisons  incomplètes. 

»  J'attribuerai  donc  aux  glandes  du  gésier  un  rôle  actif  dans  la  digestion 
et  non  la  fonction  de  sécréter  du  mucus.  Quant  à  la  nature  de  l'acide,  je 
nesaurais  étreaffîrmatif.  On  n'est  pas  encore  fixé  sur  ce  point  de  Physiologie, 
même  en  ce  qui  concerne  les  grands  Mammifères.  Les  cristaux  obtenus  par 
le  moyen  que  j'ai  décrit  (oxyde  zinc)  ont  la  forme  de  longues  aiguilles 
qui  se  groupent  entre  elles  et  forment  des  pinceaux.  C'est  là  l'aspect  des 
cristaux  de  l'acétate  de  zinc  observés  au  microscope;  la  ressemblance  est 
j)arfaite,  mais  ce  caractère  ne  me  paraît  pas  suffisant  pour  affirmer,  et  de 
nouvelles  recherches  chimiques  sont  indispensables  pour  déterminer  la 
nature  de  l'acide  élaboré.  » 


.  (  i35  ) 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE,  —  Observations  sur  quelques  liquides  de  l'organisme 
des  Poissons,  des  Crustacés  et  des  Céphalopodes  ,■  Note  de  MM.  Rabuteau  et 
F.  Papillon,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  quelques-uns  des 
résultats  des  études  que  nous  avons  faites  récemment  au  laboratoire  de 
M.  Coste,  à  Concarneau,  sur  la  physiologie  des  Poissons,  des  Crustacés  et 
des  Mollusques. 

»  Liquide  péritonéal  de  divers  Poissons.  —  On  rencontre  dans  le  péritoine 
des  raies  un  liquide  parfois  très-abondant.  Ce  liquide,  auquel  nous  avons 
trouvé  une  densité  moyoïuie  de  1,021,  est  neutre  et  souvent  légèrement 
acide.  Les  acides  nitrique  et  chlorhydrique  n'y  déterminent  aucune  coa- 
gulation ni  à  froid,  ni  à  chaud.  Le  tannin  y  produit  un  trouble  blanchâtre 
assez  considérable,  qui  se  rassemble  par  la  chaleur.  Ce  liquide  contient 
donc  une  petite  quantité  d'une  matière  albumiiioïde  particidière,  laquelle 
forme  une  couche  peu  épaisse  à  la  surface  du  liquide,  lorsqu'on  évapore 
celui-ci  au  bain-marie. 

»  Ce  liquide  filtré,  abandonné  à  lui-même,  reste  inodore  pendant  un 
temps  d'autant  plus  long  que  la  température  est  plus  basse.  Au  bout  d'un 
jour  (en  mai),  il  répand  une  odeur  ammoniacalerqui  appelle  aussi  cellede 
la  niéthylamiue.  Traité  par  le  procédé  de  I-econte,  ce  liquide  fournit  une 
quantité  considérable  d'azote;  ainsi  25  grammes  de  ce  liquide  ont  donné 
jusqu'à  160  centimètres  cubes  de  ce  gaz.  D'où  provient  cet  azote?  Nous 
avons  évaporé  le  liquide  du  cinquième  au  dixième  de  son  volume  prhnitif 
et  y  avons  ajouté  de  l'acide  nitrique  qui  l'a  fait  prendre  en  masse  cris- 
talline. 3i5  grammes  du  liquide  ont  donné  plus  de  12  grammes  de  ces 
cristaux  (180  grammes  d'un  autre  échantillon,  traités  par  l'acide  oxalique, 
ont  formé  S^"",  2  d'oxalate).  Les  cristaux  obtenus  avec  l'acide  nitrique  con- 
tiennent une  forte  proportion  d'urée,  ainsi  que  l'ont  signalé,  il  y  a  quelques 
années,  Stœdeler  et  Frerichs,  et  qu'a  bien  voulu  le  vérifier  M.  Wurtz  au 
moyen  des  produits  préparés  par  nous;  mais  l'odeur  de  méthylaniine  qu'ils 
dégagent  lorsqu'on  les  traite  par  la  potasse  y  atteste  la  présence  d'une  autre 
substance.  Bien  que  nos  études  sur  ce  point  soient  inachevées,  nous  invo- 
quons dès  maintenant,  à  l'appui  de  l'existence  de  cet  autre  corps,  la  for- 
mation d'un  chlorhydrate  cristallin,  qui  s'obtient  en  traitant  les  résidus 
de  l'évaporalion  du  liquide  par  l'acide  chlorhydrique  liquide.  L'urée  ne 
donne  pas  de  chlorhydrate  dans  de  pareilles  circonstances,  et  celui  que 
nous    avons   préparé  laisse  dégager,  lorsqu'on    le  traite  par   la  potasse, 


(  .36  )  . 
un  s,nz  combustible  et  doiu;  id'iine  odeur  pénétrante  de  méthylamine  (i). 

»  Le  liquide  péritonéal  de  la  torpille  et  du  squale  présente  des  réactions 
à  peu  près  identiques.  9  grammes  de  liquide  de  torpille  ont  fourni  38  cen- 
timètres culies  d'azote.  Cette  proportion,  inférieure  à  celle  de  la  raie,  tient 
probablement  à  ce  que  la  torpille  était  à  jeun  depuis  bien  longtemps.  Le 
liquide  du  squale  nous  a  donné  des  cristaux  d'un  nitrate  déliquescent  qui, 
traité  par  la  potasse,  a  exhalé  une  forte  odeur  de  méthylamine. 

»  Autres  liquides.  —  L'analyse  d'un  certain  nombre  d'autres  humeurs  et 
de  parties  solides  de  l'organisme  des  Plagioslomes  nous  a  fait  voir  qu'elles 
contiennent  toutes  ces  corps  à  la  putréfaction  desquels  on  peut  attribuer 
l'odeur  caractéristique  des  Poissons  et  que  nous  considérons  comme  des 
mélanges  d'urée  et  d'une  urée  composée.  Le  liquide  péricardique  du  squale 
bouclé  est  légèrement  acide,  se  trouble  par  la  chaleur,  mais  non  par  les 
acides,  et  donne  pour  10  grammes 65  centimètres  cubes  d'azote.  20  grammes 
de  liquide  intestinal  d'une  raie  ont  donné  182  centimètres  cubes  d'azote. 
La  liqueur  provenant  du  lavage  des  reins  de  raie  dégage  aussi  par  le  réactif 
Leconte  une  abondante  proportion  de  ce  gaz.  2  grammes  d'urée  de  raie  en 
donnent  1 5  centimètres  cubes.  Enfin  les  œufs  de  raie,  traités  par  la  potasse, 
exhalent  une  très-forte  odeur  de  méthylamine. 

»  Liquides  digestifs.  —  Le  suc  gastrique  de  raie  est  d'une  grande  acidité. 
Évaporé  à  siccité  au  bain-marie,  il  donne  un  résidu  qui,  traité  par  l'eau, 
n'est  nullement  acide.  Distillé  au  bain-marie,  il  a  dégagé  des  vapeurs  dont 
la  condensation  a  fourni  un  liquide  incolore  qui  donne,  avec  le  nitrate 
d'argent,  nu  précipité  de  chlorure.  Il  s'est  donc  dégagé  de  l'acide  chlor- 
hydrique  du  suc  gastrique  de  raie.  Nous  n'y  avons  pas  rencontré  d'acide 
bromliydrique,  dont  on  aurait  pu  admettre  l'existence  dans  ce  liquide. 
Toutefois,  ce  suc  gastrique  renferme  du  brome  à  l'état  de  bromure,  ainsi 
qu'on  s'en  assure  en  évaporant  plusieurs  grammes  de  suc  gastrique  avec  un 
peu  de  potasse  pure,  incinérant,  traitant  par  l'eau,  ajoutant  de  l'acide 
azotique  renfermant  des  vapeurs  nitreuses,  et  agitant  avec  du  sulfure  de 
carbone.  Traitée  par  le  procédé  de  Leconte,  cette  humeur  a  fourni  de 
l'azote,  mais  en  très-petite  quantité  :  26  grammes  de  liquide  ont  donné 
7  centimètres  cubes  d'azote.  26  grammes  de  ce  suc  gastrique  contenaient 
iK'',o5  de  matières  solides.  Le  suc  pancréatique  des  mêmes  Poissons  pré- 
sente une  acidité  constante,  comme  toutes  les  autres  humeurs  de  ces  ani- 
maux. 

(i)  Nous  avons  fait  l'examen  de  ces  produits  avec  le  concours  obligeant  de  M.  Siiva. 


(  '37  ) 

))  Saîig.  —  Le  sang  de  poulpe  ne  donne  au  spectroscope  aucune  bande 
d'absorption.  Il  bleuit  légèrement  à  l'air,  et  perd  sa  teinte  bleue  lorsqu'on 
y  fait  passer  un  courant  d'acide  carbonique.  Si  on  l'agite  de  nouveau  à 
l'air,  il  reprend  sa  couleur  bleue.  Le  sang  de  crabe,  nolanunenl  celui  du 
crabe  tourteau,  présente  des  phénomènes  identiques.  Rien  de  plus  net  que 
ces  alternatives  de  coloration  en  bleu  par  l'air  et  de  décoloration  par  l'a- 
cide carbonique.  Ces  faits  sont  en  coniradiction  avec  ceux  que  Harless, 
Scidossberger  et  d'autres  observateurs  ont  signalés  relativement  au  sang  du 
calmar,  de  la  seiche  et  de  l'élédone.  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  ces 
derniers  Céphalopodes;  mais,  pour  ce  qui  regarde  le  poulpe,  le  doute  ne 
nous  paraît  pas  possible  toncliant  l'influence  colorante  de  l'air  et  décolo- 
rante de  l'acide  carbonique. 

»  Le  sang  du  poulpe  et  celui  du  crabe  offrent  d'autres  analogies.  Tous 
deux  renferment  une  matière  coagulable  que  l'acide  nitrique,  à  froid,  co- 
lore en  jaune,  et  dissout  chaud  en  produisant  un  liquide  de  même  couleur. 
L'acide  chlorhydrique  dissout  cette  matière  en  bleu  violet  pâle.  Nous 
avons  recherché  l'urée,  dans  le  sang  de  crabe,  par  le  procédé  Loconte. 
Dans  un  premier  essai,  Sg  centimètres  cubes  de  ce  liquide,  préalablement 
traités  par  le  sous-acétate  de  plomb,  ont  donné  3o  centimètres  cubes  d'azote. 
Dnns  une  seconde  expérience,  77  centimètres  cubes  de  sang  débarrassé 
d'albumine  et  évaporé  au  bain-marie  jusqu'au  volume  de  20  centimètres 
cubes,  ont  fourni,   par  le  procédé  Leconte,  ai  cenlimèlres  cubes  d'azote. 

»  Nous  avons  examiné  aussi,  à  plusieurs  reprises,  le  sang  du  squale  et  de 
la  raie,  et  nous  y  avons  rencontré  de  l'urée  en  proportion  beaucoup  plus 
considérable,  c'est-à-dire  que  nous  avons  obtenu  avec  ces  humeurs  d'é- 
normes quantités  d'azote.  85  grammes  de  sang  de  squale  ayant  été  évaporés 
au  bain-marie,  on  reprend  le  résidu  par  l'alcool,  on  évapore  à  nouveau  la 
solution  alcoolique,  on  reprend  le  nouveau  résidu  par  l'eau,  et  l'on  traite 
par  l'acétate  de  plomb.  Le  produit  obtenu  donne,  par  le  procédé  Leconte, 
202  centimètres  cubes  d'azote. 

»  Cette  première  partie  de  nos  études  est  incomplète.  Si  nous  n'avons  pu 
leur  donner  tout  le  développement  qu'elles  comportent,  c'est  que  l'éta- 
blissement de  Concarneau  n'offrait  pas,  au  moment  où  nous  les  y  avons 
poursuivies,  les  ressources  nécessaires  pour  les  expériences  de  ce  genre. 
M.  Coste,  que  préoccupe  incessamment  le  développement  de  tous  les  genres 
d'observations  biologiques,  y  a  fait  construire  depuis  un  laboratoire  de 
chimie  où  l'on  pourra  trouver  désormais  les  moyens  de  reprendre  et  de 
poursuivre  les  travaux  de  cet  ordre.  Ainsi  agrandi,  cet  établissement,  le 

C.R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  2.)  '" 


(   >38  ) 
plus  ancien  de  ceux  qui  ont  été  installés  sur  le  bord  de  la  mer  pour  les 
études  ■physiologiques,  pourra  rivalisej',  nous  l'espérons,  avec  ceux  que  les 
Allem.mds,  à  son  imitation,  créent  aujourd'hui  à  grands  frais  sur  les  côtes 
d'Italie. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  nous  donnerons  la  suite  de  nos 
recherches.  » 

THERMOCtilMiE.  —  Sur  la  chaleur  de  combustion  fies  matières  explosives. 
Note  de  MM.  Roux  et  Sarrau,  présentée  par  M.  Rolland. 

«  1.  Les  recherches  de  M.  Berthelot  sur  révalualioii  théorique  de  la 
force  de  la  poudre  et  des  matières  explosives  ont  fait  ressortir  l'importance 
que  présente,  à  ce  point  de  vue,  la  mesure  des  quantités  de  chaleur  déga-- 
gées  par  la  combustion  de  ces  substances.  Le  seul  résultat  cxpcrimenlal 
de  celte  nature  qui,  à  notre  connaissance,  ait  été  publié  jusqu'à  ce  jour 
est  celui  que  MM.  Bunsen  et  Schischkoff  ont  fait  connaître,  pour  une 
poudre  semblable  à  noire  poudre  de  chasse.  Nous  avons  pensé  qu'il  ne 
serait  pas  sans  intérêt  d'installer  à  cet  effet  un  appareil  simple,  peu  coûleux, 
et  d'un  fonctionnement  assez  sûr  et  assez  rapide  pour  faire  de  celle  déter- 
mination le  complément  pratique  des  épreuves  auxquelles  sont  soumises, 
au  Dépôt  central  des  Manufactures  de  l'État,  les  diverses  matières  explo- 
sives usitées  dans  la  guerre  ou  dans  l'industrie. 

»  2.  La  déflagration  se  produit  dans  des  bombes  cylindriques  en  fonte, 
de  6  millimèlres  d'épaisseur,  présentant  une  capacité  intérieure  de  270  à 
280  centimètres  cubes.  Ces  bombes  sont  fermées  par  un  bouchon  taraudé 
en  bronze,  que  traverse  un  fil  isolé,  au  moyen  duquel  on  peut,  par  le  pas- 
sage d  un  courant,  porter  au  rouge  un  lil  mince  disposé  dans  lintérieur  et 
enflammer  ainsi  la  substance.  Elles  plongent  dans  un  vase  eu  cuivre  rouge, 
de  o"\i4o  de  diamètre  et  o"',  160  de  hauteur,  renfermant  i''6^83o  d'eau. 
La  température  du  bain  s'évalue  à  l'aide  d'un  thermomètre  gradué  en 
dixièmes  de  degré,  donnant  à  vue  le  centième.  Pour  avoir  la  chaleur 
dégagée,  il  sufht  de  porter  le  bain  à  une  température  sensiblement  égale  à 
celle  de  l'enceinte,  de  produire  la  déflagration  et  d'observer,  en  agitant 
l'eau,  la  variation  de  la  température  du  bain.  En  désignant  par  A  celte 
variation  et  par  V  le  poids  total  en  eau  du  calorimètre,  la  chaleur  dégagée 
est  PA. 

»   3.   Voici  maintenant  les  éléments  du  calcul  d'une  détermination  : 


(  '39) 

Poudre  de  chasse  fine  d'Angouléme;  charge  de  la  bombe.  .  .     8  grammes. 
Poids  en  eau  du  caloritiièlre  : 

^?  kg 

Vase  en  cuivre  rouge o , 8806  X  o , og5 1  =  o,o838 

Bouchons  en  bronze o,3i8o  X  0,0989  =  0,0299 

Bombe  en  fonte ,..      1,176    Xo,!3o    =0,1529 

Eau =  1  ,83oo 

Poids  total  P r=2  ,0966 

Excès  observé  de  la  température A  =  3°,  07 

Chaleur  dégagée  par  8  grammes PA  =  6,4366 

Chaleur  dégagée  par  i  kilogramme 8o4"',  4 

»  4.  Il  existe  deux  causes  d'erreur  dont  il  n'est  pas  inutile  d'apprécier, 
au  moins  approximativement,  l'influence.  La  première  est  relative  au 
rayonnement  du  calorimètre.  On  peut  la  corriger  comme  il  suit.  Soit  t  le 
temps  après  lequel  la  température  du  bain  s'accroît  de  A  ;  en  admettant 
que,  pendant  ce  temps,  la  température  s'abaisse  uniformément  et  en  raison 

de  l'excès  moyen  -■>   l'abaissement  total   sera  —,   h  étant  la  vitesse  de 

refroidissement   pour    un   excès   égal   à   i   degré.   La  chaleur  perdue  est 

,  AtPA      ,,    .      ,     , 

donc  >  ci  ou  résulte  une  erreur  relative 

2 


£.  = 


/il 


2 


»  Dans  nos  expériences,  nous  avons  trouvé  h  =  0°, 00672  et  r  =  i',5 
environ;  il  en  résulte  s,  =  o,oo5o4,  soit  ^environ.  Cette  correction  est 
très-faible  et  l'on  peut  la  négliger  dans  la  pratique,  ou,  mieux,  faire  une 
compensation  approximative  en  abaissant  la  température  initiale  du  bain 
au-dessous  de  celle  de  l'enceinte,  d'une  quantité  à  peu  près  égale  à  la  moitié 
de  la  variation  A. 

))  5.  La  seconde  cause  d'erreur  résulte  de  la  différence,  généralement 
très- faible,  qui  existe  entre  les  températures  intérieiu'e  et  extérieure  de  la 
bombe  lorsque,  après  la  déflagration,  la  température  du  bain  atteint  son 
maximum.  Cette  différence  est  telle,  que  le  flux  de  chaleur  qui  en  résulte  à 
travers  la  paroi  de  la  bombe  compense,  pendant  un  temps  très-court,  à  partir 
de  l'instant  du  maximum,  la  chaleur  perdue  parle  rayonnement  du  calo- 
rimètre. On  pourrait  le  calculer  si  l'on  connaissait  exactement,  dans  les 
conditions  de  l'expérience,  le  coefficient  de  conductibilité  de  la  paroi  de 
la  bombe.  En  désignant,  en  effet,  par  A-  ce  coefficient,  par  e  el  s  l'épaisseur 
et  la  surface  moyenne  de  la  paroi,  et  par  S  la  différence  de  température 

j8.. 


(  >4o  ) 
cherchée,  on  aurait 

e 

»  La  quantité  de  chaleur  perdne  est  celle  qui  est  nécessaire  pour  main- 
tenir à  l'excès  de  température  §  les  produits  de  la  combustion,  et  à  l'excès 

moyen  -  la  masse  de  la  bombe.  Si  donc  on  désigne  par  p  le  poids  en  eau 

des  produits  de  la  combustion  augmenté  du  demi-poids  en  eau  de  la  bombe, 
la  chaleur  perdue  est 

^^'  =  -71-' 
d'où  résulte  l'erreur  relative 

cph 

^2  ^  — T' 

»  La  valeur  du  coefficient  k  présente  beaucoup  d'incertitude,  en  raison 
de  l'influence  dominante  de  l'état  des  surfaces  dans  les  phénomènes  de 
conductibilité;  en  admettant,  pour  avoir  une  idée  de  l'importance  de  l'er- 
reur commise,  la  valeur  k  =  0,477,  1"^  ^'°"  obtient,  pour  le  fer,  en  com- 
binant les  condiiclibililés  relatives  des  barres  métalliques  obtenues  par 
Despretz  avec  la  valeur  absolue  trouvée  par  Péclet  pour  le  coefficient  de 
conductibilité  du  plomb,  et  prenant  les  valeurs  déterminées  directement 

p  =  0^^,02?),     e  =  o™,oo6,     5=o™,o3i9, 

on  trouverait 

■-.,  =  0,00025. 

»  La  correction  qui  en  résulte  paraît  donc  absolument  négligeable.  11 
n'y  aurait  lieu  d'y  avoir  égard  que  dans  le  cas  où,  pour  accroître  la  ré- 
sistance de  la  bombe  d'épreuve,  on  jugerait  à  propos  d'augmenter  son 
poids  et  son  épaisseur.  Elle  pourrait  aussi  devenir  sensible  si  la  déflagration 
se  faisait  dans  une  enveloppe  formée  d'une  substance  peu  conductrice,  le 
verre  par  exemple,  dont  le  coefficient  de  conductibilité  est  y^  de  celui 
du  fer. 

))  6.  C'est  ainsi  qu'ont  été  faites  les  déterminations  suivantes,  qui  sont 
relatives  aux  diverses  espèces  de  poudres  fabriquées  en  France. 


(  i4i  ) 

2. 

3. 

4. 

Dosages. 
Soufre. 

Charbon. 

Calories  dégagées 
par  I  kilogr. 
de  poudre. 

Poids 

des  gaz 

par  I  kilogr, 

lO 

12 

807,3 

0,337 

.2,5 

12,5 

752,9 

0,412 

io,5 

i5,5 

780,8 

o,4'4 

i3 

i5 

694,2 

0,446 

20 

i8 

570,2 

0.499 

1. 

Espèce 
de 
la  poudre.  Salpêtre. 

Poudre  (le  chasse  fine 78 

»        de  guerre  à  canon  ....  75 

»        à  fusil  dite  B 74 

0        de  commerce  extérieur.  72 

»        de  mine  ordinaire.    .  , .  62 

»  La  dernière  colonne  fait  connaître  la  proportion  de  gaz  permanents 
fournis  par  la  combustion  de  chaque  espèce  de  poudre.  Pour  avoir  cet  élé- 
ment, on  pèse,  avant  la  déflagration,  la  bombe  avec  son  chargement  inté- 
rieur. A  la  fin  de  l'épreuve,  on  l'essuie  avec  soin,  on  laisse  échapper  les 
gaz  en  dévissant  avec  précaution  le  bouchon,  et  l'on  pèse  de  nouveau.  On  a 
par  différence  le  poids  des  gaz. 

»  Chacun  des  résultats  inscrits  dans  les  colonnes  3  et  4  est  la  moyenne 
de  trois  déterminations  très-concordantes.  Pour  chaque  série,  l'écart  moyen 
relatif  des  quantités  de  chaleur  est  inférieur  à  -^.  Les  poids  des  gaz  sont 
moins  précis;  leur  approximation  n'est  que  de  ^  environ. 

»  7.  M.  Berthelot  adopte  le  produit  du  volume  des  gaz  d'une  poudre  [ré- 
duit à  zéro  et  à  o™,76o)  par  la  quantité  de  chaleur  dégagée  comme  mesure 
relative  de  la  pression  exercée  par  un  poids  donné  de  cette  poudre  dans 
une  capacité  invariable.  Si  les  poids  spécifiques  des  gaz  des  diverses 
poudres  étaient  peu  différents,  on  pourrait  substituer  leurs  poids  à  leurs 
volumes,  et  mesurer  la  force  relative  des  poudres  à  l'aide  d'un  élément 
beaucoup  plus  facile  à  déterminer  par  expérience  ;  nous  espérons  élucider 
ce  point  par  la  mesure  directe  des  volumes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  remarquable  que  le  produit  des  chiffres  cor- 
respondants des  colonnes  3  et  4  soit  presque  le  même  potir  les  cinq 
poudres.  On  pourrait  en  induire  que  leur  force  explosive  est  à  peu  près  la 
inéme,  et  ce  résultat  est  confirmé  par  des  expériences  qui  nous  ont  permis 
de  constater  que  les  charges  de  rupture  de  nos  bombes  sont,  dans  tous  les 
cas,  comprises  entre  i5  et  17  grammes. 

»  Au  contraire,  le  travail  maximum  que  la  poudre  puisse  développer 
par  sa  détente,  mesuré  par  la  quantité  de  chaleur  dégagée,  varie  beaucoup 
suivant  l'espèce  de  la  poudre. 

>'  8.  Nous  remarquerons,  en  terminant,  que  les  déterminations  qui  pré- 
cèdent ont  été  toutes  faites  dans  des  conditions  telles,  que  les  produits  de 
la  combustion  de  8  grammes  de  poudre  occupent  un  volume  de  275  cen- 


(     '42    ) 

timètres  cubes,  et  présentent,  par  conséquenr,  une  densité  moyenne  égale 
à  0,029.  I'  "'^*'  P^s  impossible  que  l'on  trouve  des  résultats  sensiblement 
différents,  en  opérant  dans  d'autres  conditions,  puisque  la  température  des 
fluides  de  la  poudre  peut  varier  avec  leur  densité,  dans  le  cas  où  cette 
transformation,  s'opérant  à  un  état  éloigné  de  l'état  gazeux  parfait,  don- 
nerait lieu  à  un  travail  sensible  des  forces  intérieures.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelles  expériences  relatives  à  la  théorie  de  la 
poussée  des  terres.   Note  de  M,  J.  Ccrie,  présentée  par  M.  Belgrand. 

«  Les  nouvelles  expériences  qui  font  l'objet  de  la  présente  Note  ont  été 
exécutées,  comme  nous  l'avons  dit  dans  une  précédente  Communication 
(séance  du  3o  juin),  avec  le  concours  de  Y  Association  scientifique.  Elles  ont 
pour  but  de  permettre  de  vérifier  quelle  est  celle  des  théories  en  présence 
qui  mérite  le  plus  de  confiance. 

»  Selon  nous,  le  mode  de  décomposition  du  poids  du  prisme  de  rupture 
que  suppose  l'ancienne  théorie  est  celui  qui  correspond  en  réalité  à  la 
poussée  exercée  par  un  prisme  solide.  C'est  ce  que  montre  la  petite  expé- 
rience faite  avec  quelques  briques  placées  dans  la  position  d'équilibre 
représentée  par  la  fig.  b,  qui  est  la  copie  d'une  photographie  et  sur  la 

Fi 


fig.  c,  où  l'on  voit  que  la  brique  qui  joue  le  rôle  du  prisme  de  rupture 
repose  en  réalité  sur  deux  points  d'appui,  ce  qui  implique  qu'elle  puisse 
se  comporter  comme  un  solide  résistant  à  la  flexion. 


(  i4:'>  ) 

a  D'après  notre  théorie,  dans  le  cas  des  remblais  dépourvus  de  cohésion,  on  doit  d'abord 
décomposer  le  poids  Q  du  prisme  de  rupture,  appliqué  à  son  centre  de  gravité,  en  deux 
forces,  dont  l'une,  faisant  l'angle  (f  avec  la  normale  au  plan  de  rupture,  est  détruite,  tandis 

COS I  ¥     [  ■   V  1 

que  l'autre  P  =  Q  -,  parallèle  à  ce  plan,  est  la  poussée  primitive.  Si  elle  fait  avec 

Fifî.   c. 


la  normale  à  la  paroi  du  mur  un  angle  moindre  que  tp',  c'est  cette  force  P  qui  est  la  poussée. 

Si  elle  fait  avec  la  normale  un  angle  plus  grand,  elle  se  décompose  à  son  tour  en  deux  forces, 

l'une  parallèle  à  la  paroi  du  mur,  qui  sera  transmise,   par  les  terres  appliquées  contre  la 

paroi,  jusqu'au  terrain  solide  et  sera  sans  effet  sur  le  mur,  l'autre  faisant  l'angle  f'  avec 

1  1.1  -1  •  11  ^  sinfe  +  V) 

la  normale  a  la  paroi  du  mur,  qui  sera  alors  la  poussée  effective  FI  r=  P ; 

cosip 

i>  Lorsque  l'on  a  à  craindre  le  renversement  par  rotation,  on  doit  chercher  la  valeur 

de  V   pour  laquelle  le  moment  de  P  ou  de  H  |)ar  rapport  à  l'arête  A   est  un  maximum. 

Dans  le  premier  cas,  on  doit  examiner  si  l'équilibre  peut  exister  entre  la  poussée  la  plus 

dangereuse  P,  la  poussée  rt  la  plus  favorable  à  la  stabilité  et  le  poids  de  revêtement.  Dans 

le  deuxième  cas,  il  n'y  a  à  considérer  que  l'équilibre  entre  la  poussée  la  plus  dangereuse  H 

et  le  poids  du  revêtement.  Lorsque  toutes  les  poussées  possibles  P  ont  un  même  point  d'ap- 


(  i44  ) 

plication  L,  on  trouve  celle  dont  le  moment  est  maximum  en  joignant  par  une  ligne  droite 
i'aréte  antérieure  A  de  la  base  du  revêtement  au  point  L  et  en  menant  parallèlement  à 
cette  ligné  une  tangente  à  la  courbe  qui  a  pour  rayons  vecteurs  les  poussées  appliquées  en  L. 
Le  point  de  tangence  est  rextréiiiité  de  la  poussée  cherchée.  En  combinant  ensuite  cette 
poussée  dangereuse  P  avec  la  poussée  n  la  plus  favorable  à  la  stabilité  et  avec  le  poids  du 
revêtement,  on  nbiicnt  une  résultante  qui  doit  passer  par  le  point  A  si  le  syslème  est  exac- 
tement en  éqiiilibie  fig.  <"). 


»  I.'Hi)piirtil  au  moyen  duquel  nous  avons  fail  nos  expériences,  et  qui 
est  représenté  par  \a  fuj.  h,  faite  d'après  une  phologrnpliio,  se  compose  de 
deux  plateaux  carrés,  de  i  métré  de  côté,  réunis  suivant  une  de  leurs  arêtes 
supérieures  par  des  charnières,  recouverts  sur  leurs  faces  externes  de  sable 
collé  au  silicate  de  potasse  et  dont  on  fait  varier  l'écartenient  au  moyen 
d'une  lige  articulée  que  l'on  allonge  ou  raccourcit  à  volonlé  au  moyeu 
d'un  verrin,  les  axes  dos  articulations  de  cette  tige  passant  par  les  centres 
de  gravité  des  plateaux.  Les  pLiteaux  sont  posés  stn-  des  profils  de  base  P 
en  arc  de  cercle,  dont  le  centre  est  sur  l'axe  des  charnières  de  tète.  Des 
tringles  t,  coupées  à  la  longueur  voulue  pour  chaque  expérience,  main- 
tiennent à  la  base  la  rigidité  du  système,  et  des  platines,  à  surface  de  râpe, 


(  «45  ) 
vissées  aux  points  des  plateaux  qui  s'appuient  sur  la  base,  rendent  im|)os- 
sihle,  par  leur  frottement,  tout  glissement  sur  cette  base.  Des  ailes  L,  fixées 
à  la  caisse  F  qui  renferme  le  sable,  au  moyen  d'un  boulon  correspondant 
à  l'axe  des  charnières,  et  autour  duquel  elles  peuvent  tourner,  portent  des 
rebords  que  l'on  amène  en  prolongement  du  plateau  intérieur,  dont  ils 
sont  séparés  par  un  joint  de  quelques  millimètres.  Quand  ils  sont  à  l'incli- 

Fi(T.    ,■. 


naison  voulue,  on  maintient  les  ailes  en  les  clouant  contre  la  caisse  avec 
de  fortes  pointes.  On  recouvre  les  joints  au  moyen  des  règles  /■  qui  portent 
en  plein  sur  les  rebords  et  ne  font  que  toucher  les  arêtes  latérales  du  pla- 
teau. Pendant  qu'on  eifectue  le  remblai,  la  tète  des  plateaux  est  soutenue 
au  moyen  d'un  coin  K  qu'on  engage  entre  le  plateau  extérieur  et  la  tra- 
verse T  de  la  caisse.  Après  l'enlèvement  de  ce  coin,  si  le  revêtement  n'est 
pas  en  équilibre,  il  commence  à  se  renverser  d'autant  plus  lentement  que 
le  système  sera  plus  voisin  de  la  position  d'équilibre.  Si  le  système  pré- 
sente une  légère  stabililé,  on  le  constate  en  déterminant  le  renversement 
au  moyen  d'un  petit  effort  de  traction  appliqué  à  la  partie  supérieure  du 
revêtement.  On  peut  ainsi  déterminer  par  tâtonnements  deux  cordes  de 
base,  très-peu  différentes  l'une  de  l'autre,  et  telles  que  pour  l'une  il  y  ait 
une  faible  stabilité,  tandis  que  pour  l'autre  il  n'y  aurait  pas  équilibre. 

G.  R.,  18^3,  2«  Semtitre.  (T.  LXXVll,  N»  2.)  ÏQ 


(   '46  ) 
»   Voici  les  résultats  de  nos  expériences  : 

(  Données  générales  :  y  =  (j.'  =:  33"3o',  p  =  iSSÔ""^;  poids  de  revêtement  :  53''^) 


__ — . 

- 

NOS 

VALEUR 

bTAT 

(le 

la  série. 

de  I. 

(lu  sable. 

I 

o      ' 

55 .  00 

Très-sec. 

1 

55.00 

Humide,  légère 
l'uhésion  Cj. 

2 

■J7.30 

Très-sec. 

» 

/|.00 

Idem. 

» 

0.00 

Idem. 

0,692 


COUDE    DE    UASE 


d'après  la  lliéorie 


d'après 
ancienne.        nûu?eUe.     J'espérience, 


o,hH') 


0,395 

o,35o 
0,335 


o,5G5('' 
0,553 
0,462 
o,35o 

0,32'| 


o,55() 
o ,  5  -'1 5 
o,5'|8 

o,.'|Jo(') 


OBSERVATIONS. 


Renversemeot  par  un  ellurl  des  deux 

mains. 
HenTCrscmenl  spontané,  immédiat. 

Renversement  pur  un  effort  de  deux 

doigts. 
Renversement  par  un  eff  jrt  de  deus 

doigts  de  cliaque  main. 
Renversement  spontané, très-lent 

Exp,  non  ralle.  accord  des  ?  tliéuries 
sur  la  longueur  de  la  corde  de  base. 
Expérience  non  faite. 


(')  ■}  =  4j":io'.  *=o,i88,  ;<  =  i;l83  kit.  — (=)  Voir  /î;;.  (/.  —  (';  Fig.  h  et  (".-(*)  Par  suite  de  lliumlditë  atmosphérillue 
(28  février  i«-t),  le  sable  avait  repris  un  talus  4*  =  35°,  ce  qui  douueraito",  4^3  pour  la  corde  de  base,  d'après  noire  lUéorle;  pour 
le  sable  tout  a  fait  sec,  l'expérience  aurait,  par  suite  saus  doute,  donné  o",  ',57,  d'après  les  résultats  de  la  première  série. 


CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nole  sur  le  turbinage  des  vins  gelés;  par  M.  Melsens. 

«  Les  expériences  dont  j'ai  entretenu  l'Académie,  au  sujet  des  vins  con- 
gelés, avaient  surtout  pour  objet  de  mettre  hors  de  doute  l'absence  tolale 
d'alcool  dans  la  glace  produite  au  milieu  du  liquide  vineux.  J'avais  dû 
chercher,  en  conséquence,  un  procédé  mécanique  propre  à  produire  l'exacte 
séparation  des  glaçons  solides  et  du  vin  concentré.  La  turbine  en  usage 
dans  les  sucreries  pour  séparer  les  cristaux  de  sucre  des  sirops  qui  les 
baignent  était  naturellement  indiquée  pour  cet  objet,  et  je  n'ai  eu  qu'à 
me  louer  de  son  emploi,  pour  la  solution  du  petit  problème  de  physique 
que  je  m'étais  posé. 

»  Quant  à  l'application  à  faire  de  ce  procédé  pour  l'amélioration  pra- 
tique des  vins,  qui  s'était  offerte  bientôt  à  ma  pensée,  j'apprends  que 
MM.  Mignon  et  Rouart,  habiles  constructeurs  d'appareils  irigoriSques, 
ont  déjà  indiqué  l'emploi  de  la  presse  hydraulique  et  de  la  turbine  à 
force  centrifuge  pour  le  traitement  des  vins  congelés,  dans  un  brevet  d<i 
26  juin  1873,  dont  je  n'avais  pas  connaissance.  » 

M.  Tkémaux  adresse  une  Note  tendant  à  montrer  que  «  les  limites  de 
combinaisons  et  de  décomposilions  électriques  constatées  par  MM.  P.  et 
Arn.  Tlienard  sont  des  cas  particuliers  de  la  loi  générale  qu'il  a  considérée 
comme  basiî  du  Principe  universel  ». 


(   >47  ) 
A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Commission  chargée  de  préparer  une  hste  de  candidats  à  la  place 
d'Académicien  libre,  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  de  Vevneuil,  pré- 
sente la  liste  suivante  : 

En  première  ligne  ...       M.   de  Lesseps. 

/   M.   Bréguet. 
En  deuxième  ligne,  par  \    M.  De  Moncel. 
ordre  alphabétique   .    .   j    M.  Jacqmix. 

(   M.  Sédillot. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  7  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  7  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

La  charpie  de  l'ambulance  de  l'Administration  des  Postes.  Pansement  immé- 
diat par  le  soldat  des  blessures  sur  le  champ  de  bataille;  par  le  D'  E  Lani  1ER. 
Paris,  P.  Asselin,  1873;  br.  in-8°. 

Conservation  des  membres  blessés  pat  armes  à  feu  perfectionnées  ;  par  le  D'' 
E.  Lantier.  Paris,  P.  Asselin,  1872;  br.  in-S". 

(Ces  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  au  Concours  Monlyon,  Mé- 
decine et  Chirurgie,  1874) 

Notice  sur  l'appareil  d'induction  électrique  de  Ruhmkorff;  par  le  Comte 
Th.  Du  MONGEL ;  5*=  édition.  Paris,  Cauthier-Villars,  1867;  i  vol.  in  8°. 

Traité  théorique  et  pratique  de  télégraphie  électrique;  par  le  Comte  Th.  Du 
Moncel.  Paris,  Gauihier-Vilhirs,  i864;  in-8°. 

Exposé  des  applications  de  l'électricité;  par  le  Comte  Th.  Du  MOiSCEL;  I.  I, 
II,  IV,  V,  i«^f  fascicule.  Paris,  Hachette  et  Mallel-Bachelier,  i856-i862; 
4  vol.  iu-8",  avec  planches. 


(  '48  ) 

Recherches  sur  la  non-  homogénéité  de  l'étincelle  d'induction;  par  le  Vicomte 
Th.  Du  MONCEL.  Paris,  Leiber  et  Faraguet,  1860;  i  vol.  in-S". 

Etude  des  lois  des  courants  électriques  au  point  de  vue  des  applications 
électriques,-  par  le  Vicomte  Th.  Du  Mo^CEL.  Paris,  Hachette  et  Mallet-Bache- 
lier,  1860;  in-S". 

Notire  sur  le  cable  transatlantique;  par  le  Comte  Th.  Du  MoNCEL.  Paris, 
Gaiithier-Villars,  1869;  in-8°. 

Recherches  sur  les  meilleures  condilioits  de  construction  des  électro-aimants; 
par  le  Vicomte  Th.  Du  MOl\CEL.  Paris,  Gauthier-Villars;  Caen,  I.e  Blanc- 
Ilariiel,  1871  ;  in- 8°. 

Hlude  du  magnétisme  et  de  l'électromagnélisme  au  point  de  vue  de  la  con- 
struction (les  électro-aimants;  par  le  Vicomte  Th.  Du  MoNCEL.  Paris,  Hachetle 
et  Mallet  Bachelier,  i858;  in-8". 

Exposé  des  applications  de  l'électricité;  par  le  Comte  Th.  Du  MoNCEL. 
Technologie  électrique.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873;  2  vol.  in- 8°. 

Rapport  de  M.  le  Comte  Th.  Du  Mongel  sur  les  effets  produits  dans  les  piles 
à  bichromate  de  potasse  en  général  et  avec  les  sels  excitateurs  de  MM.  Voisin 
et  Dronier  en  particulier.  Pari.s,  Gauthier-Villars,   1872;  br.  in-8". 

Sur  le  terrain  qui  recouvre  les  plateaux  d'Othe  aux  confins  du  déparlement 
de  l' ./uhe  et  de  l' Yonne;  par  M.  Meugy.  Mayenne,  imp.  Derenne,  sans  date; 
br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  académique  d' agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  du  département  de  l'Aube;  t.  VIII,  3*  série,  année  187  f.  Troyes, 
Diifonr-Bonqiiot,  1872;  in-8''. 

(La  suite  du  Bulletin  au /irocAaiR  numéro.) 


ERRATyi. 

(Séance  du  16  juin  1873.) 

Tome  LXXVI,  p.  i497)  ligne  i3,  au  lieu  de  MM.  Lauth  tt  Baubicny  dcmanilent  l'ou- 
verture (l'un  pli  cacheté,  déposé  par  eux  dans  la  séance  précédente,  lisez  MM.  Lauth  et 
Badbiony  demandent  l'ouverlnre  d'un  pli  cacheté,  déposé  par  eux  dans  la  séance  du 
lojuin  1872, 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUxNDI  21  JUILLET  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  C0M3IUNICATI0NS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pcbliqce  transmet  l'ampliation  du 
décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  de 
sir  Cil.  IVheatslone ,  à  la  place  d'Associé  étranger  laissée  vacante  par  le 
décès  du  baron  Liebicj. 

M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  adresse,  au  sujet  de  la  Carte  géo- 
logique détaillée  de  la  France,  la  Lettre  suivante  : 

«  Versailles,  le  21  juillet  1873. 

»  Monsieur  le  Président,  le  Gouvernement  a  décidé,  en  1 868,  l'exécution 
et  la  publication  d'une  Carte  géologique  détaillée  de  la  France,  qui  n'est 
en  réalité  que  le  développement  de  la  Carte  générale  due  aux  remarquables 
travaux  de  MM.  Brochant  de  Villiers,  Diifrénoy  et  Élie  de  Beaumont. 

»  MM.  Brochant  de  Villiers  et  Dufrénoy  ayant  été  enlevés  depuis  long- 
temps au  Corps  qu'ils  honoraient  et  à  la  Science,  M.  Élie  de  Beanmont, 
bien  que  resté  seul,  a  consenti  à  se  charger  de  la  direction  de  la  tâche 
énorme  qu'il  s'agissait  d'entreprendre,  et  déjà,  sous  cette  habde  direction, 

C,  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  5.)  '  20 


(  i5o) 
plusieurs  feuilles  de  la  Carte  avaient  pu  figurer,  au  moins  comme  spécimen, 
aux  Expositions  universelles  de  i855  et  de  18G7. 

»  Aujourd'hui,  ini  certain  nombre  de  feuilles  sont  terminées  et  figurent 
à  l'Exposition  universelle  de  Vienne. 

)>  Ce  sont  :  1°  douze  feuilles,  coloriées  géologiquement,  de  la  Carie  de 
rÉtat-Major,  savoir  :  Rouen,  Beauvais,  Soissons,  Evreux,  Paris,  Meaux, 
Chartres,  Melun,  Provins,  Chateaudun,  Fontainebleau  et  Sens,  accompa- 
gnées chacune  d'une  notice  explicative  ; 

M  2°  Deux  planches  de  coupes  longitudinales  et  trois  planches  de  sec- 
tions verticales; 

»  3°  Enfin  trois  planches  de  perspectives  de  carrières  photographiées 
et  deux  planches  de  fossiles  également  photographiées,  qui  complètent  les 
documents  accessoires  que  comporte  aujourd'hui  toute  publication  géo- 
logique de  cet  ordre. 

»  Ces  documents  sont,  de  plus,  accompagnés  d'une  feuille  de  titre,  d'une 
feuille  d'avertissement  qui  porte  le  tableau  d'assemblage  et  de  feuilles  de 
légendes. 

»  Il  m'a  paru.  Monsieur  le  Président,  que  l'Académie  des  Sciences,  qui 
porte  toujours  un  intérêt  si  vif  et  si  éclairé  au  développement  et  au  progrès 
de  toutes  les  Sciences,  devait  être  le  premier  corps  auquel  l'importante 
publication  dont  il  s'agit  dût  être  adressée. 

»  J'ai  l'honneur,  en  conséquence,  de  vous  envoyer  ci-joint  un  exemplaire 
de  chacune  des  feuilles  de  la  Carte  géologique  détaillée  qui  ont  déjà  paru, 
et  je  vous  prie  de  vouloir  bien  les  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie.  » 

«  M.  Eme  deBeacmoxt,  après  avoir  donné  lecture  de  la  Lettre  de  M.  le 
Ministre  des  Travaux  publics,  fait  observer  que  le  travail  mis  aujourd'hui 
sous  les  yeux  de  l'Académie  n'est  pas  exclusivement  son  ouvrage,  mais  qu'il 
est  dû  principalement  aux  efforts  réunis  des  habiles  collaborateurs  qu'il  a 
l'honorable  mission  de  diriger.  M.  de  Chancourtois,  ingénieur  en  chef  des 
Mines,  dont  M.  Élie  de  Beaumont  a  obtenu  depuis  vingt  ans  le  précieux 
concours,  pour  l'enseignement  de  la  Géologie  à  l'École  des  Mines  et  pour 
la  publication  de  la  Carte  géologique  de  la  Haute-Marne  (i),  est  le  sous- 
directeur  du  service,  auquel  prennent  part  MM.  les  ingénieurs  Edmond 
Fuchs,  A.  Potier,  A.  de  Lapparent,  II.  Douvillé  et  F.  Clérault,  ainsi  que 
M.  A.  Guyerdet,   j)réparateur  aux  Collections  géologiques  de  l'École  des 


(i)  Voir  Comptes  n-ndus,  t.  LI,  p.  4'3  (si'ancc  dii  lo  septembre  1860). 


(  'S.  ) 
Mines,  et  M.  J.  Jedlinski,  garde-mines  principal,  chet  de  l'atelier  de  des- 
sin et  de  coloriage.  Pour  ce  petit  nombre  de  collaborateurs,  chargés,  en 
outre,  la  plupart,  de  fonctions  laborieuses  dans  l'enseignement  ou  dans 
l'arrangement  de  vastes  et  importantes  collections,  c'est  réellement  une 
«  lâche  énorme  »  (l'expression  est  vraie  en  même  temps  que  bienveil- 
lante) que  celle  de  relever  et  de  figurer,  suivant  leurs  rapports  exacts 
avec  la  topographie,  non-seulement  les  contours  des  terrains,  mais  aussi 
les  exploitations  des  matières  utiles  et  les  usines  où  elles  sont  élaborées. 

»  Il  est  juste  de  reconnaître,  ajoute  M.  Élie  de  Beaumont,  que  nous  avons 
trouvé  de  précieux  secours  dans  les  Cartes  géologiques  départementales  et 
dans  d'autres  cartes  spéciales,  ainsi  que  dans  un  grand  nombre  de  Mé- 
moires particuliers  et  de  descriptions  locales.  Nous  avons  cité  soigneu- 
sement les  premières  en  marge  des  feuilles  de  la  Carte,  et  les  autres  dans 
les  Notices  qui  les  accompagnent,  et  nous  sommes  fondés  à  espérer  que  la 
réunion  de  ces  citations  formera  un  jour  un  répertoire  complet  des  auteurs 
qui  ont  concouru  à  faire  connaître  le  sol  de  la  France. 

»  Il  n'a  pas  toujours  été  facile  de  faire  tenir,  sans  confusion,  sur  les  feuilles 
de  la  Carte  la  multitude  de  données  diverses  que  nous  avons  essayé  d'y 
rassembler.  Nous  y  aurions  probablement  beaucoup  plus  imparfaitement 
réussi  si  nous  n'avions  trouvé  dans  les  ateliers  de  l'Imprimerie  nationale 
une  intelligence,  un  bon  vouloir  et  des  moyens  d'exécution  auxquels  nous 
n'avons  jamais  recouru  en  vain,  et  auxquels  nous  ne  saurions  rendre  une 
trop  éclatante  justice.  » 

ASTRONOMIE.  —  Note  concernant  le  changement  de  vitesse  de  régime 
dans  les  régulateurs  isochrones  ;  par  M.  Yvon  Villarceau. 

((  La  question  du  changement  de  la  vitesse  de  régime  se  présente  sous 
deux  aspects  distincts  :  i"  Le  changement  proposé  doit  être  permanent; 
c'est  le  cas  où,  un  régulateur  ayant  fonctionné  sous  une  certaine  vitesse  de 
régime,  on  se  propose  de  l'utiliser  avec  une  nouvelle  transmission  de 
mouvement,  à  laquelle  répond  une  vitesse  différente  de  la  vitesse  primitive. 
Nous  avons  fait  voir,  dans  notre  Mémoire  du  lojuin  1872,  comment  il  est 
possible,  moyennant  une  disposition  particulière,  de  changer  la  vitesse  de 
régime  :  un  simple  changement  dans  la  surcharge  du  manchon,  combiné 
avec  un  déplacement  angulaire  des  masses  principales  par  rapport  aux 
tiges  articulées,  fournit  la  solution  du  problème.  2"  Le  changement  pro- 
posé est  temporaire,  comme  cela  est  exigé  dans  les  applications  du  régula- 

20.. 


(  i5a  ) 

leur  isochrone,  au  mouvenient  des  équatoriaux.  Après  avoir  observé  les 
étoiles,  si  l'on  veut  passer  à  l'observation  d'une  planète,  d'une  comète,  du 
Soleil  ou  de  la  Lune,  il  faut  pouvoir  le  faire  au  moyen  d'une  modification 
facile  à  réaliser  dans  un  temps  assez  court;  dès  lors  on  comprend  que  la 
solution  relative  au  changement  permanent  de  la  vitesse  n'est  pas  appli- 
cable au  cas  qui  nous  occupe;  il  est  donc  nécessaire  de  rechercher  de  nou- 
velles solutions  :  tel  est  l'objet  principal  de  la  présente  Communication. 

»  Du  changement  temporaire  de  la  vitesse  de  régime.  —  Les  appareils  con- 
struits sur  les  indications  de  L.  Foucault  offrent  une  solution  du  problème  ; 
cette  solution  consiste  à  déplacer  une  masse  mobile  le  long  d'un  levier 
faisant  partie  d'un  système  articulé  assez  complexe;  mais  elle  n'est  pas  ri- 
goureuse, attendu  que  le  déplacement  dont  il  s'agit  ne  s'effectue  pas  sans 
altérer  sensiblement  l'isochronisme,  et  d'autant  plus  fortement  que  les 
vitesses  s'écartent  davantage  de  la  vitesse  normale  de  l'appareil.  Nous 
avons,  de  notre  côté,  proposé  une  solution  analogue:  elle  consiste  à  faire 
varier  la  charge  du  manchon;  pour  atténuer  les  effets  de  l'altération  de 
l'isochronisme  qui  en  résulte,  nous  avons  en  même  temps  proposé  de  faire 
varier  la  charge  motrice,  de  manière  à  amener  les  ailettes  dans  des  posi- 
tions déterminées  et  correspondant  aux  vitesses  données.  En  supposant 
le  mécanisme  de  l'équatorial  et  son  rouage  d'horlogerie  assez  bien  con- 
struits pour  donner  lieu  à  des  résistances  sensiblement  constantes,  pendant 
la  durée  des  observations,  le  mouvement  de  l'équatorial  s'effectuera  avec 
toute  la  régularité  désirable  et  avec  la  vitesse  requise.  Cette  solution  n'est 
pas  exemple  de  difficultés;  car,  indépendamment  de  la  condition  relative  à 
la  constance,  au  moins  approximative,  des  résistances,  on  ne  parviendrait 
aisément  à  réaliser  qu'un  petit  nombre  de  vitesses  distinctes,  telles  que 
celles  qui  conviennent  aux  étoiles  et  aux  moyens  mouvements  du  Soleil  ou 
de  la  Lune,  la  variation  de  la  charge  du  manchon  ne  se  prêtant  pas  à  la 
continuité  qu'il  serait  nécessaire  d'obtenir  poiu"  suivre  un  mouvement  très- 
varié,  celui  de  la  Lune,  par  exemple. 

»  Une  nouvelle  solution  nous  est  offerte;  elle  repose  sur  la  propriété 
remarquable  du  régulateur  isochrone,  que  nous  allons  bientôt  faire 
connaître.  On  nous  permettra  sans  doute  d'indiquer  la  circonstance  qui 
nous  a  mis  sur  la  voie  de  sa  découverte. 

»  Les  équatoriaux  actuelleiuent  en  construction  et  destinés  à  l'observation 
du  passage  de  Vénus  sont  disposés  de  manière  à  permettre  une  certaine 
variation  de  hauteur  de  l'axe  horaire;   par  cette   disposition,  on  a  prévu 


(  i53  ) 
le  cas  où  l'observateur  trouverait  convenable  de  s'établir  en  une  station 
pouvant  différei'  en  latitude,  de  quelques  degrés,  avec  la  station  projetée. 
Or,  si  Taxe  central  du  régulateur  est  vertical  dans  cette  dernière  station,  il 
cessera  de  l'être  dans  les  stations  de  latitudes  différentes  :  telle  est  la  diffi- 
culté qui  s'est  produite  dans  la  Commission  du  passage  de  Vénus  et  que 
nous  avons  résolue  séance  tenante.  Imaginons  que  les  tourillons  de  l'axe 
central  du  régulateur  soient  portés  par  un  châssis  mobile  circulairement 
autour  de  l'axe  de  la  roue  qui  commande  le  régulateur,  et  cet  axe  dirigé 
dans  le  sens  perpendiculaire  au  méridien,  il  deviendra  possible,  en  faisant 
tourner  le  châssis,  de  rétablir  au  besoin  la  verticalité  de  l'axe  du  régu- 
lateur, sans  que  l'engrenage  de  ladite  roue  avec  le  pignon  que  porte  cet 
axe  éprouve  la  moindre  pertiubation.  Nous  n'avons  pas  à  insister  sur  des 
détails  de  constriiction  faciles  à  imaginer,  et  que  M.  Eichens  se  dispose  à 
exécuter;  il  nous  suffit  de  constater  que,  s'il  est  facile  de  ramener  à  la  ver- 
ticalité l'axe  d'tui  régulateur,  il  est  tout  aussi  facile  de  lui  donner  une 
inclinaison  quelconque  par  rapport  à  la  verticale. 

»  Demandons  actuellement  à  la  théorie  quel  sera  le  mode  de  fonctionne- 
ment d'un  régulateur  isochrone  dont  l'axe  serait  incliné.  La  théorie  du 
mouvement  de  l'appareil  découle  de  l'application  du  principe  des  forces 
vives,  établie  ])our  le  cas  de  mouvements  relatifs  à  des  axes  mobiles,  en- 
trauiés  dans  le  mouvement  du  régulateur  et  dont  l'un  coïncide  avec  l'axe 
central.  Les  seules  forces  qui  donnent  lieu  à  un  travail  effectif,  lorsqu'on 
néglige  les  frottements,  sont  les  poids  des  masses.  Or  si,  au  lieu,  de 
considérer  un  seul  des  n  systèmes  articulés  et  angulairement  éqnidislants 
autour  de  l'axe  central  (ce  qui  suffit  dans  le  cas  d'un  axe  vertical),  on 
considère  l'ensemble  de  ces  n  systèmes,  on  reconnaîtra  que  le  centre  de 
gravité  de  cet  ensemble  est  situé  sur  l'axe  central  et  que,  entre  deux  posi- 
tions données  des  tiges  ou  des  ailettes,  le  travail  de  la  pesanteur  estimé 
relativement  aux  axes  mobiles  est  égal  au  produit  de  la  composante  de  la 
pesanteur  parallèlement  à  l'axe  incliné,  par  le  déplacement  du  centre  de 
gravité  suivant  ce  même  axe. 

»  Il  faut  d'ailleurs  remarquer  que  la  constante  g,  qui  sert  de  mesure  à 
l'intensité  de  la  pesanteur,  est  uniquement  introduite,  dans  l'équation  des 
forces  vives,  par  les  termes  qui  expriment  le  travail  de  la  pesanteur.  Il  ré- 
sulte de  là  que  la  théorie  établie  pour  le  cas  d'un  axe  central  supposé  ver- 
tical, conviendra  encore  au  cas  d'un  axe  faisant  avec  la  verticale  un  angle  I, 
si  l'on   remplace  dans  la  première  g  par  gcosl.  Enfin  les  conditions  de 


{  '54  ) 
l'isochronisme  dépendent  de  fonctions  où   g  entre  sous  la  seule   forme 

—  =  consr      Q  désignant   la   vitesse    angulaire  de   régime.    Si    donc  un 

S 

régulateur  satisfait  aux  conditions  de  l'isoi-hionisme  quand  son  axe  est 

vertical,  il  y  satisfera  encore  lorsque  l'on  donnera  à  cet  axe  une  inclinaison 

quelconque;  en   outre,  les  vitesses  Q  et  ù',  qui  répondent,  la  première  à 

la  situation  verticale  de  l'axe   et  la  seconde  à  une  inclinaison  I,    auront 

entre  elles  la  relation  —  =  :;  d'où 

iï-  =^  û"  cosi, 
ou  bien 

sm-  -I  =  -i+—       I 

))  Considérons  le  cas  où,  l'appareil  étant  réglé  pour  suivre  le  mouvement 
des  étoiles  lorsque  son  axe  est  vertical,  on  voudrait  le  faire  servir  à  l'ob- 
servation d'un  astre  dont  le  mouvement  en  ascension  droite  serait  jj.  par 
unité  de  temps.  La  vitesse  Q,'  devant  être  égale  à  celle  du  plan  boraire  qui 
contient  l'astre,  on  aurait 

a' 

IT  =  '  -  ^' 

et,  par  suite, 

sin-  ^  I  =  p.  (|  I  -  ^  p. 

))  Dans  ces  conditions,  l'appareil  ne  pourrait  servir  qu'à  l'observation 
des  astres  ayant  un  mouvement  direct  en  ascension  droite,  ce  qui  est  tou- 
jours le  cas  du  Soleil  et  de  la  Lune  (*). 

»  La  formule  précédente  montre  que,  dans  les  observations  du  Soleil, 
l'inclinaison  I  serait  comprise  entre  5° ^3'  et  6° 23';  dans  le  cas  de  la  Lune, 
1  varierait  de  i9°3j'  à  aS^Sa'  environ. 

))  On  ne  manquera  pas  de  remarquer  que  l'observateur  sera  dispensé  de 
tout  calcul  pour  régler  la  position  de  l'axe  du  régulateur,  si  l'arc  de  cercle 
qui  doit  servir  à  la  fixer  est  gradué  de  manière  à  donner  directement  les 
mouvements  horaires  au  lieu  des  inclinaisons  correspondantes. 

»  Il  reste  à  considérer  les  effets  du  frottement  ;  l'inclinaison  de  l'axe  doit 

{*)  Pdiirli's  autres  cas,  il  serait  nécessaire  que  la  vitesse,  dans  la  situation  verticale  i\e 
l'axe,  fût  réglée  sur  l'astre  lioiit  le  iiiouvcnient  rétrograde  serait  le  jiliis  grand  possible. 


(  i55  ) 
réiliiire  en  moyenne  les  frottements  dansles  articulations;  mais  le  frottement 
du  manchon,  qui  peut  se  réduire  sensiblement  à  zéro  lorsque  l'axe  est  ver- 
tical, acquiert  une  intensité  croissante  avec  l'inclinaison.  Toutefois,  le 
frottement  dont  il  s'agit  peut  être  considérablement  atténué  par  l'interpo- 
sition de  galets  entre  l'axe  et  le  manchon,  comme  dans  les  appareils  de 
L.  Foucault;  enfin  on  doit  ne  pas  négliger  la  flexion  possible  de  l'axe  incliné. 
»  Malgré  ces  inconvénients,  et  eu  égard  à  ce  que  l'isochronisme  est 
théoriquement  conservé  dans  la  présente  solution,  il  ne  nous  paraît  pas 
douteux  que  cette  solution  ne  doive  être  préférée  à  celles  que  nous  avons 
examinées  plus  haut.  Nous  comptons  en  faire  l'essai,  et  nous  aurons  l'iion- 
neur  d'en  présenter  les  résultats  à  l'Académie,  dès  que  l'expérience  aura 
prononcé.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Troisième  Note  sur  te  Guano;  par  M.  Chevreul. 

«  Dans  les  deux  Notes  que  j'ai  communiquées  à  l'Académie,  je  me  suis 
abstenu  de  toute  conclusion  qui  aurait  dépassé  mes  expériences. 

»  Dans  la  première  Note,  j'ai  dit  comment  j'avais  reconnu  la  présence 
de  Vacide  nviqiie  dans  un  échantillon  de  guano,  présenté  à  la  Société  d'Agri- 
culture par  MM.  Dreyfus  frères,  séance  tenante,  et  comment  la  recherche 
de  cet  acide  m'avait  conduit  à  reconnaître,  dans  le  même  échantillon,  une 
matière  cristallisable  azotée,  mais  distincte  de  l'acide  uriqiie  et  de  l'urée, 
douée  d'une  tendance  acide  plutôt  que  neutre,  et  jouissant  d'ailleurs  de  la 
propriété  d'être  précipitée  par  l'eau  de  baryte,  substance  inodore  et  inco- 
lore à  l'état  de  pureté,  mais  ayant  une  forte  odeur  avique  quand  elle  se 
sépare  des  trois  ou  quatre  premiers  lavages  aqueux  du  guano  évaporés 
spontanément,  et  étant  alors  colorée  par  une  matière  existant  surtout  dans 
le  résidu  du  guano  insoluble  dans  l'eau. 

»  Je  reviendrai  sur  cette  matière  cristallisable,  qui  peut-être  n'est  pas 
nouvelle;  mais,  dans  l'état  actuel  de  mon  travail,  lui  donner  un  nom  m'est 
impossible. 

»  Je  reviendrai  aussi  sur  la  partie  de  l'échantillon  du  guano  que  l'eau 
ne  dissout  pas.  Je  me  bornerai  à  dire  que  j'en  ai  extrait  trois  matières  dis- 
tinctes en  la  soumettant  à  l'action  de  l'alcool  bouillant,  et  de  plus  deux 
principes  colorants  :  l'un  de  couleur  jaune  et  l'autre  de  couleur  rouge  non 
rabattu. 

»  Quant  à  la  matière  indissoute  par  l'alcool,  l'eau  bouillante  lui  enlève 
une  quantité  sensible  de  matière  soluble.  Le  résidu  que  l'eau  ne  dissout 


(  i56  ) 
pas  reiilerme  une  matière  organique  azotée  et  des  phosphates  de  chaux  et 
de  magnésie.  Je  me  borne  à  cette  indication. 

»  L'objet  de  la  Note  que  je  communique  aujourd'hui  à  l'Académie  est 
de  donner  la  cause  du  phénomène  que  jai  fait  connaître  par  ma  Communi- 
cation précédente,  à  savoir:  un  dégagement  de  gaz  acide  carbonique  dé- 
terminé au  moyen  du  contact  de  l'eau  avec  la  partie  pierreuse  du  guano. 

))  Le  dégngement  de  ce  gaz  provient  du  carbonate  d'ammoniaque  con- 
tenu dans  l'engrais.  Mais  quel  est  ce  carbonate?  Les  chimistes  en  comptent 
trois  principaux. 

»  Le  carbonate  d'ammoniaque  proprement  dit  des  chimistes.  Il  est  re- 
présenté par  1  volume  de  gaz  carbonique  et  a  volumes  de  gaz  ammoniac. 

»  Le  bicarbonate  d' ammoniaque  qui  n'existe  pas  à  l'état  anhydre,  mais 
qui  se  produit  à  l'état  hydraté,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  en  faisant  passer 
lo  centimètres  cubes  d'eau  dans  une  cloche  où  j'avais  mélangé  loo  centi- 
mètres cubes  de  gaz  acide  carbonique  avec  lOO  centimètres  cubes  de  gaz 
ammoniac;  il  s'était  produit  au  moment  du  mélange  un  carbonate  re- 
présenté par  5o  centimètres  cubes  de  gaz  carbonique  et  loo  centimètres 
cubes  de  gaz  ammoniac.  Les  5o  centimètres  cubes  de  gaz  carbonique  libre 
furent  complètement  absorbés  par  l'eau  et  formèrent  ainsi  le  bicarbonate 
des  chimistes. 

»  Il  existe  un  carbonate  intermédiaire,  qui  est  représenté  par  i  ^  de  gaz 
acide  et  2  de  gaz  ammoniac  et  par  de  l'eau  ;  ou  l'obtient  de  la  distillation 
d'un  mélange  de  i  partie  de  craie  et  de  2  parties  de  sel  ammoniac. 

»  Personne,  à  ma  connaissance,  n'a  signalé  aucun  de  ces  carbonates 
comme  donnant  lieu  à  une  effervescence  en  se  dissolvant  dans  l'eau. 

»  L'expérience  que  je  viens  de  rapporter  de  l'union,  sous  l'influence  de 
l'eau,  du  carbonate  d'ammoniaque  anhydre  avec  un  volume  de  gaz  acide 
carbonique  égal  à  celui  qu'il  contenait,  prouve  que  le  carbonate  anhydre, 
loin  de  perdre  du  gaz  acide,  peut  en  absorber  sous  linfluence  de  l'eau. 

»  Ayant  sous  la  main  du  carbonate  d'ammoniaque  intermédiaire,  je 
l'essayai  en  le  faisant  passer  d'abord  dans  un  tube  gradué  plein  de  mercure, 
puis,  y  ajoutant  de  l'eau,  l'effervescence  se  produisit  avec  plus  de  force  que 
l'effervescence  du  guano  en  pierre. 

»  Cette  expérience  faite,  je  me  rappelai  confusément  avoir  lu  que  le  car- 
bonate d'ammoniaque  intermédiaire  perdait  à  la  longue,  non  du  gaz  car- 
bonique, mais  de  l'ammoniaque,  et  qu'alors  il  se  réduisait  à  du  bicarbonate. 
Je  fis  prendre  immédiatement,  chez  quatre  fabricants  de  produits  chimi- 
ques, du  carbonate  d'ammoniaque  obtenu  par  sublimation;  soumis  à  des 


(  '57  ) 
expériences  comparatives,  aucun  d'eux  ne  dégagea  de  gaz  carbonique  eu 
qtiaïUité  notable.  Le  carbonate  du  laboratoire  examiné  se  trouva  poreux, 
opaque,  sans  consistance,  tandis  que  les  échantillons  pris  dans  le  commerce 
étaient  durs  et  cristallins.  Le  premier  était  renfermé  depuis  deux  ans  dans 
un  bocal  à  large  orifice,  fermé  avec  une  rondelle  de  liège;  d'où  j'ai  conclu 
la  nécessité  de  renfermer  le  carbonate  d'ammoniaque  sublimé  dans  des 
flacons  fermés  à  l'émeri. 

))  Il  est  donc  certain  que  le  carbonate  d'ammoniaque  par  sublimation 
récemment  préparé  se  dissout  dans  l'eau,  à  l'instar  du  carbonate  d'ammo- 
niaque, sans  dégager  de  gaz  acide  carbonique. 

»  Restait  à  essayer  le  bicarbonate  d'ammoniaque  cristallisé  qu'on  obtient, 
disent  les  meilleurs  Traités  de  Chimie,  en  faisant  passer  du  gaz  acide  carbo- 
nique dans  de  l'ammoniaque  fluor.  J'obtins  en  effet  des  cristaux  que  je 
pressai  d'abord  entre  du  papier  Joseph,  puis  que  je  séchai  parfaitement  à 
l'air. 

»  2  grammes  de  ce  sel  furent  foulés  dans  un  tube  gradué  de  manière  à 
adhérer  au  verre;  le  tube,  plein  de  mercure,  fut  renversé  dans  une  cuve 
de  ce  métal;  on  introduisit  5  centimètres  cubes  d'eau;  aussitôt,  effer- 
vescence vive,  et,  après  une  heure  et  demie,  20'^'^,  5  s'étaient  dégagés.  Le 
volume  restant  stationnaire  après  plusieurs  heures,  on  introduisit  5  centi- 
mètres cubes  d'eau,  et  aussitôt  l'effervescence  reprit. 

»  Ce  résultat  est  remarquable,  car  il  peut  être  cité  à  l'appui  de  ce  que 
j'ai  dit  il  y  a  longtemps,  que,  dès  qu'un  liquide  renferme  un  corps  en  disso- 
lution, c'est  un  nouveau  dissolvant:  ainsi  l'eau  dégage  du  carbonate  cris- 
tallisé mis  en  expérience  du  gaz  carbonique;  mais,  saturée,  elle  n'a  plus 
d'action. 

»  Après  quarante-huit  heures,  il  restait  du  sel  indissous;  on  ajouta  5  cen- 
timètres cubes  d'eau  et  enfin  2'='=,  5  ;  alors  le  résidu  disparut,  et  toujours 
avec  effervescence. 

»  En  définitive,  les  2  grammes  de  carbonate  d'ammoniaque  dissous  par 
i^*^*^,  5  d'eau  ont  donné  4i  centimètres  cubes  de  gaz,  la  température  étant 
de  23°,  5  et  le  baromètre  à  0'°,  758. 

»  Le  gaz  produit  était  du  gaz  carbonique  pur;  il  fut  absorbé  en  totalité 
par  l'eau  de  baryte,  en  produisant  un  précipité  blanc  de  sous  carbonate. 

»  Le  doute  n'est  donc  plus  permis  :  1°  il  existe  dans  le  guano  im  carbo- 
nate d'ammoniaque  qui  fait  effervescence  avec  l'eau  en  perdant  du  gaz  acide 
carbonique;  2°  le  carbonate  d'ammoniaque  cristallisé,  obtenu  en  saturant 

0.  R.,  1873,  2»  Semescrc.  (T.  LXXVll,  N"  5.)  ^  ' 


(  t58  ) 
de  l'ammoniaque  fluor  par  l'acide  carbonique,  se  comporte  avec  l'eau 
comme  celui  du  guano. 

»  Je  crois  avoir  n'pondn  d'une  manière  précise  à  la  question  que  m'a- 
dressa mon  excellent  ami  M.  Regnault,  après  la  lecture  de  ma  deuxièmeNote. 

»  Tirons  de  mes  expériences  des  conséquences  rigoureuses. 

»  1°  Comme  l'a  dit  Gay-Lussac  en  1808  dans  son  admirable  Mémoire 
Sur  la  combinaison  des  substances  gazeuses  les  unes  avec  les  autres,  1 00  volumes 
de  gaz  acide  carbonique  se  combinent  à  200  volumes  de  gaz  ammoniac 
pour  produire  un  sous-carbonate,  et,  en  calculant  l'analyse  du  sel  obtenu 
par  Berthollet  de  la  saturation  par  le  gaz  acide  carbonique  du  sous-carbo- 
nate d'ammoniaque  dissous  dans  l'eau,  il  conclut  que  ce  sel  est  représenté 
par  100  volumes  de  gaz  acide  carbonique  et  100  volumes  de  gaz  ammo- 
niac ;  c'est  là  le  carbonate  neutre,  le  composé  que  les  chimistes  contem- 
porains appellent  improprement  à  mon  sens  bicarbonate,  par  la  double  rai- 
son que  le  sous-carbonate  est  décidément  alcalin  et  que  le  carbonate  saturé 
d'acide  est  neutre. 

))  2°  La  conclusion  de  Gay-Lussac  relativement  à  la  nécessité  de  la  pré- 
sence de  l'eau  pour  constituer  le  carbonate  neutre  est  justifiée  par  deux 
expériences  que  j'ai  faites. 

»  100  de  gaz  acide  carbonique  mêlés  à  100  de  gaz  ammoniac  ont 
donné  un  sel  sous  forme  de  neige,  représenté  par  5o  de  gaz  acide  et  100 
d'ammoniaque.  10  centimètres  cubes  d'eau  introduits  dans  la  cloche  ont 
déterminé  une  absorption  complète  des  5o  centimètres  cubes  d'acide  restant. 

»  3°  Le  carbonate  d'ammoniaque  sous  forme  opaque  et  friable  prove- 
nant d'un  sel  obtenu  par  sublimation,  conservé  deux  ans  dans  un  bocal 
fermé  avec  du  liège,  a  produit  avec  l'eau  une  vive  effervescence,  comme  les 
cristaux  obtenus  de  l'ammoniaque  fluor  saturée  de  gaz  acide  carbonique, 
ainsi  que  le  prescrit  Regnault. 

»  4°  L^  carbonate  obtenu  par  ce  dernier  procédé  fait  effervescence 
avec  l'eau. 

»  5°  Quatre  échantillons  de  carbonate  d'ammoniaque,  préparés  par  su- 
blimation, achetés  chez  quatre  fabricants  de  produits  chimiques  de  Paris, 
ont  été  dissous  par  l'eau  sans  effervence. 

»  Conséquence.  —  Dans  l'état  actuel  des  choses,  admettant  le  fait  de  l'ef- 
fervescence du  (juano  en  pierre  dans  l'eau,  l'effervescence  du  sel  restant  après 
l'altération  spontanée  du  carbonate  d'ammoniaque  sublimé,  enfin  le  fait  de 
l'effervescence  du  carbonate  obtenu  par  la  saturation  de  l'ammoniaque 


(  i59  ) 
fluor  par  l'acide  carbonique,  on  ne  s'explique  plus  comment  ce  phéno- 
mène a  échappé  aux  chimistes,  comment  ils  ont  parlé  de  la  solution  du 
bicarbonate  d'ammoniaque  dans  l'eau,  et  du  gaz  acide  carbonique  qu'elle 
perd  quand  on  la  chauffe  à  l'instar  du  carbonate  de  potasse  neutre  (bicar- 
bonate). 

»  Evidemment  des  expériences  nouvelles  sont  nécessaires  pour  savoir 
si  le  carbonate  d'ammoniaque  effervescent  avec  l'eau  ne  contient  pas  plus 
d'acide  carbonique  que  le  sel  représenté  par  des  volumes  égaux  de  ses 
deux  gaz  constituants;  s'il  n'en  était  pas  ainsi,  il  faudrait  rechercher  l'expli- 
cation de  la  décomposition  par  l'eau  à  froid  des  trois  carbonates  dont  j'ai 
parlé.  Ces  recherches  sont  assez  importantes  pour  que  j'aie  cru  devoir  m'y 
livrer,  malgré  mes  travaux  sur  le  suint  et  sur  les  acides  provenant  de 
la  fermentation  des  tissus  azotés  d'origine  animale,  abandonnés  à  eux- 
mêmes  dans  l'eau  exposée  au  contact  de  l'air.  » 

PFIYSIOLOGIE.  —  Recherches  et  considérations  nouvelles,  propres  à  confirmer 
la  localisation,  dans  le  cervelet,  du  pouvoir  coordinateur  des  mowemenls 
nécessaires  à  la  marche,  à  la  station  et  à  l'équilibration;  par  ]M.  Bouillaud. 

«  I.  A  l'occasion  de  ma  précédente  Communication  à  l'Académie  (séance 
du  7  juillet),  notre  illustre  confrère,  M.  Chevreul,  a  présenté  deux  rc- 
marques,  dont  l'une  porte  sur  la  doctrine  de  M.  Flourens  concernant  les 
fonctions  du  cervelet.  C'est  cette  dernière,  seule,  qui  sera  l'objet  de  ma 
nouvelle  Communication,  et  cette  Communication  sera  très-courte. 

1)  M.  Chevreul  commence  par  rappeler  la  critique  à  laquelle  il  soumit, 
«  il  y  a  aujoiu'd'hui  quarante-deux  ans  et  cinq  mois  »,  les  deux  Mémoires 
de  M.  Flourens,  intitulés  :  Expériences  sur  les  canaux  semi-circulaires  de 
l'oreille  dans  les  oiseaux  et  les  mammifères.  Si,  dit-il,  c'est  l'aA^e/Jce  et  non  la 
présence  de  ces  canaux  qui  est  la  cause  des  phénomènes  si  singuliers,  décrits 
par  M.  Flourens,  c'est  hors  d'eux  qu'il  faut  chercher»^ cette  cause,  et  dès 
lors  il  faut  les  considérer,  non  plus  comme  les  organes  qui  produisent  les 
phénomènes  en  question,  mais  comme  des  organes  qui  les  empêchent  au 
contraire  de  se  manifester.  De  là  M.  Chevreul  conclut  que  M.  Flourens 
doit  revenir  sur  sa  méthode  :  celle  de  conclure  le  siège  d'une  faculté  dans 
une  partie  déterminée  du  corps,  parce  que  l'ablation  de  cette  parlie  lait 
disparaître  un  ensemble  de  phénomènes  également  déterminés.  Cette  mé- 
thode, dit  excellemment  M.  Chevreul,  n'est  satisfaisante  qu'autant  qu'il  est 

Il .. 


(  i6o  ) 
démontré  que  l'ablation  de  toute  autre  partie  n'entraîne  pas  la  destruction 
de  cette  même  faculté  (i). 

»  Si  nous  appliquons,  poursuit  M.  Chevreul,  ce  contrôle  à  la  conclusion 
de  M.  Flourens,  au  sujet  du  rôle  qu'il  assigne  an  ceivelet  d'être  le  siécje  de  la 
facuhé  de  coordonner  les  mouvements  de  locomotion,  nous  verrons  que  la 
contre- épreuve  de  cette  conclusion  n'a  point  été  faite,  et  ce  qui  en  prouve  la 
nécessité,  ce  sont  les  phénomènes  amenés  par  l'ablation  des  canaux  se- 
niicirculaires,  phénomènes  qui  ont  tant  de  ressemblance  avec  ceux  qui 
résultent  de  l'enlèvement  du  cervelet  que,  si  Vanteur  eût  commencé  ses 
expériences  parfaire  l'ablation  des  canaux,  il  auiail  eu  autant  de  raisons  de 
placer  dans  ces  organes  le  siège  de  la  faculté  de  coordonner  les  mouvements  de 
locomotion,  qu'il  en  a  eu  de  les  placer  dans  le  cervelet. 

»  M.  Chevreul  conclut  en  disant  :  «  qu'il  pense  avoir  montré,  dès  i83i, 
»  l'impossibilité  d'admettre  l'opinion  de  Flourens  relative  au  cervelet  ». 

M  II.  En  présence  d'une  conclusion  si  grave,  de  la  part  de  l'un  des  mem- 
bres les  plus  éminenls  de  cette  Académie,  vous  penserez  qu'il  importe 
d'examiner  à  fondes  qu'il  y  a  de  vrai  dans  les  expériences  de  M.  Flourens 
sur  les  fonctions  du  cervelet. 

»  Cuvier,  comme  nous  l'avons  rappelé  précédemment,  avait  été  vivement 
l'rappé  des  phénomènes  produits  par  les  expériences  de  M.  Flourens  sur 
\c  cervelet,  et  il  n'hésita  point  à  considérer  ces  phénomènes  comme  la 
partie  la  plus  neuve  et  la  plus  curieuse  des  recherches  de  cet  expérimenta- 
teur. Le  jugement  de  Cuvier  fut  aussi  celui  de  tous  les  hommes  vraiment 
compétents.  Mais,  avant  d'adopter  la  doctrine  de  M.  Flourens,  Cuvier  avait 
cru  qu'd  était  sage  d'en  appeler  à  de  nouvelles  expériences,  pratiquées  avec 
une  exactitude  irréprochable.  L'appel  de  ce  grand  naturaliste  ne  pouvait 
ne  j)as  être  entendu. 

»  Pour  notre  part,  nous  avons  répété,  en  1829  d'abord  et  plusieurs  fois 
encore  à  des  époques  postérieures,  les  expériences  de  M.  Flourens,  et  nous 
avons  de  y)lus  recueilli  un  grand  nombre  d'observations  de  maladies  du 
cervelet,  qui  ne  sont,  en  réalité,  que  des  expériences  d'une  autre  forme 
et  d'un  autre  nom.  i)r,  ces  deux  esj)èces  d'expériences  ont  fourni  des  ré- 


(i)  Nous  sommes  heureux  d'avoir  précisément  suivi  la  méthode  préconisée  par  Jl.  Che- 
vicul  dans  nos  recherches  sur  la  localisation  du  pouvoir  coordinateur  des  mouvements  né- 
cessaires a  la  parole. 


(  i6,  ) 
siiltats  parfaitement  semblables,  en  démontrant  que  le  cervelet  coordnnue, 
en  effet,  non  pas,  sans  doute,  comme  l'avait  enseigné  M.   Flourens,  tous 
les  mouvements  dits  volontaires  de  translation  et  de  préhension,  mais  bien 
ceux  des  divers  modes  de  la  marche,  de  la  station  et  de  l'équilibration. 

»  III.  Voici,  en  résumé,  les  phénomènes  que  nous  avons  constatés 
chez  une  trentaine  d'animaux  d'espèce  différente,  soumis  à  nos  expé- 
riences. 

»  Lorsque  le  cervelet  est  simplement  excité,  irrité,  on  ne  détruit  pas  les 
actes  de  la  marche,  de  la  station,  de  l'équilibration  du  corps,  mais  on  les 
bouleverse,  on  les  désordonné  pour  ainsi  dire;  alors  on  observe  des  sauts, 
des  bonds,  des  culbutes,  des  pirouettes  et  autres  mouvements  bizarres, 
d'une  telle  impétuosité,  que  l'œil  ne  peut  les  suivre  qu'imparfaitement.  .\u 
milieu  de  ce  désordre  irrésistible  des  mouvements  de  l'espèce  dont  il  s'agit, 
l'animal  chancelle,  titube  comme  dans  l'ivresse,  tend  à  tomber  dans  tous 
les  sens,  comme  un  vaisseau  battu  de  tous  côtés  par  la  tempête.  Cette  sorte 
d'ataxie,  de  délire,  de  Jolie  de  la  marche,  considérée  dans  ses  divers  mouve- 
ments, ne  tarde  pas  à  se  dissiper  quand  la  lésion  du  cervelet  est  très-super- 
ficielle et  légère;  mais  quand  le  cervelet  est  profondément  altéré,  désorga- 
nisé, l'animal  est  privé  sans  retour  de  la  faculté  de  s'équilibrer,  de  retrouver 
son  centre  de  gravité  et  de  marcher;  il  se  perd  par  conséquent  en  vains 
efforts  musculaires  pour  y  parvenir,  efforts  qui  servent  à  démontrer  que, 
pour  être  devenu  inhabile  à  coordonner  les  mouvements  en  niarclie  ou  à 
se  maintenir  dans  un  état  de  station,  il  n'en  conserve  pas  moins  la  faculté 
d'exécuter  des  mouvements  partiels,  isolés,  et  de  remuer  ses  membres  dans 
tous  les  sens. 

»  Je  terminerai  ce  qui  concerne  les  expériences  sur  les  animaux  par  le 
fait  suivant,  relatif  à  une  maladie  du  cervelet,  observée  cliez  un  petit  oison. 
Dans  la  basse-cour  de  notre  habitation  de  campagne,  j'avais  été  frappé  de 
la  singulière  démarche  de  cet  animal;  il  ne  pouvait  suivre  que  de  loin  la 
compagnie  d'oisons  dont  il  faisait  partie  :  tantôt  il  reculait,  tantôt  il  avan- 
çait ;  tantôt  il  penchait  à  droite,  tantôt  il  penchait  à  gauche,  tantôt  en  avant, 
tantôt  en  arrière;  il  lui  arrivait  souvent  de  tomber  et  il  ne  pouvait  alors  se 
relever  que  Irès-dilficilement.  Une  fois  relevé,  il  chancelait,  titubait,  comme 
s'il  eût  été  ivre,  et  semblait  le  jouet  d'une  force  irrésistible,  qui  ne  lui  per- 
mettait pas  de  marcher  dans  le  sens  où  il  voulait,  ni  de  garder  son  équilibre, 
et  qui  le  condamnait  à  ces  chutes  fréquentes  dont  nous  avons  parlé....  Il 
mourut  au  bout  de  quelques  jours. 


(  '62  ) 
>»  J'ouvris  sa  tête,  et  j'aurais  été  bien  surpris,  je  l'avoue,  si  je  n'avais  pas 
rencontré  une  grave  lésion  du  cervelet;  mais  cette  surprise  ne  m'était  pas 
heureusement  réservée  :  en  effet,  je  trouvai  le  cervelet  de  ce  jeiuie  oison 
presque  totalement  détruit  par  un  ramollissement  suppuré.  Le  cerveau  lui- 
même  et  la  partie  supérieure  de  la  moelle  spinale  n'étaient  pas  notablement 
altérés. 

»  IV.  Les  observations  cliniques  dans  lesquelles,  depuis  une  quarantaine 
d'années,  un  grand  nombre  de  médecins  ont,  ainsi  que  moi,  constaté  par 
l'autopsie  cadavérique,  le  rapport  des  lésions  de  la  marc/ie,  delà  station,  de 
l'équilibration  du  corps  avec  les  lésions  du  cervelet,  s'élèvent  à  un  chiffre 
considérable. 

»  Quelles  que  soient  les  lésions  du  cervelet,  soit  d'origine  naturelle,  soit 
d'origine  artificielle  ou  expérimentale,  elles  déterminent  constamment  des 
lésions  de  la  marche,  de  la  station  et  de  l'équilibration  du  corps,  en 
laissant  intactes  les  autres  fonctions  spéciales  de  la  vie  dite  animale,  tandis 
que,  d'autre  part,  quelles  que  soient  les  lésions  des  diverses  parties  des 
hémisphères  cérébraux,  le  cervelet  étant  sain,  elles  ne  déterminent  jamais 
ces  lésions  de  la  marche,  de  la  station,  etc.,  mais  en  produisent  d'autres 
qui  leur  sont  propres,  notamment  celles  de  la  parole,  de  l'écriture,  etc., 
dont  il  a  été  question  dans  notre  première  Communication. 

»  Cela  bien  établi,  reconnaissons,  conformément  aux  résultats  de  l'ex- 
périmentation et  de  l'observation  clinique  : 

»  1°  Qu'à  la  doctrine,  d'après  laquelle  il  n'appartenait  qu'au  cervelet 
de  coordonner  tous  les  mouvements  dits  volontaires  de  translation  et  de 
préhension,  il  faut  substituer  celle  d'après  laquelle  ce  centre  nerveux 
coordonne  spécialement  ceux  nécessaires  à  la  marche,  à  la  station,  à  l'équi- 
libration du  corps; 

»  2°  Qu'à  la  doctrine,  selon  laquelle  le  cerveau  ne  coordonne  aucun  des 
mouvements  dits  volontaires  de  translation  et  de  préhension,  il  faut  sub- 
stituer celle  selon  laquelle  il  coordonne  un  très-grand  nombre  de  ces  mou- 
vements, mais  non  compris  ceux  de  la  marche  et  de  la  station. 

»  Je  conclus  en  ces  termes  : 

n  II  est  démontré,  par  les  observations  cliniques  et  par  les  expériences 
sur  des  animaux,  que,  sans  préjudice  des  autres  offices  qu'ils  peuvent  rem- 
plir, le  cerveau  et  le  cervelet  sont  les  organes  coordinateurs  de  loules  les 
espèces  de  mouvements  volontaires  tie  la  vie  animale. 


(  i63  ) 
»   Il  reste  à  rechercher  la  nature  et  le  mécanisme  de  ces /brces  motrices, 
dont  l'existence  vient  d'être  montrée,  et  certes  ce  n'est  pas  là  un  prol)lème 
de  médiocre  importance.  » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Démonstration  directe  des  principes  fondamentaux  de 
la  Thermodynamique.  Lois  du  Jrollcmenl  et  du  choc  d'après  cette  science 
[suite  (*)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

(c  Partant  des  considérations  énoncées  dans  notre  Note  précédente,  nous 
nous  sommes  proposé  :  i"  d'obtenir  une  relation  entre  les  travaux  des  trois 
espèces  de  forces  que  nous  avons  définies  et  les  forces  vives  correspondant 
aux  mouvements  d'ensemble  et  aux  mouvements  propres; 

n  2°  D'interpréter  cette  relation  au  point  de  vue  de  la  Thermodynamique. 

»  En  poussant  plus  loin  nos  investigations  dans  cette  voie,  nous  n'avons 
introduit  les  considérations  dont  il  s'agit  qu'au  fur  et  à  mesure  qu'elles 
devenaient  indispensables.  C'est  ainsi  que  nous  sommes  arrivé  à  exprimer 
dans  ladite  relation  les  travaux  des  forces  extérieures,  mesurables  physi- 
quement, et  des  forces  intérieures,  en  fonction,  tant  de  la  variation  des  forces 
vives  propres,  et  par  suite  de  la  variation  de  la  température,  que  des  travaux 
calorifiques  correspondant  à  cette  même  variation,  et  du  changement  de 
durée  des  vibrations. 

»  Toutefois,  eu  égard  à  l'état  actuel  des  connaissances  sur  les  forces 
intérieures,  nous  n'avons  pu  obtenir  cette  transformation  que  dans  l'hypo- 
thèse où  l'équilibre  de  température  s'établit  à  chaque  instant  dans  toute  la 
masse  des  corps  considérés,  el  où  les  vitesses  de  changement  de  volume  sont 
négligeables  par  rapport  aux  vitesses  vibratoires.  Mais,  comme  nous  n'avons 
été  conduit  à  ladite  transformation  que  pour  arriver  à  une  démonstration 
directe  du  principe  amplifié  de  Carnot,  et  que  ce  principe  renferme  préci- 
sément l'hypothèse  dont  il  s'agit,  la  formule  à  laquelle  nous  sommes  par- 
venu nous  a  permis  d'atteindre  notre  but. 

))  Enfin,  pour  établir  une  théorie  du  frottement  et  du  choc  en  harmonie 
avec  les  lois  de  la  Thermodynamique,  nous  sommes  revenu  à  la  première 
expression  de  notre  relation,  en  la  transformant  encore,  mais  cette  fois  à 
l'aide  de  la  décomposition  du  travail  des  forces  extérieures  en  deux  autres, 
correspondant,  l'un  au  mouvement  d'ensemble,  et  l'autre  au  mouvement 
vibratoire. 


(*)  Voir  les  Comptes  rendus  ilii  i4  juillet  1873. 


(  i64  ) 

M  Etablissement  de  diverses  Jormules  principales.  —  I.e  premier  point  de 
tlit'oiie  que  nous  abonlons  dans  notre  Mémoire  est  celui  de  l'équilibre  de 
tout  système  de  points  matériels  soumis  à  des  forces  ayant  un  potentiel. 

»  D'après  le  théorème  des  forces  vives,  si  l'on  appelle  v,  v',...  les  vitesses 
des  points  de  masse  hz,  m',...,  on  a  évidemment 

(I)  lmm'(^[p) -h  const.  = 


Si  le  système  est  en  équilibre  ordinaire,  toutes  les  vitesses  étant  nulles  à  un 
instant  quelconque,  il  vient 

2mm' ^{p)  ■+-  const.  ==  o, 
soit 

(II)  lmm'<Jj/{p)clp  =  o, 

équatiou  qui,  du  reste,  se  déduit  directement  du  principe  des  mouvements 
virtuels. 

»  Si,  au  lieu  de  supposer  toutes  les  vitesses  nulles,  on  considère  le  cas 
où  le  mouvement  du  système  serait  tel,  qu'à  chaque  instant  la  somme 
lmi>'-  demeure  constante,  chaque  point  possédant  d'ailleurs  une  vitesse 
spéciale,  on  pourra  dire  que  le  système  est  en  équilibre  vibratoire. 

»  La  relation  (I)  différentiée  donne  encore  darts  ce  cas  l'équation  (II). 
Dès  lors  cette  équation,  qui  caractérise  l'équilibre  ordinaire  pour  un 
système  de  points  matériels  soumis  à  des  forces  ayant  un  potentiel,  carac- 
térise pareillement  l'équilibre  vibratoire  du  système  ;  et  même,  en  se  plaçant 
au  point  de  vue  général,  on  devra  regarder  l'équilibre  ordinaire  comme  un 
cas  particulier  de  l'équilibre  vibratoire,  où  les  vitesses  spéciales  de  tous  les 
points  du  système  se  trouvent  nulles  à  la  fois.  Notons  que  ladite  rela- 
tion (II)  constitue  une  condition  nécessaire.,  mais  non  suffisante,  de  l'équi- 
libre ordinaire,  tandis  qu'elle  est  à  la  fois  condition  nécessaire  et  suffisante 
pour  l'équilibre  vibratoire. 

»  L'équilibre  vibratoire,  que  nous  ne  trouvons  signalé  dans  aucun 
ouvrage,  est  très-utile  à  spécifier;  car  nous  aurons  besoin  de  l'invoquer  pour 
défiiùr  tnécanitjuement  la  température  d'un  corps. 

»  La  question  la  plus  importante  à  étudier,  sur  l'équilibre  ordinaire  ou 
vibratoire  d'un  système  de  points  matériels  soumis  à  des  forces  ayant  un 
potentiel,  est  \a.  stabilité  de  cet  équilibre. 

»  Il  y  a  stabilité  quand,  en  déplaçant  extrêmement  peu  les  points  du  sys- 
tème des  positions  pour  lesquelles  ils  sont  en  équilibre  ordinaire  ou  vibra- 


(   ^C^5  ) 
toire,  et  modifiant  la  vitesse  de  chacun  d'eux,  leurs  déplacements  par  rapport 
auxdites  positions  restent  toujours  compris    entre  certaines  limites  déter- 
minées et  très-petites. 

»  De  la  relation  (II),  il  résulte  que,  pour  tout  système  en  équilibre 
stable  ordinaire  ou  vibratoire,  le  potentiel  est  maximum  ou  minimum, 
puisque  sa  différentielle  totale  est  nulle. 

»  L'équilibre  est  stable  dans  le  cas  du  maximum,  et  instable  dans  la  sup- 
position du  minimum.  On  peut  établir  cette  démonstration  indépendam- 
ment des  formules  données  à  cet  effet  parLagrange  et  Poisson,  et  qui  mè- 
nent à  des  conclusions  dont  la  généralité  laisse  à  désirer.  La  méthode  dont 
il  s'agit  repose  sur  une  considération  très-simple,  qui  se  rattache  d'une 
manière  immédiate  à  l'idée  du  maximum.  Elle  a  été  exposée  pour  la  pre- 
mière fois  par  Lejeune-Dirichlet,  et  se  trouve  dans  la  troisième  édition  de  la 
Mécankiiie  analytique  de  Lagrange,  annotée  par  M.  Bertrand.  Nous  la  repro- 
duisons dans  notre  Mémoire  en  la  modifiant  légèrement,  de  façon  à  la 
rendre  plus  explicite,  et  à  l'approprier  d'ailleurs  à  l'hypothèse  de  l'équi- 
libre vibratoire  aussi  bien  que  de  l'équilibre  ordinaire. 

»  Rappelons  actuellement  qu'on  nomme  énergie  potentielle  le  potentiel 
changé  de  signe  et  ayant  sa  constante  déterminée  de  manière  qu'il  soit  nul 
pour  l'état  d'équilibre  stable  correspondant  à  son  maximiin^  maximornm, 
c'est-à-dire  que  cette  constante  =  Z/nm' (|9,),(5,  indiquant  la  distance  de 
deux  points  pour  ledit  état  d'équilibre. 

M  Ainsi  définie,  l'énergie  potentielle  est^égale  à  — lmm'(p  (p)  -hlinm'cp  {p,) 
et  se  trouve  toujours  être  une  quantité  positive  dont  la  valeur  relative  à  l'état 
en  question  est  un  minimum  minimorum.  Elle  représente  d'ailleurs  le  maxi- 
mum du  travail  que  les  forces  intérieures  sont  aptes  à  produire  par  suite 
d'un  changement  quelconque  du  système,  maxinntnic[\n  est  obtenu  lorsque 
le  système  passe  de  l'état  actuel  à  l'état  d'équilibre  stable  susmentionné. 

»  La  définition  précédente  ayant  été  rappelée,  désignons  par  i>,  v,  les 
vitesses  totales  du  point  de  masse  ni  à  deux  instants  considérés  ; 

))  P  l'expression  générale  de  chacune  des  formes  extérieures  ou  mieux 
étrangères,  tant  mouvantes  que  résistantes,  appliquées  à  certains  points  ma- 
tériels du  système  ou  à  tous  ; 

»  p  l'arc  de  la  trajectoire  parcouru,  dans  son  mouvement  total,  par  le 
point  matériel  où  est  appliquée  la  force  P  ; 

»  <P^  <^f,\e&\3i\euvs  de  l  énergie  potentielle  du  sysième  aux  deux  instants 
considérés. 

C.  R.,  1Ê73, 1^  demeure.  (T.  LXXVU,  N»  5.)  ^"^ 


(   'G6  ) 
»  Le  théorème  général  des  forces  vives,  appliqué  à  un  système  de  points 
matériels  soumis  tant  à  des  forces  extérieures  qu'à  leurs  actions  mutuelles, 
donne  la  relation  suivante  : 

IfPdp  cos  {p,V)  +  $  -  <I>,  =  Im  "Jial^j^. 

»   Cette  expression  peut  s'écrire 

(0  2/P^/,cos(;,,P)=($,4-^)-(0  +  ^). 

»  Appelons  maintenant  V,V,  les  vitesses  du  centre  de  gravité  du 
système  aux  deux  instants  considérés  ; 

»  U|,  U  les  vitesses,  aux  deux  mêmes  instants,  d'un  point /ra  du  système, 
dans  son  mouvement  relatif  an  centre  de  gravité. 

»   On  a,  en  vertu  d'un  théorème  connu, 

,   ,  _  /«('-         Vlr»  ZmXJ' 

(2)  1 = 1 

222 

»  La  relation  (2)  permet  de  donner  à  la  relation  (i)  la  forme  que  voici  : 

(3)  lfP,pcosip,l>)  =  E==i^'  +  (*,  +  i^)  -  (*  +  î^). 

))  Il  faut  transformer  l'équation  (3)  à  son  tour  en  une  autre  renfermant 
les  vitesses  du  mouvement  d'ensemble  du  système  donné  et  les  vitesses 
propres  de  ses  points  matériels. 

»  Explications  relatives  aux  mouvements  et  aux  vitesses,  tant  cV ensemble  que 
propices,  dans  un  système  de  points  matériels.  —  Avant  d'entreprendre  cette 
transformation,  il  importe  de  préciser  mathématiquement  les  mots  mouve- 
vements  et  vitesses  d'ensemble  ou  propres. 

»  A  cet  effet,  considérons  le  système  à  un  moment  quelconque.  On 
pourra  toujours  supposer  qu'à  ce  moment  il  devienne  un  solide  rigide, 
c'est-à-dire  tel,  que  ses  divers  points  ne  puissent,  en  aucune  manière,  se 
rapprocher  ou  s'éloigner  les  vins  des  autres.  Ce  solide  devra  être  regardé 
comme  partant  du  repos  et  soumis  à  toute  une  série  de  percussions  instan- 
tanées, représentées  chacune  en  grandeur  et  en  direction  par  la  quantité 
de  mouvement  qui  appartient  à  chaque  point  du  système  donné;  enfin 
nous  supposerons  apjjliquées  au  solide  fictif,  et  aux  mêmes  points  que  dans 
le  système,  des  forces  égales  aux  forces  extérieures  qui  actionnent  ce  sys- 
tème. Notre  solide  fictif  s'iw'iera.  constamment  de  constitution  intérieure  et 
de  dimensions.  Ce  sera,  en  quelque  sorte,  un  solide  instantané. 


(   '^7  ) 

»  Les  conventions  parfaitement  licites  qne  nous  venons  de  faire  nous 
conduiront  à  des  résultats  importants;  d'ailleurs,  nous  verrons  plus  tard 
que,  dans  le  cas  de  vibrations  d'étendue  inappréciable  à  la  vue,  notre  so- 
lide fictif  n'est  autre  que  le  solide  apparent  sur  lequel  on  relève,  en  pra- 
tique, les  éléments  du  mouvement. 

»  Nous  appellerons  mouvement  d'ensemble  du  système  donné  la  suite  des 
mouvements  élémentaires  du  solide  fictif;  et  chemins  et  vitesses  d'ensemble 
des  points  matériels,  leurs  chemins  et  vitesses  quand  on  les  considère 
comme  faisant  partie  dudit  solide.  Les  vitesses  propres  seront  alors  les  vi- 
tesses qui,  composées  avec  les  vitesses  d'ensemble,  redonneraient  les  vitesses 
réelles. 

»  En  principe,  la  position  et  le  mouvement  de  noire  solide  se  trouveront 
déterminés  successivement  par  la  connaissance  des  percussions  instantanées 
et  des  forces  extérieures  qui  actionnent  à  chaque  instant  les  solides.  Il  est 
manifeste  que  le  centre  de  gravité  du  solide  coïncide  sans  cesse  avec  le 
centre  de  gravité  du  système.  Dès  lors,  on  pourra  toujours  regarder  chaque 
mouvement  élémentaire  du  solide  fictif  comme  composé  d'une  translation 
égale  à  celle  du  centre  de  gravité  du  système,  et  d'une  rotation  se  produi- 
sant autour  d'un  axe  instantané  passant  par  ledit  centre  considéré  comme 
fixe.    » 

MÉCANIQUE.   —  Mouvement  d'un  segment  sphérique  sur  un  plan   incliné. 
Mémoire  de  M.  le  général  Didion.  (Extrait  par  l'Auteur.) 

«  Problème.  —  Sur  un  plan  horizontal  on  place  un  segment  sphérique  et 
l'on  incline  le  plan  peu  à  peu;  on  demande,  en  tenant  compte  du  frottement, 
quel  mouvement  prendra  le  corps. 

»  On  peut  facilement  faire  l'expérience  en  opérant  avec  une  glace  bien 
polie  pour  plan  incliné,  et  avec  lUi  verre  de  montre  suffisamment  bombé, 
pour  segment  sphérique,  en  déposant  à  l'avance  une  goutte  d'eau  sur  la 
glace,  au  point  où  l'on  placera  ensuite  le  segment,  et  on  incline  la  glace 
peu  à  peu.  On  voit  bientôt  le  verre  de  uîontre  prendre  un  mouvement  de 
rotation  sur  lui-même  et  s'échapper  suivant  une  ligne  qui  s'écarte  de  l'ho- 
rizontale (*). 


{*)  M.  de  Salis,  ancien  capitaine  d'artillerie,  ni'.iyant  indiqué  ce  phénomène,  je  l'en- 
gageai à  en  rechercher  la  solution.  J'insistai  en  vain  ;  mais,  trouvant  le  problème  intéressant, 
je  m'en  occupai  moi-même  et  j'en  donne  ici  la  solution. 

22.. 


(  i68) 
»  Lorsqu'un  segment  spliérique  est  placé  sur  un  plan  horizontal  en  T 
(pour  un  moment  nous  supposons   que  TA,  sur  la  figure,  est  horizontale), 
le  centre  S  de  la  sphère,  le  centre  de  gravité  G  et  le  point  de  contact  T  sont 
siu'  la  même  verticale. 


»  Si  l'on  fait  rouler  le  segment  sur  le  plan,  le  centre  de  la  sphère  sui- 
vra une  ligne  SO  parallèle  au  plan,  et  le  point  de  contact  T  du  segment 
décrira  une  cycloïde  dont  la  tangente  à  l'origine  est  verticale;  le  rayon 
primitif  ST  s'inclinera  de  plus  en  plus.  Quant  au  centre  de  gravité,  d'ahord 
en  G,  il  se  trouvera  toujours  sur  le  rayon  primitif  à  une  même  distance  du 
centre  S  de  la  sphère;  il  décrira  aussi  une  cycloïde,  mais  une  cycloide 
allongée  Gc7i  et  différente  de  la  première,  particulièrement  en  ce  que  la 
tangente  à  l'origine  est  parallèle  à  la  ligne  TA  et  par  conséquent  hori- 
zontale :  c'est  là  un  point  essentiel.  Le  centre  de  gravité  va  donc  en  s'éle- 
vant,  et,  si  l'on  ahandonne  le  corps  à  lui-même,  il  reviendra  sur  le  chemin 
qu'il  a  parcouru  et  oscillera  jusqu'à  ce  qu'il  ait  repris  sa  position  première; 
il  est  en  équilihre  stable. 

»  Si  maintenant  on  incline  le  plan  peu  à  peu,  l'équilibre  est  troublé,  la 
verticale  du  centre  de  gravité  tombe  en  dehors  du  point  T,  le  segment 
spliérique  roule  suivant  la  ligne  de  plus  grande  pente,  que  nous  supposons 
être  TA.  Le  centre  de  gravité  descendra  suivant  la  courbe  G  en  que  nous 
avons  indiquée  et  dont  la  première  partie  est  au-dessous  de  l'horizon  taie  GH 
menée  par  la  position  première  G.  Il  oscillera  et  s'arrêtera  au  point  le  plus 
bas,  celui  où  la  tangente  est  horizontale,  et  y  restera  en  équilihre  stable, 
si  toutefois  l'inclinaison  du  plan  est  inférieure  à  celle  sous  laquelle  le  corps 
glisserait,  c'est-à-dire  à  l'angle  du  frottement  de  glissement. 

»  Soit,  pour  une  position  quelconque  O  du  centre  de  la  sphère,  Ot  per- 


{  '69  ) 
pendiculaire  à  TA;  t  sera  le  nouveati  point  de  contact,  tmu  l'arc  du  seg- 
ment, Om  la  nouvelle  position  du  rayon  primitif  et  a  l'angle  de  déplace- 
ment mOt.  Nommant  R  le  rayon  ST  de  la  sphère,  h  l'élévation  GT  du 
centre  de  gravité,  ;■  la  distance  SG  des  deux  centres,  égale  à  R—  h,  el  a 
le  développement  de  l'arc  tin,  lequel  est  R«  ou  (r  +  h)ci.  En  prenant  TA 
pour  ligne  des  abscisses  et  TB  pour  ligne  des  ordonnées,  en  nommant  .r 
et  j-  ces  coordonnées  et  prenant  a  pour  variable,  on  obtient 

(i)  jc  =  a  —  r&\na  =  ^  +  r(a  —  sina); 

(2)  j- =:z  r[i — cosix)  =  nrsin- -■> 

et,  par  la  diflérentialion, 

,„.  cif  /sina  /'sina 


dx         /i -h  r(l  —  cosa)  ,  .       a 

^  h  -h  arsin^- 

c'est  la  tangente  trigonoméirique  de  l'angle  que  fait  avec  la  ligne  de  plus 
grande  pente  la  tangente  à  la  cycloïde  allongée. 

»  L'équation  (3)  montre  bien  qu'à  l'origine,  pour  «  =  o,  y-  r=  o  et  que 
la  courbe  est  tangente  à  TA. 

»  Au  point  le  plus  bas,  la  tangente  est  horizontale  et  elle  fait  avec  TA 
un  angle  égal  à  l'inclinaison  o  du  plan;  on  devra  donc  avoir,  pour  déter- 
miner ce  point, 

(4)  tango  =  ^ 


•■(l  —  cosa)  « 

2 


»  Si  l'on  joint  le  point  c  de  la  courbe  correspondant  à  l'angle  «  et  le 
pied  t  de  la  perpendiculaire  an  plan,  ou  le  point  de  contact  actuel,  et  que 
de  ce  point  c  on  abaisse  une  perpendiculaire  ce/  sur  O^,  l'inclinaison  de 
cette  ligne  avec  le  rayon  Ot  sera 


tangctq  ~ 


l</  r  -\-  h  —  /•  cosa         /;  -\-  r{  l  —  cosa) 

»  Celte  quantité  étant  égale  à  l'inclinaison  de  la  tangente  (4)  avec  GD, 
on  en  conclut  que  la  ligne  G  est  normale  à  la  courbe,  et  par  conséquent 
verticale  si  c  est  le  point  le  plus  bas,  et  le  centre  de  gravité  se  trouvera  ainsi 
sur  la  verticale  qui  passe  par  le  point  de  contact  t;  condition  d'équilibre. 

»  L'équation  (4)  donne  la  valeur  de  a  qui  satisfait  à  la  condition  d'équi- 
libre. En  considérant  que,  dans  ces  applications,  l'angle  «  sera  toujours 


assez  petit,  on   pourra,  sans  erreur  sensible,   remplacer,  clans  les  équa- 
tions (i),  (2),  (3)  et  (4),  a  —  sin«  par  tt-  et  sitr  -  par  (- j  ;  alors  ces  équa- 


2    '  \2_ 

tious  deviennent 

(5)  x=  //a  -h  r-r,     y  — ira-     el     —  =  ---- — :■, 

^     '  b        -^  -  (l.v  h  -t-  \  r-j.- 

et  la  valeur  de  c/.^  |)our  la  position  d'équilibre, 


(6)  taniT'i  =  -; -^ — ;i     doii      a  =: ±  \/ ■ 

^    '  ^'  /i-h-^ra.-  tangç  \    tang-y 


2  A 
r 


»  Le  segment  sphérique  étant  en  équilibre  sur  le  plan  incliné,  si  on  le 
fait  rouler  dans  une  direction  quelconque,  d'une  très-petite  quantité,  il 
reviendra  dans  sa  position  dès  qu'on  l'abandonnera  à  lui-même,  pourvu 
qu'on  ne  lui  imprime  pas  en  même  temps  un  mouvement  de  rotation  sur 
lui-même.  Il  peut  être  considéré  comme  en  équilibre  stable.  Il  en  sera 
autrement  s'il  peut  prendre  un  mouvement  de  rotation. 

»  Imaginons'uue  petite  sphère  dont  c  soit  le  centre  et  et  le  rayon  ;  elle 
coupera  la  sphère  réelle  suivant  une  petite  section  circidaire  tu,  perpendi- 
culaire à  la  ligne  Oc,  et  dont  le  centre  sera  /;  imaginons  aussi  qu'elle  sert 
de  base  à  un  cône  dont  le  sommet  serait  en  c  et  dont  les  génératrices 
extrêmes  sont  et  et  eu,  la  première  étant  verticale.  Le  plan  de  cette  petite 
section  passe  par  l'horizontale  tU  du  plan  au  point  t  (cette  ligne  dans 
l'espace  n'est  pas  indiquée  sur  la  figure). 

»  Si  l'on  faisait  tourner  le  cône  autour  de  cl,  les  diverses  génératrices 
viendraient  successivement  prendre  en  et  une  position  verticale,  le  point  c 
restant  fixe.  On  aurait  à  vaincre  le  frottement  de  glissement  en  t.  Si,  pour 
éviter  ce  frottement,  on  fait  rouler  le  petit  cercle  sur  l'horizontale  tW,  en 
le  laissant  dans  sou  plan,  le  point  de  contact  s'avancera  sur  cette  ligne  iH' 
les  génératrices  du  cône  viendront  successivement  au  point  de  contact  va- 
riable et  y  prendront  une  direction  verticale;  le  centre  c  parcourra  une 
ligne  horizontale  parallèle  à  tW,  et  la  pesanteur  n'aura  aucune  action  :  il 
restera  à  vaincre  le  frottement  de  roulement. 

»  Celui-ci  n'est  pas  uniquement  comme  celui  d'une  surface  de  révolu- 
tion qui  roulerait  sur  un  plan  horizontal  ;  il  y  a  encore  un  frottement 
accessoire  de  pivotement,  et  qui  provient  de  ce  que  le  petit  cercle  de 
rayon  tl  se  développant  sur  l'horizontale  tH',  il  faut  que  les  arcs  tels 
que  tin  se  déplacent  en  tournant  sur  eux-mêmes,  de  façon  qu'ils  aient  fait 
lui  tour  entier  lorsque  la  circonférence  du  petit  cercle  se  sera  développée 


(  '7'  ) 
tout  enlière.  Ce  mouvement  de  pivotement  sera  proportionnellement  d'au- 
tant plus  considérable  que  le  rayon  du  cercle  sera  plus  petit.  I.a  grandeur 
du  rayon  diminuera  aussi  le  frottement  de  roulement,  comme  cela  a  lieu 
pour  les  corps  cylindriques.  Il  est  facile  de  voir,  sur  la  figure,  que  le  rayon  p 
de  ce  petit  cercle  est  égal  à  R  sin«,  ou  simplement  Ra. 

»  Dans  la  valeur  de  «  (équation  6),  si  l'on  développe  le  radical  comme 
une  puissance  un  demi,  on  obtient  une  série  dont  le  premier  terme,  de  beau- 
coup le   plus  important,  est   proportionnel  à  -  tangy. . .  p— — ^  tangç) ,  de 

sorte  que  le  rayon  p  est  sensiblement  proportionnel  à  R  ^  _  ^^  tangy. 

»  Le  segment  sphérique  se  trouve  ainsi  en  équilibre,  comme  le  serait 
un  cylindre  dont  les  génératrices  seraient  parallèles  à  la  ligne  de  plus 
grande  pente.  Si,  par  une  cause  accidentelle,  ce  cylindre  est  dérangé  de  sa 
position  et  amené  à  une  inclinaison  suffisante,  il  roulera  sur  le  plan  dans 
une  direction  perpendiculaire  à  celle  de  ses  génératrices,  la  composante 
de  la  pesanteur,  suivant  cette  ligne  oblique,  étant  alors  plus  grande  que  le 
frottement  de  roulement. 

»  Cette  disposition  peut  se  réaliser  pour  le  segment  sphérique.  En  effet, 
si,  par  une  cause  quelconque,  telle  que  l'action  de  l'air  agité  sur  le  corps, 
ou  un  ébranlement  qui  déplace  le  centre  de  gravité,  le  plan  de  la  petite 
section  est  déplacé  et  amené  à  couper  le  plai* incliné  sous  une  ligne  oblique, 
suffisamment  abaissée  au-dessous  de  l'horizontale,  il  arrivera  que  la  com- 
posante de  la  pesanteur  suivant  cette  ligne  deviendra  supérieure  au  frotte- 
ment sur  le  plan.  Le  corps  alors  se  mouvra  suivant  cette  ligne,  la  pesanteur 
surmontant  d'abord  l'inertie  qu'oppose  ce  corps  au  double  mouvement 
de  rotation  et  de  translation;  après  quoi,  celui-ci  suivra  la  loi  d'un  corps 
pesant  sur  un  plan  incliné. 

))  On  remarquera  que  la  rupture  de  l'équilibre  s'obtiendra  d'autant  plus 
facilement  ici,  que  le  plan  de  la  petite  section  est  très-peu  incliné  sur  le  plan 
fixe  et  que  le  corps  ne  repose  que  par  un  point  sur  ce  plan. 

»  Le  mouvement  de  translation  pourra  avoir  lieu  d'iui  côté  ou  de 
l'autre,  suivant  le  sens  des  causes  accidentelles;  mais  s'il  a  lieu  à  droite, 
pour  le  spectateur  placé  au  bas  du  plan  incliné,  le  mouvement  de  rotation 
sera  direct  (comme  celui  des  aiguilles  d'une  montre);  dans  le  cas  con- 
traire, il  sera  inverse.  Ces  mouvements  paraitront  d'ailleurs  plus  rapides 
quand  le  rayon  de  la  section  sera  jjIus  petit. 

M    Applications.  —  Nous  ne  dirons  que  quelques  mois  des  applications 


(  '7^) 
qu'on  peut  faire  avec  des  corps  faciles  à  trouver  :  une  glace  pour  plan 
incliné,  et,  pour  segments,  des  verres  de  montre  suffisamment  bombés,  ou 
des  parties  de  ballons  en  verre  soufflé,  qui  ont  l'avantage  d'être  très-légers. 
On  ilétermine  la  position  du  centre  de  i;ravilé  de  ces  corps  en  les  considé- 
rant comme  des  calottes  sphériques.  On  peut  mesurer  les  inclinaisons  cr,  du 
plan  avec  une  faiisse-équerre  et  un  niveau  à  bulle  d'air;  et,  si  l'on  a  l'an- 
gle y  que  fait  avec  l'horizontale  du  plan  la  direction  du  chemin  parcouru, 
on  aura  l'angle  absolu  6  de  cette  direction  avec  le  plan  horizontal,  par  la 
formule 

siiiô  =  siuçi  .siny. 

))  Si  l'on  place  un  verre  très-peu  bombé  à  sec  sur  une  glace  et  qu'on 
incline  celle-ci  par  degrés,  le  corps  glissera  dès  que  l'inclinaison  arrivera 
à  lo  ou  12  degrés;  mais  si  l'on  interpose  une  goutte  d'eau  à  l'avance,  entre 
le  verre  et  la  glace,  l'inchnaison  pourra  aller  jusqu'à  26  ou  27  degrés  et 
même  au  delà,  sans  que  le  corps  glisse;  il  y  a  donc  un  intervalle  de  12 
à  27  degrés  de  plus  pour  la  réalisation  du  mouvement  de  rotation.  Cela 
est  à  la  condition  essentielle  que  le  corps  soit  léger;  autrement  l'effet  de 
l'interposition  de  la  goutte  d'eau  disparaîtrait. 

»  On  s'explique  cette  propriété  en  remarquant  que  l'interposition  de 
l'eau  produit  une  certaine  adhérence,  et  qu'une  partie  du  poids  du  liquide 
s'ajoute  à  celui  du  corps  pour  produire  une  action  qui  n'a  pas  de  compo- 
sante parallèle  au  plan,  comme  cela  a  lieu  pour  le  poids  du  corps.  On 
comprend  aussi  qu'elle  n'a  d'effet  sensible  que  pour  lui  corps  léger. 

»  Pour  obtenir  le  mouvement  latéral  à  sec,  il  faut  que  l'inclinaison  soit 
moindre  que  10  degrés,  et  racheter  cette  faible  valeur  par  l'élévation  du 
centre  de  gravité.  Je  l'ai  obtenu  pour  o  =  9°|avec  un  segment  de  2^  mil- 
limètres de  flèche,  tiré  d'un  ballon  en  verre  de  |  millimètre  d'épaisseur  et 

de  53  millimètres  de  diamètre,  dans  lequel  on  avait  h  =  i  i""°,q  et  —  —  -■ 

^        R       9 

On  avait  alors  a.  ~  8°5o'  et  p  =  4'"'",o.  Le  mouvement  latéral  a  eu  lieu 
sous  un  angle  ô  =  1°  au-dessous  de  l'horizon;  il  fallait,  à  la  vérité,  provo- 
quer le  mouvement  au  départ.  Avec  rinterposition  d'une  goutte  d'eau,  le 
mouvement  a  été,  au  contraire,  très-facile  avec  un  verre  de  montre  peu 

bombé,  dans  lequel  le  rapport  ^  était  de  ■^'  1'  "'y  '"*  P^s  de  mouvement 

latéral  et  le  corps  glisse  malgré  l'interposition  de  l'eau. 

u  Avec  un  segment  dans  lequel  R  =  39'"'",  7,  h  =  3"'"',o,  -  —  ~,   le 


(  173) 
mouvement  latéral,  avec  l'interposition  d'une  goutte  d'eau,  s'effectue  avec 
(p  =  23",  ce  qui  donne  a  =  2° 3'  et  p  =  i'""',42,  et  sous  un  angle  absolu 
ô  =  8°45'.  En    ajoutant  à  ce  segment  une  petite  masse  supplémentaire 

qui  donne    /«  =  5'"'",74    et  ^  = ->    le    mouvement  latéral   a  lieu   sous 

(f  =  I  i°io'  et  sous  un  angle  absolu  0  =  4°- 

»  On  voit,  par  ces  applications,  que  l'interposition  d'une  goutte  d'eau 
n'est  pas  toujours  nécessaire,  mais  qu'elle  facilite  les  expériences.  La  masse 
additionnelle  rend  le  mouvement  possible  avec  des  segments  de  trop  faible 
flèche.  Cette  surcharge,  toutefois,  peut  être  choisie  de  manière  à  en  dissi- 
muler le  motif,  sous  le  prétexte  d'un  objet  spécial  à  porter.  On  remarquera 
que  la  forme  sphérique  du  corps  n'est  nécessaire  que  dans  la  partie  qui 
comprend  la  petite  section  ;  la  forme,  du  reste,  est  indifférente. 

»  Les  expériences  que  nous  avons  indiquées  offrent  quelque  intérêt  en 
ce  qu'elles  montrent  la  diversité  des  mouvements  produits  par  la  pesan- 
teur. 

»  Le  travail  dont  cette  Note  est  un  extrait  doit  être  inséré  intégralement 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas  de  Nancy.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  speclres  du  fer  et  de  quelques  autres  métaux, 
dans  l'arc  voltaique.  Note  du  P.  Secciii. 

«  Rome,  16  juillet  1873. 

»  Dans  ma  dernière  Communication,  du  23  juin  dernier,  j'annonçais  que 
parmi  les  nombreuses  raies  du  fer,  dans  la  lumière  électrique  d'une  pile 
de  cinquante  couples  de  Bunsen,  je  n'avais  pas  réussi  à  voir  la  raie  de  la 
couronne  des  éclipses,  i474  K..  J'ai  trouvé  depuis  que  M.  Young  a  aussi 
émis  des  doutes  sur  le  fait  que  cette  raie  appartienne  au  fer  (1).  J'ai  donc 
pensé  qu'il  convenait  de  vérifier  si  vraiment  cette  raie  appartient  ou  non  au 
fer.  L'importance  de  cette  raie  pour  la  constitution  de  la  couronne  solaire 
et  la  grande  autorité  du  travail  classique  de  premier  ordre  qui  était  en  ques- 
tion, me  faisaient  un  devoir  d'examiner  s'il  n'y  aurait  pas  eu  une  erreur  de 

(1)  Voici  la  Note  de  M.  Young  : 

«  The  corresponding  line  in  the  spectrum  of  iron  is  feeble,  and  in  several  occasions  when 
»  the  neighbouring  Unes  of  iron  i463  hâve  been  greatly  disturbed,  this  has  -wholly  failed 
»  to  sympathize;  hence  I  hâve  marked  ihe  Fe  with  a?.  »  {American  Journal  of  Sciences 
and  Arts,  vol.  IV,  nov.  1872.) 

C.  H.,  1873,  1"  Semestre,  (T.  LXXVII,  N»  5.)  ^3 


(174) 
ma  part.  En  conséquence,  j'ai  répété  de  nouveau  l'expérience  avec  tous 
les  soins  possibles. 

»  J'ai  remonté  celle  fois  la  même  pile  de  cinquante  couples  avec  des 
acides  nouveaux  :  l'acide  nitrique  à  4o  degrés,  et  l'acide  sulfurique  avec 
8  fois  son  volume  d'eau.  La  force  de  la  pile  était  telle,  qu'elle  fondait  en- 
viron 2'",5o  de  fil  de  fer  d'à  peu  près  i  miiiimèlie  de  diamètre.  Elle  a  mis 
hors  d'usage,  au  bout  de  peu  de  temps,  un  appareil  Foucault,  en  fondant 
les  pièces  isolantes  de  l'appareil,  et  il  a  fallu  continuer  les  expériences 
avec  un  appareil  plus  simple,  imitant  celui  de  Foucault,  mais  réglé  à  la 
main.  Ea  lumière  de  l'arc  produite  parles  charbons  avait  une  intensité 
comijrise  entre  i3oo  et   i/joo  bougies  stéariques. 

).  Nous  avons  employé  trois  méthodes  différentes  pour  obtenir  l'arc  vol- 
laïque  du  fer  :  i"  avec  deux  cônes  de  fer  ;  2°  avec  un  cône  de  fer  au  pôle 
positif  et  un  charbon  au  pôle  négatif;  3°  avec  des  gouttes  de  fer  placées 
dans  un  petit  creuset  de  charbon  au  pôle  positif.  L'arc  obtenu  était  observé 
à  la  distance  de  i  mètre,  avec  un  speclroscope  formé  d'un  excellent  prisme 
de  Hoffmann  à  vision  directe,  interposé  entre  deux  bonnes  lunettes  de 
o™,65  de  longueur  focale,  l'une  servant  de  collimateur,  l'autre  servant  à 
l'analyse,  avec  oculaire  grossissant  trente-six  fois.  Ce  speclroscope  mon- 
trait toutes  les  raies  des  Tables  de  Kirchhoff.  Un  hélioslat  réfléchissait  les 
rayons  solaires  dans  la  longueur  du  speclroscope,  en  les  faisant  passer  entre 
les  pôles  métalliques  de  l'appareil,  de  sorte  qu'on  pouvait  avoir  le  spectre 
solaire  cl  le  spectre  de  l'arc  électrique  superposés,  et  occupant  à  vo- 
lonté la  totalité  ou  •seulement  une  partie  du  champ,  et  cela  sans  faire 
usage  de  prisme  réflecteur  devant  la  fente.  Un  micromètre  à  deux  fils  pa- 
rallèles, dont  la  dislance  pouvait  varier  au  moyen  de  vis  micrométriques, 
servait  à  limiter  une  portion  déterminée  du  spectre  pour  s'assurer  si,  dans 
l'intervalle,  piiraissait  une  lumière  quelconque,  lorsque  le  Soleil  était  caché. 

»  Après  avoir  bien  reconnu  le  groupe  en  question,  des  raies  i363,i, 
1400,9  et  la  raie  i473,g,  et  avoir  reconnu  que  la  première  était  double,  on 
a  introduit  la  lumière  électrique  parla  fente.  Les  deux  premières  ont  immé- 
diatement apparu  brillantes  dans  le  champ,  superposées  aux  deux  raies 
noires  de  la  hanière  solaire;  la  troisième  1473,9  n'a  point  paru.  Alors 
nous  avons  répété  plusieurs  fois  l'expérience,  en  supprimant  la  lumière 
solaire  et  pinçant  l'observateur  dans  une  obscurité  complète,  potu-  étudier 
le  milieu  de  1  intervalle  dis  (ils,  auquel  on  avait  placé  la  raie  noire  solaire 
en  question;  nous  n'avons  pas  mieux  réussi  à  la  voir.  Craignant  toujours 
de  me  tromper  sur  le  groupe  de  raies,  j'ai  fait  répéter  l'expérience  par 


(  175  ) 
d'autres  observateurs,  en  parcourant  tout  l'espace  compris  entre  ce  groupe 
et  le  magnésium,  et  vérifiant  un  grand   nombre  d'autres  raies,  mais  tou- 
jours sans  succès. 

»  Ce  résultat  était  pour  moi  d'autant  plus  étonnant  que  non-seulement 
M.  Rirchhoff,  mais  aussi  MM.  Angstrom  et  Thalèn  donnent  la  position  de 
cette  raie,  et  la  désignent  par  le  chiffre  considérable  5,  de  sorte  qu'elle 
devrait  être  peu  différente  des  deux  voisines  (i);  ils  ont  d'ailleurs  employé 
également  une  pile  de  5o  éléments,  et  constaté  un  nombre  de  l'aies  sem- 
blable à  celui  que  j'ai  vu  moi-même.  J'ai  donc  cherché  à  faire  varier  la 
qualité  du  fer  des  pôles,  en  employant  du  ter  du  commerce  de  diverses  pro- 
venances. Les  différences  étaient  bien  sensibles  :  on  voyait  apparaître  pas- 
sagèrement des  raies  différentes,  et  la  fusion  et  la  volatilisation  du  métal 
se  faisaient  ausssi  de  manières  sensiblement  différentes;  mais  la  raie  n'a  fou- 
jours  pas  paru,  de  sorte  qu'il  en  faut  conclure  que,  si  cette  raie  appar- 
tient au  fer,  elle  se  développe  dans  des  circonstances  de  température  qui 
sont  encore  inconnues. 

»  J'ai  fait  des  essais  avec  d'autres  métaux,  pour  voir  si  cette  raie  se  pré- 
sentait, mais  inutilement. 

»  A  cette  occasion,  j'ai  fait  quelques  remarques  sur  l'arc  des  charbons  : 
j'ignore  si  elles  sont  nouvelles,  mais  ne  les  ayant  pas  encore  rencontrées, 
je  les  indiquerai  rapidement  ici. 

»  Ij'arc  voltaïque  des  charbons  a  été  projeté,  avec  un  appareil  Dubosq, 
sur  un  écran  blanc  au  centre  duquel  était  une  ouverture  derrière  laquelle 
on  avait  placé  un  excellent  spectroscope  à  vision  directe  de  Merz.  La  gran- 
deur de  l'image  de  l'arc  formé  entre  les  charbons  était  d'environ  lo  centi- 
mètres, de  sorte  qu'on  pouvait,  en  toute  sûreté,  en  examiner  séparément 
les  différentes  parties. 

»  Lorsque  la  fente  correspondait  au  milieu  de  l'arc,  le  spectre  qui  se  pro- 
duisait était  semblable  à  celui  de  la  vapeur  de  carbone  donné  par  Morren,et 
à  celui  du  cyanogène  donné  par  Roscoë.  Il  y  avait  cependant  des  différences 
notables,  que  je  ne  crois  pas  inutile  de  signaler.  Depuis  le  rouge  extrême  jus- 
qu'au delà  de  la  raie  D,  l'espace  était  tout  entier  occupé  par  de  faibles  canne- 
lures, au  nombre  de  cinq,  sans  raies  brillantes  (la  figure  ci-contro  fait  voir 
la  distribution  de  ces  bandes);  le  spectre  de  Morren,  en  ce  point,  est  très- 
différent.  Dans  le  jaune,  il  y  avait  un  groupe  superbe  de  quatre  lignes  bril- 
lantes, projetées  sur  une  bande  lumineuse  dont  la  lumière  décroissait  vers 

(i)  ;^'o//- Angstrom  et  Thalèn,  On  Fraunhofcr's  Unes.  Upsala,  1866,  p.  5.  '     • 

23.. 


(   •7<^  ) 
le  vert,  et  offrant  l'aspect  d'une  ombre  qui  fîgiirerait  une  colonne  convexe. 
Je  n'ai  pas  vu  les  deux  autres  raies  données  par  Morren. 

D  Ensuite,  venait  la  bande  verte,  au  commencement  de  laquelle  se  trou- 
vaient trois  lignes  très-vives  et  fines,  et  une  autre  isolée  un  peu  au  delà  du 
milieu.  La  bande  lumineuse  était  estompée  comme  la  précédente.  Nous 
n'avons  pas  vu  les  bandes  légères  de  Morren  dans  cette  partie.  La  ligne 
brillante  du  milieu  n'était  pas  constante  comme  les  autres.  Venait  ensuite 
la  bande  bleue,  qui  s'accordait  mieux  avec  la  figure  de  Roscoë  qu'avec 
celle  de  Morren.  Au  commencement  de  cette  bande,  se  trouvaient  deux 
groupes  superbes  de  lignes  très-vives,  contenant  l'un  quatre,  l'autre  six  lignes, 
placées  à  une  distance  égale  au  tiers  de  la  longueur  de  cette  bande.  Deux 
bandes  estompées,  plus  vives,  correspondaient  à  ces  groupes  et  la  seconde 


allait  en  décroissant  vers  le  violet  ;  enfin,  un  groupe  magnifique  de  six  raies 
violettes,  projetées  au  commencement  d'une  belle  bande  arrondie  et  estom- 
pée vers  l'extrémité  du  spectre.  Les  mesures  relatives  des  bandes,  exprimées 
en  tours  de  la  vis,  sont  les  suivantes  : 

Bande  jaune 8,i5 

Bande  verte 10,95 

Bande  bleue ig,oo 

Bande  violette 10, dz 

Intervalle  entre  les  deux  groupes  du  bleu.  .  .  .  7,5o 

»  Il  y  a  donc  des  différences  considérables  entre  ce  spectre  et  ceux  que 
je  possède,  et  c'est  pourquoi  je  pense  qu'il  y  avait  intérêt  à  le  remarquer; 
mais  ce  qui  m'a  paru  le  plus  intéressant,  c'est  que,  lorsqu'on  analysait  la 
couche  lumineuse  qui  avoisinaitle  pôle  positif  (sans  y  comprendre  le  char- 
bon), tout  le  spectre  se  couvrait  de  raies  très-fines,  en  sorte  que  l'en- 
semble, tout  en  gardant  les  cannelures  principales,  était  sillonné  de  lignes 
parallèles  presque  équidistantes,  comme  serait  l'ombre  d'une  colonne.  Crai- 


* 


{  '77) 
gnant  d'être  dominé  par  quelque  illusion,  j'ai  eu  recours  à  d'autres  pro- 
fesseurs, qui  ont  constaté  comme  moi  cette  curieuse  structure  du  spectre. 
Lorsqu'on  employait  le  grand  spectroscope  solaire,  toutes  les  lignes  fines 
persistaient;  seulement  on  les  voyait  se  manifester  comme  des  cannelures 
très-fines,  concaves,  plus  ou  moins  prononcées  et  plus  ou  moins  vives,  et 
formant  les  cannelures  plus  grandes  du  spectre. 

»  Le  pôle  négatif  présentait  une  nombreuse  série  de  lignes  brillantes, 
appartenant  à  l'hydrogène  et  aux  métaux  qui  se  trouvent  accidentellement 
dans  les  charbons.  Une  goutte  d'eau  jetée  sur  les  charbons  faisait  apparaître 
les  raies  de  l'hydrogène  et  un  grand  nombre  d'autres.  Je  n'ai  pas  eu  le 
temps  de  comparer  toutes  ces  raies  avec  celles  du  spectre  solaire  :  il  aurait 
fallu  une  disposition  toute  différente  des  appareils. 

»  J'ai  cherché  si,  avec  d'autres  substances,  on  réussissait  à  obtenir  le 
spectre  finement  cannelé  produit  par  le  charbon  :  j'ai  trouvé  que  l'alumi- 
nium s'y  prête  admirablement.  Ce  métal,  lorsqu'il  se  vaporise  sur  le  char- 
bon avec  une  lumière  vive  et  calme,  donne  un  spectre  formé  de  cannelures 
nombreuses,  assez  larges,  différentes  de  celles  du  charbon,  et  qui  sont 
composées  elles-mêmes  de  cannelures  extrêmement  fines,  presque  égales 
en  largeur  d'un  bout  à  l'autre  du  spectre.  En  essayant  les  autres  métaux 
que  j'avais  sous  la  main,  j'ai  constaté  le  renversement  complet  des  raies  du 
magnésium,  qui  ont  paru  se  projeter  en  noir  sur  les  lignes  noires  du  spectre 
solaire;  elles  étaient  bordées  de  magnifiques  bandes  diffuses,  mal  ter- 
minées et  estompées  sur  les  bords.  Le  thallium  (i)  m'a  présenté  non-seule- 
ment le  renversement  de  sa  belle  raie  verte,  mais  une  diffusion  brillante 
latérale,  presque  aussi  étendue  que  celle  du  sodium,  dont  j'ai  parlé  dans 
ma  dernière  Communication.  Je  n'ai  pas  réussi  à  voir  le  fer  renversé. 

»  Ces  phénomènes,  qui  probablement  ne  sont  pas  tous  inconnus  aux  sa- 
vants, prouvent  combien  sont  complexes  les  conditions  dans  lesquelles  un 
spectre  déterminé  se  produit  :  convenablement  étudiés  par  ceux  qui  ont  plus 
facilement  que  moi  à  leur  disposition  la  lumière  électrique,  ils  pourront 
conduire  à  des  conséquences  très-importantes  sur  la  nature  des  spectres 
des  astres  et  la  température  de  leurs  atmosphères.  » 

(i)  Je  dois  ce  mêlai  à  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 


(  ,78  ) 

HYDROLOGIE.  —  Sur  la  perméabililé  des  sables  de  Fontainebleau. 
Note  de  M.  Belgrand. 

«  I/aqucduc  de  la  Vanne  traverse  les  sables  de  Fontainebleau  entre  les 
vallées  du  Loing  et  de  la  petite  rivière  d'Ecolle,  sur  une  longueur  de  3i  ki- 
lomètres, et  ce  terrain  est  tellement  perméable,  que  le  tracé  ne  rencontre 
ni  ruisseau  ni  ravin.  Il  franchit  cependant  plusieius  dépressions,  telles  que 
celles  des  Sablons,  de  la  Ci oix-du-Grand- Maître,  du  Vert-Galant,  ou  même 
des  vallées  assez  profondes,  telles  que  celles  de  la  route  d'Orléans,  des 
Rochers  de  la  Goulolte,  cl' Àrbonne,  de  Noisy-sur-Ecolle,  de  Monirouget.  Cette 
rareté  des  cours  d'eau  est  luie  des  propriétés  les  plus  caractéristiq\ies  des 
terrains  perméables. 

»  Il  est  d'usage,  sur  un  tel  trajet,  d'établir  un  certain  nondjre  d'orifices 
de  décharge,  afin  de  n'être  pas  obligé,  à  chaque  visite,  de  mettre  la  cunelte 
à  sec  sur  une  trop  grande  longueur. 

»  Il  y  a  d'ailleurs  des  décharges  obligatoires  aux  points  bas  des  con- 
duites forcées  ou  siphons;  dans  le  trajet  dont  il  s'agit,  l'aqueduc  traverse 
en  siphon  deux  vallées,  celles  d'Arbonne  et  de  Montrouget.  Lorsque  le 
terrain  est  imperméable,  la  décharge  est  établie  naturellement  dans  le  cours 
d'eau  qui  se  trouve  toujours  au  point  bas  du  siphon.  Il  n'en  est  point  ainsi 
dans  les  terrains  perméables,  puisque  la  plupart  des  vallées  sont  privées  de 
cours  d'eau. 

»  Mes  collaborateurs,  MM.  les  ingénieurs  Buffet  et  Lesguillier,  avaient 
mie  telle  confiance  dans  mes  études  sur  la  perméabilité  des  terrains,  qu'il 
fut  arrêté  d'un  commun  accord  entre  nous,  que,  pour  remplacer  les  cours 
d'eau,  on  achèterait  à  l'aval  de  chaque  bief  un  hectare  de  terrain  sablon- 
neux, qu'on  entourerait  d'un  bourrelet  de  sable  de  o™,  5o  de  hauteur. 
Nous  étions  convaincus  à  l'avance  que  l'eau  des  orifices  de  décharge,  ver- 
sée dans  cette  enceinte,  serait  absorbée  par  les  sables  au  fur  et  à  mesure 
qu'elle  sortirait  de  l'aqueduc.  Cependant  les  faits  constatés  n'établissaient 
pas  d'une  manière  certaine  le  volume  d'eau  qui  peut  être  absorbé  dans  un 
temps  donné,  par  exemple  dans  une  seconde  par  un  hectare  de  sable  de 
Fontainebleau. 

«  Voici  ce  que  nous  savions,  avant  l'expérience  dont  je  vais  parler,  de 
la  puissance  absorbante  de  certains  terrains  perméables,  tels  que  la  grande 
oolithe,  les  calcaires  corallien  et  portiandien,  la  craie  blanche,  les  forma- 
tions calcaires  et  sablonneuses  des  terrains  tertiaires,  les  sables  et  graviers 
de  transport  du  fond  des  vallées.  Lorsque  ces  terrains  ne  sont  pas  trop 


(  '79  ) 
accidentés,  par  exemple  lorsque  leur  relief  est  tel  qu'on  peut  y  tracer,  sans 
déblai  ni  remblai  et  dans  une  direction  quelconque,  une  route  avec  des 
pentes  qui  n'excèdent  pas  5  centimètres  par  mètre,  les  eaux  pluviales  ne 
ruissellent  jamais  à  leur  surface,  même  par  les  plus  grandes  avei'ses  ;  s'ils 
sont  plus  accidentés,  il  y  a  quelquefois  ruissellement  sur  la  pente  rapide 
des  coteaux,  mais  le  faible  courant  d'eau  qui  en  lésulle  ne  tarde  pas  à  se 
perdre  dès  qu'il  atteint  le  thalweg  d'une  vallée. 

»  Les  terrains  perméables  du  bassin  de  la  Seine  absorbent  donc  sur  place 
l'eau  des  plus  grandes  averses.  Ou  sait  que  la  hauteur  de  cette  eau  ne  dé- 
passe |ias  5  centimètres  par  heure  de  pluie. 

«  Celte  j)uissance  d'absor|)tion  est  suffisante  pour  le  bon  fonctionne- 
ment de  nos  décliarges  :  il  suffit  pour  vider  l'aqiieduc  que  les  bassins  d'un 
hectare  préparés  à  l'avance  absorbent  par  heure  une  lame  d'eau  de  4  à 
5  centimètres  de  hauteur.  Nous  étions  donc  assez  rassurés  sur  le  succès  de 
l'opération;  cependant,  pour  faire  nos  essais,  nous  avons  choisi,  au  delà 
d'Arbonne,  à  i'' jo'"  de  Fontainebleau,  une  des  vallées  les  plus  écartées  de 
la  forêt.  Nous  avons  regretté  depuis  notre  timidité,  car  jamais  les  touristes 
ne  jouiront  du  spectacle  que  nous  avons  eu  sous  les  yeux,  mes  collabora- 
teurs et  moi.  Qu'on  se  figure  une  niasse  d'eau  non  moins  abondante,  ni 
moins  limpide,  ni  moins  fraîche  que  la  fontaine  de  Trévi  à  Rome,  bouillon- 
nant dans  un  bassin  de  maçonnerie  grossière,  mais  entourée  du  plus 
sauvage  encadrement  de  rochers  qu'on  puisse  imaginer,  et  l'on  aura  une 
idée  de  la  splendide  fontaine  qui,  depuis  le  i5  mai  dernier,  arrose  cette 
aride  vallée. 

»  Le  propriétaire,  M.  Feinieux,  a  gracieusement  mis  son  terrain  à  notre 
disposition,  et  de  plus  il  a  consiruit  un  barrage  en  travers  de  la  vallée  à 
840  mètres  en  aval  de  la  décharge,  pour  créer  un  lac  d'eau  limpide.  Ce 
barrage  s'élève  à  3'°,  26  au-dessus  des  points  bas  du  sol.  Sur  cette  longueur 
de  840  mètres,  le  terrain  est  entièrement  formé  de  sable  de  Fontainebleau; 
mais  un  peu  à  l'aval  on  voit  une  petite  source  sur  un  affleurement  de 
marnes  vertes;  d'après  les  dispositions  de  cet  affleurement,  je  ])ense  que 
l'épaisseur  moyenne  de  la  couche  de  sable  dans  le  petit  lac  est  de  2  ou 
3  mètres  au  plus.  Au-dessous,  on  trouve  d'abord  quelques  assises  d'un 
calcaire  d'eau  douce  très-dur,  puis  les  marnes  vertes  de  Montmartre  qui 
soutiennent  la  nappe  d'eau  des  puits  du  pays. 

»  Le  jour  de  ma  première  visite,  le  17  mai,  l'eau  coulait  abondamment 
depuis  deux  jours  et  alimentait  un  grand  ruisseau;  le  débit  était  de  u5o  li- 
tres par  seconde.  Malgré  la  pente  rapide  de  la  vallée,  pendant  ce  temps  ou 


(  '8o  ) 
en  iGoooo  secondes,  elle  avait  à  peine  parcouru  les  840  mèlres  qui  sépa- 
rent la  décharge  du  barrage  de  M.  Feinieux.  A  mon  arrivée,  elle  atteignait  le 
pied  de  ce  barrage.  Malgré  la  vitesse  de  1  ecoulemeut,  l'eau  avançait  donc 
avec  une  lenteur  extrême.  A  chaque  partie  aride  du  thalweg  qu'elle  attei- 
gnait, elle  était  absorbée  jusqu'à  saturation  complète  du  terrain.  L'air 
renfermé  dans  la  masse  de  sable  s'échappait  en  produisant  d'énormes 
bouillonnements  à  la  surface  de  l'eau. 

»  Voici  les  résultats  numériques  de  l'expérience  : 

»  Du  i5  mai  au  5  Juin,  écoulement  continu  de  aSo  litres  d'eau  par  seconde.  Le  17  mai, 
"eau  atteint  le  pied  de  la  digue  de  M.  Feinieux,  puis  s'élève  graduellement  contre  celte  digue. 
Le  a2,  elle  est  à  l'altitude  73,60;  le  point  le  plus  profond  du  petit  lac  étant  à  71  ,3i,  la 
profondeur  de  l'eau  au-dessus  de  ce  point  bas  est  donc  2'", 29;  en  moyenne  elle  n'atteint 
pas  I   mètre. 

>'  Le  28  mai,  il  se  forme  dans  le  sable  des  entonnoirs  de  2  mètres  à  2'", 26  de  diamètre, 
qui  se  multiplient  les  jours  suivants.  11  se  produit  par  ces  trous  des  pertes  considérables 
qui,  en  six  jours,  font  baisser  le  niveau  de  70  centimètres. 

"  M.  Feinieux  fait  boucher  les  entonnoirs  au  fur  et  à  mesure  que  l'eau  se  retire,  il  obtient 
ainsi  un  relèvement  monienlané;  mais,  le  5  juin,  l'eau  n'atteint  même  plus  le  pied  de  la 
digue. 

1'  Le  niveau  de  l'eau  de  la  petite  source  des  marnes  vertes,  située  à  l'aval  de  la  digue,  s'est 
relevé  de  i'",3o. 

»   Du  6  au  'j  juin,  on  arrête  l'écoulement;  le  bassin  se  vide  complètement. 

»  Du  8  au  \o  juin,  écoulement  de  25o  litres  par  seconde;  l'eau  remonte  à  l'altitude 
73,40. 

»   Du  1 1  au  ig  juin,  arrêt  d'eau,  le  bassin  se  vide. 

>»  Du  20  au  28  juin,  écoulement  de  25o  litres  d'eau  par  seconde;  l'eau  remonte  à  l'alti- 
tude 73,30. 

»   Du  igjuin  au  i"  juillet,  arrêt  d'eau,  le  bassin  se  vide. 

»  Du  2  au  l^  juillet,  la  bonde  de  décharge  débite  4oo  litres  par  seconde;  l'eau  atteint  son 
niveau  maximum  73"', 87;  le  niveau  de  la  source  s'élève  à  i^iSo  au-dessus  du  plan  d'eau 
ordinaire,  la  superGcie  du  petit  lac  est  alors  de  i'""'',24. 

"  Du  5  au  Q  juillet,  arrêt  d'eau;  le  bassin  se  vide,  le  niveau  de  la  source  s'abaisse  de 
o"',8o. 

»   Pendant  l'expérience,  il  est  sorti  de  l'aqueduc  les  volumes  d'eau  suivants  : 

Du  i5  mai  au  5  juin  inclus 4^3  ^00  "'èlres  cubes. 

Du  8  au  10  juin , 67  800  » 

Du  20  au  28  juin iy4  4oo  • 

Du  2  au  4  juillet 106  68a  » 

Total  en  36  jours 822  480  mètres  cubes. 

»  La  surface  du  petit  lac  a  été  au  plus  de  i'"",24,  et  en  moyenne  n'a  pas  dépassé 
I  hectare. 


(   i8r  ) 

»   Le  volume  dVau  ilibilé  pur  jour  a  été  : 

An  minimum,  de  .  , , ai  fioo  mènes  cnlirs. 

Au  maximum,  de. 34  56o  » 

En  moyenne,  de 22  846  » 

»   Le  petit  lac  a  donc  absorbé  au  maximum 

34560 
12400 
et  en  moyenne 

22  846 

^  =  2™%  28, 

1  G  000 

par  jour  et  par  mètre  carré. 

,  2 , 70  , 

»   La  plus  grande  absorption  par  beure  a  etc  — j-  =o""',i2  par  mètre  carre,  re  qui 

24 

représente  pbis  du  double  du  produit  des  plus  grandes  averses  connues  dans  le  bassin  do  la 

Seine;  ainsi  qu'on   l'a  exposé  ci-dessus,  ces  averses  ne  donnent  pas  plus  de  5  centimètres 

de  bauteur  d'eau  par  beure. 

»    La  hauteur  totale  d'eau  qui  a  été  absorbée  par  mètre  carré  dans  les  trente-six  jours  a 

été  de  2'", 28  X  36  =  82"',o8. 

»  Dès  que  l'écouleinent  cessait,  le  lac  tombait  à  sec.  C'est  encore  un 
fait  caractéristique  :  j'ai  signalé,  dans  mon  Ouvrage,  plusieurs  rivières, 
telles  que  !e  Serein,  la  Seine,  l'Ource,  etc.,  qui  tarissent  dans  les  étés  secs 
en  traversant  la  grande  oolithe,  terrain  très-perméable;  elles  tarissent 
bien  réellement,  car  il  ne  reste  plus  d'eau  dans  leurs  lits.  D'autres,  l'Ar- 
mançon  par  exemple,  cessent  de  couler,  faute  d'alimentation,  dans  les 
argiles  imperméables  de  l'Auxcis,  mais  ne  tarissent  pas  :  les  parties  pro- 
fondes, les  fosses  restent  remplies  d'eau. 

»  Cette  grande  expérience,  la  seule  qui,  jusqu'ici,  ait  été  faite  dans  les 
conditions  indiquées  ci-dessus,  prouve  donc  que  nos  décharges  fonc- 
tionneront bien  et  que  nos  petits  bassins  de  sable  suffiront  pour  absorber 
l'eau  de  l'aqueduc  lorsqu'il  sera  nécessaire  de  le  vider,  sans  qu'on  ouvre 
des  lits  de  ruisseaux  en  aval. 

»   Mais  notre  expérience  prouve  encore  autre  chose. 

»  Peut-être  décidera-t-elle  nos  confrères  à  tenir  plus  de  compte  cpi'ils 
ne  l'ont  fait  jusqu'ici  de  !a  perméabilité  des  terrains  lorsqu'ils  ont  à  con- 
struire des  canaux  et  surtout  des  réservoirs.  On  a  construit  de  grauds 
réservoirs  qui  n'ont  jamais  pu  tenir  l'eau,  et  l'alimentation  de  certains 
canaux  a  exigé  dix  fois  plus  d'eau  qu'on  ne  l'avait  prévu. 

»   Elle  prouve  encore  qu'il  est  impossible  d'arroser  régulièrement  les 

2/1 

C.  R.,  1873,  2'  Semeslre.  (T.  LXXVII,  N»  5.)  * 


(  i82  ) 
terrains  perméables  sur  la  pente  des  coteaux  ou  sur  les  plateaux,  et  par 
conséquent   d'y   créer   des   prairies  naturelles.    Cette  culture,    dans   ces 
terrains,  est  nécessairement  resserrée,  comme  je  l'ai  écrit  bien  souvent, 
au  bord  des  rares  cours  d'eau  qui  sillonnent  ces  terrains  arides. 

»  Je  dois  encore  faire  remarquer  que  toutes  les  formations  sai)lonneuses 
no  sont  pas  perméables.  Dans  le  bassin  de  la  Seine,  deux  de  ces  forma- 
tions, les  sables  de  Fontainebleau  et  de  Beauchamp  sont  très-franchement 
perméables.  Les  sables  du  terrain  crélacé  inférieur,  au  contraire,  sont  assez 
imperméables  pour  qu'on  puisse  y  créer  partout  d'excellentes  prairies. 

»  La  plupart  de  ceux  qui  ont  écrit  sur  l'Agricullure  ont  négligé  cette 
importante  propriété  du  sol.  Ainsi  presque  tous  admettent  qu'avec  un  litre 
d'eau  par  seconde,  coulant  d'une  manière  continue,  pendant  la  saison  des 
irrigations,  on  arrose  convenablement  i  hectare  de  prairie.  Avec  un  litre 
d'eau  par  seconde,  on  n'arroserait  pas  plus  de  36  mètres  carrés  des  sablons 
de  la  forêt  de  Fontainebleau.  D'excellentes  prairies,  les  herbages  du  pays 
de  Bray  et  de  la  vallée  d'Auge,  dans  les  sables  argileux  du  terrain  crétacé 
inférieur,  n'exigent  aucune  irrigation.    » 

HYDRAULIQUE.  —  Expériences  sur  le  mouvement  de  la  houle  produite  dans 
un  canal  factice,  et  faisant  monter  l'eau  le  long  d'une  plage  inclinée  à  une 
hauteur  sensiblement  constante;  par  M.  A.  de  Caligny. 

«  Les  expériences,  objet  de  cette  Note,  sont  au  nombre  de  celles  qui  peu- 
vent servira  montrer  combien  il  est  utile,  pour  l'étude  des  ondes,  d'isoler 
au  besoin  cbaque  phénomène  dans  un  canal  factice,  même  après  les  avoir 
étudiées  dans  la  nature  en  liberté,  quand  elles  ont  été  produites  par  le  vent, 
soit  dans  la  mer,  soit  dans  une  très-grande  pièce  d'eau. 

»  On  peut  voir  dans  les  Comptes  rendus  des  séances  de  iJcadémie  des 
Sciences,  des  6  janvier  et  17  février  de  cette  année,  ce  que  j'ai  dit  sur  les 
mouvements  alternatifs  des  vagues  le  long  d'une  plage  inclinée,  successi- 
vement recouverte  et  abandonnée  par  des  lames  formées  chacune  d'un  cer- 
tain nombre  de  vagues.  Ce  phénomène  dépendant  des  causes  alternatives 
qui  soulèvent  les  ondes,  celles-ci  devraient  arriver  toujours,  quand  elles 
ne  se  brisent  pas,  à  des  hauteurs  sensiblement  constantes  sur  une  plage 
inclinée,  dans  le  cas  où  la  force  qui  les  produit  serait  elle-même  assez 
sensiblement  constante,  je  veux  dire  assez  régulière  si  elle  est  alternative. 
Or  c'est  ce  qu'il  est  facile  de  vérifier  dans  un  canal  factice,  quand  on  y  a 
disposé  une  surface  convenablement  inclinée,  dépassant  assez  le  niveau  de 


(  '83) 
l'eau  tranquille  pour  que  les  vagues  ne  se  jettent  pas  au  delà  de  celte  sur- 
face. 

»  Pour  faire  cette  expérience,  il  suffit  de  prendre  une  sorte  de  baquet 
dont  les  bords  soient  assez  élevés  pour  être  toujours  au-dessus  de  l'eau. 
Avant  de  commencer  l'expérience,  on  a  soin  de  tenir  ce  baquet  en  repos 
et  pénétrant  assez  au-dessous  du  niveau  de  l'eau,  de  manière  que  la  pre- 
mière onde  ne  provienne  pas  d'un  enfoncement  qui  serait  évidemment  une 
cause  de  translation,  en  avant,  vers  la  surface  inclinée. 

»  Quand  on  a  produit  ainsi,  par  un  mouvement  de  va-et-vient  vertical 
qu'il  est  facile  de  rendre  convenablement  régulier,  un  assez  grand  nombre 
d'ondes,  formées  d'intumescences  et  de  creux,  on  observe  la  liauteur  à 
laquelle  l'eau  s'élève  sur  le  plan  incliné  formant  une  sorte  de  plage.  Après 
avoir  noté  le  niveau  auquel  se  tenait  l'eau  tranquille,  le  long  de  ce  plan 
incliné,  on  remarque  la  hauteur  assez  sensiblement  constante  qui  y  est 
atteinte  au-dessus  du  niveau  dont  il  s'agit.  Ce  niveau  doit  être  d'ailleurs 
d'autant  plus  dépassé  que  les  ondes  sont  produites  par  un  mouvement  de 
va-et-vient  plus  puissant. 

»  Il  est  bien  essentiel  de  remarquer  que  dans  cette  Note  on  ne  considère 
que  des  ondes  dites  courantes  résultant  d'un  mouvement  de  va-et-vient  le 
plus  rigoureusement  vertical  possible.  Si  l'on  produisait  des  ondes  dites 
solitaires  ou  de  translation,  les  phénomènes  seraient  très-différents.  Aussi 
j'ai  déjà  dit  qu'il  fallait  prendre  les  précautions  nécessaires  pour  ne  point 
produire  des  ondes  de  cette  espèce,  en  faisant  les  expériences  objet  de  cette 
Note.  Quand  on  produit  d'ailleurs  un  assez  grand  nombre  de  vagues,  il  est 
facile  de  tenir  compte  des  petites  irrégularités  pouvant  provenir  d'une  dis- 
traction de  la  personne  qui  tient  le  baquet. 

»  On  évitait  de  produire  un  mouvement  de  va-et-vient  assez  fort  pour 
faire  briser  les  ondes,  comme  le  feraient  les  vagues  naturelles  d'une  certaine 
hauteur  agissant  sur  les  plages  inclinées  de  manière  à  faire  alternative- 
ment abandonner  un  certain  espace.  La  surface  envahie,  au-dessus  du 
niveau  de  l'eau  tranquille,  était  bien  toujours  recouverte  de  liquide,  parce 
que  les  ondes,  ainsi  que  je  l'ai  dit  ci-dessus,  étaient  disposées  de  manière  à 
ne  passe  briser. 

»  Ce  qui  précède  montre  bien  déjà  que  l'on  peut,  dans  un  canal  factice, 
produire  un  phénomène  analogue  à  celui  que  M.  Cialdi  appelle  y/o<  cou- 
lant; mais  le  cas  n'est  point  évidemment  le  même  que  sur  une  plage  plus 
ou  moins  ondulée,  où  les  vagues  peuvent  donner  lieu  à  des  courants  de 
diverses  espèces,  résultant  de  la  configuration  de  cette  plage. 

24  ' 


(  i84  ) 

»  Il  esl  clair  que,  surtout  quand  les  vagues  sont  produites  au  moyen  d'un 
baquet  d'une  section  assez  grande  par  rapport  à  celle  du  canal  factice,  les 
courants  sont  nécessairement  rétrogrades  au  fond  de  l'eau,  si  ceux  de  la 
surface  sont  dans  le  sens  apparent  du  mouvement  des  ondes.  C'est,  en  effet, 
ce  qui  est  arrivé,  lorsqu'on  a  répandu  de  la  sciure  de  bois  sur  l'eau  recou- 
vrant la  surface  inclinée  qui  représente  la  plage. 

»  Après  un  certain  nombre  de  périodes  du  jeu  du  baquet  précité,  cette 
sciure  a  été  repoussée  jusqu'au  bord  de  la  plage,  ce  qui  est  un  indice  de 
courants  supérieurs  réels.  Mais,  les  vagues  arrivant  toujours  assez  sensi- 
blement à  la  même  hauteur  sur  le  plan  incliné  à  partir  de  l'époque  où,  les 
oscillations  étant  déjà  assez  nombreuses,  le  phénomène  est  bien  régulier, 
on  peut  en  conclure  que,  s'il  y  a  un  courant  réel  à  la  surface,  puisqu'il  ne 
fait  pas  dépasser  une  certaine  liauteur  sur  la  plage,  il  est  accompagné 
d'un  mouvement  de  recul  sur  le  fond  ;  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  d'une 
manière  très-facile  à  constater  par  les  mouvements  rétrogrades  des  petits 
corps  répandus  sur  le  fond,  je  veux  dire  le  long  de  la  planche  inclinée. 

))  Cet  ensemble  de  phénomènes  permet  défaire  des  études  intéressantes, 
même  au  moyen  d'un  canal  factice  d'une  assez  petite  longueur,  parce  que 
les  ondes,  tout  en  ne  se  brisant  pas,  se  trouvent  modifiées  par  le  plan  in- 
cliné, de  manière  à  permettre  d'en  produire  d'une  extrémité  du  canal  un 
nombre  indéfini  dont  le  mouvement  apparent,  considéré  quant  à  la  surface, 
se  propage  dans  le  même  sens. 

»  Tout  le  monde  connaît  les  effets  de  l'ascension  alternative  de  vagues 
qui  se  brisent  aux  bords  d'une  plage  inclinée  en  abandonnant  successive- 
ment une  portion  de  la  surface  de  cette  plage.  Ce  phénomène  est  précisé- 
ment un  de  ceux  qui,  jetant  du  trouble  dans  les  moyens  d'observation, 
montrent  combien  il  est  utile  de  faire  des  études  sur  des  canaux  factices, 
où  l'on  est  maître  de  graduer  les  causes  du  mouvement,  de  manière  à  pro- 
duire des  ondes  qui,  ne  se  brisant  pas,  ne  laissent  aucun  doute  sérieux 
snr  l'étendue  de  la  plage  envahie  par  les  coups  de  bélier  de  la  houle.  Il  est 
d'ailleurs  facile,  au  moyen  d'un  très-court  apprentissage,  de  produire 
une  véritable  houle  purgée  d'ondes  dites  solilaiies  ou  de  lianslalion.  On 
conçoit  que,  s'il  y  avait  des  ondes  de  cette  dernière  espèce,  il  n'y  aurait 
rien  d'étonnant  à  ce  que  des  hauteurs  beaucoup  plus  grandes  fussent  at- 
teintes le  long  du  plan  incliné;  mais  je  ne  saurais  trop  répéter  qu'il  ne 
s'agit  ici  que  de  bien  fixer  les  idées  sur  les  effets  des  ondes  dites  courantes 
le  long  d'un  plan  incliné. 

»  Si  même  avec  un  canal  beaucoup  plus  long  il  n'y  avait  pas  de  plage 


(  i85  ) 
inclinée,  les  ondes  venant  alors  se  réfléchir  contre  des  surfaces  verticales, 
aux  extrémités  du  canal,  on  ne  pourrait  plus  faire  d'expériences  que  sur 
un  nombre  d'ondes  courantes  très-limité,  parce  qu'elles  finiraient  par  pro- 
duire le  phénomène  connu  sous  le  nom  de  clapotage,  où  les  vagues  n'ont 
même  plus  un  mouvement  de  translation  apparente,  mais  se  balancent  les 
unes  contie  les  autres  par  un  véritable  siphonnement. 

»  Je  me  propose  de  multiplier  prochainement  ces  expériences  au  moyen 
d'un  canal  factice  beaucoup  plus  long,  parce  qu'il  faut  tenir  compte  des 
phénomènes  de  progression  à  la  surface,  et  de  recul  au  fond  de  l'eau,  qui, 
jusqu'à  une  certaine  distance  de  l'origine  du  mouvement,  se  présentent, 
même  abstraction  faite  de  l'existence  d'une  plage  inclinée,  comme  celle 
dont  je  viens  de  parler.  J'ai  fait  à  ce  sujet,  en  i85S,  des  expériences  dont 
on  peut  voir  le  résumé  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie 
des  Sciences  du  24  juin  i86f,  et  sur  lesquelles  j'ai  donné  des  détails  dans 
le  Journal  de  Mathématiques,  de  M.  Liouville,  en  1866,  t.  XI,  2*  série.  Je 
vais  donc  seulement,  pour  fixer  les  idées,  donner  quelques  chiffres  relati- 
vement aux  nouvelles  expériences  que  je  viens  de  faire. 

«  Une  planche  de  60  centimètres  de  large  et  de  4™?  5o  de  long  a  été 
disposée,  sous  divers  angles,  dans  un  canal  factice  un  peu  plus  large,  c'est- 
à-dire  de  manière  qu'elle  pût  y  être  solidement  attachée,  latéralement,  par 
des  petits  coins  de  bois,  afin  de  simuler  successivement  des  plages  d'incli- 
naisons diverses. 

))  Cette  planche  a  été  posée  successivement  à  diverses  places,  dans  un 
canal  factice,  de  ia'",Go  de  long.  Pendant  qu'on  produisait  des  ondes  au 
moyen  de  l'émersion  et  de  l'immersion  alternative  d'un  grand  baquet, 
ayant  un  mouvement  de  va-et-vient  vertical  régulier,  un  autre  observateur 
notait  la  hauteur  sensiblement  constante  à  laquelle  les  ondes  s'élevaient 
sans  se  briser  au-dt^ssus  de  la  ligne  de  niveau  de  l'eau,  qui  était  tranquille 
avant  le  commencement  de  chaque  expérience. 

»  Il  est  clair  que  plus  la  plage  est  inclinée  dans  des  limites  convenables, 
plus,  pour  une  même  hauteur  atteinte  par  les  ondes,  au-dessus  du  niveau 
de  l'eau  tranquille,  l'espace  parcouru  au-dessus  de  ce  niveau  et  constam- 
ment recouvert  de  liquide  sera  considérable. 

»  Dans  ces  expériences  provisoires, la  surface  supérieure  de  la  planche, 
formée  de  plusieurs  autres  réunies  au-dessous  par  des  traverses  en  bois, 
n'était  ni  assez  plane,  ni  assez  polie  pour  qu'on  pîit  considérer  les  résultats 
obtenus  comme  rigoureux,  d'autant  plus  que  la  section  du  canal  factice 
n'étant  pas  tout  à  fait  horizontale  sur  le  fond,  cette  planche,  du  côté  où 


(  '86) 
elle  touchait  le  fond  de  l'eau,  n'y  était  pas  fixée  d'une  façon  assez  régu- 
lière; l'axe  du  canal  n'étaitpas  non  plus  assez  horizontal.  Je  m'étais,  en  un 
mof,  servi  des  moyens  provisoires  qu'on  avait  bien  voulu  mettre  à  ma  dis- 
position dans  une  des  casernes  de  Versailles;  il  y  avait  environ  5'  centi- 
mètres de  différence  de  niveau  sur  le  fond  du  canal  d'une  extrémité  à  l'autre. 

»  Il  n'était  pas  nécessaire  que  la  planche  fût  près  d'une  des  extrémités 
du  canal  pour  que  l'on  observât  facilement  la  constance  sensible  de  la 
hauteur  obtenue  le  long  du  plan  incliné  par  les  vagues  précitées;  mais 
pour  isoler,  autant  que  possible,  le  phénomène  de  ceux  qui  se  présente- 
raient, même  dans  une  partie  horizontale  du  canal,  j'ai  surtout  étudié 
les  ondes  au  moyen  du  mouvement  de  va-et-vient  du  baquet  oscillant  à 
6  mètres  environ  de  l'origine  de  la  plage  inclinée. 

»  L'inclinaison  de  la  planche  étant  d'environ  S'',  5  pour  ses  4'",5o  de 
long,  l'épaisseur  de  cette  planche  étant  d'environ  i  centimètres,  le  niveau 
de  l'eau  tranquille  étant  au  moins  à  la  moitié  de  la  longueur  de  la  planche, 
les  vagues  produites  par  le  mouvement  de  va-et-vient  vertical  du  baquet 
à  l'autre  extrémité  du  canal  arrivaient  le  long  de  la  planche  à  une  dis- 
tance d'au  moins  3o  centimètres  de  la  ligne  de  l'eau  tranquille  avant  le 
commencement  de  l'expérience.  Cette  distance  diminuait, conune  cela  doit 
être,  quand  on  relevait  davantage  l'extrémité  supérieure  de  la  planche  ; 
mais  elle  était  toujours  notable  dans  les  limites  de  ces  observations. 

»  Je  me  borne  à  cette  indication  sommaire,  les  expériences  ayant  été 
faites  au  moyen  d'un  nombre  de  périodes  du  mouvement  alternatif  du 
baquet,  variant  de  cinquante  à  cent.  J'espère  pouvoir  varier  prochainement 
ces  expériences  dans  un  port  de  mer;  mais  il  m'a  semblé  utile  de  fixer 
dès  aujourd'hui  les  idées  sur  le  sens,  bien  prononcé,  des  résultats  qui  déjà 
peuvent  être  utiles  pour  mieux  étudier  des  idées  de  M.  le  capitaine  de 
vaisseau  Cialdi. 

»  M.  le  capitaine  de  vaisseau  J^artigue,  quand  je  lui  ai  communiqué  la 
plus  essentielle  de  ces  expériences,  m'a  autorisé  à  annoncer  que,  d'après 
de  nombreuses  observations  inédites,  faites  par  lui  dans  ses  voyages,  le 
niveau  de  la  mer  s'est  trouvé,  en  effet,  plus  élevé  sur  des  plages  incli- 
nées, quand  il  y  avait  des  vagues,  qu'il  ne  l'était  à  une  certaine  distance  des 
côtes,  et  que  cela  confirme  bien  les  idées  et  observations,  objet  de  cette 
Note. 

»  D'après  ce  que  m'a  dit  M.  Lartigue,  il  a  observé  des  courants  qui, 
selon  lui,  ne  pourraient  être  expliqués  sans  un  exhaussement  du  niveau  de  la 
mer  le  long  de  certaines  plages  inclinées  ;  il  s'agit  donc  d'une  conclusion  et 


(  i87  ) 
non  d'un  résultat  de  mesures  directes.  On  voit  combien  il  était  intéressant 
d'isoler  le  phénomène  dans  un  cunal  factice.  Quant  aux  courants  rétro- 
grades, dont  j'ai  parlé  ci-dessus,  outre  qu'ils  peuvent  provenir  en  partie 
des  phénomènes  qui  se  présentent  à  une  certaine  dislance  de  l'origine  du 
mouvement  oscillatoire,  même  abstraction  fiiite  de  tout  plan  incliné,  ils 
rentrent  évidemment  dans  les  phénomènes  dits  de  ressac,  résultant  de  la 
percussion  sur  la  plage;  mais  il  était  bien  essentiel  de  constater,  par  des 
expériences  d'une  extrême  simplicité,  que  tout  le  monde  peut  vérifier,  le 
fait  de  l'exhaussement  continué  indéfiniment  jusqu'à  une  hauteur  sensible- 
ment constante,  c'est-à-dire,  du  moins  très-peu  variable,  dépendant  de  la 
force  d'une  longue  série  d'ondes  régulières.  Cet  exhaussement  de  l'eau  sur 
des  plages  inclinée  est  une  preuve  de  plus  à  l'appui  de  diverses  idées  sur  le 
flot  courant,  ainsi  que  du  mode  d  action  des  vagues  entre  les  digues  con- 
vergentes proposées  par  M.  Cialdi  pour  s'opposer  aux  ensablements  des 
ports-chenaux,  avicune  cause  de  ressac  ne  se  trouvant  à  la  sortie  de  son 
espèce  d'entonnoir.   » 

K  M.  Dacbrée  annonce  avoir  reçu  de  M.  Nordenskiold  une  Lettre  que 
ce  savant  a  écrite  en  mars,  de  Mossel-Bay,  sous  la  latitude  de  79'*54'  nord, 
où  l'expédition  a  passé  tout  l'hiver.  Cette  Lettre  est  arrivée  à  ïromsoè,  d'où 
elle  a  été  expédiée  le  7  de  ce  mois  par  les  voies  ordinaires.  Elle  est  par 
conséquent  antérieure  de  plus  de  trois  mois  à  la  dépêche  télégraphique  qui 
figure  au  Compte  rendu  du  7  juillet  (p.  Sa). 

)>  Des  faits  nouveaux  et  intéressants,  relatifs  à  la  Physique  du  globe,  à 
la  Météorologie  ainsi  qu'à  la  vie  animale  et  végétale  ont  été  observés 
pendant  cet  hivernage;  aussi  je  demande  à  i'Académie  d'en  signaler  som- 
mairement les  principaux  par  un  extrait  de  cette  Lettre  de  M.  Nor- 
denskiold : 

»  Dans  ma  dernière  Leitro,  adressée  de  Mossel-Bay,  que  je  vous  expédiai  au  moyen  de 
baleiniers,  je  vous  ai  raconté  comment,  après  quatre  tentatives  faites  dans  le  mois  d'août 
pour  forcer  les  glaces  et  rejoindre  l'île  Pairy,  une  des  Sept-lles,  je  fus  forcé,  par  l'état 
vraiment  extraordinaire  des  glaces  pendant  l'été  de  18^2,  de  m'arrêter  ici.  Deux  de  nos 
navires,  qui  devaient  partir  le  i5  septembre  pour  l'Europe,  furent  prématurément  enfermés 
dans  lis  glaces,  que  de  violents  coups  de  vent  du  nord-ouest  amoncelèrent  devant  notre  port 
au  milieu  de  septembre,  tandis  que  dans  les  années  ordinaires  la  côte  nr)rd  du  Spitzberghen 
reste  ouverte  à  la  navigation  et  est  fréquentée  par  les  baleiniers  norvégiens  jusqu'à  la  moitié 
d'octobre.  Dans  la  seconde  quinzaine  de  septembre  1872  et  en  octobre,  la  mer,  aussi  loin 
que  s'étendait  la  vue,  était  complètement  couverte  de  glaces,  sans  qu'on  aperçût  la  moindre 
flaque  d'eau.  Cette  fin  du  mois  de  septembre  fut  extraordinairement   froide  et  faisait  sup- 


(   ,88  ) 

poser  que  l'hiver  serait  très-rigoiireiix,  ce  qui  ne  s'est  point  vérifié,  comme  le  montre  le  ta- 
bleau (le  nos  moyennes  mensuelles,  que  je  joins  ici  : 

Moyenne.  Maximum.  Miniminn. 

oC  oi;  nC 

Septembre _    6  ^  ^  —•>■■,  j  —  29 , 2 

Octobre —12, 63  —0,6  —27,2 

Novembre —    8,19  +2,6  —  i9,5 

Décembre —  >4,46  —3,4  —26,6 

Janvier —    9,92  4-3,6  —32,4 

Février —22,7  +1,6  —38,2 

»  Excepté  février,  qui  fut  rigoureux,  le  reste  de  l'hiver  ne  fut  pas  plus  froid  ici  qu'au 
nord  de  -la  Suède  et  même  dans  sa  partie  moyenne. 

V.  Du  commencement  de  septembre  à  la  fin  de  février  on  n'a  point  remarqué  de  varia- 
tions horaires  dans  la  température  de  l'air  :  on  pouvait  le  prévoir,  puisque  le  Soleil 
se  couche  le  20  octobre  pour  ne  se  lever  que  le  21  février,  si  l'on  tient  compte  de  la  réfrac- 
tion astronomique.  Au  contraire,  de  très-rapides  changements  de  température  sont  produits 
dans  les  différents  vents;  de  fortes  tempêtes  sont  fréquentes  pendant  l'hiver. 

»  Le  nord  de  Wyde-Bay,  à  l'ouest  de  notre  port,  devint  libre,  sous  l'influence  des  vents 
du  sud,  au  commencement  de  novembre.  De  cette  époque  jusqu'au  commencement  de 
février,  on  voyait  toujours  de  grands  espaces  de  mer  ouverts,  et  notre  (lort  fut  même  plu- 
sieurs fois  débloqué  pour  geler  de  nouveau  quelques  jours  après.  A  la  fin  de  janvier,  deux 
des  navires  de  l'expédition  avaient  l'intention  de  saisir  une  de  ces  occasions  pour  retour- 
ner, et  le  navire  Polliem  devait,  avec  moi,  son  chef,  M.  Palander,  lieutenant  de  la 
Marine  royale  suédoise,  et  M.  Parent,  lieutenant  de  la  Marine  italienne,  attaché  à  notre 
expédition  sur  la  demande  de  son  Gouvernement,  se  diriger  vers  le  Nord  pour  reconnaître 
les  limites  et  l'état  des  glaces;  mais  une  violente  tempête  s'éleva,  et  le  départ  fut  non-seule- 
ment suspendu,  mais  nos  trois  navires  furent  sur  le  ]ioint  d'être  jetés  îi  la  côte.  Un  deux 
talonna  même  sur  les  rochers  et  cassa  son  gouvernail.  Ces  navires  ne  durent  leur  salut  qu'à 
de  grandes  masses  de  glaces  que  le  vent  dériva  dans  notre  port,  et  qui  s'y  gelèrent  instanta- 
nément, formant  une  couche  d'épaisseur  en  général  très-grande,  dont  l'énorme  résistance 
préserva  nos  navires  des  efforts  de  la  tempête. 

»  Quelques  jours  après,  cette  glace,  qui  semblait  si  forte,  se  brisait  et  disparaissait, 
comme  par  enchantement,  sous  l'action  d'un  vent  modéré.  Mais,  en  même  temps,  la  tem- 
pérature s'abaissait  beaucoup,  et  la  mer  se  couvrait  entièrement  d'une  couche  de  glace  nou- 
velle dans  laquelle  nous  sommes  enfermés,  et  qui  s'ouvrira,  au  plus  tard,  en  avril  ou  mai. 

»  Pendant  tout  l'hiver  on  a  fait  des  séries  horaires,  non-seulement  sur  les  instruments 
météorologiques,  mais  aussi  sur  les  trois  éléments  du  magnétisme  avec  d'excellents  appa- 
reils de  Lamont.  En  outre,  le  i''''  et  le  i5  de  chaque  mois,  les  observations  furent  faites  de 
cinq  en  cinq  minutes  d'accord  avec  le  cabinet  de  physique  de  l'Université  d'Upsal;  j'espère 
que  ces  observations  seront  très-intéressantes  ])our  le  magnétisme  terrestre  et  pour  les  rela- 
tions entre  le  magnétisme  et  les  aurores  boréales. 

..  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Parent  et  M.  le  D"'  AVykander  se  sont  occupés  de 
l'étude  de  l'aurore  et  de  son  spectre,  et,  avec  un  excellent  appareil  spectrale  du  baron 
Wrede,  ont  déterminé  sept  lignes  spectrales  différentes,  qui  selon  l'observation  de  M.'Wy- 


(    '«9  ) 

kander  sont  identiquement  le  spectre  de  la  partie  inférieure  de  la  flamme  d'une  bou- 
gie ou  d'une  lampe  à  pétrole  (spectre  de  Morren).  Cette  observation  semble  indiquer 
qu'il  pourrait  exister  une  certaine  relation  enire  les  aurores  boréales  et  la  chute  de  pous- 
sière cosmique,  contenant  carbone,  hydrogène,  fer  métallique,  etc.,  qui  tombe  avec  la  neige 
et  dont  Je  vous  ai  [larlé  dans  ma  dernière  Lettre.  Cette  dernière  supposition  donne  peut-être 
la  clef  des  anomalies  observées  dans  les  spectres  d'aurores  en  différents  lieux  et  temps,  si 
l'on  suppose  que  la  poussière  cosmique  qui  tombe  et  qui  brûle  par  la  décharge  électrique 
est  différente  comme  le  sont  elles-mêmes  les  météorites.  Pendant  l'hiver,  l'aurore  fut 
presque  permanente  pour  nous  avec  les  vents  du  sud,  mais  pas  aussi  intense  que  celles 
qui  se  montrent  dans  les  contrées  moins  avancées  vers  le  nord. 

»  Beaucoup  d'autres  recherches  ont  été  faites,  notamment  sur  l'électricité  atmosphérique, 
sur  la  réfraclion  atmosphérique  à  une  température  de  —  87  degrés  C.  avec  un  cercle  méri- 
dien transportable  de  Repsold,  appartenant  à  l'Académie  de  Stockholm  ;  sur  les  marées, 
ainsi  que  sur  la  Botanique  et  la  Zoologie.  Je  vais  ajouter  quelques  mots  sur  ces  dernières. 
»  Un  botaniste  d'Upsal,  M.  le  D"'  Kjellman,  avait  été  attaché  à  l'expédition  seulement  pour 
l'été,  et  il  devait  partir  avant  l'hiver,  puisqu'il  semblait  que,  pendant  l'hiver,  sous  le  80"  de- 
gré de  latitude,  un  botaniste  aurait  une  vraie  sinécure.  Enfermé  avec  nous  et  malgré  lui, 
M.  Kjellman  doit  à  cette  circonstance  l'observation  d'un  des  faits  les  plus  importants  acquis 
par  notre  expédition.  Chaque  jour,  pendant  tout  l'hiver,  on  a  dragué,  soit  sous  la  glace, 
soit  dans  la  mer  ouverte,  lorsque  cela  était  possible.  Ces  dragnages  ont  toujours  apporté  de 
grandes  quantités  d'Algues  qui  furent  minutieusement  examinées  par  M.  Kjellman  très-versé 
depuis  longtemps  dans  cette  famille  importante  des  végétaux.  Cet  examen  a  prouvé  que  la 
vie  des  Algues,  soit  en  matière  quantitative,  soit  en  matière  qualitative,  n'a  pas  été  diminuée 
par  les  ténèbres  et  le  froid  arctique  d'une  nuit  de  quatre  mois.  Au  contraire,  la  végétation 
des  Algues  semble  dans  ces  conditions  atteindre  son  maximum;  ainsi  la  fructification  se 
montre  alors  dans  beaucoup  d'Algues  qui,  pendant  l'été,  paraissent  stériles.  De  cette  obser- 
vatio'n,  M.  Kjellman  conclut  que  les  Algues  peuvent  vivre  sans  lumière  et  à  une  température 
de 2  degrés  C.  Ce  fait  est  en  opposition  avec  les  principes  actuels  de  la  Physiologie  végé- 
tale ;  mais  il  explique  beaucoup  de  faits  inattendus  de  la  distribution  géographique.  Dans 
nos  expéditions  précédentes,  nous  avions  recueilli  dans  les  mers  du  Spitzberghen  cinquante 
et  une  espèces  d'Algues  dont  irente-sept  espèces  se  sont  retrouvées  ici,  en  complet  développe- 
ment, pendant  l'hiver.  Parmi  les  Algues,  je  citerai  la  Laminaria  saccharina,  qui  arrive  à 
plus  de  six  ruètres  de  longueur.  Pour  nous  convaincre  qu'il  ne  pouvait  se  trouver  au  fond 
de  la  mer  de.-  sources  de  lumière  non  appréciables  pour  nous,  M.  le  D''  Enwall  a  fait  des 
essais  photographiques  et  il  a  trouvé  qu'une  plaque  sensibilisée  déposée  pendant  douze 
heures  sur  le  fond  de  la  mer  n'éprouvait  aucun  changement. 

»  On  a  fait  aussi  de  riches  collections  d'animaux  marins;  la  vie  animale  au  fond  de  la 
mer  continue  également  pendant  l'hiver  et,  pour  quelques  familles,  atteint  alors  son  plus 
grand  développement.  J'espère  que  les  collections,  examinées  avec  soin,  donneront  des 
résultats  importants  sur  la  vie  des  animaux  sans  vertèbre. 

»  11  semble  même  que  de  petits  animaux,  qui  dans  leur  corps  ne  peuvent  avoir  une 
source  de  chaleur  qui  élève  sensiblement  leur  température  au-dessus  du  milieu  qui  les  en- 
toure, peuvent  vivre  encore  à  —  10  degrés  C.  et  peut-être  plus  bas. 

>.  Pendant  la  nuit  d'hiver,  en  marchant  près  de  la  côte,  entre  la  basse  et  la  haute  mer,  on 

c.  R.,  1873,  3«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  3.)  "*"" 


(  '90  ) 
laisse,  par  chaqiio  pas,  sur  la  neige  une  trace  lumineuse  très-intense,  d'un  blanc  bleuâtre, 
que  votre  sympathique  compatriote  Bellot,  si  malheureusement  enlevé  aux  Sciences,  avait 
déjà  remarquée  dans  son  premier  voyage  arctique,  mais  que,  n'ayant  pas  les  moyens  de  l'exa- 
miner, il  attribuait  à  la  décomposition  des  substances  animales.  Cette  lumière  est  due  à  des 
milliers  de  petits  crustacés  pour  lesquels  la  neige  humectée  d'eau  salée  semble  être  la 
station  favorite.  Nous  avons  observé  de  ces  petits  crustacés  à  une  température  de  —  iode- 
grés  C.  A  cette  température,  les  pas  humains,  ainsi  que  tous  les  corps  traînés  sur  la  glace 
humectée  par  l'eau  de  mer,  laissent  une  longue  empreinte  qui,'  à  part  le  coté  scientiûque,  est 
d'un  as[)ect  magique.  Par  un  contraste  frappant,  la  seule  trace  de  lumière  est  donnée  par 
le  linceul  glacial  qui  couvre  la  nature  pour  quatre  mois. 

>>  Tous  les  animaux  terrestres  de  ces  régions  semblent  disparus  pendant  l'hiver  et  l'on  ne 
peut  même,  alors,  plus  trouver  le  seul  oiseau  qui  ne  les  abandonne  pas,  le  Lagopus  hyper- 
horen.i,  observé  scientifiquement  et  dessiné  pour  la  première  fois  par  la  Commission  scien- 
tifique française  du  Nord  avec  la  corvette  la  Recherche. 

"  Grâce  à  notre  escellenle  maison,  notre  hiver  s'est  passé  très-bien  et  sans  accidents 
graves....   » 

IVOIHINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  dti.  scrutin,  à  la  noinination  d'tiii 
Membre  libre,  en  remplaceinent  de  feu  M.  de  Vemeuil. 

Ati  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  60, 

M.  de  Lesseps  obtient 33  suffrages. 

M.  Bréguet 24  » 

MM.  Du  Moncel,  Jacqmin,  Sédillot,  chacun.    .        i  » 

M.  DE  Lesseps,  avant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu.  Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la 
République. 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

VITICULTURE.  —  Note  sur  C  identité  du  Phylloxéra  des  feuilles  et  de  celui 
des  racines.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Max.  Cornu  à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Plijlloxera.  ) 

«   Le  6  juillet  dernier,  j'ai  placé  dans  un  vase  à  fleurs  renfermant 

une  bouture  bien  enracinée  de  chasselas,  entre  les  parois  et  la  terre,  deux 
portions  de  feuilles  d'une  vigne  américaine,  présentant  des  galles  produites 
par  le  Phylloxéra.  Il  s';igissait  de  résoudre  la  question  suivante,  encore 
conicstée  :  le  Piiylloxcra  des  feuilles  des  vignes  américaines,  qui  y  produit 


(   -9'   ) 
des  galles,  est-il  réellement  de  la  même  espèce  que  celui  qui  vit  sur  les 
racines? 

La  ressemblance  extérieure  est  très-grande;  cependant,  la  seconde  forme 
présente,  à  l'époque  de  la  ponte,  des  tubercules  noirs  sur  le  dos,  tandis  que 
la  première  en  est  dépourvue  constamment.  La  cohabitation,  sur  le  même 
végétal,  de  pucerons  distincts,  quoique  assez  voisins  et  très-semblables  au 
premier  coup  d'œil,  doit  mettre  en  garde  contre  une  confusion  d'espèces. 
D'autre  part,  des  sortes  de  générations  alternantes  se  rencontrent,  chez  les 
kermès,  qui  permettent  de  ne  pas  considérer  comme  invraisemblable  l'iden- 
tité spécifique  des  deux  formes.  L'une  et  l'autre  des  opinions  ont  leurs 
partisans. 

»  Les  galles  que  j'avais  mises  en  expérience  étaient  remplies  d'œufs; 
deux  jeunes  seulement,  vivants  et  agiles,  y  furent  observés  à  l'instant  où  les 
portions  de  feuilles  furentplacées  dans  la  terre. 

»  Le  ï6  juillet,  après  dix  jours  seulement,  je  constate  des  renflements 
nettement  caractérisés  sur  les  radicelles.  Chacun  de  ces  renflements,  en 
général  en  forme  de  crochet,  présente,  à  sa  surface  concave,  des  Phylloxéra, 
au  nombre  de  cinq  ou  six  au  moins,  très-petits  encore,  et  étroitement  ap- 
pliqués sur  le  tissu  hypertrophié  delà  radicelle. 

»  De  ce  fait,  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Le  Phylloxéra  des  feuilles  peut,  non-seulement  vivre  sur  les  grosses 
racines  des  vignes  d'Europe  [vitis  vinifera),  ainsi  que  M.  Planchon  l'a 
montré  il  y  a  déjà  quelque  temps,  mais  il  peut  encore  se  fixer  cl-oitement 
sur  les  radicelles  et  y  déterminer  des  renflements  identiques  à  ceux  qui 
sont  déterminés  par  le  Phylloxéra  des  racines,  renflements  destinés  à  périr 
à  la  fin  de  l'été  et  qui  sont  la  cause  de  l'affaiblissement  et  du  dépérissement 
des  vignes.  Les  deux  formes  se  comportent  donc  de  même  vis-à-vis  des  ra- 
dicelles. Il  reste  cependant  à  s'assurer  que,  dans  ces  conditions,  l'insecte 
foliicole  transporté  sur  les  racines  s'y  développe  normalement,  acquiert 
les  tubercules  caractéristiques  et  pond  des  œufs  nombreux. 

»  2°  Il  suffit  de  dix  jours  au  plus  pour  que  les  renflements  se  montrent 
(il  faut  en  effet  déduire  le  temps  nécessaire  à  l'éclosion  des  œufs);  mais, 
dans  cette  saison  et  sur  les  feuilles  où  furent  prises  les  galles,  cette  période 
ne  dépassa  guère  un  jour  ou  deux;  les  renflements  des  radicelles  et  leur 
influence  sur  la  marche  de  la  végétation  doivent  se  faire  remarquer  une 
dizaine  de  jours  après  le  réveil  du  Phylloxéra.  Permettez-moi  de  rappro- 
cher de  ces  conclusions  un  passage  de  la  Lettre  que  j'avais  l'honneur  de 
vous  écrire  de  Montpellier,  le  26  avril  dernier. 


(     '92    ) 

o  Je  ne  dois  pas  passer  sous  silence  un  fait  assez  important.  L'influence  du  Phylloxéra 
ne  se  faisait  pas  sentir  avant  cette  semaine  :  le  i5  avril,  au  Mas  de  las  Serres,  toute  la  vigne 
présentait  le  même  aspect  (c'était  l'époque  à  laquelle  on  observait  dans  l'Hérault  le  réveil 
du  Phylloxéra).  Depuis  quatre  h  cinq  jours,  il  n'en  est  plus  ainsi  :  les  deux  taches  primitives 
où  les  Pliyllo.rcra  se  montraient  particulièrement  nombreux  l'an  dernier  sont  facilement 
visibles  aujourd'hui  ;  les  jeunes  sarments,  au  lieu  d'avoir  en  moyenne  3o  à  4o  centimètres, 
n'ont  en  ces  points  que  lo  ou  i5  centimètres;  l'œil  le  moins  exercé  aperçoit  du  premier 
coup  la  différence.  Entre  les  vignes  entièrement  saines  et  celles  qui  sont  un  peu  attaquées, 
celte  différence  de  développement  ne  s'accuse  pas  encore,  mais  elle  apparaîtra  probable- 
ment un  peu  plus  tard,  à  mesure  que  la  végétation  deviendra  plus  avancée.  >> 

»  3°  Notis  avons  maintenant  des  données  numériques  qui  faisaient 
jusqu'ici  entièrement  défaut  sur  le  temps  exigé  par  le  développement  des 
renflements  radicellaires.  Notons,  en  outre,  la  différence  notable  de  propor- 
tion entre  l'insecte  et  les  effets  qu'il  produit,  différence  fréquente  du  reste 
dans  la  nature.  Les  radicelles  qui  se  sont  renflées  étaient  très-belles  et  très- 
vigoureuses,  quoique  courtes  et  d'un  diamètre  supérieur  à  i  millimètre;  les 
jeunes  Phylloxéra  qui  ont  produit  l'iiypertrophie  ont  une  taille  à  peine  su- 
périeure à  o""",2. 

»  Les  galles  et  les  oeufs  qu'elles  contenaient  étaient  situés  à  plusieurs 
centimètres  des  radicelles;  il  paraît  qu'après  leur  naissance  les  jeunes  se 
sont  dirigés  vers  les  racines,  peut-être  parce  qu'ils  ne  trouvaient  pas  de 
feuilles  jeunes  à  leur  portée.  La  pérégrination  possible  des  insectes  des 
feuilles  aux  racines,  pérégrination  dont  on  a  parlé  souvent  sans  aucune 
jireuve,  se  trouve  ainsi  directement  démontrée. 

M  Ajoutons  que  ce  fait  n'a  d'ailleurs  qu'une  importance  luiiquement 
théorique;  les  vignes  américaines,  qui  présentent  seules,  ou  presque  seules, 
des  galles  phylloxériennes,  sont  en  infime  minorité  dans  nos  cultures;  il  y 
a  même  de  vastes  régions  où  elles  manquent  entièrement. 

»  J'ai  tenté  de  transporter  le  Phylloxéra  des  galles  sur  les  feuilles  d'tine 
vigne  indigène,  sur  le  chasselas,  ainsi  que  l'a  déjà  fait  ]\L  le  D''Ligneret. 
Une  vingtaine  d'œufs  furent  déposés,  le  6  juillet,  sur  un  bourgeon  très- 
tardif  et  à  peine  débourré;  le  surlendemain  au  matin,  c'est-à-dire  après 
un  jour  et  demi,  tous  les  œufs  étaient  éclos;  j'ai  pu  voir  les  jeunes  agiles 
se  débattre  au  milieu  de  la  bourre  brune  des  feuilles  jeunes.  Aujourd'hui 
les  feuilles  les  plus  avancées  n'ont  pas  i  centimètre  de  longueur,  aucune 
galle  ne  se  montre.  Cet  insuccès  tient  peut-être  à  la  trop  grande  jeunesse 
du  bourgeon  sur  lequel  j'ai  opéré. 

»  M.  Balbiani  (qui  m'autorise  à  signaler  les  résultats  qu'il  a  obtenus)  a 
clé  pltis  heuifHix  :  il  a  transporté  des  jeunes  sur  un  bourgeon  en  pleine  voie 


(  19"'  ) 
de  développement  et  a  vu  déjà,  après  quatre  jours  seulement,  des  galles 
grosses  de  i  millimètre;  les  jeunes  insectes  s'y  développaient  très-bien  et 
même  avec  une  grande  rapidité,  car  plusieurs  d'entre  eux  avaient  déjà 
subi  deux  mues.  Celte  observatioB  est  très-importante  :  outre  la  vérification 
de  la  présence  des  galles  sur  les  cépages  indigènes  où  elles  sont  très-rares, 
elle  fournit  des  données  sur  la  durée  du  développement  des  galles,  et  sur- 
tout sur  l'intervalle  des  mues  du  Phylloxéra.  Ces  données  faisaient  entière- 
ment défaut  jusqu'ici. 

»  Ces  galles  sont,  non  pas  surélevées,  munies  de  côtes  comme  celles  que 
produisent  certains  cépages  américains,  mais  hémisphériques,  un  peu  dé- 
primées, mamelonnées,  et  elles  paraissent  devoir  être,  à  la  maturité,  très- 
semblables  à  celles  que  j'ai  pu  observer  l'an  dernier  chez  M.  Laliman  sur 
le  malbec,  cépage  du  Bordelais.  » 

viTlCULTUlîE.  —  Sur  quelques  matières  propres  à  la  destruction  du  Phylloxéra. 

Note  de  M.  Petit.   (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  J'ai  découvert  dans  la  Chimie  industrielle  trois  agents  capables, 

par  des  emplois  réitérés,  de  produire  la  destruction  du  Phylloxéra  : 

»    i"  Le  goudron,  tel  qu'on  l'obtient  par  la  distillation  de  la  houille; 

»  2°  L'eau  ammoniacale,  telle  qu'elle  se  produit  dans  les  usines  à  gaz  où 
l'on  n'extrait  pas  l'ammoniaque; 

»  3"  La  chaux  sortant  fraîchement  des  épurateurs  à  gaz,  ou  conservée 
dans  des  caisses. 

»  Au  mois  de  février  dernier,  après  de  nombreuses  expériences  faites 
dans  des  bocaux  de  verre,  je  décidai  un  de  mes  amis,  propriétaire  de  vi- 
gnobles à  Congeniès  (Gard),  à  expérimenter  ces  matières  sur  une  assez 
grande  échelle;  je  fis  faire  l'opération  au  milieu  des  souches  les  plus 
fortement  atteintes  depuis  l'année  dernière,  situées  à  mi-coteau,  dans  un 
terrain  calcaire. 

1)  Première  opération,  —  On  découvre  les  racines  principales,  et  suivant  la  force,  l'âge, 
la  constitution  du  sujet,  on  verse  i  à  i  j  kilogramme  de  goudron  sur  les  2,  3,  4  racines, 
ou  bien  on  divise  en  3  ou  4  parties  le  goudron  et  on  le  verse  entre  les  racines,  ce  qui 
forme  un  flocon  assez  gros,  que  l'on   couvre  aussitôt   d'une  première  couche  de  terre. 

X   2°  On  verse  2  litres  d'eau  ammoniacale  autour  de  la  souche  sur  la  direction  des  racines. 

»  3"  On  tamise  aussi  régulièrement  que  possible  y  \  k  i  kilogiiirunics  de  chaux  fraîche 
des  épurateurs  à  gaz,  sur  un  rayon  de  35  centimètres  autour  de  la  souche,  et  l'un  a  soin  de 


(    '91  ) 

lu  rouvrir  parfaitement  avec  le  surplus  de  la  terre;  autrement  l'odeur  flétrirait  les  feuilles, 
si  l'opération  venait  à  se  pratiquer  en  mai  ou  juin. 

»  3oo  souches  environ,  de  différents  cépages,  ont  subi  ce  traitement.  Toutes  les  autres 
alentour,  au  nombre  de  plus  de  loooo,  sont  actuellement  sèches  et  perdues. 

»  Le  propriétaire  n'avait  pas  voulu  en  traiter  davantage.  Aujourd'hui  il  a  pleine  con- 
fiance dans  le  résultat. 

•■  Le  5  juin  dernier,  j'allai  visiter  ces  3oo  pieds  de  souches:  je  les  trouvai  sains,  vigou- 
reux et  robustes,  tous  chargés  de  pampres  comme  dans  les  plus  belles  années  de  production. 

»  Je  fis  découvrir  les  racines  de  quelques  souches  du  milieu  :  il  n'y  avait  plus  de  Phyl- 
loxéra, les  racines  étaient  brunes,  saines  et  avaient  réparé  les  attaques  du  suceur.  Le 
goudron,  réuni  en  flocons,  avait  conservé  toute  son  odeur,  il  semh\d\tfraichement posé. 

»  J'allai  plus  au  bord,  pour  voir  si  les  souches  limitrophes  étaient  dans  le  mén;e  état.  Sur 
les  grosses  et  moyennes  racines,  il  n'y  avait  plus  de  Plijllo.T.era ;  seulement  les  plus  petites, 
touchant  aux  radicelles,  en  conservaient  quelques-uns,  mais  très-rares.  Avec  la  loupe,  je 
constatai  qu'au  lieu  d'èlre  d'un  jaune  clair  brillant,  ils  étaient  devenus  d'un  brun  trouble 
(comme  autrefois  les  graines  malades  du  vers  à  soie,  sauf  la  couleur),  offrant  des  signes 
visibles  de  décomposition,  donnant  sur  le  papier  blanc  une  liqueur  jaunâtre  sombre. 

»  Une  observation  essentielle,  c'est  que  toutes  ces  souches  avaient  produit  de  nouvelles 
racines,  généralement  verticales,  à  l'opposé  du  goudron;  lorsque  le  goudron  en  avait  impré- 
gné le  dessus,  elles  jetaient  des  pousses  en  dessous .; 

M.  J.  Penart  adresse  un  Mémoiie  concernant  un  instrument  propre  à 
déterminer  la  richesse  alcoolique  de  liquides  non  sucrés. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Balard,  Cahours.) 

M.  Mathey  adresse  un  certain  nombre  de  documents  complémentaires 
de  ses  Communications  relatives  à  l'application  de  la  force  du  venta  la 
vapeiu". 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Plumey.) 

M.  T.  IIÉXA  adresse  une  Note  complémentaire  sur  «  les  coprolithes  du 
diluvium  de  Saint-Brieuc  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Delafosse,  Daubrée, 

Des  Cloizeaux.) 

M.  A.  BitAcuET  adresse  deux  Notes  relatives  à  luie  nouvelle  lampe  élec- 
trique, destinée  à  éclairer  sous  l'eau. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 


(  '95) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  adresse,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Institut,  les  n°'  9,  10  et  11  du  Catalogue  des  Brevets  d'inven- 
tion pris  en  1872,  et  le  tome  LXXIX  du  Recueil  des  Brevets. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  adresse,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut,  le  Tableau  général  des  mouvements  du  cabotage  en  1870,  qui 
forme  la  suite  et  le  complément  du  Tableau  général  du  commerce  de  la 
France  pendant  la  même  année. 

M.  Carpenter,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  d'Anatomie  et 
Zoologie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Les  Mémoires  de  M.  Graeff  «  sur  le  mouvement  des  eaux  dans  les 
réservoirs  à  alimentation  variable,  et  sur  l'action  que  la  digue  du  Pinay 
exerce  sur  les  crues  de  la  Loire  à  Roanne  »  (Renvoi  à  la  Commission  du 
prix  Dalmont); 

2°  Un  Mémoire  de  M.  Cli.  Antoine,  intitulé  «  Du  roulis  par  calme;  am- 
plitude des  oscillations  successives; 

3°  Un  ouvrage  de  M.  Ed.  Lambert,  intitulé  «  Nouveau  guide  du  géolo- 
gue; géologie  générale  de  la  France,  suivi  d'un  Appendice  sur  la  géolo- 
gie des  principales  contrées  de  l'Europe  ». 

M.  T.  Husnot  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  le  8*  fascicule 
de  sa  collection  des  Mousses  de  France. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Nouvelles  obserualions  spectrales,  en  désaccord  avec 
quelques-unes  des  théories  émises  sur  les  taches  solaires.  Note  de  M.  Tac- 

CUINI. 

«  Palerme,  11  juillet  1873. 

»  Dans  ma  dernière  Note,  à  propos  du  spectre  métallique  observé  le 
matin  du  23  juin,  j'annonçais  à  l'Académie  que,  dans  la  matinée  suivante, 
luie  tache  ou  une  facule  devait  se  présenter  dans  le  point  où  l'on  avait  ob- 


(  '96  ) 
serve  ce  spectre.  En  effet,  le  matin  du  a4,  j'ai  trouvé  en  ce  point  précis  une 
belle  facule  très-vive  et  compacte,  de  la  forme  indiquée  par  \a.fi(j.  a;  mais 
ce  n'est  pas  là  ce  qui  me  paraît  le  plus  intéressant,  car  cette  coïncidence 
a  déjà  été  souvent  constatée  d'une  manière  évidente.  Le  véritable  intérêt 
consistait  à  suivre  la  facule  pour  vérifier  si,  dans  son  milieu  ou  tout  prés 
d'elle,  quelque  tacbe  ou  trou  noir  se  présenterait.  J'ai  donc  suivi  avec  soin 
cette  facule  :  je  n'ai  vu  se  produire  en  ce  point  aucune  tache  ni  aucun  trou 
pendant  la  demi-rotation. 

Fig.   1. 


1090,5 


5  juillet  1873. 


880 


2:10»,  5 


Fig.  2. 


24  juin  1873. 


272" 


»  Supposant  que  la  facule  pouvait  se  maintenir  pendant  plusieurs  jours, 
je  m'attendais  à  la  voir  au  bord  occidental  vers  le  6  juillet.  En  effet,  le  matin 
du  5,  la  facule  était  déjà  visible  à  une  distance  du  bord  telle  qu'elle  dût  par- 
venir sur  le  bord  même  dans  la  matinée  suivante  :  sa  forme  était  alors  celle 
de  \Aftg.  I.  Le  jour  suivant,  j'ai  répété  l'observation  spectrale  du  bord,  et 
j'ai  trouvé,  à  la  place  de  la  facule,  un  spectre  métallique  identique  à  celui 
que  la  facule  avait  présenté  le  matin  du  23  juin,  c'est-à-dire  à  l'époque  de 
son  a|)parition  sur  le  disque.  Nous  sonunes  donc  ici  en  présence  d'un  spectre 
métallique,  ou  d'une  éruption  solaire,  qui  persiste  inaltérée  pendant  une 
demi-rotation  sans  présenter  ni  tache  ni  ^rou  noir.  Une  observation  aussi 
complète  augmente  pour  moi  les  difficultés  que  présentent  les  théories 
du  P.  Secclii  et  de  M.  Faye  sur  la  formation  des  taches. 

»  Le  P.  Secchi  considère  les  taches  solaires  comme  le  produit  des 
éruptions  qui  transi)orleiil  les  vapeurs  métalliques  en  haut,   vapeurs  qui, 


(  '97  ) 
en  se  refroidissant,  retombent  sur  le  Soleil  en  produisant  les  taches.  A 
chaque  éruption  devraient  donc  toujours  se  former  des  taches,  ce  qui  est 
en  désaccord  avec  une  éruption  métallique  de  quatorze  jours  sans  tache. 
Le  P,  Secchi  pourrait  peut-être  dire  que  les  vapeurs  ont  été,  dans  ce  cas, 
transportées  et  dispersées  très-loin  ;  mais,  quant  à  la  théorie  de  M.  Faye,  je 
crois  très-difficile  de  pouvoir  concilier  mes  observations  avec  les  proposi- 
tions qu'il  a  émises  et  qu'il  soutient  encore.  En  effet,  les  vraies  éruptions 
solaires,  pour  l'illustre  académicien,  n'existent  pas,  et  dans  le  catalogue  des 
hypothèses  qui,  selon  lui,  doivent  disparaître  définitivement  {Comptes  ren- 
dus, 1872,  t.  LXXV,  p.  16^2),  on  trouve  celle  des  éruptions  internes  per- 
çant la  photosphère  et  donnant  naissance  aux  taches. Selon  M.  Faye,  aucune 
éruption  n'est  donc  possible  à  la  surface  du  Soleil,  et  si  nous  observons 
des  phénomènes  qui  ont  les  caractères  d'éruptions,  cela  est  dû  à  une  circu- 
lation d'hydrogène,  conséquence  des  tourbillons  qui  se  formeraient  à  la 
surface  du  Soleil  ;  de  manière  que  l'hydrogène  transporté  au  fond  de  la 
tache,  qui  n'est,  selon  lui,  autre  chose  qu'un  tourbillon,  remonterait  autour 
de  la  tache  en  transportant  d'autres  matériaux,  et  donnant  ainsi  naissance 
à  une  série  de  jets  métalliques  autour  delà  tache  et  au-dessus  de  la  chromo- 
sphère. En  conséquence,  l'observation  d'un  spectre  métallique  ne  serait 
possible  que  dans  le  cas  d'un  tourbillon,  c'est-à-dire  d'une  tache  solaire. 
Mon  observation  prouve  le  contraire,  et  cela  pendant  l'espace  d'une  demi- 
rotation  solaire. 

»  Mais  j'ai  encore  d'autres  observations  à  communiquer,  qui  conduisent 
aux  mêmes  conclusions. 

»  Le  matin  du  5  juillet,  j'avais  observé  un  autre  spectre  métallique, 
correspondant  à  des  facules  qui  s'étaient  formées  en  avant  de  celle  du 
24  juin.  Alors  j'ai  soupçonné  qu'au  lieu  d'une  éruption  limitée  on  pouvait 
s'attendre  à  voir  une  région  éruptive  très-étendue,  et  c'est  ce  que  l'obser- 
vation a  confirmé  complètement. 

»  Le  7  juillet,  j'ai  trouvé  le  spectre  métallique  étendu  sur  24  degrés  du 
bord,  avec  le  sodium  dans  la  partie  centrale,  et  sans  la  présence  d'aucune 
tache.  Le  jour  suivant,  l'éruption  s'étendait  sur  48  degrés  du  bord;  il  y 
avait  alors  des  taches  sur  cette  partie  du  bord,  mais  elles  étaient  limitées  à 
8  degrés,  tandis  que  les  4o  autres  degrés  offraient  les  caractères  d'éruption, 
sans  taches. 

»  A  la  place  précise  de  la  tache  la  plus  belle,  j'ai  pu  observer  un  spectre 
métallique  vraiment  extraordinaire  :  trente-quatre  raies  se  montraient  rcn- 

C.\{.,lS^■i,1'  Semestre.  (T.  LWVll,  N"  3.)  2" 


(  >98  ) 
versées,  et  dix-sept  d'entre  elles  étaient  comprises  entre  la  raie  b  et  la 
raie  54o4  d'Angstroin;  à  certains  instants,  toutes  les  lignes  de  cet  inter- 
valle semblaient  renversées.  Avant-hier,  l'éruption  continuait  encore,  mais 
elle  ne  s'étendait  plus  que  sur  3G  degrés  du  bord  :  hier,  elle  comprenait 
3o  degrés;  enfin,  ce  matin,  i!  n'y  avait  de  spectre  métallique  que  sur  trois 
points;  il  était  faible  et  l'on  n'observait  toujours  pas  de  taches.  Les  détails 
de  toutes  ces  observations  seront  donnés  dans  un  prochain  numéro  des 
Memorie,  avec  les  figures  relatives.  Pour  aujourd'hui,  je  me  contente  d'an- 
noncer à  l'Académie  le  fait  que  j'ai  observé,  savoir,  dans  une  région  solaire, 
une  éruption  s'étendant  presque  sur  5o  degrés  en  latitude,  et  qui  a  em- 
ployé sept  jours  pour  se  terminer.  Tandis  qu'un  phénomène  aussi  extra- 
ordinaire se  produisait,  sur  une  étendue  aussi  énorme,  le  magnésium  et  la 
raie  i474  de  Kirchhoff  étaient  visibles  sur  le  bord  entier  du  Soleil.  Voilà 
donc  un  mouvement  général  dans  les  couches  supérieures  du  Soleil,  indé- 
pendant du  mouvement  de  rotation  de  1  astre,  puisque  le  Soleil  tourne 
toujours  de  la  même  manière.  » 

ANALYSE.  —  Sur  la  constante  d'Enter  et  la  fonction  de  Binet; 
par  M.  E.  Catalan.  (Extrait.) 

«   1.  Soit 

(")       -  -\ \ H. ..H ~ =  /(y.  +  II  —  \)  +  o  in,  a)  -+-  C„, 

p.  étant  une  quantité  positive,  et  la  fonction  ç  («,  y.)  s'annulant  pour  «  in- 
fini. Quant  à  la  constante  C,;.,  définie  par  l'égalité 

(a)  C,  =  Hm[i  +  ^  +...+  j^-j-^  -  /(^.  +  n  -  .)], 

elle  se  réduit  à  la  constante  d'Euter  C,  si  |j.  =  i . 
»  2.  D'après  l'équation  (i), 

14)  9(",  F-)  =  -X"  [t^  -  /I^l-^^^"^-^--' 

(5  )  C,  -  (V  =  C  -  Cy,  =--  f''~^'^'  da 


ix. 


{   '99  ) 
»  D'ailleurs  (*), 

donc 

^"1  ^~  du.    ' 

n  Ainsi  la  constante  C^,.,  considérée  comme/ottct/o/i  du  paramètre  (j.,  est 
une  transcendante  connue.  Si  p.  est  commensnrable,  C  —  Cj^  est  exprimable 
sous  forme  finie  :  en  particulier,  C  —  Cj  =  i , 

»   3.  Dans  la  Note  citée,  j'ai  prouvé  que 

(8)      /  '-^  r.r-1^  H-  jc'v-  H-  jc^v-  4-  ;.  .1  +  f  r_L_  +  ^  ]jc^-<  dr  =  o, 

si  p.  est  un  nombre  entier.  Par  une  démonstration  très-simple,  on  établit  la 
généralité  de  cette  équation.  En  conséquence,  et  pour  toutes  les  valeurs  posi- 
tives de  p., 

»   4.  Prenons  la  formule  connue 

(ro)  /rfp.)  3=  [jj.  -  ij  /(p.)  -  p.  +  ^  /(^^t:)  +  î^(p.), 

dans  laquelle  ~(p)  est  \^  jonction  de  Binel,  savoir  : 


[il]  rs{p.)—         l-r-^— -+-1'^ — '^x'- 


X  2  /     .r 


Il  en  résulte,  à  cause  des  relations  (7)  et  (8), 


(.3) 


(*)   Foir,  par  exemple,  iVo?e  ^«r  une  formule  de  M.  Botesu  [Bulletins  de  rJcadémie  de 
Belgique,  juillet  et  novembre  1872). 

26  . 


puis 


Cu 


(    200    ) 

■-■'(1        '  ~^  ' 


et,  en  particulier  (*), 

(i5)  C,  =  C  =  1  -  J' ^  (a-^  4- x'  +  ^» +  ...). 

»  5.  Connaissant  ro'(/-'-),  on  trouve,  par  un  calcul  que  je  suis  forcé  de 
supprimer  (**), 


(<7)  ^r(/;.)-(fx-.)/(p-)-,'^-- r 

(.8) 


4  « 

clx  /l — x''  I — .r';' 


I+.rWx 


f/a- 


I  • —  .r'  I  —  .r° 


»    6.   La  dernière  formule  équivaut  à  celle-ci  : 

\/ir(2)-|"^  [-v/^r(3)-j'  rv/^r(5)-|'  rv/"r(9)-]^ 


e  = 


'\/^r(2)-}'  rv/7rr(3)-i'  rv/7rr(5)-['  rf^LLlsiT" 

d'où  l'on  tire  ce  développement  curieux 


(■9)                        «=f(f)'( 

G.8\  '  /io.i2.i4.i6\' 

5.7/     \  y.ii.i3.l5J 

»   7.   Si  l'on  suppose 

i-^n^     V    r '■'"•''■'n 

-  ri2,uH-i)  T'r  r(4u-+-i)  ~ 

(20)                 i^—                           ^, 

r    u  +  - 
L   V'       3/J 

on  trouve 

r(2,+  l)J     _r(4y.  +  ^)_ 

(21)                                                          Ti, 

;.  - 

hii^'xi^e-'^vnPH^. 

(22) 


r(/z  +  r  =:  ?i"c-"\i:u 


•?.     2    4     4  ^  "  —   2    2/?  —  2 

I      3     3     5  2/2  —  3    2  «  —   I 

V., 


r    2/1    2// +  2        j/2     j-r4'?-i-'-        8//      '     /•••\. 
L2«  —  I  2«-(-i      4"  —  'J  l4"  +  '      ^"  —  'J      ^ 


(*)   Note  sur  une  formule  de  M.  Botesu. 

(**)  Dans  un  Minioire  reniar(]iiable,  enroro  inédit,  M.  Pli.  Gilbert  a  donné  une  infinité 
de  séries  propres  à  reiirésenter  la  fonction  de  Binet. 

(***)  De  cette  relation  (22),'  on  peut  déduire  le  développement  de  e"  en  produit  indéfini. 


(    201     ) 

et,  comme  T{n  4-  i)  =  ?i"c~"\-?.n/t(i  -^  --  '' 


n    7 


(23) 


\  !+£«=---  -ô-^ ^  

'  i,  TT  L  r   J  J        2  «  —  o    2  «  —  I  J 

j  r    2«     2«  +  a        4"     i"r4"-t-2        8«    i' 


Cette  quantité  est  le  terme  complémentaire  de  la  formule  de  Stirling,  c'est- 
à-dire  la  fonction  qui  a  pour  développement,  en  série  divergente. 


B3 


1 . 2 .  rt        3.4."'        5 . 6 .  «' 
»  8.  Pour  terminer,  citons  encore  ces  résultats,  peut-être  connus, 

(24)  lim     ^     ,  ^^   ,\,      ,  ^^  =v/2; 

^   ^^  riy. +  i)r(2f/)  ^    ' 


(25) 


ir  4    4    ^    '^     '  -^     '  ■^ 

2  ^Ç  ~~  3   5   7   9   1 1    1 3 


,  ^ ,  ,-      2  2  (i  6  10  10  i4  i4 

PHYSIQUE.  —  Recherches  iiir  la  condensation  électrique  ; 
Note  de  M.  V.  Neyreneuf,  présentée  par  M.  Edm.  Becquerel. 

«  Dans  les  différentes  circonstances  de  son  emploi,  un  condensateur  à 
lame  de  verre  est  un  véritable  électrophore  agissant  par  ses  deux  faces, 
pouvant  donner  à  volonté  de  l'électricité,  soit  positive,  soit  négative,  ouïes 
deux  électricités  à  la  fois.  On  vérifie  facilement  qu'il  en  est  ainsi  :  1°  dans 
la  décharge  par  contacts  successifs  :  si  l'on  écarte,  en  effet,  brusquement 
le  plateau  que  l'on  vient  de  toucher,  on  le  trouve  chargé,  et  chargé  d'une 
électricité  contraire  à  celle  qui  produisait  la  divergence  du  pendule  ; 
2°  dans  la  décharge  instantanée  :  l'écart  des  deux  plateaux  après  la  pro- 
duction de  l'étincelle  va  mettre  en  évidence  sur  ces  deux  plateaux  des 
électricités  contraires  à  celles  qu'ils  manifestaient  d'abord  ;  3°  par  le  long 
emploi  que  l'on  peut  faire,  quand  le  condensateur  est  déchargé,  de  la  lame 
de  verre  comme  électrophore. 

»  Les  quantités  d'électricité  obtenues  dans  les  trois  cas  que  je  viens  de 
signaler  sont  considérables  et  peuvent  produire  de  fortes  divergences  des 
pendules  à  moelle  de  sureau  et  des  étincelles  qui  dépassent  souvent  en 


(     202    ) 

longueur  i  centimètre.  Il  est  commode  de  faire  usage,  pour  obtenir  les 
meilleurs  effets,  du  condensateur  à  lame  de  verre  verticale. 

»  On  se  rend  compte  des  phénomènes  ordinaires  de  la  condensation  en 
attribuant  à  la  lame  isolante  un  rôle  exclusif  dans  leur  production.  Une 
seule  difficulté  |)eut  se  présenter  à  l'esprit  relativement  à  l'électricité  libre 
que  renferme  toujours  l'un  des  plateaux  ;  mais  on  doit  remarquer  :  i°  que 
cette  électricité  est  en  quantité  peu  considérable,  comme  on  peut  le  con- 
stater en  écartant  le  plateau  sur  lequel  elle  se  trouve  ;  2°  que  dans  l'expé- 
rience de  la  bouteille  de  Leyde  à  armures  mobiles,  où  Ton  ne  garde  que 
les  deux  électricités  accumulées  sur  les  deux  faces  de  la  lame  isolante,  on 
reproduit  les  principales  circonstances  delà  condensation;  3°  que  l'on 
peut,  sans  modification  sensible,  donner  au  moyen  d'une  machine  de 
Holtz  de  l'électricité  libre  aux  deux  plateaux  à  la  fois. 

»  Toutes  les  substances  solides  isolantes  se  prêtent  comme  le  verre  aux 
expériences  indiquées  plus  haut.  On  remarque  néanmoins,  en  comparant 
leurs  effets,  que  les  uns  sont  plus  propres  à  former  des  condensateurs, 
d'autres  des  électrophores.  La  gutta-percha  est  le  type  de  ces  dernières; 
un  plateau  de  cette  substance  (j'ai  vérifié  le  fait  sur  quatre  échantillons 
différents),  qui  fonctionne  si  bien  comme  électrophore,  ne  donne  pas  d'é- 
tincelle avec  l'excitateur,  pour  les  charges  les  plus  prolongées. 

»  L'étude  de  l'électrophore  se  trouve  reliée,  comme  on  le  voit,  à  l'étude 
du  condensateur.  Un  électroscope  à  décharges  de  M.  Gangain,  sans  résis- 
tance à  vaincre  par  le  fluide  électrique  et  dans  lequel  les  feuilles  d'or 
sont  remplacées  par  une  mince  feuille  d'étain,  mis  en  communication  avec 
le  plateau  mobile  de  l'électrophore,  permet  d'évaluer  la  charge  de  ce  pla- 
teau sans  que  l'on  ait  de  déperdition  à  craindre.  Si  l'on  soulève  en  effet  ce 
plateau,  les  décharges  successives  vont  se  produire,  au  fur  et  à  mesure  que 
de  l'électricité  deviendra  libre  parla  variation  de  distance  à  la  lame  isolante, 
et  l'on  ne  devra  se  préoccuper  que  de  la  régularité  du  mouvement  de  la 
lame  d'étain. 

»  Un  électrophore  ordinaire  de  i  centimètre  d'épaisseur,  chargé  avec 
une  peau  de  chat,  manifeste  d'abord  un  affaiblissement  rapide,  puis  arrive 
à  un  état  de  charge  qui  peut  rester  constant  pendant  quatre  heures  consé- 
cutives, pourvu  que  son  emploi  ne  soit  pas  continu. 

»  Avec  un  électrophore  condensateur^  pour  lequel  le  contact  est  intime  et 
l'épaisseur  bien  moindre,  l'affaiblissement  est  continu,  sauf  pour  des 
charges  très-faibles. 

»  Ce  résultat  ne  peut  se  constater  qu'avec  certaines  substances  et  à  partir 


(    203    ) 

d'une  certaine  limite  de  charge,  car  avec  le  verre  et  le  caoutchouc  durci  se 
produisent  des  décharges  spontanées  sans  qu'on  soulève  le  plateau  mobile. 
Ces  décharges,  de  signe  contraire  aux  décharges  électrophoriques,  sont  ducs 
à  la  même  cause  qui  produit  les  résidus.  La  gutta-percha  ne  donne 
jamais  de  décharges  spontanées. 

»  En  général,  et  dans  le  cas  d'un  contact  intime,  plus  les  décharges 
spontanées  sont  nombreuses,  moins  ou  observe  de  décharges  électropho- 
riques. 

»  La  charge  totale  d'une  lame  isolante  évaluée  par  la  somme  des  deux 
sortes  de  décharges  dépend  sans  doute  de  la  charge  du  condensateur  éva- 
luée au  moyen  dune  bouteille  de  Lane,  mais  est  surtout  fonction  du 
temps  pendant  lequel  la  communication  avec  la  machine  a  été  établie.  Ce 
fait  oblige  à  examiner  l'influence  réciproque  de  la  lame  isolante  de  la  source 
d'électricité  :  je  reviendrai  bientôt  sur  ce  ])oint  important.  On  peut  con- 
clure dès  maintenant  : 

»  1°  Que  la  constance  de  charge  de  l'électropLore  ordinaire  provient 
de  Timperfection  du  contact; 

»  2"  Que  l'emploi  du  plan  d'épreuve  est  complètement  défectueux  pour 
des  recherches  quantitatives  et  même  qualitatives  d'électrisation  d'une 
lame  isolante  ; 

»  3°  Que  l'emploi  de  l'électroscope  à  feuilles  d'or  exige  de  grandes  pré- 
cautions, à  cause  de  l'état  variable  qui  se  produit  toujours  par  suite  du 
fonctionnement,  comme  électrophore,  de  la  lame  isolante  d'un  conden- 
sateur ; 

»  4° Qu'un  électrophore  installé  dans  les meilleuresconditions  théoriques 
ne  donnerait  presque  aucun  effet,  à  cause  de  l'antagonisme  des  décharges 
spontanées  et  de  celles  obtenues  par  le  fonctionnement  ordinaire  de 
l'appareil.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.   —   Etude  de  la  nilrifïcation  dans   les  sols; 
par  M.  Th.  Schlœsing. 

«  La  nitrification  de  la  terre  arable,  l'un  des  phénomènes  les  plus 
importants  pour  l'Agriculture,  est  encore  aujourd'hui,  après  les  recherches 
nombreuses  dont  elle  a  été  l'objet,  un  sujet  d'études  fécond.  Ses  conditions 
indispensables  sont  connues,  savoir,  une  matière  azotée  qui  subit  la  com- 
bustion lente,  une  aération  suffisante,  une  base  carbonatée,  certanis 
degrés  d'humidité  et  de  chaleur;  mais  on  ignore  les  relations  qui  existent 


(  2o4  ) 

entre  la  nitrification  et  chacune  de  ces  conditions,  et  l'on  ne  peut  expli- 
quer, encore  moins  prévoir  les  variations  considérables  que  la  production 
du  nitre  éprouve  dans  des  circonstances  diverses.  Sans  me  dissimuler  com- 
bien des  recherches  propres  à  éclaircir  ce  sujet  exigent  de  temps  et  de  tra- 
vail, je  les  ai  entreprises  depuis  quatre  ans,  et  j'ai  institué  un  grand 
nombre  d'expériences  dans  lesquelles  je  me  suis  efforcé  de  reproduire  les 
conditions  naturelles  de  la  nitrification. 

»  Celles-ci  peuvent  être  classées  en  plusieurs  catégories  : 

»  Conditions  propres  au  sol  :  composition  minérale  et  propriétés  physiques  qui  en 
résultent;  nature  et  proportion  des  principes  salins  solubles  ou  insolubles  ;  nature  et  quan- 
tité des  matières  organiques  ;  degrés  d'ameubiisseraent  ;  culture; 

»  Conditions  résultant  des  rapports  du  sol  avec  l 'atmosphère  :  humidité;  proportion 
d'oxygène  et  d'acide  carbonique  dans  l'atmosphère  confinée  dans  le  sol  ;  échanges  de  gaz 
entre  le  sol  et  l'air  ; 

»    Conditions  purement  physiques  :  chaleur,  lumière,  électricité. 

»  Pour  étudier  l'influence  de  chaque  condition,  il  faut  suivre  la  méthode 
laborieuse,  mais  sûre,  qui  consiste  à  instituer  les  expériences  par  séries; 
dans  chaque  série  on  fait  varier  la  condition  étudiée,  toutes  les  autres 
demeurant  égaies.  L'application  de  cette  méthode  à  la  nitrification  ren- 
contre tout  d'abord  un  premier  obstacle  :  l'atmosphère  confinée  dans  un 
sol  est  constamment  modifiée  par  la  matière  organique  ;  si  donc  on  veut 
être  assuré  que  l'atmosphère  est  la  même  dans  toutes  les  expériences  d'ime 
même  série,  il  faut  absolument  la  renouveler  souvent,  pour  pouvoir  la 
considérer  comme  constante.  De  là  des  manipulations  continuelles  qui 
lasseraient  l'opérateur  le  plus  persévérant,  et  qu'il  est  indispensable  de 
confier  à  des  mécanismes  chargés  de  former  et  distribuer  des  mélanges 
d'air,  d'azote,  d'acide  carbonique  représentant  les  atmosphères  confinées. 

»  J'ai  déjà  mentionné,  dans  une  Communication  sur  la  dissolution  du 
carbonate  de  chaux  par  l'acide  carbonique  [Comptes  rendus,  o.l\  juin  iH'ya), 
des  appareils  qui  m'ont  permis  de  produire  avec  continuité  des  mélanges 
constants  d'acide  carbonique  et  d'air;  ceux  qui  me  servent  à  étudier  la  ni- 
trification sont  du  même  genre  :  des  tourniquets  hydrauliques  distribuent 
de  l'eau,  dans  des  rapports  constants,  à  de  petits  appareils  de  verre  très- 
simples,  qui,  par  le  moyeu  de  l'eau,  aspirent,  mesurent  et  renvoient,  les 
uns  de  l'air  puisé  hors  du  laboratoire,  d'atitres  de  l'acide  carbonique,  d'au- 
tres de  l'azote.  Les  gaz  isolés,  ou  réunis  deux  à  deux,  ou  tous  trois,  passent 
dans  des  flacons  récepteurs  et  de  là  dans  les  sols. 

»  Grâce  à  ces  dispositions  automatiques,  j'ai  pu  obtenir  un  certain 


(  2o5  ) 
nombre  de  résultats  que  je  commence  aujourd'hui  à  soumettre  à  l'Aca- 
démie. 

Influence  de  la  proportion  d'oxygène  dans  l'atmosphère  confinée. 

»  Première  série  d'expériences.  —  Cinq  lots  de  2  kilogrammes  d'une 
terre  calcaire  ont  été  placés  dans  de  grandes  allonges  de  verre,  à  la  tempé- 
rature ambiante.  Toutes  choses  étaient  égales,  sauf  la  composition  des 
atmosphères,  qui  étaient  des  mélanges  d'air  et  d'azote  renfermant,  en  vo- 
lumes, 

I.  II.  III.  IV.  V. 

Oxygène i, 5  p.  100       6  p.  100        n  p.  100        lô  p.  100       21  p.  100 

Humidité  de  la  terre,  i5,9  pour  100; 

Composition  minérale  :  argile,  i4,6  pour  100;  calcaire  fin,    19, 5;  sable  siliceux,  48; 
sable  calcaire,  17,7; 

Taux  d'azote  dans  la  terre  humide,  0,268  pour  100. 

»  C'est  une  terre  fertile,  riche  en  principes  humiques. 

»  Avant  d'être  admises  dans  les  terres,  les  atmosphères  passaient  sur  des 
réactifs  alcalins  et  acides,  pour  être  dépouillées  de  toute  trace  d'acide  car- 
bonique et  d'ammoniaque.  L'élimination  de  l'acide  carbonique  devait 
permettre  de  mesurer,  par  des  dosages  de  cet  acide  à  la  sortie  des  terres, 
la  combustion  de  la  matière  organique;  l'élimination  de  l'ammoniaque 
supprimait  l'objection  consistant  à  attribuer  à  l'oxydation  de  cet  alcali 
une  partie  du  nitre  produit. 

»  Les  expériences  ont  duré  du  5  juillet  au  7  novembre  1872. 

»  Les  dosages  d'acide  carbonique  dans  les  atmosphères  expulsées  des 
terres  ont  donné,  dans  les  mois  de  juillet  et  d'août,  pendant  que  la  tempé- 
rature variait  entre  21  et  29  degrés,  les  moyennes  suivantes  : 

I.  II.  III.  IV.  V. 

Température  moyenne 1^",  3  24°  aS",  1         24°,  2      25",  2 

Moyenne  de  racide  carbonique  formé  1^,,,^  ^^.^^^      ^^^^^^       ^ 

en  24  heures,  dans  l'^i'  de  terre.  .  .  ) 

»  La  combustion  de  la  matière  organique  dans  les  quatre  derniers  lots 
semble  presque  indépendante  de  la  proportion  d'oxygène  dans  les  atmo- 
sphères; et  dans  le  lot  I,  où  cette  proportion  tombe  à  i  |  pour  100,  la 
combustion  atteint  encore  les  soixante  centièmes  de  ce  qu'elle  est  dans  les 
antres  lots.  Ainsi  la  combustion  lente  des  matières  organiques  des  sols 
présente,  dans  ses  rapports  avec  l'atmosphère  confinée,  une  différence 
complète  avec  la  combustion  vive  que  nous  sommes  habitués  à  envisager, 

C.  R.,  1873,  o«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  3.-)  .  ^7 


(    206    ) 

et  dont  l'activité  est  proportionnée  au   renouvellement  de   l'atmosphère 
comburante  et  à  sa  richesse  en  oxygène. 

i>  Les  dosages  d'acide  carbonique  faits  en  septembre  et  octobre,  à  des 
températures  comprises  entre  i4et  18  degrés,  donnent  lieu  à  la  même  re- 
marque; ils  montrent  de  plus  que  la  température  a  une  influence  considé- 
rable sur  la  combustion  lente,  ainsi  qu'on  devait  s'y  attendre.  En  effet,  la 
production  de  l'acide  carbonique,  à  la  température  moyenne  de  16  degrés, 
n'a  été  que  la  moitié  de  la  production  à  24  degrés. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  des  dosages  d'acide  nitrique  rapportés 
à  I  kilogramme  de  terre  humide  : 

I.  n.  m.  IV.  V. 

mg  mg  me  dik  nie 

Au  7  novembre  1872 i5i,8         201,8         238,6         352,7         268,7 

Au  5  juillet  1872 ro6,i  106,1  106,1  106,1  106,1 


Acide  nitrique  formé ^5,-]  95.7  i32.5         24^,6  162,6 

»  La  quantité  d'acide  formé  croît  de  I  à  IV  et  décroît  en  V  :  il  est  pro- 
bable qu'au  moment  de  la  prise  d'échantillon  il  y  a  eu  transposition  d'éti- 
quettes entre  les  échantillons  des  lots  IV  et  V.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  pro- 
duction du  nitre  parait  ici  dépendre  de  la  proportion  d'oxygène  dans 
l'atmosphère  confinée;  mais  on  remaïquera  qu'elle  est  encore  très-notable 
quand  l'oxygène  descend  à  i,5  pour  100,  et  il  me  sera  permis  de  conclure 
de  cette  première  série  d'expériences  que  la  combustion  de  la  matière  orga- 
nique et  la  nilrification  ont  continué  dans  mes  sols  et  s'j  sont  montrés  très-sen- 
sibles, lors  même  que  la  proportion  d'oxygène  confiné  est  devenue  très-faible. 

»  C'est  un  résultat  sur  lequel  j'appuierai  plus  tard  des  conclusions  in- 
téressantes. 

»  Deuxième  série  d'expériences.  —  Elle  ne  diffère  de  la  première  qti'en 
deux  points  :  d'abord  l'humidité  de  la  terre  a  été  portée  au  maximum  d'im- 
bibition,  24  pour  100;  ensuite  on  n'a  admis  dans  le  lot  I  que  de  l'azote  pur. 
Du  reste,  la  terre  a  été  prélevée  au  même  endroit  de  mon  champ,  et  les 
lots  II,  III,  IV  et  Vont  reçu  des  atmosphères  contenant  G,  11,  16,  21 
pour  100  d'oxygène. 

»  Les  expériences  ont  duré  du  18  novembre  1872  au  3  juillet  1873.  Les 
dosages  d'acide  carbonique  faits  en  novembre  et  décembre  ont  donné  : 


Température  moyenne 

Acide  carbonique  formé  en  vingt- 
quatre  heures  dans  i''^  de  terre. 


I. 

II. 

III. 

IV. 

Y. 

14°,  3 

14°,  5 

tS" 

.6",, 

-4",'. 

)'"^o3 

1 5'"S  9 

l6"'5,0 

.6"'S6 

i6"'8,o 

(     207    ) 

»  Lit  coinbuslion  lente  se  montre  encore  indépendante  de  la  proportion 

d'oxygène,  dans  les  quatre  derniers  lots.  Dans  le  premier,  l'acide  carbo- 

iiique  produit  ne  peut  être  attribué  qu'à  une  combustion  qui  se  fait  aux 

dépens  de  l'oxygène  propre  de  la  matière  ou  de  celui  de  corps  minéraux 

réductibles.  L'excès  d'humidité  favorise  la  combustion  lente,  car  j'obtiens 

dans  la  seconde  série,  à  une  température  de  i4  degrés  seulement,  autant 

d'acide  carbonique  que  dans  la  première,  où  la  température  s'élevait  à 

i[\  degrés. 

Dosage  (le  l'acide  nitritjuc. 

I.  H.  111.  IV.  V. 

Au  3  juillet  1873 oo"°6  263"'6  286"'e  267"s  aSg'"^ 

Au  1 8  novembre  1873 64  64  64  64  64 

!  disparu 64 
lornie 199  222  2o3  223 

»  Dans  le  premier  lot,  l'acide  nitrique  préexistant  a  été  détruit  en  en- 
tier, sans  doute  sous  l'action  réductrice  de  la  matière  organique.  Dans  les 
autres,  la  nitrification  a  été  à  peu  près  égale,  comme  si  l'abondance  d'eau 
dans  la  terre  avait  fait  disparaître  l'influence  de  la  proportion  d'oxygène 
reconnue  dans  la  première  série  des  expériences.  Mais,  à  part  cette  diffé- 
rence entre  les  résultats  des  deux  séries,  l'une  et  l'autre  mènent  à  la  même 
conclusion,  savoir,  que  la  combustion  de  la  matière  organique  et  la  nitrifi- 
cation, même  dans  une  terre  imbibée  d'eau  à  saturation,  sont  encore  ac- 
tives lors  même  que  l'atmosphère  confinée  est  fort  appauvrie  en  oxygène.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  combinaison  d'acide  picrique  et  d'anhy- 
dride acétique.  Note  de  MM.  D.  Tommasi  et  H.  David,  présentée  par 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Lorsqu'on  fait  agir  l'acide  acétique  anhydre  sur  l'acide  picrique,  on 
obtient  un  composé  ayant  pour  formule  r^^jin  \  O,  que  l'on  peut  con- 

sidérer comme  étant  un  picrate  dans  lequel  l'atome  de  métal  aurait  été 
remplacé  par  de  l'acétyle.  Pour  préparer  le  picrate  d'acétyle,  on  chauffe 
dans  un  appareil  à  reflux,  pendant  deux  heures,  i  partie  d'acide  picrique 
et  4  parties  d'anhydride  acétique.  On  obtient  ainsi  un  liquide  parfaitement 
clair,  très-peu  coloré  en  jaune,  qui  renferme  le  picrate  d'acétyle  dissous  dans 
un  excès  d'acide  acétique  anhydre.  Pour  isoler  le  picrate,  on  verse  la  solu- 
tion acétique  dans  l'eau  qui  décompose  et  dissout  immédiatement  l'anhy- 

27.. 


(   2o8  ) 

dride  acétique  et  laisse  le  picrate  d'acétyle  sous  forme  d'une  poudre  blanche 
cristalline  et  légèrement  jaunâtre.  Cette  poudre  est  lavée  rapidement  à  l'eau, 
puis  recueillie  sur  une  toile  et  exprimée  à  la  presse.  Ce  picrate  d'acétyle 
est  ensuite  desséché  complètement  dans  le  vide. 

»   Ce  produit  prend  naissance  en  vertu  de  l'équation  suivante  : 


H  )  C'H'O  )  OWO  i  H 

»  Le  picrate  d'acétyle  fond  entre  yS  et  76  degrés  en  une  huile  d'un 
jaune  pâle;  à  120  degrés,  il  commence  à  se  décomposer  en  dégageant  des 
vapeurs  d'acide  acétique;  vers  180  degrés,  il  brunit  et  se  décompose  com- 
plètement à  260  degrés  en  laissant  un  résidu  charbonneux.  L'éther,  l'al- 
cool, l'éther  acétique,  les  acides  sulfurique,  azotique  et  chlorhydrique  le 
dissolvent  aisément  à  chaud.  Le  picrate  d'acétyle  exposé  au  contact  de 
l'air  se  colore,  au  bout  de  quelques  heures,  en  jaune,  par  suite  d'une  dé- 
composition partielle;  cette  décomposition  s'effectue  plus  rapidement  au 
contact  de  l'eau.  Les  solutions  alcalines  le  dédoublent  immédiatement  à 
froid  en  acide  acétique  et  en  acide  picriqne 

C«H=(AzO')'  I  ..    ,       li  /  ^  _  eiP(AzO^)3  I  CnVO  I  f)    ,    H  I 

»  Lorsqu'on  dissout  le  picrate  d'acétyle  dans  l'éther  anhydre,  et  que 
l'on  évapore  la  solution  dans  le  vide,  on  obtient  de  jolis  cristaux  d'un 
jaune  foncé. 

»  Le  picrate  d'acétyle  ne  détone  pas  par  le  choc;  mais,  mêlé  à  du  chlo- 
rate de  potasse,  il  produit  une  explosion  très-violente.  Chauffé  sur  une  lame 
de  platine,  il  brûle  avec  une  flamme  très-éclairante. 

»  L'analyse  de  ce  composé  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Calculé  (C'H'Az'O").  I.  Trouvé. 

Carbone 35,42  35,39  35, 4i 

Hydrogène 1,84  2,02  2,10 

Azote i5,49  '4)9'  " 

Oxygène 471^3  »  « 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  à  la  Sorbonne,  au  laboratoire  de  Chimie 
de  M.  Schùtzenberger.   » 


(    209    ) 

CHIMIE  ANALYTIQUE.   —   L'acide  pyrocjttHKjue  en  présence  de  l'acide  iodique. 

Noie  de  M.  Jacqcemin. 

K  L'histoire  des  traiistormalioiis  de  l'acide  pyrogallique  sous  l'infliieiice 
des  agents  oxydants,  devenue  plus  nette  à  la  suite  de  la  découverte  de 
la  purpurogalline  faite  par  M.  A.  Girard,  s'est  augmentée  de  résultats 
nouveaux,  obtenus  dans  ces  derniers  temps  par  M.  Struve  (Munich,  2  mars 
1872).  L'Académie  voudra  bien  accueilUr  avec  indulgence  un  nouvel 
exemple  du  même  genre,  qui  se  recommande  par  quelques  applications  à 
l'analyse. 

»  Tous  les  acides  réductibles  ne  jouissent  pas,  comme  ceux  du  manga- 
nèse et  du  chrome,  de  la  propriété  de  modifier  profondément  l'acide  pyro- 
gallique ou  pyrogallol.  Ainsi  l'acide  azotique  pur,  l'eau  régale  étendue  de 
2  volumes  d'eau ,  l'acide  arsénique ,  n'agissent  pas  sur  des  solutions 
d'acide  pyrogallique  au  vingtième. 

»  L'acide  iodique,  au  contraire,  libre  ou  combiné,  se  comporte  avec 
beaucoup  d'énergie,  et  brunit  instantanément  des  solutions  pyrogal- 
liques  au  deux-cent-cinquantième,  et  même  plus  étendues. 

»  11  était  présumable  que  les  acides  du  même  groupe  sériaire,  bromique 
et  chlorique,  agiraient  d'autant  mieux  que  l'iode  semble  avoir  plus  d'affi- 
nité pour  l'oxygène,  puisqu'il  l'enlève  à  l'acide  chlorique.  L'expérience 
n'a  pas  confirmé  ces  prévisions. 

»  Ainsi  le  chlorate  de  potasse,  dissous  dans  l'eau,  est  sans  effet,  même 
après  addition  d'acide  azotique,  et  l'acide  chlorique,  étendu  de  3  ou 
4  volumes  d'eau,  n'agit  pas  davantage.  Seul  l'acide  chlorique,  con- 
centré au  point  de  déterminer  la  combustion  du  papier,  brunit  la  solution 
assez  concentrée  de  pyrogallol,  mais  avec  moins  d'énergie  que  l'acide 
iodique  en  dissolution  au  deux-cent-cinquantiènie.  Le  bromate  de  potasse, 
lui  aussi,  reste  inerte,  tandis  que  des  traces  d'iodate  sulfisent  pour  amener 
une  réaction  bien  tranchée. 

»  L'acide  pyrogallique  pourra  donc  être  employé  avantageusement 
comme  réactif  pour  déceler,  dans  certains  cas,  la  présence  de  l'acide 
iodique,  ou  pour  servir  de  caractère  complémentaire  de  cet  acide,  car, 
1  centimètre  cube  d'eau  renfermant  un  dixième  de  milligramme  d'acide 
iodique,  je  m'en  suis  assuré  à  l'aide  d'une  liqueur  titrée,  fournit  encore 
une  réaction  très-nette.  Lorsque  l'eau  ne  renferme  plus  qu'un  centième  de 
milligramme  d'acide  iodique,  la  réaction  se  fait  attendre. 

»  Le  chimiste  pourra  donc  aisément,  par  le  pyrogallol,  s'assurer  de  la 


(    210    ) 

présence  ou  de  l'absence  de  l'acide  iodique  dans  l'acide  nitrique  du  com- 
merce, ou  contrôler  la  pureté  de  l'acide  livré  comme  tel. 

»  I^e  pharmacien  possédera  un  moyen  de  plus  de  constater  l'iodate  de 
potasse  dans  l'iodure  de  potassium  commercial.  S'il  prend  la  précaution  de 
faire  disparaître  l'alcalinité  par  de  l'eau  gazeuse,  la  teinte  jaune  d'or  pâle, 
que  prend  le  produit  impur,  se  dissipe  pendant  une  seconde  par  le  pyro- 
gallol,  puis  renaît,  s'accentue,  devient  jaune  brun  assez  foncé  pour  peu 
qu'd  y  ait  une  trace  d'iodate,  se  trouble  et  dépose  de  la  purpurogalline, 
qui  est  si  facile  à  caractériser. 

»  Le  physiologiste  arrivera  peut-être  par  ce  procédé  à  démontrer  que 
l'iode  pris  à  l'intérieur, ou  qui  pénètre  par  l'absorption  cutanée,  ne  s'élimine 
pas  simplement  à  l'état  d'iodure.  En  effet  l'iode,  au  contact  des  liquides 
alcalins  de  l'économie,  doit  produire  de  l'iodate  et  de  l'iodure  sodique  ;  or, 
si  l'iodate  ne  subit  point  de  réduction  sur  son  parcours,  il  sera  possible  de 
retrouver  de  l'acide  iodique  dans  les  urines.  Il  résulte  de  mes  observa- 
tions que  l'urine  normale  ne  se  colore  pas  par  le  pyrogallol,  et  qu'une  urine 
qui  contient  un  centième  de  milligramme  d'acide  iodique  par  centimètre 
cube  brunit  encore,  bien  que  lentement,  par  ce  réactif, 

»  Que  se  passe-t-il  dans  le  phénomène  d'oxydation  du  pyrogallol  par 
l'acide  iodique  ou  par  l'iodate  potassique?  Le  liquide  prend  immédiatement 
une  teinte  rouge  brun,  foncée,  couleur  teinture  d'iode.  11  n'y  a  pas  d'iode 
resté  ou  mis  en  liberté,  car  l'amidon  qu'on  y  ajoute  ne  change  pas  d'aspect, 
et  ne  se  colore  en  bleu  qu'après  addition  d'acide  nitrique  nitreux  :  ou  bien 
l'iode  a  été  dissimulé  par  la  matière  organique,  ou  bien  l'acide  iodique  ou 
l'iodate  de  potasse  sont  décomposés  en  iodure  d'hydrogène  ou  iodure  de 
potassium  et  oxygène. 

»  Un  trouble  se  manifeste  plus  tard,  qui  augmente  du  jour  au  lendemain, 
sans  que  l'on  remarque  de  dégagement  gazeux.  Le  précipité  recueilli  sur 
le  fdtre  m'a  donné  les  caractères  de  la  purpurogalline  de  M.  A.  Girard  ;  lavé 
à  l'eau  distillée,  puis  dissous  dans  l'alcool,  étendu  d'eau,  et  traité  par  l'am- 
moniaque faible,  il  vire  au  vert,  puis  au  bleu  pur  qui  se  dégrade  au  bout 
de  quelques  instants. 

«  Quant  au  liquide  filtré,  toujours  très-foncé,  il  paraît  varier  de  compo- 
sition suivant  le  mode  d'opérer,  les  proportions  employées  et  le  temps  qui 
s'écoule  entre  la  réaction  el  la  séparation. 

»  Dans  un  cas,  ce  liquide  provenant  d'une  oxydation  par  l'acide  iodique 
m'a  fourni  par  saturation  au  chlorure  sodique  un  précipité  briui  noir,  so- 
luble  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'alcool,  et  présentant  les  caractères  de 


(an   ) 
l'acide  tnnnomélaniqiie.  En  effet  : 

SC^IPO'  +  THO'  =  SCH'O'  +  3H^O  +  HI. 

M  Dans  un  antre  cas,  l'oxydation  avait  été  pratiquée  parl'iodafe  do  po- 
tasse, et,  après  avoir  recueilli  environ  25  pour  loo  de  purpurogalline,  je 
n'obtins,  par  la  saturation  an  chlorure  de  sodiinn,  qu'un  faible  précipité 
d'un  acide  brun  noir,  soluble  dans  l'eau  ou  dans  l'alcool,  et  une  liqueur 
qui  s'est  foncée  considérablement  par  l'ammoniaque  et  a  donné  un  abon- 
dant précipité  d'un  sel  ammoniacal  noir. 

»  Dès  que  je  serai  parvenu  à  mieux  saisir  les  différents  termes  de  cette 
action  chimique,  je  m'empresserai  de  les  présenter  à  l'Académie.  » 

MlNF-iRALOGlt:.  —  5«r  ime  combinaison  naturelle  des  oxydes  de  fer  et  de  cuivre, 
et  sur  la  reproduction  de  l'atacamite.  Noie  de  M.  C.  Friedei>,  présentée 
par  M.  Daubrée. 

«  En  examinant  récemment  les  échantillons  de  graphite  de  la  collection 
de  l'École  nationale  des  Mines,  j'ai  remarqué,  parmi  les  doubles,  un  mor- 
ceau de  petite  dimension,  dont  les  caractères  m'ont  paru  différer  un  peu 
de  ceux  qui  appartiennent  à  cette  espèce  minérale.  Les  lames  cristallines, 
appliquées  sur  les  deux  faces  d'un  fragment  d'argile  d'un  blanc  jaunâtre, 
présentaient  un  éclat  métallique  un  peu  plus  vif,  et  n'avaient  pas  en  même 
temps  cet  aspect  légèrement  gras  qui  est  propre  au  graphite;  elles  étaient 
aussi  dnn  gris  un  peu  pins  foncé.  L'étiquette  originale,  de  la  main  de 
Ravergie,  portait  ;  Graphite  sur  une  lilhomarge  blanche  de  Calherinebourq, 
Sibérie;  et  au  dos  ;  ylbbé  Grandidier,  Saint-Pétersbourg,  1820. 

»  Ayant  détaché  quelques  fragments  de  la  matière  grise,  qui  tachait  les 
doigts  et  traçait  sur  le  papier  à  la  manière  du  graphite,  et  qui  se  clivait 
facilement  en  lames  très-minces,  j'ai  reconnu  que  cette  matière  était  facile- 
mont  soluble  dans  l'acide  chlorhydriqno,  même  à  froid,  sohible  dans  les 
acides  azotique  et  snifnrique,  et  qu'elle  renfermait  essentiellement  du  enivre 
et  du  fera  l'état  d'oxydes.  L'essai  au  chalumeau  a  confirmé  les  indications 
de  l'essai  par  voie  humide;  la  substance,  assez  difficilement  fusible  au  cha- 
lumeau, colore  la  flamme  en  vert,  et  devient  attirable  à  l'aimant,  sur  lequel 
elle  n'a  aucune  action  avant  la  calcination.  Au  feu  de  réduction,  la  par- 
celle soumise  à  l'essai  se  recouvre  de  cuivre  métallique.  Avec  le  borax,  on 
obtient  une  perle  qui,  au  feu  d'oxydation,  est  d'un  beau  vert  émeraiide,  et 
qui  devient  rouge-brique  au  feu  de  réduction. 

»  La  solution  chlorhydrique,  étant  immédiatement  traitée  par  l'ammo- 


(    212    ) 

Iliaque  en  excès,  fournit  un  précipité  d'hydrate  de  sesquioxyde  de  fer,  et 
la  liqueur,  rapidement  séparée  do  ce  dernier  par  le  filtre,  est  d'abord  peu 
colorée  en  bien.  La  cotdeur  se  fonce  à  l'air.  Si  l'on  y  ajoute  aiissitôt  après 
la  fdtration  de  l'azotate  d'argent,  on  voit  se  produire  un  précipité  d'argent 
niélallique  d'un  gris  blanc,  susceptible  de  prendre  l'éclat  métallique  sous 
le  brunissoir.  La  liqueur  renfermait  donc  du  protochlorure  de  cuivre. 

»  L'analyse  a  été  faite  sur  une  petite  quantité  de  matière  triée  avec  le 
plus  grand  soin,  et  qui  n'a  laissé,  après  attaque  par  l'acide  chlorhydrique, 
qu'une  proportion  très-faible  d'une  matière  insoluble  formée  évidemment 
de  la  gangue  argileuse.  On  a  trouvé  :  . 


Oxygène. 

Rapports, 

Fe=0'.  .. 
A1=0'.  .  . 

••     47.99 
. .       3,52 

"^'"^"î  .6  ai 

3 

Cii'O  . . . 

..     47.45 

5,32 

I 

98,96 

»  Ces  nombies  s'accordent  bien  avec  ceux  exigés  par  la  formule 

Fe=0%Cu=0 

qui  demande  re°0'=  52,84,  Cu-0  = /j'y,  16.  La  petite  quantité  d'alumine 
que  l'on  a  trouvée  a  été  regardée  comme  faisant  partie  du  minéral.  On  a 
constaté,  en  effet,  que  la  gangue  argileuse  est  inattaquable  à  l'acide  chlor- 
hydrique, dans  les  conditions  où  l'on  a  opéré,  et  que  l'alumine  ne  peut 
pas  par  conséquent  en  provenir.  En  ne  tenant  pas  compte  de  l'alumine, 
on  rendrait  d'ailleurs  fort  compliqué  le  rapport  des  quantités  d'oxygène 
contenues  dans  le  sesquioxyde  et  dans  le  protoxyde. 

»  On  peut  se  demander  si  à  la  formule  Fe-0*,Cu-0  il  ne  faudrait  pas 
substituer  cette  autre  plus  simple  :  FeO,  CuO,  qui  correspond  aux  mêmes 
rapports.  L'analogie  avec  les  nombreuses  espèces  de  la  famille  desspinelles 
ferait  déjà  pencher  la  balance  du  côté  de  la  première;  la  présence  de  l'alu- 
mine semble  trancher  la  question  en  sa  faveur. 

»  Comme  confirmation  de  l'analyse  précédente,  j'ai  pensé  qu'il  serait 
bon  de  doser  l'oxygène  du  minéral  en  réduisant  celui-ci  au  rouge  dans  un 
courant  d'hydrogène.  La  substance  a  perdu,  dans  ces  conditions,  21,76 
pour  100  d'oxygène;  la  formule  Fe''0',Cu*0  exige  21, i5  pour  100.  La 
matière,  après  cette  expérience,  était  devenue  rouge  de  cuivre. 

M  Lorsque,  au  contraire,  le  minéral  est  soumis  à  l'action  d'un  courant 
d'oxygène  au  rouge,  il  augmente  de  poids  et  dans  une  proportion  qui  corres- 
pond à  peu  près  à  une  transformation  de  Fe-O^jCu^'O  en  f  (Fe'O*,  3CuO); 


(  2.3  ) 
il  devient,  d'ailleurs,   attirable  à  l'aimant,  et  du  noir,  il  passe  au  brun 
rouge  foncé. 

»  La  densité  du  nouveau  minéral  a  été  trouvée  de  5,07  à  la  température 
de  25°.  Sa  dureté  est  un  peu  supérieure  à  celle  du  gypse  et  peut  être  expri- 
mée par  le  nombre  2,5.  La  poussière  est  d'un  noir  grisâtre.  Quant  à  sa 
forme  crislalline,  en  l'absence  de  lames  terminées  sur  les  bords,  le  clivage 
unique,  très-facile,  qui  existe,  permet  seulement  d'exclure  le  type  cubique. 
Les  lames  les  plus  minces  sont  opaques. 

»  Ayant  fait  ces  observations  sur  le  i)etit  écliantillon  de  l'École  des 
Mines,  j'ai  pu,  grâce  à  la  libéralité  de  M.  Delafosse,  examiner  aussi  la  collec- 
tion du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  j'y  ai  trouvé  également,  sous  le 
nom  de  graphite,  trois  beaux  échantillons  de  la  même  substance,  qui 
m'ont  permis  de  vérifier  l'exactitude  des  indications  précédentes.  Les  trois 
morceaux  présentent  la  plus  grande  analogie  avec  le  fragment  de  l'École 
des  Mines,  et  deux  au  moins  sont  tellement  pareils  qu'on  n'hésite  pas  à 
leur  attribuer  la  même  provenance;  l'un  des  deux  (34,85)  porte  comme 
nom  de  localité  :  Amérique,  L'autre  (3i,/i2  ),  envoyé  par  Ravergie,  pen- 
dant son  voyage  en  Russie,  porte  :  Graphite  laminaire  sur  lithomarge,  de 
Catherinebourg ,  Gouvernement  de  Perm.  L'authenticité  de  cet  échantillon 
et  la  concordance  des  indications  qu'il  porte  ne  laissent  aucun  doute  sur  le 
gisement  du  nouveau  minéral,  qui  a  été  trouvé  à  Catherinebourg,  il  y  a 
une  cinquantaine  d'années,  et  qui  ne  semble  plus  avoir  été  rencontré  de- 
puis. Le  troisième  échantillon  (2,3G6)  du  Muséum,  présentant  un  aspect 
légèrement  différent  des  autres,  en  ce  que  le  minéral  a  formé  une  couche  un 
peu  plus  épaisse  entre  les  masses  d'argile  blanche,  el  en  ce  que  les  lames 
cristallines  ne  sont  pas  étalées  à  la  surface  de  la  gangue,  provient  de  la  col- 
lection de  Weiss,  et  est  catalogué  avec  l'indication  suivante  :  JVasserhley 
grobschiippiges  [Grapliil]  auf  und  zwiichen  verhàrtelen  Thon  aus  Bôhmen.  Il 
est  donc  possible  que  la  nouvelle  substance  minérale  se  soit  aussi  rencon- 
trée en  Bohême  :  toutefois,  ce  serait  vers  la  même  époque  qu'on  l'a  re- 
cueillie dans  l'Oural,  ce  qui  semble  diminuer  beaucoup  la  probabilité  de 
cette  double  origine. 

»  Je  proposerai  de  désigner  le  nouveau  minéral  par  le  nom  de  Delafossile, 
en  l'honneur  du  savant  et  vénérable  minéralogiste  dont  les  beaux  travaux 
sur  l'hémiédrie  ont  été  le  point  de  départ  des  découvertes  de  M.  Pasteur. 

»  En  dehors  des  spinelles,  qui  présentent  avec  ia  delafossile  une  analogie 
qui  réside  plutôt  dans  les  rapports  d'oxygène  que  dans  la  composition,  il 
n'existe  qu'une  espèce,  la  Crednerite,  qui   puisse  en  être  rapprochée.  La 

C.R.,  1873,  ••  Semestre.  (T.  LXXVU,  N^ô.)  20 


(  ai4  ) 
Crednerite  est  une  combinaison  de  sesquioxydede  manganèse  et  de  bioxyde 
de  cuivre,  à  laquelle  les  analyses  assignent  une  composition  très- variable; 
elle  se  trouve«d'ailleurs  accompagnée  et  imprégnée  d'Hausmannite,  qu'il  est 
impossible  d'en  séparer  complètement.  J'avais  pensé  qu'au  lieu  de 
bioxyde  elles  renferment  peut-être  du  protoxyde  de  cuivre;  mais  les  frag- 
ments, même  triés  avec  le  plus  grand  soin,  dégagent  du  chlore,  lorsqu'on 
les  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique,  ce  qui  ne  s'accorderait  pas,  en  sup- 
posant les  fragments  employés  purs  d'Hausmannite,  avec  cette  supposition. 

»  La  delafossite  représente  donc  parmi  les  combinaisons  naturelles  et 
même  parmi  les  artificielles  un  type  nouveau. 

»  Reproduction  artificielle  de  l'alacamite.  —  Dans  des  essais  tentés  pour 
reproduire  la  delafossite,  et  qui  n'ont  pas  encore  eu  le  résultat  attendu, 
j'ai  fait  chauffer  ensemble,  à  aSo  degrés,  dans  un  tube  scellé,  pendant  dix- 
huit  heures,  une  solution  de  perchlorure  de  fer  et  du  protoxyde  de  cuivre. 
Après  refroidissement  du  tube,  j'ai  trouvé  que  tout  le  fer  était  précipité  du 
liquide,  qui  renfermait  en  solution  lui  mélange  de  bichlorure  et  de  proto- 
chlorure de  cuivre.  Le  fer  se  trouvait  à  l'état  de  sesquioxyde  mélangé  avec 
un  excès  de  protoxyde  de  cuivre  non  dissous,  et  sur  les  parois  du  tube,  ou 
mélangés  avec  la  poudre  rouge,  se  trouvaient  de  jolis  cristaux  verts,  bril- 
lants, ayant  la  forme  et  les  caractères  de  l'atacamite.  Ces  cristaux  sont 
assez  grands  pour  pouvoir  être  mesurés,  et  j'ai  trouvé  l'angle  du  biseau 
n'n'  =  io5"34';  l'angle  de  l'atacamite  naturelle  est  de  io5''4o'. 

»  L'atacamite  a  déjà  été  reproduite  artificiellement  par  M.  Debray  (i), 
à  l'aide  d'un  procédé  entièrement  différent,  par  l'action  d'une  solution  de 
chlorure  de  sodiiun  sur  l'azotate  tribasique  de  cuivre  ou  sur  le  sulfate  de 
cuivre  ammoniacal.  Le  procédé  que  nous  venons  de  décrire  nous  paraît 
présenter  quelque  intérêt,  parce  qu'il  est  fort  possible  qu'une  partie  des 
cristaux  naturels  d'atacamite  se  soient  formés  par  l'action  du  chlorure  fer- 
rique  sur  l'oxyde  ou  sur  l'oxydule  de  cuivre.  Ce  qui  tendrait  à  appuyer 
cette  hypothèse,  c'est  que  très-souvent  les  échantillons  d'atacamite  sont 
accompagnés  de  se.squioxyde  de  fer  bydraté  ou  anhydre.  » 

CHIMIE    PHYSIOLOGIQUE.    —    Sur  les   altérations   spontanées   des  œufs  ; 
Note  de  M.  U.  Gayox  ,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  Dans  une  Conununication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie, 
siu"  l'altération  sponlunée  des  œufs,  dans  sa  séance  du  27  janvier  18^3,  j'ai 

(  1  )  Bulletin  de  la  Société  chiinUfUt',  t.  Vil,  p.  104. 


(2.5) 
annoncé  que  la  putréfaction  des  œufs  était  corrélative  du  développement 
et  de  la  multiplication  d'êtres  microscopiques,  de  la  famille  des  vibrioniens. 
J'ai  émis,  en  outre,  l'hypothèse  que  les  organismes  dont  il  s'agit  pourraient 
bien  être  introduits  dans  l'œuf  |3endant  qu'il  chemine  dans  l'oviducte,  et 
qu'il  s'entoure  du  blanc,  de  ses  membranes  et  de  sa  coque.  La  présente 
Note  a  pour  objet  de  compléter  mes  premiers  résultats,  et  de  confirmer 
l'idée  préconçue  que  je  rappelle. 

M  On  avait  dit  avant  moi  qu'en  agitant  les  œufs,  de  manière  à  en  mé- 
langer les  diverses  parties,  le  blanc  et  le  jaune,  on  provoquait  immédia- 
tement la  putréfaction  de  ces  œufs;  j'ai  déjà  annoncé  que  le  fait  était  loin 
d'être  général.  Je  puis  aujourd'hui  en  donner  une  démonstration  nou- 
velle facile  à  reproduire. 

»  On  se  rappelle  les  expériences  décisives  par  lesquelles  M.  Pasteur  a 
combattu  victorieusement  les  théories  de  la  génération  spontanée.  Je  veux 
parler  de  la  disposition  simple  qui  consiste  à  conserver,  au  contact  de 
l'air  pur,  à  l'abri  de  tous  germes  actifs,  les  liquides  les  plus  altérables,  tels 
que  le  sang  et  l'uriue.  C'est  en  appropriant  celte  méthode  à  l'objet  de  mes 
recherches  que  j'ai  pu,  de  mon  côté,  rassembler  le  mélange  intime  du 
blanc  et  du  jaune  de  l'œuf ,  le  faire  passer,  sous  l'état  même  où  l'agitation 
le  donne,  dans  des  vases  privés  de  germes.  Là,  je  le  conserve  depuis  des 
mois,  au  libre  contact  de  l'air  pur,  à  une  température  qui  s'est  élevée  jus- 
qu'à 3o  degrés,  et  qui  ne  s'est  jamais  abaissée  au-dessous  de  20  degrés. 

»  S'il  arrive  qu'on  opère  avec  un  œuf  contenant  quelques  bactéries  ou 
des  spores  de  moisissures,  et  qu'avec  le  mélange  il  passe  de  ces  orga- 
nismes, ils  se  développent,  se  multiplient,  et  produisent,  soit  la  putréfac- 
tion si  ce  sont  des  bactéries,  soit  l'altéj-ation  correspondant  aux  moi- 
sissures, si  ce  sont  des  spores. 

»  Lorsque,  dans  les  vases  qui  sont  restés  intacts,  on  sème  de  ces  mêmes 
êtres,  ils  s'y  développent  et  s'y  multiplient,  en  provoquant,  au  bout  de 
quelques  jours,  les  modifications  corrélatives  de  leurs  fonctions  physiolo- 
giques. 

))  On  peut  aussi,  par  le  procédé  dont  je  viens  de  parler,  conserver  le 
blanc  tout  seul,  aussi  limpide,  aussi  pur  qu'il  était  à  l'intérieur  de  la 
coquille. 

))  Dans  ces  expériences,  comme  dans  celles  de  M.  Pasteur,  toutes  les 
conditions  favorables  à  la  génération  spontanée  sont  réunies  :  or  celle-ci  ne 
se  produit  pas.  Notons  aussi  que  les  granulations  moléculaires  qui  sont  dans 
les  œufs,  et  surtout  dans  le  jaime,  ne  donnent  point  lieu  à  des  bactéries.  La 

28.. 


(  2i6  ) 
conséquence  de  ce  fait  est  évidente;  contrairement  à  ce  qui  a  été  annoncé 
par  iM.  Béclianip,  les  granulations,  qu'il  appelle  niicrozjinas,  sont  imj)uis- 
santes  à  se  transformer  en  bactéries  ou  vibrions,  non  plus  qu'en  globules 
de  levure  alcoolique. 

»  Des  conséquences  semblables  se  tirent  nécessairement  de  l'observation 
suivante  :  dans  l'incubation  des  œufs,  si  l'on  arrête  le  développement  de 
l'embryon,  avant  la  sortie  du  poulet,  d'ailleurs  à  une  époque  quelconque 
de  ce  développement,  puis  qu'on  abandonne  à  25  degrés  environ  ces  em- 
bryons morts,  dans  leur  coque,  pendant  plusieurs  mois,  on  constate  que 
quelques-uns  seulement  se  sont  putréfiés.  Les  autres  ont  subi  une  modi- 
fication lente,  non  putride,  tout  à  fait  comparable  à  celles  que  l'on  observe 
dans  les  cas  de  morts  de  foetus  dans  le  sein  de  la  mère,  lorsque  la  putréfac- 
tion n'a  pas  été  déterminée  par  le  contact  de  l'air  extérieur.  Contrairement 
aux  résultats  publiésjusqu'ici,  j'ai  trouvé  que  la  putréfaction  des  embryons 
des  œufs  était  toujours  accompagnée  du  développement  de  bactéries  ou  de 
vibrions,  analogues  à  ceux  qu'on  rencontre  dans  la  putréfaction  des 
œufs  ordinaires. 

»  La  putréfaction  n'est  pas  la  seule  altération  spo7itanée  que  puissent 
éprouver  des  œufs  abandonnés  à  eux-mêmes.  Après  beaucoup  d'autres  au- 
teurs, Réaumin-,  Spring,  Panceri,  j'ai  constaté  la  présence  fréquente  de 
moisissures  qui,  en  se  développant  à  l'intérieur  de  l'œuf  aux  dépens  de  ses 
éléments,  y  déterminent  des  modifications  spéciales.  Mais  ce  qu'il  importe 
de  noter,  c'est  que  jamais  ces  modifications  ne  se  confondent  avec  la  putré« 
faction;  il  n'y  a  entre  celles-ci  aucun  caractère  commun. 

»  Le  développement  des  moisissures  n'cmpéche  pas,  du  moins  absolu- 
ment, celui  des  bactéries,  de  sorte  qu'on  rencontre  des  œufs  tout  à  la  fois 
pourris  et  moisis;  mais  dans  ce  cas,  d'a[)rès  ce  qui  précède,  la  putréfac- 
tion est  le  fait  des  bactéries  et  non  des  moisissures.  C'est  assurément  là  la 
cause  des  erreurs  de  quelques  observateurs,  tels  que  Panceri  et  plus 
récemment  M.  Bois,  qui  ont  cru  que  la  putréfaction  était  due  à  des  végé- 
tations cryptogamiques.  Si  ces  végétations  ne  sont  pas  mêlées  de  vibrio- 
niens,  la  putréfaction  est  constamment  absente. 

»  J'ai  rencontré  encore  quelques  œufs,  mais  en  très-petit  nombre,  dans 
lesquels  s'était  produite  une  altération  toute  particulière  et  différente  des 
précédentes.  L'œuf  exhale  une  odein-propre,  très-aigre,  mais  point  putride; 
il  a  une  réaction  fortement  acide  et  contient  des  produits  alcooliques.  Si 
l'on  examine  les  organismes  correspondants,  on  netrouvej)lus  les  bactéries 
de  la  putréfaction,  minces,  courtes  et  agiles,  mais  bien  des  bâtonnets  immo- 


(    217    ) 

biles,  plus  larges  et  plus  longs  que  les  prccédenis.  Leur  diamètre  varie  de 
0,5  à  0,7  et  leur  longueur  de  5  à  10  millièmes  de  millimètre. 

»  Cette  fermentation  acide  paraît  être  celle  que  M.  Béchaiiip  a  observée 
dans  les  œufs  d'autruche,  et  qu'il  a  étudiée  en  1868. 

»  Enfin,  comme  toutes  les  matières  organiques,  les  œufs  peuvent  subir 
une  modification  lente,  sans  doute  une  oxydation,  qui  n'est  point  corré- 
lative du  développement  d'organismes  microsco|)iques.  Cette  altération  est 
caractérisée  par  une  teinte  jaune  sale  du  mélange,  une  odeiu-  de  matières 
animales  sèches,  une  abondance  considérable  d'aiguilles  cristallines  très- 
fines,  disséminées  dans  la  masse,  ou  réunies  en  manudons  blancs.  Ces  mame- 
lons, dont  les  plus  gros  sont  près  de  la  chambre  à  air,  adhèrent  fortement 
à  la  surface  intérieure  des  membranes.  La  production  de  ces  cristaux  paraît 
liée  à  la  disparition  d'une  quantité  correspondante  des  matières  grasses  du 
jaune. 

»  J'ai  dit  que  les  organismes  qui  déterminent  les  altérations  dont  je 
viens  déparier  avaient  pu  être  enveloppés  dans  l'œuf  pendant  sa  formation. 
Pour  justifier  cette  hypothèse,  il  me  suffira  de  dire  que,  si  l'on  examine  la 
surface  de  l'oviducte  d'une  poule  qu'on  vient  de  tuer,  on  y  constate  avec 
facilité  la  présenced'organismes  variés,  bactéries  et  spores  de  moisissures.  Le 
nombre  de  ces  êtres  microscopiques  diminue  quand  on  s'éloigne  du  cloa- 
que, mais  j'en  ai  vu  nettement  jusqu'à  la  distance  de  10  à  i5  centimètres 
de  l'ouverture  de  l'oviducte,  c'est-à-dire  dans  le  point  même  où  se  forme  la 
coquille.  Il  est  vraisemblable  qu'ils  peuvent  remonter  plus  haut,  avec  la 
même  facilité  que  les  spermatozoïdes  du  coq,  dont  ils  ont  les  dimensions. 
La  distance  à  laquelle  on  cesse  de  les  voir  varie  d'une  poule  à  l'autre,  sans 
doute  aussi  avec  le  moment  où  on  l'examine,  avant  ou  après  la  ponte.  » 

EMBRYOGÉNIE.  —  Essai  d'une  détermination,  par  V en\brjolocjie  comparative, 
des  parties  analogues  de  l'intestin,  chez  les  Vertébrés  supérieurs.  Noie  de 
M.  Campana,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  Les  zootomistes  admettent  que,  chez  la  plupart  des  Vertébrés,  l'in- 
testin se  compose  d'un  tube  chjiifujue  et  d'un  conduit  excrcmenlitiel,  c'est- 
à-dire  d'un  intestin  grêle  et  d'un  gros  intestin.  Ils  subdivisent  le  premier 
en  duodénum  et  iléon,  le  deuxième  eu  cœcum,  colon  et  rectum.  Ils  estiment 
que  ces  divisions,  plus  commodes  que  réelles,  n'ont  point  de  limites  pré- 
cises (Milne  Edwards,  Lee.  Phys.  et  Anal,  comp.,  t.  VII,  p.  346;  1861). 
Les  zootomistes  des  autres  pays  ne  se  servent  point  d'une  division  diffé- 


(  2'8) 
rente  de  l'iiilestin  ;  mais  ils  la  subordonnent  à  celle  qu'en  ont  donnée  les 
embryologisfes,  et  considèrent  les  segments  oral,  >noyen  et  anal  de  l'intestin 
comme  des  parties  fondamentales  (C.  Gegenbauu,  Grundz.  d.  Vergl.  Jnal.; 
2*  Aufl.,  p.  789-800;  1870).  Comme  cette  nouvelle  division  correspond  à 
une  phase  du  développement  du  tube  digestif,  dans  laquelle  on  ne  peut 
découvrir  le  moindre  indice  des  parties  dont  il  se  composera  définitivement, 
au  terme  de  son  évolution  embryonnaire,  je  suis  obligé  de  la  rejeter. 

»  Mais,  dans  une  phase  ultérieure,  le  tube  digestif  cesse  d'être  un  canal 
uniformément  cylindrique,  rectiligne,  appliqué  de  haut  en  bas,  et  par  tous 
ses  points,  à  la  colonne  vertébrale.  Croissant  en  longueur  plus  rapidement 
qu'elle,  il  s'en  détache,  et  forme  un  certain  nombre  à'anses.  Ces  parties 
se  développent  chacune  pour  soi,  d'une  manière  autonome,  à  un  degré  va- 
riable avec  les  espèces  zoologiques  :  c'est  pourquoi  je  les  considère  comme 
les  segments  spécifiquement  distincts  du  tube  digestif.  Par  l'embryologie, 
on  peut  déterminer  leurs  limites. 

)>  Chez  l'embryon  de  Poulet,  vers  la  fin  du  quatrième  jour  de  l'incu- 
bation, l'intestin  consiste  en  deux  anses  consécutives,  de  longueur  inégale, 
séparées  par  un  point  demeuré  en  rapport  avec  la  colonne  vertébrale.  La 
première  est  l'anse  duodénale,  et  représente  complètement  et  exclusivement 
le  duodénum;  la  seconde  répond  au  surplus  de  l'intestin,  et  peut  se 
nommer  anse  ombilicale  ou  mcsentérique.  Telles  sont  les  deux  divisions  prin- 
cipales de  l'intestin,  aussi  bien  chez  les  Mammifères  que  chez  les  Oiseaux. 
Le  point  qui  les  délimite  est  essentiel  à  connaître  :  c'est  le  sommet  d'un  angle 
que  je  nomme  iléo-duodénal.  Chez  les  Mammifères,  il  est  situé  immédia- 
tement à  gauche  des  vaisseaux  niésentériques  supérieurs.  On  voit  qu'il  con- 
corde presque  avec  la  limite  habituellement  assignée  par  en  bas  au 
duodénum,  limite  que  l'on  considérait  à  tort,  suivant  moi,  comme  arti- 
ficielle. Mais,  chez  les  Oiseaux,  on  s'est  trompé  en  admettant  avec  Duvernoy 
(CuviER,  Anal,  comp.;  2*  éd.,  t.  IV,  IV  partie,  p.  270)  que  le  deuxième 
coude  intestinal  représente  la  terminaison  du  duodénum.  Le  véritable  coude 
iléo-duodénal  est  situé  plus  loin,  plus  en  arrière  et  à  gauche;  et,  chez  les 
Oiseaux  comme  chez  les  Mammifères,  il  est  en  rapport  avec  la  colonne 
vertébrale,  et  situé  immédiatement  au  delà  des  vaisseaux  mésentériques 
supérieurs. 

»  L'anse  ombilicale  peut  être  subdivisée  à  son  tour  en  deux  parties  se- 
condaires, qui  sont  V iléon  ou  intestin  rji'éle  proprement  dit,  et  l'intestin  tei- 
mmal  ou  j/ros  intestin.  L'insertion  de  l'appendice  ccecal  est  leur  véritable 
point  séparatif.  L'insertion  a  constamment  lieu  sur  la  branche  inférieure  de 


(    219   ) 

l'anse  mésentérique,  plus  ou  moins  en  arrière,  par  conséquent,  du  conduit 
oaiplialo-mésentérique,  celui-ci  étant  toujours  implanté  au  sommet  de 
l'anse  ombilicale,  et  en  plein  iléon.  Chez  les  Oiseaux  surtout,  ce  conduit 
peut  se  conserver  chez  l'adulte,  où  il  a'cté  considéré  à  tort  comme  un 
cœcum.  Jamais,  quoi  qu'en  ait  dit  Duvernoy  (CuviER,  toc.  cit.,  p.  270),  il 
ne  forme  limite  entre  les  intestins  giêle  et  gros.  Les  caractères  propres  au 
gros  intestin  ne  se  rencontrent  jamais  en  avant,  mais  toujours  à  partir  de 
l'insertion  des  vrais  cœcums;  et,  s'il  est  vrai  que  ces  caractères  puissent 
exister  exceptionnellement  en  dehors  de  tout  vestige  appréciable  de  cœcum, 
ce  sont  eux  qui  marqueront  la  liinile  entre  les  deux  segments  secondaires  de 
l'anse  ombilicale.  Enfin,  si  l'absence  de  ces  caractères  venait  à  coïncider 
avec  le  défaut  d'un  appendice  cœcal  véritable,  il  en  faudrait  conclure  la 
simplicité  absolue  (par  suite  d'évolution  rudimentaire)  de  l'anse  intestinale, 
et  ne  pas  chercher  à  la  subdiviser  en  intestin  grêle  et  gros  intestin. 

»  Sur  les  embryons  humains,  après  l'apparition  du  cœcum,  qui  a  lieu 
vers  la  fin  du  premier  mois,  suivant  toute  vraisemblance,  on  constate  que 
l'accroissement  proportionnel  de  longueur  du  gros  intestin  se  fait  dans  une 
direction  particulière,  et  qu'il  n'est  ni  aussi  rapide  ni,  au  total,  aussi  con- 
sidérable que  celui  du  gros  intestin.  Ainsi,  au  troisième  mois,  il  n'existe 
que  la  moitié  gauche  du  côlon  transverse,  et  le  cœcum  est  toujours  très-près 
de  la  ligne  médiane,  comme  au  moment  de  son  apparition.  A.u  cinquième 
mois,  le  côlon  ascendant  lait  défaut;  il  se  forme  dans  la  seconde  moitié 
de  la  vie  intra-utérine,  et  le  cœcum,  qui  est  la  seule  extrémité  mobile  du 
gros  intestin,  parvient  alors  dans  la  fosse  iliaque  droite.  Au  septième  mois 
apparaissent  les  bosselures  et  les  bandes  musculaires  des  côlons,  et  ceux-ci  ' 
encadrent,  dans  leur  circuit,  la  masse  entière  des  circonvolutions  de  l'in- 
testin grêle.  L'anse  ombilicale  avait  primitivement  ses  deux  branches 
dans  le  plan  antéro-postérieur;  il  faut  donc  admettre  que,  pendant  son 
évolution,  la  branche  inférieure  a  subi  un  quart  de  rotation  en  arrière  et  à 
droite. 

»  Sur  les  embryons  de  poulet,  ni  ce  mouvement  de  rotation  de  la 
branche  inférieure  de  l'anse  mésentérique,  ni  l'accroissement  proportionnel 
de  longueur  d'où  résulte  la  formation  des  côlons,  ni  l'encadrement  de  la 
masse  de  l'intestin  grêle  par  eux,  ni  les  bosselures,  ni  les  bandes  ne  se  pro- 
duisent jamais.  J'en  conclus,  d'une  manière  générale,  que  l'évolution  du 
gros  intestin  est  rudimentaire  chez  les  Oiseaux,  relativement  aux  Mammi- 
fères, et  qu'en  particulier  il  ne  se  développe  pas  de  côlons  chez  eux.  Les 
tentatives  analogues  à  celles  de  Duvernoy  pour  retrouver  ces  côlons  sont  par 


(     27.0    ) 

conséquent  vaines;  mais  on  peut  espérer  que,  en  recourant  désormais  à  l'Em- 
bryologie comparative,  on  pourra  trouver  la  solution  de  beaucoup  de  pro- 
blèmes relatifs  à  la  détermination  des  parties  similaires  des  animaux, 
problèmes  pour  lesquels  les  procédés  ordinaires  de  simple  analyse  anato- 
mique  n'avaient  bien  souvent  aucune  efficacité.  » 

M.  Lkon  adresse  quelques  observations  relatives  à  la  Communication 
récente  de  M.  E.  Petigot,  sur  les  alliages  employés  pour  la  fabrication  des 
monnaies  d'or. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  7  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Annales  de  la  Société  d'AgriculUtre,  Industrie,  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres 
dn  département  de  la  Loire;  t.  XVI,  année  1873.  Saint-Etienne,  imp.  veuve 
Théolier,  1873;  in-8°. 

Ménwires  de  la  Société pliilomalhiquc  de  Verdun  [Meuse);  t.  VII.  Imp.  Ch. 
Laurent,  1873;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  de  la  Côte-d'Or;  année  1873,  2"  trimestre.  Dijon, 
imp.  Daranlière,  1873;  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  du  déparlement  de  la 
Marne;  année  1872.  Châlons-sur-Marne,  Le  Roy,  1873;  in-8°. 

Mémoire  de  In  Société  dunkerquoisc  pour  l'encouragement  des  Sciences,  des 
Lettres  et  des  Arts;  1870-1871,  t.  XVI.  Dunkerque,  typ.  veuve  B.  Ryen, 
1872;  in-8°. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 4  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Séance  publique  annuelle  de  la  Société  centrale  d' Agriculture  de  France, 
tenue  le  dimanche  18  mai  iS']?>.  Paris,  Bouchard-Huzard,  1873;  in-8°. 


(    22  1     ) 

Biillclin  de  ta  Société  d'Jgticatliire,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarlhe ;  4*^  tri- 
mestre, 1872.  Le  Mans,  imp.  E.  Monnoyer,  1872;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  du  département  de  la  Loire- 
Injérieure;  1872,  2"  semestre.  Nantes,  imp.  veuve  Mellinet,  1873  ;  in-S". 

Flore  analytique  et  descriptive  des  mousses  du  nord-ouest;  par  M.  T.  HuSNOT. 
Paris,  F.  Savy,  sans  date;  i  vol.  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  de  salubrité  et  des  Conseils  d'ar- 
rondissement du  département  du  Nord  pendant  l'année  1871  ;  par  le  D'  PiLAT. 
Lille,  imp.  Danel,  1872;  in-8°.  » 

Déviations  des  compas.  Exposé  d'une  méthode  nouvelle  pour  déterminer  ra- 
pidement, à  la  mer,  dans  toutes  les  circonstances  de  la  navigation,  les  déviations 
de  l'aii/uille  ainmntée  du  compas  étalon;  par  F.-E.  FOURNIER.  Paris,  A.  Ber- 
trand, 1873;  in-8°. 

Origine  de  l'induction;  par  M.  Th.  Bu  MONCEL.  Caen,  Le  Blanc-Hardel, 
1873;  br.  in-8". 

Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève; 
t.  XXII.  Genève,  Cherbulliez  et  H.  Georg,  1873;  in-4°. 

Du  cours  d'articulation  dans  l' enseignement  des  sourds-muets;  par  E.  COLOM- 
BAT  (de  l'Isère).  Paris,  L.  Larose,  1873;  br.  in-8°. 

Des  différentes  formes  de  l'ostéite  aiguë;  par  le  D''  E.  Spillmann.  Paris, 
P.  Asselin,  1873;  br.  in-8°. 

Le  Galéga,  nouveau  fourrage,  sa  culture,  son  usage  et  son  profit;  par  GlLLET- 
Damitte;  2'' édition.  Paris,  Goin  et  Blériot,  1869;  br.  in-8°. 

Transactions  of  tlie  zoological  Society  of  London;  vol.  VIII,  part  4-5. 
London,  1873;  2  liv.  in-4°. 

Proceedings  of  the  scientific  meetings  of  the  zoological  Society  of  London 
for  the year  1872;  part  III,  june-deceinber.  London,  1872;  in-8''. 

The  pharmaceutical  Journal  and  transactiojis ;  may  1873.  London,  J.  and 
A.  Churchill,  1873;  in-S". 

Annalen  der  K.  K.  Sternwarte  in  Wien;  dritter  Folge,  neunzehnler  Band, 
Jahrgang  1869.  Wien,  L.  Sommer,  1872;  in-8°. 

Medizinische  Jahrbïtcher,  herausgegeben  von  der  K.  K.  Gesellschafl  der  eïrtze, 
redigirt  von  S.  Stricker;  Jahrgang  1873,  III  Heft,  Wien,  W.  Braumiiller, 
1873;  in-8°. 

C.  R.,  1873,  i"  Semestre.  (T.  LXX.V1I,  N»  3.)  ^9 


(    222    ) 

Annalen  der  Cliemie  und  Pharmacie ,  herausgegeben  imd  redigirt  von 
F.  VoHLER,  LlEBIG,  ROPP,  EllLENMEYER,  VOLHARD;  Band  CLXVII,  Heft  2 
und  3.  Leipzig  und  Hcidelberg,  1873-,  in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  21  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Carie  géologique  détaillée  de  la  France,  exécutée  sur  la  Carte  topographique 
de  l'Etat-Major,  par  le  Service  géologique  des  Mines,  publiée  par  le  Ministère 
des  Travaux  publics.  Paris,  laip,  nationale,  iS^S;  i"'  fascicule  (mai  1873), 
comprenant  : 

La  feuille  de  titre,  la  feuille  d'avertissement,  avec  tableau  d'assemblage, 
la  légende  technique;  6  feuilles  au  g-^ôU  •  ^'"'^  (48);  Meaux  (49);  Melun 
(65);  Provins  (66);  Fontainebleau  (80);  Sens  (81)  ; 

Deux  planches  de  coupes  longitudinales  :  PL  I  (annexe  de  la  feuille  48); 
PL  V  (annexe  de  la  feuille  32); 

Deux  planches  de  sections  verticales  :  PL  I  (annexe  de  la  feuille  48); 
PL  F  (annexe  de  la  feuille  82); 

Trois  planches  de  perspectives  photographiques  :  PL  /,  //  et  ///  (an- 
nexes de  la  feuille  48); 

Deux  planches  de  fossiles  photographiés  :  PL  I  et  //  (calcaire  grossier 
et  supérieur). 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention 
ont  été  pris  sous  l'empire  de  la  loi  du  5  juillet  i844>  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;  t.  LXXIX.  Paris,  Imp. 
nationale,  1872;  in-4°. 

Direction  générale  des  Douanes.  Tableau  général  des  mouvements  du  cabo- 
tage pendant   l'année    1870.  Paris,  Imp.  nationale,  1872;  in-4°. 

Parallèle  de  Lhjstérie  et  des  maladies  du  col  de  Lutérus,  etc.;  par  le  D'  De- 
CHâUX.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1873;  in-8°.  (Adressé  par  l'auteur  au  Con- 
cours Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1874) 

Nouveau  guide  du  géologue.  Géologie  générale  de  la  France,  etc.;  par 
Ed.  Lambert.  Paris,  F.  Savy,  1873;  1  vol.  in-12. 


(    223    ) 

Recherches  expérimentales  sur  l'influence  exercée  par  la  chaleur  sur  les  ma- 
nifestations de  la  contractilité  des  organes;  par  le  D''  P.  CalliburcèS.  Paris, 
Germer-Baillière,  1870;  br.  in-8°. 

Les  Merveilles  de  l'Industrie;  par  L.  FiGUlER  ;  Industrie  du  sel^  S^  série. 
Paris,  Furne  et  C'%  iByS;  in-8",  illustré. 

Des  caractères  du  péricarpe  et  de  sa  déhiscence  pour  la  classification  naturelle; 
par  M.  D.  Clos.  Toulouse,  imp.  Doulatloure,  1872;  br.  in-8°-  (Extrait  des 
Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres.) 

Mémoires  sur  le  mouvement  des  eaux  dans  les  réservoirs  à  alimentation 
variable,  et  sur  l'action  que  la  digue  du  Pinay  exerce  sur  les  crues  de  la  Loire, 
àRoaime;  par  M.  Graeff.  Paris,  Dunoii,  1873;  in-Zt",  texte  et  planches. 
(Cet  ouvrage  est  adressé  au  Concours  Dalmout.) 

Considérations  sur  les  Mammifères  qui  ont  vécu  en  Europe  à  la  fm  de  l'é- 
poque miocène;  par  A.  Gaudry.  Paris,  F.  Savy,  1873;  br.  in-S".  (Extrait 
d'un  Mémoire  intitulé  :  Animcmx  fossiles  du  mont  Léber-on.) 

Recherches  sur  quelques  produits  indéfinis  ;  par  Eug.  Catalan.  Truxelles, 
F.  Hayez,  1873;  in-4°. 

Résimié  météorologique  de  l'année  1872  pour  Genève  et  le  grand  Saint-Ber- 
nard; par  E.  Plaistamour.  Genève,  Raniboz  et  Schuchardt,  1873;  in-8°. 
(Tiré  des  Archives  des  Sciences  de  la  Bibliothèque  universelle.) 

Mémoires  et  Bulletins  de  la  Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Bordeaux  ; 
i"  et  2*  fascicules,  1872.  Bordeaux,  Gounouilbou,  1873;  2  vol.  in-8°. 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société  médico-pratique  de  Paris,  années  1868 
à  1872.  Paris,  Malteste  et  C'%  1873;  i  vol.  in-8'\ 

Eléments  de  Toxicologie  et  de  Médecine  légale  appliquées  à  /'em^oesoH/ie- 
me«<;  p«/' A. Rabuteau;!*"' fascicule.  Paris,  Lauwereyns,  1873;  ivol.in-12. 
(Présenté  par  M.  Ch.  Robin.) 


(    224    ) 

ERRJT^. 

(Séance  du  i4  juillet  1873.) 

Page  87,  ligne  22,  au  lieu  de  se  trouve  attirée,  d'autre  part,  par  les  actions  antagonistes, 
lisez  se  trouve  attirée,  d'une  part  par  l'eau,  d'autre  part  par  les  actions  antagonistes. 

Page  io3,  ligne  21,  au  lieu  de  sur  ces  sulfates,  lisez  sur  des  poids  déterminés  de  ces  sul- 
fates dissous  ensuite  dans  un  inème  poids  d'eau. 

Page  io3,  ligne  22,  au  lieu  de  des  quantités  équivalentes  de  chlorure  de  baryum  con- 
tenues..., lisez  une  quantité  constante  et  équivalente  do  chlorure  de  baryum  contenue.... 

Page  io3,  ligne  dernière  de  la  note,  supprimez  les  mois  c'est-à-dire  o'"',o64  ''*'  P'"*  T''" 
la  quantité  nécessaire. 

Page  146,  ligne  2  en  remontant,  au  lieu  de  qu'il  a  considérée,  lisez  qu'il  a  publiée. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  JUILLET  1875. 

PRÉSinENCR  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  M.  Chrvredl,  après  lecture  des  Observations  de  M.  le  D'  Boiiillaïul, 
insérées  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  précédente,  a  la  certitude  de 
n'avoir  point  été  compris.  Dès  lors,  il  se  trouve  dans  la  nécessité  d'une 
Communication  nouvelle,  espérant,  cette  fois,  qu'il  sera  assez  clair  pour 
que  sa  pensée  soit  comprise  de  tous. 

»  Il  se  bornera  aujourd'hui  à  répéter  qu'il  n'a  jamais  combattu  l'opinion 
de  M.  Flourens  sur  la  fonction  qu'il  attribue  au  cervelet;  il  s'est  borné  à 
dire  que  M.  Flourens  ne  ia  point  prouvée  par  ses  expériences,  puisqu'il  n'en 
a  fait  aucune  pour  démontrer  que  Vinciurtion  déduite  de  l'ablation  du  cer- 
velet était  exacte. 

»  Cependant  des  expériences  de  contrôle  étaient  d'autant  plus  néces- 
saires que  ses  expériences  ultérieures  sur  l'ablation  des  canaux  semi-cir- 
culaires de  l'oreille  avaient  plus  d'analogie  avec  les  précédentes. 

»   Voilà  une  première  remarque  concernant  la  méthode. 

»  Une  seconde  concerne  la  grammaire,  c'est  l'emploi  du  mot  détermine, 
lorsque  le  phénomène  qui  se  manifeste  dépend  en  définitive  de  Vahsence  de 
l'organe  eidevé  auquel  le  moi  déternnne  est  appliqué  par  Flourens. 

»   M.  Chevreul,  dans  une  prochaine  Commiuiication,   reviendra  sur  cet 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVH,  ti»  4.)  3o 


(  2a6  ) 
objet,  et,  en  exposant  nettement  comment  il  conçoit  l'application  de  la 
inélliocle  k  posteuiori  exiiérimentale  aux  faits  scientifiques,  il  donnera  de 
nouveaux  développements  à  la  question  qu'il  a  traitée  déjà  dans  les  re- 
marques que  lui  ont  suggérées  la  Communication  faite  par  M.  le  D'  Bouil- 
laud  dnns  la  séance  du  7  de  juillet.  Il  examinera  l'influence  de  la  pensée 
dans  rinter|)rétation  de  j)lusieurs  yôi'/s  du  monde  extérieur,  recueillis  par 
l'intermédiaire  de  nos  sens,  et,  dans  cette  circonstance  encore,  il  aura  re- 
cours à  la  méthode  a  posteriori  expêrimenlale;  il  pense  qu'il  mettra  ainsi  à 
la  portée  de  tous  comment  il  arrive  que,  dans  le  monde,  il  est  si  ordinaire 
de  confondre  imjait  avec  l'interprétation  qu'il  a  suggérée.  » 

ANALYSE.  —  Sur  la  fonction  exponentielle  ;  par  M.  Hermite. 

»  VIII.  Dans  ce  cas  facile,  où  l'on  a  simplement 

fiz)  =  z''z  —  l\ 
je  partirai,  en  supposant 

0(z)  =  xj''"^\z)  -+-  (m  +•  \)J'\z)j'[z), 

de  l'identité  suivante  : 

^  ^-z.e^_^,.fm^i  (2^  4-  ^m  -t-  1  ^f"'{z)f"(z)  +  m{m  +  I  )_/  '"   7  '-'  (zi], 
et  j'observerai  que 

/'^fz)  =  /iz=-/iZ+I  =  /i/fz;  +  r,      /"f2)=2, 

ce  qui  permet  de  l'écrire  ainsi  : 

fcl^l!}]==e-=-^f-xV'""'(z)  +  (2/n+iy,2W+2)/'"(z)  +  m(//2+i7'"-'(z)j'. 

Nous  aurons  donc,  en  intégrant, 
e  '   ' 


0 ( z)  =  —  .r=  Çe-'^'j  '"-*-'  [z)dz  +  {2 m  -I- 1 )  ( 2  m  H-  2 )  p- --7  '" (  z) dz 
-hm{m-hi)  fe' '■'/"'- '{z)dz, 
et  ensuite,  si  nous  prenons  poiu-  limites  z  =  o  et  z  =  i , 

•=  r  e-^-^7'"+'  (z)  ilz  =  (2  m  +  Il  (  2/«  4-  2  :  /    (■-'■'  l'"{z)  (h 

H-  mi  m  -h  i'  f  f=  -"•■/'"-' (z)c/r. 


.7" 


{  2^7  ) 
Soit  maintenant 

£,„  =^  -^^ —  /    e-^-^s'"  (  :3  -  I  rdz, 

i.2...mj^ 

et  cette  relation  deviendra 

-m-rl  =  (  4  '«  +  2  )  S,„  +  X-  £,„__ , . 

C'est  le  résultat  auquel  nous  voulions  parvenir;  en  y  supposant  successi- 
vement m—  I,  2,  3,...,  les  équations  qu'on  en  tire 

£.,  =  io£2  -^-  -■'^'=(1 

2,  =:  l4ij  -f-.r-£.,, 


donnent  aisément  la  fraction  continue 


Oh- 


I  O  +  -y  +  . 

et  il  suffit  d'employer  les  valeurs 

£„  =:  xe-^  f   e-''dz  =  e-''  —  i , 

d'où  l'on  conclut 


^e-"'   2  —  X    —  2  —  X, 


"  =  2 ; X, 


pour  retrouver,  sauf  le  changement  de  x  en  ^,  le  résultat  de  Lambert  (') 


fi—  I                  a; 

f'-H. 

6  +  — 

x- 

lO  +  -^ 

'4 


(*)  Mémoire  sur  quelques  propriétés  remarquables  des  quantités  transcendaules  circu- 
laires et  iogarilhmiques  {Mémoires  de  VAcadémic  des  Sciences  de  Berlin,  année  1761, 
p.  265).  f^oir  aussi  la  Noie  IV  des  Élcncnts  de  Géométrie,  de  Legendre,  p.  288. 

3o,. 


(    228    ) 

»  En  nbordant  mainlenant  le  cas  général  et  me  proposant  d'obtenir,  à 
l'égard  des  intégrales  définies 

f"cr\f'"{z)dz,      l"'c-^f"'{z)Hz,...,      ['' c-^f"'(^z)dz, 

un  algorithme  qui  permette  de  les  calculer  de  proche  en  proche,  pour 
foutes  les  valeurs  du  noud^re  entier /h,  j'uitroduirai,  afin  de  rendre  les  cal- 
culs plus  symétriques,  les  modifications  suivantes  dans  les  notations  précé- 
demment admises.  Je  ferai 

f{z)^{z~z„){z~-z,)...{z-z„), 

au  lieu  de 

f{z)=z{z-n){z-b)...{z-h), 

de  manière  à  considérer  le  polynôme  le  plus  général  de  degré  ii  +  \;  dési- 
gnant ensuite  par  Z  Tune  quelconque  des  quantités  s,,  z^,...,  z„,  je  raison- 
nerai sur  l'intégrale 

f\-'^J"'{z)(iz, 

qui  donnera  évidemment  toutes  celles  que  nous  avons  en  vue,  en  faisant 
Zg  =  o.  Cela  étant,  voici  la  remarque  qui  m'a  ouvert  la  voie  et  conduit  à 
la  méthode  que  je  vais  exposer. 

u   IX.   En  intégrant  les  deux  membres  de  la  relation  identique 

±z:pî}l  _-.,-  [„,j"->{z)/'iz)  -y"'(z)j, 

on  obtient 

e-y"'{z)  =  mfc-^J'"-'  ( z.)/'(z)  dz^  fe-~J"' {z,  riz, 
et,  par  conséquent, 

J_'e-^J'"{z)c/z^  mj"e~^J"'-'  {z)f'{z)(lz, 


ou  encore 

£e~^J"'{z)c/z  =  uij"'q^ 

dz 

"^'"C 

d'après  la  formule 

/{z)          z- 

*U 

■^ — '— 

Z  —  Z, 

I 
-    Zn 


(    229    ) 

1)   Or  ce  sont  ces  nouvelles  intégrales 
qui  donnent  lieu  à  un  système  de  relations  récurrentes  de  la  forme 

• J 

r---/-(-)^.=:(.o)rîrz::M^, 

J-^  z  —  z„  ^        Vz„        z  — Zo 

^      V.-       z  — zt  'A      2  —  2" 

où  les  coefficients  [ik],  ainsi  que  leur  déterminant,  s'obtiennent  d'une 
manière  facile,  comme  nous  verrons. 

K  C'est  donc  en  opérant  sur  les  éléments  au  nombre  de  «  +  i ,  dans  les- 

quels  a  été  décomposée  l'intégrale   /    e-'f"'{z)dz,  que  nous  parvenons  à 

sa  détermination,  au  lieu  de  chercher,  comme  une  analogie  naturelle  au- 

/.Z 

rait   paru   l'indiquer,  une  expression  linéaire   de    /     6-^'""*""+' (z)(/z,  au 
moyen  de 

r ^-V>« ( z.) dz,      f  'e-y "-  {z)dz,...,      f  Vy-" [z)dz. 

»  Mais,  soit  d'une  manière  plus  générale,  pour  des  valeurs  entières  quel- 
conques des  exposants, 

F(z)  =  (z  -  Zo)^.  (z  -  z,'f ....  (z  _  z,^K; 

en  intégrant  les  deux  membres  de  l'identité 


on  aura 


d'où. 


(   23o  ) 

=  r(z)  =  l'e~'F'{z)dz  -   fe-'F{zj 

/.  Z  .  7. 

/    e-'F{z)dz=  /    e-'F'{z),/z. 


»  Maintenant,  la  formule 

F'(z)_      p.. 


F(z)         z-z„  "^ 


donne  la  décomposition  suivante  : 

qui  conduira  pareillement  au  calcul  des  divers  termes  de  la  suite 

f\-^F{z.)dz,      fV^F{z)J\z)dz,...,       f\-^F[z)f[z)dz; 

effectivement,  les  éléments  de  décomposition  de  l'un  quelconque  d'entre 
eux  s'expriment  en  fonction  linéaire  des  quantités  semblables  qui  se  rap- 
portent au  terme  précédent,  ainsi  qu'on  va  le  montrer. 

»  X.  J'établirai  pour  cela  qu'on  peut  toujours  déterminer  deux  poly- 
nômes entiers  de  degré  n,  @{z)  et  0,  (z),  lels  qu'on  ait,  en  désignant  par  Ç 
l'une  des  racines  z^,  z, ,...,  z„,  la  relation  suivante  : 

J.-F(z)/u)^^^  f^i:l^dz-e-'F{z)e[z). 


»  En  effet,  si,  après  avoir  différentié  les  deux  membres,  nous  multi- 
,rlel 


plions  par  le  fadeur  y^»  il  vient 


^/(z)  =  0.  (z)  +  [i  -  Çifljy  (z)0(z)  -J[z)Q\z). 

Or J\z)  étant  divisible  par  z  —  Ç,  le  premier  uieuibre  de  cette  égalité  e.st 
un  polynôme  entier  de  degré  an  +  i;  le  second  est  du  même  degré,  d'après 
la  supposition  admise  à  l'égard  de  0(z)  et  0,(z),  et,  puisque  chacun  de 
ces  polynômes  renferme  ainsi  n  -h  i  coefficients  indéterminés,  on  a  bien 
le  nombre  nécessaire  égal  à  2«  +  2  de  constantes  arbitraires  pour  effec- 
tuer l'identification.  Ce  point  établi,  j'observe  qu'en  supposant  z  =  z,,  la 


(    23l 


fraction  rationnelle  — ."/  . —  a  pour  valeur  p.,y  (;,);  on  a,  par  conséquent, 


ces  conditions 


F(^) 


0,(z„)  =  p.„/'(j„)e(r.„), 
Q,{z,)  =  aJ'iz,)Q{z,), 
f 

0,{z„)  =  iJ.„f'(z„)Q{z„), 

qui  permettent,  parla  formule  d'interpolation,  de  calculer  immédiatement 
0,  (z),  loi'sque  0(z)  sera  connu.  Nous  avons  de  cette  manière,  en  effet, 
l'expression  suivante  : 

&,{z)       ,i,&{z..]       .«,©(z,)    ,  ,    (/,e(z„) 

__ r=: 1 (-      ■  •    H ' 

./(;)  Z  —  :,  c  —  i,  z—z„ 

dont  nous  ferons  bientôt  usage.  Pour  obtenir  maintenant  ©(z),  je  reprends 
la  relation  proposée,  en  divisant  les  deux  membres  par^  (z),  ce  qui  donne 


['-^)]®(^)-®'(^)' 


et  je  remarque  que,  la  fraction  yj^  n'ayant  pas  de  partie  entière,  on  est 

amené  à  cette  conséquence,  que  le  polynôme  cherché  doit  être  tel  que  la 
partie  entière  de  l'expression 


['-fF)]Q(^)-®'(^'^ 


soit  égale  au  quotient  ^^-^-  C'est  ce  qui  conduit  aisément  à  la  détermina- 
tion de  0(z).  Soit  d'abord,  à  cet  effet, 

f{z)  =:  z"+'  +  /;,  z"  +  p.z"-'  +  .  .  .  +  p,,^,, 
ce  qui  donnera 


=  Z" 


-h[J 


z""'  +  ç- 


ou 


plutôt 


3  — <; 


+  P,n 


z"  -+-  S  ,  Z"-'  +  Ç,Z"--  +  .  .  .  H-  s«- 


(    232    ) 

en  écrivant,  pour  abréger, 

Soit  encore 

0(z)  =  «0^"+  «,z"-'  +  «îZ"-^  +  ...  +  a^^ 

F'  (s) 

et  développons  hi  fonction  ^rpr  suivant  les  puissances  descendantes  de  la 

variable,  afin  d'obtenir  la  partie  entière  du  produit  y--^'Q{z).  Il  viend 
ainsi,  en  posant 

•«■<  =  P-oZ'o  +  f^<  Z',  +  M-aZ'o  -+-...+  p.„2;„ 

F'f;. 


ra 


F(c) 


^+^+^+ 


et,  par  conséquent, 

^^'0(z)  =  aoJoZ"~'  4-a,  J„ 


F(z) 


-t-    CCoSn 


+ 


Les  équations  en  Uo,  ce,,   «a,...,   auxquelles   nous    sommes  amené  par 
l'identification,  sont  donc 

I      =   «0, 

Ç,  =  «z,  —  «0(^0  +  n), 

^2  =  0^2  —  <x,{So-\-  ri  —  ï)  —  Ko  s,, 

Ça  =  «3  —  «2  (-«'0  +  «  —  2)  —  a,  i',  —  a„  s.i, 


»  Elles  donnent 

«0=  '» 

«.  =  Çi  +  -^0  +  "1 

«2=  Ç2-+-  (•^0  +  «  —  0Ç<  +  (•*'o+  ")  {^i,  +  n  —  \)  -h  s,, 
• .......,, , 

et  montrent  que  a„,  «,,  «j,...  sont  des  polynômes  en  Ç  ayant  |)otir  coeffi- 
cients des  fonctions  entières  et  à  coefficients  entiers  de  s„,  s,,  s^,...  et  par 
suite  des  racines  z„,  z,,...  z„.  On  voit  de  plus  que  a,  est  un  polynôme  de 
degré  /  dans  lequel  le  coefficient  de  Ç'  est  égal  à  l'unité;  ainsi,  en  posant 
pour  plus  de  clarté 


(  233  ) 

et  écrivant  désormais  0(r,  Ç)  au  lieu  de  0(c),  afin  de  mettre  Ç  en  évidence, 
nous  aurons 

De  là  résulte,  pour  le  polynôme  ©,(s),  la  fornuile 

e.(-)  _  f^.eigo.g)   ,    F.Qi-i.';i    ,  ,    ,«„0(z,„  ç) 

/(z)  Z  —  Z„  2—  Z,  3  —  Z„ 

et  l'on  en  tire  immédiatement  le  résultat  que  nous  nous  sommes  proposé 
d'obtenir.  Il  suffit  en  effet  de  prendre  les  intégrales  entre  les  limites  z  et  Z 
dans  la  relalion 

ce  qui  donne 


i'-O 


/•  Z  . 


»  C'est  surtout  dans  le  cas  où  l'on  suppose 

que  nous  ferons  usage  de  cette  équation  ;  si  l'on  fait  alors 

'•«©('<•,  ^a)  =  ('■/.-) 

etqu'on  prenne  Ç  successivement  égal  àz„,  z,,...,  2„,  on  en  conclut,  comme 
on  voit,  les  relations  précédemment  énoncées  qui  résultent  de  celle-ci 

'1-  „-z  fm-t-\  i  .\  r'ï    „-:  fm  f  .\  /•  Z 


pour  i  =  o,  1 ,  2,...,  7«.  Je  resterai  encore  cependant  dans  le  cas  général 
pour  établir  une  nouvelle  proposition.    » 

C.  K.,  1873,  -i"  Semestre.  (T.  LXXVU,  N"  4.)  3l 


(  234  ) 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Examen  d'un  essai  de  théorie  de  la  poussée  des  terres 
contre  les  murs  destinés  à  les  soutenir;  par  M.  de  Saint- Venant. 

«  1.  M.  le  chef  de  bataillon  du  Génie  Curie,  dans  une  Note  insérée  au 
Compte  rendu  de  la  séance  du  3o  juin  1873,  sous  le  titre  :  Sur  le  désaccord 
entre  l'ancienne  théorie  de  la  poussée  des  terres  et  l'expérience^  et  dans  une 
autre  Note,  du  i4  juillet,  intitulée  :  Nouvelles  expériences  relatives  à  cette 
théorie [i),  est  revenu  sur  les  objections  qu'il  avait  élevées,  dans  une  Com- 
munication antérieure  (27  mars  1871)  (2),  à  la  fois  contre  la  théorie 
connue  de  Coulomb,  fondée  sur  une  hypothèse  de  rupture  plane  des 
massifs,  développée,  comme  on  sait,  par  Prony,  Français,  Ardant,  etc.,  et 
surtout  par  Poncelet  (3),  et  contre  la  théorie  dite  rationnelle,  fondée  sans 
cette  hypothèse;  théorie  qui  est  celle  d'un  Mémoire  de  1867- 1869  de 
M.  Levy,  approuvée  par  l'Académie  le  7  février  1870  (4)- 

»  M.  Curie  attaque  même  à  cette  occasion,  comme  inapplicables  ou 
nullement  généraux,  les  théorèmes  connus  de  Cauchy,  établissant  des 
relations  entre  les  pressions  qui  s'exercent  à  travers  les  divers  plans  se  cou- 
pant en  un  même  point  de  l'intérieur  de  toute  masse  solide  ou  fluide. 

»  En  même  temps  il  donne  comme  seules  vraies  et  seules  d'accord  avec 
l'expérience  les  considérations  et  assertions  quil  qualifie  de  théorie  nou- 
velle de  la  poussée  des  terres,  exposées  dans  un  Mémoire  présenté  en  1868 
à  l'Académie  (5),  après  l'avoir  été  en  1869  au  Comité  des  fortifications,  et 
dont  il  a  fait  le  sujet  d'un  livre  publié  par  lui  en  1 870. 

»  11  m'a  semblé  utile,  pour  prévenir  l'introduction  fâcheuse,  dans  cette 
partie  de  la  Mécanique,  d'idées  fausses  présentées  avec  persistance  et 
appuyées  sur  une  prétendue  conformité  aux  faits,  de  donner  ici  les  motifs 
qui  ont  déterminé  une  Commission  de  1868,  dont  je  suis  le  seul  Membre 


(1)  Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  1579,  et  t.  LXXVII,  p.   142. 
(p.)   Comptes  rendus,  t.  LXXII,  |).  366. 

(3)  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie,  n"  l3,   l84o. 

(4)  l^oir le  Rapport  aux  Co/«/;;e.jr<;«rfî<.ï,  l.  LXX,  p.  217,  et  les  tlivers  développements  que 
j'y  ai  ajoutés  [Comptes  rendus,  p.  281,  Sag,  717,  894),  dans  la  vue  de  généraliser  les  ré- 
sultats et  de  bien  faire  voir  que  les  formules  démontrées,  qui  donnent  une  solution  analy- 
tique exacte  de  la  question  dans  une  série  de  cas  particuliers,  offrent  des  solutions  appro- 
chées, et  toutes  dans  le  sens  de  la  sécurité,  pour  tous  les  autres  cas  d'un  mur  à  paroi  plane 
postérieure  et  d'un  talus  supérieur  plan,  où  l'équation  différentielle  {générale  non  linéaire 
du  problème,  établie  par  î\l.  Levy,  ne  peut  être  intégrée  analytiqueuient. 

(5)  Comptes  rendus,  21  décembre  1868,  t.  LXVII,  p.  1216. 


(  235  ) 
subsistant,  à  refuser  son   approbation   au   Mémoire  cité  de  M.  Curie,  et 
à  n'en  point  faire  l'objet  d'un  Rapport  à  l'Académie. 

»  2.  J'observerai  d'abord  que  M.  Levy  n'a  pas  été  le  seul  qui  ait  pro- 
fessé les  principes  si  explicitement  repoussés  par  M.  Curie.  M.  Levy  dit 
en  avoir  puisé  la  première  idée  (i)  dans  le  Traité  de  la  stabilité  des  con- 
structions, publié  en  1857,  à  Brunswick,  parle  D"^  Scheffler  (qui  n'en  a  fait 
l'application  qu'au  cas  le  plus  simple)  (2).  Déjà  en  i856,  l'éminent  et 
regretté  Macquorn  Rankine  (3),  dont  M.  Levy  n'avait  pas  connu  le  Mé- 
moire, avait  eu  et  appliqué  d'une  manière  plus  étendue  la  même  idée  et 
était  arrivé  à  la  plus  grande  partie  des  formules  nouvelles,  mais  en 
s'appuyant  comme  M.  Scheffler  sur  un  principe  obscur  et  contestable,  dit 
de  moindre  résistance,  dont  M.  Levy  s'est  passé  en  considérant  directe- 
ment comme  Coulomb  Véciuilibre  limite  précédant  le  renversement.  M.  Con- 
sidère est  arrivé  en  1869  de  son  côté  aux  mêmes  formules  propres  à  la 
pratique  (4),  qu'un  autre  jeune  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées  a  démon- 
trées récemment  d'une  manière  encore  plus  simple  (5).  Enfin  M.  Curie  cite 
un  Ouvrage  publié  en  1872,  à  Vienne,  par  M.  Wnickler,  qui  arrive,  dit-il, 
à  une  théorie  semblable. 

»  Et  il  faut  remarquer  que  ces  auteurs,  hors  M.  I^evy,  n'invoquent 
point  les  théorèmes  de  Statique  interne  donnés  par  Cauchy  en  1 823-1 827. 
Tous  les  autres  arrivent  directement  aux  mêmes  conséquences  en  se  livrant 
aux  mêmes  considérations  que  l'illustre  analyste  sur  l'équilibre  de  divers 
éléments,  en  forme  de  prisme  triangulaire  surtout;  considérations  sim- 
ples et  aussi  incontestablement  applicables  aux  masses  pulvérulentes,  sa- 
bleuses même,  qu'aux  corps  tout  à  fait  solides  ou  fluides,  si,  ce  qui  est 
permis,  les  dimensions  de  ces  éléments  sont  prises  telles  qu'elles  contiennent 
un  nombre  suffisant  de  grains  juxtaposés. 

»   3.  Observons  ensuite,  en  général,  que  la  concordance,  fût-elle  bien 

(i)  Comptes  rendus,  21  juin  1869,  t.  LXVIII,  p.  1161. 

(2)  Foirlsi  traduction  de  Scheffler  par  M.  Fournie,  1864,  livre  III,  aux  §§  67,  68,  69,  où 
l'auteur  considère  un  massif  de  terre  arrasé  de  niveau  et  supposé  presser  sans  frottement 
une  paroi  verticale,  cas  simple  où  son  analyse  donne  le  même  résultat  que  la  théorie  de 
Coulomb. 

(3)  On  stahility  of  loosc  Earth ;  Mémoire  lu  en  juin  i856  à  la  Société  royale,  et  A Manual 
of  appUed  Méchantes ,  1861,  du  même  M.  Rankine. 

(4)  Annales  des  Ponts  et  Chaussées  ;  juin  1870,  p.  547- 

(5)  Note  sur  la  poussée  des  terres,  par  M.  Flamant;  mêmes  Jnnales,  novembre  1870. 

3i.. 


(  236  ) 

avérée,  d'un  cerfain  nombre  de  faits  d'équilibre  ou  de  mouvement  avec 
les  résultats  d'une  théorie  qu'on  propose  ne  suffisent  point  pour  qti'elle  soit 
exacte,  ou  pour  qu'avec  son  aide  on  puisse  espérer  prévoir  les  faits  non 
observés  du  même  genre  et  en  calculer  d'avance  les  circonstances.  Tout 
au  plus  peut-elle  fournir  des  formules  empiriques  d'une  application  bornée. 
Il  lui  faut,  pour  s'étendre  plus  loin,  pour  représenter  une  loi,  d'autres 
conditions,  et,  avant  tout,  qu'elle  ne  soit  pas  en  contradiction  flagrante 
avec  les  principes  fondamentaux  de  la  Mécanique,  qui  ont,  certes,  les  faits 
aussi  pour  eux,  ni  avec  la  règle  logique  qui  interdit  de  retrancher  arbi- 
trairement d'une  quantité  une  de  ses  parties  tout  aussi  capable  que 
les  autres  d'influer  sur  le  résultat  qu'on  veut  apprendre  à  prévoir. 

M  Quoique  de  pareils  préceptes  n'aient  pas  besoin  de  preuves,  il  convient 
de  citer  un  exemple  remarquable  de  leur  violation,  qui,  sans  nous  faire 
sortir  de  notre  sujet,  nous  conduira  à  mieux  faire  apercevoir  l'erreur  de 
la  tlïéoiie  nouvelle  présentée  par  M.  Curie. 

»  On  sait  qu'avant  le  Mémoire  de  1773,  de  Coulomb,  lorsqu'on  voulait 
évaluer  la  poussée  exercée  contre  la  paroi  postérieure  supposée  verticale 
d'un  mur,  on  ne  tenait  aucun  compte  du  frottement  que  doit  éprouver  la 
face  inférieure  et  oblique  d'un  prisme  qui  se  détacherait  du  massif  de 
terre  en  glissant  contre  la  partie  de  ce  massif  restée  immobile  en  dessous. 
Le  calcul  donnait  la  même  poussée  que  si  la  terre  eût  été  un  liquide  ayant 
sa  densité.  Comme  on  était  ainsi  condiiit,  en  adoptant,  en  outre,  |  pour  le 
rapport  de  la  densité  de  la  terre  à  celle  de  la  maçonnerie,  et  en  plaçant 
le  point  d'application  de  la  poussée  au  tiers  de  la  hauteur  du  mur  de  sou- 
tènement, à  dor)ner  à  ce  mur,  pour  qu'il  ne  soit  pas  lenversé  par  rotation, 
une  épaisseur  de  moitié  de  sa  hauteur  (i),  quelques  ingénieurs,  qui 
jugeaient,  d'après  leur  expérience ,  ce  résultat  trop  élevé,  tentèrent  de 
l'atténuer  théoriquement. 


.    (i)  Plus  exactement,  d'après  ce  calcul,  les  0,47  de  la  hauteur;  car,  h  étant  la  base  et  /t 
la  hauteur  du  mur,  rr  et  n  les  poids  de  l'unité  de  volume  de  la  terre  et  de  la  maçonnerie,  on 

avait  -  cj/i' pour  la  poussée  par  unité  de  longueur  du  mur,  \  h  pour  le  bras  de  levier  supposé 

de  celte  force;  d'où,  pour  l'équilibre  de  rotation  du  mur  autour  de  l'arête  antérieure  de  sa 

I  1,  ■  •         1  ,  ,   h        vj  h''  Il  .    , 

base,  lequation  de  moments  Y\hh  -  =  — -  --,  ce  nui  donne 

223 


A'rr         2//'  ,,        A    ,-  ,       ,  , 


(  ^^'7  ) 

»  A  cet  effet,  ils  décomposèrent  le  poids  du  prisme  de  terre  en  deux 
autres  forces,  l'une  normale  et  l'autre  parallèle  à  son  plan  incliné  de  glis- 
sement; puis,  à  son  tour,  la  composante  parallèle  en  deux  nouvelles  forces, 
l'une  verlicale,  l'autre  liorizonlale  ou  perpendiculaire  au  mur;  et  ils  regar- 
dèrent cette  dernière  composante  comme  constituant  nniquement  la  poussée. 

»  La  fameuse  règle,  d'après  laquelle  on  donne  souvent  aux  murs  une 
épaisseur  égale  au  tiers  de  la  hauteur  du  massif,  arrasé  horizontalement, 
qu'ils  ont  à  soutenir,  n'a  pas  eu,  comme  m'a  dit  Poncelet,  d'autre  ori- 
gine (i). 

»  TI  est  possible  que  cette  règle  du  tiers  ait  rendu,  en  tant  qu'empirique, 
des  services  dans  les  constructions  civiles  où  il  n'y  a  à  soutenir  que  des 
massifs  d'une  hauteur  médiocre,  et  qu'elle  ait   ainsi   fourni  des  résultats 

(i)  Quoique  je  n'aie  pas  sous  les  yeux  le  Mémoire  des  tomes  V  et  VI  des  anciens  Mémoires 
de  l'Académie  de  Dijon  où  un  ingénieur,  du  reste  illustre,  a  proposé  il  y  a  un  siècle  cette 
prétendue  théorie,  je  puis  rendre  son  raisonnement  à  peu  près  ainsi  : 

Soit,  outre  les  notations  de  la  Note  précédente,  t  l'angle,  fait  avec  la  paroi  verticale  du 
mur  par  la  face  inclinée  le  long  de  laquelle  glisserait  le  prisme  lors  de  la  rupture  de  l'équi- 
libre, on  aura 


I 


CI 


h^  tangT 


po\ir  le  poids  de  ce  prisme; 


I      ,, 

-  ah-  tangT cosT 

2 


pour  la  composante  ou  projection  de  ce  poids  dans  une  direction  parallèle  à  la  face  de  glis- 
sement ;  enfin 

-ctA'  tangTCOSTsiuT  =:  -  ct/('  sin'r 
2  °  a 

pour  la  composante  OU  projection  horizontale  de  cette  composante,  ou  pour  ce  qu'on  regar- 
dait comme  mesurant  la  poussée  contre  le  mur. 

Or  en  lui  attribuant,  comme  ci-dessus,  un  bras  de  levier  =  -h,  l'équilibre  de  relation  du 

mur  autour  de  l'arête  antérieure  de  son  pied  donne  l'équation 

,  ,  h        ct/;'    .        h         ,  '  ,     .         ^ 

n6/i-=3  sin'r  tt;      6'=  - /j'sin^T  — , 

2         2  3  3  n 

d'où,  en  faisant  —  =  -,  t  =:  45  degrés  (car  on  supposait,  dans  ce  temps,  que  le  pnsme  glis- 
serait suivant  le  talus  de  terre  coulante), 

ou  la  règle  du  tiers  de  la  hauteur. 


'=i'' 


(  238  ) 

conformes  à  r expérience  des  constructeurs  exercés.  Mais  le  raisonnement 
qui  sert  à  l'établir  n'est  toujours  qu'un  paralogisme  inexcusable,  une  faute 
contre  la  Statique  élémentaire,  même  si  l'on  admet  la  supposition,  sur  la- 
quelle elle  se  fonde,  que  le  glissement  des  terres  s'opère  sans  frottement 
capable  d'influer;  en  sorte  que  c'est  avec  raison  que  l'on  a  rejeté  depuis 
longtemps  cette  règle  comme  théorique  et  générale. 

))  C'est  effectivement  à  tort  qu'après  la  seconde  décomposition  de  forces 
on  néglige  ou  supprime  l'une  des  deux  composantes  ainsi  obtenues,  savoir 
celle  qui  est  verticale  ou  perpendiculaire  au  mur  ;  car  une  force  agissant  sur 
un  coin,  tel  que  le  prisme  de  terre  considéré,  peut  très-bien,  même  si  elle 
est  parallèle  à  une  de  ses  faces,  donner,  dans  l'équation  de  son  équilibre, 
une  composante  perpendiculaire  à  celte  même  face.  Il  n'y  a,  pour  cela, 
qu'à  la  décomposer  suivant  les  deux  directions  perpendiculaires,  respec- 
tivement à  celle  ci  et  à  l'autre  face,  comme  on  fait  pour  établir  l'équi- 
libre d'un  coin  qti.ind  on  abstrait  les  frotlemenls.  Or,- en  ajoutant  la  com- 
posante perpendiculaire  au  mur,  ainsi  obtenue,  à  celle  de  même  direction 
qu'une  première  décomposition  avait  produite,  on  trouve  pour  somme, 
comme  évidemment  cela  doit  être,  précisément  ce  qu'obtenaient  les  pre- 
miers ingénieurs  en  décomposant  directement  le  poids  du  prisme  ou  coin 
de  terre  en  deux  forces  respectivement  perpendiculaires  à  ses  deux  faces  : 
c'est-à-dire  qu'on  obtient,  quel  que  soit  l'angle  pris  pour  celui  du  plan  de 
glissement,  la  même  poussée  que  si  la  terre  était  un  liquide  (i). 


(i)  En  effet,  la  composante  parallèle  au  plan  de  glissement  a  été  trouvée  tout  à  l'heure 
il  une  intensité  -  cr  A' tangr  cost  =  -  ct  /i^  sinr.  Si  on  la  décompose  en  deux  forces,  l'une  ho- 
rizontale, l'autre  verticale,  celle-là  est -a  /f'sin'r  comme  on  a  dit;  celle-ci  est -ci /i^sinr  cost. 

2  2 

En  décomposant  cette  dernière  en  deux  autres,  l'une  perpendiculaire  au  plan  de  glissement, 

,,     .      1      •       ,  1                       !•     ,  ■                         ,,       .        cj  /i'   .                    I  ah' 

I  autre  horizontale  ou  perpendiculaire  au  mur,  celle-ci  est sinr  cosr = 


COS'T. 


Eu  l'ajoutant  à  la  composante,  de  même  direction,  -  cr  A'  sin^  t  déjà  obtenue,  on  a  pour  la 


2 


poussée  totale,  ijiœ/  t/ue  soit  l'a/igler  du  glissement  supposé  s'opérer  sans  frottement. 


2 


ou  ce  qu'on  a  en  décomposant  de   suite  (ont   le  poids  -  a  A' tangr  du  prisme  suivant  cette 

direction  et  suivant  une  perpendiculaire  à  son  autre  face;  c'est-à-dire  qu'on  ace  qui  résul- 
terait de  la  fluidiflcatinn  du  massif  de  terre. 


(  239  ) 

»  4.  Or,  c'est  précisément  une  faute  de  ce  genre  que  commet  M.  Cmie, 
bien  qu'il  tienne  compte  des  frottements,  ou  qu'il  opère,  avec  raison,  des 
décompositions  de  forces  suivant  des  directions  fais,<nt,  avec  les  normales  au 
plan  de  glissement  et  à  la  face  du  mur,  des  angles  égaux  à  ceux  des  frotle- 
menls  de  terre  contre  terre  et  de  terre  contre  maçonnerie,  au  lieu  de  décom- 
poser, suivant  ces  normales  elles-mêmes,  comme  on  faisait  avant  Coulomb. 

')  Elle  a  été  également  commise,  dans  la  même  année  iSSq,  par  un  autre 
officier  supérieur  de  la  même  arme  que  M.  Curie,  dans  un  Mémoiie  étendu, 
présenté  au  Comité  du  Génie,  avant  de  l'être,  le  2  1  octobre  i86i,  à  l'Aca- 
démie, et  non  reproduit  par  son  auteur  qui,  sans  doute,  y  a  renoncé  ;  et  sur 
lequel  le  maréchal  Vaillant  a  déposé,  le  i5  septembre  1862,  au  nom  d'une 
Commission,  un  Rapport  désa/iprobatif,  soigneusenu  iit  fait,  mais  non  lu,  et 
qu'il  a  I)ien  voulu  me  communiquer. 

»  Voici  donc  ce  que  fait  M.  Curie.  Adoptant,  avec  Coulomb  et  Poncelet, 
l'hypothèse  de  rupture  constamment  plane  des  massii's,  il  partage  le  prisme 
de  poussée,  d'un  angle  dièdre  à  déterminer  plus  lard,  en  tranches  infini- 
ment minces,  par  des  plans  parallèles  à  la  face  inférieure  ou  de  glissement. 
Il  regarde  chacune  de  ces  tranches  comme  exerçant  sur  le  mur  une  pres- 
sion dans  la  direclion  même  de  leurs  plans,  avec  une  intensité  égale  à  ce 
qu'on  obtient,  pour  première  composante,  en  décomposant  son  poids  en 
deux  forces,  l'une  dans  cette  direciion-là,  l'autre,  suivant  une  ligne  faisant 
l'angle  du  frottement  avec  la  normale  à  ces  mêmes  plans.  C'est  cette  pres- 
sion oblique  qu  il  appelle,  pour  chaque  tranche,  la  poussée  primitive.  Il  la 
décompose  elle-même  suivant  deux  directions,  dont  l'une  est  parallèle  à  la 
face  du  nuir  et  dont  l'autre  fait,  avec  la  normale  à  celte  face,  un  angle  égal 
à  celui  du  frottement  de  terre  contre  maçonnerie.  //  supprime  la  première 
de  ces  deux  composantes  (celle  qui  est  parallèle  au  murj,  comme  n'ayant, 
dit-il,  d'autre  effet  que  de  comprimer  les  terres  du  prisme  ou  comme 
étant  détruite  par  les  réactions  de  leurs  molécules;  et  il  regarde  l'autre 
composante  comme  la  poussée  effective,  seule  mise  en  compte,  par  lui,  dans 
ses  calculs. 

»  Or,  cette  suppression  de  la  composante  que  fournit,  dans  un  sens  pa- 
rallèle au  mur,  la  poussée  dite  pnmitii>c  de  chaque  tranche,  n'est  nullement 
légitime  d'après  ce  qu'on  a  dit  pour  la  singulière  théorie  dont  a  été  tirée  la 
règle  du  tiers.  Décomposée  à  son  tour  dans  deux  directions  faisant  respecti- 
vement, avec  le  plan  de  glissement  et  avec  la  face  du  mur,  les  angles  qu'on  a 
dits,  la  composante  que  M.  Cune  supprime  fournit,  dans  la  deuxième  direc- 
tion, une  nouvelle  portion  de  poussée  effective.  Cette  portion,  ajoutée  à  la 


(    240    ) 

force  que  M.  Curie  appelle  de  ce  nom,  donne  pour  somme,  précisément, 
ce  qu'on  a,  suivant  la  même  direction  (faisant  l'angle  du  frottement  avec 
la  normale  au  mur),  lorsqu'on  décompose  de  suite,  soit  comme  a  fait  Pon- 
celel,  le  poids  total  du  prisme  de  poussée,  soit  celui  de  chaque  tranche,  en 
deux  forces,  l'une,  ayant  celte  direclion-là,  l'autre  (qui  seule  peut  être 
abstraite),  suivant  la  direction  qui  fait  un  angle  analogue  avec  le  plan  de 
glissement. 

M  C'est  cette  première  composante,  dont  Poncelet  a  donné  l'expression 
pour  tout  le  prisme,  qui  doit  être  prise  pour  la  poussée  réelle,  relative  à 
une  valeur  déterminée  quelconque  de  l'angle  de  glissement,  lorsqu'on 
adopte  1  hypothèse  de  rupture  suivant  des  faces  constamment  planes,  et 
qui  soient,  aussi,  supposées  toutes  parallèles,  malgré  l'impossibilité,  signa- 
lée par  M.  Scheffer,  de  cet  exact  parallélisme  dans  tous  les  cas. 

»  11  est  vrai  que  M.  Curie  ne  décompose  pas  toujours  en  deux  autres 
cet  te  force,  de  direction  parallèleau  plau^de  glissement,  qu'il  appelle /a /;oi/s5ee 
primitive.  Il  la  conserve  dans  sa  grandeur  totale,  et  aussi  dans  sa  direction, 
et  il  la  regarde  comme  donnant  immédiatement  la  poussée  effective,  dans 
les  cas  où  cette  direction,  qui  est  celle  des  plans  de  glissement,  fait,  avec  la 
normale  à  la  face  du  mur,  un  angle  moindre  que  l'angle  du  frottement  de 
terre  contre  maçonnerie;  car,  alors,  il  pense  qu'il  ne  saurait  y  avoir  de 
glissement  de  la  terre  contre  cette  face. 

»  Mais  c'est  corriger  partiellement,  pour  ce  cas,  une  erreur  par  une 
autre  erreur. 

»  Il  suffit,  en  effet,  de  tracer  une  épure  de  la  coupe  d'un  mur  de  soutè- 
nement et  des  couches  parallèles  de  terre  qui  glisseront  les  unes  sur  les 
autres  dès  que  le  mur  éprouvera  le  commencement  d'un  renversement, 
susceptible  d'être  figuré  lui-même  sur  l'épure,  pour  se  convaincre  que  lors- 
que le  mur  cédera  ainsi,  les  mêmes  molécules  de  terre  ne  pourront  pas 
rester  conliguès  ou  très-voisines  de  la  face  pressée  de  ce  mur.  Il  y  aura 
nécessairement  un  glissement  relatif  de  la  terre,  ou  contre  le  mur,  ou  contre 
les  parcelles  de  terre  qui  pourront  rester  dans  ses  rugosités.  D'où  il  suit  que 
la  poussée  effective,  qui  est  à  calculer  pour  le  premier  instant  d'une  rup- 
ture supposée  de  l'équilibre,  ne  peut  avoir  d'autre  direition  que  celle  qui 
fait,  avec  la  normale  à  la  face  postérieure  du  nsur,  un  angle  égal  à  celui 
du  flottement  de  terre  contre  maçonnerie  (angle  qu  d  convient,  comme 
on  sait,  de  prendre  le  même  que  celui  de  terre  contre  terre,  pour  peu  que 
le  parement  du  nuu-  soit  raboteux). 

u  D'où  il  suit  bien  que  si  l'on  continue  d'admettre  comme  hypothèse. 


(  ^4-  ) 

au  moins  approchée,  que  la  rupture  s'opère  suivant  des  plans,  tous  sensi- 
blement de  même  direction  dans  chaque  cas,  il  faut  en  revenir  à  la  solution 
de  Poncelet,  complétée  à  qnelqnes  égards  par  M.  Saint-Guilhelm,  qni  con- 
siste à  décomposer  le  poids  de  tout  le  prisme  de  glissement  en  deux  forces 
faisant  les  angles  de  frottement  avec  la  normale  au  mur  et  avec  la  nor- 
male à  la  face  (d'abord  inconnue)  de  glissement  de  la  ferre,  et  à  prendre 
la  première  de  ces  deux  composantes  pour  la  poussée  sur  le  mur  (i). 

»  5.  Que  M.  Curie  continue  donc,  avec  son  esprit  d'exactitude  et  sans 
prévention,  à  faire  d'intéressantes  expériences  de  mesurages  de  poussées; 
qu'il  enrichisse  défaits  nombreux  la  pratique,  et  qu'il  les  représente,  s'il 
le  veut,  par  des  formules  empiriques,  construites  n'importe  comment  ; 
nous  y  applaudirons. 

»  Mais  qu'il  renonce  à  faire  accepter  une  théorie  contraire  aux  prin- 
cipes les  plus  simples  de  la  Statique,  et  à  combattre  non-seulement  celle 
que  Coulomb  a  fondée  en  partant  d'une  hypothèse  approximative  (dont 
M.  Curie  part  lui-même),  mais  aussi  les  théorèmes  de  Cauchy  rappelés  et 
une  théorie  récente  et  rationnelle  que  l'on  commence  à  enseigner,  qui 
dispense,  quand  on  peut  l'appliquer,  de  la  recherche  analytique  du  maxi- 
mum de  la  poussée,  ainsi  que  celle  du  maximum  de  son  moment  (que 
M.  Curie  y  avait  substituée  avec  raison);  théorie  qui  a  été  approuvée  par 
l'Académie,  à  la  suite  d'un  mûr  examen,  après  avoir  été  professée  depuis 
1857  par  les  savants  ingénieurs  dont  nous  avons  cité  les  noms.  » 

NAVIGATION.  —  Dispositions  proposées  pour  établir  un  service  régulier  de  navires 
porte-trains  entre  Calais  et  Douvres;  par  M.  Dcpcy  de  LÔme. 

«  L'amélioration  des  moyens  de  "passage  entre  l'Angleterre  et  la  France 
est  une  question  qui  a  été  l'objet  de  nombreuses  études  depuis  bien  des 
années.  11  est  inutile  d'insister  sur  la  grandeur  du  bienfait  qu'apporterait 
une  bonne  solution  de  ce  problème  pour  les  deux  grands  peuples  séparés 
par  le  pas  de  Calais. 

»  L'Académie  connaît  les  projets  de  pont  sur  le  détroit  et  celui  de  timnel 
en  dessous.  Il   n'entre  point  dans  mes  vues  d'examiner  ici  ces  projets,    ni 

(i)  Ce  qui  a  pu  tromper  M.  Curie,  c'est  qu'il  a  voulu  que  chaque  tranclie  pressât  le  mur 
suivant  la  ligne  menée  de  son  centre  de  gravité  au  point  milieu  de  l'élémenl  superficiel 
suivant  lequel  elle  touche  Ie*nur.  Or  il  n'v  a  de  cela  aucune  nécessité. 

C.  R.,  1873,  î"!  Semestre.  (T.  LXXVII.  N"  4.)  ^2 


(     242     ) 

d'aborder  la  question  des  dépenses  qu'on  ne  peut  pas  cependant  isoler 
de  la  question  scientifique  quand  on  veut  arriver  à  l'exécution. 

»  Je  me  borne,  à  cet  égard,  à  émettre  l'opinion  que  c'est  par  l'amélio- 
ralion  des  navires  et  des  ports  qu'on  peut  arriver,  rapidement  et  sans  le 
concours  financier  de  l'Etat,  à  donner  aux  communications  entre  l'Angle- 
terre et  la  France  tout  le  confortable  et  toute  l'activité  qu'on  peut  désirer. 

M  La  création  d'un  service  de  paquebots  entre  la  France  et  l'Angleterre, 
établi  dans  des  conditions  de  bien-être,  de  rapidité  et  de  sécurité  dignes  de 
la  grandeur  de  ces  deux  nations  et  de  l'état  actuel  de  la  science,  exige  des 
navires  de  plus  grandes  dimensions  et  de  bien  plus  grandes  puissances  mo- 
trices que  ceux  employés  jusqu'à  ce  jour  pour  la  traversée  du  pas  de  Calais. 
11  est,  en  outre,  nécessaire  que  ces  paquebots  puissent  partir  et  arriver  à 
des  heures  fixes,  indépendantes  de  la  marée. 

»  Les  dépenses  auxquelles  on  est  conduit  pour  satisfaire  à  ces  conditions 
sont  déjà  telles,  que  l'établissement  d'un  pareil  service,  sans  subvention 
des  gouvernements,  n'est  possible  qu'en  ajoutant  aux  recettes  prove- 
nant des  passagers  un  supplément  considérable  par  le  transport  des  mar- 
chandises. 

»  Ce  transport  des  marchandises  serait  lui-même  incompatible  avec 
l'usage  économique  de  grands  paquebots  rapides,  exigeant  la  multiplicité 
des  voyages  d'un  même  navire  dans  une  journée,  s'il  fallait  opérer  l'em- 
barquement ou  le  débarquement  des  colis  par  petits  groupes  isolés. 

M  La  solution  complète  du  problème  se  trouve  heureusement  dans  la 
possibilité  de  transporter  siuces  grands  navires  des  trains  entiers  composés 
des  wagons  roulant  sur  les  chemins  de  fer  de  France  et  d'Angleterre. 

»  En  outre,  les  voyageurs  ne  laisseront  pas  que  de  trouver,  dans  l'embar- 
quement commode  et  rapide  des  trains,  des  avantages  qu'apprécieront 
ceux  qui  ont  eu  à  s'embarquer  ou  à  débarquer  avec  leurs  familles  par  des 
nuits  froides  et  pluviales  en  passant  sur  ces  planches  vacillantes  servant  de 
communication  entre  le  quai  et  le  paquebot. 

»  Du  côté  de  l'Angleterre,  le  port  de  Douvres,  que  le  gouvernement  an- 
glais améliore  encore  par  le  prolongement  apporté  chaque  année  à  la  grande 
jetée  dite  Jelée  de  V Amirauté,  présente  déjà  des  profondeurs  ."iuffisantes  pour 
recevoir  les  plus  grands  bâtiments.  Vers  l'extrémité  de  cette  jetée,  il  y 
a  maintenant  l\o  pieds  d'eau  à  marée  basse.  La  Commission  des  cinq 
ports  est,  en  outre,  toute  disposée  à  faireles  travaux  nécessaires  pour  appro- 
prier tout  à  fait  le  port  de  Douvres  à  l'embarquement  et  au  débarquement 
des  trains. 


(  243  ) 

V  Du  côté  de  la  France,  dans  la  région  de  notre  littoral,  à  portée  de 
Douvres,  il  n'existe  aucun  port  capable  de  se  prêter,  dans  l'état  actuel,  à 
un  service  régulier  de  grands  paquebots  partant  à  des  heures  fixes. 

»  J'ai  recherché,  conjointement  avec  un  ingénieur  anglais,  M.  Scott 
Russel,  que  je  me  suis  associé  dans  cette  étude  d'un  intérêt  éminemment 
inlernational,  les  moyens  de  créer  sur  notre  littoral  de  la  Manche  un  port 
approprié  au  service  de  navires  porte-trains  reliant  les  chemins  de  fer  de 
l'Angleterre  à  ceux  du  continent. 


Gare  maritime  à  Calais. 


»  La  localité  de  Calais  nous  a  paru  celle  qui  se  prête  le  mieux  aux  con- 
ditions générales  d'une  pareille  création;  mais,  pour  y  obtenir  la  profon- 
deur d'eau,  il  fallait  renoncera  l'emploi  des  jetées  pleines,  sensiblement 
normales  à  la  direction  du  rivage  et  entre  lesquelles  on  creuse  un  chenal 
jusqu'à  trouver  au  large  la  profondeur  d'eau  voulue. 

»  Sur  cette  côte,  le  long  de  laquelle  les  mouvements  de  la  mer  opèrent 
une  translation  continue  du  sable,  tout  obstacle  apporté  au  courant  pa- 
rallèle au  rivage  change  sa  configuration  d'équilibre,  et  la  nouvelle  laisse 
de  basse  mer  recule  bientôt  vers  le  large  jusqu'à  l'embouchure  des  jetées. 

»  Le  port,  spécial  à  notre  service  projeté  de  navire  porte-trains,  est  donc 
conçu  de  façon,  non-seulement  à  ne  pas  gêner  le  courant  de  flot  et  de  ju- 
sant, mais,  au  contraire,  à  en  accroître  l'intensité  le  long  du  rivage. 

32.. 


(  244  ) 

»  A  cet  effet,  notre  port,  que  nous  appellerons  notre  gare  maritime,  est 
contenu  dans  un  petit  îlotoblong  ayant  son  grand  axe  légèrement  oblique 
à  la  direction  du  rivage,  de  manière  que  le  chenal,  laissé  entre  l'ilol  et  la 
terre,  ait  son  ouverture  la  plus  grande  se  présentant  au  courant  de  flot. 

»  La  forme  de  cet  îlot  résulte  de  la  juxtaposition  de  deux  arcs  de  cercle 
accolés  par  leur  corde  connnune  d'une  longueur  de  990  mètres.  Cette  corde 
est  dirigée  suivant  une  ligne  est  et  ouest  ;  la  largeur  totale  de  l'îlot  est  de 
320  mètres.  Il  est  établi  à  l'ouest  des  jetées  du  port  de  Calais  avec  sa 
l^ointe  la  plus  rapprochée  à  1700  mètres  de  leur  extrémité. 

»  Le  côté  de  l'îlot  opposé  à  la  mer  du  large  est  entièrement  fermé  par 
une  forte  jetée  en  maçonnerie,  et  le  côté  de  terre  par  une  seconde  jetée 
également  pleine,  mais  de  bien  moindre  importance,  et  dans  laquelle  est 
pratiquée  l'entrée  du  port.  Sa  direction  se  présente  convenablement  pour 
la  route  suivie  par  les  navires  porte-trains  venant  de  ]3ouvres,  qui  trou- 
veront sur  leur  passage  jusqu'à  cette  entrée  près  de  7  mètres  d'eau  aux 
basses  mers  d'équinoxe,  en  contournant  l'extrémité  ouest  de  l'îlot  par 
une  ligne  d'un  rayon  de  courbure  de  plus  de  900  mètres. 

»  L'entrée  de  ce  port  a  80  mètres  de  largeur,  et  sa  position  dans  la 
partie  de  l'îlot  qui  regarde  la  terre  la  mettra  complètement  à  l'abri  de  la 
grosse  mer  du  large,  dont  la  direction  dans  cette  localité  reste  comprise 
entre  les  limites  du  nord-ouest  et  du  nord-est. 

»  Dans  l'intérieur  de  cette  gare,  par  les  plus  mauvais  temps,  les  eaux 
seront  presque  complètement  calmes,  et,  en  tous  cas,  elles  le  seront  suffi- 
samment pour  permettre,  sans  aucune  difficulté,  les  manœuvres  d'embar- 
quement et  de  débarquement  des  trains. 

»  Cette  tranquillité  de  l'eau  résultera  nécessairement  de  la  largeur  mo- 
dérée de  l'entrée  comparée  à  la  surface  d'eau  intérieure,  qui  est  de  plus 
de  18  hectares,  de  la  position  de  cette  entrée  complètement  à  l'abri  de  la 
mer  du  large,  enfin  de  la  nature  du  rivage  en  pente  douce,  où  les  lames 
iront  mourir  sans  produire  de  ressac  répercuté  vers  l'entrée  de  notre  port. 

»  La  jetée  extérieure  de  la  gare  maritime  sera  reliée  à  la  terre  par  un 
pont  métallique  formant  la  tangente  de  la  partie  est  de  cette  jetée.  Ce 
pont  sera  composé  de  larges  travées  laissant  de  vastes  débouchés  aux  cou- 
rants, et  il  sera  assez  élevé  pour  être  à  l'abri  de  l'atteinte  des  plus  hautes 
lames. 

»  L'îlot  oblong  contenant  notre  port  restera  ainsi,  pour  ainsi  dire,  isolé 
du  rivage;  les  courants  qui  longent  la  côte  continueront  à  se  produire.  Il 
arrivera  même  que  celui  de  la  marée  montante,  qui  est  à  Calais  le  plus 


(  ^^5  ) 
énergique  el  le  plus  prolongé,  se  trouvant  saisi  entre  la  pointe  ouest  de  l'îlot 
et  le  lillorai,  sera  obligé  de  se  concenircr  vers  la  région,  relativement  ré- 
trécie,  occupée  par  le  pont  avec  inie   vitesse  sensiblement   accrue,  qui 
viendra  produire  une  chasse  devant  l'entrée  du  port  actuel  de  Calais. 

»  Grâce  à  l'ensemble  de  ces  dispositions,  le  chenal  entre  l'îlot  et  la 
terre  ne  saurait  manquer  de  se  conserver  sans  ensablement,  et,  s'il  s'en 
produisait  un  peu  dans  l'intérieur  même  de  la  gare,  des  draguages  d'en- 
tretien en  auraient  facilement  raison. 

»  Avant  d'exposer  le  mode  d'embarquement  des  trains,  il  est  nécessaire 

que  je  décrive,  au  moins  sommairement,  les  navires  eux-mêmes  destinés  à 

les  porter.  Ils  auront  pour  dimensions  principales  : 

111 
Longueur i35,oo 

Largeur 11,20 

Tirant  d'eau  en  charge 3 ,5o 

Déplacement  d'eau 2700      tonnes. 

1)  Ils  seront  nuis  par  des  roues  à  aubes  de  10  mètres  de  diamètre,  ac- 
tionnées par  une  machine  pouvant  réaliser  jusqu'à  36oo  chevaux  de 
75  kilogrammétres. 

»  Chaque  navire  pourra  porter  un  train,  soit  de  voyageurs,  soit  de 
marchandises,  de  1 19  mètres  de  longueur,  sans  la  locomotive  qui  restera  à 
terre.  Le  train  de  marchandises,  supposé  chargé  au  complet,  ne  pèsera  pas 
plus  de  3oo  tonnes  et  celui  de  voyageurs,  également  au  complet, 
180  tonnes.  Pour  le  plus  lourd  de  ces  poids,  l'enfoncement  produit  sur  le 
navire  sera  de  27  centimètres. 

»  Le  train  sera  introduit  dans  le  navire  par  son  arrière  sur  les  rails 
d'une  voie  centrale  portée  par  le  pont  inférieur,  placé  à  une  hauteur 
moyenne  de  2  mètres  au-dessus  de  l'eau.  Il  sera  recouvert  par  le  pont 
supérieur,  et  se  trouvera  ainsi  dans  un  entre-pont  parfaitement  à  l'abri 
des  embruns  de  la  mer;  mais  cet  enire-pont  sera  en  même  temps  ample- 
ment pourvu  d'air  et  de  lumière. 

»  Aussitôt  le  train  embarqué,  il  sera  rapidement  fixé  sur  ses  rails,  et  les 
voyageurs,  invités  à  quitter  les  voitures  pendant  la  traversée,  trouveront, 
à  droite  et  à  gauche  du  train,  des  salons  spacieux  ou  des  chambres  isolées. 

»  Ces  salons  seront  aérés  par  de  grands  .sabords  que  leur  élévation  au- 
dessus  de  l'eau  permettra  de  laisser  ouverts,  sauf  dans  les  circonstances  de 
très-mauvais  temps;  et,  lors  même  que  la  violence  de  la  mer  obligera  à  les 
fermer,  l'aération  de  l'entre-pont  restera  encore  assurée  par  les  larges  ou- 
vertures du  pont  supérieur  présentant  une  vaste  promenade  élevée. 

»   La   vitesse  en  mer  sera  de   18  milles  nautiques  à    l'heure  par  beau 


(  246  ) 
temps,  et,  comme  la  distance  entre  Douvres  et  la  gare  maritime  à  établir 
près  de  Calais  est  de  20°''"'% 8  ou  de  38'"",5,  la  traversée  par  beau  temps 
se  fera  en  tinc  heure  dix  minutes.  On  peut  compter  que,  même  par  très- 
grosse  mer,  grâce  à  la  grande  puissance  de  la  machine  et  aux  dimen- 
sions du  navire,  cette  traversée  ne  durera  jamais  plus  à'une  heure  et  demie. 
Les  brumes  compactes  qui  accompagnent  quelquefois  les  calmes,  ou  en- 
coie  les  tourbillons  de  neige  intenses  pourront  seuls  occasionner  des  re- 
tards exceptionnels  par  l'obligation  qu'ils  imposent  de  modérer  la  vitesse; 
mais  ces  retards  ne  seront  pas  plus  fréquents  que  ceux  qu'éprouvent  par- 
fois les  trains  de  chemins  de  fer  dans  des  circonstances  analogues. 

»  Quelques  miiuites  suffiront  pour  l'embarquement  ou  le  débarquement 
d'un  train,  et  nous  verrons  qu'avec  les  dispositions  étudiées  pour  ces  opé- 
rations aucun  mauvais  temps  ne  pourra  les  entraver.  La  durée  maximum 
du  voyage  pourra  donc  se  calculer  avec  certitude  en  ne  se  donnant  qu'une 
marge  modérée,  et  les  départs  ainsi  que  les  arrivées  de  trains  de  cliaque 
côté  du  détroit  se  feront  à  heure  fixe,  comme  le  service  ordinaire  des  che- 
mins de  fer. 

»  Quant  aux  qualités  nautiques  de  ces  navires  porte-trains  dont  le  char- 
gement sera  presque  constant,  et  qui  sont  destinés  à  navigcer  toujours 
dans  les  mêmes  parages,  elles  peuvent  être,  et  par  conséquent  elles  doivent 
être  très-su|)érieures  à  celles  qu'il  est  possible  de  réunir  sur  les  paquebots 
ordinaires  destinés  à  de  grandes  navigations.  Je  désire  ajjpeler  particuliè- 
rement sur  ce  point  l'attention  de  l'Académie. 

»  En  effet,  les  grands  paquebots  qui  font  le  voyage  de  l'Europe  dans 
l'Inde  sont  faits  pour  porter  jusqu'à  i5oo  tonnes  en  poids  de  marchandises 
et  700  tonnes  de  charbon.  Ces  poids  doivent  en  grande  partie  pouvoir 
être  ou  ne  pas  être  à  bord  sans  que  la  navigation  soit  compromise. 

»  Les  paquebots  transatlantiques  faisant  à  grande  vitesse  les  traversées 
d'Angleterre,  de  France  et  d'Allemagne  en  Amérique  doivent  emporter 
environ  1 3oo  tonnes  de  charbon  qu'ils  consomment  presque  complètement  en 
route. 

M  La  stabilité  doit  être  calculée  de  façon  à  satisfaire  aux  divers  étals 
de  chargements  si  variables  de  ces  paquebots.  N'est-il  pas  évident  a  priori 
que  la  solution  à  intervenir,  au.point  de  vue  de  la  position  du  métacentre, 
du  centre  de  gravité  et  du  moment  d'uiertie  latérale,  ne  saurait  être 
aussi  satisfaisante,  pour  tous  les  cas,  que  s'd  s'agissait  d'étudier  le  navire 
pour  un  chargement  constant? 

»  Il  est  en  outre  une  autre  considération  des  plus  importantes  au  point 
de  vue  de  l'amplitude  des  mouvements  de  roidis. 


(  247  ) 

))  Tout  navire  dans  un  état  de  chargemetit  donné  est  caractérisé  par 
une  durée  de  ses  mouvements  de  roulis,  durée  qui  lui  est  propre,  qui  est 
une  fonction  de  son  couple  de  stabilité,  de  son  moment  d'inertie  et  des 
résistances  passives  nées  des  mouvements  du  roulis  tant  dans  l'eau  que  dans 
l'air.  Cette  dinée  est  indépendante  de  l'état  de  la  mer,  dont  les  lames,  plus 
ou  moins  grosses,  plus  ou  moins  vives  ou  lentes,  influent  sur  l'amplitude 
des  roulis,  sans  en  modifier  sensiblement  la  durée. 

»  Cela  posé,  on  comprend  de  suite  que,  si  la  durée  naturelle  des  roulis 
du  navire  coïncide  ou  se  rapproche  de  la  durée  de  succession  des  lames, 
l'amplitude  des  roulis  peut  atteindre  des  proportions  considérables,  et 
que  si,  au  contraire,  il  y  a  désaccord  très-marqué  entre  la  durée  naturelle 
des  roulis  propres  au  navire  et  le  temps  qui  s'écoule  entre  l'arrivée  des 
deux  lames  successives,  le  mouvement  de  roulis  produit  par  une  lame  est 
presque  complètement  arrêté  par  la  lame  suivante.  Pour  les  navires  destinés 
à  naviguer  dans  le  monde  entier,  il  est  impossible  de  chercher  a  priori,  en 
les  construisant,  à  établir  cette  discordance  dont  je  viens  de  parler, 
mais  pour  la  construction  d'un  |iaquebot  destiné  à  une  traversée  con- 
stante, telle  que  celle  du  pas  da  Calais,  on  peut  et  l'on  doit  connaître  la 
durée  habituelle  de  la  succession  des  lames  par  les  vents  qui  produi- 
sent les  grandes  ondulations  roulant  sensiblement  en  travers  de  la  direc- 
tion de  la  route  à  suivre.  On  peut  et  l'on  doit  construire  le  paquebot  de 
manière  que  la  durée  naturelle  de  ses  oscillations  soit  en  désaccord  mar- 
qué avec  la  durée  de  succession  des  lames  qui  le  prendront  par  le  travers. 

»  Cette  durée  pour  les  navires  allant  de  Calais  à  Douvres  et  vice  versa, 
tant  par  la  grosse  mer  venant  de  l'est  que  par  celle  venant  de  l'ouest,  ne 
varie  guère  qu'entre  7  et  8  secondes.  Or,  dans  l'état  actuel  des  choses,  c'est 
aussi,  à  très-peu  près,  la  durée  naturelle  de  l'oscillation  complète  d'un  bord 
sur  l'autre,  avec  retour  sur  le  même  bord  pour  la  plupart  des  paquebots 
qui  traversent  le  détroit. 

»  Le  navire  porte-trains  que  j'ai  étudié  ne  doit  avoir  que  4  i  à  5  oscil- 
lations complètes  par  minute  d'un  bord  sur  le  même  bord,  suivant  qu'il 
sera  chargé  avec  un  train  de  marchandises  ou  avec  un  train  de  voyageurs; 
la  durée  de  ces  oscillations  sera  donc  de  la  à  i3  secondes,  et,  cette  durée 
étant  très-supérieure  au  temps  île  succession  des  grosses  lames,  qui  est, 
dans  ces  parages,  de  7  à  8  secondes,  une  lame  détruira  le  roulis  produit 
par  la  précédente,  au  lieu  d'y  ajouter  une  impulsion  nouvelle;  ces  roulis 
ne  pourront  donc  jamais,  dans  ces  circonstances,  atteindre  des  amplitudes 
comparables  à  celles  des  paquebots  actuellement  employés  aux  relations 
entre  l'Angleterre  et  le  continent. 


(    2fiS    ) 

»  Jo  vais  maintenant  parler  du  mode  d'embarquement  des  trains.  Un 
embranchement  se  détachant  de  la  ligne  du  chemin  de  ter  du  Nord  viendra 
aboutir  au  pont  de  la  gare  maritime.  Les  trains  parcourront  ce  pont  sur 
une  voie  unique  et  arriveront  sur  la  jetée  extérieure  à  une  hauteur  de 
4"',4o  au-dessus  des  plus  hautes  mers  déquinoxe.  Ils  descendront  sur 
la  partie  extérieure  de  cette  jetée  qui  présentera,  à  cet  effet,  une  rampe  in- 
clinée à  5  1^  millimètres  par  mètre;  ils  viendront  ainsi  aboutir  à  un  palier 
horizontal  occupant  toute  la  largeur  de  l'extrémité  ouest  de  la  jetée. 

»  Ce  palier  sera  à  8™,  3o  au-dessus  des  basses  mers  d'équinoxe  et  à 
I  mètre  au-dessus  des  plus  hautes  mers  de  la  même  époque.  La  jetée 
extérieure  sera  protégée  contre  la  projection  des  lames  par  un  abri  en 
partie  maçonné,  en  partie  en  tôle  et  cornières,  complétant,  sur  toute  la 
longueur  de  cette  jetée,  dont  l'inférieur  seulement  sera  en  pente,  une 
hauteur  extérieure  constante  de  9"',4o  au-dessus  de  hautes  mers.  Cet 
abri  formera  même  une  gare  entièrement  couverte  sur  le  palier  indiqué  ci- 
dessus. 

»  Les  trains  viendront  s'y  arrêter,  pour  s'aiguiller  ensuite,  en  reculant 
sur  la  voie  descendant,  en  sens  inverse  de  la  première  pente,  sur  l'autre  moi- 
tié de  la  largeur  de  la  jetée,  et  se  dirigeant  vers  trois  embarcadères.  Ce 
mouvement  permettra  à  la  locomotive  de  rester  sur  le  quai',  sans  même 
s'engager  sur  les  ponts-levis  d'embarquement. 

»  En  effet,  elle  poussera  à  bord  le  train,  par  l'intermédiaire  de  quatre 
trucs  vides,  qu'elle  ramènera  ensuite  en  gare. 

»  Moyennant  l'emploi  de  trois  embarcadères,  situés  à  des  hauteurs  dif- 
férentes, chacun  d'eux  n'aura  plus  qu'à  racheter  une  dénivellation  égale  au 
tiers  de  la  marée  maximum.  Elle  est  à  Calais  de  7",  29,  dont  le  tiers  est  de 
2", 43. 

»  En  outre,  la  hauteur  de  chaque  embarcadère  sera  réglée  de  façon  que, 
pour  la  période  de  la  marée  qu'il  desservira,  le  pont  du  navire  destiné  à 
recevoir  le  train  se  présentera  tantôt  au-dessous,  tantôt  au-dessus  de  la 
charnière  du  pont-levis.  Il  en  résultera  que,  pour  chaque  embarcadère,  la 
dénivellation,  entre  les  rails  du  quai  et  ceux  du  navire,  ne  s'élèvera  ja- 
mais au  maximum  qu'à  la  moitié  de  2", 43,  soit  à  i™,22.  Pour  un  pont- 
levis  de  3o  mètres  de  longueur,  cette  déviation  ne  donnera  qu'une  inclinai- 
son maximum  de  4  centimètres  par  mètre. 

»  Le  navire  porte-trains  viendra  donc  engager  son  arrière  dans  l'appon- 
tement  choisi  suivant  l'heure  et  le  jour;  il  sera  tenu  solidement  à  ce  poste 
eu  appliquant  son  flanc  contre  un  buttoir  assurant  la  parfaite  direction  de 
son    axe;    le  pont-levis  portant  des  rails  qui  seront  le  prolongement  de 


(  2^9  ) 
ceux  de  la  voie  de  terre  viendra  s'abattre  sur  l'arrière  du  navire  porte- 
trains,  et  reliera  ainsi  les  rails  du  quai  à  ceux  du  pont  du  navire.  Chaque 
pont-levis  sera  équilibré  par  des  contre-poids.  Le  soulèvement  ou  l'abais- 
sement du  pont-levis  se  l'era  ainsi  par  deux  hommes. 

«  Il  ne  reste  plus,  pour  achever  cet  exposé  sommaire,  qu'à  dire  que,  en 
prévision  des  petits  mouvements  que  pourrait  encore  éprouver  le  navire 
amarré  à  son  poste  d'embarquement,  ces  ponts-levis  seront  construits  de 
façon  que,  pendant  que  leur  charnière  du  quai  restera  solidement  horizon- 
tale, leur  seconde  charnière  sur  le  pont  du  navire  pourra  se  prêter  à  suivre 
ses  petites  oscillations  par  un  léger  gauchissement  du  pont-levis,  construit  à 
cet  effet,  et  sans  que  la  continuité  des  rails  correspondants  en  soit  aucune- 
ment dérangée. 

»  Les  trains  venant  pour  débarquer  feront  la  manœuvre  inverse  de  celle 
qui  vient  d'être  décrite. 

»  Avec  deux  navires  en  service  et  un  troisième  en  réserve,  on  pourra 
faire  par  jour  jusqu'à  huit  voyages  d'aller  et  huit  voyages  de  retour,  soit 
seize  traversées  simples. 

»  En  supposant  les  trains  de  marchandises  et  de  voyageurs  alternés  et 
convenablement  composés,  ce  service  suffirait,  par  jour,  au  transport  de 
2/(00  tonnes  de  marchandises,  et  offrirait  2200  places  de  voyageurs,  non 
compris  ceux  qui  prendraient  directement  passage  à  bord,  sans  avoir 
leur  place  au  train  embarqué. 

»  Si  tous  les  wagons  de  passagers  ou  de  marchandises  étaient  chargés 
au  complet  à  chaque  traversée,  cela  ferait  par  année  800000  places  de 
voyageurs  et  870000  tonnes  de  marchandises. 

»  C'est  là  l'utilisation  maximum  de  nos  deux  navires,  sur  laquelle  on  ne 
doit  pas  compter  :  il  suffit  d'un  transit  bien  moindre  en  passagers  et  mar- 
chandises pour  assurer  le  succès  financier;  mais  je  n'ai  pas  à  examiner  ici 
l'entreprise  à  ce  point  de  vue,  ne  me  proposant  d'exposer  à  l'Académie  que 
le  côté  scientifique  des  questions  étudiées  pour  sa  réalisation.  » 

CHIRURGIE.  —  De  la  galvanocaustie  thermique  ou  électrolhermie  appliquée 
aux  opérations  chirurgicales.  Note  de  M.  C.  Sédillot. 

«  Les  courants  galvaniques  reçoivent  en  Chirurgie  de  nombreuses 
applications  dont  les  principales  sont  la  galvanocaustie  thermique  ou 
éleclrothermie,  la  galvanocaustie  chimique  et  l'électrolyse. 

»   Électrothermie.   —  Quand  on  ferme  un  circuit  galvanique   avec   un 

c.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  -i.)  ^^ 


(  25o  ) 

fil  de  platine  plus  mince  et  moins  bon  conductenr  que  les  extrémités  du 
fil  de  cuivre  avec  lesquelles  il  a  été  mis  en  communication,  on  le  voit 
passer  au  rouge-brun,  au  rouge-cerise  et  au  rouge-blanc. 

»  Phis  le  fil  est  fin  et  oppose  de  résistance  au  courant,  dont  l'intensité 
est  proportionnelle  à  l'étendue  des  surfaces  actives  des  couples  de  la  pile, 
plus  la  cbaleur  est  vive;  aussi  faut-il  augmenter  ces  surfaces  en  raison  de 
l'accroissement  du  diamètre  du  fil. 

»  Si  l'on  veut  faire  rougir  une  plus  grande  longueur  de  ce  dernier, 
on  doit  multiplier  les  couples  pour  rendre  plus  énergique  la  tension  de 
l'électricité  dég;igée. 

»  La  galvanocaustie  chimique  a  pour  but  d'utiliser  les  propriétés  caus- 
tiques des  acides  et  des  alcalis  qui  se  portent,  les  premiers  au  pôle  positif 
et  les  seconds  au  pôle  négatif.  C'est  aux  points  où  les  aiguilles,  mises  en 
rapport  avec  les  réophores,  ont  été  engagées  dans  les  tissus,  que  la  cauté- 
risation a  lieu;  et,  si  ces  aiguilles  viennent  à  se  toucher  d'une  manière 
fortuite  ou  volontaire ,  elles  produisent  immédiatement  de  la  chaleur 
(méthode  mixte). 

»  C'est  ainsi  que,  dans  les  premières  applications  du  courant  voltaïque, 
faites,  en  1826,  par  Fabré  Palapart  et  par  nous,  en  1849,  pour  la  guérison 
d'une  tumeur  éreclile  nasale,  les  aiguilles  implantées  à  plusieurs  reprises 
dans  le  tissii  morbide,  à  courtes  distances  ou  en  contact,  déterminèrent  des 
effets  thermiques  et  chimiques. 

))  Uétectroljse  a  été  proposée  et  employée  par  M.  Cinicelli  (de  Crémone) 
pour  provoquer  la  résolution  des  néoplasmes. 

»  Nous  avons  eu  recours  à  cette  méthode  et  nous  l'avons  vue  appliquée 
sans  avantages  marqués;  mais  on  en  a  publié  quelques  succès  dans  le 
traitement  des  engorgements  ganglionnaires  indolents. 

»  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  de  la  galvanocaustie  thermique,  à 
l'occasion  d'un  nouvel  appareil  d'un  de  mes  anciens  collègues  de  Stras- 
bourg, M.  leD'E.  Bœckel  (i). 

»  Depuis  1845  et  1846,  où  Leider  (de  Vienne)  et  G.  Crussel  (de  Saint- 
Pétersbourg)  eurent  recours  à  l'éleclrothermie,  on  s'était  toujours  servi  de 
pile  à  deux  liquides. 

a  Middeldorpf  avait  construit,  en  i854.  un  appareil  complet  d'électro- 
thermie,  formé  d'une  pile  de  Grove  (zinc  et  platine)  donnant  un  courant 


(i)  Delà  Galvanocaustie  thermique,  par  le  D'^'E.  Bœckel,  professeur  agrégé  de  l'ancienne 
Faculté  <le  Médecine  de  Strasbourg.  Paris,  1873. 


soutenu  et  régulier,  dont  un  commutateur  fait  aisément  varier  l'intensité  et 
la  tension. 

M  Une  anse  de  platine  disposée  en  serre-nœud,  un  couteau  galvano- 
causlique,  un  cautère  en  bec  d'oiseau  et  un  galvanocautère  étaient  ses 
principaux  instruments. 

»  Personne  n'a  méconnu  l'avantage  de  pouvoir  placer,  dans  la  profon- 
deur ou  à  la  surface  des  organes  et  à  la  température  ordinaire,  un  fil  mé- 
tallique susceptible  d'être  instantanément  porté  au  rouge-blanc  pour  cau- 
tériser ou  diviser  les  parties,  sans  perte  de  sang. 

»  J'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie,  en  1870  (i),  les 
observations  d'un  assez  grand  nombre  d'opérations  et  parliculièrement  de 
trois  amputations  de  jambe  (2),  faites  avec  l'appareil  de  Middeldorpf. 

»  Il  importait  cependant  de  rendre  cet  appareil  plus  léger  et  de  fournir 
le  moyen  de  mieux  varier  à  volonté  le  degré  de  chaleur. 

»  Ces  heureuses  modifications  recommandent  la  pile  de  MM.  Bœckel  et 
Redslob,  qui  paraît  un  perfectionnement  de  celle  de  M.  Grenet,  déjà  appli- 
quée par  M.  Broca. 

»  Cette  dernière  renferme  deux  couples  (zinc  et  charbon),  plongés  dans 
de  l'acide  sulfurique  étendu,  avec  addition  de  cristaux  de  bichromate  de 
potasse.  Le  courant  est  d'une  intensité  suffisante;  mais  il  faut  l'activer  par 
des  insufflations  d'air  entre  le  zinc  et  le  charbon,  pour  renouveler  le  liquide 
et  en  empêcher  la  stagnation,  et  ou  le  diminue  et  on  l'arrête  en  soulevant 
les  éléments  de  la  pile  et  en  les  dégageant  du  liquide. 

»  Un  jeune  médecin  militaire,  Eugène  de  Séré,  tué  au  champ  de  bataille 
de  Sedan,  avait  publié,  à  ce  sujet,  un  travail  rempli  de  vues  ingénieuses  (3). 

»  La  possibilité  de  suspendre,  d'activer  et  de  graduer,  à  chaque  mo- 
ment, l'action  de  l'appareil  n'était  pas  complète,  et  l'on  était  exposé  à  déve- 
lopper trop  ou  trop  peu  de  chaleur. 

»  Voici  quelques-uns  des  avantages  de  l'appareil  thermo-électrique  de 
M.  E.  Bœckel.  La  caisse  est  en  caoutchouc  durci  comme  celle  de  Leiter  (de 
Vienne)  et  mesure  o^jaS  de  longueur  sur  0'°,  17  de  largeur  et  o",25  de 
hauteur. 

(i)  De  la  suppression  de  la  douleur  dans  les  opérations  chirurgicales  [Comptes  rendus, 
36  avril  1870). 

(2)  Jaw  Kwiatowski  (A.-J.),  Amputations  des  membres  par  la  méthode  galvanocnustique. 
Thèse  de  Strasbourg,  n"  agg,  3"  série. 

(3)  Eugène  de  Séré,  De  la  galvanocaustie,  du  couteau  galvanocaustiquc  et  de  Panse  cou- 
pante à  échelle  graduée.  Thèse  de  Paris,  n°  itS,  1862. 

33.. 


(    252    ) 

»  Chacun  de  ses  quatre  compartiments  renferme  un  couple,  composé 
d'une  plaque  de  zinc  de  o'",  i5  siiro'°,20,  entre  deux  plaques  de  charbon. 
Ces  couples,  suspendus  par  luie  traverse  et  combinés  en  deux  batteries, 
offrent  une  large  surface  active  de  zinc. 

»  Le  courant  est  réglé  avec  sûreté  et  promptitude  par  un  modérateur 
formé  d'une  planchette,  où  sont  disposés  deux  fils  d'Argentan,  faisant  cha- 
cun cinquante  méandres,  et  mis  en  communication,  avec  les  réophores,  par 
une  tige  de  cuivre,  dont  les  roues,  de  même  nsétal,  marchent  librement 
d'un  bout  à  l'aulre  dos  fds  d'Argentan,  dont  les  coudes  sont  gradués  de 
zéro  à  loo. 

»  Tout  le  système  est  intercalé  dans  l'un  des  réophores,  et,  selon  que 
cette  espèce  de  chariot  avance  ou  recule,  la  chaleur  croît  ou  diminue. 

»  Il  suffit  de  nommer  le  numéro  où  les  roues  doivent  être  fixées  pour 
obtenir  très-exactement  le  degré  thermique  dont  on  a  besoin. 

»  Une  aiguille  d'inclinaison  comprise  dans  le  courant  indique  la  mise 
en  activité  de  la  pile. 

»  Un  fil  de  platine  de  o^oo  i  d'épaisseur,  comme  M.  Broca  et  moi  l'avions 
employé,  est  facilement  porté  au  rouge  vif  sur  une  longueur  de  o'",25. 

»  La  puissance  de  la  pile  et  le  volume  du  fil  doivent  être  réglés  par  les 
conditions  opératoires,  qui  diffèrent  beaucoup  dans  l'ablation  d'un  polype 
du  larynx  ou  d'une  grosse  tumeur  tégumentaire,  et  il  f;iut  toujours  s'assu- 
rer expérimentalement,  avant  de  s'en  servir,  du  fonctionnement  régulier 
de  l'appareil. 

»  L'électrothermie,  appliquée  à  des  tissus  dont  les  vaisseaux  ont  été 
comprimés,  donne  des  escarres  plus  ou  moins  épaisses,  selon  le  degré  de  la 
chaleur  et  la  durée  de  ses  applications,  met  à  l'abri  des  hémorrhagies  et  des 
complications  pyohémiques  et  septicémiques,  prévient  les  douleurs  du  ré- 
veil anesthésique,  et  la  simplicité,  la  précision,  le  moindre  volume  et  le 
bas  prix  des  appareils  aideraient  certainement  à  en  répandre  l'usage. 

»  Le  couteau,  l'anse  de  platine  et  le  serre-nœud  de  Leiter(de  Vienne) 
donnent  d'excellents  résultats,  avec  la  précaution  d'éviter  les  plissements 
du  fil,  dont  les  points  d'émergence  du  serre-nœud  ne  s'échauffent  pas  au- 
tant que  le  reste  de  l'anse,  et  cautérisent  souvent,  sans  le  diviser,  le  der- 
nier centimètre  du  pédicule  des  tissus  compris  dans  la  ligature. 

«  Il  faut  alors  tirer  le  fil  à  soi,  au  lieu  d'en  augmenter  la  striction,  et 
M.  E.  Bœckel  a  conseillé  d'y  interposer,  du  côté  du  serre-nœud,  un  mor- 
ceau de  bois  ou  d'ivoire  pour  achever  plus  facilement  l'opération. 

»   Ce  chirurgien,  multipliant  les  expériences  déjà  entreprises  sur  les  ani- 


(  253  ) 
maux,  a  extirpé  la  raie,  le  grand  épiploon,  le  rein,  sur   des  chiens  dont 
aucun  n'a  siiccotiibé. 

»  MM.  Clary  (de  Manchester),  Kœberlé,  Baker-Brown,  Tyler-Smilh, 
Spencer-Wells,  Krassowsky  (de  Saint-Pétersbourg)  avaient  reconnu  l'inno- 
cuité habituelle  des  escarres  inirapérilonéales,  et  ce  dernier  chirurgien 
paraît  avoir  divisé,  avec  l'anse  galvanocausticpie,  le  pédicule  de  plusieurs 
kystes  ovariques,  dont  la  réduction  n'entraîna  pas  d'accidents. 

))  Parmi  les  trente-deux  opérations  galvanocaustiques,  pratiquées  par 
M.  E.  Bœckel,  on  trouve  l'ablation  d'une  épiplocèle  volumineuse,  dont 
l'escarre  rentra,  en  partie,  dans  l'abdomen,  sans  que  la  guérison  en  ait  été 
empêchée. 

»  Ces  faits,  et  les  expériences,  montrent  que  les  surfaces  cautérisées  ne 
jouent  pas  nécessairement,  dans  les  cavités  closes,  le  rôle  de  corps  étran- 
gers, s'éliminant  par  ulcération  et  suppuration,  ou  s'isolant  dans  un  kyste. 

»  Des  adhérences  curatives  se  forment,  et  l'on  aperçoit  les  parcelles  car- 
bonifiées  microscopiques,  disséminées  et  en  voie  de  disparition. 

»  Quelques  chirurgiens  avaient  admis  un  degré  de  chaleur  hémostatique, 
correspondant  au  rouge-brun.  Nous  avons  cherché  à  prouver  que  l'hémo- 
stasie  dépend  de  l'épaisseur  de  l'escarre  et  de  la  densité  et  de  la  sécheresse 
des  tissus  sur  lesquels  porte  le  cautère,  qui  perd  sa  chaleur  au  contact 
des  parties  et  les  charbonne  avec  flamme,  s'il  ne  fait  que  les  effleurer. 

»  Ces  faits,  également  étudiés  par  M.  E.  Bœckel,  l'ont  conduit  aux 
mêmes  conclusions. 

»  De  nombreux  travaux  ont  mis  hors  de  doute  l'importance  et  les  avan- 
tHges  de  l'électrothermie,  dont  les  appareils  compliqués  ont  seuls  retardé 
les  applications,  et  la  Chirurgie  est  intéressée  à  en  suivre  et  à  en  signa- 
ler les  progrès.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  diamètre  solaire. 
Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

<i  Rome,  19  juillet  1873. 

»  La  variabilité  du  diamètre  solaire  à  intervalles  de  temps  assez  pe- 
tits et  irréguliers,  telle  que  je  l'ai  signalée  d'après  nos  résultats,  n'a 
point  surpris  les  astronomes  habitués  à  l'observation  du  Soleil  :  ainsi 
M.  Spœrer  s'est  montré  très-favorable  à  ce  résultat.  Au  commencement  du 
siècle,  le  célèbre  Carlini  de  Milan  s'était  occupé  de  ce  sujet,  et,  dans  un 
Mémoire  inédit  du  24  mai  i8j8,  dont  je  dois  la  connaissance  à  M.  Scbia- 
parelli,  il  avait  conclu  que  les  causes  ordinaiies  des  erreurs  d'observa- 


(  254  ) 
fions  assignables  dans  les  passages  méridiens  ne  pouvaient  expliquer  le 
phénomène,  de  sorte  qu'on  ne  pouvait  l'attribuer  qu'à  l'action  de  l'atmo- 
sphère, mais    comme   cause  provisoire,  jusqu'à  ce  que   la  véritable  fût 
trouvée. 

»  Les  observations  du  P.  Rosa  jetèrent  quelque  lumière  sur  l'origine  de 
ces  irrégularités,  en  signalant  la  région  des  taches  comme  celle  des  dia- 
mètres les  plus  variables  et  les  plus  petits.  Je  regrette  que  les  autres  obser- 
vations n'aient  pas  encore  été  discutées  et  réduites  à  ce  point  de  vue;  mais 
heureusement,  le  8  de  ce  mois,  nous  avons  été  témoins  d'un  phénomène 
qui  confirme  manifestement  ce  résultat  et  répond  aux  objections  faites  à 
nos  conclusions. 

»  Le  8  juillet,  le  P.  Ferrari,  en  faisant  le  dessin  des  taches,  s'aperçut 
que  le  bord  solaire  était  considérablement  déprimé  dans  la  région  où  un 
groupe  de  taches  s'était  occulté  en  partie.  La  dépression  était  très-visible, 
quoiqu'il  n'y  eût  pas  trace  distincte  de  tache  au  bord  ;  sur  une  projection 
de  243  millimètres  de  diamètre,  elle  excédait  i  millimètre  de  flèche  et 
pouvait  s'estimer  k  •j  ou  8  secondes.  Elle  était  très-visible  à  l'œil,  avec 
l'oculaire  ordinaire;  en  employant  un  oculaire  de  projection  plus  puissant, 
on  la  rendait  visible  à  plusieurs  personnes  au  premier  coup  d'œil,  et 
il  était  impossible  de  la  confondre  avec  l'oscillation  atmosphérique.  Cette 
dépression  s'étendait,  à  partir  du  point  le  plus  occidental  ouest,  de 
20  à  29  degrés  vers  le  nord.  Elle  n'avait  pas  de  bord  tranché,  comme  il 
arrive  pour  les  taches  visibles  au  bord;  mais  le  bord  solaire  s'infléchissait 
doucement,  pour  se  relever  enstiite  lentement  et  se  raccorder  avec  la 
courbure  générale;  les  observateurs  caractérisaient  l'aspect  qu'elle  présen- 
tait par  l'expression  de  ammaccntura.  La  dépression  était  considérable- 
ment plus  large  que  la  tache,  qui  était  cachée  ou  exactement  au  bord,  et 
qui  était  visible  le  jour  précédent.  Près  du  bord  nord,  cette  dépression  était 
le  siège  d'une  vive  éruption  métallique  tourbillonnante,  qui  présentait  une 
protubérance  en  forme  de  zigzag,  projection  évidente  d'une  colonne  spirale 
(observable  entre  8  et  9  heures  du  matin). 

»  A  cause  de  sa  position,  cette  dépression  ne  pouvait  pas  influer  sur  le 
diamètre  solaire  pris  au  passage  méridien;  mais  il  est  évident  que,  si  elle 
avait  été  sur  le  diamètre  parallèle  au  mouvement  diurne,  elle  en  aurait 
notablement  diminué  la  valeur.  Ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'on  observe 
dans  les  grandes  taches  une  dépression  du  bord  solaire;  mais  cette  fois  la 
dépression  s'étendant,  comme  je  l'ai  dit,  bien  au  delà  de  la  laclie,  il  en 
résulte  que  des  irrégularités  très-considérables  peuvent  se  former  dans  la 


(  255  ) 

couche  photosphérique,  même  indépendamment  des  taches,  et  qu'elles 
peuvent  modifier  la  valeur  du  diamètre  solaire  dans  les  régions  d'activité, 
sans  préjudice,  bien  entendu,  de  causes  plus  générales  dont  l'influence  se 
fait  sentir  sur  l'astre  entier. 

»  Pour  ce  qui  concerne  le  diamètre  solaire,  dans  ma  Communication  du 
9  novembre  1872  [Comptes  rendus^  t.  LXXV,  p.  i583),  j'avais  donné  les  ré- 
sultats (les  observations  faites  avec  la  combinaison  speciroscopique  que 
j'indiquais  comme  pouvant  servir  pour  le  passage  de  Vénus,  et  avec 
laquelle  j'ai  observé  la  dernière  éclipse  du  Soled.  Le  diamètre  ainsi  déter- 
miné était  beaucoup  plus  petit  (8  secondes  environ)  que  celui  du  Natttical 
j^lmanac,  résultat  qu'on  pouvait  bien  prévoir,  avec  un  moyen  d'observa- 
tion si  extraordinaire.  Je  ne  prétendais  pas  que  le  diamètre  solaire  des 
Tables  fût  erroné,  et  je  ne  proposais  pas  non  plus  de  modifier  la  valeur 
du  diamètre  adopté;  je  signalais  seulement  un  résultat  assez  intéres- 
sant pour  en  tenir  compte  dans  les  recherches  physiques  sur  cet  astre 
et  pour  quelques  usages  spéciaux.  Déjà  les  astronomes  anciens  s'étaient 
aperçus,  dans  le  calcul  des  éclipses,  que  le  diamètre  solaire  des  Tables  était 
trop  grand,  et  Duséjour  proposait  de  lediminuerde  3-| secondes,  en  quoi  il 
s'est  accordé  avec  plusieurs  astronomes  (i).  Dans  les  temps  modernes,  à 
Greenwich  même,  on  a  modifié,  il  y  a  [)eu  d'années,  la  valeur  adoptée  pour 
le  diamètre  solaire,  de  sorte  que  je  ne  croyais  pas  commettre  un  sacrilège 
en  relevant  ces  différences. 

»  M.  Respighi  a  voulu  répéter  ces  observations  :  il  est  arrivé  à  un 
résultat  contraire  au  mien,  c'est-à-dire  à  la  valeur  toujours  exacte  du  Nau~ 
tical  Jlmanac.  Il  a  cherché  alors  à  montrer  que  mes  observations  devaient 
être  entachées  d'erreurs,  dont  quelques-unes  seraient  même  assez  gros- 
sières. Les  causes  principales  de  mes  erreurs  seraient  les  suivantes  (2)  : 
\°  l'usage  d'un  prisme  à  vision  directe,  dont  le  pouvoir  réfringent  serait 
probablement  variable  sous  l'action  de  la  chaleur,  et,  pour  cette  raison,  il 
préférerait  un  prisme  objectif;  2"  une  inadvertance  provenant  de  ce  que  je 
n'aurais  pas  bien  disposé  les  prismes,  avec  les  plans  de  dispersion  parallèles 
entre  eux  et  au  mouvement  diurne  de  la  sphère  céleste,  en  sorte  que  j'au- 
rais mesuré  une  corde  et  non  un  diamètre  du  Soleil;  3°  l'instabilité  de 
mes  lunettes,  due  au  veut  et  au  mouvement  des  voitures  {sic);  [f  l'omission 
de  la  correction  de  réfraction,  qui  pouvait  bien  n'être  pas  négligeable. 

(1)  Delambre,  Astronomie,  t.  II,  p.  423. 

(a)  Jtti  deir  Accadcinia  R.  tic  l.incci,  5  gcnn.  iS^S,  r<?i;u  !e  i8  juillet  1873. 


(     9. 50    ) 

»  On  voit,  d'abord,  que  toutes  ces  objections  ne  signalent  que  des  pos- 
sibilités, et  j'ai  l'honneur  d'assurer  le  savant  astronome  qu'aucune  ne  se 
confirme.  I.a  correction  tie  réfraclion  atmosphérique  était,  compara  ivcment 
aux  différences  trouvées,  toujours  négligeable,  les  observations  ayant  été 
toujours  assez  voisines  du  méridien.  Quant  à  l'instabilité  de  l'équatorial, 
elle  est  tout  à  fait  imaginaire,  surtout  pour  ce  qui  regarde  les  voitures 
dont  l'influence  n'est  absolument  pas  sensible:  il  en  est  de  même  du  vent, 
car  je  me  suis  bien  gardé  de  faire  les  observations  avec  le  vent  en  face,  ce 
qui  aurait  été  impardonnable.  Mais  je  m'étonne  qu'on  attribue  les  diffé- 
rences trouvées  à  ces  causes  accidentelles,  qui  auraient  eu  pour  effet 
de  donner  des  résultats  irréguliers  et  non  des  résultats  constamment  dans 
le  même  sens;  sans  prétendre  obtenir  avec  un  équatorial  la  stabilité  d'un 
instrument  méridien,  les  écarts  des  observations  et  l'erreur  probable 
montrent  que  nous  avons  eu  une  stabilité  plus  que  suffisante. 

»  Quant  à  l'installation  des  prismes,  c'est  là  une  chose  trop  élémentaire 
pour  qu'on  puisse  supposer  qu'elle  nous  ait  échappé,  quoique  nous 
n'ayons  pas  détaillé  la  méthode  employée,  laquelle  est  connue  de  tous  ceux 
qui  emploient  le  spectroscope.  Seulement,  je  ferai  observer  qu'une  petite 
erreur,  dans  cette  ins-taliation,  n'intlue  pas  sensiblement  sur  le  diamètre  : 
son  effet  se  réduit  à  diminuer  la  dispersion.  L'essentiel  est  d'avoir  le  bord 
solaire  bien  tangent  aux  raies  dans  ses  points  extrêmes;  et,  en  effet,  si 
M.  Respighi  lui-même  a  pu  renverser  un  des  prismes  sans  changer  le  dia- 
mètre, il  en  résulte  qu'un  petit  angle  ne  pouvait  pas  avoir  d'influence.  Je  ré- 
pète d'ailleurs  que  nous  avons  pris  toutes  les  précautions  bien  connues  de 
tous  les  spectroscopistes,  et  que  nous  pouvons  garantir  également  la  stabilité 
du  prisme  interposé,  ce  prisme  ayant  été  fixé  dans  un  tube  à  ressort  très- 
stable  et  résistant.  De  plus,  la  température  arrive  assez  rapidement  à  un  état 
d'équilibre  pour  donner  des  résultats  constants,  sans  quoi  les  différences 
seraient  progressives  et  non  pas  constantes,  comme  celles  que  fournit  l'ob- 
servation. 

»  Quant  à  l'usage  du  prisme  objectif,  nous  avons  voulu  satisfaire  le  dé- 
sir exprimé  par  M.  Respighi,  et  cela  d'autant  plus  volontiers  que  c'est  avec 
ce  prisme  que  nous  avons  découvert  cette  combinaison  speclroscopique. 
Nous  avons  donc  fait,  avec  lui  prisme  de  ce  genre,  ayant  G  pouces  de  dia- 
mètre et  i3  degrés  d'angle,  des  séries  d'observations  dont  nous  ne  repro- 
duirons in  extenso  que  celle  du  7  juillet,  faite  entre  10  et  1  i  heures,  car 
les  autres  ont  donné  le  même  résultat  :  on  pourra  ainsi  apprécier  la  valeur 
des  objections  relatives  à  l'instabilité  des  instruments. 


(  ■>-^l  ) 


Diamètre  d'après  la  raie  C. 


Diamètre  d'après  la  raie  1'. 


'6,70 

2      16, 3o 

17,00 

16,55 

16, 65 

Moyenne  : 

t6,4o 

Moyenne  : 

16,20 

s 

i6,4o 

s 

16,80 

16,695 

16,45 

16,542 

16, 65 

N.A.  =  17  ,000 

16,55 

N.  A.  =  17  ,000 

1 6 ,  90 

Diff.    o,3o5 

16, 65 

Diff.    o,45o 

16, 85 

16,45 

16, 3o 

=  4",  55 

16, 65 

=  6", 87 

i6,65 

16,75 

16,70 

Erreur  probable  : 

16,45 

Erreur  probable  : 

16,45 

=  0,1  S(i 

.6,75 

=  0,099 

17,00  1 

16,70 

»  Le  P.  Rasa  a  trouvé,  ce  jour-là,  pour  valeur  du  diamètre  solaire 
a""!^',  00,  comme  dans  le  Naulical  Almanac. 

»  Ce  (ableau  montre:  i°que  même  avec  le  prisme  objectif,  le  diamètre 
donné  par  la  raie  C  est  plus  grand*que  celui  de  la  raie  B,  ce  c|ui,  soit  dit  en 
passant,  résulte  encore  des  observations  de  M.  Respighi  pour  les  raies  C 
et  F;  2°  que  les  résultats  sont  toujours  moindres  que  celui  du  Nautical 
Almanac,  et  qu'aucune  valeur  ne  le  surpasse,  même  pour  la  raie  C,  qui 
est  plus  difficile  à  employer  avec  ce  prisme;  3''  cependant  on  voit  encore 
que  la  différence  est  ici  un  peu  moindre  que  dans  les  observations  précé- 
dentes, ce  qui  tient  à  une  cause  très-importante,  et  que  je  vais  exposer, 
car  elle  nous  conduit  à  expliquer  les  résultats  obtenus  par  M.  Respighi. 

»  Cette  cause  particulière  consiste  en  ce  que  le  prisme  objectif  donne 
une  image  solaire  à  couleurs  très-pures  vers  ses  extrémités  de  l'image,  mais 
que  cette  image  est  presque  blanche  en  son  milieu,  à  cause  de  la  petitesse 
de  l'angle  réfringent,  qui  est  de  i3  degrés  seulement.  La  dispersion  est 
beaucoup  plus  faible  que  celle  du  prisme  à  vision  directe,  que  l'on  em- 
ployait auparavant.  Il  en  résulte  que,  dans  l'observation  du  bord  précé- 
dent, la  raie  C  était  très-bien  détachée  du  bord  et  parfaitement  séparée, 
et  l'observation  des  taches  était  très-nette;  au  contraire,  dans  l'obser- 
vation du  bord  suivant,  cette  raie  se  voyait  à  |)eine  et  se  perdait  au  milieu 
de  l'agitation  atmosphérique,  dont  ce  bord  était  entouré,  pendant  que 
l'autre  était  très-tranquille.  Le  limbe  suivant  était  donc  vu  à  peu  près  comme 
avec  les  verres  ordinaires.  Le  prisme  objectif  n'est  donc  pas  préférable  pour 
ce  genre  de  recherches,  quoiqu'il  puisse  être  préféré  pour  d'autres  observa- 

C.  R.,  1873,  2«  Semenre.  (T.  LXXVII,  N"  -i.)  ^4 


(  "8) 
tions,  comme  celles  des  taches  situées  près  du  bord,  puisque  l'on  peut 
toujours  observer  du  côté  des  couleurs  les  plus  pures. 

»  Je  dis  que  ces  particularités  expliquent  le  résultat  obtenu  par  M.  Res- 
pighi.  En  eltet,  il  nous  assure  lui-même,  dans  sa  Communication  du  ■j  avril 
1872  (i),  que,  dans  son  appareil,  «  les  raies  se  voyaient  très-faibles  sur  le 
»  disque  et  sur  la  chromosphère,  et  que  le  moindre  brouillard  les  faisait 
»  disparaître  ».  Il  nous  assure  ailleurs  que,  par  ce  moyen,  «  les  bords  se 
»  voient  agités  comme  avec  les  verres  de  couleur  ordinaires  »,  et  que, 
enfin,  il  voyait  ces  taches  «  certainement  moins  bien  qu'avec  les  verres  de 
»  couleur  ».  Tout  cela  dépend  de  ses  prismes,  car,  pour  moi,  j'obtiens  nn 
résultat  tout  différent. 

»  Avec  de  tels  défauts  dans  son  instrument,  je  m'étonne  qu'il  ait  entre- 
pris de  battre  en  brèche  des  résultats  obtenus  dans  des  conditions  bien 
supérieures,  et  n'offrant  pas  trace  de  ces  défauts;  toute  la  diflérence  est 
dans  la  faiblesse  de  dispersion  de  ses  appareils.  Je  m'en  suis  convaincu  en 
faisant  usage  de  pièces  d'une  portée  comparable  et  douées  de  facultés  dis- 
persives  semblables.  Il  nous  dit  lui-même  que  son  prisme  objectif  disperse 
moins  que  le  spectroscope,  et  que,  pour  cette  raison,  on  voit  les  images 
déformées.  Son  spectroscope  n'avait  qu'un  prisme  à  vision  directe  (j'ignore 
s'il  en  a  maintenant  augmenté  la  puissance);  ce  prisme  est  excellent,  sans 
doute,  mais  sa  faculté  dispersive  est  calculable  et  ne  dépasse  pas  celle  de 
deux  prismes  ordinaires.  Lors  même  qu'il  aurait  ajouté  un  second  prisme, 
la  dispersion  serait  celle  de  quatre  prismes  ordinaires.  La  longueur  focale 
de  l'objectif  auquel  il  applique  le  prisme  est  inférieure  à  la  moitié  de  celle 
de  notre  lunette,  de  sorte  que,  somme  toute,  sa  dispersion  est  bien  moindre 
que  la  nôtre. 

M  Cette  dispersion  moindre  se  révèle  aussi  par  l'étendue  du  spectre  visible 
dans  le  cliamp  du  spectroscope,  laquelle  est  plus  considérable  que  celle 
que  nous  pouvons  voir  dans  le  nôtre.  Celui-ci,  outre  un  fort  prisme  à 
vision  directe,  équivalant  à  deux  prismes  ordinaires,  a  encore  trois 
prismes  à  vision  angulaire  deflinl,  extra-dispersifs,  faits  exprès  par  M.  Merz, 
et  l'ensemble  équivaut  à  sept  ou  huit  prismes.  Le  prisme  que  nous  inter- 
posons est  aussi  l'un  des  plus  dispersifs  de  M.   Merz,  et  sépare  si  bien  les 


(i)  Atti  dcll'  Accademia  R.  de'  Làicei,  1872,  p.  2i5  et  suivantes  :  Corne  spettroscopio 
(questa  combinazione  del  P.  Secchi)  présenta  le  riglie  lucide  délia  cromosfera  e  délie  protu- 
beranze  assai  deboli  principalmente  per  la  viva  luce  dello  spettro  solaie  ne  ctii  si  projettano 
onde  l)asta  il  |)iù  leggero  strato  di  nebbia  a  velarle,  ecc. 


(   ^Sc)   ) 
rayons,  sur  le  disque  solaire,  qu'on  n'y  voit  pas  Irace  de  blanc;  c'est  pour- 
quoi nous  le  préférons  au  prisme  objectif,  pour  ces  recherches. 

))  11  ne  faut  pas  se  faire  illusion  et  juger  de  la  puissance  de  ce  spectro- 
scope  par  ce  caractère  qu'il  permet  de  bien  voir  les  protubérances.  La 
visibilité  de  ces  objets  est  le  résultat  de  plusieurs  facteurs  qui  peuvent,  par 
hasard,  présenter  une  combinaison  excellente  sans  donner  le  grossissement 
dispersif  qui  est  nécessaire  dans  le  cas  actuel.  M.  Lorenzoni  a  fait  voir 
comment  certaines  proportions  sont  utiles  pour  les  protubérances,  propor- 
tions qui  sont  indépendantes  de  la  force  dispersive.  C'est  ainsi  que,  avec 
un  spectroscope  à  prisme  à  vision  directe,  très-diepersif ,  je  vois  bien  les 
protubérances;  tandis  que,  avec  le  prisme  objectif,  je  ne  peux  pas  séparer 
suffisamment  les  raies  en  dehors  du  disque.  De  plus,  il  arrive  que  des 
prismes  excellents  pour  l'usage  ordinaire  ne  sont  pas  suffisants  pour  ces 
observations  délicates  :  ainsi  un  prisme  de  Hofman,  qui  me  fait  voir  toutes 
les  raies  de  Kirchhoff  avec  les  longues  lunettes  de  o™,6o,  n'a  pu  m'étre 
d'aucun  secours  dans  ces  recherches.  En  résumé,  je  ne  suis  nullement  sur- 
pris du  résultat  obtenu  par  M.  Respighi.  Il  devait  en  être  ainsi,  car  sa 
combinaison  correspondait  tout  au  plus  à  un  verre  coloré,  et  l'ensemble 
ne  présentait  pas  un  pouvoir  dispersif  suffisant. 

»  J'ai  attribué  la  dilatation  du  diamètre  solaire  à  deux  causes  princi- 
pales :  d'abord  à  l'influence  de  la   couche  chromosphérique  qui  éclaire 
notre  atmosphère,  ensuite  à  l'influence  de  l'agitation  de  notre  atmosphère 
elle-même.  J'ai  évalué  la  première  à  4  secondes  environ,  ce  qui  s'éloigne 
peu  de  la  correction  de  Duséjour  ;  M.  Respighi  est  disposé  à  l'évaluer  à  moins 
de  I  seconde.  Cependant  comme,  dans  les  éclipses,  on  voit  ce  bord  bril- 
lant avec  les  raiesdirectes,  pendant  une  seconde  de  tempsau  moins,  et  que, 
pendant  ce  temps,  la  Lune  avance  de  plusieurs  secondes   d'arc,  je  crois 
n'être  pas  loin  du  vrai;  en  tout  cas,  la  cause  la  plus  influente  est  l'oscillation 
atmosphérique.  La  vibration  du  bord  solaire  est  comparable  à  la  scintil- 
lation des  étoiles;  mais,  dans  ce  dernier  phénomène,  on  voit  les  ondula- 
tions se  propager  comme  des  vagues  isolées,  sur  le  spectre,  renforçant  les 
couleurs,  sans  déplacer  les  raies.  Lorsqu'on  a  obtenu  un  spectre  pur  du 
bord  solaire,  ces  ondulations,  formées  d'une  couleur  simple,  passent  sans 
troubler  l'image;  si  le  spectre  est  impur  et  que  plusieurs  couleurs  se  trou- 
vent superposées,  on  a  une  série  de  vagues  qui  se  troublent  l'une  l'autre, 
el  rendent  l'image  dilfuse,  mal  terminée,  et,  par  là  même,  dilatée.  On  voit 
donc  pourquoi,  avec  une  dispersion  très-faible  et  insuffisante,  on  n'obtient 
pas  la  netteté  que  donnent  des  couleurs  prismatiques  pures.  Un  système 

3/4.. 


(  26o  ) 

prismalique  de  dispersion  insuffisanle  ne  donne  donc  pas  des  résultats  dif- 
férents de  ceux  d'tui  verre  coloré;  il  doit  donc  cond(n'rc  à  trouver  le  dia- 
mètre ordinaire  du  Soleil. 

»  La  superposition  des  spectres  produits  par  des  causes  différentes  per- 
met d'expliquer  des  phénomènes  assez  curieux.  Ainsi  les  vagues  inclinées 
que  présentent  les  étoiles,  dans  les  spectres  près  de  l'horizon,  sont  sim- 
plement dues  à  la  superposition  du  spectre  naturel  de  notre  atmosphère 
avec  celui  du  prisme  dans  la  lunette.  Si  les  deux  spectres  et  les  plans  de 
dispersion  sont  verticaux,  il  y  a  une  somme  ou  une  différence  de  disper- 
sion, selon  que  le  prisme  de  la  lunette  est  dans  le  sens  de  celui  de  l'air  ou 
en  sens  contraire.  Si  les  plans  de  dispersion  sont  rectangulaires,  les  raies 
prennent,  comme  deux  forces  qui  se  composent  suivant  les  règles  de  la 
Statique,  une  direction  inclinée  et  dépendant  de  leur  dispersion  relative. 

»  Quant  à  ce  qui  concerne  la  dispersion  atmosphérique,  j'y  reviendrai 
dans  une  autre  occasion.  Je  me  contenterai,  pour  aujourd'hui,  d'avoir 
rappelé  comhien  l'hétérogénéité  des  rayons  contribue  à  la  confusion  des 
images,  et  d'avoir  fait  concevoir  l'avantage  qu'il  y  aurait  à  trouver  une 
substance  absolument  iiionochromaliqiie  à  travers  laquelle  on  pût  observer 
les  objets  célestes.  » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Démonstration  directe  des  principes  fondamentaux  de 
la  Thermodjnamique.  Lois  du  frottement  et  du  choc  d'après  celle  science 
[suite(i)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(c  Relation  entre  les  forces  vives  réelles,  d'ensemble  et  propres  des  points  d'un 
système.  —  Cherchons  d'abord  une  relation,  dans  le  mouvement  relatif  au 
centre  de  gravité,  entre  les  forces  vives  dues  aux  vitesses  réelles  et  les  forces 
vives  dues  aux  vitesses  d'ensemble  et  aux  vitesses  propres.  Les  deux  pre- 
mières de  ces  vitesses  ne  devront  pas  être  confondues  avec  les  vitesses  de 
même  nom  considérées  dans  le  mouvement  total  du  système,  et  auxquelles 
nous  reviendrons  ensuite.  Quant  à  la  troisième  vitesse,  elle  est  la  même 
dans  les  deux  cas. 

»  Prenons,  pour  chaque  point  considéré  comme  appartenant  au  solide 
fictif,  la  percussion  instantanée  y  appliquée  d'après  nos  hypothèses,  et 
composons-la  avec  la  percussion  qui  correspondrait  à  la  vitesse  de  transla- 
tion du  centre  de  gravité  prise  en  sens  inverse,  en  un  mot  avec  ce  qu'on 


(i)   A  (;//•  les  Compta  rendus  dos  i4  et  21  juillet. 


(  ^«'  ) 

appelle  la  petrussion  apjiarenle  dans  la  transfoinialion  d'un  mouvement  ab- 
solu en  un  mouvement  relatif;  composons  pareillement,  pour  chaque  point 
regardé  cette  fois  comme  appartenant  au  système  donné,  sa  quantité  de 
mouvement  réelle  absolue  avec  sa  quantité  de  mouvement  apparente,  c'est- 
à-dire  avec  la  quanlité  de  mouvement  correspondant  à  ladite  translation 
et  pareillement  changée  de  sens. 

»  Il  est  évident  que  chaque  ])erciission  résultante  sera  égale  à  ladite  cjuan- 
litéde  mouvement  résultante.  Elle  sera  donc  de  la  forme  mU,  U  étant  la  vitesse 
réelle  du  point  dans  le  mouvement  relatif  au  centre  de  gravité. 

»  Si  nous  considérons  notre  solide  fictif  -a  partir  du  repos  et  soumis  à 
une  série  de  percussions  de  la  forme  en  question,  il  prendra  un  certain 
mouvement  élémentaire  qui  ne  sera  autre  que  le  mouvement  élémentaire 
relatif  au  centre  de  gravité,  et  qui  aura  lieu  autour  d'un  axe  instantané  de 
rotation  passant  par  ce  centre. 

Il  Imaginons  maintenant  un  système  d'axes  rectangulaires  mobiles, 
dont  l'origine  se  confonde  à  chique  instant  avec  le  centre  de  gravité, 
et  prenons  pour  axe  des  Z  ledit  axe  instantané  de  rotation. 

»  Appelons  : 
X  la  projection  du  rayon  vecteur  d'un  des  points  du  système  sur  le  plan 
coordonné  XY,  perpendiculaire  à  l'axe  instantané  de  rotation  pris  pour 
axe  des  Z; 
cl.X,  da  les  angles  élémentaires  décrits  dans  le  plan   XY   par  X,   consi- 
déré successivement  comme  appartenant  au  système  même  des  points 
matériels  ou  au  solide  fictif  [d.%  sera  d'ordinaire  différent  pour  chaque 
point  du  système,  tandis  que  da.  sera  le  même  pour  tous  les  points  du 
solide  fictif)  ; 
u  la  vitesse  d'ensemble  d'un  point  dans  le  mouvement  j)ar  rapport  au  centre 
de  gravité. 

»  Notons  d'abord  que  X  —  =  m.  D'autre  part,  ml  -j^  représente  mani- 
festement la  projection  d'vuie  des  percussions  instantanées  de  la  forme  mU 
appliquées  au  solide  fictif.  Donc,  en  nous  reportant  à  la  relation  bien  con- 
Hiie  de  Mécanique,  qui  lie  les  moments  de  percussions  instantanées  action- 
nant un  solide  invariable,  tournant  autour  d'un  axe,  et  les  moments  des 
quantités  de  mouvement  résultant  de  la  rotation,  nous  aurons  évidem- 
ment 

y  mk-  —-  —  >  m }.-  —  ; 


(  262  ) 

d'où  l'on  tiré 

'M.  _   da. 
dt  dt 


(4)  2]"^^'   '^ r-  I    =  O. 


»  Maintenant  appelons  a  la  vitesse  propre  d'un  point  du  système,  c'est- 
à-dire  la  vitesse  qui,  composée  avec  ?/,  redonnerait  U. 

»  Nous  aurons,  entre  les  trois  vitesses  U,  u  et  rt,  la  relation  générnle 

U^=  M^  +  a^  —  2uaco&  [u,  a); 
d'où 

2/nU'"  =  liniâ  +  Ima-  —  2linua  cos(f/,  a). 

M  Examinons  en  particnlier  le  dernier  terme  du  second  membre  de  cette 
équation.  Pour  cela,  imaginons  trois  lignes  MF,  MG  et  FG,  représentant 
en  grandeur  et  en  direction  les  produits  par  dt  des  trois  vitesses  en  ques- 
tion d'un  point  M;  adtcos{u,  a)  est  égal  et  de  signe  contraire  à  la  pro- 
jection de  GF  sur  MG,  et,  par  suite,  sur  M'G',  projection  de  MG  sur  le 
plan  des  XY,  car  M'G'  est  parallèle  à  MG,  par  cela  même  que  l'on  a  pris 
pour  axe  des  Z  l'axe  instantané  de  rotation.  On  a  donc 

—  adlcos{u,  a)  =  G'F"=  M'F"— M'G'. 

»  Or,  si  F  est  la  projection  du  point  F  sur  le  plan  XY,  FF"  sera  perpen- 
diculaire à  M' F".  D'ailleurs  le  rayon  vecteur  OM',  mené  de  l'origine  O  des 
coordonnées  au  point  iVi',  est  pareillement  perpendiculaire  à  M' F",  toujours 
à  cause  du  choix  particulier  de  l'axe  des  Z.  Dès  lors,  l'angle  élémen- 
taire M'OF"  est  égal  à  M'OF'  qui  a  pour  mesure  d.x,  ou  du  moins  n'en  dif- 
fère que  d'un  infiniment  petit  du  second  ordre  F'OF",  car  le  triangle  F'OF" 

donne 

sinF'OF"  F' F"  infiniment  pelit  du  premier  ordre 

sin(OF'F"=F'OM')  ~  OF     ~  quantité  finie 

Oi)  déduit  de  là  WF"  =  ld.%,  et  comme  d'ailleurs  M'G'  =  MG  =  lda,  il 
vient   — adtcos{u,  a)  =  'k[d.X,  —  da).  D'après  cela,  et  comme  u^=X~, 


la    quantité   —  almwa  cos(h,  rt)  =  22,m/' —  I  —  —  —  1  ;  mais  —   est 
même  pour  tous  les  points  du  solide  fictif.  Donc  le  terme  considéré  devient, 
en  définitive,  ^lm\^  (    ! 'Tr  ^'  ''  ^^  réduit  à  zéro  d'après  l'équa- 


tion (4)-  Par  co.iséqiienl  on  a,  en  général, 

(5)  lm\}-  =  lmii'-+-lina-, 

première  relation  que  nous  avions  en  vue  d'obtenir. 


(  263  ) 
»  Si  l'on  ajoute  y  lin  aux  deux  meml»res  de  l'équation  (5),  il  vient 

(6)  Y^lm  +  linJJ-  =  \^lin  +  Imir  +  Ima'-, 

mais,  d'après  un  théorème  connu,  le  premier  membre  de  cette  équation 
est  égal  à  2/7U'-,  et  les  deux  premiers  termes  du  second  membre  sont 
Y'iin  -+-  linu^  =  2mA-,  en  appelant  A  la  vitesse  Wenseinble  d'un  des  points 
du  système  dans  le  mouvement  total.  Dès  lors,  l'équation  (6)  deviendra 

(6  bis)  ^mv^  =  1mA-  +  lma% 

qui  est  la  relation  définitive  à  laquelle  nous  nous  étions  proposé  d'arriver 
dans  ce  paragraphe. 

«  VI.  Relation  yënérale  entre  les  travaux  extérieurs,  les  énergies  potentielles 
et  les  forces  viVes  d'ensemble  et  propres  des  points  d'un  sjstème.  —  En  intro- 
duisant la  valeur  de  Irnv'^  donnée  par  l'équation  [6  bis)  dans  l'équation 
générale  (i),  celle-ci  se  transformera  en  l'égalité  suivante  : 

(7)  lf?dp  cos{p,  P)  =  -^ ^  +  (^.  +  -T^j  -  ("ï*  +  ^-)  • 

Cette  relation  s'applique,  en  général,  à  tout  système  de  points  matériels, 
quel  que  soit  le  uiouveinent  respectif  de  chaque  point. 

»  Par  ailleurs,  il  convient  aussi  bien  au  mouvement  relatif  qu'au  mou- 
vement absolu,  pourvu  qu'on  joigne,  aux  forces  extérieures  et  aux  quan- 
tités de  mouvement  réelles  existant  à  un  moment  donné,  ce  qu'on  appelle 
les  forces  et  les  quantités  de  mouvement  apparentes.  On  sait  que  ces  éléments 
auxiliaires  sont  déterminés  par  la  condition  de  donner,  à  chaque  instant,  au 
système  considéré  à  partir  du  repos,  un  mouvement  égal  et  contraire  au 
mouvement  des  axes  mobiles  par  rapport  auxquels  on  se  propose  dec  on- 

sidérer  le  mouvement  relatd.  On  démontre  aisément  que  demeure 

indépendant  de  la  nature  du  mouvement,  qu'il  soit  absolu  ou  relatif  11 
importe  d'ajouter  que  les  énergies  potentielles  $  et  0, ,  n'étant  fonctions  que 
des  distances  des  points  matériels,  conservent  de  leur  côté  les  mêmes  va- 
leurs dans  le  mouvement  relatif  que  dans  le  mouvement  absolu.  Nous 
aurons  ultérieurement  à  invoquer  plusieurs  fois  ces  deux  remarques  im- 
portantes. 

»  Avant  d'appliquer  aux  corps  naturels  la  relation  que  nous  venons 
d'obtenir,  nous  établissons  dans  notre  Mémoire  que,  eu  égard  à  nos  cou- 


(  264  ) 
naissances  .ictuelles  en  Physique,  on  est  en  droit  de  regarder  les  atonies 
comme  des  points  matériels.  » 

M.  le  SECRÉTAiiiE  PERPÉTUEL  annoncc  à  l'Académie  la  perte  dotiloin-eiise 
qu'elle  vient  défaire  dans  la  personne  de  M.  Gustave  Rose,  Correspondant 
de  la  Section  de  Minéralogie,  décédé  à  Berlin  le  1 5  juillet  1 873. 

rVOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  pour  le  prix  Bordin  à 
décerner  en  1873.  (Question  relative  aux  productions  organiques  des 
pointes  australes  des  trois  continents  de  l'Afrique,  de  l'Amérique  méri- 
dionale et  de  l'Australie.) 

MM.  Milne  Edw.irds,  de  Quatrefages,  Roulin,  Élie  de  Beaumoiit,  Bron- 
gniart  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Decaisne,  Duchartre,  Blanchard. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  C(jnconrs  pour  le  grand  prix  de 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1873.  (Étude  du  mode  de  distribution 
des  animaux  marins  du  littoral  de  la  France.) 

MM.  Milne  Edwards,  Blanchard,  de  Quatrefages,  Coste,  de  Lacaze- 
Duthiers  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Le  Membre  qui,  après  eux, 
a  obtenu  le  plus  de  voix  est  M.  Robin. 

MÉMOIllES   PRÉSENTÉS. 

CHIMIK  INDUSTRIELLE.  —  Nouveau  procédé  de  condensation  des  matières 
liquéfiables,  tenues  en  suspension  dans  les  gaz.  Note  de  MM.  E.  Pelouze  et 
P.  AcDouiJj,  présentée  par  M.  Peligot. 

(Commissaires  :  MM.  Peligot,  Rolland,  Jamin.) 

«  Il  est  un  fait  bien  connu  par  les  constructeurs  d'usines  à  gaz,  c'est 
que  le  gaz,  qui  entraîne,  à  la  sortie  des  cornues,  une  quantité  de  matières 


(  265  ) 

liquides  (eau  ammoniacale,  goudron)  s'élevant  à  12  kilogrammes  environ 
par  100  kilogrammes  de  charbon  distillé,  n'en  laisse  déposer  qu'une  frac- 
tion clans  le  barillet  (4  kilogrammes  à  4''^.5oo),  la  température  de  cet 
appareil  étant,  cependant,  de  beaucoup  inférieure  au  point  d'ébullition  de 
l'eau,  et  à  plus  forte  raison  des  produits  goudronneux  dont  la  température 
d'ébullition  dépasse  3oo  degrés.  Cette  différence  est  attribuée,  non  sans 
raison,  à  l'entraînement  des  particules  liquides  qui  se  présentent,  on  le 
suppose,  sous  forme  vésiculaire. 

»  L'abaissement  de  température  qu'il  est  facile  d'obtenir  à  peu  de  frais, 
et  avec  une  surface  relativement  faible,  en  faisant  usage  d'appareils  entou- 
rés d'eau,  etc.,  ne  suffit  pas,  et  il  est  nécessaire  de  faire  parcourir  au  gaz 
un  long  circuit,  et  de  le  faire  passer  à  travers  de  grandes  colonnes  remplies 
de  débris  de  coke,  etc.,  pour  retenir  l'eau  ammoniacale,  ainsi  que  les 
principes  goudronneux  tenus  en  suspension,  et  qui  viendraient  rapidement 
détruire  l'action  des  matières  d'épuration,  si  on  les  éliminait  d'une  façon 
complète. 

M  Nous  admettons  que  les  particules  liquides  contenues  dans  le  gaz,  et 
qui  résistent  au  refroidissement,  se  trouvent  à  l'état  de  fines  poussières 
globulaires,  dont  la  ténuité  suffit  pour  expliquer  la  suspension. 

»  On  ne  peut  les  éliminer  que  par  un  long  repos,  pendant  lequel  les 
matières,  mises  en  contact  entre  elles,  par  le  fait  du  mouvement  interne  des 
gaz,  forment,  petit  à  petit,  des  globules  d'un  grand  volume  (ces  globules, 
d'un  plus  fort  diamètre,  éprouvent  une  moins  grande  résistance  de  la  part 
des  gaz,  et  tombent  peu  à  peu  au  fond  des  récipients);  ou  par  un  procédé 
qui,  renouvelant  artificiellement  le  contact  de  ces  globules  avec  les  parties 
déjà  liquéfiées,  facilite  leur  agglomération. 

»  Ce  résultat  n'a  pu  être  obtenu  jusqu'ici,  en  pratique,  qu'à  l'aide  d'un 
grand  développement  d'appareils  coûteux,  désignés  dans  l'industrie  qui 
notis  occupe  en  ce  moment,  sous  les  noms  de  barillets  collecteurs,  tii/aiix 
d'orgue,  colonnes  à  coke,  etc.;  encore  même  est-il  le  plus  souvent  incomplet, 
puisque  les  premières  cuves  chargées  de  matières  destinées  à  l'épuration 
chimique  du  gaz  sont  ordinairement,  malgré  l'emploi  des  appareils  que 
nous  venons  d'indiquer,  imprégnées  abondamment  de  goudrons  et  d'eaux 
ammoniacales  ayant  échappé  à  la  condensation. 

»  La  nouvelle  méthode  de  condensation  c[ue  nous  avons  l'honneur  de 
soumettre,  et  qui  a  déjà  reçu  son  application  dans  une  industrie  impor- 
tante (celle  de  la  fabrication  du  gaz),  est  fondée  siu'  ce  principe,  que  la 

G.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  4.)  ^^ 


(  266  ) 
liquéfaction  des  globules  tenus  en  suspension  dans  les  gaz  s'obtient,  soit 
par  le  contact  de  ces  particules  avec  les  surfaces  solides,  soit  par  le  con- 
tact de  ces  particules  entre  elles;  elle  a  pour  but  d'obtenir,  à  l'aide  d'un 
appareil  Irès-simple  et  occupant  un  emplacement  réduit,  la  condensation 
des  particules  liquides  entraînées  par  les  gaz  ou  vapeurs. 

»   Nous  arrivons  à  ce  résultat  de  la  manière  suivante  : 

»  Le  gaz  qu'il  s'agit  de  purifier  s'écoule,  par  une  série  d'ouvertures  d'un 
faible  diamètre,  sous  forme  de  jets  qui  viennent  s'étaler  sur  une  surface 
placée  vis-à-vis.  Cette  combinaison  produit  le  contact  des  molécules  entre 
elles  pendant  leur  passage  dans  ces  sortes  de  tuyères;  l'efficacité  de  cette 
action  est  complétée  par  le  contact  avec  la  surface  solide,  sur  laquelle  s'é- 
coule la  matière  goudronneuse. 

»  Une  pression  très-élevée  n'est  pas  nécessaire;  une  pression  de  moins 
de  2  centimètres  d'eau,  bien  inférieure  à  celle  qui  est  donnée  par  les 
exhausfeurs,  suffit  d'ordinaire. 

»  L'appareil  peut  être  placé,  soit  avant  les  exhausteurs,  et,  dans  ce  cas, 
on  maintiendra  un  faible  vide,  soit  après;  la  température  du  gaz,  étant  peu 
élevée  (5o  degrés  environ  après  les  barillets  collecteurs),  n'aura  aucune 
action  nuisible  sur  le  fonctionnement  de  ces  machines. 

M  On  règle  convenablement  le  nombre  d'ouvertures  ou  la  section  de 
l'appareil  d'échappement,  d'après  la  quantité  de  gaz  produit  par  l'usine. 
On  arrive  facilement  à  ce  résultat  à  l'aide  d'un  régulateur  spécial,  mis  en 
mouvement  par  la  pression  même  du  gaz. 

»  Les  ouvertures  dont  nous  veuous  de  parler  peuvent  être  pratiquées 
sur  la  surface  de  tuyaux,  ou  sur  des  plaques,  suivant  la  forme  de  l'ap- 
pareil. 

»  La  construction  de  l'appareil  dont  il  vient  d'être  question  peut  être 
faite  à  l'aide  de  matériaux  ordinaires,  fer,  fonte,  terre  cuite,  bois,  etc.;  la 
disposition  de  détail  varie  suivant  les  convenances  locales. 

»  Par  le  fait  du  contact  intime  réalisé  dans  ces  conditions,  entre  les 
liquides  globulaires  et  les  gaz  qui  les  tiennent  en  suspension,  on  peut 
obtenir,  à  l'aide  de  notre  appareil,  la  condensation  de  certains  principes 
(notamment  l'ammoniaque,  l'hydrogène  sulfuré,  le  sulfure  de  carbone), 
qui  n'avaient  pu  êlre  recueillis  jusqu'ici  que  par  des  méthodes  compliquées, 
souvent  nuisibles  au  pouvoir  éclairant  du  gaz  (lavage  par  l'eau  de  con- 
densation, etc.,  etc.). 

»  Son  emploi  permet,  en  outre,  de  réaliser  une  économie  importante 
sur  la  consommation  des  matières  d'épuration,  tout  en  fournissant  une 


(  267  ) 
quantité  notable  de  goudron  riche  en  essence  et  d'eau  chargée  d'ammo- 
niaque. 

M  Quelle  que  soit  la  forme,  le  principe  que  nous  venons  d'indiquer,  conve- 
nablement appliqué,  permet  d'obtenir  la  condensation  des  matières  liquides 
contenues  à  l'état  de  suspension  dans  les  gaz  ou  vapeurs,  en  déterminant, 
par  la  disposition  indiquée,  le  contact  intime  des  matières  qui  passent 
ainsi  de  l'état  de  molécules  isolées  et  indépendantes  à  l'état  liquide,  forme 
sous  laquelle  rien  n'est  plus  facile  que  de  s'en  débarrasser. 

»  L'expérience  suivante  donne  une  mesure  du  résultat  qu'il  est  possible 
d'obtenir  en  s'appuyant  sur  le  principe  que  nous  venons  d'indiquer.  On  a 
opéré  sur  la  même  quantité  de  gaz  goudronneux  pris  à  la  sortie  du  barillet 
d'une  petite  cornue  d'essai;  on  l'a  lait  passer  successivement  dans  deux 
flacons  de  i  litre,  un  flacon  de  2  litres,  un  grand  flacon  de  8  litres  et  à 
travers  une  colonne  de  o'",70  de  long  sur  o°',o6  de  diamètre,  sans  le 
priver  encore  complètement  de  matièies  goudronneuses. 

»  Par  contre,  on  est  arrivé  à  une  condensation  parfaite  en  faisant  passer 
le  gaz  goudronneux  par  notre  appareil,  muni  d'un  trou  d'échappement  de 
I  I  millimètre  seulement  de  diamètre  et  placé  dans  deux  petits  flacons 
d'une  contenance  de  5o  grammes  seulement. 

»  Dans  le  cas  où  l'on  trouverait  avantageux  d'opérer  un  second  lavage 
eau  avec  certains  liquides,  pure,  eau  ammoniacale,  etc.,  on  introduirait 
dans  l'appareil  le  liquide  en  question 

»  On  obtient  de  cette  façon  une  action  beaucoup  plus  énergique  que 
celle  qui  est  réalisée  à  l'aide  du  lavage  dans  les  colonnes  à  coke  {sciubbers). 
L'action  ayant  lieu  sans  contact  de  l'eau  ammoniacale  avec  l'air  extérieur, 
il  n'y  a  pas  à  craindre  la  perte  du  pouvoir  éclairant  qui  résulte  de  l'emploi 
de  licpiides  qui  ont  pu  échanger  les  principes  éclairants  tenus  en  dissolution 
(hydrogène,  carbone,  etc.)  avec  les  éléments  de  l'air,  dont  l'action  est  si 
nuisible  au  pouvoir  éclairant. 

»  Nous  avons  constaté  qu'en  faisant  usage  de  matières  divisantes  très- 
ténues  (grains  de  tessons  de  cornues),  il  fallait  employer  des  flacons  d'une 
capacité  relativement  très-grande  pour  obtenir  la  condensation  de  ces 
matières  goudronneuses.  On  n'arrive  pas  à  un  résultat  meilleur  par  le  bar- 
botage  du  gMz  :  il  faut  un  grand  nombre  de  passages  successifs;  les  appa- 
reils doivent  être  assez  grands  et  la  pression  totale  absorbée  est  considé- 
rable. 

..  L'appareil,  installé  dans  une  usine  de  Paris,  dont  la  production  jour- 
naUère  atteint  plus  de  looooo  mètres  cubes  de  gaz,  est  venu  démontrer 

35.. 


(  aG8  ) 

que  le  procédé  dont  nous  venons  de  parler  ne  laisse  rien  à  désirer  sous  le 
rapport  pratique.  Le  gaz,  après  avoir  traversé  cet  appareil,  dont  la  capacité 
n'atteint  pas  i  mètre  cube  (o™,88o  sur  o",49o),  se  trouve  entièrement  dé- 
barrassé des  produits  qui  viennent  détruire  l'action  des  matières  d'épiu'atiop, 
et  l'on  recueille,  en  même  teaips  qu'une  quantité  de  goudron  qui  atteint 
plus  de  -^  de  celle  obtenue  par  la  distillation  de  la  houille,  une  forte 
quantité  d'eau  ammoniacale  d'une  richesse  supérieure  de  plus  du  double  à 
celle  des  eaux  de  condensation  du  gaz. 

»  Ajoutons  que  de  nombreux  essais  photométriques  nous  ont  démontré 
que  le  gaz  n'avait  rien  perdu  de  son  pouvoir  éclairant. 

»  En  dehors  des  applications  indiquées  précédemment,  nous  citerons 
encore  l'élimination  de  l'eau  entraînée  mécaniquement  par  la  vapeur  pro- 
duite dans  les  chaudières  à  vapeur  et  l'élimination  des  poussières,  fumées 
entraînées  par  les  gaz,  ou  vapeurs.  » 

M.  Mannheim  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Chasles,  un  Mémoire  «  Sur 
les  surfaces  trajectoires  des  points  d'une  figure  de  forme  invariable,  dont 
le  déplacement  est  assujetti  à  quatre  conditions.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Chasles,  Bertrand,  O. Bonnet.) 

M.  Delaurier  adresse  une  Note  relative  à  un  projet  de  nouvelles  pompes 
à  incendie,  permanentes. 

L'auteur  voudrait  que  l'on  pût  avoir  de  petites  machines  à  vapeur  loco- 
mobiles,  fonctionnant  d'une  manière  permanente  pour  les  besoins  de 
diverses  industries,  et,  par  suite,  toujours  prêtes  à  entrer  en  jeu  ,  qu'on 
transporterait,  en  cas  d'incendie,  sur  le  lieu  du  sinistre. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Rolland,  Tresca.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  des  appareils  élec- 
triques destinés  à  éclairer  sous  l'eau. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  Leprestre  adresse  un  Mémoire  destiné  au  Concours  du  prix  de  Mé- 
canique, fondation  Monlyon  (invention  ou  perfectionnement  des  instru- 
ments utiles  aux  progrès  de  l'Agriculture). 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


(  ^-^  ) 

Un  Auteur,  dont  le  nom  est  contenu  clans  un  pli  cacheté,  avec  cet  épi- 
graplie  :  «  Problema  tle  inotii  trium  Corporuni  sphœricorum,  etc..  », 
adresse  un  Mémoire  destiné  au  Concours  du  Problème  des  trois  Corps. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  YoF  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  de  destruction  des  in- 
sectes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  EiiB  adresse  une  Lettre  concernant  ses  Communicalions  sur  le  clio- 
léra  et  sur  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  aux  deux  Commissions.) 

M.A.Beacvais  adresse  un  Mémoire  concernant  un  système  desiiné  à  at- 
ténuer le  danger  des  rencontres  entre  deux  trains  de  chemin  de  fer. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  ces  questions.) 

M.  Ci-ÉMENT  adresse  une  Note  relative  à  une  méthode  de  préparation  de 
l'onguent  metcuriel. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bussy.) 

M.  F.  Billet  prie  l'Académie  de  comprendre  parmi  les  pièces  de  Con- 
cours du  prix  Lacaze  son  «  Traité  d'Optique  physique  ». 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  trois  brochures  de  M.  E.  Nouel,  intitulées  :  «  Noie  sur  la 
trombe  des  Hayes,  qui  a  traversé  le  Vendômois  le  3  octobre  1871  »  ;  «  Note 
sur  le  bolide  du  23  juillet  1872,  qui  a  projeté  des  météorites  dans  le  can- 
ton de  Saint-Amand  »,  et  «  Les  plantes  de  la  guerre;  Note  sur  les  plantes 
étrangères  observées  aux  environs  de  Vendôme  à  la  suite  de  la  guerre  de 
1 870-187 1  » . 


(  270  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  différentes  formes  de  courbes  du  quatrième  ordre. 
Note  de  M.  H.- G.  Zeuthex,  présentée  par  M.  Chasles  (i). 

«  Si  les  côtés  d'un  triangle  abc  sont  des  tangentes  doubles  d'une  quar- 
tique  (courbe  du  quatrième  ordre),  «, ,  «2  ;  p, ,  /Sj  ;  7, ,  72  étant  les  points  de 
contact,  on  sait,  suivant  le  théorème  de  Carnut,  que 

bcii.by.,    c^i.cf,,    ay,.ay., ^ 

1)    Au  cas  du  signe  +,  les  points  de  contact  se  trouvent  sur  une  même 

conique  :  — - — '-  sera  5  o,  suivant  que  ^  et  c  séparent  (2)  <x,  et  a,  ou  non.  Par 

conséquent,  si,  dans  le  triangle  formé  de  trois  tangentes  doubles  d'une 
quartique,  aucun  des  couples  de  points  de  contact  n'est  séparé  par  les 
sommets  du  triangle,  ou  si  deux  couples  sont  séparés,  les  six  points  de 
contact  se  trouvent  sur  une  même  conique. 

B  On  démontre  encore,  sans  difficulté,  le  théorème  suivant  : 

»  .S'/,  de  quatre  couples  de  points,  toutes  les  combinaisons  à  trois  se  trouvent 
sur  des  coniques,  les  quatre  coniques  ainsi  déterminées  coïncident. 

»  Au  moyen  de  ces  deux  théorèmes,  on  peut  trouver  les  différents 
groupes  de  quatre  tangentes  doubles  à  contact  réel,  dont  les  huit  points  de 
contact  se  tiouvent  sur  des  coniques. 

»  Il  existe  deux  espèces  de  tangentes  doubles  à  contact  réel  :  1°  celles 
qui  sont  tangentes  à  une  même  branche  clouée  d'un  arc  rentrant;  2"  celles 
qui  sont  tangentes  connnunes  à  deux  branches  différentes.  Nous  les  appelle- 
rons tangentes  doubles  de  la  première  espèce  et  de  la  seconde  espèce.  Le  couple 
de  points  de  contact  d'une  tangente  double  de  la  première  espèce  d'une 
quartique  ne  peut  être  séparé  par  les  points  d'intersection  avec  deux 
autres  tangentes  doubles  ;  car  alors  une  de  celles-ci  aurait  une  intersection 
avec  la  courbe.  On  voit  ainsi  que  : 

»  Tous  les  points  de  contact  de  tangentes  doubles  de  la  première  espèce  d'une 
quartique  se  trouvent  sur  une  conique. 

(i)  Ces  questions  se  sont  présentées  dans  un  Mémoire  fort  important  de  l'auteur  Sur  lu 
théorie  des  deux  caractéristiques,  étendue  aux  courbes  du  quatrième  ordre.  Mémoire  écrit 
en  danois,  dont  j'ai  l'honneur  de  déposer  un  exemplaire  de  la  part  de  l'auteur. 

(2)  Si  b  et  c  se  trouvent  sur  un  uiêine  des  deux  segments,  l'interne  et  l'externe,  intercep- 
tés sur  la  droite  infinie  a,  y.^  par  les  points  a,  et  x.,  on  dit  qu'ils  ne  séparent  pas  ces  points. 


(  27»    ) 

»  Il  s'ensuit  qu'une  qiiartiqne  a,  au  plus,  quatre  tangentes  doubles  de 
la  première  espèce.  Elle  ne  peut  donc  avoir  plus  de  quatre  arcs  rentrants,  ni 
plus  de  huit  inflexions  réelles. 

»  On  trouve  encore  qu'une  quartique  n'a  aucune  tangente  double  de  la 
seconde  espèce,  dont  les  points  d'intersection,  avec  trois  tangentes  doubles  de 
la  première  espèce,  se  trouvent  sur  un  seul  des  deux  segments^  interceptés 
par  ses  points  de  contact.  En  effet,  on  aperçoit,  sans  difficulté  (i),  que,  s'il 
y  en  avait,  il  existerait  une  (trois)  autre  tangente  double  de  la  seconde 
espèce,  dont  aussi  un  seul  des  deux  segments  interceptés  par  les  points  de 
contact  serait  rencontré  par  les  trois  tangentes  doubles  de  la  première 
espèce.  Alors  les  points  de  contact  de  toutes  ces  cinq  tangentes  doubles  se 
trouveraient  sur  une  même  conique,  ce  qui  est  impossible. 

»  En  se  rappelant  encore  qu'une  quartique  ne  peut  avoir  des  branches 
ouvertes  (2)  et  qu'elle  a,  au  surplus,  quatre  branches  fermées,  on  trouve 
quelles  sont  les  différentes  formes  possibles  de  courbes  du  quatrième  ordre. 
Nous  nous  contenterons  ici  de  nommer  les  formes  présentant  le  nond)re 
maximum  d'arcs  rentrantset  de  branches  séparées;  les  autres  résulteront  de 
l'évanouissement  d'arcs  rentrants  ou  d'ovales.  Nous  appellerons  n-foUum 
une  branche  fermée,  douée  de  n  arcs  rentrants.  Une  branche  fermée,  sans 
aucun  arc  rentrant,  est  un  ovale.  On  trouve  les  formes  suivantes  : 

»   I.    I  quadiifolium  et  2  ovales  externes; 

i>   II.    I  quadriJoHum  e\.  i  ovale  interne  ; 

M   III.    I  trijolium,  i  unifolium  et  2  ovales; 

»   IV.   2  bijolia  et  2  ovales; 

>;  V.    I  bifolium,  2  unifolia  et  i  ovale; 

»  VI.   4  unifolia. 

»  Les  règles  nommées  ci -dessus  laissent  douteux,  pour  les  courbes 
douées  de  deux  bifolia,  si  les  quatre  points  de  contact  d'une  de  ces  deux 
branches  avec  les  tangentes  communes  à  celle-ci  et  à  l'autre  bifolium  se 
trouvent  sur  un  même  arc  saillant  ou  deux  sur  l'un  et  deux  sur  l'autre  des 
arcs  saillants;  mais  le  premier  de  ces  deux  cas  est  impossible,  parce  que 

(1)  S'il  existe  encore  une  tangente  double  de  la  première  espèce,  on  aura  immédiatement 
cinq  tangentes  doubles  dont  les  points  de  contact  devraient  se  trouver  sur  une  même 
conique. 

(2)  Une  branche  est  ouverte  ow  fennec  suivant  qu'elle  rencontre  une  droite  en  un  nombre 
impair  ou  pair  de  ))oints.  Ndus  ne  parlons  que  de  propriétés  projectives,  de  façon  que  la 
position  de  la  courbe,  par  rapport  à  la  droite  à  l'infini,  est  indifférente. 


(  "-^y^  ) 

alors  les  huit  points  de  contact  des  quatre  tangentes  doubles  de  la  pre- 
mière espèce  auraient  des  positions  qui  ne  peuvent  se  trouver  sur  une 
même  conique. 

»  Toutes  les  six  formes  possibles  que  nous  avons  énumérées  existent.  En 
effet,  elles  se  présentent  comme  des  formes  voisines  de  courbes  composées 
de  deux  coniques,  qui  se  rencontrent  en  quatre  points  réels  (I,  Il  et  VI), 
ou  de  courbes  composées  d'une  cubique  et  d'une  droite  qui  en  rencontre 
trois  fois  la  branche  ouverte  (III,  IV,  V).  Ces  courbes  voisines  se  repré- 
sentent algébriquement  par  les  équations 

'P2'|'2  ■+-  ^X;  =  O, 
et 

9,^3  +  A//.  =  o, 

où  les  suffixes  indiquent  les  ordres,  k  une  constante  convenablement  pe- 
tite. Les  courbes  voisines  de  deux  coniques  ont  immédiatement  quatre  arcs 
rentrants;  les  courbes  voisines  de  celles  qui  sont  composées  d'une  cubique 
et  d'une  droite,  seulement  trois;  mais  on  peut  en  donner  à  celles-ci  un 
quatrième,  en  plaçant  les  quatre  points  d'intersection  de  la  droite  ç>,  et  de  la 
quartique  (qui  seront  ceux  de  (p,  et  /,,)  entre  deux  points  d'intersection 
de  y,  et  de  la  cubique  ij^a-  On  obtient  les  trois  formes  III,  IV  et  V  par  les  dif- 
férents choix  du  segment  intercepté  sur  ©,  par  ij/j  où  l'on  place  ces  quatre 
points  d'intersection.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  respiration  des  végétaux  aquatiques  im- 
mergés; Note  de  MM.  P.  Scuutzenberger  et  E.  Quixquacd,  présentée  par 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  procédé  de  titrage  à  l'hydrosulfite,  permettant  de  doser  l'oxygène 
dissous  dans  5o  centimètres  cubes  d'eau,  avec  une  approximation  de 
o*"^,  oo5,  et,  par  conséquent,  de  o*"^,  i  par  litre,  nous  avons  utilisé  cette 
méthode  pour  étudier  les  phénomènes  respiratoires  des  végétaux  aqua- 
tiques immergés,  et  mesurer  leur  intensité  dans  diverses  conditions.  La  ra- 
pidité des  déterminations,  qui  n'exigent  pas  plus  de  trois  à  quatre  minutes 
pour  chacune,  nous  donnait  le  moyen  de  multiplier  les  expérienceset  d'é- 
tablir les  résultats  énoncés  dans  cette  Note  sur  une  série  de  dosages 
dont  le  nombre  ne  s'élève  pas  à  moins  de  700. 

('  Nos  expériences  ont  porté  :  i"  sur  la  levure  de  bière;  1°  sur  une 
j)lanle  aqu;itique   de  la   famille  des  Hydrocharidés,    VEtodea  canadeitsis 


(  273  ) 
(Mich),  qui,  par  sa  forme  et  su  résistance,  se  prête  bien  aux  expériences 
quantitatives, 

»  La  méthode  consistait  à  laisser  un  poids  connu  du  végétal,  pendant 
un  temps  déterminé,  en  contact  avec  un  volume  connu  d'eau,  dans  les 
conditions  où  l'on  veut  se  placer.  Les  degrés  oxymétriques  de  l'eau  sont 
mesurés  au  début  et  à  la  fin  de  l'expérience.  Leur  différence  donne  l'oxy- 
gène absorbé  ou  dégagé.  Dans  les  expériences  où  il  y  a  dégngement 
d'oxygène,  le  degré  oxymétrique  initial  doit  èlre  inférieur  au  point  de  sa- 
turation de  l'eau,  et  l'essai  ne  doit  pas  durer  assez  de  temps  pour  que  la 
saturation  puisse  être  atteinte,  pour  éviter  ledégagementdebulles  gazeuses. 

»  Levure.  —  La  levure  de  bière  n'offre  que  le  phénomène  d'absorption 
d'oxygène,  avec  production  d'acide  carbonique.  Toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  l'intensité  respiratoire  est  la  même  dans  l'obscurité,  à  la  lumière 
diffuse  et  à  la  lumière  directe;  elle  est  proportionnelle  au  poids  de  la  le- 
vure employée.  La  dose  initiale  d'oxygène  dissous  n'influe  sensiblement 
sur  les  résultats  que  lorsqu'elle  descend  au-dessous  de  i  centimètre  cube 
par  litre.  On  constate,  dans  ce  cas,  une  faible  diminution  dans  le  pouvoir 
absorbant;  celui-ci  ne  s'épuise  que  lorsque  l'eau  est  complètement  désoxy- 
génée.  La  respiration  de  la  levure  est  d'autant  moins  active  que  celle-ci  est 
plus  altérée  et  plus  ancienne. 

»  Au-dessous  de  lo  degrés  C,  le  pouvoir  absorbant  est  à  peu  près 
nul;  il  s'accroît  lentement  jusqu'à  i8  degrés;  à  partir  de  là,  l'accrois- 
sement est  rapide  jusque  vers  35  degrés,  température  à  laquelle  l'intensité 
respiratoire  atteint  un  maximum  qui  se  maintient  sensiblement  jusqu'à 
5o  degrés;  à  60  degrés,  le  pouvoir  absorbant  est  annulé  et  détruit. 

»  Une  levure  sensiblement  fraîche,  contenant  26  pour  100  de  matière 
sèche,  a  absorbé,  par  gramme  et  par  heure  :  à  9  degrés,  o*^"^,  i4  d'oxygène; 
à  II  degrés,  o"*-',  42;  à  22  degrés,  i'^'',2;  à  33  degrés,  a*^"^,!;  à  l\o  degrés, 
2™, 06;  à  5o  degrés,  2'''=,4;  à  60  degrés,  o™,  o. 

»  Une  autre  levure,  de  très-belle  apparence ,  très-fraîche,  contenant 
3o  pour  100  de  matière  sèche,  a  absorbé,  par  gramme  et  par  heiue  : 
à  24  degrés,  2'='', 2  d'oxygène;  à  36  degrés,  10"",  7.  L'augmentation  du  pou- 
voir absorbant  entre  24  degrés  et  36  degrés  a  donc  été  plus  considérable 
qu'avec  la  première  levure  ;  le  pouvoir  absorbant  est  doublé  dans  l'un  des 
cas  et  quintuplé  dans  l'autre. 

»  Elodeacanadensis.  —  Comme  toutes  les  plantes  à  chlorophylle,  elle 
offre  les  deux  respirations  .  1°  absorption  d'oxygène  et  production  d'acide 
carbonique;  2°  dégagement  d'oygène  sous  l'influence  de  la  lumière. 

c.  U.,  1S73,  2"  Semestre.  (T.  LXWII,  M"  4.)  36 


(  274  ) 

»  Ayant  reconnu  que  la  plante  chauffée  dans  l'eau,  entre  45  degrés  et 
5o  degrés,  perd  complètement  la  faculté  de  décomposer  l'acide  carbonique 
et  de  dégager  de  l'oxygène  sous  l'influence  de  la  lumière,  sans  que  son 
pouvoir  absorbant  pour  l'oxygène  soit  modifié,  nous  avons  pu  nous  assu- 
rer nettement  que  l'absorption  de  l'oxygène  avec  production  d'acide  car- 
bonique continue  à  la  kunière,  avec  la  même  intensité  que  dans  l'obscu- 
rité, et  est  le  résultat  d'une  fonction  végétale  indépendante,  qui  marche 
parallèlement  à  la  respiration  dite  diurne  (dégagement  d'oxygène). 

»  La  marche  des  phénomènes  d'absorption  d'oxygène  est  fout  à  fait  la 
même  que  pour  la  levure;  mais,  à  poids  égaux,  l'intensité  est  environ  dix 
lois  moindre.  Ainsi,  à  24  degrés,  10  grammes  de  plantes  absorbent  par 
heure  1",  2  à  i'^^'=,8  d'oxygène;  à  l\o  degrés,  10  grammes  de  plante  absor- 
bent par  lieure  4™.o  à  4'^'^»5  d'oxygène. 

))  Ici  encore  la  dose  initiale  d'oxygène  n'a  d'influence  que  si  elle  s'abaisse 
au-dessous  de  i'^'^,  o  par  litre. 

»  A  mesure  que  la  plante,  privée  de  ses  racines,  s'affaiblit,  le  pouvoir 
absorbant  baisse  en  intensité  et  finit  par  devenir  nul.  A  ce  moment  la 
plante  se  fane  et  se  désagrège. 

»  Dégagemenl  d'oxygène  à  la  lumière.  —  Avec  de  l'eau  distillée  exempte 
d'acide  carbonique,  le  dégagement  d'oxygène,  sous  l'influence  de  la 
lumière  directe,  est  très-faible  pendant  la  première  heure  d'insolation  : 
o™,6  à  o™,8  pour  10  grammes  de  plante;  puis  il  s'arrête  complètement. 
Cet  oxygène  doit  provenir  de  l'acide  carbonique  tenu  eu  réserve  dans  la 
plante. 

»  Avec  des  mélanges  en  proportions  croissantes  d'eau  distillée,  saturée 
d'acide  carbonique  (à  la  pression  normale)  et  d'eau  distillée  pure,  on  a 
trouvé  pour  l'oxygène  dégagé  pendant  une  heure,  par  10  grammes  de 
plante  (i)  : 

Oxygène  dégagé. 

ce 

1"  Eau  pure  non  carbonique 1,0 

2°  Eau  pure  -f-  2,5    pour  100  d'eau  satiu'ée  de  CO' i3,2 

3"         »          4- 5  à  10  pour  loo                 u                  20,0 

4°         »          -4- 20  à  3o  pour  1 00                »                  i3,o 

5°         '>          -I-  4o  pour  loo                       »                  10,0 

6"  Eau  saturée  d'acide  carbonique 3,o 

(i)  Les  expériences  d'insolation  sont  calculées  pour  une  lieure;  mais  leur  durée  n'était 
que  de  quinze  minutes,  et  l'on  évitait  l'élévation  de  température  au  moyen  d'un  manchon 
d'eau  froide.  L'insolation  a  toujours  été  faite  avec  un  ciel  pur,  sans  nuages. 


(  275  ) 

»  L'ean  de  fontaine  dn  laboratoire,  contenant  21  centimèlres  cubes  par 
litre  d'acide  carbonique  combiné  sous  forme  de  bicarbonate  de  chaux  et 
très-peu  d'acide  carbonique  libre,  a  donné,  pour  10  grammes  de  plante, 
pendant  une  heure,  ^'^"'■,0  d'oxygène.  La  même  eau,  préalablement  dés- 
oxygénée  par  un  séjour  de  quelques  heures  dans  l'obscurité,  eu  contact 
avec  la  plante,  a  donné,  par  heure,  pour  10  grammes  de  plante,  12  à 
i3  centimèlres  cubes  d'oxygène;  cette  expérience  montre  que,  pendant 
cette  désoxydation ,  il  se  produit  de  l'acide  carbonique  libre,  et  que  la 
décomposition  de  l'acide  carbonique  est  plus  active  lorsque  cet  acide 
carbonique  est  libre  que  lorsqu'il  est  combiné  au  carbonate  de  chaux.  Un 
excès  d'acide  carbonique  affaiblit  et  annule  même  le  phénomène,  comme 
le  montre  le  tableau  précédent. 

»  En  laissant  un  excès  de  plante  immergée  au  soleil  pendant  une  heure 
ou  deux,  on  obtient,  alors  qu'il  se  dégage  de  nombreuses  bulles  de  gaz, 
un  liquide  sursaturé  d'oxygène,  pouvant  contenir,  à  35  degrés,  jusqu'à 
20  centimètres  cubes  d'oxygène  par  litre.  Cette  eau  sursaturée,  séparée 
de  la  plante,  ne  perd  son  excès  d'oxygène  dissous  qu'avec  une  lenteur 
remarquable.    » 

ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  la  slriiclure  des  rjancj lions  cérébroides  du  Zonites 
algirus.  Note  de  M.  H.  Sicard,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

0  Chez  le  Zonites  aUjirus,  comme  chez  les  autres  Gastéropodes,  les  gan- 
glions cérébroides  ou  sus-œsophagiens  sont  loin  d'avoir  une  composition 
simple  et  homogène.  Ils  sont  au  non)bre  de  deux  et  unis  par  une  com- 
missure, ainsi  que  le  dit  Van  Beneden  dans  son  Mémoire  de  l'anatomie  de 
y  Hélix  alcjirci  ;  mais,  examinés  de  plus  près,  ils  donnent  lieu  à  d'intéressantes 
observations. 

»  Si  l'on  considère  la  face  supérieure  delà  masse  cérébroïde,  on  voit,  sur 
la  ligne  médiane,  la  commissure,  de  couleur  jaune,  et,  de  chaque  côté,  les 
ganglions  qui  sont  symétriques  et  incolores.  Ce  sont  deux  corps  de  forme 
allongée,  concaves  sur  leur  bord  externe  et  convexes  sur  leur  bord  interne, 
lequel  est  en  rapport  avec  la  commissure  médiane.  Ces  ganglions  présentent 
donc  la  figure  d'un  croissant,  largement  ouvert,  à  concavité  externe;  mais, 
dans  la  moitié  antérieure  de  cette  concavité,  on  voit  saillir  une  petite  masse 
nerveuse,  de  même  forme  que  la  corne  postérieure  du  croissant,  et  s'a  tténuant 
à  son  extrémité  pour  donner  naissance  au  cordon  latéral  antérieur  qui 
unit  le  ganglion  cérébroïde  aux  ganglions  sus-œsophagiens,  tandis  que  le 

36.. 


(  276  ■) 

cordon  postérieur  est  formé  par  le  prolongement  de  la  corne  postérieure. 
Ce  lobule  placé  dans  la  concavité  du  croissant  peut  être  appelé  lobule  moyen 
ou  corne  moyenne;  il  paraît  être  sur  un  plan  un  peu  inférieur.  La  corne 
antérieure  du  croissant  ganglionnaire  est  terminée  par  une  extrémité 
mousse  et  arrondie. 

»  Examinés  par  leur  face  inférieure,  les  ganglions  offrent  un  autre  aspect  : 
ils  se  présentent  en  forme  de  fer  à  cheval  et  sont  accolés  par  leur  convexité, 
le  dos  du  fer  à  cheval  correspondant  à  la  ligne  médiane.  En  avant  et  en 
arrière,  dans  l'angle  que  forment  les  bords  disposés  ainsi  en  oc,  on  aperçoit 
la  commissure,  qui  occupe  à  la  face  supérieure  toute  la  région  moyenne. 
Enfin,  en  avant  de  chaque  ganglion,  on  remarque  un  petit  lobe  saillant 
arrondi  qui  donne  naissance,  par  son  bord  interne,  au  nerf  tentaculaire.  Ce 
lobule  ne  paraît  pas  être  tout  à  fait  sur  le  même  plan  que  la  face  inférieure 
des  ganglions,  et  il  n'est  autre  que  la  corne  antérieure  du  croissant  que 
nous  avons  décrit  à  la  face  supérieure.  Des  deux  branches  du  fer  à  cheval 
qui  se  montre  à  la  face  inférieure,  la  première,  ou  antérieure,  correspond 
au  lobule  que  nous  avons  qualifié  de  moyen,  et  la  seconde,  ou  postérieure, 
correspond  à  la  corne  postérieure  du  croissant. 

w  Comment  peut-on  se  rendre  compte  de  cette  diversité  d'apparence 
des  deux  faces  supérieure  et  inférieure?  Chaque  ganglion  forme  en  arrière 
une  masse  unique  qui  se  termine  parla  corne  postérieure  et,  en  avant,  il 
présente  deux  extrémités,  l'une  qui  continue  sa  face  inférieure  et  se  re- 
courbe assez  brusquement,  de  sorte  que  cette  face  a  l'aspect  d'un  fer  à 
cheval;  l'autre  qui  continue  sa  face  supérieure  et,  décrivant  une  courbe 
beaucoup  plus  ouverte,  occupe  une  position  antérieure  à  l'autre,  en  même 
temps  qu'elle  est  sur  un  plan  un  peu  supérieur. 

»  Le  lobule  antérieur  est  le  lieu  d'origine  des  trois  nerfs  tentaculaire  ou 
olfactif,  optique  et  acoustique,  et  constitue,  par  conséquent,  une  région 
distincte  par  ses  attributions  physiologiques.  M.  de  Lacaze-Duthicrs  a  déjà 
indiqué  que,  dans  les  centres  sus-œsophagiens  des  Gastéropodes,  il  y  a  des 
lobes  ayant  une  structure  particulière  et  un  rôle  physiologique  différent. 
C'est  ainsi  que  l'éminent  professeur  a  constaté,  dans  certains  Gastéropodes 
pulmonés  aqualiques  (Physes,  Lymnées,  etc.),  l'existence  d'un  lobule 
liémisphérique  saillant  placé  im  peu  latéralement  sur  la  face  postérieure 
du  centre  sus-œsophagien  et  formant  le  lieu  d'origine  commun  aux  trois 
nerfs  olfactif,  acoustique  et  optique;  aussi  l'a-t-il  appelé  lobule  de  la  sen- 
sibilité spéciale. 

»    On  voit  que,  dans  l'espèce  qui  nous  occupe,  l'analogue  de  ce  lobule 


(  277  ) 
est  celui  que  nous  avons  désigné  comme  antérieur  à  cause  de  sa  position 
qui  est  un  peu  différente;  en  effet,  de  ce  lobule  partent  les  mêmes  nerfs 
sensilifs,  et  nous  verrons  qu'il  se  distingue,  en  outre,  par  sa  structure,  des 
autres  parties  du  cerveau. 

»  Nous  avons  dit  quelle  était  l'origine  des  deux  cordons  latéraux  de 
communication  qui  naissent,  l'un  du  lobule  moyen,  l'autre  du  lobule 
poslérieiu"  du  ganglion.  L'examen  de  ces  cordons  nous  a  fait  reconnaître 
un  fait  intéressant  en  ce  qu'il  infirme  une  règle  donnée  jusqu'ici  comme 
générale  :  c'est  que  les  nerfs  partent  toujours  des  ganglions,  jamais  des 
cordons  qui  les  unissent.  Or  nous  avons  constaté  que,  du  cordon  latéral 
postérieur,  se  détachait  un  filet  nerveux  très-long  et  très-gréle  qui,  se 
dirigeant  en  arrière,  va  se  rendre  à  la  face  inférieure  du  nuiscle  rétracleur 
de  la  masse  buccale.  Nous  nous  sommes  assuré  par  l'examen  microsco- 
pique que  ce  même  filet  nerveux,  dont  nous  n'avons  trouvé  l'existence 
mentionnée  nulle  part,  provenait,  par  une  double  origine,  du  cordon 
latéral  postérieur. 

»  L'étude  bistologique  montre  que  les  ganglions  sont  composés  de 
cellules  nerveuses  et  d'éléments  fibrillaires.  Les  cellules,  le  plus  souvent 
unipolaires,  sont  quelquefois  munies  de  deux  ou  de  plusieurs  prolonge- 
ments; elles  sont  remarquables  par  les  dimensions  considérables  qu'elles 
peuvent  atteindre;  elles  sont  constituées  par  une  petite  masse  de  proto- 
plasma,  contenant  de  nombreuses  granulations,  et  par  un  noyau  volumineux 
qui  renferme  lui-même  un  ou  parfois  plusieurs  nucléoles.  Le  centre  des 
ganglions  est  formé  de  fibrilles  entre-croisées  qui  ne  sont  autre  chose  que 
les  prolongements  des  cellules  ganglionnaires  placées  à  la  périphérie.  Le 
lobule  de  la  sensibilité  spéciale  se  compose  d'éléments  qui  se  différencient 
de  ceux  que  l'on  rencontre  dans  les  autres  parties  des  centres  nerveux.  Ici 
les  cellules,  à  l'opposé  de  celles  dont  nous  avons  parlé,  ont  un  très-petit 
volume;  leur  diamètre  atteint  à  peine  o""",oi,  tandis  qu'ailleurs  il  mesure 
jusqu'à  o™'",io;  elles  sont  incolores  et  à  contours  très-pâles.  Leurs  pro- 
longements, très-ténus,  ne  sont  pas  faciles  à  apercevoir,  à  cause  de  la  facilité 
avec  laquelle  ils  se  rompent.  Ils  servent  à  former  les  filets  nerveux  ou  à 
faire  comnuniiquer  entre  elles  les  cellules  voisines.  Nous  en  avons  observé 
qui  étaient  ainsi  reliées  l'une  à  l'autre.  La  structure  particulière  de  ce  lo- 
bule confirme  donc  la  distinction  que  nous  en  avons  faite  plus  haut,  à 
l'exemple  de  M.  de  Lacaze-Duthiers,  en  nous  basant  sur  l'origine  que  les 
trois  nerfs  de  la  sensibilité  spéciale,  à  l'exclusion  de  tous  les  autres,  tirent 
de  cette  région.  » 


(  278) 
ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  ta  planète  Mars;  par  M.  C.  Flammarion. 

«  Pendant  la  période  d'opposition  qui  vient  de  s'écouler,  la  planète 
Mars  nous  a  présenté  son  hémisphère  septentrional,  qui  est  moins  connu 
que  son  hémisphère  sud.  I.e  pôle  nord,  fortement  incliné  vers  nous,  se  dé- 
cèle hii-même  par  une  tache  blanche  Irès-brillante  qui,  dans  certaines  con- 
ditions de  transparence  atmosphérique,  semble  dépasser  le  contour  du 
ilisqiie. 


Vue  de  la  planète  Mars,  le  st)  juin  187!!,  à  10  heures  Ju  soir. 

»  Cette  calotte  polaire  n'est  pas  actuellement  très-étendue;  elle  offre 
parfois  à  l'œil  l'impression  d'un  /jo/s  blanc  qui  scintillerait  sur  le  limbe  in- 
férieur du  disque,  et  sa  position  indique  que  le  pôle  se  trouve  à  environ 
[\o  degrés  de  l'extrémilé  inférieure  du  diamètre  vertical,  dans  la  direction 
de  l'est  (image  renversée  dans  la  lunette  astronomique).  Les  neiges  polaires 
boréales  ne  s'étendent  pas  actuellement  au  delà  du  80*  degré  de  latitude 
aréographique.  On  sait  qu'elles  couvrent  parfois  une  étendue  beaucoup 
plus  considérable,  puisque,  dans  certaines  années,  elles  ont  dépassé  le 
60"  degré.  Les  variations  des  neiges  australes  sont  plus  grandes  encore. 

))  Il  y  a  très-probablement  une  mer  polaire  autour  du  pôle  nord,  car 
une  tache  sombre  y  est  constamment  visible,  quelle  que  soit  la  face  que  la 
rotation  de  Mars  amène  devant  nous.  Cette  mer  polaire  paraît  s'étendre 
jusque  vers  le  l\^'  degré  de  latitude,  et  même  au  delà,  en  certains  points; 


(  279  ) 
niaib  elle  doit  être  parlagée  en  deux  par  une  langue  de  lerre  qui  s'étendrait 
du  65*  au  75*  degré.  Quelle  que  soit  celte  terre  intermédiaire,  que  l'on  dis- 
tingue à  peine,  la  mer  s'étend,  d'une  part  jusqu'à  la  glace,  c'est-à-dire  jus- 
qu'au 80*  degré  au  moins,  et,  d'autre  part,  jusqu'au  45^ 

»  Une  méditerranée  longue  et  étroite  court  du  nord  au  sud,  et  rejoint 
une  vaste  mer  qui  s'étend  au  delà  de  l'équateiu-  dans  l'hémisphère  sud. 
Entre  l'extrémité  septentrionale  de  cette  méditerranée  et  la  mer  boréale 
dont  je  viens  de  parler,  il  y  a  une  autre  énigme.  Ordinairement  cette  mé- 
diterranée, cette  passe,  semble  réunir  les  deux  taches.  Parfois  on  croit  dis- 
tinguer à  l'extrémité  septentrionale  une  solution  de  continuité,  et  même 
un  retour  à  angle  droit.  Ce  détail  n'empêche  pas  la  physionomie  générale 
d'être  telle  qu'elle  vient  d'être  décrite  :  pôle  nord  marqué  par  une  petite 
tache  très-blanche;  mer  boréale  s'étendant  dans  le  sens  des  latitudes;  lnr(je 
filet  d'eau,  s'étendant  dans  le  sens  des  longitudes,  et  nier  rtHiOa/e  considé- 
rable. 

»  Mars  est  actuellement  dans  la  saison  d'automne  de  son  hémisphère 
nord.  La  plus  grande  partie  des  neiges  polaires  boréales  sont  fondues, 
tandis  qu'elles  s'amoncellent  autour  du  pôle  austral,  invisible  pour  nous. 
La  région  sud  est  visiblement  marquée  d'une  traînée  blanche  près  des 
bords.  Est-ce  la  neige  qui  descendrait  jusqu'au  4o'  degré  de  latitude  sud? Il 
est  plus  probable  que  ce  sont  des  nuages. 

»  L'élude  détaillée  de  la  planète  montre  ique  sa  surface  est  bien  diffé- 
rente de  la  surface  terrestre,  au  point  de  vue  du  partage  des  terres  et  des 
mers.  Chez  nous,  les  trois  quarts  du  globe  sont  couverts  d'eau;  sur  Mars, 
au  contraire,  il  y  a  plus  de  surface  continentale  que  de  surface  maritime. 
Toutefois,  l'évaporation  y  produit  des  effets  analogues  à  ceux  qui  consti- 
tuent la  météorologie  terrestre,  et  l'analyse  spectrale  montre  que  l'atmo- 
sphère de  Mars  est  chargée  de  vapeur  d'eau  comme  la  nôtre,  et  que  ces 
mers,  ces  neiges,  ces  nuages  sont  réellement  composés  de  la  même  eau  que 
nos  mers  et  nos  météores  aqueux. 

»  Il  m'a  semblé  que  la  coloration  rouge  des  continents  est  moins  intense 
cette  année  qu'en  général.  On  a  souvent  discuté  la  cause  de  cette  colo- 
ration, et  d'abord  on  l'a  attribuée  à  l'atmosphère;  mais  cette  explica- 
tion a  été  rejetée,  depuis  qu'il  a  été  constaté  que  les  bords  du  disque  de 
la  planète  sont  moins  colorés  que  le  centre;  ils  sont  presque  blancs.  Ce 
serait  le  contraire,  si  la  coloration  était  due  à  l'atmosphère,  car  elle  croî- 
trait en  raison  de  l'épaisseur  d'atmosphère  traversée  par  les  rayons  réflé- 
chis. Est-elle  due  à  la  couleur  des  matériaux  constitutifs  de  la  planète?  On 


(  28o  ) 
pourrait  l'admettre,  si  des  raisonnements  d'analogie  ne  nons  engageaient 
à  penser  que  les  continents  de  Mars  n'ont  pu  rester  à  l'état  de  déserts  sté- 
riles, mais  que,  sous  l'influence  de  l'atmosplière,  desphiies,  de  la  chaleur 
fécondante  du  Soleil  et  des  éléments  qui  ont  amené  sur  la  Terre  la  pro- 
duction du  monde  végétal,  ils  ont  dû  se  recouvrir  aussi  d'une  végétation 
quelconque,  en  rapport  avec  l'état  physique  et  chimique  de  cette  planète. 
Or,  comme  ce  n'est  pas  l'inlérieur  du  sol  que  nous  voyons,  mais  la  sur- 
face, la  coloration  rouge  doit  être  celle  de  la  végétation  de  Mars,  quelle 
que  soit  d'ailleurs  l'espèce  de  végétation  qui  s'y  produise.  Il  est  vrai  que, 
quoique  les  saisons  de  Mars  soient  à  peu  près  de  même  intensité  que  les 
nôtres,  on  ne  voit  pas  de  variations  de  nuances  correspondant  à  celles  que 
l'on  observe  avec  les  saisons  sous  nos  latitudes  terresires;  mais  la  végéta- 
tion qui  tapisse  la  surface  de  Mars  peut  être  fort  différente  de  la  nôtre  et 
subir  moins  de  variations  dans  le  cours  de  l'année.' 

))  Quoi  qu'il  en  soit,  les  études  faites  sur  cette  planète  voisine  sont  assez 
nombreuses  maintenant  poiu'  nous  permettre  de  nous  former  une  idée  gé- 
nérale de  sa  géographie  et  même  de  sa  météorologie.  On  peut  résumer 
comme  il  suit  les  faits  qui  semblent  désormais  acquis  à  l'Astronomie  phy- 
sique sur  la  connaissance  de  cette  planète. 

»  1°  Les  régions  polaires  se  couvrent  alternativement  déneige  suivant 
les  saisons  et  suivant  les  variations  dues  à  la  forte  excentricité  de  l'orbite; 
actuellement  les  glaces  du  pôle  nord  ne  dépassent  pas  le  80®  degré  de 
latitude; 

»  2"  Des  nuages  et  des  courants  atmosphériques  y  existent  comme  sur  la 
Terre;  l'atmosphère  y  est  plus  chargée  en  hiver  qu'en  été;  '  ' 

»  3"  La  surface  géographique  de  Mars  est  plus  également  partagée  que 
la  nôtre  en  continents  et  en  mers;  il  y  a  un  peu  plus  de  terres  que  de 
mers; 

»  4"  La  météorologie  de  Mars  est  à  peu  près  la  même  que  celle  de  la 
Terre;  l'eau  y  est  dans  le  même  état  physique  et  chimique  que  sur  notre 
propre  globe; 

»   5"  Les  continents  paraissent  recouverts  d'une  végétation  rougeâtre; 

»  6°  Enfin  les  raisons  d'analogie  nous  montrent  sur  celte  planète,  mieux 
que  sur  toute  autre^  des  conditions  organiques  peu  différentes  de  celles  qui 
ont  présidé  aux  manifestations  de  la  vie  à  la  surface  de  la  Terre.  »  '  ^ 


f  281  ) 

PHFSYQUE  APPLIQUÉE.   —  Sur  un  nouveau  système  de  lêlégrapliie  pneumatique. 
Note  de  MM.  D.  Tommasi  et  R.-F.  Michel,  présentée  par  M.  Faye. 

«  Le  nouveau  système  de  télégraphie  pneumatique  que  nous  avons 
l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  consiste  dans  la  sub- 
stitution du  gaz  ammoniac  à  l'air  comprimé  ou  raréfié,  pour  le  transport 
des  boîtes  renfermant  les  dépêches  télégraphiques. 

»   Pour  obtenir  ce  résultat,  nous  nous  servons  du  procédé  suivant  : 

»  Un  ensemble  de  boîtes,  entrant  à  frottement  dans  des  tubes  métal- 
liques et  renfermant  les  objets  à  transporter  à  distance,  sont  engagés  à 
l'une  des  extrémités  du  tube  :  au  lieu  de  les  pousser  au  moyen  de  l'air  com- 
primé ou  de  les  aspirer  en  faisant  le  vide  devant  eux,  au  moyen  d'une 
chute  d'eau  ou  d'une  machine  à  vapeur,  nous  poussons  ce  train  de  boîtes 
au  moyen  du  gaz  ammoniac  comprimé  à  une  pression  suffisante,  et  en 
même  temps  nous  les  aspirons  au  moyen  du  vide  produit  par  suite  de 
l'absorption  du  gaz  ammoniac  par  l'eau.  Le  gaz  que  nous  employons, 
nous  le  faisons  dégager  sous  l'influence  de  la  chaleur  de  sa  solution  dans 
l'eau.  C'est  également  par  l'eau  que  nous  l'absorbons.  Par  suite  de  ces 
absorptions  et  dégagements  successifs,  c'est  toujours  le  même  gaz  ammo- 
niac qui  est  employé  à  pousser  ou  à  attirer  le  train  de  boîtes.  Les  deux 
opérations  se  faisant  simultanément,  les  tubes  se  trouveront  toujours  rem- 
plis de  gaz  anunoniac. 

»  Les  appareils,  à  chaque  bout  de  la  ligne  et  dans  chaque  station  inter- 
médiaire, consistent  essentiellement  en  deux  récipients  ou  chaudières  A 
et  B;  l'une  des  deux  A  est  remplie,  jusqu'à  une  certaine  hauteur,  d'une 
solution  saturée  de  gaz  ammoniac,  chauffée  à  une  température  con- 
stante, suffisante  pour  faire  dégager  le  gaz  qui  se  comprime  dans  un  ré- 
cipient à  soupape  situé  à  la  partie  supérieure  de  la  chaudière  A.  Le  gaz 
ammoniac,  avant  de  se  rendre  dans  les  tubes,  traverse  un  long 'cylindre 
renfermant  de  la  chaux  vive  qui  le  dessèche  complètement.  L'autre 
chaudière  B  est  remplie  d'une  certaine  quantité  d'eau  à  la  température 
ordinaire  ou  refroidie  pour  absorber  le  gaz  ammoniac  qui  se  trouve  au 
devant  du  train,  et  produire  l'effet  d'aspiration  nécessaire. 

)•  Lorsque  l'eau  contenue  dans  le  récipient  B  est  devenue,  par  suite  de 
ces  aspirations  successives,  saturée  de  gaz  ammoniac,  et  que,  conséquem- 
ment,  la  chaudière  A  a  perdu  son  gaz  au  moins  en  grande  partie,  nous 

C.  R.,  187S,  1'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  4.)  Sy 


(     28^     ) 

laissons  refroidir  la  chauflière  A,  et  nous  élevons  la  température   de  la 
chaudière  B,  de  façon  à  utiliser  toujours  la  même  quantité  de  gaz. 

»  Quant  aux  dispositions  pratiques  de  l'appareil,  nous  les  décrirons 
dans  une  Notice  que  nous  aurons  bientôt  l'honneur  de  soumettre  au 
jugement  de  l'Académie.   » 

M.  Martha-Becker  adresse  une  Note  concernant  l'influence  des  cou- 
rants aériens  sur  les  hivers  des  régions  tempérées.  Les  hivers  atteindraient 
leur  maximum  de  sécheresse  et  de  froid  lorsque  le  contre-courant,  venant 
du  nord,  atteint  son  maximum  de  déviation  à  l'est. 

«  M.  Bertrand  présente,  au  nom  de  M.  le  général  Noizet,  tin  Ouvrage 
intitulé  «  Mélanges  de  Philosophie  critique  ». 

»  La  plupart  des  questions  traitées  dans  ce  livre  sortent  du  cercle  habi- 
tuel des  travaux  de  l'Académie.  M.  Bertrand,  cependant,  a  accepté  avec 
grand  plaisir  la  mission  de  le  présenter  à  ses  confrères.  Le  général  Noizet, 
en  effet,  est  bien  connu  de  l'Académie  des  Sciences,  et  il  parle  la  langue 
rigoureuse  et  précise  qu'on  aime  à  y  entendre.  Ancien  élève  de  l'Ecole 
Polytechnique,  ancien  professenr  à  l'École  d'Application  de  Metz  et,  pen- 
dant plusieurs  années,  membre  très-actif  du  Conseil  de  Perfectionnement 
de  l'École  Polytechnique,  il  a  porté  dans  ses  études  philosophiques  l'esprit 
pénétrant  et  élevé  que  plusieurs  de  nos  confrères,  ses  anciens  collègues, 
ont  eu  plus  d'une  fois  l'occasion  d'apprécier.    » 

«  M.  Bertrand  présente,  au  nom  de  M.  Darboux,  un  Ouvrage  intitulé  : 
Sur  une  classe  remarquable  de  courbes  et  de  surfaces  algébriques,  et  sur  la 
théorie  des  imaginaires. 

»  Cet  Ouvrage,  présenté  manuscrit  à  l'Académie  en  1869,  avait  été  lu 
et  examiné  par  les  commissaires  désignés  par  elle.  MM.  Serret,  Bonnet  et 
Bertrand  s'étaient  trouvés  d'accord  pour  en  reconnaître  l'importance  et 
le  très-grand  intérêt. 

»  La  publication  du  travail,  développé  et  étendu  par  de  précieuses 
additions,  ne  permettant  plus  qu'il  soit  fait  de  Rapport,  M.  Bertrand  se 
borne  à  In  signaler  à  l'attention  des  géomètres.   » 

«  M.  Larret  présente,  de  In  part  de  M.  le  Directeur  général  du  Service 
de  santé  de  l'armée  anglaise,  le  XlIP  volume  des  Rapports  du  déparlement 
médical  de  l'armée,  pour  l'année  1871,  comprenant,  comme  chacun  des  vo- 


(  a83) 

lûmes  de  la  collection  ,  l'état  général  de  la  santé  des  troupes  dans  le 
Royaume-Uni,  l'ensemble  des  maladies,  les  tableaux  de  mortalité,  les 
questions  du  recrutement,  etc.,  puis  les  états  spéciaux  du  même  ordre 
parmi  les  troupes  de  la  Méditerranée,  du  Canada,  des  Bermudes,  des  Indes 
et  de  l'Afrique  Occidentales,  du  cap  de  Bonne-Espérance,  de  Sainte-Hélène, 
et  de  Ceyian,  de  la  Chine,  du  Japon,  et  des  troupes  d'Europe  servant  dans 
l'Inde. 

»  L'Appendice,  formant  la  moitié  de  ce  volume,  contient  aussi  un  grand 
nombre  de  rapports  et  de  documents  scientifiques  sur  l'Hygiène,  la  Méde- 
cine et  la  Chirurgie,  ainsi  que  des  extraits  et  des  tableaux  de  Statistique.  » 

M.  Chasles   présente  à  l'Académie  : 

1°  Les  numéros  d'avril  à  aoîit  iS'yj,  t.  IV  et  V  du  Bullefin  des  Sciences 
mathématiques  et  astronomiques  de  la  Section  mathématique  des  Hautes- 
Études,  rédigé  par  MM.  Darhoux  et  7. /^o/ie/;  ces  livraisons  renferment, 
indépendamment  d'une  Revue  bibliographique,  l'indication  des  Mémoires 
des  Sociétés  savantes  et  autres  publications  périodiques,  puis  une  analyse 
de  divers  Ouvrages  ; 

2°  La  troisième  livraison  du  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France, 
publié  par  les  secrétaires  de  la  Société,  MM.  Brisse  et  Laguerre ; 

3°  De  la  part  de  M.  le  prince  Boncompngni,  les  livraisons  de  septembre, 
octobre  et  novembre  du  Bulleltino  di  Biblioqrafia  e  di  Storia  délie  Scienze 
matematiche  e  fisiche  ;  les  deux  premières  renferment  une  traduction  en 
italien  de  l'important  Ouvrage  écrit  en  allemand  par  M.  le  D'  Erm.  Hankel, 
Sur  l'Histoire  des  Mathématiques  chez  les  Arabes;  la  livraison  de  novembre 
est  consacrée  au  même  sujet  :  ce  sont  des  extraits  d'un  Ouvrage  inédit 
de  Bernnrdino  Baldi,  De  le  Vite  de'  Matematici,  en  la  possession  de  M.  le 
prince  Boncompagni ;  ces  extraits  sont  accompagnés  de  Notes  de  M.  Stein- 
schneider  ; 

4°  De  la  part  de  M.  D.  Chelini,  un  exemplaire  d'un  Mémoire  écrit  en 
italien.  Sur  iinterjirétation  géométrique  de  la  science  de  l'étendue,  du  mouve- 
ment et  des  Jones  ; 

5°  De  la  part  de  M.  H.-G.  Zeuthen,  un  Mémoire,  en  langue  danoise,  in- 
titulé :  Bechen  lie  des  propriétés  générales  des  systèmes  de  courbes  planes, 
suivie  d'une  application  à  ta  détermination  des  caractéristiques  des  systèmes  élé- 
jnentaires  du  quatrième  ordre.  Kjobenhaven,  i8'y!3;  in-4"; 

6°  De  la  part  de  M.   E.    fFeyr,  les  cinq  premiers  numéros  d'une  pu- 


(  284  ) 

blication,  en   langue  tchèque,   de   la  Société   mathématique  de   Prague, 
1872;  et  divers  Mémoires  mathématiques  de  M.  E.  Weyr  ; 

7°  De  la  part  de  M.  Painvin,  deux  Ouvrages  Sur  la  surface  développahle 
circonscrite  à  deux  surfaces  du  second  ordre,  et  divers  autres  Mémoires  ma- 
thématiques. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  juillet  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Sur  une  classe  remarquable  de  courbes  et  de  surfaces  algébriques  et  sur  la 
théorie  des  imaginaires  ;  par  M.  G.  Darboux.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873  ; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bertrand.) 

Mélanges  de  philosophie  critique;  par  le  général  NoiZET.  Paris,  H.  Pion, 
1873;  I  vol.  iu-S*^.  (Présenté  par  M.  Bertrand.) 

Nouvelles  Tables  donnant,  avec  cinq  décimales,  les  logarithmes  vulgaires  et 
naturels  des  nombres  de  i  à  10800,  et  des  fonctions  circulaires  et  hyperboliques 
pour  tous  les  degrés  du  quart  de  cercle  de  minute  en  minute;  par  le  major  Wla- 
dimir  Vassal.  Paris,  Gauthier-"Villars,  1872;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par 
M.  Bertrand.) 

{La  suite  du  huWei'xn  au  prochain  numéro.) 


ERRATA. 

(Séance  du  21  juillet  1873.) 

Page  170,  ligne  18,  au  lieu  de  fH,  Usez  tW . 

Page  172,  ligne  32,  nu  lieu  de  très-facile  avec  un  verre  de  montre  peu  bombé,  dans  le- 
quel le  rapport  —  était  de-;;— •  Il  n'y  a  pas...,   lisez  très-facile.   Avec  un  verre  de  montre 

peu  l)onil)é,  dans  le(|uel  le  rapport  —  était  de  ^î  il  n'y  a  pas.... 


COMPTES  RENDUS 


DES  SÉANCES 


DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  i  AOUT  1875, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMU^ICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ANALYSE.  —  Sur  la  fonction  exponentielle;  par  M.  Hermite. 

«  XI.  Soient  A  et  a  les  déterminants 

0(z„,r.„)      0(^,,.^,)---       0(z«.~-o) 
e(z.„,z,)      0(z,,r,)...      0(;„,z,) 


0(Za,z«)       0(z„,  z,)...       0(Zv„Z„) 


et 


I        [ ...        I 


z,,.. 
Z-... 


je  dis  qu'on  a 

Effectivement,  l'expression  de  0(s,  Ç)  sous  la  forme 

0(z,  Ç)  =  z"-\-9,  !  Ç)  z"-'  -+■  0,  (Ç)  ;"---t-.,.- 

C.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LX.XV11,  N»  «.) 


Oni-Ç) 


38 


(  286  ) 
montre  que  A  est  le  produit  des  deux  déterminants 


I 

I ... 

l 

Zo 

2,... 

*-n 

^l 

z-f... 

2,? 

^:, 

K 

et 


I  I.  .  r 

&,(zo'i      0.,(z,)...      BJz,,) 


6„{zj      0„{z,\..      OJz„; 

Mais  Ô,(Ç)  étant  un  polynôme  en  'Ç  du  degré  /seulement,  de  sorte  qu'on 
peut  faire 

ce  second  déterminant,  d'après  les  théorèmes  connus,  se  réduit  simple- 
ment au  premier,  et  l'on  a  bien,  comme  nous  voulions  l'établir, 


A=rw^ 


»  Cela  posé,  soient 


1.2.../» 


la  relation  établie  p.  228 


Z    Zq 


deviendra  plus  simplement 

^in  -,„  ~r    ^,1,  "l"  •  •  •   T"   ^/n  » 

et  celle-ci  : 
.z 


(  287  ) 

en  supposant  successivement  Ç  =  r„,  r,,  . . .,  z„,  nous  donnera  la  substitu- 
tion suivante  que  je  désignerai  par  S,„,  à  savoir 

4+,=  0(^o-^,)4+<3(?.:-,;i4+  ...  4-0( 


r         '-le" 

■) 


e(zo,zv,)4-h0(=,,-v,)4  + 


Ç\lr.      r    U" 


Si  l'on  compose  maintenant  de  proche  S,,  Sa,  . . .,  S,„_,,  on  en  déduira  les 
expressions  de  s"„,  £,'„,  ■  ■  ■  ■,  i",„  en  a",  s),  . .  • ,  s",  que  je  représenterai  ainsi  : 

£;;,=  a„3';h-  A,a;+  .  .  +  A„c^ 
3;,=  ii„3:4-n,ï;+  ...  +  b„£:, 


c;;,^Lo3:+  i.,î;+...  +  l„s:, 


et  le  déterminant  de  cette  nouvelle  substitution  étant  égal  au  produit  des 
déterminants  des  substitutions  composantes  sera  or*'""".  Il  nous  reste  en- 
core à  remplacer  s",  £[,...,  £"  par  leurs  valeurs  pour  avoir  les  expressions 
des  quantités  4,  sous  la  forme  appropriée  à  notre  objet.  Ces  valeurs  s'ob- 
tiennent facilement,  comme  ou  va  voir. 


»  XII.  J'applique  à  cet  effet  la  formule  générale 


f' 


en  supposant 
c'est-à-dire 


F(z) 


F[z) 


F(.) 


+  /',? 
+  /J-2 


Il  est  aisé  de  voir  alors  que  ,t(z)  devient  une  expression  entière  en  z  et  Ç, 
entièrement  semblable  à  Q(z,  Ç),  de  sorte  que,  si  on  la  désigne  par  $(z,  Ç), 
on  a 

$i  z,  ç)  =  z"  +  o,{-ç)z"~'  +  cp,{<:)z"--  + . . .  +  <p„rç), 

ç),(Ç)  étant  un  polynôme  en  Ç  de  degré  /,  dans  lequel  le  coefficient  de  'Ç  est 

38.. 


(  288  ) 
l'unilé.  Ainsi  l'on  obtient,  en  particulier, 

<p2(Ç  '  =  Ç-  +  '  /^,  +  /i  —  l)Ç  +  /'•:  +  ("  —  0/^1  +  "("  ~  0' 

5 

et  l'analogie  de  forme  avec  0(z,  Ç)  montre  que  le  déterminant 

<I)(ro,So)     <I'(z,,  --o)---     'i'iz,,,  Zo) 


<I)(zo,  z„)     «I)(z,,  z„)...     a'(z„, -.„) 
est  encore  égal  à  w".  Cela  posé,  nous  tirons  de  la  relation 

r^^  dz  =  e-'»<î.(Zo,  -Ç)  -  e-'-<I.(Z,  Ç), 

en  supposant  Ç  =  z,,  la  valeur  cherchée 

£}=e--$(z„,  z,)-e--^$(Z,z,-). 

Or,  voici  les  expressions  des  quantités  £,'„  qui  en  résultent. 

Soit 

A,  =  Aoa>(Z,  Zo)+  A,  $(Z,  z.)  +...+  A„^D(Z,  z„), 

m,  =  B„a)(Z,  z„)+B,<ï)(Z,  z,)  +  ...+  B„a.(Z,  r„), 

1 

^=  ro-Kiz,  z„)+  L,a>(z,  z,)  +  ...+  L„a>(z,  z„), 

et  convenons  de    représenter  par  dj,,  iiï)o,...,  4^o   'ps  valeurs  obtenues 
pour  Z  =  z,),  on  aura 

4=  e--an,„  -e-'-ii;,, 


C=e--'^„  -e  "^. 


»  Dans  ces  formules,  Z  désigne  l'une  quelconque  des  quantités  z,, 
Z2,...,z„;  maintenant  si  nous  voulons  mettre  eu  évidence  le  résultat 
correspondant  à  Z  =  Za,  nous  conviendrons  eu  outre  de  représenter, 
d'une  part,  par  A-/,,  **>•■•>  J,1a)  et  de  l'autre,  y]'],  yi\,...,  r,'l  les  valeurs  que 
prennent,  dans  ce  cas,  les  coefficients  A,,  ail,...,  ^  et  les  quantités  s",, 


(  289) 
£)„,...,  £",•  O"  obtient  ainai  les  équations 


qui  vont  nous  conduire  à  la  seconde  démonstration  que  j'ai  annoncée  de 
l'impossibilité  d'une  relation  de  la  forme 

e-'" No  +  e-"'  N,  + . . .  +  d"-  N„  =  o, 

les  exposants  z^,  Zn*-?  ^n  étant  supposés  entiers  ainsi  que  les  coefficients 

N„,  N,,...,  N„. 

»  XIII.  Je  dis  en  premier  lieu  que  £^„  peut  devenir  plus  petit  que  toute 
quantité  donnée,  pour  une  valeur  suffisamment  grande  de  /«.Effectivement, 
l'exponentielle  e""  étant  toujours  positive,  on  a,  comme  on  sait, 

r%-^F(z)rf2  =  F(2)  £%-^/z  =  F(|)(e--.-e-''), 

F(z)  étant  une  fonction  quelconque,  et  Ç  une  quantité  comprise  entre  les 
limites  z^  et  Z  de  l'intégrale.  Or,  en  supposant 

on  aura  cette  expression 

"         I  .a.  .  .  /«  —  I  ?  —  2,^  ' 

qui  met  en  évidence  la  propriété  énoncée.  Cela  posé,  je  tire  des  équations 

VJ  2  ^         ^0  ~~  "  "^^  2  J 

1 

'On    ^-^   ''       °°°-'o  ^       "''^'n) 

la  relation  suivante: 

e^-yj^N, +  e='y3;;N,+  ...  +  e-vj^N,, 

=  e-'"(e-''N,  +  c-'No  +  ...  +  e-"N„)Xo 

-(/t,N,  +  .t,No+...  +  A,„N„). 

Si  l'on  introduit  la  condition 

e'»No  +  e''N|  +  ...  +  e=^"N„  =  o, 


(     20"    ) 


elle  devient 


e--<'N, 


=  -(a.,oN„  +  -v,  N,  ^  ...  +  A,„N„). 


»  Or,  en  supposant  que  z„,  z,,. . .,  z„  soient  entiers,  il  en  est  de  même 
(les  quantités  0(z,-,  z*),  $(z,,  ::<),  et,  par  conséquent,  de  A.g,  A.,,...,  A.„. 
Nous  avons  donc  ini  nombre  entier 


a..„No  +  4„,  N, 


■K  N„, 


qui  décroît  indéfiniment  avec  ïj",  vi} , .  . .  vj" ,  lorsque  m  augmente;  il  en  ré- 
sulte que,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de  /«,  et  pour  toutes  les  valeurs  plus 

grandes,  on  aura 

4.0 No  4-  A.,  N,  4-.  .  .+  -l.„N„  =  o, 

et,  comme  on  obtient  pareillement  les  conditions 

llî,o  N„  +  D!>,  N ,  -I-  .  .  .  +  'll!.„  N„  =  o. 


toNo  +  C"^.  +...+  .(l„N„  =  o, 


la  relation 


e-'"No  +  e-''N,  +...-I-  e'"N„  =  o 
a  pour  conséquence  que  le  déterminant 


A  = 


111,0    m,, 


V>     C< 


.1.,, 


doit  nécessairement  être  nul.  Mais,  d'après  les  expressions   des  quanti- 
tés Aa,  11!.*, . . . ,  4^A.  A  est  le  produit  de  ces  deux  autres  déterminants 


A„     A, 
Bo      B, 

lo    r., 


A„ 
B„ 


et 


<I)(Zo,:^„)      <I)(z,,z„\..      <1j:;-„.  Zo) 
a>i'Zo,z,)      <I>fz,,z,)...     o»   r„,  z,') 


$(?„,?„)  »iJiS,,Z„l...  <^yZ,„Z„) 


(  291  ) 

dont  le  premier  a  pour  valeur  co^'"'~",  et  le  second  oj^.  Ou  a  donc 
A  =  w"'",  et  il  est  ainsi  démontré,  d'une  manière  entièrement  rigoureuse, 
que  ia  relation  supposée  est  impossible,  et  que,  par  suite,  le  nombre  e  n'est 
point  compris  dans  les  irrationnelles  algébriques. 

»  XIV.  Il  ne  sera  pas  inutile  de  donner  quelques  exemples  du  mode 
d'approximation  des  quantités  auquel  nous  avons  été  conduit,  et  je  considé- 
rerai d'abord  le  cas  le  plus  simple,  où  l'on  ne  considère  que  la  seule  expo- 
nentielle e''.  En  faisant  alorsy(:.)  =  2(3  —  x),  nous  aurons 


(  '  e-'z'"  i  :  —  .r  )'"  dz 

l  .■>....  m    1 


et 


1  / 

(I '       /  ~:     „lll~\       /    „  .y,        III       ,/_ 

\  -^    ■  .  lit  —  t   J^  ^  '  ' 


■^"\z  —  X 


I  .  2  .  .  .  /«  ■ 


Or  on  obtient  immédiatement 

0  (z,  Ç  ;  =  r.  +  Ç  4-  2  7«  +  I  —  Jc-, 

d'où 

(rJo,  o    =  2111  +  I  —  X,      Q^a',   n;  =  2111  ■+-  i, 

0(0,  .r)  =  2///  +  1 ,  0  jr,  a-'i  =  2  w  +  i  +  .i', 

et,  par  conséquent,  ces  relations 

C=>2/»  +  1  -  .r   £^+  :2/;/  +  i;£j„ 
£,;,  _^^=  ,2111  -i-  i)  £,',',  +  :  a  m  -h  I  -h  X  )  £„',. 

1)    J'observerai    maintenant   qu'il    vient,   en    retranchant    membre    a 

membre, 

,1      ,11      T.  r,"    1.  -'  1 

de  sorte  que,  ayant 

'm  —  -II!     I     '/),  5 

on  en  conclut 

f'      —  '"      —  t-' 

Joignons  à  cette  équation  la  suivante  : 


' 

( 

292 

) 

nous  en 

d. 

iïdiiirons 

les 

valeurs 

^l. 

e.-H  -+-  . 

'■S™ 

1    

1+- 

î/n  +  t  •Tco, 


et,  si  l'on  y  change  m  en  m  —  i ,  une  simple  substitution,  par  exemple, 
dans  la  relation 

C+,  =  {2m  -hi-  x)C-^{^'n  +  i)  4, 

donnera  le  résultat  précédemment  obtenu  (p.  227), 

ï,«+t   =  (4'"  +  2)  îm  +  •^■£/«-i- 

»    Soit,     en     second     lieu,     72^2,    z,,  =0,    s,  =  i,    Zj  =  2,     d'où 

y(r.)  =  ::(:  —  i)  (z  —  2)  =;  s'  —  3z-  +  iz,  on  trouvera 

0(z,  Çj  =  :-+(?- i)z  +  (Ç_,)-^+3w(z4-Ç  +  i)  +9'»% 
et,  par  conséquent, 

0jo,o)  =  g»r+3/?! +  1,     0(o,i)  =  f)TO=+    6ot,  0(o,2)  =  9/«'+    g/«4-i, 

0(i,o)z=g/«'-|-67n  +  1,     0(i,i)  =  g«r-)-    gw+i,     0(1,2) rzzgm- +  1 2»;  4- 3, 
0(2,o)  =  9/«'-|-g/«  +  3,     0(2,i)  =  g/«2+  12m  -h4)     B(3,2)=gm'+  i5///  +  7. 

»  En  particulier,  pour  m  =  i,  nous  aurons 

£2=  •3£Î  +  iGsj  +2I£'J, 

ei  =  iSe^  +  i9£j  +  25i'j, 

£2=  I9£"H-24£i  +3i£'J; 

d'ailleurs  il  vient  facilement 


ce  qui  donne 


on  en  conclut 


£j  =  i_e-^(Z'  +  Z+i); 

£'^  =  34-e-'-[5oZ^+  8Z+34J, 
ci  =  4o-e-'-[59Z=+ioZ4-4o], 
£0  =  5o  — e~^  [■742^+  i2Z-t-  5oi. 


(^93) 
De  là  résulte  que 

£,  =  £«-i-£;-hsr  =  2-e-^[3z=-h2], 

et  si  l'on  fait  successivement  Z=  i,  Z  =  2,  l'expression  de  s,  fournil  les  va- 
leurs approchées 

_  5         ■-  _  l4  _ 
2'  2        '  ' 

et  l'expression  de  £0  les  suivantes  : 

337  „       r)i6 

I 24  I 24 

où  l'erreur   ne  porte  que  sur  les  dix-millièmes.   En   supposant   ensuite 
i)i=z'ji,  ce  qui  donnera 

£"  =  433;;  + 49^2 +  57£|, 

£^=48£:j  +  55£.iH-64ci, 

£i-55c^+63i^  +  75E^, 
nous  obtiendrons 

£3  =  6272  — e~^[  9259Z-+1518Z+6272], 
£^  =  7o32  —  (?"''[io38iZ-+  I  702  Z  +  7032], 
c5  =  8i4o— e~^[i  2017Z-+1970Z  +  8140], 
d'où 

£3=^21444  — e-^( 3 i657Z=  4-  5190Z  + 2i4/i4), 

et,  par  suite, 

158201  ,       I 58452 

21444  21444 

l'erreur  portant  sur  les  dix-millionièmes.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  théorie  physique  du  Soleil ^  proposée  par  31.  Vicaire; 

par  M.  Faye. 

«  De  retour  à  Paris,  je  trouve  dans  les  Comples  rendus  la  théorie  du 
Soleil  de  M.  Vicaire,  ainsi  que  des  critiques  qui  me  sont  adressées  par 
MM.  Tarry  etTacchini  (i).  La  théorie  de  M.  Vicaire  aune  tout  autre  va- 

(i)  Je  compte  examiner  plus  tard  les  Mémoires  de  MM.  Tarry  et  Taccliini, 

C.  R.,  1873,  .'•  Semeslre.  (  T.  LXXVU,  N»  3.)  Sg 


(  294  ) 
leur  que  celle  de  Wilsoii  et  d'IIerschel  I  qui  a  joui  si  longtemps  d'un  si 
grand  crédit  parmi  les  astronomes.  Ce  n'est  pas  seulement  une  tentative 
d'explication  des  taches;  l'autetu'  traite  de  la  cause  de  la  radiation  solaire, 
de  sa  constance,  de  sa  durée;  il  y  rattache  l'origine  des  phases  géologiques 
de  notre  globe  et  même  la  lumière  zodiacale  et  la  figure  des  comètes. 
Cette  œuvre  d'un  savant  qui  paraît  être  très  au  courant  des  faits,  et  qui  s'est 
senti  assez  satisfait  de  sa  théorie  pour  nous  avoir  déclaré  d'avance  qu'elle 
explique  delà  manière  la  plus  satisfaisante  tous  les  phénomènes  des  taches, 
présente  un  intérêt  particulier  :  elle  nous  permettra  d'apprécier  une  fois  de 
plus,  et  peut-être  d'une  manière  décisive,  la  valeur  de  la  méthode  qui 
consiste  à  débuter  par  une  hypothèse  à  laquelle  on  s'efforce  ensuite  de 
plier  les  faits  connus. 

»  M.  Vicaire  commence  par  admettre  que  le  Soleil  est  une  masse  combus- 
tible brûlant,  depuis  une  certaine  époque,  dans  une  atmosphère  d'oxygène. 

»  Il  fait  cette  atmosphère  immense  :  les  comètes  la  traversent  vers  leur 
périhélie  avec  production  de  chaleur  et  de  lumière,  à  peu  près  comme 
les  étoiles  filantes  traversent  noire  propre  atmosphère  (i).  C'est  à  l'inter- 
vention de  cette  enveloppe  gazeuse  qu'est  due  la  formation  et  l'immense 
développement  des  queues  des  comètes,  d'où  il  résulte  qu'elle  doit  exister 
partout  où  les  comètes  ont  des  queues,  c'est-à-dire  au  delà  de  l'orbite  de 
Mars. 

»  Quant  à  la  masse  centrale,  elle  est  formée  de  matériaux  combustibles, 
de  métaux  principalement,  associés  en  partie  au  carbone  et  à  l'hydrogène 
dans  des  combinaisons  que  la  température  peu  élevée  de  cette  masse  n'em- 
pêche pas  de  subsister.  Elle  est  liquide  cependant,  du  moins  à  la  surface, 
et  de  tous  les  points  de  sa  superficie  s'élèvent  des  vapeurs  qui  vont  brûler 
un  peu  plus  haut  dans  l'oxygène  ambiant. 

»  Cette  combustion,  toute  superficielle,  produit  une  nappe  de  flammes 
au-dessus  du  noyau  central  et  constitue  la  photosphère  dont  la  tempéra- 
ture est  beaucoup  plus  élevée  que  celle  du  noyau.  Celui-ci  est  maintenu, 
malgré  la  forte  chaleur  de  cette  sorte  d'enceinte,  à  une  température  con- 
stante et  relativement  très-basse,  par  un  effet  analogue  aux  phénomènes  de 
caléfaction  de  M.  Boutigny  (2). 

(i)  Les  queues  des  étoiles  filantes  sont  couchées  sur  leurs  trajectoires  ;  celles  des  comètes 
sont  couchées  sur  leurs  rayons  vecteurs.  Il  ne  faut  pas  ])er(Ire  de  vue  cette  différence  si  l'on 
veut  aijjjiécier  l'analogie  ijue  M.  Vicaire  croit  voir  entre  les  deux  ordres  de  phénomènes. 

{2)  C'est  là  un  artifice  ingénieux  destiné  à  sauver  la  conception  herschélienne  d'un  noyau 


(  295  ) 

»  La  photosphère  se  maintient  d'elle-même  à  une  température  cou- 
slante,  à  peu  près  comme  la  flamme  d'une  bougie,  parce  qu'elle  est  régu- 
lièiement  alimentée,  comme  celle-ci,  par  une  source  constante  de  vapeurs 
émises  par  le  noyau  dans  une  immense  atmosphère  d'oxygène. 

»  Les  produits  de  cette  combustion  sont  en  partie  gazeux  (eau,  acide 
carbonique,  etc.),  en  partie  solides  (silice,  terres,  oxydes  métalliques). 
Ceux-ci  plus  le  carbone,  tant  qu'il  ne  rencontre  pas  l'oxygène  en  excès, 
donnent  à  cette  combustion  le  vif  éclat  qui  caractérise  la  photosphère. 

»  Ces  matériaux  oxydés  nagent  à  la  surface  de  la  photosphère,  se  soudent 
en  nappes  plus  ou  moins  étendues,  et  ne  tardent  pas  à  retomber  sur  le 
noyau  en  larges  plaques  de  scories.  Selon  les  circonstances  variées  de  leur 
agglutination  et  de  leur  densité,  ils  donnent  lieu,  en  choquant  avec  plus  ou 
moins  de  force  la  mer  liquide  intérieure,  aux  divers  phénomènes  des  fa- 
cules,  des  taches  et  des  protubérances. 

»  Telle  est,  en  abrégé,  la  théorie  de  M.  Vicaire.  Il  se  donne,  au  point  de 
départ,  un  amas  sphérique  et  froid  de  matériaux  combustibles  dont  la 
composition  chimique,  assez  singulière,  est  calculée  de  manière  à  fournir 
abondamment  de  l'hydrogène  et  à  satisfaire  aux  conditions  de  densité,  de 
fusibilité  et  même  d'ébullition  à  une  température  relativement  basse,  et  il 
le  fait  brûler,  à  partir  d'un  certain  moment,  dans  une  atmosphère  oxy- 
dante. D'où  peut  venir  cette  idée?  M.  Vicaire  nous  le  laisse  voir  ;  «  elle 
dérive,  par  voie  d'analogie,  d'une  hypothèse  relative  aux  origines  géolo- 
giques de  notre  propre  globe.  Les  géologues  ont  donné  beaucoup  d'atten- 
tion à  une  circonstance  très-frappante  dans  la  série  des  matériaux  super- 
posés de  l'écorce  terrestre.  A  la  surface,  ces  matériaux  sont  oxydés  au 
maximum,  mais  leur  degré  d'oxydation  baisse  dans  les  couches  profondes. 
Il  y  a  lieu  de  croire  que  l'oxydation  disparaît  encore  plus  bas,  en  sorte  que 
la  partie  centrale  serait  formée  de  matériaux  combustibles,  mais  non  at- 
teints par  l'oxydation.  »  Si  l'on  considère,  en  outre,  que  notre  globe  est 
entouré  d'une  mince  couche  d'oxygène,  mélangé  à  un  autre  gaz  à  peu 
près  inerte,  d'eau  liquide  et  en  vapeurs  et  d'acide  carbonique,  on  incline 
tout  d'abord  à  croire  que  cet  état  de  choses  résulte  d'une  vaste  combus- 
tion superficielle  aujourd'hui  arrêtée.  La  Terre  donc,  primitivement  for- 


froitl,  se  maintenant  froid  dans  une  enveloppe  incandescente.  Il  est  juste  de  dire  que  cette 
idée  a  été  développée  il  y  a  quelques  années  par  M.  E.  Liais,  dans  son  livre  intitulé  V Espace 
céleste,  p.  64,  65  et  66. 

39.. 


{  ^96  ) 
mée  d'un  amas  de  matériaux  combustibles  (métaux,  carbone,  silicium, 
hydrogène)  et  entourée  d'une  vaste  atmosphère  d'oxygène  presque  pur, 
aurait  pris  feu,  pour  ainsi  dire,  à  un  moment  donné,  et  aurait  brûlé  pen- 
dant rpielque  temps.  L'arrêt  de  cette  combustion  spontanée  aurait  laissé 
subsister  autour  de  nous  un  reste  d'oxygène  non  consommé,  mêlé  à 
l'azote  primitif  et  aux  produits  volatils  de  la  combustion.  Telle  est  l'hypo- 
thèse géologique  que  M.  Vicaire  transporte  de  la  Terre  au  Soleil. 

»  Mais  d'abord  toute  hypothèse  est-elle  admissibler  N'y  a-t-il,  dans  cet 
ordre  de  questions,  aucune  limite  imposée  d'avance  à  notre  imagination? 
De  telles  limites  existent  :  l'état  actuel  du  Soleil  est  lié  à  ses  états  antérieurs; 
or  ceux-ci  ne  nous  échappent  pas  tout  à  fait,  car  la  formation  nullement 
arbitraire  des  planètes  de  notre  petit  monde  nous  donne  sur  eux  quelque 
prise,  et  lorsque  l'on  considère,  avec  Laplace  et  tous  les  astronomes  mo- 
dernes, les  divers  membres  de  notre  système  comme  des  dérivés  successifs 
de  la  masse  solaire  primitivement  répandue  dans  l'espace,  il  est  évident 
qu'il  n'y  a  plus  place  pour  l'bypolhése  de  M.  Vicaire.  La  formation  dans 
l'espace  d'un  amas  quelconque  de  matériaux  se  réunissant  de  loin  vers  un 
centre  commun  ne  peut  avoir  lieu  sans  production  de  chaleur.  Celte  cha- 
leur peut  être  assez  élevée  pour  faire  longtemps  obstacle  aux  actions  chi- 
miques, mais  il  est  impossible  de  concevoir  que,  à  l'époque  du  refroidisse- 
ment, ces  actions  chimiques  ne  se  soient  pas  donné  carrière, qu'elles  aient  été 
conqilaisamment  suspendues  de  manière  à  laisser  s'opérer  la  séparation 
absolue  que  M.  Vicaire  suppose  entre  les  matériaux  comburants  et  les 
combustibles  :  d'une  part,  les  métaux  oxydables  même  à  froid  et  les  com- 
posés organo-métalliques  dont  la  préparation  ne  peut  se  faire,  dans  nos 
laboratoires,  qu'à  l'abri  de  l'air;  de  l'autre,  un  vaste  réservoir  d'oxygène 
libre  destiné  à  entrer  en  action  seulement  à  un  moment  donné.  Le  point 
de  départ  de  l'auteur  est  donc  un  état  de  choses  qui  ne  se  rattache  à  rien, 
une  hypothèse  dont  l'acceptation  entraînerait  le  rejet  des  plus  belles  con- 
ceptions de  la  science  moderne. 

»  Cette  condition,  que  je  viens  de  poser,  de  prendre  au  moins  pour 
point  de  départ  de  la  phase  solaire  actuelle  un  état  compatible  avec  la 
succession  des  pliénomènes  antérieurs,  était  inconnue  du  temps  de  Wilson 
et  d'Herschel  I  ;  il  leur  était  permis,  à  ce  point  de  vue,  d'adopter  une  hypo- 
thèse tout  aussi  peu  conciliable  que  celle  de  M.  Vicaire  avec  nos  idées 
actuelles;  mais,  aujourd'hui,  il  me  semble  que  cette  condition  ne  doit 
plus  être  négligée. 


(  297  ) 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  l'immense  étendue  de  l'almosphère  d'oxygène  que 
M.  Vicaire  est  obligé  d'accoupleravecson  globe  combustible  (assez  semblable 
à  celui  de  sir  Hiunpbry  Davy),  rencontre  de  sérieuses  difficidtés.  Laplace, 
après  avoir  montré  que  les  actions  mutuelles  des  couches  successives  de 
l'atmosphère  d'un  corps  céleste  tendent  à  établir  ou  à  rétablir,  entre  leurs 
mouvements  de  rotation  et  celui  du  noyau,  une  parfaite  égalité,  et  que  la 
dernière  couche  ne  saurait  dépasser  la  région  où  la  force  centrifuge  fait 
équilibre  à  la  pesanteur,  applique  ces  notions  au  Soleil  et  trouve  :  i°  que 
son  atmosphère  actuelle  est  fort  loin  de  pouvoir  atteindre  l'orbite  de 
Mercure;  i"  que  l'aplatissement  de  cette  enveloppe  nesaurait  être  moindre 
que  f,  conditions  radicalement  incompatibles  avec  l'idée  de  ceux  qui, 
connue  M.  Vicaire,  prennent  la  lumière  zodiacale  pour  l'atmosphère 
même  du  Soleil.  Afin  de  parer  à  cette  difficulté,  M.  Vicaire  admet  que  la 
rotation  de  l'atmosphère  est  en  retard  sur  celle  du  noyau,  et  que.ce  retard 
augmente  d'une  couche  à  l'autre;  toutefois,  il  n'assigne  pas  la  cause 
de  ce  retard.  Il  aura  pensé,  sans  doute,  à  l'ascension  continuelle  des 
produits  de  la  combustion,  lesquels  tendraient  à  se  diffuser  dans  Tat- 
mosphère.  Mais,  de  quelque  manière  qu'une  partie  du  noyau  s'élève  dans 
les  couches  supérieures  de  cette  énorme  enceinte,  il  y  a  là  un  travail  méca- 
nique qui  doit  coûter  de  la  chaleur;  en  d'autres  termes,  si  tous  les  produits 
de  la  combustion  devaient  être  gazeux  et  diffusés  jusqu'aux  limites  d'une 
atmosphère  de  plus  de  i  lo  millions  de  lieues  de  diamètre,  le  Soleil  n'ayant 
que  la  chaleur  de  combustion  de  ces  matériaux  risquerait  de  devenir  une 
source  de  froid.  Si,  au  contraire,  les  jjroduits  de  la  combustion  étaient 
soliiies,  l'appel  continuel  d'oxygène  qui  se  ferait  vers  le  noyau  engendre- 
rait mécaniquement  de  la  chaleur;  mais,  en  même  temps,  ce  serait  une 
accélération  angulaire  de  la  rotation  de  l'enveloppe  qui  tendrait  à  se  pro- 
duire, et  non  un  retard.  Il  me  semble  donc  bien  difficile  d'admettre  que 
M.  Vicaire  puisse  échapper  à  l'argumentation  si  nette  et  si  décisive  de 
Laplace.  Resteraient  d'ailleurs  les  difficultés  physiques  et  mécaniques  dues 
à  la  présence  de  quatre  grosses  planètes,  d'un  satellite,  de  milliers  d'essaims 
d'étoiles  filantes,  etc.,  au  cœur  de  cette  gigantesque  atmosphère  dont  le 
simple  phénomène  de  la  nuit  devrait  suffire  à  écarter  l'idée.  Ai-je  besoin 
d'ajouter  que  les  merveilleuses  découvertes  que  nous  devons  à  l'analyse 
spectrale  sur  la  constitution  de  la  chromosphère  et  de  l'auréole  des  éclijjses 
seraient  bien  difficiles  à  concilier  avec  celte  hypothèse. 

»  Mais  laissons  cette  discussion  préalable  de  l'hypothèse,  et  voyons  com- 


(  298  ) 
ment  elle  s'adapte  aux  faits  principaux.  Parmi  eux,  le  premier,  le  plus 
caractéristique,  celui  doiU  il  faut  au  moins  et  avant  tout  rendre  compte, 
c'est  l'intensité  et  la  longue  durée  de  la  radiation  solaire.  S'il  s'agissait  de 
riiypothèse  géologique,  c'est-à-dire  de  la  combustion  supposée  de  la  Terre 
dans  une  atmosphère  d'oxygène,  nous  n'aurions  pas  ce  moyen  de  con- 
trôle; mais,  comme  il  est  question  du  Soleil,  il  faut  rendre  compte  de  la 
quantité  de  chalenr  bien  connue  qu'il  verse  annuellement  dans  l'espace 
et  des  milliers  d'années  pendant  lesquelles  il  a  notoirement  rayonné  avec 
cette  intensité.  La  combustion  admise  par  M.  Vicaire  peut-elle  suffire  à 
cela  ?  Le  calcul  a  été  fait  d'avance  par  sir  W.  Thompson  ;  or,  le  résultat 
n'est  pas  favorable.  Même  en  admettant  que  la  masse  entière  du  Soleil  soit 
entièrement  formée  de  charbon,  qu'on  lui  fournisse  par-dessus  le  marché 
l'énorme  quantité  d'oxygène  nécessaire  pour  la  combustion  complète,  et 
qu'on  dispose  les  choses  de  manière  que  la  radiation  reste  constante 
jusqu'au  bout,  la  chaleur  produite  ne  représenterait  pas  plus  de  quarante- 
six  siècles  d'existence  pour  le  Soleil.  En  d'autres  termes,  le  Soleil,  dans 
l'hypothèse  de  M.  Vicaire,  n'aurait  pu  suffire  à  la  courte  période  à  laquelle 
remontent  notre  histoire  et  même  quelques-uns  de  nos  monuments. 

»  C'est  donc  en  dehors  des  actions  chimiques  que  M.  Vicaire  aurait  dû 
chercher  la  cause  ou  l'origine  de  la  chaleur  solaire.  Je  pourrais  m'en  tenir 
là,  mais  M.  Vicaire,  qui  connaît  bien  les  calculs  dont  je  viens  de  rappeler 
les  résultats  écrasants,  affirme  qu'il  est  en  mesure  d'en  atténuer  la  portée; 
je  dois  donc  attendre  la  rectification  qu'il  annonce  (i)  et  poursuivre  mon 
examen. 

»  Le  second  fait,  presque  aussi  frappant  que  la  longue  durée  et  l'in- 
tensité de  la  radiation  solaire,  c'est  son  admirable  constance.  M.  Vicaire 
l'explique  par  une  comparaison  qui  serait  saisissante  de  clarté  si  elle  était 
exacte.  Il  cite  la  flamme  d'une  bougie  qui,  par  sa  propre  chaleur,  fond  et 
vaporise,  à  chaque  instant,  la  quantité  de  cire  dont  elle  a  besoin,  et  brûle 
ainsi  jusqu'au  bout  avec  une  constance  pour  ainsi  dire  spontanée.  De 
même,  sur  le  Soleil,  une  partie  de  la  chaleur,  développée  par  combustion. 


(i)  On  peut,  en  effet,  contester  ce  calcul,  mais  c'est  seulement,  ce  me  semble,  en  ce  qu'il 
fait  la  part  trop  belle  à  riiypotlièsc  delà  combustion.  L'oxj'gène,  par  exemple,  ne  doit  pas 
être  fourni  gratuitement  ;  sa  masse  doit  faire  partie  de  celle  ilu  Soleil,  et  comme  pour 
6  parties  de  charbon  il  en  faut  i6  d'oxygène,  ces  quarante-six  siècles  de  durée  devraient 
être  réduits  dans  le  rapport  tle  22  à  6,  c'est-à-dire  à  moins  de  i3oo  ans. 


(  299  ) 
eiilreliendrait  la  vaporisation  superficielle  ciu  noyau  liquide,  el  celle-ci  à 
son  tour  alimenterait  régulièrement  la  combustion  de  la  photosphère, 
orcâce  à  l'inépuisable  oxygène  de  l'enveloppe  gazeuse.  Mais,  pour  la  bou- 
gie, les  produits  de  la  combustion  s'échappent  au  loin  dans  l'atmosphère, 
qui  reste  ainsi  dans  une  même  condition  autour  de  la  flamme;  la  surface 
libre  de  la  bougie  fon^hie  reste  inaltérée,  puisqu'elle  ne  reçoit  aucun  résidu 
solide.  Sur  le  Soleil,  au  contraire,  les  produits  solides  de  la  combustion, 
les  oxydes  terreux  ou  métalliques,  incessamment  formés  dans  la  photo- 
sphère, retombent  incessaiument  en  poussière  sur  la  nappe  d'alimentation, 
tandis  que  les  produits  gazeux  vicient  progressivement  l'atmosphère  com- 
burante. Un  soleil  ainsi  constitué  ne  larderait  pas  à  s'encroûter  et  à 
s'éteindre  au  lieu  d'éclairer  et  d'échauffer  notre  Terre  pendant  les  immenses 
périodes  dont  on  est  loin  encore  de  pouvoir  assigner  la  fin.  Ce  mode  de 
combustion  est  par  lui-même  si  peu  stable,  qu'il  y  a  deux  manières  pour 
lui  de  finir  brusquement  (comme  une  bougie  qu'on  souffle),  soit  par  l'em- 
pâtement de  la  surface  du  noyau,  soit  par  une  simple  altération  momen- 
tanée de  l'atmosphère  oxydante  dans  la  couche  la  plus  basse. 

))  Viennent  ensuite  les  détails  familiers,  taches,  facules  et  protubé- 
rances. M.  Vicaire  les  explique  tons  en  quelques  mots,  en  admettant  que  les 
produits  solides  de  la  combustion  métallique  se  forment  en  nappes  ou  en 
blocs  de  scories  dans  la  photosphère,  et  retombent  ensuite  çà  et  là  avec 
plus  ou  moins  de  force  sur  le  noyau  liquide.  Selon  la  densité  et  l'étendue 
de  ces  nappes  de  scories,  le  choc  produira  tels  ou  tels  effets:  ici  une  tache, 
ailleurs  une  protubérance,  plus  loin  une  facule.  Ces  blocs  sont  fort  com- 
modes; mais  il  est  difficile  de  se  rendre  compte  de  leur  formation.  Je 
comprends  bien  que  le  calcium,  le  magnésium,  etc.,  en  brûlant,  donnent 
lieu  à  des  oxydes  pulvérulents  et  légers,  qui  retomberont  sur  le  noyau; 
mais  que  cette  poussière  s'agglomère  en  l'air  dans  la  flamme  même  où  elle 
se  forme,  el  reste  suspendue  ainsi  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  acquis  une  consis- 
tance, une  densité  et  un  volume  capables  de  faire  l'effet  voulu,  de  cho- 
quer violemment  et  même  de  plonger  tout  à  coup  dans  la  masse  métallique 
intérieure,  de  manière  à  produire  le  rejaillissement  du  liquide  lui-même, 
je  ne  le  comprends  pas,  et,  dussé-je  même  parvenir  à  m'en  rendre  compte, 
il  me  resterait  à  comprendre  conunent  ces  chutes  de  scories  incandescentes 
produiraient  indistinctement  des  taches  ou  des  facules,  du  noir  ou  du 
blanc  éclatant.  Des  astronomes  avaient  bien  pensé  à  des  scories  pour 
expliquer  les  taches;  mais  ces  scories  étaient  censées  se  former  par  refroi- 
dissement à  la  surface  même  du   noyau   liquide  du  Soleil;  ou  n'avait  pas 


(  3oo  ) 

eu  l'idée  de  les  faire  tomber  incandescentes  de  600  à  700  lieues  de  hau- 
teur. 

»  Et  notez  bien  que  ces  scories  ne  devraient  pas  être  de  minces  pelli- 
cules, mais  des  nappes  énormes  d'une  grande  rigidilé,  capables  de  ré- 
sister des  mois  entiers  au  bouillonnement  d'un  océan  métallique  en  fusion, 
d'intercepter  les  vapeurs  qui  voudraient  franchir  l'obstacle  et  de  les  for- 
cer à  sortir  au  loin,  par-dessous  les  bords;  autrement  nous  n'aurions  pas 
de  pénombres.  A  peine  est-il  nécessaire  de  dire  qu'avec  tous  ces  artifices 
les  pénombres  ne  viennent  pas;  et  cela  me  fait  penser  que  j'ai  eu  bien  tort 
de  ne  pas  publier  ime  coupe  verticale  d'une  tache  solaire,  avec  le  soin 
de  conserver  en  hauteur  aussi  bien  qu'en  largeur  la  même  échelle;  peut- 
élre  le  seul  aspect  d'un  dessin  véritable,  bien  différent  des  dessins  de  fan- 
taisie qu'on  trouve  dans  les  livres,  et  qui  font  ressembler  les  taches  à 
des  sortes  de  trous  de  loup,  aurait-il  suffi  pour  détromper  mon  savant  ad- 
versaire. 

))  Quant  aux  lois  du  mouvement  de  ces  taches,  je  n'ai  pu  bien  com- 
prendre M.  Vicaire  ;  en  le  critiquant,  je  m'exposerais  à  dénaturer  sa  pensée, 
encore  très-obscure  pour  moi,  car  c'est  du  mouvement  en  arrière  de  son 
atmosphère  qu'il  fait  dériver  le  mouvement  en  avant  de  ses  scories  flottant, 
comme  celles  de  MM.  Gauthier  et  Zollner,  sur  sa  mer  liquéfiée.  Je  suis 
frappé  néanmoins  de  la  manière  dont  on  traite  ces  lois.  Nous  avions 
tous  trouvé  (je  dis  MM.  Carrington,  Peters,  Spœrer,  Zœllner,  etc.,  et 
moi)  que  le  mouvement  principal  en  longitude  était  fonction  de  la  latitude 
seulement;  M.  Vicaire  affirme,  sans  même  regarder  les  observations,  qu'il 
doit  dépendre  en  outre  du  nombre  des  taches  actuellement  existant  sur 
le  parallèle  considéré.  Il  affirme  pareillement  que  les  taches  sont  entraî- 
nées d'un  mouvement  commun  vers  l'équateur.  Si,  au  lieu  de  se  construire 
de  toutes  pièces  un  soleil  à  lui,  M.  Vicaire  voulait  bien  consulter  les  ob- 
servations astronomiques,  il  verrait  que  ce  mouvement  d'ensemble  des 
taches  vers  l'équateur  n'est  pas  plus  sensible  que  l'influence  du  nombre 
des  taches. 

))  Voici  la  conclusion  de  ce  rapide  examen.  Bien  que  M.  Vicaire  ait  par- 
faitement compris  le  problème  dans  toute  son  étendue,  ce  qui  n'est  pas  un 
mince  mérite,  il  ne  l'a  pas  résolu  et  n'a  même  pas,  à  mon  avis,  rendu 
compte  d'un  seul  phénomène  solaire.  Cet  insuccès  ne  paraîtra  pas  étou' 
nant,  si  l'on  songe  au  mode  de  procéder  de  l'auteur  :  loin  de  déduire  ses 
idées  des  faits  observés,  il  s'est  efforcé,  au  contraire,  de  plier  les  faits  à  un 
idée  préconçue.  Que  l'on  consulte  l'histoire  des  sciences,  et  l'on  verra 


(3oi   ) 
cette  méthode  aboutir  invariablement  au  même  résultat.  Je  vais  réunir  ici, 
pour  ne  pas  sortir  de  mon  sujet,  les  diverses  hypothèses  qui  ont  été  pro- 
posées sur  le  Soleil  : 

»  I"  Les  uns  nous  disent  que  le  Soleil  est  un  corps  obscur  et  froid,  entouré  de  minces 
couches  gazeuses  où  certaines  forces  physiques  (que  rien  n'alimente  )  développent  incessam- 
ment de  la  lumière  et  do  la  chaleur.  Des  éruptions  gazeuses  partent  du  noyau  solide 
et  forment  les  taches.  Cette  hypothèse  a  régné  jusque  dans  ces  derniers  temijs,  bien  que 
ce  soit  un  cas  des  mieux  caractérisés  de  mouvement  perpétuel. 

»  2"  Les  autres  affirment  que  le  Soleil  est  un  globe  liquide  incandescent,  sur  lequel  ap- 
paraissent des  scories,  comme  sur  un  bain  de  métal  en  fusion.  Il  serait  diflicile  de  dire 
comment  un  pareil  globe  ne  s'encroûte  pas. 

»  3"  D'autres  croient  que  le  Soleil  est  une  masse  gazeuse  portée  à  une  température  de 
plusieurs  millions  de  degrés,  et  continuellement  agitée  par  des  éruptions  plus  ou  moins 
volcaniques.  Les  taches  sont  dues  à  ces  éruptions  directement  (Tacchini)  ou  indirectement 
à  leurs  déjections  (Seccbi).  Que  peuvent  être  des  éruptions  au  sein  d'une  masse  gazeuse? 

•>  4°  D'autres  prétendent  que,  sauf  la  température,  le  Soleil  est  fait  comme  la  Terre;  que 
du  moins  il  a  une  atmosphère  comme  la  nôtre,  des  vents  alises  comme  les  nôtres,  des  tem- 
pêtes même  et  surtout  des  nuages  comme  les  nôtres,  voire  même  des  nuages  superposés. 

»  5°  D'autres  affirment  que  le  Soleil  a  la  sensibilité,  l'impressionnabilité  des  matières 
explosives,  en  sorte  que  les  plus  minces  actions,  telles  que  celles  des  planètes,  Jupiter,  la 
Terre  et  Vénus,  peuvent  y  déterminer  les  grands  phénomènes  que  sa  surface  nous  présente. 

»  6"  D'après  sir  J.  Herschel,  le  noyau  solide  et  froid  est  surmonté  de  plusieurs  enve- 
loppes gazeuses.  Dans  l'enveloppe  extérieure,  sous  l'influence  de  vents  alises,  se  forment  des 
tourbillons  qui  pénètrent  parfois  dans  les  enveloppes  intérieures,  c'est-à-dire  dans  la  photo- 
sphère et  dans  la  région  des  pénombres.  Tentative  scientifique  stérilisée  par  l'admission  d'hy- 
pothèses impossibles. 

»  ']"  D'après  R.  Mayer  et  M.  Waterston,  le  Soleil  serait  un  corps  échauffé  par  le  choc 
incessant  des  aérolithes  qui  tombent  à  sa  surface  :  germe  d'une  grande  idée  stérilisée  par 
l'abus  de  l'hypothèse. 

»  8°  Enfin  M.  Vicaire  nous  propose  de  considérer  le  Soleil  comme  un  corps  combustible 
qui  brûle,  depuis  un  certain  temps,  dans  une  atmosphère  oxydante. 

»  Pour  moi,  j'ai  essayé  de  me  passer  d'hypothèses.  J'ai  tout  simplement 
étudié  les  mouvements  des  taches  dans  la  collection  des  observations  et  des 
mesures  anglaises.  L'Académie  se  rappellera  que,  pendant  plusieurs  années, 
je  lui  en  ai  apporté  les  lois  l'une  après  l'autre.  Puis  j'ai  tâché  d'en  déduire 
quelque  chose  sur  la  constitution  du  Soleil.  Je  comprends  que  ces  travaux 
pénibles  ne  satisfassent  pas  les  esprits  très-nombreux  qui,  sans  se  soucier 
beaucoup  des  observations  et  des  mesures,  veulent,  d'un  bond  de  leur  ima- 
gination, résoudre  la  question;  mais  je  persiste  à  croire  que  j'ai  suivi  la 
bonne  voie. L'autre  a  toujours  été  stérile;  nous  venons  de  le  constater  [)our 
la  huitième  fois  sur  le  même  problème.  » 

C.  R,,  1873,  3»  Semestre.  (T.  LXXVll,  N"  S.)  4° 


(    302    ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  détermination  des  longueurs  d'onde  des  rayons  de  ta 
partie  infra-rouge  du  spectre,  au  inoyen  des  ejfets  de  phosphorescence. 
Note  de  M.  Edm.  Becquerel. 

((  L'étude  des  parties  infra-rouges  et  ultra-violettes  du  spectre,  dont  je 
m'occupe  depuis  longlemps,  exige  l'emploi  d'une  méthode  simple  pour  la 
comparaison  des  longueurs  d'onde  des  différents  rayons,  et  pouvant  per- 
mettre en  même  temps  d'agir  avec  des  rayons  d'une  certaine  intensité. 
Les  images  spectrales  données  par  les  réseaux  et  conduisant  à  la  mesure 
des  longueurs  d'onde  des  rayons  lumineux  n'ont  pas  une  intensité  suffi- 
sante pour  que  certains  effets  chin)iques  et  phosphorogéniques  puissent 
éire  observés;  d'un  autre  côté,  la  diffusion  latérale,  qui  a  lieu,  lors  des 
effets  de  phosphorescence,  sur  les  matières  elles-mêmes,  fait  que  les  bandes 
ou  raies  obscures  larges  peuvent  seules  être  distinguées. 

»  On  peut  alors  avoir  recoiu-s  aux  effets  d'interférence  des  lames  min- 
ces, donnant  des  spectres  cannelés  que  MM.  Fizeau  et  Foucault  ont  obser- 
vés, et  qui  ont  permis  à  M.  Fizeau  de  mesurer  les  longueurs  d'onde  de  la 
partie  calorifique  infra-rouge  au  moyen  d'appareils  thermométriques. 

»  Si  l'on  place,  en  effet,  une  lame  mince,  de  mica  parexemple,  en  avant 
de  la  fente  étroite  du  volet  d'une  chambre  noire,  par  où  pénètre  le  faisceau 
de  rayons  solaires  réfléchis  par  un  héliostat,  on  sait  que  l'on  voit  appa- 
raître dans  l'image  spectrale  des  bandes  d'interférence  plus  ou  moins 
nombreuses,  suivant  l'épaisseur  et  la  nature  de  la  lame.  Leur  nombre, 
entre  deux  limites  déterminées  de  réfrangibilité,  par  exemple  entre  deux 
lignes  noires  du  spectre  solaire,  est  lié  aux  longueurs  d'onde  des  rayons 
correspondants. 

»  Les  bandes  vues  de  cette  manière  sont  faibles,  car  les  deux  faisceaux 
lumineux  transmis,  l'un  direct,  l'autre  après  deux  réflexions,  ont  des  in- 
tensités très-inégales;  elles  apparaissent  seulement  sur  l'image  spectrale; 
mais,  si  les  bandes  sont  obtenues  par  réflexion,  en  substituant  à  la  glace 
métallique  de  l'héliostat  la  lame  de  mica  simplement  posée  sur  un  carton 
plan  ou  sur  une  surface  plane  non  réfléchissante,  les  faisceaux  de  rayons 
réfléchis  sur  les  deux  surfaces  de  cette  lame  ont  des  intensités  comparables, 
et  les  bandes  sont  alternativement  lumineuses  et  obscures.  Le  phénomène 
est  alors  très-net,  et  l'image  du  spectre,  traversée  par  les  bandes,  est  assez 
vive.  Avec  un  spectroscope,  les  effets  sont  également  très-brillants. 

»  11  serait  bon,  pour  observer  ces  franges  avec  toute  leur  intensité,  que 
les  surfaces  de  la  lame  de  mica  fussent  parfaitement  planes;  mais,  si  l'épais- 


(  3o3  ) 
seiir  de  cette  lame  est  partout  la  même,  on  les  observe  encore  en  même 
temps  que  les  raies  du  spectre,  sans  cette  condition,  quoique  moins  vive- 
ment; car,  si  les  rayons  solaires  réfléchis  cessent  d'être  parallèles,  ce  dé- 
faut de  parallélisme  est  corrigé  par  le  collimateur  du  spectroscope  ou  du 
système  de  projection  avec  lequel  on  étudie  le  spectre.  Néanmoins  il  faut 
prendre  les  précautions  nécessaires  pour  que  les  lames  minces  soient  aussi 
planes  que  possible. 

»  Une  lame  de  mica  qui  pesait  5  décigrammes  par  décimètre  carré,  et 
dont  l'épaisseur  était,  par  conséquent,  inférieure  à  -—^  de  millimètre,  a 
donné,  d'après  la  première  disposition  expérimentale  indiquée  plus  haut, 
1 1  ^  franges  environ  comprises  entre  les  lignes  B  et  D  du  spectre  solaire. 
Une  lame  plus  épaisse  et  correspondant  à  l'épaisseur  dite  |  d'onde  en  a 
donné  35  entre  les  mêmes  limites;  mais,  pour  les  phénomènes  de  phos- 
phorescence et  en  raison  de  la  diffusion  latérale,  il  faut  que  leur  nombre 
soit  bien  moindre  et  que,  par  conséquent,  l'épaisseur  du  mica  ne  dépasse 
pas  et  même  soit  inférieure  à  -~)  ^'^  millimètre.  Je  n'indiquerai  pas  ici 
l'expression  qui  lie  les  longueurs  d'onde  avec  le  nombre  de  franges,  me 
réservant  de  donner  des  détails  sur  ces  mesures  dans  le  Mémoire  relatif  à 
ce  sujet. 

»  Le  mica  est  jusqu'ici  la  substance  qui  m'a  le  mieux  réussi  pour  l'em- 
ploi des  effets  de  ce  genre  dans  les  phénomènes  de  phosphorescence.  S'il 
s'agit  de  la  partie  ultra-violetle  du  spectre,  le  mode  d'expérimentation  est 
très-simple,  et  il  suffit  do  soumettre  à  l'influence  du  spectre,  ainsi  traver.sé 
par  des  bandes  d'interférence,  des  surfaces  enduites  de  matières  phospho- 
rescentes préalablement  pulvérisées;  les  parties  inégalement  actives  de 
l'image  spectrale  se  dessinent  alors  nettement. 

»  Mais,  dans  la  région  infra-rouge,  où  le  rayonnement  agit  d'une 
manière  spéciale  et  en  apparence  inverse  de  celle  de  la  région  violette, 
ainsi  que  je  l'ai  montré  antérieurement  (i),  les  effets  sont  beaucoup  plus 
difficiles  à  distinguer.  Dans  ce  cas,  comme  les  franges  se  rapprochent 
d'autant  plus  les  unes  des  autres  que  l'on  considère  des  rayons  moins 
réfrangibles,  c'est-à-dire  que  la  longueur  d'onde  croît  plus  vite,  il  est 
nécessaire  d'avoir  des  lames  de  mica  extrêmement  minces,  sans  quoi,  en 
raison  de  l'empiétement  des  effets  de  phosphorescence,  on  ne  pourrait  pas 
les  distinguer.  En  outre,  il  faut  faire  usage  de  corps,  comme  la  blende  hexa- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  994,  1869,  et  liuM.  Becquerel,  la  Lumière,  ses  causes 
et  ses  effets,  l.  I",  i>.  i44- 

40.. 


(  3o4) 

gonale,  dont  la  phosphorescence  n'a  pas  une  très-longue  durée,  mais  offre 
une  grande  vivacité. 

»  Je  ne  suis  pas  en  mesure  d'indiquer  aujourd'hui  les  longueurs  d'onde 
correspondant  à  quelques  bandes  que  j'ai  observées  dans  la  partie  infra- 
rouge en  employant  la  méthode  dont  j'ai  exposé  antérieurement  le  prin- 
cipe (i),  car  l'étude  de  cette  question  n'est  pas  terminée;  mais  les  lon- 
gueurs d'onde  des  parties  explorées  dépassent  le  double  de  celles  des  rayons 
extrêmes  rouges.  J'ai  voulu  seulement  indiquer  le  mode  d'expérimentation 
employé  dans  ces  recherches.  Je  dois  signaler  cependant  l'observation  d'une 
très-large  binde  dans  i'infra-rouge,  qui  concorde,  comme  position  et  lon- 
gueur d'onde,  avec  la  bande  observée  par  M.  Fizeau  à  l'aide  des  effets  calo- 
rifiques, preuve  de  l'identité  des  différents  effets  produits  par  les  mêmes 
parties  du  spectre. 

»  On  sait  que  certaines  actions  chimiques  se  produisent  en  dehors  de 
l'extrémité  rouge  du  spectre  solaire  ;  avec  les  composés  d'argent  qui  mani- 
festent nettement  cette  prolongation,  sous-chlorure  d'argent,  iodure  et 
bromure  (2),  on  ne  dépasse  pas  beaucoup  cette  limite,  de  sorte  que  l'on 
ne  pourrait  pas  aller  loin  dans  I'infra-rouge  par  l'observation  de  ces  effets, 
comme  on  peut  le  faire  au  moyen  de  la  phosphorescence.  » 


(i)  Comptes  rendus,  t.  LXIX,  p.  999. 

(2)  J'ai  montré  que  l'iodure  d'argent  préalablement  impressionné  devient  sensible  à  l'ac- 
tion des  rayons  jaunes  et  rouges  et  même  des  rayons  un  peu  moins  réfrangibles  que  les 
rayons  rouges  [la  Lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  t.  II,  p.  gi),  et  que,  sur  une  plaque 
daguerrienne,  il  n'est  pas  nécessaire  de  l'intervention  de  la  vapeur  de  mercure  pour  faire 
apparaître  l'image  due  à  cette  action  continuatrice,  se  dessinant  en  blanc  sur  le  fond  bruni 
de  la  plaque.  Lorsque  les  lames  de  plaqué  d'argent  simplement  ioduiées,  ainsi  que  celles 
rendues  plus  sensibles  par  le  brome  et  préalablement  impressionnées,  sont  exposées  à  l'ac- 
tion du  spectre  solaire,  l'influence  continuatrice  de  la  partie  rouge  s'exerce;  mais,  d'après 
la  manière  dont  la  vapeur  de  mercure  se  fixe,  lextrémitc  de  cette  partie  du  spectre  mani- 
feste une  action  chimique  inverse  ou  destructive  des  ])remiers  effets.  J'ai  reconnu  depuis 
que,  si  l'impression  préalable  de  la  couche  iodurée  simple  ou  iodurée  et  bromurée  est  suf- 
fisante, et  (jue  l'action  spectrale  soit  très-prolongée,  cette  action  inverse  à  l'extrémité  rouge 
n'est  plus  sensiblement  apparente,  soit  sans  l'action  de  la  vapeur  mercurielle,  soit  sous  son 
influence;  en  outre,  si  l'on  n'a  pas  recours  à  la  vapeur  mercurielle,  et  que  l'on  se  borne 
à  prolonger  beaucoup  l'action  d'un  spectre  très-intense  sur  une  lame  d'argent  iodée  et 
bromée  et  suflisamment  insolée,  on  voit  également  apparaître  en  clair,  sur  le  fond  bruni  de 
la  plaque,  la  partie  comprise  entre  les  lignes  F  et  A  et  s'étendant  même  un  peu  au  delà  de  A. 


(  3o5  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  rôle  des  armatures  appliquées  aux Jaisceaux  magnétiques. 

Note  de  M.  J.  Jamin. 

«  Dans  mes  précédentes  Communications,  j'ai  insisté  sur  l'utilité  des 
armatures;  le  progrès  de  mes  recherches  me  permet  d'ajouter  aujourd'hui 
de  nouvelles  explications  sur  ce  sujet. 

»  I.  Je  rappellerai  d'abord  que,  si  l'on  superpose  plusieurs  lames  aiman- 
tées, elles  réagissent  l'une  sur  l'autre,  chacune  détruisant,  en  partie,  le 
magnétisme  de  sa  voisine,  de  sorte  que  la  force  portative  du  faisceau  est 
moindre  que  la  somme  des  forces  de  chaque  lame  considérée  isolément. 
Je  vais  citer  un  exemple. 

»  J'ai  pris  six  lames  provenant  d'une  machine  de  la  Compagnie  Vj4lliance. 
Elles  formaient  à  l'origine  un  faisceau  plus  que  médiocre  ;  mais,  les  ayant 
retrempées  à  une  température  convenable,  suivant  les  principes  que  j'ai 
posés  dans  ma  dernière  Communication,  j'ai  réussi  à  les  rendre  excel- 
lentes; chacune,  pesant  3  kilogrammes,  supporte  maintenant  i8  kilo- 
grammes en  moyenne,  ce  qui  est  à  peu  près  le  taux  des  meilleurs 
aimants. 

))  Mais,  quand  on  les  superpose  en  un  faisceau  unique,  au  lieu  de  1 08  ki- 
logrammes qu'elles  porteraient,  si  elles  ajoutaient  leur  puissance,  on  trouve 
qu'elles  n'en  soutiennent  que  64  :  chacune  d'elles  a  donc  subi  un  affaiblis- 
sement. On  en  trouve  d'ailleurs  la  preuve  irrécusable  en  démontant  le  fais- 
ceau et  en  constatant  que  chaque  lame  porte  à  peine  9  ou  10  kilogrammes 
au  lieu  des  18  qui  étaient  sa  force  avant  la  superposition. 

»  On  arrive  à  la  même  conclusion  en  étudiant,  au  lieu  de  la  force  porta- 
tive, le  poids  d'arrachement  d'un  petit  contact  d'épreuve,  de  longueur  indé- 
finie et  de  I  millimètre  de  section. 

Ce  poids  est  de  160  grammes  à  l'extrémité  de  chaque  lame  isolée;  il  aug- 
mente beaucoup  pour  deux  lames,  très-peu  pour  trois;  il  est  alors  égal  à 
7.^0  grammes,  et  reste  fixe  à  cette  limite  quand  on  emploie  4?  5  ou  6  élé- 
ments. Si  ensuite  on  les  sépare,  la  force  de  chacun  de  ces  éléments  est  ré- 
duite à  60  grammes  environ. 

Il  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  doute  théorique  ou  expérimental  sur  ce 
point  que,  par  leur  voisinage,  les  lames  magnétiques  s'affaiblissent  et  que 
la  puissance  du  faisceau  n'est  pas  égale  à  la  somme  des  forces  de  ses  élé- 
ments. 

»  II.  J'ai  fait  connaître  un  moyen  d'empêcher,  pour  un  temps,  cette 
réaction  de  se  taire  et  cet  affaiblissement  de  se  produire.  Ce  moyen  consiste 


(  3o6  ) 

à  aimanter  séparément  chaque  lame,  à  lui  appliquer  ensuite  un  contact 
bien  ajusté,  de  même  épaisseur  qu'elle,  ce  qui  la  neutralise,  à  superposer 
lames  et  contacts  et  à  fixer  par  des  écrous  les  aimants  entre  eux  et  les 
contacts  entre  eux.  Ces  opérations  ne  détruisent  en  rien  la  neutralité  des 
éléments,  mais  empêchent  leur  réaction;  aussi,  pour  arracher  l'ensemble 
des  contacts,  a-t-il  fallu  un  poids  égal  à  ii5  kilogrammes,  un  peu  supé- 
rieur à  la  somme  io8  des  forces  individuelles. 

»  Seulement,  aussitôt  que  ces  contacts  ont  été  arrachés,  les  lames  cessent 
d'être  neutralisées,  leur  magnétisme  reparaît;  elles  réagissent  entre  elles  et 
s'affaiblissent  comme  dans  le  cas  précédent.  La  force  portative  de  chacune 
baisse  à  9  ou  lo  kilogrammes,  et  la  force  portative  totale  à  64  kilogrammes; 
de  là,  la  distinction  que  j'ai  établie  entre  la  force  de  premier  arrachement  F, 
qui  est  égale  à  la  somme  des  forces  de  chaque  lame  aimantée  à  saturation, 
et  la  force  d'arrachement  permanente  f^  qui  est  égale  à  la  somme  des  forces 
de  chaque  lame  après  qu'elle  a  été  affaiblie  par  l'action  de  ses  voisines.  On 
peut  d'ailleurs  reproduire  à  volontéces  deux  aimantations,  au  moyen  d'une 
forte  spirale  enveloppant  les  deux  branches  de  l'aimant;  on  obtient  l'ai- 
mantation maximum  F  si  un  contact  est  appliqué,  et  l'aimantation  per- 
manentey  s'il  n'y  en  a  pas. 

»  F  est  toujours  plus  grande  quey.  Dans  l'exemple  précédent,  elle  est 
deux  fois  plus  grande,  et  la  différence  entre  F  et^^augmente  avec  le  nombre 
des  lames.  F  est  la  limite  extrême  de  la  force  portative  ;  mais  elle  est  inutile, 
parce  qu'elle  est  transitoire;  au  contraire,  ^  est  la  force  utilisable;  elle 
pourrait,  d'autre  part,  être  augmentée  et  deviendrait  égale  à  F  si  l'on  pouvait 
supprimer  la  réaction  des  lames;  dans  ce  cas,  la  puissance  utile  de  l'aimant 
serait  au  moins  doublée  ;  or,  on  le  peut,  au  moyen  d'armatures  convenables, 
comme  je  vais  le  montrer. 

»  m.  J'ai  réaimanté  individuellement  les  six  lames  dont  j'ai  parlé  plus 
haut,  et,  après  leur  avoir  ap|.liqué  des  contacts,  je  les  ai  superposées  comme 
précédemment,  mais  avec  cette  différence  que  j'ai  inséré,  entre  les  trois 
premières  et  les  trois  dernières  lames,  deux  armatures  formées  par  des 
plaques  de  fer  pesant  i''^,8,  présentant  deux  surfaces  polaires,  un  peu  en 
saillie  sur  l'aimant  et  auxquelles  j'ai  appliqué  un  fort  contact.  A  ce  moment 
l'aimant  était  parfaitement  neutralisé.  J'ai  enlevé  ensuite,  peu  à  peu,  tous  les 
contacts individuelsdes  lames,  ne  laissant  que  celui  des  armatures.  Celui-ci 
a  exigé  ensuite,  pour  être  arraché,  une  force  de  107  kilogrammes  :  c'est  la 
force  de  premier  arrachement  F  déjà  mesurée.  Après  ce  premier  arrache- 
ment, on  replaça  le  contact,  on  le  sépara  de  nouveau  plusieurs  fois  de 


(  3o7  ) 
suite,  ce  qui  donna  la  force  permanentey;  elle  se  fixa  à  82  kilogrammes, 
nombre  inférieur  à   107,  mais  supérieur  à  G4,  qui  était  la  vajeiu'  àej  sans 
armatures;  il  y  avait  donc  encore  une  diminution,  mais  elle  n'était  plus 
aussi  grande. 

»  Il  est  facile  de  se  rendre  compte  de  cet  effet.  Tout  morceau  de  fer  mis 
à  l'extrémité  d'un  aimant  lui  prend  une  partie  de  son  magnétisme  et 
diminue  son  intensité.  Les  lames,  par  l'effet  de  l'armature,  sont  donc  moins 
chargées  et,  par  suite,  réagissent  moins  l'une  sur  l'autre.  Si  cela  est,  l'effet 
de  l'armature  doit  augmenter  avec  la  masse. 

»  Pour  le  prouver,  j'ai  recommencé  l'épreuve  avec  des  lames  de  fer,  de 
40  centimèlresde  longueur,  qui  pesaient  3  kilogrannnes  chacune  et  qu'on 
intercala  à  la  place  des  précédentes,  au  milieu  du  faisceau,  en  prenant  les 
mêmes  précautions.  Cette  fois,  les  forces  d'arrachement  transitoire  et  per- 
manente F  et/ ont  été  trouvées  égales  à  io3  kilogrammes,  et,  à  98  kilo- 
grammes, elles  sont  devenues  sensiblement  égaies  entre  elles  :  l'effet  de 
l'armature  a  donc  été  de  doubler  à  |)eu  près  la  force  utilisable  de  l'ai- 
mant. A  la  vérité  il  a  fallu,  pour  cela,  y  ajouter  6  kilogrammes  de  fer, 
c'est-à-dire  le  tiers  de  son  poids. 

»  Il  est  facile  de  montrer  par  une  épreuve  inverse  que  les  armatures  ont 
eu  pour  effet  de  conserver  à  chaque  lame  le  magnétisme  qu'elles  avaient 
reçu  avant  la  superposition.  A  cet  effet,  on  replace  les  contacts  sur  chacune 
d'elles,  puis  on  les  sépare  après  les  avoir  ainsi  neutralisés  séparément.  Les 
contacts  étant  ensuite  enlevés,  on  a  mesuré  les  forces  portatives  et  observé 
avec  le  petit  contact  d'épreuve  le  poids  d'arrachement  à  l'extrémité.  Voici 
le  tableau  des  résultats,  quand  le  faisceau  avait  été  monté,  avec  ou  sans  les 
armatures. 

Après  la  séparation  d'un  faisceau  formé  de  six  lames. 

Après  

raimantation 
individuelle. 

Force  d'arrachement 160" 

Force  portative i8 

Force  portative  totale  F . .  .  » 

»  Si  l'on  commençait  par  superposer  les  lames  pour  leur  appliquer  en- 
suitedes  armatures,  elles  commenceraient  par  réagir  l'une  sur  l'autre  et  par 
s'affaiblir  sans  que  l'armatiue  puisse  après  coup  reproduire  le  magnétisme 
perdu.  Loin  de  là,  elles  se  dissémineraient  et  ne  feraient  que  l'athiiblir.  H 


sans 

avec  l'armature             avecl'arraatui 

armatures. 

dei^SiS.                          dei^S. 

eo»"- 

8^^'                       i6o8-' 

9 

12                           18 

Avant  1 

a  séparation  du  faisceau. 

iiSi-E 

107'":                              io3''e 

64 

82                                   98 

(  3o8  ) 

faut  noter,  (l'ailleiirs,  que,  mises  avec  les  précautions  que  nous  avons  indi- 
quées, les  armatures  n'ont  jamais  pour  effet  d'augmenter  l'intensité  magné- 
tique telle  que  la  mesure  le  contact  d'épreuves;  au  contraire,  elles  tendent 
à  l'affaiblir  ;  leur  rôle  est  d'offrir  un  espace  où  s'accumule  et  se  garde  le 
magnétisme  qui  serait  détruit  si  elles  n'existaient  pas,  par  suite  des  réac- 
tions qu'exercent  entre  eux  les  éléments  du  faisceau.  » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  les  déplacements  réciproques  entre  les  hjdracides; 

par  M.  Berthelot. 

«  On  sait  que  les  déplacements  réciproques  entre  les  hydracides  sont 
le  plus  souvent  inverses  de  ceux  des  métalloïdes  correspondants.  Tandis 
que  le  chlore  déplace  dans  les  bromures  le  brome,  qui  déplace  à  son  tour 
l'iode  dans  les  iodures,  solubles  ou  insolubles,  l'acide  bromhydrique,  au 
contraire,  décompose  le  chlorure  d'argent  et  les  chlorures  alcalins;  l'acide 
iodhydrique  décompose  de  même  les  chlorures  et  les  bromures  d'argent 
et  de  métaux  alcalins.  Opposition  semblable  entre  l'oxygène  et  le  soufre  : 
le  premier  déplaçant  le  second  dans  un  grand  nombre  de  combinaisons, 
tandis  que  l'hydrogène  sulfuré  change  en  sulfures  les  oxydes  métalliques. 
J'ai  expliqué  (i)  ce  renversement  des  phénomènes  par  le  renversement 
du  signe  thermique  des  réactions  :  le  chlore  dégageant,  en  général, 
plus  de  chaleur  que  le  brome,  et  celui-ci  que  l'iode,  en  s'unissant  aux 
métaux  et  à  l'hydrogène;  tandis  que  l'acide  iodhydrique  dégage  plus  de 
chaleur  que  l'acide  bromhydrique,  et  celui-ci  que  l'acide  chlorhydrique, 
en  se  combinant  avec  l'oxyde  d'argent  et  divers  autres  oxydes  métal- 
liques. J'avais  établi  mes  calculs  d'après  les  nombres  qui  avaient  alors 
cours  dans  la  science;  mais  les  doutes  qui  se  sont  élevés,  dans  ces  der- 
nières années,  sur  la  précision  des  anciennes  mesures  thermiques,  joints 
à  la  connaissance  plus  approfondie  du  rôle  chimique  de  l'eau  dans  les 
réactions  des  corps  dissous,  m'ont  décidé  à  faire  une  étude  nouvelle  des 
phénomènes. 

»  J'ai  été  ainsi  conduit  à  examiner,  au  double  point  de  vue  chimique  et 
thermique,  les  réactions  des  acides  chlorhydrique,  bromhydrique,  iodhy- 
drique, cyanhydrique  et  sulfhydrique  sur  les  oxydes  et  sur  les  sels  alcalins 
et  métalliques,  ainsi  que  leurs  déplacements  réciproques. 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXtV,  |).4>4>  i^^').— Annales  de  Chimie  et  de  P/iysie/iie,  /^'  série, 
t.  XVIII,  p.  ioG. 


H  CI  gaz  +  eau  (8ooH'0-).  . 

■      -t-'T.iS 

KCl  solide  +  eau 

HBrgaz  +  eau           » 

+  20,00 

K  Br 

lil    gaz  +  eau           » 

•         +'9.57 

KI 

{ 309  ) 

I,  —  Action  des  acides  chlorhydriqac,  bromliydriqtic,  indliydriqne sur  les  oxydes  d'argent, 

de  mercure  et  de  poltissium. 

»    1.   Sels  alcalins.  —  J'ai  trouvé  : 

cm 
IICl(i"'  =  2''')  +  K0(i'^<i  =  2'i') +13,59 

HBi-         0  +K0  »  +i3,5o 

HI  .  +K0         »  +i3,58. 

Ces  trois  nombres  ne  diffèrent  pas  d'une  quantité  supérieure  aux  erreurs 
d'expérience.  Comme  contre-épreuve  : 

HI(l*1=2'")+ICCI(l"I=.2l..)...        +0,04    j    ^_j^    ^_^    ^^. 

HCl         •  +KI  «  ...      +0,10  i  '  '  '      ■ 

»   2.   Je  rappellerai  encore  les  nombres  suivants,  que  j'ai  déjà  publiés  : 

-5,45 
-5,32. 

D'après  ces  nombres,  la  formation  du  clilorure  de  potassium  solide,  à  la 
température  ordinaire,  depuis  la  base  et  l'acide  dissous,  ou  séparés  de 
l'eau,  dégage  moins  de  chaleur  que  celle  du  bromure  ou  de  l'iodure; 
tandis  que  les  deux  derniers  sels  diffèrent  très-peu  l'un  de  l'autre. 

»  3.  Sels  de  mercure.  —  J'ai  trouvé  : 

i"  HgCl(i'i  =  6''')  +K0(i"i  =  2'") -i-4,17 

HgCl(i*i  =  8'")  +  K0  ..  -t-4,09 

IMoyenne +  4)  '3 

HgCl  solide  +  eau  (4o  parties) —  i  ,52; 

d'où  IlgO  +  II Cl  (étendu )  =  HgCl  (dissous)  dégage +    g, 46 

HgO  +  HCl  (étendu  )  =  HgCl  (solide)        >>      +10,98 

2°  HgCI(i''i=4'")  +  KI(i*i  =  4'")  ==HgI (précipité)  +  R Cl  (dissous)...      +  ao,5i 

En  tenant  compte  de  la  quantité  d'iodure  de  mercure  demeuré  dissous,  ce 
chiffre  devient +  20,  Ç>Ç>  ; 

d'où  HgO  4- HI  (étendu)  =  Hgl  (solide)  dégage +3o,t2 

»  La  formation  de  l'iodure  de  mercure  solide,  depuis  l'hydracide  dis- 
sous, dégage  donc  +  19,2  de  plus  que  celle  du  chlorure  solide.  Si  les  deux 
hydracides  étaient  gazeux,  l'excès  s'élèverait  à  +  2i,3. 

»  Le  déplacement  de  l'iode  par  le  chlore,  dans  l'iodure  de  mercure, 

C.  R.,1873,  1'  Semestre.  (1.  LXXVII,  N°  ij.)  4' 


(3.0) 
dégage  bien  moins  de  chaleur  que  dans  les  iodures  alcalins  :  soit,  en  pré- 
sence de  l'eau,  +  5,  5  au  lieu  de  -t-  a6.  Si  l'iode  se  séparait  sous  forme  ga- 
zeuse, vers  200  degrés  par  exemple,  la  chaleur  dégagée  tomberait  vers 
-+-  3  calories  (en  supposant  qu'il  ne  se  produisît  pas  de  chlorure  d'iode  ou 
d'autre  composé  accessoire).  La  substitution  du  chlore  à  l'iode,  vis-à-vis 
du  mercuie,  dégage  moins  de  chaleur  que  pour  aucun  autre  métal.  Une 
très-petile  énergie  étrangère,  employée  d'une  manière  convenable,  per- 
mettrait sans  doute  de  renverser  la  réaction. 

»  3°  J'ajouterai  encore  les  faits  suivants,  qui  ne  manquent  pas  d'impor- 
tance théorique,  et  sur  lesquels  je  reviendrai.  La  dissolution  de  l'iodure  de 
mercure,  dans  une  solution  étendue  d'iodure  de  potassium,  a  lieu  avec  un 
dégagement  de  chaleur  assez  considérable.  Il  en  est  de  même  lors  de  la  for- 
mation, à  l'état  dissous,  de  divers  sels  doubles  du  mercure  et  des  métaux 
analogues,  lesquels  subsistent  en  présence  de  l'eau,  contrairement  à  ce  qui 
arrive  pour  les  sels  doubles  des  métaux  alcalins. 

»   4.  Sels  d'argent.  —  J'ai  trouvé  : 

1°  AzO«Ag(ri=6ii')  +  KCl(i'''i  =  2"«) -4-15,67 

AzOTÏ  étendu  4- KO  étendue -(-  i3,83 

AzO'Ag  (i''î  =  2'") -+-R0(i^i=:2'") -+-    8,66 

d'où  AzCH  étendu -(- AgO  (précipité) -t-    5,17 

H  Cl       étendu -t- AgO(  précipité) 4-20,60 

HCl(gaz)  H-AgO=:AgCI-t-HO(gaz)...      -t- 28,4 

mais  ce  dernier  chiffre  n'est  qu'approché,  l'état  physique  du  chlorure  d'ar- 
gent variant  avec  les  conditions  de  la  précipitation,  comme  M.  Stas  l'a 
montré,  et  surtout  avec  les  conditions  de  la  dessiccation;  l'état  de  l'oxyde 
d'argent  donne  lieu  aux  mêmes  réserves  (i). 

2°  AzO«Ag(i'''i  — 6'")4-KBr(i'=<i=2"') -f-2o,3o 

d'où  H Br  étendu -f- AgO  =  AgBr  (précipité) 4-25,i4 

HBr  (gaz)  -h  AgO  =  AgBr  +  HO  (gaz) -h  35,5 

ce  dernier  nombre  étant  seulement  approché. 

3°  AzO»Ag(i^i=6''')  +  KI(i'^i=4'") -1-26,90 

La  chaleur  dégagée  au  premier  moment  a  été  trouvée  moindre  de  0,8 


(l)   Foir   mon    Mémoire  sur  la  formation   des  précipités  { Comptes  rendus   t.  LXXIII, 
p.  iiog,  ii65  et  surtout  i2i5). 


(3.1   ) 
environ,  c'est-à-dire  que  la  cohésion  du  précipité  change  peu  à  peu;  mais 
on  n'a  pas  pu  suivre  le  phénomène  au  delà  de  quelques  minutes.  En  admet- 
tant le  chiffre  ci-dessus  : 

HI  étendu  +-  AgO  =  Agi  (précipité) -f  3i  ,82 

HIgaz        -i-AgO  =  AgI  +  HO(gaz) +4i,8 

ce  dernier  nombre  étant  seulement  approché. 

»  On  voit  que  la  formation  de  l'iodure  d'argent,  depuis  l'hydracide 
dissous,  l'emporte  de  +6,7  sur  le  bromure  et  de  +  i  f,  2  sur  le  chlo- 
rure. Avec  les  hydracides  gazeux,  les  excès  seraient  -t-  6,3  et  -|-  i3,4. 

»  La  substitution  du  chlore  au  brome,  dans  le  bromure  d'argent,  dégage 
4-  6,  5  au  lieu  de  +  1 1,  dans  le  bromure  de  potassium  dissous  (4-  10  clans 
le  sel  solide);  celle  du  chlore  à  l'iode,  dans  l'iodure  d'argent,  dégage  -1-  i5, 
au  lieu  de  -l-  26,  dans  l'iodure  de  potassium  dissous  (+  2S  dans  le  sel  solide). 
L'action  thermique  des  trois  éléments  halogènes  donne  donc  lieu  à  des 
effets  plus  voisins  les  uns  des  autres  quand  elle  s'exerce  sur  l'argent  que 
sur  le  potassium.  Le  rapprochement  est  encore  plus  marqué  avec  le 
mercure,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut.  Il  n'est  donc  pas  permis  d'admettre 
que  la  substitution  des  éléments  halogènes  les  uns  aux  autres  donne  lieu, 
en  général,  à  des  effets  thermiques  qui  soient  constants,  ni  même  mul- 
tiples d'une  constante  commune. 

»  Cette  constance  approchée  existe  au  contraire  pour  les  sels  des  métaux 
alcalins,  et  pour  les  chlorures,  bromures,  iodures  acides  dérivés  de  certains 
métalloïdes  ou  des  composés  organiques,  tous  ces  corps  étant  comparés 
aux  hydracides  eux-mêmes  (i). 

II.  —  Déplacement  réciproque  des  hydracides  dans  leurs  sels. 

»  1.  Le  déplacement  de  l'acide  chlorhydrique  par  l'acide  iodhydrique 
dans  les  chlorures  de  mercure  et  d'argent,  aussi  bien  que  ceux  de  l'acide 
chlorhydrique  par  l'acide  bromhydrique  dans  le  chlorure  d'argent,  et  de 
l'acide  bromhydrique  lui-même  par  l'acide  iodhydrique  dans  le"bromure 
d'argent,  sont  faciles  à  expliquer,  eu  se  fondant  sur  les  chiffres  précédents; 
car  tous  ces  déplacements  dégagent  beaucoup  de  chaleur. 

»  Ce  qui  rend  la  prévision  valable,  c'est  qu'aucune  réaction  spéciale  de 
l'eau  ou  d'un  autre  corps,  exercée  sur  quelqu'un  des  produits,  n'intervient 
pour  modifier  cette  prévision  générale,  du  moins   tant  qu'on  opère  à  la 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p.  io3. 

4... 


(     3l2    ) 

température  ordinaire  et  sans  évaporalion.  Le  rôle  spécial  de  l'eau  ne 
s'exerce,  en  effet,  que  dans  les  cas  où  il  existe  un  certain  équilibre  entre 
les  composés  solubles  et  les  éléments  de  l'eau;  et  ces  cas  sont  connus  à 
l'avance.  Tel  est,  par  exemple,  celui  des  sels  acides  ou  basiques,  qui  dérivent 
des  acides  polybasiques  ou  à  fonction  mixte,  sels  que  l'eau  décompose 
partiellement  en  sels  neutres  proprement  dits  et  en  acide  ou  base  libre.  Or 
les  acides  cblorbydrique,  bromhydrique,  iodhydrique,  étant  monobasiques 
et  simples  par  leur  fonction,  ne  donnent  lieu  à  rien  de  pareil  dans  les  dis- 
solutions. 

))  Cependant,  si  l'on  procédait  par  évaporation,  l'équilibre  qvii  existe 
entre  l'eau,  les  hydracides  anhydres  (i)  et  leurs  hydrates  définis  et  iné- 
galement stables  avec  la  température,  pourrait  intervenir  et  déterminer 
des  réactions  inverses,  même  avec  les  sels  d'argent;  je  reviendrai  tout  à 
l'heure  sur  ce  mécanisme. 

»  2.  Entre  le  chlorure  d'un  métal  (ou  d'un  métalloïde)  et  le  bromure 
ou  l'iodure  d'un  autre  métal,  les  réactions  sont  régies  par  les  mêmes  prin- 
cipes. Par  exemple,  l'iodure  de  potassium  et  le  chlorure  de  mercure,  em- 
ployés à  équivalents  égaux,  donneront  lieu  à  un  double  échange,  c'est-à- 
dire  à  la  formation  de  l'iodure  de  mercure  et  du  chlorure  de  potassium, 
parce  cjue  cette  formation  dégage  de  la  chaleur  :  +  20,7,  les  corps  étant 
dissous;  +18, 4,  les  corps  étant  séparés  de  l'eau.  Ces  prévisions  s'appli- 
quent à  tous  les  cas  où  n'interviennent  ni  action  d'équilibre,  ni  formation 
d'iui  composé  secondaire. 

)>  3.  On  remarquera  que,  dans  la  circonstance  qui  vient  d'être  citée,  l'é- 
change des  corps  halogènes  est  réciproque.  On  pourra  donc  recourir  à 
une  telle  réaction;  soit  pour  former  un  iodure  métallique  (iodiu'e  de  mer- 
cure), soit  pour  former  un  chlorure  métallique  (chlorure  de  potassium), 
suivant  les  besoins  de  la  préparation.  Si  je  fais  cette  observation,  c'est 
qu'elle  trouve,  en  Chimie  organique,  des  applications  intéressantes. 

»  Non-seulement  on  transforme,  en  général ,  un  composé  organique 
chloré  en  composé  iodé,  par  la  réaction  de  l'acide  iodhydrique  concentré 
ou  par  celle  de  l'iodure  de  potassium  sec,  conformément  aux  principes 
posés  au  début  de  cette  Note,  mais,  réciproquement,  on  peut  changer  un 
composé  organique  iodé  en  composé  chloré,  en  le  faisant  agir  sur  un  chlo- 
rure métallique  convenablement  choisi  (chlorure  mercurique,  cuivreux, 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXVl,  p.  'j^i  et  'j44. 


(  3.3  ) 
argentiqiio,  plonil^qne).  Celte  préparation  inverse  n'est  nullement  en  con- 
tradiction avec  les  i)rincipes  thermiques  qui  règlent  la  première  ;  elle  en  est, 
au  contraire,  une  conséquence,  et  elle  s'expliqiie  exactement  comme  la  pré- 
paration du  chlorure  de  potassium,  au  moyen  du  chlorure  de  mercure  et  de 
l'iodure  de  potassium. 

»  4.  An  contraire,  le  partage  d'une  ba«e  alcaline,  la  potasse  par  exem- 
ple, entre  deux  hydracidcs,  dans  une  dissolution,  ne  peut  être  prévu  à 
l'avance  d'après  les  mêmes  principes;  la  formation  du  chlorure,  du  bro- 
mure et  de  l'iodure  alcalin  dissous  dégageant  la  même  quantité  de  chaleur, 
et  la  formation  thermique  des  sels  solides  différant  à  peine  et  ne  pouvant 
d'ailleurs  élre  calculée,  ni  depuis  les  hydracides,  ni  depuis  leurs  hydrates 
définis,  lesquels  ne  sont  pas  connus  sous  la  forme  solide. 

»  En  fait,  les  deux  actions  inverses  sont  possibles,  suivant  que  l'on  opère 
par  évaporation  ou  précipitation  :  je  vais  en  développer  les  circonstances. 

))  5.  J'ai  fait  agir  chacun  des  trois  hydracides  sur  les  sels  de  potassium 
des  deux  autres,  à  équivalents  à  peu  près  égaux,  20  parties  d'eau  environ  se 
trouvant  en  présence  de  i  partie  de  sel.  On  évapore  au  bain-marie,  et  l'on 
dessèche  à  l'étuve;  la  pesée  du  produit  indique  la  proportion  décompo- 
sée. Voici  les  chiffres  obtenus  : 

(  KCI  +  I  ,o5  HBr  a  fourni o,67KBr  -i-  o,33KCI. 

j  liBiM-  i,o3HCl <),8GKBr+  o,i4KCl. 

KBr+         7HCI o,84K.Br  +  o,i6KCl. 

ICCI  +  2HBr OjijGKBr. 

KCI  +  i,o5HI o,75KI     +o,25KCl. 

ICI     +i,o4HCl 0,870     +o,i3KCl. 

KCl  +  2        HI o,98KI 

KBr+i,o3HI o,6oKI    4-o,4oBr. 

Kl     +i,o3HBr o.GaKI    4-o,38KBr. 

KBr  +  2        HI o,98KI. 

»  Ces  chiffres  montrent  qu'un  excès  d'acide  iodhydrique  déplace  à 
peu  près  complètement  les  deux  autres  hydracides  :  l'écart  entre  0,98  et 
1,00  s' expliquant  d'ailleurs  parce  que  l'iodure  de  potassium,  chauffé  en 
présence  d'un  acide  et  de  l'air,  perd  toujours  un  peu  d'iode. 

»  L'acide  bromhydrique  en  excès  déplace  de  même  presque  entière- 
ment l'acide  chlorhydrique. 

»  Mais  les  déplacements  ne  sont  pas  complets  lorsqu'on  se  borne  à 
opérer  à  équivalents  égaux  :  dans  ce  cas,  il  y  a  toujours  partage,  et  les 
deux  chiffres  fournis  par  les  actions  réciproques,  tout  en  demeurant  voi- 


(  3.4  ) 
sins,  ne  sont  pas  identiques;  enfin  un  excès  notable  (7  équivalents)  d'acide 
chlorhydrique  ne  déplace  qu'une  fraction  d'acide  bromhydrique  à  peine 
plus  grande  qu'un  seul  équivalent.  Cependant  il  m'a  paru  que,  en  réité- 
rant un  grand  nombre  de  fois  les  actions  et  les  évaporations,  on  parvenait 
à  la  longue  à  une  élimination  totale  des  acides  bromhydrique  et  iodhy- 
drique,  même  par  l'acide  chlorhydrique. 

»  Toutes  ces  circonstances  s'expliquent  en  admettant  que  : 

»  1°  Les  deux  hydracides  se  partagent,  suivant  une  certaine  proportion, 
la  base  dans  une  solution  froide  et  étendue; 

»  a"  Etant  donnée  la  solution  aqueuse  étendue  d'un  hydracide  isolé, 
l'eau  s'évapore  d'abord  à  peu  près  seule,  en  entraînant  seulement  une  faible 
proportion  d'hydracide,  jusqu'au  terme  où  il  passe  à  la  distillation  un  hy- 
drate défini,  ou  plutôt  un  système  où  l'hydrate  défini,  l'eau  et  l'hydracide 
anhydre  se  font  équilibre; 

»  3°  La  tension  des  trois  hydracides  anhydres  dans  de  semblables  sys- 
tèmes n'est  pas  la  même,  l'hydrate  chlorhydrique  étant  le  moins  stable  de 
tous  à  une  température  donnée,  mais  les  hydrates  bromhydrique  et  iodhy- 
drique  ayant  des  stabilités  très- voisines  :  ce  sont  là  des  faits  d'expériences 
{Comptes  l'eiulas,  t.  LXXVI,  p.  742). 

»  Cela  posé,  évaporons  une  dissolution  qui  renferme  un  chlorure  alcalin 
en  présence  d'un  autre  hydracide.  L'acide  chlorhydrique  libre  qui  sub- 
sistera après  le  partage  sera  chassé  pendant  l'évaporation  en  quantité  plus 
grande  que  l'autre  hydracide,  attendu  qu'il  possède,  sous  forme  anhydre, 
une  tension  plus  grande;  un  excès  convenable  de  l'autre  hydracide  suffira 
donc  pour  l'éliminer  entièrement  :  ce  que  l'expérience  confirme.  Cette 
conclusion  s'appliquerait  même  au  cas  où  les  deux  tensions  seraient  peu 
différentes  (bromure  et  acide  iodhydrique).  Dans  cette  dernière  circon- 
stance, d'ailleurs,  il   peut  intervenir  une   autre  influence. 

»  En  effet,  les  hydrates  définis  des  trois  hydracides,  envisagés  séparé- 
ment et  en  soi,  n'ont  pas  la  même  volatilité,  et  celle-ci  décroît  probable- 
ment, d'après  les  analogies  tirées  de  la  volatilité  des  éléments,  comme  de 
celle  des  composés  chlorés,  bromes  et  iodés  correspondants  ;  elle  décroît, 
dis-je,  de  l'hydrate  chlorhydrique  à  l'hydrate  bromhydrique,  puis  à  l'hy- 
drate iodhydrique.  Dès  lors  les  hydrates,  du  moment  qu'il  y  a  partage 
préalable  de  la  base  entre  eux,  doivent  se  déplacer  suivant  l'ordre  relatif  de 
leur  volatilité,  attendu  que  le  plus  volatil  s'élimine  sans  cesse  et  de  pré- 
férence, ce  qui  empêche  tout  équilibre  permanent. 

»  Cependant,  si  l'on  se  borne  à  mettre  en  présence  les  deux  hydracides 


(  3.5  ) 
à  équivalents  égaux,  le  sel  qui  subsiste  après  l'évaporation  devra  être  un 
mélange,  parce  que,  la  tension  de  riiydr.icide  le  moins  volatil  n'étant  pas 
nulle,  une  portion  s'évaporera  en  même  temps  que  le  plus  volatil. 

»  En  raison  de  cette  même  circonstance,  un  grand  excès  de  l'hydracide 
qui  offre  à  la  fois  la  moindre  tension,  sous  forme  anhydre,  et  le  point 
d'ébullition  le  plus  bas,  sous  forme  d'hydrate,  pourra  cependant  finir  par 
déplacer  les  autres  hydracides,  surtout  si  l'on  réitère  plusieurs  fois  les 
traitements  et  les  évaporations. 

»  Même  avec  les  sels  d'argent,  ce  déplacement  inverse  est  quelquefois 
possible.  En  effet,  la  discussion  approfondie  des  équilibres  qui  se  produi- 
sent pendant  l'évaporation  montre  que  l'acide  chlorhydriquc  anhydre 
(produit  dans  la  liqueur  en  présence  de  l'eau  et  de  son  hydrate)  tend  à 
attaquer  le  bromure  d'argent  mis  en  contact  avec  lui,  avec  formation 
d'acide  bromhydrique  hydraté  :  la  réaction  inverse  est  donc  possible  à  la 
rigueur,  pourvu  que  la  chaleur  absorbée  dans  la  substitution  d'un  hydra- 
cide  à  l'autre,  à  l'état  d'hydrates,  ne  soit  pas  trop  grande  pour  être  com- 
pensée par  la  chaleur  dégagée  lorsque  l'acide  chlorhydrique  forme  avec 
l'eau  un  hydrate  défini.  La  faible  dose  d'acide  bromhydrique  ainsi  formé 
peut  être  éliminée  par  évaporation,  de  telle  sorte  que  l'action  réitérée  de 
l'acide  chlorhydrique  concentré  peut,  à  la  rigueur  et  péniblement,  pro- 
duire un  déplacement  inverse. 

»  6.  L'existence  d'un  certain  partage  de  la  base  alcaline,  dès  la  tempéra- 
ture ordinaire,  entre  les  deux  hydracides,  est  attestée  d'ailleurs  par  les  expé- 
riences inverses  de  précipitation.  En  effet,  si  l'on  verse  de  l'acide  chlorhy- 
drique concentré  dans  une  solution  saturée  d'iodure  de  potassium,  il  se 
produit  un  précipité  cristallin  de  chlorure  de  potassium  :  j'ai  vérifié  la 
nature  de  ce  sel  par  l'analyse;  après  décantation  et  expression,  il  ne  con- 
tient plus  que   des  traces  d'iode. 

»  Le  mécanisme  de  cette  réaction  est,  je  crois,  le  suivant  :  l'acide  chlor- 
hydrique partage  d'abord  la  base  avec  l'acide  iodhydrique;  puis  l'acide 
chlorhydrique  anhydre,  qui  existe  dans  les  solutions  concentrées,  s'empare 
de  l'eau  qui  tenait  en  dissolution  le  chlorure  de  potassium  et  le  précipite 
[Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  744)-  L'équilibre  étant  dès  lors  détruit 
dans  l'intérieur  de  la  liqueur,  il  s'y  reproduira  une  nouvelle  dose  de  chlo- 
rure de  potassium,  qui  se  précipitera  encore,  et  ainsi  de  suite.  Si  l'acide 
chlorhydrique  est  en  excès  suffisant,  il  séparera  la  presque  totalité  du 
potassium. 

»  J'insiste  sur  ce  mécanisme,  et  surtout  sur  le  partage  préalable  qui  pré- 


(  3i6  ) 
cède  la  cristallisation  du  sel  le  moins  soluble,  attend ii  que  ce  partage  me 
paraît  se  produire  dans  la  plupart  des  circonstances  où  un  sel  se  sépare  dans 
un  système  salin  dissous  en  vertu  de  sa  moindre  solubilité  :  ce  qui  le  prouve, 
c'est  que  cette  séparation  ne  répond  pas,  en  général,  au  point  précis  qui 
serait  indiqué  par  le  coefficient  de  solubilité  du  sel  le  moins  soluble  dans 
l'eau.  Dans  les  cas  les  plus  simples,  elle  a  lieu  pour  une  concentration  plus 
grande,  parce  que  la  totalité  du  sel  possible,  d'après  les  équivalents,  ne 
saurait  prendre  naissance  là  où  il  y  a  partage.  Parfois  cependant  elle  peut 
avoir  lieu  pour  une  concentration  moindre,  ce  qui  arrive  dans  le  cas  où 
les  autres  sels  sont  susceptibles  de  s'emparer  d'une  portion  de  l'eau  pour 
former  des  hydrates  définis,  comme  le  fait  l'acide  clilorhydrique  concentré 
lorsqu'il  précipite  le  chlorure  de  potassium.  » 

viîNTlLATiiURS.   —  Note  sur  l'espace  cubique  et  sur  le  volume  d'air  nécessaires 
pour  assurer  la  salubrité  des  lieux  habités;  par  M.  le  général  MoniN. 

«  L'étude  que  je  présente  aujourd'hui  m'a  été  inspirée  par  la  lecture 
d'un  Mémoire  publié  à  Edimbourg,  en  1867,  par  M.  le  D'' F.  de  Chau- 
mont,  chirurgien  militaire,  professeur  adjoint  d'hygiène  à  l'école  médicale 
de  l'armée  anglaise,  Mémoire  intitulé:  De  la  ventilation  et  de  l'espace  cu- 
bique, 

»  En  reliant  les  résultats  des  observations  du  savant  chirurgien  anglais 
avec  les  belles  recherches  de  M.  F.  Le  Blanc,  sur  la  composition  de  l'air 
confiné,  il  m'a  paru  que  l'on  pouvait  en  déduire  des  indications  utiles  pour 
les  progrès  de  l'hygiène  publique  à  laquelle  nos  diverses  administrations 
civiles  ou  militaires  continuent  d'accorder  trop  peu  d'importance. 

»  M.  de  Chaumont  fait  remarquer  que  les  impressions  sur  l'odorat, 
malgré  quelques  divergences,  semblent  suivre  une  marche  régulière  avec 
la  proportion  d'acide  carbonique,  et  qu'elles  ont  d'ailleurs  été  consignées 
à  différents  moments,  mais  toujours  avant  que  la  proportion  de  l'acide 
carbonique  contenu  dans  l'air  ait  été  connue.  Il  ajoute  que  quelques-unes 
de  ces  différences  peuvent  être  attribuées  à  ce  que  l'observateur  n'entrait 
pas  toujours  directement  dans  le  local,  en  venant  de  l'extérieur,  ce  qui 
eût  été  désirable,  parce  qu'alors  le  sens  de  l'odorat  est  bien  plus  impres- 
sionnable. 

»  Il  pense,  d'après  ses  expériences,  qu'il  est  permis  de  conclure  que, 
quand  l'air  des  salles  ne  contient  pas  plus  de  0,0006  de  son  volume  d'a- 
cide carbonique,  l'odeur  causée  par  la  présence  des  matières  organiques 


(^17  ) 
est  imperceptible  dans  beaucoup  de  cas,  et  que  cette  proportion  doit  être 
regardée  comme  correspondant  au  minimum    de    pureté  acceptable  de 
l'air. 

Des  proportions  (V acide  carbonique  contenues  dans  Voir  des  lieux  habités. 

»  Les  chimistes  admettent,  en  général,  qu'à  l'état  normal  l'air,  regardé 
comme  pur,  contient  une  proportion  d'acide  carbonique  comprise  entre 
o,ooo4  et  o,oooG  (i).  Pour  les  calculs  nécessairement  approximatifs  que 
nous  proposons  de  faire,   nous  supposerons  que   cette   proportion   soit 

-  =  o,ooo5. 

»  D'une  autre  part,  les  expériences  les  plus  récentes  conduisent  à  éva- 
luer à  38  grammes  le  poids  de  l'acide  carbonique  qu'un  homme  ordinaire 
expire  par  heure.  La  pesanteur  spécifique  de  ce  gaz  étant  i ,  ^il\  fois  celle 
de  l'air,  qui,  à  zéro,  pèse  i'',298  le  mètre  cube,  le  volume  d'acide  expiré 

par  heure  et  ramené  à  zéro  peut  être  évalué  à  ^^-^ — ^r-,  =  o™'',020. 

'  '  1 ,298 X  1,534 

C'est  la  valeur  généralement  admise. 

»  Mais,  outre  le  gaz  acide  carbonique  que  l'acte  de  la  respiration  in- 
troduit dans  l'air,  et  qui  tend  à  en  altérer  la  salubrité,  il  s'y  développe 
aussi  incessamment  de  la  vapeur  d'eau  qu'il  importe  de  n'y  pas  laisser  ac- 
cumuler. 

»  Les  observations,  exécutées  dans  phisieurs  casernes  occupées  par  des 
soldais  jeunes  et  en  bonne  santé,  par  M.  F.  Le  Blanc,  par  une  Commis- 
sion (2)  formée  par  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  dans  le  but  de  constater 
l'état  de  salubrité  de  ces  locaux,  ont  tourni  les  résultats  résumés  dans  le 
tableau  suivant  : 


(i)  Traité  de  Chimie  de  M.  Cahours,  t.  I,  p.  129;  M.  Le  Blanc  admet  la  proportion  de 
0,0006  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  "i"  série,  t.  V,  p.  281  ). 

(2)  Cette  Commission  était  composée  de  MM.  le  général  Schramm,  président;  Genty  de 
Biissy,  intendant  militaire,  Cathala,  colonel  du  Génie,  Boussingault  (de  l'Inslitut),  Braull, 
Moizin,  médecins  militaires,  et  F.  Le  Blanc,  rapporteur  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
4"=  série,  t.  XXV,  p.  289). 


C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVIl,  N"  S.)  42 


{  3r8  ) 


^ 

3                      ^ 

DÉSIGNATION 

S  1 

II 

B 

o 

T3 

3      1 
-      1 

0 

porllon 
carbon 
is  l'air. 

Il  i^ 

r  c  S  » 
'|5:  1 

DE    LA    CASERNE. 

B 
o 

1     l 

O 

£    ®    S 

£  2  ■= 

II- 

fi. 

Volume 

corre 

il  un 

par  lieui 

me 

me 

h 

gr 

me 

De  l'Assomption 

3/,. 

20 

l5,oG 

10,  \^ 

o,oo32 

7.67 

0,Ol32 

Rue  de  Babylone 

Goo 

52 

1 1 ,5'| 

]o/|5 

o,oo3/| 

7,oS 

0,0092 

Quai  d'Orsay 

9'. 

I  1 

8,5', 

10,00 

o,oo88 

7, Go 

0,Ol'|fi 

Moyenne 

o,or>3 

M  On  remarquera  que,  par  suite  de  la  clôture  des  chambres  et  de  l'ab- 
sence du  renouvellement  de  l'air,  la  proportion  d'acide  carbonique  dans 
ces  chambres  a  dépassé  de  beaucoup  celle  de  l'air  normal,  ce  qui  met  en 
relief  le  défaut  de  proportion  de  ces  locaux,  où  le  nombre  d'hommes 
devrait  être  réduit  du  tiers  au  moins,  afin  d'allouer  à  chacun  environ  16 
à  20  mètres  d'espace. 

»  Quant  au  volume  de  vapeur  dû  à  la  présence  de  chaque  homme  et 
rapporté  à  une  heure  de  séjour,  et  qui  est  en  moyenne  de  o°"^,oi23  sup- 
posé à  i5  degrés,  s'il  est  notablement  inférieur  à  celui  de  o""^,o433,  qui  ré- 
sulte des  expériences  de  M.  Dumas,  la  différence  doit  être  attribuée  à  ce 
qu'une  partie  de  la  vapeur  dégagée  se  condensait  sur  les  murs,  et  le  volume 
de  o'"'=,oï23  peut  être  regardé  comme  celui  qu'il  faudrait  évacuer  par 
heure  au  moyen  d'une  ventilation  continue. 

»  D'après  les  données  précédentes,  les  volumes  des  gaz  et  des  vapeurs 
nuisibles  à  la  salubrité,  exjjalés  par  heure  et  par  individu  sain,  seraient  : 

me 

Acide  carbonique 0,0200 

Vapeur  d'eau  entraînant  les  autres  émanations  cutanées o,oi23 

Total »i=:  0,0823 

»  Nous  prendrons  en  moyenne  m  =^  o""^,o3o.  En  partant  de  ces  données, 
on  peut  se  proposer  de  résoudre  le  problème  suivant  : 

»  Quel  est  le  volume  d'air  qu'il  faut  introduire  dans  un  local  habité  par 
un  homme  poin-  y  entretenir  un  état  de  salubrité  suffisamment  voisin  de 
celui  de  l'air  extérieur? 

»   Appelons  E  l'espace  cubique  occupé  par  l'homme;  -  =  o,  ooo5  la 

proportion  normale  moyenne  d'acide  carbonique  contenu  dans  l'air  qu'on 
regarde  comme  pur;  m  =  o""',o3o  le  volume  du  mélange  d'acide  carbo- 


(  3.9) 
nique  (o^^iOSo)  et  de  vapeur  (o""=,oio)  qu'il  faut,  dans  les  cas  ordinaires, 
extraire  par  heure  et  par  individu;  ponr  les  hôpitaux,  il  conviendra  de 
faire  m  =  o"'',o4o  au  moins,  et  m  =  o'"'',o6o  pour  ceux  des  femmes  en 
couches  et  des  blessés;  x  le  volume  d'air  à  extraire  et  à  introduire  par 
heure  et  par  individu  pour  que  la  proportion  d'air  vicié  ou  d'acide  carbo- 
nique ne  dépasse  pas  une  valeur -?  déterminée  par  l'observation,  el  que 

nous  prendrons  égale  à  0,0008  au  plus,  limite  à  laquelle  se  manifeste  déjà, 
dans  les  lieux  habités,  une  certaine  odeur,  d'après  les  observations  de  M.  de 
Chaumont  ;  le  volume  d'acide  carbonique  contenu  dans  l'espace  E  sera 


-  E  ^  o,ooo5E. 

H 


»   Le  volume  de  gaz  ou  de  vapeur  développé  par  la  respiration 

m  =^  o""^,  o3o. 
»  Le  volume  x  d'air  neuf  à  admettre  fournira,  en  acide  carbonique, 

-X  =  o,ooo5x. 
« 

»  Le  volume  j?  d'air  vicié  à  extraire  en  emportera 

—  X  =  o,ooo8x. 

M   Le  volume  total  d'acide  carbonique  contenu  dans  l'espace  E,  sous 
l'action  d'une  ventilation  et  d'émanations  continues,  sera 


-E-h  m  —  X  {-^  —  -)] 

n  \n'  Il  J  ' 

et,  si  son  rapport  au  volume  E  de  l'espace  occupé  doit  être  constant  et  égal 

LE  +  m-x[^-^^=LE, 


a  -;>  on  aura 
n 


ni         n 
OU 

d'où 


X  - 

I       I 


n  n 

42.. 


(    320    ) 

»  En  introduisant  dans  celte  formule  les  données  précédentes,  on 
trouve,  pour 

E  =      io""=     i2'"<=     lô"""     ao""^     30""=     40""=     5o""=     60""% 

,r  =     go        88        84        80        70        60        60        4o- 

»  On  voit  que,  plus  le  volume  des  lieux  habités  augmente,  plus  celui 
de  l'air  à  renouveler,  pour  y  entretenir  un  degré  déterminé  de  salubrité, 
diminue;  mais  qu'il  croît  à  l'inverse  à  mesure  que  l'espace  cubique  alloué 
par  personne  est  moindre. 

»  Casernes.  —  Ainsi  l'espace  alloué,  dans  nos  casernes,  au  soldat,  et 
qui,  d'après  les  proportions  normales  réglementaires,  n'est  que  de  10  à 
12  mètres  cubes  par  homme,  exigerait,  pour  le  maintien  de  la  pureté  de 
l'air  à  0,0008  d'acide  carbonique,  un  renouvellement  d'air  de  88  mètres 
cubes  par  heure  et  par  individu,  ou  de  huit  à  neuf  fois  par  heure. 

»  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  de  l'impression  désagréable  que 
l'on  éprouve  quand  on  entre  le  matin  dans  les  chambres  de  caserne  de 
nos  soldais,  où  il  n'existe  aucune  ventilation  régulière  autre  que  celle  qui 
se  produit  parles  cheminées,  ordinairement  sans  feu. 

»  Dans  les  casernes  anglaises,  l'espace  cubique  alloué  à  chaque  homme 
est  de  16"'', 98,  et  le  volume  d'air  renouvelé  est  fixé  à  85  mètres  cubes  par 
heure  et  par  homme.  C'est,  comme  on  le  voit,  le  chiffre  déduit  de  la  for- 
mule précédente. 

»  Chambre  à  coucher.  —  Une  pièce  qui  a  cette  destination  pour  une 
seule  personne,  et  qui  a  4  mètres  de  largeur  sur  5  mètres  de  longueur  et 
3  mètres  de  hauteur,  ou  60  mètres  cubes  de  capacité,  est  généralement 
considérée  comme  suffisamment  grande,  et  cependant,  pour  y  entretenir 
le  degré  de  salubrité  indiqué  plus  haut  et  désirable,  il  faudrait  y  faire  cir- 
culer 40  mètres  cubes  d'air  par  heure.  Or  il  n'est  aucune  personne  en 
bonne  santé  qui,  en  rentrant  le  matin  dans  sa  chambre  après  en  être  un 
instant  sortie,  ne  soit  impressionnée  par  l'odeur  plus  ou  moins  sensible 
qui  s'y  est  répandue  s'il  n'y  a  pas  eu  de  ventilation. 

»  Mais  si,  au  lieu  de  n'être  occupés  que  par  une  seule  personne,  les 
locaux  le  sont,  au  contraire,  par  plusieurs,  les  causes  d'infection  augmen- 
tent dans  une  proportion  rapide,  même  quand  il  s'y  produit  un  renou- 
vellement d'air  sensible. 

»  Pour  que  la  proportion  d'acide  carbonique  et  de  vapeur  ne  dépassât 
jamais  alors  0,0008,  il  faudrait,  comme  ou  peut  le  faire  voir  aisément  à 
l'aide  de  la  formule  précédente,  que  le  volume  d'air  renouvelé  fût  de 


(  32.   ) 
54o  mètres  cubes,  ce  qui  correspondrait  à  un  renouvellement  complet 
produit  neuf  fois  par  heure. 

»  En  proposant  de  régler  les  proportions  des  cheminées  de  manière 
qu'elles  puissent  produire,  avec  lui  feu  modéré,  un  renouvellement  de  cinq 
fois  par  heure,  je  suis  donc  resté  au-dessous  de  ce  qu'exigeraient  les 
conditions  d'une  salubrité  convenable,  si  le  séjour  devait  être  prolongé. 

»  Influence  de  la  grandeur  des  locaux.  —  Pour  un  espace  cubique  de 
loo  mètre  cubes  par  personne,  on  trouverait,  par  la  formule  donuée,  que 
le  volume  d'air  nouveau  à  introduire,  pour  maintenir  la  salubrité  dans  la 

limite  fixée  de  —  =  0,0008,  après  une  heure,  serait  nul,  ce  qixi  veut  dire 

seulement  que  la  proportion  d'acide  carbonique  exhalée  par  un  individu, 
pendant  une  heure,  serait  tout  juste  suffisante  pour  amener  l'état  de  l'air  à 
celte  proportion;  mais,  après  cet  intervalle,  la  production  d'acide  carbo- 
nique et  des  autres  gaz  se  continuant,  l'air  s'altérerait  de  plus  en  plus. 

»  Ainsi,  dans  l'exemple  que  nous  avons  pris  plus  haut,  d'une  chambre 
à  coucher  de  60  mètres  cubes  de  capacité,  en  supposant  qu'il  n'y  ait  aucun 
renouvellement  de  l'air  et  que,  par  conséquent,  x  =  o,  on  trouverait 
qu'après  dix  heures  de  séjour  de  nuit  dans  une  chambre  complètement 
close,  la  quantité  de  gaz  et  de  vapeur  développée  serait 

7JÎ  X  10  =  o""',3oo, 
et  la  formule  deviendrait 

o^^Soo  =  6o™<=  (-^  —  o,ooo5j 

d'où  l'on  tirerait 

I         o^^So -+- 60X  o,ooo5 


60 


^=  o,oo55o. 


c'est-à-dire  dix  fois  plus  que  la  proportion  normale  dans  l'air. 

»  L'hypothèse  d'une  chambre  complètement  close  est  évidemment  exa- 
gérée, attendu  que  le  refroidissement  de  l'air,  pendant  la  nuit,  détermine 
toujours  un  certain  renouvellement  par  les  joints  des  portes  et  des  fenêtres; 
mais  l'application  précédente  suffit  bien  pour  expliquer  l'infection  par- 
tielle des  chambres  à  coucher  des  appartements  même  les  plus  éléganls. 

»  Elle  montre,  en  même  temps,  les  inconvénients  graves  qu'offrent, 
pour  la  salubrité,  les  locaux  habités,  dans  lesquels  il  n'existe  aucun  con- 
duit d'évacuation,  aucune  cheminée  qui  puisse  permettre  au  moins  une 
ventilation  naturelle,  même  quand  il  n'y  serait  jamais  allumé  de  feu. 

M  Sous  ce  rapport,  la  plupart  des  salles  d'école,  celles  de  catéchisme 


(    3.2    ) 

dans  les  églises,  les  classes  et  surtout  les  chnmbres  sans  cheminées  des 
casernes,  laissent  beaucoup  à  désirer,  et  il  serait  facile  de  les  améliorer,  en 
prenant  des  précautions,  simples  à  exécuter,  pour  éviter  Tinconvénient 
des  rentrées  d'air  froid  près  des  personnes,  inconvénients  sur  lesquels  les 
rapports  des  officiers  du  Génie  me  semblent  avoir  insisté  plus  peut-être 
qu'il  n'était  juste  de  le  faire. 

JppUcntion  de  la  formule  aux  expériences  de  M.  Le  Blanc  sur  l  'amphithéâtre 
de  Physique  et  de  Chimie  de  la  Sorhonne. 

»  Cet  amphithéâtre  avait,  en  i84^.,  une  capacité  de  looo  mètres  cubes 
et  pouvait  contenir  neuf  cents  auditeurs,  ce  qui  n'allouait  à  chacun  que 
i™'^,  III  d'espace  cubique.  Il  est  difficile  d'imaginer  une  proportion  plus 
défavorable. 

»  Il  était  dépourvu  de  tout  moyen  de  ventilation.  La  seule  ressource, 
pour  y  prévenir  l'asphyxie  des  auditeurs,  était  d'en  tenir  la  porte  ouverte. 

»  M.  Le  Blanc  y  a  constaté  dans  l'au'  les  proportions  suivantes  d'acide 
carbonique  : 

Proportion  d'acide  carbonique 
dans  l'air. 
Un  moment  après  l'ouverture  du  Cours  de  M.  Dumas,  quatre 

cents  auditeurs  environ  étant  présents o""^,  oo65 

A  la  fin  de  la  leçon,  neuf  cents  auditeurs  étant  présents o™"^,oio3 

»  La  formule  précédente,  appliquée,  en  supposant  le  renouvellement  de 
l'air  tout  à  fait  nul,  donnerait  des  proportions  d'acide  carbonique  nota- 
blement plus  fortes;  mais  la  différence  lient  évidemment  en  grande  partie 
à  l'influence  favorable,  quoique  insuffisante,  de  l'ouverture  des  portes. 

»  Le  résultat  de  ces  expériences,  exécutées  en  1842  et  publiées  à  cette 
époque,  était  tellement  frappant,  et  l'état  qu'elles  constataient  si  déplo- 
rable et  si  peu  flatteur  pour  un  établissement  de  haut  enseignement,  confié 
aux  plus  illustres  organes  de  la  science,  qu'on  aurait  dû  s'attendre  avoir 
l'administration  de  l'Instruction  publique  s'empresser  d'y  porter  remède. 
Il  n'en  a  rien  été,  et,  après  trente  années  écoulées,  l'état  des  choses  est 
encore  le  même. 

»  On  pourrait,  il  est  vrai,  appliquer  semblable  observation  à  la  salle 
des  séances  de  l'Académie  des  Sciences  elle-même,  qui,  malgré  les  réclama- 
tions et  les  plaintes  si  souvent  formulées  par  ses  Membres,  laisse  tant  à 
désirer  sous  le  rapport  de  la  salubrité. 

»  Aypl'ualion  aux  hôpitaux.  —  Dans  les  hôpitaux  ventilés,  on  alloue 
un  espace  E  =:  5o  mètres  cubes  par  lit  et  un  renouvellement  d'air  fixé  à  un 


(  323  ) 
minimum  de  60  mètres  cubes  par  heure;  mais  on   doit  admettre  que, 
tant  par  la  respiration  que  par  les  émanations  cutanées,  le  volume  de  gaz 
vicié,  développé  par  heure  et  par  individu,  ne  peut  être,  comme  nous 
l'avons  indiqué,  inférieur  à  7?i=o™*^,o4o. 

M   En  introduisant  ces  données  dans  l'équation 


ui 


^ 


on  en  tue 


I        I 

//         n 


(60+  5o)  =  o™%o/io, 


d' 


ou 


—, =  G,  oodSC)  , 

n  n 

et  comme  -  =  o,ooo5,  il  s'ensuit  que 

—  =  0,00086, 

n 

valeur  qui,  d'après  les  observations  de  M.  le  D"^  de  Chaumont,  correspond 
à  un  air  peu  désagréable,  mais  ayant  une  légère  odeur. 

»  Or,  c'est  ce  que  l'on  observe  dans  les  hôpitaux,  où  le  degré  de  ven- 
tilation supposé  est  régulièrement  obtenu;  mais  on  voit  par  là  que  le 
chiffre  de  60  mètres  cubes  de  renouvellement  de  l'air  dans  les  salles  ordi- 
naires des  hôpitaux,  que  l'on  a  si  longtemps  hésité  à  adopter,  est  loin 
d'être  exagéré. 

»  J'ai  cru  utile  de  faire  connaître  les  indications  fournies  par  les  obser- 
vations directes  du  savant  chirurgien  anglais,  M.  le  D'  de  Chaumont,  et 
d'en  comparer  les  résultats  avec  ceux  des  belles  expériences  exécutées,  il 
y  a  longues  années  déjà,  par  M.  F.  Le  Blanc,  parce  que  leur  ensemble  con- 
firme l'exactitude  des  volumes  d'air  que,  depuis  longtemps,  je  regarde 
comme  nécessaires  pour  assurer  la  salubrité  des  lieux  habités. 

»  3'ajouterai  que,  en  ce  qui  concerne  les  hôpitaux,  ces  proportions  ont 
été  adoptées  par  le  Comité  consultatif  d'hygiène  et  du  Service  médical  des 
hôpitaux,  créé  en  1864,  sous  la  présidence  de  nos  confrères,  MM.  Dumas 
et  Rayer,  et  qu'elles  sont  considérées  comme  normales  par  l'Administra- 
tion de  l'Assistance  publique.  » 


(  324  ) 
M.  Laiirey  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Les  remarquables  recherches  de  M.  le  général  Morin  sur  la  ventila- 
tion et  celles  qu'il  vient  de  faire  connaître  à  l'Académie,  d'après  le  Mé- 
moire de  M.  le  docteur  de  Chaumoiit,  s'appliquant  aux  casernes  et  aux 
hôpitaux  militaires,  m'engagent  à  y  ajouter  une  remarque  et  à  en  déduire 
une  proposition. 

»  M.  Je  général  Morin  signale,  avec  autant  d'autorité  que  de  raison,  le 
trop  peu  d'importance  accordée  par  les  diverses  autorités  administratives, 
civiles  ou  militaires,  aux  progrés  de  l'hygiène  publique,  sur  les  moyens 
de  prévenir  l'influence  nuisible  des  gaz  délétères,  tels  surtout  que  l'acide 
carbonique,  dans  les  lieux  habités  par  un  grand  nombre  d'individus. 

»  Il  rappelle  les  savantes  Recherches  de  M.  F.  Le  Blanc,  sur  la  composiliori 
de  tair  confiné,  en  les  confirmant  par  les  siennes  propres  et  par  celles  de 
M.  de  Chaumont. 

»  Je  me  permettrai  d'ajouter  que  la  viciation  de  l'air  à  différents  degrés, 
d'après  les  impressions  de  l'odorat  et  suivant  les  proportions  d'acide  car- 
bonique, reconnaît  aussi  d'autres  causes  qui  peuvent  y  contribuer  simul- 
tanément, ou  l'accroître  d'une  façon  sensible. 

»  Ces  causes  d'infection  proviennent  non-seulement  des  voies  respira- 
toires et  de  la  surface  cutanée,  chez  les  individus  réunis  en  trop  grand 
nombre  dans  un  espace  relativement  trop  restreint,  mais  encore  des  voies 
digestives  et  de  l'excrétion  urinaire,  ainsi  que  du  dégagement  des  odeurs 
de  différents  objets  matériels.  Les  effets  d'équipement,  par  exemple,  dans 
les  chambrées  des  casernes  et  jusque  dans  les  infirmeries  régimentaires, 
les  vêtements  de  cuir  particulièrement  et  surtout  les  bottes  de  cavalerie 
augmentent  beaucoup  les  effets  de  l'infection. 

»  Il  est  un  fait  constant  aussi,  c'est  que  partout,  en  hiver,  dans  les  salles 
d'hôpitaux  comme  dans  les  chambrées,  sous  les  baraqueset  sous  les  tentes, 
le  renouvellement  de  l'air  devient  d'autant  plus  difficile  qu'il  n'est  jamais 
favorisé  par  le  bon  vouloir  des  hommes  réunis  dans  ces  différents  milieux. 

»  J'ai  si  souvent,  dans  le  cours  de  ma  carrière,  signalé  les  graves  consé- 
quences de  l'encombrement  des  hôpitaux,  que  je  n'en  rappellerai  pas  ici 
les  principales  occasions;  mais  je  prierai  M.  le  Président,  si  l'Académie  le 
veut  bien,  de  transmettre  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  l'importante  Com- 
munication de  M.  le  général  Morin.  Elle  contribuera,  espérons-le,  à  faire 
adopter  et  surtout  à  faire  appliquer  le  cubage  d'air  voulu  dans  les  grands 
établissements  militaires,  comme  dans  les  établissements  civils,  dont  l'habi- 
tation nécessite  la  salubrité,  » 


(  3.5) 

THERMODYNAMIQUE.  —  Dtiiiniiulrnlion  (lirecle  des  principes  fondamentaux  de 
la  Tlu'rniod)iianiiipie ;  lois  du  fioUement  el  du  choc  d'après  celle  science 
[suite  (*)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  VII.  De  l'énergie  calorifique  des  corps  el  de  leur  équilibre  calorifique.  — 
La  formule  (7)  concerne  fout  système  de  points  matériels,  et  en  particu- 
lier, d'après  la  démonstration  dont  nous  avons  parlé  à  la  fin  de  notre 
dernière  Noie,  tout  système  d'atomes  entendu  d'une  manière  générale. 

»  Pour  interpréter  cette  formule  au  point  de  vue  de  la  thermodynamique, 
nous  supposerons,  ainsi  qu'il  a  été  expliqué  antérieurement,  que  les  corps 
naturels  sont  des  agrégats  d'atopies  pesants,  dont  le  volume  sensible  ren- 
ferme constamment  dans  ses  interstices  une  certaine  quantité  d'étlier,  et 
que  les  atomes  pesants  prennent,  aussi  bien  que  les  atomes  éthérés,  des 
mouvements  vibratoires  sous  l'intluence  des  phénomènes  calorifiques. 

»  Nous  commencerons  par  ne  considérer  que  l'ensemble  des  atomes 
pesants  des  corps  et  par  regarder  l'élher  comme  un  système  étranger,  dont 
les  actions  sur  cet  ensemble  devront  èlre  rangées  parmi  les  forces  exté- 
rieures. Nous  examinerons  ensuite  ce  que  deviennent  les  résultats  obtenus, 
lorsqu'il  est  indispensable  de  considérer  l'ensemble  des  atomes  pesants  et 
éthérés  du  système  donné. 

»  Quand  un  système  de  points  matériels  est  en  repos  d'ensemble,  on  a  la 
relation 


(8) 


0  +   ''-^=:  0 


qui  résulte  de  l'introduction,  dans  la  relation  générale  (7),  des  hypothèses 
inhérentes  à  ce  repos.  Au  point  de  vue  Je  la  thermodynamique,  nous  de- 

.  1  .         I  ■    '    f  r.         lma'\  ,    .  ,,  ,  ,      . 

vous  considérer  la  quantité  (  <PH -I  comme  caractérisant  1  elal  calori- 
fique d'un  système  de  points  matériels  à  un  moment  donné,  et  comme 
représentant  l'énergie  calorifique  du  système.  Cette  quantité  demeure  con- 
stante tant  qu'il  n'y  a  d'appliqué  au  corps  aucun  travail  extérieur 

»  Nous  plaçant  toujours  au  point  de  vue  de  la  thermodynamique,  il  im- 
porte de  remarquer  que  les  travaux  extérieurs,  dont  la  somme  forme  le 
premier  membre  de  l'équation  (7),  doivent  s'entendre  des  travaux  dus,  non- 
seulement  aux  forces  mesurables  pliysiquemenl,  appliquées  au  système  donné, 


(*)  Foir  les  Comptes  rendus  des  i4»  21  et  28  juillet. 

C.R.,1873,        Sem«/re.  (T.LXXVII.NolJ.)  'j  ^ 


(326) 
mais  aussi  aux  forces  qui,  sous  le  nom  de  calorique,  par  contact  ou  par 
rayonnement,  proviennent,  en  déiinitive,  des  actions  immédiates  des  atonies 
pesants  ou  éfhérés  en   vibration,  qui  enveloppent  et   même  pénètrent  le 
système. 

»  Dans  le  cas  du  rayonnement,  les  vibrations  des  atomes  d'élher  ont,  en 
fait,  leur  origine  dans  des  corps  pondérables  plus  ou  moins  lointains,  dont 
les  propres  vibrations  se  communiquent  de  proche  en  proche  à  l'intérieur 
de  l'élher  situé  entre  eux  et  le  corps  échauffé  par  rayonnement. 

»  Dans  lous  les  cas,  nous  rappellerons  que  nous  avons  rangé  les  fanes 
calorifiques  dans  la  classe  des  foires  moléculaires  erratiques.  D'après  cela, 
nous  diviserons  la  quantité  2/ Pr//)cos(y9,P)  eu  deux  parties,  savoir  :  la 
première,  2/P,f//j,  cos(/;,,P,),  désignera  la  somme  algébrique  des  travaux 
des  forces  extérieures  mesurables  physiquement  ;  nou^  la  représenterons  par  6. 
La  seconde,  IfV^cip^coslpo,'?^),  correspondra  à  la  somme  algébrique 
des  travaux  calorifiques;  elle  pourra  d'ailleurs,  comme  la  précédente,  être 
positive  ou  négative.  Nous  la  représenterons  par  le  produit  EQ,  où  nous 
considérerons  E  comme  un  coefficient  constant,  dont  le  rôle  va  être  expli- 
qué dans  xni  instant. 

»  Cela  dit,  remplaçons  le  premier  membre  de  l'équation  (y)  par  les 
deux  parties  que  nous  venons  de  spécifier,  et  nous  obtiendrons 

(9)  e  +  EQ  =  ^ -'  +  (<D,  +  _-^  j  _  \y 

Pour  arriver  à  l'équation  (8),  nous  avons  supposé  que  le  système  était  en- 
tièrement isolé,  qu'il  était  primitivement  au  repos  d'ensemble,  et  par 
suite  y  persistait;  mais  cette  équation  (8)  peut  exister  dans  bien  d'autres 
conditions.  Supposons,  en  particulier,  qu'il  n'y  ait  aucune  force  mesurable 
pliysiquement  appliquée  au  système,  et  que  la  vitesse  d'ensemble  A  de 
celui-ci  soit  nulle  au  premier  moment  considéré.  Admettons,  en  outre,  que 
ce  système,  entouré  cette  fois  ou  même  pénétré  par  d'autres  systèmes 
formés  d'atomes  pesants  ou  éthérés,  ressente  de  la  part  de  ces  atomes  des 
actions  calorifiques  telles,  que  la  somme  de  leurs  travaux,  et  par  suite  EQ, 
soit  sans  cesse  moyennement  nulle. 

»  En  vertu  de  cette  dernière  supposition,  le  premier  membre  de  l'é- 
cjuation  (9)  vaudra  zéro.  D'autre  p.irt,  on  prouve  aisément  que  A,  vaudra 
pareillement  zéro,  si  l'on  joint  aux  données  précédentes  la  remarque  que, 
par  suite  de  leiu-  erratisme,  les  forces  calorifiques  sont  conslanunent  eu 
équilibre  sur  le  système  regardé  comme  rigide. 


(  327  ) 
»  Dans  de  semblables  conditions,  l'équation  (9)  redevient  encore  l'é- 
quation (8).  Donc,  lorsqu'un  système  est  eu  présence  d'autres  systèmes,  ce 
que  nous  avons  appelé  son  état  calorifique  peut  encore  demeurer  constant. 
Nous  prouvons,  dans  notre  Mémoire,  qu'il  en  est  alors  de  même  potu-  les- 
dits  systèmes.  En  pareil  cas,  il  est  rationnel  de  dire  que  le  système  est  en 
équilibre  calorifique  avec  les  systèmes  environnants.  Nous  verrons  plus  tard 
qu'il  y  a  en  même  temps  équilibre  de  lempéralure . 

»  VIII.  Déinonslratioii  du  principe  de  l'équivalence  mécanique  de  ta  chaleur. 
—  Lorsque  EQ  cesse  d'être  égal  à  zéro,  la  formule  (9)  devient 


(.0)  EQ^^$,  +  ^j-(<I.+  =^ 

Elle  est  l'expression  algébrique  de  ce  qui  se  passe  quand  un  système 
formé  par  les  atomes  pesants  d'un  corps  naturel  se  trouve  en  présence 
d'autres  systèmes  avec  lesquels  il  n'est  pas  en  équilibre  calorifique. 

»  Si,  par  suite  de  cette  présence,  le  corps  se  refroidit,  il  résulte  de  ce 
que  nous  venons  de  dire  sur  la  manière  d'entendre  l'état  calorifique  d'un 
corps,  au  point  de  vue  mécanique,  que  le  second  membre  de  l'équation  (to) 
doit  devenir  négatif;  par  conséquent,  il  doit  en  être  de  même  du  premier 
membre;  autrement  dit,  la  quantité  EQ  doit  être  considérée  comme  ayant 
une  valeur  négative. 

»  Supposons  que  l'équation  (to)  soit  appliquée  au  système  formé  par 
les  atomes  pesants  d'une  masse  d'eau  du  poids  de  1  kilogramme,  et  considé- 
rée dans  les  deux  états  calorifiques  qui  correspondent  à  zéro  et  à  i  degré 
d'un  ihermoniètre  ordinaire,  c'est-à-dire  pour  lesquels  il  y  aurait  équilibre 
calorifique  entre  la  masse  d'eau  et  le  thermomètre  mar([uant  successive- 
ment ces  deux  degrés.  Notons  d'abord  que,  dans  l'appréciation,  par  l'opé- 
rateur, de  l'équilibre  eu  question,  l'éther  qui  peut  être  renfermé  dans  l'eau 
ne  joue  évidemment  aucun  rôle  et  qu'on  peut  en  faire  abstraction,  comme 
nous  en  sommes  convenus.  D'un  autre  côté,  on  est  parfaitement  libre  de 
déterminer  le  coefficient  constant  E  par  la  condition  qu'il  représente  le 
nombre  de  kilogrammètres  correspondant  au  second  membre  de  ladite 
équation.  Cela  revient  à  dire  que  Q  sera  pris  égal  à  i  dans  les  hypothèses 
où  nous  nous  plaçons.  Or,  ce  que  nous  appelons  la  variation  de  l'énergie 
calorifique  de  notre  kilogramme  d'eau,  dans  cette  hypothèse,  n'est  autre 
que  la  calorie  des  physiciens,  autant  toutefois  que  l'on  considère  comme 
négligeable  l'influence  de  la  pression  atmosphérique,  c'est-à-dire  le  travail 

43.. 


(  328  ) 

positif  exttrieiir  que  cette  pression  produit  sur  l'eau,  par  suite  de  la  très- 
petite  contraction  du  liquide  dans  son  passage  de  zéro  à  i  degré.  On  peut 
donc  dire  que  la  calorie  correspond  à  un  nombre  de  kilogrammètres  re- 
présenté par  notre  coefficient  E;  en  d'autres  termes,  que  le  nombre  E  est 
V équivalent  mécanique  de  la  calorie  (et  non  l'équivalent  mécanique  de  la  cha- 
leur, suivant  le  tei'me  impropre  généralement  adopté). 

»  Si,  au  lieu  de  considérer  une  masse  d'eau  pesant  i  kilogramme,  nous 
en  prenons  une  pesant  Q  kilogrammes,  il  est  évident,  d'après  l'idée  qu'on 
doit  se  faire  d'un  corps  homogène,  que  la  variation  de  l'énergie  calorifique 
de  la  nouvelle  niasse,  entre  les  deux  mêmes  degrés  de  température,  sera 
multipliée  par  Q;  en  d'autres  termes,  elle  sera  représentée  par  E'^s  x  Q. 

n  Or,  on  peut  convenir  de  mesurer  la  variation  d'énergie  calorifique  du 
système  des  atomes  pesants  d'un  corps  naturel  quelconque  par  le 
nombre  Q  de  kilogrammes  d'eau,  dont  la  variation  d'énergie  calorifique 
serait  égale  à  la  variation  donnée  ponr  un  passage  de  zéro  à  i  degré  de  tem- 
pérature, sans  se  préoccuper  d'ailleurs,  pour  le  moment,  du  moyen  de  réa- 
liser pratiquement  cette  mesure.  Ladite  variation  d'énergie  ama  alors  pour 
expression  EQ.  Cela  posé,  imaginons  un  corps  naturel  soustrait  hypothéti- 
quement  à  toute  influence  calorifique  des  systèmes  annexes  pesants  ou  éthé- 
rés;  en  d'autres  termes,  supposons  EQ  =  o.  Admettons,  en  outre,  que  la 
vitesse  d'ensemble  du  système  donné  repasse  par  deux  valeurs  égales  entre 
deux  instants  déterminés,  l'équation  (9)  deviendra 

(il)  Ô  =  ExQ,      d'où     ^  =  E. 

De  cette  équation,  on  tire  les  deux  conséquences  suivantes  : 

»    1°  Si  l'on  ajjplique  à  un  corps  naturel  un  travail  mécanique,  c'est-à- 
dire  dû  à  des  forces  ph/siquement  mesurables,  ce  travail  peut  se  converti 
intégralement  en   une  variation   de   l'énergie  calorifique   du  corps;   en 
d'autres  termes,  être  équivalent  a  celte  variation. 

»  2°  Quelle  que  soit  la  nature  du  corps  où  est  appliqué  le  travail  méca- 
nique, le  rapport  de  ce  travail  au  nombre  de  calories  qui  exprime  ladite  va- 
riation de  l'énergie  calorifique  du  corps  est  égal  au  nombre  constant 
E  kilogrammes,  qui  représente  Y  équivalent  mécanique  de  la  calorie. 

»  Ces  deux  conséquences  forment,  dans  leur  ensemble,  le  principe  de 
V équivalence  mécanique  de  la  chaleur.   » 


{    ^29    ) 

NOMKVATIOIVS. 

Jj'Acadéinie  procède^  par  la  voie  du  scruliii,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  cli;u'gée  de  juger  le  Concours  du  prix  Fourneyron  pour 
l'année  1873. 

MM.  Morin,  Philli|is,  Rolland,  Tresca,  Resal  réunissent  la  majorité  des 
suitrages.  Los  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  de  Saint-Venant,  Dupuy  de  Lôme,  Jamin. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Dalmont  pour 
l'année  iS'yS. 

MM.  Phillips,  Resal,  Rolland,  Belgrand,  Tresca  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  Morin,  Serret,  de  Saint-Venant. 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

MINÉRALOGIE.  —    Analyse  de  la  Dewalquile  de  Salm-Cltàteaii,  en  Belgùme; 
Note  de  M,  F.  1*isani,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

(Commissaires  :  MM.  Daubrée,  Des  Cloizeaux,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  la  séance  du  2  décembre  iS'ya,  j'ai  présenté  à  l'Académie  des 
Sciences  une  Note  «  Sur  un  nouveau  silico-aluminate  de  manganèse  vana- 
difère  trouvé  à  Salm-Château,  en  Belgique.  »  Dans  celte  Note,  j'ai  donné, 
pour  la  composition  de  ce  minéral,  les  nombres  suivants  : 

Si  =  28,70,     Al  =28,36,     Fe=2,94,     Ma  =26,40,     Ca  =  4>3o, 
Mg  =;   4>32,    Cu=    i,3o,      V  =  i,8o,       H  =  0,98. 

»  N'ayant  eu  à  ma  disposition  que  très-peu  de  matière  (i  gramme  en- 
viron), j'ai  dit  que  le  dosage  de  l'acide  vauadique  n'était  qu'approximatif, 
à  cause  de  la  grande  difficulté  de  séparation  de  ce  métal;  en  même  temps 
j'ai  insisté  sur  la  présence  du  proloxyde  de  manganèse,  et  non  du  scsqui- 
oxyde  que  signalait  un  chimiste  de  Bonn,  M.  le  D'  Lasaulx,  dans  ce  même 
minéral,  auquel  il  avait  donne  le  nom  de  mangandisthen,  nom  que  j'ai  pro- 


(  33o  ) 
posé  de  supprimer,  en  lui  substituant  celui  de  dewalquite,  ce  minéral 
n'ayant  aucun  rapport  avec  le  dislhène.  Quant  à  la  forme  de  cette  nouvelle 
espèce,  je  l'ai  considérée  comme  appartenant  probablement  à  un  prisme 
oblique,  par  suite  de  la  disposition  observée  au  microscope  polarisant, 
avec  une  plaque  très-mince.  N'ayant  eu  à  cette  époque  que  des  faces  can- 
nelées sans  terminaison  et  ne  se  prêtant  à  aucune  mesure,  il  m'a  été  impos- 
sible de  définir  géométriquement  la  véritable  forme  de  cette  substance. 

))  Presque  en  même  temps  que  je  présentais  ce  travail  à  l'Académie, 
M.  le  D''  Lasauix  publiait  [Chcmisclie  Section  der  uiedenheiiiischcn  Gcsell- 
schaft  in  Bonn,  2\  novembre  1872)  une  analyse  de  ce  minéral,  auquel  il 
donne  cette  fois  le  nom  Ciardennit,en  lui  assignant  la  composition  sui- 
vante : 

Si  =  29,67,       V  =  (î,i7,     Âl=:  24,79,     Mn=29,io,     Fë  =  i,89, 
Ca  ^    1,83,     !\Jg=3,55,     plalino,  palladium  cl  ciu\'re=z  2,00. 

»  Quoique  ayant  abandonné  le  nom  de  mangandisthen,  il  le  considèie 
toujours  comme  voisin  de  ce  minéral,  à  cause  de  ses  propriétés  géomé- 
triques cl  de  la  |)résence  du  sesquioxyde  de  manganèse,  remplaçant  une 
partie  de  l'alumine.  Enfin,  dernièrement,  M.  Lasauix  publia  (dans  le 
n"  1  du  JahrbiK  II  fur  Minéralogie,  de  G.  Leonhard  er  II.-B.  Geinitz,  1873) 
une  autre  analyse  donnant  les  résultats  suivants  : 

Si  =  29, 75     Âl=23,5o     Fe=i,94  Mn  =  25,96     Ca  =  2,04 

Mg=    3,42      V=    9,10     Cu+Ph  traces        H=    4,04. 

M.  Lasauix  abandonne  cette  fois  l'idée  du  sesquioxyde  de  manganèse  ainsi 
que  l'analogie  de  forme  avec  le  dislhène,  puisque  M.  von  Ratb  a  mesuré  un 
petit  cristal  ayant  son  sommet  et  offrant  beaucoup  de  ressemblance  avec 
l'ilvaïte. 

»  Ayant  reçu  dernièrement  de  nombreux  et  beaux  échantillons  de  de- 
walquite, parmi  lesquels  j'ai  même  eu  le  bonheur  de  rencontrer  deux  pe- 
tits cristaux  ayant  leur  sommet,  j'ai  repris  entièrement  le  travail  qise 
j'avais  fait  sur  ce  minéral  si  intéressant. 

Les  cristaux  de  dewalquite  sont  des  prismes  excessivement  petits  appar- 
tenant au  système  orthorhombique.  Ils  sont  striés  parallèlement  à  l'axe 
principal  et  terminés  par  un  octaèdre  Z»{  avec  im  biseau  a*.  Ce  sont  là  les 
seules  faces  que  j'ai  pu  mesurer  et  qui  m'ont  permis  de  déterminer  les 
dimensions  du  ciistal 

i  : /i  ::  1000: 555, 1  ;    d=: 910,1;    f/  =  4'4>4- 


(33,  ) 

»   J'ai  Iroiivr  pour  les  angles  : 

a' a'     =ii2°24' 

b^a'    =i65"38' 

(En  avant)  />^b\  =  i5i°33' 

»  On  obtient  par  le  calcul  pour  les  faces  du  prisme  z;//»  =  i3i", 2'. 
C'omme  je  l'ai  (iéjà  indiqué  dans  ma  première  Commnnicaiion,  c'est  suivant 
la  face  de  clivage  g'  qu'on  voit  les  axes  optiques.  La  bissectrice  aiguë  posi- 
tive est  normale  à  cette  face  et  le  plan  des  axes  parallèle  à  h'.  A  travers 
une  lame  très-mince,  assez  imparfaite,  la  seule  sur  laquelle  j'ai  opéré  la 
première  fois,  j'avais  aperçu  des  hyperboles  très-vagues  avec  des  couleurs 
indiquant  une  dispersion  croisée  ;  mais  depuis,  ayant  taillé  plusieurs  |)la- 
qiies  épaisses,  j'ai  pu  m'assurer  qu'il  n'y  avait  pas  de  dispersion  des  axes 
et  que  les  deux  hyperboles  entourées  de  leurs  anneaux  étaient  parfaitement 
symétriques,  siu'tout  en  tournant  un  peu  le  Nicol,  ce  qui  indique  bien  un 
prisme  orthorhombique.  La  dispersion  croisée  que  j'avais  remarquée 
d'abord  provenait  d'un  phénomène  déjà  observé  par  M.  de  Senarmont  et 
M.  Des  Cloizeaux,  consistant  dans  une  espèce  de  rotation  de  couleurs, 
lorsque  la  lumière  polarisée  traverse  des  substances  à  deux  axes  de  couleur 
jaune. 

»  J'ai  obtenu  pour  l'écarlement  des  axes  dans  l'air  : 

i^*^  plaque.  Q*^  plaque.  3^  plaque. 

Rayons  rouges 69.62  68.36  6q.6 

Rayons  jaunes 67.2g  »  65.45 

Rayons  verts 62  62 .  56  62 

»  M.  Des  Cloizeaux  a  obtenu,  de  son  côté,  sur  d'autres  éch.uitillons 
les  mesures  suivantes  qu'il  a  eu  l'obligeance  de  me  cominiuiiquer  : 

!■•<!  plaque.  2"'  plaque.  S""  plaque.  /,''  plaque. 

Rayons  rouges 77-5i  76.8  79-9  7^  7 

Rayons  jaunes 72.55  7426  i>  » 

Rayons  verts 69.31  70.58  70-59  68.36 

»  Voici  maintenant  le  résultat  des  recherches  chimiques.  Voulant  véri- 
fier si  vraiment  il  y  avait  une  quantité  d'acide  vanaiiique  aussi  grande 
(9  pour  100)  que  l'annonçait  en  dernier  heu  M.  le  D*'  Lasaulx,  tandis 
que  dans  ma  première  analyse  je  n'en  ai  trouvé  que  près  de  2  pour  100, 
j'ai  bietitôt  reconnu  qu'il  y  avait  beaucoup  d'arsenic  dans  la  dewalquite, 
ce  qui  explique  désormais  pourquoi  M.  Lasaulx  a  trouvé  trois  fois  plus 


(  332  ) 
d'acide  vanadique  que  moi.  On  reconnaît  facilement  la  présence  de  l'arsenic 
dans  la  dpwalqiiile  en  chauffant,  dans  le  niatras,  la  matière  mélangée  avec 
du  carbonate  de  soude  et  du  cyanure  de  potassium;  on  obtient  ainsi  un  an- 
neau métallique  d'arsenic  très-marqué.  C'est  la  première  fois,  d'ailleurs, 
qu'on  trouve  de  l'arsenic  dans  un  silicate,  et  le  vanadium  s'y  rencontrant 
aussi  très-rarement,  ce  minéral  présente  le  plus  haut  intérêt  au  point  de 
vue  chimique.  J'ai  donc  refait  luie  analyse  complète  de  la  dewalquite  en 
reprenant  avec  soin,  comme  contrôle,  tous  mes  précipités,  pour  voir  s'ils 
n'avaient  pas  retenu  de  l'acide  vanadique;  car  il  n'existe  point  à  ma  con- 
naissance de  bonne  méthode  pour  séparer  ce  métal  de  plusieurs  autres 
corps.  Voici  quels  sont  les  résultats  de  mon  analyse  : 

Silice 28,40 

Alumine ■ 24,80 

Oxyde  fon  itiiie i  ,  3 1 

Oxyde  manganeux 25,70 

Cliaiix 2 ,98 

Magnésie.  . 4» 07 

Oxyde  de  cuivre 0,22 

Acide  arséni(iiie..  .    6,35 

Acide  vanadi<nie 3, 12 

(i)  Eau  et  perte  an  feu 5, 20 

102, i5 
))  A  la  fin  de  sa  dernière  Notice,  M.  Lasaulx  critique  en  tous  points  mon 
premier  travail ,  en  disant  que  je  n'ai  pas  reconnu  la  nature  du  minéral ,  que 
mon  analyse  est  inexacte  et  que  le  nom  de  dewalquite  doit  disparaître  pour 
faire  place  à  celui  de  d'ardennit,  d'abord  par  droit  de  priorité  et  ensuite 
parce  que  le  minéral  que  j'ai  analysé  n'existe  point  avec  la  composition 
donnée  par  moi.  Je  vais  répondre  à  M.  Lasaulx  et  lui  montrer,  en  me  ser- 
vant de  ses  propres  résultats,  qu'il  n'a  reconnu,  dans  ses  deux  pre- 
mières Communications,  ni  la  véritable  nature  du  minéral,  ni  sa  composi- 
■  lion.  D'abord  M.  Lasaulx  donne  au  minéral  le  nom  de  maiir/anclisllten, 
sans  faire  mention  du  vanadium;  peu  après,  il  reconnaît  la  présence  de 
l'acide  vanadique,  et  en  trouvée  pour  100;  le  manganèse  est  toujours 
considérécomme  sesquioxyde,  et  il  annonce, en  outre,  2  pour  1 00  de  platine, 

(i)  Au  rouge,  la  perte  au  feu  n'est  que  d'un  centième  environ,  mais,  à  une  température 
plus  élevée,  la  matière  se  fritte  et  la  perle  est  de  cinq  centièmes.  11  est  probable  qu'il  se 
dégage  de  l'oxygène  ou  de  l'acide  arsénieux,  à  moins  d'admettre  un  degré  d'oxydation 
moindre  jiour  l'arsenic  et  le  vanadium. 


(  333  ) 
palladium  et  cuivre.  Le  minéral  reçoit  alors  le  nom  d'ardennit.  Enfin,  dans 
sa  dernière  Communication,  M.  Lasanix  trouve  9  Iponr  100  d'acide  vana- 
dique  et  reconnaît  que  le  manganèse  est  à  l'état  de  protoxyde,  en  se  fon- 
dant sur  la  réaction  de  l'acide  phosphorique,  dont  j'ai  parlé  dans  ma  Note, 
sans  toutefois  me  rendre  au  moins  cette  justice,  que  c'est  moi  qui  ai  vu 
que  le  manganèse  est  à  l'état  de  protoxyde  dans  la  Dewalquite.  M.  I.asaulx 
reconnaît  que  le  platine  et  le  palladium  provenaient  de  l'attaque  de  son 
creuset  et,  sur  l'autorité  de  M.  von  Rath,  admet  que  son  minéral  n'a  pas  la 
moindre  analogie  avec  le  disthène. 

))  En  résumé,  la  proportion  d'acide  vanadique  a  varié,  dans  les  essais  de 
M.  Lasaulx,  de  o  à  6  et  9  pour  100.  Le  véritable  degré  d'oxydation  du 
manganèse  a  été  reconnu  d'abord  par  moi  et  ensuite  par  M.  Lasaulx. 
Pour  ma  part,  je  crois  n'avoir  reconnu  dans  mou  unique  analyse  que  les 
éléments  qui  lui  appartiennent,  et  maintenant  j'en  apporte  un  nouveau, 
l'acide  arsénique. 

»  L'Académie  voudra  donc  comprendre  que  je  maintiens  à  ce  minéral, 
après  l'exposé  de  ces  faits  et  en  me  fondant  sur  les  principes  énoncés  par 
M.  Lasaulx  lui-même,  le  nom  de  Dewalquile,  qui  consacre,  dans  la  science 
minéralogique,  le  souvenir  des  grands  et  beaux  services  rendus  à  la  science 
par  M.  Dewalque.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Cocuyos  de  Cuba.  Note  de  M.  de  dos  Herdiakas, 
présentée  par  M.  Des  Cloizeaiix. 

(Commissaires  ;  MM.Milne  Edwards,  Blanchard,  Fizeau,  Edm,  Becquerel, 

Des  Cloizeaux). 

«  Les  Cocuyos  paraissent  généralement  dans  l'ile  de  Cuba  vers  la  fin 
d'avril,  à  la  suite  des  premières  pluies,  et  ils  abondent  principalement  dans 
les  lieux  boisés  et  dans  les  champs  de  cannes.  Ils  sortent  au  crépuscule  et 
cessent  de  voler  très-promptement,  de  sorte  qu'on  peut  dire  que  leurs  pro- 
menades nocturnes  ne  durent  que  de  deux  à  trois  heures.  Ils  se  cachent 
dans  les  creux  des  arbres,  dans  les  troncs  pourris,  sous  les  larges  tapis  des 
herbes  des  prés  et  dans  les  parties  fraîches  des  plantations  de  cannes.  Ils  se 
nourrissent  de  feuilles  tendres,  des  matières  molles  qu'ils  trouvent  dans  les 
troncs  où  ils  se  réfugient  et  d'autres  substances  analogues.  Il  paraît  donc 
évident  que  l'humidité  est  la  condition  la  plus  essentielle  à  leur  exis- 
tence. 

M  Le  Cocuyo  cesse  ordinairement  de  paraître  vers  la  fin  de  juillet  ou  le 

C.  R.,  1873,  3«  Semestre.  (T.  LXXVM,  N»  S.)  44 


(  334  ) 
commencement  d'août,  mais  il  se  conserve  bien  si  on  l'emprisonne  dans 
des  paniers  à  jour  ou  dans  des  cages,  et  il  vit  jusqu'en  septembre  et  octobre 
pourvu  qu'on  le  soigne  avec  assiduité  et  intelligence.  L'auteur  de  cette 
Note  en  a  fait  vivre  plusieurs  fois  jusqu'à  la  fin  de  novembre,  non-seulement 
à  la  Havane,  mais  même  à  New-York. 

1)  Il  ne  faut  point  confondre  le  Cocuyo  avec  VÀgmcero  (i),  nom  donné 
dans  l'île  de  Cuba  à  un  insecte  absolument  semblable  au  Cocuyo,  sauf  qu'il 
n'est  que  du  tiers  ou  du  quart  de  sa  grandeur,  et  qu'il  apparaît  presque 
toute  l'année  durant  la  nuit,  pailletant  de  sa  vive  lumière  phosphorescente 
les  vertes  savanes  couvertes  de  rosée.  La  lumière  la  plus  forte  du  Cocuyo 
se  trouve  à  la  région  du  ventre  et  se  montre  avec  toute  sa  splendeur  quand 
l'insecte  vole  ou  qu'il  est  baigné  dans  de  l'eau.  Quoique  complètement 
inoffensif  pour  l'homme,  le  Cocuyo  paraît  être  d'humeur  querelleuse,  puis- 
qu'il attaque  son  semblable  d'une  manière  terrible,  et  cela  s'observe  sur- 
tout quand  on  en  maintient  ensemble  un  certain  nombre  prisonniers.  Les 
pattes  constituent  sa  principale  arme  offensive  :  avec  ses  pattes,  il  pénètre 
les  parties  molles  du  cou  de  son  adversaire,  assez  complètement  pour  sépa- 
rer le  thorax  du  corps.  Aussi,  dans  les  cages  où  l'on  conserve  les  Cocuyos, 
trouve-t-on  communément  des  thorax  séparés  des  troncs.  J'ignore  si  c'est  à 
cela  que  ces  insectes  doivent  de  perdre  les  premières  phalanges  des  pattes 
très-peu  de  temps  après  être  en  captivité;  il  ne  laisse  pas  d'être  assez  curieux 
de  voir  que,  malgré  une  perte  aussi  importante  et  qui  parfois  s'étend  à  un 
plus  grand  nombre  de  phalanges,  ils  continuent  pendant  deux  ou  trois  mois 
à  vivre  et  à  donner  leur  lumière  phosphorescente. 

»  La  mutilation  de  membres  si  nécessaires  pour  se  déplacer  et  aller  à 
la  recherche  de  la  nourriture  peut,  sans  doute,  être  une  cause  qui  avance 
la  mort  du  Cocuyo,  dont  l'approche  est  annoncée  par  le  noircissement  des 
yeux  qui,  dans  l'état  de  santé,  paraissent,  au  jour,  d'un  blanc  jaunâtre. 

j)  Je  m'abstiens  d'entrer  dans  de  plus  grands  détails  et,  surtout,  j'évite 
tout  ce  qui  a  rapport  à  la  classification,  me  regardant  comme  incom- 
pétent en  cette  matière.  Ami  des  Sciences,  et  sachant  que  la  curieuse  lu- 
mière du  Cocuyo  est  un  objet  d'études  pour  les  savants  de  France  et  d'Alle- 
magne, depuis  plusieurs  années  déjà,  j'éprouve  une  vraie  satisfaction  à 
pouvoir  faire  présenter  à  l'Académie  des  Sciences,  par  un  de  ses  Membres, 
ce  qui  me  reste  d'une  collection  de  quinze  cents  Cocuyos  que  j'ai  apportés 
de  la  Havane  au  mois  de  mai  dernier.  » 

(i)  Aguacero  est  lé  nom  qui  appartient,  en  propre,  aux  pluies  d'orage. 


(  335  ) 

M.  Blanchard,  après  la  présentation  de  cette  Note  par  M.  Des  Cloizeaux» 
ajoute  : 

«  L'espèce  adressée  par  M.  le  marquis  de  dos  Hermanas  est,  comme 
celle  du  Mexique,  présentée  à  l'Académie  en  1864  (i),  du  genre  Pjrophorus. 
Les  individus  du  Mexique  étant  morts  dans  un  court  espace  de  temps,  la 
recherche  dont  l'intérêt  a  été  signalé  dans  les  Comptes  rendus  n'a  pu  être  ef- 
fectuée. Nous  espérons  qu'elle  sera  exécutée  avec  les  individus  de  Cuba.  » 

PHYSIOLOGIE.  —   Mémoire  sur  les  localisations  cérébrales   et^  sur  les  fondions 
du  cerveau;  par  M.  le  D'  Ed.  Fouknié.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Milne  Edwards,  Andrai,  de  Quatrefages.) 

«  Après  avoir  exposé  dans  un  aperçu  critique  la  manière  dont  on  avait 
compris  jusqu'ici  les  localisations  cérébrales,  M.  Fournie  décrit  la  méthode 
qu'il  a  suivie  pour  déterminer  ces  mêmes  localisations,  et  il  développe  sa 
manière  de  voir,  touchant  les  fonctions  cérébrales,  à  l'aide  de  lajfigure  sché- 
matique placée  ci-dessous. 


»  Un  mot  d'abord  sur  les  éléments  qui  entrent  dans  cette  figure.  Dans  la 
région  n°  1,  nous  voyons  les  nerfs  impressionneurs,  c'est-à-dire  les  nerfs 
qui  portent  vers  le  cerveau  le  résultat  d'une  impression  reçue,  et  qui  occu- 


(i)   Comptes  rendus,  1864,  t.  LIX,  p.  Sog.  Note  sur  le  Cocuyo  du  Mexique,  présentée  par 
M.  Pasteur,  avec  remarques  de  M.  Blanchard. 

44.. 


(  -m  ) 

peut  la  partie  postérieure  de  la  moelle.  Ces  nerfs  aboutissent  à  la  région 
u°  2,  connue  sous  le  nom  de  couches  optiques  et  composée  en  grande  partie 
de  celhdes  nerveuses.  Des  fibres  parlent  de  ce  centre  sons  forme  de  rayons 
et  le  font  communiquer,  d'im  côté  avec  la  région  3,  composée  de  cellules  et 
qui  porto  le  nom  de  couche  corticale  du  cerveau,  de  l'autre  avec  la  résjion  4, 
composée,  elle  aussi,  de  cellules  et  désignée  sous  le  nom  de  corps  striés. 

»  De  cette  dernière  région  partent  les  nerfs  du  mouvement,  qui  occupent 
dans  la  région  5  la  partie  antérieure  delà  moelle. 

))  Semblable  en  cela  à  tous  les  organes  de  la  vie,  le  cerveau  requiert, 
pour  entrer  en  fonction,  l'intervention  d'un  excitant,  c'est-à-dire  une  im- 
pression  reçue  à  l'extrémité  périphérique   d'un  nerf  iuipressionneur. 

»  L'impression  modifie  la  vitalité  du  nerf,  de  proche  en  proche  jusqu'aux 
couches  optiques,  et  là  le  nerf  modifie  à  son  tour  la  cellule  à  laquelle  il 
vient  aboutir.  Le  résultat  de  la  modification  de  ce  dernier  élément  par  le 
mouvement  iinpressionneur  est  une  sensation,  ou  pour  mieux  dire,  uneper- 
ception  simple.  Le  phénomène  de  la  perception  simple  a  bien  son  siège  dans 
les  couches  optiques,  car  si  l'on  détruit  cet  organe  chez  le  chien  vivant, 
l'animal  n'est  plus  sensible  à  aucune  impression  :  il  n'odore  plus,  il  n'en- 
tend plus,  il  ne  voit  plus,  en  un  mot  il  vit,  mais  il  ne  seul  pas.  Quand 
l'homme  est  modifié  dans  des  couches  optiques,  il  sent  et  voilà  tout  :  sentir 
c'est  vivre  d'une  certaine  feiçon.  Nous  voulons  dire  par  là  que,  pour  sentir 
avec  connaissance,  il  faut  autre  chose  que  la  perception  simple  :  il  faut  cette 
perception  simple  et  quelque  chose  de  plus  que  nous  allons  faire  con- 
naître. 

»  Le  phénomène  de  perception  s'accompagne  nécessairement  d'un  mou- 
vement propre  des  cellules  que  le  mouvement  iuipressionneur  a  provoqué. 
Or  ce  mouvement  ne  s'épuise  pas  sur  place;  les  couches  optiques  ne  sont 
pas  isolées  au  milieu  de  la  substance  cérébrale,  et  il  est  tout  naturel  que  le 
mouvement  dont  elles  sont  le  siège  se  communique  aux  parties  voisines. 
C'est  [ce  qui  arrive  :  des  couches  optiques  le  mouvement  iinpressionneur 
s'étend  de  proche  en  proche,  à  travers  les  fibres  du  centre  blanc,  pour 
aboutir  en  définitive  aux  cellules  qui  forment  la  couche  périphérique  du 
cerveau.  Ces  cellules  en  sont  modifiées  d'une  certaine  façon. 

»  Déjà  depuis  longtemps,  on  avait  remarqué  que,  chez  les  déments,  la 
couche  corticale  du  cerveau  était  ramollie  ou  plus  ou  moins  lésée.  Sur  les 
chiens,  lorsque  nous  détruisions  cette  région  par  le  caustique,  nous  provo- 
quions une  sorte  <le  folie;  l'animal  conservait  tous  ses  sens  comme  les 
déments,  mais  il  ne  connaissait  pas,  il  n'avait  plus  de  mémoire. 


(  337  ) 

»  Le  phénomène  de  perception,  produit  dans  les  couches  optiques,  ne 
se  produisait  pas  dans  la  couche  corticale,  puisc[ue  les  déments,  ainsi  que 
les  chiens  dont  la  couche  corticale  est  lésée,  conservent  leur  sensibilité. 
Mais  comme,  d'un  autre  côté,  les  couches  optiques  ne  concourent  qu'à 
la  perception  simple,  à  la  perception  sans  connaissance,  nous  fûmes  con- 
duit à  rechercher  par  quel  mécanisme  la  perception  simple,  dans  les  cou- 
ches optiques,  se  transforme  en  perception  avec  connaissance,  grâce  au 
concours  de  l'activité  des  cellules  de  la  couche  corticale  du  cerveau.  Ce 
mécanisme  est  celui  de  la  mémoire. 

»  Supposons  un  cerveau  vierge  de  toute  impression  et  soumettons-le  à 
l'influence  d'un  corps  odorant.  Le  mouvement  impressionneur  se  transmet 
à  travers  le  nerf  de  l'odorat  jusqu'à  la  cellule  A'  du  centre  optique,  et,  dès 
lors,  l'homme  sent  l'odeur;  puis  le  mouvement  impressionneur  continue  sa 
route  jusqu'à  la  cellule  A  de  la  couche  corticale  et  la  modifie  d'une  cer- 
taine façon.  Si  nous  retirons  le  corps  odorant,  tous  les  mouvements  que  sa 
présence  a  provoqués  cessent  et  l'homme  ne  sent  plus  rien.  A  présent  sup- 
posons que  nous  puissions  déterminer  dans  la  cellule  A  le  mouvement 
qui  lui  est  propre,  le  mouvement  de  cette  cellule  se  transmettra  à  travers 
les  fibres  du  noyau  blanc  jusqu'à  la  cellule  A',  dont  elle  réveillera  l'acti- 
vité. Or,  comme  cette  activité  correspond  à  une  perception  d'odeur,  l'homme 
sentira  de  nouveau  celte  odeur  en  l'absence  de  l'objet  impressionnant  ca- 
pable de  la  provoquer.  Telle  est  la  première  condition  de  la  mémoire  : 
sentir  comme  on  a  déjà  senti,  mais  en  l'absence  de  tout  objet  impression- 
nant et  sous  l'influence  seule  de  l'activité  d'une  cellule  de  la  couche  cor- 
ticale du  cerveau.  Ce  fait  élémentaire  ne  constitue  pas  toute  la  mémoire; 
pour  se  souvenir,  il  faut  sentir  qu'on  a  déjà  senti  d'une  certaine  façon  et 
établir  un  rapport  entre  la  manière  de  sentir  actuelle  et  celle  de  jadis. 
Ce  trait  d'union  entre  le  passé  et  le  présent,  nécessaire  pour  qu'il  y  ait 
souvenir,  est  le  résultat  d'un  mécanisme  fonctionnel  que  nous  allons  faire 
connaître. 

»  Supposons  que  le  corps  odorant  était  une  orange  et  que  les  sens  de 
la  vue  et  de  l'odorat  ont  été  simultanément  provoqués  par  elle.  L'im- 
pression visuelle  réveillera  le  centre  de  perception  B'  en  même  temps  que 
le  centre  A'  sera  réveillé  par  l'impression  odorante,  et  le  mouvement  im- 
pressionneur visuel  ira  réveiller  l'activité  propre  de  la  cellule  B,  pendant 
que  le  mouvement  impressionneur  odorant  provoquera  celle  de  la  cellide  A. 

»  Dans  ces  conditions,  l'homme  sent  qu'il  est  modifié  de  deux  façons 
différentes  et  voilà  tout;  mais  si,  après  avoir  retiré  l'orange,  nous  la  sou- 


(  338  ) 
mettons  de  nouveau  à  l'activité  du  seul  sens  de  la  vue,  qu'arrivera-t-il  ? 
L'Iiomme  verra  l'orange;  mais,  comme  le  mouvement  impressionneur  ne 
s'épuise  pas  dans  les  couches  optiques,  il  ira  provoquer  l'activité  propre  de 
la  cellule  B.  La  cellule  B  étant  unie,  par  ses  prolongements,  à  la  cellule  A 
déterminera  dans  cette  dernière  l'activité  qui  lui  est  propre,  et,  en  défini- 
tive, le  centre  de  la  perception  odorante  A'  sera  lui  aussi  réveillé. 

))  De  sorte  que,  bien  que  l'orange  soit  assez  éloignée  pour  que  l'homme 
ne  puisse  l'odorer,  il  l'odorera  néanmoins  par  le  souvenir  et  il  sentira  ce 
qu'il  sentit  réellement  jadis  en  voyant  l'orange;  il  se  souviendra,  en  un 
mot,  que  l'orange  est  un  corps  odorant,  et,  en  se  souvenant  de  ce  ca- 
ractère, il  n'aura  plus  une  perception  simple  de  cet  objet,  mais  une  perception 
avec  connaissance. 

»  Voilà  comment,  en  expliquant  le  mécanisme  de  la  mémoire,  nous 
avons  été  conduit  à  formuler  la  différence  qu'il  y  a  entre  luie  perception 
simple  et  une  perception  avec  connaissance,  et  à  déterminer  en  même 
temps  le  rôle  fonctionnel  des  cellules  de  la  couche  corticale  du  cerveau. 

M  Les  cellules  de  la  couche  corticale  du  cerveau  représentent  sous  forme 
de  modalités  dynamiques  in  possè  toutes  les  notions  acquises,  et  c'est  aux 
connexions  anatomiques  qui  unissent  ces  cellules  aux  couches  optiques 
qu'elles  empruntent  la  possibilité  de  réveiller  successivement  le  centre  de 
perception  pour  donner  naissance  aux  phénomènes  de  mémoire. 

»  Le  rêve,  qui  présente  tant  d'analogies  avec  la  mémoire,  n'est  autre 
chose  que  le  réveil  du  centre  de  perception  par  l'activité  des  cellules  de  la 
couche  corticale,  alors  que  ce  même  centre  est  fermé  aux  influences  exté- 
rieures. 

»  Toutes  les  cellules  de  la  couche  corticale  sont  unies  entre  elles  par 
leurs  prolongements:  elles  peuvent  donc  réveiller  mutuellement  leur  propre 
activité.  Il  suffit,  en  effet,  que  l'une  d'elles  fonctionne  pour  que  le  fonction- 
nement des  luies  ou  des  autres  s'ensuive. 

»  Quant  à  l'ordre  admirable  qui  préside  au  classement  de  foules  nos 
connaissances,  nous  le  devons  à  l'intelligence  sublime  qui  a  tout  créé  :  le 
cerveau  est  une  tapisserie  merveilleuse  dont  le  Créateur  a  fourni  le  canevas 
et  dont  nous  remplissons  tous  les  jours  les  mailles. 

»  Jusqu'ici  nous  n'avons  exposé  qu'une  partie  de  la  fonction  cérébrale, 
V  excitant  fonctionnel  e\.  la  matière  fonctionnelle  :  cela  n'est  pas  suffisant. 

»  La  fonction  des  organes,  en  effet,  ne  consiste  pas  seulement  à  rassem- 
bler des  éléments  déterminés  :  la  fonction  suppose  un  but  à  atteindre  et  ce 
but  n'est  pas  dans  l'organe  lui-même,  mais  en  dehors  de  lui.  Il  faut  donc 


(  339) 
que,  par  fies  mouvements  particuliers,  l'organe  projette  au  dehors  les  élé- 
ments de  sa  fonction.  Ce  sont  ces  mouvements  que  nous  désignons  sous  le 
nom  de  mouvements  fonctionnels. 

»  Le  cerveau  qui  se  bornerait  à  sentir  et  à  se  souvenir  vivrait  en  lui- 
même  d'une  certaine  façon,  mais  personne  n'en  saurait  rien;  pour  que  sa 
fonction  soit  complète,  il  faut  que  chacune  de  ses  manières  de  sentir  et  de 
se  souvenir  se  reflète  au  dehors  d'une  manière  sensible.  C'est  ce  qui  a  lieu, 
en  effet,  et  c'est  par  des  mouvements  que  le  cerveau  extériorise  sa  manière 
d'être. 

»  La  route  que  nous  avons  assignée  fout  à  l'heure  au  mouvement  im- 
pressionneur,  des  nerfs  sensitifs  aux  couches  optiques  et  de  ces  dernières 
aux  cellules  de  la  couche  corticale,  n'est  pas  la  seule  voie  suivie  par  le  mou- 
vement. Les  couches  optiques  sont  unies  par  des  fibres  spéciales  à  un  autre 
noyau  de  cellules,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  corps  striés.  C'est  dans 
ce  noyau  que  viennent  aboutir  toutes  les  fibres  des  nerfs  du  mouvement, 
placés  à  la  partie  antéro-latérale  de  la  moelle,  et  nous  avons  vu  l'abolition 
de  tout  mouvement  succéder,  chez  les  chiens  vivants,  à  la  destruction  de 
ces  organes.  Dès  lors,  il  nous  a  paru  possible  d'expliquer  le  mécanisme 
fonctionnel  de  tous  les  mouvements,  volontaires  ou  involontaires. 

»  Les  mouvements  sont  involontaires  lorsque  la  cause  impressionnante, 
un  danger  par  exemple,  est  assez  vive  pour  réveiller  directement  l'activité 
des  corps  striés  et  provoquer  aussitôt,  par  l'intermédiaire  des  nerfs  moteurs, 
un  mouvement  déterminé. 

»  Les  mouvements  sont  volontaires  lorsque  la  cause  impressionnante 
donne  le  temps  à  l'attention  de  soumettre  l'impression  sentie  à  la  pierre  de 
touche  des  connaissances  acquises,  de  réveiller  par  conséquent  l'activité 
des  cellules  de  la  couche  corticale.  Ce  n'est  qu'après  cet  examen  que  l'im- 
pression dominante,  dans  les  couches  optiques,  provoque,  dans  les  corps 
striés,  la  détermination  du  mouvement  qui  lui  est  corrélatif. 

»  Dans  le  cas  des  mouvements  involontaires,  le  mouvement  exécuté  est 
ce  qu'on  appelle  vulgairement  un  premier  mouvement.  Dans  le  cas  des  mou- 
vements volontaires,  l'examen  préalable  a  fait  prévaloir,  dans  les  couches 
optiques,  une  impression  dominante  qui  donne,  par  ce  seul  fait,  au  mou- 
vement exécuté,  les  caractères  d'un  mouvement  raisonné  et  voulu.  Les 
mouvements  de  la  parole  rentrent  dans  ces  derniers  mouvements. 


(  34o  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Polychromie pholorjrapinque.  Mémoire 

de  M.  L.Vidal.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Milne  Edwards,  Fizeau,  Edm.  Becquerel.) 

«  Procédé.  —  Le  procédé  à  l'aide  duquel  nous  obtenons  les  images  po- 
lychromiques  est  purement  et  simplement  une  extension  du  procédé  dit 
au  charbon;  i\  a  été  décrit  dans  notre  demande  de  brevet  du  aS  décembre 
dernier.  La  description  sommaire  que  nous  allons  en  donner  diffère  de  la 
précédente  en  un  point  essentiel  :  au  papier  stéarine,  nous  avons  substitué 
tout  récemment  le  papier  végétal  enduit,  de.  gomme  laque.  Quant  aux  mix- 
tions combinées,  propres  aux  reproductions  d'après  nature,  c'est  là  une  ques- 
tion spéciale  sin*  laquelle  nous  pourrons  fournir  plus  lard  des  indications. 

»  Les  personnes  qui  s'occupent  des  procédés  au  charbon  savent  qu'il 
est  aisé  d'obtenir,  sur  tel  support  déterminé,  des  teintes  monochromes  ou 
des  reproductions  monochromes  quelconques  de  toutes  couleurs. 

»  La  palette  de  la  photographie  au  charbon  est  d'ailleurs  fort  riche,  et 
il  est  possible,  avec  toutes  les  poudres  colorées  que  n'allèrent  pas  les  sels 
de  chrome,  d'obtenir  les  couleurs  les  plus  chaudes  et  les  plus  variées.  Nous 
le  démontrons  par  des  tableaux  polychromiquesoù  nous  réunissons  toutes 
les  nuances,  en  nombre  infini,  qui  résultent  de  la  combinaison  entre  elles 
de  mixtions  colorées,  sensibilisées  au  bichromate  de  potasse,  et  traitées 
comme  le  sont  les  épreuves  au  charbon  les  plus  soignées.  Ces  teintes 
monochromes,  obtenues  "sur  des  supports  provisoires,  peuvent,  si  on  le 
vent,  être  fixées,  soit  séparément,  soit  à  côté  l'une  de  l'autre.  On  peut 
encore  les  superposer;  c'est  simplement  une  sorte   de  décalcomanie. 

»  Prenons  maintenant  l'opération  dès  le  début,  pour  la  suivre  jusqu'à 
la  fin. 

1)  Clichés.  —  Les  clichés  polychromiques  peuvent  être  obtenus,  soit  par 
des  moyens  d'optique  plus  ou  moins  précis  et  analogues  à  celui  décrit  par 
M.  Ducos  du  Hauron,  soit  eu  réservant  sur  chacun  des  clicliés  mono- 
chromes toutes  les  parties  qui  doivent  contribuer,  par  une  transparence 
plus  ou  moins  grande,  à  la  formation  de  ce  monochrome. 

»  La  réserve  se  fait  sur  un  chevalet  à  retoucher  les  clichés,  à  l'aide  d'une 
matière  opaque,  vermillon,  noir  de  fumée,  et  presque  en  copiant  la  nature, 
comme  le  ferait  ini  peintre  exécutant  un  tableau,  avec  cette  différence  que 
tout  le  travail  consiste  ici  à  suivre  des  contours  nettement  tracés  par  la 
photographie  et  à  barbouiller  les  surfaces  à  réserver,  grossièrement  et  sans 
qu'il  faille  pour  cela  savoir  peindre  ou  dessiner. 


(  3/.r  ) 

»  Si  l'on  opère  d'après  nature,  on  n'a  qu'à  copier  de  la  façon  que  voici  : 
veut-on  produire  le  monochrome  rouge,  par  exemple,  on  obture  en  ré- 
serve tout  ce  qui,  dans  la  vue  reproduite,  ne  contient  ni  rouge  ni  combi- 
naison de  rouge  avec  toute  autre  couleur,  sans  s'inquiéter  des  demi-teintes, 
sans  faire  autre  chose  que  réserver  ou  noircir  tout  ce  qui  n'est  ni  rouge 
ni  indépendant  du  rouge.  Pour  le  cliché  du  monochrome  bleu,  on  agit  de 
même  ;  cela  est  tellement  facile  que,  dès  le  premier  essai,  sans  être  le  moins 
du  monde  habile,  on  arrive  à  produire  un  résultat  déjà  bien  séduisant.  On 
peut,  d'ailleurs,  après  l'examen  d'une  première  image  polychrome,  s'as- 
surer si  les  clichés  ont  la  valeur  voulue;  sinon,  on  les  retouche  suivant, 
les  indications  fournies  par  cet  essai,  puis  on  imprime,  à  l'infini  et  sans 
préoccupation,  autant  de  polychromies  semblables  que  l'on  en  peut  dé- 
sirer. 

»  Ces  clichés  doivent  être  essayés,  cela  va  sans  dire,  quant  à  leur  temps 
de  pose  respectif  et  les  coefficients  photométriques  de  chacun  indiqués  sur 
la  marge. 

»  Impression  positive.  —  Chacun  des  clichés  concourant  à  la  formation 
d'une  polychromie  est  imprimé  sur  une  mixtion  de  couleur  voulue,  puis 
on  développe  sur  un  support  provisoire,  suivant  le  procédé  de  dévelop- 
pement connu. 

»  Le  support  provisoire  est,  nous  l'avons  dit,  du  papier  végétal  plongé 
dans  une  solution  de  gomme  blanche  en  poudre  dans  de  l'alcool  à  satu- 
ration, à  la  température  ordinaire. 

»  L'image  y  adhère  parfaitement.  Aucune  bulle  ne  se  produit,  ce  papier 
transparent  permettant  de  voir  l'air  qui  existerait,  avant  le  développement, 
entre  sa  surface  intérietn-e  et  celle  de  la  mixtion  ;  puis,  comme  il  présente 
une  texture  très-serrée  et  que  l'enduit  de  gomme  laque  ferme  les  moindres 
pores,  son  imperméabilité  est  complète. 

»  L'image  développée  est  alunée,  lavée,  puis  couverte  à  sa  surface  d'une 
légère  couche  de  gélatine  et  abandonnée  à  dessiccation. 

»  On  remarquera  que  l'imperméabilité  de  ce  papier  rend  impossible 
toute  extension  ou  constriction,  de  telle  sorte  que  tous  les  monochromes 
sont  parfaitement  identiques  entre  eux,  ceux  provenant,  bien  entendu,  de 
clichés  identiques. 

))  Montage  de  l'épreuve.  —  Quand  on  a  imprimé  une  ou  plusieurs  séries 
polychromiques,  il  s'agit  de  monter  ces  monochromes,  de  former,  en  un 
mot,  les  images  polychromiques.  Pour  cela  faire,  on  prend  le  mono- 
chrome qui   doit  être   le  premier  posé  sur  le  support  définitif,  papier, 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  S.)  4^ 


(  342  ) 

carton,  ivoire,  métal,  etc.;  on  met  le  monochrome  et  le  support  dans  de 
l'eau  pure  et  bien  filtrée,  et  ou  les  sort  juxtaposés,  dès  que  les  surfaces 
extensibles  sont  bien  planes;  on  les  amène  à  coïncider  exactement,  puis 
ou  enlève  par  une  pression  légère,  entre  du  buvard,  l'excès  d'humidité, 
et  on  laisse  sécher  à  l'air  libre. 

»  Quand  tout  est  sec,  on  immerge  dans  de  l'alcool  ordinaire,  et,  après 
quelques  moments,  l'alcool  a  ramolli  la  gomme  laque  du  support  provi- 
soire, lequel  se  détache  aisément,  laissant  le  monochrome  sur  le  support 
définitif.  On  peut  mener  de  front  un  nombre  illimité  de  monochromes  et 
en  immerger  une  masse  dans  l'alcool. 

»  Dès  que  le  premier  monochrome  est  fixé,  on  passe  au  deuxième, 
puis  au  troisième  monochrome,  et  l'on  obtient  le  résultat  final,  s'il  ne  faut 
que  trois  couleurs  combinées.  On  agit  de  même  jusqu'à  la  fin,  s'il  en  faut 
un  plus  grand  nombre. 

»  Le  support  provisoire  étant  transparent,  on  voit  facilement,  même  sur 
un  corps  opaque,  si  les  divers  points  des  monochromes  qui  doivent  se  jux- 
taposer coïncident  bien  ensemble. 

»  La  stéarine,  d'abord  indiquée,  n'était  pas  aisément  enlevée,  et  la 
moindre  présence  de  ce  corps  gras  entre  deux  pellicules  en  amenait  le  dé- 
tachement, et  l'image  risquait  de  s'exfolier.  Aujourd'hui,  cela  n'est  point 
à  redouter,  et  d'ailleurs  le  papier  végétal  offre  l'avantage  remarquable 
d'être  à  la  fois  transparent  et  inextensible,  et  il  permet  de  multiplier  à 
l'infini,  avec  ou  sans  repères,  les  applications  de  ce  procédé  polychro- 
mique  sur  papier  ou  sur  corps  opaque.   » 

VITICULTUIŒ.  —  Sur  i'élal  actuel  delà  question  du  Vhyïloxera .  Extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Lichtenstein  à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Il  est  admis  aujourd'hui  :  i"  que  le  Phylloxéra  américain  et  le  Phjl- 
/ojfera  européen  sont  identiques  (observateurs:  Riley,  à  Saint-Louis;  Rœs- 
1er  et  E.  Mach,à  KIosternenburg;  Schraut  et  Vipellier,  à  Kaiserstauteru); 

»  2°  Que  l'insecte  des  feuilles  passe  aux  racines,  et  celui  des  racines 
aux  feuilles  (observateurs  :  Plauchon  et  Lichtenstein ,  à  Montpellier; 
Laliman,  à  Bordeaux;  Signoret,  Cornu  et  Balbiani,  à  Paris); 

»  3"  Que  l'insecte  prend  des  ailes  dès  le  i5  juin  ;  qu'il  y  a  deux  formes 
de  iiymplie,  une  ovale  et  l'autre  rétrécie  au  milieu,  et  deux  nervations 
d'ailes   différenles  (observateurs  :  Plauchon  et  L.,  qui  y  voient  la  forme 


(  343  ) 
mâle,  tandis  que,  suivant  Signoret,  tout  serait  femelle.  C'est  à  M.  Cornu  et 
à  M.  Balbiani  à  trancher  Ja  question); 

»  4°  Que  l'insecte  au  sortir  de  l'œuf  et  l'insecte  ailé  sont  l'un  et  l'autre 
très-agiles;  ils  cheminent  sur  le  sol  et  se  trouvent  assez  souvent  (les  ailés) 
pris  aux  toiles  d'araignées  (observateurs  :  Lichlenstein,  Duclaux,  Plan- 
chon,  Faucon,  etc.). 

»  Voilà  quatre  points  certains.  Le  nombre  de  mues,  l'accouplement 
(s'il  existe),  l'endroit  où  l'insecte  ailé  dépose  ses  œufs  sont  encore  à 
trouver. 

»  Je  compte  adresser  prochainement  à  l'Académie  un  travail  que  j'ai 
exécuté  avec  M.  Planchon,  et  qui  est  sous  presse.  Les  provins-appâts  à 
Phylloxéra  me  donnent  d'excellents  résultats.  » 

VITICULTURE.  —  Du  Phylloxéra  et  de  son  évolution.  Note 
de  M.  Signoret. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Le  Messager  du  Midi,  à  la  date  du  5  juillet  dernier,  a  publié  le  compte 
rendu  d'une  conférence  sur  le  Phylloxéra,  faite  par  M.  Lichtenstein,  dans 
laquelle  nous  relevons  la  phrase  suivante  : 

«  Sa  ponte  rapide,  sa  prompte  évolution  sont  telles,  que  les  petits  sont  aptes  à  devenir 
mères,  à  pondre,  dans  l'espace  de  dix  jours.   » 

»  C'est  là  une  erreur  considérable,  destinée,  pensons-nous,  à  produire 
une  grande  sensation,  contre  laquelle  nous  nous  élevons;  c'est  pour- 
quoi nous  pensons  devoir  rétablir  les  faits.  Poiu'  répondre  de  suite  à 
l'énoncé  ci-dessus,  nous  dirons  que,  pour  nous,  au  lieu  de  dix  jours, 
l'évolution  complète  ne  se  fait  que  dans  l'espace  d'une  année  :  c'est  ce  que 
nous  voulons  démontrer.  Nous  commencerons  à  l'œuf  produit  au  prin- 
temps, pour  finir  au  printemps  suivant. 

»  L'œuf  a  besoin  pour  éclore  d'un  certain  temps,  variable  suivant  la 
température,  et  qui  est  pour  nous  de  quinze  à  vingt  jours.  Quel  degré  de 
température  faut-il  poiu-son  éclosion?  Ici  se  place  un  ^v^xm^r  desideratum. 

»  Après  l'éclosioii,  arrive  une  larve  embryonnaire,  facile  à  distinguer  de 
toutes  les  autres  par  le  développement  plus  grand  de  ses  antennes,  des 
cicatrices,  des  poils  et  des  pattes;  au  bout  d'ini  certain  temps,  variable 
suivant  la  température,  arrive  une  première  mue  et  par  suite  un  second 
état,  également  facile  à  reconnaître  pour  qui  sait  se  servir  du  microscope,  à 

45.. 


(  344  ) 
cause  des  caractères  énoncés  ci-dessus,  moins  développés;  les  tarses  n'of- 
frent encore  qu'un  seul  article,  ce  qui  sert  à  distinguer  cette  larve  de  la  sui- 
vante. Vient  ensuite  au  bout  de  quelques  jours,  quinze  à  vingt  toujours,  une 
seconde  mue  qui  nous  donne  un  troisième  état,  facile  à  distinguer  du  précé- 
dent, dont  il  se  rapproche  beaucoup  par  la  présence  de  deux  articles  aux 
tarses:  caractère  que  M.  Riley  des  États-Unis  n'avait  pas  vu  d'abord  et  qui 
lui  fit  douter  de  l'identité  des  individus  français  ou  américains,  caractère 
et  identité  que  j'ai  bien  constatés  dès  1870  (1)  et  que  le  savant  Américain 
a  su  reconnaître  depuis  (2). 

»  Après  un  temps  toujours  très-discutable,  arrive  une  troisième  mue,  qui 
nous  donne  le  type  tuberculeux  que  tout  le  monde  connaît  et  que  nous 
avons  figuré  les  premiers  (3)  ;  on  ne  trouve  ces  individus  que  vers  le 
i5  juillet  et  jusqu'au  i5  septembre  généralement;  ces  insectes  sont  alors  à 
l'état  adulte  et  propres  à  la  reproduction  par  la  ponte;  ils  ont  déjà  mis  plu- 
sieurs mois  pour  se  produire;  certains  de  ces  individus,  suivant  certaines 
circonstances,  encore  inconnues  (second  desideraluin),  changent  de  nouveau 
de  peau  en  pastant  d'abord  par  un  état  de  nymphe,  et,  après  la  mue  qui  est 
la  quatrième,  on  obtient  un  insecte  ailé  qui  présente  deux  élytres  (4)  ou 
ailes  supérieures  et  deux  ailes  inférieures,  et  qui  ne  pond  plus  que  trois  ou 
quatreœufs.  Que  deviennent  les  œufs  de  ces  deux  individus,  aptères  ou  ailés? 
Ils  recommencent  une  nouvelle  série,  pareille  à  la  précédente,  mais  qui  s'ar- 
rête en  route  avant  la  production  du  type  tuberculeux;  elle  produit  ce 
que  j'ai  appelé  le  t/pe  mère  (5),  puisqu'elle  produit  l'œuf  par  où  nous  avons 
commencé  notre  évolution.  Pour  nous,  ce  sont  les  individus  après  la 
seconde  mue  qui  se  sont  développés  d'une  manière  complète  :  ils  n'ont 
jamais  de  tubercules,  et  les  téguments  sont  rugueux  et  comme  cha- 
grinés (6). 

»  Pour  être  mieux  compris,  nous  dirons  : 

Premier  temps.  —  L'œuf  qui  met  un  temps  plus  ou  moins  long  à  éclore  el  auquel  il  faut 

un  certain  degré  de  chaleur. 
Deuxième  temps.  —  La  larve  embryonnaire,  facile  à  reconnaître  par  le  iléveloppement  dos 

antennes,  cicatrices,  pattes  et  poils. 

(i)  Bulletin  (le  la  Société  Entomologique  de  France,  séance  du  22  juin  1870,  p.  60. 

(2)  Fonrth  annual  Report  on  the  noxious  and  bénéficiais  Insects,  Cli.  Riley,  1872,  p.  5'j. 

(3)  Annales  de  la  Société  Entomologique  de  France;  1869,  PL  10,  fig.  2,  p.  58o. 

(4)  Annales  de  la  Société  Enlomologirjur,  vol.  cité,  /îg.  3. 

(5)  Bull,  de  la  Soe.  Ent.;  innée  1870,  p.  lxxiii. 

(6)  Journal  d'Agriculture,  par  A.  Bai  rai  ;  février  1S72,  t.  I,  p.  258,  avec  figures. 


(  345  ) 

Première  mue. 

Troisième  temps.  —  Larve  moins  développée  que  ci-dessus,  mais  plus  grosse. 

Deuxième  mue. 

QuiUrième  temps.  —  Larve  à  peu  près  comme  ci-dessus,  mais  offrant  deux  articles  aux 

tarses. 
Troisième  mue. 
Cinquième  temps.  —  Insecte  arrivant  à  l'état  parfait,  c'est-à-dire  apte  à  pondre.  Il  est 

tuberculeux.  Partie  de  ces  individus  subit  une  métamorphose  après  ponte  et  donne  : 

Quatrième  mue. 

Sixième  temps.  —  Les  individus,  après  cette  mue,  deviennent  ailés  et  ne  pondent  plus  que 
trois  ou  quatre  œufs.  Des  oeufs  pondus  par  les  deux  temps  ci-dessus  naît  une  nouvelle 
série.  Combien  meltent-ils  de  temps  à  éclore?  Certainement  un  peu  plus  de  temps  que 
précédemment,  la  température  étant  moins  élevée.  Les  mues  sont  aussi  plus  éloignées, 
car  nous  retrouvons  en  hiver  les  deuxième  et  troisième  larves,  et,  pour  continuer  notre 
tableau,  nous  aurons  : 

Septième  temps.  —  L'oeuf,  nouvelle  série. 

Huitième  temps.  —  Larve  embryonnaire  pareille  à  celle<lu  deuxième  temps,  première  série. 

Cinquième  mue. 

Neuvième  temps.  —  Larve  pareille  à  notre  troisième  temps. 

Sixième  mue. 

Dixième  temps.  —  Larve  pareille  à  notre  quatrième  temps,  avec  deux  articles  aux  tarses,  et 

prenant  tout  l'accroissement  nécessaire  pour  arriver  à  l'état  parfait  et  pondre.  C'est 

notre  type  mère  (i). 

»  CouiHie  je  le  disais  plus  haut,  toutes  les  transformations  de  celte  série 
prennent  du  temps  et  sont  en  partie  arrêtées  pendant  l'hiver,  puisque  nous 
retrouvons  le  type  mère  vers  le  mois  d'avril  et  qu'il  persiste  une  partie  de 
l'été  pondant  toujours.  Si  la  première  série  dure  cent  ou  cent  vingt  jours, 
la  seconde  dure  jusqu'au  printemps  et  une  partie  de  l'été  suivant,  en  nous 
donnant  les  œufs  par  lesquels  nous  avons  commencé  l'évolution,  et  le 
cercle  est  ainsi  complet.  Jamais  cette  seconde  série  ne  fournit  ni  type 
tuberculeux  ni  type  à  élytres,  lesquels  ne  peuvent  provenir  que  du  pré- 
cédent. 

»  Il  y  a  loin,  comme  on  voit,  de  l'évolution  complète  en  dix  jours. 

))  Maintenant  il  faudrait  aborder  la  question  de  l'habitat,  c'est-à-dire  le 
type  gallicole;  mais,  pour  ne  pas  trop  allonger  cette  Note,  nous  ajoule- 

(i)  Voir  Journal  d' Agriculture  de  1872;  février,  p.  iS^,  /îg.  i-j,  ig,  20,  qui  est  le  type 
mère  renfermé  dans  les  galles  et  complètement  identique. 


(  34G  ) 
rons  simplement  :  que  nous  avons  obtenu  sur  des  vignes  oïdiiiaires  (le 
chasselas)  des  galles;  que  de  ces  galles  nous  avons  eu  des  individus  pas- 
sant par  trois  états,  puis  disparaissant  pour  aller  aux  racines;  en  les  exa- 
minant, nous  avons  trouvé  tous  les  états,  même  le  type  tubercideux.  C'est 
ce  que  nous  avons  indiqué  à  la  Sociélé  Entomologique,  dès  1870  {Bull., 
p.  Lxxv),  et  qui  fera,  du  reste,  le  sujet  d'une  autre  Note.    » 

M.  le  SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  sigualc,  cu  outre,  à  l'Académie  divers  docu- 
ments intéressant  la  question  du  PltjUoxera,  et  en  particulier  : 

Une  Lettre  de  M.  E.  Ayral.,  indiquant  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  enlever  les 
feuilles  des  vignes  au  mois  de  septembre;  l'auteur  annonce,  en  outre,  que  le 
fléau  a  étendu  ses  ravages  sur  les  vignes  situées  entre  les  Cévennes  et  la  mer, 
et  qu'il  marche  vers  le  sud  ; 

Une  Lettre  de  M.  Coulomb,  tendant  à  établir  qu'il  a,  depuis  plus  de  deux 
ans,  indiqué  l'ammoniaque  comme  un  moyen  de  destruction  An  Phylloxéra; 

Une  Note  de  M.  Delenil,  de  Marseille,  concernant  l'efficacité  d'arrosages 
avec  l'urine  fermentée,  effectués  en  novembre  et  en  mars; 

Une  Lettre  de  M.  Gauthier,  conseillant  l'emploi  de  l'eau  de  savon  fer- 
mentée; 

Une  Note  de  M.  H.  Peyraud,  relative  à  l'emploi  de  macérations  d'absinthe 
et  de  tanaisie; 

Une  Lettre  de  M.  Laliman,  contenant  quelques  observations  nouvelles 
au  sujet  des  pucerons  comparables  an  Phylloxéra. 

JJne  L,et{re de  M.  L.  de  Martin,  detnaiidant  avec  instance  à  l'Académie 
de  poursuivre  les  études  scientifiques,  qui  ont  déjà  rendu  et  qui  doivent 
rendre  encore  à  la  viticulture  des  services  si  importants,  études  dont  les 
praticiens  feront  leur  profit. 

(Ces  divers  documents  sont  renvoyés  à  la  Commission.) 

M.  A.  OssELix  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  les 
«  Conséquences  du  principe  de  l'équivalence  mécanique  de  la  Chaleur  ». 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Serret,  Jamin.) 

M.  E.  R101.ET  adresse,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre  de  rinsiruction 
publique,  une  Note  relative  à  un  projet  d'aérostat. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


(  347  ) 
M.  Davin  adresse,  de  Nice,  une  notivelle  Note  relative  à  l'efficacilé  de  la 
poussière  de  cuivre  contre  le  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

MM.  Bopp  adressent  une  Note  relative  à  une  «  nouvelle  marmite  écono- 
mique et  portative,  dite  bidon  culinaire  sans  feu  ». 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Balard. 

MM.  Carré  et  Lemoi.ne  adressent  une  Note  sur  un  nouveau  mode  d'em- 
ploi de  l'huile  de  foie  de  morue,  au  moyen  de  la  panification. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Cloquet. 

M.  G.  Pebry  adresse  une  Note  intitulée  «  Sur  les  rapports  entre  la  dila- 
tation cubique  et  les  isotorsions;  équation  de  l'élasticité  en  coordonnées 
obliques,  pour  les  cristaux  triréfringeuts,  par  M.  G.  Perry;  système  ortho- 
gonal pour  le  prisme  rectangle,  par  M.  Lamé  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  lu.  Marej,  intitulé  «  La  machine  animale  ». 

PHYSIQUE.  —  Quatrième  Note  sur  les  résistances  maxima  des  bobines 
magnétiques  ;  par  M.  Tii.  du  Moncel. 

«  Dans  les  différentes  Notes  que  j'ai  adressées  à  l'Académie  sur  les  résis- 
tances maxima  des  tiélices  magnétiques,  j'ai  démontré  : 

»  1°  Qu'une  hélice  donnée  produit  son  effet  maximum  lorsque  sa  résis- 
tance propre  est  plus  grande  que  celle  du  circuit  extérieur,  dans  le  rapport 

de  I  à  I  +  -; 


a 


»  2°  Que,  pour  un  même  diamètre  de  bobine,  l'hélice  qui  donne  les 
meilleurs  résultats  est  celle  dont  le  fil  a  une  grosseur  et  une  longueur  telles, 
que  sa  résistance  représente  celle  du  circuit  extérieur  ; 

»  3"  Que  l'épaisseur  des  hélices  magnétiques  doit  être  égale  au  diamètre 
des  noyaux  magnétiques  qu'elles  enlourent  ; 


{  348  ) 

»  4°  Q'ic  leur  longueur  doit  être  égale  à  ce  dinmètre  niiillipliô  par  1 1, 
et  pratiquement  par  12,  en  raison  de  l'épaisseur  des  rondelles. 

»  Ces  déductions  supposent  toutefois  que  le  circuit  extérieur  est  par- 
faitement isolé,  que  l'état  permanent  de  la  propagation  électrique  est  établi, 
que  les  réactions  de  l'extra-courant  de  l'électro-aimant  n'existent  pas  et 
que  le  fer  de  l'électro-aimant  est  dans  les  conditions  de  saturation  néces- 
saires pour  que  les  lois  de  MM.  Dub  et  MûUer  soient  applicables;  quand 
ces  conditions  ne  se  présentent  pas,  il  est  loin  d'en  être  ainsi  et  le  calcul 
démontre  que  la  résistance  de  l'hélice  doit  être  considérablement  réduite, 
ce  que  les  expériences  de  M.  Hughes  ont  prouvé  d'une  manière  irrécusable, 
et  ce  qu'ont  confirmé  d'une  manière  plus  nette  encore  les  expériences 
récentes  de  M.  Lenoir,  dans  lesquelles  l'électro-aimant  employé  subissait 
des  alternatives  d'aimantation  et  de  désaimantation  extrêmement  rapides, 
étant  adapté  à  un  télégraphe  autographique. 

»  Avec  des  éléments  si  divers,  il  est  impossible  de  poser  une  formule  qui 
puisse  donner  exactement  les  conditions  de  maximum  de  résistance  des 
bobines  électromagnétiques.  Pour  l'action  seule  des  dérivations,  le  calcul 
démontre  que  ces  conditions  sont  les  mêmes  que  celles  qui  ont  été  déjà 
posées,  mais  en  supposant  que  la  résistance  du  circuit  extérieur  R  sur 
laquelle  elles  sont  basées  est  représentée  par  la  résistance  totale  du  circuit 
extérieur  avec  ses  dérivations,  et  en  admettant  que  cette  résistance  totale  est 
considérée  comme  si  la  pile  était  substituée  dans  le  circuit  à  l'électro- 
aimant.  Or,  comme  la  résistance  totale  d'un  circuit  soumis  à  des  dérivations 
est  moindre  que  sa  résistance  individuelle,  l'hélice  doit  avoir  une  résistance 
moindre  que  cette  dernière. 

»  En  prenant  le  cas  le  plus  simple,  celui  d'une  seule  dérivation  u  établie 
sur  un  circuit  métallique  de  résistance/,  avec  une  résistance  commune  R  à 
partir  de  la  pile  et  dans  laquelle  est  comprise  la  -résistance  de  cette  der- 
nière, la  force  attractive  A  de  l'électro-aimant  interposé  au  milieu  de  /sera 

A  —  ^'"''' 

"~  [R(«-f-/  +  lIj  +  «(/-h  H)p 

et,  si  l'on  substitue  à  f  et  à  H  leur  véritable  valeur,  on  arrive  à  une  ex- 
pression dont  la  dérivée,  par  rapport  à  g  considéré  comme  variable,  s'an- 
nule pour 


et  pour 


,  Ru  tIui' 


(  3/i9  ) 
quand  on  fait  varier  simplement  l'épaisseur  a  des  couches  de  spires  et  que 
R  est  supposé  préalablement  réduit  en  fonction  de  g-. 

»  Or,  dans  la  première  de  ces  deux  équations,  le  second  membre  repré- 
sente la  résistance  du  fil  de  l'hélice,  et  le  premier  membre  n'est  autre  que 
la  résistance  totale  du  circuit  extérieur,  exprimée  en  unités  de  même  ordre 
que  celles  ayant  servi  à  l'évaluation  de  la  résistance  de  l'hélice,  mais  pme 
en  sens  inverse;  car  celle  qui  est  étudiée  est  représentée,  par  le  fait,  par 

R  +  ^. 
/  +  'I 

»  Dans  ce  cas,  la  résistance  totale  doit  donc  être  envisagée  comme  si  la 
partie  commune  aux  deux  courants  dérivés  était  représentée  par  la  dériva- 
tion l  et  comme  si  la  partie  réellement  commune  R  n'était  qu'une  simple 
dérivation. 

»  Dans  la  seconde  équation,  le  premier  membre  représente,  comme 
dans  l'autre,  la  résistance  totale  du  circuit,  prise  en  sens  inverse;  mais 
cette  résistance  totale  ne  doit  correspondre  qu'à  une  fraction  de  la  résis- 
tance de  l'hélice  et  doit  être  à  cette  dernière  (comme  dans  le  cas  d'un  cir- 

cuit  isolé)  dans  le  rapport  de  i  à  i  H 

))  Il  me  reste  à  montrer  l'importance  pratique  des  formules  que  j'ai 
posées  et  des  déductions  que  j'en  ai  tirées. 

»  Le  problème  le  plus  fréquemment  posé,  dans  les  applications  élec- 
triques, est  celui-ci  : 

»  Quelles  sont  les  dimensions  à  donner  à  un  électro-aimant  et  In  grosseur  du 
fd  à  employer  pour  le  placer  dans  les  meilleures  conditions  possibles  sur  un  cir- 
cuit de  résistance  donnée  R,  en  employant  une  pile  d'une  force  électromotrice  E? 

))  Dans  ce  problème,  il  se  présente,  il  est  vrai,  une  question  dont  il  n'a 
pas  été  parlé  dans  mes  Notes  précédentes,  mais  qui  avait  été  prévue,  inci- 
demment, par  M.  Muller  :  c'est  celle  du  point  de  saturation  magnétique  du 
fer  des  électro-aimants.  Ce  point,  comme  on  le  sait,  joue  un  grand  rôle, 
car  ce  n'est  seulement  que  dans  son  voisinage  que  les  lois  de  Jacobi,  Dub 
et  Muller  sont  réellement  vraies,  et  il  importe  qu'il  soit  atteint,  afin  qu'on 
puisse  agir  le  plus  efficacement  possible  avec  le  moins  de  masse  possible. 
Or,  pour  le  déterminer,  il  suffit  de  considérer  (d'après  la  loi  de  Muller) 
que,  pour  développer  dans  deux  électro-aimants  la  même  partie  aliquofe 
de  leur  maximum  magnétique,  il  faut  que  les  intensités  I  du  courant,  niul- 

C.  R.,  1S73,  2=  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  Jî.)  4° 


(  35o  ) 

tipliées  par  les  nombres  des  tours  de  spires  t  des  hélices  magnétiques,  soient 
proportionnelles  aux  puissances  |  de  leurs  diamètres.  Conséquemment, 
si  un  électro-aimant  type  se  trouve  dans  des  conditions  convenables 
de  saturation,  pour  une  certaine  force,  électrique,  il  sera  possible  de 
déterminer,  dans  des  conditions  données,  le  diamètre  d'un  autre  noyau 
magnétique,  pour  qu'il  soit  dans  des  conditions  de  sattu'ation  ana- 
logues. 

»  Or  de  cette  loi,  qui  peut  se  traduire  par  l'équation 

et  de  l'équation  exprimant  la  valeur  de  l'intensité  du  courant  donné  1', 
qui  est 

1^^  .      on      "■     —  < 

„,        27rc'^m  O      ~E'  — l'R' 

on  tire,  en  supposant  le  diamètre  c  de  l'électro-aimant  type  égal  à  o",or,  et 
en  se  rappelant  que  le  nombre  des  tours  t,  pour  satisfaire  aux  conditions  de 

maximum,  est  représenté  par  —7-» 


y      _  2  7rwl  J 

et  en  convertissant  en  une  seule  constante  la  valeur  (  — ~  J  ,  composée  de 

quantités  connues  se  rapportant  à  l'électro-aimant  type  que  j'ai  employé, 
on  arrive  à  la  formule  simple 


c' =  v'(E  —  111)^.0,000000000000000339701  ■761, 

I  indiquant  l'intensité  du  courant  dans  le  circuit  où  doit  être  interposé 
l'électro-aimant,  circuit  dont  la  résistance  totale  est  égale  à  3R,  E  repré- 
sentant la  force  électromofrice  de  la  pile  qui  doit  être  emplovée. 

»   La  quantité  c  étant  ainsi  déterminée,  la  grosseur  du  fil  se  déduit  de 
l'équation 

H  =  r—      OU       R  =  , 

g  g- 

qui  donne,  par  rapport  à  R  réduit  en  fonction  de  g  et  évalué  en  mètres  de 


(  3^>.   ) 
fil  télégraphique  de  4  millimètres  de  diamètre, 


g  =  y./  \/i^'  o,oooioo53i3, 


»  Dès  lors,  la  longueur  réelle  du  fil  de  l'hélice  peut  être  déterminée,  ainsi 
que  le  nombre  des  tours  de  spires,  car  la  quantité  m  est  une  constante, 
égale  théoriquement  à  1 1  et  pratiquement  à  12. 

»  Dans  mes  recherches  sur  les  meilleures  conditions  de  construction  des 
électro  aimiints,  je  donne  trois  tableaux  dans  lesquels  toutes  les  valeurs  se 
rap|iortant  à  réiectro-aimant  que  j'ai  pris  pour  type  se  trouvent  indiquées, 
ainsi  que  les  forces  produites,  et  qui  donnent  en  même  temps  les  valeurs 

exactes  def,f-,  g,g^,y,  ainsi  que  les  poids  correspondant  aune  longueur 

donnée  des  différents  fils  les  plus  usités,  avec  ou  sans  couverture  de  soie.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  condensation  électrique  (i).  Mémoire  de  M.  Neyreneuf, 
présenté  par  M.  Edm.  Becquerel.  (Extrait  par  l'auteur.) 

H  L'air  environnant  un  corps  électrisc  subit,  comme  tous  les  corps  iso- 
lants, l'effet  de  pénétration  pour  les  molécules  les  plus  voisines,  et  d'orien- 
tation pour  celles  les  pliis  éloignées.  Les  premières  doivent  agir,  dans  la 
production  d'une  étincelle,  non  par  transmission  directe,  mais  cf^mnie  la 
lame  isolante  d'un  condensateur,  c'est-à-dire  par  décomposition,  par  in- 
fluence. Cette  généralisation  du  mode  d'action  d'un  milieu  isolant  ne  peut 
pas  se  vérifier  au  moyen  du  condensateur  à  lame  d'air,  mais  on  peut  la 
justifier  en  remarquant  qu'une  boule  conductrice,  soutenue  par  un  pied 
isolant,  éicctrisé,  puis  déchargée  par  le  contact  le  plus  intime  avec  le  sol, 
conserve,  pendant  un  temps  très-court,  une  électrisation  de  même  sens, 
très-sensible  à  l'électroscope.  En  variant  les  conditions  d'expérience,  on  fait 
voir  sans  difficulté  que  le  résidu  observé  n'est  pas  dû  à  la  substance  isolante 
formant  support.  Le  fluide  qui  a  pénétré  une  certaine  épaisseur  d'air  ne 
peut  être  iustanfanémenl  neutralisé  vers  les  couches  extérieures,  qui  pour- 
ront dès  lors  manifester  une  répulsion  des  feuilles  d'or. 

»  Si  l'on  considère  une  machine  de  Ramsden,  en  communication  avec 
un  condensateur  ordinaire,  une  dérivation  s'établit  par  l'air  ambiant  et 
une  par  le  condensateur.  L'intensit';  relative  des  deux  dérivations  varie  avec 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  201,  séance  du  21  juillet  iSyS. 

46.. 


(  352  ) 

les  circonstances  en  apparence  les  plus  minimes,  et  la  charge  de  la  lame 
isolante  n'est  constante,  pour  une  étincelle  à  produire  à  distance  constante, 
que  dans  des  conditions  exceptionnelles  de  régularité  de  débit  de  la  ma- 
chine. Dans  la  formation  de  cette  étincelle  interviennent  la  charge  de  l'air 
ambiant  et  la  charge  de  la  roue. 

»  On  peut  réduire  beaucoup  l'influence  de  la  dérivation  par  l'air,  en  se 
servant  de  la  machine  de  Holtz,  que  l'un  met  en  communication  avec  une 
forte  batterie.  Dans  ces  conditions,  la  charge  de  la  lame  isolante  produit 
bientôt,  par  un  effet  analogue  à  celui  des  courants  secondaires  des  piles,  la 
décharge  de  la  machine  et  sa  charge  en  sens  inverse. 

M  On  peut  assimiler  le  phénomène  de  la  condensation  à  une  véritable 
polarisation  des  éleci rodes,  et  mettre  encore  en  évidence  cette  assimilation 
au  moyen  de  la  charge  par  cascade. 

»  Deux  condensateurs,  mis  en  cascade,  amènent  facilement  les  inter- 
versions de  charge  qu'un  seul  était  impuissant  à  produire.  Si  l'on  dispose 
nn  excitateur  universel  entre  une  machine  de  Ramsden  et  des  condensa- 
teurs en  cascade,  on  constate  que  le  nombre  d'étincelles  que  l'on  peut  faire 
jaillir  entre  les  boutons  de  l'excitateur  est  limité,  et  que  ce  nombre  est 
d'autant  plus  petit  que  le  nombre  des  condensateurs  est  plus  grand,  connue 
si  la  tension  du  courant  secondaire  augmentait  avec  le  nombre  des  éléments. 
La  dérivation  par  l'air  va  alors  en  croissant,  et  un  pendule  deHenley  indique, 
dans  ces  conditions,  des  divergences  de  plus  en  plus  grandes. 

»  Il  résulte  nécessairement  de  là  des  différences  considérables  dans  la 
charge  de  la  lame  isolante  avec  des  variations  de  dispositions  en  apparence 
insignifiantes,  à  cause  surtout  de  la  variation  de  charge  de  l'air  ambiant, 
qui  devient  le  milieu  prépondérant. 

»  La  charge  résiduelle  de  la  roue  de  la  machine  peut  intervertir  complè- 
tement les  résultats  à  observer;  rien  ne  paraît  modifié  dans  l'emploi  d'un 
condensateur,  conservant  sa  charge  résiduelle,  si  l'on  retourne  la  lame  iso- 
lante de  manière  à  intervertir  les  charges. 

»  La  charge  d'une  lame  isolante  varie  avec  la  nature  de  l'électricité  de 
charge.  Celte  loi,  établie  par  Matteucci  dans  le  cas  de  faibles  quantités,  se 
vérifie  facilement  pour  de  fortes  charges,  en  constatant  que  le  nombre  de 
tours  de  roue  à  faire  pour  obtenir  une  interversion  avec  la  machine  de  Holtz 
est  moindre  quand  c'est  l'électricité  positive  qui  arrive  à  l'armure  interne 
de  la  batterie  que  lorsque  c'est  l'électricité  négative. 

»  Le  temps  décharge,  qui  permet,  comme  nous  l'avons  vu,  la  pénétration 
des  fluides  dans  des  couches  de  plus  en  plus  profondes,  permet  aussi,  par 


(  353  ) 
coiuluctibililé  latérale,  la  propagation  des  fluides  sur  les  bords  mêmes  de 
la  lame  isolante.  Lorsque  ces  bords  sont  suffisamment  chargés,  leur  effet 
s'ajoute  à  celui  de  la  lame  même,  de  telle  sorte  que  des  perturbations  Irès- 
irrégulières  se  produisent  dans  les  mesures  au  moyen  de  l'électroscope  à 
décharge.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Elude  de  la  nitrificalion  [suite)  \ 
par  M.  Tu.  Schlœsing. 

«  Des  recherches  sur  l'influence  de  la  proportion  d'oxygène  dans  l'atmo- 
sphère confinée  comprennent  évidemment  le  cas  limite  où  cette  proportion 
est  nulle.  Le  sol  devient  alors  un  milieu  réducteur,  et  Ton  ne  peut  douter 
que,  dans  de  telles  conditions,  les  nitrates  ne  soient  détruits;  mais  on  n'est 
pas  fixé  sur  la  nature  des  produits  de  leur  décomposition.  M.  Ruhlmann  a 
prouvé,  par  des  expériences  devenues  classiques,  que  l'acide  nitrique  peut 
être  converti  directement  en  ammoniaque;  d'autre  part,  on  sait  que  les  ni- 
trates réduits  dans  des  liquides  d'origine  organique,  le  jus  de  betterave,  le 
jus  de  tabac,  l'urine,  donnent  un  mélange  variable  de  protoxyde,  de  bioxyde 
d'azote  et  d'azote  libre.  Les  produits  de  la  décomposition  des  nitrates  ne 
sont  donc  pas  constants  et  dépendent  surtout  de  la  nature  du  milieu;  tantôt 
l'azote,  entièrement  dépouillé  d'oxygène,  prend  de  l'hydrogène  et  forme  de 
l'ammoniaque;  tantôt,  perdant  encore  tout  son  oxygène,  il  demeure  libre; 
tantôt,  enfin,  il  conserve  un  reste  d'oxygène  et  produit  du  protoxyde  ou  du 
bioxyde  d'azote. 

»  Le  mode  de  décomposition  des  nitrates,  quand  le  milieu  est  un  sol 
privé  d'oxygène,  n'a  pas  été,  à  ma  connaissance,  l'objet  de  recherches  pré- 
cises :  c'est  pourtant  une  question  bien  intéressante.  Si,  selon  l'opinion  de 
quelques  chimistes,  les  nitrates,  descendant  dans  le  sous-sol  et  y  rencon- 
trant un  milieu  réducteur,  s'y  transforment  en  ammoniaque,  il  faudra  at- 
tacher du  prix  à  des  conditions  du  sous-sol  auxquelles  on  devra  la  conser- 
vation de  l'azote  sovis  une  forme  assimilable;  sinon,  ces  conditions  n'auront 
plus  que  les  inconvénients  qu'on  leur  connaît,  et  il  faudra  se  résigner,  dans 
tous  les  cas,  à  perdre  de  l'azote,  soit  que  les  nitrates  soient  entraînés  sans 
décomposition  par  les  eaux  pluviales,  soit  qu'ils  donnent  par  leur  réduction 
des  produits  que  les  végétaux  n'utilisent  pas. 

»  Pour  élucider  cette  question,  il  fallait  simplement  placer  une  terre  en 
vase  clos  dans  des  conditions  favorables  à  la  réduction  des  nitrates,  et 
analyser  les  produits  de  la  décomposition  de  ces  sels. 


(  354  ) 

Première  expérience.  —  i  2  kilogrammes  de  la  terre  de  Boulogne  (dont  l'analyse  est  dans 
ma  Note  du  ?,i  juillet)  reroivont  ^5%5  de  nitrate  do  potasse  pur  en  dissolution  étendue,  et 
sont  introduits  dans  un  flacon  de  10  litres,  auquel  on  adapte  un  tube  à  dégagement  se  ren- 
dant sous  le  mercure. 

Humidité  de  la  terre  17,64  pour  100, 

Acide  nitrique  dans  les  12'"=  de  terre  }  !  '     O'   44 

(  introduit  par  ^e^S  de  niire.  .  .      4»oo95 

Total 4,8535 

i>  L'expérience  est  instituée  le  20  novembre  1872. 

»  Pendant  les  cinq  jours  suivants,  le  mercure  s'élève  progressivement  dans  le  tube  ab- 
ducteur jusqu'à  une  hauteur  de  80  millimètres,  par  suite  d'une  double  absorption,  celle 
de  l'oxygène  par  la  matière  organique,  colle  de  l'acide  carbonique  résultant  par  des  carbo- 
nates neutres  passant  à  l'état  de  bicarbonates.  A  partir  du  cinquième  jour,  la  tension  inté- 
rieure commence  à  croître;  le  9  décembre  elle  égale  celle  de  l'atmosplière;  le  ig,  il  se  fait 
un  dégagement  de  gaz  violent;  une  cloche  de  100  centimètres  cubes,  disposée  sur  la  cuve, 
est  remplie  d'un  seul  coup  et  renversée.  Par  suite  de  cet  accident,  je  dois  renoncer  à  mesu- 
rer le  volume  des  gaz.  De  temps  à  autre,  il  se  produit  encore  des  dégagements  que  je  ne 
recueille  pas.  Le  24  janvier,  la  terre  n'ayant  pas  dégagé  de  gaz  depuis  plusieurs  jours, 
je  mets  fin  à  l'expérience. 

u  La  température  a  varié  entre  1 4  et  22  degrés. 

»  Analyse  des  gaz  confinés  dans  la  terre.  —  Les  interstices  de  la  terre  contiennent 
environ  5  litres  de  gaz;  cette  quantité  me  permet  d'adopter  pour  leur  analyse  un  appareil 
analogue  à  celui  d'Ebelmen,  avec  lequel  je  pourrai  constater  de  petites  proportions  d'oxyde 
d'azote,  de  gaz  carbures  ou  hydrogénés  qui  échapperaient  à  l'analyse  eudiométrique.  Les 
gaz,  aspirés  par  une  trompe  à  mercure,  parcourent  la  série  suivante  des  tubes  analyseurs  : 

0    1°  Tube  à  chlorure  de  calcium  pour  dessécher; 

»   2°  Tube  à  potasse  pour  doser  l'acide  rarbonique; 

»  Tube  de  Kohème,  à  cuivre  réduit,  chauffé  au  rouge  sombre,  pour  absorber  l'oxygène 
des  oxydes  d'azote; 

»  4°  Tube  de  Bohême,  à  oxyde  de  cuivre,  pour  brûler  les  gaz  combustibles; 

»  5°  et  6"  Tubes  à  chlorure  de  calcium  et  à  potasse,  pour  absorber  les  produits  de  la 
combustion  ; 

»  7°  Tube  desséchant,  pour  séparer  l'appareil  d'un  gazomètre  chargé  de  recueillir  et  de 
mesurer  l'azote. 

I.  La  série  des  tubes  ayant  été  remplie  d'azote  au  début,  on  a  fait  jouer  la  pompe  jusqu'à 
la  pression  69  millimètres.  On  a  recueilli  4200  centimètres  cubes  d'azote  et  i3oo  milli- 
grammes d'acide  carbonique;  les  poids  des  tubes  3,  4j  5  et  6  ont  varié  de  i  à  2  milli- 
gjanunes,  d'où  l'on  peut  conclure  en  toute  sûreté  que,  si  le  gaz  analysé  renferme  des  oxydes 
d'a/.ote  ou  tl'autres  gaz  hydrogénés  ou  carbures,  la  proportion  de  ces  derniers  est  tellement 
faible  qu'on  punt  admettre,  sans  erreur  a|)pn>ciable,  que  ratiiiosphèrc  confinée  se  compose 
exeUisivemeut,  à  la  fin  de  l'expérience,  d'acide  carbonique  et  d'azote. 


(  355  ) 

Analyse  de  la  terre  : 

m» 

Acide  nitrique o 

avant  r«;.\péi'ience o,5i 


Ammoniaque  dans  loo  grammes  de  terre 


après  »  I  ,35 


Gain 0,8^ 

Gain  pour  12  kilogrammes  de  terre loi  milligrammes. 

»  Si  la  totalité  de  l'acide  nitrique  avait  été  convertie  en   ammoniaque,   on  en  aurait 

trouvé  : 

Pour  12  kilogrammes  de  terre iSaS  milligrammes. 

»  Ainsi,  pendant  la  réduction  des  nitrates,  il  ne  s'est  pas  formé  la 
(juinzièiiie  partie  de  l'ammoniaque  qu'aurait  donnée  la  conversion  inté- 
grale en  alcali  de  l'azote  de  niire;  mais,  par  contre,  il  s'est  produit  de 
l'azote  libre,  à  en  juger  par  la  composition  finale  de  l'atmosphère  confinée 
et  par  les  dégagements  fréquents  qui  ont  eu  lieu. 

n  Deuxième  expérience.  —  Instruit  des  résultats  que  je  devais  attendre,  j'ai  pu  disposer 
une  deuxième  expérience,  dans  laquelle  je  me  suis  proposé  principalement  de  mesurer  les 
volumes  d'azote  initial  et  final.  La  terre,  dépouillée  de  nitrates  par  la  première  expérience, 
a  reçu  de  nouveau  ^''^,5  de  nitre  pur,  et  a  été  enfermée  dans  le  rhème  flacon  : 

Poids  de  la  terre  :  ii'^f,4;  humidité  :  18,2  pour  100. 

Aussitôt  après,  on  fait  le  vide  avec  la  trompe  à  mercure;  on  s'arrête,  après  un  jour  de  tra- 
vail, quand  la  pression  intérieure  est  comprise  entre  6  et  7  millimètres. 

Température  du  lieu  :  5°, 5;  tension  de  la  vapeur  d'eau  à  cette  température  :  6°"", 7. 

L'épuisement  du  gaz  est  donc  bien  près  d'être  absolu.  Le  lendemain,  la  température  est 
encore  de  5°, 5;  la  pression  intérieure  n'a  pas  varié  :  le  flacon  tient  bien  le  vide.  On  y  in- 
troduit de  l'air  mesuré  par  un  gazomètre  qui  donne  une  approximation  de  i  centimètre  cube 
au  moins  : 

Air  introduit 5''',02i5  p  =  762,5 


Volume  d'air  corrigé.  . .     4'">Sgo4 


azote.  .  .      3''',8732  à  0°  et  760" 


lit 


oxygène.     i'",oi72 


»  Le  flacon  est  mis  en  place,  son  tube  débouchant  sous  une  cuve  à  mercure.  On  observe 
de  nouveau  l'ascension  du  nurcure  pendant  les  premiers  jours,  puis  sa  descente,  et  des  dé- 
gagements de  gaz  qu'on  recueille,  cette  fois,  sans  perte.  L'expérience  finit  le  16  juin;  les 
gaz  dégagés  et  ceux  qui  remplissent  le  flacou,  épuisés  par  la  trompe  à  mercure,  sont  soumis 
à  l'analyse  en  us.ige  pour  déterminer  un  mélange  d'azote  et  d'acide  carbonique.  Pendant 
l'épuisement,  j'observe  que  l'acide  carbonique,  dont  la  proportion  au  début  est  de  1458 
pour  100,  augmente  constamment  relativeineni  à  l'azote,  et  finit  par  être  presque  pur,  ce 
qu'il  faut  attribuer  à  la  décomposition  des  bicarbonates,  de  plus  en  plus  marquée,  à  mesure 


(  356  ) 

que  la  tension  d'acide  carbonique  décroît  dans  le  flacon.  Le  vide  a  été  pousse  aussi  loin 
qu'au  début  de  l'expérience. 

u   Analyse  de  la  terre  : 

mg 

Acide  nitrique o 

1   au  début.  ...      i  ,35 

Ammoniaque  dans  loo^''  de  terre  )   ,  ,    „  -,      r 

'  I  a  la  lin 3, 04 

Gain '  i^g 

Gain  d'ammoniaque  pour  1 1''^,4  de  terre 192"'^  7 

Ammoniaque  correspondant  à  7^'',  5  de  niire 1262 

»  Ainsi,  comme  dans  la  première  expérience,  le  nitre  a  disparu  et  n'a  pas  été  remplacé 
par  une  quantité  équivalente  d'ammoniaque. 

»    Analyse  <lcs  gaz  :  Azote.  Acide  carbonique. 

ce  ce 

Volumes  ramenés  I  dégagé  pendant  l'expérience .. .  809,4  89»' 

à  zéro  et  •j6o"""   (  recueilli  par  la  trompe 4o88,5  3484,2 

4897,9  3573,3 

ce 

Or,  si  l'on  ajoute  àl'azoïe  de  l'air  introduit  au  début...       3873,2 

la  totalité  de  l'azote  contenu  dans  7''', 5  nitre 828,0 

on  trouve  pour  total 47°'  i^ 

qui  est  encore  inférieur  de  196",  7  au  volume  d'azote  recueilli  dans  l'expérience. 

»  Donc,  non-seulement  la  terre  séjournant  dans  une  atmosphère  privée 
d'oxygène  a  perdu  autant  d'azole  qu'il  y  en  avait  dans  le  nitrate,  mais 
encore  elle  en  a  perdu  en  plus  igô"'^,  7. 

»  M.  Boussingault  a  montré  dernièrement  que,  dans  une  atmosphère 
confinée  ox/5fen^e,  l'azote  gazeux  ne  paraît  pas  contribuer  à  la  formation 
de  l'acide  nitrique  dans  les  terres;  celles-ci,  au  contraire,  ont  perdu 
une  petite  quantité  de  leur  azote  combiné.  Je  retrouve  ce  dernier  résultat 
en  plaçant  la  terre  dans  une  atmosphère  désojcjgénée.  Il  paraît  donc,  en 
définitive,  que  la  combustion  de  la  matière  organique  est  accompagnée 
d'une  perte  d'azote;  qu'elle  s'opère,  soit  aux  dépens  de  l'air,  comme  dans 
les  expériences  de  M.  Boussingault,  soit  aux  dépens  des  nitrates,  de  l'oxyde 
de  fer  et  de  l'oxygène  propre  de  la  matière,  comme  dans  les  expériences 
que  je  viens  de  rapporter.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  le  corindon  de  la  Caroline  du  Nord,  de  ta  Géorgie 
et  de  Montana;  par  M.  Laurence  Smith. 

«  Les  formations  du  corindon  dans  la  Caroline  du  Nord  et  la  Géorgie 
tiennent  le  second  rang  parmi    toutes  celles  qui  sont   parvenues  à  notre 


(  357  ) 
connaissance,  dans  les  États-Unis,  et  celle  de  la  Caroline  du  Nord  est  de 
beaucoup  la  plus  importante,  non-seulement  de  ce  pays,  mais  peut-être  de 
tontes  celles  connuesjusqu'ici,pourson  étendue,  la  distribution  du  corindon 
et  la  pureté  du  minéral. 

»  Ce  minéral  fut  découvert  en  i846,  dans  la  Caroline  du  Nord;  vers  ce 
temps,  à  peu  près,  j'étais  occupé  à  développer  la  géologie  de  l'émeri  dans 
l'Asie  Mineure  et  l'Archipel  grec.  Sur  la  communication,  faite  à  des  géo- 
logues américains,  de  mes  découvertes  relatives  aux  minéraux  associés  à 
l'émeri  dans  l'Asie  Mineure,  et  par  suite  de  mes  instructions  pour  la 
recherche  de  ces  mêmes  minéraux  accompagnant  le  corindon  reconnu 
dans  différentes  parties  de  l'Amérique,  on  trouva  ceux-ci  en  sociélé 
avec  le  corindon  de  la  Caroline  du  Nord  aussi  bien  qu'avec  celui  d'autres 
localités. 

»  A  cette  époque,  on  n'avait  découvert  qu'un  seul  bloc  détaché. 
En  i865,  C.-D.  Smith,  à  qui  je  suis  redevable  des  précieuses  informations 
contenues  dans  cette  Notice,  aide  du  professeur  Emnions,  géologne  de  la 
Caroline  du  Nord,  reçut  d'un  des  habitants  de  la  contrée  ouest  des  mon- 
tagnes Bleues  un  spécimen  de  roche  qui  fut  reconnu  pour  être  du  corin- 
don, et,  sur  l'inspection  des  lieux,  ce  géologne  découvrit  le  corindon  en 
place.  Depuis  ce  temps,  ce  minéral  a  été  découvert  en  quantités  telles, 
qu'il  est  devenu  un  objet  intéressant  pour  les  arts  comme  remplaçant  de 
l'émeri,  et  d'autres  localités  ont  été  bien  vite  explorées  sur  une  étendue  de 
4o  milles. 

»  Les  couleurs  du  corindon,  tel  qu'on  le  trouve  dans  cette  zone  d'af- 
fleurements, sont  le  bleu,  le  gris,  l'œillet,  le  rubis  et  le  blanc.  Quelquefois 
les  spécimens  offrent  des  clivages  et  quelquefois  ils  se  présentent  en  prismes 
hexagonaux;  un  de  ces  derniers  pesait  environ  i5o  kilogrammes.  Il  y  a 
une  différence  dans  le  clivage  et  les  minéraux  associés  en  différentes  loca- 
lités. 

»  Dans  la  Caroline  du  Nord,  le  corindon  se  présente  dans  des  roches  de 
chrysolithe  ou  de  serpentine  et  il  n'a  pas  été  trouvé  en  dehoi's  de  la  serpen- 
tine. Ces  roches  de  chrysolithe  appartiennent  à  un  système  régidier  de 
veuies  qui  ont  été  traversées  sur  un  espace  d'environ  190  milles.  Ce  sys- 
tème de  veines  git  sur  le  côté  nord-ouest  de  la  chaîne  des  montagnes  Bleues 
et  a  une  direction  parallèle  à  celle  de  la  niasse  principale  et  une  distance 
moyenne  du  sommet  de  la  chaîne  d'environ  10  milles.  Cette  direction  con- 
tinue jusqu'à  la   source  de  la  rivière  du  petit  Tennessee,  soit,  depuis  le 

C.  K.,   1873,  2»  Semestre.  (T.  I.XXVll,   ^ '^  o.}  4? 


(  358  ) 
comté  de  Mitchell  jusqu'à  celui  de  Maçon,  i3o  milles.  A  cet  endroit,  la 
veine  décrit  une  courbe  autour  de  la  source  du  Tennessee,  et  revient  en 
arrière  d'environ  lo  milles  vers  le  nord-ouest.  Conformément  à  ce  coude  de 
la  crête,  l'angle  de  la  déviation  change  au  nord-ouest  et  réapparaît  à 
Buck's  Creek,  se  dirigeant  comme  la  crête  des  montagnes  Bleues. 

»  La  serpentine  apparaît  par  intervalles  le  long  de  la  ligne  entière  de 
190  milles.  Il  y  a  un  système  correspondant  de  veines  qui  traverse  le  pen- 
chant méridional  de  la  chaîne  des  montagnes  Bleues,  mais  qui  n'est  pas 
aussi  régulier  et  aussi  compact  que  le  système  côté  nord-ouest  ;  les  affleu- 
rements ne  sont  pas  non  plus  si  fréquents.  La  masse  principale  de  la  chaîne 
ne  présente  aucune  trace  de  bouleversement,  ou  du  moins  aucune  trace 
n'en  a  été  trouvée.  Du  comté  de  Mitchell  à  celui  de  Maçon,  la  serpentine 
est  habituellement  renfermée  dans  une  roche  de  gneiss  cristallin  dur  qiii 
contient  des  grenats  roses,  des  kyanites  et  des  pyrites.  Après  son  rejet  à 
droite,  elle  se  montre  dans  des  couches  amphiboliques  et  du  gneiss.  ABuck's 
Creek  et  de  là  vers  le  sud-ouest,  les  couches  de  horn-blende  prennent  de 
très-grandes  proportions,  et,  au  lieu  du  feldspath  commun,  elles  contien- 
nent de  l'albite  constituant  une  syénite  albitique.  A  Buck's  Creek  (que  l'on 
appelle  CuUakenih)  la  chrysolilhe  couvre  une  superficie  d'environ  35o  acres. 
Un  ou  deux  observateurs  sont  tombés  dans  l'erreur  de  confondre  les  deux 
systèmes  de  veines  qui  n'ont  aucune  connexion  entre  elles.  Suivant  eux, 
le  système  nord  coupe,  dans  la  chaîne  des  montagnes  Bleues,  à  angle  droit, 
et  puis  retourne  sur  le  côté  opposé  de  la  chaîne.  Or  il  n'y  a  point  de  phéno- 
mènes pareils  en  connexion  avec  ces  affleurements, qui,  évidemment,  appar- 
tiennent à  des  systèmes  distincts.  Les  affleurements  le  long  du  système  nord 
se  montrent  à  des  intervalles  de  i  à  i5  milles;  la -zone  le  long  de  laquelle 
ces  affleurements  se  montrent  n'excède  jamais  4  milles  de  largeur  sur  le  côté 
nord  de  la  chaîne.  Sur  le  côté  opposé,  le  système  n'est  pas  si  bien  défini  et 
les  affleurements  sont  plus  rares. 

»  Sur  ces  couches  de  serpentine  existent  la  chalcédoine,  la  chromite  quel- 
quefois, la  chorite,  le  talc,  la  stéatite,  l'anthophyllite,  la  tourmaline,  l'émé- 
ryllite,  l'épidote  sur  certaines  de  ces  couches,  la  zoisiste,  et  l'albite  avec  de 
l'asbeste  quelquefois  et  de  la  picrolite,  comme  aussi  de  l'aclinolite  et  de  la 
trémolite.  Le  corindon,  en  certaines  places,  semble  se  montrer,  principale- 
ment d.ins  la  ripidolite,  dans  des  fissures  de  la  serpentine.  A  CuUakenih,  le 
corindon,  avec  ses  associés  immédiats,  est  dans  la  chlorite,  sauf  la  variété 
rouge,  qui  est  dans  la  zoisite,  contenant  une  minime  quantité  de  chrome. 

«  Dans  tout  le  parcours  des  roches,  sur  la  grande  étendue  sus-désignée, 


(  359  ) 
le  corindon  forme  une  marque  géognostique  de  cette  roche  de  chrysolite, 
absolument  comme  il  le  fait  de  la  roche  calcaire  contenant  le  corindon 
décrit  par  moi  dans  l'Asie  Mineure.  Ces  roches  appartiennent  à  la  même 
époque  géologique  et  elles  reposent   sur  le  gneiss,  etc. 

»  Les  recherches  les  plus  minulieuses  montrent  que  la  chrysolite  de  la 
Caroline  du  Nord  occupe  la  place  de  la  roche  calcaire  dans  l'Asie  Mineure; 
que  ces  deux  roches  sont  invariablement  la  roche-gangue  dans  les  deux 
mondes;  mais,  comme  on  l'a  fait  remarquer  ci-dessus,  la  roche  contigué 
les  montre  comme  étant  de  la  même  période  géologique,  gisant  directe- 
ment sur  les  roches  primitives,  et  toutes  les  deux  sont  géologiquement 
identiques  à  la  formation  de  l'émeri  de  Chester,  dans  le  Massachusetts. 

»  Pendant  que  tous  les  gisements  de  corindon  et  d'émeri  que  j'ai  exa- 
minés offrent  certains  traits  communs  éminemment  caractéristiques  et  accu- 
sant avec  une  évidence  incontestable  leur  identité  géologique,  il  n'en  est 
pas  moins  certain  que  chaque  localité  a  ses  caractères  particuliers.  Dans 
tous  les  cas,  toutefois,  les  masses  de  corindon  donnent  la  preuve  de  sa 
formation  par  voie  de  ségrégation,  que  j'ai  décrite  dans  mon  Mémoire  sur 
l'émeri  de  l'Asie  Mineure. 

»  Dans  l'Asie  Mineure,  l'émeri  de  gumuch-dagh  n'est  associé  qu'à  une 
très-petite  quantité  de  tourmaline  noire,  que  remplace  la  chloritoïde  en 
cristaux  ou  lamelles;  le  diaspore  y  est  rare  aussi;  mais,  quand  on  le  ren- 
contre, il  est  prismatique  et  donne  les  cristaux  connus  les  plus  beaux 
et  les  plus  parfaits,  sur  lesquels  M.  Dufrenoy  a  fait  sa  dernière  étude  de 
cristallographie  de  ce  minéral.  L'émeri  est  associé  à  la  roche  calcaire 
gisant  au-dessus  du  gneiss.  L'émeri  de  Ruiah,  dans  la  même  partie  du 
monde,  est  également  dans  la  roche  calcaire,  et  a  très-peu  de  minéral  chlo- 
ritique  ou  chloritoïde  associé. 

a  L'émeri  de  Naxos  et  de  Nicaria  dans  l'Archipel  grec  est  également 
associé  à  la  roche  calcaire  ;  il  n'offre  point  de  chloritoïde,  mais  la  tourmaline 
noire  y  abonde. 

»  Pendant  que,  dans  les  localités  ci-dessus,  la  roche  contenant  le  co- 
rindon est  calcaire,  dans  le  comté  de  Chester  (Massachusetts),  elle  se 
compose  de  talc  feuilleté  et  de  saponite  avec  gneiss  amphibolique,  immé- 
diatement sur  un  côté  de  la  veine.  Il  est  accompagné  d'une  grande 
quantité  d'oxyde  magnétique,  et  la  tourmaline  aussi  abonde  dans  ce 
corindon,  et,  de  même  que  la  variété  asiatique,  il  contient  le  rutile,  l'illi- 
minite,  etc.   » 

47- 


(  36o  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  Cessence  de  camomille  romaine.  Note 
de  M.  E.  Demarçay,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  Ayant  eu  l'occasion  de  préparer  de  l'acide  angélique,  au  moyen  de 
l'essence  de  camomille  romaine,  je  recueillis  une  certaine  proportion  d'un 
liquide  que  Gerhardt  considérait  comme  uncarbure  d'hydrogène  et  au- 
quel il  donna  le  nom  de  camomillène.  Ce  corps  m'ayant  présenté  des  pro- 
priétés toutes  différentes,  j'ai  été  conduit  à  examiner  de  plus  près  les  pro- 
priétés de  l'essence. 

»  11  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  faire  connaître,  avant  d'exposer  mes 
recherches,  les  conclusions  auxquelles  s'était  arrêté  Gerhardt. 

»  D'après  lui,  l'essence  serait  un  mélange  d'une  petite  quantité  d'une 
matière  résineuse,  d'hydrure  d'angélyle  et  d'un  carbure  d'hydrogène 
bouillant  à  i^S  degrés,  isomère  de  l'essence  de  térébenthine.  Il  aduiettait 
que  l'hydrure  d'angélyle  possédait  un  point  d'ébullition  très-rapproché  de 
I  75  degrés  et  que  cette  circonstance,  jointe  à  la  présence  de  la  matière  ré- 
sineuse, expliquait,  d'une  part,  l'impossibilité  de  la  séparation  des  diffé- 
rents principes  de  l'essence;  de  l'autre,  l'élévation  graduelle  de  son  point 
d'ébullition.  Il  appuyait  sa  conclusion  des  deux  faits  suivants:  i°un  déga- 
gement d'hydrogène  quand  on  attaque  l'essence  par  la  potasse;  2°  la  pro- 
duction d'acide  angélique. 

»  Cette  conclusion  se  trouve  en  défaut,  le  dégagement  d'hydrogène 
étant  une  pure  illusion.  On  peut  en  effet  décomposer  l'essence  sans  obser- 
ver la  moindre  trace  de  gaz,  tout  en  obtenant  les  mêmes  produits  de 
décomposition. 

»  L'essence  a  fourni  les  résultats  suivants  relativement  aux  températures 
d'ébullition  de  ses  différentes  portions. 

»  A  i5o  degrés,  l'ébullition  commence,  mais  jusque  vers  173  il  ne  passe 
que  quelques  gouttes: 

De   173  à   i85  degrés  il  passe 02  pour   100    de  l'essence 

De  i85  à  200  «  4°  * 

De  200  à  25o  »  in  » 

u  On  a  mis  fin  à  la  distillation  à  ce  moment,  le  résidu  brun  huileux, 
qui  forme  environ  le  dixième  de  l'essence,  paraissant  se  décomposer. 

1)  Eu  redistillant  les  portions  résultant  du  fractionnement,  on  observe 
un  léger  abaissement  dans  les  points  d'ébullition  et  des  points  d'arrêt  mar- 
qués entre   177    et    184    degrés,  vers  194   et    'ioo  degrés;   au-dessus   de 


(  36.  ) 
23o  degrés,  il  passe  à  peine  quelques  gouttes,  la  cornue  renfermant  alors 
im  liquide  épais  en  faible  proportion.  En  opérant  sur  des  quantités  un  peu 
notables  d'essence  et  en  fractionnant,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  j'ai  pu 
recueillir  des  produits  particuliers  vers  ces  températures.  Néanmoins,  il 
est  difficile  de  les  isolera  l'élat  de  pureté. 

»  Lorsqu'on  soumet  l'essence  soit  à  l'action  de  la  potasse  alcoolique, 
soit  à  l'action  de  la  potasse  fondue,  on  obtient  un  résultat  identique, 
pourvu  qu'on  fasse  agir  cette  dernière  à  plusieurs  reprises  et  jusqu'à  ce 
qu'il  n'y  ait  plus  d'action.  Ce  dernier  procédé  occasionne  des  pertes  con- 
sidérables de  produits  volatils.  C'est  pour  cette  raison  que  je  préfère  de 
beaucoup  l'emploi  de  la  potasse  alcoolique,  dont  le  maniement  est  plus 
commode  et  qui  n'occasionne  pas  de  pertes  aussi  considérables. 

»  Voici  comment  j'ai  procédé  dans  ce  second  cas  :  l'essence,  dissoute 
dans  son  volume  d'alcool,  a  été  additionnée  de  son  poids  de  potasse  en  pe- 
tits fragments,  puis  agitée  avec  cette  base  dans  un  vase  soigneusement  bou- 
ché, jusqu'à  dissolution  de  cette  dernière.  Au  bout  de  trente-six  heures,  le 
liquide,  qui  s'était  pris  en  massé,  a  été  additionné  de  son  volume  d'eau.  Le 
liquide  a  été  distillé  alors  au  bain-marie,  puisa  feu  nu,  jusqu'à  ce  qu'il 
ne  passât  plus  que  de  l'eau.  Les  produits  des  deux  distillations  ont  été 
réunis. 

M  Ija  solution  qui  restait  comme  résidu  était  recouverte  d'une  couche 
mince  d'un  liquide  qui,  à  froid,  s'est  solidifié.  Cette  partie  n'a  pu  être  étu- 
diée, à  cause  de  son  peu  d'abondance. 

»  La  portion  distillée,  additionnée  de  carbonate  de  potasse,  s'est  divisée 
en  deux  couches.  La  supérieure,  renfermant  tous  les  produits  de  la  distil- 
lation, a  été  desséchée  sur  le  carbonate  de  potasse  solide,  puis  sur  la  baryte 
anhydre,  et  enfin  soumise  à  la  distillation.  L'ébullition  commençait  à 
80  degrés.  Par  la  distillation  fractionnaire  on  a  obtenu  un  premier  liquide 
bouillant  au-dessus  de  100  degrés,  qui  était  de  l'alcool;  le  reste  passait 
entre  io5  et  160  degrés.  Cette  dernière  portion  présentait  deux  points 
d'arrêt,  l'un  vers  109  degrés  et  l'autre  vers  i3o  degrés. 

»  A  l'aide  de  nouvelles  rectifications,  j'ai  pu  me  procurer  deux  pro- 
duits bouillant,  l'un  entre  107  et  109  degrés,  l'autre  entre  129  et  iSa  de- 
grés. 

»  Le  premier  a  donné  un  iodure  bouillant  à  iig-121  degrés.  Examiné 
comparativement  avec  l'iodure  butylique,  il  a  présenté  rigoureusement  les 
mêmes  réactions  que  ce  dernier.  La  composition  de  cet  alcool  est  la  même 


(  362  ) 
que  celle  de  l'alcool  butyliqiie.  En  voici  deux  analyses  en  centièmes  : 

I.  II.  Théorie. 

C 64,54  64,65  64,86 

H i3,20  i3,37  i3,5i 

»  Le  second  corps  fournit  un  iodure  bouillant  à  i44-i 46  degrés.  C'est 
de  l'alcool  aniylique,  comme  le  montrent  ses  réactions  comparées  à  celles 
de  ce  dernier  et  sa  composition  : 

Théorie. 

C 67,86  68,18 

H 18,67  '3,63 

»  L'essence,  traitée  par  la  potasse  fondue,  donne  exactement  les  mêmes 
produits.  J'ai  pu  constater,  sur  des  produits  obtenus  par  cette  méthode, 
l'absence  complète  des  alcools  éthylique  et  propylique. 

»  La  portion  qui  passait,  après  i35  degrés,  en  faible  quantité,  avait  ab- 
solument l'odeur  des  résidus  de  distillation  de  l'alcool  amylique  et  se 
comportait  comme  un  mélange  d'alcools.  J'ai  obtenu  les  mélanges  des  io- 
dures  et  des  acétates  de  ces  alcools.  Ces  produits  présentaient  l'odeur  des 
composés  amyliqiies  correspondants,  mais  bouillaient  beaucoup  plus  haut. 
Pour  les  iodures,  ce  point  d'ébullition  allait  jusqu'à  170  degrés,  ce  qui 
semblerait  indiquer  la  présence  d'un  alcool  supérieur. 

»  Il  était  difficile  d'expliquer  une  divergence  aussi  considérable  entre 
ces  résultats  et  ceux  de  Gerhardt  qui  admet  que  ce  qui  passe  à  la  distilla- 
tion est  un  carbure  d'hydrogène  bouillant  à  176  degrés.  M.  Cahours 
ayant  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  du  camomillène,  qu'il  avait 
recueilli  dans  la  préparation  de  l'acide  angélique  employé  à  des  expé- 
riences sur  ce  corps,  je  pus  me  convaincre  que  c'était  un  mélange  d'al- 
cools et  d'une  portion  bouillant  à  175-176  degrés.  h\  présence  des  alcools 
avait  échappé  à  Gerhardt,  parce  qu'il  desséchait  son  produit  sur  du  chlo- 
rure de  calcium,  qui,  comme  on  le  sait,  se  combine  aux  alcools.  Quant  à 
la  portion  bouillant  à  175-176  degrés,  elle  est  attaquée  par  la  potasse  al- 
coolique, en  donnant  un  acide  liquide  huileux  et  de  l'alcool  butylique. 
J'ai  obtenu  ce  camomillène  en  attaquant  l'essence  une  seule  fois  par  la 
potasse  fondue  en  quantité  insuffisante.  Il  est  identique  à  celui  de  M.  Ca- 
hours. 

»  Quant  au  mélange  de  sels  de  potasse  qui  reste  en  dissolution  après  la 
distillation  des  alcools,  il  donne  [)ar  l'acide  sulfurique  une  couche  huileuse, 


(  3'33  ) 
égale  en  poids  à  la  moitié  à  peu  près  de  l'essence.  Cette  couche  se  compose 
d'acides  angélique  et  valérianique,  très-difficiles  à  séparer  l'un  de  l'autre, 
soit  par  refroidissement,  soit  par  distillation.  Le  procédé  qui  m'a  le  mirux 
réussi  consiste  à  éthérifier  le  mélange,  puis  à  séparer  les  deux  éthers.  L'acide 
valérianique,  qui  est  en  proportion  très-inférieure  à  l'acide  angélique, 
m'a  paru  différer  de  l'acide  ordinaire.  Je  poursuis  l'examen  de  ses  pro- 
priétés. 

))  Des  faits  qui  précèdent,  il  résulte  que  l'essence  de  camomille  romaine 
est  un  mélange  de  plusieiu's  éthers,  parmi  lesquels  dominent  les  angélates 
et  valérianates  de  butyle  et  d'amyle.  Pour  contrôler  cette  hypothèse,  j'ai 
formé  les  angélates  de  butyle  et  d'amyle,  et  j'ai  complété  les  preuves  par 
l'analyse  des  différentes  portions  de  l'essence. 

M  L'angélate  de  butyle  bout  à  177-179  degrés;  son  odeur  rappelle  celle 
de  l'essence,  mais  n'est  point  identique. 

»  L'angélate  d'amyle  bout  à  198-200  degrés,  son  odeur  ressemble  beau- 
boup  à  celle  du  composé  précédent. 

»  Quant  aux  analyses,  elles  confirment  aussi  ma  supposition.  Le  camo- 
millène  donne  à  l'analyse  les  chiffres  du  valérianate  de  butyle.  Gerhardt, 
dans  trois  analyses  de  l'essence  qu'il  a  publiées,  donne  des  chiffres  de  car- 
bone et  d'hydrogène  qui  sont  plus  forts  que  les  miens.  Ceci  tient  à  ce  que 
son  produit  n'était  pas  suffisamment  purifié.  Dans  ce  cas,  en  effet,  j'ai 
obtenu  des  chiffres  très-voisins  des  siens. 

»  J'ajouterai  en  outre  que,  comme  les  éthers,  cette  essence  se  combine 
aux  chlorures  métalliques. 

»  Ainsi  composition,  point  d'ébuUition,  modes  de  décomposition,  tout 
s'accorde  pour  faire  considérer  cette  essence  comme  un  mélange  d'élhers, 
et  non  comme  une  aldéhyde. 

»  Ce  travail  a  été  exécuté  à  l'École  Polytechnique,  dans  le  laboratoire  de 
M.  Cahours.  Je  profite  de  celte  occasion  pour  remercier  ce  savant  des  con- 
seils dont  il  a  bien  voulu  m'aider  en  maintes  occasions  durant  son  accom- 
plissement.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Caractéristiques  des  alcools  poly atomiques 
proprement  dits.  Note  de  M.  Lorin. 

«  1 .  Quoique  je  n'aie  pas  isolé,  à  l'état  de  pureté,  les  combinaisons  dites 
oxalines,  formées  par  l'acide  oxalique  et  les  alcools  polyatomiques  propre- 
ment dits,  et  qu'il  faille  regarder  les  caractères  physiques  indiqués  pour 


(  364  ) 
l'oxaline   glycérique   comme   provisoires,    l'existence    de   cette  nouvelle 
classe  d'élhers  se  révèle  d'une  manière  certaine,  les  produits  de  la  réaction 
fournissant,  avec  excès  d'eau  et  d'annnoniaque,  tin  précipité  d'oxamide. 

»  On  met  facilement  en  évidence  cette  propriété  par  l'expérience  sui- 
vante :  on  introduit,  dans  un  tube  fermé  par  un  bout,  quelques  grammes 
du  mélange  intime  de  l'alcool  polyatomique  et  de  l'acide  oxalique  ordi- 
naire ou  déshydraté;  à  l'aide  d'une  lampe  à  alcool  on  chauffe  avec  précau- 
tion pour  éviter  la  décomposition  de  l'acide  oxalique  et  la  production 
d'une  formine,  au  lieu  d'une  oxaline,  ou  celle  au  moins  d'un  mélange  de 
ces  deux  élhers.  Après  refroidissement,  on  étend  d'un  peu  d'eau  pour  tout 
dissoudre  ;  on  ajoute  luie  solution  aqueuse  d'ammoniaque  ordinaire;  on 
agite  fortement  le  tube  bouché  en  refroidissant  le  mélange  au  besoin  : 
alors  un  louche  apparaît  immédiatement,  et  souvent  le  précipité  d'oxa- 
mide. Ce  précipité  augmente  en  versant  le  tout  dans  un  verre  et  agitant 
avec  une  baguette;  il  se  rassemble  et  augmente  encore  par  le  temps  et  par 
le  repos. 

»  Cette  propriété  a  été  vérifiée  pour  le  glycol  ordinaire,  le  glycol  ocly- 
lique,  la  glycérine,  la  mannite,  la  dulcite,  l'érylhrile  et  la  quercite;  elle 
doit  appartenir  à  la  pinite.  Le  sucre,  le  glucose  et  le  sucre  de  lait  ne 
l'offrent  pas.  Les  alcools  mono-atomiques  ne  donnent,  en  général,  qu'tui 
louche  dans  les  conditions  indiquées,  à  moins  qu'on  n'exagère  l'expérience. 
De  là  cette  conclusion,  que  la  propriété  de  produire  de  l'oxamide  peut 
servir  pour  reconnaître  et  pour  définir /a /oncf/on  chimique  d' un  alcool, 
quelle  que  soit  d'ailleurs  son  alomicilé. 

»  2.  Cette  nouvelle  caractéristique  n'est  pas  corrélative  d'une  autre, 
quia  été  indiquée  dans  une  Note  préliminaire  relative  à  l'éthérification  (i). 

>'  Les  alcools  polyatomiqiies  proprement  dits  décomposent,  au-dessus  de  loo  degrés, 
l'acide  oxalique  ordinaire  en  eau,  en  acide  carbonique  et  en  acide  forniiqiie.  Ils  se  com- 
binent successivement  avec  une  partie  de  l'acide  lormique  et  donnent  lieu  finalement,  d'une 
paît,  à  une  formine  de  l'alcool  employé  et,  d'autre  part,  à  de  l'acide  formique  aqueux,  qui 
atteint  et  conserve  la  limite  normale  de  56  pour  loo  en  acide  formique  vrai,  comme  l'in- 
dique l'équivalence  C*H=0',  4H0  =  C'O'  -t-  C-H=0',  4H0. 

»  3.  L'oxaiuide  découvert  par  M.  Dumas,  qui  en  a  signalé  les  pro- 
priétés et  fixé  la  fonction  chimique,  caractérise  les  éthers  oxaliques  neutres. 
Eu  traitant  l'oxalate  d'allyle  par  l'ammoniaque,  MM.  Cahoins  et  Hofmann 
ont  reproduit  l'oxamide  et  préparé  l'alcool   allylique   pour  la  première 

(i)   Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  II,  ]).  367  ;  1870. 


{  365  ) 
fois.  M.  Wiirtz,  en  faisant  réagir  le  bibroniure  d'éthylène  et  l'oxalatc  d'ar- 
gent, a  pensé  avoir  obtenu  du  glycol  oxalique.  Par  une  expérience  très- 
sim[)le,  j'indique  la  combinaison  directe  de  l'acide  oxalique  et  d'un  alcool 
polyatomique  proprement  dit,  fait  général  qui  est  un  point  capital  pour 
l'éthérification  de  cet  acide  par  l'nn  de  ces  alcools. 

»  Ces  recherches  ont  été  effectuées  au  laboratoire  de  l'École  centrale,  u 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Des  variations  dans  la  qiianlité  d'urée  excrétée 
avec  une  alimentation  normale  et  sous  l 'influence  du  thé  et  du  café.  Note  de 
M.  E.  Roux,  présentée  par  M.  Pasieur. 

«  Il  est  généralement  admis  aujourd'hui  que  l'urée,  excrétée  chaque  jour 
par  un  homme  en  bonne  santé,  provient  en  partie  de  la  combustion  de  ses 
organes,  en  partie  de  la  transformation  des  aliments  ingérés.  S'il  en  est 
ainsi,  avec  un  régime,  une  alimentation  et  un  travail  réguliers,  les  quantités 
d'urée  devront  être  à  peu  près  constantes  pendant  un  temps  assez  long. 

»  Dès  lors,  il  suffira  d'introduire  dans  ce  régiine  telle  ou  telle  substance 
pour  pouvoir  étudier  son  influence  sur  la  nutrition  produite  par  les  ali- 
ments ou  la  dénutrition  subie  par  les  tissus.  Cette  influence  sera  facile  à 
démêler  avec  des  substances  qui,  comme  le  thé  et  le  café,  n'ont  besoin  que 
d'être  prises  en  petite  quantité  poiu'  prodiure  sur  l'organisme  des  effets 
sensibles. 

»  Le  thé  et  le  café  sont  considérés  depuis  longtemps,  à  la  suite  d'expé- 
riences faites  dans  des  conditions  voisines  de  celles  que  je  viens  d'indiquer, 
comme  des  substances  emjjéchant  la  dénutrition  des  tissus,  ou  provoquant 
au  moins  une  assimilation  plus  complète  des  aliments  ingérés,  et  l'on  a  tiré 
cette  conclusion  de  ce  qu'elles  diminuaient  la  quantité  d'urée  excrétée 
journellement. 

»  Mes  expériences  me  conduisent  à  une  conclusion  tout  opposée. 

»  Pour  les  rendre  aussi  nettes  que  possible,  je  me  suis  astreint,  pendant 
cinq  mois,  du  22  mars  au  22  juillet,  à  un  régime  régulier  comme  exercice, 
travail  et  nourriture.  Je  recueillais  mes  urines  à  de  certaines  époques,  pen- 
dant un  certain  nombre  de  jours  et  à  des  heures  déterminées,  et  je  faisais 
leur  analyse  journalière.  Lorsque  j'obtenais  des  résultats  constants,  ce  qui 
était  le  cas  ordinaire,  je  prenais  du  thé  ou  du  café  vert  ou  torréfié  et  j'étu- 
diais les  variations  de  la  quantité  des  matières  éliminées.  Je  supprimais  en- 
suite l'usage  de  ces  substances  pour  voir  si  je  revenais  à  la  moyenne  nor- 
male et  physiologique. 

G.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVU,  K"  S.)  4^ 


(  366  ) 

»  Pendant  ce  long  intervalle,  la  qnantilé  d'urée  éliminée  chaque  jour  a 
très-peu  varié.  De  33  grammes  en  moyenne,  en  mars  et  avril,  elle  est  montée 
assez  brusquement  à  36  grammes  à  l'époque  des  premiers  beaux  jours,  au 
printemps;  depuis,  elle  s'est  abaissée  lentement,  mais  d'une  manière  con- 
tinue, pour  revenir  en  juillet  au  chiffre  de  33  grammes.  Les  variations  phy- 
siologiques les  plus  extrêmes,  pendant  une  période  assez  longue,  de  quinze 
jours  par  exemple,  n'ont  été  que  rarement  de  5  pour  loo,  presque  toujours 
elles  ne  dépassaient  pas  a  pour  loo. 

»  Je  me  suis  d'abord  assuré  que,  contrairement  à  l'opinioti  admise  et 
aux  expériences  de  Lehmann  et  de  M.  A.  Becquerel,  mais  conformément  à 
celles  de  M.  Lecanu,  la  quantité  d'eau  ingérée  n'amenait  aucune  augmen- 
tation dans  le  chiffre  de  l'urée.  Dans  une  de  mes  expériences,  le  chiffre  de 
l'urine  émise  a  pu  varier  de  r)44  centimètres  cubes  à  25 1 5  centimètres  cubes, 
sans  que  le  chiffre  de  l'urée  ait  varié  sensiblement  (3a, o5,  3t,33). 

»  Dés  lors,  l'augmentation  de  liquide  produite  par  l'ingestion  du  café,  et 
surtout  du  thé,  peut-être  considérée  comme  sans  influence. 

»  Ces  deux  substances  ont  toujours  produit,  chez  moi,  une  augmen- 
tation dans  la  quantité  d'urée  et  de  chlorure  de  sodium  rejetés  par  les 
urines. 

»  Voici  quelques  nombres  que  j'extrais  de  mon  Mémoire  et  qui  se  rap- 
portent à  ces  deux  substances  : 

Urée  par  jour.       Chlore. 

er  sr 

Du  1 4  au  1 8  mai,  sans  café 36, 1 8  4!°4 

Le  i8  luai,             avec  café 4'  î°5  6,02 

Du  16  au  18  juin,  sans  thé 33,^6  5,  i5 

Le  l8  juin,             avec  thé 3^  ,o4  7  ,00 

1)  L'augmentation  lejouroîi  l'on  prend  du  café  est  très-considérable.  Il 
est  remarquable  qu'elle  ne  dure  pas.  En  continuant  l'ingestion  de  cette  sub- 
stance, sans  rien  changer  d'ailleurs  aux  autres  conditions,  le  chiffre  revient 
peu  à  peu  au  chiffre  normal.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  moyenne  du 
2^  au  29  mai  étant  de  35^*^,07  par  jour,  pendant  les  quatre  jours  suivants, 
où  j'ai  pris  du  café  deux  fois  par  jour,  les  chiffres  ont  été  successivement 
de39^'',4i  39  grammes,  36  grammes,  35^', o"]. 

»  Mais  dans  ancime  de  mes  expériences  il  n'est  descendu,  comme  dans 
celles  de  M.  Rabuteau  et  autres  expérimentateurs,  au-dessous  de  la  moyenne 
normale. 

»  Il  en  résulte  donc  que,  pour  moi  au  moins,  le  café  et  le  thé  n'empê- 
chent pas  la  dénutrition   des  tissus.  Comment  expliquer  maintenant  que 


(367) 
leur  effet  semble  dimimier  au  fur  et  à  mesure  de  leur  usage?  La  première 
action  est-elle  d'activer  l'élimination  de  l'urée  formée  dans  les  tissus  par 
des  phénomènes  antérieurs,  et,  une  fois  ce  lavage  intérieur  terminé,  le  ré- 
gime normal  se  rétablirait-il  malgré  le  thé  et  le  café?  ou  bien  fauf-il  voir 
dans  ce  phénomène  un  résultat  de  l'habitude  prise  par  l'organisme?  C'est 
ce  que  les  expériences  ci-dessus  n'indiquent  pas,  et  ce  que  je  me  propose 
de  chercher. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté 
des  Sciences  de  Clermont.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  l'uniformité  du  Imvail  du  cœur,  lorsque  cet  organe  n'est 
soumis  à  aucune  injluence  nerveuse  extérieure.  Note  de  M.  Marev. 

«  Dans  la  séance  du  i5  juillet  1861,  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  un  travail  où  je  signalais  l'influence  de  la  pression  du  sang 
sur  la  fréquence  des  battements  du  cœur.  La  loi  qui  règle  cette  relation 
était  ainsi  formulée  : 

»  Toutes  choses  égales  du  côté  de  l'innervation  et  de  la  force  du  cœur,  la 
fréquence  des  battements  de  cet  organe  est  en  raison  inverse  de  la  pression  du 
sang  artériel. 

»  Pour  bien  saisir  cette  relation,  il  faut  examiner  d'abord  comment 
s'engendre  la  pression  du  sang  dans  les  artères.  Poussé  par  le  cœur  dans  le 
système  artériel,  le  sang  s'y  accumule  d'autant  plus  qu'il  éprouve  plus  de 
résistance  à  traverser  les  petits  vaisseaux  et  les  capillaires  pour  passer  dans 
le  système  veineux.  La  pression  du  sang  dans  les  artères  a  donc  deux  fac- 
teurs :  d'une  part  le  travail  du  cœur  qui  pousse  le  sang  dans  ces  vaisseaux, 
d'autre  part  la  résistance  qui  s'oppose  à  sa  sortie.  Ces  deux  facteurs  peu- 
vent agir  indépendamment  l'un  de  l'autre. 

»  Supposons  que  rien  ne  vienne  modifier  les  résistances  au  cours  du  sang 
dans  les  petits  vaisseaux  :  la  pression  artérielle  s'élèvera  si  le  cœur  travaille 
avec  plus  d'énergie,  s'abaissera  si  l'impulsion  du  cœur  devient  plus  faible. 
On  sait,  en  physiologie  expérimentale,  réaliser  ces  conditions  :  lorsqu'on 
coupe  le  nerf  pneumogastrique,  le  cœur  accélère  ses  battements  et  la  pres- 
sion artérielle  s'élève;  lorsqu'on  galvanise  ce  même  nerf,  les  battements  se 
ralentissent,  s'arrêtent  même,  et  la  pression  s'abaisse. 

»  Supposons,  au  contraire,  que  le  cœur  ne  subisse  aucune  influence  qui 
modifie  directeq^ent  son  action  :  on  pourra  faire  baisser  la  pression  du  sang 
en  facilitant  la  sortie  de  ce  liquide,  en   provoquant,   par  exemple,    une 

48.. 


(  368  ) 
hémorrhagic  artérielle;  inversement,  on  élèvera  la  pression  en  gênant 
l'écoulement  du  sang  par  la  compression  de  l'aorte  ou  de  quelque  grosse 
artère.  Dans  les  conditions  physiologiques,  des  influences  analogues  se 
produisent  à  chaque  instant  :  toutes  les  actions  des  nerfs  sympathiques  ou 
spinaux  sur  le  système  vasculaire,  qui  ont  été  révélées  par  M.  Cl.  Bernard, 
agissent  sur  la  pression  artérielle  en  faisant  varier  la  résistance  au  cours  du 
sang. 

»  Je  ne  parlerai  pas  ici  des  autres  influences  qui  peuvent  agir  en  cer- 
tains cas,  telles  que  l'afflux  plus  ou  moins  abondant  du  sang  qui  revient 
au  coeur  gauche  par  les  voies  pulmonaires,  les  qualités  de  ce  sang,  etc.  :  ce 
serait  compliquer  inutilement  la  question. 

))  La  relation  que  j'ai  voulu  établir  ne  s'applique  qu'au  cas  où  la  pres- 
sion artérielle  est  modifiée  par  une  cause  qui  agit  sur  le  facteur  résistance. 
Elle  montre  que,  pareil  aux  moteurs  mécaniques  qui  ne  peuvent  produire 
qu'une  certaine  somme  de  travail  en  un  temps  donné,  le  cœur,  qui  jamais 
ne  se  repose,  exécute  un  travail  sensiblement  uniforme;  que  ses  battements 
sont  rares  lorsque  chacun  d'eux  doit  surmonter  une  résistance  considé- 
rable; qu'ils  sont  fréquents,  au  contraire,  quand  cette  résistance  diminue. 
Or  la  résistance  à  l'effort  du  cœur  n'est  autre  que  la  pression  du  sang 
déjà  contenu  dans  les  artères. 

»  Les  faits  sur  lesquels  j'ai  appuyé  cette  théorie  sont  nombreux.  L'in- 
fluence de  la  saignée,  celle  de  la  taille  du  sujet,  de  l'attitude  du  corps  ou 
des  membres,  tie  la  compression  de  l'aorte  ou  des  artères,  l'action  de  la 
chaleur  ou  du  froid  sur  les  petits  vaisseaux,  l'influence  des  nerfs  vaso-mo- 
teiu's,  celle  de  l'activité  musculaire,  celle  des  poisons  qui  agissent  sur  la 
circulation  vasculaire,  tout  concordait  pour  établir  ce  fait,  que  le  cœur, 
lorsqu'il  n'est  pas  soumis  directement  à  une  action  nerveuse,  règle  la  fré- 
quence de  ses  battements  sur  les  résistances  qu'il  éprouve. 

»  Depuis  douze  ans,  je  n'ai  perdu  aucune  occasion  de  vérifier  l'exacti- 
tude de  cette  loi;  quelques  exceptions  apparentes  n'ont  pas  tenu  devant  un 
examen  plus  sérieux  (i).  Beaucoup  de  physiologistes,  du  reste,  ont  vérifié 
mes  expériences  et  en  admettent  les  conclusions. 

))  Mais,  en  1867,  un  élève  du  professeur  Ludwig,  de  Leipzig,  M.  E.  Cyon, 
découvrit  la  fonction  d'un  nerf  du  cœur,   qu'il  nomme  neri  dépiesseur,  et 

(i)  Lorsque  l'on  conijjrimc  l'aorte  à  son  origine,  on  voit  le  cœur  animé  de  mouvements 
il'une  grande  fréquence;  mais  ces  convulsions  sont  inefficaces  à  produire*n  travail  utile  :  ce 
ne  sont  )ias  de  vraies  svstolos. 


(369) 
dont  l'excitation  produit,  à  titre  de  ])hénomène  réflexe,  un  ralentissement 
des  battements  du  cœur  avec  un  abaissement  de  la  pression  du  sang  dans 
les  artères.  Du  moment  où  il  est  prouvé  que  la  pression  du  sang  dans  les  ar- 
tères est  le  produit  de  deux  facteurs,  le  travail  du  cœur  et  la  résis- 
tance des  petits  vaisseaux,  on  doit  s'attendre  à  voir  se  produire  des  relations 
inverses  entre  la  fréquence  des  battements  du  cœur  et  la  pression  artérielle, 
suivant  que  la  cause  perturbatrice  aura  porté  sur  le  cœur  ou  sur  les  vais- 
seaux. Si  le  cœur  seul  est  influencé,  on  aura  les  relations  suivantes  :  batte- 
ments du  cœur  fréquents,  pression  artérielle  forte,  battements  rares,  pression 
faible.  Si  l'influence  a  porté  sur  les  petits  vaisseaux,  le  rapport  sera  inverse 
et  l'on  aura:  pression  artérielle  foi  te,  battements  du  cœur  rares;  pression 
faible,  battements  fréquents. 

»  L'expérience  de  M.  Cyon  se  rattacherait  donc  aux  cas  dans  lesquels  le 
cœur  a  été  impressionné  par  le  système  nerveux.  L'excitation  du  bout 
central  du  nerf  dépresseur  aurait  produit  une  action  réflexe  du  pneumo- 
gastrique, dont  le  rôle  est  en  effet  de  ralentir  les  battements  du  cœur  et  de 
faire  baisser  la  pression  artérielle  consécutivement. 

j>  En  pratiquant  moi-même  l'excitation  du  nerf  de  Cyon,  j'ai  recueilli 
un  tracé  qui  montrait  que  le  premier  effet  de  cette  excitation  est  de  dimi- 
nuer la  fréquence  des  battements  du  cœur. 

»  Certains  faits,  toutefois,  semblent  être  en  contradiction  avec  la  théorie 
que  je  défends;  les  voici: 

»  M.  Cyon,  opérant  sur  trois  lapins,  essaya  de  détruire  tous  hs  nerfs 
qui  rampent  le  long  des  vaisseaux,  et,  tout  en  respectant  l'intégrité  de 
ceux-ci,  d'isoler  le  cœur  de  toute  influence  nerveuse  extérieure.  Le  nerf 
dépresseur,  excité  dans  ces  conditions,  continua  à  ralentir  les  battements 
du  cœur. 

»  Or,  sur  un  de  ses  lapins,  M.  Cyon  constata  lui-même  que  tous  les  nerfs 
n'avaient  pas  été  détruits.  Ce  fait  n'étonnera  pas  ceux  qui  connaissent  la 
difficulté  d'une  pareille  expérience;  j'incline,  pour  mon  comjjte,  à  supposer 
que,  chez  les  deux  autres  lapins,  quelques  filets  nerveux  du  pneumogas- 
trique ont  pu  échapper  au  scalpel. 

»  En  somme,  il  s'agit  de  savoir  si  un  cœur  vivant,  entièrement  sous- 
trait aux  influences  nei  veuses  qui  lui  pourraient  venir  du  dehors,  accélère 
ou  ralentit  ses  battements  lorsqu'on  fait  varier  la  pression  artérielle. 

»  M.  le  professeur  Ludwig  a  montré  qu'on  peut  détacher  le  cœur  d'une 
grenouille,  et,  en  faisant  arriver  du  sérum  à  son  intérieur,  entretenir  pen- 
dant longtemps  les  mouvements  de  cet  organe;   plusieurs  de  ses  élèves, 


(  370  ) 
MM.  Bowdilrh,  Coats  et  Cyon,  ont  fait  agir  ainsi  doscœnrs  de  grenouilles 
S'ir  dps  maiiomèires  qui  mesuraient  l'énergie  de  leurs  mouvements.  Il  m'a 
jiaru  qu'un  cœur  ainsi  détaché  de  l'animal  pouvait  seul  être  à  l'abri  de 
fout  soupçon  dinfluence  nerveuse  extérieure,  et  devait  parfaitement  se 
prêter  à  la  vérincation  que  je  ine  proposais. 

»  J'enlevai  le  cœur  d'une  tortue  terrestre  et  je  lui  adaptai  un  appareil 
circulatoire  artificiel,  formé  de  tubes  de  caoutchouc  dans  lesquels  circu- 
lait du  sang  de  veau  fraîchement  recueilli.  D'un  réservoir  légèrement  élevé, 
ce  sangétiiit  amené  par  un  syphon  dans  les  veines  elles  oreillettes;  passant 
des  ventricules  aux  artères,  le  sang  était  chassé  dans  des  tubes  élastiques, 
munis  d'ajutages  étroits,  qui  le  versaient  de  nouveau  dans  le  réservoir. 
Ces  derniers  tubes  représentaient  les  artères  et  les  petits  vaisseaux  ;  on 
pouvait  leur  appliquer  différents  appareils  enregistreurs  et  étudier  tous 
les  phénomènes  physiques  de  cette  circulation,  tels  que  la  vitesse  du  sang, 
sa  pression,  et  les  pulsations  avec  leur  force  et  leur  fréquence. 

»  Malgré  une  température  élevée,  cette  circulation  se  maintint  pen- 
dant plus  de  cinq  heures  et  je  pus  répéter  Un  grand  nombre  de  fois  l'expé- 
rience stiivante: 

»  Toutes  les  fois  qu'en  rétrécissant  l'orifice  d'écoulement  du  sang  arté- 
riel, ou  qu'en  élevant  cet  orifice  plus  ou  moins  haut,  je  faisais  monter  Irt 
pression  du  sang  dans  l'artère,  je  voyaisles  mouvements  du  cœur  se  ra- 
lentir. Toutes  les  fois,  au  contraire,  que  par  des  influences  inverses  je  fai- 
sais baisser  la  pression  du  sang  artériel,  je  voyais  les  battements  du  cœur 
s'accélérer. 

»  On  peut  donc  affirmer  qu'en  l'absence  de  toute  communication  avec 
les  centres  nerveux,  le  cœur  bat  d'autant  plus  vite  qu'il  dépense  moins  de 
travail  à  chacun  de  ses  battements  (i).   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  effets  produits  par  la  foudre,  à  Troyes^  le  16  juil- 
let 1 873  ;  observations  de  nombreux  globes  de  feu.  Note  de  M.  E.  Parent. 

(c  IjC  samedi  26  juillet,  à  9  heures  du  soir,  pendant  un  violent  orage,  la 
foudre  est  tombée  à  Troyes  (Atlbe),  sur  un  quartier  central  dé  la  ville,  avec 
lui  fi  acas  épouvantable,  ressemblant  à  la  décharge  simultanée  de  plusieurs 


(1)  CeUe  expérience  a  été  répùtcc,   lundi  dernier,  dans  la  salle  qui   précède  celle  «les 
séances;  un  t;rand  nombre  de  Membres  de  rAcadcmie  ont  pu  en  constater  les  résultats. 


(  37.  ) 
pièces  d'artillerie.  Je  me  propose  de  lelater  ici  quelques  faits  que  j'ai  vus, 
ou  que  je  tiens  de  personnes  atteintes: 

j)  Rue  de  la  Monnaie,  n"  3^,  une  jeune  fille,  qui  était  sur  le  pas  de  sa  porte,  a  vu  tomber 
devant  elle  un  globe  de  feu,  de  la  grosseur  d'une  orange,  qui  a  roulé  dans  la  rue  et  a  dis- 
paru. Cette  jeune  fille  a  éprouvé  une  forte  commotion,  suivie  d'un  tremblement  qui  ne  l'a 
quittée  (jiie  le  lendemain;  les  épingles  qui  retenaient  ses  cheveux  ont  été  jetées  à  terre,  et 
les  pièces  métalliques  qui  entraient  dans  la  confection  de  ses  habits  ont  été  violemment  arra- 
chées. Lepèredecelte  jeune  fille,  qui  était  près  de  la  fenêtre  d'une  maison  voisine,  appuvé  sur 
les  barreaux  de  cette  fenêtre,  a  été  comme  paralysé  pendant  quelques  instants;  il  lui  a  fallu 
plusieurs  jours  pour  se  remettre. 

"  Au  n"  24  ^^  '■*  niéuie  rue,  dans  la  maison  dite  de  V Election,  la  foudre  est  tombée  sur 
une  tourelle  située  derrière  la  maison;  elle  a  percé  d'un  seul  trou  la  girouette,  est  descen- 
due le  long  de  la  toiture,  en  suivant  un  angle  garni  de  zinc,  a  pénétré  dans  la  tour  au-des- 
sous du  toit,  en  descellant  les  poutres  qui  soutiennent  la  charpente  et  renversant  un  panneau 
de  2  mètres  de  hauteur  sur  o"','jo  de  largeur.  Elle  a  pénétré  ensuite  dans  un  étage  inférieur, 
a  renversé  un  autre  panneau  pour  sortir,  et  entrer  dans  un  grenier  contigu,  enlevant  sur 
son  passage  les  ardoises  de  la  toiture.  Elle  a  parcouru  ce  grenier  dans  sa  longueur,  est 
sortie  par  une  fenêtre,  est  descendue  le  long  de  la  gouttière,  qu'elle  a  suivie  jusqu'à  la  hau- 
teur du  premier  étage,  où  elle  a  rencontré  un  coude  qu'elle  a  brisé  aux  deux  angles.  Un  cou- 
rant d'électricité  a  pris  ensuite  la  marquise  en  zinc  de  la  maison  voisine.  Il  a  suivi  cette  mar- 
quise jusqu'à  l'encoignure  de  la  maison,  où  il  a  rencontré  une  plaque  de  zinc  qu'il  a  descellée 
à  moitié  et  tordue,  au-dessous  de  laquelle  il  a  fait  un  trou  dans  la  muraille,  et  s'est  répandu 
dans  l'appartement  qui  est  un  magasin  de  poélier.  Dans  ce  magasin,  certains  dessins  qui 
ornent  le  couvercle  des  ])oèles  sont  reproduits  sur  le  plafond,  avec  une  netteté  digne  du 
meilleur  appareil  photographique.  Le  fd  de  fer  d'une  sonnette  a  été  fondu  et  a  laissé  sa 
trace  sur  le  plafond.  Deux  baguettes  de  hoisj  dorées,  devant  servir  d'encadrement,  enve- 
loppées dans  du  papier,  ont  été  agrémentées  de  dessins  variés.  11  n'y  a  pas  eu  de  dégâts 
matériels.  Les  propriétaiies  du  magasin  ont  vu  un  globe  de  feu  venir  vers  eux,  à  une  courte 
dislance,  et  retourner  dans  le  magasin,  où  il  a  disparu.  Le  fluide  a  aplati  le  tuyau  du  gaz, 
près  du  compteur  qui  est  posé  à  terre;  il  a  encore  laissé  des  traces  indubitables  de  son 
passage  sur  le  vitrage  de  la  cour  de  cette  maison. 

»  Au  n°  16  de  la  même  rue,  deux  jeunes  gens  qui  étaient  sur  le  pas  de  la  porte  ont  été 
violemment  repoussés,  à  environ  2  mètres  en  arrièie;  ils  ont  éprouvé  une  forte  commotion, 
qui  les  a  fait  ployer  sur  les  jarrets,  et  une  suffocation  passagère,  avec  perte  de  la  vue  pendant 
quelques  secondes.  Vis-à-vis  du  n"  i4,  à  la  hauteur  du  premier  étage,  la  foudre  a  éclaté  comme 
une  bombe,  lançant  partout  une  pluie  de  feu. 

»  Dans  la  rue  Juvénal-des-Ursins,  qui  débouche  en  face  le  n"  22  de  la  rue  de  la  Monnaie, 
à  une  dislance  de  i5  mètres  environ,  des  fragments  de  diverses  natures  ont  été  lancés  sur 
les  glaces  de  la  pharmacie  Ray.  Des  corps  iricaiidcsccrits  ont  été  projetés  et  roulés  au  loin 
dans  la  rue,  où  M.  Jules  Ray,  conservateur  du  Musée,  a  pu  les  recueillir.  L'un  de  ces  corps 
paraît  être  de  la  pierre  calcinée  :  il  est  d'une  légèreté  surprenante  vu  son  volume;  certains 
endroits  sont  d'un  gris  sale,  avec  de  petits  points  noirs;  d'autres,  d'une  couleur  rougeàtre,  à 
reflets  brillants.  Les  autres  corps  sont  d'une  nature  toute  différente  ;  ils  ont  ras])eet  d'une 


(  372  ) 

pierre  météorique  sans  croûte,  mais  ils  s'en  éloignent  beaucoup  el  par  le  poids  et  par  la 
nature.  Il  y  aurait  là  l'objet  d'une  étude  intéressante. 

»  Tous  ces  faits  se  sont  produits  siiiiultanément,  et  divers  quartiers  ont 
été  visités  par  la  foudre.  Le  ciel  était  en  feu  et  une  épaisse  fumée  remplis- 
sait les  rues;  cette  fumée  ne  sentait  nullement  le  soufre.  La  multitude  des 
globes  de  feu  éclatant  à  la  fois,  dans  des  quartiers  éloignés  les  uns  des 
autres,  rend  surtout  intéressante  cette  décharge  d'électricité.  » 

A  5  heures  et  demie,  l'AcaJéinie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  juUlet  1 873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Inventaire  anal/dque  et  descriptif  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  Poi- 
tiers; par  M.  P.  DE  Fleury.  Poitiers,  A.  Dupré,  1868;  br.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

Note  sur  les  météores  d'origine  cosmique  à  propos  de  iaérolithe  tombé  près 
de  Lancé  {Loir-et-Cher),  le  23  juillet  1872;  par  M.  P. DE  Fleury;  2«  édition. 
Blois,  P.Dufresne,  1872;  br.  in-i8.  (Présenté  par  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville.) 

Note  sur  la  trombe  des  Hajes,  <pn  a  traversé  le  Vendàmois  le  3  octobre  1 87 1  ; 
par  M.  NouEL.  Vendôme,  Lemercier  et  fils,  1872;  br.  in-S". 

Notice  sur  le  bolide  du  2Z  juillet  1872,  qui  a  projeté  des  météorites  dans  le 
canton  de  Saint-Jmand,  arrondissement  de  Vendôme,  département  de  Loir-et- 
Cher;  par  M.  NouEL.  Vendôme,  Lemercier  et  fils,  1873;  br.  in-8''. 

Les  plantes  de  la  guerre,  Note  sur  les  plantes  étrangères  observées  aux  en- 
virons de  Vendôme  à  la  suite  de  la  guerre  de  1 870-1871;  par  M.  E.  NouEL. 
Vendôme,  Lemercier  et  fils,  1873;  br.  in-S°. 

(Ces  trois  derniers  ouvrages  sont  extraits  du  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique, littéraire  et  scientifique  du  Vendômois.  ) 


(373  ) 

Miisci  Galliœ.  Herbier  des  mousses  de  France;  fascicule  Vil  (n"'  35i-/ioo), 
publié  par  M.  T.  HuSNOT.  Cahan,  1873;  in-4''. 

Du  roulis  par  calme.  Amplitude  des  oscillations  successives  ;  par  Cli.  AN- 
TOINE. Brest,  1873;  in-fol.  aulographié. 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux; 
t.  IX,  i"""  cahier.  Paris,  J.-B.  Raillière  ;  Bordeaux,  Chaumas-Gayet,  1870; 
I  vol.  in-8°. 

Examen  de  la  loi  du  3o  juin  1 838  sur  les  aliénés  par  la  Suciélé  médico- 
pratique  de  Paris.  Rapport  fait  au  nom  de  la  Commission  par  ie  D''  Collineau. 
Paris,  Malteste  et  C'%  1870;  br.  iii-8"^. 

Traité  d'Optique  physique,-  par  M.  F.  Billet.  Paris,  Mallet-Bachelier, 
1858-1859;  2  vol.  in-8°,  avec  planches. 

Du  typhus.  Réflexions  critiques  sur  le  principe  contagieux  et  sa  cause,  suivies 
d'une  étude  sur  la  constitution  médicale  épidémique  de  Versailles  jwndant 
Uiivcr  1872-1873;  par  M.  Th.  Galigier.  Paris,  AfI.  Delahaye,  1873-, 
br.  in-8".  (Extrait  de  la  France  médicale,  anuée  1873.) 

Etude  analytique  de  la  développable  circonscrite  à  deux  surfaces  du  second 
ordre;  parM.  Painvin.  Lille,  imp.  L.  Danel,  1873-,  i  vol.  in-8''. 

Détermination  des  éléments  de  l'arête  de  rebroussement  d'une  surface  déve- 
loppable définie  par  les  équations  tangentielles ;  par  M.  L.  Painvin.  Paris, 
Gauthier-Villars,  sans  date;  in-4°-  (Mémoire  présenté  à  l'Académie  des 
Sciences  dans  la  séance  du  18  juillet  1870.)  « 

Courbure  d\ine  courbe  plane  donnée  par  son  équation  tangentielle;  par 
M.  L.  Painvin.  Paris,  imp.  Gauthier-Villars,  sans  date;  br.  in-8°.  (Extrait 
du  Bulletin  des  Sciences  mathématiques  et  astronomiques.) 

Étude  analytique  de  la  développable  circonscrite  à  deux  surfaces  du  second 
ordre;  par  M.  L.  Painvin.  Lille,  imp.  L.  Danel,  sans  date;  br.  in-8°. 
(Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences,  de  l' Agriculture  et  des  Arts  de 
Lille.)  (Tous  ces  ouvrages  de  M.  Painvin  sont  présentés  par  M.  Chasles.) 

Bulletin  des  Sciences  mathématiques  et  astronomiques,  rédigé  par  MM.  G. 
Darboux  et  J.  HoÛEL;  t.  IV,  avril-mai-jain  1873;  t.  V,  juillet  et  août 
1873.  Paris,  Gautier-Villars,  1870;  5  n°'  in-8°.  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France;  t.  I,  n"  3.  Paris,  au  siège 
de  la  Société,  1873;  in-S".  (Présenté  par  M.  Cliasles.) 

Bulletlino  ili  Bibliorjrafm  e  di  Storia  délie  Scienze  matemaliche  e  fisiche^ 

C.  K.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  S.)  ^9 


(  -^74  ) 
jmbblicnlo  dn   H.   BONCOMPAGNl  ;  t.  V,   setteinbre-ollobre-noveinbre   1872. 
Roma,  1872;  3  hr.  m-lf.  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

Inlerprelnzione  geomelrica  di  formole  essenziali  aile  scierize  deW  eslensione, 
del  molo  e  délie Jorze,  Memoria  del  prof.  D.  CuELiNl.  Bologna,  tipi  Ganibe- 
rini  e  Parmeggiani,  1873;  in-4°. 

JUi  deir  Jccademia  pontificia  de  Niiovi  Lincei,  compilati  dal  Segrctario; 
aiiiio  XXVI,  scssione  V  del  27  aprile  1873.  Roma,  tip.  délie  Scienze  ma- 
teniatiche  e  fisiche,  1873;  in-4°. 

Monografie  degti  Istituli  di  previdenza  di  cooperazione  e  di  crédita  délia  In~ 
dustria  e  del  Cominercio,  per  cura  del  prof.  A.  Errera.  Venezia,  slabilimento 
Antoiielli,  i87o;in-4°. 

Sulla  cura  délia  difleridite,  Lettera  del  D.-S.  Cadet  al  D.-L.  ÀTTILIA. 
Tip.  Cenuiniana  nelle  Murale;  br.  in-S".  ( Estratto  dallo  5/jenHïen/a/e.) 

Embriogenia  degti  organi  eleltrici  délie  toipedini  e  digli  organi  pseudo- 
clettrici  délie  raie,  Memoria  premiata  del  D.-L.  DE  Sangtis.  Napoli,  stamp. 
del  Fibreuo,  1872;  in-4". 

E.  DiAMiLLA-MULLER.  Letture  scienlijîclie  per  il  popoto  italiano  ;  Let- 
tiira  X  :  La  bussola  in  mare.  Mdano,  Dumolard;  Parigi,  Gaulhier- 
Villars,  1873;  br.  iu-12. 

Manuale  di  Medicina  teorico-pralica,  compilato  sugli  autori  piu  receitti;  dal 
D.-A.  MuRiNO.  Roma,  tip.  romana,   1873;  iii-8°. 

Cloro  liquida.  Coqibasliane  dell'  osaigena  neW  idiogeno.  Candensalore,  Note 
del  D.-P.  Palmeri  di  Livorno.  Napoli,  tip.  Perrotti,  1868;  br.  in-8°. 

Âtti  del  reale  Istituto  venelo  di  Scienze,  Leltere  ed  Àrli  ;  t.  II,  série  quarta, 
dispensa  quinta-sesta.  Venezia,  tip.  Grimaldo,  1872-1873;  2  br.  in-8°. 

O  Insliliila,  Revisla  scienlifica  e  liUeraria ;  XVII  anno,  maio  de  1873,  se- 
gunda  série,  n°  i.  Coïmbra,  imp.  da  Universidade,  1873;  in-8°. 

La  vita  e  i  tempi  di  Daniele  Maniii,  Narrazione  dei  prof.  A.  ERRERA  e  Av. 
Cesare  FiNZi,  corredata  dai  documenti  inediti  depositati  nel  Museo  correr 
dal  générale  G.  Manin,  1804-1848.  Venezia,  tip.  Antonelli,  1872;  in-8°. 

Expasiziane  universale  di  V.ienna  (1873)  [gruppi  XVI  e  XVU)  ■  Lllalia 
industriale.  Sludi  del  prof.  A.  Errera,  con  parlicalare  riguardo  ali  Adriatiro 
supcriore  [regno  d'Ilalia  e  impero  auslro-wigarico).  Roma-ïorino-Firenze, 
1873;  in-8". 

Exposizionc  universale  di  Vienna  (1873)  [gruppi  XVI  e  XVII)  :  Saggio  di 


(  :^75  ) 

Stntistica  interiiazionale  mmilliina.  Compatala  acurndelprof.  A.Erreua, 
con  parlicolare  r'ujuardo  aW  Adriatico  siiperinic  [reipio  d'iudki  e  impero 
aî<s/ro-i<n^«nfo).  Roma-Torino-Firenze,  1873;  br.  in-8°. 

Army  médical  depnrtment  Reports  for  ihe  year  1871  ;  vol.  XIII.  Loiidoii, 
Harrison  and  Sons,  1873;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Memoirs  oj  tite  c/eological  siiruey  of  India;  vol.  VlII-IX.  Calcutta,  printed 
for  the  governnient  of  India,  1872;  2  vol.  grand  in-S",  en  4  liv->  avec 
figures  et  planches. 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCAOÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    DE    JUILLET     iU/S. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  août  1873;  in-8°. 

Annales  de   l' Agriculture  française  ;  iuiWet  1873;  in-8". 

Annales  du  Génie  civil;  juillet  1873;  in-S". 

Annales  industrielles;  n"**  27  à  3i,   1873;  in-Zj". 

Association  Scientifique  de  France;    Bulletin  hebdomadaire,   n"^  des  6, 
i3,  20,  27  juillet  1873;  in-8''. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  enlomologique  de  France;  n*"  6,  7,  1  873; 
in-8«. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  n°  187,  1873;  in-S". 

Bulletin  de  l'Acatlémie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n°  5,  1873;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Comptes  rendus,  n"  4?  1873; 
in-8". 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Aqriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers;  n°^  171  à  176,  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  centrcde  d'Agriculture  de  France;  n°  7,  1873;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  juillet 
1873;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  n°'  6,  7,   1873;   in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n"^  des  i5  et  3o  juillet  1873;  in-S". 

Bulletin  international  de  V Obsenatoire  de  Paris,  n°^  des  i4,  16,   ig  à  aS, 
25  à  3o  juin;  des  2  à  26  juillet  1873;  in-4''. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France;  11°  7,  1873;  in-S". 

Bullettino   meteorologico  dell'  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n°  3,  1873;  in-4". 

49-- 


(37fi) 

BuUellino  meleorologico  del  R.  Osservalorio  del  Coltegio  romano;  n"  6, 
1873;  in-4". 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  r\°'  9  à  11,  1872;  in-8°. 

Chronique  de  l'Industrie;  n"' 74  à  78,  1873;  in-4°. 

Gazette  de  Joulin,  n°'  19,  1873;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n"^  76  à  90,  1873;  in-4''. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°^  27  à  3i,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  11°  i3,  i4,  1873;  in-S". 

Il  Niiovo  Cimento. . .  Journal  de  Ph)'sique,  de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle; 
avril,  mai,  juin,  1873;  in-S". 

lion,  n°'  a5  à  29,  1873;  in-folio. 

Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  juin  î873;  !n-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  m^i  1873;  in-8". 

Journal  d' agriculture  pratique  ;  n"^  27  à  3i,  1873;  in-S". 

Journal  de  l' agriculture;  n"^  221  à  225,  1873;  111-8". 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  i3,  i4,  1873;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  juillet  et  août  1873;  in-4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  juillet  1873;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  1 5  et  3o  juillet 
1873;  111-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n°*  12  a  16,  1873;  in-folio. 

Journal  de  Phjsique  théorique  et  appliquée  ;  juillet  1873;  in-S". 

Journal  médical  de  la  Mayenne;  n°  4,  '873;  in-S". 

La  Nature;  n"^  5  à  9,  1873;  grand  in-8''. 

La  Revue  scientifique;  n°*  i  à  5,  1873;  in-4°. 

L'Abeille  médicale;  n°^  27  à  3i,  18735  in-4°. 

V Aéronaute ;  ']nm  i873;in-8°. 

VÀrt  dentaire;  juillet  1873;  in-8°. 

L'Art  médical;  juillet  1873;  in-8°. 

La  Tribune  médicale;  n°'  a55  à  258,  1873;  in-S". 

Le  Gaz;  11°  i,  1  7*"  année,  1873;  in-4''. 

Le  Messager  agricole;  n°  6,  1873;  in-8°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n°^  i4,  j5,  1873;  in-4°. 

Le  Moniteur  scientifique-Quesneville ;  iu'iWet  1873;  gi".  in-8°. 

Les  Mondes;  n"^  10  à  i4,  1873;  in-8°. 

Le  Rucher  du  sud-ouest;  n°^  i  à  4,  '873;  in -8°. 

Magasin  pittoresque;  ']iù\\et  1873;  in-4". 

Marseille  médical;  u°  7,  1873-,  in-8''. 


(  377  ) 

Montlîly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres; 
juin  1873;  in-8". 

Memorie  délia  Socieià  deg li  Spettroscopisli  italiani;  a\vi\  iSj'i;  in-4''. 

Monatsbericlu  der  Konkjlich  preussischen  Akademie  der  Wiisenschaften  zii 
Berlin;  février  1873;  in-S". 

Nachricbten....  Nouvelles  de  l'Université  de  Gœttinc/ue;  n"*  10  à  17,  1873; 
in-i2. 

Nouvelles  Annales  de  iMathémaliques ;  ']m\\et  1873;  in-8°. 

Revue  d' J rlillcrie ;  imWet  1873;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  n"'  i3  et  i4,  1873-,  in-S". 

Revue  bibliographique  i/»/verse//e;  juillet  1873;  in-S". 

Revue  des  Eaux  et  Forêts; ']m\\&\.  i873;in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°'  i3  à  i5,  1873;  in-8°. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  n"*  25-27, 
1873;  in-S". 

Revue  maritime  et  coloniale;  juillet  1873;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  juillet  1873;  iii-8°. 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  juin  1873;  in-8°. 

Rendicoiito  délia  R.  Accademia  délie  Stienze  fisichc  e  matemaliche ;  Napoli, 
n°6,  1873-,  in-4°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  n°  5,  1873;  in-8°. 

Société  d^  Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances  ;  n°'  12,  1873;  in-8°. 

Société  des  Ingénieurs  civils  ;  (euille  i3,  1873;  in-4°. 

The  Canadien  patent  office  record;  n"  3,  1873;  in-4°. 

The  Food  Journal;  n°  l\i^  1873-,  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  28  juillet  1873.) 


Page  234,  ligne  i3,  au  lieu  de  approuvée,  lisez  approuvé. 

»  ligne  21,  au  lien  de  i86c),  lisez  iSSg. 

Page  235,  dernière  ligne,  au  lieu  de  1870,  lisez  iS'jî. 
Page  237,  7"  ligne  en  remontant,  au  lieu  de  relation,  lisez  rotation. 


(  378) 
Observations  météorolociq.  faites  a  l'Observatoire  de  Moxtsouiîis.—  Jcillet  1873. 


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74 

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63 

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2,3 

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26 

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22,1 

22,1 

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12,59 

75 

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2,5 

27 

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20,8 

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22,3 

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10,9 

11,33 

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5,0 

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33,5 

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30,8 

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20,5 

18,5 

10,0 

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67 

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5,6 

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riiionit-lr 

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S  sur  la  t 

açade  nord  de  I 

'Observa 

toire,  s 

jr  la  to 

rasso  e 

t  sous  1 

Ti-ranil 

ah  du  L;r 

md  esca 

lier. 

(  379  ) 
Obseuvatioxs  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsouris. —  Juillet  1873. 


2 

3 

5 
G 

7 
8 

9 

10 

1 1 

12 

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20 
21 
22 
2J 
2/| 
25 
20 
27 
28 


UACNËTISUE   TERRESTRE. 

Observallon 
de  9  heures  du  nialin. 


Moyen. 


0 
c 
■a) 

0 

7.2i;g 

0         1 

65.32,1 

22,  1 

27,3 

26,3 

32  ,  2 

27,3 

33,0 

26,5 

35,0 

26,6 

42,0 

32,6 

32,0 

33,6 

23,2 

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26,0 

26,6 

27,1 

28,2 

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3.,o 

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26, 1 

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20,9 

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22,9 

37.9 

28,6 

34,1 

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22,7 

25,5 

20,1 

2/1,6 

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20,7 

23,9 

26,5 

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17.25,4 

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38,8 

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« 

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6,3 

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S 

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0 

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sso 

6,3 

variable. 

7,9 

NE 

6,8 

N 

5,2 

N 

3,2 

S 

4,1 

NNO 

5,2 

0 

2,4 

SSO 

■  3,8 

SO 

4,9 

SO 

9,2 

SO-NO 

2,6 

SO 

3,2 

0 

6,4 

ONO 

4,3 

NNE 

.,8 

E 

4.7 

ESE 

'.9 

SO-NO 

5,9 

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4,4 

ESE 

1,2 

variable. 

3,3 

0 

2,0 

NE 

7,0 

NE-SE 

4,1 

SO-NO 

2,5 

OSO 

4,5 

4,8 

ONO 

SO 
SSO 
OSO 
OSO 

SO 

SSO 

variable. 

O 

SO 

O 

SSO 
SSO 

SO 

0 

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SSO 

SO-NO 

NO 


ONO 
NO 

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SSO 
OSO 
SSO 
SO 
SSO 
OSO 


8,0 
7,0 
6,4 
9,0 
9.0 
6,1 

3,4 
3,9 
7,3 
7.2 
8,9 
8,4 
6,7 
9,0 
G,o 

4,4 

5,7 
6,1 

4.3 
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'1,7 
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5,9 

4,4 

0,  j 

6,7 
7,0 

4,9 
5,4 

',' 
0,4 


5,5 


REHAROUES. 


Irùs-vaporeux,  pluie  le  matin. 

D 

Trés-vaporeiix. 

» 
Goultes  de  pluie  le  matin. 

u 
Très-vapoieux,  éclairs  le  soir. 
Vapor.,  éclairset  tonner,  lu  soir. 


Tonn.  et  pluie  torrent.  »  minuit. 

Pluie  vers  3''  du  matin. 

Qq.  bourr.et  goût,  de  pi.  le  soir. 

Orages  et  pluie  le  soir. 

Temps  pluvieux,  éclairs  le  soir. 


Halos,  (jouit.  Je  pi.  dans  la  soir 


Pluvieux  et  orag.  dans  la  soirée. 


Ora^'cs  àali.ijetàGh,  éclairs  toute  la 
nuit. 


Orafie'^  au  liiintain,  matin  et  soir,  furie 
pluie  le  maliu 


(i)  Nombres  obtenus  par  inlorpolalion. 


(  ;58o  ) 


ObSEHTATIOWS    MÉTÈOaOLOCIQDES    FAITES    A    l'ObSERVATOIRE   DE    MoNTSODRIS.  —  JUILLET    iSjS. 

Réiitmé  des  observations  régulières. 


GhM.  ShlVI.  Midi.  al"  S.  G*"  S.  gt  S.  Hlnull. 

mm  mm  mm  mm  mm  mm  mm 

Baromètre  réduit  à  0° 756,21  ■jSG.Sg  756,17  755,91  755,^/)  756,08  75fi,i/( 

Pression  de  l'air  sec 7'|4,95  l¥\M  7'i5.34  744)43  743,99  744,43  744.99 

0  U  O  O  O  0  0 

Thermomètre  à  mercure  (jardin) 16,22  20,91  23,45  24,02  22, g3  19, 3i  16, 52 

»  20,83  23, 16  23,67  23,34  '9,63  16,92 

16,02  20,66  22,92  23,90  22,77  18,96  i6,4'J 

0  »  »  »  »  n  s 

26,44  40,82  44,39  4", 69  32, 5o  i)  » 

■9!79  29,03  32,47  30,67  26,24  "  " 

6,65  11,79  "  ,9^  10,02  6,26  »  1, 

17,46  22,08  25, o3  23,48  22,87  19,64  17,75 


»  (terrasse). . . . 

Thermomètre  à  alcool  incolore 

Thermomètre  électrique  à  29"* 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'.. . 
Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  t.. 

Excès  (T'  — t) 

Tempérai,  du  sol  à  o'",o2  de  profond'., 
a  o'^jio         » 

»  0'",20  » 

»  o™,3o         » 

»  i'",oo         » 

lension  de  la  vapeur  en  millimètres.. . 

État  hygrométrique  en  centièmes 

Pluie  en  millimètres  à  i™,So  du  sol... . 
1)  (h  o'",io  du  sol). . 

Évaporation  totale  en  millimètres 

Vitesse  moyenne  du  vent  par  heure. . . 

Pluie  moy.  par  heure  (à  2"'  du  sol). . . 


18, 5o     ig,7J     21,92     23,12     22,84     21,48     20,16 


20,29 
iS,45 
1 1 ,26 
8', 9 

2,7 

3,0 

9.'" 

3,4 
0,45 


Évaporation  moyenne  par  heure 1 ,52 

Inclinaison  magnétique.   ..  (B)  65°-)-         » 
Déclinaison  magnétique...  (A)  17°- 


20,0'| 

■8,49 
11,57 
62,6 
6,6 
6,8 
1 1 ,73 
4,8 

2)2 

3,9" 
2  5, '4 


'9,99 
18,52 
10,83 
5o,5 

1,0 

>,> 


20,27 
18,54 
11,48 
5o,7 

2,5 

2,8 

24, 5o     26,70 
6,5        6,2 
0,3        0,8 
8)17 


20,65     20,95     20,89 
18,53     18,52     18, 5i 


11,45 
55,5 
8,5 
8,8 
24)77 
4)9 
2,8 
8,26 


11,65 
71,2 

4,6 

5,1 
15,27 

3)4 
1,5 

5,09 


u ,  i5 

79.' 
12,9    t. 
i3,4    t. 

9)45  t. 

4,3 

4,3 

3,i5 


Mof. 

mm 

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744,82(1 

o 

■9,78(1 

20,29 (l 

19,53  (1 

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29,60  (2^ 
10,00 (2 

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20,85 (1 

•      (I 

20,46  (1 

i8,5o(r 

11,17(1 

66,8    (1 
.  38,8 

41,0 
121 ,53 


35,3       27,3      37,2 


8,90 

t  I  t  r 

«  n  ))  ,1 

36,7  32,6  29,1  27,7 


Tempér.  moy.  des  maxima  et  minima  (parc) 

»  i>  (façade  nord  du  bâtiment,  terrasse  du  grand  escalier). 

i>  h  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazoniié  (thermomètres  à  boule  verdie). 

Therm.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  ohs.  :  6''  M.  9''  M.,  midi,  3'"  S.  G*"  S.). 
I)  f  »  »  0 

F..\cès  (T'  — 0 »  »  » 

a  (valeur  déduite  de  4  observations  :  (^  M.,  midi,  3'',  G"  S.)... . 


»     (0 
17,30(1) 

o 
'9,9 
20, 1 

24.7 
36,97 
27,64 
9,33 
10,00 


(1)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 

(2)  Moyenne  des  observations  do  9  heures  du  malin,  midi,  3  heures  et  6  heures  du  soir. 


Errata.  —   Page  'J2,  dernii-re  ligne,  au  lieu  de  65"5i',  o  lisez  6î''5i',o. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  11  AOUT  1875, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMIVrUlMCATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instrvctiox  publique  adresse  l'ampliation  du  décret 
par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  de  M.  F.  de 
Lesseps  à  la  place  d'Académicien  libre,  devenue  vacante  par  le  décès  de 
M .  de  Verneuil. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  de  Lesseps  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

ASTRONOMIE.  —  Réponse  à  de  nouvelles  objections  de  M.  Tacchini; 

par  M.  Faye. 

«  Les  dernières  critiques  de  M.  Tacchini  ont  produit  une  telle  impres- 
sion,  qu'il  ne  m'est  pas  permis  de  différer  ma  réponse.  M.  Tarry,  dans  une 
Noie  récente,  parle  de  faits  et  d'objections  graves  qui  auraient  été  opposés 
par  les  spectroscopistes  italiens;  M.  Zœllner,  dans  un  important  Mémoire 
qu'il  vient  de  publier  et  de  m'adresser  sur  la  température  du  Soleil,  cite  le 
passage  suivant  de  M.  Tacchini  [Comptes  rendus,  mars  iS^S,  p.  829)  : 

«  En  présence  d'observations  si  claires,  si  indépendantes  d'tiypothèses  ou  d'idées  pré- 
conçues, est-il  possible  d'accepter  la  théorie  qui  fait  des  cyclones  la  cause  unique  des  taches 
solaires?  » 

C.  R.,  1873,  ■i"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  6.)  ^^ 


(  382  ) 

«  Ce  passage  suffit  à  M.  Zœlhier;  il  ne  lui  en  faut  pas  davantage  pour 
écarter  cette  théorie  et,  sans  plus  ample  examen,  il  reprend  son  hypothèse 
des  scories. 

»  Si  je  gardais  le  silence,  il  serait  établi,  pour  beaucoup  de  personnes 
compétentes,  qu'à  TObservatoire  de  Palerme  on  a  rencontré  des  faits  com- 
plètement inconciliables  avec  ma  théorie.  Je  suis  donc  bien  obligé  de  dire 
et  de  prouver  que  M.  Tacchini  n'a  pas  pris  le  soin  de  s'en  faire  une  idée 
exacte;  les  faits  qu'il  cite  sont  en  contradiction  avec  les  idées  qu'il  me  prête  et 
non  avec  celtes  que  j'ai  publiées. 

»  Voici,  en  effet,  comment  M.  Tacchini  a  compris  celles-ci.  Il  a  cru 
d'abord,  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  ma  théorie  de  la  circulation  de  l'hyr 
drogène  solaire,  que  je  faisais  jouer  un  singidier  rôle  aux  taches,  celui 
d'aspirer  et  de  rendre  cet  hydrogèue  par  le  même  canal.  J'ai  heureusement 
réussi  à  le  détromper  sur  ce  point. 

«  Aujourd'hui  il  m'attribue  l'idée  que  les  taches  seules  donnent  lieu  à 
l'apparition  des  protubérances,  puis  celle  que  les  protubérances  doivent 
former  autour  de  chaque  tache  une  couronne  régulière,  enfiu  celle  que  la 
pénombre  de  toutes  les  taches  doit  présenter  la  structure  tourbillonnaire. 

))  Naturellement,  il  n'a  pas  de  peine  à  prouver  que  la  plupart  des  taches 
n'ont  pas  cette  structure;  que  les  protubérances  ne  forment  pas  toujours 
une  enceinte  régulière  de  flammes  autour  de  chaque  tache;  enfin  qu'il  y 
a  une  grande  quantité  de'protubérances  sans  taches  correspondantes.  De  là 
la  condamnation  qu'il  formule  contre  des  idées  ainsi  défigurées;  de  là 
l'impression  produite  sur  MM.  Tarry  et  Zœllner,  dont  l'adhésion  me  serait 
pourtant  précieuse. 

»  Celle  de  M.  Tacchini  ne  le  serait  pas  moins  pour  moi  ;  j'ajoute  qu'il 
est  plus  que  personne  intéressé  à  l'adoption  d'une  théorie  sérieuse.  Il  me 
suffira  peut-être  de  lui  rappeler  sa  belle  découverte  du  rôle  que  les  va- 
peurs de  magnésium  jouent  dans  la  chromosphère  pour  lui  faire  sentir 
combien  ce  phénomène  acquiert  d'importance  par  une  théorie  rationnelle 
qui  permettra  d'y  saisir,  par  exemple,  de  singulières  fluctuations  daus  le 
mode  d'alimentation  de  la  photosphère,  tandis  qu'avec  l'hypothèse  stérile 
des  éruptions  l'auteur  de  cette  découverte  en  est  réduit  à  se  demander  si 
l'apparition  de  ce  métal,  à  certaines  époques,  sur  toute  la  surface  du  So- 
leil, ne  serait  pas  l'indice  d'une  éruption  universelle  (i)! 

(i)  «  Si  direbbe  che,  distribuendosi  l'azione  eruuiva  su  tutta  la  superficie  del  Sole,  si 
»  rendono  assai  poco  possibile  quelle  parziali  regioni  di  attivitù,  sulle  quali  vediamo  in  altre 


{  383  ) 

»  Je  m'en  vais  donc  rectiGer  une  à  une  les  opinions  que  M.  Tacchini 
me  prête.  Quant  à  ses  observations,  je  suis  loin  de  les  contester;  leur  par- 
fait accord  avec  ma  théorie  me  dispense  d'ailleurs  de  les  rappeler. 

)>  En  ce  qui  concerne  les  pénombres,  j'ai  eu  grand  soin  de  dire  qu'elles 
sont  dues  à  l'abaissement  de  température  que  les  tourbillons  solaires 
déterminent  autour  d'eux,  de  telle  sorte  que  la  température  de  la  couche 
extrême,  où  se  produisent  les  condensations  lumineuses,  se  trouve  loca- 
lement transportée  plus  ba«,  tout  autour  des  taches.  Il  résulte  de  là  que 
la  photosphère  un  peu  altérée  se  trouve  continuée  jusqu'à  une  certaine 
profondeur,  en  forme  de  gaine  autour  des  tourbillons  solaires.  Lorsque, 
par  im  accident  quelconque  (par  exemple  :  une  augmentation  subite  d'in- 
tensité, ou  une  extension  du  mouvement  tournant),  ces  parois  coniques  sont 
atteintes,  elles  peuvent  être  envahies  quelque  temps  et  prendre  une  struc- 
ture tourbillonnaire  très-marquée;  mais,  en  général,  la  pénombre  n'aura 
pas  cet  as|)ect  et  ne  présentera  que  le  lent  mouvement  rotatoire,  à  peine 
sensible  pour  nous,  qui  peut  se  propager  à  une  grande  distance  de  l'axe 
des  cyclones. 

»  Il  n'y  a  donc  pas  à  s'étonner  que  dans  les  mois  de  janvier,  février, 
mars,  avril  et  mai  de  cette  année,  M.  Tacchini  n'ait  trouvé  que  six  cas  de 
structure  tourbillonnaire.  Assurément  ces  six  cas  ne  prouvent  pas  que  les 
taches  ne  sont  pas  des  tourbillons  :  ce  sont,  au  contraire,  six  preuves 
palpables  en  faveur  de  ma  théorie  telle  que  je  l'ai  exposée. 

»  Signalons  à  M.  Tacchini  un  moyen  plus  sûr  de  la  mettre  en  défaut  : 
ce  sera  de  trouver  des  taches  dont  la  pénombre,  si  elle  offre  cette  struc- 
ture bien  nette  et  sans  accident  de  segmentation,  présentera  une  rotation 


»  epoche  inalzarsi  belle  protuberanze  di  ogni  specie.  »  Pour  ce  qui  est  des  éruptions  locales, 
des  restrictions  que  M.  Tacchini  leur  impose  (Cf.  derniers  Comptes  rendus,  p.  3oi,  1.  i4)  et 
de  l'opinion  qu'on  doit  s'en  faire,  je  me  bornerai  à  transcrire  la  note  suivante  du  Mémoire 
déjà  cité  de  M.  Zœllner  :  »  Ur.  Tacchini  glaubt  nur  diejenigen  Protuberanzen  als  Eruptionen 
»  betrachten  zu  diirfen,  welche  die  Gestalt  eines  Baumes  oder  eines  Fiichers  haben,  d.  h.  an 
»  der  Basis  schuiàler,  als  an  ihrem  obern  Ende  sind.  Ohne  die  Berechtigung  einer  solchen 
»  Anschauung  nidier  zu  discutiren,  ist  doch  klar,  dass  fur  die  Erklarung  jener  Eruptionen 
»  nolhwendig  diejenigen  physikalischen  Bedingungen  an  der  Sonnenoberfliiche  vorausge- 
»  setzt  werden  miissen,  ohne  welche  iiberhaupt  eine  Eruption,  d.  h.  die  gewallsame  und 
»  plotzliche  Ueberwindung  eines  Widerstandes  durch  comprimirle  Gasmassen,  nicht 
»  denkbar  ist.  .  M.  Tacchini  ne  trouve,  il  est  vrai,  qu'environ  8  pour  loo  des  protubé- 
rances observées  qui  présentent  ce  caractère  franchement  éruptif,  ce  qui  rend  encore  plus 
diflicile  à  comprendre  l'universalisation  subite  de  ce  mode  d'action  tout  à  fait  hypothétique. 

5o.. 


(  38/i  ) 
dans  le  sens  des  aiguilles  d'une  montre  sur  l'hémisphère  nord  el  en  sens 
opposé  sur  rhéniisphére  sud.  Les  observateurs  anglais  qui  ont,  les  pre- 
miers, signalé  dans  quelques  taches  une  structure  spirale,  l'ont  trouvée 
conforme  au  sens  de  la  rotation  du  Soleil  et  j'ai  vu  là  un  argument  frap- 
pant en  faveur  de  la  théorie  qui  assigne  pour  cause,  à  ces  mouvements 
tourbillonnaires,  les  inégalités  de  vitesse  des  zones  contigués  de  la  surface 
du  Soleil.  Il  suffirait  de  prouver  que  ces  observateurs  se  sont  trompés. 

»  Voici  donc  un  premier  point  bien  établi  désormais,  je  l'espère.  Je 
n'ai  pas  dit  et  il  ne  résulte  nullement  de  ma  théorie  que  la  pénombre  de  toutes 
les  taches  doive  présenter  une  structure  en  spirale;  par  conséquent  toutes 
les  objections  que  M.  Tacchini  m'adresse  de  ce  chef  tombent  d'elles- 
mêmes.  Ses  observations,  au  contraire,  sont  en  parfaite  conformité  avec 
ma  théorie. 

»  Quant  au  second  |)oint,  voici  en  quoi  consiste  la  méprise  ;  M.  Tac- 
chini croit  que,  dans  les  taches,  l'hydrogène  doit  remonter  tout  autour 
d'une  manière  tellement  régulière  et  symétrique,  qu'il  en  résulte  toujours 
une  couronne  bien  formée  de  protubérances,  et  il  m'oppose  des  cas  où  les 
choses  se  passent  autrement,  des  cas  où  les  jets  qui  dépassent  la  chromo- 
sphère  sont  loin  d'offrir  cette  disposition.  Je  le  crois  aisément;  ce  qu'il 
suppose,  c'est  ce  qu'on  obtiendrait  dans  un  milieu  immobile  avec  une 
turbine  isolée  et  bien  centrée  sur  la  verticale.  Il  faudrait  en  effet  que  les 
tourbillons  solaires  présentassent  une  symétrie  impossible.  Dans  une  de 
mes  figures,  où  j'ai  représenté  par  coupe  et  élévation  un  cyclone  solaire, 
j'ai  peut-être  donné  lieu  à  l'idée  de  M.  Tacchini  en  mettant  l'axe  dans  une 
position  verticale  ;  mais  j'ai  eu  bien  soin  de  dire,  et  qui  plus  est  de  prou- 
ver que  l'axe  des  taches  est  en  réalité  plus  ou  moins  incliné;  j'ai  même 
tâché  de  tirer  parti  de  cette  circonstance,  dont  le  noyau  noir  de  Dawes  et  les 
phénomènes  de  segmentation  sont  des  preuves  irrécusables,  pour  i-endre 
compte  de  la  seconde  loi  du  mouvement  des  taches  (lente  oscillation 
elliptique  dans  le  sens  de  la  rotation).  De  plus  cette  symétrie  en  tous 
sens  des  jets  d'hydrogène  les  plus  accentués  et  dépassant  la  chromosphère 
exigerait  une  symétrie  complète  du  tourbillon  considéré,  non  pas  isolé- 
ment sur  mes  dessins,  mais  dans  le  courant  dont  il  suit  le  mouvement; 
or  chacun  sait,  par  l'exemple  de  nos  cyclones  terrestres,  que  cette  symé- 
trie est  loin  d'exister. 

1)  Le  troisième  et  dernier  point  est  le  plus  important  :  il  s'agit  de  l'idée 
que  les  protubérances  et  les  jets  métalliques  ne  sauraient  exister  sans  les 
taches.  Vous  voyez  d'ici  toutes  les  objections  qu'une  pareille  idée  a  pu  faire 


{  385  ) 
naître  sous  la  plume  de  M.  Tacchini!  Ne  pouvant  en  croire  le  texte  français 
des  Comptes  rendus,  j'ai  eu  recours  aux  Memorie;  le  texte  italien  est  encore 
plus  explicite  :  je  suis  bien  réellement  accusé,  et  avec  des  citations  encore, 
d'avoir  avancé  qu'il  n'y  a  pas  de  protubérance  sans  tache.  Dès  lors 
M.  Tacchini  n'a  pas  de  peine  à  démontrer  que  c'est  là  une  grosse  erreur; 
quecette  erreur  est  démentie  par  les  observations  spectrales  du  P.  Secchi, 
de  M.  Respighi  et  de  lui-même;  qu'il  y  a  des  protubérances  là  où  jamais 
on  n'a  vu  de  taches  et  parfois  jusque  vers  les  pôles.  Pour  bien  mettre  le 
doigt  sur  l'impossibilité,  il  me  demande  si  l'hydrogène  aspiré  par  les  taches 
équatoriales  doit  ainsi  voyager  à  travers  la  masse  solaire  et  aller  souter- 
rainement  de  l'équateur  aux  pôles  pour  y  former  les  belles  protubérances 
qu'il  y  a  vues  quelquefois.  Les  faits,  les  arguments  se  pressent  ainsi  avec 
une  force  écrasante,  et  je  comprends  que  MM.  Tarry  et  Zoellner  en  aient 
été  frappés.  Quant  aux  savants  italiens,  ma  théorie,  d'abord  bien  accueillie 
par  plusieurs,  aura  certainement  perdu  tout  crédit  auprès  d'eux, 

»  Chose  curieuse,  ce  fait  que  M.  Tacchini  m'oppose,  c'est  moi  qui  le 
premier  l'ai  signalé  aux  astronomes,  bien  des  années  avant  la  découverte 
de  l'analyse  spectrale.  Les  éclipses  totales  nous  avaient  montré  les  mysté- 
rieuses protubérances;  les  astronomes,  tous  partisans  alors  de  l'hypothèse 
des  éruptions,  cherchèrent  presque  aussitôt  si  ces  flammes  immenses  ne  sor- 
tiraient point  du  cratère  des  taches.  Quel  triomphe  c  eût  été  que  de  saisir 
sur  le  fait  les  éruptions  solaires!  Un  tel  succès  n'était  pas  réservé  à  cette 
hypothèse.  Je  fis  remarquer  que  les  protubérances  des  éclipses  apparaissent 
indifféremment  sur  toutes  les  régions  du  limbe  solaire,  tandis  que  les  taches 
sont  strictement  confinées  dans  une  assez  étroite  zone  équatoriale,  et  j'en 
conclus  qu'il  n'y  avait  pas  de  rapport  direct,  tel  que  celui  qu'on  clierciiait  à 
établir,  entre  les  taches  et  les  protubérances.  M.  Tacchini  a  donc  bien  tort 
d'imaginer  qu'un  fait  pareil,  dont  j'ai  saisi  le  premier  toute  l'importance, 
ait  pu  être  oublié  par  moi.  Certes,  si  ma  théorie  s'était  trouvée  en  pleine 
contradiction  avec  lui,  je  ne  l'aurais  pas  publiée,  je  ne  l'aurais  même  pas 
conçue. 

a 

»  Il  ne  me  reste  plus  qu'à  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  nom- 
breux passages  de  nos  Comptes  rendus  où]' ai  traité  cette  question  :  ces  cita- 
tions ne  laisseront  aucun  doute  à  M.  Tacchini  lui-même,  qui  évidemment 
n'a  pas  dû  les  remarquer. 

M  Premier  article,  dans  les  Comptes  rendus,  i6  décembre  1872  : 

«  Voici  les  points  qui  ne  sont  pas  suffisaniinent  élabores  : 4"  Apparition  des  pro- 
tubérances dans  les  régions  privées  de  taches.  •• 


(  386  ) 

))  Je  m'étais  donc  posé  le  problème,  et  j'en  avais  indiqué  la  solution 
quelques  pages  plus  haut  en  disant  : 

«  Dans  toute  la  masse  solaire  régnent  donc  partout  des  mouvements  tourbillonnaires,  sauf 
à  l'équateur  et  aux  pôles.  » 

»   Et  plus  loin  : 

«  La  rentrée  de  l'hydrogène  s'opère  par  l'appel  des  taches  ».... 

»  Évidemment,  les  taches  ne  fonctionnant  qu'à  titre  de  tourbillons,  tous 
ceux  dont  je  viens  d'accuser  la  présence  presque  universelle  doivent  pro- 
duire le  même  effet. 

»  Deuxième  article,  Comptes  rendus,  3o  décembre  1872.  L'idée,  d'abord 
un  peu  confusément  exprimée,  se  précise  et  prend  s,i  forme  définitive  : 

«  C'est  que  l'activité  tourbillonnaire  n'est  pas  exclusivement  manifestée  par  les  taches 
proprement  dites;  elle  n'est  pas  non  plus  absolument  constante.  En  premier  lieu,  à  côté  des 
taches,  il  faut  compter  une  multitude  de  petits  tourbillons  qui  restent  à  l'état  de  pores, 
c'est-à-dire  de  petits  points  noirs  qui  se  montrent  fréquemment  dans  les  régions  centrales, 
mais  qu'on  ne  peut  suivre  vers  les  bords.  Ces  petits  tourbillons  sont  essentiels  au  phénomène  ; 
je  leur  attribue  la  grande  extension  que  prennent  les  accidents  de  la  chromosphère  au  delà 
de  la  région  des  taches,  jusque  sur  les  calottes  polaires;  mais  l'observateur  ne  peut  les 
compter.  « 

»  Dans  une  discussion  avec  M.  Tacchini  lui-même,  par  laquelle  je 
m'efforçais  déjà  de  lui  montrer  qu'il  avait  dénaturé  mes  idées,  je  disais  le 
10  mars  1873  : 

o  Voilà  ce  que  j'ai  appelé  la  circulation  souterraine  de  l'hydrogène  solaire,  mot  qui  peint 
si  clairement  ma  pensée.  La  fig.  2  des  Comptes  rendus  du  17  février  a  dû  montrer  d'ail- 
leurs au  savant  observateur  de  Palerme  comment  il  faut  l'entendre.  C'est  bien  une  véritable 
circulation  dans  un  parcours  fermé  sur  la  branche  descendante  duquel  le  cyclone  fonctionne 
à  peu  près  comme  le  cœur  dans  la  nôtre  (mais  seulement  pa)'  aspiration),  tandis  que,  sur  la 
branche  ascendante,  en  dehors  du  cœur,  c'est  en  dehors  du  cyclone  que  je  veux  dire,  la 
force  motrice  est  tout  bonnement  la  gravité.   » 

»  El  j'avais  soin  d'ajouter  en  note  : 

«  Il  ne  faut  pas  oublier  que  l'activité  tourbillonnaire  du  Soleil  ne  se  manifeste  pas 
seulement  par  les  grandes  taches,  mais  aussi  par  une  multitude  de  petits  cyclones  presque 
invisibles  pour  nous  et  qui  constituent  les  pores.  » 

»  Le  i[\  mars,  dans  une  discussion  avec  M.  Vicaire,  je  disais,  p.  736  : 
«  L'activité  tourbillonnaire  qui  est,  à  mon  avis,  le  phénomène  le  plus  général  de  la  pho- 
tosphère, après  celui  qui  en  constitue  la  formation  et  en  règle  l'entretien,  n'est  représentée 
par  les  taches  qu'à  tilre  exceptionnel,  à  titre  de  manifestation  plus  visible  que  les  autres. 
Partout  à  la  surface  existent  des  tourbillons  moins  visibles  sous  forme  de  pores,  sorte  de 
petits  points  noirs  très-grands  en  réalité  qui,  parfois,  deviennent  plus  aisément  visibles 
j)our  nous  et  prennent  alors  le  nom  de  taclies.  C'est  ainsi  que  j'ai  rendu  compte  de  la  cir- 


(  387  ) 

eulalion  de  l'hydrogène  dans  les  régions  où  il  n'y  a  jamais  de  taches  proprement  dites,  mais 
où  l'on  voit  de  nombreux  porcs  qui  sont  autant  de  petites  taches  à  cratère  obscur.  » 

»  Enfin,  le  21  avril,  p.  980,  dans  une  discussion  avec  le  P.  Secchi,  je 
reviens  sur  cette  question  : 

«  Ces  éruptions,  ou  mieux  ces  jets  et  ces  efflusions  multiples  ont  lieu  partout,  parce  que 
partout  l'activité  tourbillonnaire  se  manifeste  au  moins  sous  forme  de  pores;  mais,  autour 
des  grands  pores,  c'est-à-dire  autour  des  taches,  tourbillons  plus  profonds  qui  agissent  plus 
énergiquement  sur  l'hydrogène  supérieur,  l'effusion  ascendante  de  retour  est  plus  abon- 
dante. Elle  s'opère  autour  de  la  tache  en  soulevant  légèrement  la  photosphère,  en  injectant 
plus  abondamment  dans  la  chromosphère  et  au  peu  au-dessus  des  vapeurs  de  sodium,  de  fer, 
de  magnésium  surtout,  élément  dont  M.  Tacchini  a  signalé  le  rôle  frappant  dans  cet  ordre 
de  phénomène.  Cette  circulation  de  l'hydrogène  est  donc  un  fait  très-général,  mais  subor- 
donné à  l'activité  tourbillonnaire.  Celle-ci  dépend  à  son  tour  du  mouvement  spécial  de  la 
rotation  solaire.  Cette  rotation  dépend  du  mode  d'alimentation  de  la  photosphère.  Enfin  ce 
dernier  est  déterminé  par  le  refroidissement  externe  auquel  est  soumise  iine  énorme  masse 
gazeuse  formée  d'un  mélange  très-complexe  de  gaz  et  de  vapeurs  susceptibles  de  condensation 
physique  ou  chimique  dans  les  couches  extérieures,  par  simple  abaissement  de  tempé- 
rature. » 

»  Je  puis  m'arrèter  ici;  la  démonstration  est  complète.  J'ose  espérer 
que  les  personnes  qui  ont  été  frappées  des  objections  du  savant  astronome 
de  Palerme  voudront  bien  revenir  sur  cette  impression  et  juger  par  elles- 
mêmes  un  travail  assurément  bien  imparfait,  mais  qui  est  basé  sur  l'en- 
semble suivant  : 

»  Les  faits  généraux  de  durée,  d'intensité  et  de  constance  de  la  radia- 
tion solaire; 

»  Le  mode  spécial  de  la  rotation  à  la  surface  du  Soleil  ; 

»  Les  lois  géométriques  du  mouvement  des  taches  ; 

»   Leur  distribution  géographique; 

»   Les  traits  généraux  et  les  détails  principaux  de  leur  figure; 

V   Leurs  particularités  spectroscopiques; 

»  Les  phéiiotuénes  caractéristiques  des  facules  et  des  protubérances; 

»  Les  relations  des  facules  et  des  protubérances  avec  les  taches  et  les 
pores  ; 

»  Les  beaux  phénomènes  de  la  chromosphère. 

»  Cette  innnense  quantité  de  faits,  ces  longues  séries  de  mesures,  ces 
observations  de  iialure  si  variée,  depuis  les  belles  mesures  de  coordon- 
nées solaires  de  ^L  Carrington  jusqu'aux  profils  solaires  de  MM.  Respighi, 
Secchi  et  Tacchini,  qui  se  sont  coordonnées  sous  une  même  conception, 
sans  efforts  d'imagination,   spontanément,  pour  ainsi  dire,  me  donnent 


(  388  ) 

l'espoir  que  si  les  spectroscopistes,  dans  leurs  fécondes  études,  rencontrent 
désormais  des  faits  plus  ou  moins  difficiles  à  expliquer,  ils  n'en  trouveront 
pas  un  qui  détruise  un  tel  accord.  Ai-je  besoin  d'ajouter  que,  malgré 
cette  confiance,  je  n'en  regarde  pas  moins  ce  que  j'appelle  un  peu  am- 
bitieusement ma  théorie  comme  une  première  ébauche,  prêtant  le  flanc  à 
la  critique,  ayant  besoin  sur  beaucoup  de  points  d'être  complétée,  pré- 
cisée et  perfectionnée. 

»  Mais  on  n'y  parviendra  que  par  les  procédés  qui  ont  servi  à  l'établir, 
c'est-à-dire  au  moyen  de  l'observation  et  des  mesures  interprétées  par  le 
Calcul,  la  Mécanique  et  la  Physique,  à  l'exclusion  radicale  des  ressources 
illusoires  de  l'hypothèse,  et  l'on  aura  ainsi  jeté  les  bases  de  la  Physique 
solaire  dont  on  peut  déjà  entrevoir  le  plan.   » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  les  cyanures.  Note  de  M.  Berthelot. 

«  1.  Parmi  les  déplacements  inverses  qui  s'opèrent  dans  les  dissolu- 
tions, l'un  des  plus  surprenants  est  celui  de  l'acide  chlorhydrique  par 
l'acide  cyanhydrique,  vis-à-vis  de  l'oxyde  de  mercure.  Il  résulte  des  ob- 
servations suivantes  : 

1°    HCy  (l'i  =  2'")  -t-  HgO  (précipité  et  délayé  clans  10  litres)  dégage.  .  .      -f-  i5,48. 

Un  excès  de  HCy  ne  change  pas  ce  chiffre,  qui  l'emporte  même  sur  la 
chaleur  dégagée  dans  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  dissous  sur  la  po- 
tasse. Aussi  la  potasse  unie  à  l'acide  cyanhydrique,  avec  lequel  elle  dé- 
gage bien  moins  de  chaleur  (3, o),  est-elle  déplacée  par  l'oxyde  de  mercure. 
D'autre  part 

HgCy  solide -I- eau  (4o  parties)  ;  dissolution — i,5o 

HCy  gaz,  en  devenant  liquide,  dégage -t-SjTO 

HCy  liquide  -t-  eau  (grande  quantité) -t-o,4o 

Par  suite, 

HCy  dissous  -h  HgO  =  HgCy  solide -H  17,0 

HCy  liquide  -+-  HgO  =  HgCy  solide _)_  iij  ^4 

HCy  gaz -H  HgO  =  HgCy  solide  -t-  HO  gaz -+-  iS,3C) 

»  2°  La  formation  du  cyanure  de  mercure  dissous  dégage  +  i5,48,  c'est- 
à-dire  +  6,02  de  plus  que  celle  du  chlorure  de  mercure  (-1-9,46),  et  le 
même  écart  existe  pour  les  sels  solides,  toujours  à  partir  des  hydracides 
étendus.  Ceux-ci  étant  monobasiques  et  à  fonction   unique,  l'inégalité 

(*)  Dans  la  Note  publiée  au  présent  volume,  p.  3 10,  il  s'est  glissé  quelques  erreurs  de 


(  389) 
thermique  indique  que  l'acide  cyanhydriqne  étendu  doit  déplacer  entière- 
ment l'acide  chlorhydrique  uni  à  l'oxyde  de  mercure.  Voici  l'expérience  : 

(  HgCy(i'^i=  i6'i')  +HCl{i'-i  =  4'") +0,0  (  N  — N,  =r+5,9. 

I   HgCl  »  +HCy  »  +5,9   )  Calculé  :     -h  6,o. 

»  2.  Elle  est  d'autant  plus  remarquable,  que  l'acide  chlorhydrique 
étendu  déplace  complètement  l'acide  cyanhydrique  dans  le  cyanure  de 
potassium  dissous;  comme  il  était  facile  de  le  prévoir,  car 

iHCy  dissous  +  KO  étendue  dégage +    2,96  j  ^, 

HCl   dissous  +  KO  étendue      »      +  i3,59  ) 

»  3.  Chacun  sait  aussi  que  le  cyanure  de  mercure  est  décomposé  par 
l'acide  chlorhydrique  concentré;  c'est  même  ainsi  que  l'on  prépare  l'acide 
cyanhydrique.  Cette  décomposition  est  due  à  la  réaction  de  l'acide  chlor- 
hydrique anhydre  contenu  dans  les  liqueurs,  ou  formé  sous  l'influence  de 
la  chaleur,  lequel  possède,  en  plus  de  l'hydrate  du  même  acide,  l'énergie 
que  celui-ci  a  perdue  en  formant  un  hydrate  défini,  soit  +  G  à  +  7  calo- 
ries environ  [Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  743);  valeur  suffisante  pour 
renverser  la  réaction. 

»  Le  gaz  chlorhydrique  lui-même  déplace,  immédiatement  et  à  froid,  le 
gaz  cyanhydrique,  du  cyanure  de  mercure.  J'ai  signalé  ce  procédé  pour 
préparer  le  dernier  gaz.  La  réaction  dégage,  d'après  le  calcul,  +  ô'^''',2. 

»  4.  J'appelle  l'attention  sur  ces  deux  réactions  et  sur  leur  mécanisme, 
qui  se  retrouve  dans  une  multitude  d'autres  circonstances  où  l'on  compare 
les  réactions  des  acides  ou  des  alcalis  concentrés  avec  celles  des  mêmes 
acides  ou  des  mêmes  alcalis  étendus.  C'est  l'existence  d'une  certaine  pro- 
chiffres, d'ailleurs  sans  conséquence,  mais  que  je  vais  rectifier  : 

HCl  gaz  +AgO  =  AgCl  4- HO  gaz -»-  33,2 

HBrgaz  +  AgO  =  AgBr  +  HO  gaz +  4o,3 

HI   gaz   +  AgO  =  Agi    +  HO  gaz +  46,6 

On  a  encore 

HCl  gaz  +  HgO  =  HgCl  -+-  HO  gaz +23,5 

HClgaz+ PbO  =  PbCl  + HO  gaz +23,2 

HCl  gaz  +  CaO  =  CaCl  anhydre  +  HO  gaz.  .  .  +  26,  x 

HCl  gaz -f-  SrO  =SrCI  anhydre  +  HO  gaz...  +34,5 

HCl  gaz  H-  BaO  =  BaCl  anhydre  +  HO  gaz. . .  +39,6 

valeurs  qui  peuvent  servir  de  termes  de  comparaison  entre  les  divers  chlorures. 

G.R.,  1873,  1' Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  6.)  ^' 


(  390) 
portion  d'acide  (ou  d'alcali),  non  combiné  avecreaii  dans  les  liqueurs  con- 
centrées, ou  sa  formation  sous  l'influence  de  la  chaleur,  qui  détermine  la 
réaction  inverse;  et  cela  en  raison  de  l'excès  d'énergie  qu'il  possède  par 
rapport  à  l'hydrate  du  même  acide,  avec  lequel  il  coexiste  dans  les  li- 
queurs (i).  Cet  excès  d'énergie  mesure  l'aptitude  à  produire  la  réaction 
inverse. 

»  Au  contraire,  celle-ci  ne  saurait  être  prévue  d'après  la  quantité  de 
chaleur  dégagée  dans  la  dilution  de  l'acide  concentré,  devenant  en  masse 
un  acide  étendu  :  mode  de  prévision  qui  a  été  proposé  par  divers  auteurs, 
notamment  par  M.  Thomsen,  et  que  je  regarde  comme  inexact.  Outre  que 
ce  mode  de  prévision  n'est  pas  justifié  en  principe,  parce  qu'il  ne  dis- 
tingue pas  l'acide  non  combiné  à  l'eau,  de  ses  hydrates,  dans  les  dissolu- 
lions,  en  fait,  il  conduit  à  des  conclusions  contraires  à  l'expérience.  Par 
exemple,  le  cyanure  de  mercure  est  encore  décomposé  à  froid  par  l'acide 
chlorhydrique  d'une  densité  i,io,  laquelle  répond  à  HCl +  ■711-0-;  la 
dilution  d'une  telle  liqueur  par  une  grande  quantité  d'eau  dégage+  i*^"',  7. 
Or  il  faudrait  que  la  chaleur  de  dilution  fût  égale  à  +  6,0  pour  que  la 
réaction  pût  être  renversée  d'après  cette  théorie;  cet  excès  est  si  grand  que 
la  dilution  de  l'acide,  même  le  plus  concentré,  ne  pourrait  le  compenser. 

»  Ce  n'est  pas  là  d'ailleurs  une  remarque  isolée;  j'ai  déjà  montré  qu'il 
en  était  de  même  pour  les  actions  réductrices  et  oxydantes  de  l'acide 
iodhydrique  {Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  746),  l'hydrogène  sulfuré,  par 
exemple,  cessant  d'attaquer  l'iode  en  présence  d'un  acide  iodhydrique  |)lus 
concentré  que  HI  +  7H^0-.  Or  les  solutions  acides  plus  concentrées  dé- 
gagent par  leur  dUution  de  +  4  à  +  i  calories  environ,  suivant  leur  degré; 
ce  qui  exprime  une  énergie  incapable  de  compenser  les  +  7  ou  8  calories 
que  la  réduction  de  l'hydrogène  sulfuré  par  l'iode  devrait  dégager,  et,  par 
conséquent,  incapable  de  renverser  la  réaction.  Au  contraire,  la  présence 
de  l'hydracide  anhydre  dans  les  solutions  concentrées  et  son  aptitude  à 
former  un  hydrate  défini  permettent  d'interpréter  clairement  les  phéno- 
mènes. La  plupart  des  déplacements  réciproques  donnent  lieu  aux  mêmes 
observations,  la  chaleur  dégagée  par  la  dilution  des  acides  ou  des  alcalis 
concentrés  n'étant  presque  jamais  suffisante,  lorsqu'on  l'envisage  en  bloc, 

(i)  J'entends  ici  par  acide  non  combiné  à  l'eau  les  liydracides  anliydres  et  les  oxacides 
normaux  (les  anciens  monoliydrates),  tels  que  AzO'H,  SO' H,  C'H'O',  etc.,  par  opposition  . 
avec  les  comliinaisons  qu'ils  forment  avec  un  certain  nombre  d'équivalents  d'eau.  De  mémo, 
les  alcalis  normaux  sontK.HO%  o|)pose  à  I^HO^  +  4  HO  ;  Ba  H0%  opposé  à  BaHO-  -+-  9 HO. 
Cette  explication  est  nécessaire  pour  éviter  tout  malentendu. 


(  39.  ) 
pour  fournir  l'énergie  nécessaire  au  renversement  des  actions  chimiques. 
La  limite  à  laquelle  ce  renversementalien  est  surtout  caractéristique,  parce 
qu'elle  coïncide  avec  la  limite  à  laquelle  l'hydracide  anhydre  cesse  d'exister 
dans  les  liqueurs,  d'après  les  épreuves  tirées  de  sa  tension  gazeuse  et  d'autres 
circonstances. 

))  5.  Mais  revenons  aux  cyanures.  La  théorie  indique  que  le  déplacement 
de  l'acide  chlorhydrique  par  l'acide  cyanhydrique,  dans  le  chlorure  de 
mercure,  doit  pouvoir  être  observé  plus  nettement  encore,  si  l'on  substitue 
à  l'acide  cyanhydrique  libre  un  cyanure  alcalin.  En  effet,  on  aura  en  plus, 
dans  cette  circonstance,  la  différence  des  chaleurs  de  neutralisation  des 
deux  acides  par  l'alcali.  C'est  ce  que  l'expérience  confirme  : 

KCy(i'^i=:8"')-)-HgCl  (i'^'î=4"')...      +16,7  1 

KCl  (i^i=8"')  +  HgCy(r'i=4'")---      +   0,0) 

(N-N,)-(N'-N',)  =  (i3,6-3,o)-(9,5  — i5,5)=+i6,6. 

»  C'est  ici  l'un  des  cas  les  plus  tranchés  où  la  prétendue  thermoneutra- 
Jité  saline  se  trouve  en  défaut.  La  concordance  du  calcul,  fait  dans  l'hypo- 
thèse d'une  transformation  totale  en  cyanure  de  mercure  et  chlorure  de 
potassium  dissous,  avec  l'observation  est  parfaite.  Elle  ne  préjuge  rien 
d'ailleurs  sur  l'action  réciproque  entre  les  deux  derniers  sels  dissous. 

»  6.  Une  action  réciproque  de  ce  dernier  genre  est  facile  à  mettre  en 
évidence  entre  le  cyanure  de  potassium  dissous  et  l'iodure  de  mercure  so- 
lide : 

Hgl  solide  +  K.Cy(i''i=:  16'")  +  4,7 

+  2«KCy  +4,7 

Solution  totale -f-g,4 

»  La  dissolution  du  corps  solide  a  lieu,  dans  cette  circonstance,  avec  un 
dégagement  de  chaleur  considérable,  à  cause  de  la  formation  des  sels 
doubles  qui  subsistent  dans  les  liqueurs. 

»  7.  Cette  formation  des  cyanures  doubles  dissous  est  plus  nettement 
accusée  encore  par  l'expérience  suivante  : 

HgCy(i*i=i6'")  +  RCy(i*'i=  4"') dégage -t- 5,8. 

»  L'acide  chlorhydrique  étendu,  agissant  sur  cette  liqueur,  eu  sépare  les 
composants,  avec  reproduction  de  chlorure  de  potassium  et  d'acide  cyan- 
hydrique : 

Liqueur  précédente  -f-  H  Cl  (  i  '^^1  =  2'"  )  -t-  5 , 2 
+  2=HC1  +0,0. 

5l.. 


(  392) 

»  Or  le  calcul  indique  3,o  4-  5,8  -f-  5,2  =  i^,o,  pour  l'union  de  l'acide 
chlorhydrique  avec  la  potasse,  valeur  qui  ne  s'écarte  pas  sensiblement  de 
la  valeur  réelle  t3,6,  étant  données  des  liqueurs  aussi  étendues. 

»  8.  J'ai  également  fait  quelques  expériences  sur  le  cyanure  d'argent  : 

1°  AzO''Ag(i^i  =  i6'")  +  HCy(i''i  =  4i'') +  i5,72 

d'où  HCydissous-l- AyO=r  AgCyprécipitédégage.  . .  .      +20,9. 

2°  AzO'Ag  (ri=  16'")  +  KCy  (rt  =  4'") +  26,57 

d'où  HCydissoiis  +  AgO=:AgCyprécipitédégage.  . . .     +20,9 

valeur  identique  à  la  précédente,  et  qui  est  à  peu  près  la  même  que  celle 
de  la  formation  du  chlorure  d'argent.  On  en  tire 

HCyliquide  +  AgO  (précipité)  =:  AgCy  +  HO  (liquide).  ...      +  21 ,3 

HCygaz        -)-AgO  »  =  AgCy  +  IIO  liquide +27)0 

HCygaz        -f-AgO  >-  =AgCy-+HOgaz +22,2 

cette  dernière  valeur  n'étant  qu'approchée,  à  cause  des  changements  phy- 
siques éprouvés  par  l'oxyde  et  le  cyanure  d'argent! 

Ces  valeurs  expliquent  pourquoi  l'acide  cyanhydrique  déplace  l'acide 
azotique  uni  à  l'oxyde  d'argent,  et  pourquoi  le  cyanure  d'argent  résiste 
à  l'action  de  l'acide  azotique, 

l'-  »  9.  Le  cyanure  d'argent  se  dissout,  comme  on  sait,  dans  le  cyanure  de 
potassium,  en  formant  un  cyanure  double  :  la  réaction  dégage  à  peu  près  la 
même  quantité  de  chaleur  que  celle  du  cyanure  de  mercure,  malgré  l'état 
solide  du  cyanure  d'argent  : 

KCy(i''i  =  4''')  +  AgCy  (précipité)  -+- eau  (ao*"). . .     W-  5,6 

C'est  un  nouvel  exemple  de  la  dissolution  d'un  précipité  opérée  avec 
dégagement  de  chaleur,  par  suite  de  la  formation  d'un  sel  double.  Cette 
formation  règle  les  phénomènes,  indépendamment  de  la  solubilité  ou  de 
l'insolubilité  du  cyanure  métallique  primitif  (mercure  ou  argent),  parce 
que  le  sel  double  prend  naissance  avec  dégagement  de  chaleur,  et  qu'il 
est  stable  en  présence  du  dissolvant. 

J'insiste  sur  ces  conditions,  à  cause  de  leur  généralité.   » 


(  39'^'  ) 
TiiERMOCHiMiE.—  Sur  la  redissolution  des  précipités  ;  Note  de  M.  Berthelot. 

«  1.  Dans  sa  Statique  chimique  (i)  Bertliollet  «  considère  comme  un 
»  attribut  général  la  propriété  corrélative  des  acides  et  des  bases  de  se 
»  saturer  mutuellement  ».  Il  admet  «  que  les  aifinités  des  acides  pour  les 
M  alcalis  ou  des  alcalis  pour  les  acides  sont  proportionnelles  à  leur  capacité 
»  de  saturation»,  c'est-à-dire  inverses  de  leur  équivalent,  d'après  le  lan- 
gage de  la  Chimie  actuelle.  «  J'établis  en  conséquence,  que  lorsque  plu- 
»  sieurs  acides  agissent  sur  une  base  alcaline,  l'action  de  l'un  de  ces  acides 
»  ne  l'emporte  pas  sur  celle  des  autres,  de  manière  à  former  une  combi- 
»  naison  isolée;  mais  chacun  des  acides  a  dans  l'action  une  part  qui  est 
»  déterminée  par  sa  capacité  de  saturation  et  sa  quantité;  je  désigne  ce 
))  rapport  composé  par  la  dénomination  de  masse  chimique  »  :  nous  dirions 
aujourd'hui  le  produit  de  l'inverse  de  l'équivalent  de  chaque  acide  par 
le  nombre  d'équivalents  de  cet  acide  qui  sont  mis  enjeu.  Berthollet  exclut 
ainsi  toute  idée  d'une  «  affinité  élective  »  (2). 

Il  résulte  de  ces  notions  que,  si  l'on  fait  agir  sur  un  sel  dissous  un  acide 
capable  de  former  avec  la  base  un  sel  insoluble,  ce  dernier  devra  se  pro- 
duire, à  cause  du  partage  de  la  base  entre  les  deux  acides,  puis  se  précipi- 
ter, à  cause  de  son  insolubilité.  La  séparation  de  ce  corps  l'ayant  fait  sortir 
du  champ  de  l'action  chimique,  un  nouveau  partage  de  la  base  aura  lieu 
entre  les  deux  acides  dans  la  liqueur,  par  suite  une  nouvelle  précipitation, 
et  ainsi  de  suite.  Telle  est  la  théorie  de  Berthollet,  qui  fait  encore  loi 
dans  la  Science. 

»  2.  La  théorie  thermique  fait,  au  contraire,  reparaître  la  notion  d'une 
affinité  élective,  dont  le  travail  est  mesuré  par  la  chaleur  dégagée  dans  les 
réactions  des  corps,  pris  sous  des  états  comparables.  Si  les  corps  étaient 
isolés  de  tout  dissolvant  et  si  chaque  acide  ne  formait  avec  la  base  qu'une 
seule  combinaison,  il  n'y  aurait  jamais  partage,  contrairement  à  l'opinion 
de  Berthollet;  par  suite  l'insolubilité  ne  jouerait  aucun  rôle  dans  la  statique 
chimique.  Il  en  serait  de  même  en  présence  de  l'eau,  si  aucun  des  com- 
posés formés  en  son  absence  n'éprouvait  de  sa  part  une  décomposition. 

»  Mais  il  existe  des  acides  capables  de  former  plusieurs  combinaisons 
avec  une  même  base.  En  outre,  l'eau  décompose  partiellement,  en  raison 
de  sa  masse  et  des  proportions  relatives  d'acide  et  de  base,  les  sels  acides 
et  les  sels  basiques,  comme  aussi  les  sels  ammoniacaux,  les  sels  métal- 


(1)  T.  I,  p.  i5et  p.  ■J2,  i8o3. 

(2)  Foir  aussi  i.  I,  p.  •jS. 


(  394  ) 
liques,  etc.  Ces  circonstances  détenninent  des  équilibres  intermédiaires, 
c'est-à-dire  une  répartition  diverse  de  la  base  entre  les  deux  acides.  Dans 
les  dissolutions,  et  pour  les  sels  solubles,  la  réalité  de  cette  répartition  peut 
être  établie  par  les  épreuves  thermiques  (i),  ou  par  la  méthode  des  deux 
dissolvants  (2). 

»  Or  les  lois  qui  régissent  la  répartition  d'une  base  entre  deux  acides 
et  la  formation  des  sels  solubles  dans  une  dissolution  doivent  intervenir 
également,  dans  les  cas  où  il  y  a  formation  de  sels  insolubles.  Mais,  si 
quelque  |)roportion  d'un  sel  insoluble  prend  naissance  en  vertu  de  ces  lois 
d'équilibre  et  dans  les  conditions  des  expériences,  cette  proportion  se 
séparera  et  sortira  à  mesure  du  champ  de  l'action  chimique;  l'équilibre 
ne  pourra  donc  subsister  dans  la  dissolution,  c'est-à-dire  que  nous  ren- 
trerons dans  le  mécanisme  si  bien  développé  par  Berthollet.  Les  deux  théo- 
ries conduisent  sur  ce  point  aux  mêmes  conclusions. 

))  3.  Pour  décider  entre  elles,  il  faut  chercher  des  cas  où  leurs  prévi- 
sions soient  opposées,  tels  que  ceux  où  chacun  des  acides  antagonistes  ne 
forme  qu'un  seul  composé  basique  et  stable  en  présence  de  l'eau;  ou  bien 
encore  les  cas  où  la  formation  de  l'un  des  sels  neutres  donne  lieu  à  un 
dégagement  de  chaleur  qui  l'emporte  sur  toutes  les  autres  formations 
possibles.  J'ai  déjà  exposé  ces  expériences  et  ces  calculs  pour  les  sels 
solubles, en  montrant  (3)  comment  les  acides  carbonique  et  acétique  sont 
complètement  séparés  de  leurs  sels  alcalins,  même  à  l'état  de  dissolution, 
par  les  acides  azotique,  chlorhydrique,  sulfurique,  etc.  Je  vais  exposer 
des  résultats  analogues  pour  les  sels  insolubles  et  montrer  comment  ils 
peuvent  être  décomposés  entièrement  et  dissous  par  les  acides  forts,  con- 
trairement à  la  théorie  de  Berthollet. 

»  4.  Mettons  d'abord  en  opposition  deux  acides  monobasiques  à  fonc- 
tion simple,  qui  ne  forment  chacun  qu'un  seul  composé  avec  une  base 
donnée.  L'épreuve  est  facile  à  réaliser  entre  l'acétate  d'argent  et  l'acide 
azotique  étendu  :  l'acétate  insoluble  est  changé  immédiatement  en  azotate 
d'argent  dissous.  La  réaction 

AzO°H  étendu  +  C*H'AgO'  =  AzO^Ag  étendu  +  C H" O' dissous 

donne  lieu  à  une  absorption  de  —  3,5  environ  ;  mais  cette  absorption  est 
due  à  la  trant.formation  d'un  corps  solide  en  un  corps  dissous.  En  effet  le 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p,  435,  48o,  538,583,  t.  LXXVI,  p  94. 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysique,  t^"  série,  t.  XXVI,  p.  433. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXXV,  [>.  4^5,  4^''»  ^'''* 


(  395  ) 
calcul  montre  que  la  réaction  rapportée  aux  deux  sels  solides 

AzO'H  étendu  +  C'H'AgO''=  AzO'Ag solide  +  C" H 'O' dissous 

dégagerait  -+-  i  Calories  environ.  Si  les  deux  acides  étaient  séparés  de 
l'eau,  on  aurait  même  +  g  Calories. 

»  Il  serait  facile  de  multiplier  les  exemples  analogues  du  déplacement 
complet  d'un  acide  monobasique,  dans  un  se!  insoluble,  par  un  seul  équi- 
valent d'un  autre  acide  monobasique  qui  forme  un  sel  soluble. 

»  5.  I^a  décomposition  des  carbonates  insolid)les  (sels  à  fonction  com- 
plexe) par  les  acides  monobasiques  (chlorhydrique,  azotique),  dans  des 
liqueurs  soit  concentrées,  soit  assez  étendues  pour  que  l'acide  carbonique 
demeure  dissous,  est  également  totale.  Dans  les  solutions  étendues,  elle 
donne  lieu  tantôt  à  un  dégagement  de  chaleur,  tantôt  à  ime  absorption 
(carbonate  d'argent  et  acide  azotique);  mais  elle  est  toujours  exother- 
mique lorsqu'on  la  rapporte  aux  sels  séparés  de  l'eau  et  aux  deux  acides 
dissous  et  amenés  à  une  constitution  semblable.  La  décomposition  des 
carbonates  insolubles  rentre  donc  dans  la  théorie  précédente. 

»  6.  Il  en  est  de  même  de  la  décomposition  du  tartrate  de  chaux  préci- 
pité par  l'acide  chlorhydrique;  les  valeurs  thermiques  (i)  indiquent  une 
action  totale,  lorsqu'on  opère  à  équivalents  égaux;  au  début,  la  réaction 
est  proportionnelle  aux  quantités  fractionnaires  d'acide  chlorhydrique 
employé;  2  équivalents  d'acide  chlorhydrique  étendu  suffisent  d'ailleurs 
pour  dissoudre  complètement  une  molécule  de  tartrate  (C^H' Ca"0'^). 

»  Le  citrate  de  baryte  est,  de  même,  dissous  complètement  par  une 
proportion  équivalente  d'acide  chlorhydrique  étendu  et  les  valeurs  ther- 
miques indiquent  alors  une  décomposition  complète. 

»  Le  tartrate  de  baryte  et  le  citrate  de  baryte  précipités,  lorsqu'on  les 
traite  par  l'acide  sulfurique  étendu,  se  comportent  d'une  manière  sem- 
blable, sauf  l'insolubilité  du  sulfate  de  baryte. 

Les  tartrates  insolubles  se  comportent  donc,  à  l'égard  des  acides  forts, 
exactement  comme  les  tartrates  solubles,  le  déplacement  de  l'acide  tar- 
trique  uni  à  une  base,  par  un  poids  équivalent  d'acide  chlorhydrique  ou 
sulfurique,  étant  total  dans  tous  les  cas,  d'iiprès  les  expériences  thermi- 
ques, avec  le  tartrate  de  soude  aussi  bien  qu'avec  les  tartrates  de  chaux  ou 
de  baryte,  résultat  conforme  à  la  préparation  classique  de  l'acide  tartrique. 


(i)  Elles  sont  négatives  à  cause  delà  transformation  d'un  corps  solide  en  un  corps  dissous. 


(396) 
Qu'il  s'agisse  d'un  sel  soliible  à  base  de  soude,  ou  d'un  sel  insoluble  à 
base  de  chaux;  qu'il  se  produise  un  sel  soluble  (chlorure  de  sodium  ou  de 
calcium),  ou  un  sol  insoluble  (sulfate  de  baryte),  les  mêmes  règles  et  les 
mêmes  phénomènes,  déduits  des  relations  thermiques  entre  les  corps  sépa- 
rés de  l'eau,  s'appliquent  à  tous  les  cas.  Ces  résultats  peuvent  donc  servir  de 
critérium  entre  la  théorie  de  BerthoUet  et  la  nouvelle  théorie  thermique.   » 

BOTANIQUE.  —  Notice  sur  les  Palmiers  de  la  Nouvelle-Calédonie; 
par  M.  Ad.  Brongniaht. 

«  Il  y  a  quelques  années,  j'ai  présenté  à  l'Académie  un  aperçu  de  la  vé- 
gétation de  la  Nouvelle-Calédonie,  tel  que  l'état  encore  imparfait  de  nos 
connaissances  sur  la  flore  de  cette  grande  île  permettait  de  l'établir.  Depuis 
cette  époque,  une  exploration  plus  étendue  de  beaucoup  de  points  de 
notre  colonie  nous  permettra  d'en  présenter  bientôt  un  tableau  plus  com- 
plet. Un  séjour  de  trois  années,  comme  voyageur  du  Muséum,  a  fourni  à 
M.  Balansa  le  moyen  de  recueillir  des  matériaux  nombreux  pour  celte 
étude.  M.  Vieillard,  dont  les  premières  collections  avaient  servi  en  grande 
partie  de  base  à  nos  premiers  travaux,  a  poursuivi  ses  recherches  pendant 
plusieurs  années,  mais  les  collections  qu'il  a  réunies  pendant  ce  second 
séjour  à  la  Nouvelle-Calédonie,  ne  nous  ayant  pas  été  communiquées, 
n'ont  pas  pu  contribuer  à  l'ensemble  de  nos  études. 

»  Nous  ne  nous  proposons  pas  de  présenter  à  l'Académie  les  travaux 
spéciaux  dont  chacune  des  familles  qui  composent  la  flore  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  sera  l'objet,  soit  de  notre  part,  soit  de  la  part  des  collabora- 
teurs que  nous  espérons  pouvoir  associer  à  ces  études;  mais  quelques  fa- 
milles pourront  faire  exception,  et  celles  des  Palmiers  et  des  Pandanées  nous 
ont  paru  devoir  être  de  ce  nombre. 

»  Les  matériaux  à  notre  disposition  portent  maintenant  le  nombre  des 
Palmiers  indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie  à  dix-huit,  sans  y  comprendre 
le  Cocotier,  qui  nous  paraît  y  avoir  été  introduit  et  qui  est  surtout  répandu 
sur  les  côtes  et  cultivé  par  les  Kanacks.  Dès  1864,  nous  avons  cru, 
M.  Gris  et  moi,  devoir  attirer  l'attention  des  botanistes  et  particulièrement 
des  voyageurs  sur  quelques  Palmiers  de  la  Nouvelle-Calédonie,  que  nous 
signalaient  des  échantillons,  la  plupart  très-imparfaits,  recueillis  par 
MM.  Pancher,  Vieillard  et  Deplanche. 

»  Ces  espèces  étaient  au  nombre  de  six;  toutes  furent  rangées  dans  le 
genre  Kentia  de  Blume  :  presque  toutes  étaient  Irès-incomplétement  con- 


(  '^".)7  ) 
nues,  manquaient  de  feuilles  et  ne  présentaient  que  des  portions  d'inflores- 
cence et  des  fruits. 

»  Les  nouvelles  recherches  de  M.  Ralnnsa  et  les  collections  rapportées 
par  M.  Pancher  ont  non-seulement  complété  nos  connaissances  sur  ces 
espèces  et  confirmé  leur  distinction,  mais  ont  porté  à  dix-huit  le  nombre 
de  ces  formes  diverses. 

a  Leur  étude  sur  des  matériaux  beaucoup  plus  complets,  quoiqu'ils  pré- 
sentent encore  quelques  lacunes,  montre  que  ces  Palmiers  forment  trois 
groupes  bien  distincts,  dont  l'un  rentre  dans  le  genre  Kentia,  tel  qu'il  a 
été  défini  par  Blume,  et  les  deux  autres,  quoique  s'en  rapprochant  beau- 
coup et  appartenant  également  aux  Arécinées,  dont  les  graines  ont  un  albu- 
men corné  non  ruminé,  s'en  distinguent  cependant,  soit  par  leurs  fleurs 
mâles,  soit  par  quelques  points  de  l'organisation  de  leur  fruit.  Je  séparerai 
d'abord,  sous  le  nom  de  Kentiopsis,  trois  espèces  qui  diffèrent  des  Kentia 
par  leurs  fleurs  mâles,  qui  renferment  des  étamines  très-nombreuses,  de 
vingt  à  cinquante,  réunies  au  centre  de  la  fleur,  sans  qu'on  puisse  y  recon- 
naître de  disposition  symétrique;  leur  fruit,  souvent  assez  volumineux,  est 
droit  et  régulier  comme  celui  des  vrais  Kentia. 

»  Nous  avions  déjà  distingué,  sous  le  nom  de  Kenlice  spiiriœ,  trois  espèces 
dont  le  fruit  présentait  une  forme  toute  particulière,  due  au  développement, 
on  pourrait  dire  excentrique,  de  la  loge  fertile,  formant  une  sorte  de  bosse 
latérale  et  déterminant  la  position  latérale  et  quelquefois  presque  basilaire 
des  stigmates  persistants. 

»  La  constance  de  ce  caractère,  dans  douze  espèces  de  Palmiers  pro- 
pres, jusqu'à  ce  jour,  à  la  Nouvelle-Calédonie,  jointe  à  une  nature  fort 
différente  du  péricarpe,  plus  charnu  et  non  fibreux,  m'a  paru  permettre 
d'élever  cette  section  au  rang  de  genre.  Je  désigne  ces  plantes  sous  le  nom 
de  C/phokenîia[de  x6(poç,  bosse);  toutes, à  l'exception  d'une  seule,  ont  six 
étamines  comme  les  Kentia;  une  seule  en  présente  douze,  disposées  régu- 
lièrement sur  un  seul  rang. 

»  Une  autre  espèce  se  distingue  par  ses  spalhes  persistantes  à  la  base 
d'un  spadice  dressé,  et  si  ce  caractère,  qui  donne  un  aspect  tout  particulier 
à  son  inflorescence,  se  représentait  dans  d'autres  espèces,  il  pourrait  donner 
naissance  à  un  groupe  très-naturel. 

»  Mais  ce  qui  doit  frapper  au  point  de  vue  géographique,  c'est  de  voir 
ce  nombre  déjà  considérable  d'espèces  appartenir  exclusivement  à  un 
groupe  spécial,  celui  des  Kentiées,  et  aucun  des  aulres  genres  si  répandus 
dans  les   îles  de  la  Malaisie  et  de  l'Océanie  ne  se  montrer  ici;  c'est   un 

C.  R.,  1873,  i"  Semestre.  (T.  LXXVU,  IN"  U.)  ^^ 


(  39»  ) 
nouvel  exemple  de  la  nature,  souvent  si  particulière,  de  la  flore  de  la 
Nouvelle-Calédonie. 

»  Je  vais  donner  ici  les  caractères  distinctifs  de  ces  divers  Palmiers,  en 
indiquant,  pour  les  genres,  seulement  ceux  qui  les  séparent  des  genres 
voisins,  sans  énumérer  ceux  qui  sont  communs  à  toute  cette  sous-tribu  des 
Arécinées,  qu'on  peut  appeler  lesRentiées,  et  qui  sont  les  suivants  :  spadices 
entourés  par  deux  spatlies  complètes,  portant  sur  leur  rameaux,  surtout 
vers  leur  base,  des  fleurs  ternées,  la  médiane  femelle  et  les  latérales  mâles; 
fruits  monospermes  à  péricarpe  fibro-charnu;  graine  contenant  un  albumen 
corné  non  ruminé.  Embryon  basilaire. 

M  Quant  au  port,  ce  sont  tous  des  Palmiers  à  feuilles  pinnatifides,  lon- 
guement engainantes,  tantôt  Irès-grandes,  atteignant  plus  de  3  mètres  de 
long,  tantôt  très-courtes,  à  folioles  pinnées,  régulières  ou  s'insérant  sur  le 
rachis  par  une  base  plus  ou  moins  large  et  plissée,  à  spadices  soit  dressés 
soit  plus  souvent  recourbés  à  leur  base  et  à  rameaux  pendants. 

Kentiopsis. —  Flores  masculi,  stamina  numerosa,  2o-5o  in  centro  floris 
congesta,  rudimento  pistilli  nuUo  vel  minimo. 

Fructus  symetricus  ellipsoideus,  stigmatibus  persislentibus  apice  supe- 
ratus,  pericarpio  fibroso-carnoso. 

1.  Kentiopsis  macrocarpa. 

Folia  rachi  supra  plana,  infra  convexa,  foliolis  suboppositis  lineari-lanceolatis.  Spadix 
ramis  plerisque  simplicibus  elongatis  approximatis,  floribus  raasculis,  petalis  lanceolatis- 
acutis,  sepalis  multo  longioribus,  staminibus  numerosis  (circiter  ^o).  Fructus  ellipticus 
3-4  cent,  longus,  fibro-carnosus,  areola  circulari  et  stigmatibus  tribus  apice  notatus. 

Kentia  macrocarpa,  Vieill.  ex  Pancher  in /fcri. 

Hab.  bois  près  Kanala,  8oo  mètres  (Bal.,  n°  igSG).  Mont  Arago,  8oo  mètres  (Bal., 
n°  igSy).  Mont  Nekou,  5oo  mètres(Bal.,  771"). — Près  Mouaiéa,  5oo  mètres  (Bal.,  n°2yi  1). 
—  UeOuin  (Bal.,  n°  64^). 

2.  KXNTIOPSIS  DIVABICATA. 

Folia  rachi  triangulari  supra  carinala,  foliolis  alternis.  Spadix  paulo  supra  basim  ramosus, 
ramis  brcvibus  arcuatis  et  divaricatis,  floribus  niasculis  sepalis  oblongis  obtusiusculis,  stami- 
nibus 25-3o.  Fructus  olivae  forraam  et  magnitudinem  relerens,  vix  carnosus,  fibrosus. 

Kentia  polyslemon,  Panch.,  in  Herb. 

Hab.  mont  Congui  (Panch.,  n°  765).  Baie  Prony  (Bal.,  n"  1969).  Près  d'Unie  (Bal., 
n°  1969°). —  Boiirail,  600  mètres  (Bal.,  n"  770.)  —  Daaoui  de  Hero  (Bal.,  n"  770-^). 

3.  ReMTIOPSIS   OLIV.EFOHMIS. 

Folia  rachi  tetragono,  foliolis  suboppositis.  Spadix  prope  basim  ramosus,  ramis  crassis 
itcrum  ramosis  elongatis  fastigiatis,  nec  divaricatis,  floribus  niasculis,  petalis  ellipticis,  sta- 
minibus circiter  20  [l'à-'i^).  Fructus  olivaeformis  ovalis,  stigmate  tridentato  superatus. 


(399  ) 

Kentia  olivœformîs  Ad.  Br.  et  Gris,  in  Ann.  Se.  nat.,  5'  série,  t.  II,  p.  i6i. 
Hab.  Kanala  (Vieill.,  n"  1281  ).  —  Bords  de  la  Nera  près  Bourail  (Bal.,  n"  ^66). 

Kentia,  Blume.  —  Flores  raasculi  :  stamina  sex  sepalis  et  petalis  oppo- 
sita,  ruditnento  pistilli  crasso. 

Fructus  symetricus  ellipsoideus,  sligmatibus  persistentibus,  apice  sii- 
peratus;  pericarpio  fibroso-carnoso. 

1.  Kentia  elkcans. 

Folia  rachi  infra  convexa,  supra  plana,  foliolis  alternis  approximatis,  infra  ad  nervum 
médium  paleaccis.  Spadix  ramis  prope  basim  nascentibiis  crassis,  raniulis  elongatis  apice 
floribus  masculis  tantum  onustis,  fructus  oblongo-ellipticus  aculus,  superficie  tenue  granulosa. 

Kentia  elegans,  Ad.  Br.  et  A.  Gris,  loc.  cit.,  p.   160. 

Hab.  Puebo  (Vieill.,  n"'  laSS  et  1286).  Bois  au-dessus  de  Balade  (Bal.,  3i22). 

2.  Kentia  Vieillabdi. 

Folia  rachi  applanata  subancipile,  foliolis  suboppositis  reoiotis.  Spadix  arcuatus  ramis 
pendulis  apice  masculis.  Fructus  ovales  carnosi?  siccitate  déformes,  superficie  granulosa, 
seminibus  superne  oblique  truncatis  vel  depressis. 

Kentia    Vieillnrdi,   Ad.   Br.  et  A.  Gris,  loc.  cit.,  p.  162. 

Hab.  Kanala  (Vieill.,  i285;  Bal.,  1962"),  près  la  Conception  (Bal.,  1962). 

3.  Kentia  fulcita. 

Caulis  basi  radicibus  aereis  lœvibus  fulcitus  (exBalansa)  folia.  ...  Spadix  brevis,  dense 
ramosus,  floribus  approximatis,  masculis  sepalis  ovatis  petala  elliptica  subaequantibus. 
Fructus  ovoideus  superne  attenuatus  et  subincurvus,  stigmatibus  tribus  apice  notatus;  peri- 
carpio dense  fîbroso. 

Hab.  dans  les  bois  de  la  Baie-Prony  (Bal.,  i960). 

Très-voisine  du  A.  exorhiza  Wcndl.  (Seemann,  Ft.  vitiensis,  p.  269,  tab.  ■jB),  elle  en 
diffère  par  ses  racines  aériennes,  lisses  et  non  épineuses,  et  par  quelques  différences  dans  la 
forme  des  fleurs;  ses  feuilles  nous  sont  inconnues. 

Cyphokentia.  —  Flores  masculi  :  stamina  sex  vel  rariiis  duoclecim  iiiia 
série  inserta;  fructus  non  symetricus,  globosus  vel  ellipsoideus,  uno  latere 
evolutus,  gibbosus,  stigmate  tridentato  persistente  laterali  vel  subbasilari 
notatus  ;  pericarpio  tenui  parce  carnoso  vix  fibroso,  endocarpio  chartaceo. 

§    I.     —    SpATH^E    DU£    APPROXIMATf    CADUC*. 

J.  Dodecandrœ . 
1.  Cyphokentia  macrostachta. 

Folia spadix  basi  incurvus,  ramis  prope  basim  nascentibus,  iterum  ramosis,  ramu- 

lis  simplicibus  elongatis  pendulis;  floribus  masculis,  staminibus  12  una  série  insertis  et  basi 
in  annulo  unitis.  Fructus  ellipticus  stigmate  paulo  supra  basim  notatus. 

Kentia  macrostachya,  Panch.  in  Herb. 

Hab.  mont  Congui,  à  700  mètres  (Panch.,  64o).  Mont  Arago,  vers  800 mètres  (Bal.,  1970). 

52.. 


r  (  4oo  ) 

B.  He.randrœ. 

*  Spadicis  ramuU glabri. 

2.  Cyphokentia  BaLANS£. 

Folia  racbi  supra  piofunde  sulcata,  foliolis  lineari-lanceolatis.  Spadix  dependens, 
elongatus,  parte  inferiori  mula  ultra  nietrura  extensa,  gracilis  cylindrica,  versus  apiceni 
ramosus,  ramis  lateralibus  patentibus  vix  ramosis,  a  basi  ad  apicem  flores  masculos  et  fœmi- 
neos  ferentibus.  Fructus  sphaericus,  stigmatibus  latere  prope  apicem  notatus  ;  pericarpio 
carnoso,  externe  crustaceo,  tenuissime  granuloso. 

Hab.  mont  Arago,  vers  800  mètres  (Bal.,  1961). 

3.  Cyphokentia  Pancheri. 

Folia  brevia  inaequaliter  pinnatisecta,  rachl  trigona  pruinosa,  foliolis  plerisque  basi  lata 
iiniltiplicatis  apice  integris  acuminalis,  junioribus  infra  sericeis  vel  lurfuraceo-squamulosis. 
Spadix  incurvus  ramis  gracilibus  pendulis  angulosis  glaberriuiis  (in  varietatibus  brevioribus 
arcuatis)  basi  tantuni  fructiferis,  apice  masculis.  Fructus  globosus,  pericarpio  carnoso  defor- 
niis,  stigmatibus  medio  lateris  iiotaïus. 

Kentia  Pancheri,  Ad.  Br.  et  A.  Gris,  ioc.  cit.,  p.  i65. 

Hab.  mont  Dore,  looo  mètres  (Pancii.)  ;  mont  Huniboldt,  900  mètres  (Bal.,  1965);  baie 
Prony  (Bal.,  648,  igôS);  entre  Bourail  et  Kanala,  ^00  mètres  (Bal.,  765);  près  de  Mes- 
sioncoué  (Bal. ,  1966). 

4.  Cyphck-entia  robdsta. 

Folia.... 

Spadix  païens  nec  reflexus,  basi  ramisque  prope  basim  nascentibns  crassissimis,  diver- 
gentibus;  ramulis  rigidis  flexuosis.  Fructus  oblongo-ellipsoideus  paulo  incurvus  prope  basim 
stigmatibus  notatus;  pericarpio  parce  carnoso,  endocarpio  charlaceo. 

Hab.  près  la  table  d'Unio,  5oo  mètres  (Bal.,  197 1). 

5.  Cyphokentia  Humboltiana. 

Folia  rachi  supra  canaliculata,  foliolis  suboppositis,  linearibus,  infra  versus  basim  sparse 
furfuraceis.  Spadix  ramis  incurvis  crassis.  Fructus  sphaericus  latere  prope  apicem  stigma- 
tibus notatus;  pericarpio  lœvi  crustaceo  non  fibroso;  endocarpio  crustaceo. 

Hab.  mont  Uumboldt,  800  mètres  (Bal.,  SSgS). 

6.  Cyphok-entia  bractealis. 

Folia  rachi  superne  carinata,  foliolis  alternis  lineari-lanceolatis  apice  atteniiatis.  Spadix 
brevis  patens  (nec  reflexus)  prope  basim  ramosus,  ramis  numerosis  bractea  longe  subulata 
rigida  stipatis;  ramulis  ultra  médium  tautiim  floribus  masculis  minimis  dense  approximatis 
onustis.  Fructus  globosus  lœvis  stigmatibus  medio  latere  notatus;  endocarpio  crustaceo  non 
fibroso. 

Hab.  dans  les  montagnes,  entre  Bourail  et  Kanala,  700  mètres  (Bal., '708).  Mont  Arago, 
800  mètres  (Bal.  1968).  Mont  Peuari,  700  mètres  (Bal.,  35gi).  Messioncoué  (Bal.,  1908"). 


(  4o.  ) 

Spadicis  ramuli  intcr  lorcs  tonientosi. 

7.  Cyphokentia  Depi.anchei. 

Caulis  gracilis  arundinaceus,  folia  rachi  brevi  trigona  fuifiiracea,  superne  sulcuta,  foliolis 
paucisdissimilibus,  basilalitudine  inaequalibus.  Spadix  erectus  vel  païens  brevis,  ramis  brac- 
tcis  acutis  rigidis  stipatis,  lanuilis  nigt'o-piiberulis,  floribus  approximatis  versus  apicem  tan- 
tum  niasculis.  Fructiis  subglobosus  vel  obovalis,  latere  supra  médium  stigmatibus  notatus, 
endocarpio  crustaceo  non  fibroso. 

Kentia  Deplanchei,  Ad.  Br.  et  A.  Gris,  loc.  cit.,  p.  i63. 

Hab.  montagnes  près  de  Kanala  (Deplanche,  n°  i6G).  Mont  Ilumboldt,  looo  mètres  (Ba- 
lansa,  n°  1967). 

8.  Cyphokentia  eriostachys. 

Caulis  arundinaceus  gracilis,  folia  rachi  obtuse  trigona,  foliolis  numerosis  latitudine 
aequalibus  apice  longe  attenuatis,  ad  nervos  furfuraceis  vel  squamulosis.  Spadix  bas!  re- 
curvus,  ramosiis,  ramulis  pendulis  densifloris,  rachi  candide  tomentosa.  Fruclus  subspliœri- 
cus,  parvus,  stigmatibus  latere  supra  médium  notatus. 

Ilab.  mont  Congui  (Panch.,  764),  mont  Mou  (Panch.,  762),  près  de  la  Conception 
(Bal.,  2192). 

9.  Cyphok-entia  Billahuieri. 

Folia  rachi  obtuse  trigona,  foliolis  dissirailibus  plus  minusve  latis  et  plicatis,  supra  gla- 
berrimis,  infra  ad  nervos  squamulosis.  Spadix  rigidus  erectus  vel  patens  (nec  reflexus), 
ramis  divergentibus  angulosis  glabris,  bracteis  truncatis  vel  nuUis,  ramulis  floriferis  paulo 
crassioribus  cylindricis,  inter  flores  cinereo-lomentosis.  Fructus  parvus,  sphsericus,  stigma- 
tibus latere  supra  médium  notatus;  pericarpio  parce  carnoso  non  fibroso,  endocarpio 
crustaceo. 

Hab.  forêts,  près  de  Balade,  5oo  m.  (Bal.,  3i23). 

10.  Cyphokentia  surculosa. 

Caulis  tenuis  arundinaceus,  surculos  emittens  (Pancher),  foliis  brevibus,  rachi  gracili 
obtuse  trigona  (parte  superiore  plana),  foliolis  angustis  glabris.  Spadix  erecto-patens  vtl 
subreflexus,  ramis  bracteis  acutis  rigidis  stipatis,  ramulis  brevibus,  intcr  flores  nigro-pube- 
rulis.  Fructus  globosus  stigmatibus  latere  supra  médium  notatus. 

Palmier  drageonant,  Panch.  in  Herb.  [partim). 

Hab.  mont  Mou  (Panch.,  Mus.  Neo-Cated.,  n°  ^63). 

11.  Cyphokentia  gracilis. 

Caulis  arundinaceus  gracilis,  folia  longe  vaginantia,  rachi  brevi,  tenui,  obtuse  trigona 
subcylindrica,  foliolis  paucis  dislantibus,  latitudine  in^equalibus  et  basi  lata  Sîepe  mul- 
tiplicatis.  Spadix  patens  vel  basi  vix  recurvus,  ramis  divergentibus  rigidis  dense  puberulis; 
floribus  approximatis  versus  apicem  ramulorum  plerumque  masculis.  Fructus  sph.-ericus 
parvus,  parce  carnosus,  lœvis,  stigmatibus  latere  ad  médium  notatus. 

Kentia  gracilis.  Ad.  Br.  et  A.  Gris.,  loc.  cit.,  p.  164. 

Hab.  montagnes,  près  de  Balade  (Vieill.,  n°  1388,  Pancher),  mont  Mi,  entre  Bourail  et 
Kanala,  1000  m.  (Bal.,  769),  mont  Arago,  800  m.  (Bal,,  ic)63  et  1964). 


(    402     ) 

§  II.  —  Spaths  remotj:  ad  basim  spadicis  peksistentes. 

12.   Cyphokentia  vaginata. 

Caulis  liumilis  arundinaceiis,  folia  longe  vaginantia,  pctiolo  et  rach!  cylindrico,  foliolis 
suboppositis  laiiceolatis  acuminatis  glabris.  Spadix  erectus  elongatus  spatfiis  diiobus  co- 
riaceis,  persistentibus,  distantibus,  basi  involutus  et  vaginatus,  inferiore  compressa,  su- 
perne  bialata  et  apice  Cssa,  siiperiore  elongata  apice  bifida.  Spadix  fructiferus  ramis  siibsira- 
plicibus  erectis  gracilibus  ;  flores  masculi  hexandri.  Fructus  ellipticus  prope  basim 
Btigmatibus  persistentibus  notatus,  pericarpio  tenui,  endocarpio  cartilagineo. 

Hab.  les  montagnes  près  de  Ounia  (Bal.,  3o56;  Panch.,  6^0,  sans  localité). 

BOTANIQUE.  —  De  la  théorie  carpellaire  d'après  des  Renonculacées  (suite); 

par  M.  A.  Tuéccl. 

«  Dans  ma  Communication  du  3r  mars  (t.  LXXV,  p.  795),  j'ai  sup- 
primé, faute  d'espace,  ce  que  j'avais  à  dire  des  carpelles  inonosperraes  des 
Renonculacées,  et  j'annonçai  l'intention  d'en  faire  l'objet  d'une  autre 
Communication.  C'est  le  résumé  de  ce  travail  que  je  présente  à  l'Académie, 
en  y  ajoutant  de  nouveaux  exemples  que  la  saison  qui  vient  de  s'écouler 
m'a  permis  d'étudier;  tous  justifient  l'opinion  que  j'ai  émise,  savoir, 
que  le  fruit  n'est  pas  le  résultat  d'une  modification  de  la  feuille. 

»  J'ai  dit  que  ces  carpelles  monospermes  sont  insérés  par  un  seul  fais- 
ceau, soil  au  fond  de  mailles  du  système  vasculaire,  soit  le  long  des  cor- 
dons qui  forment  ces  mailles  ou  qui  terminent  l'axe  en  se  prolongeant  libre- 
ment vers  le  haut  du  réceptacle,  et  j'ai  cité  comme  offrant  de  beaux  types  de 
cette  insertion  V Anémone  coronaria  et  ['Adonis  uernalis ;  j'y  joins  le  Raniin- 
culus  sceleratus,  comme  exemple  des  plus  remarquables  parmi  les  Renon- 
cules. 

»  Arrivé  dans  la  base  de  l'ovaire,  le  faisceau  d'insertion  de  chaque 
carpelle  peut  produire  deux  faisceaux  seulement  :  l'un  dorsal  monte, 
sans  se  ramifier,  jusqu'auprès  du  stigmate;  l'autre  ventral  s'étend  jusque 
vers  le  sommet  de  la  loge,  d'où  il  envoie  un  prolongement  dans  l'ovule 
unique,  qui  est  anatrope  et  pendant  [Anémone  virginiana,  coronaria; 
Clemalis  Gebleriana).  Il  en  est  de  même  dans  la  fleur  du  Clemalis  calycina 
et  de  V Hepalica  triloba;  mais,  à  un  âge  plus  avancé  de  VH.  triloba,  il  naît 
de  chaque  côté  du  point  d'attache  du  faisceau  ovulaire  une  courte  branche, 
en  sorte  que  le  faisceau  ventral  ou  placentaire  est  alors  terminé  par  une 
fourche,  au  fond  de  laquelle  est  fixé  le  faisceau  ovulaire. 

»  Chez  quantité  d'espèces  une  telle  fourche  existe  déjà  dans  la  fleur  au 


(  4o3  ) 
sommet  du  faisceau  placentaire  (^Clematis  recla,  angustijolia,  Viorna,  cam- 
pani/lora,  Filicella,  c/lindrica,  integrifoUa,  ccerulea,  marilima,  Alragene 
alpina,  Anémone  sylvestris,  pensylvanica).  Le  plus  souvent  dans  ces  plantes 
les  extrémités  des  branches  de  la  fourche  sont  libres,  mais  parfois  elles  joi- 
gnent le  dorsal  dans  la  base  du  style  ou  un  peu  plus  haut.  Dans  le  Clema- 
tis  campaniflora ']  Al  toujours  trouvé  une  seule  des  branches  ainsi  réunie  au 
faisceau  dorsal  dans  le  style. 

»  Nous  venons  de  voir  que  le  faisceau  placentaire,  simple  à  sa  base,  peut 
devenir  fourchu  au  sommet  de  la  loge.  Il  en  est  de  même  dans  les  Thalic- 
tiuin^  dont  il  sera  question  plus  loin.  Chez  les  Ficarin  raminculoides,  gran- 
diflora  et  divers  Ranuncutus,  dont  l'ovule  anatrope  est  dressé  près  du  bas 
de  la  loge,  le  faisceau  placentaire  est  bifurqué  un  peu  au-dessus  de  sa  base, 
et  dans  la  jeunesse  il  est  souvent  représenté  par  un  court  moignon  vascu- 
laire,  du  sommet  duquel  partent  plus  tard  le  faisceau  ovulaire  et  les  deux  pla- 
centaires [fi.  parviflorus,  Flammula ,  acris,  procenis,  Cymbalariœ,  etc.).  Chez 
d'autres  Renoncules  les  deux  faisceaux  placentaires  et  le  faisceau  ovulaire 
sont  attachés  avec  le  dorsal  directement  au  sommet  du  faisceau  basilaire 
on  d'insertion.  Ces  deux  faisceaux  du  placenta  montent  le  long  de  la  face 
ventrale  de  l'ovaire,  et  sont  opposés  au  faisceau  dorsal  qui  suit  la  face  pos- 
térieure du  pistil.  A  un  âge  plus  ou  moins  avancé  les  deux  faisceaux  pla- 
centaires vont  s'unir  au  dorsal  au-dessous  du  stigmate. 

»  Dans  les  Raminciilus  Flammula  et  sceleralus^  chacun  des  trois  faisceaux, 
ainsi  réunis  au  sommet  et  à  la  base,  reste  simple.  Dans  le  Ficaria  grandi- 
flora  un  petit  rameau  part  de  chaque  placentaire,  à  la  hauteur  du  sommet 
de  la  loge  à  peu  près,  et  se  termine  au-dessus  de  celle-ci  dans  le  tissu  cel- 
lulaire sans  atteindre  le  dorsal.  Dans  le  Raminctdiis  Lingun  ces  deux  ra- 
meaux arrivent  au  dorsal  et  s'unissent  avec  lui.  Dans  les  R.  parviflorus, 
affinis,  muricatus,  repens,  trilobus,  acris,  aduncus,  procerits,  ces  deux  ra- 
meaux, partant  des  faisceaux  placentaires  comme  il  vient  d'être  dit,  pas- 
sent au-dessus  de  la  loge,  contournent  celle-ci  et  se  prolongent  sur  la  face 
postérieure,  au  voisinage  du  faisceau  dorsal  jusqu'au  bas  de  l'ovaire,  où 
leur  extrémité  se  pose  sur  la  base  des  placentaires  qu'ils  rejoignent  là,  ou 
sur  celle  du  dorsal,  ou  dans  l'angle  formé  par  cette  base  du  dorsal  et  des 
])lacentaires.  Vers  le  milieu  de  leur  course  ces  singuliers  rameaux  sont 
parfois  unis  avec  le  dorsal  par  un  court  filet  vasculaire  [R.  aduncus,  acris, 
procerus)  (i). 


(i)  Le  développement  de  ces  divers  faisceaux  des  Rantinciilus  est  bien  digne  d'être  noté. 
C'est  le  faisceau  dorsal  qui  apparaît  le  pieniier.  Il  décrit,  dans  le  jeune  pistil,  une  courbe  en 


(  4o4  ) 
»  Dans  le  CenUoceplialus  Jalcahis  dont  chaque  carpelle  a,  comme  les 
Ranunculus^  un  faisceau  dorsal  et  deux  placentaires,  ces  deux  derniers 
émettent  d'abord  quelques  vaisseaux  qui  s'étendent  en  arrière  de  la  partie 
supérieure  des  larges  protubérances  opposées  à  la  loge;  puis,  vers  le  bas 
de  la  longue  corne  qui  surmonte  celle-ci,  chaque  placentaire  produit,  l'un 

forme  de  faucille,  dont  le  faisceau  d'insertion  représente  le  manche  [R.  parvifloriis,  acris, 
aduncus,  Flainmula,  asiaticiis,  tri/obus).  Il  arrive,  au  moins  dans  le  R.  Cymbalariœ,  que 
la  faucille  est  interrompue  dans  sa  partie  moyenne,  c'est-à-dire  que,  entre  les  vaisseaux 
inférieurs  qui  constituent  la  base  du  croissant  de  la  faucille,  et  la  partie  supérieure  de 
ce  croissant,  il  y  a  un  intervalle  dépourvu  de  vaisseaux.  L'accroissement  se  fait  donc 
à  la  fois  de  bas  en  haut  et  de  haut  en  bas.  Nous  allons  voir  que  ce  double  dévelojipe- 
ment  n'est  pas  un  fait  isole.  Quand  la  faucille  est  formée,  il  se  montre,  à  l'insertion  de 
celle-ci  sur  le  manche,  c'est-à-dire  du  dorsal  sur  le  faisceau  basilaire,  un  court  moignon 
vasculaire,  opposé  au  dorsal;  il  peut  être  seul  [R. pnivifloj-us,  Flammiila,  arris,  Cymba- 
lariœ),  ou  bien  il  est  déjà  surmonte  de  l'unique  faisceau  ovulaire  [R.  usiaticus,  Li/igiia, 
Ficaria  raniinculoidcs,  etc.).  Plus  tard  apparaissent  les  deux  faisceaux  placentaires.  Leur 
évolution  m'a  fait  voir  quelquefois  le  double  développement  que  je  signalais  tout  à  l'heure 
dans  le  dorsal  du  R.  Cymbalariœ.  Je  l'ai  observé  dans  les  placentaires  des  R.  scelc- 
ratus,  procenis,  et  aussi  dans  ceux  du  même  R.  Cymbalariœ,  qui  le  présente  encore  dans 
des  faisceaux  qui  s'étendent  sur  ses  faces  latérales.  Dans  ces  trois  plantes,  on  trouve  parfois 
séparées  la  partie  supérieure  de  ces  placentaires  et  la  partie  inférieure,  qui  peut  porter  déjà 
le  faisceau  ovulaire.  Le  segment  supérieur  peut  même  se  ramifier  avant  que  ses  vaisseaux 
soient  unis  à  ceux  de  la  base  de  l'ovaire.  Le  R.  procenis  montre  cela,  mais  il  fait  voir  aussi 
de  jeunes  placentaires  complets  sans  ramification.  Le  rameau  que  chaque  placentaire  produit 
ainsi  sur  sa  face  interne  se  dirige  par-dessus  la  loge  vers  le  dorsal.  Il  peut  descendre  alors 
dans  le  voisinage  de  celui-ci,  sans  s'unir  à  lui,  en  suivant  la  face  postérieure  de  l'ovaire 
jusqu'au  bas  de  la  loge,  où  il  se  réunit  aux  faisceaux  de  cette  partie,  comme  je  l'ai  dit.  Cet 
allongement  a  été  suivi  plusieurs  fois  dans  le  R.  pan'ijloriis ;  mais  il  n'en  est  pas  toujours 
ainsi.  Dans  plusieurs  espèces,  le  rameau  parti  d'un  placentaire,  après  son  passage  au-dessus 
de  la  loge,  s'est  uni  au  dorsal,  et  un  peu  plus  tard  on  le  trouvait  prolongé,  comme  dans  le 
cas  précédent,  jusqu'au  bas  de  l'ovaire.  Dans  de  tels  cas  donnes  par  les  R.  aduncus  ei  acris, 
j'ai  vu  qu'un  fascicule,  parti  du  bas  de  l'ovaire,  montait  près  du  dorsal  et  finissait  par  s'unir 
au  rameau  correspondant  venu  d'un  placentaire.  Il  y  avait  donc  là  encore  un  double  déve- 
loppement. Ces  rameaux  transverses  des  placentaires  sont  fréquemment  surmontés,  au- 
dessus  de  la  loge,  d'un  petit  rameau  renflé  au  sommet  en  pinceau  aigu,  dressé  parallèlement 
au  dorsal,  et  symétriquement  opposé  au  placentaire  correspondant.  Il  ne  naît  le  plus  souvent 
qu'après  le  rameau  transverse  qui  le  porte,  et  parfois  quand  celui-ci  est  déjà  descendu  fort 
bas  sur  la  face  dorsale  de  l'ovaire.  Pourtant  il  arrive  qu'il  naît  de  bonne  heure,  isolément, 
avant  que  le  faisceau  transverse,  auquel  il  s'unira  plus  lard,  soit  parvenu  au-dessous  de  lui. 
Quand  le  tout  est  bien  développé,  ce  petit  faisceau  dressé  suggère  l'idée  que  le  faisceau  qui 
descend  le  long  de  la  face  dorsale  est  son  propre  prolongement,  et  que  le  faisceau  transversc 
parti  du  placentaire  n'est  qu'un  trait  d'union,  ce  que  ne  justifie  pas  le  mode  de  dévelop- 
pement. 


(  4o5) 
au-dessus  de  l'autre,  deux  rameaux  qui  montent  avec  lui  et  le  dorsal  dans 
l'intérieur  de  la  corne;  le  rameau  supérieur  monte  à  petite  distance  du 
placentaire  auquel  il  est  fixé;  le  rameau  inférieur  se  bifurque,  et  ses  deux 
branches  très-inégales  montent  entre  le  précédent  et  le  dorsal.  Ces  divers 
faisceaux  sont  étendus,  dans  le  fruit,  sur  le  tissu  ligiieux  qui  continue,  au 
milieu  de  la  corne,  la  couche  fibreuse  de  la  face  interne  du  péricarpe. 

»  Dans  le  Ranuiicithis  asiaticus  les  deux  placentaires  émettent  sur  leur 
face  interne,  au-dessus  de  la  loge,  de  petits  rameaux  qui  montent  dans  le 
tissu  moyen  du  style  court  et  épais.  De  très-petits  rameaux  aussi  naissent  de 
chaque  côté  du  dorsal,  vers  le  haut  de  la  loge  également,  et  montent  de 
même  dans  le  tissu  moyen  du  style,  où  ils  s'unissent  à  ceux  qui  sont  venus 
des  placentaires. 

»  A  coté  du  R.  asiaticus  peut  être  cité  le  R.  chœrophyllos  comme  offrant, 
vers  le  haut  du  jeune  fruit,  quelques  rameaux  des  placentaires  et  du  dorsal. 
Ceux  du  dorsal  descendant  plus  bas  que  dans  l'espèce  précédente  donnent 
lieu  à  un  peu  plus  de  complication. 

»  Dans  les  exemples  qui  viennent  d'être  décrits,  les  larges  faces  latérales 
du  fruit  sont  dépourvues  de  faisceaux  vis-à-vis  de  la  loge.  Je  vais  signaler 
maintenant  des  plantes  cpii  présentent  des  faisceaux  diversement  distribués 
sur  ces  deux  larges  côtés. 

»  Chaque  face  latérale  du  fruit  du  II.  Cymbalariœ  est  parcourue  longitu- 
dinalement  par  plusieurs  faisceaux  qui,  nés  il'un  double  développement, 
comme  il  a  été  dit  plus  haut,  s'étendent  de  la  partie  inférieure  du  faisceau 
dorsal  ou  des  placentaires  à  la  partie  supérieure  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces 
faisceaux,  auxquels  ils  sont  unis  de  manière  à  former  un  petit  nombre  de 
grandes  mailles  allongées  verticalement. 

»  Chez  les  Thaliclrum,  chaque  carpelle  est  nuini  d'un  nombre  de  côtes 
saillantes  variable  suivant  les  espèces.  Il  y  en  a  quatre  dans  le  T.  a(iiiilegi- 
foliuin,  huit  dans  les  T.  cinereiim,  flavuiu,  exaltalum,  etc.,  douze  dans  les 
T.  fœlidum  et  sylvaûcum.  A  chacune  de  ces  côtes  (qui  deviennent  des  ailes 
dans  le  T.  aquilerjifolium),  correspond  un  faisceau  longitudinal  comme  elles. 
De  ces  quatre,  huit  ou  douze  faisceaux  l'un  est  dorsal;  un  autre  est  ventral 
et  placentaire;  tous  les  autres  sont  latéraux.  Ces  derniers  sont  insérés  soit 
au  sommet  de  l'unique  faisceau  basilaire  ou  d'insertion,  soit  à  la  partie  in- 
férieure du  faisceau  dorsal  ou  du  placentaire,  soit  sur  l'une  de  ces  nervmes 
latérales. 

»  liB  faisceau  placentaire,  qui  présente  souvent  deux  petits  groupes  vas- 
culaires  latéraux  sur  les  coupes  transversales  (7".  cinereum,  flauum,  fœti- 

C.  R.,  1873,  i'-  Semestre,  (T.  LXX.V11,  N»  G.)  53 


{  4o6  ) 
(htm,  s/lvaticum),  semble  formé  de  deux  faisceaux  accolés  ;  il  se  bifurque 
près  du  haut  de  la  loge,  et  dans  la  bifurcation  s'insère  le  faisceau  de 
l'ovule.  Là,  près  du  sommet,  les  faisceaux  de  chaque  côté  de  l'ovaire, 
s'unissant  entre  eux  et  avec  la  branche  correspondante  de  la  fourche,  il 
en  résulte  que,  dans  l'apicule  qui  porte  la  lame  stigmatique,  il  n'y  a  plus 
que  cinq,  puis  trois  faisceaux,  et,  enfin,  un  seul  par  la  fusion  de  ces  trois 
faisceaux  supérieurs. 

»  Un  aspect  tout  différent  est  offert  par  la  ramification  des  faisceaux  des 
jeunes  fruits  du  Rnnimculus  aconitifolius.  Plusieurs  rameaux,  insérés  à 
diverses  hauteurs  sur  les  placentaires  et  sur  le  dorsal,  s'étendent  sur  les 
faces  latérales,  y  contractent  quelques  anastomoses,  et  commencent  à  rap- 
peler la  nervation  plus  complexe  des  Aconilum  et  des  Delpliinhtm  que  j'ai 
décrits  antérieurement. 

»  La  réticulation  des  faisceaux  du  fruit  des  Ranunculus  arvensis  L.  et 
tuberculatus  Kit.,  qui  se  ressemblent  beaucoup,  montre  une  particularité  fort 
remarquable.  Les  faces  latérales  du  fruit  sont  couvertes  de  proéminences 
coniques,  au  milieu  de  chacune  desquelles  s'élève  un  prolongement  de  la 
couche  fibreuse  interne.  Un  réseau  de  faisceaux  fixés  aux  placentaires  et 
au  dorsal  couvrant  ces  faces  et  la  couche  fibreuse,  ^tout  faisceau  opposé 
à  une  proéminence  est  soulevé  par  elle;  il  semble  y  monter  d'un  côté  et 
descendre  de  l'autre.  Il  la  parcourt  ainsi  à  la  surface  du  tissu  fibreux  cen- 
tral (i). 

»  Les  Adonis  vernalis,  cestivatis  et  autiimnalis,  qui  ont  aussi  deux  faisceaux 
placentaires  dès  la  base  de  l'ovaire,  et  malgré  cela  un  ovule  pendant,  atta- 
ché plus  haut  sur  l'un  de  ces  faisceaux,  offrent  aussi  un  réseau  assez  com- 
pliqué, produit  par  des  rameaux  insérés  d'une  part  sur  les  placentaires, 
d'autre  part  sur  le  dorsal. 

»  Tous  les  fruits  monospermes  dont  les  côtés  sont  revêtus  d'un  réticule 
de  faisceaux  insérés,  les  uns  sur  les  placentaires,  les  autres  sur  le  dorsal, 
conduisent  évidemment  à  la  même  conclusion  qne  ceux  des  Aconits  et  des 
Delpliiniiim,  c'est-à-dire  que  le  pistil  et  le  fruit  ne  sont  pas  formés  par  une 
feuille  modifiée.  Il  faut  nécessairement  admettre,  pour  les  motifs  que  j'ai 
donnés  page  80 1  du  tome  LXXV,  que  le  fruit  est  d'une  constitution  par- 
ticulière, ou  qu'il  est  composé  de  trois  feuilles  transformées,  ou  d'une  seule 
tripartite,  ce  qui  serait  également  contraire  à  la  théorie. 

(i)  Le  Ranunculus  muricatus,  qui  a  de  telles  proéminences  avec  tissu  ligneux  central, 
est  dépourvu  d'un  pareil  réseau. 


(  4o7  ) 

»  En  ce  qui  regarde  le  pistil  des  Anémone  et  des  Clematis,  qui  n'a  qu'un 
placentaire  simple  ou  fourchu  au  sommet,  et  celui  de  la  plupart  des  Ra- 
nunculus,  qui  a  deux  placentaires  simples,  ou  munis  chacun  d'un  rameau 
près  du  sommet,  il  est  clair  qu'il  faudra  vigoureusement  torturer  les 
faits  pour  les  lamener  à  la  structure  des  feuilles  les  plus  réduites  des 
mêmes  plantes,  lesquelles  feuilles  je  ne  puis  malheureusement  pas  décrire 
ici. 

»  Je  vais  terminer  cette  Communication  en  donnant  quelques  exemples 
nouveaux  de  la  nervation  de  fruits  polyspermes,  dont  plusieurs  sont 
fournis  par  des  genres  que  je  n'avais  pas  étudiés  sous  ce  rapport. 

»  Les  espèces  qui  se  rapprochent  le  plus  de  YEranthis  et  des  Helleborus, 
qui  donnent  les  cas  les  plus  simples  parmi  ceux  que  j'ai  cités  dans  ma 
précédente  Communication,  sont  des  Caltha  et  des  TroHius. 

»  Dans  les  Caltlia  paluslris,  Jlabellifolia  et  radicans,  les  faisceaux  pla- 
centaires portent  seuls  des  faisceaux  secondaires,  qui  se  ramifient  en  diri- 
geant leurs  extrémités  et  celles  de  leurs  ramules  vers  la  nervure  mé- 
diane, à  laquelle  ils  n'arrivent  pas.  Ces  faisceaux  secondaires  et  tertiaires 
ne  s'anastomosent  qu'assez  rarement  entre  eux.  Le  faisceau  dorsal  qui  est 
sans  connexion  avec  ces  faisceaux  transverses  ne  saurait  donc  être  regardé 
comme  la  nervure  médiane  d'une  feuille. 

»  Dans  les  TroUius  europœiis  et  asialicus,  un  espace  assez  considérable  à 
la  base  du  fruit  est  dépourvu  de  faisceaux  transverses.  Les  faisceaux  secon- 
daires qui  existent  plus  haut  montent  des  placentas  vers  la  nervure  dor- 
sale, qu'ils  atteignent  le  plus  souvent;  mais  leur  direction  étant  en  sens 
inverse  des  nervures  pinnées  des  feuilles  ordinaires,  on  ne  saurait  admettre 
que  le  carpelle  soit  formé  par  une  feuille. 

»  Chez  les  Aquilegia  sibirica,  caiiadensis,  atpina,  fragrans,  glandulosa,  les 
faisceaux  secondaires,  qui  sont  tous  insérés  sur  les  faisceaux  placentaires, 
sont  tellement  ascendants,  qu'une  partie  de  leur  course  ou  de  leurs  rami- 
fications est  à  peu  près  parallèle  à  celle  de  la  nervure  médiane,  que  leur 
extrémité  n'atteint  pas.  Ces  faisceaux  ont  la  même  disposition  que  ceux 
de  V/îquilegia  vatgaris  que  j'ai  signalée  le  3i  mars.  Ils  ne  contractent  entre 
eux  que  d'assez  rares  anastomoses,  et  ne  constituent  pas  un  réseau  pro- 
prement dit,  ou  du  moins  bien  compliqué  et  comparable  à  celui  des 
Delphinium  et  des  Aconits. 

»  HJJquilegia  dahurica  effectue  la  transition  aux  carpelles  qui  offrent  à 
la  fois  des  nervures  secondaires,  que  je  qualifierai  de  placentaires,  à  cause 
de  leur  insertion,  et  des  nervures  secondaires  dorsales.  Dans  cette  espèce, 

53., 


(  4o8  ) 
les  nervures  insérées  sur  les  placentas  existent  sur  toute  la  longueur  du 
fruit  et  sont  ascendantes  comme  celles  des  autres  Aquilecjia  c\[és;  mais, 
en  outre,  il  y  a,  sur  les  deux  tiers  inférieurs  de  la  hauteur  et  de  chaque 
côté  de  la  nervure  médiane,  de  courtes  nervures  secondaires  pinnées,  qui 
ne  s'allient  même  pas  ou  rarement  par  leur  extrémité  avec  les  nervures 
secondaires  venues  des  placentas  jusqu'auprès  d'elles. 

»  h' hopyrum  fumarioides  et  le  Cimicifitga  fœlida  présentent  aussi  deux 
sortes  de  faisceaux  secondaires,  quoique  avec  un  aspect  un  peu  différent  ; 
et  de  même  les  rameaux  de  la  nervure  médiane,  qui  n'existent  que  dans  la 
moitié  inférieure  du  fruit,  ne  communiquent  pas,  ou  seulement  rarement, 
avec  les  rameaux  des  placentaires,  en  sorte  que  le  commencement  du  ré- 
seau bien  imparfait  observé  est  produit  principalement  par  quelques  ana- 
stomoses que  les  faisceaux  secondaires  insérés  sur  les  placentas  contractent 
entre  eux,  et  aussi  par  des  anastomoses  plus  rares  encore  des  rameaux  de 
la  nervure  médiane. 

»  Au  contraire,  Y Aconitum  Sloerkiamim  montre  un  réseau  bien  dessiné, 
quoique  peu  compliqué,  à  la  formation  duquel  prennent  part,  par  leur  ren- 
contre, les  deux  sortes  de  nervures  secondaires  et  leurs  ramifications.  La 
réticulation  est  bien  plus  complexe  chez  V  Aconitum  panicitlatum,  et  les  ra- 
meaux de  la  nervure  médiane,  qui  concourent  à  cette  production,  sont  bien 
plus  faibles  que  les  rameaux  des  faisceaux  placentaires,  ainsi  que  dans 
l'espèce  précédente  et  dans  les  Aconits  que  j'ai  nommés  antérieurement. 

»  Un  tel  réseau  se  retrouve  à  des  degrés  divers  dans  les  Delphinium  die- 
tyocarpum,  triste,  cardiopetnlitm^  grandiflorum,  clieitantinim,  formosinn,  revo- 
lutiim,  albiflorum,  etc.  Dans  toutes  ces  espèces,  les  faisceaux  secondaires 
insérés  sur  les  placentas  sont  également  beaucoup  plus  forts  que  les  rameaux 
de  la  nervure  médiane.  Unis  aux  faisceaux  qui  montent  de  la  base  des  car- 
pelles, ils  composent  parfois  la  nervation  presque  sans  le  concours  des 
rameaux  de  la  uerviu-e  médiane,  qui  peuvent  être  presque  nuls,  par  exemple 
dans  le  D.  (jrandifloram,  où  ils  sont  réduits  à  de  très-courts  traits  d'union 
obliques.  J'ai  déjà  dit  que,  dans  les  carpelles  du  D.  ornatum,  ce  sont  les 
rameaux  du  faisceau  dorsal  qui,  au  moins  souvent,  prédominent  sur  ceux 
des  placentaires. 

»  Chez  les  Pœonia,  la  structure  du  pistil  ne  se  concilie  pas  davantage 
avec  celle  de  la  feuille.  Il  y  a  aussi  dans  chaque  valve  un  réseau  très-com- 
plexe formé  par  les  deux  sortes  de  nervures  transverses  et  leurs  divisions, 
auquel  prennent  une  grande  part  des  faisceaux  ascendants  de  la  base  du 
carpelle.  Rien  dans  la  constitution  de  ce  réseau  ne  rappelle  la  nervation 


(4o9  ) 
des  feuilles.  Le  pistil  et  le  fruit  des  Pœonia  s'éloignent  bien  plus  encore  de 
la  structure  foliaire  par  les  nombreuses  ramifications  que  toutes  les  parties 
du  réseau  envoient  horizontalement  vers  la  surface  du  péricarpe,  à  travers 
le  parenchyme  externe.  Ces  branches,  ramifiées  en  corne  de  cerf,  ont 
beaucoup  d'analogie  avec  celles  que  M.  Cave  a  signalées  dans  le  fruit  de 
l'^Esculiis  Hippocaslanum,  dont  je  parlerai  bientôt.  Elles  sont  composées  de 
petits  vaisseaux  ordinairement  spirales,  accompagnés,  à  la  maturité,  de 
cellules  fibreuses  à  parois  épaisses  et  ponctuées.  Dans  leur  marche  à  travers 
le  parenchyme,  ces  rameaux  ne  s'anastomosent  pas  entre  eux;  ils  ne  sont 
liés  les  uns  aux  antres  que  par  le  réseau  qui  leur  sert  de  base  [P.  luimilis, 
papaueracea,  tenuifolia,  officinalib,  atbijiora,  peregrina,  lobata,  mollis,  arie- 
iimt,  etc.). 

»  L'espace  ne  me  permettant  pas  de  développer  mes  conclusions,  je  ren- 
voie aux  pages  800  et  801  du  tome  LXXV.  Ce  court  résumé  prouve  incon- 
testablement que  les  carpelles  des  Renoncnlacées  ne  résultent  pas  de  la  mo- 
dification des  feuilles.  Je  sais  bien  qu'il  a  été  écrit,  et  d'autres  botanistes  me 
l'ont  répété,  que,  si  les  fruits  sont  des  feuilles  modifiées,  il  faut  s'attendre 
à  trouver  leurs  éléments  anatomiques  avec  une  disposition  autre  que  celle 
qu'ils  ont  dans  les  feuilles. 

»  Cette  objection  est  sans  valeur,  parce  que  personne  n'a  prouvé  la  réalité 
de  la  transformation.  Ne  pouvant  discuter  aujourd'hui  cette  assertion,  je 
me  bornerai  à  dire  que,  si  la  transformation  do  la  feuille  en  carpelle  avait 
lieu,  on  devrait  en  trouver  l'indication  dans  la  jeunesse  du  pistil.  Or  il  est 
facile  de  se  convaincre  que  c'est  le  carpelle  qui  est  ébauché  dès  le  jeune 
âge  du  pistil  et  non  la  feuille.  Si  la  structure  foliaire  n'a  jamais  existé,  on 
n'a  pas  le  droit  de  prétendre  que  le  fruit  soit  une  modification  de  la  feuille. 
Il  est  évident  qu'une  feuille  qui  n'a  point  été  n'a  pas  pu  se  transformer.  » 

GÉOLOGIE.  —  Cat'le  géologique  détaillée  de  la  France. 

«  M.  Eue  de  Beaumont,  pour  répondre  aux  demandes  qui  lui  ont  été 
obligeamment  adressées  par  plusieurs  Membres  de  l'Académie,  ajoute  les 
détails  qui  suivent  à  ceux  qu'il  a  déjà  communiqués  dans  la  séance  du 
2!  juillet  (i),  au  sujet  du  mode  d'exécution  et  de  publication  de  la  Carie 
géologique  détaillée  de  la  France. 

»   Le  titre  même  de  la  Carie  géologique  détaillée  fait  connaître  qu'elle  est 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  i5o. 


(4io) 
exécutée  sur  la  Carte  topographique  de  l'État-major,  par  le  Service  géolo- 
gique des  Mines,  et  qu'elle  est  publiée  par  le  Ministère  des  Travaux  pu- 
blics. 

»  Les  opérations  du  service  géologique  des  Mines  ont  pour  objet  prin- 
cipal la  publication  des  Feuilles  de  la  Carte  géolocjique  à  téclielle  du  80000", 
accompagnées  de  Notices  explicatives. 

»  On  a  pris  pour  point  de  départ  les  tracés  de  la  Carte  géologique  géné- 
rale, à  l'échelle  du  Sooooo'',  et  ceux  des  Cartes  géologiques  ou  agrono- 
miques départementales  et  des  autres  Cartes  locales  déjà  publiées.  Mais, 
en  raison  des  progrès  de  la  Géologie,  on  n'a  pu  se  dispenser  de  faire  à  nou- 
veau, sur  la  phipart  des  points,  l'exploration  détaillée  du  terrain. 

))  Pour  établir  un  système  géologique  uniforme,  susceptible  d'être  ap- 
pliqué aux  différentes  feuilles,  on  a  dû  exécuter,  d'abord  eu  commun,  les 
relevés  et  les  tracés;  les  premières  feuilles  sont,  en  conséquence,  présentées 
à  titre  de  travail  collectif;  toutefois,  on  a  tenu  à  marquer,  dès  le  début, 
l'adoption  au  principe  de  responsabilité  personnelle,  nettement  posé  dans 
la  Carte  de  l'État-major  et  qu'il  importe  de  faire  également  prévaloir  dans 
la  publication  géologique.  Les  notices  explicatives  ont  donc  été  rédigées 
et  signées  en  initiales,  par  les  ingénieurs  qui  ont  été  finalement  chargés  de 
vérifier  les  tracés. 

»  Afin  d'augmenter  la  valeur  pratique  de  la  Carte,  et  surtout  en  vue  des 
applications  agricoles,  on  a  signalé  d'une  manière  générale,  par  des  no- 
tations conventionnelles,  dans  le  champ  d'affleurement  de  chaque  for- 
mation colorié  d'une  même  teinte,  les  variations  locales  de  nature  et 
d'allure  que  présente  l'ensemble  de  cette  formation;  on  s'est  attaché  de 
plus  à  préciser  l'emplacement,  la  disposition  et  la  nature  des  gîtes  acci- 
dentels ou  adventifs  de  matières  spécialement  utiles,  ainsi  que  les  rapports 
de  gisement. 

M  Les  exploitations  de  matières  minérales  ou  fossiles  d'une  utilité 
spéciale  et  les  ateliers  d'extraction  et  de  traitement  immédiat  de  ces 
substances  utiles  sont  marqués  autant  que  possible  sur  la  Carte. 

»  Les  cartes  et  les  documents  utilisés  ou  consultés  sont  mentionnés 
soigneusement,  avec  les  noms  des  auteurs,  dans  les  cadres  des  feuilles  et 
dans  les  notices  explicatives,  qui  relatent  aussi  le  concours  apporté,  soit 
par  les  services  ordinaires  des  Ponts  et  Chaussées  et  des  Mines,  soit  par 
d'autres  services  publics  ou  par  des  particuliers,  pour  compléter  le  relevé 
statistique  des  établissements  industriels. 

»   Outre  la  série  des  feuilles  à  l'échelle  du  80000"  ,  la  publication  com- 


(4ii  ) 

prend  les  feuilles  d'une  Carie  géologique  réduite,  exécutée  sur  la  carte  que 
l'État-major  a  dressée  au  Saoooo"  et  dont  chaque  feuille  résume  seize 
feuilles  de  la  Carte  au  80000®.  Elle  comprend  encore  des  fragments  géolo- 
giques exécutés  sur  les  fragments  topograpliiques  au  4oooo^,  auaoooo",  etc., 
que  publie  aussi  le  Dépôt  de  la  Guerre. 

1)  A  chaque  feuille  se  rattachent,  à  titre  d'annexés,  des  planches  qui  con- 
tiennent :  i"  des  Coupes  longitudinales  construites  à  des  échelles  diverses, 
depuis  le  80000*  jusqu'au  1000*,  en  tenant  compte  de  la  courbure  de  la 
terre,  et  dont  quelques-unes  se  poursuivent  sur  plusieurs  feuilles;  2°  des 
Sections  verticales,  raccordées  au  besoin  par  superposition,  qui  donnent,  à 
des  échelles  du  1000*,  du  Soo'',  du  200*,  du  100*,  etc.,  le  détail  des  succes- 
sions de  couches  observées  dans  les  coupes  naturelles  ou  artificielles  et 
dans  les  sondages;  3"  des  Perspectives  photographiques,  dont  les  cadres 
portent  un  ensemble  d'indications  destinées  à  montrer  la  liaison  qui  existe 
entre  l'observation  sur  le  terrain  et  les  figurés  conventionnels  des  cartes. 
Les  planches,  numérotées,  dans  chacune  des  trois  séries,  suivant  l'ordre 
de  leur  publication,  portent,  en  outre,  les  titres  et  les  numéros  des  feuilles 
auxquelles  elles  se  rapportent;  la  corrélation  des  divers  documents  an- 
nexes d'une  même  feuille  est  précisée  par  les  textes  qui  accompagnent  les 
planches  aussi  bien  que  les  feuilles. 

•>)  Enfin  une  Carte  d'ensemble  en  deux  feuilles  est  dressée  en  projection 
gnomonique,  dans  un  plan  tangent  au  globe  terrestre  dont  le  point  de  con- 
tact est  situé  sur  le  méridien  de  Paris,  par  5o  grades  ou  45  degrés  de  lati- 
tude; elle  est,  en  ce  point,  à  l'échelle  du  1000 000*.  La  projection  gnomo- 
nique, où  les  grands  cercles  sont  représentés  par  des  droites,  a  été  adoptée 
en  vue  de  l'étude  des  faits  d  alignement.  Un  fragment,  correspondant  à 
chacune  des  feuilles  au  320000"  ou  à  seize  feuilles  au  80000*,  figure  sur  la 
Feuille  d'assemblage  qui  accompagne  ces  seize  feuilles  réunies  en  cahier.  La 
feuille  d'assemblage  porte,  en  outre,  une  Rose  de  directions  qui  offre,  rap- 
portées à  un  point  central,  les  orientations  observées  ou  calculées  des  ali- 
gnements géologiques  utiles  à  considérer  dans  le  champ  des  seize 
feuilles. 

»  Toutes  les  conventions  adoptées  dans  les  figurés  des  cartes  et  des 
coupes  sont  expliquées  dans  une  Légende  géologique  générale  et  dans  une 
Légende  technique.  Cette  dernière  présente  la  nomenclatiu'e  des  substances 
utiles,  établie  d'après  le  système  de  la  collection  de  Statistique  minérale  fondée 
à  l'ÉcQle  des  Mines.  La  légende  géologique  générale  se  compose  de  vingt- 
deux  feuilles.  Les  trois  premières  donnent,  sur  le  système  de  la  Carte,  toutes 


(  4>2  ) 

les  explications  nécessaires.  La  quatrième  comprend  le  tableau  des  nota- 
lions /iV/io/o(/(<j'j/cf  et  celui  des  signes  et  des  {racés  strnligraphiques.  Les  deux 
séries  de  neuf  feuilles  qui  viennent  ensuite  constituent  le  tableau  de  chro- 
nologie géognostique,  où  les  diverses  formations  sont  rangées  par  ordre 
d'ancienneté.  Pour  y  manifester  la  correspondance  des  différents  types 
locaux  d'une  même  formation,  il  a  fallu  diviser  la  France  en  comparti- 
ments géométriques,  auxquels  on  a  été  conduit  à  donner  la  forme  de  sec- 
teurs rayonnant  autour  de  points  convenablement  choisis  et  appuyés  sur 
des  circonscriptions  naturelles.  La  première  série  correspond  à  la  région 
occupée,  sur  le  tableau  d'assemblage,  par  les  huit  secteurs  rayonnant  autour 
de  Paris;  la  seconde  se  rapporte  aux  deux  régions  occupées  par  les  quatre 
secteurs  rayonnant  de  la  Teste  de  Buch  et  par  les  quatre  secteurs  rayon- 
nant du  Mont  Blanc;  chacune  des  séries  est  d'ailleurs  résumée  dans  tui 
Sommaire  en  une  seule  feuille. 

))  Les  relevés  géologiques  et  statistiques  étant  journellement  et  indéfi- 
niment perfectibles,  l'exécution  et  la  publication  de  la  Carte  géologique 
détaillée  sont  organisées  de  manière  que  chaque  feuille  ou  planche 
puisse  être  mise  au  courant  des  résultats  acquis  à  la  date  de  chaque 
nouveau  tirage.  Outre  cette  date  de  tirage,  qui  est  mentionnée  dans  la 
partie  typographique,  chaque  exemplaire  de  feuille  ou  de  planche  reçoit 
en  marge,  à  titre  de  bon  à  livrer,  une  estampille  indiquant  la  date  de  la 
vérification  exigée  par  les  coloriages  et  |)ar  les  figurés  qui  ne  comportent 
pas  encore  la  reproduction  mécanique. 

M  Les  divers  ordres  de  documents  qui  viennent  d'être  énumérés  ont  été 
coordonnés  de  manière  à  constituer  un  système  homogène,  offrant  un 
cadre  à  la  fois  assez  large  et  assez  précis  pour  qu'un  fait  géologique  quel- 
conque y  trouve  facilement  sa  place.  En  classant  méthodiquement  tous  les 
termes  employés,  dans  des  tableaux  où  les  termes  de  même  catégorie  sont 
nettement  définis,  on  s'est  efforcé  de  combiner  un  langage  et  une  écriture 
géologiques  qui  fussent  susceptibles  d'une  application  générale. 

»  Pour  harmoniser  convenablement  toutes  les  parties  d'un  ensemble 
aussi  considérable,  il  a  fallu  procéder  par  approximations  successives,  en 
appliquant  un  premier  projet  à  un  certain  nombre  de  feuilles  et  en  lui 
faisant  subir  tous  les  remaniements  et  les  perfectionnements  dont  l'ex- 
périence démontrait  l'opportunité.  Malgré  les  retards  que  cette  manière 
de  procéder  apportait  au  début  de  la  publication,  on  n'a  pas  hésité  à  con- 
centrer les  efforts  du  Service  sur  l'institution  d'un  système  général,  indis- 
pensable pour  mener  à  bonne  fui  une  entreprise  embrassant  la  France 


(4.3) 
entière.  Il  est  à  remarquer,  d'ailleurs,  qu'on  établit  ainsi  une  base  com- 
mune d'entente  pour  les  études  ultérieures  de  Géologie  et  pour  celles  de 
Statistique  minérale  ou  de  Géographie  physique,  qui  seraient  l'objet  d'entre- 
prises particulières;  l'adoption  d'un  tel  système  permettrait  évidemment 
de  faire  progresser  dans  les  meilleures  conditions  l'œuvre  générale  qui, 
par  sa  grandeur  et  sa  portée,  réclame  le  concours  de  tous. 

»  Les  principaux  fossiles  sont  figurés  par  étage,  en  Séries  paléontologiques, 
dans  des  planches  photographiées. 

»  Indépendamment  des  Notices  explicatives,  les  ingénieurs  du  service 
rédigent  des  Mémoires  ou  des  Notes  sur  les  sujets  particuliers  étudiés  dans 
leurs  explorations  ou  sur  les  questions  générales  qui  doivent  être  résolues 
pour  la  coordination  des  résultats. 

»  Les  travaux  de  publication,  exécutés  à  l'Imprimerie  nationale,  à  l'aide 
des  procédés  typographiques,  lithographiques  et  photoglyptiques,  ont  été 
faits  sous  l'habile  direction  de  M.  Derénémesnil,  chef  du  service  des  tra- 
vaux, secondé  avec  autant  de  talent  que  d'intelligence  par  M.  Boullet,  chef 
de  l'atelier  de  lithographie,  et  M.  Pihan,  chef  d'atelier  à  la  typographie. 

»  M.  Elie  de  Beaumont  rappelle  qu'il  a  fait  connaître  la  composition  du 
personnel  qui  est  chargé,  sous  sa  direction,  du  service  de  la  Carte  [Compte 
rendu  de  la  séance  du  21  juillet). 

»  En  dehors  de  ce  personnel,  il  doit  encore  signaler  le  savant  con- 
cours prêté  à  la  partie  paléonlologique  de  la  publication  par  M.  Bayle, 
ingénieur  en  chef,  professeur  à  TÉcole  des  Mines,  M.  Bayan,  ingénieur 
des  Ponts  et  Chaussées  attaché  au  même  établissement,  et  M.  Zeiller, 
ingénieur  des  mines. 

»  Il  doit  aussi  mentionner  les  dessinateurs  géographes  du  Dépôt  de  la 
Guerre  M.  Desmadryl  et  M.  Judenne,  au  talent  desquels  on  a  recours  pour 
l'exécution  de  la  Carte  d'ensemble  en  projection  gromonique  ;  enfin  les 
artistes  photographes  M.  Richebourg  et  M.  Marville,  auxquels  on  a  confié 
les  travaux  de  photographie  (1).  » 


(1)  Le  siège  de  service  de  la  Carie  géologique  détaillée  de  la  France  est  établi  à  Paris, 
dans  le  local  attenant  à  l'École  des  Mines  qui  se  trouve  déjà  affecté  au  service  de  la  Carte 
géologique  générale.  Le  service  de  la  Carte  détaillée  y  constitue  un  bureau  de  renseigne- 
ments géologiques  à  l'effet  de  livrer  à  l'industrie,  sur  les  conditions  de  gisement  des  ma- 
tières minérales,  pour  les  régions  déjà  relevées,  des  déterminations  correspondant  à  celles 
C.  U.,  1873,  2^  Semestre,  (T.  LXXVII,  N"  G.)  54 


(  4i4) 

THERMODYNAMIQUE.  —  Démonslralion  directe  des  principes  fondamentaux  de 
la  Tliermodpiamique.  Lois  du  frottement  el  du  choc  d'après  celte  science 
[suite  (i)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledied.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  IX.  Quantités  qui  caractérisent  :   i"^  la  température  absolue  d'un  corps; 
2°  son  état  physique  et  constitutif.  — La  quantité  <S  H spécifie,  avons-nous 

dit  dans  notre  Note  précédente,  l'état  calorifique,  à  un  moment  donné, 
d'un  système  d'atomes  pesants;  mais  il  y  a  lieu  de  se  demander  quelle  est 
la  portion  de  cette  quantité  qui  caractérise  ce  qu'on  appelle  la  température, 
entendue  d'une  manière  absolue.  Physiologiquement  parlant,  il  est  ration- 
nel de  supposer  que  la  portion  dont  il  s'agit  est En  effet,  cette  somme 

de  forces  vives  est  la  seule  quantité  des  deux  termes  qui  constituent  l'état  ca- 
lorifique, apte  à  produire  des  chocs  sur  notre  individu.  D'ailleurs  elle  a  cela 
de  spécifique  que  tous  ses  termes  changent  continuellement  de  valeurs, 
d'autant  plus,  du  reste,  que  les  limites  extrêmes  de  chaque  vitesse  vibratoire 
sont  plus  écartées.  Elle  produira  donc  sur  notre  corps,  soit  par  contact, 
soit  par  rayonnement,  entendu  comme  il  a  été  expliqué  antérieurement, 
des  travaux  extérieurs  calorifiques  dont  les  variations  particulières  seront 
de  même  nature  que  les  siennes.  Or  on  sait  que  la  sensihilité,  et  en  parti- 
culier celle  du  tact,  qui  nous  sert  exclusivement  à  apprécier  la  température 
des  corps,  est  excitée  chez  nous  par  la  succession  rapide  d'impressions  dif- 
férentes, et  s'éteint  au  contraire  sous  l'influence  continue  d'une  impression 
d'intensité  constante. 

»  D'autre  part,  la  température  d'un  système  n'est  précisée  que  quand  il 

que  donne  le  bureau  d'essais  annexé  à  l'École  des  Mines  sur  la  nature  et  la  teneur  de  ces 
matières. 

En  attendant  qu'un  bâtiment  spécial  puisse  être  disposé  pour  les  travaux,  les  exhibitions 
permanentes  et  les  communications  au  public,  les  séries  d'échantillons  rapportées  à  l'appui 
des  relevés  géologiques  sont  conservées  dans  les  locaux  dépendant  du  musée  de  l'École 
des  Mines,  où  prennent  place  également,  dans  la  collection  de  Statistique  minérale,  les  spéci- 
mens de  matières  utiles  recueillies  par  les  explorateurs.  La  portion  de  la  Carte  exposée  en 
1867  est  aussi  conservée  provisoirement  dans  la  salle  des  cours  du  même  établissement  ; 
elle  forme  une  toile  rectangulaire  de  7  mètres  de  largeur  et  5  mètres  de  hauteur.  La  Carte 
totale  au  80000",  étendue  au  cadre  de  la  carte  au  320000",  régularisé  comme  dans  le  tableau 
d'assemblage,  exigera  un  carré  de  16  mètres  de  côté. 

(i)  Foir\es  Comptes  rendus  des  14,  21  et  28  juillet,  et  du  4  août. 


(4i5  ) 
y  a  écjidiihre  de  température  dans  toute  sa  masse.  Or  nous  avons  vu,  au 
§  V,  que  tout  système  de  poiuts  matériels  peut  avoir  un  équilibre  stable, 

aussi  bien   vibratoire  qu'ordinaire,  et  qu'en  pareil  cas  la  quantité 

demeure  constante. 

»  Cette  nouvelle  considération,  jointe  à  la  précédente,  amène  à  con- 
clure que,  si  un  système  donné  est  supposé  avoir  une  température  déter- 
minée, la  quantité  qui  caractérise  cet  élément  n'est  autre  que  la  demi- 
somme  des  forces  vives  vibratoires  des  différents  points  du  système. 

»  Après  avoir  interprété  au  point  de  vue  calorifique  la  quantité  ""    "  > 

considérons  au  même  point  de  vue  l'énergie  potentielle  $. 

»  Lorsqu'un  corps  ne  change  ni  de  volume,  ni  d'état  physique  et  con- 
stitutif, il  peut  arriver  néanmoins  qu'il  varie  ou  non  de  température. 

»  Si  la  température  demeure  constante,  il  est  bien  clair  que  l'énergie 

calorifique  ne  variera  pas.  La  somme  - — -  +0  sera  donc  invariable;  et 

comme,  dans  notre  hypothèse,  le  premier  terme  de  cette  somme  est  con- 
stant, le  second,  c'est-à-dire  $,  le  sera  pareillement.  Nous  allons  démon- 
trer qu'il  en  est  de  même  quand  la  température  varie. 

»  En  effet,  de  la  constance  du  volume  et  de  l'état  du  corps  il  résulte 
que  la  trajectoire  de  chaque  atome,  relative  à  une  vibration  complexe,  ne 
varie  pas;  seulement  la  durée  du  parcours  change  avec  la  température,  de 
la  même  quantité,  du  reste,  pour  tous  les  atomes.  Or,  si  nous  considérons,  à 
partir  d'un  certain  moment,  deux  atomes  s'actionnant  mutuellement,  leurs 
vitesses  respectives  auront  un  rapport  déterminé  ;  ce  rapport  est  indépen- 
dant de  la  durée  des  vibrations,  puisque  cette  durée,  quelle  qu'elle  soit, 
est  sans  cesse  la  même  pour  tons  les  atomes,  si  on  suppose  la  température 
égale  dans  toutes  les  parties  du  corps,  autrement  dit,  si  l'on  suppose  que 
sa  masse  soit  incessamment  en  équilibre  de  température. 

»  11  suit  de  là  que  nos  deux  atomes  occuperont  constamment  entre  eux 
les  mêmes  positions  relatives  que  pendant  leurs  vibrations  correspondant 
à  une  température  fixée  arbitrairement. 

»  Par  conséquent,  quelle  que  soit  la  température  à  laquelle  on  consi- 
dère un  système  de  points  matériels,  tous  ces  points  ont  toujours  entre  eux 
les  mêmes  positions  relatives,  si  le  système  ne  change  pas  de  volume  ni 
d'état  physique  et  constitutif. 

»  Il  résulte  de  là  que  linm' f<\ipdp  et  par  suite  $  conservent  la  même 
valeur  dans  lesdites  conditions;   donc   l'énergie  potentielle  doit  être  re- 

54.. 


(4i6) 
gardée  comme  caractérisant  l'état  physique  et  constitutif  du  corps  sous  un 
volume  donné. 

»  Rappelons,  du  reste,  que,  pour  le  gaz  parfait,  il  n'y  a  pas  à  se  préoc- 
cuper de  cette  quantité,  car  elle  y  est  constamment  nulle. 

»  X.  Expression  générale  de  la  température  absolue  d  un  corps.  —  Capacité 
calorijique  absolue.  —  Expression  de  la  température  en  fonction  de  la  Jorce 
vive  mojenne  de  vibration.  —  La  température  absolue  T  étant  caractérisée 
par  Ima^,  il  en  résulte  que,  d'après  deux  remarques  importantes,  faites 
dans  notre  Note  du  28  juillet,  elle  est  indépendante  de  l'étal  de  mouvement 
ou  de  repos  de  l'ensemble  du  système. 

M  Dès  lors  on  peut  toujours  poser 

^'  =  AxExIxT  =  AE^T, 


k  étant  un  coefficient  constant,  propre  à  chaque  corps  supposé  homogène; 
g  l'accélération  des  graves; 

I  le  poids  du  corps  ^- — 

S 

»  De  l'égalité  précédente  on  tire 

,       ^  _  ^ma''   _  Inia' g_ 

^^^^  ~  2AEI  "~     ïm    "^  2/1E' 

»  La  température  fixée  ainsi  mathématiquement  ne  se  trouve  pas  néces- 
sairement proportionnelle  aux  degrés  de  tous  les  thermomètres.  Nous 
démontrons,  dans  notre  Mémoire,  qu'elle  ne  l'est  qu'aux  degrés  du  thermo- 
mètre à  air,  qui  doit,  en  conséquence,  être  regardé  comme  le  véritable  me- 
sureur des  températures  considérées  au  point  de  vue  théorique. 

))  Il  nous  reste  à  expliquer  comment  se  détermine  le  coefficient  k.  Pour 
cela,  on  peut  toujours  imaginer  que,  l'état  physique  et  constitutif  d'un  corps 
restant  constant,  sa  température  passe  de  T  à  T,.  On  aura,  pour  l'augmen- 
tation EQ  de  l'énergie  calorifique  du  corps, 


EQ=( 


,1,  +  i::::^  )  _  (  d,  +  riîi^'  )  =  AE  X  I  X  (T,  -  T), 


d'où 


c(T,  —  Ti 


»  Cette  équation  montre  que  k  n'est  autre  que  la  capacité  calorifique  ab- 
solue, définie  pour  la  première  fois  par  M.  Hirn,  et  qui  est  la  seule  dont  nous 
ferons  usage  dans  la  suite. 


(  l^n  ) 

»   Posons 


HX  » 


c'est-à-dire  égal  à  la  moyenne  des  carrés  des  vitesses  vibratoires  d'un  atome 
d'un  corps  pendant  la  durée  x  d'une  vibration  complexe.  Je  dis  que 

si  l'ensemble  du  corps  a  une  température  déterminée.  En  effet,  tous  les 
atomes  posséderont  alors  des  vibrations  identiques;  on  aura  donc,  à  un 
moment  donné, 

Ima- =  ma- -\-  m' a'" -h  m" a"-  -{-...=  const.C; 

puis,  à  l'instant  suivant, 

ma^^ -h  m'a'^  +  in"n]-  +  ...=  C. 

»  En  continuant  ainsi,  de  position  en  position,  pour  tous  les  moments  de 
la  durée  d'une  vibration  complexe,  et  en  additionnant  terme  à  terme  la 
série  des  égalités  obtenues  de  la  sorte,  il  viendra 


m 
d'où 

soit 


Jt  +  r  />/-)-T  /ir  +  T  r>t-hT 

a- dt  4-  m'  /         a'- dt  +  ///'  /         a"^dt  +...=  C dt, 

mB^  +  m' B'  -+-  m" B^  +. . .  =  ^  T     \dt. 


K-lm  =  C  =  linn-. 


ce  qu'il  fallait  démontrer. 

))  Il  résulte  de  là  que  la  valeur  de  T  donnée  par  la  relation  (12)  pourra 
s'écrire 

(12  M  T  =  5âËi- 


» 


TRAVAUX  PUBLICS.  —  Nole  sur  tes  travaux  publics  des  Etats-Unis 
d'Amérique;  par  M.  Belgra\d. 

«  Depuis  la  mission  dont  M.  Michel  Chevalier  a  été  chargé  en  i833, 
nous  n'avions  que  des  notions  très -vagues  sur  les  travaux  publics  des 
États-Unis  d'Amérique,  sauf  peut-être  en  ce  qui  concerne  l'oulillagc  des 
chemins  de  fer.  Le  gouvernement  français  comprit  combien  cette  lacune 


(  4i«  ) 

était  fâcheuse,  et,  en  1870,  un  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées, 
M.  Malézieux,  fut  envoyé  en  Amérique  pour  la  combler.  Les  documents 
rapportés  par  cet  ingénieur  ont  été  une  véritable  révélation  pour  ses  con- 
frères. 

»  M.  Malézieux  était  accompagné  d'un  élève  ingénieur,  M.  Denys.  Il 
trouva  partout  l'accueil  le  plus  sympathique.  Voici  l'itinéraire  qu'il  suivit: 

»  De  New-York,  il  fit  d'abord  une  excursion  vers  le  Sud,  dans  la  Pen- 
sylvanie  et  la  Virginie.  Il  se  porta  ensuite  vers  le  Nord  et  descendit  le 
Saint-Laurent,  du  lac  Ontario  à  Montréal;  puis  il  se  dirigea  vers  l'Ouest, 
par  Buffalo  et  le  Niagara,  Détroit,  Chicago,  Omaha.  Le  chemin  de  fer  du 
Pacifique  le  conduisit  à  San-Francisco,  d'où  il  revint  par  Omaha,  Saint- 
Louis  et  Cincinnati. 

»  Un  horizon  tout  nouveau  s'ouvrit  pour  M.  Malézieux.  Ce  qu'il  a  vu, 
ce  qu'il  a  appris,  il  l'a  méthodiquement  classé  en  six  grandes  divisions  : 
routes  et  ponts,  chemins  de  fer,  navigation  intérieure,  ports  de  mer,  tra- 
vaux municipaux,  objets  divers.  J'indiquerai  d'abord  sommairement  ici 
les  traits  les  plus  saillants  de  ce  remarquable  travail. 

»  Ponts.  —  Plus  de  ponts  en  bois,  sauf  à  titre  provisoire;  pas  de  grands 
ponts  en  maçonnerie;  presque  pas  de  ponts  en  arc  ni  à  treillis,  dits  ^mnts 
américains.  La  plupart  des  ponts  se  construisent  plus  économiquement  avec 
des  travées  de  60,  100  mètres  et  même  davantage,  en  poutres  droites,  mé- 
talliques, à  grandes  mailles  articulées,  dont  les  semelles  sont  reliées  par  des 
liens  verticaux  ou  inclinés,  sans  rivets  ni  boulons,  ces  liens  ne  travaillant 
que  dans  un  seul  sens,  tension  ou  compression.  Ce  type  rationnel,  dans 
lequel  la  résistance  du  métal  est  partout  utilisée  intégralement,  se  subdivise 
en  sept  variétés  principales. 

»  Au  second  plan  apparaissent  les  ponts  suspendus.  Tandis  qu'en  Eu- 
rope ce  système  de  ponts,  trop  léger  et  trop  mobile,  était  abandonné  par- 
tout, et  avec  raison,  à  la  suite  d'accidents  graves,  tels  que  celui  d'Angers, 
en  Amérique,  avec  non  moins  de  raison,  il  était  consolidé  et  complété  par 
l'addition  de  poutres  longitudinales  et  de  haubans.  On  construit  à  New^- 
York  un  pont  de  26  métrés  de  largeur  (pont  de  Brooklyn),  dont  la  travée 
centrale  aura  près  de  5oo  mètres  d'ouverture. 

»  Il  faut  citer  surtout  les  deux  ponts  du  Niagara.  Le  premier  a  été  con- 
struiten  i855,  en  aval  de  la  célèbre  chute;  il  a  aSi  mètres  d'ouverture  d'une 
seule  volée.  Il  se  compose  de  deux  tabliers  superposés  :  l'inférieur  sert  pour 
les  voitures  ordinaires,  le  supérieur  porte  une  voie  de  fer.  C'est  le  seul 
pont  suspendu  qui  serve  au  passage  d'un  chemin  de  fer.  Le  fléchissement 


(  4'9) 
du  tablier,  couvert  d'un  bout  à  l'autre  de  wagons  de  marchandises  à  pleine 
charge,  n'excède  pas  o™,25. 

»  Le  second  pont  du  Niagara  (pont  du  Niagara  Falls)  n'a  pas  moins  de 
387  mètres  d'ouverture  dans  sa  travée  centrale. 

»  L'air  comprimé,  cette  invention  toute  française,  est  appliqué  en  Amé- 
rique sur  une  échelle  inconnue  en  Europe.  Le  pont  de  Saint-Louis  est 
fondé  à  plus  de  3o  mètres  sous  l'eau.  Les  écluses  à  air,  les  ascenseurs  sont 
disposés  de  la  manière  la  plus  ingénieuse.  Les  fondations  du  pont  de  New- 
York  occupent  une  superficie  de  plus  de  16  ares.  Deux  cents  hommes  tra- 
vaillent à  la  fois  dans  la  chambre.  Ces  deux  ponts  ont  donné  lieu  à  une 
expérimentation  importante  de  l'effet  de  l'air  comprimé  sur  l'organisme 
humain  et  sur  le  phénomène  chimique  de  la  combustion. 

»  En  général,  les  fondations  des  points  d'appui  des  ponts  exigent  des 
dépenses  énormes  :  c'est  ce  qui  justifie  les  grandes  ouvertures  des  travées. 
Les  ingénieurs  américains  ont  donc  été  conduits  rationnellement  à  adopter 
ces  dimensions  qui,  en  Europe,  nous  paraissent  gigantesques. 

»  Travaux  municipaux.  —  Je  ne  m'occuperai  ici  que  des  distributions 
d'eau.  Les  ingénieurs  américains  adoptent  généralement  le  système  des 
dérivations.  Ils  vont,  à  d'assez  grandes  distances,  chercher  l'eau  qui  leur 
semble  la  meilleure,  et  la  conduisent  au  point  de  distribution  par  l'action 
de  la  gravité.  Le  tracé  des  aqueducs  rencontre  naturellement  les  grands 
cours  d'eau  qui  sillonnent  la  contrée,  et,  comme  les  ponts  coûtent 
fort  cher,  il  a  fallu  trouver  d'autres  solutions  pour  passer  d'une  rive 
à  l'autre. 

»  Quelquefois  les  tuyaux  sont  disposés  en  arc,  assemblés  à  brides  et 
forment  eux-mêmes  un  pont  qui  s'appuie  sur  les  deux  culées;  ces  ponts 
sont  à  deux  fins  et  servent  non-seulement  au  passage  de  l'eau,  mais  encore 
au  passage  des  piétons  et  même  des  voitures;  d'autres  fois  la  conduite  passe 
en  ligne  droite  au-dessus  de  la  vallée,  en  s'appuyant,  au  moyen  de  sup- 
ports verticaux,  sur  une  chaîne  métallique  attachée  aux  deux  tuyaux  de 
rive.  La  solution  la  plus  hardie  consiste  à  assembler  les  tuyaux  à  joints 
flexibles  et  à  les  couler  au  fond  de  la  rivière,  à  peu  près  comme  on  im- 
merge au  fond  de  la  mer  le  câble  d'un  télégraphe  électrique. 

»  Quoique  fort  ingénieuses,  ces  solutions  seront  peu  imitées  chez  nous. 
Ainsi,  pour  ce  qui  concerne  l'aqueduc  de  la  Vanne,  je  me  suis  assuré  que, 
pour  franchir  les  rivières,  nous  avions  économie  à  poser  nos  tuyaux  sur 
des  ponts  maçonnés. 

»  Les  limites  de  cet  article  ne  me  permettent  de  parier  ni  des  travaux 


(    420    ) 

de  navigation  intérieure,  ni  des  ports  de  mer,  ni  des  gigantesques  appareils  de 
transbordement  de  Chicago.  J'aborde  la  question  des  chemins  de  fer,  dans 
laquelle  se  renferme  aujourd'hui  presque  tout  le  système  des  travaux 
publics  d'une  grande  nation. 

»  Nous  n'avons  qu'une  idée  assez  vague  des  difficultés  contre  lesquelles 
les  Américains  ont  à  lutter  dans  l'exécution  des  travaux  de  ce  genre;  ces 
difficultés  sont  souvent  telles,  que  la  plupart  des  ingénieurs  européens  les 
considéreraient  comme  insurmontables.  Pour  en  être  convaincu,  il  faut 
suivre  l'ingénieur  français  dans  le  désert  que  traverse  le  chemin  de  fer  du 
Pacifique  entre  Omaha,  sur  le  Missouri,  et  la  sierra  Nevada. 

»  Cette  traversée  est  de  2600  kilomètres,  deux  fois  plus  grande  que  la 
voie  ferrée  de  Cologne  à  Paris  et  à  Marseille.  En  quittant  le  Missouri, 
près  d'Omaha,  on  franchit  d'abord,  sur  une  longueur  égale  à  celle  du  che- 
min de  fer  de  Paris  à  Lyon,  le  bassin  inférieur  de  la  rivière  Platte,  la 
prairie  du  Nebraska,  vaste  plaine  argilo- sableuse,  stérile  faute  d'eau.  Dès 
qu'on  a  dépassé  l'EIkorn,  il  n'y  a  plus  un  accident  de  terrain,  plus  un 
arbre,  plus  un  arbuste  à  l'horizon.  On  pourrait  se  croire  au  milieu  d'un 
océan  jaunâtre. 

»  A  partir  de  la  station  de  Clieyenne,  sur  une  longueur  à  peu  près 
égale  à  celle  de  la  prairie,  on  s'élève  sur  les  pentes  des  Montagnes  Rocheuses 
en  suivant  le  cours  supérieur  de  la  Platte.  Ce  n'est  plus  la  plaine  mono- 
tone du  Nebraska  que  l'on  a  sous  les  yeux  :  c'est  un  plateau  ondulé,  mais 
s'étendantà  perte  de  vue,  un  désert  encore  plus  triste. 

»  On  arrive  ainsi  au  faîte  des  Montagnes  Rocheuses,  et,  sur  vuie  lon- 
gueur à  peu  près  égale  à  celle  du  chemin  de  fer  de  Paris  à  Marseille,  on 
traverse  le  bassin  de  la  rivière  Verte,  Pay^s  des  eaux  amères,  à  l'altitude  de 
2000  mètres  environ.  C'est  encore  un  désert  stérile  :  ce  n'est  pas  que  les 
eaux  manquent;  mais,  fortement  chargées  de  sels  alcalins,  elles  sont  im- 
propres à  la  boisson  et  à  la  végétation  ;  on  ne  peut  même  pas  s'en  servir  pour 
l'alimentation  des  machines;  il  a  fallu  apporter  pendant  quelque  temps  l'eau 
puisée  à  la  rivière  Platte. 

»  De  plus,  à  ces  hautes  altitudes,  on  a  dû  se  défendre  contre  la  neige, 
et  sur  cette  immense  longueur  de  800  kilomètres,  on  a  souvent  dû  placer 
la  voie  sous  des  abris  ou  hangards  construits  en  planches. 

»  Le  bassin  du  lac  Salé  qui,  sur  une  longueur  de  io5  kilomètres,  succède 
à  celui  de  la  rivière  Verte,  est  la  seule  région  fertile  que  traverse  le  tracé. 
On  retrouve  ici,  tout  d'un  coup,  un  sol  fertile,  une  agriculture  très- 
soignée,  des  maisons  de  briques,  tous  les  indices  de  l'aisance  et  du  confort 


f    421     ) 

dont  jouissent  les  parties  les  plus  favorisées  des  Étals-Unis.  Ce  sont  les 
Mormons  qui  ont  découvert  cette  oasis,  il  y  a  vingt  ans  à  peine. 

»  Le  train  qui  emporte  notre  voyageur  atteint  les  limites  de  l'oasis 
sur  la  rive  occidentale  du  lac  Salé,  et  traverse  un  nouveau  désert.  C'est  là 
que  les  cartes  placent  le  Grent  american  Désert,  de  grandes  plaines  stériles 
que  les  pluies  transforment  en  marais  chaque  hiver. 

»  Le  chemin  de  fer  atteint  la  station  (Vliuiependence,  puis  s'étend  sur 
une  longueur  de  4oo  kilomètres  dans  la  contrée  dont  les  montagnes,  la 
rivière  principale  et  le  lac  portent  le  nom  de  Humboldt;  il  arrive  au  pied 
de  la  sierra  Nevada. 

.)  Il  est  impossible  d'imaginer  im  pays  plus  complètement  aride  et  dé- 
solé que  celui  qui  s'étend  (ï Indepemlence  au  pied  de  la  sierra  Nevada  : 
à  l'aller  comme  au  retour,  c'est  un  voyage  d'une  monotonie  incom- 
parable. 

»  Le  tracé  atteint  le  sommet  de  la  sierra  Nevada  à  la  station  de  Summit, 
à  l'altitude  ai/jS  degrés.  Ici  recommence  la  difficulté  des  neiges;  on  n'a  jkis 
seulement  à  craindre  l'accumulation  produite  par  le  vent,  il  faut  que  les 
abris  puissent  résister  à  des  avalanches,  dans  lesquelles  des  quartiers  de  roc 
sont  parfois  entraînés.  Aussi  les  hangars  des  Montagnes  Rocheuses  sont-ils 
transformés  en  tunnels  très- solidement  construits.  La  carcasse  est  en 
sapin  simplement  écorcé,  taillé  grossièrement  aux  faces  de  jonction  et  as- 
semblé avec  des  boulons.  Tout  cela  ne  forme  pas  un  tunnel  continu;  des 
intervalles,  ménagés  sur  les  points  où  le  péril  est  moindre,  donnent  de  l'air 
et  de  la  lumière.  Le  développement  total  atteint  72  kilomètres. 

»  Les  matériaux  de  construction  ont  manqué  à  peu  près  partout  :  ou  a 
montré  à  M.  Malézieux  une  carrière  de  grès  qui  est,  sur  un  parcours  d'en- 
viron  1000  kilomètres,  la  seule  où  l'on  rencontre  de  la  pierre  non  gèlive. 

»  Que  faire  dans  ces  conditions  lorsqu'on  abordait  un  de  ces  grands 
cours  d'eau  absolument  inconnus?  Far  économie  et  à  défaut  de  pierre  à 
proximité,  on  ajournait  la  construction  des  piles  et  culées  en  maçon- 
nerie. Le  provisoire  convenait  d'autant  mieux  qu'on  n'était  que  très-im- 
parfaitement fixé  sur  le  débouché  à  donner  aux  ponts. 

»  Il  fallait  surtout  supprimer  les  travaux  exigeant  beaucoup  de  main- 
d'œuvre  :  par  exemple  les  grands  terrassements.  On  a  évité  presque  toutes 
les  tranchées  profondes  et  les  tunnels  en  nudtipliant  les  pentes  et  les 
contre-pentes  et  en  quadruplant  ainsi,  sur  des  longueius  qui  atteignent 
jusqu'à  400  et  5oô  kilomètres,  la  somme  des  hauteurs  des  faîtes  à  franchir. 

C.  R.,  1873,  j"  Scusite.  (T.  LX.XVU,  N»  6.)  ^^ 


(  [\->--^  ) 

>)  Voici  comment  le  chemin  de  fer  traverse  les  vallées  qui  exigent  de 
grands  remblais.  Lorsque  fout  fait  défaut,  comme  sur  les  pentes  des 
Montagnes  Rocheuses,  les  travaux  restent  à  l'état  d'ébauche  :  la  voie  n'a 
pas  même  la  largeur  indispensable.  On  voit  quelquefois  les  traverses, 
dont  la  longueur  est  de  2'",5o,  surplomber  des  deux  côtés,  au-dessus  des 
talus;  ce  sont  des  travaux  à  parachever.  Lorsque  le  bois  ne  manque  pas, 
les  remblais  sont  remplacés  par  des  palées  en  sapin  qui  ont  jusqu'à 
23  mètres  de  hauteur. 

»  Dans  les  plaines,  où  l'on  ne  trouve  ni  pierre,  ni  sable,  ni  gravier, 
comme  dans  la  prairie  du  Nebraska,  les  trains  roulent  au  niveau  du  sol 
sur  une  voie  sans  ballast.  Sur  une  longueur  qui  atteint  celle  du  chemin 
de  fer  de  Paris  à  Lyon,  on  a  simplement  calé  les  traverses  avec  un  peu  de 
terre  provenant  des  fossés. 

»  N'est-il  pas  évident  que  les  hardis  ingénieurs  qiii  ont  mené  à  bonne 
fin  une  telle  entreprise,  dont  rien  dans  notre  Europe  ne  peut  donner  une 
idée,  n'étaient  pas  liés  par  les  mêmes  règles  que  nous.  Dans  cet  immense 
développement  de  déserts  inhabitables,  où  il  fallait  tout  transporter, 
hommes,  vivres,  matériaux  de  toute  sorte,  jusqu'à  l'eau  nécessaire  à  la 
vie  et  à  l'exécution  des  travaux,  la  question  d'être  ou  de  ne  pas  être,  de 
faire  on  de  ne  pas  faire,  dominait  tout. 

»  Dans  l'ancien  monde,  une  seule  entreprise,  une  entreprise  toute  fran- 
çaise, a  été  exécutée  dans  des  conditions  aussi  difficiles  :  c'est  le  percement 
de  l'isthme  de  Suez. 

rt  C'est  donc  avec  raison  que  M.  Malézieux  termine  ainsi  le  récit  de  son 
voyage  à  San-Francisco  :  «  Un  chemin  de  fer  conçu,  exécuté  et  exploité 
»  dans  ces  conditions,  suffirait  pour  signaler  la  hardiesse  et  l'esprit  d'en- 
»   treprise  des  Américains  à  l'admiration  du  monde.  » 

»  On  peut  terminer  cette  Note  par  une  autre  conclusion. 

»  Dans  l'ancien  monde  presque  toutes  les  difficultés  des  travaux  publics 
viennent  des  hommes.  Nos  enquêtes  interminables,  nos  déclarations 
d'utilité  publique,  nos  dispendieuses  expropriations,  nos  procès  sans  fin 
sont  l'objet  des  plus  sérieuses  préoccupations  de  l'ingénieur.  De  l'autre 
côté  de  l'Atlantique,  on  ne  s'en  tourmente  guère,  mais  on  se  trouve  en  pré- 
sence d'obstacles  natiuels  dont  l'ingénieur  evnopéen  n'a  jamais  à  se  préoc- 
cuper. Ces  hardies  solutions  de'nos  confrères  d'Amérique  seront  donc  sans 
application  chez  nous.  Il  faut  cependant  faire  une  exception  pour  ce  qui 
concerne  l'emploi  rationnel  des  métaux  dans  la  construction  des  ponts  : 
là,  au  contraire,  nous  aurons  beaucoup  à  prendre. 


(  423  ) 

a  Le  gouvernement  français  a  eu  la  main  heureuse  dans  le  choix  de 
l'homme  qu'il  a  chargé  de  cette  délicate  mission. 

»  Le  Rapport  de  M.  Malézieux  a  été  apprécié  comme  il  devait  l'être;  le 
gouvernement  en  a  ordonné  l'impression,  et  l'édition,  tirée  à  i5oo  exem- 
plaires au  commencement  de  l'année,  est  aujourd'hui  complètement 
épuisée. 

»  J'en  dépose  un  exemplaire  sur  le  bureau  de  l'Académie.  » 

En  présentant  le  volume  de  V Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences  (première  session,  tenue  à  Bordeaux),  M.  de  Qcatrefaoes,  Prési- 
dent de  l'Association,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Au  nom  de  l'Association  française,  j'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à 
l'Académie  du  compte  rendu  de  la  première  session.  Je  viens  de  le  recevoir 
à  l'instant,  et  n'ai  pu  le  parcourir  de  manière  à  renouveler  mes  souvenirs. 
Une  analyse,  même  sommaire,  serait  d'ailleurs  bien  longue,  car  ce  volume 
a  plus  de  treize  cents  pages  et  un  atlas  de  quinze  planches.  Je  me  borne 
donc  à  dire  que  toutes  les  sciences  ont  été  représentées  au  congrès  de  Bor- 
deaux, et  que  le  nombre  des  Communications  faites  par  les  Membres  a 
été  d'environ  deux  cents.  Comme  dans  la  plupart  des  réunions  de  celte 
nature,  toutes  n'étaient  pas  entièrement  nouvelles  :  certains  sujets  traités 
dans  nos  séances  avaient  été  exposés  ailleurs;  d'autres  l'ont  été  depuis  cette 
époque,  et  devant  l'Académie  elle-même;  mais  ce  volume  renferme  aussi 
plusieurs  travaux  entièrement  originaux,  qui  n'ont  paru  que  là,  et  qui 
seront  consultés  avec  fruit  par  tous  les  savants  spéciaux. 

»  Je  me  permettrai,  en  terminant,  d'appeler  l'attention  de  l'Académie 
sur  la  devise  que  porte  ce  volume  :  Par  la  science  pour  la  Patrie.  Elle  indique 
la  double  pensée  qui  a  présidé  à  la  fondation  de  l'Association  française  et 
l'esprit  général  qui  en  anime  tous  les  Membres.   » 

M.  R.  Clacsics  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  imprimée 
en  allemand,  et  portant  pour  titre  :  «  Sur  un  nouveau  théorème  relatif  à 
des  mouvements  stationnaires  ». 


55. 


(    42/4    ) 

NOMLXATIOIVS. 

L'Académie  procède  à  la  formation  de  la  Commission  qui  sera  chargée 
déjuger  le  Concours  du  prix  Lacaze  (Pliysique)  pour  iS^S.  Cette  Commis- 
sion doit  se  composer  de  la  section  de  Physique  et  de  trois  Membres  élus 
au  scrutin  par  l'Académie. 

MM.  Bertrand,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Pasteur  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix 
sont  MM.  Dumas,  Regnault,  Janssen,  Faye. 

L'Académie  procède,  j)ar  la  voie  du  scrutin  ,  à  la  nomination  de  la 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Cuvier, 
pour  1873. 

MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  Blanchard,  Élie  de  Beaumont, 
Cosie  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont 
obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Robin,  Brongniart,  de  Lacaze-Duthiers, 
Daubrée. 

MÉaiOUlES   PRÉSENTÉS. 

HYDROLOGIE.  —  De  la  pwpagalioii  de  la  marée  sur  divers  j)oinls  des  côtes 
de  Fiance.  Chaïujemenl  dans  ihcurc  de  la  pleine  mer  du  Havre,  depuis  les 
travaux  cVendiguemenl  de  la  Seine.  Mémoire  de  M.  L.  Gaussin.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Cliasles,  Bertrand,  de  Tessan,  Jurien 
de  la  Gravière,  Villarceau.) 

«  1 .  La  marée  que  nous  observons  sur  nos  côtes  venant  de  loin,  on 
comprend  qu'il  suffit  de  calculer  l'heure  et  la  hauteur  de  la  pleine  mer 
pour  un  point  convenablement  choisi,  et  d'en  déduire  les  heures  et  les 
hauteurs  pour  les  autres  points  de  notre  littoral  :  c'est  ce  qu'a  fait  M.  Cha- 
zallon  dans  le  calcul  de  V Annuaire  des  marées  des  cotes  de  France.  Il  est  parti 
des  formules  de  Laplace,  et,  au  moyen  des  constantes  déterminées  par  cet 
illustre  géomètre,  il  a  calculé  les  marées  de  Brest;  pour  en  déduire  les 
marées  des  autres  ports,  il  a  admis  (et  l'observation  a  confirmé  cette  ma- 
nière de  voir)  que,  chaque  fois  que  la  pleine  mer  arrive  à  une  même  heure 


(  425  ) 
à  Brest,  elle  arrive  à  une  atitre  même  heure  dans  un  autre  port  de  France. 
De  même  |iour  les  hauteurs  :  chaque  fois  que  la  pleine  mer  atteint  un  cer- 
tain niveau  à  Brest,  elle  atteint  un  même  autre  niveau  dans  cet  autre  port. 
C'est  donc  au  moyen  de  simples  tableaux  de  concordance,  que  l'on  déduit 
des  marées  de  Brest  les  marées  des  autres  ports. 

»  On  sait  que,  pour  avoir  l'heure  de  la  pleine  mer  à  Brest,  on  calcule  le 
moment  du  maximum  d'action  de  la  Lune  et  du  Soleil,  et  l'on  ajoute,  à 
l'heure  ainsi  déterminée,  un  même  laps  de  temps  qui  est  de  4o''42'"  (ce  qui 
suppose  que  les  marées  de  différentes  grandeurs  se  propagent  avec  la  même 
rapidité). 

»  Lorsque  le  Soleil  et  la  Lune  passent  ensemble  au  méridien,  ou  sont  à 
i8o  degrés  l'un  de  l'autre,  ils  produisent  la  plus  forte  marée  de  la  demi- 
lunaison.  Cette  marée,  se  faisant  sentir  à  Brest  l^o" [\2^  plus  tard,  s'obser- 
vera à  4''42'"  du  soir  ou  du  matin.  C'est  à  la  marée  des  autres  ports  cor- 
respondant à  cette  marée  de  Brest  de  4''42'"  que  j'ai  rapporté  les  avances 
ou  les  retards  de  la  propagation  des  marées  des  autres  heures.  J'ai  tracé 
la  courbe  des  variations  de  la  propagation  des  diverses  marées  du  jour, 
pour  les  ports  dont  ï Annuaire  donne  les  heures  des  pleines  mers.  Ces 
ports  sont  :  Le  Boucaut,  Cordouan,  l'île  d'Aix,  Saint-Nazaire,  Port-Louis, 
dans  l'Océan;  Saint-Malo,  Cherbourg,  le  Havre  (avant  les  travaux),  le 
Havre  (actuel),  Fécamp,  Dieppe,  Boulogne,  dans  la  Manche  ;  Calais  et 
Dunkerque,  dans  la  mer  du  Nord.  J'ai  tracé  aussi  les  courbes  analogues 
pour  les  quatre  ports  anglais,  Cork,  Devonport,  Portsmouth  et  Douvres; 
les  variations  de  propagation  ont  été  déterminées,  non  point  au  moyen 
d'observations  que  je  ne  possède  pas,  mais  d'après  les  prédictions  des 
Tide-Tables. 

»  On  remarque  d'abord  que,  pour  les  ports  de  l'Océan,  les  différences 
des  retards  des  diverses  marées  du  jour  sur  la  marée  de  vive  eau  sont  posi- 
tives, c'est-à-dire^  qu'en  morte  eau  la  marée  se  propage  plus  lentement 
qu'en  vive  eau.  Dans  la  Manche,  au  contraire,  à  l'exception  du  Havre,  la 
marée  arrive  plus  tôt  en  morte  eau,  tant  sur  les  côtes  d'Angleterre  que  sur 
nos  côtes.  Plus  loin  dans  la  mer  du  Nord,  à  Calais  et  à  Dunkerque,  le 
régime  semble  revenir  à  celui  de  l'Océan.  Voici  d'ailleurs  des  chiffres  qui 
résument  ces  variations  de  régime;  j'ai  fait  la  moyenne  des  variations  des 
refards  des  marées  correspondant  aux  marées  de  Brest  de  o''o'",  o''J5o™, 
i''o"',  i''3o"',  et  ainsi  de  suite. 


(  4^6  ) 

Table  ile.i  mo)  ennes  des  retards  de  la  i>roj)ngation  des  diverses  marées-  du  jnur, 
la  marée  de  syzjgie  étant  prise  pour  tjpe  normal. 

France. 

O^^""  ■■  Minutes. 

Boucaiit _(_5  5 

.    Cordouan _l_go 

Ile  d'Aix -f-o.8   I 

Saint-Nazaire _l_i6^-. 

Port-Louis +   ^j5 

Manche  : 

Saint-Malo —  1 1 ,2 

Cherbourg _   3,4 

Le  Havre  ( anc.) -t-   3,3 

Le  Havre  (act.) +17,0 

Fécainp —  9,6 

Dieppe —   9,6 

Boulogne _   2,8 

Mer  du  Nord  : 

Calais _l_  0,9 

Dunkerque -+-   3,2 

Iles  Britanniques. 

Cork -  8,9 

Devonport — 16,2 

Portsmoulh —   3,2 

Douvres —   5,o 

»  2.  On  voit  qu'il  s'est  produit  un  changement  considérable  dans  le 
régime  des  marées  du  Havre.  Ce  port,  dont  la  moyenne  des  retards  n'était 
autrefois  que  de  +  3™,  3,  se  place  à  côté  des  ports  de  l'Océan  à  retards 
positifs  les  plus  considérables,  et  présente  vis-à-vis  des  autres  ports  de  la 
Manche  une  exception  digne  de  remarque.  Cette  exception  paraît  encore 
plus  sensible  quand  on  compare  la  courbe  actuelle  du  Havre  avec  celle  du 
port  le  plus  voisin,  Fécamp.  Le  minimum  pour  le  Havre  et  le  maximum 
pour  Fécamp  ont  lieu  en  syzygie  ;  le  maximum  pour  le  Havre,  qui  est  de 
4-  34'",  correspond  à  la  marée  de  Brest  de  ii''3o'";  le  minimum  pour  Fé- 
camp est  de  —  23"  et  correspond  à  la  marée  de  1 1  heures  :  l'écart  de  la 
variation  des  retards  dans  la  propagation  de  la  marée  dans  ces  deux  ports 
est  donc,  par  rapport  à  la  marée  de  vive  eau,  de  67  minutes  en  morte  eau; 
anciennement  il  était  de  33  minutes. 

»  Notons  d'ailleurs  que,  indépendamment  du  changement  relatif  dans 


(  4^7  ) 
la  propagation  de  la  marée,  il  y  a  eu  au  Havre  un  changement  absolu. 
En  vive  eau  la  pleine  mer  arrive  au  Havre  36  minutes  plus  tôt  qu'au- 
trefois. 

1)  Des  changements  aussi  considérables  dans  le  régime  des  marées  du 
Havre  se  produisant  après  les  travaux  d'endiguement  exécutés  dans  la 
Seine,  il  semble  naturel  de  les  attribuer  à  ces  travaux  :  c'est  là  ce  qui  res- 
sort des  chiffres  précédents  indépendamment  de  toute  explication  théo- 
rique. 

»  Allons  plus  loin  et  essayons  de  nous  rendre  compte  de  la  manière 
dont  le  changement  dans  le  régime  de  la  marée  a  pu  se  produire. 

»  L'estuaire  de  la  Seine  remplit,  et  remplissait  surtout  autrefois,  le  rôle 
de  régulateur  de  la  marée  du  Havre.  Tant  que  les  immenses  plages  de  la 
Seine  n'étaient  pas  couvertes,  le  plein  ne  se  faisait  pas  sentir;  mais  ces 
plages  ayant  considérablement  diminué  d'étendue,  l'heure  du  plein  a  dû 
avancer  dans  une  certaine  mesure  ;  cependant  toutes  les  plages  n'ont  pas  été 
exhaussées  au  point  de  ne  plus  être  envahies  par  la  marée  montante.  L'ac- 
tion retardatrice  qu'elles  produisaient  n'a  donc  pas  dû  entièrement  cesser, 
et  l'on  comprend  qu'elle  ait  surtout  persisté  lors  des  marées  les  moins  fortes. 
On  s'explique  par  là  comment  il  se  fait  que  la  marée  avance  sur  ce  qui  se 
passait  autrefois,  de  '66  minutes  en  vive  eau  et  seulement  de  i4  en  morte 
eau. 

»  Les  ports  de  l'Océan  dont  il  a  été  question  ci-dessus  offrent  tous  cette 
particularité  d'être  situés  à  des  embouchures  de  rivières;  or  il  est  à  remar- 
quer que,  en  même  temps  que  les  travaux  d'endiguement  rendaient  la  Seine 
plus  comparable  à  ces  rivières,  le  régime  des  marées  du  Havre  se  modelait 
davantage  sur  celui  des  ports  de  l'Océan.  Toutefois  je  ne  présente  cette 
considération  qu'avec  réserve.  » 

PHYSIQUE.  —  Du  passage  des  gaza  travers  des  membranes  colloïdales, 
dorigine  végétale.  Note  de  M.  A.  Barthélémy. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Decaisne,  H.  Sainte-Claire  Deville, 

Jamin,  Berthelot.) 

«  Le  but  de  ces  expériences  était  de  prouver  que  les  expériences  de 
Graham,  sur  la  dialyse  des  gaz  à  travers  le  caoutchouc,  pouvaient  se  véri- 
fier sur  des  lames  colloïdales  naturelles  végétales,  et  principalement  sur  les 
surfaces  cuticulaires  de  la  feuille,  et  de  justifier  ainsi  le  rôle  important  que 


(  428  ) 
je  fais  jouer  à  la  cuticule  dans  l'absorption  de  l'acide  carbonique  par  les 
plantes  (i). 

>)  Tout  le  monde  connaît  les  Bégoniacées  à  feuilles  tachetées  de  blanc, 
que  l'on  cultive  dans  les  serres,  et  dont  les  taches  blanches  ne  sont  d'ail- 
leurs, ainsi  que  je  m'en  suis  convaincu,  qu'un  soulèvement  de  l'épiderme 
sur  luie  couche  d'azote.  Les  feuilles  de  certaines  variétés,  très-minces  déjà 
sur  la  plante  vivante,  se  réduisent,  en  se  fanant  pendant  l'hiver,  dans  l'obscu- 
rité, à  l'état  d'une  pellicule  douée  d'élasticité  et  qui  ne  représente  plus, 
à  peu  près,  que  les  couches  cuticidaires.  Ce  sont  ces  lames  colloïdales 
qui  m'ont  servi  à  répéter  l'expérience  de  Graham,  que  l'on  trouve  ana- 
l^ysée  dans  les  annales  de  Chimie  etde  Plxyaique  (1867).  J'ai  suivi  rigoureu- 
sement la  marche  de  l'illnstre  physicien,  sauf  quelques  moilifications  de 
détail. 

))  On  commence  par  s'assurer  que  la  membrane  est  intacte  et  qu'elle  ne 
présente  pas  de  déchirures  par  la  dialyse  de  l'air  seul.  Trois  expériences, 
répétées  les  16,  i  7  et  18  mars,  m'ont  dcinné  les  résultats  suivants,  au  bout 

Cle  SIX  neureS  .  Volnme  d'oxygène 

Volume  rie  gaz  absorbé  par  le  pyrogallalc           Proportion 

recueilli.  de  potasse.                          d'oxygène. 

ce  ce 

16  mars 5, a  i  ,9  36p.  100. 

17  "      5,5  3,3  4  '        " 

18"      7 ,  ()  2,2  3 1        » 

»  Bien  que  les  proportions  d'oxygène  présentent  un  écart  assez  grand, 
dû  à  la  difficulté  de  répéter  ces  expériences  dans  les  mêmes  conditions  de 
pression  extérieure,  de  température  et  surtout  d'élat  hygrométrique,  ou 
peut  conclure  que  l'oxygène  passe  plus  vite  que  l'azote,  et  que  1  air  ainsi 
dialyse  contient  en  moyenne  36  pour  100  d'oxygène.  Ce  nombre  est  un 
peu  inférieur  à  celui  qu'avait  trouvé  Graham  pour  le  caoutchouc. 

»  Cette  vérification  laite  et  ce  résultat  important  obtenu,  j'ai  procédé  à 
la  comparaison  des  vitesses  des  trois  gaz  qui  nous  intéressent  le  plus;  pour 
cela,  après  avoir  établi  au-dessus  de  la  membrane  un  courant  d'acide  car- 
bonique, j'ai  marqué  le  point  où  descendait  le  mercure  au  bout  d'une 
heure;  puis,  faisant  passer  de  l'azote  ou  de  l'oxygène,  j'ai  noté  le  temps 
que  mettait  le  mercure  pour  descendre  au  même  niveau. 

Dans    quatre  expériences,   faites  avec  des  membranes  différentes,    j'ai 


(i)   (loncours  cle  1871  (  (irix  Bordin). 


(  4^9  ) 
obtenu  les  résultats  suivants  : 

ir'^  expérience.  2"  expérience.  3' expérience.  4' •"'P^'''''"'^^' 

Acide  carbonique i*"  i''  i*"  i'* 

Azote i5  i3,4o  i5,3o  i4 

Oxygène 6  6,20  7  5,4o 

»  Ces  expériences,  faites  dans  des  conditions  de  pression,  de  tempéra- 
ture et  d'état  hygrométrique  qui  ne  sauraient  être  identiques,  concordent 
cependant  suffisamment  avec  celles  de  Graham,  et  me  permettent  de 
conclure  que  les  surfaces  colloïdales  naturelles  des  végétaux  ont,  pour 
l'acide  carbonique,  lui  pouvoir  adinissif  qui  est  de  treize  à  quinze  fois  plus 
considérable  que  celui  qui  correspond  à  l'azote,  et  six  à  sept  fois  plus  grand 
que  celui  qui  se  rapporte  à  l'oxygène. 

»  J'ai  opéré,  quelques  jours  après,  avec  de  l'acide  carbonique  parfaite- 
ment desséché,  et  je  n'ai  plus  trouvé,  comme  vitesse  par  rapport  à  l'azote, 
que  des  nombres  variant  entre  9  et  11;  il  semble  donc  que  l'anhydride 
carbonique  passe  moins  vite  que  l'acide  carbonique  hydraté. 

»  En  remplaçant  la  lame  végétale  par  du  caoutchouc,  j'ai  obtenu  un 
résultat  semblable.  La  différence  est  moins  prononcée  par  l'oxygène  et 
l'azote  desséchés. 

»  Je  ferai  remarquer,  en  terminant,  que  ces  expériences  prouvent  la 
dialyse  de  l'acide  carbonique  à  travers  la  cuticule  des  feuilles,  au  même 
litre  que  les  expériences  de  Dutrochet  sur  ces  membranes  et  les  solutions 
aqueuses  pour  prouver  l'endosmose  par  les  cellules;  au  même  titre  aussi 
que  les  expériences  sur  l'absorption,  faites  par  M.  Dehérain  avec  des  vases 
poreux,  et  auxquelles  l'Académie  a  accordé  une  de  ses  plus  hautes  récom- 
penses. En  un  mot  la  respiration  cuticulaire  me  paraît  suffisamment  prouvée 
par  la  présence  de  cette  membrane  sur  tous  les  organes,  par  les  analogies 
de  constitution  physique  et  chimique  de  cette  membrane  avec  le  caout- 
chouc, par  les  expériences  de  Graham  et  les  mesures  sur  le  passage  des 
gaz  à  travers  les  membranes  colloïdales,  et  enfin  par  les  expériences  de 
M.Boussingault,  qui  attribuent  à  la  surface  supérieure  des  feuilles,  dénuée 
de  stomates,  une  faculté  décomposante  plus  considérable  que  celle  de  la 
face  inférieure  criblée  de  ces  petites  ouvertures.   » 


C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  G  )  ''" 


(  43o  ) 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  mélhodes  d'analyses  des  phosphates  naturels 

employés  en  Aijricullure.  Note  de  M.  G.  Mène.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Fremy,  H.  Sainte-Claire  Deville, 

Daubrée,  Cahours.) 

«  J'ai  déjà  appelé  l'attention  sur  l'analyse  des  phosphates  par  les  mé- 
thodes à  l'ammoniaque  et  à  l'acide  citrique  (ou  acétique),  et  sur  les  résul- 
tats erronés  auxquels  ces  méthodes  pouvaient  conduire  (i).  J'inquerai 
aujourd'hui  quelques  résultats  d'analyses  faites  à  mon  laboratoire,  qui 
confirment  ce  que  j'ai  annoncé. 

»  Des  phosphates  coproHlhesduNord,  qui  accusent  45  pour  loo  (de  phos- 
phate tricalcique)  par  la  méthode  à  l'acide  citrique  et  au  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien  qui  en  dérive,  ne  donnent  que  des  traces  d'acide  phos- 
phorique,  par  le  procédé  au  bismuth.  D'autres  phosphates,  dits  du  Rhône, 
qui  titrent  53  pour  loo  de  phosphate,  par  la  méthode  acétique  et  le  phos- 
phate ammoniaco-magnésien  qui  en  dérive,  ne  donnent  pas  traces  d'acide 
phosphorique  par  le  bismuth. 

»  Je  dois  dire  aussi  que,  quand  on  a  voulu  contrôler  le  prétendu  phos- 
phate obtenu  dans  ces  cas,  en  redissolvant  le  précipité,  pour  avoir  les  réac- 
tions du  nitrate  d'argent,  du  bismuth,  du  potassium,  on  n'a  jamais  rien 
obtenu;  de  même,  on  n'a  pas  pu  en  retirer  d'acide  phosphorique.  On 
s'est,  au  contraire,  convaincu  que  ce  précipité  n'était  que  de  l'alumine 
et  de  la  silice.  Si,  du  reste,  on  veut  bien  se  reporter  à  la  description  du 
procédé,  on  verra  que  la  liqueur  ammoniacale,  qui  sert  à  précipiter  ce 
phosphate  ammoniaco-magnésien,  y  précipite  aussi  l'alumine  et  la  silice, 
et  que,  en  l'absence  de  l'acide  phosphorique,  ces  deux  bases  donnent  le 
change  et  font  croire  à  cet  acide  phosphorique  (que  cependant  un  œil 
exercé  reconnaît  au  premier  abord). 

»  ...  Si  j'attaque  cependant  le  procédé  à  l'acide  citrique,  pour  les  cas 
où  le  composé  contient  de  la  silice  et  de  l'alumine,  je  dois  dire  que,  pour 
les  autres  échantillons  où  ces  corps  n'existent  pas  ou  peu,  la  méthode  est 
bonne,  et  nous  avons  obtenu,  à  mon  laboratoire,  en  maintes  occasions, 
sur  des  phosphates  des  Antilles,  de  Limbourg  (Allemagne),  des  os,  etc., 
des  chiffres  tout  à  fait  comparables  avec  le  procédé  au  bismuth. 

M  Je  dirai,  en  terminant,  que,  si  je  me  suis  arrêté  au  procédé  du  bis- 
muth, c'est  que  ce  métal  précipite  l'acide  phosphorique  dans  des  condi- 

(i)  Comptes  rendus,  séance  du  9  juin  1873,  t.  LXXVI,  p.  i4io. 


(43.  ) 
lions  telles  de  sûreté  et  de  rapidité,  que  nul  autre  réactif  ne  peut  lui  être 
comparé.  Dans  maints  dosages,  en  effet,  il  n'y  a  jamais  eu  un  écart  de  plus 
de  o,25  pour  loo,  ce  qui,  industriellement  parlant,  est  insignifiant.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  une  grotte  de  f  âge  du  renne,  située  à  Lortet 
[Hautes-Pyrénées).  Note  de  M.  Ed.  Piette.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  de  Qnatrefages,  Blanchard,  Robin, 

de  Lacaze-Duthiers.) 

«  Je  viens  de  découvrir  une  caverne  de  l'âge  du  renne  à  Lortet  (Hautes- 
Pyrénées).  La  petite  grotte  d'Aurensan  était  jusqu'aujourd'hui  la  seule  de 
ce  département  dans  laquelle  on  eût  recueilli  des  vestiges  de  cette  époque. 
Celle  de  Lortet  est  une  station  beaucoup  plus  importante;  par  sa  grandeur 
et  sa  situation,  elle  paraît  devoir  fournir  de  nombreuses  richesses  paléoli- 
thiques. Elle  est  située  presque  en  face  du  village,  sur  le  penchant  d'une 
montagne  pittoresque,  à  i6  mètres  au-dessus  de  la  rivière  de  Neste.  Une 
route  passe  au  bout  de  sa  vaste  entrée,  qui  reçoit  les  rayons  du  Soleil  cou- 
chant. 

»  En  pénétrant  dans  la  grotte,  on  se  trouve  d'abord  dans  une  chambre 
composée  de  deux  parties  :  l'une  formant  un  vaste  vestibule  éclairé,  très- 
sain;  l'autre  plus  profoiîde,  plus  sombre,  pleine  de  stalactites  d'où  l'eau 
tombe  goutte  à  goutte. 

»  Le  vestibule  a  ia™,3o  de  largeur  à  l'ouverture,  i5™,  ao  un  peu  plus 
loin,  12  mètres  vers  le  milieu,  et  6  à  son  extrémité.  Sa  longueur  est  de 
20  mètres.  Sa  voûte,  dépourvue  d'anfractuosités  remarquables,  a  a*",  iode 
hauteur  vers  le  centre.  Son  aire  est  formée  par  une  stalagmite  unie,  queue 
recouvre  aucune  parcelle  de  terre.  Ce  vestibule  est  séparé  du  fond  de  la 
caverne  par  deux  piliers  de  stalactites. 

»  Au  delà  de  ces  piliers  la  grotte  s'élargit  de  nouveau,  projette  au  nord 
un  bras  au  fond  duquel  on  voit  poindre  le  jour  venant  de  l'extérieur  à  tra- 
vers un  petit  trou,  qui  est  peut-être  une  ancienne  entrée.  Elle  se  rétrécit  à 
l'est  et  forme  une  chambre,  dont  le  plancher  en  stalagmite  s'épaissit  et 
s'élève  rapidement.  De  la  voûte  pendent  de  nombreuses  stalactites,  qui  en- 
tretiennent l'humidité.  Cette  chambre  est  fermée  au  fond  par  un  rideau  de 
stalactites,  percé  autrefois  par  un  trou  servant  de  passage  pour  s'avancer 
dans  d'autres  chambres.  Les  anciens  du  pays  prétendent  que,  lorsque  ce 
trou  existait,  on  pouvait,  en  suivant  nue  série  de  cavernes  et  de  corridors, 
pénétrer  fort  loin  dans  la  montagne  et  atteindre  un  torrent  souterrain.  Je 

56.. 


(  /.^^  ) 

n'ai  exploré  aucune  des  chambres  profondes,  les  trouvant  trop  humides  : 
la  première  seule  m'a  paru  assez  saine  pour  avoir  été  habitée. 

»  J'ai  fait  percer  la  stalagmite  du  plancher,  vers  le  milieu  du  vestibule.  En 
relevant  les  plaques  arrachées  par  la  pioche  et  le  levier,  j'ai  trouvé  des  mâ- 
choires de  renne  et  de  cerf,  adhérentes  à  leur  surface  interne.  Sous  la  sta- 
lagmite était  un  amas  de  cendre  et  de  charbon,  dans  lequel  on  voyait  en 
abondance  des  os  brisés.  Je  fis  faire  en  cet  endroit  une  fouille  qui  atteignit 
l'^jôo  de  profondeur,  et  je  pus  voir  la  coupe  suivante  : 

))  o'",20,  stalagmite  formant  le  parvis  de  la  grotte. 

»  i"  ,02,  foyers  noirs,  pleins  d'ossements  brisés  en  long,  de  mâchoires  d'animaux  fraclu- 
rées,  de  silex  taillés  et  de  bois  de  renne  travaillés. 

»  G", 38,  terre  jaune,  mêlée  de  cendre  et  de  charbon,  contenant  les  mêmes  objets  et  les 
mêmes  ossements  que  la  couche  précédente. 

»  A  cette  profondeur,  je  fis  enfoncer  un  levier  en  fer  ayant  plus  de 
I  mètre  de  longueur;  il  entra  tout  entier  dans  la  terre,  sans  rencontrer  de 
résistance.  Il  y  a  donc  là  des  foyers  superposés,  d'une  épaisseur  considé- 
rable. J'y  ai  recueilli  des  grattoirs,  des  couteaux,  des  pointes  en  silex,  des 
lissoirs  en  bois  de  cerf,  des  poinçons,  des  aiguilles,  des  pointes  de  lance, 
des  flèches  barbelées  en  bois  de  renne. 

»  Parmi  les  animaux  dont  j'ai  recueilli  les  ossements,  je  citerai  l'ours 
actuel  des  Vyrénées  [ursiis  arctos),  le  loup,  le  cerfélaphe,  le  renne,  le  cha- 
mois, le  bouquetin,  le  bœuf,  le  cheval,  le  coq  de  bruyère.  Le  cerf  parait 
beaucoup  plus  abondant  que  le  renne.  Sur  un  fragment  de  bois  de  renne, 
est  gravé  un  coq  de  bruyère  :  cet  animal  habite  encore  aujourd'hui  les  en- 
virons de  Lortet. 

»  Il  y  a  là  plus  de  5oo  mètres  cubes  de  cendres,  pleines  de  débris, 
conservées  intactes  sous  une  couche  de  stalagmites,  sans  mélange  possible 
avec  les  vestiges  des  âges  suivants.  C'est  la  demi-civilisation  des  sauvages 
raffinés  de  l'âge  du  renne.  » 

M.  H.  Peyracd  adresse  une  nouvelle  Note  intitulée  «  Action  toxique  des 
infusions  d'absinthe  et  de  tanaisie  sur  le  Phylloxéra.  Expériences.  Projet 
d'application  de  la  culture  de  ces  plantes  à  la  destruction  de  la  maladie  de 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Faucon.xet  adresse  une  Note  relative  à  divers  procédés  de  destruction 
du  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


(  433  ) 
M.  G.  DE  CoNiNCK  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  la  théorie  sur  les 
relations  entre  les  phénomènes  météorologiques  et  les  phénomènes  volca- 
niques. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  Noie  sur  un  «  hélioscope  parallactique, 
fondé  sur  un  mégascope  aplanétique  de  Foucault  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  A.  Leblan  adresse  une  Note  relative  à  un  nouveau  modèle  de  wagon. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Tresca.) 

M.  Bouvier  adresse  une  Note  relative  à  l'origine  de  la  chaleur  et  de  la 
lumière. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Janssen.) 

M.  Ch.  Denis  adresse  une  Note  concernant  les  causes  probables  de  la 
maladie  des  vers  à  soie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Blanchard.) 

M.  L.  Hugo  adresse  le  dessin  de  deux  dodécaèdres  antiques,  conservés 
au  Musée  de  Lyon.  Cette  pièce  est  accompagnée  d'une  Lettre  de  M.  Marlin- 
Daussigny. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Bertrand,  Roulin.) 

La  Commission  anciennement  nommée  pour  examiner  les  Communi- 
cations relatives  aux  chemins  de  fer  ayant  été  successivement  réduite  par 
le  décès  de  plusieurs  de  ses  Membres,  cette  Commission  sera  complétée  par 
l'adjonction  de  MM.  Phillips,  Rolland  et  Tresca. 

La  Commission  se  composera  donc  de  MM.  Séguier,  Morin,  Phillips, 
Rolland,  Tresca. 

CORBESPONDANCE. 

M.  Ch.  Wheatstone,  élu  associé  étranger  en  remplacement  de 
M.  J.  von  Liebig,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

31.  Steenstrup,  élu  correspondant  de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie 
en  remplacement  de  M.  Jgassiz,  adresse  également  ses  remercîments  à 
l'Académie. 


(434  ) 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTUEL  donne  lecture  de  la  Lettre  suivante  adressée 
à  l'Académie  par  M.  le  Secrétaire  de  Y  Académie  des  Sciences  naturelles  de 
Minnesota. 

«  Minneapolis,  Minn.,  le  22  juillet  1873. 

»  Je  vous  envoie  aujourd'hui  un  exemplaire  de  la  constitution,  des  règlements,  discours 
du  Président,  etc.,  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Minnesota. 

»  M.  le  professeur  Winehell  est  en  campagne  pour  exécuter  le  levé  de  cet  État. 
»  Veuillez  vous  rappeler  cette  Académie  quand  vous  ferez  des  envois  de  rapports,  de 
cartes,  etc. 

»  Respectueusement  à  vous, 

>•   Alfred  E.  Ames  M.-D., 
»   Secrétaire  pour  la  correspondance.    » 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

31.  LE  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Une  brochure  de  MM.  J.-Ê.  Planchon  et  J.  Liclitenstein,  intitulée  : 
«  le  Phylloxéra  (de  i854  à  iSyS)  »  ; 

2°  Une  brochure  de  M.  F.  Garrigou,  intitulée  :  «  Généralités  sur  les 
eaux  minérales  des  Pyrénées  »  ; 

3°  Un  volume  imprimé  en  espagnol  et  portant  pour  titre  :  «  Archives 
boliviennes.  Collection  de  documents  relatifs  à  l'histoire  de  la  Bolivie, 
pendant  l'époque  coloniale  ».  (Ce  volume  sera  soumis  à  l'examen  de 
M.  Roulin.) 

GÉOMÉTRIE.  —  Solution  analytique  du  tracé  des  courbes  à  plusieurs  centres, 
décrites  d'après  le  procédé  géométrique  de  Perronet.  Note  de  M.  J.-P.  Re- 
vellat,  présentée  par  M.  Yvon  Villarceau.  (Extrait.) 

(c  I.  Perronet,  à  l'occasion  de  la  construction  du  |3ont  de  Neuill}',  fit 
usage,  pour  l'intrados  de  ses  voûtes,  d'une  courbe  à  plusieurs  centres, 
dont  la  solution  analytique  du  tracé  était  restée  inaperçue  jusqu'ici. 

»  Ce  tracé  découle,  comme  on  sait,  de  la  loi  suivant  laquelle  les  divers 
rayons  rencontrent  les  axes  de  la  courbe.  Ainsi,  tandis  que  les  parties  in- 
terceptées par  leurs  directions  sur  le  prolongement  du  petit  axe  sont  égales 
entre  elles,  leurs  rencontres  avec  la  ligne  des  naissances  donnent  des  seg- 
ments qui  sont  entre  eux  comme  la  suite  naturelle  des  nombres  i,  2, 
3,  4î--'>  selon  le  nombre  des  centres. 


(  435  ) 
M   Qu'il  s'agisse,  {lar  exemple,  de  décrire  une  courbe  d'un  nombre  im- 
pair quelconque  h  de  centres  sur  les  deux  demi-axes  a  et  b.  Ayant  pris  sur 
le  grand  diamètre,  à  partir  des  naissances,  une  certaine  longueur  que  l'on 

suppose  devoir  être  le  premier  rayon  R,,  on  divise  le  reste  a  —  R,  en 

parties  inégaies,  de  telle  sorte  que,  en  appelant  q  la  première,  c'est-à-dire 
celle  qui  résulte  de  l'intersection  des  deuxième  et  troisième  rayons  avec 

le  grand  axe,  la  deuxième  sera  aq,  la  troisième  3q...  et  la  dernière q. 

»  On  prend,  ensuite,  sur  le  prolongement  de  la  montée,  à  partir  du 
point  de  concours  des  deux  axes,  une  certaine  longueur  qui  soit  dans  un 
rapport  arbitraire/  avec  «  —  R,,  de  manière  à  avoir  R^,^  —  b  =/(«  —  R,), 

en  appelant  R^__  le  plus  grand  rayon. 

2 

»  Cela  fait,  on  tire  des  droites  indéfinies  par  les  points  de  division  du 
même  ordre  ainsi  obtenus  sur  les  deux  axes,  ces  divisions  étant  ordonnées 
de  l'extrémité  au  centre  de  la  courbe  sur  le  grand  diamètre,  et  du  centre 
vers  l'extrémité  sur  la  montée  prolongée.  Maintenant,  si  la  longueur  du 
premier  rayon  a  été  bien  choisie,  la  courbe  décrite  successivement  des 
centre,  déterminés  par  les  points  de  rencontre  des  transversales  contiguës 
passera  par  les  naissances  et  par  le  sommet  de  la  montée.  Dans  le  cas  con- 
traire, on  fait  une  nouvelle  hypothèse  sur  la  longueur  du  premier  rayon, 
et  l'on  recommence,  au  besoin,  cette  même  suite  d'opérations,  jusqu'à  ce 
qu'enfin  la  courbe ,  décrite  comme  il  vient  d'être  dit,  passe  exactement 
par  les  extrémités  des  diamètres. 

»  Telle  est  la  question  laissée  sans  solution  depuis  un  siècle,  malgré 
l'usage  fréquent  qui  a  été  fait  de  ce  tracé  et  les  tiavaux  importants  publiés 
dans  le  but  d'en  faciliter  les  applications. 

»  II.  Mise  en  équation.  —  Ces  préliminaires  posés,  on  aura,  d'après  les 
conditions  fixées  par  Perronet,  en  exprimant  que  la  somme  des  intervalles 
déterminés,  sur  le  grand  axe,  parles  rayons  Ra,  Rj,  Ri,.--»  ^n-i  est  égale  à 

n  —  R,,  et  en   se  souvenant  que  le  premier  intervalle  est  q,  le  dernier 

q,  q  -h  2q  -h  3q  -h  i^q  +...-\ q  =  a  —  R,;  d'où 


I 


(l)  ^(^l_J.j  =  a_R,. 

»  En  désignant  par  C,,  C^,  G,,  C^,...  les  centres  des  arcs  successifs  de 
la  courbe,  dont  le  premier  est  sur  le  grand  axe  et  le  dernier  sur  la  montée 


(  436) 
prolongée,  nous  exprimerons  en  fonction  de  l'indéterminée  q  le  polygone 
formé  par  les  centres  situés  d'un  même  cùté  de  cette  montée,  en  posant 

(2)  C.Co  +  CoCa-f-CjC, +...=  fyn, 

la  quantité  II   étant  un    coefficient   numérique  à  déterminer  ultérieu- 
rement. 

»  Si  l'on  considère  que  les  côtés C,  Co,  C2C3,...  du  polygone  des  centres 
sont  les  différences  Rj  —  ^n  R3  ~  Rj»--  *^^^  rayons  successifs,  on  aura 

(3)  R.+7n  =  R„^. 

»  Mais  on  a  d'ailleurs  — '  =/,  ou  R„_,  =/^(rt  —  R,)  -f-  b. 

Portant  cette  valeur  dans  l'équation  (3),  il  vient 

(/,)  R, +  f/n=yfy(rt-R,)  +  Z', 

et,  en  combinant  les  équations  (i)  et  (4),  on  en  déduit  les  deux  inconnues 
de  la  question 

(5)     R. -«-(„,_, )(y^,)_8n'        ^^        '^^'     7-(„._,),/+,)_8n 

»  Il  ne  reste  plus  à  déterminer  que  la  quantité  II,  correspondant  à  des 
valeurs  déterminées  de  n  et  def. 

»  m.  Expression  générale  des  tangentes  des  angles  formés  parla  lencontre  des 
7  ayons  avec  la  montée  prolongée.  —  En  exprimant  algébriquement  la  dislance 
de  chacun  des  points  de  division  du  grand  diamètre  au  point  de  concours 
des  deux  axes  de  la  courbe,  on  a 


2^  +  3^  +  4f/  +  5(/  +...H —-q=q      g      , 

27+  37  +  4</+  ^q+...+  —^q  =fy— y— , 

3?  4- 4?  +  57 +...4- ^<ry  =  <7  ^^^^^, 


ainsi  de  suite  jusqu'au  dernier  segment,  qui  se  réduit  à  q     ^    • 

»  En  se  souvenant  que  la  partie  du  plus  grand  rayon  située  au-dessous 
de  la  ligne  des  naissances  est  exprimée  par  R„_i  —b  =  qj  ( — g — j»  et  que 


(  437  ) 
cette  ligne  est  toujours  divisée  en  '-^-^^  parties  égales,  on  aura,  les  dis- 
tances étant  comptées  à  partir  du  point   de  concours  des  axes  de  la 
courbe:  pour  la  longueur  de  la  première  division,  qfi'—T—)'-,   pour  la 
deuxième,  2qJ—T—;  pour  la  troisième,  'iqf'—j~"''"'i  ainsi  de  suite. 

»  Par  conséquent,  en  appelant  A,,  Aa,  A3,  A4,...  les  angles  successifs, 
formés  par  les  rayons  R,,  R»,  R3,  R^,..,  et  la  montée  prolongée,  on  aura 

t«"gA.=  ^;^']  |tangA,-tangA,=  ^;^J^, 

(7)(''"^^^^47m^'      et,  par  suite,     (8)    '""§^-^-'""§^'  =  7^7^^' 
tangA3=g^j^,  tangA3-tangA,=  ^|l±il^, 


»  Les  lois  de  formation  sont  évidentes.  Ainsi,  pour  les  différences  des 
tangentes,  le  coefficient  des  numérateurs  est  formé  du  quadruple  produit 
des  indices  des  angles  A  moins  l'unité;  tandis  que  celui  du  dénominateur 
est  seulement  égal  au  double  produit  des  mêmes  indices. 

»  IV.  Différences  des  rayons  successifs.  —  Quant  aux  côtés  du  polygone 
des  centres,  on  reconnaît  sans  peine,  en  construisant  la  figure,  que  l'on  a 

'  \tangA|— tangA,  /cosA,  cosA,\«'+7/ 


(9) 


\tangA:.— tangAj       tangA,  —  tangAo/cosA,      ^      cosAi\«' +  3o«= -t-i6i  /  ' 

c/.=«f ^ - \_L_=,4„/."  +  '/    .2"= +  .32 


tangAs— tangAj       tangA,  — tangA^/cos  A3  cosA^Xn'  +  '^on'+ioSi  / 


»  Remplaçant,  dans  ces  expressions,  d'abord  n  elf,  et  faisant  la  somme 
des  côtés,  on  trouve  la  valeur  du  polygone  des  centres  qïl  exprimée  par 
la  relation  (2)  et,  par  conséquent,  la  valeur  numérique  de  II.  Portant 
cette  dernière  valeur  dans  les  équations  (5)  et  (6),  on  déterminera  le  pre- 
mier rayon  R,  et  l'intervalle  initial^.  Enfin  cette  valeur  de  ^  étant  portée 
dans  l'équation  (9),  on  déterminera  les  différences  des  rayons  successifs  et, 

par  suite,  la  série  complète  des  rayons  R,,  Rj,  R3,  R^, Quant  aux  angles 

au  centre  des  arcs,  on  les  déduira  naturellement  de  ceux  donnés  par  les 
expressions  (7). 

C,  R.,  1873,  2»  Semeslre,  (T,  LXXVIl,  N»  G.)  5'] 


(  438  ) 
»    V.    Principales  propriétés  de  ces  courbes.    Courbes  elliptiques.    —    On 
peut  (oiijours  décrire  une  demi-ellipse  ayant  la  même  ouverture  et  la  même 
montée  que  la  courbe  demandée,  et  l'on  sait  en  déterminer  les  rayons 

de  courbure  principaux,  qui  sont  -j-    pour  les  naissances,  et  j-  pour  le 

sommet.  Or,  les  indéterminées  qui  entrent  dans  les  équations  fondamen- 
tales (5)  et  (6)  étant  en  nombre  supérieur  à  celui  des  relations  qui  les  lient, 
on  peut  en  disposer  de  manière  à  faire  acquérir  à  la  courbe  de  certaines 

propriétés.  Faisant,  par  exemple,  R,  =  —  dans  la  première  de  ces  deux 

équations,  on  obtient,  toutes  réductions  faites, 

«_(«'-i)(/+i)-8n 
^     '  b~      8n— /(«'— i) 

»  Pour  avoir  la  véritable  signification  de  ce  rapport,  il  faudrait  connaître 
la  valeur  de  II  correspondant  à  des  valeurs  particulières  de  n  et  de  £ 
quand  on  fait  le  premier  rayon  égal  au  rayon  de  courbure  aux  naissances. 
Par  des  considérations  géométriques  qui  ne  peuvent  être  développées  ici, 
nous  parvenons  à  la  valeur  suivante  du  rapport  (lo)  : 

(")  i=/ 

»  Ainsi  lorsqu'on  fait  le  premier  rayon  égal  au  rayon  de  courbure  aux 
naissances  :  i°  le  rayon  du  sommet  est  égal  au  rayon  de  courbure  de  l'el- 
lipse en  ce  point  ;  2°  le  rapport  de  la  demi-ouverture  à  la  montée  est  égal 

ày,  c'est-à-dire  au  rapport  — '_  :  conséquences  importantes'  qui  per- 
mettent de  décrire,  par  un  procédé  géométrique,  une  courbe  à  plusieurs 
centres,  ayant  les  mêmes  rayons  de  courbure  principaux  que  l'ellipse  dé- 
crite sur  les  mêmes  axes:  c'est  ce  que  nous  appelons  une  courbe  elliptique, 
n  Mais  ce  n'est  pas  tout;  comme  il  résulte  de  la  discussion  des  équations 
(5)  et  (6)  que  l'on  peut  décrire,  sur  les  mêmes  axes  et  avec  le  même  rayon 
initial,  une  série  de  courbes  d'un  nombre  de  centres  différent,  et  moindre 
que  trois,  il  s'ensuit  que  Ton  pourra  toujours  décrire,  sur  deux  axes  don- 
nés, une  série  de  courbes  elliptiques  d'un  nombre  différent  de  centres.  Il 
suffit,  après  avoir  déterminé  les  deux  rayons  de  courbure  principaux,  de 
diviser  les  lignes  a  —  R,  et  R„_,  —  b  selon  les  conditions  fixées  par  Per- 

rouet  et  de  continuer  l'épure  comme  à  l'ordinaire. 

»  Ce  tracé,  aussi  simple  à  exécuter  que  facile  à  retenir,  constitue  une 


(439) 
très-élégante  solution  du  problème  de  t'anse  de  panier  elliptique.  Nous  dé- 
montrons d'ailleurs  que  cette  courbe  a  la  même  aire  que  l'ellipse  décrite 
sur  les  mêmes  axes. 

»  La  discussion  montre  encore  que,  lorsqu'on  satisfait  à  la  condition 
-=yj  la  courbe  approche  d'autant  plus  de  l'ellipse,  que  le  nombre  de 

centres  approche  de  onze;  que  si  ce  nombre  est  atteint,  la  courbe  jouit  du 
maximum  d'etlipticité,  et  qu'au  delà  la  courbe  n'est  plus  possible.    » 

GÉOLOGIE.  —  Nouvelle  Note  sur  le  corindon  de  ta  Caroline  du  Nord, 
de  la  Géorgie  et  de  Montana;  par  M.  Lacrence  Smith  (i). 

«  Corindon.  —  Ce  minéral  se  présente  ici  en  une  variété  beaucoup  plus 
belle  que  dans  toute  autre  localité  connue.  Les  masses,  dans  bien  des  cas, 
sont  très-grandes,  du  poids  de  3oo  à  /joo  kilogrammes,  avec  de  beaux  et 
grands  clivages,  et  elles  sont  remarquablement  pures.  Les  cristaux  sont 
beaux  également  et,  dans  certains  cas,  d'une  grosseur  et  d'une  beauté  remar- 
quables. Deux  de  ces  cristaux,  découverts  par  M.  Jei^ks  et  possédés  actuel- 
lement par  le  professeur  Shepard,  ont  été  décrits  par  lui.  Leur  poids  res- 
pectif s'élève  à  environ  i5o  kilogrammes;  le  plus  gros  est  rouge  à  sa 
surface,  et  à  l'intérieur  d'un  gris  bleuâtre;  la  forme,  en  général,  en  est 
pyramidale,  mais  montrant  toutefois  plus  d'une  simple  pyramide  à  six 
pans,  dont  le  sommet  se  termine  par  un  plan  un  peu  rugueux  et  d'une 
forme  hexagonale  mal  définie.  Le  cristal  le  plus  petit  présente  la  forme 
d'un  prisme  hexagone  régulier,  bien  défini  à  l'une  de  ses  extrémités, 
l'autre  restant  inégale  et  incomplète.  La  couleur  de  ce  cristal  est  générale- 
ment d'un  bleu  grisâtre,  bien  qu'il  y  ait  certains  points,  particulièrement 
près  des  angles,  où  est  accusée  une  teinte  pâle  saphir.  Sa  plus  grande  lar- 
geur est  de  i5  centimètres  et  sa  longueur  est  d'environ  12  centimètres. 
Quelques-unes  des  faces  latérales  sont  revêtues  par  places  de  margarite 
blanche  perlée. 

»  Les  cristaux  plus  petits  sont  souvent  transparents  à  leurs  extrémités; 
c'est  toutefois  par  la  couleur  qu'excelle  le  corindon  de  cette  localité  :  il 
est  gris,  vert,  rose,  rouge  rubis,  vert  émeraude,  bleu  saphir,  avec  toutes 
les  couleurs  intermédiaires,  jusqu'à  l'absence  de  toute  couleur. 

»  Beaucoup  de  pièces  de  couleur  bleue  et  rouge  ont  été  taillées  et  polies 
figurant  des  pierres  précieuses,  sans  être  de  la  plus  belle  qualité. 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  p.  356  de  ce  volume. 

57.. 


(  /.4o  ) 

»  Dimpore.  —  Tandis  que  ce  minéral  se  trouve  si  abondamment  associé 
au  corindon  de  Chester  (Massachusetts),  il  ne  m'a  pas  été  donné  de  le 
trouver  associé  dans  ces  localités-ci.  Plusieurs  spécimens  de  diaspore  sup- 
posé m'ont  été  soumis;  mais,  après  examen,  j'ai  constaté  que  ce  n'était 
que  du  kyanite  incolore. 

»  Chorite.  —  Ce  minéral  abonde  dans  cette  localité-ci,  et,  ainsi  qu'il  a 
été  dit,  il  est  la  gangue  du  corindon;  il  n'entoure  pas  seulement  ce  der- 
nier, il  le  pénètre.  Il  y  a  diverses  variétés,  depuis  le  gris  jaunâtre  jusqu'au 
vert  foncé,  et  différant  un  peu  dans  la  composition. 

»  Deux  spécimens  de  cette  localité  étaient  composés  comme  il  suit  : 

Grandes  plaques.  Friable. 

Silice 27  ,00  29, 1 5 

Alumine 21,60  10, 5o 

0.\yde  de  fer i6,63  23, 5o 

Magnésie 22,00  25,44 

Eau i2,3o  10.04 

»  Manjarile  (émerylite).  — Ce  curieux  mica  (curieux  en  tant  que,  depuis 
ma  première  remarque  à  son  sujet,  il  est  cité  comme  caractéristique  de  la 
formation  d'émeri  dans  l' Asie-Mineure  et  l'Archipel  grec)  a  été  trouvé  par- 
tout où  gît  le  corindon,  et,  dans  le  cas  de  l'émeri  de  Chester,  ce  fut  lui  qui 
amena  la  découverte  de  ce  dernier.  Dans  les  présentes  localités,  il  est  abon- 
dant et  mêlé  avec  les  roches  et  les  minéraux  associés  de  cette  localité.  Une 
analyse  chimique  du  spécimen  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Silice 32, 4i 

Alumine 5i,3i 

Chaux '0,98 

Soude 2 ,43 

Eau , 2,  i3 

»  Zoïsite.  —  Ce  minéral  se  présente  sous  deux  formes  :  une  variété  noire 
et  une  variété  vert  clair.  Ces  minéraux  ont  été  appelés  par  quelques  sa- 
vants arfverdsonite;  mais  aucun  d'eux  ne  possède  la  composition  de  ce 
minéral. 

»  Leurs  compositions  sont  les  suivantes.  La  variété  verte  est  d'un  vert 
chrome  très-pâle;  voici  son  analyse  comparée  à  celle  du  lac  de  Genève  : 

Vert  clair.  Lac  de  Genève.  Variété  noire. 

Silice ^5,']o                43)59  ^5, go 

Alumine 24,01                 27,72  i3,34 

Peroxyde  de  fer 4 1^^                    2,61  •  •  )4^ 


(  44i  ) 

Vcil  clair.  Lac  île  Genève.  Variété  noire. 

Chaux i3,44  21, oo  12,20 

Magnésie 8,o3  2,40  12, 53 

Soude 2,91  3,08  3,39 

Eau 0,60  »  0,66 

Oxyde  de  chrome o,52  »  » 

))  Andésite.  —  Ce  minéral  se  montre  surtout  sous  une  forme  granulaire. 

Sa  composition  est 

Silice 64,12 

Alumine 24 ,  20 

Soude 9) '^8 

Chaux 2,80 

Oxyde  de  fer , o ,  1 4 

»  Les  autres  minéraux  associés  avec  cette  formation  d'émeri  sont  : 
oxyde  magnétique  de  fer,  fer  chromé,  rutile,  asbeste,  talc,  actinolite,  tour- 
maline noire,  chalcédoine,  anthophyllite,  spinelle,  albite,  picrolite. 

»  De  V existence  du  rubis  et  du  saphir  dans  les  territoires  de  la  Caroline  du 
Nord  et  de  Montana.  —  Le  gisement  du  corindon  de  la  Caroline  du  Nord, 
que  je  viens  de  décrire,  fournit  des  masses  dont  peuvent  être  détachées  de 
petites  pièces  d'une  belle  couleur  bleue  ou  rubis,  d'une  transparence  par- 
faite et  presque  sans  défauts,  et  qui,  une  fois  taillées  et  polies,  donnent  des 
pierres  précieuses  d'une  certaine  valeur.  Je  n'ai  pas  vu  le  spécimen  le  plus 
parfait  de  celles  qui  ont  été  taillées  ;  j'en  ai  cependant  quelques-uns  d'une 
belle  couleur,  mais  ayant  beaucoup  de  fissures. 

»  Pourra-t-on  obtenir  la  pierre  précieuse  en  quantité  suffisante  pour 
garantir  le  succès  de  l'exploitation?  Jusqu'à  présent  on  est  si  éloigné  de 
ce  que  présentent  les  localités  connues  des  Indes  Orientales,  qu'on  serait 
porté  à  croire  que  ce  n'est  qu'occasionnellement  que  l'on  trouvera  des 
pièces  de  corindon,  de  pureté  et  de  beauté  suffisantes  pour  présenter  une 
grande  valeur. 

»  Il  y  a  un  an  environ  qu'une  quantité  de  galets  me  furent  envoyés  du 
territoire  de  Montana,  que,  après  examen,  je  trouvai  consister  principale- 
ment en  corindon  ;  ils  ressemblaient  à  ceux  provenant  des  localités  à  rubis, 
des  Indes  Orientales,  chacun  étant,  par  lui-même,  un  petit  cristal  aux 
angles  plus  ou  moins  usés  et  d'une  structure  compacte  uniforme.  Ils  étaient 
incolores  ou  bien  verts,  leur  nuance  variant  d'un  vert  clair  à  un  vert  foncé; 
quelques-uns  étaient  d'un  vert  bleuâtre,  mais  point  de  rouges  dans  le  nom- 
bre; il  y  avait  bien  quelques  galets  rouges,  mais  qui,  après  examen,  se 
trouvèrent  être  des  spinelles. 


(  442  ) 

»  Ces  galets  se  trouvent  sur  la  rivière  Missouri  près  de  sa  source  à 
i6o  milles  environ  au-dessus  de  Benton.  On  les  trouve  aux  bancs  de 
sable  dont  quatre  se  présentent  à  quelques  milles  l'un  de  l'autre.  Dans  la 
région  minière  de  ce  territoire,  sur  ces  bancs  de  sable,  on  trouve  de  l'or 
en  quantité,  charrié  par  la  rivière  et  demeuré  là.  C'est  à  cause  de  l'or  que 
ces  régions  sont  explorées  aujourd'hui.  Les  pierres  se  trouvent  éparpillées 
dans  le  gravier  (à  une  profondeur  d'environ  2  mètres);  sur  certaines 
concessions  (claimsj,  elles  se  trouvent  en  abondance,  et,  sur  d'autres,  elles 
sont  plus  rares.  Parfois  on  les  trouve,  dans  le  gravier  et  sur  les  strates,  à  des 
profondeurs  de  1 5  à  20  mètres;  mais  dans  ces  localités  elles  sont  très- 
rares  ;  la  plus  grande  quantité  se  trouve  sur  le  banc  Eldorado,  situé  sur  la 
rivière  Missouri;  à  16  milles  environ  de  Helena,  sur  cebanc,  un  seul  homme 
peut  quelquefois  recueillir  jusqu'à  i  kilogramme  de  pierres  par  jour. 

»  J'ai  eu  en  ma  possession  quelques-unes  de  ces  pierres  taillées,  et,  entre 
autres,  une  très-parfaite  de  3  ^  carats  et  d'un  beau  vert,  égalant  presque 
la  plus  belle  émeraude  de  l'Orient. 

»  Mon  avis  est  donc  que,  s'il  s'agit  de  la  variété  pierre  gemme  du  corin- 
don, celte  localité  est  la  meilleure  à  explorer,  comparée  à  toutes  celles  qu'il 
m'a  été  donné  d'examiner  dans  les  États-Unis.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  Jluorene.  Note  de  M.  Barbier, 
présentée  par  M.  Berthelot  (i). 

«  Dans  le  cours  de  ses  recherches  sur  les  carbures  pyrogénés,  M.  Ber- 
thelot a  signalé,"' sous  le  nom  àe  Jluorene,  un  nouveau  carbure  très-fluo- 
rescent, qui  est  renfermé  dans  les  parties  du  goudron  de  houille  volatiles 
entre  3oo  et  34o  degrés. 

))  Il  indiqua  alors  son  mode  d'extraction,  et,  par  l'élude  de  ses  princi- 
pales réactions,  il  le  fit  connaître  comme  un  principe  unique,  sans  toute- 
fois lui  attribuer  la  formule  définitive.  Ce  sont  les  recherches  entreprises 
dans  ce  but  qui  font  le  sujet  de  cette  Note. 

»  Pour  extraire  le  fluorène  qui  a  servi  à  ce  travail,  j'ai  suivi  exactement 
les  indications  données  par  M.  Berthelot,  sauf  la  légère  modification  sui- 
vante :  au  lieu  de  faire  cristalliser  dans  l'alcool  seulement  les  portions  de 
carbure  solide  qui  ont  passé  à  la  distillation  entre  3oo  et  3o5  degrés,  j'ai 
opéré  cette  cristallisation  dans  un  mélange  d'alcool  et  de  benzine;  de  celte 


(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  strie,  t.  XII,  p.  222;  année  1867. 


(  443) 

fnçon,  on  sépare  une  petite  quantité  d'acénaphtènequi  reste  dans  les  eaux 
mères.  Le  point  de  fusion  de  la  masse,  qui  était  à  io5  degrés  après  la  pre- 
mière distillation  et  cristallisation  dans  l'alcool  pur,  monte  à  lia  degrés 
après  la  cristallisation  dans  l'alcool  mêlé  de  benzine. 

»  Le  reste  de  la  purification  se  fait  comme  l'a  indiqué  M.  Berthelot, 
c'est-à-dire  on  le  distille  de  nouveau  et  on  le  fait  cristalliser  dans  l'alcool 
pur.  Ce  carbure  présente  alors  le  point  de  fusion,  ii3  degrés,  et  possède 
une  fluorescence  violette  assez  prononcée,  mais  qui  disparaît  promptement 
par  l'exposition  à  la  lumière. 

»  Le  fluorène  peut  être  représenté  par  la  formule  C-^H'°  qui  a  été 
établie  : 

»  i"  Par  l'analyse  du  picrate  dans  lequel  j'ai  dosé  le  carbure  et  l'acide 
picrique  d'une  part,  le  carbone  et  l'hydrogène  de  l'autre; 

»  2°  Par  l'analyse  complète  d'un  dérivé  brome  très-bien  défini; 

»  3°  Par  l'analyse  élémentaire  du  carbure  lui-même. 

»  Voici  d'ailleurs  le  détail  de  ces  opérations  : 

»  Le  picrate  de  fluorène  cristallisé  en  fines  aiguilles  rouges,  fusibles  à 
80-82  degrés,  dédoublé  par  l'eau  ammoniacale,  a  fourni  les  nombres  sui- 
vants : 

Acide  picrique 57,8 

Carbure 4'*  >o 

99  >8 
»  La  formule  CR'\  C'2H»(AzO^)'0='  exige 

Acide  picrique ^7  ,g 

Carbure 42,1 

»  L'analyse  élémentaire  a  donné  les  résultats  que  voici  : 

I.  11.         C"H",  C"H»(AzO')»0'. 

c 57,5  57,4  57,6 

H 3,4  3,8  3,2 

»  Le  fluorène,  traité  par  le  brome,  fournit  un  dérivé  bibromé  CH'Br', 
fusible  à  166-167  degrés. 

»  Ce  dérivé  cristallise  en  magnifiques  tables,  appartenant  au  système 

clinorhombique;  on  observe  la  combinaison  des  faces  ^,  m,  h,  ^',  d^',  les 

faces  d^  manquent  fréquemment. 

»  Voici  les  principaux  angles  que  M.  G.  Bouchardat  a  eu  l'obligeance 
de  mesurer  : 

mUn  =  97"4o';  p'.m  =  97°58';  p'Ji  =  loaoïo';  p:d^  =  i3i°; 
A»:A'  =  i32''42'; />:A«  =  94°55'. 


{  444  ) 

»  On  observe  un  clivage  très-net  suivant  une  direction  parallèle  à  la 
base. 

»  Ce  dérivé  bibromé  a  fourni  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

'•  n.  C'«H'Br'. 

C 48,2  48,2  48,1 

H 2,7  2>9  2.4 

Br 49.0  49.1    .  49.3 

M  Enfin  le  carbure  lui-même  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

C«H". 

C 93.6  93,9 

H 6,4  6,1 

»  Le  fluorène  bibromé  chauffe  au  rouge  en  présence  de  la  chaux  four- 
nit un  carbure  lamelleux,  fusible  au-dessous  de  100  degrés,  et  possédant 
l'odeur  et  l'aspect  du  diphényle.  Je  reviendrai  sur  cette  réaction,  qui  tend 
à  faire  attribuer  au  fluorène  la  constitution  d'un  dipliénylmélhylène  : 

C='[C"H^(C'  =  H«)]. 

»  Traité  par  l'acide  chromique  en  dissolution  dans  l'acide  acétique,  il 
donne  un  produit  d'oxydation  cristallisé  en  fines  aiguilles  jaunes  dont  je 
poursuis  l'étude,  ainsi  que  celles  des  autres  dérivés  du  fluorène. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Berthelot,  au  Collège  de 
France.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  platine  et  du  palladium  sur  les  hydrocarbures. 
Note  de  M.  J.-J.  Coqlillion,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  Mes  expériences  ont  eu  pour  point  de  départ  la  lampe  sans  flamme  atlri- 
buéeà  Dœbereiner.  On  sait  qu'un  fil  de  platine  enrouléen  spirale,  puischauflé 
au  rouge,  se  maintient  incandescent  en  présence  des  vapeurs  d'alcool  ou 
d'éther  et  donne  naissance  à  des  produits  divers  dont  les  principaux  sont 
l'aldéhyde  et  l'acide  acétique.  Tous  les  alcools  mono-atomiques,  ainsi  que 
leurs  élhers,  agissent  d'une  manière  analogue  et  produisent,  dans  cette  com- 
bustion incomplète,  l'aldéhyde  et  l'acide  correspondant  à  l'alcool.  Pour 
favoriser  l'action,  il  faut  chauffer  le  liquide  quand  son  point  d'ébullition 
est  un  peu  élevé. 

»  Mais  cette  action  du  platine  est  plus  générale  encore  ;  tous  les  hydro- 
carbures, les  huiles  volatiles,  l'aniline,  etc.,  participent  à  ces  propriétés  et 
entretiennent  l'incandescence  de  la  spirale  de  platine. 

9  Les  huiles  fixes,  les  essences  sulfurées,  telles  que  l'essence  d'ail,  de 


(  445  ) 
moutarde,  semblent   toutefois  faire  exception   et  ne  produisent  pas  cette 
combustion. 

»  Il  était  intéressant  dès  lors  de  rechercher  si  des  produits  secondaires 
d'oxydation  pouvaient  se  former  comme  dans  le  cas  des  alcools;  c'est  dans 
ce  but  que  j'ai  entrepris  une  série  d'expériences  dont  je  me  propose  défaire 
connaître  les  principaux  résultats. 

»  Les  appareils  dont  je  me  suis  servi,  variables  dans  la  forme,  revenaient 
en  principe  à  faire  passer  un  mélange  d'air  et  de  l'hydrocarbure  étudié  sur 
une  spirale  de  platine  rougie;  les  produits  de  cette  combustion  étaient  re- 
cueillis, soit  dans  des  condenseurs  reliés  au  tube  où  était  la  spirale,  soit 
dans  des  barboteurs  à  eau.  Un  aspirateur  placé  à  la  suite  de  ces  barboteurs 
permettait  de  régler  convenablement  le  courant  gazeux  qui  passait  sur  la 
spirale. 

»  J'ai  opéré  sur  trois  hydrocarbures,  appartenant  à  trois  séries  diffé- 
rentes, savoir  :  le  toluène,  C''H«  ou  €^H*  de  la  série  C^'^H"-""  ou  ^^H'"-"; 
le  formène,  C'H'  ou  GH%  de  la  série  C'"H="+-  ou  €"H-"+=;  l'éthylène, 
CnV  ou  G'H%  de  la  série  C='"H'"  ou  G"H=". 

i>  Toluène.  —  Si,  au  bout  de  quarante-huit  heures,  on  prend  le  liquide 
des  condenseurs  ou  l'eau  des  barboteurs,  on  constate  que  le  produit  est 
acide  et  qu'il  exhale  l'odeur  d'amandes  amères.  En  distillant  à  plusieurs 
reprises,  ne  recueillant  que  les  premières  portions,  et  traitant  par  l'éther, 
des  gouttelettes  huileuses  se  déposent  au  fond  du  flacon  et  ne  tardent  pas, 
si  on  laisse  accès  à  l'air,  à  se  convertir  en  acide  benzoïque. 

»  On  peut  du  reste  convertir  de  suite  l'hydrure  de  benzoïle  en  acide 
benzoïque  :  en  faisant  passer  dans  l'eau  des  condenseurs,  qui  en  contient, 
un  courant  d'oxygène  ozone,  l'odeur  d'amandes  amères  disparaît;  en  traitant 
par  l'éther,  on  obtient  l'acide  benzoïque.  Ainsi  dans  cette  réaction,  2  équi- 
valents d'hydrogène  ont  servi  avec  l'oxygène  à  faire  de  l'eau,  de  sorte  que 
le  groupe  moléculaire  restant  C  'H^  ou  G' H"  s'est  plus  ou  moins  oxydé  en 
donnant  C"H«0'  et  C'^H^O'  qui  sont  l'aldéhyde  et  l'acide  benzoïque. 

»  Formène  ou  gaz  des  marais,  C-H*  ou  GH*.  —  Dans  les  circonstances 
ordinaires,  cet  hydrocarbure  n'entretient  pas  l'incandescence  du  lil  de 
platine.  Si  Davy,  dans  ses  expériences  sur  la  lampe  des  mineurs,  a  pu  con- 
stater que  la  spirale  de  platine  placée  au-dessus  de  la  flamme  restait  in- 
candescente après  l'explosion,  cela  doit  tenir  à  des  carbures  autres  que  le 
formène. 

»  Pour  étudier  l'action  du  platine  sur  ce  composé,  j'ai  donc  dû  modifier 

G.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVH,  N»  6.)  58 


(  446  ) 
mon  appareil  et  faire  rougir  le  fil  au  moyen  de  la  pile  ;  quand  le  mélange 
gazeux  arrive  en  présence  du  platine,  l'incandescence  est  plus  vive  et  se 
maintient  si  l'on  règle  l'arrivée  des  gaz.  Le  produit  que  l'on  recueille  dans 
les  condenseurs  est  acide,  il  réduit  l'oxyde  de  mercure  et  l'azotate  d'argent 
et  présente  enfin  les  réactions  caractéristiques  de  l'acide  formique.  Dans  ce 
cas  encore,  2  équivalents  d'hydrogène  ont  été  enlevés  au  groupe  C"H'', 
qui,  dès  lors,  nous  a  donné  C^H-0*  ou  €H'0'. 

»  L'aldéhyde  formique  €H''0'  a  pu  se  produire  aussi;  mais  je  n'ai  pu  la 
retrouver. 

»  Il  y  a,  comme  on  voit,  analogie  complète  entre  cette  action  et  celle 
des  alcools,  où  2  équivalents  d'hydrogène  sont  enlevés  pour  donner  l'al- 
déhyde ou  l'acide  correspondant. 

»  Le  nom  deformène,  donné  par  M.  Berthelot  à  cet  hydrocarbure,  est 
ainsi  justifié. 

»  Élhylène,  C*H*  ou  €'H*.  —  L'incandescence  de  la  spirale  de  pla- 
tine se  maintient  facilement;  en  réglant  l'arrivée  des  gaz,  on  peut  éviter  les 
explosions  :  le  liquide  des  condenseurs  contient  de  l'acide  acétique. 

»  Les  autres  métaux  jouissent  de  la  même  propriété  que  le  platine;  mais 
ils  fondent  le  pins  souvent  quand  on  les  plonge  pour  les  chauffer  dans 
la  flamme  d'une  lampe  à  alcool,  de  sorte  qu'il  devient  difficile  d'expéri- 
menter. 

»  Le  palladium,  toutefois,  jouit  à  un  plus  haut  degré  encore  que  le  pla- 
tine de  la  propriété  de  se  maintenir  incandescent  en  présence  des  vapeurs 
liydrocarbonées  ;  avec  le  toluène,  il  donne  également  l'hydrure  de  ben- 
zoïle.  Qnand  on  le  plonge  incandescent  dans  l'hydrogène  protocarboné, 
cette  incandescence  se  maintient;  il  n'est  pas  besoin  de  le  faire  rougir  par 
la  pile. 

))  Avec  l'hydrogène  bicarboné,  tandis  que  le  fil  de  platine  donne  des 
explosions  fréquentes,  le  palladium  ne  m'en  a  jamais  donné;  il  s'éteint 
quand  le  mélange  gazeux  n'est  pas  convenable.  Une  autre  particularité  cu- 
rieuse, c'est  qu'il  devient  rugueux  à  sa  surface  :  ses  spires  se  brisent  fa- 
cilement au  bont  de  quelques  jours  d'expériences  ;  de  plus,  il  diminue  de 
poids  d'une  manière  très-sensible. 

»  En  résumé,  il  y  a  là  une  méthode  de  synthèse  très-générale,  qui  per- 
mettra de  confirmer  certaines  théories  que  les  chimistes  de  nos  jours  ont 
déjà  exposées.  » 


(  447  ) 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  variations  de  l'hémoglobine  dans  les 
maladies.  Note  de  M.  Qcinquaud,  présentée  par  M.  Bouillaud. 

»  Le  chiffre  de  l'hémoglobine,  dosée  par  la  détermination  de  la  quan- 
tité maximum  d'oxygène  absorbé  par  le  sang  chez  un  individu  robuste, 
s'élève  de  laS  à  i3o  grammes  pour  looo  grammes  de  sang;  chez  quel- 
ques sujets  on  trouve  ii5  grammes  sans  qu'il  en  résulte  d'état  patholo- 
gique bien  net. 

»  Les  variations  de  rhémogIo])ine  dans  les  maladies  sont  nombreuses, 
et  leur  étude  nous  a  conduit  à  certaines  déductions  qui  peuvent  servir  au 
diagnostic  et  au  pronostic  : 

»  1°  Le  cancer,  la  chlorose,  parfois  la  phthisie  tuberculeuse  au  troi- 
sième degré,  sont  les  maladies  qui  abaissent  le  plus  le  chiffre  de  l'hémo- 
globine. 

»  2°  Lorsque,  dans  un  cas  de  maladie  fébrile  aiguë,  on  hésite  entre  une 
fièvre  typhoïde  et  une  granulie  aiguë,  le  chiffre  de  l'hémoglobine  est  un 
élément  sérieux  pour  le  diagnostic  :  dans  la  fièvre  typhoïde  au  douzième 
jour,  l'hémoglobine  ne  descend  guère  au-dessous  de  ii5,  tandis  qu'à  oa- 
reille  époque,  dans  la  granulie,  elle  est  à  90. 

»  3°  Dans  les  cas  de  certaines  tumeurs  viscérales,  l'hémoglobine  peut 
également  servir  au  diagnostic;  ainsi,  dans  la  carcinome,  elle  tombe  à 
40  el  même  à  38,  tandis  que,  dans  les  autres  tumeurs  (kystes,  tumeurs 
fibreuses),  elle  reste  aux  environs  de  80. 

»  4°  Lorsque  chez  une  femme  on  hésite  entre  la  chlorose  et  une  tuber- 
culose au  premier  degré,  le  dosage  de  l'hémoglobine  peut  servir  à  faire  le 
diagnostic  différentiel;  ainsi,  en  moyenne,  dans  la  chlorose  l'hémoglobine 
descend  à  5^  et  dans  la  tuberculose  à  100  environ. 

»  5°  Quand  dans  la  fièvre  typhoïde,  survenue  chez  un  sujet  bien  por- 
tant, l'hémoglobine  tombe  à  96,  le  pronostic  est  grave. 

»  Le  tableau  suivant  indique  des  poids  d'hémoglobine  dans  diverses 
maladies. 

»  La  méthode  de  dosage  à  l'hydrosulfite  de  soude,  employée  dans  ces 
recherches,  a  été  décrite  dans  les  Comptes  rendus  du  16  juin  1873;  ce  n'est 
que  grâce  au  volume  restreint  de  sang  nécessaire  (5  à  8  centimètres  cubes) 
que  ces  dosages  ont  pu  être  poussés  aussi  loin. 

»  Ce  travail  a  été  fait  à  la  Sorbone  dans  le  laboratoire  de  M.  Schiilzen- 
berger. 

58.. 


(  44«  ) 


MALADIES 

DANS    LESQUELLES    J'AI    DOSÉ 

l'hémoglobine. 


1*'' degré. 

Tuberculose chr.  {  2°  degré. 

3*^  degré. 

Cranulie  aiguë 

Fièvre  typhoïde  grave 

Carcinome  viscéral 

Maladie  de  Briglh  (3^  pér.). 
Affect.  cardiaque  (asystolie).. 

Dyssenterie  aiguë 

Pleurésie  aiguë  avec  épanch.. 

Angéiocholite  avec  accès  fébr. 

Sclérose  de  la  moelle  épinière 
avec  amaigrissement 

Mal  de  Pott  (abcès  par  con- 
gestion)  

Syphilis  tertiaire  (lésions  os- 
seuses)  

Fièvre  intermittente  d'Afri- 
que, datant  d'un  an 

Rhumatisme  artic.  aigu  avec 
endocardite  et  pleurésie.. . 

Périostite  phlegmon,  difl'use. 

Hystérie  avec  anémie 

Chlorose  

Épilepsie  avec  pouls  à  40  pul- 
sations par  minute 

Pneumonie  aiguë 

Avortement 


ire 

OBSERVATION. 


106 

SG 


12'  jour. 
C7    I    ..', 


18*  jour. 


101 


/,3 
106 

I  2.J 
101 

86 

91 

72 

9' 
SG 
81,; 
86 

106 
62 

.3.', 
9G 
24 


■21 


2 

B 

OBSERVATION. 

©      û 

3     S 
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1 10 

2J 

106 

20 

6. 

i3 

8"  jour. 

76    1     16 

15*  jour. 

9' 

'9 

38 

S 

1 10 

23 

96 

20 

106 

22 

91 

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96        20 


'9 


La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts. 


É.  D.  B. 


(  449 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  4  août  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Traité  des  sections  nerveuses;  par  L.  Letiévant.  Paris,  J.-B.  Baillière, 
1873;  I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Cl.  Bernard  pour  le  Concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1874) 

La  Machine  animale.  Locomotion  terrestre  et  aérienne;  par  E.-J.  Marey. 
Paris,  J.-B.  Baillière,  1873;  i  vol.  in-8°,  relié. 

Troisième  section  des  recherches  sur  les  conditions  anthropologiques  de  la 
production  scientifique  et  esthétique;  par  Th.  Wechniakoff.  Paris,  G.  Masson, 
1873;  in-8°. 

Annales  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers^  publiées  par  les  professeurs  ; 
n"  36,  t.  IX,  4^  fascicule.  Paris,  J.  Baudry,  1873;  in-S".  (Ce  numéro  ren- 
ferme une  Notice  historique  sur  le  système  métrique,  sur  ses  développe- 
ments et  sur  sa  propagation,  par  M.  le  général  Morin.) 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarlhe ;  2*  série, 
t.  XIV,  1873-1874.  Le  Mans,  Ed.  Monnoyer,  1873-,  in-8". 

L Èthiops  minéral.  Lettre  de  M.  le  prof.  SOCRATE  au  Directeur  du  journal 
l'Italie.  Rome,  1873;  i  page  in-4°. 

On  the  composition  and  origin  of  the  waters  of  a  sait  sprimj  in  liuel  selon 
mine  ;  67  J.-Arth.  PHILLIPS.  London,  printed  by  Taylorand  Francis,  1873; 
br.  in-8^ 

Report  of  the  meteorological  committee  of  the  royal  Society  for  the  year 
endincj  3i*'  december  1872.  London,  printed  G.-E.  Eyre  and  Spottiswoode, 
1873-,  in-8''. 

Mineralogy  and  Chemistry.  Original  researches  by  prof.  J.  Lawrence 
Smith.  Louisville,  printed  by  J.-B.  Morton.  1873;  i  vol.  iij-8°,  relié. 

Memoirs  ofthe  geological  survey  ofindia  :  Palœontologia  indica,  etc.;  Cre- 
taceousfauna  of  southern  India ;  vol.  IV,  part  1-2.  Calcutta,  1872;  in-4''. 

Records  of  the  geological  survey  of  India;  vol.  V,  part  i,  2,  3,  4,  1872. 
Calcutta,  1872;  4  liv.  in-8''. 


(  45o  ) 

Instîtuto,  revista  scientifira  e  litternrin,  XVII  anno,  jnnho  de  1873,  se- 
gunda  série,  n"  2.  Coimbra,  imprensa  da  Universidade,  s.  d.  ;  in-8°. 

Gustavo  UziELLi.  Délia  (/ramlezza  délia  Terra,  seconda  Paolo  dal  Pozzo 
ToscanetlL  Roma,  G.  Civelli,  iSyS;  br.  in-S'*. 

Sulle  variazioni  del  diametro  del  Sole  in  corrispondenza  alvario  stato  di  alti- 
vità  délia  sua  superficie;  Nota  del  prof.  L.  Respighi.  Sans  lieu  ni  date; 
br.  in-4°-  (Reale  Accademia  dei  Lincei  estratlo  délia  sessione  II,  del  5  gen- 
naro  1873.) 

Componimenti  per  la  pubblica  solenne  adunanza  tenusati  dai  socj  délia  recjia 
Accademia  modenese  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti  nel  di  21  ottobre  1872,  a  cele- 
brare  ta  ricorrenza  del  secondo  centenario  dalla  nascita  di  L.-A.  Muralori. 
Modena,  tip.  di  L.  Gaddi  già  Soliani,  1873;  in-4°. 

Publicazioni  del  7-eale  Osservatorio  di  Brera  in  Mdano,  n"  III  :  /  precursori 
di  Copernico  neli  anlichilà,  ricerehe  sloriclie  di  G.-V.  SCHIAPARELLI.  Milano- 
Napoli,  U.  Hoepli,  1873;  in-l^°. 

Verliandelungen  der  naturforschenden  Gesellschaft  in  Basel,  funfter  Theil, 
viertes  Heft.  Rasel,  1873;  in-S". 

Arcliivfùr  mikroskopisclie  ^na<omze,  herausgegeben  von  M.  SCHULTZE; 
neunter  Band,  vierres  Heft.  Bonn,  M.  Cohen  et  Sohn,  1873;  in-8". 

G.  VOM  Rath.  Gnstav  Rose.  Nekrolog.  Bonn,  1873;  3  pages  in-4°. 

Almindelicje  ecjenskaber  ved  Sjstemer  aj  plane  Kurver,  etc.;  afH.-G.  Zeu- 
THEN  (avec  un  résumé  en  français).  Kjobenhaven,  1873;  in-4''. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 1  août  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Comptes  rendus  de  la 
1^^  session  1872,  BORDEAUX.  Paris,  au  Secrétariat  de  l'Association,  1872; 
I  vol.  in-8",  relié. 

Travaux  publics  des  Etats-Unis  d'Amérique  en  1870.  Rapport  de  mission; 
par  M.  Malézieux,  publié  par  ordre  de  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics; 
texte  et  atlas.  Paris,  Dunod,  1873;  2  vol.  in-4",  reliés.  (Présenté  par 
M.  Belgrand.) 

Etude  clinique  sur  l'influence  curative  de  l'érjsipèle  dans  la  syphilis;  par 
Ch.  Mauriac.  Paris,  A.  Delaliaye,  1873;  in-8°.  (Présenté  par  M. Ch.  Robin.) 


{  45i  ) 

De  nos  institutions  d'hygiène  publique  et  de  In  nécessité  de  les  réformer;  par 
le  D"^  Armaingaud.  Paris,  A.  Delahaye,  1873;  br.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Ch.  Robin). 

MétHoires  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers; 
t.  XV,  1872,  \f^  3,  /).  Angers,  imp.  P.  Lachèsp,  1872;  in-8°. 

Etudes  sur  la  Géologie,  la  Paléontologie  et  l'ancienneté  de  l'homme  dans  le 
département  de  Lot-et-Garonne  ;  par  i  .-Vi.  Combes.  "Villeneuve-sur-Lot,  X.  Du- 
leis,  1870;  br.  in-8°. 

Note  sur  l'origine  et  Information  des  minerais  de  fer  du  Haut-Agenais  {Lot- 
et-Garonne)  et  des  phosphates  de  chaux  du  Quercy;  par  J.-L.  Combes.  Agen, 
P.  Noubel,  1873;  br.  in-8°. 

Histoire  de  la  ville  et  de  la  châtellenie  de  Pont-sur-Seine  ;  par  A.  Thévenot. 
Nogent-snr-Seine,  Faverot;  Troyes,  Socart,  1873;  in-8°.  (Renvoyé  à  la 
Commission  du  prix  de  Statistique,  1874-) 

Contribution  à  la  Physiologie.  De  l'inflammation  et  de  la  circulation  ;  parle 
prof.  M.  SCHIFF,  traduction  de  l'italien  parle  D'  R.  Guichard  de  Choisity. 
Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1873;  in-8°. 

Le  Phylloxéra  [de  i854  à  1873).  Résumé  pratique  et  scientifique  ;  par  J.-E. 
Planchon  et  3.  LiCHTEiNSTEiN.  Montpellier,  Coulet,  1873;  br.  in-8''. 

Généralités  sur  les  eaux  minérales  des  Pyrénées.  Conférence  faite  à  la  Société 
d'Histoire  natuielle  de  Toulouse  ;  par  le  D"^  F.  Garrigou.  Paris,  Malteste, 
1873;  br.  in-8°. 

Considérations  générales  sur  les  points  d'origine  des  grandes  épidémies  c/io/e- 
n(/we5;  par  le  D'Tholozan.  Paris,  Martinet,  1873;  opuscule  in-8''.  (Extrait 
du  Bulletin  de  l'Académie  de  Médecine.)  [Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.] 

Du  développement  de  la  peste  dans  les  pays  montagneux  et  sur  les  hauts  pla- 
teaux de  l'Europe,  de  l'Afrique  et  de  l'Asie^  par  M.  le  C"  J.-D.  Tholozan. 
Paris,  Gauthier-Villars,  1873;  opuscule  in-4*'.  (Présenté  par  M.  le  Baron 
Larrey.) 

Les  cristalloides  complexes  à  sommet  étoile;  par  le  Comte  L.  HuGO.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1872;  br.  in-8°. 

Notice  sur  l'asile  d'aliénés  de  la  Cellelte  [Corrèze);  par  le  D''  F.  LONGV. 
Tulle,  imp.  Crauffon,  in-8°. 

Indbydelsesskrift  til  Kjobenhavns  universitets  aarsfcst  til  erindring  om  Kir- 
kens  reformation,  etc.;  aft  D'  H.  d'Arrest.  Kjobenhavn,  J.-H.  Schullz,  1872; 
in-4°. 


(    /|52     ) 

Gcomelrische  Mittlieilungen,  I,  II;  von  D"^  E.  Weyr.  Wien,  Hof;  2  opus- 
cules in-8". 

Ueber  Curvenbïischel ;  von  D'  E.  Weyr.  Wien,  Hof;  Ojjuscule  in-S". 

Ueber  ralionale  Raumcurven  vierler  Ordnung;  von  E.  Weyr.  Wien,  Hof; 
br.  in-8°. 

Ueber  Evoluten  raûmticher  Curven;  von  D"'  E.  Weyr.  Wien,  Hof;  opus- 
cule in-8°. 

Zur  Feniollstdndigung  der  Involiitionen  hôherer  Ordnung;  von  D""  E.  Weyr. 
Wien,  Hof;  opuscule  in-S". 

Construction  des  Krùmmungskreises  fiir  Fusspunkteurven ;  von  D''  E.  Weyr. 
Wien,  Hof;  opuscule  in-S". 

Sludien  mis  der  hôheren  Géométrie  ;  von  E.  Weyr.  Wien,  Hof;  opus- 
cule in-8°. 

Ueber  Krïtmmungslinien  der  Fldchen  zweiten  Grades  und  conjocale  Système 
solcher  Flâchen  ;  von  D' E.  Weyr.  Wien,  Hof;  opuscule  in-S**. 

Sitzung  der  matliematiscli-natunvissensclioflliclien ,  Classe  der  Kôniglicli 
bulunisclien  Gesellscliaft  der  fVissenschaflen,  am  II,  Januar  1871.  Sans  lieu 
ni  date;  br.  in-8°. 

Construction  der  Hauptkrïimmungslialbmesser  und  der  Haupthriimmungsrich- 
tungen  bei  beliebigen  Flâchen;  von  E.  Weyr.  Leipzig,  Teubner;  br.  in-8°. 

D' E.  Weyr.  Ueber  die  Fernivirkung  eleklrischer  Solenoide  und  materieller 
ebener  Flâchen.  Prag,  Gregr,   1871;  br.  in-8°. 

r>'  E.  Weyr.  Ueber  Punktsysteme  ouf  razionalen  Curven.  Prag,  Gregr, 
i873;br.  in-8''. 

D''  E.  Weyr.    Ueber  razionale  Curven.  Prag,  Gregr,  1873;  br.  in-8''. 

Sitzung  der  Classe  fur  Mathem.  und  Naturwissenschaften  am  i[\  Februar, 
21  Mai,  10  December  1869;  ï6 Februar,  27  Jpril  1870.  Prag,  Gregr,  1869- 
1870;  5  br.  in-8°. 

Casopis  pro  pestovani  Mathematiky  a  Fisiky,  etc.;  cislo  I,  II,  III,  IV,  V. 
Praze,  1872;  5  br.  in-8''. 

Prvni,  druha,  ireti,  zprava  jednoly  ceskjch  matliemaliku,  V.  Praze,  1870- 
1872  ;  3  br.  in-8°. 

{La  suite  du  huWeiïn  au  prochain  numéro.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 


»«>»«x 


SÉANCE  DU  LUNDI  18  AOUT  1873, 

PRÉSIDÉE   PAR  M.  RERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Quatrième  Note  sur  le  guano  en  pierre; 
par  M.  CnEVREUL. 

«  La  Conimunication  que  j'ai  l'honneur  de  faire  à  l'Acaclémie  sera  bien 
courte,  mais  je  suis  intéressé  à  la  publier;  elle  concerne  deux  matières  :  une 
matière  cristallisable,  que  j'ai  désignée  préalablement  par  la  lettre  c,  et  la 
matière  que  l'eau  froide  appliquée  au  guano  ne  dissout  pas. 

»  Matière  cristallisable  à.  —  Cette  matière,  que  l'eau  froide  appliquée  au 
guano  dissout  parfaitement,  cristallise  en  aiguilles  brillantes  satinées 
d'une  couleur  fauve,  parce  qu'elle  retient  une  matière  colorante  d'origine 
organique  très-probablement  formée  d'un  principe  colorant  jaune,  d'un 
principe  colorant  rouge,  et  d'une  matière  brune  provenant  certainement  de 
l'altération  profonde  d'une  matière  organique,  matière  qui  rabat  l'éclat  des 
deux  principes  colorants yaune  et  rouge.  En  effet,  j'ai  obtenu,  par  des  pro- 
cédés que  j'indiquerai  plus  tard,  la  matière  c  à  l'état  incolore. 

»  J'ai  dit  précédemment  que  la  matière  c  avait  plutôt  tendance  à  l'acidilé 
qu'à  la  neutralité.  Aujourd'hui  je  puis  dire  pourquoi  :  c'est  qu'elle  est  im 
véritable  sel  ammoniacal,  et  j'ajoute  assez  stable,  si  on  le  compare  surtout 
au  carbonate  d'ammoniaque  :  comme  lui,  il  est  dissous  par  l'eau  froide; 

c.  R.,1873,  sejemfffre.  (T.  LXXVII,  \o  7.)  ^9 


(  4j/i  ) 

mais  il  en  diffère  beaucoup  en  ce  qu'il  reste  fixe  et  cristallise  après  que  le 
carbonate  (l'ammoniaque  du  guano  a  disparu  par  l'évaporation  spontanée, 
après  avoir  déjà  perdu  du  gaz  acide  carbonique  qui  s'était  dégagé  avec 
effervescence  pendant  la  dissolution. 

>;  L'existence  de  l'ammoniaque  dans  ce  sel  est  prouvée  par  les  trois  ex- 
périences suivantes  :  la  solution  du  sel  concentré,  mise  avec  la  potasse  dans 
un  petit  tube,  émet  une  vapeur  qui  bleuit  le  papier  rouge  de  tournesol  et  a 
l'odeur  ammoniacale;  le  cblorure  de  platine  la  précipite  sur-le-champ  en 
petits  cristaux  ;  enfin  l'acide  chlorhydrique  donne  du  sel  ammoniac,  et 
un  acide  incolore  en  est  séparé. 

»  La^  matière  cristallisable  c  est  accompagnée  de  clilorli/drate  d'ammo- 
niaque, et  de  très-petites  quantités  de  chlorures  de  potassium  et  de  sodium. 

»  Matière  que  l'eau  froide  ne  dissout  pas  dans  le  traitement  du  guano  en 
pierre.  —  Cette  matière  est  complexe:  dans  l'analyse  immédiate,  elle  pré- 
sente des  résultats  intéressants. 

»  D'abord  elle  cède  à  l'alcool  bouillant  plusieurs  matières,  et  une  pro- 
portion d'acide  avique  plus  forte  qu'aucune  de  celles  que  j'ai  obtenues 
dans  les  traitements  précédents  de  matières  renfermant  de  l'acide  avique. 

»  Il  est  remarquable  que  la  matière,  avant  le  traitement  par  l'alcool,  n'a- 
vait aucune  odeur  avique. 

»  Ce  résultat  m'a  rappelé  une  bien  ancienne  observation  sur  le  musc  : 
c'est  que  le  résidu  d'un  traitement  d'une  quantité  assez  grande  de  cette 
matière  odorante  soumise  à  l'action  de  dissolvants,  renfermé  dans  un  flacon 
à  l'émeri,  exhala,  après  quelques  années,  une  forte  odeur  de  musc.  Si  j'ai 
conclu  de  cette  observation  que  le  musc  est  à  l'état  latent  comme  les 
acides  odorants  des  corps  gras  saponifiables,  aujourd'hui  je  n'oserais  l'af- 
firmer pour  Vacide  avique;  mais  il  est  certain  que  cet  acide  existe  dans  le 
follicule  ou  l'organe  producteur  de  la  plume,  qui  fait  partie  de  la  peau. 

»  La  malière  que  l'eau  froide  et  l'alcool  n'ont  pas  dissous  cède  à  l'eau 
bouillante  une  matière  très-remarquable  par  une  substance  cristallisable 
qu'elle  donne  et  par  une  proportion  très-sensible  d'acide  avique. 

»  Enfin,  dans  le  résidu  du  guano  épuisé  par  l'eau  froide,  l'alcool  bouil- 
lant et  l'eau  bouillante,  il  y  a  du  phosphate  de  chaux  dans  un  état  particu- 
lier, sur  lequel  je  reviendrai  dans  une  dernière  Note,  où  je  montrerai  com- 
ment mes  expériences  jettent  un  jour  nouveau  sur  le  rôle  du  guano  en 
agriculture,  et  comment  il  réalise  dans  la  pratique  toutes  les  vues  théo- 
riques que  j'ai  émises,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  sur  la  conception  d'un  en- 
grais par  excellence.  » 


(  455  ) 

THERMODYNAMIQUE.  —  Démonstration  directe  des  principes  Jondainentaux  de 
la  Thermodynamique.  Lois  du  Jrollement  et  du  choc  d'ajtrès  celte  science 
[suite  (i)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Dans  notre  dernière  Note,  nous  avons  donné  la  relation  * 


2  2  " 

»  Dans  un  corps  simple,  B^  est  le  même  pour  tous  les  atomes,  de  telle 
sorte  que  ^mW  =  B^2/7î;  mais,  dans  les  corps  composés,  B-  possède  di- 
verses valeurs,  chacune  d'elles  n'étant  commune  qu'aux  atomes  jouant  le 
même  rôle  dans  chaque  molécule  intégrante.  Néanmoins  la  relation  ci- 
dessus  convient  encore,  à  la  condition  que  B^  demeurera  expressément 
sous  le  signe  2. 

»  XI.  Relation  fondamentale  entre  la  qucmtitë  de  chaleur  appliquée  à  un 
corps,  le  changement  de  température  et  la  variation  de  durée  des  vibrations. — 
La  relation  que  nous  allons  établir  suppose  expressément  que  toute  la 
masse  du  corps  est,  à  chaque  instant,  en  équilibre  de  température,  et  que 
les  vitesses  de  changement  de  volume  sont  négligeables.  Admettons  que  le 
corps,  sous  l'influence  des  forces  mesurables  physiquement  et  des  forces 
calorifiques,  varie  à  la  fois  de  volume  et  de  température.  Il  est  clair  que 
l'étendue  des  vibrations  complexes  des  atomes  et  la  durée  commune  de  ces 
vibrations  varieront  en  même  temps.  Pour  bien  comprendre  ces  variations, 
il  faut  imaginer  qu'à  chaque  atome  correspond,  d'instant  en  instant,  une  vi- 
bration instantanée,  laquelle  serait  justement  la  vibration  qui  se  réaliserait 
si  toutes  les  forces  qui  agissent. sur  l'atome  passaient,  à  partir  de  l'instant 
considéré,  par  les  valeurs  qu'elles  prendraient  précisément  si  le  corps  ne 
changeait  ni  de  température  ni  de  volume. 

»  On  est  toujours  libre  de  décomposer  le  travail  élémentaire  desdites 
forces  en  deux  parties,  satisfaisant  aux  conditions  suivantes  : 

»  La  première  de  ces  parties  servira  à  transporter  l'atome,  de  la  trajec- 
toire de  la  vibration  de  durée  t,  sur  la  trajectoire  de  la  vibration  de  durée 
T  4-  §T,  de  façon  qu'il  occupe  sur  celle-ci  la  position  qui  correspond  à  la 


(i)  Foirlei  Comptes  rendus  des  i4j  2I  et  28  juillet,  4  et  11  août. 

Dans  notre  extrait  précédent,  à  la  ]iage  4 16  des  Comptes  rendus,  g  doit  être  partout  mul- 
tiplicateur, et  /ion  diviseur  de  S/«.  D'autre  part,  le  dernier  membre  de  l'équation  (12)  doit 


2  ma''  I 

se  lire X  — r-r,  • 

1/ns  2/L 


^9 


(  456  ) 
fraclion  n  de  la  durée  t  +  ot  égale  à  la  fraction  n  de  la  durée  x  relative  à 
l'instant  considéré.  De  la  sorle,  du  reste,  l'atome  décrira  le  chemin  élé- 
mentaire dû  au  changement  de  durée  et  de  grandeur  de  la  vibration,  soit 
au  changement  de  température  et  de  volume. 

*»  I.a  seconde  partie  du  travail  élémentaire  total  correspondra  alors  au 
travail  nécessaire  j)our  faire  parcourir  à  l'atome  un  élément  de  sa  trajec- 
toire et  lui  communiquer  le  mouvement  d'ensemble  du  système. 

»  Proposons-nous  d'abord  d'évaluer  la  première  partie  du  travail  élé- 
mentaire en  fonction  de  la  variation  de  la  force  vive  moyenne  vibratoire, 
et  de  la  vaiiation  §t  de  la  durée  de  la  vibration. 

»  A  la  variation  §t  correspondent  les  variations  ^x,  ây,  5z  des  coor- 
données de  l'atome.  De  leur  côté,  les  composantes  de  la  force  d'inertie  de 
l'atome  ont  respectivement  pour  valeur 

(Px  (l'y  d^z 

~~  '^'  ^'      ~  'dô' 

»  Appelons 

Xj,  Yy,  Z„  X'^,...  les  composantes  des  foi'ces  calorifiques,  suivant  les 

trois  axes  des  coordonnées; 
Xo,  Yo,  Zfj,  X'j,...  les  composantes,  suivant  les  mêmes  axes,  des  forces 

mesurables  physiquement  qui  sont  appliquées  au  corps  ; 
Xç,  Yç,  Zç,  X'^,...  les  composantes  des  forces  intérieures. 

»  En  vertu  du  théorème  de  d'Alembert,  nous  aurons  trois  équations  de 
la  forme  suivante  : 

(«)  i X,ôx  -h  ^Xo!?x  +  2Xç  5x  =  2;«  ^  àx. 

))  Imaginons  que  l'on  considère,  pour  chaque  atome,  la  valeur  de 
m  —pr  ^^  cfi^'i  correspond  aux  divers  instants  de  la  vibration  de  durée  t, 
et    que  X^,  Xo  et    X^   conservent   leurs  valeurs  respectives  :  la   somme 


.m 


d'r 
IF 


èx  sera  la  même  à  tous  ces  instants  ;  on  aura  donc,  d'après  une 
démonstration  analogue  à  celle  de  notre  Note  précédente, 

»  Cherchons  à  transformer  cette  dernière  expression  ;  jiour  cela,  remar- 
(pions  (pic  l'oi^  a 


,  d.r\    ^ 

d'.c  -^  \       lit  I  I 

-— -  OX  — : —   — 

de-  dt  il! 


! dx  ^     \  dx     ,  N  ^  1 


(457  ) 
d'où 


or  le  terme  enire  crochets  du  second  membre  de  cette  équation  est  nul; 
car,  évidemment,  la  quantité  -r  ^^  aura  repris,  à  la  fin  de  la  vibration, 
la  valeur  qu'elle  avait  au  commencement.  De  la  sorte,  il  restera 


dt. 


M  Nous  allons  transformer  le  second  membre  de  cette  équation.  En 
appelant  toujours  7i  la  fraction,  relative  à  l'instant  considéré,  de  la  durée  x 
de  la  vibration,  on  aura 

«  =  const.  +  «T  =  C  +  «T     et     x  =  J {t)  =  f  {C  +  m). 

Nous  allons  successivement  varier  et  différentier  l'équation  en  x.  Il  est 
évident  que,  dans  les  variations,  il  faudra  considérer  comme  constantes  les 
quantités  fonctions  de  f,  et  que,  dans  les  différentiations,  il  devra  en  être 
de  même  pour  les  quantités  fonctions  de  t.  Nous  remarquerons  que  n  est 
à  la  fois  fonction  de  t  et  de  t;  mais,  d'après  l'hypothèse  faite  plus  haut, 
an  =  o.  Afin  d'aller  au-devant  de  toute  objection,  notons  que  C,  qui  entre 
dans  l'équation  en  t  ci-dessus,  doit  être  regardé  comme  une  fonction 
implicite  de  z.  On  tire  alors  de  cette  équation 

o  =  àC  +  T§n  4-/2c?t; 

notre  condition  5«  =  o  revient  dès  lors  à  supposer  ôC  =  «St. 

»  Mentionnons  d'ailleurs  avec  soin  que  la  variation  de  t  suffit  pour 
déterminer,  non-seulement  une  variation  delà  vitesse  vibratoire  de  l'atome, 
mais  encore  une  variation  de  sa  trajectoire  elle-même,  puisque  l'équation 
en  X  et  les  équations  correspondantes  en  j  et  en  z  expriment  le  mouve- 
menl  total  de  l'atome. 

))  Tout  cela  bien  compris,  effectuons,  sur  l'équation  en  x^  les  opérations 
annoncées.  Il  viendra 


^x  =f\C  +  n-)  [âC  -h  hB-.) 
,,    -^J"{i:  +  nr){âC+nâ-.yI;^,+f'iC  +  nz)~d.. 


(t  ou 


(  /.58  ) 
«   On  obtiendra,  d'autre  part,  en  intervertissant  l'ordre  des  opérations 
précédentes, 

d'où 

(0    a^=/"(C  +  «r)(c?C+«c?x)^T+/'(C  +  «T)Jc?T+/'(C  +  «x).t?^. 

»  En  combinant  entre  elles  les  équations  (7)  et  (e),  on  obtient 

/v\  ^^'^  \dx  ,  ,  I  ry  ,     ^dn 

(?)  1F  =  ^^-/(C  +  "^)^^^- 

dx 

»  Mais  remarquons  quey  (CH-zit)  =  —5  et  que,  de  l'équation  /=C-t-//T, 
on  tire 


dn          I 

;?r  =  r' 

dl 

^3 

)) 

L' 

équation  (Ç)  peut 

dès  lors 

s'écrire 

(?') 

d3x 
dt    ~ 

r)T 
T 

»  Cette  valeur  de  —r-^  introduite  dans  l'équation  (|3'),  donnera 

(    I    r'  +  ''rf''-  j.        ,,  I    r'-^'dx/Sdx  d.r    St\ 

-j        -^âxdt=:--j        âFK-dT  +  Tu-) 
»  Si  nous  remarquons  que  l'on  a  évidemment 
l'équation  («),  combinée  avec  («')  et  (/3"),  donnera 

»  On  trouvera,  par  rapport  aux  axes  des  Y  et  des  Z,  des  équations 
analogues  à  la  précédente.  Additionnons  les  trois  équations  ainsi  obtenues  ; 
mais  rappelons-nous,  dans  cette  opération,  que,  suivant  l'hypothèse  faite 
au  commencement  de  ce  paragraphe,  les  vitesses  de  changement  de  vo- 


(  459  ) 
iume  sont  supposées  négligeables.  Dès  lors, 

sera  justement  égal  à  la  force  vive  moyenne  vibratoire  du  système  que 
nousa  vons  représentée  par -,   augmentée  de  ia  force  vive  d'ensemble 

-^ —  D'ailleurs,  §A*  est  manifestement  égal  à  zéro.  A  l'aide  de  ces  remar- 
ques, nous  arriverons  à  la  relation 

+  2(Xç5x+Y,§7--hZ^(?z}=-^^-2/«^(B=  +  A»). 

»  Nous  allons  intégrer  les  deux  membres  de  cette  égalité  entre  deux 
époques  comprenant  la  durée  de  la  vibration  instantanée  de  durée  t,  un 
nombre  de  fois  assez  grand  pour  qu'on  puisse  toujours  regarder  comme 
relativement  inappréciable  la  fraction  de  vibration  qu'il  serait,  au  besoin, 
nécessaire  d'ajouter  à  ce  nombre,  à  l'effet  de  le  rendre  entier. 

»  Au  préalable,  appelons  ci^x^  ^ij't  d,z  les  différentielles  du  mou- 
vement cVensemble  suivant  les  trois  axes  des  coordonnées,  quantités  qui 
seront  communes  à  tous  les  atomes;  et  ct^x^  d^y,  d^  z  la  différentielle  du 
mouvement  propre  d'un  atome  dû  à  la  vibration  instantanée  susdite.  Notons 
d'ailleurs  qu'on  pourra  cesser  de  considérer  âx,  §y,  ôz  comme  des  varia- 
tions, et  les  regarder  comme  les  différentielles  des  composantes  de  la  partie 
du  mouvement  propre  relative  au  changement  de  température  et  de  volume. 

»  Nous  remarquerons  qu'on  a  la  relation 

/2(Xec?2X  -h  Yer/a/  +  Ze^/jZ)  =  o, 

car  les  forces  mesurables  plijsiquement  ont,  d'après  leur  définition  même, 
leur  direction  et  leur  intensité  qui  doivent  être  regardées  comme  constantes 
pendant  la  durée  de  chaque  vibration.  D'autre  part,  il  vient  pareillement 

fI{X^d..x  -\-Y^(Lj-  -+•  Zçf/az)  =  o; 

car  le  premier  membre  de  cette  égalité  représente  les  travaux  des  forces 
intérieures  pendant  une  série  de  mêmes  vibrations  instantanées,  et  que, 
d'après  notre  Note  précédente,  la  quantité  $  demeurera  incessamment 
constante  dans  de  pareilles  conditions.  De  plus,  comme  cette  même  quan- 


(V' 


(  46o  ) 
tité  0  est  toujours  indépendante  du  mouvement  d'ensemble,  nous  aurons 

aussi 

/2  (Xç  d,x+Y^  d,j-  -h  Z,  d,  z)  =  o. 

»  D'après  ces  considérations,  en  effectuant  l'intégration  susmentionnée, 
il  est  manifeste  qu'on  tirera  de  l'équation  (vj)  la  relation  suivante  : 

2/(X,5x4-Y,§7-+Z,5z) 

■  lf[Xo{cit  x-^d.x-h^Jc)  +  Yo(c?,  j  +  d.f  +  o;-)  +  Zo  {d,z+d,  r.+ 5z.)] 

■  lf[X^{d,  x+  d^jL-  -i-  âx)  -{-Y^{d,  r-hd^f  +  5j)  +  Z^{d,  z+d^z+5z)] 

■  lf{X(id,x  +  Yf>d,j  +  Z<,d,z) 

=  -5;f(B?-B^)-2,»/^B=-^(A?-A=). 

»  En  se  rappelant  que  9  représente  la  somme  des  travaux  des  forces 
mesurables  pbysiquement,  et  en  remplaçant  par  $  la  valeur  complexe  qui 
lui  est  égale,  l'équation  (vj')  devient 

+  2/(Xer/,x+Yo^,r+Zof/,:-)-2/(X,5x+Y,c?7+Z,^:). 

»  En  introduisant  dans  cette  relation  l'expression  mécanique  des  tem- 
pératures absolues  du  corps,  nous  arriverons  enfin  à  la  relation 

f  5_  (<!,,_ <!,)==_ 2 7«gA-E  (T,-T)  -  2lujgkE  fr^ 

(i3)       j  _^^(A2_A,)  +  2/(Xor/,x  +  Yof/,7  +  Zof/,z.) 

[  -  lf{X^dx  +  Y, d/  +  Z,j dz) . 

»  Dans  tous  les  cas,  en  combinant  la  relation  (i3)  avec  l'équation  (9), 
après  avoir  encore  introduit  dans  celle-ci  les  expressions  mécaniques  des 
températures  absolues,  nous  obtiendrons  l'équation  fondamentale  que 
nous  avions  en  vue,  savoir  : 

{EQ  =  lm(A'-  Ao)  +  2 Z ir.glîEn,-!)  ■+-  2 IwgAE  fx  - 

j  -2/(X6r/,x^-Yor/,J4-Zof/,r.)-2/(X,ôa:^-Y,c3>•^-Z,(?3). 

»  Cette  équation  fondamentale,  qui  est  expressément  soumise,  ne  l'ou- 
blions pas,  aux  deux  conditions  mentionnées  au  commencement  du  para- 
graphe, nous  servira  à  démontrer  le  théorème  de  Carnot.  » 


(  46r   ) 

VITICULTURE.  —  De  la  marche  de  proche  en  proche  rlu  Phylloxéra.  Note  de 
MM.  J.-E.  Planchon  et  J.  Liciitenstein,  présentée  par  M.  J.  Decaisne. 

«  Dès  les  premières  observations  faites  sur  le  Phylloxéra,  on  a  pu  con- 
stater sans  peine  qu'il  se  répand  dans  les  vignobles  par  deux  modes  diffé- 
rents, savoir  :  en  rayonnant  de  proche  en  proche  des  racines  des  ceps  in- 
fectés aux  racines  des  ceps  encore  sains,  ou  bien  en  franchissant  de  grands 
intervalles  pour  apparaître,  à  l'état  decolonies  naissantes,  dans  des  locali- 
tés nouvelles.  Ce  que  l'on  ne  sait  pas  encore  d'une  manière  précise,  cVst 
la  manière  dont  se  fait  cette  diffusion  sur  place.  La  présente  Noie,  renfer- 
mant deux  observations  nouvelles,  a  surtout  pour  but  de  résumer  l'état  de 
cette  question  et  d'en  mettre  en  relief  toute  l'importance  pratique. 

))  La  première  expérience  sur  la  marche  du  Phylloxéra  fut  faite  par 
l'un  de  nous  (J.-E.  Planchon)  eu  août  1 868.  Des  Ironçons  de  racine  de  vigne 
saine  furent  enterrés  à  moitié  (étant  placés  verticalement)  dans  de  la  terre 
non  infectée  ;  on  mit  à  cpielques  centimètres  de  distance  d'autres  tronçons 
de  racine  chargés  de  Phylloxéra.  Dès  le  lendemain  de  jeunes  Phj  lloxcra  s'é- 
taient transportés  et  fixés  sur  les  surfaces  de  section  ou  sur  les  plaies  super- 
ficielles des  racines  saines;  mais  par  quelle  voie  s'était  effectué  ce  passage 
d'une  racine  à  l'autre?  Etait-ce  sonterrainement? était-ce  par  la  surface  du 
sol,  ou  bien  par  ces  deux  modes  à  la  fois?  Les  doutes  à  cet  égard  appelaient 
des  observations  et  des  expériences  nouvelles. 

»  Cependant,  dès  le  5  août  iSSg,  un  agriculteur  très-distingué,  M.  Fau- 
con, de  Graveson,  annonçait  cpie  ses  deux  neveux,  jeunes  collégiens  à  in- 
telligence vive  et  à  vue  perçante,  en  se  couchant  à  plat  ventre  siu-  la  sur- 
face argileuse  et  blanche  d'une  terre  infectée  de  Phylloxéra,  avaient  pu 
voir  de  ces  insectes  (aptères)  marchant  à  la  surface  du  sol.  La  manière  un 
peu  trop  pittoresque  dont  cette  découverte  fut  annoncée  explique  sans 
doute  le  peu  de  crédit  qu'elle  obtint  d'abord  :  M.  Faucon  lui-même  n'y 
avait  pas  spécialement  insisté,  lorsque,  dans  l'automne  de  iS'j-a,  ses  neveux 
et  lui,  renouvelant  l'observation,  en  rendirent  successivement  témoins 
M.  Gaston  Bazille,  M.  Duclaux,  nous-mêmes  et  M.  Cornu.  Dès  lors  au- 
cun doute  ne  pouvait  rester  et  l'on  dut  accepter  sans  hésitation  ce  fait 
assez  imprévu,  que  le  Phylloxéra  aptère  marche  eit  plein  jour,  en  plein  soleil, 
à  la  surface  du  sol.  Ajoutons  comme  circonstance  importante  qu'il  s'agit 
d'un  sol  argileux,  fendillé  de  petites  crevasses  verticales,  dans  lesquelles 
ou  a  vu  les  insectes  s'enfoncer  fréquemment  comme  pour  aller  chercher 

G.  R.,  1873,  2«  Semestre,  (T.  LXXVII,  N"  7.)  6° 


(  4<i2  ) 
sous  le  sol,  par  des  fissures  plongeantes,  les  radicelles  qu'ils  ne  pouvaient 
atteindre  en  marchant  sous  terre  dans  le  sens  horizontal.  Telle  est  du 
moins  l'idée  qui  se  présente  à  l'esprit  en  présence  des  conditions  maté- 
rielles de  l'observation  faite  à  Graveson,  conditions  qui  ne  se  trouvent  pas 
aussi  favorables  dans  les  terres  moins  compactes,  moins  régulièrement 
fendillées,  et  que  ne  présenteraient  à  aucun  degré  les  sols  franchement  sa- 
blonneux. 

)>  Restait  donc  toujours  à  décider  si,  dans  les  terres  de  consistance 
moyenne,  la  marche  du  Phylloxéra  ne  pouvait  pas  avoir  lieu  à  la  fois  par 
la  surface  et  par  les  profondeurs  du  sol. 

»  Pour  établir  ce  dernier  fait,  l'un  de  nous  (J.-E.  Planchon)  a  fait  l'expé- 
rience suivante  :  vers  la  fin  d'août  1872,  dans  une  vigne  de  M.  L.  Vialla,  à 
Montpellier,  luie  cavité  cylindrique  creusée  dans  le  sol,  juste  au-dessus  de 
racines  phylloxérées,  reçut  un  bocal  dans  lequel  on  avait  mis  de  la  terre 
saine  (non  infectée  de  Phylloxéra),  et  dans  cette  terre,  à  peu  près  à  demi- 
hauteur  du  bocal,  des  tronçons  de  racine  de  vigne  non  phylloxérée.  Le 
bocal  était  placé  l'ouverture  en  bas;  les  insectes  ne  pouvaient  y  entrer  que 
par  la  partie  inférieure,  et,  pour  se  rendre  aux  tronçons  de  racine  leur 
servant  d'appât,  ils  devaient  traverser  une  couche  de  terre  d'environ 
ao  centimètres  d'épaisseur  ;  c'est  ce  qu'ils  firent  en  effet;  car,  huit  jours 
après,  on  trouvait  six  de  ces  insectes  fixés  sur  les  bouts  de  section  ou  sur 
les  entailles  pratiquées  sur  les  tronçons  de  racines  jusque-là  saines.  Une 
expérience  analogue,  mais  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  avec  un  bocal  pré- 
paré de  la  même  façon,  mais  enterré  la  tète  en  bas  et  le  goulot  au  ras  du 
sol,  n'a  donné  que  des  résultats  négatifs;  mais  cela  n'infirme  en  rien  le  fait 
bien  établi  par  M.  Faucon,  que  le  Phylloxéra  marche  aussi  sur  le  sol. 

»  S'il  pouvait,  du  reste,  exister  encore  un  doute  sur  ce  dernier  point,  ce 
doute  serait  levé  par  l'expérience  suivante,  que  l'un  de  nous  (Jules  Lich- 
tenstein)  vient  de  faire  : 

»  Sardes  provins  établis,  en  plein  été  (dès  le  mois  de  juin  de  l'année 
courante),  avec  des  sarments  verts  des  vignes  phylloxérées,  les  radicelles 
advenlives  se  sont  montrées  d'autant  plus  envahies  par  les  jeunes  Phyl- 
loxéra qu'elles  étaient  plus  rapprochées  de  la  surface  du  sol,  celles  du 
fond  de  l'arcatiu'e  de  la  portion  enterrée  du  sarment  en  ayant  beaucoup 
.  moins  que  celles  qui  naissaient  plus  haut  des  deux  côtés. 

»  Il  est  à  peine  besoin  d'insister  sur  l'importance  pratique  de  la  con- 
naissance de  ce  fait,  que  le  Phylloxéra  marche  souvent  à  la  surface  du  sol. 


(  463  ) 
C'est  dans  cette  migration  qu'on  peut  espérer  l'atteindre  par  les  insecti- 
cides ou  l'attirer  et  le  retenir  sur  place  au  moyen  de  marcottes  superfi- 
cielles, par  le  système  des  appâts.  Malheureusement  la  marche  souterraine 
de  l'insecte  coexiste  habituellement  avec  sa  marche  à  l'air  libre,  et  l'on  ne 
saurait  guère  douter  que,  dans  bien  des  cas,  l'envahissement  des  ceps  ne 
se  fasse  directement  du  cep  infecté  aux  radicelles  des  ceps  encore  sains, 
mais  contigus  aux  ceps  malades  ;  seulement  le  mode  précis  de  cette  inva- 
sion par-dessous  terre  reste  encore  à  déterniiner  et  ne  pourra  l'élre  que 
par  des  observations  ou  des  expériences  ultérieures.  » 

«  M.  F.  DE  Lesseps  remet  à  M.  le  Président  une  Notice  sur  le  projet 
d'un  chemin  de  fer  au  centre  de  l'Asie,  pour  relier  les  chemins  de  fer  de 
l'EiMope  aux  chemins  de  fer  anglo-indiens,  et  demande  la  formation  d'une 
Commission  de  l'Académie  qui  rédigerait  pour  les  premiers  explorateurs  de 
la  ligne  projetée  des  indications  et  un  questionnaire. 

»  La  saison  favorable  étant  trop  avancée,  cette  exploration,  dit  M.  de 
Lesseps,  ne  pourra  avoir  lieu  qu'au  printemps  prochain;  mais,  en  atten- 
dant,M.  l'ingénieur  Cotard,  auteur  du  projet,  accompagné  d'un  ingénieur 
russe,  se  rendra  à  Saint-Pétersbourg,  à  Moscou  et  à  Orenbourg,  pour  bien 
fixer  le  point  de  départ  et  prendre  sur  les  lieux  les  renseignements  néces- 
saires. En  même  temps,  mon  fils  Victor  de  I^esseps,  secrétaire  d'ambassade 
en  disponibilité,  se  rendra  dans  l'Inde,  séjournera  à  Pécltauci,  extrémité 
nord  des  chemins  de  fer  indiens,  et  restera  dans  cette  ville  ou  dans  les  envi- 
rons un  temps  suffisant  pour  étudier  sur  les  lieux  le  point  'd'arrivée  et 
prendre  des  informations  sur  les  chemins  des  caravanes  qui  de  l'Indo- 
Rouch  arrivent  au  bassin  de  l'Indus. 

»  Les  explorateurs  recevront  avec  reconnaissance  les  instructions  de 
l'Académie  et  ils  feront  leurs  efforts  poiu'  étudier  avec  fruit  les  questions 
qui  leur  seront  soumises  et  qu'ils  auront  à  résoudre  dans  des  régions  peu 
connues.  » 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  de  MM.  Elle  de  Beaumont, 
Milne  Edwards,  Decaisne,  Phillips,  Janssen,  de  Lesseps.) 

(i  M.  Dacbrée  informe  l'Académie  qu'il  a  reçu  de  M.  Nordenslduld,  le 
7  de  ce  mois,  une  Lettre  contenant  des  observations  sur  les  poussières  char- 
bonneuses, avec  fer  mélallujue,  qu'il  a  observées  dans  la  neige,  de  diverses  ré- 
gions du  nord  de  l'Europe.  Cette  Lettre,  écrite  de  sa  station  d'hiver  du  Spilz- 

Go.. 


(  464  ) 
berg,  Mossel-Bay  i  latitude  79°  53'),  dès  le  9  septembre  1872,  n'est  parvenue 
à  Troiusoë  que  le  24  juillet  dernier. 

t  Je  saisis  l'occasion  du  retour  de  nos  navires  pour  vous  faire  part  d'une  observation  qui 
se  rattache  à  une  question  qui,  je  le  sais,  vous  intéresse  beaucoup. 

»  Dans  le  mois  de  décembre  187  i,  il  est  tombé  à  Stockholm  la  quantité  de  neige  la  plus 
grande  peut-être  dont  mémoire  d'homme  ait  gardé  le  souvenir.  Il  neigea  sans  discontinuité 
pendant  cinq  ou  six  jours  et  telle  fut  cette  quantité,  (]u'on  eut  à  déplorer  plusieurs  victimes 
aux  environs  de  la  capitale.  Pensant  que  les  impuretés  flottant  dans  l'atmosphère  avaient 
dû  se  déposer  avec  les  neiges  des  premiers  jours,  j'ai  attendu  la  fin  de  leur  chute  pour  re- 
cueillir, avec  toutes  les  précautions  |)0ssibles,  les  parties  superficielles,  et  je  les  ai  fait  fondre 
pour  voir  si  elles  contenaient  des  parties  solides.  A  mon  grand  étonnement,  je  m'aperçus 
bientôt  que  la  neige  ainsi  obtenue  renfermait  une  forte  quantité  de  poussière  noire  comme 
de  la  suie  et  consistant  en  une  substance  organique  riche  en  carbone.  Cette  substance  res- 
semble tout  à  Hiit  aux  poussières  météoriques  tombées,  en  même  temps  que  les  météorites 
proprement  dites,  à  Uessle  près  Upsal,  le  i"  janvier  1869.  Cette  poussière  contenait  aussi 
de  très-petites  paillettes  de  fer  métallique. 

1)  Il  était  possible  que  la  poussière  charbonneuse,  malgré  le  soin  avec  lequel  elle  avait  été 
recueillie,  fût  due  aux  cheminées  de  Stockholm  et  que  le  fer  métallique  provînt  aussi  du 
fer  dont  sont  faits  la  plus  grande  partie  des  toits  de  cette  ville.  Cependant,  jugeant  l'obser- 
vation digne  d'être  étudiée,  j'écrivis  à  mon  frère,  Cari  Nordenskiold,  qui  demeure  dans  une 
partie  assez  déserte  de  l'intérieur  de  la  Finlande  et  qui  s'occupe  de  météorologie,  le  priant  de 
faire  la  même  expérience.  Ayant  cherché  à  éviter  les  principales  causes  d'erreur  et  ramassé  la 
neige  dans  une  plaine  entourée  de  forêts,  i!  obtint  aussi  une  poussière  noire  qu'il  m'envoya. 
Mes  analyses  me  prouvèrent  qu'elle  était  de  la  même  nature  que  celle  de  Stockholm;  de  l'une 
comme  de  l'autre  on  pouvait  extraire,  au  moyen  de  l'aimant,  des  paillettes  magnétiques  qui, 
triturées  dans  un  petit  mortier  d'agate,  furent  reconnues  comme  du  fer  métallique. 

»  Ayant  fait  recueillir  de  la  neige  i)endant  le  printemps,  en  deux  endroits  de  la  Suède, 
cette  neige  me  laissa  également  des  paillettes  de  fer. 

»  On  connaît  la  propriété  que  possèdent  les  vents  de  transporter  les  matières  à  de  très- 
grandes  distances.  Aussi,  je  me  proposai  de  reprendre  cette  question  dans  mon  voyage 
arctique,  où  les  circonstances  devaient  être  plus  favorables.  A  notre  premier  essai  pour 
pénétrer  veis  notre  station  d'hiver,  à  travers  les  champs  de  glace,  j'eus  une  excellente 
occasion  de  renouveler  cette  observation  sur  une  glace  flottante;  j'observai  à  sa  surface  et 
à  quelques  centimètres  plus  bas  une  i)Oussière  grise  mêlée  de  petits  grains  magnétiques.  La 
neige  recueillie  dans  ces  conditions  me  fournit,  après  fusion,  un  résidu  peu  abondant.  La 
■  poussière  grise  consistait,  pour  la  plus  grande  partie,  en  diatomées  entières  ou  brisées,  et 
les  points  noirs,  d'une  grandeur  atteignant  un  quart  de  millimètre,  contenaient  du  fer  mé- 
tallique entouré  d'oxyde  de  fer  et  contenant  probablement  aussi  du  charbon.  A  plusieurs 
reprises,  j'ai  constaté  la  présence  du  fer  métallique,  qui  se  décèle  aussi  en  précipitant  le 
cuivre  d'une  dissolution  de  sulfate  de  ce  dernier  métal. 

»  Cette  dernière  observation  me  paraît  prouver  que  la  neige  et  la  pluie  amènent  des 
poussières  cosmiques  en  petites  quantités. 


(  465  ) 

»  Pendant  l'hiver,  j'espère  pouvoir  faire  des  observations  nouvelles,  et  amasser  une 
assez  grande  quantité  de  cette  poussière  pour  en  faire  une  analyse  quantitative.  Je  désire 
aussi  que  quelqu'un  en  France  puisse  vérilier  mes  expériences.   » 

»  A  cette  occasion,  M.  Daubrée  rappelle  l'observation  qu'il  présentait 
lors  de  la  cbute  des  météorites  charbonneuses,  qui  eut  lieu,  le  i4  mai  i86/|, 
aux  environs  d'Orgueil  (Tarn-et-Garonne)  (i).  Les  météorites  de  cette 
chute  sont  non-seulement  tendres  et  friables,  mais  elles  se  réduisent  en 
une  poussière  impalpable  aussitôt  qu'elle  prend  le  contact  de  l'eau  et  que 
le  sel  soluble  qui  lui  sert  de  ciment  se  trouve  dissous.  Ce  fait  apprenait  qu'il 
peut  être  parfois  difficile  de  distinguer  les  corps  pidvérulents  arrivant  des 
espaces  planétaires  de  ceux  qui  sont  enlevés  à  l'écorce  terrestre  par  les 
vents,  les  trombes  ou  les  phénomènes  volcaniques.  Le  passage  de  météo- 
rites de  ce  genre  à  travers  une  simple  pluie  ou  des  nuages  suffit,  en  effet, 
pour  les  déliter  complètement  et  les  rendre  méconnaissables. 

»  L'exemple  des  météorites  d'Orgueil  faisait  donc  supposer  que  bien  des 
chutes  de  ce  genre  doivent  échapper  journellement  à  l'observation,  et 
montrait  combien  il  importe  d'être  attentif  aux  masses  pulvérulentes  qui 
tombent  à  la  surface  de  notre  globe. 

»  Il  est  à  espérer  que,  depuis  que  cette  lettre  a  été  écrite,  M.  Nordens- 
kiiild  aura  recueilli,  dans  les  régions  polaires,  assez  de  substances  pulvéru- 
lentes pour  pouvoir  y  constater  à  son  retour  un  fait  caractéristique,  la  pré- 
sence oti  l'absence  du  nickel.   » 

M.  Daubkée  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  «  Notice  nécrologique 
sur  M.  Sauvage  »,  qu'il  vient  de  publier. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'inie 
Commission  qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Morogues 
pour  i8'y3. 

MM.  Decaisne,  Boussingault,  P.  Thenard,  Peligot,  Hervé  Mangon  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu 
le  plus  de  voix  sont  MM.  Chevreul,  Edm.  Becquerel. 

(i)  Comptes  renilus,  t.  LYIII,  p.  gSS;  1864. 


(  466  ) 

MÉMOniES   PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Suite  de  recherches  sur  les  courants  secondaires,    et  leurs 
applicalions.  Mémoire  de  M.  G,  Planté.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  En  poursuivant  l'étude  des  phénomènes  présentés  par  les  couples 
secondaires  à  lames  de  plond),  j'ai  été  conduit  aux  observations  sui- 
vantes : 

»  La  modification  chimique  des  électrodes,  qui  constitue  la  source  du 
courant  secondaire,  est  rendue  plus  complète  par  des  alternatives  conve- 
nablement ménagées  d'action  du  courant  principal  dans  les  deux  sens  et 
de  repos  entre  cette  double  action. 

»  Par  l'action  successive  du  courant  principal  dans  les  deux  sens,  les 
dépôts  d'oxyde  formé  se  réduisent,  puisse  recomposent  de  nouveau,  et  les 
électrodes  se  trouvent  ainsi  modifiées  dans  leur  constitution  moléculaire, 
non-seulement  à  leur  surface,  mais  peu  à  peu  jusque  dans  leur  profontleur, 
sans  s'altérer,  pour  cela,  dans  le  liquide;  car  des  couples  secondaires  fonc- 
tionnent, depuis  de  longues  années,  avec  les  mêmes  lames  de  plomb  et  le 
même  liquide  (l'eau  acidulée  par  l'acide  sulfuriqne),  sans  avoir  perdu  leur 
faculté  d'emmagasiner  le  travail  chimique  delà  pile  principale,  fjoiu  de  là, 
les  effets  vont  sans  cesse  en  croissant  d'intensité. 

»  Par  le  repos,  les  dépôts,  formés  à  la  surface  des  lames,  de  métal  oxydé 
ou  de  métal  réduit,  acquièrent  une  texture  cristalline  et  luie  forte  adhé- 
rence qui  contribuent  à  protéger  les  dépôts  sous-jacents  tendant  à  se  for- 
mer sous  l'action  continuée  du  courant  primaire. 

»  Cet  ensemble  d'opérations,  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  formation 
des  couples  secondaires,  consistant  à  les  former  ou  à  les  vieillir,  pour  obte- 
nir des  dépôts  d'une  plus  grande  épaisseur,  permet  de  produire,  lorsqu'on 
les  décharge,  des  effets  calorifiques  de  plus  en  plus  prolongés. 

»  Un  couple  secondaire  à  lames  de  j)lomb,  ayant  moins  d'iui  demi-mètre 
carré  de  surface,  convenablement  forme,  peut,  après  avoir  été  chargé  par 
deux  éléments  de  Bunsen,  rougir  un  fil  de  platine  de  i  millimètre  de  dia- 
mètre, pendant  vingt  minutes,  et  un  fil  de^  de  millimètre  de  diamètre, 
pendant  une  heure  environ,  sans  aucune  communication  avec  la  soiuce 
primaire,  et  même  quarante-huit  heures  après  avoir  été  chargé. 

»  Une  batterie  de  i  j  mètre  carré  de  surface,  également  bien  formée. 


(  467  ) 
peut  conserver  une  partie  de  sa  charge,  de  manière  à  rougir  uu  fil  de  pla- 
tine pendant  quelques  minutes,  un  mois  après  avoir  été  chargée. 

»  Si  la  formation  des  couplessecondaires  exige  l'emploi  de  deux  couples 
de  Bunsen,  dont  on  change  le  sens,  avec  des  intervalles  de  repos,  pour 
donner  aux  dépôts  le  temps  de  prendre  une  agrégation  cristalline,  une  fois 
que  cette  opération  a  été  effectuée,  il  n'est  plus  nécessaire  de  changer  le 
sens  du  courant,  et  l'on  peut  charger  alors  les  couples  secondaires,  à  l'aide 
d'un  courant  primaire  très-faible,  agissant  constamment  dans  le  même 
sens,  tel  que  celui  qui  est  fourni  par  des  éléments  à  sulfate  de  cuivre,  mon- 
tés même  avec  de  l'eau  pure  autour  du  zinc.  Le  travail  chimique  produit 
par  cette  faible  pile  s'accumule  lentement,  mais  presque  sans  perte,  dans 
les  couples  secondaires,  et  l'on  recueille,  lors  de  la  décharge,  des  effets 
d'une  intensité  infiniment  supérieure  à  celle  de  la  source  primaire. 

))  Ces  observations  faciliteront  les  diverses  applications  des  courants 
secondaires  que  j'ai  déjà  signalées,  et  m'ont  permis  de  construire  l'appareil 
que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Il  consiste  en  un  petit  couple  secondaire  parfaitement  formé,  contenu 
dans  une  boîte  dont  la  base  et  les  parois  portent  un  système  de  comnuuii- 
calions  disposées  de  manière  à  rougir  un  fil  de  platine  et  à  enflammer,  par 
la  simple  pression  du  doigt  sur  une  touche  métallique,  un  corps  combus- 
tible, tel  qu'une  bougie,  une  lampe  à  alcool,  à  gaz,  etc.,  placées  auprès. 
La  pile  destinée  à  mettre  l'appareil  en  fonction,  composée  de  trois  éléments 
à  zinc  et  eau,  cuivre  et  sulfate  de  cuivre,  est  placée  à  distance,  ou  prés  de 
l'appareil,  et  contenue  dans  ime  boîte  munie  de  deux  lamelles  métalliques 
formant  ressort,  aboutissant  à  ses  pôles,  et  contre  lesquelles  il  suffit  d'ap- 
puyer les  pôles  de  l'appareil  secondaire  pour  le  charger. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  de  maintenir  le  couple  secondaire  constamment 
en  charge  sous  l'action  de  la  pile;  car  avec  la  provision  d'électricité  qu'il 
renferme,  une  fois  chargé,  on  peut  produire  une  centaine  d'inflammations 
consécutives.  Avec  un  appareil  renfermant  un  couple  secondaire  de  plus 
grande  dimension  (de  i  ~  mètre  carré  de  surface  environ),  on  peut  obte- 
nir consécutivement  de  trois  à  quatre  mille  inflammations.  On  en  obtient 
de  même  un  très-grand  nombre  en  produisant  les  décharges  par  inter- 
valles, dans  un  espace  de  huit  à  quinze  jours,  par  suite  de  la  propriété 
qu'ont  les  électrodes  de  plomb  de  conserver  longtemps  luie  partie  de  leur 
charge. 

»  Cet  appareil,  qu'on  pourrait  désigner,  poursuivre  les  traditions  des 
anciens  chimistes,  sous  le  nom  de  briquet  de  Saturne,  constitue  donc  l'un 


(  468  ) 
des  moyens  les  plus  commodes  pour  se  procurer  du  feu  ou  de  la  lumière. 

»  L'inflammation  d'une  bougie,  sous  l'influence  du  platine  rougi  au  blanc, 
se  produit,  sans  bruit  ni  crépitation,  plus  instantanément  que  par  tous  les 
moyens  employés  jusqu'ici.  L'incandescence  du  fil  de  platine  ne  modifiant 
en  aucune  manière  la  composition  de  l'air,  il  n'y  a  point  de  développe- 
ment de  fumée,  d'odeur,  de  gaz  délétère  ou  suffocant,  comme  cela  a  lieu 
avec  le  soufre  ou  les  chlorates.  On  n'a  point  à  redouter  les  dangers  d'incen- 
die ou  d'empoisonnement  que  présente  le  phosphore.  On  peut  enfin  con- 
sidérer ce  moyen  d'inflammation  comme  très-économique;  car,  d'une 
part,  le  couple  secondaire  n'exige,  par  lui-même,  aucune  dépense  ou 
entretien,  le  plomb  fet  le  liquide  étant  mis  une  fois  pour  toutes,  sans  de- 
voir ja?Tiais  être  renouvelés,  et,  d'autre  part,  il  suffit,  ])our  entretenir  le 
faible  courant  de  la  pile  destinée  à  charger  le  couple  secondaire,  d'ajouter, 
de  temps  en  temps,  quelques  cristaux  de  sulfate  de  cuivre,  dont  la  con- 
sommation est  très-minime  vis-à-vis  du  grand  nombre  d'inflammations 
qu'on  peut  obtenir. 

»  Cet  appareil  peut  êlre  associé  aux  sonneries  électriques,  de  manière  à 
fonctionner  avec  une  seule  et  même  pile  (trois  éléments  à  sulfate  de 
cuivre),  sans  entraver  nullement  l'action  des  sonneries,  en  le  plaçant  dans 
un  circuit  dérivé  du  circuit  principal,  et  en  communication  directe  avec 
les  deux  pôles  de  la  pile. 

»  Il  semblerait  que,  pendant  la  charge  d'un  couple  secondaire  sous 
l'action  d'une  pile,  dans  le  circuit  de  laquelle  se  trouvent  une  ou  plusieurs 
sonneries,  ce  couple  doit  absorber  tout  le  courant  et  empêcher  ces  son- 
neries de  fonctionner;  mais,  comme  le  couple  secondaire  à  lames  de  plomb 
acquiert,  sous  l'influence  de  la  pile,  une  grande  intensité  tem.poraire,  il  en 
résulte  qu'il  n'agit  pas  comme  un  circuit  dérivé  inerte,  et  qu'il  contribue 
lui-même  à  mettre  en  action  les  sonneries.  Bien  plus,  si  la  pile  se  trouve 
troj)  affaiblie  pour  faire  marcher  seule  les  sonneries,  le  couple  secondaire 
est  capable,  par  la  force  qu'il  a  accumulée,  de  les  mettre  en  mouvement. 
11  agit,  dans  ce  cas,  comme  un  récepteur  de  travail,  luie  sorte  de  volant 
électrique. 

M  Enfin  ces  deux  systèmes  d'appareils  peuvent  fonctionner,  non-seule- 
ment d'une  manière  alternative  avec  la  même  pile,  mais  simultanément  et 
au  même  instant,  sans  se  nuire  l'un  l'autre.  Cela  vient  de  ce  que,  le  couple 
secondaire  ne  formant  qu'un  circuit  dérivé,  la  résistance  du  fil  de  platine 
porté  à  l'incandescence  est  assez  grande  pour  permettre  à  une  autre  portion 
du  courant  de  traverser  le  circuit  des  sonneries. 


(469) 
»  Cette  association  des  couples  secondaires  et  des  sonneries  électriques 
permet  donc  de  produire,  à  l'aide  d'une  faible  source  d'«?lectricité,  le  son 
et  la  lumière.  » 

GiiOMÉTRiE  APPLIQUÉE.  —  Note  descriptive  du  crjptographe  de  M.  VÉLEGniîi', 
présentée  par  M.  Dupuy  de  Lôme. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Dupuy  de  Lôme,  Tresca.) 

«  Le  cryptographe  est  un  instrument  destiné  à  relever  sur  le  terrain  et 
à  convertir  en  expressions,  pouvant  être  transmises  directement  et  secrè- 
tement par  le  télégraphe,  les  coordonnées  polaires  des  points  qui  dé- 
terminent une  figure  donnée,  d'où  la  possibilité,  à  l'aide  de  cet  instru- 
ment, de  suivre,  d'interpréter,  c'est-à-dire  de  dessiner  au  fur  et  à  mesure, 
à  Paris,  par  exemple,  ce  que  des  correspondants  placés  sur  divers  points 
delà  terre,  en  communication  télégraphique  avec  Paris,  verraient,  relè- 
veraient et  télégraphieraient  au  fur  et  à  mesure,  mais  n'interpréteraient 
pas. 

»  Le  cryptographe  peut  donc  servir  dans  les  opérations  de  dessins 
linéaires  qu'on  aurait  intérêt  à  cacher  ou  à  télégraphier  sans  recourir  à  des 
appareils  transmetteurs  spéciaux. 

»  Il  consiste  en  un  arc  de  cercle  gradué,  avec  alidade  également  gra- 
duée et  à  vis  de  rappel. 

»  L'alidade  porte  un  chariot  qui  la  parcourt  dans  sa  longueur,  de  même 
qu'elle  parcourt  l'arc.  Ce  chariot  est  aussi  muni  d'une  vis  de  rappel. 

»  Pour  le  secret  des  transmissions,  il  est  bon  que  les  divisions  de  l'arc  et 
de  l'alidade  n'aient  rien  de  commun  avec  les  mesures  connues;  ces  divi- 
sions seront  donc  prises  arbitrairement;  on  les  subdivisera,  s'il  y  a  lieu, 
au  moyen  de  verniers.    • 

))  L'arc  et  l'alidade  sont  ajustés  sur  une  planchette  verticale  ayant  une 
ouverture  permettant  de  voir  tout  le  terrain  sur  lequel  on  a  à  opérer.  Cette 
ouverture  peut  être  réduite  au  moyen  de  diaphragmes;  on  la  fermera  par 
une  glace,  mais  cette  glace  sera  enlevée  en  opérant,  afin  d'éviter  les  défor- 
mations d'images  qu'elle  introduirait,  par  la  réfraction  des  rayons  visuels 
obliques  à  son  plan. 

»  Un  viseur  placé  à  l'extrémité  d'une  monture  articulée,  fixée  sur  le  bord 
de  la  planchette,  prend  la  position  qui  convient  pour  qu'on  puisse 
voir  dans  le  secteur  déterminé  par  l'arc  et  les  deux  positions  extrêmes  de 
l'alidade  toutes  les  figures  à  relever.  Ce  viseur  ne  devra  pas  changer  de 

C.R,,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXWH.N»  7.)  61 


(470  ) 
position  pontlant  l'opération,  et  l'on  tiendra  très-exactement  compte  de  son 
point  de  projection  et  de  sa  distance  au  plan  de  la  glace. 

»  Le  chariot  est  muni  à  volonté  de  styles  de  deux  sortes  qui  se  rempla- 
cent l'un  l'autre,  suivant  qu'il  s'agit  d'opérer  avec  l'instrument  opérant  le 
relevé  ou  avec  celui  qui  le  reçoit  ou  le  dessine.  En  combinant  convena- 
blement ce  déplacement  du  style  sur  l'alidade  avec  le  déplacement  de  l'ali- 
dade sur  l'arc,  il  est  évident  que  ce  style  atteindra  successivement  tous  les 
points  du  secteur. 

»  Le  premier  style  consiste  en  une  lame  de  mica  très-mince,  afin  de 
n'avoir  pas  à  tenir  compte  ici  de  la  réfraction,  sur  laquelle  on  a  marqué 
ini  petit  point  noir  ;  le  second  style  consiste  en  une  pointe  d'acier  très-fine, 
qui  correspond  au  point  noir  et  qu'un  faible  ressort  maintient  à  peu  de  dis- 
tance de  la  glace. 

»  C'est  avec  le  point  noir  de  la  lame  de  mica  d'un  cryptographe  qu'on 
suivra  dans  l'espace,  en  regardant  par  le  viseur,  les  contours  des  figures, 
non  pas  pour  en  prendre  tous  les  éléments,  comme  s'il  s'agissait  du  poin- 
tillé d'un  poncis,  mais  seulement  les  points  strictement  nécessaires,  et  c'est 
avec  le  style  à  pointe  d'un  autre  cryptographe  et  la  feuille  de  papier  ten- 
due sur  la  glace  qu'on  marquera  ailleurs  ces  points. 

»  Toutes  les  positions  que  l'on  fera  prendre  aux  styles  étant  accusées 
par  les  deux  graduations  de  l'instrument,  ce  sera  par  les  nombres  se  rap- 
portant à  ces  deux  graduations  qu'on  pourra,  après  transmission,  repren- 
dre au  loin,  sur  un  instrument  pareil,  les  positions  ci-dessus,  et,  par  celles- 
ci,  reproduire  les  figures  primitives. 

»  J'ai  désigné  par  groupe-point  l'ensemble  des  deux  nombres  de  l'ali- 
dade et  de  l'arc  servant  à  la  détermination  d'un  point;  ces  nombres  sont 
écrits  l'un  à  la  suite  de  l'autre  en  commençant  toujours  par  celui  prove- 
nant de  l'alidade. 

»  Chaque  groupe-point  sera  invariablement  de  six  chiffres,  et,  quand 
chacun  des  deux  nombres  le  composant  n'en  contiendra  pas  trois,  on 
placera  des  zéros  à  gauche  pour  compléter  cette  quantité  de  trois  :  ainsi, 
l'alidade  ayant  donné  le  nombre  8  et  l'arc  le  nombre  56,  on  écrira  :  d'une 
part,  008  ;  d'autre  part,  o56,  et  pour  le  tout,  c'est-à-dire  pour  le  groupe- 
point,  oo8o56. 

))  Deux  cryptographes  identiques  étant  indispensables  pour  pouvoir 
correspondre  par  figures  chiffrées,  chaque  correspondant  aura  le  sien  et  il 
s'en  servira  : 

»  1°  Comme  expéditeur,  pour  relever  et  exprimer  en  groupes-points  les 
figures  à  transmettre; 


(hv  ) 

»  2°  Comme  destinataire,  pour  reproduire  ces  figures  au  moyen  des 
groupes-points  transmis,  reçus  et  interprétés. 

»  Ces  instruments  seront,  par  conséqnent,  pour  eux  des  vocabulaires 
servant  alternativement  à  composer  et  à  tradnire  des  expressions  figures. 

))  La  transmission  de  ces  expressions,  c'est-à-dire  des  groupes-points 
dont  elles  se  composent,  a  lieu  à  part  et  au  moyen  des  appareils  trans- 
metteurs ordinaires,  dont  la  manœuvre  est  confiée  à  des  employés  entiè- 
rement étrangers  aux  opérations  de  relèvement  et  d'interprétation. 

»  Pouvant  opérer  sur  le  terrain  et  par  conséqnent  sur  des  figures  plus 
ou  moins  éloignées  du  plan  de  l'instrument,  à  plus  forte  raison  pourra- 
t-on  opérer  sur  celles  données  par  un  dessin  qu'on  aura  fixé  sur  la  glace  du 
cryptographe. 

»  Pour  ces  dessins,  on  supprimera  le  viseur  et  l'on  procédera  au  relève- 
ment par  les  coordonnées  polaires  comme  on  le  ferait  ailleurs  par  les  coor- 
données rectangulaires,  par  exemple,  en  employant  le  diagraphe  Gavard, 
qui  serait  préférable  an  cryptographe  s'il  était  d'une  construction  aussi 
simple,  d'un  maniement  aussi  fiicile  et  si  les  résultats  qu'il  donne  étaient 
directement  transmissibles  télégraphiquement  et  ponvaient  être  cachés  au 
besoin. 

»  D'une  figure  quelque  compliquée  qu'elle  soit,  ou  plutôt  quelque 
simple  qu'elle  soit,  on  ne  relèvera  que  les  éléments  indispensables,  et  l'on 
distinguera  dans  un  plan  donné  (soit  un  plan  de  bataille)  (i)  la  partie 
constante,  qu'on  ne  transmettra  qu'une  fois  ou  qu'on  ne  transmettra  pas 
du  tout  quand  elle  sera  fournie  par  les  cartes  imprimées,  de  la  partie  va- 
riable, consistant  : 

»  1°  Dans  les  diverses  positions  des  corps  engagés  dans  une  zone  d'opé- 
rations; 

»  2°  Dans  les  ouvrages  construits  ou  détruits  à  leur  occasion,  occupés 
ou  abandonnés  par  eux. 

»  De  cette  partie  variable  encore  ne  sera-t-il  relevé  que  ce  qui  aura 
changé  depuis  la  dernière  transmission-figure.  Dans  ce  cas,  la  phrase  : 
Pour  le  reste,  comme  dans  bi  Iransmission-fujure...,  remplacera  ce  qu'on 
aurait  à  répéter. 

»  Si  l'on  a  à  signaler  certaines  dispositions  prises  ou  à  prendre  sur  un 
terrain  dont  on  possédera  la  carte,  il  suffira  de  placer  tui  exemplaire  de 


(i)  Je  n'ai  pas  l'intention,  par  le  choix  de  ce  plan  et  par  ce  qui  suit,  d'indiquer  ici  l'ap- 
plication que  l'on  pourrait  faire  de  la  crvptograi)hie. 

6i.. 


(  472  ) 
cette  carte  sur  chacune  des  planchettes  des  cryptographes  expéditeur  et 
destinataire. 

M  Chaque  carte  sera  saisie,  bridée  sous  l'arc;  des  points  de  repère  auront 
permis  de  les  disposer  de  part  et  d'autre  très-exactement  de  la  même 
manière. 

»  Ayant  tracé  sur  la  carte  de  l'expéditeur  la  partie  variable  dont  il  vient 
d'être  question,  elle  sera  seule  décomposée  en  groupes-points,  seule 
transmise  télégraphiquemeiit  et  seule  pointée  sur  la  carte  du  destinataire. 

M  Pour  prévenir  toute  confusion  dans  le  tracé,  c'est-à-dire  dans  la 
liaison  des  points,  l'expéditeur  ne  comprendra  dans  le  même  alinéa  que 
les  points  ap|)artenant  à  une  même  figure  ou  plutôt  à  une  même  ligne  con- 
tinue, et  le  destinataire  n'attendra  pas,  pour  les  lier,  d'en  avoir  reçu  et 
marqué  une  trop  grande  quantité. 

»  Il  importe  beaucoup,  en  réunissant  ces  points,  d'observer  rigoureuse- 
ment l'ordre  dans  lequel  ils  se  présenteront,  puisque,  avec  les  mêmes 
points  qu'on  réunirait  de  diverses  manières,  on  obtiendrait  des  figures 
diverses. 

»  Il  sera  possible,  au  moyen  d'un  tableau,  de  donner  quelque  expression 
aux  dessins  linéaires  transmis. 

»  Tous  les  signes  de  convention  dont  il  sera  fait  usage,  ainsi  que  cer- 
tains détails  relatifs  à  l'emploi  et  au  maniement  du  cryptographe,  seront 
donnés  à  part  dans  une  instruction  dont  on  munira  les  opérateurs.  » 

M.  Stephen  Smith  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise 
de  M.  Chasles,  un  Mémoire  sur  les  équations  modulaires. 

(Commissaires  :  MM.  Hermile,  Serret,  Puiseux.) 

M.  A.  Naml'r  adresse  des  «  Études  pratiques  sur  les  logarithmes  des 
nombres,  avec  des  projets  de  nouvelles  Tables  ». 

(Commissaires  :  MM.  Serret,  O.  Bonnet,  Puiseux.) 

IJn  Auteur,  dont  le  nom  est  contenu  dans  un  pli  cacheté,  adresse  un 
Mémoire  manuscrit  portant  pour  titre  «  Mammalogie  australe,  comparée 
et  raison  née  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Bordin.) 

M.  L.  Hugo  annonce  l'existence,  au  Musée  de  Chalon-sur-Saône,  d'un 


(  473  ) 
nouveau  dodécaèdre  antique  en  bronze,  semblable  à  ceux  de  I^yon  et  à 
celui  de  Vienne. 

(Commissaires  précédeuimenl  nommés  :  MM.  Bertrand,  Roulin.) 

M.  Riche  adresse,  de  Colmar,  une  Note  sur  des  exjiériences  à  effectuer, 
concernant  l'action  du  magnétisme  sur  les  organismes  vivants. 

(Commissaires  :  MM.  Ci.  Bernard,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

M.  Ch.  Tellier  adresse  une  Note  sur  l'emploi  de  moyens  préventifs 
contre  le  choléra. 

L'auteur,  attribuant  la  propagation  du  choléra  au  transport,  par  l'air  ou 
par  l'eau,  de  germes  analogues  à  ceux  qu'ont  fait  connaître  les  études  de 
M.  Pasteur,  germes  qui  doivent  être  facilement  fixés  à  la  surface  des  fruits 
employés  comme  aliments,  conseille  de  ne  faire  usage,  en  temps  d'épidé- 
mie, que  de  fruits  cuits,  ou  de  fruits  crus  soigneusement  lavés  et  pelés; 
il  conseille  également  de  n'employer  l'eau,  comme  boisson,  qu'après  l'avoir 
préalablement  portée  à  une  température  voisine  de  l'ébuUilion  (celle  où 
elle  commence  à  frémir.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréanl.) 

M.  C.  Beuchot  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  Les  divers  moyens 
de  transport  et  l'application  définitive  de  la  vapeur  aux  canaux. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Héna  annonce  la  découverte,  faite  par  lui,  d'une  plage  soulevée  à 
8  mètres  (à  Pléneuf,  à  20  kilomètres  de  Saint  -  Brieuc) ,  et  de  dépôts 
coquillers  quaternaires  (à  Plœuc,  au  pied  de  proloiigemenls  de  la  chaîne 
de  montagnes  de  Mené). 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  C-M.  Mathey  adresse  un  complément  à  ses  Communications  précé- 
dentes sur  l'application  de  la  force  du  vent  à  la  vapeur,  comme  force 

motrice. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Plumey.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  l'hélioscope  de 
L.  Foucault. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 


(  474) 

M.  A.  Veim.kt  adresse  une  Note  relative  à  une  machine  hydraulique 
deslinée  à  la  création  des  chutes  artificielles,  etc. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Resal.) 

M.  Dai.peint  adresse  le  dessin  d'un  projet  de  machine  hydraulique. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Phillips.) 

C0RRESP0IVDA1\CE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Une  brochure  de  M.  de  Croizier,  intitulée  :  «  La  Perse  et  les  Per- 
sans; Nasr-Eddin-Schah;  le  nouvel  iran  et  l'équilibre  asiatique  »; 

2°  Les  numéros  du  premier  semestre  du  journal  le  Ciel,  adressés  par 
M.  /.  Finot. 

GÉOMÉTRIE.  —    Sur  les  combes  gauches  algébriques.  Note 
de  M.  PicQCET,  présentée  par  M.  O.  Bonnet. 

«  Si  deux  courbes  gauches  algébriques,  de  degrés  p  et  (],  sont  le  résultat 
de  la  décomposition  d'une  courbe  de  degré  p  +  q,  ces  deux  courbes  au- 
ront nécessairement  un  certain  nombre  k  de  points  communs.  Soient 
m  ^=  p  -\-  q  el  h„,,  A,,,  hç  les  nombres  des  sécantes  doubles  que  l'on  peut 
mener  à  ces  courbes  respectives  d'un  point  arbitraire.  On  aura  évidemment 

(l  )  f'm  =  /'/.  +  -^'7  -H  /"/   ~  /•'. 

puisque  pq  —  A  représente  le  nombre  des  droites  d'intersection  des  deux 
cônes  ayant  pour  sommet  le  point  arbitraire  et  pour  bases  respectives  les 
courbes  p  et  q,  droites  ne  passant  pas  par  les  points  communs  aux  deux 
courbes. 

»  Au  moyen  de  cette  formule,  je  vais  déterminer  en  fonction  du  degré 
m  d'une  courbe  gauche,  et  de  la  quantité  Ii,„  qui  achève  de  la  définir  : 
i"  le  degré  de  la  surface  engendrée  parles  sécantes  triples  de  la  courbe; 
2"  le  nombre  des  sécantes  quadruples. 

»  Je  remarque  d'abord  que  le  degré  de  la  surface  engendrée  par  une 
droite  qui  s'appuie  une  fois  sur  une  courbe  de  degré  m,  et  deux  fois  sur 
une  courbe  de  degré  m,  degré  égal  en  général  à  m,[h,n~h-  {m {m—  i)]  de- 


(  475  ) 
vient  m,[//,„-h  |m(/n  —  i)]  —  /('«  —  i),  si  les  deux  courbes  tn,  et  m  ont 
k  points  communs,  car  il  faut  retrancher  de  la  première  surface  A  cônes; 
de  degré  m  —  i  ayant  pour  sommets  respectifs  chacun  de  ces  points  et 
pour  base  la  courbe  m.  Si  donc  (p{m)  est  le  degré  de  la  surface  engendrée 
par  les  sécantes  triples  de  la  courbe  7»,  et  que  cette  courbe  se  décompose 
en  deux  autres  de  degrés  p  et  q,  ?('«)  se  composera  :  i°  des  degrés  des 
surfaces  analogues  pour  ces  deux  courbes,  ou  o{p)  -+-  y  (7);  2°  des  degrés 
des  surfaces  engendrées  par  une  ilroite  s'appuyant  une  fois  sur  une  des 
courbes  et  deux  fois  sur  l'autre,  ou  /^  [/',/-+- i7(</  —  ')]  =  ^(?  —  0  pour 
l'une,  et  q[hp-h^ij{p  —  i)]  —  A(/;  —  i)  pour  l'autre,  k  étant  le  nombre 
des  points  communs  aux  courbes  p  et  q.  On  aura  donc 

?('«)  =  ?(/^)  +  ?  7)  +/'[^  +  i'7('/ -  0]  +  V  ÏJ>p  +  !,pip -i)]-k  ip  +  q -  2) 
et,  en  remplaçant  A  par  sa  valeur  tirée  de  l'équation  (i), 

4-  q[l'p  +  ^p{p  -  i)J  - {pq  +  /'/,  +  /'v  -  f'm)[p  +  q-  2). 
Faisant  p  ^=  m  —  i  et  r/  =  i,  et  remarquant  que  9(1)=  ^5  ^1  =  o, 

(p(m)  =  o{in  —  0  +  [m  —  2)h„,—  [m  —  3)//,„_i  —  {{m  —  i]{in  —  2). 
De  même 
ç)(/?j  —  i)  =  o{in  —  2)  +  {m  —  3)//„,_,  —  {m  —  /i)//,„_2—  i("'  —  2)(//2  —  3) 

et  ainsi  de  suite,  jusqu'à 

y(3)  =  //,-//, -1(3 -0(3 -2) 

»   Ajoutant  ces  équations  membre  à  membre,  il  reste 

(2)     155  (in)  =  {m  —  2)  //,„  —  ly^{in  —  i)  (m  —  2)  =  (m  —  2)  [//„,  —  |  m  [m  —  i  )] . 

3 

On  a  ainsi  le  degré  de  la  surface  en  fonction  de  m  et  de  ^;  la  courbe  ni 
sera  une  courbe  multiple  de  la  surface  d'ordre  //,„—  m  +  2,  puisque,  d'un 
point  d'une  courbe  gauche  de  degré  ni,  on  peut  mener  h,,,  — m -h  2  droites 
qui  la  rencontrent  encore  deux  fois. 

»  On  peut  s'en  servir  pour  déterminer  le  nombre  des  droites  situées 
sur  une  surface  du  troisième  degré;  car  si  une  telle  surface  rencontre  une 
surface  de  degré/)  suivant  une  courbe  de  degré  '5p,  on  aura  h3,,  =  'ip{p—  i) 


(  476  ) 

et  (p{'ip)  =  (3p—  2)[{h'3p—  ^"ipCip  —  I  ]  =  ^(3/j  — 2)(3/)  —  5).  La  courbe 

d'intersection  de  la  première  surface  avec  la  surface  f(3p),  courbe  de 
degré  égal  à  3y(3/-i),  se  composera  de  la  courbe  3p  avec  un  ordre  de 
imiltiplicité  égal  à  ^3^ — 3/j-f-2  ou  à  3p'^~6p  +  2  et  des  x  droites  prises 

1            p  {p  —  0  (p  —  2)  p  .         .      ,1,  ,         - 

ciiacune ^-^ lois,  puisqu  elles  coupent  la  surface  p  eu  p  points 

.      « .  •  1  '     '  ^       p  {p  —  i)  i  P  ~  2)    r 

et  peuvent  être  considérées  de  ^-^ -^ façons  comme  sécantes 

triples  de  la  courbe  ?>p.  On  aura  donc 

i/)  (3/j  -  2)  (3/;  -  5)  =  3/^ (3/;^  _  G/;  +  2^  +  x  ''^'' ~/l^^^  ~  ^^^ 

d'où  l'on  lire 

.r  =  2"7. 

»  Chercbons  maintenant  le  nombre  K'??)  des  sécantes  quadruples  de  la 
courbe  m,  et  décomposons-la  de  nouveau  en  deux  courbes  p  et  q;  ^{ni) 
se  composera  évidemment  :  1°  de  '|(/^)  +  |(7);  2°  des  droites  qui  ren- 
contrent une  fois  l'une  des  deux  courbes  et  trois  fois  l'autre,  dont  le  nombre 
est  égal,  si  c'est  la  courbe  p  qui  est  coupée  trois  fois,  au  nombre  des  points 
d'intersection  de  la  courbe  q  avec  la  surface  ^{p),  c'est-à-dire  à 

q(p-:t-^[//^-lp(p-l)] 
en  général,  et  à 

q{p-  2}[ hp~  y  [p  -  I )]  -  A  {hp-  p+  2), 

si  les  courbes  p  el  q  ont  A  points  communs;  égal  aussi  à 

P  ('/  —  2)  [fiq  —  {q  (q  —  I  ^]  —  A  (Jiq  —  q  A-  a), 

si  c'est  la  courbe  q  qui  est  coupée  trois  fois;  3°  des  droites  qui  rencontrent 
deux  fois  chacune  des  courbes  p  et  q.  Ces  droites  sont,  d'après  une  for- 
mule connue,  au  nombre  de  hph^—\p[p—\)\q[q — i),  si  les  courbes 
ne  se  coupent  pas.  Si  elles  se  coupent  en  k  points,  il  faut  en  retrancher, 
pour  chaque  point,  les  droites  d'intersection  de  deux  cônes  de  degrés^  —  i 
et  (7 —  I,  ayant  le  point  pour  sommet  et  les  deux  courbes  pour  bases  res- 
pectives, ce  qui  fait  k{p  —  i)(q  —\),  moins  |A(A-  — i);  car,  dans  ce 
compte,  les  droites  qui  joignent  les  A'  points  deux  à  deux  sont  comptées 
deux  fois.  Ce  nombre  est  donc 

Ap/'î+l7^(/'-0l<?(7-')-''(/'-')('7-')  +  ï^('^--0- 


(  477  ) 
On  a  donc 

+  '''/,  k/  +  V p  y  p  ~  i)  iq  {q  ~  i)  —  k  [  />!,  +  h,i  —  m  -H  4) 

~^\p-h.q  -  i)  +  U{k-i). 

Remplaçant  k  par  sa  valeur  tirée  de  (i),  faisant  /;  =  m  —  2,  (/  =  2  et  ré- 
duisant, il  reste 

—  i^m-.  — i('«  -  2){2m-—  2C)m  +  75). 

Remplaçant  m  par  /w  —  2,  /«  —  4v  jusqu'à  4,  si  "^  est  pair,  3  si  ^7^  est 
impair,  ajoutant  membre  à  membre,  on  arrive,  dans  le  premier  cas,  à 

^[m)  —{h,„{h,„  —  4m  +11)—  ^  \  ('«  —  2)(2m-—  29/?/  +  yS), 
avec  m  =  ap;  dans  le  second  cas,  à 

H'»)  =i^-n{^;«—  4'«4-  Il)+  I  —  g^('"—  2^.2/H-—  29W4-75), 

avec  m  =  ip  +  i  ;  et  dans  les  deux  cas,  toute  sommation  faite,  à  la  formule 
générale  chercliée 

(3)       <\i[m)  =  yi,„(h,„  —  l\m  -h  ii)  —^mhn  —  2){m  —  3) {m—  i3). 

»  On  peut  encore,  au  moyen  de  cette  formule,  trouver  le  nombre  des 
droites  situées  sur  une  surface  du  troisième  degré;  car,  si  une  telle  surface 
rencontre  une  surface  de  degré  p  suivant  une  courbe  de  degré  3^9,  les 
sécantes  quadruples  de  la  courbe  ayant  quatre  de  leurs  points  sur  la  pre- 
mière surface  y  seront  tout  entières;  réciproquement,  toutes  les  droites 
cherchées  rencontrant  la  surface  p  et  par  suite  la  courbe  3p  en  p  points 

pourront  être  considérées  de^^-^^^ — ^-^ — ^^',  ^  ~ — '  façons  comme  sécantes 
'  1.2.3.4  ' 

quadruples  de  la  courbe  3/7;  on  aura  donc 

j}[p  —  i)ip~  i){/'—  3) 


<^{3p)  =  x' 


1.2.3./^ 

d'où  l'on  tire  x  =  27,  en   remplaçant,  dans  i^{m),in  par  3/j  et /^„,  par 
3/j(/j-i).  » 

C.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVU,  N"  7.)  ^'^ 


(  47S  ) 

MÉCàN'lQUE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  matières  explosives. 
Note  de  MM.  Rocx  etSARRAc,  présentée  par  M.  Rolland. 

«  1.  Nous  avons  délerniiné  récemment  les  chaleurs  de  combustion  des 
cinq  espèces  de  poudre  fabriquées  en  France.  Nous  complétons  ce  travail 
par  la  détermination,  pour  les  mêmes  poudres,  du  volume  réduit  à  zéro  et 
à  o™,76  des  produits  gazeux  de  la  combustion.  Nous  déduisons  cet  élément, 
par  les  lois  de  Mariolle  et  de  Gay-Lussac,  de  la  mesure  de  la  pression  des 
gaz  à  une  température  et  sous  un  volume  connus. 

«  2.  L'appareil  que  nous  avons  réalisé  à  cet  effet  peut  servir  à  des 
épreuves  courantes,  et  son  exactitude  pratique  est,  croyons-nous,  suffisam- 
ment assurée  par  la  facilité  avec  laquelle  il  permet  de  contrôler,  par  la  réité- 
ration, les  résultats  obtenus. 

»  Il  se  compose  d'une  éprouvetfe  cylindrique  en  fer  forgé,  de  22  milli- 
mètres de  diamètre  intérieur  sur  3  décimètres  de  hauteur.  Cette  éprouvette, 
où  se  fait  la  combustion  de  la  poudre,  est  fermée  à  l'une  de  ses  extrémités 
par  un  bouchon  taraudé,  traversé  par  un  fii  isolé  servant  à  l'inflammation, 
et  se  termine  à  l'autre  extrémité  par  un  ajutage  vissé  dans  la  douille  d'un 
manomètre.  Ce  manomètre  est  à  piston  différentiel,  et  la  pression  exercée 
sur  la  petite  base  du  piston  y  est  équilibrée  et  mesurée  par  celle  qu'exerce 
sur  la  grande  base  une  hauteur  de  mercure  réduite  dans  le  rapport  des  deux 
bases. 

»  L'emploi  du  manomètre  différentiel  a  deux  avantages  :  i°le  déplace- 
ment du  piston  étant  absolument  insensible,  le  volume  des  gaz  est,  dans 
tous  les  cas,  égal  à  la  capacité  de  l'éprouvette,  qu'il  suffit  de  mesurer  une 
fois  pour  toutes;  2°  on  peut  mesurer,  par  de  faibles  hauteurs  de  mercure, 
des  pressions  relativement  considérables,  qui  exigeraient  autrement  l'emploi 
peu  commode  d'un  manomètre  à  air  comprimé. 

»  Le  manomètre  qui  a  servi  à  nos  expériences  a  été  mis  obligeamment  à 
notre  disposition  par  M.  A.  Clair,  son  constructeur.  Le  rapport  des  bases 
est  j~  :  il  est  gradué  en  millimètres  dont  on  peut  apprécier  assez  exacte- 
ment à  vue  le  -~. 

»  3.  Pour  faire  une  détermination,  on  brûle  un  poids  connu  de  poudre 
dans  l'éprouvette  :  le  mercure  monte  brusquement  dans  le  tube  manomé- 
triquo,  s'abaisse  |>ar  le  refroidissemen  trapide  des  gaz,  et  atteint,  après  quatre 
ou  cinq  minutes,  lui  état  stationnaire  qu'il  garde  sans  modification  sensible 
pendant  plusieurs  heures.  La  température  des  gaz  est  alors  sensiblement 


(  479  ) 
égale  à  celle  de  l'enceinle;  la  hauteur  nianométrique  observée,  nuillipliée 
par  f  oo,  mesure  leur  pression. 

»  Voici  les  éléments  d'une  détermination  :  les  pressions  des  gaz  produits 
par  3,  ^  el  S  grammes  de  poudre  à  canon  sont  mesurées,  à  27  degrés,  par 
64,0,  8G,5  et  106,0  millimètres  de  merciue.  On  en  déduit  pour  i  gramme 
les  hauteurs  réduites  :  21, 3,  21, G,  21,2,  soit,  en  moyenne,  21,4  avec  -~^ 
d'écart  moyen  relatif. 

»  La  capacité  de  l'éprouvette  étant  o''",  102,  le  volume,  à  zéro  et  à  o'^,'j6o, 
des  gaz  de  i  gramme  de  poudre  est  donné  par  la  formule 


76  X  (273 -f- 27) 


^'0  =  o,  1 02  .^,,,0  :  -T  =  o-, 27 1 , 


»  Nous  avons  fait  la  même  détermination  pour  les  autres  poudres,  et,  en 
combinant  les  résultats  avec  ceux  de  nos  épreuves  calorimétriques,  nous 
avons  formé  le  tableau  ci-après,  qui  résume  les  éléments  dont  dépend  l'éva- 
luation approchée  de  la  force  relative  des  cinq  poudres  : 

1.  2.  3.  4.  5.  G. 

Q  T  ,.„  ;Vr  EcT 

Espèce  de  la  poudre.  (Calories).  Degrés  Litres.  2-/3  Tonneaux- 

ceiiligrades.  Atmosphères.       inélres. 

Pondre  de  chasse  fine 807 ,3  4^54  234  ^989  373 

11       à  canon 752,9  436o  261  4'68  349 

u       à  fusil,  dite  B 73o,8  423i  280  4^39  33g 

»       de  commerce  extérieur.  69'), 2  fiO^/z  281  4''5o  324 

»        démine  ordinaire.  ...  570,2  3372  307  3792  270 

»  4.  La  colonne  2  reproduit  les  résultats  do  nos  épreuves  calorimé- 
triques. Elle  donne,  pour  chaque  poudre,  la  quantité  de  chaleur  Q  dégagée 
par  les  produits  de  la  combustion  de  x  kilogramme  passant  de  la  tempéra- 
ture de  la  combustion  à  la  température  de  l'épreuve,  qui  était  de  17  degrés 
environ. 

»  La  colonne  3  fait  connaître  les  températures  absolues  de  la  combus- 
tion, données  par  la  formule  T  =  273  +  17  +  -?  où  c  représente  la  cha- 
leur spécifique  moyenne  à  volume  constant  dos  produits  de  la  combustion, 
A  défaut  de  données  plus  précises,  nous  adoptons  provisoirement,  pour 
les  diverses  poudres,  la  valeur  c  =  o,i85,  trouvée  par  MM.  Bunsen  et 
Schischkoff  pour  une  poudre  semblable  à  notre  poudre  de  chasse. 

62.. 


{  48o  ) 
»   La   colonne  4  résume  les  ^aleurs  numériques  du  volume  t',,  des  gaz 
permanents  fournis  par  i  kilogramme  de  poudre,  et  réduits  à  zéro  sous  la 
pression  o*",  7G0. 

u  La  colonne  5  comprend  les  valeurs  particulières  de  l'expression  -^5 

qui  représente,  en  atmosphères  (i),  la  pression  des  gaz  permanents  de 
I  kilogramme  de  poudre,  occupant,  à  la  température  T  de  la  flamme,  un 
volume  égal  à  i  litre,  en  supposant,  bien  entendu,  que  les  lois  de  Mariotte 
et  de  Gay-Lussac  restent  applicables. 

»  Enfin  nous  donnons,  dans  la  colonne  6,  le  travail  maximum  produit 
par  la  détente  indéfinie  des  gaz  de  1  kilogramme  de  poudre.  Il  est  égal  à 
EcT  (E  étant  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur,  que  nous  prendrons 
égal  à  433),  en  supposant  que  tous  les  produits,  permanents  ou  non,  de 
la  combustion  ont  la  même  température  à  chaque  instant  de  la  détente  (2). 
C'est  à  ce  travail  théorique  (estimé  jusqu'à  présent  d'après  les  chiffres  de 
MM.  Bunsen  et  Schischkoff)  que  les  artilleurs  rapportent  le  travail  utile 
d'une  bouche  à  feu  pour  en  apprécier  le  rendement. 

»  5.  Nous  avons  appliqué  nos  appareils  à  des  substances  explosives 
autres  que  les  poudres.  Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  que  nous 
avons  obtenus.  Ceux  qui  concernent  la  dynamite  correspondent  à  l'explo- 
sion que  nous  avons  nommée  de  second  ordre,  produite  par  l'inflammation 
simple  et  non  par  l'emploi  d'une  amorce  fulminante.  L'énergie  des  effets 
obtenus  dans  ce  dernier  cas  exige  des  appareils  spéciaux,  qui  seront,  de 
notre  part,  l'objet  d'études  ultérieures. 

(i)  Soit  p  la  pression  des  gaz  sous  l'unité  de  voliirae  à  la  température  absolue  T,  t\  étant 
leur  volume  sous  la  pression  normale  p^,  et  à  zéro,  c'est-à-dire  à  la  température  absolue  278, 
on  a,  par  les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac, 

IL  —  H  _I_. 
/'o  ~  I  3.73 

(2)  Si  l'on  supposait,  comme  l'ont  fait  MM.  Bunsen  et  Schischkoff,  que  le  travail  est  pro- 
duit par  la  délente  indéfinie  des  gaz  permanents  sans  tenir  compte  de  la  cJialenr  cédée  par 
les  autres  produils  de  la  combustion,  ce  travail  aurait  pour  expression  E^c'T,  3  étant  le 
poids  des  gaz  produits  par  i  kilogramme  et  c'  leur  chaleur  spécifique  sous  volume  constani, 
différente  de  celle  qui  a  été  désignée  par  c  et  se  rapporte  à  la  totalité  des  produits  de  la 
combustion. 


(48.  ) 

Calories  Volume 

dégafîéos  Poids  rédiiîl 

par  I  ltilo{;r.  des  paz  des  f;oz 

Di'signation  de  la  matière  explosive.                               de  la                    pour  pour 

substance.  i  liilogr.  i  kilogr. 

Coton-poudre io56,3  0,85-3  •jan'" 

Dynamite  de  Vonges  à  76  pour  loc.  .    1390,0  0,600  4^5 

Picrate  de  potasse. 787  ,  i  o  ,740  576 

Mélange  de  55  picrate  de  potasse  et  45  salpêtre 916,3  o,485  334 

»       de  poids  égaux  de  picrate  et  c-ldoratc  de  potasse.  1180,2  0,466  329 

»  L'absence  de  données  suffisamment  précises  sur  les  chaleurs  spéci- 
fiques des  produits  de  la  combustion  de  ces  matières  ne  permet  pas  de 
faire,  comme  pour  les  poudres,  le  calcul  des  températures  de  combustion 
et  des  pressions  relatives.  De  plus,  dans  l'évaluation  des  pressions,  il  y 
aurait  lieu  de  tenir  compte  de  l'eau  produite  qui  agit,  lors  de  la  déflagra- 
tion, à  l'état  de  vapeur  surchauffée,  et  n'est  pas  appréciée  par  nos  procédés 
de  mesure  relatifs  aux  seuls  gaz  permanents.   » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Ammoni-nilromélrie,  ou  nouveau  système  pour  doser 
i ammoniaque,  l'azote  des  matières  organiques,  et  racide  nitrique  dans  les 
eaux  naturelles,  les  terres,  les  engrais,  etc.  Note  de  M.  Piuggari,  présen- 
tée par  M.  Boussingault. 

«  Sous  la  dénomination  d' ammoni-nitrome'trie,  je  comprends  l'ensemble 
d'opérations  ayant  pour  but  de  déterminer,  par  le  système  volumétrique, 
la  quantité  d'ammoniaque,  d'azote  organique  et  de  composés  nitreux  dans 
tout  milieu  où  s'effectue  ou  peut  s'effectuer  la  décomposition  des  matières 
organiques  azotées,  en  faisant  de  ce  système  une  application  spéciale  à 
l'analyse  des  eaux,  des  terres  et  des  engrais. 

o  Les  données  les  plus  importantes  à  fixer,  dans  tous  les  cas,  sont  la 
proportion  d'ammoniaque  libre  et  combinée,  celle  de  l'azote  qui  existe 
dans  les  matières  organiques  et  celle  de  l'acide  nitrique  ou  du  nitre,  qui 
proviennent  de  l'oxydation  de  ces  matières. 

H  J'ai  adopté  le  nom  d'ammoni-nitrométrie,  parce  que  je  me  propose, 
dans  mon  système,  principalement  de  doser  par  la  voie  humide  l'ammo- 
niaque, les  combinaisons  nitriques,  et  en  général  l'azote,  quel  que  soit  l'état 
où  il  se  trouve,  en  les  transformant  transitoirement  en  composés  nitreux 
et,  en  dernier  lieu,  en  ammoniaque. 

»  Les  moyens  généraux  que  j'emploie  sont  simplement  ceux  de  l'oxy- 
dation et  de  la  réduction;  mais,  comme  tous  les  agents  employés  jusqu'à 
présent  ne  sont  ni  assez  énergiques  ni  assez  purs  pour  donner  des  résultats 


(  482  ) 

qui  approchent  do  l'exactitudo,  dans  l'investigation  de  matières  en  pro- 
portions infinitésimales,  j'adopte,  comme  agent  à  la  fois  d'oxydation  et  de 
réduction  des  matières  organiques,  le  mélange  de  chlorure  d'argent,  ré- 
cemment précipité  et  humide,  et  d'hydrate  potassique  très-pur,  à  la  tem- 
pérature de  55  à  60  degrés  C.  pendant  deux  ou  trois  heures,  substances 
très-énergiques  qu'on  peut  obtenir  complètement  exemptes  d'ammoniaque, 
conditions  indispensables  et  que  l'on  ne  pourrait  trouver  que  très-diffici- 
lement avec  les  autres  agents  oxydo-réducteurs  connus. 

»  Par  l'action  du  chlorure  d'argent  et  de  l'hydrate  alcalin,  tout  l'azote 
des  matières  organiques  se  transforme  en  ammoniaque  et  en  acide  nitreux 
et  nitrique,  qu'il  faut  transformer  aussi  à  l'état  d'ammoniaque  par  les 
moyens  de  réduction. 

»  L'agent  de  réduction  que  j'emploie  dans  ce  cas,  comme  dans  tous 
ceux  où  l'on  se  propose  de  réduire  et  de  doser  les  composés  nitreux,  c'est 
l'hydrogène  à  l'état  naissant,  qu'on  produit  avec  l'aluminium  en  limaille, 
par  l'action  d'ini  hydrate  alcalin  pur,  à  une  température  qui  ne  doit  pas 
dépasser  celle  de  l'ébullition,  pendant  une  demi-heure  ou  une  heure,  se- 
lon la  proportion  des  matières  à  réduire,  et  distillant  ensuite  l'ammoniaque. 

»  J'ai  pu  me  convaincre,  parce  moyen,  de  la  réduction  complète  des 
matières  organiques  et  des  composés  nitreux,  en  essayant  des  types  de  com- 
position définie,  comme  la  morphine,  la  codéine,  la  strychnine,  l'albumine, 
la  gélatine  et  l'acide  urique,  substances  desquelles  j'ai  obtenu  la  quantité 
d'azote  donnée  par  la  théorie,  avec  dos  différences  en  plus  ou  en  moins 
de  I  à  3  pour  100,  dues  sans  doute  aux  quantités  minimes  sur  lesquelles 
j'ai  opéré  (oS',ooo5  à  o^'.oooa  par  demi-litre  d'eau  pure). 

»  Comme  on  le  voit,  par  l'ammoni-nitrométrie,  on  peut  toujours  arriver 
à  la  transformation  de  l'azote  à  l'état  d'ammoniaque.  On  dose  alors  celui-ci 
au  moyen  de  la  liqueur  de  Nessler,  si  l'on  a  à  agir  sur  de  très-minimes  quan- 
tités d'ammoniaque,  en  comparant  la  réaction  avec  une  liqueur  titrée 
à  YiTô  '^^  milligramme  d'ammoniaque  par  centimètre  cube;  s'il  dépasse 
cette  minime  proportion,  je  le  dose  alors  avec  un  réactif  spécial,  que  je 
nomme  réactif  ammoni-nitrométrique,  et  qui  est  fondé  sur  la  réaction  si- 
multanée d'une  à  deux  gouttes  de  phénol  et  de  5  à  6  centimètres  cubes 
d'hypochlorite  de  soude  (liqueur  de  Labarraque)  ajouté  au  liquide  qu'on 
essaye.  Ce  réactif  donne,  avec  les  liqueurs  ammoniacales  distillées,  ime  belle 
coloration  bleu  violet,  tonjoiu's  soinble  et  très-stable,  dont  l'intensité 
peut  être  comparée  à  une  liqueur  normale  au  moyen  du  calorimètre  de 
Collardeau. 


(  483  ) 

»  Comme  on  doit  présumer,  il  faut  employer  des  réactifs  d'une  pureté 
parfaite,  et  c'est  pour  cela  principalement  que  je  préfère  le  chlorure  aux 
autres  sels  d'argent,  et  l'hydrate  de  potasse  qu'on  peut  purifier  préala- 
blement en  le  soumettant  aux  mêmes  opérations  que  celles  dans  lesquelles 
il  doit  intervenir,  c'est-à-dire  en  le  traitant  par  le  chlorure  d'argent  et  par 
la  distillation  avec  l'aluminium. 

»  Je  préfère  aussi  l'ahuiiinium  et  l'hydrate  alcalin  pour  produire  l'hydro- 
gène naissant,  parce  qu'à  son  activité  ce  mélange  joint  l'avantage  de  n'in- 
troduire aucun  composé  nitreux  dans  la  substance  à  analyser. 

»  Par  cette  méthode,  j'ai  fait  et  je  continue  des  études  très-délicates  sur 
l'eau  de  pluie,  sur  les  eaux  de  la  Plata,  celles  des  puits  et  des  citernes  de 
la  ville  de  Buenos-Ayres,  sur  les  terres  végétales  de  la  République  Argen- 
tine et  les  engrais  en  général. 

))  Dans  toutes  les  analyses,  j'opère  sur  un  demi-litre  d'eau  naturelle  ou 
d'eau  distillée,  mélangées  avec  la  matière  à  analyser,  et,  dans  tous  les  cas, 
je  dose  l'azote  à  Véini  lV ammoniaque  libre,  combinée,  nitrique  et  organique, 
l'un  après  l'autre,  avec  un  seul  échantillon.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —5ar  le  chloi  lijdrale  de  lérébène  et  l'isomërie  des  composés 
de/ommle  G"  H'%HC1  ;  Note  de  M.  J.  Riban,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (  i  )  j'ai  fait  connaître  le  térébène 
et  ses  principales  propriétés;  je  vais  décrire  aujourd'hui  sa  combinaison 
avec  l'acide  chlorhydrique  et  relater  sommairement  les  expériences  qui 
permettent  d'établir  l'isomérie  des  chlorhydrates  de  formule  G'^H'^HCl. 

»  Chlorhydrate  de  térébène.  —  J'ai  obtenu  ce  corps  par  l'action  du  cou- 
rant lent  et  prolongé  d'acide  chlorhydrique  sec  sur  le  térébène.  J^e  car- 
bure ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  une  masse  cristalline  de  monochlorhy- 
drale;  les  cristaux  sont  égouttés  et  le  liquide  écoulé,  traité  de  la  même 
façon,  fournit  une  nouvelle  quantité  de  cristaux.  Par  refroidissement  à 
—  i5  degrés  et  compression  au  sein  même  du  mélange  réfrigérant  on  retire 
les  dernières  portions  de  matière  se  trouvant  en  dissolution.  Il  reste 
après  ces  opérations  une  faible  quantité  de  liquide  qui  ne  cristallise  plus 
par  l'action  ultérieure  de  l'acide  chlorhydrique;  mais  je  n'ai  pas  eu  ce 
dernier  produit  en  quantité  suffisante  pour  en  faire  une  étude  convenable. 
Les  cristaux  fortement  exprimés  sont  alors  blancs,  friables  et  même  pulvé- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  iS^-]. 


(  m  ) 

risables  (ce  qui  les  dislingiie  à  première  vue  du  chlorhydrate  isomérique 
de  lérébeiithène,  qui  est  mou  et  cireux);  ils  contiennent  de  17  a  18  pour  100 
de  chlore  au  lieu  de  20,67  ^xigé  par  la  théorie.  C'est  en  étudiant  les  causes 
d'une  telle  divergence,  qu'on  ne  pouvait  attribuer  à  des  impuretés,  que  je 
suis  parvenu  à  établir  une  des  propriétés  les  plus  singulières  du  chlorhy- 
drate de  térébène,  sa  dissociation  à  froid  en  camphène  et  acide  chlorhy- 
drique  et  sa  décomposition  rapide  en  ces  mêmes  éléments  par  l'action  de 
l'eau  froide. 

»  La  préparation  du  chlorhydrate,  si  on  tient  à  l'avoir  pur,  est  délicate 
et  nécessite  des  précautions  spéciales.  Le  produit  brut  est  dissous  dans 
l'alcool  absolu,  à  une  température  qui  ne  doit  pas  dépasser  55  à  Go  degrés 
sous  peine  de  transformer  la  majeure  partie  du  corps  en  substances  li- 
quides ;  par  refroidissement  il  se  dépose  de  larges  lames  transparentes  de 
chlorhydrate,  dont  la  teneur  en  chlore  s'est  légèrement  abaissée,  et  qui,  dé- 
barrassées de  l'alcool  dans  une  atmosphère  sèche  et  froide,  sont  soumises 
à  l'action  du  gaz  chlorhydrique. 

»  On  fond  le  corps  en  présence  de  ce  gaz  à  la  température  de  i3o  de- 
grés et  on  laisse  refroidir  lentement;  mais  il  se  forme,  dans  l'action  de  cet 
acide  à  haute  température,  des  traces  de  composés  liquides  qui  souillent  la 
matière.  La  sublimation  à  i5o  degrés  dans  un  courant  de  HCl  sec  fournit 
des  résultats  moins  favorables,  car  à  cette  température  élevée  le  chlorhy- 
drate se  dissocie  au  sein  même  du  courant  gazeux,  et  le  camphène  résul- 
tant se  sublime  dans  les  parties  froides  en  se  recombinant  incomplètement 
à  l'acide  chlorhydrique. 

»  La  sublimation  dans  ce  gaz  à  basse  température  fournit  les  résul- 
tats les  plus  satisfaisants  et  les  plus  constants;  la  matière  est  introduite 
dans  des  ballons  spacieux  dont  l'air  est  déplacé  par  du  gaz  chlorhy- 
drique sec  ;  les  vases  scellés  à  la  lampe  sont  enfouis  dans  du  sable  et  le  tout 
est  soumis  à  la  vapeur  émanant  d'un  bain-marie  ;  la  température,  dans  ces 
conditions,  ne  s'élève  pas  au  delà  de  60  à  70  degrés.  On  trouve  alors  le 
produit  sublimé  sous  forme  de  pain  dans  les  parties  enfouies  et  sous  forme 
de  cristaux  pennés  dans  les  parties  froides;  il  est  rapidement  enfermé  dans 
des  vases  bouchés  à  l'émeri. 

»  Le  chlorhydrate  de  térébène  pur  est  complètement  inactif  sur  la  lu- 
mière polarisée;  il  se  présente  en  cristaux  pennés  d'une  odeur  camphrée 
et  rappelle,  à  certains  égards,  les  chlorhydrates  de  lérébcnthène  et  de 
camphène.  Il  correspond  à  la  formule  G'" H'",  HCl. 


0 


(  485  ) 

Expérience.  Culciil. 

Carbone 6g, 65  »  69, 58 

Hydrogène lOiiQ  "  9>85 

Chlore 19,98  19,97  20,67 

»  Ces  résultats  sont  satisfaisants;  ils  accusent  une  perte  de  chlore  et  un 
léger  excès  de  carbone;  cela  doit  être,  car  le  chlorhydrate  de  térébène 
abandonné  à  lui-même  perd  rapidement  d'abord  de  l'acide  chlorhydrique, 
avec  mise  à  nu  d'une  quantité  équivalente  de  carbure  cristaUisé  G' "H' 
(camphène).  Lu  dissociation  se  continue  lentement  dans  une  atmosphère 
sèche  et  illimitée;  elle  devient  lente  quand  le  corps  ne  contient  plus  que 
17318  pour  100  de  chlore,  état  relativement  stable  où  l'action  inverse 
commence  sans  doute  à  se  faire  sentir. 

»  Le  chlorhydrate  de  térébène  fond  à  i25  degrés  et  se  fige  à  la  même 
température.  Cette  détermination  ne  peut  être  effectuée  qu'en  introduisant 
la  matière  dans  des  tubes  étroits  à  mince  paroi,  pleins  de  gaz  chlorhy- 
drique et  scellés  à  la  lampe,  de  façon  à  s'opposer  à  la  dissociation  du  corps 
par  la  chaleur.  Sans  cette  précaution,  on  obtient  des  points  de  fusion  va- 
riables pouvant  s'abaisser  jusqu'à  90  degrés. 

»  Le  chlorhydrate  de  térébène  est  rapidement  décomposé  par  l'eau. 
Vient-on,  eu  effet,  à  laver  les  cristaux  de  ce  corps  avec  de  l'eau  froide,  on 
constate  que  la  majeure  partie  de  l'acide  chlorliydrique  passe  peu  à  peu 
dans  les  eaux  de  lavage,  et,  sans  que  rien  dans  l'aspect  de  la  matière  ait  pu 
faire  soupçonner  un  changement,  on  la  trouve  transformée  en  un  mélange 
de  carbure  cristallisé  C"'H'°,  que  j'appellerai  /3-camphène,  pour  réserver 
la  question  de  son  isomérie  avec  les  autres  camphènes  découverts  par 
M.  Berihc'Iot,  et  de  chlorhydrate  inaltéré  que  l'on  peut  détruire  par  la 
solution  aqueuse  de  soude. 

»  On  voit  donc  que,  de  même  que  le  chlorhydrate  de  térébenthène,  par 
l'action  du  stéarate  ou  du  benzoalc  de  potasse,  ne  régénère  plus  le  térében- 
thène primitif,  mais  bien  du  camphène  actif  ou  inactif,  de  même  le  chlor- 
hydrate de  térébène,  traité  par  l'eau  froide,  ne  régénère  plus  le  térébène 
générateur,  mais  bien  un  camphène  cristallisé. 

»  L'eau  à  100  degrés  produit  l'élimination  rapide  et  totale  de  l'acide 
chlorhydrique;  mais  il  ne  se  forme  dans  cette  circonstance  qu'un  corps 
liquide  dont  je  poursuis  l'élude. 

I)  Le  chlorhydrate  de  térébène  se  dissout  dans  l'alcool  absolu  chaud,  et, 
si  l'on  ne  dépasse  pas  la  température  de  55  à  60  degrés,  la  majeure  partie 

t.  R.,1873,  2'Sen.esIie.  (T.  LXXVIl,   N"  7.)  63 


(  486  ) 
du  produit  se  dépose  sous  forme  de  belles  lames  transparentes  qui  attei- 
gnent un  centimètre  de  côté;  mais  le  corps  ainsi  obtenu  ne  contient  plus 
que  17  à  i8  pour  100  de  chlore,  et  l'analyse  montre  que  l'on  a  maintenant 
un  mélange  de  chlorhydrate  inaltéré  et  de  camphène.  Le  produit  s'est 
dissocié  en  partie  au  sein  de  l'alcool,  que  l'on  trouve  fortement  chargé 
d'acide  chlorhydrique  libre.  Traité  à  l'ébullition  par  l'alcool  à  jB  ou 
80  degrés  centésimaux,  le  chlorhydrate  de  térébène  est  rapidement  dé- 
composé ;  après  élimination  totale  de  l'acide  chlprhydrique  par  une 
ébullition  soutenue,  on  obtient  un  liquide  volatil  qui  me  paraît  avoir  une 
formule  analogue  à  celle  du  terpinol,  et  serait  l'éther  d'un  hydrate  de  cam- 
phène ou  de  térébène.  Par  l'action  du  gaz  chlorhydrique,  ce  liquide  ne 
régénère  plus  de  chlorhydrate  cristallisé. 

»  Jsomérie  des  chlorhydrates  de  formule  G"H",HC1.  Parmi  les  corps 
nombreux  de  celte  formule,  on  connaît  notamment  le  chlorhydrate  de 
Jérébenthène,  obtenu  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'essence  de 
térébenthine,  les  chlorhydrates  de  camphène  actif  et  iuaclif,  ainsi  que  l'é- 
ther chlorhydrique  du  bornéol  naturel  et  artificiel,  signalés  par  M.  Berthe- 
lot,  enfin  le  chlorhydrate  de  térébène  que  l'on  vient  de  faire  connaître. 
Certes  l'isomérie  n'est  pas  douteuse  pour  ce  dernier.  J'ai  pensé  que  l'action 
de  l'eau  sur  les  chlorhydrates  conduirait  à  élucider  la  question  de  l'iso- 
mérie délicate  de  tous  ces  composés.  Mes  expériences  à  ce  sujet  permet- 
tent d'établir  : 

»  1°  Que  le  chlorhydrate  de  térébenthène  est  indécomposable  par  l'eau 
froide  et  qu'il  ne  fournit  que  des  traces  d'acide  chlorhydrique  à  100  de- 
grés ;  2°  que  les  chlorhydrates  de  camphène  sont  lentement  décomposables 
par  l'eau  froide  et  par  ce  même  liquide  à  100  degrés,  avec  régénération  du 
camphène  primitif  cristallisé,  ce  qui  démontre  d'une  façon  péremptoirc 
que  ce  carbure  ne  saurait  être  considéré  comme  la  base  du  chlorhydrate 
de  térébenthène  ;  3°  que  les  éthers  chlorhydriques  des  deux  bornéols 
éprouvent  dans  les  mêmes  conditions  une  décomposition  analogue,  mais 
avec  moins  d'intensité  ;  4°  que  le  chlorhydrate  de  térébène  se  dissocie  déjà 
à  la  température  ordinaire,  se  décompose  le  plus  rapidement  de  tous  par 
l'action  de  l'eau  froide  et  ne  fournit  sous  la  même  influence  à  100  degrés 
que  des  composés  liquides,  contrairement  à  ce  que  l'on  observe  avec  les 
combinaisons  chlorhydriques  des  canipliènes  et  des  bornéols  (i  ). 

(  I  )  La  décomposition  des  corps  de  formule  G  '"  H  '^,  HCl  par  l'eau  à  100  degrés  paraît 
tout  ù  fait  générale  :  j'ai  constaté,  en  effet,  que  le  chlorhydrate  de  térébenthène  liquide  et  la 


(487  ) 

»  Enfin,  en  traitant  à  loo  degrés  tous  ces  chlorhydrates  par  vingt-cinq 
fois  leur  poids  d'eati,  et  toutes  les  autres  conditions  d'expérience  étant 
égales  d'ailleurs,  j'ai  pu  construire  des  courbes  qui  expriment  leur  décom- 
position en  fonction  du  temps  ;  elles  montrent  également  l'isomérie  de  ces 
corps.  J'aurai  occasion  de  revenir  dans  une  Communication  spéciale  sur  ce 
point  particulier  du  travail  que  je  viens  d'effectuer. 

M  Ces  expériences  ont  été  faites  au  Collège  de  France,  dans  le  laboratoire 
de  M.Balard.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  les  variations  de  l'hémoglobine 
dans  la  série  zoologiqite.  Note  de  M.  Quinquacd. 

«  Grâce  au  procédé  de  dosage  de  l'hémoglobine  [Comptes  rendus^ 
t.  LXXVI,  p.  14^9))  qui  consiste  à  déterminer,  à  l'aide  d'une  liqueur  titrée 
d'hydrosulfite,  la  quantité  maximum  d'oxygène  absorbée  par  le  sang,  do- 
sage qui  peut  s'effectuer  en  cinq  minutes  avec  2  centimètres  cubes  de  sang, 
nous  avons  pu  dresser  un  tableau  des  variations  du  poids  d  hémoglobine 
chez  divers  animaux  et  dans  différentes  conditions  physiologiques. 

»  Voici   quelques    faits  intéressants   qui  résultent  de  nos  recherches  : 

i"  La  diminution  progressive  de  la  quantité  d'hémoglobine  contenue 
dans  le  même  volume  de  sang  suit  en  général  les  degrés  de  l'échelle  ani- 
male; toutefois  le  sang  des  Primates  n'est  pas  celui  qui  en  contient  le  plus. 

»  2°  Le  sang  des  animaux  jeunes  est  moins  riche  en  hémoglobine  que 
celui  des  adultes;  dans  beaucoup  d'espèces,  le  sang  placentaire  renferme 
au  moins  autant  d'hémoglobine  que  le  sang  de  la  circulation  générale. 
Dans  la  vieillesse,  le  chiffre  de  l'hémoglobine  diminue.  Ainsi  la  courbe  des 
variations  de  l'hémoglobine  serait  représentée  par  une  première  période 
légèrement  décroissante,  qui  correspondrait  aux  premiers  jours  de  la  vie 
extra-utérine,  puis  la  courbe  se  relevant  deviendrait  ascendante  chez  l'en- 
fant, et  resterait  horizontale  pendant  l'âge  adulte  (de  25  à  5o  ans  chez 
l'homme),  pour  décroître  lentement  chez  le  vieillard. 

))  3°  Le  chiffre  de  l'hémoglobine,  chez  les  Oiseaux,  est  de  beaucoup  in- 
férieur à  celui  des  Mammifères,  pour  un  même  volume  de  sang;  néanmoins, 
le  poids  des  globules  est  un  peu  plus  fort  chez  les  Oiseaux  que  chez  les 

combinaison  chlorhydriqiie  de  l'iso-térébenthène  sont  décomposés  dans  ces  conditions.  Le 
chlorhydrate  de  térébenthène  solide  résiste  seul  à  cette  action,  comme  on  l'a  dit  plus  haut, 
mais  il  perd  la  totalité  de  son  acide  chlorhydrique  sous  l'influence  de  l'eau  à  200  degrés,  en 
se  transformant  en  térébène,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'examen  du  carbure  obtenu  et  de  sa 
combinaison  chlorhydrique  cristallisée. 

63.. 


(  /.88  ) 

Mammifères;  mais  les  globules  de  ceux-ci  contienueut  trois  fois  moins  de 
substance  albumineuse. 

»  4°  Dans  la  série  animale,  l'influence  du  sexe  est  également  à  noter  : 
en  général,  les  femelles  ont  moins  d'hémoglobine  que  les  mâles. 

»  5°  La  lymphe  des  Crustacés  renferme  de  4  à  5  centimètres  cubes  d'oxy- 
gène pour  loo,  tandis  que  l'eau  ordinaire  contient,  à  son  maximum  de 
saturation,  en  plein  hiver,  i  cenlimètre  cube  pour  loo,  et  en  été  ^  de 
centimètre  cube  seulement. 


NOMS    DES   ANIMAUX 

dans  le  sang  desquels  j'ai  dosé 
ritémo^loblne. 


Cochon  de  (>  ans 

Cochon  de  7  mois 

Ane  adulte 

Homme 

Femme 

Sang  du  cordon  i  e^^tré  fœtale.  ... 

ombilical \  exli"  placentaire. 

Vieillard 

Taureau 

Bœuf 

Vache 


Veau 

Cheval 

Rat  de  3  mois. 

liélier 

Mouton 

Brebis 


Cochon  d'Inde 

Moineau 

Pigeon 

Moineau  jeune 

Sang  de  Tanche 

Grenouille 

Lymphe  de  Cruslaccs . 


(re 

OBSEhVATKi». 


i'i>.9 

IlS 
■37.7 

108, S 
!)'l.C 

104 
9^, G 

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ii3,5 


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■■!9 


_ 
4  uiuis. 
06,2 


89,8 
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70,9 


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19 

■7 
1(1 


70 

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5 

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OBSEHVATI0> 


S  ■= 

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9 


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123 

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99 
108,8 

99 

123 

108,8 
9'l,6 


28,5 
25,5 

28 
oR 

21 

23 

21 

23 

20 


3= 

OBSERVATION. 


91,6 


ioS,8 
85 

89,8 
Su  3 


23 

iS 
'9 
'7 
iG 


73,3 
75 

37,8 
28,3 


1» 


13,  J 

iG 

l'I 

8 
6 

'1 


ET 

i37,o 
1 13,5 
.37 
118 
1 1 3  , 5 

9l,C 
1 13,5 

89,8 
1 13,  j 
10/, 


29 
3'l 
39 


2-1 
19 

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70,9 


loG.'i 

85 
75 
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18 
iG 


G  m 

80,3 


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28,3 

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i5 
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G 

7 
3 


4» 

OBSEHVATION. 


S   S 
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108 


108,8 

lO.'l 

ioS,S 
9'l.G 


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o      ! 


28 
23 


70.9 


70,9 

)> 

G(i,2 

23,6 
28,3 


16 


18 
iG 


i5 


(489) 
»  Le  tableau  ci-contre  indique  les  variations  d'hémoglol)inc  dans  le 
sang  de  divers  animaux. 

»  Ce  travail  a  été  fait  à  la  Sorbonne,  dans  le  laboratoire  de  M.  Scbiit- 
zenberger.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Des  variations  de  l'urée  sous  Hnjhience  de  la  caféine,  du  café 
et  du  thé.  Note  de  M.  Rabuteau,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  Dans  la  séance  du  4  août  dernier,  M.  Roux  a  présenté  à  l'Académie 
les  résultats  d'expériences  tendant  à  démontrer  que  le  café  et  le  thé  aug- 
mentent l'urée.  Ces  résultats,  comme  le  fait  remarquer  M.  Roux,  étant 
en  opposition  avec  les  miens  et  ceux  d'autres  expérimentateurs,  je  demande 
la  permission  d'exposer  brièvement  les  expériences  qui  prouvent,  au  con- 
traire, que  les  principaux  représentants  du  groupe  des  caféiques,  c'est- 
à-dire  le  café  et  le  thé,  diminuent  l'iuée. 

»  Bôcker  est  le  premier  qui  ait  constaté  la  diminution  de  l'urée  et  des 
phosphates  sous  l'influence  du  café  (i).  Dans  le  but  de  contrôler  le  pre- 
mier de  ces  résultats,  mon  ami  Eustraliadès  (de  Smyrne)  et  moi,  nous 
avons  fait  sur  nous-mêmes,  avec  la  caféine,  le  café  torréfié,  le  café  vert  et 
le  thé,  les  recherches  suivantes,  où  j'ai  effectué  moi-même  tous  les  dosages 
de  l'urée,  dans  le  laboratoire  de  M.  Ch.  Robin,  à  l'École  pratique  de  la 
Faculté  de  Médecine. 

))  L'expérience  faite  par  M.  Eustradiadès  avec  la  caféine  a  duré  cinq 
semaines,  pendant  lesquelles  il  a  suivi  un  régime  moyennement  azoté  et 
aussi  identique  que  possible,  avec  cette  différence  que,  pendant  les 
semaines  d'ordre  pair,  c'est-à-dire  la  deuxième  et  la  quatrième,  il  a  pris 
chaque  jour  la  caféine  à  la  dose  de  i5  centigrammes  d'abord,  puis,  pins 
tard,  à  la  dose  de  3o  centigrammes  en  deux  fois.  La  caféine,  dissoute  dans 
un  demi-verre  d'eau  ordinaire,  était  ingérée  le  matin,  une  henre  avant  le 
déjeuner,  quand  il  n'en  prenait  que  i5  centigrammes,  et  les  autres  jours 
à  la  même  henre,  et,  de  plus,  à  lo  heures  du  soir,  lorsqu'il  en  répétait  la 
dose. 

»  Les  moyennes  de  l'iuùne  et  de  l'urée  éliminées,  chaque  jour,  pendant 
chaque  semaine,  ont  été  les  suivantes  : 

(  I  )  Jrchwes  générales  de  Médecine,  1 848. 


(  490  ) 

Première  semaine.  —  Sans  caféine. 

Urines  des  24  heures.         Urée  de»  i'\  heures. 
Du  12  au  i3  février  18'jo 9'7''^  22^^,06 

Deuxième  semaine.  —  Snus  l'influence  de  i5  centigniniines  de  caféine. 

Du  ig  au  26  février 881^''  I9^'',8l 

Troisième  semaine.  —  Sans  caféine. 

Du  26  février  au  5  mars gai^''  ai^', 34 

Quatrième  semaine.  —  Sous  P influence  de  3o  centigrammes  de  caféine. 

Du  5  au  12  mars gaô^''  l'j^'',  26 

Cinquième  semaine  —  Sans  caféine. 

Du  12  au  ig  mars g^o^"^  24^%  02 

»  Ainsi  i5  centigrammes  de  caféine  ont  diminué  l'urée  de  1 1  pour  loo, 
et  3o  centigrammes  de  caféine  l'ont  diminuée  de  28,2  pour  100.  J'ajouterai 
que  la  diminution  s'est  manifestée  dés  le  premier  jour  de  l'absorption 
de  la  caféine;  que,  les  jours  suivants,  elle  a  été  plus  forte  que  le  premier 
jour,  mais  qu'elle  est  restée  égale  à  elle-même;  d'où  résulte  ce  fait  impor- 
tant, que  les  effets  de  la  caféine  ne  s'accumulent  pas  dans  l'économie  comme 
ceux  d'autres  médicaments,  de  la  digitaline  par  exemple;  enfin  on  a 
constaté  un  ralentissement  de  la  circulation. 

»  Le  café  en  infusion  a  donné  des  résultats  du  même  ordre  : 

Première  semaine. —  Sous  V  inJluLence  de  60  grammes  de  café  torréfié  pris  en  infusion. 

Urines  des  il^  heures.        Urée  des  i^  heures. 
Du  28  mars  au  4  avril  1870 (moyennes).  .      goS^'  20^'',68 

Deuxième  semaine.  —  Sans  café. 
Du  4  au  'I  avril gio^"'  24^% 38 

»  La  diminution  de  l'urée  a  été  de  i5,i8  pour  100  ;  en  outre,  la  circu- 
lation a  été  ralentie.  Toutefois,  il  y  a  une  accélération  initiale  et  passagère 
qui  a  pu  induire  en  erreur  certains  observateurs,  attendu  que  toute  infu- 
sion cliaude,  l'eau  sucrée  elle-même,  lorsqu'elle  est  chaude,  active  au  début 
la  circulation. 

))  L'expérience  que  j'ai  faite  sur  moi-même  a  été  divisée  en  cinq  périodes, 
de  cieiq  jours  chacune,  pendant  lesquelles  j'ai  suivi  un  régime  identique, 
avec  celte  différence  que,  pendant  la  deuxième  période,  j'ai  pris  le  matin, 
à  midi  et  le  soir,  chaque  fois  une  infusion  de  5  grammes  de  thé  hysan, 
et,  pendant  la   quatrième  période,   j'ai   pris  de   même   une  infusion   de 


(  49'  ) 
5  grammes  de  café  vert.  Le  tableau  suivant  contient  seulement  les  moyennes 
des  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  : 

Première  période,  ■ —  Régime  ordinaire. 

Urines  des  2.'|  heures.       Urée  des  24  heures.        Pouls. 

Du  4  au  9  avril  1870 1126''  24^^,98  74 

Deuxième  période.  —  l5  grammes  de  t/ic par  jour. 

Du  g  au  14  avril i^S^''  238'^,64  64 

Troisième  période.  —  Régime  ordinaire. 

Du  14  au  ig  avril io46s''  25^'',oo  68 

Quatrième  période.  —  1 5  grammes  de  café  vert. 

Du  19  au  24  avril 1259'"'  21*'', 80  62 

Cinquième  période.  —  Régime  ordinaire. 
Du  24  au  29  avril 12426'  aG^'^jiS  6g 

»  En  prenant  la  moyenne  des  nombres  24^'',  98,  258'',oo  et  26^%  18,  on 
trouve  le  nombre  25^%  38,  qui  indique  la  moyenne  de  l'urée  éliminée  pen- 
dant le  régime  ordinaire.  Or,  en  comparant  ce  dernier  nombre  et  les  chiffres 
23^', 64  et  2  1^"^, 80  trouvés  pendant  la  troisième  et  la  quatrième  période  de 
l'expérience,  on  trouve  que  le  thé,  pris  en  infusion  à  la  dose  de  1 5  grammes 
par  jour,  n'a  diminué  l'urée  que  de  6,85  pour  100,  tandis  que  le  café  vert, 
pris  à  la  même  dose,  a  diminué  ce  principe  de  i4,  1 1  pour  loo.  Les  effets 
observés  se  sont  manifestés  dès  le  jour  où  j'ai  pris  ces  deux  substances  et 
ont  disparu  dès  le  moment  où  j'ai  cessé  d'en  faire  usage. 

»  Tels  sont  les  résultats  des  expériences  faites  par  M.  Eustratiadèsetpar 
moi,  danslesquelles  nous  avons  eu  soin  d'éviter  toute  cause  d'erreur.  M.  Roux 
a  trouvé, au  contraire,  une  augmentation  de  l'urée;  mais  il  est  bon  de  noter 
que  cette  augmentation  n'a  été  que  passagère,  ce  qui  me  donne  lieu  de 
croire  que  M.  Roux  arrivera  sans  doute  aux  mêmes  résultats  que  nous  dans 
les  expériences  qu'il  se  propose  de  continuer,  et  que  je  me  propose  moi- 
même  de  reprendre  en  dosant  non-seulement  l'urée,  mais  l'acidecarbonique. 
Il  y  a  une  inconnue  ou  plutôt  un  facteur  que  ces  recherches,  entreprises 
de  part  et  d'autre,  feront  trouver  pour  expliquer  la  différence  des  résultats. 
Enfin  je  ferai  remarquer,  au  sujet  de  l'élimination  de  l'urée,  qu'en  1868  et 
i86g  j'avais  fait  des  expériences  démontrant  qu'il  n'y  avait  aucune  rela- 
tion entre  la  quantité  totale  d'urine  rendue  et  la  quantité  d'urée  éliminée 
en  un  jour,  et  que,  de  plus,  l'élimination  des  sulfates  était,  à  l'étatnormal, 
indépendante,  comme  celle  de  l'urée,  de  la  niasse  des  urines.  [Comptes  rendus 
de  la  Sociélé  de  Biologie,   1 869.)  » 


(492) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  position  zoologicjue  et  te  rôle  des  Acariens  parasites 
nommés  Hypopus.  Deuxième  Note  de  M.  Mégnix,  présentée  par 
M.  Ch.  Robin. 

«  Dans  ma  récente  Note  (p.  129)  Sur  la  position  zoologique  et  le  rôle  des 
Acariens  parasites  connus  sous  te  nom  f/'Hypopus,  r/'Homopus  et  f/eTrichodac- 
tylus,  j'annonçais  :  1°  que,  sous  mes  yeux,  une  nymphe  octopode  du  7; /o- 
glyplms  rostro-serratus  s'était  transformée  en  un  Hypope  dans  lequel  on 
reconnaissait  facilement  1'^.  feroniarum  de  L.  Dufour;  1°  que  j'avais  vu  le 
même  Hypope  reprendre,  dans  d'autres  conditions,  la  forme  de  ïyro- 
glyphe  à  scie.  Me  basant  siu'  ces  faits,  j'en  concluais  que  les  Hypopes  et 
leurs  analogues,  les  Homopcs  et  les  Trichodactyles,  n'étaient  autres  que  des 
états  transitoires,  non  sexués,  des  Tyroglyphes  et  peut-être  d'autres  Aca- 
riens. Je  viens  annoncer  aujourd'hui  de  nouvelles  observations  qui  con- 
firment pleinement  les  précédentes. 

»  Un  grand  Tyroglyphe  inédit,  qui  vit  aussi  sur  les  champignons,  mais 
qui  se  nourrit  surtout  du  pied,  tandis  que  le  précédent  affectionne  parti- 
culièrement le  chapeau  et  les  lames,  m'a  aussi  montré  sa  nymphe  impu- 
bère se  transformant  en  Hypope.  Cet  Hypope,  beaucoup  plus  grand  que  le 
précédent,  paraît  bien  être  V Àcarus  spinilarsus  d'Hermann  :  il  en  a  la  taille 
(0°"",  33  sur  o"™,  12)  et  la  forme  ovale  orbiculaire.  Ses  pattes  sont  ro- 
bustes, munies  de  crochets  sans  ventouses  et  garnies  desoies  nombreuses  et 
roides,  surtout  postérieurement  ;  il  est  cuirassé  comme  tous  les  Hypopes, 
de  couleur  rosée  avec  une  paire  de  vésicules  remplies  de  liquide  vert  bril- 
lant, et  porte  sous  l'abdomen  un  appareil  d'adhérence  composé  de  cinq 
paires  de  ventouses. 

))  En  le  plaçant  dans  des  conditions  convenables,  nous  avons  vu  aussi 
cet  Hypope  reprendre  sa  forme  primitive  de  Tyroglyphe. 

))  Ces  observations  résolvent  complètement  le  problème  de  la  dissémina- 
tion des  Acariens  détriticoles. 

»  En  effet,  tons  ceux  qui  étudient  les  animalcules  qui  vivent  dans  les 
matières  en  décomposition  ont  dû  souvent  se  poser  ces  questions  :  com- 
ment y  arrivent  ces  légions  d'Acariens  qui  y  pullulent  et  s'y  montrent  par 
myriades  en  si  peu  de  temps?  que  deviennent-ils  lorsque  leur  œuvre  de 
destruction  est  terminée  et  que  la  matière  sur  laquelle  ils  grouillent,  réduite 
à  l'état  d'une  poudre  sèche,  ne  leur  offre  plus  aucun  aliment?  Ces  petits 
êtres  n'ont  pas  le  secours  des  ailes  pour  luir  les  lieux  désolés  par  la  famine, 
et  ils  n'ont  pas  l'agilité  des  fourrais,  qui  permet  à  celles-ci  les  migrations 


(  493  ) 
et  les  longs  voyages;  ils  ont  des  téguments  mous  qui  ne  les  protègent  que 
très-peu  contre  les  influences  extérieures  et  la  voracité  de  leurs  nombreux 
ennemis  ;  car  un  coup  de  soleil  les  tue,  et  les  Cloportes  en  font  un  grand 
carnage  ;  leurs  œufs,  relativement  volumineux,  ne  se  rencontrent  pas  dans 
les  poussières  de  l'air,  en  compagnie  des  germes  de  moisissures  et  d'infu- 
soires,  puis  ils  ne  jouissent  pas,  comme  les  Anguillnles,  les  Rotifères  et  les 
Tardigrades,  de  la  faculté  de  revivre  après  la  dessiccation. 

»  Nous  comprenons  qu'ils  aient  servi  de  principal  argument  en  faveur 
de  la  théorie  de  la  génération  spontanée. 

)>  Eli  bien,  voici  ce  qui  se  passe  dans  une  colonie  de  Tyroglyplies 
lorsque  la  privation  d'aliments  semble  la  vouer  à  une  destruction  cer- 
taine : 

»  Tous  les  individus  adultes  et  âgés,  aussi  bien  que  les  jeunes  larves 
hexapodes,  meurent  et  jonchent  le  sol  de  leurs  cadavres:  mais  les  adoles- 
cents, les  nymplies  octopodes,  sont  préservés  :  elles  changent  de  forme, 
revêtent  une  cuirasse,  véritable  habit  de  voyage  qui  les  rend  méconnais- 
sables, mais  qui,  en  même  temps,  les  protège  contre  les  influences  exté- 
rieures; de  plus,  elles  se  munissent  d'un  appareil  d'adhérence  au  moyen 
duquel  elles  s'attachent  solidement  à  tous  les  êtres  qui  passent  à  leur 
portée  :  mouches,  araignées,  myriapodes,  insectes  de  toute  espèce,  et 
même  quadrupèdes,  lesquels,  véritables  omnibus,  les  transportent  où  elles 
ne  peuvent  aller  elles-mêmes.  Si  le  lieu  où  s'arrête  le  véhicule  est  conve- 
nable, si  c'est  sur  un  nouveau  champignon  ou  un  amas  de  détritus  en 
décomposition, alors  le  petit  Acarien  quitte  l'animal  qui  le  porte,  ainsi  que 
sa  forme  hypopiale,  et  redevient  le  Tyroglyphe  qu'il  était  auparavant.  Sous 
l'influence  d'une  alimentation  abondante,  il  grandit  vile,  devient  adulte 
sexué,  s'accouple,  et  en  moins  de  quarante-huit  heures  la  colonie  est  recon- 
stituée. 

»  Voilà  le  rôle  de  YHypopus. 

»  La  conclusion  à  tirer  de  mes  observations,  c'est  qu'il  faut  rayer  des 
nomenclatures  zoologiques  les  geiu'es  Hypopus,  Homopus,  Trichodactylus, 
et  les  nombreuses  espèces  qu'on  a  créées  comme  subdivisions  de  ces  genres. 

»  Le  mot  Hypope  peut  être  conservé,  mais  alors  comme  nom  commun 
servant  à  désigner  la  curieuse  nymplie  cuirassée^  liétéromorphe  et  adven- 
t'we  des  Tyroglyplies,  chargée  de  la  conservation  et  de  la  dissémination  de 
l'espèce  à  laquelle  elle  appartient.  » 

C.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  7.)  "4 


(  494) 

PALÉONTOLOGIE.  —  Gisement  de  végétaux  silicifiés  dans  le  bassin  houiller 
de  la  Loire.  Note  de  M.  Grand'Eurt,  présenlée  par  M.  Daubrée. 

«  Il  y  a,  près  de  Grand'Croix,  entre  le  Nouveau-Ban  et  le  Plat-du-Gier, 
et  principalement  sur  les  hauteurs  de  la  Péronnière,  un  gisement  de 
toutes  sortes  de  débris  herbacés  de  plantes  houillères,  conservés  dans  des 
galets  de  quartz,  que  l'on  voit  très-bien  appartenir  à  quelques  bancs  de 
gros  poudingues  faisant  partie  du  conglomérat,  qui  sépare  l'étage  de 
Rive-de-Gier  du  système  stéphanois. 

»  Ces  galets,  arrachés  à  quelque  formation  inconnue  d'origine  aqueuse, 
sont  du  quartz  compact,  noirâtre,  plus  opaque  que  celui  d'Autun,  et  par 
cela  même,  ce  semble,  plus  propre  à  une  meilleure  conservation  des 
plantes,  dont  on  trouve  les  parties  les  plus  délicates  avec  leurs  plus  minces 
détails  de  structure. 

»  Ainsi  quelques  Cardocarpus  et  Rhabdocarpus,  dont  le  seste  est  entier, 
ont  conservé,  eu  outre,  la  structure  de  quelques  parties  de  l'amande,  et 
jusqu'au  contour  de  la  formation  embryonnaire,  à  ce  point  que  l'on  peut 
espérer  découvrir  des  graines  avec  l'organisation  essentielle  de  l'intérieur. 
Avec  la  feuille  de  Cordaïtes,  ou  trouve  les  gemmes  mâles  de  leurs  inflores- 
cences en  épis  composés,  avec  des  anthères  discernables.  Il  y  a  des  Pero- 
pleris  fructifères,  où  l'on  reconnaît  presque  également,  aussi  bien  aux  formes 
voisines  A' Asterotheca  et  de  Scolecopteris  qui  leur  sont  propres,  le  contenu 
en  spores  que  la  structure  des  sporanges,  de  telle  manière  qu'avec  les 
mêmes  fossiles  d'Autun  nous  avons  pu,  avec  M.  Brongniart,  établir  que 
les  véritables  Peropteris  du  terrain  houiller  supérieur  rentrent  dans  la 
tribu  agrandie  des  Marattiacées;  j'avais  reconnu  que  les  Peropteris  sont 
des  fougères  arborescentes,  dont  les  tiges  sont  les  Caulopteris,  et  les  bases 
les  Psaronius,  dont  la  structure  n'avait  été  trouvée  comparable  qu'à  celles 
des  mêmes  plantes  vivantes;  ces  divers  débris  abondent  autour  de  Saint- 
Étienue. 

))  La  macération  a  moins  dissocié  les  parties  qu'à  Autun.  Une  tige  avec 
une  structure  génériquement  identique  à  celles  des  prétendues  tiges  de 
Sphenophyllum ,  trouvées  aux  environs  d'Autun,  a  des  feuilles  qui  ne 
laissent  plus  de  doute  sur  cette  dépendance  d'organes.  De  nombreux 
Medullosa,  dans  lesquels  on  peut  voir  la  preuve  de  l'existence  des  Mono- 
cotylédones  à  l'époque  houillère,  présentent  des  ramifications  de  pétioles 
de  fougères,  une  surface  cellulaire  unie  et,  d'une  manière  assez  analogue 
aux   Angiopleris,  une  disposition  des  faisceaux  symétriques  par  rapport  à 


(495) 
un  plan  qui  ne  laisse  plus  de  doute  sur  la  nature  pétiolaire  de  ces  fos- 
siles; j'avais  rapporté  aux   énormes  pétioles  des  Névroptéridées,  du  fusain 
et  des  débris  sidérifiés  de  structure  analogue.  » 


'&" 


GÉOLOGIE.  —  5»»'  l'ancienne  existence,  durant  la  période  quaternaire, 
d'un  grand  glacier  dans  les  montagnes  de  l'Aubrac  [Lozère).  Note  de 
M.  G.  Fabre,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  Les  traces  d'anciens  glaciers  ont  déjà  été  signalées  sur  le  plateau  cen- 
tral de  la  France,  dans  le  mont  Dore  (i),  le  Cantal  (2)  et  le  mont  Lozère  (3). 
Ces  trois  massifs  ont  chacun  des  altitudes  supérieures  à  1  700  mètres;  il  était 
intéressant  de  savoir  si  des  montagnes  dont  l'altitude  ne  dépasse  guère 
i4oo  mètres  avaient  pu,  à  l'époque  quaternaire,  donner  naissance  à  des 
glaciers. 

»  Le  but  de  la  présente  Note  est  d'apporter  une  réponse  affirmative  à 
cette  question  importante,  en  faisant  connaître  l'existence  ancienne  d'un 
grand  glacier  sur  le  versant  septentrional  du  massif  montagneux  de  l'Aubrac, 
dans  le  département  de  la  Lozère. 

»  Les  montagnes  d'Aubrac  constituent  un  vaste  plateau  granitique  très- 
peu  ondulé,  à  l'altitude  moyennede  1200  mètres;  les  eaux  s'écoulent  toutes 
sur  le  versant  nord  par  la  rivière  du  Bès,  affluent  de  la  Truyère.  La  partie 
supérieure  du  bassin  du  Bès  s'élargit  pour  former  un  large  cirque  de  1 1  kilo- 
mètres de  diamètre  et  d'une  superficie  totale  de  84  kilomètres  carrés;  les 
crêtes  de  ce  bassin  de  réception  ont  de  laSo  à  1471  mètres  d'altitude  et 
sont  formées  par  des  gneiss  et  schistes  micacés  recouverts  de  puissantes 
coulées  de  basalte;  le  fond  du  bassin  est  au  contraire  granitique  ;  son  point 
d'écoulement,  au  pont  de  Marchastel,  est  à  la  cote  i  i5i. 

»  Telle  est  la  configuration  du  grand  bassin  de  réception  qui  a  dû  ali- 
menter à  l'époque  quaternaire  un  glacier  de  premier  ordre.  Les  moraines 
pwfondes  de  ce  glacier  couvrent  d'un  manteau  continu  de  boue  argileuse 
et  de  blocs  de  basalte  striés  et  polis  tous  les  bas  plateaux  granitiques  des 
communes  de  Marchastel,  N;isbinals  et  Recoules  d'Aubrac, bien  au  deLà  des 
limites  du  bassin  dont  nous  venons  de  parler.  Entre  Nasbinals  et  le  pont 
de  Recoules,  le  chemin  vicinal  recoupe  un  manteau  morainique  très-puis- 

(i)  Df.lanoue,  £ull.  Soc.  geol.  de  France,  t.  XXV,  p.  ^01;  1868. 

(2)  A.  Julien,  Phénomènes  glaciaires  dans  le  plateau  central;  i86g. 

(3)  Ch.  Martins,  Comptes  rendus,  t.  LXVII,  séance  du  g  novembre  1868. 

64.. 


(496) 
sant,  qui  masque  entièrement  le  granité  sous-jacent,  et  qui  fait  partie  de  la 
moraine  latérale  gauche  du  glacier  du  Bès.  L'éjiaisseur  du  glacier  dans  ces 
environs  peut  être  évaluée  à  près  de  loo  mètres;  les  blocs  erratiques  ne 
semblent  pas  dépasser,  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Recoules,  la  cote 
ij6o;  depuis  le  bas  delà  vallée  (io65  mètres)  jusqu'à  la  cote  ii5o,  le  gra- 
nité est  partout  moutonné  sur  la  face  qui  regarde  l'amont  de  la  vallée,  et 
qui  est,  par  suite,  le  coté  choqué  par  le  glacier  disparu. 

»  Cette  disposition,  bien  visible  aux  environs  du  pont  de  Recoules,  de- 
vient véritablement  frappante  à  la  sortie  du  hameau  de  Congoussac,  à  la 
cote  ii49-  ^^  ^°''  ^"  ^^  point  deux  blocs  erratiques  de  basalte,  de  2™,  5o 
de  diamètre  chacun,  perchés  au  sommet  d'iui  mamelon  de  granité,  dont  la 
roche  nue  se  trouve  parfaitement  di'essée  et  moutonnée  sur  une  surface  de 
plusieurs  ares.  Ces  blocs,  accompagnés  d'une  foule  de  menus  cailloux  ba- 
saltiques plus  ou  moins  anguleux  et  souvent  striés,  font  partie  d'une  longue 
trahiée  d'erratiques  volumineux  jetés  en  écharpe  sur  le  flanc  des  coteaux  gra- 
nitiques, depuis  Gramon  jusqu'à  Escudières-,  c'est  une  portion  de  la  moraine 
latérale  droite  du  grand  glacier  disparu.  L'absence  de  toute  crête  dominante 
ne  permet  pas  d'ailleurs  d'expliquer  le  transport  de  ces  masses  anguleuses 
de  basalte  autrement  que  par  un  glacier  puissant  qui  les  aurait  arrachées 
aux  flancs  de  la  montagne  du  Peyrou,  aux  sources  mêmes  du  Bès,  et  les 
aurait  déposées  ainsi  à  plus  de  26  kilomètres  de  leur  point  de  départ. 

»  Cette  moraine  latérale  droite  est  recoupée  par  les  tranchées  de  la  route 
départementale  pendant  4  kilomètres,  entre  le  pont  de  Marchastel  et  le  col 
d'Usanges  :  des  blocs  anguleux  de  basalte  et  de  gneiss,  mêlés  à  des  cail- 
loux striés,  sont  empâtés  dans  une  boue  endurcie  grise  et  constituent  des 
dépôts  de  5  à  6  mètres  d'épaisseur,  plaqués  contre  le  granité. 

»  A  l'époque  de  sa  plus  grande  extension,  le  glacier  du  Bès,  débordant 
par  le  col  d'Usanges,  a  dît  envoyer  un  petit  rameau  secondaire  dans  le  val- 
lon de  Sinières  ;  la  moraine  latérale  de  ce  démembrement  du  grand  glacier 
est  mise  à  nu  sur  1200  mètres  de  longueur,  par  la  rectification  de  la  roule 
départementale,  et  la  moraine  frontale  forme,  au  lieu  dit  les  Moulins  de 
Sinières,  un  barrage  de  20  mètres  de  hauteur  en  travers  de  la  vallée  du 
ruisseau  de  Crucize. 

»  A  une  époque  de  moindre  extension,  ce  glacier  du  Bès  a  dû  être  réduit 
aux  limites  mêmes  de  son  bassin  supérieur,  c'est-à-dire  au  grand  cirque 
que  nous  avons  décrit  plus  haut.  On  a  des  témoins  de  cette  dernière  phase 
de  son  existence  dans  les  morai/ics  frontales  qu'il  a  déposées  de  part  et 
d'autre  du  pont  de  Marchastel  cl  dont  l'une  est  mise  à  nu  sur  5o  mètres 


(  497  ) 
de    longueur  par  la  tranchée  de  la  route  entre  le  pont  et  le  hameau  de 
Monfgros;  en  ce  point,  tous  les  blocs  de  basalte  sont  striés  et  polis,  et 
il  est  facile  de  les  extraire  de  la  boue  argileuse  endurcie  grise  qui  les 
empâte. 

»  Nous  voyons  donc  en  résumé  que  l'ancien  glacier  du  Bès,  après  avoir 
débouché  au  loin  dans  la  vallée  jusqu'à  plus  de  28  kilomètres  de  son  point 
d'origine,  et  après  avoir  débordé  même  nn  peu  en  dehors  de  son  bassin 
hydrographique,  a  dû  subir  un  arrêt  momentané  dans  sa  fusion,  et  a  été 
ainsi  réduit  au  rùle  d'un  simple  glacier  de  second  ordre,  limité  au  grand 
cirque  qui  lui  avait  donné  naissance. 

»  Les  divers  faits  que  nous  venons  de  faire  connaître  sont  une  nouvelle 
preuve  de  l'extension  ancienne  des  glaciers  dans  la  France  centrale  et  de 
l'intermittence  dans  leur  disparition. 

»  A  ce  titre,  ils  démontrent  la  généralité  du  grand  phénomène  qui  a 
ouvert  la  série  des  temps  quaternaires.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Nole  sur  la  pluie  cV étoiles  fdanles 
du  0.']  novembre  1872;  par  M.  Cii.  Dufour. 

«  Dans  les  nombreuses  Communications  qui  ont  été  faites  relativement 
à  la  pluie  d'étoiles  filantes  du  27  novembre  1872,  il  est  une  observation 
qui,  je  crois,  n'a  pas  été  présentée  et  qu'il  est  peut-être  bon  de  signaler. 

»  Pendant  cette  soirée,  nous  avons  eu  à  Morges  (Suisse)  un  ciel  tantôt 
clair,  tantôt  nuageux,  tantôt  couvert. 

»  Entre  autres,  de  S*"  3o™  à  9  heures,  le  ciel  a  été  entièrement  couvert  par 
des  nuages  assez  élevés,  puisque,  malgré  la  nuit,  on  distinguait  au-dessous 
d'eux  la  chaîne  des  Alpes  et  même  la  cime  du  mont  Blanc,  située  à 
4810  mètres  au-dessus  de  la  mer.  Or,  pendant  tout  ce  temps  et  en  y  prê- 
tant spécialement  attention,  y'e  nai  pas  vu  une  seule  étoile  filante,  par  con- 
séquent il  n'y  en  a  pas  une  qui  ait  pénétré  dans  l'atmosphère  jusqu'à  une 
altitude  de  4800  mètres. 

»  Ce  jour-là,  d'après  la  hauteur  du  baromètre  en  Suisse  et  d'après  la 
température  de  l'air,  le  baromètre  sur  la  cime  du  mont  Blanc  aurait  été  à 
peu  près  à  420  millimètres,  c'est-à-dire  qu'il  y  avait  au-dessus  de  ce  point 
les  0,55  de  l'atmosphère;  par  conséquent  les  nombreux  météores  qui  y 
pénétraient  en  ce  moment  étaient  tous  éteints  avant  d'avoir  traversé  les  o,55 
de  son  épaisseur. 

»  Je  dirai  de  plus  que,  malgré  l'attention  que  j'ai  portée  à  cela  depuis  un 


(  498) 
grand  nombre  d'années,  je  n'ai  jamais  vu  une  étoile  filante  au-dessous  des 
nuages. 

»  Le  27  novembre  1872,  vers  les  9  heures  du  soir,  quand  le  ciel  est 
redevenu  serein,  les  étoiles  filantes  ont  apparu  en  aussi  grand  nombre  que 
précédemment  :  on  a  même  commencé  à  en  apercevoir  dès  qu'il  y  a  en 
quelques  éclaircies  entre  les  nuages.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  étoiles  filantes  des  9  e(  10  août.  Note 
de  M.  F.  Tisserand,  présentée  par  M.  Bertrand. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  le  résultat  des  observa- 
tions de  l'essaim  des  Perséides,  faites  à  l'Observatoire  de  Toulouse  par 
M.  Perrotin,  aide-astronome,  et  jbar  moi.  Pendant  la  nuit  du  9  au  10  août, 
le  ciel  étant  resté  constamment  couvert,  les  observations  ont  été  impossibles  ; 
elles  ont  été  un  peu  contrariées  par  la  Lune  pendant  la  nuit  du  10  au  11; 
néanmoins,  de  8''3o"'  à  i  5''3o'",  nous  avons  pu  observer  219  étoiles  filantes, 
réparties  dans  cet  intervalle  comme  il  suit  : 

Etoiles. 


De    8 . 3o 

8.45 

9.00 

9.15 

g.3o 

9.45 

10  .00 

10.  i5 

10. 3o 

10.45 

1 1 .00 

I  r .  i5 

1 1 .3o 

11.45 


Il  Ul 

8.45, 


900 7 

g. i5.  . .  . .  3 

9.30 8 

9-45 3 

10.00 4 

10.  i5 i4 

10. 3o 4 

10.45 9 

1 1 .  00 6 

II. i5 6 

1 1 .3o.  .  . . .  4 

11.45 5 


12.00 5 


De 


I  2  .  00     ;i 

12.  l5 

12.30 

12.45 

i3.oo 

i3.i5 

i3. 3o 

13.45 

14.00 

14. i5 

i4-3o 

14.45 
i5.oo 
i5.i5 
i5.3o 


Il     III 
12.  i5. 

12. 3o. 

12.45. 

i3.oo. 

i3.i5. 


Etoiles. 

.     10 

•       9 
.     1 1 

.     1  1 

.     5 


i3 .  3o 10 

13.45 10 

i4-oo 5 


14. .5.. 
14. 3o. . . 

14.45... 
i5.oo. , , 
i5.i5... 

i5.3o 5 

•5.45 9 


8 
10 

7 
10 

9 


»  Parmi  ces  étoiles,  i3o  ont  été  rapportées  sur  deux  caries  distinctes, 
70  sur  l'une  et  60  sur  l'aulre;  le  point  radiant,  voisin  de  /?  et  7  Persée,  s'est 
trouvé  très-nettement  indiqué  sur  les  deux  cartes;  la  première  a  donné,  pour 
les  coordonnées  de  ce  point, 

JK  =  44",     D  =  55°  ; 
la  seconde. 


IK 


:44°,     D^S^"; 


(499  ) 
d'où,  pour  la  moyenne, 

M.  ■=  44",    D  =  56». 

»  Pendant  la  nuit  du  i  r  au  12  août,  de  9  à  i3  heures,  nous  n'avons  pu 
observer  que  70  étoiles  filantes,  dont  les  trois  quarts  environ  rayonnaient 
du  point  déterminé  précédemment.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Etoiles  filantes  observées  à  Paris  les  9,  10 
el  ir  août  iS^S;  remarques  sur  les  caractères  actuels  du  phénomène. 
Note  de  M.  Chapelas. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  le  résultat  de 
nos  observations  d'étoiles  filantes  pendant  les  nuits  des  8,  9,  10  et  1 1  août 
de  cette  année  ;  mais,  avant  de  faire  connaître  les  chiffres  obtenus,  il  est  un 
fait  important  que  je  crois  utile  de  signaler. 

»  Chacun  a  pu  constater  ce  que  l'automne  et  l'hiver  de  1872,  ainsi  que 
le  printemps  de  1878,  avaient  présenté  de  tout  à  fait  anormal,  sous  le 
rapport  de  la  température  comme  sous  le  rapport  de  la  pression  atmo- 
sphérique et  de  la  quantité  d'eau  tombée,  caractères  particuliers  sur  les- 
quels je  reviendrai  prochainement.  Or,  pendant  ces  diverses  périodes,  nous 
avons  pu  constater  que  le  phénomène  général  des  étoiles  filantes  avait  éga- 
lement subi  une  modification,  en  ce  sens  que  son  intensité  moyenne,  com- 
parée à  celle  des  années  antérieures,  avait  très-sensiblement  diminué.  Il  est 
bien  entendu  que,  dans  cette  appréciation,  nous  avons  eu  soin  de  tenir 
compte  de  l'état  du  ciel,  des  heures  d'observations  et  de  la  durée  des  ob- 
servations, 

»  Cet  amoindrissement  s'est  fait  sentir  jusqu'à  ce  jour  ;  en  effet,  la 
montée  du  phénomène  d'août,  qui,  chaque  année,  se  manifeste  déjà  vers 
les  premiers  jours  de  juillet,  s'est  produite  comme  toujours,  mais  dans  des 
conditions  telles,  qu'il  était  facile  de  prévoir  que,  sur  notre  horizon,  le  pas- 
sage des  météores  des  9  et  jo  août,  généralement  très-brillant,  se  présen- 
terait cette  année  sous  des  apparences  plus  qu'ordinaires.  C'est  ce  qui  a 
eu  lieu,  comme  on  va  pouvoir  en  juger  par  les  résultats  suivants  : 

»  Nuit  du  8.  —  Ciel  couvert  pendant  toute  la  nuit  ;  orage  violent  vers 
2  heures  du  matin. 

»  Nuit  du  9.  —  Ciel  serein.  L'observation,  rendue  très-difficile  par  la 
présence  de  la  Lune  dans  son  plein,  nous  donne  cependant  encore  91  mé- 
téores, qui,  en  tenant  compte  de  la  durée  de  l'observation,  fournissent 
pour  nombre  horaire  moyen  ramené  à  minuit  21  étoiles  -^. 


(  5oo  ) 

»  Nuit  du  lo.  —  Temps  couvert,  pluie  la  nuit.  Une  courbe,  tracée  à 
l'aide  des  données  numériques  obtenues  les  9,  i  i  et  12  août,  produit  pour 
nombre  horaire  moyen  hypothétique  29  étoiles  filantes. 

»  Enfin,  pendant  les  nuits  des  11  et  12,  nous  avons  obtenu  successive- 
ment pour  nombres  horaires  moyens,  ramenés  à  minuit,  les  chiffres  19,7 
et  1 1,1  ;  puis,  les  jours  suivants,  le  phénomène  est  retombé  à  des  moyennes 
très-faibles  et  par  conséquent  sans  importance. 

))  Si  nous  prenons  maintenant  la  moyenne  23  étoiles  j^  de  ces  trois 
nuits  (9,  10,  II),  nous  trouvons  sur  l'année  dernière  une  diminution  de 
10  étoiles,  affaiblissement  très-considérable,  qui  montre  avec  quelle  ra- 
pidité le  phénomène  décroît  depuis  1848,  époque  réelle  du  maximum. 

M  Enfin  nous  n'avons  pas  à  enregistrer  de  particularités  bien  remar- 
quables. Les  météores  étaient  généralement  peu  brillants.  Quant  à  leurs 
directions,  beaucoup  suivaient  la  route  du  sud-ouest  au  nord-est,  contrai- 
rement à  ce  qui  a  lieu  d'habitude.  De  plus,  le  phénomène  étant  très- 
diffus,  il  nous  a  paru  difficile  cette  fois  de  déterminer  d'une  manière  pré- 
cise un  point  de  divergence  particulier.  » 

«  M.  Bertrand  présente,  au  nom  de  MM.  Briot  et  Bouquet,  le  premier 
fascicule  d'une  édition  nouvelle  de  leur  ouvrage  intitulé  :  Théorie  des  fonc- 
tions doublement  périodiques. 

»  L'accueil  fait  par  les  géomètres  à  la  première  édition,  depuis  longtemps 
épuisée,  et  l'influence  exercée  par  les  méthodes  nouvelles  exposées  dans  ce 
grand  ouvrage  imposaient  aux  auteurs  le  devoir  de  l'étendre  et  de  le  complé- 
ter par  l'étude  plus  ardue  des  transcendantes  abélieimes.  La  seconde  édi- 
tion est  intitulée  :  Théorie  des  fonctions  elliptiques,  et  les  savants  auteurs,  en 
changeant  le  titre,  ont  eu  l'intention  sans  doute  d'annoncer  un  ouvrage 
réellement  nouveau.  L'attente  des  géomètres  ne  sera  pas  trompée,  et  si  le 
premier  fascicule  contient  la  reproduction  presque  textuelle  de  la  première 
édition,  dont  la  correction  ferme  et  précise  pourrait  difficilement  être 
accrue,  le  second,  actuellement  sous  presse,  montrera,  par  de  nouveaux 
et  nombreux  exemples,  la  fécondité  des  méthodes  dont  les  auteurs  ont, 
avec  tant  de  talent,  tiré  déjà  un  si  grand  parti.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.  B. 


»»»»< 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  23  AOUT  1873, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.   —  Théorie  des  scories  solaires,  selon  M.  Zœllner; 

par   M.   Fate. 

«  Je  crois  le  moment  bien  proche  où,  avec  un  peu  de  persévérance,  le 
jour  se  fera  pour  tous  sur  cette  question  si  controversée  de  la  constitu- 
tion physique  du  Soleil.  De  toutes  parts  on  nous  propose  des  théories 
nouvelles;  la  discussion  s'est  établie  entre  leurs  auteurs  et,  par  cela  tiiéme, 
on  commence  à  mieux  apprécier  la  question  dans  son  ensemble  et  dans  ses 
conditions  essentielles.  La  lumière  est  sur  le  point  de  jaillir  de  cette  dis- 
cussion; mais,  pour  la  suivre,  il  faudrait  avoir  à  la  fois  sous  les  yeux  les 
Comptes  rendus,  les  Meniorie  dei  spettroscopisti  ilaliani,  les  Actes  de  V Acadé- 
mie royale  de  Saxe,  la  Bibliothètjue  universelle  de  Genève,  des  revues,  des 
journaux,  etc..  Afin  que  l'Académie  en  ait  du  moins  les  traits  principaux, 
je  lui  demande  la  permission  de  traduire  ici  les  arguments  que  M.  Zœllner 
vient  d'opposer  à  l'hypolhèse  du  P.  Secchi.  Je  commencerai  par  exposer 
succinctement  les  idées  de  M.  Zœllner  lui-même  et  surtout  l'ingénieuse 
théorie  de  la  circulation  de  l'hydrogène  solaire  qu'il  vient  de  publier  dans 
les  Mémoires  de  l' Académie  de  Saxe. 

C.  R.,  1873,  i«  Semestre,  (T.  LXXVII,  N»  ».)  65 


(    502    ) 

«  Selon  M.  Zœllner,les  taches  du  Soleil  sont  des  scories  produites  par  le  refroidissement 
local  du  liquide  incandescent  qui  forme  le  ;,'lobe  solaire. 

»  La  température  relativement  basse  de  ces  îles  scorifiées  détermine  au-dessus  d'elles, 
dans  l'atmosphère,  des  courants  analogues  aux  brises  de  terre  et  aux  brises  de  mer  qui 
régnent,  comme  on  lésait,  sur  les  côtes  de  nos  îles;  seulement  sur  le  Soleil  elles  n'alternent 
pas.  De  ces  courants  opposés,  les  inférieurs  soufflent  perpendiculairement  aux  côtes  de 
l'îlot  du  dedans  au  dehors;  les  supérieurs  soufflent,  au  contraire,  du  di  hors  vers  le  dedans. 
Il  en  résulte  nécessairement  une  série  continue  de  niojivenients  tourbillonnaires  dont  les 
axes  horizontau.r  sont  disposés  tangentiellement  aux  contours  de  la  nappe  de  scories. 

))  Naturellement  la  radiation  solaire  est  en  partie  supprimée  au-dessus  de  cette  île;  la 
température  y  baisse  notablement,  et,  si  elle  ton:be  au  point  de  condensation  des  vapeurs 
contenues  dans  l'atmosphère,  il  se  formera  des  nuages  dont  la  figure  dépendra  des  courants 
supérieurs  qui  affluent  de  toutes  parts  vers  l'axe  vertical  de  l'île.  Ces  nuages  se  produiront 
surtout  vers  la  partie  centrale,  et  c'est  à  travers  le  rideau  |)lus  ou  moins  éclairé  de  ces  nuages 
que  l'îlot  de  scories  nous  apparaîtra  comme  le  noyau  noir  d'une  tache  avec  son  enceinte  de 
pénombre. 

u  Ce  refroidisseiTient  local,  qui  explique  bien  la  dépression  que  M.  Respighi  a  observée 
au-dessus  du  noyau  noir  des  taches  (i),  donnera  lieu,  au-dessus  de  ce  noyau,  à  l'élargisse- 
ment des  raies  noires  du  spectre  solaire,  là  où  ces  raies  traversent  la  tarlie. 

»  De  plus,  le  mouvement  de  l'atmosphère  à  l'intérieur  de  la  tache  étant  descendant, 
tandis  que  les  courants  extérieurs  sont  ascendants,  il  en  résulte  que  le  bord  interne  de  la 
pénombre  est  à  un  niveau  plus  bas  que  le  bord  externe.  De  là  la  forme  de  trou  conicjueque 
nous  présentent  les  taches  et  l'effet  de  perspective  bien  connu  qui  se  manifeste  quand  elles 
arrivent  près  des  bords. 

»  Si  les  courants  ascendants  qui  régnent  extéiieurement  à  l'îlot  de  scories  sont  assez 
forts,  ils  jailliront  çà  et  là  dans  la  chromosphère  et  nous  feront  l'effet  des  protubérances 
ordinaires,  lesquelles  paraissent  sortir,  non  de  l'intérieur  des  taches,  mais  de  leurs  contours. 

ï  Quant  aux  protubérances  érnptwes  des  spectroscopistes  italiens,  elles  sont  dues  à  un 
amoindrissement  local  de  la  |)ression  atmosphérique  qui  s'exerce  sur  la  surface  li(]uide  bril- 
lante du  Soleil,  Là  où  s'élèvc^it  les  courants  ascendants  dont  il  vient  d'être  question,  c'est- 
à-dire  autour  des  taches,  la  pression  générale  baisse  et  alors  les  amas  de  gaz  renfermés  et 
comprimés,  ou  même  simplement  dissous  dans  le  sein  delà  masse  liquide,  s'échappent  avec 
violence  comme  les  bulles  de  gaz  de  l'eau  de  Seltz  quand  on  débouche  la  bouteille,  ou 
comme  les  bulles  de  plusieurs  pieds  de  diamètre  qu'on  voit  se  former  dans  la  lave  et  éclater 
avec  fracas  dans  le  petit  cratère  du  Stromboli. 

)i  Quant  aux  mouvements  des  taches  (vit.  ang.  =  857', 6  —  iS'j'.G  sinH),  il  suffit  de  con- 
sidérer les  vents  alizés  qui  doivent  régner  dans  l'atmosphère  du  Soleil.  Ces  vents  remontent 
des  pôles  vers  l'équateur  en  frottant  contre  la  surface.  La  composante  de  cette  action  dans 
le  sens  des  parallèles  doit  diminuer  la  vitesse  de  rotation  et  la  retarde,  sur  les  parallèles 
voisins  du  pôle,  plus  qu'à  l'équaieur  où  cet  effet  s'annule.  Les  îles  de  scories  suivent  comme 

(i)  Die  Erniedrigung  der  Chromospl-.iire  iiber  den  Sonnenflecken,  welche  Respighi 
beobachtet,  konnte  ebenfalls  einer  Temperaturerniedrigung  an  diesen  Stellen  zugeschrie- 
ben  werden. 


(  5o3  ) 
des  corps  flottants  les  mouvements  des  zones  sur  lesquelles  ils  se  trouvent  et  les  indiquent  à 
nos  yeux. 

»  La  segmentation  des  taches  est  tout  aussi  simple.  Ces  immenses  nappes  de  scories  vien- 
nent quelquefois  à  se  fissurer.  Par  la  brisure  l'éclat  de  l'océan  incandescent  (|u'elles  recou- 
vrent apparaît.  La  matière  fluide,  en  remontant  entre  les  fragments,  les  écarte  et  finalement 
plusieurs  taches  naissent  d'une  seule  quand  ces  fragments  ne  se  ressoudent  pas. 

»  Enfin  les  taches  disparaissent  quand  ces  scories  se  fondent  ou  s'engloutissent  peu  à  peu 
dans  la  lave  incandescente  qui  les  supporte.  « 

»  Telle  est  la  théorie  de  M.  Zœllner.  Voilà  ce  que  l'hypothèse  hien 
vieille  des  scories  sur  luie  mer  incandescente  est  devenue  entre  ses  mains, 
grâce  au  rôle  un  peu  compliqué,  niais  ratioiuiel  (une  fois  le  point  de  dé- 
part accepte)  qu'il  fait  jouer  à  ses  brises  insulaires,  à  ses  vents  alizés,  à  ses 
tourbillons  horizontaux,  aux  nuages  qu'il  fait  naître  dans  l'atmosphère,  à 
la  double  faculté,  dont  il  doie  la  masse  liquéfiée  du  Soleil,  de  dissoudre  l'hy- 
drogène de  la  chromosphère  et  de  le  laisser  échapper  subileinent,  avec 
violence,  à  la  moindre  baisse  de  pression  barométrique. 

»  Cherchons  tout  d'abord  à  nous  faire  une  idée  bien  netle  d'une  tache- 
scorie  selon  M.  Zœllner.  Je  lui  vois  pour  base  un  îlot  refroidi,  nageant  sur 
l'océan  de  lave  incandescente;  puis,  au-dessus  et  tout  autour,  une  sorte  de 
vaste  bourrelet  circulaire  formé  par  les  tourbillons  marginaux,  luie  sorte 
de  vaste  tore  dont  l'intérieur  est  ombré  par  les  vapeurs  condensées,  et 
dont  la  surface  interne,  concave,  enveloppée  de  nuages  striés  dans  le 
sens  des  sections  méridiennes,  plus  ou  moins  éclairés,  plus  ou  moins 
transparents  ,  constitue  la  pénombre.  Cela  forme  comme  un  vase  très- 
ouvert,  ayant  pour  base  la  scorie  :  le  tout  se  tient  au-dessus  de  la  sur- 
face du  Soleil.  Or  il  résulte  des  mesures  appliquées  à  cet  effet  de  perspec- 
tive dont  paile  plus  haut  M.  Zœllner,  mesures  dues  à  Wilson,  à  Herschel  1", 
à  M.  Taccliini,  etc.,  qu'en  moyenne  la  profondeur  doit  être  de  3  à  4  se- 
condes. Tant  que  la  tache  se  projettera  pour  nous  dans  les  régions  centrales 
du  disque,  cette  circonstance  est  insignifiante;  elle  échappe  à  nos  yeux; 
mais  quand  la  tache  arrive  au  bord,  ce  tore,  ce  bourrelet  ou  cette  espèce 
d'entonnoir  devra  se  dessiner  en  saillie  sur  la  chromosphère.  L'épaisseur 
de  celle-ci  étant  d'une  dizaine  de  secondes,  l'entonnoir  susdit  en  masquera 
plus  du  tiers,  presque  la  lîioitié.  Je  le  cherche  dans  les  dessins  des  éclipses, 
dans  ceux  des  speciroscopistes  qui  nous  donnent  jour  par  jour  tout  ce  qui 
se  passe  autour  du  Soleil  ;  mais  je  ne  le  vois  pas  :  s'il  existait,  on  l'aurait  vu 
cent  fois,  on  l'aurait  dessiné.  Qu'un  appareil  semblable,  dont  la  puissance 
absorbante  est  assez  grande  pour  produire  en  plein  soleil  l'effet  d'une  tache 

65.. 


(  5o/4  ) 
grisâtre,  ne  soit  pas  visible  par  sa  radiation  propre,  sur  les  bortls,  lorsque 
toutes  les  circonstances  favorables  se  trouvent  réunies,  c'est  ce  que  je  ne 
puis  comprendre,  et,  sans  hésiter,  je  conclus  qu'il  n'existe  pas. 

))  Mais  il  y  a  des  preuves  d'une  autre  nature.  La  situation  du  noyau  noir 
des  taches  a  été  déterminée,  en  dehors  de  toute  hypothèse  préalable,  à 
l'aide  des  sept  années  de  mesures  anglaises,  en  prenant  pour  origine,  non 
plus  l'orifice  de  la  pénombre,  mais  bien  la  surface  générale  du  Soleil  telle 
qu'elle  est  définie  par  son  contour  parfaitement  circulaire.  On  est  arrivé 
ainsi  à  une  profondeur  moyenne  de  o,/(  (rayon  terrestre  =  i  ),  sensible- 
ment la  même  que  la  profondeur  mesurée  (par  Wilson,  les  deux  Herschel, 
M.  Tacchini,  etc..)  à  partir  de  l'orifice  de  la  pénombre.  Donc,  sauf  la  très- 
petite  saillie  que  semblent  faire  les  facules  marginales,  la  tache  tout  entière 
est  plongée  dans  le  corps  du  Soleil. 

»   Voici  l'argument  détaillé  en  six  points  qui  sont  des  points  de  fait  : 

))  1°  Les  taches,  en  arrivant  près  du  bord,  disparaissent  peti  à  peu  sans 
jamais  empiéter  sur  le  bord,  et  leur  orifice  finit  par  se  confondre  sensible- 
ment avec  le  bord  du  Soleil. 

»  2°  On  ne  voit  rien  en  saillie  au-dessus  de  la  tache  qui  vient  de  dispa- 
raître, pas  même  pendant  les  éclipses  totales,  alors  que  la  chromosphére 
se  révèle  sous  forme  d'une  lisière  rosée. 

»  3°  Le  spectroscope  qui  nous  rend  sensible  la  moindre  trace  d'hydro- 
gène ou  de  vapeurs  ne  nous  fait  rien  voir  au-dessus  des  taches  qui  res- 
semble au  bourrelet  horizontal  de  M.  Zœllner. 

»  4°  I-^  profondeur  des  taches  n'est  pas  une  simple  supposition  :  c'est 
un  fait  qu'une  hypothèse,  apparemment,  ne  saurait  détruire.  Elle  a  été  me- 
surée de  deux  façons  :  d'abord  à  partir  du  niveau  de  son  orifice,  puisa  par- 
tir de  la  surface  générale.  Ces  deux  mesures,  de  natures  si  différentes,  s'ac- 
cordent. Or  la  dernière  assigne  aux  taclies  une  profondeur  de  plusieurs 
centaines  de  lieues  au-dessous  de  la  surface  brillante  du  Soleil. 

»  5"  Le  fait  bien  connu,  mentionné  au  n"  i,  explique  la  concordancede 
ces  deux  genres  de  mesures.  Cette  concordance  résulte,  en  effet,  de  ce  que 
l'orifice  de  la  pénombre  débouche  à  la  surface  même  de  la  photosphère. 

»  6°  Des  mesiu'es  directes  du  P.  Secchi  efiecluées,  non  sur  les  noyaux, 
mais  sur  les  orifices  des  pénombres,  ne  laissent  d'ailleurs  place  à  aucun 
doute  sur  ce  dernier  point. 

u  Ainsi  tous  les  phénomènes  directement  observables  et  mesurables  s'ac- 
cordent à  démontrer  que  les  taches  sont  des  cavités  et  non  des  saillies.  Je 
désirerais  bien   que  les  partisans  des  scories,  M.  Zœllner  et  M.  Gauthier, 


(  5o5  ) 
de  Genève,  voulussent  bien  en  citer  un  seul  qui  permît  seulement  de  jeter 
nu  doute  quelconque  sur  celte  conclusion .  Celui  qui  le  premier,  il  y  a  une 
couple  de  siècles,  a  émis  cette  hypothèse,  se  hornait  à  dire  :  Les  taches 
font  assez  bien  l'effet  de  scories  nageant  sur  une  matière  fondue  et  incan- 
descente. Les  faits  se  sont  chargés  de  prouver  l'inexactitude  de  celle  pre- 
mière impression,  et  ces  preuves  redoublées  ont  été  admises  partons  les 
observateurs  (i). 

»  On  voit  combien  l'hypothèse  des  scories  est  inférieure  jusqu'ici  à  celle 
des  éruptions;  mais,  en  poussant  plus  loin  la  critique,  nous  allons  lui  voir 
reprendre  l'avantage  sur  d'autres  points,  et  c'est  ce  cpii  nous  expliquera  la 
persistance  que  M.  Zœlluer  met  à  la  soutenir. 

a  Je  ferai  remarquer,  eu  effet,  avec  satisfaction  combien  la  circulation 
de  l'hydrogène  solaire  île  M.  Zœlluer  se  rapproche  de  la  mienne.  Cet  hy- 
drogène s'engouffre  dans  l'entonnoir  des  taches  sous  l'action  de  tourbillons 
horizontaux,  va  jusqu'au  fond  (la  scorie),  puis  est  entraîné  par  les  cou- 
rants inférieurs  au  delà  du  noyau,  et  enfin  remonte  vivement  au  loin  au- 
tour de  la  tache,  en  jaillissant  dans  la  chromosphère  et  au-dessus.  Je  n'ai, 
il  est  vrai,  qu'un  simple  tourbillon'au  lieu  d'une  enveloppe  de  tourbillons, 
et  le  mien  est  vertical;  de  plus  le  phénomène  s'opère  en  partie  à  une  cer- 
taine profondeur  dans  le  corps  même  du  Soleil,  tandis  que,  chez  M.  Zœlluer, 
il  se  passe  tout  entier  dans  l'atmosphère,  au-dessus  de  la  surface  brillante. 
Mais  le  point  essentiel,  l'idée  d'une  circulation  née  de  l'engouffrement,  du 
down  rusli  de  l'hydrogène,  est  compris  par  nous  de  la  même  manière.  Quant 
à  la  doctrine  des  éruptions,  elle  reste  muette;  d'après  elle,  il  sort  sans  cesse 
de  l'hydrogène  du  Soleil,  mais  il  n'y  rentre  rien. 

»  Une  autre  supériorité  de  l'hypothèse  des  scories  sur  celle  des  érup- 
tions, c'est  la  manière  dont  elle  s'adapte  aux  lois  du  mouvement  des  taches. 
Une  de  ces  lois  consiste  en  ce  que  chaque  tache  suit  le  mouvement  du  pa- 
rallèle sur  lequel  elle  se  trouve,  et  si,  par  suite  d'une  petite  oscillation 

(i)  Si  M.Zœllner  a  repris  en  soiis-œiivre  cette  idée,  c'est  qu'il  a  cru  y  trouver  une  explica- 
tion simple  et  rationnelle  du  noir  des  taches,  laquelle  manque  aux  éruptions  privées  du  no5'an 
obscur  ;  mais  il  n'y  parvient  qu'en  attribuant  tacitement  auxdites  nappes  de  scories  la  pro- 
priété de  résister  à  la  chaleur  solaire  pendant  des  semaines  et  des  mois.  Or  celle-ci,  n'eùt-clle 
que  sn  seule  radiation,  suffirait  pour  fondre  une  enveloppe  de  fer  forgé  à  raison  d'un  kilo- 
mètre d'épaisseur  par  jour.  Que  serait-ce  si  l'on  tenait  compte  de  la  chaleur  communiquée 
par  contact?  Cette  envelojipe  disparaîtrait  sans  doute  en  quelques  instants.  Évidemment 
ceux  qui  ont  mis  les  premiers  cette  notion  de  scories  en  avant  ne  se  faisaient  pas  la  moindre 
idée  de  la  puissance  d'un  pareil  foyer. 


(  5o6  ) 
propre,  elle  passe  de  ce  parallèle  à  un  autre,  elle  prend  aussitôt  le  mouve- 
ment de  celui-ci.  C'est  se  conduire,  sauf  l'oscilbition  propre,  à  la  manière 
des  corps  flottants  ;  or  c'est  précisément  le  cas  des  scories.  Il  est  bien  clair 
qu'il  n'en  petit  être  ainsi  des  éruptions,  à  moins  d'admettre  des  éruptions 
flottantes,  à  point  de  départ  purement  superficiel. 

»  Mais  cet  accord  avec  les  faits  ne  va  pas  plus  loin,  et  la  discordance 
commence  de  suite.  En  effet,  pour  expliquer  le  retard  progressif  de  la  ro- 
tation d'iui  parallèle  à  l'autre,  M.  Zœllner  est  obligé  d'invoquer  l'hypothèse 
d'Herschel  II,  celle  des  vents  alizés.  Dès  lors  on  ne  voit  pas  comment  ces 
îlots  de  scories  ne  seraient  pas  poussés  peu  à  peu  vers  l'équateur,  tout 
comme  nos  navires.  Or,  d'après  les  lois  déduites  des  observations  par  le 
calcul,  il  n'existe  aucun  mouvement  pareil.  Il  est  même  fort  aisé  de  s'assu- 
rer, sans  calcul,  que  les  petits  mouvements  des  taches  en  latitude  n'ont 
nullement  ce  caractère;  car,  à  chaque  page  de  la  collection  des  mesures 
anglaises,  ou  trouvera  des  taches  voisines  qui  présentent  de  petits  mouve- 
ments très-limités  en  sens  opposés,  l'une  vers  l'équateur,  l'autre  vers  les 
pôles. 

M  Quant  à  la  lente  oscillation  elliptique  que  les  taches  de  très-longue 
durée  exécutent,  dans  le  même  sens,  sur  l'hémisphère  nord,  mais  en  sens 
opposé  sur  l'hémisphère  sud,  elle  n'a  rien  de  commun  avec  les  déplace- 
ments des  corps  flottants. 

»  Il  en  est  de  même  de  la  segmentation  des  taches;  les  détails  si  curieux 
de  cette  mystérieuse  opération  ne  concordent  guère  avec  l'idée  d'une 
rupture  du  noyau-scorie,  bien  que  cette  hypothèse  soit  encore  ici,  je  me 
hâte  de  le  reconnaître,  bien  supérieure  à  celle  des  éruptions  (i). 

»  Faut-il  considérer  la  distribution  des  taches?  Si  elles  étaient  de 
simples  scories  dues  au  refroidissement,  ce  ne  serait  pas  sans  doute  dans 
les  régions  les  plus  chaudes  qu'on  les  verrait  se  fortner;  or  c'est,  au 
contraire,  dans  les  zones  voisines  de  l'équateur  qu'elles  apparaissent,  et 
jamais  aux  pôles.  En  outre  c'est  au  bea^i  milieu  des  facuics,  c'est-à-dire 
au  sein  des  parties  les  plus  chaudes,  qu'on  les  voit  naître  et,  quand  elles 
disparaissent,  c'est  souvent  une  facule  qu'elles  laissent  après  elles. 

(i)  Toutefois  la  figure  même  des  taches,  qui  tend  d'une  manière  si  frappante  à  re- 
prendre la  forme  circulaire  quand  elles  en  ont  été  momentanément  écartées,  n'a  rien  de 
commun  avec  les  scories,  car  celles-ci  ne  comportent  aucune  forme  géométri(]ue.  On  n'a  pas 
fait  assez  attention  jusqu'ici  à  cette  circularité  si  remarquable  des  taches,  caractère  essen- 
tiellement mécanique  qui  ne  s'explique  bien  que  dans  ma  théorie,  ainsi  que  les  déviations 
fréquentes  qui  viennent  l'altérer  momentanément. 


(  5o7  ) 

»  Même  insuccès  jDOur  la  distribution  géographique  des  protubérances. 
Celles-ci  apparaissent  jusqu'au  70"  degré  de  latitude,  tandis  qne  les  taches 
qui  doivent  hii  donner  naissance  ne  vont  guère  au  delà  du  35"  (i). 

))  Enfin,  et  ce  sera  mon  dernier  argument,  peut-on  négliger  les  grands 
phénomènes  de  la  splendeur  solaire,  de  sa  constance  et  de  sa  longue 
durée?  N'y  a-!-il  que  des  taches  à  expliquer,  et  faut-il,  pour  s'en  rentlre 
compte  d'une  manière  si  peu  plausible  d'ailleurs,  se  con(!ainner  à  consi- 
dérer le  Soleil  comme  une  masse  simplement  liquéfiée  par  la  chaleur?  Mais 
alors  comment  peut-elle  durer  en  cet  élat?  Pourquoi  n'est-elle  pas  depuis 
longtemps  encroûtée?  Ces  scories,  dont  vous  la  recouvrez  çà  et  là,  nous 
en  doiuient  aussilôl  l'idée;  l'apparition  de  ces  scories  est  précisément  le 
prodrome  de  reucroùtemetit.  Si  la  conductibilité  des  liquides  et  des  so- 
lides est  si  faible  que  ces  scories  résistent  des  jours,  des  semaines  et  même 
des  mois  entiers  à  la  chaleur  du  liquide  fondu  qu'ils  recouvrent,  com- 
ment veut-on  que  ce  liquide  lui-même  subvienne  à  l'énorme  radiation  de 
1  200000000  de  calories  qu'il  perd  chaque  jour,  par  mètre  carré  de  su- 
perficie? Considérez  avec  quelle  rapidité  un  corps  incandescent  solide  ou 
liquide  s'éteint,  si  l'on  cesse  de  lui  fournir  la  chaleur  qu'il  rayonne  avec 
tant  d'abondance,  et  vous  sentirez  qu'ici  un  état  de  fluidité  presque  gazeux 
est  nécessaire  pour  permettre  le  jeu  de  courants  ascendants  et  descendants 
qui  seul  peut  ramener  la  chaleur  des  profondeurs  de  la  masse  solaire  et 
alimenter  sa  radiation  superficielle  pendant  des  millions  d'années,  et  pour 
permettre  à  la  contraction  progressive  de  la  plus  grande  portion  de  la  masse 
de  réparer,  en  calories,  une  partie  de  la  perte  séculaire. 

))  Quoiqu'd  en  soit,  les  objections  de  M.  Zœliner  contre  les  idées  actuelles 
du  P.  Secchi  n'en  gardent  pas  moins  toute  leur  portée.  Ces  deux  savants 
se  contredisent,  en  effet,  de  la  manière  la  plus  complète.  Pour  le  P.  Secchi 
les  éruptions  produisent  les  taches;  pour  M.  Zœliner  ce  sont  les  taches  qui 
produisent  les  éruptions. 

»  Après  avoir  formulé  la  cause  qu'il  assigne  aux  protubérances  éruplives 
qui  apparaissent  autour  des  taches,  M.  Zœliner  continue  en  ces  termes, 
p.  25  des  Bericlite  der  K.S.  G.  der  W.Silz.  am  21  Feb.  J873  : 

«  Déjà,  en  1870,  Respiijhi  avait  signalé  ces  circonstances,  représentées  par  ma  théorie 
comme  autant  de  résultais  généraux  île  ses  observations  : 

»  Sul  contorno  délie  macchie  sorgono  ordinarianiente  getti  gassosi  di  straordinarie  inlen- 
»  sità  e  violence,  e  di  forme  ben  definile.  » 

(i)  C'est  l'objection  que  me  faisait  à  tort  M.  Tacchini.  Ici  elle  porte  juste. 


(  5o8  ) 

«  Ordinariamente,  nelle  località  délie  facole,  le  protuberanze  o  le  eruzioni  sono  niolto  fre- 
»  fiuenti  e  iiiolto  sviluppate,  etc.  » 

»  Le  P.  Secchi  est  arrivé  aux  mêmes  résultats  dans  le  cours  de  ses  nombreuses  observa- 
tions, et  il  lésa  résumés  ainsi  dans  une  récente  Communication  à  l'Académie  des  Sciences 
de  Paris  : 

«    1°  Les  régions  des  facules  et  des  taches  sont  les  j)lus  riches  en  protubérances.  » 
»   2°  Il  y  a  deux  espèces  de  protubérances,  les  unes  faibles  et  légères,  épanouies  comme 
1)  nos  cirrhus  légers  dans  l'atmosphère;  les  autres,  plus  denses,  plus  compactes,  plus  vives, 
»   ayant  une  structure  filaire  et  des  caractères  optiques  particuliers.  » 

»  Que  des  éru])tions  plus  vives,  qui  traversent  avec  une  plus  grande  vitesse  les  couches 
plus  profondes  et  plus  riches  en  vapeurs  de  l'atmosphère,  en  détachent  quelques  parties  et 
les  entraînent  au-dessus  de  la  base  de  la  chromosphère  de  manière  à  les  rendre  perceptibles 
au  spectroscope  par  leurs  raies  brillantes,  c'est  à  quoi  l'on  peut  bien  s'attendre.  Aussi  le 
P.  Secchi  trouve-t-il,  dans  les  protubérances  les  plus  vives  et  les  plus  intenses,  de  nombreuses 
raies  appartenant  à  des  métaux.  Il  les  désigne,  pour  abréger,  par  ce  caractère  métallique,  et 
précise  leur  connexion  avec  les  taches  de  la  manière  suivante  : 

»  Alors  j'ai  remarqué  soigneusement  toutes  les  éruptions  ttyant  ce  caractère  que,  pour 
»  abréger,  j'appellerai  i/iélal/ique,  et  j'ai  trouvé  que,  toutes  les  fois  qu'on  observait  à  l'orient 
»  du  bord  solaire  une  de  ces  éruptions,  on  découvrait  une  tache  solaire  visible  le  jour  sui- 
»  vant.  Cette  liaison  est  si  réelle  que  j'ai  pu,  pendant  ces  derniers  mois,  prédire  l'apparition 
»  d'une  tache  par  la  simple  inspection  de  la  qualité  du  spectre  de  l'éruption.  Les  cinq  rota- 
»   tions  dont  je  présente  le  résumé  m'ont  fourni,  à  elles  seules,  vingt-quatre  de  ces  exemples.» 

»  De  cette  relation  de  position  entre  les  deux  phénomènes  le  P.  Secchi  se  croit  autorisé  à 
conclure  entre  eux  la  relation  suivante  de  cause  à  effet  : 

»  La  conclusion  de  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  est  manifeste.  Les  taches  sont  pro- 
»  duites  par  l'éruption,  de  l'intéiieur  à  l'extéiieur,  de  masse  des  vapeurs  métalliques  que 
«  je  viens  d'indiquer,  u 

»  Pourquoi  cette  conclusion  manifeste  s'applique- t-elle  mieux  aux  observations  que  la 
conclusion  inverse  [Its  cruptions  sont  produites  i)ar  tes  taches  ),  c'est-à-dire  pourquoi  les 
taches  ne  seraient-elles  pas  la  cause  productrice  des  protubérances  éruplives?  C'est  ce  dont 
j'ai  tâché  en  vain  de  découvrir,  dans  leséciits  du  P.  Secchi, une  raison  tant  soit  peu  valable. 
J'ai  dû  faire  cette  recherche;  car,  de  eu  que  les  parties  supérieures  des  iirotubérances  appa- 
raissent les  premières  au  bord  oriental  du  Soleil,  puis,  de  ce  que  le  jour  suivant,  par  suite  de 
la  rotation,  la  tache  apparaît  à  son  tour,  c'est  là  une  chose  si  simple,  que  je  ne  pouvais  penser 
que  le  P.  Secchi  en  eût  tiré  la  conclusion  susdite;  c'eût  été  l'équivalent  du  sophisme /jo^^ 
hoc  crgo  piopter  hoc.  » 

»  Sans  attoiulre  le  résultat  inévitable  de  cette  guerre  d'hypolhèses,  je 
dirai  qu'ici  je  suis  de  l'avis  de  M.  Zœlltier  ;  les  protubérances  dérivent  des 
tacbes,  non  les  tacites  des  protubérances;  mais  je  me  hâterai  d'ajouter  que 
les  deux  mouvements  accolés  en  quelque  sorte  l'un  à  l'autre,  l'un  descen- 


(  5o9  ) 
dant  vers  l'intérieur  des  taches,  l'autre  extérieur  aux  taches  et  ascendant, 
doivent  être  étudiés  d'une  tout  autre  manière.  Nul  ne  dira  que  ces  deux 
mouvements,  très-limités  en  définitive  et  en  grande  partie  extérieurs  au 
Soleil,  contribuent  à  la  radiation  de  cet  astre,  à  sa  constance,  à  sa  longue 
durée,  en  un  mot  à  l'alimentation  de  la  photosphère.  Ce  sont  donc  deux 
phénomènes  secondaires  qui  doivent  tenir  à  quelque  chose  de  plus  général 
et  de  plus  important,  à  quelque  cause  dont  les  deux  hypothèses  rivales 
ne  sont  pas  même  eu  état  de  faire  soupçoiaier  l'existence.  S'attacher  exclu- 
sivement à  ces  deux  faits,  vouloir  faire  dériver,  à  l'aide  de  suppositions,  le 
premier  du  second  comme  fait  le  P.  Secchi,  ou  le  second  du  premier  comme 
l'entend  M.  Zœllner,  ce  n'est  pas,  j'imagine,  suivre  la  bonne  voie.  Les  faits 
eux-mêmes  pourraient  manquer  pour  résoudre  cette  contradiction  entre 
deux  savants  d'égale  compétence  II  faut  s'élever  à  une  notion  plus  haute, 
celle  du  phénomène  bien  plus  général  dont  ces  magnifiques  détails  dé- 
pendent. 

»  J'ai  montré,  sans  recourir  à  des  hypothèses,  que  cette  circulation  de 
l'hydrogène  solaire,  si  bien  saisie  d'ailleurs  dans  quelques-uns  de  ses  traits 
par  M.  Zœllner,  dérive  d'un  phénomène  plus  général,  à  savoir  les  mouve- 
ments tourbillonnaires  (à  axe  vertical)  qui  naissent  dans  la  photosphère  de 
son  mf)de  spécial  de  rotation;  et  j'avais  fait  voir  auparavant  que  cette  ro- 
tation elle-même  se  rattache  à  un  phénomène  bien  plus  général  encore,  au 
premier  de  tous,  c'est-à-dire  au  mode  d'alimentation  de  la  photosphère  par 
où  la  longue  phase  solaire  est  essentiellement  caractérisée.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  le  ptanimètre  polaire;  par  M.  H.  Resal. 

«  Le  planimètre  (polaire)  du  [ïrofesseur  Amsier  de  Schaflouse  est,  parmi 
les  instruments  de  cette  catégorie  connus  jusqu'à  présent,  de  beaucoup  le 
plus  simple,  le  plus  commoile  et  le  moins  dispendieux;  il  est  cependant 
peu  connu  des  ingénieurs  français. 

»  11  se  compose  en  principe  de  deux  règles  métidliques  OA,  AB,  arti- 
culées en  A  et  portant  normalement  une  pointe  eu  O  et  B.  Dans  le  pro- 
longement en  AB,  se  trouve  en  C,  sur  un  axe  parallèle  à  cette  direction, 
une  roulette  dont  la  jante  est  graduée.  Pour  mesurei-  lUie  aire,  on  fixe  sur 
le  plan,  en  dehors  du  périmètre,  la  pointe  O,  de  manière  que  l'on 
puisse  suivre  ce  périmètre  avec  la  pointe  B;  lorsque  cette  |)oinle  est  re- 
venue à  son  point  de  départ,  la  roulette  a  subi,  en  roulant  sur  le  plan,  un 
déplacement  qui  donne  la  mesure  de  l'aire. 

V:  R.,  1873,  i»  Semestre.  (T.  LXXVII,  M"  8.)  "" 


(  5io) 

»  Cette  Noie  a  pour  objet  de  montrer  coniriient  la  théorie  des  rotations 
conduit  simplement  à  l'équation  du  planimètre  polaire,  qui,  je  crois,  n'a 
pas  été  établie  dans  toute  sa  généralité. 

»  Soient  : 

/■,  r',  a  les  longueurs  constantes  OA,  AB,  AC; 

R  le  rayon  vecteur  OB; 

6  l'angle  qu'il  forme  avec  un  axe  fixe; 

w,  il  les  vitesses  angulaires  autour  de  O  de  OA,   OB,  lorsque  B  trace  le 

périmètre  de  l'aire; 
u>'  la  vitesse  angulaire  de  AB  autour  de  A; 
a,  a'  les  angles  AOB,  ABO; 
I  le  pied  de  la  perpendiculaire  abaissée  de  A  sur  OB. 

»  Le  mouvement  de  AB  résulte  de  la  rotatiou  w' et  de  la  translation  wr 
perpendiculaire  à  OA,  de  sorte  que  la  vitesse  U  du  point  B  est  la  résultante 
de  deux  vitesses  wr,  u' r'  respectivement  perpendiculaires  à  OA  et  AB.  Les 

composantes  de  U  suivant  R,  et  sa  perpendiculaire  étant  —  ?  ilR,  il  vient 


ou 


d'où 


(o'/- 

,    .       ,                .              dK 
suia  —  oj/snia  = -T-j 

dt 

a'r' 

'cos«'-f-  w/'cosa  =  DR, 

1     dK 
w  —  w  =  -—   — -, 
AI    dt 

w'Bl  + wOI  =  P-R, 

=  12 

01  rfR         ^         I    dK 
^-  Mdt    ="+R    ./.    ^°'«' 

=  0. 

—  -  —  cota  . 

R   dt 


n  La  vitesse  V  du  point  C,  estimée  per|)endiculairement  à  AB,  égale  à  la 
vitesse  de  la  roulette  à  sa  circonférence,  est  la  résultante  de  — «w'  et  de 
la  composante  correspondante  —  wr  cosOAB  de  la  translation  wr;  mais  le 
triangle  AOB  donne 


R^ —  r'  —  /•'■ 
cosOAB  =  —  j 


on  a  donc 


5ii   ) 


ou 


(0      V=  -  R=—  r-—  r'-—  lar')  _  -  __     ; cota'+ acota )• 

^    ■  2  ■  '         K   dt    \  zr'  j 

Soient  A  l'aire  décrite  par  le  rayon  vecteur  à  partir  rln  moment  où  R  et  G 
avaient  pour  valeurs  R,,,  ô„;  a  l'arc  correspondant  dont  la  circonférence 
de  la  roulette  a  tourné  ;  on  a 


■\T            ^'' 

nR2 

dk 

'"> 

V=    —5 

dt 

2 

=  T?r' 

il  =  —1 

dt 

et  l'équation  (i)  devient 

dk  =  r  da  +  I \  dO —  [ cot  «  -t-  ar  cot  «  |  ? 

d'où 

(2)     A.  =  /''(7+( ^ j(9_5„)_  /     I _ cola  +«/■  cota  j--- 

»  On  devra  substituer  à  cota',  cota  leurs  valeurs 

r'  +  R^— r'^  ^    ,  r"-|-R^  — r' 

cn\r/z=     ^  ,       cota  = 


v/4R'r2— {r^4-  R=—  /•'=)'  y/4Rîr'=  —  (r'=  +  R»  —  r')= 

résultant  de  la  considération  du  triangle  OAB;  de  sorte  que  l'intégrale  dé- 
pend des  fonctions  elliptiques. 

»   En  supposant  —  =  o,  on  retombe  sur  la  formule  établie  par  M.  Ams- 

ler,  en  suivant  une  marche  différente  de  la  précédente,  pour  le  cas  d'un 
secteur  circulaire,  dont  l'examen  lui  a  suffi  pour  faire  connaître  les  pro- 
priétés de  son  instrument. 

»   Lorsque  la  pointe  B  est  revenue  à  son  point  de  départ,  on  a 

A  =  r'a, 

et  l'aire  est  ainsi  proportionnelle  à  l'arc  décrit  par  la  roulette.  » 

ANATOMIE  COMPARATIVE.  —  Sur  les  organes  pliosphorescei^ts  tlioraciqties  et 
abdominal  du  Cocuyo  de  Cuba  (Pyro|)hor'US  noctilucus;  Elater  nocli- 
lucus,  L.).  Note  de  MM.  Ch.  Robin  et  A.  Laboulbène. 

«   Nous  avons  eu  l'occasion  crexaminer  vivants  et  de  disséquer  trois 
des  insectes  coléoptères,  de  la  famille  des  Élatérides,  sur  lesquels  M.  de  Dos 

66.. 


(  5. a) 
Hermanas  a  appelé  lécemment  l'attention  de  l'Académie  (i).  L'étude  de 
cet  insecte,  qui  est  commun  dans  l'Amérique  intertropicale,  nous  a  con- 
duits à  quelques  résultats  méritant  d'être  signalés  (2  . 

»  Indépendamment  des  deux  organes  phospliorescents,  très-apparents 
sous  forme  de  taches  d'un  jaune  mal,  ovalaires,  situées,  ime  de  chaque 
côté,  sur  la  face  dorsale,  à  l'arrière  du  prothorax  [corselet],  il  en  existe 
un  troisième,  imjîair  et  médian.  Celui-ci  se  présente  sous  l'aspect  d'une 
grande  plaque,  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre,  située  à  la  face  ventrale  du 
corps,  entre  le  thorax  et  l'abdomen  :  l'insecte  la  met  à  découvert  et  la  rend 
lumineuse  volontairement;  il  la  rend  aussi  très-lumineuse  quand  on  écarte 
les  élytres  et  les  ailes,  et  qu'on  renverse  un  peu  l'abdomen  vers  la  partie 
dorsale. 

)>  Eu  mettant  à  découvert  l'espace  situé  entre  les  segments  emboîtés  du 
métalhorax  et  du  premier  segment  abdominal,  on  a  sous  les  yeux  un  espace 
Iriangulniro  ayant  plus  de  trois  fois  la  largeur  d'une  des  taches  lumineuses 
du  corselet.  Sur  l'animal  vivant,  cet  espace  interlhoraco-abdomiual  brille 
alors  du  plus  vif  éclat.  C'est  aussi  vers  la  partie  centrale  qu'apparaît 
d'abord  la  lumière  verte,  phosphorescente.  A  la  clarté  du  jour  ordinaire, 
nous  l'avons  déjà  dit,  la  coloration  de  l'organe  en  repos  est  blanchâtre  et 
à  peine  jaune. 

»  À.  Si  l'on  examine  la  surface  des  taches  jaunâtres  dorsales  du  pro- 
thorax, de  forme  ovalaire,  longues  de  2  millimètres,  on  voit  qu'elle  est 
très-lisse,  et  qu'en  ces  points  il  y  a  une  transparence  parfaite  des  téguments 
chitineux,  amincis,  incolores,  continus  avec  la  portion  brune  foncée  et 
épaisse  recouvrant  le  reste  du  corselet  (3).  Immédiatement  au-dessous  du 
tégimient  diaphane  des  trois  a(>pareils  phosphorescents  se  voit  le  tissu  propre 
de  l'organe,  qui  est  humide,  charnu,  grisâtre,  demi-transparent;  tout  le 
reste  de  sa  surface  profonde  est  pourvu  d'une  couche  ou  enveloppe  de  tissu 
adipeux  d'un  blanc  mat,  épaisse  d'un  dixième  de  nnllimètre,  que  traver- 
sent les  trachées  et  les  nerfs  de  l'organe  même.  Celui-ci  ne  peut  être  enlevé 
sans  qu'on  entraîne  aussi  celle  couche.  Dés  qu'un  des  organes  dorsal  ou 
ventral  est  à  découvert,  sa  surface  humide  et  brillante  s'enfonce  et  se  relevé 


(i)   Sur  les  Cocinos  tic  Cuba  [Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  333;  i8'j3). 

(2)  Les  U'ois  individus  soumis  ù  noire  e.\anien  étaient  du  sexe  mâle. 

(3)  Celte  partie  diaphane  du  tégument,  en  l'orme  de  cornée  oculaire,  au  niveau  de  ces 
organes,  a  néanmoins  sa  surface  marcfuée  de  fines  ponctuations  microscopicjues,  figurant  des 
virgules  droites,  écartées  les  unes  des  autres  de  o'""',oi  et  en  rangées  quinquonciales 
régulières. 


(  5.3  ) 
par  mouvements  lents  et  irréguliers,  dus  à  la  contraction  de  faisceaux  mus- 
culaires striés  qui  s'insèrent  à  sa  face  profonde  (i). 

»  En  enlevant  ou  en  arrachant  peu  à  peu  tout  l'organe  lumineux,  on 
arrive  à  découvrir  contre  lui  un  tronc  trachéen  court  et  considérable,  car 
il  a  plus  de  2  millimètres  de  diamètre;  il  est  donc  très-facile  à  voir.  La  dis- 
position des  trachées  sortant  de  cette  ampoule  trachéenne  pour  aller  à 
l'organe  voisin  est  plutôt  celle  de  houppes  que  la  division  dichotomique 
ordinaire. 

»  B.  L'organe  phosphorescent  abdominal  est  irrégulièrement  triangu-- 
laire,  à  base  tournée  du  côté  du  thorax  et  à  sommet  postérieur.  Il  n'a  pas 
l'enveloppe  tégunientaire  solide  des  taches  lumineuses  du  thorax;  c'est  la 
membrane  interthoraco-abdominale,  devenue  très-fine  et  transparente,  qui 
le  recouvre.  La  surface  extérieure  de  celle-ci  est  lisse,  avec  quelques  poils 
fins  et  très-espaces;  sa  face  postérieure  adhère  fortement  à  l'organe  lumi- 
neux. Ce  dernier,  d'un  blanc  jaunâtre,  retiré  du  corps  de  l'animal  vivant, 
brille  dans  l'air,  dans  l'eau,  sur  les  plaques  de  verre  porte- objet  (2). 

»  Ou  trouve  à  l'organe  phosphorescent  de  l'abdomen,  chez  le  Pyroplio- 
rus,  la  même  structure  que  [)onr  les  deux  organes  thoraciques  (3). 

»  Structure  an  atomique.  —  Les  coupes  de  ces  divers  organes  montrent 
qu'ils  sont  de  forme  lenticulaire,  d'un  tiers  environ  moins  épais  que 
larges,  en  y  comprenant  l'envelopiie  adipeuse  profonde.  Celle-ci  est  en- 
tièrement formée  de  très-grandes  cellules,  à  paroi  hyaline,  à  contenu 
formé  de  nombreuses  gouttelettes  graisseuses,  comme  dans  le  tissu  adipeux 
de?  insectes  (4),  et  qu'il  reçoit  des  trachées  peu  nombreuses  relativement 
au  reste  de  l'appareiL 


(1)  Cette  surface  devient  bientôt  louche  et  verdâtre,  parce  que  ces  contractions  rompent 
alors  les  cellules  adipeuses  de  l'enveloppe  sus-indiquée,  et  font  couler  sur  elle  les  gout- 
telettes microscopiques  de  leur  contenu  huileux. 

(2)  Il  en  est  de  même  de  l'organe  lumineux  du  corselet.  Du  reste,  l'organe  des  Lampyres, 
ou  Vers  luisants  de  nos  contrées,  brille  étant  retiré  du  corps  et  après  l'écrasement  de  l'ani- 
mal. Sa  substance  dissociée  met  quelques  minutes  avant  d'avoir  épuisé  sa  phosphorescence. 

(3)  Les  trachées  de  l'organe  ventral  se  rendent  dans  deux  troncs  trachéens  brunâtres, 
allant  de  chaque  côté  au  gros  stigmate  du  premier  segment  abdominal. 

(4)  Après  vingt-quatre  heures  de  contact  avec  l'acide  acétique  ou  avec  l'acide  chlorhy- 
drique  étendu,  les  principes  graisseux  formant  ces  goultelettes  passent  en  partie  à  l'état  de 
fins  cristaux  aciculaires  qui  hérissent  leur  surface  ou  restent  plongés  dans  leur  épaisseur. 
Beaucoup  de  ces  gouttes  se  fondent  alors  ensemble  en  gouttes  plus  grosses.  Les  acides  ne 
font  pas  ap[)araître  des  cristaux  d'acide  urique  dans  ces  cellules,  ni  entre  elles,  comme  ils  le 
font,  au   contraire,    dans   les  cellules  du   tissu   propre    de  cha(jue    organe.   Ce   sont  leurs 


(  5i4  ) 

»  Le  tissu  propre,  demi-transparenl,  humide,  forme  la  partie  centrale 
de  l'appareil,  (pii  est  la  pins  volumineuse.  Il  est  composé  de  cellules  qui  ne 
diffèrent  pas  sensiblement  de  celles  qui  constituent  les  organes  lumineux 
des  Lampyres,  et  depuis  longtemps  décrites;  ce  sont  des  cellules  irréguliè- 
rement polyédriques,  à  angles  arrondis,  assez  molles,  friables,  difficiles  à 
séparer  les  unes  des  autres,  épaisses  de  o™™,o4  à  o""",o6;  elles  manquent 
de  paroi  propre;  elles  ont  un  noyau  relativement  petit  (o""",oo7),  ovoïde, 
un  peu  grenu,  sans  nucléole,  visible  facilement  après  l'action  prolongée  de 
l'acide  acétique  et  de  la  teinture  de  carmin.  L'aspect  charnu  particulier 
et  l'état  finement  et  uniformément  grenu  de  ces  cellules  se  retrouvent  ici 
d'une  manière  très-nette.  La  présence  de  l'urate  d'ammoniaque  ou  de 
soude  en  grande  quantité,  comme  principe  constitutif  de  ces  granules,  sur 
laquelle  les  auteurs  classiques  insistent  à  propos  de  l'appareil  des  Lampyris, 
se  constate  ici  de  la  manière  la  plus  nette.  L'acide  acétique  et  l'acide  chlor- 
hydrique  étendu  font  apparaître,  au  bout  de  quelques  minutes,  dans 
l'épaisseur  des  coupes  du  tissu,  et  surtout  autour  d'elles,  des  cristaux 
d'acide  urique,  isolés  ou  groupés,  aisément  reconnaissables  et  nombreux  (i); 
en  même  temps  la  substance  des  cellules  devient  moins  grenue,  plus  trans- 
parente, sans  se  dissoudre. 

»  Ces  cellules  sont  immédiatement  contiguës  les  unes  aux  autres,  et 
entre  leurs  faces  adjacentes  on  ne  trouve  que  des  trachées  et  des  tubes 
nerveux,  sans  que  la  masse  du  tissu  ainsi  constitué  soit  subdivisée  en  lobes 
et  lobules  (2). 

»  Les  trachées,  d'épaisseur  moyenne  quand  elles  traversent  la  couche 
blanche  adipeuse,  deviennent  fort  nombreuses  et  très-fines,  par  subdivi- 
sions multiples,  et  touffues  dès  qu'elles  pénètrent  dans  le  tissu  propre: 


goutteleUes  qui  donnent  une  coloration  d'un  blanc  jaune  mat  à  la  surface  profonde  de  l'ap- 
pareil et  qui  réfléchissent  vers  l'intérieur  la  lumière  centrale  produite,  mais  non  les  gra- 
nules d'urate  (dont  il  va  être  question),  contrairement  à  ce  qu'on  a  supposé  être  dans  les 
Lampyres.  Du  moins  il  en  est  ainsi  sur  les  Pyropliores. 

(1)  Aucun  de  ces  fins  granules  ne  dépasse  en  diamètre  o°"",ooi  et  ne  peut  être  reconnu 
comme  salin  sans  l'aclion  des  acides.  L'acide  sulfurique,  qui  fait  apparaître  prompteraent 
des  aiguilles  de  sulfate  de  cliaux,  sous  le  microscope,  partout  où  il  agit  sur  des  carbonates 
ou  des  urates  de  chaux,  n'amène  pas  leur  formation  ici  :  il  amène  le  dépôt  d'acide  urique 
en  groupes  sphéroïdaux,  en  sabliers,  etc. 

{9.)  Les  cellules  de  la  surface  conliguë  à  la  couche  adipeuse  .sont  plus  riches  en  granula- 
tions, un  peu    moins    transparentes  que  celles  qui  sont  plus  centrales,  mais  sans  former 
toutefois  une  couche  distincte,  comme  les  cellules  adipeuses  en  constituent  une. 
*  0 


f  5i5  ) 
elles  vont  se  terminer  en  poinles  les  plus  fines  contre  une  face  des  cellnles. 
Cette  face  nous  a  semblé  être  la  face  opposée  à  celle  contre  laquelle  arri- 
vent les  tubes  nerveux    Toutefois  nous  ne  pouvons  pas  être  absolument 
affirmatifs  à  cet  égard  (i). 

»  Les  nerfs,  relativement  nombreux  et  volumineux,  viennent  du  gan- 
glion le  plus  voisin  de  chaque  appareil  et  le  pénètrent  par  sa  circonférence. 
Ils  s'épanouissent  en  tubes  marchant  bientôt  isolément,  entre  les  cellules, 
dès  qu'ils  ont  traversé  la  couche  adipeuse.  Là,  ils  cessent  bientôt  de  pos- 
séder leur  couche  de  myéline  et,  après  s'être  divisé  plusieurs  fois,  leur 
cylindre-axe  s'applique  contre  telle  et  telle  cellule;  mais  il  nous  a  été  im- 
possible d'en  voir  la  terminaison  réelle,  comme  on  peut  le  faire  dans  les 
appareils  électriques  des  poissons,  par  exemple. 

»  Remarques  physiologiques.  —  Les  organes  phosphorescents  des  insectes 
constituent  des  appareils  de  la  vie  de  relation  comme  les  appareils  élec- 
triques des  poissons.  Leurs  nerfs  sont  de  l'ordre  des  nerfs  moteurs  dits 
volontaires. 

»  On  sait,  d'après  les  expériences  faites  sur  les  Lampyres,  que  leurs 
propriétés  sont  moditiées  de  la  même  manière  par  les  mêmes  agents. 

»  Brown  et  Linné  avaient  déjà  constaté  que  la  production  Inmineuse 
l)ar  le  Pyrophore  est  soumise  à  sa  volonté.  Ou  peut  en  multiplier  les 
preuves  de  mille  manières  (2).  Alors  que  l'animal  trop  affaibli  ne  produit 
plus  de  lueurs  à  la  suite  des  excitations,  qui  en  suscitaient  auparavant  l'é- 
mission, on  peut  encore  en  obtenir  en  incisant  les  ganglions  qui  envoient 
des  nerfs  à  l'appareil,  ou  en  arrachant  brusquement  celui-ci. 

»  Ces  expériences  réussissent  sur  le  thorax  séparé  de  l'abdomen  comme 
sur  l'insecte  entier.  Leurs  résultats  sont  de  même  ordre  que  ceux  que  l'on 
obtient  avec  des  muscles  ou  des  organes  électriques  récemment  séparés  de 
l'animal  qui  les  porte.  Sur  les  appareils  ventral  et  dorsal,  la  lumière  apparaît 
d'abord  au  centre  même  de  l'organe,  puis  elle  gagne  toute  son  étendue, 

(1)  On  sait  que  l'un  de  nous  a  démontré  que  les  disques  di!  tissu  électrique  formant  les 
appareils  de  ee  nom  dans  les  poissons  reçoivent  leurs  vaisseaux  par  celle  de  leurs  faces  par 
laquelle  s'échappe  le  courant,  tandis  que  les  nerfs  se  terminent  contre  la  face  opposée,  celle 
qui  est  tournée  vers  le  pâle  positif  de  l'appareil  {voir  Ch.  Robin,  Annales  des  Se.  nat.  zool., 
i847>  Compte  srendus  des  séances  de  C Académie  des  Sciences,  i865,  el  Journal  d' Anatomie 
et  de  Physiologie,  année  i865). 

(2)  Brown  et  Linné  avaient  déjà  constaté  que  l'abdomen  de  ces  insectes  devient  brillant 
quand  on  les  déchire  en  deux.  Foir  aussi  Fougeroux  de  Boudarois,  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences,  1766;  Lacordaire,  Introduction  à  l'Entomologie,  etc. 


(  5i6) 
éclaire  au  dehors;  elle  devient  fort  vive,  verdâtre  et  des  plus  belles.  Une 
zone  linéaire,  jaunâtre,  très-apparente,  parce  qu'elle  tranche  à  la  péri- 
phérie sur  le  ton  brun  des  téguments,  n'est  point  primitivement  lumineuse. 
Il  en  est  de  même  des  angles  externes  de  l'organe  ventral,  surtout  quand 
l'animal  est  affaibli.  Cette  zone  est  z'eprésentée  par  la  couche  adipeuse  in- 
diquée plus  haut. 

»  Elle  devient  lumineuse  quand  du  centre  la  phosphorescence  a  gagné 
jusqu'à  elle;  mais  alors  même  elle  ne  produit  pas  de  lumière,  ellen'est  ja- 
mais |)hotogène  :  elle  ne  fait  que  réfléchir  la  lumière  produite  par  la  portion 
centrale  de  l'organe.  En  revanche,  elle  le  fait  non-seulement  par  sa  face 
interne,  mais  par  toute  son  épaisseur,  ce  à  quoi  se  prêtent  la  transparence 
et  le  fort  pouvoir  réfringent  de  ses  gouttelettes  graisseuses,  toutes  nette- 
ment sphériqiies.  C<^s  dispositions  physiques  déterminent  des  phénonièrics 
dispersifs  et  d'interférence  qui  sont  la  cause  de  l'éclat  remarquable  que 
prend  la  lumière,  dès  que  du  centre  elle  se  propage  jusqu'à  cette  zone. 

»  Quels  sont  les  changements  d'état  moléculaire  des  cellules  du  tissu 
propre  de  l'organe  qui  causent  ici  un  dégagement  de  lumière  ?  On  s.iit  que 
pendant  le  repos,  et  en  dehors  de  toute  influence  nerveuse,  les  appareils 
électrogènes  des  poissons  passent  à  un  état  de  tension  électrique  de  plus 
en  plus  prononcé,  dont  ils  se  dégagent  subitement  dès  qu'ils  veulent,  ou 
sous  l'inflrtence  expérimentale  de  telle  ou  telle  action  physico-chimique. 
Or  ici  les  probabilités  sont  que  le  tissu  phosphorescent  produit  peu  à  peu 
une  substance  qui  s'accuuude  lentement  dans  les  cellules  productrices 
mêmes,  indépendamment  de  toute  influence  nerveuse,  par  des  actes  de 
même  ordre  que  ceux  de  diverses  sécrétions,  et  que  l'acte  seul  par  lequel 
elles  s'en  déchargent  est  volontaire  (i). 

»  La  mise  en  liberté  volontaire  de  la  matière  produite  relativement  au 
reste  de  la  substance  des  cellules  consiste-t-elle  en  un  suintement  exsudatif 
inlercellulaire  ou  a-t-elle  lieu  dans  l'épaisseur  de  ces  éléments  ?  On  ne  peut 
encore  rien  dire  de  précis  sur  ce  |)oiut;  mais  le  principe  qui  rend  lumi- 
neuse pendant  plusieurs  minutes  la  substance  des  cellules  écrasées  se  com- 
porte comme  la  noclilucine,  principe  azoté  coagulable,  phosphorescent, 
retiré  par  Pinpson  {1871)  du  mucus  lumineux  île  certaines  scolopendres. 


(i)  L'expérience  prouve  que,  comme  pour  la  production  et  le  dégagement  de  l'électricité 
des  poissons,  les  actes  précédents  épuisent  vite  l'animal  et  exigent  le  repos,  après  une  série 
de  quelques  dégagements,  pour  qu'une  réparation  nutritive  permette  de  nouveau  leur  pro- 
duction. 


(  5i7  ) 
des  poissons,  etc.  C'est  un  principe  immédiat  naturel,  peu  stable,  dont  la 
ségrégation  chimique  ou  moléculaire  a  lieu  dès  qu'il  devient  libre  et  qui 
se  manifeste  par  une  production  de  lumière  seulement,  sans  chaleur, 
d'une  manière  analogue  à  ce  qui  a  lieu  lors  de  la  décomposition  acciden- 
telle, putride  ou  non,  de  diverses  sortes  de  tissus,  de  mucus,  de  sucres,  etc. 
»  L'abondance  des  urates  dans  la  substance  des  cellules  au  sein  des- 
quelles a  lieu  le  dégagement  de  lumière  porte  à  penser  que  l'acide  urique 
est  un  des  composés  cristallisables  résultant  de  la  décomposition  photo- 
génique du  composé  coagulable  précédent,  puisqu'il  est  graduellement  éli- 
miné comme  les  principes  cristallins  de  désassimilation  analogues.  L'abon- 
dance des  trachées  dans  cet  appareil  est  certainement  en  rapport  avec 
celle  de  la  consommation  d'oxygène  qui  accompagne  ces  phénomènes.  « 

THERMODYNAMIQUE.  —  Dé motisliation  directe  des  princi/jes  fondamentaux  de 
la  Thermodynamique.  Lois  du  frottement  et  du  choc  d'après  cette  science 
[suite  (i)].  Mémoire  de  M.  A.  Ledieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  XIL  Démonstration  directe  du  principe  amplifié  de  Carnol.  —  On  sait 
que  le  cycle  auquel  s'applique  le  principe  de  Carnot  est  un  cycle  fermé  et 
réversible,  et  que  la  condition  de  réversibilité  est  indispensable  pour  les 
démonstrations  de  ce  principe  qui  ont  été  données  jusqu'ici. 

»  La  condition  de  réversibilité  exige  que  la  pression  du  corps  travailleur 
soit  la  même  dans  toute  sa  masse,  et  qu'elle  diffère  à  chaque  instant  infini- 
ment peu  de  la  résistance  qu'il  a  à  surmonter.  Or  cela  revient  à  supposer  : 
1°  que  les  vitesses  de  changement  de  volume  sont  négligeables;  2"  que  les 
forces  extérieures  mesurables  physiquement,  et  au  nombre  desquelles  il 
faut  compter  les  réactions  des  parois  qui  enveloppent  le  corps  travailleur, 
doivent  sans  cesse  avoir  des  valeurs  différant  infiniment  peu  de  celles  qui 
leur  seraient  nécessaires  pour  se  faire  équilibre  sur  le  corps  supposé  rigide. 
Il  résulte  de  là,  notamment,  que  le  centre  de  gravité  du  corps  ne  se  dé- 
place à  chaque  instant  que  sous  l'effort  d'une  résultante  infiniment  petite. 
»  D'autre  part,  lesdites  démonstrations  exigent  encore  que  l'équilibre 
de  température  s'établisse  à  chaque  instant  dans  toute  la  masse  du  corps 
travailleur. 

»  Comme  on  devait  s'y  attendre,  notre  démonstration  est  exactement 
soumise  aux  mêmes  conditions. 

(i)  Voir  les  Comptes  rendus  des  14,  21  et  28  juillet;  4,  1 1  et  18  août. 

C.  K.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  8.)  67 


(  5-8  ) 

»  On  se  rappelle,  en  effet,  qne  c'est  expressément  dans  l'hypothèse  de 
l'établissement  incessant  de  l'équilibre  de  température,  ainsi,  du  reste,  que 
sous  la  conditicn  mentionnée  en  i"  ci-dessus,  que  nous  sommes  parvenu 
à  l'équation  (i4). 

»  Nous  allons  actuellement  introduire  dans  cette  équation  la  condition 
mentionnée  en  2°,  laquelle  est,  à  la  vérité,  entièrement  spéculative,  mais 
heureusement  s'écarte  peu  de  la  réalité  des  faits. 

»   L'introduction  dont  il  s'agit  entraîne  les  deux  résultats  suivants  : 

»  1°  Si  le  corps  se  trouve  eu  repos  d'ensemble  au  début  du  cycle,  il  s'y 
maintiendra,  pendant  tout  le  parcours  de  celui-ci,  à  une  quantité  infini- 
ment petite  près;  on  aura  donc,  dans  l'équation  (i4),  2m  (Aj  —  A')  égale  à 
une  quantité  infiniment  petite. 

»  2°  La  quantité  lJ{Xf]dXf  -f- Yqc/;",  +  Z^dz,)  sera  pareillement  infini- 
ment petite. 

»   L'équation  (i4)  deviendra  dès  lors 

(i5)     EQ  =  2lmkEg{T,-T)  +  2l,nkEg  Ct^-^  -2/(X,(?^+Y,,d^j+Z,5z.). 

»  Parvenu  à  cette  relation,  il  importe  d'aller  au-devant  de  toutes  les 
apparences  paradoxales  que  pourraient  présenter  les  diverses  considéra- 
tions qui  vont  suivre,  et  pour  cela  nous  recommandons  au  lecteur  d'avoir 
bien  présent  à  l'esprit  le  partage  du  travail  total  des  forces  calorifiques 
en  deux  autres,  l'un  dû  aux  chemins  élémentaires  vibratoires  que  nous 
avons  désignés  par  d^JC,  d^j\,  d^z,  l'autre  correspondant  à  \ai  parlie  des 
chemins  élémentaires  Sx,  oy,  5z  qui  provient  du  changement  de  tem- 
pérature, en  notant  d'ailleurs  que  le  travail  dû  à  la  portion  de  ces  chemins 
relative  au  mouvement  de  variation  de  volume  se  trouve  toujours  nul,  aussi 
bien  que  le  travail  dû  au  mouvement  d'ensemble,  à  cause  précisément  de 
Verraiisme  des  forces  calorifiques. 

»  Cela  dit,  appliquons  notre  nouvelle  relation  aux  quatre  opérations  du 
cycle  deCarnot,  dont  nous  désignerons  l'isothermique  supérieure  par  bc, 
la  première  adiabatique  par  cd^  l'isothermique  inférieure  par  de^  enfin  la 
deuxième  adiabatique  par  eb. 

»  Pour  la  première  opération,  T  demeurant  constant,  §.r,  &)-,  ^z  seront 
exclusivement  des  chemins  élémentaires  dus  au  changement  de  volume  du 
corps;  et,  par  suite,  eu  égard  à  ce  que  nous  venons  de  dire,  le  troisième 
terme  du  second  membre  de  l'équation  (i4)  sera  nul.  Dès  lors,  en  intro- 
duisant d'ailleurs  l'hypothèse  de  la  constance  de  la  température,  nous  au- 


{  5.9) 
rons  la  relation 

(i6)  ^  =22mAEglognép  f^U 

Te  et  Tj  étant  les  dnrées  des  vibrations  pour  les  deux  états  du  corps  qui 
correspondent  aux  points  c  et  b. 

»  Pour  la  seconde  opération  du  cycle,  le  premier  membre  de  l'équa- 
tion (i5)  et  le  troisième  terme  de  son  second  membre  sont  nuls,  puisqu'il 
n'y  a  pas  de  clialeur  appliquée  ou  enlevée  au  corps  par  des  moyens  exté- 
rieurs. 

On  a  alors,  pour  cette  opération, 

(T, -T)  =  -  /"'t^. 

»  Cette  équation  étant  vraie,  quelle  que  soit  la  valeur  de  la  différence 
T,  —  T,  a  encore  heu  quand  cette  différence  devient  infiniment  petite  et 


égale  à  (?T.  Nous  aurons  donc 


dT         St 

T~  7' 

et,  par  suite, 

(17) 

T 
d'où      lognépY  =  lognép 


Trf 


Il    =    Il 
T  TJ 

Tj  étant  la  durée  des  vibrations  pour  l'état  du   corps  correspondant  au 
point  d. 

»  Semblablement  à  ce  qui  précède,  et  en  se  rappelant  ce  que  nous  avons 
dit  pour  la  manière  dont  on  doit  exprimer  le  refroidissement  d'un  corps, 
on  trouvera,  pour  la  troisième  et  la  quatrième  opération, 

(18)  —  ^  2lmkEg\osnép—'> 

1  1  Tfi 


('9) 


T 


T,  étant  la  durée  des  vibrations  relatives  à  l'état  du  corps  correspondant 
au  point  e. 

»  Des  équations  (17)  et  (19)  on  tire 


T£_   T^ 

T6  Te  ^  '     "^d  "  '     ''b 

67. 


—  1      d  ou     —  lognep  -  =  loenen  — 

Te  *^  '      TJ  *=■  '     T4 


(    520    ) 

»  Dès  lors  les  équations  (i6)  et  (i8),  combinées  entre  elles,  donneront 

,      ^  Q       Q.  -^    Q       Q.  Q        T 

(20)  —  =  — ,     soit    ^  —  ^  =  0,     ou  encore     ^  =  — , 

ce  qui  est  précisément  le  principe  amplifié  de  Carnol. 

)>  Nous  donnons  dans  notre  Mémoire  une  manière  beaucoup  plus  rapide 
d'arriver  à  ce  principe,  en  partant  toujours  de  l'équation  (i5);  autremeut 
dit,  nous  tirons  d'emblée  de  cette  équation  la  relation  générale 


/f 


démontrée  pour  la  première  fois  par  Ciausius,  en  i854,  comme  s'appli- 
quant  à  tout  corps  décrivant  un  cyc\e  fermé  ël  réversible,  mais  quelconque 
d'ailleurs. 

»  Néanmoins,  la  marche  un  peu  longue  que  nous  venons  de  suivre  nous 
a  paru  utile  à  donner,  pour  faire  voir  d'une  façon  explicite  la  manière 
dont  les  choses  se  passent  de  proche  en  proche  dans  le  cycle  de  Carnot.  » 

M.  Dumas,  absent  de  Paris  en  ce  moment,  écrit  à  l'Académie  qu'il  a 
reçu  de  M.  Lichlenslcin  une  Lettre  (i)  indiquant  les  motifs  sur  lesquels  il 
se  fonde  pour  maintenir  l'opinion  qu'il  a  émise  au  sujet  de  la  reproduction 
du  Phylloxéra. 

«  D'après  M.  Lichfenstein,  dit  M.  Dumas,  quelques  jours  suffisent  pour 
transformer  l'insecte  sorti  de  l'oeuf  en  mère  pondeuse.  M.  Signoret  pense 
qu'il  faut  un  au  pour  l'amener  à  cet  état.  Parmi  les  circonstances  nom- 
breuses qui  appuient  le  sentiment  de  M.  Lichteusiein,  partagé  par  tous  les 
observateurs  du  Midi  qui  ont  été  témoins  de  la  rapidité  avec  laquelle  les 
racines  de  la  vigne  sont  envahies  par  l'insecte,  il  en  est  une  que  M.  Signoret 
ne  semble  pas  avoir  prise  en  considération.  Le  Phylloxéra  des  feuilles 
offre  toujours  sur  les  feuilles  jeunes,  et  au  début  de  son  apparition,  une  ou 
deux  galles  seulement,  à  peine  proéminentes.  Chaque  galle  ne  contient 
qu'un  seul  Phylloxéra.  Bientôt  celui-ci  s'est  développé  et  a  pondu;  les  œufs 
sont  éclos  et  de  nouvelles  galles  apparaissent  sur  les  feuilles  voisines,  toutes 
renfermant  une  mère  et  des  oeufs  près  d'éclore  ou  éclos. 

»  Je  me  permets  de  recommander  l'étude  du  Phylloxéra  des  feuilles, 


(i)  Voir  plus  loin  cette  Lettre  aux  Mémoires  présentés,  p.  522. 


(  52,  ) 
comme  propre  à  résoudre  divers  problèmes  relatifs  aux  transformations 
de  cet  insecte.  En  effet,  autant  il  est  difficile  d'isoler  le  Phylloxéra  des 
racines  et  de  le  suivre  dans  son  développement,  autant  il  est  aisé  de  le  faire 
pour  le  Phylloxéra  des  feuilles,  qui  naît  et  se  développe  dans  une  cavité 
fermée,  où  se  commence  et  se  termine  son  existence,  et  d'où  surlent  seu- 
lement les  jeunes,  qui  vont  former  de  nouvelles  habitations. 

»  La  fécondité  prodigieuse  du  Phylloxéra  étant  admise,  il  n'en  devient 
que  plus  intéressant  de  constater  qu'un  premier  pas,  et  un  pas  tout  à  fait 
décisif,  vient  dètre  accompli  relativement  à  la  découverte  des  moyens  de 
destruction  qui  peuvent  être  mis  à  profit  pour  en  débarrasser  la  vigne. 
C'est  un  grand  bienfait  pour  la  France. 

»  M.  Monestier  a  réussi  à  tuer  le  Phylloxéra,  sans  nuire  à  la  vigne, 
au  moyen  du  sulfure  de  carbone.  L'expérience  a  été  effectuée  avec  un 
succès  complet,  à  Celleneuve,  près  de  Montpellier,  parles  soins  de  MM.  Mo-  * 
nestier,  Lautaud  et  d'Ortoman  ,  guidés  par  des  expériences  préalables 
de  laboratoire.  On  fait  autour  de  la  vigne  trois  trous,  en  enfonçant  un  pal 
en  fer.  Au  moyen  d'un  entoiuioir,  on  fait  arriver  au  fond  de  chacun  d'eux 
5o  grammes  de  sulfure  de  carbone  et  l'on  ferme  le  trou  à  l'aide  d'un  bou- 
chon de  terre. 

»  L'expérience  montre  que  i5o  grammes  de  sulfure  de  carbone  par  cep 
sont  nécessaires,  et  que,  même  à  la  dose  de  3oo  ou  4oo  grammes,  cet  agent 
ne  nuit  pas  à  la  vigne.  Comme  la  quantité  de  sulfure  de  carbone  indiquée 
peut  produire  4o  ou  5o  litres  de  vapeur  et  que  celle-ci  est  plus  de  trois 
lois  aussi  dense  que  l'air,  tout  l'espace  vide  dans  la  masse  terreuse  où  la 
vigne  répand  ses  racines  doit  être  bientôt  pénétré  de  cette  vapeur,  qui 
est,  comme  on  le  sait  depuis  longten)ps,  meurtrière  pour  tous  les  insectes. 
Au  bout  de  huit  jours,  on  trouve  tous  les  Phylloxéras  morts. 

»  Ce  traitement,  ainsi  que  l'a  constaté  M.  Gaston  Bazille,  Président  du 
Comice  de  l'Hérault,  a  paru  d'ailleurs  plutôt  favorable  que  nuisible  à  la 
végétation  de  la  vigne. 

»  Au  prix  du  sulfure  de  carbone,  la  façon  donnée  à  la  vigne  pour  la 
destruction  du  Phylloxéra  représente  une  dépense  de  i5  à  20  centimes  par 
souche.  Un  ouvrier  pourra  traiter  3oo  souches  par  jour  et  emploiera 
4o  ou  5o  kilogrammes  de  sulfure  de  carbone. 

»  M.  Monestier  et  ses  collaborateurs,  après  avoir  découvert  la  méthode, 
pensent  que  le  sulfure  de  carbone  pourra  être  remplacé,  comme  moyen 
de  destruction,  par  d'autres  agents  insecticides,  et  continuent  leurs  expé- 
riences à  ce  sujet. 


(     52i    ) 

»  M.  Faye  avait  déjà  proposé,  pour  faire  parvenir  aux  racines  de  la  vigne 
les  insecticides  nécessaires,  l'emploi  des  trous  de  sonde,  qui  paraît  devoir 
être  généralisé  désormais  dans  ces  sortes  d'applications.  » 

IVOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  deux  Membres,  qui  sera  chargée  de  la  vérification  des  comptes 
pour  l'année  précédente. 

MM.  Mallneu,  Brongniart  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Bordin  pour  iS^S. 
(Étude  de  l'écorce  des  plantes  dicotylédonées.) 

MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre,  Trécul,  Tulasne  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix,  sont  MM.  Gay,  Cosson. 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

VITICULTURE.  —  Sur  la  rapidité  de  la  reproduction  du  Phylloxéra.  Lettre 
de  M.  LicHTENSTEiN  à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  sa  séance  du  i  r  août,  l'Académie  a  reçu  une  Communication  de 
mon  collègue  de  la  Société  entomologique,  M.  Signoret,  prétendant  que 
j'avais  commis  une  erreur  considérable  en  avançant  que  le  Phylloxéra  avait 
une  génération  chaque  dix  ou  douze  jours.  Or  j'avais  pris  cette  opinion 
dans  un  ouvrage  intitulé  Le  Phylloxéra  de  la  viyne,  publié  en  1869  par 
M.  Signoret;  l'auteur  dit,  dans  les  considérations  générales,  que  «  neuf  gé- 
nérations ont  lieu  dans  l'espace  de  trois  mois  ». 

»  Étonné  de  voir  M.  Signoret  en  désaccord  avec  lui-même,  j'ai  voulu  en 
avoir  le  cœur  net.  J'ai  placé  dans  un  vase  de  verre  un  tronçon  de  racine, 
disposé  de  façon  à  pouvoir  l'observer  à  travers  les  parois  du  verre,  et  j'ai 
rempli  le  vase  de  terre  humide  et  de  radicelles  garnies  de  Phylloxéras  et 
d'œufs.  Un  jeune  Phylloxéra  s'est  fixé  le  i"""  août  sur  la  racine;  le  4»  i'  ^ 
pondu;  le  12,  les  premiers  œiils  sont  éclos,  deux  des  petits  se  sont  fixés  à 


(  5a3  ) 
côté  de  la  mère,  et  aujourd'hui,  i8  août,  ils  ont  la  taille  des  mères  pon- 
deuses. 

»  Les  observations  de  MM.Ealbiani  et  Max. Cornu  ont  prouvé,  d'un  autre 
côté,  que  les  mues  sont  bien  plus  rapides  que  ce  que  croit  M.  Signoret 
(deux  jours  par  mue,  au  lieu  de  vingt  à  vingt-cinq). 

»  Enfin,  on  trouve  toujours  des  œufs,  des  petits  et  des  adultes  ensemble 
depuis  le  mois  de  mars  jusqu'au  mois  de  novembre,  et  des  plants  enra- 
cinés placés  dans  les  vignes  atteintes  se  couvrent  rapidement  de  petits 
Phylloxéras,  qui  grossissent  et  pondent  dans  moins  de  vingt  jours,  et  jettent 
constamment  de  nouveaux  essiiims  sur  le  sol,  surtout  pendant  l'été. 

»  De  tout  cela  ne  doit-oii  pas  conclure  que  M.  Signoret  avait  raison, 
en  1869,  quand  il  annonçait  neuf  générations  dans  les  trois  mois  d'été,  et 
qu'il  se  trompe  aujourd'hui  en  voulant  limiter  la  reproduction  de  l'insecte 
à  une  génération  par  an  ? 

»  S'il  m'était  permis  de  formuler  une  hypothèse,  je  croirais  assez  à 
l'existence  parallèle  de  deux  formes  chez  les  Phylloxériens  (et  chez  la 
plupart  desCoccides,  ou  même  chez  tous)  :  quelque  chose  qui  rappellerait 
les  neutres  chez  les  fourmis,  les  abeilles,  les  termites;  quelques  insectes, 
mâles  et  femelles,  arrivant  à  l'état  parfait  ailé  et  n'ayant  qu'une  génération 
par  au  ;  de  très-nombreux  insectes  neutres,  mais  se  reproduisant  sans  accou- 
plement, plus  ou  moins  rapidement  selon  les  circonstances,  et  n'arrivant 
jamais  à  l'état  parfait  ailé.  Je  suis  conduit  à  cette  hypothèse  en  voyant  si 
peu  de  nymphes  et  d'insectes  ailés  dans  les  millions  de  Phylloxéras  qui 
passent  sous  ma  loupe  chaque  semaine.  » 

CHIMIE.  —  Sur  un  principe  d'union  de  la  Chimie  universelle,  applicable  à  la 
Chimie  organique.  Mémoire  de  M.  E.  Martin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires:  MM.  Fremy,  Robin,  Berthelot) 

«  La  Chimie  que  nous  appelons  universelle  comprend  les  deux  électri- 
cités comme  des  corps  simples  matériels,  et  en  établit  les  qualités  physiques 
et  chimiques;  elle  s'appuie  d'ailleurs  particulièrement  sur  la  connaissance 
des  véritables  corps  simples  pondérables,  ceux  qui  sont  admis  jusqu'ici 
comme  tels  étant  des  composés  mixtes,  c'est-à-dire  formés  par  une  union 
première,  eu  proportions  définies,  des  corps  simples  réels  avec  les  deux  corps 
impondérables  simples.  D'après  la  Chimie  universelle,  les  corps  simples 
pondérables  et  impondérables  se  divisent  en  deux  genres,  suivant  leurs 
affinités  propres;   ceux   qui  possèdent  l'affinité  de  l'oxygène  forment  le 


(  5^4  ) 
genre  ox/que,  constitué  par  l'oxygène,  qni  n'est  pas  le  gaz  oxygène,  le 
fluor,  le  chlore,  le  brome,  l'iode  et  l'azote,  et  de  plus  par  le  corps  simple 
impondérable  nommé  électrile  (symbole  El),  qui  n'est  autre  que  l'électricité 
dite  négative.  Le  genre  basique  est  formé  des  corps  simples  hydrogène 
(dont  le  gaz  hydrogène  est  le  composé  mixte),  carbone,  soufre,  phosphore, 
sélénium,  arsenic,  bore,  silicium,  de  tous  les  métaux  et  du  corps  simple 
impondérable  e'i/jen/e  (symbole  Et),  connu  sous  le  nom  d'électricité  posi- 
tive. En  outre,  les  corps  du  même  genre  ne  peuvent  s'unir  directement 
entre  eux:  ils  sont  au  contraire  sollicités  à  l'union  d'un  genre  à  l'autre  par 
leurs  affinités  propres,  qui  sont  complémentaires  et  salurables  l'une  par 
l'autre;  toutefois  les  corps  simples  pondérables,  possédant  tous  primitive- 
ment l'état  solide  avant  de  pouvoir  s'unir  entre  eux,  doivent  se  combiner 
au  corps  impondérable  simple  du  genre  différent  par  une  union  première 
qui  donne  la  mobilité  à  leurs  atomes. 

»  Dans  ces  conditions,  la  nouvelle  science  démontre  quatre  modes 
d'unions  chimiques,  dont  un  seul  a  été  connu  jusqu'ici  ;  i"  l'union  de  deux 
corps  simples  impondérables  entre  eux,  qui  donne  pour  produit  le  calorique 
et  la  lumière;  aTunion  des  corps  simples  pondérables  du  genre  basique 
au  corps  simple  impondérable  du  genre  oxyque,  qui  donne  les  composés 
mixtes  combustibles,  gaz  hydrogène,  soufre,  phosphore,  carbone,  etc., 
et  tous  les  métaux,  et  celle  des  corps  simples  pondérables  du  genre  oxyque 
au  corps  simple  impondérable  du  genre  basique,  qui  donne  les  composés 
mixtes  comburants,  gaz  oxygène,  gaz  chlore,  gaz  azote.  Vient  ensuite 
l'union  des  corps  mixtes  entre  eux,  qui  peut  avoir  lieu  de  deux  manières 
distinctes,  savoir  :  sans  altération  de  la  constitution  des  corps  qui  s'u- 
nissent, et  en  raison  de  l'intervention  avec  prédominance  de  l'un  des  corps 
impondérables  qui  constitue  l'état  mixte;  ce  qui  permet  aux  corps  mixtes 
combustibles  de  s'unir  entre  eux,  ainsi  qu'aux  mixtes  comburants  de 
former  des  unions  peu  stables.  Cette  union  qui  unit  les  corps  mixtes  sans 
les  altérer  dans  leur  constitution  forme  le  troisième  mode  d'union  chi- 
mique :  c'est  celui  que  j'ai  reconnu  dans  la  formation  des  corps  organisés. 
Le  quatrième  mode  d'union  chimique  est  celui  qui  a  lieu  entre  les  corps 
mixtes  comburants  et  les  corps  mixtes  combustibles  avec  double  décom- 
position et  qui  constitue  l'union  par  combustion. 

))  De  ces  quatre  modes  d'union  distincts,  un  seul  a  été  connu  jusqu'ici, 
c'est  l'union  avec  combustion,  par  voie  sèche  et  par  voie  humide;  encore 
n'a-t-il  pas  été  expliqué  par  une  théorie  acceptable,  et  cela  se  conçoit, 
puisqu'il  faut,  pour  le  comprendre,  connaître  les  véritables  corps  simples 


(  5a5  ) 

et  les  composés  mixtes.  Ce  phénomène  de  la  combustion  a  été  l'un  des 
premiers  compris  par  la  nouvelle  science.  Deux  composés  mixtes  sont  en 
présence,  l'un  combustible,  soil  le  gaz  hydrogène  II El,  l'autre  comburant, 
soit  le  gaz  oxygène  OEt;  si  l'équilibre  de  constitution  de  ces  gaz  est 
rompu  par  l'étincelle  électrique,  une  double  décomposition  s'opère;  les 
deux  corps  pondérables  H  et  O  s'unissent  en  formant  de  l'eau,  et  les  deux 
impondérables  El,  Et  s'unissent  en  produisant  du  calorique  et  de  la  lu- 
mière. 

»  C'est  le  troisième  mode  d'union  qui  préside,  suivant  nous,  à  la  com- 
binaison des  corps  mixtes  entre  eux  sans  altération  dans  leur  constitution, 
que  nous  voulons  démontrer  dans  ce  Mémoire,  en  le  considérant  comme 
essentiel  dans  la  formation  des  corps  organisés;  en  effet,  les  corps  organisés 
produits  par  les  végétaux  et  par  les  animaux  sont  combustibles,  comme 
les  éléments  qu'ils  contiennent,  pris  à  l'état  de  liberté,  et  ne  peuvent  être 
assimilés  à  des  corps  brûlés  créés  par  la  combustion.  Un  corps  brûlé  a 
perdu,  en  produisant  du  calorique,  ses  éléments  de  combustibilité.  La 
théorie  admise,  qui  consiste  à  considérer  les  éléments  des  composés  orga- 
nisés comme  des  corps  brûlés  par  leur  union,  quand  il  y  a  rapport  entre 
les  corps  combustibles  et  les  corps  comburants  constituants  n'est  donc  pas 
acceptable.  D'après  cette  théorie,  le  ligneux  et  ses  congénères,  qui  con- 
tiennent l'hydrogène  et  l'oxygène  dans  les  proportions  qui  constituent  l'eau, 
plus  du  carbone,  doivent  être  considérés  chimiquement  comme  des  hydrates 
de  carbone,  le  carbone  restant  seul  un  élément  de  combustion. 

»  Les  expériences  de  calorimétrie  ne  s'accordent  pas  avec  cette  théorie, 
qui  donne  par  le  calcul  sur  le  bois  sec  2800  calories,  tandis  que  Rumford 
en  a  constaté  38 14  expérimentalement;  le  ligneux  contient  donc  un  élé- 
ment combustible  autre  que  le  carbone.  Mais,  pour  démontrer  que  l'hy- 
drogène n'est  pas  brûlé  dans  le  ligneux,  l'amidon,  le  sucre,  etc.,  qu'est-il 
besoin  d'aller  chercher  ses  preuves  dans  les  expériences  délicates  de  la 
calorimétrie?  nous  avons  tous  les  jours  un  fait  vulgaire  qui  ne  permet  pas 
le  doute  à  cet  égard.  En  effet,  un  simple  éclat  de  bois  sec,  un  morceau  de 
papier,  une  poignée  d'amidon,  jetés  sur  un  brasier  ardent,  produisent  une 
flamme  éclairante,  qui  n'a  d'autre  aliment  possible  que  le  gaz  hydrogène 
combiné  à  du  carbone,  et  cela  avant  même  que  le  charbon  de  bois  ait 
pris  la  teinte  noire  qui  précède  son  inflammation. 

»  Les  composés  organisés  formés  par  le  troisième  mode  d'union  sont 
stables,  ce  qui  signifie  qu'il  y  a  entre  les  corps  unis  une  attache  chimique 

(;.  R.,  1873,  Q"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  8.)  "" 


(  526  ) 
réelle,  et  nous  avons  démontra,  dans  un  précédent  Mémoire,  que  l'altache 
qui  s'établit  entre  deux  corps  mixtes,  comme  l'hydrogène  H  El  et  le  car- 
bone CEI,  tient  à  ce  que  le  carbone  mixte,  le  soufre,  le  phosphore,  pren- 
nent une  formule  différente  en  présence  de  l'hydrogène;  nous  avons  dé- 
montré que,  dans  les  sulfures  et  les  phosphures,  ces  deux  corps,  qui 
prennent  naturellement  la  formule  SEl"  dans  le  soufre  cristallisable  et  le 
phosphore  blanc,  se  combinent  aux  corps  mixtes  basiques  à  la  manière 
des  acides.  Cet  état,  qui  tient  à  la  prédominance  de  l'élémenl  El,  se  dé- 
montre d'ailleurs  par  une  augmentation  de  volume  qui  en  est  la  consé- 
quence, et  dans  l'union  du  carbone  à  l'hydrogènç,  qui  nous  paraît  former 
la  base  de  tout  composé  organisé  :  ces  deux  éléments  doivent  constituer 
ini  carbure  d'hydrogène. 

»  L'oxygène  et  l'azote  sont  des  éléments  essentiels,  mais  ils  ne  peuvent 
constituer  à  eux  seuls  un  composé  organisé;  il  leur  faut,  pour  entrer  en 
combinaison,  une  base  sur  laquelle  ils  puissent  se  fixer,  tandis  que  cette 
base,  constituée  par  l'union  du  carbone  à  l'hydrogène,  peut  les  éliminer 
sans  cesser  de  former  un  corps  organisé  :  chez  les  animaux  elle  constitue 
à  elle  seule  les  graisses,  et  chez  les  végétaux  les  huiles  et  les  essences. 

»  Nous  sommes  ainsi  conduit  à  considérer  le  ligneux,  l'amidon  ,  la 
gomme,  le  sucre,  leurs  congénères  et  la  généralité  des  corps  organisés 
comme  des  carbures  d'hydrogène  oxygénés  et  azotés,  l'oxygène  et  l'azote 
conservant  dans  ces  composés  les  états  mixtes  qu'ils  possèdent  en  consti- 
tuant l'air  atmosphérique. 

»  Le  phénomène  de  la  respiration,  dont  Lavoisier  a  fait  l'étude,  a  été 
considéré  longtemps  comme  une  combustion  du  sang  veineux,  qui  se  trou- 
vait ainsi  transformé,  pendant  son  passage  dans  le  poumon,  en  sang  artériel, 
cette  combustion  produisant  l'acide  carbonique  expiré.  Mais  les  physiolo- 
gistes modernes  ayant  démontré  que  le  sang  oxygéné  du  ventricule  gauche 
du  cœur  possède  une  température  égale  ou  inférieure  à  celle  du  ventricule 
droit,  ont  cru  devoir  en  conclure  que  la  combinaison  n'avait  pas  lieu  dans 
le  poumon,  mais  que  le  sang  veineux,  après  avoir  exhalé  1  acide  carbo- 
nique qu'il  contenait  à  l'avance,  dissont  le  gaz  oxygène  inspiré  avec  rapi- 
dité, et  qu'alors  la  combustion  a  lieu  entre  le  sang  et  le  gaz  pendant  la 
circulation  artérielle.  Cette  absorption  subite  par  di.ssolution  du  gaz,  pour 
une  combinaison  future,  n'est  pas  acceptable,  et  d'ailleurs  le  changement 
dans  la  coloration  du  sang  atteste  que  la  combinaison  a  eu  lieu  à  la  ren- 
contre du  gaz  et  du  liquide.  On  le  voit,  c'est  à  la  Chimie  universelle 
qu'il  faut  avoir  recours  pour  résoudre  ce  problème;  son  troisième  prin- 


{  527  ) 
cipe  d'union,  celui  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  d'union  naturelle, 
explique,  en  effet,  parfaitement  comment  les  corps  mixtes  s'unissent  entre 
eux  sans  production  de  calorique,  sans  changement  de  constitution,  et  en 
conservant  dans  les  produits  la  combustibilité  des  éléments  qui  y  sont  en- 
trés. Il  y  a  ilonc  évidemment,  dans  la  respiration,  union  naturelle  du  gaz 
oxygène  OEt  aux  carbures  d'hydrogène  dont  le  sang  veineux  est  con- 
stamment alimenté  par  la  digestion,  en  même  temps  qu'il  y  a  dégagement 
de  l'acide  carbonique  que  le  sang  contenait  à  l'avance.  » 

M.  J.  Seguix  adresse  à  l'Académie,   pour  être  transmis  au    Muséum 

d'Histoire  naturelle,  un  entozoaire  trouvé  dans  la  cavité  abdominale  d'une 

ablette. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Robin.) 

M.  C.  Beurmann  adresse  une  Note  relative  à  un  projet  de  fabrication  de 

briquettes,  au  moyen  des  déchets  de  bois  provenant  de  diverses  industries, 

dans  les  Vosges. 

(Commissaires:  MM.  Fremy,  Rolland.) 

M.  A.  Mesquite  adresse  une  Note  relative  à  une  solution  du  problème 
de  la  navigation  aérienne.  Cette  Noie  est  accompagnée  de  planches. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  L.  Rarciiaert  adresse  une  Note  relative  aux  résultats  obtenus  avec 
sa  locomotive  à  double  articulation  et  à  deux  cylindres.  Cette  Note  est  ac- 
compagnée d'un  Rapport  du  chef  d'exploitation  de  la  Compagnie  du  che- 
min de  fer  de  Vitré  à  Fougères,  constatant  la  régularité  avec  laquelle 
la  machine  a  fonctionné  sur  celte  ligne,  sans  interruption,  pendant  un 

mois. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  G.  DE  CoNiNCK  adresse  un  complément  à  sa  théorie  des  volcans  et  des 
inondations. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  E.  DE  Laval  envoie  un  exemplaire  d'une  pétition  adressée  au  Con- 
seil municipal  de  Paris,  à  l'effet  d'obtenir  la  proscription  des  tuyaux  eu 
plomb  pour  la  distribution  des  eaux  destinées  aux  usages  alimentaires. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

68.. 


(  528  ) 

M.  A.  lÎRACHET  adresse  un  Mémoire  sur  les  moyens  d'aiigmenlor  la  puis- 
sance des  microscopes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  transmet  à  l'Académie  une 
Lettre  destinée  à  recommander  M.  de  Lacaze- Dut/tiers  aux  agents  de  son 
Département,  pendant  la  mission  scientifique  qu'il  doit  accomplir  dans  la 
Méditerranée. 

M.  le  Ministre  de  l'Agricultcre  et  du  Commerce  adresse,  pour  la  Biblio- 
thèque de  riiislitut,  le  deuxième  volume  (deuxième  partie)  du  «  Recueil 
des  travaux  du  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  France  :  enquête 
sur  le  goitre  et  le  crétinisme;  rapport  par  le  D'  Baillarger  ». 

M.  J.-D.  Dana,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  d'Anatomie  et 
Zoologie,  adresse,  de  New-Haven  (Connecticut),  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie. 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  deux  nouvelles  comètes  par  M.  Borrelly 
et  M.  Paul  Henry.  Lettre  de  M.Wolf  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

K  En  l'absence  de  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire,  j'ai  l'honneur  de 
vous  prier  d'annoncer  à  l'Académie  la  découverte  de  deux  nouvelles  co- 
mètes. 

»  L'une  a  été  trouvée  à  Marseille  par  M.  Borrelly,  le  21  août.  Sa  posi 
tion  approchée  était 

i5''  temps  moyen  de  Marseille ]       qq  /«/ 

»  Mouvement  rapide  vers  le  sud,  à  peu  près  i  degré  par  jour. 

»  La  seconde  a  été  découverte  à  Paris,  le  23  août,  par  M.  Paul  Heni-y. 

C0=4-59°3o'. 
»  Marche  rapide  vers  l'est. 

»  Cette  comète  est  ronde,  très-brillante,  presque  visible  à  l'œil  nu,  avec 
une  condensation  centrale,  i' 


(  5.9  ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  spectre  de  la  comète  III  de  1873; 
Note  de  MM.  Wolf  et  Rayet,  présentée  par  M.  Fizeau. 

«  La  comète  découverte  à  Marseille  par  M.  Borrelly,  dans  la  nuit  du  20 
au  21  août,  présente  la  forme  d'une  nébulosité  circulaire  d'environ  2  mi- 
nutes de  diamètre,  et  offre  en  son  centre  un  noyau  assez  brillant. 

»  Son  spectre,  examiné  le  21  au  malin,  se  compose  d'un  spectre  con- 
tinu, depuis  le  jaune  jusque  vers  le  violet,  dîi  en  partie  à  la  lumière  so- 
laire réflécliie,  et  de  deux  bandes  lumineuses,  l'une  dans  le  vert,  l'autre 
dans  le  bleu. 

))  La  bande  verte  est  intense,  nettement  limitée  vers  le  rouge,  diffuse 
vers  le  violet. 

))  La  bande  bleue,  dont  l'éclat  est  environ  la  moitié  de  celui  de  la  pré- 
cédente, est  aussi  limitée  vers  le  rouge  et  diffuse  vers  le  violet. 

))  Le  spectre  continu  présente  beaucoup  plus  d'éclat  que  celui  des 
comètes  que  nous  avons  précédemment  étudiées,  et  est  beaucoup  p-lus 
étroit.  Peut-être  est-il  dû  à  un  noyau  solide.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire. 
Note  de  M.  G.  Rayet,  présentée  par  M.  Fizeau. 

«  Des  observations  nombreuses  ont  fait  connaître  avec  détails  le  spectre 
à  lignes  métalliques  brdiantes  qui  est  donné  par  certaines  protubérances 
solaires,  courtes  et  très-vives;  mais  je  n'en  connais  aucune  dans  laquelle  on 
ait  signalé  le  renversement  d'une  seule  des  deux  raies  D.  C'est  cette  parti- 
cularité, nouvelle  et  toute  spéciale,  qui  m'engage  à  communiquer  à  l'Aca- 
démie mon  observation  du  16  août. 

»  Depuis  plusieurs  jours  le  bord  oriental  du  Soleil  présentait,  sous  ini 
angle  de  position  d'environ  100  degrés  à  partir  du  nord,  de  nombreuses 
et  brillantes  facules;  la  plus  intense  d'entre  elles  a  dû  [)asser  sur  le  bord  le 
1 3  ou  le  i4;  mais  le  ciel  était  alors  trop  brumeux  pour  permettre  des  ob- 
servations intéressantes. 

»  Le  i5,  on  observait  cependant  en  ce  point,  outre  les  lignes  du  spectre 
ordinaire  de  la  chromosphere,  le  renversement  des  lignes  Z»,  et  bo  du  ma- 
gnésium, ^3  du  nickel  et  de  la  ligne  du  fer,  voisine  de  E,  qui  caractérise 
la  couronne. 

»  Le  16,  le  temps  étant  beaucoup  plus  pur,  le  spectroscope  montrait 
dans  cette  même  région  une  série  nombreuse  de  lignes  brillantes  compre- 


(  53o  ) 

liant,  outre  les  lignes  de  l'Iiydrogène  et  la  ligne  jaune  un  peu  plus  réfran- 
gible  que  D,  celles  dont  les  longueurs  d'onde  sont  les  suivantes  : 

6716         Entre  B  et  C.  Calcium.  S'observe  rarement. 

5895    I     „    .. 
^.,0       •     Sodium. 
0009    ) 

5534  Baryum. 

5362  Fer. 

53 16  Fer.  Ligne  de  la  couronne.  Au  voisinage  de  E. 

5282,5  Fer. 

5254  Manganèse. 

5233,4  Manganèse. 

5226  Fer. 

5197  Substance  inconnue. 

5i88,2  Calcium.  N'avait  pas  encore  été  signalée. 

Et  enfin  les  lignes  du  groupe  b  appartenant  au  magnésium  et  au  nickel. 

M  Ces  lignes  étaient  pour  la  plupart  intenses  et  se  montraient  dans 
une  portion  de  l'atmosplière  solaire  où  il  n'y  avait  aucune  grande  protu- 
bérance nuageuse,  mais  bleu  une  série  de  panaches  divergents  à  contours 
fort  nets. 

»  La  circonstance  vraiment  remarquable  du  phénomène  était  offerte 
par  le  mode  de  renversement  des  lignes  D.  A  une  hauteur  convenable, 
une  seule  de  ces  deux  lignes,  la  moins  réfrangible,  paraissait  lumineuse  et, 
plus  près  du  bord  solaire,  lorsque  les  deux  lignes  étaient  renversées,  la 
moins  réfrangible  était  toujours  beaucoup  plus  vive  que  l'autre.  Aucune 
d'elles  ne  se  trouvait  d'ailleurs,  comme  d'ordinaire,  limitée  à  droite  et 
à  gauche  par  des  traits  noirs;  les  vapeurs  de  sodium  étaient  donc  peu 
abondantes  dans  celte  région. 

M  Depuis  le  16  août,  la  grande  facule  dont  il  est  question  dans  cette 
Note  a  persisté  sans  changement  trop  considérable  de  forme,  et  la  rotation 
apparente  du  Soleil  l'amené  aujourd'hui  vers  le  bord  occidental  de  l'astre 
qu'elle  atteindra  dans  deux  ou  trois  jours.  L'éruption  dont  cette  facule  est 
le  signal  a  conservé  son  même  caractère  ;  car,  dès  hier  24,  j'ai  pu  constater 
de  nouveau,  dans  son  voisinage,  le  renversement  d'une  seule,  toujours  la 
moins  réfrangible,  des  deux  lignes  du  sodium. 

»  Je  ne  crois  donc  pas  qu'il  puisse  y  avoir  aucun  doute  sur  la  réalité  du 
phénomène. 

«  On  sait,  depuis  longtemps,  que  sur  le  bord  du  Soleil  les  trois  lignes 
vertes  du  magnésium  ne  se  renversent  pas  toutes  en  même  temps  et  que 
celle  qui  devient  le  plus  facilement  brillante  est  la  moins  réfrangible.  Ce 


{  53,  ) 
fait  sp  comprend;  car  des  expériences  faciles  à  répéter  (en  parrictilier  celles 
de  M.  Cornu)  ont  montré  que,  sons  certaines  conditions,  on  peut  fiiro  ap- 
paraître successivement  la  ligne  è,,  puis  ensuite  la  ligne  />2  ^t  enfin   b^•, 
cette  dernière  est  toujours  plus  courte  que  les  autres. 

»  Jusqu'ici  les  deux  lignes  du  sodiinn  s'étaient  toujours  montrées  iden- 
tiques et,  à  ma  connaissance,  aucune  expérience  de  Kiboratoire  ne  permet 
de  les  différenlier  au  point  de  vue  de  leur  aspect.  On  prut  noter  cepen- 
dant que  ces  deux  lignes  ne  sont  pas  absolument  égales  et  que,  sur  le  So- 
leil, la  plus  réfrangible  est  un  peu  plus  forte. 

»  En  rapprochant  mon  observation  sur  les  raies  du  sodium  de  celles 
bien  connues  sur  le  renversement  des  raies  du  magnésium  ,  il  semble 
que  ce  soit  une  loi  générale  que,  dans  un  groupe  de  lignes  voisines  d'une 
même  substance,  ce  soit  la  moins  réfrangible  qui  se  renverse  le  plus  faci- 
lement. » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  C influence  que  les  changements 
dans  la  pression  baiométrique  exercent  sur  les  phénomènes  de  la  vie.  1 2"  Note 
de  M.  1*.  Bert,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

a  Je  viens  aujourd'hui  rendre  compte  à  l'Académie  des  résultats  de  mes 
nouvelles  études  sur  la  cause  intime  des  accidents  qui  surviennent  chez  les 
animaux  soumis  à  l'influence  de  l'air  fortement  comprimé. 

»  J'ai  prouvé,  dans  plusieurs  de  mes  Notes  précédentes  : 

»  1°  Que,  lorsque  l'oxygène  arrive  chez  un  chien  à  la  quantitédeaS  à 
3o  volumes  pour  100  volumes  de  sang  artériel,  l'animal  est  pris  de  con- 
vulsions, qui  deviennent  mortelles  à  la  dose  de  35  voliunes  environ  ;  1°  que 
ces  convulsions,  si  varié  qu'en  soit  le  type,  proviennent  d'une  excitation 
directe  de  la  moelle  épinière,  comme  le  montrent  leur  cessation  sous  l'in- 
fluence des  anesthésiques,  et  leur  non-apparition  dans  un  membre  dont 
le  nerf  moteur  a  été  préalablement  coupé. 

»  On  pourrait  donc  comparer  l'oxygène  à  un  poison  du  système  ner- 
veux, son  action  paraissant  se  rapprocher  beaucoup  de  celle  de  la  strych- 
nine; mais,  d'autre  part,  j'ai  fait  voir  que,  dès  le  début  de  l'attaque  con- 
vulsive,  la  température  de  l'animal  s'abaisse  de  plusieurs  degrés.  Il  y  a 
donc,  dans  les  actes  intimes  de  la  nutrition,  une  altération  profonde,  ce 
qui  n'a  pas  lieu  dans  les  simples  empoisonnements  par  les  substances  con- 
vulsivantes.  On  peut  donc  supposer  que  l'appareil  si  extraordinaire  des 
convulsionsn'estqu'unépiphénomène,  une  manifestation,  si  l'on  peut  ainsi 


(  53a) 

parler,  par  la  moelle  épinière,  du  trouble  général  de  l'organisme,  comme 
il  arrive  dans  les  asphvxies  et  les  hémorrliagies  rapidement  mortelles. 

»  Une  première  rpiestion  se  pose  naturellement  .  est-ce  à  quelque  alté- 
ralio:i  du  sang  qu'il  convient  de  rapporter  ces  troubles  étranges?  Les  ana- 
lyses relatées  dans  mes  Notes  précédentes  montrent  que  la  solubilité  de 
l'oxygène  dans  le  sang,  qui  croît  si  rapidement  avec  la  pression,  entre  le 
vide  et  60  centimètres  de  mercure,  n'augmente  plus  que  très-lentement  à 
partir  de  ce  point.  Ainsi,  en  prenant  20  volumes  dans  100  volumes  de 
sang  artériel  comme  dose  moyenne  à  la  pression  normale,  l'ensemble  de 
mes  analyses  m'a  donné:  à  un  quart  d'atmosphère,  '7  volumes;  à  une 
demie,  i3;  à  trois  quarts,  18;  à  une  atmosphère,  20;  à  deux,  20,8;  à 
trois,  21, 5;  à  cinq,  22,4;  à  sept,  23,  i  ;  à  dix,  23,5. 

»  Peut-on  supposer  qu'à  des  limites  un  peu  plus  élevées  l'oxygène  for- 
merait avec  les  globules  du  sang  une  combinaison  plus  stable  que  l'oxv- 
hémoglobine  ordinaire,  combinaison  à  laquelle  les  tissus  ne  pourraient 
enlever  Tûygèue  dont  ils  ont  besoin  ?  Ou  se  tromperait;  car,  à  peine  l'ani- 
mal a-t-il  été  ramené  à  la  pression  normale  que  l'excès  d'oxygène  dispa- 
raît de  son  sang,  comme  me  l'ont  prouvé  maintes  analyses,  tandis  que  les 
convulsions  durent  souvent  plusieiu's  heures  encore,  et  que  la  température 
du  corps  continue  à  s'abaisser.  Serait-ce  que  la  substance  ainsi  formée  par 
la  suroxvdation  du  sang  persisterait  après  le  retour  de  l'air,  et  le  sang  se- 
rait-il aitisi  devenu  substance  toxique?  Pas  davantage;  car  j'ai  pu  impuné- 
ment injecter  à  des  chiens,  rendus  préalablement  presque  exsangues,  des 
quantités  considérables  de  sang  [-—  du  poids  de  leur  corps)  qui  venait 
d'être  chargé  d'oxygène  à  la  dose  mortelle. 

a  Tout  vient  donc  démontrer  que  le  sang  n'est,  pour  l'oxygène  comme 
pour  les  autres  toxiques,  qu'un  intermédiaire  portant  le  poison  aux  tissus, 
ou  tout  au  moins  qu'il  n'est  empoisonné  qu'au  mènie  titre  que  toutes  les 
autres  parties  du  corps.  Je  suis  donc  amené  à  considérer  que  c'est  l'excès 
d'oxygène  dans  la  profondeur  des  tissus  eux-mêmes  qui  altère  les  phéno- 
mènes chimiques  de  la  nutrition.  Au  début  de  la  compression,  l'oiganisme 
s'imprègne  d'oxygène  en  excès,  apporté  par  le  sang,  et  les  accidents  appa- 
raissent à  un  certain  degré  de  sursaturation  des  tissus.  C'est  ce  qui  explique 
pourquoi,  chez  les  animaux  saignés  à  blanc,  les  convulsions  et  la  mort 
apparaissent  plus  lentement  dans  l'oxygène  comprimé  que  chez  les  ani- 
maux sains. 

»  L'apparition  des  convulsions  n'est  donc  en  réalité  qu'un  épiphéno- 
roène,  et  tient  à  ce  que  le  système  nerveux  central  est  le  premier  qui  soit 


(  533  ) 
vivement  impressionné,  excité  par  le  brusque  changement  clans  les  condi- 
tions de  la  nutrition  intime.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  tous  les  ani- 
maux, quelles  que  soient  la  composition  de  leur  sang  et  la  structure  de 
leur  système  nerveux,  soient  tués  par  l'oxygène  à  pression  suffisante.  Je 
n'ai  |)arlé  jusqu'ici  que  des  Vertébrés  aériens,  mais  les  poissons  meurent 
également  avec  des  convulsions  quand  l'eau  contient  plus  de  lo  volumes 
d'oxygène;  d'où  il  suit,  pour  le  dire  en  passant,  qu'une  source  d'air  qu'une 
force  quelconque  ferait  jaillir  du  fond  de  la  mer,  par  plus  de  loo  mètres  de 
profondeur,  tuerait  tout  sur  son  passage,  par  sursaturation  d'oxygène. 

»  L'action  toxique  se  fait  sentir  de  même  sur  les  Invertébrés;  dans 
l'oxygène  comprimé,  les  insectes  meurent  plus  rapidement  que  les  Arach- 
nides et  les  Myriapodes,  ceux-ci  plus  que  les  Mollusques  et  les  vers  de 
terre. 

«  Les  végétaux  n'échappent  pas  à  cette  règle.  Je  l'ai  indiqué  déjà  pour 
les  graines;  cela  est  vrai  également  pour  les  plantes  elles-mêmes  :  les  sensi- 
tivcs  périssent  rapidement  cà  6  atmosphères  de  pression  dans  l'air  ordinaire, 
à  2  atmosphères  dans  l'air  suroxygéné. 

»  Et  maintenant  quelle  est  la  nature  générale  de  l'altération  des  phéno- 
mènes nutritifs  sous  l'influence  de  cet  excès  d'oxygène  imprégnant  les 
tissus?  Je  suis  autorisé  à  dire  que  la  plus  évidente  manifestation  est  une 
diminution  dans  l'intensité  des  phénomènes  d'oxydation.  En  effet  :  i°  si 
l'on  fait  respirer  un  animal  dans  un  certain  volume  d'air,  d'abord  à  l'état 
normal,  ensuite  pendant  l'empoisonnement  par  l'oxygène,  on  voit  qu'il 
absorbe  beaucoup  moins  d'oxygène,  dans  un  temps  déterminé,  pendant  la 
seconde  période  que  pendant  la  première;  2°  si  l'on  analyse  les  gaz  du 
sang  artériel  d'un  chien  qui  vient  d'avoir  des  convulsions  dues  à  l'oxygène 
et  qui  respire  depuis  quelque  temps  à  l'air  libre,  on  n'y  trouve  plus  que  des 
quantités  extraordinairement  faibles  d'acide  carbonique  (^5,  20,  i5  vo- 
lumes poiu-  100  volumes  de  sang);  3°  la  proportion  d'urée  produite 
s'abaisse  considérablement,  sous  l'influence  de  l'air  comprimé;  je  l'ai  vue 
tomber  chez  un  chien,  dans  un  cas,  de  21  grammes  à  16;  dans  un  autre, 
de  12  grammes  à  4)  après  un  séjour  de  sept  heures,  à  8  atmosphères. 

»  Ainsi,  très-faible  absorption  d'oxygène,  très-faible  production  d'acide 
carbonique  et  d'urée,  diminution,  en  un  mot,  de  tous  les  processus  chi- 
miques consécutifs  à  la  fixation  d'oxygène  dans  l'organisme,  telle  est  la 
conséquence  de  la  sursaturation  d'oxygène;  et,  à  la  suite,  vient  tout  natu- 
rellement l'abaissement  de  la  température. 

C.  R.,  1873,  !•  Semestre.  (T.  LXXVH,  N"  8.)  ^9 


(  534  ) 

»  Les  expériences  in  vitro  donnent  des  résultats  semblables.  J'ai  déjà 
dit  que  les  graines,  dans  l'air  comprimé,  absorbent  moins  d'oxygène  qu'à 
la  pression  normale,  pendant  un  temps  donné.  11  en  est  de  même  d'un 
fragment  de  muscle  ou  de  tout  autre  tissu  isolé  du  corps  :  moindre  ab- 
sorption d'oxygène,  moindre  formation  d'acide  carbonique. 

»  Celte  diminution  dans  l'oxydation  est  à  la  fois  cause  et  conséquence 
d'un  ralentissement,  d'un  arrêt  même  très-remarquable  d'actes  chimiques 
nombreux,  qui  sont  dans  un  rapport  de  nature  intime  avec  ceux  qui  se 
passent  au  sein  des  êtres  vivants. 

»  Ainsi,  dans  l'oxygène  comprimé  de  manière  à  équivaloir  à  la  tension 
d'environ  a4  atmosphères  d'air,  la  putréfaction  de  fragments  de  muscle 
n'avait  pas  commencé  après  huit  jours,  tandis  qu'au  bout  de  quatre  jours 
elle  était  complète  à  l'air  ordinaire,  dans  des  conditions  identiques.  Sem- 
blablement,  de  la  glycose  ajoutée  à  du  sang  s'est  détruite  beaucoup  plus 
lentement  dans  l'oxygène  comprimé  qu'à  la  pression  normale.  Il  en  a  été 
de  même,  bien  qu'avec  un  effet  moins  marqué,  [lar  la  transformation  en 
glycose  de  Taniidon  cru,  sous  l'influence  de  la  salive.  Le  lait  a  présenté 
beaucoup  plus  lentement  l'acidification  lactique,  l'urine  l'alcalinisation 
du  carbonate  d'ammoniaque.  Le  mycoderma  aceti,  semé  en  quantités  égales, 
dans  des  vases  de  formes  semblables,  à  la  surface  de  liquides  identiques,  ne 
s'est  nullement  développé  dans  l'oxygène  comprimé  (5  atmosphères,  équi- 
valant à  20  atmosphères  d'air)  et  n'a  fait  que  de  faibles  progrès  dans  l'air 
comprimé  à  5  atmosphères,  ou  dans  l'oxygène  pur  à  la  pression  normale, 
tandis  qu'il  a  rapidement  fructifié  dans  l'air  ordinaire  à  la  pression  nor- 
male. 

»  En  un  mot,  un  grand  nombre  de  phénomènes  chimiques  du  groupe 
des  fermentations,  que  leur  résultat  soit  une  oxydation,  un  dédoublement, 
une  simple  hydratation,  sont  ralentis,  sinon  même  arrêtés  complètement 
par  l'oxygène  sous  pression,  11  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  actes  nutri- 
tifs des  animaux  et  des  végétaux  soient  de  même  arrêtés  et  que  la  mort 
s'ensuive. 

»  Mais  la  diminution  dans  l'intensité  des  actes  nutritifs  ne  peut  tout  ex- 
pliquer. L'asphyxie  lente,  les  basses  pressions  barométriques  les  diminuent 
aussi,  et  cependant  ne  donnent  pas  des  convulsions  pouvant  durer  plu- 
sieurs heures,  des  accidents  qui  persistent  alors  même  que  la  quantité 
doxygene  absorbée  pendant  un  temps  donné  est  redevenue  normale.  Les 
grains  d'orge  arrêtés  par  le  vide  dans  leur  évolution  n'y  meurent  pas, 
tandis  qu'ils  meurent  dans  l'air  comprimé. 


(  535  ) 
»  Il  j  a  donc  ici,  dans  les  actes  physico-chimiques  de  la  nutrition,  non- 
seulement  une  diminution  de  quantité,  mais  aussi  une  modification  de 
qualité;  pour  pouvoir  aller  au  delà,  pour  préciser  la  nature  de  ces  altéra- 
tions dans  les  processus  chimiques,  il  faudrait  connaître  ceux-ci  à  l'état 
normal  mieux  que  nous  ne  les  connaissons  aujourd'hui.  » 

MÉDECINE.  —  De  V asthme  d'été  ou  fièvre  de  foin  (hay  asthma,  hay  fever 
des  Anglais)  comme  entité  morbide.  Mémoire  de  M.  E.  Decaisxe.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

«  De  l'étude  que  j'ai  faite,  depuis  huit  ans,  de  cinquante  et  un  malades, 
présentant  fous  les  symptômes  plus  ou  moins  accusés  de  l'affection  désignée 
sous  les  noms  d'asthme  d'été,  catarrhe  d'été,  fièvre  de  foin  [hay  asthma,  hay 
fever  des  Anglais),  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  i"  Cette  affection  attaque  indifféremment  les  individus  qui  font  la 
récolte  du  foin  et  ceux  qui  restent  complètement  étrangers  à  ce  genre  de 
travail,  ceux  qui  sont  exposés  aux  émanations  des  plantes  foiuragères  et 
ceux  qui  en  sont  préservés.  En  un  mot,  sans  vouloir  nier  absolument  chez 
un  certain  nombre  de  sujets  l'influence,  dans  une  certaine  mesure,  des 
poussières  ou  émanations  des  plantes  fourragères  comme  cause  aggravante 
des  accidents,  elles  ne  jouent  là,  pour  moi,  qu'un  rôle  très-secondaire. 

»  3°  L'ensemble  des  symptômes  de  cette  maladie  se  montre  en  toute 
saison,  à  la  suite  d'insolations  et  de  refroidissements,  le  corps  étant  en 
sueur,  et,  en  particulier,  chez  les  emphysémateux  exposés  ou  non  à  des  pous- 
sières ou  à  des  émanations  irritantes. 

»  3°  La  périodicité  annuelle,  dont  on  a  voulu  faire  un  des  caractères  de 
la  maladie,  ne  me  paraît  pas  prouvée,  la  plupart  des  malades  que  j'ai  ob- 
servés restatit'pendant  plusieurs  années  indemnes  de  tous  accidents. 

«  4°  Quant  à  la  dyspnée,  qu'on  regarde  en  général  comme  un  signe  pa- 
thognomonique  de  l'asthme  de  foin,  elle  n'est  pour  moi,  comme  pour 
quelques  auteurs,  que  l'extension  plus  ou  moins  accentuée  de  l'irritation 
qui  affecte  la  conjonctive  et  la  muqueuse  nasale  et  pharyngée,  comme  cela 
arrive  à  des  degrés  divers  dans  la  grippe,  sans  qu'il  soit  permis  de  voir  là 
une  variété  de  l'asthme  idiopathique. 

5°  Je  pense  que  l'affection  désignée  sous  les  noms  à' asthme  d' été ,  catarrhe 
d'été,  fièvre  de  foin  [hay  fever,  sitmmer  catarrhe  des  Anglais)  doit  être  re- 
gardée comme  une  fièvre  catarrhale,  influencée  et  modifiée  dans  ses  causes 
multiples,  dans  sa  marche  et  selon  les  aptitudes  individuelles,  par  les  con- 

69.. 


(  536  ) 
ditions  atmosphériques  qui  produisent  les  affections  aiguës  des  bronches. 
))  6"  Enfin  j'estime  que  l'asthme  dit  d'été  doit  être  rayé  du  cadre  noso- 
logique  comme  entité  morbide.   » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Expériences  sur  le  scolex  du  Tœnia  medio- 
cauellata.  Note  de  M.  Saint-Cyr,  présentée  par  M.  Bouley. 

«  Trois  vers  cestoïdes  peuvent  vivre,  on  le  sait,  en  parasites  dans  l'intes- 
tin de  l'homme  :  le  Tœnia  solium,  qui  provient  du  Cyslicercus  cellulosœ  du 
porc;  le  Botliriocephalus  lalus  dont  le  scolex,  d'après  les  recherches  de 
Bertolus,  de  T>yon,  et  de  Knoch,  de  Saint-Pétersbourg,  existerait  chez  les 
poissons  du  genre  Salmo;  et  le  Tœnia  mediocanellata,  longtemps  confondu 
avec  le  Tœnia  solium,  dont  il  a  été  définitivement  distingué  par  M.  Ruchein- 
mester  en  i853,  et  dont  il  diffère  surtout  par  sa  tète,  qui  est  inerme,  dépour- 
vue de  crochets. 

»  L'histoire  de  ce  dernier  helminthe  est,  d'ailleurs,  beaucoup  moins 
complète  que  celle  de  son  congénère  le  Tœnia  solium.  On  sait  seulement 
que  M.  Leiiliart,  ayant  fait  prendre  à  des  vcaux'des  œufs  de  Tœnia  média- 
canellala,  aurait  vu  se  développer,  au  bout  de  peu  de  temps,  une  si  abon- 
dante quantité  de  cysticerques  dans  leurs  muscles,  qu'il  en  serait  résulté  une 
espèce  de  ladrerie;  il  aurait  constaté,  en  outre,  que  ces  cysticerques  avaient 
déjà,  dans  les  kystes  du  veau,  tous  les  caractères  du  Tœnia  mediocanellata 
adulte. 

»  D'après  cela,  les  deux  Tœnias  de  l'homme,  différents  comme  espèce, 
auraient  une  origine  distincte  :  le  Tœnia  solium  serait  produit  par  l'usage 
de  la  viande  de  porc,  le  mediocanellata  par  celui  de  la  viande  de  bœuf  ou 
de  veau. 

»  Les  circonstances  ayant  mis  M.  Saint-Cyr  à  même  de  répéter  l'expé- 
rience de  Leukart,  voici  les  résultats  qu'il  a  obtenus  : 

))  Un  jeune  élève  vétérinaire,  ayant  servi  comme  mobile  à  l'armée  du 
Nord,  rendit,  après  avoir  fait  usage  d'un  anthelmintique,  un  ver  riibané, 
long  de  plus  de  8  mètres,  formé  d'anneaux  très-longs,  très-larges  et  très- 
épais,  et  dont  la  tète  était  complètement  inerme.  M.  Saint-Cyr  y  reconnut 
Ions  les  caractères  du  Tœnia  mediocanellata,  tels  qu'ils  sont  donnés  dans 
l'ouvrage  de  M.  Davaine,  et  il  mit  de  côté  un  assez  grand  nombre  de  pro- 
glotlis  mûrs  de  ce  Tœnia,  poiu'  les  donnera  une  génisse.  Malheureusement 
la  plupart  de  ces  proglotlis  furent  perdus  par  l'excès  de  zèle  d'une  servante 
trop  soigneuse  et  l'on  ne  put  en  faire  prendre  que  quatre  à  une  génisse  de 


(  537  ) 
race  charolaise,  âgée  de  six  semaines,  en  très-bon  état,  et  qui  était  encore 
au  régime  lacté  exclusif  sous  sa  mère.  Celte  ingestion  eut  lieu  le  27  juin. 
Bientôt  on  vit  se  développer  sous  la  langue,  près  du  frein,  deux  petites  tu- 
meurs sous-muqueuses,  indolentes,  dures  au  toucher,  en  tout  semblables, 
quoique  avec  des  dimensions  moindres,  à  celles  qu'on  trouve,  dans  la  même 
région,  chez  les  porcs  atteints  de  ladrerie. 

»  Cette  génisse  ne  fut  abattue  que  224  jours  après  l'ingestion  des  pro- 
glottis.  M.  Saint-Cyr  l'avait  laissée  vivre  pour  permettre  aux  cysticerques 
d'acquérir  tout  leur  développement.  L'autopsie  lui  a  démontré  qu'il  avait 
dépassé  le  but.  Outre  les  deux  tumeurs  sous-linguales,  neuf  autres  tumeurs 
semblables  furent  constatées  dans  les  parois  du  cœur;  on  n'en  trouva  nulle 
part  ailleurs.  Ces  tumeurs  étaient  constituées  par  des  cysticerques,  mais  ils 
étaient  morts,  déjà  profondément  altérés,  la  plupart  dans  un  état  decrétifi- 
cation  avancée,  si  bien  qu'il  fut  impossible  d'arriver  à  leur  détermination 
spécifique  rigoureuse;  seulement  on  n'a  trouvé  aucun  vestige  de  crochets. 
On  avait  donc  affaire  à  des  cysticerques  inermes. 

»  Le  2  avril  suivant,  M.  Saint-Cyr  trouva  l'occasion  de  répéter  cette 
expérience.  Un  certain  nombre  de  proglottis  détachés  et  d'anneaux  encore 
adhérents,  mais  mûrs,  en  tout  quarante  anneaux,  provenant  d'un  tœnia 
mediocanellata,  sont  donnés  à  un  veau  de  quatre  semaines,  soumis  au  régime 
exchisivement  lacté. 

«  Dès  le  2t  avril,  on  put  constater  à  la  face  inférieure  de  la  langue,  et 
près  du  frein,  une  granulation  sous-muqueuse  offrant,  sous  de  moindres 
dimensions,  tous  les  caractères  du  grain  ladrique;  cette  granulation  s'ac- 
crut un  peu  jusqu'au  20  mai,  jour  où  ce  veau  fut  abattu,  cinquante-quatre 
jours  après  l'ingestion  des  proglottis. 

»  A  l'autopsie,  on  trouva  vingt  cysticerques  parfaitement  authentiques, 
disséminés  çà  et  là  dans  le  tissu  conjonctif;  savoir  :  deux  sous  la  muqueuse 
linguale,  six  le  long  de  l'œsophage,  dans  la  portion  cervicale,  et  les  autres 
dans  le  tissu  conjonctif  sous-péritonéal. 

»  Le  ver,  entouré  de  son  kyste  celluleux,  avait  à  peu  près  les  dimensions 
d'une  petite  cerise.  Dépouillé  de  son  kyste,  qui  est  assez  épais  et  résistant, 
il  n'a  plus  que  le  volume  d'un  petit  pois  ou  de  l'amande  du  noyau  de  la 
cerise.  Sa  forme  est  régulièrement  sphérique  et  non  ovale,  comme  celle  du 
cysticerque  celluleux  du  porc.  Il  est  formé  d'une  membrane  propre  très- 
fine,  très-transparente,  remplie  d'un  liquide  très-limpide.  Sur  un  des  points 
de  sa  surface  existe  une  petite  tache  blanche,  opaque,  percée  d'un  très- 
petit  pertuis;  c'est  en  ce  point  que  la  tête  du  cysticerque  est  fixée  et  inva- 


(  538  ) 

ginée  en  dedans  de  la  vésicule.  Voici  ses  caractères  :  tête  sensiblement 
tétragonale,  comme  tronquée  presque  carrément  à  sa  partie  antérieure. 
Absence  complète  de  rostellum  et  de  crochets  ;  quatre  ventouses  très- 
régulièrement  rondes,  épaisses  et  presque  terminales;  dimensions  de  la 
tète  dans  sa  plus  grande  largeur  :  i°"",  20;  diamètre  de  la  vésicule  entière  : 
'5  millimètres. 

»  Ce  sont  bien  là  les  caractères  du  Tœnia  mediocanellata.  Les  cysticerques 
trouves  chez  ce  veau,  aussi  bien  que  chez  celui  de  la  première  expérience, 
sont  donc,  à  n'en  pas  douter,  le  résultat  du  développement  des  œufs  du 
Tœnia  mediocanellata  qui  leur  ont  été  donnés. 

»  Ce  cysticerque  est  spécifiquement  différent  de  celui  qui  vit  chez  le 
porc  et  qui  produit  le  Tœnia  soliuin;  il  en  diffère  par  son  volume  beaucoup 
moindre,  par  la  forme  sphérique  de  sa  vésicule,  et  surtout  par  sa  tête,  qui 
est  tronquée,  tétragonale  et  dépourvue  de  crochets. 

»  Il  n'est  pas  douteux,  non  plus,  que  ce  cysticerque  inerme,  introduit 
vivant  dans  l'intestin  de  l'homme,  ne  s'y  développe  en  tsenia,  et  que  telle 
ne  soit  l'origine  du  Tœnia  mediocanellata,  encore  assez  commun  dans  cer- 
taines localités. 

»  Il  est  bon  de  faire  remarquer,  toutefois,  que,  d'après  les  deux  expé- 
riences qui  viennent  d'être  rapportées,  ce  cysticerque  se  développerait  en 
moins  grand  nombre  et  vivrait  moins  longtemps  à  l'état  cystique  chez  le 
veau  que  le  cysticerque  celluleux  chez  le  porc.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  mouvement  des  étamines  dans  les  Ruta. 
Note  de  M.  G.  Carlet,  présentée  par  M.  Decaisne. 

«  Il  y  a  longtemps  qu'on  a  observé  les  mouvements  qui  se  passent  dans 
l'androcée  des  fiula  au  moment  de  la  fécondation,  mais  on  n'a  guère  si- 
gnalé dans  ces  mouvements  que  leur  existence.  La  précision  pour  ainsi 
(lire  mathématique  avec  laquelle  ils  s'accomplissent  peut  cependant  donner 
lieu  à  des  considérations  intéressantes,  au  double  point  de  vue  de  l'Anatomie 
et  de  la  Physiologie  végétales. 

»  La  fleur  des  Ruta  est  toujours  régulière  et  composée  le  plus  souvent  de 
quatre  sépales,  de  quatre  pétales  et  de  huit  étamines,  dont  quatre  op|)Osi- 
tisépales  et  quatre  oppositipétales. 

»  La  préfloraison  de  la  corolle  présente  un  pétale  extérieur,  un  pétale 
intérieur,  opposé  au  premier,  et  deux  pôtales  latéraux  recouvrants  d'une 
part  et  recouverts  d'autre  part.  Quant  aux  étamines,  elles  sont  disposées  de 


(  539) 
la  manière  suivante  dans  le  bouton  floral  :  le  pétale  intérieur  en  contient 
trois,  chacun  des  pétales  latéraux  deux  et  le  pétale  extérieur  une  seule. 

»  Quand  la  fleur  s'épanouit,  chaque  pétale  emmène  avec  lui  les  étamines 
qu'il  contient  dans  sa  concavité,  et,  peu  de  temps  après  l'épanouissement 
complet,  quelquefois  même  avant,  le  mouvement  des  étamines  commence. 
Or  voici  comment  il  s'effectue  : 

»    1°  Les  étamines  opposées  aux  sépales  se  meuvent  les  premières. 

»  2°  Elles  apportent,  /'«ne  après  l'autre,  leurs  anthères  au-dessus  du 
pistil. 

»  3**  Elles  suivent  un  ordre  de  marche  qui  est  toujours  le  même.  Si  l'on 
appelle  e,  l'étamine  oppositisépale  qui  est  à  droite  du  pétale  extérieur,  et 
«2,  fij,  e,  les  autres  étamines  numérotées  en  allant  de  proche  en  proche  et 
de  droite  à  gauche,  l'ordre  d'évolution  des  étamines  ne  sera  pas  e,,  ^2?  ^n 
64,  mais  constamment  e,,  e^,  e^,  e,. 

))  4°  Chaque  étamine  oppositisépale,  après  s'être  courbée  au-dessus  du 
pistil,  revient  à  sa  position  initiale,  mais  seulement  après  qu'une  autre  éta- 
mine oppositisépale  est  venue  se  mettre  en  contact  avec  elle.  Ainsi  l'éta- 
mine e,  s'avancera  d'abord  seule,  mais  elle  attendra,  pour  s'en  aller,  que 
l'étamine  Co  ^it  amené  son  anthère  en  contact  avec  la  sienne.  Quand  ce  con- 
tact aura  eu  lieu,  e,  partira  et  62  restera  au-dessus  du  pistil,  attendant  que 
e,  soit  venue  eu  contact  pour  s'en  aller  à  son  tour.  Alors  e,  attendra  63,  puis 
e^  d'abord  et  ensuite  e^  reviendront  toutes  deux  à  leur  position  première. 

»  5°  L'évolution  des  étamines  oppositipélales  ne  commence  que  quand 
toutes  les  étamines  oppositisépales  sont  revenues  à  leurs  places  respectives. 
Il  y  a  donc  un  moment  où  aucune  étamine  n'est  dressée  au-dessus  du 
pistil,  et  il  n'y  a  jnmais  contact  qu'entre  deux  étamines  de  même  nom. 

»  6°  Le  mouvement  des  étamines  oppositipétales  s'effectue  dans  le  même 
ordre  que  celui  des  étamines  oppositisépales,  mais  en  sens  inverse.  Si  l'on 
appelle  e\  l'étamine  oppositipétale  du  pétale  extérieur  et  e\,  e',,  e\  les 
autres  étamines  oppositipétales  numérotées  en  allant  de  proche  en  proche 
et  de  gauche  à  droite,  l'ordre  d'évolution  de  ces  étamines  sera  toujours  e\, 


^2»    ^i1    '^3' 


»  7°  Il  suit  de  ce  qui  précède  que  le  mouvement  des  huit  étamines  aura 
lieu  dans  l'ordre  e,,  e^,  e^,  63,  e\,  e\,  e\,  e\. 

»  8°  Chaque  étamine  est  plus  d'une  heure  à  effectuer  son  mouvement  de 
progression  et  le  contact  de  deux  étamines  au-dessus  du  pistil  dure  quel- 
quefois près  d'une  demi-heure.  L'évolution  de  l'androcée  tout  entier  met 
environ  douze  heures  à  s'accom[)lir. 


(   54o  ) 

»  g"  Pendant  les  monvements  de  l'androcée,  le  gynécée  ne  reste  pas  en 
repos.  Le  style,  qui  n'est  pas  visible  an  moment  de  l'anthèse,  apparaît  au 
niveau  des  sommets  de  l'ovaire  après  le  mouvement  des  étamines  oppositi- 
sépales. 

»  Si  l'on  réfléchit  que  les  étamines  sont  disposées  suivant  deux  verti- 
cilles  concentriques,  on  comprendra  facilement  que  l'extérieur  se  meuve 
avant  l'intérieur;  mais  pourquoi  le  mouvement  des  étamines  s'effectue-t-il 
dans  l'ordre  e,,  e^,  e^,,  e^,  e\,  e'.-^,  e\,  e'j? 

»  Que  l'on  examine  la  disposition  des  feuilles  sur  la  tige  de  la  Rue,  et 
l'on  verra  que  leur  arrangement  est  représenté  par  la  fraction  |.  De  plus, 
si  l'on  observe  les  fleurs  avec  quelque  attention,  on  ne  tarde  pas  à  décou- 
vrir, à  côté  des  fleurs  tétramères,  des  fleurs  pentamères  dont  les  pétales 
offrent,  comme  les  feuilles  de  la  tige,  la  disposition  quinconciale.  De  la 
comparaison  de  ces  fleurs  quinaires  et  quaternaires,  il  résulte  clairement 
que,  pour  passer  des  premières  aux  secondes,  il  n'y  a  qu'à  supposer  que 
deux  étamines  se  sont  soudées  en  même  temps  que  les  pétales  et  les  sépales 
correspondants.  Le  pétale  extérieur  de  la  fleur  tétramère,  plus  large  que 
les  autres,  est,  en  effet,  celui  qui  résulte  de  la  fusion  de  deux  pétales  voi- 
sins dans  la  fleur  pentamère. 

»  Que  si  l'on  trouve  maintenant  cinq  lignes  partant  d'un  même  point 
et  équidistantes,  elles  représenteront  le  diagramme  d'un  des  verticilles  sta- 
minaux  d'une  fleur  quinaire  de  Rue.  Supposons  que  ce  soit  le  verticille 
extérieur  et  adoptons  la  notation  précédemment  employée.  En  allant  de 
droite  à  gauche,  on  rencontrera  successivement  les  lignes  e,,  e^,  ^3,  e^,  e^; 
mais,  d'après  les  lois  de  la  phyllotaxie  et  de  la  floraison,  l'ordre  d'évolu- 
tion de  ces  étamines  sera  e,,  ^3,  e^,  62,  e,,. 

»  Or,  si,  comme  nous  venons  de  le  dire,  deux  étamines  voisines  e,,  e^ 
se  soudent  pour  former  une  fleur  quaternaire,  les  cinq  lignes  vont  se 
réduire  à  quatre,  numérotées  de  proche  en  proche  {e,  et  Cj),  ^3,  c<,  e^, 
ou,  plus  simplement,  e,,  63,  e-,  65,  et  l'ordre  d'évolution  sera,  par  suite, 

^11    ^3>  ^51    ^'.  • 

»  Si  nous  remplaçons,  dans  les  deux  dernières  lignes,  les  chiffres  3, 
4  et  5  respectivement  par  les  chiffres  2,  3  et  4,  afin  de  faire  disparaître  le 
chiffre  5,  qui  ne  doit  pas  se  trouver  dans  un  arrangement  de  quatre  objets, 
les  étamines  numérotées  de  proche  en  proche  et  de  droite  à  gaucho  seront 
e,,eo,  ^3,  e,,,  et  l'ordre  d'évolution  deviendra  e,,  e^,  e^,  e,,  c'est-à-dire  pré- 
cisément celui  que  nous  avons  constamment  rencontré  dans  la  fleur  quater- 
naire de  la  Rue. 


(  54i  ) 

»  Cet  ordre  de  marche,  si  bizarre  au  premier  abord,  n'a  donc  plus  rien 
qui  étonne.  On  pouvait  le  prévoir  d'après  les  lois  de  l'Analomie  et  de  la 
Physiologie  végétales. 

»  Il  suit  de  là  que  la  disposition  pentamère  des  fleurs  de  la  Rue  est  la 
disposition  normale.  C'est  donc  une  grave  erreur  que  l'on  commet  en 
Botanique  lorsqu'on  prend  pour  type  de  l'espèce,  ainsi  qu'on  le  fait  si 
souvent,  la  forme  dominante. 

»  Il  est  bon  aussi  de  remarquer  que  le  contact  de  deux  étamines  au- 
dessus  du  pistil  offre  un  grand  avantage  pour  la  fécondation.  L'anthère 
des  Ruta  s'ouvre,  en  effet,  par  deux  lignes  latérales,  de  sorte  que,  si  une 
étamine  toute  seule  se  trouvait  au-dessus  du  style,  elle  laisserait  tomber 
son  pollen  de  chaque  côté  de  ce  dernier;  mais,  quand  deux  anthères 
viennent  à  se  toucher  par  le  côté,  on  les  voit,  par  suite  du  choc,  tourner 
chacune  de  90  degrés  autour  du  connectif,  et  s'appliquer  par  leurs  faces 
l'une  contre  l'antre;  de  cette  manière,  les  lignes  de  déhiscence  deviennent 
inférieures  au  lieu  d'être  latérales;  elles  sont  alors  situées  directement 
au-dessus  du  style,  et  déversent  leur  pollen  sur  le  stigmate. 

))  Ce  mouvement  des  étamines  se  passe  dans  les  filets  et  est  complète- 
ment indépendant  des  anthères.  On  peut  le  démontrer  facilement  au  moyen 
de  l'ablation  de  celles-ci.  On  voit  alors  les  filets  décapités  se  mouvoir  et 
s'attendre  les  uns  les  autres  absolument  comme  auparavant. 

))  Sous  l'influence  des  anestliésiques  (éther  et  chloroforme),  nous  n'a- 
vons jamais  observé  l'ouverture  des  anthères.  Il  n'y  a  donc  pas  émission 
de  pollen,  mais  l'évolution  des  étamines  a  toujours  lieu;  on  peut  la  ralentir, 
mais  non  l'empêcher.  Dans  une  de  nos  expériences  sur  le  Ruta  bracteosa, 
une  étamine,  sortie  de  son  pétale  le  matin  du  3  juillet,  n'est  arrivée  au- 
dessus  du  pistil  que  le  6  juillet  dans  la  soirée. 

»  Enfin  ces  mouvemenis  s'effectuent  plus  rapidement  au  soleil  qu'à  la 
lumière  diffuse;  l'obscurité  les  anéantit  presque  complètement.   » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.  B. 


G.  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  8.)  7° 


(  542  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ii  août  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Jnlorno  aile  invohaioni  di  grado  qunlunque;  Nota  del  dott.  E.  Weyr.  Na- 
poli,  1872  ;  opuscule  in-4''. 

Sitlle  curve  pinne  razionali  del  terz  ordine  del  dott.  E.  Weyr,  Napoli, 
1871;  opuscule  iii-4°. 

Intorno  aile  curve  gobbe  razionali,  Memoria  del  dott.  E.  Weyr.  Praga, 
1871;  opuscule  in-/|.°. 

Sopra  la  rorrispondenza  del  seconda  grado  fra  due  sistemi  semplicemente  in- 
finiti  deW  D'E.  Weyr.  Milano,  1871;  opuscule  {11-4°. 

Nota  sopra  alcune  singolarità  di  second'  ordine  délie  curve  gobbe  razionali 
del  D"^  E.  Weyr.  Milano,  1871;  opuscule  in-4°. 

Sopra  una  certa  curva  gobba  di  quart'  ordine,  Nota  del  D"'  E.  Weyr.  Milano, 
1871;  opuscule  in-S". 

Intorno  ail'  involuzione  cuhica  nella  quale  lianno  luogo  proprietà  anarmo- 
nicbe,  Nota  di  E.  Weyr.  Milano,  187 1;  opuscule  in-8°. 

Sopra  le  proprietà  involutorie  d'un  esagono  gobbo  e  d'un  esaedro  complelo, 
Nota  del  prof.  E.  Weyr.  Milano,  1873;  opuscule  in-8°. 

Bestimmung  der  Anzald  involutorischer  Elementenpaare  einfôrmiqer  mehr- 
deuliger  Gebitde;  von  E.  Weyr.  Berlin,  G.  Reimer,  1871;  opuscule  in-4°. 

Ueber  normalen  ralionaler  Raumcurven  ;  von'E.  Weyr.  Prag,  1871;  opus- 
cule in-4°. 

Ueber  involutioncn  hôherer  Grade;  von  E.  Weyr.  Berlin,  G.  Reimer, 
1870;  in-4''. 

(Tous  ces  ouvrages  sont  présentés,  au  nom  du  docteur  E.  Weyr,  par 
M.  Chasles.) 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  18  août  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Notice  nécrologique  sur  M.  Sauvage;  par  M.  DaubrÉE,  Membre  de  l'Insti- 
tut. Paris,  Dunod,  1873;  br,  in-8°. 


(  54'^  ) 

TIléorie  des  fonctions  elUplicjiies  ;  par  MM.  BfilOT  et  BOUQUET;  2'' édition, 
1"' fascicule.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873;  iii-4°. 

Jîeviie  d'Artillerie;  i'^'' année,  t.  11,  5'  liv.,  aoiit  iSyS.  Berger-Levrault. 
1873;  in-S".  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  Documents  relatifs  à  l'art  des 
constructions,  etc.;  1873,  avril.  Paris,  Dunocl,   1873-,  in-8°. 

Mémoires  et  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils, 
janvier,  février,  mars  1873.  Paris,  Lacroix,  1873;  in-8°. 

Études  sur  le  goitre  épidémique ;  parY .^IVET.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1873; 
in-8"'.  (Adressé  par  l'auteur  au  Concours  de  Statistique,  1874.) 

Les  intérêts  europcens  en  Asie.  La  Perse  et  les  Persans.  Nasr-Eddin-Schch, 
le  nouvel  iian  et  r équilibre  asiatique;  par  le  Comte  DE  Croizier.  Paris,  Dentu, 
1873;  in-8«. 

Chemins  de  fera  fortes  rampes,  sjstème  Galland.  Paris,  Renou  et  Maulde, 
1873;  br.  in-8°. 

Journal  du  Ciel.  Notions  populaires  d'astronomie  pratique.  Astronomie 
pour  tous;  par  J.  y mOT;  année  1870.  Paris,  au  Bureau  du  journal,  1873; 
in -8°. 

Report  on  the  différence  of  longitude  between  fFashingtoJi  and  Saint-Louis; 
/>j  W.  Harkness.  Washington,  Government  printing  Office,  1872;  in-4°- 

Astronomical  and  meteorological  Observations  made  during  the  year  1870, 
at  the  United  States  naval  Observatory.  Washington,  Government  printing 
Office,  1873;  in-4°,  relié. 

Archivo  botiviano.  Coleccion  de  documentos  relativos  a  la  historia  de  Bolivia 
duianle  la  epoca  colonial,  con  un  Calalogo  de  obras  impresasj  de  manuscritos 
que  tratan  de  esa  parle  de  la  America  méridional,  pubUcados  por  V.  DE  Bal- 
LiviAN  Y  RoXAS;  tomo  I .  Paris,  A.  Franck,  1872;  in-8°,  relié. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  25  août  1873,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Journal  d'Agriculture  de  la  Càle-d'Or,  année   1873,  3'  trimestre.  Dijon, 
Darantière,  1873;  br.  in-S". 

Annales  de  la  Société  des  Sciences  industrielles  de  Lyon,  n^'S.  Lyon,  Storck, 
ï873;br.  in-8«. 


{  544  ) 

Remarques  et  observations  sur  les  fractures  du  crâne;  par  PlNGRENON.  Paris, 
Aubry,  1860;  br.  in-8°. 

Note  sur  /'Amphimoschiis  ponteleviensis;  par  M.  l'abbé  BOURGEOIS. 
Paris,  Bouchard-Hiizard  ;  br.  iii-8°,  avec  planche.   (Extrait  du  Journal  de 

Zoologie.) 

Tablettes  de  l'inventeur  et  du  breveté;  par  Cb.  ThirioN,  Appendice.  Paris, 
chez  l'auteur,  i8n3;  br.  in-8°. 

Recueil  des  travaux  du  Comité  consultatif  d'hjgiène  publique  de  France  et  des 
actes  officiels  de  i Administration  sanitaire;  t.  II,  2*  partie  :  Enquête  sur  le 
goitre  et  le  crétinisme,  Rapport  par  le  D*^  Baillarger.  Paris,  J.-B.  Baillière, 
iByS;  in-8°,  avec  cartes. 

La  prévision  du  temps;  par  ZuRCHER  et  Margollé.  Paris,  H.  Bellaire,  sans 
date;  i  vol.  in-32.  (2  exemplaires.) 

Archiv  fïir  Anatomie,  Physiologie  und  wissenschaftiiche  Medicin,  heraus- 
gegeben  von  C.-B.  Reichert  iind  E.  du  Bois-Reymond;  Jahrgang  1873, 
n°  I.  Leipzig,  Veit,  1873;  in-B". 

Nuove  osservazioni  sul  terremoto  avvenuto  in  Italia  il  12  marzo  1873,  e  ri- 
flessioni  sul presentiinento  degli  animnliper  i  terremoti;  Nota  del  prof.  A.  Ser- 
PiERi.  Milano,  Bernardoni,  1873-,  opuscule  in-S". 

Sul  terremoto  avvenuto  in  Italia  il  12  marzo  1873;  Nota  del  prof.  A.  Ser- 
PiERi.  Milano,  Bernardoni,   1873;  opuscule  in-8°. 

Ueber  einen  neuen  mechanischen  Satz  in  Bezug  auf  Stationàre  Bewegungen  ; 
von  R.  Clausius.  Bonn,  C.  Georgi,  1873;  br.  in-S". 

Proceedings  of  the  London  mathematical  Society;  n°^  56,  57.  London, 
1873;  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  11  août  1873.) 
Page  435,  ligne  17,  nu  lieu  de  centre,  lisez  centres. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUiNDI  1"'  SEPTEMBRE  1875, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  tome  LXXV 
des  Comyjfes  reiu/us  (2*  semestre  de  l'année  iH'^a)  est  en  distribution  au 
Secrétariat. 

ASTRONOMIE.  —   Sur  tes  aurores  boréales,  à  l'occasion  d'un  récent  Mémoire 

de  M.  Donati:  par  M.  Faye. 

«  Je  m'empresse  de  m'associer  au  si  juste  éloge  que  jM.  le  Secrétaire  per- 
pétuel vient  de  faire  de  ce  Mémoire  (i).  C'est  par  de  pareils  travaux,  bien 
plutôt  que  par  des  hypothèses,  qu'on  viendra  à  bout  du  difficile  problème 
des  aurores  boréales.  Je  n'ai  point  d'études  analogues  à  présenter  à  l'Acadé- 
mie; je  désire  seulement  appeler  son  attention  sur  les  conclusions  du  sa- 
vant italien.  D'après  lui,  le  nœud  de  la  difficulté  ne  saurait  se  trouver  dans 
la  vieille  météorologie;  il  faut  le  chercher  dans  une  météorologie  nouvelle 
qu'il  appelle  cosmique.  Voilà  assurément  une  conclusion  digne  d'atten- 
tion, surtout  lorsqu'elle  est  présentée  à  la  suite  de  recherches  conscien- 
cieuses. L'auteur  ajoute  que  les  forces  en  jeu  dans  ces  phénomènes  sont 

(1)  Voir  plus  loin  lu  mention  de  cet  ouvrage,  faite  par  M.  le  Secrélaire  perpétuel,  à  la 
Currespondnnce,  p.  502. 

C.R.,  1873,  2»Sem<;jirc.  (T.LXXVM,  N»9.)  7^ 


(  546  ) 
probablement  dues  à  des  courants  électro-magnétiques  allant  du  Soleil  aux 
planètes  et  ayant  pour  véhicule  l'élher  qui  remplit  l'espace. 

M  Avant  de  recourir  à  ces  courants  qui  produisent  chez  nous  tant  d'ef- 
fets variés,  et  particulièrement  les  beaux  phénomènes  que  M.  de  la  Rive 
assimile  d'une  manière  si  ingénieuse  aux  aurores  polaires,  mais  dont  le 
caractère  cosmique  est  si  douteux,  ne  serait-il  pas  prudent  de  jeter  un 
coup  d'oeil  sur  les  forces  qui  agissent  réellement  dans  les  espaces  interpla- 
nétaires? Or  ces  forces  ne  se  réduisent  pas  à  la  seule  attraction  :  il  en  est 
une  seconde,  bien  oubliée  jusqu'ici,  qui  détermine  sous  nos  yeux  les  phé- 
nomènes grandioses  des  comètes.  A  moins  de  croire  que  cette  force  solaire 
ne  s'exerce  que  sur  ces  corps-là  qui  viennent  de  temps  en  temps  nous  en 
rappeler  l'existence,  ne  faut-il  pas  examiner,  sauf  à  recourir  plus  tard  à 
des  forces  hypothétiques  au  moins  dans  leur  mode  de  transmission  à 
37  millions  de  lieues  de  distance,  si  son  action  sur  le  globe  terrestre  ne 
serait  pas  de  nature  à  produire  quelques  effets  sensibles  du  genre  de  ceux 
dont  il  s'agit  aujourd'hui? 

»  L'étude  des  phénomènes  cométaires  nous  montre  que  les  effets  de 
cette  force  répulsive  sont  en  raison  des  surfaces  et  non  des  masses.  In- 
sensibles pour  nous  sur  les  corps  très-denses,  comme  le  globe  terrestre,  et 
même  sur  la  plupart  des  noyaux  cométaires,  ils  deviennent  gigantesques 
sur  la  matière  réduite  à  une  excessive  ténuité.  De  là  les  queues  immenses 
de  3o,  4o>  60  millions  de  lieues  de  longueur  qui  se  forment,  en  quelques 
jours,  aux  dépens  de  la  nébulosité  des  comètes  et  se  dirigent  à  l'opposite 
du  Soleil,  c'est-à-dire  en  sens  inverse  de  son  attraction.  Les  matériaux  ra- 
réfiés de  ces  nébulosités  cométaires  sont  ainsi  entraînés  à  peu  près  dans 
le  prolongement  du  rayon  vecteur,  avec  une  rapidité  extrême,  comme 
s'ils  étaient  sollicités  par  une  force  douze  ou  quinze  fois  supérieure  à  celle 
de  la  gravité.  L'existence  de  queues  multiples,  dont  les  plus  avancées  dans 
le  sens  du  mouvement  de  l'astre  ont  souvent  une  courbure  très-faible, 
prouve  que  ce  rapport  peut  être  encore  bien  plus  grand. 

»  L'Académie  a  justement  sous  les  yeux  un  exemplaire  de  ces  phéno- 
mènes dans  les  intéressants  dessins  de  la  comète  actuelle  que  MM.  Rayet  et 
André  viennent  de  lui  présenter.  Il  y  a  plus,  l'analyse  spectrale  nous  ap- 
prend (et  ces  mêmes  dessins  nous  en  donnent  une  preuve  bien  frappante) 
que  ces  corps  possèdent,  en  général,  deux  sortes  de  lumière  :  l'une  prove- 
nant de  l'illumination  solaire;  l'autre  propre,  caractérisée  par  les  raies 
brillantes  d'un  spectre  discontinu  et  provenant  de  l'incandescence  de  par- 
ties gazeuses. 


(  547  ) 

»  La  Terre  aussi,  vue  de  loin,  présenterait  les  deux  spectres  :  celui  de  la 
lumière  solaire  et,  dans  la  partie  obscure,  vers  les  pôles,  le  spectre  discon- 
tinu de  ses  aurores  boréales  et  australes. 

»  Celte  faible  incandescence  de  la  matière  des  comètes  est-elle  déter- 
minée par  la  chaleur  solaire?  Je  ne  puis  le  croire,  en  voyant  que  ces  mêmes 
rayons  sont  bien  loin  de  produire  chez  nous  de  tels  effets;  mais  je  me  dis 
que,  si  l'on  posait  un  écran  en  travers  de  la  queue,  les  particules  qui  la 
composent,  en  frappant  cet  écran,  deviendraient  subitement  incandes- 
centes. Or  le  noyau  est  justement  un  écran  que  viennent  heurter  les  molé- 
cules antérieures  de  la  nébulosité,  tandis  que,  autour  de  lui,  d'autres  mo- 
lécules non  arrêtées  par  cet  obstacle  fuient  rapidement  en  arrière  et  vont 
former  la  queue.  Il  y  a  donc  un  double  effet  produit  :  les  phénomènes  de 
mouvement  libre,  c'est-à-dire  formation  de  la  queue,  et  les  phénomènes 
de  mouvement  arrêté  par  le  noyau,  c'est-à-dire  production  locale  de  cha- 
leur et  de  lumière. 

))  Sur  notre  globe,  si  différent  des  comètes,  il  n'y  a  que  les  couches 
extrêmes  de  l'atmosphère  qui  présentent  quelque  analogie  avec  ces  nébu- 
losités cosmiques.  Seules  elles  pourraient,  par  leur  excessive  rareté,  donner 
lieu  à  quelques-uns  de  ces  phénomènes;  je  dis  quelques-uns,  car  il  ne  sau- 
rait être  ici  question  de  queues  terrestres,  c'est-à-dire  de  cette  dissémina- 
tion indéfinie  de  matériaux  dont  les  comètes  nous  offrent  l'étonnant  spec- 
tacle. L'attraction  supérieure  du  globe  terrestre  les  retient  énergiquement 
autour  de  lui  ;  mais,  tout  en  restant  des  parties  intégrantes  de  notre  globe, 
ils  pourraient  produire  quelques  faibles  effets  de  lumière,  tout  à  fait  ana- 
logues à  ceux  des  comètes,  si  la  force  répulsive  leur  communiquait,  en 
certaines  régions,  une  vitesse  assez  considérable,  laquelle  irait  s'épuiser 
brusquement  dans  d'autres  régions  de  notre  globe. 

»  Les  limites  de  l'atmosphère  ne  sont  pas  connues.  Si  l'on  s'en  tient  aux 
phénomènes  de  la  réfraction,  une  quarantaine  de  kilomètres  suffisent  lar- 
gement. Ceux  du  crépuscule  en  exigent  davantage.  Ceux  de  l'incandes- 
cence des  étoiles  filantes,  dans  des  couches  déjà  très-rares,  ont  reporté  la 
limite  beaucoup  plus  loin.  La  véritable  limite  doit  être  au  delà,  là  où  notre 
air,  devenu  bien  plus  rare  que  le  vide  de  nos  meilleures  machines  pneuma- 
tiques, se  réduit  à  un  milieu  comparable  sans  doute,  en  fait  de  densité, 
aux  nébulosités  cométaires  sur  lesquelles  la  force  répulsive  du  Soleil 
s'exerce  si  largement. 

))  Considérons  cette  limite  extrême.  Il  est  peu  probable  qu'elle  soit 
sphérique,  comme  une  surface  de  niveau  ordinaire.  Déjà  les  couches  im- 

7'-- 


(  5/,8  ) 
portantes  de  l'atmosphère,  celles  dont  le  baromètre  nous  indiqne  les  affec- 
tions, présentent,  aux  deux  pôles,  un  minimum  dépression  bien  caractérisé 
et  des  maxima  qui  ne  coïncident  pas  du  tout  avec  l'équatenr.  En  outre, 
elles  s'étendent  rapidement  en  hauteur,  ou  se  resserrent  inégalement,  sui- 
vant la  répartition  des  températures  et  les  radiations  qui  leur  viennent  soit 
du  Soleil,  soit  du  sol  échauffé  le  jour  et  refroidi  la  nuit.  Il  doit  en  être  de 
même,  à  plus  forte  raison,  de  ces  couches  extrêmes  que  nous  considérons 
ici.  Elles  subissent,  en  outre,  du  côté  du  Soleil,  côté  où  elles  doivent  s'éle- 
ver le  plus,  une  certaine  action  répulsive,  qui  se  traduit  centralement  par 
une  faible  pression,  et  sur  les  bords  par  un  mouvement.  Je  me  représente 
donc  la  couche  limite  de  l'atmosphère  (dont  la  température  doit  être  par- 
tout assez  éloignée  du  zéro  absolu), comme  ayant  une  forme  assez  complexe 
et  surtout  fluctuante  :  plus  élevée  du  côté  du  Soleil  que  du  côté  opposé, 
mais  avec  une  courbure  moindre,  et  présentant  surtout,  comme  les  cou- 
ches inférieures,  mais  à  un  degré  bien  plus  marqué,  luie  dépression  vers 
chaque  pôle  du  côté  de  la  nuit,  là  où  le  sol  et  les  couches  inlérieiu'es 
rayonnent  le  moins  vers  le  ciel. 

»  Cela  posé,  considérons  sur  les  bords  de  l'hémisphère  tourné  vers  le 
Soleil  l'action  de  la  force  répulsive.  Les  parties  superficielles,  réduites  à 
une  rareté  excessive,  obéiront  à  son  action  ;  elles  seront  chassées  tangen- 
tiellement  et  finiront  par  acquérir  une  vitesse  notable  au  bout  d'une  heure 
ou  deux.  Arrivées  à  la  dépression  voisine  des  pôles,  elles  ne  trouveront 
plus  de  résistance  :  lancées  dans  le  vide,  elles  le  franchiront,  mais  iront 
plus  loin,  en  vertu  de  la  forte  courbure  que  l'attraction  prépondérante  du 
globe  terrestre  imprime  à  leurs  trajectoires.  Elles  rencontreront,  dis-je, 
avec  une  vitesse  croissante,  la  surface  limite  de  l'atmosphère  au  delà  de  la 
dépression,  et  si  leur  vitesse  peut  ainsi  s'élever  à  quelques  centaines  de 
mètres  par  seconde,  le  choc  incessant  de  ces  particules  mobiles  contre  les 
particules  fixes,  situées  plus  ou  moins  profondément,  donnera  lieu  à  une 
production  de  lumière  tout  aussi  bien  que  le  choc  de  masses  bien  plus 
considérables.  La  faible  illumination  qui  en  résultera  pour  nous,  dans  une 
région  limitée  et  mobile  du  ciel,  aura  le  caractère  propre  à  l'incandescence 
gazeuse. 

»  Ce  phénomène  ne  se  produira  pas  également  tout  autour  du  globe  ter- 
restre.Dans  les  régions  un  peu  éloignées  des  pôles,  il  n'y  a  pas  de  vaste  (léj)res- 
sion  à  franchir  :  les  molécules  du  bord  de  l'hémisphère  éclairé  rencontre- 
ront dans  tout  leur  trajet  l'obstacle  d'une  couche  continue  et  ne  pourront 
acquérir  la  même  vitesse  qu'aux  pôles.  Si  donc  il  y  a  ainsi  production  de 


(  5/i9  ) 
lumière,  ce  sera,  en  généra],  -vers  les  pôles  seulement  et  surtout  au  pôle 
actuellement  privé  de  lumière  solaire. 

»  Si  nous  nous  reportons  à  la  grande  aurore  dont  M.  Donati  s'est  oc- 
cupé, n'oublions  pas  que  c'est  un  phénomène  tout  exceptionnel  par  son 
étendue  et  qui  accuserait  une  disposition  pareillement  exceptionnelle  dans 
les  couches  extrêmes.  Ces  exceptions  sont  très-rares,  tandis  que  les  au- 
rores ordinaires  sont  très-fréquentes.  Elles  apparaissent  presque  chaque  jour 
dans  les  régions  voisines  des  pôles.  Quand  on  songe  à  ces  manifeslations 
lumineuses  teintées  de  rouge,  de  jaune  et  de  vert,  qui  se  produisent  régu- 
lièrement et  en  même  temps  aux  deux  bouts  de  laTerre,  dans  les  plus  hautes 
régions,  sons  forme  de  bandes  parallèles  et  mobiles  dont  la  simple  perspec- 
tive produit  de  si  singuliers  effets,  on  est  peu  porté  à  y  voir  des  orages  si- 
lencieux d'électricité  ordinaire,  ou  des  jeux  de  courants  éleclromagnétiques 
tournant  autour  d'un  aimant,  et  moins  encore  l'effet  de  courants  mysté- 
rieux qui  nous  viendraient  de  87  millions  de  lieues  à  travers  un  espace 
vide  de  tout  milieu  pondérable.  Un  phénomène  si  constant,  si  familier, 
dirai-je,  doit  avoir  une  cause  également  persistante  et  régulière  comme 
celle  dont  je  viens  de  parler. 

«  Mais  je  ne  prétends  en  aucune  façon  que  telle  soit  la  cause  véritable 
des  aurores  polaires.  Mon  unique  but  est  de  montrer,  à  l'occasion  de  l'in- 
téressant Mémoire  que  M.  Élie  de  Beaumont  vient  de  nous  présenter, 
qu'outre  les  causes  mystérieuses  qu'on  est  trop  porté  peut-être  à  invo- 
quer, il  y  a,  eu  dehors  de  l'attraction  newtonienne,  une  force  cosmique 
bien  réelle,  nullement  hypothétique,  qui  doit  jouer  quelque  rôle  dans 
notre  météorologie,  et  qui  se  rattache  fort  simplement  au  Soleil  lui-même, 
et  particulièrement  à  l'état  périodiquement  variable  de  sa  surface.  » 

BOTANIQUE,  —  De  la  théorie  carpellnire  d'après  des  Jmjgdalées  ; 
par  M.  A.  TnÉccL. 

«  Les  Amygdalées  sont  signalées  comme  donnant  de  beaux  exemples 
à  l'appui  de  la  théorie  des  feuilles  carpellaires.  On  a  surtout  cité,  comme 
un  retour  à  l'état  foliaire  primitif,  la  transformation  du  pistil  du  Merisier 
et  du  Cerisier  à  fleurs  doubles  en  feuille. 

»  Mais  de  ce  qu'un  pistil  peut  se  changer  en  un  organe  foliacé  ou  en 
une  feuille  véritable,  on  ne  saurait  conclure  que  le  carpelle  était  d'avance 
constitué  par  une  feuille.  Ainsi  que  je  le  disais  dans  ma  dernière  Commu- 
nication, pour  admettre  la  réalité   de  la  transformation   de   la  feuille  en 


(  55o  ) 

carpelle,  il  faudrait  que  l'ou  trouvât  la  structure  de  la  feuille  dans  la  jeu- 
nesse (lu  carpelle.  Comme  c'est  toujours  la  structure  du  carpelle  qui  est 
ébauchée  dans  le  jeune  âge,  on  n'a  pas  de  raison  pour  soutenir  que  le  car- 
pelle soit  une  feuille  modifiée. 

»  La  métamorphose  du  pistil  du  Cerisier  en  feuille  va  précisément  nous 
fournir  la  preuve  que  le  carpelle  n'était  point  originairement  de  nature 
foliaire;  mais,  avant  d'examiner  la  modification  qu'il  a  subie,  il  importe 
de  constater  quelle  est  la  structure  normale  du  carpelle  dans  le  Cerisier 
et  dans  les  autres  Amygdalées.  Nous  pourrons  alors,  en  toute  sécurité, 
déduire  de  cette  métamorphose  les  conclusions  auxquelles  elle  conduit 
réellement. 

))  Des  coupes  faites  sur  le  pédoncule  du  Cerisier,  de  l'Amandier,  de 
l'Abricotier,  un  peu  au-dessous  de  la  fleur,  y  montrent  ordinairement  dix 
faisceaux;  dans  le  Pêcher,  il  y  en  a  souvent  douze  ou  treize,  irrégulière- 
ment disposés.  Où  il  y  a  dix  faisceaux,  cinq  sont  saillants  et  les  autres 
rentrants.  Tous  se  prolongent  dans  le  l'éceplacle  cupuliforme,  sur  lequel 
s'insèrent  les  sépales,  les  pétales  et  les  étamuies.  Je  n'en  dirai  rien  de  plus 
aujourd'hui.  Au  fond  de  ce  réceptacle,  il  émane,  d'entre  les  dix  faisceaux 
du  sommet  du  pédoncule,  des  faisceaux  d'abord  très-grèles,  au  nombre  de 
dix  ou  douze  à  vingt,  qui  s'étendent  à  peu  prés  horizontalement  ou  plus 
ou  moins  obliquement,  en  convergeant  vers  le  centre,  où  ils  forment  un 
cercle  :  ce  sont  les  faisceaux  destinés  à  l'ovaire.  En  montant  vers  celui-ci, 
ils  s'arrangent  en  ellipse  orientée  de  manière  que  son  grand  axe  est  dirigé 
de  l'avant  à  l'arrière  du  carpelle.  A  la  base  de  l'ovaire,  l'ellipse  vasculaire 
s'ouvre  en  fer  à  cheval  sur  la  face  antérieure;  mais,  un  peu  plus  haut, 
cette  ouverture  est  plus  ou  moins  dissimulée  par  l'apparition  de  quelques 
faisceaux  auprès  de  la  counnissure.  Cette  disposition  est  commune  à  toutes 
les  Amygdalées  que  j'ai  étudiées.  A  partir  de  là,  il  survient  dans  le  jeune 
fruit  des  différences  considérables,  suivant  les  genres. 

M  On  peut  remarquer  déjà  combien  celte  insertion  du  carpelle,  qui 
reçoit  des  faisceaux  de  tout  le  pourtour  de  la  tige,  diffère  de  celle  de  la 
feuille  normale,  dont  les  trois  faisceaux  du  pétiole  n'embrassent  que  les 
deux  cinquièmes  de  la  circonférence. 

»  Tout  le  cylindre  fibrovasculaire  qui  termine  l'axe  pénètre  donc  dans 
l'ovaire;  mais  tous  les  faisceaux  qui  montent  du  pédoncule  dans  cet  ovaire 
n'ont  pas  des  dimensions  égales.  Dans  la  jeunesse  et  souvent  jusque  dans 
l'âge  le  plus  avancé,  on  en  remarque  trois  principaux,  qui  ont  une  posi- 
tion particulière  :  ce  sont  le  dorsal  et  les  deux  faisceaux  situés  dans  le  voi- 


(55i  ) 

sinage  de  la  commissure  du  pistil.  Ces  deux  derniers  représentent  assez 
bien  ce  que,  dans  les  Rnmmculus,  j'fJi  appelé  les  faisceaux  placentaires.  Je 
n'ose  pas  ici  leur  donner  cette  qualification,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  les 
seuls  qui  existent  auprès  de  la  commissure.  En  outre  des  deux  faisceaux 
ovulaires,  insérés  au  bas  de  ces  deux  faisceaux  principaux  et  de  la  commis- 
sure, et  qui,  en  montant  dans  la  substance  du  noyau  jusque  auprès  du  haut 
de  la  loge,  où  ils  entrent  dans  la  graine  et  dans  l'ovule  non  fécondé,  émet- 
tent chacun  un  ou  deux  rameaux,  qui  sortent  obliquement  du  noyau  et 
vont  s'unir  dans  le  parenchyme  aux  faisceaux  voisins  [Prunus  ocuminala, 
claudiana,  Jmycjdalus  campestris) ,  il  y  a  parfois  d'autres  faisceaux  qui 
partent  aussi  de  la  base  de  l'ovaire,  et  qui  montent  soit  à  la  surf;ice  du 
noyau  (Cerasus),  soit  à  travers  le  tissu  parenchymateux  externe. 

»  Le  faisceau  dorsal  et  les  deux  faisceaux  principaux  sont  les  premiers 
apparents,  et  sont  toujours  couchés  à  la  surface  du  noyau,  plus  ou  moins 
enfoncés  dans  un  sillon  creusé  dans  celui-ci,  et  quelquefois  en  partie 
recouverts  par  des  cellules  scléreuses.  Ces  trois  fiiisceaux  portent  des  ra- 
meaux qui  prennent  une  part  plus  ou  moins  grande  à  la  formation  du  ré- 
seau péricarpien. 

»  Ne  pouvant,  dans  ce  résumé,  entrer  dans  de  grands  détails  histolo- 
giques,  je  me  borne  à  l'indication  des  principaux  traits  de  la  structure  du 
pistil  et  du  fruit.  Je  dirai  donc  tout  simplement  que  c'est  vers  l'apparition 
de  ces  premiers  faisceaux  dans  certaines  espèces,  ou  un  peu  après,  dans 
quelques  autres,  que  se  dessinent  les  deux  zones  cellulaires  qui  doivent 
constituer  le  noyau  et  le  tissu  charnu  ou  pulpeux. 

»  La  paroi  de  l'ovaire  est  donc  partagée,  vers  l'époque  de  la  fécondation, 
ou  peu  après,  en  deux  régions  :  l'une  interne,  formée  par  un  tissu  incolore, 
sombre,  ordinairement  délimitée  du  côté  de  la  loge  par  quelques  rangées  de 
cellules  plus  claires,  constitue  l'ébauche  du  noyau;  l'autre,  externe,  con- 
tient de  la  chlorophylle,  au  moins  vers  sa  surface;  elle  devient  bientôt 
plus  ou  moins  verte  dans  ses  parties  les  plus  profondes,  si  elle  n'a  déjà  cette 
couleur. 

»  La  délimitatioi^  de  ces  deux  tissus,  et  la  position  qu'y  occupe  la  pre- 
mière série  des  faisceaux,  divisent  tout  de  suite  en  deux  catégories  les 
jeunes  fruits  des  Amygdalées.  Chez  les  AmygdaUts  amara,  dulcis  et  persica, 
les  premiers  faisceaux  sont  enclavés  dans  le  tissu  sombre  du  jeune  noyau, 
aussitôt  que  ses  contours  sont  dessinés  ;  tandis  que  dans  les  Cerasus,  Prunus 
et  Armeniaca,  la  première  série  des  faisceaux  latéraux  est  répartie  à  peu 
près  vers  le  milieu  de  l'épaisseur  du  parenchyme  externe  souvent  déjà  vert. 


(  552  ) 

TjC  faisceau  dorsal  et  les  deux  principaux  antérieurs  sont  seuls  couchés  à  la 
surface  du  tissu  sombre  incolore  [Cei-asus),  ou  plus  ou  moins  plongés  en 
lui;  ce  tissu  incolore  enserre  même  ordinairement  le  dorsal  dans  les 
Prunus  et  Armeniaca. 

»  Parmi  les  Amygdalées  mentionnées  ici  les  Cerasus  ont  la  structure  la 
plus  simple.  Dans  les  jeunes  fruits  verts  des  C.  Malialeb,  Padus,  conuita, 
avium,  Cliamœcerasus,  semperflorens,  juliana  et  caproniana,  il  apparaît  de 
chaque  coté  de  la  loge,  entre  le  dorsal  et  les  deux  principaux  antérieurs, 
qui  tous  les  trois  restent  couchés  sur  le  noyau,  une  série  de  faisceaux  ou 
plutôt  un  réseau  qui  décrit  une  courbe  dans  la  partie  moyenne  du  paren- 
chyme externe  vert  et  plus  tard  pulpeux.  La  constitution  de  ce  réseau  est 
aisément  dévoilée  à  la  maturité,  quand  les  cellules  superficielles  naturel- 
lement désagrégées  peuvent  être  enlevées  avec  facilité.  Le  petit  fruit  du 
C.  Mahaleb  donne  des  préparations  particulièrement  favorables  à  cette 
démonstration,  parce  qu'elles  peuvent  être  conservées.  On  enlève  avec 
précaution,  à  l'aide  d'un  scalpel,  le  tissu  cellulaire  qui  couvre  le  réseau,  et 
on  laisse  sécher  le  reste  du  fruit.  Comme  le  parenchyme  placé  sous  le 
réseau  est  peu  épais,  il  se  dessèche  promptement.  Les  faisceaux  formant 
le  réseau  sont  alors  appliqués  en  saillie  sur  la  surface  durcie,  où  se  dis- 
tinguent avec  netteté  les  plus  petites  nervures.  Ou  reconnaît  que  les  fais- 
ceaux principaux  antérieurs  et  le  dorsal  l'emportent  de  beaucoup  sur 
les  autres  faisceaux  qui,  comme  eux,  montent  du  sommet  du  pédoncule. 
Ces  plus  petits  faisceaux  ne  prennent  qu'une  part  assez  faible  à  la  forma- 
tion du  réseau;  ils  n'en  constituent  que  la  partie  inférieure  des  deux  côtés, 
en  s'unissant  avec  les  rameaux  des  trois  autres.  Le  reste  du  réseau  est  pro- 
duit par  des  rameaux  insérés  de  chaque  côté  de  la  nervure  médiane,  et 
par  des  rameaux  plus  FORTS  insérés  sur  tes  deux  faisceaux  anlérieurs.  Ces 
deux  sortes  de  rameaux  arrivent  en  conjonction  soit  directement,  soit  par 
leurs  subdivisions;  ils  sont  en  outre  reliés  entre  eux  par  des  nervures  plus 
délicates.  C'est  donc  cet  ensemble  qui  compose  l'élégaîit  réseau  mis  à  nu. 
Il  en  est  de  même  dans  les  C.  juliana,  caproniana  et  semperfloreiis;  mais, 
dans  ces  dernières  espèces,  il  y  a  plus  d'uniformité  dans  le  volume  des  ra- 
meaux. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  dans  ces  espèces  à  gros  fruit,  il  part  cà  et  là,  de  la 
face  interne  dos  faisceaux  formant  le  réseau,  des  rameaux  qui  s'étendent 
radialement  vers  le  noyau  sans  l'atteindre.  Ces  faisceaux,  que  M.  Cave  a 
signalés  dans  la  cerise,  dans  la  prune  et  dans  l'abricot,  n'existent  pas  ou 
sont  à  peu  près  nuls  dans  le  C.  Mahaleb,  où  je  n'ai  vu  que  de  légères  pro- 
éminences. 


(  553  ) 

»  Pendant  la  maturation,  pendant  la  production  de  ces  faisceaux  rayon- 
nants, toutes  les  parties  du  fruit  s'accroissent;  mais  dans  le  parenchyme 
charnu,  qui  plus  tard  devient  pulpeux,  l'accroissement  se  fait  différem- 
ment à  la  surface  et  à  l'intérieur.  Le  parenchyme  extérieur  au  réseau  s'ac- 
croît phiï  sensiblement  parallèlement  à  la  surface  du  fruit  qu'en  profon- 
deur; toutes  les  cellules  y  ont  un  diamètre  à  peu  près  égal  dans  les  trois 
dimensions.  Au  contraire,  le  tissu  placé  entre  le  réseau  vasculaire  et  le 
noyau  s'accroît  bien  davantage  radialement;  ce  qui  fait  que  le  réseau,  qui 
d'abord  était  à  peu  près  à  mi-chemin  de  la  surface  du  fruit  au  noyau,  se 
trouve  relativement  plus  rapproché  de  la  périphérie  à  mesure  que  la  ma- 
turation avance. 

»  Dans  le  fruit  des  Prunus  acuminala  et  domestica  (Monsieur,  reine- 
Claude,  mirabelle,  etc.),  le  système  vasculaire  est  plus  compliqué  que  celui 
des  cerises.  En  outre,  les  faisceaux  qui  montent  du  pédoncule,  et  qui  sont 
interposés  au  dorsal  et  aux  principaux  antérieurs,  prennent  vuie  part  bien 
plus  grande  à  la  composition  du  réseau.  On  peut  les  suivre  très-haut  dans 
le  péricarpe,  à  l'intérieur  duquel  ils  se  ramifient,  comme  il  va  être  dit  tout 
à  l'heure.  Cependant  le  faisceau  dorsal  et  les  principaux  antérieurs  sont 
couchés,  comme  dans  la  cerise,  dans  un  sillon  du  noyau,  où  ils  sont  par- 
fois en  partie  recouverts  de  cellules  scléreuses;  mais  les  rameaux  qu'ils 
produisent  n'enlacent  point  par  leurs  ramules  la  plus  grande  partie  des 
faces  latérales;  assez  courts,  ces  rameaux  vont  s'unir  à  ceux  des  faisceaux 
voisins,  qui  montent  du  pédoncule. 

»  Voici  l'ordre  dans  lequel  apparaissent  les  faisceaux  delà  prune.  Dans 
l'ovaire  de  la  fleur  épanouie  du  P.  domestica,  il  y  a  déjà,  outre  les  trois 
faisceaux  primordiaux,  un  cercle  de  faisceaux  plus  grêles  et  plus  externes 
qu'eux,  répartis  dans  la  région  moyenne  du  parenchyme  vert,  lien  est  de 
même  dans  un  ovaire  récemment  fécondé  du  P.  tritoba.  Dans  le  P.  acumi- 
nala^ il  manquait  quelques  faisceaux  formant  le  segment  de  cercle  situé  en 
dehors  des  deux  faisceaux  principaux  antérieurs,  mais  cette  lacune  ne  tarde 
pas  à  être  comblée.  Bientôt  après,  d'autres  faisceaux  apparaissent  à  l'exté- 
rieur du  premier  cercle,  et  parfois  c[uelques-uns,  bien  rares,  naissent  en 
dedans  de  ce  cercle.  Tous  ces  faisceaux  secondaires  ne  sont  que  des  rameaux 
de  ceux  du  premier  cercle,  et  tous  sont  reliés  avec  eux  et  entre  eux,  de  façon 
à  présenter  une  réticnlation  dans  tous  les  sens.  Enfin,  dans  un  âge  plus 
avancé,  pendant  l'accroissement  radial  du  parenchyme  interne,  des  ra- 
meaux rayonnants  souvent  anastomosés  entre  eux  et  fréquemment  bi- 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  9.)  7^ 


(  554  ) 
fiirqués,  s'étendent  des  faisceaux  du  cercle  primitif  à  la  surface  du  noyau, 
où  ils  se  terminent  en  cœcum  parmi  les  petites  cellules  incolores  de  la  sur- 
face de  celui-ci;  mais,  aux  approches  de  la  maturité,  les  cellules  succu- 
lentes internes  croissent  radialement  avec  une  telle  vigueur,  qu'elles 
écartent  du  noyau  les  extrémités  des  faisceaux  rayonnants.  Ces  cellules  suc- 
culentes internes  deviennent  souvent  fiisiformes  et  ont  assez  fréquemment 
I  millimètre,  i"™,  5o  et  jusqu'à  a""",  38  de  longueur  {P.  acuminata,  clau- 
cliana,  etc.). 

»  Les  fruits  des  Armeniaca  vulgaris  et  dasycarpa  ont  à  peu  prés  la  struc- 
ture de  la  prune;  ils  présentent  seulement  une  réticulation  notablement 
plus  complexe.  Vers  l'époque  de  la  fécondation  ou  peu  après,  il  naît  de 
même,  après  les  trois  faisceaux  primordiaux,  un  cercle  de  faisceaux  nom- 
breux et  rapprochés,  au  milieu  du  parenchyme  déjà  vert.  Un  peu  plus 
tard,  il  apparaît  une  autre  série  de  faisceaux  plus  faibles  en  dedans  de  ce 
cercle,  et  une  troisième  en  dehors.  Ces  faisceaux  se  multiplient  encore  à 
mesure  que  le  fruit  grossit,  et  des  faisceaux  rayonnants  se  manifestent  au- 
près du  noyau.  Il  résulte  de  tout  cela  mi  ensemble  réticulé  dans  tous  les 
sens,  plus  compliqué  que  celui  des  Prunus  domestica  et  acuminata . 

»  Le  fruit  des  Ainycjdalus  présente  un  développement  bien  différent  de 
celui  de  la  prune  et  de  la  cerise.  En  effet,  dans  les  Amycjdalus,  les  faisceaux 
ne  se  multiplient  qu'à  l'extérieur  des  faisceaux  du  premier  cercle,  qui  res- 
tent les  plus  internes,  tandis  que,  dans  les  prunes  et  les  abricots,  il  s'en 
développe  en  dehors  et  en  dedans  de  ce  cercle,  et  dans  les  cerises  à  gros 
fruits  seulement  des  faisceaux  rayonnants  apparaissent  en  dedans. 

»  Une  coupe  transversale,  prise  vers  le  milieu  de  la  hauteur  de  l'ovaire, 
dans  la  fleur  épanouie  de  VA.  campeslris,  montre  le  faisceau  dorsal  et  les 
deux  faisceaux  principaux  antérieurs  en  partie  plongés  dans  le  tissu  sombre 
de  r(  bauche  du  noyau.  De  chaque  côté  de  la  loge,  entre  le  dorsal  et  les 
deux  faisceaux  antérieurs,  quelques  faisceaux  plus  faibles  commencent  à 
paraître  au  contact  même  de  cette  ébauche  du  noyau,  et  non  plus,  comme 
dans  les  Ccrasus,  Prunus  et  Armeniaca,  au  milieu  du  parenchyme  vert. 
Plus  tard,  il  apparaît  à  l'extérieur  de  cette  première  série  de  faisceaux, 
'  dans  le  parenchyme  vert,  une  autre  série  de  faisceaux  plus  grêles  que  les 
premiers.  Ces  deux  séries  concentriques  restent  nettement  dessinées  jus- 
qu'à la  maturité;  seulement  quelques  faisceaux  d'union  se  montrent  entre 
elles  sur  les  coupes  transversales.  De  plus,  les  faisceaux  de  la  série  interne 
qui,  au  début,  étaient  contigus  au  tissu  incolore,  ébauche  du  noyau,  sont 
un  peu  plus  tard  entourés  par  le  parenchyme  vert.  Il  résulte  de  cette  dis- 


(  555  ) 
position  des  faisceaux  internes  en  dehors  du  noyau  que  celui-ci  ressemble 
à  un  noyau  de  cerise,  de  prune  ou  d'abricot.  Je  ne  parle  que  pour  mention 
du  fait  bien  connu  de  la  liquéfaction  gommeuse  des  cellules  allongées  qui 
accompagnent  les  vaisseaux,  transformation  signalée  dans  le  fruit  de  plu- 
sieurs Amygdalées. 

»  Dans  une  fleur  de  Pécher  on  trouve,  à  l'insertion  même  du  pistil,  qu'en- 
viron douze  faisceaux  entrent  dans  la  base  de  l'ovaire.  Le  dorsal  et  les 
deux  antérieurs  sont  beaucoup  plus  forts  que  les  autres.  En  montant  dans 
l'ovaire,  les  faisceaux  sont  de  moins  en  moins  développés.  Pourtant,  près 
de  la  base  de  la  loge,  on  remarque  déjà,  dans  le  tissu  sombre  qui  com- 
pose en  grande  partie  cette  région,  des  linéaments  translucides  qui 
annoncent  une  ramification  naissante;  mais  plus  haut,  vers  le  milieu  de  la 
hauteur  de  l'ovaire,  on  n'aperçoit  encore  que  le  dorsal  et  les  antérieurs, 
avec  quelques  faisceaux  intermédiaires,  qui  se  dessinent  à  peu  près  en 
même  temps  que  se  délimitent  les  contours  de  l'ébauche  du  noyau.  Quel- 
ques jours  après  la  fécondation,  le  tissu  qui  doit  constituer  le  noyau  se 
distingue  du  parenchyme  environnant  par  l'absence  de  matière  verte.  Il 
enserre  la  série  de  ces  premiers  faisceaux,  et  de  ceux-ci  partent  des 
rameaux  qui  se  relient  à  d'autres  faisceaux  plus  jeunes,  répandus  dans  le 
tissu  vert  extérieur,  où  ils  forment  déjà  un  réseau  compliqué.  Les  plus 
externes  de  ces  faisceaux  sont  les  moins  avancés  dans  leur  développement 
et  peuvent  être  encore  dépourvus  de  vaisseaux. 

»  Dès  ce  jeune  âge  le  réseau  a  déjà,  par  la  distribution  de  ces  faisceaux, 
l'aspect  qu'il  aura  à  la  maturité;  mais,  dans  la  jeunesse,  le  tissu  inco- 
lore qui  forme  l'ébauche  du  noyau  entoure  complètement  les  faisceaux 
internes;  ce  n'est  que  lorsque  l'induration  des  cellules  nucléaires  com- 
mence que  s'accusent  les  sillons  au  fond  desquels  sont  étendus  les  fais- 
ceaux internes.  Ce  phénomène  est  dû,  comme  on  sait,  à  ce  que  les  cellules 
qui  recouvrent  ces  faisceaux  ne  s'épaississent  pas,  ou  ne  le  font  qu'à 
certaines  places  où  ces  faisceaux  sont  tout  à  fait  enclavés  dans  le  noyau. 
Dans  l'Amandier,  au  contraire,  toute  la  couche  du  tissu  incolore  qui 
représente  l'ébauche  du  noyau  dans  la  jeunesse  subit  la  modification 
scléreuse,  de  façon  que  les  faisceaux  internes  sont  de  toutes  partsi  en- 
fermés par  elle. 

»  Malgré  quelques  particularités  que  présente  l'évolution  de  ce  fruit, 
l'ensemble  des  phénomènes,  en  ce  qui  concerne  le  système  vascuiaire, 
étant  assez  semblable  à  ce  qui  s'observe  dans  la  pèche,  je  n'ajouterai  rien 
de  plus,  l'espace  ne  me  permettant  même  pas  d'indiquer  sommairement 

72.. 


(  556  ) 

l'évolution  et  la  structure  du  noyau  des  Amygdalées,  sur  lesquelles  je  re- 
viendrai dans  une  autre  occasion. 

M  Tous  les  faits  qui  précèdent,  en  particulier  l'insertion  de  l'ovaire,  qui 
reçoit  circulairement  les  faisceaux  de  tout  le  cylindre  fibrovasculaire  du 
sommet  de  l'axe,  prouvent  que  le  pistil  et  le  fruit  ne  résultent  point  de  la 
modification  d'une  feuille  Cela  est  si  évident  que  les  plus  développées  des 
feuilles  normales  ne  reçoivent  que  trois  faisceaux  de  la  tige,  et  ces  trois 
faisceaux  n'embrassent  que  les  deux  cinquièmes  de  la  circonférence  du 
système  fibrovasculaire. 

»  Voyons  maintenant  si  la  transformation  du  pistil  en  feuille  est  plus 
favorable  à  la  théorie.  Si  le  carpelle  a  été  dans  le  premier  âge  une  feuille 
ébauchée,  quand  cette  feuille  rudimentaire,  au  lieu  de  devenir  un  pistil, 
se  développe  en  feuille,  elle  doit  avoir  la  constitution  d'une  feuille  nor- 
male. Ce  n'est  pourtant  pas  une  telle  feuille  qui  se  développe  dans  la 
fleur  double  du  Cerasiis  multiplex;  c'est  un  organe  foliacé  dont  la  struc- 
ture rappelle  bien  plus  la  constitution  du  carpelle  que  celle  de  la  feuille. 
Et  puis  une  feuille  normale  de  Cerisier  est  longuement  pétiolée.  Après 
avoir  supposé  que  le  pistil  est  une  feuille,  il  faut  faire  une  deuxième  hy- 
pothèse :  il  faut  admettre  que  c'est  une  feuille  incomplète,  une  feuille  non 
pétiolée.  Si  nous  supposons  que  le  pétiole  ne  s'est  pas  développé,  ce  qui 
reste  doit  représenter  la  jeune  lame,  et  celle-ci  doit  avoir  la  nervation  d'une 
feuille  normale. 

»  Rien  de  cela  n'a  lieu.  La  feuille  ordinaire  du  Cerisier  a,  de  chaque 
côté  de  la  nervure  médiane,  de  nombreuses  nervures  latérales  pennées, 
unies  entre  elles  par  de  petites  nervures  transverses.  Dans  le  carpelle  de- 
venu foliacé,  il  en  est  autrement.  Cette  apparente  feuille,  qui  est  dentée 
dans  sa  partie  inférieure  dilatée  et  enroulée  sur  elle-même,  il  est  vrai,  reçoit 
de  tout  le  pourtour  du  sommet  de  l'axe  plusieurs  faisceaux  qui,  en  se 
répandant  dans  la  base  de  la  lame,  prennent  une  disposition  à  peu  prés 
digitée.  11  y  a,  comme  dans  l'ovaire,  trois  faisceaux  principaux,  qui  s'éten- 
dent de  la  base  à  la  partie  supérieure  de  l'organe,  c'est-à-dire,  un  médian 
et  deux  latéraux.  Ces  deux  derniers  représentent  assurément  les  deux  fais- 
ceaux principaux  antérieurs  de  l'ovaire.  Ils  émettent  une  ou  deux  branches 
sur  leur  côté  marginal,  dans  la  partie  inférieure  élargie  de  la  lame.  Il  existe, 
en  outre,  près  de  chaque  bord  de  cette  lame,  ou  au  moins  d'un  côté,  un 
faisceau  plus  faible  qui  monte  aussi  du  pédoncule.  Il  est  vraisemblable- 
ment l'équivalent  du  faisceau  grêle  couché  sur  le  noyau  près  de  la  com- 
missure. On  observe  encore,  entre  le  médian  et  les  deux  latéraux  princi- 


(557) 
paiix,  quelques  fascicules  infiniment  plus  petits,  qui  montent  aussi  de 
l'axe,  et  que  l'on  reconnaît  comme  les  homologues  des  fascicules  qui  sont 
de  chaque  côté  à  la  base  du  réseau  de  la  cerise.  Les  faisceaux  principaux 
de  cette  prétendue  feuille  sont  reliés  entre  eux  par  des  nervures  transverses, 
qui  donnent  lieu  à  un  réseau  comparable  à  celui  qui  existe  dans  le  car- 
pelle ou  dans  le  fruit.  Cet  organe  foliacé  représente  si  peu  la  structure  d'une 
feuille  normale  que,  dans  la  partie  supérieure,  constituant  la  région  sous- 
stigmatique,  l'organe  s'élargit,  la  nervure  médiane  se  trifurque,  et  chacune 
des  deux  branches  qu'elle  produit  se  divise  en  deux  près  du  sommet,  ce 
que  le  prolongement  de  la  nervure  médiane  fait  aussi  là  de  nouveau.  De 
plus,  les  deux  grandes  nervures  latérales,  qui  sont  venues  de  la  base  de 
ce  pistil  foliacé,  se  bifurquent  de  même,  et  l'une  des  branches  au  moins 
se  divise  une  deuxième  fois.  Ce  n'est  pas  tout  encore  :  sur  la  base  de  la  face 
interne  de  ce  carpelle  transformé,  on  retrouve  souvent  le  jeune  tissu 
sombre  qui  devait  constituer  le  noyau. 

»  N'est-il  pas  évident  que  cet  organe  foliacé  ne  peut  être  assimilé  aux 
feuilles  ordinaires  du  Cerisier,  et  que,  loin  de  prouver  que  le  carpelle  soit 
une  feuille  modifiée,  il  démontre  au  contraire  que,  dès  son  début,  le  car- 
pelle a  une  structure  qui  lui  est  propre?  » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

GÉOLOGIE.  —  Losange  saharien  du  réseau  pentacjonal,  dressé  en  projection 
(jnomonique  sur  l'horizon  de  son  cenlie,  pour  un  rayon  de  sphère  de  o™,  55. 
Mémoire  de  M.  A.  Pomel.  (Extrait  adressé  par  l'auteur  à  M.  Élie  de 
Beaumont.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Mes  études  géologiques  sur  l'Algérie  et  mes  recherches  sur  la  struc- 
ture générale  du  Sahara  m'ont  conduit  à  dresser  une  carte  en  projection 
gnomonique  sur  un  horizon  commode  pour  l'étude  des  grandes  lignes 
stratigraphiques  du  nord-ouest  de  l'Afrique. 

»  J'ai  naturellement  choisi  l'horizon  du  point  H  du  Sahara,  qui  est  le 
centre  d'un  losange  remarquable  du  réseau  pentagonal.  Cette  projection 
met  en  évidence  une  foule  de  coïncidences  singulières  qui  vous  intéresse- 
ront certainement. 

»  Je  réclame  votre  indulgence  pour  les  nombreuses  imperfections  du 
tracé  géographique,  pour  lequel  je  n'ai  pas  toujours  été  en  possession  de 


(  558  ) 

documents  suffisamment  précis;  il  sera  facile  d'y  suppléer  par  l'examen 
de  caries  plus  détaillées. 

»  I/éclieile  est  le  quart  de  celle  d'une  épure  complète  d'un  triangle 
élémentaire  du  réseau  pentagonal,  comprenant  tous  les  cercles  des  catégo- 
ries usitées,  également  en  projection  sur  l'horizon  d'un  point  H,  de  ma- 
nière à  permettre  la  détermination,  à  première  vue,  d'un  cercle  quelconque 
que  l'on  aurait  besoin  de  construire.  11  n'est  plus  nécessaire  de  passer  de 
suite  par  la  série  fastidieuse  des  calculs  de  triangles  sphériques,  et  c'est 
pour  les  recherches  un  avantage  inappréciable.  Cette  épure,  encore  manu- 
scrite, n'est  que  la  copie  fidèle  de  celle  dressée  par  M.  Pouyanne  en  pro- 
jection sur  l'horizon  d'un  point  D. 

))  Permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  offrir  une  première  épreuve  de  ce 
travail  et  de  vous  prier  d'en  offrir  un  exemplaire  à  l'Académie  des  Sciences, 
qui  a  toujours  fait  un  accueil  bienveillant  aux  Communications  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  lui  adresser.   » 

GÉOLOGIE.  —  Etudes  sur  les  filons  du  Cornounilles.  Parties  riches  des  filons; 
structure  de  ces  parties  et  leur  relation  avec  les  directions  des  systèmes  slrati- 
grapltiques.  Mémoire  de  M.  Moissenet.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Les  mines  d'étain,  de  cuivre  et  de  plomb  argentifère  du  Cornouailles 
et  du  Devonshire  ont  acquis,  depuis  un  demi-siècle  surtout,  un  déve- 
loppement considérable,  tant  par  la  découverte  de  nouveaux  districts  que 
par  la  poursuite  en  profondeur  de  filons  anciennement  exploités. 

»  Les  alluvions  d'élain,  source  première  de  la  prospérité  minérale  du 
Cornouailles,  n'ont  plus  qu'un  intérêt  historique.  La  recherche  de  l'étain 
dans  les  filons  y  fit  découvrir  le  cuivre;  et,  dès  l'an  1600,  les  minerais  de 
ce  métal  étaient  expédiés  dans  le  pays  de  Galles. 

»  Les  fondeurs  gallois  ont  basé  leur  puissant  monopole  sur  l'abondante 
production  des  mines  des  deux  comtés;  mais,  depuis  quelques  années,  en 
même  temps  que  s'accroissait  la  production  du  Chili,  celle  des  mines  an- 
glaises s'est  amoindrie. 

»  Ainsi  la  période  de  richesse  est  finie  pour  les  Devon  Great  Consols 
(près  Tavistock)  et  les  plus  vastes  mines  de  cuivre  du  vieux  district  de 
Gwennap,  après  avoir  dépassé  55o  mètres  de  profondeur,  sont  actuellement 
abandonnées. 

»  En  revanche,  et  malgré  les  fluctuations  dans  sa  valeur  marchande, 


(  559) 
l'étain  a  été  extrait  en  quantités  croissantes;  ni  Banca,  ni  l'Australie,  ne 
semblent  devoir  briser  de  sitôt  cette  branche  vivace  de  l'industrie  miné- 
rale de  l'ancien  monde. 

»  Ces  variations  récentes  dans  la  masse  des  produits,  étain  et  cuivre,  du 
Cornouailles  résultent  surtout  d'une  modification  fort  intéressante  qui 
s'est  manifestée  dans  un  grand  nombre  de  filons. 

»  Certains  chapeaux  de  fer  ((/ossah)  avaient  été  de  temps  immémorial 
exploités  pour  étain  oxydé;  ce  minerai  fut  regardé  comme  un  indice'par- 
ticulièrement  favorable  de  la  présence  du  cuivre  sous  les  affleurements 
ferrifères. 

»  Un  phénomène  inverse  est  constaté  aujourd'hui. 

»  Dans  la  plupart  des  mines  du  riche  district  de  Camborne  et  Redruth, 
par  exemple,  le  cuivre,  activement  exploité,  s'est  trouvé,  à  son  tour  et  dans 
les  mêmes  filons,  remplacé  par  l'étain.  La  mine  de  Dolcoath  eut  le  mérite 
de  l'initiative  ;  aprèsavoir  occupé  un  des  premiers  rangs  dans  la  production 
du  cuivre,  elle  est  en  tète  de  la  liste  des  mines  d'étain.  L'évolution  dans  la 
composition  du  gîte  s'est  effectuée  vers  3oo  à  35o  mètres,  dans  une  zone 
de  pauvreté  relative,  où  se  trouvaient  mélangés  les  minerais  des  deux  mé- 
taux ;  ensuite  le  cuivre  a  disparu  et  l'étain  n'a  pas  cessé  de  régner  seul,  à 
la  profondeur  actuelle  de  ôaS  mètres. 

»  La  multiplication  et  l'extension  des  travaux  de  mines  ont  détruit 
d'anciens  préjugés,  mais  mieux  encore  ont  confirmé,  en  les  éclairant, 
d'utiles  et  précieuses  traditions.  Recueillies  par  de  savants  observateurs, 
ces  remarques  devront  servir  à  constituer  des  règles  pratiques  propres  à 
guider  le  mineur  dans  la  recherche  des  parties  riches  des  filons. 

»  Avec  l'aide  des  données  scientifiques  de  la  Géologie,  il  me  semble 
possible  de  re//er  la  plupart  des  observations  déjà  faites  dans  le  Cornouailles 
et  d'entrer  dans  la  voie  qu'a  tracée  M.  Elie  de  Beaumont,  lorsqu'il  montre 
comment  la  rose  des  directions  servira  à  coordonner  les  traditions  des  divers 
pays  démines,  et  lorsqu'il  dit  excellemment  (i): 

«  De  là  naîtra  une  science  agrandie,  où  il  restera  beaucoup  moins  de  mystères,  science 
en  partie  nouvelle  et  prescpie  complètement  expérimentale,  dont  l'introduction  dans  les 
mines  ne  tardera  pas  à  devenir  une  question  d'utilité  publique.  » 

»  S'il  est  aujourd'hui  admis  que  la  formation  des  districts  métallifères 
n'est  qu'une  manifestation  locale  de  phénomènes  généraux  et  que  les 
groupes,  ou  systèmes  de  filons,  à  peu  près  parallèles,  peuvent  être  rappro- 

(i)  Rapport  sur  les  progrès  de  ta  Stratigraphie  eu  France,  p.  SSg  (1869J. 


(  56o  ) 
chés,  quant  à  leur  orientation,  de  certains  systèmes  stratigraphiques,  ces 
notions  n'ont  eu  jusqu'ici  pour  les  mineurs  du  Cornouailles  qu'un  intérêt 
spéculatif. 

»  Ils  ne  sauraient,  à  juste  titre,  s'en  préoccuper  que  s'ils  sont  mis  à 
même  de  reconnaître,  dans  leurs  travaux,  les  effets  directs  de  ces  phéno- 
mènes; alors,  mieux  que  bien  d'autres,  ils  s'empareront  d'une  science 
profitable. 

»  ]'ai  antérieurement  avancé  (i)  que,  dans  le  Cornouailles,  on  pouvait 
suivre  avec  fruit  l'action  des  systèmes  anciens  jusque  dans  le  détail  de  la 
construction  d'un  fdoti. 

»  C'est  cette  proposition  dont  j'aborde  ici  le  développement.  Je  m'ap- 
puie sur  les  observations  que  j'ai  pu  faire  à  diverses  reprises,  de  i855  à 
1866,  et,  de  préférence,  sur  les  travaux  considérables  des  géologues  an- 
glais, notamment  le  beau  Mémoire  de  M.  Robert  Were  Fox,  On  minerai 
i>eins,  les  Notes  d'un  habile  praticien,  feu  M.  Charles  Thomas,  et  surtout 
les  admirables  documents  consignés  par  mon  ami,  M.  Wdliam  Jory  Hen- 
wood,  dans  ses  Metalliferous  deposits  (i843  et  1871). 

»  Je  décris  les  modes  de  structure  que  les  parties  riches  affectent,  dans 
le  plan  du  filon  :  grandes  colonnes  couchées,  colonnes  inclinées,  amas,  etc. 
J'indique  les  principaux  caractères  qui  accompagnent  la  richesse  et  j'in- 
siste sur  ceux  qui  se  montrent  indépendants  de  la  nature  du  métal.  J'arrive 
aux  énoncés  suivants  : 

»  I.  Les  parties  du  filon  dont  l'inclinaison  s'approche  le  plus  de  la  ver- 
ticale sont  les  plus  productives. 

»  II.  Les  parties  riches  sont  ordinairement,  dans  le  Cornouailles,  en- 
caissées par  le  terrain  de  dureté  moyenne. 

»  III.  Le  plus  souvent  les  bandes  ou  colonnes  métallifères  du  filon 
plongent  dans  le  même  sens  que  les  terrains  encaissants. 

»  IV.  Les  parties  riches  sont  fréquemment  orientées  selon  la  direction  du 
5js<èmestrafigraphique  auquel  se  rapporte /a/ractHre  initiale  du  filon,  dans  la 
région  soumise  à  l'observation. 

»  Les  richesses  des  filons  peuvent  être  utilement  classées  sous  deux 
titres  :  parties  riches  normales,  parties  riches  accessoires. 

»  La  structure  et  la  position  des  parties  riches  normales  dans  le  plan  du 
filon  se  rattachent  directement  au  mode  de  fracture  initiale. 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  ■jSg,  séance  du  17  novembre  1862. 


(  56i  ) 

»  Les  caractères  généraux  énoncés  ci-dessus  deviennent  absolus  quand 
il  s'agit  des  parties  riches  normales. 

»  Il  y  a  intérêt  à  distinguer,  pour  chaque  système  de  fracture,  les  deux 
groupes  naturels  de  fentes:  Fc  plongeant  en  sens  contraire  du  terrain; 
Fn  plongeant  dans  le  même  sens. 

>)  Les  allures  de  ces  fentes,  dans  un  terrain  donné,  dépendent  grande- 
ment des  éléments  angulaires; 

/  =:  inclinaison  du  terrain; 

«  =  angle  formé  par  la  direction  qui  a  relevé  les  strates,  et  par  la  direc- 
tion du  sjstènie  de  fracture  auquel  est  due  la  fracture  initiale. 

»  Le  mineur  qui  a  déterminé  les  valeurs  de  /et  de  a  pour  un  filon  donné, 
dans  un  terrain  donné,  peut  s'aider  du  calcul  et  de  la  Géométrie  pour  l'é- 
tude des  détails  de  construction  du  filon. 

»  Tout  en  me  référant  à  quelques  exemples  tirés  de  plusieurs  ilistricts 
miniers  de  l'Angleterre,  c'est  au  Cornouailles  seul  que  j'applique  les  dé- 
ductions précédentes;  j'évite  toute  généralisation  prématurée.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  la  bobine  de  Siemens;  par  M.  A.  Pellerin. 

«  La  bobine  de  Siemens  a  pour  principal  inconvénient  de  donner  lieu  , 
dans  les  machines  où  elle  est  employée,  à  un  développement  considérable 
de  chaleur,  et,  dès  lors,  à  une  dépense  correspondante  de  travail  perdu 
pour  l'objet  qu'on  se  propose. 

»  Il  est  probable  que  l'origine  de  la  majeure  partie  de  cette  chaleur  est 
dans  les  courants  d'induction  qui  se  développent,  par  le  mouvement,  dans 
la  masse  métallique  continue  formant  le  noyau  de  la  bobine. 

»  On  éviterait  la  production  de  ces  courants  eu  formant  le  noyau  de 
disques  de  fer  doux  isolés.  Ainsi  seraient  empêchés  les  courants  parallèles  à 
l'axe  de  rotation,  les  seuls  qui  puissent  se  produire  d'après  la  loi  de  Lenz, 
puisque,  seuls,  existant  en  sens  inverse,  ils  pourraient  déterminer  la  ro- 
tation. 

»  Quant  à  l'assemblage  de  ces  disques  en  une  masse  suffisamment  so- 
lide, il  n'y  a  là  qu'une  difficulté  de  construction  qui  ne  semble  pas  insur- 
montable. On  pourrait,  par  exemple,  les  traverser  à  90  degrés  des  échan- 
cruies,  recevant  les  fils  par  deux  liges  d'acier,  aussi  minces  que  possible, 
isolées  l'une  de  l'autre  et  des  disques.  » 


C.  R.,   1873,  3=  Semestre,  (T.  LXXVH,  N»  9.) 


73 


(  5G2  ) 

M.  A.  Sarrand  adresse  une  Note  relative  à  deux  remèdes  qu'il  propose 
contre  le  Phylloxéra.  Les  remèdes  proposés  par  l'auteur  cousisfent  dans 
l'emploi  de  l'alun  ou  du  soufre  en  poudre,  qu'où  introduira  au  pied  des 
ceps,  dans  des  trous  pratiqués  avec  le  plantoir  ou  de  toute  autre  façon. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Lecoq  de  Boisbacdran  adresse  une  Note  relative  aux  ravages  produits 

par  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

m!  a.  Brachet  adresse  la  suite  de  ses  recherches  sur  les  perfectionne- 
ments à  apporter  au  microscope. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  L.  Hugo  adresse  divers  documents  relatifs  à  des  polyèdres  antiques 
conservés  dans  les  collections  des  Départements.  L'auteur  appelle,  en  par- 
ticulier, l'attention  des  archéologues  sur  une  Lettre  qui  lui  est  adressée 
par  M.  Deloye,  et  qui  signale  la  présence  au  musée  Calvet,  à  Avignon,  de 
deux  polyèdres  présentant  quatorze  faces  assez  irrégulières. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Bertrand,  Roulin.) 

M.  F.  Teinturier  adresse  un  Mémoire  portant  pour  titre  «  Les  mer- 
veilles du  Ciel  et  de  la  Terre  ». 

Ce  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  de  M.  Faye. 

M.  W.  Nylander  prie  l'Académie  de  retirer  du  Concours  du  prix  Thore 
le  travail  sur  les  Lichens  des  Pyrénées-Orientales  qu'il  lui  avait  adressé  pour 
ce  Concours. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  premier  innuéro  du  tome  I  des  «  Mémoires  de  l'Ob- 
servatoire royal  d'Arcetri  ». 

Ce  nuiiiéro  contient  lui  Mémoire  de  M.  Donati,  imprimé  en  italien  et 
relatif  au  mode  de  propagation  des  phénomènes  lumineux  de  la  grande 
aurore  polaire,  observée  dans  la  nuit  du  4  a»  5  février  187a.  M.  le  Secré- 


(  56:^  ) 

taire  perpétuel  appelle,  en  particulier,  l'attention  de  l'Académie  sur  le 
mode  de  discussion  qu'a  employé  M.  Donati,  en  comparant  les  heures 
locales  du  phénomène,  constatées  par  les  agents  diplomatiques  italiens  en 
diverses  stations,  et  les  différences  de  longitudes,  en  temps,  de  ces  diverses 
stations  (i). 

ASTRONOMIE.  —  Observation  de  la  planète  @,  et  de  la  comète  de  M.  Borrellr. 
Lettre  de  M.  Stephan  à  M.  Le  Verrier. 

«  Marseille,  24  août  1873  (2). 

»  Vous  avez  bien  voulu  me  transmettre  la  dernière  dépêche  de  Vlnst. 
Smith. ^  annonçant  la  découverte  de  la  planète  @;  le  jour  même,  ainsi  que 
les  deux  suivants,  j'ai  pu  observer  le  nouvel  astre. 

»  Je  prends  la  liberté  de  vous  adresser  ces  trois  positions,  en  y  joignant 
les  deux  premières  observations  de  la  comète  de  M.  Borrelly,  et  avec  prière 
de  donner  le  tout  aux  Comptes  rendus  dans  la  séance  de  demain. 

Temps  moyen       Asc.  droite  Dist.  polaire  Étoiles 

1873.         de  Marseille.            de  (7m).             l{par.XA).  de  (lu).  l(par.  X  A),  decomp.  Observ. 

lims  h       m      s  **f// 

Août  I g.      i4-io,39     23.  o.38,'20         •  1079     92.43.30,6     —0,8059       "       Stephan 

20.  12.36,48     23. 5g. 56, 3o     — 2,682     92.45.30,7     — 0,806g       b  » 

21.  13.29,  i5     22.5g.  6,67         2,775     92.47.41,7     — 0,8073       c  » 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  1873,0. 

Noms  des  étoiles.  Grand.     Asc.  droite.         Dist.  polaire.  Autorités. 

b       m      s  0      ,        g 

a..,  1237  W.  (fl.c)  H.  XXII.     9^     22.59.26,99     92.46.22,7  Catalogue  de  Weisse. 

b...  »  9"     22.58.54,69     92.45.32,8  Rap|).  à  1237  W,  H.  XXII. 

c...        3W.  («.c)B.XXIII.  8-=-g'=  23.  2.3i,io     92.56.36,7  Catalogue  de  Weisse. 

CoOTè^e/i7,  1873  (Borrelly). 

Temps  moyen       Asc.  droite  Dist.  polaire  Étoiles 

.   1873.         de  Marseille.       de  la  comète.      l(par.XA).      de  la  comète.     l(par.X  A),  decomp.  Observ. 
hms  hms  Of« 

Août  20.      15.43.40       7.27.    1,57     —1,744     5i. 15.46,5     — o,65o9       "       Borrellj 
21.     14.54.14       7.28.20,02     —1,786     52.13.26,5     -0,6299       b       Stephaa 

(i)  Voir  la  Communication  faite  par  M.  Faye  dans  cette  même  séance,  aux  Communica- 
tions des  Membres,  p.  545. 

(2)  M.  Le  Verrier,  en  transmettant  cette  Lettre,  fait  remarquer  qu'elle  lui  a  d'abord  été 
renvoyée  à  la  Bastide-du-Haut-Mont  (Lot),  où  il  s'occupe,  avec  MM.  les  officiers  d'état- 
major,  de  questions  géodésiques  :  le  retard  qu'elle  a  subi  ne  lui  a  pas  jiennis  de  la  ren- 
voyer lui-même  à  l'Académie,  de  manière  qu'elle  pût  parvenir  ayant  la  séance  du  25  août. 

73.. 


(  564  ) 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  l8"3,o. 

Noms  deà  ëloil»!..  Grand.       Asc.  droite.  Distance  polaire.  Autorité. 

Il       m      s  Q       ,        „ 

«...  887  W,  H.  VII. .       6'       n.3i.;Ji,82         5i.22.    1,6    "Weisse,  nouveau  catalogue. 
*..,  684  W.  H.  VII..       8=       7.24.55,7.)        52.24.14,6 

1)  La  comète  est  assez  brillante,  ronde,  avec  une  condensation  nuclt^aire 
presque  centrale.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  changements  de Jonne  et  le  spectre 
de  la  comète  1873,  IV.  Note  de  MM.  G.  R.4vet  et  André. 

«  La  comète  télescopique  découverte  le  samedi  aS  août,  par  MM.  Paul 
et  Prosper  Henry,  dans  la  constellation  du  Lynx,  a,  depuis  les  premiers 
jours,  augmenté  rapidement  de  grandeur  et  d'éclat  ;  comme  elle  s'approche 
du  Soleil,  on  peut  supposer  qu  elle  deviendra  peut-être  visible  à  l'œil  nu. 

Fig.   1 .  Fig.  2. 


1    1      t 

1            1  II         1 

D                   E   /5               F 

! 
1                                 1      II                        1 

n             E  /.         F 

2G-.-7  août  1873.  S9-3o  août   iS-i3. 

»   Le   23,  jour  de  la  découverte,  la  comète  avait  une  Ibinie  circulaire 
avec  une  condensation  lumineuse  au  centre;  condensation  à  partir  de  la- 


(  565  ) 
quelle  l'intensité  de  la  lumière  allait  en  décroissant  d'une  manière  conti- 
nue et  régulière.  Son  diamètre  était  d'environ  3  à  4  minutes  d'arc. 

»  Du  23  au  26,  le  ciel  a  été  très-nuageux  ou  couvert. 

»  Dans  la  nuit  du  26  au  27,  !e  temps  s'est  trouvé  fort  beau  et  nous 
avons  pu  examiner  l'astre  avec  des  grossissements  assez  forts.  L'apparence 
de  la  comète  est  représentée  par  la  fig.  i.  Son  diamètre  était  de  6  mi- 
nutes environ  et  elle  avait  conservé  sa  forme  circulaire  avec  une  conden- 
sation de  lumière  très-vive  en  son  centre  :  il  n'y  avait  aucune  trace  de 
noyau  ou  d'enveloppes  successives.  La  physionomie  de  l'astre  était  iden- 
tique à  celle  de  l'amas  de  la  constellation  d'Hercule,  dans  une  lunette 
dont  le  pouvoir  optique  serait  insuffisant  pour  le  résoudre  en  étoiles. 
L'éclat  du  noyau  central  était  comparable  à  celui  d'une  étoile  de  7*  gran- 
deur. 

«  Le  spectre  de  la  comète  était  composé  des  trois  bandes  lumineuses 
ordinaires  [fig.  i).  La  première  dans  le  jaune,  à  peu  près  au  milieu  entre 
D  et  E;  la  deuxième  tout  au  voisinage  de  b\  la  troisième  au  delà  de  F. 
Il  n'y  avait  pas  trace  de  spectre  continu,  s'étendant  entre  les  diverses  lignes 
lumineuses. 

»  La  ligne  du  vert  était  de  beaucoup  la  plus  brillante  et  paraissait  avoir 
une  longueur  double  de  celle  des  deux  autres  ;  nettement  terminée  du 
côté  rouge,  elle  devenait  diffuse  vers  le  violet.  Les  lignes  du  jaune  et  du 
bleu  avaient  une  intensité  à  peu  près  égale. 

»  La  comète  a  été  observée,  pour  la  seconde  fois,  dans  la  nuit  du  29  au 
3o  août. 

M  Son  diamètre  se  trouvait  alors  beaucoup  augmenté  :  il  atteignait  près 
de  8  miîiutes,  et  il  s'était  formé  une  queue  assez  large,  longue  de  près  de 
20  minutes,  dirigée  à  l'opposé  du  Soleil  et  inclinée  d'environ  47  degrés 
sur  la  direction  du  mouvement  diurne  (^^r.  2). 

»  La  tète  de  la  comète  avait  conservé  sa  forme  ronde,  et  l'éclat  du  noyau 
central  s'était  accru  jusqu'à  celui  d'une  étoile  de  6"  grandeur.  La  queue, 
peu  lumineuse  au  moment  où  elle  se  détachait  de  la  nébulosité  de  la  tête, 
prenait  ensuite  un  certain  éclat  et  disparaissait  enfin  en  devenant  de  plus 
en  plus  pâle. 

»  La  tête  de  la  comète  donnait  toujours  un  spectre  composé  de  troiâ 
bandes  lumineuses,  mais  traversé  cette  fois  par  un  très-faible  spectre  con- 
tinu. L'éclat  de  l'astre  ayant  augmenté,  l'observation  spectrale  a  pu  être 
faite  avec  une  fente  relativement  étroite,  et  la  bande  du  vert  a  pris  alors 
une  physionomie  plus  nette;  sur  une  partie  de  sa  longueur  elle  était  ter- 


(  d66  ) 
minée  des  deux  côtés  en  ligne  droite,  tout  en  restant  toujours  plus  brillante 
du  côté  du  rouge.  L'éclat  des  lignes  jaune  et  bleue  avait  également  un  peu 
augmenté.  » 

GÉOLOGIE  COMPARÉE.  —  Sur  Informe  des  mers  martiales  comparée  à  celle 
des  océans  terrestres.  Note  de  M.  Stan.  Meumer. 

n  Au  moment  où  l'attention  des  observateurs  est  dirigée  vers  la  planète 
Mars,  je  crois  intéressant  de  somnetlre  à  l'Académie  une  remarque  relative 
à  cet  astre,  remarque  qui  confirme  la  théorie  déjà  développée  de  l'évolu- 
tion sidérale. 

»  On  sait  que,  à  ce  point  de  vue,  Mars  se  présente  comme  un  globe 
actuellement  plus  âgé  que  le  globe  terrestre,  et  offrant,  dès  maintenant, 
des  conditions  que  celui-ci  ne  présentera  que  dans  un  avenir  très-éloigné. 
Une  foule  de  considérations  appuient  cette  donnée,  et,  parmi  elles,  la  min- 
ceur de  l'atmosphère  et  le  peu  d'étendue  des  océans  par  rapport  aux  sur- 
faces océaniques. 

»  Le  fait  que  je  veux  signaler  aujourd'hui  concerne  la  forme  des  mers 
martiales  comparée  à  celle  des  mers  terrestres.  J'y  vois  un  nouveau  signe 
de  la  vétusté  relative  de  Mars,  car  il  paraît  évident  que  nos  mers  prendront 
sensiblement  les  mêmes  contours  que  celles  de  Mars,  lorsqu'elles  auront 
suffisamment  diminué  de  volume,  à  la  suite  de  leur  absorption  progressive 
par  le  noyau  Solide. 

*)  La  forme  des  mers  de  Mars  est  décrite  dans  les  termes  suivants,  par 
M.  Proctor,  l'un  des  observateurs  contemporains  les  plus  actifs  et  les  plus 
précis  : 

«  Un  des  traits  les  plus  remarquables  de  la  planète  Mars,  dit-il,  consiste  dans  le  grand 
nombre  des  passes  longues  et  étroites,  et  des  mers  en  goulots  île  bouteille  (bottie  necked). 
Cette  disposition  diffère  essentiellement  de  tout  ce  que  l'on  connaît  sur  la  Terre.  Ainsi  la 
passe  d'Hugyins  est  un  long  courant  fourchu,  beaucoup  trop  grand  pour  qu'on  ])uisse  le 
comparer  à  aucune  rivière  terrestre.  II  s'étend  sur  3ooo  milles  anglais  environ,  et  joint  la 
mer  d'Airy  à  celle  de  Maraldi.  La  passe  de  Bessel  est  presque  aussi  longue.  Un  autre  canal, 
que  les  cartes  désignent  sous  le  nom  de  Nasmyth  est  encore  plus  remarquable  :  commen- 
çant près  de  la  mer  de  Tyclio,  il  coule  vers  l'est,  parallèlement  à  elle  et  à  celle  de  Béer, 
puis  se  courbe  brusquement  vers  le  sud  et,  s'élargissant  alors,  forme  le  fond  de  la  mer  de 
Kaiser.   » 

»  Or,  si  l'on  prend  une  carte  marine,  telle  que  celle  de  l'océan  Atlantique 
boréal,  et  que  l'on  trace  les  courbes  horizontales  successives  pour  des 
profondeurs  de  plus  en  plus  grandes,  on  reconnaît  que  ces  courbes  tendent 


(  567  ) 
progressivement  à  limiter  des  zones   dont  la  forme  est  de  plus  en  plus 
allongée.  A  /jooo  mètres,  par  exemple,  on  obtient  des  formes  compaiables, 
de  tons  points,  à  celles  des  mers  de  Mars  qui  viennent  d'être  citées. 

»  Il  en  résnite  qne,  si  l'on  suppose  l'eau  de  l'Atlaiitiqne  absorbée  par 
les  masses  profondes  actuellement  en  voie  de  solidification,  de  façon  que 
le  niveau  de  cet  océan  s'abaisse  de  4ooo  mètres,  on  aura  à  la  fois  une 
bien  moins  grande  surface  recouverte  par  l'eau  et  une  forme  étroite  et 
allongée  de  la  mer,  c'est-à-dire  exactement  les  conditions  que  présente 
Mars. 

»  J'ai  cru  ne  pas  devoir  négliger  cette  confirmation  d'idées,  précédem- 
ment émises,  et  que  j'ai  eu  tout  récemment  l'occasion  de  développer  à 
nouveau,  dans  les  Leçons  de  Géologie  comparée  professées  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle.   » 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


BVLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i*""  septembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Des  races  dites  berbères  et  de  leur  elhnogénie ;  par  J.-A.-N.  Perier.  Paris, 
A.  Hennuyer,  1873;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Météorologie  forestière  et  agricole  comparée;  année  1872,  7"  Rapport. 
Paris,  1873;  in-8". 

Losange  saharien  du  réseau  pentagonal  dressé  en  projection  gnomonigue  sur 
l'horizon  de  son  centre  pour  un  rayon  de  sphère  de  o,55;  par  A.  POMEL. 
Paris,  imp.  Becquet;  i  feuille  grand  aigle. 

Y  a-t-il  des  faunes  naturelles  distinctes  à  la  surface  du  globe,  et  quelle  mé- 
thode doit-on  employer  pour  arriver  à  les  définir  et  les  limiter  i  par  A.  Preu- 
DHOMME  DE  BoRRE.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  de  la 
Société  entomologicjue  de  Belgique.) 

K.  Jsiitulo  di  Studi  supeiiori  di  Firenze,  Memorie  del  R.  Osservatorio  ad  Âr- 
cetri;  t.  I,  n"  L  Firenze,  Leinonnier,  1873  ;  in-4°. 

Reale  Accademia  dei  Lincei.  Sulle  variazioni  del  diametro  del  Sole  in  cor- 


(  568  ) 
rispondenza  al  varia  strtlo  di  altività  délia  sua  superficie;  Nota  del  prof.  L. 
RiîSPiGiii.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4°. 

Jahrbuch  iibcr  die  Forlsrlirille  der  Mathematili,  elc;  dritter  Band,  Jahr- 
gnng  1871.  Berlin,  G.  Reimer,  1873;  in-8°. 


PUBLICATIONS     PEKIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    d'aOUT     1073. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  septembre  1873;  in-8°. 

Annales  de   l'Agriculture  française  ;  août  1873;  in-S". 

Annales  de  l'Obscruatoire  météorologique  de  Biuxelles;  n"  3,    1873;  in-4". 

Annales  du  Génie  civil;  août  1873;  in-8''. 

Annales  industrielles  ;  n"*  Sa  à  35,   1873;  'in-/i°. 

Association  Scientifique  de  France;  Bulletin  hebdomadaire,  n"'  des  3, 
10,  17,  24,  3i  août  1873;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  n°  188,  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n°'  6  et  7,  1873; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  n°' 6  et  7,  1873;  in-S". 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  enlomologique  de  France;  n"'  8  et  9,  1 873  ; 
in-8". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  août  et 
septembre  1873;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  \.  II,  2"  liv.,  1873;  in-8° 
avec  atlas  in-fol. 

{La  suite  du  ^\.\\\e\.\n  au  pi  ochain  numéro.) 


ERRATA. 

Page  527,  lige  12,  ««  lieu  de  RI.  C.  Beuhmann,   lisez  RI.  C.  Bavmann. 


•o»a«a 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES* 


SEANCE  DU  LUNDI  8  SEPTEMBRE  1875, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


MEMOIRES  ET  COiMMUiMCATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  SECRÉTAinE  PERPÉTUEL  annoiice  à  l'Académie  que  le  tome  XLVIII 
des  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

CHIMIE  AGRICOLE.   —  Cinquième  Noie  sur  le  guano; 
par  M.  E.  Ciievreul. 

«  J'ai  signalé,  dans  une  première  Note  sur  le  guano,  une  malière  cris- 
tallisable,  que  j'ai  provisoirement  désignée  par  la  lettre  c,  laquelle  se  dis- 
sout dans  l'eau  avec  le  carbonate  d'aunnoniaque  effervescent.  Dans  la 
quatrième  Note,  j'ai  montré  que  cette  matière  est  un  sel  ammoniacal; 
aujourd'hui  j'ai  toutes  les  raisons  de  croire  que  c'est  un  oxalate  neutre 
d'ammoniaque;  j'en  aurai  bientôt  la  certitude  absolue,  ayant  réduit  le  sel 
en  azotate  d'ammoniaque,  présentant  des  aiguilles  de  3  à  4  centimètres  de 
longueur,  et  en  un  acide  cristallisant  en  aiguilles  prismatiques  de  5  à 
6  centimètres.  Ce  produit  est  assez  pur  et  assez  beau  pour  que  je  puisse 
me  prononcer  définitivement  sur  sa  nature.  Si  je  ne  le  fais  pas  aujourd'hui, 
c'est  que  j'ai  tiré  d'un  troisième  échantillon  de  guano,  d'une  couleur  brune 
et  mate,   en   partie   pulvérulent  et  en  partie  faiblement   agrégé,    un  sel 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXWII,  N°  10.)  1^ 


(  570) 
ammoniacal,  qui  paraît  être  de  l'oxalate  neutre  et  qui  cependant  se  présente 
dans  le  lavage  aqueux  sous  une  forme  prismatique,  un  peu  différente  de 
celle  de  l'oxalate  du  guano  blanc  et  du  guano  en  pierre. 

M  Je  rappelle  que  Vauquelin  a  reconnu  l'acide  oxalique  dans  le  guano, 
que  lui  avait  donné  M.  de  Humboldt. 

»  Guano  d'une  couleur  brune  et  maie.  —  Ce  guano,  qu'un  agriculteur  a 
jugé  devoir  être  de  mauvaise  qualité,  à  cause  de  sa  couleur,  qui  lui  sem- 
blait une  indication  de  mouillure,  m'a  présenté  un  fait  bien  curieux  : 
c'est  que,  en  ayant  traité  loo  grammes  par  loo  grammes  d'eau  et  en  ayant 
réitéré  le  lavage  cinq  autres  fois,  puis  en  ayant  fait  trois  nouveaux  avec 
200  grammes  d'eau  chaque  fois,  après  ces  lavages,  le  guano  n'était  point 
épuisé  de  son  carbonate  d'ammoniaque,  le  résidu  mouillé  ramenait  encore 
au  bleu  le  papier  rouge  de  tournesol. 

»  La  fixation  d'une  matière  soluble,  comme  l'est  le  carbonate  d'ammo- 
niaque, persistant  malgré  ces  lavages,  prouve  la  nécessité  de  prendre  en 
considération  cette  attraction  exercée  par  la  surface  des  solides  sur  des 
corps  qui  peuvent  être  solides,  liquides  ou  gazeux.  Ne  perdons  pas  de  vue 
que,  reconnue  de  i8og  à  1820,  cette  attraction  ou  affinité,  que  j'ai  qua- 
lifiée de  capillaire,  est  la  cause  immédiate  d'une  foule  d'actions  que  pré- 
sentent l'économie  de  la  nature  et  celle  d'un  grand  nombre  d'arts  et  la 
teinture  notamment.  Le  rôle  qu'elle  joue  en  agriculture,  relativement  aux 
sols  et  aux  engrais,  est  considérable;  elle  se  manifeste  à  un  haut  degré 
dans  les  terres  argileuses,  les  terres  calcaires  et,  conséquemment,  les 
marnes,  et  n'oublions  pas  la  force  avec  laquelle  le  charbon  retient  des 
sulfures- alcalins. 

»  Le  carbonate  d'ammoniaque,  que  présente  le  guano  d'une  couleur 
brune  et  mate,  est  sans  doute  effervescent  avec  l'oau,  mais  il  ne  manifeste 
pas  cette  propriété  avec  une  intensité  comparable  à  celle  du  guano  blanc 
et  du  guano  en  pierre. 

»  Enfin  j'ai  tout  lieu  de  soupçonner  dans  l'extrait  aqueux  un  ou  plu- 
sieurs acides  volatils,  odorants,  indépendamment  de  l'acide  avique. 

1)  Le  phosj)ttate  de  cliaux  existe  dans  le  guano  à  un  état  remarquable 
d'union  avec  une  matière  organique  azotée  et  brune;  il  existe  dans  cet  en- 
grais en  pierre  dans  la  partie  que  l'eau  froide  ne  dissout  pas.  Les  expériences 
que  je  viens  de  faire,  grâce  à  des  débris  d'oiseaux  qui  se  trouvent  dans 
le  guano,  débris  dont  je  suis  redevable  à  M.  Barrai,  m'ont  vivement  inté- 
ressé, après  avoir  suivi  la  manière  dont  les  os  disparaissent  dans  les  oiseaux 
que  nous  offrent  les  gisements  de  l'engrais  aujourd'hui  en  exploitation. 


(  571  ) 

»  Les  oiseaux  dont  j'ai  observé  les  restes  semblent  n'avoir  plus  d'os 
tant  ils  sont  aplatis  et  roulés  sur  eux-mêmes,  si  cette  expression  m'est 
permise. 

»  Ce  qui  est  remarquable,  c'est  la  conservation  de  leur  peau,  de  leur 
bec,  de  leur  Iracliée-arlère,  des  membranes  de  leurs  ailes,  de  leurs  pattes 
palmées;  il  existe  encore  des  débris  de  plumes,  mais  ils  sont  rares, 

M  La  peau  et  toutes  les  parties  extérieures  sont  couvertes  de  petits  cris- 
tatix  qui  lappellent  une  salaison  sèche.  Ces  cristaux  appartiennent  à  du 
carbonate  et  à  de  l'oxalate  d'ammoniaque. 

»  Un  oiseau  m'a  présenté  à  l'intérieur,  au  lieu  d'intestins,  une  agglomé- 
ration de  guano  ammoniacal  en  aiguilles  longues  et  peu  consistantes. 

»  Fait  remarquable  :  des  peaux  macérées  dans  l'eau  se  sont  gonflées  et 
m'ont  présenté  une  structure  superficielle  qui  a  dû  être  celle  de  l'oiseau 
vivant.  J'ai  trouvé  une  membrane  élastique  vraiment  curieuse.  Je  réserve 
ces  détails  pour  un  travail  prochain. 

»  Quant  au  phosphate  deçhaiix,  voici  ce  que  la  partie  osseuse  d'un  oi- 
seau m'a  présenté  : 

»  Les  os  étaient  réduits  en  fragments  irréguliers,  anguleux  plutôt  qu'ar- 
rondis, depuis  le  volume  de  i  k  i  centimètres  cubes  jusqu'au  volume  de 

I  millimètre  cube,  de  couleur  orangeâtre  brune. 

»  Un  fragment  chauffé  a  donné  un  sublimé  ammoniacal  et  un  résidu 
conservant  la  forme  de  la  matière  chauffée  même  avec  le  contact  de  l'air. 

II  m'a  présenté  le  tissu  spongieux  de  l'os,  et  s'est  dissous  pour  ainsi  dire 
sans  effervescence  dans  l'acide  azotique  ;  la  solution  précipitée  par  l'ammo- 
niaque m'a  présenté  un  phosphate  de  chaux  gélatineux  qui,  bien  lavé,  a 
conservé  sa  forme,  et,  mis  alors  avec  de  l'azotate  d'argent,  a  produit  du 
phosphate  tribasique  jaune  serin. 

»  Mais  le  fait  remarquable,  c'est  que  ces  fragments  d'os  n'ont  aucune 
cohésion;  il  suffit  de  les  triturer  avec  une  baguette  de  verre  dans  une 
capsule  de  platine  avec  un  peu  d'eau  pour  les  réduire  en  flocons  orangés. 
L'eau  se  colore  et,  fait  remarquable  encore,  par  la  concentration,  elle  est 
sensiblement  acide  et  tient  en  solution  une  quantité  sensible  de  phosphate 
de  chaux. 

»  Je  nie  borne  à  citer  ces  faits  et  à  les  ajouter  à  ceux  dont  j'ai  parlé  rela- 
tivement à  l'action  des  agents  atmosphériques  et  terrestres;  ils  sont  certai- 
nement d'une  grande  importance  pour  la  théorie  de  l'efficacité  du  guano 
en  agriculture  et  pour  la  théorie  des  engrais  en  général.  » 

74.. 


(  57^  ) 

VITicULTunE.  —  Noie  sw  les  observations  de  M.  Lecoq  de  Boishaudran  rela- 
tives à  r apparition  du  Phylloxéra  dans  les  vignobles  de  la  Cliarenle;  par 
M.  MiLNK  Edwards. 

«  Dans  sa  dernière  séance,  l'Académie  a  renvoyé  à  mon  examen  divers 
échantillons  de  racines  de  vigne  que  M.  Lecoq  de  Boishaudran  lui  avait 
adressés  comme  étant  probablement  attaqués  par  le  Phylloxéra.  Agissant 
avec  une  prudence  digne  d'éloges,  cet  ohservateur  avait  désiré  ne  donner 
aucune  publicité  à  son  opinion  jusqu'à  ce  que  l'exaclitude  en  eût  été  re- 
connue par  des  naturalistes,  et,  par  conséquent,  la  Lettre  dont  il  accompa- 
gna l'envoi  de  ces  pièces  ne  (ut  pas  insérée  aux  Comptes  rendus;  mais  aujour- 
d'hui il  ne  convient  pas  de  garder  le  silence  à  ce  sujet,  car  la  présence  du 
Phylloxéra  sur  les  racines  en  question  est  indubitable. 

M  Voici  donc  la  Lettre  de  M.  Lecoq  de  Boishaudran,  datée  de  Cognac  le 
2g  août  1873  : 

n  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  plusieurs  échantillons  de  racines  de  vigne  atta- 
quées par  un  insecte  qui  me  paraît  n'être  autre  que  le  Phylloxéra  (i);  ces  racines  ont  été 
recueillies  dans  le  vignoble  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Charente  en  face  de  la  ville  de 
de  Cognac.  Voici  dans  quelles  circonstances  j'ai  été  amené  à  faire  l'observation. 

u  Ce  malin,  29  août,  je  fus  prévenu  de  la  part  de  M.  Thibaud,  propriétaire;!  Crouin  (2), 
qu'il  existait  en  plusieurs  points  de  ses  vignes  des  espaces  sensiblement  circulaires,  de  2  à 
6  mètres  de  rayon,  dans  lesquels  les  ceps  avaient  mal  poussé  et  étaient  à  peine  couverts  de 
feuilles  jaunes,  Quelquefois  recroquevillées,  ce  qui  contrastait  singulièi'ement  avec  l'aspect 
vigoureux  qu'ils  offraient  l'an  passé.  W.  Thibaud,  qui  avait  souvent  lu  la  description  des  ra- 
vages faits  par  le  Phylloxéra,  ajouta  que,  soupçonnant  cet  insecte  d'être  la  cause  du  mal,  il  me 
priait  d'aller  examiner  ses  vignes  avec  lui.  Ayant  fait  arracher  quelques  ceps  jaunis,  nous 
pûmes  constater  que  leurs  racines  étaient  pourries  et  presque  entièrement  dépourvues  de 
radicelles.  Il  y  avait  peu  ou  ]ioint  d'insectes  sur  les  petites  racines,  mais  beaucoup  sous  la 
grosse  écorce  des  principales  racines  et  du  tronc,  à  une  petite  distance  au-dessus  du  niveau 
du  sol.  L'examen  des  ceps  voisins,  en  ajiparence  bien  portants,  montra  les  radicelles  char- 
gées de  renflements  et  fourmillant  d'insecles. 

»  Nous  parcourûmes  ensuite  plusieurs  autres  vignes  adjacentes;  les  racines  des  ceps 
jaunis  y  furent  toujours  trouvées  pourries  avec  insectes  sous  la  grosse  écorce,  tandis  (|ue  les 
ceps  voisins,  verts  encore,  avaient  leurs  radicelles  garnies  de  renflements  et  d'insectes. 

»  Les  ceps  jaunis  ne  sont  pas  seulement  distribués  en  cercles  plus  ou  moins  réguliers,  il 
y  en  a  d'épars  isolément  au  milieu  de  vignes  d'aspect  magnifique,  mais  néanmoins  infestées 
d'insectes,  comme  on  s'en  est  assuré  en  déchaussant  des  ceps  éloignes  de  10  mètres  environ 


(1)  D'après  les  descriptions  que  j'en  ai  lues,  car  je  n'ai  pas  eu  l'occasion  de  voir  le  Phyl- 
loxéra du  IMidi. 

(2)  A  environ  i5oo  mètres  de  Cognac. 


(  573) 

de  tout  pied  jauni.  Dans  un  seul  plantis  de  très-belle  apparence,  il  n'a  été  trouvé  ni 
insectes,  ni  renflements  sur  les  radicelles. 

»  En  nous  rapprochant  de  Cognac,  nous  avons  rencontré,  à  5oo  mètres  de  la  ville,  un 
propriétaire  occupé  à  faire  arracher  des  viijnes  qui  présentaient  l'aspect  le  plus  désolant;  les 
racines  des  plants  arrachés  étaient  couvertes  d'insectes  partout  où  elles  n'étaient  pas  déjà 
pourries. 

D  Un  fait  important  à  noter,  c'est  que  le  propriélaire  des  vignes  détruites  (jardinier  de 
profession)  m'a  affirmé  que  le  mal,  dont  il  ignorait  la  cause,  avait  commencé  il  y  a  trois 
ans  au  moins,  et  avait  fait,  depuis  lors,  des  progrès  de  plus  en  plus  rapides. 

»  Les  terrains  explorés  aujourd'hui  présentent  d'assez  notables  différences  de  composi- 
tion; ainsi  l'insecte  s'est  montré  avec  abondance:  \°  dans  un  sol  argilo-sableux  de  lo  cen- 
timètres de  profondeur  recouvrant  un  sous-sol  formé  d'une  épaisse  couche  d'argile  ;  2°  dans 
une  terre  du  même  genre,  mais  plus  meuble  et  plus  profonde;  3"  dans  un  sol  sableux  assez 
léger;  c'est  dans  ce  dernier  terrain  que  se  trouvent  les  vignes  les  plus  malades. 

1)  Dans  la  terre  forte,  l'insecte  se  trouvait  aussi  bien  sur  les  racines  plongées  dans  le  soi 
supérieur,  relativement  meuble,  qu'à  20  centimètres  au-dessous  du  niveau  de  l'argile  com- 
pacte. 

»  Tous  les  terrains  visités  sont  placés  sur  des  pentes  plus  ou  moins  prononcées;  ce  sont 
des  vignes  de  colline  et  non  de  plaine  basse.  Les  expositions  sont  les  unes  à  l'ouest-nord- 
ouest,  les  autres  au  sud-est. 

»  Les  divers  cépages  paraissent  être  également  attaqués,  tels  sont  le  charles  (noir),  le 
balzac  (noir),  la  folle  blanche,  la  folle  noire. 

»  Je  compte  explorer  maintenant  les  autres  vignobles  de  nos  environs  et  en  particulier 
ceux  des  terrains  crayeux  de  la  rive  gauche  de  la  Charente.   » 

»  La  Commission  du  Phylloxeia  n'a  pu  se  réunir  cette  semaine,  pat- 
suite  de  l'absence  de  la  plupart  de  ses  Membres,  mais  j'ai  pensé  qu'il  n'y 
avait  pas  de  temps  à  perdre,  et,  de  concert  avec  le  Bureau  de  l'Académie, 
j'ai  engagé  notre  jeune  coUaboratetu',  M.  Maxime  Cornu,  à  se  rendre  im- 
médiatement à  Cognac,  afin  d'étudier  sur  place  le  mal  signalé  par  M.  Lecoq 
de  Boisbaudran  et  d'y  faire,  d'une  manière  méthodique,  l'essai  des  divers 
moyens  préconisés  par  les  viticulteurs  pour  la  destruction  du  Phylloxéra. 
M.  Cornu  partira  demain  et  adressera  à  la  Commission  les  résultats  de  ses 
observations.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Noie  suv  le  nombre  des  points  d'intersection  que  représente 
un  point  multiple  commun  à  deux  courbes  planes,  lorscfue  diverses  brandies 
de  la  première  sont  tangentes  à  des  branches  de  la  seconde;  par  M.  de  la 

GOURNERIE. 

«  1 .  La  solution  du  problème  qui  fait  l'objet  de  celte  Note  est  utile  dans 
un  grand  nombre  de  questions,  notamment  lorsqu'on  veut  appliquera  deux 


(  ^l^  ) 

courbes  ayant  à  l'infini  des  points  multiples  communs  avec  des  tangentes 
comnuuies  la  formule  donnée  par  M.  Chasles  pour  déterminer  le  nombre 
des  points  d'intersection  qui  sont  à  distance  finie. 

1)  Les  méthodes  ordinaires  se  prêtent  peu  à  des  investigations  de  ce 
genre,  car,  sauf  dans  des  cas  simples,  elles  ne  permettraient  d'obtenir 
l'ordre  des  différents  contacts  que  par  des  calculs  pénibles  (*).  Je  me 
propose  de  montrer  que  les  opérations  deviennent,  au  contraire,  faciles 
lorsque  l'on  remplace  l'équation  de  chaque  courbe  par  les  équations 
caractéristiques  des  différentes  branches  qui  se  croisent  au  point  multiple 
commun,  suivant  une  méthode  que  j'ai  fait  connaître,  en  1869,  dans  un 
Mémoire  inséré  au  Journal  de  Matltématiques  pures  et  appliquées. 

)>  Je  vais  exposer  sur  un  exemple  la  marche  à  suivre,  en  considérant 
deux  courbes  du  septième  ordre  ayant  deux  points  multiples  communs 
avec  tangentes  communes,  l'un  à  l'origine  des  coordonnées,  l'autre  à 
l'infini. 

Les  deux  courbes  sont 

(i)     S  =  [x  -h  1)  /^  -{-  jc'^  [x-  —  2)j^—  Ji:^j'+  2X*;-  — .r'  =  o, 

(2)      S'=  (x  —  l)/*—  X^(X-  — 2)j-'  — X-(jC-—  "iX  —  i)j>""—  2X*j-i-x'  =  o, 

ou,  en  appelant  u  le  rapport  — > 

(1  his)        S  =  (x  +  i)«*  4- .r(j:^— 2)«' —  .r«^ -H  a.r-«  —  .r' =  o, 

i   S'  =  {x  —  1)11''  ~  x[x-  —  2)iâ  —  (x'-'  —  2X  —  \)u^ 
(2  ois) 

l  —  2X11  -i-  X-  =^  o. 

n  2,  Recherclie  des  équations  caractéristiques  des  brandies  qui  se  croisent 
à  l'origine.  —  La  courbe  S  possède  quatre  branches  tangentes  à  l'origine 
à  l'nxe  des  abscisses.  Lorsque  x  est  infiniment  petit,  l'équation  (1  bis) 
donne  pour  u  quatre  valeurs  infiniment  petites  qui  correspondent  à  ces 
branches.  Pour  déterminer  leurs  grandeurs  principales,  on  peut  ne  con- 
server dans  les  coefficients  des  diverses  valeurs  de  u  que  le  terme  de 
l'ordre  le  moins  élevé  en  x,  et  même,  dans  l'équation  ainsi  réduite,  sup- 
primer le  terme  —  2.r«',  qui  disparaît  devant  —xu"^,  quel  que  soit  l'ordre 
de  II  par  rapport  à  x. 


(*)  Fo/r  sur  ce  sujet  les  observations  présentées  par  M.  Painvin  dans  le  Bullciin  des 
Sciences  mfithématirjnes;  mars  1873. 


(  575  ) 
B  L'équation  (i  bis)  devient  alors 

(3)  u*  —  X u''  -{-  2 x^ u  —  j:'  —  o. 

Les  valeurs  de  u  qui  satisfont  à  cette  équation  sont  données  par 
A.  =  ir  —  .r  ^  o,     B|  =  ir  —  sx  +  .r-  =  o. 

On  voit,  en  effet,  que,  lorsque  l'on  suppose  u  de  l'ordre  |,  les  deux  der- 
niers termes  de  l'équation  (3)  disparaissent  devant  les  premiers,  et  que 
ceux-ci  s'annulent  si  l'on  admet  l'équation  A.  De  même,  quand  u  est  du 
premier  ordre,  le  premier  terme  de  l'équation  (3)  dispai-aît,  et  les  autres 
se  détruisent  en  vertu  de  la  relation  B,. 

1)  La  branche  A  présente  à  l'origine  un  rebroussement  du  premier 
ordre.  L'équation  B  détermine  pour  u  deiix  valeurs  égales  à  jc;  afin  de 
savoir  si  elle  correspond  à  deux  branches  osculatricës  Ou  à  uh  rebrousse- 
ment du  second  ordre,  il  faut  prendre  dans  (i  bis)  les  termes  les  plus  rap- 
prochés par  leur  ordre  de  ceux  qui  donnent  ces  valeurs,  et  y  attribuer 
à  u  sa  grandeur  principale  x  [').  On  trouve 


B  =  M  —  X  ±  \J  —  x^  =  o. 

»  En  opérant  d'une  manière  analogue  pour  la  seconde  courbe,  on  ob- 
tient   

tV  =  u  ±  i  =  o,        B'  =  «  —  J?  ±  y'—  2X'  =  o. 

M  Ainsi  la  courbe  S'  possède  à  l'origine  un  point  quadruple  formé  par 
deux  branches  simples  qui  se  croisent,  et  un  rebroussement  du  second 
ordre  ayant  l'axe  des  abscisses  pour  tangente  de  rebroussementi 

»  3.  Détermination  du  nombre  des  points  que  les  courbes  ont  en  commun  à 
l'origine.  —  Je  vais  maintenant  prendre  les  intersections  à  l'origine  des 
branches  élémentaires  des  deux  courbes. 

»  Chacune  des  branches  simples  A'  détermine  deux  points  sur  les 
branches  à  rebroussement  A  et  B.  Nous  avons  ainsi  huit  points. 

»  Pour  comparer  les  équations  B  et  B',  je  les  mets  en  coordonnées  or- 
dinaires 

B  =  [j—  x^)^  +  x'"'  =  o,       B'  =  {j  —  x^)-  +  2  j:'*  =  o, 

(*)  Il  n'est  utile  d'avoir  la  valeur  B  que  parce  fjue  la  courbe  S'  a  une  branche  B'  ayant 
un  rebroussement  du  second  ordre  et  un  même  rayon  de  courbure  que  B;  Sans  l'existence 
de  la  branche  B',  l'équation  B  serait  suffisante. 


(  576) 
el je  pose 

1  =  B'  —  B  =  x^  —  o. 

»  Les  vingt-cinq  intersections  de  2  avec  B  sont  les  mêmes  que  les  vingt- 
cinq  de  B  avec  B';  or  1  se  compose  de  cinq  fois  l'axe  des  ordonnées,  et 
cet  axe  rencontre  la  branche  B  en  deux  points  à  l'origine,  donc  les  branches 
B  et  B'  ont  dix  points  communs  à  l'origine. 

»  En  opérant  d'une  manière  analogue  pour  les  branches  A  et  B',  on 
trouve  six  points. 

»  Les  deux  courbes  S  et  S'  ont  donc  vingt-quatre  points  d'inter- 
section réunis  à  l'origine. 

»  Le  procédé  qui  m'a  donné  le  nombre  des  points  communs  aux  bran- 
ches B  et  B'  est  imité  de  la  méthode  ingénieuse  et  sûre  employée  par 
M.  Painvin  pour  déterminer,  à  un  point  multiple  d'une  courbe,  le  cercle 
osculateur  de  l'une  de  ses  branches  [Annali  di  Matematica,  IP  série,  t.  IV, 

p.   2l6). 

»  4.  Recherche  des  points  communs  situés  à  riufnii.  —  La  courbe  S  a  une 
asymptote  parallèle  à  l'axe  des  abscisses  et  dont  l'équation  est 

C  =  jc  -\-  i  =  o. 

»  Quand  jc  et  j'  sont  très-grands,  plusieurs  termes  de  l'équation  (i)  dis- 
paraissent, et  il  reste,  en  divisant  par  le  facteur  commun  x,  qui  corres- 
pond à  la  branche  C, 

;  '  +  jc^j-^  -+-  ix''y  —  a"  =  o. 

M  Par  des  raisonnements  analogues  à  ceux  de  l'article  2,  on  déduit  de 
cette  relation  les  équations  caractéristiques  suivantes  pour  les  branches 
infinies  : 

D  =  j  +  x'  =  o,     E  =  j"  —  X  i=  o,     F  =  j"-  4-  x/  4-  X*  =  o. 
))   Lorsque  l'on  considère  S',  on  obtient  trois  branches  infinies 
C'=x  — 1  =  0,     D'=r-.r'  =  o,      L'  =  y'  —  x-  =  o. 

»  Les  branches  E  et  F  déterminent  à  l'infini  des  points  qui  n'appartien- 
nent pas  à  S';  je  peux  donc  les  négliger,  ainsi  que  E',  qui  se  trouve  dans  le 
même  cas  par  rapport  à  S. 

»  C  et  C  déterminent  un  point,  C  et  D'  deux,  D  et  C  deux,  D  et  D'  six. 
Les  deux  courbes  S  et  S'  ont  ainsi  onze  points  communs  coïncidant  à  l'infini 
sur  l'axe  des  ordonnées. 


(  577  ) 

»  5.  Degré  de  l'équation  finale.  —  Les  courbes  du  septième  ordre  S  et  S' 
ont  vingt-quatre  points  communs  à  l'origine  et  onze  à  l'infini.  Elles  ont 
donc  quatorze  points  d'intersection  à  des  distances  qui  ne  sont  ni  nulles 
ni  infinies.  Aucun  de  ces  points  n'a  une  abscisse  nulle,  car  l'axe  des  ordon- 
nées ne  rencontre  les  courbes  qu'à  l'origine  et  à  l'infini.  L'équation  finale 
en  jc,  résultant  de  l'élimination  dejr,  doit  être  par  conséquent  du  quator- 
zième degré. 

»  Pour  vérifier  ce  résultat,  j'ai  opéré  sur  deux  courbes  2  et  1'  définies 
par  les  relations 

x2  =  S  +  S'=o,     7-=r=:S  + S'x  =  o. 

»  Les  équations  2  et  2'  sont  plus  simples  que  S  et  S',  mais  elles  contien- 
nent deux  solutions  étrangères.  On  a,  en  effet,  y- 2'  —  x2  =  S'(x  —  i),  et 
la  valeur  i  de  x  détermine  dans  1  deux  points  à  distance  finie. 

»  J'ai  employé  la  méthode  de  Bezout,  qui  permet  d'obtenir  l'éliminant 
sous  forme  d'un  déterminant.  Les  deux  facteurs  étrangers  (jr  ~  i)  se  trou- 
vent en  évidence  dans  les  lignes.  Lorsqu'on  les  a  fait  disparaître  et  qu'on 
a  enlevé  complètement  les  facteurs  x,  ce  qui  exige  quelques  combinaisons 
entre  les  colonnes,  le  déterminant  représente  un  polynôme  du  quatorzième 
degré. 

»  J'entre  dans  ces  détails  uniquement  pour  montrer  que  le  résultat  de 
mon  analyse  sur  les  deux  points  multiples  des  courbes  S  et  S'  et  le  degré  de 
l'équation  finale  a  été  contrôlé.  Si  je  ne  m'imposais  cette  condition,  je 
pourrais  présenter  des  calculs  pour  des  cas  beaucoup  plus  compliqués.  » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  dissociation  cristalline  (suite)  :  Evaluation  et 
répartition  du  travail  dans  les  dissolutions  salines;  par  MM.  P. -A.  Favre 
et  C.-A.  Valson. 

«  Dans  deux  Communications  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  faire  à 
l'Académie  (i),  nous  avons  développé  quelques  considérations  qui  nous 
paraissent  de  nature  à  jeter  un  jour  nouveau  sur  la  question,  encore  si 
obscure,  du  travail  mécanique,  mis  en  jeu  par  les  actions  moléculaires, 
pendant  le  phénomène  des  dissolutions  salines. 

M  La  dissolution  d'un  sel  dans  l'eau  est  accompagnée  habituellement 
d'une  contraction  du  volume  total,  du  sel  et  du  dissolvant,  qu'il  est  facile 
de  déterminer  en  comparant  la  densité  de  la  solution  aux  densités  respec- 

(i)  Comptes  rendus,  séances  des  5  et  lî  août  1872,  t.  LXXV,  p.  33o  et  385. 

(;.  R.,  1S73,  2»  Semeitrf.  (T.  LXXVll,  N»  10.)  7^ 


(  578) 
tives  du  sel  et  du  dissolvant  ;  mais  cette  contraction  peut  être  produite  sur 
l'eau  de  diverses  manières  :  on  peut,  notamment,  la  réaliser  directement, 
en  dehors  de  l'action  coercilive  du  sel,  par  un  abaissement  de  la  tempéra- 
ture du  liquide,  c'est-à-dire  par  la  soustraction  d'une  certaine  quantité  de 
chaleur;  on  peut  donc  mesurer  le  nombre  de  calories  cédées,  qui  corres- 
pondent à  une  contraction  déterminée  de  l'eau,  et,  par  suite,  on  peut  éva- 
luer le  travail  mécanique  correspondant.  Si  l'on  admet  ensuite,  conformé- 
ment aux  principes  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  que  les  diverses 
forces  nécessaires  pour  produire  un  même  effet  sont  équivalentes  et  peuvent 
se  transformer  les  unes  dans  les  autres,  il  en  résulte  en  particulier  que,  si 
l'on  mesure  les  contractions  de  volume  qui  accompagnent  les  dissolutions 
salines,  on  aura  en  même  temps  une  mesure  de  l'action  coercilive  exercée 
par  le  sel  sur  l'eau. 

))  Nous  avons  déjà  appliqué  ce  principe  au  cas  de  la  dissolution,  dans 
l'eau,  du  sulfate  de  soude,  soit  anhydre,  soit  hydraté  (Communication  du 
5  août  1872).  Aujourd'hui  nous  nous  proposons  de  généraliser  cette  ap- 
plication en  étudiant,  de  la  même  manière,  une  série  de  sels  qu'on  peut 
obtenir,  soit  à  l'état  anhydre,  soit  à  l'état  de  cristaux,  renfermant  un  cer- 
tain nombre  d'équivalents  d'eau. 

»  A  cet  effet,  il  était  d'abord  nécessaire  de  déterminer  exactement  les 
densités  des  sels  à  ces  deux  états  et,  en  outre,  de  déterminer  les  densités 
des  solutions  normales  correspondantes,  c'est-à-dire  des  solutions  renfer- 
mant uniformément  i  équivalent  de  sel  anhydre,  évalué  en  grammes,  dis- 
sous dans  une  quantité  d'eau  fixe  et  égale  à  i  litre.  Ces  diverses  densités 
ont  été  obtenues  par  la  méthode  du  flacon,  et  nous  avons  eu  soin  d'opérer 
en  nous  entourant  des  précautions  les  plus  minutieuses  (i). 

11  La  détermination  des  densités  des  liqueurs  normales  se  fait  sans  diffi- 
culté et  avec  une  grande  précision.  Il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même  pour 
la  détermination  de  la  densité  des  solides.  En  opérant  avec  des  sels  diffé- 
rents et  en  comparant  nos  résultats  avec  ceux  qui  ont  été  obtenus  par  di- 
vers expérimentateurs  dignes  de  confiance,  nous  avons  été  conduits  à 
admettre  que  la  densité  d'un  sel  n'est  pas  un  élément  absolument  fixe, 

(1)  Nous  nous  sommes  toujours  assurés  que  les  sels  déshydratés  par  la  chaleur  nerenfermaient 
plus  d'eau;  nous  avons  aussi  analysé  tous  les  sels  hydratés  dont  nous  avons  déterminé  les 
chaleurs  de  dissolution  et  avec  lesquels  nous  avons  préparé  les  li(|ucurs  normales,  après  en 
avoir  pris  les  densités;  enfin,  lorsque  les  sels  étaient  très-déliquescents,  nous  les  avons 
pesés  en  les  introduisant  dans  les  flacons  à  densité,  tarés  à  l'avance  et  remplis  ensuite  d'es- 
sence de  térébenthine  ou  de  toluène. 


(  579  ) 
mais  qu'elle  peut  varier  légèrement  avec  les  circonstances  de  sa  formation, 
par  exemple,  suivant  qu'il  a  cristallisé  lentement  ou  qu'il  s'est  précipité 
plus  ou  moins  rapidement  au  sein  de  la  liqueur. 

M  On  sait  que  des  effets  de  ce  genre  se  produisent  pour  plusieurs  corps, 
tels  que  le  soufre,  le  phosphore  et  un  grand  nombre  de  métaux,  dont  la 
densité  varie  un  peu,  suivant  leur  état  moléculaire.  Peut-être  faut-il  aussi 
tenir  compte  de  l'action  capillaire  exercée  sur  le  liquide  ambiant  par  les 
sels  pulvérulents,  qui  agissent  alors  par  leur  grande  surface.  Ajoutons 
enfin  que,  dans  certains  cas,  le  liquide  employé  peut  exercer  ime  véritable 
action  chimique  sur  le  sel,  dont  on  cherche  la  densité.  Pour  la  généralité 
des  sels  expérimentés,  nous  avons  employé  l'essence  de  térébenthine;  mais, 
pour  les  iodures,  cette  essence,  lorsqu'elle  a  subi  pendant  quelque  temps 
le  contact  de  l'air,  exerce  une  action  manifeste  sur  le  sel,  et  de  l'iode  est 
mis  en  liberté  (i). 

Tableau  I. 


ClCa,  6HO 

ClSt,  6H0 

ClBa,  2IIO 

BrNa,  .'1  IlO 

BrSt,  CHO 

INa, /iHO 

AzO'Ca,  4  HO 

AzO'St,  .'|H0 

SO'Na,  10  HO 

S0'Cu,5H0 

S0'A1%6H0 

a 
SO'Cr',  5H0 

s„.(5^),2JL°,,. 

CO»Na,  10 110 

Bo'Na,  loHO 

Bo%  G  HO 


UES5ITÉ 

des 
Is  anhydres. 

TEM- 
PlîrUTUKE. 

2,160 

0 

27  ,0 

3,o35 

17,2 

3,814 

16,8 

3,198 

17,3 

3,985 

20,5 

3,654 

18,2 

2,5o4 

'7,9 

2,980 

16,8 

2,681 

20,7 

3,707 

"j<o 

3,672 

22,5 

2, ,43 

'7,2 

2,784 

20,5 

2,407 

20,5 

2,37, 

20,0 

1 ,823 

21,6 

DENSITÉ 
dos 

TEM- 

sels liydratés. 

PÉRATURE. 

0 

1  ,701 

'7,' 

i,g32 

17,2 

3,o5'| 

i5,5 

2,  iGj 

16,8 

2,358 

•7,9 

2,448 

20,8 

1,878 

18,0 

2,249 

i5,5 

1,455 

26,5 

2,243 

'8,9 

,,767 

22,1 

1,867 

'7,2 

2,1 86 

iS,S 

1,456 

'9,0 

1,711 

20,0 

',.'l!j3 

20,5 

DE^SITE 

des  litiueuis 
Durmales. 


1,0'|D9 
1 ,0667 
1,0887 
1 ,0768 
1,102', 
1,1104 
1 ,0578 
I ,081 1 
1  ,o(io6 
1,0776 

I ,o568 
I ,0600 
I ,0713 
1  ,o5uj 
1 jOigo 
I , o 1 06 


TEM- 

l'ÉriArUKE. 


i:>,o 
i5,o 
i'l,9 

14,8 

lS,2 

'1,8 

,4,8 
,4,8 

21,2 
20,2 

22,0 
i5,o 
20 ,2 

lS,2 
30,2 
20,2 


(i)  Il  est  facile  de  reconnaître  qu'un  bromure  renferme  des  traces  d'iodure  par  la  colora- 
tion que  l'iode,  mis  en  liberté,  communique  à  l'essence  de  térébenthine.  I^es  bromures  purs 
ne  sont  pas  sensiblement  modifiés  par  l'essence  prise  dans  les  mêmes  conditions. 

(2)  Nous  sijj'iialerons,  au  sujet  du   sulfate  double  de  potasse  et  de  cuivre,  quelques  dé- 

75.. 


(  58o  ) 

»  Dans  le  tableau  qui  précède,  les  densités  inscrites  ont  été  prises  en 
considérant  chaque  sel  :  i"  à  l'état  anhydre;  2°  à  l'état  hydraté  ;  3°  à  l'état 
de  liqueur  normale. 

»  La  température  à  laquelle  la  détermination  a  été  faite  est  inscrite  en 
regard.  Dans  chaque  opération,  la  densité  de  l'eau  ou  celle  de  l'essence 
a  été  soigneusement  ramenée  à  la  température  même  de  cette  opération, 
enfin  les  densités  des  liqueurs  normales  ont  élé  toutes  obtenues  directe- 
ment, excepté  pour  le  borate  de  soude  et  l'acide  borique,  qui  ne  sont  pas 
suffisamment  solubles  et  dont  les  densités  ont  été  obtenues  au  moyen  d'une 
interpolation. 

))  En  ce  qui  concerne  la  liqueur  normale  du  sulfate  de  chrome,  obte- 
nue à  froid,  qui  est  violette  et  dont  la  densité  est  de  1,0600  à  la  tempéra- 
ture de  i5  degrés,  cette  liqueur,  portée  à  une  température  suffisamment 
élevée,  devient  verte,  et  sa  densité  n'est  plus  que  de  i,o556  à  la  tempé- 
rature de  i^",^.  La  contraction  a  donc  diminué.  Toutefois  cette  con- 
traction ne  pourra  plus  être  calculée,  ainsi  que  nous  le  faisons  plus  loin 
pour  les  autres  sels,  parce  que  la  liqueur  verte  ne  peut  plus  cristalliser, 
de  sorte  qu'on  ne  peut  pas  prendre  la  densité  du  sel  hydraté  corres- 
pondant. 

»  Voici  maintenant  le  détail  des  calculs  pour  l'un  des  sels,  le  carbonate 
de  soude  par  exemple  : 

tails  d'expérience  qui  offrent  de  l'intérêt  au  point  de  vue  de  la  constitution  des  sels  doubles. 
Lorsqu'on  chauffe  le  sel  hydraté,  qui  est  bleu,  il  perd  son  eau  et  devient  blanc  d'abord,  puis 
vert  et  fond  à  une  température  inférieure  à  celle  qui  correspond  à  la  fusion  du  sulfate  de 
potassium.  Le  sel  double  ne  se  décompose  pas  à  une  température  qui  décomposerait 
(sans  fusion)  le  sulfate  de  cuivre.  Le  sel  fondu  est  d'un  vert  foncé.  Le  sel  double  ne  présente 
aucun  des  caractères  des  sels  constituants,  pris  isolément.  Par  le  refroidissement,  il  se 
forme  d'abord  une  mince  croûte  verte  à  la  surface  du  liquide,  et  presque  immédiatement 
une  portion  assez  considérable  du  sel,  encore  en  fusion,  perce  cette  croûte  et  forme  une 
sorte  d'excroissance  au-dessus  d'elle,  comme  s'il  s'opérait  un  phénomène  de  ségrégation, 
entraînant  une  augmentation  de  volume,  malgré  le  refroidissement;  enfin  la  ma'>se  refroidie 
et  devenue  solide  revient  à  la  teinte  bleue,  qui  n'est,  ni  celle  du  sullate  de  [)otasse,  ni  celle 
du  sulfate  de  cuivre  anhydre,  puis  se  résout  en  une  fine  poussière,  de  même  couleur,  ainsi 
que  CL'la  se  produit  pour  une  larme  balavique,  dont  on  casse  rexlréniilé  effilée.  Les  mêmes 
phénomènes  se  produisent  avec  la  même  netteté  lorsqu'on  chauffe,  non  plus  le  sel  double, 
nuiis  un  mélange  de  i  équivalent  de  sulfate  de  cuivre  cristallisé  à  5  équivalents  d'eau  et  de 
I  équivalent  de  sulfate  de  potasse. 

Il  serait  intéressant  d'étudier  les  effets  thermiques  qui  accompagnent  cette  singulière  suc- 
cession de  phénomènes.  C'est  un  point  que  nous  comptons  examiner. 


Sel  anhydre. 


(  58,   ) 

Carbonate  de  soude. 

équivalent  (P) 53^' 

densité  (D) 2,407 

volume  (V=— j 22", 02 


Sel  hvdiaté  à  10 HO. 


équivalent  (P) i43^'' 

densité  (D) i  ,456 

volume  IV=-| 98",  22 


Volume  du  sel  anhydre 22"^%  o 

Volume  de  l'eau  de  cristallisation po'^o 


Somme  des  deux  volumes i  i2",o 

Volume  de  CO^Na,  loHO 98", 2 

Contraetion  dans  la  formation  du  cristal i3",  8 


poids  de  la  liqueur  (P).  .  .      io53'^', o 

,  densité  (D) i  ,o5ig 

Liqueur  nonuale <  .  , 

volume  (V  =  —  | iooi"^'",o 

»   On  peut  énoncer  les  conséquences  suivantes  : 

»  1°  Le  carbonate  de  soude  anhydre  et  l'eau,  en  s'associant  pour  former 
un  cristal  à  10  équivalents  d'eau,  ont  éprouvé  une  contraction  de  i3'^'',8 
sur  I  i2'^'',o;  c'est-à-dire  I  environ  du  volume  total  des  éléments  consti- 
tuants. 

»  2°  Le  volume  du  sel  anhydre  étant  de  22'='', o  et  celui  de  la  liqueur 
normale  étant  de  iooi™,o,  on  en  conclut  que  le  volume  total  des  éléments, 
J022'^'',o,  a  éprouvé  une  contraction  de  2i*''',o. 

»  3°  Si,  de  la  contraction  21'''', o  qui  correspond  à  la  dissolution  du  sel 
anhydre,  on  retranche  la  contraction  i3'^'^,8  survenue  pendant  la  formation 
du  cristal,  il  reste  7*''', 2,  qui  représente  la  contraction  résultant  de  la  disso- 
lution de  I  équivalent  de  sel  hydraté. 

»  Si  l'on  fait  le  même  calcul  pour  chacun  des  sels  mis  en  expérience, 
on  obtient  les  résidtats  compris  dans  le  tableau  II,  colonnes  intitulées 
rt,  b,  [a  —  b).  a  désigne  la  contraction  du  volume  total  du  sel  et  du  dissol- 
vant, due  à  la  dissolution  du  sel  anhydre  ;  b,  la  contraction  pendant  la  for- 
mation du  cristal,  et  [a—  h),  la  contraction  due  à  la  dissolution  du  sel 
hydraté. 

»  Nous  donnons,  en  même  temps,  l'interprétation  de  ces  mêmes  résul- 


(  582  ) 
tats  au  point  de  vue  thermique  et,  par  conséquent,  au  point  de  vue  méca- 
nique. Nous  avons  vu  (Communication  du  5  août  1872)  qu'une  contraction 
de  I  centimètre  cube  éprouvée  par  i  litre  d'eau,  à  la  température  de  i5  de- 
grés, équivaut  à  un  dégagement  de  7S76  calories,  le  gramme  étant  pris  pour 
unité,  et  que,  réciproquement,  ce  nombre  de  calories  mesure  le  travail  néces- 
saire pour  comprimer  i  litre  d'eau  et  diminuer  son  volume  de  i  ceniimètre 
cidje  à  la  température  de  i5  degrés;  donc,  pour  obtenir  en  calories  les 
effets  thermiques  qui  correspondent  aux  diverses  contractions  désignées 
par  a,  b,  [a  —  b),  il  suffira  de  multiplier  les  nombies  qui  mesurent  ces 
contractions  par  le  nombre  constant  ']5']6.  On  trouve  ainsi  les  nombres 
inscrits  dans  les  colonnes  intitulées  A,  B,  (A  —  B)  du  tableau  suivant,  et 
placées  à  droite  des  colonnes  où  sont  inscrites  les  contractions  correspon- 
dantes : 

Tableau  II. 


ClCa,  6H0 

ClSt,6H0 

CUia,  2HO 

BrNa,  /j  HO 

BrSt,6HO 

llVa,  4HO 

AzO'Ca,  4H0 

AzO'St,  4  HO 

SO'Na,  loHO 

SO'Cu,  5H0 

SO'Ar,  6H0 

S0*Cr',5H0 

so.(!ii^),Z^. 

CO'Na,  loHO.    ... 

Bo'Na,  loHO 

Bo«,  6  HO 


j4,3 
12,3 

8,0 
11,8 

5,'l 

9.7 
•12,7 

ir.,7 

'9-^ 
21,0 
18, j 


it 


j 


21 ,0 
3',,'i 
16,2 


1098J2 
iu83j7 
y3l8j 
6o(loS 

S9:t97 
',0910 
73 '187 
96215 
126J19 
i',62,7 

159096 
i'|Oi56 
i'|Oi56 
159096 
260614 
122731 


LC 

i5.3 

11,1 

5,1 

'(." 

9'7 
1 ,0 
5,8 
8,5 
5,8 
1 1 ,0 

12,5 

9. G 
6,1 
i3,8 
20.9 
9.3 


1 1 09 1  0 

3S63S 
3o3o'| 

73 '187 
7576 

■'|39'|i 
64396 
■139 'm 
83336 

9I700 
72730 
46214 
104549 
158338 
70457 


(a-i) 


-   0,8 

3,2 

7>- 
')," 
2, 1 

3,9 

4  .-2 

10,9 
8,3 


8,9 
12,4 

7,2 

i3,5 

6,9 


(A-B) 


—  6061 
24243 
54547 
3o3o4 
15910 
33334 
29546 
31819 
82578 
62881 

6 '(396 

67'|26 

939^^ 
54547 
102276 
52274 


»  La  dissolution  des  sels  anhydres  ou  hydratés  est  accompagnée  d'un 
dégagement  ou  d'une  absorption  de  chaleur.  Ces  quantités  de  chaleur, 
positives  ou  négatives,  accusées  par  le  calorimètre  à  mercure,  sont  inscrites 
dans  le  tableau  III,  où  C,  C  désignent  les  quantités  de  chaleur  qui  se  rap- 
portent à  la  dissolution:  1"  du  sel  anhydre,  2°  du  sel  hydraté;  la  diffé- 


f  583  ) 
rence  C  —  C  représente,  par  conséquent,  la  quantité  de  chaleur  qui  corres- 
pond à  la  formation  du  cristal  hydraté. 


Tableau  III. 

C 

C 

(c-r/) 

H-  9053 

—  iB'Jr) 

+  10682 

H-  5',83 

—  35HG 

-f-  9069 

-h   1173 

-  o',,S 

-H  3590 

-+-     '09 

-  4SS2 

-t-  '1991 

-+-  785.1 

—  3lI2 

-i- 10962 

■+-   1762 

—  5716 

+  7I7S 

+  30l/| 

—  4"'j' 

+  6075 

—  -^S'iS 

—  C4i5 

-t-  3977 

4-  354 

—  g3ao 

+  9fi->'l 

-h   8198 

-  ■■^7'l 

H-  9i7-^ 

// 

■+-  \Xk) 

// 

II 

—  ia85 

// 

-*-  ''1190 

—  685 '1 

-i-uo44 

+  3658 

-  /S'i" 

+  1149S 

-t-  3093 

—  I  I  I  1  0 

-hl6302 

II 

// 

II 

ClCa,  CHO 

ClSt,6H0 

ClBa,  2  HO 

lirNa,  4  HO 

BrSt,  6H0   

INa,4H0 

Az0«Ca,  4  HO 

AzO«St,  4  HO 

SO'Na,  loHO 

SO'Cii,  5H0 

S 

80*  Al',  6H0 

SO^Cr',  dHO 

so*(!i:^),Z^. 

CO'lNa,  loHO 

Bo'Na,  loHO 

Bo«,6HO 


»  La  discussion  de  l'ensemble  des  résultats  que  nous  avons  fait  connaître 
nous  autorise  à  conclure  que  : 

»  1°  Les  sels  peuvent  être  rangés  dans  l'ordre  suivant,  les  contractions 
allant  en  croissant  :  borates,  carbonates,  sulfates,  chlorures,  azotates, 
bromures,  iodures. 

»  2°  La  coutraction  produite  par  la  dissolution  d'un  sel  anhydre  est  su- 
périeure à  celle  du  même  sel  hydraté.  Le  chlorure  de  calcium  est  le  seul 
sel  qui,  à  cet  égard,  ne  préseute  pas  de  différence  sensible,  soit  à  l'état 
anhydre,  soit  à  l'état  hydraté. 

»  3°  La  contraction  due  à  la  dissolution  du  sel  hydraté  est  générale- 
ment moindre  que  la  contraction  produite  dans  la  formation  du  cristal. 

»  4°  Si  l'on  compare  ensuite  les  résultats  thermiques  des  tableaux  II 
et  III,  on  reconnaît,  comme  nous  l'avons  constaté  précédemment  poiu*  le 
sulfote  de  soude,  que  les  nombres  de  calories  qui  mesurent  les  effets  de  con- 
traction sont  de  beaucoup  supérieurs  aux  nombres  de  calories  accusées  par 


(  584  ) 
lo  calorimùtre  :  ainsi  la  chaleur  mise  en  jeu  par  l'eau  qui  se  contracte,  an 
Uni  (le  passer  à  l'extérieur  et  de  devenir  sensible,  comme  dans  le  cas  du  re- 
froidissement libre,  se  trouve  absorbée,  le  plus  souvent  en  totalité,  par  le  sel 
dissous  dont  les  éléments  se  dissocient.  Cette  chaleur  s'emmagasine  à  l'état 
latent.  La  chaleur  accusée  par  le  calorimètre  n'est  donc  qu'une  différence 
(et  de  signe  presque  toujours  négatif)  entre  le  phénomène  tlicrmoposilif 
de  la  contraction  de  l'eau,  et  le  phénomène  lliermonéyatifde  la  dissociation 
des  éléments  salins.  Nous  avions  déjà  eu  l'occasion  de  faire  cette  remarque 
au  sujet  de  la  dissolution  du  sulfate  de  soude,  et  les  résultats  de  notre 
nouveau  travail  nous  permettent  de  généraliser  cette  conclusion  et  de 
l'étendre  aux  autres  sels.  Il  en  est  de  même  des  autres  conséquences  que 
nous   avons   énumérées    dans  notre   Communication    du   12   août    iS'ya. 

»  5°  D'après  ce  qui  précède,  les  calories  accusées  par  le  calorimètre  et 
inscrites  dans  le  tableau  III  doivent  être  ajoutées  ou  retranchées,  suivant 
leurs  signes,  aux  nombres  du  tableau  II  pour  avoir  le  nombre  de  calories 
correspondant  exclusivement  au  phénomène  de  dissolution.  Ainsi,  par 
exemple,  le  carbonate  de  soude  anhydre  donne,  en  se  dissolvant,  une  con- 
traction de  2 1  centimètres  cubes,  qui  correspond  à  1 69096  calories  ;  mais  il  y 
a  3658  calories  qui  restent  libres  et  sont  accusées  par  le  calorimètre;  le  tra- 
vail afférent  à  la  dissolution  est  donc  représenté  par  la  différence,  c'est-à- 
dire  par  1 55438.  D'un  autre  côté,  la  dissolution  du  carbonate  de  soude, 
à  10  équivalents  d'eau,  donne  une  contraction  de  7'",  2  qui  correspond  à 
54547  calories,  et  en  même  temps  le  calorimètre  accuse  une  production  de 
froid  de  —  7840  calories.  Pour  avoir  la  mesure  du  travail  afférent  à  la  dis- 
solution de  CO^  Na,  loHO,  il  faudra  donc  ajouter  ce  nombre  au  précédent, 
ce  qui  donnera  62387  calories. 

»  6°  Le  tableau  III  donne  lieu  à  quelques  autres  remarques.  Les  valeurs 
de  C  sont  généralement  positives;  il  en  résulte  que  les  sels  anhydres  déga- 
gent généralement  de  la  chaleur  en  se  dissolvant;  l'azotate  de  strontiane 
est  le  seul  qui  fasse  exception.  Le  signe  négatif  des  valeurs  de  C  apprend, 
au  contraire,  que  les  sels  hydratés  donnent  généralement  du  froid;  signa- 
lons encore,  parmi  les  sels  mis  en  expérience,  une  exception  pour  le  sulfate 
d'alumine  à  6  équivalents  d'eau;  enfin  les  valeurs  de  (C —  C)  sont  toutes 
positives,  d'où  l'on  conclut  que  tous  les  sels  que  nous  avons  étudiés  et  qui 
cristallisent  avec  de  l'eau  dégagent  de  la  chaleur  pendant  leur  cristallisa- 
tion.   » 


(  585  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  un  nouveau  système  de  représentation  d'obser- 
vations météorologiques  continues  faites  à  l'Observatoire  national  d'Alger. 
Note  de  M.  Bulard. 

(Commissaires:  MM.  Faye,  Janssen,  Lœwy.) 

«  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie 
n'est  qu'un  spécimen  d'études  nombreuses  que  j'ai  entreprises  depuis  vingt- 
sept  ans. 

»  Dès  1845,  frappé  du  peu  de  documents  complets  que  contenaient  les 
archives  de  la  science  météorologique,  je  résolus  d'accumuler,  avec  ordre 
et  méthode,  tous  les  renseignements  capables,  à  un  moment  donné,  de  ser- 
vir de  base  à  un  travail  très-étendu  que  j'avais  entrepris  sur  les  mouve- 
ments de  l'atmosphère. 

»  Tout  le  monde  savant  est  unanime  aujourd'hui  pour  reconnaître  l'uti- 
lité, je  dirai  même  la  nécessité  d'étendre  de  plus  en  plus  sur  le  globe  le 
réseau  météorologique,  afin  d'arriver  au  plus  vite  à  la  connaissance  des 
mouvements  généraux  de  l'atmosphère.  Si  l'on  est  également  unanime  sur 
le  nombre  et  le  choix  des  stations,  la  qualité  des  instruments  et  le  mode 
d'installation,  on  ne  l'est  pas  encore  sur  la  manière  d'observer  et  surtout 
de  représenter  les  diverses  apparences  que  le  ciel  présente;  là  cependant 
est  tout  le  secret  de  la  météorologie. 

»  Depuis  longtemps  les  principaux  éléments  météorologiques  sont  en- 
registrés dans  les  grands  observatoires,  à  l'aide  d'appareils  très-perfection- 
nés,  il  est  vrai;  mais  on  n'en  a  encore  tiré  que  fort  peu  de  résultats  utili- 
sables, parce  qu'ils  étaient  isolés,  tandis  que,  s'ils  se  trouvent  mis  en  regard 
de  l'apparence  du  ciel,  avec  laquelle  il  existe  une  liaison  intime,  on  en  tire 
de  suite  des  inductions  utiles  et  fort  intéressantes. 

»  Nous  sommes  heureux  d'avoir  commencé,  il  y  a  vingt-sept  ans,  ce  sys- 
tème d'observations,  et  nous  sommes  en  mesure,  mèuîc  aujourd'hui,  de 
donner  les  preuves  irrécusables  de  la  supériorité  du  système  sur  tous  ceux 
connus  jusqu'à  présent,  et  particulièrement  de  démontrer  ce  que  nous 
avons  dit  plus  haut  au  sujet  de  l'étude  de  l'apparence  du  ciel. 

»  Je  me  suis  surtout  appliqué  à  résumer  mes  observations  sous  un  mode 
d'enregistrement  qui  permet  d'embrasser,  d'un  seul  coup  dœil,  iLiiseaible 
général  des  variations  de  l'atmosphère.  Je  donne  à  mon  système  Je  nom  de 

C.  11.,  1873,  2'^  Semestre.  (1 .  LXXVII,  M»  10.)  7" 


(  586  ) 
Météorologie  descriptive,  et  je  le  présente  au  monde  scientifique,   autant 
pour  l'initier  aux  efforts  que  j'ai  tentés  dans  mon  humble  domaine,    que 
pour   soumettre  à   mes  honorables  collègues    un  spécimen  d'études  qui 
pourraient  être  suivies  par  nos  jeunes  météorologues. 

»  L'Académie  accueillera  avec  intérêt,  je  n'en  doute  pas,  un  commen- 
cement de  publication  des  observations  météorologiques  faites  à  Alger 
dans  d'excellentes  conditions  d'installation  et  d'accord  avec  les  exigences 
de  la  science  moderne.  Elle  doit  savoir  que  cette  publication  n'a  pu  avoir 
lieu  plus  tôt,  par  suite  du  manque  de  fonds  et  le  peu  d'encouragement  dont 
l'Observatoire  a  été  l'objet  depuis  la  mort  du  maréchal  Pélissier.  Nous  ne 
parlerons  pas  de  la  publication  des  travaux  d'Astronomie  physique  pour 
lesquels  il  faudrait  des  sommes  plus  considérables.  A  part  les  douze  an- 
nées d'observations  météorologiques  faites  à  l'Observatoire  d'Alger,  il 
n'existe,  dans  toute  l'Algérie,  aucune  série  d'observations  météorologiques 
qui  mérite  d'être  publiée,  si  ce  n'est  à  titre  de  simples  renseignements. 

La  mauvaise  installation  de  quelques  stations  improvisées  depuis  quinze 
et  vingt  ans,  sans  direction  intelligente  aucune,  a  donné  des  résultats  qui 
offrent  peu  d'intérêt  ;  il  me  suffira,  pour  faire  apprécier  à  leur  juste  valeur 
les  anciennes  observations  météorologiques  algériennes,  de  dire  que,  dans 
un  pays  où  l'humidité  relative  joue  un  si  grand  rôle  et  où  les  oscillations 
sont  considérables,  suites  du  siroco,  le  psychromètre  d'August  n'a  jamais 
été  connu  ni  par  conséquent  consulté;  que  la  pluviométrie  a  été  de  tout 
temps  mal  observée,  avec  de  petits  pluviomètres  tout  à  fait  insuffisants,  là 
où  la  pluie  tombe  parfois  en  quantité  si  considérable  pendant  la  saison 
pluvieuse. 

Je  ne  parlerai  pas  de  tous  les  autres  éléments  météorologiques  qui  ont 
été  également  négligés,  ce  qui  nous  entraînerait  trop  loin. 

»  Le  point  principal,  sur  lequel  je  désire  attirer  l'attention  de  l'Acadé- 
mie, est  surtout  la  manière  de  représenter,  sur  le  tableau  graphique  ci- 
joint,  la  quantité  horaire  du  ciel  bleu  et  des  nuages,  et  qui  a  été  ])lacée 
simultanément  en  regard  des  divers  éléments  météorologiques  qui  figurent 
gur  le  tableau. 

»  Le  système  décimal  a  été  naturellement  employé  d'un  bout  à  l'autre 
de  ce  travail  :  ici  le  ciel  se  trouve  divisé  en  dix  parties  égales,  zéro  repré- 
sentant le  ciel  bleu  pur  ou  l'absence  complète  de  nuages,  i  l'unité  ou 
lo  dixièmes  représentant  le  ciel  couvert  de  nuages. 

»  Afin  de  ne  pas  compliquer  le  système,  on  a  représenté  par  des  leintes 
de  diverses  nuances  les  trois  sortes  principales  de  nuages  :  la  teinte  blanche 


(  587  ) 
représente  les  cirrus,  la  teinte  gris-clair  les  cumiili  el  la  teinte  neutre  les 
nimbi.  Il  résulte  de  cette  combinaison  que,  à  la  simple  inspection  du 
tableau,  on  voit  comment  les  périodes  nuageuses  se  succèdent  les  unes  aux 
autres,  ou  bien  encore  comment  les  périodes  de  ciel  bleu  succèdent  aux 
périodes  de  nuages. 

»  En  comparant  ces  diverses  évolutions,  dans  l'apparence  du  ciel,  avec 
les  oscillations  barométriques,  thermométriques,  anémométriques,  etc., 
on  saisit  parfaitement  le  rapport  et  les  liaisons  qui  existent  entre  ces  divers 
éléments  météorologiques. 

»  Nous  renvoyons,  du  reste,  le  lecteur  aux  explications  et  légendes  con- 
tenues dans  le  texte,  ainsi  qu'aux  nombreuses  observations  qui  sont  ré- 
duites et  corrigées  des  erreurs  instrumentales  el  qui  se  trouvent  contenues 
dans  le  registre  de  toutes  les  observations,  qui  ont  été  faites  dans  ce  laps 
de  temps,  c'est-à-dire  du  mois  de  janvier  1872. 

»  Disons,  en  passant,  que  ce  travail  sera  soumis  à  l'approbation  du  Con- 
grès météorologique  qui  s'assemble  en  ce  moment  à  Vienne,  et  qu'il  rentre 
directement  dans  le  programme  que  les  membres  assemblés  ont  adopté. 

»  En  terminant,  qu'il  me  soit  permis  d'émettre  le  vœu  de  voir  le  Gou- 
vernement s'intéresser  à  ce  travail  et  fournir  les  moyens  de  publier,  au 
plus  vite,  les  douze  années  d'observations  qui  sont  amassées  dans  les  ar- 
chives de  l'Observatoire  national  d'Alger,  et  qui  sont  réclamées  par  tous  les 
observatoires  du  monde  entier. 

»  Grâce  aux  encouragements  que  M.  le  général  Chanzy,  gouverneur  de 
l'Algérie,  a  bien  voulu  déjà  nous  donner,  en  nous  accordant  une  mission 
au  Congrès  météorologique  de  Vienne,  nous  pensons  bien  réaliser  l'idée 
que  nous  avons  conçue  depuis  longtemps,  de  réorganiser  les  services  mé- 
téorologiques sur  les  bases  que  nous  venons  d'avoir  l'honneur  d'exposer 
à  l'Académie.   » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  le  magnétisme  (suite);  par  M.  J.-M.  Gaugain  (i), 

(  Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.  ) 

«  38.  Tous  les  physiciens  qui  ont  étudié  la  force  portante  des  aimants 
en  fer  à  cheval  ont  constaté  que  cette  force  croît  avec  le  temps,  de  telle 

(i)  Voir  les  Comptes  rendus  du  i3  janvier  et  3o  juin  i8'j3.  Les  numéros  placés  en  tète 
des  divisions  de  celte  Note  font  suite  à  ceux  des  Notes  précédentes. 

76.. 


(  588  ) 

sorte  qTi'on  a  élé  amené  à  conclure  que  le  contact  prolongé  de  l'arnialiire 
et  de  l'aimant  a  pour  effet  d'augmenter  graduellement  le  magnétisme  dé- 
veloppé à  l'extrémité  des  branches  du  fer  à  cheval.  Il  était  intéressant  de 
rechercher  si  cet  accroissement  graduel  pourrait  être  également  constaté 
par  la  mélhode  des  courants  d'induction,  que  j'ai  indiquée  (n°  32)  ;  en  con- 
séquence, j'ai  placé,  sur  l'extrémité  de  l'une  des  branches  d'un  aimant  en 
fer  à  cheval,  un  toron  de  fils  que  j'ai  mis  en  communication  avec  un  galva- 
nomètre; j'ai  appliqué  contre  les  faces  polaires  une  armature  en  fer  doux, 
également  en  fer  à  cheval  et  de  même  section  que  l'aimant,  et  j'ai  déter- 
miné la  valeur  du  courant  de  désaimantation  :  i"  en  ne  laissant  subsister 
que  pendant  quelques  secondes  le  contact  entre  l'aimant  et  l'armatine, 
2°  en  prolongeant  ce  contact  pendant  des  heures  et  des  journées  entières. 
J'ai  trouvé  que  le  courant  de  désaimantation  conservait  toujotus,  à  fort 
peu  près,  la  même  valeur.  J'ai  transporté  le  toron  induit  sur  l'extrémité 
de  l'une  des  branches  du  fer  à  cheval  qui  servait  d'armature,  j'ai  répété 
les  mêmes  déterminations  et  j'ai  trouvé  le  même  résultat.  Ainsi,  quand  ou 
explore,  au  moyen  des  courants  d'induction,  l'état  magnétique  d'un  aimant 
en  fer  à  cheval  muni  d'une  armature,  on  trouve  que  cet  état  est  absolu- 
ment indépendant  de  la  durée  du  contact  entre  l'aimant  et  l'armature.  Ce 
résultat  est  en  désaccord  avec  le  fait  que  j'ai  rappelé  en  commençant,  et  je 
ne  saurais  dire  en  ce  moment  à  quoi  tient  cette  conlradiction  apparente; 
je  ferai  remarquer  seulement  que  les  aimants  sur  lesquels  j'ai  opéré  se 
trouvaient  tous  dans  l'état  que  M.  Haecker  a  appelé  constntit. 

))  39.  Je  ne  me  suis  occupé  jusqu'ici  que  des  aimants  permanents;  je  vais 
maintenant  faire  connaître  les  résultats  de  quelques  expériences  exécutées 
sur  deséleciro-aimnnis.  J'ai  particulièrement  étudié  l'électro-aimantdont  on 
se  sert  le  plus  fréquemment,  celui  qui  se  compose  d'un  barreau  de  fer 
doux,  en  forme  de  fer  à  cheval,  et  de  deux  bobines  placées  respectivement 
sur  les  branches  du  fer  à  cheval,  dans  le  voisinage  de  leurs  extrémités. 
Pour  déterminer  la  courbe  de  désaimantation  d'un  tel  électro-aimant,  il 
suffit  de  placer  successivement,  sur  divers  points  du  barreau,  un  toron  de 
fils  communiquant  avec  un  galvanomètre,  et  de  déterminer,  pour  chaque 
position  du  toron,  la  valeur  du  courant  induit  développé  aii  moment  où  le 
courant  inducteur  est  interrompu.  11  est  impossible,  à  la  vérité,  de  déter- 
miner les  valeurs  du  courant  induit  cpii  correspond  aux  points  du  l^arreau 
placés  dans  l'intérieur  des  bobines,  et,  par  conséquent,  la  courbe  obtenue 
présente  deux  lacunes;  mais  ces  lacunes  n'empêchent  pas  d'apercevoir  sa 
forme  générale,  ce  qui  suffit  pour  le  but  que  je  me  suis  proposé. 


(589) 

»  D'après  ce  que  j'ai  dit  (  n°  29),  la  méthode  qui  vient  d'être  indiquée 
devrait  donner  les  mêmes  résultats  que  celle  dont  je  me  suis  servi  pour  dé- 
terminer la  courbe  de  désnimantation  des  aimants  permanents.  Je  dois 
faire  remarquer  qu'il  n'en  est  pas  toujours  rigoureusement  ainsi  :  le  fer, 
n'étant  presque  jamais  dépourvu  de  force  coercitive,  conserve,  en  général, 
une  certaine  aimantation  après  que  le  courant  inducteur  a  cessé  de  circuler 
dans  les  bobines,  et  il  résulte  de  là  que  le  courant  induit,  développé  au 
moment  où  le  circuit  inducteur  est  rompu,  est  presque  toujours  un  peu 
plus  petit  que  le  courant  induit  qui  serait  obtenu  en  poussant  le  toron  in- 
duit hors  du  barreau,  assez  loin  poiu'  le  soustraire  complètement  à  l'action 
de  ce  barreau;  mais  la  différence  entre  ces  deux  courants  induits  est  petite 
quand  on  emploie  du  fer  très-doux. 

»  Pour  donner  une  idée  de  la  forme  de  la  courbe  de  désaimantation 
que  j'ai  obtenue,  je  vais  indiquer  les  valeurs  de  quelques  ordonnées. 

A     10  millimèlres  des  extrémités  des  branches  (en  dehors  des  bobines). . .      r  =  i8,6 
A  107            »                        »                      ■>        (en  dedans  des  bobines).  .  .  56,2 

A  244  i>  »  1)         (au  talon) 5o 

»  On  voit  que  la  courbe  s'élève  à  partir  des  extrémités  des  branches 
du  fer  à  cheval,  qu'elle  atteint  son  maximum  de  hauteur  en  un  point  cou- 
vert par  les  bobines,  qu'ensuite  elle  s'abaisse  légèrement  et  atteint  son 
minimum  au  talon;  par  conséquent,  son  inclinaison  change  quatre  fois  de 
signe  dans  l'étendue  du  fer  à  cheval. 

»  J'ai  obtenu  une  courbe  tout  à  fiit  analogue  en  opérant  sur  un  électro- 
aimant composé  d'un  barreau  de  fer  droit  et  de  deux  bobines  placées  près 
des  extrémités. 

»  Maintenant,  si  l'on  explore,  au  moyen  d'une  aiguille  aimantée,  l'état 
magnétique  de  l'un  ou  de  l'autre  des  électro-aimants  dont  je  viens  de 
parler,  on  trouve  que  le  magnétisme  change  aussi  quatre  fois  de  signe;  si 
l'on  part  de  l'extrémité  boréale  de  l'électro-aimant,  par  exemple,  on  trouve 
que,  de  l'autre  côté  de  la  bobine  voisine  de  cette  extrémité,  le  magnétisme 
devient  austral;  il  est  nid  vers  le  milieu  du  barreau,  il  redevient  boréal 
lorsqu'on  approche  de  la  deuxième  bobine,  et  enfin  il  est  austral  au  delà 
de  cette  bobine,  à  l'autre  extrémité  du  barreau.  L'électro-aimant  offre 
donc  un  exemple  de  cette  deuxièiue  espèce  de  points  consécjuents  dont  j'ai 
parlé  (u°  31),  de  ces  points  conséquents  qui  sont  dus,  non  à  l'interversion 
du  courant  solénoïdal,  mais  aux  variations  d'intensité  de  ce  courant.  La 
distribution  du  magnétisme,  dont  je  viens  de  parler,  a  très-probablement 


(  -^90  ) 
été  aperçue  depuis  longtemps;  mais  ce  que  je  veux  faire  remarquer,  c'est  la 
corrélalion  constante  qui  existe  entre  l'interversion  du  nifigni'tisme  accusé 
par  l'aiguille  aimantée  et  le  changement  de  signe  qu'éprouve  l'inclinaison 
de  la  courbe  de  désaimantation. 

»  40.  La  courbe  de  désaimantation  dont  il  s'agit  dans  le  numéro  précé- 
dent se  rapporte  an  cas  où  aucune  armature  n'est  appliquée  contre  les 
faces  polaires;  dans  le  cas  où  l'on  opère  sur  un  électro-aimant  en  fer  à 
cheval  muni  d'une  armature,  il  est  nécessaire,  pour  obtenir  la  combe  de 
désaimantation,  de  procéder  à  une  nouvelle  série  de  mesures.  Le  toron  in- 
duit étant  successivement  placé  sur  divers  points  du  barreau,  on  détermine, 
pour  chaque  point,  la  valeur  du  courant  d'arrachement  (j'appelle  ainsi,  pour 
abréger,  le  courant  induit  développé  lorsqu'on  arrache  l'armature);  on 
obtient,  de  cette  manière,  une  nouvelle  courbe.  Au  moyen  de  cette  courbe 
et  de  la  courbe  de  désaimantation  qui  a  été  obtenue  (n"  39)  lorsque  l'é- 
lectro-aimant  ne  portait  pas  d'armature,  on  peut  aisément  tracer,  comme 
je  l'ai  indiqué  (n°  32),  la  courbe  de  désaimantation  qui  correspond  au 
cas  où  l'armature  est  appliquée. 

»  41.  Je  vais  faire  connaître  maintenant  les  particularités  que  présente 
la  courbe  des  courants  d'arrachement.  Si  nous  considérons  d'abord  l'ac- 
croissement d'aimantation  qui  se  produit  aux  points  voisins  des  extrémités 
des  branches  du  fera  cheval,  par  suite  de  l'application  de  l'armature,  nous 
trouvons  que  cet  accroissement  est  énorme  ;  il  peut  être  6o  fois,  loo  fois 
plus  grand  que  l'aimantation  qui  existe  avant  l'application  de  l'armature. 
Dans  le  cas  d'un  aimant  permanent,  je  n'ai  jamais  trouvé  que  l'accroisse- 
ment d'aimantation  résultant  de  l'application  de  l'armature  fût  plus  grand 
que  5  0!i  6  fois  l'aimantation  i)réexistante.  La  réaction  produite  par  l'applica- 
tion de  l'armature  est  donc  bien  plus  considérable  dans  le  cas  des  aimants  per- 
manents. Il  résulte  de  là  que,  si  l'on  compare  un  électro-aimant  et  un  aimant 
par  la  méthode  des  oscillations  de  Coulomb  et  par  la  méthode  des  poids 
portés,  on  pourra  trouver,  parla  première  méthode,  que  l'électro-aimant 
est  plus  faible  que  l'aimant,  et,  par  la  seconde  méthode,  que  c'est  au  con- 
traire rélectro-aimanl  qui  l'emporte  sur  l'aimant.  Ces  résultats  n'ont  rien 
de  contradictoire.  La  première  méthode,  en  effet,  mesure  l'intensité  magné- 
tique qui  existe  avant  l'application  de  l'armature,  tandis  que  le  poids  porté 
dé|)end  de  l'étal  magnétique  qui  s'établit  après  que  l'armature  est  appli- 
quée, et,  comme  nous  venons  de  le  voir,  la  modification  apportée  à  l'état 
magnétique  par  la  présence  de  l'armature  est  très-différente  dans  les  électro- 
aimants et  les  aimants.  » 


{%'  ) 

CAPILLARITÉ.  —  Du  mouvement  ascendant  spontané  des  liquides  dans  les  tubes 
capillaires  (Partie  théorique).  Mémoire  de  M.  C  Decharme  (suite). 
(Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  ) 

«  ...La  formule  obtenue,  en  partant  de  considérations  tliéoriques 
basées  sur  rexpérieiice,  est  la  suivante  : 

^2  +  A«  =  B  lognép  (/T"^)  -  Cj, 

dans  laquelle  t  désigne  le  temps  en  secondes,  j  la  longueur  (comptée  sur 
l'axe  du  tube)  de  la  colonne  capillaire  au  temps  t,  h  la  longueur  finale, 
A,  B,  Cdes  constantes  dépendant  de  la  nature  du  liquide  (de  ses  propriétés 
physiques  et  chimiques),  de  sa  température,  du  diamètre,  de  l'inclinaison 
et  de  la  nature  du  tube. 

»  Les  différences  que  l'on  constate,  pour  l'eau,  entre  les  résultats  de 
l'expérience  et  ceux  du  calcul  ne  portent  que  sur  les  dixièmes  ou  les  cen- 
tièmes de  millimètre.  Il  est  bon  de  remarquer  qu'une  variation  d'un  cen- 
tième de  millimètre  dans  la  donnée  expérimentale  peut  produire,  par  suite 
des  calculs,  à  cause  de  la  grande  valeur  numérique  de  deux  des  constantes, 
des  différences  de  près  de  loo  unités  dans  la  vérification,  surtout  pour  les 
ordonnées  des  points  rapprochés  de  l'extrémité  supérieure  de  la  courbe. 
Malgré  ces  grandes  valeurs  des  constantes,  les  vérifications  donnaient  des 
résultats  théoriques  dont  la  concordance  présentait  des  erreurs  relatives 
souvent  moindres  que  ,  „ ^ ^ p-  et  même  â-irôêrïï)  "lais  n'atteignaient  jamais 
Yuôô,  même  dans  les  cas  les  plus  défavorables. 

»  La  vérification  de  la  formule  a  été  appliquée  à  V alcool  anlijdre  et  a 
donné  des  résultats  concordant  avec  l'expérience. 

»  On  peut  donc  conclure  de  ces  vérifications  et  d'autres  non  moins 
exactes,  faites  sur  plusieurs  liquides  et  avec  des  tubes  différents,  que  la 
concordance  entre  les  résultats  de  l'expérience  et  ceux  que  donne  la  for- 
mule est  suffisamment  établie,  et  qiie  celle-ci  représente  le  phénomène 
avec  une  approximation  qui  tombe  dans  les  limites  d'erreurs  d'observa- 
tion. Enfin,  si  cette  formule  ne  contenait  pas  tous  les  éléments  (ce  qui  est 
possible)  du  phénomène  qu'elle  est  destinée  à  représenter  dans  sa  généra- 
lité, elle  restei'ait  du  moins  une  lelation  empirique  tiésapprochée  dt^  la 
vérité  théorique. 


(  592  ) 
»  Eu  différentiaiit  l'équalion  suivante  : 


gt  s\na  +  b  =  i>l  ^ J  _      '        \ 


(qui  a  servi  à  établir  la  formule  générale,  et  dans  laquelle y^désigne  le  coef- 
ficient de  frottement)  et  remplaçant  d/  par  vdt  et  i^dj-  par  v-dt,  on  obtient 

une  expression  de  —  ou  de  la  force  accélératrice  o  ,enf  onction  de  v  et  de  j', 

dv  [h  — y  y- g  sinx  —  i'^[//  (i  +/o-cosa  )  4-  C] 

dt-'^  -  (A-j)[T(>^g/cos«)  +  C] 

»  Enfin,  en  égalant  ia/o/re  accélératrice  aux  résistances  qu'il  lui  reste  à 
vaincre  au  temps  t,  on  a  une  relation  entre  i>  et  j",  de  la  forme 

^    ~       Pj'+Qj  +  R       ' 

dans  laquelle  L,  M,  N,  P,  Q  et  R  sont  des  constantes. 

»  En  partant  de  considérations  théoriques  différentes,  ou  en  admettant 
d'autres  iiypothèses,  on  arrive  à  diverses  formules,  parmi  lesquelles  je 
citerai  seulement  les  suivantes  : 


t^C  =  slj{h  -j)  -  Aarcsin  y^4^' 

où  les  lettres  ont  des  significations  analogues  à  celles  de  la  formule  adoptée. 
Ces  dernières  se  prêtent  à  des  vérifications  pareilles  à  la  précédente,  sans 
atteindre  toutefois  une  aussi  grande  exactitude,  ce  qui  justifie  notre  choix. 
»  Enfin,  lorsque  l'on  veut  traiter  la  question  à  un  point  de  vue  tout  à 
fait  général,  on  arrive  à  des  expressions  de  la  forme  suivante  : 


Vè'/J  Vr- 


m  y'  —  ny'  -+■  J> 
que  l'on  ne  peut  intégrer. 

»  J'ai  dû  chercher  aussi  des  formules  empiriques  propres  à  représenter 
le  phénomène  en  question  ;  mais  celles  que  j'ai  trouvées,  par  interpolation 
ou  autrement,  n'ont  pas  subi  l'épreuve  de  la  vérification  expérimentale 
aussi  avantageusement  que  la  formule  théorique  adoptée.  » 


(593) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Le  pjrocjaUol  en  présence  des  sels  de  fer.  Mémoire 
de  M.  E.  Jacquemin.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville,  Fremy,  Berthelot.) 

«  Mes  expériences  particulières  contredisant  les  auteurs  qui  assignent  à 
l'acide  pyrogallique  la  propriété  de  colorer  en  bleu  les  sels  ferreux,  je  crois 
utile  de  soumettre  ces  expériences  à  l'Académie,  ainsi  que  de  nouveaux 
faits  pour  lesquels  je  désire  prendre  date,  parce  que  leur  étude  me  semble 
mériter  d'être  poursuivie. 

»  Pjrocjallol  et  sulfate  ferreux.  —  Le  sulfate  ferreux  préparé  dansles  labora- 
toires et,  à  plus  forte  raison,  le  sulfate  commercial  s'oxydent  plus  ou  moins 
au  contact  de  l'air  et  acquièrent  seulement  alors,  suivant  mes  observations, 
la  propriété  d'être  colorés  en  bleu  persistant  par  le  pyrogallol.  Toute  so- 
lution de  ce  sel,  franchement  colorable  en  bleu  par  ce  phénol,  est  égale- 
ment colorée  en  rouge  sang  par  le  sulfocyanate  potassique,  qui  montre  si 
nettement  la  présence  des  sels  ferriques. 

»  Si  les  cristaux  de  sulfate  sont  lavés,  à  plusieurs  reprises,  avec  de  l'eau 
distillée,  ils  finissent  par  donner  une  solution  qui  n'est  plus  colorée  en 
bleu  par  l'acide  pyrogallique,  mais  qui  manifeste  avec  lui  un  trouble  blanc 
lactescent.  Lorsqu'on  abandonne  cette  liqueur  à  l'air,  le  trouble  disparaît 
insensiblement  pour  faire  place,  par  oxydation  d'une  partie  du  fer,  à  la 
coloration  bleue  caractéristique.  • 

»  11  est  une  remarque  faite  par  moi,  dans  les  essais  successifs  des  eaux 
de  lavage,  qui  ne  manque  pas  d'intérêt  au  point  de  vue  de  la  sensibilité 
relative  des  réactions  chimiques  :  c'est  que  le  sulfocyanate  potassique,  qui 
décèle  des  traces  à  peine  appréciables  de  sel  de  fer  au  maximum,  ne  donne 
plus  sa  coloration  rouge,  alors  que  l'acide  pyrogallique,  dans  une  solu- 
tion pareille,  fournit  encore  une  teinte  bleue  sensible. 

»  Pyrogallol  et  sel  ferrosoferrique.  —  Vient-on  à  ajouter  au  sulfate  fer- 
reux pur  quelque  peu  de  sulfate  ferrique,  puis  à  additionner  de  pyrogallol 
ce  mélange,  la  coloration  bleue  des  auteurs  paraît  alors  dans  toute  sa  pu- 
reté, pour  faire  place  à  une  teinte  verdàtre,  et  enfin  rouge,  sous  l'influence 
d'un  excès  de  sel  ferrique.  J'ai  constaté  qu'il  suffit  de  la  présence  de 
2  pour  loo  de  sel  ferrique  dans  un  sel  ferreux  pour  que  le  bleu  engendré 
vire  au  rouge  en  quelques  minutes. 

»  Lorsqu'on  s'est  placé  dans  les  conditions  d'un  excès  de  sel  ferrique, 
d'un  mélange,  par  exemple,  de  trois  molécules  de  sel  ferreux  pour  une  molé- 

C.R.,  1873,  i^Semeitre.  (T.  LXXVll,  N»  iO.)  77 


(  594  ) 
cule  de  sel  ferrique,  on  remarque  bientôt,  dans  ces  liqueurs  rouges,  un  trou- 
ble qui  s'accroît,  et  que  l'on  sépare  le  lendemain  à  l'aide  du  filtre  :  c'est  de 
la  purpurogalline.  Le  liquide  clair  a  pris  la  teinte  brune  des  solutions  de 
sulfate  ferrique  des  laboratoires;  il  continue  à  se  troubler  et  dépose,  le  se- 
cond jour,  un  mélange  de  purpurogalline  et  de  tannomélanate  de  1er  et,  le 
troisième  jour,  du  tannomélanate  seulement. 

»  L'acide  tannomélaiiique  résulte  d'une  oxydation  qui  se  continue  par 
le  contact  de  l'air  atmosphérique,  car  on  voit  naître  à  la  surface  un  voile 
qui  se  brise  et  se  renouvelle;  on  démontre  d'ailleurs  aisément  le  fait,  en  em- 
prisonnant le  liquide  dans  une  fiole  mise  en  communication,  par  un  tube 
courbe,  avec  une  cloche  remplie  d'air  et  placée  sur  la  cuve  à  mercure. 

»  Toutefois  le  concours  de  l'air  n'est  pas  indispensable,  puisque,  en  ajou- 
tant, après  la  séparation  de  la  purpurogalline,  un  excès  de  sel  ferrosofer- 
rique,  l'oxydation  arrive  de  suite  à  son  terme,  et  le  liquide  qui  tient  en 
suspension  le  tannomélanate  est  brun  et  précipite  par  l'ammoniaque,  ainsi 
que  j'en  avais  déjà  fait  la  remarque  dans  l'oxydation  du  pyrogallol  par 
l'acide  iodique. 

»  L'action  de  l'ammoniaque  est  bien  différente  lorsqu'on  opère  pendant 
la  période  d'oxydation  lente,  après  la  séparation  de  la  purpurogalline.  On 
obtient  en  ce  cas,  par  des  traces  de  cet  alcali,  une  coloration  foncée  bleu- 
noir  qui,  par  dilution,  devient  d'un  beau  bleu  pourpré.  Il  est  indispensable, 
lorsqu'on  répète  cette  réaction,  de  veiller  à  la  quantité  d'ammoniaque 
étendue  que  l'on  ajoute ,  car  des  traces  en  plus  donnent  un  violet  analogue, 
comme  teinte,  au  violet  d'aniline;  une  quantité  un  peu  plus  grande  four- 
nit un  violet  améthyste;  une  quantité  plus  grande  encore  conduit  au 
rouge. 

»  Si  le  bleu  de  purpurogalline  est  très-fugace,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  ce  dernier,  dont  la  nuance  ne  varie  pas  d'un  jour  à  l'autre,  mais  qui 
s'oxyde  ensuite  pour  se  convertir  en  un  précipité  noir  de  tannomélanate 
de  fer. 

»  Pyro(jaUol  et  perchlorure  de  fer.  —  Le  perchlorure  ferrique  sirupeux 
brunit  la  solution  concentrée  de  pyrogallol  et  la  modifie  profondément 
avec  rapidité;  mais,  lorsque  ces  corps  sont  suffisamment  étendus  d'eau  et 
qu'on  emploie  un  léger  excès  de  ce  phénol,  la  liqueur,  dans  ces  conditions, 
passe  promptement  du  bleu  au  rouge  et  présente  les  phénomènes  généraux 
que  je  viens  d'indiquer. 

»  Ainsi,  que  l'on  ajoute  de  l'ammoniaque,  même  avant  l'apparition  de 
la  purpurogalline,  et  l'on  obtiendra  nettement,  par  des  additions  suc- 


(  SgS  ) 
cessives,  tontes  les  nuances  de  passage  du  bleu  au  rouge.  De  ce  rouge  vif, 
si  différent  de  la  teinte  première,  on  remonte  au  bleu  en  saturant  dans  la 
même  mesure  par  de  l'acide  acétique  :  le  liquide  est  alors  faiblement  acide 
au  papier.  Ces  réactions  sont  au  moins  curieuses,  puisque  ces  solutions, 
qui  rougissent  par  un  alcali  et  qui  bleuissent  par  un  acide,  présentent 
l'inverse  des  réactions  de  la  teinture  de  tournesol  et  de  celles  que  j'ai 
annoncées  comme  caractérisant  l'acide  érythrophénique. 

»  Toutefois  ini  excès  d'acide  acétique  fait  disparaître  le  bleu  :  le  liquide 
se  décolore  en  partie  et  prend  une  teinte  verdàtre;  mais,  en  saturant  par 
de  l'ammoniaque,  on  revient  au  bleu  pour  descendre  ensuite  la  gamme 
jusqu'au  rouge.  Quelque  peu  d'acide  chlorhydrique,  ajouté  à  la  couleur 
ammoniacale,  fait  retourner  à  la  nuance  primitive  rouge  du  mélange  de  sel 
ferrique  et  de  pyrogallol. 

))  Toujours  est-il  que,  par  l'action  de  l'acide  pyrogallique  sur  un  sel  fer- 
rique minéral  et  par  l'addition  d'ammoniaque,  qui  augmente  le  pouvoir 
colorant  de  la  combinaison,  on  peut  constater  des  traces  de  sel  ferrique 
dans  un  liquide.  En  effet,  une  liqueur  qui  renferme  i  centigramme  de 
perchlorure  de  fer  par  litre,  soito,oooi  par  centimètre  cube,  bleuit  d'une 
manière  fort  appréciable  par  le  pyrogallol,  puis  prend  une  teinte  rougeâtre 
et  enfin  se  colore  par  l'ammoniaque  très-manifestement  en  violet  plus  ou 
moins  rouge.  On  observe  les  mêmes  phénomènes  dans  une  liqueur  titrée 
contenant  5  milligrammes  de  percbloriue  de  fer  par  litre,  ou  o,ooooo5  par 
centimètre  cube.  En  opérant  sur  i  centimètre  cube  renfermant  celte  quan- 
tité impondérable  de  fer,  la  teinte  améthyste  est  encore  sensible  ;  mais  il 
me  semble  difficile  de  chercher  pratiquement  à  aller  au  delà  de  ce  degré 
de  sensibilité. 

»  Pyrogallol  et  cyanure  ferrique.  —  Lorsque,  à  la  solution  brune  de 
cyanure  ferrique,  obtenue  par  le  mélange  de  cyanure  rouge  et  de  chlorure 
ferrique,  on  ajoute  du  pyrogallol,  il  se  forme  un  précipité  bleu  foncé  qui 
se  dissout  dans  l'eau  quand  le  cyanure  rouge  a  été  employé  en  petit  excès. 
La  teinte  du  liquide  est  très-pure  et  persiste  indéfiniment.  On  sait,  d'ime 
part,  que  le  cyanure  ferrique  donne  du  bleu  par  les  agents  réducteius, 
tels  que  le  chlorure  stauneux  et  même  le  sulfate  ferreux,  et  que,  lorsque 
le  cyanure  rouge  qui  a  servi  à  la  préparation  domine,  on  obtient  des  bleus 
de  Turnbuhl  solubles,  le  simple  ou  le  stanné,  que  j'ai  obtenus  autrefois 
(Strasbourg,  1860)  et  décrits  dans  ma  Thèse  pour  le  doctorat  ès-sciences. 

»  Le  bleu  produit  par  le  pyrogallol  est-il  de  même  nature  que  le  ferri- 
cyanure  ferrosopotassiquePou  bien  les  éléments  du  pyrogallol  n'en  font-ils 

77-- 


(  596  ) 
point  partie  constituante  comme  l'élain  dans  mon  ferricyanure  stanno- 
ferrosopotassiqiie?  Cette  dernière  hypothèse  me  paraît,  en  attendant 
l'étude,  parfaitement  admissible;  car,  s'il  en  était  autrement,  si  les  élé- 
ments du  pyrogallol  oxydé  étaient  restés  libres,  la  couleur  rouge  qui 
suit  habituellement  l'oxydation  de  l'acide  pyrogaliique,  en  se  mélan- 
geant au  bleu  de  Turnbuhl  soluble,  n'eilt  pas  manqué  de  donner  un  vio- 
let pourpre. 

»  Voici  d'ailleurs  comment  l'ammoniaque  se  comporte  avec  ces  diffé- 
rents bleus  : 

»  L'ammoniaque  fournit,  avec  le  bleu  de  Turnbuhl  soluble  ou  ferricya- 
nure ferrosopotassique,  un  violet  un  peu  plus  rouge  qu'avec  le  bleu  de 
Prusse  soluble,  et  sa  destruction  par  un  excès  est  un  peu  plus  lente. 

»  Cette  même  base  produit,  avec  le  bleu  stanneux  soluble,  une  réaction 
que  je  regardais  comme  caractéristique  à  l'époque  où  je  l'obtins  :  une  goutte 
fait  virer  au  bleu  violacé,  quelques  autres  amènent  un  violet  aniline,  puis 
la  rougeur  se  prononce  de  plus  en  plus,  et  tout  disparaît  pour  ne  laisser 
que  la  rouille.  Une  seule  goutte,  si  le  bleu  est  assez  étendu,  suffit  pour  le 
faire  passer  lentement  par  toutes  ces  phases  (Strasbourg,  1860). 

»  Le  bleu  ferricyanopyrogallique,  bien  que  ne  renfermant  pas  d'étain, 
soit  qu'il  ait  une  constitution  moléculaire  analogue,  se  comporte  d'une 
façon  presque  semblable.  Il  vire  successivement  au  rouge  améthyste  par 
l'ammoniaque,  mais  reparaît  par  saturation  à  l'acide  acétique,  pour  rougir 
de  nouveau  par  l'alcali,  et  ainsi  de  suite. 

»  J'aurai  l'honneur  de  présenter  prochainement  à  l'Académie  la  suite  de 
mes  observations  sur  ce  sujet,  et  les  applications  qui  me  paraissent  en  dé- 
couler pour  la  teinture  et  pour  l'impression  des  tissus.  » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sur  te  spectre  de  ta  clitoroptiylte; 
par  M.  J.  Chautakd. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Conchtsions.  —  L  Le  spectre  de  la  chlorophylle  est  caractélisé  par  un 
certain  nombre  de  bandes  parmi  lesquelles  s'en  trouve  une,  dans  le  rouge, 
dont  les  propriétés  spéciales  suffisent  pour  distinguer  la  solution.  Les  qua- 
lités de  cette  bande  sont  :  la  settsibilité,  la  siirelé,  la  généralité. 

»  a.  Sensibilité,  \ydr  des  contours  nets,  une  position  fixe  et  une  perma- 
nence remarquable  au  travers  d'une  solution  étendue  à  moins  de  777^770- 

))   b.  Sûreté,  par  le  dédoublement  dont  elle  est   l'objet  sous  l'intluence 


(  597  ) 
des  alcalis,  caractère  qui  n'appartient  ni  aux  raies  du  sang,  ni  à  celles  de 
la  bile,  ni  aussi  à  celles  d'aucun  autre  liquide  organique. 

M  c.  Gcné)'alilé,  c'est-à-dire  que  cette  raie  apparaît  toujours  et  partout 
où  existe  la  chlorophylle  pure  ou  altérée. 

»  II.  La  chlorophylle  existe,  dans  les  végétaux,  sous  trois  états  différents 
qui  peuvent  être  parfaitement  reconnus  au  spectroscope  :  sur  les  feuilles 
de  récente  formation,  sur  les  feuilles  adultes,  sur  les  feuilles  mortes  ou 
détachées  du  végétal. 

»  a.  Sur  les  jeunes  feuilles  en  voie  d'épanouissement,  l'instabilité  des 
éléments  est  très-grande  et  se  reconnaît  à  l'apparition  de  bandes  acciden- 
telles temporaires,  sous  l'action  de  l'acide  chlorhydrique. 

»  b.  Dans  le  second  cas,  le  même  acide  fait  naître,  au  sein  de  la  so- 
lution alcoolique,  un  tout  autre  système  débandes,  que  je  nomme  bandes 
accidentelles  permanentes. 

»  c.  Enfin,  dans  les  solutions  alcooliques  de  feuilles  où  la  vie  a  dis- 
paru, ou  bien  dans  celles  de  chlorophylle  fraîche  qui  ont  subi  une  certaine 
altération,  les  bandes  accidentelles  permanentes  se  présentent  immédiate- 
ment sans  intervention  d'acide  chlorhydrique. 

,  M  III.  Comme  dernière  conséquence  de  l'analyse  spectrale  delà  chloro- 
phylle, disons  que  cette  substance,  si  facile  à  modifier  lorsqu'on  l'envisage 
au  point  de  vue  physiologique,  est  au  contraire  beaucoup  moins  altérable 
qu'on  ne  le  croit  généralement.  Elle  résiste  à  l'action  de  l'iode,  des  acides, 
des  alcalis,  du  travail  digestif,  et  conserve,  sous  l'influence  de  ces  agents, 
sinon  sa  composition  et  ses  aptitudes  primitives,  du  moins  des  caractères 
qui  permettent  de  la  retrouver  au  sein  des  mélanges  les  plus  complexes, 
les  plus  variés  et  après  un  laps  de  temps  considérable. 

»  Si  la  teinture  alcoolique  est  détruite  assez  rapidement  à  l'air  et  surtout 
à  la  lumière  solaire,  les  solutions  huileuses  opposent  à  ces  mêmes  agents 
une  force  de  résistance  très-remarquable,  dont  nous  avons  fait  ressortir 
les  conséquences  dans  certaines  questions  de  philosophie  naturelle.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  l'étal  du  volcan  de  Nisiros  au  mois  de  mars  1873.  Note 
de  M.  H.  GoRCEix,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

B  L'île  de  Nisiros  est  située  à  peu  de  distance  de  l'extrémité  sud  d'une 
ligne  dirigée  à  peu  près  du  nord-nord-est  au  sud-sud-ouest,  et  presque  perpen- 
diculaire à  l'axe  volcanique  de  la  Méditerranée.  Autour  de  cette  ligne  sont 


(  598  ) 
groupées,  depuis  Chio  jusqu'à  Rhodes,  un  certain  nombre  des  îles  des  Spo- 
rades  soumises  à  des  tremblements  de  terre  presque  continuels.  Le  com- 
mencement de  1873  a  été  signalé  par  une  recrudescence  dans  la  violence 
des  secousses;  mais,  presque  toutes  étant  horizontales,  aucun  dégât  notable 
ne  s'est  produit.  Chio,  Samos,  Rhodes  ont  eu  souvent  à  déplorer  des  désastres; 
Cos,  Nisiros  et  les  îles  voisines  n'ont  jamais  beaucoup  souffert. 

»  Nisiros  est  pourtant  un  centre  volcanique  analogue  à  Santorin.  Sa 
constitution  est  complètement  volcanique;  elle  est  formée  par  des  laves 
sorties  du  cratère  qui  en  occupe  le  centre.  Strabon  (liv.  X,  p.  373)  parle 
de  sa  formation  mythologique  et  des  eaux  chaudes  qu'elle  possède.  Ross, 
vers  1840,  l'a  visitée;  il  signale  les  soufrières  indiquées  sur  la  carte  de 
Brook  et  les  phénomènes  dont  elles  sont  le  siège.  Sangrèbe,  dans  son 
Histoire  nalnrelle  des  volcans  (F*  partie,  p.  248-2/I9),  ue  fait  que  citer  la  re- 
lation de  Ross.  Depuis  Brook,  l'état  et  la  situation  des  soufrières  a  notable- 
ment changé,  et,  lors  de  mon  voyage  aux  mois  de  mars  et  d'avril  1 873,  cette 
partie  de  la  carte  ne  représentait  plus  la  configuration  actuelle  de  cette  por- 
tion du  cratère  primitif".  Celui-ci  a  la  forme  d'une  ellipse  dont  le  grand  axe, 
dirigé  du  nord-ouest  au  sud-est,  a  environ  aSoo  mètres  de  longueur,  et  le 
petit  de  800  à  1000  mètres.  Les  bords  du  cratère,  couverts  d'un  amoncel- 
lement de  laves  brisées,  disloquées,  sont  terminés  par  des  crêtes  aiguës  s'é- 
levantà  des  hauteurs  de  600,  700,  800  mètres,  sauf  du  côté  sud,  où  il  existe 
une  dépression.  La  peote  du  côté  de  la  mer,  quoique  rapide,  permet  de 
faire  partout  l'ascension  des  pics  les  plus  élevés,  mais  les  parois  internes 
sont  taillées  à  pic,  et  la  descente  n'est  praticable  que  par  un  petit  nombre 
de  sentiers.  Le  fond  du  cratère  est  à  i3o  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer;  il  est  recouvert  d'une  couche  de  terre  provenant  de  la  décomposition 
des  roches  et  forme  un  vaste  cirque  couvert  d'arbres  et  de  cultures. 

»  L'extrémité  sud-est,  sur  une  étendue  peu  considérable,  est  occupée  par 
des  fumerolles  aqueuses  trèa-actives.  Tout  autour,  la  lave  a  été  altérée  et 
transformée,  comme  à  Pouzzoles,  en  une  argile  kaolinique  blanche. 

»  Sur  la  paroi  nord-est,  quelques  fumerolles  se  montrent  encore  à  une 
hauteur  de  i5o  mètres.  Leur  situation  a  varié,  comme  le  montrent  les  ta- 
ches blanches  qui  indiquent  les  points  où  la  roche  a  été  attaquée. 

»  La  paroi  sud-ouest,  au-dessous  du  village  de  Nikia,  est  profondément 
rongée,  bien  qu'il  n'y  ait  plus  trace  d'émanations,  qui  sont  surtout  groupées  à 
l'est.  Ces  fumerolles  forment  deux  centres  d'émanations,  situés  à  aSo  mètres 
l'un  de  l'autre  et  occupant  le  fond  de  deux  petits  cratères  d'âges  différents, 
mais  de  formation  récente  par  rapport  au  cratère  principal  de  l'île.  Le  plus 


(  599) 
ancien  des  deux  occupe  un  réservoir  circulaire,  sans  rebords  extérieurs,  de 
I  4o  mètres  de  diamètre  et  de  lo  à  12  mètres  de  profondeur 

»  Les  fumerolles,  qui,  au  dire  des  habitants,  diminuent  d'activité,  depuis 
dix  ans,  y  sont  groupées  autour  d'un  diamètre  dirigé  de  l'est  à  l'ouest. 
Leur  température  est  partout  supérieure  à  loo  degrés;  les  pluies  d'hi- 
ver s'accumnlant  dans  cette  cavité  peuvent  la  transformer  en  un  petit 
lac  sulfureux,  dont  la  température  atteint  bientôt  celle  de  l'eau  bouillante. 
Des  jets  de  gaz  et  de  vapeur  d'eau  s'échappent  par  de  nombreux  oriGces, 
autour  desquels  des  cristaux  de  soufre  forment  de  petites  cheminées;  le  sol 
est  partout  imprégné  d'acide  sulfurique.  Plusieurs  essais  faits  sur  place  ont 
donné,  pour  composition  de  ces  fumerolles  : 

Hydrogène  sulfuré 65 

Acide  carbonique. 3o 

Oxygène o  ,4 

Résidu 45*^ 

»  Le  résidu  n'a  pu  brîiler,  mais  l'essai  était  trop  grossier  pour  conclure 
à  la  non-existence  de  gaz  combustibles;  une  analyse  complète,  avec  le  gaz 
recueilli  dans  les  tubes,  résoudra  la  question.  L'absorption  par  l'eau  d'un 
peu  d'acide  carbonique,  pendant  l'essai  par  l'acétate  de  plomb,  a  pu  aug- 
menter le  chiffre  trouvé  poia'  l'hydrogène  sulfuré. 

»  Pendant  que  l'activité  volcanique  diminuait  en  ce  point,  elle  augmen- 
tait d'une  manière  sensible  dans  la  seconde  solfatare.  Celle-ci  est  entourée 
de  parois  coupées  à  pic  à  l'intérieur  et  s'inclinant  en  pente  rapide  à  l'exté- 
rieur. Au  nord,  ces  rebords  se  confondent  avec  les  roches  du  cratère  pri- 
mitif; sur  les  autres  côtés,  ils  sont  formés  de  fragments  de  laves  profondé- 
ment altérées  et  soulevées  à  des  hauteurs  de  5o  à  60  mètres,  délimitant 
ainsi  un  petit  cratère  de  forme  irrégulière.  Partout  y  existent  des  fumerolles, 
dont  l'activité  est  surtout  considérable  sur  les  parois  internes.  La  tempéra- 
ture est  de  90  à  100  degrés  à  la  surface;  à  une  petite  profondeur,  elle  at- 
teint 1 10  à  1 15  degrés. 

»  Deux  de  ces  fumerolles  sont  surtout  remarquables.  L'une  est  située  à 
5o  mètres  de  la  paroi  est.  D'un  trou  circulaire  de  2  mètres  de  diamètre 
s'échappent  avec  violence  des  torrents  de  gaz  et  de  vapeur,  s'élevant  en  tour- 
billons blancs  à  une  hauteur  de  plus  de  100  mètres.  La  seconde  est  placée 
au  fond  d'un  entonnoir  adossé  à  la  paroi  sud;  les  vapeurs  qui  s'en  échap- 
pent sont  aussi  considérables  que  dans  la  première,  mais  leur  violence  est 
moindre.  L'une  et  l'autre  n'existent  que  depuis  une  année. 

»   Les  dégagements  latéraux  ont  aussi   une  grande  action;  ils  forment 


77 

74 

7I77 

70 

i8 

21  ,6 

24 

25,3 

0,4 

0,4 

0,4 

0.4 

4,6 

3,7 

3,9 

3,8 

(  Coo  ) 

une  multitude  de  petits  fours  à  soufre,  substance  se  présentant  en  amas 
assez  importants  tout  autour  d'eux. 

»  Les  analyses  suivantes  ont  été  faites  sur  place,  à  trois  jours  d'inter- 
valle, sur  deux  fumerolles  a  et  è  de  la  paroi  sud. 

Hydrogène  sulfuré 74 

Acide  carbonique 21 ,6 

Oxygène 0,4 

Résidu 4 

100  100  99,7      100,0       99,5 

u  Le  résidu  a  brvilé  en  produisant  une  petite  détonation. 
»  Les  gaz  de  la  fumerolle  centrale  sont  mélangés  d'une  grande  quantité 
d'air;  la  proportion  d'hydrogène  sulfuré  est  moindre  que  dans  les  précé- 
dentes :  on  y  trouve  23  d'hydrogène  sulfuré  pour  77  d'acide  carbonique. 
»  En  1871,  à  la  fin  du  mois  de  novembre,  d'après  les  renseignements 
recueillis  dans  l'île  même,  ces  solfatares  avaient  été  le  siège  de  phénomènes 
beaucoup  plus  actifs. 

»  A  la  suite  d'un  violent  tremblement  de  terre,  les  habitants  des  villages  de  Nisiros  en- 
tendirent des  détonations  comparables  à  une  suite  de  coups  de  tonnerre;  des  flammes  rouges 
et  jaunes  s'élevèrent  plus  haut  que  l'île  au-dessus  des  points  où  il  existait  déjà  auparavant 
quelques  fumées,  des  pierres  passèrent  en  sifflant  au-dessus  des  pics  les  plus  élevés,  pour 
aller  tomber  dans  la  mer;  les  champs  au  fond  du  cratère  primitif  furent  couverts  d'une 
poussière  blanche;  la  même  nuit,  les  deux  grandes  fumerolles  s'ouvrirent,  et,  depuis  cette 
époque,  elles  n'ont  pas  cessé  de  vomir  des  vapeurs. 

»  C'est  à  la  suite  de  cette  éruption  qu'a  été  modifiée  la  solfatare  indi- 
quée dans  la  carte  de  Erook,  et  elle  s'est  confondue  avec  le  second  cratère. 

»  L'île  possède,  au  bord  de  la  mer,  un  certain  nombre  de  sources  mi- 
nérales situées  à  l'extrémité  de  couches  de  laves.  La  première  jaillit  dans  la 
mer,  au  sud-ouest  du  village  de  Nikia;  sa  température  est  deo°,55,  bien 
qu'il  y  ait  certainement  mélange  d'eau  de  mer.  La  seconde  est  située  au  cap 
Pétrodi;  une  troisième,  à  pei\  de  distance  au  nord  du  village  de  Mandraki. 

»  A  une  heure  du  cap  Soutro,  des  dégagements  de  vapeur  d'eau  mé- 
langée d'un  peu  d'acide  carbonique  s'effectuent  au  milieu  des  rochers;  la 
température  varie  de  3o  à  35  degrés;  un  petit  établissement  de  bains  a 
permis  de  les  utiliser. 

»  Tout  autour  de  Nisiros,  existent  un  certain  nombre  d'îlots  de  même 
nature  :  Hyali,  situé  à  3  milles  au  nord,  est  le  plus  curieux  et  le  plus  im- 
portant de  ces  îlots;  à  l'extrémité  de  la  pointe  est,  quand  la  mer  est  très- 
calme,  on  peut  voir  un  dégagement  gazeux. 


(  <''Oi    ) 
»  Cos,  placé  à  8  milles  nord  de  Nisiros,  possède  deux  petites  solfatares, 
dont  l'une  est  remarquable  par  un  dégagement  gazeux  très-abondant  et 
présentant  la  composition  suivante  : 

Hydrogène  sulfuré 8,6 

Acide  carbonique 9°  >  2 

Résidu  (azote) i  ,2 

»  Le  dépôt  de  soufre  est  très-peu  important;  une  source  considérable 
d'eau  ferrugineuse,   légèrement  sulfurée,  jaillit  à  quelque  distance. 

))  Telle  était  la  situation  du  volcan  de  Nisiros,  aux  mois  de  mars  et 
d'avril  1873.  Depuis  les  temps  historiques,  aucune  éruption  avec  coulée  de 
lave  n'avait  eu  lieu;  des  maisons  avaient  été  bâties  au  fond  du  cratère, 
plusieurs  à  côté  même  des  solfatares.  Le  gouvernement  turc  songeait  à 
tirer  parti  du  soufre;  quelques  renseignements  m'avaient  été  demandés  par 
les  autorités  du  pays  sur  l'établissement  d'une  pareille  exploitation.  Dans 
ma  réponse,  je  signalais  les  chances  que  l'on  avait  de  voir  l'établissement 
bouleversé  par  une  nouvelle  éruption  ;  ces  prévisions  semblent  avoir  été 
confirmées.  Une  Note,  insérée  au  Journal  officiel  du  1 5  juillet  1873,  p.  4739, 
annonce,  en  effet,  que  le  volcan  de  Nisiros  est  entré  en  activité  : 

«  Une  dépêche  de  VHélion,  en  relâche  à  Chanak,  dans  les  Dardanelles,  annonce  qu'une 
éruption  a  eu  lieu  dans  l'île  de  Nisiros,  l'une  des  Sporades,  sur  l'emplacement  d'un  ancien 
volcan.  Vers  le  10  juin,  de  nouveaux  cratères  se  sont  ouverts  et  ont  vomi  des  cendres, 
des  pierres  et  de  la  lave;  le  sol  en  a  été  couvert  sur  une  étendue  considérable;  mais 
heureusement  personne  jusqu'ici  n'a  péri.  De  nombreuses  crevasses  se  sont  formées 
sur  la  pente  de  la  montagne,  d'oîi  ont  coulé  des  eaux  chaudes.  L'île  était  chaque  jour 
ébranlée  par  des  tremblements  de  terre,  qui  ont  jeté  la  terreur  parmi  les  habitants.  Les 
chocs  ne  se  sont  pas  étendus  aux  îles  voisines;  mais  on  distinguait  très-bien  de  Rhodes  la 
fumée  du  cratère.   » 

»  Une  lettre,  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Missir,  agent  consulaire 
de  France  à  Samos,  confirme  cette  dépêche.  Le  9  aoiit,  un  témoin  oculaire 
avait  quitté  l'île  et  avait  rapporté  à  M.  Missir  que,  continuellement,  le 
volcan  vomissait  des  cendres,  des  pierres  et  de  l'eau  qui  cristallisait  [sic).  Il 
semble  donc  que  l'éruption  durait  encore  au  commencement  d'août.  » 

VITICULTURE.  —  Réclamation  de  priorité^  à  propos  de  l'emploi  du  sulfure  de 

carbone  contre  le  Phylloxéra.  Lettre  de  M.  E.  de  Laval  à  M.  le  Président. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

«  Je  trouve  dans  le  Compte  rendu  du   aS  aoîit  dernier  une  Lettre  de 

M.  Dumas,  annonçant  qu'on  a  enfin  trouvé,  dans  le  département  de  l'Hé- 

C.  R.,  1873,  2*  Semestre.  (T,  LXXVII,  N»  10.)  7^ 


(   602    ) 

ranlt,  un  remède  contre  les  ravages  du  Phylloxéra.  Le  procédé,  attribué  à 
MM.  Monestier,  d'Ortoman  et  Lautaud  consiste  à  pratiquer,  autour  de 
chaque  cep,  trois  trous  dans  lesquels  on  verse  du  sulfure  de  carbone  à 
l'aide  d'un  entonnoir,  puis  on  recouvre  le  trou  avec  de  la  terre.  Ce  mode 
de  destruction  du  puceron  a  obtenu  un  plein  succès  aux  environs  de  Mont- 
pellier. 

»  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  un  numéro  du  Paris-Journal, 
en  date  du  aS  septembre  1872  (c'est-à-dire  remontant  à  près  d'une  an- 
née) dans  lequel,  sous  le  titre  de  «  Mode  économique  d'application  des 
liquides  curatifs  de  la  vigne  »,  j'ai  indiqué  exactement  le  même  procédé 
général  d'emploi,  et  j'ai  conseillé  deux  liquides  au  nombre  desquels  figure 
le  sulfure  de  carbone. 

»  Mon  article  a  été  reproduit  par  plusieurs  journaux,  et  notamment  par 
le  Paysan,  feuille  d'agriculture  pratique  qui  se  publie  à  Lyon  et  compte 
un  très-grand  nombre  d'abonnés  dans  le  midi  de  la  France.  C'est  peut-être 
ainsi  que  mon  procédé  a  trouvé  des  expérimentateurs  dans  le  département 
de  l'Hérault. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  est  naturel  que  je  revendique  la  priorité  de  l'in- 
vention, aujourd'hui  surtout  que  l'Académie,  par  l'organe  de  M.  Dumas, 
constate  le  succès. 

»  En  conséquence,  je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  renvoyer  ma  ré- 
clamation à  la  Commission  du  Phylloxéra.  » 

M.  West  adresse  une  Note  concernant  l'utilité  de  l'étude  des  volumes 
des  équivalents  chimiques,  qu'il  a  entreprise. 

«  ...  Les  volumes  des  substances  inégalement  dilatables  présentent  des 
rapports  qui  changent  à  chaque  température,  c'est-à-dire  des  rapports 
simplement  accidentels,  tandis  que  les  volumes  des  substances  également 
dilatables  présentent  seuls  des  rapports  invariables  et,  par  suite,  des  rap- 
ports comparables  avec  précision. 

»  On  peut  réaliser  la  condition  de  rendre  deux  substances  également 
dilatables,  moyennant  qu'on  abaisse  suffisamment  la  température  de  la 
substance  la  plus  dilatable,  ou  bien  qu'on  élève  suffisamment  la  tempéra- 
ture de  la  moins  dilatable.  C'est  entre  les  volumes  dilatés  ou  contractés 
par  ces  changements  de  température  qu'on  doit  effectuer  la  comparaison. 

»  Les  conséquences  numériques  de  ce  qu'on  a  réalisé  entre  deux  sub- 
stances d'égale  dilatabilité  ne  sont  aujourd'hui  susceptibles  d'être  men- 


{  6o3  ) 

tionnées  que  pour  les  substances  relativement  auxquelles  on  a  étudié  les 
relations  entre  les  températures  et  les  volumes. 

»  On  n'a  encore  fait  ce  genre  d'études  que  sur  peu  de  corps;  mais  ces 
études,  bien  qu'en  petit  nombre,  ont  suffi  à  l'auteur  pour  remonter  des 
volumes  des  équivalents  des  corps  composés  à  ceux  des  corps  simples,  ce 
qui  lui  a  permis  de  reconnaître  une  partie  des  lois  qui  régissent  ces  derniers; 
autrement  dit,  de  fixer  les  volumes  théoriques  des  équivalents  des  corps 
simples,  volumes  correspondant  à  une  dilatabilité  type,  et  à  l'aide  de  ces 
volumes  élémentaires  on  détermine  les  volumes  théoriques  des  équivalents 
des  corps  composés....  » 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  la  Commission  déjà  nommée  pour 
examiner  le  travail  de  M.  West;  cette  Commission  la  transmettra  elle- 
même,  ^'il  y  a  lieu,  à  la  Commission  administrative. 

M.  Cazauran  adresse  une  Note  relative  aux  mesures  à  prendre  contre  la 
propagation  du  Phylloxéra. 

M.  Leboiî  adresse  deux  Notes  concernant  l'emploi  du  gaz  d'éclairage  ou 
de  la  vapeur  de  soufre  contre  le  Phylloxéra. 

M.  VicAT  adresse  une  Note  relative  à  un  instrument  formant  tarière, 
qu'il  a  construit  spécialement  pour  introduire  les  substances  insecticides 
jusqu'aux  racines  de  la  vigne. 

Ces  diverses  Communications  seront  transmises  à  la  Commission  du 
Phylloxéra. 

M.  E.  DccHEMiN  envoie  un  spéchnen  de  la  boussole  circulaire  au  sujet 
de  laquelle  il  a  adressé  une  Note  à  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Ed.  Gouriet  adresse,  de  Niort,  un  Mémoire  portant  pour  titre  «  Re- 
marques sur  les  membres  postérieurs  des  Phoques  et  sur  l'extrémité  cau- 
dale des  Cétacés.  » 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  de  Lacaze-Duthiers.) 

M.  A.  Barbier  adresse,  de  Gujan  (Gironde),  une  Note  concernant  les 

78.. 


(  6o4  ) 
principes  qui  lui  paraissent  devoir  présider  à  la  classification  des  familles 
dans  le  règne  animal. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  E.  Blanchard. 

M.  J.  Billet  adresse,  de  Lyon,  un  Complément  à  ses  Communications 
précédentes,  concernant  la  navigation  aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  INote  relative  au  télescope  catadioptrique 
binoculaire. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  Hena  adresse  une  Note  relative  à  des  concrétions  trouvées  dans  les 
terrains  de  Saint-Brieuc. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  Bommée.) 

M.  B.  Constant  adresse  une  Note  concernant  la  transmission  des  dépê- 
ches par  des  tubes  pneumatiques. 

(Commissaires  :  MM.  ïresca,  Resal.) 

M.  C.-M.  Mathey  adresse,  de  Plombières  (Vosges),  une  Note  relative  à 
son  procédé  d'application  de  la  force  du  vent  à  la  vapeur. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  le  Seckétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  H.  Gérardin,  intitulé  «  Théorie  des  moteurs  hy- 
drauliques; applications  et  travaux  exécutés  pour  l'alimentation  du  canal 
de  l'Aisne  à  la  Marne  par  des  machines  »  (Renvoi  au  Concours  du  prix 
Dalmont); 

2"  Trois  ]Mémoires  de  I\[.  Max.  Marie,  intitulés  «  Sur  quelques  propriétés 
générales  de  l'enveloppe  imaginaire  des  conjuguées  »,  «  Déternnnation  du 
point  critique  où  est  limitée  la  convergence  de  la  série  de  Taylor  »  et  «  Dé- 


(  6o5  ) 

terminalion  du  périmètre  de  la  région  de  convergence  de  la  série  de 
Taylor  »  (Ces  documents  sont  renvoyés,  conformément  au  désir  exprimé 
par  l'auteur,  à  la  Commission  du  prix  Poncelet)  ; 

3°  Une  brochure  de  M.  Mourelte,  portant  pour  litre  «  Question  du  ton- 
nage; Note  sur  la  nouvelle  base  de  perception  des  droits  du  canal  de 
Suez  »; 

4°  Le  second  Mémoire  de  M.  Fan  der  Mensbrur/glie,  sur  la  tension  su- 
perficielle des  liquides,  considérée  au  point  de  vue  de  certains  mouve- 
ments observés  à  leur  surface. 


ASTRONOMIE.  —  Épliéinéride  de  la  comète  à  compte  période  de  Brorsen  calculée 
par  M.  W.  Plummer,  d'après  les  éléments  de  M.  Hind,  communiquée  par 
M.  Le  Verrier. 

i5'',  temps  moyen  de  Greenwich. 


1873. 

Asc.  droite. 

Dist.  polaire. 

h         m      9 

"         r 

Août  26.  .  . 

6.28.38 

y3-57,9 

27... 

34.22 

93.41,0 

28... 

40.  10 

93.23,6 

29.  .  . 

46.     2 

93.  6,0 

3o... 

51.57 

92.48,0 

3i... 

6.57.56 

92.29,8 

Sept.     I .  .  . 

7.  3.58 

92. 1 1 ,2 

2.  . . 

10.  4 

91.52,4 

3... 

i6.i3 

91 .33,3 

1873. 

Asc.  droite. 

Dist.  polaire 

b         m      8 

0       t 

Sept.   4.  .  . 

7 . 22 . 26 

91.14,1 

5... 

28.4. 

90.54,6 

6... 

35.   0 

90.34,9 

7... 

4i  .21 

90.14,9 

8... 

47-45 

89.54,9 

9... 

7  54.12 

89.34,7 

10.  .  . 

8.  0.41 

8g.i4,3 

II... 

8.   7.12 

88.53,8 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  comète  de  Brorsen  et  la  comète  de  Faye,  retrouvées 
à  l'Observatoire  de  Marseille.  Note  de  M.  E.  Stephan,  communiquée 
par  M.  Le  Verrier. 

Comète  V,  1873.  {Comète  de  Brorsen,  retrouvée  h  l'Observatoire  de  Marseille, 
par  M.  E.  Stephan,  dans  la  nuit  du  3i  tiout  au   i'"'  septembre   1873.) 

Ascension  droite  Distance  polaire        Etoile 

T.  m.  de  Marseille.         do  la  c(aiiète.  de  la  comète.        de  comp.         Observ. 


1873. 
Septembre  i.  i5''57'"3i 


Stephan. 


7''6"'32-,o3  9i<'54'3i",2  a 

Position  moyenne  de  f étoile  de  comparaison  pour   1873,0. 
Étoiledecomp.  Grandr.     Asc.  droite.  Dist. polaire.  Autorité. 

a...   177  W.  (anc.  cat.)  H.  VII       9°       7''7'"9%69       9i''5i'49",7       Cat.  Weisse. 
«   La   comète   a  l'apparence  d'une   nébulosité  ovoïde,   diffuse,  d'une 


(  GoG  ) 

excessive  faiblesse,  avec  une  trace  de  condensation  vers  la  partie  centrale. 
L'observation  est  très-difficile. 

Comète  VI,   iS'jS.  [Comète  de  Faye,  retrouvée  à  /'Observatoire  de  Marseille, 

par  M.  E.  Stephan,  dans  la  nuit  du  3  au  4  septembre  iS^S.) 

CoiTf'ct.  du  Jahrbuck 
(Obs.  cale.) 
Temps  moyen       Asc.  droite  Dist.  polaire       Etoile  ^ — -^  „  — -^ 

1873.  de  Marseille,      de  la  comète.  de  la  comète,     decomp        Observ.  en  iR.  en  P. 

Sept.  3.      i6''9'"3'      7''o"48s37      74°i2'33",8o      b       E.  Steplian.    -t-o%48      -4".8 

Position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison  pour   1873,0. 
Étoile  de  comp.  Grande.     Asc.  droite.  Dist.  jiolaire.  Aiilorilé. 

b i5  W.  (n.  c.)  H.  VII.       g"       7''3™4s5i       74"ii'i8",i       Cat.  de  AVeisse. 

»  La  comète  est  excessivement  faible,  très-petite,  mais  avec  un  petit 
noyau  bien  net,  qui  rend  l'observation  facile.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Nouvelles  observations  relatives  à  In  présence  du 
inaqnésium  sur  le  bord  du  Soleil,  et  réponse  à  quelques  points  de  la  théorie 
émise  par  M.  Faye.  Note  de  M.  Tacchini. 

<t  Palerrae,  27  août  1873. 

»  Comme  suite  à  ma  Communication  insérée  aux  Comptes  rendus  du 
3o  juin,  je  crois  devoir  présenter  à  l'Académie  le  complément  des  obser- 
vations faites  sur  la  raie  b  et  la  raie  i474^  au  bord  du  Soleil.  Voici  les 
nombres  des  positions  observées  chaque  jour  : 


1873. 

Magnésium. 

./|,4A. 

1873. 

Magnésium. 

■47^'î-- 

1873. 

Magnésium. 

.474  A. 

Juin  20. . 

54 

56 

Juin.  9.. 

.       58 

59 

Juin. 29. . 

.         54 

58 

11. . 

60 

60 

11.. 

.       53 

58 

3o.. 

5i 

58 

22. . 

57 

59 

i3.. 

.       48 

49 

3... 

.       60 

60 

23.. 

Go 

60 

14.. 

.       53 

54 

Août    !.. 

.           32 

40 

26.. 

39 

39 

i5.. 

26 

44 

0. 

.       48 

53 

27.. 

47 

5i 

16. 

.       60 

60 

3.. 

55 

57 

28.. 

49 

57 

18.. 

.       54 

57 

6.. 

.       53 

58 

29.. 

49 

5? 

19.. 

.       56 

58 

9-- 

.           52 

55 

3o.. 

5i 

58 

21 . 

•       43 

48 

lO.. 

.       53 

58 

Juin.  2.. 

.     36 

40 

24.. 

32 

39 

i5.. 

.       56 

58 

5.. 

59 

59 

25.. 

.       55 

59 

16.. 

.       51 

56 

6.. 

53 

54 

26.. 

.          53 

55 

26.. 

.     46 

5o 

•:■■ 

58 

58 

28.. 

.     46 

5i 

27.. 

60 

60 

»  Comme  j'ai  eu  le  soin  de  prendre  seulement  les  jom-s  où  le  ciel  était 
très-clair  et  l'air  tranquille,  ou  certains  jours,  comme  le  27  août,  dans  les- 


(6o7) 
quels,  l'air  étant  troublé,  on  distinguait  cependant  le  magnésium  avec  une 
parfaite  netteté,  il  est  évident  que  les  différences  offertes  par  les  nombres 
ci-dessus  dépendent  vraiment  de  la  différence  de  distribution  des  vapeurs 
le  long  du  bord,  laquelle  est  très-variable  et  indépendante  de  la  position 
du  disque.  Quant  à  la  fréquence,  comparée  à  celle  de  l'année  dernière, 
elle  me  semble  bien  plus  grandej  car,  dans  le  mois  de  juillet  1872,  on 
trouve  cinq  jours  avec  le  nombre  des  positions  surpassant  cinquante,  tandis 
que,  en  juillet  iSyS,  nous  on  avons  quatorze.  Les  observations  du  mois 
d'août  montrent  encore  ime  constance  extraordinaire  du  maximum.  La 
raie  i474  ^  accompagne  toujours  les  raies  b,  mais  donne  un  nombre  de  posi- 
tions presque  toujours  plus  grand,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  des  positions  où  on 
la  distingue,  tandis  que  le  magnésium  n'est  pas  visible,  circonstance  qui 
me  semble  indiquer  qu'elle  n'appartient  pas  aux  raies  du  fer,  qui  est  bien 
plus  lourd  que  le  magnésium. 

»  J'ajouterai  quelques  mots  au  sujet  de  la  dernière  Note  de  M.  Faye. 
L'illustre  astronome  se  préoccupe  vivement,  en  voyant  s'accroître  le 
nombre  des  adversaires  de  sa  théorie,  et  je  le  comprends;  mais  ce  que  je 
n'ai  pas  compris,  c'est  le  rôle  qu'il  fait  jouer  à  mes  critiques  à  l'égard  de 
MM.  Zôllner  etTarry.  Quant  à  moi,  je  ne  puis  pas  admettre  queMM.  Zôllner 
et  Tarry  aient  accepté  mes  conclusions  aussi  inconsidérément  que  semble 
le  croire  M.  Faye;  je  suis  bien  certain,  et  l'on  aurait  grand  tort  de  soup- 
çonner le  contraire,  que  ces  deux  savants,  avant  de  se  prononcer,  auront 
dû  s'occuper  sérieusement  du  travail  de  M.  Faye,  ainsi  que  de  mes  obser- 
vations et  des  critiques  que  j'en  ai  dédnites,  en  sorte  que  l'opposition  qu'ils 
ont  faite  à  la  théorie  des  cyclones  n'est  pas  une  acceptation  aveugle  de  mes 
conclusions. 

»  Quant  à  moi,  pour  répondre  à  M.  Faye,  j'aurais  de  nouvelles  obser- 
vations à  lui  présenter  :  ainsi,  hier,  sur  le  bord  occidental,  j'ai  trouvé 
de  belles  facnles  entre  45  et  58  degrés,  sans  taches  ni  trous.  Elles  devaient 
être  sur  le  bord  le  matin  suivant,  et,  en  considération  de  leurs  carac- 
tères, je  m'attendais  à  avoir  un  spectre  métallique.  En  effet,  ce  matin, 
quoique  le  ciel  fût  très-brumeux,  j'ai  trouvé  le  spectre  métallique  assez 
intense.  Je  pourrais  répéter  ici  mes  raisonnements,  qui  me  conduiraient 
rigoureusement  aux  mêmes  conclusions;  je  pourrais  y  ajouter  d'autres 
observations  et  d'autres  dessins,  mais  tout  cela  serait  inutile;  car  l'illustre 
académicien  répondrait  tout  simplement  en  disant  :  «  Quant  à  ses  observa- 
tions, je  suis  loin  de  les  contester;  leur  parfait  accord  avec  ma  théorie  me  dis- 
pense d'ailleurs  de  les  rappeler.  » 


(  r.o8  ) 

»  En  ce  qui  concerne  les  pénombres,  M.  Faye  anrait  raison  si  les  pénom- 
bres (Irins  les  taches  solaires  étaient  semblables  à  îles  anneaux  très-minces, 
montrant  des  filets  nidimentaires  de  la  facu'.e;  mais,  au  contraire,  la  pé- 
nombre est  presque  toujours  très-large,  et  beaucoup  de  ses  langues  ou  cou- 
rants vont  jusqu'au  fond,  partageant  et  segmentant  les  noyaux  d'une  ma- 
nière tout  à  fait  contraire  à  ce  que  font  les  cyclones.  Par  conséquent,  il 
y  a  bien  lieu  de  s'étonner  que,  dans  634  observations  de  taches,  9  seule- 
ment présentent  des  indices  d'un  mouvement  tourbillonnant!  Les  tourbil- 
lons n'existent  que  dans  un  nombre  de  cas  très-restreint,  et,  quand  le 
tourbillon  se  forme,  la  pénombre,  sans  perdre  ses  caractères  ordinaires, 
prend  une  disposition  spirale  conforme  au  sens  du  tourbillon. 

»  M.  Faye  me  fournit  le  moyen  plus  sûr  de  mettre  en  défaut  sa  théorie.  Je 
le  prierai  de  vouloir  bien  donner  un  coupd'œil  à  la  Table  XVII  des  Meinoiie  ; 
il  pourra  constater  que  les  dessins  des  taches  qu'il  a  déjà  invoquées  en  faveur 
de  sa  théorie  lui  sont  contraires,  car  ils  montrent  des  mouvements  opposés 
dans  les  fig.  5  et  9,  tandis  que  les  taches  étaient  dans  le  même  hémisphère. 
Mais  supposons  encore,  en  faveur  de  M.  Faye,  que  mon  observation  soit 
fausse;  la  question  resterait  toujours  la  même,  car  je  n'ai  jamais  dit  que  les 
tourbillons  ne  se  présentent  jamais;  au  contraire,  j'ai  démontré  leur  exis- 
tence par  l'observation.  Je  n'ai  jamais  dit  qu'ils  doivent  se  former  contrai- 
rement aux  lois  indiquées  par  M.  Faye,  mais  j'ai  seulement  chercbé  à 
démontrer  que  les  tourbillons  n'existent,  dans  les  taches,  que  dans  des  cas 
très-rares  :  mes  observations  et  mes  conclusions  ont  obtenu  l'approbation 
de  quelques  autres  savants,  et  voilà  tout. 

»  Quant  au  second  point,  je  me  permettrai  de  dire  à  l'illustre  astronome 
qu'il  n'y  a  pas  de  méprise  :  son  dessin  et  les  expressions  si  claires  qui 
l'accompagnent  m'auraient  plus  qu'autorisé  à  prendre  en  considération 
la  couronne  de  protubérances  régulières,  et  même,  sans  le  dessin,  c'est 
une  conséquence  naturelle  des  courants  ascendants  de  M.  Faye  tout  autour 
du  tourbillon.  La  symétrie,  comme  la  fait  intervenir  M.  Faye,  n'a  aucune 
importance,  c'est-à-dire  que,  au  lieu  de  se  présenter  toujours,  avec  ou  sans 
régularité,  avec  ou  sans  symétrie,  il  y  a  des  cas  où  la  couronne  n'existe 
pas,  ce  que  l'illuslre  astronome  a  cru  devoir  passer  sous  silence,  comme 
les  spectres  métalliques. 

»  Arrivons  au  troisième  et  dernier  point.  Ici,  M.  Faye  renverse  entière- 
ment l'ordre  de  mon  raisonnement,  c'est-à-dire  que,  ce  que  j'ai  présenté 
comme  conséquence  de  sa  théorie,  il  le  donne  comme  prémisses;  peut-être  la 
différence  de  langue  at-elle  contribué  à  faire  interpréter  mon  raisonnement 


(  6o9) 
avec  peu  d'exactitiule.  En  effet,  est-il  possible  de  se  demander  si  les 
protul)érances  se  montrent  on  non  aux  pôles  dn  Soleil,  si  les  protubérances 
se  trouvent  ou  non  en  dehors  des  taches?  L'observation  spectrale  a  com- 
plètement résolu  ces  questions.  La  véritable  question  se  pose  d'une  ma- 
nière inverse  :  elle  consiste  à  examiner  si  la  théorie  de  M.  Faye  est  d'ac- 
cord avec  l'ensemble  des  faits  observés,  et,  sur  ces  points,  j'ai  trouvé  qu'il 
n'en  est  rien.  En  effet,  je  le  répète,  il  préfend  que,  parmi  les  hypothèses 
qui  doivent  disparaître  définitivement,  se  trouve  celle  des  éruptions  in- 
ternes donnant  naissance  aux  taches;  quant  aux  spectres  métalliques  des 
taches,  il  les  considère  comme  le  résultat  de  la  circulation  hydrogénique 
produite  par  le  tourbillon  ou  par  la  tache.  Or  j'ai  démontré,  par  l'observa- 
tion, qu'il  y  a  des  taches  sans  protubérances  et  sans  spectres  métalliques, 
c'est-à-dire  sans  tourbillons. 

»  M.  Faye  dit  que  la  constance  d'épaisseur  de  la  chromosphère  est  mainte- 
nue par  rap]iel  des  taches,  qui  abandonnent  par  leur  orifice  inférieur  l'hydro- 
gène qu'elles  ont  aspiré,  et  lui  permettent  de  se  répandre  dans  les  couches 
supérieures,  d'où  il  remonte  avec  une  extrême  vitesse  pour  s'élancer  en  jets 
plus  ou  moins  inclinés  dans  l'espace  presque  vide  qui  surmonte  la  chromo- 
sphère;  et  c'est  ainsi  qu'il  croit  établir  l'équilibre.  Or,  outre  que  j'ai 
exposé  des  cas  où  cette  circulation  n'existait  pas,  j'ai  fait  voir  encore 
que  l'équilibre  était  impossible,  car  il  y  a  des  époques  sans  taches,  mais  avec 
beaucoup  de  protubérances,  et  des  époques  de  protubérances  aux  pôles, 
sans  taches;  de  là  mes  conséquences  contre  la  théorie  de  M.  Faye  et  con- 
tre la  compensation  admise  par  lui.  Je  n'ai  donc  rien  imaginé  :  j'ai  seule- 
ment discuté  en  m'appuyant  sur  les  propositions  énoncées  par  M.  Faye. 

M  J'espère  que  le  savant  astronome  voudra  bien  relire  mes  Notes  :  il 
pourra  mieux  juger  alors  du  véritable  état  de  la  question,  et  il  me  par- 
donnera sans  doute  si  je  continue  à  soutenir  que  sa  théorie  ne  repré- 
sente pas  les  faits  que  j'observe  chaque  jour  directement  et  avec  le  spec- 
troscope.  » 

GÉOGRAPHIE  ET  NAVIGATION.  —  Sur  T emploi  des  chronomètres  à  In  mer. 
Lettre  de  M.  de  Magnac  à  M.  Yvon  Villarceau. 

«  Je  viens  de  terminer  les  calculs  relatifs  aux  recherches  chroaiomé- 
friques  de  la  deuxième  campagne  du  vaisseau  le  Jenn-Bart;  je  m'empresse 
de  vous  faire  part  des  résultats  auxquels  ils  m'ont  conduit  :  ils  sont  tout 

C.  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVII,  >»  10.)  79 


(  6.0  ) 
à  fait  concluants,  c'est-à-dire  qu'ils  démontrent  complètement  que  l'appli- 
cation de  la  série  de  Taylor  et  de  la  méthode  d'interpolation  de  M.  Cauchy 
au  calcul  des  marches  diurnes  des  chronomètres  permet  d'atteindre  une 
précision  et,  par  conséquent,  de  conserver  l'heure  du  premier  méridien 
avec  une  exactitude  extraordinaire. 

»  La  première  partie  de  mon  travail,  faite  avec  les  observations  de  la 
frégate  la  Victoire,  m'avait  amené  à  cette  conclusion,  que  : 

»  De  toutes  les  causes  physiques  agissant  à  bord  sur  les  chronomètres, 
les  principales  sont  la  température  et  le  temps,  et  que  le  théorème  de 
Taylor  rend  parfaitement  compte  de  leurs  actions. 

))  Un  point  capital  se  trouvait  ainsi  obtenu  :  la  construction  des  chro- 
nomètres est  arrivée  à  un  assez  haut  degré  de  perfection  pour  que  la 
fonction  du  temps  et  de  la  température,  qui  représente  la  marche  diurne, 
soit  presque  toujours  continue;  mais  il  n'était  pas  prouvé  que  l'on  n'eîit 
pas  souvent  à  redouter  l'action  perturbatrice  de  causes  autres  que  le 
temps  et  la  température,  et  surtout  l'impossibilité  de  les  combattre.  Pour 
un  chronomètre  isolé,  l'étude  de  l'action  de  ces  causes  perturbatrices 
est  absolument  impraticable;  nous  avons  donc  dû  laisser  de  côté  le  cas 
où  l'on  n'aurait  qu'un  chronomètre  et  ne  chercher  à  étudier  qu'un  groupe 
de  ces  instruments. 

»  A  ce  sujet,  il  se  présentait  de  suite  à  l'esprit  cette  grave  objection  :  si 
les  causes  perturbatrices  toujours  communes,  telles  que  le  roulis,  le  tan- 
gage, les  secousses,  l'électricité,  agissent  d'une  manière  sensible  sur  la 
plupart  des  montres,  il  faudra  étudier  les  perturbations  d'un  groupe  de 
montres  tout  comme  celles  d'un  chronomètre  isolé,  et  alors  nous  devrons 
renoncer  à  poursuivre  notrebut;  mais,  d'après  nos  premières  observations, 
nous  pensions  qu'il  n'en  était  pas  ainsi  et  que  le  plus  grand  nombre  des 
montres  étaient  en  fait,  pour  nous,  insensibles  à  ces  causes  de  perturba- 
tions; c'est  ce  que  nous  avons  cherché  à  vérifier  définitivement,  pendant 
les  deux  dernières  campagnes  du  Jean-Bart. 

»  Dans  ce  but,  on  a  observé  tous  les  jours,  à  7''  3o"'  du  matin,  les  diffé- 
rences des  heures  des  chronomètres  pris  deux  à  deux;  on  en  a  conclu  les 
variations  diurnes  observées  de  ces  différences  d'heures,  qui  sont,  comme 
on  le  sait,  égales  aux  différences  des  marches  diurnes  des  chronomètres; 
en  outre,  on  a  calculé,  au  moyen  de  la  série  de  Taylor,  les  marches  diurnes 
de  chaque  chronomètre;  on  en  a  déduit  les  variations  diurnes  calculées; 
on  a  alors  comparé  les  variations  observées  aux  variations  calculées  :  toutes 
les  fois  que  leurs  écarts  restaient  dans  les  limites  d'erreurs  d'observation, 


(6i.  ) 




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79- 


(  6.2  ) 
on  admettait  que  les  chronomètres  auxquels  ils  se  rapportaient  avaient 
suivi  les  marches  calculées;  mais  si,  au  contraire,  ils  dépassaient  les  li- 
mites fixées,  on  regardait  les  montres  comme  ayant  suhi  des  perturbations 
et  l'on  rejetait  leurs  indications.  En  opérant  de  cette  manière,  nous  sommes 
arrivé  k  constater  ce  fait  très-remarquable,  c'est  que,  sur  un  groupe  de 
quatre  chronomètres,  un  a  éprouvé  des  perturbations  fréquentes,  un  second 
n'en  a  éprouvé  que  d'assez  rares,  ces  perturbations  ont  été  très-rares  pour 
un  troisième  el  elles  n'ont  pour  ainsi  dire  pas  existé  pour  un  quatrième; 
en  définitive,  on  a  toujours  eu,  en  même  temps,  au  moins  deux  chrono- 
mètres n'ayant  point  de  perturbations;  on  a  donc  pu  conserver  l'heure  de 
Paris  très-exacte,  ainsi  qu'on  en  va  juger. 

»  I/inspection  du  tableau  ci-contre  montre  que  les  longitudes  observées 
dans  les  deux  campagnes  ne  diffèrent  que  des  faibles  quantités  suivantes  : 

— 1%62,  —  4%i3,  —  2%07,  -+-  o^Sg. 

Ces  nombres  sont  très-satisfaisants;  car  ils  sont  tout  à  fait  dans  les  limites 
d'erreurs  d'observation.  Les  méthodes  en  usage  à  bord  des  navires  et  qui 
nous  ont  servi  à  observer  les  heures  ne  permettent  pas  d'en  répondre  à 
plus  de  ±  2  secondes  :  or  la  combinaison  fortuite  de  deux  erreurs  pareilles 
peut  produire,  sur  la  différence  de  deux  longitudes,  une  erreur  de  zh  4  se- 
condes; si  l'on  tient  compte,  en  outre,  des  erreurs  des  températures,  on 
aperçoit  à  première  vue  que  l'on  peut  avoir  à  redouter,  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  ime  erreur  supérieure  à  — 4%i3,  la  plus  forte  des  discordances 
de  nos  longitudes  obtenues  dans  les  deux  campagnes  de  1871-1872  et 
1872-1873. 

»  Si,  d'un  autre  côté,  nous  comparons  nos  longitudes  à  celles  qui  sont 
données  dans  la  Coiuiaissa)icc  des  Temps,  ou  à  celles  de  M.  Mouchez,  nous 
ne  trouvons  encore  que  des  différences  très-petites. 

»  Nos  résultats  sont  donc  aussi  précis  qu'on  pouvait  le  demander, 
surtout  eu  égard  aux  très-grands  nombres  de  jours  de  mer  au  bout  desquels 
ils  ont  été  obtenus.  Nous  attirerons  particulièrement  l'attention  sur  celui  de 
la  traversée  du  cap  de  Bonne-Espérance  à  Lisbonne;  elle  a  duré  69  jours  : 
les  marches  diurnes  ont  été  calculées  par  extrapolation  et  la  longitude 
obtenue  ne  diffère  que  de  2^9  de  celle  de  la  Connaissance  des  Temps.  Ceci 
est  fort  important  au  point  de  vue  de  la  navigation,  pour  laquelle  il  faut 
extrapoler.  En  ce  qui  concerne  les  positions  géographiques,  on  pourra 
facilement  pousser  la  précision  plus  loin  :  il  suffira  d'employer  huit  chro- 
nomètres au  lieu  de  quatre,  en  ayant  soin  de  les  étudier  avant  le  départ, 


(6.3) 
puis  de  substituer  la  lunette  méridienne  portative  au  sextant,  et  enfin  d'em- 
ployer des  thermomètres  donnant  le  dixième  de  degré.  Moyennant  ces 
précautions,  on  parviendra  sûrement  à  conserver  l'heure  de  Paris,  pour 
ainsi  dire  sans  erreur,  à  moins  toutefois  de  circonstances  tout  k  fait  extra- 
ordinaires, telles  qu'un  cyclone,  la  seule  qui  ne  se  soit  pas  présentée  pen- 
dant les  cinq  années  d'études  que  nous  avons  faites,  soit  sur  la  Victoire, 
soit  à  bord  du  Jean-Bait. 

»  Je  suis  très-heureux,  Monsieur,  de  vous  faire  parvenir  ces  dernières 
preuves  décisives  de  l'excellence  de  la  méthode  que  vous  avez  proposée 
pour  le  calcul  des  marches  diurnes  des  montres  marines  :  vous  avez  rendu 
un  nouveau  service  à  la  science  et  à  la  navigation;  je  ne  doute  pas  qu'il 
ne  soit  bientôt  apprécié  par  les  marines  des  divers  États.  Déjà,  lors  de  notre 
passage  à  Rio-de-Janeiro,  Sa  M;ijesté  l'empereur  du  Brésil,  à  laquelle  aucun 
progrès  de  la  science  ne  reste  étranger,  m'a  fait  l'honneur  de  m'appeler  pour 
lui  exposer  la  nouvelle  méthode,  afin  de  pouvoir  la  faire  mettre  en  pratique 
dans  la  marine  brésilienne.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Réflexions  sur  les  générations  spontanées,  à  propos 
d'une  Note  de  M .  U.  Gayon  sur  les  altérations  spontanées  des  œiijs,  et  d'une 
Note  de  M.  Crace-Calvert  sur  le  pouvoir  de  quelques  substances  de  prévenir  le 
développement  de  ta  vie  protoplasmique;  par  M.  A.  Béchamp. 

«  Il  y  a  quelques  années,  j'ai  publié,  siu'  la  fermentation  alcoolique  et  acé- 
tique des  générations  spontanées  des  œufs,  un  travail  où  je  disais  :  «  L'oeuf 
»  porte  en  lui-même,  normalement,  la  cause  de  cette  fermentation,  et  c'est 
»  surtout  dans  le  jaune  que  réside  cette  cause  ».  Un  autre  travail  montrera 
que  j'aurais  pu  intituler  cette  Note  :  «  Des  microzymas  de  V œuf  considérés 
comme  organismes  producteurs  d'alcool  et  d'acide  acétique  (i)  ». 

»  Mon  intention  était  de  ne  revenir  sur  ce  sujet  qu'après  avoir  résolu 
quelques-uns  des  problèmes  qu'il  soulève  et  qui  se  rattachent  à  mes  autres 
études  sur  les  microzymas.  Il  fallait,  notamment,  reprendre  l'étude  des 
matières  albuminoïdes  de  l'œuf  et  les  caractériser,  afin  de  déterminer 
dans  quelle  limite  on  peut  dire  qu'elles  sont  modifiées  dans  l'altération  pro- 
voquée par  le  procédé  de  M.  Donné.  Ce  travail  est  très-avancé  (2).  La 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXVII,  p.  523. 

(2)  Contiaiienient  à  ce  que  l'on  croyait,  il  y  a  au  moins  trois  matières  albuminoïdes  dis- 
tinctes dans  le  blanc  d'œuf  ;  dans  le  jaune,  outre  les  microzymas  qui  sont  insolubles  dans 
l'eau,  il  y  en  a  au  moins  deux  qui  y  sont  solubles. 


(  6./,  ) 
Note  que  M.  U.  Gayon  a  récemment  présentée  à  l'Académie  (i)  m'oblige 
à  modifier  le  plan  que  je  m'étais  tracé.  Les  critiques  adressées  à  la  conclu- 
sion que  je  rappelais  en  commençant  soulèvent  une  question  de  méthode 
qu'il  m'importe,  dans  l'intérêt  de  cette  étude,  d'examiner  avant  tout.  «  On 
se  rappelle,  dit  M.  Gayon,  les  expériences  décisives  par  lesquelles  M.  Pas- 
teur a  combattu  victorieusement  les  théories  de  la  génération  spontanée, 
je  veux  parler  de  la  disposition  simple  qui  consiste  à  conserver  au  contact 
de  l'air  pur,  à  l'abri  de  tous  germes  actifs,  les  liquides  les  plus  altérables, 
tels  que  le  sang  et  l'urine.  «  Et  l'auteur  s'efforce  de  démontrer  que  je  me 
suis  trompé  ;  qu'il  n'y  a  dans  l'œuf,  dans  le  jaune,  normalement,  néces- 
sairement, rien  à  quoi  l'on  doive  attribuer  les  transformations  observées. 
Pour  les  expliquer,  il  fait  intervenir  des  germes  de  l'air,  accidentellement 
introduits  dans  l'œuf  avant  le  dépôt  de  l'enveloppe  calcaire  de  la  coquille. 
Je  répondrai  plus  tard  à  l'argumenlalion  de  M.  Gayon,  par  des  faits  que  je 
crois  pouvoir  regarder  comme  décisifs  ;  mais  n)on  honorable  contradicteur 
laisse  croire  que,  dans  mes  recherches,  je  ne  prends  aucune  précaution 
contre  les  germes  actifs  de  l'atmosphère.  C'est  ici  que  se  place  la  question 
de  méthode. 

»  Je  ne  sais  jusqu'à  quel  point  les  sectateurs  de  l'hétérogénie  ont  été 
convaincus;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'une  école  physiologique  n'en 
continue  pas  moins  de  professer  la  doctrine  que  l'on  dit  vaincue,  et  ici  je 
ne  fais  pas  allusion  aux  savants  qui  font  dériver  le  monde  organisé  d'un 
monère,  simple  flocon  d'albumine  vivante,  spontanément  formé,  mais  à 
ceux  qui  soutiennent  que  la  cellule,  dans  les  êtres  supérieurs,  naî!  d'un 
protoplasma  vivant  où  n'existerait  rien  d'organisé.  Quoi  qu'il  en  soit,  je 
me  hâte  de  déclarer  que  je  n'ai  aucune  objection  à  élever  contre  la  mé- 
thode invoquée.  Or  cette  méthode,  qui  a  pour  but  de  tuer  les  germes 
atmosphériques  ou  d'en  empêcher  l'arrivée  dans  les  mélanges  ou  les  pro- 
duits fermentescibles,  est  insuffisante  et  caduque  quand  il  s'agit  d'expéri- 
menter sur  des  matériaux  dans  lesquels  on  veut  démontrer  l'existence 
d'éléments  anatomiques  vivants,  qui  proviennent  d'êtres  dont  toutes  les 
partiesorit  eu  le  contact  de  l'air  atmosphérique  normal,  c'est-à-dire  chargé 
de  poussières  où,  comme  je  l'ai  démontré,  dominent  précisément  des  mi- 
crozymas  d'un  certain  ordre. 

»  La  méthode  plus  générale  que  j'ai  substituée  à  celle-là,  en  la  combinant 
au  besoin  avec  elle,  consiste  à  introduire  de  la  créosote,  de  l'acide  phé- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  2i4;  21  juillet  iSjS. 


(6,5  ) 
nique,  des  ngents  analogues  on  autres,  dans  le  milieu  fermenfescible.  J'ai 
eu  l'occasion  d'y  insister  plusieurs  fois  devant  l'Académie  et  d'en  exposer 
la  théorie.  Je  demnnde  la  permission  de  répéter  que  la  créosote,  par 
exemple,  employée  à  dose  non  coagulante,  qui  n'empêche  pas  une  fermen- 
tation commencée  de  s'achever,  a  pour  effet,  non,  sans  doute,  de  tuer  les 
germes  atmosphériques,  mais  de  s'opposer  à  leur  évolution  en  moisissures, 
bactéries  ou  autres  infusoires,  selon  les  circonstances.  Réciproquement, 
elle  peut  enrayer  l'usure  et  la  destruction  physiologique  de  certaines  cel- 
lules. Il  n'est  pas  même  nécessaire  que  la  créosote  soit  introduite  dans  le 
milieu  fermentescible  ;  il  suffit  que  celui-ci  soit  placé  dans  une  atmosphère 
qui  en  contient  la  vapeur.  Sous  son  influence,  ou  celle  d'agents  analogues 
bien  choisis,  même  sans  prendre  d'excessives  précautions,  les  matières  les 
plus  altérables  se  conservent  au  contact  de  l'air  sans  subir  de  transforma- 
tion chimique  appréciable,  alors  que,  sans  leur  usage,  les  moisissures  ou 
les  bactéries,  ou  d'autres  infusoires  apparaissent,  lesquels  opèrent  consé- 
cutivement la  transformation  de  la  matière, 

M  11  n'est  peut-être  pas  inutile  d'ajouter  que,  cette  méthode,  je  l'avais  ap- 
pliquée à  une  époque  où  la  question  des  générations  spontanées  n'était 
pas  de  nouveau  soulevée,  c'est-à-dire  longtemps  avant  i858.  Depuis  lors, 
elle  a  fait  ses  preuves  ;  la  théorie  qui  en  découle  a  été  confirmée,  et  ses  con- 
séquences ont  abouti  à  des  applications,  même  pour  l'art  de  guérir.  En 
effet  :  i°  M.  Crace-Calvert  (i)  s'est  assuré  que  l'acide  phénique  et  le  crésy- 
lique  sont  «  des  substances  qui  préviennent  entièrement  le  développe- 
ment de  la  vie  protoplasmique  et  de  la  moisissure  ».  Comme  moi,  M.  Cal- 
vert  se  sert  de  ces  substances  à  dose  non  coagulante.  Sans  doute  ce  savant 
appelle  «  vie  protoplasmique  »  le  développement  des  vibrions  et  des  bac- 
téries. Cela  est  de  peu  d'importance,  bien  que  ce  soit  là  le  langage  d'un 
spontépariste.  M.  Calvert  dit  :  «  prévient  le  développement  de  la  vie  pro- 
toplasmique »,  là  où  je  dis  :  «  empêche  l'évolution  des  germes  atmosphé- 
riques en  vibrions,  bactéries  ou  moisissures  ».  C'est  une  nuance,  mais  ce 
qui  reste  acquis,  c'est  que  la  créosote  et  les  agents  analogues  créent  nn 
milieu  stérile  où  n'apparaît  rien  d'organisé.  2°  M.  Masse  (2),  en  1864,  a 
appliqué  la  créosote  au  traitement  du  sycosis  parasitaire,  en  s'appuyant 
sur  la  théorie  que  je  viens  de  résumer.  «  C'était,  dit-il,  un  nouveau  para- 
siticide  à  essayer.  Toutefois,  il  ne  fallait  pas  se  faire  illusion;  la  créosote 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p.  ioi5;  28  octobre  1872. 

(2)    Comptes  rendus,  t.  LIX,  p.  574,  et  Montpellier  médie'nl,  t.  XIII,  p.  44'- 


(6i6) 
ne  devait  point  tuer  immédiatement  le  parasite  développé,  puisqu'elle  n'ar- 
rête pas  une  fermentation  qui  a  commencé.  Elle  s'oppose  au  développe- 
ment ultérieur  des  sporesj  elle  crée  dans  les  follicules  pileux  un  terrain 
stérile,  dans  lequel  le  cryptogame  ne  pourra  que  s'épuiser  et  mourir.  »  La 
guérison  est  venue  donner  raison  à  la  théorie.  Plus  tard,  dans  les  mêmes 
hôpitaux  de  Montpellier,  M.  Pécholier  (i)  a  employé,  avec  succès,  le 
même  agent  dans  le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde,  et  les  résultats  obte- 
nus ont  été  confirmés  par  M.  Gaube  (2).  Enfin  MM.  Barrant  et  Jessier  se 
sont  servis  de  l'acide  phénique  dans  le  traitement  de  la  fièvre  intermittente, 
en  invoquant  la  même  théorie.  Je  pourrais  multiplier  les  cas  où  la  créo- 
sote et  l'acide  phénique  ont  eu  des  applications  médicales  couronnées  de 
succès. 

»  Il  est  donc  démontré  que  la  nouvelle  méthode  empêche  les  fermen- 
tations, parce  qu'elle  s'oppose  à  la  naissance  des  ferments  organisés  par 
les  germes  atmosphériques.  La  méthode  ancienne  empêche  les  mêmes  ma- 
nifestations, parce  qu'elle  tue  les  germes  ou  s'oppose  à  leur  arrivée  dans 
le  milieu  fermentescible.  On  voit  la  différence.  Je  reviens  à  la  Note  de 
M.  Gayon.  L'auteur,  après  avoir  rappelé  la  conservation  de  l'urine  et  du 
sang  par  l'ancienne  méthode,  annonce  qu'il  a  conservé  de  même  l'albu- 
mine et  son  mélange  avec  le  jaune.  J'ai  plusieurs  fois  insisté  sur  ce  que 
l'albumine,  la  gelée  de  gélaline,  le  bouillon  on  l'infusion  de  levure,  sucrés 
ou  non,  d'autres  matières  albuminoïdcs,  additionnés  de  créosote,  se  con- 
servaient sans  difficulté  au  large  contact  de  l'air.  Pour  ce  qui  est  de  l'urine, 
celle  qui  a  été  créosotée  ou  phéniquée,  même  sans  être  filtrée,  ne  s'altère 
plus;  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  un  Mémoire  imprimé  sur  la 
kyesléine,  où  se  trouvent  rapportées  mes  expériences.  Le  sang  aussi  se 
conserve  aisément;  c'est  un  des  liquides  où  apparaissent  le  plus  difficile- 
ment des  bactéries.  Tous  les  médecins  légistes  savent  que  le  ponnion  est, 
de  tous  les  viscères,  celui  qui  se  putréfie  le  dernier.  M.  Le  Rieque  de 
Monchy  (3)  n'a  jamais  vu  apparaître  de  bactéries  ou  de  vibrions  dans  un 
mélange  créosote  de  sang  et  d'empois  de  fécule;  bien  mieux,  un  mélange 
créosote  de  gelée  de  gélatine  et  de  sang  ne  se  fluidifie  pas,  parce  que  des 
vibrions  n'y  apparaissent  point.  Quant  au  mélange  du  blanc  et  du  jaune 
de  l'œuf,  M.  Donné  et  moi  avons  fait  remarquer  qu'il  n'est  pas  facile  d'eii 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXVIII,  p   67!;  mars  18G9. 

(1)  Ibid.,  t.  I,XIX,  p.  838;  octobre  1869. 

(3)   Mémoires  de  l'Acndcmic  des  Sciences  de  Montpellier,  t.  VII,  ]i.  175;  i8(it). 


(  6i7  ) 
obtenir  la  fermentation;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  jamais,  ni 
M.  Donné,  ni  moi,  n'y  avons  vu  ni  bactéries,  ni  vibrions,  ni  moisissures, 
ni  autre  chose  d'organisé.  J'affirme  de  nouveau  qu'il  n'y  a,  normalement, 
dans  le  mélange,  avant  et  après  la  fermentation,  que  des  microzymas; 
j'affirme,  de  plus,  que  nulle  part,  bien  que  M.  Gayon  me  le  fasse  dire,  je 
n'ai  soutenu  que  les  microzymas  de  l'œuf  évoluassent  en  bactéries  ou  pro- 
duisissent des  cellules  de  levure  alcoolique.  Les  microzymas  du  jaune 
d'œuf  sont  d'un  ordre  spécial,  sans  doute  par  destination;  ce  sont  eux 
qui  ne  permettent  pas  de  dire  que  l'animal  qui  se  développe  dans  l'œuf  est 
le  produit  d'une  génération  spontanée;  mais  ceci  formera  l'objet  d'une 
nouvelle  Note  (i).  » 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.  B. 


(i)  M.  Béchamp  joint  à  cette  Note  diverses  brochures  se  rapportant  au  mêrae  sujet,  et 
relatives,  en  particulier,  à  la  nature  de  la  kyestéine,  aux  microzymas,  aux  organes  micro- 
scopiques de  la  bouche,  et  à  l'alimentation. 


ERRATA. 

(Séance  du  4  août  iSyS.) 

Page  35o,  ligne  i6,  au  lieu  de 


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C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  10.)  8o 


(  6'8  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Moxtsouris. —  Aoct  1873. 


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suite  de  repara 

lions  au  Bardo. 

(  6i9  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsouris.  —  Août  1875. 


MAGNÉTISME    TERRESTRE. 

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9 

28,2 

29,0 

» 

3,6 

3,6 

5,1 

NO 

6,4 

ONO 

5 

Orage  de  à  ih  à  3li  matin. 

10 

29i6 

35, 1 

U 

0,7 

0,7 

5,5 

0 

6,0 

ONO 

8 

Pluie  à  minuit. 

1 1 

28,0 

40,5 

» 

2,2 

2>> 

2,8 

0 

6,5 

0 

8 

Matinée  pluvieuse. 

13 

27,8 

38,2 

» 

0,1 

0,1 

2,4 

0 

4,0 

0 

9 

Id. 

i3 

29,1 

34.9 

H 

» 

» 

3,2 

OSO 

6,7 

0 

6 

Rosée  très-abondante  le  soir. 

i4 

28,4 

4")9 

» 

» 

» 

4,0 

ONO 

2,8 

ONO 

4 

Rosée  le  matin. 

i5 

28,8 

34,9 

» 

0 

» 

3,6 

SE 

1,5 

» 

I 

A  g*"  soir,  éclairs  à  l'est. 

i6 

28,4 

33,1 

» 

» 

n 

6,9 

ONO,SSE 

5,8 

0 

2 

Lueur  aurorale  le  soir. 

■7 

27,2 

28,6 

» 

° 

u 

3,5 

0,  ESE 

3,2 

ONO 

2 

Rosée  le  soir. 

i8 

26,2 

27,2 

» 

7,0 

6,8 

3,1 

SSO 

3,9 

SO 

8 

Lueur  aurorale  le  soir. 

19 

3o,9 

26,4 

» 

0,1 

0,1 

3,6 

SO 

9,5 

SO 

5 

Rosée  le  soir. 

20 

28,8 

22,0 

» 

I,  I 

0.9 

4,> 

SO 

7,9 

SO 

6 

Lueur  aurorale  le  soir. 

21 

29,5 

n 

I> 

2, G 

2,5 

3,4 

SO 

6,4 

SO 

6 

Pluie  dans  la  journée. 

22 

32,1 

■8,9 

1) 

0,1 

0,1 

3,7 

OSO 

4,9 

SSO 

8 

A  minuit  20"",  tonn.  et  pluie. 

23 

32,8 

» 

» 

',1 

1  ,0 

2,7 

variable. 

3,7 

SSO 

6 

Pluie  le  matin  ;  rosée  le  soir. 

24 

35,9 

27,8 

1) 

4,9 

4,8 

3,3 

SE 

4,3 

SE 

7 

Tonn.  et  pluie  dans  la  soirée. 

25 

33,3 

37,3 

» 

» 

U 

2,5 

SE 

4,5 

SSO 

7 

Éclairs  le  soir. 

26 

35,0 

27,9 

« 

2,5 

2,5 

4,' 

S 

5,7 

SSO 

3 

A  9"  soir,  éclairs  dift'us  à  l'est. 

27 

33,9 

2/,,  5 

» 

» 

» 

4,0 

SSO 

5,3 

SSO 

8 

Halo  à  10"  So"  matin. 

28 

3o,i 

23,5 

» 

2,7 

2,5 

5,0 

SO 

,4,8 

SO 

8 

Pluie. 

29 

22,6 

M 

» 

0,0 

0,0 

5,4 

OSO 

,4,5 

OSO 

7 

Pluvieux. 

3o 

3o,3 

U 

n 

10,4 

9,8 

1,4 

SSO 

4.9 

OSO 

9 

Lueur  aurorale  le  soir. 

3i 

27,1 

'7,9 

» 

5,4 

5,2 

',2 

0 

5,3 

OSO 

10 

Pluie  et  lueur  aurorale  le  soir. 

1  Moyen. 

ou 
totaux. 

17,29,0 

65.30, 4 

» 

44,5 

42.7 

«29)7 

0,3 

0,54 

(    620    ) 
ObSBRYATIONS    METEOROLOGIQUES    FAITES    A    l'ObSEBVATOIRE  DE    MONTSODRIS.  —   AOUT    1873. 

Résumé  des  obsen-alions  régulières, 

6hM.      ghRl.      Midi.       S^S.     6>>S.       ghS.    Minait.  Moj. 

mm          mm           mm           mm          mm           mm           mm  mm 

Baromètre  réduit  à  0» 756, 16  766,39  755,95  755, 3o  763,21   756,08  756,  i/i  755,87(1) 

Pression  de  l'air  sec ^!^5,:t2  7^5,26  7!i5,7i   745,2',   7.'!^, 84  7^5, i3  745,37  745,29(1) 

0000000  o 

Thermomètre  à  mercure  (jardin) 14,86     19,  ij     22,61     23,70     21,64     '7, 81     i5,6i  18,68(1) 

»                      (terrasse)  (3).         »         19,06     22,39     ^3,28     21,88     18, 23     16,09  18,97(1) 

Thermomètre  à  alcool  incolore 14, 65     18,89     22, 3o     23,47     21, 53     17,74     i5,52  i8,5o  (1) 

Thermomètre  électrique  à  29™ n»»»»»»  » 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'.. .     20,19     35,87     4'i46     4'j5i     26,39         "             "  36, 06(2) 

Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  «. .      16, 43     26,86     3o,62     3i,i5     22,71         »             »  27,66(2) 

Excès(T'  — f) 3,76    '10,01      10,94     10,36       2,68         »             ..  8,60(2) 

Tempérât,  du  sol  à  o™, 02  de  profond'..     16, 23     20,77     23, 00     23,49     21,29     "8,58     16,96  19,37(1) 

»                  o^jio         »                     18,16     18,99     20,86     22,00     21,82     20,61     19,62  20,09(1) 

»                 o"',20         »                    20, o5     19,82     20,10     20,69     21, i4     21,23     20,92  20,55(1) 

•  o'n.So        II                   20, 3i     20,06    20,00     20,21     20, 5i     20,70    20,66  20,37(1) 

•  i™,oo        »                   19,60     19,63     19,65     19,66     19,63     19,61     19,59  19,63(1) 
Tension  de  la  vapeur  en  millimètres.. .      10,94     11,  i3     10,24     10,06     10,37     iOi95     'Oi77  io,58(i) 

Etat  hygrométrique  en  centièmes 86,9       67,2       5o,8       47)7       ^4,6       71,7       80,7  68,0    (1) 

Pluie  en  millimètres  à  I™, 80  du  sol... .      11, i         5,7         8,2         4i'         5,i         7,4         1,1  t.  42,7 

»                 (à  0™, 10  du  sol). .     11,3        6,1        8,7        4)3        5,2        7,8        1,1  t.  44)5 

Évaporation  totale  en  millimètres 7,79     11,66     21,69     32,96     29,63     16, 5o      9,11  t. 129,33 

Vitesse  moyenne  du  vent  par  heure. . .       3,7        5,4         7,1         7,7         6,7         4i3         4>i  » 

Pluie  moy.  par  heure  (à  I™, 80  du  sol).       1,86       1,9         2,7         1,4         1,7         2,5        0,4  » 

Évaporation  moyenne  par  heure i,3o       3,88       7,23     10,99      9,88       5,5o       3,o4  » 

Inclinaison  magnétique.   ..   (B)  65<'-4-         »         3o,4           »             »             »             »             >•  »      (1) 

Déclinaison  magnétique (A)i7<'-(-     26,9       29,0       37,0       35,9       29,8       26,6       29,3  3o,75(i) 

Tempér.  moy.  des  maxima  et  miniraa  (parc) 19,3 

»                        »                      (façade  nord  du  bâtiment,  terrasse  du  grand  escalier).  19,4    (3) 

»                    à  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazonné  (thermomètres  à  boule  verdie).  22,7 

Therm.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  obs.  :  6''  M.  9''  M.,  midi,  3^  S.  G^  S.).  32,88 

»        incolore                     t                       »                             »                            »  25,33 

Excès  (T'  —  f) »                              ,)                            »  7,55 

»              (valeur  déduite  de  4  observations  :  g*"  M.,  midi,  S*",  6''  S.).. . .  8,5o 

(1)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 

(2)  Moyenne  des  observations  de  9  heures  du  matin,  midi,  3  hmircs  et  6  heures  du  soir. 

(3)  Les  thermomètres  de  la  terrasse  ont  été   transportés  le   24  août,  au   nord  de  l'un  des  pavillons 
du  parc. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  SEPTEMBRE  1873, 

PRÉSIDÉE  PAR   M.  BERTRAND. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Réponse  à  la  dernière  Note  de  M.  Tacchini;  par  M.  Faye. 

«  Je  prends,  dans  la  dernière  Note  de  M.  Tacchini  [Comptes  rendus,  8  sep- 
tembre, p.  6o6),  non  les  appréciations  qui  me  sont  personnelles,  mais  les 
observations.  Je  lui  avais  indiqué  précédemment  [Comptes  rendus,  1 1  août, 
p.  383)  un  moyen  simple  d'éprouver  par  les  faits  la  théorie  des  cyclones  : 
c'était  d'examiner  si,  dans  les  taches  dont  les  pénombres  indiquent  mo- 
mentanément ini  mouvement  gyratoire,  ce  mouvement  est  bien  conforme, 
comme  l'exige  ma  théorie,  au  sens  de  la  rotation  solaire.  J'ajoutais  qu'il 
fallait  exclure  les  taches  qui  présentent  de  grands  troubles  intérieurs  par 
suite  de  segmentation  prononcée;  alors  le  phénomène,  d'ailleurs  secon- 
daire et  accidentel  et  nullement  normal,  se  complique  d'influences  diffi- 
ciles à  apprécier,  telles  que  les  remous  ou  l'action  mutuelle  de  tourbillons 
qui  sont  encore  enchevêtrés  par  le  haut  l'un  dans  l'autre.  M.  Tacchini  me 
cite  deux  taches  dont  voici  les  dessins,  reproduits  d'après  la  PL  XFII 
des  Memorie  degli  Speltroscopisti  italiani,  et  fait  observer  que  leurs  gyrations 
internes  sont  de  sens  opposés,  bien  que  les  taches,  nous  dit-il,  aient  été 
vues  sur  le  même  hémisphère. 

G.  R.,  1873,  2"  Semestre.  {T.  hW\U,  N°  H.)  °' 


(    622    ) 

).  La  première  tache  a  un  mouvement  très-accusé  dans  le  sens  opposé 
à  celui  des  aiguilles  d'une  montre.  Si  le  dessin  n'est  pas  renversé,  s'il  re- 
présente bien  ce  que  l'on  voyait  à  l'œil  nu  sur  le  Soleil,  la  tache  devait 
être  sur  l'hémisphère  boréal.  Malheureusement  M.  Tacchini  a  omis  de  due 
sur  quel  hémisphère  il  a  observé  cette  tache.  Quant  à  la  seconde,  le  phé- 
nomène n'est  pas  régulier;  on  y  trouve  un  pont  lumineux  des  plus 
accentués,  indiquant  une  segmentation  avancée  :  il  y  a  déjà  là  plusieurs 
taches  dans  la  même  pénombre.  En  outre,  sur  les  deux  tiers  du  contour  la 

Fig.  I. 


gyration  paraît  se  faire  dans  un  sens;  sur  l'autre  tiers,  elle  va  en  sens 
contraire  et  s'opère  dans  le  même  sens  que  la  ])remière  tache. 

»  Que  conchue  de  ces  rapprochements?  Rien  de  plus  que  la  justesse  de 
la  recommandation  que  j'avais  laite  d'avance  de  s'adresser  aux  taches 
intactes  et  non  aux  taches  déjà  segmentées  lorsqu'il  s'agit  d'étudier  un 
phénomène  régulier.  Puisque  M.  Tacchini  a  encore  d'autres  dessins  de 
taches  à  mouvements  gyratoires,  il  rendrait  service  à  la  science  en  les 
publiant;  mais  il  y  faudrait  joindre  l'indication  précise  du  sens  des  mou- 
vements observés,  ainsi  que  celle  de  l'hémisphère  nord  ou  sud  sur  lequel 
les  taches  se  sont  trouvées. 

»  Il  y  aurait  encore  une  autre  précaution  à  prendre,  si  la  tache  se  trou- 
vait sur  l'équateur  ou  très-près  de  celte  ligne  :  ce  serait  de  donner  sa  posi- 


(  6^3  ) 

lion  exacte  et  la  direction  de  son  mouvement  en  latitude;  mais  de  pareils 
cas  sont  très-rares,  attendu  le  peu  de  durée  des  taches  équatoriales  que 
n'alimente  pas  une  différence  sensible  de  vitesse  entre  les  zones  conliguës 
de  la  photosphère. 

»  Le  second  point  de  fait  sur  lequel  je  me  vois  forcé  de  revenir,  c'est 
l'argument  que  M.  Tacchini  persisie  à  tirer  de  l'apparition  de  protubé- 
rances là  où  il  n'y  a  pas  de  taches.  M.  Tacchini  croit  encore,  malgré  mes 
protestations,   mes  citations  et  mes  éclaircissements  [Comptes  rendus  du 

Fig.*2. 


II  aoùl),  que  ce  fait,  bien  connu  avant  lui  et  même  avant  toute  analyse 
spectrale,  est  en  contradiction  avec  ma  théorie.  J'ai  beau  lui  représenter 
que  ma  théorie  avait  expliqué  parfaitement  ce  fait  avant  toute  objection 
de  sa  part;  que,  si  les  protubérances  dérivent  des  tourbillons  solaires, 
cela  ne  veut  pas  dire  du  tout  qu'elles  ne  dérivent  que  des  taches;  que  les 
pores  aussi  sont  des  tourbillons;  qu'ils  contribuent,  à  ce  titre,  tout  aussi 
bien  que  les  taches,  à  la  circulation  de  l'hydrogène;  que  les  pores  ne  sont 
pas  localisés  étroitement  comme  les  taches;  qu'ils  dépassent  de  beaucoup 
les  limites  de  ces  dernières,  etc....  M.  Tacchini  ne  veut  rien  entendre  et 
répète  invariablement  que  ses  observations  monlrent  des  protubérances 
bien  loin  des  taches,  et,  par  conséquent,  qu'elles  sont  en  contradiction 
avec  ma  théorie. 

8r.. 


(    62/,     ) 

»  Puisque  ce  point  est  resté  obscur,  je  dois  donc  y  revenir  une  dernière 
fois.  Voici  des  faits  que  personne  ne  contestera  : 

»  1°  La  surface  du  Soleil  est  parsemée  de  pores  innombrables.  Sir 
J.  Herschel  les  représente  comme  étant  dans  un  continuel  état  decliange- 
nient.  Ceux  dont  on  peut  apprécier  les  dimensions  ayant  au  moins  i  se- 
conde de  diamètre,  c'est-à-dire  461  milles  anglais,  doivent  présenter,  dit-il, 
une  ouverture  de  1G7000  milles  carrés.  Ces  pores,  avec  des  diamètres  de 
180  lieues,  sont  semés  sur  la  surface  entière  du  Soleil  et  lui  donnent  une 
apparence  chagrinée  que  les  nouveaux  oculaires  ont  permis  de  mieux 
apprécier. 

»  2°  Les  taches  sont  des  pores  qui  grandissent  et  deviennent  souvent 
énormes. 

»  3"  Les  taches  finissent^  en  général,  comme  elles  commencent;  elles 
se  rétrécissent  peu  à  peu  et  redeviennent  desimpies  pores  finalement  im- 
perceptibles. 

»  4"  Bans  ces  transformations  successives  de  pores  en  taches'  gigan- 
tesques et  de  lâches  en  pores  imperceptibles,  il  y  a  un  élément  qui  échappe 
à  tout  changement,  c'est  l'axe  primitif  du  pore.  J'ai  montré  par  le  calcul 
que  les  observations  d'une  même  tache  se  font  suite  les  unes  aux  autres, 
que  celte  tache  soit  grande  ou  ])etite,  simple  pore  ou  cavité  énorme,  pourvu 
que  les  mesures  soient  rapportées  au  centre  du  noyau  (l'axe  de  la  gyralion 
locale),  comme  le  sont  presque  toutes  celles  que  j'ai  calculées.  C'est  ce 
que  je  nomme  la  conservation  de  l'axe  de  la  tache,  parce  que  cet  axe  reste 
invariable  (i),  malgré  les  énormes  ddatations  ou  contractions  qui  s'opèrent 

(i)  En  supposant  qu'on  ait  tenu  comple  exactement  du  mouvement  de  rotation  et  des 
petites  inégalités  périodiques  dont  j'ai  donné  les  expressions  analytiques.  Les  observations 
étant  corrigées  ainsi  de  la  parallaxe  de  profondeur,  dépouillées  des  effets  de  la  petite  oscil- 
lation elliptique  des  taches  et  rapportées  à  un  méridien  suivant  exactement  la  rotation 
locale,  à  l'aide  de  la  formule  générale  de  la  rotation,  on  voit  alors,  pendant  des  mois  entiers, 
la  même  verticale  solaire  servir  d'axe  invaiiablc  de  gyration  à  la  même  tache  malgré  les 
dilatations  et  contractions  gigantesques  qu'elle  a  ]ni  éprouver  dans  l'intervalle.  Les  segmen- 
tations elles-mêmes  m'ont  paru  n'exercer  aucune  iniluence  bien  ap|)réciable  (du  moins  dans 
la  limite  des  petites  erreurs  de  l'observation,  devenue  alors  plus  difficile),  pourvu  que  les 
mesures  ne  cessent  pas  de  se  rapporter  à  la  tache  ])rincipale.  Quel  dommage  qu'on  n'entre- 
prenne ])as,  sous  un  climat  favorable,  une  série  conlinue  de  mesures  i)liotograi)hiques  de  ces 
admirables  phénomènes!  L'indifférence  des  astronomes  à  ce  sujet  tient  à  une  vieille  erreur  : 
on  considère  les  taches  comme  des  accidents  capiicieux,  des  éru]itions,  des  scories,  etc., 
tandis  qu'en  réalité  leurs  mouvements  suivent  des  lois  constantes,  bien  dignes  de  l'attention 
des  géomètres  et  des  efforts  des  observateurs. 


(  625  ) 
autour  (le  lui.  Voilà  une  des  lois  les  plus  caractéristiques  du  mouvement 
des  taches;  on  en  saisira  aisément  le  rapport  étroit   avec  ma  théorie  des 
tourbillons. 

»  5°  Il  y  a  deux  zones  parallèles  à  l'éqiiateiir  où  la  transformation  des 
pores  en  taches  est  fréquente,  et  où  les  pores,  devenus  taches,  conservent 
très-longtemps  d'énormes  dimensions  avant  de  redevenir  des  pores  comme 
auparavant. 

»  6°  Au  delà  de  ces  zones,  sur  les  deux  calottes  polaires  et  aussi  à  l'é- 
quateur,  les  pores  ne  deviennent  des  taches  que  pour  quelques  instants. 
Le  phénomène  est  très-rare  à  partir  de  4o  degrés  de  latitude  nord  ou  sud  ; 
au  delà  de  Sa  degrés,  les  pores  n'acquièrent  jamais  la  dimension  des  taches, 
ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  n'y  ait  pins  de  pores. 

»  Cela  posé,  ma  théorie  attribue  la  circulation  de  l'hydrogène  à  l'action 
mécanique  des  pores,  ceux-ci  étant  considérés  comme  des  tourl)illons  ver- 
ticaux produits  par  l'inégale  vitesse  des  zones  contignës  de  la  photosphère. 
Lorsque  ces  pores  sont  accumulés  en  certaines  régions,  ils  peuvent  y  don- 
ner lieu  à  une  activité  exceptionnelle  de  cette  circulation  et  produire  des 
protubérances.  La  distribution  héliographique  de  celles-ci  indique  donc 
simplement  celle  des  pores  plus  ou  moins  accumulés.  Les  pores  étant  dé- 
terminés par  le  mouvement  spécial  de  rotation,  on  doit  s'attendre  à  voir 
leur  distribution  héliographique  réglée  par  des  parallèles  :  rares  ou  peu  actifs 
à  l'équateur,  ils  seront  également  rares  aux  pôles,  oti  trop  peu  profonds 
pour  engendrer  des  protubérances.  Il  y  aura  donc  trois  régions  pauvres 
en  protubérances  :  une  zone  équatoriale  et  deux  calottes  polaires  ayant  à 
peu  près  des  cercles  de  ±  70  degrés  de  latitude  pour  base.  Exceptionnel- 
lement, aux  époques  de  grande  activité  tourbiilonnaire  de  la  surface,  les 
groupes  de  pores  et,  par  suite,  les  protubérances  pourront  apparaître  très- 
près  des  pôles  et  très-près  de  l'équateur.  Ces  traits  sont  d'accord  avec  la 
distribution  des  protubérances  :  c'est  même  celle-ci,  dois-je  ajoutei-,  qui 
me  fournit  les  limites  ci-dessus  assignées  pour  la  région  ordinaire  des 
groupes  de  pores  (les  parallèles  de  ±  70  degrés  sont  donnés  par  M.  Res- 
pighi  comme  étant  les  limites  ordinaires  des  protubérances). 

»  Jusqu'ici  je  n'ai  [)as  dit  un  mot  des  taches.  Celles-ci  sont  des  pores 
agrandis  qui  sautent  aux  yeux,  tandis  que  les  pores  sont  à  |jeine  visibles; 
mais  n'oublions  pas  que  les  pores  ne  peuvent  devenir  des  taches  que  dans 
des  zones  deux  fois  plus  étroites  (de  ±  35  degrés)  où  les  tourbillons  ont  le 
plus  de  stabilité.  Ces  taches  produiront  à  elles  seules  des  |)rotul)érances 
encore  plus  marquées  que  ne  pourraient  le  faire  des  files  accumulées  de 


(  626  ) 
pores,  mais  par  un  mécanisme  identique.  Les  protubérances  produites  par 
les  taches  sont  naturellement  confinées  dans  les  zones  favorables  à  celles-ci; 
mais  cela  n'empêche  pas  que  d'autres  protubérances  soient  produites  par 
les  pores,  et  celles-là  se  rencontrent  bien  au  delà  des  zones  étroites  qu'af- 
feclent  les  taches. 

»  En  résumé,  les  tourbillonnements  solaires,  taches  ou  pores,  produisent 
des  protubérances;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner,  avec  M.  Tacchini, 
si  des  protubérances  se  montrent  dans  des  zones  où  il  n'y  a  pas  de  taches. 
SiM'  ces  zoneslà  les  pores  ne  peuvent  se  transformer  en  taches  durables; 
mais  cela  ne  les  empêche  pas  d'être  des  toinbilloiis  tout  aussi  bien  que  les 
taches  et  de  remplir  les  fonctions  mécaniques  de  tourbillons  de  i8o  lieues 
de  diamètre,  c'est-à-dire  de  contribuer  largement  à  la  circulation  de  l'hy- 
drogène solaire  quand  ils  ne  l'alimentent  pas  à  peu  près  exclusivement  (à 
l'époque  du  minimum  des  taches). 

»  Aussi  lorsque  le  savant  astronome  de  Palerme  affirme  avoir  observé 
ces  jours-ci  de  belles  facules  sans  taches  entre  45  et  58  degrés  de  latitude 
héliocentrique,  ainsi  que  des  protubérances  à  spectre  métallique,  je  ne  puis 
que  reproduire  cette  phrase  dont  il  s'étonne  à  tort  :  ces  observations  sont 
en  parjait  accord  avec  ma  théorie.  J'ajoute  que  ces  observations  ne  nous 
apprennent  rien,  pour  la  question  actuelle  bien  entendu,  que  les  pre- 
miers profils  solaires  de  M.  Respighi  ne  nous  aient  déjà  appris,  et  que 
depuis  longtemps  les  éclipses,  indépendamment  de  l'analyse  spectrale, 
nous  avaient  montré  les  protubérances  dépassant  de  beaucoup  les  deux 
étroites  zones  des  taches.  Mon  savant  adversaire  persiste  à  oublier  que, 
bien  avant  les  observations  qu'il  m'oppose,  j  ai  eu  sous  les  yeux  des  cen- 
taines d'observations  semblables  auxquelles  j'ai  dû  satisfaire  et  auxquelles 
j'ai  évidemment  réussi  à  satisfaire,  grâce  à  l'identité  bien  constatée  des 
pores  et  des  taches.  Je  satisferai  pareillement  et  d'avance  à  tout  ce  que 
M.  Tacchini  pourra  produire  d'observations  du  même  genre. 

»  Je  joins  ici  un  double  tableau  :  c'est  d'abord  l'histoire  jour  par  jour 
d'iui  pore  qui  devient  tache  et  qui,  au  bout  de  quelques  jours,  redevient 
pore  comme  devant.  La  tache  ne  subit  pas  de  segmentation  ;  aussi  reste- 
t-elle  régulière  et  ronde  (i).  C'est  ensuite  la  série  des  transformations  d'un 
autre  pore  qui  devient  tache,  mais  tache  à  segmentation,  puis  finit  par  un 
groupe  de  pores  bientôt  imperceptibles  ou  inobservables.  Ces  dessins,  que 

(i)  .l'ai  fait  disparaître  dans  ces  dessins  l'tlfet  de  perspective  qui  lia  aplatit  piès  des  bords 
du  Soleil. 


(  627  ) 
j'ai  faits  moi-niême,  résument  sous  ce  rapport  les  nombreuses  observations 
que  M.  Carrington  a  consignées  graphiquement  sous  la  même  forme  dans 
les  soixante  dernières  planches  de  son  bel  ouvrage. 

Fig.  3. 

■  '■''jour.    20  jour.    :i«  jour.    4°  jo"''-    Séjour.   6«  jour.    7e  jour.    8«  jour.   .9e  jour. 

Fig.  4. 

®       %        %       *^      V      e^       ®' 

]"■  jour.         séjour.         3o  jour.         ij' jour.         Séjour.       Ce  jour.         7"  jour.        Séjour.         9"  jour. 

»  Ces  phénomènes  capitaux  et  journaliers  mettent  en  pleine  lumière 
l'identité  que  je  viens  de  signaler  entre  les  fonctions  des  taches  et  celles  des 
pores.  Ils  se  comprennent  aisément  dans  la  théorie  des  cyclones  solaires; 
ils  sont  inintelligibles  dans  celle  des  éruptions  ou  déjections  des  astro- 
nomes italiens.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la  théorie  du  pouls 
à  iélal  normal  et  anormal^  par  M.  Bouii.laud.  (Extrait.) 

«  11  ne  sera  question,  dans  cette  première  Communication,  que  du 
pouls  à  l'état  normal. 

I.  —  Définition  du  pouls  et  procédés  de  son  exploration. 

1)  a.  Les  auteurs  définissent  le  pouls  un  choc  perçu  par  le  toucher,  à 
chaque  augmentation  de  la  tension  artérielle  par  les  afflux  successifs  du 
sang  que  lance  le  cœur  (i). 

»  Ce  phénomène  n'est  pas  le  seul  que  fasse  percevoir  le  toucher  appli- 
qué à  l'exploration  des  artères;  il  n'est  pas  même  le  seul  choc  que  cette 
exploration  fasse  percevoir.  En  effet,  comme  nous  allons  le  voir  dans  la 
description  des  phénomènes  de  l'action  des  artères,  le  toucher  fait  sentir 
un  second  choc,  dont  jusqu'ici  les  physiologistes  n'ont  pas  recoiuiu 
l'existence. 

»  Le  toucher  n'est  pas  le  seul  sens  au  moyen  duquel  on  observe  le 
pouls  et  les  autres  phénomènes  que  présentent  les  artères.  Le  sens  de  la 
vue  nous  permet  également  de  les  constater,  et  il  est  assez  singulier  que 


(i)   Foir\a.  Physiologie  île  M.  Lonjjet. 


(  628  ) 

les  pliysiologistes  n'aient  encore  rien  écrit  snr  ce  mode  on  procédé  d'ex- 
ploration. 

»  Les  données  ou  les  notions  que  notre  esprit  peut  acquérir  par  ce 
double  procédé  d'exploration  sont  relatives  an  nombre,  à  la  force,  à  la 
grosseur  du  pouls,  au  rhylhtne  des  mouvements  et  des  repos  des  artères  (i). 

»  b.  Des  instruments  divers  ont  été  inventés,  les  uns  pour  déterminer 
d'une  manière  précise  le  nombre  et  la  force  des  mouvements  ou  batte- 
ments des  artères,  d'autres  pour  représenter  graphiquement  ces  mouve- 
ments :  tels  sont  la  montre  à  secondes,  depuis  déjà  bien  longtemps  em- 
ployée, le  sphygmomètre  de  M.  le  D'^  Hérisson  et  le  spliygmograplie  de 
M.  Marey  (2).   >)• 

»  La  sphjgmographie  est  une  des  plus  heureuses  applications  de  cette 
méthode  d'enregistrement  des  mouvements,  ingénieusement  inventée, 
comme  nous  le  rappelait,  dans  une  de  nos  séances,  M.  le  général  Morin, 
par  M.  Duhamel,  dont  l'Académie  déplore  la  perte  encore  récente.  Cette 
application  a  déjà  renflu  de  signalés  services  à  la  sphygmologie,  mais  elle 
n'a  pas  encore  dit  son  dernier  mot.  Les  tracés  sphygmographiques,  que 
j'appellerais  volontiers  des  autographes  du  pouls,  ou,  par  abréviation,  des 
sphygmaulographes,  lorsqu'ils  sont  bien  exacts,  donnent  une  image  fidèle 
des  mouvements  et  des  repos  des  artères.  Toutefois,  ils  ne  sauraient  dis- 
penser de  l'étude  de  ces  phénomènes  eux-mêmes,  d'autant  plus  que,  sans 
leur  connaissance,  l'interprétation  même  de  ces  tracés  serait  absolument 
impossible.  Aussi,  la  connaissance  dont  il  s'agit  ayant  fait  en  partie  défaut 
aux  sphygmographes,  aucun  d'eux,  que  je  sache,  ne  nous  a  encore  donné 
la  signification  rigoureuse  et  complète  des  tracés  qu'il  a  obtenus. 

II.   —   Analyse  ou  description  des  moui>ements  et  des  repos  des  artères. 

»  Pour  abréger,  nous  désignerons  sous  le  nom  de  révolution  artérielle 
une  série  de  ces  mouvements  et  de  ces  repos,  dénomination  que  nous 
avons  déjà  donnée,  il  y  a  bien  des  années,  à  l'ensemble  ou  à  la  série  des 
mouvements  et  des  repos  du  cœur,  et  que  l'usage  paraît  avoir  consacrée. 
Ces  séries  de  mouvements  et  de  repos  successifs  commencent  avec  la  vie  et 
ne  finissent  qu'avec  elle. 

(i)  Le  toucher  nous  foiiniit  aussi  des  données  sur  certains  étals  du  sani;,  sur  lesquelles 
nous  n'insisterons  pas  aujourd'hui. 

(2)  Avant  M.  Marey,  M.  Karl  Vierhordt  (deTubingen)  avait  imaginé  un  sphygmo- 
graphe,  mais  très-im])arfait. 


(  «29  ) 

»  Chaque  révolution  artérielle  commence  par  un  mouvement  de  dila- 
tation ou  de  diastole  des  artères,  accompagné  d'un  choc.  C'est  le  principal 
des  phénomènes  fourni  par  l'exploration  des  artères. 

»  Il  constitue  le  premier  temps  d'une  révolution  artérielle,  et  il  est  iso- 
chrone à  la  systole  ventriculaire  du  coeur. 

»  A  ce  premier  mouvement  succède  un  très-court  repos,  qui  est  le  5e- 
cond  temps  de  la  lévolution  artérielle.  Il  est  isochrone  au  repos,  très-court 
aussi,  qui  succède  à  la  systole  ventriculaire. 

»  Après  ce  repos  et  comme  coup  sur  coup  ou  sur-le-champ,  s'opère 
un  mouvement  de  contraction  ou  de  systole  de  l'artère,  accompagné  d'un 
c/joc,  comme  le  mouvement  de  diastole  de  cette  artère. 

»  Cette  systole  est  le  troisième  temps  de  la  révolution  artérielle  et  est  iso- 
chrone à  la  diastole  ventriculaire  du  cœur, 

»  A  la  systole  des  artères  succède  un  second  repos,  bien  plus  long  que 
le  premier,  et  c'est  le  vrai  repos  de  ces  vaisseaux.  Il  constitue  le  quatrième 
et  dernier  temps  de  la  révolution  artérielle,  et  est  isochrone  au  long  et  vrai 
repos  des  ventricules  du  coeur. 

»  Il  résulte  de  cette  analyse  des  mouvements  et  des  repos  des  artères, 
comparée  à  celle  des  mouvements  et  des  repos  du  cœur,  qu'ils  se  font  en 
quelque  sorte  en  des  temps  inverses  les  uns  des  autres.  Ainsi  le  mouvement 
de  systole  ventriculaire  s'opère  en  même  temps  que  la  diastole  artérielle  ;  le 
mouvement  de  diastole  ventriculaire  en  même  temps  que  le  mouvement  de 
systole  artérielle  ;  le  court  repos  des  ventricules  après  leur  systole  et  le  court 
repos  des  arlères  après  leur  diastole;  le  long  repos  des  ventricules  après 
leur  diastole,  et  le  long  repos  des  artères  après  leur  systole. 

»  Cette  sorte  d'inversion  était  absolument  nécessaire,  comme  nous  le 
verrons  plus  loin,  pour  que  le  sang  ptit  exécuter  le  mouvement  circulatoire 
auquel  Harvey  nous  a  démonti  é  qu'il  était  soumis.  Il  résulte  encore  de  notre 
analyse  des  révolutions  artérielles  que  le  pouls  dicrote  des  pathologistes,  sur 
lequel  nous  reviendrons  plus  loin,  n'est  autre  chose,  au  fond,  que  le  pouls 
normal  des  artères,  lequel  est  double  et  non  unique,  comme  on  l'avait 
admis  jusqu'à  présent. 

»  A.  Nombre  des  révolutions  artérielles  dans  im  temps  donné.  —  Il  est  évi- 
demment le  même  que  celui  du  pouls,  tel  qu'il  a  été  compris  jusqu'ici,  c'est- 
à-dire  comme  étant  le  seul  choc  des  artères.  Faire  connaître  le  nombre  de 
fois  que  bat  celui-ci  dans  un  temps  donné,  ce  sera  donc  faire  connaître 
également  celui  des  révolutions  artérielles  dans  ce  même  espace  de  temps. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  H.)  ^2 


(  63o  ) 

»  Le  noiiibie  des  battements  du  pouls  n'est  pas  le  même  chez  tous  les 
sujets.  Chez  les  jeunes  gens  et  les  adultes,  il  offre  les  différences  suivantes, 
en  prenant  une  minute  pour  mesure  de  temps  : 

»  Dans  une  première  catégorie,  et  c'est  la  plus  nombreuse,  les  battements 
du  pouls  sont  de  Go,  72,  80;  dans  une  seconde  catégorie,  ils  sont  de  4o, 
5o  et  au-dessus  jusqu'à  60;  dans  une  troisième  catégorie,  qu'on  peut 
appeler  exceptionnelle,  le  pouls  s'élève  au-dessus  de  80,  ou  descend  au- 
dessous  de  4o. 

»  B.  Force  des  battements  artériels.  —  Elle  varie  beaucoup  selon  un  grand 
nombre  de  circonstances.  Poiu-  l'apprécier  d'une  manière  précise,  le  tou- 
clieret  la  vue  ne  suffisent  pas;  nous  ne  possédons  encore  que  l'instrument 
inventé  par  le  D'  Hérisson,  et  il  laisse  beaucoup  à  désirer.  Il  ne  nous 
apprend  rien,  par  exemple,  sur  la  force  de  la  systole  artérielle  elle-même, 
puisqu'il  n'a  été  disposé  que  pour  la  mesure  du  pouls  proprement  dit,  ou 
du  mouvement  diastolique  des  artères. 

»  C.  Rliylhme  des  mouvements  et  des  repos  des  artères.  —  Nous  ne  con- 
naissons encore  que  d'une  manière  approximative  la  durée  propre  de 
chacun  de  ces  mouvements  et  de  ces  repos,  que  la  sphygmographie  repré- 
sente très-heureusement;  mais  telle  est  la  régularité  avec  laquelle  ils  se 
comportent,  qu'on  peut  la  comparer  à  celle  de  certains  exercices,  dont 
les  mouvements  sont  soumis  aux  lois  de  la  musique,  comme,  par  exemple, 
la  marche  militaire,  la  danse  et  le  chant.  Déjà  les  anciens,  au  rapport  de 
Bordeu,  avaient  signalé  un  certain  ra})port  entre  le  pouls,  tel  qu'ils  le 
connaissaient  alors,  et  la  musique.  Bordeu  lui-même  approuve  cette 
comparaison,  en  l'appuyant  sur  quelques  considérations  nouvelles. 

»  On  peut  aussi  comparer  la  régularité  des  révolutions  artérielles  à  celle 
d'un  pendule  ou  d'une  montre,  ou  bien  encore  à  la  double  révolution  de 
notre  planète.  La  durée  d'une  révolution  artérielle  étant  connue  pour  un 
temps  donné,  elle  pourrait  servir  elle-même  de  chronomètre.  Lorsqu'elle 
est  d'une  seconde,  par  exemple,  comme  chez  les  individus  dont  le  pouls 
bat  60  fois  par  minute,  60  pulsations  donneraient  une  minute,  36oo  une 
heure,  et  ainsi  de  suite.  Il  est  vrai  qu'un  tel  chronomètre,  bien  que  cha- 
cun de  nous  le  porte  sans  cesse  avec  soi,  ne  serait  pas  d'un  usage  fort 
commode. 

III.  —  Forces  motrices  des  artères  et  mécanisme  du  cours  du  sang  artériel. 

»  Galien,  qui,  le  premier,  démontra  que  les  artères  contenaient  du  sang 
et  non  tie  l'air,  enseignait  qu'il  émanait  du  cœur  aux  liuiiques  artérielles 


(  63,   ) 

une  faculté  pulsifiqite  et  que  les  artères  se  remplissent  en  raison  de  celte 
faculté  pulsifique,  parce  qu'elles  se  distendent  comme  des  soufflets;  qu'elles 
ne  se  distendent  pas  parce  qu'elles  sont  remplies  comme  des  outres. 

»  Harvey  combat,  de  foutes  ses  forces,  cette  doctrine.  Il  a  démontré 
déjà  publiquement,  dit-il,  et  il  espère  pouvoir  clairement  démontrer  en- 
core que  les  artères  se  distendent  parce  qu'elles  se  remplissent  comme  des 
outres  {ut  utres),  que,  par  conséquent, 'elles  ne  se  remplissent  pas,  parce 
qu'elles  sont  distendues  comme  des  soufflets  [ut  folles)  (i). 

»  C'est  le  cœur,  en  se  contractant,  qui,  selon  Harvey,  remplit  les  artères, 
et  nulle  part  l'immortel  inventeur  de  la  circulation  ne  fait  jouer,  dans  cette 
fonction,  un  rôle  actif  aux  artères. 

))  M.  Longet  professe  une  doctrine  qui  ne  diffère  pas  beaucoup  de 
celle  de  Harvey.  «  H  ne  faudrait  i)as  »,  selon  lui,  «  attribuer  aux  artères 
un  rôle  réellement  ac/î^dans  la  propulsion  du  sang.  La  seule  force  impul- 
sive émane  de  la  pompe  cardiaque  ». 

»  Si  l'on  adoptait  à  la  lettre  la  théorie  de  Harvey  et  de  M.  Longet,  il 
serait  bien  difficile,  pour  ne  pas  dire  plus,  de  comprendre  la  grande  fonc- 
tion de  la  circulation  du  sang.  En  effet,  en  attribuant  à  la  seule  impulsion, 
à  la  seule  force  motrice  du  cœur,  l'oeuvre  tout  entière  de  cette  circula- 
tion, comment,  une  fois  expulsé  de  cet  organe,  le  sang  pourrait-il  arriver 
à  toutes  les  parties  du  corps  et  de  là  revenir  à  son  point  de  départ?  Com- 
ment le  cœur,  qui  remplit  les  artères,  les  désemplirait-il?  Et  comment,  si 
les  artères  ne  se  désemplissaient  pas,  le  cours  du  sang  pourrait-il  continuer? 
Oui,  nous  osons  le  dire,  si  le  cœur  était  le  seul  et  unique  moteur  du  sang, 
la  circulation  ne  serait,  en  quelque  sorte,  qu'un  vain  mot. 

»  Mais,  grâce  à  cette  contraction,  à  cette  systole  des  artères,  jusqu'ici 
méconnue,  les  artères  se  vident  du  sang  qu'elles  ont  reçu  des  ventricules 
du  cœur,  comme  ceux-ci  se  vident  du  sang  qu'ils  ont  puisé  dans  les  oreil- 
lettes. De  cette  façon,  c'est-à-dire  après  l'espèce  de  coup  de  piston  qui  le 
pousse  dans  les  réservoirs  capillaires,  le  sang  poursuit  son  cours  circulatoire. 
Il  ne  saurait,  d'ailleurs,  refluer  du  côté  des  ventricules  qui  l'ont  projeté 
ou  lancé  dans  les  artères,  puisque,  au  moment  de  la  systole  artérielle,  les 
orifices  de  ces  ventricules  sont  fermés  par  leurs  valvules  sygmoïdes. 


(i)  Pour  qu'un  corps  pût,  selon  Harvey,  attirer  au  dedans  de  soi  quelque  cliosc  propre 
à  le  distendre,  il  faudrait  qu'il  aiiît  à  la  manière  d'une  éponge  qui,  après  avoir  été  com- 
primée, revient  à  sa  constitution  naturelle.  Mais,  ajoule-t-il,  il  est  difficile  d'imaginer  qu'il 
existe  rien  de  tel  dans  les  artères. 

82.. 


»  Que  l'élasticité  proprement  dite  des  arlères  et  la  pression  atmosphé- 
rique ne  soient  pas  étrangères  à  certains  phénomènes  du  cours  du  sang 
dans  les  arlères,  certes  nous  en  convenons  volontiers;  mais  nous  croyons  de- 
voir nous  contenter  en  ce  moment  d'avoir  montré  que,  poiu'  s'accomplir,  le 
passage  du  sang  dans  les  artères  et  de  là  dans  les  réservoirs  qui  lui  sont  ou- 
verts dans  toutes  les  parties  du  corps  réclamait  le  double  concours  et  de 
la  systole  des  ventricules  du  cœur  et  de  la  systole  des  artères.  Que  cette 
dernière  systole  porte  les  noms  de  mécanique  ou  de  phjsiologique,  qu'on 
l'attribue  à  des  fibres  élastiques  ou  à  des  fibres  musculaires,  ELLE  est,  et  si 
elle  n'était  pas,  pour  que  la  circulation  du  sang  pût  s'opérer,  il  faudrait 
l'inventer.  Mais  encore  une  fois,  elle  est. 

IV.  —   Centre  régulateur  ou  coordinateur  des  mouvements  artériels. 

»  A  l'instar  de  ceux  du  cœur  et  de  plusieurs  autres,  les  mouvemenis  des 
artères  appartiennent  à  la  classe  des  mouvements  coordonnés  de  la  vie  orga- 
nique. Conmie  nous  l'avons  vu,  d'ailleurs,  les  mouvements  coordonnés 
du  cœur  et  les  mouvemenis  coordonnés  des  artères,  par  on  ne  sait  quelle 
autre  harmonie  préétablie,  ou  association  coopérative,  se  comportent  de 
telle  sorte,  dans  la  grande  fonction  de  la  circulation  du  sang,  que  leurs 
systoles  et  leurs  diastoles  s'accomplissent  dans  des  temps  inverses  ou  op- 
posés. Ces  mouvements  sont  régis  par  le  système  nerveux  ganglionnaire. 
Mais  où  se  trouve  leur  centre  régidateur  ou  coordinateur  ?  Il  faut  l'avouer, 
malgré  les  travaux  dont  il  a  été  jusqu'ici  l'objet,  ce  beau  problème  de 
localisation  est  encore  à  résoudre. 

V.   —   Identité  du  double  pouls  normal  et  du  pouls  dicrote  ou   redoublé. 

»  Les  auteurs,  dont  nous  avons  si  longtemps  nous-méme  partagé  l'opi- 
nion erronée,  ont  décrit  comme  un  état  anormal  le  pouls  connu  sous  le 
nom  de  dicrote,  bisferiens,  redoublé,  dédoublé,  expressions  diverses  rempla- 
cées aujourd'hui  par  celle  de  dicrotisme  du  pouls.  Combien  de  centaines 
de  fois  ne  l'avons-nous  pas  signalé,  de  la  manière  la  plus  expresse,  pendant 
les  longues  années  de  notre  clinique!  Que  de  temps  nous  avons  vainement 
consacré  à  la  recherche  de  l'explication  de  ce  phénomène  si  singulier,  si 
incompréhensible,  même  quand  on  le  considère  selon  l'opinion  reçue!  Nous 
l'avions  rencontré  à  son  maximum  d'évidence,  et  à  titre  de  phénomène 
constant  dans  diverses  maladies,  mais  plus  spécialement  dans  la  fièvre 
continue,  sous  ces  diverses  formes,  parmi  les  maladies  aiguës,  et  dans  l'hy- 
perti  ophie  généralisée,  parmi  les  maladies  chroniques,  organiques. 


(  633  ) 

»  J'ose  affirmer  aujourd'hui,  avec  la  conviction  que  donne  l'observa- 
tion exacte  et  raisonnée,  mille  et  mille  fois  répétée,  que  le  dicrolisme, 
étudié  jusqu'ici,  n'est  point,  comme  son  nom  l'indique  et  comme  on  l'a 
enseigné,  un  redoublement  du  po\ils  proprement  dit,  ou  du  pouls  diasto- 
lique  des  artères,  mais  bien  un  simple  renforcement  du  dicrotisme  normal 
de  ces  vaisseaux. 

»  Mais  je  n'insiste  pas  ici  plus  longlemps  sur  ce  sujet,  parce  que  je 
devrai  l'étudier,  de  la  manière  la  plus  approfondie,  quand  je  m'occuperai 
du  pouls  à  l'état  anormal.  J'ajouterai,  toutefois,  que  les  bruits  artériels  à 
double  courant,  que  j'avais  déjà  signalés  longlemps  avant  d'avoir  reconnu 
formellement  la  systole  des  artères,  la  supposent  nécessairement;  car  le 
second  souffle  ne  saurait  exister,  si  cette  systole  artérielle  n'existait  pas  elle- 
même. 

Conclusion, 

»  1.  L'action  ou  le  travail  des  artères  se  compose  de  deux  mouvements, 
séparés  l'un  de  l'autre  par  un  même  nombre  de  repos.  Pendant  le  premier, 
les  artères  sont  dilatées,  distendues,  ou  en  état  de  diastole.  Pendant  le  se- 
cond, elles  sont  contractées,  rétrécies,  ou  en  état  de  systole.  Les  artères 
constituent  donc  un  instrument  ou  un  organe  d'hydraulique  vivante,  à 
quatre  temps,  et  non  à  deux,  comme  on  l'avait  cru  jusqu'ici. 

»  2.  Le  premier  choc.^  connu  sous  le  nom  de  pouls,  est  produit  par  la 
systole  veiitriculaire  du  cœur.  Le  second  choc,  on  pourrait  dire  le  second 
pouls,  résulte  de  la  systole  des  artères.  Celles-ci  sont  donc  passives  dans  le 
premier  et  actives  dans  le  second. 

»  3.  Ces  deux  chocs  alternatifs  des  artères  constituent  un  dicrotisme  nor- 
mal, dont  le  dicrotisme  prétendu  anormal  n'est  que  le  renforcement,  soit 
simple,  soit  double,  c'est-à-dire,  soit  qu'il  porte  seulement  sur  le  second 
choc,  ou  systolique,  soit  qu'il  porte  à  la  fois  sur  celui-ci  et  sur  le  premier 
choc,  ou  diastolique. 

»  4.  Contrairement  à  la  doctrine  de  Harvey  et  à  celle  de  certains  phy- 
siologistes modernes,  les  artères  possèdent,  comme  le  coeur,  une  force  im- 
pulsive, sans  le  concours  de  laquelle  le  premier  acte  de  la  circulation  du 
sang  (transport  de  ce  liquide  dans  toutes  les  parties  du  corps)  ne  saurait 
s'accomplir. 

»  5.  Les  mouvements  coordonnés  des  artères  et  du  cœur  sont  régis  par 
l'innervation  ganglionnaire;  mais  le  siège  précis  du  ceutre  nerveux  qui 
coordonne  ces  mouvements,  d'une  régularité  vraiment  admirable,  reste 
encore  à  découviir.  » 


(  634  ) 

n  M.  Boulet  déclare  qu'il  ne  se  propose  pas  de  discuter  la  doctrine  que 
M.  Bouillaud  vient  d'exposer  sur  les  quatre  temps  des  pulsations.  11  dira 
seuleir.ent  que,  pendant  que  M.  Bouillaud  parlait,  il  a  cherché,  par  l'explo- 
ration de  son  propre  pouls,  à  coustater  ces  différents  temps,  et  qu'il  n'a 
pu  les  reconnaître.  Mais  ce  n'est  pas  sur  ce  sujet  que  M.  Bouley  veut  faire 
quelques  observations,  c'est  sur  uu  autre  point  de  la  Communication  de 
notre  confrère,  celui  qui  est  relatif  au  rôle  des  artères  dans  la  circulation. 

»  D'après  M.  Bouillaud,  des  physiologistes  éminents  de  notre  temps, 
mais  qu'il  n'a  pas  nommés,  affirmeraient  que  ce  rôle  est  nvd  et  que 
le  coeur  est  le  seul  agent  du  mouvement  du  sang.  M.  Bouillaud  semble 
donner  aujourd'hui  comme  une  idée  nouvelle  que,  au  contraire,  les  artères 
sont  actives  et  contribuent,  pour  leur  part,  à  faire  mouvoir  le  sang  dans 
l'appareil  qu'elles  constituent.  En  l'absence  de  ceux  des  Membres  de 
l'Académie  qui  ont,  en  Physiologie,  une  compétence  plus  particulière, 
M.  Bouley  croit  devoir  faire  observer  que  cette  idée,  loin  d'être  nou- 
velle, date,  au  contraire,  de  longtemps  dans  la  science,  et  il  a  le  souvenir 
très-précis  que  Magendie  l'a  formellement  exposée,  comme  sienne,  dans 
sa  Physiologie,  il  y  a  quarante  ans.  D'après  Magendie,  c'est  grâce  à  l'élas- 
ticité des  parois  artérielles  que  le  mouvement  intermittent  du  cœur  serait 
transformé  en  mouvement  continu.  Il  est  vrai  que  Magendie  fait  jouer  ce  rôle 
à  l'élasticité,  tandis  que  iM.  Bouillaud  invoque  peut-être  la  contractilité; 
mais,  au  point  de  vue  de  ce  qui  est  en  discussion  actuellement,  cette  ques- 
tion est  secondaire.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉDF.CINE.  —  Les  déjections  choléri(jues,  agent  de  transtnission  du  choléra. 
Note  de  M.  Ch.  Pellarin.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréaiit.) 

«  Le  rôle  des  déjections  cholériques  comme  ageut  de  transmission  du 
choléra  avait  peut-être  été  soupçonné  chez  nous  dés  l'épidéune  de  choléra 
de  i832;  mais  personne,  que  je  sache,  n'avait  apporté  à  l'appui  autant  de 
faits  précis  que  j'en  ai  rassemblé  dans  une  série  de  Communications  adres- 
sées, soit  à  l'Académie  des  Sciences,  soit  à  l'Académie  de  Médecine,  pendant 
les  quatre  derniers  mois  de  18/19,  *^'»  ''  <liverses  reprises,  dans  le  cours  de 
l'année  i85o. 

»  La  conclusion  de  mes  recherches,  renouvelée  dans  chacune  de  mes 


(  635  ) 
Communications  (i),  était  «  que  les  miasmes  exhalés  des  matières  rendues 
>'  par  les  cholériques  sont  le  principal  agent  de  la  transmission  du  choléra  ». 
Pour  ne  citer  que  deux  de  ces  conclusions,  insérées  dans  les  Comptes  rendus 
de  l'Académie  des  Sciences,  je  disais  (iSZJQ,  2*"  semestre,  t.  XXIX,  p.  693 
et  694)  : 

«  Le  choléra  ne  voyage  rjn'avec  et  par  les  individus  qui  en  ont  pris  le  germe. 

»  En  temps  d'épidémie  de  clioléra,  la  désinfeclion  des  fosses  d'aisance  et  des  matières 
rejetées  par  les  cholériques,  l'enfouissement  immédiat  de  ces  matières,  si  c'est  dans  les  cam- 
pagnes, où  la  plupart  des  habitations  n'ont  |)as  de  fosses  d'aisance  couvertes,  voilà  l'essen- 
tielle mesure  de  préservation  à  mettre  en  pratique.  » 

»  Or  on  a  lu,  dans  une  séance  du  Congrès  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  Sciences  tenu  à  Lyon,  et  l'on  a  publié  dans  plusiem-sfeiu  lies, 
tant  de  la  presse  scientifique  que  de  la  presse  politique,  un  Mémoire  d'un 
médecin  de  l'armée  anglaise  de  l'Inde,  M.  H.  Blanc,  qui  donne  comnie  une 
chose  inédite  la  constatation,  faite  par  lui-même  ou  par  quelques-uns  de 
ses  collègues,  de  la  propriété  que  possèdent  les  déjections  cholériques  de 
transmettre  le  choléra.  D'après  ce  document,  les  observations  de  nos  con- 
frères anglais  sont  des  années  iSô'y-iSôS. 

»  Je  ferai  remarquer  que,  dès  le  mois  de  septembre  1849,  je  rapportais, 
avec  les  détails  les  plus  circonstanciés,  comme  point  de  départ  de  l'épidémie 
de  choléra  qui  venait  d'éclater  à  Givet,  une  série  de  cas,  tous  développés 
chez  les  habitants  d'une  maison  dont  la  cour  avait  reçu,  jetées  sur  un  fu- 
mier, les  déjections  d'un  premier  cholérique,  arrivant  de  Bruxelles,  oii  ré- 
gnait le  choléra  (2). 


(i)  Fni/-]cs  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  1849,  2^  semestre,  p.  SSg,  4^3, 
5o3j  693  et  694  ;  i85o,  !"■  semestre,  p.  49;  et  1 85 1,  i"'' semestre,  p.  8o5-8o6. 

(2)  Ces  faits  ont  été  résumés  de  nouveau  dans  une  publication  intitulée  Le  Cliotérn  ou 
Typhus  indien,  épidémie  de  i865,  pi-ophyliixic  et  traitement  (J.-B.  Baillière  et  fils,  1866),  dont 
je  joins  ici  un  exemplaire,  à  titre  de  document,  pour  la  Commission. 

Ils  y  sont  rappelés,  p.  17,  et  dans  une  Note,  p.  'jo-7!,  avec  une  rectification  communi- 
quée à  l'Académie  et  insérée  dans  les  Comptes  rendus,  i85i,  i"  semestre,  p.  8o5-8o6.  Celte 
lectification  portait  sur  le  mode  d'invasion  du  choléra  dans  la  garnison  de  Givet,  que  j'avais 
primitivement  attribuée  à  une  cause  d'infection  locale,  tandis  qu'elle  résultait,  en  réalité, 
d'une  transmission  par  les  premiers  cholériques  civils.  Le  premier  militaire  attaqué  et  enlevé 
par  le  choléra  dans  la  nuit  du  3i  août  avait  visité,  le  jour  même,  la  jeune  fille  Ursule  D.,  sa 
prétendue,  qui  avait  présenté  le  deuxième  cas  de  choiera  dans  Givet.  Cette  particularité,  une 
fois  révélée,  me  fit  abandonner  l'opinion  que  j'avais  jusque-là  soutenue,  de  la  possibilité  d'une 
genèse  spontanée  du  choléra  épidémique  dans  nos  pays  d'Europe. 


(  636  ) 

»  Dans  une  Note  adressée  à  l'Académie  des  Sciences  et  mentionnée  dans 
la  séance  du  29  octobre  1849,  je  disais  formellement  : 

0  Je  liens  à  ce  (lu'il  soit,  dès  à  présent,  constaté  que  j'ai  le  premier  signalé  les  matières 
rendues  par  les  cholériques  comme  étant  l'agent  le  plus  ordinaire  de  la  transmission  du  mal.  « 

»  On  objectera  peut-être,  contre  ma  revendication,  que  j'ai  indiqué  l'ab- 
sorption par  la  voie  pulmonaire  comme  étant  le  mode  d'introduction  le 
plus  habitLiel  du  miasme  cholérique,  tandis  que  le  médecin  anglais,  en  pro- 
fessant que  «  le  principe  contagieux  réside  dans  les  évacuations  de  l'homme 
»  pris  du  choléra  »,  ajoute  :  «  Cette  transmission  de  la  maladie  a  lieu, 
»  presque  loiijoitî's,  au  moyen  de  l'eau  employée  en  boisson.    » 

»  Sans  rejeter  entièrement  ce  mode  d'intoxication,  auquel  les  expé- 
riences de  Tlîiersch  et  de  M.  le  professetu'  Robin  fournissent  un  certain 
appui,  je  maintiens  qu'il  est  rare,  comparativement  au  mode  que  j'admets 
comme  le  plus  général.  Quelques-uns  des  faits  allégués  par  M.  Blanc,  en 
faveur  de  son  interprétation,  vont  directement  contre  elle.  Tel  est,  par 
exemple,  le  fait,  emprunté  au  journal  de  Médecine  américain  le  Sanitarian 
et  observé  dans  l'hospice  de  Blackwell-Island  en  1866,  de  douze  biancliis- 
seuses  sur  trente-quatre,  qui  succombèrent  au  choléra  après  avoir  lavé  des 
linges  souillés.  Il  est  clair  que  c'est  par  une  autre  voie  que  celle  de  l'es- 
lomac  et  de  l'intestin  qu'elles  avaient  absorbé  le  principe  cholérigène. 

))  Je  suis  loin  d'imputer  à  nos  honorables  confrères  anglais  une  inten- 
tion quelconque  de  spoliation  ;  s'ils  n'ont  pas  mentionné  mes  travaux,  c'est 
sans  doute  qu'ils  n'en  avaient  point  eu  connaissance. 

))  J'ajouterai  enfin  que  l'une  de  mes  conclusions  lues  dans  la  séance  de 
l'Académie  des  Sciences  du  10  décembre  1849  et  rapportées  dans  les 
Comptes  rendus,  p.  694,  était  ainsi  conçue  : 

«  Il  faut  repousser,  comme  aussi  peu  fondée  qu'effrayante,  l'idée  de  grandes  niasses,  de 
colonnes  d'air  empoisonné,  de  nuages  cholériques,  qui  circuleraient  dans  l'atmosplière, 
promenant  le  fléau  indien  d'un  bout  à  l'autre  du  globe.    » 

))  D'autre  part,  le  Mémoire  de  M.  H.  Blanc,  lu  au  Congrès  de  Lyon  tu 
1873,  débute  parla  phrase  suivante  : 

«  Le  choléra  n'est  pas  une  substance  insaisissable,  mystérieuse,  s'élevant  dans  les  airs 
pour  fondre  impitoyablement  sur  quelques  points  de  la  Terre,  guidée  et  dirigée  par  la  main 
incertaine  des  vents.    <• 

»  Je  crois,  par  ce  qui  précède,  avoir  mis  l'Académie  en  mesure  de  se 
prononcer  en  pleine  connaissance  de  cause.   » 


(637  ) 

MÉ3I0I11ES   PRÉSEIVTÉS. 

M.  Erb,  m.  Clarke  adressent  des  Communications  relatives  au  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  A.  Brachet  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  perfectionne- 
ments à  apporter  au  microscope. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  J.  Kregau  adresse  une  Note  relative  à  diverses  questions  d'Astronomie 
et  de  Physique  du  Globe. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Lœwy. 

CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  adresse,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut,  une  seconde  série  de  feuilles  de  la  Carte  géologique  détaillée  de 
la  France  (i). 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  la  6"  série  des  «  Matériaux  pour  la  Paléontologie  suisse, 
ou  Recueil  de  monographies  sur  les  fossiles  du  Jura  et  des  Alpes,  publié 
par  M.  F.-J.  Pkiet  »  (7",  8'',  g*'  et  lo*'  livraisons,  contenant  la  descrip- 
tion des  Échinides  des  terrains  crétacés  de  la  Suisse,  par  P.  de  Loriol). 
Cette  nouvelle  série  est  adressée  à  l'Académie  par  Madame  Pictet,  veuve 
de  l'illustre  paléontologiste. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  également,  parmi  les  pièces  impri- 
mées de  la  Correspondance,  treize  brochures  de  M.  J.-fJ.-L.  Glaisher,  im- 
primées en  anglais  et  relatives  à  diverses  questions  de  Géométrie  ou  de 
Physique  mathématique.  L'une  de  ces  brochures,  intitulée  «  Quadrature 
du  cercle,  de  i58o  à  1620,  »  contient  un  historique  des  travaux  effectués 
pendant  celte  période  sur  le  calcul  du  rapport  de  la  circonférence  au 
diamètre,  calculs  qui  en  ont  fourni  la  valeur  jusqu'au  34*  chiffre  décimal. 

(r)  Le  dttail  Je  cet  envoi  sera  indi(]mi  plus  loin,  :iii  Bulletin  bibliographique  relatif  à 
cette  séance. 

C.  K.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  H.)  ^3 


(  638  ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —Sur  les  changements  déforme  de  la  comète  1873.  IV. 
Note  de  MM.  G.  Rayet  et  André. 

o  Depuis  le  i"  septembre,  le  ciel  s'est  montré  particulièrement  défavo- 
rable aux  observations  d'Astronomie  physique;  deux  fois  seulement  l'atmo- 
sphère est  devenue,  pendant  quelques  instants,  a^scz  transparente  pour 
laisser  voir  quelques  détails  dans  le  noyau  de  la  comète  découverte  par 
MM.  Paul  et  Prosper  Henry. 


«  Dans  la  nuit  du  3  au  4  septembre,  vers  2  heures  du  matin  el  après  le 
coucher  de  la  I.unc,  la  comète,  déjà  haute  au-dessus  de  l'horizon,  avait 
luie  queue  longue  de  2  degrés  environ  et  très-nettement  liée  au  noyau 
central  par  un  brillant  filet  de  hnnière.  I.e  diamètre  total  de  la  tète  de 
l'astre  ne  paraissait  pas  beaucoiqj  augmenté;  il  était  toujours  d'environ 
8  ou  9  minutes  d'arc,  mais  sa  forme  avait  changé.  Le  noyau,  qui  dans  les 
observations  précédentes  était  sensiblement  au  centre  de  la  nébulosité, 
avait  pris  une  position  excentrique  vers  la  partie  de  la  comète  opposée  à 
la  queue.  Du  point  brillant  central  vers  la  tète,  la  décroissance  de  lumière 
était  d'abord  brusque,  cl  le  noyau  paraissait  Icrniiné  de  ce  côté  en  arc  de 
cercle;  vers  la  queue  il  se  j)rolongeait  en  un  filet  brillant. 


(  639  ) 

»  Le  ciel  s'est  couvert  av;nit  que  la  comète  fût  assez  haute  pour  pou- 
voir être  examinée  an  s|)ecfroscope. 

»  F.a  comète  a  été  de  nouveau  observée  dans  la  nuit  du  lo  au  12  sep- 
tembre et  pendant  une  éclaircie  qui  s'est  produite  entre  i  heure  et  2  heures 
du  matin. 

»  Malgré  la  Lune,  alors  à  son  troisième  quartier,  qui  illuminait  vive- 
ment le  ciel,  la  comète  était  bien  visible  et  d'un  grand  éclat;  son  noyau  se 
détachait  vivement  sur  le  champ  complètement  éclairé  de  l'équatorial  et 
dans  des  conditions  où  les  étoiles  de  sixième  grandeur  étaient  effacées.  Ce 
noyau  tranchait,  par  sa  leinle  bleue  (lumière  propre  de  la  comète),  sur 
la  lumière  jaunâtre  de  la  lampe.  La  forme  de  la  tète  s'était  accentuée 
et  se  trouve  reproduite  dans  le  dessin  ci-joint.  Vers  la  lète  de  la  co- 
mète, le  noyau  dessine  un  arc  de  cercle  convexe  dont  l'intensité  lumineuse 
tranche  nettement  sur  la  nébulosité  générale;  sa  courbure  paraît  moindre 
vers  la  partie  droite  du  champ,  à  l'ouest.  La  portion  la  plus  lumineuse 
du  noyau  a  une  forme  grossièrement  triangulaire  et  se  prolonge  vers  la 
queue  par  un  vif  filet  de  lumière. 

»  L'éclat  de  la  Lune  empêchait  de  voir  la  queue  dans  tout  son  dévelop- 
pement et  restreignait  les  dimensions  de  la  comète, 

»  Depuis  le  II,  l'astre  n'a  pu  être  observé  que  quelques  instants  et  tout 
à  fait  à  l'horizon  pendant  la  dernière  nuit. 

»  La  comète  marche  avec  une  rapidité  extrême  vers  le  Soleil,  et,  dans 
notre  hémisphère,  on  ne  peut  espérer  la  revoir  que  longtemps  après  son 
passage  au  périhélie,  lorsqu'elle  sera  de  nouveau  devenue  faible.  » 

ÉLASTICITÉ.  —  Sur  le  mouvement  d'un  fil  élastique  dont  une  extrémité  est 
animée  d'un  mouvement  vibratoire.  Noie  de  M.  E.  Mercadier,  présentée 
par  M.  Balard. 

«  L  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  du  19  mai  1873,  j'ai 
indiqué  comment  j'ai  été  conduit,  en  construisant  un  électro-diapason,  à 
étudier  un  mouvement  de  cette  nature  :  c'est  celui  d'un  fil  métallique 
qu'on  fixe  à  un  diapason  pour  en  enregistrer  les  vibrations;  mais  le  dia- 
pason n'est  ici  évidemment  qu'un  corps  sonore  de  forme  particulière, 
animé  d'un  mouvement  vibratoire  déterminé  (i). 

(i)  Ce  genre  de  mouvement  a  été  déjà  étudié  par  M.  Gripon,  qui  a  donné,  dans  les 
Comptes  rendus  du  4  décembre  iS'ji,  l'indiration   d'un  certain    nombre  de  résultats  qu'il  a 

83.. 


{  64o  ) 

»  L'éleclro-diapason  que  j'ai  décrit  dans  la  Note  du  19  mai  et  dans  une 
Note  précédente  du  12  mai  m'a  procuré  une  méthode  nouvelle  et  précise 
pour  étudier  ces  mouvements,  en  les  rendant  réguliers,  continus,  indépen- 
dants de  la  volonté  de  l'observateur,  et  m'a  permis,  par  suite,  de  les  sou- 
mettre à  des  mesures  exactes. 

»  La  méthode  consiste  à  encastrer  solidement  un  fil  élastique  quel- 
conque à  l'une  des  extrémités  d'un  éleclro-diapason ,  perpendiculai- 
rement au  plan  de  vibration  de  l'instrument,  après  avoir  mesuré  son 
diamètre  et  sa  longueur.  On  peut  faire  varier  la  longueur,  en  raccour- 
cissant peu  à  peu  le  fil  avec  une  pince  coupante,  le  diamètre  du  fil,  sa  na- 
ture, le  diapason  auquel  il  est  fixé,  l'intensité  du  mouvement  de  ce  dia- 
pason, etc. 

»  Quelles  que  soient  les  circonstances  dans  lesquelles  on  se  place,  deux 
cas  peuvent  se  présenter  si  l'on  prend  au  hasard  une  longueur  quelconque 
de  fil,  quand  l'électro-diapason  se  met  en  mouvement. 

»  1°  Ou  bien  le  fil  se  divise  nettement  en  un  certain  nombre  de  conca- 
raérations,  avec  une  extrémité  libre  dont  la  vibration  (comme  celle  du  fil 
entier)  s'exécute  parallèlement  à  celle  de  tous  les  points  du  diapason. 
L'autre  extrémité,  fixée  à  l'instrument,  vibre  comme  lui.  Un  nœud  se 
trouve  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  du  diapason,  dont  l'intensité 
vibratoire  et  l'amplitude  ne  sont  pas  sensiblement  altérées  parla  présence 
du  fil.  Celui-ci  se  trouve  alors  dans  ce  que  j'appellerai  l'un  de  ses  étals  vi- 
bratoires normaux. 

»  2°  Ou  bien  le  fil  présente  des  formes  vibratoires  plus  ou  moins  com- 
plexes, indiquant  des  superpositions  de  mouvements  et  quelquefois  des 
vibrations  tournantes.  L'extrémité  libre,  depuis  le  nœud  extrême,  prend 
la  forme  d'une  sorte  de  cornet  dont  la  section  droite  est  une  ellipse,  une 
courbe  fermée  irrégulière,  ou  une  courbe  à  nœuds  :  forme  fixe,  ou  dont 
les  parties  semblent  quelquefois  tourner  les  unes  autour  des  autres,  et  qui 
peut  être  encore  compliquée  par  des  mouvements  d'ensemble  désordonnés 
du  fil. 

»  Cette  complexité  d'effets  a  lieu  surtout  quand  le  fil  est  fin;  mais,  dans 
tous  les  cas,  ces  états  vibratoires,  que  j'appellerai  anormaux  ou  de  transi- 
tion, sont  caractérisés  par  une  diminution  de  l'amplitude  et  de  l'intensité 
du  mouvement  du  diapason  :  diminution  remarquable,  qui  peut  aller  jus- 


observés.  Mes  propres  rcdierches  ont  confirmé  la  plupart  des  lois  indiquées  par  M.  Gripon 
et  m'en  ont  fourni  de  nouvelles. 


(64i  ) 
qu'à  l'extinction  à  peu  près  coni])Iète  clans  des  cas  bien  déterminés  que 
j'indiquerai  plus  tard. 

»  On  est.d'ailleurs  toujours  le  maître  de  passer  d'un  état  normal  à  un 
état  anormal  :  il  suffit  de  raccourcir  le  fil  en  en  coupant  un  morceau. 

»  Je  distinguerai  ces  deux  états  et  j'établirai  d'abord  les  lois  que  suivent 
les  fils  pendant  l'état  normal. 

»  IL  Elat  vibratoire  normal.  —  Dans  cet  état,  le  fil  présente  un  premier 
nœud  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  du  diapason,  une  série  de 
nœuds  et  de  ventres.  J'appelle  D,  la  première  distance  nodale  (distance  du 
premier  nœud  au  second);  D  les  autres  distances  nodales  (elles  sont  égales), 
sauf  la  dernière,  que  j'appelle  d;  après  le  dernier  nœud  se  trouve  une  cer- 
taine longueur  l  du  fil  qui  vibre  librement. 

»  Le  nombre  des  nœuds,  les  distances  nodales,  la  longueur  Z  dépendent 
de  la  longueur  L  du  fil,  de  son  diamètre  5,  du  nombre  de  vibrations  n  du 
diapason.  En  mesurant  avec  soin  ces  quantités  diverses,  on  trouve  les  lois 
que  le  tableau  suivant  met  en  évidence  : 


NATURE    DES    FILS. 

(1) 

(31 

D, 

(M 

D 

(5) 

(1) 

D 

3 

(8) 

fi 
D 

m 

D 

(10) 

(11) 

- !:!,::;:: 

(  IV 

(' 

Cuivre Il 

III 

Platine 

I 

Aluminium       II 

(  III 

Ultll 

0,24 
0.46 

".'19 

0,17 

0,2/| 

0,38 

o,'i„ 
u,  '.Ut 

0 , 2  '1 

0>92 

0,3,4 
0,4  90 
0,678 
0,700 

0,412 
0,490 
0,616 

o.Vn 
0,547 

0,490 
0,686 
0,959 

mm 
33,2 

58,3 

M 

3o,6 

37.4 
44,6 

29-7 

n 
4l>2 

57,0 
80,7 

mm 
32,6 

43,5 
58,8 
60,7 
3o,7 

37. '1 
45,7 

3o,4 
36,7 

42,6 
58,5 
82,5 

mm 

29,5 
40,4 
54,2 

56, 0 

28.0 
3 '1,0 
4..0 

27.5 

» 

39/1 
53,7 

75.4 

mm 
10,7 

.4.9 
■9.7 

20,4 

10,  I 
12,5 
1  5  ,  2 

10,2 
12,0 

II,  4 
19.3 
26,7 

mm 
10,8 

14 ,5 
19.6 

20,2 

10,2 
12,5 
l5,2 

10,  I 
12,2 

.4,2 

i9i5 
27,5 

0.91 
0,93 
0,92 
0,92 

0,91 
0.91 
0,90 

0.90 
» 

0,92 
0,92 
0,92 

I  ,  t>0 

1,35 
1,80 
1,86 

1 ,00 
1 ,23 
1,48 

1 ,  00 
1,21 

1 ,00 
1,37 
■•94 

1  ,  00 

1,38 
1,81 
.,87 

1,00 

1,25 

■•49 

1  ,1)0 
I  ,22 

I  ,ou 

1,40 

1.96 

»    1.   Quelle  que  soit  sa  longueur,  quand  le  fil  vibre  régulièrement,  il  vibre 
toujours  synchroniquement  avec  le  diapason. 

I  »  On  le  voit  en  inscrivant  ses  vibrations  sur  un  cylindre  et  en  les  comp- 
tant; on  peut  s'en  assurer  très-simplement,  en  appuyant  légèrement  la 
tranche  d'une  feuille  de  papier  sur  un  nœud  :  le  frôlement  de  la  feuille 
mise  en  vibration  reproduit  toujours  le  son  du  diapason. 


(  642  ) 

»  2.  Pour  un  même  fil,  les  distntïces  nodales,  sauf  la  première  D,  et  la  der- 
nière d,  -sont  égales. 

»  Nous  appellerons  cette  grandeur  constante  D  distance  nodale  normale. 
La  colonne  n°  5  du  tableau  ci-dessus  donne  les  valeurs  de  D  pour  chaque 
fil;  les  nombres  de  ce  tableau  sont  les  moyennes  de  5  à  i5  valeurs  très- 
concordantes,  car  leur  erreur  relative  moyenne  ne  dépasse  jamais  o,oi. 

»  La  différence  entre  D  et  D,  est  très-faible  et  n'a  pas  de  grandeur  ni 
de  sens  déterminé.  La  distance  d,  au  contraire,  est  constamment  égale 

aux  ^  de  D  environ  ivoir  la  colonne  9  qui  donne  les  rapports  —  )• 

))  C'est  une  loi  identique  à  celle  que  M.  Lissajous  a  trouvée  pour  les 
verges  vibrantes  fixées  à  un  bout  et  libres  à  l'autre. 

»  3.  Pour  un  même  fil,  quelle  que  soit  sa  longueur,  l  est  constante  et  égale 
au  tiers  de  la  distance  nodale  normale  D  [voir  les  colonnes  7  et  8  du  tableau). 

»  Ceci  est  encore  conforme  aux  lois  des  vibrations  des  verges  encas- 
trées à  un  bout,  de  sorte  qu'à  un  instant  quelconque,  en  considérant  la 
tige  à  partir  du  premier  nœud  seulement,  elle  est  divisée  comme  le  serait 
une  tige  vibrante  fixée  en  ce  nœud  et  libre  à  l'autre  extrémité. 

»  4.  ^  mesure  qu'on  fait  varier  la  longueur  du  fil,  /,  d,  D  restent  invariables, 
jusqu'à  ce  f^u  il  ny  ait  plus  (ju'un  nœud;  la  distance  du  premier  nœud  au  diapa- 
son seule  varie. 

»  Cette  distance  varie  précisément  comme  le  fil  ;  elle  se  raccourcit  de  la 
même  quantité  que  lui,  du  moins  jusqu'à  la  limite  oii  commencent  ses  vibra- 
tions anormales;  par  conséquent  les  choses  se  passent,  quand  on  raccourcit 
le  fil,  comme  si  l'on  taisait  glisser  par  degrés,  dans  l'encastrement,  la  figure 
qu'il  présente,  les  nœuds  disparaissant  successivement.  (On  fait  abstraction 
pour  le  moment,  sauf  à  y  revenir  plus  tard,  de  ce  qui  arrive  quand,  dans 
ce  glissement  fictif,  les  mouvements  anormaux  commencent.) 

»  5.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  distances  nodales  normales  de  fds 
de  même  nature  sont  entre  elles  comme  les  racines  carrées  de  leurs  diamètres 
(noir  les  colonnes  2,  3,  4»   10  et  11  du  tableau;  la  colonne  11  intitulée 

^  donne  les  rapports  des  nombres  de  la  colonne  3  au  premier  de  chaque 

série;  il  en  est  de  même  de  la  colonne  10  par  rapport  à  la  colonne  5). 

»  6.  Pour  des  diapasons  dijjérents,  les  distances  normales  correspondant  à 
un  même  fil  sont  en  raison  inverse  des  racines  carrées  des  nombres  de  vibrations 
des  diapasons. 

»   C'est  ce  que  montre  le  tableau  suivant  pour  deux  diapasons  ri  et  n'. 


D' 

v/ïï 

D 

H 

D' 

n' 

D 

^n- 

45,7 

3.57,5 

86,5 

74,0 

I  ,90 

'.90 

60,7 

257,5 

ii5,6 

74.0 

1,90 

'.90 

82,5 

257,5 

157.7 

74.0 

'.9' 

',90   (' 

(  G43  ) 

s 

Cuivre.    ....      o,38 

Fer 0,49 

Aluminium  .  .      0,92 

»  7.  Si  l'on  fait  varier  l''amj)UlLidt  du  diapason  (en  faisanl  varier  graduel- 
lement, par  exemple,  l'intensité  de  la  pile),  la  forme  de  la  vibration  dit  filne 
change  pas,  mais  les  trois  ou  cpiatre  premiers  nœuds  voisins  dit  diapason  se  dé- 
placent, en  s'éloiijnanl  ou  se  rapprochant  de  lui  siiiunnt  que  son  ampUlude  aug- 
mente ou  diminue.  Ce  déplacement  dcrioit  très-rapidement  du  premier  an  der- 
nier nœud  déplacé. 

»  Par  exemple,  en  faisant  varier  l'amplilnde  d'un  diapason  de  257,0  vi- 
brations complètes  par  seconde,  depuis  celle  qui  produit  des  nœuds  suffi- 
samment nets  jusqu'à  ut}^;  valeur  triple,  ou  oblieut  les  nombres  moyens 
suivants,  qui  représentent  les  déplacements  en  fractions  de  la  distance 
moyenne  des  nœuds  considérés  au  diapason  : 

1*^''  nœud,     -j*^  nœud.       S^  nœud.         /|^  nœud.         Oi)ber\nti()us. 

I                      I                       I                        I        \ 
FtT —  —  7—  1   I,cs  auht'S  nœuds 


5  20  5o  100 


ne  tliaiiirent  pas 


Cmvre p  -?  7^73  ■ \     "'^■position. 

D  25  DO  200      / 

>>  Un  tel  déplacement  n'altère  pas  la  distance  nodalc  iinruialc  et  ne 
change  |ias  les  lois  ci-dessus  indiquées  ;  mais  il  en  résidte  néanmouis  la  né- 
cessité d'opérer  avec  une  amplitude  constante  du  diapason  pour  avoir  des 
résultats  comparables;  c'est  ce  que  j'ai  toujours  fait. 

»  J'aurai  l'occasion  de  revenir  sur  ce  sujet  dans  une  prochaine  Commu- 
nication, où  seront  indiqués  les  faits  relatifs  aux  vibrations  anormales,  et 
où  les  résultats  précédents  seront  complétés.  » 

GÉOLOGIE  COMPARÉE.  —  Produit  d'oxydation  des  fers  météoriques;  compa- 
raison avec  les  magnétites  terrestres.  Note  de  M.  Stan.  Meunier. 

«  D'après  des  considérations  déjà  développées,  les  roches  terrestres, 
prises  dans  leur  ensemble,  se  comportent  comme  l'épiderme  d'un  globe 
dont  les  régions  profondes  seraient  constituées  par  des  masses  semblables 
aux  roches  météoritiques. 

(i)  Tout  ce  qui  ])récède  est  une  confirmation  complète,  par  une  méthode  d'observation 
sûre,  précise  et  commode,  des  résultats  obtenus  par  M.  Gripon. 


(  644  ) 

M  Par  exemple,  les  filons  de  serpentine  sont,  clans  cette  manière  de  voir, 
comme  le  chapeau  des  filons  plus  profonds  de  chantonnite.  C'est  un  point 
qui  a  fourni  le  sujet  d'éludés  spéciales  (i),  et  sur  lequel  nous  ne  revenons 
pas. 

»  Une  autre  conséquence  non  moins  nécessaire  de  l'hypothèse  est  que 
les  filons  de  fer  oxydulé  doivent  de  même  représenter  les  portions  supé- 
rieures de  filons  de  fer  massif  comparables  aux  Iiolosidères.  Pour  que  ce 
dernier  point  puisse  être  admis,  il  faut  montrer  que,  en  s'oxydant  à  la  fa- 
veur de  certaines  conditions,  les  fers  météoriques  se  transforment  en  ma- 
tières analogues  à  nos  fers  oxydulés. 

»  Ceci  suppose  à  la  fois  que  la  structure  de  la  masse  se  modifie  considé- 
rablement et  que  sa  composition  s'altère,  le  nickel,  par  exemple,  étant 
éliminé.  C'est  dans  cette  direction  que  j'ai  tenté  quelques  expériences,  qui 
seront  résumées  en  peu  de  mots. 

»  Pour  ce  qui  est  de  la  structure  caractéristique,  il  est  facile  de  démon- 
trer que  le  fait  pur  et  simple  de  l'oxydation  la  détruit  complètement.  Un 
fragment  du  fer  de  Charcas  (Mexique)  fut  chauffé  au  rouge,  pendant  cinq 
heures,  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau.  Au  bout  de  ce  temps,  on  laissa 
refroidir;  la  masse  très-cohérente  d'oxyde  fut  polie,  puis  traitée  par  l'acide 
chlorhydrique  très-faible,  suivant  le  procédé  ordinaire  de  Widmanslœtten  : 
aucune  figure  n'apparut. 

n  Une  fois  ce  fait  constaté,  on  soumit  une  partie  de  l'oxyde  qui  venait 
d'être  produit  à  l'action,  continuée  pendant  plusieurs  heures,  de  la  cha- 
leur rouge  et  du  gaz  hydrogène  :  une  portion  assez  épaisse  fut  réduite  à 
l'état  métallique.  Quoique  la  cohésion  eût  beaucoup  diminué,  on  polit  de 
nouveau  et  l'on  recommença  l'attaque  par  l'acide;  il  fut  impossible  d'ob- 
tenir une  figure. 

»  On  doit  rapprocher  de  ce  résultat  le  résultat  tout  pareil  que  donna 
un  frngment  préalablement  poli  de  la  magnétite  contenue  dans  la  serpen- 
tine de  Firmy  et  traité  par  l'hydrogène.  Ici  encore,  il  fut  impossiblede  dé- 
terminer la  production  d'un  dessin  régidier. 

»  Donc,  pour  ce  qui  est  seulement  de  la  structure,  la  magnétite  terrestre, 
et  spécialement  celle  qui  est  en  relation  avec  les  roches  serpentineuses, 
peut  être  comparée  au  produit  de  l'oxydation  des  fers  météoriques. 

»  En  ce  qui  concerne  la  différence  de  composition  qui  sépare  la  ma- 
gnétite des  fers  météoriques,  la  difficulté  est  plus  grande.  Cependant   la 

(i)   Cuiiiptcii  rendus,  t.  LXXI,  p.  ûgo. 


(  645  ) 
disparition  du  nickel  se  présente  comme  pouvant,  dans  certaines  circon- 
stances, être  une  conséquence  de  Toxydation. 

»  Le  fer  de  Charcas,  sur  lequel  j'ai  opéré  de  préférence,  parce  que  plu- 
sieurs petits  fragments  étaient  à  ma  disposition,  m'a  rendu  témoin  d'un 
phénomène  extrêmement  curieux,  dont  les  chimistes  ne  paraissent  pas 
s'être  préoccupés.  Après  avoir  abandonné  un  petit  morceau  de  ce  fer  dans 
l'eau  régale,  afin  d'examiner  le  résidu  de  sa  dissolution,  on  le  sortit,  on  le 
lava,  puis  on  le  laissa  sécher  :  au  bout  de  quelque  temps,  et  longtemps 
après  qu'il  semblait  avoir  perdu  toute  hiuuidité,  il  se  couvrit,  en  divers 
points,  d'efflorescences  d'un  vert  clair  très-remarquable  et  contrastant,  de 
la  manière  la  plus  nette,  avec  la  nuance  fortement  ocreuse  qu'il  avait  ac- 
quise. Ces  efflorescences,  examinées  avec  le  plus  grand  soin,  parurent  ne 
pas  renfermer  de  fer  en  quantité  sensible  et  être  surtout  formées  de  chlo- 
rure de  nickel.  J'en  conserve  à  l'air  depuis  plus  de  deux  ans,  sans  que  leur 
nuance  ait  changé,  ce  qui  n'aurait  pas  eu  lieu  pour  un  chlorure  ferru- 
gineux. 

»  Il  résulte  de  là  qu'il  peut  s'opérer,  dans  certaines  circonstances,  un 
véritable  départ  entre  le  chlorure  de  fer  et  le  chlorure  de  nickel.  Le  pre- 
mier se  décompose,  de  façon  à  donner  de  la  limonite  et  du  perchlorure 
très-sol ub le;  l'autre  reste  tout  entier,  intact,  à  la  disposition  des  agents 
capables  de  le  dissoudre. 

»  Ce  fait  me  paraît  rendre  compte,  sans  parler  davantage  de  la  différence 
de  composition  qui  nous  occupe,  de  diverses  particularités  offertes  par  les 
serpentines.  On  sait,  par  exemple,  que  presque  toutes  renferment  du  nic- 
kel, tandis  que  la  partie  lithoïde  de  la  chantonnite  en  paraît  exempte. 
Cela  doit  provenir,  d'après  le  fait  précédent,  du  lavage,  par  les  eaux 
chargées  de  principes  salins,  des  grenailles  oxydées.  Il  est  naturel  de  rap- 
procher ces  observations  de  celles  que  M.  Daubrée  a  faites,  à  l'inverse, 
sur  le  produit  de  la  réduction  des  serpentines  par  le  charbon  (i)  :  il  a  vu 
le  fer,  réduit  à  l'état  métallique,  aller  chercher  le  nickel  dans  la  pierre,  de 
manière  à  se  rapprocher  de  la  composition  des  alliages  météoritiques.  La 
cause  de  ces  phénomènes  réside  dans  une  différence  d'oxydabilité  du  fer 
et  du  nickel,  intéressante  à  étudier  et  à  comparera  celle  des  divers  alliages 
de  ces  métaux. 

»   On  voit  donc  que  si,  eu  résumé,  on  admet  qu'un  filon  de  fer  météo- 

(i)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2'^  série,  t.    XXIII,  p.  4oo. 

0.  K.,  1873,  2»  Semesfre.  (T.  LXXVII,    N"  H.)  <^4 


(  646  ) 
riquo,  même  ayant  la  strucfure  régulière  que  fait  apparaître  l'expérience 
de  Witlmannsfaelten,  eût  été  soumis,  clans  les  profondeurs  de  l'écorce  ter- 
restre, à  racliou  de  la  chaleur  qui  y  règne  et  des  agents  qui  y  circulent, 
on  comprend  aussi  bien  sa  transformation  en  filon  de  fer  oxydulé  dépourvu 
de  nickel  que  celle  des  filons  de  chantonnite  en  serpentine.  Cette  conclu- 
sion est  importante,  comme  on  voit,  au  point  de  vue  de  la  Géologie  com- 
parée, et  justifie  une  fois  déplus  le  rapprochement  des  roches  terrestres  et 
des  roches  cosmiques.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Procédé  de  préparation  d'un  nouveau  rouge 
d'aniline.  Note  de  M.  E.   Ferrière. 

«  Ce  procédé  de  préparation  consiste  dans  la  série  d'opérations  sui- 
vante :  i"  on  forme  un  acétate  d'aniline;  2°  on  verse  une  dose  d'hydrate 
de  cuivre  ammoniacal;  3°  on  sature  par  l'acide  sulfurique  :  il  se  développe 
une  belle  couleur  d'un  rouge  pourpre. 

»  Après  concentration,  la  liquein-,  abandonnée  à  elle-même,  laisse 
déposer  des  cristaux  de  sulfate  d'ammoniaque,  qu'on  sépare  par  filtration. 
Le  nouveau  rouge  d'aniline  conserve  alors  une  grande  limpidité.  « 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    d'aOUT    1875. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géocjraphie;  juin  i8^3;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France  ;  n"  S ,  1872;  in-8°. 

Bulletin  de  Statistique  municipale  ;  septembre,  octobre,  novembre  1872; 
in-4°. 

Btilletin  général  de  Thérapeutique;  n"*  des  i5  et  3o  août  1873;  in-8". 

Bulletin  international  de  l'Observatoire  de  Paris,  n°*  des  27,  28,  3o  juillet 
1  à  4?  6  à  9,  17,  18,  20,  21  à  25,  27  à  3o  août  1873;  in-4''. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France;  n"  8,  1 873  ;  in-8°. 

Bulleltino  meteorologico  deW  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n"4,  1873;  in-4". 


(  647  ) 

Biilletlino  meteorotogico  del  R.  Ossenjaiorio  del  Collegio  romano ;  n°  7, 
1873;  in-4«. 

Chronique  de  l'Industrie;  n°' 79,  81,  82,  1873;  \n-[\°. 

Gazette  de  Joulin,  n°  22,  1873;  in-S". 

Gazette  des  /hôpitaux;  n"'  91  à  100,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n°'  i5  et  16,  1873;  iii-8". 

Gazette  médicale  de  Paris;  i\°'^  32  à  35,  1873;  111-4°. 

Jron,  n°*  3o  à  33,  1873  ;  in-folio. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  2*  trimestre,  1873;  in-8°. 

Journal  d'agriculture  pratique;  n°*  Sa  à  35,  1873;  111-8". 

Journal  de  r  agriculture;  n°^  226  à  229,  1873;  in-8°. 

Journal  de  r  Eclairage  au  Gaz;  n"'  i5  et  16,  1873;  in-^". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  septembre  1873;  iii-Z^". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  août  1873;  iii-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiq  tes;  11"'  des  i  5  et  3o 
août  I  873;  111-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  11°^  18  à  20,  1873;  in-iolio. 

Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée;  août  1873  ;  iii-8°. 

Journal  médical  de  la  Mayenne;  n°  5,  1873;  in-8°. 

Kaiserliche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n°*  16  à  21, 
1873;  iii-8°. 

L'Abeille  médicale;  11°'  Sa  à  35,  1873-,  in-4°. 

La  Nature;  n°*  10  à  i3,  1873;  in-4°. 

La  Revue  médicale  française  et  étrangère;  11°  du  5  juillet  1873;  iii-8°. 

La  Revue  scientifique;  11°*  6  à  9,  1873;  in-4°. 

La  Tribune  médicale;  n°^  259  à  203,  1873;  in-4°. 

L Art  médical;  août  1873;  in-8°. 

L'/m/jn'mene;  juillet  1873;  in-4". 

Le  Gaz;  n°  2,  1873-,  in-4°. 

Le  Messager  agricole;  n°  7,  1873;  iti-8°.  , 

Le  Moniteur  scientifique-Quesneville;  août  1873;  gr.  in-8°. 

Le  Mouvement  médical;  n"  35,  1873;  in-4°. 

Les  Mondes;  a°'  i5  à  18,  1873-,  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  août  1873;  iii-4". 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  liv.  3, 
1873;  in-8°. 

Montpellier  médical.  Journal  mensuel  de  Médecine  ;  août  1873;  in-8°. 

Memorie  délia  Società  degli  Speltroscopisti  ilaliani;  mai  1873;  in-4°. 


(  648  ) 

Monalsheruht  dcr  Kônir/licli  preussisclien  Akademie  der  fVissenschaften  zit 
Berlin;  marz-april  1873;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  août  1873;  in-8°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  n°  7,  1873;  in-S". 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  n"^  i5  et  16,  1873;  in-8°. 

Revue  bibliographique  universelle;  août  1873;  in-8°. 

Revue  d' Artillerie  ;  août  1873;  in-8". 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  août  1 873  ;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°'  16  et  17,  1873;  in-8°. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle;  n°*  28  à  3i, 
1873;  in-S". 

Revue  maritime  et  coloniale;  août  1873;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  août  1873;  ii]-8°. 

Rendiconto  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e  matematiche ;  Napoli, 
n"  7,  1873;  in-4°. 

Société  d' Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances  ;  n°  i3,  1873;  iii-8°. 

Société  des  Ingénieurs  civils  ;  n°  i/j,  1873;  in-4°- 

Société  enlomologique  de  Belgique;  n°  8g,  1873;  in-8°. 

The  Journal  of  tlie  Franklin  Inslitute ;  june,  july  1873;  111-8". 

The  Food  Journal;  n°  43,  1873;  111-8". 


ERRATA. 

(Séance  du  8  septembre  1873.) 

Page  572,   ligne  g  en  remontant,  nri  lieu  de  petite  distance  au-dessus  du  niveau  du  sol, 
lisez  petite  distance  au-dessous  du  niveau  du  sol. 

Page  592,  ligne  9, 

nu  lieu  de     V-  ==:  =— ,     lisez     V-  =  ^ '—^ • 

Pj^  +  Qj+R  Pr^4-Q/-4-R 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  SEPTEMBRE  1873, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BERTRAND. 


M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  les  pertes  douloureuses  qu'elle  a 
faites,  depuis  la  dernière  séance,  dans  la  personne  de  M.  Coste,  Membre 
de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  décédé  au  château  de  Rézenlieu,  près 
Gacé  (Orne),  le  19  septembre,  et  dans  la  personne  de  M.  Nétalon,  Membre 
de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  décédé  à  Paris,  le  2  i  septembre. 

M.  le  Président  se  fait,  en  quelques  paroles  émues,  l'interprète  des  sen- 
timents de  l'Académie  dans  cette  triste  circonstance. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Baron  Larrey,  l'Académie  décide  que,  en 
présence  de  ce  double  deuil,  elle  n'entendra  aucune  lecture,  et  que  la 
Correspondance  seule  trouvera  place  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  thermiques  sur  la  condensation  des  gaz  par  les  corps 
solides  (suite)  :  Absorption  de  l'hydrogène  par  le  noir  de  platine  ;  par 
M.  P.-A.  Favre. 

«  J'ai  essayé  de  démontrer  que  l'hydrogène  électrolytique  est  actif,  et 
que,  pour  passer  à  l'état  gazeux  ordinaire,  il  met  en  jeu  4600  calories 
environ.  Cette  quantité  de  chaleur  n'étant  pas  transmissible  au  circuit,  le 

C.  R.,  i8n3,  2"  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  12.)  °^ 


(  65o  ) 

changement  allotropique  de  l'hydrogène  appartient  à  cette  classe  de  phé- 
nomènes que  j'appelle  méla-électrolyiiques. 

•»  Dans  mes  recherches  sur  l'absorption  de  l'hydrogène  par  le  palla- 
dium (i),  j'ai  fait  connaître  :  i^la  quantité  de  chaleur  (9000  calories  envi- 
ron) due  à  la  formation  de  l'alliage  ôJ hydrogénium  et  de  palladium;  2°  j'ai 
montré  que  la  condensation  de  l'hydrogène  par  le  palladium  et  la  con- 
densation des  gaz  par  le  charbon  ne  sont  nullement  comparables.  En  effet, 
lors  des  absorptions  fractionnées  de  gaz  par  le  charbon,  la  fixation  succes- 
sive de  poids  égaux  d'un  gaz  donné  correspond  à  des  dégagements  de 
chaleur  de  plus  en  plus  faibles  (2).  Dans  la  fixation  échelonnée  de  l'hydro- 
gène sur  le  palladium,  au  contraire,  à  des  poids  égaux  d'hydrogène  cor- 
respondent des  quantités  de  chaleur  égales;  aussi  la  condensation  de  l'hy- 
drogène par  le  palladium  donne-t-elle  naissance  à  un  alliage  défini. 
3°  Enfin  j'ai  cherché  si  la  chaleur  mise  en  jeu  par  la  formation  de  cet  al- 
liage profite  au  courant,  et  j'ai  reconnu  que  les  9000  calories,  environ, 
dégagées  par  cette  réaction,  ne  sont  pas  transmissibles  au  circuit.  La  con- 
densation de  l'hydrogène  par  le  palladium  est  donc  un  phénomène  »ie7a- 
éleclrolytique  (3). 

V  J'avais  signalé  l'intérêt  qui  s'attachait  à  l'élude  de  l'absorption  de  l'hy- 
drogène par  le  noir  de  platine,  recherche  qui  fait  l'objet  de  ce  travail, 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LXVIIl,  séances  du  7  et  du  28  juin  1869. 

(2)  Comme  si  le  [jaz  formait  à  la  surface  des  pores  du  charbon  des  couches  de  moins  en 
moins  denses. 

(3)  Aux  résultats  de  l'élertrolyse  des  bases  alcalines,  dans  un  voltamètre  à  électrodes  en 
platine  [Comptes  rendus,  t.  LXXIII,  séance  du  i5  septembre  1871)  et  de  l'électrolyse  de 
l'acide  siilfurique  dans  un  voltamètre  à  électrode  négative  en  palladium  [Comptes  rendus, 
t.  LXVIIl,  séances  du  7  et  du  28  juin  1869),  j'en  ai  ajouté  de  nouveaux,  qui  m'ont  été 
fournis  par  l'électrolyse  des  oxydes  de  potassium,  de  sodium  et  d'ammonium  dans  un  volta- 
mètre à  électrodes  de  platine  et  de  palladium  (ce  dernier  métal  constituant  l'électrode  né- 
gative). 

Dans  CCS  condilions,  l'électrolyse  s'effectue  comme  dans  un  voltamètre  à  électrodes  de 
platine  seul,  avec  cette  différence,  toutefois,  que  l'hydrogène  forme  un  alliage  avec  le 
palladium,  ainsi  que  cela  a  lieu  également  lorsqu'on  électrolyse  l'acide  sulfurique  dans  un 
voltamètre  à  électrode  négative  en  palladium. 

L'expérience,  suivant  mon  appréciation,  diffère  en  ce  que  l'hydrogène  fixé  par  le  i)alla- 
dium  ne  provient  pas  directement  de  l'électrolyse  de  la  base  alcaline,  mais  bien  de  l'eau 
décomiiosée  par  le  métal  alcalin  mis  en  liberté.  Cetle  conclusion  résulte  de  mes  expériences 
sur  l'électrolyse  des  bases  alcalines,  opérée  dans  un  voltamètre  à  électrodes  de  platine  et  de 
mercure  [Comptes  rendus,  t.  LXXIII,  séance  du  3o  octobre  iS'ji).  En  un  mol,  l'électrolyse 


(65.  ) 
»  Voici  les  résultats  d'opérations  qui  se  sont  succédé  sans  interruption 
jusqu'à  saturation  presque  complète  du  noir  : 


OPERATIONS. 


!.. 
II., 

m. 

IV. 

V. 


VOLUME 

du  naz 

TEMPERA- 

fODden_f 

TUKE. 

(corrigé). 

ce 
38u,  j 

0^ 

339,/, 

23,  JO 

339,5 

25,8.) 

76,3 

26jOO 

ii3:),7(') 

25,70 

TRESSIOX 

bai'O- 
Diélrique. 


7G'|.70 
/G'i ,  80 


HAUTEUR 

du  mercure 

cODtenu 
ilflns  le  [ubf 

H  (■) 

Dtann- 

mèlriqiie. 

mm 
Ci3 

Dim 
IJI,8 

'1I8 

3i6,7 

26S 

i96,7 

21 

7Î3,8 

21 

7'l3,S 

POIDS 

CALORIES 

de  Vhydroçène 

dégagées 

fixé 

dans 

dans  cliaque 

chaque 

opération. 

opération. 

er 

cil 

0,03395 

îS'l.'l 

o,o3û33 

G53,3 

o,o3o33 

573,3 

0,00682 

92.2 

0, lQl\3 

2 1 o3 , 2 

CALORIES 

dégagées 

pour  I  gr. 

d'hydrogène 

condensé. 


23075 
2i55i 
18951 
i353S 
20735 


»  Le  mode  de  condensation  de  l'hydrogène  par  le  noir  de  platine  dif- 
fère de  celui  de  l'hydrogène  par  le  palladium  en  lames.  En  effet,  lorsqu'on 
introduit  ce  gnz,  par  portions  successives,  au  contact  du  noir  de  platine  et 
finalement  jusqu'à  saturation,  la  chaleur  mise  en  jeu  n'est  pas  constante 
pour  des  poids  égaux  de  gaz  absorbés,  comme  cela  a  lieu  pour  le  palla- 
dium. Ainsi,  pour  i  gramme  d'hydrogène  actif,  provenant  de  l'électrolyse 
de  l'acide  sulfurique  et  condensé  par  le  palladium  : 

La  première  expérience  a  donné 8988  calories. 

Et  la  dix-septième 9167         » 

))  Pour  la  condensation  de  l'hydrogène  ordinaire  et  gazeux  par  le  pla- 
tine, au  contraire,  la  chaleur  a  été  de  plus  en  plus  faible;  en  effet  : 

La  première  expérience  a  donné aSoyS  calories. 

Et  la  quatrième 1 3  SaS        « 


des  bases  alcalines,  effectuée  dans  les  conditions  que  je  viens  de  signaler,  participe  des  deux 
ordres  d'électrolyses  que  j'ai  rappelés,  soit  par  la  manière  dont  se  comporient  les  ékctro- 
lytcs  et  leurs  éléments  constituants  mis  en  liberté,  soit  par  les  résultats  thermitjues  oljtcnus. 
Je  ferai  remarquer,  d'ailleurs,  que  Vaniinoniiim  mis  en  liberté  par  électrolyse,  pas  plus  que 
le  potassium  et  le  sodium  obtenus  de  la  même  manière,  ne  paraît  s'allier  au  palladium. 

(i)  H  exprime  la  pression  maximum  que  supporte  le  gaz  renfermé  dans  le  récipient  en 
acier  contenant  le  noir,  dans  le  tube  en  plomb  qui  réunit  le  récipient  au  tube  manonié- 
trique  et  dans  ce  tube  lui-même,  à  la  fin  de  chaque  opération. 

(2)  Ce  nombre,  divisé  par  ^fi5  (volume  du  platine  exprimé  en  centimètres  cubes), 
donne  244-  Ainsi  le  noir  de  platine  qui  m'a  servi  n'a  condensé  que  244  f"is  seulement  son 
volume  d'hydrogène,  en  raison,  sans  doute,  de  la  température  à  laquelle  ce  noir  avait  été 
porté,  et  qui  avait  probablement  modifié  son  pouvoir  absorbant  pour  l'hydrogène. 


85.. 


(  65»  ) 

»  L'hydrogène  condensé  par  le  palladium  semble  donc  se  répartir  d'une 
manière  uniforme  dans  toute  la  masse  du  métal  pour  constituer  avec  lui 
un  véritable  alliage,  tandis  que  l'hydrogène  condensé  par  le  noir  de  pla- 
tine semble  se  répartir  à  la  manière  de  l'acide  carbonique  ou  de  l'am- 
moniaque, fixés  parle  charbon  de  bois(i),  c'est-à-dire  en  formant  des 
couches  de  moins  en  moins  denses,  à  partir  de  la  surface  du  métal.  L'ac- 
tion du  noir  de  platine  sur  l'hydrogène  me  paraît  donc  rentrer  dans  la 
classe  des  phénomènes  dus  à  V affinité  rapitlaire,  pour  me  servir  de  l'ex- 
pression de  M.  Chevreul.  Remarquons,  toutefois,  que  l'hydrogène,  con- 
densé en  si  grande  quantité  par  le  noir  de  platine,  n'est  absorbé  par  le 
charbon  qu'en  quantité  insignifiante. 

»  J'ai  fait  voir  que,  pour  l'acide  suUureux  et  le  protoxyde  d'azote  conden- 
sés par  le  charbon  de  bois,  la  chaleur  dégagée  dépasse  la  chaleur  latente 
de  liquéfaction  de  ces  gaz  (2).  On  peut,  par  induction,  supposer  qu'il  en 
est  de  même  pour  l'hydrogène,  gaz  qui  n'a  pu  cependant  élre  liquéfié  di- 
rectement par  la  pression.  Quant  à  l'acide  carbonique,  la  chaleur  d'ab- 
sorption par  le  charbon  dépasse  la  chaleur  latente  de  gazéification  de 
l'acide  solide  (3).  Il  y  aurait  donc  affinité  entre  l'acide  carbonique  solide  et 
les  cellules  du  charbon.  On  pourrait  faire  une  supposition  semblable  à 
l'égard  de  l'hydrogène  fixé  sur  le  noir  de  platine. 

»  Considérons  maintenant  ce  qui  se  passe  lors  de  l'électrolyse  de  l'acide 
sulfurique,  par  exemple,  en  employant  soit  un  couple  zinc  et  palladium, 
soit  un  couple  zinc  et  platine.  Dans  le  premier  cas,  l'hydrogène  est  absorbé 
par  le  palladium  (expérience  1  ci-dessous)  et,  dans  le  second  cas,  l'hydro- 
gène se  dégage  librement  à  la  surface  du  platine  (expérience  II). 

B  Expérience  I.  —  L'hydrogène  engendré  par  l'électrolyse  de  l'acide  snl- 


(1)  Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  782;  l854. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  |i.  782. 

Chaleur  de  liquéfaclion  de  l'acide  sulfureux. . .  .  2822  calories. 

»  du  protoxyde  d'azote.  .  .  2222        « 

Chaleur  de  condensation  de  l'acide  sulfureux.  .  .  .  6267         » 

»  du  protoxyde  d'azote.  .  .  3718        » 

(3)  Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  732. 

Chaleur  de  solidification  de  l'acide  carbonique. .  .  3 128  calories. 

Chaleur  de  condensation  de  l'acide  carbonique.  .  .  3467         » 

Différence 339         » 


(  653  ) 
furique,  et  fixé  au  moment  même  où  cet  hydrogène  abandonne  le  composé 
liquide,  se  fixe  à  l'état  actif  sur  le  palladiinn  (t);  car  il  n'a  pas  pu  passer 
à  l'état  gazeux  ordinaire  de  l'expérience  II  ci-dessous,  et  les  gooo  calories 
environ  qu'il  dégage  en  se  fixant  sur  le  palladium  peuvent  être  considé- 
rées comme  l'expression  thermique  de  la  combinaison  de  Ihydrogène  à 
l'état  actif  et  liquide  avec  le  palladium  solide,  pour  former  un  alliage  où  le 
gaz  est  passé  à  Vélal  solide  sans  cesser  pour  cela  d'être  actif. 

»  Expérience II.  —  Il  n'en  est  plus  de  même  lorsque  l'hydrogène,  ayant  la 
même  origine,  prend  naissance  au  contact  du  platine.  Dans  ce  cas,  l'hydro- 
gène actif,  en  sortant  de  la  combinaison,  à  l'état  de  véritable  corps  explosif, 
subit  une  modification  allotropique  et  se  transforme  en  hydrogène  ordi- 
naire et  liquide.  La  quantité  de  chaleur  qu'il  dégage,  pendant  cette  trans- 
formation, est  telle,  que,  malgré  l'absorption  de  chaleur  due  au  passage  de 
l'état  liquide  à  l'état  gazeux  de  l'hydrogène  ainsi  formé  (absorption  de  cha- 
leur qui  doit  être  considérable  d'après  la  chaleur  dégagée  par  la  conden- 
sation de  l'hydrogène  gazeux  sur  le  noir  de  platine),  le  calorimètre  accuse 
encore  46oo  calories  environ. 

»  Si  nous  nous  reportons  maintenant  au  phénomène  thermique  qui  ac- 
compagne la  condensation  de  l'hydrogène  ordinaire  et  gazeux  par  le  pla- 
tine, nous  arrivons  à  cette  conclusion  que  l'hydrogène  actif  et  liquide  (c'est- 
à-dire  tel  qu'il  se  trouve  dans  le  composé  liquide  dont  il  se  sépare),  qui 
dégage  4fioo  calories  environ,  en  passant  à  l'état  gazeux  ordinaire  (expé- 
rience II),  et  20700  calories,  environ,  en  se  fixant  sur  le  noir  de  platine, 
après  cette  transformation,  dégagerait  aS  3oo  calories  environ,  s'il  ne 
subissait  pas  une  transformation  avant  sa  condensation  par  le  platine,  à  la 
surface  duquel  il  cesserait  d'être  à  l'état  actif  (a). 

»  Nous  arrivons  également  à  cette  autre  conclusion  que  l'hydrogène 
actif  et  liquide  qui  ne  dégage  que  9000  calories,  environ,  en  se  fixant  direc- 
tement sur  le  palladium  (expérience  I),  doit  nécessairement  rester  à  l'état 
actif  et  constituer  avec  ce  métal  un  véritable  alliage  explosif  (^),  susceptible 


(i)  On  peut  admettre  qu'il  occuperait,  en  sortant  de  l'acide  sulfurique,  un  volume  mo- 
mentanément double  de  celui  qu'il  occupe  à  l'état  ordinaire  (4  volumes  au  lieu  de 
2  volumes). 

(2)  L'électrolyse  de  l'acide  sulfurique,  dans  un  voltamètre  à  électrodes  de  platine  et  de 
noir  de  platine  (celui-ci  constituant  l'électrode  négative),  me  semble  offrir  assez  d'intérêt 
pour  que  je  me  propose  de  la  réaliser  prochainement. 

(3)  A  toutes  les  preuves  qui  ont  été  fournies  à  l'appui  de  l'état  actif  de  l'hydrogène  allié 


(  654  ) 
de  dégager  i/jooo  calories  environ  (i),  par  sa  décomposition  en  palladium 
et  en  hydrogène  ordinaire,  supposé  à  l'état  solide. 

)i  Je  reviendrai  sur  ce  point  lorsque  j'aurai  déterminé  la  chaleur  mise 
en  jeu  dans  la  condensation,  par  le  palladium,  de  l'hydrogène  ordinaire, 
c'est-à-dire  non  éleclrolyticpie  et  par  conséquent  non  actif. 

»  Rapprochons  maintenant  les  phénomènes  thermiques  qui  accom- 
pagnent l'électrolyse  de  l'acide  sulfurique,  ainsi  que  la  condensation  de 
l'hydrogène,  soit  à  la  surface  du  platine,  soit  dans  la  masse  du  palladium, 
des  phénomènes  thermiques  afférents  à  la  synthèse  de  l'eau,  en  partant 
de  ses  éléments  constituants  prisa  divers  états. 

»  J'ai  établi  depuis  longtemps  que,  dans  l'électrolyse  de  l'acide  sulfu- 
rique, la  quantité  de  chaleur  empruntée  à  la  pile,  et  qui  ne  lui  est  pas  res- 
tituée, est  de  485oo  calories  environ,  et  que,  sur  ce  nombre,  1 4  ooo  calories, 
environ,  sont  accusées  par  le  calorimètre  qui  renferme  le  voltamètre  (2), 
tandis  que  345ao  calories,  environ,  restent  à  l'état  latent  dans  les  éléments 
constituants  de  l'eau  devenus  libres  et  qui  sont  passés  à  l'état  ordinaire. 

»  J'ai  été  conduit  à  admettre  aussi  que  l'oxygène  n'était  pas  un  produit 
immédiat  de  l'électrolyse,  mais  qu'il  provenait  très-probablement  de  l'eau 


an  palladium,  j'en  ajoute  une  nouvelle  qui  s'est  présentée  accidentellement  dans  le  cours  de 
mes  expéiiences. 

Une  lame  d'hydrure  de  palladium,  recourbée  et  ])roveiiant  de  l'électrolyse  de  l'oxyde 
d'ammonium,  avait  été  plongée  dans  l'eau  distillée.  Au  bout  de  quelques  jours,  cette  lame, 
retirée  de  l'eau,  redressée  et  essuyée  vivement,  afin  de  la  sécher,  a  été  introduite  de  suite 
dans  un  tube  de  verre  bouché  dont  le  fond  a  été  brisé  par  son  contact.  Ayant  retiré  immé- 
diatement cette  lame,  je  me  suis  aperçu  qu'elle  s'était  fortement  échauffée,  au  point  de 
brûler  les  doigts.  Comment  expliquer  ce  dégagement  de  chaleur?  Est-il  dû  à  une  simple 
transformation  de  l'hydrogène  actif  en  hydrogène  ordinaire,  c'est-à-dire  à  un  phénomène 
explosif  (\m  s'est  produit  dans  la  masse  de  l'alliage?  ou  bien  faut-il  attribuer  le  phénomène 
à  une  combustion  sans  flamme  de  l'hydrogène  à  la  surface  du  palladium?  C'est  ce  que  je 
me  propose  de  rechercher. 

(i)  En  admettant,  pour  l'hydrogène,  ce  que  j'ai  établi  expérimentalement  pour  l'acide 
carbonique  (c'est-à-dire  qu'il  faut  retrancher  ~  environ  de  la  chaleur  de  condensation  de 
l'hydrogène  ordinaire  pour  avoir  sa  chaleur  de  solidification,  il  en  résulterait  que  la  somme 
des  chaleurs  latentes  de  liquéfaction  et  de  gazéification  de  l'hydrogène  ordinaire  serait 
exprimée  par  18000  calories  environ. 

(2)  4600  calories  sont  dues  à  la  transformation  du  l'hydrogène  actif,  à  l'état  liquide,  en 
hydrogène  ordinaire  et  gazeux,  et  9400  calories  à  une  transformation  du  même  ordre  pour 
l'oxygène. 


(  655  ) 
que  le  radical  métalloïdiquc  SO*  décompose  à  l'électrode  positive,  de  même 
que  les  métaux  alcalins,  provenant  de  l'électrolyse  des  bases  alcalines  et 
des  sels  alcalins,  décomposent  cette  eau  à  l'électrode  négative,  en  mettant 
l'hydrogène  en  liberté. 

»  L'étude  de  l'électrolyse  des  bases  alcalines  (i)  m'a  également  conduit 
à  admettre  que  la  décomposition  de  l'eau  par  le  radical  métalloïdique  des 
sels  constituait  un  phénomène  5)'J!e7eciro/y/;'(jfi/e  aussi  bien  que  sa  décompo- 
sition par  le  radical  métallique  de  ces  composés,  c'est-à-dire  que  la  chaleur 
mise  en  jeu  profite  au  courant.  C'est  ainsi  que  l'acide  sulfurique,  par 
exemple,  qui  semble  n'emprunter  à  la  pile  que  485oo  calories,  environ, 
pour  se  décomposer  en  SO'  et  H,  en  emprunte  en  réalité  un  excédant  qui 
lui  est  restitué. 

»  Jusqu'à  présent  tout  semble  établir  que  l'hydrogène  qui  entre  dans  la 
constitution  des  acides  s'y  trouve  à  l'état  actif.  En  est-il  de  même  pour 
l'hydrogène  qui  entre  clans  la  constitution  de  l'eau?  Tout  porte  à  le  croire. 
En  effet,  si  l'hydrogène  de  l'eau  (corps  non  électrolysable)  ne  peut  pas  être 
obtenu  directement  par  l'électrolyse,  il  peut  être  obtenu  indirectement, 
ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  dans  le  phénomène  synélectrolylique  de 
la  décomposition  de  l'eau  par  un  métal  alcalin,  et,  dans  ce  cas,  il  se  com- 
porte absolument  comme  l'hydrogène  qui  provient  directement  de  l'élec- 
trolyse de  l'acide  sulfurique.  Ce  que  je  viens  de  dire  de  l'état  actif  de  1  hy- 
drogène de  l'eau  s'applique  également  à  son  oxygène  (2). 

»  On  voit,  en  définitive,  que  le  phénomène  thermique  de  la  formation - 
de  l'eau  et  celui  de  sa  décomposition  ne  sont  pas  aussi  simples  qu'on  aurait 
pu  le  croire  au  premier  abord.  En  effet,  en  partant  des  éléments  consti- 
tuants de  l'eau  pris  à  l'état  ordinaire,  la  quantité  de  chaleur  accusée  par  le 
calorimètre  est  la  somme  algébrique  des  nombres  fournis  par  les  phéno- 
mènes suivants  : 

»  i"  Passage  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène,  ordinaires  et  gazeux,  à 
l'état  actif  et  également  gazeux;    2°  combinaison   de  ces  éléments  ainsi 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXIII,  p.  767  et  io36. 

(2)  Dans  un  prochain  Mémoire,  j'étudierai  les  effets  thermiques  dus  à  la  condensation  de 
l'oxygène  ordinaire  par  le  noir  de  platine,  ainsi  que  l'oxydation  des  corps  par  l'ozone.  Si 
je  n'ai  pas  immédiatement  étudié  la  rondcnsalion  de  l'oxygène  par  le  noir  de  platine,  cela 
tient  à  ce  que  le  noir  de  platine  qui  m'avait  servi  à  condenser  l'hydrogène  (apiés  avoir 
été  chaulfé  dans  le  vide,  afin  de  lui  enlever  la  totalité  du  gnz  qu'il  avait  condensé)  s'est 
trouvé  impropre  à  fixer  la  moindre  trace  d'oxygène  :  il  était  devenu  moins  noir  et  plus 
cohérent. 


(  656  ) 
modifias;  3°  enfin  passage  de  la  vapeur  d'eau  à  l'état  liquide.  Il  est  bien 
entendu  que  le  premier  phénomène  est  solidaire  du  second. 

»  Je  répéterai  que  nous  ne  connaissons  pas  encore  la  chaleur  de  for- 
mation de  l'eau,  en  partant  de  ses  éléments  constituants  pris  à  l'état  où  ils 
se  trouvent  dans  ce  composé.  Cet  état,  tant  pour  l'eau  que  pour  les  autres 
composés,  n'est  pas  le  même  qu'à  l'état  de  liberté,  ainsi  que  je  m'efforce, 
depuis  longtemps,  de  le  démontrer. 

»  En  terminant,  je  crois  devoir  exprimer  mes  remercîments  à  M.  F. 
Roche,  attaché  au  Laboratoire  de  recherches  de  Marseille,  pour  le  con- 
cours intelligent  et  dévoué  qu'il  a  bien  voulu  me  prêter.  » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

VITICULTURE.  —  Sur  quelques  particularités  relatives  à  la  forme  ailée  du 
Phylloxéra  au  point  de  vue  de  la  propagation  de  iinsecte.  Lettre  de 
M.Max.  Cornu  à  M.  Dumas  (i). 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

I. 

«  En  faisant  une  étude  suivie  des  renflements  des  radicelles  attaquées  par 
le  Phylloxéra  vastatrix,  j'ai  rencontré  un  fait  qui  ne  paraît  pas  être  sans 
imporlance,  au  point  de  vue  des  conclusions  qu'on  en  peut  tirer  :  c'est       ; 
une  particularité  relative  à  la  fois  aux  transformations  et  aux  mœurs  de 
l'insecte. 

»  On  a  considéré  jusqu'ici  la  forme  ailée  du  Phjlloxera  vastatrix  comme 
fort  rare.  Je  me  rappelle  avoir  cherché,  à  Montpellier,  en  compagnie  de 
M.  Planchon,  des  nymphes  de  cet  insecte  sur  les  grosses  racines,  couvertes 
d'un  nombre  énorme  d'individus  aptères  et  d'oeufs,  et  elles  y  étaient  fort 
rares,  même  au  mois  de  septembre.  Quand,  après  l'examen  d'une  dizaine 
ou  d'une  quinzaine  de  racines  fortement  attaquées,  nous  en  rencontrions 
cinq  à  six,  nous  nous  tenions  pour  très-satisfaits.  Dans  les  bocaux  où  l'on 
dépose  pour  l'étude  les  racines  couvertes  de  pucerons,  on  voit,  de  temps 
en  temps,  sur  les  parois,  des  insectes  ailés,  mais  toujours  très-peu  abondants; 
je  n'en  ai  pas  rencontré  plus  de  trois  ou  quatre  dans  mes  études  de  l'année 
dernière.  M.  Planchon  m'en  montra  une  quinzaine  qu'il  avait  obtenus  en 

(i)  Cette  Note  est  adressée  de  Cognac,  où  M.  Cornu  s'est  rendu,  d'après  les  instructions 
de  la  Commission  du  Pliylloxcra. 


(  ^^1  ) 

recherchant  les  nymphes  et  en  les  mettant  à  part.  L'observation  de  M.  Faucon, 
qui  rencontra  les  individus  ailés  en  marche  sur  le  sol  avec  les  individus 
aptères,  montra  que  les  premiers  étaient  plus  communs  qu'on  ne  le  pensait. 
Il  en  envoya  à  Montpellier  une  douzaine,  dans  un  pli  de  lettre,  quantité 
qui  parut  tout  à  fait  remarquable. 

»  Si  l'on  n'a  pas  encore  observé  beaucoup  d'individus  ailés,  c'est  qu'on 
les  a  cherchés  en  dehors  de  l'endroit  où  ils  se  développent  d'ordinaire.  Les 
nymphes  (i)  se  montrent  non  pas  sur  les  grosses  racines,  mais  sur  le  ren- 
flement des  radicelles.  Dans  l'intéressant  et  important  travail  qu'ils  viennent 
de  publier  (2),  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  disent,  sans  y  insister  d'ail- 
leurs, que  les  nymphes  se  trouvent  plus  fréquemment  sur  les  nodosités 
que  sur  les  grosses  racines.  Elles  n'y  sont  cependant  pas  nombreuses; 
mais,  point  capital,  elles  le  deviennent  par  la  transformation  des  individus 
qui  y  sont  fixés.  Il  faut,  pour  s'en  assurer,  les  observer  pendant  plusieurs 
jours  de  suite,  en  les  conservant  comme  on  conserve  d'ordinaire  les  grosses 
racines;  mais  c'est  une  opération  assez  difficile,  car  les  nodosités  se  prêtent 
mal  à  l'observation  :  elles  pourrissent  infailliblement,  au  bout  de  peu  de 
temps,  à  moins  de  précautions  spéciales;  le  nombre  des  insectes  qu'elles 
olfrent  (surtout  des  mères  pondeuses)  est  relativement  beaucoup  plus  res- 
treint que  sur  les  grosses  racines;  elles  sont  moins  commodes  à  tenir  que 
celles-ci  et  à  retourner  en  tous  sens;  elles  offrent  des  replis  et  des  anfrac- 
tuosités  où  se  cachent  les  insectes;  c'est  à  cause  de  tout  cela  qu'elles  pa- 
raissent avoir  été  le  plus  souvent  négligées  jusqu'ici. 

»  Quoique  j'aie  observé  ce  fait  sur  des  renflements  récoltés  à  Bordeaux 
et  k  Montpellier,  et  que  je  puisse  citer  des  nombres  décisifs  observés  sur 
des  nodosités  de  ces  deux  origines,  je  préfère  citer  un  exemple,  de  beau- 
coup le  plus  saillant  et  le  plus  intéressant,  à  cause  des  circonstances  dans 
lesquelles  il  a  été  observé. 

»  Un  des  tubes  adressés  à  l'Académie  par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran 
[Comptes  rendus,  8  septembre  1873,  p.  572)  contenait  des  radicelles  char- 
gées de  Phylloxéras  et  munies   de  renflements  gros  et  petits,    de   taille 


(i)  Les  nymphes  se  distinguent  aisément  des  autres  individus  par  leur  corps,  en  général 
plus  allongé  et  étranglé  au  milieu,  leur  teinte  plus  orangée  ou  plus  rougeâtre,  et  surtout  par 
des  fourreaux  d'ailes  qui  forment  deux  petites  taches  noires  latérales. 

(3)  Le  Phylloxéra  [de  i854  «  iSyS).  fiésuiné  pratique  el  scie/iti/iqiie,  par  J.-E,  Planclion 
et  Lichtenstein,  p.  10. 

C.  R,,  1673,  i"  Umeslic  (T.  LXXVll,  M»  12.)  ^^ 


(  658  ) 
moyenne  en  général  et  au  nombre  de  vingt,  ainsi  que  je  m'en  assurai  dans 
la  suite.  Ce  tube  était  long  et  gros  comme  le  petit  doigt.  Il  me  fut  remis 
avec  les  autres  par  la  Conunission  du  Phylloxéra,  le  6  septembre.  3e  trouvai 
trois  nymphes  et  un  individu  ailé  (à  la  suite  d'un  examen  lui  peu  super- 
ficiel d'ailleurs),  ainsi  que  je  l'écrivis  le  soir  même  à  M.  Milne  Edwards. 
Or,  depuis  ce  jour  jusqu'à  aujourd'hui  19  septembre,  où  les  renflements 
sont  entièrement  pourris,  j'ai  successivement  enlevé  (rente  et  un  individus 
à  l'état  de  nymphes  ou  ailés.  Dans  la  nature,  ces  renflements  en  relation 
avec  les  racines  auraient  probablement  vécu  encore  quelque  temps  et 
fourni  de  la  nourriture  à  un  certain  nombre  d'insectes,  qui  meurent  de 
faim  sur  les  parois  du  tube  ou  sur  le  tissu  noir  et  décomposé  des  ren- 
flements. D'autres  renflements  m'ont  donné  des  individus  ailés,  mais 
bien  moins  nombreux;  cela  tient  au  petit  nombre  des  insectes  présents  à 
leur  surface. 

»  Si  maintenant  on  se  représente  l'ensemble  d'un  système  radical  d'un 
cep  de  vigne  entièrement  attaqué,  et  le  nombre  véritablement  énorme  de 
nodosités  qu'il  offre,  on  conçoit  que  le  nombre  des  individus  qui  s'y  dé- 
veloppent successivement  doit  être  considérable.  Aussi  cette  forme  toute 
spéciale  et  si  différente  des  autres  entre  pour  une  proportion  notable  dans 
le  nombre  des  insectes  fixés  sur  la  vigne.  Les  générations  qui  en  procèdent 
constituent  ainsi  un  total  assez  important.  Seraient-ce  ces  générations  qui 
constitueraient  les  individus  liibernants?...  Il  y  a  là  une  étude  directe  à 
entreprendre,  qu'il  est  d'ailleurs  assez  difficile  de  mènera  bien. 

»  Les  œufs  de  l'insecte  ailé,  comme  cela  a  été  dit  souvent,  sont  en  petit 
nombre  dans  son  abdomen  ;  ils  sont  volumineux,  très-visibles  et  au  nombre 
de  trois.  Quand  l'un  d'eux  a  été  pondu  sur  les  parois  du  Inbe,  on  peut, 
dans  le  corps  de  la  mère,  retrouver  les  deux  autres,  qui  paraissent  éti  e  au 
même  état  de  développement.  Rien  ne  les  distingue,  comme  dimension, 
des  œufs  pondus  par  les  insectes  aptères;  le  diamètre  longitudinal  est  le 
même  (o'"'",  35  environ)  que  celui  des  insectes  aptères  des  racines  ou  des 
galles  :  je  m'eij  suis  spécialement  assuré. 

>)  En  quel  endroit  doivent  être  déposés  ces  œufs?  Ce  n'est  évidemment 
pas  sur  les  feuilles  des  vignes,  comme  on  l'a  cru  d'abord;  les  feuUles  des 
vignes  indigènes  ne  portent  jamais  de  galles,  si  ce  n'est  dans  des  cas  très- 
rares,  et  le  plus  souvent  dans  les  expériences  faites  spécialement  en  vue  de 
les  obtenir.  Les  insectes  ailés  étant  nombreux  sur  les  vignes,  ils  ont  évidem- 
ment, dans  la  naliuc,  lui  rôle  à  remphr,  autre  que  celui  de  donner  nais- 
sance à  la  forme  gallicole. 


(  659) 

»  Dans  quels  vignobles  sont-ils  le  plus  abondants  ?  Il  est  facile  de  ré- 
pondre à  cette  cpiestion  :  ce  sera  dans  ceux  qui  présenteront  le  plus  de 
noilosités;  c'est  donc  la  première  année  de  l'invasion,  car  on  sait  que 
c'est  alors  que  les  renflements  sont  le  plus  nombreux;  c'est  un  fait  bien 
connu  des  viticulteurs  du  Midi  :  tel  est,  en  effet,  le  premier  symptôme  de 
la  maladie.  C'est  donc  la  première  année  que  les  Phylloxéras  ailés  se  pro- 
duiront en  plus  grand  nombre. 

»  Nous  savons,  d'autre  part,  que  ces  nodosités  pourrissent  à  la  fin  de 
l'été  ou  au  commencement  de  l'automne,  époque  à  laquelle  se  montrent 
principalement  les  ailés;  ce  n'est  donc  probablement  pas  sur  les  renfle- 
ments qu'ils  pondront  leurs  œufs;  ce  n'est  probablement  pas  non  plus  sur 
les  grosses  racines,  où  les  nymphes  sont  très-rares  et  où  jamais  ne  se 
rencontrent  les  individus  ailés.  Leurs  yeux  multiples  et  leur  double  or- 
gane sensitif  des  antennes,  tandis  que  les  individus  aptères  n'ont  cpie  des 
yeux  rudimentaires  (trois  cellules  de  pigment  rouge)  et  un  seul  organe 
sensitif  aux  antennes,  l'existence  de  leurs  ailes,  tout  semble  montrer  qu'ils 
doivent  avoir  une  existence  aérienne,  au  moins  en  partie;  ils  doivent  donc 
quitter  le  sol  et  paraître  à  la  lumière. 

»  A  quel  instant  ce  départ  loin  des  renflements  se  produit-il,  car  les 
individus  ailés  ne  se  montrent  pas  non  plus  sur  les  nodosités?  Il  est 
probable  que  c'est  à  l'état  de  nymphe,  un  peu  avant  la  mue  définitive, 
durant  la  courte  période  pendant  laquelle  il  se  passe  de  nomriture,  que 
l'insecte  quitte  les  renflements  pour  se  rapprocher  de  la  surface  du  sol  : 
il  y  trouve  des  conditions  favorables  pour  déployer  ses  ailes,  sécher  et 
consolider  ces  délicates  membranes.  Dans  les  vignobles  des  environs  de 
Cognac,  où  j'étais  envoyé  par  la  Commission,  j'ai  trouvé  sur  le  sol  et  j'ai 
montré  en  place  à  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  que  j'accompagnais,  outre  ces 
jeunes  agiles,  une  nymphe  agile  aussi  et  vivante.  Elle  fut  mise  dans  un 
tube  et  se  transforma  le  lendemain  en  individu  ailé.  Je  me  suis  assuré  par 
l'observation  directe  que  la  nymphe,  pendant  un  certain  temps  du  moins, 
adhère  au  renflement  par  son  suçoir,  qu'elle  y  enfonce  au  quart  de  la  lon- 
gueur de  cet  organe.  Cela  n'empêche  pas  que,  à  un  certain  instant,  vers  la 
fin  de  l'intervalle  où  elle  doit  passer  à  l'état  de  nymphe,  elle  puisse  aban- 
donner la  racine.  C'est  un  fait  général  chez  les  Phylloxéras  et  que  j'ai 
observé  maintes  fois  siu-  les  racines,  que  la  peau  des  mues  est  libre  de 
toute  adhérence  avec  elles  :  ils  ont  donc,  avant  de  muer,  retiré  leur  suçoir 
enfoncé  dans  les  tissus.  Organiquement  cela  ne  serait  pas  nécessaire,  puis- 

86.. 


(  66o  ) 
que  le  phénomène  de  la  mue  s'étend  aux  trois  soies  grêles  du  suçoir  comme 
à    tontes  les  parties,  même  les  plus  délicates,  des  appendices. 

D  Ce  qui  vient  d'être  dit  paraît  établir  a  priori  que  les  individus  ailés 
quittent  le  sol  avant  ou  après  la  mue  définitive,  et  arrivent  à  la  lumière, 
ainsi  que  M.  Faucon  et  ses  neveux  l'ont  directement  observé  ;  mais  ils  ne 
doivent  pas  demeurer  sur  le  sol  ;  on  en  retrouve  dans  des  toiles  d'arai- 
gnée, comme  nous  avons  pu  le  constater,  M.  Planchon  et  moi,  après 
M.  Lichtenstein  qui  fit  le  premier  cette  observation.  Ces  individus  ailés 
paraissent  destinés  à  disséminer  les  parasites  et  la  maladie  dévastatrice  dont 
ils  sont  la  cause. 

»  Parmi  les  conclusions  relatives  à  ce  qui  précède,  quelques-unes,  au 
moins,  auront  certainement  un  intérêt  pratique. 

»  1°  La  propagation  de  la  maladie  par  les  individus  ailés,  qui  soulevait 
de  sérieuses  difficultés  (i),  est  expliquée  et  justifiée;  mais  on  ne  doit  pas 
oublier  qu'elle  peut  avoir  lieu  à  de  petites  distances,  aussi  bien  qu'aux 
grandes  distances. 

»  a°  C'est  dans  les  premiers  temps  de  l'invasion  en  un  point  que  la  mala- 
die se  transporte  à  de  grandes  distances  de  ce  point,  dans  des  circonstances 
encore  mal  déterminées. 

»  3°  L'arrachage  des  premiers  individus  attaqués  (moyen  préventif  qui 
donne  souvent  les  meilleurs  résultats)  ne  peut  pourtant  avoir  lieu  entière- 
ment. On  enlève  la  souche  et  les  grosses  racines;  mais,  le  plus  souvent, 
les  radicelles  sont  brisées  et  restent  en  terre  :  elles  y  sont  retenues  par  les 
renflements,  qui  sont  un  obstacle  à  la  traction  exercée  sur  elles.  Ainsi  la 
plupart  des  racines  extrêmes  et  leurs  nodosités  demeurent  en  terre;  elles 
y  pourrissent  probablement  moins  vite  que  dans  les  tubes  de  nos  expé- 
riences, et  peuvent  successivement  donner  naissance  à  des  individus  nom- 
breux, qui  sortent  de  terre  et  propagent  au  loin,  ou  même  à  peu  de  dis- 
tance, la  terriJjle  maladie.  L'arrachage  et  le  brûlis  sur  place  constituent 
un  moyen  plus  sûr  d'enrayer  la  propagation,  mais  d'une  efficacité  encore 

(i)  Le  petit  nombre  des  individus  ailés  connus,  aussi  bien  que  le  nombre  si  restreint 
d'œufs  qu'ils  contiennent,  forçait  d'admettre  des  générations  successives,  rrès-nombreuses 
et  lrès-])rolifiques,  se  multipliant  démesurén)ent,  pendant  un  teni])s  très-court.  Les  causes 
variées  de  destruction  naturelle  des  insectes,  les  accidents  de  toute  nature,  la  difficulté  de 
pénétration  dans  le  sol,  etc.,  n'étaient  pas  les  moindres  objections  qu'on  ])ût  faire,  et  elles 
pouvaient  être  très-embarrassantes,  quoique  théoriquement  la  propagation  par  l'air  fût  des 
mieux  démontrées. 


(66.  ) 

insuffisante,  car  on  laisse  en  terre  des  Phylloxéras  non  détruits.  Cela  était 
connu;  mais  ce  qui  ne  l'était  pas,  et  ce  sur  quoi  j'insiste,  c'est  que,  parmi 
ces  insectes  qu'on  laisse  en  terre,  beaucoup  ne  deineuretont  pas  dans  le 
sol;  ils  en  sortiront  plus  ou  moins  tard  et  se  répandront  sur  le  reste  du 
vignoble  encore  sain.  Les  tranchées  qu'on  arrose  de  liquides  divers,  pro- 
duits phéniqués  ou  autres,  ne  peuvent  donc  ni  tuer  ni  arrêter  l'insecte 
ailé  :  il  faut,  à  l'arrachage,  joindre  un  traitement  du  sol. 

»  4°  En  attaquant  le  Phylloxéra  de  bas  en  haut  par  les  vapeurs  toxiques 
déposées  dans  le  sol  à  une  grande  profondeur  (progrès  réel  dans  le  trai- 
tement des  vignes),  ne  force-t-on  pas  cependant  les  individus  agiles  et 
principalement,  à  l'époque  où  nous  sommes,  ces  dangereux  insectes  ailés 
et  les  nymphes  qui  leur  donneront  naissance  à  abandonner  plus  vite  les 
radicelles  qui  les  nourrissent?  C'est  un  point  à  examiner. 

»  5°  Il  faut  donc  faire  entrer  sérieusement  en  ligne  de  compte  la  propa- 
gation de  l'insecte  par  la  surface  du  sol.  On  a  proposé,  pour  s'y  opposer, 
de  répandre  des  poudres  ou  des  liquides  insecticides,  que  le  Phylloxéra 
devrait  affronter  pour  sortir  au  dehors  ;  on  emploiera  le  moyen  (pi'on  ju- 
gera convenable,  mais  il  y  a  là  un  danger  avec  lequel  on  doit  compter. 

II. 

))  Quant  à  la  possibilité  du  vol  des  insectes  ailés,  elle  ne  fait,  pour  moi, 
l'objet  d'aucun  doute;  le  petit  nombre  des  individus  qu'on  a  observés 
jusqu'ici  et  les  conditions  peu  favorables  à  l'observation  sont,  je  crois,  les 
causes  qui  ont  empêché  de  constater  ce  fait  directement. 

»  Le  Phylloxéra  quercus  se  sert  de  ses  ailes,  c'est  une  chose  acquise  ;  j'ai 
récolté  à  Cognac,  le  12  septembre  dernier,  des  centaines  de  ces  insectes  à 
l'état  ailé,  sur  la  face  inférieure  des  feuilles  du  chêne  blanc.  Ils  sont,  malgré 
quelques  différences,  fort  semblables  au  parasite  de  la  vigne  (à  l'état  aptère 
comme  à  l'état  ailé);  ils  s'en  distinguent  par  tuie  couleur  plus  rouge  et 
des  antennes  plus  longues.  Le  D'  Siguoret,  dans  une  brochure  spéciale  et 
déjà  ancienne  (i),  a  très-bien  indiqué  ces  différences,  qui  ne  laissent  aucun 
doute  sur  la  distinction  des  deux  espèces. 

»  Au  premier  coup  d'œil,  les  insectes  ailés  se  ressemblent  beaucoup;  ce 
sont  des  sortes  de  petits  moucherons,  ils  ont  les  ailes  horizontales;  mais 


(i)   Lex  P/tyl/oxcra  vastntri.r,  hémiptèrc  Iwinnptcre  de  la  famille  des  JphUliens.  Extrait 
des  Annales  de  la  Société  entnmologique  de  France,  22  décembre   i86q. 


(  662  ) 
chez  le  Phylloxéra  quercus  le  corps  est  rouge  :  il  est  orangé  chez  le  Phyl- 
loxéra vfislatrix. 

»  Je  plaçai  sur  une  feuille  de  papier  blanc  les  feuilles  de  chêne  cou- 
vertes de  ces  insectes  ailés.  Ils  se  laissèrent  tomber  sur  le  papier  et  s'y  dépla- 
cèrent avec  rapidité;  puis,  relevant  leurs  ailes  verticalement,  à  la  manière 
des  pucerons  ordinaires,  ils  prirent  leur  vol,  sans  s'élever  beaucoup,  vers 
une  fenêtre  située  à  plus  de  i  mètre  et  demi  de  là.  Au  début  de  leur  vol,  ils 
décrivaient  des  cercles,  en  tournoyant  comme  pour  prendre  leur  élan  ;  mais 
ils  finissaient  par  voler  en  ligne  droite,  assez  lentement  du  reste  et  lourde- 
ment. Au  bout  de  peu  de  minutes,  un  nombre  notable  s'était  échappé,  et  j'en 
retrouvai  plusieurs  fixés  sur  les  vitres  de  la  fenêtre.  Ce  fait  de  leur  vol 
n'était  pas  inconnu  :  M.  Planchon  les  a  vus  voler  à  la  distance  de  quelques 
décimètres  {loc.  cit.,  p  .20);  mais  constatons  que,  comme  les  individus  ailés 
des  pucerons  du  rosier,  etc.,  ils  se  sont  dirigés  vers  la  fenêtre,  vers  ia  lu- 
mière. Il  est  donc  probable,  si  l'analogie  ne  nous  trompe  pas,  que  les  indi- 
vidus ailés  du  Phjlloxera  vastalrix  se  servent  de  leurs  longues,  mais  fragiles 
ailes,  aussi  bien  que  ceux  du  Phjlloxera  quercus,  et  que,  à  l'aide  des  vents, 
ils  peuvent  franchir  des  distances  considérables. 

))  On  peut  donc  dire,  en  résumé,  que  les  individus  ailés  du  Phylloxéra 
vastalrix  sont  beaucoup  plus  nombreux  qu'on  ne  l'avait  cru  jusqu'ici,  et  les 
conséquences  que  l'on  peut  tirer  de  l'abondance  de  cette  forme  particulière 
du  parasite  doivent  être  prises  en  sérieuse  considération,  aussi  bien  au 
point  de  vue  de  l'histoire  naturelle  de  l'insecte  qu'au  point  de  vue  du  trai- 
tement des  vignes  malades. 

»  Je  m'abstiens,  pour  l'instant,  de  donner  aucun  conseil  pour  ce  traite- 
ment, de  crainte  de  faire  concentrer  les  efforts  à  une  époque  inopportune. 
On  ne  saura  au  juste  ce  qu'on  doit  faire  et  dans  quelle  mesure  on  peut  agir 
efficacement  que  lorsque  l'histoire  naturelle  du  parasite  sera  entièrement 
connue;  mais  je  me  permets  de  faire  i-emarquer  qu'il  semble  ressortir  de 
cette  Communication  et  des  précédentes  que  le  Phylloxéra  pourrait  être, 
par  des  moyens  divers  et  à  des  époques  diverses,  attaqué  avec  succès,  au 
moment  de  l'une  ou  l'autre  de  ses  transformations.  Chaque  traitement  cor- 
respondrait à  un  danger  spécial.  Doit-il,  quand  ses  formes  sont  si  variées 
et  ses  mœurs  si  différentes,  être  combattu  une  seule  fois,  à  une  époque 
unique,  ou  même  en  tous  temps  avec  le  même  agent;'  C'est  une  réflexion 
que  je  soumettrai  aux  viticulteurs. 

»  La  question  n'a  rien  d'extraordinaire;  ne  répète-t-on  pas  le  soufrage 
des  vignes  jusqu'à  trois  fois  dans  le  Bordelais,  jusqu'à  quatre  fois  dans 


(  G63  ) 

le  Midi?  Répéter  plusieurs  fois  le  même  traitement  ou  en  exécuter  plu- 
sieurs successifs  n'a  rien  qui  doive  étouner  les  viticulteurs.  Ne  se  met-on 
pas  successivement,  par  des  moyens  divers,  à  l'abri  des  attaques  de  la 
Pyrale,  de  l'oïdium,  de  l'Altise,  etc.,  etc.? 

III. 

»  Je  me  suis  rendu  à  Cognac,  selon  le  désir  de  la  Commission,  etj'aiécrit  à 
M.Milne  Edwards  les  conditions  dans  lesquelles  nous  avons  opéré;  mais  il 
me  semble  que  le  temps  que  nous  avons  eu  depuis  (la  pluie  n'a  cessé  de  tom- 
ber depuis  le  12  jusqu'à  hier  20  septembre)  est  extrêmement  défiivorable  à 
l'essai  que  nous  avons  fait.  Nous  avons  voulu  expérimenter  le  système  de 
M.  Monestier,  préconisé  par  M.  Gaston  Bazille  [Messager  du  Midi,  i3  août 
1873);  dans  un  trou  profond  on  dépose  5o  grammes  de  sulfure  de  car- 
bone ;  mais  les  interstices  du  sol,  dans  les  conditions  actuelles,  sont 
remplis  par  l'eau  de  pluie;  partout  où  la  vapeur  pourrait  passer  et  at- 
teindre l'insecte,  elle  trouve  l'eau  qui  imbibe  le  sol  et  empêche  les  bons 
effets  du  principe  asphyxiant.  Une  pluie  légère,  qui  s'opposerait  à  la  sor- 
tie de  cette  vapeur  à  l'extérieur  du  sol,  aurait  un  effet  adjuvant,  mais  les 
pluies  torrentielles  sont  contraires  à  l'emploi  du  sulfure  de  carbone.  Un 
insuccès  ne  prouverait  donc  rien  contre  les  bons  résultats  que  peut  donner 
la  méthode  proposée,  si  ce  n'est  qu'il  faut  l'appliquer  par  un  temps  sec,  ou 
dans  un  sol  non  imbibé  à  une  grande  profondeur;  une  légère  couche  hu- 
mide à  la  surface  serait  loin  de  nuire.  Dans  le  Midi,  où  les  pluies  prolon- 
gées sont  rares,  cela  n'aurait  aucun  inconvénient.   » 

VITICÙLTUHE.  —  Sur  répoque  à  laquelle  il  conviendrait  d'appliquer  la  sub- 
mersion aux  vignes  alleintes  par  le  Phylloxéra.  Lettre  de  M.  L.  Faucon 
à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

«  Dans  le  remarqr.able  Rapport  sur  les  études  relatives  au  Phylloxéra, 
que  vous  avez  lu  à  l'Académie  le  16  juin  dernier,  vous  avez  insisté  sur 
l'importance  que  présenterait  la  détermination  de  l'époque  la  plus  conve- 
nable pour  pratiquer  la  submersion  des  vignes.  Guidé  par  vos  indications, 
j'ai  de  nouveau  examiné  ce  point  intéressant  de  la  question,  et  voici  quel 
a  été  le  résultat  de  mes  études. 

»  S'il  était  possible,  sans  de  graves  inconvénients,  d'attaquer  les  Phyl- 
loxéras au  moment  précis  du  terme  de  l'hibernation,  immédiatement  après 
la  première  mue  prinlanière,  lorsqu'ils  sont  dépouillés  de  leur  enveloppe 


(  664  ) 
protectrice,  qu'ils  sont  tous  jeunes,  que  tous  les  œufs  de  l'année  précédente 
sont  éclos  ou  détruits  et  que  les  nouveaux  œufs  ne  sont  pas  encore  pondus, 
conditions  dans  lesquelles  les  Phylloxéras  résistent  très-peu  de  temps  à  l'im- 
mersion, ce  moment  serait  certainement  le  plus  favorable  à  leur  complète 
destruction;  mais  plusieurs  motifs  s'opposent  à  l'application  du  traitement 
à  cette  époque  et  en  contrarient  la  réussite.  D'abord  tous  les  insectes  ne 
sortent  pas  en  même  temps  de  leur  sommeil  hivernal  :  j'en  ai  vu  qui  com- 
mençaient à  s'éveiller  dès  le  i*'  avril,  et  d'autres  qui  étaient  encore  dans 
un  complet  engourdissement  vingt  jours  plus  tard,  alors  que  déjà  les  pre- 
miers, revenus  à  la  vie,  avaient  grossi,  s'étaient  de  nouveau  revêtus  d'une 
peavi  résistante  et  avaient  pondu.  Il  y  a  là  un  cercle  duquel  il  est  difficile 
de  sortir. 

»  Si  l'on  pratique  la  submersion  dès  qu'un  certain  nombre  d'insectes 
ont  passé  de  la  léthargie  à  la  vie  active,  ou  aura  facilement  raison  de  ceux- 
ci;  mais,  par  le  fait  même  de  l'opération,  la  transformation  de  ceux  qui 
sont  encore  engourdis  sera  retardée,  et  leur  destruction  exigera  une  im- 
mersion plus  prolongée,  aussi  prolongée  probablement  qu'en  hiver. 

M  Si  l'on  attend  que  la  cessation  de  la  vie  latente  se  soit  produite  chez 
tous  les  Phylloxéras,  on  se  trouvera  en  présence  d'insectes  de  tous  âges, 
(jeunes,  adultes,  mous,  résistants)  et  d'un  nombre  considérable  d'œufs,  et 
l'on  se  heurtera  contre  les  difficultés  qu'on  avait  cru  éviter  eu  opérant  à 
cette  époque. 

»  De  ce  que  l'insecte  nouveau-né  résiste  peu  à  l'immersion,  on  aurait 
tort  de  conclure,  même  dans  le  cas  où  tous  les  Phylloxéras  pourraient 
être  attaqués  en  même  temps  dans  la  période  de  leur  plus  grande  faiblesse, 
qu'une  submersion  de  courte  durée  serait  suffisante  pour  les  faire  périr 
tous.  D'abord,  si  l'on  a  à  traiter  un  vignoble  de  quelque  étendue,  plu- 
sieurs jours  sont  nécessaires  pour  que  l'eau  soit  amenée  dans  toutes  les 
parties  de  ce  vignoble.  Ensuite  il  faudrait  toujours  attendre  que  l'eau  eût 
pénétré  jusqu'aux  racines  les  plus  profondes;  et,  pour  peu  que  le  terrain 
soit  de  nature  argileuse  et  compacte,  nous  savons  combien  est  difficile  et 
lente  cette  pénétration. 

»  Si  tous  ces  inconvénients  n'existaient  pas,  il  en  est  un  qui, à  lui  seul, 
s'opposerait  radicalement  à  l'application  de  la  submersion  des  vignes  au 
printemps  :  c'est  le  mal  qu'une  eau  surnageante,  telle  qu'il  la  faut  pour 
tuer  le  Pliylloxera,  ferait  éprouver  aux  vignes  à  cette  époque.  Le  réveil 
de  l'insecte  coïncide  avec  celui  de  hi  végétation  :  c'est  le  moment  où  la 
vie  des  plantes,  pour  se;  manifester  au  dehors,  a  besoin  non-seulement 
d'une  certaine  dose   de  chaleur,   mais  aussi  de  l'action  que  les  agents  at- 


(  665  ) 
mosphériques  impriment  aux  racines.  Priver  la  vigne  de  ces  auxiliaires 
indispensables  serait  l'exposer  à  de  grands  désordres,  auxquels  elle  ne  ré- 
sisterait pas  longtemps.  Enfin,  si  l'on  tient  compte  aussi  des  difficultés  très- 
sérieuses  que  les  submersions  faites  au  printemps  occasionneraient  aux 
cultures  générales,  taille,  apports  d'engrais,  labours,  on  est  forcé  de  re- 
noncer à  l'application  de  ce  mode  de  traitement  à  cette  époque  de  l'année. 

»  En  été,  à  l'époque  de  la  grande  multiplication  du  Phylloxéra  et  au 
moment  où,  de  l'aveu  de  tous  les  expérimentateurs,  il  résiste  le  moins  à 
l'immersion,  la  submersion  des  vignes  pourrait  donner  des  résultats  posi- 
tifs au  point  de  vue  de  la  destruction  de  l'insecte;  mais  l'opération  prati- 
quée alors  présente  des  inconvénients  non  moins  graves  qu'au  printemps. 
D'abord,  si  l'argument  le  plus  général  qu'on  oppose  au  traitement  de  la 
submersion  (son  application  restreinte)  n'a  une  valeur  réelle  que  pour  les 
situations  élevées,  il  aurait  bien  plus  de  force  si  la  submersion  devait  se 
faire  en  été,  puisque  le  traitement  ne  serait  alors  possible  que  dans  des  cas 
véritablement  exceptionnels;  il  y  a,  en  effet,  beaucoup  de  pays  qui  ont  de 
l'eau  en  abondance  en  hiver  et  qui  en  manquent  totalement  en  été.  Ensuite, 
s'il  est  prouvé  et  admis  que  dès  masses  d'eau  considérables,  répandues  sur 
de  grandes  surfaces,  ne  sont  pas  susceptibles  de  porter  la  moindre  atteinte 
à  la  salubrité  publique  en  hiver,  il  n'en  serait  pas  de  même  en  été.  La  sub- 
mersion des  vignes,  pratiquée  sur  une  vaste  échelle,  donnerait  une  eau 
stagnante  s'étendant,  dans  certaines  localités,  à  des  milliers  d'hectares  et 
formant  de  véritables  étangs,  et  pourrait  devenir  luie  cause  d'insalubrité 
pendant  la  saison  chaude.  Enfin  l'expérience  a  démontré  que,  à  l'époque 
des  chaleius,  la  vigne  ne  peut  pas  impunément  rester  sous  l'eau  un  temps 
un  peu  trop  prolongé,  et  qu'elle  est  tuée  par  une  immersion  d'une  durée 
très-insuffisante  pour  faire  périr  le  Phylloxéra. 

M  Les  graves  inconvénients  que  je  viens  de  signaler  ne  permettant  pas 
de  pratiquer  la  submersion  des  vignes  au  printemps  et  en  été,  il  faudra 
nécessairement  en  reporter  la  mise  en  oeuvre  à  l'automne  ou  à  l'hiver, 
époques  les  plus  convenables  à  l'application  et  à  la  réussite  du  procédé,  si. 
ron  suit  à  la  lettre  toutes  les  prescriptions  cpiej'ai  indiquées. 

»  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  une  nouvelle  Notice  que  je  viens 
de  publier  sur  V application  de  la  subnwrsiondesvignesalleinlesduPhjlloxera. 
Dans  cette  Notice,  j'ai  reproduit  les  idées  qui  font  l'objet  de  la  présente 
Comnuuiication,  et  qui  sont  dues  aux  indications  que  vous  avez  bien  voulu 
me  donner  à  ce  sujet.   >» 

G.  R.,  1H73,  i*  Semestre.  (T.  LXXVH,  N»  12.)  87 


(  666  ) 

M.  R.  Re-iol-  adresse  une  Note  concernant  l'emploi  des  feuilles  de  tabac 
pour  coiiibattre  ie  Phylloxéra. 

Les  expériences  effectuées  par  l'auteur  le  conduisent  à  affirmer  l'effica- 
cité d'un  procédé  qui  consiste  à  enfouir  des  feuilles  de  tabac,  soit  vertes, 
soit  sèches,  au  pied  des  ceps  de  vigne  :  la  décomposition  s'effectuant  au 
voisinage  des  racines  donne  naissance,  selon  lui,  à  un  poison  qui  détruit 
rapidement  l'insecte.  Il  fait  remarquer  seulement  que  ce  procédé  ne  pour- 
rait être  employé  en  grand,  d'une  manière  économique,  que  si  les  règle- 
ments relatifs  à  la  culture  du  tabac  subissaient  quelques  modifications, 
en  vue  de  cette  application  spéciale. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A.  Hay  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi,  contre  le  Phylloxéra, 
d'une  décoction  de  tabac  mélangée  avec  de  la  chaux. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  l'abbé  Magnat  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  adresser  quelques 
documents  relatifs  à  l'histoire  naturelle  du  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  A.  Brachet  adresse  la  suite  de  ses  recherches  sur  les  perfectionne- 
ments à  apporter  au  microscope. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

M.  DzwoNKowsKi  adresse  une  Note  relative  à  un  élixir  anticholérique. 

M.  A.  PiCKERix  adresse  une  Note  relative  au  traitement  du  choléra. 

M.  V.  BuRQ  adresse  un  Mémoire  sur  l'action  du  cuivre  contre  le  cho- 
léra. 

Un  Auteur,  dont  le  nom  est  contenu  dans  un  pli  cacheté,  adresse  une 
Note  concernant  un  traitement  rationnel  du  choléra  épidémique. 

Ces  diverses  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  legs 
Bréant. 


(  <^^^1  ) 

M.  HÉNA  adresse  deux  Communications  relatives,  l'une  à  des  «  Galets 
de  silex  dans  le  diluvium  de  Saint-Brieuc  »,  l'autre  au  «  Grou  ou  gravier 
granitique  à  blocs  de  Saint-Brieuc  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  PiERLOT  adresse  une  Note  concernant  une  pile  au  chlorure  de  plomb. 

«  On  place,  au  fond  d'un  vase  de  verre  ou  de  porcelaine,  5oo  grauunes 
environ  de  chlorure  de  plomb;  on  y  enfonce  luie  plaque  de  plomb  fixée  à 
un  fil  de  même  métal,  isolé  au  moyen  d'un  vernis,  puis  une  plaque  de 
zinc,  d'environ  g  millimètres  d'épaisseiu",  amalgamée  et  enveloppée  d'un 
sac  de  papier  diaiyseur;  on  ajoute  de  l'eau  tous  les  deux  ou  trois  mois;  le 
courant  est  à  la  fois  énergique  et  constant.  » 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Edm.  Becquerel. 

M.  IVoiRET  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Notes  relatives, 
l'une  aux  reproductions  photographiques,  l'autre  aux  murailles  et  par- 
quets ornementés. 

Ces  Notes  seront  soumises  à  l'examen  de  M.  Balard, 

CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Intégration  de  Inéquation  aux  dérivées  partielles 
des  cylindres  isostatiques  qui  se  produisent  à  l'intérieur  d'un  massif  ébouleux 
soumis  à  de  fortes  pressions.  Note  de  M.  J.  Roussinesq,  présentée  par  M.  de 
Saint- Venant. 

«  Ainsi  que  je  l'ai  remarqué  dans  une  Note  sur  VEqualion  aux  dérivées 
partielles  des  vitesses,  etc.  [Comptes  rendus,  t.  LXXIV,  p.  ^Bo,  12  février 
1872),  les  deux  relations 

I       rfF        d]ou./i  1       rfF,  _  <:/log(F  — F,  )  I       dV 


F— F,  r/p  dp,  F,— Ff/p,  dp,  F  —  V,dp, 

qui  expriment,  en  coordonnées  curvilignes  rectangles,  l'équilibre  intérieur 
d'un  corps  soumis,  parallèlement  à  un  plan,  à  des  pressions  assez  fortes 
pour  qu'on  puisse  négliger  en  comparaison  son  poids  et  son  inertie,  s'in- 
tègrent exactement,  non-seulement  quand  le  milieu  est  ductile  ou  que  la 
différence  F  —  F,  a  une  valeur  constante,  cas  intéressant  dont  je  me  suis 

87.. 


(  668  ) 
occupé  dans  trois  articles  [Comptes  rendus,  22  janvier,  29  janvier  et  29  juil- 
let 1872,  même  tome,  p.  242,  3 18,  et  t.  LXXV,  p.  254),  mais  encore  toutes 
les  fois  qu'il  existe  entre  les  deux  forces  principales  F,  F,  une  relation  sous 
forme  finie,  permettant  d'exprimer  une  de  ces  forces  en  fonction  de  l'autre, 
ou  toutes  les  deux  en  fonction  d'une  même  variable,  et  de  rendre  ainsi 
différentielles  exactes  les  deuxièmes  membres  de  (1).  Ou  peut  même  négli- 
ger les  deux  fonctions  arbitraires  qu'introduit  l'intégration,  comme  je  l'ai 
démontré  d'après  les  formules  (3)  du  piemier  de  ces  trois  articles,  si  l'on 
choisit  convenablement  les  paramètres  p,  pt,  caractéristiques  des  deux 
familles  de  cylindres  isostatiques.  On  obtient  ainsi,  avec  deux  con- 
stantes C,  C,  dont  la  valeur  pourra  être  prise  quelconque,  les  formules 


(2)  ^"g'''.=JF=T;  +  ^' 


F-  F. 


=  C. 


»  Appliquées  au  cas  d'un  massif  pulvérulent  à  l'état  ébouleux,  ou  tel  que 

p p 

rapport  —  r; — pt'  vaille  le  sinus  de  l'angle  constant  (j 

donnent,  par  la  substitution  à  F  de  _     .    ''  (F  —  F,), 


p p 

le  rapport  —  r; — pt'  vaille  le  sinus  de  l'angle  constant  (p  de  frottement,  elles 


(3)  F— ¥,=/![-'■''"■''     h'-^''"fhl^''"'°=i. 

«  La  seconde  de  celles-ci,  déjà  obtenue  dans  la  Note  citée  du  12  fé- 
vrier 1872,  est  l'équation,  en  coordonnées  courbes,  des  cylindres  isosta- 
tiques produits  à  l'intérieur  du  massif  ébouleux.  Elle  comprend,  comme  cas 
particulier  correspondant  k  o  =  o,  celle  [hh,  =  i)  des  cylindres  isosta- 
liques  d'un  milieu  ductile  déformé  parallèlement  à  un  plan. 

»  Si  j),  (],  p,,  </,  désignent  les  dérivées  respectives  en  x  et  en  j- des  deux 
pai-amètres  p  et  p,,  cette  seconde  équation  (3),  où  //,  //,  représentent  les 

radicaux  s/p^  -^  (j\  V/'i  +  îi»  combinée  avec  la  condition  d'orlhogonalilé 
pp^  _j_  qq^  =  o,  et  résolue  par  rapport  k  p,,  q,,  donnera 


\p,=±q(y-  +  q-)      ''■■   ^      <i,=-^p[ir  +  q^-) 
f    OÙ  A-=i/ ^  =  lan^     7  + - 


(4) 


Comme  /),,  (/,  sont  les  deux  dérivées  respectives  en  x  et  en  y  de  la  fonc- 
tion p,,  la  dérivée  en  y  de  la  valeur  (4)  de  /),  doit  égaler  la  dérivée  en  x 
de  la  valeur  analogue  de  «y,  ;  cette  condition  d'intégrabilité  est  d'ailleurs  la 
seule  que  doive  vérifier   la  fonction  p  pour  que,  la  famille  de  cylindres 


{  669  ) 
J{x,  y)  =  p  étant  donnée,  on  puisse  en  trouver  une  autre y^  (x,  y)  =  /5, 
orthogonale  à  la  première  el;  satisfaisant  à  la  seconde  relation  (3).  L'équa- 
tion caractéristique  des  cylindres^ (a:,  j-)  =  p  est  donc 


(5) 


cLk 


l'iir+fj     ^'''- 


<i[p-  +  r 


^]-o, 


ou  bien,  en  développant  les  calculs  et  appelant,  comme  à  l'ordinaire, 
/',  s,  t  les  trois  dérivées  secondes  en  dx^,  dxdj,  dj-  de  la  fonction  à  dé- 
terminer p, 

(G)  (p-  —  /r(j-)r  -h  2{i  +•  l<-)pqs  +  [q-  —  f^" p')  t  ~.  o. 

»  Cette  équation,  qui  se  réduit,  pour  y  =  o  ou  A"  =  i ,  à  celle  que  j'ai 
intégrée  dans  l'article  cité  du  29  janvier  1872,  se  traitera  exactement  de 
la  même  manière.  On  lui  appliquera  d'abord  la  transformation  de  Le- 
gendre,  c'est-à-dire  qu'on  prendra  pour  variables  indépendantes  p,  q,  et, 
pour  fonction  à  déterminer,  l'expression  sj  =p.r  +  qj'  —  p,  dont  x  etj- 
sont  les  deux  dérivées  respectives  en  p  et  ^;  il  viendra  ainsi 

/     \        11/     ^d'a  d'u  .,d-ûi\  I    ^d'u  d-vj  .,  f/'rrX 


[r  a,.  - 

-  2;"/ 

djj  dtj 

+  //- 

drr 

ouvelle 

transformation. 

on  rempla 

cera 

par  le  paramètre  différentiel  du  premier  ordre,  h  ou  \/p^-i-q^ ,  de  la  famille 

considérée  de  cylindres,  et  par  l'angle  a  (ayant  pour  tangente  - 1  que  leur 

normale  en  [x^j)  fait  avec  les  x  positifs  :  ces  deux  nouvelles  variables 
définissent  complètement,  la  première  en  grandeur,  la  seconde  en  direc- 
tion, l'état  mécanique  du  milieu  au  point  [Xjj');  ce  sont  des  coordon- 
nées naturelles  caractérisant  chaque  état  physique  possible,  tout  comme 
leurs  deux  fonctions  x,  j  caractérisent  le  point  du  corps  où  cet  état  se 
trouve  réalisé.  Les  équations  du  problème  deviendront  ainsi 


(8) 


d%-  dir  dh 


rfe  r/n   si  ri  a  ffo     .  dzs    rosz 

-— cosa — ,      r  = -T^sina4- — ■ 

dn  d'j.      h  -^  du  du.       h 


»  Lorsqu'on  aura  obtenu,  par  l'intégration  de  la  première  (8),  zs  en  a 
et  /(,  la  seconile  et  la  troisième  (8)  donneront  les  valeurs  cherchées  Aux 
et  de  /. 


(  670  ) 

»  Les  intégrales  simples  de  la  première  (8)  sont  de  l'une  des  formes 

Ur^l^Ae    ''  +Re      "  j[c/("'  +D7/='-  J, 

(^  =  M/i         ou  cosinus  [«  V  (^^^j    -<-'^""'"-J  ou  cosinus  ("*log^)' 

où  A,  B,  C,  D,  71,  M,  m  représentent  des  constantes  quelconques.  En  su- 
perposant, comme  je  l'ai  lait  dans  l'article  cité  du  29  janvier  1872,  une 
double  infinité  de  celles  de  ces  intégrales  simples  qui  sont  périodiques,  on 
aura  l'intégrale  générale  que  comporte  la  question,  c'est-à-dire  luie  inté- 
grale contenant  explicitement  deux  fonctions  arbitraires,  dont  on  pourra 
disposer  de  manière  à  donner,  pour  a  =  o,  des  valeurs  quelconques,  en 

fonction  de  h,  à  zs  et  k  -—,  ou  encore  à  x  et  à  r. 

»  J'ai  reconnu  l'intégrabilité  de  l'équation  (7)  et  même  de  la  suivante, 
qui  est  plus  générale, 

i  {k^x-  —y-)r-\-  2{k--Jri)xj's 
'  \  -\-[k-j-  —  x-)t  +  {ax-\-bj')p-^{aj  —  hx)q-^cz^o 

(où  X,  y  désignent  les  deux  variables  indépendantes,  z  la  fonction  incon- 
nue, p,  q,  /•,  .y,  t  ses  dérivées  des  deux  premiers  ordres,  A-,  a,  b,  c  des  con- 
stantes quelconques),  en  me  servant  de  la  transformation  de  Laplace,  que 
j'ai  exposée  dans  une  Note  du  11  mars  1872  [Comptes  rendus,  t.  LXXIV, 
p.  730),  sans  savoir  qu'elle  était  connue  depuis  longtemps.  Cette  transfor- 
mation a  pour  résultat  de  faire  évanouir  de  l'équation  linéaire  du  second 
ordre,  aux  dérivées  partielles  et  à  deux  variables  indépendantes,  les  deux 
termes  affectés  des  dérivées  r,  t,  de  manière  à  la  réduire  (quand  elle  est 
sans  second  membre)  à  la  forme  simple 

(11)  s  -hVp+  Qq  -\-  Lz  =  o. 

On  ne  l'avait  appliquée  jusqu'à  présent  qu'à  la  recbercbe  des  intégrales 
sous  forme  finie  que  ces  équations  admettent  dans  certains  cas;  mais  elle 
est  susceptible  d'un  autre  emploi,  plus  important  en  Physique  mathéma- 
tique, et  dont  j'ai  donné  dtux  exemples  dans  la  Note  du  ii  mars  1872  : 
elle  est  propre  à  transformer,  toutes  les  fois  que  c'est  possible,  une  équation 
linéaire  à  coefficients  variables  en  une  autre  à  coefficients  constants,  et  par 
conséquent  intéqraôlc  en  série  d'exponentielles  réelles  ou  imaginaires.  En  effet, 
si  l'équation  |)ro[)osée  peut  être  changée  en  une  autre  à  coefticients  con- 


(67r  ) 
stants,  la  transformation  de  Laplace,  convenablement  appliquée  à  celle-ci, 
laissera  constants  ses  coefficients,  comme  on  le  reconnaît  aisément,  et  il 
est  d'ailleurs  facile  de  montrer  que  cette  transformée  inconnue  ne  pourra 
différer  de  celle  (i  i),  déduite  directement  de  l'équation  proposée,  qu'en  ce 
que  les  variables  ^,  y,  qui  paraissent  dans  l'équation  (i  i),  y  seront  rem- 
placées par  deux  autres  X,  Y,  dépendant  seulement,  la  première  de  x,  la 
seconde  de  y.  En  effectuant  ce  changement  de  variables,  l'équation  (n), 
divisée  par  X'Y',  devient 


('^^  dXdY  "*"  Y'  dX~^  X'  dY  '^  X'Y'  "        °' 

pour  qu'elle  ait  ses  coefficients  constants  ou  que  la  transformation 
désirée  soit  réalisable,  il  faut  et  il  suffit  :  i"  que  P  ne  dépende  pas  de  .r; 
2°  que  Q  ne  dépende  pas  de  j-;  3"  que  L  soit  le  produit  de  PQ  par  une 
constante.  Si  ces  conditions  se  trouvent  vérifiées,  on  prendra  les  variables 
X,  Y  telles,  que  les  rapports  respectifs  des  dérivées  X',  Y'  à  Q,  P  soient 
constants,  et  la  transformée  (ra)  sera  intégrable  en  série  double  d'expo- 
nentielles. Dans  l'exemple  (lo),  cette  transformée  s'obtient  en  choisissant 
pour  variables  indépendantes  les  deux  expressions 

u  =  logv'j^-  -h  J'  —  iî'arctang— >     v  =  log^^rM-^  -H  A  arc  tang  — • 
Elle  est  simplement 

d'z  (a -\- ib)  —  Ik^  +  j)   dz  {a  —  kb)  —  (h-'-\-i)dz  c 

'  —       '  ;Z=   O.     )) 


diidi'  ^P  da  4A^  dv^  Xk-' 

ÉLASTICITÉ.  —  Sur  le  moiivemenl  d'un  fil  élastique  dont  une  extrémité  est  animée 
d'un  mouvement  vibratoire  (a''  Note)  ;  par  M.  E.  Mercadier. 

«  On  a  donné,  dans  une  première  Note  [Comptes  rendus,  page  ôSg  de  ce 
volume),  les  principales  lois  de  ce  mouvement  quand  les  vibrations  du  fil 
sont  planes  ou  normales.  En  voici  une  nouvelle  dans  laquelle  entrent  le 
coefficient  d'élasticité  q  et  la  densité  p  du  fil.  En  cherchant  les  relations 
entre  les  distances  nodales  normales  D' de  fils  différents,  rapportées  à  un  même 

c/iamè/re,  et  les  diverses  puissances  du  quotient ->  on  forme,  pour  les  racines 

quatrièmes  de  ce  quotient,  le  tableau  suivant  : 


(  67a  ) 

q  p  \J1  D' 


iiini 


Fer 20794  7-8  7,18  47  >8 

Cuivre  (*) 12418  8,8  6,12  42,0 

Platine 14810  21, i  5,  i4  3^,0 

Aluminium 6684  2,6  7,12  47 1 3 

Si  l'on  construit  la  courbe  dont  les  abscisses  sont  les  D'  et  dont  les 

\J -  sont  les  ordonnées,  on  trouve  une  ligne  droite.  Donc  : 

»  8.  Pour  des  fils  différents  de  même  section,  les  dislmices  jwdales  normales 
sont  proportionnelles  aux  racines  quatrièmes  des  quotients  des  coefficients  d'élas- 
ticité par  les  densités. 

»  En  réunissant  dans  une  seide  formule  les  lois  indiquées  jusqu'à  pré- 
sent, en  appelant  D  et  D'  les  distances  nodales  normales  de  deux  fils  quel- 
conques de  densités  p  et  p',  de  coefficients  d'élasticité  q  et  q',  de  diamètres  c? 
et  â',  fixés  à  des  diapasons  ou  autres  corps  vibrants  faisant  7i  et  n  vibrations 
par  seconde,  on  a  la  relation  générale 


_D  /or/'    '' /yp' 

D'~   V    3'/i  V  q'p' 


p 

»  III.  Etat  vibratoire  anormal.  —  Supposons  un  fil  fixé  à  un  électro-dia- 
pason animé  par  une  pile  constante,  de  façon  que  son  amplitude  se  main- 
tienne également  constante;  supposons  la  longueur  de  ce  fil  telle,  qu'il 
vibre  dans  un  plan,  se  trouvant  ainsi  dans  ce  que  j'ai  appelé  un  état  vibra- 
toire normal.  Avec  une  pince  coupante,  raccourcissons  le  fil  de  millimètre 
en  millimètre  par  exemple;  on  observe  alors  les  faits  suivants  : 

»  D'abord  le  fil  continue  à  vibrer  régulièrement;  l'amplitude  de  son 
extrémité  libre  varie,  mais  celle  du  diapason  reste  constante. 

»  A  partir  d'une  certaine  longueur,  les  vibrations  du  fil  commencent  à 
devenir  curvilignes;  leur  amplitude  augmente,  celle  du  diapason  com- 
mence à  diminuer.  En  continuant  à  raccourcir  le  fil,  la  forme  des  vibra- 
tions du  fil  s'accentue,  surtout  s'il  a  un  faible  diamètre  de  o™™,  i  à  0°"",  5 
par  exemple;  on  observe  alors  des  formes  qui  rappellent  celles  qu'on  ob- 

(*)  Les  coefficients  d'élaslirité  du  cuivre,  du  pUiline,  de  l'aluminium  sont  tirés  d'un  tra- 
vail encore  inachevé,  dans  le  cours  duipicl  nous  avons  dû,  M.  Cornu  et  moi,  déterminer 
avec  l)caucou])  de  précision  les  alloiij,'ti)ients  de  fils  métalliques  soumis  à  une  iraciion  dé- 
terminée, en  évitant  tout  allongement  permanent  pendant  les  expériences.  Le  coefficient  du 
fer  est  celui  qui  a  été  donné  par  Wertheim. 


(  673) 
tient  dans  la  composition  de  mouvements  vibratoires  à  l'aide  des  diapasons 
à  miroirs  de  M.  Lissajous,  et  l'effet  général  se  complique  souvent  de  mou- 
vements tournants.  En  même  temps,  l'amplitude  de  ces  vibrations  curvi- 
lignes augmente;  celle  du  diapason  diminue  graduellement. 

»  On  arrive  à  une  longueur  telle,  que  cette  dernière  amplitude  est  nulle; 
à  ce  moment,  il  est  impossible  de  faire  vibrer  le  diapason.  Appelons  lon- 
gueur el  point  d'extinclioti  cette  longueur  du  fd  et  son  extrémité. 

»  En  continuant  le  raccourcissement  du  fil,  les  mêmes  phénomènes  se 
reproduisent  en  sens  inverse,  l'amplitude  du  diapason  augmentant  peu 
à  peu. 

»  A  partir  d'une  certaine  longueur,  les  vibrations  du  fil  redeviennent 
planes,  l'amplitude  du  diapason  reprend  sa  valeur  normale.  La  série  des 
vibrations  curvilignes  ou  anormales  du  fil  est  terminée;  on  entre  dans  une 
série  de  vibrations  planes  ou  normales,  dans  laquelle  l'amplitude  du  bout 
libre  du  fil,  d'abord  décroissante,  devient  minimum,  puis  croît  de  nou- 
veau, pendant  que  l'amplitude  du  diapason  reste  constante;  puis  recom- 
mence une  série  de  vibrations  curvilignes  ou  anormales  accompagnée 
d'une  variation  de  l'amplitude  du  diapason,...;  et  ainsi  de  suite  jusqu'à 
ce  que  le  dernier  nœud  du  fil  ait  disparu. 

»  J'ai  observé  ces  phénomènes  continus  sur  des  fils  dont  la  longueur 
initiale  allait  jusqu'à  5o  et  Go  centimètres,  en  les  raccourcissant  de  milli- 
mètre en  millimètre,  mesurant  chaque  fois  l'amplitude  de  l'extrémité  du 
fil  et  celle  du  diapason.  J'ai  pu  construire  ainsi  deux  courbes  dont  les 
abscisses  sont  les  longueurs  du  fil,  les  ordonnées  de  l'une  étant  les  ampli- 
tudes de  l'extrémité  libre  du  fil,  et  les  ordonnées  de  l'autre  les  amplitudes 
du  diapason. 

»  On  obtient  de  cette  manière  : 

»  1°  Pour  la  courbe  des  amplitudes  du  fil,  une  série  de  branches,  de 
forme  parabolique,  convexes  vers  l'axe  des  x,  discontinues,  parce  qu'il 
n'est  pas  possible  de  mesurer  l'amplitude  maximum  des  vibrations  curvi- 
lignes aux  environs  des  points  d'extinction;  chaque  branche  présente  une 
ordonnée  minimum  précisément  égale  à  l'amplitude  normale  du  diapason; 

»  2°  Pour  la  courbe  des  amplitudes  du  diapason,  une  série  de  branches, 
convexes  aussi,  tangentes  à  l'axe  des  a:  aux  points  d'extinction  et  raccor- 
dées entre  elles  par  des  droites  parallèles  à  cet  axe  et  tangentes  aux  bran- 
ches de  la  courbe  précédente. 

»  Les  mesures  effectuées  sur  ces  courbes  conduisent  à  formuler  les  lois 
suivantes  : 

C.  R.,1873,  2»  Semestre.  (T.  LXWl!,  N»  12.)  88 


(  674  ) 

»  9.  Les  longueurs  du  fil  pour  lesquelles  rampUlude  du  bout  libre  est  mini- 
mum et  égale  à  celle  du  diapason  sont,  à  partir  de  la  plus  courte,  en  progression 
arithmétique  dont  la  raison  est  précisément  la  distance  nodale  normale  dufd. 

»  10.  Les  longueurs  du  fil  correspondant  aux  points  d' extinction  complète 
du  diapason  sont  aussi,  à  partir  de  la  plus  courte,  en  progression  arithmétique 
dont  la  raison  est  la  distance  nodale  normale. 

»  11.  Chacun  des  points  correspondant  aux  amplitudes  minimum  du  fil  est 
à  tiès-peu  près  à  égale  distance  de  deux  points  d'extinction  du  diapason  entre 
lesquels  il  est  compris. 

n  La  réserve  contenue  dans  cet  énoncé  tient  à  la  difficulté  de  déter- 
miner avec  précision  la  longueur  du  fil  par  laquelle  l'amplitude  du  bout 
libre  est  minimum. 

»  Les  résultats  ainsi  obtenus  donnent  la  solution  d'une  question  pra- 
tique, qui  a  été,  dn  reste,  le  point  de  départ  de  ces  recherches,  à  savoir  : 
ini  style  étant  fixé  à  un  corps  vibrant,  un  diapason,  par  exemple,  pour  en 
enregistrer  les  vibrations,  quelle  est  la  longueur  qu'il  faut  lui  donner  pour 
obtenir  à  son  extrémité,  sans  altérer  la  période  vibratoire  du  diapason,  la 
plus  grande  amplitude  possible  ?  Aujourd'hui,  dans  toutes  les  recherches 
expérimentales,  on  cherche  avec  raison  à  enregistrer  automatiquement, 
toutes  les  fois  que  cela  est  possible,  les  phénomènes  qu'on  observe  ;  cette 
question  a  donc  de  l'importance. 

»  En  ce  qui  concerne  particulièrement  les  mouvements  vibratoires,  la 
première  des  lois  indiquées  dans  ce  travail  montre  qu'il  n'y  a  pas  à  craindre, 
en  employant  un  style  élastique,  d'altérer  la  période  vibratoire.  Quant  à 
la  longueur  la  plus  favorable  de  ce  style,  l'examen  des  courbes  dont  on 
vient  de  parler  montre  qu'il  faut  rester  en  deçà  des  longueurs  correspon- 
dant aux  vibrations  anormales,  qui  ne  peuvent  être  régulièrement  enregis- 
trées ;  mais  depuis  cette  limite  jusqu'à  la  longueur  qui  donne  l'nmplitude 
même  du  diapason,  on  peut  choisir  une  solution,  et  l'on  en  a  immédiate- 
ment une  infinité  en  progression  arithmétique,  du  moins  théoriquement; 
car,  en  pratique,  il  faut  s'en  tenir  aux  longueurs  les  plus  petites,  afin  que 
le  style  ait  une  rigidité  suffisante  pour  un  enregistrement  convenable. 

»  L'existence  des  points  d'extinction  du  diapason  constitue  un  fait  re- 
marquable. En  le  généralisant,  on  est  conduit  à  dire  que,  un  corps  étant 
animé  d'un  mouvement  vibratoire  d'une  période  déterminée,  il  est  toujours 
possible  d'éteindre  complètement  ses  vibrations,  en  lui  attachant  un  fil 
élastique  d'une  longueur  convenable,  et  susceptible  de  vibrer  transversale- 
ment dans  un  plan  parallèle  à  celui  des  vibrations  des  points  du  corps. 


(  675  ) 

»  Ce  cas  particulier  du  mouvement  complexe,  qui  a  fait  le  sujet  de  ces 
recherches,  paraît  se  prêter  à  des  applications  pratiques. 

»  Il  resterait  maintenant  à  en  déterminer  clairement  la  cause;  à  indi- 
quer nettement  les  relations  qui  existent  entre  le  mouvement  général  du 
corps  vibrant  et  du  fil  et  le  mouvement  propre  du  fil  vibrant  seul  à  la  ma- 
nière d'une  tige  élastique  encastrée  à  une  extrémité  et  libre  à  l'autre  ; 
enfin  à  rendre  un  compte  satisfaisant  des  formes  curvilignes  variées  que 
prend  le  fil  pendant  les  séries  vibratoires  anormales.  J'ai  commencé,  sur 
ces  divers  points,  des  expériences  dont  j'espère  pouvoir  donner  prochai- 
nement les  résultats.   » 

ctllMiE  AGRICOLE.  —  Sur  ta  proportion  d'acide  carbonique  existant  dans 
l*air  atmosphérique.  Variation  de  celte  proportion  avec  l'altitude.  Note  de 
M.  P.  Trdchot. 

c(  La  détermination  des  quantités  d'acide  carbonique,  d'ammoniaque 
et  d'acide  nitrique  que  renferment  l'air  atmosphérique,  l'eau  de  pluie 
ou  la  neige  offre  un  grand  intérêt  pour  l'agronomie,  et  je  demanderai  à 
l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  la  première  partie  d'un  travail 
que  j'ai  entrepris  sur  ce  sujet,  celle  qui  est  relative  à  la  proportion  d'acide 
carbonique  contenue  dans  l'air  atmosphérique. 

»  Le  dosage  a  été  effectué  par  une  méthode  qui  consiste  à  faire  passer 
de  l'air  dans  de  l'eau  de  baryte  préalablement  titrée,  à  laisser  ensuite  dé- 
poser le  carbonate  formé,  puis  à  titrer  de  nouveau  la  liqueur  limpide  sur- 
nageante, dont  on  sépare  une  quantité  connue  avec  une  pipette. 

M  Un  appareil  de  Woolf  est  formé  de  quatre  tubes  fermés  par  un  bout, 
de  lo  centimètres  de  haut  et  de  2  centimètres  de  diamètre,  reliés  comme  de 
coutume  par  des  tubes  de  verre.  Chacun  de  ces  tubes  reçoit  10  centimètres 
cubes  d'eau  de  baryte,  titrée  au  moyen  d'une  liqueur  contenant  /j^^g 
d'acide  sulfurique  par  litre.  Après  avoir  constaté  que  cette  eau  de  baryte 
est  bien  limpide,  ce  qu'on  obtient  sans  difficulté,  on  y  fait  passer  lente- 
ment, au  moyen  d'un  aspirateur  ordinaire,  de  10  à  20  litres  d'air.  Ordinai- 
rement, 10  litres  suffisent,  à  cause  de  la  grande  sensibilité  de  la  méthode 
résultant  de  l'emploi  des  liqueurs  titrées  :  en  effet,  une  goutte  de  la  solution 
sulfurique,  qui  suffit  amplement  à  rougir  la  teinture  de  tournesol  et  qui 
forme  le  tiers  d'une  division  d'une  burette  divisée  en  dixièmes  de  centi- 
mètre cube,  correspond  à  environ  o™^,07  d'acide  carbonique. 

»  Dans  toutes  les  expériences,  le  liquide  du  quatrième  tube,  celui  qui 

88.. 


(676) 

est  le  plus  rapproché  de  l'aspirateur,  est  toujours  resté  limpide;  c'est  un 
tube  témoin  ;  le  troisième  ne  présentait  souvent  qu'un  très-léger  louche. 
Le  passage  de  l'air  terminé,  on  laisse  déposer  le  carbonate  de  baryte  et  l'on 
prélève  successivement,  au  moyen  d'une  pipette  graduée,  5  centimètres 
cubes  dans  chacun  des  trois  premiers  tubes.  Ces  i5  centimètres  cubes, 
réunis  dans  un  verre,  sont  additionnés  de  quelques  gouttes  de  tournesol 
très-sensible  et  saturés  par  la  liqueur  titrée  d'acide  sulfurique.  Un  simple 
calcul  donne  la  proportion  d'acide  carbonique  fixée.  L'observation  du 
thermomètre  et  du  baromètre  permet  de  ramener  le  volume  de  l'air  à  zéro 
et  à  760  millimètres. 

»  Des  observations  presque  journalières  ont  été  faites  à  Clermont-Fer- 
rand,  pendant  les  mois  de  juillet  et  d'août,  soit  sur  une  terrasse  élevée  d'une 
maison  qui  touche  à  l'entrée  de  la  Limagne,  soit  dans  la  campagne,  à  quel- 
ques kilomètres  de  la  ville. 

»  Voici  les  moyennes  des  résultats  obtenus  dans  diverses  circonstances  : 

Poids  de  l'acide  Volume 

carbonique  pour  loooo  vol. 
par  litre.  d'air, 

mg 

(  pendant  le  jour 0,701  3,53 

Sur  la  terrasse \  ,        ,         .  '  ,     ^ 

(  pendant  la  nuit 0,001  ^^oi 

i     loin  de  toute     j  pendant  le  jour 0,624  3,i4 

.1        \       végétation       j  pendant  la  nuit 0,^53  3,78 

„{  ,         ,       ,    .        l  au  soleil 0,708  3.54 

campai;ne  pinn.,ence     Pendant  le  jour  '^  ^ 

I  sous  i  inuuence  i  i  (  temps  couvert..     o,025  4i'5 

(  de  la  végétation  j  pendant  la  nuit 1,290  6,4g 

»  Ces  chiffres  montrent  :  1°  que  la  proportion  d'acide  carbonique  est 
un  peu  plus  forte  pendant  la  nuit  que  pendant  le  jour  ;  c'est  ce  qui  a  été 
constaté  déjà,  notamment  par  Théodore  de  Saussure,  qui  a  trouvé,  sur 
10 000  volumes  d'air,  /^  volumes  pendant  le  jour  et  ^'°\i  pendant  la  nuit, 
et  par  M.  Boussingault,  qui  a  obtenu  3™', 9  pendant  le  jour  et  4™'>2  pen- 
dant la  nuit  (1). 

»  2°  Que  la  proportion  d'acide  carbonique  n'est  pas, sensiblement  plus 
élevée  à  la  ville  qu'à  la  campagne,  hors  de  l'influence  directe  de  la  végéta- 
tion; toutefois  il  faut  remarquer  que  la  terrasse  sur  laquelle  les  observa- 
tions ont  été  faites  se  trouve  à  une  extrémité  de  la  ville,  et  dès  lors  l'air 
analysé  était  peu  influencé  par  son  voisinage;   mais  on  sait  aussi  que 


(i)  Boussingault,   Anitales  tic  Chimie  et  de  Pliysi<iue,  Z"  série,  l.  X,  p.  456. 


(  <i77  ) 
M.  Boiissingaulf  a  constaté  (i)  que  l'air  atmosphérique  ne  contenait  pas 
sensiblement  plus  d'acide  carbonique  qu'à  la  campagne. 

))  3°  Que,  dans  le  voisinage  des  plantes  à  feuilles  vertes  en  pleine  végéta- 
tion, la  proportion  d'acide  carbonique  varie  notablement,  suivant  que  ces 
parties  vertes  sont  éclairées  par  le  soleil,  ou  à  l'ombre,  ou  qu'elles  sont 
tout  à  fait  dans  l'obscurité,  ce  qui  correspond  à  un  fait  bien  connu  de  phy- 
siologie végétale. 

»  4°  Qu'une  moyenne  générale  serait  représentée  de  la  manière  suivante  : 

Poids  de  l'acide  carbonique  par  litre  d'air 0™%8i4 

Volume  pour  lo  ooo  d'air 4"'*>09 

Ces  chiffres  se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  que  Th.  de  Saussure  (4™',i  5), 
Thenard  (4™',o),  Verver  (4™',  2),  M.  Boussingault  (4™',o)  ont  obtenus, 
mais  sont  notablement  supérieurs  à  ceux  que  des  savants  allemands, 
M.  F.  Schulze  (2™',  9)  et  M.  Henneberg  (3™', 2)  ont  trouvés  dernièrement  à 
Rostock  et  à  la  station  de  Weende  (2). 

»  Tous  ces  résultats  se  rapportent  à  l'air  atmosphérique  pris  à  la  surface 
du  sol,  là  où  la  végétation,  les  fermentations,  les  combustions  produisent 
ou  décomposent  tour  à  tour  l'acide  carbonique  ;  mais  il  était  intéressant  de 
savoir  si  la  proportion  de  ce  gaz  dans  l'air  ne  varierait  pas  avec  l'altitude. 
Le  voisinage  du  Puy-de-Dôme,  célèbre  par  l'expérience  mémorable  de 
Pascal  et  qui  va  le  devenir  plus  encore  par  la  construction  d'un  Obser- 
vatoire météorologique,  sous  la  direction  du  savant  professeur  de  la  Fa- 
culté des  Sciences  de  Clerniont,  M.  Alluard,  a  donné  l'idée  de  cette  re- 
cherche. J'ai  donc  dosé  l'acide  carbonique  à  peu  près  simultanément  à 
Clermont-Ferrand,  à  une  hauteur  de  SgS  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  au  sommet  du  Puy-de-Dôme,  élevé  de  i446  mètres,  et  au  sommet  du 
pic  Sancy,  qui  mesure  1884  mètres. 

)>  Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus. 

^  Poids  Volume 

Teni-         Hauteur       d'acide  carbon.  pour 

Dates,  stations.  Altitude,    pérature.    barométr.  par  litre  lo  ooo  d'air 

ào^età-jeo"'™.  ào''età76o™'". 

26-28-30    )  "^  '*  ^^  ™^ 

„   .     ;  Clesmont-Ferrand.     3n5  aS  725  c.ôîS  3,i3 

août  1073.   )  j  ;  '  > 

.,         l  Sommet  du  Puv-  I    .//r  „.  «2Q  /   tr  o 

27  août. ..    <       ,    _.             -         ï44t>  21  d3o  o,4o5  2,o3 

'  (      de-Dome !  't  > 

aoaoùt...   i  Somn>et  du   pic  I     88^  g  53  ^  ^^ 

•^  (      de  Sancy.  . .  .    )  ■*  ^  '  ' 

(i)  BoussiNGAULT,   Aiinales  de  Chimie  et  de  Pliysiijue,  3*  série,  t.  X,  p.  456. 
(2)  (jv,i\.i'(uj.\v,  Journal  d'Agriculture  pratique,  l.  Il,  ^.  lo;   1873. 


(678) 

»  La  proportion  d'acide  carbonique  diminue  assez  rapidement,  comme 
on  le  voit,  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  l'atmosphère,  et  ce  résultat  n'a  rien 
d'étonnant  lorsque  l'on  considère,  d'une  part,  que  c'est  à  la  surface  du  sol 
que  se  produit  l'acide  carbonique  et,  de  l'autre,  qu'il  est  notablement  plus 
lourd  que  l'air.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sut^  la  coralline;  par  M.  Commaille.  (Extrait.) 

«  Conclusions.  —  1°  On  obtient  la  coralline  à  des  températures  qui 
peuvent  varier  de  1 15  à  i5o  degrés;  mais,  dans  ce  dernier  cas,  le  rende- 
ment est  plus  considérable  et  l'opération  est  plus  rapide. 

»  2°  La  quantité  d'acide  oxalique  indiquée  par  les  auteurs  est  beaucoup 
trop  élevée. 

»  3°  La  corailine  ne  donne  pas  de  sels  métalliques  définis,  mais  seule- 
ment des  laques  colorées. 

»  4°  La  coralline  jaune  n'est  pas  un  acide,  car  elle  ne  chasse  pas  l'acide 
carbonicjue  de  ses  combinaisons  et  ne  donne  pas  avec  les  bases  des  com- 
posés définis.  Le  nom  d'acide  rosolique  qu'on  lui  applique  est  tout  à  fait  im- 
propre. 

»  5°  La  coralline  rouge,  ne  contenant  pas  d'azote,  n'est  pas  une  amide 
de  la  jaune.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Observation,  dans  la  nuit  du  20  septembre  i  878,  d'un  bolide 
laissant  après  lui  une  traînée  phosphorescente.  Note  de  M.  Cuapelas. 

«  Pendant  la  nuit  du  20  septembre  courant,  à  io''57",  nous  avons  été 
témoins  du  passage  d'iui  bolide  des  plus  curieux,  par  les  particularités 
qu'il  présentait  dans  le  parcours  de  sa  trajectoire,  et  dont  il  nous  a  été 
possible  de  relever  exactement  la  position. 

»  Parti  de  l'étoile  0  de  la  Baleine,  passant  entre  les  deux  étoiles  p.  et  X 
de  cette  constellation,  puis  près  de  â  du  Bélier,  il  venait  s'éteindre  entre 
la  Mouche  et  les  Pléiades,  parcourant  ainsi  35  degrés  d^  course,  du  sud- 
sud-est  au  nord-nord-ouest. 

»  Ce  bolide,  d'un  diamètre  apparent  assez  considérable,  était  d'une  belle 
couleur  rouge,  coloration  produite  peut-être  par  l'interposition  des  vapeurs 
alors  fort  épaisses;  au  moment  où  il  se  fragmentait,  il  était  d'un  blanc 
éblouissant. 

»  La  traînée  phosphorescente  et  large  qu'il  laissait  derrière  lui,  observée 


(  679  ) 
à  l'aide  d'une  petite  lunette,  présentait  une  ondulation  très-remarqnable. 
Elle  subsista  environ  dix  minutes  après  la  disparition  complète  du  mé- 
téore, en  suivant  identiquement  la  même  direction;  puis,  devenant  de 
plus  en  plus  comp;icte  et  brillante,  elle  prit  tout  à  coup  la  direction  du 
nord-ouest  au  sud-est,  c'est-à-dire  la  direction  du  vent  de  terre,  et  vint 
s'éteindre  près  de  la  tête  de  la  Baleine,  après  avoir  parcouru  20  degrés. 
Il  est  bien  évident  que  la  matière  ayant  donné  naissance  à  cette  traînée, 
poussée  par  un  courant  plus  ou  moins  incliné,  avait  été  amenée  dans  une 
région  de  l'atmosphère  assez  voisine  de  nous,  de  manière  à  lui  faire  sidiir 
l'influence  du  vent  que  nous  ressentions  à  terre  et  qui  existait  aussi  dans 
la  région  des  nuages. 

»  Je  dirai,  en  terminant,  que,  lorsque  nous  finissions  notre  observation, 
un  épais  brouillard  couvrait  Paris;  riiumidité  était  tellement  grande,  que 
le  registre  sur  lequel  l'im  de  nous  est  chargé  d'inscrire  les  étoiles  filantes 
que  l'on  signale  était  mouillé  comme  s'il  avait  été  trempé  dans  l'eau  :  il 
n'était  plus  possible  d'y  tracer  le  moindre  caractère.  » 

M.  Durand  (de  Gros)  adresse,  de  Rodez,  une  réclamation  de  priorité 
concernant  la  découverte  du  glacier  d'Aubrac. 

M.  G.  Fabre  a  annoncé  à  l'Académie  (i)  l'existence,  durant  la  période 
quaternaire,  d'un  grand  glacier  dans  les  montagnes  de  l'Aubrac  (Lozère); 
M.  Durand  (de  Gros)  lait  remarquer  qu'il  a  lui-même  fait  cette  découverte, 
il  y  a  plusieurs  années,  et  qu'il  l'a  fait  connaître  à  la  Société  d'Anthropo- 
logie, dans  la  séance  du  18  mai  1869  (2). 

M.  Gaillard  adresse,  de  Provins,  une  Note  relative  à  l'influence  exercée 
par  la  présence  des  acides  ou  des  alcalis  sur  le  développement  des  orga- 
nismes végétaux  ou  animaux. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  D. 


(i)   Comptes  rendus,  séance  du  18  août  1873,  p.  49^  de  ce  volume. 
(2)  Bulletin  de  Iti  Société  d'Antlifopologie,  i86g,  p.  211   et  Note. 


(  68o  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPIlIQrE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  septembre  1878,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Théorie  des  moteurs,  applications  et  travaux  exécutés  pour  l'alimentation  du 
canal  de  l'Aisne  à  la  Marne  par  des  machines;  par  M.  H.  GÉRARDIN.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1872;  ï  vol.  in-8°,  avec  atlas  in-folio. 

Traité  de  Botanique  conforme  à  l'état  présent  de  la  Science;  parJ.  Saciis, 
traduit  de  la  S*' édition  allemande  et  annoté  par  Ph.  Van  Tieghem,  fasci- 
cule III.  Paris,  F.  Savy,  1873;  i  vol.  in-8". 

Détermination  du  point  critique  oii  est  limitée  la  convergence  de  la  série  de 
Taylor;  par  M.  Max.  Marie.  Paris,  Gaulhier-Villars,  sans  date;  in-4°. 

Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Liouville;  par  M.  Max.  Marie.  Paris, 
Gauthier-Villars,  sans  date  ;  in-4''. 

C.-M.  Mathey.  Addition  relative  à  l'application,  à  prix  réduits,  de  ta  force 
du  vent  à  la  vapeur  dans  les  usines  et  manufactures.  Plombières,  sans  date; 
4  pages  in-4''  oblong. 

Observatoire  d'Alger.  I™  Partie  :  Panorama  météorologique  du  climat  d' Al- 
ger. Observations  météorologiques.  33  tableaux,  1  tableau  graphique,  jan- 
vier 1872.  Alger,  typ.  Juillet  Saint-Lager,  1873;  2  atlas  in-folio. 

Panorama  météorologique  du  climat  d'Alger.  Observations  faites  à  l'Ob- 
servatoire d'Alger  pendant  le  mois  de  janvier  1872,  par  M.  BuLARD,  Direc- 
teur, et  un  Aide;  carte  en  6  feuilles. 

Vierleljahrsschrift  det  astronomischen  Gesellschaft;  VIII  Jahrgang,  zweites 
Heft  (April  1873).  Leipzig,  W.  Engelmann,  1873;  in-8°. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES* 


■aao<—       » 


SÉANCE  DU  LUNDI  2«)  SEPTEMBRE  1873, 

PRÉSIDÉE   PAR  M.  BERTR.\ND. 


MÉMOIRES  ET  COM]\nJNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ANIMALE.  —  Note  sitr  le  tissu  élastique  jaune  ^  et  remarques  sur  son  histoire, 
à  propos  du  Mémoire  de  M.  Boiiilhiud  et  des  remarques  faites  sur  ce  travail 
par  31.  Bouley;  par  M.  E.  Chevreul. 

«  Dans  l'avant-dernière  séance,  je  dis,  assez  haut  pour  être  entendu  de 
mes  voisins,  que  l'élasticité  des  artères  ne  pouvait  être  mise  en  doute  après 
l'opinion  de  Bichat,  qui  non-seulement  l'avait  parfaitement  reconnue,  mais 
l'avait  encore  attribuée  à  un  tissu  particulier  appelé  depuis  tissu  élastique 
jaune;  c'est  sous  cette  dénomination  que  je  l'examinai,  de  1811  à  1821,  à 
l'invitation  de  M.  deBlainville.  En  1821,  d'après  le  conseil  de  M.  Berlhollet, 
je  présentai  à  l'Académie  un  Mémoire  où  les  principaux  tissus  de  l'économie 
animale  étaient  examinés  relativement  aux  propriétés  physiques  qu'ils  pré- 
sentent, lorsqu'ils  sont  unis  à  une  certaine  proportion  d'eau  déterminée. 

»  L'Académie  me  permettra,  aujourd'hui  que  le  Mémoire  de  M.  Bouillaud 
est  imprimé,  ainsi  que  l'observation  que  M.  Bouley  y  a  faite,  de  justifier 
ce  que  j'ai  dit  dans  l'avant-dernière  séance  par  des  citations  empruntées  aux 
écrits  de  Bichat  et  de  Blainville.  Après  ces  citations,  j'exposerai  des  recher- 
ches sur  le  tissu  jaune  élastique,  qui,  entreprises  à  l'invitation  de  Blain- 
ville, remontent  à  l'année  181 1. 

C.  K.,  1873,  2«  Semestre.  (,T.  LX.XV1I,  N»  13.)  ^9 


(  68a  ) 

»  La  nrcmièro  citation  est  tirée  du  tome  II  de  l'édition  de  V  Jnatomie 
gmévale  de  Bicliat,  publiée  en  1871  par  Béclard,  page  ô/j. 

«  L'élasticité,  obscure  dans  la  plupart  des  autres  tissus  animaux  qu'une 
»  grande  mollesse  caractérise,  est  très-remarc|uable  dans  les  artères;  c'est 
»  même  ce  qui  les  dislingue  spécialement  des  veines.  Cette  élasticité  tient 
»  leurs  parois  écartées,  quoiqu'elles  soient  vides  de  sang.  Ce  sont  les  seuls 
»  conduits,  avec  les  cartilagineux,  comme  la  trachée-artère,  le  couloir  au- 
»  ditif  du  foetus,  etc.,  lesquels  sont  également  doués  d'élasticité,  qui  se 
»  tiennent  ainsi  ouverts  d'eux-mêmes.  Tous  les  autres  ont  leurs  parois 
»  appliquées  les  unes  contre  les  autres  lorsque  le  fluide  qui  les  parcourt  ne 
»  distend  point  ces  parois. 

»  C'est  à  l'élasticité  des  parois  artérielles  qu'il  faut  rapporter  leur  retour 
»  subit  sur  elles-mêmes  lorsqu'on  les  a  affaissées  de  manière  à  oblitérer 
»  leur  cavité,  le  redressement  d'un  tube  artériel  que  l'on  a  courbé,  etc.  » 

»  Qu'on  me  permette  d'ajouter  quelques  lignes  encore  à  la  citation  pré- 
cédente. 

»  M.  Bouley,  après  ma  Communication  (séance  du  29  de  septembre),  a 
demandé  la  parole  et  a  dit  :  n  L'opinion  que  M.  Chevreul  piiÉTE  à  M.  Bicliat 
»  îï'est  pas  vraie  (ou  n'est  pas  exacte),  et  la  preuve,  a-t-il  ajouté,  en  est  dans 
»   les  passages  suivants,  que  je  vais  lire.  » 

»  J'ai  encore  ici  commis  la  faute  de  dire,  sans  demander  la  parole  à 
M.  le  Président,  que  j'avais  cité  textuellement  Bichat,  et  que,  dès  lors,  je  ne 
lui  avais  pas  prêté  une  opinion;  et  parce  que,  dans  la  citation  de  Bichat,  qu'a 
lue  M.  Bouley,  il  est  question  de  la  locomotion  des  artères  comme  d'un  fait 
qui  serait  contraire  avec  la  citation  que  j'avais  faite,  j'ai  demandé  au  Bureau 
d'ajouter  à  ma  citation  quelques  lignes  qui  la  suivent  et  que  je  n'avais  pas 
cru  devoir  citer. 

«  Cette  propriété,  dit  Bichat,  joue  aussi  un  rôle  évident  dans  respéce 
»  de  locomotion  que  les  artères  éprouvent  par  l'abord  du  sang.  En  effet, 
»  mettez  à  découvert  un  tronc  artériel  flexueux,  dans  un  animal  vivant, 
}> » 

»  Je  reprends  maintenant  mes  remarques  sur  ce  que  M.  Bouley  a  dit  de 
Magendie. 

»  Après  avoir  entendu  citer  Magendie  ])ar  M.  Bouley  comme  partisan 
de  l'opinion  que  les  artères  sont  douées  de  l'élasticité,  j'ai  dit  à  mes  voisins 
qu'il  fallait  citer  de  lilaiuville;  car  per.soiuie,  à  ma  connaissance,  n'a  attribué 
plus  d'importance  que  lui  au  tissu  élastique  jaune  des  animaux.  Les  passages 
suivants  de  la  dix-septième  leçon  de  son  Cours  de  Phjsioloqie  en  sont  la 
preuve  : 


(  G83  ) 

«  Tissu  fibreux  élastique.  —  J'avais  d'abord  cru  ne  pas  devoir  séparer  le 
»  lissLi  fibreux  élastique  du  tissu  fibreux  proprement  dit  ;  mais,  eu  lisant 
»  les  derniers  travaux  qui  ont  été  faits  à  ce  sujet  en  France  et  en  AUe- 
»  magne,  j'ai  pensé  qu'il  fallait  distinguer  ces  deux  tissus  l'un  de  l'autre. 
))  Le  tissu  jaune  élastique  avait  été  entrevu  par  Hunter  ;  il  avait  cru  y  voir 
»  une  fibre  ordinaire  dont  la  disposition  serait  analogue  à  celle  des  cein- 
»  tures  par  lesquelles  on  remédie  à  l'obésité.  Bichat  ne  l'a  pas  traité  d'une 
»  manière  générale;  il  ne  l'a  indiqué  que  dans  les  artères,  et  il  a  cru  qu'il 
»  leur  appartenait  en  propre.  Je  crois  avoir  été  le  premier  qui,  dès  1808, 
»  dans  un  Cours  spécial  d'anatomie  de  l'homme,  ait  démontré  les  ca- 
»  ractères  de  ce  tissu  et  sa  présence  dans  le  ligament  cervical  des  quadru- 
»  pèdes,  à  la  base  de  la  plume  des  oiseaux,  etc.  Depuis,  d'autres  personnes 
M  ont  adopté  mes  idées  et  les  ont  introduites  dans  la  Science,  tels  que 
»  MM.  Dupuytren,  Béclard,  etc.  M.  Laurent,  M.  Herman  Stauff  ont  donné 
»  des  dissertations  spéciales  sur  ce  sujet;  l'importance  de  ce  tissu  est  sur- 
')  tout  relative  à  la  locomotion  :  ainsi  il  a  pour  but  de  rétablir  les  choses 
»  dans  l'état  où  elles  étaient  avant  l'effort  quelconque  qui  les  a  déplacées. 
»  C'est  de  la  sorte  que  les  tuyaux  que  parcourt  le  sang  se  distendent  suc- 
»  cessivement  et  reviennent  sur  eux-mêmes.  Lorsqu'un  animal  a  une  tête 
))  très-lourde,  qu'il  est  obligé  de  baisser  pour  prendre  sa  nourriture,  la 
»  nature  a  placé  à  la  partie  supérieure  de  son  col  un  ligament  énorme, 
»  extrêmement  élastique,  destiné  à  diminuer  l'effort  que  les  muscles  sont 
»  obligés  de  faire  pour  soutenir  cette  tète.  L'éléphant,  par  exemple,  qui  a 
»  une  tête  très-forte  et  d'énormes  défenses,  présente  un  ligament  de  cette 
»  sorte  extrêmement  prononcé.  Tous  les  animaux  qui  ont  des  cornes  à  la 
»  tête  ont  également  ce  ligament  très-développé.  Les  tigres,  les  chats,  qui 
»  doivent  conserver  leurs  ongles  pour  déchirer  leur  proie,  ont  un  ligament 
»  analogue  chargé  de  relever  l'ongle  pour  l'empêcher  de  s'user  contre  le  sol. 
1)  Les  plumes  de  l'aile  des  oiseaux,  qui,  pendant  le  vol,  sont  élargies, 
»  étendues,  ont  à  leur  base  des  ligaments  élastiques  qui  les  reploient  dans 
»  les  moments  de  repos.  Chez  l'éléphant,  le  bœuf,  le  dromadaire  et 
»  d'autres  gros  animaux,  le  centre  du  diaphragme  présente  une  disposi- 
»  tion  élastique;  certains  muscles  des  osselets  de  l'ouïe  ne  sont  autre 
»  chose  que  du  tissu  élastique;  partout  enfin  où  la  nature  a  pu  éviter  un 
»  effort  musculaire,  elle  l'a  fait  à  l'aide  de  cette  élasticité.  » 

»  Je  m'abstiens  de  citer  un  alinéa  relatif  aux  caraclères  chimiques,  p.  i4o 
et  i4i,  où  de  Blaiuvdle  cite  mes  travaux  sur  le  tissu  élastique  jaune,  nxV  opi- 
nion de  M.  II.  Stauff,  qui  est  une  preuve  frappante  des  inconvénients  pour 

89.. 


(  684  ) 
la  science  scrieuse  de  mois  mal  définis;  et  c'est  encore  la  raison  qui  me  lait 
insister  siu"  ce  point  de  l'histoire  des  travaux  sur  le  tissu  jaune  élastûiue, 
tissu  qui  m'a  tant  occupé  depuis  1811  jusqu'en  1821.  » 

CHIMIE  ANIMALE.  —  Recherches  de  M.  Cmevreul  sur  (e  lissu  élastique  jaune 

de  l'éléphant  et  du  bœuf. 

«  J'ai  publié,  en  1821,  mes  résultats  d'expériences  sur  la  proportion  de 
l'eau  dans  le  tissu  élastique  jaune  du  ligament  cervical  du  bœufetdu  liga- 
ment cervical  de  l'éléphant. 

»  J'ai  montré  que  l'eau  seule  donne  de  l'élasticité  à  ces  tissus;  qu'ils 
absorbent  à  l'état  sec  de  l'huile  d'olive,  sans  reprendre  l'élasticité  qu'ils 
avaient  à  l'état  frais;  ily  a  plus,  l'eau  expulse  l'huile  qu'ils  ont  absorbée. 

»  Mais  je  ne  pense  pas  avoir  publié  que  i  gramme  de  tissu  élastique^  soumis 
à  deux  reprises  à  l'action  de  l'eau  de  119  a  120  degrés,  dans  mon  digestcur 
distiliatoire,  a  perdu  o^', 219  de  son  poids.  C'était  du  tissu  cellulaire  dont 
la  gélatine  qui  en  provenait  n'avait  pas  été  suffisamment  séchée,  car  elle 
pesait  0°"^,  265,  et  je  sais,  par  ma  propre  expérience,  que  le  tissu  cellulaire 
séché  dans  le  vide  donne,  par  l'eau  bouillante,  un  poids  de  gélatine,  séchée 
de  même,  égal  au  sien.  Mais,  fait  remarquable,  le  lissu  jaune  avait  conservé 
son  élasticité,  ce  qui  ne  permet  pas  de  le  confondre  avec  le  tissu  cellulaire, 
le  tissu  satiné  des  tendons,  ni  avec  tout  autre. 

»  En  cela  il  diffère  encore  du  tissu  musculaire  qui,  pris  à  l'état  de  pu- 
reté et  plongé  dans  l'eau  distillée  bouillante,  se  durcit  plutôt  qu'il  ne 
s'attendrit,  et  sous  ce  rapport  se  rapproche  de  l'albumine. 

»  Je  constatai,  en  outre,  que  le  tissu  jaune  ne  se  change  point  en  adipocire, 
comme  Fourcroy  l'avait  prétendu;  car,  après  avoir  reconnu  la  proportion 
de  matière  grasse  qu'il  cédait  à  l'alcool  et  à  l'éther,  celle  que  l'acide  azo- 
tique à  34  degrés  étendu  de  son  poids  d'eau  en  séparait,  je  suivis,  du 
5  d'avril  1817  au  i"'  de  juin  1821,  la  décomposition  qu'il  éprouve  spon- 
tanément dans  l'eau  distillée  d'une  part  et  dans  l'eau  de  puits  d'une  autre 
part.  La  quantité  d'acides  gras  formés  d'acides  stéarique,  margarique  et 
oléique  que  j'en  retirai  correspondait  à  la  quantité  de  matière  grasse 
neutre  extraite  par  l'alcool,  lether  et  l'acide  azotique. 

))  Je  constatai,  en  outre,  qu'il  s'était  séparé  dans  la  fermentation  opérée 
dans  l'eau  de  puits  du  soufre,  et  que  du  gaz  sulfuré  noircissant  les  métaux 
blancs  s'était  produit.  Rien  de  semblable  n'avait  eu  lieu  dans  l'eau  distillée. 
Ces  observations,  relativement  aux  débris  organiques  qui  sortent  des  usines 


(  G85  ) 
où  l'on  traite  des  matières  animales  et  même  des  matières  végétales,  prouvent 
combien  il  est  nécessaire  de  prendre  en  considération  la  nature  des  eaux 
où  les  débris  dont  nous  parlons  peuvent  être  jetés.  Ainsi  la  fermentation 
des  tendons  dans  de  l'eau  dépourvue  de  sulfates  ne  donne  pas  de  produit 
sulfuré,  mais  seulement  l'odeur  des  acides  volatils  des  cadavres;  tandis  que, 
dans  des  eaux  tenant  une  quantité  notable  de  ces  sels,  il  se  dégage  des  gaz 
qui  noircissent  les  métaux  blancs  et,  entre  autres  produits  volatils,  un  de 
ceux  qui  contribuent  à  donner  à  la  gadoue  l'odeur  qu'on  lui  connaît.  Je 
reconnus  qu'au  commencement  de  la  fermentation  il  se  dégage  des  gaz.  Le 
tissu  jaune  élastique  d'élépbant  me  donna  : 

Acide   carbonique i  )54 

Oxygène 3,78 

Hydrogène 38,41 

Azote 66 ,  27 

100,00 

Les  tendons  d'éléphant,  dans  les  mêmes  circonstances,  ont  donné  plus 
d'acide  carbonique,  pas  d'hydrogène  et  presque  pas  d'azote. 

))  Le  tissu  élastique  jaune,  au  point  de  vue  des  propriétés  chimiques  que 
je  lui  ai  reconnues  dans  mes  recherches  de  1 8 1 1  à  1 82 1 ,  en  l'étudiant  com- 
parativement avec  les  autres  tissus  de  l'économie  animale,  est  un  des  prin- 
cipes immédiats  les  mieux  caractérisés  par  son  élasticité,  qui  le  distingue  si 
éminemment  de  tous  les  autres,  et  qu'il  ne  perd  pas  en  le  chauffant  au 
milieu  de  l'eau  à  une  température  de  119  a  120  degrés,  tandis  que  le  tissu 
cellulaire,  les  tendons,  le  cartilage  des  os  [osséiuc]  se  transforment  en  gé- 
latine dans  l'eau  bouillante. 

»  Non-seulement  la  propriété  élastique  le  distingue  des  tissus  nombreux 
de  l'économie  animale  qui  se  changent  en  gélatine,  mais  il  diffère  encore 
des  tendons  par  la  nature  des  gaz  qu'il  donne  en  se  décomposant  sponta- 
nément dans  l'eau;  et,  sous  ce  rapport,  je  ne  conçois  pas  la  raison  pour 
laquelle  de  Blainville,  qui  a  si  bien  apprécié  l'importance  de  son  rôle  dans 
l'économie  animale,  a  éprouvé  quelque  hésitation  à  le  séparer  du  tissu 
fibreux  proprement  dit,  et  je  ne  conçois  pas  l'importance  qu'il  a  accordée 
aux  opinions  chimiques  de  M.  PL  Slaiiff  relativement  à  la  nature  du  tissu 
jaune. 

»  J'ai  attaché  et  j'attache  encore  tantd'importance  au  tissu  élastique  jaune, 
parce  qu'il  est  du  nombre  des  principes  immédiats  que  l'on  peut  séparer 
d'autres  tissus  sans  que  ses  propriétés  paraissent  modifiées;  il  appartient 
donc  à  la  catégorie  de  ceux  qui  démontrent  la  possibilité  d'isoler  des  prin- 


(  680  ) 

cipes  immédiats  des  êtres  vivants  sans  les  altérer.  Or  le  principe  fondamental 
de  Vanal/se  immédiate  organique  que  j'ai  énoncé  dans  le  premier  volume 
des  Elémenls  de  Botanique  de  Mirbel  est  qne,  après  avoir  fait  une  analyse  or- 
ganique immédiate,  on  doit  chercher  si  les  principes  séparés  représentent 
les  propriétés  principales  que  la  matière  présentait  avant  l'analyse. 

»  L'examen  des  produits  de  l'altération  du  tissu  jaune  au  sein  de  l'eau, 
fait  comparativement  avec  les  produits  de  l'altération  des  tendons,  etc.,  a 
un  véritable  intérêt  au  point  de  vue  de  1  hygiène,  eu  égard  à  l'infection  des 
eaux  et  du  sol  par  les  débris  organiques  qu'ils  reçoivent  des  usines  ou  de 
toute  autre  cause. 

»  Enfin  le  tissu  élastique  jaune,  ainsi  que  le  tissu  des  tendons,  la 
peau,  etc.,  m'ont  servi  à  démontrer,  contrairement  à  l'opinion  de  Fourcroy, 
que  ces  matières  ne  se  changent  point  en  gras,  c'est-à-dire  en  adijwcirc, 
dans  le  sein  des  eaux,  et  en  outre  que  l'alcool  et  l'éther  ne  convertissent 
pas  ces  tissus  en  matière  grasse  lorsqu'on  les  soumet  à  l'action  de  ces 
liquides;  leur  action  se  borne  à  dissoudre  des  matières  grasses  qui  s'y  trou- 
vent naturellement.  » 

PATHOLOGIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'aiialjse  et  la  théorie  du  pouls, 
à  l'état  normal  et  anormal  (suite);  par  M.  Bouillaud.  (Extrait.) 

n  C'est  du  pouls  à  l'état  anormal  que  nous  traiterons  dans  cette  seconde 
Communication  (i). 

1.  —  Lésions  relatives  au  nombre  des  battements  artériels. 

»  Nous  avons  dit,  dans  notre  première  Communication,  quels  étaient  à 
l'état  normal,  chez  les  jeunes  gens  et  les  adultes,  les  chiffres  du  pouls  par 
minute.  Voici  ceux  qui  représentent  l'augmentation  ou  la  diminution  de 
sa  vitesse  à  l'état  anormal. 

»  Il  peut  s'élever  à  loo,  120,  i4o  et  même  160;  il  dépasse  même  quel- 
quefois ce  chiffre;  mais,  dans  ces  cas  exceptionnels,  il  est  impossible  de  le 
compter  avec  une  exactitude  suffisante. 

»  Il  peut  descendre  an-dessous  de  60,  de  5o  et  même  de  l\o.  J'ai  vu, 
dans  le  cours  de  l'année  1871,  chez  un  enfant  de  six  à  sept  ans  (âge  au- 

(i)  De  même  que  nous  nous  sommes  abstenu  d'étudier  des  pliénoraènes  que  l'exploration 
des  ailéres,  à  rélat  normal,  fournit  sur  certains  caracti-res  du  sang  qui  les  parcourt,  ainsi 
ferons-tious,  en  nous  occupant  aujourd'hui  de  l'exploration  de  ces  vaisseaux,  à  l'elat 
anormal. 


(687  ) 
quel  le  pouls  normal  but  80  au  moins  par  minute),  le  pouls  lombé  k  3^  (i). 

»  Si  nous  appliquons  ce  que  nous  avons  dit  des  chiffres  qui  représentent 
la  vitesse  du  pouls  normal  et  anormal  à  l'ensemble  des  deux  mouvements 
et  des  deux  repos  dont  se  composent  chaque  révolution,  chaque  pas  de  la 
marche  réglée  des  artères,  et  que,  sous  le  rapport  dont  il  s'agit,  nous  la 
comparions  à  la  marche  pi-oprcmcnt  dite,  nous  voyons  qu'elle  a,  comme 
celle-ci,  plusieurs  allures  :  son  pas  ordinaire  et  son  pas  accéléré  ou  ralenti, 
enfin,  si  on  peut  le  dire,  son  Irot  el  son  galop. 

»  Quelle  est  maintenant  la  cause,  quelle  est  la  raison,  quelle  est  la 
théorie  du  mode  de  lésion  des  battements  des  artères  que  nous  venons 
d'examiner?  Et  d'abord,  dans  quel  cas  le  rencontre-t-on  ? 

»  Les  cas  dans  lesquels  on  le  rencontre  ne  peuvent  être  que  des  mala- 
dies des  artères  elles-mêmes,  ou  du  système  nerveux  qui  préside  à  leurs 
battements.  Comment,  en  effet,  ceux-ci  pourraient-ils  être  lésés,  d'une 
manière  quelconque,  sans  que  leurs  instruments,  leurs  organes  le  fussent 
eux-mêmes?  Et  comme  le  cœur  est  l'agent  nécessaire,  essentiel  de  l'un  de 
ces  battements,  il  doit  nécessairement  aussi  participer  alors  à  la  lésion  des 
artères.  Les  maladies  spéciales  des  artères  et  du  cœur,  dans  lesquelles  on 
rencontre  une  accélération  ou  un  ralentissement  de  leurs  battements, 
jouent  un  grand  rôle  dans  la  Pathologie.  Parmi  celles  qui  appartiennent  à 
l'espèce  dans  laquelle  la  vitesse  des  battements  du  cœur  et  des  artères  est 
augmentée,  qu'il  nous  suffise  de  citer  la  grande  famille  coiuiuo  sous  le 
nom  séculaire  de  fièvres,  soit  continues,  soit  intermittentes. 

»  Quelles  que  soient  les  maladies  du  cœur  et  des  artères  dans  lesquelles 
se  rencontre  xine  augmentation  ou  une  diminution  de  leurs  battements, 
celles-ci  ne  sauraient  avoir  lieu  sans  une  augmentation  ou  une  diminution 
de  la  force  qui  régit  ces  battements.  Or  nous  avons  vu  que  cette  force  ré- 
sidait dans  le  système  nerveux  ganglionnaire.  C'est  donc  là,  en  dernière 
analyse,  qu'il  faut  chercher  la  cause,  soit  directe  ou  immédiate,  soit  indi- 
recte ou  médiate  du  mode  de  lésion  des  battements  des  artères  et  du  cœur, 
et  auquel  est  consacré  le  présent  article  de  ce  travail.  Mais,  comme  nous 
ne  connaissons  pas  encore  en  elle-même  la  force  nerveuse  spéciale  dont  il 


(i)  Cet  enfant,  que  je  vis,  en  consultation  avec  M.  le  docteur  Lemaire,  avait  été  atteint 
d'une  angine  couenneuse,  dans  le  cours  de  laquelle  son  pouls  était  monté  au  delà  fie  100 
par  minute.  Il  devint  albuminurique  dans  les  derniers  temps,  et  il  était  plongé  dans  un 
assoupissement  comateux  au  moment  de  notre  examen.  Le  ralentissement  provenait  sur- 
tout, dans  ce  cas,  de  la  longue  durée  du  second  repos  de  l'artère. 


(  688  ) 
s'agit  ici,  il  s'ensuit  que  nous  ignorons  aussi  le  mécanisme  an  moyen  du- 
quel se   produit  l'accélération   ou   le  ralentissement   des  battements   du 
cœur  et  des  artères,   soit  par  voie  directe,   soit  par  voie  réflexe  ou  réac- 
tionnelle. 

II.  —  Lésions  relatives  a  la  force  des  battements  artériels, 

»  Ces  lésions,  comme  celles  relatives  à  la  vitesse,  ne  comportent  que 
deux  espèces,  savoir  :  le  plus  ou  le  moins,  l'augmentation  ou  la  diminu- 
tion (i);  mais  cette  augmentation  ou  cette  diminution  de  la  force  des 
battements  ou  des  pouls  des  artères  peuvent  porter,  tantôt  sur  le  pouls 
diastolique  et  systolique  à  la  fois,  tantôt  sur  l'un  ou  sur  l'autre  séparé- 
ment. 

»  Puisque  le  premier,  le  pouls  diastolique,  est  l'effet  de  la  systole  du 
cœur  ventriculaire,  il  est  évident  qu'il  faut  rapporter  son  augmentation 
ou  sa  diminution  aux  lésions  de  cet  organe,  comme  il  faut  rapporter  aux 
lésions  des  artères  l'augmentation  on  la  diminution  de  leur  pouls  propre, 
provenant  de  leur  systole.  Tous  les  sphygmologistes  ont  signalé  l'augmen- 
tation ou  la  diminution  de  la  force  du  pouls  diastolique;  mais  ils  ne  pou- 
vaient en  faire  autant  du  pouls  sysloUque,  du  pouls  propre  de  l'artère, 
dont  ils  ne  connaissaient  pas  même  l'existence. 

»  L'augmentation  durable,  permanente  des  pouls  diastolique  et  systo- 
lique des  artères  se  rencontre  dans  la  double  bypertrophie  des  ventricules 
du  cœur  et  des  artères.  L'hypertrophie  isolée  des  ventricules  détermine 
l'augmentation  de  la  force  du  pouls  diastolique.  L'hypertrophie  isolée  des 
artères  produit  l'augmentation  de  la  force  du  pouls  systolique. 

)i  Lorsque  les  battements  dont  nous  parlons  ont  acquis  leur  plus  haut 
degré  de  développement,  on  leur  donne  généralement  le  nom  de  palpita- 
lions  du  cœur  ou  des  artères. 

))  L'augmentation  temporaire,  transitoire  du  double  pouls  des  artères, 
soit  de  l'un  des  deux  seulement,  a  lieu  sous  l'influence  des  excitations, 
tantôt  purement  dynamiques  ou  vitales,  comme  le  disent  certains  sphyg- 
mologistes, tantôt  sous  cette  même  influence  associée  à  un  état  phlegma- 
sique  du  cœur  et  des  artères,  lequel  peut  exister  seul,  ou  bien  coïncider 
avec  les  phlegmasies  des  divers  organes  intérieurs  ou  extérieurs,  et  spécia- 
lement avec  celle  connue  sous  le  nom  de  rhumatisme  articulaire  aigu. 

»   La  diminution  permanente  ou  transitoire  de  la  force  des  battements 

(i)  Ceux  qui  se  plaisent  aux  dcnominations  venant  du  grec  pourraient  proposer  celles-ci  : 
hypersphygmie  pour  l'augmentation,  et  hyposphygmie  pour  la  diminution. 


(  689) 
artériels  se  rencontre  dans  les  états  morbides  ou  anormaux  des  ventricules 
du  cœur  et  des  artères,  opposés  à  ceux  que  nous  venons  de  désigner. 

1)  Comme  le  phénomène  prétendu  anormal  du  pouls,  désigné  sous  la 
dénomination  de  dicrotisme  des  artères,  n'est  autre  chose,  selon  ce  qui  a 
été  dit  dans  notre  première  Communicatiou,  qu'nn  renforcement,  simple 
ou  double,  des  battemenîs  artériels,  nous  pourrions  le  faire  rentrer  dans 
ce  qui  vient  détre  dit  de  l'augmentation  de  la  force  de  ces  battements. 
Mais,  en  raison  de  l'importance  exceptionnelle  du  sujet,  nous  avons  cru 
devoir  lui  consacrer  l'article  particulier  qui  va  suivre.  Nous  comprendrons 
dans  cet  article  le  pouls  appelé  rebondissant  avec  le  pouls  dicrote,  le  pre- 
mier, selon  Bordeu  lui-même,  étant  identique  au  second. 

III.  —  Dicrotisme  prétendu  anormal  du  pouls  {^pouls  dicrote,  bisferiens,  redoublé, 

rebondissant). 

»  On  a  quelque  raison  de  s'étonner  que  des  auteurs,  selon  lesquels  le 
dicrotisme  du  pouls  des  artères  est  un  phénomène  anormal,  n'aient  pas 
aussi  décrit,  en  quelque  sorte  parallèlement,  un  dicrotisme  anormal  du 
cœur  ventriculaire.  En  effet,  dans  leur  doctrine,  le  pouls  artériel  n'étant 
autre  chose  que  la  diastole  des  artères  produite  par  la  systole  du  cœur 
ventriculaire,  pour  qu'il  fût  réellement  f/Zc/ote  ou  redoublé,  il  aurait  fallu 
nécessairement  que  cette  systole  le  fût  également.  Or  jamais  aucun  auteur 
n'a  parlé  d'un  tel  dicrotisme  du  cœur  ventriculaire. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  faut  maintenant  exposer  les  preuves  cli- 
niques de  la  nouvelle  doctrine.  Or  ne  serait-ce  pas  une  preuve  péremptoire 
de  ce  genre,  si  l'on  montrait  que,  dans  les  cas  dans  lesquels  on  a  reconnu 
le  dicrotisme  prétendu  anormal  des  artères,  ces  vaisseaux  sont  affectés 
d'une  maladie  de  nature  à  renforcer  leur  systole  ou  le  pouls  qui  leur  ap- 
partient en  propre?  Eh  bien,  tels  sont  précisément  les  cas  d'après  lesquels 
nous  avions  si  longtemps  nous-mème,  autant  et  peut-être  plus  que  nul 
autre,  signalé  le  dicrotisme  dit  anormal  du  pouls  artériel,  réputé  alors 
unique  ou  monocrote.  Ces  cas,  nous  l'avons  déjà  dit  dans  notre  précédente 
Communication,  sont  la  fièvre  continue,  dite  typhoide,  et  l'hypertrophie 
généralisée  des  artères,  bien  étonnées  de  se  trouver  ainsi  rapprochées  et 
moins  étonnées  peut-être  que  nos  auditeurs.  Cet  étonnenient  cessera,  nous 
l'espérons,  quand  on  aura  reconnu,  avec  nous,  que  ces  maladies,  si  diffé- 
rentes entre  elles  sous  tant  de  rapports,  contiennent  néanmoins,  chacune 
à  lenr  manière,  un  élément  propre  à  renforcer  la  systole  des  artères.  Com- 
mençons par  la  fièvre  continue,  dite  typhoïde. 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  15.)  9° 


(  690) 

»  I.  Après  Sarcone  et  d'autres  sans  doute,  nous  avions  déjà,  en  1826, 
rencontré  le  pouls  dicrote  ou  bi&feriens  chez  certains  indhidus  atteints  de 
cette  fièvre;  mais  nous  ne  l'avions  pas  encore  considéré  comme  en  étant  un 
signe  constant,  ainsi  que  nous  le  fîmes  peu  d'années  après  avoir  été  chargé 
d'un  enseignement  clinique.  Depuis  cette  dernière  époque,  c'est-à-dire 
pendant  près  de  quarante  années  de  cet  enseignement,  nous  n'avons  cessé 
de  le  constater  et  de  le  faire  constater  aux  élèves,  sans  avoir  jamais  pu 
trouver,  nous  l'avouons,  l'explication  de  ce  phénomène  avant  d'avoir  re- 
connu que  le  pouls  des  artères  était  naturellement  dicrote  et  non  monocrote, 
comme  on  le  croyait  universellement. 

»  Depuis  lors,  certes,  je  ne  suis  plus  étonné  d'avoir  rencontré  constam- 
ment ce  pouls  dans  la  fièvre  typhoïde.  Mais  ce  dont  je  suis  profondément 
surpris,  ce  qui  me  cause  même  une  sorte  de  honte  clinique,  c'est  de  ne  l'a- 
voir pas  rencontré  aussi  alors  dans  toutes  les  autres  espèces  ou  formes  de  la 
fièvre  continue  ou  intermittente,  comme  cela  m'arriva  plus  tard,  et  comme 
il  m'arriva  plus  tard  encore  de  le  rencontrer,  à  un  moindre  degré  il  est 
vrai,  chez  toutes  les  personnes  bien  portantes,  sans  m'en  excepter;  car,  ce 
qui  redouble  ma  surprise,  c'est  que  je  suis  du  nombre  de  ceux  dont  le 
pouls  artériel  systolique  est  très-prononcé. 

»  Qui,  désormais,  serait  moins  surpris,  que  je  ne  le  suis  moi-même,  de 
ce  que,  d'abord,  dans  la  fièvre  dite  tjphoïde,  type  des  fièvres  continues  es- 
sentielles des  anciens  auteurs,  et  ensuite  dans  toutes  les  autres  fièvres  essen- 
tielles ou  primitives,  comme  aussi  dans  toutes  les  fièvres  secondaires,  et,  en 
un  mot,  dans  l'état  fébrile,  considéré  d'une  manière  générale,  on  trouve  le 
renforcement  du  dicrotisme  normal  du  pouls  artériel,  puisque  c'est  un  fait 
universellement  connu  et  démontré  que  ce  renforcement  constitue  un  des 
signes  caractéristiques  du  pouls  monocrote,  tel  qu'on  l'avait  admis  jusqu'ici? 
Au  reste,  qu'on  en  soit  ou  non  surpris,  le  pouls  des  artères  est  naturelle- 
ment ou  normalement  dicrote,  et  ce  dicrotisme  est  renforcé  ou  plus  fort 
dans  l'état  fébrile,  comme  le  monocrotisme  l'était,  de  l'aveu  unanime  de  tous 
les  médecins,  lorsque  l'on  croyait  que  ce  monocrotisme  constituait  l'état 
du  pouls  artériel. 

»  La  cause  de  ce  renforcement  ou  de  cette  augmentation  de  la  force 
du  pouls  dans  létat  fébrile  se  présente  d'elle-même,  puisque  cet  état  a,  pour 
l'un  de  ses  éléments  constituants,  une  excitation  plus  ou  moins  considérable 
du  cœur  et  îles  artères,  soit  idiopalliiqae,  soit  sympathique  ou  réflexe. 

»  IL  Passons  au  dicrotisme  prétendu  anormal  que  nous  avons  dit  appar- 
tenir à  l'hypertrophie  généralisée  des  artères.  Cette  espèce  de  dicrotisme  ne 


(  Ggr  ) 
nous  avait  pas  paru  moins  singulière  que  la  précédente  pendant  l'époque  si 
longue  où,  nous  aussi,  nous  avions  ignoré  que  le  dicrotisme  était  l'état 
normal  des  battements  artériels  ou  du  pouls.  Mais,  depuis  qu'il  n'en  est 
plus  ainsi,  pourrions-nous  trouver  singulière  une  espèce  de  dicrotisme, 
dans  lequel  le  renforcement  affecte  spécialement  le  second  de  ces  batte- 
ments, c'est-à-dire  la  contraction  ou  la  systole  des  artères?  Autant  vaudrait 
trouver  singulier  aussi  que  la  systole  du  cœur  ventricidaire  soit  renforcée 
dans  l'hypertrophie  des  ventricules. 

»  11  n'est  pas  rare  de  rencontrer  une  hypertrophie  simultanée  du  cœur 
ventriculaire  et  des  artères,  et  c'est  alors  aussi  que  se  montre  à  la  fois  le  ren- 
forcement du  pouls  diastolique  et  du  pouls  systolique  des  artères. 

»  C'est  ici  le  moment  de  parler  d'un  dicrotisme  anormal  qui,  au  premier 
abord,  semble  bien  différent,  sous  le  rapport  de  son  mécanisme  ou  de  son 
explication,  des  deux  espèces  que  nous  venons  d'étudier.  Cette  nouvelle 
espèce  de  dicrotisme  est  celle  que  l'on  observe  dans  la  maladie  dite  de  Cof- 
rigan^  dont  l'insuffisance  des  valvules  aortiques  est  le  caractère  pathogno- 
monique,  maladie  dont  nous  avons  recueilli,  pour  notre  part,  un  si  grand 
nombre  de  cas.  Oui,  certes,  la  différence  dont  il  s'agit  serait  vraiment 
énorme  si,  comme  l'enseignent  quelques  observateurs,  le  dicrotisme  mo- 
dèle, que  l'on  rencontre  si  souvent  dans  les  cas  d'insuffisance  des  valvules 
aortiques,  était  l'effet  du  reflux  du  sang  dans  le  ventricule  gauche,  auquel 
donne  lieu  cette  insuffisance,  au  temps  de  la  diastole  ventriculaire  et  de  la 
svstole  artérielle.  Mais  une  telle  explication  est  purement  imaginaire,  et, 
en  y  réfléchissant  plus  sérieusement,  on  ne  tardera  pas  à  voir  combien  elle' 
s'accorde  peu  avec  la  véritable  nature  des  choses  dont  il  s'agit  ici.  Eu  effet, 
il  est  deux  états  morbides  qui  se  rencontrent  ordinairement  dans  cette  ma- 
ladie dite  de  Corrigan,  et  qui  font  rentrer  la  nouvelle  espèce  dans  une  de 
celles  déjà  étudiées  par  nous.  Ces  deux  états  morbides  sont  en  effet  une 
hypertrophie  généralisée  des  artères  et  une  hypertrophie  du  ventricule 
gauche  du  cœur,  dont  l'une  produit,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  tout  à 
l'heure,  le  renforcement  du  pouls  systolique,  et  l'autre  le  renforcement  du 
pouls  diastolique  des  artères. 

»  Telle  est  l'explication  réelle,  et  si  naturelle,  de  ce  dicrotisme  observé 
dans  la  maladie  de  Corrigan,  double,  quand  il  existe  une  hypertrophie 
simultanée  du  ventricule  gauche  du  cœur  et  des  artères,  simple  ou  uni- 
que, quand  il  n'existe  qu'une  hypertrophie  isolée,  soit  des  artères,  soit  du 
ventricule  gauche.  Combien  de  fois  ne  nous  est-il  pas  arrivé,  à  la  vue  et 
au  toucher  de  ces  battements  renforcés  des  artères,  d'annoncer  une  insuf- 

90.. 


(  692) 
fisance  aortique  avec  les  accompagnements  ci-dessus  indiqués,  maladie 
complexe  dont  une  plus  ample  exploration  ne  tardait  pas  à  nous   démon- 
trer l'existence  ! 

»  Combien  de  fois  aussi,  dans  les  cas  de  ce  genre,  n'avons-nous  pas  en 
même  temps  annoncé  d'abord,  puis  constaté  et  fait  constatera  d'autres, 
qu'en  exerrant  une  compression  convenable  sur  les  artères  extérieures 
(crurales,  carotides,  sous-clavières,  etc.),  sur  l'aorte  abdominale  elle-même, 
on  rencontrerait  un  renforcemenl  du  double  souffle,  que  cette  expérience 
détermine  constamment  à  l'état  normal  de  ces  artères.  Et  rappelons  ici  que 
les  doubles  bruits  normaux  et  anormaux  des  artères,  dicrotistite  d'un  autre 
genre,  démontrent  eux-mêmes  la  réalité  du  dicrotisme  des  battements  arté- 
riels, puisque  les  premiers  supposent  ces  derniers. 

IV.  —  Lésions  relatives  au  rhytliine  des  battements  et  des  lepos  des  artères  et  du  cœur  (  i  ). 

»  Sous  le  rapport  du  rhythine  comme  sous  tous  les  autres  rapports  de 
leurs  révolutions,  les  artères  et  le  cœur  sont  unis  par  les  liens  d'une  telle 
solidarité  coopérative,  que  nous  traiterons  en  même  temps  ici  et  des  lésions 
du  rbythme  de  l'un  et  des  lésions  de  rhytlime  des  autres. 

))  On  n'a  pas  oublié  que  les  artères  et  le  cœur  sont  des  organes  ou  des 
instruments  à  quatre  temps,  réglés  comme  nous  l'avons  dit.  Ce  sont  les  dé- 
rangements des  règles  auxquelles  ils  sont  soumis,  les  infractions  aux  lois 
qui  les  coordonnent  qu'd  s'agit  d'exposer  ici. 

»  Ces  désordres  ou  ataxies  s'observent,  tantôt  dans  l'ensemble  des  révo- 
lutions artérielles,  tantôt  dans  quelques-uns  de  leurs  éléments  seulement. 
INous  ne  décrirons,  pour  être  plus  court,  que  les  désordres  ou  dérange- 
ments de  la  première  catégorie,  c'est-à-dire  ceux  qui  atteignent  à  la  fois  et 
les  deux  mouvements  et  les  deux  repos  dont  se  compose  une  révolution  du 
cœur  et  des  artères,  et  dans  lesquels,  pour  comble  de  désordre,  les  diverses 
révolutions  de  ces  organes  ne  se  ressemblent  pas  toutes  entre  elles. 

»  Dans  l'ataxosphygmie  des  artères  et  du  cœur,  tous  les  temps  des 
révolutions  de  ces  organes,  les  mouvements  et  les  repos  dont  elles  se 
composent  sont  en  quelque  sorte  bouleversés,  sous  quelques  rapports  qu'on 
les  examine.  Les  mouvements  en  particulier  sont,  le  plus  souvent,  telle- 
ment précipités  qu'on  ne  peut  les  compter,  tantôt  très-faibles  et  presque 
imperceptibles,  tantôt  violents  et  connue  par  sauts  et  par  bonds,  souvent 
entremêlés  de/au.r  pas,  d'arrêts  ou  d'intermittences,  toujours  tumultueux. 

'-    (i)  Ataxosphyfjiiiie  du  cœur  et  des  artères. 


(693  ) 

»  Nous  avons  dit  ailleurs  que  les  désordres  ci-dessus  brièvement  ex- 
posés constituaient  une  sorte  de  délire  ou  de  folie  du  cœur  et  des  artères; 
ajoutons  qu'on  peut  les  comparer  jjIus  justement  encore  à  ceux  de  la 
marche  ordinaire,  à  ceux  de  la  voix,  soit  simple,  soit  modulée,  à  ceux  de 
la  prononciation,  lorsqu'ils  sont  frappés  de  cet  état  anormal  connu  sous 
le  nom  d'ataxodj-nainie. 

»  Cette  sorte  d'anarchie  des  battements  du  cœur  et  des  artères  déter- 
mine nécessairement  un  trouble  profond  dans  la  circulation  générale  du 
sang,  trouble  auquel  il  faut  rattacher  ce  sentiment  particidier  d'ancjoisse, 
d'atixiélé,  de  défaillance,  dont  se  plaignent  les  individus  atteints  d'ataxo- 

sphygmie. 

))  Les  lésions  du  rhythme,  de  la  coordination  des  battements  du  cœur 
et  des  artères  se  produisent  tantôt  par  l'effet  de  lésions  de  ces  organes  eux- 
mêmes,  tantôt  par  l'effet  de  lésions  du  système  nerveux  qui  préside  à  ce 
rhythme,  à  cette  coordination.  Ces  lésions,  qui  portent  sur  l'anatouiie,  la 
structure  externe,  la  construction  pour  ainsi  dire  du  cœur  et  des  artères, 
sont,  en  particulier,  celles  qui  s'opposent  au  libre  jeu  des  valvules,  les 
rétrécissements  des  orifices  auxquels  celles-ci  sont  adaptées,  etc.  Celles  qui 
ont  pour  siège  le  système  nerveux,  chargé  de  veiller,  en  quelque  sorte,  au 
maintien  du  rhythme  et  de  la  coordination  des  mouvements  du  cœur  et  des 
artères,  se  divisent  en  deux  espèces,  selon  qu'elles  sont  matérielles,  c'est- 
à-dire  visibles,  tangibles  ou  palpables,  ou  qu'elles  échappent,  au  contraire, 
à  l'action  de  nos  sens  extérieurs. 

V.  —  Lésions  relatives  à  l'absence  ou  à  la  suspension  passagère  des  battements 
des  artères  et  du  cœur. 

»  Les  lésions  comprises  sous  ce  titre  sont  connues  sous  les  noms  d'i»- 
termittences,  ou  d''artéts  des  mouvements  du  cœur  et  des  artères. 

»  Nous  avons  déjà  dit,  au  commencement  de  cette  Communication, 
que  la  cessation  définitive  des  révolutions  du  cœur  et  des  artères  était 
incompatible  avec  la  vie,  et  tout  le  monde  sait  que,  dans  les  cas  où  il 
s'agit  de  constater  la  mort,  le  premier  soin  dont  on  s'occupe,  c'est  de 
s'assurer  si  les  battements  du  cœur  et  des  artères  ont  cessé  sans  retour. 
Mais  la  vie  elle-même  n'est  pas  compromise,  quand  il  s'agit  seulement  d'un 
arrêt  momentané,  d'une  simple  intermittence  des  battements  du  cœur  et 
des  artères. 

»  Cette  intermittence  peut  même  se  répéter  plusieurs  fois  dans  l'espace 
d'une  minute,  et  cela  pendant  des  mois  et  des  années,  je  ne  dis  pas  seide- 


(  Co^i  ) 
ment  sans  préjudice  de  la  vie,  mais  sans  nul  dérangement  notal)le  de  la 
santé.  Cependant  ce  phénomène,  semblable  à  une  sorte  de  faux  pas  du 
cœur  et  des  artères,  donne  lieu  à  un  sentiment  de  surprise  pénible  et,  chez 
quelques  personnes,  à  une  véritable  frayeur.  Les  arrêts  ou  intermittences 
dont  il  s'agit  n'ont  que  la  durée  d'un  instant,  d'un  éclair. 

»  Lorsqu'un  arrêt  des  battements  du  cœur  se  prolonge,  au  contraire, 
pendant  plusieurs  secondes,  il  en  résulte  cette  perte  de  connaissance,  dési- 
gnée sous  les  noms  de  défaillance  ou  de  syncope.  On  dit  aussi  des  personnes 
qui  éprouvent  cet  accident  qu'e//es  se  trouvent  mal.  Au  moment  où  ces 
personnes  vont  en  être  frappées,  au  milieu  de  l'effroi  qu'elles  ressentent, 
elles  prononcent  souvent  ces  mots  :  Je  vais  mourir,  je  me  meurs!  lesquels 
font  en  quelque  sorte  passer  dans  l'âme  des  spectateurs  l'effroi  de  ceux 
qui  les  prononcent. 

))  Montaigne  nous  raconte  avoir  éprouvé  une  sorte  de  volupté  au  mo- 
ment d'une  syncope  dont  il  fut  frappé.  Mais,  sous  ce  rapport,  comme 
sous  tant  d'autres,  tout  le  monde  n'est  pas  un  Montaigne.  La  plupart  des 
personnes  auxquelles  l'accident  du  célèbre  philosophe  est  arrivé  réservent 
ce  sentiment  de  volupté,  dont  il  parle,  pour  le  moment  où  elles  reviennent  à 
elles,  et  ressuscitent  en  quelque  sorte  de  la  mort  syncopale. 

»  Pour  se  changer  en  mort  réelle,  il  suffirait  à  cette  mort  syncopale 
de  se  prolonger  :  il  en  est  malheureusement  quelquefois  ainsi,  et  c'est  là 
une  des  trois  grandes  formes  des  morts  subites.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Nouvelles  observations  relatives  à  la  Communication 
de  M.  Bouillaud  du  i5  septembre;  par  M.  Bouley. 

«  J'ai  demandé  la  parole,  dans  l'avant-dernière  séance,  après  la  pre- 
mière Communication  de  M.  Bouillaud,  sur  la  théorie  du  pouls,  non  pour 
entrer  dans  la  discussion  que  cette  théorie  pourrait  comporter,  mais  pour 
établir  que  l'idée  que  les  artères  contribuent,  pour  une  certaine  part,  à 
imprimer  au  sang  son  mouvement,  n'était  pas  une  idée  nouvelle,  comme 
M.  Bouillaud  semblait  le  prétendre;  et,  ne  m'en  rapportant  qu'à  mes  sou- 
venirs, je  rappelai  que  Magendie  s'était  exprimé  sur  ce  point  de  la  ma- 
nière la  plus  |)ositive  et  la  plus  nette.  Je  ne  m'étais  pas  trompé;  voici  tex- 
tuellement ce  que  dit  Magendie  du  rùle  des  artères  dans  la  circulation  : 

a  L'élasticité  des  parois  artérielles  représente  celle  du  réservoir  d'air  dans  certaines 
pompes  à  jeu  alternalif,  et  qui  pourtant  fournissent  le  liquide  d'une  manière  continue;  et 
en  général  on  sait,  en  Mécanique,  que  tout  mouvement  iutirmittcut  peut  être  transformé  en 


(  695  ) 

mouvement  continu,  en  employant  la  force  qui  le  produit  h  comprimer  un  ressort  qui  reaf^it 
ensuite  avec  continuité.  »  {Précis élémentaire  de  Physiologie,  t.  11^  i833.) 

»  Magendie,  on  Je  voit,  est  très-explicite  dans  ce  passage.  Il  donne 
coinine  sienne  l'idée  qui  vient  d'être  formulée,  et  il  dit  que  Bicliat  n'a  pu 
comprendre  le  rôle  des  artères  dans  la  circulation,  parce  que,  «  niant  la 
»  contraclilité  des  parois  artérielles,  il  a  dû  nécessairement  rejeter  le  phé- 
))   nomène  important  qui  en  est  l'effet  (p.  388)  ». 

»  Cependant  M.  Chevreul  vient  de  revendiquer  tout  à  l'heure  pour 
Bichat  l'idée  que  Magendie  lui  conteste  formellement,  et,  à  l'appui  de  cette 
revendication,  il  a  donné  lecture  d'un  passage  de  Y Anatomie  générale, 
où  Bichat  signale  l'élasticité  comme  une  des  propriétés  physiques  les  plus 
remarquables  des  artères.  Il  est  incontestable  que  Bichat  connaissait  l'élas- 
ticité des  artères,  mais  il  ne  lui  a  pas  fait  jouer  le  rôle  que  Magendie  lui 
a  attribué.  Cela  ressort  manifestement  de  tout  le  chapitre  de  Bichat  sur  le 
système  vasculaire  à  sang  rouge.  On  va  en  juger  par  la  série  des  passages 
que  je  vais  citer  textuellement. 

)>  Pour  Bichat,  «  cette  propriété  joue  un  rôle  évident  dans  l'espèce  de 
»  locomotion  que  les  artères  éprouvent  par  l'abord  du  sang.  »  [Atialomie 
générale,  édition  de  Béclard  et  Blandin,  t.  II,  p.  8o;  i83o).  Mais  «  les  artères 
»  ont  peu  d' extensibilité  suivant  leur  diamètre.  Quelques  efforts  qu'on  fasse 
))  pour  les  dilater  par  des  injections  avec  l'eau,  l'air,  les  substances 
n  grasses,  etc.,  elles  ne  prennent  guère  un  calibre  supérieur  à  celui  qui 
»  leur  est  naturel  (p.  Sa)  ».  A  cette  occasion,  Blandin  rappelle  en  note, 
pour  prouver  que  l'opinion  de  Bichat  n'est  pas  fondée,  une  expérience 
par  laquelle  Poisseuille  démontre,  à  l'aide  d'un  appareil  ingénieux,  qu'à 
chaque  pulsation  l'artère  se  dilate. 

»  Je  continue  les  citations.  Dans  le  paragraphe  relatif  aux  Remarques  sur 
les  causes  du  mouvement  du  sang  rouge  (  p.  loo),  Bichat  établit  «  que  le  sang 
»  rouge  se  meut  dans  le  cœur  par  un  mécanisme  sur  lequel  ne  s'élève  au- 
»  cune  difficulté;  mais  une  question  importante  reste  à  décider,  dit-il, 
»  sur  son  mouvement  dans  les  artères.  Ces  vaisseaux  sont-ils  actifs  ou  pas- 
»  sifs  dans  ce  mouvement?  »  et  il  répond  : 

«  D'après  l'absence  de  contractilité  organique  sensible  que  nous  avons  observée  dans  ce 
tissu,  il  est  évident  que  son  rôle  doit  être  spéci;ilcment  passif,  que  le  mouvement  dont  il  est 
le  siège  lui  est  communiqué,  que  le  cœur  est  le  grand  agent  du  battement  des  artères,  que 
c'est  lui  qui  donne  l'impulsion  ;x  laquelle  ces  vaisseaux  ne  font  qu'obéir.  ...    » 

»   A  la  page  io4,  Bichat  rappelle  tuie  exi)érience  dont  il  a  rendu  compte 


(696) 

dans  son  Traité  des  membranes,  et  a  qui  consiste  à  faire  circuler  le  sang 
»  rouge  dans  les  veines,  sans  mouvement  de  locomotion,  il  est  vrai,  mais 
»  avec  un  bruissement  sensible  au  doigt  et  avec  une  vitesse  presque  égale 
»  à  celle  des  artères.   » 

«  Cette  dernière  expérience  prouverait  seule,  ajoute-t-il,  que  le  cœur  est  presque  l'unique 
agent  d'impulsion  du  sang  circulant  dans  les  artères. ...    » 

M  A  la  page  106,  Bichat  conteste  «  que  les  artères  puissent  se  contracter 
))  par  elles-mêmes,  car  le  moindre  dérangement  dans  une  partie,  la 
))  moindre  pression  occasionneraient  une  discofdance  dans  les  mouve- 
»  ments  »  ;  aussi  ajoute-t-il,  à  la  page  suivante,  «  qu'il  résulte  bien  évi- 
»  demment  de  tout  ce  qu'il  vient  de  dire  que,  dans  le  battement  des 
»  artères,  le  cœur  est  presque  la  seule  puissance  qui  mette  le  fluide  en 
»  mouvement  ;  que  les  vaisseaux  sont  alors,  pour  ainsi  dire,  passifs  ;  qu'ils 
»  obéissent  au  mouvement  qui  leur  est  communiqué,  mais  qu'ils  n'en  ont 
»  point  par  eux-mêmes  de  dépendant  au  moins  de  la  vitalité.  «  Dans  ce 
dernier  membre  de  phrase,  il  y  a  une  sorte  de  réserve,  à  laquelle  Bichat 
ne  semble  pas  attacher  d'importance;  car,  à  la  page  suivante,  il  dit  ex- 
pressément : 

n  Plus  on  examinera  attentivement  les  clioses,  plus  on  se  convaincra  de  la  nécessité  qu'il 
n'y  ait  qu'un  seul  agent  d'impulsion  pour  le  système  artériel,  et  que,  toujours  inerte,  ce  sys- 
tème ne  puisse  nullement  arrêter  la  marche  du  fluide.  » 

»  Cette  opinion,  Bichat  la  ressasse  pour  ainsi  dire  : 

«  Dans  les  gros  vaisseaux ,  dans  les  branches  et  même  dans  les  rameaux,  le  cœur  est 
presque  tout  pour  les  mouvements  du  sang  (p.  1 1 1).  » 

Cl  I,a  contractilité  insensible  existe  dans  les  troncs,  dans  les  branches  et  les  rameaux; 
mais  son  effet  est  nul,  tant  celui  du  cœur  est  marqué  (p.  1 13).  » 

»  Et  enfin,  pages  116  et  1 17,  il  affirme  très-nettement  que  «  ce  n'est  pas 
»  la  contraction  des  artères  qui  pousse  le  sang  à  leurs  extrémités  »,  et, 
après  avoir  présenté  les  arguments  sur  lesquels  il  appuie  cette  manière  de 
voir,  il  ajoute  qu'il  n'est  pas  vrai,  connue  il  l'avait  professé  lui-même  pen- 
dant plusieurs  aimées,  que  les  artères  se  contractent  pour  pousser  le  sang 
dans  toutes  les  parties.  «  Ce  temps  n'existe  pas,  dit-il;  je  vous  défie  de 
M   l'observer  jamais  sur  un  animal  vivant.  » 

»  Ces  citations  suffisent  potu-  prouver  que  Bichat  n'a  pas  attribiu'  aux 
grosses  artères  un  rôle  cotnine  agents  du  tnoiivement  du  sang.  Pour  lui, 
elles  étaient  passives  absolument,  et  c'est  le  cœur  qui  est  l'organe  exclusif 
de  ce  mouvement.  Magendie  avait  donc  raison  quand  il  disait  que  «  Bichat, 


(  697  ) 
»  ne  reconnaissant  pas  la  coniraclilité  des  parois  artérielles,  a  dû  néces- 
»  sairement  rejeter  le  phénomène  important  qui  en  est  l'effet.  »  Mais  ce 
n'est  pas  à  Magendie  ni  à  M.  de  Blainville  que  revient  le  mérite  d'avoir 
reconnu  le  rôle  de  l'élasticité  des  artères  dans  la  circulation.  Ces  deux 
savants  ont  eu  un  précurseur  :  c'est  John  Hunter.  Voici  comment  il  s'ex- 
prime à  ce  sujet  dans  son  Traité  du  sang  et  de  l'inflammation,  écrit  en  1762 
à  Belle-Isle,  après  l'entière  réduction  de  la  place,  est-il  dit  dans  l'intro- 
duction : 

«  Le  mouvement  du  sang  étant  un  phénomène  mécanique,  l'élasticité  est  la  propriété 
qui  convient  le  mieux  pour  obvier  à  l'effet  imuiédiat  de  l'impulsion  du  cœur.  .  .  .  Sans 
l'élasticité,  le  sang  serait  mû  dans  l'aorte  comme  au  moment  où  il  sort  du  cœur.  .  .;  mais, 
bien  que  le  sang  sorte  du  cœur  par  jets  interrompus,  comme  la  totalité  du  tube  artériel  est 
plus  ou  moins  élastique,  le  mouvement  du  sang,  en  raison  de  cette  élasticité,  devient  gra- 
duellement de  plus  en  plus  uniforme.  L'élasticité  des  artères  produit  un  effet  analogue  à 
celui  du  soufflet  double  :  bien  que  le  mouvement  de  ce  so\ifflet  soit  alternatif,  le  courant 
d'air  est  continu,  et,  si  ce  courant  passait  à  travers  un  long  tuyau  élastique  semblable  à  une 
artère,  il  serait  encore  plus  uniforme.  •>  (OEuvres  complètes  de  John  Hunier,  traduction  de 
Richelot,  t.  III,  p.  199;  1840.) 

»  Voilà  une  opinion  très-nettement  exprimée  et  qui  ne  laisse  pas  de  doute 
dans  l'esprit.  Évidemment  l'idée  que  Magendie  croyait  sienne  appartient 
à  John  Hunter.  Il  y  a  donc  déjà  plus  d'un  siècle  qu'elle  est  dans  le  domaine 
de  la  science.  C'est  ce  que  je  voulais  prouver  contre  M.  Bouillaud.  » 

Réponse  de  M.  Bouillaud  à  M.  Bouley. 

«  Notre  savant  confrère,  M.  Bouley,  continue,  à  mon  grand  regret,  de 
croire  que,  selon  moi,  des  physiologistes  éminents  de  notre  temps  affirme- 
raient que  le  rôle  des  artères,  dans  la  circulation  du  sang,  serait  nul.  Je  n'ai 
attribué  celte  affirmation  qu'au  seul  Ilarvey,  physiologiste  éminent  s'il  en 
fût,  mais  qui  n'est  pas,  malhciîreusement,  de  notre  temps.  J'ai  ajouté,  il 
est  vrai,  que,  selon  Longet,  dont  notre  temps  s'honore  et  qui  lui  a  été 
trop  lût  ravi,  il  ne  faudrait  pas  attribuer  un  rôle  réellement  actif  dans  la  pro- 
pulsion du  sang,  et  que  la  stule  force  impulsive  émane  de  la  pompe  cardiaque  ; 
mais,  cette  réserve  faite,  I^onget  enseigne  que  le  cours  du  sang,  dans  le 
sj'stème  artériel,  est  sous  la  dépendance  de  rélasticilé  et  de  la  contracldité  de 
ce  système,  les<iuelles,  bien  que  différentes  entre  elles,  jouent  simultanément  leur 
râle. 

))  Ainsi  donc,  admettant,  avec  Magendie,  l'influence  de  l'élasticité  des 
artères  et,  de  plus,  l'influence  de  la  conliactilité  de  ces  vaisseaux,  Longet 

C,  R.,  1873,  2*  Semestre .  (T.  LXXVU,  N"  15.)  9  ' 


(  698  ) 

leur  refusait  néanmoins  toute  force  impulsive,  tout  rôle  actif  dnna  In  propul- 
sion du  sang.  C'est  en  cela  que  je  n'ai  pu  me  trouver  d'accord  avec 
Longet  et  les  autres  physiologistes  de  la  même  école.  J'ai  reconnu,  en 
effet,  dans  les  artères  une  force  impulsive,  une  systole  avec  choc,  qui  leur 
est  propre  et  destinée  h  propulser  le  sang  qu'elles  reçoivent  des  ventricules, 
comme  ceux-ci  propulsent  celui  qui  leur  vient  des  oreillettes. 

»  Voilà  précisément  Vidée  que  j'ai  donnée  comme  noHye//e,  et  qui ,  si 
l'on  en  croyait  M.  Bouley,  loin  d'être  nouvelle,  daterait,  au  contraire,  de 
longtemps  dans  la  science,  puisqu'il  a  le  souvenir  très-précis  que  Magendie 
l'a  formellement  exposée  comme  sienne,  dans  sa  Physiologie,  il  y  a  qua- 
rante ans.  «  Il  est  vrai,  ajoute  M.  Bouley,  que  Magendie  fait  jouer  ce  nMe  à 
»  l'élasticité,  tandis  que  M.  Bouillaud  invoque  peut-être  la  contractilité.  »^ 
Assurément,  si,  comme  le  suppose  M.  Bouley,  j'avais  pris  pour  une  nou- 
veauté Vidée  que  «  les  artères  contribuent  pour  leur  part  à  faire  mouvoir 
»  le  sang  dans  l'appareil  qu'elles  constituent  »,  je  me  serais  étrangement 
trompé.  Je  savais,  en  effet,  de  concert  avec  mon  savant  confrère,  que  Ma- 
gendie et  bien  d'autres  encore,  sans  compter  Longet,  déjà  cité,  avaient 
professé  que  les  artères,  en  vertu  de  l'élasticité  dont  elles  sont  douées, 
contribuent  pour  leur  part  à  faire  mouvoir  le  sang  dans  leur  cavité;  je  savais 
même  que  le  mouvement  des  artères,  d'après  des  expériences  célèbres, 
reconnaissait  pour  cause  une  action  nerveuse.  Ce  ne  pouvait  donc  pas  être 
ni  l'élasticité  ni  la  contractilité  des  artères  cpie  je  semblais  donner  aujour- 
d'hui comme  une  idée  nouvelle.  Non,  la  chose  que  je  présentais  comme  nou- 
velle, et  que  je  présente  encore  comme  telle,  après  les  longs  passages  de 
Magendie  dont  M.  Bouley  vient  de  nous  donner  l'intéressante  lecture, 
c'est  la  systole  rhythmique  ou  le  pouls  propre  des  artères.  Certes,  mon  sa- 
vant confrère  voudra  bien  avouer  qu'il  n'en  est  aucunement  question  dans 
les  passages  cités  par  lui.  Ce  n'est  pas  à  l'élasticité  fixe,  permanente  el  conti- 
nue des  artères,  telle  qu'elle  a  été  admise  par  Magendie  et  par  d'autres  phy- 
siologistes, que  M.  Bouley  attribuera,  je  pense,  la  systole  artérielle  rhyth- 
mique et,  par  conséquent,  intermittente  ou  périodique  dont  je  viens  de 
parler.  11  ne  pouvait  pas  ignorer,  d'ailleurs,  que  c'était  là  Vidée  nouvelle, 
le  fait  nouveau,  si  l'on  aime  mieux,  que  j'avais  signalé  à  l'attention  de 
l'Académie.  Il  ne  pouvait  pas  l'ignorer;  car  je  l'avais  déclaré  dans  les 
termes  suivants,  dont  la  clarté,  ce  me  semble,  ne  laisse  rien  à  désirer  : 

'.  Que  rélnsticiti-  proprement  dite  des  artères  et  la  ])rcssion  atmosphérique  ne  soient  pas 
étrangères  à  certains  pliinoniènes  du  cours  du  sang  que  ces  vaisseaux  rnniienncnt,  certes 
nous  en  convenons  volontiers  ;  mais  nous  croyons  devoir  nous  contenter  d'avoir  montré  que, 


(  699) 

pour  s'accomplir,  le  passage  du  sang  dans  les  artères  et  de  là  dans  toutes  les  parties  du  corps 
réclaipait  le  double  concours  et  de  la  systole  des  ventricules  du  cœur  et  de  la  systole  des 
artères.  Que  cette  dernière  systole  porte  les  noms  de  mécanique  ou  de  physiologique,  qu'on 
l'attribue  à  des  fibres  élastiques  ou  à  des  fibres  musculaires,  elle  est.  » 

»  C'est  donc,  M.  Bouley  le  voit,  c'est  donc  l'existence  même  de  cette 
systole,  de  ce  pouls  des  artères,  rhytlimiqtie,  à  l'instar  de  la  systole  ventri- 
cidaire  elle-même,  que  je  donnais  comme  nouvelle,  et  que  notre  savant 
confrère  n'a  point  trouvée  dans  la  Phjsiologie  de  Magendie.  » 

ART  MILITAIRE.  —   Observations  relatives  aux  sujets  traités  dans  le  numéro  21 
(lu  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie;  par  M.  le  général  Morin. 

«  Dans  ce  recueil,  publié  par  ordre  du  Ministère  de  la  Guerre  et  par  les 
soins  du  Comité  des  Fortifications,  on  trouve  plusieurs  Mémoires  d'un  assez 
grand  intérêt  pour  que  je  croie  devoir  demander  à  l'Académie  la  permission 
de  lui  en  présenter  une  analyse  abrégée. 

»  Sous  le  titre  de  Note  relative  aux  effets  du  tir  des  batteries  allemandes 
pendant  le  siège  de  Paris,  M.  le  capitaine  du  Génie  Petit  a  réinii  un  grand 
nombre  de  résultats,  d'observations  précieuses  pour  l'art  de  l'ingénieur,  et 
dont  l'ensemble  est  de  nature  à  augmenter  la  confiance  qu'il  nous  est  per- 
mis de  conserver  dans  la  valeur  de  cette  grande  place. 

»   Nous  n'en  citerons  qu'un  exemple. 

»  Tir  en  brèche.  —  La  seule  tentative  sérieuse  faite  par  les  Allemands 
pour  pratiquer  une  brèche  aux  fortifications  de  Paris  par  un  tir  à  grande 
distance  est  celle  qu'ils  ont  dirigée  sur  le  fort  d'Issy,  dont  le  revêtement 
était  constitué  par  des  voûtes  en  décharge  de  6  mètres  de  portée  et  de  o"",  '^5 
seulement  d'épaisseur  à  la  clef  de  voîite.  Deux  batteries,  armées  chacune 
de  six  pièces  de  24»  situées  à  des  distances  de  2200  et  de  2400  mètres,  et 
une  troisième  de  six  pièces  de  24,  construite  à  1000  mètres,  ont  ouvert  un 
feu  violent  contre  l'une  des  courtines  de  ce  fort,  et  leur  effet  s'est  réduit  à 
démolir  le  mur  de  masque  des  casemates,  sans  parvenir  à  produire  une 
brèche  praticable. 

))  La  même  courtine  ayant  été,  pendant  trois  joints,  lors  de  l'insurrection 
de  la  Commune,  exposée  au  feu  de  batteries  françaises  occupant  les  mêmes 
positions  que  celles  des  Allemands,  la  brèche  ne  put  encore  être  rendue 
praticable  devant  une  seule  caseiuate  par  ce  tir  à  grande  distance,  tandis 
que  quelques  heures  suffisent  à  des  batteries  placées  selon  les  règles  ordi- 
naires de  l'attaque  des  places. 

91.. 


(  700  ) 

»  Il  résulte  de  ces  faits  cette  conséquence  importante  que  les  remparts 
casemates  des  lorts  de  Paris  ne  peuvent  être  démolis,  comme  on  le  craignait, 
par  des  batteries  à  tir  plongeant,  tirant  à  grandes  distances,  de  manière  à 
offrir  à  l'ennemi  des  brèches  praticables  pour  l'assaut;  et  si,  à  cette  diffi- 
culté, on  ajoute  les  dangers  de  destruction  auxquels  seraient  exposées  des 
colonnes  d'attaque  mises  eu  mouvement  à  près  de  2000  mètres,  ou  recon- 
naîtra, sans  doute,  que  l'introduction  dans  les  armées  de  l'artillerienouvelle, 
à  longue  portée,  lançant  d'énormes  projectiles,  n'enlève  pas  aux  fortifica- 
tions, et  en  particulier  à  celles  de  Paris,  autant  de  leur  valeur  qu'on  est 
trop  généralement  porté  à  le  croire.  L'art  de  nos  ingénieurs  parviendra  faci- 
lement d'ailleurs  à  compléter  leurs  moyens  de  défense. 

»  L'ensemble  de  tous  les  faits  recueillis  et  le  résultat  final  de  ce  siège, 
dont  l'issue  n'a  été  due  qu'au  manque  absolu  de  subsistances  de  la  popu- 
lation, prouve  combien  les  ingénieurs  qui  ont  présidé  aux  grands  travaux 
de  défense,  le  maréchal  Dode  de  la  Brunerie,  le  général  Haxo,  le  général 
Vaillant  et  le  Gouvernement  qui  leur  avait  donné  sa  confiance,  avaient  été 
sagement  inspirés  quand  ils  avaient  insisté  pour  ajouter  à  une  vaste  en- 
ceinte continue  de  puissants  forts  détachés,  dont  le  nombre  fut  malheu- 
reusement trop  limité  par  le  pouvoir  législatif. 

M  Un  autre  résultat  non  moins  remarquable,  c'est  que  les  magasins  à 
poudre  construits  d'a|)rès  les  règles  et  les  proportions  données  par  l'im- 
mortel Vauban,  et  recouverts  d'une  couche  de  terre  de  1", 00  à  i'",5o  d'é- 
paisseur, ont  parfaitement  résisté,  même  au  choc  presque  vertical  des  obus 
de  21  centimètres  pesant  80  kilogrammes. 

))  Si  l'on  se  rappelle  que  les  recherches  de  noire  illustre  Poncelet  sur  la 
poussée  des  terres,  basées  sur  les  principes  de  la  science  moderne,  l'avaient 
conduit,  pour  le  cas  particulier  des  nuirs  d'escarpe,  à  des  règles  qui  con- 
cordaient avec  celles  que  Vauban  avait  laissées,  on  ne  saurait  trop  admirer 
la  merveilleuse  |)uissance  d'intuition  dont  était  doué  le  grand  ingénieur 
de  Louis  XIV. 

M  Une  Note  fort  succincte  de  MM.  le  capitaine  Petit,  et  Vinclaire,  sous- 
lieutenaut  du  Génie,  accompagnée  d'un  plan,  donne  sur  le  bombardement 
de  la  ville  de  Paris  des  renseignements  qui  ne  seront  pas  perdus  pour  l'his- 
toire de  la  guerre  de  1 870-1 871. 

»  La  Note  est  courte,  mais  elle  en  dit  assez  pour  montrer  que  cet  acte, 
contre  lequel  l'institut  tout  entier  avait  inutilement  invoqué  les  droits  de 
la  science  et  de  l'humanité,  a  été  aussi  inutile  que  barbare. 

»  H  nous  suffiia  de  dire  que  les  dix  mille  obus  des  plus  gros  calibres,  lan- 


(  7°'  ) 
ces  sur  la  capitale  des  Arts  pendant  vingt  et  un  jours  et  vingt  et  une  nuits, 
ont  élé  principalement  et  très-habilement  concentrés  sur  trois  groupes 
d'établissements  comprenant  :  le  Jardin  du  Luxembourg  (80  obus),  le  Jardin 
des  Plantes  (87  obus),  l'Asile  des  Aliénés  (187  obus),  et  six  autres  hôpitaux. 
Le  Louvre  n'a  été  préservé  que  parce  qu'il  était  hors  de  portée. 

»  Les  dégâts  matériels  ont  été  relativement  peu  considérables,  et  l'effet 
psychologique,  sur  lequel  on  paraissait  compter  beaucoup,  a  été  nul  ;  mais 
le  nombre  des  habitants  ou  blessés  ou  tués  s'est  élevé  à  près  de  4oo,  dont 
la  moitié  environ  étaient  des  femmes  et  des  enfants. 

»  Tout  commentaire  de  ces  résultats  serait  ici  superflu;  mais  nous 
croyons  répondre  au  sentiment  national  en  exprimant  le  vœu  que,  pour 
l'honneur  de  nos  armes,  notre  artillerie  ne  se  croie  jamais  dans  la  nécessité 
d'user  de  semblables  moyens. 

»  Un  Rapport  de  M.  le  commandant  Peltier,  sur  les  mines  exécutées 
pour  la  rupture  des  tunnels  et  des  ponts  de  la  vallée  de  la  Seine,  contient 
d'utiles  renseignements  sur  ces  opérations. 

)>  Parmi  les  autres  travaux  que  nous  ne  pouvons  analyser  ici,  il  convient 
cependant  de  signaler  de  très-savantes  études  des  mines  militaires,  présen- 
tées en  i863eten  1869  par  M.  le  commandant  Dambrun,  qui,  après  avoir 
rappelé  les  premières  recherches  de  Bélidor  en  1730  et  celles  de  Lebrun 
en  1812,  discute  les  résultats  de  toutes  les  expériences  connues  jusqu'à  ce 
jour. 

»  Ce  travail  considérable,  fruit  de  longues  recherches,  est  destiné  à 
guider  les  ingénieurs  militaires  dans  les  o|)érations  délicates  de  la  guerre 
souterraine,  dont  l'importance  dans  les  sièges  peut  être  appréciée  par  ce 
seul  fait  que,  pour  la  défense  de  Sébasiopol,  les  Russes  avaient  établi,  en 
avant  des  fronts  d'attaque  voisins  du  bastion  du  Mât,  des  galeries  à  deux 
étages  ayant  un  développement  d'environ  637  kilomètres,  et  que  pen- 
dant plusieurs  mois  deux  compagnies  de  mineurs  français  ont  lutté,  avec 
succès,  d'habileté  et  de  persévérance  pour  déjouer  les  efforts  de  l'ennemi. 

»  Pour  remplacer  les  calculs  que  les  circonstances  de  la  guerre  ne  per- 
mettent pas  toujours  d'exécuter,  M.  le  capitaine  Ricour,  récemment  dé- 
cédé au  Sénégal,  avait  donné,  en  1866  et  eff  1867,  sous  le  titre  d'Abaque 
des  mines  mitilaiies,  des  tableaux  graphiques  qui  représentent  les  résul- 
tats des  formules,  et  qu'un  officier  peut  facilement  porter  en  campagne 
avec  lui. 

»  Dans  un  même  ordre  d'idées,  M.  le  commandant  Guillemot  avait  aussi 
donné,   dès   i853,   une  solution  graphique    des  problèmes   de  mines,  à 


(  702  ) 
l'aide  do  laquelle  on  peut  calculer  les  charges  des  fourneaux,  leurs  rayons 
d'enlouiioir,  ceux  de  rupture  et  le  côté  de  la  boîte  aux  poudres. 

))  Enfin  M.  le  capitaine  Delanibre  a  aussi  construit  un  abaque  pour  la 
résolution  des  problèmes  de  mines. 

»  On  voit,  par  ce  résumé  des  Mémoires  contenus  dans  le  numéro  21  du 
Mémorial  de  l'Officier  du  Génie,  que  ce  volume  constitue  nn  recueil  aussi 
riche  en  recherches  scientifiques  qu'en  résidtats  pratiques  relatifs  à  l'art  de 
l'ingénieur  militaire;  mais  nous  croyons  surtout  devoir  faire  remarquer 
l'heureux  usage  que  les  savants  officiers,  auteurs  de  ces  travaux,  savent 
faire  de  la  Géométrie  pour  représenter  les  données  de  l'expérience  et  de 
la  théorie,  en  en  facilitant  l'application. 

»  Le  volume  est  terminé  par  une  Note  relative  au  nouveau  système  de 
télégraphie  optique,  dont  l'idée  première  appartient  à  M.  Maurat,  profes- 
seur de  Physique  au  lycée  Saint-Louis,  et  qui  a  été  essayé  avec  succès,  soit 
à  Paris  pendant  le  siège,  soit  en  province  pendant  et  après  la  guerre.  Cette 
Note,  dans  laquelle  se  trouvent  deux  extraits  d'un  pli  cacheté,  déposé  le 
29  avril  1872  au  Secrétariat  de  l'Académie,  et  ouvert  dans  la  séance  du 
7  juillet  dernier,  a  pour  objet  d'établir  la  priorité  des  savants  français  sur 
des  essais  analogues  exécutés  en  Italie,  et  publiés  seulement  en  sep- 
tembre 1872  dans  un  Mémoire  de  M.  Fani,  savant  capitaine  du  Génie  pié- 
montais.  Le  contenu  du  pli  cacheté  a  été  inséré  in  extenso  dans  les  Comptes 
rendus.  » 

MÉMOmES   PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Aole  sur  le  maijnétisme  (suite)  ;  par  M.  J.-M.  Gaugain  (i). 
(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

a  42.  Dans  le  cas  d'un  aimant  permanent,  la  courbe  qui  représente  les 
courants  d'arrachement  s  ahuisse  très-rapidement  à  partir  des  extrémités  des 
branches  du  fer  à  cheval,  et  se  confond  sensiblement  avec  l'axe  des  ab- 
scisses dans  le  voisinage  du  talon.  Dans  le  cas  d'un  électro-aimant,  la  courbe 
des  courants  d'arrachement  diffère  peu  d'une  ligne  droite  dans  tout  l'interr 
valle  qui  sépare  les  deux  bobines  ;  mais  celte  ligne  parallèle  à  l'axe  des  ab- 
scisses est  située  à  une  très-grande  hauteur  au-dessus  de  cet  axe.  Les  chiffres 


(i)   Fnir  les  Coiiijilcx  iindits  dus   i3  janvier,  3o  juin  et  8  septembre  1873.  Les  numéros 
plapés  en  tète  des  divisions  de  ceUe  JSole  font  suite  ù  ccu.\  des  Notes  précédentes. 


(  7o3  ) 
suivants  donneront  une  idée  de  sa  forme  et  de  sa  position  : 

A  10  millimètres  des  exliéniiiés  des  branches  (en  dehors  des  bobines).. .  j  =  1 168 
107  >'  »  (en  dedans  des  bobines).  .  y  =  loïc) 
244  "  "  {■'"  '•''Ion  ) .?'  =    994 

»  L'échelle  est  la  même  que  dans  la  série  d'expériences  qui  a  fourni  les 
chiffres  du  n°  39. 

»  Dans  les  électro-aimants,  l'accroissement  d'aimantation  qui  résulte  de 
l'application  de  l'armature  est  presque  uniforme  dans  toute  l'étendue  du 
fer  à  cheval;  il  l'est,  du  moins,  dans  l'intervalle  qui  s'étend  entre  les  deux 
bobines,  et  il  est  partout  très-considérable,  tandis  que  dans  les  aimants 
permanents  cet  accroissement,  très-marqué  aux  extrémités  des  branches, 
devient  sensiblement  nul  dans  les  parties  qui  avoisinent  le  talon. 

»  43.  Le  courant  de  désaimantation  qui  se  produit  à  la  rupture  du  cou- 
rant inducteur,  lorsque  l'électro-aimant  est  sans  armature  (celui  dont  il  a 
été  question  n°  39),  varie  à  peu  près  comme  l'intensité  du  courant  induc- 
teur pour  un  point  déterminé  de  l'électro-aimant.  Au  contraire,  le  courant 
d'arrachement  dont  il  s'agit  au  n°  40  est  sensiblement  proportionnel  au 
carré  du  courant  inducteur.  Il  résulte  de  là  que  le  rapport  du  courant  d'ar- 
rachement au  courant  de  rupture  varie  lui-même  comme  l'intensité  du  cou- 
rant inducteur.  Dans  la  série  d'expériences  à  laquelle  j'ai  emprunté  les  nom- 
bres cités  aux  n°^  39  et  42,  le  rapport  des  deux  courants  de  désaimantation 
est  63,8  ;  or,  je  me  suis  servi  pour  ces  expériences  d'un  courant  inducteur 
très-faible  ;  ce  courant  était  fourni  par  un  seul  élément  de  Daniell  et  n'au- 
rait donné  au  voltamètre  que  27  centimètres  cubes  d'hydrogène  par  heure; 
il  serait  facile  d'obtenir  une  intensité  double,  et  par  conséquent  le  rapport 
des  deux  courants  de  désaimantation  peut  être  aisément  porté  au  delà 
de  100,  connue  je  l'ai  dit.  On  voit  que,  lorsque  l'inlensitédu  courant  induc- 
teur est  un  peu  considérable,  l'aimantation  qui  existe  avant  l'application  de 
l'armature  est  tout  à  fait  insignifiante  en  comparaison  de  celle  qui  résulte 
de  cette  application.  Les  lois  dont  l'énoncé  précède  cesseraient  sans  doute 
d'être  vraies  pour  des  courants  inducteurs  puissants,  mais  elles  sont  véri- 
fiées avec  tonte  l'exactitude  possible  pour  les  courants  faibles. 

»  44.  J'ai  trouvé  (n°  38)  que  l'accroissement  d'aimantation,  qui  se  pro- 
duit dans  un  aimant  permanent  par  suite  de  l'application  de  l'armature,  est 
indépendant  de  la  durée  du  contact  établi  entre  cette  armature  et  l'aimant. 
Dans  le  cas  d'un  électro-aimant,  la  réaction  produite  par  l'application  de 
l'armature  s'accomplit  encore  dans  un  temps  très-court,  mais  elle  n'est  pas 


(  7o4  ) 
instantanée.  Je  me  suis  assuré  que,  dans  les  conditions  de  mes  expériences, 
l'état  magnétique  continue  à  se  modifier  pendant  quatre  ou  cinq  secondes 
d'une  manière  appréciable.  Pour  établir  ce  fait,  j'applique  l'armature,  et  je 
laisse  écouler  un  temps  déterminé  avant  de  former  le  circuit  induit.  J'ai 
obtenu  ainsi  les  déviations  suivantes  : 

Après  1  seconde  d'intervalle 90° 

Après  2  secondes '3°,  9 

Après  3  secondes 4° 

Après  4  secondes i" 

Après  5  secondes une  petite  fraction  de  degré. 

»  Avec  des  instrinnents  plus  sensibles  que  ceux  dont  je  me  suis  servi,  on 
pourrait,  sans  nul  doute,  suivre  la  variation  de  l'état  magnétique  pendant 
un  temps  un  peu  plus  long;  mais  si  l'on  considère  la  rapidité  avec  laquelle 
décroît  le  courant  d'induction  lorsque  le  temps  écoulé  augmente,  on  ne 
peut  pas  douter  que,  au  bout  d'un  petit  nombre  de  secondes,  l'état  magné- 
tique ne  devienne  sensiblement  constant. 

»  45.  Poiu"  établir  les  lois  énoncées  dans  le  n°  43,  il  est  nécessaire  de 
tenir  compte  de  plusieurs  causes  pertiubatrices  dont  la  plus  iiriportante  est 
le  magnétisme  persistant  du  fer.  Le  fer  doux  s'aiiuante  dans  les  mêmes 
conditions  que  l'acier  trempé,  quoique  à  un  degré  beaucoup  plus  faible,  et 
cette  aimantation  permanente,  lorsqu'elle  existe,  modifie  nécessairement 
l'aimantation  qui  se  produit  sous  l'influence  d'un  courant  inducteur  d'in- 
tensité déterminée.  J'ai  donc  été  forcé  d'étudier  en  détail  les  propriétés  du 
fer  aimanté,  et  j'ai  reconnu  qu'elles  sont  exactement  les  mêmes  que  celles 
de  l'acier  aimanté. 

»  46.  M.  Jamin  a  récemment  fait  connaître  (Co/npto  refjc^(/5,  t.  LXXV, 
p.  1797  et  suiv.)  un  fait  très-important,  qui  consiste  en  ce  que  l'acier  peut, 
au  moyen  de  certaines  opérations,  être  amené  à  un  état  neutre  apparent 
très-différent  de  l'état  neutre  véritable.  Le  fer  doux  peut  être  également 
amené  à  l'état  de  neutralité  apparente  dont  il  s'agit.  J'ai  fait  passer  dans  les 
bobines  d'un  électro-aimant,  muni  de  son  artnature,  un  courant  fourni 
par  un  seul  élément  de  Daniell  et  dont  l'intensité,  mesurée  au  moyen  d'ini 
multiplicateur  conique,  était  17980  (ce  nombre  est  la  tangente  trigonomé- 
triqiie  de  la  déviation  obteiuie  avec  mon  instriunent,  et  j'ai  constaté  que 
le  courant  dont  l'intensité  était  1000,  avec  le  même  instrument,  donnait  au 
voltamètre  2,f)4  centimètres  cubes  d'hydrogène  par  heure).  Après  avoir 
laissé  circuler  pendant  quelques  secondes  le  courant  17980,  j'ai  fait  passer, 
en  sens  contraire  et  pendant  quelques  instants  seulement,  un  courant  dont 


(  7o5  ) 
l'intensité  était  8900,  à  peu  près  la  moitié  du  courant  primitif.  A  la  suite  de 
ces  opérations,  j'ai  constaté  que  le  noyau  de  fer  ne  possédait  aucun  magné- 
tisme apparent,  mais  qu'il  jouissait  de  la  propriété  de  s'aimanter  plus 
énergiquement  dans  un  sens  que  dans  l'antre,  lorsqu'on  le  soumettait  alter- 
nativement à  l'action  de  deux  courants  inducteurs  égaux,  de  signes  con- 
traires et  d'une  intensité  plus  petite  que  17980.  L'aimantation  était  très- 
faihle  dans  tous  les  cas  et  n'eût  pu  être  constatée  par  la  méthode  des  poids 
portés;  mais  elle  pouvait  être  aisément  mesurée  au  moyen  des  courants 
d'arrachement.  Conformément  à  l'observation  de  M.  Jamin,  j'ai  trouvé  que 
l'inégalité  des  deux  aimantations  s'effaçait  à  mesure  c{ue  l'intensité  du  cou- 
rant inducteur  se  rapprochait  de  l'intensité  17980,  c'est-à-dire  de  l'inten- 
sité du  courant  employé  en  premier  lieu. 

»  47.  L'état  neutre  apparent  peut  être  établi  d'une  infinité  de  manières, 
et,  suivant  qu'il  a  été  obtenu  de  telle  ou  telle  façon,  le  fer  possède  des  pro- 
priétés différentes.  On  peut  rendre  compte  des  faits  énoncés  dans  le  numéro 
précédent  en  admettant,  comme  le  fait  M.  Jamin,  que  deux  couches  de  ma- 
gnétisme contraires  sont  superposées  à  la  surface  d'un  même  barreau;  mais, 
dans  d'autres  cas,  on  est  conduit  à  admettre  la  superposition  d'un  plus  grand 
nombre  de  couches  alternativement  positives  et  négatives.  Dans  une  expé- 
rience, j'ai  fait  passer  successivement  dans  les  bobines  de  l'électro-aimant, 
pourvu  de  son  armature  :  1°  un  courant  que  je  considère  comme  positif,  et 
dont  l'intensité  était  17900;  2°  un  courant  négatif  dont  l'intensité  était 
irioo;  S**  un  courant  positif  dont  l'intensité  était  6898  :  j'ai  trouvé  que, 
à  la  suite  de  ces  opérations,  le  fer  ne  possède  pas  de  magnétisme  sen- 
sible, mais  qu'il  jouit  des  propriétés  suivantes  :  lorsqu'on  f;ut  passer  alter- 
nativement, en  sens  contraires,  un  courant  inducteur  d'intensité  déterminée, 
les  deux  aimantations  positive  et  négative  sont  généralement  inégales,  et  leur 
rapport  varie  avec  l'intensité  du  courant  inducteur.  Quand  cette  intensité 
est  peu  supérieure  à  5898,  l'aimantation  négative  l'emporte  de  beaucoup 
sur  la  positive;  les  deux  aimantations  sont  égales  pour  l'intensité  8606; 
lorsque  l'intensité  continue  à  croître,  l'aimantation  positive  prend  le  dessus; 
elle  est  de  beaucoup  la  plus  forte  pour  l'intensité  1 1 100,  et  enfin  les  deux 
aimantations  reviennent  égales  pour  l'intensité  17900.  Pour  expliquer  ces 
faits,  il  devient  nécessaire  d'admettre  que  le  barreau  de  fer  renferme  deux 
couches  de  magnétisme  positif,  séparées  par  une  couche  de  magnétisme 
négatif. 

»  48.  On  conçoit  aisément  comment  on  pourrait  superposer  un  plus 
grand  nombre  de  couches  alternativement  positives  et  négatives.  Il  suffirait 

C.  R.,  1873,  2«  Semettre.  (T.  LXXVII,  N»  15.)  9^ 


(  7o6  ) 
de  faire  passer  dans  les  bobines  de  l'électro-aimant  une  série  plus  nom- 
breuse de  courants  alternativement  positifs  et  négatifs,  d'intensités  décrois- 
santes. Pourtant  il  faut  remarquer  que  la  loi  du  décroissement  n'est  pas 
indifférente.  Pour  que  le  fer  acquière  les  propriétés  énoncées  dans  le  nu- 
méro précédent,  il  faut  que  l'intensité  du  courant  inducteur  décroisse  avec 
une  certaine  rapidité.  Lorsque  cette  intensité  diminue  très-lentement,  le 
fer,  qui  a  subi  l'uifluence  de  la  série  des  courants  alternatifs  est  dans  le 
même  état  que  s'il  eût  été  soumis  seulement  à  l'influence  du  plus  faible  des 
courants  qui  ont  été  employés;  il  est  très-faiblement  aimanté,  et,  si  on  le 
soumet  ultérieurement  à  Taction  d'un  courant  d'intensité  déterminée  plus 
énergique,  il  s'aimante  également  dans  le  sens  positif  et  dans  le  sens  né- 
gatif. Il  se  comporte  comme  s'il  était  véritablement  à  Vélat  neutre.  En  con- 
séquence, lorsque  j'ai  voulu,  dans  le  cours  de  mes  recherches,  désaimanter 
un  barreau  de  fer,  je  l'ai  soumis  à  l'action  d'une  série  de  courants  alter- 
natifs dont  l'intensité  décroissait  graduellement  et  lentement.  Je  suppose  que 
la  même  méthode  pourrait  servir  à  désaimanter  l'acier.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Du  rôle  des  gaz  dans  la  coagulation  de  l'albumine. 
Note  de  MM.  E.  Mathieu  et  V.  Urbain. 

(Commissaires:  MM.  Cl.  Bernard,  Berthelot.) 

«  Lorsqu'on  a  extrait  complètement  les  gaz  dissous  dans  le  sérum  du 
sang,  on  obtient  un  liquide  albumineux  qui  ne  se  coagule  plus,  même  à 
la  température  de  loo  degrés.  Cette  expérience,  répétée  sur  l'albumine  de 
l'œuf,  a  été  le  point  de  départ  de  nos  recherches  sur  les  causes  de  la  coa- 
gulation de  cette  substance,  exécutées  au  laboratoire  de  l'École  Centrale. 

»  La  machine  pneumatique  à  mercure  permet  d'extraire  de  l'albumine 
non-seulement  les  gaz,  mais  les  sels  volatils  qu'elle  renferme.  L'extraction 
des  gaz  la  rend  incoagulable  par  la  chaleur;  la  disparition  des  sels  volatils 
la  convertit  en  une  substance  analogue  à  la  globuline.  Ces  deux  transfor- 
mations méritent  d'être  examinées  séparément. 

»  i"  L'acide  carbonique  est  l'agent  de  la  coagulation  de  r albumine  par  la 
chaleur.  —  Les  gaz  que  renferme  l'albumine  de  l'œuf  sont  de  l'acide  car- 
bonique en  forte  proportion,  ainsi  qu'un  peu  d'oxygène  et  d'azote. 

Gaz  contenus  dans  loo  centimètres  cubes  d'ulbuminc  de  l'œuf. 

ce  co  ce  te  ce  ec 

CO' 65,43    62,23    56,07    55, 5o    76,15    84, 5o 

G 2,86     2,11      2,00     1,66     2,69     2,55 

Az 4)9^     3,11     3,87     4)5°     4j-^     4)''o 


(  707  ) 

»  L'albumine,  privée  de  ses  gaz,  est  incoagulable  même  à  100  degrés; 
mais  elle  est  précipitée  par  l'alcool,  les  acides  et  les  sels  métalliques, 
comme  l'albumine  normale. 

»  On  peut  rendre  de  l'oxygène  et  de  l'azote  à  cette  albumine  transformée, 
sans  qu'elle  redevienne  coagulable;  mais  elle  recouvre  cette  propriété  si 
on  lui  restitue  l'acide  carbonique  (ju'elle  a  perdu.  L'acide  carbonique  se- 
rait donc  la  cause  de  la  coagulation  de  l'albumine  sous  l'influence  de  la 
chaleur. 

»  Il  est  d'ailleurs  facile  de  démontrer  que  ce  gaz  entre  dans  la  constitu- 
tion du  coagulum.  En  effet,  lorsqu'on  coagule  par  la  chaleur,  dans  une 
atmosphère  limitée,  de  l'albumine  normale  qui,  comme  on  vient  de  le  voir, 
contient  beaucoup  d'acide  carbonique,  ce  gaz  ne  se  dégage  pas.  D'autre 
part,  si  l'on  introduit  dans  le  vide  de  l'albumine  coagulée  et  bien  broyée, 
et  qu'on  fasse  agir  sur  celte  substance  un  acide  fixe,  une  solution  d'acide 
tartrique  par  exemple,  on  recueille  de  60  à  80  centimètres  cubes  d'acide 
carbonique  pour  100  centimètres  cubes  d'albumine.  Or,  comme  en  coagu-' 
lant  par  un  acide  quelconque  une  solution  d'albumine  on  peut  toujours 
constater  dans  le  précipité  la  présence  de  cet  acide,  combiné  à  la  matière 
azotée,  on  est  conduit,  pour  expliquer  le  mode  d'action  de  l'acide  carbo- 
nique dans  la  coagulation  de  l'albumine  par  la  chaleur,  à  l'interprétation 
suivante  :  l'acide  carbonique,  qui  existe  normalement  à  l'état  de  liberté 
dans  l'albumine  liquide,  serait  à  l'état  de  combinaison  dans  l'albumine 
coagulée  par  la  chaleur. 

))  A  l'appui  de  cette  théorie,  nous  citerons  encore  l'expérience  suivante. 
On  sait  que  de  l'albumine,  étendue  de  dix  à  quinze  fois  son  volume  d'eau 
distillée,  n'est  pas  coagulable;  ce  résultat  proviendrait  de  la  dilution,  qui 
permet  à  la  majeure  partie  de  l'acide  carbonique  de  se  dégager  avant  que 
la  température  soit  suffisante  pour  que  la  combinaison  du  gaz  et  de  l'al- 
bumine se  produise;  mais  fait-on  traverser  la  solution,  chauffée  à  70  de- 
grés, par  un  courant  d'acide  carbonique,  on  détermine  la  précipitation 
complète  de  la  substance  albuminoïde. 

))  La  propriété  que  possède  l'albumine  de  former  avec  la  plupart  des  acides 
des  composés  insolubles  permet  d'expliquer  pourquoi  de  l'albumine,  pri- 
vée de  son  acide  carbonique  et  par  suite  incoagulable  par  la  chaleur,  donne 
un  précipité  lorsqu'on  élève  sa  température  après  avoir  ajouté  la  solution 
d'un  sel  alcalin.  Une  portion  de  l'acide  du  sel  s'est  combinée  à  l'albumine; 
aussi  le  liquide,  primitivement  neutre,  est  devenu  alcalin  après  la  coagu- 
lation. Il  résulte  de  ce  fait  que  l'albumine  normale,  coagulée  par  la  cha- 

92-- 


(  7o8  ) 
leur,  est  un  produit  assez  complexe  qui  renferme,  non-seulement  la  com- 
binaison de  la  matière  aihuminoïde  avec  l'acide  carbonique,  mais  encore 
d'autres  composés  albumineux  provenant  de   la  décomposition  des  sels 
alcalins  que  renferme  cette  substance. 

))  Enfin,  étant  admise  cette  constitution  de  l'albumine  coagulée,  on 
comprendra  comment  il  est  toujours  possible  de  régénérer  de  l'albumine 
soluble,  en  parlant  d'une  albumine  coagulée  par  la  chaleur  ou  par  un 
acide.  Il  suffit  de  chauffer  le  coagulum,  en  vase  clos,  à  tuie  douce  tempéra- 
ture avec  une  solution  ammoniacale  jusqu'à  dissolution  complète,  puis 
de  soumettre  le  liquide  à  l'évaporation  poiu'  éliminer  l'ammoniaque  en 
excès  et  le  sel  ammoniacal  qui  a  pris  naissance. 

»  2°  L'albumine,  privée  de  ses  sels  volatils,  se  transforme  en  glolmline.  — 
Le  caractère  dislinclif  d'une  solution  de  globuline,  extraite  soit  du  cristal- 
lin, soit  des  épanchements  séreux,  est  d'être  coagulée  par  l'acide  carbo- 
nique à  la  température  ordinaire;  ce  précipité  peut  se  redissoudre  sous 
'  l'influence  d'un  courant  d'air  ou  de  tout  autre  gaz  neutre,  tel  que  l'hydro- 
gène, l'azote,  etc.  L'albumine,  à  laquelle  on  a  enlevé  non-seulement  ses 
gaz,  mais  ses  sels  volatils,  se  comporte  comme  de  la  globuline. 

»  La  machine  pneumatique  à  mercure  permet  d'extraire  et  de  doser  ces 
sels,  qui  consistent  en  carbonate  d'ammoniaque,  avec  traces  de  sulfate  et 
de  sulfhydrate  d'ammoniaque,  dans  la  proportion  deo^',  20  pour  100  cen- 
timètres cubes  d'albiunine  ordinaire. 

»  L'emploi  de  la  pompe  à  mercure  n'est  pas  indispensable  pour  éliminer 
les  gaz  et  les  sels  volatils  que  renferme  l'albumine.  On  arrive  au  même  ré- 
sultat, en  évaporant  complètement  à  une  très-douce  chaleur  cette  sub- 
stance, étendue  de  10  fois  au  moins  son  volume  d'eau.  On  peut  même 
opérer  cette  dessiccation  à  la  température  ordinaire,  ce  qui  est  préférable; 
il  suffit  pour  cela  de  placer  l'albumine,  suffisamment  diluée,  sous  une 
cloche,  à  côté  de  deux  vases  renfermant,  l'un  de  l'acide  sulfurique  concen- 
tré, l'autre  des  fragments  de  potasse  caustique  fondue;  de  cette  façon,  non- 
seulement  la  vapeur  d'eau,  mais  l'acide  carbonique  et  l'ammoniaque  sont 
absorbés  au  fur  et  à  mesure  de  leur  dégagement.  Suivant  la  plus  ou  moins 
grande  dilution  initiale  de  la  solution,  suivant  aussi  la  température  à  la- 
quelle s'est  faite  l'évaporation,  on  peut  obtenir,  soit  de  l'albumine,  privée 
seulement  de  son  acide  carbonique  et  par  suite  jncoagulable  par  la  chaleur, 
soit  de  l'albumine  ayant  perdu  son  acide  carbonique  et  ses  sels  ammonia- 
caux, c'est-à-dire  de  la  globuline. 

»  Une  solution  de  globuline,  additionnée  d'un  peu  de  carbonate  d'am- 


(  7^9  ) 
moniaque,  reprend  les  propriétés  caractéristiques  de  l'albumine;  traitée 
par  l'acide  carbonique,  elle  ne  se  coagule  plus  à  froid,  mais  à  une  tempé- 
rature de  70  degrés  environ. 

»  La  globuline  coagulée  par  l'acide  cabonique  est  une  combinaison  de 
ce  gaz  avec  la  substance  albuminoïde.  10  grammes  de  globuline  coagulée 
et  supposée  sèche,  introduits  dans  le  vide,  dégagent  par  la  chaleur  et  un 
acide  fixe  26  centimètres  cubes  environ  d'acide  carbonique. 

»  La  combinaison  que  forme  la  globuline  avec  l'acide  carbonique  à  la 
température  ordinaire  est  assez  instable;  comme  nous  l'avons  dit,  un  cou- 
rant d'air  déplace  l'acide  carbonique  et  redissout  le  coaguluni;  mais,  si  l'on 
chauffe,  la  combinaison  devient  persistante. 

»  A  l'état  préci|)ité,  la  globuline,  comme  la  fibrine,  décompose  l'eau 
oxygénée.  D'un  autre  coté,  la  solution  de  globuline,  lorsqu'on  y  ajoute 
une  petite  quantité  d'un  phosphate  alcalin  (o^', 5o  pour  100)  paraît  acquérir 
les  propriétés  de  la  caséine  :  les  acides  lactique  et  acétique  la  précipitent. 
Enfin  les  différentes  matières  animales,  albumine,  caséine,  fibrine  coagu- 
lées, redissoules  par  l'ammoniaque  et  soumises  à  l'évaporation,  comme  il 
a  été  indiqué  ci-dessiis,  donnent  toutes  naissance  au  même  produit,  qui  est 
la  globuline.  De  ces  faits  il  résulte  que  la  globuline  peut  être  comparée  à 
la  protéine  de  Mulder  et  semble  être  le  point  de  départ  d'où  dérivent  les 
diverses  substances  albuminoïdes.  » 

MiîDECiNE.  —  Sur  un  nouveau  traitement  du  choléra  et  probablement  de  ta 
fièvre  jaune  par  V acide  phénique  et  le  phénate  d'anmioniaque^  au  moyen 
des  injections  sous-cutanées.  Note  de  M.  Déclat.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

«  Je  ne  compte  pas  développer  ici  les  considérations  théoriques  qui 
m'ont  conduit  à  l'application  de  la  méthode  nouvelle,  ni  les  nombreuses 
expériences  confirmatives  faites  sur  les  animaux;  je  me  bornerai  donc  à 
donner  les  explications  strictement  nécessaires  pour  que  les  médecins  en 
puissent  faire  l'applicafion.  Je  dirai  seulement  que,  dans  les  deux  seuls  cas 
où  il  m'a  été  donné  jusqu'à  présent  de  faire  moi-même  cette  application, 
j'ai  obtenu  deux  succès. 

»  1°  En  temps  d'épidémie,  on  devra  employer,  comme  moyen  préser- 
vatif, l'acide  phénique  blanc  et  cristallisé  en  boisson,  à  la  dose  de  3o  à 
40  centigrammes  par  jour,  soit  trois  à  quatre  cuillerées  du  sirop  phénique 
que  je  fais  préparer  pour  cet  usage. 


(  7IO  ) 

»  1°  Dans  la  cliolérine  on  le  choléra  confirmé,  jusqu'à  la  période  de 
cyanose  exclusivement,  on  fera  usage  de  la  même  boisson,  et,  de  plus,  on 
pratiquera  de  quatre  à  six  injections  sous-cutanées  chacune  de  5  grammes 
d'eau  phéniquée  à  deux  et  demi  pour  cent.  On  continuera  ces  injections 
jusqu'à  la  convalescence  confirmée,  et  la  boisson  jusqu'au  rétablissement 
complet  de  la  santé. 

»  3**  A  partir  du  moment  où  la  circulation  s'embarrassera,  c'est-à-dire 
dès  le  début  de  la  cyanose,  on  donnera  pour  boisson  un  sirop  de  phénate 
d'ammoniaque  (i)  dans  les  mêmes  proportions  et  aux  mêmes  doses  que  le 
sirop  phéniqué  simple,  et  l'on  pratiquera  de  deux  à  dix  injections  sous-cu- 
tanées, chacune  de  5  grammes  d'eau  contenant  en  dissolution  deux  et  demi 
pour  cent  de  phénate  d'ammoniaque. 

»  Si  la  mort  paraissait  imminente,  on  pourrait  faire  directement  dans  les 
veines  une  injection  goutte  à  goutte,  jusqu'à  concurrence  de  i5o  et  même 
200  gouttes  de  la  même  solution  ou  d'une  solution  pins  allongée,  mais  ne 
contenant  pas  plus  de  5o  centigrammes  à  i  gramme  de  phénate  d'ammo- 
niaque. Sur  des  animaux  atteints  de  sang  de  rate  foudroyant,  j'ai  vu  ces 
injections  opérer  de  véritables  résurrections.  J'ai  lieu  d'espérer  qu'on  les 
reproduira  sur  les  cholériques.  » 

VITICULTURE.  —   Comparaison  du  Phylloxéra  vastatrix  des  galles  avec  celui 
des  racines.  4*^  Note  de  M.  Max.  Cornc. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

(c  Dans  la  Note  présentée,  le  4  août  dernier,  à  l'Académie  des  Sciences, 
M.  le  D'  Signoret  énumère  les  formes  diverses  du  Phylloxéra  vastatrix.  Cette 

(i)  J'emploie  le  nom  de  phénate  d'ammoniaque,  sans  prétendre  que  ce  soit  un  véri- 
table sel  ;  c'est  une  question  réservée.  Mais  il  est  une  particularité  d'une  haute  importance 
pratique,  sur  laquelle  je  dois  fortement  insister  :  c'est  que  le  phénate  ou  prétendu  phé- 
nate doit  être  préparé  en  faisant  arriver  directement  du  gaz  ammoniac  sec  dans  de  l'acide 
phéniquu  pur,  blanc  et  cristallisé,  et  non  en  versant  sur  celui-ci  de  l'ammoniaque  liquide. 

J'ai  pu  constater,  sur  des  animaux,  que  la  combinaison  préparée  par  le  dernier  procédé 
produit  très-souvent  la  gangrène,  et  quant  à  l'ammoniaque  seule,  elle  cause  la  gangrène  à 
peu  près  dans  tous  les  cas.  Pour  que  les  expériences  que  mes  confrères  voudraient  tenter 
soient  comparables  et  concluantes,  j'ai  eu  la  précaution  de  faire  déposer  chez  M.  Guenon, 
pharmacien  i'i  Paris,  du  phénate  d'ammoniaque  préparé  comme  je  le  prescris.  Le  ])hénate, 
même  ainsi  préparé,  précipite  souvent,  après  un  certain  temps  de  préparation;  il  est  donc 
indispensable  de  liltrer  la  solution  au  moment  de  l'injecter. 


•(71') 
espèce  est,  selon  lui,  très-polymorphe;  il  y  indique  une  iloubic  série  de 
générations  qui  procèdent  l'une  de  l'autre.  Je  ne  m'occuperai  ici  que  de 
l'une,  qui  aboutit  à  la  forme  qu'il  a  nommée  le  t/pe  mère.  Il  avait  antérieu- 
rement, dans  un  article  publié  dans  le  Journal  de  l' Acjricullnre  (numéro  du 
17  février  1872,  t.  I,  p.  268,  avec  figures),  a|)pelé  l'attention  sur  ce  type 
mère,  qui  diffère,  à  plus  d'un  titre,  du  type  tuberculeux  des  racines,  et  dans 
lequel  les  individus  des  galles  rentrent  pleinement.  C'est  de  ces  derniers 
qu'il  sera  plus  spécialement  question  dans  cette  Note. 

»  Y  a-t-il  une  différence  aussi  grande  qu'il  le  pense  entre  ces  deux 
formes,  et  le  polymorphisme  n'est-il  pas  plus  apparent  que  réel? 

»  On  doit  être  un  peu  mis  en  garde  contre  les  différences  tirées  de 
l'aspect  entre  le  type  mère  elle  type  tuberculeux.  Disons  d'abord  que,  entre 
l'un  des  deux  et  le  jeune  dont  il  provient,  la  dissemblance  est  considérable, 
on  le  sait,  tandis  que  les  jeiuies  des  deux  séries  sont  identiques. 

»  Les  divergences  de  taille  et  de  forme  s'expliquent  aisément  dans  l'hy- 
pothèse d'une  variété  unique,  en  considérant  que  l'insecte  des  feuilles  con- 
tient dans  son  abdomen  une  quantité  considérable  d'œufs  volumineux,  et 
qu'il  en  pondra  successivement  jusqu'à  trois  cents,  dit-on.  Il  s'est  distendu, 
déformé,  au  point  de  perdre  l'apparence  qu'il  avait  précédemment;  cela 
n'a  rien  que  de  très-rationnel,  et  des  exemples  analogues  pourraient  être 
pris  jusque  dans  les  vertébrés.  Cette  différence  de  forme  ne  constitue  donc 
pas  réellement  une  altération  du  type  de  l'espèce. 

»  Si  le  diamètre  transversal  s'est  notablement  accru,  les  appendices, 
pattes  et  antennes,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  n'ont  point  partagé  ce 
mouvement  d'extension;  elles  demeurent  dans  leur  position  naturelle,  elles 
ont  la  disposition  et  la  structure  habituelles,  sauf  de  légères  différences 
qui  seront  examinées  dans  une  autre  Note.  Les  pattes  paraissent,  à  cause 
delà  dilatation  du  corps,  être  relativement  ouvertes  ;  elles  sont  rapprochées 
par  paires  sous  la  portion  inférieure  du  corps.  Cela  prouve  bien  qu'on  n'a, 
en  réalité,  affaire  qu'à  un  individu  dilaté,  et  dilaté  principalement  dans  la 
partie  dorsale  et  abdominale. 

»  Quant  à  la  disposition  plus  ou  moins  chagrinée  de  la  membrane 
externe,  c'est  un  caractère  d'un  ordre  et  d'une  valeur  spécifique  assez  mé- 
diocres. Les  boursouflures  hémisphériques  et  très-petites  qui  les  produisent 
varient  souvent  beaucoup  sur  les  Phylloxéras  des  racines  (qui  présentent 
tous  d'ailleurs  une  peau  chagrinée  et  n'ont  jamais  une  peau  lisse,  comme 
on  l'a  dit  quelquefois),  de  telle  sorte  qu'on  en  rencontre  parfois  qui  sont 
presque  assimdables,  sous  ce  rapport,  aux  insectes  des  galles. 


(    712    ) • 

»  Lri  distinction  entre  les  deux  types  ne  peut  être  établie  ni  par  la  diffé- 
rence de  taille,  ni  par  l'élat  plus  ou  moins  verruqueux  ou  chagriné  de  la 
peau.  La  présence  chez  lui,  l'absence  chez  l'autre  de  tubercules  particu- 
lières constitueront-elles  un  meilleur  caractère?  Les  tubercules  sont  des 
points  où  la  peau  de  l'animai  est  saillante  et  se  relève  en  formant  de  pe- 
tites bosses  noires  très-nettes  ;  ils  sont  disposés  transversalement  par  six  sur 
la  partie  dorsale  du  thorax,  par  quatre  sur  le  reste  du  corps  et  sont  visi- 
bles à  l'aide  d  une  loupe  très-faible  ou  même  à  la  vue  simple.  On  n'en 
trouve  pas  trace  sur  les  individus  des  galles  et  sur  bon  nombre  d'insectes 
des  racines. 

»  L'origine  de  ces  verrues  noires  est  facile  à  reconnaître  au  microscope. 
Ce  sont  des  points  où  la  peau  a  pris  une  teinte  plus  foncée;  les  boursou- 
flures et  les  plis  cjui  produisent  l'aspect  chagriné  y  sont  comme  groupés 
autour  d'un  ou  plusieurs  petits  poils  très-courts.  Cela  se  voit  aisément  sur 
les  mues  abandonnées  par  les  insectes  tuberculeux  et  notamment  par  les 
nymphes  qui  sont  toutes  munies  de  tubercules.  Or,  en  examinant  avec  atten- 
tion la  peau  des  insectes  des  galles  sur  des  individus  rendus  transparants 
par  l'action  des  réactifs,  on  remarque,  à  la  surface,  de  petits  poils  disposés 
en  ligne  comme  chez  l'insecte  tuberculeux.  Ces  poils  dépassent  à  peine  les 
boursouflures  de  la  peau,  mais  ou  peut  cependant  les  mettre  eu  évidence. 
Ils  occupent  la  partie  moyenne  des  anneaux  et  s'aperçoivent  surtout  sur  le 
contour;  ils  y  correspondent  aux  tubercules  marginaux.  Ainsi  toute  la  diffé- 
rence provient  de  ce  que,  dans  les  individus  tuberculeux,  la  portion  de  la 
peau  qui  entoure  ces  poils  prend  une  teinte  plus  foncée;  c'est  vraisembla- 
blement une  question  d'épaisseur  de  la  membrane.  Chez  les  individus  des 
galles,  ce  sont  les  pattes  et  les  antennes  qui  prennent  surtout  cette  teinte 
foncée. 

»  Ce  qui  montrera  encore  que  l'importance  des  tubercules  des  Phyl- 
loxéras a  été  exagérée,  ce  sont  les  deux  faits  suivants  : 

»  1°  Quand  on  observe  entre  deux  lames  de  verre,  c'est-à-dire  dans  un 
liquide  et  non  plus  à  sec,  par  lumière  transmise  et  non  par  éclairage  direct 
les  Phylloxéras  tuberculeux,  les  tubercules  deviennent  presque  indistincts 
et  difficiles  à  mettre  en  évidence;  ils  représentent  donc  une  modification 
extérieure  qui  disparaît  aisément; 

»  2°  Quand  un  individu  tuberculeux  se  dépouille  de  son  enveloppe  et 
vient  à  muer,  il  apparaît  aux  regards  complètement  dénué  de  tubercuks.  J'ai 
plusieurs  fois  observé  ce  fait  (qui  n'est  pas  sans  importance  dans  la  critique 
du  double  type),  et  j'en  suis  positivement  sur. 


(  7i3) 
»  Ces  individus,  non  tuberculeux,  sont  alors  d'une  belle  couleur  jaune 
soufre  ou  jaune  d'or;  leur  forme  est  spéciale.  Ce  sont  peut-être  eux  que 
MM.  Planchon  et  Liclitenstein  citent  à  la  page  i[\  de  leur  dernière  bro- 
chure [Le  Phylloxéra  de  i85o  à  i853;  résumé  pratique  et  scientifique).  Comme 
ces  insectes  ne  sont  pas  adultes,  puisqu'ils  viennent  de  subir  une  mue, 
cela  explique  pourquoi  ils  n'ont  pas  d'oeufs  dans  le  corps.  Quant  à  leur 
agilité,  c'est  un  phénomène  temporaire  qu'on  observe  après  chaque  mue, 
et  qui  ne  contribue  pas  peu  à  rendre  difficile  l'étude  d'un  seul  et  unique 
individu,  depuis  sa  naissance  jusqu'à  la  ponte.  Telle  serait  l'interprétation 
de  ces  individus  problématiques  encore. 

»  Disons,  du  reste,  que  ces  insectes  ne  demeurent  pas  longtemps  avec 
leiu"  couleur  éclatante;  ils  deviennent  rapidement  jaune  verdâtre,  puis 
jaune  brun;  dans  cette  transformation,  les  tubercules  apparaissent  de 
nouveau,  mais  plus  ou  moins  nettement. 

»  Quant  au  changement  par  la  mue  d'un  insecte  tuberculeux  en  un  auti'e 
qui  ne  l'est  pas,  cela  a  lieu  d'une  façon  normale  pour  les  individus  ailés; 
ils  proviennent  de  nymphes  toutes  tuberculeuses,  et  sont  eux-mêmes  dé- 
nués de  tubercules.  Le  même  fait  s'observe  sur  le  Phylloxéra  du  chêne, 
et  là  les  tubercules  acquièrent  un  bien  autre  développement  que  chez  le 
Phylloxéra  de  la  vigne,  sans  avoir  probablement  plus  d'importance.   Le 
parasite  du  chêne  fournirait  des  preuves  encore  plus  saisissantes  de  la  thèse 
que  je  soutiens.  Je  me  contenterai  de  dire  brièvement  que  cet  insecte,  qui 
n'est  encore  connu  qu'à  l'état  foliicole,  est,  sous  cette  forme,  dénué  de 
tubercules,  à  Paris,  tandis  que,  dans  les  départements  méridionaux,  dans 
la  Gironde,  dans  l'Hérault  par  exemple,  il  est  hérissé  de  tubercules  très- 
développés,  cjui  ressemblent  à  de  petites  sphères  échinées  terminant  une 
portion  conique.  Ainsi,  dans  le  genre  Phylloxéra,  la  modification,  qui,  à 
l'œil,  semble  considérable,  n'a  probablement  pas  une  valeur  aussi  grande 
que  celle  qui  a  lieu,  dans  la  même  génération,  de  la  nymphe  à  l'individu  ailé. 
»  Mais  une  différence  capitale  entre  le  type  mère  et  le  type  tubercideux, 
d'une  importance  tout  autre  que  les  précédentes,  serait  celle  que  donne  en 
dernier  lieu  le  D'^  Signoret.  Selon  lui,  l'insecte,  pour  arriver  à  l'état  de  type 
mère,  changerait  de  peau  en  devenant  adulte,  non  pas  trois  fois,  comme 
le  type  tuberculeux,  mais  deux  fois  seulement.    De   son  huitième  temps 
au  neuvième,  aurait  lieu  la  première  mue;   du  neuvième  au  dixième,  la 
deuxième  mue.  Il  dit  alors  que  «  cette  larve  possède  deux  articles  aux 
»   tarses  et  prend  tout  l'accroissement  nécessaire  pour  arriver  à  l'état  par- 

C.  R.,  1873,  2'  Semescre.  (T.  LXXVII,  N»  15.)  93 


{7'4) 
»  fait  et  ponJre  :  c'est  notre  type  mère  »  ;  et  il  ajoute  en  note  que  «  le  type 
»  mère,  rentèrmé  dans  les  galles,  est  complètement  identique.  » 

»  Or,  en  étudiant  avec  soin  les  galles,  j'y  ai  trouvé  trois  dépouilles  de 
l'insecte,  constituant  les  enveloppes  quittées  dans  les  trois  mues.  L'une 
d'elles,  la  plus  pâle,  est  celle  de  la  larve  jeune,  dépouille  facilement  recon- 
naissable  aux  antennes  et  aux  pattes  munies  de  longs  poils;  une  deuxième 
présente  un  seul  article  aux  tarses,  et  la  troisième  possède  deux  articles 
aux  tarses.  Ces  trois  mues  ont  été  trouvées  dans  des  galles  ne  contenant 
qu'un  seul  et  unique  insecte.  J'avais  déjà,  l'année  dernière,  au  mois  de 
septembre  {Comptes  rendus,  t.  LXXV,  p.  638)  signalé  l'existence  dans  les 
galles  de  ces  mues  au  nombre  de  trois. 

»  Ainsi,  sur  le  type  mère,  se  retrouvent  les  rudiments  des  tubercules,  et, 
dans  l'un  et  l'autre  type,  le  nombre  des  mues  est  le  même.  S'ils  ne  doivent 
pas  être  considérés  comme  identiques,  ils  sont  moins  dissemblables  au 
point  de  vue  morphologique  que  ne  le  pensait  le  D"^  Signoret. 

»  On  lit  dans  la  Note  citée  que  les  individus  tuberculeux  ne  se  ren- 
contrent que  du  i5  juillet  au  i5  septembre;  or  on  en  observait  déjà  le 
i"  mai  sur  de  grosses  racines  récoltées  à  Montpellier.  Ces  individus  me 
furent  montrés  par  M.  Dumas,  à  son  laboratoire  de  l'École  centrale. 

»  Enfin,  selon  M.  Signoret,  c'est  après  la  troisième  mue  que  les  insectes 
prennent  des  tubercules;  cela  n'est  pas  exact  non  plus.  On  rencontre 
des  Phylloxéras  tuberculeux  avant  la  troisième  mue  [le  dessin  ci-joint  le 
prouve  (i)],  avant  la  deuxième  aussi;  j'ai  même  observé  des  jeunes  qui 
présentaient  avec  évidence  des  commencements  de  tubercules.  Je  revien- 
drai plus  tard  sur  cette  question. 

))  En  résumé,  ces  deux  types,  le  type  mère  et  le  type  tuberculeux,  iden- 
tiques à  l'état  jeune,  n'offrent  pas,  à  l'état  adulte  ou  dans  leur  développe- 
ment, des  différences  aussi  considérables  que  l'affirme  le  D'  Signoret.  Le 
polymorphisme  semble  donc  être  plus  apparent  que  réel  ;  cela  n'empêche 
pas  cependant  qu'il  existe  entre  eus,  au  |)oint  de  vue  des  moeurs  et  dans  la 
manière  dont  ils  se  nourrissent  aux  dépens  des  vignes,  une  différence  con- 
sidérable; mais  il  faut  peut-être  attribuer  les  variations  de  l'insecte  à  une 
simple  modification  de  nutrition.  » 

(i)  Ce  dessin  représente  un  individu  dénué  de  tubercules,  qui  vient  de  dépouiller  une 
peau  tuberculeuse  ;  j'ai  représente  les  tubercules  de  cette  peau,  les  pattes  et  les  antennes 
qui  donnent  Vâgc  de  l'insecte,  c'est-à-dire  le  numéro  d'ordre  de  sa  mue. 


(7-5) 

M.  Gauban  du  Mont  adresse  une  Note  relative  à  l'inHiience  que  pour- 
rait avoir  la  culture  du  chanvre  pour  éloigner  des  vignobles  le  Phylloxéra. 

M.  Ë.  DE  Laval  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  du  sulfure  de  car- 
bone mélangé  avec  une  huile  végétale,  et  à  l'emploi  du  sulfure  de  potas- 
sium, contre  le  Phylloxéra. 

M.  Peyrat  adresse  des  documents  relatifs  à  l'efficacité  des  produits 
qu'il  a  indiqués  pour  combattre  le  Phylloxéra. 

Ces  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Phylloxéra. 

M.  Penart  adresse  une  Lettre  relative  à  son  travail  sur  la  richesse  al- 
coolique des  boissons. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Boussingault, 
Balard,  Cahours.) 

M.  O.  Tamin-Despalles  adresse  un  Mémoire  sur  le  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  L.  Hugo  adresse  une  Note  relative  à  la  sphère  considérée  comme 
tui  équidomoïde. 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Roulin.) 

CORRESPONDANCE. 

•  ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  grandeur  des  variations  du  diamètre  solaire. 

Note  de  M.  Respighi  (i). 

«  La  Note  du  P.  Secclii  [Nouvelles  recherches  sur  le  diamètre  solaire,  pu- 
bliées dans  les  Comptes  rendus  du  28  juillet  1873)  est  trop  complexe  pour 
pouvoir  être  analysée  et  discutée  en  peu  de  mois  dans  ses  différentes  par- 
ties; par  conséquent,  en  me  réserv;int  d'y  répondre  d'une  manière  dé- 
taillée dans  une  prochaine  publication,  je  demande  à  l'Académie  la  permis- 
sion de  faire,  pour  le  moment,  quelques  remarques  relatives  à  quelques- 
unes  des  critiques  présentées  par  l'illustre  astronome  sur  mon  instrument 
et  stir  mes  observations. 


(i)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  en  étendue  les 
limites  réglementaires,  serait  insérée  en  entier  au  Compte  rendu. 

93.. 


(7i6) 

))  Le  défaut  capital  de  mon  instrument  serait,  suivant  le  P.  Secchi,  la 
faiblesse  de  la  dispersion  des  prismes,  à  laquelle  il  attribue  la  production, 
dans  le  bord  de  l'image  spectrale  du  Soleil,  des  ondulations  plus  ou  moins 
marquées  que  l'on  obtient  quand  on  observe  à  la  lunette  simple  avec  les 
verres  colorés;  de  manière  que,  dans  mon  instrument,  le  bord  solaire  est 
ondulé  et  oscillant,  tandis  qu'il  serait  toujours  tranquille  et  bien  tranché 
dans  l'instrument  du  P.  Secchi,  pourvu  de  prismes  très-dispersifs. 

»  Si  le  P.  Secchi  avait  donné  la  théorie  de  sa  lunette  à  doidjle  com- 
binaison spectroscopique ,  il  serait  parvenu  sans  doute  aux  conclusions 
suivantes  : 

1°  Dans  la  lunette  avec  le  prisme  objectif,  ces  ondulations  sont  inévita- 
bles, si  l'air  n'est  pas  tranquille. 

»  2°  Dans  la  lunette  avec  le  prisme  à  vision  directe  devant  la  fente  du 
spectroscope,  ces  ondulations  sont  en  grande  partie  effacées;  non  pas  par 
effet  de  la  dispersion  des  prismes,  mais  par  une  déformation  produite  dans 
l'image  du  bord  solaire  par  la  réfraction  dans  le  prisme  fixé  devant  la  fente. 

»  Je  crois  que  pas  un  astronome  ne  s'accordera  avec  le  P.  Secchi  dans 
la  supposition  que  les  ondulations  du  bord  solaire  soient  produites  par 
des  ondes  atmosphériques,  agissant  séparément  et  successivement  sur  les 
rayons  des  différentes  réfrangibilités,  comme  dans  la  scintillation  chroma- 
tique des  étoiles  voisines  de  l'horizon.  Tout  le  monde  sait  que  l'oscilla- 
tion du  bord  solaire  à  de  grandes  hauteurs,  comme  l'oscillation  des  étoiles 
pendant  le  jour,  est  produite  par  des  réfractions  extraordinaires  plus  ou 
moins  sensibles,  à  cause  de  l'hétérogénéité  et  de  la  mobilité  des  masses  at- 
mosphériques, agissant  à  la  fois  sur  les  rayons  de  toutes  réfrangibilités; 
tandis  que  la  scintillation  des  étoiles  voisines  de  l'horizon,  pendant  la  • 
nuit,  est  produite  par  de  petites  déviations  ou  réfractions  momentanées, 
agissant  séparément  et  successivement  sur  les  rayons  des  différentes  cou- 
leurs; réfractions  produites  par  des  ondes  ou  masses  atmosphériques  hé- 
térogènes à  de  grandes  distances  de  l'observateur,  c'est-à-dire  là  où  ces 
rayons  sont  plus  ou  moins  séparés  les  uns  des  autres,  à  cause  de  la  disper- 
sion atmosphérique. 

»  Le  spectroscope  appliqué  à  la  lunette,  comme  pour  l'observation  des 
protubérances,  montre  avec  évidence  que  les  ondulations  du  bord  solaire 
sont  simultanément  formées  par  tous  les  rayons  du  spectre;  car,  en  obser- 
vant avec  la  fente  tangente  au  bord,  nous  voyons  se  projeter  sur  le  spectre 
atmosphérique  des  spectres  linéaires  complets,  eu  correspondance  au  som- 
met de  ces  ondulations. 


(  7'7  ) 

»  Par  conséquent,  on  doit  considérer  ces  ondulations  comme  une  partie 
intégrante  de  l'image  solaire,  et  considérer  connne  vicieuse  une  lunette  qui 
reproduit  cette  image  dépouillée  de  ces  apparences,  de  même  que  l'on 
devrait  accuser  d'imperfection  une  luneftequi  nousdounerait  l'image  solaire 
parfaitement  circulaire  près  de  l'horizon,  où  elle  est  nécessairement  aplatie, 
à  cause  de  la  réfraction  atmosphérique. 

»  Dans  l'instrument  du  P.  Secchi,  si  l'on  emploie  le  prisme  objectif, 
comme  les  rayons  lumineux  sont  réfractés  et  dispersés  avant  leur  arrivée  à 
l'objectif  de  la  lunette,  les  images  monochromatiques  du  Soleil  ne  sont 
point  altérées  dans  leur  forme,  et,  par  conséquent,  les  différentes  sections 
de  ces  images,  reçues  à  travers  la  fente  du  spectroscope,  sont  développées 
par  la  dispersion  du  second  prisme,  de  manière  à  former  une  portion 
plus  ou  moins  étendue  de  l'image  solaire,  en  correspondance  avec  la  posi- 
tion de  la  fente  sur  le  spectre  diffus  donné  par  le  prisme  objectif. 

1)  Celte  image  spectrale,  projetée  sur  le  spectre  fixe  de  la  lumière  diffuse 
par  l'atmosphère,  est  l'image  fidèle  du  disque  solaire,  lorsque  la  dispersion 
ap[)arente  du  prisme  objectif  est  égale  à  la  dispersion  effective  du  prisme 
du  spectroscope  ;  mais  elle  se  présente  allongée  ou  aijlalie  suivant  que  la 
première  dispersion  est  plus  ou  moins  inférieure  à  la  dernière,  et  les  taches 
et  les  facules  sont,  dans  la  même  proportion,  allongées  ou  aplaties,  tandis 
que  la  chromosphère  et  les  protubérances  conservent  leur  forme  régulière. 

»  Lorsque  le  bord  solaire  est  oscillant  ou  ondulé,  les  oscillations  et  les 
ondulations  doivent  également  se  présenter  dans  l'image  spectrale,  et  s'é- 
tendre à  la  partie  du  spectre  correspondant  à  leur  hauteur.  Voilà  ce  que 
doit  présenter  l'instrument,  suivant  la  théorie,  et  voilà  ce  que  je  vois  dans 
ma  lunette.  Si  l'air  est  tranquille,  je  trouve  le  bord  solaire,  près  du  point 
de  contact  avec  la  fente,  bien  tranché  et  tranquille;  la  raie  C  est  bien  dé- 
tachée du  bord  et  presque  aussi  intense  que  dans  le  spectroscope  simple,  et 
même,  en  ouvrant  un  peu  la  fente,  je  puis  voir  les  jets  et  les  filets  de  la 
chromosphère  et  les  protubérances,  mais  moins  bien  qu'avec  le  spectro- 
scope simple;  j'ai  pu  quelquefois  voir  la  raie  C  renversée  même  sur  le 
disque  solaire,  à  la  distance  de  plus  d'une  minute  du  bord,  dans  le  voisi- 
nage des  taches;  ce  fait  suffit  pour  prouver  que,  dans  mon  instrument,  il 
n'y  a  pas  défaut  de  dispersion. 

»  Mais  si  l'air  n'est  pas  tranquille,  le  bord  est  ondulé  et  oscillant,  et  la 
raie  hmiineuse  C  est  plus  ou  moins  noyée  dans  les  ondulations.  La  disper- 
sion apparente  de  mon  prisme  objectif  étant  à  peu  près  dans  le  rapport  de 
2  à  3  avec  la  dispersion  du  prisme  du  spectroscope,  l'image  solaire,  les 


(7i8) 
taches  et  les  facules  sont  allongées  clans  In  même  proportion,  quoique  bien 
distinctes  et  bien  définies.  Celte  oircoiistance  ne  permettrait  pas  d'em- 
ployer cet  instrument  pour  dessiner  les  accidents  de  la  surface  solaire, 
mais  elle  est  très-utile  pour  les  observations  de  la  durée  du  passage  du 
diamètre  du  Soleil,  car  elle  augmente  le  grossissement  de  la  lunette  spec- 
troscopiquedans  le  rapport  de  3  à  2,  sans  produire  aucune  altération  dans 
la  durée  cherchée,  ce  qui  rend  plus  facile  et  plus  sûre  l'observation  des 
contacts  des  bords  solaires  avec  les  raies  spectrales. 

»  Cet  allongement  de  l'image  solaire  doit  exister  aussi  dans  la  lunette 
du  P.  Secchi,  s'il  emploie  un  spectroscope  très-dispersif,  la  dispersion  de 
son  prisme  objectif  étant  bien  limitée. 

»  Le  P.  Secchi,  avec  le  prisme  objectif,  trouve  une  grande  différence 
entre  les  apparences  du  bord  observé  sur  la  raie  C,  à  l'extrémité  de  l'image 
spectrale  formée  sur  la  fente,  et  celle  de  l'autre  bord,  qui  tombe  sur  une 
partie  presque  blanche  de  cette  image;  dans  le  premier  bord,  la  raie  C  est 
très-bien  détachée  de  ce  bord  et  parfaitement  séparée,  tandis  que,  dans  le 
second  bord,  la  raie  C  est  à  peine  visible,  et  se  perd  au  milieu  de  l'agi- 
tation atmosphérique  dont  ce  bord  est  entouré,  pendant  que  l'autre  est 
très-tranquille. 

»  Dans  mon  instrument,  je  trouve  les  deux  bords  de  l'image  solaire  dans 
les  mêmes  conditions,  ou  de  tranquillité  ou  d'agitation,  avec  cette  seule 
différence  que  le  premier  est  plus  vif  que  l'autre,  et  que  la  raie  C  delà  chro- 
mosphère est  plus  intense  dans  le  premier  que  dans  le  second,  à  cause  de 
la  lumière  réfléchie  sur  ce  dernier  par  le  prisme  du  spectroscope,  et  non 
pas  par  la  lumière  vive  ou  blanche  tombant  sur  la  fente,  dont  les  rayons, 
dispersés  parle  même  prisme,  suivent  chacun  leur  marche  et  viennent 
former  un  spectre  très-pur,  lorsque  la  fente  est  suffisamment  rétrécie.  Dans 
mon  instrument,  ou  peut  très-facilement  se  débarrasser  de  cette  lumière 
diffuse,  qui  n'est  pas  rouge,  njais  verte,  en  employant  un  verre  rouge  peu 
absorbant,  avec  lequel  on  peut  voir  la  raie  C  également  intense  dans  les 
deux  bords,  également  séparée  du  bord  de  l'image  solaire. 

»  Celle  combinaison  spectroscopique,  quoiqu'elle  donne  les  raies  prin- 
cipales de  la  chromos])hère  et  des  protubérances  suffisamment  intenses, 
les  taches  et  les  facules  suffisamment  distinctes,  ne  peut  pas  faire  concur- 
rence au  spectroscope  simple  et  à  la  lunette  simple  dans  l'étude  de  ces 
objets;  car,  dans  ces  derniers  instruments,  les  observations  sont  certaine- 
ment plus  faciles  et  plus  sûres. 

»  Cette  conclusion  est  encore  mieux  applicable  à  la  seconde  combinai- 


(  7'9  ) 
son  spectrale  du  P.  Secchi,  c'est-à-dire  à  celle  du  prisme  à  vision  directe, 
appliqué  devant  la  fente  du  spectroscope,  car  elle  ne  peut  donner  que  des 
images  plus  ou  moins  déformées, 

M  Le  prisme  à  vision  directe  ne  fait  pas  converger  les  rayons  homogènes, 
provenant  de  chaque  point  du  Soleil,  en  un  foyer  commun,  mais  d'abord 
sur  une  ligne  focale  parallèle  au  plan  de  dispersion,  et,  plus  loin,  sur 
une  ligne  focale  perpendiculaire  à  ce  plan;  par  conséquent,  si  l'on  fixe 
la  fente  du  spectroscope  sur  la  première  ligne  focale,  où  l'image  mono- 
chromatique de  chaque  point  du  Soleil  est  transformée  en  une  ligne  paral- 
lèle au  plan  de  dispersion,  le  bord  solaire  tangent  à  la  fente  est  nécessai- 
rement diffus;  si  on  le  fixe  sur  la  seconde  ligne  focale,  où  l'image  de 
chaque  point  est  transformée  en  une  ligne  parallèle  à  la  fente,  le  bord 
solaire  à  cet  endroit  se  présente  bien  tranché;  mais,  dans  les  deux  cas, 
l'image  du  bord  solaire  et  celles  des  facules,  des  taches  et  des  protubérances 
sont  nécessairement  déformées. 

»  Probablement  le  P.  Secchi  observe  au  second  foyer,  car  c'est  là  seu- 
lement que  le  bord  solaire  est  bien  terminé  et  peu  oscillant,  parce  que 
les  ondulations  sont  en  partie  effacées,  et  en  partie  confondues  avec  le 
bord;  cependant,  de  cette  manière,  on  n'observe  pas  le  bord  vrai  du  So- 
led,  mais  un  bord  artificiel  ou  fictif,  et,  même  dans  ce  cas,  le  bord  de- 
vient oscillant  et  agité  lorsque  l'agitation  atmosphérique  est  assez  mar- 
quée. 

»  Le  P.  Secchi  a   expérimenté  cet  instrument   dans   l'observation   de 

l'éclipsé  solaire  du  25  mai  1 873  :  malgré  un  succès  complet,  malgré  la  com- 
modité plus  grande  de  cet  appareil  pour  les  observations,  malgré  sa  con- 
struction plus  simple  et  moins  coûteuse,  il  a  cru  devoir  engager  les  astro- 
nomes qui  seraient  disposés  à  se  servir  de  son  instrument,  pour  l'observation 
du  passage  de  Vénus,  à  donner  la  préférence  au  prisme  objectif,  parce  que 
les  prismes  à  vision  directe  absorbent  trop  de  lumière  et  sont  sujets  à  des 
avaries.  Ce  conseil  bien  tardif  du  P.  Secchi  prouve  qu'il  n'a  pas  été  complè- 
tement satisfait  de  son  observation,  et  je  crois  qu'on  doit  l'attribuer  bien 
moins  à  l'absorption  du  prisme  qu'à  l'indécision  du  bord  lunaire  et  à  la 
déformation  du  bord  solaire.  C'est  ainsi,  je  crois,  qu'on  doit  expliquer 
aussi  la  différence  entre  les  résultats  de  celte  observation  et  ceux  que  j'ai 
obtenus  par  un  moyen  plus  sûr,  celui  du  spectroscope  simple  à  fente  élar- 
gie, avec  lequel  j'ai  observé  cette  éclipse. 

M  II  est  certain  que,  dans  les  relations  du  P.  Secchi  sur  l'observation  de 
cette  éclipse,  il  y  a  des  circonstances  qui  no  peuvent  pas  s'accorder  avec  le 


(    720    ) 

mouvement  relatif  de  la  Lune  et  du  Soleil  aux  moments  des  contacts  ;  car, 
pour  les  expliquer,  il  faudrait  supposer  que  ce  mouvement  était  assez  ra- 
pide, tandis  qu'il  est  incontestable  que,  pour  nous,  la  Lune  ne  s'approche 
du  Soleil  qu'en  raison  de  i  seconde  d'arc  en  8  secondes  de  temps.  Par 
exemple,  le  P.  Secchi  assure  que,  47  secondes  après  le  dernier  contact,  la 
Lune  avait  déjà  franchi  toute  la  hauteur  de  la  chromosphère  à  la  distance 
de  i5  secondes,  tandis  qu'elle  n'aurait  pu  franchir  cet  espace  que  dans  un 
temps  supérieur  à  2  minutes. 

»  Je  regrette  de  ne  pouvoir  pas,  dans  cette  Note,  entrer  dans  les  détails 
de  la  théorie  de  cet  instrument  :  j'espère  que  ce  qui  précède  suffira  pour 
prouver  que  les  assertions  du  P.  Secchi  sur  les  imperfections  de  mon  in- 
strument ne  sont  pas  fondées,  et  que  je  ne  mérite  pas  le  reproche  de  témé- 
rité pour  avoir  cherché  à  vérifier,  avec  mon  instrument,  les  résultats  obte- 
nus avec  la  grande  lunette  du  Collège  romain;  si  j'ai  contesté  la  vérité 
de  quelques-uns  de  ces  résultats,  je  crois  l'avoir  fait,  non  pas  d'après  de 
simples  assertions,  mais  par  de  nombreuses  et  consciencieuses  obser- 
vations. 

»  J'espère  que  l'Académie,  en  vue  de  l'importance  de  la  question  sou- 
levée par  le  P.  Secchi,  relativement  à  la  grandeur  du  diamètre  solaire  et 
à  ses  variations,  me  permettra  de  discuter,  dans  une  seconde  Note,  les 
objections  présentées  contre  les  résultats  de  mes  observations,  et  d'établir 
la  vérité  de  mes  conclusions  par  les  résultats  de  plusieurs  séries  d'obser- 
vations, que  j'ai  voulu  exécuter  avant  de  répondre  à  la  Note  de  l'illustre 
Directeur  de  l'Observatoire  du  Collège  romain.    » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  le  fonctionnement  de  iappareU  respira- 
toire après  l'ouverture  de  la  paroi  tlioracique.  Note  de  MM.  G.  Caulet 
et  I.  Straus,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  Une  question  souvent  débattue  en  Médecine  est  celle  de  l'opportunité 
de  l'opération  de  l'empyème,  dans  les  cas  d'épanchements  purulents  de  la 
plèvre.  Les  dissidences  qui  se  manifestent  encore  tous  les  jours  à  cet  égard 
tiennent,  sans  aucun  doute,  à  ce  que  les  phénomènes  physiques  qui  se 
passent  dans  l'appareil  pulmonaire,  à  la  suite  de  cette  opération,  n'ont  pas 
été  soumis  au  contrcMe  des  procédés  exacts  de  la  méthode  expérimentale. 

»  La  question  à  résoudi-e  est  celle-ci  :  après  l'ouverture  de  la  plèvre,  le 
poumon  reste-t-il  immobile,  ou  se  meut-il  dans  une  certaine  mesure?  Les 
recherches  que  nous  présentons  à  l'Académie  ont  été  entreprises  dans  le 


(    721     ) 

but  d'éclairer  ce  point  de  physique  médicale,  et  nous  avons  eu  recours  à 
l'emploi  de  la  méthode  graphique. 

»  Le  sujet  de  nos  expériences  a  été  un  malade  que  nous  avons  observé, 
à  l'Hôtel-Dieu,  dans  le  service  de  M.  le  professeur  Béhier.  C'était  un  homme 
de  trente  ans,  entré  à  l'hôpital  pour  mie  pleurésie  purulente,  qui  nécessita 
l'opération  de  l'empyème.  Trois  mois  après,  au  moment  de  nos  expériences, 
cet  homme  présentait  encore  un  trajet  fistuleux,  de  la  grosseur  du  petit 
doigt,  par  lequel  on  pouvait  faire  pénétrer  dans  la  plèvre  environ  un  tiers 
de  litre  de  liquide.  L'état  excellent  dans  lequel  le  sujet  se  trouvait  alors  lui 
a  permis  de  se  livrer,  sans  aucune  fatigue,  aux  explorations  dont  il  fut 
l'objet. 

»  Le  malade  était  assis  auprès  d'une  table,  sur  laquelle  se  trouvaient  des 
tambours  à  levier  et  un  cylindre  enfumé  constituant  l'appareil  enregis- 
treur. Deux  pneumographes  (r)  de  Marey  et  un  tube  de  caoutchouc  à  pa- 
rois épaisses  servaient  d'appareils  explorateurs.  Les  pneumographes  étaient 
appliqués  sur  la  cage  thoracique,  au  niveau  de  la  fistule,  ou  de  chaque 
côté,  et  le  tube  de  caoutchouc  était  introduit  dans  la  cavité  pleurale  par 
l'oiivertnre  thoracique,  qu'il  obturait  parfaitement.  Les  choses  étant  ainsi 
disposées,  le  malade  pouvait  respirer  librement  ou  tousser  sans  difficulté. 
C'est  dans  ces  conditions  que  nous  avons  obtenu  les  tracés  ci-contre  : 

»  La  courbe  A  est  fournie  par  le  tube  intra-pleural  ;  la  courbe  B  est  le 
tracé  des  mouvements  de  la  paroi  thoracique  du  côté  sain,  et  la  courbe  C 
celui  des  mouvements  de  la  paroi  malade. 

»  Dans  tous  ces  tracés,  jusqu'à  la  rencontre  de  la  ligne  verticale  c,  le 
sujet  en  expérience  respire  tranquillement.  De  c  en  /,  il  tousse,  et,  à  partir 
de  ce  dernier  point,  la  respiration  redevient  calme.  Il  faut  aussi  noter  que, 
de  cen  h,  le  cylindre  est  animé  d'un  mouvement  de  rotation  un  peu  [)!us 
rapide,  pour  donner  plus  de  développement  au  tracé  de  la  toux,  qu'il  était 
important  d'analyser  avec  soin. 

»  Dans  les  deux  courbes  B  et  C,  les  parties  ascendantes  correspondent 
à  l'expiration  et  les  descendantes  à  l'inspiration.  Le  parallélisme  de  ces 
courbes  montre  que  les  deux  parois  thoraciques  se  comportent  de  la  même 
manière,  à  l'amplitude  près,  celle-ci  étant  moindre  que  le  côté  malade. 

»  Si  nous  examinons  maintenant  le  tracé  A,  nous  voyons  que,  de  A  en 
a,  c'est-à-dire  pendant  l'inspiration,  il  se  produit  une  aspiration  dans  la 

(i)  Appareil  enregistreur  des  mouvements  de  la  cage  thoracique. 

C.  R.,  1S73,  2«  Seme$tre.  (T.  LXXVII,  N"  15.)  0)f\ 


(    722    ) 

cavité  pleurale,  tandis  que,  de  a  en  b,  pendant  l'expiration,  c'est  une  souf- 
flerie qui  a  lieu,  de  dedans  en  dehors,  par  l'ouverture  tlioracique.  En 
d'autres  ternies,  pendant  la  respiration  normale,  l'air  contenu  dans  la 
plèvre  se  comporte,  vis-à-vis  de  la  fistule  thoracique,  comme  l'air  contenu 
dans  le  poumon  sain  vis-à-vis  de  l'ouverture  de  la  glotte. 


))  Il  suit  de  là  que,  si  l'ouverture  thoracique  est  fermée,  il  y  aura  dilata- 
tion de  l'air  pleural  et,  par  suite,  tendance  au  développement  du  poumon 
pendant  l'inspiration,  tandis  que,  au  contraire,  pendant  l'expiration,  il  y 
aura  compression  de  cet  air  et  tendance  au  resserrement  du  poumon.  Cette 
double  tendance  existe  aussi,  mais  à  un  moindre  degré,  quand  la  plèvre 
est  ouverte,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  au  moyen  d'un  appareil 
schématique.  Mais  voyons  si,  chez  notre  malade,  le  poumon  obéira  aux 
forces  qui  agiront,  soit  pour  le  dilater,  soit  pour  le  rétracter. 

»  Si  l'on  ordonne  au  malade  de  tousser,  on  observe,  pendant  l'effort  qui 
précède  la  toux,  une  ascension  très-brusque,  cd  de  la  courbe  A,  puis,  au 
moment  où  se  produit  la  toux,  une  descente  également  très-brusque  ej. 
I/ascension  n'est  pas  produite  par  le  seul  mouvement  d'abaissement  de  la 
cage  thoracique,  car  alors  elle  ne  dépasserait  pas  le  niveau  h  de  la  courbe 
abc,  elle  prouve  donc  que  le  poumon  s'est  développé.  Quant  à  la  des- 
cente, elle  se  produit  aussi  pendant  l'expiration  et  montre  que  le  poumon 
revient  sur  lui-même;  car,  s'il  n'en  était  pas  ainsi,  il  y  aurait  ascension  et 
non  de.sccnle  de  la  courbe. 


(  7^3  ) 

»  Nous  avons  donc  maintenant  la  preuve  certaine  que,  après  l'opération 
de  renipyème,  le  poumon  peut  se  dilater  et  se  rétracter  ;  il  obéira,  par  con- 
séquent, aux  tendances  que  nous  avons  signalées. 

»  Il  semble,  au  premier  abord,  paradoxal  que  le  poumon  malade  se 
développe,  pendant  l'expiration,  immédiatement  avant  la  toux;  mais,  à  ce 
moment,  le  malade  fait  un  effort,  et,  par  suite  de  l'occlusion  de  la  glotte, 
l'air  contenu  dans  les  poumons  ne  peut  trouver  une  issue.  Comme  le  mou- 
vement d'expiration  s'exerce  surtout  du  côté  sain,  cet  air  est  refoulé  en 
partie  dans  le  poumon  malade.  Ce  dernier  se  développe  alors  brusquement, 
et  c'est  à  ce  développement  qu'est  due  la  différence  de  niveau  db.  La  ligne 
horizontale  de  correspond  au  moment  où,  la  glotte  restant  fermée,  le  pou- 
mon a  atteint  son  volume  maximum.  En  e,  la  glotte  s'ouvre  brusquement  et 
la  toux  se  produit.  Le  poumon  revient  alors  sur  lui-même,  d'abord  très- 
rapidement  de  e  en  /,  puis  très-lentement  de/en  p,  et,  à  partir  de  ce  point, 
l'inspiration  recommence. 

»  L'auscultation  permettait  d'entendre  très-nettement  le  murmure  vési- 
culaire  du  côté  malade;  mais  ce  signe  ne  peut  avoir  de  valeur  qu'autant 
qu'on  a  démontré  les  mouvements  du  poumon.  Ceux-ci  étant  prouvés,  l'aus- 
cultation confirme  les  conséquences  du  tracé. 

»  En  résumé,  après  l'ouverture  de  la  paroi  thoracique  : 

n  i"  Le  poumon  du  côté  lésé  suit,  dans  une  certaine  mesure,  les  mouve- 
ments de  la  cage  thoracique,  se  développant  pendant  l'inspiration  et  se  ré- 
tractant pendant  l'expiration;  il  se  comporte  donc,  à  l'amplitude  près, 
comme  le  poumon  sain. 

»  2°  Pendant  l'occlusion  de  l'ouverture  thoracique,  il  y  a  exagération 
des  phénomènes  précédents,  et,  par  suite,  on  devra,  après  l'opération  de 
l'empyème,  tenir  la  plaie  fermée,  aussi  hermétiquement  que  possible,  au 
moyen  d'un  appareil  en  caoutchouc. 

»  3°  Les  efforts  répétés,  après  l'opération,  constituent  une  sorte  de  gyiïi* 
nastique  pulmonaire  que  le  médecin  pourra  utilement  employer.  » 

ZOOLOGIE.  —  De  la  classification  des  Poissons  (jui  composent  la  famille  des  Tri-' 
glides  [Joues-cuirassées  de  Cuvier  et  Valenciennes).  Note  de  M.  H.-E. 
Sauvage,  présentée  par  M.  E.  Blanchard. 

(i  Le  groupement  si  différent  des  genres  qui  constituent  la  famille 
des  Joues-cuirassées  de  Cuvier  et  Valenciennes  prouve  surabondamment 
que  les  caractères  admis  pour  les  familles  ou  les  sous-familles  entre  les- 

94.- 


(  7^4  ) 
quelles  ont  été  répartis  ces  poissons  (i)  sont  complètement  artificiels  et 
arbitraires;  c'est  ainsi  que  les  divers  groupes  sont  établis  d'après  la  nature 
des  téguments,  la  longueur  plus  ou  moins  grande  de  l'anale  comparée  à 
la  dorsale  molle,  les  rapports  des  deux  dorsales  entre  elles,  etc.  Des  tra- 
vaux relatifs  à  la  classification  des  collections  ichthyologiquesdu  Muséum, 
dont  M.  le  professeur  Blanchard  a  bien  voulu  me  charger,  m'ont  conduit 
à  une  recherche  des  affinités  naturelles  qui  existent  entre  les  espèces  du 
groupe  des  Joues-cuirassées;  c'est  la  conclusion  de  ce  travail  qne  j'ai  l'hon- 
neur de  soumettre  à  l'Académie. 

»  Par  l'examen  du  crâne,  on  reconnaît  deux  types  différents.  Dans  le 
premier  groupe,  qui  comprend  les  Tricjles,  Prionotus,  Periilhedion,  Dacty- 
lopteriis,  Ceplialacantluis,  vrais  types  des  Joues-cuirassées,  la  joue  est  entière- 
ment recouverte  par  les  sous-orbitaires  s'articulant  eu  avant  avec  le  mu- 
seau, en  arrière  avec  presque  toute  l'étendue  du  préopercule.  Dans  le 
second  groupe,  au  contraire,  Scorpène,  Sébasle,  Pterois,  Colle,  Platj'cépitale, 
la  partie  supérieure  seule  de  la  joue  est  protégée,  et  les  sous-orbitaires 
forment  une  bande  osseuse  étendue  en  travers  du  museau  au  préopercule. 

»  Dans  ce  dernier  groupe,  les  Scorpènes  et  les  Cottes,  le  vomer  donne 
une  branche  supérieure  ou  manche  qui  se  voit  entre  le  prolongement  des 
frontaux  et  des  branches  internes  des  intermaxillaires.  Chez  les  Trigles,  il 
n'en  est  pas  ainsi  :  on  remarque,  recouvrant  le  vomer  comme  lui  toit,  une 
large  plaque  unique  formée  par  la  soudure  des  nasaux,  et,  comme  l'ont 
fait  observer  Cuvier  et  Valencienoes,  le  museau  est  constitué  par  la  sou- 
dure immobile  des  frontaux  antérieurs,  des  nasaux,  de  l'extrémité  antérieure 
de  l'ethmoide  et  même  du  vomer.  Nous  ne  retrouvons  jamais  celte  fusion 
intime  chez  les  Scorpènes.  Dans  les  Pèristhédions,  la  plaque  a  les  mémos 
rapports  généraux  que  chez  les  Trigles.  Dans  les  Dactyloptères,  chez  les- 
quels le  museau  est  tronqué,  la  plaque  recouvre  complètement  les  branches 
montantes  des  intermaxillaires  et  se  met  en  rapport  avec  l'extrémité  des 
préorbitaircs  ;  on  doit  noter  qu'une  fente  assez  large  sépare  cette  plaque  des 
frontaux  antérieurs. 

»   Pour  ce  qui  est  de  la  terminaison  de  la  colonne  vertébrale,  les  carac- 


(i)  M.  Gunllicr  iulnul  quatre  soiis-lamilles  :  les  Heteroîepidini,  lus  Scoipœiiinri  [Scbnstfs, 
Scorpœna,  Pcerois,  Apistcs,  Minous,  Peloi),  les  Cottina  (Cottiis,  Fltilyrcphalus,  Trigla),  les 
Cataphnicti.  Ces  sous-ramilles  sont  élevées  au  lany  de  faiiiilles  par  MM.  Swainsoii  et  Gi- 
rard. Les  l'aïuilles  de  M.  Jeiiys  sont  :  Triglidu:  [Trigia,  Piiuiiotus),  Cottidte  (Aspidophores, 
Plalyeépliales,  Cottes),  les  Scorpœnklœ  (Sébastcs,  Scorpène). 


(  7^5  ) 
tèrcs  fournis  par  celle-ci  ne  paraissent  pas  correspondre  à  ceux  fournis  par 
le  crâne.  Dans  le  groupe  des  Scorpènes,  les  genres  Sébasie,  Scorpène,  Plérois 
présentent  une  terminaison  identique  de  la  colonne  vertébrale,  tandis  que 
chez  les  Cottes,  qui,  par  leur  crâne,  ne  peuvent  en  rien  être  séparés  des 
Scor|)ènes,  la  colonne  vertébrale  est  construite  et  terminée  tout  différem- 
ment. Le  genre  Platycéphale,  que  nous  verrons  constituer  im  petit  groupe 
distinct,  tend,  par  la  colonne  vertébrale,  vers  le  type  des  Cntapliracti. 
Quant  au  type  Trigle  [Trigla,  Prionotus),  quoique  par  le  crâne  il  soit  du 
type  Cataphracli,  par  la  colonne  vertébrale  il  est  un  type  à  part,  aussi 
distinct  du  type  Scorpène  et  du  type  Cotte  que  du  type  Calopliracli  [Peri- 
stedion  catapittaclum,  Acjonus  calapliractus,  CcphalacaiUltus  spinareltn,  Dcwly- 
lopteriis  volitans). 

a  Chez  les  Trigles,  on  remarque  sur  la  moelle  épinière,  en"  arrière  du 
calannts  scilptorius^  de  quatre  à  six  tubercules  ganglionnaires,  tandis  que 
rien  de  semblable  ne  s'observe  chez  nos  Scorpènes  [S.  scrofa,  poicus),  ni 
chez  nos  Cottes  (C  gobio,  bithalis,  srorpiiis)^  d'après  M.  Em.  Moreau.  Les 
Trigles  ont  les  branchies  doubles  et  cinq  fentes  branchiales;  les  Coites 
et  les  Scorpènes,  trois  branchies  entières  et  une  demi-branchie;  il  y  a 
donc  seulement  quatre  fentes  branchiales,  le  quatrième  arc  branchial  en- 
voyant une  membrane  s'appliquer  sur  les  parois  de  la  chambre. 

»  Quoique  ayant,  dans  la  disposition  générale  des  os  du  crâne,  de  nom- 
breux rapports  avec  les  Scorpœni,  les  Plalycéphales  s'en  éloignent  toutefois 
trop,  par  la  disposition  de  leur  bassin,  pour  qu'on  ne  doive  pas  les  dis- 
tinguer. Chez  les  Scorpœni,  le  bassin  est  constitué  par  deux  os  intimement 
soudés  l'un  à  l'autre,  venant  s'intercaler  par  la  pointe  entre  l'extrémité 
de  l'arc  pectoral  et  formant  une  tige  médiane  qui  supporte  les  ventrales 
placées  l'une  contre  l'autre.  Chez  les  Platycéphales,  il  n'en  est  plus  ainsi: 
les  deux  os  du  bassin  sont  largement  séparés,  de  sorte  que  les  ventrales 
sont  très-écartéos  l'une  de  l'autre;  par  son  extrémité,  l'os  du  bassin  vient 
se  mettre  en  contact  avec  l'humérus;  à  sou  extrémité  postérieure,  chaque 
os  du  bassin  fournit  une  branche  transverse  qui  se  met  en  rapport  avec  une 
branche  fournie  par  l'os  du  côté  opposé. 

»  Ceci  étant,  les  trois  groupes  ou  tribus  que  l'on  peut  admettre  se  ca- 
ractériseront ainsi  (i)  : 

(i)  Il  faut  séparer  des  Joues-cuirassées  lesÉpinoches,  qui,  d'après  les  Uavaux  de  MM.  Blan- 
chard et  Guntlier,  constituent  une  famille  à  pari  ;  les  ^lonoccntrcs,  qui  rentrent  dans  la  famille 
des  Bcrycidœ  de  M.  Gûnllier;  VOreosoiiia  qui,  d'après  les  travaux  de  M.  Lowe,  doit  se  placer 
parmi  les  Sconibcridœ,  à  cote  des  Zcus  et  des  Cyttus. 


(  7^6) 

«  I.  ScoBP.ENiD.E  :  Dentition  faibie,  dents  en  velours,  pas  de  canines.  Sous-orbitaircs  s'ar- 
ticulant  d'une  manière  mobile  avec  le  préopercule,  ne  couvrant  jamais  toute  la  joue;  os 
nasaux  libres  et  petits.  Peau,  ou  nue  ou  revêtue  d'écaillés,  parfois  épineuse,  jamais  cui- 
rassée. Ventrales  thoraciques  supportées  par  un  os  du  bassin  long,  les  dpux  os  étant  en  con- 
tact et  soudés.  Des  pseudobranchies  :  trois  branchies  entières  et  une  demi-branchie;  quatre 
fentes  branchiostéges.  Pas  de  tubercules  sur  la  moelle,  en  arrière  du  calnmus  scriptorius. 

»  A.  Scorpœni  :  Corps  revêtu  d'écaiiles  ordinaires  [Sebastes,  Scoipœna,  Pterois,  Tœnia- 
nrtus,  groupe  des  Jpistcs). 

»  B.  Cotti'ii  :  Corps  ou  nu  ou  portant  des  écailles  épineuses  (HemitripCenis,  Sjnan- 
cidium,  SyNciriceia ,  Minons,  Pelor,  groupe  des  Cottes,  Iceliis,  Triglops,  Polycaulus ,  Hemi- 
lepidotiis). 

«  II.  Platïcïpbalid.e  :  Tête  aplatie  et  comme  écrasée.  Corps  aplati  antérieurement. 
Dentition  faible,  pas  de  canines.  Deux  dorsales;  la  première  épine  séparée  des  autres.  Ven- 
trales thoiaciques,  largement  séparées;  os  du  bassin  jamais  réunis  ni  soudés,  laissant  entre 
eux  un  très-grand  intervalle  [Plntyccplialas). 

»  III.  Triglid*  :  Sous-orbitaire,  s'articulant  d'une  manière  presque  fixe,  ou  du  moins 
à  peine  mobile  avec  le  préopercule,  et  couvrant  toute  la  joue.  Nasaux  soudés  en  grande 
Iliaque,  conviant  la  plus  grande  partie  du  museau.  Ventrales  thoraciques  et  réunies.  Pseudo- 
branchies;  arcs  briinchiaux  complets;  cinq  fentes  branchiostéges.  De  quatre  à  six  tuber- 
cules ganglionnaires  à  l'origine  de  la  moelle. 

»  A.  Triglini.  i"  groupe,  Trigli  :  corps  revêtu  d'écaillés  ordinaires  [Trigla,  Lcpklo- 
trigla,  Prionotiis,  Bemhrcis);  n."  groupe  :  corps  ayant  des  écailles  et  des  plaques  :  Boplichthyi 
[Hoplichthys). 

»  B.  Cataphrncti.  \"  groupe  :  un  interpariétal:  Dartyloptcri  [Dactyloptcriis,  Cephala- 
canthus);  i"  groupe  :  pas  d'interpariétal  :  Pcristhi  [Agonus,  Agonomalas,  Peristhedion),   » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  relatives  à  V action  de  la  cha- 
leur sur  le  virus  charbonneux.  Note  de  M.  C.  Dav.une,  présentée  par 
M.  Boiiley. 

«  Dans  ces  dei'nières  années,  on  s'est  beaucoup  occupé  de  l'étude  de 
divers  agents  qui  puissent  détruire  facilement  les  matières  sepliques  on  les 
virus,  et  s'opposer  ainsi  au  développement  et  à  la  propagation  des  maladies 
infectieuses  ou  contagieuses;  mais  généralement  ces  recherches  n'ont  point 
eu  toute  la  précision  désnable,  parce  qu'on  ne  possédait  pas  un  moyen 
certain  de  constater  si  le  virus  avait  été  complètement  détruit. 

))  Mes  travaux  sur  la  putréfaction  et  sur  la  maladie  charbonneuse  ont 
donné  un  moyen  facile  de  reconnaître  si  les  agents  virulents  qu'elles  ren- 
ferment ont  été  détruits  par  les  diverses  substances  avec  lesquelles  ils  ont 
été  mis  en  contact.  En  effet,  un  cent  millième  ou  même  un  millionième  de 
gotitte  de  sang  contagieux  injecté  sous  la  peau  d'un  cobaye  ou  d'un  lapin 


(    72?    ) 

suffit  pour  clélerminer  la  maladie  et  la  mort  de  ces  animaux;  ainsi  de  l'eau 
dans  laquelle  on  introduit  une  quantité  infiniment  petite  de  sang  charbon- 
neux ou  septicémique,  et  en  même  temps  l'agent  antiseptique  que  l'on 
veut  expérimenter,  déterminera  la  mort  du  lapin  ou  du  cobaye  auquel  on 
en  injectera  une  seule  goutte,  si  l'agent  antiseptique  n'a  pas  détruit  le 
virus.  Je  me  propose  de  communiquer  prochainement  à  l'Académie  le  ré- 
sultat de  mes  recherches  sur  les  substances  antiseptiques;  aujourd'hui  je 
ne  parlerai  que  de  l'action  de  la  chaleur  sur  le  virus  charbonneux. 

»  J'avais  fait,  il  y  a  plusieurs  années,  sur  cette  question  d'assez  nom- 
breuses recherches  qui  m'avaient  donné  des  résultats  contradictoires  :  c'est 
que  le  sang  coagulé,  introduit  sous  la  peau  des  petits  animaux',  donne 
souvent  lieu  à  des  inflammations  ou  à  des  abcès  qui  s'opposent  à  l'absorp- 
tion du  virus;  mais  de  l'eau  contenant  un  cinq  millième  ou  un  dix  millième 
de  sang  reste  limpide  sous  l'action  de  la  chaleur,  et  peut  être  injectée  sous 
la  peau,  à  la  dose  d'une  ou  de  plusieurs  gouttes,  sans  déterminer  aucune 
inflammation  locale  qui  s'oppose  à  l'absorption  du  virus  qu'elle  peut  con- 
tenir. 

»  Si  donc  la  chaleur  tue  le  virus  charbonneux,  une  goutte  d'eau  con- 
tenant un  cinq  millième  ou  un  dix  millième  de  sang  charbonneux,  injectée 
sous  la  peau  d'un  cobaye,  n'aura  aucune  action  sur  cet  animal  ;  mais  elle 
en  déterminera  la  mort  d'une  manière  certaine  dès  que  le  degré  de  chaleur 
sera  insuffisant  pour  tuer  le  virus. 

»  J'avais  reconnu,  par  ce  procédé,  que  le  virus  de  la  septicémie  n'est 
nullement  détruit  par  une  ébuUition  prolongée;  mais  il  n'en  a  pas  été  de 
même  pour  le  virus  charbonneux.  Des  expériences  successives,  faites  à  des 
degrés  de  température  sans  cesse  décroissants,  m'ont  amené  à  reconnaître 
qu'à  55  degrés  C.  le  virus  charbonneux  est  toujours  détruit  dans  l'espace 
de  cinq  minutes.  Il  peut  l'être  encore  par  une  température  de  48  degrés  C; 
mais  alors  il  faut  qu'il  soit  soumis  à  cette  chaleur  pendant  un  quart  d'heure 
au  moins.  A  5o  degrés  C,  il  suffit  de  dix  minutes. 

»  Ce  résultat,  tout  à  fait  inattendu,  m'ayantfait  reconnaître  que  le  sang 
charbonneux  perd  ses  facultés  virulentes  par  une  température  qui  ne  le 
coagule  pas  encore,  j'ai  répété  ces  expériences  avec  du  sang  non  mêlé 
d'eau;  et,  dans  cette  condition,  le  virus  n'est  détruit  que  par  une  tempé- 
rature un  peu  plus  élevée.  Après  un  quart  d'heure,  il  perd  sa  virulence  à 
5i  degrés  C. 

»  Le  principe  virulent  du  sang  charbonneux  est  formé,  comme  on  le  sait 
aujourd'hui,  par  de  petits  végétaux  de  la  famille  des  vibrioiiiens,  que  ydi 


(  7^8  ) 
.nppelés  (les  harU'ridies.  Or,  chez  clos  animaux  et  choz  des  végélaiix  dits 
7-esstiscitants,  chez  les  rotifères  surtout,  une  température  voisine  de  i  oo  degrés 
n'empêche  pas  la  reviviscence,  lorsque  ces  petits  êtres  ont  été  préalable- 
ment bien  desséchés;  elle  les  tue,  au  contraire,  toujours  lorsqu'ils  sont 
humides.  J'ai  constaté  que  les  mêmes  facultés  existent  dans  les  bactéridies 
charbonneuses,  car  du  sang  rapidement  desséché  en  présence  du  chlorure 
de  calcium,  puis  soumis  à  une  température  de  loo  degrés  pendant  cinq 
minutes,  a  tué  les  animaux  auxquels  il  a  été  inoculé.  Les  bactéridies  avaient 
donc,  dans  ces  cas,  conservé  leur  vitalité. 

»  Les  travaux  de  M.  Pasteur  ont  fait  connaître  que  les  petits  végétaux 
filiformes  qui  se  développent  dans  le  vin  et  qui  l'altèrent  sont  détruits  par 
une  température  de  60  degrés  C.  à  70  degrés  C,  et  c'est  sur  cette  pro- 
priété qu'est  fondé  le  procédé  de  conservation  des  vins  par  la  chaleur. 

»  J'ai  reconnii  moi-même  que  des  bactéries  mouvantes,  qui  déterminent 
la  pourriture  de  certains  végétaux,  sont  tuées  par  une  température  de 
S2  degrés  C.  La  pourriture  qu'elles  occasionnent  dans  les  plantes  grasses 
et  qui  les  envahit  complètement  est  arrêtée  par  l'exposition  du  végétal 
envahi  à  une  température  de  Sa  degrés  C.  à  55  degrés  C,  pendant  une 
demi-heure.  {Dictionnaire  des  Sciences  médicales,  art.  BACTÉRIE,  1868). 

»  Ces  faits  m'ont  porté  à  croire  que  Ton  pourrait  détruire  de  la  même 
manière  le  virus  charbonneux  chez  les  animaux;  mais  les  travaux  de 
M.  Cl.  Bernard  nous  ont  appris  que  les  mammifères  meurent  instantané- 
ment lorsque  leur  sang  acquiert  une  température  de  45  degrés  C. 

M  Toutefois,  souvent  le  charbon  est  primitivement  local,  et  c'est  presque 
toujours  le  cas  chez  l'homme  pour  cette  maladie,  qui  commence  sons  la 
forme  d'une  simple  pustule  (pustule  maligne). 

»  Afin  de  reconnaître  si  une  partie  d'un  animal  peut  être  échauffée  iso- 
lément jusqii'à  5i  degrés  C,  j'ai  fait  siu'  l'oreille  des  lapins  plusieurs  expé- 
riences qui  ont  été  toutes  négatives.  Sous  l'influence  de  la  chaleur,  la  circu- 
lation s'accélère  beaucoup,  et  les  tissus,  traversés  rapidement  par  le  sang, 
n'acquièrent  qu'un  petit  nombre  de  degrés  de  chaleur  au-dessus  de  la 
normale.  En  suspendant  la  circulation  par  la  compression  des  vaisseaux, 
j'ai  obtenu  de  meilleurs  effets,  et  même  j'ai  empêché  le  développement  du 
charbon;  mais  assez  souvent  la  partie  de  l'oreille  dans  laquelle  le  sang  ne 
circule  plus  tombe  en  sphacèle.  En  comprimant  la  partie  inoculée  de 
l'oreille  avec  un  corps  dur  et  chauffé  à  5i  degrés  C.  pendant  un  quart 
d'heure,  j'ai  plusieurs  fois  empêché  le  développement  du  charbon.  La 
circulation  étant  suspendue  dans  la  partie  comprimée,  celle-ci  s'échauffe 


(  729  ) 
facilement  a»  degré  voulu;  il  ne  reste  à  la  suite  qu'une  légère  inflamma- 
tion qui  se  dissipe  bientôt. 

»  J'ai  reconnu  que  la  pustule  maligne  cliez  l'homnie  est  toujours  siqier- 
ficielle  au  début;  elle  se  produit  sous  l'épiderme,  dans  le  corps  muqueux 
delà  peau,  couche  cellulaire  tout  à  fail  dénuée  de  circulation  sanguine,  La 
compression  au  moyen  d'un  corps  diu',  un  marteau,  par  exemple,  maintenu 
à  une  température  de  5i  degrés  C,  doit  facilement  faire  pénétrer  la  chaleur 
dans  toute  l'épaisseur  de  la  pustule  et  tuer  par  conséquent  toutes  les  bacté- 
ridies  qui  s'y  trouvent. 

»  Par  un  procédé  que  j'ai  fait  connaître  à  l'Académie  de  Médecine,  j'ai 
produit  à  l'intérieur  de  la  cuisse,  chez  des  cobayes,  des  vésicules  charbon- 
neuses analogues  à  la  pustule  maligne  et,  quoique  cet  animal  soit  de  tous 
le  plus  facile  à  tuer  par  le  charbon,  j'ai  plusieurs  fois,  non  toujours,  arrêté 
les  progrès  de  cette  pustule  maligne  par  l'application  d'un  fer  chauffé  à 
5i  degrés  C.  pendant  un  quart  d'heure. 

»  Ij'application,  sur  la  peau  de  l'homme,  d'un  fer  chauffé  à  5i  degrés  C. 
donne  lieu  à  une  cuisson  très-tolérable  et  à  une  rougeur  qui  se  dissipe  en 
quelques  heures.  Je  puis  donc  espérer  qu'on  trouvera  là  un  moyen  de 
guérir  la  pustule  maligne,  surtout  au  début.  N'étant  point  douloureux  et 
ne  déterminant  aucune  plaie,  il  pourra  être  employé  dans  les  cas  douteux 
où  le  médecin  hésite  à  pratiquer  une  opération  très-douloureuse  et  qui 
laisse  ordinairement  des  traces  fâcheuses. 

»  Cependant,  avant  que  j'ose  conseiller  l'usage  de  ce  moyen  de  traite- 
ment, de  nouvelles  études  sont  nécessaires  pour  reconnaître  toutes  les  con- 
ditions qui  peuvent  en  assurer  le  succès.   » 

BOTANIQUE  FOSSILE.  —    Sur  le  cjisemenl  de  /'Endogenites  echinatus  qui  fail 
partie  de  la  collecliunde  végétaux  fossiles  du  Muséum.  Note  de  M.  E.  Robert. 

»  Les  paléontologistes  savent  que  le  Muséum  possède,  dans  ses  galeries 
de  Géologie,  un  magnifique  échantillon  iV Endogenites  echinatus,  trouvé  à 
Vailly  et  donné  par  M.  le  vicomte  d'Abaucourt,  alors  qu'il  était  préfet  de 
l'Aisne.  Bien  que  l'on  considère  ce  remarquable  représentant  de  la  famille 
des  Palmiers  comme  provenant  des  sables  supérieurs  à  argile  plastique, 
il  n'en  était  pas  moins  désirable  de  pouvoir  contrôler  son  véritable  gise- 
ment. C'est  ce  que  j'ai  entrepris  avec  le  concours  éclairé  de  M""  L.  R., 
qui  a  bien  voulu  me  guider. 

»  Les  collines  qui  bordent  l'Aisne,  entre  Vailly  et  Soissons,  sont  presque 

c.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  1.%.)  gS 


(  73o) 
entièrement  composées  de  sable  on  fie  grès  glaiiconifères,  ce  dernier  deve- 
nant qnelqnefois  quartzenx  et  lustré.  Ces  puissantes  agglomérations  sili- 
censes  reposent  sur  les  argiles  plastiques  à  lignites  pyriteux  et  supportent, 
à  leur  tour,  un  calcaire  marin  presque  entièrement  formé  de  nnmmulites 
ou  de  lenticulitesavec  nérites,  tous  ces  mollusques  devenant  accidentel- 
lement siliceux  lorsque  la  rocli£  est  pénétrée  par  du  sable  qui  s'est  sub- 
stitué à  la  chaux;  enfin  des  bancs  puissants  de  calcaire  marin  grossier  pro- 
prement dit,  sur  lesquels,  avant  le  passage  des  eaux  du  grand  cataclysme, 
devaient  s'étendre  des  meulières  ou  des  silex  d'eau  douce,  dont  on  ne 
retrouve  plus  que  des  traces;  de  grandes  assises  de  calcaire  marin,  disons- 
nous,  disloquées  par  la  violence  des  eaux  diluviennes  ou  de  soulèvement, 
et  dont  les  interstices  sont  remplis  de  limon  rougeàtre  et  de  cailloux  rou- 
lés, parmi  lesquels  il  y  a  beaucoup  de  quartz  primitif  (qnarizite),  terminent 
la  série  des  divers  étages  occupés  par  le  terrain  tertiaire  dans  ce  que  j'ap- 
pellerai le  bassin  de  Soissons. 

»  Ayant  été  sollicités  (i)  à  examiner  avec  soin  les  végétaux  fossiles  qui 
couvrant  les  pentes  rapides  de  l'une  de  ces  collines,  appelée,  je  ne  sais 
pourquoi ,  Calais,  et  qui  s'avance  comme  un  cap  vers  l'ouest,  entre  les  pro- 
fonds vallons  de  Vauxcelles  et  de  Sancy,  nous  ne  tardâmes  pas  à  rencontrer 
des  débris  de  stipes  de  Palmiers,  appartenant  sans  doute  à  plusieurs  espèces. 
Nous  ne  savons  pas  s'ils  sont  du  même  âge  que  le  grand  Endogi'nite  de 
Vailly,  mais  nous  ne  craignons  pas  d'affirmer  que  de  véritables  Palmiers 
partagent  le  gisement  des  arbres  dicotylédones,  dont  jusqu'à  présent,  que 
nous  sachions,  il  avait  seulement  été  fait  mention  dans  les  sables  quarizeux 
glauconifères  supérieurs  à  l'argile  plastique.  Nous  croyons  donc  que  c'est 
définitivement  un  fait  acquis  à  la  science.  En  effet,  peut-on  douter  que 
toutes  ces  pseudomorphoses  silicifiées  (monocotylédonées  et  dicotylédo- 
nées)  sortent  des  flancs  de  la  colline  susnommée,  lorsqu'on  en  rencontre 
qui  sont  encore  engagées  dans  une  roche  calcaréo-siliceuse?  On  peut 
remarquer,  d'ailleurs,  qu'il  y  a  des  échantillons  de  bois  dicotylédones  en- 
core revêtus  de  leur  écorce  rugueuse  (silicifiée,  bien  entendu),  et  que 
d'autres  sont  remplis  de  térédos,  tandis  que  rien  de  semblable  ne  s'observe 


(i)  Indépendamment  du  tronc  de  Palmier,  qui  était  le  point  de  mire  de  nos  recherches, 
nous  avions  déjà  été  excités  à  les  poursuivre  (M"'Wathely,  savante  conchyliologiste,  était 
des  nôtres  dans  cette  circonstance),  par  la  rencontre,  dans  les  atterrissements  de  la  vallée 
de  l'Aisne,  entre  Chassemy  et  Ciry-Sermoise,  de  nombreux  fragments  de  Palmier  roulés,  et 
surtout  du  tronc  entier  d'un  Palmier,  que  nous  rangeons  provisoirement  dans  les  Palmiers 
acaules  ou  raccourcit  en  bulbe  de  MM.  Dccaisne  et  Leniaout. 


(  73<   ) 
chez  les  Palmiers;  mais  la  raison  en  est  bien  simple  :  ces  derniers  vt'gétanx 
étant  dépourvus  d'aubier,  les  xylophages  marins  ne  pouvaient  que  diffici- 
lement les  attaquer. 

»  D'autres  traces  végétales  du  même  terrain  offrent  peut-être  aussi  un 
grand  intérêt  :  ce  sont  de  nombreux  moules  de  tiges  de  plantes  qui  ont 
dû  être  herbacées,  et  dont  la  surface  corticale  était  couverte  d'excroissances 
ou  de  tubercules  trés-rapprochés  les  uns  des  autres,  comme  on  en  remarque 
sur  les  liges  de  certaines  plantes  grasses  (Cactées)  ou  sur  les  fruits  de  plu- 
sieurs Cucurbitacés.  » 

HYGIÈNE.  —  De  rinjliience  des  sulfates  sur  la  production  du  goitre,  à  propos 
d'une  épidémie  de  goitre  observée  dans  une  caserne  à  Saint-Etienne.  Extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Bergeret  à  M.  Boussingault. 

«  Depuis  1857,  j'^i  ^^^  conduit  à  attribuer  la  production  du  goitre,  à 
Saint-Léger  et  aux  environs,  à  la  présence  du  sulfate  de  chaux  dans  les 
eaux  potables;  j'ai  publié  un  Mémoire  à  ce  sujet,  en  i865,  dans  la  France 
médicale. 

»  En  i865,  je  visitai  Saxon-les-Bains;  là  je  pus  vérifier  que  l'eau  gyp- 
seuse  était  bien  réellement  la  cause  du  goitre.  En  effet,  avant  i835, 
tous  les  habitants  de  Saxon  étaient  goitreux  ou  crétins.  Or,  avant  i835, 
les  habitants  buvaient  une  eau  qui  coule  sur  un  banc  de  gypse  d'une 
étendue  de  8  à  10  kilomètres ,  situé  à  200  ou  3oo  mètres  au-dessus  du 
pays. 

1)  Je  transcris  ici  une  analyse  quantitative  que  M.  le  professeur  Brauns,  de  Sion,  a  bien 
voulu  faire  d'une  eau  que  j'ai  prise  moi-même  dans  le  torrent  de  la  SatigonaïUe,  au  mo- 
ment où  elle  sort,  en  jet,  du  banc  de  plâtre. 

»  M.  Brauns  dit  :  «  L'eau  dont  vous  m'avez  envoyé  un  échantillon  contient,  par  litre 
u  (looo  grammes),  i6'',88  de  substances  fixes  : 

Sulfate  de  chaux 1,02 

Sulfate  de  magnésie Oji9 

Etc.  » 

»  En  i835,  les  habitants  de  Saxon  eurent  l'heureuse  idée  d'amener 
dans  leur  village  l'eau  des  May  eus,  situés  au-dessus  du  banc  de  plâtre.  De- 
puis cette  époque,  le  nombre  des  goitreux  a  considérablement  diminué;  les 
enfants  ne  le  sont  plus,  et,  d'ici  peu,  la  maladie  aura  probablement  disparu. 

»  J'arrive  maintenantaugoître  épidémique  de  la  caserne  deSaint-Étienne. 
Il  y  on  a  aujourd'hui  plus  de  deux  cent  cinquante  cas.  Ici  l'eau  n'y  est  pour 
rien,  car  la  ville  a  l'eau  la  plus  pure  que  l'on  puisse  imaginer;  elle  est  trop 


(  73^  ) 
pure;  elle  ne  précipite  ni  par  les  sels  de  baryte,  ni  par  ceux  d'argent,  ni  par 
l'ammoniaque,  etc.;  les  photographes  s'en  servent  comme  d'eau  distillée; 
c'est  de  l'eau  de  pluie  qui  coide  sur  les  roches  primitives  du  mont  Pilât.  La 
cause  de  production  du  goitre  me  paraît  être  ici  l'excès  des  sulfates  mis 
en  circulation  dans  le  sang  par  une  déirophie  musculaire  exagérée,  qui 
a  l'exercice  forcé  pour  cause.  En  effet,  pour  que  la  santé  d'un  adulte  soit 
bonne,  il  faut  que  tous  les  jours,  à  la  même  heure,  il  ait  le  même  poids, 
ainsi  que  le  fait  remarquer  M.  Chevreul  dans  sa  Méthode  a  posteriori 
(p.  245).  Ceci  veut  dire  qu'il  faut  que  les  éléments  anatomiques,  les  tissus, 
les  organes,  en  un  mot,  reçoivent  des  principes  assimilables  en  poids  égal 
à  celui  qu'ils  détruisent  incessamment,  pour  entretenir  la  chaleur  animale 
et  pour  produire  le  travail  mécanique  qu'on  leur  impose.  Si  la  recelte 
n'égale  pas  la  dépense,  il  y  a  consomption,  anémie.  C'est  ce  qu'on  observe 
sur  les  soldats  goitreux  de  la  caserne,  qui  sont  soumis  à  un  travail  exagéré 
et  qui  n'ont  pas  une  alimentation  en  rajiport  avec  la  force  qu'ils  dépensent. 
Il  y  a  là  un  phénomène  qui  présente  une  certaine  analogie  avec  ce  qui 
s'est  passé  chez  les  ouvriers  français  lors  de  la  construction  du  chemin  de 
fer  du  Nord,  et  plus  tard  dans  l'usine  Talabot,  dans  le  Tarn. 

»  D'un  autre  côté,  on  sait  que,  lorsqu'un  muscle  travaille  avec  force  et 
continuité,  ou  lorsqu'il  est  soumis  un  certain  temps  à  l'aclion  d'un  courant 
électrique  continu,  ce  muscle,  en  brûlant  sa  propre  sîdjstance,  devient 
acide,  et  que  les  acides  produits  sont  l'acide  sulfurique  et  l'acide  phospho- 
rique,  aux  dépens  du  soufre  et  du  phosphore  que  renferment  les  prin- 
cipes albuminoïdes.  Dans  les  conditions  de  travail  exagéré,  un  honune  a 
donc  en  circulation  dans  le  sang  une  quantité  anormale  de  sulfates,  abso- 
lument comme  s'il  buvait  des  eaux  plâtreuses. 

»  C'est  ce  qui  a  lieu  chez  les  soldats  goitreux  de  la  caserne.  M.  le  doc- 
teur Plaisant,  un  des  médecins  militaires,  a  eu  l'obligeance  de  me  donuer, 
à  plusieurs  reprises,  de  l'urine  des  soldats  goitreux  :  1°  urine  de  soldais 
dont  le  goitre  débutait;  2°  urine  de  soldats  dont  le  goitre  était  à  la  période 
d'état;  3"  urine  de  soldats  convalescents  de  goitre.  Pour  la  même  quantité 
d'urine,  dans  tous  les  cas,  j'ai  mesuré,  dans  un  long  tube  gradué,  la  quan- 
tité de  précipité  obteiui  avec  le  chlorure  de  baryum.  L'urine  était  toujours 
prise  le  matin,  à  jeun  : 

1°  Urine  normale ....  8à  10  divisions. 

2°  Urine  du  goitre  au  début 17  à  3o  divisions. 

3"  Urine  de  la  période  d'état 19  à  35  divisions. 

4"  Urine  des  convalescents 10  à  i5  divisions. 


{  733  ) 

»  Ainsi  c'est  à  la  période  d'état  que  la  quantité  des  sulfates  est  maxi- 
mum; il  y  en  a  3  à  4  ft>is  plus  qu'à  l'état  normal.  C'est  ensuite  l'urine  du 
début,  puis  celle  des  convalescents. 

»  De  l'ensemble  de  ces  faits  il  semble  résulter  que  le  goitre  se  déve- 
loppe, soit  que  les  sulfates  viennent  du  dehors,  avec  l'eau  ingérée,  soit 
qu'ils  naissent  dans  l'organisme  par  désassimilation  exagérée  des  muscles. 

»  Dans  le  goitre  épidémique,  le  traitement  se  déduit  rationnellement 
des  causes  :  repos,  toniques  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur;  réparations  san- 
guines, fer  et  chlorure  de  sodium;  aliments  d'épargne.  Les  iodures  ne 
peuvent  qu'être  nuisibles  au  début  et  comme  préventifs;  ils  ne  doivent  être 
employés  qu'à  la  fin  du  traitement,  si  le  goitre  ne  cède  pas  spontanément.  » 

HYGIÈNE.  —  Remarques  de  M .  le  baron  Larrev,  sur  In  Communication  relative 
à  In  tliyréoïditc  aiguë,  dite  gnitrc  épidémi(iuc,  chez  les  jeunes  solilnls. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  quelques 
remarques  au  sujet  de  l'intéressante  Conununication  que  vient  de  faire  M.  le 
Secrétaire  perpétuel,  de  la  part  de  M.  Boussingault, 

»  L'extrait  de  la  Letire  de  M.  Bergeret,  sur  Vépidémie  de  goitre  observée 
dans  la  caserne  de  Saint-Etienne,  comprend  deux  points  essentiellement  dif- 
férents. 

»  L'un  se  rattache  à  un  fait  général  bien  reconnu,  de  l'influence  des 
eaux  potables  mélangées  de  certains  sels,  comme  les  sulfates,  sur  la  pro- 
duction du  goitre  proprement  dit.  Je  n'ai  pas  en  vue  ce  point-là,  ni  par 
conséquent  l'action  des  moyens,  tels  que  les  iodures,  propres  à  diminuer 
ou  même  à  neutraliser  cette  influence,  en  diminuant  aussi  ou  en  faisant 
disparaître  la  fréquence  du  goitre  endémique,  uni  ou  non  au  crétinisme. 

»  Je  chercherai  encore  moins  à  discuter  l'hypothèse,  peu  admissible, 
à  mon  avis,  du  développement,  en  quelque  sorte  spontané,  du  goitre  par 
désassimilation  organique  de  certains  tissus;  et,  à  cet  égard,  la  compétence 
de  notre  éminent  Secrétaire  perpétuel  M.  Dumas  semble,  par  un  signe, 
confirmer  mes  doutes. 

»  Mais  l'autre  point  de  la  Lettre  qu'il  vient  de  lire  soulève  une  question 
encore  nouvelle,  et  dont  j'ai  eu  occasion  de  m'occuper,  dans  le  cours  de 
ma  carrière  militaire;  je  veux  parler  de  l'engorgement  ihyréoïdien,  appelé 
goitre  épidémique ,  chez  les  jeunes  soldats.  C'est  surtout  dans  divei-ses  in- 
spections médicales  que  j'ai  été  à  même  d'en  voir  un  assez  bon  nombre 
d'exemples,  même  chez  les  enfants  de  troupe,  et  j'ai  pu  rattacher  la  cause 
de  la  maladie  à  une  cause  non  exclusive  dans  tous  les  cas,  mais  bien  sj)é- 
ciale  et  absolument  mécanique. 


(  734  ) 

»  Je  veux  |)arlpr  de  la  pression  locale,  exercée  au  niveau  même  du  corps 
thyréoïde  par  le  bouton  de  chemise,  par  le  col  d'uniforme  et  par  l'agrafe 
de  la  capote.  L'irritation  produite  par  cet  effet  mécanique  ne  tarde  pas  à 
provoquer  l'irritation  et  le  gonflement  variables  de  l'organe  glanduleux, 
ainsi  que  du  tissu  cellulaire  ambiant,  avec  plus  ou  moins  d' œdème.  Cet 
engorgement,  assez  circonscrit,  mais  plus  uniforme  et  toujours  moindre 
que  le  goitre  proprement  dit,  persiste  ou  disparaît,  suivant  la  continuité 
ou  la  cessation  de  la  cause  locale. 

»  Et  si  cette  affection  se  manifeste,  non-seulement  chez  quelques  indivi- 
dus isolés  ou  à  l'état  sporadique,  mais  encore  chez  un  certain  nombre  à  la 
fois,  elle  ressemble  alors,  en  effet,  à  un  goitre  de  forme  ou  d'apparence 
épidémique,  dont  la  cause  est  souvent  recherchée  bien  loin,  tandis  qu'elle 
peut  se  trouver  en  contact  avec  le  cou  lui-même,  soumis  en  avant  à  une 
pression  directe. 

»  Les  effets,  d'ailleurs,  en  deviennent  plus  marqués,  si,  par  moment  ou 
dans  les  intervalles  du  service,  le  cou,  dégagé  brusquement  de  toute  en- 
trave, est  exposé  à  une  suppression  subite  de  transpiration,  à  des  courants 
d'air  ou  à  des  ablutions  et  à  des  ingestions  d'eau  froide,  ainsi  que  les  sol- 
dats en  ont  la  fâcheuse  habitude  dans  les  casernes. 

»  Mais  la  cause  de  constriclion  locale  peut  subsister  tonte  seule,  comme 
je  m'en  suis  assuré,  notamment,  dans  mon  inspection  médicale  de  18C4, 
à  Lyon.  J'y  ai  trouvé  la  plupart  des  enfiints  <le  troupe  du  9''  régiment  de 
ligne,  au  nombre  de  quinze  ou  vingt,  affectés  de  thyréoïdite  aiguë  plus  ou 
moins  développée,  par  l'effet  seul  de  la  compression  due  au  col  d'uni- 
forme. Il  a  suffi  d'en  prescrire  la  suppression  pour  faire  cesser  le  mal,  sans 
avoir  besoin  de  recourir  à  d'autres  moyens  thérapeutiques. 

»  Je  n'ai  pas  seulement  signalé  cette  influence  toute  mécanique,  à  propos 
du  corps  thyréoïde;  je  l'ai  surtout  observée,  pendant  longtemps,  autrefois, 
comme  d'autres  médecins  militaires,  pour  l'engorgement  des  ganglions 
cervicaux,  et  j'en  ai  fait  l'objet  d'un  travail  communiqué,  en  i85o,  à  l'Aca- 
démie de  Médecine  (i). 

»  Or,  sans  faire  intervenir  les  conditions  générales  suivant  lesquelles  se 
manifestent,  par  exemple,  les  engorgements  scrofulcux  du  cou,  sans  préciser, 
non  plus,  les  causes  pathologiques,  telles  que  les  ulcérations  de  la  bouche, 
de  la  langue  ou  de  l'arriere-gorge,  susceptibles  de  déterminer  l'inflamma- 


(l)  Mi'innirr  sur  l'/idrnKr  ccnùciili'  nhservci'  iliins  Icx  Iiôpitmix  iiiililiiire.i  rt  sur  l't'.rtir/ia- 
tiori  (les  tumeurs  ganglionnaires  du  cou.  [Mémoires  de  l'y/cadémic  de  Médecine,  t.  XVI, 
i85i,  92  pages.) 


(735) 

lion  aiguë  ou  chronique  dos  g.inglions  cervicaux,  nous  avons  constaté,  par 
(les  fjiits  multipliés  à  l'infini,  lafréquence  de  cette  affection  dans  l'armée 
parune  cause  exclusivement  locale,  la  compression  du  cou,  due  surtout  au 
col  d'uniforme. 

»  J'ai  plus  particulièrement  observé  cet  effet  chez  les  jeunes  soldats 
venus  de  la  campagne,  où  ils  avaient  le  cou  nu,  tout  à  fait  à  découvert, 
tandis  qu'à  peine  incorporés  dans  la  troupe  ils  se  trouvaient  astreints  à 
porter  un  col  roile,  étroit  ou  serré,  à  la  pression  duquel  s'ajoutait  celle 
du  bouton  de  chemise,  de  l'agrafe  ou  du  collet  même  de  la  capote. 

»  La  conclusion  pratique  de  ce  travail,  à  part  les  indications  fournies 
par  les  causes  générales,  était  de  remédier  à  la  cause  locale  par  la  sup- 
pression du  col  d'uniforme.  Une  décision  du  Ministre  de  la  Guerre  pres- 
crivit de  remplacer  le  col  par  la  cravate,  dans  toute  l'infanterie,  et  dès  lors 
les  engorgements  glanduleux  du  cou  sont  devenus  aussi  rares  qu'ils  avaient 
été  fréquents  dans  l'armée. 

»  Je  crois  donc,  par  analogie,  que  l'engorgement  accidentel  ou  aigu  de 
la  glande  et  de  la  région  thyréoïdienne  requiert,  avant  tout,  une  mesure 
semblable,  la  recherche  et  la  suppression  de  la  cause  locale  de  compres- 
sion, sauf  l'emploi  réservé  des  moyens  applicables  aux  causes  générales  et 
surtovu  à  l'influence  des  eaux. 

»  Quant  à  la  dénomination  de  goître  épidémique,  adoptée  par  quelques 
observateurs,  je  ne  saurais  l'admettre,  pour  les  cas  dont  il  s'agit,  chez  les 
jeunes  soldais.  Le  goître  proprement  dit  est  une  affection  5i((  generis,  telle- 
ment caractéristique  dans  son  origine  et  son  développement,  que  je  ne 
puis  lui  assimiler  une  affection  toute  différente,  aussi  simple  dans  son  étio- 
logie  que  bénigne  dans  sa  terminaison.  C'est  [jourquoi  je  proposerais  de 
substituera  cette  dénomination  celle  de  thyréoïdite  simple  ou  aiguë,  soit 
sporadique,  soit  même  épidémique. 

»  Les  faits  nombreux  observés  à  la  caserne  de  Saint-Etienne,  par  les  mé- 
decins de  la  garnison,  et  communiqués  par  M.  Bergeret  à  M.  Boussingault, 
tendraient  peut-être  à  confirmer  mes  remarques  à  ce  sujet,  si,  à  part  l'in- 
fluence possible,  mais  générale,  d'un  exercice  forcé  ou  même  d'une  ali- 
mentation insuffisante,  on  avait  pu  tenir  compte  des  causes  locales  ou  di- 
rectes de  la  compression  de  la  partie  antérieure  du  cou,  au  niveau  même 
de  la  glande  thyréoïde.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  D. 


(  736) 

BULLETIN    BIBLIOtiKAPIlIQrE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i5  septembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Carte  géologuiue  détaillée  de  la  France,  exécutée,  siu'  la  carie  topo(jiriplii(jHC 
de  rÉtal-Major,  par  le  Service  (jéologique  des  Mines,  publiée  par  le  Ministère 
des  Travaux  publics.  Paris,  Imp.  nationale.  Second  envoi,  comprenant.  : 
Deux  planches  Dn  VI  et  Dn  VII  de  la  légende  géologique  générale  ; 
Six  feuilles  au  ,  „ J) „  :  Rouen  (3i),  Beauvais  (32),  Soissons  (33),  Evreux 

(47),  Chartres  (64),  Cliàteaudun  (79); 
Une  planche  découpes  longitudinales  :  P/. ///(annexe  delà  feuille 49); 
Une  planche  de  sections  verticales  :  PL  IV  (annexe  delà  feuille  49); 
Une  planche  de  perspectives  photographiques  :  PL  IV  [annexe  de  la 

feuille  48); 
Deux  planches  de  séries  paléontologiqnes  :  PL  III  et  IV  (sables  de 

Beanchamp); 
Un  cahier  des  explications  de  la  feuille  de  Paris  (48); 
Un  fascicule  du  Mémoire  n"  i  :  Pa^s  de  Bray. 

Matériaux  pour  la  Paléontologie  suisse,  ou  Recueil  de  Monographies  sur  tes 
fossiles  du  Jura  et  des  yélpes,  publié  par  F.-J.  PiCTET;  VP  série,  7*,  8",  9" 
et  lo*"  liv.  Genève,  Bàle,  Lyon,  H.  Georg,  1873;  in-4'',  avec  planches. 

Sur  la  tension  superficielle  des  liquides  considérée  au  point  de  vue  de  certains 
mouvements  observés  à  leur  surface;  par  G.  VaN  DER  MENSBaUGGHE,  second 
Mémoire.  Bruxelles,  F.  Hayez,  1873;  in-4". 

Chemin  de  fer  d'Orléans.  Service  de  santé.  Instruction  relative  aux  mesures 
à  prendre  pour  se  préserver  du  choléra  et  aux  pr^emiers  soins  à  donner  avant 
l'arrivée  du  médecin;  j)ar  le  D'' T.  Gallard.  Paris,  imp.  Poitevin,  1873; 
in-4''. 

Que  faut-il  penser  de  iios  institutions  d'Iijgiène  publique  et  de  salubrité?  par 
le  D'^Levieux.  Bordeaux,  Duverdier  et  C'%  1873;  br.  in-S". 

De  L  alimentation.  Conférence  faite  à  Lyon  en  mars  1  868;  pr/rM.  A.BÉCHAMP. 
Montpellier,  lyp.  Boehm,  sans  date;  br.  in-S".  (Extrait  du  Montpellier 
médical.  ) 

(La  iuite  du  BuUelin  au  prochain  numéro,) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SGIE]NCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  G  OCTOBRE  1875, 

PRÉSIDÉE   PAU   M.  BERTRAND. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDAINTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HYGlÈNli  DES  HABITATIONS.  —  Nolc  suv  les  moyens  à  employer  pour  maintenir 
dans  un  lien  donné  une  lempéralurc  à  peu  près  constante^  et  pour  modérer 
dans  la  saison  d'été  la  teinpéiainre  des  lieux  habités;  par  le  grnéral  Morix. 

«  Il  est  parfois  utile,  pour  des  travaux  scientifiques  ou  pour  la  conser- 
vation de  quelques  substances  ou  de  certains  appareils,  de  jiouvoir  main- 
tenir, dans  un  local  donné,  une  lempcrature  aussi  peu  variable  que  possible. 

»  D'une  autre  part,  lors  de  la  saison  d'été,  dans  les  pays  chauds  et  même 
dans  nos  climats,  l'élévation  de  la  température  intérieure  des  habitations 
ou  des  lieux  de  réunion  est  une  cause  de  malaise  à  laquelle  il  est  désirable 
qu'on  puisse  porter  remède. 

»  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'inditpier  des  moyens  simples  et  peu 
dispendieux  de  résoudre  ce  problème. 

»  Déjà,  par  l'adoption  d'une  disposition  proposée  par  M.  Trosca,  à  la 
section  française  de  la  Comr.ùssion  du  Mètre,  et  exécutée  en  1870  au  Con- 
servatoire des  Arts  et  Métiers  (i),  on  est  parveiui,  à  l'aide  d'un  appareil 
réfrigérrail  à  vaporisation  d'éiher,  du  système  Tellier,  à  obtenii'  dans  uiie 

[l]  Procès-verbaux  de  la  Section  française;  1869-1870,  p.  1^. 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVU,  N"  H.)  9^ 


(  738  ) 
enceinte  convenablement  isolée  la  températnre  constante  de  zéro,  alors 
même  que  celle  de  l'air  extérieur  était  de  aS  degrés. 

»  Mais  cette  solution,  si  satisfaisante  pour  les  expériences  que  la  Com- 
mission du  Mètre  doit  exécuter,  exige  l'emploi  d'un  moteur  destiné  à  faire 
foncliotuier  plusieurs  appareils,  et  ne  pourrait,  sans  une  dépense  perma- 
nente notable  et  sans  de  grandes  sujétions,  être  adoptée  dans  tous  les  cas. 

»  Jeu  ai  recherché  xuie  autre  plus  simple,  plus  économique  et  d'un 
effet  régulier,  n'exigeant  que  fort  peu  de  surveillance.  Je  crois  l'avoir 
trouvée,  en  partant  de  l'observation  des  effets  suivants. 

»  Depuis  plusieurs  années  déjà,  le  cabinet  de  la  direction  du  Conser- 
vatoire des  Arts  et  Métiers,  silué  au  rez-de-chaussée  et  exposé  au  midi, 
est,  pendant  les  journées  de  grandes  chaleurs,  maintenu  à  volonté  à  la 
tem])érature  de  20  ou  23  degrés,  selon  que  celle  de  l'air  extérieur  est  de 
aS  ou  de  3o  degrés. 

»  Il  a  suffi  pour  cela  d'y  déterminer,  à  l'aide  de  trois  becs  de  gaz  placés 
dans  la  cheminée,  l'introduction  de  5oo  à  600  mètres  cubes  d'air  aspiré 
des  caves  par  heure. 

M  A  l'aide  d'une  disposition  plus  simple  encore,  le  laboratoire  de  M.  H. 
Deville,  à  l'École  Normale,  est  également  maintenu  à  la  température  de 
25  degrés,  quand  celle  de  l'air  extérieur  est  de  32  degrés  :  l'air  des  caves  y 
afflue  parle  seid  effet  de  l'aspiration  naturelle  qu'exerce  la  toiture  vitrée, 
dont  il  suffit  d'ouvrir  quelques  châssis. 

»  Je  passe  sous  silence  les  résultats  analogues  obtenus  en  1870  au  Corps 
législatif,  où  l'air  frais,  venant  de  galeries  souterraines,  était  déversé  près 
de  la  voûte  du  plafond  à  20  mètres  au-dessus  de  son  point  d'entrée.  Ces 
résultats  ont  été  publiés  dans  les  Annales  du  Conscrvnloiie  des  Arts  cl  Métiers. 

»  Ce  que  l'on  obtient  ainsi,  à  volonté,  par  le  seul  effet  d'une  aspiration, 
soit  naturelle,  soit  artificielle,  selon  les  cas,  peut  donc  l'être  aussi  d'une 
manière  permanente  dans  un  local  convenablement  disposé. 

»  Renouveler  régulièrement  l'air  des  lieux  à  assainir,  en  y  faisant  affluer,  à 
l'aide  d'une  aspiration  modérée,  de  l'air  frais  à  température  constante,  tel  est 
le  principe  simple  de  la  solution  que  je  propose  :  il  me  reste  à  montrer 
qu'il  est  d'une  application  facile. 

»  On  sait  qu'à  la  profondeur  d'environ  24  mètres  la  température  inté- 
rieure du  sol  est  constante  (i).  A  Paris,  dans  les  caves  de  l'Observatoire,  à 
28  mètres  de  profondeur,  celte  température  est  de  1 1°,  7. 

(1)   QuETELET,  Mcinoircs  de  l'Jcattcniic  de  Uruj  elles,  l.  X  et  XI. 


(  739) 

»  Cette  profondeur,  à  laquelle  la  température  ne  varie  pas,  a  été  déter- 
minée, soit  dans  le  sol  mèuie,  soit  dans  des  caves  sèches.  Dans  des  condi- 
tions pareilles,  on  serait  donc  toujours  certain  de  pouvoir  y  puiser  de  l'air 
à  la  température  de  ii  degrés  environ. 

)i  D'une  autre  part,  lorsqu'on  opère  dans  des  puits  profonds,  où  le 
niveau  est  à  i5  ou  16  mètres  seulement  au-dessous  du  sol,  et  dans  lesquels 
le  liquide  provient  parfois  de  nappes  souterraines  descendant  de  terrains 
supérieurs  où  elles  étaient  à  une  plus  grande  profondeur,  la  température 
de  l'air  devient  constante  à  des  hauteurs  beaucoup  moindres  au-dessous 
du  sol,  et  se  maintient  dans  le  voisinage  de  1 1  degrés,  même  dans  les  jour- 
nées les  plus  chaudes  de  l'été.  C'est  ce  que  j'ai  constaté  à  diverses  reprises 
tout  récemment,  et  en  particvdier  le  24  août  iSyS,  par  des  observations 
dont  les  résultats  sont  consignés  dans  le  tableau  suivant  : 

Observations  sur  la  Icmpératurc  de  l'air  à  différentes  hauteurs  au-dessous  du  sol 

dans  un  puits  profond. 


Hauteurs  au-dessous  du  sol .  .  . 

Températuies  ^  en  descenilant. 

observées     )  en  remontant.. 


14,  o 
'4'   o 


5,5o 

I  2,  o 

»     o 


7,5o 

II,    o 

11,2 


9,5o 
11,0 
10,  8 


I  i,5o 
I  I,  o 
10,  8 


i3,5o 

il,    o 

10,  8 


i5,5o   16  (i) 

II,    o  I  I  I   Jans  reau 

10,  8 


»  La  température  extérieure  a  été  de  21  à  23  degrés. 

»  Il  suit  de  ces  expériences  que,  dans  des  puits  profonds,  l'air  prend, 
jusqu'à  des  hauteurs  de  7  à  8  mètres  au-dessous  du  sol,  la  température  de 
l'eau  de  puits,  et  que  celle-ci  peut  n'atteindre  que  1 1  degrés,  comme  on 
l'a  trouvé  dans  des  lieux  secs. 

»  Mais  il  en  est  rarement  ainsi,  et,  pour  atteindre  le  but  principal  que 
nous  proposons,  on  devra  en  général  tuber  le  puits  et  lui  donner  un  fond 
qui  le  rende  étanche,  en  le  descendant  jusqu'à  24  ou  aS  mètres  au-dessous 
du  soi. 

»  D'après  ces  préliminaires,  on  comprendra  facilement  que,  pour  satis- 
faire aux  conditions  du  problème,  il  suffira  d'adopter  des  dispositions  ana- 
logues à  celles  que  nous  nous  contenterons  d'indiquer  ici  en  termes  géné- 
raux. 


(i)  Dans  les  puits  ordinaires,  et  à  Paris  en  particulier,  où  l'eau  provient  de  nappes  plus 
voisines  du  sol,  la  température  de  l'air  est  un  peu  variable  :  plus  basse  en  été,  elle  est 
plus  haute  l'iiiver  que  celle  de  l'air.  Lorsqu'il  ne  s'agirait  que  des  lieux  habités,  où  il  suffi- 
rait seulement  d'obtenir  à  l'intérieur  une  légère  différence  de  température  avec  celle  de 
l'air  extérieur,  et  où  la  condition  de  constance  de  cette  température  ne  serait  pas  imposée, 
on  pourrait  se  contenter  d'appeler  l'air  frais  de  ces  puits. 


96.. 


(  74o) 

)i  La  salle  principale,  où  l'on  voudrait  maintenir  une  température  à  peu 
près  constante,  serait  précédée  d'une  autre  salie  à  peu  près  de  înème  capa- 
cité, ou  simplement  d'un  petit  antichambre  d'introduction  :  cette  pièce 
d'accès  ferait  fonction  d'écluse  à  air  pour  atténuer  l'effet  de  l'ouverture 
des  portes.  Ces  locaux  auraient  des  murs,  des  plafonds  et  un  plancher 
assez  épais.  Leur  sol  en  béton  et  les  murs  seraient  fondés  sur  arceaux.  Ils 
seraient  entourés,  à  une  faible  distance,  par  une  enceinte  isolante  de  même 
forme,  communiquant  avec  les  arceaux  et  avec  le  fond  du  puits  d'aérage. 

»  Des  orifices  d'évacuation,  pratiqués  vers  le  sommet  du  plafond  de  la 
galle  et  de  celui  de  l'enceinte,  seraient  en  communication  directe,  mais 
ilistincte,  et  au  besoin  tout  à  fait  indépendante  avec  des  tuvanx  d'appel, 
dans  lesquels  des  becs  de  gaz,  dont  l'expérience  ferait  connaître  le  nombre 
variable  avec  les  saisons,  seraient  allumés,  sous  pression  constante,  d'une 
manière  permanente. 

»  L'air  à  introduire  dans  les  locaux  à  assainir,  dans  les  arceaux  du  sous- 
sol  et  dans  l'enveloppe,  serait  pris  vers  le  fond  du  puits  par  un  conduit 
spécial  ménagé  à  partir  de  ce  puits,  et  auquel  on  donnerait  le  développe- 
ment nécessaire. 

»  Le  local  pourrait  ainsi  être  établi  au  rez-de-chaussée,  au-dessus  du 
sol,  et  éclairé  par  des  fenêtres  pratiquées  du  côté  du  nord  et  munies  de 
doubles  châssis,  dont  l'intervalle  serait  eu  communication  libre  avec  l'en- 
veloppe isolante. 

»  Après  avoir  indiqué  sommairement  les  dispositions  générales  que  nous 
proposons  d'adopter,  il  ne  sera  pas  inutile  de  montrer  la  marche  à  suivre 
pour  en  proportioiuicr  les  parties. 

»  On  possède  fort  peu  de  données  expérimentales  relatives  à  la  trans- 
mission de  la  chaleur  à  travers  les  corps  d'une  certaine  épaisseur,  et  sur- 
tout en  ce  qui  concerne  les  parois  des  bâtiments.  Quoique  la  loi  don- 
née par  Newton  (i)  pour  calculer  cette  transmission  ait  été  vérifiée  par 
plusieurs  physiciens  dans  des  circonstances  assez  diverses,  il  est  peut-être 
ini  peu  hasardeux  de  l'étendre  aux  murs  et  aux  enveloppes  de  nos  habita- 
tions. 

»  Cependant,  comme  les  plus  habiles  ingénieurs  qui  s'occupent  du  chauf- 
fage l'emploient  depuis  longtemps,  nous  allons  essayer  d'en  faire  l'appli- 
cation à  la  question  inverso,  c'est-à-dire  à  celle  du  refroidissement  de  cer- 
tains locaux  par  la  circulation  de  l'air  chaud. 

(l)  BiOT,  Traitt-  de  Physique,  t.  IV,  |).  63.8,  édition  de  i8t(j. 


(  74>  ) 
»  A  cet  effef,   nous  rappellorons  que  la  formule  de  Newton,  à  l'aide  de 
laquelle  on  calcule  le  nombre  d'unités  de  chaleur  qu'une  surface  donnée 
peut  laisser  passer  par  heure  est,  en  appelant 

T  la  température  extérieure  au  local  ou  à  son  enveloppe; 

T'  la  température  intérieure; 

S   la  surface  intérieure  de  transmission  de  la  chaleur; 

K  un  coefficient  constant,  particulier  à  chaque  nature  de  paroi  et  variable 

avec  son  épaisseur, 

KS  (T  —  T')  calories. 

»  Pour  les  applications,  les  praticiens  adoptent  généralement  les  valeiu-s 
suivantes  du  coefficient  K  :  murs  de  face  d'épaisseur  moyenne,  R  =  1,20; 
planchers  et  plafonds,  K  =  0,80. 

»   D'une  autre  part,  si  l'on  nomme 

V  le  volume  d'air  à  la  température  ^  et  à  la  densité  d=  i''^,  29  à  introduire 

dans  le  local  ; 
T'  la  température  intérieure  que  l'on  veut  maintenir; 
c  =  0,237  la  capacité  de  l'air  pour  la  chalein-; 

le  nombre  d'unités  de  chaleur  que  le  volume  d'air  V  potuTa  entraîner,  en 
passant  de  la  température  /  à  celle  de  T',  sera  exprimé  par 

Yd{T  —  t)  o,  237  =  o,  3o6  V  (T'  -  t)  calories. 

»  PoiH-  que  le  passage  de  cet  air  dans  le  local  à  rafraîchir,  qu'on  sup- 
pose inhabité,  compense  l'introduction  de  chaleur  à  travers  les  parois,  il 
faut  que  l'on  ait  la  relation 

KS(T  -T')  =  o,3oGV(T'-  0, 

d'où  l'on  tire 

KS(T-T') 
o,3o6{T'— f)' 

»  Cette  relation  montre  : 

»  1°  Que  le  volume  d'air  à  introduire  est  d'autant  plus  grand  que  la 
température  à  maintenir  à  l'intérieur  s'approche  davantage  de  celle  de  l'air 
introduit,  et  que  les  surfaces  de  refroidissement  sont  plus  étendues  :  il 
deviendrait  infini  si  l'on  voulait  que  la  température  intérieure  T'  fût  égale 
à  celle  de  l'air  introduit; 

»  2"  Que  ce  volume  est,  au  contraire,  d'autant  plus  faible  que  l'excès  de 
la  température  extérieure  sur  celle  de  l'intérieur  est  plus  petit,  et  que  les 
parois  sont  moins  conductrices  de  la  chaleur; 


(  742  ) 
»  3°  Que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  ce  volume  d'air  sera  propor- 

X T' 

tionnt'l  à  la  valeur  que  l'ou  jugera  couvenable  d'assigner  au  support     ,  _ 

de  ces  différences  de  température,  selon  les  données  relatives  à  chaque 
saison  et  à  chaque  ap|)lication. 

»  Il  est  d'ailleurs  évident  que  la  détermination  du  volume  d'air  V  à  in- 
troduire par  heure  devra  être  faite  pour  le  cas  où  la  température  extérieure 
T  atteint  son  maximum,  sauf  à  limiter  cette  introduction,  selon  les  conve- 
nances, à  l'aide  de  registres. 

»   La  question  se  simplifiera  toutes  les  fois  qu'il  sera  possible  de  sup- 

poser  —, =  I,  ce  qui  revient  à  se  contenter  de  la  valeur 

T'  =  '^^^. 


»  Pour  donner  au  moins  une  idée  des  résultats  auxquels  ou  peut  espé- 
rer parvenir,  cherchons  à  faire  une  application  numérique  de  la  fornude 
précédente  à  un  local  donné. 

»  Application.  —  On  suppose  que  l'on  veuille  résoudre  la  question  pour 
une  salle  de  5  mètres  de  largeur  sur  4  mètres  de  hauteur,  couverte  par 
un  plancher  en  fer,  avec  hourdis  en  petites  voûtes  de  briques,  surmonté 
d'une  aire  en  béton  de  o™,  20;  cette  salle  et  son  antichambre  auraient  en- 
semble 7™,  5o  de  longueur,  et  les  pieds-droits  o™,6o  d'épaisseur. 

»  Le  volume  total  de  ces  deux  locaux  serait  de  i5o  mètres  cubes,  et 
leur  surface  refroidissante  intérieure  de  17?  mètres  carrés. 

»  L'enveloppe  serait  à  o'",  5o  des  murs  de  la  salle;  elle  serait  également 
couverte  par  un  plancher  en  fer,  avec  une  aire  supérieure  en  béton.  Des 
arceaux  en  briques  sous  le  sol  de  la  salle  permettraient  la  circulation  de 
l'air  frais  au-dessous  de  cette  pièce. 

))  Le  volume  total  de  l'enveloppe  serait  de  i34'"'',76,  et  sa  surface  re- 
froidissante de  267""!,  80. 

f T' 

»   D'après  ces  proportions,  et  toujours  dans  l'hypothèse  de— :=  t, 

le  volume  d'air  à  évacuer  et  à  introduire  pour  le  rafraîchissement  serait 

Par  heure.  Par  seconde. 

Pour  la  salle  intérieure 428""^  o""^,  la'j 

Pour  l'enveloppe 700  o'""-',  igS 

Total 1 158""^  0'"%  322 

»  Lavites.se  d'appel  dans  le  conduit  d'air  froid  pouvant  être  facilement 


(  743  ) 
de  o*".  70  en  i  seconde,  le  tuyau  devrait  avoir  un  diamètre  de  o'°,7o;  et 
si  la  vitesse  d'introduction  dans  le  puits  est  réduite  à  o™,2o  en  i  seconde, 
pour  assurer  son   refroidissement  pendant  sa  circulation  descendante,  ce 
puits  devrait  avoir  un  diamètre  de  i™,  5o. 

»   On  voit  que  ces  proportions  seraient  facilement  réalisables. 

f f 

»  Si  maintenant  nous  appliquons  la  formule  -;; =  i ,  à  laquelle  cor- 
respondent les  valeurs  précédentes  trouvées  pour  les  volumes  d'air  à  faire 
circuler  dans  les  deux  capacités,  et  si  nous  appelons  respectivement  T'  et  T^ 
les  températures  qu'on  pourrait  obtenir  dans  l'enveloppe  et  dans  le  local 
principal,  en  les  supposant  d'abord  établis  au  rez-de-chaussée,  nous  trou- 
verons pour  T  =  25°,  valeur  exagérée,  et  <  =  1 1°  : 

Dans  l'enveloppe  I  T'^ —  j i8",o 


T'-f  . 
Dans  le  local  principal   (  T',  == ) '  4°>  ^ 


ce  qui  serait  très-suffisant  pour  la  plupart  des  cas. 

»  Si  l'on  établissait  le  local  dans  le  sous-sol,  on  aurait  au  plus  T=  16", 
et  l'on  en  déduirait 

T=i3°,5,     et     t;  =  i2°,25. 

»  On  voit  donc  que,  par  les  dispositions  indiquées  sommairement,  on 
pourrait  facilement,  dans  la  saison  chaude,  satisfaire  à  la  condition  de 
maintenir  dans  le  local  supposé  une  température  modérée  et  très-peu 
variable. 

»  On  peut  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  avantage  à  supprimer  l'en- 
ceinte qui  forme  l'enveloppe,  et  l'application  des  données  précédentes 
montrerait  qu'en  effet  on  obtiendrait  sensiblement  les  mêmes  résultats, 
quant  aux  températures,  en  augmentant  convenablement  la  circulation 
d'air  dans  ce  local  unique. 

)>  Mais  il  convient  de  faire  remarquer  que  nous  n'avons  jusqu'ici  appli- 
qué la  formule  qu'au  cas  où  la  température  extérieure  était  notablement 
supérieure  à  celle  de  l'air  puisé  à  24  mètres  environ  au-dessous  du  sol  :  il 
s'agissait  alors  seulement  d'obvier  à  réchauffement  intérieur. 

»  Or  nous  avons  vu  plus  haut  que  le  volume  d'air  à  introduire  flans  ce 
local,  pour  y  maintenir  une  température  donnée  T',  était  d'autant  plus 
faible  que  celle  T  de  l'air  extérieur  était  elle-même  plus  basse  ;  et  il  est  facile 
de  faire  voir  que,  si  celle-ci  était  égale  à  la  température  t  de  l'air  à  introduire 


(  744  ) 
ou  à  [  I  degrés,  le  volume  de  cet  air  serait  complélement  indéterminé,  ce 
qui  est  d'ailleurs  évident  de  soi-même. 

»  Si,  passant  ensuite  au  cas  où  la  température  extérieure  T  serait  infé- 
rieure à  celle  <  =  1 1°,  que  l'air  du  puits  peut  atteindre  et  conserver,  nous 
tenons  compte  de  certains  effets  physiques,  dont  nous  n'avons  pas  encore  eu 
à  parler,  nous  arriverons  à  des  conséquences  qui  mettront  en  évidence  l'uti- 
lité de  l'enveloppe  extérieure.  En  effet,  supposons  que  T  =  t  ~  a,  et  que 

^  T 1" 

nous  raisonnions  toujours  dans  l'hypothèse  simple  où  ^,__     =  i,  on  aura 

alors 

t  —  a  —  V 


T  -t  ■' 

d'où  l'on  tirera 

2 

par  conséquent  la  température  constante  que  la  circulation  d'un  volume 

KS 
d'air  V  =  — ^T  ^  '''  température  de  1 1  degrés,  qui  serait  celle  du  puits,  dé- 
terminerait dans  le  local  projeté  serait  inférieure  à  celle  de  cet  air. 

')  Au  point  de  vue  des  effets  directs  de  la  température  sur  les  ohjels  dé- 
posés dans  ce  local,  cela  n'aurait  généralement  pas  d'inconvénients  graves, 

»  Mais  il  est  une  autre  circonstance  physique  qui  ne  permet  pas  d'admettre 
que,  si  ce  lieu  devait  servir  de  dépôt  pour  des  objets  précieux  et  délicats,  tels 
que  des  balances  et  des  appareils  de  précision,  la  température  y  devienne 
sensiblement  inférieure  à  celle  de  l'air  qui  y  afflue.  En  effet,  cet  air,  en  se 
refroidissant  au  contact  des  parois  du  local,  y  abandonnerait  une  partie  de 
la  vapeur  qu'il  aurait  dissoute,  et  le  liquide  condensé  se  déposerait  non- 
seulement  sur  les  murs,  sur  le  sol,  mais  encore  sur  les  appareils,  qui 
seraient  ainsi  exposés  à  des  altérations  plus  ou  moins  graves. 

»  Cet  effet  est  trop  connu  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'insister.  Il  suit  de 
là  qu'en  toute  saison  la  température  des  locaux  destinés  à  recevoir  des  appa- 
reils de  précision  doit  être  maintenue  un  peu  supérieure  à  celle  de  l'air  qu'on 
y  introduit,  c'est-à-dire  au-dessus  de  1 1  degrés,  puisque  c'est  par  une  circu- 
lation d'air  à  cette  température  constante  qu'on  peut  espérer  obtenir  dans 
ces  lieux  l'uniformité  approximative  de  température  désirée. 

»  Dès  lors,  l'enceinte  extérieure  dont  nous  avons  parlé  devient  d'une 
grande  utilité,  attendu  qu'au  moyen  d'a|)pareils  de  chauffage  jiar  circula- 
tion d'eau  chaude  elle  pourra  toujours  être  maintenue  à  une  température 
peu  variable  et  convenable  pour  éviter  les  inconvénients  signalés. 


(  745) 

))  En  résumé,  on  voit  que  la  condition  de  maintenir  dans  un  local 
donné  une  température  à  peu  piès  invariable  peut  être  satisfaite  sans  que 
l'on  soit  obligé  de  recourir  à  l'emploi  de  caves  profondes,  dispendieuses  à 
construire  et  à  maintenir  à  l'abri  des  infiltrations,  et  dans  lesquelles  on  ne 
pourrait  s'éclairer  que  par  la  lumière  artificielle.  En  adoptant  les  disposi- 
tions proposées,  on  pourra,  au  contraire,  établir  ce  local,  soit  au  niveau 
du  sol,  soit  dans  un  sous-sol  peu  profond,  bien  aéré,  'salubre,  éclairé  (si 
on  le  désire)  par  la  lumière  du  jour,  et  dans  lequel  des  observations  pour- 
raient même  être  faites,  sans  inconvénients,  à  une  température  peu  infé- 
rieure H  celle  du  printemps. 

»  Il  est  évident,  d'ailleurs,  que  les  dispositions  que  l'on  vient  d'indiquer 
en  termes  généraux  pour  un  dépôt  d'appareils  de  précision,  qui  devrait  être 
maintenu  à  une  température  presque  constante,  seraient  applicables  avec 
bien  plus  de  facilité  encore  lorsqu'il  ne  s'agirait  que  d'obtenir,  dans  la  saison 
des  chaleurs,  une  température  modérée,  un  peu  inférieure  à  celle  de  l'air 
extérieur,  pour  des  lieux  de  réunion,  pour  des  bureaux  ou  des  habitations 
privées,  et  même  pour  des  magasins  de  conservation  des  substances  alimen- 
taires, toutes  les  fois  que  l'on  pourrait  puiser  l'air  frais  dans  des  espaces 
souterrains  salubres  situés  à  proximité. 

»  Pour  tous  les  cas  pareils,  il  ne  serait  plus  nécessaire,  comme  on  l'a 
déjà  fait  remarquer,  de  recourir  à  des  puits  profonds,  puisqu'à  quelques 
mètres  seulement  au-dessous  du  sol  l'air  est  toujours  suffisamment  frais. 
Le  palais  où  l'Institut  tient  ses  séances  publiques  ou  celles  des  diverses 
Académies  présente,  pour  une  amélioration  semblable,  toutes  les  facilités 
désirables.  Pour  les  obtenir,  il  suffirait  de  le  vouloir.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Note  sur  de  nouveaux  dérivés  du  propyle  (suite)  ; 

par  M.  A.  Caiiocrs. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  faire  connaître  quelques 
nouvelles  combinaisons  éthérées  qui  se  rattachent  à  la  série  du  propyle. 

»  Oxalate  de  propjle.  —  Lorsqu'on  distille  l'alcool  propylique  anhydre 
avec  de  l'acide  oxalique  desséché  employé,  soit  seul,  soit  additionné  du  tiers 
de  son  poids  d'acide  sulfurique,  il  se  condense  dans  le  récipient  un  liquide 
incolore  et  limpide  que  l'eau  sépare  en  deux  couches.  La  couche  supérieure, 
qui  est  un  peu  plus  légère  que  l'eau,  étant  lavée  avec  une  solution  de  carbo- 
nate de  soude,  puis  à  l'eau  distillée,  est  desséchée  sur  du  chlorure  de  calcium. 

C.  U,,  1873,  2«  Semeslre.  (T,  LXXVII,  N"  ii.)  97 


(  746  ) 
Le  liquide  étant  soumis  à  la  distillation  commence  à  bouillir  vers  85  de- 
grés;  mais  le  thermomètre  monte  rapidement,  et  la  majeure  partie  passe 
entre  2o5  et  21 5  degrés. 

»  Cette  dernière  portion  étant  soumise  à  une  nouvelle  rectification  donne 
finalement  un  liquide  incolore  très-limpide,  doué  d'une  odeur  aromatique 
qui  rappelle  celle  de  l'éther  oxalique,  et  dont  la  densité,  peu  différente  de 
celle  de  l'eau,  est  représentée  par  le  nombre  1,018  à  22  degrés.  Ce  com- 
posé, qui  présente  la  composition  de  l'éther  oxalopropylique,  est  représenté 
par  la  formule 

C*0"(C^H'0)'  =  C'«H'*0\ 

»  Il  bout  régulièrement  entre  209  et  2 1 1  degrés.  Une  dissolution  aqueuse 
d'ammoniaque  le  transforme  rapidement  en  oxamide.  Lorsqu'on  fait  agir 
sur  cet  élher  une  dissolution  alcoolique  d'ammoniaque,  en  évitant  de  l'em- 
ployer en  excès,  la  liqueur  ne  se  trouble  pas.  Soumise  à  l'évaporation,  cette 
dissolution  abandonne  mie  belle  substance  cristallisée,  correspondant  à 
l'oxaméthane.  C'est  Vétlier  oxalopropylicjue, 

cMi^AzO'cnro. 

chauffé  dans  un  petit  tube,  ce  composé  fond  en  un  liquide  incolore,  puis 
exhale  des  vapeurs  qui  se  condensent  en  prismes  déliés  sur  les  parties 
froides  du  tube. 

»  L'éther  oxalopropylique  se  décompose  assez  rapidement  au  contact 
de  l'eau,  en  régénérant  l'acide  oxalique  et  l'alcool  propylique,  qui  ont 
servi  à  sa  préparation.  La  décomposition  est  encore  plus  prompte  lors- 
qu'on remplace  l'eau  pure  par  une  dissolution  de  potasse  ou  de  soude. 

»  Carbonate  de  propj  le.  —  Le  sodium  agit  sur  l'oxalatc  de  propylesous 
l'influence  de  la  chaleur  de  la  même  manière  que  sur  son  homologue  éthy- 
lique.  On  observe  les  mêmes  phénomènes,  et  la  conduite  de  l'opération  est 
exactement  la  même.  Le  produit  de  la  réaction  étant  traité  par  l'eau,  il  se 
sépare  un  liquide  étliéré  qui,  lavé,  séché  sur  du  chlorure  de  calcium  et 
soumis  à  la  distillation,  passe,  pour  la  plus  grande  partie,  entre  i5o  et 
i65  degrés.  Ce  produit,  soumis  à  de  nouvelles  lectifications,  donne  finale- 
ment \\n  liquide  bouillant  entre  i56  et  iGo  degrés,  dont  la  densité  est  de 
0,968  à  la  température  de  22  degrés. 

»  C'est  un  liquide  incolore  et  très-limpide,  dont  l'odeur  suave  rappelle 
celle  du  carbonate  d'étliyle.  Bouilli  avec  une  solution  concentrée  de  potasse 
caustique,  il  se  dédouble  avec  régénération  d'alcool  propylique.  Au  contact 
d'une  dissolution  aqueuse  d'ammoniaque,  il  se  change  lentement,  à  la  tem- 


(  747  ) 
pérature  ordinaire,  en  urét/tane  propjiique,  qui  se  sépare  par  l'évaporation 
de  la  liqueur  sous  la  forme  de  prismes  magnifiques.  La  transformation  est 
plus  rapide  avec  une  dissolution  alcoolique. 

»  Sa  composition  est  représentée  par  la  formule 

C'*H"'0«  =  C*0"(C'■■H'0)^ 

»  Salicjlate  de  propjle.  —  Ce  composé  s'obtient  en  soumettant  à  la  dis- 
tillation un  mélange  d'alcool  propylique,  d'acide  salicylique  et  d'acide  sul- 
furique  concentré,  ces  trois  corps  étant  employés  dans  les  rapports  de  2,2 
et  I .  Le  liquide  condensé  dans  le  récipient  étant  traité  par  l'eau,  il  se  sépare 
une  huile  qui  vient  nager  à  la  surface.  On  la  purifie  par  un  lavage  à  l'eau 
chargée  de  carbonate  de  soude,  qui  la  débarrasse  d'une  petite  quantité 
d'acide  sulfureux  qu'elle  tenait  en  dissolution;  on  la  lave  ensuite  à  l'eau 
distillée,  puis  on  la  fait  digérer  pendant  quelques  heures  sur  du  chlorure 
de  calcium;  enfin  on  la  rectifie. 

»  L'ébullition  du  liquide  commence  à  85  degrés  et  se  maintient  pendant 
quelques  instants  entre  cette  température  et  92  degrés;  puis  elle  s'élève 
très-rapidement,  et  les  deux  tiers  du  liquide  environ  passent  entre  aSo  et 
et  240  degrés.  Une  nouvelle  distillation  fournit  cet  éther  à  l'état  de  pureté. 

»  Ainsi  piu'ifié,  le  salicylate  de  propyle  est  un  liquide  incolore,  limpide 
et  très-réfringent.  Son  odeur  suave  rappelle  celle  du  salicylate  de  méthyle. 
Sa  densité  est  de  1,021  à  21  degrés.  Il  bout  entre  238  et  240  degrés.  Sa 
saveur  est  chaude  et  aromatique.  Peu  sokible  dans  l'eau,  à  laquelle  il  com- 
munique néanmoins  son  odeur,  il  se  dissout  en  toutes  proportions  dans 
l'alcool  et  l'éther. 

»   Sa  composition  est  représentée  par  la  formule 

C'*H'0»C»H'0  =  C=»H'^0». 

»  De  même  que  ses  homologues  inférieurs,  les  salicylates  de  méthyle  et 
d'éthyle,  le  salicylate  de  propyle  s'unit  aux  alcalis,  avec  lesquels  ils  forme 
des  combinaisons  cristallisables.  Distillé  sur  de  la  baryte,  il  se  dédouble  en 
acide  carbonique  qui  s'unit  à  l'alcali  et  en  phénate  de  propyle  qui  se  dé- 
gage. Nous  reviendrons  tout  à  l'heure  sur  ce  produit,  qu'on  peut  préparer 
au  moyen  d'un  procédé  plus  commode. 

»  Le  chlore  et  le  brome  agissent  énergiquement  sur  le  salicylate  de  pro- 
pyle et  donnent  naissance  à  des  produits  de  substitution  qui  cristallisent 
très-bien. 

»  L'acide  nitrique  fumant,  ajouté  par  petites  portions  et  refroidi,  traus- 

97- 


(  748  ) 
forme  le  salicylate  de  propyle  en  nitrosalicylate  ou  indigotate  de  propyle, 
que  l'eau  sépare  sous  la  forme  d'une  huile  jaune  pesante.  Empioie-t-on 
l'acide  en  excès  et  fait-on  bouillir,  on  obtient  une  belle  cristallisation 
d'acide  picrique  ;  enfin,  par  son  contact  avec  luie  dissolution  aqueuse 
d'ammoniaque,  il  se  transforme  à  la  longue  en  salicylamide. 

»  Je  n'ai  pas  cru  devoir  pousser  plus  loin  l'étude  de  ce  composé  dont 
les  analogies  avec  ses  homologues  inférieurs  font  prévoir  quels  sont  les 
dérivés  qui  pourront  naître  de  son  contact  avec  les  réactifs. 

»  Pliénate  de  propjle.  —  Nous  avons  dit  précédemment  qu'en  distillant 
le  salicylate  de  propyle  sur  de  la  baryte  anhydre  cette  base  se  changeait 
en  carbonate  avec  formation  de  phénate  de  propyle. 

»  Ce  composé  peut  s'obtenir  plus  facilenient  et  plus  économiquement 
en  chauifant  en  vase  clos,  à  une  température  de  loo  et  iio  degrés,  l'io- 
dure  de  propyle  avec  une  dissolution  alcoolique  de  pliénate  de  potasse.  La 
réaction  étant  terminée  au  bout  de  quelques  heures,  on  laisse  refroidir  les 
tubes  dont  on  extrait  le  contenu.  De  l'eau,  ajoutée  à  ce  produit,  détermine 
la  séparation  d'une  huile  qu'on  lave  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'eau  alca- 
line, puis  à  l'eau  pure;  on  la  dessèche  ensuite  sur  du  chlorure  de  calcium; 
enfin  on  la  rectifie. 

«  Ce  liquide  commence  à  bouillir  vers  i6o  degrés;  mais  bientôt  la  tem- 
pérature s'élève  à  190  degrés,  et  la  presque  totalité  distille  entre  190  et 
195  degrés. 

»  Une  nouvelle  rectification  fournit  le  phénate  de  propyle  à  l'état  de 
pureté  parfaite. 

»  C'est  un  liquide  incolore,  très-mobile,  dont  l'odeur  suave  rappelle  celle 
du  phénate  d'éthyle.  Sa  densité  est  de  0,968  à  la  température  de  20  degrés. 
Il  bout  régulièrement  entre  190  et  191  degrés. 

»  I.e  brome  l'attaque  vivement  en  donnant,  lorsqu'on  l'emploie  en  excès 
et  que  l'on  fait  intervenir  la  chaleur,  un  produit  incolore,  cristallisé  en  belles 
aiguilles  blanches. 

»  L'acide  nitrique  fumant  l'attaque  avec  une  grande  énergie.  Lorsqu'on 
laisse  tomber,  en  effet,  cet  acide  sur  du  phénate  de  propyle,  chaque  goutte 
produit  un  bruissement  en  arrivant  au  contact  de  ce  liquide,  qui  prend 
une  coloration  d'un  brun  rougeâtre  en  même  temps  que,  im  peu  au-dessus 
du  liquide,  apparaît  contre  les  parois  du  tube  une  couche  mince  d'une 
belle  couleur  d'indigo.  En  continuant  l'addition  progressive  de  l'acide,  il 
arrive  bientôt  un  moment  où  l'action  s'arrête.  De  l'eau  versée  sur  ce  pro- 
duit détermine  la  séparation  d'une  huile  brun  rougeâtre  plus  pesante  que 
l'eau . 


(  749  ) 

»  Si,  au  lieu  de  s'arrêter  à  ce  point,  on  ajoute  de  l'acide  et  qu'on  chauffe 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  manifeste  plus  d'action,  à  l'ébuliition,  il  se  forme  un 
nouveau  produit  que  l'eau  précipite  sous  la  forme  d'une  huile  pesante 
d'un  jaune  clair. 

»  L'acide  suHurique  concentré  le  dissout,  comme  ses  homologues  infé- 
rieurs, et  donne  un  acide  copule. 

»  La  composition  du  phénate  de  propyle  est  représentée  par  la  formule 

»  y^zotite  (le  propyle.  —  Lorsque  l'on  fait  passer  dans  de  l'alcool  propy- 
lique,  qu'il  faut  avoir  soin  de  maintenir  froid,  un  courant  d'acide  nitreux 
provenant  de  l'action  de  l'acide  azotique  sur  l'amidon ,  ces  doux  corps 
réagissent  immédiatement  l'un  sur  l'autre.  Si  l'on  arrête  le  courant,  dès 
que  les  vapeurs  ne  paraissent  plus  absorbées,  on  peut  considérer  la  réaction 
comme  terminée.  De  l'eau  ajoutée  à  la  liqueur,  qui  est  fortement  acide, 
détermine  aussitôt  la  séparation  d'une  huile  qui  vient  nager  à  la  surface. 

»  Cette  dernière  étant  lavée,  d'abord  avec  une  dissolution  de  carbonate 
de  soude,  puis  à  l'eau  pure,  est  séchée  siu'  du  chlorure  de  calcium  anhydre 
et  finalement  soumise  à  la  rectification. 

»  Le  thermomètre,  qui  marque  à  peine  /jo  degrés  lorsque  l'ébuliition 
commence  à  se  déclarer,  se  maintient  pendant  quelque  temps  entre  cette 
température  et  5o  degrés.  Entre  ces  limites,  j'ai  recueilli  une  proportion 
assez  notable  de  produit,  puis  la  température  s'est  élevée  rapidement  à 
loo  degrés  et  s'est  maintenue  pendant  quelque  temps  entre  io5  et  112;  il 
ne  restait  alors  dans  la  cornue  qu'une  quantité  de  liquide  insignifiante. 

M  Le  produit  le  plus  volatil  étant  soumis  à  de  nouvelles  rectifications 
distille  pour  la  plus  grande  partie  entre  43  et  46  degrés. 

»  Ce  composé,  qui  est  le  véritable  homologue  de  l'éther  nitreux,  dont  il 
reproduit  les  principales  propriétés,  et  l'isomère  du  nitropropane,  est  un 
liquide  incolore,  très-mobile,  brûlant  avec  une  flamme  jaunâtre  et  dont 
l'odeur  analogue  à  celle  de  l'éther  nitreux  rappelle  fortement  celle  des 
pommes  de  reinette.  Sa  densité  est  de  o,g35  à  21  degrés. 

»  Sa  composition  est  représentée  par  la  formule 

AzO=  ) 

»  Quant  au  produit  le  moins  volatil  qui,  après  purification,  bout  entre 
108  et  110,  et  dont  je  n'ai  pas  fait  l'analyse,  il  paraît  constituer  le  nitrate 
de  propyle.  » 


(  75o  ) 

CHIMIE  ANIMALE.  —  Quelques  considérations  sur  le  tissu  jaune  et  l'analjse 
organique  immédiate  ;  par  M.  Chevreul. 

«  Je  demande  pardon  à  l'Académie  de  revenir  encore  sur  1  histoire  du 
tissu  élastique  jaune  :  ce  n'est  point  une  affaire  personnelle,  puisque  je 
n'ai  aucune  réclamation  à  adresser  ni  à  M.  Bouillaud  ni  à  M.  Bouley  ;  mais 
il  s'agit,  pour  moi,  d'une  manière  d'interpréter  les/aifs  conformément  à  une 
définition  que  je  n'ai  publiée  qu'en  i856,  dans  treize  Lettres  adressées  à 
M.  Viliemain. 

»  C'est  conformément  à  cette  définition  que  j'ai  présenté  les  matériaux 
dont  j'ai  fait  usage  dans  les  écrits  que  j'ai  pul)liés  sur  l'histoire  de  la  science, 
et  sur  riiistoire  des  hommes  qui  en  ont  agrandi  le  domaine  ;  et,  à  l'occasion 
de  cette  Note,  je  prie  l'Académie  de  recevoir  comme  hommage  de  ma  pro- 
fonde reconnaissance  un  opuscule  sur  l'histoire  de  VluUiograpItie,  opuscule 
qui  est  le  développement  d'une  réclamation  que  je  fis  à  l'Académie  en 
faveur  de  Nicéphore  Niepce,  et  qui  répond  en  outre  à  un  désir  exprimé  par 
M.  le  Président  Fondet,  de  Chalon-sur-Saône,  dans  une  Lettre  adressée  à 
l'Académie,  dont  elle  a  bien  voulu  me  renvoyer  l'examen. 

»  Maintenant  je  reviens  à  la  phrase  qui  termine  la  Communication  de 
M.  Bouley. 

a  Voilà  une  opinion  très  nettement  exprimée,  ce  qui  ne  laisse  pas  de 
»  doute  dans  l'esprit.  Évidemment  l'idée  que  Magendie  croyait  sienne 
»  appartient  à  John  Hunter.  11  y  a  donc  déjà  plus  d'un  siècle  qu'elle  est 
»   dans  le  domaine  de  la  science.  » 

»  Au  point  de  vue  de  l'histoire  du  tissu  élastique  jaune,  j'ai  cité  Bichat 
comme  le  premier  savant  qui  ait  distingué  dans  les  artères  un  tissu  particu- 
lier, de  couleur  jaune,  doué  de  r  élasticité. 

»  Cette  découverte  a  été  heureusement  généralisée  par  de  Blainville,  et, 
dans  la  citation  que  j'ai  faite  d  un  passage  de  ses  leçons,  il  avait  rendu 
justice  à  J.  Hunter  en  disant  qu'il  avait  entrevu  le  tissu  élastique  jaune,  et 
je  crois  qu'il  n'est  pas  possible  d'aller  plus  loin. 

»  L'importance  que  j'attache,  au  point  de  vue  de  la  Chimie  organique, 
aux  recherches  de  Bichat  et  de  Blainville,  c'est  d'avoir  reconnu  les  premiers 
la  propriété  élastique  dans  un  tissu  spécial  qui,  jusqu'à  eux,  avait  été  con- 
fondu avec  tout  autre. 

»  Et  ce  tissu  étudié  au  point  de  vue  chimique  a  parfaitement  justifié  la 
pensée  de  ces  illustres  anatomistes. 

»  L'existence  du  tissu  jaune  élastique,  ainsi  démontrée  par  Bichat  et  de 


{  75>  ) 
Blainville,  est  un  fait  que  j'aime  toujours  à  citer  au  point  de  vue  de  la  re- 
clierche  des  principes  immédiats  des  êtres  vivants,  parce  qu'il  est  un  exemple  à 
imiter;  ainsi^  après  avoir  observé  une  propriété  notable,  caractéristique,  la  mé- 
thode conduit  iobservnteur  à  rechercher  si  cette  propriété  peut  être  concentrée 
dans  un  principe  spécial. 

»  Or,  c'est  l'analyse  d'un  tout  de  nature  organique  qui  conduit  à  en 
répartir  les  propriétés  diverses  dans  des  espèces  chiuiitjues  que  j'appelle 
les  principes  immédiats  de  ce  tout,  qui  est  la  base  scientifique  de  la  connais- 
sance de  la  matière  constituant  les  êtres  vivants. 

»  Préoccupé,  comme  je  le  suis,  du  progrès  de  la  science,  et  sachant 
combien  la  précision  est  nécessaire  dans  l'observation  de  ce  que  tout  le 
monde  appelle  des  faits  et  dans  la  description  dont  ils  sont  l'objet,  l'Aca- 
démie me  permettra  de  lui  exposer  prochainement  quelques  idées  à  ce 
double  point  de  vue  appuyées  sur  des  expériences. 

»  P.  S.  —  Entre  plusieurs  faits  nouveaux  que  le  guano  m'a  présentés, 
je  citerai  l'existence  d'un  oxalate  d'ammoniaque  et  dépotasse.  » 

«  M.  Boulet  dit  que,  puisque  M.  Chevrenl  lui  fournit  l'occasion  de  reve- 
nir sur  la  question  du  rôle  des  artères  dans  la  circulation,  il  demande  à 
l'Académie  la  permission  d'en  profiter  pour  réparer  une  erreur  qu'il  a 
commise,  dans  la  dernière  séance,  en  attribuant  à  Hunter  une  idée  que 
nous  pouvons  revendiquer  pour  un  savant  français,  qui  est  une  de  nos 
gloires,  Sénac,  l'auteur  du  Traité  de  la  structure  du  cœur,  de  son  action  et 
de  ses  maladies.  Cette  revendication  pour  Sénac  a  été  faite  par  la  Gazette 
des  hôpitaux,  dans  son  numéro  du  3o  septembre  iSyS,  et  il  est  de  toute 
justice  de  l'inscrire  dans  les  Comptes  rendus.  Voici  le  passage  du  Traité  de 
la  structure  du  cœur,  relahi  aux  forces  qui  agissent  dans  les  artères. 

B  Les  artères,  qui  sont  si  actives,  sont  de  vrais  cœurs  sous  une  autre  forme;  elles  ont  les 
mêmes  fonctions,  les  mêmes  mouvements  et  sont  soumises  au  même  agent.  Ce  sont,  comme 
on  sait,  les  causes  secondes  et  les  instruments  de  la  circulation;  leurs  mouvements  sont  des 
dilatations  et  des  contractions  alternatives,  qui  se  suivent  sans  cesse;  le  sang  qui  entre  dans  les 
cavités  de  ces  vaisseaux  pousse  leurs  parois  qui  le  repoussent  à  leur  tour  avec  violence; 
enfin  un  principe  secret  qui  les  anime  est  inhérent  à  leur  tissu  et  indépendant  de  la  volonté. 

»  La  force  attachée  à  ce  tissu  est  dépendante  surtout  de  la  fibre  musculaire;  on  a  voulu 
jeter  quelques  soupçons  sur  la  réalité  de  ces  fibres  ;  m.-iis  elles  sont  trùs-sensibles  dans  l'aorte 
et  dans  ses  rameaux,  mêmes.  ... 

"  Une  des  causes  sul«idiaires  de  cette  force  est  l'élasticité;  la  mort  même  ne  l'affaiblit 
pas .... 

»  Que  les  fibres  soient  musculaires  ou  élastiques,  elles  ont  de  plus  dans  leur  tissu  un  prin- 


(  l^->  ) 

cipe  fort  singulier  de  vie,  c'est  l'irritabilité,  qui  est  le  mobile  secret  de  toutes  les  parties.  . .; 
des  nerfs  sans  nombre  se  distribuent  dans  toutes  ces  fibres;  voyez  les  plexus  mésentériques, 
ils  embrassent  de  grandes  artères,  se  divisent  comme  elles  et  leur  envoient  des  filets,  qui 
les  accompagnent  jusqu'aux  dernières  divisions;  or  que  nous  annonce  cet  appareil?  une 
puissance  qui  domine  les  autres  (t.  II,  p.  igS  et  194,  2"  édition;  Paris,  i']']^).    " 

»  On  voit,  par  cet  Extrait,  que  Sénac  avait  vu  et  très-nettement  précisé 
avant  Hunter  le  rôle  que  les  artères  remplissent  comme  organes  propul- 


seurs du  sang.   » 


RAPPORTS. 


Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Mannheim  «  Sur  les  surfaces  trajectoires  des 
points  d'une  figure  de  forme  invariable  dont  le  déplacement  est  assujetti  à 
quatre  conditions.  » 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  O.  Bonnet,  Cliasles  rapporteur.) 

«  Dans  un  précédent  travail,  intitulé  Etude  sur  le  déplacement  d'une  figure 
de  forme  invariable,  inséré  dans  le  Recueil  des  Mémoires  des  Savants  étran- 
gers (*),  M.  Mannheim  a  traité  diverses  questions  concernant  la  construc- 
tion des  normales  aux  trajectoires  des  points  d'une  figure  qui  éprouve 
dans  l'espace  un  déplacement  complètement  déterminé,  c'est-à-dire  dans 
lequel  chaque  point  de  la  figure  ne  peut  prendre  qu'une  direction.  Ce 
Mémoire  contient,  en  outre,  des  recherches  relatives  à  une  figure  dont  le 
déplacement  n'est  pas  complètement  défini,  sujet  qui  n'avait  pas  encore 
été  abordé  et  qui  devait  prendre,  comme  on  va  le  voir,  un  grand  dévelop- 
pement. 

»  Six  conditions  assurent  l'immobilité  d'un  corps,  disons  d'une  figure 
dans  l'espace;  conséquemment  cinq  conditions  seulement  permettent  lui 
déplacement,  dans  lequel  chaque  point  ne  peut  décrire  à  chaque  in- 
stant qu'un  élément  linéaire;  et  quatre  conditions  seulement  permettent 
à  chaque  point  de  décrire  une  infinité  d'éléments  linéaires  de  directions 
diverses  et  appartenant  tous  à  l'élément  d'une  surface  que  M.  Mannheim 
appelle  surface  trajectoire  du  point. 

»  Ce  sont  les  propriétés  relatives  à  ces  surfaces  trajectoires  des  différents 
points  d'une  figure  douée  de  mouvements  déterminés  par  quatre  condi- 
tions qui  font  le  sujet  principal  du  Mémoire  dont  nous  avons  à  rendre 
compte. 

(*)  T.  XX;  1866. 


(  7-"  ) 

»  Nous  rappellerons  d'abord  quelques  théorèmes,  extraits  de  Commu- 
nications antérieures  de  l'auteur,  qui  sont  des  préliminaires  nécessaires  du 
travail  actuel.  C'est  ainsi  que  tout  s'enchaîne  progressivement  et  laborieu- 
sement dans  les  théories  de  pure  Géométrie. 

»  Nous  citerons  :  i°  In  détermination  du  plan  oscillateur  et  du  rajon  de 
courbure  de  la  liajecluire  d'un  point  quelconque  d'une  droite  dont  quatre  points 
se  déplacent  sur  quatre  surfaces  données  [Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  121  5); 
2°  la  construction  de  l'axe  de  courbure  de  la  surface  dévelopjpable  enveloppe 
d'un  plan  qui  se  déplace  en  satisfaisant  à  quatre  conditions  [ibid.,  t.  LXX, 
p.  laSg)  ;  3"  le  lieu  des  centres  de  courbure  des  points  d'une  droite  mobile  dans 
l'espace:  courbe  à  double  courbure  du  cinquième  ordre  [ibid. ,  t.  LXXVI, 
p.  55i);  4"  '<-"  ^'C"  des  centres  des  splières  osculatrices  des  trajectoires  des  points 
d'une  droite:  cubique  gauche  [ibid.,  t.  LXXVf,  p.  635). 

»  Passons  au  Mémoire  actuel.  On  sait  que,  dans  tout  mouvement  infini- 
ment petit  d'ime  figure  dans  l'espace,  les  plans  normaux  aux  trajectoires 
de  tous  les  points  d'une  droite  G  passent  tous  par  une  même  droite  G', 
qu'on  a  appelée  la  conjuguée  de  G,  et  laquelle,  considérée  comme  partici- 
pant au  mouvement  de  la  figure,  a  pour  conjuguée,  réciproquement,  la 
droite  G. 

M  Tous  les  mouvements  infiniment  petits  que  peut  prendre  luie  droite  G 
quelconque,  dont  le  déplacement  n'est  assujetti  qu'à  quatre  conditions, 
donnent  lieu,  chacun,  à  une  conjuguée  G'.  M.  Mannheim  démontre  d'abord 
ce  théorème  fort  important,  que  les  normales  aux  surfaces  trajectoires  des 
différents  points  d'une  droite  G  s'appuient  toutes  sur  une  quelconque  des  droites 
conjuguées  G',  conséquemuient  sur  deux  droites  conjuguées,  et  forment  donc 
un  hyperboloide ;  d'où  s'ensuit  que  toutes  les  conjuguées  d'une  droite  G,  rela- 
tives à  tous  les  déplacements  que  comportent  les  quatre  conditions  du  déplace- 
ment de  lafiijwe,  forment  un  hyperboloide  dont  la  droite  G  est  elle-même  une 
génératrice  du  même  système  que  ses  conjuguées,  les  génératrices  de  l'autre 
système  étant  les  normales  aux  surfaces  trajectoires  des  points  de  la  droite  G. 

»  Que  l'on  considère,  maintenant,  un  point  quelconque  m  de  la  figure 
en  mouvement,  la  normale  à  la  surface  trajectoire  de  ce  point  m  rencontre  en 
deux  points  l'hyperboloïde  dont  il  vient  d'être  question,  et,  conséquemmenf , 
s'appuie  sur  deux  des  conjuguées  de  la  droite  G.  Or,  autre  fait  très-impor- 
tant, M.  Mannheim  démontre  que  ces  deux  conjuguées  sont  toujours  les  mêmes 
pour  tous  les  points  de  la  jlgwe  en  mouvement. 

»  Ces  deux  droites,  que  l'auteur  désigne  par  les  lettres  D  et  A,  jouissent 

G.  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVIl,  N»  14.)  9^ 


(  7^4  ) 

nécessairement,  dans  les  déplacements  de  la  figure,  d'nne  propriété  parti- 
culière et  caractéristique;  celte  propriété  est  que  chaque  point  de  cliarune 
des  deux  droites  ne  peut  décrire,  dans  lotis  les  déplacements  jiossibles  île  la  figure, 
quun  seul  élément  linéaire  (au  lieu  d'un  élément  de  surface)  :  le  plan  normal 
à  cet  élément  passe  par  l'autre  droite. 

»  Ces  propriétés  remarquables  forment  le  premier  paragraphe  du  Mé- 
moire. 

»  Dans  le  paragraphe  suivant,  M.  Mannheim  démontre  diverses  propriétés 
des  surfaces  trajectoires  des  points  d'une  droite,  dérivant  princip;dement  de 
la  considération  de  l'hyperboloïde  lieu  des  normales  à  ces  surfaces  trajec- 
toires. Nous  citerons  les  suivantes  : 

»  Parmi  les  surfaces  trajectoires  des  points  d'une  droite,  il  j  en  a  deux  qui 
sont  tangentes  à  la  droite. 

»  La  développable,  enveloppe  des  plans  tangents  aux  surfaces  trajectoires  des 
points  d'une  droite,  est  du  quatrième  ordre  et  de  la  troisième  classe. 

»  Les  plans  normaux  aux  surfaces  trajectoires  des  points  d'une  droite,  menés 
par  les  éléments  rectilignes  d'un  déplacement  quelconque,  déterminent,  dans  ces 
surfaces  tr-ajectoirvs,  des  sections  dont  les  centres  de  courbure  sont  sur  une  cu- 
bique gauche. 

»  Puis  M.  Mannheim  cherche  combien  il  y  a  de  points,  sur  une  droite, 
qui  décrivent  des  trajectoires  satisfaisant  à  diverses  conditions,  relatives  aux 
surfaces  trajectoires  de  ces  points. 

»  Ainsi  il  détermine  : 

»  1°  Combien  il  y  a  de  points,  sur  une  droite,  dont  les  trajectoires 
soient  tangentes  aux  lignes  asymptotiques  des  surfaces  trajectoires  de  ces 
points; 

»  2°  Combien  dont  les  trajectoires  soient  osculatrices  aux  lignes  géodé- 
siques  des  surfaces  trajectoires,  et  dont  les  plans  osculateurs,  dés  lors,  soient 
normaux  aux  surfaces  trajectoires; 

»   3°  Combien  dont  les  trajectoires  ont  leur  rayon  de  courbure  nul; 

u  4"  Combien  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  un  rayon  de  courbure 
principal  nul  ; 

))  5"  Combien  dont  les  trajectoires  sont  tangentes  aux  lignes  de  cour- 
bure des  surfaces  trajectoires  ; 

»  6°  Combien  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  un  rayon  de  courbure 
principal  infini  ; 

»  7°  Combien  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  leurs  rayons  de  cour- 
bure principaux  égaux; 


(  755) 

»  8°  Enfin  combien  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  leurs  rayons  de 
courbure  principaux  égaux  et  de  signes  contraires. 

»  Considérant  les  trajectoires,  non  plus  simplement  des  points  d'une 
droite,  mais  de  tous  les  points  de  la  figure  en  mouvement,  M.  Mannheim 
parvient  à  divers  théorèmes  qui  étendent  ce  vaste  sujet  de  recherches. 

»  Il  nous  faut  citer  ses  résultats  principaux  pour  donner  une  idée  de  la 
nouveauté  et  de  l'importance  qu'ils  comportent. 

»  Le  lieu  des  points  dont  les  trajectoires,  dans  un  quelconque  des  déplace- 
ments que  permettent  quatre  conditions  données,  sont  tangentes  à  des  lignes 
asjinptotiques  des  surfaces  trajectoires  de  ces  points,  est  une  surface  du  troi- 
sième ordre  qui  conlieîit  les  deux  droites  D  et  A  et  le  cercle  imaginaire  de 
l^  infini. 

»  Le  lieu  des  points  dont  les  trajectoires  ont  leurs  plans  osculaieurs  normaux 
aux  surfaces  trajectoires  de  ces  pomts  est  une  surface  du  sixième  ordre,  qui  passe 
par  le  cercle  imaginaire  de  iinfmi. 

»  Le  lieu  des  points  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  un  rayon  de  courbure 
principal  nul  est  la  surface  réglée  du  quatrième  ordre  dont  les  génératrices  s'ap- 
puient SUT  les  deux  droites  D,  A  et  sur  le  cercle  imaginaire  de  l'infini. 

»  Le  lieu  des  points  dont  les  trajectoires  ont  leur  rayon  de  courbure  nul  est 
une  surface  imaginaire  du  second  ordre. 

M  M.  Mannheim  appelle  point  parabolique  sur  une  surfiice  un  point  où  la 
surface  a  l'un  de  ses  rayons  de  courbure  principaux  infini.  Il  trouve  que 
les  points  d'une  figure  en  mouvement,  qui  sont  des  points  paraboliques  de  leurs 
surfaces  trajectoires,  forment  une  surface  du  sixième  oirlre  qui  passe  par  le  cercle 
de  l'iiifni. 

))  Enfin,  le  lieu  des  points  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  leurs  rayons  de 
courbure  principaux  égaux  est  une  surface  du  huitième  ordre. 

M  Et  le  lieu  des  points  dont  les  surfaces  trajeclob^es  ont  leurs  rayons  de 
courbure  principaux  égaux  et  de  signes  contraires  est  une  surface  du  cinquième 
ordre. 

»  En  terminant,  l'éminent  géomètre  fait  observer  qu'en  ce  qui  concerne 
les  trajectoires  des  points  d'une  droite  faisant  partie  d'une  figure  en  mou- 
vement, il  a  toujours  été  question  d'une  droite  quelconque;  mais  qu'il 
y  a  certaines  droites  jouissant  de  propriétés  particulières.  Il  annonce 
qu'il  reviendra  sur  ce  sujet,  qui  lui  donnera  lieu  de  considérer  aussi  ce  qui 
se  rapporte  à  des  plans  de  la  figure  en  mouvement,  et  particulièrement  aux 
surfaces  trajectoires  des  points  de  ces  plans,  lesquelles  ont  leurs  centres  de 
courbure  principaux  sur  une  surface  du  sixième   ordre,   qui    présente  quel- 

9^" 


(  75G  ) 
que  analogie  avec  le  lieu  des  points  dont  les  surfaces  trajectoires  ont  un 
centre  de  courbure  principal  sur  un  plan. 

»  Les  géomètres  comprendront,  sans  que  nous  ayons  besoin  d'insister, 
toute  l'importance  d'un  travail  qui  réunit  dans  une  même  théorie,  abso- 
lument nouvelle,  en  les  déduisant  d'un  mode  uniforme  de  démonstration, 
des  résultats  aussi  précis  et  aussi  considérables.  Nous  ne  saurions  le  recom- 
mander trop  vivement  aux  encouragements  de  l'Académie;  et  la  Commis- 
sion déclare,  à  l'unanimité,  que  ce  Mémoire  lui  paraît  très-digne  d'être 
inséré  dans  le  Recueil  des  Savants  étrangers.  » 

RIÉMOmES  LUS. 

MÉDECINE.  —  Traitement  du  charbon  et  de  la  pustule  maligne  par  l'acide 
phénique  et  le  phéna te  d'ammoniaque.  Note  de  M.  Déclat. 

(Commissaires  :  jMM.  Andral,  Larrey,  Bouley,  Bouillaud.) 

«  La  question  du  charbon  des  animaux  et  surtout  celle  de  la  pustule  ma- 
ligne de  l'homme  nous  paraît  résolue,  au  moins  quant  à  ce  qui  est  relatif 
au  traitement. 

»  On  peut  désormais  renoncer  à  la  méthode  barbare  du  fer  rouge,  et 
même  à  la  méthode  inoffensive  delà  cuillère  chauffée  dans  de  l'eau  au- 
dessus  de  60  degrés;  je  puis,  du  reste,  affirmer  qu'aujourd'hui  tous  les 
vétérinaires  ont  recours  à  l'acide  phénique  pour  combattre  le  charbon  et 
suivent  la  méthode  que  j'ai  indiquée  dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Aca- 
démie, le  2  janvier  i865  [Sur  l  emploi  de  l  acide  phénique  en  Médecine), 
et  publiée  dans  un  vohnne  déposé  à  l'Académie  également  en  i865. 
J'espère  que  les  médecins  ne  tarderont  pas  à  suivre  l'exemple  des  vétéri- 
naires, surtout  en  présence  des  faits  consignés  dans  mon  Mémoire  du 
2  octobre  1871  et  dans  les  documents  ci-joints. 

»  Je  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  ordonner  l'ouverture  de  mon  pli 
cacheté  du  3i  mai  i  86g  et  celui  du  10  septembre  1870;  elle  verra  la  mar- 
che qui  m'a  conduit  à  compléter  ma  première  méthode  et  à  la  rendre,  je 
crois,  définitive,  car  je  puis  aujourd  hui  conclure  :  1°  que  le  charbon  de 
l'homme  et  même  celui  des  gros  animaux  guérit,  presque  toujours,  traité  au 
début  de  la  maladie;  2°  que  le  charbon  guérit  très-souvent,  même  lorsque 
l'on  n'est  appelé  à  le  traiter  qu'à  une  période  avancée  de  la  maladie. 

»  Le  traitement  consiste,  pour  la  pustule  maligne,  avant  qu'il  n'y  ait  des 
accidents  généraux  :  1"  à  cautériser  vigoureusement  et  à  plusieurs  reprises 


(  757  ) 
le  bouton  initial  avec  l'acide  phénique  pur  et  mieux  encore  avec  le  phé- 
nate  d'ammoniaque;  on  détruit  ainsi  la  source  de  l'empoisonnement  géné- 
ral; 2"  à  faire  boire  de  l'acide  pbénique  à  la  dose  de  i  à  2  grammes  en 
vingt-quatre  heures,  pour  un  adulte,  dans  un  sirop  titré  à  |  pour  100.  Si 
la  maladie  remonte  à  plusieurs  jours,  s'il  y  a  de  l'engoindissement,  de  l'en- 
flure, ou  une  traînée  rouge  des  lymphatiques,  indiquant  une  intoxication, 
surtout  si  déjà  il  est  survenu  des  vomissements,  il  faut,  en  outre  du  trai- 
tement ci-dessus,  pratiquer  de  suite  quatre  injections  sous-cutanées,  de 
100  gouttes  chacune,  d'une  solution  d'acide  phénique  très-pur  à  2~  pour 
100,  et  recommencer  luie  heure  après  si  tous  les  symptômes  ne  paraissent 
pas  diminuer;  si  la  maladie  ne  s'améliore  pas  dans  les  deux  premières  heures, 
il  faut  faire  boire  le  phénate  d'ammoniaque,  à  la  dose  de  i  gramme  par 
jour  dans  un  sirop  titré  à  ^  pour  100,  et  faire  quatre  injections  sous-cuta- 
nées de  la  même  substance  à.  2  ~  pour  100  au  plus. 

»  Je  pense  qu'il  serait  imprudent  d'augmenter  le  titre  des  injections 
sous-cutanées,  quoique  M.  le  D''  Masétig,  chirurgien  en  chef  de  l'Exposi- 
tion actuelle  de  Vienne,  m'ait  écrit  qu'il  a  fait  avec  succès,  dans  un  cas 
d'infection  purulente  consécutif  à  un  écrasement  de  la  face,  des  injections 
phéniquées  à  5  pour  100,  de  manière  à  injecter  i  gramme  par  jour  d'acide 
phénique,  et  cela  pendant  huit  jours  :  je  pense  qu'il  vaut  mieux  augmenter 
le  nombre  des  injections  que  d'augmenter  la  densité.  Du  reste,  un  succès 
constant  me  permet  d'engager  mes  confrères  à  ne  pas  dépasser  chez 
l'homme  le  titre  de  2-|  pour  loo. 

»  Quant  au  charbon  des  gros  animaux,  le  traitement  est  le  même;  seu- 
lement il  faut  porter  la  dose  de  la  boisson  de  10  à  20  grammes  par  vingt- 
quatre  heures,  en  solution  aqueuse  de  -i-  à  |  pour  100  au  plus;  la  dose  de 
1  pour  100,  que  j'avais  indiquée  en  i865,  me  paraît  trop  concentrée  pour 
les  animaux  nerveux,  surtout  pour  les  taureaux;  il  faut  pratiquer  des 
injections  à  2^^  pour  100,  soit  d'acide  phénique,  soit  de  phénate  d'ammo- 
niaque; chaque  injection  peut  être  de  100  grammes,  mais  il  ne  faut  pas 
dépasser  la  dose  de  10  grammes  d'acide  phénique,  ni  celle  de  5  grammes 
de  phénate  d'ammoniaque  par  vingt-quatre  heures.  Dans  un  cas  extrême, 
on  doit,  au  contraire,  doubler  et  tripler  au  besoin. 

»  Sur  le  cheval,  les  injections  de  phénate  d'ammoniaque  occasionnent 
des  abcès.  Quant  au  sang  de  rate  du  mouton,  il  ne  peut  être  combattu 
avantageusement  que  parle  phénate  d'ammoniaque  en  injections  propor- 
tionnées et  en  boisson. 

»  Je  répète  ici  ce  que  j'ai  déjà  dit  à  propos  du  choléra  :  le  phénate  d'am- 


(  758  ) 
moniaqiie  doit  être  préparé  au  moyen  du  gaz  ammoniacal  et  de  l'acide 
|)héuique  blanc,  et,  de  plus,  la  préparation   doit  être  récente,  car  il  se 
forme  assez  prompteraent  un  dépôt  noir;  aussi  est-il  prudent  de  filtrer  la 
solution  au  moment  de  s'en  servir. 

»  La  question  d'alimentation  est  également  résolue,  à  mes  yeux,  pour 
le  charbon  et  la  peste  bovine  :  beaucoup  de  bœufs  et  de  moutons  atteints 
soit  du  charbon,  soit  de  la  peste  bovine  ont  été  mangés  impunément  pen- 
dant le  siège  et  pendant  la  Commune. 

»  Prochainement  je  ferai  connaître  à  l'Académie  l'effet  de  l'acide  phé- 
nique,  du  phénate  d'ammoniaque  et  de  l'acide  sidfo-phénique  ammoniacal 
sur  le  sang  charbonneux  et  sur  le  sang  septicémique.  Je  puis  déjà  déclarer 
que  les  résultats  obtenus  sont  en  faveur  de  ces  deux  derniers  produits.  » 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

STATISTiQtlE.  —  Tableaux  statistiques  des  pertes  des  armées  allemandes  d'après 
les  documents  officiels  allemands,  pendant  la  guerre  de  1 870-1 87 1  ;  par  M.  le 
Capitaine  D.-H.  Leclerc  (i). 

(Renvoi  au  Concours  de  Statistique.) 

«  Les  tableaux  statistiques  des  pertes  subies  par  les  armées  allemandes 
pendant  la  guerre  de  1 870-1 871  ont  été  établis  d'après  les  listes  nominatives 
de  perles  publiées  à  Berlin,  Munich,  Stutfgard,  Dresde  et  Bade  par  les  dif- 
férents ministères  de  la  guerre  de  ces  capitales.  Pour  la  Prusse  seule,  cette 
publication,  close  en  août  1871,  comporte  248  listes  de  1982  pages  in-4*', 
ne  relatant  que  les  pertes  du  fait  de  guerre. 

»  Ce  sont  ces  listes  qu'un  de  nos  officiers,  pendant  sa  captivité  en 
Prusse,  a  cru  utile  de  reproduire  sous  la  forme  de  8000  tableaux,  assem- 
blés chronologiquement  par  mois,  dans  l'ordre  des  marches  et  des  opéra- 
tions, par  batailles,  combats  ou  sièges,  totalisés  par  compagnies,  escadrons, 
batteries  et  régiments. 

M  Ce  livre  de  chiffres  donne  avec  clarté,  dans  les  grandes  batailles 
comme  dans  les  moindres  engagements,  les  totaux  des  hommes  tués  ou 
morts  des  suites  de  blessures,  les  blessés  grièvement,  les  blessés  légère- 

(i)  Les  table.Tux  iiianiiscrils  de  M.  le  capilainc  Leclerc,  présentés  au  Secrétariat  pour  le 
Concours  de  ibya,  en  furent  retires  pour  être  livrés  à  l'impression.  {Note  du  Secrétaire  per- 
pétuel.) 


(  7^9  ) 
ment,  les  absents,  prisonniers  ou  disparus,  divisés  par  catégories  d'offi- 
ciers, de  sous-officiers,  de  tambours,  de  volontaires  d'un  an  et  de  soldats. 

»   Les  officiers  sont  inscrits  nominativement. 

»  Les  blessures  par  obus,  par  coup  de  sabre,  de  lance,  de  crosse  ou  de 
baïonnette,  par  petit  plomb,  etc.,  sont  scrupuleusement  relevées;  les  dis- 
tances kilométriques  et  l'orientation  des  localités  où  il  y  eut  bataille,  com- 
bat, reconnaissance,  patrouille,  attaques  de  francs-tireius,  etc.,  sont  notées 
avec  exactitude;  des  sommaires,  de  courtes  notices  sur  les  mouvements 
d'ensemble  et  les  mouvements  partiels  des  armées  allemandes  complètent 
ces  renseignements;  en  sorte  que  l'ensemble  des  tableaux  statistiques  offre 
des  documents  précieux  pour  l'histoire  de  la  guerre,  appuyés  sur  l'autorité 
irréfutable  des  chiffres. 

»  Voici  quelques  nombres  qui  peuvent  donner  une  idée  de  l'étendue  et 
de  la  portée  de  ce  travail. 

•»  Les  pertes  générales  de  la  3*  et  de  la  4*  armée  allemande  opposées  au 
maréchal  de  Mac-Mahon,  du  24  juillet  au  3  septembre,  s'élèvent  à 
aS/jSa  tués,  blessés  ou  disparus.  Sur  2721  disparus,  322  Bavarois  le  sont 
encore:  sur  1072  officiers  atteints,  298  ont  été  tués. 

»  Pendant  cette  même  période  de  temps,  du  24  juillet  au  3  septembre, 
la  i"  et  la  2*  armée  prussienne,  qui  combattirent  contre  le  général  Fros- 
sard  et  contre  le  maréchal  Bazaine,  perdirent  à  Spickeren-Forbach,  le 
6  août,  5o56  officiers,  sous-officiers  ou  soldats,  tués,  blessés  ou  disparus; 
le  i4  août,  à  Borny,  à  l'est  de  Metz,  en  moins  de  cinq  heures,  5o54  offi- 
ciers ou  soldais  tués,  blessés  ou  disparus;  le  16  août,  à  Vionville  et  Mars- 
la-Tour,  de  9''3o'"  du  matin  à  9  heures  du  soir,  i49i5  officiers,  sous-offi- 
ciers ou  soldats  tués  (3167),  blessés  ou  disparus  (i436);  le  18  août,  à 
Gravelotte,  Verneville  et  Saint-Privat-la-Montagne,  de  midi  à  7  heures  du 
soir,  20675  tués,  blessés  ou  disparus.  Le  chiffre  des  tués  s'élève  à  44495 
parmi  lesquels  292  officiers. 

»  Eu  résumé,  du  24  juillet  au  3  septembre,  les  quatre  armées  allemandes 
perdirent  74786  hommes,  dont  2989  officiers,  61  54  sous-officiers,  749  tam- 
bours ou  trompettes  et  217  volontaires  d'un  an.  Dans  ce  total  entrent 
63i5  disparus,  dont  323  Bavarois  le  sont  encore. 

»  L'investissement  et  le  siège  de  Paris,  depuis  le  i5  septembre  1870 
jusqu'au  28  janvier  1871,  ont  fait  perdre  aux  corps  prussiens,  wurtember- 
geois  et  saxons  11  710  officiers,  sous-officiers  et  soldats.  Dans  ce  nombre, 
2307  ont  été  tués  ou  sont  morts  des  suites  de  leurs  blessures,  et  i465  sont 
portés  absents,  prisonniers  ou  disparus;  i3  le  sont  encore. 


f   -jGn  ) 

))  Du  17  septembre  1870  au  3i  janvier  1871,  les  troupes  allemandes  qui 
proli'-gèrent  les  lignes  d'investissement  de  Paris  et  marchèrent  contre 
Artenay  et  Orléans,  Gien  et  Briare,  Vierzon  et  Salbris,  Beaugency  et  Ven- 
dôme, Blois  et  Tours,  le  Mans  et  Alençon,  perdirent  21694  officiers, 
sous-officiers  et  soldats  tués,  blessés  ou  disparus.  Dans  ce  nombre  il  faut 
compter  876  officiers,  1737  sous-officiers,  201  tambours  et  clairons, 
102  volontaires  et  14639  soldats.  Les  tués  s'élèvent  à  3579,  dont  246  of- 
ficiers, et  les  disparus  à  4i3g,  dont  60  officiers.  Parmi  les  disparus,  4oi  of- 
ficiers, sous-officiers  ou  soldats  bavarois  le  sont  encore. 

»  Dans  la  région  au  nord  de  Paris,  c'est-à-dire  dans  les  départements  de 
l'Aisne  et  de  la  Somme,  de  l'Oise,  de  la  Seine-Inférieure  et  de  l'Eure,  les 
pertes  qu'eurent  à  subir  les  deux  corps  d'armée  prussiens  contre  l'armée 
française  du  Nord  et  contre  les  détachements  de  mobiles  organisés  sur  la 
basse  Seine,  depuis  le  16  novembre  1870  jusqu'au  3o  janvier  1871,  s'élè- 
vent au  total  de  6887  officiers,  sous-officiers  ou  soldats  tués,  blessés  ou 
disparus.  Le  nombre  des  tués  est  de  938,  parmi  lesquels  56  officiers. 

»  Pendant  ces  différentes  opérations  capitulaient  successivement  les  di- 
verses places  fortes  de  la  région  française  envahie. 

»  Les  pertes  éprouvées  par  les  troupes  assiégeantes  devant  ces  places 
varient,  sauf  pour  Strasbourg,  Verdun  et  Belfort,  entre  60  et  100  officiers, 
sous-officiers  et  soldats  tués,  blessés  ou  disparus. 

»  Le  siège  de  Strasbourg,  avec  les  pertes  subies  par  les  colonnes  mo- 
biles en  surveillance  dans  les  Vosges,  a  coûté  aux  Prussiens  1046  officiers, 
sous-officiers  et  soldats,  dont  i85  tués  et  5o  disparus;  celui  de  Verdun, 
271  officiers,  sous-officiers  et  soldats,  dont  4o  tués  et  44  disparus; 
Belfort,  avec  les  pertes  subies  par  des  colonnes  mobiles  vers  Montbé- 
liard,  i55o  officiers,  sous-officiers  et  soldats,  parmi  lesquels  272  tués  et 
121  disparus. 

»  Dans  les  combats  contre  l'armée  française  de  l'Est,  à  Villersexel  le 
q  janvier,  à  Sainte-Marie  le  i3  janvier,  dans  les  quatre  jours  de  bataille 
sur  la  Lisaine,  i5-i8  janvier,  dans  les  attaques  du  corps  de  Bressolles,  au 
sud  de  Montbéliard,  dans  les  combats  devant  Dijon  le  23,  de  Salins  le  26, 
Jes  attaques  de  Chaffois  le  2g,  et  de  Pontarlier  le  i*"^  février,  le  14^  corps 
et  la  5*  armée  allemande  perdirent  458 1  officiers,  sous-officiers  et  soldats 
tués,  blessés  ou  disparus;  tués  :  85o,  dont  46  officiers. 

»  En  résumé,  les  armée.s  allemandes  perdirent,  du  4  octobre  1870  au 
n  février  1871,  dans  les  départements  des  Vosges,  de  la  Haute-Marne,  de  la 
Côte-d'Or,  de  la  Haute-Saône  et  du  Doubs  :  709 1  officiers,  sous-officiers 


(  7fi.   ) 
et  soldats.  Cette  somme  se  décompose  en  1:^)51   tués,  dont  68  officiers, 
1 85f)  blessés  grièvemcnr,  dont  70  officiers,  et  3 106  blessés,  dont  1 53  officiers. 

»  La  récapitulation  générale  des  pertes  des  armées  ennemies  montre 
que  :  la  première  partie  de  la  guerre,  du  il\  juillet  au  3  septembre,  a  coûté 
aux  troupes  allemandes  74 78G  officiers,  sous-officierset  soldats  tués,  blessés 
on  disparus;  et  la  seconde  partie,  du  3  septembre  1870  au  3o  mai  1871, 
54484  officiers,  sous-officiers  et  soldats  tués,  blessés  ou  disparus. 

»  En  septembre,  les  pertes  devant  Paris,  Metz,  Toul  et  Strasbourg  at- 
teignent 3368  officiers,  sous-olficiers  et  soldats  tués,  blessés  ou  disparus. 

»  En  octobre,  devant  Paris,  Metz,  Soissons  et  Schlestadt,  avec  les  opé- 
rations en  rase  campagne,  elles  atteignent  64^0  officiers,  sous-officiers  et 
soldats  tués,  blessés  ou  disparus. 

))  En  novembre,  avec  les  sièges  de  Paris,  de  Verdun,  de  Thionville  et  de 
Neuf-Brisach,  elles  s'élèvent  à  9107  officiers,  sous-officiers  et  soldats  tués, 
blessés  ou  disparus. 

»  En  décembre,  avec  les  sièges  de  Phalsbourg  et  de  Montmédy,  les  pertes 
s'élèvent  à  19297  officiers,  sous-officiers  et  soldats  tués,  blessés  ou  dis- 
parus. 

»  En  janvier,  avec  les  sièges  de  Mézières,  Péronne,  Longwy,  Belfort  et 
P.itche,les  combats  du  i"'  février  sur  la  frontière  suisse  et  les  pertes  isolées 
pendant  l'armistice,  elles  atteignent  16237  officiers,  sous-officiers  et  soldats 
tués,  blessés  on  disparus. 

»  La  somme  des  sommes  des  pertes  allemandes,  du  fait  d'armes  de 
guerre  seulement,  du  a4  juillet  1870  au  3o  mai  1871,  est  de  1292^0.  Ce 
total  se  décompose  ainsi  :  5i  53  officiers,  dont  1379  tués  ou  morts  des  suites 
de  blessures  avant  le  i*''mai  1871;  1 1  ngS  sous-officiers,  dont  2454  tués  ou 
morts  des  suites  avant  le  i^''  mai  187^,  r202  tamboius,  musiciens  ou  trom- 
pettes, dont  227  tués;  SgS  volontaires  d'un  an  et  96425  soldats,  dont 
19100  tués  ou  morts  des  suites  de  blessures  avant  le  1'='' janvier  i87t 
(dans  ce  nombre  ne  sont  pas  compris  11 69  Bavarois  morts  des  suites  de 
blessures,  ni  les  715  décès  expliqués  ailleurs)  et  14780  disparus,  absents 
ou  prisonniers,  parmi  lesquels  3  officiers  et  4o23  sous-officiers  et  soldats 
qui  sont  encore  absents  (1872). 

»  L'ensemble  général  des  décès  (tués,  morts  des  suites,  disparus  ou 
morts  de  maladies)  dans  les  armées  allemandes  (contingents  de  l'Allemagne 
du  Sud  compris)  est  de  4499*^^  officiers,  sous-officiers  et  soldats. 

»   Les  contingents  entrent  dans  le  total  des  hommes  tués,  blessés  ou  dis- 

C.  R.,1873,  1"  Semestre.  (T.  L\XVI1,  N"  |/<.)  99 


(  76'^  )  ■ 
parus  :  la  Bavière  pour  16 388;  le  Wurtemberg  pour  263 1;  Bade  pour  3385; 
la  Saxe  pour  6858;  la  Hesse  Grand-ducale  pour  2214. 

»  Le  pour  cent  des  pertes,  du  fnit  d'armes  de  guérie,  comparé  à  l'effectif 
des  officiers,  des  hommes  de  troupe  et  des  non-combattants  fournis  par  les- 
dits  contingents,  entrés  en  France,  est,  pour  la  Bnvière,  de  16, 3;  pour  le 
Wurtemberg,  de  9,5  ;  pour  le  duché  de  Bade,  de  i3,4;  pour  la  Saxe,  de 
i5,8;  pour  la  Hesse  grand-ducale  (25''  division),  de  il\,5. 

))  Les  affaires  dans  lesquelles  ces  contingents  ont  éprouvé  le  plus  de 
pertes  sont  :  ceux  de  la  Bavière,  à  Baseillos,  Coulmiers,  Orléans  et  Beau- 
gency;  ceux  du  Wurtemberg,  à  Champigny;  ceux  du  duché  de  Bade,  dans 
l'Est;  ceux  de  la  Saxe,  à  Saint-Privat-la-Montagne  et  à  Sedan;  ceux  de  la 
Hesse,  à  Verneville,  le  18  août. 

»  L'inspection  des  pertes  par  compagnie  fournit  la  conclusion  du  tra- 
vail présenté  par  M.  le  capitaine  Leclerc. 

»  Dans  la  première  partie  de  la  guerre,  le  chiffre  des  pertes  d'un  grand 
nombre  de  compagnies  est  compris  entre  100  et  170;  dans  la  seconde  par- 
tie, en  janvier  surtout,  ce  même  chiffre  n'est  plus  compris  qu'entre  10  et  -yO. 
L'opiniâtreté,  les  aptitudes  militaires  ne  s'improvisent  ni  ne  se  comman- 
dent; et  les  plus  généreux  élans,  sans  la  direction  qui  conduit  et  la  dis- 
cipline qui  tempère,  ne  peuvent  prévaloir  contre  l'art  et  la  science  dans 
les  guerres  modernes.  » 

«  M.  Lakhey,  après  l'analyse  donnée  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel, 
de  cette  Communication  sur  les  pertes  des  armées  allemandes  dans  la  der- 
nière guerre,  annonce  à  l'Académie  que  M.  le  docteur  Chenu,  ancien  mé- 
decin principal  des  hôpitaux  militaires,  bien  connu  par  ses  travaux  sta- 
tistiques sur  les  campagnes  de  Crimée,  d'Italie,  etc.,  s'occupe,  depuis  deux 
ans,  de  la  publication,  plus  considérable  encore,  des  documents  relatifs 
aux  diverses  catégories  des  hommes  tués,  blessés,  amputés  et  pensionnés, 
morts  de  blessures  ou  de  maladies  et  disparus,  dans  les  armées  françaises, 
pendant  la  désastreuse  période  de  i8'7o-i87i.  » 

MÉDECINE.  —  Infarctus  sanguins  sous-cutanés  du  choléra  et  des  maladies 
septicémiques;  par  M.  Iîouciiut.  (Extrait  par  l'autcin-.) 

(Commissaires  :  MM.  Cloquet,  Robin,  Boudiaud.) 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  des  recherches  nou- 
villes  sur  l'auatomif  pathologique  du  choléra  et   quehpies  maladies  sep- 


(  763  ) 
ticémiques.  Il  s'agit  de  la  présence  d'infarctus  sanguins  ou  embolies  capil- 
laires sous-cutanées  des  membres  supérieurs  et  inférieurs,  produits  par  la 
thrombose  cardiaque  et  quelquefois  par  l'endocardite  végétante  valvulaire. 

»  Voici  les  conclusions  de  ce  travail,  qui  repose  sur  quarante-cinq  ob- 
servations : 

»  1°  Des  infarctus  hémorrhagiques  se  produisent  sous  la  peau  et  dans 
les  interstices  musculaires  chez  les  enfants  atteints  de  choléra,  de  diphté- 
rite,  d'angine  couenneuse,  de  croup,  de  scepticémie  lyphoïde  ou  puru- 
lente, et  même  de  quelques  maladies  aiguës  inflammatoires. 

»  2"  Les  infarctus  hémorrhagiques  sous-cutanés  du  choléra,  des  mala- 
dies aiguës  septicémiques  ou  inflammatoires,  ont  de  a  à  12  millimètres  de 
diamètre  et  se  révèlent  par  une  tache  bleuâtre  ou  violacée  du  tissu  cellu- 
laire, visible  à  travers  la  transparence  de  la  peau. 

»  3°  Ces  infarctus  sous-cutanés  sont  toujours  accompagnés  d'endocar- 
dile  végétante  valvulaire  e!  de  thrombose  cardiaque,  avec  dépôts  fibrineux 
sur  les  valvules  et  sur  les  colonnes  charnues  du  coeur. 

»  4"  Il  est  probable  que  les  infarctus  sanguins  sous-cutanés  résultent 
d'embolies  capillaires  artérielles,  mais  cela  est  impossible  à  démontrer. 

»  5"  Ces  infarctus  apoplectiques  peuvent  quelquefois  suppurer  et  don- 
ner lieu  à  des  abcès  sous-dermiques. 

»  6°  Des  infarctus  hémorrhagiques  semblables  existent  presque  toujours 
dans  les  poumons,  où  ils  amènent  de  l'infiltration  purulente  et  de  petits 
abcès. 

»  7°  On  rencontre  aussi,  mais  plus  rarement,  ces  infarctus  dans  le  foie, 
dans  les  reins,  dans  les  muscles  et  dans  le  tissu  conjonclif  intermuscu- 
laire. 

»  S'*  Aux  infarctus  apoplectiques  disséminés  de  la  peau  et  des  viscères, 
il  faut  joindre  le  purpura,  qui  est  rare,  la  leucocylhose  aiguë,  qui  est  très- 
commune  et  qui  accompagne  les  cas  graves,  enfin  la  dégénérescence  grais- 
seuse des  reins,  accompagnée  d'albuminurie. 

»  9"  Les  infarctus  apoplectiques  sous-cutanés  n'ont  rien  de  spécial  au 
choléra  ni  à  la  diphtérite,  car  ils  existent  dans  la  septicémie  typhoïde  grave 
et  dans  la  résorption  purulente. 

»  10°  La  recherche  de  ces  infarctus  pendant  la  vie  est  très-utile  sous  le 
rapport  du  pronostic;  car,  en  indiquant  la  mort  probable,  elle  peut  servir 
à  empêcher  l'emploi  de  médications  hasardeuses,  ou  d'opérations  qui  n'au- 
raient aucune  chance  de  succès.  » 


99- 


{  "M  ) 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Assainissement  des  terrains  inaiéccujeux 
/^fl/- /'Eucalyptus  globulus;  par  M.  Gimbeiit.  (Extrait.) 

(Keuvoi  au  Concours  des  prix  de  Médecine,  fondation  Montyon.) 

«  D'après  des  documents  qui  nous  parviennent  de  tous  côtés  et  des 
sources  les  plus  sérieuses,  il  paraît  acquis  à  l'hygiène  et  à  l'agriculture  que 
la  fièvre  iiiteraiittente  disparaît  là  où  prospère  VEucalyplus  fjlolndus.  Un 
arbre  qui  pousse  avec  une  rapidité  incroyable,  qui  peut  absorber  dans  le 
sol  dix  fois  son  poids  d'eau  en  vingt-quatre  heures,  qui  répand  dans  l'atmo- 
sphère des  émanations  camphrées  antiseptiques,  devait  à  coup  sûr  jouer 
un  rùle  très-important  dans  l'assainissement  des  contrées  miasmatiques. 
Grâce  à  ces  propriétés  singulières,  il  était  capable  de  pomper  directement 
et  rapidement  l'eau  des  marécages  superficiels,  de  prévenir  les  fermenta- 
tions qui  s'y  produisent  et  de  paralyser,  par  ses  effluves,  les  miasmes  ani- 
malisés  qui  pouvaient  en  provenir.  Ces  prévisions,  énoncées  en  1869  (i), 
se  réalisent  tous  les  jours.  11  suffira  de  relater  ici  quelques-uns  des 
nombreux  résultats  d'assainissement  produits  par  ce  végétal  pour  con- 
vaincre le  lecteur. 

»  Les  Anglais  ont  fait  les  premiers  essais  de  plantations  assainissantes 
dans  la  colonie  du  Cap.  En  deux  ou  trois  années,  ils  ont  changé  les  con- 
ditions climatériques  et  l'aspect  des  régions  insalubres  de  leur  possession. 

»  Quelques  années  après,  les  Algériens  répandirent  VEucalyplus  dans 
notre  Afrique.  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus. 

«  A  32  kilomètres  d'Alger,  à  Pondouk,  dit  M.  Trottier  (2),  je  possédais  une  projiriélé 
dont  riiabitalion  se  trouvait  près  de  la  rivière  llaïuyxo  qui,  par  ses  eaïaiiations,  dounait 
chatiue  aunèc  la  fièvre  paludècuue  aux  lèniiiers  et  à  leurs  serviteurs.  Au  priutenips  de 
l'année  1867,  je  plantai  sur  celle  ferme  i3ooo  Jiucrilj/Jtus  globulus;  en  juillet  1867,  époque 
où  les  fièvres  commencent  à  sévir,  les  fermiers  eurent  une  immunité  complète.  Les  arbres 
cependant  avaient  à  peine  2  ou  3  mètres  d'élévation.  Depuis  lors,  la  population  sédentaire 
a  été  exemple  de  fièvres.  » 

»  La  ferme  de  Ben-Machydlin,  dans  les  environs  deConslantine,  était,  il 
y  a  quelques  années,  réputée  par  son  insalubrité  (3)  ;  elle  était  couverte  de 
marécages  en  hiver  et  en  été.  Aujourd'hui  tout  cela  a  disparu,  i/jooo  pieds 
d'Eucalyptus  ont  desséché  complètement  le  sol  en  cinq  ans;  ils  répandent 

(1)  ISalUlin  de  la  Socictc  des  Sciences  de  Cu/i/ies;  i86y. 

(2)  Extrait  d'une  lettre  que  Rl.ïrotlier  a  bien  voulu  m'écrire,  le  19  novembre  187a. 

(3)  llouviiRtL-WAïKL.  i!<«//c/(«  de  la  Socictc  d'Jccliinalation;  1872. 


(-765) 
constammeiil  dans   l'atmosphère  des  vapeurs  aromatiques.  Les  fermiers 
n'ont  plus  la  fièvre;  leurs  enfants  sont  brillants  de  santé  et  de  vigueur. 

»  L'usine  du  Gué  de  Constantine  était  entourée  d'un  marécage  dont 
les  émanations  pestilentielles  rendaient  le  fonctionnement  de  l'établissement 
impossible  pendant  l'été.  M.  Saulière  eut  l'idée  de  semer  dans  ces  mares 
une  grande  quantité  d'^Hca/j/j/ui;  en  trois  années,  5  hectares  de  sol  bour- 
beux se  sont  conveitis  en  un  magnifique  parc.  Les  eaux  ont  été  littérale- 
ment bues  par  les  arbres,  et  les  ouvriers  n'ont  plus  la  fièvre. 

»  La  même  révolution  hygiénique  s'est  opérée,  par  suite  de  grandes  plan- 
tations à'EucatjplLis  (jlobulus,  dans  la  ferme  de  la  Maison-Carrée,  située  dans 
ces  parages,  et  dans  laquelle  les  habitants  succombaient  à  l'impakidisme. 

«  Ces  grands  et  rapides  succès  sont  consignés  dans  un  Rapport  fait  par 
un  jury  agricole,  et  ne  sont  point,  par  conséquent,  le  fait  d'une  illusion 
personnelle. 

»  Des  propriétaires  de  Cuba,  auxquels  nous  devons  accorder  toute 
créance,  nous  ont  affirmé  que,  dans  les  régions  malsaines  de  l'île  où  l'on 
plante  V Eucalyptus  depuis  quelques  années,  on  voit  les  maladies  palu- 
déennes ou  telluriques  disparaître. 

»  Au  dire  de  E.amel,  l'Australie  est  salubre  là  où  prospère  VEucalyplui, 
morbigène  dans  les  parties  où  l'arbre  n'existe  pas. 

»  Sur  les  rives  du  Var,  il  existe,  à  l'entrée  du  pont  du  chemin  de  fer, 
une  maison  de  garde-barrière  voisine  de  terrassements,  de  colmatages,  que 
l'on  avait  dû  faire  lorsqu'on  endigua  la  rivière  pour  bâtir  le  pont.  Cette 
maison  était  meurtrière;  toutes  les  années,  on  était  obligé  de  changer  les 
gardiens,  dont  riai|)aludisme  ruinait  la  santé.  M.  Villard,  ingénieur  de 
cette  section  du  chemin  de  fer,  fit  planter,  il  y  a  deux  ans,  quarante  arbres 
dans  le  voisinage  de  l'habitation  ;  dès  cette  année,  les  employés  de  la  voie 
furent  préservés  de  la  fièvre  et,  depuis  lors,  ce  poste  est  un  des  plus  sains 
de  la  contrée, 

»  Cet  exposé  nous  dispense  de  faire  ressortir  toute  l'importance  de  pa- 
reils résultats,  et  nous  serions  heureux  si  nous  pouvions  provoquer  de 
la  part  des  particuliers  ou  du  gouvernement  des  applications  de  ce  pro- 
cédé d'assainissement,  » 


(  7^6  ) 

AGKlCULTURE.  —  Études  sur  le  Phylloxéra  ;  par  M.  Max.  Cornd. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  I^e  Phylloxéra  qui  vit  sur  les  racines  des  vignes  et  celui  qui  vit  aux 
dépens  des  feuilles  constituent  une  seule  et  unique  espèce.  En  transpor- 
tant le  second  à  l'état  de  jeune  ou  à  l'état  d'œuf  sur  les  racines,  on  le  voit 
se  développer,  acquérir  des  tubercules,  comme  MM.  Planchon  et  Signoret 
l'ont  vu  et  comme  j'ai  pu  le  constater  moi-même.  11  produit,  en  outre,  sur 
les  radicelles,  comme  le  Phylloxéra  des  racines,  ces  renflements  spéciaux 
qui  pourrissent  ensuite  et  occasionnent  enfin,  mais  plus  ou  moins  rapide- 
ment, l'inanition  et  la  mort  de  la  vigne.  J'ai  insisté  sur  ce  point  [Comptes 
rendus  du  ii  juillet  dernier).  Ainsi,  les  deux  formes  radicicole  et  gallicole 
peuvent  dériver,  la  première  de  la  seconde;  l'expérience  directe  que  j'ai 
répétée  encore  ces  jours-ci  le  prouve  sans  réplique  ;  c'est  uii  fait  qui  doit 
être  considéré  comme  hors  de  doute.  Les  différences  qui  existent  entre  ces 
deux  formes  sont,  du  reste,  assez  faibles,  ainsi  que  je  l'ai  montré  dans  ma 
dernière  Lettre,  puisqu'elles  ne  portent  que  sur  des  caractères  variables 
dans  la  même  forme. 

»  Mais  une  objection  très-grave,  au  preoiier  abord,  peut  être  opposée  à 
cette  affirmation.  Comment  se  fait-il  que  les  galles  soient  si  rares  dans  nos 
vignes?  Et  pour  bien  montrer  toute  l'étendue  de  cette  objection,  je  vais 
la  développer  un  peu. 

»  On  ne  rencontre  en  Europe  ces  galles  phylloxériennes  que  dans  quel- 
ques serres,  en  Angleterre,  où  M.  Westwood  les  observa  dès  i863,  et  en 
France,  chez  M.  Laliman,  où  elles  furent  trouvées  en  juillet  1869.  M.  Plan- 
chon en  trouva  à  Sorgues,  à  la  même  époque,  sur  trois  pieds  d'un  cépage 
qu'il  rapporta  au  Tinto.  Ainsi,  en  France,  Bordeaux  et  Sorgues  sont  les 
deux  seules  localités  où  les  galles  aient  été  produites  naturellement.  Dans 
le  premier  cas,  elles  se  présentent  chaque  année  sur  des  cépages  améri- 
cains, c'est-à-dire  dérivés  de  vignes  autres  que  le  Filis  vinifera.  Dans  le  se- 
cond cas,  il  n'est  pas  impossible  que  ces  trois  pieds  appartiennent  à  une 
vigne  américaine.  En  effet,  ce  cépage  fut  montré  à  M.  H.  Mares,  ampélo- 
graphe  habile,  et,  malgré  son  propre  examen  et  les  connaissances  réunies 
de  diverses  personnes,  il  ne  fut  pas  possible  de  le  déterminer  avec  cer- 
titude. Il  se  rapprochait  du  Tinto;  mais  on  sait  que  les  vignes  américaines 
se  rencontrent  parfois  disséminées  dans  nos  cultures,  où  l'on  en  a  introduit 
depuis  plus  de  quarante  ans  dans  un  grand  nombre  de  localités;  certaines 
d'entre  elles,  et  notamment  le  Vitis  vulpina,   sont  très-semblables  comme 


(  7^7  ) 
port  au  Fiiis  vinifera^  et  les  dérivés  peuvenl  être  confondus  avec  des  variétés 
indigènes.  Quoi  qu'il  en  soit,  du  reste,  ces  trois  pieds  ne  furent  pas  retrou- 
vés, et  l'on  ne  rencontra  plus  de  galles  à  Sorgues.  En  dehors  de  cette  saule  et 
unique  fois,  on  n'en  a  jiunais  rencontré  dans  riiniucnsepérimètie  (i  million 
d'hectares)  qui  circonscrit  la  partie  envahie  par  le  parasite  dans  le  midi 
de  la  France. 

»  Disons  encore  que,  dans  le  cas  où  l'on  a  obtenu  des  galles  sur  des 
vignes  européennes,  ce  fut  toujours  dans  des  expériences  spéciales,  par  le 
moyen  de  Phylloxéras  tirés  d'autres  galles. 

»  Ainsi  donc  on  peut  se  demander,  l'identité  des  deux  formes  radici- 
cole  et  gallicole  étant  établie  rigotu'eusement  d'ailleurs,  pourquoi  l'on 
n'observe  de  Phylloxéras  des  galles  que  dans  une  localité  uniijue  et  circon- 
scrite de  la  France.  Telle  est  l'objection  présentée  dans  toute  sa  force. 

»  Voici  ce  que  l'on  peut  répondre. 

»  Les  galles  ne  se  rencontrent  naturellement  que  sur  les  cépages  amé- 
ricains (sauf  le  cas  unique  et  douteux  d'ailleurs  de  Sorgues);  mais  il  faut 
se  garder  de  croire  qu'elles  y  soient  communes,  même  dans  les  terrains 
envahis.  Chez  M.  Laliman,  on  n'en  observe  ni  sur  tous  les  pieds  de  la 
même  espèce  ou  de  la  même  variété,  quand  bien  même  ils  sont  situés 
côte  à  côte  (exemple  :  Isabella,  Catawba,  Fokalon  dérivés  du  Vitis  labrusca) 
ni  tous  les  ans  sur  le  même  pied.  Un  Fokalon  qui,  l'an  dernier,  était  chargé 
de  ces  galles  et  divers  cépages  rapportés  au  Fiiis  cordifolia,  sur  lesquels  j'en 
ai  récolté  l'an  dernier,  n'en  présentent  aucune  cette  année.  Des  Isabella 
meurent  sous  l'action  du  parasite  sur  leurs  racines,  et  leurs  feuilles  n'en 
offrent  aucune  trace.  Divers  pieds  de  Clinton  { Fiiis  riparia)  croissant  non 
loin  les  uns  des  autres  ou  d'individus  d'une  autre  espèce  couverts  de 
galles  en  sont  les  uns  exempts,  les  autres  entièrement  couverts.  Ces  varia- 
tions s'observent  également  en  Amérique  et  sont  connues  depuis  l'origine 
de  l'élude  du  Phylloxéra;  de  sorte  que,  en  résumé,  on  peut  dire  que,  si  le 
Phylloxéra  se  montre  exceptionnellement  sur  les  feuilles  de  vignes  euro- 
péennes, il  est  loin  de  se  présenter  constamment  sur  les  vignes  américaines 
elles-mêmes;  son  apparition  semble  y  être  très-irrégulière  et  les  conditions 
qui  la  déterminent  ne  sont  pas  encore  connues.  Ajoutons  encore  que  la 
présence  de  l'insecte  sur  les  feuilles  n'exclut  en  rien  sa  présence  sur  les 
racines,  ainsi  que  nous  l'avons  vérifié  ces  jours-ci  avec  M.  Laliman  en  com- 
pagnie de  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  l'habile  directeur  du  Jardin  des 
Plantes  de  Bordeaux . 

»  Les  personnes  qui  ont  obtenu  des  galles  sur  les  cépages  européens 
sont  au  nombre  de  irois  seulement. 


(  7«8  ) 

»  M.  le  D'^Signoret  qui  le  premier,  en  1869,  les  fit  développer  en  dépo- 
sant des  jeimes  d'nntrcs  gnlles  sur  les  feuilles  du  chasselas. 

»  M.  Laliinan  les  observa  sur  un  nialbec  (cépage  du  Bordelais)  qui 
entrelaçait  ses  rameaux  avec  ceux  d'ini  Fitis  conlifolia.  Ce  fait  fut  signalé 
à  l'Académie  au  mois  de  septembre  dernier  par  M.  Dticlaux  et  moi. 

»  M.  Balbiani  les  obtint,  cette  année,  sur  un  cliasselas  en  déposant  des 
pucerons  des  galles  sur  les  feuilles  non  adultes;  les  jeunes,  issus  de  ces 
nouvelles  galles,  servirent  à  obtenir  une  deuxième  génération  de  galles. 

»  M.  Laliman,  cette  année  même,  les  a  fait  développer  sur  im  chasse- 
las de  son  jardin  en  déposant,  sur  les  rameaux,  des  feuilles  chargées  de 
galles. 

n  Ce  sont  les  seuls  exemples  que  je  connaisse.  Ainsi  le  Phylloxéra  des 
feuilles  peut  se  développer  sur  nos  cépages;  mais  on  doit  se  garder  de 
croire  que  l'expérience  réussisse  toujours.  En  ce  qui  me  concerne,  je  n'ai 
pas  été  très-henreux  et  je  n'ai  pas  été  le  seul  dans  ce  cas.  J'ai  fait  des  essais 
divers  qui  n'ont  pas  abouti;  mais  une  expérience  faite  avec  soin,  quel 
qu'en  soit  le  résultat,  comporte  toujours  un  enseignement;  je  demande 
la  permission  de  citer  les  miennes.  On  verra  que  les  insuccès  nombreux  ne 
m'ont  pas  découragé,  et,  de  tout  cela,  il  pourra  sortir  une  conclusion  de 
quelque  utilité. 

»  J'ai  d'abord  employé  des  insectes  provenant  de  galles  de  cépages  amé- 
ricains comme  les  observateurs  cités  plus  haut. 

»  Je  me  suis  d'abord  adressé  au  f^ilis  vinifcra  ;  je  rapporterai  en  une 
seule  fois  mes  tentatives  qui  furent  faites  du  mois  de  juillet  au  mois  d'oc- 
tobre sur  des  plantes  ou  des  bourgeons  en  pleine  végétation. 

»  Je  déposai  dans  un  bourgeon  à  peine  débourré  des  œufs  nombreux; 
je  plaçai  à  plusieurs  reprises,  sur  des  feuilles  tendres  et  délicates,  un 
grand  nombre  d'insectes  jeunes  et  agiles  (de  vingt  à  quarante),  sans  aucun 
succès. 

»  J'ai  répété  l'expérience  à  l'air  libre  dans  une  chambre  à  l'abri  du 
vent,  à  la  lumière  diffuse,  aux  rayons  ardents  d'un  soleil  intense;  les  in- 
sectes ont  abandonné  les  feuilles  jeunes  ou  adultes  sur  lesquelles  ils  avaient 
été  déposés  un  à  un.  Cet  insuccès  fut  d'autant  plus  étonnant  que  l'une 
des  expériences  fut  faite  sur  le  même  cépage,  avec  le  même  mode  d'opéra- 
tion, les  mêmes  matériaux  (il  avait  bien  voulu  les  partager  avec  moi)  que 
M.  Balbiani;  il  réussit  et  j'échouai.  Le  D'' Siguoret,  auquel  je  rapportai  ma 
mésaventure,  en  m'en  étonnant,  me  raconta  que  lui-même,  qui  avait  le 
premier  obtenu  artificiellement  des  galles,  n'avait  pas  été  plus  heureux  que 
moi  cette  année. 


(  769) 

»  Je  répétai  des  expériences  analogues  sur  des  vignes  américaines,  et  tout 
d'abord  je  croyais  devoir  réussir  aisément;  il  n'en  fut  pas  ainsi. 

))  Sur  le  Filis  rupestris,  Engelmann,  je  choisis  une  branche  en  bel  état  de 
développement,  je  notai  trois  feuilles  longues,  l'une  de  2  centimètres, 
l'autre  de  3^  centimètres,  et  la  troisième  de  4'',20.  J'y  déposai  trente-trois 
jeunes  :  au  bout  d'une  heure,  ils  avaient  quitté  les  feuilles  ;  je  recommençai 
avec  les  mêmes  feuilles,  avec  d'autres  prises  à  une  autre  branche,  à  plusieurs 
jours  d'intervalle,  sans  obtenir  qu'un  seul  insecte  s'y  fixât. 

M  Je  joins  à  cette  Note  un  croquis  qui  montre  l'état  dans  lequel  se  trou- 
vaient les  feuilles  mises  en  expérience. 

»  La  même  opération  fut  répétée  avec  le  Filis  caiiescens,  Engelm.,  le 
Fitis  vulpina,  le  Fitis  conlifolia  type,  et  la  variété  du  précédent,  érigée  main- 
tenant eu  espèce,  le  Filis  riparia,  et  sur  chaque  espèce,  malgré  des  essais 
réitérés,  elle  n'eut  aucun  résultat.  Il  en  fut  de  même  pour  une  vigne  récem- 
ment apportée  d'Amérique,  dont  le  pépiniériste  ne  put  me  dire  le  nom, 
mais  qui  iloit  être  rapportée  au  Filis  labrusca  ou  au  F.  œsliuatis,  si  difficiles 
à  distinguer  en  l'absence  des  fruits. 

»  Ainsi,  quoique  j'aie  recommencé  jusqu'à  trois  ou  quatre  fois  sur  des 
plantes,  dont  quelques-unes  offrent  généralement  des  galles  en  Amérique 
{F.  cordifolia  type,  et  F.  riparia),  quoique  j'y  aie  répandu  un  grand 
nombre  d'insectes  à  plusieurs  reprises,  je  n'ai  obtenu  aucune  galle. 

»  J'ai  enfin  obtenu  un  succès  dans  les  circonstances  suivantes.  M.  La- 
liman  m'avait  montré  un  magnifique  raisin  rose  d'un  goût  fort  agréable, 
le  delawarre,  qui  est  rapporté  au  Fitis  œstivalis. 

»  J'en  remis  quelques  graines  à  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  directeur 
du  Jardin  public  à  Bordeaux;  il  voulut  bien  les  semer  en  octobre  1872  :  il 
en  provint,  au  mois  de  juin  dernier,  quatre  petites  plantes  qui  ont  au- 
jourd'hui cinq  à  six  feuilles,  dont  les  plus  longues  ont  5  i  centimètres  et 
sont  larges  de  6  |  centimètres  environ.  Leur  forme  rappelle  surtout  le 
P^.  cordifolia. 

»  Le  17  septembre  dernier,  je  déposai,  sur  une  feuille  jeune  encore  et 
luisante,  soixante-cinq  jeunes  des  galles,  tous  agiles  ;  le  lendemain,  je  n'en 
retrouvai  qu'un  petit  nombre,  moriset  desséchés  à  la  surface  de  cette  feuille. 
J'avais  mis,  en  outre,  une  feuille  chargée  de  galles  en  contactavec  une  feuille 
jetnie  encore;  je  fis  des  deux  un  petit  rouleau  et  je  les  introduisis  toutes 
les  deux,  ainsi  disposées,  dans  un  tube  étroit  qu'elles  remplissaient  com- 
plètement, et  je   les  laissai   ainsi  ensemble  de  quatre   à   cinq  jours  :  les 

G,  R.,  1873,  2»  Semescre.  (T.  LXXVII,  N»  ii.)  I  OO 


(  77"  ) 
jeunes  se  répandirent  sur  les  parois  des  tubes  et  allèrent  où  bon  leur 
sembla. 

»  Je  crus  d'abord  à  un  insuccès,  car  rien  ne  se  développa  sur  les  feuilles 
mises  en  expérience,  mais,  le  3  octobre,  après  seize  jours,  j'aperçus,  siu'  luie 
feuille  presque  adulte,  quatre  galles  dont  une  seule  avec  un  insecte  (les 
trois  autres  avaient  été  abandonnées  probablement,  comme  cela  se  voit 
quelquefois),  et  sur  une  feuille  très-jeune,  longue  de  6  millimètres,  deux 
galles  en  bel  état  se  sont  développées. 

»  On  peut  remarquer  la  disproportion  qu'il  y  a  entre  le  nombre  des 
galles  produites  (6)  et  celui  des  insectes  déposés  (65)  et  de  ceux  qui  durent 
naître  des  œufs  nombreux  renfermés  dans  les  galles  mises  en  expérience. 
Ainsi  j'ai  obtenu  une  série  d'insuccès  complets  avec  les  cépages  européens, 
dans  des  circonstances  identiques  en  apparence  avec  celles  qui  donnèrent 
des  résultats  heureux  à  M.  Balbiani.  J'ai  eu  aussi  une  série  d'échecs  avec  les 
cépages  américains  sans  que  je  pusse  en  remarquer  la  raison.  Quoique  des 
expériences  négatives  ne  prouvent  pas  grand'  chose  d'ordinaire,  il  semble 
bien  ressortir  de  là  que  la  production  des  galles  n'est  pas  aussi  facile  à  ob- 
tenir qu'on  pourrait  le  supposer  au  premier  abord  et  qu'elle  exige  un  con- 
cours de  circonstances  encore  à  déterminer. 

»  Quant  à  la  production  des  galles  par  le  moyen  des  insectes  des  racines, 
elle  n'a  été  obtenue  par  personne  que  je  sache;  les  essais  tentés  jusqu'ici 
par  moi  dans  ce  but  n'ont  pas  encore  réussi. 

»  J'ai  opéré  sur  l'aramon,  cépage  de  l'Hérault,  en  avril,  sur  le  chasselas, 
de  juillet  à  octobre,  pour  les  vignes  européennes;  sur  les  Fitis  vulpina, 
V.  cordifolia,  le  Vilis  rupestris  et  le  F.  canescens. 

»  J'ai  même,  dans  bien  des  cas  [Vilis  œstivalis  ou  Labrusca,  dont  j'ai  parlé 
plus  haut),  enfermé  des  racines  couvertes  d'œufs,  de  jeunes,  de  mères 
pondeuses,  dans  un  flacon  fermé  avec  un  bouchon  coupé  en  deux;  le  bour- 
geon terminal  et  les  feuilles  jeunes  y  furent  placés;  le  tout  fut  mastiqué 
avec  du  suif  pour  empêcher  les  jeunes  de  s'échapper.  Le  flacon  fut  aban- 
donné plusieurs  jours  dans  cet  état.  Il  n'y  eut  aucun  développement. 

y»  Ce  qui  vient  d'être  dit  explique  ou,  du  moins,  montre  pourquoi  les 
galles  sont  rares  sur  les  cépages  américains  eux-mêmes.  Cette  rareté  n'in- 
firme en  rien  l'identité,  parfaitement  établie  d'ailleurs,  de  la  forme  radici- 
cole  et  de  la  foj'me  gallicole  du  Phylloxéra  vaslalrix.  Les  insectes  paraissent 
se  fixer  peu  volontiers  sur  les  feuilles.  » 


(  771  ) 

VITICULTURE.  —  Effets  que  le  sulfure  de  carbone,  employé  pour  détruire  le 
Phylloxéra,  paraît  exercer  sur  In  vigne.  Lettre  de  M.  Lecoq  de  Boisbau- 
DRAN  à  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  craintes  que  vous  m'exprimiez,  il  y  a  quelques  mois,  au  sujet  de 
l'envahissement  probahle  des  Charentes  par  le  Phylloxéra,  n'étaient  que 
trop  fondées  :  l'insecte  destructeur  a  été  trouvé  dans  nos  environs  il  y  a  cinq 
semaines.  Quand  j'ai  écrit  à  ce  sujet  à  l'Académie,  je  n'avais  encore  pu 
visiter  que  des  terrains  argileux  et  argilo-sableux  appartenant  au  cru  dit 
des  Borderies  :  j'ai,  depuis  lors,  reconnu  la  présence  du  Phylloxéra  dans 
les  sols  crayeux  du  cru  désigné  dans  le  pays  sous  le  nom  de  Grande- 
Champagne.  Les  renseignements  qui  me  sont  parvenus  des  autres  points 
de  la  contrée  montrent  que  le  Phylloxéra  a  commencé  son  oeuvre  en 
beaucoup  d'endroits.  Les  progrès  du  mal  ont  été  très-grands  pendant  le 
mois  dernier.  Au  lieu  de  quelques  hectares,  ce  sont  maintenant  des  dizaines 
d'hectares  qui  sont  totalement  détruits  dans  la  seule  partie  de  la  com- 
mune de  Cognac  située  sur  la  rive  droite  de  la  Charente. 

»  Il  a  été  fait,  chez  M.  Thibaud  (en  présence  de  M.  Maxime  Cornu),  une 
expérience  sur  le  traitement  par  le  sulfure  de  carbone.  Voici  les  résultats 
constatés  au  bout  de  dix-sept  jours. 

»  Toutes  les  feuilles  des  ceps  traités  sont  complètement  sèches  (i),  mais 
encore  attachées  aux  branches,  lesquelles  sont  néanmoins  vertes  à  l'inté- 
rieur. L'aspect  des  racines  n'a  pas  paru  modifié  :  seulement,  il  a  été  impos- 
sible à  trois  observateurs  (M.  Thibaud,  M.  G.  Kandratowicz  et  moi)  d'y 
découvrir  un  seid  Phylloxéra;  il  y  en  avait  cependant  beaucoup  sur  ces 
plants  avant  l'expérience,  et  l'on  en  trouve  des  quantités  considérables  sur 
les  racines  des  ceps  voisins  non  traités.  Les  insectes  ont  donc  été  tués  ou 
chassés;  dans  le  premier  cas,  ils  auraient  subi  une  prompte  décomposition. 

»  On  verra  si  les  vignes  traitées  pousseront  au  printemps;  en  ce  mo- 
ment, elles  ont  fort  triste  mine.  Dans  tous  les  cas,  la  dépense  de  ce  traite- 
ment dépasserait  tellement  la  valeur  de  nos  récoltes,  qu'd  ne  deviendrait 
applicable  que  si  l'on  découvrait  une  autre  vapein-  toxique,  beaucoup  plus 
économique.  M.  Thibaud  a  bien  voulu  se  charger  d'exécuter,  chez  lui, 
quelques  essais  avec  les  substances  que  je  lui  désignerai,  m 


(ij  On  avait  traité  des  ceps  attaqués  à  divers  degrés,  et  par  conséquent  dont  les  uns 
,  avaient  peu  et  les  autres  beaucoup  de  pampres. 

loo  . 


(  772  ) 

M.  A.  RoussiLLE  adresse  une  Note  sur  les  ravages  que  pourrait  exercer 
le  sulfure  de  carbone,  employé  pour  détruire  le  Phylloxéra,  sur  la  vigne 
elle-même. 

Les  expériences  de  l'auteur  ont  porté  sur  des  buis  et  sur  un  poirier,  qui 
étaient  envahis  par  des  pucerons,  et  qui  ont  été  tués,  en  même  temps  que 
les  insectes,  par  le  sulfure  de  carbone. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Gagnât  adresse  une  Note  relative  à  l'importance  de  la  fumure,  com- 
binée avec  l'emploi  des  insecticides,  pour  combattre  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.   A.  Peixekin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  une 

machine  à  gaz. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Tresca.) 

M.  Ch.  Gros  adresse  une  Note  relative  à  l'étude  des  couches  ligneuses 
annuelles  que  présente  la  coupe  des  arbres  exogènes. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Ducbartre,  Trécul.) 

?T.  E.  DucHEMiN  adresse  une  Note  intitulée  :  «  De  la  boussole  circulaire 
et  de  son  aimantation;  système  de  compensation  appliqué  aux  compas  de 
la  marine  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  H.  GiKAiiD  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  de  matelas  à  air, 
propres  à  être  étendus  sur  le  sol,  près  des  édifices  incendiés,  pour  recevoir 
les  habitants  des  étages  supérieurs. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  RoMANowsKi  adresse  des  remarques  concernant  la  cause  et  la  nature 
du  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Rréant.) 

M.  A.  Braciiet  adresse  de  nouveaux  documents  sur  les  perfectionne- 
ments à  apporter  au  microscope. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Tréniont.) 


(  773  ) 

M.  A.  Bouvet  adresse  une  Lettre  relative  à  ses  Communications  sur  les 

aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  A.  Pir.HE  adresse  une  Note  relative  à  un  système  de  représentation 
graphique  des  observations  météorologiques. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Ch,  Sainte-Claire  Deville. 

Un  Acteur  anonyme  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Plu  Joiirde,  un  Mé- 
moire sur  un  propulseur  destiné  à  augmenter  la  vitesse  des  navires  à 
voiles. 

On  fera  savoir  à  M.  lourde  que  l'Académie,  ne  pouvant  examiner  les 
travaux  anonymes,  attendra,  pour  prendre  connaissance  de  ce  Mémoire, 
que  l'auteur  se  soit  fait  connaître. 

CORRESPONDANCE. 

L'Institut  impérial  des  Mines  de  Saint-Pétersbourg  invite  l'Académie 

à  vouloir  bien  se  faire  représenter  par  l'un  de  ses  Membres  au  Jubilé  du 

centième  anniversaire  de  sa  fondation,  qui  doit  avoir  lieu  le  2  novembre 

prochain. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  à  l'Académie  deux  Rapports  de 
M.  J.-/4.  Banni,  sur  un  Concours  de  machines  à  faucher  et  sur  un  Con-, 
cours  de  machines  à  moissonner,  et  donne  lecture  du  passage  suivant  de  la 
Lettre  d'envoi  : 

«  Il  est  constaté,  par  ces  Rapports,  que,  depuis  dix  ans,  les  machines  à  moissonner  ont 
fait  le  pi-ogiès  de  très-bien  couper,  en  même  temps  que  d'exécuter  un  javelage  parfait.  11  y 
a  dix  ans,  chaque  machine  devait  être  suivie  par  trois  ou  quatre  hommes;  aujourd'hui,  il 
suffit  du  seul  conducteur  de  l'attelage,  qui  est  lui-même  commodément  assis  sur  les  ma- 
chines. On  peut  dire  que,  pour  la  moisson,  se  trouve  désormais  accomplie  la  mémo  révolu- 
tion qu'a  faite,  il  y  a  quarante  ans,  pour  le  battage  des  céréales,  l'invention  de  la  machine  à 
battre.  Le  travail  à  la  faux  va  peu  à  peu  disparaître,  comme  a  maintenant  complètement 
disparu  le  travail  au  fléau.  Les  ouvriers  agricoles  sont  ainsi  affranchis  des  deux  opérations 
les  plus  pénibles  et  les  plus  insalubres  qu'ils  avaient  à  effectuer,  sans  que  pour  cela  ils  voient 
diminuer  la  quantité  de  travail  qu'un  leur  demande,  grâce  aux  progrès  généraux  de  l'agri- 
culture ([ui,  pour  produire  davantage,  exige  que  l'on  donne  à  la  terre  des  façons  plus  di- 
verses.  » 


(  774  ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  grandeur  et  les  variations  du  diamètre  solaire; 
2*  Note  de  M.  L.  Respighi,  présentée  par  M.  Faye.  (Extrait.) 

«  Le  P.  Secchi,  dans  sa  Note  Sur  les  taches  et  le  diamètre  solaire  {Comptes 
rendus,  iS'ya,  t.  LXXV,  p.  i58i),  a  annoncé  à  l'Académie  que  la  durée  du 
passage  du  diamètre  solaire,  mesurée  sur  les  images  monochromatiques 
obtenues  dans  la  lunette  spectroscopique  avec  le  prisme  à  vision  directe 
devant  la  fente  du  spectroscope,  était  inférieure  à  la  durée  donnée  par  le 
Naulical  Almanac  de  Greenwich,  d'une  quantité  égale  à  o^G  environ;  il 
en  a  conclu  que  le  diamètre  de  l'image  monochromatique  du  Soleil  est 
inférieur,  d'au  moins  8  secondes,  au  diamètre  de  l'image  à  lumière  com- 
posée, obtenue  par  la  lunette  simple  avec  les  verres  colorés.  Ce  résultat 
inattendu  n'était  appuyé  qne  sur  deux  séries  de  passages,  observés  les  8  et 
q  novembre  1872,  dans  des  conditions  atmosphériques  peu  favorables, 
comme  le  P.  Secchi  l'a  dit  lui-même.  Possédant  les  deux  combinaisons 
spectroscopiques  du  P.  Secchi,  j'ai  cherché  à  vérifier  ce  résultat. 

»  De  nombreuses  observations,  exposées  dans  ma  Note  Sulle  variazioni 
del  diametro  solare,  etc.,  publiée  dans  les  Actes  de  l'Académie  royale  des 
Nuovi  Lincei,  1873,  ne  présentent,  avec  les  durées  du  passage  du  diamètre 
solaire  données  par  le  Naulical  Almanac,  (jue  de  petites  différences  de 
l'ordre  des  erreurs  probables;  j'en  ai  conclu  que  l'on  ne  pouvait  pas 
admettre  la  différence  de  0%  6,  donnée  par  le  P.  Secchi. 

»  Je  n'ai  remarqué  aucune  différence  entre  la  durée  des  passages  avec  les 
raies  obscures  et  avec  les  raies  renversées  de  la  chromosphère;  j'ai  seule- 
ment remarqué  que,  avec  les  raies  C  et  F,  l'observation  des  contacts  était 
moins  sûre,  à  cause  de  leur  renversement  subit  près  de  ces  contacts. 

»  Le  P.  Secchi  avait  trouvé  aussi  que  la  durée  du  passage  était  un  peu 
plus  grande  lorsque  le  Soleil  était  voilé  par  le  brouillard;  dans  ces  circon- 
stances, je  n'ai  trouvé  aucune  différence  appréciable,  seulement  l'obser- 
vation des  contacts  était  plus  sûre  et  les  résultats  plus  concordants. 

M  Je  devais,  dès  lors,  rechercher  quelles  circonstances  avaient  pu  pro- 
duire cette  différence  de  o%6,  dans  ia  durée  des  passages  du  diamètre 
solaire.  Le  P.  Secchi  n'a  jamais  donné  les  détails  de  ses  observations  :  on 
pouvait  donc  attribuer  les  erreurs  à  des  causes  accidentelles,  telles  que 
l'imparfaite  rectification  et  l'instabilité  de  l'instrument,  l'influence  de  la 
réfraction  atmosphérique,  etc.  Je  savais  bien  que  chacune  de  ces  causes 
d'erreur,  isolée,  ne  pouvait  pas  produire  la  différence  trouvée  par  le 
P.  Secchi  :  j'ai  voulu  indiquer  seulement  que  leur  ensemble  avait  pu  influer 
sur  le  résultat. 


(  IV  ) 

»  Aujourd'hui,  le  P.  Secchi  assure  avoir  écarté  ces  causes  d'erreur;  mais 
il  reste  toujours  la  principale,  savoir,  l'influence  des  variations  de  tem- 
pérature du  prisme. 

))  Les  expériences  f^iites  à  Palerme  par  le  professeur  Blaserna  et  à 
Vienne  par  M.  Stefan,  sur  les  déplacements  des  raies  spectrales  dans  les 
prismes  par  les  variations  de  la  température,  ont  montré  qu'il  suffit  d'une 
petite  variation  de  température  pour  produire  un  déplacement  sensible 
dans  ces  raies  :  on  est  donc  fondé  à  supposer  que,  dans  un  prisme  à  vision 
directe  Irès-absorbant,  fixé  près  du  foyer  d'une  grande  lunette,  et  sujet, 
comme  l'assure  le  P.  Secchi,  à  des  avaries  causées  par  l'intensité  de  la  cha- 
leur solaire,  les  raies  spectrales  ou  l'image  spectrale  du  Soleil  sont  sujettes 
à  des  déplacements  sensibles,  même  pendant  la  durée  de  passage.de  cette 
image;  ces  déplacements  seraient  d'ailleurs  dans  le  sens  de  la  différence 
trouvée  par  le  P.  Secchi. 

»  A  cet  égard,  le  P.  Secchi  dit  que  la  température  du  prisme  arrive 
assez  rapidement  à  un  état  d'équilibre  pour  donner  des  résultats  constants; 
que,  autrement,  les  différences  seraient  progressives,  et  non  pas  constantes, 
counne  celles  que  fournit  l'observation;  mais  on  ne  peut  accepter  ni  l'une 
ni  l'autre  de  ces  conséquences;  car,  pendant  chaque  passage  de  l'image 
solaire,  la  température  du  prisme  ne  peut  pas  rester  constante,  et  ses  va- 
riations doivent  se  reproduire  périodiquement,  dans  les  passages  succes- 
sifs, indépendamment  de  la  température  absolue  du  prisme  :  ce  sont  pré- 
cisément ces  variations  périodiques  qui  peuvent  déplacer  l'image  solaire 
d'une  quantité  presque  constante  dans  tous  les  passages  successifs,  et  altérer 
ainsi  la  durée  de  ces  passages.  Cette  influence,  si  elle  existe  dans  mon 
instrument,  doit  être  peu  sensible,  à  cause  de  la  moindre  quantité  de 
chaleur  donnée  par  l'objectif,  dont  l'ouverture,  pour  ces  observations,  est 
réduite  à  moitié  par  un  diaphragme,  et  à  cause  de  la  faible  absorption  du 
prisme  construit  par  M.  Hoffmann,  dont  la  monture  est  protégée  contre 
la  radiation  solaire  par  un  autre  diaphragme. 

»  J'ajouterai  que,  dans  ces  observations,  il  y  a  d'autres  causes  d'er- 
reur :  par  exemple,  l'ondulation  ou  l'agitation  du  bord  solaire,  et  l'erreur 
personnelle  dans  l'observation  des  deux  contacts. 

))  Les  prismes  à  vision  directe  très-absorbants,  comme  celui  du  P.  Sec- 
chi, peuvent  faire  disparaître  presque  complètement  ces  ondulations  et 
donner  un  contact  en  apparence  régidier  entre  le  bord  solaire  et  la  fente, 
mais  on  ne  peut  pas  considérer  ce  bord  artificiel  comme  la  limite  vraie  du 
disque  solaire  :  cette  limite,  selon  moi,  doit  ordinairement  tomber  entre 
le  sommet  et  la  base  des  ondulations. 


(  776  ) 

»  Dans  le  passage  des  images  monochromatiques  du  Soleil,  comme 
dans  la  lunette  simple,  les  contacts  des  deux  bords  sont  observés  dans  des 
conditions  bien  différentes,  soit  par  la  nature  différente  de  ces  contacts, 
soit  par  la  différence  de  netteté  des  raies  obscures  ou  lumineuses  servant 
de  fils  micrométriques.  Par  conséquent,  il  peut  exister  entre  les  deux  ob- 
servations une  erreur  personnelle,  plus  ou  moins  sensible  pour  les  divers 
observateurs,  et  je  crois  cette  erreur  encore  plus  à  craindre  dans  les 
contacts  pris  avec  les  raies  B  et  C,  choisies  par  le  P.  Secchi  :  pour  la  pre- 
mière, à  cause  de  la  faiblesse  de  la  partie  du  spectre  dans  laquelle  elle  se 
trouve  et  à  cause  de  l'étendue  du  groupe  de  raies  obscures  auquel  elle  est 
iniie;  pour  la  dernière,  à  cause  de  son  renversement  subit  au  voisinage  du 
moment  des  contacts. 

))  En  énumérant  ces  différentes  causes  d'erreurs,  je  ne  prétends  pas 
qu'elles  doivent  toutes  agir  dans  le  sens  de  la  différence  trouvée  par  le 
P.  Secchi;  je  prétends  seulement  que  ce  genre  d'observations  n'est  pas 
assez  sûr  pour  permettre  de  déduire  d'un  petit  nombre  d'observations, 
faites  en  deux  jours,  avec  le  même  instrument,  par  le  même  observateur, 
quoique  très-habile,  et  dans  des  conditions  atmosphériques  peu  favo- 
rables, une  conséquence  aussi  importante  et,  je  dirai  même,  aussi  éton- 
nante que  celle  qu'en  a  déduite  le  P.  Secchi. 

»  En  employant  le  prisme  objectif,  plusieurs  de  ces  causes  d'erreurs 
sont  évitées,  et  c'est  avec  plaisir  que  j'ai  vu  le  P.  Secchi  répéter  les  obser- 
vations des  passages  des  images  monochromatiques  du  Soleil  avec  cet 
appareil.  Je  regrette  seulement  qu'il  ait  fait  trop  peu  d'observations,  et 
toujours  sur  les  deux  raies  B  et  C,  pour  lesquelles  les  contacts  sont  le  plus 
incertains;  malgré  cela,  les  résultats  ont  déjà  réduit  presque  de  moitié  la 
différence  primitive  :  je  crois  que,  si  le  P.  Secchi  continue  ses  observa- 
tions, en  prenant  les  contacts  avec  des  raies  obscures,  bien  définies  et 
isolées,  nos  résultats  finiront  par  s'accorder,  entre  les  limites  restreintes 
de  nos  erreurs  personnelles. 

»  Avant  de  lépondre  à  la  Note  du  P.  Secchi,  j'ai  voulu  faire  de  nou- 
velles et  nombreuses  séries  d'observations,  soit  avec  le  prisme  objectif,  soit 
avec  le  prisme  à  vision  directe,  et  je  puis  assurer  que  les  résultats  moyens 
de  vingt-quatre  séries  d'observations,  faites  en  douze  jours,  entre  le  2S  août 
et  le  19  septembre,  ne  présentent,  avec  les  durées  du  passage  du  diamètre 
solaire  données  par  le  Naulical  Almanoc,  que  de  petites  différence.s,  com- 
prises en  4-  ou  —  0%  1 2.  Le  D'  Di  Segge,  mon  aide,  très-exercé  dans  les 
observations  des  passages  et  dans  l'usage  du  spectroscope,  a  obtenu  des 


(  777  ) 
résultats  compris  entre  ces  mêmes  limites.  Par  conséquent,  je  dois  affir- 
mer de  nouveau  que,  s'il  y  a  une  différence  entre  le  diamètre  des  images 
monochromatiques  du  Soleil  et  le  diamètre  adopté  par  ]e  Naulical  Alma- 
nac,  elle  doit  être  bien  inférieure  à  celle  de  8  secondes,  trouvée  par  le 
P.  Secchi. 

»  Pour  expliquer  cette  différence,  le  P.  Secchi  admet  que  la  lumière  in- 
tense de  la  base  de  la  chromosphère,  pour  une  hauteur  de  4  secondes  au 
moins,  est  visible  dans  la  lunette  simple  avec  des  verres  colorés  ou  absor- 
bants, en  continuation  avec  l'image  donnée  par  la  photosphère;  et,  à 
l'appui  de  son  opinion,  il  cite  l'agrandissement  de  l'image  monochroma- 
tique du  Soleil  avec  la  raie  C,  à  cause  du  renversement  de  celte  raie  sur 
la  base  de  la  chromosphère.  Pielativement  à  ce  fait,  je  dirai  que,  si  l'ap- 
pareil spectroscopique  donne  l'image  du  bord  réellement  monochroma- 
tique, cet  agrandissement  est  impossible,  car  la  chromosphère,  si  la  fente 
est  étroite,  ne  peut  doiuier  qu'une  ligne  lumineuse,  fonctionnant  comme 
un  fil  micrométrique  éclairé.  En  supposant  même  que  l'intensité  de  la 
raie(j  et  celle  de  toutes  les  raies  qui  se  renversent  à  la  base  de  la  chromo- 
sphère soit  égale  à  l'intensité  des  rayons  limitrophes  du  spectre  solaire,  ce 
qui  est  contestable,  la  somme  de  ces  raies  lumineuses  ne  pourrait  consti- 
tuer qu'une  lumière  trés-faible,  en  comparaison  de  celle  qui  résulte  de 
tous  les  rayons  compris  dans  les  parties  du  spectre  solaire  embrassées  par 
nos  verres  colorés;  par  conséquent,  elle  serait  insuffisante  pour  produire 
la  continuation  de  la  photosphère. 

»  En  accordant  même  au  P.  Secchi  que  les  raies  renversées  à  la  base  de 
la  chromosphère  soient  assez  nombreuses  et  assez  intenses  pour  égaler  la 
lumière  de  la  photosphère,  ce  qui  est  loin  de  la  vérité,  on  ne  pourrait 
encore  obtenir,  dans  le  demi-diamètre  solaire,  qu'un  accroissement  d'une 
seconde  au  plus;  car  les  observations  faites  pendant  les  éclipses  totales  et 
en  plein  soleil  montrent  que  la  couche  des  vapeurs  et  des  gaz  n'est  pas 
élevée  de  plus  d'une  seconde  au-dessus  de  la  pliotosphère.  Le  P.  Secchi 
porte  cette  hauteur  à  plusieurs  secondes,  en  la  déduisant  du  temps  employé 
par  la  Lune  pour  franchir  la  couche  brillante  renversée,  qui  a  été  évaluée 
à  une  ou  deux  secondes  au  plus;  mais  il  admet  que,  dans  les  éclipses 
totales,  la  Lune,  en  une  seconde  de  temps,  avance  vers  le  Soleil  de  plu- 
sieurs secondes  d'arc,  tandis  qu'il  est  certain  qu'elle  n'avance  que  d'une 
fraction  de  seconde  d'arc. 

»  Si  la  chromosphère  est  impuissante  à  produire  dans  nos  lunettes  un 

C.R.,  1873,  a»Semej<re.  (T.  LXXVll,  N"  14.)  lO' 


(  77^  ) 
agrandissement  sensible  dans  le  diamètre  solaire,  elle  doit  être  d'autant 
plus  impuissante  à  produire  dans  ce  diamètre  des  variations  sensibles  d'ini 
jour  à  l'autre,  ou  d'une  époque  à  l'autre,  comme  le  suppose  le  P.  Secchi.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  théorie  de  la  poussée  des  terres  ; 
Note  de  M.  J.  Curie,  présentée  par  M.  Belgrand. 

«  M.  de  Saint-Venant  a  jugé  utile,  dans  une  Note  insérée  aux  Comptes 
rendus  (p.  aS/J  de  ce  volume),  de  donner  les  motifs  qui  ont  déterminé,  en 
1868,  une  Commission  dont  il  est  le  seul  membre  survivant,  à  refuser  son 
approbation  à  la  théorie  de  la  poussée  des  terres  développée  dans  un 
Mémoire  que  j'ai  présenté  à  cette  époque.  Tout  en  regrettant  vivement 
qu'il  n'ait  pu  admettre  les  conclusions  de  mon  travail,  je  m'estime  heureux 
de  ce  que  les  points  sur  lesquels  je  suis  en  désaccord  avec  lui  soient 
nettement  formulés.  L'objet  de  la  présente  Note  est  de  répondre  à  ses  ob- 
jections, et  de  faire  saisir  d'une  manière  encore  plus  claire,  s'il  est  possible, 
qu'il  ne  l'a  fait,  en  quoi  consiste  la  différence  qui  existe  entre  la  théorie 
que  je  propose,  théorie  avec  laquelle  les  expériences  mentionnées  dans  ma 
Note  du  14  juillet  présentent  un  accord  frappant,  et  l'ancienne  théorie 
considérée  comme  approximativement  équivalente  à  la  théorie  rationnelle 
due  à  M.  Maurice  Levy. 

))  Le  nœud  de  la  question  se  trouve,  selon  moi,  dans  le  moyen  par  le- 
quel on  exprime  que  le  remblai  est  constitué  par  un  demi-fluide,  tel  qu'un 
sable  parfaitement  sec  et  dépourvu  de  cohésion.  C'est  dans  le  cas  d'un 
milieu  pareil,  formé  par  la  superposition  d'une  multitude  de  petits  corps 
solides,  que  je  crois  qu'il  n'est  pas  permis  d'appliquer  les  remarquables 
théorèmes  de  Cauchy,  relatifs  aux  pressions  qui  s'exercent  en  un  même 
point  d'une  masse  solide  ou  fluide.  Ces  théorèmes  supposent,  en  eftet,  une 
parfaite  continuité  dit  milieu  que  l'on  considère,  tandis  que  la  disconti- 
nuité de  la  matière  qui  constitue  les  remblais  demi-fluides  place  ces  rem- 
blais dans  une  catégorie  à  part. 

»  Ce  que  je  conteste  surtout,  c'est  que,  dans  un  pareil  milieu,  on  puisse, 
comme  le  fait  Cauchy  pour  les  milieux  solides  ou  fluides,  considérer  un 
parallélépipède  élémentaire,  et  établir  que  les  pressions  tangentielles  diri- 
gées suivant  deux  axes  rectangulaires  soient  égales. 

»  J'ajoute  qu'il  ne  faut  pas  confondre  le  problème  de  l'équilibre  absolu 
des  différentes  parties  très-petites  dont  se  compose  un  remblai  et  de  leur 
arrangement  en  vue  de  cet  équilibre  avec  le  problème  de  l'équilibie  d'un 
revêtement,  équilibre  dont  les  conditions  varient  nécessairement  avec   la 


(  779  ) 
position  de  l'arête  autour  de  laquelle  le  renversement  peut  se  produire.  On 
conçoit  sans  peine  qu'au  moment  où  le  renversement  devra  avoir  lieu,  les 
pressions  qui  s'exercent  dans  la  masse  du  remblai  puissent  se  répartir  pour 
déterminer  ce  renversement  d'ime  manière  variable  avec  la  forme  du  re- 
vêtement, et  différente  de  celle  qui  correspond  à  l'assiette  normale  du  rem- 
blai. A  part  mon  objection  relative  au  parallélépipède  élémentaire,  je 
serais  porté  à  penser  que  la  théorie  de  M.  Maurice  Levy  pourrait  être  celle 
qui  donnerait  la  répartition  réelle  des  pressions  dans  le  cas  d'un  système 
en  écjiiiUbre  slable,  cas  très-différent  de  celui  de  l'équilibre  limite  du  revêle- 
ment. 

»  Nul  plus  que  moi,  d'ailleurs,  ne  considère  une  théorie  rigoureusement 
rationnelle  comme  infiniment  supériein-e  à  une  règle  empirique,  qui  ne 
saurait  trouver  sa  confirmation  que  dans  les  limites  mêmes  pour  lesquelles 
elle  aurait  été  établie.  Sous  ce  rapport,  l'application  de  ma  théorie  m'a 
donné  pleine  et  entière  satisfaction,  car  c'est  toujours  par  une  épure  préa- 
lable que  j'ai  déterminé  les  conditions  de  mes  diverses  expériences,  et  ce 
sont  les  expériences  faites  dans  les  conditions  les  plus  exagérées  qui  ont  le 
mieux  accusé,  de  prime  abord,  l'accord  avec  ma  théorie  et  le  désaccord 
avec  l'ancienne  théorie. 

»  Je  passe  aux  deux  objections  capitales  de  M.  de  Saint- Venant. 
»  Il  n'admet  pas  qu'après  avoir  décomposé  le  poids  Q  du  prisme  de 
rupture  en  deux  forces,  dont  l'une  GN  est  détruite,  et  dont  l'autre  GP'estla 
poussée  primitive  que  je  transporte  en  LP,  je  décompose  à  son  tour  cette 
force,  de  manière  que  l'une  de  ses  composantes  LIT,  qui  serait  la  poussée 
effective,  étant  dirigée  de  manière  à  faire  l'angle  cp'  avec  la  normale  à  la 
paroi  du  mur,  l'autre  composante  LS,  dirigée  dans  le  sens  de  la  paroi  du 
mur  et  exerçant  son  action  dans  le  remblai,  puisse  être  détruite  par  la  réac- 
tion du  terrain  solide.  Suivant  lui,  celte  composante  LS  ou  IIP  devrait 
être  décomposée  elle-même,  au  point  L,  en  deux  autres,  dont  l'une  égale 
et  parallèle  à  IIII'  et  faisant  l'angle  f  avec  la  normale  au  plan  de  rupture 
BR,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  étant  perpendiculaire  à  BF,  serait  consi- 
dérée comme  détruite,  tandis  que  l'autre  IIII,  s'ajouterait  à  la  poussée  LII 
pour  donner  la  poussée  véritable  LII,,  à  laquelle  conduit  l'ancienne  théorie, 
et  qu'on  peut  obtenir  immédiatement  en  décomposant  le  poids  Q  en  deux 
forces,  l'une  perpendiculaire  à  tîF,  l'autre  dirigée  suivant  LH,. 

M  Je  maintiens  que  la  composante  LS  peut  être  intégralement  détruite 
par  la  réaction  du  terrain  solidesur  lequel  repose  le  remblai  dont  le  prisme 
de  rupture  fait  partie. 

lOI.. 


(  7«o  ) 
»  Il  n'en  serait  |ias  ainsi   si  le  prisme  de  rupture  était  un  prisme  solide; 
mais,  dans  le  cas  d'un  demi-fluide,  il  n'y  a  rien  qui  s'y  oppose.  J'ajoute  que 
c'est  là  ce  qui  établit  la  différence  entre  la  poussée  exercée  par  un  demi- 
fluide  et  la  poussée  exercée  par  un  prisme  solide,  et  c'est  pour  cela  que 


l'ancienne  théorie  est,  en  réalité,  applicable  au  cas  d'un  prisme  de  rupture 
solide. 

»  La  seconde  objection  de  M.  de  Saint-Venant  consiste  à  ne  pas  ad- 
mettre, dans  le  cas  où  la  poussée  primitive  LP  fait,  avec  la  normale  à  la 
paroi  BH,  un  angle  moindre  que  l'angle  9'  du  frottement  des  terres  contre 
les  maçonneries,  que  ce  soit  la  poussée  LP  qui  agisse  réellement  contre  le 
mur  sans  modification  nouvelle.  Il  pense  que,  dans  le  mouvement  initial 
de  renversement  du  mur,  l'exlrémité  inférieure  de  chacune  des  tranches 
élémentaires  du  remblai,  comprises  entre  deux  plans  parallèles  au  plan  de 
rupture,  tendrait  à  être  soulevée  par  le  frottement  développé,  par  suite  du 
relèvement  des  différents  points  de  la  paroi  BH,  en  contact  avec  le  remblai 
pendant  ce  mouvement  initial. 

»  Il  y  aurait  donc,  d'après  M.  de  Saint-Venant,  à  tenir  compte  de  ce 
frottement.  J'admets  qu'il  en  serait  ainsi  si  les  tranches  élémentaires  étaient 
solides.  La   réaction  du  mur,    oblique  j)ar  rapport  à   la  direction  de  ces 


(78.  ) 
tranches,  créerait  alors,  en  quelque  sorte,  un  point  d'appui  sur  lequel  elles 
seraient  soutenues. 

»  Dans  le  cas  d'un  demi-fluide,  je  conteste  que  les  choses  puissent  se 
passer  de  la  même  manière.  Les  particules  du  remblai,  en  contact  direct 
avec  le  mur,  pourraient  bien  être  entraînées,  mais  elles  seraient  immédia- 
tement remplacées  par  d'autres,  de  telle  sorte  cjue  l'état  d'équilibre  dans 
lequel  ce  frottement  entrerait  en  jeu  ne  pourrait  pas  s'établir.  Il  est  essen- 
tiel de  remarquer  que,  dans  ce  cas,  la  poussée  piimilive  LP  est  dirigée  au- 
dessus  de  la  poussée  LIT  et  qu'elle  est  par  conséquent  plus  dangereuse. 
L'équililire  ne  pourrait  donc  s'établir  qu'à  la  condition  qu'il  y  eût  mouve- 
ment; car,  par  hypothèse,  le  frottement  dont  il  s'agit  ne  peut  être  déve- 
loppé à  l'état  statique,  puisque  la  poussée  LP  fait,  avec  la  normale  à  la 
paroi  du  mur,  un  angle  moindre  que  y'.  Ce  mouvement,  d'ailleurs,  devrait 
nécessairement  se  produire  sous  l'action  de  la  force  LP,  plus  dangereuse 
que  la  force  LIT  ;  c'est  donc  pour  la  poussée  primitive  P  qu'il  est  nécessaire 
et  suffisant  que  les  conditions  d'équilibre  soient  remplies.  » 

CHIMIE  GÉNI2UALE.  —  Sur  la  condensation  des  gaz  et  des  liquides  par  le  charbon 
de  bois.  Phénomènes  thermicpies  produits  au  contact  des  licpiides  et  du  char- 
bon. Liquéfaction  des  gaz  condensés.  Note  de  M.  Melsens. 

«  L'absorption  du  chlore  par  le  charbon  de  bois  peut  aller  jusqu'à  re- 
présenter un  poids  de  chlore  égal  à  celui  du  charbon.  La  force  condensante 
du  charbon  peut  servir,  en  conséquence,  à  réaliser  la  liquéfaction  des  gaz 
non  permanents. 

»  On  sature  de  chlore  sec  du  charbon  placé  dans  un  tube  analogue  au 
tube  en  A  de  Faraday,  les  deux  extrémités  de  ce  tube  en  siphon  étant  scel- 
lées ensuite  à  la  lampe,  si  l'on  vient  à  chauffer  la  longue  branche  du  tube 
contenant  le  charbon,  dans  un  bain-marie  d'eau  bouillante,  et  si  l'on 
plonge  la  courte  branche  'dans  un  mélange  réfrigérant,  luie  quantité  con- 
sidérable de  chlore  abandonne  le  charbon  pour  reprendre  l'état  gazeux, 
et,  sous  l'influence  de  la  pression  développée,  ce  gaz  se  liquéfie  dans  la 
courte  branche  refroidie. 

»  J'ai  obtenu  ainsi  plusieurs  centimètres  cubes  de  chlore  pur  liquide.  En 
enlevant  le  tube  du  bain-marie,  le  chlore  liquide  entre  spontanément  en 
ébullition  et  va  de  nouveau  se  condenser  sur  le  charbon  pendant  que  la 
courte  branche  se  couvre  de  givre. 

»  On  peut  reproduire,  pour  ainsi  dire  indéfiniment,  cette  succession  de 


(  7«'^  ) 
pliénomènes.  Ces  expériences,  faciles  à  réaliser  dans  les  Cours  publics,  per- 
mettent à  l'auditoire  d'en  observer  les  diverses  phases  (i). 

»  Bien  que  je  ne  puisse  considérer  mes  expériences  que  comme  un  essai, 
je  les  ai  étendues  cependant  à  la  liquéfaction  d'un  assez  grand  nombre 
de  gaz,  absorbés  à  froid  par  le  charbon  et  s'en  dégageant  par  une  tempé- 
rature ne  s'élevanl  pas  à  plus  de  loo  degrés  C.  :  le  chlore,  l'amuioniaque, 
l'acide  sulfureux,  l'acide  sulfhydrique,  l'acide  bromhydrique,  le  chlorure 
d'étliyle  et  le  cyanogène.  Pour  tous  ces  gaz,  la  liquéfaction  peut  être  dé- 
montrée dans  les  Cours,  en  exposant  l'histoire  de  ces  corps. 

u  En  réfléchissant  aux  faibles  effets  thermiques  constatés  par  Pouillet, 
lors  de  l'indjibition  des  matières  minérales  pulvérulentes  par  l'eau,  l'huile, 
l'alcool  et  l'éther  acétique,  et  aux  effets,  un  peu  plus  forts,  constatés  lors  de 
l'absorption  des  mêmes  liquides  par  les  matières  organisées,  je  me  suis  de- 
mandé si  l'on  ne  pourrait  pas  arriver  à  constater  des  effets  thermiques  pro- 
noncés, en  mettant  en  contact,  avec  les  cellules  du  charbon,  des  liquides 
sans  action  sur  lui  :  l'eau,  l'alcool,  l'éther  ordinaire,  le  sulfure  de  carbone 
et  le  brome. 

»  L'expérience  a  dépassé  mon  attente.  En  employant  le  brome  liquide, 
par  exemple,  réchauffement  est  tel  que,  avec  i  partie  de  charbon  et  7  à 
g  parties  de  brome,  l'élévation  de  température  dépasse  3o  degrés  C,  en 
opérant  seulement  sur  5  à  10  grammes  de  charbon. 

»  En  opérant  dans  des  appareils  vides  d'air,  avec  du  charbon  bien  dé- 
barrassé de  gaz  à  chaud  et  refroidi  dans  le  vide,  réchauffement  dû  à  l'im- 
bibition  du  brome  serait,  sans  aucun  doute,  bien  plus  considérable  en- 
core. 

»  Les  liquides  volatils  condensés  dans  les  pores  du  charbon,  le  brome, 
l'acide  cyanhydrique,  le  sulfure  de  carbone,  l'éther  ordinaire  et  l'alcool 
n'en  sont  pas  chassés,  ou  ne  s'en  dégagent  que  partiellement,  par  une  tem- 
pérature de  100  degrés  C.  à  la  pression  ordinaire.  J'ai  fait  l'expérience 
avec  un  tube  de  l'araday,  et  en  opérant  comme  je  l'ai  dit  pour  la  liqué- 
faction des  gaz.  Un  tube,  plein  de  charbon  saturé  d'alcool,  n'en  laisse  rien 
distiller  à  100  degrés.  » 

M.  le  Secrétaike  pekpétuel,  en  présentant  la  Note  de  M.  Melsens,  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  les  tubes  qu'il  lui  a  fait  parvenir  et  à  l'aide 


(i)  Les  résultats  précités  ont  fait  l'objet  d'une  Note  déposée  au   Secrétariat  de  l'Institut, 
le  10  février  dernier.  Le  titre  seul  de  cette  Cuminunication  a  été  inséré  aux  Comptes  rendus. 


(  783  ) 
desquels  les  principales  expériences,  la  liquéfaction  du  chlore,  du   cya- 
nogène, etc.,  ont  été  reproduites  au  laboratoire  de  l'Ecole  Centrale. 

La  condensation  du  brome  liquide  par  le  charbon,  effectuée  sur  quelques 
grammes,  a  donné  lieu  à  une  brusque  élévation  de  température,  le  mé- 
lange passant  en  quelques  minutes  de  20  à  45  degrés. 

CHIMIE  MiiNÉRALE.    —   Production  par  voie  sèche  de  quelques  borates 
cristallisés.  Note  de  M.  A.  Ditte. 

«  Lorsqu'on  chauffe  de  l'acide  borique  avec  un  oxyde  ou  on  carbonate 
métallique,  on  obtient  en  général  des  matières  vitreuses  plus  ou  moins  trans- 
parentes, contenant  à  la  fois  l'acide  et  la  base;  mais  ce  ne  sont  pas  là  des 
combinaisons  définies;  leur  composition  dépend  des  proportions  de  matières 
mises  en  présence,  et  leur  fusibilité  varie  avec  la  quantité  d'acide  borique 
qu'elles  renferment.  Quand  on  cherche  à  préparer  des  borates  cristallisés, 
ayant  par  suite  une  composition  bien  définie,  la  première  difficulté  que  l'on 
rencontre  tient  à  la  grande  fusibilité  de  ces  corps.  Dans  les  circonstances 
où  l'on  se  place  d'inbitude  pour  obtenir  des  cristaux  par  voie  sèche,  ils  ne 
fournissent  en  effet,  le  plus  souvent,  que  des  masses  transparentes,  des 
perles  vitreuses,  mais  sans  traces  apparentes  de  cristallisation. 

»  J'ai  pu  tourner  la  difficulté  en  opérant  à  température  très-basse,  et 
soustrayant  les  cristaux,  dès  leur  formation,  à  l'influence  de  la  chaleur.  Je 
me  sers  à  cet  effet,  comme  dissolvant,  d'un  mélange  à  équivalents  égaux, 
de  chlorures  alcalins,  qui  fond  au  rouge  sond^re,  et  dans  lequel  j'introduis 
des  borates  amorphes  ou  les  éléments  du  sel  que  l'on  veut  obtenir.  Le  tout 
est  placé  dans  un  creuset  de  platine  chauffé  par  une  lampe  à  gaz,  et  plus 
fortement  au  fond  qu'à  la  partie  supérieure.  Dans  ces  conditions,  le  fond 
du  creuset  étant  porté  au  rouge,  une  portion  du  borate  se  dissout  dans  la 
matière  en  fusion,  vient  cristalliser  vers  le  haut  dans  les  parties  plus  froides, 
et  les  cristaux  formés  se  réunissent  au  bord  du  creuset,  où  la  température 
n'est  qu'à  peine  celle  de  fusion  des  chlorures  alcalins.  Ils  y  forment,  mé- 
langés à  un  peu  du  dissolvant  qui  se  solidifie,  iine  sorte  de  bourrelet  ou  de 
couronne  solide  qui  s'accroît  peu  à  peu.  On  la  détache  très-facilement  du 
creuset  refroidi;  on  la  traite  par  l'eau  bouillante,  qui  dissout  les  chlorures 
et  laisse  à  l'état  de  pureté  les  cristaux  obtenus. 

»  L  Borates  de  chaux.  —  Une  dissolution  saturée  et  bouillante  d'acide 
borique  attaque  facilement  le  spath  d'Islande,  eu  formant  de  petites  ai- 
guilles de  borate  de  chaux,  et  les  parois  du  vase,  aussi  bien  que  le  spath, 


(  784  ) 
se  recouvrent,  après  quelques  lieures,  d'une  couche  blanche  et  cristalhne 
de  ce  sel,  qui  s'épaissit  peu  à  peu.  On  arrive  au  même  résultat  en  substituant 
au  spath  le  marbre,  la  craie  ou  la  dolomie;  mais  le  produit  est  alors  mé- 
langé aux  impuretés  du  carbonate  de  chaux  employé.  L'aspect  de  ces  ma- 
melons cristallins  est  com])arable  à  celui  du  borate  de  chaux  naturel  de 
Toscane,  que  l'on  trouve  en  croûtes  superficielles  sur  des  calcaires,  et  que 
Beudant  attribue  à  la  double  décomposition  du  borax  et  de  la  chaux  car- 
bonatée.  Je  n'ai  pu  toutefois  le  produire  ainsi  :  une  solution  bouillante  et 
saturée  de  borax  n'attaque  pas  les  calcaires  à  la  pi'ession  atmosphérique, 
c'est-à-dire  vers  loo  degrés.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  sel  obtenu  avec  l'acide 
borique  est  un  borate  de  chaux  hydraté  qui  renferme  3BoO',  CaO,  4HO, 
que  l'on  peut  écrire  (2BoO%  CaO,  HO)  (BoO',  3liO),  en  le  regardant 
comme  une  combinaison  d'acide  borique  cristallisé  avec  un  borate  de  chaux 
analogue  au  borax.  Ce  sel  perd  son  eau  à  200  degrés  et  fond  en  lui  verre 
limpide  vers  ZjSo  degrés  environ. 

»  Quand  on  l'introduit  dans  le  mélange  de  chlorures  alcalins,  en  mo- 
dérant beaucoup  le  feu,  de  manière  à  l'empêcher  de  fondre,  on  voit  se  for- 
mer rapidement,  sur  les  parois  du  creuset,  un  bourrelet  de  cristaux;  s'il 
fond  et  se  rassemble  en  une  masse  vitreuse,  ce  qui  diminue  de  beaucoup  sa 
surface  de  contact  avec  les  chlorures,  la  cristallisation  est  considérable- 
ment ralentie.  Ou  obtient,  dans  ces  circonstances,  un  borate  neutre  de 
chaux  (I),  qui  se  produit  encore  (II)  quand  on  traite  par  les  chlorures 
alcalins  du  borate  précipité,  provenant  de  l'action  du  borax  sur  l'azotate  de 
chaux.  Il  se  forme  aussi  (III)  quand,  dans  les  deux  opérations  qui  précè- 
dent, on  ajoute  au  mélange  fondu  une  petite  quantité  de  chlorure  de  cal- 
cium pur;  dans  ce  cas,  le  bourrelet  se  forme  sur  les  |)arois  du  creuset  avec 
une  rapidité  extrême  et  tout  est  bientôt  transformé  en  cristaux.  Il  est  tou- 
jours préférable,  et  pour  la  même  raison,  d'éviter  la  fusion  de  la  matière  au 
fond  du  creuset.  Voici  la  composition  de  ce  sel,  qui  répond  à  la  formule 

BoO%  CaO. 

II.  m. 

t^iiaux 44,57        44,36      44,75        44,86      44,96        44,44 

Acide  borique.  . .     55,42  55,63        55,24  55,  i4        55, o3  55,56 

»  Les  cristaux  sont  des  prismes  quadrilatères,  aplatis  de  manière  à  pré- 
senter souvent  la  forme  de  lames,  et  qui,  en  s'accolant  les  uns  aux  autres, 
constituent  des  groupes  cannelés;  ils  sont  incolores,  transparents,  facile- 
ment soluhles  vers   Bo  degrés  dans  les  acides  nitrique  et  chlorhydrique 


(  785  ) 
élondiis  de  letir  volnme  dVan,  insolubles  dans  l'acide  acétique  cnncenfré 
et  bouillant,  et  très-facilement  fusibles. 

»  Si  le  chloriu-e  de  calcitnn,  ajouté  et  en  grand  excès,  formait,  jiar 
exemple,  le  quart  du  mélange,  la  pioduction  des  cristaux  et  du  bourrelet 
est  des  plus  rapides,  et  l'on  obtient  un  nouveau  sel  renfermant  plus  de  chaux. 
C'est  un  borate  basique  que  l'on  prépare  encore  en  ajoutant  simplement 
un  peu  d'acide  borique  aux  trois  chlorures  fondus  dans  les  proportions 
suivantes  :  2  de  chlorure  de  potassium,  1  de  chlorure  de  sodium,  i  de 
chlorure  de  calcium.  Ce  sel  a  pour  formule  3CaO,2BoO'.  Les  cristaux 
prismatiques  allongés,  striés  parallèlement  aux  arêtes  latérales,  sont  solu- 
bles  dans  les  acides  autres  que  l'acide  acétique. 

»  En  ajoutant  au  borate  de  chaux  précipité,  ou  à  celui  qui  provient  de 
l'action  de  l'acide  borique  dissous  sur  le  spath  calcaire,  le  tiers  environ 
de  son  poids  d'acide  borique  fondu,  on  obtient,  par  la  cristallisation  dans 
les  chlorures,  des  aiguilles  longues,  soyeuses,  légères,  souvent  accolées  en 
pinceaux  délicats  ou  en  groupes  plus  épais.  Les  cristaux  (I)  terminés  par 
une  face  inclinée  sur  les  arêtes  latérales  sont  du  sesquiborate  de  chaux 
aCaO,  3BoO'  ;  on  l'obtient  directement  en  fondant  de  l'acide  borique  en 
excès  avec  de  la  chaux  ;  après  refroidissement  on  trouve  une  masse  blanche, 
fibreuse,  formée  de  grandes  aiguilles  plates,  nacrées,  nettement  séparée  de 
l'acide  borique  excédant,  et  dont  on  extrait  sans  difficulté  de  grandes  lames 
brillantes,  solubles  dans  les  acides  (II).  Voici  la  composition  de  ce  sel  : 

I. 

Ch;iux 34,66 

Acide  borique 65,33 

»  Enfin,  lorsque,  au  lieu  d'uTie  petite  c[uantité  d'acide  borique,  on  en 
met  un  grand  excès,  la  cristallisation  s'opère  avec  une  lenteur  extrême. 
An  bout  de  six  ou  huit  heures,  on  n'obtient  que  quelques  décigrammcs 
de  cristaux  aplatis,  solubles,  même  à  froid,  dans  l'acide  nitrique  et  formés 
de  biborate  de  chaux. 

M  II.  Borates  de  strontiane.  —  Le  carbonate  de  strontiane  est  attaqué, 
comme  celui  de  chaux,  par  une  solution  bouillante  d'acide  borique,  et 
donne  un  sel  qui  se  dépose  en  mamelons  cristallins.  Si  l'on  introduit  ce 
corps,  ou  le  borate  provenant  de  l'action  du  borax  sur  le  nitrate  de  stron- 
tiane, dans  le  mélange  de  chlorures  alcalins,  il  ne  fond  pas  comme  le  sel 
de  chaux  correspondant,  et  se  transforme  en  cristaux  de  biborate  de  stron- 
tiane. On  obtient  le  même  sel  en  ajoutant  au  mélange  un  grand  excès  de 

C.  R.,  1873,  i"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  i^l.)  I02 


II. 

Calculé. 

34,68 

34,34 

34,78 

65, 3i 

65, 60 

65,22 

(  786  ) 
chlorure  de  strontium,  qui  ne  joue  en  aucune  façon  ici  le  rôle  du  chlo- 
rure de  calcium  dans  les  expériences  précédentes. 

))  Quand  on  fait  arriver  à  la  partie  supérieure  du  creuset  qui  contient  ce 
mélange  de  chlorures  alcalins  et  de  chlorure  de  strontium  un  courant  de 
vapeur  d'eau,  le  bourrelet  très-volumineux  qui  se  produit  ne  renferme  que 
des  cristaux  du  même  sel;  il  contient  : 


u. 

I.  ,--^.^_^-^— — ~  III.  Calculé. 


Slronliane 42>^6  ^"^^^9  42>44  ^2,52  ^2,62 

Acide  borique...     67,33  57,3i  57,55  57,48  57,88 

»  Ce  biborate  de  strontiane,  SrO,2BoO%  est  en  aiguilles  longues,  fines  et 
minces,  assemblées  en  pinceaux,  et  solubles,  à  froid,  dans  l'acide  azotique. 

»  Si  l'on  répète  les  expériences  qui  précèdent  en  ajoutant  de  la  stron- 
tiane caustique  en  excès,  on  n'obtient  plus  des  aiguilles  fines,  mais  des 
prismes  à  quatre  pans,  épais,  plus  volumineux  et  couverts  de  stries;  ils 
sont  terminés  souvent  par  un  pointement,  et  se  dissolvent  bien  dans  les 
acides;  leur  composition  montre  que  c'est  là  le  sesquiborate  de  strontiane 
2SrO,  3BoO'. 

»  Un  mélange,  à  équivalents  égaux,  d'acide  borique  et  de  strontiane 
caustique,  fortement  chauffé  dans  un  creuset  de  charbon,  laisse  un  résidu 
solide  au-dessus  duquel  est  une  matière  fondue.  Celle-ci  devient,  en  se 
refroidissant,  une  masse  couverte  d'aiguilles  brillantes,  qui,  traitée  dans  le 
mélange  de  chlorures  alcalins  avec  un  peu  de  chlorure  de  strontium,  cris- 
tallise très-facilement.  Les  cristaux,  assez  gros,  courts,  striés  et  terminés 
par  un  pointement,  sont  du  borate  neutre  de  strontiane,  BoO',  SrO. 

»  Enfin,  si  cette  dernière  opération  5e  fait  en  présence  d'un  excès  de 
strontiane  caustique,  les  cristaux  prismatiques,  aplatis,  accolés  les  uns  aux 
autres,  que  l'on  obtient,  sont  fort  petits;  ils  sont  colorés  en  jaune  par  des 
traces  d'oxyde  de  fer  et  constituent  un  borate  basique  analogue  à  celui  de 
chaux  décrit  précédemment;  sa  formule  est  3SrO,  2B0O'. 

»  Ce  sel,  comme  le  précédent,  se  dissout  facilement,  à  froid,  dans  les 
acides  étendus  autres  que  l'acide  acétique.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'acide  tribromacélique ; 

par  M.  H.  Gal. 

«  Dans  l'étude  que  j'ai  faite,  en  i863,  des  dérivés  bromes  du  bromure 
d'acétyle  (1),  j'eus  occasion  de  préparer  une  certaine  quantité  d'acide  tri- 


[1)   Comptes  tendus,  t.  LVI,  p.  17.57. 


(  787  ) 

bromacétique  et  d'indiquer  quelques  propriétés  de  ce  nouveau  composé. 
Le  procédé  dont  je  fis  usage  à  cette  époque  est  d'une  application  difficile; 
désireux  de  me  procurer  cette  substance  en  plus  grandes  proportions  pour 
des  recherches  ultérieures,  j'ai  pensé  à  oxyder  le  bromal  hydraté  par  l'acide 
azotique  fumant.  M.  A.  Clermont  ayant  obtenu,  par  un  procédé  analogue, 
l'acide  trichloracétique  en  grande  quantité,  il  y  avait  lieu  d'espérer  que 
l'action  de  cet  oxydant  sur  l'hydrate  de  bromal  conduirait  à  un  résultat 
analogue;  c'est  en  effet  ce  que  l'expérience  a  démontré. 

»  Le  bromal  hydraté  se  dissout  dans  l'acide  nitrique  fumant  en  produi- 
sant un  abaissement  considérable  de  température.  Lorsque  la  dissolution 
est  complète  et  qu'on  soumet  le  liquide  à  l'action  de  la  chaleur,  il  ne  tarde 
pas  à  se  dégager  des  vapeurs  rutilantes  qui  deviennent  de  plus  en  plus  abon- 
dantes; il  est  même  nécessaire  d'enlever  la  source  de  chaleur  pour  éviter 
une  réaction  trop  vive;  l'attaque  se  continue  d'elle-même.  Lorsqu'il  ne  se 
produit  plus  de  vapeurs  nitreuses,  on  abandoiuie  au  refroidissement  la  li- 
queur qui  se  prend  en  une  masse  cristalline.  Les  cristaux  sont  jetés  sur  un 
entonnoir;  lorsqu'ils  sont  bien  égouttés,  il  suffit  de  les  redissoudre  dans  de 
l'eau  froide,  et  d'abandonner  la  dissolution  à  une  lente  évaporation  pour 
obtenir  l'acide  tribromacétique  tout  à  fait  pur.  Celui-ci  se  présente  alors 
sous  la  forme  de  prismes  obliques  à  base  rhombe,  de  fort  grande  dimen- 
sion. Ce  corps  n'est  pas  déliquescent  et  peut  se  conserver  à  l'air  libre. 

»   L'analyse  de  ce  produit  a  fourni  les  résultats  suivants  : 

1^'',  180  de  matière,  brûlés  par  l'oxyde  de  cuivre,  ont  donné  naissance  à  0,680  d'acide 
carbonique  et  à  0,0^5  d'eau. 

0,301  de  substance,  chauffés  avec  la  chaux  vive,  ont  produit,  avec  l'azotate  d'argent,  un 
précipité  de  o,4i4  ''^  bromure  de  ce  métal. 

»  Ces  nombres  conduisent  à  la  composition  centésimale  suivante  : 

C 8,5 

H 0,37 

Br 87,6 

»  L'acide  tribromacétique  exige  : 

C 8,7 

H 0,33 

Br 87,5 

«  Cet  acide  s'élhérifie  avec  la  plus  grande  facilité;  il  suffit  de  le  chauffer 
avec  l'alcool  pour  obtenir,  iumiédiatement  après  l'addition  d'une  quantité 
convenable  d'eau,  un  produit  plus  lourd  que  ce  liquide  et  qui  n'est  autre 
que  l'éther  tribromacétique. 

X02.. 


(  788  ) 
))   En  présence  des  alcalis  et  sous  l'action  de  la  ch.deur,  le  nouvel  acide 
se  décompose  raj)idenieiit  en  donnant  naissance,  connue  je  l'ai  déjà  in- 
diqué, à  du  bromoforme  et  à  du  carbonate  de  la  base  employée,  d'après 
l'équation 

C'HBr^O"  -+-  2(M0,  HO)  =  CMlBr^  +  2(M0,  CO^)  +  2HO. 

»  Cette  réaction  est  tout  à  fait  comparable  à  celle  que  fournit  l'acide 
trichjoracétique  dans  les  mêmes  circonstances,  et  que  INI.  Dumas  a  fait  con- 
naître depuis  longtemps. 

»  L'acide  tribromacétique  est  un  acide  très-énergique;  on  peut  cepen- 
dant le  toucher  sans  inconvénient  avec  les  doigts  lorsqu'il  est  bien  sec;  il 
n'en  est  plus  de  même  lorsqu'il  est  humide  :  il  détermine  alors  sur  les  points 
de  la  peau  où  le  contact  a  lieu  une  forte  inflammation  qui  amène  le  soulè- 
vement de  répidtrme. 

»  Les  sels  que  forme  cet  acide  ont  une  grande  tendance  à  cristalliser. 
J'ai  obtenu,  entre  autres,  un  sel  de  baryte  sous  la  forme  de  longues  aiguilles 
ayant  plusieurs  centimètres  de  longueur,  et  un  sel  de  cuivre  constitué  par 
des  |jrisnies  volumineux,  qui  parait  isomorphe  avec  l'acétate  de  ce  métal. 
L'étude  de  ces  composés  et  des  autres  tribromacélates  fera  l'objet  d'une 
prochaine  Communication.  » 

CHIMIE.  —  RéclanuUiun  de  j)iiotité,  au  sujet  île  l'aclion  du  gaz  ammoniac 
sur  le  nitrate  d  amntoniaque;  par  M.  K.  Divers. 

«  Je  Iroiive  dans  le  Chemical  News  du  i3  juin  un  Extrait,  d'après  les 
Comptes  rendus  du  12  mai  1873,  d'un  Mémoire  de  M.  F. -M.  Raoult,  traitant 
de  l'action  du  gaz  ammoniacal  sur  le  nitrate  d'ammoniaque. 

»  J'ai  l'honneur  d'atlresser  à  l'Académie  un  exemplaire  d'un  Mémoire 
sur  le  même  sujet,  qui  a  été  présenté  à  la  Royal  Society  de  Londres,  le 
2y  octobre  1872,  lu  le  9  janvier  1873,  et  publié  en  Extrait  dans  le  n"  i[\i 
de  ses  l'roceedimjs,  et  maintenant,  sans  doute,  en  entier  dans  ses  Transac- 
tions. Je  crois  avoir  devancé  M.  Raoult,  et  je  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  me  permettre  de  réclamer  l'honneur  de  la  découverte  de  l'action 
du  gaz  ammoniacal  sur  le  nitrate  d'ammoniaque.  » 

EMBRYOGiiNlD:.  —  Développement  des  Batraciens.  Note  sur  les  embrjons 
de  /'Ilylodes  niartinensis.  Extrait  d'une  Lettre  de  i\L  Iîavay. 

Il  Une  grande  sécheresse,  ijui  depuis  longtemps  désolait  la  colonie  en 
suspendant  la  végétation,  empêchait  aussi  la  ponte  de  mes  Batraciens.  Je 


(  7»9) 
n'avais  pu  rassembler  tous  les  degrés  de  leur  évolution  et  former  la  série 
que  je  jugeais  nécessaiie  pour  lever  les  doutes  émis  sur  la  véracité  de  mon 
récit.  Aujourd'hui  seulement,  j'ai  pu  me  procurer  des  œufs  à  la  veille  d'é- 
clore;  mais  la  simple  opération  de  leur  immersion  dans  la  glycérine  n'a 
pas  eu  un  succès  complet  :  une  partie  des  jeunes  animaux  sont  sortis  quand 
j'ai  saisi  les  œufs,  luie  autre  paitie  ont  brisé  leurs  enveloppes  dans  les 
convulsions  de  l'agonie,  de  sorte  que  l'on  ne  trouvera  dans  le  tube  ci-joint 
que  fort  peu  d'œufs  contenant  encore  leurs  embryons-larves. 

»  Presque  tous  ont  encore  de  légers  vestiges  de  queue,  soit  que  l'éclo- 
sion  ait  été  un  peu  prématurée,  soit  aussi  que  j'aie  mal  vu  en  affu'mant 
qu'ils  sortent  de  l'œuf  parfaitement  dépourvus  de  cet  appendice.  On  ne  le 
dislingue  pas,  en  effet,  sur  l'animal  sorti  normalement  de  l'œuf  et  vivant. 
Il  faut  peut-être  que  ce  vestige  membraneux  soit  durci  et  soutenu  par  la 
glycérine  pour  être  visible. 

»  Je  crains  que  les  blanchies  ne  soient  pas  bien  visibles  dans  certains 
échantillons;  le  sang,  ayant  perdu  sa  couleur,  ne  les  rend  plus  assez 
opaques. 

»  D'ailleurs,  si  tous  les  œufs  sont  gonflés  par  l'absorption  de  la  glycérine, 
les  parties  de  l'embryon  sont  très-racornies  par  cet  agent  conservateur.  » 

((  M.  CiiASLEs  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  prince  B. 
Boncompagni,  plusieurs  livraisons  du  Butlettino  di  Bibliogfdfia  c  di  Sloiia 
délie  Scienze  malematiche  e  fisiche  :  livraisons  de  décembre  1872,  janvier  et 
février  1873.  Le  numéro  de  décembre  contient  la  suite  de  la  publication 
de  M.  Steinschneider  sur  les  mathématiciens  arabes,  d'ajjrès  un  ouvrage 
inédit  de  Bernardino  Baldi,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  signaler  à  l'Acailémie 
dans  notre  séance  du  28  juillet  dernier.  Nous  citerons,  dans  le  numéro  de 
janvier  187^,  un  écrit  du  P.  Timoleo  Berlelli,  Barnabite,  sur  les  Recherches 
relatives  aux  petites  oscillations  du  pendule,  faites  dans  le  cours  du 
xvu"  siècle.  Il  y  est  fait  mention  naturellement  de  la  belle  expérience  de 
notre  regretté  confrère  Foucault.  Puis  se  trouve  un  manuscrit  inédit  de 
Galilée,  en  la  possession  de  M.  le  prince  Boncompagni.  Ce  sont  des  Notes 
adressées  par  Galilée  à  J.-B.  Morin,  au  sujet  de  son  ouvrage  de  i63i  sur 
la  question  du  mouvement  ou  de  l'immobilité  de  la  Terre.  Ces  Notes  de 
Galilée  sont  précédées  de  recherches  historiques  et  bibliographiques  du 
très-zélé  et  savant  éditeur  du  Bullellino.  On  trouve  dans  le  numéro  de  fé- 
vrier une  Lettre  de  M.  Guido  Vimercati  sur  la  première  idée  des  chaudières 
tubulaires,  et  quelques  remarques  de  M.  Bouchon  Brandely  sur  VHhloire 


(  79°  ) 
des  Malliéinaticjues  chez  tes  Jrabes,  du  D'  Hankel,  et  les  Notes  y  relatives  de 
M.  Steinschncider.  Ce  cahier  se  termine  par  une  Table  fort  étendue  des 
publications  mathématiques  les  plus  récentes  dans  tous  les  pays.  » 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  D. 


BCIiLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i5  septembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Recherches  sur  la  nature  de  la  kyesléme;  par  M.  A.  BÉCHAMP.  Montpellier, 
typ.  Boehm,  sans  date;  br.  in-S".  (Extrait  du  MonlpeUier  médical.  ) 

Les  Microzymas,  la  Pathologie  et  la  Thérapeutique  ;  par  M.  A.  Béchamp. 
Montpellier,  typ.  Boehm,  sans  date;  br.  in-8°. 

Des  Microzymas  des  organismes  supérieurs;  par  MM.  A.  Béchamp  et  A. 
ESTOR.  Montpellier,  typ.  Boehm,  1870;  br.  in-S".  (Extrait  du  il/oH;/;e//jer 
médical.  ) 

Du  rôle  des  organismes  microscopiques  de  la  bouche  (ou  de  Lemvenhoeck) 
dans  la  digestion  en  général ^  et  particulièrement  dans  la  formation  de  la  diaslase 
salivaire;  par  MM.  Béchamp,  Estor  et  Saintpierre.  Montpellier,  typ. 
Boehm,  1867;  br.  in- 8°.  (Extrait  du  Montpellier  médical.) 

annuaire  spécial  des  vétérinaires  militaires,  années  1873-1874.  Paris, 
E.  Donnaud,  1873;  br.  in-8°. 

La  question  du  tonnage.  Note  sur  la  nouvelle  base  de  perception  des  droits 
du  canal  de  Suez;  par  M.  MOURETTE.  Paris,  imp.  A.  Pougin ,  1872; 
br.  in-S". 

On  the  quadrature  of  the  circle,  A.  D.  i58o-i62o;  by  J.-W.-L.  Glaisher. 
London,  i873;br.  in-S". 

On  the  évaluation  in  séries  of  certain  defmite  intégrais;  by  J.-Vi.-L.  GlaisheR. 
London,  1872;  br.  in-8°. 

On  theform  of  the  cells  of  bées;  bj  J.-W.-L.  Glaisher.  London  ,  1873  ; 
br.  in-8°. 

On  functions  ivith  recurring  derivatives;  bj  J.-W.-L.  Glaisher,  London, 
sans  date;  opuscule  in-8". 


(  79'  ) 
On  certain  séries  for  n;  hy  J.-W.-L.  Glaisher.  London,  1873;  br.  in-8°. 
On  a   déduction  Jrom  von  Staiidts  property  of  BernouUi's   numbers;    hy 
J.-W.-L.  Glaisher.  London,  sans  date;  br.  in-S". 

On  the  rejection  of  discordant  observations  ;  6/ J.-W.-L.  GLAISHER.  London, 
sans  date  ;  br.  in-B". 

On  early  logarithmic  Tables,  and  their  calculators;  by  J.-W.-L.  Glaisher. 
London,  iSyS;  br.  in-B". 

On  theprogress  toaccuracy  oftlie  logarithmic  Tables;  by  J.-W.-L.  Glaisher. 
London,  sans  date;  br.  in-B". 

Arithmetical  identities;  /^r  J.-W.-L.   Glaisher.  London,  iByS;  br.  in-8°. 

On  Jrilhmetical  irrationality ;  by  J.-W.-L.  Glaisher.  London,  1873; 
br.  in-B". 

Remarks  on  certain  séries  occurring  in  a  pnper  «  On  the  dednction  of 
séries  from  infinité  producls  »,  p.  i3S-i42;  />/ J.-W.-L.  Glaisher.  Lon- 
don, 1B73,  br.  in-B°. 

Remarks  on  logarithmic  and  factor  Tables,  with  spécial  référence  to 
Mr  Dracli  s  suggestions;  by  J.-W.-L.  Glaisher.  London,  1B73;  br.  iri-8°. 

Results  of  aslronomical  and  meteorological  observations  made  at  the  Rad- 
cliffe  Observatory  Oxford  in  theyear  1B70,  etc.;  vol.  XXX.  Oxford,  J.Parker 
and  C°,  1873;  in-B°,  relié. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  22  septembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d' Histoire  naturelle  de  Genève; 
t.  XXIII,  r"  partie.  Genève,  Cherbuliez  et  Georg,  1873;  in-4°. 

Annales  de  la  Société  Unnéenne  de  Ljon,  année  1B72;  nouvelle  série, 
t.  XIX.  Paris,  Savy,  1872;  grand  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'Agricultute^  Histoire  naturelle  et  Arts  utiles  de  Lyon; 
4^  série,  t.  III,  1B70.  Lyon,  imp.  Pitrat;  Paris,  Savy,  1871  ;  grand  in-8°. 

Société  scientifique  et  littéraire  d' A  lais,  année  1872;  2*  Bulletin.  A  lais, 
typ.  Martin,  1873-,  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  agricole  et  industrielle  d'Angers  et  du  département  de 
Maine-et-Loire;  1872,  n"'*  4,  5,  G,  juillet  à  décembre;  1873,  i"'  et  2"  tri- 
mestre. Angers,  Barassé,  1872-1873;  2  br.  in-8°.  (2  exemplaires.) 


(  79^»  ) 

Bidleliu  de  la  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne,  annôe 
1873  ;  XXVIP  volume.  Auxene,  an  Secrélai  iat  de  la  Société;  Paris,  Masson 
et  Durand,  iSyS;  in-8°* 

Mémoires  de  i Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  d'Jrras;  2*^  série,  t.  V. 
Arras,  A.  Conrtin,  iSyS;  iii-H". 

Bulletin  de  la  Société  d^ Agriculture,  Sciences  et  y/rts  du  département  de  la 
Haute-Saône  ;  3"  série,  11°  4-  Vesoiil,  inip.  Snchaux,  iS'y'i;  in-8°. 

Société  agricole,  scientifique  et  littéraire  des  Pyrénées-Orientales;  t.  XX. 
Perpignan,  imp.  Tjatrobe,  1873;  in-8°. 

Société  de  Médecine  légale  de  Paris.  Bulletin;  t.  Il,  2^  fascicnle.  Paris, 
J.-B.  Baillière,  1870-1872;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Reims;  1873,  t.  VIII,  n"  Sg.  Reims, 
H.  Gérard;  Paris,  Lacroix,  1873;  in-8°. 

M.  Malapert.  Le  printemps  perpétuel  en  France  et  en  Angleterre.  Paris, 
A.  Lemerre,  1873;  br.  in-8°.  (2  exemplaires.) 

La  rag(i  au  point  de  vue  physiologique;  par  le  colonel  E.  Belleville.  Ton- 
lonse,  Meissonnier;  Paris,  Savy,  1873;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Mémoires  de 
la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse.) 

Métallothérapie.  Du  cuivre  contre  le  choléra  an  point  de  vue  propliylac- 
tique  et  curatif ;  par\.  BuHQ.  Paris,  G.  Baillière,  18G7;  in-8". 

Métallothérapie.  Du  cuivre  contre  le  choléra.  Rapport  ofHciel  de  M.  le 
D''Vernois  sin'  l'immunité  cholérique  des  ouvriers  en  cuivre.  Instruction  pour  le 
traitement  préservatif  et  cwatij;  par  le  D"' Y.  BuRQ.  Paris,  G.  Baillière,  sans 
date  ;  br.  in-8''. 

(Ces  denx  derniers  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  an  Concours 
Bréant,  1874.) 

Àtti  délia  renie  Accademia  dei  Lincei,  compilali  dal  Segretnrio ;  t.  XXVI, 
anno  XXVI.  Roma,  tip.  dclle  Belle-Arti,  1873;  in-4°.  (2  exemplaires.) 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  29  septembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Société  des  Agriculteurs  de  France.  Liste  générale  des  Membres  par  ordre 
(dplial)éti(jue  et  par  département,  arrêtée  au  i^'^  juillet  1873.  Paris,  au  siège  de 
la  Société,  1873;  in-8". 


(  793) 
Comptes  rendus  des  travaux  de  la  Société  des  À cjriculteurs  de  France.  Qua- 
tiième  session  générale  annuelle;  t.  IV.  Annuaire  de  iS^S.  Paris,  au  siège  de 
la  Société,  1873;  in-8". 

Lamalière  médicale  chez  les  Chinois;  par  M.  le  D''J.-L.  Soubeyuan  et 
M.Dabryde  THiERSAiST;/jrece(/ee  d'un  Rapport  à  V Académie  de  Médecine  de 
Paris,  parM.  le  prof.  GuBLER.  Paris,  G.  Masson,  1874;  iu-8°.  (Présenté  par 
M.  le  Baron  Larrey  et  renvoyé  à  l'examen  de  M.  Dumas.) 

Du  choléra  observé  en  Cochinchine  et  de  son  traitement;  par  le  D"'  ARMAND. 
Paris,  V.  Masson,  i865;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  P.aron  Larrey.) 

Mémorial  de  l'Officier  du  Génie;  n"  21,  2"  série,  t.  VI.  Paris,  Gauthier- 
Villars,   1873;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Revue  d'Artillerie;  i'"  année,  t.  II,  6"  liv.,  septembre  1873.  Paris  et 
Nancy,  Berger-Levrault,  1873;  in-8''.   (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

L'osmose  et  ses  applications  industrielles,  etc.;  par  M.  DuBRUNFAUT.  Paris, 
Gaulhier-Villars,  1873;  in-8"^,  avec  planches. 

De  la  régénération  des  organes  et  des  tissus  en  physiologie  et  en  chirurgie; 
par  J.-N.  Demauquay.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1874;  grand  in-8°.  (Présenté 
par  M.  le  Baron  Cloqnet,  pour  le  Concours  Montyon,  Médecine  et  Clii- 
rurgie,  1874-) 

J.-B.-V.  Salle.  Recherches  sur  la  nature  des  affections  tjphoïdes  du  cheval. 
Paris,  Donnaud,  1873;  i  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  Bouley.) 

Histoire  naturelle  des  oiseaux-mouches  ou  colibris  constituant  la  famille  des 
Trochilidés;  par  E.  MuLSANT  et  feu  E.  Verreaux.  Lyon,  au  Bureau  de  la 
Société  linnéenne,  1878;  in-4°>  avec  planches.  (Présenté  par  M.  Milne 
Edwards.) 

BOURCHANI.  Nouveau  procédé  de  vidange  par  te  vide  dit  hydro-atmosphé- 
rique. Paris,  imp.  Lefèvre,  1873;  opuscule  in-4". 

Métaphysique  du  Calcul  différentiel  ;  par  J .  COFFlN.  Sainl-Pol,  imp.Warmé, 
i853;  opuscule  in-8°. 

Note  sur  une  formule  de  M.  Botesu.,  deJassy  (Roumanie);  parE.  Catalan. 
Sans  lieu  ni  date  ;  opuscule  in-8''. 

Les  Merveilles  de  l'Industrie;  par  L.  Figuier;  9®  série  :  Le  soufre  et  l'acide 
sulfurique.  Paris,  Furne,  1873;  grand  in-8°,  illustré. 

Station  agronomique  du  Nord.  Bulletin  des  analyses  effectuées  pour  l'agri- 

C.R.,  1873,  l'Semeslre.  (T.  LXXVII,  N"  li.)  ^^^ 


(  794) 
culture  ;  par  M.  CORENWINDER  ;  3^  et  4*"  séries,  n°'  21  à  /jo.  Lille,  imp.  Cas- 
tiaux-Richez,  br.  in-8°. 

Géoi/e'sie  au  décimal  ;  par  E.  Macé.  Nantes,  lith.  Rondet,  1 868-,  opus- 
cule in-'^2. 

Sulle  esposizioni  industriali  con  alcune  considerazioni  intorno  aile  cause  che 
possono  influire  sul  progressa  délie  industrie,  etc.;  da  G.  Arnaudon.  1870, 
Firenze,  Torino,  Milano,  Paravia  e  Coinp.;  in-8°.  (Présenté  par  M,  Che- 
vreul.) 

Sulla  classificazioiie,  conlraslo  ed  armonia  dei  colori  ed  applicazioni  aile 
nrii  del  cav.  G.  ARNAUDON.  Torino,  sans  date.  (Estratto  dall'  Eiiciclopedia 
di  Chimica.)  (Présenté  par  M.  Chevreul.) 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉBIIE 
PENDANT    LE    MOIS    DE    SEPTEMBRE     1875. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  octobre  1873;  in-8°. 

Annales  de  l' Agricultur-e  française  ;  septembre  1873;  in-8°. 

Annales  du  Génie  civil;  septembre  1873;  in-8°. 

Annales  industrielles;  n°^  36  à  Sg,  1873;  in-4°. 

Association  française  contre  l'abus  du  tabac;  n"  3,  V^  année,  1873-,  in-8°. 

Association  Scientifique  de  France;  Bulletin  hebdomadaire,  n""  des  7, 
i4,  21,  28  septembre  1873;  in-8". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  n°  189,  1873;  in-8''. 

Bulletin  international  de  l'Observatoire  de  Paris;  août,  n"'  10  à  i4,  16,  3i; 
septembre,  n"^  x  à  i3,  1873;  in-S". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n»  8,  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Comptes  rendus,  n°  i,  1873; 
in-8''. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers;  n°^  178  à  "180,  1873;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n"'  10,  11  et  12 
1873; in-8^ 


(  795) 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  France;  n"  8, 
1873;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  octobre 
1873;  in-4°. 

Bulletin  de  ta  Société  de  Géographie;  juillet  1873;  yi-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  n°  8,   1873;   in-S". 

Bulletin  de  ta  Société  Géologique  de  France;  n°  3,  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  Statistique  municipale  ;  décembre  1872;  in-4°- 

Bulletin  général  de  Thérapeutique  ;  n"^  des  i5  et  3o  septembre  1873; 
iii-8°. 

Bulletin  météorologique  mensuel  de  l'Observatoire  de  Paris;  x\°  9,  1873; 
in-8". 

Bullettino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  B.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n^a,  t.  VII,  1873;  iii-4°. 

Chronique  de  l'Industrie;  n°' 83  à  87,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n"'  17  et  18,  1873;  in-8". 

Gazette  des  Hôpitaux;  n°^  loi  à  1 14!  1873;  10-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°^  36  à  39,  1873;  in-4°. 

Gazette  de  Joulin,  n°'  23  et  24,  1873-,  in-8°. 

Iron,  n°'34à  37,  i873;in-4°. 

Jouriml  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  juillet  et  août  r873;  in-S". 

Joui'nal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  juillet,  août,  septembre,  1873; 
iii-S". 

Journal  d' Agriculture  pratique  ;  n°*  36  à  39,  1873;  in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture;  n°'  23o  à  233,  1873;  in-8°. 

Journal  de  l'Éclairage  au  Gaz;  n"'  17  et  18,  1873;  in-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  septembre  1873;  111-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  3o  septembre, 
i873;in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n°^  21  à  24,  1873;  in-folio. 

Journal  de  Phjsique  théorique  et  appliquée;  septembre,  1873;  in-S*^. 

Journal  médical  de  la  Mayenne;  n°  6,   1873;  iu-8°. 

Le  Rucher  du  sud-ouest;  n°^  5  et  6,  1873;  iii-8'^. 

io3.. 


(79G  ) 
La  lievue  scientifique  ;  n"*  lo  à  i3,  iSyS;  in-Zi". 
L'Abeille  médicale;  n°'  36  à  Sg,  1873;  in-4°. 
Z/'y^^ronau/e;  juillet  et  août,  1873;  in-S". 
V  Art  dentaire  ;  septembre,  1873;  in-8°. 
L'Art  médical;  septembre,  1873;  in-8°. 
Le  Gaz;  n"  3,  1873;  in-4°. 
Le  Messager  agricole;  n°  8,  1873;  iti-8*'. 
Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n"^  18  et  19,  1873;  in-4". 
Le  Moniteur  scientifique-Quesneville ;  septembre,  1873;  gr.  in-S". 
Le  Mouvement  médical;  n"'  36  à  39,  1873;  in-4°. 
Les  Mondes;  t.  XXXII,  n°'  i  à  4,  1873;  in-S". 
La  Nature;  n°'  i4  à  17,  1873;  111-4°. 
La  Tribune  médicale;  n°*  264  à  267,  1873;  \n-[\°. 
Magasin  pittoresque;  septembre  1873;  in-4°. 
Marseille  médical;  n""*  8  et  9,  1873;  in-8°. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  livr.  4» 
1873;  iii-8°. 
Memorie  délia  Socielà  degli  Spettroscopisli  itoliani;  juin  1873;  in-4°. 

"Nachrichten....  Nouvelles  de  l'Université  de  Gœttingue;  n*"  18  à  24,  1873; 
in-i2. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  septembre  1873;  in-8°. 

Proceedings  ofthe  London  malhematical  Society  ;  n"*  58  et  Sg,  1873;  in-8". 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire;  n°  8,  1873;  in-S". 

Répertoire  de  Pharmacie;  n*"  17  et  18,  1873;  in-S". 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  août  et  septembre  1873;  m-%°. 

Revue  d' Artillerie  ;  septembre  1873;  in-8". 

Revue  bibliographique  universelle;  septembre  1873;  in-S", 

Revue  des  Eaux  et  Forets;  septemlire  1 873  ;  in -8°. 

Revue  des  Scietices  7iaturelles;  t.  II,  n°  2,  1873;  in-S''. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  n"  19,  1873;  in-S". 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  n°*  32  à  36, 
1873; in-8^ 

Revue  maritime  et  coloniale;  septembre  18735  in-S". 


(  797  ) 
Rendicotito  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e  mateirmlictie ;  ISapoli, 
n°8,  1873;  111-4°. 

Société  des  Ingénieurs  civils  ;  n"'  i5,  16,  1873;  in-8°. 
Société  erilomologique  de  Belgique;  n°  go,  1873;  in-8°. 

Société  linnécnne  du  nord  de  la  France;  Bulletin  mensuel,  n°'  10  à  12, 
1873;  in-8°. 

The  Food  Journal;  n°  44,  '873;  iii-8°. 


ERRJTJ. 
(Séance  du  29  septembre  1873.) 

Page  682,   ligne  2,    nu  lieu  de   1871,  lisez   1821. 

ligne  7,   au  lieu  de  couloir,   lisez  conduit. 


(  798) 
Observations  météohologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Moxtsouris. —  Sept.  1875. 


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25 

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.5,5 

6,2 

..,89 

89 

» 

0,5 

Moy. 

756,1 

9.7 

19, '^ 

14,5 

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1 4 , 1     1 5 , 0    .5,6 

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6,4 

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78 

» 

7,2 

(. 

)  Par  sui 

e  <lc  réparation. 

au  Bar 

du,  les  thermomètres  do 

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sse  ont  éié  transportés 

dans  1 

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it  placé 

S  au  DU 

rd  de 

l'uu 

des  pan! 

Ions. 

(  799  ) 
Observations  MÉTÉOROLOGiQ.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsocris.  —  Sept.  1873. 


MAGNÉTISME    TERRESTRE. 

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REMARQUES. 

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0,7 

2,1 

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4,0 

oso 

0,5 

u 

3 

35,9 

35,0 

» 

» 

» 

2,9 

0 

4.2 

0 

0,5 

Rosée  très-abondante  le  matin. 

4 

34,9 

M 

u 

1 ,0 

0,9 

2,5 

ONO 

3,8 

SO-NO 

0,6 

Pluie  à  1 1*"  20™  du  matin. 

5 

37><) 

26,9 

)) 

0,3 

0, 1 

3,3 

NNO 

4,9 

NNO 

0,7 

Brumes  et  pluies  le  matin. 

6 

33,2 

■7!' 

» 

» 

w 

3,0 

NNO 

3,2 

NO 

0.7 

Brume  épaisse  le  matin. 

7 

33,4 

» 

» 

1. 

» 

3,3 

sso 

k,l 

NO-SO 

0,7 

Halo  à  Si'iS™. 

8 

34,1 

» 

» 

7i  ' 

6,7 

1,6 

0 

7.0 

SO-NO 

0,8 

Pluies  ass.  fortes  à  6'"  m.  etàC^s. 

9 

36,2 

» 

n 

0,8 

0,8 

2,7 

sso 

8,8 

so 

1,0 

Pelites  pluies  le  soir. 

10 

36,0 

33,0 

» 

>,4 

■.' 

3,9 

so 

11,5 

ONO 

0,8 

Pluies  fines  dans  la  matinée. 

1 1 

3.^,1 

3o,2 

» 

17.7 

16,3 

0,7 

variable. 

6,7 

OSO 

1,0 

Bourr.  et  forte  averse  à  midi  3o. 

13 

33,6 

33,2 

» 

2,9 

2.7 

0,7 

NO-NE 

3,4 

SO-NO 

1 ,0 

Pluv.  tout  le  jour,  éclairs  le  soir. 

.3 

3i,8 

26,7 

» 

2,2 

2,  1 

0,8 

très-var. 

4,1 

SO 

0,9 

Brum.,  pluv.,écl.lesoirauS.-E. 

•  4 

(«) 

27,3 

» 

9.5 

8,9 

'.4 

SO 

6.9 

SSO 

0,7 

Pluv.,  première  bourr.  il  6''  soir. 

i5 

3i  ,2 

26,8 

u 

5,. 

4,6 

3,5 

SO 

19,5 

OSO 

1,0 

Temps  à  grains. 

,6 

26,0 

3o,3 

" 

4,2 

3,5 

2,3 

0 

9,9 

SSO -NO 

0,8 

Quelq.  cirrus  du  N.-E.  dès6'>  s. 

'7 

26,0 

20,0 

» 

°,1 

0,7 

1,5 

SO 

9,-i 

SO 

1,0 

Continuellement  pluvieux. 

.8 

37,0 

» 

» 

4,i 

3,8 

2,2 

so 

8,7 

SO-ONO 

0,8 

Pluie  assez  forte  vers  6l'3o">  s. 

■9 

25,9 

34,5 

» 

» 

» 

2,3 

so 

4,2 

ONO 

0,3 

>, 

20 

(é)2G,I 

27,0 

» 

» 

» 

1,8 

so 

2,8 

SO 

0,3 

Brouill.  et  forte  rosée  dès  i  il"  s. 

21 

24.9 

35,0 

I) 

i> 

» 

2,5 

NO-NNE 

7,7 

NNO 

0,9 

Très-vaporeux,  brumeux. 

22 

23,1 

>9,o 

» 

0,1 

0,  1 

G,6 

NE 

16,5 

NE 

0,5 

Courants  super,  revenus  au  S.-O. 

23 

25,1 

21,5 

» 

0,2 

0,2 

5,0 

^E 

12,3 

0 

0,2 

» 

24 

19.' 

21 ,0 

» 

» 

» 

3,2 

ENE 

9,7 

ENE 

0,.. 

» 

25 

18,1 

24,9 

M 

» 

» 

2,2 

ENE 

=  ,4 

» 

0,0 

Ciel  un  peu  voilé. 

26 

18,3 

26,5 

» 

i> 

» 

2,2 

ENE 

1,0 

» 

0,0 

Rosée  assez  forte  le  matin. 

37 

16,1 

24,0 

» 

H 

>' 

1,4 

E 

1,0 

SSO 

0,2 

Rosée  très-abondante  le  matin. 

28 

■6,9 

3o,o 

U 

» 

1) 

2,4 

variable. 

2,9 

SO-NO 

0,3 

» 

29 

ï9ii 

» 

» 

» 

» 

',2 

N 

3,8 

» 

1,0 

Brumes  persistantes. 

3o 

19,1 

37,0 

» 

» 

0,9 

E 

!  ,1 

» 

0,7 

Rosée  le  soir. 

Moyen. 

ou 
totaux. 

17.28,3 

65.27,4 

tt 

58,4 

53,6 

72,4 

6,5 

0,62 

{«) 

Perlurbati 

309.  —  {b) 

Perturba 

ions  dar 

s  la  soirée.  -  ( 

31  Chacun d 

e  ces  no 

mbres  est  la 

moyeoD 

e  de  dix  lectures  faites  à  la  boussole  de 

Gauibo 

y,  propre  a 

MX  (lé  ter  m 

natioDS  a 

ïsolues. 

Ces  lectures  su 

Dseul  pour  c 

bleuir 

a  valeur  mo 

yenne  m 

ensuelle. 

(  8oo  ) 

ObSBRVATIONS   MÉTÉOROLOOIQUES    FAITES    A    l'ObSEUVATOIRK  DE   MoNTSODRIS.  —  SePT.    i8^3. 

Résumé  îles  ohser\>ations  régulières. 

6hM.     9l>M.     Midi.       Sl^S.     e""  S.       9>'S.    Mlnaii.  Moj. 

mm          nim           mm           mm          mm           mm           mm  mm 

Baromètre  réduit  à  0° ^55, 90  756, 3j  756,oj  705,55  ^55,65  756,  i3  766,07  755,92(1) 

Pression  de  l'air  sec 7'i7,oo  7/16,54  7. '16, 71   74^,87  746,06  746,46  746,86  746,66(1) 

0000000  o 

Thermomètre  à  mercure  (jardin) 10,82     14, 52     17, 3i     17,73     i5,34     i3,36     12,12  i3,go(i) 

■>                     (pavillon)...     11,11     i5,oi     17,44     '7)8^     i5,32     i3,49     12,11  i4,oo(i) 

Thermomètre  à  alcool  incolore 10, 65     i.'(,25     17,02     17,54     i5,22     i3,25     12,01  i3,73  (1) 

Thermomètre  électrique  à  29™ »»»»»»»  » 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'. .      1414"     28,21     33, 08     31,72     i5,i8         »             •  27,05(2) 

Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  r. .     10, 56     19,90     24,37     23,58     14,78         »             »  20,67(2) 

Excès(T'  — 0 0,84       8,26       8,71       8,i4       0,40         »             »  6,38(2) 

Tempérât,  du  sol  à  o''',o2  de  piolond'..     12,26     i4i'9     'J|7^     16,09     '5,o3     i4iOi      i3,23  14,06(1) 

»                 o-n.io        »                   i3,97     14,17     i5,25     15,92     15,92     i5,37     i4,83  i4)99(') 

»                o"',2o        »                   i5,54     i5,35     i5,3i     i5,73     16,07     i6,i6     15,98  i5,73(i) 

i>                 o'",3o        »                   '5,54     10,38     i5,3o     i5,44     i5,64     15,77     i5,74  i5,56(i) 

»                 i-n.oo        »                   16,86     16,86     16,86     16, 85     16, 83     16,80     16,78  i6,83(i) 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres.. .       8,90       9,78       9,34       9,G8       9,69       9,6;       9,21  9,26(1) 

État  hygrométrique  en  centièmes QOjS       "8,5       63,4       63,6      72,8      83,2       86,2  78,3    (1) 

Pluie  en  millimètres  à  i"", 80  du  sol 10,1         6,0        7,1       18,0        6,2         4>7         ii5    t.  53,6 

M  (à  o"", 10  du  sol). .     11,4        6,4         7,9       19,6        6,6         5,0         i,5    t.  58,4 

Évaporation  totale  en  millimètres 4>8o      6,97     i!\,ii     18, 44     '4170      8,i5       4i77  !•  72,35 

Vitesse  moyenne  du  vent  par  heure. . .       4)8        6,4         8,5        9,0        7,5         5,i         5,7  » 

Pluie  moy.  par  heure  (à  1™, 80  du  sol).       1,68       2,00       2,37       6,00       2,07       1,57       o,5o  » 

Évaporation  moyenne  par  heure 0,80       2,32       41*^4       6,i5       4i90       2,72       1,69  » 

I             t             t             Ê             t             t             t  I 

Inclinaison  magnétique 6jO-i-         «         27,4           »»»»»»  »      (1) 

Déclinaison  magnétique i7°-4-     27,6       28,3       36,3       33,4       29,2       27,0       27,6  3o,2    (1) 

o 

Tempér.  moy.  des  maxima  et  minima  (parc) ^k^k^ 

»                        »                      (pavillon) i4,5o 

»                    à  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazonné  (thermomètres  à  bouleverdie).  16, 33 

Therm.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  obs.  :  G''  M.  9''  M.,  midi,  3''  S.  6''  S.).  23,92 

»        incolore                     f                        »                              w                            »  18, 65 

Excès  (T'  —  f) »                              i>                            u  5,27 

1)             (valeur  déduite  de  4  observations  :  g*"  M.,  midi,  3'',  6'' S.)... .  6,38 


(i)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 
(2)  Moyenne  des  observations  de  9  heures  du  matin,  midi,  3  heures  et  6  heures  du  soir. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES* 


SEANCE  DU  LUNDI  13  OCTOBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  Lettre  par  laquelle  M.  Louis  Passy 
communique  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  de 
M.  Jntoine  Passy. 

M.  le  Président  ajoute  :  «  L'Académie  est  cruellement  frappée  :  en  un 
mois  elle  vient  de  perdre  trois  de  ses  Membres.  Une  circonstance  pénible 
doit  ajouter  aux  regrets  qu'aurait  causés  en  tout  cas  la  mort  du  dernier 
atteint  :  M.  Passy  est  mort  loin  de  Paris.  Par  suite  de  cette  circonstance  et 
de  l'absence  actuelle  de  la  plupart  de  nos  confrères,  il  est  à  craindre  que 
l'Académie  n'ait  pas  été  représentée  aux  obsèques  de  celui  qui  vient  de  lui 
être  enlevé;  mais  la  Section  dont  il  faisait  partie  va  être  convoquée,  et 
ses  Membres  s'entendront  pour  confier  à  l'un  d'eux  le  soin  de  rédiger  la 
Notice  nécrologique  habituelle,  bien  due  à  un  confrère  éminent,  aimé 
autant  qu'estimé  de  tous  ceux  cjui  l'ont  connu.  » 

M.  le  PnÉsiDENT  donne  lecture  |de  la  Lettre  suivante  que  lui  a  adressée 
M.  Robert,  administrateur  de  la  manufacture  de  Sèvres. 

«  Monsieur  le  Président, 
»  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  le  portrait  de  mon  excellent  maître  et  ami  M.  Dumas, 
C,  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  lij.)  I  o4 


(    802    ) 

guidé  par  la  pensée  (jiio  la  bibliotliéque  de  l'Académie  des  Sciences  accueillera  avec  sym- 
pathie l'image,  quoique  imparfaite,  du  savant  illustre  dont  se  glorifie  notre  pavs.   <> 

M.  le  Président  ajoute  :  «  J'ai  reçu  en  effet  plusieurs  épreuves  du  portrait 
de  notre  éminent  Secrétaire  perpétuel  et  les  ai  déposées  au  Secrétariat.  Ce 
sont  des  eaux-fortes  gravées  d'après  un  portrait  dont  M.  Robert  est  l'au- 
teur. Nous  devons  donc  à  ce  dernier  un  double  remercîment;  car,  à  coup 
sûr,  l'Académie  s'associera  tout  entière  aux  sentiments  qui  ont  motivé 
l'envoi  et  dicté  la  Lettre  de  M.  Robert.  » 

«  M.  Mathieu  présente  à  l'Académie,  de  la  part  du  Bureati  des  Longi- 
tudes, la  Connaissance  des  Temps  pour  l'année  iS^S.  Cette  éphéméride,  que 
la  guerre  avait  beaucoup  retardée,  est  maintenant  en  avance  de  plus  de 
deux  ans,  et  le  volume  de  1876  paraîtra  vers  le  milieu  de  l'année  prochaine. 

»  Les  Additions  renferment  des  corrections  sur  la  Table  des  positions  géo- 
graphiques de  M.  de  la  Roche-Poncié;  des  Notes  de  M.  Puiseux  sur  le  cal- 
cul des  positions  apparentes  de  1  de  la  Petite  Ourse  et  sur  le  passage  de 
Vénus  en  1882;  des  Notes  sur  les  positions  de  Saigon  et  de  Port-Saïd  par 
M.  Hatt;  la  position  de  la  Guadeloupe  par  M.  Caspari,  ingénieur  hydro- 
graphe de  la  Marine.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  dissociation  cristalline  (suite)  :  évaluation  et  réjiar- 
tilion  du  travail  dans  les  dissolutions  salines;  par  MM.  P. -A.  Favre 
et  C.-A.  Valson. 

«  Nous  allons  exposer,  dans  cette  nouvelle  Communication,  les  résul- 
tats auxquels  ou  est  conduit  lorsque,  après  avoir  dissous  dans  l'eau  des 
sels  anhydres  appartenant  à  des  genres  différents,  on  essaye  de  comparer 
entre  eux  les  effets  de  coercition  produits  par  divers  sels  sur  leur  dissolvant. 

»  Le  tableau  suivant  renferme  les  résultats  fournis  par  l'expérience  ainsi 
que  les  conséquences  nvunériques  qui  s'en  déduisent. 

»  La  première  colonne  contient  les  formules  des  sels  en  expérience;  la  se- 
conde, P,  donne  leurs  poids  équivalents  (H  =1  gramme).  Dans  la  troisième 
colonne  D  sont  inscrites  les  densités  des  sels  pris  à  l'état  solide  et  anhydre. 
Ces  densités  ont  été  déterminées  avec  les  précautions  que  nous  avons  indi- 
quées dans  notre  précédente  Communication,  et  sur  lesquelles  nous  ne  re- 

P  -  . 
viendrons  pas.  La  colonne  intitulée  Y  =  -  fait  connaître  les  volumes  des 

équivalents  de  ces  sels. 


(  8o3  ) 


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0 

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V  — i' 

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1,0920 

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0,87 

260614 

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255522 

Bo'  Am . . 

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1.0678 

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333632 

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» 

I ,0178 

10,3 

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» 

» 

0 

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» 

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8o 

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21,6 

1,0776 

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19.3 

0,89 

146217 

-1-S19S 

1 3So  1 9 

SO'Cr'.. 

65,83 

2,7'|3 

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1 ,0600 

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SO'Na... 

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2,681 

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I , 0606 

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1 ,766 

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0,27 

76518 

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77497 

FINa.... 

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2  ,  793 

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I ,o365 

5,3 

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0,64 

73487 

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73692 

FIK 

58 

2,  '|65 

23,5 

1,0468 

10,7 

12,8 

0,55 

96273 

-l-3i35 

93838 

FlAm. .. 

•    37 

1.972 

iS,8 

I ,0214 

i5,3 

3,5 

0, 19 

265 16 

-■447 

27963 

ClSt.  ... 

79.5 

3,o35 

26,1 

I ,0667 

11,8 

.4,3 

0,54 

108337 

+5483 

102854 

ClBa.... 

I  o.'! ,  5 

3,8,',', 

27,1 

1,0887 

14,8 

13,3 

0,45 

93i85 

-1-1172 

92013 

ClCa.... 

55,5 

2,160 

25,7 

i,o',.39 

1 1 .2 

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0,56 

109853 

-(-9053 

100799 

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58,5 

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1  ,o3q6 

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0,33 

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7 't.  5 

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37.7 

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0,23 

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ClAra.  .. 

.33,5 

1 ,  525 

35,1 

I ,0157 

37,-^ 

— 2, 1 

—0,06 

— 15910 

-4o36 

-11874 

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105,75 

2,l)80 

35,5 

1,0811 

23,8 

12,7 

0,36 

96215 

— 2348C'.) 

98563 

AzO"Ba. 

i;!i 

3,2(iS 

40,8 

i,io38 

24,6 

16,2 

0,40 

122731 

—4583 

137314 

AzO'Ca. 

82 

2,5o'| 

32,7 

I ,0578 

23,  0 

9.7 

0,29 

73487 

-l-20l4 

71473 

AzO°iNa. 

85 

2 , 2/1 1 

37.9 

I ,0540 

29.4 

8,5 

0,23 

64396 

-4842 

6923s 

A/.0«K.. 

lOI 

2 ,  og3 

48,3 

1 ,0591 

38,7 

9,6 

0,20 

73730 

— 833o 

81060 

AzO'Am. 

80 

1,668 

48,0 

1 ,o3o7 

'l7.9 

0, 1 

0,02 

,58 

—6335 

7083 

BrSt.  ... 

,23.75 

3.(|Sj 

3i,i 

1 , 1024 

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11. S 

0,37 

89397 

-1-7850 

8.547 

Brlîa.  .. 

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4,6'|5 

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1,1253 

31,1 

11,0 

0,34 

83336 

-1-2370 

80966 

BrNa.... 

iu3 

3,198 

32,2 

1,0770 

24  ,  2 

8,u 

0,24 

60608 

-H   109 

60499 

BrK.  ... 

"9 

2,52'| 

47.-^ 

I , o8no 

36,1 

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0,23 

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89086 

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98 

2..4'-!9 

40,3 

I,0520 

43,9 

—3,6 

—0,09 

-27274 

-4473 

— 32802 

INa(i).. 

1 5t) 

3 ,  65  i 

4i.o 

1 , I io5 

35,6 

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0,  i3 

40910 

-M  762 

39148 

IK 

iCG 

2,9i<i 

56,4 

I , ii35 

47.2 

9.2 

0, 16 

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-5169 

74868 

I  Am 

,',5 

2,480 

5o,8 

1,0847 

55,9 

—  5, 1 

— 0,10 

-38638 

—3588 

— 35û5o 

»  Si  l'on  fait  ensuite  dissoudre  uniformément  i  équivalent  de  chacun 


(1)  Dans  notre  dernière  Communication  (t.  LXXVIK  p.  583,  séance  du  8  septembre 
1873),  remplacez  le  nombre  — S^iG,  inscrit  à  la  troisième  colonne  C  du  tableau  III, 
pour  INa,  4 HO,  par  le  nombre  —  7384,  et  le  nombre  H-  7478,  correspondant  dans  la 
colonne  C  —  C,  par  le  nombre  -f-  9146- 

(2)  C'est  le  premier  exemple  que  nous  ayons  rencontré  d'un  sel  déshydraté  qui  absorbe 
de  la  chaleur  en  se  dissolvant. 

104.. 


(  8o/i  ) 

de  ces  sels  dans  une  quantité  d'eau  fixe  et  égale  à  i  litre,  on  obtient  les 
liqueurs  salines  normales  dont  les  densités,  déterminées  avec  soin,  sont 
inscrites  dans  la  colonne  d.  Au  moyen  de  ces  densités,  on  peut  calculer  les 
augmentations  de  volume  produites  séparément  dans  i  litre  d'eau  par  la 
dissolution  de  i  équivalent  de  chacun  de  ces  sels. 

»  Les  nombres  qui  représentent  ces  augmentations  de  volume  sont  in- 
scrits dans  la  colonne  v.  Les  valeurs  de  v  sont  en  général  moindres  que 
celles  de  V,  de  sorte  qu'on  peut  déjà  constater  que  les  phénomènes  de 
dissolution  sont  généralement  accompagnés  d'une  contraction  du  volume 
total,  qui  sera  représentée  par  la  différence  V —  i'.  Enfin,  si  l'on  veut  avoir 
la  contraction  spécifique  de  volume  produite  par  le  sel,  c'est-à-dire  la  cou- 
traction   qui  correspond  à  l'unité  de  volume  du  sel  solide,  il  suffira  de 

calculer  le  quotient  — - —  Les  valeurs  de  ces  contractions  sont  contenues 
dans  les  colonnes  V  —  c  et  — —• 

»  La  colonne  suivante  C  contient  les  nombres  de  calories  auxquels  ou 
est  conduit  quand  on  interprète  les  contractions  V  —  v  au  point  de  vue 
thermique,  et  par  suite  au  point  de  vue  mécanique.  A  cet  effet,  nous  rap- 
pellerons qu'une  contraction  de  i  centimètre  cube,  éprouvée  par  i  litre 
d'eau  à  la  température  ordinaire  de  i5  degrés,  équivaut  au  dégagement 
de  7576  calories,  le  gramme  étant  pris  pour  unité.  Pour  avoir  les  valeurs 
de  C,  il  suffira  donc  de  multiplier  les  valeurs  de  V —  v  par  le  nombre  con- 
stant 7576  calories.  Ainsi,  par  exemple,  i  équivalent  de  chlorure  de  potas- 
sium produit,  en  se  dissolvant,  une  contraction  de  8", 8;  pour  avoir  l'effet 
thermique  correspondant,  il  faudra  prendre  7576*^^'  X  8,8  =  66G69  ca- 
lories. 

»  La  quantité  de  chaleur  ainsi  mise  en  jeu  dans  les  phénomènes  de  dis- 
solution peut  être  supérieure  à  celle  qu'exige  la  dissociation  plus  ou  moins 
avancée  des  éléments  constituants  du  sel,  ou  peut  élre  insuffisante  à  la 
production  de  cet  effet.  Cet  excédant  de  chaleur  non  utilisée,  et  qui  reste 
à  l'état  de  chaleur  sensible,  ou  bien  la  quantité  de  chaleur  complémentaire, 
et  qui  est  nécessairement  empruntée  aux  corps  mêmes  qui  réagissent, 
peuvent  être  mesurés  à  l'aide  du  calorimètre  à  mercure.  C'est  ainsi  qu'ont 
été  obtenus  les  nombres  de  calories  renfermés  dans  la  colonne  C. 

»  Enfin  la  dernière  colonne  C  —  C  renferme  les  différences  des  valeurs 
de  C  et  de  C.  Ces  différences,  exprimées  eu  calories,  peuvent  donc  être 
considérées,  d'après  ce  qui  précède,  comme  le  travail  intérieur. 


(  8o5  ) 
»   L'inspection  de  ce  tableau  autorise  les  remarques  suivantes  : 
»    1°  A  l'exception  des  chlorure,  bromure  et  iodure  d'nmmonium,  tous 
les  sels  ont  donné  une  contraction  de  volume  en  se  dissolvant. 

»   2°  Si   l'on  prend  pour  mesiu'e  de  l'action  coercitive  la  contraction 

spécifique  représentée  par  — - — ?  les  sels,  d'après  la  comparaison  des  radi- 
caux métalloïdiques,  peuvent  être  groupés  de  la  manière  suivante,  au  point 
de  vue  de  l'énergie  coercitive  :  premier  groupe,  carbonates  et  borates; 
deuxième  groupe,  sulfates  et  fluorures;  troisième  groupe,  chlorures,  azo- 
tates et  bromures;  quatrième  groupe,  iodures.  Si  l'on  compare  entre  eux  les 
radicaux  métalliques,  on  obtiendra  cet  autre  classement  :  premier  groupe, 
aluminium  et  cuivre;  deuxième  groupe,  strontium,  baryum,  calcium;  troi- 
sième groupe,  sodium  et  potassium;  quatrième  groupe,  ammonium. 

))  Parmi  les  sels  expérimentés,  le  sulfate  d'alumine  et  le  carbonate  de 
soude  sont  ceux  pour  lesquels  la  contraction  spécifique  est  la  plus  forte. 
I  équivalent  de  ces  sels  se  dissout  dans  i  litre  d'eau,  sans  en  augmenter 
sensiblement  le  volume,  A  l'extrémité  opposée  se  trouve  l'iodure  d'ammo- 
nium qui,  au  lieu  de  produire  une  contraction,  augmente  de  5'''',  i  le  vo- 
lume total  du  sel  et  du  dissolvant. 

»  Nous  ajouterons  encore  que  les  chlorure,  bromure  et  iodure  d'am- 
monium, qui,  au  lieu  de  produire  une  contraction,  augmentent  le  volume 
total  des  corps  mis  en  présence,  accroissent  d'autant  plus  ce  volume  que 
leur  radical  métalloidique  a  moins  d'affinité  pour  le  radical  métallique 
auquel  il  est  combiné. 

»  3°  Lorsqu'un  sel  se  dissout,  on  peut  admettre  qu'il  se  produit  deux 
effets  de  sens  inverse  :  i°  un  effet  de  contraction  du  dissolvant  sous  l'in- 
fluence du  sel;  2°  un  effet  d'augmentation  de  volume  du  sel,  par  suite  de 
la  dissociation  plus  ou  moins  avancée  de  ses  éléments  constituants.  Le  pre- 
mier effet  est,  dans  la  généralité  des  cas,  plus  considérable  que  le  second, 
de  sorte  que  le  résultat  final  est  ordinairement  une  contraction.  Toutefois, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit,  l'inverse  a  lieu  pour  les  chlorure,  bromure  et 
iodure  d'ammonium. 

»  4°  I-6S  valeurs  de  r/,  obtenues  pour  la  densité  des  liqueurs  normales, 
donnent  une  nouvelle  vérification,  fondée  sur  des  expériences  plus  pré- 
cises, du  module  auquel  satisfont  les  solutions  salines  normales,  et  en 
vertu  duquel  chaque  radical  salin  produit  dans  la  dissolution  une  augmen- 
tation de  densité  qui  lui  est  propre  et  qui  est  indépendante  de  l'autre 
radical  auquel  il  se  trouve  associé.  Le  tableau  suivant  met  cette  vérifica- 


(  8o6  ) 
tion   en  évidence   ponr  deux  séries  de  sels,  pour  les  sels  d'ammonium 
comparés  aux  sels  de  potassium  et  pour  les  chlorures  de  divers  métaux 
comparés  aux  azotates  des  mêmes  métaux. 


Cl 

Br 

1 

FI 

se 

AïO' 

K 

Am 

Diff, . . . 

'.o'i'i'i 
1 ,01 J7 

1,0800 

1 ,ÛJ20 

I,ll,),i 

.,oS'i7 
o,ù:zlS8 

1.0.^68 
I , oa I 5 

1  ,oC>(h 
1,0378 

0,028 j 

1,0591      1 
I , 0007 

0,O2S,'| 

0,0287 

0,0'iSo 

O.OJ,J| 

i 
1 

K 

iNa 

A  m 

Ca 

St 

Ea 

AzO» 

Cl 

Diir. . . . 

1,0391 

I  ,0J'(0 

1,0,396 
0,01,5 1 

1, 11307 
1 ,01, '17 

0,(11  ,  M  J 

1,0,578 

i,o'|:{i) 

I ,081 I 
1 ,  06(17 

o,0I.'|'| 

1,1 0,3  S 

1,0887 

0,0147 

0,01 39 

0 ,  Ci  I  j  1 

»  On  voit  en  effet  que,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  les  différences  des  den- 
sités correspondantes  sont  sensiblement  constantes;  le  plus  grand  écart  se 
présente  pour  les  fluorures  de  potassium  et  d'ammonium,  et  il  peut  tenir  à 
la  difficulté  de  se  procurer  le  premier  sel  dans  un  état  aussi  bien  défini  que 
les  autres.  Il  est  bon,  du  reste,  d'ajouter  que,  très-probablement,  cette  re- 
lation est  l'expression  d'une  loi  naturelle  que  l'expérience  ne  peut  établir 
que  par  approximation,  comme  cela  arrive  pour  la  plupart  des  relations 
constatées  dans  l'étude  des  phénomènes  naturels. 

»  5°  Les  valeurs  négatives  de  V —  t»,  obtenues  pour  le  chlorure,  le  bro- 
mure et  l'iodure  d'ammonium,  et  la  valeur  presque  nulle  de  V  — i',  qui  cor- 
respond à  l'azotate  d'ammonium,  semblent  établir  que,  dans  les  solutions 
salines,  les  sels  ammoniacaux  sont  dans  un  état  de  dissociation  beaucoup 
plus  avancée  que  les  autres  sels  étudiés. 

»  Les  éléments  constituants  des  sels  peuvent-ils  éprouver  eux-mêmes,  et 
dans  une  certaine  mesure,  im  phénomène  de  dissociation  plus  ou  moins 
avancée,  mais  qui,  dans  ce  cas^  se  produirait  entre  molécules  similaires, 
comme  cela  a  lieu,  par  exemple,  dans  le  passage  de  l'hydrogène  ordinaire 
à  l'étal  d'hydrogène  actif?  C'est  une  question  que  nous  osons  à  peine  poser; 
toutefois  nous  allons  indiquer  quelques  considérations  qui  peuvent  justi- 
fier jusqu'à  un  cerlain  point  cette  proposition. 

»  Rappelons  ce  qui  se  passe  lorsque  le  carbonate  de  soude  anhydre  S(! 
combine  avec  l'eau  pour  former  le  sel  cristallisé  CO'  Na,  10  HO.  Le  carbo- 


(  8o7  ) 
nate  de  sonde  anhydre,  en  se  dissolvant,  donne  an  calorimètre  +3658  ca- 
lories; de  son  côlé,  le  carbonate  hydralé  cristallisé  CO'Na,  loHO  accuse 
—  7840  calories.  La  différence  1 1  498  représente  donc  la  chaleur  cédée  au 
calorimètre  par  les  éléments  des  cristaux  pendant  leur  formation.  Si  l'on 
se  bornait  à  tenir  compte,  flans  ce  phénomène,  du  changement  d'état  des 
10  équivalents  d'eau  qui  passent  de  l'état  liquide  à  l'état  solide,  la  quan- 
tité de  chaleur  accusée  par-  le  calorimètre  serait  seulement  de  7200  calories 
(à  raison  de  80  calories  pour  i  gramme  d'eau),  au  lieu  de  1 1  /igS  calories 
que  donne  l'expérience.  La  chaleur  de  réaction  est  donc  supérieure  de 
4298  calories  à  la  chaleur  latente  de  solidification  de  l'eau  ;  dn  sorte  qu'il 
faut  admettre  que,  dans  la  formation  du  cristal,  il  y  a  lui  apport  de  cha- 
leur par  l'eau  ou  par  le  sel,  ou  par  les  deux  à  la  fois.  Cet  apport  de  chaleur 
semble  trouver  son  explication  naturelle  dans  le  phénomène  de  coercition. 
L'expérience  démontre,  en  effet,  que  la  formation  du  cristal  est  accompa- 
gnée d'une  contraction  de  volume  des  éléments  égale  à  i^*^"^,  8,  à  laquelle 
correspond  ijécessairemenî  lui  dégagement  de  chaleur. 

»  Toutefois  la  différence  de  4298  calories  est  bien  loin  de  corre.spondre 
à  l'effet  calorifique  résultant  de  la  contraction,  si  l'on  suppose  que  cette 
contraction  est  subie  exclusivement  par  l'eau,  prise  à  la  température 
de  i5  degrés;  car,  dans  ce  cas,  la  quantité  de  chaleur  rendue  libre  serait 
de  104549  calories,  à  raison  de  7576  calories  par  centimètre  cube,  ainsi 
que  nous  l'avons  expliqué  précédemment.  Les  4298  calories  accusées  au 
calorimètre  ne  sont  donc  qu'une  très-faible  partie  de  ce  flux  considérable 
de  chaleur;  on  est  alors  conduit  à  se  demander  à  quoi  est  employé  tout  le 
reste.  La  dissociation  des  éléments  constituants  du  sel  rendrait  difficile- 
ment compte,  à  elle  seule,  du  passasse  à  l'état  latent  de  près  de  100  000  ca- 
lories, et,  en  supposant  que  cette  dissociation  soit  complète,  ce  qui  n'est 
guère  admissible,  il  resterait  encore  un  excédant  considérable  de  chaleur 
dissimulée;  on  est  donc  porté  à  penser  que  cet  excédant  pourrait  bien  être 
employé,  connue  nous  l'avons  dit  plus  haut,  à  opérer  luie  dissociation  jihis 
ou  moins  avancée  entre  les  molécules  similaires  des  éléments  des  composés 
salins  (i). 


(1)  Nous  devons  cependant  reconnaître  que  ce  raisonnement  paraît  infirmé,  au  premier 
abord,  parce  qui  se  produit  pour  certains  sels  ammoniacaux.  En  effet,  dans  la  dissolution 
des  chlorure,  bromure  et  iodurc  d'ammonium,  par  exemple,  on  observe,  non  plus  une  con- 
traction, mais  bien  une  augmentation  de  volume  des  éléments  mis  en  présence,  de  sorte 
que,  en  attribuant  à  l'eau  seule  cette  augmentation  de  volume,  l'eau,  au  lieu  de  céder  de 
la  chaleur  dans  le  phénomène,  devrait  en  emprunter.  Toutefois,  daus  ce  cas,  il  pourrait 


(  8o8  ) 

M  Une  dernière  question  reste  à  résoudre  :  si  la  coercition  de  l'eau,  dans 
la  formation  du  cristal,  vient  en  aide  à  la  dissociation  du  sel  par  la  chaleur 
provenant  de  cette  coercition,  pourquoi  y  a-t-il  un  excédant  de  chaleur 
accusé  au  calorimètre,  et  qui  n'a  pas  été  utilisé  pour  opérer  celle  disso- 
ciation? A  cet  égard,  il  faut  remarquer  que,  dans  la  formation  des  cris- 
taux, l'eau  ne  peut  intervenir  que  par  niasses  équivalentes  :  d'où  il  résulte 
que  les  quantités  de  chaleur  qu'elle  met  en  jeu  sont  nécessairement  défi- 
nies. En  prenant  l'eau  qui  doit  entrer  dans  sa  constitution,  le  cristal  prend 
la  chaleur  qui  lui  est  nécessaire,  et  le  reste,  n'ayant  plus  de  travail  à  effec- 
tuer, reste  libre  et  est  accusé  au  calorimètre.  11  n'en  est  plus  de  même  lors- 
qu'on dissout  le  sel  hydraté  cristallisé.  Ce  sel  peut  bien  encore  exercer  sur 
l'eau  une  action  coercitive  en  se  dissolvant,  mais  l'intervention  de  masses 
d'eau  équivalentes  n'est  plus  nécessaire,  et  l'on  comprend  le  résultat  ther- 
mique généralement  négatif  accusé  par  le  calorimètre,  la  chaleur  de  disso- 
ciation et  de  diffusion  l'emportant  alors  prescjue  toujours  sur  la  chaleur 
de  coercition. 

»  Les  considérations  qui  précèdent  ne  sont  pas  particulières  au  carbo- 
nate de  soude  :  elles  s'appliquent  également  aux  autres  sels,  susceptibles 
de  cristalliser  avec  de  l'eau,  que  nous  avons  étudiés  dans  notre  précédente 
Communication. 

M  On  peut  encore  interpréter  le  phénomène  de  coercition  en  le  rappro- 
chant du  phénomène  bien  connu  de  la  condensation  des  gaz  et  des  liquides 
par  les  corps  solides.  En  effet,  rappelons  ce  qui  se  passe  lorsque  l'acide 
carbonique,  par  exemple,  est  condensé  par  le  charbon  de  bois.  On  sait  que 
le  gaz  carbonique,  en  se  condensant  jusqu'à  refus  sur  le  charbon,  dégage 
une  quantité  de  chaleur  supérieure  à  celle  qu'il  dégage  en  se  solidifiant. 
On  sait  en  outre  qu'en  se  condensant  sur  le  charbon,  par  fractions  suc- 
cessives, la  première  fraction  de  gaz  condensé  dégage  plus  de  chaleur  que 
la  deuxième,  la  deuxième  que  la  troisième,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  la 
dernière;  de  sorte  qu'on  doit  admettre  que,  sous  l'influence  coercitive  du 
charbon,  l'acide  carbonique  semble  former  des  couches  de  densité  décrois- 
sante à  partir  de  la  surface  de  condensation.  Suivant  toute  apparence,  les 
choses  se  passent  de  la  même  manière  lorsqu'un  sel  se  trouve  en  présence 


bien  se  faire  que  l'augmentation  de  volume  de  l'eau  ne  fût  qu'apparente,  et  que  celle-ci 
subît  au  contraire  une  contraction,  comme  celle  qu'elle  subit  en  présence  des  autres  sels 
étudiés;  mais,  avant  de  justiCer  cette  assertion,  nous  avons  besoin  de  compléter  quelques 
recherches  sur  l'ammonium  et  sur  les  sels  ammoniacaux. 


(  «09  ) 
de  l'eau,  les  surfaces  moléculaires  du  sel  amené  à  un  état  de  division  ex- 
trême agissant  sur  l'eau  pour  lui  donner  une  densité  supérieure  à  celle 
qu'elle  possède  à  l'état  liquide  et  même  à  l'état  solide. 

)>  Dans  un  prochain  travail,  nous  reviendrons  sur  la  comparaison  des 
quantités  de  chaleur  mises  en  jeu  par  le  phénomène  de  coercition  avec  les 
quantités  de  chaleur  mises  en  jeu  dans  la  formation  des  composés  salins. 
Ce  rapprochement  est  nécessaire  si  l'on  veut  se  rendre  un  compte  exact 
des  modifications  que  ces  composés  subissent  sous  l'influence  de  l'eau.  » 

«  M.  P.  Gervais  fait  hommage  à  l'Académie  des  Mémoires  suivants, 
qu'il  a  récemment  publiés  : 

»  1°  Nouveau  Mémoire  sur  \es  formes  cérébrales  des  Mammifères,  faisant 
connaître,  sous  ce  rapport,  le  Toxodon  ainsi  que  le  Tjpolheriitm,  deux 
genres  éteints  très-singuliers  qui  sont  particuliers  à  l'Amérique  méridionale, 
les  Chéiroptères^  les  Insectivores^  les  Rongeurs  et  les  Ongulés  de  petite  taille. 

»  2°  Mémoire  sur  les  fossiles  propres  aux  dépôts  à  chaux  phosphatée  du 
Quercj  (deuxième  partie). 

»  3°  Monstres  pol/gnathes  et  hétérognathes.  —  Ce  travail  complète  les 
remarques  présentées,  en  i85r,  à  l'Académie,  par  Isid.  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire,  à  propos  du  genre  de  monstruosités  que  ce  savant  a  nommé  Desmio- 
gnathes;  il  renferme,  en  outre,  la  description  d'un  cas  très-rare  de  monstres 
hétérognathes,  recueilli  dans  la  clientèle  de  M.  le  D''  Péan  ;  cas  rappelant 
par  la  multiplicité  des  pièces  osseuses,  toutes  garnies  de  dents,  qui  étaient 
contenues  dans  une  inclusion  ovarique,  celui  que  Ploucket  et  Authenrieth 
ont  autrefois  fait  connaître. 

»  4°  Ostéologie  du  Sphargis  luth.  —  Ce  grand  Chélonien  marin  n'avait 
point  encore  été  étudié  sous  ce  rapport.  Sa  carapace  extérieure  diffère  par 
des  caractères  importants  de  celle  des  autres  animaux  du  même  ordre  et 
n'adhère  pas  au  squelette  proprement  dit;  elle  ne  répond  pas  anatomique- 
ment  à  la  carapace  de  ces  derniers.  D'autres  particularités  importantes 
éloignent  également  le  Sphargis  du  reste  des  Chéloniens. 

»  L'auteur  traite,  dans  les  Mémoires  dont  les  titres  viennent  d'être  rap- 
pelés, de  diverses  questions  générales  se  rattachant  aux  faits  qui  y  sont 
exposés. 

»  M.  P.  Gervais  offre,  en  outre,  à  l'Académie  plusieurs  Notes  consa- 
crées à  différents  sujets,  qu'il  vient  aussi  de  faire  imprimer. 

(;.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  lo.)  *o5 


(  8,o  ) 
»  L'une  de  ces  Notes  énumère  le  produit  des  fouilles  entreprises  par 
M.  Picite,  dans  la  grotte  de  Gourdan  (Haute-Garonne  i,  fouilles  qui  ont 
conduit  à  la  découverte  d'un  dessin  sur  os,  représentant  Y  Antilope  Sànja. 
Ce  dessin  était  mêlé  à  de  nombreux  débris  fracturés  du  Renne  et  à  des 
restes  d'oiseaux,  parmi  lesquels  figurent  les  genres  Coq  et  Tétras.  » 

RIÉMOmES  LUS. 

ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  Jaune  ancienne  de  l'île  Rodrigues; 
par  M.  Alph.-Milne  Edwards.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie.) 

«  Jusque  dans  ces  derniers  temps,  la  petite  île  Rodrigues,  située  à  environ 
3oo  milles  marins  à  l'est-nord-est  de  Maurice,  n'avait  attiré  que  peu  l'atten- 
tion des  naturalistes.  Vers  la  fin  du  xvii^  siècle,  un  voyageur  français. 
Léguât,  y  séjourna  pendant  deux  années  ;  il  en  donna  une  description  fort 
étendue,  mais  tout  ce  qu'il  en  disait  s'accordait  si  mal  avec  les  indications 
fournies  plus  récemment  par  d'autres  navigateurs,  que  son  livre  n'in- 
spira que  peu  de  confiance.  En  effet,  i'ile  Rodrigues  semblait,  d'après  les 
récils  de  ce  voyageur,  avoir  une  riche  végétation  et  une  faune  variée,  tandis 
qu'aujourd'hui  les  animaux  y  font  presque  entièrement  défaut.  Un  chan- 
gement si  complet,  effectué  en  moins  de  deux  siècles,  paraissait  improbable 
et  la  véracité  de  Léguât  fut  mise  en  doute.  Cependant  les  assertions  de  ce 
naturaliste  méritaient  d'être  accueillies  avec  confiance,  car  les  débris 
appartenant  à  des  espèces  éteintes  et  découverts  depuis  quelques  années 
dans  les  terrains  meubles  de  I'ile  Rodrigues  doivent  être  considérés  comme 
autant  de  témoins  irrécusables  de  l'exactitude  de  ses  observations. 

»  Les  intéressantes  recherches  de  MM.  Strickland  et  Melville,  puis  de 
MM.  A.  et  E.  Newton,  sur  l'oiseau  que  Léguât  appelait  le  SoUlaire  commen- 
cèrent la  réhabilitation  scientifique  de  ce  voyageur  et,  dans  un  Mémoire 
publié  il  y  a  quelques  années,  j'ai  montré  que,  conformément  à  ses  asser- 
tions, il  y  avait  jadis  à  Rodrigues  de  grands  Perroquets,  dont  l'espèce 
n'existe  plus  aujourd'hui  ni  dans  cet  île  ni  sur  aucun  autre  point  du  globe. 

»  Les  ossements  dont  l'étude  m'a  fourni  ces  résultats  ne  sont  pas  les 
seuls  fossiles  qui  prouvent  l'existence  d'une  faune  ornithologique  éteinte 
récemment  sur  cette  terre  isolée.  Les  fouilles  pratiquées  sous  la  direction 
de  M.  Edouard  Newton,  auditeur  général  à  Maurice,  ont  ramené  au  jour 


(  8'>  ) 
beaucoup  d'autres  débris  analogues,  et  les  pièces  recueillies  de  la  sorte 
ayant  été  généreusement  mises  à  ma  disposition  parle  frère  de  ce  natura- 
liste, M.  Alfred  Newton,  professeur  d'Anatomie  comparée  à  l'Université 
de  Cambridge,  j'ai  pu  constater  que,  à  côté  des  Solitaires  et  des  grands  Psit- 
taciens  dont  je  viens  de  parler,  vivaient  autrefois  plusieurs  autres  oiseaux 
se  rapportant  à  des  types  zoologiques  que  Léguât  avait  observés  à  Rodri- 
gues  en  1691,  mais  qui  n'y  existent  plus  de  nos  jours. 

»  Parmi  les  ossements  recueillis  dans  les  cavernes,  j'ai  remarqué 
d'abord  un  sternum,  un  fragment  de  crâne  et  un  tarso-métalarsien,  qui 
provenaient  évidemment  d'un  oiseau  de  la  taille  d'une  petite  poule,  mais 
ressemblant  beaucoup  à  l'Ocydrome  de  la  Nouvelle-Zélande  et,  comme 
celui-ci,  incapable  de  voler. 

»  Je  ne  m'étendrai  passur  les  particularités  auatomiques  qu'il  présente, 
car,  dans  un  travail  précédent,  j'ai  établi  avec  soin  les  traits  dislinctifs  des 
différentes  espèces  de  Rallides,  fournis  par  la  conformation  de  cette  partie 
du  squelette. 

»  Le  sternum  trouvé  à  Rodrigues  montre  aussi,  par  sa  conformation, 
que  cet  oiseau  devait  être  sinon  complètement  apténien,  du  moins  inca- 
pable d'un  vol  soutenu.  Par  ses  caractères  généraux,  cet  os  ne  diffère  pas 
du  sterniuîi  de  l'Ocydrome,  et  les  muscles  pectoraux  qui  s'y  insèrent  ne 
pouvaient  avoir  que  très-peu  de  force;  il  présente  d'ailleurs  différentes  parti- 
cularités (le  structure  qui  le  distinguent  de  celui  de  tous  les  Rallides  connus. 

))  Aujourd'hui  il  n'existe  à  Rodrigues  aucun  oiseau  ayant  la  moindre 
ressemblance  avec  les  Ocydromes;  mais  tous  les  caractères  ostéologiques 
que  je  viens  de  signaler  s'accordent  très-bien  avec  l'idée  qu'on  peut  se 
former  de  certains  oiseaux  qui  babitaient  en  grand  nombre  cette  île,  il  y  a 
deux  siècles,  et  que  Léguai  signale  sous  le  nom  de  Gelinottes. 

»  Ceux-ci  n'étaient  évidemment  pas  des  Gelinottes  et  ils  ne  pouvaient 
appartenir  à  ce  groupe  zoologique;  car  ils  avaient,  au  dire  de  Léguât,  le 
bec  long,  droit  et  pointu,  à  peu  près  comme  celui  des  Ocydromes  et,  de 
même  que  ces  Rallides,  ils  ne  volaient  presque  pas.  Ils  ressemblaient  aussi 
aux  Ocydromes  par  une  singularité  physiologique,  l'antipathie  pour  la 
couleur  rouge.  Si  on  leur  présente  quelque  chose  de  rouge,  dit  Léguât, 
cela  les  irrite  si  fort,  qu'ils  viennent  l'attaquer  pour  tâcher  de  l'emportrr; 
si  bien  que,  dans  l'ardeur  du  combat,  on  a  occasion  de  les  prendre  faci- 
lement. Or  j'ai  observé  le  même  instinct  chez  les  Ocydromes  de  la  ména- 
gerie du  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

»   Il  me  paraît  donc  très-probable  que  le  Rallide  dont  les  os  se  trouvent 

lOJ.. 


(  8.2  ) 
encore  à  Rodrigues  est  le  aiême  oiseau  que  celui  que  Léguât  désignait 
sous  le  nom  de  Gelinotte,  et,  comme  ses  caractères  anatomiques  ne  permet- 
tent pas  de  le  ranger  dans  aucun  des  genres  précédemment  établis,  je  lui 
donnerai  le  nom  dErythromaque. 

n  Les  débris  fossiles  soumis  à  mon  examen  par  M.  le  professeur  Newton 
m'ont  permis  de  constater  que  la  famille  des  Hérons,  aujourd'hui  inconnue 
à  Rodrigues,  était  représentée  jadis  par  une  espèce  particulière,  à  grosse  tète, 
à  bec  robuste  et  à  pattes  courtes.  J'ai  pu  reconstituer,  presque  en  entier, 
le  squelette  de  cet  Échassier,  et  je  ne  doute  pas  que  ce  ne  soit  l'oiseau  dont 
Léguât  a  parlé  sons  le  nom  de  Butor.  Ce  n'était  cependant  pas  un  Butor 
proprement  dit,  mais  il  ressemblait  assez  à  cet  Ardéide  pour  motiver  le 
rapprochement  fait  par  Léguât,  et,  d'après  le  récit  de  ce  voyageur,  aussi 
bien  qu'à  raison  du  nombre  d'ossements  recueillis  par  les  soins  de  M.  New- 
ton, on  voit  qu'il  devait  être  très-commun.  Je  craindrais  d'abuser  de  l'at- 
tention de  l'Académie  si  j'entrais  dans  plus  de  détails  au  sujet  des  carac- 
tères ostéologiques  de  cette  espèce,  et  je  me  bornerai  à  ajouter  qu'elle  ne 
peut  être  confondue  avec  aucune  de  celles  du  même  genre  que  l'on  connaît 
aujourd'hui. 

»  Une  nouvelle  preuve  de  la  véracité  de  Léguât  et  des  changements 
considérables  survenus  dans  la  faune  ornithologique  de  l'île  Rodrigues,  de- 
puis deux  siècles  seulement,  m'a  été  fournie  par  les  os  des  oiseaux  de  nuit, 
dont  j'ai  constaté  l'existence.  Aujourd'hui  on  ne  connaît,  dans  celte  loca- 
lité, auciui  oiseau  de  proie;  mais,  lorsque  Léguât  y  séjournait,  les  Rapaces 
nocturnes  étaient  en  assez  grand  nombre  pour  aider  activement  à  la  des- 
truction des  Rats,  dont  l'île  était  infestée.  D'après  les  pièces  osseuses  dont 
je  viens  de  parler,  on  peut  voir  qu'il  y  avait  deux  espèces  de  Hibous  à  Ro- 
drigues :  l'une  trop  imparfaitement  représentée  pour  que  je  puisse  en  dé- 
terminer les  affinités  exactes,  l'autre  appartenant  au  genre  Athcne  et  bien 
distincte  de  toutes  les  espèces  vivantes. 

»  Les  autres  oiseaux  terrestres  dont  Léguât  fait  mention  comme  vivant 
à  Rodrigues  sont  des  Pigeons,  des  Perroquets,  et  une  espèce  du  groupe 
des  Passereaux. 

»  Si  les  Pigeons  n'ont  pas  entièrement  disparu  de  cette  île,  ils  y  sont 
devenus  extrêmement  rares,  car  M.  E.  Newton,  malgré  ses  recherches,  n'a 
pu  en  voir  un  seul  indivithi-,  mais  leur  existence  passée  est  démontrée  par 
les  ossements  qui  ont  été  trouvés  associés  à  ceux  du  Solitaire,  de  l'Érytluo- 
maque,  des  Hérons  et  des  Iliboiis,  dont  je  viens  de  parler.  Ces  débris  m'ont 
permis  de  constater  que  jadis  il  y  avait  là  deux  espèces  de  Colombes  :  l'une 


(8,3) 
est  évidemment  le  Tiiilur  picluralus,  qui  habite  actuellement  l'île  Maurice. 

»  La  seconde  espèce  reconnue,  d'après  un  sternum,  est  plus  intéressante. 
Léguât  n'en  a  pas  fait  mention,  soit  parce  que  cet  oiseau  échappa  à  son  at- 
tention, soit  parce  qu'il  avait  déjà  disparu  de  Rodrigues  avant  l'arrivée  de 
ce  voyageur.  C'était  une  espèce  de  petite  taille,  à  peine  plus  grande  que  le 
Colitmba  tjmpaiiistiia,  mais  beaucoup  mieux  conformée  pour  le  vol.  Je  ne 
connais  aucun  genre  de  la  famille  des  Colombides  offrant  les  mêmes  carac- 
tères. 

»  Les  Perroquets  observés  par  Léguât  étaient  de  médiocre  grosseur, 
leur  plumage  était  vert  et  bleu.  Ils  étaient  très-abondants  et  la  chair  des 
jeunes  avait  un  goût  agréable.  J'ai  pu  voir,  d'après  les  manuscrits  de  Pin- 
gré,  conservés  à  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève  et  qui  m'ont  été  très- 
obligeamment  communiqués  par  M.  Ferdinand  Denis,  qu'en  1761,  époque 
à  laquelle  cet  astronome  visita  l'île  Rodrigues,  pour  y  observer  le  passage 
de  Vénus,  ces  oiseaux  commençaient  à  devenir  rares.  Cependant  ils  ne  pa- 
raissent pas  avoir  entièrement  disparu;  car,  dernièrement,  M.  Newton  est 
parvenu  à  se  procurer  un  Perroquet  qui,  suivant  toutes  probabilités,  est  un 
représentant  de  l'espèce  observée  par  Léguât,  car  plusieurs  ossements, 
trouvés  dans  les  cavernes  de  l'île,  s'y  rapportent  évidemment.  Cet  oiseau, 
bien  distinct  de  tous  les  Psittaciens  actuels,  a  été  décrit  par  M.  Newton, 
sous  le  nom  de  Palceoinis  cxsiil.  Le  même  ornithologiste  a  constaté  que 
VJgaponds  cana,  petite  Perruche  commune  à  Madagascar  et  à  Maurice, 
habite  actuellement  Rodrigues;  mais  les  colons  assurent  qu'elle  est  d'ori- 
gine étrangère  et  ajoutent  qu'elle  a  été  apportée  par  un  navire  américain^ 
venant  de  Madagascar. 

»  Quant  au  grand  Perroquet  fossile  de  Rodrigues,  que  j'ai  déjà  fait  con- 
naître précédemment,  sous  le  nom  de  Psiltacus  rodericanus,  il  ne  peut  être 
rapporté  ni  à  ï Acjapornis  cana  ni  au  Palœornis  exsul,  et  fournit  une  preuve 
de  plus  des  changements  survenus  dans  la  faune  de  cette  île.  Quelques 
ossements,  qui  en  ont  été  trouvés  dans  des  fouilles  récentes,  m'ont  permis 
de  voir  que  cet  oiseau  se  rapprochait  beaucoup  plus  des  Palœornis  que  je 
ne  l'avais  d'abord  supposé  et,  d'après  l'examen  que  j'en  ai  fait,  je  pense  que 
ce  Psittacien  doit  prendre  place  entre  les  Loris  et  les  Palœornis. 

»  Je  ne  parlerai  pas  ici  des  oiseaux  de  mer  qui  fréquentent  les  côtes  de 
Rodrigues;  ce  sont  toujours  les  mêmes  espèces  qui  vivent  aujourd'hui  et 
qui  y  vivaient  il  y  a  deux  siècles;  on  y  voit,  comme  du  temps  de  Léguât, 
des  Frégates,  des  Fous,  des  Phaétons,  des  Pétrels. 

»  La  faune  ornithoiogique  sédentaire  avait  un  tout  autre  intérêt,  puisque 


(  8-4  ) 
c'est  en  la  comparant,  telle  qu'elle  est  aujourd'hui,  aux  espèces  que  ré- 
vèlent les  ossements  extraits  du  sol  des  cavernes  et  que  Lesjuat  avait  ob- 
servées, qu'il  est  possible  de  constater  que,  en  moins  de  deux  siècles,  des 
changements  très-considérables  se  sont  accomplis  dans  la  composition  de 
cette  faune,  riche  jadis  et  anjourd'iuii  remarquablement  pauvre. 

»  La  végétalion  y  a  cliangé  aussi  de  caractère,  car  les  beaux  arbres  tlont 
parle  Léguât  ont,  pour  la  plupart,  fait  place  à  des  broussailles;  mais  ces 
modifications  ne  sont  dues  ni  à  une  catastrophe  géologique,  ni  à  des  phé- 
nomènes météorologiques  particuliers,  car  le  climat  n'a  pas  varié. 

»  Les  traditions  locales  attribuent  la  destruction  des  bois  à  de  grands 
incendies,  allumés  par  l'homme,  et  c'est  aussi  l'influence,  soit  directe,  soit 
indirecte  de  celui-ci  qui  me  paraît  avoir  déterminé  l'extinction  des  espèces 
animales  dont  je  viens  de  parler.  » 

MÉMOIRES   PRÉSEIVTÉS. 

DOUCr>E  KKFUACTION.  —  Vérificdùon  de  la  loi  irHiiygliens,  par  lu  inclliode 
du  })mine.  Mémoire  de  M.  Abkia.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

o  La  loi  de  la  double  réfraction  dans  les  cristaux  uni-axes  n'a  été  vérifiée 
jusqu'à  présent,  à  ma  connaissance,  que  dans  des  cas  particuliers  et  par  la 
méthode  du  transport.  Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  juge- 
ment de  l'Académie  renferme  les  résultats  de  quelques  expériences  que 
j'ai  entreprises  pour  la  vérification  de  cette  loi,  en  employant  la  méthode 
du  prisme. 

»  Soit  une  substance  biréfringente,  taillée  sous  la  forme  d'un  prisme  offrant 
cinq  angles  dièdres,  l'axe  ayant  du  reste  une  direction  quelconque.  Si  l'on 
mesure  pour  une  raie  déterminée,  pour  la  raie  D  par  exemple,  l'indice  de 
réfraction  de  chacun  des  rayons,  en  amenant  pour  ce  rayon  le  |)risme  dans 
la  position  du  minimum  de  déviation,  on  devra  trouver,  quelle  que  soit 
l'arête  réfringente,  une  valeur  constante  de  l'indice  pour  l'un  d'eux,  lequel 
sera  l'ordinaire  et  se  trouvera  ainsi  déterminé.  Le  prisme  étant  dans  la  po- 
sition du  niininuHu  de  déviation  pour  l'image  ordinaire,  si  l'on  mesure 
l'angle  que  forment  entre  eux  les  rayons  émergents,  ordinaire  et  extraor- 
dinaire, à  leur  sortie  du  prisme,  d  sulfira  de  comparer  la  valeur  fournie  par 
l'observation  à  celle  à  laquelle  conduit  l'application  de  la  loi  d'Huyghens; 
s'il  y  a  concordance,  il  ne  pourra  rester  de  doute  sur  l'exactitude  de  cette 
loi. 


(  8.5) 
»  Les  calculs  sont  un  peu  longs,  parce  que,  pour  chaque  cas,  on  a  besoin 
(le  six  quantités;    mais  ils   exigent  seulement  beaucoup  d'altention,  sans 
offrir  de  gi';uKles  ilitficultés. 


ANGLE 

DU   RA\ON   E 

AVEC  L'AXE. 


76.19 

108. 5o 
32.13 
32.4-2 
60.   8 

i; ',.:!■.. 
73.21 

I II.  g 

/|4.56 
39.20 

Go.  7 
60.  5 
38. 16 

3l.2I 

6',.. 3/, 

4.55 
57.19 
G2.18 


ANGLE   DES   RAYONS    G    ET    E 

à  leur  sortie  du  prismo. 


Observation. 


14  .  II .37 
l3.22.    ti 

3.54.51 

4 -01 .26 
Il . o3 . 46 
12.02.53 
13.27.  6 
12.56.23 
5.3o.  5 
5.29.57 

4.» .  55 
46.  4 
36.  I 
40.  I9 
4..  46 

12 

43.  iS 

33.42 


i4 . io.3o 

l3.22.20 

3.5I.3.J 

3.58. 10 

II .   3.10 

12 . 10. 3o 

.3..34.'|o 

i2./|g.b6 

5.27.-20 

j.23.5o 

/|G.25 
3ô .  53 
4 1 .  00 

/(O.  :> 

ïo" h  20" 
42, 5.J 

3..  45 


DIFFERENCE. 


'■     7 
>'t 

3.3i 
3.16 
36 
7.37 
7.3', 
0.33 
2.45 
6.   7 

20 


'M 
Insensible. 

23 

■n 


OBSERVATIONS. 


Prîsirn;  de  spalh,  olff-iiit  cinq  .tngins  dièdres; 
cli.tcun  d'enx  donne  lien  h  den.v  cxpt}- 
riences  de  vérification. 


I 


Prisme  de  quart/.,  ofirant  seulement  trois 
an[[les  dièdres;  cliacnn  d'eux  ne  donne 
Heu  qu'à  nne  expérience  de  vérification. 


Prisme  de  quartz,  offrant  seulement  trois 
angles  dièdres;  l'axe  est  parallèio  h  l'un 
des  côtés  de  la  base. 


»  Le  tableau  ci-joiut  renferme  les  résultats  de  dix-huit  expériences,  faites, 
les  dix  premières  avec  im  prisme  de  spalh,  et  les  huit  autres  avec  deux 
prismes  de  quartz.  Les  différences  sont  presque  toujours  inférieures  à  ■^~^ 
de  la  quantité  à  mesurer;  elles  sont  très-acceptables,  si  l'on  réfléchit  au 
nombre  de  formules  que  l'on  est  obligé  de  calculer.  » 

ZOOLOGIE.  —  Monographie  des  poissons  de  la  famille  des  S/mhrancliidës; 
par  M.  Camille  Dareste.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  d'Aualomie  et  Zoologie.) 

«  La  famille  des  Symbrancliidés  est  une  famille  très-naturelle,  voisine, 
mais  bien  distincte  de  celle  des  Anguilles. 

»  Elle  ne  contient  que  quatre  espèces  qui,  malgré  leurs  affinités  bien  évi- 
dentes, sont  cependant  assez  distinctes,  surtout  au  point  de  vueanatomique, 
pour  être  réparties  en  quatre  genres  :  ce  sont  les  Sjmbranclius  marmoralus 


(  8.6  ) 
(Bloch),  Vniapcrturn  lerns  (Lacépède),  Monoptenis  javai^icus  (Lacépède), 
Jmphipnous  ciuhia  (J.  Mùller).  Le  genre  Àlabes,  de  Cnvier,  bien  qne  je  ne 
l'aie  étudié  que  d'une  manière  très-incomplète,  et  qu'il  m'ait  été  impossible 
d'en  faire  la  dissection,  me  paraît  appartenir  à  un  autre  groupe;  car,  s'il 
ressemble  aux  Symbranchidés  par  l'existence  d'une  seule  fente  branchiale, 
il  s'en  écarte  complètement  par  la  position  de  l'anus  fort  en  avant  et,  par 
conséquent,  par  le  grand  développement  de  la  région  caudale. 

»  Les  Symbranchidés,  qui  ressemblent  aux  Anguilles  par  la  forme  géné- 
rale du  corps,  s'en  distinguent  a.  l'extérieur,  ainsi  que  des  autres  poissons, 
par  la  réunion  en  une  seule  des  deux  fentes  branchiales,  par  l'absence  com- 
plète desnageoires  paires  et  l'état  excessivement  rudimentaire  delà  nageoire 
paire,  qui  commence  à  la  face  dorsale  au-dessus  de  l'anus  et  qui,  à  la  face 
ventrale,  ne  s'étend  pas  toujours  jusqu'à  cet  orifice;  enfin,  par  la  brièveté 
excessive  de  la  queue,  résultant  de  la  position  très-reculée  de  l'anus  en 
arrière. 

))  L'organisation  de  ces  animaux  présente  des  particularités  très-remar- 
quables. 

»  La  tête  osseuse,  qui  caractérise  si  bien  les  groupes  naturels  des  pois- 
sons, ainsi  que  je  l'ai  montré  dans  un  travail  publié  l'année  dernière,  re- 
produit assez  exactement  le  type  de  la  tête  des  Murénoïdes,  mais  avec  de 
remarquables  différences.  Le  trait  le  plus  saillant,  c'est  que  l'aile  palatine 
s'attache  dans  toute  son  étendue  à  la  base  du  crâne  et  forme  ainsi,  à  la  voûte 
de  la  cavité  buccale,  un  plafond  entièrement  osseux,  caractère  qui  ne  se 
rencontre,  dans  la  classe  des  poissons,  que  dans  un  type  très-différent,  celui 
des  Mormyres  et  du  Gymnarchus.  Le  rebord  de  l'aile  palatine  est  garni  de 
dents  dans  toute  son  étendue,  de  telle  sorte  qu'il  existe  chez  ces  poissons 
deux  rangées  de  dents,  l'intérieure  aux  palatines,  et  l'extérieure  aux  inter- 
maxillaires, comme  chez  les  Serpents,  à  qui,  d'ailleurs,  ils  ressemblent  à 
beaucoup  d'égards;  le  vomer,  au  contraire,  est  complètement  dépourvu 
de  ces  organes.  La  mâchoire  supérieure,  contrairement  à  ce  que  l'on  ob- 
serve chez  les  Anguilles,  est  formée  de  deux  pièces  juxtaposées  dans  pres- 
que toute  leur  longueur,  et  qui  représentent  le  maxillaire  et  l'intermaxil- 
laire  des  poissons.  L'aile  operculaire  est  assez  développée,  bien  qu'entière- 
ment cachée  sous  la  peau  comme  chez  les  Anguilles;  mais  les  rayons  bran- 
chiostéges  sont  fort  petits.  Du  reste,  bien  que  la  forme  générale  de  la  tète 
osseuse  et  des  autres  parties  du  squelette  soit  exactement  la  même,  chaque 
espèce  ou,  pour  mieux  dire,  chaque  genre  se  distinguo  p:ir  des  caractères 
ostéologiques  d'une  grande   importance.  Ainsi  V Uniaperluia  et  le  Mono^ 


(  8.7) 
pterus  ont  une  ceinture  scapulaire  complète  et  attachée  au  crâne,  comme 
chez  la  phipart  des  poissons  osseux,  taudis  que  les  pièces  supra-scapulaires 
font  complètement  défaut  chez  le  S/inhrauchus  et  VAmphipnous^  plus  sem- 
blables, sous  ce  rapport,  aux  véritables  Anguilles.  Le  Monoplerus  présente 
aussi  ce  fait  que  l'interparictal  sépare  complètement  les  pariétaux  et  vient 
se  réunir  aux  frontaux,  tandis  que,  dans  les  trois  autres,  comme  chez  les 
Anguilles  et  les  Murènes,  les  pariétaux  séparent  complètement  les  frontaux 
et  l'interpariétal.  Il  en  est  de  même  pour  les  côtes,  qui  tantôt  existent  et 
tantôt  manquent. 

»  La  disposition  des  parties  molles,  et  principalement  de  l'appareil  cir- 
culatoire, est  également  très-remarquable.  Les  Symbranchidès,  contraire- 
ment à  ce  qui  existe  chez  tous  les  poissons,  possèdent  un  véritable  cou.  Le 
cœur,  au  lieu  d'être  placé  immédiatement  en  arrière  de  la  tète  et  de  la  ré- 
gion branchiale,  en  est  au  contraire  à  une  très-grande  distance,  et  la  région 
du  corps  qui  les  sépare,  véritable  région  cervicale,  est  entièrement  occupée 
par  des  plans  musculaires,  entre  lesquels  sont  placés,  supérieurement 
l'œsophage,  inférieurement  l'artère  branchiale,  qui  est  très-longue,  et  laté- 
ralement les  deux  veines  jugulaires.  Le  cœur  est  parfaitement  symétrique; 
le  ventricule  est  très-allongé;  l'oreillette,  dont  le  développement  est  con- 
sidérable, se  replie  à  la  face  supérieure  du  ventricule,  et  ses  rebords  fran- 
gés viennent  s'accoler  l'un  à  l'autre.  Les  veines  qui  viennent  aboutir  au 
sinus  veineux  sont  au  nouibre  de  quatre  et  restent  complètement  séparées, 
contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  tous  les  autres  poissons  :  ce  sont  supé- 
rieurement les  deux  veines  jugulaires,  inférieurement  une  grosse  veine  qui 
vient  de  l'intestin  et  du  foie,  et  qui  représente  la  veine  cave  inférieure, 
puis  une  autre  veine  qui  provient  de  la  région  caudale  et  qui  reçoit  les 
veines  du  rein.  Je  n'ai  pu,  à  mon  grand  regret,  étudier  en  détail  ces  faits  si 
exceptionnels,  parce  que  je  n'ai  eu  à  ma  disposition  que  des  animaux  qui 
avaient  séjourné  depuis  très-longtemps  dans  l'alcool  ;  je  les  signale  aux 
anatomistes  qui  pourront  étudier  des  pièces  fraîches.  Je  dois  rappeler  ici 
que  Taylor  a  signalé  ces  faits  en  i83i,  dans  le  Ciichia,  et  en  a  conclu 
que  cet  animal  devait  former  un  passage  des  poissons  aux  reptiles;  cette 
organisation  si  remarquable  du  Cuchia  existe  chez  tous  les  Symbranchidès. 

»  Je  dois  rappeler  encore,  comme  caractères  anatomiques  communs  à 
tous  ces  poissons,  la  disposition  du  tube  digestif,  qui  se  dirige  en  droite 
ligne  et  sans  présenter  extérieurement  des  divisions,  depuis  la  tète  jusqu'à 
l'anus;  le  grand  volume  du  foie,  qui  est  accolé  au  tube  digestif  dans  la  plus 
grande  partie  de  son  parcours  dans  la  cavité  abdominale,  et  qui,   même 

C,  K.,  1873,  2"=  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  13.)  lOf^ 


(8.8) 
chez  \e  Sjinbranclius  et  Wniapertura,  l'accompagne  jusqu'à  l'anus;  le  déve- 
loppement considérable  de  la  vessie  virinaire  qui,  chez  de  grands  individus, 
présente  une  longueur  de  a  décimètres;  l'existence,  chez  les  mâles,  de 
deux  testicules,  et  chez  les  femelles  d'un  ovaire  unique  venant  s'ouvrir  à 
l'extérieur,  en  avant  de  la  vessie  urinaire.  Les  œufs  atteignent  un  volume 
assez  grand  pour  faire  croire  à  l'existence  de  l'ovoviviparité;  mais  tous  ceux 
que  j'ai  étudiés  étaient  trop  altérés  pour  permettre  de  constater  s'il  y  avait 
eu  commencement  de  développement  embryonnaire. 

M  L'encéphale,  dont  l'étude  eût  été  si  intéressante,  était  complètement 
altéré  sur  les  individus  que  j'ai  eus  entre  les  mains. 

»  D'autre  part,  ces  animaux,  si  semblables  par  tant  de  détails  de  leur 
organisation,  diffèrent  complètement  les  uns  des  autres  par  la  disposition 
de  l'appareil  respiratoire  et  par  la  manière  dont  la  respiration  s'accomplit. 
Ici  je  n'ai  point  de  fait  nouveau  à  signaler.  Je  rappellerai  seulement  que, 
tandis  que  le  Symbrancliuset  V  Uniapertura  ne  diffèrent  en  rien  des  autres 
poissons,  le  Monoptcrus  ne  présente,  de  chaque  côté,  que  trois  branchies, 
bien  qu'il  possède  quatre  crosses  de  l'artère  branchiale,  l'une  de  ces 
crosses  n'étant  point  en  communication  avec  un  système  de  vaisseaux  ca- 
pillaires et  ne  pouvant,  par  conséquent,  servir  à  l'oxygénation  du  sang.  Le 
Monoplerus  se  rapproche  donc,  à  ce  point  de  vue,  des  reptiles.  Le  Cuchia 
possède  une  organisation  plus  remarquable  encore;  car  il  joint  à  l'orga- 
nisation branchiale  du  Monopterus  l'existence  d'un  sac  respiratoire,  qui 
est  en  communication  avec  la  partie  antérieure  de  la  chambre  branchiale 
et  qui  est  à  peine  indiqué,  chez  les  autres  espèces,  par  une  petite  excava- 
tion dépourvue  d'un  réseau  capillaire. 

))  Je  dois  signaler  ici,  dans  le  Monoplerus,  un  fait  fort  intéressant,  mais 
dont  je  ne  puis  donner  la  signification.  Dans  la  plupart  des  individus  que 
j'ai  étudiés,  le  troisième  arc  branchial  ne  porte  point  de  lamelles,  mais  il 
est  seulement  revêtu  par  une  membrane  continue.  Tous  ces  individus  ont 
été  péchés  dans  des  étangs  et  même  dans  des  étangs  desséchés,  qu'il  faut 
ouvrira  coups  de  bêche.  Deux  individus,  péchés  dans  le  Yancj-lse-Kiang  et 
qui  ne  présentent  avec  le  précédent  aucune  différence  spécifique,  ont, 
au  contraire,  le  troisième  arc  branchial  garni  de  lamelles  branchiales, 
comme  les  deux  arcs  précédents.  Ces  lamelles  du  troisième  arc  branchial 
seraient-elles  des  organes  temporaires  coexistant  avec  la  vie  active  de  ces 
animaux,  lorsqu'ils  remontent  les  fleuves,  et  disparaissant  pendant  leur 
période  d'engourdissement,  lorsqu'ils  vivent  dans  la  vase  desséchée?  Je  ne 
puis  ici  que  soulever  la  question. 


(  f^M»  ) 
»  Il  est  Tort  curieux  de  constater  de  si  grandes  différences  darts  Ife  mode 
de  fonctionnement  des  phénomènes  respiratoires  chez  des  animaux,  d'ail- 
leurs si  voisins  les  mis  des  autres.  Cela  nous  apprend,  par  un  très-frappant 
exemple,  que  ce  qui  caractérise  les  groupes  naturels,  c'est  le  type  ou  les 
conditions  anatomiqnes  de  la  forme  générale,  et  que  les  caractères  tirés  des 
faits  physiologiques  ne  doivent  venir  qu'en  seconde  ligne.   » 

CHIMIE  iNDUStRiELLE.  — Epwaleur  mécanique  pour  te  cjaz  d'éclairage,  pouvant 
servir  en  même  temps  à  mélamjer  les  gaz  avec  des  vapeurs  liquides.  Note 
de  M.  D.  CoLLADON.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  un  Mémoire  précédent  de  MM.  Au- 
douin  et  Pelouze,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Peligot,  Rolland, 
Jamin.) 

«  Retenu  quelques  semaines  au  SaintGothard  par  les  travaux  d'instal- 
lation des  moteurs  hydrauliques  et  l'établissement  des  nouvelles  pompes 
de  compression  qui  fourniront  l'air  comprimé  aux  deux  extrémités  du 
tunnel,  long  de  14900  mètres,  à  percer  dans  le  granit,  je  n'ai  connu  que 
tardivement  la  Communication  faite  à  l'Académie  par  MM.  E.  Pelouze  et 
P.  Audouin,  dans  la  séance  du  28  juillet,  sur  un  nouveau  procédé  de  con- 
densation des  matières  liquéfiables  tenues  en  suspension  dans  les  gaz. 

)i  II  est  assez  naturel  que  le  même  principe  se  présente  à  l'esprit  de  di- 
vers inventeurs,  et  que  des  procédés  analogues  soient  proposés  par  des 
savants  ou  des  praticiens  pour  obtenir  des  effets  semblables  ;  mais  il  est  tou- 
jours permis  à  celui  qui  a  publié  le  premier  l'ini  de  ces  principes,  ou  de 
ces  procédés,  de  rappeler  la  forme  sous  laquelle  il  les  a  présentés  et  l'époque 
où  ils  ont  été  publiés. 

»  J'espère  donc  que  l'Académie  me  permettra  de  lui  transmettre  une 
réclamation  de  priorité  sur  l'application  du  principe  essentiel  sur  lequel 
est  basée  la  méthode  d'épuration  proposée  récemment  par  les  éminents  chi- 
mistes et  praticiens,  MM.  Pelouze  et  Audouin,  et  je  réclamerai  de  sa  bien- 
veillance l'insertion  dans  les  Comptes  rendus  de  la  Communication  que 
j'avais  adressée  en  i858  à  MM.  Bolley  et  Rronauer,  professeurs  à  Zurich, 
et  qui  a  paru  la  même  année  dans  leur  Journal  polytechnique,  avec  les  ré- 
flexions qu'ils  y  avaient  ajoutées  (i). 

(i)  T'oir-\e  volume  LXII  des  Brevets  expirés,  qui  donne  la  figure  de  l'appareil  que  j'ai 
employé,  et  «jue  \q  Journal  polytechnique  &  reproduite. 

106.. 


(    820    ) 

»  L'épuration  doit  débarrasser  le  gaz  d'éclairage  des  particules  solides, 
naphtaline,  goudron,  combinaisons  ammoniacales,  ainsi  que  des  gaz,  tels 
que  l'acide  carbonique,  l'acide  sulfurique,  etc. 

»  Pour  le  lavage,  on  a  employé  des  vases  opérant  comme  les  appareils 
de  Woolf,  dans  lesquels  le  gaz  traverse  l'eau  ou  une  solution  liquide  con- 
venable, sons  forme  de  bulles  ou  de  courants  ténus,  à  travers  une  toile  mé- 
tallique. Cette  disposition  est  insuffisante  pour  des  travaux  en  grand,  parce 
que  les  bulles  de  gaz  prennent  la  forme  sphérique  qui,  pour  le  plus 
grand  volume,  présente  la  surface  minima.  En  outre,  cette  méthode  est 
liée  à  une  notable  augmentation  de  pression,  ce  qui  n'est  pas  sans  in- 
convénient. 

»  Les  cascades  chimiques,  dans  lesquelles  le  gaz  se  meut  de  bas  en  haut 
à  travers  une  fine  pluie  du  liquide  laveur,  conviennent  déjà  beaucoup 
mieux ,  mais  elles  exigent  une  trop  grande  quantité  de  liquide.  Les 
tours  à  coke  [sclirubbeis]  produisent  un  effet  encore  plus  complet  :  ce  sont 
de  grands  vases  dans  lesquels  on  dispose  par  couches  du  coke,  du  gravier 
ou  d'autres  substances,  qu'on  entretient  humilies  par  un  filet  de  liquide 
tombant  du  haut,  et  au  travers  desquels  le  gaz  passe  de  bas  en  haut;  mais 
l'effet  est  très-inégal,  et,  quand  les  laveurs  ne  sont  pas  très-grands,  ils  re- 
fusent le  service. 

»  Le  nouveau  laveur  mécanique  a  l'avantage  de  produire  un  effet  très- 
puissant  sous  des  dimensions  assez  restreintes.  A  l'usine  à  gaz  de  Genève, 
il  fournit  du  gaz  de  houille  tout  à  fait  supérieur  au  point  de  vue  du 
pouvoir  éclairant  et  au  point  de  vue  de  la  salubrité;  en  outre,  avec  ce 
nouveau  laveur,  on  dépense  moins  de  matériel  d'épuration  qu'avec  l'an- 
cien système  de  lavage.  Le  même  appareil  rendrait  sans  doute  les  meilleurs 
services  dans  le  cas  où  l'on  voudrait  saturer  un  gaz  avec  les  vapeurs  d'un 
liquide,  par  exemple  l'hydrogène  avec  de  la  vapeur  de  pétrole. 

»  Le  système  repose  sur  ce  principe,  que  la  meilleure  disposition  pour 
laver  un  gaz  ou  pour  le  saturer  doit  consister  à  le  faire  frapper,  sous  la 
forme  de  courants  aussi  ténus  que  possible,  contre  des  parois  solides  entre- 
tenues perpétuellement  humides;  les  courants  se  brisent  contre  ces  sur- 
faces et  sont  empêchés  de  se  mouvoir  en  ligne  droite.  Les  particules  ga- 
zeuses sont  ainsi  toujours  maintenues  dans  un  mouvement  gyratoire  et 
sont  pressées  contre  les  parois  humides,  de  façon  qu'elles  absorbent  la 
substance  répandue  sur  ces  parois  ou  qu'elles  y  déposent  une  partie  de 
leur  substance  propre ,  suivant  qu'il  s'agit  de  saturer  le  gaz  ou  de  le 
laver. 


(     821     ) 

»  J'ai  établi  des  laveurs  mécaniques  basés  sur  ce  principe,  en  i856, 
1857  et  i858,  à  Genève,  à  Berne,  clans  quelques 'petites  usines  et,  en  i86'3, 
clans  la  grande  usine  de  Naples.  L'effet  produit  a  été  considérable,  comme 
l'attestent  les  rapports  annuels  de  l'usine  de  Genève  et  la  diminution  des 
frais  d'épuration. 

»  En  1857  et  i858,  les  exhausteurs  n'étaient  employés  que  dans  quel- 
ques-unes des  plus  vastes  usines  à  gaz  du  continent;  encore  aujourd'hui 
la  plupart  des  petites  usines  n'en  possèdent  pas.  Les  appareils  que  j'ai  pro- 
posés et  fait  construire  sont  applicables  à  toutes  les  usines. 

»  Pour  celles  qui  n'ont  pas  d'exliausteurs,  on  donne  plus  de  largeur 
aux  fentes  ou  ouvertures  successives  c[ui  dirigent  le  gaz  contre  les  surfaces 
épurantes,  et  la  surélévation  de  pression  qui  en  résulte  peut  être  au-des- 
sous d'un  millimètre  d'eau,  quoique  la  puissance  épurante  soit  très-grande. 

»  Dans  les  usines  qui  ont  des  exhausteurs,  on  peut  rétrécir  ces  fentes 
ou  passages,  et  la  puissance  épurante  en  est  augmentée,  sans  accroissement 
de  volume  des  appareils.  C'est  ce  que  j'ai  fait  à  Genève,  lorsque  cette  usine 
a  été  pourvue  d'un  exhausteur  en  i863,  et  à  Naples  à  la  même  époque.  » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  relatives  à  iaclion  des  substances 
dites  antiseptiques  sur  le  virus  charbonneux .  Note  de  M.  C.  Davaine,  pré- 
sentée par  M.  Bouley. 

(Commissaires  :  J\iM.  Cl.  Bernard,  Bouley,  Fremy.) 

«  Dans  une  précédente  Comnuinication,  j'ai  établi  que  le  virus  char- 
bonneux est  détruit  par  une  température  cpii  varie  entre  48  et  55  degrés  C, 
suivant  la  durée  de  l'application  de  la  chaleur;  je  vais  rechercher  aujour- 
d'hui quelle  est  l'action,  sur  ce  virus,  de  plusieurs  autres  agents  auxquels 
on  donne  en  médecine  le  nom  tV antiseptiques. 

»  Mais  d'abord  je  dois  rappeler  que  le  cobaye  étant  tué  constamment 
par  une  quantité  de  sang  charbonneux  frais  inférieure  à  un  cent  millième 
de  goutte,  lorsqu'on  la  lui  injecte  sous  la  peau  avec  la  seringue  de  Pravaz, 
cet  animal  peut  servir  de  réactif  pour  déterminer  l'existence  du  virus 
charbonneux,  même  lorsqu'il  se  trouve  en  quantité  extrêmement  minime. 

»  Si  donc  on  mêle  avec  de  l'eau  un  centième,  un  millième,  un  dix  mil- 
lième de  sang  charbonneux,  et  si  l'on  ajoute  à  cette  eau  la  substance  dont 
on  veut  connaître  l'action  antiseptique,  il  suffit,  après  un  certain  temps  de 
contact,  d'injecter  sous  la  peau  d'un  cobaye  une  seule  goutte  de  ce  liquide 
pour  obtenir  le  résultat  cherché.  En  effet,   si  l'animal  continue  de  vivre, 


(    822    ) 

c'est  que  le  virus  a  été  détruit  par  la  substance  antiseptique;  il  mourra,  au 
contraire,  si  le  virus  est  resté  intact. 

»  La  mort  du  cobaye,  après  l'injefction  du  virus  charbonneux,  arrive 
dans  les  limites  de  un  à  quatre  jours;  ce  n'est  que  dans  des  cas  très-rares 
qu'elle  dépasse  celte  limite,  qui  n'atteint  jamais  huit  jours. 

»  Par  ces  considérations,  les  expériences  faites  successivement  avec  la 
mêhie  substance,  et  dont  je  vais  parler,  ont  eu  entre  elles  un  intervalle  d'au 
moins  quatre  jours. 

»  En  l'absence  de  toute  donnée  sur  la  puissance  d'action  de  chacune 
de  ces  substances,  la  première  dose  essayée  a  été  pHse  arbitrairement; 
puis,  dans  des  expériences  successives,  elle  a  été  augmentée  ou  diminuée, 
suivant  les  résultats  obtenus.  Un  exemple  fera  comprendre  cette  manière 
de  procéder  : 

■»  Dans  2^'',  5o  d'eau  distillée,  on  introduit  une  quantité  de  sang  char- 
bonneux suffisante  pour  qu'une  goutte  du  liquide  injectée  sous  la  peau 
d'un  cobaye  le  tue  nécessairement  ;  on  y  .njoute  ensuite  i  centigramme 
d'acide  chromiqtte.  Après  une  demi-heure  de  contact,  une  goutte  de  ce  li- 
quide est  injectée  sous  la  peau  d'un  cobaye,  qui  n'en  éprouve  aucun  effet. 
Quatre  jours  après,  la  même  expérience  est  répétée  avec  une  solution 
d'acide  chromique  au  -—j^,  puis  successivement  au  70V0?  ^"  teVô»  ^"  Tô'ôô» 
au  WthT'  3»  TiArïï.  au  ^'^,  au  j^^,  au  — '— ,  au  ^Vî-  Tous  les  animaux 
survivent.  Quatre  expériences  au  ^-ûVï;  donnent  deux  morts  et  deux  survi- 
vants; une  au  y^Vôi  ^ort-  L'action  antiseptique  de  l'acide  chromique  sur 
le  virus  charbonneux  s'arrête  donc  au  six  millième. 

M  II  est  à  remarquer,  cependant,  que  la  limite  de  l'action  de  l'acide  chro- 
mique n'est  point  nettement  tranchée  :  c'est  une  question  sur  laquelle  je 
reviendrai  à  la  fin  de  cette  Note. 

))  L'analogie  ayant  pu  faire  isiipposer  que  Vacide  chlorhydrîque  possède 
des  propriétés  antiseptiques  non  moins  énergiques,  une  première  expé- 
rience est  faite  avec  cet  acide  au  -â-ôVô-  Le  cobaye  auquel  une  goutte  de  la 
solution  est  injectée  meurt  trois  joiu'S  après.  Dans  une  deuxième  expérience, 
la  solution  étant  au  ^  „'„ „ ,  le  cobaye  mourut  aussi  au  bout  de  trois  jours. 
Dans  une  troisième  expérience,  avec  une  solution  au  j^*^,  l'animal  inoculé 
survécut. 

»  L'action  antiseptique  de  l'acide  chlorhydrique  est  donc  inférieure  à 
celle  de  l'acide  chromique. 

»  Dans  les  expériences  dont  je  vais  rapporter  les  résultats,  la  proportion 
du  sang  charbonneux  a  clé  généralement  de  j~^;  il  provenait  d'un  animal 


(  823  ) 
mort  le  jour  même  ou  la  veille,  condition  importante,  car  la  putréfaction 
détruit  rapidement  le  virus.  La  durée  du  contact  du  virus  avec  la  substance 
antiseptique  a  été  d'une  demi-heure  à  ime  heure;  enfin  l'autopsie  et  l'exa- 
men microscopique  après  la  mort  ont  constamment  montré  qu'elle  était 
due  au  charbon. 

)>  Ne  pouvant  rapporter  ici  toutes  les  expériences  avec  les  détails  qu'elles 
comportent,  je  n'en  donnerai  qu'une  indication  sommaire  ; 

»  Ammoniaque  au  -~^  -~,  les  deux  animaux  survivent;  au  •— ,  -~,  ■—,  -~,  les  quatre 
animaux  meurent. 

»   Silicate  de  soude  A\x  -^,  y^î»  survivent;  au  yj-j,  77^,  meurent. 

»  Potasse  caustique  au  -—^  yy^,  yj-j,  survivent;  au  yjj,  sur  cinq,  un  meurt  et  quatre  sur- 
vivent; au  yi-j,  YTTS^  meurent. 

>.    Chlorure  d'oxyde  de  sodium  au  ^\-^,  ^-j,  5-5-5,  -ç^^-^,  ^J-j,  survivent. 

1)   Vinaigre  ordinaire  AU  -pj-j,  -\-^,  -pi-j,  survivent;  au  jyj,  meurt. 

»  Permanganate  de  potasse  au  j^,  -^,  -pjVî,  j^VS'  survivent;  -^,  y-'—,  meurent; 
TTF7'  ITIT'  TTFTT.  TT77.  TTcnr.  Survivent;  ■^,  j^,  meurent. 

»  Acide  sulfurique  au  -^,  ■^,  j^,  y^,  y^Vj'  TlVî'  TTÏT'  TsVv»  TïïVï.  TTJl'  «"''vi- 
vent;  au  -~^,  sur  quatre  inoculés,  deux  survivent  et  deux  meurent;  au  -5-5^7.  un  survit  et 
un  meurt;  un  au  -^-~  survit. 

»   Solution  d'iode  ioduré  au    ,-;„,  jl-^,   -pjVô»  TTTTT.  TiTïir'  TITT»   TTST'   IViT.  7W.   TôV;. 

TÔVÔJ     6  <i  0  U  '     6  0  0  II  *      6  0  U  0  )     6  U  0  0>     7  0  u  0  '     y  o  U  0  I      K  0  0  0  '      8  0  0  U  '     I  0  0  TÔ  »     "Ti"  0  0  0  '      1  1'  (i  "ÎTo  >     SUlVlVeni,    SaUI 

un  seul  inoculé  au  75—. 

»  A  l'exception  de  ce  cas  et  de  deux  avec  le  permanganate  de  potasse, 
on  remarque  dans  toutes  ces  expériences,  au  nombre  de  101,  une  régu- 
larité parfaite  jusqu'au  voisinage  de  la  limite  d'action  de  la  substance  anti- 
septique. Ces  trois  cas  exceptionnels  tiennent  sans  doute  à  ce  que  les  vases 
ou  les  instruments  qui  avaient  servi  aux  expériences  n'étaient  pas  bien  nets, 
car  il  suffit  de  ^  „ „'„ „ ^  de  goutte  de  sang  pour  communiquer  le  charbon  au 
cobaye.  Ces  erreurs  sont  facileiiient  rectifiées  en  répétant  l'expérience, 
comme  on  l'a  fait  ici. 

»  'L'acide  ^>/«e;i(V/«e  jouissant  aujourd'hui  d'une  grande  réputation  comme 
antiseptique,  je  rapporterai  avec  plus  de  détails  les  expériences  qui  le  con- 
cernent : 

»  Le  4  juillet,  dans  une  solution  d'acide  phénique  au  j^,  on  met  du 
sang  charbonneux  dans  la  proportion  de  y—.  Après  quarante-cinq  minutes 
de  contact,  une  goutte  du  liquide  est  injectée,  sous  la  peau  de  la  nuque,  à 
un  cobaye  qui  survit. 

»  Le  8  juillet,  la  même  expérience  est  faite  avec  une  solution  d'acide 
phénique  au  —ô»  l'animal  meurt  du  charbon  dans  la  nuit  du  10  au  1  i  juillet. 


(  824  ) 

»  Le  i6  du  mèine  mois,  l'expérience  est  reprise  avec  une  solution 
d'acide  phénique  au  j^;  l'animal  survit.  Le  22,  la  même  expérience  est 
faite  avec  une  solution  au  ytô'i  le  cobaye  survit.  Le  26,  l'expérience  est 
faite  de  nouveau  avec  une  solution  au  -—j^;  le  cobaye  meurt  du  charbon 
le  29. 

»  Enfin  la  même  expérience,  avec  une  solution  d'acide  phéniqxie  au  -5-5^» 
est  faite  le  28  septembre  dernier,  et  le  cobaye  inoculé  meurt  du  charbon 
le  3o,  deux  jours  après. 

))  On  peut  donc,  d'après  leur  puissance  comme  antiseptiques,  ranger  les 
diverses  substances  que  nous  venons  d'examiner  dans  l'ordre  suivant  : 
ammoniaque,  silicate  de  soude,  vinaigre  ordinaire  et  acide  phénique;  puis 
la  potasse  caustique,  le  chlorure  d'oxyde  de  sodium  (?),  l'acide  chlorhy- 
drique,  le  permanganate  de  potasse,  l'acide  chromique,  l'acide  sulfurique, 
l'iode.  La  puissance  de  l'ammoniaque,  du  vinaigre  et  de  l'acide  phénique 
enfin  étant  représentée  par  -^,  celle  de  l'iode  le  serait  par  yj^-ûô- 

»  L'irrégularité  dans  les  résultats,  que  l'on  remarque  vers  les  limites  de 
l'action  de  la  substance  antiseptique,  s'explique  par  la  nature  du  virus;  en 
effet,  ce  virus  étant  nu  être  vivant,  un  corps  solide,  par  conséquent,  ne  se 
trouve  point  en  égale  quantité  dans  tous  les  points  du  liquide,  comme  le 
ferait  une  substance  soluble.  Lorsque,  par  le  fait  de  sa  destruction  par  la 
substance  antiseptique,  sa  quantité  diminue  beaucoup,  il  arrive  que 
chacune  des  gouttes  injectées  n'en  contient  pas  toujours;  de  là  une  irrégu- 
larité nécessaire  dans  les  résultats.  Le  même  fait  s'observe  aux  limites 
d'action  de  la  chaleur  et  à  un  certain  moment,  lorsque  l'on  diminue  pro- 
gressivement la  quantité  du  sang  virulent  par  des  dilutions  successives. 

»  Cette  irrégularité  prouverait,  si  le  fait  n'était  aujourd'hui  suffisamment 
démontré,  que  le  virus  charbonneux  est  un  corps  solide  et  non  une  sub- 
stance soluble. 

»  Les  expériences  que  j'ai  exposées  dans  une  Communication  précédente 
et  dans  celle-ci  donnent  des  indications  utiles  pour  la  pratique  :  l'action 
de  la  chaleur  sur  le  virus  montre  que  l'on  peut  impunément  faire  usage, 
pour  l'alimentation,  de  viandes  charbonneuses  cuites.  L'iode  doit  être  con- 
sidéré comme  le  meilleur  antiseptique  que  l'on  puisse  employer  dans  le 
traitement  des  maladies  charbonneuses,  lorsque,  n'étant  plus  localisées  sous 
forme  d'une  simple  pustule,  elles  ont  pris  une  certaine  extension.  Des  injec- 
tions d'eau  iodée  au  ûtôtt  ^°'^'  parfaitement  tolérées  par  les  tissus,  et  peut- 
être  dans  l'œdème  charbonneux,  quiest  constamment  mortel  pour  l'homme, 
et  dans  les  tumeurs  de  même  nature  chez  les  animaux,  ces  injections  donne- 


(  825  ) 
ront  d'heureux  résultats;  enfin,  comme  désinfectant  des  peaux,  des  débris 
et  du  sang  des  animaux  charbonneux,  l'acide  sulfurique,  dont  on  se  sert 
déjà  dans  l'agricultiu-e  et  dont  le  prix  est  modique,  sera  certainement  le 
plus  précieux  de  tous.  » 

AGRICULTURE.  —  Etudes  sur  te  Pli/ lloxem  (suite);  par  M.  Max.  Cornu, 

délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  J'ai  voulu  savoir  pourquoi  le  Phylloxéra  déposé  sur  les  feuilles  n'y 
produisait  aucune  galle,  ne  s'y  fixait  pas,  et  reconnaître  comment  il  dispa- 
raissait brusquement  et  même  très-rapidement. 

»  J'entourai  d'abord  d'un  nœud  de  laine  une  branche  (de  P^itis  rupeslris) 
sur  laquelle  je  déposai  trente-lrois  insectes  jeunes  et  agiles;  au  bout  de  peu 
de  minutes  ils  avaient  disparu.  Aucun  d'eux  ne  se  retrouva  retenu  pri- 
sonnier dans  les  filaments  de  laine  qu'ils  avaient  dû  traverser,  ainsi  que  je 
le  pensais. 

»  Autour  de  l'axe  qui  portait  les  feuilles,  je  traçai  un  anneau  de  glycé- 
rine, anneau  que  les  insectes  devaient,  dans  ma  pensée,  traverser  pour 
s'échapper.  Ils  ne  pouvaient  s'aventurer  sur  la  surface  enduite  de  glycérine 
sans  y  rester  embarrassés  et  adhérents.  Les  insectes  disparus  de  la  surface 
des  feuilles  ne  furent  pas  retrouvés  sur  cet  enduit. 

)>  Pour  simplifier  le  végétal  et  le  rendre  plus  facile  à  observer,  je  pris 
deux  jeunes  branches  du  Fitis  cordifolia,  qui  offre  si  souvent  des  galles,  et 
une  autre  de  Fitis  vulpina;  les  larges  feuilles  furent  enlevées,  l'extrémité 
seule  fut  conservée  et  maintenue  dans  l'eau  d'un  flacon  dans  sa  position 
naturelle  par  le  moyen  d'un  fil  de  plomb  ;  toutes  les  parties  étaient  parfai- 
tement visibles.  Un  seul  et  unique  insecte,  provenant  de  galles  d'une  autre 
vigne  américaine,  fut  déposé  sur  les  feuilles  terminales  de  cette  tige  et 
suivi  avec  attention.  Il  était  fort  agile;  déposé  à  3'' 35",  il  se  déplaçait  avec 
rapidité;  les  poils  de  la  feuille  étaient  un  grand  obstacle  à  sa  marche  et  le 
faisaient  souvent  trébucher  et  tomber  sur  le  côté.  1!  parut  vouloir  passer 
sur  la  face  inférieure  de  la  feuille,  atteignit  le  bord  garni  de  poils  roides 
et  tomba  à  3''47'"-  Une  feuille  de  papier  très-blanc  avait  été  déposée  au- 
dessous  du  flacon.  L'insecte  fut  immédiatement  aperçu;  il  s'était  relevé  et 
marchait  avec  agilité.  Il  n'était  demeuré  sur  la  feuille  que  douze  minutes; 
il  l'avait  quittée,  quoiqu'elle  fiât  très-jeune,  qu'il  y  eût  autour  de  lui  des 
feuilles  plus  jeunes  encore,  et  qu'elle  appartînt  à  une  espèce  fréquem- 

C,  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  13.)  ÏO7 


(  826   ) 
ment  couverte  de  galles.  D'après  Riley,  en  effet,  les  variétés  du  Filis  cordi- 
foUa  sont  aussi  souvent  couvertes  de  galles  que  le  type  que  j'avais  employé. 

»  Des  expériences  analogues  furent  faites  avec  le  Filis  vulpina;  l'insecte 
restait  six,  cinq  ou  quatre  minutes.  Il  y  a  chez  lui  un  parti  pris  de  se  lais- 
ser tomber. 

»  De  là  on  peut  conclure  que  le  passage  de  l'insecte  des  feuilles  aux  ra- 
cines, dont  la  Commission  se  préoccupait  l'année  dernière,  passage  qui  n'a 
du  reste  qu'un  intérêt  théorique  à  cause  de  l'extrême  rareté  des  galles,  a 
lieu  non  pas  par  la  marche  du  Phylloxéra  le  long  de  la  tige,  mais  par  une 
chute  volontaire  et  naturelle  sur  le  sol,  même  d'une  grande  hauteur.  La 
petite  taille  et  le  faible  poids  du  puceron  rendent  cette  chute  sans  danger 
pour  lui.  Ceci  nous  montre  pourquoi,  sur  les  feuilles  où  les  galles  se  sont 
vidées,  on  ne  rencontre  aucun  vestige  des  jeunes,  qui  se  sont  évidemment 
laissés  tomber. 

»  Une  vérification  de  ce  fait  peut  être  donnée.  Dans  les  flacons  où  l'on 
conserve  des  galles,  les  œufs  nombreux  qu'elles  contiennent  éclosent  et 
donnent  naissance  à  une  grande  quantité  de  jeunes.  Si  1  on  prend  alors 
une  de  ces  feuilles  chargées  de  galles,  et  qu'on  la  dépose  sur  une  feuille  de 
papier  avec  précaution  et  sans  secousse,  on  voit,  au  bout  de  peu  de  minutes, 
les  jeunes  se  laisser  choir  et  se  déplacer  ensuite  avec  rapidité.  Le  même  fait 
s'observe  encore  dans  les  mêmes  conditions  sur  le  Phylloxéra  des  racines, 
surtout  quand  ces  dernières  commencent  à  se  dessécher;  les  jeunes,  et  même 
les  insectes  plus  âgés,  quittent  la  racine  et  semblent  décidés  à  tenter  la  re- 
cherche d'un  autre  substratum.  On  voit  que  c'est  bien  volontairement  qu'ils 
quittent  l'écorce  où  leurs  crochets  peuvent  s'implanter  aisément,  et  qui  est 
plus  favorable  à  la  progression  que  le  papier  lisse  où  ils  se  déplacent  ce- 
pendant allègrement.  Ainsi  donc,  je  le  répète,  ils  se  laissent  volontairement 
tomber;  c'est  un  moyen  habituel  à  ces  insectes  pour  quitter  le  point  où  ils 
se  trouvent.  J'ai  signalé  le  même  fait  chez  les  Phylloxéras  ailés  (i)  du  chêne. 
Les  entomologistes  ne  seront  pas  surpris  de  cette  particularité,  qui  se  re- 
trouve chez  un  grand  nombre  d'insectes;  encore  fallait-il  la  signaler  ici. 

»  Ainsi,  eu  résumé,  le  passage  des  feuilles  aux  racines  doit  se  faire  par 
la  chute  spontanée  des  jeunes  individus  des  galles  qui  doivent  ensuite,  à 
leurs  risques  et  périls,  chercher  à  pénétrer  dans  le  sol. 

»  Les  feuilles  couver  les  degalles  et  conservées  en  flacon  permettent  d'obser- 
ver une  autre  particularité.  Les  jeunes,  récemment  éclos,  quittent  les  feuilles 


(i)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  i5  septembre  iS^S. 


(     «27    ) 

et  se  dispersent  en  grand  nombre  sur  les  parois  dti  flacon;  si  ces  parois  ne 
sont  pas  couvertes  dune  couche  d'humidité,  on  les  voit  circuler  de  côté  et 
d'autre,  mais  on  remarque  aisément  qu'ils  se  tiennent  de  préférence  du  côté 
le  plus  éclairé.  Ils  s'y  accumulent,  et  le  pointillé  jaune  qu'ils  y  produisent 
par  leur  présence  rend  l'observation  très-aisée.  Pour  rendre  le  fait  plus 
saillant,  j'entourai  le  flacon  (une  éprouvette  à  pied)  d'un  manchon  de  pa- 
pier noir,  sur  lequel  je  ménageai  une  petite  ouverture  rectangulaire  de 
5  millimètres  sur  7  environ.  En  plaçant  cette  ouverture  du  côté  du  jour, 
à  la  lumière  diffuse,  on  voyait,  à  la  loupe,  sur  le  fond  noir  de  l'intérieur  du 
flacon,  des  insectes  éclairés  passer  et  repasser.  J'en  comptai  de  treize  à  dix- 
sept;  en  voilant  la  petite  fenêtre  pendant  peu  de  minutes,  on  n'en  apercevait 
plus  que  trois  ou  quatre.  En  déplaçant  par  glissement  le  manchon  et  la  pe- 
tite ouverture,  on  pouvaU  se  convaincre  que  l'accumulation  des  insectes  était 
toute  locale  et  non  répartie  sur  tous  les  points  de  la  paroi;  en  un  mot, 
qu'elle  provenait  bien  de  l'action  de  la  lumière. 

»  Ainsi  les  jeunes,  munis  seulement  d'yeux  imparfaits,  aussi  bien  que 
les  individus  ailés  munis  d'yeux  multiples,  sont  sensibles  à  l'action  de  la 
lumière.  C'est  vraisemblablement  aussi  à  cause  de  cette  action  de  la  lumière 
sur  eux  qu'on  voit  les  insectes  conservés  sur  les  racines,  dans  des  flacons, 
quitter  ces  racines  et  venir  se  fixer  sur  les  parois.  Ce  sont  surtout  les 
jeunes.  Cette  particularité  est  moins  nette  ici,  car  les  jeunes  y  sont  en 
nombre  beaucoup  moindre.  Sur  une  feuille  unique,  qui  présente  jusqu'à 
cent  cinquante  galles  renfermant  plus  de  deux  cents  œufs  chacune,  il  peut 
se  montrer  un  nombre  plus  considérable  de  jeunes  que  sur  une  racine  qui 
ne  présente  ni  un  aussi  grand  nombre  d'œufs  ni  un  aussi  grand  nombre 
de  mères  pondeuses. 

»  Il  faut  aussi  faire  entrer  en  ligne  de  compte  le  peu  d'attraction  que 
les  insectes  semblent  avoir  pour  les  feuilles  mêmes  des  vignes  américaines; 
dans  les  flacons,  les  feuilles  qui  présentent  des  galles  n'en  développent 
jamais  de  nouvelles  ;  les  jeunes  se  laissent  périr  de  faim  sur  les  parois  du 
flacon,  où  ils  se  rassemblent  en  grand  nombre,  sans  essayer  de  se  fixer  sur 
les  feuilles  même  jeunes  qui  sont  à  leur  portée.  Sur  les  racines,  quoique 
certains  insectes,  les  jeunes  surtout,  s'obstinent  à  demeurer  sur  les  parois, 
on  en  voit  d'autres  se  fixer  sur  la  racine  et  y  prendre  leur  développement; 
il  y  a  pour  ainsi  dire  lutte  entre  deux  tendances. 

»  Au  point  de  vue  physiologique,  n'est-il  pas  curieux  de  constater  que 
des  insectes  destinés  à  passer  leur  existence  dans  l'obscurité  la  plus  pro- 
fonde, jusqu'à  l'instant  où  ils  acquerront  des  ailes  (et  tous  ne  sont  proba- 

107.. 


(  828  ) 

blement  pas  destinés  à  en  avoir),  soient  munis  sous  la  surface  du  sol,  jus- 
qu'à I  mètre  sous  terre,  d'organes  qui  leur  sont  là  complètement  inutiles? 

M  Faut -il  croire  que  ces  yeux  imparfaits,  mais  sensibles  à  l'action  de  la 
lumière,  peuvent  leur  être  parfois  de  quelque  utilité,  leur  permettre  de  se 
diriger  vers  le  jour,  en  quittant  les  racines,  soit  pour  gagner  les  feuilles 
quand  ce  sont  des  vignes  américaines,  soit  pour  changer  de  cep  et  aban- 
donner celui  qui  est  épuisé?  Cela  n'a  rien  d'invraisemblable.  L'insecte  pé- 
nétrerait de  nouveau  dans  le  sol  qu'il  vient  de  quitter,  évitant  une  aridité 
qui  le  ferait  périr  ou  attiré  par  les  racines  d'où  il  tire  sa  nourriture.  Il  v 
aurait  ainsi  lutte  entre  deux  tendances,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut.  La 
progression  à  la  surface  du  sol  a  été  d'ailleurs  directement  observée  par 
M.  Faucon,  et  j'ai  pu  la  vérifier  partiellement. 

»  La  marche  du  Phylloxéra  des  racines  aux  feuilles  a  été  indiquée,  mais 
personne  ne  l'a,  à  ma  connaissance,  directement  observée;  elle  est  pos- 
sible, ou  du  moins  paraît  l'être.  M.  Planchon  avait  cru  pouvoir  supposer 
que  les  galles  provenaient  des  œufs  pondus  par  les  individus  ailés.  On  a  vu, 
dans  une  précédente  Note,  qu'il  n'en  était  pas  nécessairement  ainsi,  puis- 
que, malgré  une  grande  quantité  d'ailés,  il  n'y  a  pas  de  galles  dans  les  vi- 
gnobles français,  sauf  dans  une  localité  unique.  D'où  proviennent  les  pre- 
miers individus  des  galles?  On  ne  le  sait  pas  encore.  J'ai  observé  un  fait 
qui  m'a  permis  de  constater  la  marche  du  Phylloxéra  sur  une  vigne  de  bas 
en  haut,  c'est-à-dire  dans  le  sens  du  passage  encore  problématique  des  ra- 
cines aux  feuilles.  C'étaient,  il  est  vrai,  des  jeunes  issus  des  galles;  cela  ne 
mérite  pas  moins  d'être  mentionné. 

»  Dans  une  expérience  (citée  dans  la  précédente  Note)  faite  sur  un  semis 
d'un  cépage  américain,  le  delaware  {Fitis  œstivalis),  j'ai  obtenu  sept  galles 
sur  deux  feuilles.  La  feuille  où  furent  déposés  soixante-cinq  jeunes  fut  mar- 
quée avec  un  nœud  de  laine  rouge  :  le  pied,  portant  cinq  feuilles  (les  deux 
cotylédons  étant  tombés),  ne  présenta  aucune  galle. 

»  La  feuille  d'un  autre  pied,  mise  dans  lui  tube  en  contact  avec  une 
feuille  couverte  de  galles  pleines  d'œufs  et  déjeunes,  n'en  porta  pas  non 
plus;  mais  la  feuille  terminale,  du  même  pied,  très-jeune  encore  et  longue 
seulement  de  6  millimètres,  en  porta  trois  bien  développées.  Il  est  donc 
vraisemblable  que  le  Phylloxéra  est,  de  la  base  de  ce  pied,  remonté  non- 
seulement  à  la  feuille  jeune  et  terminale,  mais  encore  à  cette  autre  feuille 
d'un  pied  voisin  qui  porta  quatre  galles.  Ce  pied  touche  au  précédent  et 
est  au  contraire  séparé  du  jiremier  (portant  un  index  de  laine  rouge)  par  un 
quatrième  pied,  resté  sans  galles  comme  lui.  Le  niveau  de  la  feuille  aux 


(829) 
quatre  galles  est  d'ailleurs  supérieur  de  6  centimètres  à  celui  de  la  feuille 
marquée  d'un  index,  et  sur  laquelle  furent  déposés  soixante-cinq  jeunes. 
Quelle  que  soit  d'ailleurs  l'une  ou  l'autre  provenance  des  insectes  qui  ont 
donné  les  galles,  il  est  évident  qu'ils  se  sont  dirigés  vers  la  partie  supérieure 
de  la  tige.  Il  y  a  donc  eu  passage  du  Phylloxéra  de  bas  en  haut  ;  c'est  tout  ce 
qu'il  s'agissait  d'établir  directement. 

»  Si  l'on  examine  les  rameaux  qui,  naturellement,  présentent  des  galles, 
on  remarque  que  les  galles,  comme  les  feuilles  qui  les  portent,  sont  de  plus 
en  plus  jeunes  de  la  base  au  sommet.  Il  est  impossible  d'admettre  que  celles 
qui  sont  remplies  d'œufs  ou  déjeunes  nouvellement  éclos,  celles  qui,  plus 
âgées,  ne  contiennent  plus  ni  les  uns  ni  les  autres,  celles  qui,  plus  jeunes  de 
beaucoup,  n'en  contiennent  pas  encore,  sont  de  même  âge  :  on  trouve  en 
effet  certaines  feuilles  peu  développées  couvertes  d'insectes  étroitement  ap- 
pliqués à  leur  surface,  sans  que  les  galles  soient  encore  apparentes.  J'ai  re- 
présenté une  feuille  dans  cet  état  [P/.  J.  de  mon  Mémoire  sur  le  Phylloxéra 
[Recueil  des  Savants  étrangers  de  l'Académie)].  Il  faut  admettre  ainsi,  et  ce 
qui  vient  d'être  dit  le  prouve  directement,  que,  tandis  que  le  plus  grand 
nombre  des  insectes  se  laissent  tomber  siu'  le  sol,  quelques-uns  d'entre  eux 
remontent  vers  les  feuilles  les  plus  jeunes  de  l'extrémité  de  la  tige,  pour 
y  produire  des  galles.  Ces  nouvelles  colonies  se  succèdent  ainsi  jusqu'à  ce 
que  les  feuilles  nouvelles  leur  fassent  défaut,  c'est-à-dire  jusqu'au  repos 
de  la  végétation,  période  qui  a  commencé  depuis  une  huitaine  de  jours  à 
Bordeaux. 

»  En  résumé,  de  cette  Note  et  de  la  précédente,  on  peut  conclure  que, 
malgré  l'identitébien  établie  de  la  forme  gallicoleet  radicicoledu  P/ij/Zo-rera 
vastalrix,  on  n'observe  pas  en  général  de  galles  sur  nos  cépages  ;  que  les  galles 
sont  difficiles  à  obtenir  dans  des  expériences  directes;  qu'elles  sont  rares 
sur  les  cépages  américains,  où  il  est  relativement  le  plus  facile  de  les  faire  ^ 
développer.  Cela  résulte,  vraisemblablement,  du  peu  d'attrait  que  le  Phyl- 
loxéra ressent  pour  la  nourriture  que  lui  offrent  les  feuilles. 

»  Telle  serait  l'explication  d'une  objection  formulée  dans  la  Note  précé- 
dente sur  la  rareté  des  galles. 

»  Il  reste  encore,  pour  compléter  la  série,  à  obtenir  la  production  de 
galles  au  moyen  de  l'insecte  des  racines  ;  quoi  qu'il  paraisse  possible,  ce 
résultai  n'a  pas  encore  été  obtenu. 

»  Je  suis  amené  à  m'occuper  de  faits  divers  qui  peuvent  paraître  les  uns 
(nouveaux)  trop  théoriques  et  sans  intérêt  immédiat,  les  autres  (déjà  énon- 
cés) dépourvus  d'actualité.  Dans  une  étude  générale,  j'ai  dû,  pour  les  faits 


(  83o  ) 
émis  sans  preuves,  les  soiimeltre  au  contrôle  de  l'expérience  directe,  et 
je  signale,  quelle  que  soit  leur  valeur,  les  particularités  bien  constatées  que 
je  rencontre  dans  le  cours  de  cet  examen.  On  verra  ultérieurement  si  elles 
peuvent  être  utilisées,  soit  en  elles-mêmes,  soit  par  leurs  conséquences.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  reproduction  du  Phylloxéra  du  chêne; 
par  M.  Balbi.ini,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi   à   la   Commission   du   Phylloxéra.) 

«  L'ignorance  où  nous  sommes  encore  des  laits  les  plus  essentiels  de 
l'histoire  génésique  du  Phylloxéra  vaslatrix  de  la  vigne,  malgré  les  efforts 
d'un  grand  nombre  d'observateurs  habiles  attachés  à  cette  étude,  ne  prouve 
que  trop  les  difficultés  inhérentes  à  ces  recherches.  J'ai  pensé  qu'on  serait 
peut-être  plus  heureux  en  prenant  pour  sujet  d'étude  le  parasite  du  chêne 
(Phylloxéra  quercûs)  qui,  par  son  existence  exclusivement  aérienne,  est  plus 
accessible  à  l'observation.  Bien  que,  malgré  les  affinités  zoologiques 
étroites  qui  rapprochent  les  deux  espèces,  on  ne  puisse  probablement  pas 
rigoureusement  conclure  de  l'une  à  l'autre,  à  cause  de  leur  genre  de  vie  si 
différent,  il  n'est  pas  défendu  d'espérer  que  les  résultats  acquis  chez  le 
parasite  du  chêne  pourront  fournir  des  indications  précieuses  pour  les 
investigations  à  faire  sur  celui  de  la  vigne.  C'est  dans  cet  espoir  que  j'ai 
tenté  d'entreprendre  une  étude  suivie  des  phénomènes  de  la  reproduction 
chez  le  Phylloxéra  quercûs,  phénomènes  qui,  ainsi  que  tous  les  naturalistes 
le  savent,  ne  nous  sont  guère  mieux  connus  que  ceux  de  son  congénère  de 
la  vigne.  Alors  même  que  ces  observations  ne  devraient  avoir  que  des 
résidtats  pratiques  nuls,  elles  n'auront  pas  été  perdues  pour  la  Science, 
car  elles  nous  font  connaître  un  des  faits  les  plus  singuliers  que  présente 
l'histoire  de  la  reproduction  chez  les  insectes;  mais  avant  d'exposer  les  ré- 
sultats de  mes  observations  personnelles,  il  ne  sera  pas  inutile,  pour  l'en- 
chaînement des  faits,  de  rappeler  en  peu  de  mots  ce  que  nous  savons 
jusqu'ici  sur  la  reproduction  du  Phylloxéra  quercûs. 

»  A  une  époque  généralement  assez  tardive  de  la  belle  saison,  on  voit 
apparaître  à  la  surface  inférieure  des  feuilles  du  chêne  les  premiers  indi- 
vidus de  l'espèce  sous  la  forme  de  petites  larves  d'un  jaune  pâle,  dont  cha- 
cune occupe  le  centre  d'une  tache  jaunâtre  produite  par  la  piqûre  du  pa- 
renchyme de  la  feuille.  Ces  larves  grandissent  sans  changer  de  place;  puis, 
après  avoir  atteint  une  taille  d'environ  i  millimètre,  s'entourent  successi- 
vement d'un  nombre  assez  considérable  d'oeufs  disposés  autour  d'elles  en 


(83i  ) 
cercles  concentriques.  Le  développement  de  ces  œufs  commence  presque 
aussitôt  après  la  ponte,  et,  au  bout  de  quelques  jours,  on  en  voit  sortir  les 
jeunes  individus,  lesquels  abandonnent  successivement  la  place  où  ils  sont 
nés  pour  gagner  une  partie  fraîche  et  verte  de  la  feuille.  Là  ils  se  fixent  en 
enfonçant  leur  suçoir  dans  l'épaisseur  de  celle-ci  et  y  déterminent  la  for- 
mation d'une  tache  jaunâtre  qui  grandit  avec  eux  et  qu'ils  ne  quittent  plus. 
De  même  que  leurs  premiers  parents,  ces  larves  nouvelles  se  reproduisent 
par  des  œufs  pondus  en  rond.  Les  générations  s'ajoutent  ainsi  aiix  généra- 
tions, et  bientôt  toute  la  surface  inférieure  de  la  feuille  se  trouve  couverte 
.d'une  quantité  innombrable  de  petits  insectes  aptères  de  toute  dimension, 
qui,  suivant  leur  âge  et  leur  taille,  sont  entourés  au  moins  d'un  cercle 
d'œufs  plus  ou  moins  nombreux. 

»  Jusque-là,  ce  sont  exclusivement,  comme  nous  venons  de  le  dire,  des 
individus  aptères  ou  larves  qui  sont  produits  de  la  sorte;  mais,  vers  la  fin 
de  l'été,  du  milieu  à  la  fin  du  mois  d'août  à  Paris,  un  certain  nombre  de 
ces  larves  se  transforment  en  individus  ailés,  après  avoir  passé  par  l'état 
de  nymphes  rougeâtres  (i). 

»  Que  deviennent,  d'une  part,  ces  insectes  ailés  et,  d'autre  part,  les 
larves  qui  n'ont  pas  subi  la  même  transformation  à  l'époque  de  l'année 
dont  nous  parlons?  Comment,  surtout,  s'établit  le  passage  des  générations 
d'une  année  à  celles  de  l'année  suivante?  C'est  ici  que  l'incertitude  com- 
mence et  que  les  divergences  se  manifestent  parmi  les  observateurs.  Il  est 
inutile  de  m'arrèter  ici  sur  les  diverses  opinions  qui  ont  été  émises  sur  ces 
questions,  attendu  qu'aucune  d'elles  n'est  conforme  à  la  réalité  des  faits. 
Au  contraire,  les  résultats  que  je  vais  avoir  l'honneur  d'exposer  à  l'Aca- 
démie peuvent  être  considérés  comme  leur  expression  exacte  ;  car  ils 
reposent  sur  l'observation  directe  et  attentive  de  l'insecte  et  de  ses  trans- 
formations. Mais,  avant  d'aborder  les  faits  nouveaux  sur  lesquels  je  désire 
appeler  l'attention  de  l'Académi^  il  convient  de  revenir  sur  les  larves  pon- 
deuses de  l'été,  afin  de  nous  faire  une  idée  plus  exacte  de  leur  nature  et  de 
leur  mode  de  reproduction. 

»  Aucun  des  observateurs  qui  ont  porté  leur  attention  sur  ces  insectes 
n'a  parlé  avec  certitude  de  l'existence  de  Phylloxéras  mâles.  Qvielques-uns, 
il  est  vrai,  ont  cru  pouvoir  signaler  comme  t^^ls  les  individus  ailés  qui,  à 

(i)  Dans  les  localités  situées  plus  au  nord,  par  exemple  sur  le  littoral  de  la  Normandie, 
j'ai  vu,  cette  année  même,  les  premiers  individus  ailés  du  Phylloxéra  qucrciis  n'ai>paraîtro 
que  vers  le  milieu  de  septembre. 


(  83.  ) 
une  certaine  époque,  apparaissent  au  milieu  des  individus  aptères;  mais 
personne  encore,  que  je  sache,  ne  s'est  avancé  jusqu'à  affirmer  avoir  con- 
staté des  accouplements  entre  ces  prétendus  mâles  et  les  larves  pondeuses. 
Pourtant,  en  présence  de  l'extrême  fécondité  de  celles-ci  et  du  renouvel- 
lement fréquent  des  jeunes  générations  de  femelles,  on  aurait  dû  avoir 
de  nombreuses  occasions  d'observer  des  accouplements,  si  réellement  le 
concours  du  mâle  était  nécessaire  pour  la  reproduction  des  femelles.  Ajou- 
tons qu'une  observation  déjà  ancienne  du  professeur  Leuckart  ne  peut 
laisser  aucun  doute  sur  l'état  virginal  de  ces  dernières  :  en  examinant  leur 
appareil  reproducteur,  jamais  M.  Leuckart  n'a  pu  y  découvrir  la  moindre, 
trace  de  spermatozoïdes  [Arcinv  fur  Natiirgescldchte ,  t.  XXV,  i85g,  p.  208). 

»  Je  suis  arrivé  de  mon  côté,  par  l'étude  anatoinique  de  l'appareil  gé- 
nital de  ces  mêmes  femelles,  à  une  conclusion  parfaitement  identique  à 
celle  du  célèbre  naturaliste  de  Leipzig,  ainsi  que  cela  résulte  des  observa- 
tions suivantes. 

))  Vers  la  terminaison  du  canal  évacuateur  des  œufs  on  trouve,  sur  le 
trajet  de  celui-ci ,  trois  poches  ou  réservoirs  en  communication  libre  avec 
ce  conduit  :  deux  de  ces  poches  sont  symétriquement  disposées  de  chaque 
côté  du  corps,  tandis  que  la  troisième  est  impaire  et  médiane;  les  deux 
poches  latérales  renferment,  chez  les  femelles  adultes,  une  masse  d'une 
matière  homogène,  assez  réfringente,  et  communiquant  antérieurement, 
par  une  portion  rétrécie,  avec  un  organe  glandulaire  dans  lequel  s'élabore 
la  matière  précédente. 

»  Il  est  impossible  de  méconnaître  dans  ces  parties  les  analogues  des  or- 
ganes appendiculaires  de  l'appareil  femelle  des  autres  insectes  qui  ont  reçu 
le  nom  de  glandes  sébifiques  ou  collétériques,  et  dont  la  fonction  est  de 
produire  la  substance  agglutinative  qui  réunit  les  œufs  au  moment  de  la 
ponte. 

»  Quant  à  la  troisième  poche  des  femdles  du  Phylloxéra,  on  en  trouve 
également  le  représentant  chez  les  autres  insectes  :  sa  position  impaire  et 
médiane,  son  insertion  à  la  portion  vaginale  du  canal  vecteur  des  œufs,  et, 
jusqu'à  un  certain  point  aussi,  son  mode  de  conformation,  tout  démontre  son 
analogie  avec  l'organe  connu  sous  le  nom  de  poche  copulatrice  et  qui  a  pour 
usage  do  recevoir  la  liqueur  fécondante  du  mâle  pendant  l'accouplement; 
mais,  tandis  que  chez  les  autres  femelles  d'insectes  le  réservoir  en  question 
se  montre  constamment  rempli  de  nombreux  filaments  spermatiques,  à 
l'époque  de  la  ponte,  chez  celles  du  Phylloxéra  au  contraire  on  le  trouve 
toujours  vide  ou  ne  contenant  du  moins  qu'un  liquide  clair  et  aqueux.  Pour 


(  833  ) 

toules  ces  raisons,  nous  conclurons  donc  que  les  générations  aptères  du 
Phylloxer.T,  qui  s'engeudrent  mutuellement  pendant  l'été,  sont  fécondes 
sans  le  concours  du  niàle,  et  que,  dès  lors,  leur  mode  de  reproduction 
rentre  complètement  dans  la  catégorie  des  phénomènes  qui  ont  reçu  de 
nos  jours  le  nom  de  parlliénogénèse  (i). 

»  Mais  ce  mode  de  multiplication  est-il  le  seul  que  l'on  observe  chez  ces 
parasites  et  n'y  a-t-il  pas  chez  eux,  comme  chez  les  pucerons,  leurs  proches 
parents,  des  circonstances  où  apparaissent  des  individus  sexués,  mâles  et 
femelles,  et  qui  les  font  rentrer  ainsi  dans  la  règle  ordinaire  de  la  reproduc- 
tion des  autres  animaux  ? 

»  Cette  question  nous  ramène  aux  larves  de  la  deuxième  génération  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut,  en  disant  que  les  unes  se  transformaient  en 
insectes  ailés  et  parfaits,  tandis  que  les  autres  persistaient  sous  cette  forme 
sans  subir  de  modification  ultérieure;  nous  devons  envisager  isolément 
chacune  de  ces  deux  catégories  d'individus. 

»  Pour  ce  qui  regarde  d'abord  ceux  destinés  à  devenir  des  insectes 
ailés,  nous  ne  constatons  extérieurement  rien  qui  les  différencie  des  géné- 
rations aptères  antérieures  ;  mais  l'examen  anatomique  révèle  une  parti- 
cularité de  leur  organisation  interne  dont  l'attention  est  immédiatement 
frappée,  c'est  le  peu  de  développement  qu'a  acquis  chez  ces  individus 
l'appareil  reproducteur.  Eu  effet,  taudis  que,  chez  les  larves  pondeuses,  on 
trouve  toujours,  dans  Tintérieur  de  cet  appareil,  i\n  nombre  variable 
d'oeufs  plus  ou  moins  rapprochés  du  terme  de  leur  maturation,  cet  appa- 
reil, chez  les  individus  dont  nous  nous  occupons,  ne  contient  que  des 
ovules  fort  peu  développés  et  qui,  parfois  même,  commencent  à  peine  à  se 
différencier  des  autres  éléments  renfermés  dans  les  chambres  germinatives 
de  l'ovaire.  On  doit  donc  en  inférer  que  ces  individus  ne  pondent  pas  à 
l'état  de  larve,  comme  faisaient  leurs  devanciers,  ou  même  à  celui  de 
nymphe;  car  c'est  seidement  vers  la  fin  de  l'intervalle  qui  sépare  ce  dernier 
état  de  celui  d'insecte  parfait  que  les  œufs  achèvent  d'acquérir  chez  eux 
toute  leur  maturité. 

(i)  Telle  est  également  la  conclusion  à  laquelle  je  suis  arrivé  par  mes  recnercties  anato- 
miques  sur  le  Phylloxéra  vastntrix.  L'appareil  reproducteur  de  celte  espèce,  soit  chez  les 
individus  des  galles,  soit  chez  ceux  des  s-acines,  offre  une  disposition  presque  identique  à 
celle  décrite  ci-dessus  chez  le  Phylloxéra  querciU.  Les  organes  appendiculaires  s'y  compo- 
sent de  même  d'une  paire  de  glandes  sébifiques  conformées  comme  chez  cette  dernière  espèce, 
et  d'une  poche  impaire  et  médiane,  qui  ne  renferme  non  plus  jamais  de  spermatozoïdes  cliez 
les  femelles  en  pleine  voie  de  reproduction. 

C.  R.,1873,  jOSemwrre.  (T.  LXXVII.No  IS.)  IO<^ 


(  834  ) 

»  Un  autre  fait  sur  lequel  il  n'est  guère  possible  non  plus  de  conserver 
de  doutes,  c'est  que,  une  fois  leur  transformation  opérée,  les  Phylloxéras 
ailés  ne  séjournent  généralement  à  la  surface  des  feuilles  que  le  temps 
nécessaire  à  la  consolidation  de  leurs  téguments  et  de  leurs  ailes  encore 
molles  et  humides  de  la  dernière  mue;  en  tous  cas,  sauf  de  rares  exceptions, 
ils  n'y  déposent  pas  leurs  œufs.  La  durée  de  leur  séjour  sur  les  feuilles 
paraît,  du  reste,  dépendre  beaucoup  de  l'état  de  l'atmosphère.  Par  un 
temps  calme,  ils  la  prolongent  beaucoup  plus  que  lorsque  l'air  est  agité, 
ce  qui  semble  confirmer  la  remarque  souvent  faite  pour  un  grand  nombre 
d'insectes,  et  notamment  par  Morren  chez  les  pucerons,  que  ces  animaux 
profitent  du  vent  pour  franchir  des  distances  plus  ou  moins  considérables. 
Mais  où  les  Phylloxéras  ailés  vont-ils  déposer  leurs  œufs  ?  J'avoue  n'avoir 
pu  obtenir  de  réponse  satisfaisante  à  cette  question  ;  toutefois  il  est  probable 
qu'ils  se  comportent  à  cet  égard  comme  les  individus  aptères  dont  nous 
parlerons  dans  une  autre  ]Note  et  qu'Us  vont  chercher,  comme  ceux-ci,  les 
parties  abritées  des  branches  et  des  rameaux  pour  y  cacher  leur  progé- 
niture. 

»  Je  réserve  également  pour  une  prochaine  Communication  l'examen 
d'une  question  plus  importante,  savoir  celle  de  la  nature  des  individus 
auxquels  les  Phylloxéras  ailés  donnent  naissance.  Cette  question  offre 
surtout  lui  haut  intérêt  par  rapport  au  Phylloxéra  vastatrix,  à  raison  du 
rôle  attribué  par  les  viticulteurs  à  la  forme  ailée,  chez  cette  espèce,  dans  la 
propagation  de  la  maladie  de  la  vigne.  La  ressemblance  existant  dans  les 
caractères  morphologiques  entre  les  individus  ailés  du  Phylloxéra  du  chêne 
et  de  celui  de  la  vigne,  leur  apparition  à  des  époques  identiques  de  l'année, 
tout  démontre  en  effet  qu'ils  représentent  des  |)hases  correspondantes  sem- 
blables dans  la  série  des  transformations  des  deux  espèces.  » 

M.  C.  Daulé  adresse  une  Note  relative  à  l'influence  salutaire  de  la  lie 
de  vin  sur  les  vignes  malades. 

M.  A.  Dei  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  des  trous  de  sonde,  déjà 
proposé  par  lui  en  1871,  pour  introduire  jusqu'aux  racines  de  la  vigne  les 
substances  insecticides. 

Ces  deux  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra. 

M.  Boucher  adresse  une  Note  relative  à  la  fécondation  du  chanvre. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 


(  835  ) 

M.  ïlÉNA  adresse  des  recherches  «  sur  les  silex  de  la  Bretagne,  et  sur  le 
prétendu  tufau  vert  de  la  Lanvollon  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  A.  Beauvais  adresse  de  nouveaux  documents  sur  son  système  pour 
atténuer  le  danger  des  rencontres  entre  les  trains  de  chemin  de  fer. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

M.  J.  Wallace  adresse,  de  Londres,  une  Note  sur  la  cause  et  le  traite- 
ment du  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  DéclaT  demande  l'ouverture  de  deux  plis  cachetés,  déposés  par  lui 
et  relatifs  à  ses  recherches  sur  les  moyens  de  guérir  les  maladies  à  ferments, 
et  spécialement  le  choléra. 

Ces  deux  plis,  déposés  le  3i  mai  1869  et  le  29  août  1870,  sont  ouverts  en 
séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel.  Tjes  Notes  qu'ils  contieiment  seront 
renvoyées  à  la  Commission  nommée  pour  un  Mémoire  récent  de  M.  Dé- 
clat,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Andral,  Larrey,  Bouley,  Bouil- 
laud. 

M.  Bkachet  adresse  une  nouvelle  Note  sur  les  perfectionnements  à  ap- 
porter au  microscope. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  ïrémont.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  discours  prononcé  à  la  Société  américaine  pour  l'avancement  des 
Sciences  par  M.  L.  Smitlt,  sur  les  méthodes  modernes  des  sciences; 

2°  Une  Biographie  de  Sir  Benjamin  Thompson,  conile  de  RumforJ,  par 
M.  G.-Ë.  Ellis. 

108.. 


(  836  ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Note  sur  tin  nouveau  mode  de  trempe  de  l'acier. 
Regénération  du  fer  brûlé.  Note  de  M.  II.  Carox. 

«  Trempe  de  l'acier .  —  Une  pièce  d'acier  est  généralement  trempée,  puis 
recuite  plus  ou  moins,  suivant  la  dureté  et  l'élasticité  qu'on  désire  lui 
donner.  La  trempe  sèche,  comme  on  la  pratique  ordinairement,  c'est-à-dire 
la  trempe  du  métal  rouge  dans  l'eau  froide,  a  l'inconvénient  grave  de  dé- 
velopper fréquemment  des  fentes  et  des  criques  nuisibles  à  la  résistance  de 
la  matière.  Le  recuit  donné  ensuite  ne  peut  faire  disparaître  ces  défauts; 
plus  tard,  à  l'usage,  ces  fissures,  invisibles  d'abord,  augmentent  peu  à  peu  et 
finissent  par  amencîr  une  rupture  préjudiciable.  Il  a  déjà  été  reconnu  que, 
pour  obvier  en  partie  à  un  tel  danger,  il  est  préférable  de  tremper  l'acier 
un  peu  moins  dur,  sauf  ensuite  à  recuire  plus  faiblement.  Ainsi  un  ressort 
porté  au  rouge,  trempé  dans  l'eau  froide  et  recuit  à  l'huile  flambante,  pos- 
sède la  même  élasticité  qu'un  ressort  semblable  trempé  à  l'huile  froide 
(trempe  plus  faible  que  la  première)  et  recuit  à  l'huile  fumante  (recuit 
plus  faible  que  le  précédent);  seulement  la  dernière  méthode  est  plus 
avantageuse,  en  ce  sens  qu'on  a  moins  à  craindre  les  criques  provoquées 
par  un  refroidissement  trop  rapide  du  métal.  Voulant  aller  plus  loin,  je 
me  suis  demandé  s'il  est  vraiment  nécessaire  de  commencer  par  durcir 
l'acier  outre  mesure,  pour  revenir  ensuite  en  arrière  et  l'adoucir  au  moyen 
d'une  deuxième  opération.  En  conséquence,  j'ai  cherché  une  trempe  dont 
la  douceur  écartât,  autant  que  possible,  les  chances  de  criques  et  produisît 
toutefois  sur  l'acier,  en  une  seule  opération,  les  effets  de  la  trempe  et  du 
recuit  combinés. 

»  J'y  suis  arrivé  très-simplement  en  échauffant  l'eau  dans  laquelle  le 
métal  porté  au  rouge  est  inunergé;  une  température  de  55  degrés  environ 
.m'a  suffi  pour  donner  aux  ressorts  mentionnés  plus  haut  (ressorts  de  fusils 
à  aiguille)  l'élasticité  et  la  résistance  correspondant  à  la  meilleure  trempe 
suivie  du  recuit  approprié. 

»  Nécessairement  la  température  de  l'eau  varie  avec  les  dimensions  de 
la  pièce  et  l'usage  auquel  elle  est  destinée.  Le  degré  de  chaleur  du  bain 
est  facile  à  déterminer  par  des  tâtonnements  préalables. 

»  La  trempe  à  l'eau  chaude,  et  mieux  bouillante,  modifie  singulièrement 
l'acier  doux  contenant  de  2  à  4  millièmes  de  carbone:  elle  augmente  sa 
ténacité  et  son  élasticité  sans  en  altérer  sensiblement  la  douceur;  le  grain 
change  de  nature  et  souvent  la  cassure  devient  nerveuse,  de  grenue  ou 
cristalline  qu'elle  était  auparavant. 


{  8^7  ) 

»  Réqénéialion  du  fer  brûlé.  —  Dans  une  Communication  insérée  aux 
Comptes  rendus,  séance  du  4  mars  18^2,  j'ai  démonlré  que  la  texture  cris- 
talline, présentée  par  la  cassure  de  certaines  pièces  de  fer,  n'était  due  ni  à 
l'action  du  froid,  ni  à  celle  de  viljrations  prolongées,  mais  qu'elle  préexis- 
tait dans  le  métal  avant  sa  mise  en  service.  D'après  mes  expériences,  cette 
conformation  particulière  résidterait  d'un  forgeage  incomplet,  laissant 
encore  le  métal  bn'dé,  c'est-à-dire  cristallin  et  cassaut.  J'annonçais,  en 
outre,  qu'il  était  possible  de  rendre  au  fer  ainsi  détérioré  la  texture  ner- 
veuse ou  la  ténacité  qu'il  aurait  eue  si  les  opérations  du  forgeage  avaient 
été  bien  conduites,  et  cela  sans  avoir  recours,  comme  on  le  fait  quelque- 
fois, à  un  nouveau  martelage,  qui  entraîne  une  perle  de  temps,  de  métal, 
et  souvent  le  rebut  de  la  pièce  elle-même. 

»  Le  moyen  que  j'emploie  pour  régénérer  le  fer  brûlé  est  également  une 
trempe  du  métal  rouge  dans  un  liquide  chaud.  Je  me  bornerai  à  citer  ici 
une  seule  expérience,  qui  suffira,  je  pense,  pour  permettre  d'apprécier  et 
de  vérifier  au  besoin  les  effets  que  je  viens  d'annoncer. 

»  Une  barre  de  fer  rond  du  Berri,  de  3  centimètres  de  diamètre,  facile  à 
replier  à  froid  sur  elle-même  sans  cassure,  fente  ou  gerçure,  a  été  brûlée, 
c'est-à-dire  chauffée  de  telle  façon  que,  prise  dans  un  étau,  elle  a  pu  être 
rompue  à  froid  sans  plier  sensiblement.  La  cassure  était  parsemée  de  facettes 
brillantes  de  plusieurs  millimètres  carrés. 

»  Dun  autre  côté,  une  solution  bouillante,  saturée  de  sel  marin 
ordinaire,  avait  été  préparée;  un  morceau  de  la  barre  de  fer  brûlée, 
chauffé  au  rouge  vif,  a  été  plongé  dans  ce  liquide  pendant  le  temps  néces- 
saire pour  l'amener  le  métal  à  la  température  du  bain  (i  10  degrés  environ). 
Il  se  |)roduit  alors  un  phénomène  assez  curieux  :  aussitôt  plongé  dans  la 
solution  saline,  le  métal  rouge  se  couvre  d'une  couche  de  sel  blanc,  qui 
l'isole  du  liquide  et  contribue  assurément  à  ralentir  le  refroidissement.  Le 
morceau  de  fer  ainsi  trempé  a  pu  être  replié  sur  lui-même  à  froid,  comme 
l'avait  été  la  barre  avant  d'être  brîilée  (i). 

»  Ainsi  la  treuipe  à  l'eau  bouillante,  saturée  de  sel,  permet  de  régénérer 
\e  fer  brûlé.  Il  est  donc  acquis  désormais  cpi'il  y  aura  toujours  intérêt  à 
faire  subir  cette  opération  aux  pièces  de  forge  terminées;  bien  travaillées, 
la  trempe  ne  leur  causera  aucun  dommage;  si,  au  contraire,  elles  ont  subi 
des  chaudes  trop  fortes  ou  trop  longtemps  prolongées,  elle  leur  donnera 


(i)  L'eau  pure,  ù  rcbiillilion,  peut  aussi  être  emjiloyéej   mais  ses  effets  sont  moins 
accentués. 


(  838  ) 
les  qualités  qu'un  bon  foigeage  eût  fait  ressortir.  Il  en  sera  de  même  pour 
lacier. 

»  Il  est  certain  qu'il  existe  d'autres  liquides  et  d'autres  solutions  qui 
donneraient  les  mêmes  résultats,  en  les  employant  comme  la  solution  sa- 
line; j'ai  cité  seulement  celle-ci  parce  qu'elle  me  paraît  la  plus  économique 
et  en  même  temps  la  plus  facile  à  se  prociu'er.   » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Noie  SUT  remploi  (lu  bisulfate  de  polasse  comme  agent 
révélateur  de  ht  (jalène  dans  tous  ses  mélanges;  par  M.  E.  Jannettaz. 

«  J'examinais,  il  y  a  quelques  jours,  un  échantillon  de  tellure,  portant 
(lu  moins  cette  détermination  dans  la  collection  d'Haûy.  Les  clivages  cu- 
biques de  ce  morceau  et  sa  couleur  noire  m'y  faisaient  soupçonner  la  pré- 
sence de  l'argent,  peut-être  aussi  du  plomb.  J'obtins  sur  le  charbon  l'enduit 
caractéristique  de  ce  dernier  métal.  L'acide  sulfurique  prit,  de  son  côté, 
lorsque  j'y  mêlai  un  peu  de  la  matière  iinement  pulvérisée,  la  couleur  rouge 
qui  décèle  le  tellure.  Après  m'êtte  assuré  que  l'argent  s'y  trouvait  en  grande 
quantité,  je  voulus  y  rechercher  le  sélénium.  A  peine  eus-je  mêlé  au  mi- 
nerai pulvérisé  un  peu  de  bisulfate  de  potasse,  que,  immédiatement,  je 
sentis  qu'il  s'en  dégageait  de  l'hydrogène  sulfuré.  Je  me  transportai  au  labo- 
ratoire de  Chimie,  dont  M.  Fremy  m'a  donné  le  libre  accès,  et  là  je  fis, 
avec  M.  Terreil,  une  série  de  recherches,  dont  voici  les  premiers  résultats. 

»  Il  suffit  de  jeter,  sur  de  la  galène  grossièrement  broyée,  un  fragment, 

un  cristal  de  bisulfate  de  potasse  |  aSO',  pour  qu'aussitôt  l'on  ob- 
tienne lui  dégagement  très-sensible  d'hydrogène  sulfuré.  Si  l'on  broie  les 
deux  matières  ensemble,  l'odein-  devient  presque  insupportable.  Le  bisul- 
fate de  potasse  maintenu  en  fusion  pendant  une  demi-heure  produit  en- 
core le  même  effet,  peut-être  avec  un  peu  moins  d'intensité.  On  sait  que 
l'acide  sulfurique  mêlé,  ou  même  chauffé  avec  de  la  galène,  ne  donne  pas 
lieu  à  un  dégagement  sensible  d'hydrogène  sulfuré. 

»  Une  lame  transparente  de  blende,  d'un  jaune  clair,  broyée  de  même 
avec  du  bisulfate  de  potasse,  a  exhalé  une  odeur  assez  manifeste,  mais  peu 
intense,  qui  tenait  aussi  au  dégagement  du  gaz  sulfhydrique.  Avec  les 
sulfures  d'antimoine,  de  fer,  de  mercure,  d'argent,  je  n'ai  rien  obtenu  de 
semblable,  c'est-à-dire  aucune  odeur  sensible. 

»  La  boulangérite,  la  zinkénite,  la  bournonite  et,  d'une  manière  géné- 
rale, les  sulfures  dans  lesquels  le  plomb  et  le  soufre  ne  forment  pas  une 


(839) 
combinaison  isolée,  ne  cèdent  pas  non  plus  leur  soufre  au  bisulfate  de  po- 
tasse; mais  que  dans  un  mélange  quelconque  on  jette  un  fragment  de 
sulfure  de  plomb  libre,  aussitôt  qu'on  le  broie  avec  du  bisulfate  de 
potasse,  ou  obtient  le  dégagement  de  l'acide  sulfhydrique.  Je  ne  crois  pas 
que  l'on  ait  observé  ni  signalé  jusqu'ici  cette  curieuse  réaction.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Observations  météorologiques  en  ballon; 
par  M.  G.  TissANDiER. 

«  La  particularité  la  plus  remarquable  de  l'ascension  que  nous  avons 
exécutée  le  4  de  ce  mois  est  la  route  suivie  par  l'aérostat,  sous  l'influence 

Fig-   I. 


Ascension  du  4  octobre  i8j3. 

de  deux  courants  aériens  superposés.  Au  moment  où  nous  nous  sommes 
élevés  de  l'usine  à  gaz  de  la  Villette,  à  midi  3  minutes,  le  courant  inférieur 
nous  a  lancés  dans  la  direction  est-sud-est,  tandis  que,  vers  l'altitude  de 
700  mètres,  le  courant  supérieur  sud-oue«t  nous  a  dirigés  vers  le  nord-est. 
On  nous  a  vus  décrire  dans  l'espace  une  courbe  très-prononcée,  comme 
l'indique  le  tracé  de  notre  voyage  {fuj.  i.) 


(  8/,o  ) 
»  Cette  particularité  se  présente  assez  fréquemment  au  navigateur  aérien  ; 
il  ne  nous  semble  pas  nécessaire  d'insister  sur  l'importance  considérable 
qu'elle  offre  au  point  do  vue  de  la  navigation  aérienne,  puisqu'elle  permet 
à  l'aéronaute  de  choisir  à  son  gré  deux  directions  différentes.  On  se  rappelle 
peut-être  que  des  circonstances  analogues  nous  ont  sauvés  d'un  naufrage 
imminent  en  1868,  lors  de  notre  ascension  de  Calais,  où,  entraînés  jusqu'à 
7  lieues  au  large  au-dessus  de  la  mer  du  Nord,  il  nous  a  été  possible  de 
revenir  à  terre,  en  rebroussant  chemin,  sous  l'influence  d'un  courant  de 
surface,  complètement  opposé  au  courant  supérieur.  TAHude  des  couches 
d'air  atmosphérique  superposées  ne  présente  pas  moins  d'intérêt,  au 
point  de  vue  météorologique;  elle  ne  peut  être  bien  exécutée  qu'à  l'aide 
de  l'aérostat.  En  effet,  dans  les  ascensions,  l'aéronaute  mesure  avec  exacti- 
tude la  vitesse  des  courants  supérieurs,  dont  l'existence  peut  échapper  aux 

Fi;;.    3. 


Omlire  du  ballon  ciUuuiée  d'une  auréole. 

observateurs  terrestres.  Connaissant  la  durée  de  notre  voyage  et  la  longueur 
du  chemin  parcouru,  nous  avons  constaté  que  le  courant  supérieur  dans 
lequel  nous  étions  plongés  avait  une  vitesse  de  35  kilomètres  à  l'heure. 
La  vitesse  du  courant  inférieur  n'était  que  de  6  à  7  kilomètres  à  l'heure,  ainsi 
que  M.  Paul  Henry,  qui  nous  accompagnait,  a  pu  le  constater  très-exacte- 
ment, en  observant  la  différence  des  temps  du  passage  des  bords  du  ballon 
sur  une  ligne  terrestre.  Nous  avons  ainsi  observé  l'existence  d'un  cotu-ant 
atmosphérique,  entraîné  par  un  mouvement  relativement  considérable, 
au-dessus  de  la  couche  d'air  terrestre  d'une  si  faible  vitesse. 


(  841  ) 

»  A  la  hauteur  maximum  de  l'ascension,  c'est-à-dire  à  2600  mètres, 
l'aérostat  s'est  trouvé  plongé  dans  un  banc  de  cumulus  Irès-espacés.  Ces 
nuages  étaient  dominés  par  une  couche  épaisse  de  ciunulo-nimbus  dont  nous 
avons  évalué  l'altitude  à  36oo  mètres  environ.  Quelques  éclaircies  s'ou- 
vraient çà  et  là  dans  ce  massif  de  vapeurs  et  nous  laissaient  entrevoir  le 
bleu  du  ciel.  A  ce  moment  M.  Paul  Henry  a  constaté  que  la  polarisation 
de  l'atmosphère  était  beaucoup  plus  faible  qu'à  la  surface  du  sol. 

»  Pendant  une  partie  de  la  durée  du  voyage,  on  a  relevé,  à  l'aide  d'ini 
psychromètre,  l'état  hygrométrique  de  l'air  et  les  températures.  Le  tableau 
suivant  donne  les  résultats  de  ces  observations  : 


UEUBES. 

TUEHMOMÈTr.E 

TllEUMOSIÈTRE 

DIFFÉRENCE. 

TENSION 
de  la 

ÉTAT 

liysro- 

IIADTEIT. 
ilu 

OBSERVATIONS. 

sec. 

muuilli;. 

vapeur. 

raélrûiue. 

b.'iUoii. 

h      m 
12.     3 

12.35 

0 

0 

l'i.O 

0 

'1.7 

0.7 

57 

m 

20 1 0 

Dciiart. 

12. '17 

iS,() 

.3,', 

5.2 

8,3 

J2 

1920 

i  2 .  53 

'9.0 

12,9 

0,1 

!'■> 

40 

2000 

12.  j^ 
1 .  3 
1 . 1 1;> 

'9.-' 
18,0 
iS,3 

12,8 
.2,', 

l3,2 

0,7 
5,0 
5, 1 

7-1 
7.3 
8,1 

53 

21  10 
2O0O 
1590 

Bancs  de  cumulus  à  la 
liauleui'  du  ballon. 

1.33 

22,  S 

17.6 

5 , 2 

'1.7 

J7 

780 

Le   baltun    pas.c    au- 

..',2 

25,0 

20,8 

'1,8 

i5,3 

03 

520 

dessus  d'un  bois. 

2.  ij 

Descente. 

»  Nous  n'avons  pas  cessé  d'apercevoir  l'ombre  du  ballon  sur  la  terre. 
A  i''35™,  à  l'altitude  de  ^00  mètres,  celte  ombre,  projetée  sur  une  prairie, 
est  a[)|)arue  entourée  d'une  auréole  très-lumineuse  et  de  couleur  jaune. 
Le  dessin  ci-joint  {ficj.  2),  fait  d'après  nature  par  M.  A.  Tissandier,  repré- 
sente très-nettement  ce  phénomène. 

»  La  descente  s'est  effectuée,  dans  d'excellentes  conditions,  à  Crouy-siu-- 
Oiircq;  en  nous  rapprochant  de  terre,  nous  avons  été  repris  par  le  courant 
inférieur  qui  nous  a  ramenés  sur  notre  route,  comme  au  moment  du  dé- 
part. Si  le  vent  n'avait  pas  été  aussi  faible,  il  nous  aurait  été  possible,  en 
y  restant  plongés,  de  nous  rapprocher  sensiblement  de  notre  point  de 
départ.  » 


C.  R,,  1873,  3«  Semestre.  (T.  LXX.V1I,  IN°  lii.) 


109 


(  84a  ) 

MÉDECINE.  —  Nouvelles  remarques  relatives  au  goîlre  épidémique  de  la  caserne 
de  Sainl-Etienne;  par  M.  Bergeret. 

«  Dans  la  séance  du  29  septembre  [Comptes  rendus,  p.  733  de  ce  vo- 
lume), M.  le  baron  Larrey  m'a  fait  l'honneur  d'une  critique  relativement  à 
ma  Lettre  à  M.  Boussingault,  sur  le  goitre  épidémique  de  la  caserne  de 
Saint-Étienne.  M.  Larrey  admet  l'influence  des  eaux  plâtreuses  sur  la  pro- 
duction du  goitre  ordinaire;  mais  il  ne  croit  pas  à  l'action  des  sulfates  pro- 
duits en  excès  par  la  désassimilation  histologique  sur  le  goitre  épidémique 
des  casernes;  pour  lui,  la  cravate  est  la  cause  unique  de  cette  affection. 

»  Je  suis  loin  de  vouloir  innocenter  la  cravate  de  laine  qui,  pendant 
l'été,  maintient  constamment  le  cou  des  soldats  macéré  dans  la  sueur;  la 
fluxion  permanente  qui  en  résulte  peut  certainement  favoriser  l'engorge- 
ment de  la  glande  thyréoïde  (i).  Je  dirai  même,  pour  appuyer  la  manière 
de  voir  de  M.  Larrey,  que,  dans  l'épidémie  actuelle  de  Saint-Etienne,  le 
mal  a  presque  toujours  débuté  par  la  corne  droite  de  la  glande,  ce  qui, 
bien  certainement,  permet  de  croire  à  une  certaine  influence  mécanique; 
mais  la  cravate  est-elle  seule  coupable?  Je  ne  le  pense  pas,  car  le  goitre  est 
accompagné  de  certaines  autres  affections  qu'on  ne  peut  pas  lui  imputer. 
En  effet,  les  états  pathologiques  sont  les  mêmes  chez  les  individus  qui 
boivent  de  l'eau  fortement  gypseuse  et  chez  ceux  qui  ont  dans  le  sang  des 
sulfates  en  excès,  de  source  organique;  il  n'y  a  qu'une  différence  d'in- 
tensité. 

Qu'observe-t-on  chez  les  individus  qui  boivent  de  l'eau  fortement  plâ- 
treuse? 1°  Une  anémie  plus  ou  moins  accusée;  2°  un  papillôme  plus  ou 
moins  confluent  et  souvent  ulcéré  du  palais,  des  amygdales  et  du  pha- 
rynx; 3°  une  desquamation  épithéliale  plus  ou  moins  considérable  des 
reins  et  de  la  vessie;  4°  souvent  le  goitre;  5°  enfin  quelquefois  l'albumi- 
nurie (2). 

»  Qu'a-l-on  observé  chez  les  goitreux  de  la  caserne?  i"  Un  teint  terreux, 
une  décoloration  des  tissus,  de  l'œdème  des  paupières,  des  palpitations  de 

(i)  M.  Lnrrey  propose  de  nommer  celte  affection  thyréoïditc.  Cette  dénomination  im- 
plique l'idée  d'une  inflammation;  cependant  le  mal  est  apyrétique;  en  dehors  du  la  iiimc- 
faclion,  il  n'y  a  aucun  symplômc  inflaiiiniatoire,  et  jamais  la  glande  ne  suppure. 

(2)  J'ai  iléjà  signalé  ces  faits  dans  mon  ouvrage  intitidé  :  De  l'urine.  Chimie  filtysiolo- 
gique,  ou  indications  nosologiques,  pathologiques  et  thérapeutiques  fournies  par  les  urines. 
Paris,  1868;  Germer-Baillièrc;  article  Sulfates,  p.  90,  et  article  Alhumine,  p.  229. 


{  843  ) 
cœur,  etc.,  en  un  mot,  une  anémie  profonde;  2"  un  papillôme  général, 
peu  prononcé,  quelquefois  ulcéreux  (on  pourrait  croire  que  le  traitement 
ioduré  a  eu  une  part  d'action  dans  cet  état  morbide;  il  n'en  est  rien, 
puisque  le  papillôme  s'observe  dès  le  début  du  goitre);  3°  une  très-légère 
desquamation  des  reins  et  de  la  vessie;  4°  i'  y  ^  eu  un  albuminurique  ; 
5°  chez  tons,  un  excès  considérable  de  sulfates  dans  l'urine;  6°  le  goitre  a 
pris  d'abord  les  plus  faibles  et  a  atteint  ensuite  les  forts,  au  fur  et  à  mesure 
qu'ils  sont  devenus  anémiques. 

»  Ainsi  la  thyréoïdite  aiguë  de  la  caserne  de  Saint-Étienne  a  présenté 
les  mêmes  accidents  pathologiques  que  ceux  que  j'ai  signalés,  en  1868, 
chez  les  individus  qui  boivent  de  l'eau  fortement  plâtreuse;  cependant  ces 
accidents  sont  moins  accusés  chez  les  premiers  que  chez  les  seconds. 

»  Il  faut  savoir  qu'à  Saint-Etienne  la  bucco-pharyngite  granuleuse  et  la 
desquamation  épithéliale  de  l'appareil  urinaire  sont  très-rares;  je  n'en  ai 
observé,  depuis  près  de  quatre  ans,  que  quelques  cas  dans  mon  service  de 
l'Hôtel-Dieu;  cependant  j'examine  souvent  la  gorge,  et  toujours  l'urine 
des  malades  de  mes  salles.  Je  pense  donc  que,  chez  les  soldais  goitreux, 
si  l'on  ne  doit  pas  rattacher  ces  états  morbides  à  l'excès  des  sulfates  de  la 
désassimilation  organique,  on  ne  peut  négliger  de  constater  cette  singulière 
coïncidence. 

>)  Comme  les  causes  de  la  thyréoïdite  aiguë  sont  probablement  mul- 
tiples, il  est  de  mon  devoir  de  signaler  ici  un  fait  qui  peut  avoir  son  impor- 
tance étiologique.  Je  dirai  encore  que  le  régiment  goitreux  a  été  fortem.ent 
éprouvé  par  la  syphilis,  ou  du  moins  par  les  maladies  vénériennes.  Je  ne 
veux  pas  donner  ici  le  chiffre  des  soldats  qui  en  ont  été  atteints  (i).  Les 
soldats  vénériens,  surtout  les  blennorrhagiques,  sont,  à  la  caserne  et  à 
l'Hùtel-Dieu,  soumis  à  un  régime  débilitant.  N'y  a-t-il  pas  eu  dans  ce  ré- 
gime une  cause  prédisposant  à  l'engorgement  thyréoïdien?  On  pourrait 
facilement  rechercher  dans  quelle  proportion  les  vénériens  ont  été  ou  sont 
encore  goitreux.  » 

M.  Rochon  adresse  les  observations  de  six  cas  de  guérison  de  rétrécisse- 

(i)  Dans  un  Rapport  sur  le  service  syphilitique  de  l'Hôtel-Dieu,  fait  à  l'Aclministration 
des  hôpitaux,  et  ensuite  dans  une  Lettre  sur  le  même  sujet,  j'ai  consigné  les  chiffres  fournis 
par  le  registre  des  vénériens  de  la  caserne.  Pendant  la  guerre,  j'ai  fait,  pendant  quelques 
mois,  le  service  médical  de  la  caserne,  et,  à  un  moment  donné,  plus  de  la  moitié  de  l'effectif 
était  atteint  de  maladies  vénériennes. 

109.. 


(  844  ) 
ments  multiples  de  l'urèlhre,  par  la  méthode  de  strictiirotomie,  dite  im- 
médiate. 

M.  H.  Valérius  informe  l'Académie  qu'il  a  traité,  dès  18G4,  et  publié 
dans  le  tome  XVII  des  Mémoires  de  l'Académie  rojale  de  Bruxelles,  la  ques- 
tion, étudiée  par  M.  Mer cadier  (^Comptes  remliis,  p.  G'ig  et  67  i  de  ce  vo- 
lume), du  mouvement  d'un  fd  élastique  dont  une  extrémité  est  animée 
d'un  mouvement  vibratoire. 

M.  le  baron  Larrey  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  D"^  Thomas 
Evans,  président  du  Comité  sanitaire  des  Etats-Unis,  un  volumineux  livre 
en  anglais,  intitulé  Histoire  de  l'ambulance  américaine  établie  à  Paris  durant 
le  siège  de  1 870-1 871,  et  il  en  donne  un  exposé  sommaire. 

«  L'organisation  de  l'ambulance  américaine,  dit  M.  Larrey,  se  rapporte 
aux  premiers  temps  du  siège  et  nous  a  offert,  pendant  toute  sa  durée,  l'un 
des  modèles  les  mieux  réussis  de  l'assistance  aux  blessés.  Cette  ambulance, 
située  avenue  de  l'Impératrice,  se  composait  d'iuie  série  de  pavillons  sous 
tentes,  parfaitement  établis,  séparés  les  nns  des  autres,  couverts  d'une 
double  toile  et  chauffés  par  un  tuyau  de  vapeur  en  dessous  du  sol,  avantage 
ii)a|)préciable  loi'sque  l'intensité  du  froid  exerçait  autre  part  sa  funeste 
influence.  J'ai  eu  souvent  occasion,  alors,  d'apprécier  les  heureux  effets 
de  ce  nouveau  système,  au  point  de  vue  des  grandes  opérations  chirur- 
gicales, telles  surtout  que  les  résections  articulaires  et  les  amputations  des 
membres. 

M  Le  livre  que  j'ai  1  honneur  de  présenter  à  l'Académie  expose  longue- 
ment, à  ce  sujet,  toutes  les  questions  relatives  non-seulement  à  cette  ambu- 
lance en  particulier,  mais  encore  à  l'établissement  des  hôpitaux  en  général 
et  à  l'organisation  des  tentes  et  des  tentes-baraques.  Ces  deux  chapitres 
seuls  forment  plus  d'un  tiers  du  volume  et  offrent  un  certain  nombre  de 
planches  comme  s|)écimcns  des  divers  genres  de  construction  successive- 
ment proposés  ou  adoptés  dans  ces  derniers  temps. 

»  Une  étude  sur  les  hôpitaux  militaires  en  France,  en  Amérique  et  ail- 
leurs, soit  en  temps  de  paix,  soit  en  temps  de  guerre,  mérite  d'être  signalée 
plus  spécialement  à  l'attention. 

»  Le  résumé  des  blessures  observées  à  l'ambulance  américaine  et  les 
résultats  des  grandes  opérations  complètent  cet  ouvrage,  en  faisant  voir 
l'emploi  d'un  moyen  usité  aux  États-Unis,  un  simple  miroir,  pour  refléler 
sur  la  même  planche  l'image  d'une  double  plaie  ou  d'une  double  cicatrice. 


(  B45  ) 

»  Je  bornerai  là  l'indicalion  de  cet  ouvrage  remarquable,  dont  l'analyse 
se  prêterait  à  beaucoup  de  développements  et  dont  la  lecture  intéressera 
surtout  les  chiriu-giens  d'armée.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  6  octobre  i  S^S,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

1870-1871.  Tableaux  stalisliqiies  des  perles  des  années  allemandes  d'après 
les  documents  allemands;  par  M  D.-H.  Leclei'.G.  Paris,  Dumaine,  Berger- 
Levrault,  P.  Dupont,  Dosse,  1873;  2  vol.  in-folio  oblong.  (Renvoi  à  la 
Commission  du  prix  de  Statistique.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents  relatifs  à  l'art  des 
constntctions  et  au  service  de  l'inc/enieur,  etc.;  mai  1873.  Paris,  Diinod,  1873  ; 
in-8°. 

Fragments  zoologiques;  n°  111  :  Un  crinoïde  tertiaire  dam  la  Gironde;  n"  IV  : 
Note  sur  un  Spatangue  du  miocène  supérieur  de  Saucats,  etc.;  par  M.  Cli.  Des 
Moulins.  Bordeaux,  Coderc  et  Degréteau,  1872;  br.  in-8". 

Notes  chimitpies  et  chimico  physiques  ;  par  M.  Melsens.  Bruxelles,  imp. 
Hayez;  br.  in-8°.  (Extrait  du  tome  XXllI  des  Mémoires  couronnés  et  autres 
Mémoires  puldiés  par  i Académie  rojale  de  Belgique.) 

Matériaux  pour  la  carte  géologique  de  la  Suisse;  XIP  livraison  :  Alpes  de 
Fribourg  en  général  et  Monscdvens  en  particulier  ;  par  Y.  GlLLiÉRON.  Berne, 
J.  Dalp,  1873;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
rédaction  du  D'' Renaud;  année  1872,  n"*  3  et  4-  Moscou,  1872-1873; 
a  vol.  in-8°. 

Note  di  Galileo  Galileiad  un  opéra  di  Giovanni-Battisla  Morin,  pubblicate 
dit  B.  BoNCOMPAGNi.  Roma,  tip.  délie  Scienze  matematiche  e  fisiche,  1873; 
in-4''. 

Dieci  Lettere  inédite  di  Giuseppe-Luigi  Lagrange,  pubblicate  daW  ing"  Giam- 


(  8/,6  ) 
Ballistn  P.i.vDEGO.   Roina,   ti|>.   délie  Scienze  matematiche  e  fisiche,  1873; 

Jjjjmnli  slorici  iiilorno  (die  ricerche  sui  jjiccoli  e  spontaiiei  luoti  dei  penduli 
fdlle  dal  secolo  Wil  in  poi  del  P.-D.-Timoteo  Beutelli,  barnabita.  Roiiia, 
tip.  délie  Scienze  mateinaticlie  e  fisiche,  1873;  in-4''. 

(Ces  trois  derniers  ouvrages,  présentés  par  M.  Chasles,  sont  extraits  du 
Bullctlino  di  Bddiografia  e  di  Storia  délie  Scienze  mateinaticlie  e  fisiclte.) 

Biillettino  di  BibUocjrafin  e  di  Storia  délie  Scienze  malematiclie  e  fisiche,  puh- 
blicato  da  B.  RONCOMPAGNr  ;  t.  V,  dicembre  1872;  Indici  detjli  arlicoU  e  dei 
noini;  t.  YI,  geniiaio-febbraio  1873.  Roma,  tip.  délie  Scienze  mateinaticlie 
e  fisiche;  4  "'"  in-4°.  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

Choiera:  Ils  cause  and  cure  ;  par  J.  Wallace.  Belfast,  .T.  Magill,  1866; 
br.  in-8°. 

The  pharmaceuliral  Journal  and  transactions;  june  1873.  London,  Chur- 
chill, i873;in-8°. 

Aslronomical  observations  and  researches  made  at  Dunsinli  tlie  Observatory 
of  Trinity  Collège,  Dublin;  second  part.  Dublin,  llodgos,  Fosler,  1873; 
in-40, 

The  médical  and  surgical  historj  of  ihe  ivar  oj  ihc  rébellion  (i8Gi-i865) 
prepared,  in  accordance  ivilh  acls  ofCongress,  imder  the  direction  of  surgeon 
gênerai  Joseph-K.  Barnes,  United-Slatcs  armj.  Washington,  Govcrnnient 
printing  Office,  1870;  2  vol.  in-4°,  reliés. 

Smilhsonian  conliihuiions  to  knoivledge;  vol.  XVIII.  City  of  Washington, 
Smithsonian  Institution,  1870;  in-4'*. 

yïbhandlungcn,  hcrausgegeben  von  der  Senckenbergischen  natuijorschenden 
Gesellschaft ;  achten  Bandes,  dritles  und  viertes  Heft.  Frankfurt,  Christian 
Winter,  1872;  in-4'\ 

Abhandlungcn  der  Kôniglischen  Gesellschaft  der  TVissenschaften  zu  Gôtlin- 
j/t'/i;  siebzehnter  Band  vom  Jahre  1872.  Gôttingen,  1872;  in-4'*. 

Die  Expédition  zur  physikalisch-cheniischen  imd  biologischen  Untersuchung 
der  Oslsee  ini  Sommer  187  i  aufS.  M.  Avisodanipfer  Pommerania,  etc.  Berlin, 
Wiegandt  und  Tlempel,  1873;  in-4°- 

Vierleljahrshefte  zur  Slalistik  des  deutschen  Beichsjiir  dasJahr  1873;  ersies 
Ih'ft  I,  hcrausgegeben  vom  kaiserlichen  slatistischen  Amt;  Rand  II,  Heft  I 
der  Slatislik  des  deutschen  Beichs.  Berlin,  1873;  iii-4". 


(  847  ) 
Statislili  des  deutschen  Reiclis,  lieraiisgegeben  voni  kaiserliclien  stcUislisclien 
Ami;  Bancl  I.  Berlin,   [873;  'm-l\°. 

Bericlit  iïber  die  senckenbergisclie  nnltn fovschende  Gesellscliajt;  nSyi-iS^a. 
Frankfurt,  1872;  in-8°. 

Schweizerische  meteorologisclie  Bcobachtungen ;  Mai,  Juni,  Jiili  1872.  Sans 
lieu  ni  date;  3  n*'*  in-4°. 

Untersuchimgen  zur  natiirlehre  des  Menschen  tind  der  Thiere,  lierniisgegeben 
von  J.  MOLESCiiOTT;  XI  Band,  zweites  und  dritics  Heft.  Giesson,  1873; 
in.8". 

Exposicion  nncional  del  20  de  jiilio  de  1871.  Informe  de  los  exploradores 
del  terrilorio  de  San-Mctrlin.  Bogota,  M.  Rivas,   iB7i;  in-8'^. 

Exposicion  nacional  del  20  de  jiilio  de  1871.  Ensajo  descriptivo  de  Ins  pat- 
mas  de  San-Maiiin  i  Casanaie;  por  Jenaro  Balderrama.  CaUdogo  de  las  co- 
lecciones  mineralogica  ijeologica  de  Liboiio  Zerda.  Bogota,  M.  Rivas,  1871; 
in -8°. 

Exposicion  nacional  del  20  de  julto  de  1 87 1 .  Calalogo  del  Eslado  S.  de  Àn- 
liocpùa.  Bogota,  M.  Rivas,  1871;  in-8°. 

Jornal  de  Sciencias  mailiematicas,  pliydcas  e  naluraes,  publicado  sob  os 
auspicios  da  Jcademia  real  das  Sciencias  de  Lisboa;  n.  XV,  jullio  de  1873, 
Lisboa,  1873;  in-8°. 

Ministère  des  Finances,  section  III.  Tableau  général  du  commerce  de  la 
Grèce  avec  les  nations  étrangères  pendant  les  années  1867  et  1868.  Athènes, 
1873;  in-4°,  en  langue  grecque  et  française. 

Ministère  des  Finances,  section  III.  Tableau  général  du  commerce  de  la 
Grèce  avec  les  nations  étrangères  pendant  les  années  186g.  1870  et  1871. 
Athènes,  1873;  in-4°,  en  langue  grecque  et  française. 


L'Académie  a  r'sçu,  dans  la  séance  du  i3  octobre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Connaissance  des  Temps  ou  des  mouvements  célestes  pour  l'an  1875,  pid)liée 
par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1873;  iu-S". 

Ostéologie  du  Spluirgis  Luth  (Sphargis  coriacea);  par  M.  P.  Geuvais. 
Sans  lieu  ni  date;  hr.  in-4",  avec  planches. 


{  S48  ) 

Mainmijcres  dont  tes  ossements  accompagnent  les  dépôts  de  chaux  phosphatée 
(Us  (Icparlemcnts  de  Tcrn-ct-Garoinw  et  du  Lot;  pai'M.  P.  Gervais;  second 
Mémoire.  Paris,  1873;  Lr.  in-S",  avec  planches.  (Extrait  du  Journal  de 
Zoologie.) 

Rapport  sur  les  découvertes Jaites  dans  la  grotte  de  Loubeau,  près  Melle,  par 
la  Société  des  Jouilles  de  cette  ville;  par  M.  P.  Gebvais.  Paris,  Imprimerie 
nationale,  1873;  br.  in-8°. 

Des  monstres  polygnathes  el  hétcrognalhes;  par^\.  P.Gekvais.  Paris,  1873; 
br.  in-S**,  avec  planches.  [¥^\U'à\X.  an  Journal  de  Zoologie.) 

Mémoire  sur  les  formes  cérébrales  propres  à  différents  groupes  de  Mammi- 
fères; par  M.  P.  Gervais.  Paris,  1873;  br.  in'8°,  avec  planches.  (Extrait 
du  Journal  de  Zoologie.) 

Sur  le  Tapir  de  Baird;par  M.  P.  Gervais.  Paris,  sans  date;  br.  in-8". 
(  Extrait  du  Journal  de  Zoologie.) 

Débiis  humains  recueillis  dans  la  Confédération  Argentine,  avec  des  ossements 
d'animaux  appartenant  à  des  espères  perdues  ;  par  M.  P.  Gervais.  Paris,  sans 
date;  br.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  Zoologie.) 

Fouilles  exécutées  par  M.  Ed.  Piette  dans  la  grotte  de  Gourdan,  près  Mon- 
trejeau  (^Haute-Garonne)  ;  par  M.  P.  Gervais.  Paris,  1873;  br.  in-8°.  (Extrait 
du  Journal  de  Zoologie.) 

Hybridation  des  Axolotls  par  les  Tritons;  par  M.  P.  Gervais.  Paris,  1873; 
br.  in-8''.  (Extrait  du  Journal  de  Zoologie.) 

Fabrication  des  étoffes.  Traité  du  travail  des  laines  peignées,  etc.;  par 
M*'  Alcan.  Paris,  J.  13aiidry,  iSjS;  i  vol.  in-8",  avec  atlas  in-4°.  (Présenté 
par  M.  le  général  Morin.) 

Les  climats  de  montagnes  considérés  au  point  de  vue  médical;  par  le  D""  II.-C. 
Lombard;  3*^  édition.  Genève,  Cherbuliez,  1873;  i  vol.  in-i8.  (Adressé  par 
l'auteur  au  Concours  Monlyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1874) 

Étude  botanirpie  sur  la  Kabylie  du  Jurjura,  avec  Catalogue;  par  A..  LetoUR- 
KEUR.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1871;  in-H". 

Considérations  générales  sur  r électricité;  par  M.  Dumas,  capitaine  d'Etat- 
Major.  Paris,  Dnmaine,  1873;  br.  in-S".  (Extrait  du  Journal  des  Sciences 
militaires.) 

(La  suite  du  Bullctiu  au  prochain  numéro.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  OCTOBRE  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMIIIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.  —  Théorème  relatif  au  mouvement  d'un  point 
attiré  vers  un  centre  fixe;  par  M.  J.  Bertrand. 

«  Les  orbites  planétaires  sont  des  courbes  fermées;  c'est  la  cause  prin- 
cipale de  la  stabilité  de  notre  système,  et  cette  circonstance  importante 
résulte  de  la  loi  d'attraction  qui,  quelles  que  soient  les  circonstances  ini- 
tiales, {ait  mouvoir  chaque  corps  céleste  qui  n'est  pas  expulsé  de  notre 
système,  suivant  la  circonférence  d'une  ellipse.  On  n'a  pas  remarqué  jus- 
qu'ici que  la  loi  d'attraction  newtonienne  est  la  seule  qui  remplisse  cette 
condition. 

»  Parmi  les  lois  d'attraction  qui  supposent  l'action  nulle  à  une  distance 
infinie,  celle  de  la  nature  est  la  seule  pour  laquelle  ini  mobile  lancé  arbi- 
trairement avec  une  vitesse  inférieure  à  une  certaine  limite,  et  attiré  vers 
un  centre  fixe,  décrive  nécessairement  autour  de  ce  centre  une  courbe  fer- 
mée. Toutes  les  lois  d'attraction  permettent  des  orbites  fermées,  mais  la  loi 
de  la  nature  est  la  seule  qui  les  impose. 

»   On  démontre  ce  théorème  de  la  manière  suivante  : 

»  Soit  (p[r)  l'attraction  exercée  à  la  distance  rsiu'  la  molécule  considérée 

C.K.,\S-]i,  7<'  Semestre.  {T.  LWVU,  ^«  IG.)  JIO 


(  85o  ) 
et  dirigée  vers  le  centre  d'attraction  que  nous  prendrons  pour  origine  des 
coordonnées,  r  et  Q  désignant  les  deux  coordonnées  polaires  du  mobile, 
on  a,  en'verlu  d'une  formule  bien  connue, 


et,  en  posant  -  =  z, 

(i)  r^^[r)=.^[z), 

d''z  I     ,  /    N 

Multiplions  les  deux  membres  par  zdz  et  intégrons  en  posant 

(2)  2/i|;(s)fl(z  =  i7r(z), 

nous  aurons 

h  étant  une  constante. 
»   On  en  déduit 


\/''-^P' 


r(^). 


»  Si  la  courbe  représentée  par  l'équation  qui  lie  2  à  (5  est  fermée,  la 

valeur  de  z  aura  des  maxima  el  des  minima  pour  lesquels  —  sera  nul,  et 

les  rayons  vecteurs  correspondants,  normaux  à  la  trajectoire,  seront  né- 
cessairement pour  elle  des  axes  de  symétrie.  Or,  quand  une  courbe  admet 
deux  axes  de  symétrie,  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'elle 
soit  fermée  est  que  leur  angle  soit  commensurable  avec  tt.  Si  donc  a  et  ^ 
représentent  un  minimum  de  z  et  le  maximum  qui  le  suit,  la  condition 
demandée  est  exprimée  par  l'équation 


(3)  mn  = 


l'V'- 


dz 


p^(3). 


OÙ  m  désigne  un  nombre  commensurable.  Cette  équation  doit  avoir  lieu, 
quels  que  soient  li  et  A  et,  par  suite,  les  limites  «  et  /3  qui  en  dépendent. 


On  a 


jiar  conséquent 


(85,   ) 


//  +  — sj(a)  —  a-  =  Oj 


et  l'équation  (3)  devient 

(4)         mn=       — 

Je.    V« 


f-- 

a' 

1     ■.  ' 

Cf) 

°IP) 

—  CT(a^ 

)      ' 

j/zvMl)  —  '^("■J 


»  La  fonction  rz[z)  doit  être  telle  que  cette  équation  ait  lieu  pour  toutes 
les  valeurs  de  a  et  de  /3.  Le  nombre  commensurable  m  doit  d'ailleurs  être 
constant,  car,  s'il  changeait  d'une  orbite  à  l'autre,  une  variation  infini- 
ment petite  dans  les  conditions  initiales  apporterait  un  changement  fini 
dans  le  nombre  et  la  disposition  des  axes  de  symétrie  de  la  trajectoire. 

»  Supposons  a  et  /5  infiniment  peu  différents  ;  soit 

[5  =  a  H-  u, 
z  restant  compris  entre  a.  et  fi,  nous  pouvons  poser 

2  —  a  +  ;•, 

et  j-sera,  comme  u,  infiniment  petit.  Nous  aurons,  en  négligeant  les  infi- 
niment petits  du  second  ordre, 


\/w(|3)  —  w(a)  =  y/«sy'((z). 

Dans  l'expression  placée  sous  le  radical  au  dénominateur  de  l'intégrale  (4), 
les  infiniment  petits  du  premier  ordre  se  réduisent  à  zéro,  et  il  en  est  de 
même  de  ceux  du  second;  ce  sont  ceux  du  troisième  qu'il  faut  conserver, 
et  l'on  a,  en  négligeant  les  infiniment  petits  du  quatrième  ordre, 

a-5T(P)  -  fi'w(«)  +  (fi-  -  «-)î7(s)  -  z-[zrr(/3)  -  v;{a)] 
=  [ts'{a)  -  CKu"{u)]{u-f  -  HJ-). 

L'équation  (4)  devient 

Jo     V^  («)— «n"(a)  V/«J— y 

IlO.. 


(  852  ) 
c'csl-à-diro,  tn  offccluanl  l'inlégralion  et  supprimant  les  facteurs  communs, 


ou 


V  t7'(a)-an."(a)' 

^i  —  ni-)  v;'{c/.)  +  ui- azô" {(/.)  =  o. 


On  en  déduit 


t.'(«)=-^' 


a'"- 


I 

2 

m' 


A  ri  B  désignant  tics  constantes. 


»  D'après  les  relations  supposées  entre  les  fonctions  ra,  i\i  et  <p,  il  en  résulte 

A 


A 


? 


('■) 


-  7' 


Telle  est  la  seule  loi  d'attraction  possible,  m  y  désignant  un  nombre  coni- 
mensurable  quelconque;  mais  il  n'en  résulte  pas  qu'elle  remplisse,  quel 
que  soit  /«,  toutes  les  conditions  de  l'énoncé.  On  doit  avoir,  en  effet,  pour 
toutes  les  valeurs  de  a  et  de  [i, 


dz      '    ' 


(0)     inn 


i    v/^.-LH-(r-«')i;-==(-i3-ir.) 


»  Supposons  d'abord  —  —  2  négatif;  posons  a  ==  o,  ,'5  =  i,  l'équation 
devient 

ch  ,1 1        1 


mn  = 


et  l'équation  (0)  doiuie 

mn  =  m-  n- 


//i  =:   I  . 


(  853  ) 
I.;i  loi  d'attr.TClion  correàpondante  est 

?('■)  =  77- 
»  Si  l'on  suppose  —  —2  positif,  l'équation  (6)  devient,  pour  a  =:  i ,  /5=:o, 

inn  = 


C     dz 

in=         


On  en  déduit  ;h  =  ->  et  la  loi  d'attraction  correspondante  est 

9(r)  =  A/'. 

»  Deux  lois  seulement  remplissent  donc  les  conditions  demandées, 
celle  de  la  nature,  par  Inquelle  l'orbite  fermée  n'a  qu'un  axe  de  symé- 
trie passant  par  le  centre  d'action,  et  l'altraction  proportionnelle  à  la  dis- 
tance, pour  laquelle  il  y  en  a  deux. 

»  Notre  illustre  Correspondant  M.  Tchebychef,  à  qui  j'ai  communiqué 
la  démonstration  qui  précède,  m'a  fait  judicieusement  observer  que  le 
théorème,  inutile  aujourd'hui  pour  la  théorie  si  parfaite  des  planètes,  pourra 
être  utilement  invoqué  pour  étendre  aux  étoiles  doubles  les  lois  de  l'atlrac- 
tion  newtonienne.  » 

MÉTÉOROLOGIE  COSMIQUE,  —  Sur  /es  Astronouîische  Mittheilungen 
du  D'  Rodolphe  TVolf.  Note  de  M.  Faye. 

<(  En  présentant  à  l'Académie  le  numéro  33  de  celte  publication,  je  crois 
devoir  insister  sur  la  portée  de  plus  en  plus  manifeste  des  recherches  de 
son  savant  auteur.  Si  quelques  personnes  ont  |)u  hésiter  au  commencement, 
lorsqu'il  ne  s'agissait  que  d'un  petit  nombre  de  concordances  entre  les 
époques  du  maximum  de  fréquence  des  taches  solaires  et  celui  du  maximum 
de  la  variation  diurne  de  l'aiguille  aimantée,  observée  ici  ou  là,  elles  seront 
sans  doute  excusées,  pour  peu  que  l'on  songea  la  difficulté  d'imaginer  un 
lien  quelconque  entre  deux  ordres  de  phénomènes  en  apparence  si  étran- 
gers l'un  à  l'autre;  mais,  aujourd'hui,  il  ne  leur  serait  pas  possible  de  ré- 
sister aux  concordances  qui  se  révèlent,  année  par  année  et  mois  par  mois, 
entre  les  taches  du  Soleil  et  le  magnétisme  terrestre.  Grâce  au  concours 
de  quelques  collaborateurs  dévoués  en  Suisse,  en  Allemagne,  en  Italie  et 
même  en  Grèce,  M.  il.  Wolf  parvient  maintenant  à  déterminer  pour  chaque 
jour  de  chaque  année  les  nombres  qui  mesurent  la  fréquence  dus  taches  à 
la  surface  du  Soleil.  Pour  l'année   1872,   par  exemple,   il  ne  lui  manque 


(  854  ) 
qu'un  jour  sur  366,  et,  pour  ce  jour-là  seulement,  il  a  dû  se  résoudre  à  in- 
terpoler, afin  de  régulariser  ses  moyennes  mensuelles.  Dès  lors  il  est  en 
état  de  calculer  avec  ces  nombres  les  variations  de  la  déclinaison  de  l'ai- 
guillé aimantée  en  un  point  quelconque  du  globe  terrestre,  pourvu  qu'on 
ait  une  fois  pour  toutes  déterminé,  relativement  à  ce  point,  deux  constantes 
pareilles  à  l'établissement  du  port  et  à  l'unité  de  hauteur  dans  le  calcul  des 
marées,  et  je  dis  un  point  quelconque,  qu'il  s'agisse  de  Christiania  ou  de 
Prague,  de  Munich  ou  de  Batavia.  En  voici  un  exemple  :  on  vient  de  publier 
les  observations  horaires  de  la  déclinaison,  à  Batavia,  pour  les  années  1868 
et  1869.  En  ce  point  les  constantes  sont  2,i3o  et  0,01 85;  le  nombre  R  des 
taches  est  lié  à  la  variation  en  déclinaison  par  la  simple  formule 

i>  =  2',i3o  ■+■  o',oi85R, 

et  voici  comment  les  observations  de  l'aiguille  de  Java  sont  représentées 
par  les  taches  du  Soled  : 


18G8. 

Janvier. . 

Février. . 
Mars. . .  . 
Avril .  .  . 

Mai 

Juin  .  .  .  . 


Fréquence    Variation    Variation 
des  taches,    observée,     calculée. 


Il), 3 
21  ,5 

24,2 
27,6 

3i,7 
35,5 
Juillet 39,2 

42,9 
45,8 

47»o 
5o,4 

56,9 


Août 

Septembre.. 
Octobre  .  .  . 
Novembre. 
Décembre. . 


2,56 
2,56 
2,56 
2,58 
2,62 
2,71 
2,81 
2,92 
3,01 
3,o4 
3,08 
3,!9 


2>49 

2,53 
2,58 
2,64 
2.72 

2,79 
2,85 
2,92 
2,98 
3,00 
3,06 
3, 18 


1SC9. 


Fréquence    Variation    \'ariation 
des  taches,    observée,     calculée. 


Janvier. . 
Février . . 
Mars..  .  . 
Avril  .  . 

Mai 

Jnin .... 

Juillet 74;*' 

Août 77  j6 

Septembre..  84,3 
Octobre  ...  93,  7 
Novembre..  101,7 
Décembre..    io5,8 


61,4 
64,5 
68,0 
69,4 
70,1 

72,4 


3,27 
3,36 

3,44 

3,46 

3,47 
3,5o 

3,58 

3,61 

3,67 

3,83 

3,95 

3,98 


3,27 
3,32 
3,39 
3,4. 
3,43 

3,47 
3,5i 
3,57 
3,69 
3,86 
4,01 

4,09 


»   L'écart  moyen  est  ±  o',o5,  c'est-à-dire  ±:  3". 

»  S'agit-il  des   moyennes  annuelles,  résumant   toutes  les  influences  de 

l'année,  voici  par  exemple  le  résultat  obtenu  par  le  Soleil  pour  l'an  passé  : 

R=:  101,7.    Avec  cela  la   formule  relative  à   Munich,  depuis  longtemps 

connue, 

7',  109  +  o',o363R, 

donne  i'  =  10', 80.  L'observation  a  donné  10',  75  pour  1872. 

»  Ces  concordances  frappantes  qui  s'étendent,  de  la  période  générale 
de  onze  ans,  aux  détails  des  années  et  des  mois,  et  qui  permettent  de  lire  sur 
les  taches  du  Soleil,  comme  sur  l'échelle  divisée  d'une  aiguille  aimantée, 


(  855  ) 
les  variations  continuelles  du  magnétisme  terrestre,  ne  jnstificnt-elles  pas 
pleinement  le  titre  de  Météorologie  cosmique  que  j'ai  donné  à  cette  Note, 
pour  rendre  hommage,  à  la  fois,  aux  travaux  de  M.  Wolf  et  à  la  mémoire 
de  Donati  qui  nous  a  légué  cette  appellation  hardie  dans  son  dernier 
Mémoire.   » 

ASTRONOMIE.  —   Sur  f  explication  des  taches  solaires 
proposée  par  M.  le  D''  Reje  (i).  Note  de  M.  Fave. 

«  Lorsqu'on  fait  tourner  rapidement  un  vase  contenant  un  liquide  au- 
tour de  son  axe  de  figure  placé  verticalement,  on  sait  que  la  surface  libre 
de  ce  liquide  se  creuse  au  centre  et  se  relève  sur  les  bords,  de  manière  à 
former  un  paraboloïde  de  révolution;  c'est  la  figure  d'équilibre  de  la  sur- 
face libre  d'un  liquide  dont  toutes  les  parties  ont  même  vitesse  angulaire 
de  rotation.  Si  l'on  imprime,  non  plus  à  toute  la  masse,  mais  à  une  petite 
portion  d'un  liquide  en  repos  ou  animé  d'un  mouvement  rectiligne,  exac- 
tement commun  à  toutes  les  parties,  un  mouvement  analogue,  la  dépres- 
sion qui  se  forme  à  la  surface  libre  est  conique,  et  la  rotation  s'y  accélère 
vers  la  pointe;  mais  cet  effet  disparaît  bientôt,  à  moins  que  la  rotation 
locale  ne  soit  alimentée  par  quelque  circonstance  particulière. 

))  C'est  ce  qui  se  présentera  si  les  vitesses  des  filets  liquides  du  cours 
d'eau  ne  sont  pas  égales.  Alors  le  tourbillon  une  fois  produit  s'alimente 
aux  dépens  de  la  différence  de  vitesse  entre  les  filets  contigus;  la  dépres- 
sion conique  centrale  se  propage  vers  le  bas,  de  couche  en  couche,  par 
l'afflux  spiraloïde  des  filets  qui  convergent  vers  l'axe  en  s'inclinant  peu  à 
peu  vers  le  bas.  Il  n'y  a  plus,  à  proprement  parler,  de  figure  d'équilibre; 
mais  on  peut  concevoir  une  surface  limite  qui  envelopperait  ces  dépres- 
sions ou  plutôt  ces  ruptures  coniques  des  couches  successives;  elle  aurait 
elle-même  une  forme  conique,  évasée  vers  le  haut,  rétrécie  vers  le  bas,  à  peu 
près  comme  un  entonnoir. 

M  Cet  entonnoir  invisible  au  sein  de  la  masse  liquide  suivra  d'ailleurs 
exactement  la  marche  moyenne  du  courant  et  n'absorbera  que  la  force 
vive  due  à  la  faible  différence  originaire  de  vitesse  des  filets  qui  s'y  en- 
gagent. 

»  Enfin,  si  l'on  considère  les  régions  moyennes  de  l'atmosphère,  où  des 


(i)  Die  IFiroelstûrme,  Tornados  luul  ffettersàiilen,  von  D''  Th.  Revo,  oiiltntliche   Pro- 
fessor  an  der  UniversitiU  Strassburg.  Hannover,  1872. 


(  8:'56  ) 

courants  se  meuvent  comme  des  fleuves  immenses  avec  des  vitesses  va- 
riant d'une  franclie  verticale  à  la  suivante,  on  conçoit  que  les  phénomènes 
tourl)illonnai!'cs  qui  s'y  produiront  puissent  prendre  des  dimensions  con- 
sidérables. Et  ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans  ce  cas,  c'est  qne  la  surface 
enveloppe  de  toutes  les  spirales  tourbillonnaires  deviendra  visible  par 
suite  de  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  dans  les  couches  qu'elles  tra- 
versent et  qu'elles  refroidissent.  Les  masses  d'air  supérieures  affluent  peu 
à  peu  en  convergeant  dans  la  vaste  ouverture  supérieure  de  l'entonnoir,  le 
creusent  de  plus  en  plus,  en  vertu  de  leur  vitesse  accélérée  de  rotation  vers 
l'axe  et  finissent  d'ordinaire  par  le  faire  dégénérer  en  une  sorte  de  cylindre 
étroit  qui  descend  progressivement  de  couche  en  couche,  en  hésitant  par- 
fois si  l'afflux  supérieur  n'est  pas  régulier,  jusqu'à  ce  qu'il  rencontre  l'ob- 
stacle du  sol.  Alors  toute  la  force  vive  des  masses  d'air  qui  ont  eu  accès,  à 
un  instant  donné,  par  l'orifice  de  ce  vaste  entonnoir,  se  retouve  concentrée 
en  bas,  presque  sans  perte,  sur  un  très-petit  espace  et  peut  produire  en  peu 
de  temps,  à  la  rencontre  de  certains  obstacles,  les  effets  les  plus  étonnants. 
Les  arbres  seront  abattus  et  couchés  en  un  certain  ordre,  les  maisons  ren- 
versées, l'eau  des  mares  ou  des  étangs  balayée  de  tous  côtés,  les  vagues  de 
la  mer  écrêtées  et  enlevées  en  écume  par  l'air  qui  s'échappe  en  tournoyant 
et  en  prenant  sur  l'obstacle  même  une  force  ascensionnelle  marquée,  etc. 

»  Quelques  personnes,  frappées  de  ces  effets  dévastateurs,  ont  cru  que 
les  trombes  opéraient  par  succion  ou  aspiration,  qu'elles  arrachaient 
les  arbres  par  un  mouvement  de  tire-bouchon  et  qu'elles  pompaient  l'eau 
des  étangs,  des  fleuves  ou  des  mers,  en  l'aspirant  dans  la  surface  enve- 
loppe que  nous  venons  de  décrire,  comme  si  c'était  un  canal  solide  de 
succion. 

»  Sans  doute  il  existe  des  tourbillons  ascendants;  même  c'est  presque 
toujours  en  tourbillonnant  que  les  innombrables  filets  d'air  ascendants, 
destinés  à  rétablir  incessamment  l'équilibre  des  couches  atmosphériques, 
s'élèvent  vers  les  régions  supérieures.  Tels  sont  aussi  les  pefits  tourbillons 
qu'on  voit  si  fréquemment  courir  sur  nos  chaussées  et  nos  places  par  les 
journées  chaudes,  et  les  tourbillons  mieux  caractérisés  qui  se  forment  çà 
et  là  au-dessus  de  vastes  incendies,  dont  les  flammes  se  réunissent  parfois, 
en  tournoyant,  dans  une  colonne  verticale,  surmontée  d'un  cône  de  fumée. 
Mais  ces  phénomènes  fugitifs  n'ont  rien  de  commun  que  le  tournoiement 
avec  ceux  que  nous  venons  de  décrire. 

»  "Voilà  cependant  le  point  de  départ  que  M.  le  D'  Reye  a  choisi  pour 
se  rendre  compte  des  trombes,  cyclones,  orcans  ou  tornados  dont  il  a  fait 


(  857  ) 
une  étude  spéciale  dans  un  livre  publié  vers  Fa  fin  de  l'année  dernière  (i). 
Le  savant  auteur  pense  que  les  trombes  et  cyclones  sont  des  phénomènes 
identiques  à  ces  petits  tourbillons  de  nos  routes  (2)  ;  ils  seraient  dus  unique- 
ment à  l'ascension  de  l'air  des  couches  les  plus  basses,  lorsque  la  rapidité 
du  décroissement  vertical  des  températures  atteint  une  valeur  telle,  que 
l'équilibre  de  l'atmosphère  soit  voisin  de  l'instabihté.  Alors  il  suffit  du  plus 
léger  accident  pour  décider  çà  ou  là  l'ascension  d'une  bouffée  d'air,  et,  une 
fois  le  mouvement  commencé  en  ce  point,  l'air  de  la  couche  inférieure  afflue 
vers  ce  même  point  pour  suivre  le  mouvement.  Bientôt,  par  ce  mince  orifice, 
des  masses  considérables  appelées  de  tous  côtés  se  précipitent  et  montent 
vers  le  ciel  en  se  dilatant  et  en  élargissant  de  plus  en  plus  (vers  le  haut 
seulement)  le  canal  d'ascension.  Le  phénomène  dure  jitsqu'à  ce  que  l'équi- 
libre soit  rétablientre  la  couche  inférieure  qui  fournit  les  matériaux  et  les 
couches  supérieures  qui  les  reçoivent.  L'air  chaud  inférieur,  en  se  dilatant 
dans  les  régions  élevées,  laisse  une  partie  de  sa  vapeur  se  condenser,  et  la 
chaleur  due  à  cette  condensation  le  rendant  plus  léger  ajoute  encore  à  sa 
force  ascensionnelle.  Enfin,  c'est  par  l'afflux  de  l'air  de  la  couche  infé- 
rieure vers  l'étroit  orifice  de  la  trombe  ainsi  formée  que  s'opéreraient  les 
dévastations  susdites. 

»  Je  ne  me  propose  pas  de  discuter  cette  théorie,  mais  seulement  d'exa- 
miner l'application  ingénieuse  que  M.  le  D''  Reye  en  a  faite  aux  taches 
du  Soleil.  Suivant  lui,  lorsqu'une  facule  se  forme  à  la  surface  du  Soleil, 
l'excès  de  chaleur  qui  en  résulte  dans  une  région  limitée  de  la  photo- 
sphère détermine  les  phénomènes  suivants  :  la  température  de  la  couche 
atmosphérique  qui  repose  immédiatement  sur  cette  facule  s'élève  et  rend 
instable  l'équilibre  de  l'atmosphère;  les  masses  de  gaz  et  de  vapeurs  dont 
celte  couche  est  formée  tendent  à  s'élever.  Il  pourra  donc  se  former  çà  et 
là,  au-dessus  de  cette  facule,  tnie  sorte  de  trombe  par  où  les  matériaux  de  la 
couche  inférieure  s'élèveront  verticalement  dans  les  couches  supérieures.  Le 
refroidissement  qui  en  résulte  déterminera  la  condensation  des  vapeurs  ; 
il  donnera  ainsi  à  l'intérieur  de  cette  trombe  le  degré  d'opacité  nécessaire 
pour  masquer  la  région  sous-jacente  de  la  photosphère. 

»  Ce  nuage  se  formera  déjà  vers  100  ou  200  milles  allemands  de  hau- 

(i)  J'en  ai  eu  connaissance  par  le  dernier  Mémoire  de  )M.  Zœllner. 

(2)  Les  cyclones  seraient  de  vastes  trombes  produites  également  par  l'ascension  des 
masses  d'air  inférieures  ;  seulement  la  condition  relative  à  l'équilibre  atmosphérique  ne  se- 
rait plus  ici  nécessaire. 

C,  R.,  1873,  2°  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  16.)  I  I  I 


(  858  ) 

leur.  Par-dessous  ce  nuage  et  latéralement,  des  niasses  gazeuses  s'échapjje- 
ront  en  nappe  conique;  mais,  déjà  dépouillées  en  partie  de  vapeurs,  elles 
iront  déposer,  beaucoup  plus  haut,  une  foule  de  très-pelifs  nuages  opaques 
qui  formeront  la  pénombre,  en  affaiblissant  pour  nous  l'éclat  général  du 
foud  brillant  de  la  photosphère.  Enfin  ces  masses  gazeuses,  complètement 
dépouillées  de  vapeurs  par  ces  condensations  successives,  et  s'emparant  de 
la  chaleur  latente  qu'elles  rendent  libre,  jailliront  violemment  au-dessus 
de  la  chromosphère,  autour  de  la  pénombre,  en  flammes  d'hydrogène  pres- 
que pur. 

»  La  hauteur  du  cyclone  solaire  ne  doit  pas  (d'après  le  phénomène  de 
Wilson)  dépasser  800  milles  allemands  au-dessus  du  nuage  noir  absolument 
opaque  qui  en  forme  la  base,  ce  qui  fait  en  tout  de  900  à  1000  milles,  ou, 
en  secondes,  un  peu  plus  de  9  à  10  secondes,  c'est-à-dire  à  peu  près  la 
hauteur  moyenne  de  la  chromosphère. 

»  Tel  serait,  suivant  M.  Reye,  le  mécanisme  de  la  formation  des  taches 
solaires.  Le  corps  de  cet  astre  n'y  serait  pour  rien  ;  tout  se  passerait  dans 
son  atmosphère  au-dessus  de  la  surface  brillante. 

»  Quant  à  l'observation  célèbre  de  Wilson  (confirmée  par  les  mesures 
d'Herschel  et  de  plusieurs  astronomes  modernes,  en  particulier  par  les 
belles  mesures  de  l'Observatoire  anglais  de  Rew),  qui  prouve  que  les  taches 
sont  des  cavités,  M.  Reye  accorde  que  les  taches  sont  bien  des  cavités,  des 
espèces  d'entonnoirs  s'évasant  par  le  haut,  mais  il  fait  remarquer,  comme 
l'ont  fait  avant  lui  plusieurs  savants  du  même  pays,  dans  l'intérêt  d'hypo- 
thèses analogues,  qu'on  satisfait  aussi  bien  à  l'observation  de  Wilson 
avec  des  entonnoirs  placés  au-dessus  du  Soleil,  qu'avec  des  entonnoirs 
placés  dans  sa  masse  même.  Son  hypothèse  de  trombes  extérieures  ascen- 
dantes n'est  donc  pas  en  contradiction  avec  ce  fait,  et,  comme  elle  ré- 
|)ond  bien  d'ailleurs  à  la  figure  et  aux  caractères  principaux  des  taches, 
il  la  propose  aux  astronomes  à  titre  de  conséquence  logique  de  sa  théorie. 

»  Je  ne  m'attacherai  ni  à  la  théorie  ni  à  ses  conséquences,  mais  seule- 
ment au  point  de  fait  que  voici  :  les  observations  courantes  des  taches  du 
Soleil  ,  lesquelles  ne  sont  pas  susceptibles  d'une  double  interprétation 
comme  le  fait  de  Wilson,  montrent  que  les  taches  sont  des  cavités  non 
pas  extérieures,  mais  intérieures  à  la  photosphère.  L'hypothèse  de  M.  Reye 
n'est  donc  pas  plus  acceptable  que  celle  de  M.  Zœllner,  dont  j'entretenais 
dernièrement  l'Académie. 

))  Tâchons  de  rendre  la  démonstration  bien  claire,  et  pour  cela  rédui- 
sons-la à  une  forme  purement  géométrique.  Voici  une  table  avec  une 


(  859  ) 
cuvette  exactement  placée  en  son  milieu.  Un  observateur,  trop  éloigné 
ponr  avoir  la  sensation  du  relief,  cherche  à  décider  si  la  cuvette  est  posée 
simplement  sur  la  table  ou  si  elle  est  insérée  dans  un  trou  circulaire  de 
même  orifice,  de  manière  que  la  cuvette  entière  soit  au-dessous  de  la  surface 
de  la  table.  S'il  voit  la  table  obliquement,  l'orifice  de  la  cuvette  et  le  fond 
lui  paraîtront  comme  deux  ellipses  à  peu  près  semblables,  mais  non  con- 
centriques. A  ne  considérer  que  la  perspective  de  la  cuvette,  il  notera  que 
les  deux  ellipses  ne  sont  pas  concentriques;  celle  du  fond  se  trouvera,  par 
rapport  à  l'autre,  un  peu  rejelée  de  son  côté.  C'est  là  le  phénomène  de 
Wilson;  il  ne  nous  apprend,  en  effet,  qu'une  seule  chose,  c'est  que  l'objet 
est  creux;  c'est  bien  une  cuvette;  seulement  cela  ne  nous  apprend  rien  sur 
la  position  de  la  cuvette  par  rapport  à  la  table. 

»  Mais  il  y  a  là  un  moyeu  bien  simple  de  résoudre  le  problème,  c'est 
de  mesurer  sur  le  tableau  perspectif  la  distance  du  fond  de  la  cuvette  aux 
deux  bords  de  la  table.  Si  ces  distances  sont  sensiblement  égales,  la  cuvette 
centrale  est  posée  sur  la  table  et  lui  est  extérieure.  Si  la  distance  du  fond 
au  bord  voisin  de  l'observateur  est  la  plus  petite,  la  cuvette  est  insérée 
dans  la  table. 

»  Ce  calcul  a  été  fait  non  pas  une  fois,  mais  sur  des  mdiiers  d'observa- 
tions des  taches  solaires  de  M.  Carrington.  Il  a  constamment  donné  le  même 
résultat  :  la  cuvette  est  dans  la  table,  la  cavité  de  la  tache  est  dans  le  corps 
du  Soleil  ;  elle  y  est  engagée  de  toute  la  profondeur  que  le  phénomène  de 
Wilson  assigne  à  cette  cavité. 

»  Sans  doute  M.  le  D'  Reye  ignore  ce  simple  fait  qui  aurait  supprimé 
dans  son  germe  toute  sa  théorie,  car  il  n'en  parle  pas.  D'ailleurs  ces  calculs 
et  leurs  résultats  ont  été  publiés,  pour  lui,  à  l'étranger. 

»  Cependant  je  ne  puis  m'empècher  de  faire  remarquer  qu'un  astronome 
allemand  dont  le  nom  a  beaucoup  d'autorité  en  ces  matières,  et  à  qui  cette 
branche  de  la  science  doit  d'intéressants  résultats,  M.  le  D''  Peters,  direc- 
teur de  l'Observatoire  d'Hamilton  Collège,  a  publié  après  moi,  sur  ses 
propres  mesures,  les  mêmes  calculs  et  est  arrivé  au  même  résultat.  Son 
Mémoire  a  été  publié  en  1868,  dans  les  Aslronomische  Nachrkhlcu,  n"  1696; 
je  l'ai  analysé  et  discuté  dans  les  Comptes  rendus,  t.  LXYII,  p.  i85. 

»  Il  existe  un  second  moyen  que  je  n'ai  pu  employer,  parce  que  les  me- 
sures anglaises  dont  je  disposais  se  rapportaient  exclusivement  aux  noyaux 
noirs  des  taches,  c'est-à-dive  au  fond  de  la  cuvette  :  c'est  de  considérer 
l'orifice  supérieur  de  la  pénombre  ou  de  la  cuvette.  Le  P.  Secchi,  dont  les 
travaux  sont  si  justement  connus  et  appréciés  en  Allemagne,  a  observé 

MI., 


(  86o  ) 

avec  soin  le  centre  de  cet  orifice  dans  plusieurs  belles  taches,  d'une  ma- 
nière très-suivie,  avec  tous  les  raffinements  de  la  précision  moderne.  Il  a 
trouvé  que  le  centre  de  cet  orifice  ne  subissait  pas  de  déplacement  quelle 
que  fût  sa  distance  au  centre  du  Soleil.  Donc  l'orifice  supérieur  est  au  ras 
de  la  table,  je  veux  dire  de  la  photosphère,  et  non  à  900  ou  1000  milles 
allemands  au-dessus. 

»  Il  y  a  une  troisième  manière  encore  plus  simple,  c'est  de  regarder  la 
table  par  la  tranche.  Les  trombes  verticales  ascendantes  de  9  à  10  secondes 
de  saillie,  lorsqu'elles  arrivent  au  bord  même  du  Soleil,  devraient  devenir 
visibles,  que  dis-je?  éclatantes  de  lumière  pendant  les  éclipses  totales.  Or 
jamais  on  n'a  rien  vu  de  pareil  ;  pas  le  plus  léger  indice  de  cette  urne  formée 
par  des  nuages  incandescents;  tout  se  passe  au  contraire,  sauf  une  dépres- 
sion locale  de  la  chromosphère  signalée  par  M.  Rcspighi,  comme  s'il  s'agis- 
sait de  simples  cavités  entièrement  masquées  sur  les  bords  par  la  sphéricité 
du  globe  solaire. 

))  D'ailleurs,  en  temps  ordinaire,  on  voit  les  taches  disparaître  vers  les 
bords  comme  de  simjiles  trous,  sans  indication  d'un  relief  quelconque,  en 
sorte  que  Wilson,  les  Herschel,  Bode,  Arago,  tous  les  astronomes  en  un 
mot  de  tous  les  pays,  n'ont  jamais  hésité,  jusque  dans  ces  derniers  temps, 
entre  les  deux  interprétations  purement  géométriques  qu'en  Allemagne  on 
trouve  aujourd'hui  également  admissibles. 

»  Ainsi  les  longues  années  de  mesures  anglaises,  les  observations  et  les 
calculs  du  D"^  Peters,  celles  du  P.  Secchi,  le  témoignage  négatif  si  frappant 
de  toutes  les  éclipses  totales,  etc.,  tous  les  faits,  en  ini  mot,  s'accordent  à 
établir  que  les  taches  ne  sont  pas  hors  du  Soleil,  dans  son  atmosphère,  mais 
bien  dans  l'épaisseur  de  sa  masse  brillante. 

»  Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  la  discussion  ;  il  me  suffit  d'indiquer  à 
M.  le  D''  Reye  et  aux  lecteurs  de  son  savant  ouvrage,  de  simples  faits  qui 
rendent  sa  théorie  entièrement  inapplicable  au  Soleil. 

»  Si  ces  faits  bien  connus  de  tous  les  astronomes,  faits  qui  ont  si  souvent 
figuré  dans  tant  de  controverses,  ne  sont  même  pas  mentionnés  dans  certains 
livres  allemands,  où  l'on  ne  cite  que  le  phénomène  de  Wilson,  susceptible 
d'être  interprété  de  deux  manières  différentes,  je  ne  puis  l'expliquer  que  par 
l'influence  d'une  idée  préconçue.  M.  Rirchhoif,  en  Allemagne,  comme 
M.  Spencer  et  M.  Balfour  Steward,  en  Angleterre,  a  pensé  que  les  taches  ne 
pouvaient  provenir  d'une  cause  interne,  mais  seulement  du  refroidissement 
extérieur.  Cette  pensée  juste,  mais  bien  vague  dans  la  partie  affirmative, 
fut  traduite  aussitôt  dans  les  deux  pays  par  deux  hypothèses  contradic- 


(861  ) 
toires,  celle  des  nuages  formés  dans  une  vaste  atmosphère  solaire  par  le 
refroidissement  et  la  condensation  des  vapeurs  ascendantes,  et  celle  de 
courants  verticaux  formés  dans  cette  puissante  atmosphère  semblable  à  la 
nôtre,  à  laquelle  on  croyait  alors,  et  pénétrant  violemment  de  haut  en  bas 
(clown  rush)  dans  la  photosphère.  La  première  hypothèse,  celle  du  célèbre 
physicien  de  Kœnigsberg,  fut  accueillie  vivement  en  Allemagne.  Encore 
aujourd'hui,  malgré  quelques  déviations  (les  scories,  par  exemple,  de 
M.  Zœllner),  on  y  considère  les  taches  comme  des  édifices  atmosphériques, 
entièrement  extérieurs  au  Soleil;  les  faits  contraires  apparaissent  comme 
douteux  et  sont  écartés;  on  n'y  pense  même  plus. 

»  Ils  n'en  subsistent  pas  moins,  et  leur  oubli  frappe  fatalement  de  stéri- 
lité de  très-remarquables  efforts  comme  ceux  de  MM.  Zœllner  et  Reye. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  je  désire  vivement  que,  à  l'aspect  de  ces  désaccords 
et  de  ces  hypothèses  qui  surgissent  de  tous  côtés,  l'Acadéniie  n'en  vienne 
pas  à  conclure  que  la  question  du  Soleil  n'est  réellement  pas  mûre.  Loin 
de  là,  les  faits  ne  laissent  place  à  l'indétermination  que  si  on  les  envisage 
isolément,  prenant  tel  groupe  et  laissant  arbitrairement  tel  autre  de  côté. 
Dans  leur  magnifique  ensemble  actuel  ils  contiennent  la  solution  inté- 
grale du  problème;  il  suffit  de  se  laisser  guider  par  eux  pour  y  arriver  par 
le  raisonnement,  sans  hypothèse,  sans  effort  d'imagination.  » 

ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Recherches  anatomiques  sur  les  Edentés  Tardicjrades ; 
par  M.  P.  Gekvais.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Il  a  existé  dans  l'Amérique  méridionale,  à  une  époque  peu  reculée  et 
certainement  postérieure  à  la  fin  des  temps  géologiques  compris  sous  la 
dénomination  commune  de  période  tertiaire,  un  certain  nombre  d'espèces  gi- 
gantesques, appartenant  à  l'ordre  des  Edentés,  qui  étaient  pourvues  de 
dents  rappelant  celles  des  Paresseux,  soit  les  Unaus,  soit  les  Aïs.  Par  leurs 
caractères  ostéologiques,  ces  animaux  se  rattachaient  aussi,  d'une  manière 
particulière,  à  ces  deux  genres  de  mammifères  encore  actuellement  existants, 
et  les  grands  Tardigrades  sud-américains  n'avaient,  comme  les  Paresseux, 
aucun  représentant  dans  les  autres  parties  du  globe.  Les  affinités,  qui  rat- 
tachent les  uns  aux  autres  les  genres  de  ces  deux  catégories,  ont  été  re- 
connues par  Cuvier,  lorsqu'il  a  pu  étudier  des  débris  appartenant  au 
Mégathérium  et  au  Mégalonyx  et  comparer  les  particularités  ostéologiques, 
qui  distinguent  ces  deux  animaux  éteints,  à  celles  que  présentent  les  Aïs  et  les 
Unaus.  Ce  mode  de  classement,  d'abord  contesté  par  quelques  anatomistes 


(  862  ) 

qui  voulaient  réunir  les  Paresseux  au  groupe  des  Singes,  comme  l'avait  fait 
autrefois  Linné,  et  ne  placer  parmi  les  Édenlés  que  les  gr.uuls  Tardigrailes 
d'espèces  détruites,  a  fini  par  èlre  généralement  accepté.  Toutefois,  les 
grandes  espèces  dont  il  s'agit  différaient  de  celles  beaucoup  plus  petites,  qui 
existent  encore  maintenant  par  leur  manière  de  vivre.  La  masse  énorme  de 
leur  corps  en  faisait  nécessairement  des  animaux  terrestres;  les  ongles  puis- 
sants, dont  un  ou  plusieurs  de  leurs  doigts  étaient  armés,  leur  servaient  à 
fouiller  le  sol,  et  si,  dans  la  plupart  des  cas,  elles  se  nourrissaient,  comme  le 
font  les  Unauset  les  Aïs,  de  substances  végétales,  ce  dont  on  ne  peut  douter 
en  considérant  la  conformation  habituelle  de  leurs  dents,  on  doit  éga- 
lement supposer  qu'elles  se  servaient  de  leurs  ongles  pour  bouleverser  les 
grandes  fourmilières,  et  que  les  Fourmis,  ainsi  que  les  Termites,  faisaient 
partie  de  leur  alimentation  aussi  bien  que  les  substances  végétales  accu- 
mulées par  ces  insectes  ou  les  parties  succulentes  des  végétaux  que  leurs 
énormes  griffes  leur  permettaient  d'extraire  du  sol.  Cependant  le  Lestodon 
était  sans  doute  en  partie  Carnivore.  On  le  voit,  ces  gigantesques  représen- 
tants de  nos  Tardigrades,  dans  la  faune  quaternaire,  n'avaient  pas  tous  les 
mêmes  habitudes;  c'est  ce  que  l'on  ne  savu-ait  contester,  si  l'on  passe  en 
revue  les  particularités  souvent  remarquables  d'organisation  qui  les  dis- 
tinguaient les  uns  des  autres. 

»  Le  nombre  de  leurs  genres  peut  être  évalué  à  une  dizaine  environ. 
»  1.  Le  premier,  ou  le  genre  3Iécjathcrium,  présentait  cinq  paires  de  mo- 
laires supérieures  et  quatre  inférieures;  ce  qui  est  la  règle  à  peu  près  con- 
stante pour  les  Tardigrades.  Ses  dents  étaient  équidistantes  entre  elles,  à 
quatre  pans  et  relevées  à  la  couronne  par  une  paire  de  crêtes  ou  collines 
transversales  comparables  à  celles  de  certains  mammifères  essentiellement 
herbivores  et  phjUopliages,  tels  que  les  Tapirs  et  les  Kangurous.  On  doit 
supposer,  connue  on  l'a  fait  du  reste  pour  les  Dinothériums  fossiles  en 
Europe  et  dans  l'Inde,  et  aussi  pour  le  Notothérium  et  Je  Diprotodon, 
qui  sont  de  gigantesques  Marsupiaux  éteints,  particuliers  en  Australie,  que 
le  régime  du  Mégathérium  était  analogue  à  celui  de  ces  animaux.  L'humérus 
du  même  animal  manquait  de  perforation  au-dessus  du  condyle  interne; 
son  fémur  était  fort  large  et  ses  pieds  de  derrière  qui  se  distinguent  surtout 
par  la  forme  de  deux  de  leurs  os  du  tarse,  le  calcanéum  et  l'astragale,  ne 
portaient  d'ongle  qu'à  un  seul  doigt.  Il  avait  au  contraire  trois  doigts 
onguiculés  aux  pieds  de  devant, 

»  Ce  gigantesque  animal  a  été  successivement  décrit  par  différents  auteurs, 
depuis  Cuvier,  et  M.  Owen  en  a  donné  la  monograpliie  en  1861.  Le  sque- 


(  863  ) 
Ictte  de  Mcgathérium  que  je  viens  de  faire  préparer  pour  la  collection  du 
Muséum,  grâce  à  l'habile  et  utile  concours  de  M.  le  D''  Sénéchal,  nous  a 
permis,  à  M.  Sénéchal  et  à  moi,  d'ajouter  des  fails  nouveaux  à  ceux  qui 
ont  déjà  été  publiés  au  sujet  de  ce  mammifère,  faits  sur  lesquels  nous  re- 
viendrons dans  un  travail  actuellement  en  préparalion. 

»  2.  On  trouve  une  disposition  peu  différente  de  celle  qui  caractérise 
le  système  dentaire  du  Mégathériuni  dans  le  genre  Cœlodon,  découvert  au 
Brésil  par  M.  Lund.  Ce  genre  est  encore  peu  connu.  J'ai  pu  en  étudier  le 
squelette  dans  le  musée  de  Copenhague  et  recueillir  à  son  égard  quelques 
indications  utiles  pour  la  science.  Les  dents  du  Cœlodon  sont  au  nombre 
de  qnatre  paires  à  la  mâchoire  supérieure  et  de  trois  seulement  à  l'infé- 
rieure, formule  que  je  retrouve  sur  un  des  crânes  de  Mégathérium  que 
possède  le  Muséum. 

»  3.  Le  Lestodon  est  un  autre  Tardigrade  gigantesque  que  j'ai,  le  premier, 
distingué  du  reste  des  animaux  de  cet  ordre.  Il  joignait  à  certaines  dispo- 
sitions ostéologiques,  rappelant  le  Mégathérium  et  leCoelodon,  des  carac- 
tères qui  ne  se  retrouvent  que  chez  le  Mylodon,  dont  je  parlerai  tout  à 
l'heure;  mais  ce  c|ui  le  distingue  surtout,  c'est  l'apparence  caniniforme  de 
la  première  paire  de  ses  dents  supérieures  et  inférieures,  qui  rappellent 
par  leur  écarlement  et  par  leur  forme  les  canines  des  Unaust  En  outre,  le 
bord  mentonnier  était  large  et  aplati.  On  possède  des  fragments  de  la  léte 
du  Lestodon,  son  membre  postérieur  à  peu  près  entier  et  quelcjues  autres 
pièces  encore,  dont  j'ai  commencé  à  publier  des  descriptions  accompa- 
gnées de  figures.  Le  fémur  mesurait  0,74  de  longueur  totale;  mais,  s'il  était 
plus  long  que  celui  du  Mégathérium,  il  était  en  même  temps  moins  large. 

M  La  collection  du  Muséum  paraît  être,  jusqu'à  présent,  la  seule  dans 
laquelle  on  voit  des  portions  du  squelette  de  ce  singulier  animal. 

»  4.  Le  genre  Mégalonyx  avait  aussi  la  première  paire  de  dents  écartée 
des  autres,  mais  avec  une  forme  de  ces  dents  rappelant  les  incisives  des 
Rongeurs.  Le  squelette  de  cet  Edeuté  n'a  été  connu  de  Cuvier  qu'en  partie; 
mais  M.  Leicly  l'a  décrit  plus  récemment  dans  la  plupart  de  ses  pièces.  On 
rencontre  des  débris  de  Mégalonyx  dans  l'Amérique  méridionale  aussi 
bien  que  dans  les  États-Unis,  où  ils  ont  été  découverts  par  Jefferson,  et 
pour  chacune  de  ces  grandes  régions  l'espèce  est  différente.  Un  maxillaire 
inférieur  indiquant  aussi  le  genre  Mégalonyx  a  été  également  recueilli  dans 
l'île  de  Cuba;  quoiqu'on  en  ait  fait  un  genre  distinct,  sous  les  noms  de 
Mégalochmis  et  de  Mjoinorpluts,  ce  fossile  doit  être  certainement  attribué  à 
un  véritable  Mégalonyx. 

»  5.  Si  de  ce  genre  nous  passons  à  celui  des  Mytodons,  nous  trouvons 


(  864  ) 
d'autres  particularités  faciles  à  saisir,  et  cela  dans  les  squelettes  aussi  bien 
que  dans  le  système  dentaire.  Certains  os  du  pied  ont  une  forme  tout  autre 
que  dans  les  genres  précédents,  et  la  première  paire  de  dents,  tout  en  res- 
tant écartée,  soit  à  la  mâchoire  supérieure,  soit  à  la  mâchoire  inférieure, 
l'est  beaucoup  moins  que  chez  les  Lestodons  ou  les  Mégalonyx.  Son  fût  ne 
ressemble  d'ailleurs  ni  à  la  canine  des  premiers  ni  à  la  dent  incisiforme 
des  seconds. 

»  Il  en  est  des  Mylodons  comme  des  Mégalonyx  ;  ces  animaux  ont  existé 
dans  les  deux  Amériques. 

»  6.  Vient  ensuite  le  genre  Scélidolhérium,  plus  semblable  aux  Pares- 
seux Aïs  par  la  forme  de  ses  dents  antérieures  qu'aux  Unaus,  et  dont  le 
squelette  est  aussi  très-facile  à  distinguer  dans  plusieurs  de  ses  parties  de 
celui  des  cinq  genres  dont  il  a  été  question  jusqu'ici. 

»  7.  Ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  grands  Tardigrades  dont  les  dépôts  su- 
perficiels et  les  cavernes  à  ossements  de  l'Amérique  aient  conservé  les  dé- 
bris. M.  Lund,  à  qui  l'on  doit  tant  de  belles  découvertesau  sujet  des  fossiles 
de  ce  continent,  et  qui  a  décrit  les  Scélidothériums  sous  le  nom  de  Platjo- 
n/x,  en  même  temps  que  M.  Owen  les  faisait  connaître  sous  la  dénomina- 
tion qui  a  été  conservée,  parle  d'une  septième  forme  d'animaux  du  même 
ordre  qu'd  appelle  Sphenodon.  Ces  Sphénodons  n'auraient,  suivant  M.  Lund, 
que  quatre  paires  de  molaires  à  chaque  mâchoire,  tandis  que  nous  avons 
vu  que  les  autres  Tardigrades,  sauf  cependant  le  Cœlodon,  en  avaient  cinq 
en  haut  et  quatre  en  bas,  ce  qui  est  aussi  le  cas  des  Paresseux  Unaus  et 
celui  des  Aïs,  du  moins  après  leur  naissance. 

))  8.  On  doit  regarder  comme  indiquant  un  huitième  genre  une  denl 
encore  implantée  sur  la  partie  antéro-externe  d'un  maxillaire  inférieur; 
par  la  forme  en  pyramide  de  sa  couronne,  elle  nous  signale  un  animal 
non  encore  décrit  et  voisin  des  Lestodons  dont  il  différait  cependant  d'une 
manière  certaine.  Cette  dent  a  été  trouvée  dans  la  Confédération  Argentine 
par  M.  Seguin;  elle  n'a  encore  été  ni  décrite,  ni  figurée.  Le  grand  Édenté 
qu'elle  nous  signale  devait  dépasser  le  Lestodon  en  dimensions  ou  tout  au 
moins  l'égaler. 

))  9.  Les  os  du  pied,  plus  particulièrement  le  calcanéum  et  l'astragale, 
présentent  chez  les  Tardigrades  des  différences  de  forme  qui  peuvent  être 
utilement  employées  dans  la  diagnose  des  divers  genres  de  cet  ordre.  Un 
calcanéum  rapporté  du  Brésil  par  M.  Claussen,  avec  des  restes  du  Scéli- 
dothérium  et  de  plusieurs  autres  animaux  éteints,  et  déposé  avec  eux  dans 
notre  collection  publique,  permet  de  conclure  à  l'ancienne  existence  dans 
l'Amérique  méridionale  d'un  neuvième  genre  dont  l'espèce  type  n'est  encore 


(  865  ) 
connue  que  par  cette  seule  partie.  Les  caractères  du  calcanéum  auquel  je 
fais  allusion  ne  laissent  à  cet  égard  aucun  doute.  Ce  Tardigrade  inconnu 
était  aussi  un  animal  de  grande  taille;  il  égalait,  sous  ce  rapport,  le  Scélido- 
thérium  et  dépassait  le  Mégalonyx  de  Jefferson.  Je  publierai  aussi  la  des- 
cription et  les  figures  de  la  pièce  unique  sur  laquelle  celte  démonstration 
repose  encore. 

»  On  peut  dés  à  présent  soupçonner  l'ancienne  existence  en  Amérique 
d'animaux  encore  différents  de  ceux-là  par  le  genre,  mais  appartenant  de 
même  aux  Tardigrades. 

»  Les  Édentés,  dont  les  Tardigrades  constituent  une  section  importante, 
forment  parmi  les  mammifères  une  division  primordiale  qui  devrait  être 
regardée  comme  une  sous-classe  de  ces  animaux  plutôt  que  comme  un 
ordre  comparable  à  ceux  des  Singes,  des  Carnivores,  des  Chéiroptères  ou 
des  Rongeurs.  C'est  pourquoi  nous  faisons  des  Tardigrades  un  ordre  à  part. 

»  Malgré  l'apparence  d'uniformité  que  présentent  leurs  dents,  toujours 
à  une  seule  racine  et  à  peu  près  semblables  entre  elles  pour  chaque  espèce, 
ce  qui  m'a  conduit  à  donner  aux  Édentés  la  dénomination  d'Homodontes, 
on  remarque  certaines  particularités  de  ces  organes  qui,  pour  être  passa- 
gères, n'en  sont  pas  moins  dignes  d'être  prises  en  considération  dans  la 
diagnose  des  différents  ordres  dont  cette  sous- classe  se  compose.  C'est 
ainsi  que  j'ai  signalé  chez  les  Fourmiliers  du  genre  Myrmidon,  ou  Four- 
miliers didaclyles,  des  apparences  d'alvéoles  existant  dans  le  très-jeune  âge 
et  qui  tendent  à  faire  penser  que  ces  animaux,  bien  que  dépourvus  de 
dents  pendant  la  plus  grande  partie  de  leur  vie,  en  possèdent  peut-être  des 
rudiments  vers  l'époque  de  la  naissance,  ce  qui  établirait  un  nouveau  rap- 
port entre  eux  et  les  Tardigrades. 

»  J'ai  reconnu,  d'autre  part,  la  présence  chez  le  Tatou  Cachicame  de 
véritables  dents  de  lait,  ce  qui  n'avait  pas  encore  été  signalé.  Cette  obser- 
vation, dont  l'exactitude  a  été  contestée,  a  été  vérifiée  par  le  savant  pro- 
fesseur d'Anatomie  comparée  du  Collège  des  Chirurgiens  de  Londres, 
M.  Flower. 

M  Une  remarque  que  j'ai  également  eu  l'occasion  de  faire  récemment  a 
trait  à  l'un  des  deux  genres  actuels  de  Tardigrades,  celui  des  Paresseux 
Aïs.  La  formule  dentaire  de  ces  Édentés,  telle  qu'on  l'a  jusqu'à  présent 
établie,  n'est  pas  exacte,  et,  comme  cela  a  lieu  pour  beaucoup  d'autres 
animaux  de  la  classe  des  mammifères,  il  faudra  tenir  compte  ici  des  modi- 
fications que  la  succession  des  âges  apporte  dans  le  nombre  de  dents.  Au 

G.  R.,  1873,  a«  Semeitre.  (T.  LXXV1I,^<>  16.)  '12 


(  866  ) 
lieu  de  cinq  paires  de  dents  supérieures  et  de  quatre  inférieures  seule- 
ment, l'Ai  en  présente  cinq  paires  à  chaque  mâchoire;  c'est  ce  que  j'ai 
constaté  par  l'examen  d'un  foetus  à  terme  appartenant  à  ]'es])èce  ou  variété 
à  front  jaune.  Il  avait  déjà  toutes  ses  dents  apparentes  et  présentait,  en 
avant  de  la  paire  de  dents  inférieures  qui  répond  aux  canines  des  Unaus, 
une  petite  dent  supplémentaire,  ce  qui  portait  à  cinq,  au  lieu  de  quatre, 
le  nombre  des  paires  dentaires  propres  à  cette  mâchoire.  Il  est  évident  que, 
si  la  première  paire  de  dents  inférieures  persistant  chez  les  Aïs  doit  être 
regardée  comme  une  canine,  à  cause  de  la  forme  que  prend  la  même  paire 
de  ces  organes  chez  plusieurs  genres  de  Tardigrades,  particulièrement  chez 
l'Unau,  cette  paire  surnuméraire  et  caduque  ne  peut  être  décrite  que 
comme  étant  une  incisive;  ce  qui  devra  faire  modifier  la  caractéristique 
que  l'on  a  jusqu'à  présent  donnée  des  Édentés  de  cet  ordre. 

»  Les  Tardigrades  constituent  néanmoins  un  groupe  très-naturel.  Ce 
groupe  reçoit,  comme  on  l'a  vu  par  les  faits  exposés  dans  ce  résumé,  une 
extension  considérable  de  l'adjonction  des  genres  éteints  à  ceux  qui  vivent 
encore  de  nos  jours,  et  il  est  digne  de  remarque  que  les  espèces  de  ces  genres 
anéantis  atteignaient  toutes  des  dimensions  considérables.  C'est  aussi  ce 
qui  a  été  observé  pour  la  plupart  des  espèces  propres  aux  faunes  quater- 
naires de  l'Europe  tempérée  et  des  régions  arctiques,  ainsi  que  pour  celles 
de  l'Australie,  etc.,  qui  ont  disparu  les  premières.  Il  en  est  également  ainsi 
pour  le  Toxodon,  le  Macrauchénia,  le  Typothérium,  le  Chiamydothérium, 
les  Glyptodons  des  divers  genres  et  d'autres  encore  qui  ont  été  contem- 
porains des  Tardigrades  dans  les  régions  intertropicales  du  continent  amé- 
ricain. 

»  Dans  un  nouveau  Mémoire,  que  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  pro- 
chainement à  l'Académie,  je  discuterai  les  caractères  principaux  de  ces 
différents  genres,  et  j'essayerai  de  déterminer  leurs  affinités  naturelles  en 
me  fondant  sur  les  observations  que  j'ai  pu  récemment  faire  à  leur  égard.  « 

BOTANIQUE.  —  Note  accompagnant  la  présentation  du  dernier  volume  du 
Prodromus  systematis   naturalis  regni  vcgetabilis;  par  M.   Alph. 

DE    CaNDOLLE. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  dix-septième  et  dernier 
volume  du  Prodromus  syslcnintis  nntiirnlis  recpn  l'cgetabilis^  ouvrage  com- 
mencé, il  y  a  cinquante-deux  ans,  par  mon  père  et  continué  par  moi-même, 
avec  l'aide  de  plusieurs  collaborateurs.  Ayant  eu  l'avantage  de  compter 


(  867  ) 
dans  le  nombre  de  ceux-ci  l'un  de  mes  fils  (i),  on  voit  que  cette  œuvre 
considérable  a  occupé  trois  générations  de  botanistes,  en  particulier,  dans 
ma  famille. 

»  li'idée  primitive  d'Augustin  Pyramus  de  Candolle  avait  été  d'offrir 
une  énumération  rapide  et  succincte  de  toutes  les  espèces  du  règne  végétal, 
d'après  les  principes  de  la  méthode  naturelle.  Les  deux  premiers  volumes 
ont  été  effectivement  un  abrégé  de  l'ouvrage  antérieur  de  mon  père  intitulé 
Systema,  avec  une  continuation  également  très-succincte;  mais,  à  partir  du 
troisième  volume,  l'auteur  jugea  convenable  de  donner  plus  de  détails  sur 
chaque  espèce,  en  particulier  sur  les  espèces  nouvelles  qui  abondaient 
alors  dans  les  herbiers.  1!  continua  ainsi  jusqu'au  septième  volume,  tra- 
vaillant à  peu  près  seul.  Son  dernier  effort  fut  la  révision  de  l'immense 
famille  des  Composées,  qu'il  parvint  à  terminer  après  une  grave  maladie  et 
bien  peu  de  temps  avant  sa  mort,  survenue  en  1841.  De  simple  collaborateur, 
je  devins  alors  directeur  de  l'entreprise.  Plusieurs  botanistes  de  nos  amis 
s'étaient  engagés  à  travailler  spécialement  certaines  familles.  J'augmentai 
le  nombre  de  ces  collaborateurs  et  leur  donnai  l'exemple,  dans  mes  propres 
articles,  de  développer,  autant  que  la  science  l'exigeait,  les  caractères,  la 
synonymie  et  la  citation  des  localités.  De  cette  manière  le  Prodromus  a  été 
dans  les  dix  derniers  volumes,  plus  que  dans  les  précédents,  une  véritable 
série  de  monographies,  et  la  plus  grande  assurément  qui  existe  en  Bota- 
nique, peut-être  même  en  Histoire  naturelle,  car  elle  traite  de  214  familles, 
comprenant  5i34  genres  et  58975  espèces. 

))  Trente-cinq  auteurs  y  ont  travaillé  ;  j'ai  publié  leurs  noms,  avec  l'in- 
dication de  la  part  de  chacun  d'eux,  dans  un  article  final  de  l'ouvrage  (2) 
dont  MM.  les  membres  de  l'Académie  ont  des  exemplaires  sous  les  yeux. 
Le  fondateur  du  Prodromus  en  a  rédigé  lui-même  le  tiers;  MM.  Bentham, 
président  de  la  Société  linnéenne  de  Londres,  Meissner,  professeur  à  Bâle,  . 
Dunal,  autrefois  professeur  à  Montpellier,  Millier  (  d'Argovie),  conservateur 
de  mon  herbier,  et  moi-même,  avons  fait  un  autre  tiers;  enfin  vingt-neuf 
autres  botanistes,  parmi  lesquels  j'ai  eu  le  plaisir  de  compter  trois  des 
membres  de  l'Académie,  MM.  Decaisne,  Moquin-Tandon  et  Duchartre,  ont 
écrit  le  troisième  tiers,  les  uns  contribuant  pour  un  demi-volume  et  d'autres 
pour  quelques  pages  seulement. 

»  Nous  avons  poursuivi  notre  travail  jusqu'à  la  fin  de  la  classe  princi- 

(i)  M.  Casimir  de  Candolle. 

(1)  Prodromi  historia,  numeri,  conctusio,  vol.  XVII,  p.  3o3 

I  la.. 


(  868  ) 

pale,  celle  des  Dicotylédones,  arrivant  ainsi  à  joindre  l'cnumération  des 
IMonocotylédones  faite  par  Kunth.  A  mesure  que  nous  avancions,  les  dif- 
ficultés allaient  en  augmentant;  car,  d'année  en  année,  il  faut,  dans  un 
travail  monographique,  examiner  plus  d'échantillons,  plus  d'espèces,  plus 
d'ouvrages,  et  il  est  nécessaire  surtout  de  constater  des  caractères  plus  nom- 
breux et  plus  minutieux  auxquels  on  ne  pensait  pas  autrefois.  Dans  les  dé- 
buts de  notre  long  travail,  un  botaniste  actif,  ayant  autour  de  lui  les  livres 
et  les  plantes,  pouvait  décrire,  selon  les  usages  de  l'époque,  environ  un 
millier  d'espèces  par  année  ;  aujourd'hui,  avec  le  même  degré  d'activité,  il 
ne  pourrait  en  décrire  que  3oo  ou  /(oo.  La  direction  d'une  œuvre  collec- 
tive est  aussi  devenue  plus  difficile.  En  augmentant  le  nombre  de  mes  col- 
laborateurs, j'ai  été  obligé  de  m'adresser  à  des  botanistes  dont  je  connais- 
sais assurément  le  mérite  scientifique  ,  mais  qui  n'éiaient  pas  toujours  dans 
les  conditions  nécessaires  pour  un  travail  rapide  et  complet.  Je  pouvais 
bien  communiquer  de  riches  matériaux  et  les  notes  que  nous  avons  prises, 
mon  père  et  moi,  pendant  soixante  ans,  sans  aucune  inteiruption,  sur 
tous  les  livres  et  tous  les  journaux  publiés  en  Botanique  ;  mais  il  manquait 
souvent  à  nos  amis  la  faculté  de  comparer  les  livres  eux-mêmes  avec  les 
échantillons.  Le  nombre  des  villes  dans  lesquelles  on  peut  écrire,  sans  trop 
de  retards,  une  monographie  botanique  est  bien  plus  limité  qu'on  ne 
le  pense.  Il  n'y  en  a  peut-être  pas  plus  de  huit  ou  dix  dans  le  monde.  Celte 
circonstance  et  plusieurs  autres,  qu'il  est  inutile  de  mentionner,  ont  en- 
traîné pour  le  Prndronnis  des  complications  et  des  délais  d'une  gravité  crois- 
sante, qui  m'ont  obligé,  en  définitive,  à  terminer  avec  la  classe  des  Dico- 
tylédones. 

»  Je  ne  voudrais  pas  énoncer  ime  opinion  sur  le  Prodromus  si  j'en  étais 
le  seul  auteur  ;  mais,  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  volumes  rédigés  par 
des  botanistes  éminents,  je  ne  puis  éviter  de  faire  allusion  aux  résultats 
principaux  de  cet  ouvrage.  Il  a  servi  de  base  pour  une  infinité  d'autres 
travaux,  en  particulier  pour  les  flores.  11  a  contribué  puissamment  à  intro- 
duire les  principes  de  la  méthode  naturelle,  surtout  dans  la  division  des 
familles,  des  genres  et  des  espèces,  ainsi  que  les  vrais  principes  de  la 
nomenclature,  en  |iarticulier  celui  de  la  loi  de  priorité.  Nous  avons  été  con- 
servateurs, quant  aux  notions  du  genre  et  de  l'espèce,  telles  que  Tourne- 
fort  et  JJnné  les  avaient  admises,  et  novateurs  dans  l'introduction  de  plu- 
sieurs caractères  dignes  d'être  examinés  et  dans  certains  détails  qui  donnent 
aux  descriptions  plus  de  précision  et  de  clarté.  Le  nombre  des  genres  nou- 
veaux et  des  espèces  nouvelles  qu'd  nous  a  été  possible  de  publier,  grâce 


(  869) 
aux  découvertes  des  voyageurs,  a  été  extraordinaire.  Il  s'élève  à  657  genres 
et  1 1790  espèces.  Le  chiffre  des  Dicotylédones  contenues  dans  la  deuxième 
édition  du  S/jecics  plantaruin  de  Linné  est  de  5727.  Nous  en  avons  dix  fois 
plus  dans  le  Prodrome,  et  le  nombre  de  nos  espèces  nouvelles  est,  à  lui  seul, 
double  du  nombre  total  des  espèces  connues  du  temps  de  Linné.  Chacun  de 
nos  volumes  a  ajouté,  en  moyenne,  25  pour  100  aux  espèces  qui  étaient  plus 
ou  moins  connues  auparavant.  D'un  autre  côté,  le  Prodrnmits  a  rejeté  dans 
la  synonymie  une  foule  de  genres  proposés  trop  légèrement  et  surtout  d'es- 
pèces qui  ne  reposaient  pas  sur  des  caractères  suffisants  ou  qui  formaient 
double  emploi.  C'est  là  un  travail  de  déblaiement  que  les  monographes 
seuls  peuvent  accomplir  d'une  manière  uniforme  et  satisfaisante  et,  à  mon 
avis,  c'est  un  service  essentiel  qu'ils  rendent  à  la  Science. 

»  Le  XVIP  volume  se  compose  de  plusieurs  familles  dont  la  place  était 
naguère  douteuse  ou  l'est  encore  dans  l'ordre  naturel,  et  de  quelques  antres 
qui  avaient  été  ajournées  sur  la  demande  des  auteurs.  Indépendamment  de 
divers  petits  groupes  que  j'ai  décrits  au  commencement,  je  signalerai  :  les 
Phytocrénées,  par  M.  Bâillon;  les  Podostémacées,  par  M.  Weddell;  les 
Lennoacées,  par  le  comte  de  Solms  ;les  Népenthacéesel  les  Cytiriées,  par  le 
D'Hooker;  lesBalanophorées,  par  le  D'Eichler;  les  Ulmacées,  par  M.  Plan- 
chon  aîné,  de  Montpellier;  et  les  Moracées,  par  M.  Edouard  Bureau. 

»  Le  dernier  volume  présente  ainsi  au  plus  haut  degré  le  caractère  cos- 
mopolite de  l'ouvrage,  sur  lequel  j'ai  insisté  dans  le  chapitre  intitulé  Pro- 
dromi  liisloria,  etc.  Puisque  nous  avions  à  parler,  dans  un  travail  purement 
scientifique,  des  plantes  de  toutes  les  régions,  des  récoltes  faites  parles 
voyageurs  de  tous  les  pays  et  d'herbiers  dispersés  dans  plusieurs  capitales, 
nous  étions  conduits  tout  naturellement  à  ne  revêtir  aucun  caractère  local 
ou  exclusif.  Nous  avons  employé  la  langue  latine,  si  admirablement  adaptée 
à  la  Botanique  descriptive  par  Linné,  et  nous  avons  choisi  nos  collabora- 
teurs dans  des  conditions  très-variées.  En  fait,  ils  se  sont  trouvés  apparte- 
nir à  huit  nationalités  différentes,  et  étaient  dispersés  de  Florence  à  Lon- 
dres, et  de  Montpellier  à  Stockholm  ou  Saint-Pétersbourg.  De  là  certaines 
difficultés  d'exécution  sans  doute,  mais  aussi  un  accroissement  général  de 
bienveillance  chez  les  botanistes  voyageurs  ou  sédentaires,  et  surtout  un 
gage  de  l'impartialité  absolue  qui  s'impose  dans  toutes  les  sciences  et  dont 
les  naturalistes  sentent  particulièrement  la  valeur.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  adresse 
à  M.  de  Candolle  les  remercîments  de  l'Académie.  Elle  reçoit  avec  recon- 
naissance le  dernier  volume  de  l'œuvre  commencée,  il  y  a  plus  d'un  demi- 


(  870  ) 

siècle,  par  son  illustre  père,  l'un  de  nos  Associés  étrangers  par  le  titre; 
mais,  en  réalité,  par  sa  longue  collaboration  avec  les  anciens  Membres  de 
l'Académie,  l'un  de  nos  Confrères  les  [jIus  intimes,  l'un  de  ceux  qui  ont 
laissé  parmi  nous  la  mémoire  la  plus  vénérée  et  la  plus  sympathique. 

»  Le  Prodromiis  est  inie  œuvre  unique,  digne  de  servir  de  modèle  à 
toute  entreprise  ayant  pour  objet  le  classement  des  êtres  et  la  description 
des  espèces.  Son  exécution,  poursuivie  dans  la  même  famille  par  trois  gé- 
nérations, avec  le  respect  de  la  tradition,  la  persévérance  dans  la  méthode, 
le  choix  attentif  des  formules  nouvelles  et  le  concours  dévoué  de  tous  les 
talents  contemporains,  offre  un  de  ces  rares  exemples  de  force  morale  que 
la  Botanique  semble  avoir  le  privilège  d'inspirer  et  qui  rappelle  la  collabo- 
ration non  interrompue  des  Jussieu  dans  la  création  du  Gênera  Planlarum. 

»  Modeste  témoin  des  grands  préparatifs  faits  par  de  Candolie,  qui  vou- 
lait bien  me  permettre  de  travailler  près  de  lui,  dans  son  herbier  et  dans 
son  admirable  bibliothèque,  il  y  a  cinquante-quatre  ans,  je  dois  à  cette  cir- 
constance, qui  m'est  toujours  restée  précieuse  et  chère,  l'honneur  que  me 
fait  M.  le  Président,  en  me  chargeant  d'adresser,  en  ce  moment,  à  son  fils, 
notre  Confrère,  pour  lui-même  et  pour  sou  propre  fils,  troisième  du  nom, 
les  félicitations  de  l'Académie.   » 

M.  E.  CossoN  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  Note  sur  la  géographie 
botanique  du  Maroc,  qu'il  vient  de  publier  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
botanique  de  France. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  sa  qualité  de  Président  de  la  Commission 
du  Phylloxéra,  rend  compte  à  l'Académie  de  l'état  des  travaux  de  la  Com- 
mission, et  analyse  quelques  pièces  reçues  par  elle  ou  par  l'Académie  de- 
puis sa  dernière  séance  : 

M.  Lecoq  de  Boisbaudran  fait  connaître  le  fâcheux  effet  produit  sur  les 
vignes  qui  ont  été  soumises,  dans  la  Charente,  à  l'action  du  sulfure  de 
carbone. 

M.  H.  Mares,  dans  une  longue  Lettre  personnelle  adressée  à  M.  le  Secré- 
taire perpétuel,  parmi  d'autres  observations  qui  feront  l'objet  d'un  Mémoire 
spécial,  signale,  connue  ayant  jusqu'à  présent  offert  les  chances  de  snc- 
cès  les  moins  problématiques,  l'emploi  des  fumures  énergiques  associé 
à  celui  des  sulfures  solubles.  Il  se  dispose  à  essayer,  avec  tous  les  soins 
nécessaires,  le  sulfkydrate  d'ammoniaque ,  recommandé  par  M.  Dnmas, 
comme  ayant  le  double  caractère  d'un  agent  vénéneux  pour  le  Phylloxéra 


(  87Î  ) 
et  d'un  aliment  efficace  pour  la  vigne.  M.  Dumas  pense  qu'on  peut  pro- 
duire ce  composé,  soit  au  moyen  du  sulfate  de  soude  converti  en  sul- 
fure de  sodium  par  le  charbon  et  mêlé  au  sulfate  d'ammoniaque,  équiva- 
lent à  équivalent,  au  moment  de  s'en  servir,  soit  au  moyen  d'un  mélange 
de  polysulfure  de  calcium  et  de  sulfate  d'ammoniaque. 

M.  le  capitaine  Bertrand,  dans  une  Lettre  transmise  par  M.  Peyrat, 
signale,  comme  spécialement  opportune  pour  tous  les  traitements  destruc- 
teurs du  Phylloxéra,  la  seconde  année  de  son  invasion.  D'après  l'auteur, 
la  maladie  présenterait  tiois  périodes  distinctes.  La  première  année, 
malgré  la  présence  du  Phylloxéra  sur  les  racines,  la  vigne  conserve 
son  aspect  et  le  mal  est  le  plus  souvent  ignoré.  La  seconde  année,  les 
pousses  et  les  fruits  viennent  conune  d'ordinaire;  mais,  pendant  les  mois 
de  juillet,  août  et  septembre,  les  feuilles  jaunissent  subitement,  et,  si  le 
raisin  n'est  pas  mùr,  il  se  flétrit.  La  troisième  année,  les  sarments  n'ont 
que  i5  à  20  centimètres,  et  la  petite  quantité  de  raisin  qui  apparaît  périt, 
avec  la  vigne,  pendant  l'été;  le  Phylloxéra  a  d'ailleurs  abandonné  déjà  les 
ceps,  pour  se  porter  sur  des  vignes  saines  :  c'est  donc  la  seconde  année 
qu'il  convient  de  saisir,  pour  attaquer  et  détruire  l'insecte. 

M.  Max.  Cornu,  délégué  de  l'Académie,  lui  adresse  une  série  d'obser- 
vations relatives  aux  galles  produites  par  le  Phylloxéra  sur  les  vrilles  et  les 
pétioles  de  la  vigne  américaine,  Clinton.  On  trouvera  la  Note  plus  loin. 

M.  Batbiani,  délégué  de  l'Académie,  a  présenté  à  la  Commission  du 
Phylloxéra  un  Mémoire  très-important,  qu'on  trouvera  plus  loin  aussi,  sur 
le  mode  de  reproduction  du  Phylloxéra  du  chêne,  dans  lequel  il  assigne  son 
rôle  au  Phylloxéra  d'automne,  aptère  ou  ailé,  et  où  il  montre  que  c'est  lui 
qui  produit  des  individus  sexués  dont  l'accouplement  donne  naissance  aux 
femelles  destinées  à  se  multiplier  ensuite,  à  l'infini,  par  la  parthénogenèse. 

Enfin  M.  Planchon.,  Correspondant  de  l'Académie,  de  retour  du  voyage 
qu'il  vient  d'effectuer  en  Amérique  pour  l'étude  du  Phylloxéra,  fait  con- 
naître à  la  Commission  et  à  l'Académie,  entre  autres  fruits  de  sa  mission, 
trois  observations  importantes  :  1°  la  certitude  tout  à  fait  acquise  que  le 
Phylloxéra  américain  et  celui  qui  détruit  nos  vignes  sont  absolument  iden- 
tiques ;  2°  la  certitude  que  certaines  variétés  de  vignes  américaines  résistent 
aux  attaques  du  Phylloxéra;  3"  enfin  l'existence  d'un  acarus  qui  poursuit 
le  Phylloxéra  jusque  dans  les  profondeurs  du  sol,  qui  l'attaque,  s'en  nour- 
rit et  le  détruit.  M.  Planchon  rapporte  de  nombreux  spécimens  de  cet 
acarus,  dont  l'acclimatation  pourra  donner  des  résultats  importants. 


(  872  ) 

La  Commission  du  Phylloxéra  n'a  donc  qu'à  se  féliciter  d'avoir  per- 
sévéré dans  la  marche  logique  et  mesurée  qu'elle  avait  adoptée,  et  d'avoir 
maintenu  dans  une  direction  scientifique  les  travaux  de  ses  délégués,  avant 
d'aborder  les  études  pratiques  qui  l'occuperont  l'année  prochaine. 

aiÉMOIRES  LUS. 

NAVIGATION.  —  Recherche  d\me  méthode  facile  pour  mesurer  la  capacité 
des  navires.  Mémoire  de  M.  d'Avout.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Paris,  Jurien  de  la  Graviers,  Dupuy  de  Lôme.) 

«  La  recherche  du  volume  intérieur  d'un  navire,  autrement  dit  de  sa 
capacité,  se  réduit  au  calcul  d'une  intégrale  triple,  prise  entre  des  limites 
données.  Le  calcul  exact  serait  impraticable  et  il  est  nécessaire  de  recourir 
aux  méthodes  d'approximation  ;  celle  que  nous  avons  employée  permet 
de  calculer  celte  capacité  par  des  formules  qui  ne  contiennent  que  des 
mesures  faciles  à  prendre,  même  sur  des  navires  chargés. 

»  Nous  appellerons  axe  du  navire  la  droite  menée  sur  le  pont  de  l'avant 
à  l'arrière  et  partageant  le  navire  en  deux  parties  égales  et  symétriques.  Par 
cet  axe,  concevons  un  plan  normal  à  la  surface  du  pont;  l'intersection  de 
ce  plan  avec  la  surface  intérieure  sera  dite  ligne  de  fond.  Cette  ligne  sera 
composée  de  deux  parties  courbes  à  l'avant  et  à  l'arrière  et  séparées  par 
une  partie  droite  à  la  carlingue.  Nous  supposerons  la  surface  intérieure  du 
navire  décrite  par  une  courbe  plane,  qui  se  meut  dans  un  plan  perpendi- 
cidaire  à  l'axe,  en  s'appuyant  à  la  fois  sur  la  ligne  de  fond  et  sur  la  trace 
des  bastingages  sur  le  pont,  et  en  changeant  de  grandeur  sans  changer 
d'espèce.  Le  navire  étant  divisé  en  deux  parties  égales  par  un  plan  verti- 
cal mené  par  l'axe,  nous  considérerons  seulement  la  partie  antérieure,  dont 
le  volume  devra  conséquemment  être  doublé. 

»  Pour  simplifier,  nous  désignerons  par  A  l'extrémité  de  l'axe  à  l'avant, 
par  B  son  extrémité  à  l'arrière  ;  nous  concevrons,  par  les  deux  extrémités 
de  la  carlingue,  deux  verticales  qui  rencontreront  l'axe  en  O,  du  côté  de 
l'avant,  et  en  O'  du  côté  de  l'arrière.  Le  point  O  désignera  le  point  de 
l'axe  qui  répond  à  la  plus  grande  largeur  du  navire  ou  à  son  maître 
couple.  Cela  posé,  par  les  points  O,,  O,  O'  nous  mènerons  trois  plans  per- 
pendiculaires à  l'axe,  qui  diviseront  le  volume  en  trois  parties  :  v  sera  le 
volume  vers  l'avant;  V  le  volume  de  O,  en  O  ;  V  le  volume  de  O  en  O'; 


(873) 
v'  le  volume  de  O'  en  B,  Si  C  désigne  la  capacité  totale,  nous  aurons 

C=  2((^  + V  + V'+^''). 

»  Nous  aurons  à  considérer  trois  genres  de  courbes  :  i°  i;i  courbe  inter- 
section de  la  surface  du  navire  par  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe;  2°  les 
deux  parties  de  la  ligne  de  fond  vers  l'avant  et  vers  l'arrière  ;  3"  la  courbe 
trace  des  bastingages  sur  le  pont. 

Premier  genre  de  courbe.  —  Menons,  par  un  point  quelconque  de  Taxe,  tm 
plan  perpendiculaire  à  cet  axe;  ce  point  sera  le  centre  des  coordonnées  de 
la  courbe  obtenue  ;  ces  coordonnées  seront  j^'  dans  le  sens  horizontal  et  z' 
dans  le  sens  vertical  ;  /  sera  la  demi-largeur  du  navire  sur  le  pont  et  z  le 
creux  du  navire  répondant  au  point  de  l'axe  considéré. 

»   Nous  prenons,  pour  l'équation  de  la  courbe, 


,  g.,  TTC 

y'  =  jeP~  cos-^; 


p  est  un  paramètre  qui  se  déterminera  de  la  manière  suivante  : 

»  IjCS  courbes  que  nous  considérons  ont,  en  général,  à  une  certaine  dis- 
tance, sous  le  pont,  un  renflement  qui  répond  à  un  maximum  de  j'  ;  soit 
z'^  l'autre  coordonnée  répondant  à  ce  maximum  ;  nous  supposerons,  pour 

toutes  les  sections  d'un  même  navire,  le  rapport  ^  constant  et  nous  le  dé- 

signerons  par  m;  ce  nombre  sera  donc  donné  pour  chaque  navire.  Cette 
hypothèse  se  rapproche  de  la  réalité  ;  en  effet,  d'abord  elle  est  exacte  pour 
toute  la  partie  du  navire  répondant  à  la  carlingue  et  l'on  conçoit  que,  pour 
l'avant  et  l'arrière,  le  renflement  du  navire,  devant  se  rapprocher  du  pont  z\ 
diminuera  avec  z. 

»   ]j  équation  ---  =:  o  donne 


d'où 


y  cos  — -  =  —  sm  — -  =  —  sui  — , 

'  23  23  2  3  23  2m 


^  tang 


le  rapport /3Z  sera  donc  constant  pour  toutes  les  sections  du  navire. 
»  Soit  s  l'aire  de  la  section  considérée;  nous  aurons 

s=j   j'dx'=iji    e''-' cos -^  f/c', 

d'où,  par  les  formules  connues, 

s  ^=  l 'jyyz, 

c.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVU,  N°  IC.)  •  ■  3 


(  «74) 
en  faisant 


w 


k 

e'it  —  /> 


=  —T. TT'       OU       h  =  2TlI 

7T-  +    /2 


»  Nous  en  déduirons,  pour  le  volume  compris  entre  deux  sections  dont 
l'une  est  prise  pour  plan  des  coordonnées  j)^  et  z,  et  l'autre  est  située  à  une 
distance  a  de  la  première  section,  l'axe  du  navire  étant  l'axe  des  x,  l'équa- 
tion suivante  : 

i^  ^  2  &.)  /     jz  dx , 

où  il  restera  à  mettre  pour  z  et  j  leurs  expressions  en  x. 

a  Nous  avons  été  conduit  à  donner  à  z  l'expression  suivante,  pour  la 
partie  comprise  entre  O,  et  A  : 

z-=^  h  cos  — — h  ex-  -+-  hx''  ; 


a  est  la  longueur  O,  A;  c  et  è  sont  deux  constantes  à  déterminer.  Pour 
X  =  o,  on  a   z  =  //,  h  étant  le  creux  du  navire;  pour  x  ^  a^  on  a  r  =  o, 

d'où  c  -^  ab  =  o  ,  et  conséquemment  z  =^  li  cos  — — h  ex-  (  i  —  '  j  -, 
-^  doit  être  négatif  pour  les  valeurs  de  x,  de  x  =  o  à  x  =  a;  on  en 
conclut  c  <;  n— :?  et,  en  prenant  c  égal  à  cette  limite,  on  aura 


8  m- 


7    r  VX  Tl-X-   I  X\~\ 


»   Pour  la  ligne  de  fond  de  O,  à  O'  on  a  z  =  h. 

»  Pour  la  partie  de  cette  ligne  de  O'  à  B,  nous  prenons  O'  pour  centre 
des  coordonnées,  et  nous  faisons 

7    /  /  X-  c'      .r-  TZ.T  \ 

pour  O"  ^  o,  on  a  z  =  //,    -^  =  o;    pour  x  =  a'  =  O'B,   on  aura   z  :=  o, 
-— =  co  :  -^    doit  être  négatif  pour  les  valeurs  de  a",  de  x  =  o  à  x  =  a', 

(l.T  dx.  o  I 

ce  qui  donne,  pour  limite  de  c',  -;   en  faisant  donc  c'  :=     r  on  aura 

z  =  /m  \/ 1  —  ^  4-  -^  cos  —,  )  • 
»   Courbe  des  bastingages  su7-  te  jjont.  •>—  j  est  l'ordonnée  et  x  l'abscisse. 


(875) 
»  De  O,  à  A,  on  prend  O,  pour  centre  des  coordonnées,  et  l'on  fait 

X  étant  la  demi-largeur  en  O,,  on  a,  pour  j:  =  o,  /  =  X;  pour  x  —  «, 

,,    ,  c  .  D  H-  I  r 

on  a  /  =:  o,  d  ou  p.  —  «  =  i  ;  en  taisant  p,  =   — - —  -,  /z  =  —  ?  on  aura 


\ 


on  détermine  D  en  mesurant  j,  qui  répond  k  x  =  -\   on  a  D  =  ^..^  _  ;j  ^  ' 
j-,  =  -  X   donne  D  infini.  D  sera  d'autant  plus  grand  que  les  formes  du 

navire  seront  plus  renflées  et  d'autant  plus  petit  que  ces  formes  seront 
plus  fines.  En  prenant  D  =  lo,  ce  qui  conviendra  généralement,  on  aura 


->.=.X    1-1,1 -+o,f-- 


a'  «■' 


»  De  O,  à  O'  on  considère  la  courbe  des  bastingages  comme  deux  arcs 
de  paraboles  ayant  leur  sommet  en  O;  et,  en  prenant  ce  point  pour  centre 
des  coordonnées,  les  équations  de  ces  arcs  de  parabole  seront 

J-  -  ^  -  J  (^  -  ^), 

étant  la  demi-largeur  en  O,  X  celle  en  O,,  X'  celle  en  O';  A  étant  la 
distance  OO,  et  A'  la  distance  O'O. 

»   De  O'  en  B,  pour  les  navires  à  arrière  rond,  nous  ferons 

\y  a'         V   a^  la'  ) 

Cette  courbe  sera  normale  en  B  à  l'axe  du  navire;  //  se  déterminera  par 
la  mesure  de  y,  répondant  à  x  =  ^5  et  l'on  aura  //=  /tv'^fj'i  ~  ^^V^j  ; 

on  aura,  pour  jr  =  o,   j-  =  X';  pour  x  ^=  a\  j-  =  o. 

»  Nous  avons  maintenant  les  expressions  de  z  et  j"  en  .r,  el  il  restera 
à  effectuer  les  intégrations  indiquées  par  les  formules  suivantes  : 

!>  =  2  oj  I     ZY  dx  =  2  w  Jù.  I       ces  —  +  ^-^  (  i  —  -]  (  i  —  u.  —  -h  ?i  —  ]    c/,r , 

V  +  V'=.../.j£[Z-5(/-X)]./x+£^'[/-|.(/-X')]./.| 

v'  =  2(ùh'K'  ]     [s./ 1—~  +~  ~co&^][\,/  i  —  ^,  4-  4  ^  cos  ^  )  dx. 

I  x3.. 


(876) 

»  Développent  et  effectuant  les  intégrations  dans  les  limites  indiquées, 
on  trouve 

V  =  2  u  A),  a  (0,74  —  /Ji..o,i62  +  «.o,io4), 

où  IJ.  =  fi  ~h  1  (■)  ; 

V  +  V  =  I  w  h [2 l(A  +  A')  +  >. A  4-  X'A']  ; 
v'=:  Ci X' /m' [1,333  +  j'3y.o,o4  +  (/3  +  7)0,042], 

.     C  ù'  r,         .V 

ou  ;j-  =  7,  ry  =  p,  et  1  on  aura 

il  A 

pour  le  volume  total  intérieur  du  navire. 

»  Calcul  du  volume  v'  de  l'arrière,  pour  les  navires  à  arrière  carré.  —  Dans 
ces  navires,  l'arrière  est  terminé  par  un  plan  à  très-peu  près  perpendicu- 
laire à  l'axe.  Soit  O,  l'extrémité  de  cet  axe  et  soit  O'O,  =  a,  ;  soient  aussi 
),,  la  demi-largeur  et  /i,  le  creux  du  navire  à  l'arrière,  h  étant  toujours  le 
creux  à  la  carlingue. 

»  Les  lignes  de  fond  et  des  bastingages  ont  ici  des  expressions  différentes  : 

pour  la  ligne  de  fond,  nous  ferons  z  =  Ii  cos  —  -,  pour  a,'  =  o,  z  =  Ii;  pour 

r  =  o,  X  =  «;  a  est  donc  la  distance  de  O'  au  point  de  rencontre  des  pro- 
longements de  l'axe  et  de  la  ligne  de  fond,  et  nous  aurons 

"  =  — 1 — ir- 

1  arc    cos  =:  — 

Nous  considérerons  la  ligne  des  bastingages  comme  le  prolongement  de 

l'arc  de  parabole  répondant  à  OO,,  et,  posant  j  =z  a'  —  px  —  qx',  nous 

aurons,  pour  x  =  o,   j-  =  X';  pour  x  =  a,,  y  =  X,,  et  pour  x  =  —  A', 

y  =  /;   nous  en  déduirons 

)/(A'  — «,)  /„;_),,A'=  (X'  — ),)A'— (/  — V)«, 

n  =^  — ■ -+- et     rt  = ^ —  • 

t  a,  A'         ^«,A'(fl,+  A'J  ^  a,A'(«, -1-A') 

»  Ces  valeurs  se  simplifieront  en  prenant,  au  lieu  de  O  qui  répond  au 
maître  cou|)le,  un  point  H,  tel  que  O'H  =  0,0',  ce  qui  permettra  de  sup- 
poser A'=  a,,  d'où,  /  désignant  alors  la  largeur  mesurée  en  H, 

l—ï,  iV—l  —  l, 

p  = ,      q  — 

'  0/7.  * 


za: 


(*)  Pour  cette  valeur  de  p.,  on  a 

f  =  2w/(X«  (0,5^8  —  «.o,o58)     et     «  =  6  —  8^, 
Xi  étant  la  dcuii-larj^eur  qui  ri'|)ond  à  .1=-. 


On  trouvera  ensuite  pour  /,  en  faisant  /i,  = 


(877) 

h 

—  ) 

n 


Faisons  ts  = ; ;  zs  dépendra  seulement  de  n  =  7-- 


2  arc  I 
»  En  faisant 


B=ii 


V--M'-^)+î(^-'). 


B,=(V°)"(-:\/.-;;.-0 


■K-    \  n  /i     y  n 


on  obtient  la  formule  simple 

»  Nous  avons  calculé  la  table  suivante  des  valeurs  de  B,  B,  et  Bj  pour 
les  valeurs  de  -  =  j?  depuis  0,70  jusqu'à  o,4o: 

Valeursde--  U,70.  0,65.             0,60.             0,55.             0,50.             0,45.  0,40. 

B +0,697  +0,669  -^^fiil  +0,620  +0,594  +o,58o  +0,554 

B, +1,252  +1,241  +1,223  +1,208  +i,ig3  +1,178  +1,164 

B2 — o,i52  — o,i5o  — 0,147  — 0,143  — 0,140  — o,i38  — o,i35 

Table  donnant  w  en  fonction  du  m. 
Valeurs  de /n.  m  =z  2.  m:=3.  m  =^  .\.  in=:ô,  m  =^6.  /h  =00. 

w 0,607  0,452  0,408  o,3g2  0,372  o,3i8 

/m 9,78286       9,65559       9,61098       9,59362       9,57101       9,50243 

»  Nos  formules,  appliquées  à  la  corvette  de  l'État  iEurjdice,  dont  les 
mesures  n'ont  pas  été  données  complètement,  ce  qui  nous  a  forcé  de 
prendre  arbitrairement  le  nombre  m,  nous  ont  donné  le  résultat  suivant  : 

Données:  A  =  7",3o;  Z=5"',2o;  A=io"',3o;  A'=i3™,20;  «  =  7'", 8; 
«,  =  11™;   /(,=4'^;  ).  =  4,9=V;   ;  =  5™,2o;  X,  —  3,  5; 

le  tonnage  était  2077  "hêtres  cubes.  Le  navire  est  à  arriére  carré;  en  pre- 
nant m  =  4)  nous  trouvons  C  =  2168  mètres  cubes;  différence,  +  91  mè- 
tres cubes;  en  prenant  m  =  5,  nous  trouvons  G  =  2o58  mètres  cubes;  dit- 
férence,  —  19  mètres  cubes.  » 


(  «7«  ) 

MÉMOIRES    PRÉSENTÉS. 

ZOOLOGIE.  —  Note  additionnelle  à  In  monographie  des  Poissons  de  la  fainille 
des  Symbranchidés ;  par  M.  C.  Dareste. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie.) 

«  J'ai  signalé,  dans  mon  travail  sur  les  Sjmbrancliidés,  ce  fait  singulier 
que  les  Monoptères  ont  le  troisième  arc  branchial  tantôt  pourvu,  tantôt 
dégarni  de  lamelles  branchiales.  J'ai  constaté,  depuis  la  rédaction  de  ce 
travail,  un  fait  plus  curieux  encore,  c'est  l'absence  complète  de  lamelles 
branchiales  sur  les  trois  arcs  branchiaux  de  trois  individus  do  la  même 
espèce.  Ces  arcs  branchiaux  sont  simplement  revêtus  par  une  membrane 
assez  épaisse,  et  présentant  un  rebord  légèrement  dentelé.  Évidemment, 
avec  un  semblable  appareil  respiratoire,  la  respiration  doit  être  fort  peu 
intense.  Ces  trois  individus  avaient  été  rapportés  de  Siam  par  M.  Bocourt. 
Je  me  suis  donc  adressé  à  M.  Bocourt  pour  lui  demander  quelques  rensei- 
gnements sur  le  genre  de  vie  de  ces  animaux,  pensant  qu  il  pourrait  peut- 
être  rendre  compte  d'un  fait  si  extraordinaire.  Je  transcris  textuellement 
la  réponse  de  M.  Bocourt. 

n  Voici  la  Note  relative  au  Monopteras  jacanicus,  rapporté  par  moi  en  1861  d'Ajulliia, 
ancienne  capitale  «lu  royaume  de  Siam,  située  environ  à  une  trentaine  de  lieues  de  la  cote. 

»  En  juin,  dans  une  excursion  faite  avec  le  P.  Larnaudie,  missionnaire  à  Siam,  nous 
vîmes,  dans  une  vaste  plaine  où  nous  nous  trouvions  en  chasse,  un  Indien  enfoncer  perpen- 
diculairement en  terre  une  longue  tringle  en  fer.  Mon  compagnon  de'voyage  excita  vivement 
ma  curiosité  en  m'apprenant  que  nous  allions  assister,  en  pleine  terre,  à  une  pêche  particu- 
lière. 

»  En  effet,  après  plusieurs  essais,  l'Indien  se  rendit  maître,  à  trois  fois  différentes,  d'un 
RIonoptère  accroché  à  l'extrémité  de  cette  tringle  qui  avait  la  forme  d'un  harpon.  Les  ani- 
maux ainsi  harponnés  étaient  vivants;  mais  ils  paraissaient  être  engourdis  et  n'avaient  que 
des  mouvements  très-lents. 

»  L'arme  qui  sert  à  cette  pêche  ou  à  cette  chasse  ressemble  à  une  sonde  à  perforer;  elle 
peut  s'assembler  en  deux  ou  trois  parties,  selon  la  profondeur  que  l'on  veut  atteindre. 

»  Siam  reste  environ  quatre  mois  inondé.  Celte  pêche  se  fait  dans  les  terrains  à  surface 
un  peu  concave;  l'eau  pouvant  séjourner  un  peu  ])liis  longteni])s  dans  ces  lieux  y  forme  des 
mares  plus  ou  moins  profondes;  mais,  dans  la  grande  sécheresse,  les  anguilles  qui  y  vivent 
s'enfoncent  en  terre  et  restent  probablement  engourdies  jusqu'à  l'inondation  suivante,  qui 
commence  ordinairement  ;i  se  faire  sentir  vers  novembre. 

»  Les  terrains  sont  argileux;  j'ai  vu  des  tranchées  de  4  mètres  de  profondeur  dont  le  sol 
offrait  l'homogénéité  la  plus  complète.  » 


(  «79  ) 

»  Ces  détails  ne  peuvent  laisser  de  doute.  Ainsi  les  Monoptères  de  la 
rivière  de  Siam,  leMé-Nan,  pénètrent  dans  l'intérieur  des  terres  avec  l'inon- 
dation périodique  qui  commence  au  mois  de  novembre  et,  lorsque  l'inon- 
dation se  retire,  elle  laisse  après  elle  des  mares  dans  lesquelles  les  Mono- 
ptères séjournent  en  grand  nombre. 

»  Plus  tard,  lorsque  arrive  la  saison  de  la  sécheresse,  les  Monoptères  s'en- 
foncent dans  la  terre,  et  y  attendent  l'inondation  suivante,  ayant  souvent 
au-dessus  d'eux  une  couche  épaisse  de  vase  solidifiée.  Dans  ces  conditions 
leurs  propriétés  vitales  doivent  être  considérablement  amoindries.  On  est 
donc  tout  naturellement  conduit  à  se  demander  si  la  respiration  cutanée 
n'est  pas  alors  suffisante  pour  répondre  aux  besoins  d'une  vie  beaucoup 
moins  active,  et  si  le  ralentissement,  peut-être  même  la  suspension  de  la 
respiration  branchiale,  n'aurait  pas  pour  conséquence  la  flétrissiu'e  et  l'a- 
trophie des  lamelles  branchiales.  Je  ne  puis,  pour  le  moment,  que  signaler 
cette  question  aux  naturalistes  et  aux  physiologistes,  en  leur  rappelant 
d'ailleurs  le  fait  que  j'ai  indiqué  dans  la  dernière  séance,  de  l'existence  des 
lamelles  branchiales  chez  les  Monoptères  rapportés  du  Yang-Tse-Kiang 
par  MM.  Dabry  et  Simon. 

»  Le  Citchia  présente  probablement  un  fait  analogue.  Cet  animal,  pourvu 
d'ailleurs  de  sacs  respiratoires  aériens,  n'a  que  deux  branchies.  La  pre- 
mière porte  seule  des  lamelles  respiratoires,  tandis  que  la  seconde  est 
simplement  revêtue  d'une  membrane  à  bord  dentelé  comparable  à  celle  que 
je  viens  d'indiquer  chez  le  Monoptère.  Taylor  a  déjà  signalé  cette  particu- 
larité, dont  j'ai  constaté  l'existence  sur  un  certain  nombre  d'individus.  Or 
le  Cuchia  a  un  genre  de  vie  tout  à  fait  comparable  à  celui  du  Monoptère  ; 
comme  le  Monoptère,  il  est  entraîné  par  l'inondation  du  Gange  et  du  Brah- 
mapoutra,  et  il  est  souvent  exposé  à  séjourner  dans  les  mares  que  l'inon- 
dation laisse  après  elle,  puis  dans  la  vase  plus  ou  moins  desséchée  qui  suc- 
cède à  ces  mares.  Ne  peut-il  se  faire  que  les  branchies  des  Cuchia  péchés  en 
rivière  soient  complètement  garnies  de  lamelles  branchiales,  comme  celles 
des  Monoptères  du  Yang-Tse-Riang?  » 

VITICULTUEÎE.  —  Sur  la  production  des  (/ailes  dans  les  vignes  attaquées  par  le 
Phjlloxera.  Note  de  M.  Max.  Cornu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  galles  déterminées  par  le  Phylloxéra  sont  rares,  même  sur  les 
feuilles  des  cépages  américains,  où  elles  son  t  pourtant  relativement  beaucoup 


(  88o  ) 

plus  communes;  l'insecte  paraît  peu  friand  de  la  nourriture  que  lui  offrent 
les  feuilles. 

»  Ces  productions  sont  encore  plus  rares  sur  les  autres  organes  aériens 
de  la  vigne,  et  quoiqu'elles  paraissent  se  rencontrer  assez  souvent  en  Amé- 
rique, il  ne  paraît  pas  qu'elles  soient  très-fréquentes  en  France;  j'ai  eu  la 
bonne  fortune  de  pouvoir  observer,  chez  M.  Lalimaii,  une  sommité  de  Clin- 
ton [Filis  ripatin),  dans  ces  conditions;  c'est  le  seul  exemplaire  rencontré 
cette  année  :  il  n'y  en  avait  pas  eu  l'an  dernier.  M.  Laliman  a  bien  voulu 
m'abandonner  ce  rameau  unique,  pour  que  je  pusse  l'examiner  à  loisir  et 
en  faire  une  étude  qui  trouve  sa  place  dans  la  revue  générale  des  altérations 
produites  par  le  Phylloxéra. 

»  I\ÎM.  Planchnn  et  Lichtenstein,  dans  im  Mémoire  (i)  très-important 
au  point  de  vue  des  recherches  bibliographiques,  donnent  une  figure  d'iui 
fragment  de  pampre  chargé  de  galles;  mais  le  tirage  en  couleur  de  la 
planche  laisse  tant  à  désirer  que  plusieurs  détails  passent  entièrement  ina- 
perçus; c'est  ainsi  que  les  rares  galles  développées  sur  la  tige  (trois  galles) 
et  sur  une  vrille  (une  seule  galle)  sont  tout  à  fait  méconnaissables;  leur 
présence  à  cette  place  n'est  même  pas  mentionnée  dans  le  texte.  L'échan- 
tillon que  j'ai  eu  à  ma  disposition,  et  dont  j'ai  fait  un  dessin  colorié,  pré- 
sentait onze  galles  sur  quatre  entre-nœuds  de  tige,  quarante-quatre  galles 
sur  cinq  vrilles;  il  présentait  en  outre  sept  galles  sur  les  pédoncules  de 
quatre  des  feuilles,  qui  elles-mêmes  en  étaient  chargées  d'un  très-grand 
nombre. 

»  D'après  Riley,  cité  par  MM.  Planchon  et  Lichtenstein,  ces  galles  se- 
raient intermédiaires  entre  les  galles  des  feuilles  et  les  renflements  des 
racines  (galles  des  racines).  Je  reviendrai  ultérieurement  sur  les  renfle- 
ments des  radicelles,  qui  diffèrent,  à  plus  d'un  titre,  des  renflements  produits 
sur  les  racines  un  peu  plus  grosses.  L'affirmation  de  M.  Riley  sera  alors 
examinée  et  discutée. 

w  La  galle  produite  par  le  Phylloxéra  sur  les  tiges,  les  vrilles  ou  les 
pétioles  des  feuilles,  affecte  la  forme  d'une  verrue  creusée  à  son  sommet  et 
présentant  une  ouverture  allongée.  C'est  parfois  encore  une  sorte  de  fente 
dont  les  bords  parallèles  et  la  direction  longitudinale  de  l'organe  sont  ren- 
flés et  surélevés.  Cette  fente  est,  suivant  les  cas,  plusou  moins  béante;  elle  est 

(l)  Le  Phrlloxera,  faits  acquis  et  revue  bibliographique  (1868-1870).  Congres  scienti- 
fique tic  France,  XXXV  session  h  Montpellier.  Extrait  îles  Jetés  du  Congrès.  Montpellier, 
imprimerie  Jean  Martel  aîné,  1872. 


(  88t  ) 
toujours  garnie  do  poils  nombreux.  On  aperçoit,  clans  l'intérieur  de  la 
cavité,  un  Phylloxéra  très-large,  ramassé  sur  lui-même  en  forme  de  tortue 
et  entoiu'é  d'œufs.  Le  nombre  des  œufs  est  parfois  supérieur  à  la  quantité 
que  peut  contenir  la  logette;  les  nouveaux  venus  chassent  alors  les  anciens 
vers  l'extérieur,  jusque  par-dessus  les  bords  de  la  galle.  J'ai  pu  voir  ainsi  à 
l'ouverture  des  paquets  d'œufs  bruns  et  vraisemblablement  sin-  le  point 
d'éclore,  d'autres  d'un  jaune  soufre  très-vif  et  plusieurs  qui  se  tenaient 
à  l'ouverture  réunis  par  une  adhérence  mutuelle  et  retenus  par  les  poils 
marginaux. 

«  La  tige  ou  les  pédoncules  n'étaient  pas  modifiés  dans  leur  forme  par 
la  présence  des  galles.  11  en  était  de  même  pour  les  vrilles  quand  les  galles 
étaient  situées  à  la  base,  au  point  où  ces  vrilles  étaient  le  plus  larges  et  le  plus 
lignifiées,  si  je  puis  ainsi  ui'exprimer;  au  delà  du  point  où  elles  se  ramifient, 
à  l'endroit  où  elles  deviennent  plus  grêles  et  moins  rigides,  la  galle  a  déter- 
miné, outre  la  dilatation  des  bords  de  la  fente,  une  courbure  toute  locale 
de  la  vrille,  courbure  qui  fait  infléchir  le  reste  de  l'organe.  Aux  endroits 
où  plusieurs  galles  sont  nées,  à  la  même  hauteur,  mais  de  côtés  différents, 
la  courbure  s'exagère  encore;  elle  se  joint  à  la  tendance  naturelle  des  vrilles 
à  s'enrouler  et  produit  des  effets  particuliers  de  torsion. 

»  Aux  dépens  de  quelle  partie  anatomique  du  tissu  prolifié  la  galle  se 
forme-t-elle  ?  En  laissant  de  côté  les  feuilles,  dont  il  sera  question  dans  une 
autre  Note,  on  peut  dire  que,  chez  les  autres  organes  aériens,  tige,  vrille, 
pédoncule,  la  galle  est  formée  uniquement  aux  dépens  du  tissu  cortical;  ce 
n'est  même  pas  l'écorce  tout  entière  qui  prend  part  à  cette  formation  : 
c'est  uniquement  le  tissu  cellulaire,  le  parenchyme  cortical  situé  entre  l'é- 
piderme  et  les  faisceaux  des  fibres  libériennes. 

»  En  faisant  une  coupe  transversale  d'une  vrille  de  Clinton,  qui  est  co- 
lorée en  vert  et  en  rouge  avec  tous  les  tons  intermédiaires,  on  observe  à 
l'extérieur  un  épidémie  dont  les  cellules  sont  incolores  et  dont  la  paroi 
externe  est  munie  de  stries  particulières.  Ensuite  vient  un  petit  nombre  de 
rangées  de  cellules  contenant  un  liquide  rouge  ou  de  la  chlorophylle,  puis 
luie  série  d'îlots  de  collenchyme  (cellules  épaissies  aux  points  où  elles  se 
touchent  trois  par  trois,  les  parois  communes  restant  minces).  Au  milieu 
de  la  couche,  on  voit  xme  moelle  bien  caractérisée  et  large,  formée  de  cel- 
lules à  coupe  transversale  hexagonale,  plus  étroite  à  la  périphérie  qu'au 
centre  ;  quelques-iuies  sont  remplies  d'un  liquide  rouge  ou  de  chloio- 
phylle  en  globules  peu  abondants;  ces  deux  substances  peuvent  même 
occuper  simultanément  la  même  cellule.  Entre  les  éléments  décrits  plus 

G.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.LXXVll,  N»  iG.)  '  '4 


f  HSa  ) 
haut  de  la  moelle  se  trouve  une  série  de  faisceaux  libéro-ligneux  en  forme 
de  coin,  ilont  la  pointe  est  tournée  vers  le  centre.  A  l'extérieur  se  trouve 
un  faisceau  de  fibres  du  liber  arrondi;  à  l'intérieur  un  faisceau  fibrovas- 
culaire  en  forme  de  triangle,  dont  les  vaisseaux  sont  de  plus  en  plus  étroits 
à  mesure  qu'ils  s'avancent  vers  le  centre;  entre  les  deux  se  trouve  une 
zone  génératrice  de  peu  d'importance.  Ces  faisceaux  ligneux  sont  tantôt 
séparés  par  de  courts  rayons  médullaires,  tantôt  très-rapprochés,  de  façon 
à  former  un  cylindre  presque  continu. 

»  Le  contour  de  la  coupe  d'une  vrille  en  un  point  sain  est  un  cercle  parfait 
ou  une  ligne  un  peu  ondulée  se  rapprochant  d'un  cercle.  Si  l'on  fait  une 
coupe  transversale  d'une  galle,  on  voit  que  le  tissu  nouveau  résulte  de 
l'hypertrophie  d'une  portion  seulement  de  l'écorce,  que  les  faisceaux  de 
fibres  libériennes  et  le  cylindre  ligneux  ne  sont  pas  déformés  et  qu'ils  sont 
restés  non  altérés.  Les  bords  de  la  fente  ont  grossièrement  la  forme  d'un  V, 
dont  la  partie  inférieure  et  moyenne  serait  dilatée  au  point  de  dépasser 
même  le  diamètre  de  la  vrille. 

»  Des  poils  longs  et  cloisonnés  garnissent  l'intérieur  et  surtout  les  bords 
de  la  fente;  ils  sont  formés  par  l'allongement  d'une  cellule  de  l'épiderme 
qui  revêt  toute  la  formation  nouvelle,  aussi  bien  à  l'extérieur  qu'à  l'inté- 
rieur. Au-dessous  de  l'épiderme,  sur  les  parties  latérales,  on  rencontre  un 
grand  nombre  de  cellules  colorées  en  rouge  plus  ou  moins  vif.  Le  collen- 
cliyme  a  perdu  son  aspect  ordinaire;  il  s'est  modifié  et  est  remplacé  par 
des  cellules  diversement  allongées  et  peu  régulières.  Le  plancher  de  la  galle 
offre  quelques  cellules  mortes  et  brunies;  au-dessous  se  trouve  luie  zone 
où  les  cellules  sont  remplies  d'amidon  :  c'est  le  seul  endroit  où  l'on  en 
rencontre,  toutes  les  autres  parties  en  sont  dépourvues. 

»  A  quoi  attribuer  cette  accumulation  toute  spéciale  à  l'endroit  où  se 
tient  l'insecte  ?  Nous  la  retrouvons  chez  les  galles  des  feuilles  et  sur  les  ren- 
flements des  radicelles.  Constatons  que  sur  les  radicelles,  comme  ici,  au 
point  où  est  fixé  le  Phylloxéra,  correspond  une  dépression.  Elle  provient, 
non  pas  de  ce  que  le  tissu  s'est  creusé  sous  l'influence  du  parasite,  mais  de 
ce  qu'il  s'est  accru  tout  autour  d'un  corps  étranger. 

»  Devrait-on  admettre  que  la  plante  envoie  indistinclemeiU  les  élémenls 
nutritifs  à  toutes  les  cellules,  au  niveau  du  point  perforé;  que  les  cellules, 
suivant  leur  position,  se  comportent  différemment,  les  unes  dépensant 
cette  substance  nutritive  pour  s'accroître  et  se  segmenter,  les  autres  ne  la 
dépensant  pas  et  la  mettant  en  réserve,  sous  forme  d'amidon?  Cette  expli- 
cation peut  donner  lieu  à  des  objections  et  je  la  laisse  pour  ce  qu'elle  vaut. 


(  883  ) 

»  La  constitution  de  la  tige  est  la  même,  à  de  très-faibles  différei)ces 
près,  que  celle  de  la  vrille;  les  galles  sont  entièrement  pareilles  à  celles 
des  vrilles  :  elles  sont  seulement  plus  volumineuses,  en  général. 

»  Dans  les  pédoncules  des  feuilles,  les  faisceaux  affectent  une  disposi- 
tion différente  de  celle  des  tiges.  Ils  sont  répartis  suivant  une  ellipse  un  peu 
déprimée  d'un  côté  et  de  ce  côté  se  trouvent  deux  faisceaux  libéro-ligneux, 
en  dehors  du  premier  contour,  faisceaux  correspondant  aux  deux  côtés  qui 
forment  un  sillon,  à  la  face  supérieure  du  pédoncule.  C'est  à  cette  face, 
qui  correspond  à  la  face  supérieure  de  la  feuille,  que  se  sont  uniquement 
(comme  sur  la  feuille)  fixés  les  Phylloxéras.  Les  galles  sont  formées  aux 
dépens  du  tissu  qui  correspond  au  parenchyme  cortical.  Quelquefois  le 
faisceau  libéro-ligneux  extérieur  le  plus  rapproché  était  un  peu  dévié  de  sa 
position  ;  mais  il  n'y  avait,  comme  dans  les  cas  précédents,  aucune  per- 
turbation dans  la  forme  du  cylindre  central. 

»  Il  y  a  cependant  des  cas  où,  sur  une  vrille,  l'altération  gagne  le  cy- 
lindre central  ;  c'est  lorsque  deux  insectes  se  sont  établis  sur  deux  points 
voisins  l'un  de  l'autre;  les  galles  ainsi  formées,  et  qui  sont  plus  ou  moins 
conflnentes,  déterminent  des  tiraillements,  qui  ont  pour  effet  de  modifier 
la  forme  générale  de  la  vrille  et  la  régularité  du  contour  de  la  coupe.  On 
obtient  aussi  des  sections  très-variables;  mais  le  changement  produit  dans 
le  cylindre  ligneux  paraît  être  une  inflexion  des  faisceaux  plutôt  qu'une 
prolifération  des  anciens  éléments  ;  les  plus  voisins  deviennent  obliques, 
au  lieu  de  conserver  leur  direction  normale. 

»  Quand  le  cylindre  central  est  entamé  et  ouvert,  les  cellules  de  la 
moelle  s'allongent  du  côté  de  la  galle;  au  lieu  de  conserver  leur  forme 
hexagonale,  elles  deviennent  irrégulièrement  rectangulaires  et  peuvent 
renfermer,  au  point  le  plus  rapproché  du  parasite,  quelques  globules 
d'amidon.  La  structure  ordinaire  de  la  vrille  est  entièrement  changée  du 
côté  correspondant  à  la  double  galle  ;  mais  c'est  un  cas  tout  particulier. 

»  En  résumé,  nous  voyons  que,  sur  les  tiges,  les  vrilles  et  les  pétioles  des 
feuilles,  les  points  hypertrophiés,  sous  l'action  d'un  insecte  unique,  sont 
situés  au-dessous  de  l'épiderrae  dans  le  parenchyme  cortical;  notons  que 
l'hypertrophie  se  développe,  non  pas  dans  les  cellules,  qui  sont  directe- 
ment en  contact  avec  l'insecte  et  son  suçoir,  ou  dans  le  prolongement  de 
celui-ci,  mais  que  ce  sont  les  parties  voisines  situées  latéralement.  Nous 
retrouvons  un  fait  analogue  dans  les  renflements  produits  sur  les  extrémi- 
tés des  radicelles,  mais  avec  quelques  différences.    » 

M/,  . 


(  884  ) 

ENTOMOLOGIE.  —  Sur  la  reproduction  du  Phylloxéra  du  chêne  (suite).  Note  de 
M.  Balbiani  (délégué  de  l'Académie),  présentée  par  M.  Mdne  Edwards. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Si  je  ne  suis  arrivé  à  aucune  conclusion  certaine  quant  à  l'endroit  où 
les  femelles  ailées  vont  déposer  leurs  œufs  (voir  le  Compte  rendu  de  la  der- 
nière séance),  j'ai  été  plus  heureux  relativement  à  la  détermination  de  la 
nature  des  individus  qui  naissent  de  ces  œufs.  L'espèce  de  contradiction 
que  paraît  renfermer  la  phrase  précédente  s'explique  par  cette  circonstance 
que  ces  insectes  pondent  très-facilement  en  captivité  et  que  leurs  œufs  s'y 
développent  et  éclosent  aussi  très-bien. 

))  Rien  de  plus  simple  d'ailleurs  que  le  procédé  à  l'aide  duquel  on  peut 
se  procurer  de  ces  œufs  en  abondance.  Le  12  septembre  dernier,  je  ré- 
coltai au  dehors  une  vingtaine  de  femelles  ailées  et  les  plaçai  sur  une 
feuille  de  chêne  bien  fraîche  et  verte,  après  ni'ètre  préalablement  assuré 
qu'il  ne  s'y  trouvait  aucun  autre  animal  de  même  espèce,  larve  ou  nymphe. 
Cette  feuille  fut  introduite  ensuite  dans  un  flacon  à  large  ouverture,  qu'on 
ferma  à  l'aide  d'un  bouchon,  tant  pour  empêcher  les  insectes  de  sortir 
que  pour  prévenir  la  dessiccation  trop  rapide  de  la  feuille.  Au  moment 
où  cette  petite  opération  fut  faite,  nos  animaux  n'avaient  pas  tardé  à  en- 
foncer leur  rostre  dans  le  point  de  la  feuille  où  ils  avaient  été  déposés,  et 
s'y  tinrent  dans  un  repos  complet.  Mais,  dès  le  lendemain,  un  certain 
nombre  d'entre  eux  avaient  abandonné  leur  place  et  parcouraient  avec 
une  sorte  d'inquiétude  la  surface  de  la  feuille  en  déposant  isolément  çà  et 
là  un  œuf.  D'autres,  après  avoir  erré  de  même  quelque  temps,  s''arrê- 
îèrent  plus  ou  moins  loin  de  l'endroit  d'où  ils  étaient  partis  et  pondirent 
tous  leurs  œufs  en  un  seul  tas,  auprès  duquel  on  trouva  plus  tard  la  fe- 
melle morte  et  desséchée.  Plusieurs  enfin  avaient  abandonné  la  feuille  et 
se  promenaient  sur  les  parois  du  flacon,  où  ils  déposèrent  leurs  œufs  de 
la  manière  indiquée  pour  les  individus  précédents,  c'est-à-dire,  soit  isolé- 
ment, soit  en  un  seul  groupe.  Les  deux  jours  suivants,  toutes  les  femelles 
avaient  ainsi  successivement  pondu,  et  quelques  jours  plus  tard  elles 
étaient  toutes  mortes. 

»  Les  groupes  d'œufs  étaient  généralement  composés  de  cinq  à  huit  de 
ces  corps,  nombres  correspondant  à  ceux  des  œufs  que  l'on  rencontre  com- 
munément à  l'état  de  maturité  dans  l'intérieur  des  femelles  ailées  avant 
qu'elles  aient  commencé  à  pondre  (i).  Malgré  leur  captivité,  qui  les  empé- 

(1)  Chez  lo  Plijllosera  du  tliùnt',  le  iiouibrc  îles  cœcums  ovigèrcs  que  l'on  rencontre  dans 


(  885  ) 

chait  d'obéir  à  leurs  instincts  naturels,  nos  insectes  ne  s'en  étaient  pas 
moins  débarrassés  de  la  totalité  de  leurs  œufs  mûrs,  comme  ils  font  à  l'état 
de  liberté;  chez  un  petit  nombre  seulement  on  en  trouva  un  ou  deux  qui 
étaient  restés  dans  le  corps  de  la  mère. 

»  En  examinant  de  plus  près  ces  œufs,  soit  à  la  loupe  ou  même  à  l'œil 
nu,  je  fus  bientôt  frappé  d'une  circonstance  singulière,  bien  évidente  surtout 
chez  ceux  qui  avaient  été  pondus  en  un  seul  groupe  et  provenaient  par  con- 
séquent d'une  même  femelle.  Je  veux  parler  de  l'inégalité  très-sensible  de 
taille  que  ces  corps  présentaient  entre  eux,  bien  qu'ils  se  ressemblassent 
tous  par  leur  forme  presque  régulièrement  ovalaire,  et  que,  sous  ce  rap- 
port, d  n'y  eût  pas  non  plus  de  différence  entre  eux  et  les  œufs  pondus  par 
les  individus  aptères  des  précédentes  générations;  mais,  tandis  que  chez 
ceux-ci  on  ne  remarque  d'un  œuf  à  l'autre  que  des  variations  de  taille  insi- 
gnifiantes, on  peut,  au  contraire,  nettement  distinguer  parmi  les  œufs 
pondus  par  les  femelles  ailées  deux  catégories  bien  tranchées,  l'une  formée 
d'œiifs  plus  petits,  l'autre  d'œufs  plus  grands,  ainsi  que  cela  résulte  des 
mesures  suivantes  :  grands  œufs,  diamètre  longitudinal  o™™,38,  diamètre 
transversal  o™™,  19  ;  petits  œufs  :  grand  diamètre  o""",  29,  petit  diamètre 
o'"'",i5. 

»  Les  œufs  pondus  par  nos  femelles  captives  ne  tardèrent  pas  à  présenter 
un  commencement  de  développement  embryonnaire,  et  lorsque,  au  bout 
de  quelques  jours,  un  embryon  bien  reconnaissable  eut  apparu  dans  leur 
intérieur,  à  la  différence  primitive  qu'ils  présentaient  sous  le  rapport  de  la 
taille  se  joignit  une  différence  non  moins  prononcée  dans  le  mode  de  colo- 
ration ;  les  petits  œufs  prirent  une  teinte  brun  rougeàtre,  tandis  que  les 
plus  grands  offraient  une  couleur  jaune  pâle.  Cette  variation  dans  l'aspect 
extérieur  se  maintint  pendant  tout  le  reste  du  développement,  leqnel  se 
prolongea  jusque  vers  le  douzième  ou  treizième  jour  qui  suivit  la  ponte  et 
où  eurent  lieu  les  premières  éclosions. 

chaque  côté  du  corps  varie  de  deux  au  moins  à  six  au  plus;  le  plus  ordinairement,  il  est  de 
trois  à  cincj  chez  les  individus  apl^res  aussi  bien  que  chez  les  ailés.  Cliacun  de  ces  tubes  renfer- 
mant, à  l'âge  delà  reproduclion,dcux,  irois,  et  même  quatre  œufs  très-inégaîement  développés, 
et  qui  n'arrivent  que  successivement  à  maturité,  il  s'ensuit  qu'il  faut  un  temps  assez  long 
pour  que  tous  les  œufs  renfermés  dans  une  même  femelle  puissent  être  évacués  par  la  ponle. 
Cette  condition  ne  se  réalise  que  pour  les  femelles  aptères,  lesquelles  non-seulement  com- 
mencent à  se  reproduire  plus  tôt,  mais  ont  en  outre  une  existence  plus  longue  que  les 
femelles  ailées,  chez  lesquelles  la  ponte  ne  commence  qu'après  leur  transformation  en  insectes 
parfaits  et  qui  ne  vivent  que  peu  de  jours.  On  s'explique,  par  ces  différences,  pourquoi  les 
premières  sont  si  fécondes,  tandis  que  les  dernières  n'ont  qu'une  postérité  très-limitée. 


(  886  ) 

»  Les  jeunes  individus  de  cette  nouvelle  génération  du  Phylloxéra  quercûs 
pré.sentent  entre  eux  les  mêmes  différences  qui  viennent  d'être  signalées 
pour  les  œufs  dont  ils  sont  issus,  c'est-à-dire  qu'il  y  en  a  de  petits  et  rou- 
geâtres  et  de  plus  grands  et  jaunâtres:,  mais  laissons,  pour  le  moment,  de 
côté  ces  nouveaux  représentants  de  l'espèce,  sur  lesquels  nous  reviendrons 
bientôt  plus  amplement,  et  disons  seulement,  par  anticipation,  qu'ils  for- 
ment la  génération  sexuée  dioïque  du  Phylloxéra  quercûs;  que  les  petits 
individus  sont  les  mâles  et  les  individus  plus  grands  les  véritables  femelles 
de  l'espèce. 

»  Retournons  maintenant  aux  dernières  larves  de  l'année,  c'est-à-dire 
celles  qui  ne  se  sont  pas  transformées  en  insectes  parfaits  et  ailés,  alors 
qu'un  grand  nombre  d'individus  de  la  même  génération  ont  subi  cette  mé- 
tamorphose, et  suivons-les  dans  leur  destinée  ultérieure  comme  nous  ve- 
nons de  le  faire  pour  ces  derniers. 

»  On  remarque  d'abord  que  ces  larves  arrivent  à  leur  accroissement 
complet  sans  pondre  à  la  surface  des  feuilles,  ainsi  que  le  faisaient  leurs 
devancières.  L'étude  anatomique  de  leur  appareil  génital  donne  facilement 
la  raison  de  cette  anomalie,  en  montrant  que  les  œufs  subissent  chez  elles 
une  évolution  plus  lente  que  chez  les  mères  pondeuses  des  précédentes 
générations,  et  qu'ils  n'atteignent  leur  maturité  que  lorsque  la  larve  elle- 
même  est  arrivée  à  sa  pleine  croissance.  Lorsque  ce  dernier  moment  est 
venu,  ces  individus  abandonnent  successivement  les  feuilles  et  descendent 
sur  les  branches,  le  long  desquelles  ou  les  voit  cheminer  isolément  ou  par 
troupeaux  plus  ou  moins  nombreux. 

»  La  dessiccation  prématurée  des  feuilles,  soit  par  suite  des  conditions 
naturelles  de  la  végétation,  soit  sur  les  branches  détachées  de  l'arbre,  en 
leur  soustrayant  leur  nourriture,  hâte  le  moment  de  leur  départ,  et  l'on 
voit  alors  des  individus  de  tout  âge  et  de  toute  taille  se  mettre  en  mouve- 
ment et  descendre  lentement  sur  les  tiges. 

»  Cette  période  de  migration  constitue  une  phase  criliqîie  de  l'existence 
de  ces  insectes.  N'ayant  plus,  comme  naguère,  pour  s'abriter,  la  face  infé- 
rieure des  feuilles,  cheminant  à  ciel  ouvert  à  la  surface  des  branches,  privés 
surtout  du  moyen  de  résistance  énergique  que  leur  procuraient  leurs  stylets 
rostraux,  profondément  enfoncés  dans  les  tissus  du  végétal,  beaucoup 
d'entre  eux  sont  jetés  à  bas  par  )e  vent  ou  la  pluie  et  périssent  avant  d'ar- 
river à  destui.ilion.  Cette  destination,  ce  sont  les  innombrables  petites  ca- 
chettes et  retraites  que  leur  offre  la  surface  des  branches;  on  les  voit  sur- 
tout  chercher  à  s'inlrodiiue  en  grand   nombre    dans  les  interstices  des 


(  88-7  ) 
vieilles  écailles  placées  à  la  hase  des  jeunes  pousses  fie  l'année.  Là  ils  pon- 
dent un  nombre  d'œufs  plus  ou  moins  considérable,  et  bientôt  après  ils 
meurent.  En  détachant  avec  précaution,  vers  la  fin  de  septembre,  sur  le 
chêne  rouvre  ou  le  chêne  pédoncule,  quelques-unes  des  écailles  dont  il 
vient  d'être  question,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer,  dans  la  concavité 
qui  regarde  la  tige,  un  petit  amas  d'œufs  allongés  et  brillants,  et  auprès  de 
celui-ci  le  corps  desséché  d'un  insecte;  ce  sont  nos  Phylloxéras  avec  leur 
progéniture. 

»  Ces  œufs  présentent  des  caractères  complètement  identiques  avec  ceux 
produits  par  les  femelles  ailées  et  dont  nous  avons  donné  précédemment 
la  desciiplion.  De  même  que  ceux-ci,  ils  sont  de  deux  dimensions  bien 
tranchées,  correspondant  aux  grands  et  aux  petits  œufs  des  individus  ailés, 
et  au  cours  du  développement  on  y  voit  se  manifester  aussi  les  différences 
de  coloration  qui  indiquent  leur  sexualité  particulière.  Ils  mettent  le  même 
temps  pour  éclore,  une  douzaine  de  jours  environ,  et  les  petits,  en  venant 
au  monde,  présentent  entre  eux  les  mêmes  différences  de  taille  et  de  colo- 
ration que  ceux  issus  des  femelles  ailées.  Bref,  sous  le  rapport  du  mode 
de  reproduction,  comme  sous  celui  de  la  nature  des  individus  auxquels 
elles  donnent  naissance,  il  y  a  parité  complète  entre  les  femelles  ailées  et 
les  femelles  aptères  de  la  fin  de  l'été  :  les  unes  et  les  autres  sont  optes  à  pro- 
duire la  cjénéralion  dioïque  du  Phylloxéra  quercûs.  Ce  sont  les  caractères  de 
ces  derniers  représentants  de  l'espèce  que  nous  devons  actuellement  exa- 
miner d'une  manière  plus  attentive. 

1)  Ce  qui  frappe  tout  d'abord  chez  ces  individus,  c'est,  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  dit,  la  taUle  plus  petite  et  la  coloration  rougeâtre  du  mâle, 
tandis  que  la  femelle  est  jaunâtre,  comme  les  jeunes  larves  des  générations 
parthénogénésiques.  Cette  différence  de  coloration  des  deux  sexes  a  princi- 
palement pour  siège  les  globules  graisseux  renfermés  dans  l'intérieur  du 
corps.  J'ai  signalé,  il  y  a  déjà  longtemps,  des  différences  analogues  chez 
les  mâles  et  les  femelles  des  Pucerons  [Comptes  rendus,  1866,  t.  LXII, 
p.  iSgo).  Enfin  on  constate  d'autres  variations  dans  la  conformation  des 
antennes  et  des  pattes,  les  caractères  des  poils  de  la  surface  du  corps,  etc., 
mais  sur  lesquelles  je  ne  puis  m'arrêter  ici. 

»  Les  individus  mâles  et  femelles  présentent  des  différences  plus  consi- 
dérables encore  avec  les  larves  parthénogénésiques,  non-seulement  sous  le 
rapport  de  la  taille,  qui  reste  toujours  fort  petite  chez  les  premiers,  comme 
nous  le  dirons  tout  à  l'heure,  mais  aussi  par  un  grand  nombre  de  leurs 


(  888  ) 

caractères  anatoiniques;  mais  le  trait  le  plus  remarquable  de  leur  organisa- 
tion, c'est  l'absence  complète  d'organes  digestifs.  Le  suçoir  manque  d'une 
manière  absolue,  et  il  n'y  a  non  plus  aucune  trace  d'un  canal  inlestinal  et 
des  glandes  salivaires,  si  développées  chez  les  individus  ordinaires.  Aussi 
ces  animaux  ne  prennent  aucune  noiuriture,  ne  subissent  aucune  mue, 
restent  par  conséquent  toujours  à  l'état  aptère,  et  au  terme  de  leur  exis- 
tence qui,  chez  le  mâle,  a  une  durée  double  de  celle  de  la  femelle,  laquelle 
ne  vit  que  de  six  à  huit  jours  seulement,  leur  faille  est  exactement  ce 
qu'elle  était  au  moment  de  la  naissance.  Cette  taille  ne  dépasse  générale- 
ment pas  o™™,  3 1  chez  le  mâle,  tandis  qu'elle  peut  atteindre  jusqu'à  o""",45 
chez  la  femelle.  Pendant  toute  leur  existence,  la  nutrition  se  fait  unique- 
ment aux  dépens  de  la  masse  de  substance  vitelline  non  assimilée  pendant 
le  développement  dans  l'œuf  et  qui  était  restée  incluse  dans  le  corps  de 
l'insecte. 

»  En  effet,  ces  êtres  soiît  exclusivement  organisés  en  vue  de  la  repro- 
duction, et  leur  appareil  générateur  présente  déjà  un  développement  très- 
avancé  à  l'instant  où  ils  viennent  au  monde.  Cet  appareil,  chez  le  mâle,  se 
compose  de  deux  capsules  spermatogènes  relativement  amples,  qui  déjà 
chez  l'embryon  renferment  des  filaments  spermatiques  bien  développés, 
plus  d'une  paire  de  glandes  accessoires,  semblables  à  celles  qui  existent 
chez  tous  les  mâles  d'insectes;  enfin,  à  son  extrémité  postérieure,  le  canal 
déférent  se  termine  par  un  petit  mamelon  conique  garni  de  pointes  chiti- 
neuses,  et  qui  joue  le  rôle  d'iui  pénis. 

»  L'appareil  génital  femelle  diffère  sensiblement  par  son  mode  de  con- 
formation de  celui  des  mères  parthénogénésiques.  Au  lieu  de  se  composer, 
comme  chez  ces  dernières,  de  deux  ovaires  placés  dans  chaque  moitié  laté- 
rale du  corps  et  formés  chacun  d'un  nombre  variable  (deux  à  six)  de  tubes 
ou  gaines  ovigères,  cet  appareil,  chez  la  femelle  fécondable,  est  réduit  à  un 
tube  ovarique  unique  situé  sur  la  ligne  médiane  du  corps.  Ce  tube  est  tout 
ce  qui  subsiste  de  l'ovaire  du  côté  gauche,  dont  tous  les  autres  éléments 
ont  disparu,  ainsi  que  l'ovaire  tout  entier  du  côté  droit.  Le  seul  vestige  qui 
reste  de  ce  dernier  est  une  petite  dilatation,  en  forme  de  cul-de-sac,  de  l'ex- 
trémité antérieure  de  l'oviducte,  représentant  la  trompe  atrophiée  de  ce 
côté  du  corps. 

»  Ce  tube  ovarique  unique  se  compose,  à  sa  partie  antérieure,  d'une 
petite  chand)re  germinative  arrondie,  suivie  d'une  seule  loge  ovigère  ren- 
fermant un  œuf  déjà  |Mesquc  mûr  au  moment  de  la  naissance  et  remplissant 


(889) 
la'majeure  partie  de  la  cavité  du  corps  de  la  femelle.  Quant  aux  parties 
accessoires  de  l'appareil  génital,  elles  se  composent  des  mêmes  organes  que 
j'ai  décrits  dans  ma  précédente  Note,  en  parlant  de  l'appareil  reproducteur 
des  femelles  parthénogénésiques,  c'est-à-dire  d'une  paire  de  glandes  sébi- 
fiques  et  d'une  poche  impaire  et  médiane  représentant  la  vésicule  copula- 
trice  des  autres  femelles  d'insectes;  mais  toutes  ces  parties,  chez  la  véritable 
femelle  du  PhjUoxera  quercûs,  sont  très-réduites  de  volume  et  en  proportion 
avec  la  petite  taille  de  celle-ci. 

»  Les  mâles  et  les  femelles  de  cette  génération  naine  sont  fort  vifs  et 
agiles;  à  peine  éclos,  ils  se  répandent  de  tous  côtés  sur  la  branche  où  ils 
sont  nés  ou  sur  les  parois  du  tube  où  on  les  détient.  Organisés  comme  ils 
le  sont,  dès  la  naissance,  pour  la  reproduction,  sans  nul  souci  de  leur  ali- 
mentation, leur  seule  préoccupation,  en  venant  au  monde,  est  de  perpétuer 
leur  espèce.  L'habitude  qu'ils  ont,  dans  les  tubes,  de  pénétrer  dans  l'in- 
terstice du  bouchon  et  du  verre  et  d'y  former  des  groupes  plus  ou  moins 
nombreux,  au  milieu  desquels  quelques  œufs  ne  tardent  pas  à  se  montrer, 
me  fait  présumer  qu'à  l'état  de  liberté  ils  s'introduisent  dans  les  fentes  et 
les  fissures  de  l'écorce  des  branches  pour  s'y  accoupler  et  pondre.  L'accou- 
plement ne  dure  que  quelques  minutes  et  un  même  mâle  peut  féconder 
successivement  plusieurs  femelles,  comme  chez  les  Pucerons.  Au  bout  de 
trois  ou  quatre  jours,  la  femelle  pond  l'unique  oeuf  qui  s'était  formé  dans 
son  intérieur  et  qui,  ayant  continué  de  s'accroître  après  l'accouplement, 
distend  alors  considérablement  le  corps  de  celle-ci. 

»  Cet  œuf,  que,  par  analogie  avec  ce  qui  existe  chez  d'autres  animaux, 
on  peut  appeler  œuf  d hiver,  ne  ressemble  ni  aux  œufs  des  femelles  parthé" 
nogénésiques  [œufs  d'été),  ni  à  ceux  qui  donnent  naissance  aux  individus 
dioïques  [œufs  mâles  et  femelles).  Après  quelques  jours,  l'œuf  prend,  comme 
celui  des  Pucerons,  une  coloration  noirâtre  indiquant  sa  fécondité  ;  mais, 
au  moment  où  j'écris  ces  lignes  (i6  octobre),  aucun  embryon  n'est  en- 
core visible  dans  son  intérieur,  bien  qu'il  présente  manifestement  un  com- 
mencement d'organisation.  Il  est  donc  plus  que  probable  que  l'œuf  passe 
l'hiver  dans  cet  état  pour  n'éclore  qu'au  printemps  suivant,  et  donner  alors 
naissance  au  jeune  animal  destiné  à  recommencer  le  cycle  reproducteur 
de  l'espèce. 

»  Tels  sont  les  singuliers  phénomènes  que  le  Phylloxéra  quercûs  présente 
dans  son  évolution.  Nous  trouvons  bien  chez  un  certain  nombre  d'espèces 
appartenant  à  d'autres  classes  animales,  et  jusque  chez  les  insectes  eux- 
mêmes,  des  faits  plus  ou  moins  comparables  physiologiquement  à  ceux  que 

C.  R.,  1873,  2«  Semcitre.  (T.  LXXVll,  N"  IG.)  I  I  ^ 


(  Sgo  ) 
nous  venons  de  faire  connaître  {i);  mais,  nulle  part  peut-être,  le  polymor- 
phisme des  individus  reproducteurs,  celui  des  appareils  et  des  éléments 
sexuels  ne  jouent  un  rôle  plus  considérable  que  chez  le  parasite  du 
chêne.  Ainsi,  parmi  les  vers,  ÏÀscaris  nirjrovenosa,  le  Leplodera  appemlicu- 
tata  nous  présentent  également  des  espèces  formées  de  générations  suc- 
cessives d'individus  dissemblables  se  reproduisant  par  des  organes  sexuels 
[Hétérogonie  de  M.  Leuckarl).  Dans  la  classe  des  Crustacés,  dans  celle  des 
Rotateurs,  nous  trouvons  de  même  des  œufs  de  plusieurs  sortes,  différant 
par  leur  forme  et  leur  structure,  et  dont  les  uns  sont  féconds  par  eux- 
mêmes  (œufs  d'été),  tandis  que  les  autres  ne  le  sont  qu'à  la  suite  d'un  ac- 
couplement avec  le  mâle  (œufs  d'hiver).  Chez  les  Brachionus  et  un  grand 
nombre  d'autres  Rotateurs,  nous  rencontrons,  comme  chez  le  Phylloxéra, 
des  individus  frappés  d'avortement  quant  aux  organes  de  la  vie  individuelle, 
et  complets  seulement  par  ceux  de  la  reproduction;  mais  ici  l'avortement 
ne  porte  que  sur  un  seul  des  deux  sexes,  le  sexe  mâle,  tandis  que  chez  le 
Phylloxéra  il  atteint  tous  les  deux  à  la  fois;  enfin,  dans  la  classe  même 
à  laquelle  appartient  ce  dernier,  des  travaux  récents  et  célèbres  nous  ont 
fait  connaître  chez  certains  diptères  des  cas  remarquables  de  reproduction 
chez  des  individus  n'ayant  pas  encore  atteint  leur  maturité  organique; 
mais,  tandis  que,  dans  les  exemples  précédents,  les  diverses  anomalies 
citées  sont  réparties  sur  des  espèces  différentes,  elles  se  trouvent  toutes 
réunies  chez  le  Phylloxéra  quercûs,  et  c'est  précisément  là  ce  qui  donne 
aux  phénomènes  de  reproduction  chez  cet  insecte  un  caractère  d'étrangeté 
qu'on  ne  rencontre  que  rarement  au  même  degré  chez  d'autres  espèces 
animales.   » 

M.  E.  DucBEMiN  adresse  une  Note  sur  les  avantages  que  présente  la 

boussole  circulaire,  comparée  à  la  boussole  à  aiguille. 

Selon  l'auteur,  les  principaux  avantages  de  la  boussole  circulaire  sont  : 
1°  Une  puissance  magnétique  double,  pour  un  diamètre  déterminé,  de 

celle  d'une  aiguille  dont  la  longueur  serait  égale  à  ce  diamètre; 


(i)  Ainsi  chez  les  Chermès.  Bien  que  les  belles  observations  du  professeur  Leuckart  aient 
beaucoup  avancé  l'état  de  nos  connaissances  touchant  la  reproduction  de  ces  insectes,  il  est 
probable  que  celle-ci  présente  encore  bien  des  circonstances  ignorées.  Ainsi  nous  n'y  con- 
naissons rien  d'équivalent  à  la  génération  dioïque  du  Phylloxéra  quercûs^  mais  leurs 
étroites  affinités  avec  celle  dernière  es]ièce,  leur  multiplication  par  doux  sortes  de  femelles 
ovi])ares,  les  unes  aptères,  les  autres  ailées,  tout  indique  que  les  Chermès  viendront  un 
jour  se  ranger  complètement  à  côté  des  Phylloxéras,  lorsque  nous  connaîtrons  le  cycle  tout 
entier  de  leur  reproduction. 


(  Sgr  ) 

2°  L'existence  de  deux  points  neutres,  au  lieu  d'un  seul,  ce  qui  a  pour 
effet  de  maintenir  constante  la  position  des  deux  pôles  ;  le  magnétisme  pa- 
raît si  énergiqucment  conservé,  que  les  étincelles  les  plus  fortes  d'une  ma- 
chine de  Holtz  ne  font  sidiir  aucun  déplacement  aux  pôles  de  la  boussole; 

3°  Une  suspension  plus  satisfaisante  de  l'aimant,  lorsqu'il  est  bien  monté 
et  équilibré  au  moyen  d'une  chape  d'agate;  il  semble  se  mouvoir  comme 
s'il  était  placé  sur  un  liquide; 

4°  Une  augmentation  de  la  sensibilité  de  la  boussole,  proportionnelle  à 
son  diamètre  ; 

5°  La  possibilité,  depuis  longtemps  recherchée  par  la  Marine,  d'équilibrer 
l'aimantation  au  moyen  d'un  second  cercle  aimanté,  modifiant  la  position 
du  premier  d'une  quantité  calculée  d'avance  et  permettant  de  régler  le 
compas  avant  le  départ  du  navire;  cette  modification  a  été  suggérée  à  l'au- 
teur par  M.  Dumas-Vcnce,  capitaine  de  vaisseau. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  G.  Botta  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Nigra,  ministre  d'Italie  en  France,  un  Mémoire  concernant  la  distribu- 
tion de  la  chaleur  à  la  surface  du  globe. 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Edm.  Becquerel, 

Jauiin,  Janssen.) 

M.  Arau  de  Tekré  adresse  une  Note  relative  à  une  poudre  de  mine,  à 
laquelle  il  donne  le  nom  de  pyroUlhe  humanilaire. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Berthelot.) 

M.  A.  Lacomme  adresse  un  Mémoire  sur  un  projet  de  bateau  sous-marin, 
par  voie  ferrée,  pour  traverser  la  Manche. 

Ce  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  de  M.  Tresca. 

M.  GuLLicH  adresse  une  Note  relative  à  un  cylindre  moteur. 
Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Tresca. 


(89^ 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaihe  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  biographie  de  l'astronome  italien  Donati,  par  M.  G. 
Uzielli. 

G.  B.  Donalia  succombé  à  une  attaque  de  choléra,  dont  il  avait  senti  les 
premières  atteintes  à  Vienne,  le  i6  septembre;  il  est  mort  à  Florence,  dans 
la  nuit  du  19  septembre. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut, 
le  dix-neuvième  volume  du  recueil  de  Mémoires  et  Observations  sur  l'Hy- 
giène et  la  Médecine  vétérinaire  militaires. 

M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  adresse,  pour  la  bibliothèque  de 
l'Institut,  le  Catalogue  descriptif  des  modèles,  instruments  et  dessins  com- 
posant les  galeries  de  l'École  des  Ponts  et  Chaussées. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Production  par  voie  sèche  de  quelques  borates  cristal- 
Usés  (i).  Note  de  M.  A.  Ditte,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville. 

«  III.  Borates  de  baryte.  —  Le  borax  produit  dans  le  nitrate  de  baryte 
un  précipité  qui,  lavé  à  froid  avec  une  solution  saturée  d'acide  borique, 
séché  et  chauffé  dans  le  mélange  de  chlorures  alcalins,  fond  plus  facile- 
ment encore  que  le  sel  analogue  de  chaux.  Il  se  transforme  néanmoins  en 
cristaux  qui  s'accumulent  au  bord  du  creuset;  ce  sont  des  aiguilles  fines, 
minces,  légères,  courtes  et  présentant  une  tendance  marquée  à  se  grouper 
en  croix  dont  les  branches  font  entre  elles  un  angle  de  60  degrés;  ces  croix 
elles-mêmes  se  réunissent  souvent  en  groupes  étoiles.  Ces  cristaux,  lente- 
ment solublesà  chaud  dans  l'acide  nitrique  étendu,  contiennent  : 

Baryic 52,37,  Acide  borique 47, G3; 

leur  composition  est  celle  du  biborale  de  baryte  BaO,2BoO\ 

))   Un  mélange  à  équivalents  égaux  de  baryte  caustique  et  d'acide  bo- 


i)  Voir  Comptes  rendus,  page  783  de  ce  volume. 


(  %3  ) 
rirpie,  chauffés  nu  rouge  vif  dans  im  creuset  de  charbon,  donne,  après 
refroidissement,  une  masse  grise,  cristallisée,  mais  bien  moins  nettement  que 
celles  fournies  dans  des  circonstances  analogues  par  la  strontiane,  et  sur- 
tout par  la  chaux.  Cette  matière,  traitée  par  le  mélange  de  chlorures  alca- 
lins et  de  chlorure  de  baryum,  donne  de  beaux  cristaux  blancs,  facilement 
solubles  à  chaud  dans  les  acides  étendus.  Ce  sont  des  prismes  à  six  pans, 
courts,  terminés  souvent  par  une  pyramide  à  six  faces,  et  souvent  aussi 
accolés  les  uns  aux  autres;  ils  renferment  : 

Baryte 58,46,  Acide  borique 4' 1^4' 

et  sont  par  conséquent  du  sesquiborate  de  baryte  2BaO,3BoO'. 

»  Quand  on  essaye  de  produire  des  cristaux  en  présence  de  baryte  caus- 
tique, on  n'obtient  plus  de  nouveaux  sels  comme  avec  la  strontiane,  mais 
seulement  un  mélange  sans  intérêt  de  baryte  et  d'une  poussière  non  cris- 
tallisée. 

»  IV.  Borates  de  magnésie.  —  Lorsqu'on  chauffe  au  blanc,  dans  un  creuset 
de  charbon,  de  la  magnésie  avec  un  grand  excès  d'acide  borique,  on 
trouve,  après  refroidissement,  des  masses  blanches,  opaques,  dures,  isolées 
au  milieu  de  l'excès  d'acide  borique  transparent.  Cette  matière  cristallisée, 
à  structure  rayonnée,  est  formée  de  longues  aiguilles  partant  d'un  ou 
plusieurs  centres;  elle  est  soluble  à  chaud  dans  les  acides  étendus  diffé- 
rents de  l'acide  acétique,  et  contient  : 

Magnésie 3o,oo,  Acide  borique 70,00. 

Cette  composition,  qui  répond  exactement  à  la  formule  3MgO,4BoO',  est 
celle  de  la  boracite,  que  l'on  rencontre  à  Lunebourg  (Brunswick)  dans  les 
gypses  qui  forment  des  niasses  mtercalées  dans  les  terrains  crayeux,  et  à 
Segeberg  (Ilolstein). 

»  Ce  composé,  traité  par  les  chlorures  alcalins,  donne  rapidement  une 
couronne  volumineuse  à  la  surface  intérieure  du  creuset;  il  perd,  en  cris- 
tallisant, la  moitié  de  son  acide  borique,  qu'on  voit,  au  fond  du  creuset, 
envelopper  dégouttes  transparentes  les  fragments  de  sel  non  encore  atta- 
qués. Les  cristaux  (I)  que  fournit  cette  opération  prennent  aussi  nais- 
sance, comme  on  pouvait  le  prévoir,  quand  on  ajoute  à  la  matière,  avant 
de  la  soumettre  à  l'action  des  chlorures,  un  excès  d'acide  borique;  tout  le 
sel  employé  se  transporte  en  cristaux  (II)  en  haut  du  creuset,  et  finale- 
ment il  ne  reste  au  fond  qu'une  perle  limpide  d'acide  borique  en  excès. 

»  Le  mélange  de  i  équivalent  de  magnésie  avec  2  d'acide  borique  ne 


(  so/i  ) 

fond  qu'avec  mie  difficulté  extrême.  Il  en  résulte  un  verre  blanc  opalin, 
très-friable,  qui  ne  fond  pas  dans  le  mélange  de  chlorures,  et  qui  donne 
facilement  un  bourrelet  de  cristaux  (HT).  Ceux-ci  sont,  comme  les  précé- 
dents, des  aiguilles  transparentes,  larges,  très-aplaties,  terminées  par  des 
pointements  et  fréquemment  groupées  entre  elles.  Ils  se  dissolvent  à 
chaud  dans  l'acide  nitrique  et  dans  l'acide  sulfurique  étendu,  et  ren- 
ferment : 

I.  II.  m.  Calculé. 

Magnésie 4^  >  4°  ^6,36  4^  ?  83  4^  >  1 5 

Acide  borique  .. .      53, 6o  53,64  54,i6  53,85 

Leur  formule,  3MgO,  aBoO^,  est  celle  d'un  borate  basique  analogue  à 
ceux  de  strontiane  et  de  chaux. 

»  Le  borate  3MgO,4BoO',  traité  par  les  chlorures  alcalins,  mais  en 
chauffant  très-fortement  le  creuset,  donne  un  résultat  différent;  les  mor- 
ceaux de  sel  magnésien  se  hérissent  d'abord  de  cristaux;  la  formation  du 
bourrelet  est  assez  rapide,  et,  finalement,  tout  s'y  transforme,  sauf  ime  perle 
d'acide  borique  qui  reste  au  fond  du  creuset.  Le  sel  primitif  perd,  dans  ce 
cas,  le  quart  seulement  de  son  acide  borique,  et  l'on  obtient  des  aiguilles 
fines,  déliées  et  légères,  quelquefois  des  prismes  minces,  qui  renferment  : 

Magnésie 36,85,  Acide  borique 63,  i5. 

C'est  du  borate  neutre  de  magnésie  MgO,  BoO';  nous  trouverons  plus 
loin  d'autres  circonstances  dans  lesquelles  il  se  forme  encore. 

))  V.  Borates  doubles.  —  Quand  on  soumet  le  borate  magnésien  3 MgO, 
4B0O*  à  l'action  du  mélange  de  chlorures  alcalins,  en  présence  d'un 
grand  excès  de  chlorure  de  calcium ,  l'opération  marche  d'une  tout 
autre  manière;  la  formation  d'un  bourrelet  de  cristaux  n'est  plus  rapide 
comme  en  l'absence  du  chlorure  de  calcium,  mais  très-lente;  les  fragments 
de  borate  de  magnésie  qui  sont  au  fond  du  creuset  se  recouvrent  de  pe- 
tites aiguilles  et  disparaissent  peu  à  peu.  Les  cristaux  qui  résultent  de  cette 
opération  diffèrent  entièrement  de  ceux  que  l'on  obtenait  sans  chlo- 
rure de  calcium  :  ce  sont  des  prismes  terminés  par  une  pyramide  régu- 
lière; ils  contiennent  à  la  fois  de  la  chaux  et  de  la  magnésie,  comme  le 
montrent  les  nombres  suivants  : 

I.  II.  Calculé. 

Chaux 29,78  29,87  29,57 

Magnésie 2i  ,34  21,09  21,12 

Acide  borique 48)87  5o,oo  49>3i 


(  «95  ) 
Leur  foriiiule  est 

4BoO%  3CaO,  3î\îgO  =  (3CaO,  2r,oO')(3MgO,  ^BoO'). 

C'est  un  borate  double  de  chaux  et  de  magnésie,  que  l'on  peut  regarder 
comme  une  combinaison  de  deux  borates  simples  de  même  composition. 
»  La  même  expérience,  répétée  en  remplaçant  le  chlorure  de  calcium  par 
du  chlorure  de  strontium,  ne  donne  rien  que  du  borate  neutre  de  magnésie 
MgO,  BoO';  le  chlorure  de  strontium  paraît  ne  jouer  là  aucun  rôle; 
mais  si  l'on  introduit  à  sa  place  de  la  strontiane  en  excès,  on  produit  un 
nouveau  sel  double  dont  la  foriuaiion  est  extrêmement  lente,  et  qui  con- 
tient ; 

1.  II.  Calculé. 

Strontiane 43>6o  43>46  ^3,8^ 

Magnésie i6,4o  i6,64  i6,85 

Acide  borique 4o>oo  3g, 6o  3g, 33 

Cette  composition  exprimée  par  la  formule 

4BoO%  3SrO,  3MgO  =  (3SrO,  aBoO^)  (3MgO,  2B0O') 

montre  que  c'est  le  sel  précédent  où  la  strontiane  remplace  la  chaux;  les 
cristaux,  quoique  plus  courts,  présentent  d'ailleurs  un  aspect  analogue,  et 
comme  eux  se  dissolvent  facilement  dans  les  acides  étendus. 

»  Je  n'ai  pas  obtenu  le  composé  correspondant,  renfermant  de  la 
baryte. 

»  La  méthode  décrite  en  commençant  m'a  donc  permis  de  faire  cristal- 
liser des  sels  de  quatre  bases  différentes  ;  la  comparaison  de  leurs  formules 
fait  bien  ressortir  leur  analogie  de  composition  : 

Sets  simples. 

CaO,  2B0O»,  SrO,  2B0O'  BaO,  2lioO%  

aCaO,  3BoO^  2SrO,  3BoO^,  2BaO,  3BoO%  

,  ,  3Mj,'0,4BoO% 

CaO,  BoO%  SrO,  BoO%  MgO,  BoO', 

3CaO,  2BoO%  3SiO,BoO%  ,  3MgO,  2BoO\ 

Sels  doubles. 
(3CaO,  2B0O')  (3MgO,  2B0O'), 
(3SrO,  2B0O')  (3MgO,  2BoO^). 

»  Remarquons  qu'il  est  plus  difficile  d'introduire  de  la  base  dans  les  sels 
de  strontiane  que  dans  ceux  de  chaux,  ce  qui  conduit  à  préparer  certains 


(  «96  ) 
(l'entre  eux  d'iino  manière  un  peu  différente,  en  substituant  la  base  elle-même 
à  son  chlorure.  Cette  difficulté  s'accentue  davantage  dans  les  sels  de  baryte, 
dont  je  n'ai  pu  donner  que  les  deux  plus  acides.  Ceux  de  magnésie  pré- 
sentent, au  contraire,  le  phénomène  inverse  :  c'est  l'acide  qu'on  y  fait  en- 
trer avec  peine;  ce  sont  aussi  les  sels  basiques  ou  neutres  que  j'ai  pu  seuls 
obtenir. 

»  Ce  procédé  de  préparation  s'applique  à  la  production  de  borates  mé- 
talliques proprement  dits,  comme  ceux  de  zinc  et  de  manganèse;  j'aurai 
loccasion  d'y  revenir  en  décrivant  d'autres  borates  cristallisés,  mais  ob- 
tenus par  voie  humide.  » 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  chlorovanadates.  Note  de  M.  P.  Hautefeuille, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  La  reproduction  de  la  vanadinite  pure  et  la  préparation  d'une  wagné- 
rite  du  vanadium  m'ont  permis  d'établir  que  lesvanadates,  comme  les  phos- 
phates et  les  arséniates,  jouissent  de  la  propriété  de  former  deux  séries  de 
sels  isomorphes  en  se  combinant  aux  chlorures. 

»  On  peut  reproduire  la  vanadinite  naturelle  par  la  voie  sèche.  Il  suffit 
de  porter  au  rouge  sombre  de  l'acide  vanadique  pur  intimement  mélangé 
à  de  la  litharge  et  à  du  chlorure  de  plomb  en  grand  excès  pour  obtenir  ce 
chlorovanadate  à  l'état  cristallisé.  Après  refroidissement  et  dissolution  de 
l'excès  de  chlorure  de  plomb,  on  obtient  des  aiguilles  jaunes  transparentes 
et  douées  d'un  éclat  gras  sur  lesquelles  on  peut  mesurer  les  angles  du  prisme 
hexaèdre  régulier.  Ce  sont  les  caractères  extérieurs  les  plus  saillants  de  la 
vanadinite.  L'analyse  établit  que  ces  cristaux  renferment,  comme  le  produit 
naturel,  3  équivalents  de  vanadate  de  plomb  pour  i  équivalent  de  chlorure 
de  plomb. 

»  Les  chlorures  fondus  susceptibles  de  s'unir  aux  vanadales  ne  sont  pas 
nombreux;  la  plupart  sont  décomposés  par  l'acide  vanadique  :  c'est  ainsi 
que  le  chlorure  de  magnésium  et  l'acide  vanadique  fournissent  de  l'oxy- 
chlorure  do  vanadium  et  de  la  magnésie  cristallisée.  Le  chlorure  de  calcium 
ne  jouissant  pas,  au  même  degré,  de  la  propriété  d'être  décomposé  par  l'acide 
vanadique,  on  parvient  à  préparer  un  chlorovanadate  de  chaux  en  chauf- 
fant modérément  les  éléments  de  ce  sel.  En  reprenant  par  l'eau,  après  fu- 
sion, on  sépare  de  l'excès  de  chlorure  des  cristaux  d'un  blanc  mat  et  doués 
d'un  éclat  adamantin  (i). 


(i)  Jusiiu'à  présent,  je  n'ai  pas  rciissi  à  rLiii|)lacer,  môme  pai'tielleinent,  le  cblorc  |)ar  le 
fluor.  Le  fluorure  de  calcium  cristallise  à  part  sous  la  forme  de  lamelles. 


(  897  ) 
»  L'analyse  de  ce  produit  donne  les  résultais  suivants  : 

Rapports  des  équivalents. 

Acide  vanadique ^9,07  i 

Chaux 36,66  3 

Chlorure  de  calcium 23,76  i 

Perte o,52 

100,00 

Ce  sel,  cristallisé,  n'appartient  donc  pas  au  même  type  que  la  vanadinite, 
ce  n'est  pas  inie  apatite.  Il  a  la  composition  des  wagnérites,  puisqu'il  ren- 
ferme équivalents  égaux  de  vanadate  de  chaux  et  chlorure  de  calcium. 

»  La  densité  de  la  wagnérite  du  vanadium  est  de  /\,oi.  Celte  espèce  n'a 
pas  encore  été  signalée  sur  les  échantillons  naturels. 

»  Les  mesures  cristallographiques  effectuées  sur  ce  produit  établissent 
son  isomorphisme  avec  la  wagnérite  phosphorée,  ainsi  qu'on  peut  le  con- 
stater par  la  comparaison  des  mesures  faites  dans  trois  zones  correspon- 
dantes. 

»  Les  faces,  dans  deux  zones  dislinctes,  sont  inclinées  les  unes  sur  les 
aulres  de  90  degrés  dans  les  deux  espèces. 

»   Les  faces,  dans  une  troisième  zone,  font  entre  elles  des  angles  voisins  ; 

Composé  Composé 

du  vanadium.  du  phosphore. 

M:  M 97°6'  96"'4o' 

M:/(' i38°43'  i38"25' 

1)  Il  est  presque  inutile  de  faire  remarquer  que  l'existence  de  cette 
espèce,  cristallissant  dans  le  système  du  prisme  droit  à  base  rhombe  comme 
la  wagnérite,  apporte  un  nouvel  argument  en  faveur  de  la  formule  que 
M.  Roscoë  assigne  à  l'acide  vanadique. 

»  Aux  relations  connues  entre  la  vanadinite,  la  pyromorphite  et  la  nii- 
metèse,  on  peut  ajouter  aujourd'hui  celles  tout  à  fait  de  même  ordre  entre 
la  w.ignérite  du  vanadium,  l'espèce  artificielle  de  wagnérite  découverte 
par  MM.  Sainte-Claire  Deville  et  Caron  (  i),  et  la  wagnérite  arséiliée  préparée 
par  M.  Lechartier  (2).  » 

(i)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3°  série,  t.  LXVII,  p.  443- 
(2)   Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  172. 


C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  [T.  LXXVII,  N»  IG."; 


116 


(  898  ) 

CHIMIE  INDUSTEIELLE.  —  Mode  de  production  des  mélliy lamines  dans  la  fabri- 
cation des  produits  pyrolicjneux .  Note  de  M.  C.Vincent,  répétiteur  à  l'École 
Centrale. 

«  J'ai  signalé  la  présence  de  la  méthylaniine  dans  l'alcool  niéthylique 
[Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XIX,  5  janvier)  ;  je  viens  aujourd'hui  in- 
diquer les  conditions  dans  lesquelles  on  obtient  celte  ammoniaque,  ainsi 
que  la  diméthylamine  et  la  triméthylamine. 

»  L'acide  pyroligneux  brut  étant  saturé  par  la  chaux  éteinte,  avant  la  sé- 
paration de  l'alcool  métiiylique,  et  soumis  à  la  distillation  partielle,  donne 
de  l'alcool  méthylique  brut,  dont  les  premières  parties  contiennent  de  l'iim- 
moniaque  en  quantité  considérable  et  quelques  traces  de  méthylamine. 

»  Cet  alcool,  en  effet,  saturé  complètement  par  l'acide  sulfurique,  a  laissé 
déposer  une  masse  cristalline  blanche  non  déliquescente,  insoluble  dans 
l'alcool  méthylique  et  facilement  cristallisable  dans  l'eau.  La  dissolution  de 
cette  matière  mélangée  de  sulfate  d'alumine  a  laissé  par  évaporation  déposer 
de  l'alun  qui,  purifié  par  une  seconde  cristallisation,  a  été  décomposé  par 
la  potasse  caustique.  On  a  obtenu  ainsi  un  gaz  incolore  fortement  alcalin 
présentant  tous  les  caractères  de  l'ammoniaque  pure. 

»  Si,  au  lieu  de  recueillir  immédiatement  l'alcool  méthylique  alcalin,  on 
le  soumet  à  la  rectification  dans  un  appareil  muni  d'une  colonne  de  con- 
centration, on  recueille  un  produit  dont  les  premières  parties  sont  rendues 
alcalines  par  une  petite  quantité  d'ammoniaque  et  par  une  proportion 
notable  de  méthylamine.  Cet  alcool,  redistillé  plusieurs  fois  encore  dans  le 
même  appareil,  ne  contient  plus  que  des  traces  d'ammoniaque,  mais  il 
renferme  des  quantités  considérables  de  méthylamine,  de  diméthylamine 
et  de  triméthylamine. 

»  J'ni  opéré  sur  les  i5  premiers  litres  d'alcool  méthylique  recueillis  à  la 
quatrième  dislillalion,  dans  un  appareil  contenant  environ  1000  litres  de 
produit. 

»  Cet  alcool  étant  très-fortement  alcalin,  il  était  difficile  de  le  saturer 
directement  à  cause  delà  violence  de  la  réaction;  il  a  fallu  l'étendre  d'eau. 
Le  produit  a  été  salure  par  l'acide  sulfurique  et  évaporé  au  bain-marie  jus- 
qu'à consistance  sirupeuse,  afin  de  chasser  complètement  l'alcool  méthy- 
lique. Pendant  i'évaporalion,  il  s'est  séparé  des  pellicules  goudronneuses 
qui  ont  été  enlevées  avec  soin  ;  en  outre  il  s'est  constamment  dégagé  de  la 
méthylamine  pendant  I'évaporalion  du  sulfate,  bien  que  la  liqueur  fût  acide. 
Après  refroidissement,  la  matière  avait  l'aspect  d'un  sirop  brun  foncé  vis- 
queux :  ce  produit  a  été  traité  par  une  lessive  de  potasse,  afin  de  mettre 


(  899) 
en  liberté  les  diverses  annnoniaques;  et  le  mélange  gazeux  ainsi  obtenu  a 
été  desséché  par  son  passage  surune  longue  colonne  de  potasse  caustique  en 
morceaux  et  dirigé  ensuite  dans  plusieurs  matras  refroidis  à  zéro  dans  la 
glace  fondante.  Il  s'est  condensé  dans  les  matras  une  quantité  considérable 
d'un  liquide  incolore,  très-mobile,  très-volatil,  combustibleavecuneflamme 
jaune  pâle,  fortement  alcalin,  ayant  une  odeur  insupportable  de  marée,  et 
qui  a  été  reconnu  pour  un  mélange  de  diméthylamine  et  de  friméthvlamine. 

»  Les  produits  non  condensés  dans  les  matras  ont  été  dirigés  dans  deux 
flacons  de  Woolf  renfermant  de  l'eau  distillée,  dans  laquelle  ils  se  sont 
complètement  condensés.  La  dissolution  ainsi  obtenue,  fortement  alcaline, 
a  présenté  tous  les  caractères  de  la  dissolution  de  méthylamine;  elle  a 
été  saturée  par  l'acide  oxalique,  et  le  produit  évaporé  à  sec  au  bain-marie  ;i 
été  traité  par  l'alcool  absolu  ;  il  n'est  resté  qu'une  trace  de  produit  insoluble 
consistant  en  oxalate  d'ammoniaque. 

»  L'ensemble  de  ces  faits  montre  que  les  méthylamiues  ne  se  produi- 
sent pas  directement  dans  la  carbonisation  du  bois,  mais  que  l'ammoniaque 
qui  se  forme  d'abord,  et  qui  accompagne  les  produits  les  plus  volatils, 
donne  successivement  de  la  méthylamine,  de  la  diméthylamine  et  de  la 
triméthylamine,  selon  le  temps  plus  ou  moins  long  de  contact  des  matières 
dans  les  conditions  signalées. 

»  J'ai  recherché  quelle  était  la  réaction  qui  pouvait  donner  naissance 
aux  diverses  mélhylamines  pendant  les  distillations  successives  de  l'alcool 
méthylique  alcalin;  j'ai,  dans  ce  but,  mis  en  contact,  dans  un  ballon  muni 
d'un  réfrigérant  de  Liebig,  et  chauffé  au  bain-marie,  puis  en  vase  clos  à 
loo  degrés,  de  l'alcool  méthylique  pur  et  de  l'ammoniaque  en  dissolution 
aqueuse,  et,  au  bout  de  vingt  heures,  ayant  mis  (in  à  l'expérience,  je  n'ai 
pu,  dans  l'un  et  l'aulre  cas,  trouver  trace  de  méihylamine. 

»  L'alcool  méthylique  brut,  contenant  des  quantités  considérables  d'acé- 
tone, j'ai  pensé  que  l'ammoniaque,  en  réagissant  sur  ce  corps,  pouvait  en- 
gendrer successivement  les  diverses  méthylamines  et  de  l'aldéhyde,  d'après 
les  équations  suivantes  : 

C«HfO-  +  AzH'  =C'H''0=  +  AzH^(CHI'), 

(?H°0-  +  AzH-  (C^H')  =  C^H'O^  -t-  AzH(C-H')-, 
CH^O^-t-  AzH(C-H')=  =  C'H^O^  +  Az^C^H'/. 

»  J'ai  donc  mis  de  l'acétone  et  de  l'ammoniaque  en  dissolution  aqueuse 
dans  un  ballon  chauffé  au  bain-marie  et  conununiquant  avec  un  réfrigé- 
rant de  Liebig;  au  bout  de  quelques  heures,  ayant  mis  fin  à  l'expérience, 
le  liquide  a  été  salure  par  l'acide  oxalique  et  évaporé  à  siccité  au  bain- 


(  9o«  ) 
marie;  le  résidu,  traité  par  l'alcool  absolu,   a  donné  une  solution   qui  a 
été  évaporée  à  sec,  afin  de  chasser  l'alcool  ;  la  matière  ainsi  obtenue,  traitée 
p;ir  uiie  lessive  de  potasse  bouillante,  a  laissé  dégager  un  gaz  qui  a  été  dis- 
sous dans  l'eau. 

»  La  solution  obtenue  était  fortement  alcaline,  laissait  par  l'ébulli- 
tioii  flégager  un  gaz  inflammable  brûlant  avec  une  flamme  jaunâtre;  elle 
précipitait  les  sels  de  cadmium  en  blanc,  et  le  précipité  était  insoluble  dans 
un  excès  de  réactif;  à  ces  caractères,  j'ai  reconnu  la  méthylamine. 

»  La  présence  de  l'aldéhyde  dans  les  produits  de  l'action  de  l'ammo- 
niaque sur  l'acétone  a  été  décelée  en  saturant,  par  l'acide  acétique,  les  pre- 
miers produits  de  la  rectification,  et,  y  faisant  passer  un  courant  d'acide 
suHhydrique,  il  s'est  formé  du  sulfhydrale  d'hydrure  de  sulfacétyle,  dont 
l'odeur  est  caractérislique. 

»  On  peut  conclure  de  l'ensemble  de  ces  réactions  que  les  méthylamines 
qui  se  rencontrent  dans  l'alcool  méthylique  ont  pris  naissance  par  l'action 
de  l'ammoniaque  sur  l'acétone  pendant  le  cours  des  distillations  répétées, 
qu'on  doit  faire  subir  à  l'alcool  méthylique  brut,  pour  l'amener  au  degré 
de  pureté  où  l'exige  l'industrie. 

»  De  même  la  formation  simultanée  de  l'aldéhyde  dans  ces  réactions  ex- 
plique la  présence  de  ce  produit  dans  l'alcool  méthylique.    » 

M.  W.  IvEusEN  informe  l'Académie  qu'il  a  fait,  l'été  dernier,  à  Saint- 
Pétersbourg,  un  essai  d'éducation  de  vers  à  soie,  dans  le  jardin  de  la  Société 
économique.  Quarante  mûriers  blancs  avaient  été  plantés,  il  y  a  deux  ans  et 
demi,  dans  ce  jardin.  Il  a  obtenu  cinq  cents  cocons  de  bonne  qualité;  les 
essais  doivent  être  continués  l'année  prochaine. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  D. 


ERRATA. 


(Séance  du  29  septembre  1873.) 

Page  711,  ligne  28,   au  lieu  de  ouvertes,   lisez  courtes. 

Page  713,  ligne  29,   au  lieu  de  que  celle  qui  a  lieu,   lisez  puisqu'elle  a  lieu. 

(Séance  du  i3  octobre  1873.) 
Pai^e  820,  ligne  3,  au  lieu  de  acide  sulfurique,  lisez  acide  sulfhydriquc. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  OCTOBRE  1873. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUMCATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  DcMAs  donne  à  l'Académie  des  nouvelles  de  la  santé  de  M.  Regnault, 
qui,  il  y  a  quelques  jours,  avait  pu  inquiéter  ses  amis.  Aujourd'hui  l'état 
de  notre  illustre  Confrère  permet  de  rassurer  l'Académie.  M.  Henri 
Sainte-Claire  Deville  a  bien  voulu  se  rendre  auprès  de  lui  et  se  faire  l'in- 
terprète de  nos  sentiments  et  de  nos  voeux  pour  son  prompt  rétablissement. 

M.  le  Président  l'a  chargé  spécialement  de  remercier,  à  Genève,  au  nom 
de  l'Académie,  M.  le  professeur  Louis  Soret  et  M.  le  D"^  Prévost,  qui  ont 
entouré  M.  Regnault  de  leur  affection  et  de  leurs  soins  dans  celte  cir- 
constance. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sixième  Note  sur  le  guano;  par  M.  Chevrecl. 

«  Deux  faits  que  j'ai  constatés  dans  un  guano  qui  m'a  été  remis  en  der- 
nier lieu  par  M.  Barrai,  et  que  je  désigne  par  le  n°  6,  et  dans  le  guano 
n°  4i  m'ont  paru  assez  intéressants  pour  les  communiquer  à  l'Académie, 
faits  auxquels  je  joindrai  quelques  observations  générales  concernant  la 
matière  constituant  les  êtres  vivants  en  général  et  les  animaux  en  parti- 
culier. 

C.  R.,  1873,  2°  Semestre.  (T.  LX.XVII,  m  17.)  I  I  7 


(  9»^  ) 

»  Premier  fait.  —  J'ai  obtenu  un  sel  parfaitement  incolore,  cristallisé 
en  prismes  minces,  dont  je  n'ai  pas  encore  déterminé  la  forme. 

»  Ces  cristaux  m'ont  présenté  trois  bases  :  l'ammoniaque,  la  potasse  et  la 
chaux  unies  avec  l'acide  oxalique. 

»  Ils  sont  solubles  dans  l'eau,  et  leur  solution  concentrée  ne  se  trouble 
pas  par  l'oxalate  d'ammoniaque,  même  après  quarante  heures  et  plus. 

»  Si  cette  solution  concentrée  est  étendue  d'eau,  par  exemple  de  5oo  par- 
ties pour  I  partie  de  sel,  et  abandonnée  à  elle-même,  après  vingt-quatre 
heures  elle  a  perdu  sensiblement  de  sa  limpidité  et  le  trouble  va  en  aug- 
mentant avec  le  temps.  Le  sixième  jour,  les  couches  inférieures  sont  moins 
limpides  que  les  couches  supérieures,  ce  qui  annonce  la  tendance  d'une 
matière  à  se  précipiter.  Cette  matière,  cause  du  trouble,  est,  comme  on  le 
pense  bien,  de  l'oxalate  de  chaux. 

»  Dans  les  mêmes  circonstances,  le  trouble  est  plus  grand  lorsqu'on  a 
ajouté  à  une  solution  semblable  de  l'oxalate  d'ammoniaque. 

»  Second  Jait  :  Découverte  de  t'urate  de  chaux  dans  le  guano  Ji°  4-  —  I^" 
guano  n"  4,  qui  avait  été  traité  préalablement  par  de  l'eau  froide,  puis  par 
de  l'alcool  bouillant,  fut  soumis,  à  deux  reprises,  à  l'action  de  l'eau  bouil- 
lante; celle-ci  enleva,  à  loo  parties,  environ  9  parties,  qui,  soumises  à 
l'action  de  l'alcool  et  de  l'eau  froide,  laissèrent  6  parties  environ  d'urate 
de  chaux  faiblement  coloré  en  jaune. 

»  La  matière  distillée  donna  du  carbonate  d'ammoniaque,  une  vapeur 
douée  de  l'odeur  cyanhydrique  et  un  charbon  abondant  qui,  brîilé,  laissa 
de  la  chaux. 

»  Enfin  la  matière  unie  à  la  chaux  donna  la  couleur  pourpre,  un  des  ca- 
ractères les  plus  remarquables  de  l'acide  urique  chauffé  avec  l'acide  azo- 
tique. 

»  IlL  Quelques  observations  générales  sur  la  matière  constituant  les  êtres 
vivants  et  particulièrement  les  animaux.  —  Une  première  observation  m'a 
frappé  sur  les  réactions  chimiques  qui  se  passent  dans  les  excréments  des 
oiseaux  constituant  le  guano.  Cette  observation,  je  l'ai  faite  dès  que  j'ai 
pu  observer  les  débris  des  oiseaux  que  l'on  trouve  dans  le  guano,  débris 
remarquables  eu  ce  qu'ils  présentent  surtout  l'extérieur  de  l'animal,  la 
peau  et  ses  aiuiexes  cornées,  non  compris  les  plumes.  Je  ne  parle,  bien 
entendu,  que  de  ce  que  j'ai  vu. 

»  J'ai  lait  mention,  dans  ime  Note  précédente,  de  la  disparition  des  os; 
j'ai  tout  lieu  de  penser  que  l'air  a  une  influence  sur  leur  altération,  par  la 
raison  que  j'ai  eu  lieu  d'observer,  dans  quelques  os  minces,  que  c'était 


(9o3) 
la  partie  découverte,  exposée  au  contact  de  l'air  depuis  longtemps,  qui, 
réduite  en  petits  morceaux,  avait  une  couleur  très-foncée,  tandis  que  le 
reste  de  l'os  préservé  du  contact  de  l'air  avait  subi  moins  d'altération. 

»  Maintenant,  ce  qui  est  remarquable,  c'est  la  forte  proportion  de  la  ma- 
tière soluble  dans  l'eau  que  l'on  trouve  dans  le  guano,  ce  qui  témoigne, 
par  son  état  solide,  qu'elle  s'est  produite  sans  doute  en  contact  avec  l'eau, 
mais  que  celle-ci  n'a  jamais  été  en  excès. 

»  Une  conséquence  de  cet  état  de  choses,  c'est  que  la  peau,  sans  d'être 
altérée  dans  son  tissu,  a  pu  s'unir  à  des  matières  salines  solubles  qui  ont 
contribué  certainement  à  en  assurer  la  conservation,  et  indubitablement 
il  y  a  une  matière  azotée,  colorée  en  brun,  qui  aussi  s'y  est  unie  intime- 
ment. 

))  En  un  mot,  les  changements  qui  se  sont  opérés  et  dans  la  partie 
excrémentitielle  constituant  le  guano,  et  dans  l'intérieur  du  corps  des 
oiseaux  morts,  que  l'on  trouve  dans  ces  excréments,  convertis  aujourd'hui 
en  guano,  se  sont  opérés  lentement  et  dans  des  circonstances  où  ni  l'air, 
ni  l'eau,  ni  la  chaleur  n'ont  pu  agir  avec  une  grande  énergie;  et  l'on  voit, 
en  définitive,  que  les  forces  chimiques  dont  l'influence  a  été  la  plus  grande 
sont  l'acidité  et  l'alcalinité,  car  ce  sont  des  sels  qui  représentent  en  grande 
partie  la  matière  soluble  du  (juaiio. 

»  Si  la  forme  saline  est  bien  différente  de  la  forme  chimique  que  pré- 
sentent le  végétal  et  l'animal  morts,  cependant  je  ne  peux  nie  défendre  de 
comparer  la  matière  du  guano  et  la  matière  des  débris  des  oiseaux,  au 
point  de  vue  de  la  lenteur  des  actions  chimiques  qui  les  ont  faites  ce  que 
nous  les  voyons,  aux  actions  lentes  qui  se  passent  dans  les  êtres  vivants. 
Ici,  je  le  répète,  ma  comparaison  porte  sur  la  lenteur  des  actions. 

»  C'est  celte  manière  d'envisager  la  transformation  de  la  matière  excré- 
mentitielle des  oiseaux  en  guano  qui  explique  ces  deux  faits  remarquables, 
que  présentent  les  guano  4  ^t  5,  de  faire  une  vive  effervescence  de  gaz 
acide  carbonique  pendant  leur  lavage  à  l'eau,  et  enfin  le  premier  fait  de 
cette  Note,  un  composé  salin  d'acide  oxalique  uni  à  trois  bases,  dont  l'une 
d'elles  est  la  chaux.  Il  est  évident  que  cette  combinaison  et  la  première 
ne  se  fussent  pas  produites  si  l'eau  en  forte  proportion  eût  été  présente 
lors  des  réactions. 

»  J'ajouterai  que  ces  recherches  du  guano  m'ont  présenté  des  faits  de 
cristallisation  analogues  à  ceux  que  j'ai  communiqués  à  l'Académie  relati- 
vement aux  sels  des  cadavres.   » 


117. 


(9o4  ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Réponse  à  une  Note  de  M.  Respif/lti,  sur  la  grandeur 
des  variations  du  diamètre  solaire^  par  le  P.  Secchi. 

«  Rome,  8  octobre  iS^S. 

»  Dans  une  Communication  faite  récemment  à  l'Académie  (  Comptes  ren- 
dus, p.  716  de  ce  volume),  M.  Respighi  passe  en  revue  quelques-unes  de 
mes  recherches  sur  le  diamètre  solaire  et  mes  méthodes  spectroscopiques. 

»  Je  remarque  d'abord  que,  d'après  cette  Note,  le  savant  astronome 
semble  avoir  fait  un  grand  progrès  dans  l'emploi  de  ma  méthode  d'obser- 
vation spectroscopique.  Autrefois,  il  déclarait  cette  méthode  très-impar- 
faite et  se  plaignait  que  les  images  fussent  mal  définies;  aujourd'hui,  il  a 
réussi  à  obtenir  «  les  taches  et  les  facules  bien  distinctes  et  bien  définies 
«  (p.  718)  »  :  c'est  là  un  progrès  considérable,  tendant  à  prouver  que  je 
n'ai  pas  eu  tort  d'opérer  de  cette  manière. 

»  De  plus,  il  admet  la  méthode  comme  «  très-utile  pour  les  observations 
»  de  la  durée  du  passage  du  Soleil,  sans  produire  aucune  altération  dans 
»  la  durée  cherchée,  ce  qui  rend  plus  facile  et  plus  sûre  l'observation  des 
»  contacts  des  bords  solaires  avec  les  raies  spectrales  ».  Je  prends  volon- 
tiers acte  de  cette  déclaration,  qui  m'encourage  grandement.  Il  me  reste  à 
m'expliquer  sur  quelques  détails,  qui  sont  d'un  intérêt  secondaire,  car  ils 
sont  relatifs  à  des  appréciations  théoriques,  sur  lesquelles  il  ne  sera  pas 
difficile  de  nous  entendre,  avec  un  peu  de  réflexion  et  d'exercice. 

»  Je  ne  puis  pas  convenir,  par  exemple,  que  la  différence  de  netteté  des 
images  observées  par  moi  aux  deux  bords  solaires  soit  due,  comme  le  veut 
M.  Respighi,  à  une  réflexion  de  lumière  verte,  qu'on  absorberait  avec  un 
verre  rouge.  J'ai  employé  déjà  le  verre  rouge,  et  l'effet  dans  ma  lunette  n'a 
pas  disparu;  on  comprend  cependant  qu'il  peut  avoir  disparu  dans  la  lu- 
nette de  M.  Respighi,  soit  à  cause  de  son  angle  réfringent  plus  grand,  soit 
encore,  connue  cela  me  paraît  certain,  à  cause  de  la  petitesse  de  son  image; 
son  appareil  peut,  dans  le  spectre  impur  de  l'image  solaire,  séparer  les 
extrêmes,  ce  qui  n'arrive  pas  dans  mon  instrument,  où  l'image  atteint 
45  millimètres.  Ce  résultat  peut  être  intéressant  pour  indiquer  quels  seront 
la  dispersion  et  l'angle  à  employer  pour  chaque  instrument. 

»  M.  Respighi  prétend  ensuite  que  la  déformation  n'est  pas  la  même 
avec  le  prisme  objectif  et  avec  le  prisme  interposé.  Pour  mon  compte, 
j'avoue  que,  après  avoir  employé  les  deux  méthodes,  je  ne  les  trouve  pas 
sensiblement  différentes;  sa  théorie  ne  s'accorderait  donc  pas  avec  l'ob- 
servation. 


(9o5) 

»  Il  accuse  le  prisme  interposé  de  donner  une  image  fictive  du  disque, 
où  les  oscillations  atmosphériques  sont  confondues  avec  le  bord  solaire. 
Malgré  la  longue  exposition  qu'il  a  faite  de  cette  manière  de  voir,  j'avoue 
que  je  n'ai  pas  réussi  à  la  partager.  Quoi  qu'il  en  soit  de  la  théorie  de  la 
scintillation  des  étoiles,  il  est  certain  que,  même  en  acceptant  son  opinion 
sur  la  manière  dont  se  produit  l'oscillation  du  bord  solaire,  on  peut  expli- 
quer très-simplement  le  fait  de  la  plus  grande  tranquillité  de  ce  bord  avec 
ma  méthode  spectroscopique.  En  effet,  l'ondulation  atmosphérique,  qui  dé- 
place l'image  solaire,  lui  donne  un  mouvement  très-rapide  ;  l'image  formée 
sur  la  rétine  de  l'observateur  est  ainsi  déjà  très-faible,  et  bien  plus  que 
l'image  fixe.  Le  spectroscope,  qui  affaiblit  considérablement  toutes  les 
lumières,  affaiblit  également  celle-ci,  la  rend  insensible,  en  sorte  que 
l'image  apparaît  plus  slable. 

»  On  dira  que  les  verres  colorés  devraient  produire  le  même  résultat: 
j'avoue  que  c'est  là  une  objection  considérable  ;  il  est  donc  clair  qu'il  faut 
admettre,  dans  le  spectroscope,  une  action  spéciale,  et  c'est  pourquoi  il  ne 
me  semble  pas  absurde  de  faire  intervenir  la  cause  qui  produit  la  scintilla- 
tion des  étoiles.  Si  cette  cause  peut  agir  sur  les  rayons  stellaires,  elle  doit 
pouvoir  agir  également  sur  les  rayons  solaires,  et  il  peut  se  manifester  une 
dispersion  atmosphérique  quelconque,  parles  réfractions  extraordinaires 
qui  produisent  l'ondulation,  même  à  une  hauteur  considérable.  Quelle 
que  soit  d'ailleurs  la  théorie,  il  ne  me  semble  pas  qu'on  doive  signaler 
comme  une  imperfection  ce  privilège  de  mon  système  spectroscopique,  de 
supprimer,  dans  l'observation  du  Soleil,  un  défaut  que  tout  observateur 
voudrait  voir  disparaître  de  l'image  qu'il  contenq)le. 

»  Quant  à  la  préférence  que  j'ai  donnée  au  prisme  objectif  sur  le  prisme 
interposé,  j'en  ai  déjà  exposé  les  motifs  :  ce  n'est  nullement  parce  que 
l'observation  de  l'éclipsé  n'a  pas  été  satisfaisante,  mais  à  cause  de  la  diffi- 
culté de  trouver  de  bous  prismes  à  vision  directe,  résistant  à  celte  épreuve. 
M.  Airy  m'écrit  de  Greenwich  que  M.  Huggins  a  réussi,  mais  après  avoir 
essayé  plusieurs  prismes,  et  avoir  détérioré  l'un  d'eux.  M.  Tupman  a 
échoué;  quant  à  moi,  j'ai  essayé,  sans  succès,  plusieurs  prismes  de 
M.  Hoffman  :  le  seul  que  j'aie  trouvé  satisfaisant  est  un  prisme  de  Merz.  Ces 
prismes,  soudés  aux  mastics,  s'altèrent  lorsqu'Hs  sont  exposés  aux  rayons 
du  Soleil  concentrés  dans  la  lunette,  et  donnent  des  bulles  intérieures. 
Telles  sont  les  véritables  raisons  de  la  préférence  que  j'ai  donnée  aux 
prismes  objectifs.  C'est  avec  un  de  ces  prismes  que  j'ai  découvert  la  nié- 


(  9o6) 
thode;  j'en  crois  l'usage  plus  facile  et  préférable  pour  le  passage  de  Vénus, 
et  cet  avis  consciencieux  que  je  donne,  je  ne  le  considère  pas  comme 
«  bien  tardif  ».  Du  reste,  dans  ce  cas,  les  distorsions,  lorsqu'elles  existent, 
ne  peuvent  pas  être  préjudiciables  à  l'observation;  car  il  ne  s'agit  pas  de 
mesurer  les  images,  mais  de  juger  des  contacts,  et  la  distorsion  est  ici  sans 
influence,  comme  elle  est  sans  influence,  de  l'aveu  de  IM.  Respighi  lui- 
même,  dans  les  passages  sur  les  raies. 

»  Quant  à  l'usage  que  j'ai  fait  de  cette  méthode  dans  l'éclipsé  du  aS  mai 
1873,  M.  Respigbi  dit  que,  dans  les  résultats  de  mon  observation,  il  y  a 
«  des  circonstances  qui  ne  peuvent  s'accorder  avec  les  mouvements  des 
»  astres,  le  Soleil  et  la  Lune  ».  Cette  déclaration  est  grave  :  elle  pourrait 
paraître  indiquer  une  appréciation  que  je  suis  loin  d'attribuer  à  M.  Respi- 
glii.  Je  lui  ferai  seulement  observer  que  je  n'ai  pas  fixé  la  hauteur  de  la 
chromosphère  à  1 5  secondes,  comme  il  le  dit  à  la  page  720.  J'ai  dit  [Comptes 
rendus,  t.  LXXVI,  p.  iSag)  :  «  Enfin,  quarante-huit  secondes  après  la  fin 
»  (dernier  contact),  aucune  interruption  n'était  plus  sensible,  et  la  Lune 
»  paraissait  sortir  de  la  chromosphère.  »  En  admettant  un  mouvement  de 
8  secondes  par  minute  de  temps,  le  calcul  conduit  M.  Respighi  à  cette  con- 
clusion que  toute  la  chromosphère  n'était  pas  réellement  passée  et  que, 
par  conséquent,  avec  mon  procédé,  «  on  ne  voyait  pas  la  chromosphère 
»  aussi  haute  qu'avec  la  méthode  ordinaire  ».  La  seule  conclusion  à  en 
tirer  est  que  l'on  ne  voyait  que  la  partie  la  plus  basse  et  la  plus  vive  de 
cette  enveloppe,  ce  que  j'admets  sans  aucune  difficulté,  en  considérant  le 
grand  affaiblissement  que  fait  subir  à  la  lumière  l'uiterposition  du  prisme 
à  vision  directe  et  sa  petite  section,  qui  formait  comme  un  diaphragme 
dans  la  lunette. 

»  Quant  à  la  petite  valeur  du  diamètre  solaire  trouvée  par  moi  avec  cette 
méthode,  elle  a  pour  résultat  de  dimuiuer  de  5  à  6  secondes  d'arc  le  dia- 
mètre du  Naulical  Jlmanac  (32'3"±);  ce  résultat  s'accorde  avec  celui  de 
Encke,  qui  donnait  3i'56",8,  avec  celui  de  M.  Mazzola,  publié  dernière- 
ment à  Turin  (3i'57",3),  après  l'avoir  dépouillé  des  influences  de  l'oscil- 
lation atmosphérique,  de  l'uradiation,  etc.  Ma  méthode  spectroscopique  a 
donc  le  mérite  de  corriger  toutes  ces  irrégularités  à  la  fois  et  en  bloc.  Si 
M.  Respighi  trouve  une  valeur  différente,  je  ne  saurais  l'expliquer  que  par 
la  manière  particulière  dont  est  faite  l'observation,  sans  chronographe,  ou 
par  son  équation  personnelle,  et  par  quelques-unes  des  causes  indiquées 
dans  ma  Note  précédente. 


(  907  ) 

»  Quant  à  la  variabilité  du  diamètre  lui-même,  M.  Mazzola  la  considère, 
dans  quelques  circonstances,  comme  réellement  incontestable  (i).  J'espère 
rendre  ce  point  encore  plus  clair  dans  une  autre  Communication.  » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  dissociation  cristalline  :  Evaluation  et  répar^ 
tition  du  travail  dans  les  dissolutions  salines;  par  MM.  P. -A.  Favre  et 
C.-A.  Valson. 

«  Lorsque  plusieurs  sels  à  acides  forts  sont  dissous  dans  une  quantité 
d'eau  suffisante,  c'est-à-dire  telle  que  l'action  de  chacun  des  sels  sur  le 
dissolvant  puisse  s'exercer  librement,  il  s'établit,  au  sein  de  la  liqueur  et 
entre  les  éléments  des  sels,  un  équilibre  tel,  que  chacun  des  radicaux  mé- 
talloïdiques  peut  être  supposé  associé  indifféremment  à  l'un  quelconque 
des  radicaux  métalliques,  et  réciproquement.  C'est  ce  qui  résulte  notam- 
ment de  l'observation  des  phénomènes  de  thermoneutralité,  laquelle  avait 
été  déduite  de  l'existence  des  modules  thermiques. 

»  Ayant  été  amenés  à  étudier  la  question  au  point  de  vue  des  variations 
de  volume  qui  accompagnent  le  phénomène  de  dissolution,  nous  avons 
pu  constater  que  les  densités  des  solutions  salines  satisfont  à  des  relations 
du  même  genre.  11  existe  des  modules  de  densité  comme  il  existe  des  mo- 
dules thermiques,  et  une  neutralité  par  rapport  aux  densités  conune  par 
rapporta  la  chaleur.  Comme  nous  aurons  souvent  à  revenir  sur  ce  second 
ordre  de  phénomènes,  nous  le  désignerons,  pour  abréger,  par  la  dénomi- 
nation de  densi-neutralilé  (2). 

»  La  généralité  des  sels  satisfait  à  cette  double  relation;  cependant  il  en 
est  un  certain  nombre  qui  font  exception.  L'étude  de  ces  sels  a  fait  l'objet 
de  ce  nouveau  travail,  dans  lequel  nous  avons  étudié  la  question  au  double 
point  de  vue  de  la  chaleur  et  des  densités. 

»  Les  éléments  de  notre  travail  étaient  déjà  préparés  et  réunis,  lorsque 
M.   Berthelot  a  publié,  tout  récemment,  plusieurs  Mémoires  importants 

(i)  Atti  délia  R.  Jcc.  di  Torino,  vol.  VIII,  p.  645. 

(2)  La  relation  de  neutralité  pour  cette  classe  de  sels  s'étend  même  à  des  actions  d'un 
autre  ordre.  Ainsi,  par  exemple,  il  résulte  de  travaux  antérieurs  que  les  actions  capil- 
laires satisfont  aussi  à  la  loi  des  modules,  et  que,  par  suite,  elles  sont  du  même  ordre  (|ue 
les  précédentes.  Nous  faisons  d'autant  plus  volontiers  ce  rapprochement  que,  comme  nous 
le  faisions  remarquer  dans  notre  dernière  Com?uunication  à  l'Académie,  les  phénomènes 
dus  à  Vaffinité  capdlnirc  offrent,  à  ceitains  points  de  vue,  une  assez  gi'iinde  analogie  avec 
les  pliénomènes  dus  à  Ynffinilé  cldmiijue. 


(9o8  ) 
dans  lesquels  la  même  question  est  traitée  au  point  de  vue  des  actions  calo- 
rifiques. Plusieurs  des  résultats  obtenus  par  ce  savant  physicien  offrent 
un  intérêt  considérable,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  l'action  com- 
parée des  acides/oris  et  des  acidea  faibles.  Ces  dénominations,  qui,  jusqu'à 
présent,  ne  correspondaient  à  rien  de  bien  net,  se  trouvent  maintenant 
précisées;  la  préférence  et  le  choix  que  certains  acides  ont  pour  certaines 
bases  se  trouvent  ainsi  nettement  affirmés  et  justifiés. 

»  Notre  travail  ne  fera  donc,  sur  certains  points,  que  reproduire  et 
confirmer  des  conclusions  déjà  données  par  M.  Berthelot;  et,  malgré  les 
recherches  qu'il  nous  a  coûtées,  nous  ne  l'aurions  pas  publié  si  nous 
n'avions  pas  eu  à  exposer  un  ensemble  de  considérations  nouvelles  qui 
nous  semblent  de  nature  à  intéresser  les  physiciens;  nous  voulons  parler 
des  résultats  relatifs  aux  phénomènes  que  nous  désignons  sous  le  nom  de 
densi-îieulralité. 

»  Donnons  d'abord  un  exemple,  choisi  parmi  un  grand  nombre  de  sels 
qui  satisfont  sensiblement  à  la  double  relation  de  thermoneutralité  et  de 
densi-neutralité. 

»  Si,  dans  l'eau  tenant  déjà  en  dissolution  i  équivalent  de  chlorure  de 
potassium  et  i  équivalent  de  sulfate  d'ammonium,  on  fait  dissoudre  i  équi- 
valent d'azotate  de  sodium,  on  trouve  au  calorimètre  une  absorption  de 
4702  calories.  Si,  d'un  autre  côté,  on  dissout  la  même  quantité  d'azotate 
de  sodium  dans  l'eau  pure,  on  trouve  4842  calories.  La  différence,  i4o  ca- 
lories, est  peu  considérable,  et,  par  suite,  l'expérience  comporte  une  véri- 
fication suffisante  de  la  relation  de  thermoneutralité. 

»  La  relation  de  neutralité  pour  les  densités  et  pour  les  coercitions, 
dont  les  valeurs  résultent  de  ces  densités  mêmes,  est  également  vérifiée, 
ainsi  que  cela  résulte  du  tableau  suivant,  dans  lequel,  comme  dans  nos 
Communications  précédentes,  P  désigne  le  poids  équivalent  du  sel,D  et  V 
sa  densité  et  son  volume  à  l'état  solide,  d  la  densité  de  la  liqueur  normale, 
('l'augmentation  de  volume  du  litre,  produite  par  la  dissolution  de  i  équi- 

valent  de  la  solution,  V—  i'  la  contraction  de  volume  et  — - —  la  contrac- 
tion spécifique. 


(  909  ) 

Tableau  I. 


P 

D 

V 

d 

V 

V  — »■ 

V 

AzO'Na 

CIK. 

SO'Àm 

Moyennes.. 
Mélange. . . 

85 

7'l>5 

66 

75,2 
75,2 

■2,2'|I 
1.976 
1,766 

'•99'l 
1,994 

ce 

37,9 
37,8 

37.4 

37,7 

37,7 

I  .oâ.'io 

1,0378 

.,o45.',(.) 
1,0445 

ce 
2g,/, 

29.0 

27,3 
28,6 

29,4 

ce 
8,5 

8,8 

10, 1 

9.' 
8,3 

0,22 
0,23 
0,27 

0.24 
0,22 

»  Considérons  maintenant  ce  qui  se  produit  pour  un  sel  double,  le  sul- 
fate cupropotassique,  par  exemple  (2). 

»  En  premier  lieu,  et  comme  dans  le  cas  précédent,  nous  avons  constaté 
que  le  sulfate  de  cuivre  dissous,  soit  dans  l'eau  pure,  soit  dans  l'eau  con- 
tenant déjà  I  équivalent  de  sulfate  de  potassium,  met  en  jeu  la  niétne  quan- 
tité de  chaleur. 

»  En  second  lieu,  nous  avons  également  constaté  qu'on  met  en  jeu  la 
même  quantité  de  chaleur  lorsqu'on  précipite  par  le  chlorure  de  baryum 
soit  le  sulfate  cupropotassique,  soit  ses  sels  constituants  pris  séparément. 

»  Il  résulte  de  là  que  le  sel  double  n'existe  plus  en  dissolution  et  que 
la  relation  de  thermoneutralité  s'applique,  comme  dans  le  cas  précédent. 


(0  On  voit  que  les  valeurs  de  d,  qui  se  rapportent  à  la  moyenne  et  au  mélange  et  qui 

V   —    !■ 

servent  à  calculer  les  valeurs  de  c,  V  —  c  et  de  — - — ,  offrent  une  concordance  suffisante; 
le  fiiible  écart  qui  s'accentue  davantage,  comme  erreur  relative,  dans  les  valeurs  de  c,  V  —  v 


et  de 


sera  beaucoup  (ilus  considérable  dans  les  cas  étudiés  plus  loin,  où  la  relation 


de  thermoneutralité  cesse  de  se  produire. 

(2)  Dans  notre  précédente  Cumiiiunication,  cous  avons  signalé  les  diverses  transforma- 
tions que  subit  le  sulfate  cupropotassique  sous  l'influence  de  la  chaleur.  Nous  avons 
voulu  nous  assurer  si  les  sels  constituants  de  ce  sel  double  se  séparaient  lorsque,  après 
avoir  été  fondu,  puis  solidifié  par  le  refroidissement,  il  se  résout  spontanément  en  une 
fine  poussière.  A  cet  effet,  nous  avons  comparé  la  chaleur  de  dissolution  de  ce  sel,  ainsi 
réduit  en  poussière,  à  la  moyenne  des  chaleurs  de  dissolution  des  sels  constituants  pris 
séparément  et  à  l'état  anhydre.  Ainsi,  d'une  part,  SO<Ii  et  SO'Cu  donnent,  le  premier, 
—  336i  calories,  et  le  second,  -(-8198  calories;  la  moyenne  est  de  -f-  24'8  calories;  d'autre 

part,  SO' donne  -+-  2og5  calories;  il  y  a  donc  une  différence  en  moins  de  ii'i  calories. 

Cette  différence  est  bien  dans  le  sens  d'une  combinaison,  mais  elle  nous  semble  trop  faible 
C.  R.,  1873,  2»  Sem>-ure.  (T.  LXXVII,  N"  17.)  I  l8 


(  9ïo  ) 
aux  sels  constituants  du  sel  double,  que  nous  donnons  ici  comme  exemple. 
C'est  ce  que  nous  avons  dit  depuis  longtemps  de  tous  les  sels  doubles. 

»   Examinons  maintenant  la  question  an  point  de  vue  des  densités. 

»   Le  tableau  suivant  renferme  les  nombres  donnés  par  l'expérience  et 
ceux  qui  s'en  déduisent  par  le  calcul  : 

Tableau  II. 


P 

D 

V 

d 

t' 

V  — f 

V  —  .. 
V 

SO'K 

S; 

2,6.i,'i 

ce 
33,8 

\  ,0662 

ce 

ec 

l3,2 

,    1 

0,4  0        1 

S0*Cu 

S,i 

.3,707 

21,5 

1,0777 

3, 1 

'9.1 

0 ,  90 

Moyennes. 

H  i .  .'i 

3,180 

■J7.> 

1 ,0720 

10,8 

16,3 

ij,6o 

Mélange.. . 

83,,) 

3,180 

27,1 

1,0717 

11,1 

16,0 

0,59 

»  La  relation  de  densi-neutralité  ressort  de  la  comparaison  des  nombres 
inscrits  dans  ce  tableau,  comme  elle  ressortait  des  nombres  inscrits  dans 
le  tableau  L 

»  Les  sels  doubles  dont  nous  venons  de  parler  donnent  donc  des  dis- 
solutions dans  lesquelles  chacun  des  sels  constituants  est  dans  le  même  état 
que  s'il  avait  été  dissous  séparément;  il  n'en  est  plus  de  même  pour  les 
sels  acides,  qui,  à  l'état  cristallin,  constituent  de  véritables  sels  doubles. 
En  etftt,  lorsqu'ils  sont  dissous,  leurs  sels  constituants  sont  dans  l'état  où 


pour  qu'il  nous  soit  permis  de  rien  affirmer  à  cet  éyard,  en  tenant  compte  de  ce  seul  résultat. 
Cependant  il  serait  peut-être  permis  d'être  plus  affirmatit'  en  ayant  égard  aux  résultats 
obtenus  pour  les  densités.  En  effet  : 

Densité  de  SO'K 2,653 

•  SO'Cu 3,707 

Moyenne.    3 , 1 80 

„.->„«   K. tu  „, 

Densité  de  S0«  — — 2,784 

Différence 0,396 

Cette  différence  établit  que  les  sels  constituants  du  sel  double  ne  sont  plus  à  l'état  de  simple 
mélange.  Il  est  vrai  que  l'association  se  produirait,  dans  ce  cas,  avec  augmentation  de 
volume,  ce  qui  pourrait  surprendre  au  premier  abord;  mais  le  même  phénomène  s'est  déjà 
produit  pour  les  aluns,  comme  nous  avons  eu  occasion  de  le  signaler,  et  il  s'accentuera  bien 
davantage  dans  une  autre  série  de  phénomènes  dont  il  sera  question  dans  notre  prochaine 
Comnmnication,  où  nous  éludions  les  changcmenis  de  volume  qui  accompagnent  lu  combi- 
naison des  éléments  constituants  des  sels. 


(  9"  ) 
ils  se  trouvent  quand,  après  les  avoir  dissous  séparément,  on  mêle  les  deux 
liqueurs,  ainsi  que  l'a  fait  M.  Thomsen.  Or  on  sait  que,  dans  ce  cas,  il  y 
a  une  action  réciproque  des  doux  sels  qui  est  accusée  par  une  absorption 
de  chaleur.  Il  nous  a  été  facile  de  prouver  que  les  sels  constituants  îles  sels 
acides  dissons  sont  bien  à  l'état  que  nous  venons  de  définir;  il  nous  a  suffi, 
pour  cela,  de  précipiter  par  le  chlorure  de  baryiun  les  sulfates  acides  dis- 
sous; car  alors  la  chaleur  qui  avait  été  absorbée  dans  Taction  réciproque 
des  deux  sels  dissous  séparément,  puis  mélangés,  a  élé  restituée  au  calori- 
mètre. Prenons  pour  exemple  le  sulfate  acide  de  potassium,  (SO*)^KH. 

')   La  précipitation  par  le  chlorure  de  bai'yum  donne  les  résultats  sui- 
vants, obtenus  à  la  température  de  19  degrés  : 

Sel  dissous  séparément  SO'IC 2879"' 

SO'H 4766 

Somme 7t>45 

Sel  acide  dissous  (SO*jK.H 845o 

Différence 8o5  (i ) 

»  Le  tableau  suivant  renferme  les  résultats  relatifs  aux  densités  : 

Tableau  III. 


P 

D 

\ 

ce 

32,8 

2I;,  j 

■•';)■  7 

29,7 

d 

l' 

V  — >■ 

\  —  V 

V 

SO'K 

SO'H 

[          Moyennes. 
Mélan{îe. . . 

«7 
49 

68 

68 

2 . 6;,,i 

i,S'|8 

I  ,  Of  )ll2 

1 , o3oo 

ce 

iS.:> 
19,0 

21,5 

ce 
l3,2 

8,0 

10,6 

8,2 

0,'|0 

o,3o 
0.3.3 
0,Î7 

3 ,  35o 
2,250(2) 

i,o^l8i 
1,0455 

(i)   La  comparaison  des  cliaieuis  de  dissolution  donne  les  résultats  suivants  : 

Sel  dissous  séparément  SO'IC — SSôi"^"' 

»  SO'H +8816 

Somme -1-5455 

Sel  acide  dissous  (SO')nCH —3368 

Différence .  .      -I-8823 

Cette  différence  est  l'expression  thermique  des  deux  réactions  suivantes  :  1°  décomposition 
du  sel  acide  en  ses  éléments  constituants  :  sulfate  de  potassium,  sulfate  d'hydrogène  et  dis- 
solution de  ces  sels;  2°  action  réciproque  de  ces  deux  sels  dans  leur  dissolution  aqueuse. 

(2)  La  densité  2,246,  donnée  par  l'expérience  pour  le  sullatc  acide  de  potassium  cristal- 

118.. 


(    9'2    ) 

»  Comme  on  le  voit,  l'accord  n'existe  plus  entre  le  mélange  et  In  moyenne, 
pour  les  valeurs  de  d  et  par  conséquent  pour  les  valeurs  de  v,  V  —  v  et  de 

..  ~"  "  qui  s'en  déduisent.  Les  différences  observées  montrent  que  la  disso- 
lution de  (SO'')"RH,  comparée  à  la  moyenne  des  dissolutions  de  SO'K 
et  de  SO^H,  est  caractérisée  par  une  différence  de  densité  que  pouvait  faire 
prévoir  l'expérience  de  M.  Thomsen,  rappelée  plus  haut,  expérience  dans 
laquelle  une  dissolution  étendue  d'acide  sulfurique,  mise  en  présence  d'une 
dissolution  également  étendue  de  sulfale  de  potassium,  donne  du  froid. 

M  Considérons  maintenant  les  sels  qui,  mis  en  présence  dans  leurs  dis- 
solutions étendues,  ne  satisfont  pas  à  la  relation  de  la  thermoncutralilé. 
Nos  recherches  ont  porté  sur  des  sels  dont  plusieurs  ont  été  déjà  signalés 
et  étudiés  par  M.  Berthelot;  et  c'est  parmi  ces  derniers  que  nous  choisirons 
nos  exemples. 

»  Premier  exemple.  —  Dissolution  de  i  équivalent  de  carbonate  de  so- 
dium dans  l'eau  contenant  i  équivalent  de  sulfate  d'ammonium. 

»  D'un  côlé,  la  chaleur  de  formation  du  carbonate  de  sodium,  par  la 
réaction  de  l'acide  gazeux  sur  la  soude,  en  dissolution  étendue,  est  de 
12 g4o  calories;  celle  du  sulfate  d'ammonium  est  de  i4888  calories;  la 
somme  de  ces  deux  nombres  est  de  27828  calories.  D'un  antre  côté,  la 
chaleur  de  formation  du  carbonate  d'animoniiim  par  la  réaction  de  l'acide 
carbonique  gazeux  sur  l'ammoniaque,  en  dissolution  étendue,  est  de 
8473  calories,  celle  du  sulfate  de  sodium  est  de  i6  3oi  calories;  la  somme 
de  ces  deux  nombres  est  de  24774  calories.  Il  y  a,  entre  ces  deux  sommes, 
une  différence  de  3o54  calories.  D'autre  part,  lorsqu'on  dissout  i  équivalent 
do  carbonate  de  sodium  dans  l'eau  tenant  en  dissolution  i  équivalent  de 
sulfate  d'amiiionium,  la  quantité  de  chaleur  mise  en  jeu  est  de  —  10700  ca- 
lories, tandis  qu'elle  n'est  que  de  —  7840  calories  lorsqu'on  opère  la  disso- 
lution du  carbonate  de  sodium  dans  l'eau  pure.  I^a  différence,  2860  calories, 
entre  ces  deux  nombres  concorde  sensibletuent  avec  la  première  différence, 
3o54  calorios.  La  relation  de  thernioueutralité  cesse  donc  d'avoir  lieu,  et 
il  se  pioduil  un  phénomène  nouveau,  qui  s'explique,  comme  l'a  montré 
M.  Berthelot,  en  admettant  un  échange  presque  complet  entre  les  acides  et 
les  bases. 


lise,  est  sensiblement  égale  à  la  moyenne  2,25o  des  densités  des  deux  sels  constituants  pris 
séparément,  de  sorte  que  la  formation  du  sel  acide  semble  avoir  lieu  sans  variation  notable 
du  volume  de  ses  éléments  salins.  Il  est  vrai  que,  dans  la  formation  du  sel  acioe,  le  sulfate 
d'hydrogène  passe  de  l'étal  liquide  à  l'état  solide. 


(  9'3  ) 
»   Considérons  maintenant  le  phénomène  au  point  de  vue  des  densités  et 
interprétons  le  tableau  suivant  qui  s'y  rapporte  : 

Tableau  IV. 


Co'Na 

SO'Am 

Moyennes. 
Mélange... 

Co'Am 

SO'Na 

Moyennes. 


p 

53 

66 

59.5 

59,5 

;> 
59,  j 

2,420 

1,766 
2,093 

2,093 

» 

3,681 


2I>9 

29,6 
29,6 


I , o5 I 9 
1,0378 

1.0391(1) 

I ,0178 
1 ,0606 


I  .ii3(j3 


1 ,0 
27^ 

19,7 

9.8 
'9.7 


20,9 
10, 1 

I .'» ,  .'> 
9,9 

« 

.6,7 


0,96 

CN27 

o.6[ 
0,33 

» 

0,63 


))   Il  résulte  de  ce  tableau  que  :  i"  les  valeurs  défi?,  f ,  V  —  f , 


—  )  qui 

conviennent  au  mélange,  diffèrent  notablement  de  la  première  moyenne; 
on  a  ainsi  une  nouvelle  preuve  que  les  sels  Co'Na  et  SO*  Am  ont  été  mo- 
difiés dans  le  mélange;  2°  la  concordance  se  rétablit,  au  contraire,  si  l'on 
compare  le  mélange  à  la  seconde  moyenne;  ce  qui  prouve  que,  dans  ce 
mélange,  les  sels  précédents  ont  été  remplacés,  à  peu  près  complètement, 
par  les  sels  Co'Ain  et  SO^Na  ;  le  rapprochement  ne  peut  être  fait,  il  est  vrai, 
que  pour  les  valeurs  de  (/  et  t^,  parce  que  nous  ne  possédions  pas  la  densité 
du  carbonate  d'ammonium  solide  Co'Am;  mais,  pour  ces  valeurs,  elle  est 
aussi  complète  qu'on  peut  le  désirer;  3°  l'écart  constaté  entre  les  valeurs  de 
V  —  (■ 


c^,  ^,V 


pour  le  mélange  et  pour  la  première  moyenne,  corres- 


pond à  une  augmentation  de  volume  des  éléments,  quand  on  passe  des  sels 
Co'Na  etSO'^Amaux  sels  Co'Am  et  SO^Na;  mais,  en  même  temps,  on 
constate  un  refroidissement  correspondant  à  2860  calories,  ce  qui  semble 
indiquer  que  le  travail  de  dissociation  prédomine  dans  le  phénomène. 

»  Second  exempte.  —  Dissolution  de  r  équivalent  de  borate  de  sodium 
dans  de  leau  contenant  i  équivalent  de  sulfate  d'ammonium. 

»  D'un  côté,  la  chaleur  de  formation  du  borate  de  sodium  est  de 
1 1  723  calories,  celle  du  sulfate  d'ammonium  est  de  14888  calories;  la 
somme  de  ces  deux  nombres  est  de  2661 1  calories.   D'un  autre  côté,  la 


(i)  Dans  toutes  nos  expériences,   nous  avons  pris  les  densités  des  mélanges  qui  se  sont 
produits  dans  les  expériences  thermiques. 


<  9^4  ) 
chaleur  de  formation  du  borate  d'ammonium  est  de  8720  calories,  celle  du 
sulfate  de  sodium  est  de  i63oi  calories;  la  somme  de  ces  deux  nombres 
est  de  aSo^i  calories.  Il  y  a,  entre  ces  deux  sommes,  une  différence  de 
iSgo  calories.  D'autre  part,  lorsqu'on  dissout  i  équivalent  de  borate  de 
sodium  dans  de  l'eau  tenant  en  dissolution  i  équivalent  de  sulfate  d'ammo- 
nium, la  quantité  de  chaleur  mise  en  jeu  est  de  —  12  206  calories  (i),  tandis 
qu'elle  n'est  que  de  —  11  042,  lorsqu'on  opère  la  dissolution  du  borate  de 
sodium  dans  l'eau  pure.  La  différence,  1164  calories  entre  ces  deux  nom- 
bres, comparée  avec  la  première  différence  1590,  doiuie  un  écart  de 
426  calories.  Cet  écart  est  plus  considérable  que  dans  le  premier  exemple; 
cependant  si  on  l'évalue  sous  forme  d'écart  relatif,  il  n'est  que  Ae -^  en- 
viron du  nombre  1220G,  donné  par  l'expérience. 

»   Interprétons  maintenant  le  tableau  suivant,  qui  se  rapporte  au  phé- 
nomène étudié  au  point  de  vue  des  densités  : 

Tableau  V. 


P 

D 

v 

d 

V 

V  — .• 

V  —  1' 

V 

Bo'Na 

101 

.,376 

ce 
'|3,6 

i,oc)3'| 

ce 

7,0 

ce 

35,4 

(1,83 

se  Ara 

66 

1 .  766 

37, '1 

1,0878 

27.' 

10,3 

<l,32 

Moyennes . 

83.5 

3 ,  066 

!\  0 , 0 

1 ,o656 

17,0 

■j3,o 

0,57 

Mélange. . . 

83,5 

2,066 

40,0 

1,0594 

22,8 

17,2 

0,43 

Bo'Am 

9« 

M 

» 

I ,0601 

3 '1,0 

» 

» 

SO'  Na 

7' 

i.tiSi 

36,  J 

I , 0606 

9,8 

.6.7 

0,63 

Moyennes . 

83. J 

» 

» 

I , o6o3 

■ii.o 

" 

» 

»  L'interprétation  de  ce  tableau  conduit  aux  mêmes  conclusions  que 
pour  le  premier  exemple;  il  est  donc  inutile  de  les  reproduire.  Nous  ajou- 
terons seulement  une  remarque:  la  différence  entre  les  valeurs  des  con- 
tractions V  —  f,  relatives  à  la  moyenne  et  au  mélange,  est  de 

iS'^SS  —  9'=%9=  S'^Sô, 

dans  le  cas  de  la  formation  du  carbonate  d'ammonium  (premier  exemple, 

tableau  IV),  et  de 

23,0  —  17,2  =  5*"^,8, 


(i)  La  liqueur  prend  une  odeur  fortement  aramoniacale,  comme  si  l'ammoniaque  était  à 
l'état  de  liberté.  La  même  remarque  s'applique  à  l'exemple  précédent. 


(  9'5  ) 
dans  le  cas  de  la  formation  du  borate  d'ammonium  (second  exemple,  ta- 
bleau V);  la  concordance  entre  ces  deux  résultats   montre  que  les  deux 
radicaux  Co'  et  Bo'  agissent  de  la  même  manière  au  point  de  vue  des  con- 
tractions dans  les  deux  échanges  (i).  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  la  formation  tertiaire  supra-uummiilitique 
du  bassin  de  Carcassonne ;  par  M.  Leymerie. 

«  Le  système  tertiaire  du  département  de  l'Aude,  coordonné  à  la  vallée 
du  canal  du  Midi,  encaissé  entre  la  montagne  Noire  et  les  Corbières,  se 
laisse  tout  naturellement  diviser  en  deux  parties  ou  bassins  très-différents, 
par  la  nature  et  les  caractères  des  terrains  qui  les  constituent.  Le  voyageur 
qui  se  rend  de  Toulouse  à  JNarbonne  par  la  voie  ferrée  entre  dans  ce  système, 
en  sortant  de  la  région  lacusli'e  miocène  du  pays  toulousain,  au  col  de  Nau- 
rouse,  où  se  partagent  les  eaux  qui  s'écoulent  par  le  canal,  d'une  part,  vers 
l'Océan  et,  d'autre  part,  vers  la  Méditerranée,  et  n'en  sort  qu'à  Coursan, 
vers  l'embouchure  de  l'Aude,  où  commence  le  département  de  l'Hérault. 
Dans  ce  long  trajet,  il  a  fréquemment  l'occasion  de  constater  les  carac- 
tères du  terrain  dont  il  s'agit,  et  il  ne  saurait  lui  échapper  que,  à  partir  d'une 
ligne  voisine  du  méridien  de  Lézignan,  son  faciès  change  complètement; 
sa  couleur  devient  terne  et  uniforme  du  côté  de  Narbonne,  tandis  qu'elle 
était  vive  et  variée,  souvent  rouge,  dans  la  région  de  Carcassonne. 


(i)   Nous  tenons  à  signaler  la  grande  concordance  enU'e  les  nombres  obtenus  par  M.  Ijer- 

thelot  et  les  nôtres,  à  l'exception  d'un  seul  (A).  Cette  concordance  a,  pour  nous,  d'autant 

plus  d'intérêt  que  nos  nombres  ont  été  obtenus  à  l'aide  d'un  calorimètre  différent  et  par 

des  méthodes  souvent  différentes.  Voici  ces  nombres  : 

Beith.  F.  etV. 

Bo*  (Aqi  +  i"  NaO(Aq) ii56o"  11723° 

+  2'=NaO(Aq) 8260  84o4 

+  3''NaO(Aq) 170  » 

+  S'' et  4''NaO  (Aq) •  62^ 

Bo«(Aq) +AmO(Aq) SgSo  8720 

Chaleur  mise  en  jeu  lorsqu'on  mélange  la  disso-  1           _  ^ ,  ,     , 

>        2230  I I oA   (  A ) 

lution  de  Bo'Na  avec  la  dissolution  de  So'Am,  j  ^       ■' 

ISaO(Aq)  ■+■  i^'Co'  gazeux i3o5o  12940 

+  2^Co-  gazeux 365o  3392 

AmO  (Aq)  +  Co'  gazeux »  8473 

Chaleur  mise  en  jeu  lorsqu'on  mélange  la  disso-  (     ,   -^  oz? 
lution  deCo^Naavec  la  dissolution  de  So' Ain.  I 


(  9'6) 

»  Le  bassin  narbonnais  est,  en  effet,  constitué  d'une  manière  très-diffé- 
renre  de  celui  de  Carcassonne.  Ses  principaux  éléments  sont  des  calcaires 
blancs,  pinson  moins  marneux,  et  des  marnes  renfermant  souvent  du  gypse 
en  couches  régulières,  avec  des  argiles  sableuses  et  des  poudingues  peu  dé- 
veloppés, étage  lacustre  éocène  que  recouvre  assez  fréquemment  une  assise 
de  la  molasse  marine,  qui  prend  un  développement  considérable  plus  loin 
dans  l'Hérault.  Ce  système  repose  d'ailleurs  directement  sur  le  lias  ou  le 
grès  vert,  sans  interposition  de  terrain  nummuiitique  ni  de  garnmnien  (i). 

»  Nous  ne  faisons  que  mentionner  ici  ce  faciès  narbonnais,  dont  nous 
pourrons  faire  plus  tard  l'objet  d'une  Communication  spéciale,  n'ayant 
pour  but,  dans  la  présente  Note,  que  de  jeter  un  rapide  coup  d'œil  sur  le 
bassin  lacustre  de  Carcassonne,  que  nous  avons  complètement  étudié,  dans 
ces  derniers  temps,  pour  la  carte  géologique  de  l'Aude,  bassin,  je  le  répèle, 
très-différent  de  celui  de  Narbonne,  tant  par  sa  co!r)position  que  par  sa  po- 
sition constante  au-dessus  de  la  formation  nummidilique,  et  enfin  par  l'ab- 
sence de  tout  dépôt  pouvant  se  rapporter  à  la  période  miocène. 

»  Cet  étage  supra-nummulitique  a  été  étudié  par  plusieurs  géologues, 
particulièrement  par  M.  d'Archiac,  et  surtout  par  M.  Matheron,  qui  en  a 
donné  une  bonne  description  dans  son  important  Mémoire  sur  les  dépôts 
fluvio-lacustres  du  midi  de  la  France.  Aussi  n'ai-je  pas  la  prétention  de  le 
faire  connaître  pour  la  première  fois,  mais  seidement  de  nneux  préciser  la 
place  qui  revient  à  chacun  de  ses  éléments  dans  l'ensemble  de  la  formation 
où  mes  prédécesseurs  avaient  attribué  un  rôle  trop  important  à  certains 
d'entre  eux,  qui  ne  doivent  être  considérés,  suivant  moi,  que  comme  des 
modifications  ou  des  accidents  dans  une  formation  générale  que  j'appelle 
carcassieime. 

B  Le  type  du  terrain  dont  il  s'agit  est  le  grès  de  Carcassonne  (2)  qui,  dans 
une  grande  partie  du  département  de  l'Aude,  constitue  à  lui  seul  tout  le 
système.  11  ne  se  compose  pas  seulement  de  grès,  ainsi  que  ce  nom  pourrait 
le  faire  croire;  si  l'on  voulait  s'en  faire  une  idée  générale,  il  faudrait  le  con- 
sidérer comme  un  dépôt  aréno-argilenx,  assez  friable,  versicolore,  servant  en 
quelque  sorte  de  matrice  à  des  pseudo-couches  ou  amandes  allongées,  con- 


(1)  Il  n'est  question  ici  que  du  bassin  narbonnais  proprement  dit,  circonscrit  par  la  limite 
du  département  de  l'Aude. 

(2)  Ainsi  nommé  ])arce  qu'il  constitue  le  sol  fondamental  de  la  région  dont  cette  ville  est 
le  centre.  Une  belle  coupe  montre  ce  terrain  dans  son  état  normal  à  la  gare  même,  et  la 
voie  ferrée  l'entame  assez  profondément  à  l'ouest  de  ce  point  jusqu'à  la  station  de  Pezens  et 
au  delà. 


(  9'7  ) 
formément  à  la  stratification,  ou  affaissées  en  divers  sens,  d'une  molasse 
grise  à  ciment  calcaire,  un  peu  grenue,  passant  çà  et  là  à  im  poudingue  à 
petits  éléments  par  In  présence  de  petits  cailloux,  la  plupart  quartzeux,  qui 
s'y  accumulent  en  certaines  places,  quelquefois  sous  forme  de  veines.  Cette 
molasse,  aux  environs  de  Carcassonne,  offre  la  matière  d'une  belle  pierre 
d'appareil  bien  connue  dans  le  Languedoc  sous  le  nom  de  pierre  de  Carcas- 
sonne; mais  dans  certaines  parties  de  la  montagne  Noire,  notamment  à 
l'est  de  Conques,  elle  se  présente  fréquemment  à  l'état  de  plaquettes. 

»  Telle  est  la  manière  d'être  de  ce  type  à  Carcassonne  et  aux  environs, 
où,  je  le  répète,  il  constitue  à  lui  seul  tout  le  système  au-dessus  du  terrain 
nummulitique;  mais,  au  sud  de  la  vallée  du  canal,  dans  les  collines  qui 
peuvent  être  regardées  comme  les  contre-forts  des  Corbières,  il  s'y  introduit 
un  poudingue  à  cailloux  calcaires,  qui  devient  plus  régulier  et  plus  fréquent 
au  voisinage  de  ces  montagnes.  Cet  état  de  choses  s'accentue  surtout  dans 
la  partie  occidentale  de  cette  région  mamelonnée  et  à  la  limite  du  dépar- 
tement; au  méridien  deMirepoix,  de  nombreuses  alternances  de  grès,  de 
couches  argileuses  et  de  poudingues  calcaires  constituent  un  passage  au 
poudingue  de  Palassou  (i),  qui  prend  ensuite  ses  véritables  caractères  avec 
un  développement  considérable  dans  la  vallée  de  l'Ariége.  D'où  il  résulte 
que  ce  dernier  élage,  qui,  dans  presque  toute  la  longueur  des  Pyrénées, 
forme  une  sorte  de  cuirasse  au-dessus  du  terrain  à  nummidites,  doit  être 
regardé  comme  un  faciès  du  grès  de  Carcassonne.  Ce  dernier  terrain, 
d'ailleurs,  participe,  de  ce  côté  de  la  vallée  du  canal,  aux  dérangements 
résultant  de  l'influence  des  mouvements  pyrénéens,  tandis  que,  sur  le  flanc 
de  la  montagne  Noire,  il  n'offre,  ainsi  que  les  terrains  garumnien  et  num- 
nuditique  qui  le  supportent,  qu'une  Irès-faible  inclinaison  dans  le  sens  du 
versant  méridional  de  cette  montagne. 

»  Le  grès  de  Carcassonne  proprement  dit  est  très-pauvre  en  fossiles: 
on  y  a  trouvé  de  grandes  tortues  et  des  impressions  de  palmacites,  et  enfin 
une  mâchoire  de  Lophiodon  [Lopli.  occitonicwn,  Gervais)  à  Conques. 

»  Le  grand  étage  arénacé  dont  nous  venons  d'indiquer  brièvement  les 
caractères  est  la  base  ou  l'étoffe  de  la  formalion  que  nous  appelons  car- 
cassienne;  les  parties  dont  il  nous  reste  à  parler  ne  doivent  être  considérées 

(i)  C'est  dans  ce  terrain  de  passage  qu'a  été  découverte  à  Camou,  entre  Chalabre  et  Mire- 
poix,  une  tète  de  Lophiodon  qui  semblerait  rattacher  ce  gîte  à  celui  d'Issel,  dont  il  va  être 
question. 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVII,  IN»  17.)  '  '9 


(  9'8  ) 
que  comme  des  modifications  on  des  accidents  plus  ou  moins  restreints  de 
ce  type  général. 

»  Nous  signalerons  d'abord  le  calcaire  de  Ventenac,  sur  lequel  M.  Ma- 
theron  a,  le  premier,  attiré  l'attention  des  géologues. 

D  Ce  calcaire  est  blanc,  subcompacfe,  à  cassure  fière,  et  renferme  quelques 
coquilles  lacustres,  notamment  un  petit  planorbe  spécial.  Nous  le  considé- 
rons, avec  l'auteur  que  nous  venons  de  citer,  comme  le  congénère  du  cal- 
caire à  lignite  de  l'Hérault,  bien  qu'il  joue  un  rôle  spécial  dans  l'Aude.  H 
se  montre  à  la  base  de  la  montagne  Noire,  seulement  dans  la  partie  moyenne 
du  bassin,  entre  Alzonne  et  Conques,  sous  la  forme  d'tuie  zone  assez 
étroite.  Il  repose  immédiatement  sur  l'élage  nummuiitique,  dont  il  partage 
la  faible  inclinaison  méridionale,  et  date  par  conséquent  de  l'origine  de  la 
formation  carcassienne;  on  doit  le  regarder  comme  un  faciès  calcaire  du  grés 
de  Carcassonne,  dont  il  remplacerait  ici  les  couches  les  plus  inférieures.  On 
n'en  trouve,  du  reste,  aucune  trace  du  côté  des  Corbières. 

»  Nous  avons  dit  que  le  grès  de  Carcassonne  repose  sur  le  terrain  nimi- 
mulilique  :  cela  est  vrai  pour  presque  tout  le  bassin  qui  fait  l'objet  de  cette 
Note,  excepté  toutefois  pour  la  partie  occidentale  ou  terminale  de  la  mon- 
tagne Noire,  où  ce  substratum  manque  à  partir  de  Villespy,  ainsi  que  l'étage 
garumnien  auquel  le  terrain  à  nunimulites  est  partout  ailleurs  superposé. 
C'est  aussi  là  que  le  terrain  que  nous  étudions  offre  les  modifications  les 
plus  remarquables.  On  y  distingue  trois  assises  principales,  que  nous  avons 
représentées  ailleurs  dans  une  coupe  passant  par  Casteinaudary  à  travers  la 
vallée  du  canal  (i).  Celte  coupe  montre  d'abord  le  grès  d'Issel,  grossier  et 
caillouteux,  si  connu  par  ses  Lophiodon,  et  autres  fossiles  déterminés  par 
Cuvier,  passant  sous  une  autre  assise  formée  par  une  molasse  tendre,  argilo- 
sableuse,  d'un  gris  clair  assez  lerne,  avec  argile  subordonnée,  assise  qui 
vient  constituer  la  butte  sur  laquelle  est  située  la  ville  de  Casteinaudary  et 
le  fond  de  la  vallée  du  canal  où  elle  est  intimement  pénétrée,  par  places, 
d'une  matière  gypseuse  particulièrement  exploitée  au  Mas-Saintes-Puelles. 
Dans  la  même  coupe,  on  voit,  de  l'autre  côté  de  la  vallée,  un  sol  mamelonné 
formé  par  les  alternances  de  molasse,  de  poudingue  et  d'argile  ci-dessus 
signalées,  sous  lesquelles  semble  passer  l'assise  gypsifère  et  qui  seraient  par 
conséquent  plus  récentes  que  les  assises  précédentes. 

»  Cette  partie  de  la  coupe  mérite  d'ailleurs  une  attention  particulière, 

(i)  Voir:  Etiule  sur  l'étage  inférieur  du  bassin  sous-pyrénéen  (Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences  de  Toulouse,  6*  série,  t.  VI)  et  plus  parliculièremeiU  la  description  de  la  mon- 


(  9'9  ) 
car  c'est  clans  l'assise  supérieure  que  nous  venons  d'y  signaler  que  vient 
s'intercaler  un  calcaire  blanc  (pierre  à  chaux  de  Casteinaudary),  qui  est 
très-connu  des  géologues  par  les  Palœolhériums  |)arisiens  qu'on  y  trouve 
assez  fréquemment,  avec  d'autres  mamnnfères  de  même  époque,  et  par  les 
magnifiques  coquilles  terrestres  et  fluviatiies  qui  s'y  rencoDtrent  associées 
à  des  œufs  de  tortue. 

»  Ce  calcaire  ne  forme  qu'une  amande  qui  affleure  en  longueur  sur  le 
flanc  des  collines  dans  un  espace  de  12  kilomètres,  entre  Feudeilleset  Ségala, 
près  de  Naurouse,  et  qui  ne  paraît  pas  s'enfoncer  profondément  dans  le  sein 
de  l'assise  dont  il  est  question.  Ce  n'est  donc  qu'un  simple  accident,  qu'on 
a  considéré  à  tort  comme  constituant  dans  le  système  tertiaire  une  assise 
spéciale.  Nous  regardons  d'ailleurs  le  grès  d'Issel  comme  représentant  la 
partie  inférieure  du  système  carcassien,  différant  en  ce  |)oint  d'opinion  avec 
M.  Matheron.  Nous  devons  dire  toutefois  que  ce  grès  ne  repose  pas  immé- 
diatement sur  le  gneiss  de  la  montagne  Noire.  Il  y  a  entre  les  deux  une  assise 
puissante,  formée  par  une  argilolite  rouge,  maculée  de  blanc,  avec  argile 
blanche  intercalée,  associée  à  des  agglomérats  considérables  de  cailloux 
roulés  quartzeux,  dépôt  dont  personne  n'a  parlé  jusqu'ici,  et  qu'il  est  tout 
naturel  de  regarder  comme  un  représentant  clysmien  du  terrain  garumnien, 
et  peut-être  aussi  du  terrain  nummulitiqiie,  terrains  qui  ne  commencent  à 
se  montrer,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  ci-dessus,  que  plus  loin  à  l'est  vers 
le  méridien  de  Villespy,  là  même  où  le  terrain  clysmien  vient  de  dispa- 
raître. 

»  Tout  cet  ensemble,  comprenant  le  grès  de  Carcassonne  et  ses  modifi- 
cations, forme  donc  un  grand  étage  lacustre  supérieur  au  terrain  marin  à 
nummulites,  étage  pour  lequel  nous  pro()osons  le  nom  de  système  carcas- 
sien on  déformation  carcnssienne.  Nous  pensons  que  ce  terrain  doit  corres- 
pondre, dans  son  ensemble,  à  la  partie  supérieure  du  calcaire  grossier  et  aux 
assises  parisiennes  qui  lui  sont  postérieures,  y  compris  le  grès  de  Fontaine- 
bleau qui,  suivant  nous,  doit  être  considéré  comme  éocène,  puisque  ses 
représentants  au  pied  des  Pyrénées  ont  participé  au  soulèvement  de  ces 
montagnes,   m 


Ingne  Noire,  récemment  publiée  dans  la  Revue  des  Sciences  nalurclles  de  Montpellier  et  dont 
j'aurai  l'honneur  bientôt  d'offrir  un  exemplaire  à  l'Académie. 


I  l( 


(    920    ) 

TÉRATOLOGIE.  —  Sur  certains  cas  de  double  monstruosité,  observés 
chez  l'homme.  Note  de  M.  Roclin. 

«  On  peut  voir  en  ce  moment  à  Paris  deux  exemples  très-remarquables 
d'ime  double  monstruosité  qui  consiste  en  un  développement  excessif 
du  système  pileux  coexistant  avec  un  développement  incomplet  du  sys- 
tème dentaire.  Les  individus  qui  présentent  cette  singulière  monsiruosité 
sont  l'objet  d'une  exhibition  publique  déjà  annoncée  par  divers  joiu'naux 
quotidiens  et  qui  a  fourni  en  particulier  à  l'un  des  rédacteurs  du  Journal 
des  Débats  la  miitière  d'une  très-intéressante  notice.  L'auteur,  dont  nous 
regrettons  de  ne  pas  connaître  le  nom,  est  évidemment  un  homme  familier 
avec  ces  sortes  de  questions,  et  qui  sait  fort  bien  quels  sont  les  avantages 
qu'on  peut  tirer  pour  leur  élucidation  des  rapprochements  entre  faits  ana- 
logues; aussi,  quoique  le  but  apparent  de  sa  notice  fût  seulement  de  rec- 
tifier les  idées  que  pouvaient  faire  naître  les  termes  étranges  par  lesquels 
était  annoncée  sur  les  murs  de  Paris  l'exhibition  dont  il  s'agit,  il  avait 
eu  soin,  après  avoir  parlé  des  deux  Russes  à  face  velue  exposés  à  la  cu- 
riosité du  public,  de  rappeler  qu'une  anomalie  semblable  avait  déjà  été 
constatée  chez  une  femme  de  race  indo-chinoise  par  des  officiers  anglais 
qui  se  trouvaient  en  1^55  en  garnison  dans  la  ville  d'Ava. 

M  C'est  aussi  dans  cette  même  ville  d'Ava  (et  je  demanderai  plus  tard 
que  l'on  s'en  souvienne)  qu'a  été  faite  l'observation  sur  laquelle  je  désire 
appeler  aujourd'liui  l'alloution  de  l'Académie;  je  l'emprunte  à  un  ouvrage 
intitulé  :  Journal  d'une  ambassade  envoyée  par  le  gouverneur  général  de 
l'Inde  à  la  cour  d'Ava,  par  John  Crawfurd  ,  2'  édit.;  Londres,  j834? 
2  vol.  in-8°. 

»  Le  nom  de  M.  Crawfurd,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  importants 
sur  l'Inde  anglaise  et  sur  diverses  parties  des  archipels  indiens  et  malais, 
est  assez  connu  pour  me  dispenser  de  tout  éloge,  et  j'en  dirai  autant  d'un 
savant  naturaliste  qui  l'accompagnait  dans  cette  mission. 

»  Le  D"^  Wallich,  surintendant  du  jardin  botanique  de  Calcutta,  met- 
tait à  profit  celte  occasion  d'enrichir  de  nouvelles  espèces  l'établissement 
placé  sous  sa  direction  ;  il  était  de  plus  chargé  par  la  Compagnie  des  Indes 
de  recueillir  des  renseignements  sur  l'importance  des  forets  de  l'empire 
birman,  en  tant  que  fournissant  des  bois  de  construction,  et  sur  les  pro- 
duits végétaux  qui  pouvaient  être  exportés  de  ce  pays. 

»  M.  J.  Crawfurd  était  chargé  de  régler  les  conditions  d'un  traité  de 
commerce  qui  avait  été  arrêté  en  principe  au  moment  où  se  termina  la 


(9^1  ) 
guerre.  Sa  relation,  rédigée  sous  forme  de  journal,  et  qui  est  en  grande 
partie  remplie  de  ses  discussions  avec  les  diplomates  birmans^  contient  de 
loin  en  loin  des  renseignements  d'un  intérêt  plus  général.  Le  passage  sui- 
vant, que  nous  lui  empruntons,  est  tiré  du  premier  volume,  pages  3i8  et 
suivantes. 

»  Depuis  notre  arrivée,  dit  l'auteur,  nous  avions  beaucoup  entendu 
parler  d'uuo  persoiuie  dont  le  corps  était  entièrement  velu,  et  qui,  assu- 
rait-on, ressemblait  bien  plus  à  un  singe  qu'à  une  créature  humaine;  cette 
dernière  assertion,  nous  sommes  heureux  de  le  dire,  était  fort  éloignée  de 
la  vérité,  comme  nous  pûmes  bientôt  nous  en  assurer  par  le  témoignage 
de  nos  yeux.  Le  roi,  qui  avait  appris  que  nous  étions  curieux  de  voir  cet 
individu,  eut  la  politesse  de  l'envoyer,  il  y  a  quelques  jours,  à  notre  loge- 
ment, de  sorte  que  nous  pûmes,  le  D'^  Wallich  et  moi,  l'examiner  à  loisir 
et  lui  faire  les  questions  qui  nous  semblèrent  nécessaires  pour  bien  con- 
naître son  histoire;  je  la  donne  ici  d'après  les  notes  que  nous  prîmes  séance 
tenante. 

»  Le  nom  de  cet  homme  est  Shioe-Maong,  et  il  se  dit  âgé  de  trente  ans.  H 
était  né  dans  le  district  de  Maiyong-gyi,  canton  du  Laos,  situé  sur  le  cours 
de  la  rivière  Saluen  ou  Martaban.  Le  saubwa,  ou  chef  du  canton,  l'envoya 
au  roi  à  litre  de  curiosité,  lorsqu'il  n'était  encore  âgé  que  de  cinq  ans, 
et  depuis  ce  temps  il  était  toujours  resté  à  Ava.  Sa  taille  est  de  5  pieds 
3^  pouces,  ce  qui  est  la  taille  ordinaire  des  Birmans;  toute  sa  personne 
est  frêle,  comparée  à  celle  des  hommes  de  race  indo-chinoise  dont  l'aspect 
est  robuste,  et  il  paraît  être  d'une  constitution  délicate;  son  teint  n'a  rien  de 
remarquable,  si  ce  n'est  d'être  d'une  teinte  peut-être  un  peu  plus  claire  que 
celui  du  commun  des  Birmans;  ses  yeux  sont  d'un  brun  foncé,  un  peu 
moins  noirs  que  l'ordinaire;  j'en  dirai  autant  de  ses  cheveux,  qui  sont 
plus  fins  et  un  peu  moins  copieux  que  ceux  qui  couvrent  le  crâne  de  ses 
compatriotes. 

»  Le  front  tout  entier,  les  joues,  les  paupières,  le  nez,  y  compris  une 
partie  de  l'intérieur  des  narines,  le  menton,  en  un  mot  la  face  tout  en- 
tière, à  l'exception  du  bord  rouge  des  lèvres,  est  couverte  de  poils  fins; 
sur  le  front  et  les  joues  ces  poils  sont  longs  de  8  pouces  environ,  et  de 
4  sur  le  nez  et  le  menton;  leur  couleur  est  d'un  gris  argenté;  leur  texture 
est  soyeuse,  mais  ils  sont  plats  et  nullement  disposés  à  boucler.  La  sur- 
face postérieure  de  l'oreille  et  la  surface  antérieure,  de  même  qu'une  partie 
du  conduit  auditif  externe,  sont  couvertes  d'un  poil  de  même  nature  que 
celui  de  la  face,  de  8  pouces  de  longueur  environ.  C'est  à  cette  toison 


(    922    ) 

qu'est  dû  surtout  ce  que  cette  face  a  d'étrange  et  fait  d'abord  hésiter  à  y 
reconnaître  une  face  humaine.  On  peut  dire  qu'on  n'y  voit  point  de  cils 
ni  de  sourcils  proprement  dits;  à  la  place  où  on  les  eût  cherchés,  on  n'a- 
perçoit que  ces  poils  soyeux  dont  est  couvert  le  reste  du  visage.  Shwe- 
Maong  nous  dit  que,  lorsqu'il  était  enfant,  cette  singulière  toison  était 
d'une  nuance  beaucoup  plus  claire  que  celle  qu'elle  présente  aujourd'hui. 
Le  corps  tout  entier,  à  l'exception  des  mains  et  des  pieds,  est  couvert  de 
poils  semblables,  pour  la  texture  et  pour  la  couleur,  à  ceux  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  mais  en  généra!  plus  clair-semés;  ces  poils  ne  sont  nulle 
part  plus  épais  que  le  long  de  l'épine  dorsale  et  aux  épaule.s,  où  leur  lon- 
gueur est  de  5  pouces;  à  la  poitrine,  ils  n'en  ont  pas  plus  de  4;  enfin  ils 
sont  rares  sur  les  avant-bras,  sur  les  cuisses  et  sur  l'abdomen. 

»  Nous  avions  d'abord  pensé  que  cette  singulière  toison  pouvait  bien  se 
renouveler  d'une  manière  plus  ou  moins  complète  par  une  sorte  de 
mue  survenant  périodiquement  ou  à  des  intervalles  de  temps  irréguliers; 
mais  les  questions  que  nous  fîmes  à  cet  égard  nous  obligèrent  à  renoncer 
à  cette  conjecture;  aucun  changement  sensible  à  cet  égard  ne  survient 
dans  le  cours  de  l'année. 

»  Quoique  âgé  seulement  de  trente  ans,  Shwe-Maong  présente,  à  certains 
égards,  l'aspect  d'un  homme  de  cinquante  ou  soixante  ans,  ce  qui  lient 
surtout  à  ce  qu'il  a  les  joues  creuses,  et  ses  joues  sont  ainsi  affaissées  faute 
d'être  soutenues,  comme  elles  le  sont  dans  le  commun  des  hommes,  par  la 
double  rangée  des  molaires.  En  lui  faisant  ouvrir  la  bouche,  nous  avons 
constaté  qu'il  n'a  à  la  mâchoire  inférieure  que  cinq  dents  :  quatre  incisives 
et  la  canine  de  gauche,  et  à  la  mâchoire  inférieure  que  les  quatre  incisives 
dont  les  deux  externes  ressemblent  un  peu  à  des  canines.  En  haut  comme 
en  bas  nulle  trace  de  molaires,  et  il  manque  même  aux  deux  os  maxillaires 
toute  la  partiedans  laquelle  les  germes  de  ces  dents,  ou  leurs  racines,  auraient 
pu  se  loger  ;  il  avait  conservé  ses  premières  dents  jusqu'à  près  de  vingt 
ans,  et  c'était  à  cet  âge  seulement  que  lui  étaient  venues  celles  que  nous  lui 
voyons  anjoiu'd'hui.  Ces  dents,  toutes  bien  saines,  un  peu  petites  d'ailleurs, 
ont  apparu  dans  l'ordre  ordinaire;  il  n'en  avait  perdu  aucune  et,  n'ayant 
jamais  eu  de  molaires,  il  était  encore  à  comprendre  ce  qu'il  eût  gagné  à  en 
avoir. 

»  Les  traits  de  cet  homme  sont  réguliers,  et  l'on  peut  dire  que,  pour 
un  Birman,  il  n'est  pas  laid.  Sous  le  rapport  des  facultés  intellectuelles, 
il  n'est  point  non  plus  trop  à  plaindre,  il  nous  a  paru  même  un  honune 
sensé,  et  à  cet  égard  plutôt  au-dessus  qu'au-dessous  de  la  moyenne. 


(  9^''  ) 

»  Shwe-Maong  nous  a  fait  l'histoire  du  développement  de  son  enveloppe 
pileuse  depuis  l'époque  où  elle  avait  commencé  à  attirer  l'attention,  c'est-à- 
dire  depuis  sa  naissance.  En  venant  au  monde,  en  eftet,  il  avait  déjà  les 
oreilles  rouvertes  de  poils  longs  de  i  pouces  et  d'ime  couleur  appro- 
chant de  celle  de  la  filasse;  c'est  vers  l'âge  de  six  ans  que  le  reste  du  corps 
commença  à  se  garnir  de  poils,  et  c'est  le  front  qui  fut  le  premier  envahi. 
Il  nous  a  (lit  positivement  que  chez  lui  l'époque  de  la  puberté  avait  tardé 
jusqu'à  sa  vingtième  année. 

»  Ce  fut  deux  années  plus  tard  qu'il  se  maria,  le  roi,  pour  nous  servir 
de  ses  expressions,  lui  ayant  alors  fait  don  d'une  femme;  il  y  avait  de  cela 
huit  ans.  Il  avait  eu  déjà  de  cette  femme  quatre  enfants,  tous  du  sexe 
féminin.  L'aînée  était  morte  à  l'âge  de  trois  ans,  et  la  seconde  à  onze 
mois,  l'une  et  l'autre  sans  avoir  présenté  rien  qui  les  distinguât  des  enfimts 
ordinaires. 

»  La  mère  qui,  dans  le  pays,  pouvait  passer  pour  une  assez  jolie  femme, 
nous  est  venue  anjourd'lini  (4  novembre  1824)  avec  les  deux  enfants  qui 
lui  restent  ;rainée,  âgée  de  cinq  ans  environ,  est  véritablement  une  très-gen- 
tille enfant  qui  ressemble  beaucoup  à  sa  mère  et  n'a  rien  qui  rappelle  le 
père  ;  elle  avait  commencé  à  percer  ses  ilents  à  l'époque  ordinaire,  et  celte 
première  dentition  était  complète  à  l'âge  de  deux  ans.  La  dernière  petite 
fille  qui  a  deux  ans  et  demi  environ  est  robuste  et  bien  portante;  au  moment 
tle  sa  naissance  elle  avait  déjà  du  poil  en  avant  de  l'oreille;  à  l'âge  de  six 
mois  les  poils  gagnèrent  tonte  la  conque,  et  à  un  an  ils  avaient  déjà  com- 
mencé à  envahir  d  autres  parties  du  corps;  ces  poils  sont  d'un  blond  filasse. 
Ce  fut  à  deux  ans  seulement  qu'on  vit  poindre  chez  elle  deux  incisives  à 
chaque  mâchoire,  et  jusqu'à  présent  elle  en  est  restée  là. 

»  Shwe-?'.!aong  nous  a  assuré  que  dans  sa  famille  personne,  à  sa  con- 
naissance, n'avait  offert  les  particularités  qui  le  distinguent,  et  il  n'a  jamais 
entendu  dire  que,  dans  le  pays  où  il  est  né,  des  cas  analogues  se  soient  pré- 
sentés. » 

»  Comme  on  le  voit  par  ce  dernier  paragraphe,  les  cas  de  monstruosité  du 
genre  de  celui  que  présentaient  Shwe-Maong  et  sa  fille  cadette  étaient  rares 
dans  le  pays  birman  à  l'époque  où  écrivait  M.  Crawfurd;  devons-nous  sup- 
poser qu'ils  sont,  depuis  lors,  devenus  beaucoup  plus  communs,  ainsi  que 
semble  le  supposer  l'auteur  de  l'article  déjà  cité  (1)?  Cela  n'a  certainement 

(i)  ic  Une  autre  femme  affectée  d'une  pareille  infirmité  (développement  excessif  du  système 
pileux  correspondant  à  un  développement  très-incomplet  du  système  dentaire)  a  été  montrée 
en  i855  aux  ofticiers  anglais  en  garnison  à  Ava,  et  l'on  a  pu  constater  que  des  phénomènes 


(  924) 
rien  d'impossible,  mais  c'est  bien  peu  probable,  et  il  n'y  a  nulle  invraisem- 
blance à  supposer  que  des  observations  successives  faites  dans  un  même 
lieu,  mais  à  de  lointains  intervalles,  au  lieu  d'être  rapportées  à  plusieurs 
individus  distincts,  peuvent  s'appliquer  toutes  à  une  seule  et  même  personne. 
Ainsi,  pour  revenir  à  la  femme  qu'ont  vue  en  i855  les  ofticiers  anglais  qui 
étaient  en  garnison  à  Ava,  et  qui,  malheureusement,  ont  négligé  de  nous 
faire  connaître  son  âge,  admettons  poiu'  un  moment  que  cet  âge  fût  de 
trente-quatre  à  trente-cinq  ans;  c'est  justement  1  âge  qu'aurait  eu  la  qua- 
trième fille  de  Sliwe-Maong,  qui,  lorsqu'elle  fut  amenée  à  Crawfurd  en 
novembre  1824,  avait  deux  ans  et  demi  environ.  Son  père  alors  en  comptait 
trente,  et  quand  cette  fille,  qu'on  nous  représente  comme  une  enfant  ro- 
buste et  bien  portante,  eût  un  peu  dépassé  cet  âge,  il  n'y  aurait  pas  à  s'en 
étonner.  Enfin,  qui  nous  dit  que  dans  ce  ménage,  où  les  trois  aînées  te- 
naient toutes  du  côté  maternel  et  où  l'influence  du  père  n'a  commencé  à 
se  faire  sentir  qu'à  la  quatrième  naissance,  une  cinquième  fille  n'ait  pour 
la  seconde  fois  reproduit  le  type  paternel.  C'est  là,  j'en  conviens,  une  pure 
hypothèse,  mais  moins  répugnante  à  la  raison  que  celle  qu'il  faudrait  ad- 
mettre en  se  plaçant  à  un  autre  point  de  vue. 

))  Les  cas  de  double  monstruosité  sont,  je  le  répète,  très-rares,  aussi  rares 
en  Europe  (i)  qu'en  Asie,  et  c'est  pour  cela  qu'il  ne  faut  pas,  quand  ils 
se  présentent,  les  laisser  passer  avant  de  les  avoir  bien  étudiés.  » 

MÉMOIRES   PRÉSEIVTÉS. 

TÉRATOLOGIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'origine  et  le  mode  de  développement 
des  monstres  omphalosites ;  par  M.  C.  Dakeste. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Analomie  et  Zoologie.) 

«  J'ai  donné,  dans  un  premier  travail,  présenté  à  l'Académie  le  5  juillet 
i865,  l'explication  d'un  certain  nombre  de  faits  que  présente  l'histoire 

semblablesn'étaient  pas  rares  dans  l'empire  des  Birmans.  »  [Journal  des  Débats,  18  octobre 

■873.) 

(i)  Les  deux  Russes  qui  sont  aujourd'hui  l'objet  d'une  exposition  publique  dans  Paris  ne 
sont  pas  les  seuls  hommes  à  face  velue  qui  nous  soient  venus  du  même  pays.  Voici,  en  effet, 
ce  qu'on  lit  dans  Buffon,  Hist.  mit.,  Suppténi.,  t.  IV,  p.  5^4  ■  "  Nous  avons  vu  à  Paris,  dans 
l'année  1774j  ^^  Russe  dont  le  front  et  tout  le  visage  étaient  couverts  d'un  poil  noir  comme 
sa  barbe  et  ses  cheveux.  « 

Il  est  à  croire  que  l'anomalie  portait  seulement  sur  le  système  pileux;  car,  si  la  dentition 
eût  été  notablement  défectueuse,  l'homme  qui  tirait  profit  de  cette  exhibition  n'eût  pas 
manqué  de  faire  ressortir  ce  trait  comme  un  appât  de  plus  pour  les  curieux. 


(9^5) 
des  monstres  omphalosites,  et  qui  jusqu'alors  étaient  restés  autant  d'énigmes 
pour  la  Physiologie.  J'ai  montré  que  ces  monstres  peuvent  se  produire 
chez  les  Oiseaux  et  les  Poissons,  comme  chez  les  Mammifères;  mais  qu'ils 
n'ont,  chez  tous  ces  animaux,  qu'une  existence  très-courte,  presque  éphé- 
mère, s'ils  ne  se  sont  point  développés  sur  un  même  œuf,  simultanément 
avec  un  autre  embryon  bien  conformé,  parce  que,  étant,  le  plus  souvent 
du  moins,  privés  de  cœur,  c'est  le  cœur  du  frère  jumeau  qui  sert  de  mo- 
teur pour  leur  circulation.  Leur  vie  ne  peut  donc  se  prolonger  au  delà 
d'une  certaine  période,  très-voisine  de  leur  origine,  qu'à  l'aide  de  la  vie 
d'un  autre  individu,  avec  lequel  ils  ont  des  connexions  vasculaires,  for- 
mées d'abord  par  la  circulation  vitelline  et,  plus  tard,  par  la  circulation 
allantoïdienne  chez  les  Oiseaux  et  par  la  circulation  placentaire  chez  les 
Mammifères. 

»  Ces  monstres  omphalosites  possèdent  des  organisations  très-diffé- 
rentes, depuis  les  Anides,  simples  masses  de  tissu  cellulaire,  jusqu'aux 
Paracéphales,  qui  reproduisent,  à  bien  des  égards,  sauf  l'imperfection  de 
la  tète  et  l'absence  du  cœur,  le  type  normal.  Toutefois,  la  formation  et  le 
développement  de  ces  monstres  présentent  un  ensemble  de  conditions 
communes,  d'autant  plus  remarquables  qu'elles  s'écartent,  à  bien  des 
égards,  de  celles  qui  déterminent  la  formation  et  le  développement  des 
êtres  normaux. 

»  Dans  l'organisation  animale,  tout  se  lie  et  tout  s'enchaîne,  et  tous  les 
organes  sont  dans  une  dépendance  mutuelle  les  uns  des  autres,  dépen- 
dance qui  se  manifeste,  au  point  de  vue  anatomique,  par  la  corrélation  des 
formes,  et,  au  point  de  vue  physiologique,  par  l'harmonie  des  fonctions. 
Rien  de  pareil  dans  les  monstres  omphalosites,  dont  toutes  les  parties  se 
constituent  isolément  et  sans  qu'il  y  ait  entre  elles  de  solidarité  anatomique 
ou  physiologique,  sans  que  l'on  retrouve,  par  conséquent,  cette  succession 
et  cet  enchaînement  de  formations  organiques,  qui  sont  si  évidentes  dans 
les  périodes  postérieures  du  développement. 

«  Rappelons  brièvement  les  premiers  étals  que  traverse  l'embryon.  Il 
apparaît  d'abord  au  centre  du  blastoderme,  sous  la  forme  d'un  petit  disque 
circulaire,  qui  s'allonge  suivant  un  de  ses  diamètres  et  prend  une  forme 
oblongue;  puis  on  voit  apparaître  la  ligne  ou  gouttière  primitive,  premier 
indice  du  canal  vertébral,  d'abord  à  l'extrémité  antérieure  et  ensuite  à 
l'extrémité  postérieure;  puis  on  voit  la  tête  se  produire  à  l'extrémité  anté- 
rieure, sous  la  forme  d'un  bourgeon  ;  enfin  apparaissent,  de  chaque  côté 
du  corps,  deux  paires  de  bourgeons,  qui  deviendront  les  membres. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  17.)  I  20 


(  9^G  ) 

»  Or,  d'une  part,  l'embryon  peut  s'arrêter  et  se  compléter  dans  chacun 
de  ces  états;  d'autre  part,  l'arrêt  de  développement  d'une  de  ces  parties 
n'entraîne  pas  nécessairement  celui  des  parties  qui  se  développent  ensuite. 
En  parlant  de  ces  notions,  on  peut  expliquer  facilement  les  types  téra- 
tologiques  si  étranges  que  présentent  les  monstres  omphalosites. 

M  Ainsi  l'embryon  peut  s'arrêter  dans  sa  première  forme,  celle  d'un 
disque  circulaire,  et  cependant  continuer  à  s'accroître.  Dans  ce  cas,  le 
disque  embryonnaire  ne  se  sépare  pas  de  l'aire  vasculaire  dans  laquelle  se 
produit,  comme  d'ordinaire,  un  réseau  de  vaisseaux  capillaires  qui  se 
remplissentdesang  et  de  globules  rouges.  Si  des  unions  vasculairesavec  un 
frère  jumeau  permettaient  à  de  pareils  embryons  de  continuer  à  se  déve- 
lopper, on  verr.iit  apparaître  le  type  des  Anides,  simjiles  masses  de  tissu 
cellulaire,  revêtues  d'une  peau  complètement  formée,  et  dans  l'intérieur 
desquelles  on  rencontre  un  certain  nombre  de  vaisseaux  sanguins. 

»  Lorsque  l'embryon  a  pris  une  forme  allongée,  la  gouttière  primitive 
se  produit  sur  son  grand  axe,  apparaissant  d'abord  à  la  partie  postérieure 
et  ensuite  à  la  partie  antérieure.  Si  l'embryon  s'arrête  dans  le  premier  état, 
on  aura  un  monstre  peracépliale  et,  dans  le  second,  un  monstre  acéphale. 
Ces  deux  types  caractérisés,  le  premier  par  l'absence  des  régions  thora- 
cique  et  céphalique,  le  second  par  l'absence  de  la  région  céphalique  seule, 
se  compléteront  par  la  formation  et  le  reploiement  des  lames  viscérales  et 
par  l'apparition  des  membres. 

»  Mais  il  peut  arriver  aussi  que  la  gouttière  primitive  et,  par  suite,  le 
canal  vertébral  ne  se  forment  pas.  Le  disque  embryonnaire  pourra  néan- 
moins se  compléter  par  le  reploiement  des  lames  verticales  et  la  forma- 
tion des  membres.  On  voit  alors  se  produire  les  Mylacéphales  qui  parais- 
sent réduits  à  un  ou  deux  membres  postérieurs.  L'absence  de  la  gouttière 
vertébrale  peut  d'ailleurs  se  rencontrer  dans  des  types  d'une  organisation 
plus  complète,  comme  les  Peracépbales  et  les  Acéphales,  et  même  dans  les 
Hémiacéphales  qui  présentent  une  tête  rudimentaire. 

»  On  voit  également,  dans  certains  cas,  que  cet  arrêt  de  développement 
du  disque  embryonnaire,  dans  lequel  la  gouttière  primitive  ne  s'est  point 
formée,  n'empêche  pas  la  formation  de  la  tête  à  son  extrémité.  J'ai  ren- 
contré i)lusieurs  fois  de  pareils  embryons  de  poule  qui  paraissaient  entiè- 
rement réduits  à  une  tète  rudimentaire,  portant  toujours  au-dessous  d'elle 
un  cœur  très-imparfait.  Ces  embryons,  malgré  la  présence  d'un  organe 
niotetn-  pour  la  circulation,  sont  cependant  condamnés  à  une  mort  pro- 
chaine, lorsqu'ils  se  développent  isolément,  évidemment  par  l'impossibilité 


(  0^7  ) 
de  la  formation  de  l'allantoïde  et  de  l'établissement  de  la  respiration  allan- 
toidienne. 

«  Ailleurs  le  disque  embryonnaire  se  complète  par  la  formation  et  le 
reploiement  des  lames  ventrales  et  produit  une  tète  à  son  extrémité  anté- 
rieure, mais  ne  présente  ni  gouttière  vertébrale  ni  membres.  Ainsi  se  con- 
stitue le  type  des  Hétéroïdes,  décrit  par  Pictet,  et  que  j'ai  eu  moi-même 
occasion  d'étudier.  La  tète  présente  alors,  dans  ses  pièces  osseuses,  l'indi- 
cation de  la  Cyclopie,  qui  est  elle-même  le  résultat  d'un  arrêt  de  dévelop- 
pement. 

»  Cette  absence  de  la  gouttière  primitive,  qui  n'empêche  pas  le  dévelop- 
pement de  la  tête  et  des  membres,  est  un  fait  d'autant  plus  digne  de  re- 
marque, que  la  formation  du  canal  vertébral  est  le  preuiier  fait  qui  mani- 
feste dans  l'embryon  l'apparition  du  type  de  l'animal  vertébré.  Il  est  fort 
curieux  de  voir  des  organisations,  souvent  très-complexes,  échapper  ainsi 
complètement  à  la  condition  la  plus  caractéristique  de  l'embranchement 
auquel  elles  appartiennent  par  leiu'  origine. 

»  Enfin  tous  les  développements  peuvent  se  faire  suivant  leur  succession 
normale,  sauf  celui  de  la  têle,  qui  tantôt  manque  complètement,  et  tantôt 
reste  dans  un  état  rudimenlaire  ou  du  moins  très-incomplet  :  c'est  le  cas 
des  monstres  acéphaliens  et  paracéphaliens. 

»  Il  est  donc  possible,  eu  partant  de  cette  notion  du  défaut  de  solida- 
rité des  diverses  parties  de  l'organisme,  lorsqu'elles  sont  encore  constituées 
par  des  blastèmes  homogènes,  d'expliquer  toutes  les  organisations,  si  bi- 
zarres en  apparence,  que  présentent  les  monstres  omphalosites,  lorsque  le 
cœur  d'un  frère  jumeau  a  pu  faire  circuler  le  sang  oxygéné  dans  leur  appa- 
reil vasculaire. 

»  Tous  ces  faits  sont  très-intéressants  par  eux-mêmes;  ils  deviennent 
plus  intéressants  encore  parce  qu'ils  expliquent  ce  qui  se  passe  dans  la  for- 
mation d'un  grand  nombre  de  monstres  doubles,  de  ceux  que  Is. -Geoffroy 
Saint-Hilaire  appelait  des  monstres  doubles  parasitaires,  et  qui  résultent 
de  la  soudure  d'un  sujet  complet  avec  un  sujet  plus  ou  moins  incomplet. 
Ces  sujets,  plus  ou  moins  incomplets,  présentent  presque  tous  les  types  des 
monstres  omphalosites;  et  cela  s'explique  très-facilement  :  lorsque  deux 
embryons  se  développent  sur  un  même  blastoderme,  il  arrive  très-fréquem- 
ment que  leur  développement  est  inégal,  et  que  l'un  d'eux  est  frappé  de 
l'un  quelconque  de  ces  arrêts  de  développement  que  je  viens  de  décrire. 
Si  les  deux  frères  jumeaux  se  développent  isolément,  n'ayant  qu'une  union 
médiate  par  le  vitellus  ou  la  vésicule  ombilicale,  on  aura  un  sujet  bien  con- 

I20., 


(  928  ) 
formé  et  un  monstre  omphalosite.  Si  les  deux  frères  jumeaux  viennent  à 
se  souder,  ou  aura   un    monstre  double  parasitaire.   Tout  dépend,   dans 
l'un  et  l'autre  cas,  de  la  position  plus  ou  moins  rapprochée  des  deux  em- 
bryons sur  le  même  blastoderme.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Nouveau  procédé  de  condensation  des  matières  liqué- 
fiables tenues  en  suspension  dans  les  gaz.  Réponse  à  M.  Colladon.  Noie  de 
MM.  E.  Pelouze  et  P.  Audoui.v,  présentée  par  M.  Peligot.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Peligot,  Jamin,  Rolland.) 

«  Nous  avons  eu  l'honneur  de  présenter  dernièrement  à  l'Académie  un 
Mémoire  sur  un  Nouveau  procédé  de  condensation  des  matières  liquéfiables 
tenues  en  suspension  dans  les  cjaz,  procédé  adopté  depuis  quelques  mois  dans 
plusieurs  usines  à  gaz,  où  il  fonctionne  avec  un  plein  succès. 

»  M.  Colladon,  de  Genève,  s'appuyant  sur  un  brevet  pris  par  lui  en 
1857,  sous  le  titre  de  Nouvel  appareil  senant  à  laver  et  à  saturer  le  gaz,  ré- 
clame aujourd'hui  la  priorité  de  cette  invention.  Le  titre  seul  de  son  brevet, 
opposé  à  celui  de  notre  Mémoire,  suffirait  à  démontrer  que  nous  nous 
sommes  proposé  un  tout  autre  but. 

))  Ce  qui,  en  effet,  constitue  la  nouveauté  de  notre  moyen  de  conden- 
sation, c'est  l'idée  d'obtenir  cette  condensation  à  sec,  par  le  simple  choc  des 
matières  liquéfiables  très-divisées,  sans  l'intervention  de  l'eau  ou  de  solu- 
tions liquides  quelconques  et  sans  surfaces  de  refroidissement. 

))  Rien  de  semblable  dans  la  description  du  brevet  de  M.  Colladon,  ni 
dans  la  Note  présentée  par  lui  à  l'Académie  des  Sciences,  dans  sa  séance  du 
i3  octobre  dernier;  il  est  constamment  question  d'un  laveur  mécanique 
pouvant  servir  au  besoin  à  la  carburation  des  gaz;  aussi  les  deux  appareils 
présentent-ils  une  différence  absolue,  ainsi  que  le  constatent  les  plans  et 
dessins  qui  accompagnent  les  brevets  de  M.  Colladon. 

»  Les  explications  données  par  M.  Colladon  s'appliquent  aux  phéno- 
mènes tels  qu'ils  se  produisent  dans  les  appareils  laveurs  employés  de- 
puis longtemps;  l'auteur  n'a  fait  que  retourner  les  termes  du  problème 
en  ce  qui  concerne  l'opération  désignée  sous  le  nom  de  lavage  du  gaz  : 
au  lieu  de  maintenir  humides,  par  un  écoulement  d'eau,  les  surfaces  so- 
lides au  contact  desquelles  le  gaz  doit  se  laver  comme  dans  les  colonnes 
à  coke,  scrubbers,  etc.,  il  immobilise  le  liquide  en  le  plaçant  dans  des 
cuves,  et  il  met  en  mouvement  les  surfaces  solides  représentées  dans  son 
appareil  par  des  peignes  ou  par  des  plaques  à  ouvertures  contrariées,  assu- 


(  929  ) 
rant  l'efficacité  d'action  qui  résulte  d'un  renouvellement  continu  du  liquide 
laveur  par  l'iinmersion  de  ces  surfaces  solides  dans  les  cuves,  et  cela  à  l'aide 
d'un  mouvement  continu  ou  alternatif. 

»  Rien  n'indique  que  M.  Colladon  ait  entrevu  la  possibilité  de  condenser 
les  matières  liquéfiables  tenues  en  suspension  dans  le  gaz  sans  l'intervention 
de  liquides  ou  de  surfaces  refroidissantes.  Son  appareil  est  un  laveur  ou  un 
carburateur,  selon  la  nature  du  liquide  dans  lequel  il  le  fait  plonger;  il  n'a 
aucune  analogie  avec  notre  condensateur,  établi  sur  de  tout  autres  prin- 
cipes. Tel  est,  du  reste,  l'avis  unanime  d'un  grand  nombre  d'ingénieurs  que 
nous  avons  consultés  sur  cette  question.  » 

VITICULTURE.  —  Le  Phylloxéra  n'est  pas  la  cause,  mais  une  conséquence 
de  la  maladie  de  la  vigne.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Guérin-Méneville 
à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  la  séance  du  lundi  20  courant,  vous  avez  présenté  une  Note  de 
M.  H.  Mares,  qui  vient  confirmer  les  conclusions  que  j'ai  présentées,  dès 
l'origine  de  la  maladie  des  vignes,  relativement  au  rôle  que  joue  le  Phyl- 
loxéra dans  cette  épiphytie. 

»  Pendant  mes  tournées  séricicoles,  j'ai  pu  m'assurtr  que  c'est  un  état 
pathologique  de  la  vigne  qui  a  favorisé  l'énorme  multiplication  du  Phyl- 
loxéra, l'un  des  parasites  naturels  de  cette  plante. 

»  Jusqu'ici  cet  insecte  était  demeuré  presque  inaperçu,  à  cause  de  sa 
petitesse,  de  sa  vie  cachée  et  de  son  insignifiance  comme  espèce  zoologique, 
ce  qui  n'avait  pas  engagé  à  le  rechercher  et  à  le  distinguer  parmi  les  in- 
nombrables espèces  du  groupe  de  parasites  auquel  il  appartient. 

»  Dans  les  nombreux  articles  publiés  ."1  ce  sujet,  j'en  ai  remarqué  beau- 
coup qui  confirment  la  théorie  que  je  soutiens,  à  savoir,  que  ce  parasite 
n'est  pas  In  cause,  mais  une  conséquence  de  la  maladie  des  vignes.  En  effet, 
M.  H.  Mares  et  beaucoup  de  ces  observateurs  montrent  que,  parmi  les 
innombrables  remèdes  que  l'on  propose,  ceux  qui  contiennent  quelques 
substances  jouant  le  rôle  d'engrais  ou  de  sliniulant,  ont  seuls  donné  quel- 
ques résultats  favorables.   » 


(  93o  ) 

VITICULTURE.  —  Note  sur  les  renflements  produits  par  le  Phylloxéra  sur  les 
radicelles  de  la  vigne;  par  M,  Max.  Cornu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Ce  qui  rend  le  Phylloxéra  redoutable,  c'est  que  non-seulement  il  vit 
aux  dépens  des  organes  souterrains  de  la  vigne,  mais  qu'il  en  détruit  les 
radicelles,  spécialement  chargées  de  nourrir  la  plante.  J'ai,  l'année  der- 
nière, insisté  déjà  sur  ce  fait,  que  ce  n'est  pas  l'absorption  par  le  parasite 
d'une  certaine  quantité  de  sève  ou  de  plasma  qui  fait  mourir  la  plante, 
mais  bien  la  destruction  des  racines. 

»  Quand  on  déchausse  un  cep  dans  luie  région  envahie  depuis  plusieiu'S 
années  par  le  Phylloxéra,  on  est  frappé,  au  premier  coup  d'œil,  de  l'ab- 
sence de  chevelu;  les  racines  grêles  sont  très-rares,  les  racines  plus  gi-osses 
se  terminent  souvent  brusquement,  leur  extrémité  est  carrée,  leur  tissu  in- 
terne prend  souvent  une  teinte  rouge;  l'écorce  offre  un  aspect  particulier, 
elle  a  une  surface  bosselée  et  crevassée,  qui  dénote  un  état  évident  de  dé- 
périssement du  végétal.  Moins  faciles  à  noter  que  les  autres,  ces  caractères 
sont  pourtant  bien  reconnaissables;  mais  ce  qui  est  saisissant  sur  le  |)ied 
souffrant  depuis  longtemps  par  l'action  du  parasite,  c'est  la  rareté  des 
petites  racines  et  l'absence  presque  complète  de  chevelu. 

»  Sur  des  pieds  attaqués  depuis  peu  de  temps,  le  chevelu  s'est  singuliè- 
rement modifié,  ainsi  que  M.  Planchon  l'a  reconnu  le  premier;  c'est  le 
symptôme  le  plus  net  et  le  plus  évident  :  les  radicelles,  au  lieu  d'être  cy- 
lindriques et  grêles,  se  sont  diversement  renflées  et  ont  pris  un  aspect 
très-anomal,  qui  frappe  toujoius  les  cultivateurs  habitués  à  observer  les 
plantes  saines;  la  couleur,  différente  de  celle  des  radicelles  en  bonne  santé, 
attire  l'oeil;  elle  est  en  général  voisine  du  jaune  vif  ou  du  jaune  d'or,  mais 
peut  notablement  varier.  Dans  les  terrains  très-fertiles  et  très-frais,  on  en 
rencontre  encore  quelquefois,  même  pendant  plusieurs  années,  tandis  que, 
dans  les  terrains  secs  ou  peu  fertiles,  elles  manquent  au  bout  de  peu  de 
temps,  la  production  de  radicelles  nouvelles  n'ayant  pas  lieu  avec  facilité. 

»  Ces  renflements  ou  nodosités  ont  des  formes  très-diverses,  et  nous 
essayerons  ultérieurement  de  nous  rendre  compte  de  cette  variété  et  d'ex- 
pliquer d'où  elle  provient.  Ils  ont  tantôt  l'apparence  d'un  crochet  renflé 
dans  la  portion  courbée;  on  les  comparerait  volontiers  à  un  bec  de  héron. 
Le  Phylloxéra  occu|)e  la  partie  interne  de  la  courbure.  Cette  forme  est  de 
beaucoup  la  plus  counnune  ;  le  renflement  n'est  que  peu  développé  en  gé- 
néral, et  il  résulte  le  plus  souvent  de  l'action  d'un  Phylloxéra  unique  ;  tan- 


(  9^1  ) 
tôt,  an  coniraire,  la  radicelle  est  démesurément  accrue,  couverle  de  bosse- 
lures et  creusée  d'un  grand  nombre  de  cavités  séparées  et  distinctes,  ou,  au 
contraire,  confluentes.  Ces  dépressions  impriment  à  la  formation  tout 
entière  des  torsions  Irès-diverses  qui  donnent  des  formes  très-nombreuses 
et  très-différentes. 

»  La  couleur  est  aussi  variable  que  la  forme  :  opaline  dans  certains  cas, 
elle  est  quelquefois  très-brune  et  subéreuse  comme  celle  des  racines 
adultes;  d'autres  fois  elle  est  plus  claire,  et  l'on  distingue  à  la  loupe  de 
petites  plaques  brunes  assez  régulièrement  espacées,  se  détachant  sur  un 
fond  blaiicliâtre  ou  jaunâtre;  la  teinte  ordinaire  et  fondamentale  est  d'un 
jaune  vif  ou  d'un  jaune  d'or;  mais  cette  couleur  ne  dure  pas  longtemps  dans 
la  nature;  les  renflements  qui  la  présentent  ne  tardent  pas  à  la  perdre  et 
à  tourner  au  brun  ;  ceux  qui  frappent  le  regard  sont  relativement  jeunes 
et  beaucoup  plus  récents  que  ceux  qui,  peu  visibles,  ont  pris  la  teinte 
brune. 

»  La  variété  des  formes  et  des  couleurs  est  extrême  (i). 

»  A  une  certaine  époque  de  l'année,  en  général  vers  la  fin  de  l'été,  les 
renflements  prennent  une  teinte  brune,  deviennent  flasques,  pourrissent 
ou  plutôt  se  flétrissent.  L'absorption  qui  n'a  lieu  qu'à  la  faveur  du  tissu 
jeune  et  toujours  renouvelé  des  radicelles  ne  peut  plus  avoir  lieu;  la  sup- 
pression des  radicelles  entraîne  le  dépérissement  et  la  mort  de  la  vigne.  Je 
n'avais  pu  observer  l'an  dernier,  à  cause  de  la  saison  avancée,  que  les  ren- 
flements produits  non  sur  les  radicelles,  mais  sur  les  racines  d'un  petit 
diamètre.  J'ai  repris  cette  année  l'étude  de  l'altération  des  radicelles  avec 
des  matériaux  meilleurs;  à  partir  d'une  certaine  époque,  les  renflements 
disparaissent  ou  sont  très-rares;  l'été  est  la  saison  la  plus  favorable  pour 
les  observer. 

»  Ces  renflements  des  radicelles,  destinés  à  périr  bientôt,  sont  la  cause 
du  mal  produit  par  le  Phylloxéra.  On  prétend  encore,  de  temps  en  temps, 
qu'ils  sont  le  résultat  d'une  végétation  normale  et  qu'ils  se  rencontrent 
aussi  sur  des  vignes  où  l'on  ne  peut  découvrir  aucun  insecte.  Cette  opinion 
est  parfois  soutenue,  dans  le  département  de  la  Gironde  notamment,  et  les 
conséquences  en  sont  désastreuses. 

»   On  voit,  en  effet,  de  malheureux  paysans,  ruinés  par  cette  maladie 

(i)  Je  joins  à  cftte  Note  trois  planches  coloriées  représentant,  l'une  une  racine  de  IMalbec 
(cépage  du  Bordelais),  chargée  de  nodosités,  et  les  deux  autres  des  exemples  de  divers  ren- 
flements. 


(    9^2) 

qu'ils  attribuent  à  des  causes  vagues  et  indéterminées,  s'acharner,  malgré 
un  insuccès  constant,  à  replanter  des  vignes  sur  des  points  contagioniiés 
depuis  plusieurs  années.  N'est-il  pas  douloureux  de  les  voir  retourner  le 
sol,  y  enfouir  des  engrais  inutiles,  faire  successivement  les  nombreuses  et 
pénibles  façons  que  réclame  la  culture  de  la  vigne,  lorsqu'on  sait  que  dans 
cette  terre  profonde  et  fertile  de  la  palud  de  Bordeaux  les  sarments  plantés 
resteront  toujours  grêles  et  cliétifs  et  même  mourront  le  plus  souvent? 

»  Ne  devrait-on  pas,  au  lieu  de  les  encourager,  dire  à  ces  pauvres  gens 
qu'ils  dépensent  en  pure  perte  leur  argent,  leur  temps,  leur  travail,  et  que 
leur  terre  infectée  demeurera  improductive  malgré  le  labeur  de  toute  une 
année?  Et  cependant,  fermant  les  yeux  à  l'évidence,  par  esprit  de  système, 
par  légèreté  ou  par  insouciance,  on  soutient  encore  que  le  Phylloxéra 
n'est  pas  la  cause  de  la  maladie  des  vignes. 

»  Quelle  lourde  responsabilité  pour  ceux  qui,  influents  dans  leur  pays, 
à  quelque  titre  que  ce  soit,  soutiennent  et  propagent  une  opinion  pareille! 

»  Ceux  qui  ne  croient  pas  à  l'influence  du  Phylloxéra  comme  cause  dé- 
terminante de  la  maladie  devraient  faire  l'expérience  suivante,  qui  réussit 
aisément  et  qui  est  concluante.  Dans  deux  vases  de  même  capacité  et  rem- 
plis de  la  même  terre,  on  plante  deux  portions  d'une  même  branche  de 
vigne  souffrant  ou  non  de  la  maladie.  Ces  boutures,  cultivées  avec  soin, 
développent  pendant  l'été  des  racines  nombreuses,  et  l'on  peut  s'assurer, 
par  l'observation  directe,  qu'elles  ne  présentent  aucun  renflement.  Si  le  ra- 
meau auquel  elles  ont  été  empruntées  appartenait  à  une  vigne  malade,  cela 
prouve  que  les  renflements  ne  sont  pas  dus  à  une  altération  intime  et  pour 
ainsi  dire  constitutionnelle,  à  une  dégénérescence,  à  une  modification  de 
la  sève  du  cep,  puisque  les  boutures  qui  en  proviennent  ne  présentent  pas 
cette  altération. 

»  Si  maintenant  sur  les  racines  de  l'une  d'elles  on  transporte  un  certain 
nombre  de  Phylloxcr.is,  et  il  suffit  pour  cela  de  les  mettre  en  contact  avec 
des  plaques  d'écorces  chargées  d'insectes,  prises  sur  des  vignes  malades,  on 
voit  au  bout  de  peu  de  jours  les  renflements  se  produire  en  grand  nombre. 
L'autre  bouture,  qui  n"a  pas  reçu  de  Phylloxéras,  qu  on  a  protégée  contre 
^envahi^sement  possible  de  l'insecte,  sert  de  témoin;  elle  permet  de  com- 
parer, dans  des  conditions  identiques  d'ailleurs,  sauf  la  présence  de  l'in- 
secte, le  développement  resté  normal  des  racines  saines  à  l'altération  des 
racines  malades. 

M  On  .Trrive  ainsi  à  démontrer  sans  réplique,  ce  qui  peut  être  fait  d'ail- 
leurs de  bien  d'autres  façons,  que  les  renflements  ne  sont  pas  la  consé- 


(  933  ) 
qiience  d'une  dégénérescence  du  cep  on  de  tonte  autre  cause,  mais  qu'ils 
sont  uniquement  déterminés  par  la  présence  de  l'insecte. 

))  11  fiiut  se  garder  de  confondre  avec  l'altération  précédente  certaines 
racines  adventives  grosses  et  jaunes  surtout  à  leur  extrémité,  et  qui  sont  le 
résultat  d'une  végétation  luxuriante;  on  les  observe  fréquemment  dans  les 
terres  fertiles,  sur  les  boutures  cultivées  en  pots,  à  la  chaleur  dans  un  sol 
riche;  les  jeunes  plants  enracinés  en  offrent  aussi  des  exemples.  La  confu- 
sion n'est  possible  que  pour  ceux  qui  n'ont  pas  vu  de  renflements  des  radi- 
celles ou  qui  n'ont  pas  remarqué  ces  sortes  de  racines;  il  n'y  a  entre  les 
deux  formations  qu'une  grossière  analogie. 

»  Les  radicelles  portent  quelquefois  plusieurs  renflements  en  divers 
points  de  leur  hauteiu-  et  des  radicelles  adventives  munies  elles-mêmes  de 
renflements.  On  peut  se  demander  si  ces  formations  sont  tontes  contempo- 
raines? Si  elles  ont  été  produites  successivement,  par  quelle  série  d'états  a 
passé  le  renflement  que  l'on  voit  hérissé  de  bosselures  et  creusé  d'excava- 
tions nombreuses?  Les  renflements  des  racines  étaient-ils  antérieurs  au  ren- 
flement de  la  radicelle  même?  Les  renflements  peuvent-ils,  au  contraire, 
émettre  des  radicelles  saines  et  concourir  dans  une  certaine  mesure  à  la 
nutrition  du  végétal?  En  d'autres  termes,  et  ceci  a  son  importance  pra- 
tique au  point  de  vue  d'essais  qui  seraient  tentés  dans  ce  sens,  un  traite- 
ment qui  anéantirait  les  nodosités  ainsi  que  les  insectes  nombreux  destinés 
à  devenir  souvent  ailés  qu'elles  nourrissent,  serait-il  nuisible  ou  utile  à  la 
vigne? 

w  Enfin  quelle  est  l'évolution  de  ces  formations  singulières,  la  série  des 
formes  qu'elles  prennent,  des  changements  qu'elles  subissent  depuis  l'in- 
stant où  la  radicelle  est  encore  saine  jusqu'au  moment  de  la  décomposition 
du  renflement;  quelle  est  la  durée  du  développement  complet,  au  bout  de 
combien  de  temps  se  montre-t-il? 

»  On  peut  encore  se  poser  une  série  de  questions  relatives  aux  mœurs  et 
aux  transformations  de  l'insecte.  Comment  se  comporte  le  Phylloxéra  à 
la  surface  des  racines?  Sont-ce  les  jeunes  ou  les  individus  âgés  qui  produisent 
les  renflements?  Le  parasite  choisit-il  un  endroit  particulier  ou  se  fixe-t-il 
en  un  point  quelconque?  Combien  de  temps  demeure-t-il  à  la  même  place? 
Change-t-il  souvent  de  lieu?  Dans  quelles  circonstances  émigre-t-il?  Ces 
diversesquestions,  qui,  pour  la  plupart,  n'ont  été  ni  résolues  ni  même  posées, 
seront  étudiées  dans  une  Communication  idtérieure. 

))  Puisque  les  renflements  sont  la  cause  du  dépérissement  des  vignes, 
l'étude  de  ces  formations  constitue  l'un  des  chapitres  les  plus  importants 

C.R.,  1873,  Q«Scmes(r?.(T.LXXVU,  N"  17.)  ^ '^' ' 


(  9'^'1  ) 
de  l'histoire  de  la  maladie  nouvelle.  Suivant  les  vœux  delà  Commission, 
je  m'y  suis  spécialement  attaché.  Pour  arriver  à  les  connaître,  j'ai  dû 
suivre,  pas  à  pas,  leur  développement.  Pour  parvenir  à  ce  but,  je  n'ai  pas 
voulu  prendre  des  types  épars  et  les  réunir  par  des  intermédiaires  :  cette 
méthode,  souvent  applicable,  ne  l'était  pas  ici,  avec  rigueur  du  mouis,  et 
l'incertitude  eût  été  trop  grande.  Je  n'entrevoyais  pas  du  reste,  au  début 
de  ces  recherches,  la  marche  que  devaient  suivre  ces  formations  si  diverses 
en  apparence.  Ceux  qui  les  connaissent  ne  me  contrediront  pas,  on  n'a 
encore  à  ce  sujet  aucune  donnée  certaine. 

i>  Dans  le  but  d'obtenir  ces  données  indispensables,  j'ai  observé  pendant 
plusieurs  semaines  les  mêmes  racines  de  deux  en  deux  jours.  Un  dessin 
complet  et  colorié,  une  description  détaillée  en  était  faite  chaque  fois;  elles 
avaient  été  choisies  de  façon  à  présenter  chacune  un  cas  particulier.  Les 
insectes  présents  à  leiu*  surface  étaient  examinés,  leurs  mues  notées,  leurs 
dépouilles  recueillies  dans  la  limite  du  possible,  leur  départ  ou  leur  chan- 
gement de  place  minutieusement  inscrit.  J'ai  enregistré,  jour  par  jour,  tous 
ces  détails. 

j)  J'ose  espérer  que,  malgré  ses  inévitables  lacunes,  ce  travail  sera  reçu 
avec  indulgence  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  la  question  si  importante 
de  la  maladie  des  vignes.  » 

VITICULTURE.  —  Résultats  d' expériences  faites,  à  Hjères,  sur  la  destruction 
du  Phylloxéra  par  le  sulfure  de  carbone.  Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  G.'Bazille. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M  L'Académie  veut  bien  s'intéresser  à  la  lutte  que  nous  poursuivons 
dans  le  Midi  contre  le  Phylloxéra,  et  tous  les  viticulteurs  lui  sont  recon- 
naissants des  efforts  qu'elle  fait  pour  nous  venir  en  aide.  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  a  bien  voulu  l'entretenir  des  essais  tentés  avec  le  sulfure  de  car- 
bone, près  de  Montpellier;  ces  essais  ont  donné  des  résultats  contestables  : 
on  a  été  plus  heureux  ailleurs.  J'ai  pensé  qu'elle  lirait  avec  intérêt  les  do- 
cuments qui  m'ont  été  adressés  de  Toulon,  et  que  je  prends  la  liberté 
de  lui  adresser. 

»  Nous  sonnnes  malheureusement,  à  la  submersion  près,  si  peu  riches 
en  moyens  efficaces  pour  nous  défendre  contre  le  Phylloxéra,  que  nous 
ne  devons  pas  négliger  les  procédés  qui  présentent  quelques  chances  de 
succès. 


(9^5) 

Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d 'Horticulture  et  d'Acclimatation  du  Var. 

'.  M.  Marius  Bainéoud,  vice-président  de  la  Société,  a  la  parole  pour  rendre  compte  des 
expériences  qu'il  a  instituées  à  Hyères,  en  collaboration  de  M.  Hippolyte  Dellort,  sur  la 
destruction  du  Phylloxéra. 

•  La  lecture  du  rapport  de  M.  Gaston  Bazille,  sur  le  traitement  par  le  sulfure  de  carbone, 
lui  avait  inspiré  de  sérieux  scrupules;  employer  de  i5o  à  4"°  grammes  de  cette  substance 
toxique,  lui  paraissait  une  pratique  dangereuse  et  capable  de  justifier  la  plaisanterie  qui  a 
cours,  a  savoir,  que  le  sulfure  de  carbone  tue  à  la  fois  l'insecte  et  la  vigne.  Il  résolut  donc 
de  vérifier  quelle  dose  de  ce  puissant  insecticide  serait  applicable  pour  détruire  le  parasite, 
sans  danger  pour  son  support. 

»  C'est  sur  un  vignoble  de  5  hectares,  appartenant  à  M.  Pons,  à  Hyères,  que  M.  Barnéoud 
a  procédé,  avec  le  concours  de  M.  Dellort.  Ces  Messieurs  se  servent,  pour  pratiquer  les 
trous,  qu'ils  font  |)énétrer  un  peu  au-dessous  de  la  profondeur  corres|>ondant  au  talon  des 
racines,  d'un  pal  en  fer,  enfoncé  avec  une  masse,  auquel  ils  substituent  un  tube  en  verre 
de  I  mètre  de  hauteur,  surmonté  d'un  petit  godet,  dans  lequel  ils  versent,  au  moyen  d'une 
éprouvette  graduée,  la  quantité  voulue  de  sulfure  de  carbone. 

»  Ce  liquide  est  dangereux  à  manier,  si  on  a  l'imprudence  de  le  verser  en  présence  d'un 
corps  en  combustion;  il  ne  faut  même  pas  fumer  dans  le  voisinage  des  travailleurs,  car  il 
commence  à  se  volatiliser  de  12  à  i5  degrés,  et  il  bout  à  ùfi  degrés.  Mais,  hors  de  la  pré- 
sence du  feu,  il  est  aussi  facile  à  employer  que  de  l'eau.  Dès  que  la  dose  est  versée  dans  le 
tube,  on  retire  celui-ci  et  l'on  obture  le  trou  d'un  coup  de  cheville,  sinon  le  sulfure  de 
carbone  se  volatiliserait  inutilement  par  l'orifice,  et  il  faut  l'obliger  à  répandre  ses  vapeurs 
dans  l'intérieur  du  sol.  Voilà  pourquoi  il  ne  faut  l'employer  que  pendant  la  saison  chaude 
et  hors  les  temps  de  pluie  et  de  la  présence  de  l'eau,  car  il  serait  empêché  de  se  volatiliser 
et  d'aller  chercher  l'ennemi  à  détruire,  en  se  répandant  au  contact  des  racines  jusques  aux- 
quelles il  pénètre  à  l'état  de  vapeur. 

)>  MM.  Barnéoud  et  Dellort  ont  vérifié  qu'en  versant  dans  les  trous  i5o  grammes  de  sul- 
fure de  carbone,  la  vigne  ainsi  traitée  est  comme  foudroyée;  en  vingt-quatre  heures  les 
feuilles  se  dessèchent  et  se  recoquillent,  comme  sous  l'action  d'une  violente  chaleur.  A  la 
dose  de  loo  grammes,  les  vignes  ne  sont  pas  mortes  instantanément,  mais  elles  ont  souf- 
fert, et  leur  végétation  est  devenue  languissante. 

»  Les  expérimentateurs  de  notre  Société  d'horticulture  ont  graduellement  abaissé  la  dose 
de  6o  à  3o  grammes,  et,  dans  le  terrain  d'alluvion  cù  ils  opéraient,  ils  ont  reconnu  que  cette 
dernière  dose,  de  3o  grammes,  était  suffisante  pour  détruire  le  Phylloxéra  sans  nuire  à  la 
vigne.  Le  succès  du  reste  était  incontestable  et  l'effet  décisif,  car  les  vignes  de  M.  Pons  étaient 
tellement  infestées  de  Phylloxéras,  que  les  racines  en  semblaient  dorées.  Au  bout  de  trois 
jours  après  l'opération,  on  constatait  que  les  parasites  étaient  morts  et  noirs,  et  après  huit 
jours,  toute  trace  en  avait  disparu,  leurs  cadavres  s'étant  décomposés. 

»  Or,  en  procédant  d'après  la  méthode  languedocienne,  trois  trous  autour  de  chaque 
vigne,  et  a  o"',5o  du  cep,  la  dose  de  3o  grammes,  répartie  entre  les  trois  trous,  a  été  de 
10  grammes  par  trou.  MM.  Barnéoud  et  Delfort  avouent,  du  reste,  que  cette  dose,  ils  ne 
la  prétendent  pas  invariable  et  qu'elle  doit  changer  suivant  la  nature  du  terrain  :  s'il  est 
compacte,  argileux,  c'est-à-dire  peu  perméable,  ils  estiment  que  la  dose  doit  être  dou- 

121.. 


(  936  ) 

blée,  mais  ils  ne  croient  pas  qu'il  faille  dépasser  60  grammes,  soit  20  grammes  par  trou. 

x>  M.  Barnéoud  ajoute  que  les  vignobles  plantés  en  quinconce  et  sans  cultures  interca- 
laires, paraissent  plus  disposés  à  subir  les  ravages  du  Phylloxéra.  Sur  le  vignoble  de  M.  Pons, 
disposé  en  quinconce,  les  rangées  de  vignes  étant  espacées  de  2  mètres,  et  les  vignes 
de  chaque  rangée  étant  à  o'",75  l'une  de  l'autre,  voici  comment  est  appliqué  le  trai- 
tement. 

«  Pour  soumettre  toute  la  terre  à  l'influence  insecticide  du  sulfure  de  carbone,  MM.  Bar- 
néoud et  Dellort  pratiquent,  dans  les  intervalles  des  rangées,  trois  trous  parallèles  espacés 
deo'",G5,  de  manière  à  comprendre  toute  la  largeur  de  l'ouillière;  ces  trous  se  succèdent 
eux-mêmes  à  la  hauteur  de  chaque  vigne,  c'est-à-dire  de  o"',  75  en  o'",  75.  Ainsi,  tout  le  ter- 
rain est  purgé  du  Phylloxéra  par  les  vapeurs  du  sulfure  de  carbone  qui  s'y  répandent  ré- 
gulièrement. 

»  Deux  hommes,  assistés  d'un  enfant  qui  bouche  les  trous,  peuvent  traiter  par  jour  de 
35o  à  4oo  souches.  Le  prix  du  sulfure  de  carbone,  qui  n'est  commercialement  que  de 
4o  francs  les  100  kilogrammes,  a,  par  le  fait  de  la  demande  qui  s'en  est  faite,  monté  jusqu'à 
120  francs;  mais  le  commerce  se  mettra  en  mesure  de  satisfaire  les  besoins  de  l'agriculture, 
et  les  prix  s'équilibrant  à  5o  ou  60  francs  les  100  kilogrammes,  le  prix  de  revient  pour 
chaque  cep  traité  ne  s'élèvera  pas  au-dessus  de  0*^50*^. 

»  M.  Ch.  Simon  dit  qu'à  Pourrières  la  dose  de  i5o  grammes  de  sulfure  de  carbone  a  fou- 
droyé les  vignes  traitées,  et  qu'à  Saint-Nazaire  M.  le  général  Roze,  notre  collègue,  n'a 
réussi  qu'en  abaissant  la  dose  évidemment  excessive  et  dangereuse,  préconisée  par  les 
expérimentateurs  languedociens.  » 

M.  E.  RoNDEPiERRE  adresse  une  Note  concernant  l'efficacité  que  pourrait 
avoir,  contre  le  Phylloxéra,  la  décoction  de  feuilles  de  noyer. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Ch.  Gros  adresse  une  INote  (c  sur  l'opportunité  d'observer,  au  micro- 
scope, les  cellules  nerveuses  dans  des  lissus  vivants  attenant  encore  à  l'animal, 
ou  dans  des  tissus  frais  traversés  de  courants  galvaniques  ». 

(Commissaires  :  .MM.  Milne  Edwards,  Cl.  Bernard,  Ch.  Robin,) 

M.  A.  Netter,  m.  Ch.  Pellarin,  M.  J.  de  Zïcki  adressent  des  Communi- 
cations relatives  au  Choléra. 

(Renvoi  à  la  Commi.ssion  du  legs  Bréant.) 


(937) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  M.  L.  Pochet,  intitulé  «  Nouvelle  Mécanique 
industrielle  ». 

Cet  ouvrage,  conformément  au  désir  exprimé  par  l'auteur,  sera  soumis  à 
l'examen  de  la  Commission  chargée  de  juger  le  Concours  du  prix  Dalmont. 

ANALYSE  SPECTRALE.  —  Aclion  du  coTidensnleur  sw les  courants  d'induclwn[i)', 
par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran. 

«  Les  physiciens  admettent  généralement,  je  pense,  que  les  modifications 
spectrales  produites  par  l'introduction  d'une  bouteille  de  Leyde  dans  le 
circuit  induit  sont  la  conséquence  des  variations  de  la  température  et  non 
d'une  altération  particulière  dans  la  nature  physique  de  la  décharge.  Je 
prie  néanmoins  l'Académie  de  vouloir  bien  me  permettre  de  présenter  ici 
quelques  remarques  à  l'appui  de  cette  opinion. 

»  I.  On  constate  la  supériorité  thermique  de  l'étincelle  condensée  sur 
l'étincelle  ordinaire  en  comparant  entre  eux  les  spectres  obtenus,  dans  des 
conditions  différentes,  au  moyen  d'une  même  substance;  car  les  raies  su- 
bissent une  modification  graduelle  et  de  même  sens  par  l'emploi  successif  : 
1°  du  gaz  d'éclairage;  2°  de  l'étincelle  d'induction  ordinaire  tirée  à  la  sur- 
face d'une  solution  ;  3"  de  la  même  étincelle,  tirée  sur  la  substance  solide  ou 
en  fusion  ignée;  4°  enfin  de  l'étincelle  condensée. 

»  Ainsi  :  1°  la  raie  orangée  du  lithium  Li6io.2,  à  peine  visible  dans  la 
flamme  du  gaz,  devient  supérieure  à  la  raie  rouge  Li  670.6  dans  l'étincelle 
ordinaire,  tirée  sur  une  solution  lithique  concentrée  [Comptes  rendus,  19  mai 
1873,  p.  1264),  et  se  renforce  encore  relativement  à  la  raie  rouge  quand 
la  même  étincelle  éclate  sur  le  sel  solide;  2°  Avec  une  étincelle  ordinaire  et 
une  solution  de  chlorure  d'étain,  les  raies  Su  558. 9  et  Su  556.1  sonl  faibles 
[Comptes  rendus^  t6  octobre  1871);  avec  la  même  étincelle  tirée  sur  le  sel 
d'étain  solide,  ces  deux  raies  sont  assez  fortes;  avec  le  condensateur,  elles 
sont  très-brillantes. 

»  II.  Les  effets  du  condensateur  étant  dus  à  l'augmentation  de  la  tempé- 
rature, il  y  a  passage  graduel,  depuis  les  spectres  obtenus  avec  l'auréole  de 

(i)  Foi r  iiusii  Comptes  rendus,  16  octobre  1851,  t.  LXXIII,  p.  g43  et  suiv. 


(9^8  ) 
l'étincelle  ordinaire,  jusqu'à  ceux  qui  résultent  de  l'emploi  d'une  puissante 
jarre  de  I^cyde  (i). 

»  III.  L'action  du  condensateur  ne  paraît  pas  être  la  même  sur  les  dif- 
férents spectres;  par  exemple,  les  raies  du  plomb  :  Pb 560.7,  ^^438. 6, 
Pb42/!i.5,  etc.,  sont  déjà  notablement  renforcées,  alors  que  les  raies  du  se- 
cond ordre  de  l'air  ne  possèdent  encore  qu'une  intensité  relativement  mo- 
dérée. 

»  IV.  Les  diverses  raies  d'un  même  spectre  ne  sont  pas  toujours  égale- 
ment affectéespar  le  condensateur  ;  ainsi  :  1°  les  raies  du  plomb  :  PbSGo.y, 
Pb438.6,  Pb424-5,  etc.,  sont  notablement  renforcées,  tandis  que  les  raies 
Pb5oo.5,  Pb4o5. 6,  etc.,  sont  peu  ou  point  modifiées  ;  2°  les  raies  Sn558.9 
et  Sn 556.1  (déjà  citées)  sont  très-renforcées,  et  la  raie  Sn  563.1  plus  ou 
moins  affaiblie  (2);  3°  les  faibles  raies  du  cadmium  :  Cd  53^,9  et  Cd  533.9 
acquièrent  un  vif  éclat,  et  la  forte  raie  Cd  5o8.5  est  un  peu  affaiblie. 

»  V.  Les  raies  considérablement  renforcées  par  le  condensateur  devien- 
nent nébuleuses  et  d'une  certaine  grosseur.  Pour  un  accroissement  d'éclat 
plus  modéré  (étincelle  ordinaire  tirée  sur  une  substance  solide),  il  arrive 
souvent  que  les  raies  ne  cessent  pas  d'être  étroites.  L'élargissement  n'est 
alors  sensible  qu'à  la  température  extrêmement  élevée  d'une  décharge  fran- 
chepient  disruptive.  Ainsi  les  raies  Sn  558.9  et  Sn  556.1  sont  encore  étroites 
quand  l'étincelle  ordinaire  est  tirée  sur  le  chlorure  d'étain  solide,  mais  le 
condensateur  les  rend  nébuleuses. 

»  VI.  L'élargissement  des  raies  étroites  à  haute  température  s'explique 
par  les  perturbations  que  subissant  les  mouvements  moléculaires  quand  les 
forces  appliquées  sont  trop  considérables. 

»  Mais  peut-on  même  concevoir  l'existence  de  lumière  rignttreusement 
monochromatique?  Je  ne  crois  pas  réalisable  l'égalité  complète  des  vibra- 
tions productrices  d'une  raie,  laquelle  ne  sain-ait  dès  lors  être  strictement 
linéaire. 

»  VIL  Les  raies  d'émission  des  corps  solides  ou  liquides  sont   nébu- 


(  I  )  Ceci  ne  veut  pas  dire  que  les  spectres  du  premier  ordre  se  transforment  normalement 
en  spectres  du  second  ordre  (transformation  que  je  crois  cependant  avoir  observée  quelque- 
fois), mais  que,  par  suite  de  l'augmentation  graduelle  de  la  température,  le  spectre  du  pre- 
mier ordre  s'affaiblit  lentement,  tandis  que  celui  du  second  ordre  se  renforce  peu  à  peu. 

(2)  J'ai  en  effet  observé  que  la  grande  augmentation  de  températuic produite  par  le  con- 
densateur paraissait  se  traduire  pour  certaines  raies,  même  du  second  ordre,  par  une  dimi- 
nution de  leur  éclat  absolu  qui  passe  ainsi  par  un  maximum.  Cela  n'est  pas  d'ailleurs  sans 
analogie  avec  les  phénomènes  de  l'acoustique. 


(  1)39  ) 
leuses,  exemple  :  erbine,  phosphates  et  autres  sels  d'erbine  [Comptes  rendus, 
28  avril  1873),  sels  de  didyme.  On  s'accorde,  je  crois,  pour  r,e  point  attri- 
buer dans  ce  cas  la  perturbation  à  l'exagération  des  forces  appliquées,  mais 
au  peu  de  liberté  des  molécules,  lesquelles  se  gênent  mutuellement  dans 
leurs  mouvements. 

»  yiU.  Il  me  paraît  donc  nécessaire  de  distinguer  deux  sortes  de  spectres 
continus  dérivant  de  ceux  de  second  ordre,  savoir  :  (rt)  les  spectres  dont  les  raies 
se  sont  élargies  par  accroissement  de  teaqiérature  ;  {b)  ceux  dont  les  raies 
doivent  leur  élargissement  au  peu  de  liberté  des  molécules. 

»  Quant  aux  spectres  continus  provenant  de  la  réunion  des  bandes 
ombrées  du  premier  ordre,  il  me  semble  qu'on  ne  devrait  pas  les  confondre 
avec  les  précédents  (a)  et  [b),  ce  qui  ferait  peut-être  disparaître  le  désac- 
cord apparent  qui  existe  entre  les  physiciens,  dont  les  uns  considèrent  les 
spectres  continus  comme  produits  par  une  température  supérieure  à  celle 
quifournit  les  raies  étroites  de  second  ordre,  tandisque les  autres  admettent 
avec  Plûcker  el  Hittorf  que  les  spectres  coniinus  se  forment  à  des  tempé- 
ratures plus  basses. 

»  Si,  comme  certains  faits  semblent  l'établir,  il  y  a  quelquefois  transfor- 
mation graduelle  des  bandes  ombrées  d'un  spectre  de  premier  ordre  en  raies 
étroites  d'un  spectre  de  second  ordre,  c'est  par  suite  d'une  augmentation  de 
température,  comme  cela  résulte  en  particulier  de  l'étude  du  spectre  du 
chlorure  de  manganèse  [Comptes  rendus,  6  décembre  1869). 

»  IX.  Les  étincelles  des  diverses  bobuies  d'induction  présentent  des 
différences  spectrales  dues  à  l'inégalité  des  températures  développées.  Ainsi, 
certaines  petites  bobines  (Gaiffe,  modèle  de  20  francs)  donnent  naturellement, 
avec  les  solutions  salines,  des  spectres  analogues  à  ceux  qu'on  n'obtient, 
au  moyen  des  grosses  bobines  (Ruhmkorff,  modèle  de  3o  centimètres),  qu'en 
ajoutant  un  condensateur  ou  en  tirant  l'étincelle  sur  des  substances  solides. 

»  J'avais  estimé  (contrairement  à  l'opinion  de  quelques  persomies)  que, 
pour  obtenir  avec  les  petites  bobines  des  effets  spectraux  s'éloignant  moins 
de  ceux  des  grandes  bobines,  il  fallait  augmenter  la  longueur  et  la  résistance 
du  circuit  induit.  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Gaiffe  d'avoir  pu  comparer 
deux  de  ses  bobines  de  moyenne  grandeur  (iç)  centimètres),  spécialement 
construites  pour  mes  essais,  l'une  avec  un  gros  fil  induit,  l'autre  avec  un 
fil  quatre  fois  plus  long  et  de  section  sept  fois  plus  faible.  Les  effets  spec- 
traux de  la  bobine  à  long  fil  se  sont  rapprochés  de  ceux  de  mon  appareil 
Ruhmkorff,  tandis  que  la  bobine  à  gros  fd  a  donné  des  résultats  analogues  à 
ceux  de  la  petite  bobine. 


(  94o  ) 
»  Cette  expérience  et  les  remarques  ci-dessns  me  paraissent  autoriser  à 
dire  que,  au  point  de  vue  spectral,  le  condensateur  se  borne  à  raccourcir 
la  distance  intcrpolaire  à  laquelle  peut  se  produire  la  décharge  disruptive 
ou  trait  de  feu.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  ta  purification  du  gaz  hydrogène. 
Note  de  M.  Cii.  Vioilette.  (Extrait.) 

«  Dans  son  travail  classique  sur  la  composition  de  l'eau  [Annales  de 
Chimie  et  de  Phy&iijue.,  "i^  série,  t.  VIII,  p.  189;  i845),  M.  Dumas  ne  cite, 
parmi  les  impuretés  qui  accompagnent  le  gaz  hydrogène  obtenu  par  l'ac- 
tion de  l'acide  sulfurique  pur  sur  le  zinc  du  commerce,  que  l'hydrogène 
arsénié  et  l'hydrogène  sulfuré,  et  cependant  on  trouve,  dans  la  plupart  des 
Traités  de  Cliimie  publiés  depuis  cette  époque,  que  l'hydrogène  carboné 
accompagne  constamment  l'hydrogène  préparé  dans  les  circonstances  que 
nous  venons  d'indiquer. 

»  Cette  question  de  la  présence  ou  de  l'absence  des  hydrogènes  car- 
bonés dans  le  gaz  hydrogène  me  parut  acquérir  une  importance  capitale  à 
la  suite  de  la  Communication  de  M.  Frankland  sur  le  pouvoir  éclairant  de  la 
flamme  de  l'hydrogène  brûlant  sous  pression  dans  le  gaz  oxygène  [Comptes 
rendus,  t.  LXVII,  p.  nZ&  et  1089;  1868),  car  rien  n'indiquait,  dans  la  Com- 
munication faite  à  l'Académie,  que  M.  Frankland  s'était  servi  pour  ses  expé- 
riences de  gaz  hydrogène  absolument  pur.  N'était-on  pas  autorisé  à  penser 
que  l'éclat  de  la  flamme  de  l'hydrogène  pouvait  être  attribué  à  la  présence 
d'une  faible  quantité  de  carbone  qui,  sans  effet,  lorsque  le  gaz  brûle  sous 
la  pression  ordinaire,  exercerait  une  action  d'autant  plus  sensible  que  la 
pression  serait  plus  considérable?  D'autre  part,  les  réactifs  conseillés  par 
M.  Dumas  pour  la  purification  du  gaz  hydrogène,  tels  que  le  nitrate  de 
plomb,  le  sulfate  d'argent,  la  potasse,  l'acide  sulfurique  concentré,  se- 
raient-ils capables  d'absorber  tous  les  hydrogènes  carbonés,  et  notamment, 
s'il  s'en  produit,  le  gaz  des  marais  ou  ses  analogues,  que  les  chimistes  dé- 
signent actuellement  sous  le  nom  de  carbures  saturés?  Ces  considérations 
m'avaient  déterminé,  avant  de  chercher  à  répéter  les  expériences  de 
M.  Frankland,  à  examiner  si  l'hydrogène  préparé  par  le  zinc  contient  oui 
ou  non  des  composés  hydrogénés  du  carbone,  et  c'est  le  résultat  de  ce 
travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie. 

»  L'hydrogène,  préparé  comme  le  conseille  M.  Dumas,  venait  se  purifier 
en  passant  dans  une  série  de  tubes  de  i  mètre  de  longueur,  contenant  des 


(94>  ) 
colonnes  de  nitrate  de  plomb,  sulfate  d'argent,  potasse  caustique,  pierre 
ponce  imprégnée  d'acide  sulfuriqne  concentré,  et  passait  ensuite  dans  un 
tube  à  boules  contenant  une  solution  limpide  de  baryte  (servant  de  témoin), 
puis  dans  un  tube  contenant  de  l'acide  .sulfuriqne  concentré.  L'hydrogène 
ainsi  purifié  se  rendait  dans  un  tube  à  combustion  aussi  long  que  possible 
(80  centimètres  environ),  contenant  de  l'oxyde  de  cuivre  maintenu  au  rouge. 
L'eau  formée  se  condensait  dans  un  tube  en  U  et  les  gaz  passaient  ensuite 
dans  un  tube  de  Liebig  contenant  de  l'eau  de  baryte  limpide,  séparée  de 
l'atmosphère  par  un  tube  plongeur. 

»  Lorsque  le  tidie  à  combuslion  était  porté  au  rouge,  on  y  faisait  passer 
de  l'air  privé  d'acide  carbonique,  avant  d'adapter  le  second  tube  de  Liebig, 
afin  de  brûler  les  poussières  qui  auraient  pu  rester  dans  le  tube  ou  se  trou- 
ver mélangées  à  l'oxyde  de  cuivre  pendant  le  remplissage  du  tube,  et  l'on 
ne  faisait  passer  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de  enivre  que  lorsque  le  gaz  ne 
troublait  plus  l'eau  de  baryte.  Alors,  on  adaptait  le  tube  de  Liebig,  et  l'on 
faisait  passer  lentement  l'hydrogène,  en  prolongeant  l'expérience  de  façon 
à  n'obtenir  jamais  moins  de  l\o  à  5o  grammes  d'eau  comme  produit  de  la 
combustion. 

»  Je  constatai,  dans  mes  premières  expériences,  que  l'eau  de  baryte  se 
troublait  dans  le  second  tube  de  Liebig,  et  que  l'eau  provenant  de  la  com- 
bustion présentait  une  réaction  fortement  acide,  due  à  une  substance  qui 
précipitait  les  sels  de  baryte. 

»  Soupçonnant  quelque  influence  étrangère,  je  répétai  une  expérience 
de  combustion  eu  me  servant  de  gaz  hydrogène  provenant  de  l'électrolyse 
de  l'eau  distillée,  privée  d'acide  carbonique  et  de  matières  organiques,  et  je 
trouvai  que  les  résultats  étaient  sensiblement  les  mêmes.  Ne  pouvant  ad- 
mettre dans  ces  circonstances  que  le  trouble  observé  fût  dû  à  la  présence 
de  l'acide  carbonique,  je  dirigeai  mes  efforts  vers  la  recherche  de  cette 
cause  perturbatrice,  que  je  finis  par  découvrir.  Je  constatai  que  l'acidité  de 
l'eau  était  due  à  des  composés  oxygénés  du  sélénium,  provenant  de  la  pré- 
sence de  cet  élément  dans  le  cuivre  du  commerce  qui  m'avait  servi  à  la 
préparation  de  l'oxyde  employé  pour  la  combustion.  Ce  fait  devint  l'objet 
d'une  Communication  faite  à  l'Académie  dans  sa  séance  du  4  avril  1870 
{Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  729). 

»  Une  fois  en  possession  de  ce  résultat,  je  répétai  mes  expériences  en 
me  servant,  pour  la  combustion  du  gaz  hydrogène,  d'oxyde  de  cuivre 
privé  de  sélénium  par  oxydation  dans  un  courant  d'air  prolongé  et  réduc- 
tions successives  (opération  fort  longue),  et  je  constatai  alors  que,  après  avoir 

C.  R.,  1873,  2*  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  17.)  '  22 


(  94^  ) 
obtenu  35  grammes  d'eau,  l'eau  de  baryte  du  tube  avait  conservé  toute 
sa  limpidité. 

»  La  même  expérience  fut  répétée  en  supprimant  les  deux  tubes  conte- 
nant de  la  ponce  sulfurique,  et  le  résultat  lut  encore  le  même. 

B  On  peut  donc  conclure  de  ces  expériences  qu'il  n'y  a  pas  de  carbone 
gazeux  accompagnant  l'hydrogène  préparé  et  purifié  comme  l'a  indiqué 
M.  Dumas,  et  que,  par  suite,  l'éclat  de  la  flamme  de  l'Iiydrogène  pur  brij- 
lant  sous  pression,  ne  saurait  être  attribr  ■•  à  la  présence  de  petites  quantités 
de  carbone. 

»   11  n'en  est  plus  de  même  S'  emplace,  dans  la  préparation  de 

l'hydrogène,  le  zinc  par  le  fer  c  .onte;  dans  ce  cas,  même  avec  un  cou- 
rant de  gaz  Irés-leut,  on  obse  j  que  l'eau  de  baryte  se  trouble  fortement, 
dès  qu'on  a  obtenu  quelqr  grammes  d'eau  de  combustion.  Il  se  pro- 
duit donc,  dans  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  le  fer  ou  le  zinc,  des 
carbures  d'hydrogène  qui  ne  peuvent  être  absorbés  par  les  réactifs  ordi- 
naires employés  pour  la  purification  du  gaz  hydrogène. 

»  En  présence  de  ces  résultats,  on  est  conduit  à  se  demander  comment 
il  se  fait  que  la  plupart  des  Traités  de  Chimie  mentionnent  la  présence  des 
hydrogènes  carbonés  parmi  les  impuretés  du  gaz  hydrogène,  et  quels 
sont  les  faits  qui  ont  pu  donner  naissance  à  cette  opinion.  C'est  là  une 
question  difficile  à  résoudre.  Peut-être  cette  opinion  a-t-elle  pris  naissance 
à  la  suite  du  travail  de  Erdmanii  et  Marchand  sur  le  poids  atomique  de 
l'hydrogène  [Annales  de  Chimie  et  de  Phjsique,  3^  série,  t.  VIII,  p.  soy).  Ces 
savants,  en  ré[)étant  les  expériences  de  M.  Dinnas  sur  la  composition  de 
l'eau,  disent  que  «  le  zinc  employé  (p.  209)  pour  le  dégagement  de  l'hy- 
))  drogène  ne  renfermait  pas  la  moindre  trace  d'arsenic  on  de  soufre,  mais 
»  seulement  un  peu  de  plomb  et  d'étaiu  et  quelques  traces  de  fer  et  de 
»  cliarbon.  »  Est-ce  la  présence  du  charbon  admise  par  ces  savants,  dans 
les  résidus  de  la  préparation  de  l'hydrogène,  qui  a  été  l'origine  de  l'opinion 
que  nous  venons  d'indiquer?  A-t-on  raisonné  par  analogie  avec  ce  qui  se 
passe  avec  le  fer  ou  la  fonte?  Ce  sont  là,  je  le  répète,  des  questions  qu'il 
m'est  impossible  de  résoudre. 

»  D'ailleurs,  le  cliarbon  existe-t-il  réellement  dans  le  zinc,  comme  l'ont 
admis  Erdmann  et  Marchand?  Il  est  bien  permis  d'en  douter  lorsqu'on 
songe  au  mode  d'extraction  de  ce  métal  volatil.  Je  m'occupe  en  ce  moment 
(le  la  solution  de  celte  question,  dont  je  me  ])ropose  d'entretenir  l'Acadé- 
mie, lorsque  j'aurai  pu  me  mettre  à  l'abri  de  toutes  les  causes  d'erreur  que 
j'ai  rencontrées  jusqu'ici.  » 


{  943  ) 

GÉOLOGIE.  —  Les  champs  diamanlifères  du  Cap.  Note  de  M.  Desdemaine- 
HuGON,  présentf'e  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

Il  Les  champs  diamantifères  du  Cap  sont  situés  sur  la  limite  de  la  colonie 
du  cap  de  Bonne-Espérance  et  des  Etats  libres  du  fleuve  Orange,  à  envi- 
ron I200  kilomètres  de  la  ville  du  Cap,  par  29  degrés  de  latitude  sud  et 
23  degrés  de  longitude  est;  ils  sont  à  une  altitude  d'environ  2000  mètres. 
On  les  divise  en  deux  catégories  :  les  mines  de  rivières  et  les  mines  sèches. 
Dans  les  premières,  les  diamants  se  trouvent  sur  les  bords  et  dans  le  lit  des 
rivières,  au  milieu  de  pierres  d'une  grande  variété  :  calcédoines,  agates, 
olivines,  grenats,  arragonites,  etc.  Aux  mines  sèches,  ils  gisent  parmi  les 
ilménites,  grenats,  feldspaths  décomposés,  granités,  tufs,  schistes  pyriteux, 
arragonites. 

»  Les  mines  sèches  sont  situées  au  milieu  de  plaines  unies,  planes, 
presque  entièrement  nues.  La  surface  du  sol  est  formée  par  une  terre 
argileuse  rouge,  dont  l'épaisseur  varie  de  3o  centimètres  à  3  mètres 
environ. 

»  Les  diamants  ne  se  trouvent  en  abondance  que  dans  quelques  bassins 
distincts.  A  chacun  de  ces  bassins  correspond  une  petite  élévation  de  ter- 
rain à  peine  sensible,  mais  suffisante  pour  les  faire  reconnaître  à  distance. 
Les  mines  sèches  sont  au  nombre  de  quatre,  distribuées  dans  un  rayon 
d'environ  5  kilomètres  :  Bull-Fontein,  du  Toit's  Pan,  Old  de  Beer's,  de 
Beer's  New  Push.  Cette  dernière,  dans  laquelle  l'auteur  a  travaillé  durant 
six  mois,  est  un  vaste  bassin,  long  de  900  pieds  anglais,  large  de  63o, 
ayant  à  peu  près  la  forme  d'une  poire  dont  la  partie  rétrécie  est  allongée 
vers  l'ouest-nord-ouest.  L'enceinte  est  formée  par  une  ceinture  de  schistes 
altérés,  dont  les  lames,  variant  d'épaisseur,  se  désagrègent  rapidement  au 
contact  de  l'air.  La  paroi  du  bassin  descend  en  pente  irrégulière  vers  le 
fond;  les  couches  de  schiste  qui  le  limitent  sont  de  toutes  parts  inclinées 
du  dedans  vers  le  dehors.  Les  terres  qui  le  remplissent  (sables  gris  et  verts, 
tufs,  glaises,  graviers,  coraux)  sont  déposées  en  couches  distinctes,  suivant 
les  ondulations  les  unes  des  autres.  A  environ  85  pieds  de  profondeur,  on 
a  rencontré  un  lit  de  cailloux  roulés.  En  deux  ou  trois  endroits  du  bassin 
s'élèvent  dans  l'intérieur  du  dépôt  des  récifs  de  calcaire  arrivant  jusqu'à 
la  surface  du  sol.  Au  milieu  des  terres  de  remplissage  se  montrent,  çà  et  là, 
des  roches  isolées  de  dimensions  variables,  ayant  jusqu'à  8  et  10  pieds  de 
diamètre,  distribuées  très-irrégulièrement  ;  on  y  rencontre  aussi  parfois  des 
fragments  de  bois  sUicifié.  Dans  une  petite  couche  observée  à  20  pieds  de 

122.. 


(944) 
profondeur,  on  a  trouvé  une  écaille  d'huître,  un  œuf  d'autruche,  un  grain 
de  collier  en  verre  bleu  et  des  os  d'antilope. 

»  Les  diamants  commencent  à  se  rencontrer  presqu'à  la  surface  du  soi. 
A  toutes  les  profondeurs,  jusqu'au  fond  du  bassin,  les  recherches  ont  été 
également  fructueuses  pour  les  mineurs. 

»  I^es  diamants  sont,  la  plupart,  plus  ou  moins  brisés.  Ils  sont,  en  géné- 
ral, d'autant  plus  colorés  en  jaune  qu'ils  sont  plus  gros.  Les  plus  pesants 
que  l'on  ait  recueillis  pesaient  288,  166  et  i44  carats;  aucune  mine  du 
monde  n'a  donné  d'aussi  gros  diamants  en  telle  quantité  ;  le  bassin  de  New 
Push  seul  a  fourni  en  moyenne  plus  de  trois  mille  diamants  par  jour, 
pendant  plus  de  huit  mois  (la  plupart  de  fortes  dimensions). 

»  Les  gisements  diamantifères  du  Cap  présentent  les  particularités  sui- 
vantes : 

»  1°  La  qualité  de  diamants  la  plus  précieuse,  en  raison  de  la  pureté  de 
son  eau,  est  de  forme  octaédrique  à  arêtes  vives  ;  elle  est  sujette  à  éclater  au 
contact  de  Tair.  Celles  de  ces  pierres,  dont  la  surface  est  la  plus  lisse,  écla- 
tent ordinairement  dans  le  cours  de  la  première  semaine;  exceptionnelle- 
ment, l'éclatement  s'opère  encore  quelquefois  au  bout  de  trois  mois.  Le 
meilleur  moyen  pour  empêcher  cet  effet  de  se  produire  consiste  à  enduire 
la  pierre  de  suif  aussitôt  après  sa  découverte. 

»  2°  L'abondance  des  grenats  est  un  signe  fréquent  de  la  richesse  dia- 
mantifère du  point  exploité. 

y>  3°  Il  est  très-rare  de  rencontrer  de  gros  diamants  là  où  l'on  en  trouve 
une  grande  quantité  de  petits. 

»  4°  Dans  les  environs  d'une  grosse  roche,  ou  plutôt  au-dessous,  se 
trouve  presque  toujours  un  gros  diamant. 

»  5°  Les  couches  qui  avoisinent  intérieurement  les  parois  du  bassin 
sont  très-riches  en  diamants,  tandis  que  les  pierres  précieuses  sont  toujours 
distribuées  très-inégalement  dans  la  masse  de  l'intérieur  du  dépôt.  » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  sucre  contenu  dans  les  feuilles  de  vigne; 

par  M.  A.  Petit. 
(c  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  (1869,  t.  LXIX,  p.  760), 
j'ai  indiqué  que  les  feuilles  de  vigne  contiennent  de  20  à  3o  grammes  de 
glucose  par  kilogramme, et  une  quantité  d'acide  variant  de  i3  à  16  grammes. 
»  En  poursuivant  ces  recherches,  j'ai  constaté  que  l'acide  tartrique  entre 
pour  un  tiers  environ  dans  l'acidité  totale,  et  que  la  plus  grande  partie  de 
cet  acide  s'y  trouve  à  l'état  de  crème  de  tartre. 


(945  ) 

»  Le  sucre  du  raisin  est  entièrement  composé  de  sucre  interverti,  sans 
mélange  de  sucre  de  canne.  M.  Buignet  a  trouvé  son  pouvoir  rotatoire 
égal  à  —  26". 

»  L'examen  des  feuilles  de  vigne  m'a  prouvé  qu'elles  renferment,  outre 
le  sucre  interverti,  une  quantité  très-notable  de  sucre  non  réducteur.  Le 
dosage  par  la  liqueur  de  Feliling,  avant  et  après  l'interversion  par  les  acides 
et  les  notations  polarimétriques,  montre  que  ce  sucre  non  réducteur  est 
du  sucre  de  canne.  Après  l'action  des  acides,  le  pouvoir  rotatoire  est  sen- 
siblement égal  à  —  26°. 

»  J'ai  obtenu  des  liqueurs  absolument  limpides  et  incolores,  en  traitant 
à  plusieurs  reprises  par  le  charbon  animal,  qui  absorbe  aussi  très-rapide- 
ment le  tannin  contenu  dans  les  feuilles.  Je  citerai  seulement  deux  expé- 
riences : 

»  Dans  la  première,  i  kilogramme  de  feuilles  m'a  donné 

Sucre  de  canne 9*',  20 

Glucose 26*',  55 

))  Dans  la  seconde,  j'ai  opéré  plus  rapidement,  afin  d'éviter  la  transfor- 
mation du  sucre  de  canne  en  glucose,  et,  par  kilogramme  de  feuilles,  j'ai 
obtenu  les  chiffres  suivants  : 

Sucre  de  canne i5^'',8o 

Glucose i'j5'',49 

»  Les  feuilles  de  cerisier  et  de  pêcher  contiennent  également  un  mélange 
de  sucre  de  canne  et  de  glucose. 

j>  Dans  un  de  mes  e.'ssais,  i  kilogramme  de  feuilles  de  pêcher  contenait 

Sucre  de  canne 33  grammes, 

Glucose 12  grammes.   » 

ZOOLOGIE.—  Sur  les  Cirripèdes  Rliizocéphales.  Note  de  M.  Alpu.  Giard, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Les  curieux  parasites  connus  sous  les  noms  de  Sacculina,  Peltocjas- 
ter,  etc.,  ont  été  étudiés  par  de  nombreux  observateurs.  Cavolini,  Rathke, 
Thompson,  Anderson,  Lilljeborg  et  Fritz  Mûller  nous  ont  donné  des  ren- 
seignements précieux  sur  l'anatomie  et  le  développement  de  ces  singuliers 
animaux;  mais,  tant  de  questions  obscures  restaient  encore  à  élucider, 
tant  de  contradictions  se  rencontrent  dans  les  Mémoires  les  plus  importants 
sur  ce  sujet,  que  j'ai  proBté  de  mon  séjour  au  laboratoire  de  zoologie  expé- 


(  946  ) 
rimentale,  fonflé  et  dirigé  par  M.  de  Lacaze-Duthiers,  à  Roscoff,   pour 
étudier  avec  soin  quelques-uns  des  points  en  litige.  Ce  travail  m'a  conduit 
à  quelques  résultais  intéressants,  les  uns  confirmant.,les  vues  de  certains  de 
mes  prédécesseurs,  les  autres  entièrement  nouveaux. 

»  La  Sacculina  Carcini  est  tellement  abondante  à  Roscoff  et  à  Saint-Pol 
de  Léon  qu'on  peut  dire  que  les  deux  tiers  au  moins  du  C.  Mœnas  de  la 
plage  sont  affectés  par  ce  parasite.  Le  Peltognster  Paguri  est  bien  moins 
abondant  :  du  i5  août  au  i5  octobre,  j'ai  examiné  deux  mille  huit  cents 
Pagurus  Bernltarclus  qui  m'ontfourni  trente  et  un  Pellogasler.  Tout  à  fait  aux 
basses  eaux,  j'ai  trouvé,  une  fois  seulement,  sur  un  Pagurus  piibescens,  le 
Peltognster  albidus  (Hesse)  que  je  crois  identique  au  Peltogaster  socialis 
(F.  Mùller)  et  peut-être  au  Peltogaster  sulcntus  (Lilljeborg).  Les  Rliizocé- 
phales  sont  des  Cirripèdes  dégradés  par  le  parasitisme;  l'Histologie  et  l'Em- 
bryogénie ne  laissent  aucun  doute  sur  cette  détermination  établie  par 
Lilljeborg  et  Fritz  Mûller.  Les  rapports  que  certains  naturalistes  ont  voulu 
trouver  entre  ces  animaux  et  les  Crustacés  parasites  de  la  famille  des  Bopy- 
riens  n'existent  nullement.  Parmi  les  Crustacés,  les  Isopodes  sont  certaine- 
ment l'un  des  groupes  dont  l'embryogénie  diffère  le  plus  de  celle  des 
Rhizocéphales. 

»  J'ai  retrouvé,  chez  la  Sacculina  Carcini,  les  racines  signalées  par  Wright 
et  Anderson  chez  le  Peltogaster  Paguri^  et  par  F.  Millier  chez  la  Sacculina 
purpurea  qui  n'est  qu'un  Peltogaster  el  le  Lernœodiscus  Porcellanœ.  Ces  ra- 
cines entourent  le  tube  digestif  et  les  lobules  hépatiques  du  C.  Mœnas,  leur 
couleur  jaune,  bien  que  plus  pâle  que  celle  du  foie  du  Crabe,  les  aura  sans 
doute  fait  méconnaître  par  mes  prédécesseurs.  Je  considère  ces  racines 
comme  homologues  de  la  couche  interne  du  pied  des  Anatifes  :  ce  sont  de 
longs  tubes  remplis  de  corps  arrondis,  colorés  en  vert  chez  le  Peltogaster, 
en  jaune  chez  la  Sacculina;  ces  corpuscules  ont  un  aspect  graisseux  et  ne 
méritent  nullement  le  nom  de  cellules. 

»  Les  Rhizocéphales  sont  hermaphrodites.  Les  testicules  sont  des  or- 
ganes pairs  situés  sous  les  ovaires  et  dont  la  fonction  était  restée  indéter- 
minée jusqu'à  présent.  La  structure  histologique  de  ces  organes,  représentés 
par  Anderson  comme  simplement  graïudeux,  est  des  plus  compliquée;  on 
peut  y  reconnaître  quatre  couches  distinctes.  De  plus  ces  corps  testicu- 
laires  ont  une  autre  fonction  à  remplir;  ils  sécrètent  une  substance  d'appa- 
rence cornée  et  d'inie  grande  l'ésislance  à  tous  les  réactifs.  Ija  sécrétion  se 
fait  au  centre  même  de  l'organe  chez  la  Sacculina  jeune;  chez  le  Pelto- 
gaster, c'est  le  canal  déférent,  dont  les  parois  sont  très-épaisses,  qui  paraît 


(  ^^l  ) 

remplir  siirrout  cette  deuxième  fonction.  Il  y  a  donc  chez  les  Rhizocé- 
phales  quelque  chose  d'analogue  à  ce  que  Claparède  a  signalé  pour  les 
tubes  segmentaires  de  terlaines  Annélides  (Chétoptériens). 

«  Les  spermatozoïdes  ressemblent  beaucoup  à  ceux  des  Cirripèdes;  ils 
sont  agiles  et  très-longs,  un  peu  renflés  vers  l'une  de  leurs  extrémités.  Bien 
que  leius  mouvements  les  fassent  deviner  à  un  grossissement  plus  faible, 
on  ne  les  voit  nettement  qu'avec  l'objectif  9  à  immersion  de  Hartnack. 
J'ai  pu  suivre  complètement  la  formation  de  ces  spermatozoïdes. 

»  Ij'existence  d'un  organe  mâle  bien  reconnu  rend  de  moins  en  moins 
probable  l'hypothèse  des  nombreux  naturalistes  qui  ont  supposé  l'existence 
d'un  mâle  rudimentaire.  Je  sais  que  de  tels  mâles  ont  été  décrits  même 
chez  des  Cirripèdes  hermaphrodites;  mais  chaquefois  que  l'on  a  annoncé 
pareil  fait  chez  les  Rhizocéphales,  on  s'est  basé  sur  des  observations  in- 
complètes et  trop  légères. 

»  La  position  des  testicules  de  la  Sacculine  et  l'existence  d'une  cloison 
membraneuse,  sorte  de  mésentère  reliant  l'ovaire  aux  membranes  ex- 
ternes, m'ont  permis  de  rectifier  les  idées  que  l'on  se  fait  généralement  sur 
la  position  de  ce  parasite.  Le  plan  de  symétrie  de  la  Sacculine  est  perpen- 
diculaire au  i)lan  de  symétrie  du  Crabe  et  ne  coïncide  pas  avec  ce  plan, 
comme  on  pourrait  le  croire  à  première  vue  et  comme  on  l'a  cru  en  effet. 
Si  l'on  considère  comme  antérieure,  chez  le  Pellogasler,  l'extrémité  de  l'ani- 
mal qui  porte  une  ouverture  et  se  trouve  dirigée  vers  l'entrée  de  la  co- 
quille, l'extrémité  antérieure  de  la  Sncculina  est  à  la  droite  du  Crabe. 
Cette  position  constante  de  la  Sacculine,  que  rien  ne  détermine  ni  dans 
les  conditions  extérieures  ni  dans  l'embryogénie,  est  un  des  faits  les  plus 
intéressants  de  l'histoire  de  ce  parasite.  Je  crois  être  en  mesure  d'en  don- 
ner une  explication  suffisante  par  la  théorie  de  la  descendance  modifiée 
en  considérant  le  Brachyure  et  sa  Sacculina  comme  dérivés  graduelle- 
ment d'un  Anomoure  porteur  d'un  Pdtoijasler. 

«  Les  ovaires  sont  au  nombre  de  deux  et  s'ouvrent  séparément  à  droite 
et  à  gauche  de  la  Sacculine.  Près  de  leurs  ouvertures  d'excrétion  dé- 
bordent de  belles  glandes  collétériqnes  qui  ont  échappé  à  tous  mes  prédé- 
cesseurs, sans  doute  parce  qu'elles  ne  sont  pas  également  visibles  en  tout 
temps  et  qu'il  faut  choisir,  pour  les  étudier,  le  moment  où  les  œufs  vont 
sortir  de  l'ovaire  pour  constituer  les  sacs  ovigéres  à  l'aide  de  la  sécrétion 
agglutinante  des  organes  dont  nous  parlons. 

»  La  constitution  de  l'œuf  des  Rhizocéphales  a  fait  le  sujet  d'une  impor- 
tante discussion  entre  MM.  Gerbe,  Balbiani  et  Ed.  Van  Beneden  :  j'ai  donc 


(948) 
eu  à  m'en  occuper  avec  le  plus  grand  soin  ;  les  faits  observés  l'ont  été  avec 
une  liabilelé  si  grande  que  j'aurai  peu  de  chose  à  y  ajouter  ;  mais  l'inter- 
prétation de  ces  faits  me  paraît  encore  obscure  et  Insuffisante.  L'opinion 
de  M.  Gerbe,  qui  considère  la  cellule  polaire  comme  une  cicalricule,  doit 
être  complètement  rejetée,  puisque  le  fractionnement  est  total,  comme  l'a 
montré  le  premier  M.  Mùller.  M.  Ed.  Van  Beneden  attache  trop  peu  d'im- 
portance à  cette  vésicule  qu'il  considère  comme  analogue  au  pédicule  de 
l'œuf  de  l'JcIiteris;  de  plus  le  fractionnement  continue  au  delà  du  nombre 
de  sphères  indiqué  par  ce  savant;  enfin  je  n'ai  pu  voir  les  vésicules  em- 
briogènes  signalées  par  M.  Balbiani,  et  la  formation  de  l'œuf  me  semble 
de  tout  point  comparable  à  celle  de  l'œuf  de  VJpus  cancrifonnis,  avec 
cette  différence  que  chez  VÀpm,  il  y  a  quatre  cellules  primitives,  dont  trois 
disparaissent  ultérieurement,  tandis  que  chez  les  Rhizocéphales  il  y  a  seu- 
lement deux  cellules  dont  une  disparaît, 

»  Le  développement  des  embryons  après  l'éclosion  jusqu'au  moment  de 
la  fixation  dure  huit  jours.  Il  y  a  une  première  mue  quelques  instants 
après  la  naissance,  une  deuxième  le  troisième  jour,  une  troisième  le  cin- 
quième jour,  une  quatrième  le  septième  jour.  Le  Nauplius  est  fout  à  fait 
analogue  à  celui  desCirripèdes.  Les  cornes  frontales  renferment  les  canaux 
sécréteurs  de  glandes  volumineuses.  La  partie  considérée  par  M.  Balbiani 
comme  un  ovaire  primitif  donne  naissance,  après  la  troisième  mue,  aux 
six  paires  de  pattes  ventrales  homologues  des  cirres  des  Cirripèdes.  L'em- 
bryon possède  alors  la  forme  cypridienne  (pupal-stage).  Quand  ces  em- 
bryons ne  peuvent  se  fixer  sur  des  Crabes,  ils  adhèrent  les  uns  aux  autres 
et  périssent.  Leur  dépouille  se  retrouve  parfois  sur  le  Pellogaster  adulte  et 
a  été  prise  par  F.  Mùller  pour  un  mâle  rudimentaire. 

»  La  formation  du  jeune  parasite  se  fait  pendant  l'accouplement  des 
Crabes. 

»  Les  embryons  figurés  par  M.  Hesse  [annales,  1866)  appartiennent  en 
partie  à  des  Cirripèdes  (Anatifes?)  et  non  à  la  Sacculina  Carcini.  » 

PHYSIOLOGIE  BOTANIQUE.  —  De  l'iirilabiUlé  (les  élamines ;  distinction  dans 
ces  organes  de  deux  ordres  de  mouvements.  Note  de  M.  E.  Heckel,  pré- 
sentée par  M.  P.  Duchartre. 

«  Les  mouvements  chez  les  végétaux  supérieurs  ont,  pendant  de  lon- 
gues années,  fixé  l'attention  des  observateurs,  et  le  sujet  justifie  cette  opi- 
niâtreté par  le  caractère  surprenant  de  ces  manifestations  vitales.  Aujour- 


(949  ) 
d'hiii  il  puise  un  nouvel  intérêt  dans  l'appoint  que  ces  phénomènes  étranges 
fournissent  comme  arguments  à  opposer  à  la  théorie  de  la  dualitt'  vitale 
dans  les  deux  règnes.  Jusqu'ici  les  études  sur  la  sensibilité  et  la  niotilité 
végétale  ont  eu  pour  résultat  de  faire  naître  chez  leurs  auteurs  deux  appré- 
ciations parfaitement  opposées.  Les  uns  admettent,  à  l'exemple  des  physio- 
logistes allemands,  une  interprétation  unique  de  ces  phénomènes  et  con- 
fondent dans  une  même  essence  les  mouvements  spo72fr/«e5  et  les  mouvements 
provoqués,  ceux-ci  n'étant  à  leurs  yeux  que  l'exagération  de  ceux-là  et 
reconnaissant  une  même  cause;  les  autres  distinguent  absolument  ces  deux 
ordres  de  phénomènes  comme  n'obéissant  pas  aux  mêmes  conditions  phy- 
siologiques. M.  P.  Bert,  parmi  les  physiologistes  français,  s'est  appliqué, 
dans  ses  belles  études  sur  la  Sensitive  [Journal  de  Phjsiolocjieàe  Robin,  i86'7 
et  1872),  à  différencier  ces  deux  sortes  de  mouvements  et  à  en  étudier 
le  déterminisme  :  dans  ses  conclusions,  il  admet  la  division  en  spontanés  et 
provoqués  et  en  justifie  la  séparation  par  l'action  différente  des  agents  anes- 
thésiques  sur  les  uns  et  les  autres.  11  m'a  semblé  que,  pour  bien  établir 
cette  distinction  essentielle,  le  choix  du  Mimosa  pudica,  qui  offre  ces  deux 
ordres  de  mouvements  combinés  et  simultanés,  pouvait  avoir  quelques 
inconvénients  en  venant  compliquer  l'action  expérimentale  ou  en  troubler 
les  conséquences.  Je  m'occupais  de  recommencer  les  expériences  dans  des 
conditions  plus  favorables  quand,  dans  le  cours  de  quelques  recherches 
sur  l'irritabilité  des  étamines  des  Berbéridées,  je  m'aperçus  que  les  filets 
staminaux  des  Mahonia  ne  sont  doués  d'aucun  autre  mouvement  que  celui 
qui  résulte  de  l'irritation  directe.  En  effet,  en  dehors  de  toute  excitation, 
ces  organes  n'obéissent  à  aucun  mouvement,  ni  diurne  ninoctiu'ne,  comme 
cela  se  voit  chez  quelques  plantes  :  en  agissant  sur  ces  filets,  on  peut  donc 
affirmer  n'avoir  mis  en  cause  que  le  mouvement  provoqué.  Dans  ces  con- 
ditions, j'ai  placé  la  plante  au  milieu  d'une  atmosphère  de  vapeurs  de 
chloroforme,  capable  de  déterminer  l'anesthésie,  et  les  étamines  sont  deve- 
nues promptement  insensibles  à  toute  irritation  de  quelque  nature  qu'elle 
fût.  Pour  établir  une  contre-épreuve  sérieuse,  je  devais  rechercher  une 
plante  m'offrant,  dans  les  mêmes  organes  (étamines),  des  mouvements  spon- 
tanés bien  établis  et  bien  indépendants  de  toute  action  irritante  :  je  la 
trouvai  dans  le  Rula  graveolens.  Les  mouvements  automatiques  bien  connus 
dont  les  organes  mâles  de  cette  plante  sont  doués  rentrent  dans  la  seconde 
classe;  car,  s'ils  sont  variables  avec  certaines  conditions  cosmiques,  du 
moins  ils  ne   peuvent  être  en  aucun  cas  provoqués  ni  même  accentués  par 

C.  K.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  17.)  I  23 


(  95"  ) 
l'excitation  directe  ou  indirecte  et  ne  sont  pas  sons  la  dépendance  de  la 
sensibilité.  Un  plant  âe  Rue,  placé  en  observation  rigonreuse,  dans  les 
mén)es  conditions  qne  ci-dessus,  sous  cloche,  an  milieu  des  vapeurs  chloro- 
formitpies,  n'a  rien  changé  à  sa  manière  d'être;  les  étamines  ont  continué  à 
être  animées,  comme  en  plein  air,  du  même  mouvement,  lequel  n'a  cessé 
que  lorsque  la  nutrition  de  la  plante  a  été  altérée  par  un  séjour  trop  pro- 
longé dans  une  atmosphère  artificielle.  De  ces  faits  bien  constatés  on  jieut 
conclure  :  i"  que  les  mouvements  provoqués  ont  un  déterminisme  spécial 
qui  mérite  d'être  étudié,  et  qu'ils  peuvent  dès  aujourd'hui  être  classés 
parmi  les  phénomènes  d'irritabilité  fonctionnelle  ;  2°  que  les  mouvements 
spontanés  se  rattachent  à  la  vie  générale  de  la  plante  et  doivent  être  ran- 
gés parmi  les  phénomènes  d'irritabilité  nutritive.  De  nouvelles  expériences 
viendront  bientôt  confirmer  cette  manière  de  voir,  en  précisant  le  siège  de 
la  fonction  et  en  mettant  plus  en  évidence  son  absolue  indépendance.   » 

PHYSIQUE.  —  Réponse  à  une  réclamation  de  priorité  de  M.  H.  Valérius; 

par  M.  E.  Mercadier. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  (p.  844  ^6  ce  volume), 
M.  H.  Valérius  informe  l'Académie  qu'il  a  traité,  dés  ib64,  la  question 
du  mouvement  d'un  fil  élastique  dont  j'ai  donné  récemment  [Comptes 
rendus,  p.  G39  et  6^1  de  ce  volume)  les  lois  expérimentales.  Il  y  a,  en 
effet,  dans  le  tome  XVU  des  Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés 
par  l'Académie  royale  de  Belgique  {1860),  un  travail  de  M.  Valérius,  inti- 
tulé «  Mémoire  sur  les  vibrations  de  fils  de  verre  attachés  par  une  de 
»  leurs  extrémités  à  un  corps  vibrant  et  libres  à  l'autre.  »  Si  j'avais  connu 
ce  Mémoire,  j'aurais  restitué  la  priorité  à  son  auteur,  quant  à  ce  qui  est  de 
Yélude  de  la  question,  car  la  question  n'y  est  pas  résolue.  Les  résultats  qu'il 
a  obtenus  sont  beaucoup  moins  complets  que  ceux  de  M.  Gripon  et,  par 
suite,  qne  les  miens.  Sa  méthode  d'observation  est  tout  autre  et,  je  le  crois, 
beaucoup  moins  précise  que  la  mienne;  il  n'a  d'ailleurs  étudié  que  des 
fils  de  verre  très-minces  et  d'une  faible  longueur,  et  n'a  indiqué  qu'une 
seule  loi  expérimentale  exacte,  la  sixième  des  onze  que  j'ai  indiquées  moi- 
même. 

»  Je  crois  donc  que,  jusqu'à  présent,  si  M.  H.  Valérius  a  la  priorité  de 
l'étude  de  celte  question,  je  dois  conserver  celle  de  la  solution.  Je  complé- 
terai du  reste  très-prochainement  mes  études  sur  ce  point,  en  montrant  que 
cette  solution  s'accorde  avec  les  principes  de  la  théorie  mathématique  de 
l'élasticité.   » 


(  9^'  ) 

«  M.  le  général  Mouin  signale  à  l'Académie  plusieurs  documents  inté- 
ressants, dont  les  uns  sont  empruntés  à  des  ouvrages  étrangers,  les  autres 
à  des  études  faites  en  France,  et  qui  font  partie  de  la  Revue  d'Jrtillerie,  pu- 
bliée par  ordre  du  Ministre  de  la  Guerre. 

»  Parmi  les  premiers,  se  trouve  la  traduction,  due  à  M.  le  capitaine  Collet- 
Maygret,  d'un  Mémoire  de  M.  le  lieutenant-général  prussien  de  Decker 
sur  les  effets  du  tir  plongeant  contre  les  maçonneries,  exécuté  avec  le 
canon  de  i5  court,  au  siège  de  Strasbourg. 

»  Sans  entrer  ici  dans  des  détails  qui  ne  seraient  pas  à  leur  place,  je 
crois  pouvoir  dire,  contrairement  aux  conclusions  de  l'auteur  allemand, 
que  les  effets  de  ces  batteries  établies  à  866  et  à  ^55  mètres  des  ouvrages 
à  battre,  malgré  l'habileté  et  le  soin  minutieux  avec  lesquels  elles  ont  été 
dirigées,  ne  paraissent  pas  aussi  importants  qu'il  semble  le  penser.  L'é- 
norme consommation  de  gros  projectiles  que  ce  tir  a  entraînée,  les  en- 
traves qu'il  a  apportées  aux  travaux  du  Génie  me  semblent  compenser, 
et  au  delà,  l'apparente  accélération  qu'd  a  pu  produire  dans  l'époque  où  il 
était  devenu  possible  de  donner  l'assaut. 

»  Il  ne  convient  pas  d'en  dire  davantage  sur  l'influence  que  ce  mode  de 
tir  aurait  exercé  sur  la  capitulation  de  Strasbourg,  et  je  me  bornerai  à 
émettre  le  vœu  que  nos  artilleurs  pèsent  avec  soin  les  circonstances  dans 
lesquelles  ils  pourraient  être  tentés  de  l'appliquer. 

))  Un  Mémoire  de  M.  le  capitaine  H.  Blackenbury,  de  l'artillerie  royale 
anglaise,  sur  la  Tactique  des  trois  armées,  traduit  par  M.  le  commandant  de 
Grandry,  contient  d'utiles  renseignements  sur  les  modifications  de  l'an- 
cienne tactique  de  la  guerre,  que  l'emploi  des  armes  de  précision  à  tir 
rapide  a  déjà  conduit  à  introduire  dans  l'armée  allemande. 

»  On  aura  une  idée  de  cette  nécessité  par  ce  seul  fait,  publié  par  le 
duc  de  Wurtemberg,  que,  à  la  bataille  de  Saint-Privat,  trois  brigades  prus- 
siennes formant  un  effectif  de  18000  hommes,  en  perdirent  6000  en 
dix  minutes  et  durent  se  retirer  devant  l'armée  française. 

1)  Quoique  ce  chiffre  puisse  paraître  singulièrement  exagéré  par  le  gé- 
néral allemand,  peut-être  dans  la  vue  d'expliquer  l'échec  qu'il  a  subi,  il 
n'en  met  pas  moins  en  évidence  des  nécessités  sur  lesquelles  il  est  utile 
d'appeler  l'attention  de  nos  officiers  en  leur  faisant  connaître  les  résultats 
des  études  faites  en  Allemagne. 

»  Un  très-savant  Mémoire  de  M.  le  capitaine  Jouffret,  professeur  adjoint 
à  l'École  d'Application  de  l'Artillerie  et  du  Génie,  sur  l'établissement  et  sur 

123.. 


(95^  ) 
l'usage  des  tables  de  tir,  faisant  partie  d'un  travail  complet  sur  la  matière 
dont  la  suite  annoncée,  est  aussi  contenu  dans  ce  numéro,  ainsi  qu'une  tra- 
duction par  M.  le  capitaine  Lefèvre  d'un  Mémoire  sur  les  batteries  de  côte, 
dû  à  M.  le  lieutenant-colonel  Hundt,  de  l'artillerie  de  marine  allemande. 

»  Enfin  une  Note  de  M.  le  commandant  Godin,  relative  à  des  expériences 
comparatives  entre  le  canon  à  côtes  saillantes  de  M.  Vavasseur  et  le  canon 
de  Woolwich  en  acier,  indique  que,  sous  le  rapport  balistique,  le  système 
à  côtes  saillantes  s'est  montré  supérieur  au  système  à  rayures. 

»  On  voit  par  cette  analyse  des  sujets  variés  traités  dans  ce  numéro  que, 
en  poursuivant  ses  propres  recherches  pour  les  progrès  de  nos  armes, 
l'artillerie  ne  perd  pas  de  vue  l'utilité  qu'il  y  a  pour  elle  de  se  tenir  au 
courant  des  études  les  plus  importantes  qui  se  font  à  l'étranger.  » 

«  M.  CiiASLEs  fait  hommage  à  l'Académie  de  quelques  Mémoires  et  Opus- 
cules mathématiques  de  M.  Emile  Weyr,  président  de  la  Société  mathéma- 
tique de  Bohème.  Il  cite,  entre  autres,  un  Mémoire  sur  la  Lemniscale  traitée 
comme  courbe  rationnelle,  écrit  en  allemand;  et  une  reproduction,  en  langue 
tchèque,  de  la  première  partie  de  l'ouvrage  de  M.  Cremona  :  Introduzione 
ad  una  teoria  geometrica  délie  citrve  piane  (Bologna,  in-4°;  1862).  » 

«  M.  Chasles  fait  également  hommage  à  l'Académie  du  Bulkltino  de 
M.  le  prince  Boncompagni,  de  mars  1873,  où  se  trouvent  dix  Lettres 
inédites  de  Lagrange  adressées  à  Lorgna,  de  1770  à  1786;  ime  Dissertation 
mathématique  de  M.  l'ingénieur  Giambattista  Biadego,  se  rapportant  à 
ces  Lettres;  et  des  Recherches  historiques  et  bibliographiques  sur  divers 
ouvrages  d'Euler  et  autres,  au  sujet  de  ces  mêmes  Lettres  et  de  la  Disser- 
tation de  M.  Biadego.  » 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  le 
«  Bulletin  météorologique  du  département  des  Pyrénées-Orientales,  pour 
l'année  1872.  » 

«  Ce  travail,  publié  sous  les  auspices  du  Conseil  général,  par  M.  le 
D"^  Fines,  est,  dit  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  la  première  réalisation 
d'un  vœu  bien  souvent  émis,  à  savoir,  que  chaque  département  imprime 
à  ses  frais,  et  par  les  soins  de  sa  Commission  météorologique,  les  données 
d'observations  recueilliessur  divers  points  de  sa  superficie.  Le  volume  actuel 
contient,  en  effet,  les  résultats  obtenus  en  1872  dans  onze  observatoires, 
que  je  ne  puis  tous  citer  ici,  mais  parmi  lesquels  on  remarque  les  deux 
stations  établies  par  M.  Fines  sur  les  fortifications  de  Perpignan  et  à  la 


(  953  ) 
gare  du  chemin  de  fer;  la  station  météorologique  instituée  à  Collioure  par 
notre  savant  confrère  M.  Naudin,  et  la  station  de  Mont-Louis,  située  à 
une  altitude  de  i586  mètres,  où  l'instituteur,  M.  Falguère,  fait  depuis 
plusieurs  années  des  observations  assez  complètes.  Dans  rna  tournée  d'in- 
spection de  1872,  j'ai  visité  moi-même  ces  divers  observatoires,  pour  les- 
quels M.  Fines  indique  la  position  exacte,  la  nature  et  la  disposition  des 
instruments  utilisés. 

»  La  première  partie  de  l'Ouvrage  présente  des  considérations  d'une  in- 
contestable valeur  :  Sur  les  applications  de  la  météorologie  à  l'agriculture  et 
à  l'acclimatation,  par  M.  Naudin;  Sur  les  récoltes  en  Roussillon  peiidant 
l'année  1872,  par  M.  Labau,  directeur  de  la  Ferme  école;  enfin  des  Notes 
sur  les  orages  de  l'année,  par  M.  Tastu,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées, 
et  sur  le  jardin  d'expériences  de  M.  Ch.  Naudin,  à  Collioure. 

))  Nous  ne  pouvons  que  féliciter  le  Conseil  général  des  Pyrénées-Orien- 
tales du  bon  exemple  qu'il  vient  de  donner,  et  l'engager  à  accroître  encore 
ses  allocations,  de  manière  à  donner  à  sa  Commission  scientifique  les 
moyens  de  publier  plus  complètement  les  résultats  obtenus,  il  faut,  en 
effet,  regretter  que,  pour  les  localités  dont  on  ne  publie  qu'une  seule  heure 
d'observation,  cette  heure  tombe  à  9  heures  du  matin,  c'est-à-dire  à  un 
moment  de  la  journée  qui  n'offre,  pour  aucun  des  éléments  importants  de 
la  climatologie,  ni  un  maximum,  ni  un  minimum,  ni  une  moyenne.  » 

M.  Ch.  Sainte-Ci.aire  Deville  appelle  également  l'attention  de  l'Aca- 
démie sur  une  brochure  de  M.  le  D'  Fines,  intitulée  «  Vent,  sa  direction  et 
sa  force,  observées  à  Perpignan.  » 

«  L'auteur,  avec  un  rare  désintéressement,  a  acquis  et  fait  établir,  à  ses 
frais,  plusieurs  anémométrographes  électriques,  dont  l'anémomètre  Robin- 
son  a  été  construit  par  M.  Salleron  et  l'enregistreur  par  M.  Breguet,  d'a- 
près le  système  proposé  par  notre  confrère  iVl.  Hervé  Mangon.  Un  de  ces 
appareils  a  fonctionné  pendant  les  trois  années  1870,  1871  et  1872,  et  l'on 
trouvera  dans  ce  remarquable  Mémoire,  avec  la  description,  accompagnée 
de  dessins,  de  l'instrument  employé,  les  résultats  numériques  des  observa- 
tions tri-horaires  de  la  direction  et  de  la  vitesse  du  vent  pour  ces  trois 
années,  ainsi  que  les  remarques  intéressantes  qu'elles  ont  suggérées  à  l'au- 
teur. En  définitive,  cette  double  publication  marquera  dans  l'histoire  des 
Observatoires  départementaux,  dont  l'établissement  ou  la  réorganisation 
est  en  ce  moment  d'un  intérêt  capital.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  D. 


(  9^  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


r/Acailémie  a  roçii,  dans  la  séance  du  i3  octobre  iSyS,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Mémoires  sur  les  vibrations  des  fils  de  verre  attachés  par  une  de  leurs  extré- 
mités à  un  cor/is  vibrant  et  libres  à  l'autre;  par  M.  H.  ValÉHIUS.  Bruxelles,  imp. 
Hayez,  sans  date.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Jcadémie  royale  des  Sciences, 
des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique.)  (Deux  exemplaires  ) 

Journal  télégraphique  publié  pai  le  Bureau  international  des  Administra- 
tions télégraphiques;  V^  \o\.,  aS  novembre  1869-25  décembre  1871  ;  IP  vol., 
25  janvier   1872-25   septembre   i8'73.    Berne,   imp.   Rieder  et  Simmen  ; 

2  vol.  in-4°. 

Bapporl  spécial  sur  l'immigration,  accompagné  de  renseignements  pour  les 
immigrants,  etc.;  par  Edward  YouNG.  Washington,  imp.  du  Gouverne- 
ment, 1872;  in  8°. 

Rapports  publiés  par  le  Ministère  de  l' Agriculture  et  du  Commerce.  Direction 
de  l'Agriculture.  Rapport  du  Jury  sur  le  concours  spécial  et  international  de 
machines  à  moissonner,  tenu  à  l'Ecole  d'Agriculture  de  Gricpwn^  les  i",  2  et 

3  août  1873;  parJ.-A.  Barral.  Paris,  G.  Masson,  1873;  in-8°. 

Etude  des  applications  thérapeuticjues  de  /'Eucalyptus  globidus;  par  le 
D^'GlMRERT  (de  Cannes).  Paris,  Asselin,  1873;  br.  in-8°.  (Adressé  au  Con- 
cours Montyon,  Médecine  et  Cliirurgie.) 

Hislory  of  the  anrerican  ambulance  established  in  Paris  during  the  siège 
of  1 870-187 1 ,  togellier  ivilli  tlie  détails  of  its  metliods  and  its  ivorlis;  by  Th.-W. 
Evans.  Eondon,  Sampson  Low,  1873;  in-8'',  relié.  (Présenté  par  M.  le 
Baron  Larrey.)  «. 

A  phrenologist  amongst  the  todas  or  the  study  of  a  primitive  tribe  in  south 
India  ;  history,  character,  customs,  religion,  irfanticide,  potyandry,  languagc; 
6rW.-E.  Marshall.  London ,  Longmans,  Green  and  C,  1873;  in-S", 
relié. 

Conlrdiutions  to  our  knoivledt/e  of  the  mcteorology  of  the  antariic  r-egions. 
London,  printed  by  (}.-Ed.  Eyre,  1873;  in-4°. 

Memoir  of  sir  Benjamin  Thompson,  counlRuuford,  ivith  notices  ofhisdaugh- 


(  955  ) 
ter;  by  George-E.  Ellis.  Fhiladelpliia,   Claxton,  Remsen  and  Haffelfinger, 
sans  date;   r  vol.  in-8",  relié. 

Sanitarj  Commission,  n°  96.  Jlie  U.  S.  sanilary  Commission  in  the  vallej     ' 
oj the  Mississipi  durincj  tlie  war  of  the  rébellion  18G1-1866.  Final  Report  of 
D'  J.-S.   Newbeury.  Cleveland,  Fairbanks,  Benedict  et  C",  1871;    in-8°, 
relié. 

Tlie  american  Ejihemeris  and  Nauticnt  Ahnanacfor  tlieyear  1870.  Bureau 
of  Navigation,  1872;  in-8°. 

Tliird  and  foitrth  annunl  Report  oj  llie  geological  survey  of  Indiana,  made 
durimj  the  years  1871  and  1872;  b/  E.-T.  Cox.  Indianopolis,  Bright,  1872; 
in-8°,  relié,  avec  cartes. 

Proceedincjs  oj  the  american  Association  for  the  advancement  of  Science, 
twentieth  meeting  held  at  Indianopolis,  Indiana,  augiist  1871.  Cambridge, 
J.  Lovering,  1872;  in-8°. 

Memoirs  of  the  Peabody  Academj  of  Science;  yo\.  I,  nnniber  2,  3.  Salem, 
published  by  the  Academy,  1871-1872-,  2  br.  in-8''. 

Fourth  annual  Beport  of  the  trustées  of  the  F eabodj  Academy  of  Science 
for  the  jear  1871.  Salem,  printed  for  the  Academy,  1872;  in-8°. 

Record  of  american  Entomology  for  the  year  1870;  edited  by  A. -P.  Pac- 
kard. Salem,  naturalist's  book  Agency,  1871;  in-S". 

The  american  Naturalisl  a  popular  illustrated  Magazine  of  natural  Ilistorjr; 
vol.  V,  april-december  1871,  w"^  2  à  12;  vol.  VI,  january-november  1872, 
n"*  I  à  II.  Salem,  1 871-1872;  in-S". 

Science  in  America  with  remarks  on  the  modem  methods  of  science.  Address 
to  the  american  Association  Jor  the  advcmcement  of  Science;  by  the  retiring 
Président  J.  Lawrence-Smith,  Aug.,  29,  1873.  Sans  lieu  ni  date;  in-S". 

Schrijlen  der  Universitdt  zu  Kiel  ans  dem  Jahre  1872;  Band  XIX.  Kiel, 
C.-F.  Mohr,  1873;  in-4°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  20  octobre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Ecole  nationale  des  Ponts  et  Chaussées.  Catalogue  descriptif  des  modèles, 
instruments  et  dessins  des  gaLries  de  l'Ecole;  par  M.  H.  Bakon.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  1873;  in-S". 


(  956  ) 

Recueil  de  mémoires  et  observations  sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militaires;  t.  XIX.  Paris,  Dum.iiiie,  1871  ;  in-8°. 

Note  sur  la  géographie  botanique  du  Maroc;  par  M.  E.  CossoN.  Paris, 
1873  ;  br.    in-8''.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France.) 

Prodromus  sjstematis  naturalis  regni  vegetabilis,  etc.;  auctore  Alphonse  DE 
Candolle.  Parisiis,  G.  Masson,  1878;  in-8°. 

Comparaison  de  Véocène  inférieur  de  la  Belgique  et  de  l' Àngleteire  avec 
celui  du  bassin  de  Paris;  par  M.  HÉBEUT,  Paris,  Martinet,  sans  date; 
br.  in-S''. 

Une  synthèse  physique,  ses  inductions  et  ses  déductions,  etc.;  par  M.  le 
D'F.-A.  Durand  (de  Limel).  Paris,  Savy,  1878;  i  vol.  in-i8.  (Présenté 
par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Résumé  didactique  sur  les  hernies  des  chevaux;  par  L.  COLLENOT.  Nancy, 
irap,  Hinzelin,  1873;  in-H". 

Étude  sur  le  mouvement  de  la  population  et  sur  les  ajfections  épidémiques  qui 
ont  régné  au  Havre  durant  les  aimées  1871  et  1872  ;  par  le  D"'  Ad.  LecaDRE. 
Paris,  Baillière  et  fils,  1873;  in-8''.  (Deux  exemplaires.) 

Essai  sur  la  détermination  des  pas  des  hélices  des  canons  rayés  ;  par 
M.  Martin  de  Brettes.  Paris,  Dumaine,  1873;  br.  in-8''.  (Extrait  du 
Journal  des  Sciences  militaires.) 

Limites  des  pas  des  hélices  des  canons  rayés;  par  M.  Martin  de  Brettes. 
Paris,  Dumaine,  1873;  br.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  des  Sciences  mili- 
taires. ) 

(Ces  deux  derniers  ouvrages  sont  présentés  par  M.  Tresca.) 

Report  of  the  forly-second  meeting  of  ihe  brilish  Association  for  the  advan- 
cement  of  Sciences  held  al  Brighlon  in  august  1 872.  London,  J.  Murray  ;  in-8'', 
relié. 

The  zoological  record  fort  1871;  being  eighlh  volume  of  the  record  ofzoo- 
logical  literalure.,  edited  by  AI.  Newton.  London,  J.  Van  Voorst,  1873; 
in-8°,  relié. 

The  Transactions  of  the  linnean  Society  of  London;  vol.  XXVIII,  part  ihe 
tliird.  London,  1873;  {(1-4°. 

(La  suite  du  Bulletin  au  prochain  numéro.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  NOVEMBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Analyse  et  critique  d'un  «  Essai  sur  la  constitution 
et  l'origine  du  sjslème  solaire,  par  M.  Roche  ».  Note  de  M.  Faye. 

«  L'Académie  a  toujours  accueilli  avec  intérêt  les  travaux  que  M,  Roche, 
professeur  éminent  de  la  Faculté  de  Montpellier,  lui  a  adressés  sur  divers 
points  de  la  Mécanique  céleste.  Elle  a  remarqué  plus  particulièrement  ses 
idées  sur  la  variation  de  la  densité  à  l'intérieur  de  notre  globe.  La  loi  de 
M.  Roche  donne  aux  couches  centrales  une  densité  de  même  ordre  que 
celle  du  groupe  intermédiaire  de  nos  métaux  usuels  (argent  et  plomb), 
densité  cinq  fois  plus  grande  que  celle  des  couches  superficielles,  et  as- 
signe à  la  pesanteur  un  maximum  au-dessous  de  la  surface,  à  une  profon- 
deur d'environ  i  million  de  mètres.  On  sait  que  cette  théorie  a  été  bien 
remarquablement  confirmée  par  une  expérience  célèbre  de  M.  Airy  dans 
ime  mine  profonde  du  Northumberland.  Nous  connaissons  tous  les  re- 
cherches de  M.  Roche  sur  les  atmosphères  des  corps  célestes  et  sur  la 
figure  des  comètes,  travaux  devenus  classiques  depuis  qu'un  de  nos  savants 
confrères,  M.  Resal,  en  a  introduit  dans  l'enseignement  supérieur  les 
principaux  résultats. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVM,  N"  18.)  '  ^4 


(958) 

»  Le  nouveau  livre  de  M.  Roche  n'a  pns  pour  but  de  reprendre  ces  tra- 
vaux, mais  d'exposer  les  conséquences  qui  en  dérivent  siu-  une  des  plus 
grandes  questions  de  ce  siècle,  à  savoir  la  constitution  et  l'origine  du 
système  solaire  :  il  m'a  chargé  d'en  faire  hommage  en  son  nom  à  l'Aca- 
démie. 

»  On  a  pu  voir  déjà  que  l'étude  mathématique  des  atmosphères  célestes 
touche  de  bien  près  aux  questions  que  Laplace  avait  soulevées  dans  son 
hypothèse  cosmogonique  :  il  est  peut-être  plus  exact  de  dire  que  l'étude 
des  surfaces  de  niveau  dans  ces  atmosphères  nous  place  à  un  point  de  vue 
général  auquel  se  rattache  cette  célèbre  hypothèse  qui  devient  ainsi  plus 
accessible  à  l'analyse.  M.  Roche  a  considéré  en  effet  le  cas  où  un  astre  isolé 
n'aurait  qu'un  simple  mouvement  de  rotation,  ce  qui  s'applique  au  Soleil; 
celui  où  l'astre  serait  en  outre  soumis  à  l'attraction  d'un  corps  extérieur, 
ce  qui  comprend  les  planètes;  enfin  le  cas  extrême  où  l'astre  dénué  de 
rotation  se  précipiterait  vers  un  centre  de  force,  cas  d'où  dépendent  les 
phénomènes  cométaires;  et  bien  que  son  analyse  ne  puisse  le  conduire 
qu'à  des  figures  d'équilibre  vers  lesquelles  les  atmosphères  tendent  à 
chaque  instant  sans  s'y  arrêter  jamais,  elle  peut  néanmoins  fixer  les  idées 
et  servir  de  base  à  nos  spéculations  sur  le  système  solaire  tout  entier. 

»  M.  Roche  a  étudié  ainsi,  dans  ces  divers  cas  où  tous  les  phénomènes 
de  notre  système  se  trouvent  compris,  la  série  de  ces  surfaces  de  niveau 
bien  au  delà  des  limites  actuelles  des  atmosphères;  il  a  fait  voir  qu'à  partir 
d'une  certaine  distance  ces  surfaces  cessent  d'être  convexes  vers  le  centre 
de  l'astre  considéré  :  elles  s'entr'ouvrent  pour  ainsi  dire  et  présentent  des 
nappes  infinies,  de  sorte  que,  si  par  la  pensée  on  étendait  l'atmosphère 
actuelle  d'imedenos  planètes  jusque  dans  ces  régions  d'instabilité,  ses  ma- 
tériaux ne  seraient  plus  retenus  par  leur  pesanteur  vers  l'astre,  mais  se 
disperseraient  dans  l'espace  en  coulant  le  long  de  ces  surfaces.  On  voit 
naître  dès  lors  cette  idée  qu'un  corps  n'a  pas  une  faculté  absolue  d'exister, 
en  vertu  de  la  seule  attraction  mutuelle  de  ses  parties,  et  qu'il  doit  y  avoir 
des  circonstances  très-admissibles  où  cette  faculté  cessera  pour  lui.  Parmi 
celles  qui  se  réalisent  autour  de  nous,  sous  nos  yeux,  ou  qui  ont  dû  se 
réaliser,  il  en  est  qui  offrent  un  vif  intérêt  :  telles  sont,  pour  l'époque  actuelle, 
celles  qui  se  présentent  pour  les  comètes,  et,  dans  le  passé,  celles  qui  ont 
présidé  à  la  formation  de  notre  système  planétaire. 

»  C'est  à  ce  point  de  vue  que  M.  Roche  reprend  l'étude  des  origines  de 
ce  système  afin  de  compléter  l'idée  de  Laplace  et  de  faire  disparaître  cer- 
taines objections  que  l'illustre  auteur  avait  laissé  subsister.  Il  y  restait  en 


(  9^9  ) 
effet  certaines  difficultés.  Sans  parler  du  mouvement  rétrograde  des  satel- 
lites d'Uranus  et  de  Neptune,  les  anneaux  de  Saturne,  dont  la  merveilleuse 
structure  avait  été  justement  présentée  comme  un  exemplaire  subsistant 
d'une  des  formations  primitives,  se  trouvent  à  moitié  compris  dans  la  limite 
actuelle  de  l'atmosphère  de  leur  planète,  c'est-à-dire  dans  une  région  où 
il  serait  impossible,  en  prenant  à  la  rigueur  les  idées  de  Laplace,  que  cette 
atmosphère  en  se  contractant  eût  abandonné  ces  matériaux,  puisque,  si 
elle  venait  à  se  dilater  actuellement,  elle  pourrait  subsister  jusque  vers 
le  milieu  de  leur  largeur. 

»  De  même  la  grande  distance  qui  sépare  la  Lune  de  la  Terre  présente 
une  difficulté  inverse.  Jamais,  dans  l'ordre  d'idées  de  Laplace,  l'atmosphère 
propre  de  la  Terre  n'eût  pu  s'étendre  jusque-là. 

))  Outre  les  difficultés,  il  y  avait  aussi  des  lacunes.  Pourquoi,  entre 
Jupiter  et  Mars,  cette  solution  de  continuité  déjà  remarquée  par  Kepler  dans 
la  succession  des  grosses  planètes?  Pourquoi  cette  multitude  d'astéroïdes 
dont  le  nombre  s'élève  déjà  à  i35  et  dépasse  peut-être  de  beaucoup  ce 
nombre  déjà  si  grand,  au  lieu  de  la  planète  unique  que  nous  devrions  y 
voir  circuler?  Pourquoi,  après  cette  espèce  de  hiatus  dans  le  monde  pla- 
nétaire, voit-on  se  succéder  des  formations  si  différentes  des  précédentes, 
celles  des  planètes  très-denses  à  rotation  lente,  comme  Mars,  la  Terre, 
Vénus  et  Mercure  ? 

»  Ces  problèmes  ont  été  traités  par  M.  Roche  à  l'aide  d'une  conception 
nouvelle  qu'il  a  tirée  de  ses  travaux  antérieurs.  Laplace  n'avait  considéré 
que  des  anneaux  abandonnés  au  delà  de  la  limite  où  la  pesanteur  vers  le 
Soleil  fait  équilibre  à  la  force  centrifuge.  M.  Roche  a  fait  voir,  par  la  discus- 
sion de  ses  surfaces  de  niveau,  que  la  portion  de  la  nébuleuse  devenue  libre 
ne  vient  pas  seulement  de  l'équateur,  mais  d'une  nappe  superficielle  qin 
s'étend  beaucoup  plus  loin  vers  les  deux  pôles  et  qui  se  met  à  couler  vers 
l'ouverture  équaloriale.  Or  certaines  parties  y  arrivent  avec  une  vitesse 
insuffisante  pour  circuler  extérieurement  ;  elles  rentrent  dès  lors  dans  la 
nébulosité  en  décrivant  des  ellipses  dont  l'aphélie  est  précisément  à  la 
limite  équatoriale.  Une  fois  cette  notion  admise,  et  elle  ne  peut  l'être  plei- 
nement que  si  l'on  tient  compte  de  la  rareté  excessive  de  la  nébuleuse  so- 
laire dans  les  régions  considérées,  M.  Roche  admet  que,  en  vertu  de  la  résis- 
tance du  milieu,  une  partie  de  ces  matériaux  finissent  par  tomber  sur  le 
Soleil  en  lui  restituant  quelque  chaleur,  mais  que  d'autres  n'éprouvent 
pas  cet  effet  et  perdent  seulement,   par  leurs  réactions  mutuelles,  leurs 

124.. 


(96o  ) 
vitesses  radiales,  en  conservant  à  peu  près  leurs  vitesses  tangentielles  (i). 

»  Cette  idée  d'anneaux  intérieurs  rendus  libres  a  leur  tour  par  la  con- 
traction progressive  de  l'atmosphère  génératrice  donne  à  M.  Roche  l'ex- 
plication de  l'existence  d'nne  partie  des  anneaux  de  Saturne  dans  une  région 
où,  d'après  une  autre  loi  qui  lui  est  due,  aucun  satellite  de  même  densité 
que  la  planète  n'aurait  pu  se  former. 

»  Bornons-nous  à  indiquer  ici  les  notions  originales  introduites  dans 
cette  belle  théorie  par  M.  Roche. 

»  Égalité  de  durée,  à  l'origine,  entre  la  rotation  et  la  révolution  de 
chaque  masse  planétaire. 

»  Impossibilité  de  la  formation  de  satellites  quelconques  pendant  toute 
la  période  où  l'action  solaire  a  pu  maintenir  cette  égalité. 

»  Possibilité  de  la  formation  d'un  ou  de  plusieurs  satellites  à  partir  de 
l'époque  où  le  rétrécissement  de  la  surface  limite  de  l'atmosphère  de  la 
planète  a  réduit  la  force  dirigeante  de  l'astre  central. 

»  Formation  d'anneaux  intérieurs,  à  la  surface  limite,  entièrement  liée 
à  celle  des  anneaux  extérieurs  considérés  par  Laplace. 

»  Condition  pour  qu'une  planète  ou  une  masse  fluide  puisse  conserver 
sa  figure  d'équilibre,  malgré  l'attraction  du  corps  central.  [La  distance  ne 
doit  pas  tomber  au-dessous  des  cinq  quarts  du  quotient  du  diamètre  de  ce 
dernier  divisé  par  la  racine  cubique  de  la  densité  du  satellite  (2)]. 

(i)  Me  permettrai-je  d'ajouter  ici,  pour  mon  propre  compte,  qu'ayant  examiné,  il  y  a 
quelques  années,  l'influence  d'un  milieu  circulant  sur  la  marche  d'un  corps  qui  s'y  meut 
dans  une  orbite  excentrique,  j'ai  trouvé  que  le  grand  axe  ne  diminuait  pas  indéfiniment 
comme  dans  le  cas  d'un  milieu  iiumobile,  mais  que  sa  variation  est  liée  ù  la  variation  plus 
t-apide  de  l'excentricité,  de  manière  à  s'annuler  en  même  temps  que  celle-ci,  en  sorte  que,  à 
partir  du  moment  où  celle-ci  s'annule,  le  grand  axe  reste  indéfiniment  constant  (sauf  de 
petites  variations  périodiques).  Il  résulte  de  là  qu"auciine  partie  des  traînées  elliptiques 
de  M.  Roche  ne  tombera  sur  le  Soleil,  mais  que  leur  ensemble  se  transformera  peu  à 
peu,  par  l'action  du  milieu  audiiant,  en  un  anneau  ou  une  série  d'anneaux  circulaires.  C'est 
seulement  dans  le  cas  d'un  milieu  résistant  immobile,  seul  milieu  considéré  par  les  géo- 
mètres, mais  qui  ne  saurait  exister  à  moins  d'être  en  môme  temps  impondérable,  que  le 
mobile  se  rapproche  indéfiniment  de  l'astre  central  en  décrivant  une  spirale  de  plus  en  plus 
resserrée,  de  manière  à  tomber  finalement  sur  lui.  [Comptes  rendus,  1860,  t.  L,  p.  68  et 
suiv,  :  Sur  l' hypothèse  du  milieu  résistant,  par  RI,  Faye.  ) 

(2)  La  formule  de  M.  Roche  est  2,5./-  1/  ^î  0  et  0    clant  lés  densités  de  l'astre  central 

et  du  salellile.  Si  on  prend  la  promicrc  pour  unité,  ainsi  qu'on  le  fait  souvent,  on  retombe 
identiquement  sur  l'énoncé  du  texte. 


(96i  ) 

»  Ces  notions  nouvelles  complètent,  j'ose  le  dire,  la  conception  de 
Lnpiace;  elles  Ini  permettent  de  s'étendre  jusqu'aux  détails  au  moyen  d'iuie 
discussion  analytique  assez  simple  pour  ne  dérouter  aucun  lecteur.  C'est 
cette  discussion  qui  a  permis  à  M.  Roche  de  mettre  en  pleine  lumière, 
longtemps  avant  le  beau  Mémoire  de  M.  Clerk  Maxwell  et  les  recherches 
si  originales  de  notre  Confrère  M.  Hirn  sur  les  anneaux  de  Saturne,  la  véri- 
table nature  de  ces  satellites,  et  qui  a  permis  de  rattacher  pleinement  à  la 
théorie  les  délicates  conditions  physiques  que  M.  Simon  avait  signalées  pour 
la  Lune  dans  un  Mémoire  justement  remarqué. 

»  La  seule  critique  que  je  me  hasarderai  d'opposer  au  beau  travail  de 
M.  Roche  porte  sur  un  point  de  détail,  à  savoir  une  des  actions  que 
M.  Roche  attribue  aux  anneaux  intérieurs  (primitivement)  qui  ont  pu  se 
former  en  dernier  lieu  autour  de  la  Terre  et  même  du  Soleil,  et  dont  il  ne 
reste  plus  aujourd'hui  aucune  trace.  Il  admet  qu'ils  ont  di'i  se  briser  sous 
l'influence  des  actions  extérieures,  tomber  sur  l'astre  central  et  modifier 
sensiblement  sa  rotation.  Si  de  tels  phénomènes  ont  eu  lieu  pour  le  So- 
leil, l'époque  en  est  bien  éloignée,  et  encore  doit-on  admettre,  je  pense, 
contrairement  à  l'opinion  énoncée  par  M.  Roche,  que  ces  menus  accidents 
n'ont  pu  modifier  que  fort  passagèrement  la  rotation,  bien  loin  de  lui  avoir 
imprimé,  il  y  a  des  milliers  de  siècles,  une  allure  capable  d'expliquer  les 
phénomènes  singuliers  dont  nous  sommes  témoins  aujourd'hui. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  livre  nouveau  de  M.  Roche  ne  se  recommande 
pas  seulement  à  l'attention  de  l'Académie  parla  vieille  et  légitime  autorité 
scientifique  de  l'auteur,  mais  aussi  par  la  nouveauté  des  réstdtats  et  un 
style  assez  clair  pour  rendre  aisément  accessibles  les  délicates  questions  de 
nos  origines.  Ce  livre  manquait  dans  la  littérature  astronomique,  et  M.  Roche 
était  probablement  le  seul  auteur  suffisamment  préparé  à  l'écrire,  grâce  à 
ses  travaux  antérieurs.  Je  me  bornerai,  en  terminant,  à  citer  ses  dernières 
paroles  : 

»  Ces  questions  se  rattachent  intimement,  comme  on  voit,  à  notre  étude  sur  les  atmo- 
sphères et  les  lois  de  leur  condensation  ;  mais  ce  premier  aperçu  a  besoin  d'être  approfondi 
et  développe,  surtout  par  l'application  de  l'analyse.  Peu  de  travaux  ont  été  jusqu'ici  effec- 
tués dans  cette  voie;  nous  avons  eu  occasion  de  les  citer.  Quant  à  nos  propres  recherches  sur 
ce  sujet,  nous  sommes  loin  de  nous  dissimuler  combien  elles  laissent  à  désirer.  Laplace  lui- 
même,  avant  d'aborder  l'exposition  de  son  hypothèse  cosmogonique,  s'excuse  presque  en 
disant  (pi'il  la  présente  avec  la  défiance  que  doit  inspirer  tout  ce  qui  n'est  jioint  un  résultat 
de  l'observation  et  du  calcul.  Cette  réserve,  exagérée  sans  doute  chez  l'illustre  auteur,  s'im- 
pose comme  un  devoir  quand,  après  Laplace,  on  ose  aborder  un  sujet  aussi  ardu;  mais,  si 
imparfait  que  soit  cet  essai,  il  en  suscitera  peut-être  un  peu  plus  complet  en  appelant  l'at- 


(  y62  ) 

Jention  sur  les  grands  problèmes  cosraogoniques.  Puisse-t-il  ainsi  avancer  le  jour  où  il  sera 
donné  à  l'homme  de  connaître  l'histoire  de  ce  monde  où  il  vit,  du  système  solaire,  cette 
bien  minime  partie  de  l'œuvre  du  Créateur.  >> 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.   —  Aclion  mutiiette  (les  courants  volloJques ; 

par  M.  J.  Bertrand. 

«  Il  y  a  deux  ans  environ,  dans  la  séance  du  23  octobre  1 87 1 ,  j'appelais 
l'attention  de  l'Académie  sur  une  fornuile  nouvelle  proposée  par  un  savant 
allemand,  M.  Helmholtz,  et  destinée,  par  lui,  à  remplacer  la  loi  d'Ampère 
sur  l'action  élémentaire  des  courants. 

»  La  loi  nouvelle,  je  l'ai  démontré,  ne  correspond  à  aucune  force  de 
grandeur  et  de  direction  déterminée  s'exerçant  entre  les  deux  éléments,  et 
cela  seul,  suivant  moi,  devait  conduire  à  la  rejeter.  Une  année  plus  tard, 
le  i4  octobre  1872,  je  revenais  sur  la  même  question  pour  examiner  la  ré- 
ponse faite  par  M.  Helmholtz  à  mon  objection  et  insérée  au  tome  LXXV 
du  Journal  de  Mathématiques  publié  à  Berlin  par  M.  Borchardt. 

»  M.  Helmholtz  reconnaît  sans  difficulté  qu'aucune  force,  d'après  la  loi 
qu'il  propose,  ne  saurait  représenter  l'action  d'un  élément  infiniment  petit 
sur  un  élément  infiniment  petit;  mais  il  n'y  voit  aucun  argument  décisif 
contre  sa  théorie  :  l'action  de  deux  éléments  se  composera  d'une  force  et 
d'un  couple  agissant  sur  chacim  d'eux,  et  cela,  dans  son  opinion,  n'im- 
plique aucune  contradiction. 

»  Mais,  en  suivant  jusqu'au  bout  les  conséquences  des  principes  admis, 
en  calculant  le  moment  du  couple,  on  trouve  que  les  forces  qui  le  pro- 
duisent devraient  avoir  une  intensité  finie. 

)i  Quelle  que  soit  la  ténacité  d'un  fil,  nue  infinité  de  forces,  de  grandeur 
finie,  distribuées  sur  sa  longueiu',  doivent  en  procurer  la  rupture;  je  l'ai 
montré  avec  détail  dans  la  Note  du  i4  octobre  1872,  croyant  cette  fois 
avoir  établi  rigoureusement  l'impossibilité  de  la  loi  nouvelle. 

»  On  me  cominunique  le  Compte  l'cndu  de  l'Académie  de  Berlin,  du 
6  février  1873;  M.  Helmholtz  revenant  sur  la  question  n'a  rien  changé,  je 
le  vois,  à  ses  convictions.  J'ai  traduit  son  Mémoire,  assez  court  pour  figurer 
aux  Comptes  rendus,  et  j'espère,  après  l'y  avoir  inséré  en  entier,  montrer 
avec  évidence,  dans  la  séance  prochaine,  les  causes  précises  de  son  illusion 
et  l'inexactitude  de  ses  formules. 

«  Comparaison  de  la  loi  d'Jmpcie  et  de  celle  de  Neumann  sur  les  forces  élcctrodynamiqties. 

»  M.  F.-E.  Neumann  (père)  a  réuni  sous  une  seule  loi,  relaliveruent  très-simple,  l'étude 
complète  : 


(  963  ) 

»    i"  Des  forces  motrices  électrodynamiques  enil)rassées  par  la  loi  d'Ampère; 

1'   2°  De  l'iiiduction  cloctrodynamique  produite  par  le  mouvement  des  conducteurs; 

»  3°  De  l'induction  électrodynamique  produite  par  des  variations  de  l'intensité  du  cou- 
rant. Cette  loi  ne  donne  pas  directement  les  forces  qui  tendent  à  faire  mouvoir  les  conduc- 
teurs, mais  le  potentiel,  c'est-à-dire  le  travail  développé  par  elles  dans  le  passage  d'une 
position  à  une  autre.  Il  est  vrai  que,  pour  les  phénomènes  cités  n"'  1  et  2,  on  aurait  pu 
trouver  une  loi  lors  même  qu'il  serait  impossible  de  représenter  les  forces  électrodynamiques 
par  les  coefficients  différentiels  d'un  potentiel  ;  les  phénomènes  indiqués  au  n°  3,  au  con- 
traire, exigent  l'existence  d'un  potentiel,  comme  je  l'ai  déjà  exposé  dans  l'Introduction  à 
mon  travail  sur  les  équations  de  mouvement  de  l'électricité,  dans  le  72*  volume  du  Journal 
fur  reine  und  angewandte  Mathematik  (de  Borchardt). 

»  Cette  loi  de  Neumann,  qui  ramène  de  la  manière  la  plus  heureuse,  à  une  expression 
aussi  simple  que  quantitativement  exacte,  une  des  théories  les  plus  compliquées  de  la  Physique, 
s'est  toujours  accordée  avec  les  expériences  et  même  avec  les  faits  que  son  auteur  n'avait 
pas  primitivement  en  vue.  Moi-même  je  me  suis  efforcé  de  démontrer,  par  des  expériences,  son 
application  aux  courants  rapidement  variables  de  l'induction  à  circuit  fermé  ou  ouvert,  et, 
dans  le  travail  théorique  cité  plus  haut,  j'en  ai  poursuivi  les  conséquences  pour  la  forme  la 
plus  générale  des  décharges  électriques  oscillatoires  dans  des  conducteurs  à  trois  dimensions, 
et  ces  conséquences  s'accordent  avec  la  marche  générale  empiriquement  connue  des  phéno- 
mènes, quoique  des  mesures  quantitatives  n'existent  jusqu'à  présent  que  pour  les  fils  li- 
néaires à  circuit  fermé.  Pour  ceux-ci,  les  conséquences  de  la  loi  de  Neumann  concordent, 
du  reste,  avec  celles  que  M.  Kirchhoff  a  fait  découler  de  la  loi  de  AVeber,  et  qu'il  a  com- 
parées en  partie  avec  l'expérience. 

»  Or  M.  F.-E.  Neumann  a  seulement  démontré,  du  moins  dans  les  travaux  publiés 
par  lui,  que  la  loi  du  potentiel  pour  les  forces  motrices  électrodynamiques  donnait,  dans  les 
conditions  observées  jusqu'à  présent,  je  veux  dire  dans  les  courants  fermés,  des  résultats 
concordant  avec  la  loi  d'Ampère  parfaitement  juste  pour  ces  cas,  et  il  ne  l'a  fait  qu'en 
partant  de  la  supposition  plus  restreinte  que  les  deux  conducteurs,  dans  leur  mouvement, 
ne  changent  ni  de  forme  ni  de  dimension.  On  ignorait,  en  effet,  à  l'époque  oii  parut  son 
travail,  les  recherches  sur  le  mouvement  des  courants  électriques  dans  des  conducteurs  à 
trois  dimensions;  sans  elles,  on  ne  pouvait  former  le  potentiel  d'un  conducteur  agissant  sur 
lui-même  :  la  considération  de  ce  potentiel,  qui  devient  infini  pour  un  conducteur  linéaire, 
est  indispensable  à  l'étude  des  actions  mutuelles  exercées  par  les  parties  d'un  conducteur 
mobile,  ou  du  moins  on  ne  pouvait  la  remplacer  que  par  des  considérations  compliquées 
ou  difficiles.  IM.  F.-E.  Neumann,  s'attachant  prudemment  et  rigoureusement  aux  données,  a 
peut-être,  pour  cette  raison,  limité  sa  démonstration  aux  cas  déjà  clairement  connus  à 
cette  époque. 

»  Les  recherches  qui  manquaient  alors  ont  été  faites  par  M.  Kirchhoff,  et,  les  résultats 
pouvant  être  regardés  comme  certains,  on  pouvait  sans  difficulté  étendre  aux  cas  les  plus 
généraux  du  mouvement  des  courants  électriques  la  loi  qui  se  déduit  d'une  manière  presque 
nécessaire  de  la  définition  donnée  primitivement  par  M.  Neumann.  Cela  n'ayant  encore  eu 
lieu  nulle  part  explicitement,  que  je  sache,  et,  d'un  autre  côté,  l'absence  d'application  spéciale 
ayant  fait  naître  des  doutes,  tels  qu'en  ont  formulés  surtout  MM.  Ed.  Riecke,  Bertrand  et 
C.  Neumann  fils,  je  me  suis  efforcé  de  combler  cette  lacune,  et  je  prends  la  liberté  de  résu- 
mer ici  les  résultats  de  ce  travail. 


(964) 

D  1.  Valeur  du  potentiel  P  de  deux  cléments  de  courants  linéaires  T)s  et  Dt  Vun  sur 
l'autre-,  dont  les  intensités  de  courant  sont  i  et  j,  et  dont  Ui  distance  est  représentée  par  r.  — 
J'ai  conservé  ])our  celte  expression  la  forme  employée  dans  mon  travail  indiqué  plus  haut  ; 
par  l'introduction  d'une  constante  h,  d'abord  indéterminée,  mais  en  tout  cas  positive,  celte 
forme  est  plus  générale  que  celle  employée  de  préférence  par  M.  F.-E.  Neumann,  et  qui 
correspond  à  la  valeur  /=  i  : 

(i)  P  =  —  -  A=  -[(i  +  Â-)cos(Dy,  Dcr)  +  (i  — /•)cos(7',  D^)cos(/-,  D(r)]DjD<;. 

»  Les  quantités  (D^,  Dt),  (a,  D^)  et  [r^  De)  désignent  les  angles  formés  par  la  direction 
des  lignes  indiquées  dans  les  parenthèses;  on  choisit  comme  direction  positive  pour  réelle 
qui  va  de  n  i\  s;  mais,  pour  D^  et  Dr?,  celle  que  suit  l'électricité  positive. 

a  La  quantité  —  P  désigne  l'énergie  produite  dans  D^  et  D^  par  l'existence  simultanée 
des  courants  électriques,  énergie  qui  apparaît  comme  courant  d'induction  à  la  cessation  d'un 
des  courants. 

1)  La  quantité  +  P,  au  contraire,  est  l'énergie  potentielle  des  forces  motrices  électrodyna- 
niiques  agissant  sur  les  conducteurs,  à  condition  que  dans  leurs  mouvements  les  intensités 
de  courants  /  et  y  restent  invariables. 

»  Le  potentiel  P  dépendant  des  angles,  l'effet  mécanique  du  courant  Dt  sur  l'élément  D.i-, 
représenté  comme  une  barre  solide,  ne  pourra  pas  se  remplacer  par  une  seule  force,  comme 
chez  Ampère,  Grassmann,  Stefan,  mais  par  deux  forces  appliquées  aux  deux  extrémités  de 
\is,  dont  l'intensité  est  indépendante  de  la  longueur  Df. 

»  La  manière  dont  ces  forces  agissent  sur  un  élément  parfaitement  élastique  résultera  du 
reste  plus  complètement  de  l'analyse  suivante  : 

i>  Les  quatre  forces  agissant  sur  les  extrémités  de  D^  et  de  Du  satisfont,  pour  toute  valeur 
de  la  constante  h,  à  la  loi  de  l'égalité  de  l'action  et  de  la  réaction  (  i  ),  ce  que  font  également 
les  forces  admises  par  Ampère,  mais  pas,  en  général,  celles  admises  par  MM.  Grassmann  et 
Stefan. 

1)  2.  Loi  des  forces  motrices  clectrody  namiques .  —  Pour  la  formuler  pour  des  conducteurs 
à  trois  dimensions,  il  faut  se  les  figurer  divisés  en  fils  conducteurs  suivant  partout  la  direction 
des  lignes  actuelles  de  courant,  de  telle  sorte  qu'aucune  électricité  ne  passe  de  l'un  de  ces 
fils  dans  son  voisin. 

•  Les  forces  motrices  électrodynamiques  exercées  sur  chaque  élément  d'un  fil  conduc- 
teur sont  alors  données  par  la  lègle  que  le  travail  mécanique  que  fournissent  lesdites  forces 
dans  un  déplacement  quelconque  infiniment  petit  des  fils  conducteurs  considérés  comme 
flexibles  et  ductiles  est  égal  à  la  diminution  du  potentiel  électrodynamique  ayant  lieu  pour 
ce  même  déplacement,  en  supposant,  dans  le  calcul,  que  l'intensité  de  courant  reste  inva- 
j-iable  dans  chaque  filet  formé  par  les  mêmes  particules  pondérables. 

!)  3.  A  tout  point  du  système  conducteur,  où  la  quantité  de  l'électricité  libre  n'est  pas 
modifiée  par  les  courants  existants  du  moment,  les  fils  conducteurs  sont  continus.  Il  faut 
admettre  des  interruptions  partout  où  la  quantité  de  l'électricité  subit  des  variations.  S'il  y 

(i)  Cela  n'a  sans  doute  été  nié  que  par  mégarde  ])ar  M.  C.  Neumann  dans  son  travail  cité 
plus  haut.  L'exactitude  de  l'assertion  résulte  de  ce  que  le  potentiel  de  ces  forces  dépend 
seulement  de  la  position  relative  des  éléments  Y>s  et  Mn. 


(  ge-'î  ) 

a  (le  tels  points  dans  l'intérieur  du  conducteur,  une  partie  de  l'clectricité  peut  passer 
ailleurs;  on  peut  se  ligurer  là  l'extrémité  d'un  lil  conducteur  ou  d'une  partie  de  ce  fil  coïn- 
cidant avec  les  élément  de  longueur  d'une  autre  parlie  de  ce  même  fd.  Si  /  est  l'intensité  du 
courant  dans  le  fd  et  c  l'électricité  libre  à  son  extrémité,  on  aura  à  l'extrémité  supérieure 

de                       ,  .  .                                 de 
(vers  laquelle  sera  dirigé  un  /  positif)  i  =  — ;  à  l'extrémité  inférieure  !  = —• 

»  Pour  les  effets  d'un  conducteur  linéaire  a  sur  un  conducteur  s  de  même  nature,  on  peut 
succinctement  indiquer  la  marche  du  calcul  de  la  manière  suivante  :  la  ductilité  des  conduc- 
teurs permettant  la  variation  des  longueurs  s  et  o-,  il  faut  introduire  deux  autres  para- 
mètres yj  et  cT  pour  caractériser  les  différents  points  matériels  du  conducteur.  Nous  admet- 
trons que,  dans  le  mouvement,  la  valeur  de  p  reste  constante  pour  cliaque  point  du  con- 
ducteur s,  de  même  celle  de  ra  pour  chaque  point  de  a,  et  que  .1  soit  une  fonction  univoque 
continue  de  /),  et  c-  une  fonction  pareille  de  ct.  Nous  composons  la  valeur  de  P  de  deux 
parties,  à  savoir  : 

(la)  ,  P  =P,  -1-P,, 

(..)  p.=-av//^-^^^^^)d.d., 

L'expression  pour  P,  peut  s'écrire 

X,  y,  z  sont  les  coordonnées  des  points  du  conducteur  s  ;  '^,  ■/>,  'C,  celles  du  conducteur  a. 

»  Pour  trouver  les  forces  X,  Y,  Z  qui  agissent  sur  s  et  dépendent  de  P,,  il  faut  attribuer 
à  X,  y,  z  les  variations  S.v,  Sy,  Sz  et  écrire 

(2)  //(XoV  + YJy-l-Zrî:)-HrîP,  =  o. 

»  Pour  trouver  les  forces  X,  il  suffit  de  faire  varier  x;  cela  donne 

J  J    d.v  \r  J  \dp  da        dp  da        dp  du 

r  ri  di  ds.r  ,   , 
~    V  J  TT^'dF''''- 

,  .       ,,.    .         dSx   ,   ,  1-1  •  ,,•     '        • 

»  Il  faut  éliminer  — —  de  la  seconde  partie  de  cette  expression  par  lintegration  par  parties. 

En  faisant  cela  et  en  considérant  que,  d'après  l'équation  (2),  les  facteurs  multipliés  par  Sx 
sont  les  valeurs  des  forces  X  appliquées  à  l'élément,  prises  eu  signe  contraire,  on  aura  : 
»    1°  Pour  l'intérieur  de  s, 

--'-/[i(;);f:-è(r)S]"- 

c.  R„  1873,  2"  Semestre,  (T.  LXWII,  N»  18.)  '25 


I  dp  dxn  Sx 


(966) 
»  2°  Pour  les  extrémités  de  s,  dont  l'électricité  libre  peut  être  désignée  par  e, 


-^'tjl 


au 


»  Les  expressions  analogues  pour  les  forces  Y  et  Z  sont  faciles  à  trouver. 

"  Les  forces  X,  pour  l'intérieur,  concordent  avec  la  forme  de  Grassmann;  les  actions 
exercées  aux  extrémités  distinguent  la  théorie  du  potentiel  de  celle  de  Grassmann. 

»  Les  allongements  des  conducteurs  n'étant  plus  à  prendre  en  considération  dans  la  suite 
du  calcul,  on  peut,  dans  ces  expressions,  introduire  ^  et  t;  à  la  place  des  variables  indéter- 
minées p  et  îû. 

»   Quand  on  intègre  de  nouveau,  par  parties,  les  termes  provenant  de  la  seconde  intégrale 

de  la  valeur  de  5P,  et  contenant  tous  comme  facteur  —-i  de  manière  que  -—  soit  éliminé 
et  remplacé  par  son  intégrale  (ç  —  x),  on  peut  écrire  la  valeur  de  X 

(3)  X=/X,rf<7  +  IX„..., 

où  Xa  sont  les  parties  de  l'expression  provenant  de  l'intégration  par  parties  se  rapportant 
aux  extrémités  de  c;  mais  les  X,  se  comportent  ici  comme  les  composantes  des  forces 
d'Ampère,  à  savoir  : 

,,    ,  ^  X — %  ,         Y  1   [ dx  d"^        dy  dn        dz  d^\~\         3   dn  dr> 

(3a)  X,-  = y  A'     —     — ■—--{-— 1 I      H ■  — 5 

r  Lr'  \ds    dtj        ds    da        ds  de  J  J        r'  ds  da 

(3.)  x.=_..4;i^|. 

»  En  opérant  la  même  intégration  partielle  sur  l'équation  [ib),  celle-ci  revient  à  la  forme 

X  =  2X„+/X.-^<T, 
où 

(3  c)  X,=. 

(3^/)  X„  =  - 

»  Il  faut  ajouter  encore  les  forces  qui  proviennent  de  la  deuxième  partie  Pj  du  potentiel  P 
donnée  dans  (  ic).  Mais,  par  l'intégration  par  rapport  à  «  et  c,  la  valeur  de  cette  deuxième  partie 
peut  être  ramenée  à  la  forme 


A'. 

de  -r 

r 

-J 

dr 

A' 

de  X 

r 

1 

i  —  /  V  /*  'II' 


y  /de  dt 
^^\dt  di 


où  l'addition  se  rapporte  aux  valeurs  qui  correspondent  aux  différentes  combinaisons  de  deux 
extrémités  de  s  et  tr.  Ce  Pj  n'est  plus  dépendant  des  directions  des  éléments  de  conducteurs, 
mais  seulement  de  la  distance  de  leurs  extrémités,  et  indique  par  conséquent  l'existence  de 
forces  répulsives  entre  elles,  ayant  pour  intensité 


I  —  /i  de  ds 

A'  -r  -T^ 

3       dt   de 


dont  les  composantes  s'ajoutent  à  celles  données  en  Xa-  La  somme  des  deux  forces  répul- 


(  967  ) 

sives  est 

I  +  k  fie  eh 
—  A=  -r  -T' 

»  L'<ipplication  de  ce  calcul  à  des  conducteurs  linéaires  ramifiés,  à  des  conducteurs  qui 
s'étendent  dans  trois  dimensions,  et  aux  effets  d'un  conducteur  sur  lui;-méme,  n'offre  en 
principe  aucune  difficulté. 

»  Comparaison  des  résultats  fie  ce  calcul.  —  La  loi  d'Ampère  et  celle  do  Grassraann  ne 
reconnaissent  que  des  forces  agissant  entre  éléments  de  courant;  les  éléments  de  courants 
n'en  exercent  aucune  sur  les  extrémités  de  courants,  non  plus  que  les  extrémités  les  unes  sur 
les  autres.  Quant  à  cette  première  catégorie  d'effets,  à  savoir,  des  éléments  de  courants  sur 
des  éléments  de  courants,  la  loi  du  potentiel  est  dans  un  accord  parfait  avec  ces  deux  lois 
pour  toute  espèce  de  déplacement  d'un  conducteur  parfaitement  flexible,  ductile  ou  liquide. 
Les  cas  des  points  de  glissement  sont  compris  dans  l'application  des  principes;  mais  la  loi 
du  potentiel  donne,  outre  les  forces  d'élément  de  courant  sur  élément  de  courant  : 

»  a)  Les  forces  agissant  entre  les  éléments  de  courant  et  les  extrémités  de  courant; 

i   b]  Les  forces  agissant  entre  les  extrémités  de  courants. 

»  Le  calcul  de  ces  forces  donne  des  résultats  un  peu  différents,  selon  qu'on  ramène  ce 
calcul  des  éléments  de  courants  à  la  loi  de  Grassmann  ou  à  celle  d'Ampère;  car,  dans  le  cas 
où  un  courant  est  ouvert,  ces  deux  lois  deviennent  distinctes. 

»  Nous  pouvons,  comme  Ampère  l'a  fait,  ramener  toutes  ces  forces  à  des  forces  attrac- 
tives ou  répulsives,  agissant  toutes  dans  le  sens  de  la  ligne  de  jonction  des  éléments  linéaires 
et  des  points  d'extrémités  en  question.  La  loi  de  l'action  exercée,  d'après  Ampère,  par  deux 
éléments  de  courant  est  exprimée  par  l'équation  (3«). 

»  D'après  la  loi  du  potentiel,  il  faut  y  ajouter  : 

»  a)  une  force  répulsive  entre  l'élément  de  courant y'Da  et  l'électricité  e,  devenant  libre 

à  l'extrémité  du  fil  s  de  la  grandeur 

de  cos  /•,  D(7  „ 
A=J  ~ Dot. 

dt  r 

.1  Celle-ci  est,  à  ce  qu'on  voit,  propre  à  toute  loi  de  potentiel  et  indépendante  de  la  va- 
leur spéciale  de  la  constante  /■. 

»   b)  une  force  répulsive  entre  deux  extrémités  de  courant  avec  les  quantités  électriques  e 

et  £,  dont  la  grandeur  est 

(i  -f-  ^1  de  dt 

2         dt  dt 

*  Celle-ci  est  dépendante  de  /  et  indépendante  de  /•. 

1)  Il  est  à  remarquer  que,  d'après  la  loi  du  potentiel  comme  d'après  la  loi  de  Grass- 
niano,  la  résultante  électrodynamique  de  toutes  les  extrémités  et  de  tous  les  éléments  (de 
courant)  réunis  est  toujours  perpendiculaire  à  la  direction  du  courant.  D'après  la  loi 
d'Ampère,  cela  n'a  lieu  que  pour  les  effets  des  courants  fermés.  Il  résulte  de  cela  que  la  va- 
riation dans  la  répartition  de  la  masse  pondérable  le  long  du  fil  conducteur  dont  elle  fait 
partie  n'exerce,  d'après  la  loi  du  potentiel,  aucune  influence  sur  le  travail  des  forces  élec- 
trodynamiques, ce  qui,  par  conséquent,  comprend  aussi  le  cas  extrême  où  les  ])arties  pon- 

120.. 


(  968) 

dérablcs  disparaissent  complètement  d'un  élément  conducteur,  pourvu  que  les  électricités 
suivent  sa  direction. 

»  h.  Points  de  gliisemcnt.  —  Si  l'on  se  ligure  le  glissement  d'une  pièce  conductrice  le 
long  de  la  surface  d'une  autre  comme  le  mouvement  de  deux  coriis  absolument  solides, 
l'application  de  la  loi  exposée  au  n°  2  pourrait  paraître  douteuse  pour  le  cas  où  l'on  ferait 
passer  un  courant  électrique  par  un  pareil  point  de  glissement;  car,  à  cette  occasion,  tout  fil, 
en  tant  que  composé  d'une  série  continue  de  parties  pondérables,  serait  nécessairement  brisé 
au  point  de  glissement.  Du  reste,  l'électricité  ne  s'accumulant  pas  en  réalité  aux  extrémités 
brisées,  mais  passant  au  moyen  de  nouvelles  jonctions,  nous  ne  devrions  pas  considérer 
dans  le  calcul  les  deux  extrémités  de  la  partie  pondérable  du  Hl  comme  des  extrémités  du 
courant  en  général,  mais  comme  étant  unies  par  un  élément  linéaire  infiniment  petit  et  dé- 
pourvu de  substances  pondérables.  C'est  dans  ce  sens  que  nos  calculsiet  tous  nos  résultats 
seraient  applicables  à  un  pareil  cas. 

»  Ceci  est  un  des  cas  où  la  supposition  de  la  solidité  absolue  des  corps  en  question  et  de 
la  discontinuité  absolue  du  mouvement  en  deçà  et  au  delà  de  la  surface  de  glissement  n'est 
pas  admissible  en  Physique;  mais  elle  ne  peut  être  posée  que  comme  limite,  de  laquelle  les 
cas  se  présentant  dans  la  réalité  se  ra])proclient  dans  certaines  circonstances  favorables,  au 
point  que  la  distinction  n'est  plus  possible.  Pour  trouver  comment,  dans  un  pareil  cas,  il  faut 
appliquer  la  loi  du  potentiel,  nous  aurons  à  examiner  comment  les  conséquences  qu'on  en 
tirerait  se  comporteraient  dans  le  cas  limite,  lors  du  rapprochement  successif  d'un  mou- 
vement continu  et  d'un  mouvement  discontinu. 

>)  Or,  en  réalité,  il  n'existe  pas  de  discontinuité  dans  les  cas  où  nous  pouvons  observer 
l'effet  des  forces  électro-dynamiques  sur  des  conducteurs  ayant  ce  qu'on  appelle  des  points 
(le  glissement;  car,  les  forces  motrices  étant  comparativement  faibles  et  une  bonne  conduc- 
tibilité étant  exigée,  il  faudra  toujours  en  faisant  l'expérience  porter  un  liquide  conducteur, 
du  mercure  ou  un  électrolyle,  entre  les  extrémités  des  conducteurs  métalliques  pour  avoir 
une  bonne  conductibilité  unie  à  une  grande  mobilité.  Alors,  en  effet,  le  mouvement  a  lieu 
par  un  déplacement  continuel  des  couches  du  li(iuide  les  unes  par  rajiportaux  autres,  tandis 
que  les  couches  extrêmes  du  liquide  sont  adhérentes  aux  conducteurs  métalliques.  Si  nous 
avons  besoin  de  métaux  secs  qui  glissent  l'un  sur  l'autre,  nous  sommes,  comme  on  sait, 
obligés  de  produire  par  une  forte  pression  un  frottement  dur  qui  modifie  les  surfaces,  pour 
faire  passer  les  faibles  courants,  et,  pour  les  autres,  il  jaillit,  aux  points  de  frottement,  des 
étincelles,  c'est-à-dire  des  courants  de  vapeur  métallique  brûlante.  Il  se  produit  de  fait 
par  là  une  mince  couche  de  transition  dans  laquelle  peut  avoir  lieu  d'une  manière  continue 
le  passage  de  la  partie  immobile  à  la  partie  mobile  du  conducteur.  Or,  dès  qu'il  existe  une 
couche  de  transition,  quelque  mince  qu'elle  soit,  qui  rétablit  la  continuité  des  déplace- 
ments, l'application  de  toutes  les  thèses  posées  plus  haut  et  les  conséquences  de  la  loi  du 
potentiel  pour  les  circuits  fermés  ayant  de  pareils  points  de  glissement  restent  en  parfaite 
harmonie  avec  la  loi  d'Ain[)ère  et  avec  l'expérience. 

»  Si  l'on  veut,  dans  des  cas  de  ce  genre,  calculer  directement  le  résultat  au  moyen  de  la 
loi  du  potentiel,  il  faut  remarquer  que  les  fils  conducteurs  font,  dans  la  couche  de  transi- 
tion, des  rotations  angulaires  qui,  la  rapidité  du  glissement  restant  la  même,  deviennent 
d'autant  plus  rapides  que  les  parties  tournantes  des  fils  sont  plus  courtes,  et  que  |)ar 
là  le  travail  électrodynamique  à  fournir  à  l'occasion  de  la  rotation   devient  indépendant 


(969) 

de  leur  longueur,  par  conséquent,  donc,  indépendant  de  l'épaisseur  de  la  couche  de  tran- 
sition. 

»  Si,  dans  une  pareille  considération,  on  veut  négliger  l'existence  d'une  couche  de  tran- 
sition Infiniment  mince,  il  faut  cependant  ajouter  le  couple  dans  les  endroits  de  glissement, 
qui  agit  sur  ces  éléments  négligés  ih\  Mais  l'intensité  des  deux  forces  est  indépendante  de 
la  longueur  eh,  comme  on  l'a  déjà  fuit  observer  dans  (1). 

»  Quand,  comme  dans  l'exemple  de  M.  Riecke,  le  rayon  d'un  cercle  conduit  le  courant 
du  centre  autour  duquel  il  |)eut  se  mouvoir  à  la  circonférence  conductrice,  et  qu'il  se  trouve 
en  même  temps  sous  l'influence  de  courants  circulaires  concentriques,  il  arrivera,  comme 
M.  Riecke  l'a  justement  remarqué,  d'après  la  loi  du  potentiel,  qu'aucune  force  n'agira  direc- 
tement sur  la  |)artie  solide  du  rayon  dont  la  position  relative,  par  rapport  aux  courants 
circulaires,  ne  se  mo*lifie  pas,  et  il  ne  se  manifestera  que  le  coujjle  qui  agit  sur  la  couche 
de  transition  au  point  de  glissement.  On  en  déduit  le  résultat  annoncé. 

>)  Quant  à  la  question  soulevée  par  M.  Bertrand,  et  se  rapportant  aux  forces  qui  tendent 
à  détruire  la  cohésion  du  conducteur,  l'analyse  détaillée  qui  a  été  faite  ici  et  qui  prend  en 
considération  le  cas  le  plus  général  d'éléments  parfaitement  ductiles  et  élastiques,  montre 
que  seules  et  exclusivement  les  forces  de  la  loi  de  Grassmann  agissent  sur  tous  les  éléments 
intérieurs  des  fds  conducteurs  en  tant  que  l'intensité  du  courant  électrique  reste  constante  ; 
mais  dans  le  cas  de  rupture  du  fil  conducteur  les  forces  trouvées  dans  24  deviendraient,  il 
est  vrai,  actives  sur  la  surface  des  extrémités  et  agiraient  sur  les  deux  surfaces  en  sens  op- 
posé. Elles  pourraient  tendre  à  rompre  le  conducteur  s  si  le  courant  en  o-  était  assez  fort, 
assez  proche  et  parallèle,  mais  de  direction  opposée  à  celui  de  s.  Or  les  forces  qui  exerce- 
raient leur  action  auraient  toujours  une  intensité  finie,  et  de  plus,  immédiatement  après  la 
rupture,  la  force  électrostatique  relativement  très-puissante  des  électricités  accumulées  aux 
surfaces  de  rupture  tendrais  à  produire  le  rapprochement.  Or  la  considération  de  M.  Ber- 
trand (]ui  se  rapporte  avant  tout  à  un  lil  conducteur  élastique,  et  parle  résultat  de  laquelle 
il  croit  avoir  anéanti  toute  la  loi  du  potentiel,  puisque,  d'ajjrès  lui,  ces  forces  devraient 
briser  tout  conducteur  qu'elles  parcourraient,  repose  sur  une  erreur.  Il  a  confondu  la  t/e- 
foniiûtiiiri  rclatiiv,  c'est-îi-dirc  \e  rapport  entre  les  déplacements  et  les  dimensions  linéaires 
de  l'élément  en  question,  avec  la  déformntion  absolue,  c'est-à-dire  la  somme  absolue  de  ces 
déformations.  Sous  l'influence  d'un  couple  fini  la  déformation  relative  d'une  lamelle  infini- 
ment mince  est,  il  est  vrai,  finie,  comme  l'indique  M.  Bertrand;  mais  pour  que  le  travail 
du  couple  produit  dans  la  déformation  fût  fini,  la  di'formatioii  absolue  de  celle  lamelle  de- 
vrait être  finie,  ce  qui  n'est  pas  le  cas.  Celle-ci  est,  au  contraire,  du  même  ordre  de  gran- 
deur que  l'épaisseur  de  la  lamelle,  et  par  conséquent  le  travail  produit  dans  la  déformation 
sur  la  lamelle  est  également  de  l'ordre  de  son  épaisseur,  et  le  travail  exercé  sur  tout  le  corps 
est  fini. 

»  5.  Quant  à  la  |)ossibilité  de  décider  entre  la  loi  d'Ampère  sur  l'électrodynamique  et  la 
loi  du  potentiel,  elle  ne  peut  exister  qu'avec  des  courants  aux  extrémités  libres  où  l'électricité 
s'ae.cumule  et  disparaît  de  nouveau.  Sous  ce  rapport,  la  marche  suivante  s'offre  comme  ne 
iiaraissant  pas  irréalisable,  quoiqu'elle  ne  puisse  réussir  sans  le  secours  d'une  grande  masse 
de  fil. 

a  Un  aimant  annulaire  fermé  ou  un  solénoïde  équivalent  de  courants  circulaires  n'agit 
pas  du  tout  extérieurement,  comme  on  sait,  d'après  la  loi  d'Ampère.  D'après  la  loi  du  j)o- 
tentiel,  il  n'agit  pas  sur  des  courants  fermés,  mais  bien  sur  les  extrémités  de  courants  non 


(  970  ) 

fermés.  Si  l'on  suspend  une  table  circulaire  de  Franklin  de  telle  façon  qu'elle  puisse  se 
niou\  ûir  autour  de  son  diamètre  vertical,  qui  se  confond  avec  le  diamètre  vertical  de  l'aimant 
'annulaire,  et  que  l'on  fasse  communiquer  ses  tablettes  avec  le  fil  de  l'anneau,  la  décharge  de 
la  table  de  Franklin  par  l'anneau  qui,  dans  ce  cas,  serait  oscillatoire,  tendra,  d'après  la  loi  du 
potentiel,  à  donner  à  la  table  une  position  parallèle  au  plan  de  l'anneau  ;  d'après  la  loi  d"Am- 
j)ère,  elle  sera  sans  influence. 

D  Si,  d'un  autre  coté,  une  table  circulaire  de  Franklin  est  suspendue  horizontalement, 
qu'elle  puisse  tourner  autour  d'une  verticale  passant  par  son  centre,  et  qu'il  se  trouve  au- 
dessus  d'elle  un  éleclro-airaant  cylindrique  à  axe  vertical,  par  les  fils  enroulés  duquel  la  table 
de  Franklin  se  décharge,  elle  devra,  d'après  la  loi  d'Ampère,  tourner  autour  de  son  axe  ver- 
tical ;  elle  ne  sera  pas  influencée,  au  contraire,  d'après  la  loi  du  potentiel. 

»  J'essayerai  de  faire  ces  deux  expériences;  cependant  il  faut  pour«;ela  exécuter  des  re- 
cherches préliminaires,  pour  éviter  les  étincelles,  et  préparer  les  pièces  de  fer  doux,  avant 
de  pouvoir  commencer  la  construction  de  l'appareil  avec  quelque  certitude.  Tout  cela 
exigeant  un  temps  assez  long,  je  me  suis  décidé  à  ne  pas  retarder  plus  longtemps  la  publi- 
cation des  résultats  précédents  de  recherches  théoriques.  » 


PHYSIQUE.  —  F'érijicalion  de  l'aréomctre  de  Baume;  par  MM.  Beiithelot, 

CouLiER  et  d'Albieida. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  travail 
que  nous  venons  d'exécuter  sur  la  vérification  de  l'aréomètre  de  Baume, 
à  la  demande  écrite  d'un  grand  nombre  d'industriels  qui  emploient  cet 
instrument  dans  leurs  transactions. 

»  Sans  vouloir  disculer  les  avantages  ou  les  inconvénients  respectifs  du 
densimètre  et  de  l'aréomètre  de  Baume,  au  doi>ble  point  de  vue  de  l'usage 
et  de  la  construction  facile  et  rigoureuse  de  ces  instruments,  nous  avons 
rétabli,  stu'  des  bases  que  nous  croyons  irréprochables  parce  qu'elles  sont 
strictement  conformes  à  la  définition  originelle,  la  gradtiation  de  l'aréo- 
mètie  de  Baume.  Cette  graduation  avait  été  gravement  altérée  par  divers 
usages,  qui  avaient  abouti  à  en  faire  construire  l'échelle  d'après  deux  règles 
incompatibles. 

»  Nous  croyons  devoir  extraire  de  ce  travail  quelques  données  numé- 
riques, susceptibles  de  rendre  service  aux  chimistes  et  aux  physiciens, 

»  I.  Densité  de  la  solution  d'eau  salée  qui  sert  de  type  dans  la  construction  de 
l'aréomètre  de  Baume.  —  Celte  solution  a  été  préparée  en  dissolvant  1 5  parties 
de  chlorure  de  sodium  ptu'  dans  85  parties  d'eau  distillée,  pesées  dans  l'air 
avec  des  poids  de  laiton. 

M  I  litre  de  la  solution,  pesé  dans  l'air  avec  des  poids  de  laiton,  sous 
la  pression  o'", 760  et  à  la  température  de  12°, 5,  le  tout  conformément 
aux  définitions  de  Baume,  pèse  1 110^%  57. 


(  97'  ) 

»  Ce  nombre  et  celui  qui  représente  le  poids  du  litre  d'eau  à  la  même 
température  déterminent  la  valeur  des  degrés  de  l'aréomètre.  Nous  en 
avons  donné  la  table. 

»  II.  Construction  et  vérification  des  vases  de  i  litre.  —  Pour  obtenir  un 
vase  de  i  litre  à  la  température  de  12°,  5,  il  faut  y  introduire  un  poids 
d'eau  distillée  égal  à  998^', 4o4;  la  pesée  étant  faite  dans  l'air  à  12°, 5,  à  la 
pression  normale,  avec  des  poids  de  laiton  ;  c'est  le  poids  apparent  de 
I  litre  d'eau  à  12°, 5. 

A   i5"  le  poids  apparent  de  i  litre  d'eau  est 998^'', 084. 

A  4°  'e  poids  apparent  de  i  litre  d'eau  est 998^'', 876. 

))  On  voit  que  les  vases  de  1  litre  construits  à  i5  degrés,  d'après  la  con- 
vention qu'un  tel  vase  doit  renfermer  1000  grammes  d'eau,  pesés  dans  l'air, 
tels  que  ceux  que  livre  souvent  l'industrie  des  constructeurs,  sont  trop 
grands  de  deux  millièmes  environ.    » 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  quelques  valeurs  et  problèmes  calorimétriques; 

par  M.  Beuthelot. 

a  1.  Dans  un  Mémoire  imprimé  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière 
séance,  MM.  Favre  et  "Valson,  après  avoir  reconnu,  dans  des  termes 
dont  je  les  remercie,  la  concordance  de  leurs  expériences  calorimé- 
triques et  densimétriques  sur  les  acides  forts  et  les  acides  faibles  avec 
mes  propres  résultats  calorimétriques,  exposent  divers  chiffres  destinés  à 
mettre  cette  concordance  en  évidence.  Ils  ne  signalent  d'écart  que  pour 
une  seule  réaction,  celle  du  borate  de  soude  dissous  sur  le  sulfate  d'am- 
moniaque dissous.  J'avais  trouvé  que  cette  réaction  donne  lieu  à  une 
double  décomposition  qui  se  traduit  par  une  absorption  de  —  2,25. 
MM.  Favre  et  Valson  ont  trouvé  seulement  —  1,16.  Quoiqu'une  seule  dis- 
cordance sur  des  expériences  si  nombreuses  n'ait  rien  de  surprenant,  j'ai 
cru  cependant  devoir  en  rechercher  l'origine. 

))  Le  résultat  que  j'ai  obtenu  l'a  été  par  une  méthode  directe,  c'est-à- 
dire  en  mêlant  les  deux  dissolutions;  au  contraire,  le  nombre  de  MM.  Favre 
et  Valson,  relatif  à  la  réaction  du  borate  de  soude  sur  le  sulfate  d'ammo- 
niaque a  été  obtenu  d'une  manière  indirecte  :  il  résulte  de  la  différence 
entre  les  chaleurs  de  dissolution  du  borate  de  soude  dans  l'eau  pure  d'une 
part  (—  I  i,o4),  et  dans  l'eau  chargée  de  sulfate  d'ammoniaque  ( —  12,20), 
valeurs  qui  comportent  chacune  des  erreurs  inévitables.  Je  pense,  en 
outre,  qu'une  portion  de  l'écart  doit  être  attribuée  à  l'inégale  dilution 
du  borate  d'ammoniaque  formé  dans  nos  expériences  respectives,  ce  sel 


(  972  ) 
absorbant  beaucoup  de  chaleur  dans  sa  dibition,  attendu  que  l'eau  le 
sépare  en   partie  en  acide  et  base  libres,  d'après  mes  expériences. 

»  Il  m'a  paru  utile  de  répéter  mes  expériences.  J'ai  trouvé  cette  se- 
maine, en  opérant  à  lo  degrés, 

B0'Na(i'^'i  =  6'")  +  S0'Ani(i'^i=r4i") —1,72. 

Les  anciens  essais,  faits  il  y  a  deux  ans,  avaient  été  exécutés  à  22  degrés; 
ils  avaient  fourni  —  2,25,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut. 

»  L'écart  entre  ces  nombres  ne  surpasse  pas  les  effets  attribuables  à 
l'inégalité  des  températures,  laquelle  tend  à  accroître  la  décomposition 
partielle  du  borate  d'ammoniaque,  et  par  conséquent  l'absorption  de  cha- 
leur corrélative  de  celte  décomposition. 

»  En  tenant  compte  du  couple  inverse 

BO'Am  +  SO'Na —  o,5, 

on  trouve  que  l'écart  entre  la  chaleur  dégagée  par  les  deux  acides  s'unis- 
sant  à  l'ammoniaque  l'emporte  de  1,2  sur  l'écart  analogue  relatif  à  la 

soude  . 

K, -K=:-o,5  +  i,7  =  i,2  =  (N-N,)-(N'-IS',). 

Les  expériences  directes  sur  les  chaleurs  de  neutralisation  ont  donné 

(11,6  — 8,9)  — (i5, 8  — 14, 5)  =  2, 7  —  1,3  =  1,4, 

nombre  qui  concorde  suffisamment  avec  le  précédent,  en  tenant  compte 
de  ce  fait  que  la  comparaison  porte  sur  six  données  numériques,  exactes 
chacune  à  ±0,1  près  (attendu  le  degré  de  concentration  employé),  et 
déterminées  à  des  températures  qui  ne  sont  pas  identiques. 

)>  MM.  Favre  et  Valson  ont  trouvé +1,  5  pour  cette  même  différence, 
ce  qui  concorde  encore  avec  les  valeurs  précédentes. 

»  2.  Je  me  suis  demandé  si  la  formation  progressive  des  borates  n'y 
jouerait  pas  quelque  rôle;  en  d'autres  termes,  l'union  de  l'acide  borique 
avec  les  alcalis  dégage-t-elle  immédiatement  la  totalité  de  la  chaleur  dont 
elle  est  susceptible?  ou  bien  la  combinaison  se  poursuit-elle  lentement  jus- 
qu'à un  terme  plus  avancé,  comme  il  arrive  pour  les  éthers,  par  exemple? 

»  Afin  de  m'en  assurer,  j'ai  déterminé  cette  quantité  de  chaleur  par  la 
méthode  des  doubles  décompositions  réciproques,  eu  ojiérant  sur  des 
solutions  étendues  de  borate  de  soude  conservées  depuis  deux  ans.   J'ai 

trouvé 

lîO'Na(ri  =  6"')  4-  HCi(i"i  =  4'") +2,i3 

B0'=(i"i  =  4'")-f  NaCI(i''i=6"') -f-0,08 

K,  —  K=2,i3  — o,o8=-l-  2,o5  =  N  — N,. 


(973) 
»  Les  expériences  directes  faites  avec  la  soude  et  les  acides  borique  et 
chlorhydrique,  pour  ce  degré  de  concentration,  avaient  donné  d'autre 
part 

N  —  N,  =  13,7  —  ii,6=-<-2,i. 

Il  résulte  de  ces  chiffres  que  la  saturation  de  la  soude  par  l'acide  borique 
atteint  la  limite  de  ses  effets  immédiatement,  comme  par  les  autres  acides. 

»  3.  Les  changements  successifs  dans  la  constitution  des  corps  sont  bien 
plus  marqués  dans  l'étude  des  précipités,  où  le  thermomètre  fournit  un 
miiyen  de  recherche  qu'il  serait  difficile  de  remplacer.  J'en  ai  cité  de 
nombreux  exemples  dans  mes  Recherches  sur  tes  carbonates  [Comptes  rendus, 
t.  LXXIII,  p.  1 109,  1162  et  surtout  i2i5).  En  voici  quelques  autres. 

»  La  précipitation  de  l'iodure  d'argent,  par  double  décomposition  entre 
l'azotate  d'argent  et  l'iodure  de  potassium,  ne  fournit  pas  tout  d'abord  la 
totalité  de  la  chaleur  dégagée  pendant  la  formation  du  corps  solide  sous 
son  état  définitif.  Les  changements  successifs  dans  l'état  du  précipité  sont 
très-nettement  manifestés  par  le  thermomètre,  quoiqu'ils  se  succèdent 
parfois  si  rapidement  qu'on  ne  puisse  guère  en  assigner  de  mesure.  Dans 
une  expérience  récente,  exécutée  à  i3  degrés,  et  où  les  phases  du  phéno- 
mène ont  été  mieux  marquées  que  dans  mes  précédents  essais, 

K^i-^q  =  8'")  +  AzO'^  Ag(i'^i  =  2'"), 

j'ai  observé  que  la  chaleur,  dégagée  pendant  la  première  minute  (in- 
tervalle de  temps  plus  que  suffisant  pour  établir  l'équilibre  de  tempéra- 
ture entre  la  liqueur  et  le  thermomètre  convenablement  agités),  s'élevait 
seulement  à  4- 23*^"',!.  Il  a  falhi  trois  à  quatre  minutes  pour  atteindre 
+  26*^", 4.  valeur  concordant  avec  mes  anciennes  observations  (+26'^'", 9). 
Au  delà  de  ce  temps,  le  thermomètre  cesse  de  rien  indiquer  avec  certitude, 
soit  que  les  variations  d'état  aient  cessé,  soit  plutôt  qu'elles  continuent 
à  s'effectuer  avec  trop  de  lenteur. 

M  L'ancienne  notion  de  la  cohésion  reparaît  ici  avec  des  caractères  plus 
précis.  On  voit,  en  même  temps,  que  la  formation  thermique  d'un  corps  so- 
lide ne  saurait  être  représentée,  en  général,  par  des  modules  ou  coefficients 
constants,  toutes  les  fois  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  corps  cristallisé,  tels  que  les 
sels  alcalins  solubles,  ou  bien  encore  le  picrate  de  potasse  ou  l'iodure  de 
mercure.  Cette  remarque  est  fort  importante  dans  la  discussion  des  pro- 
blèmes de  mécanique  chimique  où  interviennent  des  précipités.  En  effet  il 
est  probable  que  l'état  correspondant  aux  premiers  dégagements  de  cha- 
leur est  plus  voisin  que  l'état  définitif,  de  cet  état  initial  que  le  corps  inso- 

C.  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVll,  N"  18.)  '  26 


(  974  ) 
lubie  possédait  au  moment  où  il  a  commencé  à  se  précipiter  :  or  cet  état  ini- 
tial répond  aux  conditions  déterminantes  du  début  de  la  réaction.  Ce  ne 
serait  donc  pas  la  cohésion  finale  du  corps  solide  qui  produirait  le  com- 
mencement de  la  réaction;  mais  les  accroissements  successifs  de  la  cohé- 
sion peuvent,  au  contraire,  jouer  un  rôle  prépondérant  dans  l'accomplis- 
sement des  phénomènes,  en  s'opposant  à  la  permanence  de  tout  ériuilibre 
intermédiaire  entre  les  composés  produits  tout  d'abord. 

»  4.  Je  saisis  cette  occasion  pour  rectifier  un  chiffre  que  j'ai  publié 
récemment,  relativement  à  la  formation  de  l'iodure  de  mercure  ;  par  suite 
d'une  méprise  dans  le  calcul  des  données,  exactes  d'ailleurs,  de  mes  essais, 
j'ai  exprimé  la  réaction  thermique  : 

HgCI(ri  =  4''') +KI(i-q  =  4"")     par  la  valeur     -t- 20,6. 

C'est  +  13,67  f|"''l  f^i'*^  ''''6- 

»  Une  nouvelle  expérience  toute  récente  m'a  donné  +  i3,6i;  par  suite, 
m  dissous  +  HgO  (précipité)  dégage  -l-  23, o. 

»  Entre  la  formation  du  chlorure  de  mercure  solide  et  celle  de  l'iodure 
solide,  au  moyen  des  hydracides  dissous,  l'écart  est,  dès  lors,  +  12,1; 
tandis  qu'il  est  seulement  de -l-  1,1  en  faveur  de  l'iodure  de  potassium  so- 
lide, comparé  au  chlorure,  et  qu'il  s'élève  à  +  i  i,a  en  faveur  de  l'iodure 
d'argent,  valeiu-  qui  se  réduirait  au-dessous  de  8,4,  si  on  la  rapportait  aux 
|)remiers  moments  de  la  précijiitalion.  La  formation  de  l'iodure  de  mer- 
cure cristallisé  l'emporte  donc  au  point  de  vue  thermique  sur  celle  de  tous 
les  autres  iodiu'cs  connus,  comme  je  l'avais  annoncé. 

M  5.  La  formation  plus  ou  moins  ra|)ide  des  hydrates  salins  intervient 
également  dans  les  variations  de  la  chaleur  produite  par  les  corps  inso- 
lubles; par  exemple  la  chaleur,  dégagée  dans  la  réaction  de  l'acide  oxalique 
étendu  sur  l'hydrate  de  chaux  délayé  dans  l'eau,  a  varié  de  près  de  2"^,o 
dans  mes  expériences.  Cette  variation  est  due  à  la  formation  des  oxalales 
de  chaux  diversement  hydratés,  qui  ont  été  signalés  par  les  analystes  et 
les  micrographes,  et  dont  la  composition  varie  suivant  des  conditions  très- 
légères  de  concentration,  de  température  ou  de  présence  des  corps  étran- 
gers. Les  variations,  observées  récemment  par  M.  Favre,  dans  la  chaleur 
de  formation  du  sulfate  de  baryte,  pourraient  bien  être  dues  à  la  produc- 
tion de  quelque  hydrate  analogue. 

))  6.  Il  n'est  pas  jusqu'à  la  formation  des  hydrates  salins  solubles  dans 
les  dissolutions  qui  ne  doive  offrir  parfois  des  circonstances  analogues,  la 
constitution  d'un  sel  récemment  dissous  n'étant  pas  nécessairement  la  même 


(  91^  ) 
que  celle  qu'il  acquiert  an  bout  d'un  certain  temps.  I^es  expériences  de 
M.  Marignac  sur  le  sulfate  de  chaux  sont  conformes  à  cette  manière  de  voir. 
Je  citerai  ici  diverses  observations  relatives  à  l'acétate  de  soude  anhydre, 
bien  que  leur  interprétation  me  semble  un  peu  différente. 

«  M.  Reischauer  (i)  a  fait  la  remarque  que  l'acétate  de  soude  fondu 
entre  en  déliquescence  au  contact  de  l'air  humide  et  attire  jusqu'à  i4  équi- 
valents d'eau,  en  constituant  une  liqueur  sursaturée;  celle-ci  cristallise 
subitement  en  abandonnant  l'acétate  hydraté  :  C/'H'NaO*  +  6HO;  elle 
perd  ensuite  par  évaporalion  spontanée  les  8  équivalents  d'eau  excédants 
qu'elle  avait  d'abord  absorbés.  L'acétale  hydraté,  au  contraire,  perd  la 
tolalité  de  son  eau  dans  le  vide  à  la  température  ordinaire.  Mais  le  scd 
anhydre  ainsi  obtenu  se  comporterait  autrement  que  le  sel  fondu,  d'après 
l'auteur;  car  il  se  bornerait  à  reprendre  dans  l'air  humide  les  6  équivalents 
d'eau  perdus  sans  se  liquéfier  :  ce  serait  donc  là  un  cas  d'isomérie. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  de  le  soumettre  au  contrôle  des  épreuves  ther- 
miques. J'ai  préparé  d'abord  l'acétate  de  soude  anhydre,  en  le  desséchant 
dans  le  vide  froid.  Ce  corps,  dissous  dans  5o  parties  d'eau  à  7  degrés,  a  dé- 
gagé pour  C'H'NaO' +4^'",o8 

»  La  solution  additionnée  d'acide  chlorhydrique  étendu  (1^1  =  2'")  a 
dégagé -1-0, 85 

M  D'autre  part,  l'acétate  de  soude  fondu,  au  bout  d'ime  heure  de  pré- 
paration, a  été  dissous  à  la  même  température  dans  le  même  poids  d'eau. 
J'ai  trouvé -1-4,23 

»  L'addition  de  l'acide  chlorhydrique  a  dégagé -1-  o,85 

»  De  même  l'acétate  de  potasse,  déshydraté  dans  le  vide,  perd  la  totalité 
de  son  eau.  Ce  corps,  dissous  dans  l'eau,  a  dégagé  pour  C''H'K.O'.  H-  3,27  ; 
le  même  acétate  fondu  a  dégagé -f-3,2i 

»  Je  conclus  de  ces  expériences  que  les  acétates  alcalins  anhydres  sont 
identiques,  quelles  que  soient  les  conditions  préalables  delà  déshydratation. 
J'ajouterai  enfin  que  la  dissolution  récente  de  l'acétate  de  soude  hydraté, 
C*H'NaO''+  6H0,  étendue  au  même  degré  que  les  précédentes,  et  addi- 
tionnée d'acide  chlorhydrique  a  dégagé +  o,85 

valeur  identique  aux  précédentes.  Comme  elle  répond  à  un  déplacement 
complet,  ou  à  peu  près,  de  l'acide  acétique  par  l'acide  chlorhydrique, 
avec  formation  d'un  corps  identique  dans  les  deux  cas  :  le  chlorure  de 
sodium,  il  en  résulte  que  les  dissolutions  de  l'acétate  de  soude  anhydre 

(i)    Annalen  der  C/iemie  iind  Pharmacie,  t.  CXV,  p.  I  i6;  1860. 

T26.. 


(  976  ) 
sont  identiques  avec  les  dissolutions  de  l'acétate  hydraté.  Il  résulte  encore 
de  ces  faits  qu'il  n'y  a  isoniérie,  ni  entre  les  sels  anhydres,  ni  entre  les  dis- 
solutions des  divers  acétates  de  soude. 

»  Les  expériences  intéressantes  de  M.  Reischauer  s'expliquent,  je  crois, 
autrement.  La  déshydratation  de  l'acétate  de  soude  dans  le  vide  est  assez 
lente,  et  il  suffit  de  la  moindre  trace  d'acétate  hydraté,  demeuré  empri- 
sonné dans  la  masse,  pour  expliquer  l'impossibilité  de  former  avec  celle-ci 
une  liqueur  sursaturée.  Il  n'eu  reste  pas  moins  probable  que  la  solution 
sursaturée  renferme  principalement  un  acétate  anhydre.  Comme  on  passe 
de  cette  solution  concentrée  d'une  manière  continue  et  sans  phénomènes 
thermiques  bien  particuliers  aux  solutions  étendues,  comme  d'ailleurs  l'ad- 
dition d'une  trace  d'acétate  de  soude  hydraté  en  cristaux  à  une  solution 
sursaturée,  mais  étendue  d'eau,  jusqu'au  degré  où  elle  ne  dépose  rien  par 
le  contact  des  cristaux,  ne  donne  lieu  à  aucun  effet  thermique  spécial,  il 
me  paraît  vraisemblable  que  les  solutions  étendues  renferment  encore  le 
même  acétate  de  soude  anhydre,  mélangé  avec  une  certaine  proportion 
(probablement  croissante  avec  la  quantité  d'eau)  d'acétate  hydraté.  Ce  se- 
rait la  production  subite  de  cet  hydrate  solide,  sous  la  forme  cristallisée,  dans 
toute  la  masse  d'une  solution  concentrée,  qui  déterminerait  le  terme  de  la 
sursaturation,  comme  il  arrive  pour  le  sulfate  de  soude  et  tant  d'autres  sels. 

»  La  formation  des  hydrates  salins  solides,  dans  ces  circonstances,  semble 
subite  et  aussi  complète  que  le  comportent  les  équilibres  qui  doivent  se 
produire  entre  l'eau,  les  sels  anhydres  et  les  sels  hydratés,  dans  la  portion 
des  dissolutions  subsistantes  après  la  séparation  du  sel  cristallisé.  Mais 
on  conçoit  qu'il  ne  doive  pas  en  être  toujours  ainsi,  et  que  certains  hydrates 
puissent  se  former  peu  à  peu.  Cette  formation  lente  des  hydrates  doit  pou- 
voir se  traduire  par  les  variations  de  la  chaleur  de  dissolution  de  certains 
sels,  et  l'on  peut  la  contrôler  à  l'aide  du  thermomètre  :  par  exemple,  en  mê- 
lant les  liqueurs  avec  un  nouvel  acide,  capable  de  les  ramener  lentement 
ou  subitement  à  un  équilibre  identique.  J'ai  rencontré  des  observations  de 
ce  genre,  notamment  en  étudiant  le  formiate  de  chaux,  le  formiate  de 
strontiane  anhydre,  etc. 

»  On  s'explique  par  là  pourquoi  certaines  sursaturations  exigent  un 
temps  plus  ou  moins  considérable  pour  cesser  d'exister;  il  doit  en  être  ainsi 
lorsque  la  sursaturation  ne  peut  cesser  que  par  la  formation  lente  d'un  nou- 
vel hydrate.  Peut-être  même  l'existence  et  la  disparition  d'un  grand  nombre 
de  sursaturations  salines  expriment-elles  uniquement  l'existence  et  le  pas- 
sage d'un  certain  état  d'hydratation  (ou  de  combinaison)  définie  à  un 
autre  état  défini,  qui  répond  à  une  moindre  solubilité.   » 


(  977  ) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Suite  des  Observations  des  protubérances  solaires, 

pendant  les  six  dernières  rotations  de  l'astre  du  23  avril  au  i  octobre  iS^S; 

conséquences  concernant  la  théorie  des  taches.  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  le 

Secrétaire  perpétuel. 

n  Rome,  17  octobre  1873. 

»  Bien  que  les  observations  n'aient  plus  cet  attrait  de  nouveauté  qu'elles 
offraient  dans  les  premiers  temps,  elles  me  paraissent  avoir  toujours  la  même 
importance,  et  je  crois  qu'il  y  a  un  grand  intérêt  à  les  continuer.  La  série 
actuelle  montre  une  décroissance  continuelle  dans  le  nombre  de  ces 
éruptions,  pendant  toute  la  période,  le  minimum  tombant  en  août  à  la  trente 
et  unième  rotation;  c'est  ce  que  montre  bien  la  comparaison  des  tableaux 
de  cette  série  et  de  ceux  des  précédentes.  (Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVI, 
p.  1 525).  Ainsi,  tandis  que  le  nombre  des  éruptions  était,  dans  les  premières 
séries  de  1871,  en  moyenne  de  i4  à  i5  par  jour,  avec  des  maxima  de  ao 
à  23,  et  des  minima  qui  descendaient  rarement  à  i  o,  les  dernières  rotations 
donnent  une  moyenne  de  8  à  9,  et  les  maxima  ne  dépassent  pas  12;  les 
minima  sont  ordinairement  de  4^5,  les  observations  étant  faites  par  un 
ciel  très-beau.  Certains  jours  ont  donné  deux  protubérances  seulement; 
mais  comme'l'air  n'était  pas  assez  pur,  il  est  possible  que  quelques-unes 
des  protubérances,  les  plus  faibles,  n'aient  pas  été  aperçues. 


Tableau  A.  —   Rotations  solaires  et  leurs 

époques. 

ROTATIONS 

1873. 

COMMENCEMENT. 

FIN. 

NOMBRE 

des 
prolubérances. 

NOMBRE 

des 

jours  d'obseryat. 

MOYENNE 

diurne. 

MAXIMUM 
diurne 

MINIMUM 
diurne. 

XXVII.... 
XXVlll... 

XXIX 

XXX 

XXXI 

XXXII... 

23  avril.. . . 

19  mai 

i5  juin  .... 
i3  juillet... 

9  août.  .  .  . 

6  septenib. 

18  mai.. . . 
i4  juin  .  .  . 
12  juillet.. 

8  août... 

4  sept... . 

1  octobre. 

■  73 
,39 
216 
229 
104 
'9« 

I052 

'7 

■7 

25 

27 
18 
•■3 

■  27 

10,0 
8,2 

8,6 
8,4 
5,8 
8,3 

|3 
12 

1 1 

9 

12 

8 
5 
6 
3 
2 
5 

0  En  somme,  il  y  a  donc  une  grande  diminution  dans  le  nombre  des 
protubérances,  bien  que  les  taches  continuent  à  apparaître  un  peu  moins 
nombreuses  toutefois  qu'à  l'ordinaire.  Dans  les  régions  polaires,  elles  ont 
été  très-rares  ;  le  maximum  numérique  se  trouve  entre  3o  et  /jo  degrés  N., 
et  20  et  3o  degrés  S.  Ce  que  je  dis  du  nombre  est  également  vrai  pour  la 
hauteur,  qui  est  considérablement  réduite  en  moyenne.  En  examinant  la 


Tableau  B. 


(978    ) 
Résumé  ries  observations  des  protubérances  solaires  du  ?,3  m'Hl  nu  ?,  octobre  iS^S. 


Rotat.  XXVII. 
.  XXVIII 
»  XXIX. 
.,  XXX.., 
)>  XXXI.. 
»       XXXII.. 


Totaux. 


HEMISPHERE   NORD. 


60» 

3  40» 


33 


20» 

à  in" 


10" 

ào" 


7 

10 

20 

'7 

H 

7 

10 

9 

10 

■4 

'9 

i5 

10 

m 

il. 

V 

6 

3 

10 

1 1 

!» 

8 

i3 

2.1 

,5o 

53 

!)•* 

,04 

86 


9' 


ii 


98 


10" 
8  20" 


Nombre  des  protubérances. 


HEMISPHERE   SCD, 


30" 


i8 

^'1 

18 

1  I 

■J'i 

20 

26 

20 

12 

1  1 

32 

14 

12  3 

100 

i3 


107 


600 
à  70" 


70O 
à  80» 


80» 
à  90» 


Rotat, 


XXVII. 
XXVIII 
XXIX.. 
XXX  . 
XXXI.. 
XXXII. 


Totaux. 


Protubérances  de 

64" 

// 

1' 

n 

II 

1 

I 

Ti 

3 

I 

/, 

// 

n 

,' 

3 

2 

5 

n 

n 

II 

I 

I 

6 

,1 

', 

,/ 

II 

I 

1 

I 

6 

I 

tf 

" 

n 

1 

2 

.5 

6 

4 

" 

II 

I 

5 

7 

26 

21 

■7 

et  au-dessus. 

3 


i5 


i3 


Rotat.  XXVII. 

»  XXVIII 

»  XXIX  . 

.  XXX . . 

»  XXXI.. 

»  XXXII. 

Moyennes  . . 


Hauteur  des  protubérances.  Unité  de  mesure  =  8". 


3,0 


3,0 


II 

4.> 

,".,8 

5,6 

,/ 

4 , 5 

4,i 

6,0 

J,0 

4,8 

5,8 

n 

4.5 

6,5 

6,0 

„ 

8,0 

5,3 

7.0 

4,5 

6,1 

5,8 

5,5 

5 ,  '.» 

,5,5 

'l.r 

5,7 

5,8 
6,2 

4,9 
6,6 
6,9 
6,8 


•  9 


■1.9 

3,3 

7.0 
5,8 
6,3 


3,4 

5,0 
6,3 
5,4 
4.7 
5,5 


3.7 

5,1 
5,5 
5,4 
4.8 
5,8 


6,4 
5,6 
5,1 
5,5 
6,5 
5,9 


5,8 


4,9 
5,1 

5,7 
5,1 
5,4 
5,8 


5,7 
5, 1 
5,6 
6,9 
.1,7 
5,5 


4,9 
5,0 

5,8 


4,,) 
4,9 
4,'. 

6,3 
6,5 
6.3 


;.,,) 


^,0 

6  2 

4,3 
4.5 
3,0 
3,5 


-I.-' 
5,3 

4,5 
4,0 

II 

4,0 


4,0 
3,0 


3,0 


4.0 


4,0 


Rotat.  XXVII. 
»  XXVIII 
>.  XXIX.. 
»  XXX . . 
»  XXXI  . 
»       XXXII. 

Moyennes. . 


Iiarg:eur  moyenne.  Unité 

=  ie 

", 

Il 

n 

4,5 

6,7 

6,8 

6,3 

6,3 

7.5 

6,7 

7.3 

7,3 

6,3 

5,7 

5,q 

5,5 

II 

II 

II 

// 

4,7 

6,7 
6,4 

7.3 

5.7 

5,4 

6,5 

5.5 

8,3 

6,3 

6,2 

4,6 

6,7 

5,5 

6,0 

I  0 , 0 

■y ,  0 

5,0 

5,1 

7,' 

5,8 

7.3 

6,4 

6,3 

6,7 

6,4 

3,7 

5,0 

5,ti 

4,5 

1/ 

// 

// 

4,8 

;.,8 

^•2 
6,5 

7,5 

7,9 

6,8 

6,3 

6,7 

6,7 

6,9 

7,' 

5,1 

4,5 

6,3 

8,8 

» 

II 

10,0 

7,8 

«.7 
7,3 

7,4 

7.0 

6,7 

6,7 

7,8 

7,2 

8,7 

8,5 

8,0 

// 

n 

n 

7,0 

6.7 

6,4 

3,9 
6,5 

8,5 

7,5 

7,9 

6,3 

6,4 

6,2 

6,5 

6,7 

7-' 
6,0 

8,0 

4,0 

// 

10,0 

6.0 

r> ,  j 

6.1 

6,9 

7,9 

6.7 

7,'. 

6,8 

6,8 

6,4 

.') .  3 

7-4 

4,0 

4.3 


Rotat.  XXVIl. 
»  XXVIII 
»  XXIX.. 
»  XXX.. 
»  XXXI.. 
»       XXXII. 


Totaux. 


Aire  moyenne.  Unité  =^  8"  X  16". 


3o 


3n 


38 


45 
3^ 

4> 
27 

36 


36 


33 

29 

52 

33 

3S 

47 

46 

72 

46 

5i 

5o 

48 

h 

39 


39 


3o 

î6 

3o 

23 

3'. 

35 

43 

33 

26 

31 

33 

23 

'.5 

37 

19 

33 

42 

85 

34 

II 

39 

32 

37 

16 

36 

42 

38 

36 

26 


// 

16 
16 

i5 


Facules.  Étendue  en  degrés  de  circonférence. 


Rotat.  XXVII.... 

tf 

l'" 

8,0 

10,11 

7,5 

4.' 

5 , .) 

7,3 

6,5 

6 , 3 

7'9 

'1. 1 

5,7 

6,0 

9,0 

r 

„ 

'1 

»       XXVIII... 

10,0 

6,0 

5,0 

4,6 

7,- 

7.0 

6,5 

6,1 

3,7 

8,3 

J,9 

7,6 

5,5 

1  ,0 

1 ,0 

6,0 

»       XXIX 

„ 

// 

// 

7.0 

1,5 

5,3 

6,0 

6,5 

6,8 

6,3 

7,3 

3,4 

\\ 

3,0 

./ 

„ 

II 

»       XXX 

0 

n 

1/ 

ff 

5,0 

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6,7 

5,4 

6,1 

6,9 

7'0 

1,0 

,/ 

If 

..       XXXI 

n 

II 

II 

n 

II 

5,0 

4,3 

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3,3 

6,1 

8,3 

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4.6 

II 

IJ 

" 

6,0 

»       XXXII.... 

" 

n 

II 

fr 

1/ 

4,0 

3,9 

7,9 

5,5 

4,4 

6,2 

7.5 
6,4 

6,5 

4,'i 

3,0 
4.7 

5,0 

If 

Moyennes 

10,0 

7,5 

8,0 

9,7 

7,6 

5,4 

5,8 

7.0 

5,9 

6,1 

7.7 

5,9 

5,5 

7.5 

'6,0 

(  979  ) 
distribution  des  protubérances  en  longitude,  on  trouve  des  méridiens  qui 
donnent  nettement  des  minima,  et  d'autres  des  maxima.  En  examinant  sé- 
parément le  bord  oriental  et  le  bord  occidental,  on  constate  que  les  points 
extrêmes  s'accordent  très-souvent  entre  eux,  en  sorte  qu'il  paraît  bien  y 
avoir  une  distribution  diamétrale;  mais  ces  détails  disparaissent  dans  les 
moyennes.  J'avais  déjà  annoncé  autrefois  que  les  grandes  protubérances 
affectent  des  positions  diamétralement  opposées  :  c'est  aussi  ce  que  M.  de 
la  Rue  a  également  observé  pour  les  taches. 

1)  Les  éruptions  métalliques  ont  été  peu  nombreuses,  et  elles  ont  été 
surtout  très-intermittenles.  Quoique,  après  le  travail  du  dessin,  on  eiJt 
l'attention  de  répéter  deux  fois  l'examen  des  parties  les  plus  importantes, 
il  est  arrivé  que  des  observations  accidentelles  ont  signalé  des  éruptions 
considérables.  Une  de  ces  éruptions  restera  mémorable  :  c'est  celle  du 
1 8 septembre;  elle  a  été  observée  et  dessinée  par  M.  Tacchini,  alors  présent 
à  Rome.  Le  ciel  était  magnifique;  on  put  observer  à  loisir  la  matière  lancée 
en  haut  et  retombant  en  pluie  sur  le  Soleil,  de  manière  à  se  convaincre  de 
la  netteté  fournie  par  l'instrument.  Cette  éruption,  que  l'on  put  suivre 
pendant  une  heure,  donna  naissance  le  jour  suivant  à  un  groupe  de  taches. 

»  Le  petit  nombre  des  éruptions  et  leur  faiblesse  nous  ont  fourni  une 
occasion  de  nous  persuader  que  les  difficultés  soulevées  contre  notre  théorie 
des  taches  n'ont  aucune  importance. 

»  On  a  dit  qu'on  rencontre  des  éruptions  sans  taches.  Cela  est  vrai; 
mais  nous  répondons  :  i"  Ces  cas  sont  très-rares;  i°  ils  ne  se  présentent 
que  dans  les  éruptions  faibles  et  offrant  une  grande  intermittence;  il  est 
donc  naturel  que,  si  les  masses  projetées  ne  sont  pas  assez  denses  pour 
pouvoir  absorber  convenablement  les  rayons  delà  couche  inférieure,  elles 
se  dispersent  au  fur  et  à  mesure  qu'elles  se  produisent;  3"  nous  avons  re- 
marqué qu'il  ne  suffit  pas,  pour  pressentir  l'apparition  d'une  tache,  d'avoir 
observé  dans  une  éruption  des  raies  métalliques  quelconques;  certains 
métaux  ont  une  efficacité  plus  grande  que  certains  autres.  Ainsi  les  érup- 
tions fortement  chargées  de  sodium  donnent  des  taches  très-prononcées; 
le  magnésium  ne  paraît  pas  aussi  efficace  ;  cela  découle  d'ailleurs  de  ce  que 
nous  connaissons  sur  l'élargissement,  dans  les  taches,  des  raies  apparte- 
nant à  ces  métaux.  Cette  remarque  expliquerait  pourquoi  on  a  parfois  de 
belles  éruptions  de  magnésium  sans  taches  très-sombres. 

»  Les  cas  de  taches  sans  éruptions  n'ont  pas  été  rares,  mais  il  y  en  a  eu 
très-peu  à  l'orient.  Au  couchant,  il  y  en  a  eu  un  certain  nombre,  mais  de 
celles  qui  se  manifestaient  évidemment  comme  des  cavités,  et  qui  étaient 


(  98o  ) 
entrées  dans  une  période  visible  de  tranquillité  avant  d'arriver  an  bord. 
Comme  les  détails  de  tontes  ces  observations  sont  publiés  dans  le  BuUeltino 
meteorologico  de  notre  Observatoire,  je  n'en  reproduirai  pas  ici  le  résumé. 
»  Un  savant  s'est  préoccupé  de  trouver  la  couche  solide  dans  laquelle  se 
formeraient  les  bouches  de  ces  éruptions.  Je  dirai  que  cette  recherche  ne 
me  paraît  guère  nécessaire.  J'ai  eu  l'occasion  d'observer  souvent,  mais 
surtout  le  2  octobre,  les  formes  que  prennent  nos  cirrhus  atmosphé- 
riques légers,  et  j'ai  trouvé  des  formes  parfaitement  identiques  à  celles  des 
protubérances,  surtout  à  celles  de  ces  gerbes  d'hydrogène  à  éventail,  qui 
ressemblent  à  des  fleurs  de  giroflée  détachées  de  leur  calice;  ce  jour-là, 
une  couche  de  cirrhus  avait  ses  bords  tout  parsemés  de  ces  figures;  il  n'y 
avait  cependant  sans  doute  pas  là  d'ouvertures  de  sortie.  Nous  avons 
déjà  remarqué  autrefois  qu'on  rencontre  des  masses  isolées,  suspendues  et 
assez  persistantes,  qui  produisent  des  gerbes  semblables  et  certainement 
sans  présenter  d'ouverture.  J'en  ai  observé  un  exemple  frappant  le  aS  août 
1872;  j'en  reproduis  ici  la  figure.  Pour  expliquer  ces  formes,  il  n'est  donc 
pas  nécessaire  d'admettre  l'existence  d'aucune  croûte  solide. 


Protubérance  observée  le  25  août  1872,  de  loli^S"'  à  li''i4'"  (hauteur  88"). 
(Le  jour  suivant,  la  grandeur  était  moindre;  la  forme  était  restée  presque  la  même.) 

»  On  a  trouvé  des  difficultés  pour  expliquer  pourquoi  les  éruptions  se 
produisent  sur  tout  le  Soleil,  tandis  que  les  taches  se  manifestent  seule- 
ment dans  des  zones  très-bornées.  Nous  avons  déjà  remarqué  que  la  diffi- 
culté est  résolue  par  la  considération  de  la  nature  des  matériaux  qui  for- 
ment les  éruptions.  Les  éruptions  métalliques  les  plus  vives  ne  se  présen- 
tent que  dans  les  zones  les  plus  équatoriales;  sur  le  reste  du  Soleil,  on  ne 
voit  que  des  émissions  d'hydrogène  pur,  parfois  seulement  avec  des  traces 


(  980 
très-rares  de  magnésium;  il  est  donc  facile  de  comprendre  comment  les 
taches  n'apparaissent  pas  an  delà  de  certaines  régions. 

M  Reste  sans  doute  à  concevoir  ponrquoi  les  érnptions  métaliiqnes  ont 
lieu  exclusivement  dans  une  région,  de  préférence  aux  autres;  mais  c'est 
là  un  problème  qui  sera  résolu  lorsqu'on  connaîtra  mieux  les  lois  de  la  cir- 
cidation  solaire  et  les  causes  de  ses  périodes  d'activité. 

»  Quant  à  la  disposition  systématique  de  la  direction  des  protubérances, 
je  trouve  que,  dans  les  dernières  rotations,  la  loi  n'est  pas  aussi  tranchée 
que  dans  les  précédentes.  Ce  qui  paraît  se  conserver  toujours,  c'est,  pour 
hs  latitudes  élevées,  la  direction  dominante  vers  les  pôles,  et,  pour  les 
basses  latitudes,  une  tendance  prononcée  vers  l'équatein-,  le  changement 
de  direction  se  trouvant  à  /jo  degrés  environ.  La  discussion  de  ces  particu- 
larités m'entraînerait  ici  trop  loin  et  demanderait  trop  de  temps.  J'ajou- 
terai seulement  que,  sans  pouvoir  traduire  ces  variations  par  des  nombres, 
on  constate,  dans  ces  périodes  de  calme,  un  système  de  directions  certai- 
nement différent  de  celui  qui  caractérisait  les  périodes  d'activité.  S'il  m'est 
permis  de  continuer  mes  études,  j'espère,  avec  le  temps,  apporter  quelque 
lumière  dans  l'examen  de  ces  variations  singulières. 

»  J'ai  encore  voulu  vérifier  si  les  anciennes  observations  satisfaisaient  à 
la  loi  de  Carrington,  qui  donne  des  rotations  de  durées  différentes  aux  dif- 
férents parallèles.  J'ai  discuté  celles  de  Blanchi,  publiées  en  1820,  et  un 
certain  nombre  de  celles  de  Lalande  [Mémoires  de  i Académie;  177G  et 
1778).  J'ai  trouvé  que,  en  tenant  compte  des  latitudes  héliographiques,  on 
obtient  des  résultats  très-concordants.  Une  telle  discussion  aurait  un  inté- 
rêt immense;  il  m'est  impossible,  quant  à  présent,  de  m'en  occuper.    » 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  effets  ihermiques  qui  accompagnent  [a  compres- 
sion des  liquides;  par  MM.  P. -A.  Favue  et  Laurent.  (Extrait.) 

«  M.  Favre avait  déjà  annoncé  l'intention  de  s'occuper  de  ces  recherches 
[Comptes  rendus,  t.  J^XXV,  p.  33o;  1872);  aujourd'hui,  et  eu  collaboration 
avec  M.  Laurent,  il  décrit  les  dispositions  d'un  appareil  qui  a  été  construit 
pour  cet  objet.  Celte  description  ne  pourrait  élre  bien  suivie  qu'à  l'aide 
des  figures  qui  accompagnent  le  Mémoire  et  dont  la  reproduction  dans  les 
Comptesrendus  eût  présenté  quelques  difficultés.  En  déposant  leur  Mémoire, 
les  auteurs  désirent  prendre  date;  ils  reviendront  sur  ce  sujet  lorsqu'ils 
pourront  fournir  les  résultats  complets  des  expériences  commencées.  » 

C,  R.,  1873,  3"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N«  18.)  I27 


(982  ) 
M.  DE  Marignac  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  d'un  Mé- 
moire qu'il  vient  de  publier  «  Sur  la  solubilité  du  sulfate  de  chaux  ». 

M.  le  général  Didion  fait  hommage  à  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  le  général  Morin,  d'un  exemplaire  de  son  Mémoire  «  Sur  le  mouvement 
d'un  segment  sphérique  sur  un  plan  incliné  »,  dont  il  a  lu  un  extrait  dans 
une  séance  précédente. 

RAPPORTS. 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Graeff,  sur  l'applica- 
tion des  courbes  des  débits  à  l 'élude  du  régime  des  rivières  et  au  calcul  des 
effets  produits  par  un  système  multiple  de  réservoirs. 

(Commissaires  :  MM.  Phillips,  Morin  rapporteur.) 

«  Dans  un  avant-propos  succinct,  l'auteur  rappelle  d'abord  l'usage  que 
l'on  peut  faire  des  courbes  expérimentales  de  débit,  qui  représentent  la  loi 
des  variations  d'un  cours  d'eau  en  fonction  du  temps,  soit  pour  calculer 
les  proportions  d'un  réservoir  de  retenue  ou  d'alimentation,  soit  pour  ap- 
précier l'effet  que  ce  réservoir  peut  produire  pour  la  défense  d'une  ville  ou 
d'une  contrée. 

»  Le  nouveau  travail  présenté  par  M.  Graeff  se  compose  de  deux  parties 
distinctes  :  la  première  est  relative  aux  questions  qui  concernent  le  régime 
des  rivières  et  l'alimentation  des  canaux  ;  la  seconde  traite  de  l'action 
simultanée  d'un  système  multiple  de  réservoirs  sur  le  régime  d'une 
rivière. 

»  On  voit  que,  après  avoir  étudié  les  questions  de  détail,  l'auteur  termine 
ses  recherches  par  la  discussion  des  grandes  questions  d'ensemble. 

»  La  méthode  qu'il  suit  poiu"  cette  discussion  est  basée  sur  la  représen- 
tation graphique  des  résultats  des  observations  continues  qu'il  a  fait  re- 
cueillir depuis  longues  années,  seule  marche  qui,  dans  l'état  actuel  de  la 
science,  permette  d'arriver  à  des  résultats  suffisamment  exacts  pour  la  pra- 
tique de  l'art  de  l'ingénieur. 

))  Dans  l'article  2  de  son  Mémoire,  l'auteur  étudie  la  marche  des 
crues  et  leur  vitesse  de  propagation,  en  partant  toujours  de  cette  consi- 
dération fondamentale  que,  pendant  la  période  de  croissance,  le  volume 
d'eau  débité  en  amont  étant  supérieur  à  celui  qui  l'est  en  aval,  et  que, 
l'inverse  ayant  lieu  pendant  la  période  de  décroissance,  la  différence  est, 


(  983  ) 
clans  le  premier  cas,  emmagasinée,  et,  dans  le  second,  restituée  par  le  lit 
et  les  rivages  inondés. 

»  Il  indique  comment,  ayant,  par  des  observations  suivies,  déterminé  dans 
deux  postes  consécutifs,  entre  lesquels  il  n'existe  pas  d'affluents  importants, 
la  diu-ée  de  propagation  d'un  certain  nombre  de  crues,  et  noté  les  instants 
correspondant  au  minimum  et  au  maximum  en  chaque  poste,  on  peut 
former  une  table  des  durées  de  propagation  des  crues  observées  du  poste 
d'amont  au  poste  d'aval,  et  en  déduire,  pour  ce  dernier,  le  débit  qui  aura 
lieu,  à  une  heure  donnée,  par  suite  d'une  crue  d'amont  annoncée. 

»  Les  courbes,  qui  représentent  la  relation  des  hauteurs  d'eau  et  des 
débits,  permettraient  ensuite  de  conclure  de  ces  débits  les  hauteurs  aux- 
quelles s'élèverait  au  poste  d'aval  le  niveau  des  eaux  par  suite  de  la  crue 
d'amont,  et  de  prendre  les  précautions  dictées  par  la  prudence. 

»  L'auteur  a  soin  de  faire  remarquer  qu'en  indiquant  cette  marche  il  a 
fait  d'abord  abstraction  des  volumes  d'eau  que  les  versants  du  terrain 
pourraient  ajouter  aux  crues. 

»  Mais  il  indique  plus  loin,  comme  nous  allons  le  dire,  la  marche  à  suivre 
pour  comparer  les  débits  réels  des  cours  d'eau  au  volume  fourni  par  les 
versants,  selon  le  degré  de  perméabilité  du  sol. 

»  On  comprend  de  suite  que  l'ensemble  des  courbes  de  débit,  en  fonc- 
tion du  temps,  relatives  à  tous  les  postes  d'observation  d'un  cours  d'eau, 
fournit  la  représentation  de  son  régime,  et  permet  d'en  étudier  toutes  les 
circonstances. 

»  L'auteur  indique  comment  il  est  facile  de  déduire  des  courbes  de 
débit,  par  seconde,  celles  qui  représenteraient  le  débit  moyen  par  jour, 
par  mois,  par  saison  et  par  année,  et  le  parti  que  l'on  en  peut  tirer  pour 
la  solution  des  questions  qui  se  rattachent  au  régime,  à  la  réglementation 
et  à  l'emploi  des  eaux  pour  les  canaux  de  navigation,  d'irrigation  et  pour 
l'industrie. 

»  Nous  croyons  devoir  faire  remarquer,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait, 
que  les  Mémoires  présentés  par  M.  Graeff  sur  les  importantes  questions 
qu'il  a  traitées  sont  le  fruit  de  longues  et  persévérantes  observations  conti- 
nuées pendant  plusieurs  années,  et  que  le  relèvement,  la  représentation 
graphique  des  résultats,  leur  groupement  par  périodes  mensuelles,  trimes- 
trielles ou  annuelles  exigent  un  travail  considérable,  qui  pourrait  être  sin- 
gulièrement abrégé  par  l'emploi  d'appareils  mécaniques  qui  les  enregistre- 
raient automatiquement  et  avec  plus  de  régularité  qu'on  ne  peut  l'obtenir 
du  personnel  le  plus  dévoué.  L'installation  de  semblables  appareils,  fùt- 

127.. 


(  984) 
elle  même  un  peu  dispendieuse,  conduirait  finalement,  selon  toute  proba- 
bililr,  à  une  économie  dans  les  dépenses,  en  même  temps  qu'elle  fournirait 
des  données  plus  certaines  et  d'une  continuilé  complète. 

»  L'auteur  montre  ensuite  comment,  en  combinant  les  observations  sur 
Je  débit  avec  celles  qui  font  connaître  le  volume  d'eau  de  pluie  tombé  en 
chaque  saison  sur  l'étendue  des  versants  qui  abmentent  le  cours  d'e:iu,  on 
peut  déterminer  le  degré  de  perméabilité  d'une  région  et  le  rapport  plus 
ou  moins  régulier  qui  existe  entre  les  volumes  débités  par  un  cours  d'eau 
et  les  quantités  tombées  dans  chaque  saison. 

»  Il  en  donne  des  exemples  pour  des  terrains  granitiques,  tels  que  ceux 
du  bassin  supérieur  de  la  Loire,  où  les  grandes  pluies  ont  lieu  en  automne. 
Dans  de  semblables  bassins,  ce  rapport  est  habituellement,  pendant  l'hiver, 
supérieur  à  l'unité,  c'est-à-dire  que  les  volumes  débités  sont  plus  considé- 
rables que  les  volumes  d'eau  tombée,  par  suite  de  l'emmagasinement  in- 
térieur dans  les  réservoirs  des  sources.  La  valeur  moyenne  annuelle  de  ce 
rapport,  toujours  à  l'inverse  inférieiu'e  à  l'unité,  paraît  être  pour  les  ter- 
rains granitiques,  peu  perméables,  d'environ  0,60,  et,  poin-  les  terrains 
siliceux  du  grès  des  Vosges,  de  o,5o.  Elle  doit  s'abaisser  considérablement 
pour  des  terrains  encore  plus  perméables. 

»  Mais  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  que,  si  par  suite  de  la 
grande  perméabilité  du  terrain  en  certains  endroits  le  thalweg  d'un  assez 
vaste  bassin  peut,  à  la  suite  de  grandes  pluies,  n'offrir  d'abord  qu'une  très- 
faible  augmentation  de  débit,  il  arrive  quelquefois  qu'à  une  certaine  dis- 
lance en  aval  l'effet  de  ces  pluies  détermine,  au  contraire,  peu  de  temps 
après,  une  crue  considérable  et  très-brusque.  L'un  de  nous  a  eu,  il  y  a  déjà 
longues  années,  l'occasion  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  un  fait 
de  ce  genre,  qui  se  reproduit  régulièrement,  en  temps  de  grandes  pluies, 
sur  un  petit  coins  d'eau  à  Signy-l'Abbaye,  })rès  de  Rélhel. 

»  Dans  le  chapitre  second  de  son  Mémoire,  l'auteur  examine  l'influence 
d'un  .système  de  réservoirs  sur  les  crues  d'une  rivière. 

))  Il  montre  d'abord  comment,  étant  données  les  courbes  de  débit,  en 
fonction  du  temps,  pour  un  poste  établi  sur  la  rivière  en  amont  et  à  peu 
de  distance  du  débouché  d'un  affluent,  dont  on  connaît  aussi  la  courbe 
analogue,  on  peut  facilement  et  par  une  construction  évidente  d'elle-même 
obtenir  la  loi  graphique  du  débit  total  de  la  rivière  à  un  poste  situé  à  l'aval 
près  de  ce  confluent,  lorsqu'il  est  permis  de  faire  abstraction  de  Femmaga- 
sinement  dans  l'intervalle  des  postes. 

»  Examinant  ensuite  l'influen  -e  d'un  système  de  réservoirs  placés  sur 


(  985  ) 
une  même  rivière,  l'auteur  montre  d'abord  que,  abstraction  faite  de  l'ac- 
tion des  affluents  et  des  emmagasinements  partiels  qui  peuvent  résulter 
de  la  forme  du  terrain,  les  combes  des  débits  obtenues  à  des  postes  suc- 
cessifs et  résultant  de  i'cifet  d'un  seul  réservoir  iraient  en  retardant  les  uns 
sur  les  autres  et  en  s'aplatissant,  indiquant  ainsi  une  réduction  de  débit 
par  unité  de  temps;  mais  il  ajoute  que  cet  effet  serait  de  moins  en  moins 
sensible  à  mesure  que  la  distance  augmenterait. 

»  Lorsque  plusieurs  réservoirs  sont  établis  sur  un  même  cours  d'eau, 
leur  influence  relative  pour  la  réduction  des  débits  en  aval  va  ens'atténuant; 
elle  est  cependant  encore  sensible. 

»  Mais,  quand  les  réservoirs  sont  répartis  entre  le  cours  d'eau  principal 
et  ses  affluents,  il  peut  en  être  tout  autrement,  parce  qu'il  arrive  le  plus 
souvent  que  le  maximum  de  débit  de  l'affluent  précède  celui  de  la  rivière  : 
c'est  ce  que  l'auteur  met  en  évidence. 

M  A  l'aide  des  méthodes  graphiques  qu'il  a  indiquées,  M.  Graeff  donne 
la  marche  à  suivre  pour  la  transformation  successive  des  combes  de  débit, 
en  tenant  compte  de  la  variation  de  la  vitesse  de  translation,  et  il  établit 
ainsi  la  transformée  définitive  de  ces  courbes  pour  un  cours  d'eau  sur 
lequel  il  existe  un  système  multiple  de  réservoirs.  Mais  il  ne  se  dissimule 
pas  que  les  résultats  de  ces  opérations  présentent  d'autant  moins  de  proba- 
bilité d'exactitude  que  le  nombre  des  retenues  et  surtout  celui  des  affluents 
deviennent  plus  considérables. 

»  La  conclusion  générale  de  cet  important  travail  est  empreinte  de 
cette  prudence  que  de  longues  observations  inspirent  aux  ingénieurs  ex- 
périmentés. Elle  peut  se  résumer  ainsi  qu'il  suit  : 

))  L'effet  d'un  réservoir  unique  sur  une  région  prochaine  en  aval  est 
certain  et  peut  être  calculé  avec  un  degré  suffisant  d'exactitude. 

»  Celui  de  plusieurs  réservoirs,  établis  sur  un  même  cours  d'eau,  est 
encore  certain,  quoique  plus  difficile  à  apprécier  avec  précision. 

»  Enfin,  lorsqu'il  existe  à  la  fois  des  réservoirs  sur  le  cours  d'eau  prin- 
cipal et  sur  des  affluents,  les  incertitudes  augmentent  tellement,  que  ce 
système  ne  serait  admissible  que  dans  des  cas  tout  à  fait  spéciaux. 

»  Aussi  l'auteur  est-il  sagement  d'avis,  avec  les  ingénieurs  les  plus  ha- 
biles, que  le  système  multiple  des  réservoirs  disséminés  sur  tous  les  affluents 
des  grands  fleuves  ne  peut  être  conseillé  par  la  prudence. 

i>  L'Académie  peut  juger,  par  les  détails  dans  lesquels  il  nous  a  paru 
nécessaire  d'entrer,  sur  ce  troisième  Mémoire  de  M.  Graeff,  que  ce  travail 
n'est  pas  moins  digne  d'estime  que  les  précédents,  et  nous  lui  proposons 
d'en  ordonner,  comme  elle  l'a  fait  pour  les  deux  premiers,  l'insertion  dans 


(  986  ) 
le  Recueil  des  Mémoires  des  Savants  étrangers,  en  réservant  les  droits   de 
l'auleur  pour  le  Concours  au  prix  Dalmont,  sur  lequel  une  Commission 
spéciale  est  aj^pcléc  à  se  prononcer.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées, 

MÉMOIRES  LUS. 

TÉRATOLOGIE.  —  Mémoire  sur  ta  tératogénie  expérimentale; 
par  M.  C.  Dareste.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie.) 

«  Je  résume,  dans  ce  Mémoire,  les  résultats  des  recherches  que  je  pour- 
suis, depuis  vingt  ans,  sur  la  formation  des  monstres. 

»  Antérieurement  à  ces  recherches,  on  ne  connaissait  les  monstres  que 
dans  leur  état  définitif,  tel  qu'on  peut  l'ohserver  après  la  naissance  ou 
l'éclosion,  et  l'on  ignorait  complètement  les  phases  successives  qu'ils 
traversent  pendant  leur  évolution.  La  tératologie  se  bornait  donc  à  la 
description  et  à  la  classification  des  types  monstrueux;  et,  quand  elle 
cherchait  à  se  rendre  compte  de  leur  origine  et  de  leur  mode  de  formation, 
elle  ne  pouvait  faire  intervenir  que  des  données  purement  conjecturales. 
Sans  doute  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  souvent  deviné  juste,  en  essayant 
de  déduire,  de  la  connaissance  de  l'état  définitif  des  monstres,  celle  de 
leur  état  primitif;  mais  la  divination  ne  peut  remplacer  la  science;  car, 
même  lorsqu'elle  ne  s'égare  point,  elle  a  toujours  besoin  d'être  vérifiée 
par  la  constatation  des  faits. 

»  On  ne  pouvait  donc  connaître  le  mode  de  formation  des  monstres 
qu'en  les  étudiant  aux  diverses  époques  de  leur  évolution.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  avait  signalé  la  possibilité  de  la  production  artificielle  des  mons- 
tres. Je  suis  parvenu,  en  reprenant  ses  mémorables  expériences,  à  créer 
les  objets  de  mes  recherches,  et  j'ai  pu  ainsi  soumettre  à  l'observation 
directe  l'évolution  de  la  plupart  des  types  de  la  monstruosité  simple. 

»  Je  dois  signaler  tout  d'abord  ce  premier  résultat,  car  il  démontre 
de  la  façon  la  plus  nette  la  possibilité  de  modifier,  par  l'action  de  causes 
extérieures,  un  organisme  en  voie  de  développement.  Quand  on  soumet 
des  œufs  à  l'incubation  dans  des  conditions  un  peu  différentes  de  celles 
qui  régissent  l'incubation  normale,  ce  qu'il  est  facile  d'obtenir  à  l'aide 
de  l'incubation  artificielle,  on  trouble  l'évolution  et  l'on  obtient  des  ano- 
malies et  souvent  des  monstruosités.  J'ai  employé,  dans  ce  but,  quatre  pro- 
cédés :  la  position  verticale  des  œufs,  la  diminution  de  la  porosité  de  la 


(  987  ) 

coquille  par  des  enduits  plus  ou  moins  imperméables  à  l'air,  le  coiilact  de 
l'œuf  avec  une  source  de  chaleur  dans  un  point  voisin  de  la  cicatricule, 
mais  ne  coïncidant  pas  avec  elle,  enfin  l'emploi  de  températures  un  peu 
supérieures  ou  un  peu  inférieures  à  celle  de  l'incubation  normale.  A  l'aide 
des  deux  premiers  procédés,  l'évolution  est  souvent  modifiée;  elle  l'est 
toujours  à  l'aide  des  deux  derniers. 

»  Ces  changements  dans  les  conditions  normales  de  l'incubation  pro- 
duisent deux  sortes  d'effets.  Dans  certains  cas,  l'effet  est  direct  et  peut  être 
prévu  d'avance.  Ainsi  réchauffement  de  l'œuf  en  un  point  voisin  de  la  cica- 
tricule détermine  un  résultat  toujours  le  même  :  le  plus  grand  dévelop- 
pement du  blastoderme  et  de  l'aire  vasculaire  entre  l'embryon  et  la  source 
de  chaleur.  Le  blastoderme  et  l'aire  vasculaire,  au  lieu  de  se  développer 
également  dans  tous  les  sens  et  de  prendre  ainsi  la  forme  normale  d'un 
cercle,  se  développent  alors  inégalement  en  prenant  la  forme  anomale 
d'une  ellipse  dont  l'embryon  occupe  l'tui  des  foyers.  Il  est  très-probable 
que  cette  déformation  du  blastoderme  et  de  l'aire  vasculaire  n'est  point  la 
seule  anomalie  que  l'on  peut  produire  à  volonté;  j'ai  lieu  de  croire  que  l'on 
peut  provoquer  le  nanisme  et  l'inversion  des  viscères  par  certains  modes 
d'application  de  la  chaleur;  mais  je  n'ai  pas,  jusqu'à  présent,  acquis  sur 
ce  point  une  conviction  complète. 

))  Le  plus  souvent  l'effet  de  la  variation  ne  peut  être  prévu.  Ainsi, 
d'une  part,  la  même  cause  modificatrice  produit  les  monstruosités  les  plus 
diverses;  d'autre  part,  les  causes  les  plus  diverses  produisent  les  mêmes 
monstruosités.  Évidemment  tout  ce  que  l'on  obtient  alors  en  modifiant  les 
conditions  physiques  de  l'incubation ,  c'est  un  trouble  de  l'évolution 
d'où  résultent  les  effets  les  plus  variés.  On  ne  peut  expliquer  ces  faits 
qu'en  admettant  que,  dans  la  même  espèce,  les  germes  ne  sont  pas  plus 
identiques  entre  eux  que  les  individus  adultes. 

»  J'ai  produit  ainsi  dans  mes  appareils  presque  tous  les  types  de  la  mons- 
truosité simple,  et  j'ai  suivi  leur  évolution. 

»  Je  signale  d'abord  comme  un  résultat  très-général  ce  fait  que  les 
monstruosités  ont  toujours  leur  origine  dans  cette  période  de  la  vie  em- 
bryonnaire où  l'embryon  est  entièrement  constitué  par  des  blastèmes 
homogènes.  Les  organes  monstrueux  apparaissent  d'emblée  avec  tous  leurs 
caractères  tératologiques  dans  des  blastèmes  déjà  modifiés  à  l'avance.  C'est 
surtout,  par  suite  de  l'ignorance  de  ces  faits,  que  les  explications  térato- 
géniques  d'Ét.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ne  sont  que  partiellement  vraies 
et  ont  donné  prise  à  de  nombreuses  objections. 


(9«8  ) 

»  L'arrêt  de  développement  est  le  procédé  général  de  la  formation  des 
monstruosités  simples.  Il  agit  d'abord  directement  sur  certains  organes; 
puis  la  modificalion  de  ces  organes  entraîne  consécnlivement  un  certain 
nombre  de  modifications  dans  d'autres  organes,  modifications  qui  sont 
caractérisées  par  des  arrêts  de  développement,  par  la  fusion  des  parties 
similaires,  par  des  changements  de  position,  etc. 

»  L'arrêt  de  développement,  au  début  de  l'évolution,  atteint  l'embryon 
lui-même.  C'est  là  ce  qui  produit  les  monstres  appelés  inexactement  omplin- 
losites.  Ces  monstres,  les  plus  imparfaits  de  tous,  n'ont  qu'une  existence 
éphémère,  et  périssent  de  très-bonne  heure  quand  ils  ne  se  sont  pas  déve- 
loppés sur  un  même  vitellus,  conjointement  avec  un  embryon  bien  con- 
formé dont  le  cœur  sert  de  moteur  pour  la  circulation  de  l'embryon  mal 
conformé,  presque  toujours  privé  de  cet  organe. 

»  La  formation  des  monstres  simples  autosites  a  pour  point  de  départ 
un  arrêt  de  développement,  partiel  ou  total,  de  l'amnios,  ou  un  arrêt  de 
développement  de  l'aire  vasculaire. 

»  L'arrêt  de  développement  du  capuchon  céphalique  de  l'amnios  dé- 
termine la  cyclopie,  la  duplicité  du  cœur,  et  certaines  monstruosités  carac- 
térisées par  divers  déplacements  de  la  tête,  et  qu'Is.  Geoffroy  Sainl- 
Hilaire  n'a  pas  connues. 

M  L'arrêt  de  développement  du  capuchon  caudal  de  l'amnios  détermine 
la  symélie. 

»  L'arrêt  de  développement  de  la  totalité  de  l'amnios  détermine  des 
monstruosités  très-diverses,  qui  tantôt  se  produissent  isolément  et  tanlôt 
sont  associées  en  plus  ou  moins  grand  nombre.  Ce  sont  les  célosomies  ou 
éventrations,  les  exencéphalies  ou  hernies  cérébrales,  les  ectromélies,  ainsi 
que  diverses  incurvations  de  la  colonne  vertébrale  et  diverses  déviations 
des  membres. 

»  L'arrêt  de  développement  de  l'aire  vasculaire  détermine  l'anencé- 
phalie. 

»  Les  monstres  simples  aiitosites  périssent  le  plus  ordinairement  long- 
temps avant  l'éclosion.  Les  causes  de  leiu'  mort  prématurée  sont  l'anémie 
et  l'asphyxie,  qui  sont  elles-mêmes  la  conséquence  nécessaire  d'arrêts  de 
développement.  L'anémie  est  produite  par  un  arrêt  de  développement  de 
l'aire  vasculaire  qui  s'oppose  à  la  pénétration  des  globules  dans  le  sang. 
L'asphyxie  est  produite  par  un  arrêt  de  développement  de  l'allantoïde, 
produit  lui-même  par  un  arrêt  de  développement  de  l'amnios. 

»  L'inversion   des  viscères,  qui  n'est  pas,  à   proprement  parler,  une 


(  9«9  ) 
véritable  monstruosité,  a  pour  point  de  départ  l'inégalité  des  deux  blas- 
tèmes  qui,   ainsi  cpie  je  l'ai  découvert,  s'unissent,  à  un  certain  moment, 
])our  former  le  cœur. 

»  Je  n'ai  jamais  produit  de  monstres  doubles;  mais  j'ai  eu  plusieurs  fois 
l'occasion  d'en  observer  en  voie  de  formation. 

»  Les  monstres  doubles,  chez  les  Oiseaux,  ne  proviennent  jamais,  comme 
on  l'a  cru  longtemps,  de  la  soudure  de  deux  vilellus  primitivement  dis- 
tincts, pas  même  de  la  soudure  de  deux  endjryons  provenant  de  deux 
cicatricules  existant  sur  un  viîellus  unicpie.  Il  faut,  pour  la  production 
d'un  monstre  double,  l'existence  de  deux  embryons  développés  sur  une 
cicatricule  unique  et  enveloppés  d'un  même  amnios.  Dans  ce  cas  seulement, 
les  deux  embryons  se  soudent  souvent,  mais  non  toujours,  en  obéissant 
à  la  loi  de  l'union  des  parties  similaires  qui  régit  leur  organisation 
définitive. 

»  La  soudure  est  généralement  très-précoce  (monstres  par  union  laté- 
rale )  ;  un  peu  plus  tardive  chez  les  monstres  doubles  par  union  antérieure 
ou  à  double  poitrine;  plus  tardive  encore  chez  certains  monstres  à  double 
ombilic  [métopocjes  et  céphalopacjes). 

»  L'union  des  sujets  composant  les  monstres  doubles  à  union  antérieure 
résulte  de  l'union  des  lames  ventrales  au  moment  où  elles  se  reploient 
pour  former  la  cavité  thoraco-abdominale. 

»  L'existence  de  deux  coeurs  dans  les  monstres  à  double  poitrine  tient  à 
deux  causes  différentes.  Lorsque  les  têtes  sont  distinctes,  chaque  cœur 
appartient  en  propre  à  chaque  embryon.  C'est  alors,  ainsi  que  Serres  l'a 
fait  remarquer,  mais  alors  seulement,  que  la  loi  d'union  des  parties  simi- 
laires entraîne  nécessairement  l'inversion  d'un  des  sujets.  Au  contraire, 
lorsque  les  têtes  sont  unies  entre  elles,  j'ai  constaté  que  les  deux  cœurs 
appartiennent  par  moitié  à  chacun  des  embryons,  chaque  blastème  car- 
diaque de  l'un  des  sujets  allant  s'unir  avec  le  blastème  cardiaque  cor- 
respondant de  l'autre  sujet. 

»  En  tenant  compte  de  ces  faits  que  j'ai  constatés  directement  et  en  les 
combinant  avec  ceux  que  j'ai  découverts  au  sujet  du  mode  de  formation 
des  monstruosités  simples,  on  explique  avec  la  plus  grande  facilité  la  for- 
mation de  presque  tous  les  types  de  la  monstruosité  double. 

»  Bien  que  mes  recherches  tératogéniques  aient  été  bornées  à  une  seule 
espèce,  elles  ont  cependant  une  portée  beaucoup  plus  grande  qu'on  ne 
le  croirait  d'abord.  En  effet,  les  types  tératologiques,  en  voie  de  forma- 
tion, que  j'ai  étudiés,  chez  les  Oiseaux,  sont  exactement  les  mêmes  que 

C.R.,1873,  2«  Jemmre.  (T.  LXXVII,  N"  10.)  I^S 


(  99°  ) 
ceux  que  l'on  observe  chez  les  Mammifères  et  aussi  chez  les  Poissons, 
classe  où  ils  sont  beaucoup  moins  diversifiés,  par  suite  de  l'absence  de 
l'amnios.  Cette  identité  des  types  tératologiques  pour  les  Manniiifères,  les 
Oiseaux  et  les  Poissons  est  une  conséquence  nécessaire  de  l'unité  du  type 
des  animaux  qui  appartiennent  à  l'embranchement  des  Vertébrés. 

»  La  tératogénie  des  Oiseaux,  telle  qu'elle  résulte  de  mes  recherches, 
donne  donc,  d'une  manière  à  peu  près  complète,  la  tératogénie  de  tous 
les  animaux  Vertébrés.  » 

GÉOGRAPHIE.  —  Carte  du  globe  en  projection  gnomoniqiie,  avec  te  réseau  penta- 
gonal  superposé,  accompagnée  dhme  Notice  explicative  ;  par  M.  15.  de  Chan- 
couRTOis.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Elie  de  Beaumont,  Faye,  Ch.  Sainte-Claire  Deville, 

Paris.  ) 

«  L'exécution  de  la  Carte  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie 
a  été  déterminée  par  l'étude  géologique,  concernant  les  faits  d'alignement, 
que  j'ai  présentée  en  i863,  et  dont  celte  carte  gnomonique  va  me  per- 
mettre (le  fig;urer  les  résultats  d'une  manière  très-convaincante,  puisque 
tous  les  grands  cercles  y  sont  représentés  par  des  droites;  mais  elle  a  été 
aussi  entreprise  dans  le  but  d'appuyer,  par  la  production  d'un  spécimen, 
le  programme  d'un  système  général  de  cartes  géographiques  préparé  anté- 
rieurement. 

»  Je  désire  hâter,  autant  que  possible,  la  publication  de  ce  programme, 
pensant  que  sa  discussion  serait  particulièrement  opportune  dans  un  mo- 
ment où  l'on  sent  le  besoin  de  raviver  en  France  les  travaux  de  Géogra- 
phie, et  souhaitant  que  l'agitation  produite  à  cet  égard  puisse  être  dirigée 
conformément  aux  tendances  méthodiques  manifestées  dans  l'institution 
du  système  métrique  décimal. 

»  Toutefois  je  crois  devoir  faire  de  la  carte  exécutée  l'objet  d'un  exposé 
distinct,  dont  la  publication  préalable  rendra  plus  net  l'exposé  de  mon 
programme,  et  c'est  ce  dont  je  m'occuperai  aujourd'hui. 

»  Je  désire  d'abord  appeler  l'attention  sur  les  mérites  des  collabora- 
teurs qui  ont  bien  voulu  se  charger  de  dresser  cette  carte  sous  ma  di- 
rection, 

))  Les  calculs  trigonoinétriques  nécessaires  pour  établir  le  canevas 
gnomonique  ont  élé  faits  par  M.  J.  Thoulet,  qui  avait  adressé  à  l'Acadé- 
mie, le  i5  février  i86g,  une  Note  sur  les  calculs  à  l'aide  desquels  avait  été 
construite  la  grande  carte  du  pentagone  européen  présentée  par  M.  Foucou, 


(  99»   ) 
et  qui  avait  publié,  à  la  même  occasion,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de 
Géographie  de  janvier  1868,  une  Note  sur  les  projections  gnomoniques. 

»  Le  dessin  est  dû  au  talent  de  M.  E.  Picard  qui,  joignant  à  une  intel- 
ligence parfaite  des  conditions  géométriques,  les  connaissances  géogra- 
piiiques  aussi  sérieuses  qu'étendues  dont  il  avait  déjà  fait  preuve  en  dessi- 
nant le  beau  globe  au  riïTTTnriroôi  édité  en  i865  par  M.  Andriveau  Goujon, 
a  donné,  je  crois,  au  travail  que  je  lui  demandais  le  degré  d'exactitude 
et  de  fini  que  comporte  la  petitesse  de  l'échelle. 

»  J'indiquerai  maintenant,  en  les  motivant,  les  conditions  d'établisse- 
ment telles  que  je  les  ai  réglées. 

»  La  Carte  est  dressée  en  projection  gnomonique  sur  les  huit  faces  trian- 
gulaires d'un  octaèdre  régulier  circonscrit  à  la  sphère. 

»  Un  des  axes  de  l'octaèdre  a  été  mis  en  coïncidence  avec  l'axe  des 
pôles,  et  chacun  des  triangles  de  la  Carte  correspond  à  un  des  triangles 
trirectangles  formés  par  Véquateur,  le  méridien  0°-180°  et  le  méridien  OO^-OO", 
de  manière  que  l'on  n'a  pas  à  compter  des  longitudes  à  l'ouest  et  à  l'est 
dans  un  même  triangle. 

»  Afin  de  conciher  cette  condition  avec  celle  de  conserver  dans  chaque 
feuille  des  ensembles  naturels  de  régions  continentales,  je  suis  revenu  au 
méridien  de  l'ile  de  Fer,  que  j'ai  pris  à  20  degrés  juste  de  celui  de  Paris,  sui- 
vant l'usage  de  l'Office  géographique  de  Justus  Perihes  à  Gotha. 

«  Avec  ce  méridien,  qui  laisse  à  l'est  à  peu  prés  tout  l'ancien  monde,  la 
distribution  des  régions  dans  les  huit  triangles  I  B,  II  B,  III  B,  IV  B,  III  A, 
IV A,  lA,  II  A  a  lieu  d'une  manière  assez  satisfaisante,  comme  on  le  voit 
du  premier  coup  d'œil  sur  la  carte. 

))  Le  globe  auquel  l'octaèdre  est  circonscrit  a  un  rayon  de  o^,o63'].  Le 
coefficient  de  réduction  de  la  carte  est  donc  le  louuloouo  a"  point  de  con- 
tact de  chacun  des  triangles  qui  est  situé  par  35°  iS'Sa"  (ou  par  Sg*^  18^27",!) 
de  latitude;  mais  il  diminue  nécessairement  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de 
ce  point. 

»  Pour  donner  Véchelle  variable  des  différentes  parties  de  la  carte,  il  a 
suffi  de  figurer  les  méridiens  par  des  lignes  ponctuées  où  les  points  sont 
espacés  d'un  degré  qui  vaut  r  1 1  1 1 1*",  ni. 

»  Les  méridiens  ne  sont  tracés  que  de  10  en  10  degrés  de  longitude; 
mais,  comme  tous  les  méridiens  sont  rectilignes,  il  est  facile  de  construire 
les  intermédiaires  au  moyen  des  points  qui  marquent  le  tracé  des  parallèles 
de  10  en  10  degrés  de  latitude,  et  qui  sont  également  espacés  d'un  degré. 

»  Outre  les  méridiens  et  les  parallèles  de  10  eu  10  degrés,  on  a  marqué 

128.. 


(  992  ) 
aussi  les  méiitliens  et  les  parallèles  à  45  degrés,  ainsi  que  les  tropiques  et 
les  cercles  polaires. 

»  Les  quatre  planches  d'épurés  qui  accompagtient  les  huit  triangles  de 
l'octaèdre  donnent  :  a  le  profil  de  la  construction  graphique  du  canevas; 
b  le  rabattement  de  la  même  construction;  c  le  canevas  d'un  triangle 
dans  le  système  de  géodésie  duodécimal  ;  d  le  canevas  d'un  triangle  dans 
le  système  de  géodésie  décimal. 

»  La  carte  gravée  sera  accompagnée  de  ce  dernier  canevas,  tiré  en  rouge 
sur  papier  dioptrique,  pour  que  l'on  puisse,  par  la  simple  superposition, 
traduire  approximativement  les  coordonnées  duodécimales  en  coordonnées 
décimales. 

»  Ne  voulant  pas,  en  vue  des  applications  immédiates,  rompre  préma- 
turément avec  les  conditions  dans  lesquelles  sont  dressées  presque  toutes 
les  cartes  et  s'exécutent  par  suite  les  calculs  trigonométriques  concernant 
les  questions  de  Géographie,  j'ai  tenu  au  moins  à  amorcer  ainsi  le  passage 
de  l'ancienne  graduation  à  la  nouvelle. 

»  Il  importe  de  figurer  le  réseau  pentagonal  sur  une  carte  du  globe 
destinée  spécialement  à  l'étude  des  faits  d'alignement,  et,  dès  que  les  feuilles 
seront  gravées,  je  ferai  tracer  les  cercles  principaux  sur  un  report;  mais, 
en  attendant,  pour  pouvoir  faire  des  études  repérées  sans  endommager  le 
dessin  minute,  j'ai  fait  construire  la  figure  du  réseau  sur  des  feuilles  de  pa- 
pier dioptrique  superposables  aux  planches. 

»  A  cet  effet,  les  positions  des  points  principaux  D,  //,  /,  F  ont  été 
marqués  sur  le  dessin  géographique,  d'après  le  tableau  des  données  numé- 
riques de  M.  Élie  de  Beaumont. 

))  Le  tracé  du  réseau  effectué  au  moyen  de  ces  points,  reportés  sur  le 
papier  dioptrique,  comprend  seulement  les  trois  premières  catégories  de 
cercles,  savoir  :  les  primitifs  (noir),  les  octaédriques  (rouge),  les  dodécaé- 
driques  réguliers  (bleu),  sur  la  figiu'e  desquels  on  ajoute  facilement  les  tracés 
également  rectilignes  des  dodécaédriqiies  rhomboïdaux,  des  bissecteurs 
conjugués  aux  octaédriques  et  aux  dodécaédriques,  des  hémi-hexatélraé- 
driques,  des  trapézoédriques,  des  diamétraux,  des  diagonaux  et  successive- 
ment des  autres  cercles  auxiliaires. 

»  Les  cercles  principaux  figurés  sont  prolongés  dans  toute  l'étendue  de 
chaque  planche,  de  manière  à  fournir  par  leurs  intersections  des  points  de 
repère  pour  la  [irolongation  d'un  cercle,  du  triangle  où  il  est  d'abord 
tracé,  dans  le  triangle  adjacent  construit  sur  une  autre  feuille. 

»   liCs  rapports  et  les  raccordements  des  figures  tracées  sur  les  diverses 


(993) 
planches  sont  indiqués  par  le  coloriage  de  cinq  des  triangles  qui  composent 
un  pentagone.  Ce  mode  de  coloriage  est  imité  du  globe  sur  lequel  a  été  pu- 
blié le  premier  tracé  du  réseau  pentagnnal,  mais  les  couleurs  sont  choisies 
et  distribuées  d'une  manière  méthodique.  Chacune  des  six  couleurs  prin- 
cipales du  spectre  est  appliquée  à  deux  pentagones  diamétralement  opposés. 

M  Le  dessin  géographique  a  été  poussé  en  dehors  de  chaque  triangle  à 
5  degrés  en  longitude  et  en  latitude  pour  faciliter  les  études  relatives  aux 
régions  voisines  d'une  arête  de  l'octaèdre. 

))  Mais  un  système  quelconque  de  Carie  du  globe  en  projection  gnomonique 
comporte  nécessairement  deux  séries  de  feuilles  pour  ainsi  dire  imbruiuécs, 
de  manière  que  l'une  remédie  aux  discontinuités  de  l'autre;  la  seconde 
série  conjuguée  à  la  série  octaédrique  est  celle  des  six  feuilles  exécutées  sur 
les  faces  du  cube  circonscrit  conjugué  à  l'octaèdre,  c'est-cà-dire  faisant 
correspondre  les  parties  moyennes  des  dernières  aux  parties  extrêmes  des 
premières  et  réciproquement. 

))  Les  six  feuilles  carrées  de  la  projection  gnomonique  sur  les  faces  du 
cube  circonscrit,  dont  l'exécution  va  suivre,  seront  accompagnées  de  six 
planches  d'épurés  donnant  :  e  la  construction  graphique  du  canevas  géo- 
désiquesur  les  deux  faces  tangentes  aux  pôles  ;/  la  construction  graphique 
du  canevas  géodésique  sur  les  quatre  faces  tangentes  à  l'équateur;  g  et 
h  les  canevas  de  ces  deux  genres  de  faces  dans  le  système  duodécimal; 
A'  et  l  les  canevas  correspondants  dans  le  système  ilécimal. 

»  Je  m'occupe  en  ce  moment,  dans  la  mesure  de  mes  ressources  particu- 
hères,  de  la  construction  de  cette  seconde  série  de  feuilles  et  de  planches, 
que  j'espère  terminer  avec  le  concours  des  mêmes  collaborateurs. 

»  J'aurais  peut-être  quelque  hésitation  s'il  survenait  une  discussion 
approfondie  de  la  question  du  méridien  international  et  des  moyens  de 
mettre  en  pratique  la  géodésie  décimale,  qui  me  ferait  entrevoir  la  possibi- 
lité d'établir  très-|)rochainement  les  deux  séries  octaédriqite  et  liexaédiique 
dans  les  conditions  où  elles  formeraient  le  point  de  départ  d'un  système 
géographique  plus  ou  moins  rapproché  de  celui  dont  je  donnerai  incessam- 
ment le  programme. 

»  Je  n'en  poursuivrais  sans  doute  pas  moins  l'exécution  delà  série  hexaé- 
drique  conjuguée  à  la  série  octaédrique  déjà  faite;  car  l'ensemble,  à  raison 
même  de  son  caractèretransitoire,  pourra rendreencore beaucoup  deservices 
à  côté  de  l'instrument  perfectionné,  dont  je  souhaite  d'ailleurs  plus  que  je 
n'espère  la  prochaine  construction,  pour  l'étude  des  faits  d'alignement 
non-seulement  en  Géologie,  mais  aussi  en  Hydrologie  et  en  Météorologie.  » 


(  994  ) 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

ASTRONOMIE.—  Observations  reklives  à  une  Communication  de  M.  Ed.  Dubois, 
sur  l  influence  de  la  réfraction  atmosphérique,  à  l'instant  d'un  contact  dans 
unpassagede  Vénus.  Lettre  de  M.  Ocdemans  à  M.  Faye. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  passage  de  Vénus.) 

«  Batavia,  ce  24  septembre  1873. 

))  L'influence  de  la  réfraction  sur  les  éclipses  et  les  occultations  des 
étoiles  a  été  l'objet  d'une  Note  de  M.  Hansen,  écrite  en  i838  et  publiée  au 
numéro  347  des  Àstronomisclie  Nachrichten. 

»  En  lisant  la  Note  de  M.  Dubois  {Comptes  rendus,  i3  juin  1873, 
t.  LXXVI,  p.  i5a6),  je  conclus  de  suite  que  son  résultat  devait  être  trop 
grand.  Il  suppose  la  hauteur  de  l'atmosphère  égale  à  1 00000  mètres,  soit  : 
les  étoiles  filantes  ont  donné  des  hauteurs  supérieures  à  cela.  Mais  il  dit, 
page  iSaS  ;  «  L'angle  bOa  est  peu  différent  de  la  réfraction  a'Oa,  que 
»   subit  le  point  a"  »;  voilà  ce  qui  n'est  point  admissible. 

»  Alors  même  que  le  rayon  de  lumière  décrirait  un  arc  de  cercle,  depuis 
son  entrée  dans  l'atmosphère  terrestre  jusqu'au  moment  qu'il  atteint  l'œil 
de  l'observateur,  l'angle  bOa  serait  la  moitié  de  la  réfraction  a'Oa; 
mais,  comme  le  rayon  de  courbure  de  la  courbe  suivi  par  la  lumière  dans 
l'atmosphère  décroît  à  mesure  que  In  lumière  s'approche  de  l'observateur, 
une  figure  montre  de  suite  que  la  proportion  doit  être  encore  beaucoup 
moindre  que  la  moitié. 

»  En  prolongeant,  dans  la  figure  donnée  par  M.  Dubois  à  la  page  iSaS, 
le  rayon  terrestre  CO  et  la  ligne  ab^  et  nommant  x  la  hauteur  de  leur 
point  d'intersection  au-dessus  de  la  surface  de  la  Terre,  M.  Hansen  a  cal- 
culé la  valeur  de  -  pour  différentes  dislances  zénithales.  Selon  que  l'on 
veut  considérer  le  cas  où  le  point  a  une  distance  zénithale  apparente  ou 
vraie  de  90  degrés,  la  valeur  de  -  est  o,ooo353i  ou  0,0002827,  en  em- 
ployant la  réfraction  moyenne  selon  Bessel. 

»  Or,  si  l'on  accepte  poiu'  la  parallaxe  moyenne  du  Soleil  la  valeur 
8", 86,  nous  aurons,  pour  l'angle  baO, 

o.ooo353i  X  8", 86  =  o",oo3i. 


(  995  ) 
mi  bien 

0.0003537  X  8",(S6  =  o",oo:î2, 

tandis  que  M.  Dubois  a  trouvé  o",oi5. 

»  L'influence  de  la  réfraction  sur  l'instant  du  contact  n'a  donc  pour 
maximum  qu'un  cinquième  de  l'évaluation  de  M.  Dubois,  c'est-à-dire 
qu'en  tout  cas  elle  est  moindre  que  o',  i3.    » 

CHIMIE.  —  Sur  une  nouvelle  matière  sucrée  volatile,  extraite  du  caoutchouc 
de  Madagascar .  Note  de  M.  Aimé  Girard. 

(Commissaires  :  MJM.  Balard,  Fremy,  Wurtz,  Jamin.) 

«  J'ai  fait  connaître  précédemment  (i)  deux  matières  nouvelles,  à  saveur 
sucrée,  cristallisables,  volatiles  toutes  deux,  dont  j'ai  démontré  la  préexis- 
tence dans  le  suc  des  lianes  qui  fournissent  certains  caoutchoucs  du  com- 
merce. 

»  La  première  de  ces  deux  matières,  la  dambonite ,  C'H*0%  a  été 
extraite  par  moi  du  caoutchouc  du  Gabon  [n  dambo)  ;  la  seconde,  la  bor- 
nésite,  C'H'^O'-,  a  été  extraite  de  même  du  caoutchouc  de  Bornéo. 

»  C'est  par  leur  composition  et  par  les  dédoublements  qui  en  sont  la 
conséquence  que  ces  matières  sont  particulièrement  remarquables.  Toutes 
deux,  en  effet,  traitées  dans  des  conditions  convenables  par  les  hydracides, 
se  dédoublent,  d'une  part,  en  éthers  méthyliques  correspondants,  de 
l'autre,  en  matières  sucrées  cristallisables,  non  volatiles,  et  possédant  la 
composition  du  glucose  desséché. 

M  Les  réactions  suivantes  rendent  compte  de  ce  dédoublement  : 

C*  H»  O»  -t-  IH  =  C-IPI  +  C«  H'=  O" 

Dambonite.  Dambose. 

C'*H'*0'-+  IH  =  C-H'I  +  C'-H'=0'- 

Bornésite.  Bornéu-dambose. 

et  permettent  de  considérer  la  dambonite  et  la  bornésite  comme  des  com- 
posés de  l'esprit  de  bois  analogues  aux  éthers  de  cet  alcool. 

»  Depuis  la  publication  des  résultats  que  je  viens  d'indiquer,  j'ai  pour- 
suivi mes  recherches  dans  le  même  sens,  et  je  suis  parvenu  à  extraire  du 
caoutchouc  de  Madagascar  une  troisième  matière  sucrée  appartenant  à  la 
même  famille  que  les  deux  précédentes. 


(i)  Comptes  rendus^  t.  LXVII,  p.  820,  et  t.  LXXIII,  p.  426. 


(99^^) 

»  Comme  les  caoutchoucs  qui  nous  viennent  du  Gabon  et  de  Bornéo,  le 
cnoutcho'uc  de  Madagascar  est  poreux  et  contient  dans  les  cavités  dont  il 
esl  parsemé  une  portion  de  la  sève  qui  lui  a  donné  naissance. 

1)  D'aprt'S  les  i-enspignenients  qu'a  bien  voulu  me  communiquer 
M.  Alfred  Grandidier,  le  caoutchouc  de  Madagascar  provient,  comme  les 
caoutchoucs  du  Gabon  et  de  Bornéo,  de  lianes  qui,  d'après  ce  savant,  se 
rencontrent  en  abondance  dans  foute  la  bande  étroite  de  forêts  qui  en- 
toure l'île  africaine.  Ces  lianes,  coupées  brutalement,  laissent  échapper 
un  suc  laiteux  qui,  coagulé  au  feu,  en  présence  de  sucs  acides,  donne 
naissance  au  caoutchouc  que  les  indigènes  désignent  sous  le  nom  de  ma- 
teza  roritina. 

1)  MM.  Aubert  et  Gérard,  il  y  a  quelques  années,  M.  Guibal,  plus  ré- 
cemment, ont  bien  voulu,  à  ma  demande,  faire  passer,  à  sec,  au  cylindre 
tuie  certaine  quantité  de  ce  caoutchouc,  et  c'est  en  soumettant  à  l'analyse 
immédiate  le  jus  ainsi  obtenu  que  j'ai  pu  en  retirer  la  matière  nouvelle,  à 
laquelle  je  donnerai  le  nom  de  mntézite. 

»  La  matézite  est  blanche,  cristallisable,  Irès-soluble  dans  l'eau,  moins 
soluble  dans  l'alcool,  d'où  on  l'obtient  sous  la  forme  de  mamelons  crêtes, 
durs  et  croquant  sous  la  dent.  Chauffée,  la  matézite  fond  à  i8i  degrés,  en 
une  masse  vitreuse,  qui  ne  cristallise  pas  par  le  refroidissement;  vers  200 
ou  2 10  degrés,  elle  se  sublime  lentement,  sans  décomposition,  si  l'on  opère 
avec  les  précautions  nécessaires;  mais  la  partie  sublimée,  au  lieu  d'affecter, 
comme  cela  a  lieu  pour  la  dambonite  et  la  bornésite,  la  forme  d'aiguilles,  se 
présente  en  gouttelettes  transparentes,  qui  bientôt  se  solidifient. 

»  La  matézite  correspond  à  la  formule  C-''H-''0"',  ainsi  que  l'indiquent 
les  nombres  suivants,  fournis  par  son  analyse  : 

Calculé. 

Carbone 4'>9  4'»3  4'->3 

Hydrogène 7,3  7,2  7,0 

Oxygène »  •  5o ,  7 

100,0 
))  L'analogie  de  cette  formule  avec  celles  de  la  dambonile,  CH'O*,  et 
de  la  bornésite,  C'^H'^O'^,  est  frappante;  l'analogie  se  poursuit  lorsqu'on 
soumet  la  matézite  à  l'action  des  hydracides. 

»  Chauffée  à  i  10  degrés  en  vase  clos,  avec  l'acide  iodhydrique  fumant, 
elle  se  dédouble  en  éther  métliyliodhydrique  et  en  une  matière  sucrée 
nouvelle  que,  par  analogie,  j'apj)ellerai  le  malézo-dambose, 

C-oH^oo"  +  UT  -  C-H'I  +  C''H'«0" 

Mali'/.ile.  Malczodanjbose. 


(  997  ) 

»  En  présence  des  acides  siilfurique,  nitrique,  etc.,  du  réactif  ciipro- 
jiotassiqiie,  des  ferments,  etc.,  la  matézite  se  coniporlc  de  la  même  façon 
que  la  dambonite  et  la  bornésite. 

»  Mais  ce  qui  la  distingue  nettement  des  deux  matières  précédentes, 
c'est  le  pouvoir  rotatoire  considérable  qu'elle  possède.  Ce  pouvoir,  en  effet, 
rapporté  à  la  lumière  du  sodium,  n'est  pas  moindre  que  79  degrés  ^. 

»  Le  niatézo-dambose  diffère,  de  son  côté',  des  produits  correspondants 
fournis  par  la  dambonite  et  la  bornésite.  Il  est  plus  soluble  qu'eux  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool;  comme  eux  il  est  sucré,  aisément  cristallisable, 
mais,  et  ceci  permet  de  le  caractériser,  il  possède  un  pouvoir  rotatoire, 
alors  que  ceux-ci  n'en  possèdent  aucun;  ce  pouvoir  rotatoire  =  6°  z'. 
Cbauffé,  le  matézo-dambose  fond  à  a'iS  degrés  et  se  comporte  d'ailleurs 
avec  les  réactifs  exactement  de  la  même  façon  que  le  dambose  et  le  bor- 
néo-dambose.  Sa  formule  a  été  établie  par  les  analyses  suivantes  : 

Calculé. 

Carbone 39,5  39,7  4"»°'' 

Hydi-ogcne 6,8  6,8  6,65 

Oxygène »  »  53,25 

100,00 

»  En  présence  des  analogies  absolues  que  présentent,  au  point  de  vue 
chimique,  les  trois  matières  sucrées  méthyliques  que  m'a  fournies  l'examen 
des  caoutchoucs  du  Gabon,  de  Bornéo  et  de  Madagascar,  en  présence 
également  des  différences  que  l'expérience  m'indiquait  dans  leurs  proprié- 
tés physiques,  j'ai  pensé  qu'il  y  aurait  intérêt  à  reprendre  avec  plus  de 
soin  que  je  n'avais  pu  le  faire  jusqu'alors  l'étude  de  ces  propriétés.  J'ai  pu 
ainsi  reconnaître  nettement  la  non-identité  des  trois  damboses  fournis  par 
leur  dédoublement,  et  j'ai  pu  constater  entre  leurs  propriétés  physiques 
des  relations  qui,  jointes  à  leurs  principales  propriétés  chimiques,  auto- 
risent  à  les  considérer  comme  résultant  de  la  condensation  progressive- 
ment croissante  d'une  même  molécule,  CH^O^  Voici  le  résumé  de  mes 
observations  à  ce  sujet  : 

Point         Pouvoir  Point  Pouvoir 

de  fusion,     rotatoire.  de  fusion,     rotatoire. 

Dambonite,  C'H'O'.      c4o5°        néant  Dambose,  C'H'O" 111°         néant 

Bornésite,  C"H"0'-.      200°  32°/'         Bornéo-dambose,  C'-II"0'=.      220"  néant 

Matézite,  C^» H" 0".  .      181°         79°/'         Matézo-dambose,  C"H"0".      235"  Çf/ 

»  En  résumé,  le  nombre  des  composés  méthyliques  à  saveur  sucrée  que 
je  suis  parvenu  à  retirer  des  sucs  de  certains  caoutchoucs  me  paraît,  dès 

G,  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  18.)  I  29 


(  99«  ) 
à  présent,  suffisant  pour  qu'on  puisse  faire  de  ces  composés  une  classe 
nouvelle.  Cependant  le  véritable  rôle  chimique  de  ces  matières  sucrées  ne 
pourra  être  nettement  établi  que  par  l'étude  approfondie  des  damboses, 
produits  principaux  de  leur  dédoublement.  Je  poursuis  cette  étude  en 
ce  moment,  et  j'espère  la  mener  à  bonne  fin,  grâce  à  une  quantité  no- 
table de  dambonite  que  j'ai  pu  récemment  me  procurer.  » 

PHYSIQUE. —  Effets  frigorifiques  produits  par  la  capillarité  jointe  à  l'évapora- 
tion;  évaporation  du  sulfure  de  carbone  sur  du  papier  spongieux.  Note  de 
M.  C  Decharme.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  H.  Sainte-Claire  Deville,  Berthelot.) 

«  Dans  im  verre  à  expérience,  contenant  du  sulfure  de  carbone,  on 
place  verticalement  une  bande  de  papier  spongieux,  de  lo  à  12  centi- 
mètres de  long,  sur  2  ou  3  de  large,  pliée  eu  deux,  en  trois  ou  en  quatre, 
dans  le  sens  de  la  longueur,  ou  roulée  en  flèche.  Le  liquide  monte  d'abord 
rapidement  dans  le  corps  poreux;  en  moins  d'une  minute,  il  a  atteint  la 
hauteur  de  7  à  8  centimètres.  Alors  on  voit  apparaître  sur  le  papier,  d'abord 
vers  la  partie  supérieure,  une  zone  blanche  uniforme  de  givre  provenant, 
soit  de  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  atmosphérique,  soit  de  la  for- 
mation d'un  hydrate  de  sulfure  de  carbone,  couche  d'épaisseur  croissant 
avec  le  temps  et  qui  descend  jusqu'à  2  centimètres  environ  au-dessus  du 
niveau  du  liquide  dans  le  vase.  Alors  l'ascension  du  sulfure  de  carbone 
paraît  complètement  arrêtée.  (En  vase  clos,  le  givre  ne  se  produit  pas; 
le  liquide  peut  s'élever  à  plus  de  3o  centimètres  de  hauteur  dans  une 
bande  n'ayant  que  2  centimètres  de  large.)  Toutefois,  si  le  liquide  ne  dé- 
passe plus  la  zone  de  givre,  l'aspiration  capillaire  n'en  continue  pas  moins 
très-active  dans  cette  zone  elle-même,  où  l'on  ne  tarde  pas  à  voir  croître 
des  arborescences,  toutes  perpendiculaires  à  la  surface  ou  aux  arêtes  du 
papier.  Ces  arborescences  atteignent,  en  une  demi-heure,  12  à  i5  milli- 
mètres de  longueur,  dans  certains  cas.  Elles  offrent,  en  se  groupant, 
l'aspect  en  miniature  de  massifs  d'arbres  couverts  de  givre,  ou  de  champi- 
gnons, ou  de  têtes  de  choux-fleurs  contiguës.  Le  phénomène  peut  se  con- 
tinuer indéfiniment,  pourvu  que  l'on  ajoute  de  temps  à  autre  du  liquide 
pour  remplacer  celui  qui  se  volatilise  alors  très-vite.  Les  arborescences  ne 
commencent  à  fondre  que  quand  le  sulfure  de  carbone  est  complètement 
épuisé  depuis  quelques  minutes  (i).  ' 

(1)  La  fusion  a  lieu  à  zéro,  comme  on  le  constate  en  produisant  les  arborescences  sur  la 
boule  d'un  thermomètre,  sans  employer  de  papier  spongieux. 


(  999  ) 

»  La  formation  des  arborescences  est  à  peine  ralentie  en  plein  soleil, 
à  une  température  de  35  degrés.  Bien  plus,  en  chauffant  le  liquide  lui- 
même  au  bain-marie  dans  de  leau  à  60  degrés,  le  phénomène  cUi  givre  se 
produit  également  pendant  l'ébullition  du  sulfure  de  carbone.  Les  arbo- 
rescences, quoique  plus  rares  et  plus  grêles,  sont  même  plus  longues  qu'en 
opérant  à  froid. 

»  Pour  évaluer  l'abaissement  de  température  qui  se  produit,  on  entoure 
de  papier  s|)ongieux  le  réservoir  d'un  petit  thermomètre,  et  l'on  dispose 
l'instrument  de  manière  que  la  partie  inférieure  du  papier  plonge  dans  le 
sulfure  de  carbone  et  que  le  réservoir  soit  à  3  centimètres  environ  du  ni- 
veau du  liquide.  La  couche  de  givre  se  forme,  s'épaissit,  et  le  mercure 
de  l'instrument  descend,  en  quelques  minutes,  de  -+- 20  à  — i5  degrés. 

»  Il  suffit  même  de  plonger  dans  le  sulfure  de  carbone  le  thermomètre 
entonré  de  sa  bande  de  papier  et  de  le  retirer  aussitôt,  pour  que  la  couche 
blanche  se  manifeste,  et  qu'en  moins  de  deux  minutes  le  mercure  descende 
de  +20  à  — 12  degrés,  quelquefois  à  — 16  degrés,  si  l'on  a  soin  d'agiter 
l'instrument  à  l'air.  11  est  à  remarquer  que,  dans  le  liquide  abandonné  à 
l'évaporation  spontî^née,  le  thermomètre,  sans  papier  spongieux,  ne  s'abaisse 
pas  à  +5  degrés,  la  température  de  l'air  ambiant  étant  de  i5  à  18  degrés. 

»  En  plongeant  simplement  inie  bande  de  papierspongieux  dans  le  sulfure 
de  carbone,  et  la  retirant  aussitôt,  on  voit,  en  vingt  ou  trente  secondes, 
la  zone  de  givre  se  former,  augmenter  pendant  une  minute  environ,  puis 
se  fondre.  C'est  là  un  moyen  de  constater  instantanément,  même  au  so- 
leil, la  présence  de  la  vapeur  d'eau  dans  l'air  atmosphérique.  Par  un  temps 
de  brouillard,  le  phénomène  est  plus  prompt,  le  dépôt  plus  abondant  et  le 
froid  plus  intense.  On  a  ainsi  un  hjgroscope  d'une  grande  simplicité. 

»  Il  est  facile  de  passer  des  expériences  précédentes  à  celles  de  la 
congélation  de  l'eau.  Il  suffit  d'entourer  d'une  bandelette  de  papier  spon- 
gieux un  petit  tube  de  verre  mince,  de  la  grosseur  d'un  tuyau  de  plume, 
contenant  2  à  3  centimètres  d'eau,  de  le  plonger  dans  le  sulfure  de  car- 
bone et  de  le  retirer  immédiatement;  la  congélation  de  l'eau  se  fait  en 
deux  minutes.  Quand  l'air  est  sec,  une  deuxième  immersion  est  quelque- 
fois nécessaire. 

»  Si  l'on  fait  l'expérience  avec  un  tube  de  i  centimètre  et  plus  de  diamètre, 
il  faut  que  l'aspiration  capillaire  et  l'évaporation  soient  continuées  pen- 
dant un  temps  plus  long;  pour  cela,  on  dispose  le  papier  de  manière  que 
le  maximum  de  froid  se  produise  vers  le  milieu  de  la  colonne  d'eau,  le 
papier  plongeant  de  i  centimètre  dans  le  liquide.  Si  la  colonne  d'eau  avait 

129.. 


(    lOOO    ) 

plus  de  5  centimètres  de  longueur,  il  faudrait  faire  une  seconde  prise  de 
liquide  à  hauteur  convenable,  ou  une  seule  prise  un  peu  au-dessus  de  la 
première  moitié  (dispositions  que  l'expérience  apprend  facilement  à  réa- 
liser), ou  placer  le  tube  horizontalemenl,  la  prise  étant  eu  dessous  à  2  ou 
3  centimètres  du  tube.  Au  bout  d'un  quart  d'heure  ou  d'une  demi-heure, 
on  obtient  un  beau  cylindre  de  glace,  de  la  grosseur  du  doigt.  Si  l'on 
active  cette  évaporation  par  ventilation,  ou  avec  la  machine  pneumatique, 
les  effets  sont  beaucoup  plus  rapides  et  plus  intenses.  Je  m'occupe  de  re- 
chercher un  moyen  commode  de  condenser  la  vapeur  du  sulfure  de  car- 
bone et  de  rendre  l'opération  pratique. 

»  Le  chloroforme  détermine  aussi  le  |)hénomène  des  arborescences  dans 
le  papier  spongieux,  mais  moins  facilement  que  le  sulfure  de  carbone. 
L'éther  sulfurique,  quoique  Irès-voiatil,  ne  le  produit  pas. 

»  Lorsqu'on  examine,  à  l'aide  d'un  microscope  de  faible  grossissement 
(vingt  à  trente  fois  eu  diamètre), les  sommets  des  arborescences  en  voie  de  dé- 
veloppement, on  y  aperçoit  un  mouvement  qui  ne  ressemble  en  rien  à  celui 
des  cristallisations  que  l'on  projette  au  microscope  solaire  :  c'est  comme 
une  pâte  humide  en  fermentation  rapide;  il  s'y  fait  des  soulèvements,  sui- 
vis d'éboulements,  d'affaissements;  on  y  voit  des  espèces  de  tètes  qui 
s'élèvent,  puis  s'abaissent  pour  reparaître  de  nouveau,  et  parfois  avec  une 
vitesse  telle,  que  l'œil  a  peine  à  suivre  ces  différentes  phases.  Le  phéno- 
mène n'a  de  limite  que  l'épuisement  du  liquide.  Il  résulte  de  ce  mode  de 
développement  que  les  arborescences  n'offrent  rien  de  cristallin,  bien 
qu'elles  aient  entre  elles  une  certaine  simihtude  de  port  et  de  structure. 
Lors  de  l'épuisement  du  liquide,  les  branches  terminales  laissent  voir  de 
petites  pointes  cristal  hues,  encore  opaques  et  comme  efflorescentes. 

»  On  peut  projeter  les  arborescences  avec  le  nouvel  appareil  de  M.  Du- 
boscq,  à  miroir  incliné,  qui  grossit  suffisamment  pour  cet  effet.  Les  parti- 
cularités de  ce  phénomène  en  font  une  expérience  de  cours  des  i)ius  inté- 
ressantes. » 

PHYSIOLOGIE.  —  Origine  et  formation  du  follicule  dentaire  chez  les  Mammifères. 

Note  de  MM.  P.  3Iagitot  etCu.  Leguos,  présentée 

par  M.  Ch.  Robin, 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  (".h.  Robin,  de  Lacaze-Duthiers.) 

«  La  recherche  de  l'origine  des  follicules  dentaires  chez  les  Mammifères 
est,  parmi  les  problèmes  de  l'embryogénie,  l'un  de  ceux  qui,  depuis  le  siècle 


(     lOOI     ) 

dernier  jusqu'à  nos  jours,  ont  suscité  le  plus  grand  nombre  de  travaux, 
sans  que  la  question  ait  pu  être  considérée  comme  résolue  d'une  manière 
exacte.  L'époque  relativement  précoce  de  la  vie  embryonnaire  à  laquelle 
débutent  ces  phénomènes,  les  difficultés  que  présentent  la  préparation  et 
le  traitement  des  pièces  ,  la  nécessité  de  l'emploi  de  nombreux  réactifs  sont 
les  causes  qui  ont  retardé  la  connaissance  de  cette  évolution. 

»  Lorsque  l'embryon  des  Mammifères  est  parvenu  à  cette  période  où 
les  arcs  maxillaires  viennent  d'être  constitués  par  la  soudure  des  divers 
bourgeons  qui  les  composent,  c'est-à-dire  à  une  époque  qui  correspond 
chez  l'homme  à  la  fin  de  la  sixième  semaine,  les  bords  alvéolaires  sont  re- 
couverts par  un  bourrelet  arrondi  qui,  outre  la  saillie  qu'il  forme  dans  la 
bouche,  présente  une  autre  saillie  uniforme  et  continue  qui  plonge  dans  le 
tissu  embryonnaire  des  mâchoires.  Ce  bourrelet  est  exclusivement  épithé- 
liai  :  cellules  polyédriques  stratifiées  recouvrant  une  couche  de  cellules  à  peu 
près  prismatiques  ou  coiiclie  de  Malpighi;  c'est  l'épithélium  buccal. 

»  De  la  partie  profonde  de  ce  bourrelet  se  détache,  vers  la  fin  de  la 
sixième  semaine  chez  l'homme,  une  bande  de  même  nature  que  ce  bourrelet, 
et  qui,  du  point  dont  elle  émane,  se  dirige  transversalement  ou  oblique- 
ment vers  la  ligne  médiane.  Cette  bande,  occupant  ainsi  toute  la  longueiu- 
du  bord  alvéolaire,  est  la  lame  épitliéliale. 

n  C'est  sur  le  bord  libre  de  la  lame  épilhéliale  qu'a  lieu  la  production 
d'un  certain  nombre  de  bourgeons  représentant  les  organes  de  rémail  des 
dents  futures.  Ces  bourgeons,  dont  l'apparition  est  presque  simultanée  aux 
deux  mâchoires,  sont  d'abord  en  nombre  égal  aux  follicules  des  dents 
temporaires;  ils  constituent  les  bourgeons  primitifs. 

»  Le  bourgeon  primitif,  après  avoir  cheminé  pendant  un  certain  trajet 
au  sein  du  tissu  embryonnaire,  se  déprime  à  son  extrémité  par  suite  de  l'ap- 
parition (à  peu  près  contre  le  cordon  vasculo-nerveux  dentaire)  d'un  nouvel 
organe,  le  bulbe  dentaire^  qui,  primitivement  conique,  se  loge  dans  celte 
dépression  correspoudanle  de  l'organe  de  l'émail.  Le  nouvel  organe  naît 
du  tissu  embryonnaire  lui-même,  dont  il  garde  du  reste  les  caractères  his- 
tologiques,  tandis  que  le  premier,  qui  lui  forme  une  sorte  de  capuchon, 
conserve  sa  nature  épithéliale.  Plus  tard  on  voit  se  délacher  de  la  base  du 
bulbe  la  paroi  folliculaire  d'aspect  membraniforme  qui  s'élève  autour  de 
ce  dernier  et  arrive  à  circonscrire  les  deux  organes,  pour  se  clore  au  point 
de  jonction  de  l'organe  de  l'émail  avec  le  cordon  qui  s'est  rompu  en  cet 
endroit.  A  ce  moment,  le  follicule  représenté  par  un  sac  clos  de  toutes 
parts  est  constitué.  Cette  série  de  phénomènes  est  uniforme  et  constante 


(     I002    ) 

pour  la  formation  des  follicules  de  toutes  les  dents  pourvues  de  dentine 
et  d'émail  :  les  dents  temporaires  ou  caduques  se  forment  invariablement  de 
cette  manière. 

»  Quant  aux  dents  permanentes,  leur  mode  d'évolution  répond  à  plusieurs 
ordres  de  phénomènes,  suivant  qu'elles  sont  ou  non  précédées  de  dents  ca- 
duques correspondantes.  En  effet,  si,  d'une  pat-t,  chaque  follicule  tempo- 
raire est  suivi  d'un  follicule  permanent  qui  prend  sa  place  au  sein  des  mâ- 
choires, il  est  un  certain  nombre  de  dents  qui,  évoluant  à  l'extrémité  de  la 
série  des  dents  temporaires,  ne  sont  nullement  précédées  d'aucune  autre  : 
telles  sont,  par  exemple,  les  molaires  de  l'homme,  au  nombre  de  six  à  chaque 
mâchoire. 

»  Les  dents  permanentes  qui  succèdent  en  nombre  égal  aux  temporaires 
naissent  d'un  bourgeon  épithélial,  émanant  du  cordon  primitif  de  la  dent 
temporaire.  Ce  cordon  secondaire  se  détache  sur  un  point  voisin  du  sommet 
du  follicule  primitif  pour  se  diriger  de  là  dans  la  profondeur  des  tissus  jus- 
qu'en un  point  sous-jacent  au  follicule  temporaire;  là  il  devient  le  siège 
des  mêmes  phénomènes  ultérieurs  d'évolution  qui  amènent  la  formation  du 
bulbe  et  de  la  paroi  folliculaire. 

»  Quant  aux  molaires  permanentes  situées  au  delà  de  la  série  des  tem- 
poraires, à  la  partie  la  [)lus  reculée  des  arcades  dentaires,  voici  comment 
a  lieu  leur  évolution  chez  l'homme  :  La  première  de  ces  molaires  naît  d'un 
bourgeon  émanant  directement  de  la  lame  épithéliale  et  non  d'un  diverti- 
culum  d'un  follicule  voisin.  La  deuxième  naît  d'une  dérivation  du  cordon 
épithélial  de  la  première,  et  la  troisième  d'un  nouveau  bourgeon  qui  se  dé- 
tache du  cordon  de  la  deuxième. 

))  Trois  séries  de  phénomènes  résument  donc  l'évolution  du  système 
dentaire  :  i°  La  série  des  dents  temporaires  naît  de  la  lame  épithéliale; 
2°  la  série  des  dents  permanentes  qui  succèdent  à  celles-ci  procède  des 
cordons  épithéliaux  des  follicules  temporaires;  3°  la  série  des  dents  per- 
manentes non  précédées  de  temporaires  correspondantes  procèdent  l'une 
de  l'autre,  à  l'exception  de  la  première  qui  naît  directement  de  la  lame 
épithéliale. 

»  Au  point  de  vue  de  la  physiologie  générale,  la  formation  du  follicule 
dentaire  résulte  donc  de  la  rencontre  de  deux  organes  :  l'un,  organe  de 
rémail,  de  nature  épithéliale,  né  le  premier  et  procédant  de  la  couche  épi- 
ihéliale  delà  muqueuse  buccale;  l'autre,  de  nature  embryoplastique,  le 
bulbe  dentaire;  enfui  une  paroi  émanée  de  la  substance  de  ce  dernier  enve- 
loppe le  tout:  c'est  le  scu:  folliculaire.  Nous  ue  parlons  pas  ici  d'iui  autre 


(  ioo3  ) 
organe,  Vorgmie  cfu  cément  qui  entre  clans  la  constitution  do  certains  folli- 
cules et  dont  il  sera  traité  dans  lui  autre  travail. 

»  Si,  d'autre  part,  on  cherche  à  rapprocher  ce  mode  d'évolution  d'au- 
tres phénomènes  analogues  dans  l'économie,  on  reconnaît  qu'il  y  a  iden- 
tité complète  entre  le  développement  du  follicule  dentaire  et  celui  du 
follicule  pileux.  Ce  dernier  naît,  en  effet,  aussi  d'un  cordon  épithélial 
effectuant  sa  migration  au  seiu  du  derme  où  il  rencontre  un  autre  organe, 
le  bulbe  pileux,  le  recouvre,  tandis  qu'une  paroi  détachée  de  la  base  du 
bulbe  entoure  toutes  les  parties  et  leur  forme  un  sac  qui,  à  la  seule  diffé- 
rence avec  le  follicule  dentaire,  reste  constamment  ouvert  du  côté  de  l'ex- 
térieur, tandis  que  le  follicule  dentaire,  d'abord  clos,  ne  s'ouvre  que  plus 
tard  pour  donner  passage  à  la  dent  au  moment  de  l'éruption  (i).  » 

MÉDECINE.  —  Sur  les  embolies  capillaires  et  tes  infarctus  hémorrliagiques 
du  choléra.  Deuxième  Note  de  M.  Bouchut. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Dans  une  première  Communication  à  l'Académie,  j'ai  présenté  des 
recherches  sur  une  lésion  du  choléra  qui  n'a  pas  encore  été  signalée, 
l'existence  des  infarctus  hémorrhagiques  de  la  peau  et  de  quelques  or- 
ganes intérieurs.  J'adresse  aujourd'hui  la  suite  de  mes  observations. 

»  Dans  tous  les  cas  de  choléra  assez  graves  pour  occasionner  la  mort, 
il  se  fait  des  embolies  capillaires,  caractérisées  par  des  infarctus  hémorrha- 
giques plus  ou  moins  volumineux  et  en  nombre  très-variable.  Ces  embo- 
lies se  font  dans  les  capillaires  sous-cutanés,  et  dans  les  petits  vaisseaux  de 
l'endocarde,  du  péricarde,  des  poumons,  des  reins  et  du  tissu  conjonctif 
inter-musculaire.  Je  n'en  ai  pas  rencontré  dans  le  cerveau,  mais,  d'après 
ce  que  j'appris  sur  un  cas  de  mort  subite  en  ville,  chez  une  personne  à 
peine  convalescente  d'une  attaque  de  choléra,  il  est  vraisemblable  qu'il  y 
a  eu  embolie  cérébrale. 

»  Ces  embolies  se  sont  présentées  à  moi  sous  la  forme  de  noyaux  apoplec- 
tiques, ou  infarctus  sanguins,  de  volume  variable  depuis  la  dimension 
d'une  petite  tête  d'épingle  jusqu'à  celle  d'un  gros  pois. 

V  Sous  la  peau,  elles  se  révélaient  à  l'extérieur  par  une  tache  d'un  rouge 

(i)  Nous  n'avons  pu,  dans  ce  court  résume,  donner  les  nombreuses  indications  biblio- 
graptiiques  qui  concernent  ce  sujet;  on  les  trouvera  dans  le  Mémoire  complet  que  publie  le 
Journal  (l'Aiiatoniie  et  de  Physiologie  ;  iSjS. 


(  ioo4  ) 
livide  violacé  n'intéressant  pas  la  substance  du  derme.  Elles  étaient  for- 
mées par  une  suffusion  sanguine  du  tissu  conjonctif  sous-culané,  et,  au 
centre,  se  trouvait  un  noyau  noirâtre  plus  foncé  en  couleur.  Une  injection 
d'eau,  poussée  par  l'artère  centrale  du  membre  et  revenant  par  les  veines, 
n'emportait  pas  cette  hémorrhagie  et  ne  traversait  pas  les  vaisseaux  obs- 
trués. J'ai  rencontré  ces  embolies  sous-cutanées  buit  fois  sur  huit  autopsies. 

))  Dans  les  reins,  l'infarctus  hémorrhagique,  large  de  i  centimètre,  était 
superficiellement  placé  sous  la  coque  fibreuse  de  l'organe,  et  pénétrait  à 
3  millimètres  environ  dans  la  substance  corticale.  Il  était  formé  par 
une  infiltration  noirâtre,  sanguine,  très-foncée  en  couleur.  Il  n'y  en  a  eu 
qu'un  seul  cas  sur  huit  autopsies. 

»  Dans  les  poumons,  les  infarctus,  durs,  noirs  et  superficiels  avaient 
une  forme  légèrement  conique,  à  base  tournée  en  dehors;  une  injection 
d'eau  par  l'artère  pulmonaire  ne  pouvait  les  enlever.  Sur  les  huit  autopsies, 
je  les  ai  rencontrés  deux  fois. 

«  Dans  le  cœur,  les  infarctus  étaient  petits,  miliaires,  placés  à  l'inté- 
rieur de  l'organe,  sous  l'endocarde,  et  entraient  à  peine  dans  la  substance 
musculaire.  Il  y  en  avait  sur  les  parois  et  sur  les  colonnes  charnues,  mais 
sur  la  grosse  colonne,  qui  donne  attache  aux  tendons  de  la  valvule  mitrale, 
j'en  ai  compté  huit.  Je  les  ai  rencontrés  trois  fois  à  l'intérieur  du  cœur. 

»  Il  Y  en  a  aussi  sous  le  péricarde;  ils  sont  très-petits,  miliaires,  entrent 
à  peine  dans  la  substance  des  ventricules.  Je  les  ai  observés  à  la  base  de 
l'organe,  près  du  sillon  auriculo-ventriculaire,  dans  un  seul  cas. 

»  I^e  cœur  lui-même  présente  toujours,  dans  sa  membrane  interne  ou 
dans  ses  cavités,  des  altérations  importantes  qui  sont:  soit  de  l'endocardite 
valvulaire  végétante,  au  bord  libre  des  valvules;  soit  delà  thrombose  car- 
diaque, plus  ou  moins  ancienne  et  caractérisée  par  des  caillots  fibrineux, 
blanchâtres,  adhérents,  mêlés  à  un  coagulum  jaunâtre,  demi-transparent, 
gélatiniforme,  ambré,  et  à  des  caillots  noirs,  mous,  cruoriques,  de  forma- 
tion récente.  L'endocardite  peut  manquer,  mais  la  thrombose  cardiaque 
existe  toujours.  Il  est  probable  que  c'est  à  ce  commencement  d'endocardite 
valvulaire  et  surtout  à  la  thrombose  cardiaque  qu'il  faut  attribuer  la  pro- 
duction des  embolies  capillaires  et  des  infarctus  hémorrhagiques  dont  je 
viens  de  donner  la  description. 

»  Cette  découverte  auatomo-pathologique  me  paraît  avoir  pour  autre 
conséquence  l'explication  du  mécanisme  des  phlcgmasies  secondaires  si 
graves  de  la  période  de  réaction  du  choléra  algide.  En  effet,  à  la  suite  de 
l'état  de  cyanose  sanguine  et  de  stase  vasculaire  générale,  lorsque  la  cir- 


(     lOOJ    ) 

culafion  se  rétablit,  le  sang  pousse  devant  lui  des  thromboses,  qui  forment 
çà  et  là  des  obstructions  et  provoquent  des  méningites  ou  des  pneumonies 
mortelles.  Le  cours  du  sang  ne  peut  se  rétablir,  entravé  qu'il  est  par  des 
embolies  venues  du  cœur,  et  il  en  résulte  des  congestions  locales,  suivies 
d'un  état  de  phlegmasie  plus  ou  moins  prononcé.  » 

MÉDECINE.  —  Observations  relatives  à  une  Note  précédente  de  M.  Pellarin, 
concernant  les  déjections  cholériques  comme  agent  de  transmission  du  (holéra. 
Note  de  M.  H   Blanc,  présentée  par  M.  Wurtz.  (Extrait.) 

((  Dans  la  séance  du  i5  septembre  dernier  (page  634  de  ce  volume), 
M.  le  IK  Pellarin  a  lu  une  Note  dans  laquelle  \°  il  cherche  à  démontrer 
que  je  me  suis  attribué  la  priorité  de  la  découverte  du  rôle  des  déjections 
cholériques  comme  agent  de  la  transmission  du  choléra;  2"  il  me  reproche 
de  n'avoir  pas  fait  mention  de  travaux  antérieurs,  des  siens  en  particulier, 
et  d'avoir  cherché  à  établir  comme  inédit  ce  qu'il  avait  lui-même  affirmé 
il  y  a  vingt-quatre  ans.  Je  vais  répondre,  en  quelques  mots,  à  ces  assertions, 

»  1°  Je  n'ai  jamais  réclamé  aucune  priorité  au  sujet  de  la  découverte 
du  rôle  des  évacuations  cholériques,  comme  agent  de  transmission  du 
choléra;  la  question  de  priorité  n'est  même  pas  mentionnée  dans  mon 
Mémoire.  L'opinion  que  le  choléra  est  transmis  par  les  évacuations  cho- 
lériques a,  depuis  bien  des  années,  de  nombreux  partisans,  et  je  n'ai  pas 
cru  nécessaire  de  remonter  à  l'origine  de  cette  découverte  pour  en  démon- 
trer la  valeur,  le  seul  point  sur  lequel  j'insiste.  D'ailleurs,  déjà  en  i838, 
Bœhm  publia  un  ouvrage  sur  les  évacuations  cholériques,  et  il  décrivit 
même  les  champignons  que  Haller  plus  tard  remit  en  honneur. 

»  Mais  des  faits  plus  précis  encore  furent  publiés  en  Angleterre,  avant 
la  date  indiquée  par  M.  Pellarin,  c'est-à-dire  avant  le  24  septembre  1849. 
Le  D'^Snow  publia  à  Londres,  en  18/19,  ""®  brochure  sur  le  mode  de  trans- 
mission du  choléra  au  moyeu  des  déjections  cholériques.  Il  étudie  la  ques- 
tion à  fond  et  pose  des  principes  qui  ont  ime  base  vraiment  scientifique. 
Cette  brochure  est  antérieure  à  la  première  Note  de  M.  Pellarin,  car  le 
5  septembre  1849  le  D'  Budd,  de  Bristol,  fit  insérer  dans  le  Times  une  lettre 
dans  laquelle  il  cite  le  travail  du  D'  Snow. 

»  2"  Pour  M.  Pellarin,  le  choléra  est  une  maladie  infectieuse  :  je  re|)ousse 
cette  hypothèse.  Pour  qu  il  n'y  ait  pas  de  malentendu,  je  citerai  textuelle- 
ment M.  Pellarin;  il  dit  : 

K   Le  choléra   ne   voyage  qu'avec   et  par  les  individus  qui  en  ont  pris  le  germe;  l'in- 
G.  R.,  187:1,  3«  Sfmcttre.  (T.  I.XX.VII,  U°  10.)  '  3o 


(  ioo6  ) 

fluence  épidémique  ne  doit  s'entendre  que  de  la  disposition  créée  par  la  présence  d'un  certain 
nombre  de  malades,  dont  chacun  est  susceptible  de  devenir  pour  les  personnes  qui  l'appro- 
chent un  foyer  d'infection  cholérique,  c'est-à-dire  un  agent  de  transmission  de  la  maladie, 
ce  qui  constitue  la  contagion  proprement  dite,  de  quelque  manière  que  cette  transmission 
se  fasse.  » 

M  Les  vues  exprimées  dans  mon  Mémoire  sont  tout  à  fait  opposées; 
je  dis  : 

«  Le  choléra  est  transmis  de  l'homme  à  l'homme.  Le  principe  contagieux  réside  dans  les 
évacuations  de  l'homme  pris  de  choléra.  Cette  transmission  de  la  maladie  a  lieu  presque 
toujours,  au  moyen  de  l'eau  prise  en  boisson;  exceplionncllement,  quand  de  nombreux  ma- 
lades cholériques  sont  réunis  ensemble,  et  dans  quelques  circonstances  rares  dont  nous  par- 
lerons plus  loin,  le  choléra  pent-être  communiqué  par  l'air  renfermant  les  produits  dessé- 
chés ou  les  exhalaisons  t'.es  évacuations  cholériques.  » 

«  M.  Pellarin  (en  1849)  croyait  le  choléra  infectieux;  il  fait  jouer  un 
rôle  important  aux  évacuations  cholériques,  mais,  pour  lui,  elles  n'agissent 
que  par  les  miasmes  et  les  effluves  qu'elles  dégagent.  En  1873,  je  déclare 
le  choléra  contagietix,  la  contagion  résidant  dans  les  évacuations  cholé- 
riques, la  transmission,  selon  moi,  ayant  toujours  lieu  par  les  voies  diges- 
tives,  que  le  principe  contagieux  soit  contenu  dans  l'eau,  dans  la  nourri- 
ture ou  dans  l'air.  Il  n'y  a  donc,  sur  ce  point,  rien  de  commiui  entre  nous, 
à  part  les  mots  «  évacuations  cholériques  ». 

B  L'histoire  de  l'épidémie  de  Givet,  décrite  par  M.  Pellarin,  repose 
sur  l'idée  que  des  miasmes  furent  exhalés  de  certaines  évacuations  cholé- 
riques, jetées  sur  un  tas  de  fumier  et  dans  des  latrines;  on  ne  dit  pas  quelle 
était  la  qualité  de  l'eau  prise  en  boisson  par  les  personnes  atteintes  du 
fléau,  s'il  y  avait  eu  communication  possible  entre  des  puits  ou  des  réser- 
voirs et  le  tas  de  fumier  et  les  latrines;  si  toutes  les  précautions  avaient 
été  prises  pour  s'assurer  que  la  transmission  n'avait  pas  eu  lieu  par  d'autres 
moyens,  c'est-à-dire  par  la  nourriture  ou  par  l'air  renfermant  des  parti- 
cules desséchées  des  évacuations  cholériques.  Ces  observations  sont  inté- 
ressantes, mais  elles  n'offrent  pas  une  valeur  suffisante  pour  soutenir  la 
doctrine  d'infection.  Ce  n'est  pas  sur  des  données  aussi  vagues  que  j'aurais 
pu  accueillir  des  faits  qui,  comme  ceux  que  j'ai  cités,  établissent  l'influence 
des  évacuations  cholériques  comme  moyen  de  communication  du  choléra. 

»  Un  court  résumé  de  mon  travail  démontrera  qu'il  est  entièrement 
basé  sur  des  faits  récents,  authentiques  et  la  plupart  inédits  ou  peu 
connus  en  France. 

»   Mon  Mémoire  est  divisé  en  trois  parties.  Dans  la  première,  j'examine 


(  I007  ) 
d'abord  les  faits  se  rapportant  à  la  transmission  du  choléra,  au  moyen  de 
l'eau  potable.  Les  faits  à  l'appui  sont  :  le  pèlerinage  d'Hurdwar  en  1867, 
les  rapports  officiels  des  chirurgiens  américains  en  1866,  l'iuimunité  dont 
jouissent  certaines  tribus  du  Bengale;  le  fait  du  D'  Macuamara,  de  quelques 
personnes  qui  boivent  de  l'eau  contaminée  des  évacuations  cholériques, 
(1866);  le  résumé  de  l'opinion  de  cinq  cent-cinq  médecins  des  Indes  con- 
sultés par  le  gouvernement  anglais  (1866);  les  expériences  des  D"*  Lewis  et 
Cuningham  sur  les  <Wacuations  cholériques  (1869).  En  ce  qui  concerne 
les  autres  modes  de  transmission  du  choléra,  je  m'appuie  sur  le  Mémoire 
du  D'  Murray  (1866),  sur  le  travail  du  D"  Macpherson  (1866),  et  du  D'  Ha- 
milton  (  1873). 

»  Dans  la  deuxième  partie,  je  m'occupe  des  moyens  de  prévenir  le  cho- 
léra. Les  faits  sur  lesquels  je  m'appuie  sont  :  le  campement  des  troupes 
anglaises;  l'armée  de  l'empereur  Théodoros  d'Abyssinie  (i865);  l'épidémie 
de  Saltara  (1872),  et  des  faits  pratiques  tirés  de  mon  expérience  person- 
nelle. 

»  La  troisième  partie  a  rapport  au  traitement  :  il  est  basé  sur  mon  expé- 
rience personnelle;  sur  le  résumé  du  Rapport  des  cinq  cent-cinq  médecins, 
déjà  cité;  sur  la  méthode  antiseptique  et  le  traitement  au  chlorure  d'alu- 
mine qui  m'est  propre. 

«  Comme  conclusion,  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  la  rectifi- 
calion  suivante  :  je  ne  me  suis  pas  attribué  une  priorité  sur  la  question 
des  évacuations  cholériques  comme  moyen  de  transmission  du  choléra; 
cette  priorité  n'appartient  pas  non  plus  au  D'  Pellarin,  mais  bien  au  D'  Snow, 
de  Londres;  de  plus,  pas  un  mot  dans  mon  Mémoire  ne  justifie  la  récla- 
mation du  D'  Pellarin.  » 

NAVIGATION  AÉRIENNE.  —  Remarques  sur  différents  problèmes  pratiques    de 
navigation  aérienne;  par  M.  W.  de  Fonvielle.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

«  L'auteur  donne  des  détails  sur  les  accidents  survenus  aux  aérostats 
captifs  qu'on  a  essayé  de  construire  pour  l'usage  des  visiteurs  de  l'Expo- 
sition internationale  de  Vienne.  Il  montre  que  l'échec  complet  constaté 
à  deux  reprises  peut  s'expliquer  parce  que  l'on  a  négligé  plusieurs  des 
précautions  essentielles  réalisées  par  M.  Giffard  dans  ses  ballons  captifs  de 
Paris  et  de  Londres,  appareils  dont  toutes  les  parties  avaient  été  soigneu- 
sement calculées. 

i3o.. 


(   ioo8  ) 

»  L'auteur  fait  l'hypothèse  fort  admissible  que  la  température  du  gaz 
d'un  ballon  libre  diffère  de  celle  de  l'air  extérieur  de  lo  degrés  C,  au  moins 
deux  fois  par  jour  :  eu  plus  quand  l'action  calorifique  des  rayons  solaires 
a  atteint  son  maxinuim,  eu  moins  quand  le  rayonnement  vers  les  espaces 
célestes  a  produit  tout  son  effet.  S'il  en  est  ainsi,  celte  seule  rupture  d'équi- 
libre thermique  suffit  pour  limiter  à  un  très-petit  nombre  de  jours  la  durée 
de  la  course.  Il  n'est  doue  pas  raisonnable  d'espérer  qu'un  aérostat,  exposé 
à  tant  d'autres  causes  de  perturbations,  indépendamment  des  fuites  qu'on 
ne  peut  supposer  supprimées  d'une  façon  absolue,  franchisse  l'Atlantique. 
Il  ne  pourrait  arriver  au  terme  de  son  voyage,  même  quand  les  aéronautes 
parviendraient  à  se  maintenir,  pendant  tout  le  temps  de  la  traversée,  dans 
le  grand  courant  sud-ouest,  dont  l'existence  est  du  reste  problématique,  et 
qu'il  est  sage  de  commencer  par  rechercher,  à  laide  d'ascensions  faites  sur 
terre.  Les  travaux  récents  de  Donati  et  de  M.  Brown  sur  la  météorologie 
ne  lui  paraissent  point  de  nature  à  faire  croire  qu'il  souille  d'une  façon 
normale  et  régulière. 

))  L'auteur  cherche  à  établir  qu'on  ne  saurait  supprimer  les  effets  de 
ces  ruptures  d'équUibre  thermique,  en  fermant  l'orifice  du  ballon  à  l'aide 
d'une  soupape  hermétique.  En  effet,  un  petit  ballon  de  caoutchouc  dia- 
phane fait  explosion  avec  un  bruit  pareil  à  celui  d'une  bombe  dès  qu'on 
vient  à  le  percer  avec  une  épingle.  Ce  phénouiène  tient  à  l'étonnante  rapi- 
dité avec  laquelle  la  membrane  de  caoutchouc  se  déchire,  quoique  la  pres- 
sion du  gaz  hydrogène  ne  dépasse  pas  notablement  celle  qui  régnerait 
dans  l'intérieur  d'un  grand  ballon  libre  où  l'on  voudrait  paralyser  les  effets 
de  la  dilatation  solaire.  L'enveloppe  serait,  il  est  vrai,  beaucoup  plus  résis- 
tante que  la  membrane  mince  de  caoutchouc  de  ces  petits  ballons;  mais  ne 
se  trouverait-elle  pas  également,  jusqu'à  un  certain  point,  dans  le  cas  d'une 
larme  batavique  qui  se  disloque  dès  que  les  différentes  parties  cessent  de 
se  prêter  un  mutuel  appui? 

»  Les  aéronautes  américains  ont  eu  l'idée  de  lâcher  des  pigeons  succes- 
sivement, à  intervalles  réguliers.  Grâce  à  cette  innovation ,  on  a  eu  au 
point  de  départ  des  nouvelles  constantes  de  l'ascension  exécutée  sur  terre 
par  le  grand  ballon  transatlantique,  au  commencement  d'octobre,  après 
son  échec  de  septembre.  Cette  ascension  s'est  terminée  au  bout  de  quatre 
heures,  parce  qu'un  courant  du  sud  a  ramené  les  voyageurs  aériens  vers 
le  continent,  où  ils  ont  constaté  par  expérience  que  les  chutes  sont  moins 
dangereuses  que  sur  mer. 

»   Cet  épisode  du  seul  voyage  tout  à  fait  terrestre  exécuté  par  le  grand 


(  I009  ) 
ballon  transatlanlique  peut  être  enregistré  à  la  suite  de  tous  les  chan- 
gements de  sens  déjà  signalés  sur  les  bords  de  la  mer,  où  la  superposition 
de  courants  aériens  de  direction  différente,  suivant  la  hauteur,  est  si  fré- 
quente. L'auteur  a  coujmuniqué  à  plusieurs  journaux  scionlifiques  et 
autres  des  lettres  reçues  de  M.  Bunelle,  aéronaute  français,  qui  annonçait 
être  parvenu  à  profiter  de  ces  alternances  pour  exécuter,  pendant  le  prin- 
temps dernier,  des  évolutions  aérostatiques  au-dessus  de  Saint-Pétersbourg. 

»  L'auteur  rappelle  le  récit,  fait  dans  plusieurs  journaux,  des  incendies 
aériens  qui,  au  mois  de  juillet  et  de  septembre,  ont  coûté  la  vie  aux 
aéronautes  La  Mountain  et  Bailey  qui,  l'un  et  l'autre,  montaient  des 
inongolfières.  Ces  horribles  catastrophes  lui  permettent  de  combattre  la 
prédilection  que  quelques  personnes  persistent  à  conserver  pour  des  appa- 
reils incapables  de  rendre  le  moindre  service,  soit  à  la  science,  soit  à  l'art 
de  la  guerre. 

»  Il  ajoute  que  tous  ces  faits,  survenus  pendant  la  gravure  et  l'impres- 
sion du  Tableau  pratique  de  navigalion  aérienne,  qu'il  vient  de  publier  chez 
M.  Bouasse-Lebel,  et  dont  il  prie  l'Académie  d'agréer  l'honunage,  sont  une 
conséquence  incontestable  des  principes  physiques  simples  qu'il  y  a  déve- 
loppés. Il  a  cherché  à  en  tirer  quelques  règles  précises,  tant  pour  la  con- 
struction des  ballons  que  pour  leur  manœuvre.   » 

VITICULTURE.  —  Nole  sur  la  formation  des  renflements  sur  tes  radicelles 

de  la  vigne,-  par  M.  Max.  Cornu,  délégué  de  rA.cadémie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

'<  Le  séjour  du  Phylloxéra  vastalrix  sous  terre,  pendant  la  plus  grande 
partie  de  son  existence,  complique  l'élude  des  mœurs  de  cet  insecte.  Les 
modifications  qu'il  produit  dans  le  système  radiculaire  de  la  vigne  sont 
bien  moins  évidentes  que  celles  qu'il  exerce  sur  ses  organes  aériens;  on  n'a 
pas  la  même  facilité  pour  l'examiner  à  toute  heure.  C'est  pour  une  cause 
analogue  qu'un  grand  nombre  de  personnes  ignorent  que  beaucoup  de  vé- 
gétaux nourrissent  sur  leurs  racines,  comme  d'autres  sur  leurs  feuilles,  des 
pucerons  appartenant  à  divers  genres  et  à  diverses  espèces.  On  s'explique 
ainsi  pourquoi  la  forme  gallicole  du  Phylloxéra  fut  observée  la  première 
en  Amérique  et  en  Angleterre,  et  comment  la  forme  radicicole  ne  le  fut  que 
plus  tard.  Tandis  qu'on  suit  instinctivement  et  sans  y  penser  l'accroisse- 
ment de  la  végétation  des  parties  visibles  des  plantes,  le  développement 
des  feuilles,  l'allongement  des  branches,  les  modifications  qu'elles  su- 
bissent de  jour  en  jour,  bien  des  gens  ignorent  entièrement  comment  se 


(     lOIO    ) 

fait  l'accroissement  des  parties  souterraines,  et  ne  savent  pas  reconnaître 
si  telles  radicelles  sont  jeunes  ou  âgées,  si  elles  sont  ou  non  destinées  à  s'al- 
longer. Telle  est  la  cause  pour  laquelle  la  carie  et  l'excoriation  des  grosses 
racines,  l'absence  des  petites,  la  disparition  du  chevelu  sur  les  vignes  ma- 
lades, par  le  fait  du  Phylloxéra,  ne  frappent  pas  autant  que  la  chute  ou  le 
jaunissement  des  feuilles  d'un  arbre. 

»  C'est  le  manque  d'observations  faites  sur  le  système  souterrain  qui 
laisse  croire  que  la  pourriture  des  racines  est,  dans  le  cas  actuel,  due 
à  des  causes  autres  que  l'action  de  l'insecte  et  celle  des  renflements  qu'il 
produit. 

»  Pour  les  organes  aériens,  visibles  à  toute  heure,  oserait-on  soutenir  un 
instant  que  les  galles  de  la  vigne,  dues  an  Phylloxéra,  celles  du  peuplier, 
du  saule,  les  grosses  cloques  de  l'orme  et  les  gigantesques  cornes  du  léré- 
binthc  sont  dues  à  des  causes  vagues,  telles  que  l'humidité,  la  gelée,  la 
mauvaise  culture;  à  la  dégénérescence  de  la  plante,  à  une  maladie  de  la 
sève,  etc.,  et  non  pas  à  l'action  précise  et  locale  de  pucerons  bien  connus? 
Mais,  pour  les  altérations  des  racines  de  la  vigne,  comme  tout  se  passe 
sous  terre,  on  ne  voit  rien,  on  n'observe  rien  et  l'on  peut  discuter,  tout 
à  son  aise,  a  priori,  sans  raisons  valables  et  sans  preuves.  Telle  est  l'ori- 
gine des  étranges  opinions  émises  sur  la  maladie  de  la  vigne. 

»  De  là  aussi  la  nécessité  d'observer  les  racines  et  de  les  étudier. 

»  Le  fait  qui  me  frappa  d'abonl,  dans  l'étude  suivie  des  renflements  ra- 
dicellaires,  fut  que  les  hypertrophies  déterminées  par  le  Phylloxéra 
n'avaient  pas  perdu  la  faculté  qu'ont  les  racines  d'émettre  des  radicelles 
vigoureuses,  saines  et  entièrement  semblables  à  celles  qui  proviennent  de 
racines  saines  en  pleine  végétation.  C'est  à  la  suite  de  cette  obser%ation  que 
j'eus  l'idée  de  suivre,  jour  par  jour,  un  même  renflement  et  de  noter  avecsoin 
les  diverses  particularités  qu'il  présenterait.  En  faisant  des  mesures,  j'acquis 
aussitôt  la  certitude  que  le  point  végétatif  de  la  radicelle  renflée  pouvait 
encore  déterminer  l'accroissement  de  cette  radicelle  et  qu'il  n'était  pas 
frappé  d'impuissance;  M.  Duchartre  m'avait  spécialement  recommandé 
de  m'en  assurer. 

»  Pour  bien  juger  du  début  des  renflements  et  de  leur  âge,  je  pris  une 
bouture  de  vigne  saine  et  j'y  déposai  quelques  Phylloxéras;  elle  était  con- 
tenue dans  un  pot  à  fleurs.  Les  insectes  furent  placés  sur  les  racines  qui 
contournaient  les  parois  du  vase  et  qui  se  présentaient  dans  un  bel  état  de 
développement.  Après  six  jours,  il  y  avait  déjà  des  renflements  très-nets, 
d'une  longueur  de  3  millimètres  environ  et  d'une  couleur  jaune  d'or  toute 
spéciale,  indice  de  l'hypertrophie.  Ces  renflements,  produits  uniquement 


(ioit) 

par  l'insecte,  étaient  tous  terminaux,  c'est-à-dire  qu'ils  étaient  fournis  tous 
par  le  tissu  jeune  et  en  voie  de  formation  de  l'extrémité  des  radicelles  que 
l'on  nomme  point  végélatif;  aucune  nodosité  ne  s'était  formée  sur  une  par- 
tie déjà  complètement  développée  de  la  racine  ou  de  la  radicelle.  Le  Phyl- 
loxéra ne  s'attacha  qu'aux  parties  les  plus  jeunes.  Ce  premier  fait  est  très- 
important  et  formellement  contraire  à  la  théorie  de  la  prédisposition  des 
plantes  déjà  souffrantes,  puisque  l'insecte  choisit  de  préférence  les  parties 
les  plus  vigoureuses  et  fuit  les  parties  déjà  un  peu  affaiblies  par  la  végé- 
tation et  moins  riches  en  sucs  nutritifs. 

»  Je  notai  avec  soin  un  certain  nombre  de  ces  radicelles.  Je  choisis  di- 
vers exemples  qui  me  présentèrent  lui  certain  nombre  de  cas  particuliers. 
Treize  renflements  furent  spécialement  observés,  décrits  et  représentés  en 
couleur;  les  radicelles  saines  émises,  ainsi  que  les  modifications  des  ren- 
flements, furent  étudiées. 

»  Je  ne  rapporterai  pas  le  détail  de  toutes  ces  observations;  je  me  coîi- 
tenterai  de  donner  l'énoncé  des  résultats  qu'on  peut  en  tirer.  Elles  ont  eu 
lieu  du  mois  d'aoïit  au  mois  d'octobre;  les  nombres  qui  seront  donnés  ne 
sont  pas  absolus  :  ils  sont  destinés  à  fournir,  non  pas  une  règle  invariable, 
mais  des  indications  qui  ne  seront  précises  que  pour  des  conditions  sem- 
blables à  celles  où  l'observation  a  été  faite.  Des  nombres,  quand  bien 
même  ils  ne  sont  pas  toujours  exactement  applicables,  ont  leur  intérêt, 
c.Tr  ils  font  sortir  du  vague  une  question  qui  y  demeurerait  entièrement 
plongée. 

»  Les  renflements  produits  sur  les  radicelles  par  un  Phylloxéra  unique 
prennent  en  général  la  forme  d'un  crochet;  la  radicelle  se  renfle  tout  au- 
tour de  l'insecte,  au-dessus  et  au-dessous  de  lui,  mais  surfout  au-dessus, 
c'est-à-dire  surtout  du  côté  de  la  partie  terminale  qui  continue  à  s'accroître 
en  se  recourbant  plus  ou  moins.  Elle  forme  ainsi  une  sorte  de  retraite  où 
le  Phylloxéra  se  trouve  logé.  Quelquefois  le  renflement  ainsi  formé  reste 
définitivement  slationnaire;  le  plus  souvent,  au  contraire,  le  point  végé- 
tatif n'est  pas  épuisé  et  continue  à  allonger  l'extrénnté  radicellaire  demeurée 
pleine  de  vie  et  d'activité;  elle  peut  de  nouveau  s'accroître  et  être  modifiée, 
à  son  tour,  par  la  présence  de  nouveaux  Phylloxéras. 

»  Le  renflement  est  d'abord  translucide  et  opalin  avec  un  point  végétatif 
d'un  jaune  vif;  cette  période  ne  dure  pas  beaucoup  plus  de  deux  ou  trois 
jours.  Il  prend  de  suite  une  couleur  jaune  d'or  différente  comme  teuite  et 
con)me  origine  de  celle  du  point  végétatif;  elle  est  tres-accentuée  dans 
certains  cas  déjà  vers  le  sixième  join-. 


(     IOI2     ) 

))'vSi  l'extrémité  ne  doit  pas  s'accroître,  elle  revêt  une  teinte  plus  foncée 
imitant  en  cela  la  base  du  renflement;  bientôt  et  successivement  la  teinte 
jaune  tourne  au  brun  et  l'on  aperçoit  à  la  loupe  des  peluches  briuies,  qui 
dessinent  un  réseau  comme  on  en  voit  sur  la  porcelaine  craquelée.  Le  tissu 
extérieur,  qui  brunit  de  plus  en  plus,  se  fendille  quelquefois  assez  réguliè- 
rement pour  produire  ainsi  des  alignements  remarquables.  Les  plaques 
adhérentes  laissent  apercevoir  entre  elles  la  teinte  jaune  du  tissu  situé  au- 
dessous.  Plus  un  point  prend  d'accroissement  et  plus  la  feinte  jaune  s'y 
révèle  par  l'écartement  des  plaques  de  tissu  fendillé.  Les  couches  périphé- 
riques s'exfoliant  d'ailleurs  successivement  laissent  apercevoir  une  teinte 
de  plus  en  plus  pâle.  La  couleur  jaune  est  en  effet  produite,  non  par  un 
plasma  dense  et  riche  en  éléments  organisateurs  comme  au  point  végétatif; 
elle  est  due,  comme  nous  le  verrons  plus  tard,  dans  une  Note  spéciale  sur 
la  structure  anatomique  des  renflements,  à  une  ligne  jaune  et  réfringente 
qui  occupe  les  celhdes  des  assises  périphériques,  situées  en  dessous  de  l'épi- 
derme;  à  mesure  que  les  couches  les  plus  extérieures  s'exfolient,  il  reste  en 
dessous  d'elles  un  nombre  de  plus  en  plus  petit  de  cellules  jaunes.  Telle 
est  l'explication  sommaire  du  changement  que  les  renflements  offrent  dans 
leur  aspect. 

»  Si  la  nouvelle  formation  s'accroît  par  son  extrémité,  la  partie  renflée 
seule  subit  ces  modifications;  quant  à  la  partie  située  au-dessus,  elle  prend 
l'apparence  d'une  radicelle  ordinaire.  Notons  que  le  diamètre  de  la  radi- 
celle, dans  cette  région,  est  souvent  supérieur  à  celui  qu'elle  avait  au-des- 
sous du  renflement,  c'est-à-dire  dans  une  portion  plus  âgée. 

»  Quand  il  y  a  sur  une  radicelle,  non  plus  un  seid  Phylloxéra,  mais  plu- 
sieurs, l'altération  est  plus  considérable,  l'hypertrophie  est  plus  importante, 
le  développement  est  plus  rapide,  la  teinte  jaune  apjiaraît  plus  tôt.  Si  deux 
insectes  se  sont  fixés  à  peu  près  à  la  même  hauteur  et  côte  à  côte,  leurs 
effets  s'ajoutent;  on  retombe  presque  dans  le  cas  précédent  s'ils  sont  éloi- 
gnés, les  effets  de  torsion  se  compensent,  le  renflement  présente  un  étran- 
glement et  demeure  à  peu  près  droit  ;  il  se  développe  de  telle  manière  qu'il 
semble  s'être  creusé  sous  l'action  de  l'insecte.  S'il  y  a  un  plus  grand  nombre 
de  pucerons,  on  arrive  à  luie  grande  variété  de  formes;  à  chaque  Phvl- 
loxera  correspond  une  cavité,  et  du  côté  opposé  une  courbure  convexe 
dont  l'effet  est  plus  ou  moins  combattu  par  la  courbure  déterminée  par 
lui  autre  insecte;  il  y  a  ainsi  une  sorte  de  composition  entre  les  forces  qui 
sollicitent  la  radicelle,  une  résultante  entre  les  directions  qu'elles  doivent 
lui  imprimer;  de  là,  une  variété  indéfinie  de  productions  qui  peuvent  ce- 


(  ioi3  ) 
pendant  se  grouper  sous  plusieurs  chefs  principaux.  Comme  précédem- 
ment, le  point  végétatif  peut  avoir  perdu  ou  gardé  son  activité.  Si  les  cavi- 
tés restent  isolées,  il  en  résultera  une  masse  mamelonnée;  si  elles  sont 
confliientes  ou  si  leurs  effets  concordent,  l'ensemble  agira  comme  un  seul 
Phylloxéra  et  le  renflement  rappellera  plus  ou  moins  la  formation  en  cro- 
chet. Il  peut  y  avoir  tous  les  intermédiaires  entre  ces  deux  extrêmes. 

»  Lorsque  l'insecte  s'attaque,  non  pas  aux  radicelles  grêles  et  ayant  un 
diamètre  égal  ou  inférieur  à  i  millimètre,  mais  à  celles  qui  en  ont  un  qui 
s'approche  de  2  millimètres,  ou  qui  dépasse  cette  dimension,  l'effet  pro- 
duit est  bien  moins  sensible.  Lorsque  le  Phylloxéra  est  unique,  le  résultat 
s'arrête  à  une  légère  déviation  et  à  un  renflement  faible;  s'il  y  en  a  plu- 
sieurs, leur  action  est  plus  considérable,  mais  n'atteint  jamais  celle  qui  est 
produite  sur  les  radicelles  plus  grêles. 

')  Les  renflements  n'ont  perdu  ni  la  faculté  de  s'accroître  par  leur  extré- 
mité, ni  celle  d'émettre  des  radicelles  nouvelles,  propriété  singulière  pour 
une  formation  anomale;  mais  ces  radicelles  ne  se  développent  ni  sur  tous  les 
points  ni  à  une  époque  quelconque.  Les  radicelles  naissent  sur  la  courbure 
convexe  opposée  au  point  où  se  tient  l'insecte.  Ces  radicelles,  ainsi  qu'on  l'a 
dit  plus  haut,  sont  saines  et  vigoureuses;  elles  s'accroissent  rapidement, 
comme  si  elles  étaient  la  continuation  d'une  formation  cellulaire  active, 
ou  comme  si  elles  étaient  destinées  à  un  travail  d'absorption  pressant  et 
considérable.  Il  est  probable  que  l'une  et  l'autre  hypothèse  sont  réelle- 
ment vraies  et  que  l'excitation  cellulaire  déterminée  par  la  présence  de  l'in- 
secte épuise  la  plante  et  nécessite  la  formation  rapide  de  nouveaux  organes 
d'absorption,  les  anciens  étant  insuffisants. 

))  Les  radicelles  apparaissent  d'abord  comme  un  mamelon  très-court  sur 
les  courbures  des  renflements  ;  le  tissu  déchiré  laisse  passer  une  petite  pointe 
conique  de  couleur  jaunâtre.  Après  deux  jours,  la  jeune  radicelle  acquiert 
plusieurs  millimètres;  en  quatre  jours,  quelquefois  en  deux  seulement,  on 
lui  voit  atteindre  i  centimètre  et  plus  ;  elle  s'accroît  ensuite  très-rapidement 
encore.  Le  point  végétatif  est  d'un  jaune  vif,  le  corps  de  la  radicelle  d'un 
blanc  cristallin.  On  a  donc  affaire  à  une  formation  saine,  issue  d'un  point 
modifié  d'une  façon  toute  locale  par  le  parasite.  On  pourrait  de  là  déduire 
des  conséquences  d'une  haute  valeur  pour  combattre  les  adversaires  du 
Phylloxéra,  cause  de  la  maladie  actuelle  des  vignes.  Cette  radicelle  se  com- 
porte comme  une  radicelle  ordinaire,  c'est-à-dire  qu'elle  s'accroît  surtout 
en  longueur  et  finit  par  donner  elle-même  naissance  à  des  radicelles  secon- 

C.  R.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVII,  iN»  18.)  '  3l 


(  ioi4  ) 
daires-,  ou  bien  elle  cesse  de  croître,  l'extrémité  brunit  de  bonne  heure, 
l'ensemble  prend  une  teinte  grisâtre,  et  tout  développement  ultérieur  a  pris 
fin. 

»  Pendant  la  période  d'allongement,  elle  porte  souvent  des  poils  radi- 
cellaires,  sigue  certain  qu'elle  sert  à  puiser  des  éléments  nutritifs  dans  le 
sol;  ces  poils  se  retrouvent,  non-seulement  sur  la  radicelle  issue  d'un 
renflement,  mais  encore  sur  l'extrémité  accrue  du  renflement  et  sur  le  ren- 
flement lui-même^  avant  qu'il  ait  pris  la  teinte  brune  et  qu'il  se  soit  exfolié 
en  partie. 

»  Il  suit  évidemment  de  là  que  tout  traitement  en  vue  de  détruire  les 
Phylloxéras  épars  sur  les  renflements  devra  respecter  les  parties  hypertro- 
phiées; si  l'on  supprimait  ces  formations  sous  prétexte  qu'elles  épuisent  la 
plante,  on  supprimerait  du  même  coup  un  centre  actif  de  productions  radi- 
cellaires;  ces  racines  adventives  et  les  renflements  eux-mêmes,  pendant 
quelque  temps,  peuvent  à  un  instant  dor^né  être  d'un  puissant  secours  pour 
la  plante.  C'est  probablement  par  ces  radicelles,  toujours  renaissantes  dans 
les  premiers  temps,  que  sont  absorbés  avec  rapidité  les  engrais  puissants 
dont  l'efficacité  avait  été  proclamée  d'abord  avec  trop  de  légèreté.  Ils  n'ont 
d'effet  que  tant  qu'ils  sont  réellement  absorbés.  Sous  leur  influence  pas- 
sagère, la  vigne  épuisée  reprend  des  forces,  elle  se  relève  un  instant,  mais 
elle  retombe  dès  que  cette  nourriture  surabondante  lui  fait  défaut  ou 
qu'elle  n'est  plus  absorbée. 

»  En  effet,  quand  toutes  les  radicelles  sont  détruites,  que  le  végétal  a 
perdu  les  organes  qui  devaient  puiser  dans  le  sol  la  nourriture  dont  il  a 
besoin,  à  quoi  bon  lui  prodiguer  des  substances  désoriuais  inutiles  dont  il 
ne  peut  plus  tirer  parti? 

M  L'expérience  l'a  prouvé  maintes  fois  :  les  moyens  cuîturaux,  les  en- 
grais employés  seuls,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  ne  peuvent  pas,  et  pour  des 
raisons  parfaitement  sûres,  fournir  le  remède  propre  à  combattre  avec  suc- 
cès la  maladie  des  vignes.  On  voit  encore  malheureusement  beaucoup  trop 
d'habiles  cultivateurs,  égarés  par  des  opinions  sans  base,  se  lancer  dans  des 
essais  coûteux,  dont  l'insuccès  définitif  peut  être  prédit. 

»  Pendant  la  première  période  de  la  maladie,  la  production  de  radicelles 
vigoureuses  et  saines  pourra,  toutefois,  être  mise  à  profit;  c'est  un  fait  phy- 
siologique d'une  certaine  importance  au  point  de  vue  pratique,  et  sur  le- 
quel le  viticulteur  sagace,  qui  saurait  observer  et  qui  prendrait  l'expérience 
pour  guide,  dans  des  essais  méthodiques,  s'appuierait  avec  utilité  dans  la 
recherche  du  traitement.  » 


(  ioi5  ) 

M.  Dumas,  après  avoir  analysé  la  Communication  précédente,  donne 
lecture  du  passage  suivant  d'une  Lettre  qu'il  a  reçue  de  M.  3Iax.  Cornu  : 

(c   J'ai  trouvé  vendredi  soir  un  individu  sexué  du  Phylloxern  vas- 

talrix;  il  était  en  train  d'éclore.  Il  est  dénué  de  suçoir.  Il  provient  de  ra- 
cines sur  lesquelles  j'ai  trouvé  plusieurs  individus  ailés. 

»  Je  prends  la  liberté  de  vous  annoncer  cette  nouvelle  comme  une  véri- 
fication des  recherclies  magnifiques  de  M.  Balbiani.  » 

VITICULTURE.  —  Observations  relatives  à  l'opinion  exprimée  par  M.  Guérin- 
Méneville,  sur  l'apparition  du  Phjlloxera  considérée  comme  une  consé- 
quence de  la  maladie  de  la  vigne;  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  de  Male- 
GNANE  à  M.  le  Président. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 
«...  D'après  M.  Guérin-Méneville,  le  Phjlloxera  vastntrix  serait  indi- 
gène en  France;  son  développement  abondant  serait  dû  à  un  état  maladif 
antérieur  de  la  vigne.  Les  vignerons  du  Midi  sont  bien  à  plaindre  déjà! 
Ajouter  qu'ils  le  sont  par  leur  faute  est  un  peu  dur;  mais  est-on  bien  fondé 
à  le  soutenir?  Je  ne  le  pense  pas  : 

1°  Parce  qu'on  ne  définit  pas  en  quoi  consiste  cet  état  maladif  de  la  vigne 
et  à  quels  signes  il  se  reconnaît; 

»  2°  Parce  qu'on  ne  donne  aucune  preuve  de  l'existence  du  Phylloxéra 
vnstatrix  en  France  avant  iSG.'); 

»  3°  Parce  que,  si  le  Phylloxéra  était  indigène,  il  se  trouverait  en  France, 
comme  on  le  rencontre  en  Amérique,  partout  où  il  y  a  des  vignes,  tandis 
que  l'Est,  la  Champagne,  le  Jura,  la  Bourgogne,  l'Orléanais,  etc.,  n'en  pré- 
sentent pas; 

»  4°  Parce  que,  loin  de  se  développer  à  la  fois  sur  toute  la  France,  le 
Phylloxéra  s'est  étendu,  comme  une  tache  dlmile,  par  la  circonférence, 
en  partant  des  centres  où  il  s'était  manifesté  pour  la  première  fois  vers  1 865; 
»  5°  Enfin,  parce  que,  partout  où  le  Phylloxéra  paraît,  la  vigne  est  tuée, 
et  que,  partout  où  elle  se  porte  bien,  on  n'en  a  pas  vu  et  l'on  n'en  voit  pas 
trace,  ni  avant  l'invasion,  ni  depuis. 

.)  Je  conseillerai  donc  aux  vignerons  de  s'occuper  du  Phylloxéra  et  de 
lui  faire  la  chasse,  tant  que  j'ignorerai  où  il  se  trouvait  avan-t  1 865,  en  France, 
et  où  il  se  trouve  aujourd'hui,  à  l'état  latent,  dans  les  régions  vinicoles  de 
l'Europe  qui  n'en  souffrent  pas;  car,  jusque-là,  il  m'apparaît  comme  la 

cause  du  mal  et  non  comme  sa  conséquence.  » 

i3i.. 


(   ioi6  ) 

M.  J.  Lechape  adresse  une  Note  concernant  l'action  que  peut  exercer 
l'ail  broyé  et  mélangé  de  sel  marin  pour  la  destruction  du  Phylloxéra. 

M.  A.  Pagani  adresse  une  Lettre  par  laquelle  il  réclame  la  priorité  pour 
l'indication  de  l'emploi  du  sulfate  de  cuivre  contre  le  Phylloxéra. 

M.  VicAT  adresse  le  dessin  d'une  tarière  pour  l'introduction  des  snb- 
stances  insecticides  jusqu'aux  racines  de  la  vigne. 

Ces  diverses  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra. 

M.  T.  Héna  adresse  deux  Notes  relatives  à  la  géologie  de  quelques  points 
des  Côtes-du-Nord. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Lailler  adresse  une  Note,  accompagnée  d'une  pièce  anatomique, 
pour  servir  à  l'étude  de  la  formation  des  calculs  biliaires. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  A.  DE  Chasseqcint  adresse  une  Note  relative  à  la  navigation  aérienne. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  C.-M.  Matiiev  adresse  un  nouveau  Mémoire  concernant  l'utilisation 
de  la  force  du  vent,  pour  réduire  la  consommation  du  combustible  dans 
les  machines  motrices. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  E.  Métamorfotis  adresse  le  dessin  d'une  machine  fondée  snr  la 

gravité. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Tresca.) 

M.  DuvoNKOwsKi  adresse  une  Note  concernant  un  élixir  anlicholérique. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 


(  ïo>7  ) 
CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE.  —  Noie  sur  les  meilleures  dimensions  ù  donner  aux  électro-aimanls; 

par  M.  Th.  du  Moncel. 

u  Dans  la  dernière  Note  que  j'ai  adressée  à  l'Académie  (i),  j'avais  posé 
une  formule  assez  simple  pour  déterminer  le  diamètre  à  donner  au  noyau 
de  fer  d'un  électro-aimant,  pour  le  placer  dans  les  meilleures  conditions 
possibles  par  rapport  à  une  force  électromotrice,  et  à  une  résistance  de 
circuit  donnée.  Cette  formule,  qui  conduit  implicitement  à  conclure  que, 
dans  le  cas  où  un  électro-aimant  est  établi  dans  toutes  ses  conditions  de 
maximum,  ce  diamètre  est  indépendant  de  la  résistance  du  circuit  et  pro- 
portionnel à  la  puissance  f  de  la  force  électromotrice,  ne  peut  se  rap- 
porter qu'à  un  électromoteur  dont  le  fd  est  de  même  diamètre  que  celui 
du  circuit.  Or  ce  cas  n'est  pas  général,  et  il  était  à  désirer  que  la  formule 
pût  s'étendre  à  des  circuits  composés  de  conducteurs  différents,  tant  par  la 
nature  que  par  la  grosseur  :  c'est  cette  partie  du  problème  dont  je  donne 
aujourd'hui  la  solution. 

»  Nous  avons  vu  que,  pour  obtenir  la  valeur  de  c,  c'est-à-dire  celle  du 
diamètre  du  fer  d'un  électro-aimant,  j'étais  parti  de  la  loi  de  MiUler,  qui 
peut  se  formuler  par  l'équation 

1/   _  v'~ 

c,  c'  représentant  les  diamètres  de  deux  électro-aimants  dont  l'un  c'  sert  de 
type  de  comparaison,  et  qu'on  suppose  placé  dans  des  conditions  conve- 
nables; I,  r  les  intensités  des  courants;  t,  i'  les  nombres  de  tours  de  spires 
des  deux  hélices. 

»  Nous  avons  vu  de  plus  que,  pour  obtenir  les  valeurs  de  t  et  de  t'  en 
fonction  de  quantités  connues,  j'avais  eu  recours  aux  formules  dérivées  des 
conditions  de  maximum  des  électro-aimants  par  rapport  à  leur  bobine  ma- 
gnétisante qui  donnent 

t=—-i     K  =  — -7-5      1  = 


27:c'77j' 


(1)  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  347. 


(   ioi8  ) 
m  représentant  le  coefficient  par  lequel  il  faut  multiplier  le  diamètre  c 
pour  obtenir  la  longueur  du  fer  de  l'électro-aimanl;  g  désignant  le  dia- 
mètre du  Hl  recouvert  de  son  enveloppe  isolante,  R  la  résistance  du  circuit 
extérieur  et  E  la  force  éleclromotrice  totale  (i). 

»  Quand  le  conducteur  du  circuit  extérieur  est  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  le  fil  qui  constitue  l'hélice  de  l'électro-aimant,  R  n'a  pas  besoin 
d'être  réduit  en  fonction  de  g  pour  fournir  la  valeur  de  t;  mais  il  n'en  est 
plus  de  même  si,  le  fil  ayant  un  diamètre  indéterminé,  R  est  exprimé  en 
unités  d'une  résistance  autre  que  celle  qui  peut  servir  de  mesure  de  lon- 
gueur à  ce  fil.  Il  devient  alors  nécessaire  de  réduire  R  en  fonction  de  g, 
du  moins  pour  l'évaluation  de  t.  Or,  comme  cette  réduction  a  pour  expres- 

siou  '^  °  [q  représentant  une  longueur  égale  à  SySooo,  quand  R  est  ex- 
primé en  unités  de  fil  télégraphique  de  4  millimètres  de  diamètre,  ety^étnnt 
le  coefficient  par  lequel  il  faut  diviser  g  pour  obtenir  le  fil  dépourvu  de 
sa  couverture  de  soie),  on  arrive  à  avoir  pour  valeur  de  t 

?17C-  l/nR  /-  i/R    m  Jq 

t  =         ^  =  \IC  -i-r      .    ^       • 

\jf- 1  n  c'  m  J     \llTsm 

»  La  seconde  partie  du  second  meuibre  de  cette  équation,  étant  une 
constante,  peut  être  calculée  avec  les  quantités  connues  résultant  des  don- 

nées  fournies  par  l'électro-aimant  type,  et  qui  sont  -77-7;  de  sorte  que  l'on 

arrive  à  l'expression  simple 

t         

E      /      m  \Ic'^q 
C  =  '  ^ 


/\JR  \il't'<j2nm 


qui  peut  encore  se  débarrasser  du  facteur^,  si  l'on  considère  qufi,  en  faisant 
pour  l't'  ce  que  l'on  a  fait  pour  Jt,  ou  arrive  à  l'équation 


''"''  E'  v/r/' 


Or  la  quantité  entre  parenthèses  du  second  membre  de  l'avant-dernière 
équation  peut  être  aisément  calculée,  et,  d'après  les  conditions  de  l'électro- 
aimant  type  que  j'ai  employé,  elle  est  égale  à  0,0000288  quand/ ne  figure 
pas  dans  la  formule,  ou  à  0,00004394  quand  cette  quantité  y  est  repré- 


(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  i4o5. 


(  IOI9  ) 
sentée,  ce  qui  est  d'ailleurs  inutile,  puisque  le  rapport  -j  est  setisiblement 


égal  a  i. 


»  Il  résulte  de  cette  formule  plusieurs  conséquences  importantes,  qui 
peuvent  se  traduire  ainsi  : 

»  1°  Pour  des  résistances  de  circuit  égales,  tes  diamètres  d'un  électro-aimant 
doivent  être  proportionnels  aux  forces  électromotrices. 

»  2°  Pour  des  forces  électromotrices  égales,  ces  diamètres  doivent  être  en 
raison  inverse  de  la  racine  carrée  de  la  résistance  du  circuit  extérieur,  j  compris 
la  résistance  de  la  pile. 

»  3°  La  valeur  de  ces  diamètres,  en  supposant  que  la  résistance  R  du 
circuit  extérieur  soit  exprimée  en  unités  métriques  de  fil  télégraphique  de 
4  millimètres  et  que  la  valeur  de  E  soit  calculée  dans  l'hypotlièse  que  la 
force  électromotrice  d'un  élément  Daniell  est  représentée  par  5973,  a  pour 
expression 

c  =  —=  0,0000288. . .  mètres, 

et  le  chiffre  que  l'on  obtient  représente  des  fractions  du  mètre. 

»  4°  En  n'employant  pour  valeur  de  E  que  le  rapport  de  la  force  élec- 
tromotrice donnée  à  celle  de  l'élément  Daniell  prise  pour  unité,  la  formule 
devient 

c=: —r=  0,172175...  mètres, 

et  la  valeur  de  R  doit  toujours  être  exprimée  en  unités  métriques  de  fil 
télégraphique. 

»  5"  En  rapportant  les  valeurs  de  E  et  de  R  au  système  coordonné  des 
mesures  électriques  de  l'Association  Britannique,  c'est-à-dire  au  volt  ou 
unité  de  force  électromotrice  qui  représente  les  -^  de  la  force  de  l'élément 
Daniell,  et  à  Vohm  qui  équivaut  à  100  mètres  de  fd  télégraphique  de 
4  millimètres  de  diamètre,  la  formule  devient 

c= -^i  o,oi5n57...  mètres, 

OU,  en  estimant  ce  diamètre  en  milsj  mesure  anglaise  qui  représente  des 
millièmes  de  pouce, 

c  =  —=628,223...  mils. 

»  D'après  ces  formules,  on  pourra  savoir  que  le  diamètre  le  plus  conve- 


(    I020   ) 

nable  d'un  électro-aimant  devant  fonctionner  sotis  l'influence  d'un  élé- 
ment de  Bunsen  (moyen  modèle),  sur  un  circuit  n'ayant  guère  d'autre  résis- 
tance que  celle  de  l'électro-aimant,  devra  être 

or 

c  = —?=^  0,172175  =  o"", 0424     ou     iP,674  mi/s. 

»  De  même,  un  électro-aimant  qui  devra  être  interposé  sur  un  circuit 
de  1 18620  mètres  et  qui  devra  fonctionner  sous  l'influence  d'une  pile  de 
Daniell  de  20  éléments  devra  avoir  un  diamètre  représenté  par 

c  =  -—-  0,172175  =  o'",oi , 

V^i  18620     '    ^      ^ 

ou,  en  partant  des  unkés  anglaises, 

0,015957  =  o™, 01  =  393,7  miïs. 


\/ 1 1 86 , 2 

>)  Le  diamètre  c  étant  obtenu,  la  longueur  totale  des  deux  bobines  de 
l'électro-aimant  devient,  pour  le  premier,  5i  centimètres,  soit  25^  centi- 
mètres pour  chacune  des  branches,  et,  pour  le  second,  12  centimètres, 
soit  6  centimètres  pour  chaque  bobine. 

»  La  grosseur  du  fil  peut,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  se  déduire  de  l'équa- 
tion suivante,  quand  c  est  déterminé  (*), 


\/f\/i  °. 


00002 1 06 , . .  mètres  ; 


ce  qui  donne,  pour  le  premier  électro-aimant,  g  =  o™,oo4865,  y  compris 
la  couverture  isolante,  et  o'",oo336  sans  cette  couverture.  La  longueur  du 
fil  est,  avec  ce  diamètre,  242™, 8,  et  cette  quantité,  réduite  en  fil  télégra- 
phique (en  divisant  par  6  et  en  multipliant  par  le  rapport  des  sections), 
donne  bien  les  57  mètres  exprimant  la  valeur  de  R.  Pour  le  second  électro- 
aimant, ces  valeurs  sont  g'  =:  0,0002597  avec  la  couverture  isolante,  et 
0,0001 583  sans  cette  couverture,  avec  une  longueur  de  fil  de  1 1 16™,  7. 

»  La  force  attractive  de  ces  deux  électro-aimants,  avec  un  écartement  de 
l'armature  de  i  millimètre,  et  en  partant  de  la  force  de  l'électro-aimant 

(*)  Le  coeflîcicnt  de  cette  formule  était  un  peu  faible  dans  celle  que  j'ai  donnée 
t.  LXXVIT,  p.  35:  des  Comptes  rendus.  Cela  provenait  de  ce  que  j'avais  exprimé  le  rapport 
des  conductiliiliiés  du  fer  et  du  cuivre  plus  fort  qu'il  ne  l'est  pratiquement,  et  que  le  dia- 
mètre du  fer  était  au-dessous  de  sa  valeur  réelle. 


(     I02I     ) 

type,  qui  est  aS  grammes  pour  un  circuit  de  1 18620  mètres,  est,  pour  le 
premier,  23'^^,  112,  et,  pour  le  second,  268',85;  c'est  du  moins  la  force 
qui  résulte  des  lois  de  MM.  Dub  et  Mùller,  représentées  par  la  formule 

3^ 
£  _   Pf-c- 

l't'^c" 

»  Ces  différentes  formules  montrent  pourquoi  les  électro-aimants  qui  doi- 
vent être  interposés  sur  de  longs  circuits  doivent  avoir  de  petites  dimensions 
et  être  enroulés  de  fil  fin,  et  pourquoi,  au  contraire,  ils  doivent  en  avoir 
de  très-fortes  quand  le  circuit  est  court. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Procédé  pour  préparer  l'alcool  amjlique  actif; 
par  M.  J.-A.  Le  Bel. 

«  M.  Pasteur,  en  soumettant  le  sulfoamylate  de  baryte,  fait  avec  l'alcool 
amylique  du  commerce,  à  une  série  de  cristallisations  successives  et  frac- 
tionnées, en  a  séparé  deux  sulfosels  dont  la  décomposition  fournit  un  al- 
cool amylique  inactif,  bouillant  à  29  degrés,  entièrement  pur,  dont  la  con- 
stitution est  bien  établie,  et  un  alcool  actif,  ayant  un  pouvoir  rotatoire 
de  20  degrés  environ  pour  une  colonne  de  5o  centimètres.  Ce  dernier  alcool 
a  été  moins  bien  étudié,  à  cause  de  la  difficulté  de  sa  préparation;  il  bout, 
d'après  M.  Pasteur,  à  27  ou  28  degrés;  l'absence  de  caractères  chimiques 
qui  le  distinguent  de  son  isomère  inactil  l'a  même  fait  considérer  comme 
un  état  d'isomérie  physique  de  ce  dernier.  Il  perd  son  pouvoir  rotatoire 
quand  on  le  distille  à  plusieurs  reprises  sur  la  potasse.  Cependant  M.  Er- 
lenmayer  a  constaté  que  le  valérianate  d'amyle,  résidu  de  la  préparation 
de  l'acide  valérianique,  renferme  l'alcool  actif  semblable  à  celui  de  M.  Pas- 
teur ;  ce  fait  suffit  pour  prouver  que  certaines  réactions  chimiques  des  deux 
alcools  ne  sont  pas  les  mêmes. 

»  En  cherchant  un  procédé  pour  préparer  l'alcool  actif,  j'ai  eu  l'occa- 
sion d'étudier  la  cause  de  l'anomalie  que  présentent  le  chlorure  d'amyle,  lé- 
gèrement lévogyre,  l'iodure  et  le  bromure  du  même  radical,  notablement 
dextrogyres.  Comme  il  est  difficile  d'admettre  que  ces  trois  corps,  compo- 
sés d'un  même  nombre  de  molécules  groupées  de  la  même  manière,  aient 
des  rotations  en  sens  inverse,  il  y  avait  lieu  de  croire  que  cette  différence 
provenait  de  la  diversité  des  modes  de  préparation  des  trois  éthers  ha- 
loïdes. 

»  En  effet,  les  deux  premiers  éthers  s'obtiennent  par  l'action  du  bro- 

C.  R„  1873,  2»  Semestre.  (.T.  LX.\VU,  Pi"  18.)  *  "^^ 


(     I022    ) 

mure  ou  do  l'iodure  de  phosphore,  tandis  que  le  chlorure  d'amyle  est  pré- 
paré le  plus  souvent  par  le  procédé  indiqué  par  M.  Balard,  procédé  con- 
sistant à  distiller  avec  de  l'acide  chlorhydriqiie,  et  à  décanter  la  couche 
huileuse,  qui  est  redistillée  et  lavée  à  l'acide  chlorhydrique  pour  enlever 
l'alcool  restant.  J'avais  observé  que  le  chlorure  d'amyle  ainsi  obtenu  con- 
tient un  peu  d'alcool  amylique;  car,  si  on  le  chauffe  en  vase  clos  avec  des 
fragments  de  potasse,  il  y  a  formation  d'un  peu  d'alcool  potassé,  lequel, 
réagissant  sur  le  chlorure  d'amyle,  donne  du  chlorure  de  potassium  et  de 
l'éther  amylique;  en  prenant  des  équivalents  égaux  de  chlorure  et  d'alcool 
amylique,  on  peut  même  préparer  l'éther  amylique  aussi  facilement  qu'a- 
vec l'iodure. 

»  Pour  purifier  le  chlorure  amylique  en  se  mettant  à  l'abri  des  erreurs 
pouvant  résulter  de  la  présence  de  l'alcool,  on  l'a  chauffé  à  iio  degrés, 
après  l'avoir  saturé  avec  de  l'acide  chlorhydrique  gazeux;  ensuite  on  a 
neutralisé  et  séché  de  nouveau  ;  la  rotation  observée  alors  s'est  trouvée 
nulle,  au  lieu  d'être  à  gauche  comme  auparavant.  Cette  différence,  très- 
faible  du  reste,  lo  minutes  environ  pour  lo  centimètres,  était  due  à  une 
élimination  partielle  de  l'alcool  amylique;  pour  en  supprimer  les  dernières 
traces,  on  a  employé  successivement  deux  moyens  : 

»  1°  Agiter  avec  l'acide  sulfurique,  qui,  se  combinantavec  l'alcool,  laisse 
surnager  le  chlorure  d'amyle  préexistant. 

»  2°  Traiter  par  le  perchlorure  de  phosphore  qui,  outre  le  chlorure  tout 
formé,  fournit  une  nouvelle  quantité  d'un  nouveau  chlorure  aux  dépens 
de  l'alcool  amylique  subsistant  encore. 

»  Le  mélange  de  ces  deux  chlorures  était  plus  actif  que  le  chlorure  pri- 
mitif isolé  par  la  première  méthode;  il  s'ensuit  que  le  chlorure  obtenu  aux 
dépens  de  l'alcool  est  lui-même  plus  actif,  et  il  devait  en  être  de  même  pour 
l'alcool  amylique  non  attaqué  primitivement  et  qui  l'a  fourni. 

))  I.e  calcul  des  différences  de  rotation  montre,  en  effet,  qu'il  faudrait 
supposer,  dans  le  chlorure  impur,  jj;  d'alcool  ordinaire,  pour  que  la  trans- 
formation de  celui-ci  produisît  le  changement  observé  dans  le  pouvoir  ro- 
tatoire;  comme  une  pareille  quantité  d'alcool  ne  pouvait  exister  après  des 
rectifications  soigneusement  faites,  cet  alcool  et  son  chlorure  devaient  être 
plus  actifs. 

)>  Il  restait  à  isoler  l'alcool  non  transformé  et  à  mesurer  directement  son 
pouvoir  rotatoire. 

»  En  employant  l'acide  chlorhydrique  en  dissolution  pour  éihérifier 
l'alcool  amylique,  il  y  a  une  ]>prte  notable  de  cet  alcool,  retenu  en  disso- 


(     I023    ) 

lution  dans  la  couche  d'acide  affaibli  sur  laquelle  surnage  le  chlorure  à  la 
fin  de  la  réaction  ;  on  a  donc  employé  exclusivement  le  gaz  chlorhydrique, 
quoique  la  présence  de  l'eau  n'empêche  pas  l'alcool  inactif  de  s'élhérifier 
d'abord.  La  réaction  avait  lieu  dans  un  appareil  à  reflux;  de  temps  en  temps, 
on  distillait  la  portion  volatile  avant  120  degrés,  qui  contenait  du  chlorure 
et  de  l'alcool  amylique,  de  l'eau  et  un  excès  de  gaz  chlorhydrique.  Ce  der- 
nier était,  en  majeure  partie,  éliminé  par  une  seconde  distillation  ;  on  saturait 
le  restant  d'acide  par  du  carbonate  de  potasse  en  excès  et  l'on  décantait  la 
couche  huileuse  renfermant  l'alcool  et  lo  chlorure  amylique.  Après  dessic- 
cation, on  les  séparait  par  fractionnement  et  l'alcool  rentrait  dans  l'appa- 
reil. Quand  il  ne  reste  plus  qu'une  petite  quantité  d'alcool,  il  est  avantageux 
de  le  saturer  à  froid  d'acide  chlorhydrique  et  d'accomplir  la  réaction  en 
chauffant  au  bain -marie  dans  de  grands  matras  scellés.  L'emploi  d'un 
grand  autoclave  doublé  de  plomb  permettrait  probablement  de  terminer 
en  quelques  jours  toute  la  série  de  ces  opérations. 

»  Dans  ces  expériences,  on  est  parti  d'un  alcool  du  commerce  qui,  dé- 
barrassé de  la  majeure  partie  de  ses  impuretés,  par  distillation  dans  l'appa- 
reil à  boules,  tournait  de  — 1°58'.  Après  avoir  transformé  en  chlorure  près 
dey^  de  la  masse  primitive,  on  a  eu  un  seul  alcool,  tournant  de  4°32'  pour 
10  centimètres.  (Ces  mesures,  prises  avec  l'appareil  de  M.  A.  Cornu,  se  rap- 
portent au  I  ayon  jaune  du  sodium)  Dans  la  dernière  opération,  la  rotation 
avait  encore  augmenté  de  plus  de  20  minutes;  cela  prouve  que,  quoique 
beaucoup  d'alcool  se  transforme  en  chlorure,  on  peut  obtenir  un  alcool 
notablement  plus  actif  en  continuant  le  même  traitement.  Le  pouvoir  rota- 
toire  de  l'alcool  actif  ainsi  obtenu  est  de  22°^  pour  5o  centimètres,  celui  de 
M.  Pasteur  étant  de  20  degrés  environ.  Cette  identité  pourrait  faire  croire 
que  le  corps  approchait  de  l'état  de  pureté;  néanmoins  il  est  douteux,  a 
priori,  que  l'une  ou  l'autre  méthode  puisse  produire  une  séparation  com- 
plète; car  l'eau  mère  dont  M.  Pasteur  a  extrait  le  sulfoamylate  actif  renfer- 
mait évidemment  du  sel  inactif,  et,  dans  le  procédé  actuel,  les  deux  alcools 
se  trouvant  éthérifiés,  il  doit  arriver  qu'ds  se  combinent  à  l'acide  chlorhy- 
drique dans  la  proportion  où  ils  sont  mélangés. 

»  Quant  aux  chlorures,  les  premiers  obtenus  tournaient  à  droite  de 
10  minutes,  et  les  derniers  de  i°/i';  on  voit  que  l'alcool  actif  se  transforme 
également  en  chlorure,  et  cela  d'autant  plus  facilement  qu'il  se  trouve  en 
plus  petite  proportion.  Le  point  d'ébuUition  de  l'alcool  actif  paraît  être  de 
127  d'  grés;  celui  de  son  chlorure,  d'environ  97  degrés,  notablement  inférieur 
à  celui  du  chlorure  inaclif.  Comme  généralement  les  éthers  iodhydriques 

l32  . 


(     I024    ) 

isomériqnes  manifestent  des  différences  plus  marquées  entre  leurs  points 
d'ébullition,  ou  a  transformé  entièrement  de  l'alcool  tournant  de  !\°n'  en 
iodure  d'amyle.  Ce  liquide  a  commencé  à  bouillir  à  \[\i  degrés;  la  moitié  a 
passé  avant  i/jS  degrés,  et  vers  la  fin  le  tliermomètrc  marquait  149  degrés, 
point  d'ébullition  de  l'iodure  inactif.  Il  suit  de  là  que,  malgré  la  coïncidence 
du  pouvoir  rotatoire  de  l'alcool  obtenu  avec  celui  obtenu  par  M.  Pasteur, 
on  doit  considérer  les  liquides  qui  tournent  de  [\  degrés  par  10  centimètres 
comme  des  mélanges  renfermant  encore  une  certaine  proportion  d'alcool 
actif.  On  peut,  parla  distillation,  purifier  encore  l'iodure  d'amyle  actif,  qui 
finit  par  passer  entre  i44  et  i45  degrés.  La  réaction  observée  alors  est  de 
8°4o'-  Ce  dérivé  est  le  plus  riche  en  produits  actifs  que  l'on  ait  préparé 
jusqu'ici.  Je  me  réserve  de  poursuivre  l'étude  de  l'alcool  actif  et  de  ses  dé- 
rivés, ainsi  que  l'action  sur  l'alcool  brut  de  quelques  autres  acides  qui  pa- 
raissent également  avoir  le  pouvoir  d'opérer  une  séparation. 
»   Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wùrtz.   » 

CEUMiE  physiologiQul;.  —  De  l'influence  qu'exercent  ceiiains  gaz 
sur  ta  conservation  des  œufs;  par  RI.  F.-C  Cai.vert  (1). 

K  Je  prends  la  liberté  de  comnuiuiquer  à  l'Académie  quelques  résultats 
d'un  travail  sur  la  décomposition  des  œufs,  dont  je  m'occupe  depuis  deux 
ans. 

»  action  de  l'oxygène  sur  les  œufs.  —  L'oxygène  agit  très-différemment 
selon  qu'il  est  sec  ou  luunide  :  si  l'on  place  dans  l'oxygène  sec  un  œuf 
entier,  il  n'est  aucunement  altéré;  mais,  si  ce  gaz  est  humide,  on  voit,  au 
bout  de  peu  de  temps  (trois  semaines  ou  un  mois),  l'œuf  se  recouvrir  d'une 
moisissure  blanche  composée  de  filaments  de  i  centimètre  environ,  et  que 
je  pense  être  le  Pénicillium  glaucuni  ou  un  Mycélium.  Vieuton  à  casser  cet 
œuf,  on  reconnaît  que  son  contenu  n'a  subi  aucune  décomposition,  quoique 
l'examen  des  gaz  de  l'appareil  révèle  la  formation  d'une  notable  quantité 
d'acide  carbonique  et  d'un  peu  d'azote,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  le  tableau 
ci-après. 

(i)  Les  deux  Notes  suivantes  de  JI.  Crace  Calvert  avaient  clé  adressées  par  lui,  il  y  a 
quelque  temps,  à  l'un  de  ses  amis,  pour  être  communiquées  à  l'Académie;  des  circon- 
stances particuliùrcs  en  ont  retardé  le  dé|)ot  au  Secrétariat.  SI.  le  Secrétaire  perpétuel  ap- 
prend à  rAcademie  que  M.  Ciace  Caivcrt,  à  son  retour  de  Vienne,  vient  de  succomber  à 
une  fièvre  ty|)linïde  :  il  se  fait  l'inti-rprélc  des  sentiments  de  regrets  qu'inspire  aux  amis 
de  la  Science  cette  perte  prématurée. 


(  loaS  ) 

»  Ces  résultats  se  trouvent  grandement  modifiés  si  l'on  fait,  à  l'extré- 
mité de  l'œuf,  un  petit  trou  avec  une  aiguille  très-fine.  Dans  ce  cas,  l'œuf 
placé  dans  l'oxygène  sec  se  décompose,  et  donne  naissance  à  une  plus 
grande  quantité  d'azote  et  d'acide  carbonique.  On  remarque,  en  outre,  un 
peu  de  mycélium  sur  la  surface  de  l'œuf,  et  son  contenu,  qui  est  devenu 
putride,  renferme  une  très-grande  quantité  de  vibrions  et  de  microzymas. 
Dans  l'oxygène  humide,  la  décomposition  est  encore  |)lus  complète,  ainsi 
que  le  prouve  l'analyse  du  mélange  gazeux  :  non-seulement  le /'enicj7//(/m 
recouvre  la  siu-face  de  l'œuf,  mais  il  a  pénétré  à  l'intérieur  et  altéré  l'appa- 
rence de  l'albumine,  en  lui  communiquant  un  aspect  crémeux;  dans  le  jaune, 
on  remarque  des  microzymas,  mais  pas  de  vibrions.  Cela  tient,  comme 
nous  l'ont  prouvé  d'autres  expériences,  à  ce  que  le  Pénicillium  empêche  le 
développement  des  vibrions,  soit  par  sa  présence  seule,  soit  par  l'acide 
carbonique  qu'il  produit. 

»  Azote.  —  Dans  ce  gaz  humide,  des  œufs,  soit  percés,  soit  intacts, 
peuvent  se  conserver  pendant  trois  mois.  Les  œufs  entiers  se  recouvrent 
d'un  léger  duvet  de  Pénicillium,  mais  l'intérieur  reste  sain.  Avec  les  œufs 
percés,  le  contenu  est  un  peu  décomposé  :  on  n'y  observe  au  microscope 
aucun  filament  de  Pénicillium,  mais  on  y  trouve  des  vibrions;  il  ne  se  pro- 
duit aucun  gaz  étranger, 

»  Hydroijène.  —  Dans  ce  gaz,  les  œufs,  soit  entiers,  soit  percés,  se  re- 
couvrent d'un  léger  duvet,  mais  l'intérieur  reste  sain. 

»  Acide  carbonique.  —  Les  œufs,  soit  intacts,  soit  percés,  se  sont  con- 
servés parfaitement.  Il  n'a  paru  sur  la  surface  aucune  trace  de  Pénicillium. 
Le  résultat  est  le  même,  que  l'acide  carbonique  soit  sec  ou  humide. 

»  Le  gaz  d'éclairage  a  donné  les  mêmes  résultats  que  l'acide  carbo- 
nique. 

action  fie  Voxygcne, 

Composition  de  l'atmosphère  dans  laquelle  se  trouvent  les  œufs 
au  bout  de  trois  mois. 


OEufs  entiers.  OEufs  percés. 

Oxygène  sec.  Oxygène  humide.  Oxygène  sec.  Oxygène  humide. 

Oxygène 100,00  85,25  70,33  48)06 

Acide  carbonique. . .         0,00  i3,65  22,62  4'! 79 

Azote 0,00  1,00  7,05  10,1 5 

100,00(1)  100,00  100,00  100,00 

(1)  Ce  résultat  n'est  pas  d'accord  avec  d'anciennes  observations  que  j'ai  eu  l'occasion  de 
faire.  (Note  de  M.  Dumas. ) 


(     I026    ) 

Action  de  Vacide  carbonique . 


Composition  de  ratniosphère 

clans  laquelle  se  trouvent  les  œufs 

au  bout  de  trois  mois. 


OEufs  entiers.  OEufs  percés. 

Acide  carbonique 100,00  08,  i a 

Azote 0,00  1 ,88 


100,00  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —   De  V influence  de  quelques  substances 
sur  la  conservation  des  œufs.  Note  de  M.  F.-C.  Calvert. 

«  J'ai  |)longé  des  œufs  récemment  pondus  dans  des  solutions  faibles 
(à  -g^)  de  chlore,  d'hypochlorite  de  chaux,  de  sulfite  de  chaux  et  d'acide 
phénique.  Ces  expériences,  que  j'ai  commencées  le  18  avril,  ontété  termi- 
nées le  12  décembre  1871. 

))  Chlore. —  Des  œufs  plongés  dans  une  solution  de  chlore,  contenue  dans 
un  flacon  bouché  à  l'émeri,  se  sont  parfaitement  conservés  et,  le  12  dé- 
cembre, lorsqu'on  les  a  retirés  de  la  solution,  ils  ne  présentaient  aucun 
changement  visible;  mais,  les  ayant  replongés  dans  le  même  liquide  en 
laissant  le  flacon  ouvert,  on  a  observé,  le  19  du  même  mois,  qu'ils  étaient 
recouverts  de  Pénicillium  glcmcum. 

»  Hfpochlorite  de  chaux.  —  Les  œufs  plongés  dans  cette  solution 
furent  d'abord  examinés  au  bout  de  dix  jours;  le  28  avril,  ils  étaient  cou- 
verts de  Peniciliniin  ;  le  8  mai,  ils  étaient  apparemment  dans  le  même  état, 
mais  ]e  Pénicillium  avait  augmenté  notablement,  et  le  8  juin,  lorsqu'on  ter- 
mina cette  expérience,  on  remarqua  à  travers  la  coquille  que  le  jaune 
s'était  déplacé  et  l'observation  microscopique  révéla  dans  l'intérieur  de 
l'œuf  la  présence  de  nombreux  filaments  de  Pénicillium. 

»  Eau  de  chaux.  —  Ces  œufs  furent  examinés  aux  mêmes  dates  que  les 
précédents.  Dans  le  premier  examen,  on  ne  constata  aucun  changement; 
au  second,  on  trouva  les  œufs  couverts  de  Pénicillium  et,  le  8  mai,  ils 
contenaient  en  outre,  à  l'intérieur,  d'autres  moisissures.  Leur  contenu  s'était 
décomposé;  le  blanc  contenait  beaucoup  de  Pénicillium  et  le  jaune  une 
grande  quantité  de  microzymas. 

»   Le  sulfite  de  chaux  a  donné  les  mêmes  résultats. 

»  Acide  phénique.  —  Les  œufs  plongés  dans  cette  solution  n'ont  pré- 
senté aucun  changement  jusqu'au  8  juin.  A  cette  époque  ils  étaient  légè- 
rement recouverts  de  Pénicillium  ;  mais  l'intérieur  était  parfaitement  sain.  » 


(   I027  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Métamorjyfiisme  et  mutabilité  physiologique  de 
certains  microphylcs  sous  l  influence  des  milieux;  relation  de  ces  phénomènes 
avec  la  cause  initiale  des  fermentations  ;  zjmogénèse  intraceUulaire.  Noie  de 
M.  J.  DuvAL,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

a  Les  recherches  que  j'ai  entreprises,  depuis  neuf  années,  sur  la  micro- 
graphie aérienne  et  sur  la  fermentation  alcoolique,  m'ont  amené  à  con- 
clure (i)  : 

))  1°  Que  l'air,  bien  qxi'ii  soit  le  réceptacle  d'une  multitude  de  germes, 
d'origine  principalement  végétale,  ne  recèle  aucune  cellule  type  permettant 
d'affirmer  qu'elle  est  le  représentant  non  douteux  d'une  levure,  ayant 
déjà  accompli  antérieurement  sa  mission  de  dédoublement  sur  une  matière 
fermenfescible  quelconque  ; 

»  2°  Que,  quoi  qu'il  en  soit,  l'air  est  bien  le  véhicule  le  plus  approprié 
à  la  genèse  et  à  la  dissémination  des  ferments  dans  les  milieux  fermentes- 
cibles  ou  putrescibles,  mais  qu'il  faut  toutefois  établir  cette  restriction 
fondamentale,  à  savoir  que  :  si  ratmosphère  charrie  tous  les  éléments  néces- 
saires propres  à  façonner  ces  mêmes  ferments,  ceux-ci  n'en  sont  que  l'ébauche 
première  et  nj  existent  pas  tout  faits  et  immédiatement  prêts  à  agir. 

»  C'est  de  la  fausse  interprétation  des  faits  que  sont  nées  ces  discussions 
interminables  sur  l'hétérogénie  et  la  pansperniie.  Lorsque  les  partisans  de 
la  spontéparité  disaient  à  leurs  adversaires  :  «  Montrez-nous  vos  prétendus 
»  germes?  »  ils  demandaient  surtout  qu'on  leur  fît  voir,  d'une  façon 
palpable,  une  levure  déterminée  ou  bien  le  corps  reproducteur  d'im  mi- 
crozoaire  bien  connu.  L'argument  des  sponféparistes  est  resté  debout  et  les 
homogénistes,  malgré  les  expériences  les  plus  décisives  en  leur  faveur, 
n'ont  pu  convaincre,  jusqu'à  l'évidence,  nos  premiers  maîtres  en  microgra- 
phie. Sans  la  mutabilité,  l'hétérogénie  est  une  négation  sans  fondement,  la 
panspermie  une  affirmation  vague;  avec  elle,  les  deux  doctrines  fusionnent 
et  se  confondent. 


(i)  Ce  résumé  porte  sur  les  travaux  originaux  suivants  :  i°  Causerie  sur  une  expérience 
de  micrngrapliie  aérienne,  à  propos  des  générations  dites  spontanées  ,  Neufchâte!-en-Bray, 
i864;  2°  Des  ferments  organisés,  de  leur  origine,  etc.,  thèse  couronnée  par  la  Société  de 
Pharmacie  de  Paris,  en  1869,  et  reproduite  en  partie  dans  le  Journal  de  Pharmacie  et  de 
Chimie,  55'^  année,  4°  série,  t,  X,  1869;  3°  Mémoire  sur  la  mutabilité  des  germes  microsco- 
piques et  ta  question  des  fermentations,  dans  le  Journal  de  l 'Anatomie  et  de  la  Physiologie 
de  M.  Ch.  Robin,  p.  4oo;  juillet  1873. 


(  loaS  ) 

»  Spornles  de  Miicédinées  diverses,  spores  de  Cryptogames  d'un  ordre 
plus  élevé,  débris  microscopiques  d'Algues  desséchées,  tels  sont  les  seuls 
éléments  qui,  dans  l'air  en  moui'emenl^  participent  à  la  génération  des  fer- 
ments végétaux.  De  cellule  microdermique  constituée  ferment  actif,  il  n'y 
en  a  pas  une  seule,  l'observation  microscopique  le  démontre,  l'expérience 
physiologique  le  contrôle  (i). 

»  Un  jus  sucré  naturel,  soumis  à  l'ébullilion  ou  simplement  filtré  avec 
soin,  étant  abandonné  au  libre  contact  de  l'air,  ne  donne  jamais  lieu  à  la 
fermentation  d'emblée,  et  les  corpuscules  qui  tombent  à  sa  surface,  si  on 
ne  les  force  pas  à  choir  mécaniquement  au  fond  des  vases  pour  les  priver 
de  l'oxygène  de  l'air,  s'y  développent  constamment  sous  forme  de  moisis- 
sures, de  mucors  ou  de  ramifications  byssoïdes.  Le  même  èlre  qui  produit 
la  combustion  du  sucre,  en  croissant  sous  forme  d'expansions  mycéliales, 
produira  plus  tard  son  simple  dédoublement  en  alcool  et  acide  carbonique; 
mais  alors  il  ne  vivra  plus  de  la  vie  aérienne,  et  son  accroissement  se  fera 
par  bourgeonnement.  Jusqu'ici,  toutefois,  le  phénomène  est  aussi  obscur 
que  la  panspermie  pure  et  simple  l'est  elle-même,  et,  avant  d'aller  plus 
loin,  il  importe  de  se  demander  en  vertu  de  quelle  loi  et  par  quel  méca- 
nisme la  spore  de  la  Mucédinée,  être  à  fonction  normalement  comburante, 
devient,  en  certaines  circonstances,  simple  organisme  ferment. 

»  L'état  purement  cellulaire  de  certains  êtres  microscopiques,  en  tant 
qu'ulricules  azotés,  ploie  ces  infiniment  petits  à  des  fonctions  multiples,  et 
c'est  en  raison  même  de  cette  simplicité  de  structure  qu'il  est  permis  aux 
microphytes  les  plus  infimes  de  modeler  leurs  formes,  comme  leurs  attri- 
butions, sur  le  terrain  qui  doit  leur  servir  d'aliment  et  de  support  (2). 

»  Deux  méthodes,  également  accessibles  à  l'expérience,  démontrent  la 
mutabilité  des  germes  microscopiques  :  la  première,  c'est  l'observation 
optique  directe;  la  seconde,  c'est  le  phénomène  chimique.  J'ai  pu  observer 
et  suivre  toutes  les  phases  du  métamorphisme  cellulaire  sur  plusieurs  sémi- 

(i)Ona  pris  trop  peu  en  considération  les  conditions  jibysiques  aiixtiuelles  les  êtres 
ferments  devraient  répondre,  dans  la  supposition  prématurée  de  leur  migration  incessante 
dans  l'atmosphère.  Ces  conditions,  qui  sont,  pour  les  sporules  végétales,  leur  faible  densité 
relative,  le  ])eu  d'hygrométricilé  de  leur  membrane  histologique  et  surtout  leur  réductibi- 
lité  en  atomes  impalpables,  sous  les  influences  divisantes  les  plus  légères,  ces  propi  ittes  es- 
sentielles, dis-je,  n'appartiennent  pas  aux  ferments. 

(2)  A  quelles  bornes  s'arrêtent  la  loi  du  métamorphisme  et  la  mulabilité  physiologique  dont 
j'ai  pu  appliquer  quelques  cas  à  l'étude  des  fermentations?  Cette  loi,  sans  doute,  est  plus 
étendue  qu'on  ne  le  suppose;  j'avoue  cependant  qu'il  me  serait  impossible  de  la  délimiter. 


(     I029    ) 

nnles  récentes  de  Mucédinées  exosporées.  En  emprisonnant  celles-ci  sons 
nne  lamelle  de  verre  en  présence  d'un  peu  de  suc  de  raisin  bouilli  et  fdtré, 
et,  mieux,  en  présence  de  décoction  de  levure  sucrée  et  limpide,  j'ai  vu  ces 
séminules  s'accroître  par  bourgeonnement.  L'expérience  m'a  toujours 
réussi  avec  les  poussières  de  l'air,  et  je  ferai  remarquer  que,  quant  aux  grains 
de  fécule,  aux  cellules  polliniques  et  aux  granulations  moléculaires  libres, 
entraînées  en  même  temps  que  les  autres  particules  organisées,  aucune  de 
ces  dépouilles  pulvérulentes  n'a  éprouvé  de  modification  morphogénique 
pendant  les  nombreuses  épreuves  que  j'ai  tentées  à  cet  égard. 

»   Les  poussières  atmosphériques,  récoltées  telles  quelles  sur  des  bal- 
lons remplis  de  glace,  ou  bien  des  sporules  déterminées  et   exemptes  de 
tout  organisme  étranger,  ayaiit  été  ensemencées  dans  des  matras  à  moitié 
pleins  de  liquides  sucrés  dont  j'avais  à  l'avance  assuré  la  stérilité  par  les 
procédés  de  M.  Pasteur,  ont  déterminé  dans  ceux-ci  des  phénomènes  de 
fermentation  continue;   et,  toutes  les  fois  que  j'ai  opéré  sur  des  liqueurs 
légèrement  acides,  j'ai  obtenu  la  formation  de  levure  normale  en  même 
temps  que  le  dégagement  d'acide  carbonique  et  production  d'alcool  (i). 
»   Des  faits  non  moins  curieux  de  mutabilité,  et  ceux-là  ne  permettent 
nulle  équivoque,  m'ont  été  fournis  par  les  cellules  globuleuses  d'un  cer- 
tain nombre  d'Algues  d'ordre  inférieur.  Je  citerai  principalement,  comme 
ayant  donné  sons  mes   yeux  les  plus  beaux  exemples  de   genèse  intra- 
zymique,  le  Palmella  cruenta,  le  Protococcus  viridis  (major),  et  V Hœmalo- 
coccus. 

»  Ayant  ensemencé,  l'hiver  dernier,  avec  les  cellules  de  ce  dernier  mi- 
crophyte,  du  suc  de  raisin  blanc,  resté  sans  altération  depuis  cinq 
mois,  j'ai  obtenu,  au  bout  de  quatre  jours,  une  fermentation  éner- 
gique. Le  sixième  jour,  je  recueillais  un  gaz  entièrement  absorbable 
par  la  potasse,  et,  au  bout  de  trois  semaines,  la  température  ambiante 
ayant  été  maintenue  à  28  degrés  C,  je  recueillis  un  vin  de  bon  goût,  titrant 
i3  pour  100  d'alcool  absolu  et  dépouillé  de  toute  trace  d'acide  acétique. 
A  l'ouverture  du  ballon,  la  levure  formée  différait  complètement  de  la 
levure  habituelle  du  raisin. 


(i)  J'ai  consigné  ces  expériences  dans  ma  thèse  inaugurale  sur  les  Ferments  organisés 
(1869),  et  je  me  permets  de  demander  à  l'Académie  de  bien  vouloir  enregistrer  cette  date, 
des  épreuves,  en  tout  semblables  aux  miennes,  n'ayant  été  relatées  pour  la  première  fois, 
par  M.  Pasteur,  qu'en  1872,  à  propos  de  sa  discussion  avec  M.  Freniy  sur  l'origine  des 
levures,  discussion  engagée,  d'ailleurs,  au  sein  même  de  cette  Académie. 

C.R.,1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  IR.)  l33 


(   io3o  ) 
»   La  transformation  de  certains  êtres  nidimentaires  en  levures  hétéro- 
morphes  est  donc  un  fait  acquis  à  l'expérience  (i).   » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  le  fonctionnement  de  Cappareil  respira- 
toire après  l'ouverture  de  la  paroi  thoracique.  Note  additionnelle,  par 
MM.  G.  Carlet  et  J.  Strakss,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

n  Nous  désirons  compléter,  par  quelques  éclaircissements  historiques, 
notre  Communication  sur  le  fonctionnement  des  poumons  après  l'ouver- 
ture du  thorax  (2),  Le  fait  du  développement  du  poumon,  au  moment  de 
l'effort,  malgré  l'ouverture  du  thorax,  a  été  déjà  mis  en  lumière  par  Mal- 
gaigne,  dans  ses  recherches  sur  la  hernie  du  poumon  dans  les  plaies  péné- 
trantes de  poitrine.  Sur  le  malade  même  qui  a  fait  l'objet  de  nos  recher- 
ches, M.  Béhier  constatait  l'existence  du  murmure  vésiculaire,  distinct 
quoique  affaibli,  immédiatement  après  l'opération  de  l'empyème,  preuve 
évidente  que  le  poumon  continuait  à  se  développer  malgré  la  libre  péné- 
tration de  l'air  extérieur  dans  la  plèvre.  Enfin,  l'année  dernière,  pareille- 
ment à  la  clinique  de  l'Hôtel-Dieu,  sur  un  malade  auquel  on  avait  pratiqué 
l'opération  de  l'empyème,  MM.  Bail  et  Liouville  ont  observé,  à  chaque 
mouvement  d'inspiration,  l'apparition  du  poumon  derrière  les  lèvres  de 
la  plaie.  Le  développement  pulmonaire,  malgré  louverture  de  la  plèvre, 
était  donc  cliniquement  constaté,  tant  au  moment  de  l'effort  que  dans  la 
respiration  ordinaire.  Nos  recherches  ont  fourni  une  nouvelle  preuve,  la 
preuve  graphique,  et  en  même  temps  la  mesure  exacte  de  ce  dévelop- 
pement. » 

HISTOLOGIE.  —  Propriétés  et  structures  différentes  des  muscles  rouges  et  des 
muscles  blancs,  chez  les  Lapins  et  chez  les  Raies.  Note  de  M.  L.  Ranvier, 
présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  Les  anatomistes  savent  depuis  longtemps  que,  chez  certains  animaux, 
il  y  a  deux  espèces  de  muscles  :  des  muscles  rouges  et  des  muscles  pâles. 
Ainsi,  chez  le  Lapin,  le  muscle  demi-tendineux  est  un  muscle  rouge, 
tandis  que  le  vaste  interne,  dans  lequel  il  se  trouve  logé,  est  un  muscle 

(i)  L'étude  des  fermentations  s'ouvre  donc  sous  un  nouveau  jour,  et  j'ai  dit  ailleurs  tout 
le  parti  qu'on  pourrait,  sans  doute,  tirer  industriellonient  de  ces  nouvelles  inductions  phy- 
siologiques autant  pour  la  fabrication  que  pour  la  conservation  des  vins. 

(2)   Comptes  re/iilus,  aq  septembre  1873. 


(  io3i  ) 

pâle  (i);  les  adducteurs  de  la  cuisse  présentent  un  mélange  de  fibres 
rouges  et  de  fibres  pâles. 

»  Chez  les  Poissons,  on  trouve  aussi  cette  distinction  en  muscles 
rouges  et  en  muscles  pâles,  et  chez  quelques-uns,  les  Raies  et  les  Torpilles, 
par  exemple,  il  y  a  des  muscles  formés  des  deux  espèces  de  fibres. 

«  Cette  différence  de  coloration  des  muscles  ne  provient  pas  de  la 
quantité  variable  de  sang  contenue  dans  leur  système  capillaire;  en  effet, 
si  l'on  fait  passer  dans  les  vaisseaux  un  courant  de  sérum  artificiel,  les 
mîiscles  blancs  deviennent  encore  plus  pâles,  tandis  que  les  muscles 
rouges  gardent  leur  coloration;  celle-ci  tient  donc  à  la  fibre  musculaire 
elle-même. 

M  Nous  avons  étudié  ces  muscles  chez  les  Lapins  et  chez  les  Raies,  et 
nous  avons  reconnu  des  différences  aussi  bien  dans  leurs  propriétés  que 
dans  leur  structure. 

»  Propriétés  physiologiques.  —  Le  muscle  demi-tendineux  du  Lapin,  mis 
à  nu  et  excité  avec  un  courant  électrique  interrompu,  se  raccourcit  peu  à 
peu  et  progressivement;  une  fois  tétanisé,  il  reste  raccourci  tant  que 
l'excitation  est  continuée,  sans  communiquer  de  secousses  à  la  pince 
électrique  et  à  la  main  qui  la  tient,  comme  en  donnent  les  muscles  striés 
ordinaires.  Lorsque  l'excitation  cesse,  le  muscle  revient  peu  à  peu  à  sa 
longueur  primitive. 

»  Les  muscles  blancs  du  Lapin,  excités  avec  le  même  courant,  se  con- 
tractent au  contraire  brusquement,  et  pendant  toute  la  durée  de  l'exci- 
tation ils  sont  agités  de  secousses  correspondant  aux  interruptions  du 
courant.  Lorsque  l'excitation  cesse,  ils  reviennent  brusquement  à  leur 
longueur  primitive, 

n  Sur  un  Lapin  dont  le  bulbe  a  été  sectionné  et  auquel  on  pratique  la 
respiration  artificielle,  le  nerf  sciatique  est  coupé  en  deux  points,  à  sa  sortie 
de  l'échancrure  sciatique  et  au  tiers  supérieur  de  la  cuisse;  le  tronçon  de 
nerf  coupé  contient  des  fibres  qui  se  rendent  au  vaste  interne  et  au  demi- 
tendineux.  Jj'excitant  électrique  appliqué  à  ce  nerf  fait  contracter  ces  deux 
muscles  à  la  fois  et  différemment;  chacun  se  comporte  de  la  façon  que 
nous  avons  décrite  plus  haut. 

Il  Les  Raies  possèdent,  entre  autres  muscles  rouges,  de  petits  faisceaux 
musculaires,  en   forme  de  fuseaux,   situés  sous  la  peau  de  la  région  dor- 


(i)  Dans  son  ouvrage  sur  l'iinatomie  du  Lapin,  Krause  signale  ces  différences  dans  la 
coloration  des  mi'srles.  {Die  .■/natomie  rlex  Kfinim/irn.f,  p.  iiq;  1868. 1 

i33. 


(  io32  ) 
sale;  chacun  de  ces  faisceaux  correspond  à  un  intervalle  entre  deux  arêtes 
cartilagineuses;  ils  reposent,  sur  des  masses  de  muscles  pâles.  Ces  muscles 
rouges  isolés  se  comportent,  sous  l'influence  de  l'excitation  électrique, 
comme  les  muscles  rouges  du  Lapin.  Les  muscles  pâles  qui  se  trouvent 
au-dessous  présentent  les  mêmes  phénomènes  que  les  muscles  blancs  du 
Laj)in.  Si  l'on  découvre  chez  une  Raie  le  gros  nerf  de  la  nageoire  latérale  et 
qu'on  l'excite,  les  muscles  rouges  et  les  muscles  blancs  auxquels  il  se  dis- 
tribue se  comportent  comme  leurs  analogues  chez  le  Lapin. 

»  Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Marey,  qui  a  bien  voulu  mettre  à 
notre  disposition  ses  instruments  et  son  concours,  d'avoir  obtenu  le  tracé 
graphique  de  ces  confraclions  musculaires;  il  confirme  parfaitement  les 
observations  que  nous  avions  faites  d'abord,  et  nous  permet  d'y  ajouter 
quelques  détails. 

»  Chez  un  Lapin,  le  muscle  demi-tendineux  et  le  vaste  interne  sont  excités 
au  même  moment  par  l'intermédiaire  du  nerf  sciatique.  Les  courbes  fournies 
alors  par  les  deux  muscles  n'ont  pas  leurs  points  de  départ  sur  la  même 
verticale;  celle  du  demi-tendineux  présente  un  retard  notable,  ce  qui 
montre  que  le  temps  perdu  des  muscles  rouges  est  plus  considérable  que 
celui  des  muscles  pâles. 

»  Les  muscles  blancs,  excités  directement  par  un  courant  interrompu 
dont  on  n'a  pas  déterminé  exactement  la  fréquence  des  interruptions,  don- 
nent un  tracé  composé  d'une  série  de  zigzags  ou  de  crochets  correspondant 
aux  interruptions  du  courant.  Les  muscles  rouges,  excités  par  le  même 
courant,  interrompu  aux  mêmes  intervalles,  donnent  une  courbe  continue 
qui  atteint  une  certaine  hauteur  correspondant  à  la  contraction  tétanique 
et  s'y  maintient  pendant  tout  le  temps  que  dure  l'excitation.  Lorsque  celle-ci 
cesse,  la  courbe  redescend  lentement.  Si  l'appareil  est  disposé  de  manière 
à  diminuer  le  nombre  des  interruptions  dans  l'unité  de  temps,  on  constate, 
dans  la  partie  ascendante  de  la  courbe  générale  du  muscle  rouge,  trois  ou 
quatre  ondulations  à  peine  marquées,  correspondant  aux  interruj)tions  du 
courant.  Au  contraire,  si  l'on  fait  agir  sur  les  muscles  blancs  un  courant  à 
interruptions  très-rapprochées,  le  muscle  est  tétanisé,  comme  l'est  le  muscle 
rouge  par  un  courant  à  interruptions  plus  rares.  Il  faut  ajouter  que  les 
muscles  rouges  perdent  leur  excitabilité  après  la  mort  plus  rapidement  que 
les  muscles  blancs. 

»  Stnichnc.  —  Chez  le  Laj)in,  les  faisceaux  musculaires  blancs  et  rouges 
ont  les  mêmes  diamètres,  o""",o4o  à  o""",o6o.  Les  faisceaux  blancs  pré- 
sentent une  strialion  transversale  très-nette,  tandis  que  la  striation  longitu- 


(  io33  ) 
dinale  y  est  à  peine  distincte  ;  les  rouges,  au  contraire,  ont  des  stries  longi- 
tudinales très-apparentes,  tandis  que  les  stries  transversales,  au  lieu  d'être 
rectilignes,  coinnu;  dans  les  nuiscles  pâles,  y  forment  des  lignes  brisées.  Il 
résulte  de  cette  disposition  que  les  faisceaux  primitifs  des  muscles  rouges, 
vus  suivant  leur  longueur,  ont  un  aspect  granuleux. 

»  Colorés  avec  le  carmin,  les  faisceaux  primitifs  des  muscles  rouges  pré- 
sentent des  noyaux  très-abondants  et  disposés  en  séries  longitudinales, 
tandis  qu'ils  sont  épars  dans  les  faisceaux  des  muscles  pâles. 

«  Sur  des  coupes  transversales  des  muscles,  on  reconnaît  facilement  les 
noyaux  qui  existent  à  la  face  supérieure  de  la  coupe  de  cbaque  faisceau 
primitif.  Les  faisceaux  des  muscles  pâles  montrent,  immédiatement  au-des- 
sous du  sarcolemme,  les  noyaux  aplatis  au  nombre  de  i  à  4  pour  chaque 
faisceau.  Des  préparations  semblables  des  muscles  rouges  nous  laissent 
voir  4^9  noyaux  pour  chaque  faisceau.  De  plus,  ces  noyaux  sont  sphé- 
riques  et  logés  dans  de  petites  dépressions  creusées  dans  la  substance  mus- 
culaire. Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  faisceaux  de  muscles  ronges  pos- 
sédant des  noyaux  au  milieu  même  de  leur  substance. 

»  Chez  les  Raies,  les  muscles  rouges,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  ont  des 
faisceaux  beaucoup  plus  minces  que  les  blancs.  Une  Raie,  longue  de  90  cen- 
timètres, m'a  présenté  des  faisceaux  rouges  dont  le  diamètre  était  de 
o™™,o6o  à  o™'",09o,  et  les  faisceaux  blancs  de  o""",i5o  à  o'"'",i8o  de  dia- 
mètre; les  deux  ordres  de  faisceaux  montrent  la  même  différence  de  stria- 
lion  que  les  muscles  du  Lapin. 

»  Chez  les  Raies,  les  Torpilles  et  d'autres  Poissons,  le  sarcolemme,  au 
lieu  d'être  appliqué  directement  sur  la  masse  qui  constitue  le  faisceau  pri- 
mitif, en  est  à  une  certaine  distance;  l'intervalle  est  occupé  par  une  ma- 
tière parsemée  de  fines  granulations;  des  noyaux  plats,  logés  dans  une 
masse  de  protoplasma  également  aplatie,  tapissent  la  face  profonde  du 
sarcolemme;  des  noyaux  sont  également  disposés  dans  l'épaisseur  du 
faisceau  primitif,  ainsi  qu'on  l'observe  facilement  sur  les  coupes  transver- 
sales :  il  y  a  donc  dans  les  muscles  de  ces  animaux  deux  espèces  d'éléments 
cellulaires.  Les  premiers,  c'est-à-dire  ceux  qui  sont  placés  à  la  face  pro- 
fonde du  sarcolemme,  sont  bien  plus  nombreux  dans  les  muscles  rouges 
que  dans  les  blancs. 

»  Les  faits  que  je  viens  d'indiquer  établissent  qu'il  y  a,  dans  l'économie 
de  quelques  animaux,  deux  sortes  de  muscles,  tant  au  point  de  vue  de  la 
forme  que  des  fonctions.  Je  pense  que  ces  deux  espèces  de  muscles  existent 
chez  un  très-grand  nombre  d'animaux;  mais,  pour  l'établir,  il  faudrait  des 


(  io34  ) 
recherches  spéciales  que  je  n'ai  pas  encore  faites.  Ces  recherches  doivent 
être  minutieuses;  car  il  se  pourrait  que  les  deux  espèces  de  fibres  fussent 
mélangées  intimement,  au  lieu  d'être  combinées  par  gros  faisceaux,  comme 
dans  les  adducteurs  du  Lapin  et  dans  certains  muscles  des  Raies  et  des 
Torpilles. 

»  L'action  des  deux  espèces  de  muscles  n'étant  pas  la  même,  il  est  pro- 
bable que  leur  rôle  est  différent;  les  pâles,  avec  leur  contraction  brusque, 
seraient  des  muscles  d'action  par  excellence;  les  rouges,  avec  leur  con- 
traction plus  lente  et  plus  persistante,  seraient  plutôt  équilibrateurs  ou 
régulateurs. 

»  Ce  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  d'Histologie  du  Collège  de 
France  et  dans  le  laboratoire  de  Concarneau.  » 

MÉDECINE.   —  Sur  te  scorbut  et  son  traitement.  Note  de  M.  Cbampôl'ili.on, 
présentée  par  M.  Larrey.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  La  diffluence  du  plasma  du  sang,  qui  constitue  le  scorbut,  est  générale- 
ment attribuée  à  l'usage  exclusif  et  prolongé  des  salaisons.  Le  rôle  du  sel 
marin  dans  la  production  de  cette  maladie  a  été  fort  exagéré  et  surtout 
inexactement  interprété.  Le  scorbut  est,  en  réalité,  un  effet  de  la  dyspepsie 
gastro-intestinale  et  de  l'inanition. 

»  Les  viandes  conservées  au  moyen  du  chlorure  de  sodium  et  de  l'azotate 
de  potasse  perdent,  par  exosmose,  leurs  sucs,  leur  arôme,  leurs  princi|)es 
albuminoïdes  azotés,  qui  passent  dans  la  saumure;  elles  tombent  dès  lors 
dans  la  classe  des  aliments  simplement  carbonés;  elles  ne  répondent  plus 
au  besoin  d'une  alimentation  animalisée.  Dépouillées  de  toute  saveur  par 
les  lavages  auxquels  on  les  soumet  avant  de  les  consommer,  les  salaisons 
dégénèrent  en  une  substance  fade  et  indigeste,  qui  fatigue  très-prompte- 
ment  l'estomac;  dénaturées  d'autre  part  par  l'action  du  chlorure  de  so- 
dium, elles  constituent  un  élément  insuffisant  et  très-propre  à  amener  la 
dyspepsie  et  l'inanition.  Quand  les  viandes  conservent  un  excès  de  salure, 
elles  deviennent  encore  une  cause  de  dyspepsie,  par  l'intensité  de  leur  im- 
pression sur  le  palais  et  sur  l'estomac,  un  obstacle  à  la  digestion  par  la 
neutralisation  des  acides  des  sucs  gastriques,  une  cause  d'inanition  en 
restreignant  la  quantité  des  matériaux  de  nutrition,  et  aussi  luie  cause 
de  diffluence  morbide  des  éléments  coagulables  du  sang. 

»  Les  vivres  secs  (riz,  biscuit,  légumes  féculents)  qui  composent  la  ra- 
tion journalière  des  équipages  et  des  garnisons  dans  les  places  assiégées 


(  io35  ) 
entrent  eux-mêmes  dans  le  mécanisme  physiologique  du  scorbut,  en  déter- 
minant la  dyspepsie  flatulente,  par  suite  de  l'insuffisance  de  la  diastase  ani- 
male et  de  la  pepsine  propres  à  convertir  en  produits  absorbables  des  quan- 
tités considérables  de  substances  amylacées. 

»  C'est  encore  par  la  dyspepsie  que  prélude  le  scorbut  chez  les  sujets 
condamnés  à  se  nourrir  invariablement  des  mêmes  aliments  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long. 

»  Le  scorbut  peut  être  un  résultat  de  1  inanition,  chez  les  religieux  qui 
ne  vivent  que  d'aliments  végétaux. 

M  Dans  le  traitement  prophylactique  ou  curatif  du  scorbut,  l'indication 
la  plus  urgente  consiste  à  soustraire  le  personnel  des  navires  ou  des  places 
assiégées  aux  causes  de  la  maladie;  quand  cette  mesure  est  impraticable,  il 
faut  absolument  introduire  désormais  dans  les  approvisionnements  de 
consommation  :  i°  des  fruits  acides;  ils  raffermissent  la  cohésion  des  ma- 
tériaux du  sang,  ils  secondent  la  digestion  stomacale  et  neutralisent  l'excès 
des  principes  alcalins  répandus  dans  l'organisme;  i"  le  vin  rouge  aroma- 
tique; en  lotions,  il  rehausse  l'énergie  contractile  des  vaisseaux  capillaires 
et  prévient  lessuffusions  sanguines  ou  séreuses;  3°  la  pepsine;  comme  con- 
diment et  auxiliaire  de  la  digestion;  4°  le  suc  ou  l'extrait  d'orties  brû- 
lantes, justement  réputé  comme  hémostatique;  5"  le  lait  condensé,  comme 
aliment  frais  et  très-nutritif;  6°  l'extrait  concentré  de  malt  lioublonné;  son 
amertume  donne  à  l'estomac  le  ton  qui  lui  manque,  sa  diastase  assure  la 
digestion  des  substances  amylacées;  par  lui-même,  en  raison  de  sa  compo- 
sition, il  représente  un  aliment  complet  et  il  offre  de  plus  les  propriétés 
des  sucs  d'herbes.   » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Sur  l'intoxication  lellurique.  Deuxième  Note 
de  M.  L.  Colin,  présentée  par  M.  Larrey. 

«  Tout  en  reconnaissant  le  rôle  nécessaire  dévolu  à  la  putréfaction  végé- 
tale dans  la  production  de  la  malaria,  je  crois  devoir  insister  encore  sur 
certains  faits  qui  militent  en  faveur  de  l'influence  simultanée  du  sol ,  et  qui 
viennent  à  l'appui  de  la  doctrine  de  V intoxicalion  lellurique. 

»  Si  la  putréfaction  végétale  était  la  cause  unique  des  fièvres  intermit- 
tentes, nous  ne  verrions  pas,  dans  les  régions  marécageuses  du  littoral 
méditerranéen,  soit  en  France,  soit  en  Algérie,  soit  en  Italie,  ces  affections 
ne  sévir  en  général  qu'à  partir  du  mois  de  juillet.  Dès  le  commencement 
de  juin,   la  masse  de  matières  organiques  en  putréfaction  dans  leau  des 


(   io36  ) 

marais  a  été  réduite  à  un  état  de  concentration  suffisant  pour  infecter  de 
son  odeur  l'atmosphère  environnante. 

»  Quel  que  soit  le  degré  de  corruption  de  l'eau  stagnante,  le  danger  en 
est  bien  moindre  que  la  disparition  de  cette  eau  laissant  à  nu  un  sol  plus 
redoutable  qu'elle. 

»  A  Paris  même,  on  a  eu  la  preuve  que  les  miasmes  de  la  putréfaction 
végétale  sont  moins  redoutables  que  certaines  émanations  du  sol.  Quand 
les  longues  sécheresses  de  lySi  eurent  entraîné  l'abaissement  de  niveau 
des  eaux  de  la  Seine,  et  la  putréfaction  d'un  grand  nombre  de  plantes  qui 
exhalaient  une  odeur  fétide  au  delà  des  bords  du  fleuve,  la  fièvre  ne  se 
développa  point  chez  les  habitants  riverains.  A.  de  Jussieu  ne  parle  que 
des  accidents  survenus  chez  ceux  qui  burent  de  cette  eau,  accidents  qui, 
du  reste,  ne  furent  pas  des  fièvres  intermittentes.  Nous  voyons,  au  con- 
traire, ces  maladies  apparaître,  avec  une  grande  fréquence,  parmi  la  popu- 
lation parisienne,  en  1811  et  en  i84o,  époques  où  l'on  exécuta  de  vastes 
remuements  de  terre,  pour  creuser  le  canal  Saint-Martin  et  pour  con- 
struire les  fortifications.  Ici,  l'on  ne  peut  s'en  prendre  qu'aux  émana- 
tions du  sol  ;  i\  n'y  avait  ni  mares,  ni  étangs,  ni  rivière  à  demi-desséchée 
constituant  un  milieu  de  putréfaction  comparable  à  celui  de  1731. 

»  Pour  produire  la  malaria,  il  faut  autre  chose  que  de  la  chaleur,  de 
l'humidité  et  des  plantes  en  décomposition  :  il  faut  le  sol,  qui  n'est  pas  un 
s\m\)\e.  substratum  dans  cette  élaboration  morbifique,  mais  qui  remplit, 
dans  la  genèse  du  miasme,  un  rôle  peut-être  aussi  considérable  que  dans 
la  végétation. 

»  On  a  cité  des  exemples  d'individus  atteints  d'intoxication  palustre 
pour  avoir  bu  de  l'eau  marécageuse  et  de  ces  faits  on  a  conclu  que  la 
putréfaction  végétale  suftit  pour  engendrer  la  fièvre.  D'après  l'examen  que 
j'ai  fait  de  ces  observations,  et  d'après  mon  expérience  personnelle  en  Italie 
et  en  Algérie,  je  crois  pouvoir  révoquer  en  doute  l'action  fébrigène  de  ces 
boissons;  et,  dans  cette  étude  (1),  je  suis  arrivé  à  la  conclusion  suivante  : 
»  L eau  marécageuse  n'a  pas  l'action  spécifique  du  miasme  palustre  atmo- 
sphérique; elle  n'agit,  dans  le  développement  de  imtoxication,  que  comme  la 
série  des  causes  banales  qui  diminuent  la  résistance  de  l  organisme  aux  in- 
fluences morbides. 

»  Ces  faits  me  semblent  importants,  au  point  de  vue  de  la  direction  à 

(1)   De  l'ingestion  des  eaux  marécageuses  comme  cause  de  la  dyssenterie  et  des  fièvres 
intermittentes.  [Annales  d'Hygiène  publique,  t.  XXXVIII;  octobre  1872.) 


(  «037  ) 
donner  aux  recherches  qui  ont  pour  objet  de  constater  la  nature  du  germe 
des  fièvres  intermittenles.  Ce  germe  a  été  recherché  surtout  dans  l'atmo- 
sphère des  marais,  où  certainement  il  existe  à  son  maximum;  les  gaz  dé- 
couverts jusque  aujourd'hui  dans  cette  atmosphère,  ne  possédant  par  eux- 
mêmes  aucune  puissance  fébrigène,  on  a  plus  spécialement  incriminé  la 
matière  organique  qui  s'y  trouve  en  si  grande  abondance.  Or,  comme  les 
émanations  des  terres  vierges  nouvellement  défrichées  produisent  aussi  les 
fièvres,  il  est  probable  que  la  majeure  partie  de  la  matière  organique  re- 
cueillie à  la  surface  des  marais  doit  être  mise  hors  de  cause  dans  la  genèse 
du  miasme,  et  que,  peut-être  même,  elle  complique  les  difficuUés  de  cette 
analyse. 

1)  Je  crois  donc  pouvoir  émettre  les  propositions  suivantes  :  i°  le  sol  joue 
un  rôle  considérable  dans  le  développement  de  la  malaria;  'i°  l'ingestion 
de  l'eau  marécageuse  ne  produit  pas  la  fièvre  intermittente;  3°  il  sera  plus 
facile  peut-être  de  découvrir  le  germe  fébrigène  à  la  surface  des  terres 
nouvellement  défrichées  que  dans  l'atmosphère  des  marais.  « 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  calcaire  spalliique  des  marnes  vertes  de  Chennevières. 
Note  de  M.  Stan.  Meunier. 

((  La  partie  supérieure  des  marnes  vertes  et  la  zone  qui  s'étend  entre  elles 
et  le  travertin  moyen  paraissent  correspondre  à  une  époque  où  un  régime 
spécial  de  sources  incrustantes  exerçait  une  action  prépondérante  dans  le 
bassin  de  Paris.  Par  exemple,  c'est  là,  comme  on  sait,  que  se  trouve  ce  cal- 
caire oolithique  de  Villejuif  signalé  par  M.  Ch.  d'Orbigny  et  dont  la  struc- 
ture rappelle  celle  des  roches  jurassiques.  De  mon  côté,  j'ai  rencontré  au 
même  niveau,  mais  dans  une  autre  localité,  un  calcaire  sur  lequel  je  de- 
mande la  permission  d'appeler  l'attention. 

»  C'est  dans  une  marnière  très-récemment  ouverte  le  long  de  la  route 
qui  relie  Champigny  à  Chennevières-sur-Marne  (Seine-et-Oise),  et  sur  un 
point  plus  voisin  de  cette  dernière  localité  que  de  l'autre,  que  j'ai  rencontré 
le  calcaire  nouveau.  La  marnière  de  Chennevières  permet  d'apprécier  une 
fois  de  plus  la  justesse  des  opinions  de  M.  Hébert,  quant  à  l'âge  relatif  du 
travertin  de  Champigny  et  des  meulières  de  la  Brie. 

»  Ces  meulières  étant  exploitées  plus  haut,  sur  le  plateau,  du  côté  de 
Villiers  par  exemple,  la  marnière  offre  à  sa  partie  supérieure  une  argile 
sableuse  blanchâtre,  dans  laquelle  sont  noyés  des  rognons  de  silex  corné 
et  des  plaquettes  d'un  calcaire  compact  très-fin,  d'un  blanc  jaunâtre  sou- 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T,  LXXVll,  N"  18.)  I  34 


(  io38  ) 
vent  marbré  de  jaune  clair.  C'est  au-dessous  que  commencent  les  marnes 
vertes,  présentant,  à  leur  partie  supérieure,  des  lils  plus  ou  moins  brunâ- 
tres, où  gisent  précisément  les  nodules  calcaires  dont  je  vais  parler  et  une 
couche  très-mince  d'une  argile  blanchâtre  qui  paraît  contenir  de  la  sfrou- 
tiane.  Comme  le  travertin  de  Champigny  est  exploité  beaucoup  plus  bas, 
par  exemple  sur  la  route  de  Bry,  où  l'on  en  fait  de  la  chaux  grasse,  il  est 
manifeste  que  la  marne  verte  sépare  les  meulières  de  Brie  du  travertin  de 
Cliampigny,  et,  par  conséquent,  comme  l'enseigne  M.  Hébert,  que  ce  tra- 
vertin est,  sur  la  rive  gauche  de  la  Marne,  le  correspondant  et  l'équivalent 
du  gypse  de  Nogent. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  calcaire  de  Chenneviéres  contraste  avec  toutes 
les  roches  environnantes  par  sa  structure  éminemment  cristalline  et  par 
son  aspect,  de  tous  points  comparable  à  celui  de  maints  calcaires  encrini- 
tiques.  Sa  couleur  est  d'un  jaune  ocreux,  rappelant  celle  du  fer  spathique. 
11  se  présente  en  rognons  de  formes  extrêmement  tuberculeuses.  Quand 
on  brise  ces  rognons,  on  reconnaît  qu'ils  sont  souvent  comme  enveloppés 
d'une  sorte  d'écorce  de  calcaire  fibreux,  à  peu  près  blanc,  atteignant  par- 
fois 5  millimètres  d'épaisseur.  La  masse  contient  des  vacuoles  où  il  n'est 
pas  rare  de  rencontrer  des  cristaux  très-nets  de  spath  calcaire;  elles  peuvent 
présenter  aussi  des  concrétions  calcaires  tuberculeuses  d'un  blanc  de  lait. 

»  Si  l'on  dissout  le  calcaire  de  Chenneviéres  dans  l'acide  chlorhydrique 
faible,  on  obtient  luie  liqueur  parfaitement  incolore,  ne  contenant  que  de 
la  chaux  et  un  peu  de  magnésie.  Le  fer  reste  tout  entier  insoluble  dans  la 
matière  argileuse  à  laquelle  est  due  la  coloration  de  la  roche,  et  qui,  par 
conséquent,  contrairement  à  l'apparence,  est  simplement  interposée  entre 
les  cristaux.  Examinée  au  microscope,  cette  matière  est  tout  à  fait  amorphe; 
mais  elle  confient  quelques  grains  de  quartz  hyalin,  extrêmement  actifs  sur 
la  lumière  polarisée. 

»  On  remarquera  que  cette  argile  ocreuse  contenue  dans  les  rognons 
est  essentiellement  différente  de  la  marne  verte  dans  laquelle  ils  sont  en- 
globés. Son  origine  doit  être  analogue  à  celle  du  calcaire  lui-même  et  se 
rattache,  par  conséquent,  comme  nous  le  disions  plus  haut,  à  un  régime 
spécial  de  sources  incrustantes.  C'est  une  sorte  de  rappel  des  actions  qui 
ont  produit  des  accidents  si  dignes  d'attention  dans  les  couches  supérieures 
au  calcaire  grossier,  désignées  sous  le  nom  de  caillasses.  » 


(  loSg  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  récente  éruption  de  Nisiros.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  H.  GoRCEix  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

»  Smyrne,  i3  octobre  iS^S. 

«  L'éruption  a  eu  lieu,  et,  si  elle  n'a  pas  eu  une  grande  importance,  elle 
offre  quelques  caractères  intéressants  à  étudier.  Je  puis  déjà,  grâce  aux 
documents  écrits  qui  m'ont  été  confiés,  aux  renseignements  verbaux 
que  j'ai  recueillis,  donner  quelques  détails  sur  les  phénomènes  qui  ont  eu 
Nisiros  pour  siège. 

»  Le  2  juin,  après  une  très-violente  secousse  de  tremblement  de  terre, 
suivie  de  deux  autres  plus  faibles,  un  petit  cratère  s'est  ouvert  près  des  deux 
anciennes  solfatares,  indiquées  dans  la  Note  que  vous  avez  bien  voulu  pré- 
senter à  l'Académie  des  Sciences  avant  mon  départ.  Des  pierres,  des  cen- 
dres furent  lancées  dans  toutes  les  directions;  des  torrents  d'eau  salée  et 
chaude  s'en  échappèrent. 

»  Ces  eaux  transformèrent  le  fond  de  l'ancien  cratère  en  un  lac  et,  en 
s'évaporant,  laissèrent  déposer  des  croûtes  de  sel  marin,  qui  recouvrirent 
le  sol  et  les  arbres  comme  d'une  couche  de  givre;  j'ai  pu  voir  des  cristaux 
volumineux,  à  peine  salis  par  de  l'oxyde  de  fer,  et  ayant  cette  provenance. 
Mêlées  aux  argiles  provenant  de  la  décomposition  des  l.ives  anciennes,  les 
eaux  formèrent  des  torrents  boueux.  Ce  sont  ces  éruptions  aqueuses  qui 
ont  surtout  frappé  les  premiers  observateurs,  et  sur  lesquelles  toutes  les 
relations  appellent  l'attention. 

»  Des  gaz  combustibles  produisant  de  grandes  flammes  signalèrent 
aussi  ces  débuts  de  l'éruption. 

»  La  coulée  de  lave  est  plus  douteuse,  bien  que  les  relations  en  parlent, 
mais  sans  signaler  les  dégâts  qui  auraient  été,  dans  ce  cas,  produits  sur  les 
champs  et  sur  les  habitations  voisines  du  centre  de  l'éruption. 

»  Du  cratère  s'échappe  continuellement  de  la  fumée;  vers  le  24  sep- 
tembre, une  recrudescence  a  eu  lieu  dans  les  phénomènes  éruptifs.  De 
Rhodes,  à  cette  époque,  on  a  pu  voir  pendant  quatre  jours  une  épaisse  fumée 
couvrant  Nisiros  et  formant,  à  l'horizon,  comme  une  seconde  île  au-dessus 
de  celle-ci.  (Rhodes  est  éloignée  de  5o  milles  de  Nisiros.) 

»  Pendant  l'éruption,  quelques  habitants  ont  été  blessés  et  presque  tous 
ont  dû  abandonner  leurs  maisons  et  camper  en  plein  air;  le  danger  a 
même,  pendant  quelque  temps,  paru  assez  grand  pour  qu'il  ait  été  question 
d'évacuer  l'île.   » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  D. 

134.. 


(   io4o  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  20  octobre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

The  Transactions  of  llie  linncan  Society  oj  London;  vol.  XXIX,  part  the 
second.  London,  iSyS;  in-4°. 

The  Journal  of  the  linnean  Society.  Bolany  ;  vol.  XIII,  n.  68,  69,  70,  71, 
72,  London,  1872-1873;  3  br.  in-S". 

The  Journal  ofthe  linnean  Society.  Zoolocjj;  vol.  XI,  n°'  55,  56.  London, 
1872-1873;  2  br.  in-8°. 

Philosophical  Transactions  of  the  royal  Society  of  London  for  the  year  1872; 
vol.  CLXII,  part  II.  London,  1872;  in-4°. 

The  7'oyal  Society  30""  november  1872.  London,  1872;  in-4". 

Proceedincjs  ofthe  rojal  Society;  vol.  XXI,  n.  139,  i4o,  )l\i,  il\2,  i43, 
i44)  i45-  London,  1873;  7  liv.  in-8°. 

Journal  of  the  royal  geotogical  Society  of  Ireland;  vol.  XIII,  part  3; 
vol.  III,  part  3  (new  séries),  1872-1873,  London-Dublin,  1873;  in-8°. 

The  american  Journal  of  Sciences  and  Arts;  vol.  VI,  11°  34,  october  1873. 
New-Haven,  1873;  in-8°. 

G.  UziELLi,  G.-B.  Donati.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-4''.  (Estratto  dal  Bul- 
letlino  délia  Socielà  geocjrafica  italiana.) 

Exploracion  cientifica  de  las  costas  del  departemento  maritimo  del  Feirof 
verificada  de  orden  del  Almirantazgo  en  cl  verano  de  1869;  por  D.  Mariano 
delaPazGraells.  Madrid,  Fortanet,  1870;  in-8<'. 


L'Académie  a  reçu,  dans  ses  séances  des  27  octobre  et  3  novembre  1873, 
les  ouvrages  dont  les  titres  suivent  : 

Mouvement  d'un  segment  sphérique  sur  un  plan  incline;  par  M.  le  général  Dl- 
DlON,  Correspondant  de  l'Instilut.  Nancy,  Berger-Levrauit,  1873;  br.  in-8'^. 
(Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Vérification  de  l'aréoinèlre  de  Baume;  par  MJM.  BertHELOT,  COULIER  et 
d'Almeida.  Paris,  Gautliier-Villars,  1873;  br.  ii)-8'\ 


{  io4i  ) 

Du  pwgnalhisme  alvéolo-sous-nasal ;  parV.  TOPINARD.  Paris,  Hennuyer, 
sans  date;  br.  in-8°.  (Extrait  de  la  Revue  d'Anthropologie.)  (Présenté  par 
M.  de  Quatrefages.) 

Bapporl  sur  i Ecole  pratique  des  Hautes-Etudes.  Seetion  des  Sciences  mathé- 
matiques. Paris,  Delalaii),  sans  date;  br.  in-8°.  (Épreuves.) 

(Ces  trois  derniers  ouvrages  sont  renvoyés  à  l'examen  de  M.  Dumas.) 

Du  crâniophore.  Instrument  à  mesurer  les  projections  du  crâne;  par  P.  To- 
PINARD.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°.  (Extrait  de  la  Revue  d' Anthro- 
pologie.) 

Emuneratio  plantarum  in  Jnponia  sponte  crescentium  hucusque  rite  cogni- 
tarum,  adjectis  descriplionibus  specierum  pro  regione  novarum,  quibus  accedit 
determinatio  herbarum  in  librisjaponicis  so  mocou  Zousselz,  xylographice  de- 
tineatarum;  auctoribus  A.  Franchet  et  L.  Savatieu;  vol.  I,  pars  I.  Parisiis, 
F.  Savy,  1874;  in-8°. 

Fie  de  l'univers,  ou  Etude  de  Physiologie  générale  et  Physiologie  appli- 
quée à  l'univers;  par  Th.  Galiciur.  Paris,  A.  Delahaye,  1873;  in~8°.  (Pré- 
senté par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Deux  Lettres  aux  Académies  de  Médecine  et  des  Sciences.  Quelques  réflexions 
sur  la  Communication  de  M.  Boulej  à  l'Académie  de  Médecine  relativement  à 
la  cocotte  et  au  typhus  de  la  race  bovine.  Théorie  du  sommeil;  parM.  le  D"'  Ch. 
Pigeon  (de  la  Nièvre).  Nevers,  imp.  Paulin  Fay,  1873;  10-4°.  (Deux 
exemplaires.) 

L.  DE  Martin.  Le  Phylloxéra  devant  la  Commission  spéciale  de  l'Assemblée 
nationale  à  Montpellier.  Narbonne,  imp.  Gaillard,  sans  date  ;  br.  in-8°. 
(Trois  exemplaires.) 

G. -M.  Mathey.  Application  de  la  Jorce  du  vent  à  la  vapeur.  Plombières, 
1873;  2  pages  in-8°  oblong. 

Une  mission  au  Hedjaz  [Arabie).  Contribution  à  l'histoire  du  choléra; 
par  le  D^  A.  BuEZ.  Paris,  G.  Masson,  1873;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Sé- 
dillot.) 

Le  choléra,  comment  il  se  propage  et  comment  l'éviter.  Solution  trouvée 
et  publiée  en  i84g;  par  le  D"^  Gh.  Pellarin.  Paris,  J.-B.  Baillière,  1873; 
br.  in-S". 

Essai  sur  la  constitution  et  l'origine  du  système  solaire;  par  Ed.  EocliE. 
Paris,  Gauthier-Villars,  1873;  in-4<'.  (Présenté  par  M.  Faye.) 

Les  principes  sociaux.  Nécessité  d'enseigner  les  notions  fondamentales  de 


(     I042    ) 

l'économie  sociale  et  industrielle  à  tous  les  citoyens;  par  L.-Ch.   BONNE.  Bar- 
le-Duc,  typ.  Numa  Rolin,  Cliuquet,  1872;  br.  in-8°. 

Nouvelle  Mécanique  industrielle;  par  M.  L.  POCHET.  Paris,  Diinod,  1873; 
in-S".  (Renvoyé  au  Concours  Dalmont,  1876.) 

Expériences  sur  les  graines  de  diverses  espèces  plongées  dans  de  l'eau  de 
mer;  par  M.  G.  Thuret,  Note  préliminaire  de  M.  Alph.  DE  Candolle.  (Tiré 
des  Archives  des  Sciences  de  la  Bibliothècjue  universelle,  juillet  1873.)  (Pré- 
senté par  M.  Decaisne.) 

Chirurgie  expérimentale.  Elude  historique  et  clinique  sur  les  amputations 
sons-périoslées,  etc.;  par  M.  A.  HouzÉ  DE  l'Aulnoit.  Paris,  J.-B.  Baillière, 
1873;  in-8".  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey,  pour  le  Concours  Mon- 
tyon.  Médecine  et  Chirurgie,  1874.) 

Fent,  sa  direction  et  sa  force  observées  à  Perpignan  avec  un  anémornétro- 
graphe  électrique  ;  par  le  D'  Fines.  Perpignan,  imp.  Cli.  Latrobe,  1873; 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Ch   Sainte-Claire  Deville.) 

Bulletin  météorologique  du  département  des  Pyrénées-Orientales,  publié  sous 
les  auspices  du  Conseil  général;  année  1872.  Perpignan,  Ch.  Latrobe,  1873; 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.  ) 

Comptes  rendus  mensuels  de  la  Commission  des  maladies  régnantes,  faits  à  la 
Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris;  par  le  ly  Er.  Besnier  ;  6"  fascicule, 
année  1872.   Paris,  Malteste,    1873;   in-8^  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin.) 

Traité  de  Calcul  géométrique  supérieur;  par  GoRAN-DiLLKER;  i'^  partie. 
Upsal,  E.  Berling,  1873;  in-4°.  (Présenté  par  M.  Hermite.) 

Des  mojens  de  prévenir  et  de  traiter  le  choléra;  par  M.  le  D''  H.  Blanc. 
Paris,  Germer-Baillière,  1874;  br.  in-8°. 

Mémoires  et  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils; 
avril  à  juin  1S73.  Paris,  Lacroix,  1873-,  in-B". 

Notes  météorologiques; par  M.  A.  Cheux.  Angers,  Barassé,  1873;  br.  in-S". 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  industrielle.) 

Bévue  d' Artillerie  ;  7."  année,  t.  III,  i™  liv.,  octobre  1873.  Paris  et  Nancy, 
Berger-Levrault,  1873-,  in-S".  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Mémorial  de  V Artillerie  de  la  Marine;  t.  I,  3®  liv.,  texte  et  allas.  Paris, 
Chamerot,  1873;  in-8°  et  in-folio, 

Ministère  de  la  Marine  et  des  Colonies.  Aide-mémoire  d' Artillerie  navale; 
1^  liv.,  texte  et  atlas,  1873.  Paris,  Chamerot,  1873;  in-8"  et  in-folio. 


(    >o43  ) 

Almanach  astronomique  du  Jounint  du  Ciel  el  de  la  Société  d' Astronomie 
pour  1874;  par  A.  VlNOT.  Paris,  Pion,  i8n3;  iii-12. 

Navigation  aérienne  [Etude  pratique)  ;  tableau  en  une  feuille  par  M.  W.  DE 
FoNviELLE,  figures  et  texte.  Paris,  Bouasse-Lebel,  1873. 

De  t'oxygène  électrique  et  de  l'emploi  thérapeutique  des  eaux  dites  d'oxy- 
gène et  c/'ozone,  etc.,  rédigé  d'après  une  publication  allemande;  par  B.  TÉCÈRE. 
Berlin,  H.  Mùller,  1873;  in-8°.  (Deux  exemplaires.) 

Bulletlino  di  Bibliografia  e  di  Storia  délie  Scienze  matematiche  ejisiche,  pub- 
blicalo  da  B.  BoNCOMPAGNi;  t.  VI,  marzo  1873.  Roma,  tip.  délie  Scienze 
matematiche  e  fisiche,  1873;  in-4''.  (Présenté  par  M.  Chasles.) 

Census  oftlie  town  of  Madras  1871.  Madras,  printed  hy  H.  Morgan,  1873; 
in-4°. 

Memoirs  on  the  spermogones  and  pycnides  of  Lichens;  by  W.  Lauder 
LiNDSAY.  Sans  lieu  ni  date;  in-4''. 

Das  Venôse convolut  der  Beckenhôhle  beim  Manne;  von  J.  von  Lenhossek. 
Wien,  W.  Braumûller,  1871;  in-4°,  carlonné. 

^z  en^beri  gerinczagj\  nyultagy  es  varolhid  szervezeteneck  gorcsoi  tajviszo- 
nyaiirla  LENHOSSEK.  Pesten,  F.  Magyar,  1869;  in-4",  cartonné. 

Die  Lemniscate  in  razionaler  behandlung ;  von  D' E.  Weyr.  Prag,  1878; 
in-4°. 

Uvoddo  geometricke  Théorie  krivek  rovinnych  sepsal  D''  L.  Cremona  jez  us- 
poradal  E.W^Yn,  sezit  I,  zakiadove.  Praze,  1873;  in-8°. 

D''E.Weyr.  TJber  7'azionale  ebene  Curven  vieiter  Ordnimg,  deren  doppcl- 
punklstangenten  Inflexionstangenten  sind.  Wien,  1873;  opuscule  in-8°. 

D'' E.  Weyr.    Ueber  razionale  Curven.  Prag,  1873;  opuscule  in-8°. 

D' E.  Weyr.  Ueber  Durchschnittspunkte  von  Focalen  mit  Kreisen  und  mit 
Lemniscaten.  Prag,  1873  ;  opuscule  in-8°. 

D"^  E,  Weyr.  Ueber  die  lineale  Construction  der  Curven  n—  ter  Ordnung  mil 
einen  (n  —  i)  —  fachen.  Punkte  und  der  Curven  n  —  ter  Classe  mit  einer 
[n  —  i)  —fachen  tangente.  Prag,  1873;  opuscule'  in-S". 

D''E.  Weyr.  Ueber  Punktsj sterne  auf  razionalen  Curven.  Prag,  1873; 
opuscule  in-8°. 

Sopra  le  proprietà  involutorie  d'un  esagono  gobbo  e  d'un  esaedro  compléta, 
Nota  de!  prof.  E.  Weyr.  Milano,  Bernardoni,  1873;  opuscule  in-8°.  (Es- 
tratto  dai  Rendieonti  del  R.  Istituto  lombardo.  ) 

Tous  ces  ouvrages  de  M.  le  D"^  Weyr  sont  présentés  par  M.  Chasles. 


(  1044  ) 

PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    d'ocTOKHE    1875. 

^ctes  de  la  Société  d' Ethnographie  ;  octobre  1873;  in-8°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  novembre  1873;  in-8°. 

Annales  de  i  Agriculture  française  ;  octobre  18^3;  iii-S". 

Annales  de  l' Observatoire  météorologique  de  Bruxelles;  11°  4»    '873 ;  in-4°. 

Annales  des  Conducteurs  desPonts  et  Chaussées;  juill.  à  septemb.  1 873  ;  inVi"- 

Annales  du  Génie  civil;  octobre  1873;  in-S". 

Annales  industrielles;  n"*  l\o  à  43,   1873;  in-4°. 

Annales  médico-psychologiques;  septembre    1873;  in-8°. 

Association  Scientifique  de  France;  Bulletin  hebdomadaire,  n°^  des  5, 
12,  19,  26  octobre  1873;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Bévue  suisse;  n°  190,  1873;  in-B". 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  enloniologique  de  France;  n"'  i3  et  i/j 
i873;in-8°. 

Bulletin  du  Comice  agricole  de  Narbonne;  11°  8,  1873;  in-B". 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  no- 
vembre 1873;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  août  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  n°  9,   1873;   in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique  ;  n"*  des  i5  et  3o  octobre  1873;  in-8°. 

Bulleltino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  B.  Cotlegio  Carlo  Alberto, 
n°^3et5,  1873;  in-4°. 

Chronique  de  l'Industrie;  n°' 88  à  91,  1873;  in-4*'. 

Gazette  de  Joulin,  2"  année,  n°'  i  et  2,  1873;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n"*  ii5  à  127,  1873;  10-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°'  4°  à  43,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n°'  19  et  20,  1873;  in-S". 

Il  NuovoCimento..,  Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d' Histoire  naturelle; 
juillet  à  septembre,  1873;  in-S". 

Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  septembre  1873;  in-S". 

Journal  de  l'Agriculture;  n""  234  à  237,  1873;  in-8''. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°'  19  et  20,  1873;  in-4". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  octobre  1873;  in-4''. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  octobre  1873;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  octobre  1873-,  in-B". 

Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée;  octobre  1873;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n*"desi5et 
3o  octobre  1873;  in-8°. 


(  io45  ) 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n"'  aS  à  29,  1873;  in-folio. 

La  Nalure;  n°*  18  à  21,  iSyS;  in-^". 

La  Revue  médicale  française  el  étrangère;  n°  du  4  octobre  1873;  in-8°. 

La  Tempérance;  n"  3,  1873;  111-8". 

La  Tribune  médicale;  n"*  268  à  271,  1873;  111-4". 

L'Abeille  médicale;  n°'  l[o  à  43,  1873;  in-4° 

V Aéronaute;  septembre  1873;  in-8°. 

VArt  dentaire;  octobre  1873;  iii-8°. 

LArt  médical;  octobre  1873;  iii-8°. 

L'Ècho  médical;  octobre  1873;  iii-8°. 

Le  Messager  agricole;  n°  9,  1873;  iii-8". 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n°  20,  1873;  in-4°. 

Le  Moniteur  scientifique-Quesneville ;  octobre  1873;  gr.  in-8". 

Le  Mouvement  médical;  n°' 4°  ^  4-^?  1873;  iii-4°. 

Le  Progrès  médical;  11°  20,  1873;  in-8". 

Les  Mondes;  n"^  5  à  9,  1873;  in-8". 

Magasin  pittoresque;  oclohre  1873;  in-4". 

Marseille  médical;  n"  10,  1873;  in-8". 

Memorie  délia  Società  degli  Spettroscopisti  itatiani ;  imWel  1873;  in-4". 

Monalsbericht  der  Koniglich  preussischen  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin;  mai  1873;  in-8". 

Montpellier  médical.  Journal  mensuel  de  Médecine;  octobre  1873;  in-8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  octobre  1873;  in-8". 

Proceedings  ofthe  London  mathematical  Society  :  n"^  60  et  6 1 ,  1873;  in-8". 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire;  n"^  9  et  10,  1873;  in-8°. 

Rendiconto  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  jisiche  e  matematiche ;  n"  9. 
1873;  in-4". 

Répertoire  de  Pharmacie;  n°  19,  1873;  in-S". 

Revue  bibliographique  universelle  ;  octobre  1873;  in-8". 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  octobre  1873;  in-8". 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  11"  20,  1873;  in-8°. 

Revue  ItebdomadaiYe  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  n°^  37  à  39, 
1873;  in-8". 

Revue  maritime  et  coloniale;  octobre  1873;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  octobre  1873;  in-8". 

Revue  scientifique;  n"*  i4  à  17,  1873;  in-4". 

Société  des  Ingénieurs  civils;  n"  17,  1873;  in-4". 

The  Food  Journal;  n"  45,  1873;  in-8°. 

The  Canadian  patent  Office  record  ;  n"  5,  1873-,  in-4". 

C.  K.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  18.)  '35 


(  io46  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsouris.  —  Oct.  1873. 


THERMOMÈTRES 

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)) 

0,0 

20 

754,2 

9,7 

.4,8 

,2,3 

10,1 

.4,8 

,2,5 

2,0 

10,. 

..,0 

.,,3 

13,4 

2,8 

6,83 

72 

» 

4.5 

21 

755,9 

2,4 

10,0 

6,2 

2,4 

.0,5 

6,5 

3,5 

7,5 

8,9 

10,4 

i3,3 

1.9 

6,43 

82 

» 

6,0 

22 

745,6 

9,1 

iG,8 

,3,0 

9,1 

,7,0 

,3,, 

3,4 

,,,4 

.,,. 

'0,7 

.3,2 

3,3 

9,23 

80 

1) 

9,5 

23 

7^5,9 

n,3 

■4,8 

,3,0 

,1,1 

.4,8 

,3,0 

2,8 

,,,, 

'1,9 

",7 

,3,0 

0,9 

9,06 

82 

» 

.6,5 

2f, 

734,8 

7,5 

12,1 

9,8 

7,8 

■2,4 

.0, . 

-0,2 

8,5 

,0,0 

. .  ,0 

.3,0 

.,. 

7,o5 

92 

0 

9,0 

25 

745,3 

1,8 

11,1 

6,5 

2,0 

..  ,3 

6,7 

-3,, 

6,7 

8.4 

9,9 

'2,9 

4,7 

6, 10 

89 

n 

.3,0 

26 

"51 ,3 

3,1 

■  1,6 

7,4 

3,4 

'1,7 

7,6 

-1,5 

7,0 

8,. 

9,3 

.î,7 

3,4 

6,26 

85 

■> 

8,5 

27 

761,7 

0,3 

7,9 

4,1 

0,8 

8,. 

4,5 

-4,4 

6,3 

7,5 

8,3 

.2,4 

2,2 

6,00 

95 

B 

.  ,0 

28 

765,2 

1.9 

9,7 

5,8 

2,1 

9.9 

6,0 

-2,7 

5,8 

6,9 

8,3 

,2,2 

4,8 

5,23 

8, 

» 

0,0 

29 

757,8 

0,8 

7,9 

4,4 

1,0 

7,8 

4,4 

-4,4 

5,1 

6,. 

7.6 

11,9 

6,3 

4.97 

79 

n 

0,5 

3o 

752,0 

3,8 

6,2 

5,0 

3,8 

6,7 

5,3 

-3,3 

6,0 

6.7 

7.6 

..,6 

1,0 

5,58 

85 

D 

',5 

3i 

760,8 

1,3 

1 1 ,0 

6,2 

,,6 

.0,7 

6,2 

-2,5 

6,2 

6,9 

7,6 

.1,3 

5,5 

5,76 

80 

»> 

3,5 

Moy 

754,0 

6,8 

,5,3 

I,  ,0 

7.0 

.5,5  11,3 

0,0 

■0,7 

,.,6 

,2,2 

'4,3 

4,' 

8,06 

83 

» 

6,5 

(0  Par  saite  de  réparation 

B  au  Bordo,  les  Ihermomètres  de  la  terrasse  ont  éié  transportés  dans  le  parc 

où  ils  so 

nt  plac 

îs  au  ne 

rd  de 

l'un  des  paTillons. 

(  ioZj7  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsouris.  —  Oct.  1873. 


MAGNÉTISME    TERRESTRE. 

a 

c 

de  9  h 

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bservation 
eures  du  □ 

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VENTS. 

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REMAROUES. 

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c      0 
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S  1 

-0 

la-» 

I 

17.21,5 

65°2i;5 

» 

mm 
» 

mm 
» 

lum 
■,9 

S 

k 

3,7 

s 

0,7 

» 

2 

22,8 

25, 0 

» 

» 

1) 

2,1 

s 

2,8 

sso 

0,3 

Rosée  abondante  le  matin. 

3 

20,9 

21,5 

" 

0,0 

0,0 

2,8 

s 

3,0 

sso 

0,9 

Gouttes  de  pluie  dans  la  mat. 

4 

'9)' 

22,5 

» 

0,0 

0,0 

2,' 

variable. 

4,2 

SO 

1,0 

Prem.  goût,  de  pluie  vers  min. 

5 

25,2 

» 

» 

12,0 

10,2 

0,8 

NNO 

5,2 

NNO 

0,9 

Pluie  assez  forte  le  matin. 

6 

20,2 

24,1 

» 

» 

u 

1,3 

variable. 

1,2 

SO 

0,5 

Rosée  abond.  le  mat.  et  brouil. 

7 

21.9 

29,0 

» 

6,5 

6,0 

i,.j 

SSO 

8,2 

SO 

0,9 

Bourr.  Tonn.  à  midi.  Brouil.,  balo  le  s. 

8 

23,0 

26,6 

u 

0,2 

0,2 

','i 

OSO 

3,0 

SO 

0,7 

Pluvieux  l'après-midi. 

9 

(0)19,2 

27,1 

» 

0,1 

0,1 

1,5 

SO 

1,8 

variable. 

0,5 

» 

10 

■9>8 

26,8 

» 

0,0 

0,0 

1,3 

SSO 

6,5 

» 

1,0 

Lueur  aurorale  et  pluv.  le  soir. 

II 

25,2 

29,3 

» 

0,0 

0,0 

■,9 

SSO 

4,7 

SO 

0,9 

Lueurs  aurorales  le  soir. 

12 

(«)23,8 

■8,7 

») 

0 

» 

2,4 

SSO 

5,1 

SO 

0,5 

Traces  d'aurore  boréale  le  soir. 

i3 

21  ,0 

38,1 

.' 

./,,2 

3,7 

I  ,2 

SSO 

7,5 

SO 

0,7 

Pluvieux  le  jour. 

i4 

■9,8 

18,1 

» 

» 

" 

■>4 

OSO 

2,2 

0 

ô,7 

Halus  vers  midi,  faib.  lueur  aur.  le  soir. 

i5 

(a) 16,6 

23,2 

» 

0 

» 

',9 

N 

0,9 

" 

0,3 

Forte  rosée  le  soir. 

i6 

19,1 

26,9 

» 

» 

» 

2,3 

NNE 

5,0 

» 

0,4 

Forte  gelée  blanche  le  matin. 

■7 

•7.' 

23,5 

» 

- 

» 

3,1 

N 

5,6 

» 

0,0 

Gelée  blanche  le  matin. 

i8 

20,5 

32,3 

» 

■> 

» 

3,5 

NNO 

2,4 

» 

0,2 

Rosée  le  mat.  Ciel  couv.  dès  9''  s. 

>9 

'7.7 

32,5 

» 

» 

» 

0,6 

Calme. 

o;3 

i) 

1,0 

Temps  remarquabl'  calme. 

20 

18,9 

29,3 

u 

0,4 

0,4 

2,3 

0 

5,5 

SO 

0,8 

Petite  pluie  Une  après  midi. 

21 

17,6 

0 

» 

■  .2 

1 ,0 

1.7 

SO 

9,6 

SO 

0,9 

Pluv.  et  lueur  aurorale  le  soir. 

22 

21 ,0 

3c,o 

» 

0,1 

0, 1 

^,5 

SO 

■  4,5 

SO 

0,7 

Gouttes  de  pluie  soir. 

23 

21,5 

28,6 

» 

28,1 

25,5 

I  ,0 

SSO 

17,' 

sso 

1,0 

Max.d'iLt.deshoar.:/i4'',3ài2"5os. 

2/, 

25,0 

36,5 

0 

■  7>3 

16,8 

1,0 

S-ONO 

4,8 

SSO 

0,9 

Le  barom.  rem.  brusq.  vers  4"  s. 

25 

22,7 

» 

n 

0,7 

0,6 

0,8 

s 

3,2 

OSO 

0,5 

Grêle  et  pi.  ii  4*'3o;  orage  loint. 

26 

22,1 

39,5 

» 

0,5 

0,5 

0,8 

OSO 

4,7 

» 

0,7 

Rosée  le  soir. 

37 

22,7 

3. ,2 

» 

» 

), 

0,3 

N 

1,3 

» 

0,7 

Brouil.  et  gelée  blanche  le  mat. 

28 

23,2 

» 

» 

" 

» 

2,5 

ENE 

11,2 

NNE 

0,4 

Gelée  blanche  le  matin. 

29 

21,6 

37,3 

» 

» 

.. 

2,2 

NE 

10,0 

» 

0,5 

Forte  rosée  le  matin. 

3o 

23,5 

37,0 

» 

1) 

» 

1 ,0 

NNO 

4-' 

NNE 

1,0 

Rosée  le  malin. 

3i 

21,0 

35,3 

)) 

0,1 

0, 1 

2,0 

sso 

8,9 

SO 

0,7 

Gouttes  de  pluie  line  après  midi. 

Moyen. 

ou 
totaux. 

17. 'M, I 

65.28,6 

n 

VA 

65,2 

52,1 

5,4 

0,67 

déteru 

Perturbati 
inatiuns  a 

uns  dans  la 
bsolues.  C 

soirée.  - 
s  lecture 

(lî)  C 
suHiseu 

acun  de 
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renne  m 

de  dix  lect 
ensaelle. 

ures  tai 

es  à  la  boussole  de  Gambey,  propre  aux 

(  io48  ) 


Observations  météorologiques  faites  a  l'Observatoire  de  Montsooris.  —  Oct.   187 3. 
Résumé  des  observations  régulières . 


6I1M.  gliM.      Midi.       al»  S.     ë^S.       gl-S.  MlnuU. 

mm  mm           mm           mm          mm           mm           mm 

llaromètre  réduit  à  0» 753,67  76/1,04  753,00  702,85  753,36  763,80  753,77 

Pression  de  l'air  sec 7''|6,io  7/j5,62  744)88  744)45  745, 08  740,87  746,01 


Thermomètre  à  mercure  (jardin) 7,85     10,70     i3,S3     13,87     " 


,01      I o , 00 


)i  (pavillon).. 

Tiiermomètre  à  alcool  incolore 

Thermomètre  électrique  à  29"" 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'. 

Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  c 

Excès  (T'  —  t) 

Tempérât,  du  sol  à  o™,o2  de  profond"^. 
»  o'",io        » 

»  ©""j-^o        » 

1*  o'",3o         » 

»  i'",oo         » 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres 

État  hygrométrique  en  centièmes. . . 

Pluie  en  millimètres  à  i^.So  du  sol.. 
«  (à  o'",io  du  sol; 

Évaporation  totale  eu  millimètres... 

Vil    moy.  du  vent  par  heure  en  kilom 

Pluie  moy.  par  heure  (à  i™,8o  du  sol) 

Evaporation  moyenne  par  heure 

Inclinaison  magnétique.    . , 
Déclinaison  magnétique... 


7,77     10,82     13,76     13,87     i'j47     'O1O4 
7,73     10,46     i3,49     i3,58     11,35      9,87 


8,91 
8,87 

8,74 


7)42 

7,3i 
0,1 1 

9,54 
Il  ,o3 
12,24 

12,23 


17,87     26,54     20,66     10,80 

l3,22       19,29       16,39       10,73 

4,65   7,25   4)2?   0,07 


81  12,27  'ii38  10,60  10,07 


10,29     11 

ia,gi     11,67     12,23     12,20 
11,98     12, o3     12,26     12,49 
12,1 5     12,07     12,12     12,22 
14, 3o     14,28     i4)28     i4)37     i4)24 
7,57      8,42      8,62      8,40      8,28 
91,5      84,0      70,9 
10,0        7,2      23,8 
25,5 
9)9" 


60"- 


'1)7 
3,19 
3,4 
1,67 
0,53 


!,4 


84,0 
7.2 
7)5 
4,69 

4,7 

2,40 

1,56 

2  8, 'fi 


7)93 
3,3o 


69,7 
i5,6 
■6,9 
i3,65 
8,6 
5,20 
4)55 


78,9 
5,8 
6,6 
9)45 
5,9 
1,93 
3,i5 


11,80 

12,5o 

12,  3o 

14,22 

7)93 
83,1 
1,0 

1)2 

6,8'| 
5,3 
0,33 
2,28 


11,42 
12,39 
12,24 
'4)'9 

7,76 
87,1 

1,8    t. 

2,0    t. 

4,38  t. 

4,7 

0,60 

1,46 


Moj. 

mm 
753,58(1 

745,52(1 

io,53(i 
10,47  (■ 
10,33  (1 

» 

18,97(2 
i4,9'  (2; 
4,06  (2 
10,70(1 
11,58(1 
12,29(1 
■2,19(1 

l4,25(l 

8,06(1 
82,1    (1) 
65,2 

7', 4 

5  >,  Il 


28,1  25,4  22,1  19,8  20,5  23,3     (l) 


Tempér.  moy.  des  maxinia  et  mininia  (parc). .  • 11,0 

»                        »                      (pavillon  du  parc) 11, 3 

>i                    à  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazonné  (thermomètres  à  boule  verdie).  11,8 

Therm.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  obs.  :  â*"  M.  g*"  M.,  midi,  3''  S.  6*'  S.).  16,66 

»        incolore                     t                       »                              n                            »  i3,39 

Excès  (T'  —  c) Il                              ,1                            u  3,37 

»              (valeur  déduite  de  4  observations  :  g*"  M.,  raidi,  3'',  6°  S.)... .  4)06 


(i)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 
(2)  Moyenne  des  observations  de  9  heures  du  matin,  midi,  3  heures  et  6  heures  du  soir. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  NOVEMBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATKEFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  — Examen  de  la  loi  proposée  par  M.  HelmhoUz  pour 
représenter  f  action  de  deux  éléments  de  courant.  Note  de  M.  J.  Beutuand. 

K  Avant  de  discuter  de  nouveau  la  loi  proposée  par  M.  Helmhoitz  et 
d'en  examiner  les  conséquences  développées  dans  le  Compte  rendu  de  notre 
dernière  séance  (p.  962  et  suiv.),  on  me  permettra  d'en  rappeler  l'origine. 

»  Cette  loi,  très-différente  de  celle  d'Ampère,  en  a  été  déduite  cepen- 
dant par  le  calcul  seul,  sans  qu'aucune  expérience  nouvelle  ait  été  invo- 
quée et  sans  qu'aucun  des  faits  admis  par  notre  illustre  compatriote  ait  été 
révoqué  en  doute.  La  seule  preuve  qu'on  allègue  en  sa  faveur  est  le  complet 
accord  avec  celle  qu'elle  doit  remplacer  dans  les  cas  où  l'expérience  a  été 
faite,  et  l'impossibilité  de  faire  l'expérience  dans  les  cas  où  l'accord  n'a  pas 
lieu. 

»  Une  théorie  ainsi  motivée  ne  présente,  a  priori,  ni  plus  ni  moins  de 
vraisemblance  que  les  autres  lois,  en  nombre  infini,  qui  s'accordent  avec 
celle  d'Ampère  lorsque  le  courant  attirant  est  fermé,  la  loi  d'Ampère  ce- 
pendant restant  distincte  et  supérieure  à  toutes  les  autres,  parce  que  seule 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  19.)  I  36 


(  io5o  ) 

elle  remplit  la  condition,  bien  naturellement  acceptée,  d'une  action  élé- 
mentaire dirigée  suivant  la  ligne  droite  qui  réunit  les  deux  éléments. 

»  Mais,  en  étudiant  de  plus  près  la  loi  de  M.  Helinholtz,  celle  qu'il  nomme 
la  loi  du  potentiel,  on  reconnaît  qu'elle  n'offre  pas  même  cette  probabilité 
commune  à  une  infinité  d'autres  et  également  partagée  entre  elles.  Aucune 
force,  je  l'ai  démontré,  et  M.  Helinholtz  en  convient  volontiers,  ne  peut, 
dans  son  hypothèse,  représenter  l'action  de  deux  éléments.  L'action  d'un 
élément  infiniment  petit  sur  un  autre  élément  infiniment  petit  doit  être  es- 
sentiellement composée  d'une  force  et  d'un  couple,  dont  la  détermination, 
conséquences  nécessaires  de  la  loi  discutée,  ne  présente  aucune  difficulté; 
nous  sommes  d'accord  sur  ce  point,  et  je  n'ai  pas  à  m'y  arrêter.  La  force, 
développée  par  un  courant  fini  sur  un  élément  ds,  est  de  même  ordre 
de  grandeur  que  ds,  et  le  couple,  dont  le  moment  est  un  infiniment  petit 
de  même  ordre,  doit  avoir,  pour  cela,  une  force  d'intensité  finie.  Je  l'ai 
affirmé  dans  ma  Note  du  i4  octobre  1872,  et  M.  Helmholtz  ne  le  conteste 
pas. 

»  De  telles  actions  briseraient  le  fil,  quelque  rigide  qu'on  voulût  le 
supposer.  Je  l'ai  prouvé,  je  crois,  simplement  et  rigoureusement,  sans  ce- 
pendant convaincre  M.  Helmholtz;  l'éminent  auteur,  on  peut  le  voir  dans 
son  Mémoire,  croit  me  réfuter  en  quelques  mots  dans  lesquels  j'aperçois 
moi-même  une  méprise  bien  singulière. 

»  Pour  être  plus  clair  et  n'avoir  pas  à  y  revenir,  j'avais  cru  devoir 
donner  trois  démonstrations  successives;  on  me  permettra  de  reproduire 
la  troisième,  à  laquelle  seule  s'appliquent  les  objections  de  M.  Helmholtz  : 

«  La  question  est  assez  importante,  avais-je  dit,  pour  que  j'insiste  encore,  en  montrant 
par  des  considérations  d'un  autre  ordre,  l'impossibilité  de  l'hypothèse  proposée  :  considé- 
rons un  fil  dont  chaque  élément  soit  sollicité  par  une  force  et  un  couple,  conformément  à 
l'hypothèse  de  M.  Helmholtz,  et  admettons  qu'il  puisse  résister;  un  état  d'équilibre  se  pro- 
duira, mais  il  est  évident  que  la  substance  du  fil  étant  élastique,  et  chaque  élément  sollicité 
par  des  forces  finies,  cet  équilibre  sera  précédé  d'une  déformation  ;  si  petite  qu'on  veuille  la 
supposer,  cette  déformation  sera  finie  ;  la  force  appliquée  à  chaque  élément  l'étant  égale- 
ment, le  travail  total  serait  infini.  » 

))  C'est  à  ce  raisonnement  que  M.  Helmholtz  répond  sans  faire  allu- 
sion aux  développements  très-différents  et  décisifs  qui  l'avaient  précédé; 
il  déclare  que  je  me  suis  trompé,  et  son  objection  revient  à  contester, 
dans  la  phrase  citée,  les  mots  qtii  y  sont  imprimés  cette  fois  en  caractères 
italiques. 

»  On  jugera  la  valeur  de  l'objection,  en  transportant  sur  un  exemple 


(  io5i  ) 
plus  simple  l'assertion  contestée  et  la  raison  alléguée  pour  la  rejeter. 
Considérons  une  tige  rectiligne  tirée  à  ses  extrémités  par  deux  forces  égales 
et  contraires  d'intensité  infinie.  Elle  sera  brisée,  personne  n'en  peut  douter; 
mais  si,  non  content  d'invoquer  l'évidence,  on  ajoute  :  «  si  la  lige  ne  se 
»  brisait  pas,  elle  s'allongerait  ;  un  état  d'équilibre  se  produirait,  chaque 
»  extrémité  subirait  un  déplacement  fmi,  et  le  produit  de  ce  déplacement  par 
»  une  force  infinie  donnerait  un  travail  infini.  » 

»  C'est,  on  le  voit,  le  raisonnement  même  proposé  plus  haut,  ve- 
nant, comme  lui,  par  surabondance,  pour  compléter  une  certitude  déjà 
acquise. 

»  Or  voici  la  réponse  de  M  .Helmhollz  également  simplifiée  pour  son  ap- 
plication au  même  cas. 

•>  L'allongement  d'une  tige  est  proportionnel  à  la  longueur  :  si  donc 
celle  que  nous  considérons  est  de  longueur  infiniment  petite,  le  raisonne- 
ment cesse  de  lui  être  applicable. 

»  L'un  des  mots  dont  on  s'est  servi  cesse  d'être  exact,  cela  est  vrai; 
mais  la  tige  devient-elle  plus  tenace  parce  qu'elle  est  plus  courte?  En 
prouvant  que  les  forces  considérées  peuvent  rompre  une  tige  de  longueur 
finie  n'ai-je  pas  démontré  qu'elles  rompront  de  même  une  tige  infiniment 
courte  ? 

»  L'allongement  qu'une  tige  ne  peut  supporter  sans  se  rompre  n'est-il 
pas  un  allongement  relatif  et  non  absolu  ? 

»  De  même,  en  démontrant  que  les  forces  briseront  un  fil  d'épaisseur 
petite  mais  finie,  ne  prouve-t-on  pas,  par  cela  même,  qu'elles  briseraient, 
a  fortiori,  un  fil  infiniment  mince? 

»  Je  n'ai  donc  rien  à  retrancher  de  mes  remarques  et  de  mes  assertions 
relatives  à  la  théorie  de  M.  Helmhoitz  ;  mais  je  veux  montrer,  de  plus, 
l'inexactitude  des  formules  nouvelles,  proposées  par  lui,  qui  ne  s'accordent 
même  pas  avec  l'hypothèse  dont  il  croit  les  déduire. 

»  Le  point  essentiel  du  nouveau  Mémoire  est  la  détermination  des  forces 
Xds,  Yds,  Zds  qui  sollicitent  un  élément,  et  dont  l'éminent  physicien  croit 
donner  l'expression. 

»  Le  lecteur  remarquera  tout  d'abord  une  singulière  contradiction  : 
L'action  exercée  sur  un  élément  doit  se  composer  d'une  force  et  d'un 
couple,  je  l'ai  prouvé;  M.  Helmhoitz  en  tombe  d'accord,  il  le  répète  dans 
le  Mémoire  actuel  (page  964,  lignes  17  et  18),  dont  voici  le  texte  oi'iginal  : 
(c  Da  (las  Polentiat  P  auch  von  den  ÏVinkeln  abhdncjuj  ist,  so  folcjt  daraus  um- 
milelbar,  dass  die  mechanische  Wiikung  des  Stroms  in  Da,  auf  das  als  festensslab 

i36.. 


(  io5a  ) 

vorgcslellte  Stromelemcnl  T)s  sicli  in  aUgemeinen  nicht  durcit  eine  einziqe  Kraft, 
ivie  hei  Ampère,  Grassman,  Slefan,  sondern  nur  ditrcli  zwei  an  den  eiiden  von 
T)s  angreifende  Krafle,  ersetzen  lassen  wird,  deren  Inlenshal  uniibliangig  l'on 
dcr  Lange Ds  ist.  Et  cependant,  quand  il  fait  son  calcul,  il  cherche  et  trouve 
les  composantes  X,  Y,  Z  de  la  force  qui  agit  sur  un  élément.  Il  n'est  plus 
question  de  couples. 

»  Dès  le  début  du  calcul,  en  écrivant  la  formule  (2)  (page  965,  ligne  29.), 
M.  Heliiiholtz  se  met  donc  en  contradiction  avec  une  vérité  reconnue  par 
lui-même  à  la  page  précédente.  Cette  équation  est  inacceptable.  Pour  la 
corriger,  il  faut  dire  :  Soient  Xc(s,Ycls,  Zds  les  composantes  de  la  force  qui 
sollicite  l'élément  cls,  et  Pds,  Qds,  J{ds  les  moments  des  trois  couples  com- 
posants ayant  les  axes  parallèles  aux  axes  X,  Y,  Z  et  sollicitant  le  même 
élément.  Lors  d'un  déplacement  infiniment  petit,  le  travail  des  forces  sera 

(X5x  +  Y âj  -h  Zdz) cls, 

et  celui  des  couples  (négligé  par  M.  Helmholtz)  est,  en  supposant  le  fil 
inextensible, 

QSdz  —  'RSdj  j 
dx 

»  L'introduction  de  ce  terme,  est-il  besoin  de  le  dire,  change  tous  les 
résultats,  et  il  est  inutile  d'insister  sur  l'inexactitude  des  expressions  obte- 
nues en  le  supprimant. 

»  Une  difficulté  peut  et  doit  subsister  cependant  :  L'hypothèse  d'une 
action  représentée  sur  chaque  élément,  par  une  force  unique,  implique 
contradiction.  Cela  a  été  démontré  et  n'est  pas  contesté;  les  conséquences 
de  cette  hypothèse  doivent  donc  non-seulement  se  trouver  inexactes,  mais 
contradictoires,  et  l'impossibilité  des  résultats  obtenus,  si  l'on  pousse  à 
bout  les  raisonnements,  doit  résulter  de  leur  étude  même,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  les  conqjarer  à  d'autres. 

»  Il  en  est  précisément  ainsi  ;  il  nous  reste  à  dire  pourquoi  l'analyse 
de  M.  Helmholtz  ne  le  met  pas  en  évidence. 

»  Après  s'être  donné  comme  loi  primordiale  l'expression  du  potentiel 
relatif  à  chaque  élément  du  courant  pour  en  déduire  ^ s.  force  exercée  en 
chaque  point,  le  savant  auteur,  en  effet,  écrit  que,  pour  un  déplacement 
quelconqiie  du  fil,  le  travail  de  ces  forces  est  égal  à  la  variation  du  poten- 
tiel. Telles  sont,  en  effet,  la  conséquence  et  la  traduction  de  son  hypothèse; 
mais  l'égalité  doit  être  écrite  non-seulement  pour  le  fil  entier  ou,  comme 
le  fait  M.  Helmholtz,  pour  la  portion  terminée  aux  points  où  le  courant 


(  io53  ) 
change  d'intensité,  mais  elle  s'applique  à  un  arc  quelconque  et  même, 
si  l'on  veut,  à  un  élément  infiniment  petit.  11  s'agit,  en  effet,  du  potentiel 
de  deux  éléments  infiniment  petits  :  Werlh  des  Potenlials  P  ziveier  Unearer 
Stromelemente  Ds,  Dff  auf  einamler,  telle  est  l'expression  proposée  par 
M.  Helmholtz  (page  964,  ligne  t).  Si  donc  nous  étudions  un  élément  parti- 
culier Ds,  arbitrairement  choisi  dans  le  courant  attiré,  la  loi  proposée  fait 
connaître  le  potentiel  des  forces  qui  agissent  sur  lui,  et  ce  potentiel,  par 
définition,  est,  pour  tout  déplacement,  égal  au  travail  des  forces  élec- 
triques. 

))  Or,  en  étudiant,  comme  on  en  a  le  droit,  un  arc  quelconque,  l'ana- 
lyse même  de  M.  Helmholtz  prouverait  que  les  extrémités  de  cet  arc,  c'est- 
à-dire  deux  points  quelconques  du  fil,  sont  sollicitées  par  des  forces  finies, 
qui,  n'étant  pas  dirigées  suivant  la  tangente,  ne  peuvent  être  assimilées  à 
la  tension  qui  remplace  l'action  mécanique  de  la  partie  contiguë.  Il  n'y  a 
pas  là  seulement  une  inexactitude  ou  une  impossibilité  physique,  mais  une 
contradiction  formelle,  conséquence  prévue  et  nécessaire  de  celle  qui  a 
été  introduite  au  début.  Le  calcul,  en  effet,  fait  connaître  la  force  infini- 
ment petite  exercée  sur  chaque  élément,  et,  en  outre,  deux  forces  finies 
qui  doivent  agir  aux  points  arbilrairemenl  choisis  pour  les  extrémités  de 
l'arc  considéré. 

»  Si,  au  contraire,  nous  rétablissons,  dans  l'équation  (2)  de  M.  Helm- 
.11  QSdz  —  'RSdy  j  .    '         1   >    1  i-.- 

hollz,  les  termes  -^ cls,  en  ayant  égard  a  la  condUion 

P^.r  +  Qd/  -h-  B.dz  =  o, 
qui  exprime  que  le  plan  du  couple  passe  par  l'élément,  et 

dx  âdx  +  dj  âdj  +  dz  ùdz  =  o, 

qu'il  faut  écrire  si  l'on  suppose  le  fil  inextensible,  on  déduira,  comme  cela 
doit  être,  de  la  seule  équation  du  travail,  les  composantes  X,  Y,  Z  de  la 
force  et  celles  P,  Q,  R  du  couple  agissant  sur  l'élément  D^. 

»  La  démonstration  est  complète;  il  serait  inutile  de  soumettre  d'autres 
points  à  une  critique  minutieuse.  Je  veux  signaler  cependant  un  résultat 
indiqué  par  M.  Helmholtz  (page  967,  ligne  Sa),  et  qui  suffirait  seul  pour 
enlever  toute  confiance  à  son  lecteur  : 

M  En  analysant  les  diverses  forces  qui  s'exercent  entre  deux  portions 
de  courants,  M.  Helmhollz  en  rencontre  une  indépendante  de  la  distance  : 


(  io5'4  ) 

»  Eine  ahslossende  Kraft  Zwischen  je  zwei  Slromenden  mit  den  elektrischen 

Quantis  e  und  e,  von  der  Grosse  : 

,  o  i-\-  f;  'le  dt 

—  A- —  —5 

2       dt   dt 

dièse  isl  von  k  abliangig  und  unabhancjicj  von  r. 

»  Une  force  indépendante  de  la  distance!  Les  physiciens,  je  crois,  re- 
pousseront un  tel  résultat  sans  plus  ample  examen.  Si  M.  Helmholtz,  qui 
ne  paraît  pas  accepter  cette  opinion,  réalise  un  jour  les  expériences  dont 
il  indique  le  projet  à  la  fin  de  son  Mémoire,  il  trouvera,  en  cas  d'insuccès, 
une  explication  très-commode  :  une  pile,  montée  par  hasard  à  Paris,  à 
Londres  ou  à  Saint-Pétersbourg  au  moment  de  ses  expériences,  et  dont 
l'action,  indépendante  de  in  distance,  pourra  se  trouver  considérable  à  Berlin, 
deviendra  l'explication,  théoriquement  possible  d'après  ses  formules,  de 
tout  résultat  contraire  à  ses  prévisions.  » 

CHIMIE,  —  Note  sur  l'action  que  le  plomb  exerce  sur  l'eau;  par  M.  Ddmas. 

«  M.  Fordos  m'a  prié  de  présenter  à  l'Académie  la  Notice  qu'on  lira 
plus  loin  (i).  En  me  rendant  au  désir  de  cet  habile  chimiste  et  tout  en  ac- 
ceptant, pour  les  circonstances  où  il  s'est  placé,  les  résultats  qu'il  annonce 
au  sujet  de  l'effet  d'une  agitation  prolongée  des  grenailles  de  plomb  au 
contact  de  l'air  et  de  l'eau,  ainsi  que  des  conséquences  qu'il  en  tire  à  l'égard 
du  rinçage  des  bouteilles,  l'Académie  me  permettra  de  faire  quelques  ré- 
serves en  ce  qui  concerne  le  contact  des  eaux  potables  avec  des  vases  ou 
tuyaux  de  plomb. 

»  Je  faisais,  il  y  a  longtemps,  dans  mes  cours  publics  l'expérience  suivante  : 

»  Cinq  flacons  renfermant  de  la  grenaille  de  plomb,  je  versais  dans  cha- 
cun d'eux,  respectivement  : 

»    1°  De  l'eau  distillée  ; 

»   2°  De  l'eau  de  pluie; 

»   3°  De  l'eau  de  Seine  ; 

»   4°  De  l'eau  de  l'Ourcq; 

»   5°  De  l'eau  de  puits. 

»  Je  démontrais,  par  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré,  que  l'eau  du  premier 
flacon  accusait  presque  immédiatement  des  traces  d'oxyde  de  plomb  dis- 

(i)  Foirîx  la  Correspondance,  p.  logg. 


(  io55  ) 
sous,  tandis  que  les  flacons  qui  renfermaient  de  l'eau  plus  ou  moins  char- 
gée de  sels  calcaires  n'en  contenaient  pas  (i). 

»  La  rapidité  avec  laquelle  l'eau  distillée  se  charge  de  plomb  est  sur- 
prenante. L'effet  produit  par  des  traces  de  sels  calcaires  pour  s'opposer  à 
cette  réaction  ne  l'est  pas  moins.  On  ne  peut  s'empêcher  de  rapprocher  ces 
faits  de  ceux  que  M.  Schlœsing  a  observés  au  sujet  de  l'argile  qui  demeure 
indéfiniment  en  suspension  dans  l'eau  pure  et  que  la  plus  légère  trace  de 
sels  de  chaux  en  précipite. 

»  L'eau  absolument  pure  est  un  agent  au  sujet  duquel  tout  n'est  pas 
connu  et  dont  les  propriétés  diffèrent,  je  ne  crains  pas  de  le  dire,  plus  qu'on 
ne  le  croit  de  celles  de  l'eau  commune.  » 

M.  Elie  de  Beaumont  fait  remarquer  que  les  observations  de  M.  Schlœsing, 
concernant  l'argile  qui  demeure  indéfiniment  en  suspension  dans  l'eau 
pure,  et  que  la  plus  légère  trace  de  sels  de  chaux  en  précipite,  expliquent 
de  la  manière  la  plus  simple  la  limpidité  incomparable  des  sources  qui 
sortent  des  terrains  calcaires,  telles  que  celles  qui  donnent  naissance  aux 
rivières  des  montagnes  du  Jura. 

HYGIÈNE   PUBLIQUE.  —  De  i action  de  l'eau  sur  les  conduites  en  plomb. 

Note  de  M.  Belgrand. 

«  Le  plomb  est  employé  à  la  confection  des  tuyaux  de  conduite  depuis 
l'origine  des  distributions  d'eau  dans  les  villes.  Ne  considérons  que  les 
aqueducs  romains.  C'est,  suivant  Yarron,  en  l'an  de  Rome  44^,  que  fut 
construit  le  premier  aqueduc  qui  conduisait  l'eau  Appia.  Depuis  cette 
époque,  on  n'a  cessé  de  faire  des  conduites  en  plomb.  Toutes  les  cana- 
lisations, dans  l'intérieur  des  villes  antiques,  étaient  faites  avec  ce  métal. 
Chaque  usager  avait  son  branchement  qui  partait  du  château  d'eau  privé, 
sorte  de  cuvette  de  distribution  commune  à  tous  les  habitants  d'un  quartier, 
et  aboutissait  à  son  habitation.  Les  fontaines  publiques  étaient  alimentées 
de  la  même  manière.  La  canalisation  publique,  qui  reliait  le  château  d'eau 
public  au  château  d'eau  privé,  était  habituellement  en  plomb.  (/'oiVFrou- 
tin,  qui  donne  les  dimensions  des  tuyaux  en  plomb  de  la  distribution  de 

(i)  Si  l'on  prend  de  l'eau  des  premières  pluies  tombées  après  un  temps  sec,  elles  sont 
chargées  de  poussières  calcaires,  que  les  dernières  pluies,  ayant  traversé  un  air  pur,  ne 
renferment  plus.  Pour  des  eaux  pluviales  choisies,  les  effets  peuvent  donc  différer;  mais, 
prise  en  masse,  l'eau  des  pluies  de  Paris  se  comporte  sensiblement  coranie  l'eau  de  Seine. 


(  io56  ) 
Rome.)  Ce  mode  de  dislribution,  qui  exigeait  de  très-longues  conduites  en 
plomb,  a  été  en  usage  à  Paris  jusqu'à  ces  dernières  années.  Il  fonctionne 
encore  à  Rome,  à  Clermont-Ferrand  et  dans  quelques  autres  villes.  Dans 
le  moyen  âge,  et  jusqu'à  la  fin  du  xviii''  siècle,  la  canalisation  publique  était 
en  plomb.  On  trouvait  encore  à  Paris,  il  y  a  quelques  années,  des  conduites 
de  ce  genre  posées  du  temps  de  Pbilippe-Auguste.  L'emploi  des  conduites 
de  fonte  ne  s'est  généralisé  que  vers  1782,  à  l'époque  de  la  création  des 
usines  de  Chaillot  et  du  Gros-Caillou  par  les  frères  Périer. 

»  Depuis  ces  temps  si  reculés,  personne  jusqu'ici  n'avait  vu  le  moindre 
danger  dans  cet  emploi  du  plomb.  Ni  Pline,  ni  Frontin,  ni  aucun  des  his- 
toriens de  l'antiquité  n'avait  signalé  le  moindre  fait  d'empoisonnement.  Il 
en  a  été  de  même  dans  le  moyen  âge  et  dans  les  temps  modernes. 

1)  C'est  seulement  depuis  (juelques  années  qu'on  cherche  à  émouvoir  le 
public  et  à  démontrer  que  les  conduites  d'eau  en  plomb  sont  d'un  emploi 
dangereux.  L'eau,  dit-on,  s'y  charge  d'iuie  petite  quantité  de  plomb  qui 
exerce  une  action  lente,  mais  pernicieuse,  sur  la  santé  des  consommateurs. 

»  Cette  année,  la  guerre  au  plomb  (c'est  le  nom  qu'on  donne  à  cette 
croisade)  a  pris  un  grand  développement,  et  peut  jeter  de  l'inquiétude  dans 
l'esprit  des  Parisiens.  Il  était  donc  de  mon  devoir  de  chercher  ce  qu'il  y  a 
de  fondé  dans  ces  attaques,  et  je  l'ai  fait  avec  l'aide  d'un  chimiste  distingué, 
M.  Félix  Le  Blanc,  vérificateur  du  pouvoir  éclairant  du  gaz. 

»  M.  Bondet  a  été  chargé  d'un  travail  analogue  par  le  Conseil  de  salu- 
brité. Il  a  été  convenu  entre  nous  qu'il  lirait  son  travail  à  la  séance  du 
Conseil  de  vendredi  dernier,  et  que  jelirais  le  mien  à  l'Académie  des  Scien- 
ces à  la  séance  d'aujourd'hui. 

»  Je  dois  d'abord  poser  nettement  la  question  et  faire  connaître  la  sta- 
tistique des  conduites  publiques  et  privées  de  la  ville. 

»  Voici,  d'après  le  relevé  fait  au  3i  décembre  dernier,  la  statistique  des 
conduites  publiques  : 

Conduites  en  fonte i  333  184°' 

»         en  tôle  bitumée 63  126 

»  en  plomb,  environ 3 000 

Total I  399310°' 

»  On  voit  déjà  que  les  conduites  publiques  sont  hors  de  cause  et  que 
ta  guerre  au  plomb  serait  sans  objet,  s'il  n'y  avait  un  autre  réseau  composé 
de  branchements  très-courts,  d'un  très-petit  diamètre,  et  qui,  à  peu  d'ex- 
ccptiotis  près,  sont  tous  en  plomb. 


(   loSv  ) 
»  Ces  branchements  relient   les  conduites  publiques  aux  orifices  de 
puisage.  Leur  réseau  se  subdivise  ainsi  : 

1°  Branchements  des  établissements  de  l'État iSa 

1°  Brancheinenis  du  dqjarlement i4 

Bornes  fontaines  à  repoussoir 224 

Fontaines  de  puisage  à  la  sangle. .  .        3:'> 

_        „        ,                   ,  Bornes  fontaines 456 1 

3°       Branchements       1  „        .                ,       ,  „ 

,      ,    ,  ,.                  /  Fontaines  marchandes 2b  ,                  _, 

des  etabnssements   <  „                ,          .  ^^)  .  ..        \i~. 

.       Bureaux  de  stationnement i55  1 

de  la  Ville  de  Pans     ^    ,  ,.                        ....  - 

Etablissements  nuinicipaux  divers...  ifoi 

Edifices  religieux 49 

\  Écoles  et  collèges 247 

4°  Branchements  des  établissements  de  l'Assistance  publique 83 

5°  Brancliements  des  abonnés  aux  eaux  de  la  Ville,  au  3 1  décembre  1872.  .      37889 

Total  des  branchements ^9495 

»  Les  branchements  en  plomb  appartiennent  donc,  pour  la  plupart,  aux  par- 
ticuliers. 

)i  Dans  ces  nombres  ne  figurent  pas  ceux  des  branchements  appartenant  à 
la  Ville  de  Paris,  qui  ne  servent  jamais  au  puisage  de  l'eau  destinée  aux  be- 
soins domestiques,  tels  que  ceux  des  fontaines  monumentales,  des  bouches 
d'eau  sous  trottoir,  des  poteaux  et  boîtes  d'arrosement,  des  bouches  d'ar- 
rosage à  la  lance,  des  coffres  d'incendie,  des  pompes  à  vapeur  et  des  uri- 
noirs, qui  sont  au  nombre  de  8277,  ni  ceux  du  service  des  Promenades  et 
PlautStions  qui  ne  sont  pas  moins  nombreux. 

»  Les  branchements  en  plomb  qui  servent  aux  puisages  domestiques 
sont  donc  au  nombre  de  39600,  et  l'on  peut  évaluer  leur  longueur  moyenne 
à  4o  mètres,  et  leur  longueur  totale  à  i  58o  000  mètres. 

»  Malgré  le  développement  énorme  de  ce  réseau,  chaque  litre  d'eau  puisé 
pour  la  consommation  des  habitants  ne  parcourt  qu'une  très-petite  lon- 
gueur de  conduite  en  plomb,  5  mètres  à  peine,  lorsque  le  puisage  est  fait 
aux  orifices  de  la  voie  publique,  100  mètres  au  plus  lorsque  le  branche- 
ment aboutit  dans  une  maison  particidière. 

»  Lorsque  la  maison  est  habitée,  le  plus  long  séjour  de  l'eau  dans  les 
conduites  en  plomb  peut  être  évalué  ainsi  : 

.,  -1.  ,-1  1  Séjour  pendant  la  nuit,  q  heures. 

Abonnements  a  robinets  libres,  l  „  .  ,    .  ,    _ 

(  Séjour  pendant  le  jour,  de  5  à  10  minutes. 

Abonnements  jaugés,  écoulement  continu,  au  plus  de  3  à  6  heures. 

»  Le  temps  du  contact  de  l'eau  avec  les  parois  de  la  conduite  est  trop 
court,  comme  on  le  verra  plus  loin,  pour  que  le  plomb  soit  attaqué. 

C.  R.,  1873,  ■i'  Semestre.  (T.  LXXVU,  IN»  19.)  iSy 


(  :o58  ) 

M  J'ai  (lit  que,  dans  le  réseau  des  conduites  publiques,  il  reste  environ 
3  kilonièlres  de  conduites  en  plomb.  On  en  démonte  quelques-unes  de 
temps  en  temps,  et  l'on  constate  que  leur  surface  intérieure  est  toujours 
parfaitement  lisse  et  sans  traces  d'érosion  ;  j'en  mets  deux,  tronçons  sous  les 
yeux  de  l'Académie.  L'un  provient  de  la  conduite  du  faubourg  Saint- 
Antoine  qui  a  été  posée  en  1670,  à  l'époque  où  la  pompe  du  pont  Notre- 
Dame  fut  érigée;  il  a  donc  plus  de  deux  cents  ans,  et  l'on  voit  encore  dans 
l'intérieur  l'impression  des  grains  de  sable  du  moule.  L'autre  a  été  extrait 
des  rues  latérales  au  marcbé  Saint-Germain;  il  est  d'une  date  plus  récente 
et  n'est  pas  moins  intact. 

»  Je  dois  faire  remarquer  encore  que  les  branchements  en  plomb  se  ta- 
pissent promptement  d'une  légère  croule  adhérente  qui  empêche  le  contact 
de  l'eau  et  du  plomb.  Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  tronçon  d'un 
de  ces  branchements  où  cette  patine  est  très-visible. 

»  J'ai  visité  dans  les  ateliers  de  M.  Fortin  Hermann,  entrepreneur  des 
travaux  d'entretien  de  la  Ville,  le  dépôt  des  vieux  plombs  où  se  trouvent 
de  nombreux  débris  de  branchements.  Je  n'en  ai  pas  trouvé  un  seul  qui 
ne  satisfît  à  cette  condition  :  surface  intérieure  du  plomb  parfaitement  lisse, 
tapissée  d'une  croûte  mince  très-adhérente  de  limon  ou  de  carbonate  de 
chaux. 

»  L'innocuité  des  conduites  en  plomb  me  semble  démontrée  par  l'en- 
semble de  ces  faits,  qui  font  comprendre  pourquoi  ces  conduites  sont  en 
usage  dans  toutes  les  villes  de  France  et  dans  la  plupart  des  villes  de  l'Eu- 
rope, sans  qu'on  ait  jamais  eu  à  s'en  plaindre. 

»  J'ai  voulu  cependant,  par  des  analyses  directes,  rechercher  le  plomb 
dans  toutes  les  eaux  distribuées  à  Paris,  et  c'est  dans  cette  recherche  que 
M.  Le  Blanc  a  bien  voulu  me  prêter  son  bon  concours. 

»  Les  essais  ont  été  faits  d'abord  sur  les  eaux  publiques  de  Paris  puisées 
aux  points  suivants  : 

1°  Eau  de  Seine.  —  Hôtel-Dieu,  branchement  en  plomb  de  200  mètres  de  longueur. 

2"  Eau  de  Seine.  —  Avenue  d'Orléans,  n°  74»  branchement  en  |jlomb  de  100   mètres. 

3°  Eau  d'Ourcq.  —  Hôpital  des  Récollets,  branchement  en  plomb  de  70  mètres. 

4"  Eau  de  Dhuis.  —  Avenue  de  Clichy,  n°  ^o,  abonnement  jaugé  de  25o  litres  par 
vingt- quatre  heures,  branchement  en  plomb  de  ao  mètres. 

5°  Eau  de  Dhuis.  —  Rue  de  Moscou,  n°  25,  abonnement  à  robinet  libre,  branchement  en 
plomb  de  ^o  niètfes. 

»  On  envoyait  à  M.  Le  Blanc  un  échantillon  de  5  litres  d'eau  de  chaque 

espèce. 

»  Envoi  du  16  août  iSyS;  observation  de  M,  Le  Blanc.  Aucune  de  ces  eaux,  limpides  et 


(  'o59  ) 

incolores,  ne  prend  une  coloration   appréciable   sons  l'influence  de  l'hydrogène  sulfuré. 
Pas  de  trace  de  plomb  dans  le  produit  évaporé  dans  une  capsule  en  platine. 

«  Eni'oi  du  i"''  septembre.   Même  observation, 
o   Erifoi  du  \"  octobre.  Même  observation. 

M  On  peut  conclure  de  cette  première  série  d'expériences  que  les  eaux 
publiques  de  Paris  puisées  à  l'extrémité  des  brancheirients  en  plomb  ne 
contiennent  pas  trace  de  ce  métal  lorsque  la  maison  est  habitée,  c'est-à-dire 
lorsque  l'eau  ne  séjourne  jamais  plus  de  neuf  à  dix  heures  dans  le  bran- 
chement. 

»  M.  Le  Blanc  a  entrepris  une  autre  série  d'expériences  en  laissant  sé- 
jomner  le  plomb  beaucoup  plus   longtemps  dans  l'eau.  Je  lui   laisse   la 

parole  : 

«   Sur  l'action  des  eaux  sur  le  plomb. 

o  Les  chimistes  savent  depuis  longtemps  avec  quelle  facilité  s'oxyde  le  plomb  immergé 
dans  l'eau  distillée  ayant  le  contact  de  l'air.  Il  se  forme  très-rapidement  de  l'oxyde  de  plomb 
hydraté  en  très-petits  cristaux  blancs,  à  éclat  nacré,  dont  la  quantité  va  toujours  en  aug- 
mentant et  finit  par  former  un  dépôt  notable  au  fond  des  vases.  Il  en  est  de  même  de  l'eau 
de  pluie  très-pure.  Au  contraire,  l'eau  contenant  une  certaine  quantité  de  sels,  principa- 
lement l'eau  de  puits  sélénitcuse,  n'atta([ue  pas  du  tout  le  plomb  dans  les  mêmes  conditions. 

»  Ce  sont  là  des  expériences  que  les  professeurs  de  Chimie  font  depuis  quarante  ans  dans 
les  cours  publics.  M.  Dumas  ne  manquait  jamais  de  mettre  ces  résultats  sous  les  yeux  de  ses 
auditeurs  à  la  Sorbonne.  Plusieurs  fois  divers  chimistes  ont  fait  remarcjucr  l'innocuité  du 
plomb  à  l'égard  des  eaux  potables  circulant  dans  les  tuyaux  de  ce  métal,  et  cela  en  raison 
des  nii^fières  salines  qui  préservent  le  métal  de  l'oxydation. 

•  Il  serait  sans  doute  difficile  de  donner  une  théorie  de  ces  faits,  mais  ils  semblent  du 
même  ordre  que  ceux  qui  ont  été  constatés  à  l'égard  du  fer  qui  peut  se  conserver  sans  oxy- 
dation dans  l'eau  distillée,  même  aérée,  à  la  faveur  de  quelques  millièmes  d'alcali  ajouté  à 
cette  eau,  tandis  que  ce  métal  s'oxyde  très-rapidement  dans  l'eau  pure  aérée.  Chose  siuL'u- 
lière  !  en  augmentant,  dans  une  certaine  mesure,  la  proportion  d'alcali,  on  peut  faciliter 
l'oxydation.  On  sait  combien  les  particularités  signalées  par  M.  Gaymard  dans  les  conduites 
d'eau,  à  Grenoble,  ont  occuj)é  les  chimistes,  il  y  a  environ  quarante  ans  (oxydation  tuber- 
culeuse de  la  fonte).  Il  importait  de  s'assurer  si  les  eaux  potables  les  j)lus  pures  contenaient 
encore  assez  de  matières  salines  pour  préserver  le  plomb  de  l'oxydation. 

«  Le  tableau  ci-après  démontre  que  des  eaux  très-pures,  telles  que  celles  du  puits  de 
Grenelle,  par  exemple,  contenant  beaucoup  moins  de  matières  salines  que  l'eau  de  Seine, 
possèdent  encore  la  propriélé  de  préserver  le  plomb  de  l'oxydation  ;  cette  eau  marque  de 
8  à  lo  degrés  à  l'hydrotimètre. 

»  On  verra  que  des  eaux,  marquant  même  moins  de  i  degré  à  l'hydrotimètre,  conservent 
encore  celte  même  propriété.  Enfin  l'eau  de  pluie  elle-même  peut  ne  pas  attaquer  le 
|)lomb,  si  elle  n'a  pas  été  recueillie  avec  le  plus  grand  soin  et  après  une  sorte  de  lavage  pro- 
longe de  l'atmosphère  par  l'eau  pluviale.  Pour  peu  que  l'eau  de  pluie  indique  la  présence 
des  sels  de  chaux  par  les  réactifs,  on  lui  reconnaît  la  propriété  de  ne  pas  agir  sensiblement 

137. . 


(   loGo  ) 

sur  le  plomb.  Lorsque  l'eau  de  pluie  esl  devenue  insensible  à  l'action  des  réactifs  de   la 
chaux,  elle  commence  à  attaquer  le  plomb  assez  rapidement,  à  la  manière  de  l'eau  distillée. 


Action  du  plomb  chimiquement  pur  sur  diverses  eaux. 

(Le  plomb  est  immergé  dans  l'eau  et  le  liquide  a  le  contact  de  l'air;  lingot  de  25  grammes 
de  plomb  pur  et  200  centimètres  cubes  d'eau.) 


^A^lJRE   DES   EAl'X. 

DATE 

do  l'immersion. 

KÊStlLTAr    ODSERVÉ. 

Attaque    considérable;     cristaux 

Eau  distillée 

2;  septembre 

blancs  d'oxyde   de   jilomb   hy- 
draté. 

Eau  de  Dhuis(') 

kl. 

Pas  d'attaque. 

Eau  de  Seine  (') 

Id. 

Id. 

Eau  du  puits  de  Grenelle  (') 

Id. 

Id. 

Eau  d'Ourcq  (') 

Id. 

Id. 

Eau  d'Arcueil  {') 

Id. 

Id. 

Eau  de  puits  de  Belleville  ('} 

Id. 

Id. 

Sources  du  nord,  Prés-Saint-Gervais  ('). 

Id. 

Id. 

Eau  du  puits  de  Passy 

Id. 

Id. 

Eau    du    réservoir   du    goulTre  d'Enfer, 

h  Saint-Etienne  (terrain  granitique), 

8  octobre 

Id. 

Titre  lijdrotimétrique  10,44  (') 

Eau  du  réservoir  des  Settons  (Morvan),  ■. 

rivière  de  Cure.  Titre   liydrotimétri-   (                    JJ. 

Id. 

(iiie  o®  06  f  '1                       1 

Eau  de  rOurtlie  (Belgique),  terrain  dé- 
vonien.  Titre  hjdrotimétrique  o°,r)6. 

i5  octobre 

Id. 

Eau  de  pluie,  recueillie  dans  la  cour, 
quai  de  Belhune 

8  octobre 

Pas  d'attaque  constatée.  Traces  de 
sulfate  et  de  chaux. 

L'attaque  du  plomb  est  sensible  ou 

Eau  de  pluie,  recueillie  sur  les  réser- 

28  octobre 

bout  de  vingt-quatre  heures  et  va 
en  augmentant.  Dépôt  assez  abon- 

dant le  5  novembre. 

(')  A  renibouchure  de  l'acqueJuc  de  Ménilmontant. 

(')  Au  milieu  du  fleuve,  près  do  la  prise  d'eau  du  chemin  d 

e  fer  d'Orléans. 

(')  A  l'orilice  supérieur. 

(*)  Au  milieu  de  la  gare  circulaire. 

(')  Dans  l'aqueduc  au  regard  X,  en  amont  de  la  conduite. 

(')  Maison,  rue  Fessart,  ig. 

(')  Rigole  du  regard  des  Mossins,  derrière  le  bastion  20.  (Eau  très-limpide.) 

(')  Ce  réservoir  contient  habituellement  i  Goo  000  mètres  eu 

bes  d'eau. 

(°)  La  capacité  de  ce  réservoir  est  de  19  à  20  millions  de  mè 

très  cubes. 

Nota.  —  Les  tuyaux  doublés  d'eiain  ne  s'attaquent  pas  plus  que  le  plomb  des  tuyau.'c  de 
la  Ville.  On  a  employé  Ttau  du  puits  de  Grenelle  pour  les  expériences  comparatives. 


(  io6i  ) 

»  Quels  sont  les  sels  les  plus  efficaces  pour  s'opposer,  même  à  faible  dose,  à  l'oxydation 
du  plomb  au  contact  de  l'eau?  Les  sels  de  chaux,  employés  seuls,  sont  incontestablement  ef- 
ficaces aux  doses  les  plus  minimes. 

»  Cependant,  en  l'absence  de  la  chaux,  d'autres  sels  paraissent  aussi  capables  de  protéger 
le  plomb  à  la  dose  de  o^'', i  environ  par  litre.  Néanmoins,  au  bout  de  vingt-quatre  à  trente 
heures,  l'eau  se  colore  à  peine  par  l'acide  sulfhydrique,  mais  cet  effet  s'arrête  bientôt  et 
l'oxydation  cesse.  C'est  ce  qui  résulte  des  observations  suivantes. 

1)  Expériences  pour  constater  l'influencé  particulière  de  divers  sels.  —  On  a  formé  les  dis- 
solutions suivantes  avec  :  1°  sulfate  de  soude,  2°  chlorure  de  sodium,  3"  chlorure  de  potas- 
sium, 4"  sulfate  de  magnésie. 

»  La  dose  de  chaque  sel  était  de  o^',!  par  litre. 

»  Le  plomb  a  été  immerge  dans  ces  dissolutions  le  22  octobre.  Au  bout  de  vingt-quatre 
heures,  l'eau  devenait  fauve  par  l'acide  sulfhydrique;  mais  l'attaque  n'a  pas  continué, et  l'on 
peut  dire  que  les  eaux  précitées  n'attaquent  pas  sensiblement  le  plomb,  car,  au  bout  de  dix 
jours,  il  n'y  avait  pas  de  véritable  précipité  par  le  réactif. 

»  Ces  expériences  seront  continuées,  en  variant  les  proportions. 

»  Nous  avons  entrepris  avec  M.  Le  Blanc  une  autre  série  d'expériences; 
c'est  ainsi  qu'on  a  obtenu  quelques  traces  de  plomb  dans  cette  eau  éva- 
porée, en  mettant  l'eau  dans  les  conditions  les  plus  favorables  pour  une 
attaque. 

»  Dès  que  ces  expériences  seront  terminées,  j'en  ferai  connaître  les  ré- 
sultats à  l'Académie. 

»  En  résumé,  le  danger  d'empoisonnement  par  l'eau  de  la  Ville  puisée  à 
l'extrémité  d'un  branchement  en  plomb  est  nul.  Je  ne  pense  pas  qu'il  soit 
possible  d'obliger,  comme  on  l'a  demandé,  les  propriétaires  de  Paris  à  rem- 
placer les  i5oo  kilomètres  de  branchements  en  plomb,  établis  aujourd'hui 
dans  leiu's  propriétés.  On  trouverait  l'intérieur  de  ces  branchements  par- 
faitement lisse,  sans  trace  d'attaque  et  recouvert  de  la  mince  croûte  de 
dépôt  adhérent,  qui  sépare  le  plomb  de  l'eau. 

»  Peut-on  même  recommander  aux  peisonnes  timorées  un  autre  mode 
de  canalisation  ;  je  ne  le  crois  pas.  Le  fer  et  la  fonte,  très-en  usage  à  Londres 
à  cause  de  leur  bas  prix,  conviennent  beaucoup  moins  à  Paris,  d'abord 
parce  qu'on  ne  trouve  pas  dans  le  commerce  les  pièces  de  raccord  né- 
cessaires, et  surtout  parce  que  les  accidents  dus  à  la  gelée,  beaucoup  plus  à 
craindre  à  Paris  qu'à  Londres,  sont  plus  redoutables  avec  le  fer  et  la  fonte 
qu'avec  le  plomb. 

»  On  a  recommandé  dans  ces  derniers  temps  des  tuyaux  en  plomb  dou- 
blés d'étain.  Ces  tuyaux  d'un  prix  élevé  présentent  un  grave  inconvénient; 
en  faisant  les  nœuds  de  soudure,  on  fond  la  doublure  d'étain  et  l'on  produit 


(    ioG2  ) 

des  obstructions  dans  la  conduite.  J'ai  i'ait  disparaître  ce  danger  d'obstruc- 
tion, en  faisant  fondre  d'avance  l'étain,  sur  8  à  lo  centimètres  de  chaque 
côté  des  nœuds  de  soudure,  dans  un  bain  de  sable  chauffé  à  phis  de  227  de- 
grés, point  de  fusion  de  l'étain  et  moins  de  33o  degrés,  point  de  fusion  du 
plomb,  ce  qui,  à  la  vérité,  met  le  plomb  à  nu,  mais,  suivant  moi,  sur  une 
trop  petite  longueur  pour  qu'il  soit  attaqué.  On  ne  peut  cependant  recom- 
mander remploi  de  ces  tuyaux  qui  sont  trop  nouveaux  pour  que  les  incon- 
vénients qu'ils  peuvent  présenter  soient  bien  connus. 

»  En  réalité,  aucun  de  ces  genres  de  conduites  ne  peut  avoir  une  action 
quelconque  sur  la  santé  des  usagers.  L'Administration  a  donc  pris  le  seul 
parti  raisonnable,  en  autorisant  les  abonnés  à  prendre  à  leur  gré  et  sous 
leur  responsabilité,  soit  des  tuyaux  de  plomb,  soit  des  tuyaux  en  fonte 
et  en  fer,  soit  des  tuyaux  en  plomb  doublés  d'éfain,  à  la  seule  condition 
de  donner  à  ces  tuyaux,  sous  la  voie  publique,  l'épaisseur  nécessaire  pour 
résister  à  la  pression  de  l'eau.  » 

M.  BouiLLAUD,  après  avoir  entendu  la  lecture  de  la  Communication  de 
M.  BeUjrand,  demande  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  La  question  qui  se  discute  en  ce  moment  devant  l'Académie  com- 
prend un  élément  hygiénique  et  médical  sur  lequel  je  crois  devoir  présenter 
quelques  considérations.  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  datent  les  recher- 
ches dont  l'eau,  l'un  des  plus  grands  agents  de  la  nature,  a  été  l'objet  de 
la  part  des  médecins  :  elles  remontent  aux  époques  les  plus  reculées.  Qui 
ne  sait,  en  effet,  qu'Hippocrate  lui-même,  ce  père  de  la  Médecine,  en  a 
traité  dans  un  de  ses  Ouvrages  les  plus  justement  célèbres  [De  aère,  locii  et 
AQUls),  Ouvrage  qui,  pour  le  dire  en  passant,  a  eu  l'insigne  honneur  d'être 
cité  par  Montesquieu,  dans  son  Traité  De  l'Esprit  des  Lois?  La  Communica- 
tion de  M.  Eelgrand,  en  particulier,  a  pour  objet  spécial  l'étude  de  l'eau 
de  la  Ville  de  Paris,  sous  le  rapport  des  propriétés  nuisibles  qu'elle 
pourrait  contracter  en  coulant  à  travers  des  canaux  de  plomb;  et  bon 
nombre  des  remarques  de  M.  Dumas  se  rattachent  à  cette  importante 
question  d'hygiène  publique.  Oui,  certes,  elle  est  importante,  et  au  plus 
haut  degré,  la  question  de  l'influence  de  l'usage  de  l'eau  mise  en  contact 
avec  le  plomb,  dans  diverses  conditions  qui  n'avaient  pas  encore  été  suffi- 
samment examinées,  et  sur  lesquelles  cette  discussion  vient  de  répandre 
de  si  précieuses  lumières. 

»  Certaines  préparations  saturnines  constituent,  comme  tout  le  monde 


(  io63  ) 
le  sait,  pour  les  personnes  qui  en  subissent  l'influence  plus  ou  moins  pro- 
fonde et  prolongée,  un  des  poisons  les  plus  funestes.  Combien  ne  comptent- 
elles  pas  de  victimes,  pur  exemple,  parmi  ces  nombreux  ouvriers  qui  tra- 
vaillent au  blanc  de  céruse,  ou  qui  exercent  la  profession  de  peintres  en 
bâtiments? 

»  La  Médecine  peut  heureusement  arracher  à  la  mort  plusieurs  de  ces 
personnes,  frappées  d'intoxication  saturnine,  et  notamment  celles  où  elle 
sévit  plus  spécialement  sous  la  forme  de  coliques  de  plomb.  Mais  n'est-ce 
rien,  même  dans  ces  cas  heureux,  que  ces  atroces  douleurs  auxquelles  la 
maladie  doit  son  nom  de  coliques?  Certes,  je  ne  veux  point,  à  Dieu  ne 
plaise,  faire  ici  le  procès  à  l'usage  des  eaux  qui  coulent  dans  des  conduits 
de  plomb;  je  le  veux  d'autant  moins,  que  la  savante  Communication  de 
M.  Belgrand  est  bien  propre  à  nous  rassurer  sur  les  qualités  de  ces  eaux. 
J'insisterai  d'autant  plus  sur  cet  article,  dont,  je  le  répète,  je  suis  bien  loin 
de  vouloir  exagérer  l'importance,  que  divers  médecins,  et  notamment  des 
médecins  attachés  à  la  marine,  ont  publié  des  travaux  d'après  lesquels  des 
cas  de  coliques,  observés  à  bord  de  certains  bâtiments,  devraient  être  rap- 
portés au  mode  d'intoxication  saturnine  dont  il  s'agit  en  ce  moment. 

»  On  ne  saurait  donc,  quand  il  s'agit  de  l'usage  d'un  agent  hygiénique 
aussi  universellement  répandu  que  l'eau,  s'appliquer,  avec  trop  de  soins, 
à  éloigner  toutes  les  causes  capables  dallérer  les  qualités  sans  lesquelles 
cette  boisson  ne  saurait  mériter  le  nom  consacré  d'EAU  potable.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Remarques  sur  un  point  historique  relatif  à  la  chaleur  animale; 

par  M.  Berthelot. 

«  Quand  Lavoisier  eut  découvert  le  phénomène  chimique  fondamental 
delà  respiration,  c'esl-à-dire  le  dégagement  dans  les  jjoumons  d'une  cer- 
taine quantité  d'acide  carbonique  et  la  disparition  d'un  volume  à  peu  près 
égal  d'oxygène,  il  compara  aussitôt  ce  phénomène  à  «  une  combustion,  à 
»  la  vérité  fort  lente,  mais  d'ailleurs  parfaitement  comparable  à  celle  du 
M  charbon  ;  elle  se  fait  dans  l'intérieur  des  poumons,  sans  dégager  de  lu- 
»  mière  sensible,  parce  que  la  matière  du  feu,  devenue  libre,  est  aussitôt 
»  absorbée  par  l'humidité  de  ces  organes  ;  la  chaleur  développée  dans  cette 
»  combustion  se  communique  au  sang  qui  traverse  les  poumons  et  se  ré- 
»   pand  dans  tout  le  système  animal  (i)   ». 

(i)  Mémoire  sur  la  chaleur,  par  MM.  Lavoisier  et  de  Laplace,  1780.  —  OEuvres  de 
Lavoisier,  t    II,  p.  33 1;  1862. 


(  io64  ) 

»  La  théorie  de  la  chaleur  animale,  qui  résulte  de  ces  découvertes,  est 
demeurée  acquise  à  la  science  dans  sa  partie  principale  ;  je  veux  dire  que 
tout  le  monde  l'attribue  aujourd'hui  aux  changements  chimiques  produits 
dans  les  êtres  vivants,  changements  dont  le  plus  important  est  la  transfor- 
mation de  l'oxygène  en  acide  carbonique. 

»  Mais  la  localisation  dans  les  poumons  des  réactions  qui  produisent  la 
chaleur  n'est  plus  acceptée  ni  par  les  chimistes,  ni  par  les  physiologistes. 
Les  premières  objections  furent  faites  par  Lagrange,  à  peu  près  dans  les 
termes  suivants  : 

«  M.  de  Lagrange  réfléchissant  que,  si  toute  la  chaleur  qui  se  distribue 
»  dans  l'économie  animale  se  dégageait  dans  les  poumons,  il  faudrait  né- 
»  cessairement  que  la  température  des  poumons  fût  tellement  élevée  que 
»  l'on  aurait  continuellement  à  craindre  leur  destruction,  et  que,  la  tem- 
»  pérature  des  poumons  étant  si  considérablement  différente  de  celle  des 
»  autres  parties  des  animaux,  il  était  impossible  qu'on  ne  l'eût  point  en- 
»  core  observée;  il  a  cru  pouvoir  en  conclure,  avec  une  grande  probabi- 
»  lité,  que  toute  la  chaleur  de  l'économie  animale  ne  se  dégageait  pas 
»  seulement  dans  les  poumons,  mais  bien  dans  toutes  les  parties  où  le  sang 
»  circulait  (i)  »,  par  l'effet  d'une  combustion  lente  et  générale,  produite 
aux  dépens  de  l'oxygène,  d'abord  simplement  dissous. 

»  On  ne  sainait,  d'après  les  expériences  faites  depuis  lors,  révoquer 
en  doute  cette  dernière  opinion,  sauf  quelques  modifications  introduites 
dans  son  énoncé  par  le  progrès  des  connaissances  ;  mais  ce  que  je  n'ai  vu 
signalé  nulle  part,  c'est  que  le  raisonnement  sur  lequel  elle  était  d'abord 
fondée,  et  que  l'on  reproduit  encore  chaque  jour  dans  plus  d'un  enseigne- 
ment, est  plus  spécieux  que  réel  :  toute  la  chaleur  dégagée  par  la  transfor- 
mation de  l'oxygène  inspiré  en  acide  carbonique,  fût-elle  développée  au 
sein  des  poumons,  n'en  élèverait  la  température  que  d'une  faible  fraction 
de  degré,  incapable  d'en  produire  la  destruction.  C'est  ce  qu  il  est  facile 
d'établir. 

»  D'après  les  recherches  de  MM.  Andral  et  Gavarrct,  la  quantité  moyenne 
de  carbone  exhalée  par  un  homme,  sous  forme  d'acide  carbonique,  est  com- 
prise entre  lo  et  12  grammes  environ  par  heure,  soit  o^',  iG^  à  0^^,200  par 
minute.  En  admettant  que  les  matières  qui  ont  fourni  cet  acide  carbonique 
aient  dégagé  à  peu  près  la  même  quantité  de  chaleur  que  du  carbone  pur, 
ce  qui  n'est  pas  très-éloigné  de  la  vérité,  cette  chaleur  serait  capable  d'é- 

(l)  llASSENFaATz,  Annales  (le  Cliimir,  t.  IX,  p.  266;  1791. 


{   io65  ) 

lever  de  i  degré  par  minute  la  température  de  i''^, 3oo  à  i''s,Goo  d'eau. 
En  admettant  seize  inspirations  par  minute,  chacune  d'elles  produirait 
donc,  en  moyenne,  une  quantité  de  chaleur  capable  d'élever  de  i  degré 
loo  grammes  d'eau,  ou  moins.  Celle  quantité  de  chaleur,  répartie  entre 
toute  la  masse  des  poumons,  qu'on  peut  évaluer  à  a  kilogrammes  ou 
2*'^,  5oo  environ,  ne  saurait  en  élever  la  température  que  d'une  très-petite 
fraction  de  degré  (un  vingtième  à  un  vingt-cinquième  de  degré)  par  chaque 
inspiration,  La  circulation  incessante  du  sang,  dans  les  vaisseaux  pulmo- 
naires, sang  dont  le  poids  ne  paraît  pas  éloigné  de  3oo  à  4oo  grammes  enire 
deux  inspirations  (i),  jointe  à  l'inthiencc  du  contact  des  parties  voisines, 
absorberait  d'ailleurs  à  mesure  la  chaleur  jM-oduile,  de  façon  à  empêcher 
ses  effets  de  s'accumuler. 

»  Il  résidte  de  ce  caicid  que  la  réaction  île  l'oxygène  sur  les  principes 
combustibles  de  l'organisation,  même  si  elle  se  produisait  tout  entière 
dans  les  poumons,  —  ce  cjui  n'est  pas  le  cas,  —  ne  donnerait  lieu  qu'à  des 
effets  difficiles  à  constater,  loin  de  détruire  l'organe  qui  servirait  de  siège  à 
cette  combustion.  Les  conclusions  de  Lagrange  n'en  étaient  pas  moins 
conformes  à  la  réalité,  quoique  fondées  sur  des  prémisses  inexactes.  Mais 
ce  n'est  pas  la  seule  fois  dans  l'histoire  des  sciences  qu'un  argument  sans 
valeur  est  devenu  l'origine  de  découvertes  importantes.  » 

MÉTÉOROLOGIE. ♦—  Fondation  d'un  observatoire  météorologique  nu  pied  du 
pic  du  Midi,  par  la  Société  Rnmond.  Note  de  M.  Ch.  S.\i\te-Clahîe 
Deville. 

(c  J'appelais,  il  y  a  quelques  jours,  l'attention  de  l'Académie  sur  les  deux 
excellentes  publications  faites  par  la  Commission  météorologique  des  Pyré- 
nées-Orientales, sous  les  auspices  du  Conseil  général.  Permettez-moi  aujour- 
d'hui de  vous  signaler  un  fait  tout  aussi  intéressant,  qui  se  passe  encore 
dans  les  Pyrénées,  et  qui  témoigne  du  zèle  qui  s'y  déploie  en  faveur  des 
progrès  de  la  météorologie  départementale. 

»  Il  existe  à  Bagnères-de-Bigorre  deux  sociétés  :  l'une,  scientifique,  porte 
un  nom  qui  nous  est  cher  :  c'est  la  Société  Ramond,  dont  M.  le  pasteur 
Frossardest  président.  L'autre  société  a  fondé,  il  y  a  quelques  années,  au 
col  de  Sencours  (ou  de  cinq  ours)  au  pied  du  pic  du  Midi,  à  2364  mètres, 
une  hôtellerie,  destinée  à  recevoir  les  voyageurs  et  les  touristes  dans  la  belle 

(i)  P'oir  MiLNE  Edwards,  Leçons  sur  la  Physiologie,  t.  IV,  p.  qf. 

C.  P..,  1873,  2"  Semestre,  (T.  LXXVII,  IS"  10.)  '^8 


(  ioG6  ) 

saison.  Ces  deux  sociétés  se  sont  réunies  pour  mettre  deux  pièces  de  l'hô- 
tellerie à  la  disposition  d'un  observateur,  pour  lequel  on  a  étnlili,  à  cette 
altitude,  lui  petit  malériel  météorologique,  tout  à  fait  semblable  à  celui 
que  j'ai  institué  à  Montsouris  et  dans  un  grand  nombre  de  stations  fran- 
çaises. 

»  Cet  observatoire  a  fonctionné  du  i*"^  août  au  9  octobre  de  cette  année, 
sous  la  direction  d'une  Commission  dont  M.  le  général  de  Nansouty  est 
président,  et  M.  Peslin,  ingénieur  des  mines,  secrétaire.  Outre  l'observa- 
teur, M.  Baylac,  MM.  de  Nansouty  et  Vaussenat,  ingénieur  civil,  ont  con- 
tribué, pour  une  grande  part,  aux  observations. 

»  De  temps  en  temps,  on  faisait  des  observations  comparatives  an  som- 
met du  pic  du  Midi  {28'j'j  mètres). 

»  J'ai  eu  lavautage,  l'an  dernier,  au  mois  de  novembre,  de  conférer 
avec  cette  Commission,  à  laquelle  s'était  adjoint  le  maire  de  Bagnères.  Le 
vif  désir  de  la  Société  Ramond  serait  d'obtenir  qu'elle  fût  reconnue  comme 
établissement  d'utilité  publique,  ce  qui  lui  donnerait  le  droit  de  recevoir 
des  souscriptions,  d'acquérir  des  terrains  au  sommet  du  pic  du  Midi  et  d'y 
construire  un  observatoire. 

»  Quel  que  soit  l'avenir  réservé  à  cette  pensée,  dont  la  réalisation  serait 
d'un  grand  intérêt,  la  fondation  du  petit  observatoire  de  Sencours  est  déjà 
un  vrai  service  rendu  à  la  météorologie  des  montagnes.  Inauguré  cette 
année,  tout  fait  penser  que,  dès  le  mois  de  juillet  prochain,  les  travaux  y 
seront  repris,  et  assurément  aucune  oeuvre  scientifique  ne  mériterait  plus 
que  celle-là  secours  et  encouragement.   » 

GÉOGRAPHIE.  —  Extrait  d\ine  Lettre  de  M.  Ferd.  de  Lesseps  à  Lord 
Granville,  à  Londres,  sur  le  projet  d'un  chemin  de  fer  dans  l'Asie  centrale. 

n  Paris,  3o  octobre  18^3. 

«  Je  vous  remercie  de  la  bienveillante  réponse  que  vous  m'avez  fait 
adresser,  par  l'intermédiaire  de  lord  Lyons,  à  la  Communication  de  mon 
Mémoire  à  la  Société  de  Géographie  de  Paris,  sur  le  projet  d'un  chemin  de 
fer  dans  l'Asie  centrale. 

w  Dans  quelques  semaines,  mon  fils,  Victor  de  Lesseps,  accompagné  d'un 
ingénieur  anglais,  M.  A.  Stuart,  se  rendra  aux  Indes,  afin  d'étudier  la  pos- 
sibilité de  la  jonction  des  chemins  de  fer  russes  avec  les  lignes  anglo-in- 
diennes. S'il  y  a  lieu,  ils  poursuivront  leurs  recherches  au  delà  des  posses- 
sions actuelles  de  l'Angleterre,  suivant  les  indications  qu'ils  se  feront  un 


(    'o67   ) 
devoir  de  demander  au  Vice-Roi.  Je  crois  donc  utile  de  soumettre,  dés  à 
jjrésent,  à  Votre  Seigneurie  quelques  considérations  sur  l'entreprise. 

»  Dans  l'exposé  que  j'ai  fait  devant  la  Société  de  Géographie,  j'ai  décrit 
d'une  manière  générale  un  tracé  approximatif  de  la  ligne  projetée.  Partant 
de  Moscou,  elle  arriverait  à  Samarkand  via  Toschkar.  Atteignant  l'Oxus 
dans  le  voisinage  de  Balkl,  elle  suivrait  d'abord  la  vallée  de  ce  fleuve  et  en- 
suite le  cours  d'un  de  ses  nombreux  affluents.  Elle  traverserait  les  montagnes 
par  un  des  passages  que  suivent  actuellement  les  caravanes;  arrivant  ainsi 
dans  la  vallée  de  la  rivière  Caboul,  elle  en  suivrait  le  cours  jusqu'au  Pes- 
hawer. 

»  L'énoncéprécédent  n'est  naturellement  que  provisoire  et  recevra  toutes 
les  modifications  qui  paraîtront  convenables. 

»  Il  me  semble  superflu,  mylord,  de  m'étendre  avec  détails  sur  les  avan- 
tages commerciaux  devant  résulter  au  profit  de  l'empire  anglo-indien,  de 
l'établissement  d'une  voie  ferrée  se  reliant  à  l'Asie  centrale. 

))  Des  communications  rapides  et  directes  avec  l'Europe  augmenteraient 
considérablement  le  trafic  international;  toutes  les  branches  du  commerce, 
tant  en  Angleterre  qu'aux  Indes,  s'en  ressentiraient  probablement.  Comme 
conséquence  nécessaire,  l'augmentation  du  trafic  sur  les  chemins  de  fer 
indiens  diminuerait  d'abord  et  probablement  annulerait  bientôt  les  lourdes 
charges  que  les  garanties  d'intérêt  imposent  au  budget  indien. 

M  Je  n'insisterai  donc  pas  davantage  sur  ce  point,  et  j'aborderai  le  côté 
politique  de  la  question. 

»  On  exprime  souvent  de  l'anxiété  en  Angleterre  au  sujet  des  progrès  de 
la  Russie  et  de  l'influence  russe  dans  l'Asie  centrale,  et  l'on  a  déjà  mani- 
festé la  crainte  que,  dans  l'hypothèse  d'une  guerre,  une  armée  russe  pour- 
rait se  servir  avec  avantage,  pour  une  invasion  de  l'Inde,  de  la  ligne  que 
nous  projetons.  Je  ne  crois  pas  qu'il  existe  des  causes  sérieuses  de  conflit 
entre  la  Grande-Bretagne  et  la  Russie  dans  l'Asie  centrale.  Les  deux  em- 
pires ontun  champ  assez  vaste,  l'Angleterre  au  midi,  la  Russie  au  nord  de 
l'Indo-Kouch,  pour  employer  toute  leur  énergie  et  leur  ambition  à  étendre 
le  progrès  et  la  civilisation  pendant  des  siècles  à  venir. 

))  Cependant  des  guerres  sont  malheureusement  toujours  possibles,  et  je 
comprends  qu'il  soit  du  devoir  du  gouvernement  de  Sa  Majesté  de  prévoir 
toutes  les  éventualités.  Je  suis,  du  reste,  trop  l'ami  et  l'admirateur  de  l'An- 
gleterre pour  ne  pas  avoir  examiné  avec  soin  quelles  seraient  les  consé- 
quences d'une  jonction  des  lignes  russes  et  anglo-indiennes,  dans  le  cas 
d'une  guerre  entre  les  deux  puissances. 

i38.. 


(  'o68  ) 

M  Je  ferai  d'abord  remarquer  que  l'intention  publiquement  connue  du 
gouvernement  russe  est  d'exécuter  lui-même  un  chemin  de  fer  jusqu'à  Sa- 
markand, dans  le  cas  où  une  société  privée  ne  s'en  chargerait  pas.  Une  voie 
ferrée  partant  de  Peshawer  par  la  vallée  de  la  rivière  Caboul,  traversant 
l'Indo-Kouch,  et  allant  de  là  opérer  sa  jonction  avec  la  ligne  russe,  serait- 
elle  utile  ou  nuisible  aux  intérêts  britanniques  en  cas  de  guerre  ? 

))  Il  est  incontestable  que  la  Russie,  depuis  la  campagne  de  Rhiva,  est 
obligée  de  poursuivre  l'extension  de  sa  domination  ou  de  son  influence  di- 
recte sur  la  population  de  l'Asie  centrale,  non-seulement  dans  l'intérêt  de 
ces  populations,  mais  aussi  pour  sa  propre  sécurité.  Cette  action  s'étendra 
fatalement  dans  le  bassin  de  l'Oxus  jusqu'aux  limites  qui  lui  sont  naturelle- 
ment marquées  par  les  plus  hautes  montagnes  du  globe.  Si,  dans  celte  si- 
tuation, l'Angleterre  continue  à  rester  passive  au  midi  de  l'Indo-Kouch, 
l'élément  fanatique  musulman  de  la  vallée  de  l'Oxus  sera  rejeté  en  totalité 
ou  en  partie  au  delà  des  montagnes  et  fortifiera  les  germes  d'hostilité  ou 
d'insurrection  qui  fermentent  toujours  parmi  les  populations  musulmanes 
de  l'Inde  et  des  provinces  limitrophes.  L'Angleterre  a  donc  tout  intérêt  à 
percer,  par  une  voie  ferrée  facilitant  le  mouvement  de  ses  troupes,  un  foyer 
dangereux.  En  tout  cas,  la  ligne  ferrée  tendrait  à  augmenter  considérable- 
ment l'influence  anglaise  siu'  toute  la  frontière. 

))  Si,  d'un  autre  côté,  comme  il  arrivera  probablement  dans  le  cours 
naturel  des  événements,  la  vallée  de  la  rivière  de  Caboul  est  annexée  au 
territoire  britannique,  il  serait  évidemment  nécessaire  d'avoir  une  ligne 
sur  la  frontière  jusqu'à  l'Indo-Kouch,  où  elle  se  joindrait  à  celle  du  côté 
russe. 

»  Aussi  longtemps  que  l'Angleterre  restera  maîtresse  des  mers  (position 
que  la  navigation  à  vapenr  a  rendue  encore  plus  évidente),  elle  n'a  rien  à 
craindre  des  conquêtes  ou  de  l'influence  légitime  de  la  Russie  dans  l'Asie 
centrale.  Une  armée  russe  cherchant  à  envahir  l'Inde  par  l'Indo-Kouch 
se  trouverait  à  des  milliers  de  milles  de  sa  base  dans  la  Russie  européenne. 
Une  armée  anglaise  opérant  dans  le  nord-ouest  ne  serait  qu'à  une  distance 
relativement  courte  de  sa  base  d'opération  à  Rombay  ou  à  Calcutta.  En 
outre,  des  communications  promptes  et  sûres  existeraient  toujours  entre 
l'Angleterre  et  les  ports  indiens  par  la  voie  du  canal  de  Suez. 

»  Nous  croyons  donc  que  l'Inde  anglaise  pourrait  attendre  avec  con- 
fiance l'attaque  d'une  armée  dont  la  seule  ligne  de  communication  serait 
un  chemin  de  for  long  de  plusieurs  milliers  de  milles,  et  que  la  destruction 
d'un  tunnel  ou  d'un  pont  pourrait  obliger  à  capituler  ou  à  se  disperser. 


(   'o6g  ) 

»  Si  notre  projet  reçoit  l'approbatiGii  du  gouvernement  anglais,  nous 
n'avons  point  la  prétention  de  choisir  nous-nièines  le  tracé  de  Peshawer 
à  i'Indo-KoucI],  mais  nous  adopterons  celui  cpii  sera  aj)prouvé  et  indiqué 
par  le  gouvernement  anglo-indien.  Nous  en  agirons  de  même  à  l'égard 
des  autorités  russes  de  l'autre  côté  de  l'Indo-Roucli. 

»  J'espère  que  le  gouvernement  tle  Sa  Majesté  voudra  bien  autoriser 
S.  Exe.  le  Vice-Roi  à  donner  à  mon  fds  et  à  M.  A.  Stuarl;  les  facilités  néces- 
saires pour  l'exploration  qu'ils  cntrt^prenuenf.  J'ai,  du  reste,  la  confiance 
que  l'Angleterre  protégera  spécialement  une  entreprise  qui  permet  de  favo- 
riser le  progrès  matériel  et  moral  du  monde,  et  qui,  dans  l'avenir,  sera 
une  nouvelle  garantie  de  paix  dans  l'Asie  centrale.    » 

ANATOMIE  COMPARIÎE.  —  Slritcliirc  (les  (L'iits  de  l' llélolerme  et  des  Ophidiens; 

par  RI.  P.   Geuvais. 

u  L'Héloderme  constitue  un  genre  de  Sauriens  propre  an  Mexique,  au 
sujet  duquel  Wiegmann,  Duméril  et  Bibron,  M.  Gray  et,  plus  récemment, 
M.  Raup,  ont  successivement  donné  des  renseignements.  Sa  morsme  passe 
pour  venimeuse,  et  ses  dents,  qui  sont  implantéesà  la  manière  de  celles  des 
Varans  et  des  Ophidiens,  présentent  sur  leur  couronne,  à  la  face  antérieure 
et  à  la  face  postérieure,  un  sillon  vertical  très-prononcé,  rappelant  à  cer- 
tains égards  celui  que  l'on  voit  en  avant  sur  le  fût  des  dents  de  certains 
Ophidiens  venimeux.  Une  autre  particularité  des  dents  de  l'Héloderme,  qui 
ne  se  trouve  pas  non  plus  chez  les  autres  Sauriens,  réside  dans  leur  bulbe, 
dont  la  partie  interne  fournit  des  digitations  muHiples  dirigées  vers  la 
fine  couche  d'émail  recouvrant  ces  dénis.  Une  coupe  de  leur  partie  basi- 
laire,  ou  de  leur  région  moyeiuie,  montre  très-dislinctcment  cette  disposi- 
tion lorsqu'on  fait  l'examen  au  microscope.  On  ne  connaît  encore  rien  de 
semblable  chez  les  autres  Sauriens,  et  \\  en  est  de  même  pour  les  Ophi- 
diens. 

»  On  sait  qu'd  existe,  parmi  ces  derniers,  indépendamment  des  Vipé- 
ridés  ou  Serpents  venimeux  à  dents  de  forme  tubidaire,  des  espèces  égale- 
ment pourvues  de  glandes  toxiques  chez  lesquelles  les  dents  servant  à  l'in- 
troduction du  venin  ne  forment  pas  des  tubes  complets.  LesNajas  etgenres 
voisins  sont  dans  ce  cas  ;  c'est  un  canal  fendu  en  avant,  mais  non  disposé 
en  forme  de  tube,  qui  livre  alors  passage  au  poison,  et,  dans  une  troisième 
catégorie  de  Serpents  venimeux,  les  dents,  également  cannelées,  qui  ser- 
vent au  même  usage,  sont  placées,  non  plus  sur  la  partie  antérieure  des 


(  1070  ) 

maxillairos  stipérieurs,  mais   à  la  partie  postérieure  <le  ces  os,  et  après 
(i'aulres  dcnis  qui  11e  sont  ni  tubulées  ni  cannelées. 

»  Daméril  et  Bibron  ont  appelé  Solénogly plies  les  Serpents  à  dents  en 
forme  de  tubes,  tels  que  les  Crolaies,  les  Vipères,  etc.;  ceux  dont  le  venin 
est  inoculé  par  des  dents  également  placées  sur  la  partie  antérieure  des 
maxillaires  supérieiu-s,  mais  fendues  dans  toute  leur  longueur,  sont  leurs 
Proléioijljplies,  et  ils  ont  nommé  Opislocjljjilies  l'ensemble  des  espèces  ayant 
des  crochets,  également  cannelés,  mais  situés  à  la  partie  postérieure  des 
mêmes  os.  Tous  les  autres  Serpents  manquent  de  venin  et  de  dents  compa- 
rables à  celles  dont  il  vient  d'être  question  ;  je  les  ai  compris  sous  la  déno- 
mination commune  d'Jtjl/phes,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  famille  à  laquelle 
ils  appartiennent.  Des  détails  plus  étendus,  relatifs  à  ces  différentes  dispo- 
sitions, et  des  figures  destinées  à  les  représenter  ont  été  insérés  dans  le 
Traité  de  Zoologie  médicale  que  j'ai  publié  en  commun  avec  M.  Van 
Beneden. 

»  Il  était  naturel  de  supposer  que  la  cavité  en  tube  des  crochets  pro- 
pres aux  Vipéridés  n'est  pasle  fait  d'une  sorte  de  perforation  dont  ces  dents 
auraient  été  l'objet,  perforation  de  laquelle  résulterait  le  canal  dont  elles 
sont  percées.  Elle  est  due,  en  effet,  au  rapprochement  des  deux  bords  de 
chaque  dent,  et  le  bulbe  dentaire  est  ici  disposé  sous  la  forme  d'une  lame 
se  repliant  sur  elle-même,  comme  le  fait,  sous  la  main  de  l'homme,  la 
lame  de  métal  ou  de  carton  dont  on  veut  faire  un  tuyau  en  soudant  ses 
deux  bords  libres  l'un  avec  l'autre. 

»  Cette  coinj)araison  se  trouve  justifiée  par  l'existence  le  long  de  la  dent 
d'une  véritable  suture  dont  les  deux  bords  sont  au  contraire  disjoints  aux 
deux  extrémités  inférieure  et  supérieure  de  celte  dent,  ces  extrémités 
restant  ouvertes  pour  l'entrée  et  la  sortie  de  la  sécrétion  toxique.  La  suture 
n'existe  que  dans  la  région  intermédiaire  ;  elle  résulte  du  rapprochement  des 
deux  bords  de  la  dent  répondant  aux  deux  extrémités  amincies  de  son  bulbe, 
et,  sous  le  microscope,  on  voit  très-bien  la  disposition  en  portion  de  cercle 
qu'affecte  ce  dernier,  ainsi  que  la  direction  divergente  que  prennent  les 
tubes  de  la  dentine  sur  ses  deux  faces  et  à  ses  extrémités.  Cette  curieuse 
disposition  anatomique  fournit  un  nouvel  argument  à  l'appui  de  la  loi  des 
perforations,  par  laquelle  M.  Serres  expliquait  le  mode  de  formation  des 
organes  disposés  tubidairement. 

»   M.  Owen  (1)  a  montré  l'existence  de  la  suture  dont  il  \ient  d'être 

(i)   Oclonlography,  PI.  LXXTa. 


(    '0?'    ) 

qiieslion  dans  la  coiipo  qu'il  adonnée  d'une  dent  en  crochet  appartenant 
à  une  espèce  de  la  famille  des  Vipéridés,  et  j'ai  fait  exécuter,  de  mon  cùlé, 
des  préparations,  en  partie  reproduites  sur  les  planches  accompagnant 
cette  Notice,  qui  la  mettent  également  en  évidence.  Au-dessous  et  au- 
dessus  de  la  ligne  de  jonction,  les  deux  bords  sont  séparés,  et  ils  laissent 
entre  eux  un  intervalle  plus  ou  moins  grand,  suivant  le  point  que  l'on  con- 
sidère. Leur  disposition  reproduit  alors  celle  que  présentent,  dans  tonte 
leur  étendue,  les  dents  cannelées,  mais  non  tubulaires,  des  Opiiidiens  pro- 
téroglyphes  et  opistoglyphes.  Au  contraire,  chez  les  Aglyphes,  le  bulbe  est 
central,  et  les  canaliculesdela  dentine  qu'il  fournit  par  son  ossification  vont, 
comme  autant  de  rayons  divergents,  gagner  le  pourtour  de  la  dent,  qui 
affecte  alors  dans  sa  structure  la  disposition   ordinaire. 

»  C'est  aux  dents  protéroglyphes  et  opistoglyphes  que  les  dents  bican- 
nelées  de  l'Héioderme  ressemblent  aussi  sous  ce  rapport.  J'en  donne  des 
figures  dont  la  comparaison  avec  celles  tirées  des  serpents  venimeux  ren- 
dra cette  analogie  de  structure  plus  facile  à  saisir.  Les  digitations  du 
bulbe  et  la  duplicité  du  sillon  restent  toutefois  des  caractères  particuliers 
de  ce  singulier  genre  de  Sauriens.   » 

M.  Lk  Verrieiî  annonce  à  l'Académie  que  toutes  les  mesures  sont  prises 
pour  que  l'observation  de  l'essaim  d'étoiles  fdantes  de  la  fin  de  novembre 
puisse  s'effectuer,  sur  un  très-grand  nombre  de  points,  dans  les  meilleures 
conditions. 

MÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

ANALYSE.  —  Mémoire  sur  le  Piohlème  des   trois   Corps, 
par  M.  Ém.  Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Serret,  Bonnet.) 

«  En  adoptant  un  système  convenable  de  variables,  M.  Bertand  a  dé- 
montré que  huit  des  intégrales  du  problème  dépendent  d'une  équation 
aux  différences  partielles  linéaires  et  du  premier  ordre,  par  rapport  à  neuf 
variables,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  huit  équations  différentielles 
ordinaires  du  premier  ordre  entre  ces  neuf  variables.  M.  Bertrand  observe 
de  plus  que,  parmi  les  huit  intégrales  précédentes,  se  trouvent  le  principe 
des  forces  vives  et  une  seconde  qu'on  obtient  en  faisant  la  somme  des  car- 
rés des  trois  intégrales  des  aires. 


(    'o?»  ) 

»  Boni-,  pour  Irailer  la  même  question,  commence  par  adopter  le  sys- 
tème tics  variables  de  M.  Bertrand;  puis  il  substitue  huit  autres  variables, 
qui  sont  fonctions  des  |)remicres.  L'avantage  qu'il  obtient  par  ce  change- 
ment consiste  en  ce  que  les  huit  équations  différentielles  auxquelles  il  est 
conduit  ont  la  forme  hamiltonienne. 

»  Mais  il  y  a  lieu  de  remarquer  que,  si  aux  huit  intégrales  des  équations 
hamiltoniennes  qui  renferment  celle  des  forces  vives,  on  ajoute  les  trois  in- 
tégrales des  aires,  ou  n'obtient  que  onze  intégrales,  tandis  que  la  solution 
du  problème  en  doit  renfermer  douze.  On  doit  faire  une  seconde  remarque  : 
on  doit  en  général  regarder  la  solution  d'un  jn-oblème  de  calcul  intégral 
connue  beaucoup  plus  satisfaisante,  si  l'on  obtient,  pour  intégrales,  des 
équations  résolues  par  rapport  aux  inconnues  et  qui  dispensent  de  toute 
élimination.  Or,  dans  le  problème  actuel,  en  imaginant  même  que  la  dou- 
zième intégrale  soit  trouvée,  les  éliminations  auxquelles  on  serait  obligé 
pour  déterminer  les  coordonnées  des  corps  conduiraient  à  des  calculs 
inextricables  et  qui  en  rendraient  impossible  toute  application  à  l'Astro- 
nomie. 

»  Le  Mémoire  actuel  a  pour  but  de  montrer  comment  on  devra  procé- 
der, après  l'intégration  des  huit  équations  hamiltoniennes,  dans  la  supposi- 
tion que  les  huit  inconnues  de  ces  équations  soient  exprimées  au  moyen 
du  temps.  Je  prouve,  en  effet,  qu'on  n'aura  plus  qu'à  faire  des  quadratures 
et  à  intégrer  une  équation  différentielle  ordinaire  du  second  ordre.  J'en 
conclus  les  coordonnées  des  trois  corps,  sans  faire  aucune  élimination. 

»  En  s'appuyant  sur  le  principe  de  la  conservation  du  mouvement  du 
centre  de  gravité,  on  peut  remplacer  le  système  des  trois  corps  par  lui 
corps  fixe  IM  et  deux  corps  mobiles  seulement  m  et  w,. 

»  Désignons  par  /•  et  r,  les  distances  de  m  et  /??,  à  M,  et  par  a  et  «,  les 
angles  formés  par  les  rayons  r  et  r,,  avec  une  droite  S  ainsi  définie  :  S  est 
l'intersection  du  plan  des  trois  corps  avec  la  position  infiniment  voisine 
qu'il  occuperait,  si,  M  restant  fixe,  ui  et  7J2,  se  déplaçaient  normalement  à 
ce  plan,  de  quantités  égales  à  —  Iv/v/^  et  -f-  K,;-,  <f<,  en  posant 

Kr-w/-B,     K,  =  »j,/7B,, 

et  désignant  par  B(/<  et  B,f//  les  vrais  déplacements  angulaires  normaux 
des  points  ni  et  /«,.  Enfin,  désignons  par  kdt  et  k,dt  les  déplacement  an- 
gulaires autour  de  M  des  corps  m  et  /w,  dans  le  plan  variable  des  trois 
corps,  et  posons 


(  1073  ) 
La  force  vive  est  donnée  par  la  formule,  où  C  désigne  une  constante  arbi- 
traire, 

^  [dry-    ,  [dr,y-  G^'  G? 

\<lt  '   \c/t  mr'         ni.r 


/«i/-Jsin'(s(,  —  a)_ 


et  si  l'on  pose  T  —  U  =  H,  U  étant  la  fonction  de  forces,  on  aura  les  huit 
équations  hamiltoniennes 

/    •,  ftrji  du        dpi  dR 

^'^  irt~'d^,^      Tt    ~~  lî^-' 

i  étant  susceptible  des  valeurs  i,  2,  3,  4,  et  en  posant 
q,  =  r,     q._=^r,,     q^=a,,     7,  =  a, 
p,  ~  m  -,     p,  =  m,  ^,     p,  =  G,     p,  =  G,. 

))  Supposons  qu'on  soit  parvenu  à  intégrer  les  équations  (i)  exactement 
ou  par  approximation,  en  sorte  qu'on  connaisse  /',  /,,  oc,  «,,  G,  G,  en 
fonction  du  temps,  on  aura 

,-        —  v/C— (G  +  G,)'sina        _  ^/c  — (G-H  G,)'sin:(, 

ii  =^    T-:—, i '         t),=    5-^- r 

(«r'sinfa,  —  a)  m,  r'^s,in{a,  —  a) 

«  Désignons  par  jS  et  /3,  les  angles  des  rayons  vecteurs  r  et  /•,  avec  la 
droite  L,  provenant  de  l'intervention  du  plan  des  trois  corps  avec  sa  po- 
sition infiniment  voisine,  nous  aurons 


.      ^           Bsin(a,  —  a)                 „           Ê,  —  Bcosfai^a^ 
Sm/i    =::   ^- -,       COS/3    =  -^ , 

.     r,  B,sin(a,  — a)  „  _  R -f.  B,  rosfa,  —  a), 

sni/3|  — '-,     cos/3,= ^— ^-^ ^, 

en  posant 

I  =  v/B'  +  B;-  2BB,cos(a, -a). 

»  Expliquons  comment  on  pourra  passer,  des  positions  de  m  et  m,  sup- 
posées connues,  aux  positions  qu'ils  occuperont  après  un  temps  infiniment 
petit. 

»   7'  et  r,  subiront  les  accroisscuicnis  —  dt,  -^  dt  qui  sont  connus.  Le 

de        '    dt  '■ 

point  m  subit,  dans  le  plan  du  tiiaiigle  des  trois  corps,  un  accroissement 

C.K.,  1873,  ■i'^  Scmesuc.{J .l.\\\\\,  Xi"  19.)  '  % 


(  '074  ) 
de  la  coordonnée  angulaire  mMh  égal  à 


la  droite  L  étant  supposée  fixe;  de  même,  le  point  m,  subit,  dans  le  plan 
du  triangle  autour  de  M,  le  déplacement  angulaire 


Le  déplacement  angulaire  de  la  droite  L  dans  le  plafi  du  triangle  est 
W  d-^  =  -^.  dt  -  d^. 

La  droite  L  étant  venue  ainsi  dans  la  position  infiniment  voisine  L,,  il  n'y 
a  i)lus  qu'à  imaginer  que  le  plan  du  triangle  tourne  autour  de  L,  d'un  angle 
infiniment  petit  w  dont  la  valeur  sera 


,ov  v/B=-+-B?—  2BB,cos(a,  —  a)    . 

(3)  W  = '  ■    ,    r-^ dt. 

^    '  Sin(a,  —  a) 

Les  points  m  et  vi^  sont  arrivés  de  la  sorte  dans  leurs  positions  infiniment 
•voisines. 

»  On  en  conclut  ensuite  un  mouvement  fini  des  deux  corps  m  et  m, 
dans  le  plan  du  triangle,  et  ce  plan  roule  sans  glisser  sur  un  cône  dont 
l'équation  différentielle  s'obtiendrait  en  éliminant  f  entre  les  équations  (2) 
et  (3),  dont  les  seconds  membres  sont  fonctions  des  t  seulement,  -i 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  magnétisme  ;  par  M.  J.-M.  Gaugain(i). 
(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

«  48  bis.  Pour  faire  voir  comment  doivent  être  échelonnés  les  cou- 
rants alternatifs  destinés  à  effectuer  la  désaimantation,  j'indiquerai  une 
série  d'intensités  que  j'ai  plusieurs  fois  employées.  Le  noyau  d'un  électro- 
aimant  ayant  été  aimanté  au  moyen  d'un  courant  dont  l'intensité  était 
26370,  je  l'ai  désaimanté  d'une  manière  à  peu  près  complète  en  f;iisant 
passer  dans  les  bobines  une  série  de  courants  alternatifs  dont  les  intensités 
étaient  18G10,  i35i3,  9901,  8204,  GqqS,  5997,  5iGi,  4^12,  4oGi,  3388, 
2871,  2540,  225o, 1808. 

(  1)   Foir  les  Comptes  rendus  des  i3  janvier,  3o  juin,  8  et  2g  sepicmbre. 


(  1075  ) 

»  Cette  opération  n'est  pas  aussi  longue  qu'on  pourrait  le  supposer, 
parce  qu'il  suffit  de  laisser  passer  chacun  des  courants  pendant  quelques 
secondes  seulement.  Il  est  rare  d'ailleurs  que  l'on  ait  besoin  d'opérer  une 
désaimantation  complète.  Si,  dans  les  expériences  qu'on  se  propose  d'exé- 
cuter, on  doit  employer  un  contact  d'intensité  I,  il  est  évident  qu'il  est 
inutile  de  ramener  préalablement  l'aimantation  au-dessous  de  la  valeur  qui 
correspond  à  cette  intensité. 

u  Le  procédé  de  désaimantation  que  je  viens  d'indiquer  repose  sur  ce 
fait  d'expérience,  qu'un  courant  d'intensité  déterminée  peut  détruire  une 
aimantation  un  peu  plus  forte  que  celle  qu'il  est  lui-même  capable  de  dé- 
velopper dans  un  barreau  pris  à  l'état  neutre.  Lors  donc  qu'on  adopte 
l'hypothèse  émise  par  M.  Jamin  pour  rendre  compte  du  magnétisme  dissi- 
mulé, on  est  conduit  à  admettre  qu'un  courant  d'intensité  I,  qui  ne  peut 
développer  d'aimantation  que  dans  une  couche  superficielle,  d'épaisseur 
déterminée  e,  est  apte  cependant  à  détruire  l'aimantation  qui  préexiste 
dans  une  couche  située  à  une  profondeur  un  peu  plus  grande  que  e. 

»  49.  Lorsqu'il  s'agit  d'établir  les  lois  formulées  dans  le  n°43,  on  peut 
se  dispenser  de  faire  disparaître  le  magnétisme  préexistant  de  l'électro- 
aimant  dont  on  se  sert;  il  est  plus  simple  de  le  laisser  subsister  et  d'en  éli- 
miner l'influence.  On  peut  le  faire  aisément  en  se  fondant  sur  l'observation 
suivante  :  après  avoir  ramené  l'électro-aimant  à  l'état  neutre  par  la  mé- 
thode du  n°  48,  j'ai  déterminé  la  valeur  du  courant  d'arrachement  obtenu 
sous  l'inflaence  d'un  courant  inducteur  dont  l'intensité  était  8606,  et  j'ai 
trouvé  que  cette  valeur  était  25,5  pour  l'une  et  l'autre  direction  de  l'induc- 
teur. A  la  suite  de  cette  première  détermination,  j'ai  aimanté  le  noyau 
de  l'électro-aimant  en  faisant  passer  dans  les  bobines  un  courant  positif 
dont  l'intensité  était  17900,  puis  j'ai  de  nouveau  déterminé  les  valeurs  des 
courants  d'arrachement  obtenus  sous  l'influence  des  courants  positif  et 
négatif  d'intensité  8G06;  j'ai  trouvé  que  ces  valeurs  étaient  l'une  3i,G, 
l'autre  19;  la  moyenne  de  ces  deux  nombres  est  25,3,  nombre  à  peine  diffé- 
rent de  celui  qui  a  été  obtenu  lorsque  l'électro-aimant  était  à  l'état  neutre. 
Il  suffit  donc,  pour  écarter  l'influence  du  magnétisme  permanent  du  fer, 
d'exécuter  deux  observations  en  sens  contraire  et  de  prendre  la  moyenne 
des  deux.  Il  paraît  évident  a  priori  qu'il  en  doit  être  ainsi  lorsqu'on  admet 
l'hypothèse  de  M.  Jamin,  que  j'ai  rappelée  tout  à  l'heure;  mais  il  m'a  semblé 
utile  de  le  constater  par  une  observation  directe. 

w  50.  Il  me  reste  encore  à  faire  connaître  un  certain  nombre  de  résul- 
tats d'expériences,  qui  se  rapportent  au  magnétisme  dissimulé;  mais  il  me 

139.. 


(  '076  ) 

paraît  indispensable  de  présenler  auparavant  quelques  observations  sur  les 
modifications  que  subit  le  magnétisme  d'un  fer  à  cheval,  lorsqu'on  arrache 
son  armature.  M.  Haecker,  le  premier,  je  crois,  a  remarqué  que,  lorsqu'un 
barreau  d'acier  en  fer  à  cheval  vient  d'être  aimanté,  il  est  dans  un  état 
magnétique  instable,  qui  se  modifie  chaque  fois  que  l'on  applique  et  que 
l'on  arrache  l'armature,  mais  qu'il  suffit  de  répéter  une  vingtaine  de  fois 
cette  opération  pour  amener  le  barreau  à  un  état  magnétique  qui  ne  varie 
plus,  même  quand  le  barreau  reste  sans  armature  une  année  entière.  Ces 
observations  s'appliquent  au  fer  doux,  sans  restriction  :  on  ne  peut  pas 
communiquer  d'aimantation  sensible  au  noyau  eu  fer  doux  d'un  électro- 
aimant quand  on  n'applique  pas  l'armature,  à  moins  que  l'on  n'emploie 
un  courant  inducteur  très-intense;  lorsque,  au  contraire,  l'armature  est 
appliquée,  le  fer  s'aimante  très-énergiquement,  alors  même  que  le  courant 
inducteur  est  fourni  par  un  seul  élément  de  Daniell.  J'ai  fait  passer  uu 
semblable  courant  dans  les  bobines  d'tui  électro-aimant,  j'ai  appliqué  l'ar- 
mature, j'ai  rompu  le  circuit  inducteur,  etj'ai  constaté  que,  sous  la  seule 
influence  du  magnétisme  conservé  par  le  fer,  l'armature  pouvait  porter  de 
5  à  G  kilogrammes.  Ces  résultats  trouvent  leur  explication  dans  ce  qui  pré- 
cède (n°  43)  :  il  n'y  a  pas  de  proportionnalité  entre  le  magnétisme  persis- 
tant du  fer  et  celui  qu'il  peut  acquérir  temporairement,  sous  l'influence  d'un 
courant  donné  ;  mais  ces  deux  quantités  croissent  et  décroissent  en  même 
temps,  et  nous  avons  vu  (n°  43)  que  l'aimantation  temporaire  est  augmen- 
tée, dans  une  proportion  considérable,  par  l'application  de  l'armature. 

»  51.  Lorsque  l'armature,  arrachée  une  première  fois,  est  appliquée  et 
arrachée  de  nouveau,  sans  qu'on  rétablisse  le  courant  inducteur,  le  ma- 
gnétisme du  fer  s'affaiblit  beaucoup,  mais  il  peut  être  aisément  mesuré,  au 
moyen  des  courants  d'induction.  Les  méthodes  que  j'ai  indiquées  (n°'29  et 
32),  pour  le  cas  de  l'acier  aimanté,  peuvent  être  appliquées  au  fer,  sans 
aucune  modification.  Les  nombres  suivants  permettront  de  voir  quelle 
marche  suit  le  décroissement  du  magnétisme.  Dans  une  série  d'expériences, 
où  le  courant  était  fourni  par  un  seul  élément  de  Daniell,  j'ai  trouvé  que 
les  courants  de  désaimantation,  produits  par  les  accroissements  successifs 
de  l'armature,  étaient  : 

Premier  arrachement '76)0 

Deuxième  airacliement '9>5 

Troisième  arrachement 16,0 

Quatrième  arrachement 145^ 

Vingtième  arrachement ■ '3,4 


(  '077  ) 

»  Lorsque  l'armature  a  été  appliquée  et  arrachée  une  vingtaine  de  fois, 
on  ne  fait  plus  varier  le  magnétisme  du  fer  en  répétant  les  mêmes  opéra- 
tions un  plus  grand  nombre  de  fois,  et,  si  l'on  met  de  côté  l'éleclro-aimant, 
avec  ou  sans  armature,  on  le  retrouve,  au  bout  de  quelques  mois,  dans 
l'élat  où  on  l'a  laissé;  il  est  dans  l'état  conslaiil  signalé  par  M.  Haecker. 
On  voit  donc  que,  lorsqu'on  parle  du  magnétisme  acquis  par  le  fer  dans 
des  conditions  déterminées,  il  est  nécessaire  de  mentionner  le  nombre 
d'arrachements  qu'a  subis  l'armature,  après  que  l'on  a  supprimé  la  source 
do  l'aimantation;  en  général,  je  ne  me  suis  occupé  que  du  magnétisme 
amené  à  l'élat  constant. 

i>  52.  L'arrachement  de  l'armature,  effectué  dans  les  conditions  indi- 
quées (n°  21),  a  pour  effet  de  diminuer  le  magnétisme.  levais  rendre  compte 
maintenant  d'autres  expériences  dans  lesquelles  il  semble  que  l'arrache- 
ment de  l'armature  ait  pour  résultat  d'augmenter  l'aimantation.  J'ai  fait 
passer,  dans  les  bobines  d'un  électro-aimant  muni  de  son  armature,  un 
courant  d'intensité  déterminée;  j'ai  interrompu  ce  courant,  et  j'ai  arraché 
l'armature;  ensuite,  j'ai  appliqué  et  arraché  cette  armature,  un  assez  grand 
nombre  de  fois  pour  amener  le  magnétisme  à  l'élat  constant  (n"  51),  et  j'ai 
déterminé  la  valeur  du  courant  d'arrachement  développé  par  ce  magné- 
tisme constant.  La  série  d'opérations  que  je  viens  d'indiquer  ayant  été  ré- 
pétée une  cinquantaine  de  fois,  j'ai  trouvé  que  la  valeur  du  courant  d'ar- 
rachement, déterminée  à  la  fin  de  chaque  série,  allait  en  augmentant  à 
mesure  que  l'on  multipliait  les  opérations,  du  moins  jusqu'à  une  certaine 
limite.  L'accroissement  s'est  élevé  jusqu'au  cinquième  de  la  valeur  obtenue 
à  la  fin  de  la  première  série;  cet  accroissement  ne  dépend  pas  du  temps 
plus  ou  moins  long  pendant  lequel  circule  le  courant  inducteur;  si  l'on 
n'exécute  qu'tuie  seule  série  d'opérations,  ou  peut  constater  que  la  valeur 
du  courant  d'arrachement  reste  la  même,  soit  que  l'on  fasse  passer  le 
courant  inducteur  pendant  une  heure  entière,  soit  qu'on  le  laisse  passer 
pendant  quelques  secondes  seulement.  L'accroissement  d'aimantation 
dont  il  s'agit  ne  se  produit  pas  non  plus  lorsqu'on  interrompt  et  qu'on 
rétablit  le  courant  inducteur  un  nombre  de  fois  quelconque  sans  arracher 
l'armature.  Pour  l'obtenir,  il  est  indispensable  que  l'armature  soit  arra- 
chée à  la  suite  de  chacune  des  interruptions  du  courant  inducteur;  on  se- 
rait donc  tenté  de  croire  que,  dans  les  conditions  indiquées,  l'arrachement 
de  l'armature  augmente  l'aimantation;  mais  telle  n'est  pas,  je  crois,  la 
véritable  signification  des  faits  qui  précèdent.   » 


(    lo?»  ) 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  ['absorption  de  l'ammoniaque  par  les  solutions 
salines.  Mémoire  de  M.  F. -M.  Raoult,  présenté  par  M.  Balard.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Peligot,  Berthelot.) 

«  Parmi  les  solutions  salines  réputées  indécomposables  par  l'ammo- 
niaque, il  en  est  un  certain  nombre  qui,  à  mesure  qu'elles  se  saturent  de 
ce  gaz,  perdent  la  faculté  de  retenir  tout  le  sel  dissous  et  déposent  celui-ci 
sous  la  forme  de  cristaux  contenant  ou  non  de  l'ammoniaque.  Il  en  est 
d'autres  qui,  quoique  concentrées,  ne  laissent  rien  déposer  dans  ces  cir- 
constances; c'est  sur  ces  dernières  seulement  qu'ont  porté  les  expériences 
dont  il  est  ici  question. 

»  Lorsqu'on  veut  expérimenter  sur  une  solution,  on  en  verse  exacte- 
ment 5o  centimètres  cubes  dans  \\n  ballon  de  capacité  triple,  fermé  par  un 
bouchon  de  caoutchouc  percé  de  deux  ouvertures.  L'une  de  ces  ouvertures 
livre  passage  au  tube  de  verre  qui  doit  amener  l'ammoniaque  au  fond  du 
ballon  ;  l'autre  ouverture,  destinée  à  la  sortie  du  gaz  non  absorbé,  est 
munie  d'un  tube  coudé  qui  communique  avec  un  tube  en  U,  rempli  de 
fragments  de  potasse  caustique,  et  qui  sert  à  retenir  la  vapeur  d'eau  enlevée 
à  la  solution.  Le  ballon  est  placé  dans  un  bain  d'eau  constamment  agité 
et  de  température  connue,  puis  on  y  fait  passer  un  courant  de  gaz  ammo- 
niac pur,  sec  ei  froid  jusqu'à  parfaite  saturation.  L'augmentation  de  poids 
du  ballon,  pesé  avec  le  tube  en  U,  donne  la  quantité  d'ammoniaque  ab- 
sorbée. 

»  Le  plus  souvent,  les  liquides  dont  on  veut  spécialement  comparer  le 
coefficient  d'absorption  sont  placés  dans  des  ballons  pareils,  immergés 
dans  le  mémo  bain,  et  mis  simultanément  en  communication  avec  autant 
d'appareils  distincts  produisant  l'ammoniaque;  la  saturation  se  fait  alors 
à  la  même  température  et  à  la  même  pression,  et  il  est  aisé  de  distinguer 
immédiatement  le  fait  essentiel. 

»   Voici  un  résumé  des  principaux  résultats  obtenus  : 

»  Mes  expériences  sur  l'absorption  de  l'ammoniaque  par  l'eau  confirment 
les  résultats  récents  de  MAL  Roscoe  et  Dittmar  (i),  résultats  qui,  comme 
on  le  sait,  sont  supérieurs  de  un  dixième  à  ceux  de  M.  Carius  (2). 


(1)  Chem.  soc.  Qii.J.  XJI.  147. 

(2)  Ann.  Ch.  Pliaim.  XCIX,  iG^,  cl  iivuz^ti,  iVcthndts  gazométriques. 


(   '079  ) 

»  Elles  montrent  que  le  coefficient  de  solubilité  de  l'ammoniaque  dans 
les  solutions  de  potasse  est  moindre  que  dans  l'eau  pure,  et  d'autant 
moindre  que  ces  solutions  sont  plus  concentrées.  Par  exemple,  à  la  tem- 
pérature de  i6  degrés  et  sous  la  pression  760  millimètres,  100  centimètres 
cubes  d'eau  peuvent  dissoudre  60  grammes  d'ammoniaque,  tandis  que, 
100  centimètres  cubes  d'une  solution  renfermant  24^',  ^5  de  potasse 
anhydre  n'en  peuvent  absorber  que  3o  grammes,  c'est-à-dire  la  moitié. 
Le  même  volimie  d'une  solution  saturée  de  potasse  ne  dissoudrait  que 
1  gramme  de  ce  gaz. 

»  Les  solutions  de  soude  ont,  à  l'égard  de  l'ammoniaque,  le  même 
coefficient  d'absorption  que  les  dissolutions  de  potasse  de  même  titre. 

Sous  le  même  volume  et  dansles  mêmes  circonstances,  les  dissolutions  de 
nitrate  de  soude  et  de  nitrate  d'ammoniaque  absorbent  exactement  autant 
d'ammoniaque  que  l'eau.  Il  est  à  remarquer  que  ces  nitrates  qui,  à  l'état 
dissous,  se  comportent  de  la  même  manière  à  l'égard  de  l'ammoniaque, 
exercent  néanmoins,  à  l'état  anhydre,  des  actions  très-différentes  sur  ce 
gaz  :  en  effet,  tandis  que  le  nitrate  de  soude  sec  n'absorbe  point  trace  d'am- 
moniaque, le  nitrate  d'ammoniaque  sec  en  absorbe  des  quantités  consi- 
dérables (i). 

»  Quant  aux  solutions  de  nitrate  de  chaux,  elles  absorbent,  sous  le 
même  volume,  plus  d'ammoniaque  que  l'eau.  Ce  fait  tendrait  à  faire  croire 
que  l'ammoniaque  exerce  sur  le  sel  dissous  une  action  décomposante  ou 
qu'il  forme  avec  lui  un  composé  stable;  mais  l'expérience  prouve  qu'il  n'en 
est  rien.  En  effet,  le  résidu  obtenu  après  évaporation,  à  la  température 
ordinaire,  ne  contient  pas  d'ammoniaque;  de  plus,  l'absorption  de  l'am- 
moniaque sous  différentes  pressions,  par  les  solutions  de  nitrate  de  chaux, 
se  fait  à  très-peu  près  conformément  à  la  loi  de  Dalton  et  en  dégageant  la 
même  quantité  de  chaleur  que  l'absorption  du  même  gaz  pour  l'eau  pure. 
L'ammoniaque  paraît  donc  se  fixer  dans  cette  solution  et,  à  plus  forte 
raison,  dans  les  autres  au  même  état  que  dans  l'eau. 

))  Relativement  à  l'influence  du  degré  de  concentration  des  liquides  sur 
la  quantité  d'ammoniaque  absorbée,  j'ai  observé  une  loi  générale  que 
l'on  peut  formuler  ainsi  :  La  différence  enlre  le  coejficienl  de  solubilité 
de  r ammoniaque  dans  ieau  et  dans  des  solutions  plus  ou  moins  concentrées 
d'un  même  sel  est  proportionnelle  au  poids  de  set  contenu   dam   un  volume 


(1)  Il  se  produit  alors  un  coinposé  liquide  décrit,  sous  le  nom  de  nitrate  d'ammoniaque, 
dans  les  Comptes  rendus  de  l' Académie  des  Sciences  du  icj  mai  1878. 


(   io8o  ) 

conslniit  lie  liquide  (mesuré •avant  l'nbsorplion  du  gaz).  —  Celle  loi  peut 
souffrir  des  exceptions  pour  les  solutions  extrêmement  concentrées  de 
certains  corps,  tels  que  les  hydrates  de  potasse  et  de  soude,  mais  elle  est 
vraie  pour  toutes  celles  dont  le  point  d'ébullition  ne  dépasse  pas  i  lo  de- 
grés centigrades. 

»  Les  expériences  que  je  poursuis  en  ce  moment  feront  savoir  si  cette 
loi  s'applique  à  d'autres  gaz.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l' exhalation  aqueuse  des  plantes  dans  l'air 
et  dans  l'acide  carbonique  ;  par  M.  A.  Barthélémy. 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Ducharlre,  Trécul.) 

«  i"  31élliodes  d'observation.  —  Les  méthodes  employées  jusqu'ici  par 
les  observateurs  peuvent  se  réduire  à  trois  : 

»  1°  Détacher  la  feuille  et  la  plonger  par  le  pétiole  dans  un  tube  à 
deux  branches,  pour  voir  l'abaissement  de  niveau  produit  par  l'évapo- 
ration. 

»  2°  Fermer  le  vase  où  végète  la  plante  par  une  plaque  que  traverse  seu- 
lement la  tige,  et  peser  pour  obtenir  l'eau  évaporée.  Il  faut,  dans  cette  mé- 
thode, pratiquer,  suivant  les  conseils  de  M.  Sachs,  im  trou  au  couvercle 
pour  laisser  rentrer  l'air.  Or,  si  l'air  rentre,  la  vapeur  peut  sortir,  et  cette 
précaution  entache  les  résultats  d'erreurs  qui  peuvent  être  considérables. 

»  3°  Vient  ensuite  la  méthode  de  Mariette,  qui  consiste  à  faire  pénétrer 
une  branche  dans  un  ballon  ou  une  éprouvetle  fermée,  et  à  peser  l'eau 
condensée. 

»  J'ai  étudié  avec  soin  cette  dernière  méthode,  en  ayant  la  précaution 
d'introduire  dans  la  cloche  un  thermomètre.  On  voit  alors,  au  soleil,  la 
température  s'élever  jusqu'à  5o  degrés  et  au  delà,  et  des  gouttelettes  se  dé- 
poser sur  les  parties  froides  de  la  cloche;  à  l'ombre,  la  température  inté- 
rieure s'élève  peu,  et  la  condensation  est  nulle.  On  n'obtient  pas  de  con- 
densation au  soleil  lorsqu'on  entoure  la  première  cloche  d'une  seconde 
plus  grande.  11  me  semble  que  l'influence  de  la  chaleur  est  ici  évidente,  et 
qu'on  ne  doit  point  se  hâter  de  conclure  que  la  lumière  est  nécessaire  à 
l'évaporalion.  Les  plantes  grasses  seules  {Opuntia,  Aloès)  donnent  peu 
d'eau  condensée,  au  soleil,  et  résistent  à  ce  traitement;  les  autres  plantes 
ne  tardent  pas  à  succomber,  et  la  face  inférieure  des  feuilles  est  boursou- 
flée, les  stomates  sont  déchirés,  indiquant  ainsi  leur  rôle  de  soupape  pour 
les  gaz  intérieurs. 


(   ■0''^i   ) 

»  Pour  ces  divers  motifs,  j'ai  donné  la  préférence  à  la  méthode  d'ab- 
sorption par  les  substances  chimiques,  suivie  déjà  par  M.  Gareau,  pour 
rechercher  le  rapport  des  quantités  évaporées  par  les  deux  faces.  La  partie 
feuillée  de  la  plante  était  engagée  sous  une  cloche  lutée  avec  soin  ;  on  avait 
introduit  en  même  temps  un  poids  suffisant  de  chlorure  de  calcium,  taré  à 
l'avance,  et,  pour  que  la  plante  se  trouvât  dans  les  mêmes  conditions  que 
dans  une  niasse  d'air  indéfinie,  j'avais  pris  la  précaution  de  mettre  sous  la 
cloche  une  très-petite  quantité  de  bicarbonate  de  soude,  dont  la  dissocia- 
lion  suffisait  à  donner  à  la  plante  la  quantité  d'acide  carbonique  qu'elle 
trouve  dans  l'air.  Un  thernioniétre  intérieur  donnait  la  température  de  l'air 
de  la  cloche. 

»  Résultats  d'expériences.  —  i°  Une  plante  placée  dans  les  mêmes  condi- 
tions émet,  pendant  vingt-quatre  heures,  une  quantité  constante  de  vapeur 
d'eau  :  c'est  cette  quantité  que  j'ai  appelée  le  régime. 

»  2°  Le  régime  se  modifie  suivant  la  quantité  d'eau  que  les  racines  re- 
çoivent; il  diminue  avec  la  température;  il  est  plus  grand  pour  les  feuilles 
jeunes  que  pour  les  feuilles  vieilles.  Ainsi  des  études  comparatives,  faites 
sur  un  Opuntia  brasilicnsis  et  sur  un  Ficus  elastica,  m'ont  donné  les  résultats 
suivants  : 


Oi>untia. 

gr 

3i  mai  (temp.  24"),  Ué^'ime. .  0,78 
3  juin  (lemp.  i5°),  Régime..  0,4?- 
9  jiiillet(leiiip.  23'',4),  Ri-i^'ime. .    0,84 


Ficus  clnsticn. 

Régime i  ,5i 

Régime i  ,00 

Régime 3,45  (i) 


»  ^°  Après  quelques  heures  d'exposition  au  soleil,  la  plante  rapportée  à 
l'ombre  continue  à  émettre  une  quantité  considérable  de  vapeur  d'eau  et 
ne  revient  que  lentement  à  son  régime, 

«  4°  La  température  restant  constante.,  il  peut  arriver  que  la  plante  émette 
plus  de  vapeur  la  nuit  que  le  jour,  surtout  si  elle  est  au  moment  de  son 
plus  rapide  développement.  Dans  les  expériences  comparatives,  il  m'est 
arrivé  souvent  de  constater  que  la  plante  qui  émettait  le  moins  de  vapeur 
le  jour  en  émettait,  au  contraire,  le  plus  pendant  la  nuit. 

M  5°  Quand  on  élimine  la  quantité  d'eau  évaporée  par  la  tige,  il  y  a  à 
peu  près  égalité  entre  la  quantité  absorbée  par  les  racines  et  la  vapeur 
d'eau  rejetée  par  les  feuilles. 

»  QP  Euaporalion  dans  Vacide  carbonique.  —  Lorsque  la  cloche  contient 


(i)  Toutes  les  feuilk'S  ont  été  remplacées  par  des  feuilles  nouvelles. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVU,  N°  19.)  '  4° 


(   io82  ) 
de  l'acide  carbonique  sec,  la  quantité  d'eau  rejeti'e  parles  feuilles  baisse 
et  devient  moindre  que  celle  qui  est  absorbée  par  les  racines,  surtout  si  la 
plante  est  au  moment  de  son  développement. 

»  Ainsi  un  O/Junlia,  placé,  le  20  juin,  pendant  deux  heures,  au  soleil, 
a  donné  oS'^,49;  le  lendemain,  la  cloche  contenant  la  moitié  de  son  vohime 
d'acide  carbonique,  la  plante  ne  donne,  dans  le  même  temps,  que  o^',  28. 

»  Ces  différences  n'existent  plus  pendant  la  nuit,  et  l'acide  carbonique 
semble  se  conduire  à  l'obscurité  comme  les  gaz  inertes,  azote,  hydro- 
gène, etc. 

»  Ce  résultat,  tout  d'abord  inattendu,  me  semble  susceptible  d'une 
interprétation  intéressante  au  point  de  vue  de  la  respiration  végétale. 

»  On  sait,  en  effet,  que  la  plante  qui  emprunte  l'acide  carbonique  à 
l'air  ne  fixe  pas  le  carbone  seul,  mais  bien  les  éléments  de  la  cellulose  ou 
d'une  matière  sucrée  C"H"0".  Il  s'ensuivrait  que. la  présence  de  l'acide 
carbonique  déterminerait  la  fixation  de  l'eau  qui,  sans  cet  acte  respi- 
ratoire, se  trouverait  rejetée  au  dehors. 

»  A  l'appui  de  cette  explication,  je  rappellerai  que  M.  Boussingault 
a  constaté  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  1868)  que  la  faculté  décom- 
posante des  feuilles  pour  l'acide  carbonique  diminue  à  mesure  qu'elles  se 
dessèchent.  Nous  avons  aussi  reconnu  déjà  que  certaines  plantes,  au  mo- 
ment de  leur  développement  le  plus  grand,  peuvent  émettre,  à  température 
égale,  plus  de  vapeur  la  nuit  que  le  jour. 

»  Du  phénomène  de  l'exsudation.  —  Un  grand  nombre  de  plantes  sé- 
crètent, au  moment  de  leur  plus  grand  développement,  des  gouttelettes 
liquides  pendant  la  nuit.  Ce  phénomène  a  été  étudié  par  MM.  A.  Du- 
chartre  et  Ch.  Musset  sur  la  Colocasia  esculenta  et  plus  dernièrement  par 
M.  N.  Joly  sur  les  Richaidia.,  mais  on  peut  le  constater  sur  un  grand 
nombre  de  plantes  [Zea  Mais,  Triticum  vulgare,  Bambusa,  Arum,  Pn- 
paver,  etc.). 

)>  J'ai  eu  occasion  d'étudier  ce  phénomène  sur  un  Bambusa  milis  du 
Jardin  des  Plantes  de  Montpellier,  que  M.  Martins  m'avait  signalé.  Cette 
plante  croissait  au  mois  de  juin  de  aS  centimètres  par  jour,  c'est-à-dire  de 
plus  de  I  centimètre  par  heure.  Dès  le  coucher  du  soleil,  alors  qu'aucune 
trace  de  rosée  ne  s'était  monirre  à  l'extérieur,  on  voyait  des  gouttelettes 
liquides  se  rassembler  au  sommet  des  feuilles  et  tomber  sur  le  sol  qu'elles 
arrosaient  abondamment  toute  la  nuit.  Ce  suintement  ne  cessait  qu'au 
lever  du  soleil. 

»  L'influence  de  l'absence  de  lumière  sur  cette  exsudation  me  paraît 


{  loSi  ) 
pouvoir  se  rattacher  à  l'explication  que  nous  venons  de  donner  pour  la 
diminution  de  l'évaporation,  dans  l'acide  carbonique,  sous  l'action  des 
rayons  lumineux.  Tl  faut  remarquer,  en  effet,  que  le  suintement  a  lieu 
surtout  dans  les  plantes  à  développement  rapide  et  qui  fixent  beaucoup 
de  matières  sucrées  ou  amylacées  sous  l'influence  de  la  lumière.  Quand 
vient  la  nuit,  les  racines,  dont  l'action  est  indépendante  de  celle  de  la 
lumière,  continuent  à  puiser  dans  le  sol  de  l'eau  qui  n'est  plus  fixée  par 
le  végétal;  de  là,  défaut  d'équilibre  momentané  entre  l'action  des  racines 
et  la  parlie  feuillée  de  la  plante  et,  par  conséquent,  une  espèce  de  coup 
de  bélier  qui  a  pour  résultat  le  suintement,  soit  par  des  organes  spéciaux, 
soit  par  toute  la  surface  du  végétal. 

»  Il  résulte  donc,  des  faits  et  des  expériences  dont  je  viens  de  donner  le 
résumé,  que  l'exhalation  aqueuse  dans  les  végétaux  peut  se  faire  de  trois 
manières  : 

»  1°  Par  exhalation  insensible  et  par  toute  la  surface  cuticulaire,  au 
moyen  d'une  véritable  dialyse  gazeuse; 

»  2°  Par  une  émission  brusque  de  gaz  saturés  qui  s'échappent  par  les 
stomates  lorsque  la  plante  est  soumise  à  une  élévation  rapide  de  tempéra- 
ture, surtout  sous  une  cloche; 

»  3°  Par  exsudation  accidentelle,  résultat  d'un  défaut  d'équilibre  entre 
l'action  absorbante  des  racines  et  le  travail  des  parties  aériennes  pour  la 
fixation  du  carbone  ajouté  aux  éléments  de  l'eau,  travail  qui  cesse  avec  la 
lumière. 

»  Je  crois  aussi  être  en  droit  de  conclure  que  la  chaleur  exerce  une 
grande  influence  sur  cette  fonction,  et  que,  à  teinpéralure  égale,  l'acide  car- 
bonique en  présence  de  la  lumière  a  pour  effet  de  diminuer  l'évaporation.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  transport  ascendant, 
par  l'écorce^  des  matières  nourricières.  Mémoire  de  M.  E.  Faiviie.  (Extrait 
pur  l'autein-.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Nous  nous  sommes  proposé,  en  associant  les  recherches  histologiques 
et  physiologiques,  de  contrôler,  de  compléter  de  précédentes  études  sur 
le  rôle  de  l'écorce  dans  le  transport  ascendant  des  matières  nourricières. 

»  Prenons  pour  sujets  d'étude  le  Mûrier,  le  Noyer,  le  Laurier-cerise; 
dans  des  conditions  de  végétation  normale,  nous  avons  fait,  sur  ces 
plantes,  pendant  la  saison  végétative,  trois  sortes  d'opérations  :  i"  des  an- 

i4o.. 


(   io84  ) 
nclalions  simples,  complètes  ou  incomplètes;  2°  des  valves  ou  des  tubes 
d'écorce,  bien  séparés  du  bois  et  portant  des  bourgeons;   3°  des  anne- 
lations  complètes,  associées  sur  le   même  rameau,  soit  aux   annelalions 
partielles,  soit  aux  valves  ou  tubes  corticaux.  Voici  les  résultats  obtenus. 

»  Sur  des  pousses  ligneuses  de  l'année  et  de  l'année  précédente,  nous 
pratiquons,  sur  le  Noyer  et  le  Laurier-cerise,  deux  sortes  d'annelations  com- 
paratives :  les  unes  horizontales  complètes,  à  peu  de  distance  au-dessous 
du  sommet  d'un  rameau;  d'autres  horizontales  incomplètes,  dans  les 
mêmes  conditions,  sur  des  rameaux  différents;  le  bois  mis  à  nu  est  sous- 
trait soigneusement  au  contact  de  l'air;  dans  ces  conditions,  nous  avons 
toujours  constaté  la  faible  végétation,  la  prompte  extinction  du  bourgeon 
réservé  au-dessus  de  l'annelation  complète,  la  pousse  active  et  continue 
du  bourgeon  situé  au-dessus  de  l'annelation  partielle,  et  cela,  alors  même 
que  la  distance  entre  la  partie  supérieure  du  poni  et  le  sommet  du  rameau 
est  seulement  de  i  centimètre. 

»  Si,  dans  le  cas  d'une  pousse  déjà  avancée,  le  pont  est  incisé  trans- 
versalement, la  jeune  pousse  se  flétrit  rapidement;  l'eau  cessant  de  lui 
parvenir  en  quantité  suffisante  par  l'écorce,  la  végétation  s'arrête. 

»  Mêmes  résultats  si  les  annelations  comparatives,  complètes  et  incom- 
plètes, sont  pratiquées  verticalement  autour  des]  bourgeons.  Nous  avons 
ainsi  opéré  plusieurs  fois  chez  les  Mûriers,  et  nous  avons  toujours  con- 
staté, les  conditions  étant  les  mêmes,  que  la  pousse  du  bourgeon,  faible 
et  momentanée  dans  le  cas  d'annelation  verticale  complète,  était  active  et 
persistante  si  un  pont  cortical  avait  été  réservé. 

»  L'examen  histologique  des  pièces  nqus  a  donné  les  résultats  suivants, 
i"  Dans  le  cas  d'annelation  complète  horizontale,  l'amidon  n'a  point  dis- 
paru au-dessous  de  la  décortication,  bien  qu'il  y  eût  au  voisinage  un 
bourgeon  à  développer;  il  n'est  pas  transporté  par  le  corps  ligneux,  il 
a  disparu  au  niveau  et  au-dessus  de  l'écorce  enlevée;  dans  le  cas  d'anne- 
lation incomplète  où  le  bourgeon  s'est  développé  vigoureusement,  on 
constate  la  disparition  de  l'amidon  au-dessous  de  l'annelation,  jusqu'à  une 
certaine  distance;  le  pont  d'écorce  rései'vé  a  donc  conduit  au  bourgeon 
cette  matière  nourricière.  2"  Dans  plusieurs  cas  d'annelation  verticale 
complète,  en  forme  de  fer  à  cheval,  pratiquée  sur  des  Mûriers  et  des  Noyers, 
l'examen  histologique  nous  a  montré  nettement  la  diminution  et  même 
l'entière  disparition  de  la  matiei'c  amylacée,  dans  la  portion  du  rameau 
située  en  avant  des  deux  branches  de  fer  à  cheval,  tandis  qu'en  arrière, 
au  même  niveau,  ramidou  était  resté  normal;  le  bourgeon  s'était  éteint 


(  io85  ) 

sans  que  la  matière  amylacée  de  la  partie  postérieure  eût  pu  lui  parvenir, 
la  continuité  de  l'écorce  étant  interceptée. 

»  L'ascension  par  l'écorce  est  prouvée  directement  par  les  expériences 
qui  consistent  à  isoler,  sur  une  certaine  étendue  d'un  même  rameau, 
l'écorce  et  le  bois,  soit  que  l'écorce  en  ait  été  séparée  sous  forme  d'une 
valve  de  quelques  centimètres  portant  un  bourgeon,  et  lui  adhérant  seu- 
lement par  sa  base,  soit  qu'on  ait  donné  à  l'écorce  la  forme  d'un  tube  de 
l'inlérieiu' duquel  le  bois  est  compiclement  extrait. 

»  Pour  assurer  la  réussite  des  expériences  dans  lesquelles  on  obtient 
l'évolution  de  bourgeons  sur  des  valves  ou  des  tubes  d'écorce,  il  importe 
essentiellement  de  se  placer  dans  les  conditions  suivantes  :  opérer  pen- 
dant les  mois  de  la  plus  grande  activité  végétative;  ne  pas  éborgner  le 
bourgeon  réservé  sur  l'écorce  isolée;  maintenir  soigneusement  l'écorce  à 
l'abri  de  la  dessiccation. 

»  En  opérant  avec  ces  précautions  en  juin,  juillet,  août,  nous  avons 
toujours  réussi  à  obtenir  l'évolution  du  bourgeon  sur  une  valve  ou  un 
tube  d'écorce.  A  considérer  la  vigueur  de  la  pousse,  la  faible  quantité  de 
matière  nourricière  contenue  dans  l'écorce  détachée  du  bois,  le  transport 
de  la  matière  nourricière  par  cette  écorce  ne  saurait  être  douteux;  sur  une 
branche  de  Mûrier,  le  bourgeon  réservé  sur  une  valve  d'écorce  de  3  cen- 
timètres de  longueur,  l'opération  étant  faite  le  20  juin,  avait  formé  à  la  fin 
d'août  un  rameau-feuille,  vigoureux,  de  plus  de  /(O  centimètres;  un  déve- 
loppement non  moins  rapide  s'est  produit  dans  les  mêmes  conditions,  sur 
des  bourgeons  réservés  au  milieu  de  valves  corticales  de  Noyers;  dans  ces 
divers  cas,  la  face  interne  de  la  valve  d'écorce  s'est  constamment  recouverte 
d'une  abondante  exsudation  de  nature  cellulaire;  la  végétation  n'a  pas 
offert  autant  d'activité  que  celle  des  rameaux  voisins  et  normaux. 

))  Si,  au  lieu  d'une  valve,  un  tube  cortical,  vide  de  boisa  l'intérieur,  est 
préparé  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  im  précédent  travail,  on  ob- 
tient également,  pourvu  toutefois  qu'on  se  place  dans  les  conditions  déjà 
signalées,  l'évolution  du  bourgeon  réservé  sur  le  tube.  Sur  le  Mûrier,  le 
Noyer,  nous  avons  répété,  à  diverses  reprises,  ces  expériences  et  nous  avons 
obtenu  le  développement,  sur  les  tubes  d'écorce,  de  vigoureux  rameaux 
feuilles;  une  exsudation  s'est  constamment  produite  à  la  face  interne  des 
tubes  d'écorce  et  nous  avons  pu  l'enlever  plusieurs  fois  sans  empêcher  ni 
sa  reproduction,  ni  la  pousse  gennnaire.  Comme  exemple  do  la  \igiieur 
que  la  pousse  peut  atteindre  sur  un  tube  d'écorce,  signalons  l'évolution 
d'un  bourgeon  qui,  chez  un  Mûrier,  du  i/j  juillet  au  i"^'' novembre,  a  formé, 


(    io86  ) 
sur  un  tube,  un  rameau  feuille  de  o™,o25  de  circonférence  à  la  base,  de 
i"',o4  de  hauteur,  pourvu  de  seize  feuilles  très-larges. 

»  On  obtient  des  résultats  intéressants  si  l'on  pratique  une  annelation 
complèle  à  des  distances  plus  ou  moins  grandes  au-dessous  soit  d'annela- 
tions  partielles,  soit  de  valves  ou  de  tubes  corticaux.  Sur  un  même  rameau 
de  Laurier-cerise,  nous  pratiquons  deux  annelations  :  l'une  supérieure  in- 
complète, peu  distante  du  sommet  et  surmontée  d'un  bourgeon  ;  l'autre  in- 
férieure entière.  Ces  deux  annelations  sont  distantes  d'environ  12  millimè- 
tres. Dans  ces  conditions,  l'évolution  du  bourgeon  est  manifeste,  mais  faible 
et  momentanée;  l'examen  histologique  des  pièces  montre  que,  au  niveau  des 
annelations,  dans  toute  la  portion  intacte  du  rameau  comprise  entre  elles, 
l'amidon  a  disparu  :  on  le  retrouve  en  abondance  dans  l'étui  et  le  rayon  au- 
dessous  de  l'annelation  inférieure  ;  voilà  donc  encore  des  cas  dans  lesquels, 
alors  même  qu'il  s'agit  d'assurer  la  pousse  d'un  bourgeon,  la  matière  nour- 
ricière, bien  qu'abondante  au  voisinage,  n'y  est  pas  puisée,  n'est  pas  trans- 
portée par  le  corps  ligneux.  Il  y  aurait  donc  des  conditions  pour  l'ablation 
des  voies  déterminées  pour  le  transport  de  la  matière  nourricière;  dans  les 
cas  dont  nous  parlons,  c'est  manifestement  par  le  pont  cortical  que  l'ami- 
don, absent  dans  la  virole  intacte  intermédiaire,  a  dû  être  transporté;  une 
preuve  expérimentale  qu'il  en  est  ainsi,  c'est  que  plus  on  laisse  d'étendue  à 
cette  zone  intermédiaire,  plus  le  bourgeon  se  développe,  pourvu  qu'un  pont 
cortical  ait  été  réservé  entre  lui  et  cette  zone.  Nos  expériences  multipliées 
sur  les  boutures  et  les  végétaux  en  pleine  terre  confirment  à  la  fois  ce  fait. 

»  Nous  avons  ,  pour  compléter  ces  expériences,  pratiqué  l'annelation 
complète,  à  des  distances  variables,  soit  au-dessous  d'une  valve,  soit 
au-dessous  d'un  tube  cortical ,  chez  le  Noyer  et  chez  le  Mûrier.  Nous 
avons  encore  obtenu,  dans  ces  cas,  un  développement  d'autant  plus 
facile  et  durable  du  bourgeon,  que  l'annelation  était  plus  distan!e  de 
la  base  de  la  valve  ou  du  tube.  Ayant  fait  l'examen  histologique  d'une 
branche  de  Noyer  ainsi  préparée,  nous  avons  encore  constaté  la  présence 
de  l'amidon  au-dessous  de  l'annelation,  son  absence  à  partir  de  ce  niveau  ; 
l'observation  histologique,  confirmant  encore  la  donnée  expérimentale, 
indiquait  un  transport  collatéral  de  la  matière  en  provision,  du  bois  à 
l'écorce,  un  transport  ascendant  par  celle-ci  au  bourgeon.    » 


(  io87  ) 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Influence  de  L'eau  employée  en  boisson  sur  la  propaqation 
du  choléra.  Note  de  M.  L.  Colix.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.  ) 

«  Dans  les  pays  où  l'eau  employée  comme  boisson  est  habituellement 
souillée  par  les  produits  excrémentitiels  de  l'homme  et  des  animaux,  on 
accepte  volontiers  la  pensée  qu'elle  constitue  le  mode  essentiel  de  propa- 
gation des  épidémies  cholériques.  Sur  les  grandes  routes  sillonnées  par  les 
caravanes  de  l'Inde  et  de  l'Arabie,  cette  infection  de  chaque  jour  est  consi- 
dérée, par  nombre  d'auteurs,  comme  la  principale  cause  de  la  diffusion  du 

mal Mais,  dans  les  pays  civilisés,  où  l'on  peut  plus  facilement  discerner 

ce  qui  revient  à  chacun  des  modificateurs  de  l'organisme,  nous  trouvons 
bien  des  arguments  à  opposer  à  celte  doctrine. 

»  Et  d'abord  elle  est  inapplicable  à  la  répartition  initiale  de  l'épidémie 
actuelle  à  Paris;  dès  les  premiers  jours,  celte  épidémie  apparut  simulta- 
nément dans  divers  quartiers,  dont  l'éloignement  réciproque  écarte  la 
pensée  de  toute  infection  par  l'intermédiaire  d'un  élément  bromatologique 
commun. 

»  Comme  preuves  d'un  ordre  plus  général,  j'indiquerai  les  suivantes, 
dont  chaque  épidémie  vient  grossir  le  nombre  : 

»  1°  Quand  un  individu  atteint  de  choléra  ou  de  diarrhée  cholériforme 
arrive  dans  une  localité  indemne  et  y  transmet  son  affection,  les  premières 
victimes  sont  les  personnes  qui  ont  vécu  près  de  lui  et  qui  lui  ont  rendu  les 
premiers  soins  ;  la  rapidité  avec  laquelle  sont  habituellement  frappées  ces 
personnes  nous  empêche  d'admettre  que  la  transmission  du  mal  se  soit 
accomplie  par  l'usage  interne  de  l'eau  préalablement  souillée  des  déjections 
du  nouvel  arrivant;  les  habitants  des  maisons  voisines  font  d'ailleurs  usage 
de  cette  même  eau  de  consommation. 

»  2"  Dans  les  cas  si  fréquents  où  un  navire,  approvisionné  d'eau  dans 
une  localité  salubre,  prend  des  passagers  dans  une  localité  suspecte,  et  où  le 
choléra  éclate  ensuite  à  bord,  cette  eau  de  consommation,  dont  l'origine 
ne  peut  être  suspectée,  est  maintenue,  dans  les  caisses  d'approvisionne- 
ment, entièrement  à  l'abri  de  toute  contamination  spécifique. 

»  3°  Si  la  marche  du  choléra  est  parfois  conforme  à  la  direction  des 
fleuves  et  des  rivières,  il  en  est  surtout  ainsi  dans  les  pays  où  les  cours 
d'eau  constituent  les  principales  voies  de  communication.  Dans  nos  pays, 
où  les  relations  s'accomplissent  surtout  par  les  routes  de  terre,   n'a-t-on 


(  io88  ) 

pas  vu  lo  choléra  suivre  une  tlireclion  perpendiculaire  à  celle  de  nos 
fleuves,  comme  en  iSSa  et  en  1848,  quand  de  Calais  ou  de  Diudcerque  il 
a  marché  sur  Paris?  L'épidémie  actuelle,  en  passant  du  Havre  à  Paris,  ne 
remo'nte-t-elle  pas  en  sens  inverse  du  courant  de  la  Seine? 

»  Du  reste,  on  a  émis  la  même  opinion  pour  la  dyssenterie  et  la  fièvre 
typhoïde,  qui  offrent,  avec  le  choléra,  ces  caractères  communs  :  1"  d'en- 
traîner la  surabondance  et  l'altération  des  évacuations  intestinales  ;  2°  de 
présenter  leurs  principales  lésions  sur  le  trajet  du  tube  digestif,  en  sorte 
qu'on  se  laisse  aller  volontiers  à  la  pensée  d'une  propagation  morbide  fa- 
cilement explicable  par  la  production  exagérée  du  produit  pathologique, 
et  par  son  transport  presque  immédiat  dans  un  autre  organisme,  sur  le 
point  même  où  se  développera  la  lésion  caractéristique;  cette  conception 
prend  l'apparence  de  simplicité  de  l'inocnlalion  d'un  produit  virulent. 

»  J'admets,  pour  mon  compte,  l'influence  morbifiqne  de  l'eau  conta- 
minée par  les  sécrétions  morbides,  mais  sans  considérer  cependant  celle 
influence  comme  spécifique.  La  mauvaise  qualité  des  eaux  de  consommation 
constitue,  à  mes  yeux,  une  cause  occasionnelle  banale;  elle  produit  une  sol- 
licitation morbide,  comme  les  écarts  de  régime,  les  refroidissements  sus- 
ceptibles d'entraîner  des  troubles  intestinaux,  dans  un  moment  où  la  pre- 
mière indication  est  le  maintien  de  l'état  normal  des  fonctions  digestives.  » 

VITICULTURE,  —  Développement  des  renflements  sur  les  radicelles  de  la  vigne, 

Note  de  M.  Max.  Counu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  radicelles  nouvelles  nées  sur  les  renflements  peuvent,  à  leur  tonr, 
être  occupées  par  les  Phylloxéras  et  se  renfler  de  même.  Comme  ceux  qui 
leur  donnent  naissance,  ces  nouveaux  renflements  ou  restent  stationnaires 
ou  s'allongent  et  donnent  naissance  à  de  nouvelles  radicelles,  qui  se  com- 
portent comme  les  précédentes;  mais  la  vigueur  de  leur  végétation  est 
beaucoup  moindre.  L'énergie  de  la  plante  allant  en  s'affaiblissar.t,  les 
renflements  nouveaux  n'atteignent  que  rarement  la  taille  de  leurs  devan- 
ciers. Ainsi  s'expliquent  ces  agglomérations  de  nodosités  qui  procèdent, 
comme  on  voit,  les  unes  des  autres;  celle  qui  porte  l'ensemble  ou  qui  est 
située  le  pins  avant  sur  la  radicelle  est  la  plus  ancienne;  elle  a  en  général 
une  teinte  plus  fauve  ou  plus  brune;  elle  est  aussi  la  plus  développée 
comme  volume  et  la  plus  avancée. 

»  De  même  qu'elles  n'apparaissent  pas  en   un  point  quelconque,  les 


(  io89  ) 
radicelles  nouvelles  n'apparaissent  pas  non  plus  à  une  époque  quelconque 
de  la  vie  du  renflement.  C'est  sur  la  première  et  plus  importante  courbure 
et  du  côté  convexe  qu'on  voit  apparaître  la  première  radicelle.  Elle  se 
montre  plus  tôt  lorsque  l'ensemble  de  la  formation  s'est  entièrement  re- 
vêtu de  la  teinte  jaune  d'or  ou  brune  qui  a  été  signalée  précédemment  et 
jamais  A\ant  cette  époque;  dans  mes  expériences,  c'était  après  huit  ou  dix 
jours,  et  encore  cette  date  est-elle  précoce.  Cette  radicelle  peut  ne  pas 
rester  isolée. 

»  On  voit  en  outre  quelquefois,  en  général  après  la  précédente,  naître 
au-dessous  du  renflement  une  autre  radicelle  et  sur  la  partie  saine.  Lors- 
qu'il y  a  plusieurs  renflements  successifs,  l'ordre  d'apparition  des  radicelles 
est  régulier  le  plus  souvent  et  la  loi  s'observe  assez  bien.  A  l'extrémité 
d'un  renflement  développé  en  pointe  conique  elles  apparaissent  successive- 
ment et  de  plus  en  plus  loin,  toujours  aussi  sur  la  partie  convexe  des 
courbures  ou  des  ondulations  de  la  partie  terminale. 

»  D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  est  évident  que  les  renflements  nou- 
veaux se  montrent  tant  que  des  radicelles  nouvelles  apparaissent,  et  ils  se 
produisent  jusqu'à  ce  que  la  végétation  s'arrête.  A  la  fin  de  l'été,  la  plu- 
part des  renflements  pourrissent,  et  dans  les  terrains  secs  et  maigres  où  la 
végétation  n'est  pas  très-vigoureuse,  celte  époque  passée,  on  ne  voit  plus 
de  nodosités. 

»  Au  bout  de  combien  de  temps  les  renflements  se  détruisent-ils  ou, 
comme  on  dit  vulgairement,  pourrissenl-ils  naturellement  ?  Quel  est  l'âge 
qu'ils  ont  à  celte  époque,  combien  ont-ils  vécu  de  temps? 

»  La  période  de  leur  existence  paraît  être  très-variable. 

»  Dans  une  expérience  suivie  avec  soin,  un  renflement  déterminé  par 
quatre  insectes  a  vécu  seulement  quatorze  jours,  du  i5  août,  où  h^s  Phyl- 
loxéras furent  déposés  sur  la  plante  saine,  jusqu'au  29  août,  jour  où  il  fut 
trouvé  entièrement  décoinposé.  C'est  le  développement  le  plus  rapide  et  la 
fin  la  plus  prompte  que  j'aie  rencontrés. 

»  Le  sixième  jour  (21  août),  il  avait  déjà  pris  une  teinte  jaune  doré 
très-nette;  sa  taille  n'était  encore  que  de  3  millimètres. 

»  Le  huitième  jour,  il  s'était  franchement  séparé  en  detix  par  un  étran- 
glement ;  la  supérieure,  bien  plus  grosse  que  l'autre,  s'allongeait  rapidement; 
l'ensemble  avait  g  millimètres:  en  deux  jours  la  longueur  avait  triplé. 

»  Le  dixième  jour,  il  s'était  encore  accru  par  son  extrémité,  et  avait 
presque  doublé  (1*7  millimètres)  après  deux  jours,  du  26  au  25  août;  celte 

i;.  K.,  1873,  2^  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  19.)  1  4  ' 


(  'ogo  ) 

partie  s'est  couverte  de  poils  radicellaires  nombreux  ;  la  partie  inférieure 
commençait  à  devenir  très-brune  et  émettait  une  radicelle. 

»  Le  douzième  jour  l'extrémité  se  pourrit,  quoique  la  radicelle  se  fût  un 
peu  accrue. 

»  Le  quatorzième  jour  tout  est  devenu  noir  et  flasque,  renflement  et  ra- 
dicelle nouvelle;  la  formation  entière  est  décomposée. 

»  Je  puis  encore  citer  une  autre  observation.  Le  renflement  qui  fut 
observé  n'avait  pas  été  pris  à  son  début  :  à  l'époque  où  il  fut  décrit 
et  suivi,  il  pouvait  avoir  approximativement  dix  jours  de  date,  peut-être 
un  peu  plus;  deux  jours  après  la  première  observation,  il  avait  pris  une 
teinte  brune  à  sa  partie  inférieure  et  en  plusieurs  points  du  reste  de  sa  sur- 
face; une  radicelle  nouvellement  accrue  s'était  même  déjà  décomposée. 

»  Après  quatre  jours  l'ensemble  était  devenu  plus  foncé;  cependant, 
trois  vigoureuses  radicelles,  parfaitement  saines,  étaient  nées  dans  l'inter- 
valle et  une  quatrième  commençait  à  poindre. 

»  Ces  radicelles  s'allongèrent  un  peu,  mais  quatre  jours  après  tout  se 
décomposa  ;  le  renflement  avait  probablement  au  plus  trois  semaines.  Mais 
il  faut  se  hâter  de  dire  que  ces  exemples  doivent  être  rares  :  ils  l'ont  été  du 
reste  dans  mes  cultures.  Cette  décomposition  rapide  est  due  au  nombre 
des  Phylloxéras  accumulés  sur  une  petite  radicelle  et  à  l'excitation  qu'ils 
déterminent  par  leur  action  réunie  en  un  point  si  restreint. 

»  Il  arrive  fréquemment  que  l'insecte  abandonne  le  point  qu'il  avait 
choisi  et  qu'il  se  porte  vers  un  autre;  l'action  qu'il  avait  déterminée  con- 
tinue encore,  et  je  le  prouverai  un  peu  plus  loin,  mais  elle  va  en  diminuant. 
L'influence  du  parasite  cessant,  la  formation  demeure  moins  anormale 
qu'elle  eût  pu  le  devenir,  et  se  conserve  quelquefois  sans  périr  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long.  Elle  prend  une  teinte  foncée  uniforme  et  se  con- 
solide partiellement  ;  elle  persiste  assez  longtemps  sans  trop  de  changements. 
J'en  ai  observé  une  du  21  août  au  8  septembre,  époque  à  laquelle  elle  fut 
abandonnée  par  l'insecte  ;  elle  n'était  pas  décomposée  à  la  fin  de  septembre  ; 
j'en  pourrais  citer  d'autres,  encore  vivantes,  et  dont  l'apparition  date  des 
derniers  jours  d'août. 

»  Il  est  probable  que  dans  la  culture  ordinaire,  grâce  aux  conditions 
plus  favorables  dans  lesquelles  elles  se  trouvent,  grâce  aussi  à  ce  que  les 
insectes  quittent  les  anciennes  nodosités  pour  se  fixer  sur  des  racines  plus 
jeunes,  elles  peuvent  subsister  plus  longtemps  et  rester  sans  être  envahies 
par  la  putréfaction  ;  les  radicelles  très-vigoureuses,  et  non  pas  grêles  et 
chétives,  résistent  en  partie,  comme  il  a  été  dit  piécédeuunent,  à  l'action 


(   logi  ) 
excitante  du  suçoir  de  l'insecte  et  peuvent  pendant  longtemps  lutter  contre 
la  décomposition  qui  les  menace. 

»  An  bout  de  combien  de  temps  l'insecte  détermine-t-il  la  production 
d'un  renflement;  combien  de  temps  doit-il  demeurer  à  la  surface  pour  y 
déterminer  une  altération  ? 

))  MM.  Planchon  et  I^ichtenstein  dans  leur  dernier  Mémoire  [LePhylloxera 
de  i854  à  1873,  p.  9)  ont  vu  une  nodosité  «  se  développer  en  deux  jours 
»  sur  une  racine  adventive  naissante, sous  l'influence  de  la  piqûre  d'un  seul 
»  Phylloxéra.  »  Quoique  cela  ne  soit  pas  explicitement  dit,  il  est  probable 
que  les  auteurs  ont  voulu  dire  qu'elle  était  déjà  indiquée,  mais  non  adulte. 
Ce  résultat  concorde  entièrement  avec  ceux  que  j'ai  obtenus.  Dans  l'une 
de  mes  séries  d'observations,  j'ai  constaté  un  changement  notable  d'une 
radicelle  en  moins  de  deux  jours  sous  l'influence  de  deux  insectes  qui 
s'étaient  fixés  sur  elle  pendant  la  durée  de  cet  intervalle.  I/extrémité  de 
cette  radicelle  avait  déjà  sous  leur  action  doublé  de  diamètre  et  s'était  no- 
tablement recourbée  ;  à  chacun  des  insectes  correspondait,  en  outre,  une 
dépression  ;  à  cet  instant  le  renflement  offrait  3  millimètres  de  longueur 
totale;  huit  jours  après,  il  en  avait  i3  et  s'accrut  encore  :  il  était  donc  loin 
d'être  adulte. 

))  Quant  au  temps  nécessaire  pour  déterminer  la  production  du  renfle- 
ment, il  faut  pour  le  déterminer  des  expériences  nouvelles  ;  mais  voici 
cependant  ce  que  je  puis  rapporter.  Sur  luie  radicelle  non  encore  modifiée 
s'était  fixé  un  Phylloxéra  jeune.  Quand  il  fut  remarqué,  il  était  en  marche 
et  se  déplaçait  encore;  il  se  fixa  sur  la  racine,  mais  n'y  demeura  pas;  deux 
jours  après,  il  avait  quitté  la  place  qu'il  avait  momentanément  choisie;  il 
est  probable  que  l'exposition  des  racines  à  l'air  et  à  la  lumière,  les  mouve- 
ments et  dérangements  nécessités  par  l'observation  des  autres  renflements 
le  forcèrent  à  s'éloigner.  Il  abandonna  la  radicelle  et  ne  fut  plus  retrouvé; 
mais  le  peu  de  temps  (deux  jours  au  plus,  quelques  heures  seulement, 
peut-être)  pendant  lequel  il  était  demeuré  à  la  surface  et  avait  implanté 
son  suçoir  dans  les  tissus  de  la  plante  suffit  pour  faire  naître,  au  bout  de 
quatre  jours,  un  renflement  en  forme  de  crochet.  Il  ne  s'accrut  pas  démesu- 
rément, mais  il  fut  très-appréciable,  et  son  diamètre  devint  le  double  de  celui 
de  la  radicelle.  Ainsi  donc,  un  séjour  de  l'insecte,  quelque  court  qu'il  soit, 
détermine  la  formation  d'une  hypertrophie.  On  voit  en  outre  que  l'effet 
s'est  manifesté  plusieurs  jours  après  l'action  du  Phylloxéra,  et  qu'il  s'est 
produit  entièrement  quatre  jours  après  le  départ  de  l'insecte.  On  peut  encore 
en  conclure  une  chose  assez  singulière,  c'est  que  la  courbure  en  crochet 

i4i-. 


(     '092   ) 

et  surtout  la  dépression  spéciale  dans  laquelle  se  loge  le  parasite  sont  dus 
à  la  piqûre  plutôt  qu'à  l'action  de  présence  et  au  séjour  du  Phylloxéra  en 
ce  point;  j'y  reviendrai  à  propos  de  l'anafomie  des  renflements. 

))  Cette  action  a  été  plus  lente  que  si  l'insecte  eût  été  présent;  l'effet, 
quoique  notable,  n'a  été  qu'ébauché  et  ne  s'est  pas  continué,  l'action  qui  le 
produisait  ayant  cessé.  Un  plus  grand  nombre  d'insectes  l'aurait  accélérée, 
ainsi  que  cela  résulte  d'autres  observations  comparatives. 

»  Quand  un  renflement  a  été  abandonné  par  les  insectes,  qu'il  paraît 
stalionnaire,  il  n'a  pas  pour  cela  perdu  la  propriété  de  se  développer  encore 
sous  l'influence  de  nouvelles  piqûres,  ainsi  que  je  m'en  suis  positivement 
assuré. 

»  Les  assises  cellulaires  périphériques,  qui  ont  pris  une  couleur  brune, 
se  fendillent  sous  l'effort  de  cet  accroissement  nouveau;  on  aperçoit  dans 
les  interstices  du  tissu  éclaté  la  couleur  blanc  jaunâtre  et  pâle  du  paren- 
chyme situé  au-dessous;  les  crevasses  s'exagèrent  à  mesure  que  le  diamètre 
augmente  et  que  les  cellules  nouvelles  se  multiplient.  Les  insectes  nou- 
veaux venus,  dans  les  cas  que  j'ai  examinés,  se  logèrent  dans  le  sillon  laissé 
par  les  prédécesseurs  fixés  antérieurement  au  même  point. 

»  On  peut  donc  dire  que,  lorsque  l'insecte  est  demeuré  peu  de  temps  sur 
une  radicelle,  le  renflement  produit  est  peu  important;  quand  il  y  reste 
plus  longtemps,  quand  plusieurs  parasites  s'y  rassemblent,  les  déformations 
s'accentuent,  les  hypertrophies  s'exagèrent;  si  le  Phylloxéra  quitte  inie 
nodosité,  celle-ci  cesse  bientôt  de  s'accroître;  s'il  s'y  fixe  de  nouveau,  une 
nouvelle  activité  organique  est  déterminée  par  les  nouvelles  piqûres. 

))  Àmsi  les  altérations  de  la  racine  sont  produites  uniquement  par  l'action 
du  suçoir  de  l'insecte;  e]\es  dépendent  du  nombre  des  Phylloxéras  et  du 
temps  pendant  lequel  ils  demeurent  sur  cet  organe  ;  l'effet  produit  est  entiè- 
rement local  et  pour  ainsi  dire  proportionnel  à  ce  nombre  et  à  ce  temps. 

))  Les  vignes  émettent  des  radicelles  saines;  le  Phylloxéra  modifie  ces 
radicelles  et  y  développe  des  nodosités;  ces  nodosités  développent  elles- 
mêmes  des  radicelles  saines  que  le  Phylloxéra  vient  encore  occuper  et  alté- 
rer. A  l'automne,  toutes  ces  formations  se  décomposent,  les  plus  anor- 
males disparaissant  les  premières. 

))   Quant  à  la  plante,  elle  est  épuisée  : 

))  i*^  Parce  qu'elle  a  nourri  ces  renflements  dont  le  développement  l'a 
déjà  affaiblie; 

»  2"  Parce  que  les  moyens  nécessaires  pour  puiser  sa  nourriture  dans 
le  sol  lui  font  défaut. 


(   J093  ) 

»  Quand  les  radicelles  sont  entièrement  détruites,  elle  meurt. 

»  Le  Phylloxéra  est  donc  l'origine  de  tout  le  mal,  "parce  qu'il  détermine 
sur  les  racines  des  renflements  qui  périront  à  l'automne  et  priveront  ainsi 
Je  végétal  successivement  de  tous  ses  organes  d'absorption. 

»  L'insistance  que  je  mets  à  rappeler  ces  faits  et  à  chercher  des  preuves 
nouvelles,  pour  démontrer  une  chose  si  nette  et  si  bien  établie  de  tant 
d'autres  façons,  semblerait  étrange,  s'il  n'était  pas  indispensable  d'opposer 
sans  cesse  à  des  raisonnements  vagues  des  faits  précis. 

»  Les  partisans  du  Phylloxera-effet  n'ont  jamais  sérieusement  combattu 
l'opinion  contraire  à  la  leur;  ils  ne  lui  ont  opposé  que  des  expériences  in- 
complètes et  non  concluantes,  des  opinions  négatives,  des  faits  sans  préci- 
sion. Les  faits  que  présente  le  développement  comparatif  de  la  racine  saine 
et  de  la  racine  malade  sont  inexplicables  dans  leur  hypothèse;  je  les  mets 
au  défi  de  donner  raison,  par  une  cause  interne  ou  due  à  un  ensemble  de 
circonstances  générales,  des  altérations  physiques  et  anatomiques  des  ra- 
cines et  des  particularités  qu'elles  présentent  dans  leur  marche  ou  leur 
accroissement,  non  plus  que  de  celles  qu'on  observe  à  la  mort  finale  de 
l'organe.  » 

M.  L.  DucASSE  adresse  une  Note  relative  à  une  poudre  destinée  à  jouer 
à  la  fois  le  rôle  d'engrais  pour  la  vigne  et  d'insecticide  contre  le  Phyl- 
loxéra. 

« 

M.  A.  Pagani  adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  du  sulfate  de  cuivre 
combiné  avec  les  engrais,  pour  combattre  la  maladie  de  la  vigne. 

Ces  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Phylloxéra. 

M.  leC  Gl-ipon,  de  Laon,  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'en- 
tremise de  M.  le  baron  Larrey,  un  manuscrit  intitulé  :  «  Remarques  à 
propos  d'une  nouvelle  application  des  greffes  épidermiques  ».  M.  Larrey 
analyse  sommairement  ce  travail  de  la  manière  suivante  : 

«  L'auteur  indique  ou  rappelle  d'abord  les  expériences  de  M.  Reverdin 
sur  l'emploi  des  lamelles  épidermiques  dans  le  traitement  des  ulcères  dont 
la  cicatrisation  n'avait  pas  été  obtenue  par  d'autres  moyens  curatifs.  Il 
énonce  ensuite  les  objections  adressées  à  ce  nouveau  mode  d'autoplastie 
superficielle,  et  reconnaît  enfin,  d'après  les  succès  obtenus  par  divers  chi- 
rurgiens, le  parti  utile  à  eu  tirer  pour  la  pratique. 


(  I094  ) 

»  M.  Gtiipon  fait,  à  son  tour,  de  ce  procédé  ingénieux  une  application 
rationnelle  à  une  Inrge  plaie  par  déchirure,  sur  la  face  dorsale  de  la  main, 
entièrement  dépouillée  de  la  peau,  et  il  en  rapporte  l'intéressante  observa- 
tion dans  les  détails  les  plus  précis.  Le  but  indiqué,  mais  difficile  de  la 
cure,  était  d'obtenir  la  cicatrisation  de  cette  perte  de  substances,  en 
prévenant  la  formation  d'une  cicatrice  rétractile  qui  aurait  empêché  la 
flexion  complète  des  doigts  ou  l'usage  essentiel  de  la  main. 

»  L'insuccès,  dans  ce  cas  particulier,  de  la  méthode  ordinaire  d'auto- 
plasfie  épidermique  suggère  à  l'auteur  un  procédé  opératoire  dont  l'effi- 
cacité assure  enfin  une  cicatrisation  durable  de  la  plaie  dans  foute  son 
étendue,  en  conservant  aux  doigts  leurs  mouvements,  sauf  une  légère 
rétraction  de  l'annulaire  et  de  l'auriculaire.  11  imagine,  à  cet  effet,  de 
détacher  de  la  peau  de  l'avant-bras  des  lamelles  d'épiderme  garnies  de 
leur  couche  celhileuse  ou  de  la  superficie  du  derme  et  de  les  juxtaposer 
plus  profondément  à  la  surface  de  la  solution  de  continuité,  en  les  mainte- 
nant bien  en  place  par  un  pansement  contentif. 

»  Les  remarques  de  M.  Guipon,  à  propos  de  cette  observation,  démon- 
trent la  possibilité  d'appliquer  les  greffes  épidermiques  à  certaines  plaies 
récentes,  comme  on  l'avait  déjà  fait,  en  France  ou  à  l'étranger,  pour  des 
plaies  anciennes  ou  pour  des  ulcères  rebelles  à  la  cicatrisation. 

»  L'auteur  termine  son  travail  par  la  description  du  mode  opératoire 
employé  par  lui,  et  formule  des  conclusions  favorables  à  la  pratique  de 
l'hétéroplaslie,  ou  de  ce  mode  d'autoplastie  à  distance,  à  condition  de 
donner  plus  d'épaisseur  et  de  consistance  aux  greffes  épidermiques.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  RoufiE  adresse  de  nouveaux  documents,  relatifs  à  sa  méthode  pour 
le  traitement  chirurgical  de  l'ozèue. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  R.  DE  Paz  adresse  une  Note  relative  à  un  appareil  destiné  à  mesu- 
rer la  quantité  de  chaleur  émise  parle  Soleil. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Edm.  Becquerel.) 

M.  F.  RiciiTER  adresse  une  Note  relative  à  un  artifice  permettant 
d'agrandir  la  sphère  d'attraction  d'un  électro-aimant. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Jamin.) 


(  logS  ) 
M.  Pons  adresse  une  Note  intitulée  «  la  Vie  de  l'Homme  ». 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Cl.  Bernard.) 

M.  A.  Beacvais  prie  l'Académie  de  renvoyer  sa  seconde  Communication, 
relative  à  un  système  destiné  à  prévenir  les  accidents  sur  les  chemins  de 
fer,  à  la  Commission  qui  avait  été  nommée  pour  la  première. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  LE  Ministre  de  l'Instuuction  publique  transmet  l'amplialion  du  dé- 
cret par  lequel  le  Président  de  la  République  autorise  l'Académie  à  accep- 
ter le  legs  qui  lui  a  été  fait  par  M™^  Guérineau-Delalande,  pour  être  employé 
conformément  aux  conditions  énoncées  dans  son  testament. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  «  L'Instruction  sur  les  paratonnerres,  ndoptée  par  l'Académie  des 
Sciences  »,  qui  vient  d'être  publiée  par  M.  Gauthier-Villars  (i''''  partie, 
1823,  M.  Gay-Lussac  rapporteur;  2''  partie,  i854,  M.  Pouillet  rappor- 
teur; 3"  partie,  1867,  M.  Pouillét  rapporteur); 

2°  «  L'Histoire  de  l'Astronomie,  depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours  »  ; 
par  M.  F.  Hoefer. 

PHYSIQUE.  —  Sur  divers  cas  d'intermillence  du  courant  voltaujue.  Note 
de  M.  A.  Cazin,  présentée  par  M.  Jamin. 

«  En  poursuivant  les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  la  chaleur  des 
électro-aimants,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  plusieurs  cas  d'intermittence 
du  courant  voltaïque,  qui  n'ont  pas  encore,  je  crois,  été  signalés. 

»  Première  expérience.  —  Un  circuit  voltaïque  est  formé  par  20  élé- 
ments moyens  de  Bunsen,  et  par  une  bobine  de  960  spires,  renfermant  un 
tube  de  fer  de  8  centimètres  de  diamètre  et  de  i  millimètre  environ  d'épais- 
seur. On  peut  le  fermer  ou  l'ouvrir  à  volonté  à  l'aide  d'une  pointe  de  pla- 
tine et  d'une  couche  de  mercure,  qui  communiquent  respectivement  avec 
chacun  des  rhéophores. 


(  1096  ) 

»  Lorsque  Je  platine  ne  touclie  pas  le  mercure  et  qu'on  les  met  en  com- 
munication avec  les  armatuj-es  d'un  condensateur  à  lame  de  verre  (surface 
armée  de  3  mètres  carrés),  on  entend  un  bruissement  continu  dans  le  noyau 
de  fer.  Le  même  effet  se  produit  lorsque,  supprimant  le  condensateur, 
on  interpose  une  couche  d'alcool  entre  le  mercure  et  la  pointe  de  platine. 
Le  bruit  cesse  quand  on  supprime  l'alcool,  de  façon  que  le  platine  et  le 
mercure  soient  séparés  par  une  couche  d'air,  et  aussi  quand  on  plonge  la 
pointe  dans  le  mercure. 

»  Ces  faits  indiquent  que  le  courant  passe  à  travers  le  verre  dans  le  pre- 
mier c;is,  à  travers  l'alcool  dans  le  second,  et  que  son  passage  est  intennillent. 
Le  noyau  de  fer  subit  une  succession  rapide  d'aimantations  et  de  désaiman- 
tations alternatives,  et  chacune  des  désaimantations  occasionne  un  faible 
bruit  dans  le  noyau.  La  succession  rapide  de  ces  bruits  constitue  le  bruis- 
sement qu'on  entend. 

M  Un  galvanomètre  indique  seulement  un  courant  continu  dans  le  cas  où 
le  noyau  de  fer  résonne.  Cet  instrument  ne  peut,  en  effet,  indiquer  autre 
chose,  quand  les  intermittences  sont  très-rapprochées  les  unes  des  autres. 

»  Je  pense  que  la  cause  de  cette  intermittence  est  l'action  condensante 
du  verre  et  de  l'alcool.  Lorsque  les  deux  faces  du  corps  isolant,  qui  sont 
en  contact  avec  les  rhéophores,  ont  acquis  un  certain  potentiel  électrique, 
ime  décharge  aurait  lieu  à  travers  la  couche  isolante;  le  magnétisme  du 
noyau  s'accroîtrait  pendant  la  charge  du  condensateur  et  diminuerait  pen- 
dant sa  décharge.  Le  bruit  se  produirait  pendant  la  diminution  du  magné- 
tisme. Après  chaque  décharge,  il  s'écoulerait  un  certain  temps  avant  que 
le  condensateur  fût  rechargé,  et  le  même  phénomène  se  reproduirait  indé- 
finiment. 

»  On  reconnaît  aisément  que  le  noyau  résonne  pendant  la  diminution  de 
son  magnétisme  :  il  suffit  de  plonger  la  pointe  de  platine  dans  le  mercure, 
puis  de  la  retirer;  à  l'instant  où  l'étincelle  jaillit  au  point  d'interruption,  on 
entend  un  bruit  relativement  intense  dans  le  noyau  de  fer.  C'est  seulement 
la  rupture  du  circuit  qui  donne  lieu  à  ce  son;  la  fermeture  ne  produit  aucun 
effet,  au  moins  dans  mon  appareil. 

»  M.  de  la  Rive  a  découvert,  en  i843,  qu'un  courant  interrompu  à 
l'aide  d'un  rhéotome  engendre  un  son  dans  le  fer  d'un  électro-aimant,  mais 
je  pense  que  le  phénomène  que  je  viens  de  décrire  n'a  pas  encore  été  si- 


gnale 


»  L'audition  d'un  son  dans  le  noyau  d'un  électro-aimant  peut  être  con- 
sidérée comme  un  nouveau  procédé  d'investigation;  nous  venons  de  la  voir 


(  '097  ) 
révélant  l'intermittence  du  courant,  dans  des  circonstances  où  les  méthodes 
connues  sont  insuffisantes.  Je  citerai  nn  exemple  qui  montre  que  cette  mé- 
thode s'accorde  avec  les  autres,  quand  on  peut  les  employer  simultané- 
ment. 

»  Seconde  expérience.  —  Lorsqu'on  observe  l'étincelle  de  ruptiu'e  du  cir- 
cuit précédent  à  l'aide  du  disque  tournant,  suivant  le  procédé  que  j'ai  fait 
connaître  à  l'Académie  le  7  avril  dernier,  cette  étincelle  paraît  composée. 
Quand  elle  éclate  dans  l'alcool,  et  que  la  pointe  de  platine  et  le  mercure 
communiquent  avec  les  armatures  du  condensateur,  le  disque  tournant 
montre  que  cette  étincelle  se  compose  de  quatre  ou  cinq  traits  brillants  suc- 
cessifs :  l'intervalle  des  traits  va  eu  diminuant  à  partir  du  premier.  (J'ai  déjà 
signalé  la  division  de  cette  étincelle  par  un  autre  procédé,  BuUeiin  de  la 
Société Philomathique,  i3  mai  1 865,  et  journal  l'/nsïih/f,  3i  mai  i865.) 

»  Le  bruit  que  produit  l'étincelle  de  rupture  présente  un  mode  de  divi- 
sion semblable.  Il  en  est  de  même  de  celui  qu'on  entend  dans  le  conden- 
sateur et  de  celui  qui  a  lieu  dans  le  noyau  de  fer  :  ces  trois  bruits  sont  com- 
poses exactement  de  la  même  manière. 

»  La  production  d'un  bruit  dans  le  condensateur  prouve  qu'il  y  a  une 
décharge  partielle  à  travers  la  matière  isolante,  bien  que  celle-ci  ne  paraisse 
percée  nulle  part. 

»  On  augmente  le  bruit  du  condensateur  en  augmentant  sa  surface, 
jusqu'à  une  certaine  limite  qu'on  ne  peut  dépasser.  En  même  temps,  on 
voit  diminuer  l'étincelle  entre  le  mercure  et  la  pointe  de  platine.  Ces  mo- 
difications indiquent  un  changement  dans  la  distribution  de  l'électricité, 
que  l'on  pourrait  analyser  mathématiquement  en  considérant  l'alcool  de 
l'interrupteur  comme  la  lame  isolante  d'un  second  condensateur,  réuni 
au  premier  par  les  armatures  de  même  signe. 

M  Je  pense  qu'il  n'y  a  pas  de  différence  essentielle  entre  l'intermittence 
du  courant,  (jui  accompagne  la  rupture  du  circuit  dans  les  circonstances 
que  je  viens  de  décrire,  et  celle  que  présente  ma  première  expérience. 

»  Troisième  expérience.  —  La  pointe  de  platine  de  l'interrupteur  à  mer- 
cure est  vissée  dans  un  écrou  fixe,  de  façon  qu'on  puisse  la  faire  monter 
ou  descendre.  Le  mercure  et  la  pointe  communiquent  respectivement  avec 
les  armatures  d'un  condensateur,  de  i  mètre  carré  environ  de  surface.  I^e 
reste  du  circuit  est  disposé  comme  précédemment. 

»  La  pointe  étant  plongée  dans  le  mercure,  on  l'élève  graduellement 
jusqu'à  ce  que  l'étincelle  jaillisse  à  travers  l'alcool.  Dès  lors,  la  pointe 

G.  R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»    10.)  14"* 


(   logS  ) 
restant  fixe,  une  succession    d'étincelles    s'établit   et   persiste   pendant 
longtemps.  Ces  étincelles  sont  vives  et  bruyantes;  on  peut  aisément  les 
compter. 

»  Il  est  évident  que  le  niveau  du  mercure  oscille  au-dessous  de  la 
pointe. 

»  Voici  une  cause  possible  de  cette  oscillation  ;  l'étincelle  étant  formée 
par  la  vapeur  de  mercure,  la  force  élastique  de  cette  vapeur  déprime  le 
niveau  du  liquide;  celui-ci  revient  à  son  niveau  primitif,  le  dépasse  en  vertu 
de  sa  vitesse  acquise  et  rejoint  la  pointe  de  platine.  En  retombant,  le  mer- 
cure produit  une  nouvelle  interruption  et  le  même  phénomène  se  renou- 
velle. 

»  Cette  cause  purement  mécanique  ne  peut  être  la  seule  :  car  les  cir- 
constances favorables  à  ce  nouveau  mode  d' interruption  automatique  sont 
celles  qui  accompagnent  la  décomposition  de  l'étincelle  de  rupture  en  un 
petit  nombre  de  traits  brillants  successifs.  On  reconnaît  cette  corrélation 
en  changeant  l'étendue  du  condensateur,  ce  qui  modifie  le  nombre  des 
divisions  de  l'étincelle.  C'est  ainsi  qu'en  diminuant  la  surface  de  ce 
condensateur  on  voit  les  étincelles  se  succéder  de  plus  en  plus  rapi- 
dement, et  finalement,  quand  on  supprime  ce  condensateur,  on  n'a  plus 
q'j'un  arc  volfaïque  crépitant.  Il  est  probable  que  la  période  d'oscillation 
du  mercure  comprend  un  nombre  déterminé  d'intermittences  dans  la  dé- 
charge du  condensateur,  et  que  ces  deux  causes  sont  dans  une  dépendance 
mutuelle. 

»  Je  crois  qu'on  doit  assimiler  la  décharge  à  travers  l'air,  sous  forme  d'arc 
voltaïque,  et  la  décharge  à  travers  le  verre  dont  la  première  expérience 
nous  fournit  un  exemple,  et  que  les  crépitations  bien  connues  de  l'arc  vol- 
taïque sont  dues  à  la  même  cause  que  les  phénomènes  dont  je  viens  de 
parler.  Tous  ces  faits  seraient  rattachés  les  uns  aux  autres  à  l'aide  d'une 
proposition  unique  :  l' interposition  d'une  résistance  convenable  dans  le  circuit 
voltaïque  détermine  l' intermittence  du  courant.  Les  lois  de  cette  intermittence 
devront  être  étudiées  avec  interposition  d'un  condensateur,  parce  que  les 
périodes  sont  assez  longues  pour  être  observées  facilement.  Les  lois  trou- 
vées de  cette  manière  seront  ensuite  généralisées  et  devront  conduire  aux 
lois  connues  des  courants  qu'on  regarde  comme  continus. 

»  On  ne  saurait  négliger  de  tirer  de  l'ensemble  de  ces  considérations 
cette  importante  conclusion,  que  le  courant  est  une  succession  de  modifications 
qui  s'accomplissent  périodiquement  dans  le  circuit.  » 


(   I099  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  procédé  destiné  à  constater  les  nœuds  dans  un  tujau  sonore. 
Noie  (le  M.  Bourbouze,  présentée  par  M.  Jamin. 

«  Les  nœuds  de  vibration  dans  les  tuyaux  sont  les  lieux  où  l'air  est  im- 
mobile, mais  où  il  subit  des  compressions  et  des  dilatations  alternatives, 
synchrones  avec  la  durée  de  la  vibration.  On  les  constate  ordinairement 
en  montrant  qu'une  membrane  couverte  de  sable,  introduite  dans  le  tuyau, 
ne  vibre  pas. 

»  M.  Kœnig  a  imaginé  de  placer  dans  la  paroi  une  capsule,  fermée  inté- 
rieurement par  une  membrane  flexible  et  dans  laquelle  circule  un  courant 
de  gaz  d'éclairage  qu'on  allume.  Quand  le  tuyau  porte  la  membrane  com- 
primée, il  dilate  alternativement  le  courant  d'hydrogène  carboné  et  la 
flamme  éprouve  des  oscillations,  que  l'on  constate  en  les  regardant  dans 
un  miroir  tournant.  Ce  procédé  est  excellent,  mais  il  ne  se  prête  point  aux 
projections  qu'il  est  nécessaire  de  faire  dans  les  cours. 

»  Je  remplace  ces  capsules  par  une  simple  membrane  de  caoutchouc 
flexible,  sur  laquelle  je  colle  un  miroir  argenté  très-léger  qui  oscille  avec 
elle.  Par  conséquent,  si  l'on  fait  réfléchir  sur  ce  miroir  les  rayons  partis  d'un 
point  lumineux  et  qu'on  en  projette  l'image  avec  une  lentille,  on  voit  celte 
image  s'allonger,  comme  dans  les  expériences  de  M.  Lissajous,  et  souvent 
se  transformer  en  une  ellipse;  elle  a  son  maximum  d'allongement  quand  le 
miroir  est  au  nœud,  elle  se  rapproche  de  l'immobilité  et  s'y  maintient  quand 
le  miroir  s'éloigne  du  nœud  pour  se  placer  sur  un  ventre. 

»  On  peut  placer  cette  membrane  à  l'extrémité  des  résonnaleurs  de  Hcl- 
nioltz,  ou  à  l'extrémité  d'un  tube  de  caoutchouc  fixé  à  l'extrémité  de  ces 
instruments,  et  l'on  s'assure  que  le  miroir  vibre  quand  on  produit  dans  le 
voisinage  un  son  mixte,  contenant  la  note  propre  aux  résonnaleurs. 

»  Ce  nouveau  procédé  remplace  avantageusement,  dans  les  cours  et  dans 
les  recherches  d'investigation,  ceux  dont  on  a  jusqu'à  présent  fait  usage.  » 

HYGIÈNE.  —  Action  de  ieau  aérée  sur  le  plomh,  considérée  au  point  de  vue 
de  l'hygiène  et  de  la  médecine  légale.  Note  de  M.  Fordos. 

«  Les  chimistes  ont  étudié  l'action  de  l'eau  sur  le  plomb,  à  propos  dos 
tuyaux  dont  on  se  sert  pour  la  conduire  et  des  réservoirs  dans  lesquels 
on  la  conserve:  ils  ont  constaté  que  l'eau  pouvait,  dans  certains  cas,  con- 
tenir des  sels  de  plomb;  de  là  des  plaintes  formulées  à  différentes  reprises 

142.. 


(    I I oo   ) 

contre  l'emploi  de  pareils  tuyaux  pour  la  distribution  des  eaux  dans  les 
villes;  mais  on  s'est,  je  crois,  beaucoup  exagéré  le  danger;  du  moins  je 
n'ai  rencontré,  dans  cjuelques  essais,  et  en  opérant  sur  lo  litres,  que  des 
traces  de  plomb  dans  l'eau  de  la  pharmacie  de  l'hôpital  de  la  Charité. 
Si  danger  il  y  a,  il  me  paraît  bien  minime  à  côté  de  celui  que  présente  un 
autre  emploi  fréquent  du  plomb,  comme  on  va  le  voir  par  les  expériences 
qui  font  l'objet  de  cette  Note,  et  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jnge- 
nient  de  l'Académie. 

»  Quand  on  ajoute  du  jjlomb  avec  de  l'eau  dans  une  fiole  à  médecine, 
on  voit  l'eau  se  troubler  rapidement,  et  bientôt  il  se  forme  un  dépôt  blan- 
châtre qui  n'est  autre  chose  que  du  carbonate  de  plomb  ou  céruse;  en 
même  temps  une  couche  très-légère  de  céruse  se  trouve  fixée  sur  les  parois 
du  vase,  et  y  adhère  tellement  que  l'on  ne  parvient  pas  à  l'enlever  par  des 
lavages  répétés.  Cette  couche  est  visible  quand  on  examine  la  fiole  avec  at- 
tention, et  elle  enlève  au  verre  une  partie  de  sa  transparence.  Vient-on  à 
introduire  dans  la  fiole  quelques  grammes  d'eau  acidulée  par  l'acide  ni- 
trique (5  grammes  pour  looo  d'eau),  de  manière  à  pouvoir  mouiller  les 
parois,  la  couche  disparaît,  le  verre  devient  très-limpide  et  l'on  obtient  une 
dissolution  qui  précipite  en  jaune  par  Tiodure  de  potassium,  en  noir  par 
l'hydrogène  suHiiré,  et  en  blanc  par  l'acide  sulfurique.  Celte  dissolution 
renferme  donc  un  sel  de  plomb. 

»  J'ai  répété  cette  expérience  avec  des  flacons  et  des  bouteilles  en  verre 
de  composition  différente,  verre  blanc,  verre  vert,  verre  bleu,  verre  noir  : 
tous  ces  verres  m'ont  donné  le  même  résultat.  La  quantité  de  plomb  qui 
reste  dans  les  bouteilles  est  très-variable;  toutefois,  dans  mes  expériences, 
elle  ne  m'a  pas  paru  dépasser  i  centigramme  de  plomb  par  litre;  dans 
quelques  essais  de  dosage,  j'ai  obtenu  de  4  à  G  milligrammes. 

»  Je  me  suis  alors  demandé  ce  qui  arrive  quand  on  introduit  dans  des 
bouteilles  rincées  avec  du  plomb  des  liquides  alimentaires  ou  médica- 
menteux capables  de  dissoudre  la  céruse,  et  j'ai  fait  les  expériences  sui- 
vantes : 

»  J'ai  introduit  dans  des  fioles  de  25o  grammes,  passées  au  plomb  : 
1°  du  vin  blanc,  2°  du  vin  rouge,  3°  du  vin  de  quinquina,  4*^  du  vinaigre. 
Au  bout  de  deux  jours  de  contact,  j'ai  filtré  tous  ces  liquides,  et  je  les  ai 
traités  par  l'hydrogène  sulfuré  :  il  s'est  produit  une  coloration  brune  dans 
le  vin  blanc  et  dans  le  vinaigre;  cette  coloration  est  masquée  par  la  matière 
colorante  rouge  dans  le  vin  rouge  et  le  vin  de  quinquina.  J'ai  recueilU  sur 


(  iioi  ) 
de  petits  filtres  le  sulfure  de  plomb  produit,  et,  après  avoir  brûlé  les  filtres, 
j'ai  traité  les  cendres  par  un  peu  d'acide  nitrique  dans  de  petites  capsules 
placées  sur  un  bain  de  sable.  J'ai  évaporé  à  siccité;  l'examen  des  résidus, 
fait  dans  les  capsules  mêmes,  indique  la  présence  d'un  sel  de  plomb.  Une 
goutte  ou  deux  de  solution  d'iodure  de  potassium  (5  grammes  d'iodure 
pour  loo  d'eau)  donne  de  l'iodure  de  plomb  jaune,  et  la  solution  d'acide 
sulfhydrique  produit  une  coloration  noire;  tous  les  liquides  soumis  à  l'ex- 
périence se  sont  donc  chargés  d'une  quantité  notable  de  sel  de  plomb. 

»  Les  faits  que  je  viens  de  rapporter  me  paraissent  offrir  lui  grand  intérêt 
au  point  de  vue  de  l'hygiène.  Tout  le  monde  sait  que  l'on  est  dans  l'usage 
de  nettoyer  avec  du  plomb  les  bouteilles  destinées  à  contenir  des  liquides 
alimentaires  ou  médicamenteux;  et  les  tonneliers,  avant  de  mettre  le  vin 
en  bouteilles,  ont  l'habitude  de  passer  celles-ci  au  plomb  et  de  les  rincer 
ensuite  à  l'eau  une  fois  seulement,  de  sorte  que  les  bouteilles  retiennent 
non  seulement  le  carbonate  de  plomb  adhérent,  mais  encore  celui  qui  peut 
y  rester  par  suite  d'un  lavage  insuffisant;  ce  qui  fait  que  le  vin  dont  on  les 
remplit  se  charge  d'une  quantité  plus  ou  moins  grande  de  sel  de  plomb, 
et  devient  plus  ou  moins  dangereux  pour  la  santé.  Nul  doute  qu'un  pareil 
vin  n'ait,  dans  beaucoup  de  circonstances,  occasionné  des  indispositions 
passagères,  ou  même  des  affectjons  graves,  dont  la  cause  est  restée  inconnue. 
Ne  serait-ce  pas  aussi  à  l'usage  de  ce  vin  plombifère  qu'il  faudrait  attribuer 
la  plupart  de  ces  maladies  aiguës  ou  chroniques  des  organes  de  la  digestion, 
si  fréquentes  dans  les  villes,  où  l'on  boit  généralement  plus  de  vin  en  bou- 
teilles que  dans  les  campagnes.  C'est  aux  médecins  a  le  rechercher. 

»  Puissent  mes  observations  attirer  l'attention  de  l'autorité  chargée  de 
veiller  à  la  santé  publique,  et  l'amener  à  prendre  des  mesures  efficaces  pour 
empêcher,  à  l'avenir,  l'emploi  du  plomb  pour  rincer  les  bouteilles. 

»  Mes  expériences  me  paraissent  présenter  encore  un  autre  genre  d'in- 
térêt; considérées  au  point  de  vue  de  la  médecine  légale,  les  experis 
devront  en  tenir  compte,  lorsque,  dans  un  cas  d'empoisonnement,  ils 
auront  constaté  la  présence  du  plomb  dans  les  organes.  Si  la  quantité  de  • 
plomb  trouvée  par  les  experts  est  très-minime,  il  y  aura  lieu  de  s'en- 
quérir de  la  pureté  des  boissons  alimentaires  ou  médicamenteuses  prises 
avant  la  mort,  ces  boissons  pouvant  contenir  accidentellement  des  sels  de 
plomb. 

»  Enfin  ces  expériences  sont  de  nature  à  expliquer  la  présence  fréquente 
du  plomb  dans  nos  organes,  constatée,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  par  MM.  De- 
vergie  et  Hervy  :  ce  qui  a  porté  ces  deux  chimistes  à  dire  que  le  plomb 


(     1 I02    ) 

existe  à  Vétat  normal  dans  le  corps  de  l'homme,   opinion   partagée  par 
OrEla  (i).  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  présence  et  le  dosnge  du  titane  et  du  vanadium 
dans  les  basaltes  des  environs  de  Clermont-Ferrand.  Note  de  M.  V.  Roussel, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  titane  a  été  reconnu  dans  le  basalte  depuis  très-longtemps;  néan- 
moins, on  ne  s'est  guère  occupé  jusqu'ici  de  rechercher  dans  quelles  pro- 
portions il  peut  s'y  trouver.  Quelques  échantillons  en  renferment  cepen- 
dant assez  pour  qu'il  soit  intéressant  de  s'y  arrêter. 

»  Dans  ses  analyses  et  ses  recherches,  51.  Cordier  a  trouvé  le  titane  dans 
le  basalte  à  l'état  de  fer  titane,  et  M.  Delesse  a  confirmé  cette  indication. 
Enfin,  M.  Richard  Apjohn  a  indiqué  la  teneur  en  acide  titanique  de  deux 
basaltes  d'Italie.  En  étudiant,  sous  ce  point  de  vue,  les  basaltes  des  envi- 
rons de  Clermont-Ferrand,  je  les  ai  trouvés  plus  riches  en  titane  qu'aucun 
de  ceux  qui  avaient  été  analysés  jusqu'ici.  ' 

»  Pour  retirer  le  titane  des  basaltes  à  l'état  d'acide  titanique,  on  peut 
opérer  comme  il  suit.  On  fond  la  matière  pulvérisée  avec  trois  fois  son  poids 
de  carbonate  de  soude;  la  masse  refroidie  est  pulvérisée  et  traitée  par  l'eau 
aiguisée  d'acide  chlorhydrique,  évaporée  à  siccité,  chauffée  pendant  vingt- 
quatre  heures  au  bain-marie,  et  reprise  par  l'eau  acidulée,  puis  filtrée.  La 
silice  éliminée  est,  après  calcinalion,  mise  à  digérer  pendant  douze  ou  dix- 
huit  heures,  à  chaud,  avec  de  l'acide  sulfurique  concentré,  traitée,  après 
refroidissement,  par  une  grande  quantité  d'eau  froide  et  filtrée.  On  répète 
cette  opération,  et  les  liquides  réunis  sont  additionnés  d'ammoniaque  qui 
précipite  l'acide  titanique.  On  le  filtre,  lave  et  calcine  (A).  Le  liquide,  sé- 
paré delà  silice,  renferme  aussi  de  l'acide  titanique.  Pour  l'en  retirer,  on 
le  traite  par  le  sulfate  de  soude,  l'acide  sulfureux  et  l'hyposulfite  de  sonde; 
on  fait  bouillir  vingt  minutes,  et  l'on  sépare  par  filtra tion  le  précipité  formé 
de  soufre,  d'alumine  et  d'acide  titanique.  Le  soufre  est  enlevé  par  une  cal- 
•cination  ménagée,  et  le  reste  est  mélangé  au  précipité  A,  mis  à  digérer  à  chaud 
avec  l'acide  chlorhydrique  pur  et  concentré,  dans  un  tube  fermé  à  la  lampe, 
afin  d'éliminer  l'alumine.  A|)rès  cette  série  d'opérations,  l'acide  titanique 
reste  seul;  il  est  alors  séché  et  pesé. 

))  Les  mêmes  basaltes  renferment  aussi  du  vanadium,  mais  en  proportion 

(i)  Voir  les  observations  faites  par  I\l.  Dumas  au  sujet  de  cette  Note,  aux  Communica- 
tions des  Membres,  p.  io54- 


(   iio3  ) 

beaucoup  plus  faible.  Pour  en  retirer  une  quantité  appréciable  à  la  ba- 
lance, il  est  nécessaire  d'opérer  sur  un  poids  vingt  fois  plus  fort  que  pour  le 
titane. 

»  Le  basalte  est  fondu  avec  le  carbonate  de  soude  et  la  masse  oxydée  par 
un  peu  de  salpêtre.  Après  refroidissement,  la  matière  est  pulvérisée  et  traitée 
par  une  assez  grande  quantité  d'eau  bouillante,  filtrée  et  lavée  parfaitement. 
Le  liquide  est  évaporé,  bouilli  avec  du  carbonate  d'ammoniaque  et  filtré, 
traité  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque  et  laissé  au  repos  pendant  deux  ou 
trois  jours.  Si  la  solution  renferme  du  vanadium,  on  voit  apparaître  à  ce 
moment  la  belle  couleur  rouge  du  sulfure  de  vanadium  en  dissolution  dans 
le  sulfure  alcalin.  On  filtre  et  l'on  verse  dans  la  liqueur  de  l'acide  chlorhy- 
drique  qui  précipite  le  sulfure  de  vanadium  mélangé  de  soufre;  ce  dernier 
disparaît  en  soimiettant  le  mélange  à  une  calcination  modérée;  le  sulfure 
de  vanadium  VS-  est  pesé. 

»  Le  tableau  ci-après  donne,  en  centièmes,  la  teneur  en  titane  et  en  va- 
nadium des  basaltes  d'Auvergne  que  j'ai  étudiés  : 

Titane  Vanadium 

ProTenance  des  basaltes.  pour  loo  parties.       pour  loo  parties. 

Puy-de-Dôme  (col  (le  Ceyssat) i>95i  0,028 

Orcine i  ,792  0,020 

Ternant i  j549  0,012 

Montrodeix i  >45i  0,0 15 

Gergovie 2,3^8  0,011 

Montrognon O)707  0,017 

Montaudoux o,8o5  0,019 

Royat  (près  la  Grotte) 0,731  0,006 

Prudelle i)756  0,011 

Chanturgue 'jSgo  0,008 

»  Je  continue  ces  rechercbes,  et  je  me  réserve  de  comparer,  sous  le  rap- 
port de  leur  teneur  en  titane,  les  coulées  diverses  de  basalte  et  les  diverses 
parties  d'une  même  coulée. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  chimie  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Glermont-Ferrand.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Méthode  de  dosage  du  sucre  au  moyen  du  fer. 
Note  de  M.  Edm.  Riffard,  présentée  par  M.  Balard. 

«  L'acide  tartrique,  l'acide  malique,  l'acide  citrique,  l'albumine,  le 
sucre  possèflent  la  propriété  connue  d'empêcher  la  précipitation  du  fer 
dans  les  liqueurs  alcalines. 


(     MO/,    ) 

I)  Du  fer  peroxyde,  en  dissolution  dans  une  liqueur  acide  ne  contenant 
pas  de  sucre,  est  précipité  aussitôt  que  la  liqueiu-  est  neutralisée  par  l'am- 
moniaque; mais,  si  le  fer  et  le  sucre  se  trouvent  dans  un  certain  rapport 
déterminé  ou  si  le  sucre  est  en  excès,  on  obtient,  après  saturation  par  l'ammo- 
niaque, un  composé  sucro-ferrique  ammoniacal  d'une  belle  couleur  ronge, 
qui  reste  soluble  dans  la  liqueur,  pourvu  qu'elle  ne  contienne  aucun  des 
métaux  alcalino-terreux. 

»  Ayant  étudié,  comme  élève  de  M.  Juette,  la  méthode  de  dosage  de 
l'acide  taririque  qu'il  a  indiquée  le  premier  d'après  ces  principes  et  qui  a 
été  présentée  à  l'Académie,  j'ai  cherché  à  en  faire  l'application  au  dosage 
du  sucre,  et  j'ai  reconnu  que  ce  dernier  participe  exactement  aux  mêmes 
propriétés. 

»  Il  importe  pourtant  d'établir  deux  distinctions,  suivant  l'état  du  fer 
peroxyde  dans  la  solution. 

»  S'il  est  à  cet  état,  encore  imparfaitement  connu,  que  l'on  désigne 
sous  le  nom  de  peroxyde  modifié  et  qu'on  obtient  en  chauffant  pendant 
longtemps  à  loo  degrés  une  solution  neutre  ou  acide  de  perchlornre  de  fer 
cristallisé,  loo  milligrammes  de  fer  exigent  pour  rester  en  dissolution,  en 
présence  de  l'ammoniaque,  2S'",'7ro  de  sucre. 

))  Si,  au  contraire,  on  prépare  la  solution  en  dissolvant  simplement 
dans  l'eau  pure  du  perchlorure  de  fer  cristallisé,  sans  adjonction  d'acide, 
loo  milligrammes  de  fer  n'exigent  que  a^'jSSy  de  sucre  pour  rester  en 
dissolution. 

»  Si  donc  à  cette  solution  on  ajoute  par  loo  milligrammes  de  fer  ■i^'',58'] 
de  sucre  en  toute  quantité  supérieure,  puis  de  l'ammoniaque,  de  manière  à 
rendre  la  liqueur  très-nettement  alcaline,  on  obtient,  après  avoir  agité 
énergiquement,  une  liqueur  rouge  d'une  limpidité  parfaite  et  durable. 

»  Si,  au  contraire,  à  loo  milligrammes  de  fer  on  ajoute  2^'^,5S'j  de 
sucre  ou  une  quantité  inférieure,  puis  de  l'ammoniaque  en  excès,  la 
liqueur,  d'abord  louche,  laisse  promptement  déposer  le  précipité  si  carac- 
téristique de  peroxyde  de  fer. 

»  Le  composé  soluble  qui  se  produit  dans  le  cas  d'une  proporlibn  de 

sucre  égale  ou  supérieure  à  - — ^  persiste  en  présence  de  l'alcool,  de  l'éther; 

mais  il  est  détruit  par  la  chaleur  ou  par  les  sels  calcaires  et  sa  précipitation 
est  activée  par  les  sels  ammoniacaux  ajoutés  en  excès. 

»  Toutefois,  des  expériences  m'ont  démontre  que  l'erreur  qui  résulterait 
de  la  précipitation  produite  dans  les  liqueurs  limpides  par  le  chlorhydrate 
d'ammoniaque  formé  dans  l'essai  est  négligeable. 


(  iio5  ) 
»  Dans  la  pralique,  on  dissoudra  25s'',870  ou  3715', roo,  suivant  l'état  de 
la  solution  ferrique,  du  sucre  à  essayer;  on  ajoutera  quelques  gouttes 
d'oxalate  d'ammoniaque  pour  précipiter  la  chaux;  ou  filtrera  et  l'on  com- 
plétera un  volume  de  aSo  centimètres  cubes;  on  prélèvera  aS  centimètres 
cubes,  et,  suivant  le  nombre  n  de  centièmes  de  sucre  pur  renfermé  dans 
l'échantillon,  ou  pourra  ajouter  n  centièmes  de  fer,  qui  resteront  dissous. 
»  On  arrivera  donc  à  avoir,  dans  deux  essais,  des  résultats  différents, 
savoir  : 

Avec  71  milligraTiinies  de  fer,     solution  limpide, 
Avec  /î  +  I,  précipité, 

ti  étant  le  nombre  de  centièmes  de  sucre  que  contient  l'échantillon. 

»  L'action  du  sucre  interverti  est  plus  forte  que  celle  du  sucre  cristalli- 
sable.  11  suffit  de  0^%'iS']  de  sucre  cristallisable  interverti  par  l'acide  chior- 
hydrique  pour  maintenir  en  dissolution  100  milligrammes  de  fer  à  l'état  de 
peroxyde  modifié. 

»  Or,  comme  certains  sucres,  exotiques  principalement,  renferment  du 
sucre  interverti  qui  peut  fausser  les  résultais,  j'évite  complètement  cette 
cause  d'erreur  en  agitant  à  froid  le  sucre  à  essayer  avec  de  l'alcool  à  gS  de- 
grés et  filtrant  la  liqueur.  Le  sucre  interverti  et  quelques  substances  orga- 
niques acides  passent  en  dissolution,  tandis  que  le  sucre  reste  indissous. 

»  Le  procédé  que  je  viens  d'indiquer,  et  que  j'ai  appliqué  bien  souvent 
aux  nombreuses  analyses  de  sucre  qu'il  m'a  été  donné  d'effectuer,  m'a 
toujours  fourni  des  résultats  identiques  à  ceux  du  saccharimètre;  il  peut 
remplacer  avantageusement  cet  instrument  et  pourrait,  je  crois,  être  mis 
sans  difficulté  entre  les  mains  des  employés  de  la  régie  pour  la  perception 
de  l'impôt  sur  les  sucres.  » 

HISTOLOGIE.  —  Quelques  faits  relatifs  au  développement  du  tissu  osseux. 
Note  de  M.  L.  Rawier,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

(c  Depuis  le  remarquable  travail  de  II.  Mûller  (i)  sur  le  développement 
du  tissu  osseux,  travail  qui  a  ouvert  pour  l'histogenèse  luie  voie  entière- 
ment nouvelle,  lui  très-grand  nombre  d'histologistes  se  sont  occupés  de  la 
même  question.  Ce  serait  sortir  des  limites  de  cette  Note  que  de  reprendre 
tous  ces  travaux.  Mou  intention  est  de  donner  simplement  ici  les  princi- 

(i)   H.  MiiLLEB,  in  Zcitschrifc  fur  IFisscnscIi.  Zoologie,  t.  IX,  p.  1/(7. 

C.R,,  187.3,  '1^  Semestre.  (T.  LXXVU,  K"  J9.)  l'I'^ 


(   iio6  ) 

paux  résultats  de  recherches  que  j'ai  commencées  il  y  a  dix  ans  et  que  j'ai 
presque  constamment  poursuivies  depuis  cette  époque. 

»  Je  ne  m'occuperai  que  des  os  en  voie  de  croissance  et  développés  aux 
dépens  des  masses  cartilagineuses  du  squelette  primitif.  Pour  les  étudier, 
je  me  suis  arrêté  à  la  méthode  suivante  :  des  os  d'embryon,  séparés  des 
parties  molles  qui  les  entourent,  leur  périoste  étant  soigneusement  con- 
servé, sont  placés  dans  de  l'alcool  absolu  pendant  vingt-quatre  heures, 
puis  dans  une  solution  saturée  d'acide  picrique.  Lorsque,  sous  l'influence 
de  ce  dernier  réactif,  les  sels  calcaires  sont  complètement  dissous,  ce  dont 
on  juge  à  la  flexibilité  de  l'os,  celui-ci  est  plongé  dans  une  solution  siru- 
peuse de  gomme  arabique  pendant  quarante-huit  heures,  ensuite  dans  de 
l'alcool  à  4o  degrés.  Après  l'action  de  ces  divers  réactifs,  le  cartilage,  la 
substance  osseuse,  la  moelle  et  le  périoste  ont  acquis  nue  même  consis- 
tance, et  il  est  alors  facile  de  pratiquer  des  coupes  régulières  dans  des  di- 
rections déterminées.  Ces  coupes  sont  mises  pendant  vingt-quatre  heures, 
ou  plus,  dans  l'eau  distillée,  qui  dissotit  la  gomme;  après  cela,  elles  sont 
colorées  avec  le  picrocarminate  d'ammoniaque  et  montées  dans  la  glycé- 
rine, pour  en  faire  des  préparations  persistantes.  On  peut  traiter  de  la 
même  façon  des  os  dont  le  système  vasculaire  a  été  préalablement  injecté 
avec  le  bleu  de  Prusse  liquide.  Ces  diverses  préparations  montrent  des  dé- 
tails de  structure  extrêmement  délicats,  que  l'on  ne  voit  aussi  bien  par 
aucun  des  procédés  antérieurement  mis  en  usage.  Au  moment  où  je  rédige 
cette  Note,  j'ai  sous  les  yeux  un  grand  nombre  de  ces  préparations. 

»  Je  laisse  de  côté  le  dépôt  de  sels  calcaires,  précédé  d'un  agrandisse- 
ment et  d'un  arrangement  spécial  des  cellules  de  cartilage,  qui  caractéri- 
sent l'apparition  du  point  d'ossification.  Je  suppose  connue  la  disposition 
du  cartilage  d'ossification,  et  je  passe  de  suite  à  l'observation  de  la  ligne  qui 
sépare  l'os  en  voie  de  développement  de  son  cartilage  primitif.  Cette  ligne  est 
généralement  droite.  Lecartilagefinitbrusquement;  commence  alorsuntissu 
alvéolaire,  dont  les  travées  sont  formées  par  la  substance  cartilagineuse  in- 
filtrée de  sels  calcaires,  et  dont  les  alvéoles  correspondent  aux  capsules 
primitives.  Ces  alvéoles  présentent  de  nombreuses  communications  et 
constituent  un  système  caverneux,  continu,  renfermant  des  vaisseaux  san- 
guins et  de  la  moelle  embryonnaire.  Sur  des  préparations  injectées  et  bien 
réussies,  les  premiers  alvéoles,  c'est-à-dire  ceux  qui  font  suite  au  cartilage, 
présentent  chacun  une  anse  vasculaire  dont  la  convexité  est  en  rap|)ort 
direct  avec  une  capsule  secondaire  destinée  à  disparaître  bientôt.  Je  pense 
que  la  résorption  de  cette  capsule,  qui  va  mettre  la  cellule  en  liberté  et 


(  'lo?  ) 
concourir  à  l'agrandissement  de  l'alvéole,  est  sous  la  dépendance  de  l'ac- 
croissement du  vaisseau  capillaire  disposé  en  anse.  J'ai  trouvé  souvent  chez 
de  jeunes  embryons  d'Homme,  de  Chien,  de  Bœuf,  de  Mouton  et  de  Lapin, 
sur  les  lignes  d'ossification  du  fémur,  du  tibia,  de  l'humérus  et  d'autres  os 
longs,  des  anses  capillaires  terminales,  dilatées  à  un  degré  tel,  que  l'alvéole 
en  était  rempli  et  paraissait  plein  de  globules  rouges  du  sang.  Déjà  Lovin  (i) 
a  soutenu  que,  dans  le  processus  de  l'ossification,  les  vaisseaux  jouent  le 
rôle  le  plus  important  et  qu'ils  apportent  avec  eux  non-seulement  les  ma- 
tériaux nutritifs,  mais  encore  les  éléments  cellulaires  de  la  moelle. 

))  Je  passe  sous  silence  les  phénomènes  qui  se  montrent  dans  les  alvéoles 
médullaires,  lors  de  la  formation  des  corpuscules  osseux  et  de  la  substance 
osseuse.  Je  dois  indiquer  seulement  que,  dans  l'os  développé  aux  dépens  du 
cartilage,  on  retrouve  toujours  des  vestiges  de  la  substance  cartilagineuse 
sous  la  forme  de  petites  masses  triangulaires  ou  quadrangulaires  dont  les 
cùtés  courbes  se  regardent  par  leur  convexité.  Sur  des  préparations  teintes 
au  carmin,  ces  figures  sont  incolores,  tandis  que  la  substance  osseuse  est 
colorée.  Elles  se  colorent  en  violet  foncé  par  le  bleu  de  quinoléine,  en  bleu 
par  le  bleu  d'aniline,  et  en  violet  par  l'hématoxyline.  C'est  M.  Rolliker 
qui  m'a  montré  dernièrement  l'action  de  l'hématoxyline  sur  les  os  em- 
bryonnaires, et  il  m'a  offert  des  préparations  démonstratives,  mais  infé- 
rieures, même  à  ce  point  de  vue,  à  celles  que  l'on  obtient  par  les  autres  pro- 
cédés. 

»  Ce  queje  viens  d'exposer  établit  qu'il  est  toujours  facile  de  reconnaître 
les  portions  d'un  os,  développées  directement  aux  dépens  du  tissu  cartilagi- 
neux, de  celles  qui  se  forment  à  la  surface  de  l'os.  Ces  dernières  sont  celles 
qui  présentent  le  plus  grand  intérêt,  surtout  depuis  les  expériences  si  jus- 
tement estimées  de  mon  savant  ami  M.  Ollier  :  aussi  ont-elles  particulière- 
ment attiré  mon  attention. 

))  Sur  une  coupe  longitudinale  bien  réussie  d'un  os  long  d'un  embryon 
de  Mammifère,  passant  par  l'axe  de  l'os  et  comprenant  le  cartilage  épi- 
physaire,  le  périoste  et  l'os  proprement  dit,  il  est  facile  de  voir  la  limite 
entre  l'os  périosliqiie  et  l'os  cartilagineux.  Ce  dernier  occupe  le  centre  et 
rappelle  la  coupe  longitudinale  d'un  sablier.  L'os  périostique  forme  de 
chaque  côté  une  figure  semilunaire.  H  serait  possible  de  représenter  l'os, 
à  cette  période  de  développement,  par  un  schéma  ainsi  compris  :  un  sablier 
figurant  l'os  cartilagineux  est  placé  debout  dans  un  vase  cylindrique  re- 

[i)  Studier  och  Undersokninger  ofver  Benvnfnaden,  Stockholm,  i863. 

i43.. 


(  iio8  ) 

présentant  le  périoste  ;  l'espace  compris  entre  eux  correspondrait  à  l'os  pé- 
riostique.  Celte  forme  ne  se  montre  pas  dans  toutes  les  phases  de  la  crois- 
sance d'un  os  long;  mais  elle  existe  toujours  à  une  certaine  période  du 
développement,  et  je  la  choisis  entre  les  autres  parce  qu'elle  est  la  plus 
essentielle. 

»  Si  nous  considérons  maintenant  la  ligne  d'ossification  qui  établit  la 
limite  de  l'os  et  du  cartilage,  nous  observerons,  aux  extrémités  de  cette 
ligne,  une  encoche  creusée  dans  le  cartilage.  Il  est  clair  que  cette  encoche 
correspond,  sur  l'os  considéré  dans  son  entier,  à  une  rainure  circulaire. 
C'est  sur  cette  encoche,  encoche  d'ossification,  que  je  désire  surtout  attirer 
l'attention,  parce  qu'on  }'  observe  des  détails  de  structure  dont  on  ne  jjcut 
méconnaître  l'importance  au  point  de  vue  de  la  formation  de  l'os.  De  la 
voûte  de  l'encoche  d'ossification  partent  des  fibres  qui,  à  leur  origine,  se 
confondent  avec  la  substance  fondamentale  du  cartilage,  s'incurvent  du 
côté  de  l'os  embryonnaire  et  y  pénétrent. 

»  Le  vénérable  M.  Sharpey  (r)  a  observé,  il  y  a  déjà  longtemps,  dans 
les  os  complètement  développés,  des  fibres  spéciales  qui  portent  son  nom. 
Il  n'est  pas  douteux  que  les  fibres  dont  je  viens  de  parler  deviendront  des 
fibres  de  Sharpey  ;  mais  elles  ne  peuvent  être  encore  considérées  comme 
telles  :  aussi  les  appel lerai-je^J/^/es  arciformes.  Il  convient  d'étudier  les  fibres 
arciformes  chez  les  embryons  de  Mouton,  parce  qu'elles  s'y  montrent  avec 
une  grande  netteté.  Elles  existent  cependant  chez  tous  les  autres  mammi- 
lères  que  j'ai  étudiés  à  cet  effet.  Dès  qu'elles  ont  dépassé  la  limite  du  car- 
tilage, ces  fibres  sont  séparées  les  unes  des  autres  par  des  cellules  arrondies 
ou  légèrement  polyédriques,  disposées  en  traînées.  Ces  cellules  me  sem- 
blent provenir  des  cellules  du  cartilage,  devenues  libres  après  la  dispari- 
tion de  leurs  capsules.  Une  série  d'éléments  intermédiaires,  dont  on  ne 
pourrait  donner  une  idée  que  par  des  dessins,  viennent  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir.  Ces  cellules,  nées  dans  le  cartilage  et  placées  entre  les 
fibres  arciformes,  prennent  peu  à  peu  les  caractères  des  cellules  que 
M.  Gegenbaur  (2)  a  appelées  ostéoblastcs.  C'est  sous  cette  forme  qu'on  les 
observe  le  long  des  fibres  arciformes,  lorsque  ces  dernières  pénètrent  dans 
l'os  embryonnaire,  ou  plutôt  lorsqu'elles  se  recouvrent  de  substance  os- 
seuse pour  constituer  les  premières  travées  sous-périostiques  de  l'os. 

»    Les  fibres  arciformes  sont  des  fibres  directrices  de  l'ossification;  on 

(i)  SnARPEV,  in  Quain's  Anatomy,  1867,  t.  I,  p.  gS. 

(2)  Gegenbaur,  in  Jciinisclie  Zcitschrifl  fiir  Medicin,  p.  343;  1864. 


(  iiog  ) 
les  retrouve  dans  l'intérieur  de  l'os  et  sur  des  coupes  transversales  de 
celui-ci;  elles  se  montrent,  dans  les  systèmes  de  lamelles  intermédiaires, 
sous  la  forme  de  petits  cercles  ponctués.  Sur  la  face  externe  du  cartilage 
comprise  dans  l'encoche,  et  en  deçà  de  la  ligne  d'ossification,  il  se  forme 
une  première  lame  osseuse  que  j'appelle  écorce  osseuse  périchondrale.  Celle-ci 
établira  plus  tard  la  limite  entre  l'os  cartilagineux  et  l'os  périoslicpie. 

»  Je  ne  puis  entrer  ici  dans  de  plus  grands  détails,  bien  qu'il  me  reste 
beaucoup  à  dire  sur  les  rapports  des  fibres  arciformes  avec  le  périoste,  les 
ligaments  et  les  tendons  :  j'en  ferai  le  sujet  d'un  travail  plus  étendu.  J'ajou- 
terai seulement  que  les  os  des  Grenouilles,  qui  sont  si  rudimenlaires,  puis- 
qu'ils sont  constitués  par  un  simple  système  de  Havers,  présentent  une 
disposition  vraiment  démonstrative  de  l'encoche  d'ossification.  Le  carti- 
lage primitif  se  transforme  directement  en  tissu  médidlaire,  et  le  cylindre 
osseux  est  entièrement  formé  par  l'encoche  d'ossification. 

»  Les  faits  consignés  dans  cette  Note  ont  été  observés  dans  le  labora- 
toire d'Histologie  du  Collège  de  France  et  ont  déjà  été  exposés  aux  per- 
sonnes qui  y  ont  suivi  mes  conférences.   » 

ENTOMOLOGIE.  —  Sur  les  Pemphigus  du  Pistacia  Terebinthus,  compctre's 
au  Phylloxéra  quercùs.  Note  de  M.  Derbès,  présentée  par  M.  Milne 
Edwards. 

«  Un  travail  de  M.  Balbiani,  inséré  dans  les  Comptes  rendus,  séances  des 
i3et  20  octobre  de  cette  année,  contient  des  faits  sur  la  manière  dont  se 
reproduisent  les  Phylloxéras  du  chêne,  lesquels,  outre  l'intérêt  qu'ils  pré- 
sentent par  eux-mêmes,  sont  d'une  importance  incontestable,  puisqu'ils 
contribueront  à  jeter  du  jour  sur  les  diverses  phases  de  l'existence  du 
redoutable  destructeur  de  nos  vignobles.  Parmi  ces  faits,  dont  je  ne  mets 
pas  en  doute  l'exactitude,  qu'il  me  soit  permis  de  citer  une  petite  omission, 
que  je  regrette  d'avoir  à  relever,  parce  qu'elle  me  regarde. 

»  M.  Balbiani,  après  avoir  mentionné  ses  observations,  se  demande 
s'il  existe  dans  les  archives  de  la  Science  des  faits  analogues  à  ceux  qu'il 
vient  d'exposer,  et  il  cite  V Ascaris  nigrnvenosa,  le  Leptodera  appendiculata, 
et  certains  Rotateurs,  tels  que  les  Brachionus,  chez  lesquels  la  reproduction 
offre  des  anomalies  qui  ont  quelques  rapports  avec  celles  qu'il  a  constatées 
chez  le  Phylloxéra  quercùs.  Il  aurait  pu  trouver  dans  le  volume  même  des 
ylnnales  des  Sciences  naturelles  qui  renferme  une  portion  de  son  intéressant 
Mémoire  sur  la  Génération  des  Aplùdes  (t.  XV,  octobre  1871,  art.  8,  p.  3 


(    "10    ) 

et  suiv.)  (les  faits  qui  se  rapprochent  bien  pins  de  ceux  qu'il  a  observés,  et 
qui  ont  trait  à  des  animaux  qui  ont  une  affinité  très-granrle  avec  le  Phyl- 
loxéra, les  Pemphigus,  Aphidiens  qui  vivent  sur  le  Térébinthe. 

»  En  effet,  chez  ceux-ci,  on  observe  une  similitude  presque  complète  avec 
ce  qui  se  passe  chez  le  Phylloxéra  querciis:  un  premier  individu,  issu  d'un 
œuf,  produit  sans  fécondation,  dans  une  galle,  une  première  génération 
qui  demeure  aptère,  laquelle  en  enfante  de  la  même  manière  une  seconde, 
qui  prend  des  ailes;  celle-ci  abandonne  l'arbre  où  elle  a  vécu  jusque-là  et, 
toujours  sans  fécondation  sexuelle,  produit  des  individus  de  troisième 
génération,  qui  probablement,  après  avoir  passé  l'hiver  en  lui  lieu  qu'il 
reste  encore  à  trouver,  reviennent  au  printemps  avec  des  ailes  sur  les 
branches  du  Térébinthe,  où  ils  déposent  chacun  une  progéniture  se  com- 
posant de  petits  individus,  les  uns  mâles,  les  autres  femelles.  Ceux-ci  com- 
posent la  quatrième  génération,  s'accouplent  et  n'ont  d'autres  distinction 
que  celle  de  donner  une  nouvelle  impulsion  à  la  vie  par  la  fécondation. 
C'est  leur  rôle  essentiel,  ou  mieux  leur  rôle  unique  :  aussi  sont-ils  dépourvus 
de  tout  organe  qui  leur  servirait  à  la  préhension  des  aliments;  ils  n'en  ont 
pas  besoin  pour  l'accomplissement  de  la  fonction  qui  leur  est  dévolue  et 
qu'ils  rempliront  dans  un  temps  très-court. 

»  Les  principales  différences  qui  existent  entre  les  Phylloxéra  et  les  Pem- 
pliigits  consistent  en  ce  que,  dans  ceux-là,  les  individus  qui  produisent  les 
mâles  et  les  femelles  sont  de  deux  sortes,  les  uns  munis,  les  autres  dépourvus 
d'ailes,  tandis  que  chez  ceux-ci,  ces  individus  sont  tous  doués  de  ce  moyen 
de  locomotion  ;  en  ce  que,  chez  les  Pemphigus^  l'œuf  unique  reste  dans  la 
femelle,  dont  la  j)eau  durcie  lui  sert  d'enveloppe;  de  cette  sorte  de  Icyste  sort 
un  individu  qu'on  peut  appeler  de  cinquième  génération,  qui  recommence 
le  cycle  des  reproductions;  et  ensuite  en  ce  que  M.  Balbiani  n'a  remarqué 
ou  du  moins  n'a  cité  aucune  différence  entre  les  diverses  générations,  si  ce 
n'est  l'absence  ou  la  présence  des  ailes,  tandis  que,  chez  les  PemphUjus^  les 
cinq  générations,  qui  se  succèdent  dans  un  ordre  parfaitement  déterminé, 
ont  des  formes  diverses,  qui  pourraient  les  faire  prendre  pour  autant  d'es- 
pèces différentes;  à  quoi  l'on  peut  ajouter  encore  quelesdiversesgénérations 
de  Pemphiijus,  excepté  la  dernière,  se  composent  d'individus  tous  produits 
vivants,  tandis  que,  chez  les  Phylloxéras,  toujours  ils  sortent  d'un  œuf 
pondu;  mais  il  faut  convenir  que  les  ressemblances  sont  plus  importantes 
que  les  différences.   » 

«   M.  MiLNE  Edwards,  en  présentant  la  Note  précédente,  ajoute  que 


(  "■•  ) 

M.  Balbiani  ne  manquera  pas  de  citer  les  observations  intéressantes  de 
M.  Derbès  dans  le  Mémoire  sur  le  Phylloxéra  du  chêne,  dont  un  extrait 
a  été  publié  dans  les  Comptes  rendus,  mais  qu'il  y  a,  entre  ce  dernier  in- 
secte et  les  pucerons  des  différences  considérables  dans  le  mode  de  re- 
production, l'un  étant  toujours  ovipare,  l'autre  tantôt  vivipare,  tantôt  ovi- 
pare. Or  les  Pemphirjus  sonl  des  pucerons,  m 

ZOOLOGIE.  —  Sur  un  nouveau  genre  de  Lémurien  fossUc,  récemment  découvert 
dans  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  du  Querc/.  Note  de  M.  II.  Filhol, 
présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  M.  Delfortrie,  dans  une  Communication  qii'il  adressait,  il  y  a  quelques 
mois,  à  l'Académie  (i),  annonçait  la  découverte,  dans  les  gisements  tertiaires 
de  phosphate  do  chaux  du  Qnercy,  d'ini  Lémurien  fossile  qu'il  désignait 
par  le  nom  de  Palœolemur  Betillei.  C'était  le  premier  Lémurien  fossile 
connu,  ou  du  moins  c'était  le  premier  dont  la  détermination  exacte  était 
établie;  car  plusieurs  dents  d'animaux  dece  groupe  avaient  été  trouvées  dans 
d'autres  gisements  et  rapportées  à  tort  à  des  Herbivores. 

»  J'ai  reçu,  ces  jours  derniers,  de  M.  Marlignac  de  Saint-Antonin,  un 
crâne  de  Lémurien  différent  de  celui  que  M.  Delfortrie  avait  décrit,  et  con- 
stituant un  genre  nouveau. 

»  Sa  taille  est  inférieure  de  beaucoup  à  celle  du  Palœolemur  Betillei^  et 
peut  être  comparée  à  celle  du  Galago  du  Sénégal  [Galago  senegalensis).  Les 
orbites  sont  grandes  et  indiquent  un  animal  nocturne.  Pourtant  nous  sa- 
vons, par  l'exemple  des  Perodicticus,  qui  sont  les  animaux  les  plus  essen- 
tiellement nocturnes  que  nous  connaissions,  que  les  orbites  sont  loin  de 
prendre  toujours  un  développement  aussi  grand  et  de  devenir  par  cela 
même  caractéristiques. 

»  L'espace  inlerorbitaire  est  assez  considérable  et  par  cela  très-différent 
de  ce  qu'il  est  chez  les  Loris.  Les  crêtes  temporales  viennent  se  réunira  la 
partie  postérieure  du  front,  tandis  que  dans  les  Nycticèbes  elles  se  portent 
directement  en  arrière  sans  se  réunir. 

»  Si  l'on  examine  la  dentition,  on  remarque  que  les  dents  sont  beau- 
coup moins  aiguës  que  dans  les  Loris,  et  que  la  première  prémolaire  de  la 
mâchoire  supérieure  est  beaucoup  moins  développée. 

»   C'est  avec  les  Galagos  que  la  nouvelle  espèce  que  je  décris  présente  le 

(l)   Comptes   tendus,   t.  LXXVII,  p.  64. 


(    "»2    ) 

plus  de  ressemblance,  par  la  forme  de  ses  molaires,  par  la  courbe  du  bord 
dentaire  supérieur.  Mais,  chez  les  Galagos,  il  existe  entre  la  première  et  la 
deuxième  prémolaire  supérieure  une  sorte  de  barre  que  l'on  ne  retrouve 
pas  chez  le  Lémurien  des  phosphorites.  D'autre  part,  la  première  prémo- 
laire supérieure  chez  les  Galagos  est  très-forte  et  a  un  aspect  caniniforme 
qu'elle  ne  possède  pas  chez  le  Lémurien  dont  je  j)arle. 

»  La  forme  du  maxillaire  inférieur  est  celle  du  maxillaire  inférieiu'  du 
Galago,  et  les  caisses  lympauiques  ont  le  même  développement. 

»  En  résumé,  c'est  de  ce  genre  que  l'animal  trouvé  dans  les  phosphates  de 
chaux  est  le  plus  voisin,  bien  qu'il  présente  quelques  affinités  avec  les 
Loris.  J'indique  brièvement  dans  cette  Note  les  caractères  spécifiques,  sur 
lesquels  je  reviendrai  avec  plus  de  détails  dans  un  Mémoire  qui  paraîtra 
dans  le  prochain  numéro  des  Annales  des  Sciences  géologiques,  et  je  propose 
de  désigner  ce  Lémurien  par  le  nom  de  Necrolemiir  anliquus.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  De  Vinjluence  exercée  par  ta  Lune  sur  les  phénomènes 
météorologiques.  Note  de  M.  E.  Marchand. 

«  La  doctrine  de  l'influence  exercée  par  la  Lune  sur  les  changements  de 
temps,  professée  au  siècle  dernier  par  Joseph  ïoaldo  Vicentin,  n'est  point 
admise  aujourd'hui  dans  la  Science,  dépendant  l'expérience  montre  que 
les  derniers  jours  de  la  seconde  lunaison  qui  succède  à  l'équinoxe  du  prin- 
temps, ceux  qui  sont  voisins  ou  témoins  de  la  fête  de  l'Ascension,  sont  bien 
souvent  plus  atteints  par  les  orages  et  les  grêles  que  ceux  qui  les  précèdent 
ou  les  suivent.  Cette  observation,  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  bien  des 
fois,  avait  fait  naître  des  doutes  dans  mon  esprit  ;  elle  m'a  conduit  à  essayer 
de  chercher  la  vérité,  en  procédant  au  dépouillement  des  registres  sur 
lesquels  j'ai  consigné  les  résultats  des  observations  auxquelles  je  me  suis 
livré,  sans  interruption,  dans  la  période  des  vingt  années  écoulées  du  i"jan- 
vier  i853  au  3i  décembre  iS'ji.  Je  suis  arrivé  ainsi  à  quelques  conclusions 
qui  me  paraissent  dignes  d'attirer  l'attention  de  l'Académie. 

»  Mes  éludes  ayant  porté  d'abord  sur  le  mode  de  distribution  des 
orages,  je  n'ai  pas  tardé  à  me  trouver  en  présence  de  faits  tellement  signi- 
ficatifs, qu'ils  m'ont  conduit  à  rechercher  sur  les  registres  de  l'Observatoire 
de  Paris  si  j'en  trouverais  la  confirmation.  Grâce  à  la  bienveillance  de 
M.  Delaunay,  j'ai  pu  me  livrera  un  travail  qui  m'a  mis  à  même  de  relever 
1081  orages,  sur  lesquels  io/i4  ont  trouvé  leur  répartition  normale,  entre 
tous  les  jours  pendant  lesquels  ils  avaient  éclaté,  durant  les  six  lunaisons 


(  in3  ) 
qui  succèdent  à  l'équinoxe  du  printemps.  En  agissant  ainsi,  j'ai  obtenu  la 
justification  des  déductions  auxquelles  mes  observations  antérieures  m'a- 
vaient conduit,  et,  de  l'ensemble  des  faits  que  j'ai  recueillis,  il  résulte  que, 
dans  le  pays  compris  entre  Paris  et  la  Manche  (qui  baigne  la  ville  de  Fé- 
camp),  l'apparition  des  orages  est  en  rapport  bien  appréciable  avec  l'âge 
de  la  Lune. 

»  Ainsi,  de  la  distribution  des  io44  orages  ci-dessus  indiqués  et  déve- 
loppés durant  le  printemps  et  l'été  des  années  1785  à  1872,  il  résulte  que 
les  probabilités  de  l'apparition  du  phénomène  sont  grandes  les  dixième, 
quatorzième  et  quinzième  jours  de  la  Lune,  mais  surtout  le  dixième; 
qu'elles  sont  appréciables  le  dix-huitième;  qu'elles  s'accenluent  le  vingt  et 
unième,  pour  décroître  dès  le  vingt-deuxième,  et  enfin  qu'elles  reprennent 
une  importance  très-marquée  dans  les  trois  jours  qui  précèdent  ou  qui 
suivent  la  néoménie.  Eu  revanche,  ces  probabilités  descendent  à  leur  mi- 
nimum le  vingtième  et  le  vingt-quatrième  jour,  mais  surtout  le  sixième. 

»  Ces  résultats,  déduits  de  la  répartition  méthodique  des  orages  entre 
tous  les  jours  des  six  lunaisons,  condensés  en  une  seule  série  moyenne, 
sont  trop  généraux.  Ils  prennent  un  caractère  plus  particulier  et  mieux 
défini  quand  on  étudie  spécialement  dans  chaque  mois  lunaire  le  mode 
de  distribution  des  phénomènes  qui  lui  sont  afférents.  On  trouve  alors  que, 
si  des  orages  éclatent  à  tous  les  âges  de  la  Lune,  les  chances  de  leur  appa- 
rition se  présentent  plus  particulièrement,  pendant  chaque  lunaison,  aux 
dates  qui  vont  être  indiquées,  surtout  si  ces  dates  correspondent  elles- 
mêmes  à  des  dates  critiques  du  calendrier  grégorien;  car  il  est  plusieurs  de 
ces  dates  qui  sont  affectées  plutôt  que  d'autres  par  le  phénomène,  ainsi  que 
je  l'établirai  dans  un  Mémoire  spécial. 

»  Voici  les  dates  critiques  de  chaque  lunaison  : 

i"  lunaison 2                  »  i4                   21                   27 

2^       »         2,3,4             ^  '4) '5                »                   28 

3'       »         2,3  9)'o  i3,i4               18                 26 

4'       »         1)2,3            10  »  21,22  28,29 

5"^       »         1,2              !o  i5,i6                2  27,28 

6'       »         1,2  9  >  '  o  14  20,21               26 

»  La  constance  avec  laquelle  se  représentent  les  dates  du  2,  du  10,  du  i4, 
du  21  et  celles  voisines  du  28,  est  fort  singulière.  Je  ne  saurais  trop  insister 
pour  la  faire  remarquer. 

»  En  présence  de  ces  résultats,  qui  mettent  si  bien  en  évidence  la  liaison 
qui  existe  entre  l'âge  de  la  Lune  et  les  phénomènes  dont  le  tonnerre  est  la 

C.  R.,  i8i3,  2-  Semestre.  (T.  LXX.VII,  N°  19.)  '44 


(  >"/i  ) 
manifestation  bruyante,  je  n'ai  pas  hésité  à  m'imposer  la  fastidieuse  tâche 
de  rechercher  l'influence  que  notre  satellite  peut  exercer  encore  sur  la 
marche  du  thermomètre  et  du  baromètre,  sur  l'état  du  ciel  et  sur  la  dis- 
tribution des  pluies.  En  accomplissant  ce  travail,  je  suis  arrivé  à  trouver  les 
chiffres  qui,  déduits  des  vingt  années  complètes  d'observations,  sont  repro- 
duits dans  le  tableau  suivant  :  ils  font  voir,  ce  me  semble,  que,  pour  être 
bien  peu  sensible,  l'influence  exercée  par  la  Lune  sur  notre  atmosphère 
et  sur  les  phénomènes  qui  s'y  accomplissent  n'est  cependant  pas  contes- 
table. 


phénomènes  observés. 


Tempérât,  diurne,  moyenne. 
Pression    barométr.    diurne, 

moyenne 

État  du  ciel:  nébulos.  diurne, 

moyenne 

Total  observé   j  de  pluie... 
des  jours...    j  d'orage.... 


liTAT    DE    LA    LUNE 


ENTRE    LES    QUADRATUEES 


da  dernier 

quartier 
au  premier 
^aslre  obscur;, 


mm 
760, 170 

0,587 
2008 


du  premier 

quartier 

au  dernier 

(astre  éclairé^ 


mm 

759,668 

o.SgS 
.867 


Différences 
en  faveur 

de  la  phase 
obscure. 


o,oo4 

mm 
G ,  5o'3 


16 


ENTRE   LES  SYZ\CIES 


pendant 

les 

i5 jours 

du  croissant. 


9t93ï 

mm 
760,071 

0,583 

1903 

i65 


pendant 

les 

i5 jours 

du  décours. 


mm 

759^767 

o ,  Go'i 

1972 

.75 


Différences 

en  faTeur 

de 

la  deuiiième 
quinzaine. 


0 
0,070 

mm 
o,3o^ 


0,019 
69 

10 


»  Ainsi,  pendant  les  quinze  jours  qui  séparent  le  premier  quartier  du 
dernier,  la  température  diurne  est,  en  moyenne,  de  o°,oo4  plus  faible  qu'elle 
ne  l'est  pendant  les  quinze  jours  suivants.  Pendant  ceux-ci,  la  pression  at- 
mosphérique est  plus  intense,  et,  si  la  puissance  de  la  nébulosité  y  est  un 
peu  moins  prononcée,  le  nombre  des  jours  de  pluies,  comme  celui  des 
orages,  y  devient  prépondérant.  Sous  ce  rapport,  les  huit  derniers  jours 
de  la  Lune  qui  finit  et  les  sept  ou  huit  premiers  de  celle  qui  lui  succède 
voient  s'aggraver  d'ini  treizième  la  valeur  pluviogénique  de  la  période  qu'ils 
représentent,  comparée  à  la  même  valeur  des  quinze  jours  précédents  ou 
suivants,  comme  ils  voient  s'augmenter  d'un  dixième  les  chances  d'appari- 
tion des  orages. 

T  »  En  outre,  pendant  le  décours,  entre  les  syzygies,  tous  les  phénomènes 
météorologiques  s'accentuent  plus  énergiquement  :  la  température  s'élève, 
pour  la  moyenne  diurne,  de  0^,07,  et,  conséquence  immédiate,  la  pression 
de  l'air  diminue,  le  ciel  s'obscurcit  davantage,  quoique  bien  peu,  tandis  que 


Nébulosité. 

Pluies. 

Orages. 

0,583 

.34 

i3 

0,590 

137 

8 

o,55o 

118 

14 

o,58o 

i33 

7 

0,587 

120 

9 

0,620 

,4. 

i3 

0,597 

i33 

1 1 

0,595 

.45 

>4 

(  i"5  ) 
le  nombre  des  jours  de  pluies  et  celui  des  orages  deviennent  plus  consi- 
dérables. 

»  Tous  les  résultats  obtenus  peuvent  encore  être  groupés  de  la  façon 
suivante  : 

Températures         Hauteurs 
diurnes.        du  baromètre, 
o  mm 

Nouvelle  lune 9,94  759,86 

Premier  octant ....  QjQo  60, 12 

Premier  quartier.  .  .  9,98  60, 45 

Deuxième  octant. . .  9» 85  60, 35 

Pleine  lune 9; 94  ^9,43 

Troisième  octant.  .  .  9,96  59, 1 1 

Dernier  quartier.  .  .  10, 16  59,89 

Quatrième  octant. .  .  10,09  60, 35 

»  Je  ne  discuterai  pas  ici  ces  nouveaux  renseignements;  je  me  borne  à 
les  exposer.  Cependant  si,  à  l'imitation  de  Bouvard  étudiant  les  chiffres  ré- 
duits des  observations  de  Flaugergues,  j'établis  une  comparaison  entre  la 
valeur  des  pressions  moyennes  inscrites  pendant  les  syzygies  et  les  quadra- 
tures, je  trouve  pour  différence  au  profit  des  quadratures  o""",44-  Les  ob- 
servations de  Flaugergues  donnent  o""",  42,  et  celles  de  Toaldo  Vicentin 
o""",46.  Cette  différence  est  donc  normale,  sous  nos  latitudes,  pour  l'heure 
tle  midi,  puisqu'elle  se  rapporte,  dans  les  trois  cas,  à  des  observations  faites 
à  celte  heure  de  la  journée. 

»  En  cherchant  à  étabUr  une  analogie  entre  les  attractions  exercées  par 
la  Lune  sur  l'atmosphère  et  sur  les  eaux  de  l'Océan,  on  est  arrivé  à  émettre 
la  pensée  que  les  marées  atmosphériques,  si  elles  se  produisent,  sont  peu 
appréciables.  Cette  opinion  ne  me  paraît  pas  devoir  être  maintenue;  car,  si 
l'on  tient  compte  de  ce  fait  que,  dans  le  port  de  Fécamp,  la  mer  est  dans 
son  plein  à  midi  le  troisième  et  le  dix-septième  jour  de  la  Lune,  tandis 
qu'elle  y  est  basse  à  la  même  heure  les  dixième  et  vingt-cinquième  jours, 
la  comparaison  des  pressions  aux  époques  indiquées  conduit  au  résultat 
suivant  : 

(  .  ,  1  le  10' jour  de  la  Lune. .  .    =^760, 28  1  ^  """^ 

lamerbasse    l  /.  '  S  moyenne.  .  .    =760,15 

\  I  le  ao^jour         «         ...    =760,02  ) 

i.  ,  .       l  le  3"    jour  de  la  Lune..  .    =:75q,8i   |  „     

f  "^  ""''  P'^'"^  j  le  17e jour         .        ...   =758,85  j  '""y^""""  '  '   =7^9'^^ 

Différence  en  faveur  des  heures  où  la  mer  est  basse 0,82 


La  pression 


»  Cela  correspond  à  une  vague  atmosphérique  de  8™, 62  de  hauteur,  si 
on  la  considère  comme  étant  formée  de  l'air  qui  existe  normalement  au  ni- 

144- 


(  iii6  ) 
veau  (le  la  mer.  C'est,  comme  on  le  voit,  une  valeur  qui  ne  saurait  passer 
inaperçue  et  que  l'on  ne  peut  négliger.  » 

M.  Marchand,  en  transmettant  cette  Note  à  l'Académie,  demande  l'ou- 
verture d'un  pli  cacheté  qui  a  été  déposé  par  lui  le  19  février  1872.  Ce  pli, 
ouvert  en  séance  par  M,  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  l'indication  d'un 
certain  nombre  des  résultats  mentionnés  dans  la  Note  précédente  :  il  con- 
tient, en  outre,  le  diagramme  suivant,  relatif  à  la  distribution  des  orages. 

Diagramme  représentant  la  distribution  générale  des  orages  entre  tous  les  jours  de  chacune  des  cinq  pre- 
mières lunaisons  de  1786  à  1871  (observations  faites  à  Paris  de  1785  à  i852,  et  àFécamp  de  i853  à  1871). 
(La  première  lunaison  est  celle  qui  prend  naissance  après  l'équinoxe  du  printemps.) 


i"  lunaison. 


i'  lunaison. 


3*  lunaison. 


4°  lunaison. 


5'  lunaison. 


TÉRATOLOGIE.  —  Sur  le  pied  d'Homme  à  huit  doigts,  dit  pied  de  Morand. 

Note  de  M.  A.  Lavocat. 

«  En  1770,  Fr.  Morand,  médecin  des  hôpitaux  de  Paris,  publia,  dans 
les  Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  des  recherches  sur  les  anomalies 
des  doigts  de  l'homme.  L'une  des  observations  recueillies  par  Morand  avait 
pour  sujet  un  pied  d'Hoinme  à  huit  doigts;  c'est  ce  que  les  tératologistes 
ont  généraleiuent  désigné  sous  le  nom  de  pied  de  Morand. 

»  Dans  l'étude  de  cette  anomalie,  ce  qui  est  le  plus  important,  c'est  la 
détermination  exacte  des  doigts  atteints  de  duplication.  Morand  n'a  pas 
cherché  à  résoudre  celte  question;  Geoffroy  Saint-Hilaire,  dans  son  Traité 
des  anomalies,  s'est  borné  à  constater  les  dimensions  relatives  des  doigts  et 
le  nombre  de  leurs  phalanges.  En  1 869,  M.  Delplanque,  vétérinaire  à  Douai, 
a  entrepris  de  déterminer  quels  étaient  les  doigts  surnuméraires  du  pied  de 
Morand;  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé  ne  nous  ont  pas  paru  com- 
plètement exacts.  Après  avoir  examiné  le  dessin  joint  au  Mémoire  de  Mo- 


(   m?   ) 
rand,  et  en  nous  appuyant  sur  le  principe  des  connexions,  nous  sommes 
arrivé  aux  conclusions  suivantes  : 

»  En  procédant  de  dehors  en  dedans,  c'est-à-dire  du  petit  doigt  au 
pouce,  le  premier  doigt  est  double  :  son  métatarsien,  simple  en  haut,  répond 
au  premier  os  cuboide;  en  bas,  il  se  bifurque  et  chaque  branche  porte 
trois  phalanges.  Le  doigt  surnuméraire  est  ici,  comme  d'ordinaire,  en 
dehors  du  doigt  normal. 

»  Le  deuxième  doigt  est  simple,  complet  et  caractérisé  par  sa  connexion 
avec  le  deuxième  os  cuboïde. 

»  Le  troisième  doigt  est  reconnaissable  par  son  contact  avec  le  premier 
cunéiforme.  Il  est  double  comme  le  premier  doigt,  c'est-à-dire  par  bifur- 
cation de  son  métatarsien  :  le  doigt  principal  est  régulier;  le  doigt  acces- 
soire est  situé  en  dedans  et  ne  porte  que  deux  phalanges. 

»  Le  quatrième  doigt  est  normal  et  répond,  comme  d'ordinaire,  au 
deuxième  os  cunéiforme. 

M  Le  cinquième  doigt  est  complètement  double,  et  la  duplication  atteint 
même  les  pièces  tarsiennes.  Il  y  a  donc  deux  pouces  complets,  ayant  chacun 
deux  phalanges,  comme  à  l'ordinaire  :  le  premier  a  pour  base  le  troisième 
cunéiforme,  et,  par  conséquent,  il  ne  peut  pas  être  une  duplication  du 
quatrième  doigt;  c'est  le  pouce  régulier,  bien  qu'il  soit  moins  long  et 
moins  fort  que  le  pouce  surnuméraire.  Ce  dernier  est  en  dedans  du  pied, 
comme  est  en  dehors  le  petit  doigt  surajouté.  Il  joue  sur  un  troisième  cu- 
néiforme qui  est,  comme  lui,  supplémentaire.  Les  grandes  proportions  de 
ce  doigt  expliquent  parfaitement  le  moindre  développement  du  vrai  pouce; 
.  c'est  un  remarquable  exemple  de  la  loi  de  balancement  organique. 

1)  En  résumé,  l'examen  des  os  du  tarse  démontre  que,  dans  le  pied 
anomal,  les  pièces  constitutives  ne  s'éloignent  de  l'état  normal  que  pour  se 
rapprocher  du  type.  Dans  la  région  des  doigts,  il  esc  évident  que  trois  sont 
doubles  et  que,  d'après  les  connexions  régulières,  ce  sont  le  premier,  le 
troisième  et  le  cinquième  :  les  deux  premiers  par  bifurcation  de  leur  méta- 
tarsien; le  dernier  par  duplication  complète.  Enfin  il  esta  remarquer  que, 
d'après  les  observations  recueillies  jusqu'à  présent,  ces  trois  doigts  sont 
précisément  ceux  sur  lesquels  la  duplication  a  été  constatée  le  plus  souvent.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Procédé  pour  déterminer  la  direction  et  la  force  du  vent; 
suppression  des  girouettes  ;  application  aux  cyclones;  Note  de  M.  H.  Tarry. 
(Extrait.) 

«  Au  moment  où  le  décret  du  i3  février  iS^S,  le  vote  de  subventions 
importantes  par  les  Conseils  généraux,  et  la  création  d'une  Inspection  gé- 


(  ii>8  ) 
nérale  des  établissements  météorologiques  viennent  de  donner  aux  études 
de  climatologie  une  nouvelle  impulsion,  il  est  d'une  très-grande  impor- 
tance, alors  que  des  stations  ou  observatoires  vont  être  établis  dans  chaque 
canton,  par  les  soins  des  Commissions  météorologiques  déparlemenlales 
de  France  et  d'Algérie  (i),  de  discuter  le  mérite  des  instruments  mis  à  la 
disposition  des  observateurs.  De  tous  les  éléments  de  la  climatologie,  il 
n'en  est  pas  dont  la  détermination  laisse  plus  à  désirer  que  la  direction  et 
la  force  du  vent. 

»  Dans  de  très-rares  observatoires,  comme  ceux  des  Pyrénées-Orien- 
tales, dont  M.  l'Inspecteur  général  Ch.  Sainte-Claire  Deville  faisait  l'éloge 
dans  une  des  dernières  séances,  on  se  sert  d'anémomètres,  auxquels 
sont  appliqués  des  enregistreurs  électriques.  Le  nombre  de  ces  stations 
modèles  est  extrêmement  restreint;  partout  ailleurs  on  recommande  et 
l'on  emploie  la  girouette,  pour  déterminer  la  direction  du  vent,  et 
les  observateurs  évaluent  sa  vitesse  d'après  leurs  sensations  person- 
nelles. 

»  Or  la  girouette  a  trois  défauts  essentiels  :  i°  elle  indique  une  direc- 
tion lorsqu'il  n'y  a  pas  de  vent  ;  a"  elle  ne  donne  aucun  moyen  d'apprécier 
sa  force  ou  sa  vitesse;  3°  elle  ne  fait  connaître  que  la  composante  horizon- 
tale, et  non  pas  la  direction  réelle  du  veut.  En  réfléchissant  à  ces  inconvé- 
nients, il  m'a  semblé  qu'il  y  a  un  moyen,  à  la  fois  simple  et  économique,  d'y 
remédier.  11  consisterait  à  substituer  à  la  girouette  une  banderole  légère 
et  résistante,  suspendue  eu  forme  de  bannière  à  un  anneau  mobile,  passé 
dans  une  tige  verticale. 

»  Pour  fixer  les  idées,  supposons  un  paratonnerre  portant,  au  quart  de 
sa  longueur  à  partir  de  la  pointe,  un  renflement.  On  enfile  sur  la  fige  un 
anneau  de  cuivre,  creusé  en  forme  de  poulie,  qui  vient  reposer  sur  le  ren- 
flement :  dans  la  gorge  de  cette  poulie  mobile  passe  une  corde  nouée, 
dont  les  deux  extrémités  vieiment  s'accrocher,  en  forme  de  triangle,  à  un 
petit  bâton;  c'est  à  ce  morceau  de  bois  ou  de  métal  qu'on  attache  la  ban- 
derole. Dans  ces  conditions  :  i°  lorsqu'il  n'y  aura  pas  de  vent,  la  bannière 
lindiquera  en  tombant  verticalement;  2°  suivant  que  le  vent  sera  plus  ou 
moins  fort,  son  extrémité  s'écartera  plus  ou  moins  de  la  tige  du  paraton- 
nerre; 3°  à  l'aide  des  mouvements  de  rotation  de  l'anneau  autour  de  la 
tige  et  de  la  banderole  autour  du  bâton,  la  bannière  pourra  prendre  toutes 
les  directions.  Ainsi,  dans  le  cas  où  la  composante  verticale  du  vent  sera  di- 

(i)  Les  trois  Commissions  méléorologiques  départementales  d'Algérie  viennent  d'être  con- 
stituées par  arrêtés  préfectoraux  des  1 1,  22  et  3i  octobre  1873. 


(  ii>9  ) 
rigée  de  bas  en  haut,  si  celui-ci  est  suffisamment  fort,  elle  s'élèvera  au-des- 
sus du  plan  horizontal  qui  passe  par  le  point  de  suspension.  Cet  instru- 
ment serait  étalonné  et  sa  comparaison  avec  un  anémomètre  indiquerait 
l'angle  de  la  bannière  avec  la  verticale,  qui  correspondrait  à  une  vitesse 
déterminée  du  veut.  On  aurait  ainsi,  à  la  fois,  un  paratonnerre  et  un  instru- 
ment permettant  d'étudier  la  direction  réelle  du  vent. 

»  Enfin  la  méthode  que  j'indique  permettrait  de  vider  expérimentale- 
ment un  débat  qui  s'est  élevé  à  propos  des  cjclones.  Au  commencement  de 
cette  année,  M.  Faye  a  émis  sa  belle  théorie  des  cyclones  solaires,  qu'il 
assimile  en  tous  points  aux  cyclones  terrestres;  d'après  cette  théorie,  les 
mouvements  tourbillonnants  de  notre  atmosphère  s'exécuteraient,  aussi 
bien  que  ceux  de  la  photosphère,  par  engouffrement  de  haut  en  bas. 
Dans  la  séance  du  7  juillet  dernier,  j'ai  cru  devoir  contester  cette  assimi- 
lation, en  affirmant  que  les  cyclones  terrestres  sont  dus  à  un  mouvement 
d'aspiration  de  bas  en  haut  (i),  de  sorte  que,  si  le  mouvement  des  cyclones 
solaires  est  réellement  dirigé  de  haut  en  bas,  ils  sont  différents  des  cyclones 
terrestres,  dont  le  mouvement  se  fait  en  sens  inverse. 

»  J'ai  cité  mes  auteurs  :  Maury,  pour  les  faits  d'observation  ;  M.  l'ingé- 
nieur Peslin,  pour  la  discussion  mathématique.  Je  pourrais  ajouter  que 
M.  Buchan,  secrétaire  de  la  Société  météorologique  d'Ecosse,  est  arrivé, 
par  des  considérations  théoriques,  aux  mêmes  conclusions  que  M.  Peslin; 
M.  Mohn,  directeur  de  l'Institut  météorologique  de  Norvège,  dont  les  atlas 
de  tempêtes  font  autorité,  se  range  à  l'opinion  de  Maury,  après  examen 
des  faits  (2).  De  son  côté,  M.  Faye  a  cité  avec  éloge,  dans  les  Comptes 
rendus  du  10  février  1873  (3),  l'ouvrage  auquel  il  a  emprunté  l'opinion  qu'il 
partage.  Elle  se  trouve  exposée  en  plusieurs  passages  du  chapitre  de  cet 
ouvrage,  intitulé  :  Théorie  des  cjclones  (4).  Le  débat  se  trouve  donc  établi 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  44- 

(2)  Bulletin  de  V Association  scientifique  de  France,  t.  V,  p.   i4o. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXXVI.  Renvoi  an  bas  de  la  p.  3o3. 

(4)  «  Dans  les  cyclones,  une  forte  aspiration  se  produit  dans  le  sens  de  l'axe  et  y  appelle 
l'air  des  régions  atmosphériques,  situées  au-dessus  du  disque  tournant  ou  au-dessous,  s'il 
en  existe.  .  .  L'aspiration  par  l'extrémité  inférieure  de  l'axe  de  rotation  est  gênée  par  la 
surface  terrestre.  »  (  P.  236.) 

n  Au-dessus  du  disque  tournant,  l'air  afflue  de  toutes  parts  vers  l'axe  du  tourbillon.  » 
(P.  227.) 

"  Le  mouvement  tournant,  ayant  pour  effet  à'appeler  vers  la  surface  terrestre  l'air  des 
hautes  régions,  est  une  condition  favorable  à  la  production  des  orages.  »  (P.  229.) 


(     I 1 20    ) 

entre  le  Directeur  de  l'Observatoire  météorologique  de  Montsouris  et  les 
illustres  météorologistes  dont  j'ai  cité  les  noms. 

»  Si  l'on  emploie  la  disposition  que  j'ai  indiquée,  lorsqu'un  cyclone  ar- 
rivera, selon  que  la  bannière  se  dirigera  de  haut  en  bas  ou  de  bas  en  haut, 
on  verra  de  quel  côté  est  la  vérité.  Nous  sommes,  depuis  un  mois,  dans  la 
saison  des  cyclones,  qui  dure  d'octobre  à  avril  et  remplace  la  saison  des 
orages  ;  l'expérience  sera  donc  bientôt  faite.  Je  la  signale  aux  météoro- 
logistes qui,  jusqu'à  présent,  ne  se  sont  préoccupés  que  de  la  compo- 
sante horizontale  du  vent.  La  composante  verticale  a,  selon  moi,  encore 
plus  d'miportance;  car  c'est  elle  qui,  dans  le  mouvement  tourbillonnant 
des  cyclones,  aspire  et  transporte,  à  de  grandes  distances,  non-seulement 
les  sables  jaunes  du  désert,  qui  tombent  périodiquement  en  Italie  (i)  et 
les  poussières  noires  du  pôle  (a),  mais  encore  les  insectes  qui  viennent 
tomber  en  pluie  épaisse  sur  nos  cités,  comme  les  grosses  mouches  noires 
d'avril  1872,  et  les  insectes  qui  ravagent  nos  vignes.  » 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  É.  D.  B. 

(  i)  De  la  prédiction  du  mouvement  des  tempêtes  africaines.  [Bulletin  de  la  Société  de  cli- 
matologie algérienne,  i8'j3.) 

(2)  Comptes  rendus,  séance  du  18  août  iS^S. 


ERRATA. 

(Séance  du  i5  septembre  1873.) 
Page  632,  dernière  ligne,  après  les  mots  hypertrophie  généralisée,  ajouter  des  artères. 

(Séance  du  3  novembre  1873.) 
Page  1020,  ligne  17, 


au  lieu  de     ^  ^  1/ /i/— 0,00021065       lisez     g  =:  1  / /i /  — o,ooo20lo624' 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIEINCES 


SÉANCE  DU  LUiNDI  17  NOYEMBRP:  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIK. 

M.  Daubrée  rend  compte  à  l'Acacléinie  de  la  mission  qu'elle  lui  a  con- 
fiée, pour  assister  à  l'anniversaire  séculaire  de  la  fondation  de  l'Institut 
impérial  des  Mines  de  Saint-Pétersbourg  : 

«  Le  témoignage  d'estime  et  de  sympathie  que  l'Académie  des  Sciences 
m'avait  chargé  de  porter  à  l'Institut  impérial  des  Mines  de  Saint-Péters- 
bourg, à  l'occasion  de  l'anniversaire  séculaire  de  la  fondation  de  cet  Éta- 
blissement, a  été  accueilli  avec  gratitude  par  les  membres  du  corps  des 
Mines,  ainsi  que  par  les  hautes  notabilités  qui  ont  |)ris  part  à  cette  solen- 
nité. ' 

»  Pendant  les  trois  jours  (2,  3  et  4  novembre,  ou  21,  22  et  23  octobre, 
style  russe)  qui  ont  été  consacrés  à  cette  solennité,  ces  sentiments  se  sont 
manifestés  chaleureusement,  et  j'en  conserverai  un  profond  souvenir. 

»  Une  cérémonie  religieuse  d'actions  de  grâces  a  été  célébrée,  le  premier 
jour,  dans  la  chapelle  de  l'Institut  des  Mines.  Le  second  jour,  en  présence 
d'une  nombreuse  assistance,  dans  laquelle  figuraient,  comme  la  veille,  trois 
membres  de  la  famille  impériale,  de  nombreux  représentants  d'administr.i- 

C.  R.,  i87'5,  i'  Semeslic.  (T.  LXXVII,  N<'20.'!  l4'' 


(      1122      ) 

lions,  (le  sociétés  savantes  et  de  corporations,  se  sont  réunis  clans  la  prin- 
cipale salie  de  l'établissement  et  ont  apporté  leurs  adresses  de  félicitations. 
Le  délégué  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'instiint  de  France  a  été  le  pre- 
mier api^elé  à  la  tribune.  Des  banquets  ont  été  offerts  à  la  suite  des  céré- 
monies de  ces  deux  premières  journées.  Une  visite  détaillée  de  l'Institut 
des  Mines,  et  particidièrement  de  ses  ricbcs  collections,  a  occupé  le  troi- 
sième jour. 

»  Avec  les  vifs  remercîments  dont  j'ai  été  prié  d'offrir  l'expression  à 
l'Académie,  j'ai  Thonneur  de  lui  présenter,  de  la  part  du  directeur  de  l'In- 
stitut, M.  le  général  de  Kokscbarow,  la  médaille  commémoralive  de  ce 
jubilé.  » 

ASTRONOMIE.  —   Réponse  aux  remarques  de  M .  Tarry  (i)  sur  la  théorie 
(les  taches  solaires;  par  M.  Faye. 

«  Je  croyais  avoir  répondu  indirectement  aux  critiques  de  M.  Tarry.  11 
avait  été  frappé  de  celles  des  astronomes  italiens,  et,  comme  ceux-ci  as.su- 
raient  que  ma  théorie  était  en  contradiction  avec  les  faits  journellement 
observés  par  eux,  il  avait  cru  devoir  chercher  le  côté  faible  d'idées  qui 
d'abord  lui  avaient  paru  très-acceptables,  ainsi  que  le  moyen  de  les  cor- 
riger. L'erreur  que  je  devais  avoir  commise  lui  parut  consister  en  ce  que 
je  faisais  descendre  les  tourbillons  du  Soleil  dans  les  profondeurs  de  sa 
masse  gazeuse,  tandis  que,  sur  notre  globe,  les  tourbillons,  trombes  ou 
cyclones  de  notre  atmosphère  sont  ascendants.  M.  Tarry  proposa  donc 
un  simple  changement  de  mot  dans  cette  théorie  :  faire  monter  les  tour- 
billons solaires  au  lieu  de  les  faire  descendre.  Un  savant  physicien,  M.  le 
D''  Reye,  avait  proposé  antérieurement  quelque  chose  d'analogue  dans 
une  étude  très-élaborée,  qui  lui  est  propre,  sur  les  deux  ordres  de  phéno- 
mènes. 

»  Il  ne  m'élait  pas  possible  d'accepter  le  changement  de  sens  indiqué 
par  M.  Tarry.  En  dépit  du  mot  si  fréquemment  employé  à'éruj)tion,  tous 
les  faits  solaires  se  prononcent  contre  l'idée  que  ce  mot  exprime,  et  contre 
toute  hypothèse  de  mouvements  ascendants  à  l'intérieur  des  taches  (a).  Il 

(i)  Voir  Compta:  rendus,  p.  i  i  ir)  de  te  volume. 

[lj  A  l'inlerieiir,  dis-jc,  car  les  énormes  flamiiies  Iij'drogénîcs  qui  jaillissent  si  souvent 
aux  environs  des  taches  ne  sortent  jamais  de  leur  prétendu  eralére.  (;'esl  là  une  des  faces, 
et  la  plus  prodigieuse  assurément,  de  la  circulation  de  l'Iiydrogène  solaire,  dont  l'aclion  de 


(     II23    ) 

me  parut  suffisant  de  répondre  aux  astronomes  italiens,  de  faire  voir  que 
la  prétendue  contradiction  de  ma  théorie  avec  leurs  observations,  d'ailleurs 
si  remarquables,  tenait  uniquement  à  un  malentendu,  et  dé  montrer  aussi 
à  l'Académie  que  la  théorie  de  M.  le  D'  Reye  ne  s'applique  réellement  pas 
aux  phénomènes  solaires. 

»  Je  reconnais  néanmoins  qu'il  est  nécessaire  de  faire  tme  réponse  plus 
directe  à  M.  Tarry.  Il  a  soulevé  un  débat  dont  la  solution  importe  à  la  fois 
à  la  Météorologie  et  à  l'étude  du  Soleil. 

»  M.  Tarry  est  d'avis,  comme  le  D'  Reye  et,  à  ce  qu'il  paraît,  comme 
MM.  Maury,  Buchau,  Mohn,  Peslin,  etc.  [Comptes  rendus,  p.  1119),  que 
les  trondies  sont  ascendantes  dans  notre  atmosphère;  il  en  conclut  qu'il 
en  doit  être  de  même  sur  le  Soleil.  Il  ajoute,  à  l'appui  de  son  opinion, 
que  si  les  trombes  étaient  tlescendantes  l'air  s'en  échapperait  à  la  partie 
inférieure,  tandis  que  nous  constatons  au  contraire,  du  moins  pour  les 
cyclones,  lui  afflux  de  l'air  vers  le  centre  de  ces  mêmes  cyclones.  Evi- 
demment robjeclioii  est  bien  formulée;  elle  s'appuie  sur  des  faits  très-nom- 
breux, plus  ou  moins  bien  interprétés  et  sur  des  autorités  imposantes  :  elle 
exige  une  réponse. 

»  Je  la  ferai  d'autant  plus  volontiers  qu'elle  me  fournira  l'occasion  de 
montrer  qu'au  besoin  l'étude  du  Soleil  peut  rendre  quelques  services  à  la 
Météorologie. 

»  Les  météorologistes  sont  en  effet  fort  divisés,  je  ne  dis  pas  seulement 
sur  la  question  un  peu  embrouillée  des  cyclones,  mais  même  sur  la  question 
beaucoup  plus  simple  des  trombes.  Les  uns  veulent  que  l'air  circule  dans 
les  trombes  en  descendant  des  hautes  régions;  les  autres  soutiennent  que 
l'air  y  monte  en  vertu  d'un  genre  d'appel  particulier,  en  sorte  que  les 
trombes  exerceraient  une  action  mécanique  d'aspiration  et  d'arrachement 
de  bas  en  haut. 

»  Voici  ce  que  je  conclus  à  ce  sujet  de  mes  études  solaires.  Sur  le  Soleil, 
tous  les  mouvements  tournants  de  la  photosphère  aboutissent  à  la  forme 
trombe;  ils  sont  tons  descendants  et  se  propagent  coniquement  de  haut  en 
bas  dans  la  niasse  gazeuse  pour  ainsi  dire  indéfinie.  La  trombe  s'arrête  ou 
plutôt  se  défait  dans  des  couches  situées  à  une  très-grande  profondeur  (r). 

haut  en  bas  des  trombes  solaires  constitue  la  contre-partie,  on  pUitôt  la  cause  médiate,  et 
la  force  motrice  empruntée  par  elles  à  la  rotation. 

(i)   C'est  sans  doute  la  température  rapidoruent  croissante  des  couclies    infériLiucs  <pii 

!45    . 


(  11^4  ) 

M  Si  l'on  transporte  à  la  Terre  ces  notions  parfaitement  établies  pour  le 
Soleil,  on  rencontre  bien  dans  les  trombes  des  phénomènes  analogues,  mais 
l'analogie  presque  complète  potu'  les  trombes  va  en  diminuant  pour  les 
tournades  et  surtout  pour  les  cyclones. 

»  C'est  qu'il  y  a,  sur  notre  globe,  une  circonslance  spéciale  qui  limite 
le  développement  naturel  des  mouvements  tournants,  à  savoir  l'obstacle 
du  sol,  dont  les  météorologistes  n'ont  peut-être  ])as  assez  tenu  compte.  Cet 
obstacle  du  sol,  déjà  sensible  pour  les  trombes,  devient  tout  à  fait  pré- 
pondérant pour  les  cyclones,  à  lel  point  que  ceux-ci  n)e  semblent  être  des 
trombes  tronquées  dès  l'origine  et  réduites  au  bord  circidaire  de  leur 
entonnoir. 

»  Considérons  donc  avant  tout  les  trombes  terrestres,  c'est-à-dire  le 
phénomène  dansson  entier,  ouïe  moins  altéré  qu'il  est  possible  par  l'obstacle 
inévitable  du  sol,  el  voyons  s'il  se  comporte  comme  son  analogue  sur  le 
Soleil. 

»  Nous  nous  heiu'tons  ici  tout  d'abord  à  l'opinion  popidaire  qui  attribue 
aux  trombes  une  force  aspiratrice.  On  y  voit  monter  l'eau  de  la  mer, 
disent  certains  témoins  oculaires  ;  elle  monte  liquide  ou  en  écume  jus- 
qu'aux nuages  et  de  là  elle  retombe  en  pluie.  On  a  été  jusqu'à  chercher  si  la 
pluie  des  trombes  ou  des  typhons  ne  serait  pas  salée  comme  l'eau  de  la 
mer.  De  plus  de  savants  physiciens  ont  tâché  de  prouver  mathématique- 
ment que  le  seul  moyen  d'expliquer  l'aspiration  constatée  serait  d'admettre 
en  bas  ime  rupture  d'équilibre  exigeant  l'ascension  d'une  certaine  masse 
d'air  dans  les  hautes  régions. 

»  D'un  autre  côté  certains  météorologistes  et,  en  particulier,  M.  Peltier, 
dont  M.  Marié-Davy  a  adopté  et  développé  la  théorie  avec  une  grande 
clarté,  admettent  le  mouvement  descendant  des  trombes,  mais  y  font  con- 
courir essentiellement  l'action  électrique  des  nuages. 

»  Sur  le  Soleil,  la  cjncslion  est  loin  d'élre  aussi  indécise;  si,  comme  je 
crois  l'avoir  prouvé,  les  taches  et  les  pores  sont  des  trombes,  ces  trombes 
sont  dcscendanics,  toutes,  sans  exception,  et  elles  tendent  à  se  propager 
indéfiniment  par  le  bas.  La  profondeur  de  Goo  ou  700  lieues,  en  moyenne, 
que  j'ai  assignée  au  bord  inférieur  de  la  pén()ud)ro  est  loin  de  donner  une 
idée  de  la   profondeur  des  trombes  solaires  elles-mêmes.  L'existence  d'un 


lend  à  dilalcr  los  tromhcs  el  favoiiso  l'expulsion  reiitrirnge  des  gaz  et  vapeurs,  relativement 
(Voides,  ijui  s'y  s<uU  engagés  par  le  liant. 


(     1 I2J    ) 

second  noyau,  plus  foncé  que  le  noyau  ordinaire,  permettra  peut-être  de 
déterminer  une  partie  de  cette  profondeur;  en  ce  moment  je  me  borne  à 
conjecturer,  d'après  la  grandeur  relative  du  noyau  de  M.  Dawes,  que  les 
trombes  solaires  vont  beaucoup  plus  loin  que  la  pénombre,  laquelle,  il 
est  vrai,  enveloppe  la  trombe  à  quelque  distance  sans  faire  corps  essentiel- 
lement avec  elle. 

»  Voyons  donc  s'il  n'en  serait  pas  de  même  sim'  la  Terre,  toute  propor- 
tion gardée  et  tout  compte  tenu  de  l'obstacle  inévitable  du  sol;  examinons 
s'il  est  possible  que  les  trombes  y  aient  ini  mouvement  diamétralement 
opposé  à  celui  qu'elles  affecfent  sur  le  Soleil. 

»  Que  M.  Tarry  veuille  bien  prendre,  pour  suivre  mon  raisonnement,  le 
dessin  d'une  trombe  quelconque.  Voici  celui  de  la  trombe  de  Kônigswin- 


Trombe  de  Kijnigswiiiter,  près  Pjonii ,  lo  ro  juin  i858. 


ter,  qu'on  a  observée  avec  beaucoup  de  soin  à  Bonn,  le  lo  juillet  i858, 
et  que  je  trouve  dans  l'ouvrage  du  D'  Reye([).  Elle  descendait  des  nuages 
au  Rhin,  ou,  comme  le  voudraient  M.  Reye  et  M.  Tarry,  elle  montait  du 


(l)  Die  fVirhelsturme,  Tornndos  and  tVellcrsanlen...  von  D'  Reye,  p.  3o-34.  Voir  aussi 
clans  ]c  iiiùme  livre  les  trombes  de  !\1.  Maxwell;  voir  les  dessins  donnés  dans  tous  les 
oiivrof^es  de  météorologie. 


(   II26  )    ■ 

Rhin  aux  nuages.  Sur  cette  figure,  où  les  lignes  ponctuées  ont  été  ajou- 
tées par  moi,  mais  dont  les  traits  pleins  sont  fidèlement  copiés  sur  le 
dessin  de  la  p.  3i  du  livre  susdit,  on  voit  que  le  pied  de  la  trombe  a  atteint 
le  fleuve. 

»  Considérons  la  section  AB  et  supposons  d'abord  que  l'orifice  inférieur 
(le  la  trombe  se  termine  là.  Si  elle  est  due  à  un  ap|)el  ascendant  de  la 
couche  d'air  inférieure,  les  flèches  indiqueront  l'afflux  de  l'air  ilans  le 
canal  creux  de  la  trombe,  et  CD  sera  l'épaisseur  de  la  couche  indéfinie 
qui  se  précipite  de  toutes  parts  vers  cet  orifice. 

»  Voici  l'orifice  de  la  branche  qui  s'abaisse  en  EF.  La  couche  d'air 
appelée  se  réduit  alors  à  une  hauteur  GH. 

))  Plus  bas  encore,  la  bouche  de  la  trombe  est  en  IR  et  la  hauteur  de  la 
couche  appelée  est   LM. 

»  L'aliment  et,  par  suite,  lu  force  vive  de  la  tromhevont  doncen  diminuant 
à  mesure  que  son  extrémité  inférieure  se  i-approciie  du  sol  ou  de  l'eau.  Au 
moment  où  cette  extrémité  atteint  le  sol  ou  la  surface  d'un  lac,  d'un  fleuve 
ou  d'une  mer,  l'épaisseur  de  la  couche  aérienne,  dont  l'afflux  détermine  le 
phénomène,  devient  nulle,  et  la  force  de  la  trombe  doit  s'annuler  aussi. 
Toute  communication  étant  rompue  entre  l'air  inférieur  et  la  trombe, 
celle-ci  n'a  plus  de  raison  d'être,  elle  doit  s'évanouir.  Or  c'est,  au  contraire, 
le  moment  où  elle  manifeste  son  énergie  mécanique.  Par  un  travail  con- 
sidérable et  prolongé,  elle  fait  bouillonner  l'eau  tout  autour  d'elle  [voir  la 
figure  et  tous  les  dessins  analogues),  ou  bien,  sur  terre,  elle  abat  les  mai- 
sons, renverse  les  arbres,  et  promène,  pendant  de  longues  heures,  la  dévas- 
tation sur  une  grande  étendue  de  pays.  Donc  la  cause  de  ces  mouvements 
violents,  l'aliment  de  cette  énorme  force  vive,  sans  cesse  renouvelée,  est 
en  haut  et  non  en  bas;  ces  mouvements  tourbillonnaires  si  violents  sont 
descendants  et  non  ascendants  (i). 


(i  )  Pour  se  rendre  compte  des  relations  des  témoins  oculaires,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vui'  : 
i"  qu'une  trombe  n'est  visible  que  |)ar  les  particules  nuageuses  que  l'air  entraîne  à  l'intérieur 
ou  par  les  condensations  que  sa  température,  relati%ement  basse,  provoque  autour  d'elle; 
(.'lie  peut  devenir  partiellement  transparente,  par  suite  invisible,  et  semble  alors  rompue  en 
lron(;ons;  2°  qu'on  n'a  jamais  constaté  la  direction  de  l'air  dans  le  voisinage  immédiat  de  la 
trombe;  3°  la  (pumlilé  d'air  (jui  s'en  échappe  n'est  pas  suffisante  pour  produire  un  vent 
divergent  sensible  à  grande  distance  ;  4"  l'électricité  atmosphérique  paraît  étie  un  ]dienomène 
coexistant  et  non  délerininaut.  Cela  est  surtout  manifeste  pour  les  cyclones,  que  personne 
assurément  n'aurait  l'idée  d'e.xpliquer  par  l'électricité.  L'alimentation  d'une  trombe  s'opère 
pai- en  haut,  aux  dépens  de   la  force  vive  qui   résulte  de  la  différence  de  vitesse  de  vastes 


(   "27  ) 

»  Nous  voilà  maintenant  édifiés  sur  la  première  objection  de  M.  Tarry 
et  sur  la  valeur  de  l'opinion  générale  qni  altrihuo  aux  trombes  le  pouvoir 
d'aspirer  l'eau  des  étangs,  des  fleuves  ou  des  mers,  de  déraciner  les  arbres 
comme  on  tire  un  bouchon,  etc.  La  conclusion  est  qu«  les  trombes  sont 
descendantes  et  non  ascendantes;  c'est  un  simple  phénomène  mécanique 
qui,  partout,  provient  de  la  même  cause  et  se  comporte  de  la  même  ma- 
nière, aussi  bien  sur  la  Terre  que  sur  le  Soleil.  Les  ilifférences  secondaires 
doivent  évidemment  tenir  à  la  présence  du  sol  .sur  lequel  s'épuise  leur 
action  mécanique,  et  qui  arrête  tout  court  leur  développement  naturel  en 
profondeur.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si,  en  transportant  au  Soleil 
son  idée  des  trombes  ascendantes,  M.  le  docteur  Reye  est  arrivé  à  une 
conception  des  lâches  totalement  en  désaccord  avec  les  plus  simples  faits. 
Si  j'acceptais  celle  de  M.  Tarry,  il  m'en  arriverait  tout  autant. 

»  Est-il  nécessaire  de  dire  qu'on  n'entend  pas  nier  qu'il  n'y  ait  dans 
notre  atmosphère,  comme  sur  le  Soleil,  des  mouvements  tourbillonnaires 
ascendants?  Mais  il  sufht  de  citer  lestourbillons  de  poussière  de  nos  routes 
ou  les  flammes  d'hydrogène  tordues  en  spirales  qui  s'élèvent  parfois  au- 
dessus  du  Soleil,  pour  montrer  qu'il  n'y  a  pas  là  véritablement  d'identité 
avec  le  phénomène  si  bien  caractérisé  des  trombes  terrestres  ou  solaires. 

»  Abordons  maintenant  la  seconde  difficulté  que  m'objecte  M.  Tarry. 
Dans  les  cyclones,  l'air  afflue  vers  le  centre  de  l'ouragan.  Si  les  cyclones 
terrestres  étaient  identiques  aux  taches  solaires,  c'est  le  contraire  qui  de- 
vrait avoir  lieu,  puisque  nous  voyons  les  cyclones  par  en  bas.  Au  bas  d'une 
trombe  où  l'air  descendrait  en  tournoyant,  cet  air  s'échapperait  en  effet 
avec  une  vitesse  quelconque  et  fuirait  le  centre  au  lieu  de  marcher  vers 
lui.  Cette  nouvelle  objection  est  naturelle;  elle  exige  aussi  une  explication. 

»  On  la  trouvera  dans  cette  circonstance  déjà  mentionnée  que,  siu' 
Terre,  les  phénomènes  tournants  sont  entravés  plus  ou  moins  par  l'obstacle 
du  sol  liquide  ou  solide.  Pour  les  trombes,  le  phénomène  se  développe 
librement  sur  une  grande  étendue  verticale;  pour  le  cyclone,  il  est  en- 
travé à  son  début.  Les  cyclones  sont  de  vastes  trombes  réduites  à  leur 
embouchure.  Si  nous  pouvions  nous  transporter  dans  les  courants  supé- 
rieurs où  naissent  les  trombes  et  où  se  forme  l'orifice  de  leur  entonnoir, 


courants  supérieurs.  Cette  force,  qui  suffirait  sans  doute  à  faire  tourner  en  haut  I)ien  ties 
ailes  de  moulin  et  à  enfler  bien  des  voiles  de  navire,  se  trouve,  dans  les  Irombes,  concen- 
trée jiar  la  gyration  et  amenée  en  bas.  [Foir  à  ce  sujet,  dans  les  Comptes  rendus  du  5.0  octobre 
dernier,  ma  Note  Sur  l'explication  des  taches  solaires  proposée  par  M.  le  D'  Reye.) 


(     II28    ) 

nous  nssisterions  aussi  à  ce  mouvement  convergent  dont  parle  M.  Tarry  el 
qu'on  observe  dans  les  cyclones;  mais  nous  voyons  les  trombes  par  en 
bas,  dans  un  air  souvent  calme,  où  la  cause  première,  située  bien  plus 
haut,  nous  échappe. 

M  Au  contraire,  les  grands  mouvements  de  l'atmosphère  qui  donnent 
lieu  aux  cyclones  entraînent  à  la  fois  les  couches  supérieures  et  les  couches 
inférieures;  nous  sommes  à  lorifice  même  d'un  entonnoir  qui  ne  peut  se 
prolonger  à  travers  le  sol,  et  nous  assistons  en  plein  au  mouvement  con- 
vergent qui  engendre  le  cyclone,  c'est-à-dire  le  rudiment  supérieur  d'une 
gigantesque  trombe  en  tout  semblable,  par  ses  dimensions  et  son  mode  de 
rotation,  à  l'orifice  des  taches  solaires. 

»  Je  reconnais  donc  que  le  mot  trombe  conviendrait  mieux  aux  taches, 
où  le  phénomène  dynamique  est  toujours  complet  et  simple,  que  le  mol 
cyclone  qui  désigne  lui  phénomène  toujours  entravé  par  une  résistance 
exclusivement  particulière  à  notre  globe.  Si  je  désire  maintenir  le  mot 
cyclone^  c'est  que  ce  mot  rappelle  mieux  l'échelle  des  phénomènes  so- 
laires et  le  lien  qui  les  rattache,  sur  l'un  et  l'autre  globe,  au  sens  de  la 
rotation. 

»  Mais  il  convient  de  ne  pas  perdre  de  vue  les  différences  assez  tranchées 
des  trombes  et  des  cyclones,  différences  qui  tiennent  toutes  à  l'influence 
du  sol.  Je  ne  veux  pas  dire  par  là  que  l'enloiuioir  des  trombes  soit  placé 
au-dessus  de  la  région  supérieure  des  cyclones;  c'est  une  simple  affaire 
de  dimensions  relatives  dont  il  est  aisé  de  déduire  l'opposition  des  ré- 
sultats. 

»  Les  météorologistes  ont  parfaitement  raison  do  considérer  les  trombes, 
tournades,  typhons  et  cyclones  comme  les  faces  diverses  d'un  seul  et 
même  phénomène  dû  à  la  gyration  de  masses  atmosphériques.  Seule- 
ment où  est  la  cause  qui  les  différencie  aussi  profondément? 

»  Cette  cause  est,  je  le  répète,  l'obstacle  du  sol  qui,  sans  influence  sur 
les  mouvements  gyratoires  étroits  (jusqu'au  moment  où  ceux-ci  se  pro- 
pagent couiquement  jusqu'à  lui),  agit,  au  contraire,  énergiquement  et 
modifie  dès  l'origine  les  mouvements  gyratoires  de  très-grande  amplitude. 
Alors  ceux-ci  se  réduisent  bien  vite,  non  pas  même  au  disque  tournant 
des  météorologistes,  disque  bien  mince  en  comparaison  de  son  diamètre, 
mais  à  un  simple  anneau  rasant  le  sol  et  tournant  autour  d'un  centre 
calme  et  dégagé  de  nuages.  Cet  anneau  marche  en  se  dilatant  peu  à  peu  ; 
à  mesure  qu'il  se  dilate,  sa  vitesse  de  gyration  diminue;  il  disparaît  finale- 
ment à  force  de  s'être  élargi.  Souvent  même  une  grande  partie  des  effets 


(  "29  ) 
habituels  de  ces  phénomènes  atmosphériques  fait  complètement  défaut, 
non-seulement  au  centre,  mais  sur  une  moitié  de  hi  circonférence  de  l'an- 
neau où  manquent  les  nuages  et  les  pluies  abondantes  de  l'autre  moitié. 
Les  trombes,  au  contraire,  tout  comme  les  taches,  n'offrent  pas  d'espace 
central  calme  et  dégarni;  si  elles  se  dilatent,  ce  n'est  pas  indéfiniment;  elles 
finissent,  tout  autrement  que  les  cyclones,  en  se  contractant  peu  à  peu  et 
en  se  réduisant  dans  !e  sens  de  la  largeur;  leur  développement  vertical 
s'atrophie  et  semble  remonter  vers  les  nuages.  De  même  les  taches  se  ré- 
duisent à  un  pore,  puis  à  un  point  invisible;  sans  doute,  elles  diminuent 
tout  aussi  rapidement  en  profondeur.  La  pointe  du  cône  inférieur  doit 
remonter  à  mesure  que  l'entonnoir  se  rétrécit. 

»  Quant  aux  tournades,  elles  me  semblent  plus  voisines,  ainsi  que  les 
typhons,  des  trombes  que  des  cyclones.  Ceux-ci  apparaissent  de  loin,  à 
l'horizon,  comme  une  étroite  bande  de  vapeurs  d'une  grande  étendue. 
Quand  ils  arrivent,  ils  présentent  une  vaste  région  centrale  de  calme  et  de 
ciel  clair,  et  souvent,  comme  je  viens  de  le  dire,  une  moitié  de  l'anneau 
ainsi  formé  est  invisible  faute  de  pluie  et  de  nuages.  Au  contraire  les 
toiu'uades  se  présentent  de  loin  comme  un  très-petit  nuage  isolé  et  rond 
que  les  navigateurs  portugais  appellent  œiV  c/e  bœuf,  nuage  si  bien  carac- 
térisé que  l'on  peut  bien  y  voir  la  perspective  d'une  véritable  trombe.  Il 
arrive  plus  ou  moins  rapidement,  obscurcit  bientôt  le  ciel  tout  entier  et 
éclate  en  orage  et  pluie  diluvienne  (i). 

»  Ainsi  les  trombes,  les  tournades  américaines,  les  typhons  chinois  et  les 
grands  cyclones  de  deux  cents  lieues  de  diamètre  sont  bien  le  même  phéno- 


(i)  La  plus  ancienne  et  la  plus  nette  ilescriplion  que  je  connaisse  de  ce  phénomène  se 
trouve  clans  la  Bible,  au  livre  l"  tles  Rois.  Il  s'agit  de  la  grande  pluie  annoncée  à  Achab 
par  le  prophùle  Elle,  pluie  qui  mit  fin  à  la  stérilité  et  à  la  famine  dont  la  terre  des  Israélites 
avait  été  frappée  pendant  près  de  trois  ans: 

«  41.  Puis  Élie  dit  à  Achab  :  «  Monte,  mange  et  bois,  car  on  entend  le  bruit  d'une  grande 
»   pluie.  » 

»  43.  Et  il  dit  à  son  serviteur  :  «  Monte  maintenant  cl  regarde  vers  la  mer.  »  Il  monta 
donc  et  regarda  et  dit  :  «  Il  n'y  a  rien.  »  Et  Élie  lui  dit  :  «  Retourne  par  sept  fois.  » 

»  44.  A  la  septième  fois  il  dit  :  «  Voilà  une  petite  nuée  comme  la  |>aume  de  la  main 
»  d'un  homme,  qui  monte  de  la  mer.  »  Alors  il  lui  dit  :  «  IMonte  et  dis  à  Achab  :  attelle 
»   ton  char  et  descends,  de  peur  que  la  pluie  ne  te  surprenne.  » 

>>  43.  Et  il  arriva  que  les  cieux  s'obscurcirent  de  nuées  de  tons  côtes  et  rpie  le  vent 
s'éleva,  et  il  y  eut  une  grande  pluie.  » 

C.  11.  ,1873,  2«  Semestre.  (  T.  LX..\V1I,  N»  20.)  1  4'J 


(  ii3o  ) 

mène  diversement  modifié  par  l'obstacle  du  sol.  Le  sol  coupe  ces  trombes 
par  la  pointe  de  leur  cône  allongé,  les  tournades  beaucoup  plus  liaut 
proportionnellement,  et  les  cyclones  tout  près  de  leur  embouchure,  de  ma- 
nière à  réduire  ceux-ci  à  un  simple  anneau  tournant  autour  d'un  espace 
calme. 

))  Mais  je  n'aurais  pas  complètement  répondu  à  M.  Tarry,  si  je  ne  me 
préoccupais  du  point  sur  lequel  ses  études,  fort  intéressantes  d'ailleurs, 
sur  les  pluies  de  sable  et  d'insectes,  ont  appelé  si  vivement  son  attention. 
Résulte-t-il,  de  ce  que  je  viens  de  dire,  que  les  cyclones  ne  puissent  sou- 
lever des  nuages  de  poussière,  les  maintenir  à  une  certaine  hauteur  pour 
les  laisser  retomber  plus  loin  en  pluie  sèche,  lorsque  leur  courant  s'est 
affaibli?  En  aucune  façon.  J'indique,  d'une  manière  générale,  l'influence 
de  l'obstacle  du  sol  qui  tronque  lui  phénomène  dont  on  peut  suivre  au 
contraire  l'entier  développement  sur  le  Soleil,  quelle  que  soit  son  ampli- 
tude; mais  je  ne  prétends  pas  déterminer  dans  ses  détails  le  mode  de 
réaction  de  cette  résistance.  Il  me  semble  fort  probable  que  la  gyration 
d'un  vaste  anneau  n'est  point  incompatible  avec  le  relèvement  plus  ou 
moins  marqué  de  courants  peu  inclinés  qui  viennent  à  frôler  le  sol.  Il 
n'est  pas  étonnant  que  les  cyclones,  tout  comme  les  vents  ordinaires,  et 
peut-être  beaucoup  mieux  qu'eux,  enlèvent  au  sol  des  particules  plus  ou 
moins  divisées,  pour  les  transporter  au  loin.  Tel  est  en  effet  le  moyen 
ingénieux  dont  M.  Tarry  s'est  habilement  servi  pour  jalonner  leur  route. 
Je  n'y  contredis  certes  pas,  seulement  il  ne  me  semble  pas  juste  de  tirer 
de  ce  détail,  si  intéressant  qu'il  sait,  la  conclusion  que  les  trombes  mon- 
tent et  aspirent,  et  que  les  taches  solaires  doivent  monter  et  aspirer  comme 
elles.  Je  me  crois  plutôt  en  droit  de  dire,  comme  je  l'ai  déjà  fait  en  pré- 
sentant à  l'Académie  le  résultat  de  mes  études  sur  les  taches,  que,  la  mé- 
canique des  gaz  et  de  leurs  mouvements  gyratoires  devant  être  sur  la  Terre 
la  même  que  sur  le  Soleil,  la  Météorologie  terrestre  pourrait  tirer  d'utiles 
renseignements  de  l'étude  suivie  des  phénomènes  analogues,  plus  durables 
et  plus  faciles  à  observer,  qui  se  produisent  journellement  sur  le  Soleil.  » 

ÉLECTROCHIMIE.  —  Deuxième  Mémoire  sur  le  mode  d' intervention  de  l'eau 
dans  les  aetiotis  chimi(jues  et  sur  les  rappoits  existant  entre  les  forces  électro- 
motrices  et  les  affinités;  par  M.  Becquerel.  (Extrait.) 

n  On  s'occupe  maintenant  du  mouvement  ou  plutôt  de  l'évolution  des 
molécules  pendantles  combinaisons,  question  qui  est  du  ressort  des  sciences 


physico-chimiques;  on  emploie  à  cette  étude  le  calorimètre,  le  thermo- 
mètre et  les  appareils  électriques. 

»  Si  le  thermomètre  et  le  calorimètre  servent  à  mesurer  la  quantité  de 
chaleur  devenue  libre  dans  les  actions  chimiques,  les  appareils  électriques 
permettent  de  mesurer  les  effets  électriques  produits  avec  une  grande 
précision,  de  pénétrer  profondément  dans  le  mécanisme  de  ces  actions  et 
de  montrer  les  rapports  existant  entre  les  trois  grands  agents  de  la  na- 
ture, l'affinité,  la  chaleur  et  l'électricité.  L'électricité  a,  en  outre,  l'avan- 
tage de  montrer  comment,  avec  le  concours  des  affinités,  s'opèrent  les 
actions  lentes  de  la  nature  organique  et  de  la  nature  inorganique,  avec 
transports  des  éléments  constitiUifs  des  corps. 

»  J'ai  démontré,  dans  le  précédent  Mémoire,  que,  lorsque  deux  dissolu- 
lions  salines  neutres  communiquent  ensemble  par  l'intermédiaire  d'un 
espace  capillaire  et  donnent  lieu,  en  se  mélangeant  à  une  double  décom- 
position, l'eau  de  chacune  d'elles  décompose  successivement  des  quantités 
excessivement  minimes  du  sel  de  l'autre  dissolution,  de  manière  à  former 
des  hydrates,  comme  l'avait  déjà  démontré  M.  Berthelot,  en  analysant  les 
phénomènes  de  chaleur  produits  pendant  le  mélange;  cette  réaction  de 
l'eau  précède  l'action  chimique  en  vertu  de  laquelle  la  double  décompo- 
sition s'opère. 

»  De  semblables  réactions  se  manifestent  au  contact  des  dissolutions 
acides  et  alcalines  contenant  de  l'eau  en  différentes  proportions;  mais  il 
ne  suffit  pas  d'ajouter  ou  de  retrancher  les  forces  électromolrices  résul- 
tant de  la  réaction  de  l'acide  sur  l'eau  et  de  celle  de  l'alcali  silr  le  même 
liquide  pour  avoir  la  force  électromotrice  résultant  de  l'acide  sur  l'alcali, 
il  faut  encore  ajouter  à  la  somme  ou  à  la  différence  un  certain  appoint 
dépendant  de  l'affinité  des  deux  corps  l'un  pour  l'autre,  et  dont  il  sera 
question  plus  loin. 

»  J'ai  traité  avec  de  grands  détails  cette  question,  en  indiquant  préala- 
blement les  causes  d'erreur  contre  lesquelles  il  faut  se  mettre  en  garde;  j'ai 
rapporté  ensuite  les  résultats  obtenus  en  cherchant  les  forces  électro- 
motrices produites  au  contact  des  dissolutions  neutres,  acides  on  alcalines  : 
1°  au  contact  de  l'eau  et  d'une  dissolution  de  potasse  contenant  différents 
équivalents  d'eau;  2°  celles  que  donner  également,  au  contact  de  l'eau, 
l'acide  sulfiirique  contenant  le  même  nombre  d'équivalents  de  ce  liquide, 
afin  de  trouver  les  lois  qui  régissent  les  forces  électromotrices  et  par  suite 
les  affinités,  dans  la  formation  des  hydrates.  Les  deux  tableaux  suivants 
renferment  quelques-uns  des  résultats  obtenus. 

146.. 


(    Il32    ) 


La  force  vlcctromotrice  du  couple  h  cadmium  valant  loo. 


Dissolutions. 


SO%HO 

Eau 

SO'.aHO , 

Eau 

SO'SHO 

Eau 

S0^4H0 

Eau 


50^5  HO. 


Eau 

SOS  6  HO.. 
Eau 

SOS  7  HO. . 

Eau 

S0S8H0.. 

Eau 

SOSgHO.. 

Eau 

SOSioHO. 
Eau 


SOS II  HO. 

Eau 

SOSiaHO. 

Eau 

S0',i3H0. 

Eau 

SOS  1 4  HO. 

Eau 

SOS I 5 HO. 

Eau 

SOS  1 6 HO. 
Eau 

SOS  17 no. 

Eau 

SOS 18 HO. 

Eau 

SOS19HO. 

Eau 

SOS^oHO. 
Eau 


Forces 
électromotriccs. 


89 
58 


Rapports. 


1,53 


,,r. 


43 

) 

1,18 

36,27 

j 

1,17 

3i 

'.MOY. 

1 

l 

'.'7 
1,06 

29 

) 

1,07 

27 

26 

! 

i,o4 

25 

! 

1,04 

Moy.  .  .      i  ,o5 


Forces 
clectromotrices 

déduites  des 
apports  moyens. 

Forces 
élecii'omotrices 
déduites  de  la 

formule  .r  =  — 

58 

58 

5o 

5o 

42,6 

42,6 

36,4 

36,3 

1,0128 


01 

29 

27 

25,9 
24,6 


22,00 


3i 

29 

27 

25,7 

25 

24.7 
2.4,38 
24,07 
23,76 

23,44 

23,  iG 

2a,8fi 
22,57 
22,28 
22,00 


(  ,.33) 

La  force  èlcctromotricc  ilii  couple  à  ctidiniiiin  valant  loo. 


KO,  4oH0  . 
Eau  ..,.,.. 


Disse  Ui  lions. 

KO,  no —  ) 

Eau +   \ 

KO,  2HO.  ..  —  ( 

Eau -f    ) 

KO,  3H0  ...  —  ) 

Eau -I-  j 

KO,  4U0...  —   j 

Eau +   \ 

KO,  5H0...  -   j 

Eau -f-   ) 

KO,  6H0...  1 

Eau \ 

KO,  7  HO  . .  .  — 

Eau -f- 

KO,  8H0...  — 

Eau H- 

KO,  9HO  ...  — 

Eau + 

KO,  loHO..  — 

Eau -+- 

KO,  1 1  HO  .  .  — 

Eau 4- 

KO,  12  HO  ..  — 

Eau + 

K0,i3H0..  — 

Eau -+- 

KO,  i4H0  ..  — 

Eau + 

KO,  i5H0  ..  — 

Eau + 


KO,  20HO  .  .      — 
Eau 


Uapporls 
ForCL's  entre  Rapports 

élccli'omotrices       les  formules  déduits 

observées.         éleclroniotriccs.  de  la  rorniiile. 


94,00 
66,00 
61 ,00 
55,00 
5o,oo 
46,7 


43,5 


Moy, 


40,40 
40,00 

38, 00 

37,00 


,40 


1,08 


1,10 
1,07 
1,07 
1 ,08 


i,4o 


.09 


1,10 


1,06 


1,01 69a 


I ,0101 


Forces 
clectromotiices 

déduites 
de  la  l'orimile. 


66,00 

61 ,  i 

56, 00 
5i,8 

47»9 
44,0 

43,0 
4a,  I 
4i,r 
4o,4o 
4o,oo 

37,40 

37  ,00 


»  Les  résultats  contenus  dans  le  premier  tableau  conduisent  aux  consé- 
quences suivantes  : 

))  A  partir  de  S0%2H0  jusqu'à  SO',6HO,  le  rapport  entre  les  forces 
électromotrices  est  de  1,17;  puis,  à  partir  de  SO%6HO,  il  est  de  i,o5  jus- 


(  ii34  ) 
qu'à  SO%ioHO;  au  delà  jusqu'à  20,  il  est  de  1,0128;  lesdiffércuces  ne  por- 
tent que  sur  les  centièmes;  les  différences  ensuite  deviennent  insensibles. 

»  Dans  le  second  tableau,  les  forces  électromotrices  produites  dans  la 
réaction,  sur  l'eau,  de  la  potasse  renfermant  différents  équivalents  d'eau, 
montrent  que  les  rapports  entre  les  forces  électromotrices  ne  commencent 
à  suivre  une  marche  régulière  qu'à  partir  de  KO,  5 HO;  il  est  à  remarquer 
que  KO, HO;  KO,  2HO;  KO,  3H0  ne  pouvant  s'obtenir  que  difficilement 
à  l'éfnt  de  dissolution,  on  n'a  pu  déterminer  dans  ces  trois  cas  la  loi  qui 
régit  les  forces  électromotrices  et  par  suite  les  affinités  correspondantes. 

»  Il  est  à  remarquer  que  les  rapports  entre  les  forces  éleclromotrices 
relatives  à  l'acide  sulfurique  et  à  la  potasse  diffèrent  à  partir  de  5  équiva- 
lents; ces  différences  ne  portent  que  sur  des  centièmes,  ce  qui  n'est  rien 
quand  on  réfléchit  aux  causes  d'erreur  que  présente  la  méthode  d'expéri- 
mentation employée  :  les  lois  auxquelles  on  est  parvenu  ne  sont  pas  sans 
importance  pour  l'étude  des  affinités. 

»  Les  tracés  graphiques  des  forces  électromotrices  obtenues  soit  avec 
l'eau  et  l'acide  sulfurique  d'une  part,  soit  avec  la  potasse  de  l'autre, 
contenant  l'un  et  l'autre  le  même  nombre  d'équivalents  de  ce  liquide, 
montrent  que  les  courbes  qui  représentent  l'intensité  des  forces  électrxt- 
motrices  et,  par  suite,  les  rapports  des  affinités,  sont  hyperboliques, 
comme  on  l'a  déjà  dit. 

»  On  trouvera  encore  ci-après  le  tableau  des  forces  électromotrices  ré- 
sultant de  la  combinaison  de  l'acide  sulfurique  et  de  la  potasse,  contenant 
également  l'un  et  l'autre  le  même  nombre  d'équivalents  d'eau  : 

Dissolulion.  Forces 

électroraolrices.        Rapports. 

S0''4H0+ ) 

K0,4H0- i  ,,,,8 

K0,50H- )  \  ,,,,8 

S0=,6H0-+- )  \ 

K0,6H0- î  '  \  ,^o55 

SO%7HO-4- )  ) 

K0,7H0- î  ''9     j  ,,068 

S0',8H0-+- )  ) 

K0,8H0- \  ^ 

SO',qHO-+- ) 

KO,  9HO- j  '^^ 

SOS.OHO+ I  ^  «„„„„, 

KO,  10  HO  — ^  j       d'ijilfipolation. 


i3a 


,008 
se»,  20  HO - 

KO,  20  HO 


(  ii35  ) 

«  On  voit  encore  ici,  comme  dans  les  tableaux  précédents,  que  les 
forces  électromotrices  vont  en  diminuant,  ainsi  que  les  rapports,  mais  ces 
derniers  très-lentement,  et  l'on  arrive  à  un  terme  où  la  diminution  est  ex- 
cessivement lente.  La  courbe  des  forces  électromotrices,  et  par  suite  celle 
des  affinités,  est  une  courbe  hyperbolique. 

»  Eu  comparant  ces  résultats  à  ceux  des  tableaux  précédents,  il  est 
facile  de  voir  l'appoint  qu'apporle  à  la  force  électroniotrice  la  combi- 
naison de  l'acide  sulfurique  à  différents  équivalents  d'eau  avec  la  potasse 
contenant  le  même  nombre  d'équivalents.  Ces  appoints  sont  : 

Appoint  fourni  par  la  combinaison 
de  l'acide  avec  l'alcali. 

ro'it™:;;:;:::::::  I    ^-'-  ('^-«  =»=." 

S0%5H0 )  „  ...   ,  ,^     ,  „ 

S0',6H0 )  o«         ,r     ,  ^   ^  / 

KO,6eo i        '^^-    ('^'+2')    =94,0 

SO',  7HO )  l.l-  ^  r-  ' 

Ko,7no i        ''9-    ^^^  +  -^-9'    =95,0 


SOS 8 HO. 
KO,  8  HO. 
SOSgHO., 
KO,  9  HO.. 
SO%ioHO, 
KO,  10 110. 


i63—  (5o  +  25)  =  86,0 
1 52 --(46, 7 +  26)  =^  80,0 
143— (43,5-1-25)     =74)5 


»  La  théorie  semblerait  indiquer  des  nombres  égaux  pour  l'appoint, 
c'est-à-dire  la  force  électromotrice  résultant  de  la  combinaison  directe  de 
l'acide  sulfurique  avec  la  potasse  sans  l'intervention  de  l'eau.  Les  diffé- 
rences sont  les  plus  grandes  depuis  4 HO  jusqu'à  8 HO;  elles  sont  dues  peut- 
être  à  des  erreurs  qui  n'ont  pu  être  évitées  dans  les  expériences  ou  à  des 
causes  inaperçues;  elles  oscillent  entre  ç)5  et  80. 

M  On  voit  donc  que  les  forces  électromotrices  permettent  non-seulement 
de  mesurer  les  affinités,  du  moins  leurs  rapports  dans  le  mélange  des  dis- 
solutions, mais  encore  d'étudier  le  mécanisme  en  vertu  duquel  s'opèrent 
les  réactions  chimiques  pendant  ce  mélange. 

»  Les  courants  électrocapillaires,  qui  représentent  l'intensité  des  forces 
électromotrices,  jouant  un  grand  rôle  dans  la  nature  organique  et  dans  la 
nature  inorganique,  comme  je  l'ai  déjà  démontré  dans  mes  précédentes 
Communications  à  l'Académie,  j'ai  cherché  quelle  pouvait  être  la  force  élec- 
tromotrice produite  au  contact  de  l'eau  et  des  liquides  contenus  dans  les 
tissus  des  végétaux.  Il  suffisait,  pour  cela,  de  plonger  dans  de  l'eau  dis- 


(..36) 
tillce  les  tiges  de  diverses  plantes  et  d'employer  pour  électrodes  dos  fils 
d'or  ou  de  platine  parfaitement  dcpolarisés  ;  on  a  tronvé  que  la  force 
électromotrice  du  SMC  d'une  tige  de  pavot,  plongeant  dans  de  l'eau  distillée, 
est  égale  à  84;  l'eau  était  positive  et  !e  tissu  négatif.  Les  expériences  ont 
montré  que  les  forces  électromotrices  n'étaient  pas  les  mêmes  dans  toute  la 
longueur  de  la  tige.  Une  tige  de  vigne  a  donné  89,  une  de  lilas  .8,  un 
pétiole  d'oseille  3o,  une  branche  de  cèdre  28;  dans  toutes  ces  expériences 
l'eau  a  été  conslamment  positive  et  se  comportait  alors  comme  acide. 

»  On  conçoit  d'après  cela  ce  qui  doit  arriver  lorsque  les  tiges  des  végé- 
taux sont  mouillées  par  la  pluie  :  la  réaction  qui  s'opère  entre  cette  eau  et 
les  sucs  des  plantes  par  l'intermédiaire  du  tissu  extérieur  donne  lieu  à  des 
l'éactioiis  chimiques  provenant  d'actions  électiocapillaires  dont  je  in'oc- 
cu|)erai  ultérieurement.  On  voit  déjà,  d'après  ce  qui  précède,  de  quelle 
lUililé  peuvent  être  pour  la  Physiologie  végétale  les  i-echerches  dont  il  vient 
d'être  question;  on  est  en  droit  également  d'en  conclure  que  des  effets 
semblables  sont  pi'oduits  sur  l'homme  et  les  ani.uaux  quand  leur  peau  est 
.nouillée,  comme  cela  arrive  dans  les  bains  prolongés  :  ce  sont  là  des  études 
à  faii-e. 

»  Les  expériences  dont  les  résultats  sont  rapportés  dans  ce  Mémoire 
exigent  beaucoup  de  temps,  de  suite  et  de  patience  pourse  mettre  à  l'abri 
des  causes  d'erreur  que  présente  souvent  ce  procédé.  J'ai  été  puissamment 
aidé,  sous  ce  rapport,  par  M.  Guoi'out,  jeune  chimiste  distingué,  élève  des 
Hautes-Etudes,  et  que  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  a  bien  voulu 
attacher  à  mon  laboratoire  et  qui  m'est  indispensable  pour  continuer  mes 
travaux  qui  pi'ennent  de  jour  en  jour  de  plus  grands  développements. 

»  En  résumé  les  faits  consignés  dans  ce  Mémoire  conduisent  aux  consé- 
quences suivantes  : 

»  i"  Le  mélange  de  deux  dissolutions  salines  neutres,  donnant  lieu  à 
une  double  décomposition  avec  ou  sans  pi'écipité,  produit  ime  suite  non 
interrompue  d'hydrates,  d'acides  et  d'alcalis,  par  l'intermédiaire  desquels 
s'opèrent  les  doubles  décompositions,  lesquelles  ne  ti'oublent  pas  l'équi- 
libre des  forces  électriques; 

»  2°  Dans  la  l'èaclion  des  dissolutions  acides  sur  les  dissolutions  alcalines, 
il  se  produit  également  des  hydrates  par  l'intermédiaire  desquels  s'opère  la 
combinaison  des  acides  avec  les  alcalis,  comme  on  le  reconnaît  par  la  pro- 
duction des  forces  électi-omotrices;  mais,  dans  ce  cas,  il  y  a  un  excédant 
de  force  électromotricc  provenant  de  la  l'éaclion  directe  de  l'acide  sur 
l'alcali; 

))  3°  La  détermination  des  forces  éleclromotrices  sert  non-seulement  à 


(  »'37  ) 
comparer  les  affinités  sous  le  rapport  de  leur  intensité,  mais  encore  à  suivre 
pas  à  pas  pour  ainsi  dire  leurs  variations  à  mesure  que  les  dissolutions  sont 
plus  ou  moins  étendues  d'eau  ; 

»  [\°  Dans  la  réaction  l'une  sur  l'autre  d'une  dissolution  acide  et  d'une 
dissolution  alcaline,  contenant  le  même  nombre  d'équivalents  d'eau,  la 
force  électromotrice  est  dans  un  rapport  à  peu  près  constant  avec  celle 
résultant  d'un  couple  dont  les  dissolutions  contiennent  un  équivalent  d'eau 
de  plus  que  le  précédent;  ainsi  le  rapport  de  la  force  électromotrice  du 
couple  SO%4HO  etRO,4HO  à  celle  du  couple  S0%  5HOetKO,5HO  est 
sensiblement  égal  à  celui  du  couple  SO',  5  H(3  et  KO,5HO  et  du  couple 
SO',  6H0  et  K0,6ïI0,...;  puis  ce  rapport  diminue  excessivement  lente- 
ment. Cette  loi  paraît  être  générale;  on  peut  donc,  au  moyen  d'une  fornude 
empirique  très-simple,  trouver  la  force  électromotrice  d'iui  couple  quel- 
conque de  la  série,  laquelle  est  en  rapport  avec  l'affinité  qui  a  produit  cette 
force.   » 

CHIMIE.  —  Action  de  l'eau  pure  sur  divers  métaux.  Note  de  M.  Ciievreul. 

«  Le  temps  ne  m'ayant  pas  permis  d'insérer  dans  le  Compte  rendu  de  la 
séance  du  3  de  novembre  les  observations  relatives  à  l'action  de  l'eau  pure 
sur  plusieurs  métaux,  observations  qui  m'avaient  été  suggérées  par  des 
Communications  de  M.  Fordos  et  de  M.  Belgrand,  je  demande  que  l'Aca- 
démie veuille  bien  permettre  l'insertion  des  observations  suivantes  dans  le 
Compte  rendu  de  la  séance  d'aujourd'hui  : 

§  I.  —    Observations  relatives  à  l'hygiène, 

»  Dans  le  Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de 
France  (9  de  juillet  1873),  à  propos  d'une  pétition  de  M.  de  Laval  au 
Conseil  municipal  de  la  ville  de  Paris,  à  l'effet  d'obtenir  la  proscription  des 
tuyaux  de  plomb,  je  fis  les  remarques  suivantes  (i)  : 

«  M.  le  Vice-Président  (Chevreul)  rappelle  les  observations  qu'il  a  faites  aux  Gobeiins, 
relativement  à  l'action  de  l'eau  distillce  sur  le  plomb  et  le  zinc,  action  que  n'exercent  pas 
des  eaux  dures  qui  contiennent  certains  sels  en  dissolution. 

»  M.  le  Vice-Président  rappelle  encore  avoir  dit  à  la  Société  que  des  observations  sem- 
blables ont  été  faites  longtemps  avant  les  siennes  par  M.  Guyton  de  Rlorveau,  qui  avait  re- 
connu que  l'action  des  eaux  pures  s'exerce  non-seulement  sur  le  plomb,  mais  encore  sur 

(i)  Page  765. 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  20.)  '4? 


(   u3H  ) 

le  zinc.  C'est  à  M.  Guylon,  ajoute  M.  Clievreul,  que  remonte  le  mérite  de  l'observation 
dont  il  s'agit.  » 

»   Et)  outre,  dans  le  Journal  des  Savants  (octobre  1871,  page  l\SS),  on  lit  : 

«  11  n'est  pas  inutile  de  rappeler  un  fait  que  le  public  ne  connaît  pas  assez  :  c'est  que  les 
eaux  de  pluie  altèrent  plus  les  vaisseaux  de  ])lomb  et  les  vaisseaux  de  zinc  que  des  eaux  où 
se  trouvent  des  sels  en  solution,  des  eaux  de  puils  par  exemple.  La  conséquence  de  ce  fait 
est  que  ces  dernières  eaux  peuvent  séjourner  dans  un  vaisseau  de  plomb  sans  l'attaquer  et 
sans  devenir  toxiques,  tandis  que  des  eaux  de  pluie,  exemptes  de  matières  salines,  dissou- 
dront de  l'oxyde  de  plomb,  et,  l'attaquant,  deviendront  toxiques.  Celte  observation,  qui  ap- 
partient à  Guyton  de  Morvcau,  est  parfaitement  exacte;  je  l'ai  vérifiée  lors  de  mes  re- 
«lierclics  sur  les  eaux  de  !a  Bièvre.  » 

»  Si  aujourd'hui  des  circonstances  particulières  m'ont  empêché  d'aller 
aux  Gobeiins  chercher  les  produits  d'expériences  qui  remontent  à  l'année 
i836  et  que  je  mettrai  lundi  prochain  sous  les  yeux  de  l'Académie,  elle  au- 
rait pu  voir  l'effet  de  l'eau  distillée  sur  une  lame  de  plomb  comparative- 
ment à  l'effet  de  l'eau  de  puits,  et  enfin  la  même  différence  entre  le  fer  et 
l'acier  dans  l'eau  distillée  et  le  fer  et  l'acier  plongés  dans  une  eau  alcaline. 

»  J'eus  l'occasion,  en  1844?  fie  constater  un  fait  relatif  à  l'hygiène  et  à 
l'économie  usuelle,  c'est  que,  dans  un  grand  établissement  industriel  dont  il 
est  inutile  de  dire  le  nom,  on  avait  imaginé  d'apprêter  des  pièces  de  calicot 
avec  du  sulfate  de  plomb  provenant  de  la  préparation  du  mordant  des  in- 
dienueurs  résultant  de  la  réaction  de  l'acétate  de  plomb  et  de  l'alun.  Il  ar- 
riva qu'une  blanchisseuse  de  Sèvres,  dont  la  clientèle  appartenait  surtout 
au  quartier  de  Paris  où  sont  les  magasins  de  toiles  peintes,  fut  fort  étonnée 
de  voir  le  linge  qu'elle  blanchissait  sortir  noir  et  marron  de  sa  lessive. 
L'explication  est  qu'elle  usait  des  lessives  préparées  avec  un  mélange  de 
soude,  de  potasse  et  de  chaux  très-suifiirée,  et  que  dés  lors  s'opérait  la 
sulfuration  du  plomb  sulfaté  par  le  sulfure  de  la  lessive.  J'ai  consigné  ce 
fait  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  16  de  septembre  i844- 

»  En  i84i>  je  fus  chargé  par  M.  le  Ministre  de  la  Marine  d'examiner, 
conjointement  avec  M.  Lebas,  dont  le  nom  est  uni  à  celui  de  robélisque 
de  Louqsor  de  la  place  de  la  Concorde,  d'examiner  plusieurs  procédés  de 
purification  de  l'eau  destinée  au  service  de  la  flotte.  Parmi  ces  procédés  se 
trouvait  celui  de  la  distillation  de  l'eau  de  mer  au  moyen  de  l'appareil  d'iui 
industriel  de  Nantes.  Nous  reconnûmes  dans  l'eau  distillée  la  présence  du 
cuivre  provenant  de  métal  du  condensateur,  et,  après  avoir  constaté  qu'il 
suffisait,  pour  obtenir  de  l'eau  potable,  de  reconnaître  la  présence  d'un 
métal  avec  de  l'eau  sulfurée,  puis  de  passer  l'eau  dans  un  filtre  de  charbon, 


(  "3c)  ) 
qui  par  affinilé  capillaire  s'empare  du  cuivre,  nous  conseillâmes  à  l'autorilé 
de  charger  le  docteur  du  bord  d'avoir  des  flacons  fermés  à  l'émeri,  de 
I  décilitre  de  capacité,  avec  des  copeauK  de  chêne  et  de  l'eau  sulfatée,  pour 
obtenir  un  réactit  jn'opre  à  constater  non  seulement  la  présence  du  cuivre 
mais  encore  celle  du  plomb,  par  la  raison  que  le  sulfate  soluble  dissous 
dans  l'eau  se  transforme  en  sulfure,  après  quelques  jours,  par  la  matière 
combustible  soluble  du  bois  de  chêne. 

§  II.  ^-   Observations  relatives  aux  arts, 

»  Je  rappelle  que  la  présence  d'une  matière  cuivreuse  dans  des  tissus  de 
laine  qui  sont  destinés,  par  exemple,  à  subir  l'action  de  la  vapeur  après 
limpressioii,  se  tachent  en  une  couleur  orangeâtre,  parce  que  le  soufre 
de  la  laine  produit  un  sulfure  coloré  sous  l'influence  de  la  chaleur  hu" 
mide  (i). 

»  Il  se  produirait  du  sulfure  noir  ou  brun,  si  le  tissu  tenait  quelque  sel 
de  plomb,  ainsi  que  cela  arriva  en  i844-  Des  tissus  de  laine  avaient  été 
confectionnés  en  Picardie;  le  tisserand  s'était  servi  d'une  gélatine  que  le 
fabricant  avait  voulu  blanchir  avec  de  l'acétate  de  plomb,  dès  lors  l'encol- 
lage de  la  chaîne,  préparée  avec  cette  gélatine,  fut  cause  que  ces  tissus 
ayant  été  imprimés,  puis  passés  à  la  vapeur,  furent  absolument  tachés  (2). 

8   III.  —  Observations  relatives  h  la  Chimie. 

»  En  1837  (3),  j'appelai  l'attention  des  chimistes  sur  ini  fait  auquel  j'at- 
tache une  grande  importance  :  il  s'agit  de  l'usage  des  réactifs  en  Chimie. 
Je  reconnus,  en  efftt,  que  tous  les  réactifs  alcalins  que  contiennent  des  fla- 
cons de  verre  blanc  dans  la  composition  desquels  il  est  entré  des  cassons  de 
verre  plombeux,  afin  d'obtenir  plus  de  blancheur,  renfermaient  tous  de 
l'oxyde  de  plomb  en  solution.  Je  crus  devoir,  dans  l'intérêt  de  la  science, 
faire  sentir  la  nécessité  de  renfermer  désormais  les  réactifs  dont  je  parle 
dans  des  flacons  de  verre  vert. 

«  11  ne  s'agit  pas  ici  de  la  science  piu'e  seulement,  mais  encore  de  l'exa- 
inen  ciu'iui  tribunal  criminel  peut  ordonner  dans  des  cas  d'empoisonne- 
ment, et  personne  ne  me  blâmera  de  recommander  l'observation  prescrite 
par  la  mélliode  a  posteriori  expérimentale,  à  savoir  que  les  experts  nommés 
pour  examiner  des  faits  relatifs  à  xui  procès  criminel  fassent  toujours  ce 

(i)  Compte  rendu  de  1;\  séance  du  ati  de  décembre  1837. 
(■2)  Compte  rendu  de  la  séance  du  16  de  septembre  i844- 
(3)   Compte  rendu  de  la  séauce  du  26  de  décembre  1837. 

147.. 


(  i>4o  ) 

qu'on  nppelle  des  expériences  à  blanc  pour  éviler  tonte  erreur,  et  notam- 
ment celles  dont  la  cause  proviendrait  des  réactifs  employés. 

»  Puisqu'il  est  question  de  science,  une  Comiiiiniication  faite  dans  la 
dernière  séance  sur  l'influence  d'un  sel  pour  déterminer  la  précipitation 
d'une  terre  argileuse  en  suspension  dans  l'eau,  Communication  dont  M.  Elie 
de  Beaumont  a  fait  sentir  l'importance,  m'encourage  à  faire  les  deux  re- 
marques suivantes  : 

»  La  première,  c'est  que  cette  Communication  justifie  la  proposition  que 
j'ai  énoncée  plusieurs  fois,  et  récemment  encore,  sur  les  dissolvants.  En 
effet,  du  moment,  ai-je  dit,  qu'un  dissolvant  renferme  une  substance  en 
solution,  c'est  un  autre  dissolvant  que  le  dissolvant  pur;  en  d'autres  termes, 
il  pouria  dissoudre  des  corps  qu'il  ne  dissolvait  pas  à  l'état  de  piu-eté,  et 
telle  est  la  cause  d'une  des  plus  grandes  difficidtés  de  l'analyse  organique 
inmiédiale. 

»  La  seconde,  c'est  que,  dans  l'article  or  écrit  pour  le  Diclionnaire  des 
Sciences  naturelles  (article  qui  parut,  en  iSaS,  dans  le  tome  XXXVI),  je 
disais,  après  avoir  parlé  d'un  procédé  de  préparation  du  pourpre  de  Cassius 
par  V azotate  de  protoxrde  d'étain  : 

«...  J'ai  observe  plusieurs  fois  que  l'addition  de  quelques  gouttes  d'une  solution  de  sel 
neutre,  tel  que  le  sulfate  de  potasse,  déterminait  instantanément  le  dejiôt  d'une  liqueur  qui 
aurait  été  plusieurs  jours  sans  donner  de  précipité.  « 

Conclusion  finale. 

»  Après  avoir  entendu  les  conseils  donnés  par  M.  Belgrand  relativement 
à  l'évacuation  des  eaux  de  source  qui  ont  séjourné  un  temps  suffisant  dans 
des  vaisseaux  de  plomb  pour  se  colorer  par  l'acide  sulfhydrique,  je  par- 
tage son  opinion  relativement  au  bon  usage  des  tuyaux  de  plomb  dans  le 
cas  dont  nous  parlons,  à  la  condition  de  l'usage  du  réactif  toutes  les  fois 
que  l'on  pourrait  craindre  un  séjour  trop  long  de  l'eau  dans  des  vaisseaux 
de  ce  métal.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Elude  sur  la  bière;  nouveau  procédé  de  fabrication 
pour  la  rendre  inaltérable;  par  M.  L.  Pasteuiî. 

«  Tout  le  monde  sait  que  la  bière  est  éminemment  altérable  :  j)cndant  les 
chaleurs  de  l'été,  elle  ne  résiste  pus  |)lus  d'iui  mois  à  six  semaines  aux 
causes  de  sa  détérioration.  Le  moût  qui  sert  à  sa  préparation  est  d'une 
conservation  plus  diflicilc  encore.  A  une  température  un  j)eu  élevée,  le 


(     M/,.     ) 

nioîil  de  bière  peul  devenir,  dans  l'intervalle  de  quelques  heures,  surlout 
par  un  temps  orageux,  le  siège  d'altérations  diverses. 

»  Les  altérations  du  moût  de  bière  et  de  la  bière  ont  une  si  grande 
influence  sur  les  procédés  de  fabrication  de  cette  boisson,  qu'on  pourrait 
avancer,  sans  crainte  d'erreur,  que  toutes  les  pratiques  de  l'art  du  brasseur 
sont  liées  à  l'existence  de  ces  altérations  et  dominées  par  la  nécessité  de 
lutter  contre  leurs  désastreux  effets.  Une  des  plus  dispendieuses  de  ces 
pratiques  propres  à  assurer,  dans  une  certaine  mesure,  la  conservation  du 
moût  et  de  la  bière,  consiste  dans  remjjloi  de  la  glace  et  plus  généralement 
des  basses  températures. 

»  Qu'est-ce  donc  que  ces  altérations  de  la  bière  qui  dominent  à  ce  point 
la  fabrication  de  cette  grande  industrie,  et,  si  elles  étaient  connues  dans 
leurs  causes,  ne  pourrait-on  pas  espérer  les  combattre  par  des  moyens  plus 
économiques  et  plus  simples  que  ceux  auxquels  s'est  trouvée  conduite  une 
pratique  intelligente? 

»  J'ai  imaginé  un  procédé  nouveau  de  refroidissement  et  de  fermentation 
qui  réalise  ce  progrès. 

»  Voici  les  résultats  les  plus  essentiels  de  mon  travail  : 

»  1°  Toutes  les  altérations  de  la  bière,  soit  de  la  bière  achevée,  soit  de 
la  bière  en  cours  de  fabrication  et  du  moût  qui  sert  à  la  produire,  sont 
corrélatives  du  développement  et  de  la  multiplication  d'organismes  micro- 
scopiques, que  j'appelle,  pour  ce  motif,  i]esjcniients  de  maladie  ; 

»  2°  Les  germes  de  ces  ferments  sont  apportés  par  l'air,  par  les  matières 
premières,  par  les  ustensiles  en  usage...  ; 

»  3"  Toutes  les  fois  qu'une  bière  ne  renferme  pas  les  germes  vivants  qui 
sont  la  cause  immédiate  de  ses  maladies,  cette  bière  est  inaltérable,  quelle 
que  soit  la  température  de  sa  fabrication  et  de  sa  conservation; 

»  4"  J6  démontre  que,  par  l'emploi  des  procédés  actuels  de  la  brasserie, 
tous  les  moûts,  tous  les  levains  et  toutes  les  bières  renferment  les  germes 
des  maladies  propres  à  ces  substances. 

»  Prenons  inie  bière  quelconque  dans  le  commerce,  c'est-à-dire  une 
bière  qui  aura  été  fabriquée  par  les  procédés  en  usage  dans  les  brasseries 
de  France,  d'Angleterre  ou  d'Allemagne;  exposons-la  dans  des  bouteilles 
closes  à  une  température  de  i5  à  25  degrés  C.  Il  arrive  constamment  (du 
moins  je  n'ai  pas  rencontré  à  ce  fait  luie  seule  exception)  que  cette  bière, 
dans  l'intervalle  de  quelques  semaines,  s'altère  jusqu'à  devenir  impropre 
à  l'alimentation.  La  conservation  ne  serait  possible,  dans  quelques  cas 
excepliounels,  que  par  l'addition   d'une  quantité  de  houblon   supérieure 


(  11/.^  ) 

à  celles  que  l'usage  a  consacrées  (i).  En  même  temps  et  parallèlement  au 
progrès  même  de  l'altéralion,  on  voit  apparaître  et  se  multiplier  des  orga- 
nismes microscopiques  divers. 

»   Comment  ces  organismes  ont-ils  pris  naissance? 

»  Mes  études  antérieures  ont  établi  que  les  liquides  organiques  les  plus 
altérables,  tels  que  le  sang,  l'urine,  le  jus  de  raisin,  etc.,  se  conservent  in- 
définiment, sans  éprouver  ni  fermentation,  ni  putréfaction  quelconques, 
lorsqu'on  les  expose  à  l'air  ordinaire,  mais  à  l'air  débarrassé  des  poussières 
qu'il  charrie  sans  cesse  ou  de  celles  qui  sont  déposées  à  la  surface  de  tous 
les  objets  de  la  nature.  Les  contradictions  que  cette  proposition  a  soulevées 
de  la  part  des  liétérogénistes,  soit  de  ceux  qui  veulent  que  la  matière  brute 
puisse  s'organiser  d'elle-même,  soit  de  ceux  qui  prétendent  que  les  orga- 
nismes microscopiques  peuvent  être  engendrés  par  les  matières  albumi- 
noides  de  l'économie  vivante,  sont  venues  échouer  devant  l'expérience  si 
simple  dont  j'ai  souvent  rendu  témoin  l'Académie,  qui  consiste  à  enfermer 
les  liquides  organiques  dont  il  s'agit  d.ins  des  vases  ouverts,  mais  dont 
l'ouverture,  placée  à  l'extréniité  d'un  tube  sinueux,  est  assez  éloignée  du  li- 
quide contenu  dans  ces  vases  pour  que  les  poussières,  en  suspension  dans 
l'air,  ne  puissent  arriver  jusqu'au  contact  du  liquide. 

»  Cela  posé,  préparons  une  série  de  ces  vases  où  du  moût  de  bière  sera 
en  conservation  parfaite  depuis  des  semaines,  des  mois  ou  des  années;  puis, 
par  un  artifice  très-simple,  qui  repose  sur  l'existence  et  l'emploi  d'une 
deuxième  tubulure  soudée  aux  ballons  dont  je  parle,  introduisons  séparé- 
ment, dans  chacun  de  ceux-ci,  une  goutte  du  dépôt  de  tontes  lesbières  com- 
merciales. Comme  la  bière;  la  plus  limpide  contient  toujours  quelques  glo- 
bules de  levure  en  suspension,  h-,  fermentation  alcooliques'élablira,  les  jours 
suivants,  dans  tous  les  ballons  et  le  moût  de  bière,  que  chacun  d'eux  ren- 
ferme, se  transformera  en  bière.  Or,  si  l'on  opère  dans  une  étuve,  à  la 
température  de  l'été,  et  que  les  ballons  y  séjournent  quelques  semaines, 
on  reconnaîtra  que  toutes  les  bières  ainsi  préparées  seront  altérées  et  qu'aux 
globules  de  levure  alcoolique  ordinaire  se  trouveront  associés,  en  nombre 
plus  ou  moins  considérable,  les  ferments  de  maladie  dont  j'ai  parlé  tout  à 
l'heure.  Les  germes  de  ces  ferments  existaient  donc  dans  toutes  les  bières 
commerciales  employées.  Cette  interprétation  des  faits  est  confirmée  par  les 
résidtats  suivants. 

(i)  On  agit  ainsi  pour  les  biùres  anglaises  d'exportation,  <|iii  ont  en  nutru  une  teneur  en 
alcool  plus  élevée  que  les  bières  du  continent. 


(  ii43  ) 

»  Si  l'on  prépare  une  bière  privée  de  tout  germe  de  maladie,  et  qu'on 
ensemence  les  moûts,  consei-vés  sans  alloration,  non  plus  avec  des  bières 
fabriquées  par  les  procédés  actuels,  mais  avec  cette  bière  exempte  de  germes 
vivants  d'altération,  on  obtient,  dans  tous  les  cas,  des  bières  parfaitement 
saines  et  une  absence  complète  d'êtres  vivants,  autres  qTie  ceux  qui  con- 
stituent les  globules  de  la  levure  alcoolique.  Cette  expérience  achève  de 
prouver,  en  outre,  la  corrélation  qui  existe  entre  l'altération  de  la  bière  et 
la  présence  de  certains  organismes  microscopiques. 

»  De  mes  études  sur  le  vin  javais  déduit  que  le  vin  n'est  pas  tui  li- 
quide altérable  de  lui-même.  Cette  conclusion  est  vraie  également  pour  la 
bière.  C'est  en  dehors  de  sa  nature  propre,  de  sa  composition,  qu'il  faut 
chercher  les  causes  de  son  altération.  Les  seules  modifications  qu'elle 
puisse  éprouver  spontanément  sont  des  modifications  d'ordre  chimique, 
telles  que  l'évcnl,  si  on  l'expose  au  contact  de  l'oxygène,  ou  des  effets  de 
vieillissement,  par  suite  de  réactions  entre  ses éléinents  constituants,  princi- 
palement sous  une  influence  oxydante  lente  et  ménagée.  Ces  derniers,  chan- 
gements dans  la  nature  du  liquide  ne  correspondent  pas  à  des  états  maladifs 
proprement  dits  :  souvent  même  ils  contribuent  à  son  amélioration.  Pour 
que  la  bière  s'altère,  pour  qu'elle  devienne  aigi^e,  putride,  filante,  tour- 
née, lactique...,  il  est  nécessaire  que,  dans  son  intérieur,  se  développent  des 
organismes  étrangers,  et  ces  organismes  n'apparaissent  et  ne  se  multiplient 
qu'autant  que  leurs  germes  existent  à  l'origine  dans  la  masse  liquide.  Ces 
faits  sont  vrais  pour  les  températures  les  plus  hautes  de  l'atmosphère  aux- 
quelles la  bière  peut  être  exposée,  à  tel  point  qu'une  bière  pourrait  faire 
le  tour  du  monde  et  séjourner  dans  les  pays  les  plus  chauds,  si  elle  ne 
portait  en  elle  les  organismes  de  maladie  qui  nous  occupent.  Elle  ne  pour- 
rait éprouver  que  la  seule  fermentation  alcoolique. 

»  La  nature  du  moût  de  bière  donne  lieu  à  des  conclusions  toutes  sem- 
blables. Rien  ne  saurait  mieux  démontrer  que  les  altérations  du  moîit 
sont  réellement  dues  à  des  organismes  microscopiques  que  le  fait  rap- 
pelé tout  à  l'heure  de  l'inaltérabilité  absolue  de  ce  moût  au  contact  de  l'air, 
quand,  par  une  ébulition  préalable,  on  a  détruit  la  vitalité  des  germes  que 
le  moût  pouvait  renfermer  et  que,  par  un  artifice  quelconque,  on  ])lace 
ensuite  ce  moût  à  l'abri  des  poussières  que  l'air  chairie. 

»  Des  faits  du  même  ordre  nous  sont  offerts  par  la  levure  de  bière,  ce 
produit  indispensable  de  toute  bonne  fabrication.  Toutefois,  en  ce  qui 
concerne  la  levure,  les  choses  ne  se  présentent  pas  avec  la  même  simplicité 
que  [)our  la  bière  et  le  moût  d'où  on  la  tire.  La  bière  et  le  moût  de  bière 


(     M/|1     ) 

sont  des  substances  mortes;  co  n'est  que  par  un  langage  figuré  qu'on  les 
considère  quelquefois  comme  des  liquides  doués  d'une  vie  propre.  On 
comj)rend,  dès  lors,  que  ces  liquides  soient  indestructibles  tant  qu'ils  ne 
sont  pas  soumis  à  des  causes  extérieures  de  détérioration.  La  levure,  au 
contraire,  est  un  être  vivant.  La  matière  des  êtres  vivants  est-elle  indes- 
tructible au  contact  de  l'atmosphère,  celle-ci  élant  envisagée  comme  un 
ensemble  d'éléments  gazeux  ou  de  fluides  impondérables  n'ayant  à  aucun 
degré  la  puissance  d'évolution  d(!  tout  ce  qui  a  vie?  Nos  cadavres  à  nous- 
mêmes,  par  exemple,  resteraient-ils  intacts,  n'éprouvant  que  des  phéno- 
mènes d'ordre  physique  ou  chimique,  tels  que  l'humectation  ou  la  dessic- 
cation, ou  des  oxydations  lentes,  s'ils  n'étaient  naturellement  des  sources 
de  matières  nutritives  pour  ime  multitude  d'animaux  ou  de  végétaux 
inférieurs?  Enfin,  pour  la  levure  de  bière,  les  doutes  que  je  soulève  se 
compliquent  encore  d'un  autre  problème.  On  sait  que  des  botanistes 
très-habiles,  autrefois  M.  Turpin,  de  nos  jours,  en  Allemagne,  M.  Hoff- 
mann, pour  ne  citer  qu'un  seul  nom,  et  présentement  encore  en  France 
M.  Trécul,  ont  cru  devoir  conclure  de  leurs  observations  que  la  levure  de 
bière  peut  faire  naître  des  moisissures  diverses,  entre  autres  le  Pénicillium 
glaucmn. 

■»  Que  la  levure  de  bière  soit  éminemment  altérable,  tous  ceux  qui  ont 
manié  cette  substance  ont  eu  l'occasion  de  le  constater.  Pendant  les  cha- 
leurs de  l'été,  et  même  à  des  températures  plus  basses,  elle  change  de 
consistance  dans  l'intervalle  de  quelques  jours,  répand  une  odeur  putride, 
perd  son  activité  comme  ferment.  On  sait  aussi  que  ces  altérations  s'ac- 
compagnent du  développement  d'organismes  microscopiques,  bactéries, 
vibrions,  ferment  lactique,  moisissures  diverses.  D'où  viennent  ces  produc- 
tions organisées?  La  levure  les  engendre-t-elle  d'elle-même  par  une  modi- 
fication de  ses  cellules  dans  des  conditions  de  vie  nouvelle;  ou  bien  ces 
organismes  trouvent-ils  leur  origine  dans  les  poussières  des  objets  avec 
lesquels  la  levure  a  été  en  contact? 

»  Je  suis  parvenu  à  préparer  de  la  levure  privée  de  tout  germe  étranger 
à  sa  nature  propre,  et  j'ai  pu,  dès  lors,  me  rendre  compte  des  changements 
qu'elle  éprouve  au  contact  de  l'air  pur. Chose  assurément  remarquable  dans 
ces  conditions,  la  levure  paraît  inerte  comme  une  substance  minérale,  ne 
donne  lieu  à  aucune  putréfaction  quelconque,  et  l'on  ne  voit  apparaître  à 
sa  siu'face  ou  dans  son  intérieur  ni  moisissure,  ni  vibrions,  ni  bactéries, 
ni  ferments  acétique  ou  lactique;  elle  ne  donne  même  pas  naissance,  dans 
ces  conditions,  au  myiodcrma  vini^  si  voisin  de  la  levure  par  sa  structure, 


(ii/,5) 

sa  forme,  son  mode  de  développement  (i);  enfin  elle  conserve  son  carac- 
tère ferment,  quoique,  forcé  de  vivre  pour  un  temps  sur  sa  propre  sub- 
stance, son  protoplasma  se  modifie  profondément,  comme  il  arrive  toujours 
pour  des  cellules  où  les  phénomènes  habituels  d'assimilation  se  trouvent 
suspendus. 

»  Si  l'on  se  pénètre  bien  des  principes  qui  précèdent  et  de  leurs  consé- 
quences pratiques,  il  est  facile  de  comprendre  qu'on  puisse  parvenir  à  faire 
de  la  bière  qui  ne  soit  plus  exposée  à  s'altérer,  quelle  que  soit  la  tempéra- 
ture extérieure. 

»  Nous  pouvons  considérer  tout  d'abord  que  la  bière  est  forcément 
portée  à  l'ébullition  lorsqu'elle  est  encore  sous  la  forme  d'extrait  de  malt 
houblonné;  à  ce  moment,  tous  les  germes  de  maladie  du  moût  sont 
détruits.  Opposons-nous  donc,  dès  que  cette  opération  de  l'infusion  de 
houblon  est  achevée,  à  l'introduction  de  germes  nouveaux,  doués  de  vie. 
Voici  les  dispositions  auxquelles  je  me  suis  arrêté. 

»  (M.  Pasteur  décrit  ici,  au  tableau  noir,  l'appareil  dont  il  se  seit,  qui 
consiste  essentiellement  en  une  cuve  de  fer-blanc  ou  de  tôle  étamée,  mu- 
nie d'un  couvercle  à  fermeture  hydraulique  et  qui  peut  ne  communiquer 
avec  l'air  extérieur  que  par  des  tubes  verticaux  A  et  B,  brisés  pour  le  manie- 
ment du  couvercle,  mais  dont  les  parties  se  rejoignent  ensuite  facilement, 
lesquels  tubes  font  l'office  des  cols  sinueux  des  ballons  de  verre  dont  se 
sert  M.  Pasteur  dans  ses  expériences  sur  les  générations  dites  spontanées,) 

»  Le  moût  enfermé  très-chaud  dans  la  cuve  est  refroidi,  soit  par  le  cou- 
tact  de  l'air,  soit  par  un  courant  d'eau.  On  peut  abréger  la  durée  du  refroi- 
dissement par  une  circulation  d'eau  intérieure  à  l'aide  d'un  serpentin. 
Rien  de  plus  simple  cjue  de  s'opposer  à  la  rentrée  des  germes  extérieurs 
pendant  le  refroidissement,  en  faisant  arriver  du  gaz  acide  carbonique  par 

(i)  J'ai  annoncé  à  l'Académie  que  le  mycoderma  vint  se  transformait  en  levure  de  bière 
basse  par  la  submersion  dans  un  milieu  nuliilif  sucré.  Depuis  lors,  j'ai  exprimé  des  doutes 
sur  cette  opinion  et  indiqué  la  cause  d'erreur  que  je  craignais.  Je  crois  que  l'interpré- 
tation que  j'ai  donnée  des  faits  que  j'avais  observés  est  inexacte.  Les  articles  du  myco- 
derma vint  se  gonflent,  en  effet,  par  la  submersion  et  se  transforment  en  cellules  qui  agissent 
à  la  manière  des  cellules  de  levure  alcoolique,  avec  production  d'alcool  et  de  gaz  acide  car- 
bonique; mais  ces  cellules  n'ont  pas,  sous  cet  état  nouveau,  la  faculté  de  se  reproduire.  La 
levure  spontanée  qu'on  voit  apparaître  et  se  multiplier  doit  provenir  de  germes  de  levure 
apportés  par  l'air,  qui  tombent  sur  le  mycoderma  vint  pendant  qu'il  est  exposé  en  grande 
surface,  lesquels  germes  se  développent  après  la  submersion. 

C.  R.,  1S73,  2«  Semetire.  (T.  LXXVII,  N»  20.')  '48 


(  II/1<1  ) 

l'un  des  twbes  verticaux  A  on  B,  pendant  que  l'autre  de  ces  tubes  laisse 
échapper  l'excès  du  gaz.  Ces  tubes  peuvent  encore  servir  d'une  autre  ma- 
nière pour  que  le  moût  refroidisse  à  l'abri  des  germes  de  maladie;  en  effet, 
notre  appareil,  muni  de  ses  tubes,  ou  mieux  de  l'un  d'eux  qui  restera 
ouvert,  l'autre  étant  fermé,  nous  offre  exactement  la  disposition  des  vases 
de  verre  à  col  recourbé  et  à  ouverture  éloignée  du  liquide  dont  il  a  été 
parlé  ci-dessus.  Pour  ce  moût  de  bière  introduit  bouillant  à  l'origine,  les 
choses  se  passeront  comme  pour  les  liquides  fermenlescibles  dans  ces  bal- 
lotis  de  verre;  il  pourra  se  refroidir  au  contact  de  l'air,  sans  être  exposé  à 
s'altérer.  L'expérience  montre,  en  effet,  que  le  moût  peut  se  conserver 
dans  ces  conditions,  quelle  que  soit  la  capacité  des  vases,  aussi  longtemps 
qu'on  le  désire,  avec  toutes  ses  qualités  premières. 

»  Il  faut  ensuite  le  mettre  en  levain,  en  opérant  autant  que  possible  à 
l'abri  de  l'air  commun,  ce  qui  est  facile,  et  en  se  servant  d'un  levain  tout 
à  fait  pur,  condition  indispensable  à  réaliser  et  qui  a  été  l'une  des  princi- 
pales difficultés  de  mon  travail. 

»  Où  trouver  ce  levain  pur?  J'ai  reconnu  que  tous  les  levains  des  bras- 
series, même  les  mieux  tenues,  sont  toujours  impurs,  parce  que  celte  im- 
pureté est  inhérente  aux  procédés  mêmes  qui  sont  en  usage  aujourd'hui. 
Or  l'emploi  de  tels  levains,  non-seulement  rend  impossible  la  fabrication 
des  bières  inaltérables  en  vases  clos,  mais  il  exagère,  au  contraire,  les  dé- 
fauts des  procédés  actuellement  employés. 

»  Dans  ces  conditions,  les  levains  deviennent  de  plus  en  plus  défectueux  : 
c'est  qu'il  existe  entre  la  levure  et  les  ferments  de  maladie  de  la  bière  une 
différence  physiologique  très-digned'attention.Tandisque  la  levure  de  bière 
vit  et  se  multiplie  au  contact  de  l'air  plus  rapidement  et  plus  facilement 
qu'en  présence  du  gaz  acide  carbonique,  les  ferments  de  maladie,  au  con- 
traire, sont  gênés  dans  leur  vie  et  leur  propagation  par  la  présence  du  gaz 
oxygène  :  sous  ce  rapport,  ils  sont  analogues  à  ce  singulier  vibrion  que  j'ai 
montré  autrefois  être  le  ferment  butyrique  et  que  l'oxygène  de  l'air  prive 
de  mouvement  et  d'action  comme  ferment.  Il  en  résulte  que,  quand  on 
opère  à  l'abri  de  l'air,  les  fermentations  accessoires  se  développent  avec 
facilité,  tandis  que  la  fermentation  alcoolique  est  entravée,  parce  que  la 
levure  de  bière  ne  peut  venir  reprendre  au  contact  de  l'oxygène  une  source 
nouvelle  d'activité  ;  aussi  toutes  les  tentatives  de  fabrication  de  la  bière 
en  vase  clos,  à  l'abri  de  l'air,  ont  échoué  jusqu'à  présent.  Mais  tous  ces 
effets  sont  la  conséquence  de  l'impureté  des  levains   habituels  des  bras- 


(   1^47  ) 
séries  (i);  car  si  ces  derniers  ne  portaient  pas  en  eux-mêmes  des  fermenls 
étrangers,  ceux-ci  ne  pourraient  apparaître  ni  spontanément,  ni  par  le  fait 
d'une  transformation  de  la  levure. 

»  Tels  sont  les  principaux  motifs  de  la  nécessité  de  l'emploi  d'un  levain 
pur  et  toujours  tel  dans  l'application  de  mon  procédé.  Plusieurs  moyens 
peuvent  être  mis  en  pratique  pour  la  production  et  l'usage  d'un  levain  pur; 
je  serais  entraîné  trop  loin  si  je  voulais  ni'arréter  à  ceux  que  j'ai  adoptés; 
qu'il  me  suffise  de  dire  qu'on  y  parvient  surtout  en  profilant  de  la  différence 
d'action  de  l'oxygène  de  l'air  sur  la  levure  et  sur  les  ferments  de  maladie,  et 
que,  quand  on  a  obtenu  une  petite  quantité  de  levain  pur,  il  est  possible  de  le 
conserver  tel  et  de  le  multipliera  l'aide  des  dispositions  d'appareilsdont  j'ai 
donné  tout  à  l'heure  la  description.  On  placerait  à  la  rigueur  dans  un  de 
ces  appareils  remplis  de  moût  pur  quelques  cellules  de  levure,  sans  mé- 
lange d'organismes  étrangers,  que  celles-ci  fourniraient  de  grandes  quan- 
tités de  levain  toujours  pur.  La  levijre,  n'ayant  pas  à  craindre  d'être  gênée 
par  les  ferments  de  maladie,  pourra  s'accommoder  de  quantités  limitées 
d'air,  s'en  passer  même  tout  à  fait,  quoique  au  préjudice  de  sa  rapidité 
d'action,  tandis  que,  dans  les  procédés  ordinaires,  la  présence  de  beaucoup 
d'air  est  nécessaire. 

»  Je  mets  donc  le  moût  eu  levain,  mais  en  levain  pur;  la  fermentation 
a  lieu  et,  quoique  s'effectuant  à  l'abri  de  l'air  ou  en  présence  de  quantités 
limitées  d'air  pur,  elle  ne  donne  pas  de  ferments  étrangers,  parce  que  l'es- 
pèce levure  de  bière  seule  a  été  semée,  et  que  ce  qui  a  été  avancé  au  sujet 
d'une  transformation  possible  de  la  levtireen  bactéries,  vibrions,  Hi/tWen/irt 
aceti,  moisissures  vulgaires,  ou  vice  versa,  est  erroné.  Enfin,  quand  la  bière 
est  faite,  on  peut  la  traiter  à  la  manière  ordinaire,  sans  que,  cette  fois,  le 
contact  de  l'air  offre  des  inconvénients  sérieux,  parce  que  la  bière  achevée 
ou  sur  le  point  de  l'être  n'offre  plus  un  milieu  nutritif  favorable  à  la  propa- 
gation des  germes  aériens  de  ses  propres  ferments  de  maladie,  du  moins  à 
ceux  qui  sont  anaérobies,  c'est-à-dire  qui  n'ont  pas  besoin  de  l'oxygène  de 
l'air  pour  vivre  et  se  multiplier.  Quant  aux  autres,  qui  sont  le  mjcoderma 
aceti  et  le  mycoderma  vini^  des  précautions  simples,  et  que  la  pratique  d'ail- 
leurs a  toujours  suivies,  permettent  de  les  éviter  facilement. 

(i)  Cette  apprécialion  est  confirmée  par  ce  fait  que  les  bières  obtenues  par  mon  procédé 
avec  emploi  de  l'acide  carbonique  ont  des  qualités  remarquables;  la  plus  grande  lenteur 
de  la  fermentation  propre  à  cette  disposition  de  la  fabrication  contribue  sans  doute  à  ce  ré- 
sultat. 

j/l8.. 


(  Ji48  ) 

»  En  résumé,  la  bière  faite  dans  les  conditions  que  je  viens  d'indiquer, 
logée  selon  l'usage  dans  des  tonneaux  goudronnés  récemment,  ou  mise  en 
bouteilles,  se  conserve  indéfiniment,  même  dans  une  étuve  de  20  et  aS  de- 
grés centigrades.  Loin  d'éprouver  avec  le  temps  quelque  altération,  elle 
paraît  plutôt  s'améliorer  parmi  effet  de  vieillissement  naturel,  analogue  à 
celui  qu'offrent  les  vins,  qui  se  conservent  sans  se  détériorer  ^  i). 

»  On  comprend  dès  lors  la  possibilité  de  supprimer  l'emploi  de  la  glace, 
ou  plus  généralement  des  basses  températures,  pendant  et  après  la  fermen- 
tation, puisque  le  nouveau  procédé  est  applicable,  à  toute  température, 
aux  bières  dites  allemandes,  et  que  les  bières  qu'on  en  obtient  sont  inalté- 
rables. La  température  des  caves  de  conserve  pourra  ne  pas  être  inférieure 
à  10  ou  12  degrés  centigrades,  température  qu'on  peut  obtenir,  même  en 
été,  sans  emploi  de  la  glace,  dans  les  climats  tempérés,  par  des  caves  d'une 
profondeur  qui  n'a  rien  d'exagéré. 

)i  Tel  est,  d'une  manière  succincte,  le  procédé  de  fabrication  de  la  bière 
que  j'ai  imaginé,  et  dont  l'étude  m'a  occupé  pendant  ces  trois  dernières 
années.  » 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  [pcrsonjie  de  Cl.  Bitidin,  Correspondant  de  la  section  de 
Mécanique,  décédé  à  Clermont-Forrand  le  12  novembre  1873. 

M.  Bertrand  rappelle  en  ces  termes  quelques-uns  des  services  rendus 
à  la  science  par  M,  Burdin  : 

(c  M.  Burdin,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  après  avoir  renoncé  aux 
fonctions  actives,  s'était  fixé  à  Clermont-Ferrand;  son  grand  âge  le  tenait 
éloigné  de  l'Académie,  dont  il  était  Correspondant  depuis  plus  de  trente 
années.  Beaucoup  de  nos  confrères,  cependant,  l'ont  personnellement 
connu;  ils  n'oublieront  ni  la  distinction  de  son  esprit,  ni  la  persévérance 
de  ses  projets  scientifiques,  ni  la  hardiesse  et  l'originalité  de  ses  vues.  La 

(1)  La  rigiieui'  îles  principes  que  j'avance  au  sujet  des  causes  des  maladies  delà  bière  est 
telle,  que  la  fabrication  peut  être  améliorée  par  la  mise  en  usage  d'une  partie  seulement  des 
pratiques  que  ces  principes  conseillent.  M.  Velten,  à  Marseille,  M.  Kiihn,  à  Clermont-Fer- 
rand ont  perfectionné  sensiblement  leur  travail  en  agissant  ainsi,  c'est-à-dire  en  adoptant 
i;ne  partie  seulement  de  mon  procédé  à  une  époque  où  celui-ci  n'était  pas  encore  définitif. 
M.  Velten  refroidit  le  moût  dans  l'air  pur;  M.  Kulin  le  refroidit  de  manière  à  éviter  les 
germes  d'altération  provenant  des  bacs,  de  la  cuve  guilloire  et  ceux  que  les  levains  ramas- 
sent partout  dans  la  brasserie,  entre  le  niouieni  où  on  les  recueille  et  celui  où  on  les  utilise. 


triste  nouvelle  qu'on  nous  annonce  inopinément  laissera  parmi  nous  de 
profonds  et  durables  regrets. 

»  C'est  à  M.  Burdin  que  l'on  doit  la  première  turbine.  Si  les  progrès  de 
la  Mécanique  ont  suggéré  des  dispositions  différentes  des  siennes  et  si 
d'autres  inventeius  ont  très-légitimement  recueilli,  en  perfectionnant  son 
œuvre,  des  avantages  considérables  unis  à  une  juste  renommée,  M.  Bur- 
din, qui  n'a  tiré  aucun  profit  de  son  invention,  doit  garder  une  grande  part 
de  l'honneur  qui  s'y  attache. 

»  Les  travaux  de  M.  Burdin  sur  l'emploi  de  l'air  chaud  comme  moteur 
n'ont  pas  donné  de  résultats  praliques;  mais  les  persévérantes  études  de 
noire  savant  Correspondant  et  ses  ingénieuses  combinaisons  porteront  leurs 
fruits.  Plus  d'un  inventeur,  aujourd'hui  déjà,  se  plaît  à  reconnaître,  dans 
ces  essais  incomplets,  l'origine  d'une  idée  utile  et  féconde. 

»  Lorsque  la  Section  de  Mécanique,  en  i843,  le  proposa  aux  suffrages 
de  l'Académie  pour  une  place  de  Correspondant,  elle  comptait  dans  son 
sein  Poncelet  et  Coriolis,  lesdeux  grands  promoteurs  de  la  théorie  du  tra- 
vail, dont  on  sait  aujourd'hui  dans  toutes  les  branches  de  la  science  la 
fécondité  et  la  portée.  Tous  deux  en  accueillant,  en  suscitant  sans  doute 
la  candidature  de  M.  Burdin,  ont  loyalement  salué  en  lui  leur  judicieux 
et  modeste  précurseur.  Burdin,  plusieurs  années  avant  eux,  dans  un  tra- 
vail trop  peu  lu  aujourd'hui,  mais  cité  par  tous  ceux  qui  s'attachent  à 
retracer  l'histoire  exacte  de  la  Science,  avait  très-nettement  indiqué  l'im- 
portance capitale  du  principe  des  forces  vives  et  appelé  sur  lui,  en  termes 
excellents,  toute  l'attention  des  ingénieurs. 

»  Dévoué  dès  sa  jeunesse  à  la  Science,  il  a  appliqué  à  des  recherches  dif- 
ficiles et  élevées  les  dernières  forces  de  son  esprit.  L'Académie  lui  doit 
ses  regrets  et  son  pieux  souvenir.  » 

«  M.Élie  de  Beaumoxt  rappelle  que  le  Mémoire  intitulé  :  Considérations 
sur  les  machines  en  mouvement,  dans  lequel  M.  Burdin  a  donné  la  formule 
générale  de  l'application  aux  machines  du  principe  des  forces  vives  et  l'ex- 
pression de  l'effet  utile,  ou  du  travail,  a  paru  dans  le  Journal  des  Mines, 
cahier  de  mai  i8i5,  publié  quelque  temps  après  sa  date  nominale  (i). 
Presque  au  même  moment,  en  i8i8,  parut  dans  les  .annales  de  Chimie  et 
de  Physique  (2),  un  Mémoire,  de  M.  Petit  :  Sur  l'emjjloi  du  principe  des 
foi  ces  vives  dans  le  calcul  de  l'effet  des  machines,  où  le  savant  professeur 


(i)  Journal  des  Mines,  t.  XXXVII,  p.  3ii). 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  VIII,  p.  287. 


(   I  i5o  ) 

développait,  avec  sa  lucidité  habituelle,  l'application  du  principe  des 
forces  vives  à  plusieurs  appareils  mécaniques.  Ces  deux  publications, 
presque  simultanées,  ont  été  les  points  de  départ  de  l'introduction  du 
principe  des  forces  vives  dans  l'enseignement  de  la  science  des  machines, 
à  laquelle  il  a  fait  faire  de  si  grands  progrès.   » 

aiÉMOIRES   PRÉSENTÉS. 

ASTRONOMIE.  —  Réponse  aux  Observations  de  M.  Oudemans,  sur  iinjlucnce 
de  la  réfraclion  atmosphérique  à  l'instant  d'un  contact  darts  un  passage  de 
Fénus  [i).  Lettre  de  M.  Ed.  Dlbois  à  M.  le  Secrétaire  perpéluel. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  passage  de  Vénus.) 

«  Pour  chercher  une  limite  de  l'influence  de  la  réfraction  atmosphé- 
rique sur  l'instant  d'un  contact,  dans  un  passage  de  Vénus,  j'ai  pensé 
qu'il  n'était  nullement  nécessaire  d'avoir  égard  aux  formes  hypothétiques 
de  la  trajectoire  du  rayon  lumineux. 

»  Je  ne  devais,  du  reste,  pas  perdre  de  vue,  que  la  méthode  de  Halley, 
pour  la  détermination  delà  parallaxe  solaire,  avec  l'approximation  désirée, 
permet  une  erreur  de  cinq  secondes  dans  l'appréciation  d'un  contact.  En 
prenant  à  la  place  de  l'angle  BOA  l'angle  A'OA,  évidemment  plus  grand,  j'ai 
voulu  me  placer,  relativement  à  l'erreur  que  je  cherchais,  dans  une  limite 
très-large,  et  pouvoir  aussi  donner  à  cette  recherche  un  caractère  tout  élé- 
mentaire. 

»  M.  Oudemans  trouve,  par  des  considérations  qui,  dans  une  certaine 
mesure,  pourraient  au  moins  être  discutées,  que  l'influence  delà  réfraction 
sur  l'instant  d'un  contact  sera  moindre  que  o',  i3.  Son  résultat  ne  fait  donc 
que  rendre  plus  frappant  celui  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie et  qui  indiquait  que,  dans  le  passage  de  i8^4)  '^i  réfraction  astrono- 
mique n'aura  pas  d'influence  sérieuse.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'emploi  du  prisme  dans  la  vérification  de  la  loi  de  la  double 
réfraction.  Note  de  M.  G. -G.  Stokes. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  La  Communication  de  M.  Abria  [Comptes  rendus,  séance  du  i3  oc- 
tobre, p.  8i4  de  ce  volume)  me  détermine  à  appeler  l'attention  de  l'Aca- 
démie sur  une  méthode  que  j'ai   proposée  pour  le  même  objet  dans  un 

(i)  Comptes  re/ului:,  p.  ^q^  ilc  ce  volume. 


(  •>5.   ) 
travail  STir  la  double  réfraction  (i),  ^f  que  j'ai  appliquée  plus  tard  au 
spath  calcaire  (2).  Cette  méthode  me  paraît  plus  facile,  plus  générale  et  plus 
exacte  que  celle  de  M.  Abria. 

»  Quand  on  veut  mesurer  l'indice  de  réfraction  d'une  substance  ordi- 
naire, on  emploie  le  plus  souvent  la  méthode  de  la  déviation  minimum. 
Mais  il  y  a  une  autre  méthode,  aussi  exacte  et  presque  aussi  facile,  qui  con- 
siste à  mesurer  la  déviation  pour  un  azimut  arbitraire  du  prisme,  et  en 
outre  l'angle  d'incidence  ou  l'angle  d'émergence,  suivant  que  le  prisme  de- 
meure en  repos  quand  on  déplace  la  lunette,  ou  qu'il  l'accompagne  dans 
son  mouvement.  Cette  méthode  n'est  pas  nouvelle  :  elle  a  déjà  été  em- 
ployée par  M.  Swan  dans  sa  vérification  de  la  loi  de  Snellius  pour  le  rayon 
ordinaire  du  spath  calcaire  (3)  ;  mais  ou  n'avait  pas,  à  ma  connaissance, 
indiqué  le  parti  qu'on  en  pourrait  tirer  pour  la  recherche  de  la  loi 
de  la  réfraction  extraordinaire  dans  les  cristaux.  Le  phénomène  que 
l'on  observe  dans  le  cas  d'un  cristal  est  le  même  que  dans  le  cas  d'une 
substance  ordinaire,  avec  cette  seule  différence  que  l'on  obtient  deux 
imagos  au  lieu  d'une  seule;  on  peut  encore  mesurer  la  déviation  de  cha- 
cune des  deux  images,  et  il  ne  s'agit  que  d'intei'préter  les  résultats  obtenus. 
Or,  en  s'appuyant  sur  la  démonstration  qu'a  donnée  Huyghens  pour  la 
réfraction  en  général,  démonstration  qui,  fondée  sur  le  seul  principe  de 
la  coexistence  des  petits  mouvements,  n'exige  aucune  hypothèse  sur  la  loi 
de  variation  des  vitesses  de  propagation  dans  diverses  directions,  on  dé- 
montre facilement  que  les  deux  quantités  qui  représentent  pour  une  sub- 
stance ordinaire,  1°  l'angle  de  réfraction,  2°  l'indice  de  réfraction,  et  qui 
se  déduisent  des  données  d'observations  par  un  calcul  très-facile,  expri- 
ment pour  un  cristal,  i"  l'inclinaison  de  l'onde  réfiactée  à  la  surface  d'in- 
cidence, onde  qui  est  nécessairement  perpendiculaire  au  plan  d'incidence, 
a"  le  rapport  de  la  vitesse  de  propagation  dans  l'air  à  celle  de  l'onde  ré- 
fractée. La  direction  ainsi  déterminée  par  rapport  aux  deux  faces  du  prisme 
est  rapportée  ensuite,  par  le  calcul,  à  des  directions  fixes  dans  le  cristal, 
l'orientation  de  chaque  face  artificielle  ayant  été  déterminée,  au  moyen  de 
la  réflexion,  par  rapporta  des  faces,  soit  naturelles,  soit  de  clivage.  On  peut 
ainsi  examiner  un  cristal  dans  une  série  de  directions,  au  moyen  d'un  seul 
angle  réfringent,  et  l'on  peut  faire  tailler  deux  angles  au  moins  sur  un 

(1)  Report  nf  the  Britisk  Association  for  iSôî,  part  I,  p.  2^2. 

(2)  Procecdings  of  the  Royal  Society,  vol.  XX,  p.  44^  (20  juin  1872). 

(3)  Transactions  0/ t/ic  Royal  Society  0/ EdinOurg,  \o\.  Tiyi,  p.  375. 


(     Il  52    ) 

même  bloc  sans  détruire  les  faces  dont  on  a  besoin  pour  la  détermination 
de  l'orientation  des  plans  artificiels. 

»  Je  n'ai  appliqué  jusqu'ici  celte  méthode  qu'au  spath  calcaire,  cristal 
que  j'ai  choisi  à  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  s'en  procurer  de 
bons  échantillons,  et  de  l'énergie  de  sa  double  réfraction,  qui  devrait  ren- 
dre plus  sensibles  les  écarts  par  rapport  à  la  loi  d'Huyghens,  s'il  en  existait. 
J'ai  trouvé  que  cette  loi  représente  la  réfraction  extraordinaire  aussi  exac- 
tement que  la  loi  de  Snellius  représenté  la  réfraction  ordinaire. 

»  L'erreur  moyenne  de  quinze  observations  du  rayon  extraordinaire, 
faites  dans  des  directions  qui  s'étendaient  de  3o  à  60  degrés  environ  de 
l'axe,  et  rapprochées  de  la  formule  déduite  de  la  construction  d'Huyghens 
en  y  introduisant  les  indices  principaux,  obtenus  à  90  degrés  de  l'axe,  ne 
s'élevait  qu'à  0,0001 3  de  l'indice,  quantité  qui  est  de  l'ordre  des  erreurs 
accidentelles  de  mes  observations,  et  qui  correspond  à  J3V0  environ  de  la 
différence  des  indices  principaux.  L'erreur  correspondante  de  déviation 
dans  tm  prisme  de  45  degrés  est  d'environ  aS  secondes.  » 

ANALYSE  SPECTRALE.  —  Sur  quelques  spectres  mélalliques  {plomb,  c/ilorure 
d'or^  tlialliuin,  lilliiwn).  T^ote  de  M.  Lecoq  de  Iîoisbaudiia\. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Plomb.  —  Quand  l'étincelle  d'induction  éclate  entre  deux  fragments 
de  plomb,  dont  les  surfaces  ont  été  récemment  rafraîchies,  le  spectre  est 
uniquement  composé  de  raies  étroites.  Bientôt  les  électrodes  se  recouvrent 
d'oxyde  de  plomb,  et  le  champ  spectral  se  remplit  des  bandes  ombrées 
caractéristiques  de  l'oxyde  de  plomb  chauffé  dans  la  flamme  du  gaz. 

»  L'oxydation  du  plomb  des  électrodes  modifie  très-inégalement  les 
raies  étroites,  dont  quelques-unes  s'évanouissent  entièrement,  tandis  que 
d'autres  conservent  leur  éclat. 

(  V  560,7 

Disparaissent  complètement  ou  à  Irès-peii  près J       554,4 

(    Ç  537,0 
/    e   600, l 

Persistent,  mais  avec  une  perte  notable  d'éclat ;        /    ,'/- 

J       43^>o 

(       44,5 

4      >7 
P  5oo,3 

N'est  pas  scnsililenient  modifii'c a  4o5,6 


(..53) 

»  L'action  du  condensateui"  est  à  peu  près  exactement  inverse  de  celle 
de  l'oxydation  des  électrodes;  car,  plus  les  raies  sont  affaiblies  par  l'oxy- 
dation, plus  elles  sont  reiiforcées  par  le  condensateur.  Ainsi,  les  raies 
7560,7,  Ç  537,0,  etc.,  éteintes  par  l'oxydation,  reprennent  leur  éclat  dès 
qu'on  établit  la  communication  avec  une  bouteille  de  Leyde.  La  ."aie 
a  4o5,6,  au  contiaire,  n'est  sensiblement  modifiée  ni  par  le  condensateur, 
ni  par  l'oxydation. 

M  Chlorure  d'or.  —  Dans  la  flamme  du  gaz,  le  AuCP  produit  de  magni- 
fiques bandes  (sillonnées  de  raies  un  peu  nébuleuses)  s'étendaut  du  jaune 
au  vert  bleu.  Avec  l'étincelle  tirée  sur  une  solution  de  AuCl',  le  spectre  se 
compose  des  bandes  vertes  et  d'un  certain  nombi-e  de  i-aies  étroites  dissé- 
minées depuis  le  l'ouge  jusqu'au  violet.  Les  intensités  relatives  des  bandes 
et  des  raies  étroites  varient  avec  les  conditions  de  l'expérience,  l'écarte- 
ment  des  pôles  favorisant  la  formation  des  bandes. 

»  L'éclat  relatif  des  laies  étroites  du  AuCl'  diffère  sensiblement,  suivant 
le  mode  opéi'atoi.'e.  J'appellerai  seulement  ici  l'attention  sur  le  change- 
ments que  subissent  les  raies  s  5o6,3  et  0  oaS.o  lorsqu'on  modifie  le  degré 
de  dilution  des  liqueui's,  la  longueur  de  l'étincelle,  ou  la  direction  du 
courant  induit  (i).  Ainsi  : 

»  [a)  Avec  une  solution  très-<;oncentrée  et  une  étincelle  un  peu  courte, 
la  l'aie  5  est  légèi'emeut  plus  forte  que  £  ;  si  l'on  allonge  l'étincelle,  c  peut 
l'emporter  légèi'ement  sur  5. 

»  [b]  Avec  une  solution  de  richesse  moyenne  et  une  étincelle  qui  ne 
soil  pas  très-courte,  £  est  un  peu  plus  brillante  que  c?;  par  renversement 
des  pôles,  la  laie  5  devient,  au  conti'aire,  nolable.nent  plus  forte  que  £.  Si 
l'étincelle  est  un  peu  longue  (sans  atteind.-e  toutefois  la  limite  de  l'ap- 
parition du  trait  de  feu),  s  est  notablement  plus  forte  que  5,  tandis  qu'avec 
une  étincelle  très-courte,  à  peut  dominer  légèrement  s. 

»  (c)  Avec  une  solution  ti'ès-étendue,  s  est  notablement  plus  marquée 
que  (?,  mais  l'immersion  des  pôles  lend  c?  très-notablement  plus  vive  que  s. 

»  Quand  la  solution  de  chlorure  d'or  est  de  concentration  moyenne,  le 
specti'e  pai-aîl  être  un  peu  plus  beau  qu'avec  une  liqueur  tout  à  fait 
saturée.  J'ai  fait  la  même  re.narque  pour  le  chlorure  platinique. 

»    Tliallium.  —   Les  sels  de  thalliu.n  donnent,  dans  la  flamme  du  gaz, 

(i)  Par  le  renversement  du  courant,  le  dépôt  d'or  spongieux  formé  sur  le  fil  extérieur 
devient  négatif;  on  facilite  l'expérience  en  mouillant  ce  dépôt  avec  la  solution  un  instant 
avant  de  lancer  le  courant. 

C.  P..,  1873,  1"  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  20.)  '49 


(  ii54  ) 
outre  la  brillante  raie  verte  «  534,9,  ""^  autre  raie,  beaucoup  plus  faible 
et  légèrement  nébuleuse,  ayant  pour  longueur  d'onde  568, o.  Celte  raie, 
facilement  visible  dans  une  flamme  riche  en  thallium,  paraît  bien  appar- 
tenir à  ce  métal,  car  son  intensité  relative  s'est  maintenue  avec  divers  sels 
de  thallium  soigneusement  purifiés;  je  ne  l'ai  pas  obtenue  en  tirant  l'étin- 
celle d'induction  sur  la  solution  des  mêmes  sels  qui  la  donnaient  aisément 
dans  la  flamme  du  gaz. 

»  Lilliium,  —  Guidé  par  des  considérations  théoriques,  j'avais  été 
amené  (il  y  a  quelques  années)  à  prévoir  l'existence  probable  d'une 
raie  nouvelle  dans  le  spectre  du  lithium;  le  calcul  indiquait  4j3,o  pour 
la  longueur  d'onde.  On  n'obtient  qu'une  trace  de  cette  raie  en  faisant 
éclater  l'étincelle  d'induction  sur  une  solution  deLiCl;mais  on  la  voit 
facilement  avec  l'étincelle  et  le  Li^O,CO-  fondu  au  rouge.  Deux  séries 
de  mesures  provisoires  m'ont  donné  412,9  et  4i3,o  pour  la  longueur 
d'onde.    » 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIUE.  —  Sur  le  maximum  de  densité  de  l'eau  ;  explication 
mécanique  de  ce  phénomène.  Note  de  M.  Piarron  de  Mondesir. 

(Commissaires  :  MM.  Bertrand,  Serret,  Jamin.) 

«  Pourquoi  le  volume  de  l'eau  ne  va-t-il  pas  toujours  en  diminuant  avec 
la  température?  Pour(]uoi  ce  volume  atteint-il  son  minimum  aux  environs 
de  4  degrés  et  croît-il  ensuite  entre  4  degrés  et  zéro? 

u  Je  ne  connais  aucune  explication  de  ce  phénomène.  En  voici  une 
purement  mécanique  : 

»  J'admets  d'abord  que  chaque  molécule  d'eau  se  compose  de  4  élé- 
ments ou  atomes  affectant  la  forme  d'une  sphère  ou  d'un  ellipsoïde  de 
révolution  à  axe  vertical.  Ces  4  atomes,  dont  les  centres  sont  sur  le  même 
plan  horizontal,  sont  tangents  entre  eux  et  tournent  harmoniquement  au- 
tour de  leurs  axes  verticaux.  C'est  ce  mouvement  de  rotation  des  atomes 
qui,  dans  l'ordre  d'idées  que  j'adopte  ici,  représente  la  chaleur  latente  de 
l'eau  et  constitue  un  travail  dynamique  invisible,  dont  l'estimation,  en 
unités  de  chaleur,  est  d'environ  80  calories  par  kilogramme. 

»  Tant  que  le  mouvement  de  rotation  des  atomes  subsistera,  l'eau  res- 
tera à  l'état  liquide.  Elle  passera  à  l'état  solide  au  moment  même  où  ce 
mouvement  rotatoire  s'arrêtera.  C'est  alors  que,  en  vertu  du  principe  le 
travail  se  transforme  et  ne  s'anéantit  pas,  le  travail  dû.  au  mouvement  de 
rotation  des  atomes  liquides,  lequel  est  l'équivalent  de  la  chaleur  latente 


(  ii55  ) 
de  l'eau,  se  trouvera  représenté  par  le  travail  dynamique  dû  à  l'expansion 
de  la  glace. 

»  Il  me  faut  maintenant  expliquer  comment  le  mouvement  de  rota- 
tion des  4  atomes,  qui  constituent  i  molécule,  peut  s'arrêter  instanta- 
nément. 

»  Je  désigne  ici,  sous  le  nom  de  prisme  moléculaire,  le  prisme  droit  formé 
par  quatre  plans  verticaux  tangtnts  extérieurement  à  i  molécide,  et  je 
partage  la  masse  liquide  que  je  considère,  et  dont  la  forme  est  quelconque, 
en  une  infinité  de  prismes  moléculaires  accolés  les  uns  aux  autres.  Chaque 
prisme  contiendra  lui-même  une  infinité  de  molécules  superposées,  dont 
les  éléments  se  toucheront  par  les  pôles,  ce  qui  ne  saurait  contrarier  leur 
mouvement  de  rotation  harmonique. 

»  Pour  que  les  4  atomes,  qui  constituent  i  molécule,  puissent  tourner 
harmoniquement,  il  est  nécessaire  qu'ils  soient  orientés  de  manière  à  ne 
présenter  que  quatre  points  de  contact,  attendu  que,  avec  cinq  points  de 
contact,  le  mouvement  de  rotation  harmonique  est  impossible. 

»  C'est  cette  observation  qui  m'a  conduit  à  admettre  que  l'orientation 
moléculaire  commençait  à  se  modifier  à  partir  de  4  degrés,  de  manière  à 
présenter  les  cinq  points  de  contact  à  zéro. 

»  Les  trois  figures  qui  suivent  font  ressortir  clairement  le  changement 
qui  s'opère  dans  l'orientation  moléculaire  : 

Fig.   I.  Fig.   2.  Fig.   3. 


Coupe  Coupe  Coupe 

d'un  prisme  moléculaire  d'un  prisme  moléculaire  d'un  prisme  moléculaire 

à  4°  et  au-dessus.  entre  ff°  et  0°.  à  0°. 

»  A  4  degrés  et  au-dessus,  la  coupe  horizontale  du  prisme  moléculaire 
est  le  carré  PQRS.  Les  4  atomes  a,  b,  c  el  d  de  la  fig.  i  n'ont  que  quatre 
points  de  contact  et  tournent  harmoniquement  autour  de  leurs  axes  verti- 
caux. Les  2  éléments  a  et  d  tournent,  par  exemple,  de  droite  à  gauche, 
tandis  que  les  a  autres  b  el  c  tournent  de  gauche  à  droite. 

))  A  partir  de  4  degrés,  l'orientation  moléculaire  se  modifie.  Le  carré  PQRS 
est  remplacé  par  le  losange  P'Q'R'S'  de  la  ^g.  2.  L'atome  a  s'est  éloigné 
de  l'atome  d,  tandis  que  les  2  atomes  i  et  c  se  sont  rapprochés.  Toutefois, 

149.. 


(  ii56  ) 

comme  le  nombre  des  contacts  ne  dépasse  pas  4,  le  mouvement  de  rota- 
tion harmonique  continue  et  l'eau  reste  à  l'état  liquide. 

»  Au  moment  où  la  température  atteint  la  limite  zéro,  le  prisme  mo- 
léculaire a  pour  base  le  losange  P"Q"R"S"  de  \afig.  3,  lequel  est  tracé  sous 
les  angles  de  60  et  de  120  degrés.  Les  4  atomes  inscrits  dans  ce  losange  li- 
mite se  touchent  alors  en  cinq  points,  attendu  que  les  atomes  b  et  c,  en  se 
rapprochant  déplus  en  plus,  sont  arrivés  au  contact.  Dans  cette  position,  le 
mouvement  rotatoire  des  4  atomes  est  nécessairement  arrêté.  C'est  alors  que 
l'eau  passe  de  l'état  liquide  à  l'état  solide,  et  que  la  glace  se  forme  en  cristaux 
sous  les  angles  de  60  et  de  120  degrés,  ce  qui  est  parfaitement  conforme  à 
l'observation. 

»  Il  me  reste  maintenant  à  faire  voir  que,  par  suite  du  changement  d'orien- 
tation moléculaire  que  je  viens  d'exposer,  le  volume  de  l'eau  doit  nécessai- 
rement augmenter  entre  4  degrés  et  zéro. 

»  L'eau  se  dilate  sous  l'influence  de  la  chaleur,  comme  tous  les  corps  de 
la  nature.  D'après  Dalton,  son  coefficient  de  dilatation,  dans  les  basses  tem- 
pératures, serait  de  o,  ooo46  par  chaque  degré  C. 

))  L'effet  de  la  dilatation  se  produit  directement  sur  le  volume  de  l'atome, 
et  il  n'y  a  aucune  raison  pour  admettre  une  exception  à  la  loi  de  dilatation 
de  l'atome  entre  4  degrés  et  zéro. 

»  Tant  que  la  température  de  l'eau  dépasse  4  degrés,  l'orientation  mo- 
léculaire restant  la  même,  il  est  évident  que  le  volume  total  ou  apparent 
varie  proportionnellement  au  volume  atomique.  Ce  volume  total  irait  donc 
toujours  en  diminuant  jusqu'à  zéro,  suivant  la  loi  de  la  dilatation,  si 
l'orientation  moléculaire  ne  variait  pas;  mais,  comme  l'orientation  change 
à  partir  de  4  degrés,  la  proportion  cesse  d'exister,  à  partir  de  cette  limite 
de  température,  entre  le  volume  apparent  et  le  volume  atomique. 

»   Le  calcul  du  reste  est  des  plus  simples. 

»  Je  désigne  par  V  le  volume  d'un  poids  donné  d'eau  à  4  degrés,  par  V„ 
le  volume  réellement  occupé  par  cette  eau  à  zéro  et  par  V'^,  le  volume  qu'oc- 
cuperait cette  eau  à  zéro  si  son  orientation  moléculaire  ne  variait  pas. 

»  J'aurai  d'abord 

V  =  V'(,(i  4-  4  X  0,00046)  =  V'o  X  1,00184. 

»  J'aurai  ensuite,  en  observant  que  les  volumes  \ „  et  V'„  sont  entre  eux 
comme  les  prismes  moléculaires  P"Q"R"S"et  PQRS,  soit,  comme  les  sur- 
faces du  losanges  P"Q"R"S"  et  du  carré  PQRS  qui  leur  servent  de  base, 

,        P-Q'R'S' 


(   ii57  ) 

»   Or  la  Géométrie  nous  donne,  en  observant  que  le  sinus  de  l'angle 

v'3 
de  60  degrés  est  égal  à  ^,  et  en  prenant  pour  unité  le  rayon  d'un  atome, 

Cane  PQRS  =  16,000, 
Losange  P"Q"R"S"=('.  +  -iV.-f-4^^  =  ^i^tli3):^|i^g^^g3_ 

v      \/y\      \/3y  2  V3         s/3 

»   On  a  donc 

,    i6,o83i4       t;'     ,  te       -«r  i,oo5iq6 

V„  =  V„— ^=V,X. ,005.96  =  V-^-^; 

soit,  finalement, 

y  =  r  ,oo335. 

n  Ainsi  donc,  dans  le  système  que  je  viens  d'exposer,  et  en  adoptant  le 
chiffre  de  0,00046  donné  par  Dalton  pour  le  coefficient  de  dilatation  de 
l'eau,  les  volumes  de  l'eau  liquide  à  zéro  et  à  4  degrés  seraient  entre  eux 
comme  les  nombres  i,oo335  et  i.  » 

PFIYSIQUE.   —  Effets  frigorifiques  produits  par  la  capillarité,  jointe 
à  l'évaporation.  Deuxième  Note  de  M.  C.  Decharme.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  En  dirigeant  sur  un  papier  spongieux,  plongeant  dans  le  sulfure  de 
cnrhone,  le  jet  d'un  pulvérisateur  contenant  de  l'eau  pure,  on  n'active  pas 
la  formation  du  givre,  au  contraire;  mais,  si  l'on  pulvérise  le  sulfure  de 
carbone  lui-même,  le  jet  projeté  sur  le  papier  y  détermine  un  cercle  d'ar- 
borescences, qui  va  en  croissant  avec  le  temps.  Ce  même  jet,  dirigé  sur  la 
boule  nue  d'un  thermomètre,  y  produit  aussitôt  du  givre,  puis  des  arbo- 
rescences et  un  abaissement  de  température  qui  va  de  +  10  à  —  aa  degrés. 
Sur  une  lame  de  verre,  les  arborescences  que  l'on  obtient  de  cette  manière 
se  conservent  assez  longtemps  pour  qu'on  puisse  facilement  les  observer 
au  microscope — 

M  Parmi  les  divers  corps  poreux  soumis  à  l'action  capillaire  du  sulfure 
de  carbone  (papiers  de  diverses  natures,  tissus,  fils,  mèches,  ouate,  amadou, 
moelle  de  sureau,  éponge,  amiante,  etc.),  le  charbon  de  bois  ordinaire  a 
présenté  un  intérêt  particulier.  D'abord  il  fait  entendre  des  craquements 
très-forts,  analogues  à  ceux  qui  se  produisent  lorsqu'on  l'allume  sur  un 
réchaud;  ici,  c'est  l'effet  inverse  :  le  refroidissement  subit,  qui  détermine 


(  ii58  ) 
des  contractions,  suivies  quelquefois  de  la  rupture  du  morceau.  De  plus, 
la  disposition  des  arborescences  glacées  correspond  aux  ouvertures  des 
vaisseaux  capillaires,  terminaux  ou  latéraux,  en  sorte  qu'elles  sont  placées 
en  couronnes  concentriques  à  l'extrémité  du  charbon  et  rangées  parallèle- 
ment, suivant  les  génératrices  du  cylindre,  sur  la  surface  latérale. 

»  Les  liquides  capables  de  produire,  comme  le  sulfure  de  carbone,  le 
phénomène  des  arborescences  sur  les  papiers  spongieux  sont,  jusqu'à  pré- 
sent, le  chloroforme,  Véther  sulfurique  rectifié,  Véllter  bromliydrique.  Il  est 
très-probable  que  l'éther  chlorhydrique  (que  je  n'ai  pu  encore  avoir  pur) 
produit  le  même  effet.  Je  ne  doute  pas  que,  parmi  les  liquides  nombreux 
dont  le  point  d'ébullition  est  inférieur  à  60  degrés,  il  ne  s'en  trouve  plu- 
sieurs jouissant  de  la  même  propriété  frigorifique  que  les  précédents.  Jus- 
qu'ici aucun  liquide  n'a  produit  les  arborescences  sur  papier  d'une  manière 
aussi  rapide  et  aussi  intense  que  le  sulfure  de  carbone,  dont  le  point  d'ébul- 
lition (48  degrés)  est  cependant  supérieur  à  celui  de  l'éther  sulfurique 
(35°,5)  et  dont  la  tension  de  vapeur  (3o2  millimètres  à  20  degrés)  est 
moindre  que  celle  de  l'éther  (433  millimètres  à  20  degrés).  J'ajouterai  tou- 
tefois que  les  effets  frigorifiques  produits  sur  le  thermomètre  à  boule 
entourée  de  papier  spongieux  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  pour  ces  liquides 
(de  +  10  degrés  à  —  17  ou  —  19  degrés),  sauf  pour  le  chloroforme,  qui 
n'a  donné  qu'un  abaissement  de  —  8  degrés  dans  les  mêmes  conditions; 
et  cependant  les  arborescences  auxquelles  il  donne  lieu  sont  plus  nom- 
breuses et  plus  belles  que  celles  que  détermine  l'élher  sulfurique. 

»  Relativement  à  la  nature  des  arborescences  glacées,  voici  quelques 
faits  qui  semblent  montrer  qu'elle  est  purement  aqueuse.  Le  point  de 
fusion  de  ce  givre  correspond  exactement  à  la  température  zéro,  qu'il  ait 
été  produit  par  le  sulfure  de  carbone,  ou  par  le  chloroforme,  ou  par  l'élher 
sulfurique  ou  bromhydrique.  La  saveur  de  cette  neige  est  nulle,  ainsi  que 
son  odeur,  au  moment  de  la  fusion,  c'est-à-dire  après  l'évaporation  com- 
plète du  liquide  volatil  dont  elle  est  constamment  imprégnée  durant  son 
accroissement.  La  densité  de  l'eau  de  fusion  est  la  même  que  celle  de  l'eau 
pure.  Enfin  la  vitesse  et  la  hauteur  capillaires  dans  les  tubes  et  dans  les 
papiers  spongieux  ne  présentent  pas  de  différences  sensibles  pour  les  deux 
liquides.    » 


(  "59) 

CHIMIE  AGRICOLE.    —   Sur  la  quantité   d'ammoniaque    contenue  dans   l'air 
atmosphérique  à  différentes  altitudes.  Note  de  M.  P.  Tkuchot. 

(Commissaires  :  MM.  Élie  de  Beaiimont,  Boussingault,   Fremy, 
Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  une  précédente  Communication  (i),  j'ai  eu  l'honneur  de  sou- 
mettre à  l'Académie  les  résultats  de  recherches  sur  la  quantité  d'acide 
carbonique  existant  dans  l'air  atmosphérique  à  différentes  altitudes;  je 
lui  demanderai  de  lui  communiquer  aujourd'hui  un  travail  analogue  au 
sujet  de  l'ammoniaque. 

»  Plusieurs  savants  ont  déterminé  la  proportion  d'ammoniaque  contenue 
dans  l'air,  et  leurs  résultats  montrent  que  cette  proportion  est  variable 
avec  les  conditions  de  l'expérience.  Cest  ainsi  que  M.  Griiger  a  trouvé 
o™^,  43  d'ammoniaque  par  mètre  cube;  M.  Kemp,  5™^,  02;  M.  Frésénius  (2), 
o"e,  17;  M.  Is.  Pierre  (3),  4™e,53  et  o'^s.eS,  et  M.  G,  Ville,  une  quan- 
tité très-notablement  moindre;  mais  le  premier  opérait,  à  Mulhouse,  sur 
II 12  litres  d'air,  pendant  quatre  journées  pluvieuses  de  mai  i845;  le 
deuxième,  sur  376  litres  d'air,  pris  à  3oo  pieds  au-dessus  de  la  mer  d'Ir- 
lande; le  troisième,  sur  689'",  5,  à  Wiesbaden,  et  durant  quarante  jours 
des  mois  d'aoiàt  et  de  septembre  1848.  M.  Is.  Pierre  opérait  à  Caen  :  une 
première  fois,  sur  2720  litres  d'air  pendant  cent  dix-huit  jours  de  l'hiver 
i85i-i852,  et  une  seconde  sur  4oi5  litres  recueillis  en  cent  soixante-neuf 
jours  d'observations,  de  mai  i852  à  avril  i853. 

»  Le  but  principal  de  mes  recherches  étant  de  déterminer  Ta  variation 
de  la  quantité  d'ammoniaque  avec  l'altitude,  en  opérant,  comme  cela  a 
été  fait  pour  l'acide  carbonique,  à  Clermont-Ferrand  à  3^5  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  au  sommet  du  Puy-de-Dôme  à  i446  mètres, 
et  au  sommet  du  pic  de  Sancy  à  1884  mètres,  j'ai  dû  employer  un  pro- 
cédé qui  permît  d'expérimenter  sur  une  grande  quantité  d'air,  plusieurs 
mètres  cubes  par  exemple,  tout  en  ne  consacrant  à  l'expérience  qu'un 
temps  très-court,  de  trois  à  cinq  heures. 

»  J'ai  fait  construire  par  M.  Brunt,  à  Paris,  un  aspirateur  formé  d'une 
espèce  de  compteur  à  gaz,  dont  les  hélices  sont  mues  par  un  ressort,  au 
lieu  de  tourner  sous  la  pression  du  gaz  ;  un  compteur  ordinaire  de  cinq  becs 

(i)  Comptes  rendus,  p.  6^5  de  ce  volume. 

{2)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3*  série,  t.  XXVI,  p.  208. 

(3)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  XXXIX,  p.  428. 


(  ii6o  ) 

est  adapté  à  cet  aspirateur  au  moyen  d'un  tube  en  plomb.  Un  tel  système 
permet  d'aspirer  rapidement  ou  lentement  à  volonté  une  grande  quantité 
d'air,  tout  en  le  mesurant  à  i  litre  près,  et  je  suis  persuadé  qu'il  peut  rendre  . 
des  services  dans  bien  des  recherches. 

»  Je  me  proposais  d'abord  de  faire  passer  l'air  aspiré  soit  dans  de  longs 
tubes  à  ponce  suif urique,  soit  dans  un  liquide  acide  ;  mais,  dans  ces  condi- 
tions, l'appareil  n'aspire  l'air  que  très-lentement,  et  mon  but  n'était  plus 
atteint.  J'ai  alors  acidulé  au  millième,  par  l'acide  sulfurique,  l'eau  que 
contient  l'aspirateur  lui-même,  et  c'est  ce  liquide  qui  retient  l'ammo- 
niaque. Je  me  suis  assuré  au  préalable,  par  l'examen  de  l'eau  du  compteur, 
également  acidulée,  que  l'ammoniaque  atmosphérique  était  complètement 
absorbée  dans  l'aspirateur,  et  qu'il  ne  s'en  formait  pas  de  traces  sensibles 
par  la  réaction  chimique,  très-faible  d'ailleurs,  de  l'eau  acidulée  sur  les 
métaux  qui  constituent  l'appareil,  et  qui  sont  la  tôle  plombée  et  un  alliage 
blanc  contenant  du  nickel.  L'eau  employée  était  de  l'eau  distillée,  prove- 
nant des  dernières  portions  de  la  distillation,  ou  de  l'eau  de  source  dans 
laquelle  on  avait  dosé  l'ammoniaque  pour  établir  luie  correction. 

M  L'appareil  ayant  fonctionné  de  manière  à  aspirer  de  2  à  5  mètres  cubes 
d'air,  ou  recueillait  le  liquide  de  l'aspirateur  et  l'on  déterminait  l'ammo- 
niaque par  la  méthode  si  précise  et  si  commode  que  M.  Boussingault  a 
employée  pour  déterminer  cet  alcali  dans  les  eaux. 

»   Le  tableau  suivant  indique  les  résultats  obtenus. 

Quantité 

Klat  Pression       Volume     d'ammoniaque 

de  Tempe-       baro-  d'air    parmèlreculied'air 

Stations.  Dates.  l'atmosphère,      rature,   métrique.      aspiré,   à  0  et  à  O", 700. 

/22aoûti873.     Couvert....    11"    728'""'  432o'''     1,20 

Clermoat-Ferrand ' ''^ Pluie  légère  .     22  ,28  ,730  ,,06 

J  25 Soleil 27  725  5ioo  0,93 

'26 Soleil 26  728  6600  i,4o 

Sommet  du  Puy-de-Dôme.     27 Soleil 21  638  3Gi8  3,i8 

Clermont-Ferrand 28 Soleil 22  728  4334  1,12 

(  (Brouillards..)    r-  r  o 

Sommet  du  pic  de  Sancy .  V^ "  '  |  Nuages |    ^  ^'8  ao63  5.55 

(    6  octobre...  Soleil 11, 5  608  2400  5,27 

Brouillard  .  .  ) 

>  II       n 20       i"3G       ''  43 
Pluie  légère.  \  '  '  "'^ 

Clermont-Ferrand. ......{  (  Beau,  un  peu  ) 

'9 .  'o       727       2837        1,33 

(    couvert. . . .  )  '  '  ' 

i4 Brouillard..      11       72G       3172       2,79 

»  On  voit  que,  tandis  que  la  proportion  d'ammoniaque  était,  à  Clermout- 


(  ''G.  ) 
Ferrand,  le  28  août,  de  i™^^  12,  elle  était,  la  veille,  de  3"'^,  18  au  sommet 
du  Piiy-de-Dôme,  et,  le  lendemain,  de  5'"e,55  au  sommet  du  pic  de  Saucy. 

»  Comme  à  celte  dernière  station  le  sommet  du  pic  était  couvert  de 
brouillard  ou  plutôt  de  nuages  pendant  l'expérience,  on  pouvait  attri- 
buer à  leur  influence  le  chiffre  élevé  trouvé  pour  l'ammoniaque  atmosphé- 
rique; une  nouvelle  ascension  fut  alors  résolue,  pour  un  moment  où  l'on 
pourrait  espérer  le  beau  temps  :  elle  eut  lieu  le  6  octobre.  Le  ciel  était 
pur  et  le  soleil  brillait;  aussi  la  température  était-elle  de  1 1°,5.  Des  nuages 
se  sont  bien  formés  vers  midi,  mais  ils  n'atteignaient  pas  le  sommet,  et, 
divisés  par  la  montagne,  ils  passaient  de  chaque  côté  du  pic.  Un  seul, 
formé  de  vapeur  assez  rare  et  ne  mouillant  pas  les  vêtements,  a  enveloppé 
la  cime  pendant  dix  minutes;  l'aspirateur  n'a  pas  fonctionné  pendant  ce 
temps. 

»  La  proportion  d'ammoniaque,  B"'^,^'],  n'a  pas  été  trouvée  sensible- 
ment différente,  et  il  faut  conclure  de  ces  expériences  que,  dans  la  ré- 
gion des  nuages,  l'air  atmosphérique  contient  plus  d'ammoniaque  qu'à  une 
petite  distance  du  sol.  Ce  résultat  est  assez  important  pour  que  je  me  pro- 
pose de  le  vérifier  dans  d'autres  saisons. 

M  Quant  aux  proportions  trouvées  à  Clermont,  sur  une  terrasse,  à 
ao  mètres  environ  du  sol,  elles  oscillent  entre  o"*''^g3  et  2"s,79  par  mètre 
cube;  la  moyenne  est  de  i^^^Gô.  On  reconnaît,  à  l'inspection  du  tableau 
ci-dessus,  que,  pendant  une  pluie  légère,  et  surtout  pendant  le  brouillard, 
la  quantité  devient  plus  forte.  On  sait,  du  reste,  par  les  analyses  de  M.  Bous- 
singault,  que  le  brouillard  contient  des  quantités  souvent  considérables 
d'ammoniaque,  ce  qui  justifie  ce  dicton  populaire:  Les  brouillards  qui 
duretil  engraissent  la  terre. 

»  Enfin,  pour  ne  comparer  ces  résultats  qu'à  ceux  de  M.  Is.  Pierre,  on 
voit  qu'ils  tiennent  le  milieu  entre  les  chiffres  trouvés  à  Caen  par  ce  sa- 
vant chimiste  et  agronome. 

))  En  résumé,  il  résulte  de  mes  premières  recherches  que,  si  la  propor- 
tion d'acide  carbonique  diminue  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  l'atmo- 
sphère, de  manière  à  être  successivement  de  o™s,632,  o"'s,4o5,  o"*»,  342 
par  litre  aux  trois  stations  adoptées,  Clermont-Ferrand  (SgS  mètres),  som- 
met du  Puy-de-Dôme  (i446  mètres),  et  sommet  du  pic  de  Sancy  (1884  mè- 
tres), la  quantité  d'ammoniaque  va  au  contraire  en  augmentant  et  se 
trouve  être  respectivement  i™^,  12,  3™^,  18  et  S™^,  55  par  mètre  cube.  » 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  20.)  '  ^^ 


(     ll62    ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Remarques  relatives  aux  observations  présentées  par 
MM.  E.  Pelouze  et  P.  Audouin,  sur  la  condensation  des  matières  liquéfiables 
tenues  en  suspension  dans  les  gaz.  Note  de  RLD.  Collado\. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  MM.  Pelouze  et  Audouin,  dans  leur  Communication  du  27  octobre 
(p.  928  de  ce  volume),  font  observer  que,  dans  mon  brevet  français,  expiré 
aujourd'hui,  j'ai  intitulé  mon  appareil  :  «  Laveur  mécanique,  »  et  ils  ajou- 
tent :  «  Rien  n'indique  que  M.  Colladon  ait  entrevu  la  possibilité  de  con- 
»  denser  les  matières  liquéfiables  tenues  en  suspension  dans  le  gaz,  sans 
))   l'intervention  de  liquides  ou  de  surfaces  refroidissantes,  etc.  » 

»  Pour  démontrer  que  je  ne  considérais  pas  l'intervention  de  l'eau 
comme  indispensable  dans  mon  nouveau  système  d'épuration,  je  reproduis 
ici  l'Introduction  de  la  Notice  que  j'ai  publiée,  en  i858,  dans  le  Journal 
polytechjiique  de  Zurich  : 

«  Lorsque  les  gaz  rencontrent  des  corps  solides,  il  se  produit  parfois  des  phénomènes 
très-remarquables;  il  se  forme  des  dépôts  de  substances  qui,  ou  bien  sont  effectivement 
dissoutes  dans  le  gaz,  ou  bien  s'y  trouvent  suspendues  en  particules  très-fines.  Le  givre  qui 
se  dépose  en  hiver  sur  les  arbres  en  est  un  exemple  très-connu.  Lorsr/u'on  épure  le  gaz 
d'éclairage,  la  naphtaline  et  le  goudron  s'en  séparent  dans  des  circonstances  tout  à  fait 
originales.  En  général,  les  aspérités  et  les  rétrécissements  des  tuyaux  de  conduite  forcent  le 
gaz  à  déposer  une  partie  des  substances  en  suspension  ;  mais,  dans  d'autres  cas,  les  mêmes 
inégalités  et  les  mêmes  aspérités  dans  les  conduites  provoquent  le  mélange  du  gaz  avec  les 
substances  en  suspension.  En  un  mot,  c'est  la  même  cause  qui  produit  dans  un  des  cas  une 
séparation,  dans  l'autre  un  mélange. 

»  Dans  tout  ce  paragraphe,  il  n'est  nullement  question,  comme  on  le 
voit,  de  surfaces  mouillées.  » 

AÉROSTATION.  —  Sur  l'emploi  des  pigeons  voyageurs  dans  la  navigation 
aérienne.  Mémoire  de  M.  W.  de  Fo.wielle.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

«  L'auteur  exprime  le  désir  de  compléter  sa  précédente  Communication, 
parce  qu'il  a  appris  que  quelques  personnes  attribuent  aux  aéronaules  du 
Dcnlj  Grapltic  l'honneur  d'avoir  imaginé  ces  expériences.  Or  des  pigeons 
ont  été  lancés  par  Biot  et  Gay-Lussac,  dans  leur  ascension  du  9  fructidor, 
an  XII,  dont  le  récit  détaillé  a  été  inséré  au  Moniteur  Universel  quelques 
jours  après. 


{   iiG3  ) 

'  Il  résulte  du  récit  fait  par  ces  deux  illustres  Membres  de  l'Académie 
des  Sciences  que  les  pigeons  ne  peuvent  revenir  à  leur  pigeonnier  si 
l'on  ne  prend  la  précaution  de  rapprocher  l'aérostat  de  terre  au  moment 
de  leur  rendre  la  liberté;  autrement  l'air  trop  rare  ne  peut  servir  au  vol, 
et  ils  tombent  avec  une  vitesse  accélérée. 

»  Comme  l'auteur  a  appris  que  des  expériences  sur  les  pigeons  voya- 
geurs lancés  d'un  ballon  vont  être  tentées,  il  croit  devoir  faire  remarquer 
quelesaéronautes  américains  n'ont  réussi  que  parce  qu'ils  ont  tenu  compte, 
sans  s'en  douter,  de  cette  circonstance,  puisqu'ils  se  sont  tenus  très-près 
de  terre  pendant  toute  la  durée  de  leur  ascension. 

»  L'auteur  croit  cependant  que  l'on  pourrait  lâcher  utilement  des 
pigeons  bien  dressés  à  une  hauteur  quelconque,  mais  à  condition  de  les 
placer  sur  un  perchoir  soutenu  par  un  parachute.  Tout  porte,  en  eflèt,  à 
penser  que  ces  intelligents  oiseaux  prendraient  l'habitude  de  cette  ma- 
nœuvre, et  qu'ils  ne  lâcheraient  prise  que  lorsqu'ils  seraient  parvenus 
dans  un  air  suffisamment  dense  pour  que  le  battement  de  leurs  ailes  pût 
leur  permettre  de  lutter  contre  la  gravitation.  Un  pigeon  que  M.  Glaisher 
avait  lancé,  dans  son  ascension  du  5  septembre  1862,  à  une  altitude  de 
6437  mètres,  mais  à  un  moment  où  le  ballon  descendait  rapidement,  eut 
l'idée  de  se  percher  sur  le  ballon,  dont  il  se  servit  comme  de  parachute. 
Prenant  son  vol  quand  il  jugea  l'air  valable^  il  put  regagner  son  pigeonnier. 

»  Pendant  le  siège  de  Paris,  M.  Deroard,  une  des  personnes  qui  furent 
le  plus  justement  récompensées  pour  l'organisation  du  service  des  pigeons 
voyageurs,  imagina  de  faire^servir  des  ballons-postes  au  dressage  des  jeunes 
pigeons.  M.  Rampont,  directeur  général  des  postes,  fit  procéder  à  une 
expérience,  le  7  octobre  1870,  à  l'aide  des  ballons  V Armand-Barbes  et  le 
Georges-Sand.  JMalheureusement  les  aéronautes  ne  lâchèrent  point  leurs 
pigeons  pendant  la  durée  du  voyage,  alors  que  la  distance  était  assez  faible 
pour  qu'ils  pussent  revenir  une  première  fois.  L'expérience  fut  considérée 
comme  manquée,  et  elle  ne  fut  plus  recommencée. 

))  Il  ne  serait  pas  sans  intérêt,  pour  éclairer  la  théorie  de  l'instinct  d'orien- 
tation, de  voir  si  des  pigeons  reviendraient  à  leur  pigeonnier,  dans  le  cas 
où  ce  pigeonnier  ne  serait  autre  que  la  nacelle  d'un  aérostat  flottant  dans 
l'air,  à  faible  distance,  pour  qu'ils  pussent  l'apercevoir  nettement. 

»  Aucune  tentative  n'a  été  faite  par  les  journaux  anglais  pour  organiser 
un  service  de  pigeons  voyageurs,  parce  que  la  législation  télégraphique  du 
Royaume-Uni  pei  met  aux  entrepreneurs  de  publicité  de  prendre  un  câble 
électrique  en  location. 

i5o.. 


(n64) 
»  Un  service  comme  celui  du  National,  pour  ses  dernières  dépêches  de 
Versailles,  coûte  3o  francs  par  jour.  Le  journal  dispose  de  dix  pigeons 
voyageurs  qui  peuvent  porter  cinq  dépêches  en  double  expédition.  Le 
temps  du  voyage  dure  de  quinze  à  vingt  minutes,  suivant  l'état  de  l'atmo- 
sphère et  la  direction  du  vent.  Quand  il  y  a  des  brumes,  l'oiseau,  obligé  de 
chercher  sa  route,  reste  plus  longtemps  dans  l'air.  Les  pigeons  bien 
dressés  peuvent  revenir  de  nuit  par  lui  beau  clair  de  lune,  mais  lentement. 
Le  retour  de  Versailles  semble  la  limite  du  trajet  qu'ils  peuvent  exécuter.  » 

ENTOMOLOGIE.  —  Remarques  au  sujet  d'une  Note  de  M.  Derbès  sur  les  Pem- 
phigus  du  Pistacia  Terebinlhus,  comparés  au  Phylloxéra  quercûs.  Note 
de  M.  Balbiani,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

(Pienvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  sa  dernière  séance,  l'Académie  a  reçu  de  M.  Derbès  une  Note 
dans  laquelle  il  rappelle  ses  anciennes  observations  sur  les  Pemphiijus  du 
Pistachier  Térébinthe,  et  signale  de  nombreux  traits  de  ressemblance  entre 
la  reproduction  de  cet  Aphidien  et  celle  du  Phylloxéra  du  chêne,  dont  j'ai 
fait  l'objet  d'une  Communication  récente  à  l'Académie  [Comptes  rendm 
des  i3  et  ao  octobre).  M.  Derbès  me  reproche  d'avoir  omis  de  citer  ses 
propres  observations  en  cherchant,  dans  les  annales  de  la  science,  des  faits 
analogues  à  ceux  offerts  dans  sa  reproduction  |)ar  le  parasite  du  chêne. 

»  Je  reconnais  la  justesse  de  la  réclamation  du  savant  professeur  de  Mar- 
seille, mais  pour  une  partie  seulement.  En  ce  qui  concerne  d'abord  les  petits 
individus  aptères,  mâles  et  femelles,  à  trompe  rudimentaire,  dont  il  signale 
l'apparition,  à  une  certaine  époque  de  l'année,  dans  le  cycle  d'évolution 
des  Pempidgus,  il  est  évident  qu'ils  présentent  une  ressemblance  frappante 
avec  les  individus  sexués,  dépourvus  de  suçoir  et  d'intestin,  qui,  chez  le 
Phylloxéra  quercûs,  s'accouplent  à  l'état  de  larves  et  donnent  naissance 
aux  femelles  qui  se  multiplient  ensuite,  pendant  un  grand  nombre  de  géné- 
rations, par  la  voie  de  la  parthénogenèse.  Si  je  n'ai  pas  mentionné  cette 
intéressante  observation  de  M.  Derbès,  je  le  prie  de  croire  que  c'est  par  un 
oubli  bien  involontaire  de  ma  part,  et  que  je  regrette;  mais,  puisqu'il  a 
soulevé  cette  discussion  historique,  je  suis  obligé  de  lui  répondre  que  son 
travail,  publié  en  1871  dans  les  ^nna/es  des  Sciences  naturelles,  coitùenl  une 
lacune  complètement  semblable  à  celle  qu'il  relève  dans  le  mien.  Il  est  vrai 
que  l'observation  qu'il  a  omis  de  citer  est  ancienne  et  peu  connue.  Quoi 
qu'il  en  soit,  je  retrouve  dans  mes  notes  l'indication  que  l'entomologiste 


(  ii65  ) 
von  lleyden  avait,  dès  i838,  constaté  déjà,  chez  les  Aphidiens,  l'existence 
de  petits  individus  sexnés  dépourvus  d'ailes  et  de  suçoir  (i). 

»  Mes  recherches  sur  le  Phylloxéra  confirment  donc,  d'une  part,  les 
observations  de  mes  deux  prédécesseurs  et  démontrent,  d'autre  part, 
l'existence  d'individus  reproducteurs  tout  pareils  chez  des  espèces  diffé- 
rentes des  véritables  Pucerons.  Enfin  je  rappellerai  que,  dans  une  famille 
voisine  des  espèces  précédentes,  celle  des  Coccides  ou  Cochenilles,  l'exis- 
tence de  mâles  dépourvus  de  trompe,  à  l'état  d'insecte  j)arfait,  est  pour 
ainsi  dire  une  règle  sans  exception,  tandis  que  les  femelles  sont  toujours 
douées  de  cet  appendice. 

»  Un  autre  trait  d'analogie  entre  le  Phylloxéra  du  chêne  et  les  Pemplii- 
qiis  du  térébintho  est  la  dissemblance  des  individus  qui  s'engendrent  les 
uns  les  autres,  soit  sans  accouplement  préalable,  soit  avec  le  concours  des 
deux  sexes.  C'est  à  tort  que  M.  Derbès  prétend  cpie  je  n'ai  signalé  entre 
les  générations  successives,  chez  le  PhjUoxera  querxûs,  aucune  différence, 
sinon  que  les  luies  sont  munies  et  les  autres  dénuées  d'ailes.  En  parlant 
des  individus  composant  la  génération  sexuée,  j'ai  indiqué,  d'une  manière 
générale,  mais  très-explicite,  leurs  dissemblances  avec  les  femelles  parlhé- 

(i)  Je  demande  la  permission  de  transcrire  ici  retle  Note,  en  raison  de  l'intérêt  d'actualité 
que  présentent  les  faits  dont  il  y  est  question. 

Au  commencement  d'octobre  1837,  von  Heydcn  trouva,  sous  récorced'un  cliène,  une 
colonie  du  Lnchnus  qiiercûs,  composée  de  vingt  grosses  femelles,  longues  de  n-  lignes,  et 
de  nombreux  individus  tout  semblables  aux  précédents,  mais  beaucoup  plus  petits  (i  4  ligne). 
L'une  des  grosses  femelles  mit  bas,  sous  les  yeux  de  von  lleyden,  un  petit  individu  mâle; 
chacune  des  autres  femelles  portait  sur  son  dos  un  mâle  tout  pareil,  et  il  y  avait  déjà  vingt- 
quatre  œufs  de  pondus;  ces  œufs  étaient  longs  de  i|  de  ligne,  tandis  que  les  màUs  n'at- 
teignaient que  I  de  ligne. 

En  novembre  i838,  le  même  observateur  vit  une  deuxième  colonie  de  la  même  espèce 
sous  l'écorce  d'un  cliàlaignier.  Les  femelles  étaient  toutes  accouplées  et  portèrent  les  mâles 
sur  leur  dos  pendant  plusieurs  semaines,  jusqu'à  ce  que  ceux-ci  fussent  morts  d'épuise- 
ment. Les  femelles  pondaient  pendant  l'accouplement,  qui  cessait  de  temjis  en  temps.  Von 
Heyden  conclut  de  cette  observation  que  le  même  Puceron,  après  s'être  d'abord  reproduit 
queliiue  temps  à  l'état  d'individu  aganie,  en  mettant  au  monde  des  jietils  vivants,  fonctionne 
ensuite  comme  femelle,  à  l'approche  de  l'hiver,  et  pond  des  œufs  préalablement  fécondés. 
Les  mâles  qui  opèrent  cette  fécondation  sont  les  derniers  imlividus  produits  par  viviparité 
et  ils  s'accouplent  avec  leurs  mères.  Le  mâle  ne  s'accroît  plus  après  la  naissance  et  ne  subit 
aucune  mue;  en  outre,  il  est  dénué  de  (rompe  et,  par  conséquent,  incapable  de  se  nourrir 
{^Stettiner  cntomol.  Zeitting,  t.  XVIII,  p.  83;  iSS^), 

On  trouve  aussi,  dans  Kaltenbach,  d'intéressants  détails  sur  les  mâles  du  Laclmus  qucrcûs 
et  leur  accouplement  [Monograp}d(^  der  Familien  dcr  PJlanzcnlause;  i843). 


(  iiG6  ) 

no£;cn<'siqnos  et  j'ai  particulièrement  insisté  sur  l'atropliic  de  l'appareil 
digestif,  qui  constitue  le  trait  le  plus  saillant  de  leur  organisation.  Si  j'ai 
omis  de  parler  des  autres  caractères  différentiels,  M.  Derbès  comprendra 
que  les  limites  qui  m'étaient  imposées  dans  les  Comptes  rendus  ne  me  per- 
mettaient guère  de  m'étendre  sur  ce  point  de  mes  observations,  ainsi  que 
sur  beaucoup  d'autres,  et  que  ces  détails  devaient  être  réservés  pour  une 
publication  plus  développée.  J'avais  encore  plus  de  raisons  pour  ne  pas 
m'arrêter  sur  les  différences  que  présentent  entre  elles  les  femelles  aptères 
et  les  femelles  ailées,  outre  celle  constituée  par  la  présence  ou  l'absence 
d'ailes,  attendu  qu'elles  ont  déjà  été  signalées  par  la  plupart  de  mes  pré- 
décesseurs, non-seulement  chez  le  Phylloxéra  du  chêne,  mais  aussi  chez 
celui  de  la  vigne. 

»  De  mon  côté,  je  ferai  à  M.  Derbès  le  reproche  précisément  inverse  de 
celui  qu'il  m'adresse  dans  sa  Note,  c'est-à-dire  d'avoir  trop  multiplié  le 
nombre  des  formes  dissemblables  qu'il  fait  dériver  les  unes  des  autres  chez 
une  même  espèce  de  Pempltigus.  Eu  effet,  M.  Derbès  indique  jusqu'à  cinq 
sortes  d'individus  doués  de  caractères  spécifiques  différents  et  représen- 
tant autant  de  générations  distinctes  dans  chaque  espèce  ;  mais  comme  les 
caractéristiques  qu'il  donne  de  ces  diverses  générations  ont  été  prises  tan- 
tôt chez  les  individus  très-jeunes,  tantôt  chez  les  insectes  parfaitement  dé- 
veloppés, il  est  évident  qu'elles  sont  loin  d'avoir  toutes  une  valeur  mor- 
phologique égale.  C'est  ainsi  qu'en  décrivant  les  individus  formant  la 
progéniture  des  Pempliigiis  ailés,  et  qu'il  appelle  de  troisième  génération, 
individus  qu'il  n'a  pu  observer  qu'à  l'état  tout  à  fait  jeune,  comme  il  en 
convient  lui-même, M. Derbès  leur  attribue,  entre  autres  caractères,  d'être 
dépourvus  d'ailes  et  d'avoir  des  antennes  composées  de  quatre  ou  cinq  ar- 
ticles seulement,  tandis  que  chez  l'insecle  parfait,  on  en  compte  six  chez  tous 
les  Pemphigiis  (i).  Or  ce  sont  ces  mêmes  individus  qui,  suivant  M.  Derbès, 
sont  déposés  par  leurs  mères  dans  un  lieu  qu'il  n'a  pu  découvrir,  et  où  ils 
passent  l'hiver  pour  revenir  au  printemps  suivant,  avec  des  ailes,  et  mettre 
alors  bas  les  petits  vivants  qui  constituent  la  génération  sexuée  des  Pcin- 
pliigus.  Sous  leur  forme  dernière  et  parfaite,  ces  individus  présentent-ils  ou 
non  des  caractères  identiques  avec  ceux  des  femelles  dont  ils  sont  issus  et 


(i)  CIicz  un  grand  nombre  d'antres  Pucerons,  tels  que  ceux  des  genres  Jpliis  cX.  Siphnno- 
phorn,  Kocli,  on  observe  également  chez  les  jeunes  individus  venant  de  naître  deux  et 
même  quelquefois  trois  articles  de  moins  aux  .intennes  que  cliez  l'insecte  con)plélement  déve- 
loppé. 


(  iïG7  ) 
qui  composent  la  deuxième  génération  développée  dans  l'intérieur  des 
£;alles?  C'est  ce  que  M.  Derbès  ne  nous  dit  pas,  et  qu'il  serait  important  de 
connaître  pour  l'évaluation  du  nombre  des  formes  dissemblables  se  succé- 
dant dans  une  même  espèce.  Au  cas  très-probable  où  cette  similitude  exis- 
terait, les  deux  générations  ailées  issues  l'une  de  l'autre  ne  devraient  donc 
compter  que  pour  une  seule  et  même  forme  organique,  et  nous  aurions 
alors  chez  les  Pemphigiis  comme  chez  les  Phylloxéras,  quatre  sortes  seule- 
ment d'individus  dissemblables  entre  eux,  au  lieu  de  cinq  que  M.  Derbès 
admet  chez  les  premiers  (i). 

»  Un  dernier  point  sur  lequel  je  désire  m'arrèler  un  instant  dans  celle 
étude  comparative  des  Phylloxéras  et  des  Peinpliiijus,  est  celui  qui  concerne 
leur  mode  de  reproduction.  Les  Pcmpliigus,  comme  tous  les  véritables 
Aphidiens,  se  propagent  par  des  individus  alternativement  vivipares  et  ovi- 
pares; les  Phylloxéras,  au  contraire,  se  reproduisent  exclusivement  par 
oeufs  pondus  à  toutes  les  générations.  Dans  sa  Note  insérée  aux  Comptes 
reudiis,M.  Derbès  ne  paraît  attacher  qu'ime  importance  secondaire  à  cette 
distinction,  tandis  que,  comme  l'a  fait  très-justement  observer,  selon  moi, 
M.  Mihie Edwards,  en  donnant  communication  de  cette  Note  à  l'Académie, 
elle  doit  être  considérée  comme  un  caractère  différentiel  de  première  va- 
leur. 

»  En  effet,  c'est  précisément  par  cette  dissemblance  dans  le  mode  de 
reproduction  que  les  Phylloxéras  s'éloignent  le  plus  des  Pempliigus  et,  par 
conséquent,  de  tous  les  autres  Pucerons,  pour  se  rapprocher  des  Coccides 
ou  Cochenilles,  qui  sont  également  ovipares  à  foutes  les  générations;  mais, 
tandis  que  les  naturalistes  disculent  encore  sur  la  signification  qu'il  faut 
attribuer  aux  phénomènes  de  propagation  des  Pucerons,  dont  les  individus 
vivipares  sont  considérés  tantôt  comme  des  nourrices,  dans  le  sens  attaché 
à  ce  mot  par  Steenstrup,  tantôt  comme  des  femelles  à  reproduction  virgi- 
nale, la  même  incertitude  ne  peut  exister  pour  les  Phylloxéras,  où  toutes 
les  générations  intermédiaires  à  celle  qui  se  reproduit  par  accouplement  se 
multiplient  par  des  éléments  auxquels  on  ne  saurait  refuser  les  caractères 
de  véritables  œufs,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  fécondés  par  le  mâle.  Cette 
différence  avec  le  développement  généagénésique  ou  par  générations  altér- 
ai) Cliez  les  Phylloxéras,  ces  quatre  sortes  d'inilividus  seraient  les  suivantes  :  i°  les  fe- 
melles parthénogcnésiques  ai)tères;  2"  les  femelles  ijarlliénotjénésiques  ailées;  3°  les  indi- 
vidus sexués,  et  4°  le  jeune  Phylloxéra  sorti  de  l'œuf  fécondé  produit  par  ces  derniers  et 
qui  recommence  le  cycle  des  générations. 


(  ti68  ) 
nantes  a  été  signalée,  pour  la  première  fois,  par  le  professeur  Leuckart, 
d'après  des  faits  observés  par  lui-même  chez  V/iscaris  nigrovenosa,  Ver 
nématoïde  parasite  de  la  Grenouille,  faits  auxquels  il  a  rattaché  ceux  plus 
anciennement  connus  chez  les  Chermès,  insectes  voisins  des  Phylloxéras, 
dont  le  mode  de  multiplicalion  a  été  étudié  par  de  Geer,  Kaltenbach  et  par 
M.  Leuckart  également  [Avchiv  fur  Anatomie  und  Physiologie;  i865).  Au 
petit  nombre  d'espèces  connues  jusqu'ici  comme  présentant  ces  phéno- 
mènes d'hétérogonie,  pour  employer  le  nom  donné  par  M.  Leuckart  à  ce 
mode  de  reproduction,  il  faut  donc  ajouter  deux  espèces  nouvelles,  les 
PhjUoxera  quercûs  et  vaslatrix.  » 

VITICULTURE.  —  Elude  des  renflements  produits  sur  les  radicelles  des  vignes 
par  le  Phylloxéra  (suite).  Note  de  M.  Max.  Cornu,  délégué  de  l'Aca- 
démie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  En  suivant,  jour  par  jour,  les  modifications  d'une  radicelle  qui  se 
renfle  sous  l'action  du  Phylloxéra  et  de  celles  qui  l'entourent,  il  n'est  pas 
rare  de  voir  les  radicelles  voisines  se  modifier,  à  leur  tour,  sous  l'action  di- 
recte du  parasite.  On  constate  avec  une  pleine  évidence  qu'une  radicelle, 
parfaitement  saine  et  normale  avant  l'arrivée  de  l'insecte,  prend  des  formes 
de  plus  en  plus  anormales;  on  peut  ainsi  se  rendre  compte  avec  exactitude 
de  la  série  des  formes  successives  revêtues  par  elle,  du  temps  exigé  pour 
ses  transformations,  etc.  Cela  j)ermet  aussi  de  constater  une  particularité 
curieuse  des  mœurs  de  l'insecte  et  de  l'instinct  qui  le  dirige.  On  voit,  en 
effet,  que  la  plupart  des  renflements  des  radicelles  ne  sont  pas  terminaux  ; 
ils  portent  le  plus  souvent  à  leur  extrémité  une  portion  cylindrique  non 
renflée,  parfois  très-longue.  Comment  se  forment  ces  nodosités,  en  appa- 
rence intercalaires?  Pourquoi  se  sont-elles  développées  en  un  point  et  non 
au-dessus  ou  au-dessous?  Quelle  cause  a  déterminé  le  Phylloxéra  à  se  fixer 
ici  plutôt  qu'ailleurs?  Il  était  nécessaire  de  constater  le  début  de  ces  nodo- 
sités poiu'  répondre  à  ces  questions. 

»  Quand  les  radicelles  sont  en  pleine  vigueur  de  végétation,  c'est-à-dire 
au  printemps,  pendant  l'été  ou  au  début  de  l'automne,  ou  plus  exacte- 
ment quand  elles  s'allongent  encore  et  qu'il  s'en  produit  de  nouvelles,  le 
jeune  Phylloxéra  se  fixe  toujours  à  l'extrémité  de  la  radicelle  en  voie  d'ac- 
croissement; jamais  je  ne  l'ai  vu  s'établir  en  son  milieu;  il  choisit  invaria- 
blement la  partie  terminale.  La  radicelle,  quand  elle  est  en  pleine  crois- 


(  «'69  ) 
sance,  se  termine  par  un  cône  obtus  d'un  jaune  vif;  la  partie  exactement 
terminale  est  un  peu  plus  sombre;  c'est  la  ])iloiliize,  coiffe  de  la  racine, 
organe  de  protection,  tissu  sans  cesse  renouvelé  d'un  côté,  et  qui  s'exfolie 
et  se  désagrège  de  l'autre;  ce  sont  les  spongioles  des  anciens  botanistes. 
Immédiatement  au-dessous  se  trouve  le  point  végétatif,  centre  d'un  actif 
développement;  c'est  là  que  se  cloisonnent  les  cellules  qui,  par  leur  allon- 
gement ultérieur,  produiront  l'accroissement  tout  local  de  lu  racine;  c'est 
là  que  se  forment  les  organes  divers  qui  serviront  à  la  nutrition,  là  qu'afflue 
un  plasma  toujours  abondant,  dense  et  riche  en  matières  albuminoïdes. 

»  C'est  justement  à  la  hauteur  du  point  végétatif,  un  peu  au-dessous  de 
l'extrémité,  et  non  sur  la  pilorhize,  que  se  fixe  le  Phylloxéra.  11  a  bien  choisi 
l'endroit  qui  lui  est  le  plus  favorable;  le  tissu  y  est  tendre,  gorgé  d'élé- 
ments nulriti/s,  les  cellules  périphériques  elles-mêmes  en  sont  encore  rem- 
plies. L'insecte  qui,  après  son  éclosion,  a  dû,  sans  prendre  de  nourriture, 
se  mettre  à  la  recherche  d'un  endroit  qui  pourra  lui  en  offrir,  arrive  au 
point  végétatif  avec  une  sûreté  et  une  précision  vraiment  remarquables.  Il 
s'y  établit  et  demeure  immobile;  le  tissu  se  renfle  rapidement  autour  de  lui 
et  lui  crée  ainsi  une  sorte  d'abri. 

»  Représentons-nous  quelles  sont  les  conséquences  de  cette  particula- 
rité des  mœurs  de  l'insecte.  Imaginons  un  cep  qui,  l'année  précédente,  a 
perdu  sous  l'action  des  parasites  toutes  ses  radicelles,  qui,  d'abord  hyper- 
trophiées, se  sont  décomposées  à  l'automne;  si  la  plante,  cherchant  à  réa- 
gir contre  ce  funeste  effet,  émet  sur  les  anciennes  racines  de  nouveaux 
organes  d'absorption,  les  jeunes  insectes,  s'ils  le  peuvent,  se  porteront  sur 
ces  jeunes  radicelles  et  les  feront  périr  successivement,  connue  leurs  de- 
vancières, et  cela  aura  lieu  d'autant  plus  rapidement  que  les  jeunes  Phyl- 
loxéras pourront  cu'culer  dans  le  .sol  avec  plus  de  facilité.  Ainsi  la  plante 
non  débarrassée  de  l'insecte  ne  peut,  dans  certaines  conditions,  conserver 
de  radicelles  saines,  c'est-à-dire  d'organes  d'absorption.  J'avais  déjà,  l'an 
dernier,  énoncé  ce  résultat;  les  observations  qui  précèdent  le  précisent 
davantage,  en  montrant  que  ce  sont  les  jeunes  PhjUoxems  qui  se  portent 
sur  les  radicelles,  nouvelles. 

»  La  conséquei.ce  est  que  tout  traitement  qui  ne  détruira  pas  le  para- 
site, ou  ne  le  mettra  pas  dans  l'impossibilité  de  se  porter  sur  les  nouveaux 
organes  d'absorption,  sera  forcément  peu  efficace. 

»  Quand  plusieurs  insectes  se  fixent  les  uns  à  côté  des  autres  et  simul- 
tanément, on  les  voit,  à  peu  près  à  la  même  distance,  non  loin  de  l'extré 

C.  R.,  1873,  2«Semcjlre.  (T.  LXXVII,  N»  iiO.)  'Si 


(  ï>7o  ) 
mité,  li  Psl  fréquent  de  rencontrer  de  nouveaux  venus,  qui  viennent  s'éta- 
blir sur  une  radicelle  déjà  occupée  par  d'autres.  Ces  nouveaux  venus 
implantent  leur  suçoir  plus  près  de  l'extrémité  que  les  anciens  et  ceci  est 
une  confirmation  de  la  tendance  manifestée  par  les  premiers  ;  car,  ceux-ci 
restant  stationnaires,  tandis  que  la  racine  s'accroît  par  sa  partie  terminale, 
ils  semblent  avoir  rétrogradé  et  se  trouvent  loin  du  point  végétatif  Les  pa- 
rasites nouveaux  sont  tantôt  très-éloignés  des  premiers,  quand  plusieurs 
jours  ou  plusieurs  semaines  se  sont  écoulés  entre  les  deux  arrivées;  tantôt, 
au  contraire,  ils  ne  sont  séparés  des  autres  que  par  une  distance  très-faible, 
celle  qui  correspond  à  l'élongation  de  la  racine  pendant  un  intervalle  beau- 
coup plus  restreint.  Plusieiu's  exem|)les  peuvent  en  être  constatés  dans  les 
jilanches  qui  accompagnent  cette  Note  et  les  précédentes. 

»  Quand  il  y  a  plusieurs  radicelles,  ils  choisissent  la  plus  vigoureuse  ou 
la  plus  jeune,  ce  qui  revient  au  même,  car  les  radicelles  de  la  vigne  sont 
destinées  à  n'acquérir  souvent  qu'une  longueur  assez  faible  (lo,  20,  3o  cen- 
timètres), après  quoi  elles  deviennent  stationnaires.  Quand  elles  s'ap- 
prochent de  la  limite  dejeur  croissance,  le  point  végétatif,  qui  va  devenir 
bientôt  inactif,  offre  probablement  au  parasite  un  plasma  moins  abon- 
dant, moins  riche,  une  nourriture  moins  succulente.  Quand  ces  racines 
ont  atteint  leur  longueur  définitive,  jamais  l'insecte  ne  se  fixe  sur  elles.  Je 
pourrais  citer,  comme  exemple,  des  radicelles  presque  adultes  à  la  fin  du 
mois  d'août,  d'autres  adultes  vers  la  fin  de  septembre  ou  le  milieu  d'oc- 
tobre, qui  sont  restées  jusqu'à  ce  jour  délaissées  par  les  Phylloxéras, 
tandis  que  d'autres,  plus  jeunes  qu'elles  et  situées  dans  leur  voisinage,  ont 
été  successivement  occupées  par  ces  insectes. 

»  Quand  le  Phylloxéra  a  choisi  une  position  convenable,  il  enfonce  son 
suçoir  dans  la  plante,  puis  paraît  s'y  appliquer  très-étroitement.  Ce  n'est 
]>as  seulement  une  apparence,  c'est  une  réalité;  quand  on  l'examine  à  la 
loupe,  se  déplaçant  sur  les  radicelles,  on  aperçoit  les  objets  environnants 
par  le  faible  espace  situé  entre  l'abdomen  de  l'insecte  et  le  substratiun  sur 
lequel  il  marche;  quand  il  est  fixé,  il  n'eu  est  plus  ainsi;  le  tissu  se 
gonfle  autour  du  jeune  Phylloxéra;  mais,  avant  que  la  radicelle  se  soit  tu- 
méfiée, on  aperçoit  l'insecte  les  pattes  ramassées  sous  lui,  les  articulations 
pliées,  l'abdomen  reposant  presque  sur  le  tissu  qu'il  occupe. 

»  Je  n'ai  parlé  jusqu'ici  que  des  Phylloxéras  jeunes,  et  l'on  doit  res- 
treindre leur  marche  vers  les  radicelles  à  la  période  pendant  laquelle  il 
s'en  produit  en  abondance  de  nouvelles.  A  l'automne,  en  effet,  les  rares 
renflements  des  radicelles  qui  existent  encore  sont  dégarnis  d'insectes  ; 


(  "7'  ) 
ceux-ci  se  portent  vers  les  racines  plus  grosses,  car  les  raflicelles  seront 
bientôt  le  siège  d'une  modification  toute  particulière.  Les  radicelles,  en 
effet,  exfolient  la  totalité  de  leur  écorce  et  en  produisent  une  nouvelle;  à 
cette  exfoliation  correspond  un  profond  changement  dans  la  structure 
anatomique  de  la  radicelle,  qui  prend  alors  la  constitution  d'une  racine; 
cela  résulte  d'observations  nouvelles  et  de  travaux  français  assez  récents. 
Il  sera  nécessaire  de  donner  sur  ce  point  des  détails  plus  circonstanciés 
quand  la  partie  anatomique  de  ces  recherches  sera  traitée  spécialement. 
Le  suçoir  de  l'insecte  ne  pénètre  pas  jusqu'au  delà  de  la  limite  des  couches 
qui  seront  exfoliées;  il  est  naturel  qu'il  se  mette  de  lui-même  en  garde 
contre  cette  éventualité  par  une  retraite  prudente  et  prématurée. 

»  Il  n'a  encore  été  question  que  des  jeunes;  dans  mes  séries  d'observa- 
tions, je  n'ai  jamais  vu  que  des  jeunes  se  portant  à  l'extrémité  des  radi- 
celles; quant  aux  individus  adultes  ou  presque  adultes  qui  parfois  aban- 
donnent les  renflements  qu'ils  occupaient,  je  ne  les  ai  jamais  remarqués 
s'établissant  sur  des  parties  complètement  saines,  mais  plusieurs  fois  je  les 
ai  rencontrés  sur  des  renflements  présentant  encore  des  insectes  ou  déjà 
abandonnés  par  eux.  Ceci  peut  nous  prouver  plusieurs  choses  :  d'abord 
qu'une  nodosité  est  quittée  pour  une  cause  ou  inie  autre,  mais  que  ce 
n'est  pas  parce  que  cette  nodosité  est  devenue  impropre  à  nourrir  le 
Phylloxéra,  puisqu'un  autre  peut  s'y  établir  ou  continuer  à  y  vivre  sans 
s'en  éloigner.  Ceci  nous  prouve  encore  que  la  noiuriture  qui  convient  aux 
jeunes,  et  qui  est  recherchée  par  eux  avec  tant  de  soin,  n'est  plus  recherchée 
par  les  individus  adultes,  quoique  les  tissus  soient  beaucoup  plus  tendres  et 
plus  chargés  de  matières  nutritives.  Je  n'oserais  affirmer  que  dans  aucun  cas 
ces  derniers  ne  s'établissent  sur  les  radicelles  saines,  mais  ce  qui  me  paraît 
curieux  à  signaler  c'est  que,  dans  mes  cultures,  lorsqu'ils  auraient  pu  les 
choisir,  ces  insectes  les  ont  délaissées  poiu"  des  renflements  déjà  formés. 

»  C'est  peul-étre  en  vue  d'éviter  un  changement  brusque  dans  leur  ali- 
mentalion,  plutôt  c{u'à  toute  autre  cause,  qu'il  f;iul  attribuer  cette  particu- 
larité; plusieurs  faits  me  le  font  supposer. 

»  Une  fois  que  le  Phylloxeras'est  établi  à  la  surface  d'une  radicelle,  que 
devient-il  ?  Comment  se  comporfe-t-il?  Change-t-il  souvent  de  place,  par 
exemple,  pour  aller  vers  une  autre  place  non  épuisée?...  L'observation 
journalière  des  mêmes  radicelles  pouvait  seule  résoudre  cette  difficulté. 

»  L'insecte  demeure  immobile,  sans  changer  de  place,  toutes  choses 
restant  dans  le  même  état;  il  n'abandonne  le  lieu  qu'il  a  choisi  que  lors- 
qu'il en  est  chassé  par  quelque  accident,  quand  la  racine  est  brisée,  qu'elle 

i5i.. 


(  "7^  ) 
se  dessèche,  pourrit,  etc..  Il  y  a  aussi  des  époques  où  le  Phylloxéra  est 
repris  d'une  certaine  activité,  c'est  à  la  suite  de  ses  mues  :  tantôt  il  se  con- 
tente de  dépouiller  son  ancienne  peau  pour  se  fixer  de  nouveau  à  côté  de 
son  ancienne  position;  tantôt,  au  contraire,  il  s'éloigne  laissant  la  mue 
qu'il  vient  de  quitter  comme  témoin  de  son  séjour  en  ce  lieu.  Il  arrache 
son  suçoir  qui,  fixé  dans  l'écorce,  le  gênerait  probablement  dans  les  mou- 
vements nécessités  par  le  dépouillement  de  son  enveloppe  ;  il  quitte  cette 
enveloppe  et  s'éloigne,  Toutes  les  fois  qu'un  individu  partait  dans  ces  con- 
ditions, je  tâchais  de  le  retrouver  et  j'y  ai  plusieurs  fois  réussi,  quand  il 
n'avait  pas  été  entraîné  par  l'eau  des  arrosages. 

))  Pourquoi  l'insecte  s'éloigne-t-il  de  l'endroit  qii'd  avait  primitivement 
choisi  et  sur  lequel  d'autres  peuvent  cependant  demeurer  longtemps  après 
son  départ?  Je  l'ignore.  Quoique  ce  départ  se  produise  après  toutes  les 
mues,  il  paraît  plus  fréquent  après  la  troisième,  celle  qui  précède  la 
ponte.  Ces  individus  n'étaient  pas  toujours  retrouvés,  ce  qui  donne  à  pen- 
ser qu'ils  se  rendaient  clans  les  profondeurs  du  sol  sur  des  racines  plus 
grosses;  les  œufs,  en  effet,  sont  relativement  rares  sur  les  renflements. 

»  Ces  allées  et  ces  venues  compliquent  l'étude  du  développement  de  l'in- 
secte; on  voit  combien  de  lacunes  peuvent  se  produire;  il  faut  en  outre  se 
défier  de  prendre  une  fausse  piste  et  de  confondre  un  insecte  avec  un 
autre  qui  l'a  remplacé  sur  un  renflement. 

»  Tandis  que  beaucoup  d'entre  eux  parcourent  les  différentes  phases  de 
leur  existence  à  des  endroits  divers,  d'autres  demeurent  sans  s'éloigner  et 
pondent  au  point  même  où  ils  se  sont  fixés. 

»  Il  arrive  le  plus  souvent  que  ce  point,  qui  était  terminal  au  début,  se 
trouve  ultérieurement  situé  à  une  distance  assez  grande  de  l'extrémité  ;  l'ac- 
croissement du  point  végétatif  n'a  pas  été  arrêté  (comme  cela  résulte  des 
Notes  précédentes)  par  la  présence  du  Phylloxéra.  Dans  certains  cas,  au 
contraire,  le  renflement  reste  gros  et  court  en  forme  de  virgule  ou  de  cro- 
chet très-dilaté,  à  extrémité  obtuse,  et  ne  s'accroît  pas.' 

»  Quelle  est  l'origine  de  celte  différence?  Les  radicelles  de  la  vigne  ne 
sont  pas  toutes  destinées  à  s'allonger  indéfiniment;  quand  le  point  végé- 
tatif a  été  piqué  par  un  insecte,  il  devient  le  lieu  d'un  développement  con- 
sidérable. N'est-il  pas  raisonnable  de  supposer  qu'après  avoir  suffi  à  ce 
développement,  épuisé  par  lui,  il  ne  trouve  plus  de  force  pour  s'accroître 
davantage?  Il  s'arrête,  comme  il  se  serait  arrêté  normalement  après  avoir 
prodtùt  une  certaine  élongation,  assez  faible  du  reste,  de  la  radicelle. 

»  On  pourrait  supposer  que  le  point  végétatif  a  été  frappé  de  stérilité 


(  ■:73  ) 
par  le  fait  de  la  présence  du  Phylloxéra.  Beaucoup  de  personnes  ont  sup- 
posé que  l'insecte  verse  dans  la  radicelle  un  liquide  irritant  dont  l'effet 
produirait  la  modification  de  la  radicelle  en  renflements  de  diverses  formes. 
Ce  liquide  pourrait-il,  après  l'avoir  déterminé,  arrêter  ce  développement? 
Comment  admettre,  aucun  nouveau  Phylloxéra  ne  venant  se  joindre 
aux  anciens,  et  ces  derniers  restant  à  la  même  place,  ainsi  que  j'ai  pu  le 
constater,  comment  admettre,  dis-je,  que  dans  ce  cas  spécial  l'effet  de- 
vienne à  un  instant  justement  inverse  de  celui  qui  a  été  déterminé  d'abord 
sur  le  point  végétatif  par  des  insectes  versant  toujours  ce  même  liquide  au 
même  endroit:' Comment  concilier  cette  hypothèse  avec  le  fait  bien  net  et 
facile  à  vérifier  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  plus  il  y  a  de  Phyl- 
loxéras sur  une  radicelle  et  plus  le  renflement  est  considérable  ? 

»  L'autre  explication  de  l'arrêt  du  développement  de  la  nodosité  paraît 
bien  plus  rationnelle.  Je  reviendrai  plus  tard  sur  celte  hypothèse  du  liquide 
irritant  considéré  comme  cause  des  renflements  radicellaires. 

»  Pour  pouvoir  examiner  les  racines  et  en  suivre  jour  par  jour  les  mo- 
difications, j'ai  dû  adopter  une  méthode  d'observation  qu'il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  rapporter  ici  ;  j'ai  choisi,  après  plusieurs  essais,  la  plus  commode, 
qui  est  on  même  temps  la  plus  simple.  Je  me  suis  servi  de  boutures  main- 
tenues dans  des  vases  à  fleurs  d'origines  diverses,  mais  principalement  du 
chasselas  de  treilles  situées  à  Paris,  noiamment  l'une  dans  les  jardins  de 
l'Ecole  Normale  supérieure;  j'ai  eu  à  ma  disposition  des  plants  préparés 
par  un  horticidteur  de  Charonne,  renommé  pour  la  culture  intelligente  de 
ses  vignes  et  la  qualité  de  ses  raisins  (i).  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'elles 
étaient  parfaitement  saines;  une  partie  seulement  fut  livrée  au  Phylloxéra, 
une  autre  partie  fut  maintenue  saine  dans  les  mêmes  conditions  que  les 
premières. 

»  Pour  les  étudier,  j'emploie  ime  planche  munie  d'une  longue  échan- 
crure,  dans  laquelle  j'engage  la  tige  du  plant  en  expérience,  puis  je  re- 
tourne l'ensemble  et  je  découvre  les  racines,  en  enlevant  le  pot;  la  terre  se 
maintient  par  cohésion  sans  se  désagréger;  la  tige  et  les  feuilles  sont  à  la 
partie  inférieure.  Je  pose  les  bords  de  la  planche  sur  deux  tables  voisines 
et  de  même  hauteur,  de  façon  à  la  maintenir  horizontale.  Les  racines, 
mises  à  découvert,  sont  protégées  contre  la  sécheresse  par  du  papier  buvard 

(  I  )  Je  dois  mentionner  spécialement  les  diverses  vignes  que  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  de 
Bordeaux,  a  eu  l'obligeance  de  préparer  pour  celte  étude;  des  cépages  du  pays,  des  boutures 
de  vignes  américaines,  des  semis  de  Fitis  œitivalis  et  inontkola. 


(   i'7^<  ) 
mouillé,  moins  lourd  que  du  linge,  quelque  fin  qu'il  soit,  et  qu'on  peut 
facilement  déchirer  au  point  qu'on  veut  examiner.  De  temps  en  temps,  la 
partie  qui  demeure  à  l'air  est  humectée  à  l'aide  d'un  jet  du  pulvérisateur 
de  Richardson. 

»  Grâce  à  ces  précautions,  certaines  racines,  choisies  dans  de  bonnes 
conditions,  fournissent  d'excellents  sujets  d'étude  et  peuvent  se  conserver 
sans  altération  pendant  une  assez  longue  série  de  semaines.  Comme  preuve 
de  ce  que  j'avance,  je  joins  à  cette  Note  une  planche  représentant  l'état 
actuel  des  racines  observées,  depuis  le  29  du  mois  d'août;  c'est  la  dernière 
de  celles  qui  sont  relatives  à  l'une  des  séries  d'observations  suivies.  Ces 
racines  furent  examinées  de  deux  en  deux  jours,  jusqu'au  4  octobre  ;  elles 
le  furent  ensuite  à  de  plus  longs  intervalles  et  non  d'une  manière  suivie. 
On  peut,  en  comparant  l'état  actuel  à  l'état  initial,  spécialement  représenté 
au  début  de  la  série,  constater  qu'elles  n'ont  pas  souffert  de  ces  manipula- 
tions répétées  ;  que  les  radicelles  saines  ont  pris  une  teinte  de  plus  en  plus 
foncée,  mais  sans  se  froisser,  s'altérer,  se  dessécher,  comme  on  aurait  pu 
le  craindre.  Cette  méthode,  malgré  les  dangers  que  courent  les  racines, 
peut  donc,  si  elle  est  employée  avec  beaucoup  de  précautions,  fournir  d'ex- 
cellents résultats. 

»  Pour  étudier  les  renflements  et  les  examiner,  je  me  servais  d'une 
loupe  à  main  ou  d'un  pied  spécial  (construit  par  M.  Verick,  sur  les  indi- 
cations de  MM.  Rûnkel  et  Balbiani),  pied  sur  lequel  je  fixais,  à  volonté,  un 
doublet,  un  objectif  ou  même  le  tube  du  microscope.  Un  miroir  concave 
servait  à  concentrer  la  lumière  sur  le  point  observé. 

»  Il  faut  ajouter  à  tout  ce  qui  vient  d'être  dit  que  certaines  dispositions 
des  racines  ou  des  renflements  compliquent  ou  facilitent  le  travail,  et  qu'il 
y  a  un  choix  préalable  à  faire  avant  de  se  lancer  dans  une  longue  suite 
d'observations. 

»  J'ai  pu,  par  les  moyens  indiqués  plus  haut,  étudier  le  développement 
des  renflements,  examiner  et  reconnaître  les  diverses  particularités  pro- 
duites expérimentalement  par  des  insectes  déposés  dans  ce  but  sur  des 
plantes  saines.  Les  résultats  obtenus  avec  le  chasselas  sont  identiques  à 
ceux  que  j'ai  observés  sur  des  cépages  divers  de  la  Gironde,  de  la  Cha- 
rente et  de  l'Hérault  [inalbec,  cabernet,  vidwe,  folle  blanche  ou  noire,  balzac, 
aramon,  caricjnane,  tewet,  alicante,  etc.),  dérivés  du  Fitis  vinifera.  Les  ren- 
flements des  vignes  américaines  paraissent  ne  pas  différer  des  précédents. 
J'en  ai  suivi  le  développement  sur  un  semis  de  Fitis  œstivalis;  la  marche 
m'a  paru  être  la  même  que  dans  les  autres  cas. 


(  "75  ) 

»  En  résiimé,  on  peut  dire  que,  quel  que  soit  le  genre  de  vigne  sur 
lequel  ou  opère,  si  l'on  dépose  des  Phylloxéras  plus  ou  moins  nombreux 
sur  les  racines  saines,  on  y  fera  naître  des  renflements  semblables  dans 
tous  ces  cas  si  divers.  Ils  ont  lui  développement  analogue  et  sont  le  résultat 
de  la  piqûre  de  l'insecte. 

M  J'ai  pu  constater  ces  renflements,  sans  en  faire  d'ailleurs  une  élude 
approfondie,  sur  le  Filis  œstivalis,  labrusca,  cordifolia,  riparia,  condicans, 
Lincecumii,  soit  dans  mes  cultures,  soit  chez  M.  Laliman. 

»  Je  n'ai  pu  faire  développer  de  nodosités  sur  les  racines  d'un  Cissus 
{Ampélopsis)  liirsuta  que  j'avais  apporté  de  Paris  dans  ce  but.  J'ai  examiné 
chez  M.  Laliman  les  racines  d'un  Cissus  qttinquefolia,  situé  dans  le  voisinage 
immédiat  de  plans  divers  très-souffrants,  presque  morts,  par  l'action  du 
Phylloxéra,  ou  couverts  de  renflements  :  aucun  indice  de  la  présence  de 
l'insecte  ne  put  y  être  constaté.  M.  Laliman  a,  sans  succès,  tenté  de  grefter 
une  vigne  sur  ce  Cissus.  Je  compte  faire  des  essais  nouveaux  et  des  expé- 
riences réitérées  dans  ce  sens  à  la  saison  prochaine.  » 

VITICULTURE.  —  Observations  relatives  aux  rësullats  obtenus  par  les  éludes 
scientifiques,  concernant  le  Phylloxéra.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  L.  Falcon 
à  M.  le  Président  de  l'Académie. 

«  Permettez  à  un  modeste  praticien  de  présenter  ses  félicitations  au 
jeune  et  savant  délégué  de  l'Académie  qui,  par  sa  rare  persévérance  et  ses 
remarquables  travaux,  apporte  tous  les  jours  un  nouveau  rayon  de  lumière 
dans  l'importante  question  du  Phylloxéra  des  vignes. 

))  Dans  ses  récentes  Notes,  M.  Max.  Cornu  a  attaqué  de  front  et  mis  en 
plein  jour  deux  points  très-importants  de  cette  question,  autour  desquels 
les  théories  de  quelques  personnes  menaçaient  d'entretenir  une  obscurité 
très-regrettable.  Après  la  lecture  des  Communications  qu'd  vient  de  faire 
à  l'Académie,  le  doute  n'est  plus  possible  au  sujet  de  la  cause  directe  de 
la  maladie  des  vignes  et  de  l'impuissance  des  engrais  el  des  moyens  culluraux 
employés  comme  procédés  de  guérisun. 

»  Les  consciencieuses  études  de  M.  Cornu  reposent  sur  des  bases  telle- 
ment solides,  que  tout  esprit  éclairé  et  non  prévenu  devra  désormais  en 
admettre  les  conclusions  irréfutables. 

))  Certains  faits  avaient  depuis  longtemps  fait  pressentir  les  résultats  aux- 
quels votre  infatigable  délégué  est  arrivé;  mais  ces  faits,  mal  définis,  avan- 
cés par  les  uns,  contestés   par  les  autres,  et    flottant  dans    une   incertitude 


(II76) 

continuelle,  n'avaient  pas  encore  été  pris  en  sérieuse  et  universelle  consi- 
dération; ils  avaient  besoin  de  la  consécration  de  la  science. 

»  Parmi  ces  faits,  il  y  en  a  cependant  quelques-uns  d'une  telle  valeiir, 
qu'il  est  difficile  de  comprendre  qu'on  les  ait  laissé  tomber  dans  l'oubli. 
Je  n'en  citerai  qu'un  seul  :  dès  les  premiers  ravages  du  Phylloxéra,  les 
bonnes  cultures  et  les  engrais  furent  emplovés  pour  combattre  le  terrible 
fléau.  Personne  ne  contestera  que  ces  essais  n'aient  été  tentés  par  un 
grand  nombre  d'expérimentateurs,  et  qu'après  avoir  donné  des  apparences 
de  réussite  ils  n'aient  fini  par  échouer  tous.  Si  le  moindre  doute  existait 
à  ce  sujet,  on  n'aurait  qu'à  consulter  les  Annales  de  toutes  les  Sociétés 
d'agriculture  des  pays  où  le  Phylloxéra  fit  ses  premières  apparitions.  Aux 
années  1868  et  1869,  plusieurs  rapports  et  mémoires,  signés  des  noms  de 
nos  plus  éminents  agronomes,  relatent  de  nombreux  cas  de  vignes  qu'on 
avait  crues  sauvées  par  l'application  de  bonnes  cultures  et  de  bonnes  fu- 
mures^ et  qui  ne  tardèrent  pas  à  mourir.  On  trouverait  dans  tous  ces 
écrits  la  confirmation  la  plus  éclatante  d'une  des  conclusions  que  M.  Max. 
Cornu  a  tirées  de  ses  études  et  qu'il  a  formulée  en  ces  termes  : 

«  Les  moyens  culturaux,  les  engrais  employés  ^e«/^,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  ne  peuvent 
pas,  et  pour  des  taisons  parfaitement  sûres,  fournir  le  remède  propre  à  combattre  avec 
succès  la  maladie  des  vignes.  On  voit  encore  malheureusement  beaucoup  trop  d'habiles  cul- 
tivateurs, égarés  par  des  opinions  sans  base,  se  lancer  dans  des  essais  coûteux,  dont  l'insuccès 
définitif  peut  être  prédit. 

»  Je  suis  heureux  d'être  un  des  premiers  à  exprimera  M.  Max.  Cornu 
ma  part  de  la  reconnaissance  que  tous  les  propriétaires  de  vignes  lui  doi- 
vent pour  ses  travaux,  que  je  puis  qualifier  d'admirables,  appréciant  mieux 
que  personne  la  persévérance,  la  pénétration  et  le  grand  savoir  qui  ont 
été  nécessaires  potir  les  accomplir.  » 

M.  L.  Petit  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  résultats  fournis 
par  l'emploi,  contre  le  Phylloxéra,  des  goudrons  provenant  de  la  distilla- 
tion de  la  houille. 

«  Le  25  juin  dernier,  dit  l'auteur,  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Aca- 
démie une  Note  sur  les  moyens  employés  pour  la  destruction  du  Phyl- 
loxéra avec  les  produits  obtenus,  dans  les  usines  à  gaz,  par  la  distillation 
de  la  houille,  et,  en  particulier,  le  goudron,  l'eau  ammoniacale,  la  chaux 
provenant  des  épurations. 

»  Depuis  cette  époque,  j'ai  continué  mes  expériences,  en  employant,  soit 


(  "77  ) 
lo  goudron  seul,  soit  In  goudron  avec  l'eau  ammoniacale,  soit  ces  deux 
substances  avec  la  chaux  des  épurateurs,  tamisée  légèrement  entre  deux 
terres.  Toutes  ces  applications  ont  réussi,  et  les  souches  ont  été  complète- 
ment purgées  de  pucerons  :  i°  au  bout  de  trois  mois,  avec  le  goudron 
seul;  2°  au  bout  de  quarante-cinq  jours,  après  les  arrosages  avec  l'eau 
ammoniacale  contenant  une  certaine  quantité  de  goudron;  3"  en  un  mois, 
en  employant  les  trois  substances  dans  l'ordre  indiqué. 

»  Mais  comme  il  convenait  de  simplifier  la  méthode,  la  plus  grande 
partie  des  souches  a  été  traitée  avec  du  goudron  seul.  Je  suis  arrivé  aujour- 
d'hui à  ce  résultat,  que  le  goudron  5ei//peut  conserver  la  souche,  la  purger 
et  lui  faire  produire  sa  récoite  habituelle.  » 

L'auteur  entre  ensuite  dans  le  détail  des  précautions  à  prendre  pour 

employer  le  goudron  avec  efficacité,  et  annonce  qu'il  est  en  mesure  de 

faire  de  nouveaux  essais,  l'an  prochain,  sur  une  quantité  considérable  de 

vignes. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  Beaume  adresse,  de  Bourg,  une  Note  relative  à  une  expérience  cou- 
ronnée de  succès,  sur  la  destruction  du  Phylloxéra  à  l'aide  d'arrosages 
avec  les  eaux  de  condensation  des  usines  à  gaz. 

M.  ViGNiAL  adresse  une  Note  relative  à  la  dégénérescence  des  vignes  et 
aux  procédés  qui  permettraient  de  les  régénérer. 

M.  F.  MicHAUD  adresse  une  Note  concernant  un  procédé  pour  éviter  les 
effets  désastreux  des  gelées  tardives  sur  les  vignes. 

Ces  diverses  Communications  sont  renvoyées  à  la  Commission  du  Pliyl- 
loxera. 

M.  Pellarin  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Ch.  Robin,  une  réponse  aux 
observations  présentées  par  M.  //.  Blanc  (p.  ioo5  de  ce  volume)  sur  les 
déjections  cholériques  considérées  comme  agent  de  transmission  du  choléra. 

L'auteur  revient  sur  les  assertions  contenues  dans  sa  Note  du  i5  sep- 
tembre dernier  (p.  634  ^^^  ce  volume);  il  examine  de  nouveau  les  princi- 
pales divergences  qui  existent  entre  ses  opinions  et  celles  de  M.  H.  Blanc, 
et  cherche  à  établir  la  part  qui  doit  revenir  à  chacun  dans  les  questions  de 
priorité  qui  se  rattachent  à  la  détermination  des  agents  de  transmission  du 
choléra. 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  [T.  L\XVII,  N"  20.)  I  ^2 


{  i'78  ) 

M.  Di5cr,AT  adresse  un  Mémoire  intitulé  n  Nouveaux  résultats  tie  l'appli- 
cation de  la  nouvelle  méthode  de  traitement  du  choléra;  quelques  explica- 
tions sur  l'emploi  de  cette  méthode  ». 

L'auteur  indique  les  résultats  obtenus  par  la  médication  nouvelle  fondée 
sur  la  théorie  des  ferments  pathologiques,  à  l'hôpital  des  cholériques  de 
Venise.  Il  entre  ensuite  dans  quelques  nouveaux  détails  .«ur  les  précautions 
à  prendre  pour  appliquer  avec  sécurité  la  médication  phéniqnée. 

Ces  Communications  seront  soumises  à  l'examen  de  la  Commission  du 
legs  Bréant. 

M.  Resal  est  désigné  pour  remplacer  feu  Cli.  Diipin  dans  la  Commission 
nommée  pour  juger  le  Concours  du  prix  de  Mécanique. 

CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Réponse  à  M.  Faye  concernant  les  taches  solaires; 

par  M.  Th.  Reye. 

«  M.  Faye  (i)  m'a  fait  l'honneur  de  discuter  un  des  chapitres  de  mon 
livre  sur  les  cyclones,  tornados  et  trombes.  Je  voudrais  présenter  à  ce 
sujet  quelques  remarques  à  l'Académie. 

»  M.  Faye  admet  que  «  sans  doute  il  existe  des  tourbillons  ascendants  »; 
l'illustre  savant  ajoute  que  «  tels  sont  aussi  les  petits  tourbillons  qu'on  voit 
))  si  fréquemment  courir  sur  nos  chaussées  et  nos  places  pendant  les  jour- 
»  nées  chaudes.  »  Or,  dans  les  déserts  et  dans  les  landes,  on  voit  des  tour- 
billons ascendants  de  tontes  grandeurs,  depuis  les  plus  petits  jusqu'aux 
larg(  s  trombes  qui  soulèvent  vers  le  ciel  des  colonnes  de  sable  (2),  et  jus- 
qu'aux orages  de  poussière  (3)  dont  le  diamètre  dépasse  quelquefois  80  kilo- 
mètres. Tous  les  observateurs  s'accordent  à  reconnaître  que  ces  phéno- 
mènes ne  se  distinguent  que  par  leur  extension,  et  qu'ils  sont  tous  pro- 
duits par  les  mêmes  causes. 

»  La  longue  série  des  faits  d'observation  contenus  dans  la  riche  litté- 

(i)  Voir  les  Comptes  rendus  du  20  octobre  1873,  t.  LXXVII,  p.  855-86i. 

(2)  Voir  TiEiD,  Jn  Attemjit  lo  dci'elop  the  Uuv  of  Stornis,  p.  4*^9 >  London ,  l85o, 
3'  édition. 

(3)  Voir  Baubeley,  On  the  Dust-Stornis  of  India;  ou  l'Inlosophical  Magazine,  i85o, 
vol.  XXXVII,  p.  i55. 


(  «'79  ) 
rature  des  tourbillons  démontre,  en  outre,  que  toutes  1rs  Ironibes  sont  des 
courants  d'air  verticaux,  ordinairement  ascendants,  qui  s'élèvent  le  plus 
souvent  quand  l'air  est  chaud  et  tout  à  fait  calme.  Il  en  est  de  même  des 
effrayants  tornades  de  l'Amérique  du  Nord  qui,  par  leur  extension  et  par 
leurs  terribles  effets  mécaniques,  forment  une  sorte  d'intermédiaires  entre 
les  trombes  et  les  cyclones.  Si  pourtant  M.  Faye  assure  que  les  petits  tour- 
billons de  nos  chaussées  «  n'ont  rien  de  commun  que  le  tournoiement  « 
avec  les  tornados  et  les  cyclones,  il  ferait  bien  de  désigner  la  limite  où  les 
petits  tourbillons  finissent  et  où  les  trombes  ou  les  cyclones  commencent. 

»  En  m'aijpuyant  sur  les  nombreuses  et  belles  observations  de  MM.  Red- 
field,  Reid,  Piddiugton,  Thom,  Meldrum,  Buys-Ballot,  Mohn ,  dont 
M.  Faye  ne  contestera  pas  l'aulorité,  j'ai  démontré  que,  dans  les  cyclones, 
des  masses  énormes  d'air  s'élèvent  des  couches  atmosphériques  les  plus 
basses  jusqu'aux  nuages.  Un  des  cyclones  les  mieux  étudiés  est  sans  doute 
telui  de  Cuba  (i)  [4  à  7  octobre  i844].  dont  le  diamètre  dépassait 
144^^  kilomètres.  Or  j'ai  réussi  à  évaluer  l'intensité  du  vaste  courant  as- 
cendant de  ce  cyclone,  et  j'ai  trouvé  que  la  quantité  d'air  enlevée  par  lui 
se  montait  au  moins  à  420  millions  de  mètres  cubes  ou  490  millions  de 
kilogrammes  par  seconde.  La  même  quantité  étant  continuellement  resti- 
tuée au  cyclone  par  les  régions  environnantes,  le  cylindre  énorme  formé 
par  l'ouragan  se  remplissait  d'air  nouveau  en  moins  de  cinq  heures  et 
demie.  Le  travail  mécanique  consommé  en  une  seconde  pour  communi- 
quer à  l'air  affluent  la  vitesse  d'un  ouragan  excédait  35  milliards  de  kilo- 
grauimètres;  mais,  malgré  tous  les  faits  d'observation  qui  conduisent  à  de 
tels  résultats,  M.  Faye  assure  que,  dans  les  tornados  et  dans  les  cyclones, 
il  y  a  un  courant  d'air,  non  pas  ascendant,  mais  descendant. 

»  J'ai  insisté  sur  un  autre  phénomène  de  premier  ordre,  qui  accompagne 
régulièrement  nos  cyclones  terrestres;  je  veux  parler  de  la  couche  épaisse 
des  nuages  denses  qui  couvrent  le  cyclone  et  les  régions  environnantes  et 
qui  versent  sans  cesse  des  torrents  de  pluie.  M.  Thom  (2)  a  évalué  la  quan- 
tité de  pluie  qui  peut  tomber  dans  un  cyclone  dans  l'espace  de  vingt  jours, 
et,  en  s'appuyant  sur  des  observations  sûres  faites  à  l'île  Maurice,  il  trouve 
que  cette  quantité  suffirait  pour  couvrir  toute  la  surface  de  la  Grande- 

(i)  Voir  les  excellents  travaux  de  Redfield  dans  Sillininn's  american  Jinimal  0/  Science 
and  Arts,  1"  série,  vol.  I  et  II,  1846. 

(2)  Voir  Thom,  .la  Imiuiry  in  to  the  nature  and  course  of  Stornis ,  p.  ibj  ; 

London, i845. 

l52.. 


(  ii8o  ) 
Brelagne  d'une  couche  d'eau  de  5  pieds  et  4  pouces  de  hauteur.  Ces  tor- 
rents de  pluie  naissent  sans  doute  des  vapeurs  d'eau  que  le  courant  ascen- 
dant entraîne  des  couches  inférieures  humides  aux  régions  plus  élevées 
de  l'atmosphère.  Si  M.  Faye  ne  veut  pas  admettre  ce  fait,  il  pourrait  rendre 
nn  grand  service  à  la  Météorologie  en  proposant  une  explication  plus  na- 
turelle et  plus  simple. 

»  M.  Faye  appuie  sa  nouvelle  théorie  des  taches  solaires  sur  l'analogie 
des  trombes  ou  des  cyclones  terrestres;  mais  cette  analogie  n'existe  pas(i). 
On  ne  connaît  aucune  trombe  bien  étudiée  qui  se  soit  formée  par  l'action 
de  deux  vents  parallèles  à  vitesses  différentes,  et,  dans  aucun  cyclone,  on 
n'a  constaté  de  courants  descendants compavah\es  à  ceux  qui,  selon  M.  Faye, 
donnent  naissance  à  la  noirceur  des  taches  solaires.  M.  Thom  est,  de  tous 
les  météorologues  qui  ont  traité  spécialement  des  cyclones,  le  seul  qui 
explique  l'origine  des  cyclones  terrestres  d'une  manière  analogue  à  la 
théorie  de  M.  Faye;  mais  son  explication  a  été  complètement  réfutée,  il  y 
a  vingt  ans,  par  M.  Piddinglon  (2). 

»  Dans  mon  livre,  j'ai  soutenu  l'ancienne  opinion  de  Galilée,  que  les 
taches  solaires  sont  des  nuages  suspendus  dans  l'atmosphère  du  Soleil. 
J'ai  ajouté  que  ces  nuages,  étant  remplis  de  denses  vapeurs  métalliques, 
doivent  se  trouver  dans  les  régions  inférieures  de  cette  atmosphère  et  qu'ils 
sont  nourris  ou  constamment  renouvelés  (comme  les  nuages  des  cyclones 
terrestres)  par  les  couches  atmosphériques  les  plus  basses.  J'ai  avancé  mes 
opinions  sous  toutes  réserves,  en  déclarant  formellement  que,  vu  les  ra- 
pides progrès  de  la  science  du  Soleil,  il  faudrait  probablement  modifier 
bientôt  et  corriger  en  quelques  points  cette  explication  des  taches.  C'est 
seulement  à  l'idée  principale  de  cette  théorie  que  je  croyais  pouvoir  attri- 
buer un  peu  plus  de  valeur  qu'à  une  sinqjle  hypothèse.  C'est  donc  à  tort 
que  M.  Faye  prétend  que  je  propose  mon  hypothèse  aux  astronomes  à  titre 
de  conséquence  logique  de  ma  théorie. 

»  M.  Faye  croit  avoir  réfuté  mon  hypothèse  en  opposant  le  fait  (pie  les 
taches  sont  des  cavités,  non  pas  extérieures,  mais  intérieures  à  la  photosphère. 
Cette  objection  m'étonne  d'autant  plus  que  cet  éminent  astronome  soutient 
lui-même  que  non-seulement  la  photosphère,  mais  tout  le  Soleil,  esta 


1)   M.  Tarry  a   déjà  fait   ceUe  objection  à  M.  Faye  dans  les  Comptes  rendus  du   7  juillet 

.873,  p.  44-48. 

(1)  PiDDiNGTOW,  Tlic  Sailoi's  Horn-£ooh fur  thc  Itav  n/Stoniis,  2'  édition,  p.  282-291; 
London,  i85i. 


(  >>«•  ) 

l'état  gazeux.  Si  M.  Faye  veut  me  permettre  de  comprendre  aussi  sous  le 
nom  d'atmosphère  solaire  la  photosplière  ou  du  moins  ses  couches  supé- 
rieures, il  trouvera  que  son  objection  ne  démontre  rien  contre  mon  hypo- 
thèse. 

»  Je  me  suis  bien  gardé  d'avancer  une  opinion  sur  l'état  d'agrégation 
du  Soleil,  parce  que  je  ne  connais  aucune  observation  ni  aucun  fait  qui 
puisse  nous  renseigner  à  ce  sujet.  Quand  j'ai  parlé  de  la  surface  brillante 
du  Soleil,  cette  expression  ne  s'appliquait  pas  à  la  limite  inférieure  de  l'at- 
mosphère. Certains  phénomènes  qui  accompagnent  souvent  les  protubé- 
rances m'ont  conduit  à  la  conclusion  formelle  que  les  vapeurs  métalli- 
ques découvertes  par  M.  K.irchhoff  dans  l'atmosphère  du  Soleil  se  trouvent 
au-dessous  de  la  chromosphère. 

M  Si  je  n'ai  pas  discuté  dans  mon  livre  les  travaux  antérieurs  de  M.  Faye 
sur  les  taches  solaires,  c'est  que  son  ancienne  théorie  des  taches,  qu'il  a 
depuis  modifiée  à  fond  lui-même,  me  paraissait  être  déjà  réfutée  par 
M.  Rirchhoff,  et  que  la  formule  de  JM.  Zœllner  représente  mieux  que  la 
sienne  la  loi  de  rotation  des  taches.  » 


GÉOMÉTRIE.  —  Si»'  les  plans  tangents  triples  à  une  surface; 
par  M.  William  Spottiswoode. 

((  Les  coordonnées  de  quatre  points  P,  P,,  Po,  P3  dans  un  plan,  savoir 
les  quantités 

satisfont  à  l'équation  bien  connue 


(0 


ry*  /y*  'y  -y 

7  J>  I2  J3 

Z  Z,  Zo  Z3 

t  t,  t.,  t^ 


o; 


par  conséquent,  des  relations  de  la  forme  suivante  doivent  subsister  entre 
les  quantités  dont  il  s'agit  : 

/  \x  +  [j.x^  +  vo-o  +  px.^  =  o, 

Xs    +  [XZ,    +  VZo   +  |î -3   =  o, 
!   \t   -+■  p.f,    -i-  vt.^  ~h  ph  =  O- 


(-) 


(  II^?.  ) 

Soit 

(3)  (S,-,,,  Ç,^)«=:o 

l'équation  d'une  surface  U;  et,  pour  abréger  la  notation,  posons 

o"=(x,jr,  2,  O'S 


(4) 


Cela  étant  ainsi,  la  condition  qu'un  quelconque  des  quatre  points,  T^  par 
exemple,  se  trouve  sur  la  surface  U,  peut  s'écrire  comme  ci-dessous 

(5)  3"  =  o. 

et  les  coordonnées  des  autres  points  P,  P,,P2  doivent  satisfaire  à  l'équa- 
tion suivante  : 

(6)  {lx-+-[j.x,+vx„  ).;-  +  .a;-,  +  vro,  >:H-/xi.,  +  vSo,  X<  +  /j./,+v^)"  =  o, 
ou,  en  se  servant  de  la  notation  (4), 

o"X"  +  i"p."  -+-...  +  iio"-'  I X"-'  /u,  +  . . .  =  o, 
ou  bien 

[rj)  (oX  4-i/J.  +  2v)"=  o; 

et,  si  l'on  regarde  les  quantités  X,  /j.,  v  comme  variables,  on  peut  ])rendre 
la  formule  (7)  comme  l'équation  de  la  courbe  d'intersection  du  plan  pas- 
sant par  les  points  P,  P,,  P.  avec  la  surface  U. 

»  Si  le  point  P»  se  trouve  sur  la  surface,  on  aura  2"  — o;  si  le  plan 
touche  U  dans  le  point  Po ,  les  points  P,  P,  se  trouveront  dans  le  plan 
tancent  à  V„,  et  l'on  aura  12""'  =  o,  02"-'  =  o;  si  le  plan  touche  U  dans 
les  deux  points  PoiPi,  on  aura,  de  plus,  les  conditions  i"=o,  oi"~'  =  o, 
21"-'  =  o;  et,  s'il  touche  dans  les  trois  points  P,  P,,  \\,  on  aura,  de  plus, 
o"  =  o,  o""'  I  =  o,  o"~'  2  =  0. 

«  Si  les  droites  PP2,  PjPo  se  confondent  avec  les  tangentes  principales 
au  point  l\,  on  aura  les  conditions  0-2"""-=  o,  1^2""-  =  o,  et  ainsi  de 
suite,  pour  une  paire  quelconque  des  tangentes  principales. 

»   Dans  le  cas  d'une  surface  du  troisième  degré,  l'équation  de  la  courbe 
d'intersection  sera 
(8)  (oX  +  iu.  ■+  2-jy  —  o, 


(  ii83  ) 
ef,  si  le  plan  touche  U  dans  les  trois  points  P,  P,,  P2,  on  aura  les  condi- 
tions suivantes  : 

o.      o-i=o,      0"2  =  0, 

(9) 


/    o' 


01"  =  o, 

02-  ==  O, 


\'      =0, 
12"  =  O, 


l'  2  =  O, 


—  O, 


et,  dans  ce  cas-là,  l'équation  (8)  se  réduit  à  la  forme 

(10)  oi2X[j.v  =  o  : 

c'est-à-dire  qu'il  faut  que  X  =  o,  ou  11  =  o,  ou  v  =  o.  Eu  posant  X  ^  o,  on 
trouve  que  X3  =  p.x,  -H  vx^,  ^3  =  . . .,  z,  =  . . . ,  ^3  =  . . . ,  et,  par  consé- 
quent, le  plan  rencontrera  la  surface  dans  une  droite  dont  les  équations 
seront 


(«0 


X, 

r. 

Z, 

t 

X. 

J2 

z. 

t 

X3 

J3 

Z3 

t 

=  o. 


On  peut  donc  conclure  que  chaque  plan  tangent  triple  rencontre  une 
surface  du  troisième  degré  en  trois  droites  qui  se  coupent  deux  à  deux 
dans  les  points  P,  P,,  Pj. 

»  Passons  au  quatrième  degré.  En  se  servant  des  mêmes  conditions, 
on  trouvera  que  l'équation  de  la  courbe  d^  contact  prendra  la  forme 
suivante  : 


(12) 


l^2'lJ.'v' 


2- O- v'^1-  +  O- 1"^!- [j.- -h 2[o- \  2X4-oi-2/l;.-|-oi2^v)X/j.v  =  0; 


ce  qui  représente  luie  courbe  du  quatrième  degré,  unicursale,  trinodale, 
dont  les  trois  nœuds  se  trouvent  aux  points  P,  P,,  Pj. 

»  Dans  le  cas  d'une  surface  d'ini  degré^uelconque  n,  on  trouve  une 
propriété  semblable.  En  effet,  quand  le  plan  touche  la  surface  dans  les 
trois  points  P,  P,,  Pj,  l'équation  de  la  courbe  d'intersection  prend  la 
forme 

(i3)     X/jiv(X,  p.,  v)"-'  +  p.-v-(/^.,  v)«-"  +  v=X-(v,  X)"-'  -i-  X-/J.^(X,  p.)«-*=  o. 

En  posant  X  =:  o,  on  en  tire  p.-v- (/->.,  v)""*  =  o,  c'est-à-dire  que  la  courbe 
coupe  le  côté  BC  du  triangle  fontlamental  deux  fois  dans  le  point  B  et 
deux  fois  dans  le  point  C,  et  ainsi  de  suite  pour  les  autres  côtés  du  triangle. 
En  outre,  la  courbe  coupe  le  côté  BC  dans  les  points  donnés  par  l'équation 
(fx,  v)"-*  =  o.    » 


(   i'84  ) 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  sens  de  propagation  de  l'électricité. 
Note  de  M.  Netreveuf. 

«  Si  l'on  fait  communiquer  avec  le  sol  une  des  armures  de  la  machine 
de  Hollz,  privée  de  ses  deux  bouteilles  en  cascade,  on  obtient  des  effets 
inverses  suivant  le  signe  de  l'armure.  Si  l'on  touche  l'armure  négative,  le 
rendement  de  la  machine  semble  exalté;  si  l'on  touche  l'armure  positive, 
la  machine  se  décharge,  à  moins  que  la  distance  explosive  qui  ferme  le  cir- 
cuit ne  soit  très-petite. 

»  Il  n'y  a  plus  une  différence  aussi  marquée  si  on  laisse  sur  la  machine 
la  paire  de  bouteilles  en  cascade. 

»  Admettons  que  l'électricité  se  propage  dans  le  sens  du  positif  au  négatif 
(voir  Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  looo  et  i35i);  si  on  lui  fournit  une 
route  facile  d'écoulement,  en  touchant  l'armure  positive,  il  est  clair  que  le 
jeu  inverse  d'éiectrisation  des  différentes  parties  de  la  machine  ne  pourra 
pas  persister.  Si  elle  trouve  deux  routes,  comme  lorsqu'on  laisse  la  paire 
de  bouteilles,  une  dérivation  se  produira,  de  sorte  que  le  rendement  de  la 
machine  pourra  continuer.  Le  circuit  du  courant  ne  fait  ciue  s'agrandir 
quand  on  établit  la  communication  de  l'armure  négative  avec  le  sol  et, 
par  conséquent,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  la  machine  cesse  de  fonc- 
tionner.  » 

PHYSIQUE.  —  Réponse  à  la  dernière  Note  de  M.  Mercadier,  à  propos  de  l'étude 
du  mouvement  vibratoire  d'un  fd  élastique;  par  M.  II.  Valérius.  (Extrait.) 

«  Pour  répondre  aux  déclarations  contenues  dans  la  dernière  Note  de 
M.  Mercadier  (p.  g5o  de  ce  volume),  je  me  contenterai  de  rappeler  les 
conclusions  de  mon  Mémoire  et  de  les  comparer  aux  lois  données  par 
M.  Mercadier  {Comptes  rendus,  p.  639  et  671,  t.  LXXVII). 

»   Voici  les  conclusions  de  mon  Mémoire  : 

»  i"  Entre  certaines  limites,  des  fds  de  verre  de  longueurs  différentes, 
attachés  par  une  de  leurs  extrémités  à  un  même  corps  sonore,  et  libres  à 
l'autre  extrémité,  peuvent  vibrer,  soit  transversalement,  soit  longitudina- 
lenicnt,  d'après  le  même  mode  de  subdivision,  et  donner  lieu,  suivant  leur 
longueur,  à  des  concnmérations  normales,  à  des  concamérations  réduites  ou  à 
des  concamérations  anorn^alcs  ou  irrégutières. 

»  2°  Les  longueurs  des  concamérations  normales  et  réduites  obéissent 
rigoureusement  aux  mêmes  lois  que  les  longueurs  des  concamérations  dans 


(  "«^^  ) 

les  lames  vibrantes  libres  à  leurs  deux  bouts,  pourvu  que,  dans  les  vibra- 
tions des  fds  de  verre,  on  tienne  compte  de  l'influence  perturbatrice;  exer- 
cée par  le  corps  sonore. 

M  3°  Pour  des  fils  de  verre  de  même  épaisseur,  le  nombre  des  vibrations 
par  seconde  est  en  raison  inverse  du  carré  de  la  longueur  des  concaméra- 
tions  normales  de  même  espèce. 

»  4"  Dans  les  fils  de  verre,  la  vitesse  de  transmission  des  impulsions 
longitudinales  est  égale  au  double  de  celle  des  impulsions  transversales. 

»   Voici  maintenant  les  lois  données  par  M.  Mercadier  : 

»  1°  Quelle  que  soit  sa  longueur,  quand  le  fil  vibre  régulièrement,  il 
vibre  toujours  synclironiquemcnt  avec  le  diapason.  (Cette  loi  appartient  à 
M.  Mercadier,  mais  on  conviendra  qu'elle  était  en  quelque  sorte  évidente 
à  priori.  ) 

»  2°  Pour  un  même  fil,  les  distances  nodales,  sauf  la  première  à  partir 
du  diapason  et  l'avant-dernière,  sont  égales. 

»  3°  Pour  un  même  fil,  quelle  que  soit  sa  longueur,  /  (la  partie  du  fil 
après  le  dernier  nœud)  est  constante  et  égale  au  tiers  de  la  distance  nodale 
normale  des  concamérations  égales. 

»  4°  A  mesure  qu'on  fait  varier  la  longueur  du  fil,  /,  cl,  D  restent  inva- 
riables; la  distance  du  premier  nœud  au  diapason  seule  varie.  (On  remar- 
quera que  les  lois  2,  3  et  4  de  M.  Mercadier  sont  toutes  renfermées  dans 
ma  deuxième  loi  ci-dessus.  Les  figures  jointes  à  mon  travail  et  les  explica- 
tions dont  elles  sont  accompagnées  montrent,  du  reste,  que  j'avais  bien 
reconnu  les  trois  lois  dont  il  s'agit.) 

»  5°  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  distances  nodales  des  fils  de 
même  nature  sont  entre  elles  comme  les  racines  carrées  de  leurs  diamètres. 
(Cette  loi  appartient  à  M.  Mercadier.  N'ayant  opéré  que  sur  des  fils  de 
verre  de  même  diamètre,  je  ne  pouvais  songer  à  la  rechercher.) 

))  6°  Pour  des  diapasons  différents, les  distances  normales  correspondant 
à  un  même  fil  sont  en  raison  inverse  des  racines  carrées  des  nombres  de 
vibrations  des  diapasons.  (Cette  loi  est  identique  à  ma  troisième.) 

))  7°  Si  l'on  fait  varier  l'amplitude  du  diapason,  la  forme  delà  vibration 
du  fil  ne  change  pas,  majs  les  trois  ou  quatre  premiers  nœuds  voisins  du 
diapason  se  déplacent,  en  s'éloignant  ou  en  se  rapprochant  de  lui  suivant 
que  son  amplitude  augmente  ou  diminue.  (Ce  fait  est  clairement  signalé 
dans  ma  deuxième  loi;  mais  je  crois  que  les  irrégularités  occasionnées  par 
le  diapason  ne  s'étendent  que  jusqu'à  l'origine  des  concamérations  égales 

C.  U.,  187?),  2»  Semestre.  (T.  LXX.VII,  iN»  20.)  •  ^'^ 


(  ii86  ) 
que  M.  Mercadier  désigne  par  la  lettre  D.  Du  resto,  j'avoue  que  je  ne  me 
suis  pas  occupé  d'une  manjère  spéciale  de  ces  déplacements.; 

))  Telles  sont  les  sept  lois  de  M.Mercadier,  que  je  connaissais  au  moment 
où  j'ai  adressé  ma  réclamation  à  l'Académie.  Sur  ces  sept  lois,  j'en  avais 
donné  cinq,  et,  en  outre,  j'avais  signalé  l'existence  des  concamératious 
réduites  et  étudié  les  vibrations  longitudinales. 

»  Depuis,  j'ai  eu  connaissance  des  quatre  dernières  lois  de  M.  Mercadier 
[Comptes rendus ,  22  septembre).  Ces  lois  lui  appartiennent;  mais  elles  sont 
relatives  aux  vibrations  transversales.  M.  Mercadier  ne  s'est  pas  encore 
occupé  ni  des  vibrations  longitudinales,  ni  du  phénomène  des  concaméra- 
tious réduites.  » 

HYGIÈNE.  —  action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de  l'Ourcq  sur  le  plumb. 

Note  de  M.  Fordos. 

«  Dans  la  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  lundi 
dernier,  j'avais  examiné  l'action  de  l'eau  sur  le  plomb,  uniquement  au 
point  de  vue  du  danger  que  présente  l'emploi  de  ce  métal  pour  rincer  les 
bouteilles.  Je  ne  m'étais  pas  préoccupé  de  l'influence  que  pouvait  exercer 
sur  la  réaction  la  nature  de  l'eau  ou  la  grosseur  des  grains  de  plomb  em- 
ployés. Mes  expériences  avaient  été  faites  avec  l'eau  qui  alimente  mon  labo- 
ratoire et  la  pharmacie  de  l'hôpital  de  la  Charité,  c'est-à-dire  de  l'eau  de 
l'Ourcq,  et  je  m'étais  servi  du  plomb  de  chasse  que  l'on  emploie  pour  net- 
toyer les  fioles  dans  les  hôpitaux  civils,  dans  les  hôpitaux  militaires  et  dans 
les  pharmacies. 

»  J"ai  lait  depuis  les  expériences  suivantes  :  i"  J'ai  introduit  dans  une 
fiole  de  25o  grammes  5o  grammes  de  plomb  de  chasse  neuf  n°  4  ^t 
100  grammes  d'eau  distillée,  et  dans  une  autre  fiole  pareille,  contenant  éga- 
lement 5o  grammes  de  même  plomb,  j'ai  mis  100  grammes  d'eau  de 
l'Ourcq;  j'ai  pris  les  deux  fioles,  ime  dans  chaque  main,  et  je  les  ai  agitées 
de  la  même  manière,  pendant  le  même  temps.  Le  plomb  a  été  attaqué  dans 
les  deux  fioles,  comme  je  l'ai  indiqué  dans  mon  précédent  travail;  mais 
l'action  a  commencé  et  a  marché  plus  rapidement  dans  l'eau  distillée. 
2°  Même  expérience,  en  remplaçant  le  plomb  u"  4  P'»''  du  gros  plomb  à 
bouteilles  neuf  :  l'action  a  été  plus  lente  à  se  manifester,  mais  elle  s'est 
produite  dans  les  deux  flacons,  en  commençant,  comme  précédemuieut, 
dans  l'eau  distillée.  3°  Même  expérience  avec  du  plomb  de  chasse  neuf 
n°  10,  c'est-à-dire   du  trè.s-petit  plomb  :  ici  l'action   a  été  beaucoup  plus 


(  "8-7  ) 
prompte;  d'ailleurs  même  résultat.  4°  Même  expérience  avec  du  plomb 
ayant  déjà  servi  :  action  plus  rapide  qu'avec  le  plomb  neuf.  5"  L'eau  de 
Semé  et  l'eau  de  1  Ourcq  se  sont  comportées  de  la  même  manière  dans 
Ions  mes  essais.  6°  J'ai  soumis  à  l'analyse  le  dépôt  blanc  sale,  ou  blanc 
grisâtre,  qui  résulte  de  l'action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de  l'Ourcq 
sur  le  plomb.  Ce  dépôt  se  dissout,  avec  dégagement  d'acide  carbonique, 
dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  nitrique,  et  dans  l'acide  acétique,  en  lais- 
sant uu  très-léger  résidu  noir.  La  solution  précipite  en  jaune  par  l'iodure 
de  potassium,  et  en  noir  par  l'hydrogène  sulfiué,  et,  après  la  séparation 
du  plomb  par  l'acide  sulfhydrique,  elle  précipite  eu  blanc  par  l'oxalate 
d'ammoniaque.  Ces  réactions  indiquent  que  le  produit  examiné  est 
formé  de  carbonate  de  plomb  et  de  carbonate  de  chaux.  Dans  mes  précé- 
dentes recherches  je  n'ai  signalé  que  la  présence  du  carbonate  de  plomb; 
cela  suffisait  pour  le  but  que  je  me  proposais  d'atteindre.  L'eau  de  Seine 
et  l'eau  de  l'Ourcq,  après  leur  action  sur  le  plomb,  ne  sont  pas  colorées 
par  l'acide  sulfhydrique;  elles  ne  renferment  donc  pas  de  plomb  en  dis- 
solution, du  moins  dans  les  conditions  de  mes  expériences.  Ici  toutefois 
je  fais  des  réserves,  car  dans  quelques  essais  j'ai  obtenu  des  indices  de 
plomb. 

»  Il  résulte  de  toutes  ces  expériences  :  i°  que  l'eau  de  Seine  et  l'eau  de 
l'Ourcq  attaquent  le  plomb,  mais  plus  lentement  que  l'eau  distillée;  3°  que 
l'action  est  d'autant  plus  rapide  que  le  plomb  est  plus  divisé;  3°  que  l'ac- 
tion se  produit  plus  rapidement  avec  du  ploipb  ayant  déjà  servi  qu'avec 
du  plomb  neuf;  4''  que  le  produit  de  l'action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau 
de  l'Ourcq  sur  le  plomb  est  formé  de  carbonate  de  plomb  et  de  carbonate 
de  chaux,  et  que  ces  eaux,  après  la  réaction,  qe  renferment  pas  de  plomb 
dissous,  ou  seulement  une  quantité  infinitésimale. 

»  Voici  comment  on  peut,  je  crois,  expliquer  l'action  de  l'eau  distillée 
et  des  eaux  calcaires  sur  le  plomb.  Dans  l'eau  distillée,  l'acide  carbonique 
est  libre  et  peut  immédiatement,  en  présence  du  plomb  et  de  l'oxygène  de 
l'air,  former  du  carbonate  de  plomb;  il  résulte  aussi  d'observations  faites 
antérieurement  par  les  chimistes  que  l'eau  pure  peut  agir  sur  le  plomb  en 
«lonnant  naissance  à  un  hydrate.  Dans  les  eaux  calcaires,  l'acide  carbo- 
nique est  combiné  au  carbonate  de  chaux,  à  l'état  de  bicarbonate,  et  est 
par  suite  moins  apte  à  contracter  une  nouvelle  combinaison.  Quand  on 
agite  l'eau  calcaire  avec  du  plomb,  il  y  a  dissociation  du  bicarbonate,  sous 
l'influence  de  la  chaleur  et  de  l'électricité  que  développe  lefrotlemeul  des 
grains  de  plomb  les  uns  contre  les  autres  et  contre  les  parois  du  vase,  et 

i53.. 


(  ii88  ) 
l'acide  carbonique  peut  alors  entrer  en  combinaison  avec  le  plomb,  en 
présence  de  l'oxygène  de  l'air,  et  produire  du  carbonate  qui  se  dépose; 
mais,  en  même  temps,  le  carbonate  de  chaux,  ayant  perdu  l'acide  carbo- 
nique qui  le  maintenait  en  dissolution,  se  précipite  aussi;  de  là  la  pré- 
sence de  ces  deux  sels  dans  le  produit  de  la  réaction.  Si  l'eau  ne  contient 
pas  de  plomb  en  dissolution,  il  faut  encore,  je  crois,  en  chercher  l'expli- 
cation dans  la  présence  du  carbonate  de  chaux;  celui-ci  relient  l'acide  car- 
bonique à  l'état  de  combinaison  et  l'empêche  d'agir  comme  dissolvant  sur 
le  carbonate  de  plomb. 

»  J'ai  désiré  me  rendre  compte  de  ce  qui  se  passe  dans  les  conduites  en 
plomb.  J'ai  trouvé,  dans  les  magasins  de  l'hôpital  de  la  Charité,  des  bouts 
de  tuyaux  ayant  servi.  Ces  tuyaux  sont  recouverts  à  l'intérieur  par  un  dé- 
pôt semblable  à  celui  que  donnent  les  eaux  calcaires.  J'ai  pris  des  parcelles 
du  dépôt  dans  trois  tuyaux,  pour  les  soumettre  à  l'analyse.  L'acide  nitrique 
étendu  d'eau  et  l'acide  acétique  les  dissolvent  avec  dégagement  d'acide 
carbonique;  la  solution  est  précipitée  en  jaune  par  l'iodure  de  potas- 
sium et  eu  noir  par  l'acide  sulfhydrique,  et,  après  avoir  été  débarrassée 
du  plomb  par  l'hydrogène  sulfuré,  elle  donne  un  précipité  blanc  abon- 
dant avec  l'oxalate  d'ammoniaque.  Cette  analyse  indique  que  le  dépôt  est 
formé  de  carbonate  de  chaux  contenant  du  carbonate  de  plomb,  et  fournit 
la  preuve  la  plus  évidente  que  les  conduites  en  plomb  sont  attaquées  par 
les  eaux  calcaires. 

»  La  théorie  que  j'ai  donnée  de  l'action  des  eaux  calcaires  sur  le  plomb 
en  grenaille  est  applicable  aux  tuyaux;  seulement,  ici  l'action  doit  être 
très-lente.  Le  carbonate  de  chaux  et  le  carbonate  de  plomb  se  déposent 
sur  le  métal  et  forment  un  vernis  préservateur,  et,  lorsque  le  plomb  est 
complètement  recouvert,  un  nouveau  dépôt  de  carbonate  de  chaux  peut 
se  produire  si  l'eau  est  très-calcaire. 

»  On  conçoit  que,  dans  ces  conditions,  l'eau  arrive  à  sa  destination  dans 
un  état  de  pureté  absolue.  En  est-il  de  même  de  l'eau  sortant  des  tuyaux 
nouvellement  posés? 

»  Ici  encore,  l'eau  ne  doit  pas,  par  suite  de  la  présence  du  carbonate 
de  chaux,  contenir  du  plomb  en  dissolution;  mais  l'eau  ne  peut-elle  pas, 
surtout  au  début  de  la  pose  et  dans  les  premiers  temps,  entraîner  méca- 
niquement des  particules  de  plomb  carbonate?  C'est  un  point  à  éclaircir. 
D'ailleurs  la  question  de  l'action  des  eaux  sur  les  conduites  en  plomb  ne 
me  paraît  pas  avoir  été  étudiée  sous  toutes  ses  faces.  Elle  mériterait  de 
fixer  l'attention  des  chimistes  placés  pour  observer  et  expérimenter,   o 


(  i'89) 

PHYSIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Sur  le  pouvoir  rotaloire  des  hyposulfalcs. 
Note  de  M.  E.  Bichat,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  M.  Pape  a  annoncé  [Ann.  de  Poggendorff,  t.  CXXXIX,  p.  la^-iSg) 
qu'il  avait  trouvé  le  pouvoir  rolatoire  clans  les  cristaux  d'hyposulfates  de 
potasse,  de  plomb,  de  chaux  et  destrontiane.  Ce  fait  est  en  désaccord  avec 
les  observations  de  M.  de  Senarmont.  Cet  éminent  physicien  a  étudié  avec 
beaucoup  de  soin  les  cristaux  d'hyposulfates  de  plomb,  de  chaux  et  de 
strontiane.  11  a  déterminé  le  signe  de  ces  cristaux  et  observé  les  anneaux 
qu'ils  donnent  dans  la  lumière  polarisée  convergente,  et  il  n'y  a  pas  con- 
staté le  pouvoir  rotatoire. 

»  D'autre  part,  M.  Pape  considère  les  cristaux  des  quatre  hyposulfates 
qu'il  a  étudiés  comme  appartenant  au  système  hexagonal  régulier;  tandis 
que,  d'après  Ramelsberg  et  Gmelin,  celui  de  potasse  ne  l'est  pas.  Il  est 
iniliqué  par  ces  deux  derniers  auteurs  comme  étant  orthorhombique.  Dans 
le  premier  cas,  on  comprend  Irès-bien  qu'on  ait  pu  constater  l'existence  du 
pouvoir  rotatoire.  Dans  le  second  cas,  au  contraire,  on  ne  connaît  pas 
encore  de  procédé  pour  mettre  en  évidence  cette  propriété.  Pour  vérifier 
l'exactitude  des  résultats  donnés  par  M.  Pape,  il  y.  a  donc  lieu  de  recher- 
cher si,  comme  il  l'affirme,  l'hyposulfale  de  potasse  est  un  cristal  a  un 
axe,  ou  bien  si,  comme  l'affirment  Ramelsberg  et  Gmelin,  ce  même  corps 
se  présente  sous  la  forme  d'un  cristal  à  deux  axes. 

»  Enfin,  d'après  M.  Pape,  aucun  des  hyposulfates  étudiés  n'est  hémièdre, 
ce  qui  est  en  contradiction  formelle  avec  une  théorie  générale  d'après 
laquelle  il  doit  exister  une  relation  intime  entre  l'hémiédrie  et  le  pouvoir 
rotatoire. 

»  Il  fallait  donc,  pour  élucider  la  question,  vérifier  d'abord  l'existence 
du  pouvoir  rotatoire  dans  les  cristaux  d'hyposulfates,  pouvoir  rotatoire 
annoncé  par  M.  Pape,  contrairement  aux  observations  de  M.  de  Senar- 
mont; lever  ensuite  le  doute  qui  existe  sur  la  forme  cristalline  de  l'hypo- 
sulfate  de  potasse  en  présence  des  assertions  contradictoires  de  M.  Pape  et 
de  MM.  Ramelsberg  et  Gmelin;  et  enfin,  si  le  pouvoir  rotatoire  existe, 
chercher  à  mettre  en  évidence  les  facettes  hémiédriques. 

»  Il  est  vrai  que  les  hyposulfates  de  potasse,  de  plomb,  de  chaux,  de 
strontiane  jouissent  du  pouvoir  rotatoire.  Les  lois  sont  les  mêmes  que  pour 
le  quartz.  Le  pouvoir  rotatoire  est  nul  dans  les  dissolutions;  dans  les  cris- 
taux, il  est  droit  ou  gauche.  Le  pouvoir  rohitoire  du  quartz  étant  repré- 
senté par  loo,  celui  derhyposulfate  de  |)0tasseest  représente  par  4o,  celui 


(  119°  ) 
de  riiyposulfate  de  plomb  par  24,  ctini  de  l'iiyposulfate  de  stroiitiane 
par  8.  Ces  nombres  sont  fort  peu  différents  de  ceux  donnés  par  M.  Pape. 
Dans  le  cas  de  l'hyposulfiite  de  potasse,  il  faut  que  le  cristal  soit  observé 
sous  une  épaisseur  de  i  cenlimètre,  pour  que  la  croix  noire  qui  traverse 
les  anneaux  n'aille  pas  jusqu'au  centre.  Dans  le  cas  des  autres  hvposul- 
fates,  l'épaisseur  des  cristaux  que  l'on  a  pu  obtenir  n'a  jamais  été  assez 
grande  pour  que  la  croix  noire  ne  fût  pas  complète. 

»  Sous  le  rapport  de  la  forme  cristalline,  j'ai  étudié  surtout  avec  soin 
l'hyposulfale  de  potasse.  Les  cristaux  de  ce  coips  appartiennent  en  effet  au 
système  hexagonal  régulier.  Ils  se  présentent  sous  la  forme  de  prismes  à 
douze  pans,  portant  à  chaque  extrémité  des  pyramides  à  six  faces.  A  la 
base  de  ces  pyramides,  et  tangentieliement  aux  arêtes  d'intersection  de 
leurs  différentes  faces,  se  trouvent  de  petites  facettes  triangulaires  rappe- 
lant, par  leur  position,  les  faces  rhombiqiies  du  quartz.  Dans  un  grand 
nombre  de  cristaux  formés  naturellement  dans  une  eau  mère  maintenue 
à  température  constante,  on  observe  de  petites  facettes  plagièdres  dispo- 
sées à  droite  ou  à  gauche  des  faces  triangulaires.  Les  faces  triangulaires, 
et,  par  suite,  les  faces  plagièdres  ne  s'observent  facilement  que  dans  les 
gros  cristaux.  Si  les  grqs  cristaux  que  l'on  observe  ne  possèdent  pas  natu- 
rellement de  facettes  hémiédriques,  ils  les  possèdent  certainement  dans 
leur  structure  intime,  car  il  est  toujours  facile  de  les  faire  naître  en  em- 
ployant l'un  des  procédés  indiqués  par  M.  Pasteur. 

»  Suivant  que  les  facettes  plagièdres  sont  placées  à  droite  ou  à  gauche 
de  la  face  triangulaire,  le  pouvoir  rotatoire  de  l'hyposulfate  est  lui-même 
droit  ou  gauche. 

»  Dans  l'hyposulfate  de  plomb,  que  l'on  peut  obtenit  facilement  en 
cristaux  assez  volumineux,  les  facettes  plagièdres  qui,  naturellement,  se 
produisent  très-rarement,  peuvent  également  être  mises  en  évidence  au 
moyen  des  procédés  de  M.  Pasteur. 

»  Dans  le  cas  des  hyposulfates  de  chaux  et  de  strontiane,  je  n'ai  pu 
obtenir  que  des  cristaux  trop  minces  pour  pouvoir  y  établir  la  présence 
des  facettes  hémiédriques. 

»  Les  cristaux  d'hyposulfate  de  plomb,  tout  en  conservant  la  même 
forme  extérieure,  présentent  souvent  des  mâcles  plus  ou  moins  compli- 
quées. C'est  ainsi  que,  dans  les  différentes  parties  d'un  même  cristal,  j'ai 
pu  observer  des  anneaux  avec  la  croix  noire  allant  jusqu'au  centre,  des 
lemniscates  comme  dans  le  cas  d'un  cristal  à  deux  axes,  et  des  spirales 
d'Airy  comme  dans  les  quartz  contraires'superposés. 


(  Ilpf  ) 

»  En  résumé,  comme  l'a  annoncé  M.  Pape,  les  cristaux  d'hvposulfates 
de  potasse,  de  plomb,  de  chaux  et  do  slrontiane  jouissent  du  pouvoir 
rotatoire. 

»  Les  cristaux  d'hyposnlfate  de  potasse,  comme  l'a  annoncé  encore 
M.  Pape,  appartiennent  au  système  hexagonal  régulier. 

»  Enfin,  contrairement  aux  résultats  obtenus  par  M.  Pape,  et  confor- 
mément à  la  théorie  générale,  les  cristaux  d'hyposuifates  de  plomb  et  de 
potasse  sont  hémièdres,et  le  sens  de  l'hémiédrie  est  intimement  lié  au  sens 
du  pouvoir  rotatoire.  » 

CHIMIE  MOLÉCULAIRE.  —  Du  pouvoir  rolatoire  de  la  mannite. 
Note  de  M.  Vigxon,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  M.  Loir  a  fait,  le  premier,  l'observation  très-curieuse  que  les  solutions 
aqueuses  de  la  nitromannite  manifestent  une  action  sur  la  lumière  pola- 
risée, quoique  la  mannite  soit  classée  parmi  les  corps  inactifs.  Depuis  lors, 
on  a  reconnu  que  cette  propriété  de  la  nitromannite  était  générale  et  que 
la  plupart  des  dérivés  de  la  mannite  dévient  le  plan  de  polarisation; 
toutes  les  analogies  tendent  donc  à  faire  considérer  ce  corps  comme 
une  substance  active.  Néanmoins,  les  expériences  tentées  dans  le  but  de 
constater  son  action  sur  la  lumière  polarisée  ont  été,  jusqu'à  ce  jour,  sans 
résultat. 

»  Je  suis  parvenu  à  mettre  en  évidence  le  pouvoir  rotatoire  de  la  man- 
nite, en  ajoutant  à  une  solution  saturée  de  ce  corps  de  l'acide  borique,  ou 
mieux  encore  du  borax,  et  en  examinant  l'action  d'un  pareil  système  sur 
la  lumière  polarisée.  On  sait  en  effet,  d'après  les  expériences  de  M.  Biot, 
que  l'acide  borique  a  la  singulière  propriété  d'augmenter  le  pouvoir  rota- 
toire de  l'acide  tartrique.  M.  Pasteur  a  montré  également  qu'd  augmen- 
tait celui  de  l'acide  malique. 

»  J'ai  pris  de  la  mannite  pure,  cristallisée,  et  de  l'acide  borique  purifié 
par  plusieurs  cristallisations;  j'ai  constaté  tout  d'abord  que  ces  deux  corps, 
mis  séparément  en  solutions  saturées  dans  l'eau,  ne  déviaient  pas  le  plan  de 
polarisation.  J'ai  fait  dissoudre  dans  un  peu  d'eau  de  la  mannite  et  de 
l'acide  borique  en  proportions  telles  que  ces  deux  corps  fussent  en  excès 
par  rapport  au  dissolvant.  Une  telle  solution,  examinée  après  filtraliou  à 
l'appareil  Soleil,  dans  des  tubes  de  200  millimètres,  m'a  donné  une  dévia- 
tion de  cinq  divisions  à  droite. 

»   En  évaporant  cette  solution  au  bain-marie,  on  obtient  une  masse  vis- 


(  i'92  ) 
qiieiiso  qui,  traitée  par  l'alcool  absolu,  se  délite  peu  à  peu  en  une  poudre 
blanche  qui  n'est  autre  chose  que  de  la  nianriitc  paraissant  de  nouveau  inac- 
tive. L'acide  borique  se  retrouve  en  dissolution  dans  l'alcool  avec  toutes  ses 
propriétés.  Il  n'y  a  donc  pas  eu  de  combinaison.  Si  l'on  ajoute  à  cette 
solution  mannito-borique  des  cristaux  de  carbonate  de  soude  en  léger 
excès,  ce  sel  se  dissout  avec  effervescence,  et  la  déviation  vers  la  droite 
augmente  considérablement.  La  déviation  primitive,  qui  était  de  cinq 
divisions  à  droite,  devient  égale  à  vingt  et  une  divisions  dans  le  même  sens. 

»  Il  résulte  de  là  que  le  borate  de  soude  a  la  propriété  d'augmenter  le 
pouvoir  rotatoire  de  la  mannite  d'une  quantité  plus  considérable  que  l'acide 
borique  :  c'est  ce  que  l'expérience  directe  vérifie.  En  faisant  dissoudre  dans 
un  volume  d'eau  de  la  mannite  pure  jusqu'à  saturation,  et  2  grammes  de 
borax,  on  obtient  une  déviation  de  vingt  divisions  à  droite.  Ces  expériences 
ont  été  répétées  avec  des  échantillons  de  mannite  pure  de  diverses  prove- 
nances; elles  ont  toujours  donné  les  mêmes  résultats. 

»  Ces  faits  prouvent  que  la  mannite  possède  le  pouvoir  rotatoire.  L'acide 
borique  et  le  borax  ne  se  sont  pas  combinés  avec  cette  substance  ;  ils  n'ont 
fait  qu'augmenter,  par  une  action  qui  leur  est  spéciale,  la  dissymétrie  pré- 
existante dans  les  molécules  de  mannite.  Il  n'est  donc  plus  étonnant  que 
les  élhers  de  la  mannite  agissent  sur  la  lumière  polarisée.  Trop  faible  pour 
être  apprécié  directement,  le  pouvoir  rotatoire  préexistait  dans  le  géné- 
rateur. Il  n'a  pas  été  créé  dans  l'acte  de  l'éthérification. 

M  Je  donne,  pour  prendre  date,  ce  premier  résultat  qui,  indépendam- 
ment de  toute  détermination  quantitative,  établit  que  la  mannite  possède  le 
pouvoir  rotatoire.  Dans  une  prochaine  Note,  je  reviendrai  sur  celte  action 
de  l'acide  borique  et  des  borates,  et  je  mesurerai  les  déviations  pour  des 
systèmes  ternaires  bien  définis. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Lyon.   » 

«  M.  Pastei'r,  après  avoir  communiqué  les  résultats  qui  précèdent,  au 
nom  de  leur  auteur,  annonce  que  cette  question  du  pouvoir  rotatoire  de 
la  mannite  est  étudiée  depuis  plusieurs  mois  au  laboratoire  de  Physique  de 
l'École  Normale,  par  M.  Bichat,  qui  arrive  à  la  même  conclusion  que  M.  Vi- 
gnon  par  des  épreuves  peut-être  plus  décsives  encore.  En  effet,  M.  Bichat  a 
reconnu  que  la  mannite  en  solution  aqueuse  manifeste  le  pouvoir  rotatoire 
dans  un  tube  de  4  mètres  de  longueur.  La  maïuiite  n'est  donc  pas,  comme 
on  avait  été  porté  à  le  penser,  un  corps  inactif  qui  donne  des  combinaisons 


(  "93) 
actives  :  c'est  une  substance  douée  du  pouvoir  rotatoire,  dont  l'action  est 
trop  faible  seulement  pour  qu'on  puisse  la  constater  dans  les  sacchari- 
niètres  ordinaires.  L'asparagine  a  déjà  présenté  des  faits  du  même  ordre.  » 


MÉTÉORITES.  —  Masse  de  fer  météorique  découverte  en  creusant  un  fossé.  Ob- 
servations sur  la  structure  moléculaire  du  fer  météorique.  Protocidorure 
solide  de  fer  dans  les  météorites;  par  Pvî.  J. -Laurence  Smith. 

«  Masse  de  fer  météorique.  —  Cette  masse  de  fer  présente  un  intérêt  par- 
ticulier; elle  n'a  pas  été  découverte  comme  le  sont  généralement  ces  corps 
gisant  à  la  surface  du  sol  :  elle  a  été  trouvée  enfouie  dans  la  terre,  non 
toutefois  à  une  profondeur  très-considérable. 

»  En  1862,  un  fermier  du  nom  de  E.  Freeman,  en  creusant  un  fossé 
dans  le  comté  de  Howard  (État  d'Indiana),  après  être  arrivé  à  une  pro- 
fondeur de  60  centimètres,  vint  à  heurter  une  masse  dure  qui  attira  son  at- 
tention, et,  voyant  que  la  densité  de  cette  masse  était  beaucoup  plus  grande 
que  celle  des  roches  d'alentour,  il  eut  l'idée  de  la  conserver. 

»  La  terre  creusée  présentait  une  argile  compacte  au-dessous  de  10  cen- 
timètres de  terre  noire,  et  la  masse  se  trouvait  enrobée  dans  cette  argile, 
preuve  évidente  de  son  long  séjour  dans  la  terre;  l'argile,  tout  autour  du 
gisement,  était  colorée  d'oxyde  de  fer  dû  à  une  légère  oxydation  delà  surface 
du  météorite,  dont  le  métal  s'attaque  lentement,  cependant,  au  contact  de 
l'influence  atmosphérique. 

»  Ce  météorite  a  été  perdu  de  vue  pendant  un  certain  nombre  d'années, 
étant  tombé  entre  les  mains  de  personnes  prenant  peu  d'intérêt  aux  ques- 
tions d'histoire  naturelle,  et  ce  n'est  que  tout  récemment  qu'il  me  fut 
envoyé  pour  être  soumis  à  mon  examen.  C'est  un  ovale  oblong,  irrégulier 
de  forme  et  pesant  4  kilogrammes  :  il  porte  sur  sa  surface  les  dentelures 
ordinaires  dont  sont  affectés  la  plupart  des  fers  météoriques.  L'altération 
produite  sur  la  surface  est  très-légère,  vu  la  longueur  de  temps  que  le 
produit  doit  avoir  séjourné  en  terre.  Une  coupe  fraîchement  faite  laisse 
voir  un  brillant  parfait. 

»  La  pesanteur  spécifique  du  fer  est  7,821.  Voici  la  composition  du  mé- 
téorite : 

Fer 87,02 

Nickel '2,29 

Cobalt o,65 

Phospliore 0,02 

Cuivre trace. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  20.)  I  54 


(   '-94) 

»  Si  l'on  polit  une  surface  dti  météorite  et  si  on  la  traite  par  l'acide  ni- 
trique ou  l'eau  de  brome,  elle  ne  donne  pas  la  plus  légère  indication  des 
figures  Widmannstpetten,  si  caractéristiques  pour  la  plupart  des  fers  météo- 
riques. Au  fait,  elle  appartient  à  ce  genre  de  fers  riches  en  nickel  (et  ne 
donnant  toutefois  aucun  signe  de  figures  Widmannsta;tten)  auquel  appar- 
tient le  fer  du  Cap  de  Bonne-EspéranceVIe  1793,  qui  contient  i  5  poiu*  100  de 
nickel  et  2,5  pour  100  de  cobalt,  et  un  fer  plus  récent  de  Californie,  appelé 
lefersliimjle-sprmgs,  contenant  17  pour  100  de  nickel  et6  decobalt;  lamème 
chose  peut  se  dire  du  météorite  octihhelia,  contenant  la  quantité  énorme 
de  59,7  pour  100  de  nickel.  En  outre  des  fers  ci-dessus,  il  en  est  d'autres  qui 
contiennent  beaucoup  moins  de  nickel,  et  qui  n'offrent  pas  non  plus  les 
figures  Widmannstœtten,  tels  que  ceux  du  comté  de  Nelson,  de  Brau- 
nan,  etc. 

»  Structure  du  fer  météorique.  —  Dans  la  solidification  et  la  cristallisation 
du  fer,  comme  dans  celles  d'autres  substances  contenant  des  impuretés,  il 
y  a  tendance  à  éliminer  les  constituants  étrangers  vers  la  portion  exté- 
rieure des  cristaux;  et  là  où  la  masse  devient  une  agglomération  de  cris- 
taux, c'est  entre  ces  derniers  et  dans  les  vides  contigus  à  leur  surface  que 
se  trouvent  en  grande  partie  les  constituants  étrangers,  mêlés  à  plus  ou 
moins  de  la  matière  prédominante.  A  l'égard  du  fer,  nous  voyons  se  mani- 
fester ce  phénomène  d'une  manière  très-marquée,  par  exemple,  quand  un 
haut-fourneau  vient  à  se  refroidir  et  que  le  fer  accunudé  au  fond  passe  len- 
tement d'un  état  pâteux  à  un  état  solide;  le  fer  se  trouve  alors  formé  en 
gros  cristaux  contenant  une  bien  plus  petite  quantité  de  carbone  que  le  fer 
ordinaire  produit  par  le  même  fourneau,  le  carbone  en  ayant  été  élitniué 
entre  les  cristaux  sous  forme  de  flocons  de  graphite. 

»  Pour  appliquer  ce  raisonnement  au  cas  des  fers  météoriques  (et  mes 
expériences  de  i852,  faites  sur  quatre-vingts  spécimens,  ont  prouvé  que 
toujours  il  s'y  manifestait  des  (races  de  phosphore,  fait  qui  a  été  vérifié  par 
toutes  mes  analyses  subséquentes),  je  dois  dire,  d'abord,  que  si  le  fer  se 
solidifie  rapidement,  on  devra  s'attendre  à  une  diffusion  du  phosphore 
sans  manifestation  exagérée  dans  aucune  partie  de  la  masse;  mais  que,  si  le 
fera  passé  lentement  de  l'état  pâteux  à  l'état  solide,  alors  on  pourra  s'at- 
tendre à  une  élimination  plus  ou  moins  parfaite  du  phosphore  vers  cer- 
taines parties  représentant  les  espaces  entre  les  cristaux  de  la  masse.  Il  ne 
faut  pas  croire  que  nous  ayons  toujours  à  chercher  sa  complète  élimination 
sous  forme  de  composé  défini  de  phosphore  et  de  fer,  mais  bien  que  les 
portions  de  fer  formant  les  limites  des  cristaux  deviendront  plus  chargées 


(   "95  ) 
de  phosphore  du  centre  à  la  circonférence  durant  la  lente  soUditication 
de  ces  derniers- 

»  L'homogénéité  de  la  masse  ainsi  détruite,  ses  parties  différentes  de- 
viendraient différemment  sensibles  à  l'action  des  agents  chimiques,  même 
alors  que  le  phosphore  s'y  trouverait  en  quantité  très-minime.  On  don- 
nerait amsi  naissance  à  cette  surface  marbrée  dans  les  lignes  de  la  cristal- 
lisation, que  l'on  connaît  sous  le  nom  défigures  TVidmannslœtten. 

»  Le  phénomène  des  figures  Widmannstœtten,  comme  on  les  appelle, 
dans  ses  rapports  avec  les  fers  météoriques,  présente  un  très-grand  intérêt 
et  n'a  pas  été  ejicore  suffisamment  expliqué.  Il  fut  un  tempsoù  on  le  su[)po- 
sait  provenir  d'un  alliage  plus  riche  en  nickel  dans  les  lignes  des  figures 
que  la  masse  du  fer;  puis  on  l'a  fuit  provenir  de  l'accumulation  d'un  phos- 
phure  de  nickel  et  de  fer  (schreibersite)  le  long  de  certaines  lignes  de  cris- 
tallisation dans  la  masse;  mais  aucune  de  ces  hypothèses  ne  saurait  expli- 
quer les  traits  variés  de  ces  figures,  m  leur  absence  totale,  dans  le  cas  qui 
nous  occupe. 

»  Ma  conviction  est  que  nous  n'arriverons  pas  à  une  conclusion  sa- 
tisfaisante tant  que  notre  connaissance  des  effets  de  quantités  minimes 
de  corps  étrangers  dans  le  fer  ne  sera  pas  plus  complète  qu'elle  ne  l'est 
aujourd'hui;  c'est  un  sujet  que  la  Chimie  élabore,  afin  d'apprendre  jus- 
qu'à quel  point  les  inipiirelés  peuvent  être  considérées  comme  nuisibles 
dans  le  fer.  La  tendance  des  recherches  est  de  démontrer  que  ces  impu- 
retés, même  en  minimes  proportions,  peuvent  avoir  im  rôle  important  à 
jouer  dans  les  utiles  modifications  du  fer,  et,  pour  ma  part,  je  constate, 
comme  résultat  de  mes  observations  que  i  pour  loo  et  même  moins  de 
phosphore  modifie  le  fer  à  ce  point  qu'il  présente  une  résistance  plus 
grande  à  l'action  de  l'acide  sulfurique  concentré.  Les  affineurs  d'or  et 
d'argent  par  le  procédé  de  l'acide  sulfurique  essayent  les  fontes  avant  d'en 
trouver  une  qui  réponde  à  leur  but.  Certains  vaisseaux  de  fonte  sont  dé- 
truits en  quelques  semaines,  tandis  que  d'autres  dureront  des  années.  11 
est  vrai  que,  en  dehors  de  la  propriété  chimique  que  peut  communiquer 
la  trace  du  phosphore,  elle  peut  modifier,  à  un  certain  degré,  les  pro- 
priétés physiques  du  fer  en  lui  donnant  plus  de  fluidité  à  l'état  de  fusion 
et  en  fournissant  des  fontes  plus  compactes. 

»  Mais  de  tous  les  exemples  de  séparation  de  substances  dans  la  for- 
mation de  composés  naturels  il  n'en  est  point  de  comparables  à  ceux 
que  montre  le  fer  météorique,  où  les  éléments  qui  ont  le  plus  d'affinité  l'un 
pour  l'autre  sont  séparés  l'un  de  l'autre  par  les  lignes  de  démarcation  les 

if)4.. 


(  '19^  ) 
plus  prononcées.  Je  n'entends  pns  par  là  dire  que  le  soufre,  le  phosphore 
et  le  fer  d'un  météorite  soient  complètement  séparés  l'un  de  l'autre,  mais 
hien  qu'une  petite  portion  de  fer  se  combine  avec  la  presque  totalité  du 
soufre  et  du  phosphore  de  la  masse  entière,  s'isola nt  en  forme  de  nodules 
clairs  et  distincts  et  si  bien  que  l'on  tenterait  en  vain  d'en  produire  artifi- 
ciellement de  semblables. 

»  Une  des  formes]  les  plus  remarquables  de  cette  séparation  se  présente 
quand  les  composés  de  soufre  et  de  phosphore  sont  éliminés  dans  la  même 
cavité,  comme  je  l'ai  moi-même  démontré  en  i852.  J'ai  dans  mon  cabinet 
(ce  qui  peut  encore  se  trou  ver  en  d'autres  mains)  divers  spécimens  de  ce  phé- 
nomène :  le  dernier  est  présenté  par  le  fer  tombé  dans  l'Afrique  méridionale 
en  1862  et  que  j'ai  décrit  devant  l'Académie.  On  y  voit  une  cavité  ovale  de 
2^^,  5  sur  son  grand  diamètre;  dans  le  centre  est  du  triolite  (sulfure  de  fer) 
remplissant  la  cavité  à  i  millimètre  ou  2  de  la  surface,  et  entre  la  sur- 
face extérieure  du  triolite  et  celle  intérieiue  de  la  cavité  est  une  mince 
couche  de  schreibersite  (phosphurede  fer  et  de  nickel  d'une  composition 
définie  (Ni^Fe'Pl  contenant  à  peine  un  vestige  de  soufre.  En  d'autres  places, 
ou  trouve  des  lames  de  ce  même  phosphure  d'épaisseur  plus  ou  moins 
grande.  On  y  découvre  fréquemment  des  nodules  de  triolite  entièrement 
isolés. 

»  Mais,  pourra-t-on  se  demander,  et  ce  fer  qui  contenait  cette  grande 
quantité  de  phosphore  et  de  soufre?  Voici  la  réponse  :  dans  le  fer  propre- 
ment dit  on  n'en  découvre  qu'une  tiace;  dans  le  fer  Tazewelt,  par  exemple, 
qui  m'a  fourni  plusieurs  de  ces  nodules  composés,  il  n'y  a  que  o,oiG  pour 
100  de  phosphore  dans  le  fer;  dans  celui  d'Arva,  rempli  de  couches  de 
schreibersite,  le  fer  même  n'en  conserve  dans  sa  masse  que  0,019  poiu'  100, 
et  il  me  semble  impossible  d'expliquer  une  élimination  aussi  parfaite  du 
phosphore  et  du  soufre,  corps  qui  ont  pour  le  fer  une  si  grande  affinité, 
autrement  qu'en  supposant  un  long  séjour  à  l'état  pâteux  et  une  solidifica- 
tion lente  de  la  masse. 

»  Il  est  presque  inutile  de  dire  que  des  géologues  et  des  minéralogistes 
ont  fait  remarquer  ce  procédé  de  ségrégation  dans  un  grand  nombre  de  cas; 
sa  prééminence,  dans  le  cas  présent,  tient  à  la  grande  affinité  des  substances 
qui  participent  à  la  production  de  ce  phénomène  dans  les  fers  météoriques. 

»  Pioloclilorme  solide  de  jer  dans  les  météoriles.  —  Ce  fut  en  iBSa  que, 
pour  la  première  fois,  je  découvris  de  petites  parcelles  de  protochlornre 
solide  de  fer  dans  le  fer  Tazeivell,  car,  bien  que  l'on  eût  souvent  observé 
l'exsudation  d'un  sel  déliquescent  sur  la  surface  de  ces  fers,  celte  exsuda- 


(  "07  ) 
tioii  avait  toujours  été  attribuée  à  un  perchlorure  liquide,  sans  qu'on  eût 
jamais  pu  indiquer  sa  source  exacte  dans  le  fer,  de  sorte  que  beaucoup 
étaient  d'avis  que  ce  perchlorure  avait  une  origine  terrestre;  mais  la  dé- 
couverte de  protochlorure  solide  dans  l'intérieur  de  la  masse  suffit  pour 
mettre  hors  de  doute  que  le  chlorure  faisait  partie  de  la  masse  originelle 
dans  les  météorites.  Depuis  lors,  il  n'a  pas  été  question  d'antre  décou- 
verte de  protochlornre,  et  il  n'y  a  que  quelques  mois  que  je  le  retrouvai 
pour  la  seconde  fois  dans  le  fer  météorique  de  Rockingham,  comté  de  la 
Caroline  du  Nord.  Il  m'apparut  sous  la  forme  d'une  petite  masse  verte; 
ime  prise  dans  l'intérieur  du  fer  fut  employée  pour  une  analyse  qualita- 
tive; la  portion  leslante  fut  placée  aux  mains  de  M.  Daubrée,  professeur  à 
l'Ecole  des  Mines.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  formation  tertiaire  supranummulitiqiie  du  département 
de  l'Hérault.  Note  de  M.  P.  de  Rodville. 

«  Il  me  paraît  intéressant  de  prolonger,  dans  le  département  de  l'Hé- 
rault, les  observations  de  M.  Leyinerie  sur  la  formation  tertiaire  supra- 
uumniulitique  du  bassin  de  Carcassonne. 

»  L'Aude  et  l'Hérault  ne  sont  que  des  divisions  purement  arbitraires 
d'une  unité  pétrographique  dont  le  caractère  de  continuité  s'impose  à 
tout  observateur;  le  grès  de  Carcassonne  franchit  donc  les  frontières 
administratives,  et  présente  dans  l'Hérault  tous  les  éléments  qu'énumère 
M.  Leymerie;  il  se  prolonge  ainsi,  identique  à  lui-même,  au  milieu  de  ses 
variations  de  matériaux  adventifs  et  de  couleurs,  jusqu'à  Cesseuon  et 
Causses-Mur viel  (arrondissement  de  Saint-Pons  et  deBéziers)  sur  une  lon- 
gueur d'une  cinquantaine  de  kilomètres,  juxtaposé  sur  tout  ce  parcours 
au  calcaire  à  nunuiuilites,  sauf  dans  son  extrémité  orientale,  où  il  revêt 
d'une  manière  inuiiédiate  les  schistes  et  les  calcaires  paléozoîques. 

»  Une  circonstance  remarquable,  c'est  qu'à  partir  de  Causses-Murviel 
jusqu'à  la  terminaison  orientale  du  déparlement  de  l'Hérault,  le  grès  de 
Carcassonne  ne  se  retrouve  plus  avec  ses  mêmes  caractères  pétrogra- 
phiques,  pour  ce  qui  regarde  plus  particulièrement  sa  partie  élastique, 
tandis  que  les  calcaires  qu'il  renferme  à  l'ouest,  dans  l'Hérault  et  dans 
l'Aude,  et  qui  doivent  bien  lui  être  rapportés,  continuent,  accompagnés  de 
dépôts  mécaniques  d'une  physionomie  presque  entièrement  nouvelle.  Il  y 
a  évidemment  ici  changement  régional  dans  les  caractères  de  la  sédimen- 
tation, et,  par  conséquent,  juxtaposition  de  deux  faciès  analogues  à  ceux 


(   "9»  ) 
que  M.  Leymerie  se  borne,  dans  sa  Note,  à  indiquer  dans  les  bassins  de 
Carcassonne  et  de  Narbonne. 

«  La  siinditude  des  faits,  entre  l'Aude  et  l'Hérault,  se  constate  encore 
dans  une  circonstance  plus  importante;  je  veux  parler  du  rôle  essentielle- 
ment subordonné  du  calcaire  de  Ventenac  au  milieu  du  dépôt  détritique, 
subordination  que  M.  Leymerie  met  en  relief. 

»  Le  calcaire  de  Ventenac,  que  M.  Matheron  a  rapj)orté  le  premier  au 
calcaire  à  lignites  de  l'Hérault  (calcaire  de  la  Caunette),  forme  en  effet, 
dans  ce  département,  des  masses  assez  puissantes  en  certains  points,  se 
réduisant,  sur  d'autres,  à  des  bancs  d'une  faible  épaisseur,  et  placées  dans 
des  situations  diverses  de  gisement;  elles  recouvrent  immédiatement  le  cal- 
caire à  nummulites,  à  Félines-Hautpoul,  la  Caunette,  Assignan  ;  elles  se 
présentent  prés  de  Cesseras  et  d'Oupia  en  intercalation  dans  les  grès. 
Quand  on  ne  se  contente  pas  de  recouper  ces  masses  normalement  à  leur 
prolongement,  mais  qu'on  les  suit  en  surface,  comme  je  l'ai  fait  pour  le 
tracé  de  la  carte  géologique  de  l'Hérault,  où  j'ai  distingué  les  régions  ex- 
clusivement calcaires  d'avec  les  régions  composées  de  roches  élastiques, 
on  les  voit  très-irrégulièrement  configurées,  s'atténuant  le  plus  souvent 
après  s'être  élargies  et  comme  renflées,  et  finissant  par  se  perdre  au  milieu 
des  matériaux  d'agrégation  qui  conservent  leur  continuité  et  leur  puis- 
sance. 

»  Ces  contours  ellipsoïdaux  ou  lenticulaires  se  voient  très-bien  sur  la 
carte  de  l'arrondissement  de  Saint-Pons,  actuellement  à  la  gravure,  au 
nord  de  la  Livinière,  d'Azillanet,  d'Aiguë  et  d'Aiguesvives;  les  calcaires 
lacustres  y  recouvrent  tout  ensemble  le  calcaire  à  nummulites,  et  pénètrent 
dans  l'épaisseur  du  grès.  On  y  voit  la  preuve  qu'ici,  comme  dans  la  [du- 
part  des  cas,  des  phénomènes  de  sédimentation  chimique  (dépôts  de 
sources)  ont  coexisté  à  certains  intervalles  avec  d'autres,  plus  continus, 
de  nature  mécanique. 

»  Ces  circonstances  fournissent  l'occasion  de  faire  ressortir  l'importance 
extrême  de  l'étude  d'un  terrain  en  superficie,  les  relevés  de  coupes  et  de 
profils  ne  suffisant  pas  à  montrer  le  rôle  relatif  des  divers  éléments  qui 
entrent  dans  son  économie;  c'est  cette  étude  en  superficie,  inaugurée 
presque  par  Gressly  dans  le  Jura  soleurois,  qui  a  fait  naître  la  notion  de 
faciès,  si  importante  pour  la  juste  appréciation  des  unités  géognostiques. 

»  Ce  même  ordre  de  considérations,  et  les  observations  de  M.  Leymerie 
pour  le  département  de  l'Aude,  me  confirment  encore  dans  les  doutes  que 
j'ai  soumis  à  M.   Matheron,  sur  la  distinction   d'époque  établie   par  lui 


(  "99  ) 
pour  les  calcaires  de  Grabels  et  ceux  de  Saint-Gely,  près  de  Montpellier; 
pour  moi,  les  calcaires  de  ces  deux  localités  ne  forment  qu'un  seul  horizon  ; 
à  des  différences  de  faune,  j'opposais  et  j'oppose  encore  des  caractères 
d'association  et  même  de  continuité  qui  me  font  rapporter  à  un  même 
ensemble  de  dépôts  et,  par  suite,  à  une  même  formation,  les  sédiments 
qui  ont  offert,  en  certains  points  de  l'Aude  et  de  l'Hérault,  des  Lophio- 
dons,  et  les  calcaires  à  Paléothérium  de  Saint-Gely.  J'arrive  donc,  pour 
l'Hérault,  à  la  conclusion  de  M.  Leymerie  pour  l'Aude,  à  savoir  l'unité  de 
formation  de  tous  les  dépôts  compris  entre  le  calcaire  à  nummulites  et  les 
sédiments  lacustres  ou  marins  à  Dinotliérinm.  L'auteur  de  la  Note  propose 
d'appeler  cette  formation  Carcassienne ;  je  la  nommerais  plutôt,  pour  plus 
d'euphonie,  Carcœsonienne  (de  Canœso,  Carcassonne,  comme  la  nomme 
César  dans  ses  Commentaires),  si  je  n'hésitais  à  donner  une  appellation  dé- 
duite d'un  faciès  tout  local  aune  formation  d'une  extension  géographique 
aussi  considérable,  et  d'une  constitution  aussi  complexe  dans  tous  les  pays 
que  celle  qui  répond  à  l'éocène  moyen  et  à  l'éocène  supérieur  des 
géologues.  » 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  lo  novembre  iS^S,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Traité  théorique  et  pratique  d' Hydrothérapie  ;  par  le  D''  Beni-Barde.  Paris, 
G.  Masson,  1874;  in-S".  (Présenté  par  M.  Bouillaud  au  Concours  Mon- 
tyon.  Médecine  et  Chirurgie,  1874) 

Etudes  et  lectures  sur  r  astronomie  ;  par  C.  FLAMMARION;  t.  IV.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1873;  i  vol.  in-i8.  (Présenté  par  M.  Faye.) 

Insltuction  sur  les  paratonnerres,  adoptée  par  i Académie  des  Sciences.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1874;  i  vol.  in-i8,  avec  figures. 

Histoire  de  r  Astronomie  depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours  ;  par  F.  HOEFER. 
Paris,  Hachette,  1873;  1  vol.  in- 12. 


(     1200    ) 

Mémoire  sur  les  agents  ialralepliqiies  en  général  et  en  parlirnlier  sur  la  com- 
position, l'emploi^  l'action  et  les  propriétés  du  topique-Faine  [glycéio-mellite 
composé);  par  D.  Fabre-VolpelièRE.  Avignon,  A.  Roux,  1873;  in-4''. 
(4  exemplaires) 

Des  ferments  organisés,  de  leur  origine  par  voie  de  mutabilité  et  du  rôle  qu'ils 
sont  appelés  à  jouer  dans  les  phénomènes  naturels  ;  Thèse  par  J.-E.  DuvAL. 
(de  Versailles).  Nenfchâtel,  imp.  Duval,  sans  date;  in-S".  (Présenté  par 
M.  Ch.  Robin.) 

Conservation  des  membres  blessés  par  armes  à  feu  perfectionnées;  par  le 
D"'  E.  Lantiep..  Paris,  A.  Asselin,  1873;  br.  in-8°. 

Expérimental  researches  in  cérébral  phjsiology  and  pathologj;  by  David 
Ferrier.  London,  Smith,  Elderand  C,  1873;  in-8°.  (Adressé  par  l'auteur 
au  Concours  de  Physiologie  expérimentale.) 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  17  novembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

La  Marine  cuirassée;  par  M.  P.  DiSLERE.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873; 
I  vol.  in-8°. 

Hygiène  et  assainissement  des  villes;  parJ.-B.  FONSSAGRIVES.  Paris,  J.-B. 
Baillière,  1874;  1  vol.  in-S*^.  (Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

La  théorie  Darwinienne  et  la  création  dite  indépendante.  Lettre  à  M.  Ch. 
Darwin  par  Joseph  Bianconi.  Bologne,  N.  Zanichelli,  1874;  i  vol.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Milne  Edwards.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents  ;  juin  1873.  Paris, 
Dnnod,  1873;  in-8«. 

(La  suite  du  Bullulin  au  /iiocliain  numéro.) 


ERRATA. 

(Séance  du  10  novembre  1873.) 
Page  1 100,  ligne  9,  au  lien  de  ajoute,  lisez  agite. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  24.  NOVEMBRE  1873, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMRITJNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Développement  des  Polypes  et  de  leur  Potjpier. 
Note  de  M.  II.  de  Lacaze-Dutiuers. 

«  L'Académie  a  bien  voulu,  l'été  dernier,  demander  à  M.  le  Ministre  de 
la  Marine  mon  embarquement  à  bord  du  Narval^  occupé  à  celte  époque 
à  terminer  l'hydrographie  des  côtes  de  l'Algérie.  Mon  but,  en  entreprenant 
ce  voyage,  était  d'étudier  de  nouveau  les  bancs  de  corail,  dont  j'avais  déjà 
appris  à  connaître  la  richesse,  en  1860,  1861  et  1862. 

»  Le  capitaine  de  vaisseau  Mouchez,  bien  connu  de  l'Académie  par  ses 
travaux  considérables  d'hydrographie,  désirait  depins  longtemps  avoir  à 
son  bord  des  hommes  s'occupant  de  recherches  scientifiques,  afin  de  voir 
utiliser  les  moyens  d'étiule  dont  il  disposait  et  les  matériaux  qu'il  pouvait 
recueillir,  en  faisant  de  nombreux  sondages. 

»  Un  jeune  géologue  de  la  Sorbonne,  aussi  zélé  que  plein  de  savoir, 
M.  Velain,  avait  été  embarqué  le  i"'  mai  sur  le  Narval.  Durant  cinq  mois, 
il  a  pu  étudier  les  côtes  de  l'Algérie,  si  difficiles  à  explorer,  car  ce  n'est 
qu'en  arrivant  du  côté  de  la  mer  que,  dans  bien  des  cas,  on  peut  en  abor- 
der l'étude,  et  je  puis  assurer  à  l'Académie  qu'elle  recevra  des  Connnu- 

C.R.,  1873,  i"  Semestre.  (T.  LXXVII,  A'o'il.)  '55 


(    iao2  ) 

nicalions  fort  intéressaiilos  sur  la  conslitution  géologique  de  nos  posses- 
sions d'Afrique. 

»  De  Gibraltar  au  cap  Négro,  en  Tunisie,  des  sondages  nombreux  ont 
été  faits  à  des  profondeurs  diverses,  et  les  produits  en  ont  été  recueillis  avec 
grand  soin.  Ils  sont  à  l'étude  en  ce  moment  et  tout  porte  à  croire  qu'ils 
fourniront  des  données  curieuses. 

»  L'histoire  de  la  formation  actuelle  des  fonds  coralligènes  sera  l'objet 
de  Communications,  résultant  d'un  travail  que  je  prépare,  en  commun 
avec  M.  Velain. 

»  On  va  généralement  très-vite  dans  les  recherches  de  zoologie  ma- 
rine à  de  grandes  profondeurs;  aussi,  après  avoir  étudié  trois  années  de 
suite  la  faune  des  mers  de  la  Galle  et  de  la  Tunisie  et  l'avoir  revue  avec  des 
moyens  nouveaux,  en  restant  constamment  embarqué,  cette  année,  j'espère 
pouvoir  montrer  que  la  proposition  suivante  de  M.  Carpenter  mérite  d'élre 
nn  peu  modifiée.  Je  vois  qu'il  dit,  dans  son  travail  sur  les  mers  intérieures  (i) 
et  les  draguages  sous-marins  : 

o  Le  long  des  côtes  d'Afrique,  nous  ne  trouvâmes  absolument  rien;  j'y  supplée  en  don- 
nant la  liste  des  coquilles  trouvées  à  Tunis,  par  M.  Jcffreys.    » 

»  Pour  moi,  j'ai  trouvé  des  genres  nouveaux  et  des  types  très-intéres- 
sants dans  ces  mêmes  mers,  comme  on  le  verra  par  des  Communications 
ultérieures. 

»  Ai-je  besoin  de  dire  que  M.  Velain  et  moi  avons  reçu,  à  bord  du  Nar- 
val, de  la  part  de  son  savant  commandant,  l'accueil  le  plus  empressé,  le 
plus  affectueux  et  je  dois  ajouter  l'accueil  le  mieux  approprié  au  besoin 
des  recherches  scientifiques?  Le  commandant  Mouchez  était  toujours 
préoccupé  de  la  réussite  de  nos  études,  et  il  a  fait  tout  ce  qu'il  a  pu  pour 
les  favoriser,  en  restant  dans  les  limites  de  sa  mission,  qui  avait  poiu"  but 
de  terminer  l'hydrographie  des  côtes  de  l'Algérie. 

»  Le  champ  de  mes  recherches  se  trouv.iit  donc  avoir  les  mêmes  limites 
que  celui  des  études  du  commandant,  et  je  puis  dire  à  l'Académie,  ayant 
été  son  missionnaire,  que  j'ai  mis  toute  la  réserve  possible  pour  éviter  d'en- 
traver les  travaux  du  commandant,  qui  de  son  côté  faisait  tous  ses  efforts 
pour  aider  nos  observations. 

M  Je  remercie  sincèrement  MM.  les  Secrétaires  perpétuels,  et  particuliè- 
rement M.  Dumas,  des  soins  qu'ils  ont  pris  d'aider  mon  embarquement  et 

(i)  Voir  C*RPF.NTKR,  Revue scientijîque,  p.  ii38;  3i  mai  1873. 


{      I203     ) 

mes  recherches.  J'ai  trouvé  auprès  d'eux  l'empressement  qu'ils  mettent 
toujours  quand  il  s'agit  de  faciliter  les  travaux  scientifiques. 

»  Il  est  (les  régions  de  la  Méditerranée  que  je  crois  fort  riches.  Mon  désir 
ardent  eût  été  de  les  explorer;  mais  les  exigences  du  service  du  Narval  ne 
me  l'ont  pas  permis.  J'ai  tout  lieu  de  penser  que  des  circonstances  nouvelles 
pourront  se  présenter,  qui  me  permettront  peut-être  de  mettre  à  exécution 
mes  desseins. 

>)  Pendant  le  voyage  que  Je  viens  de  faire,  j'ai  eu  l'occasion  de  recueillir 
des  observations  dont  les  résultats,  indiques  dans  des  noies  succinctes, 
semblent  n'avoir  point  été  admis  en  France.  J'ai  pu  vérifier  de  nouveau 
la  vérité  des  faits  que  je  vais  publier  maintenant  en  détail,  et  j'ai  cru  que 
je  devais  à  l'Académie  de  lui  communiquer  d'abord  ces  résultats. 

))  Je  veux  parler  du  développement  des  Polypiers. 

»  11  n'y  a  pas,  dans  la  science,  de  travail  étendu  et  suivi  sur  l'embryo- 
génie des  Polypes  à  Poljpier.  Presque  tous  les  auteurs  qui  ont  eu  pour 
but  l'élude  du  mode  d'accroissement  du  Polypier  se  sont  attachés  à 
prendre,  d'un  côté,  les  calyces  ou  Polypiérites  paraissant  les  plus  jeunes; 
de  l'autre,  ceux  qui  semblaient  les  plus  complètement  développés,  et,  en 
cherchant  les  termes  intermédiaires  entre  ces  extrêmes,  à  déduire,  par  le 
passage  insensible  des  uns  aux  autres,  les  lois  soit  de  la  multiplication  des 
parties,  soit  du  mode  d'accroissement  général  des  calyces. 

))  On  ne  voit  pas  les  zoologistes  s'appliquer  à  reconnaître  les  premières 
traces  des  dépôts  du  calcaire  dans  les  corps  des  Polypes  encore  à  l'état 
d'embryons,  et  à  suivre  ces  premiers  nodules  inorganiques  jusqu'à  l'entière 
constitution  du  calyce  ou  Polypiérite  avec  tous  ses  éléments.  En  un  mot, 
on  a  étudié  plutôt  et  plus  exclusivement  le  squelette  isolé  de  l'animal  ou  le 
Polypier  lui-même. 

»  On  a  induit  dfs  lois  qui  se  trouvent  dans  la  science,  non  de  l'étude  de 
la  charpente  pendant  sa  formation  dans  l' embryon,  mais  bien  de  Vobservation, 
des  Polypiérites  tout  formés  ayant  différentes  cjïandeurs .  En  un  mot,  on  a  cm 
pouvoir  affirmer  ce  qui  avait  dit  être  d'après  ce  qui  était  au  moment  de  l'obser- 
vation. 

»  Dans  un  Polypiérite,  c'est-à-dire  dans  l'un  des  calyces  du  Polypier  d'un 

Actiniaire,  quelle  qu'en  soit  l'espèce,  on  sait  qu'il  existe  des  lames  rayon- 
nantes de  grandeur  variée.  Ces  lames,  de  première,  de  deuxième,  de  troi- 
sième, . . . ,  de  n'^'""  grandeur,  alternent  régulièrement  dans  un  certain  ordre. 
L'ensemble  de  celles  qui  sont  homologues  ou  semblables  constitue  ce  qu'on 
nomme  un  cycle.  A  cette  vue,  la  même  pensée  vient  naturellement  à  l'esprit 

i55.. 


(     I20/,     ) 

de  tous  les  observateurs,  et  l'on  peut  dire  que,  aux  jeux  de  tous,  les  lames 
égales  ou  de  même  graudeur  formant  un  cycle  sont  nées  à  une  même 
époque,  qu'elles  ont  commencé  et  continué  à  croître  simultanément,  ce  qui 
expliquerait  leur  égalité;  enfin  que  les  lames  de  grandeur  différente  sont 
aussi  d'âges  différents,  et  que  leur  étendue  est  directement  proportionnelle 
à  la  durée  de  leur  croissance,  c'est-à-dire  à  leur  âge. 

»  On  peut  certainement  affirmer  que  cette  idée,  qui  se  présente  tout 
naturellement  à  l'esprit,  a  été  le  point  de  départ  des  lois  nombreuses  for- 
mulées d'après  l'observation  des  objets  de  collection,  lois  qui  ont  fourni 
les  bases  principales  des  classifications  et  de  la  nomencialure  des  parties 
des  Polypiers  proposées  surtout  par  les  auteurs  français.  Des  naturalistes 
allemands,  plus  particulièrement  MM.  Schneider  et  Rotteken  d'une  part, 
et  C.  Semper  de  l'autre,  en  se  plaçant  à  des  points  de  vue  différents,  se 
sont  attachés  à  démontrer  l'impuissance  de  ces  lois,  et  la  difficulté  ou 
l'impossibilité  qui  existe  souvent  quand  il  s'agit  de  les  vérifier  ou  de  les 
apjdiquer. 

»  L'un  de  mes  désirs,  en  allant  cet  été  en  Afrique,  était  de  trouver  des 
embryons  ainsi  que  de  très-jeunes  Polypes  à  Polypier  et  de  revoir,  pour 
les  vérifier,  les  théories  diverses  émises  sur  l'origine  et  le  mode  de  crois- 
sance des  Polypiers. 

»  J'ai  été  assez  heureux  pour  réussir  à  avoir  des  embryons  ainsi  que 
de  très-jeunes  Polypes,  et  ce  sont  les  résultats  de  mes  nouvelles  obser- 
vations que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

»  On  sait  que  le  Polype,  qui  coiffe  et  produit  un  Polypier,  offre  autour 
de  sa  bouche  des  couronnes  de  tentacules  ou  bras  de  grandeurs  diffé- 
rentes; que  ces  tentacules  ont  aussi  été  groupées  en  cycles  et  que  l'on  a 
appliqué  à  leur  développement  la  même  série  de  lois  que  pour  les  lames 
du  Polypier.  Or,  en  suivant  l'apparition  des  tentacules  sur  l'embryon,  on 
ne  peut  vérifier  aucune  des  lois  qu'on  trouve  dans  la  science  :  c'est  ce 
que  j'ai  prouvé  dans  un  Mémoire  (i)  publié  l'année  dernière. 

M  Ceci  jette  un  grand  lroid)le  dans  l'esprit  quand,  de  l'étude  des  parties 
molles  de  l'animal,  on  veut  passer  à  la  connaissance  du  développement  de 
ses  parties  dures.  En  effet,  chaque  tentacule  répond  à  une  loge  du  corps 
du  Polype,  et  dans  le  fond  de  chacune  de  ces  loges  s'élève  une  des  lames 
calcaires  du  Polypier;  on  devait  donc  d'avance  se  demander  si  la  loge  et  le 


(i)    Voir   11.    uE   LACAzt - DuTuiEus ,    Archii'cs  de    Zoul'j^ic  cxpcrimcnCalc    et   gcnémlc 
vohiiiic  I;  1-672. 


(     I2o5    ) 

lenlMcule  qui  en  dépend,  comme  aussi  la  cloison  calcaire  qui  la  remplit, 
suivaient  une  seule  et  même  loi  ou  des  lois  différentes  dans  leur  formation. 

»  J'ai  pu  de  nouveau,  dans  mon  voyage,  m'assurer  de  la  parfaite  exac- 
titude des  faits  suivants. 

»  Deux  questions  se  présentaient  :  il  s'agissait  de  déterminer  d'abord 
dans  quelle  partie  et  dans  quelle  couche  élémentaire  des  organes  com- 
mençaient à  se  déposer  les  particules  calcaires  du  calyce;  ensuite  quelles 
étaient  les  lois  présidant  à  l'apparition  et  à  la  multiplication  des  pièces  du 
Polypier. 

»  Il  fallait  logiquement,  pour  suivre  les  progrès  du  développement  des 
pièces  calcaires,  commencer  par  connaître,  comme  on  l'a  cherché  pour  les 
os,  où  se  déposaient  les  premières  particules. 

»  Des  auteurs  français  admettent  que  c'est  dans  le  derme  du  corps  des 
Polypes  que  se  fait  le  dépôt  princijial  :  aussi  appellent-ils  sclérodcnnés  le 
groupe  des  Coralliaires  dont  il  est  ici  question;  mais  on  remarquera  qu'il 
serait  d'abord  utile  de  donner  une  définition  précise,  histologique  du 
derme,  ce  qui  n'est  pas  fait.  Aujourd'hui,  on  distingue  deux  couches  dans 
les  parois  du  corps  des  Polypes,  l'une  interne,  l'autre  externe,  appelées  ec- 
toderme  ou  bien  aiolliéliam  et  endoderme  ou  bien  endolhéliiim.  Les  auteurs 
français  ont  parlé  de  ces  deux  couches  ;  mais  ils  les  ont  subdivisées  en 
couches  secondaires  nombreuses  et  séparées  par  un  plan  de  fibres  muscu- 
laires. C'est  donc  en  dehors  de  celte  couche  musculaire  que  se  fait  le  dépôt 
|)rimitif  de  la  partie  qui,  à  leurs  yeux,  est  la  plus  importante,  celle  qui 
forme  les  parois  du  calyce  et  qu'ils  nomment  la  muraille  {theca). 

»  Or  l'embryogénie  et  l'histologie  de  l'embryon,  faites  sur  les  jeunes 
Jslroides  de  tout  âge  et  bien  vivants,  et  non  sur  des  Polypiers  à  un  moment 
donné  de  leur  existence,  dans  les  collections,  dépouillés  de  leurs  parties 
molles,  ont  montré  sans  doute  possible  que  les  premiers  nodules  calcaires 
se  trouvaient  et  apparaissaient  dans  la  couche  interne  ou  endothéliiun,  dont 
les  caractères  histologiques  sont  absolument  différents  de  ceux  de  la  couche 
externe,  ce  qui  ne  permet  pas  de  les  confondre. 

»  Ainsi,  pour  ce  qui  est  de  l'origine  histologique  du  Polypier,  il  n'est 
pas  possible  de  continuer  à  admettre  l'ancienne  opinion,  et  par  conséquent 
la  dénomination  de  scléioderinés. 

»  Relativement  à  la  loi  présidant  au  mode  d'apparition  des  cloisons 
(septa)  du  Polypier,  voici  ce  qui  nous  a  paru  non  moins  certain. 

»  IjCS  nodules  calcaires  primitifs,  déposés  les  premiers,  se  montrant 
dans  l'épaisseur  de  la  couche  interne  tapissent  le  fond  de  la  cavité  de  chaque 


(      I  20()    ) 

loge  (le  l'embryon  eiicorc  sans  tentacules  et  s'unissent  en  fornianl  ordi- 
nairement une  bande  centrale  au  fond  de  la  loge,  bande  simple  vers  le 
milieu  du  corps,  bifurquée  vers  la  circonférence;  de  telle  sorte  qu'on  trouve 
à  un  moment,  au  fond  de  chaque  loge,  une  sorte  de  Y  calcaire,  dont  les 
branches  tournées  vers  l'extérieur  peuvent  être  soit  très-courtes,  soit  très- 
longues. 

»  Qu'on  le  remarque,  à  ce  moment,  il  n'y  a  pas  trace  de  circonvalla- 
tion  ou  de  muraille  [theca),  ou  de  limite  extérieure  du  calyce. 

»  En  suivant  ces  premiers  dépôts,  on  voit  qu'ils  s'élèvent  de  plus  en 
plus  sous  la  couche  interne,  et  que,  comblant  la  fourche  de  l'Y,  ils  produi- 
sent des  lames  saillantes,  simples,  une  seule  dans  chaque  loge  de  l'em- 
bryon. 

»  Ces  lames  (ce  sont  les  origines  des  septa)  se  soudent  aux  corps  étran- 
gers sous-jacenfs  aux  embryons,  et  constituent  les  premiers  rudiments  du 
Polypier. 

»  Or  il  y  a  douze  loges,  il  y  a  donc  douze  septa  primitifs  et,  je  le  ré- 
pète, pas  de  muraille.  Cependant,  par  la  considération  seule  des  Polypiers 
dans  les  collections,  on  avait  été  conduit  à  admettre  que  la  muraille  se  dé- 
veloppait la  première,  et  que  d'elle  naissaient  d'abord  six  septa  à  une  pre- 
mière époque,  et  en  même  temps;  que  ces  six  lames  primaires,  conservant 
les  avances  que  leur  donnait  leur  âge,  se  retrouvaient  chez  l'adulte  avec 
la  plus  grande  taille,  et  de  même  pour  les  septa  de  deuxième,  de  troisième,..., 
de  »;'""''  grandeur  :  de  là  l'admission  de  cycles  dont  la  grandeur  des  élé- 
ments traduisait  l'âge  et  !  l'ancienneté.  Cela  n'existe  jamais  dans  l'em- 
bryon de  Y Aslroidcs,  des  Balanophvllies,  et  j'ai  de  nombreux  exemples  de 
très-jeunes  individus  ayant  tous  douze  septa  égaux,  avant  d'avoir  de  mu- 
raille, et  chez  qui  la  formation  cycle  par  cycle  de  six  éléments  n'est  pas 
admissible. 

»  Il  n'est  pas  davantage  possible  d'admettre  que  les  septa  émanent  de 
la  muraille  et  de  donner  à  celle-ci  la  prééminence  sur  tous  les  autres  élé- 
ments du  calyce,  puisque  les  septa  sont  déjà  bien  constitués,  alors  qu'il 
n'y  a  pas  trace  de  muraille. 

»  En  résumé,  pour  les  deux  premiers  cycles,  les  lois  d'après  lesquelles 
élaicnt  réglés  le  moment  absolu  et  relatif  de  l'apparition  des  septa,  leur 
origine  comme  dépendant  de  l'un  des  éléments  du  calyce,  n'ont  pas  de 
raison  d'être;  et  cependant  c'était  pour  ces  deux  premiers  cycles  surtout 
cjuc  ces  lois  étaient  admises  et  plus  facilement  vérifiables.  Quant  à  l'ori- 
gine hiblologique,  il  ne  nous  paraît  ]ias  jiossible,    comme  on   l'a  vu,  au 


(  I207  ) 
moins  chez  l'embryon  et  les  espèces  ('tiulii  os,  de  continuer  à  l'attribuer  à 
la  couche  dermique. 

»  On  retrouve  donc,  à  l'origine  du  Polypier,  une  règle  qui  n'a  point 
fait  défaut  pour  le  mode  de  mulliplication  des  tentacules  chez  les  Acti- 
niaires  sans  Polypier;  c'est  celle-ci  :  le  nombre  des  parties,  d'après  un 
certain  nombre  type,  se  forme  d'abord;  ensuite,  une  croissance  plus  grande 
se  manifestant  dans  certaines  de  ces  parties  formées,  il  en  résulte  une  symé- 
trie que  rien  ne  pouvait  faire  prévoir  si  l'embryon  n'avait  été  suivi  instant 
par  instant. 

»  C'est  ainsi  que  les  tentacules  des  Actinies,  qu'on  trouve  disposés  si 
régulièrement  quelquefois  en  cycles  successifs  d'après  le  type  six  :  6  de  pre- 
mière, 6  de  deuxième,  12  de  troisième,  24  de  quatrième,  48  de  cinquième 
grandeur,  sont  loin  de  s'être  développés  6  à  une  première  époque,  6  à 
une  deuxième,  12  à  une  troisième  et  ainsi  de  suite.  Le  nombre  12  a  été 
produit  d'abord  eu  passant  successivement  par  les  nombres  inférieurs  2, 
4,  6,  8  et  12.  Après  sa  production,  les  grandeurs  sont  restées  alternati- 
vement stalionnaires  pour  six  et  se  sont  accrues  pour  les  six  autres.  Alors, 
mais  alors  seulement,  s'est  manifestée  la  symétrie  radiaire  avec  deux  cycles 
d'âge  en  apparence  différent  que  traduit  la  relation  (6'"+  6"). 

»  De  même  pour  les  septa  du  Polypier  :  le  nombre  12  est  produit 
d'abord,  mais  avec  cette  différence,  que  les  12  éléments  commencent  à  se 
montrer  tous  au  même  moment,  et  que  ce  n'est  que  plus  fard  que  leur 
croissance  inégale  les  assemble  en  deux  groupes  qui  paraissent  d'âge  diffé- 
rent, tandis  qu'ils  ne  sont  que  de  taille  différente. 

»  Les  faits  que  nous  rapportons  nous  paraissent  d'une  certitude  absolue. 
Ils  ont  été  constatés  à  plusieurs  reprises,  soit  sur  des  Polypes  pris  na- 
geant dans  la  mer  à  l'état  de  globe  embryonnaire  sans  divisions  et  conduits 
jusqu'à  la  formation  complète  de  leur  Polypier  qui  s'est  déposé  sur  les 
parois  des  bocaux  des  lames  de  verre  à  observation  microscopique,  ce  qui 
permettait  de  porter  et  de  suivre  sous  le  microscope  un  même  embryon 
dont  on  pouvait  ainsi  voir  naître  les  parties  et  se  constituer  la  charpente; 
soit  sur  de  très-jeunes  individus  recueillis  sur  les  rochers  des  localités  où 
vivent  Y  Jstroides  ou  les  Balanophyllies.    » 


(    1208    ) 

ZOOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Remarques  sur  lafauitc  stid-américninc,  riccompngin'es 
de  drluils  nnntoniMjucs  relatifs  à  (juelques-wn  de  ses  tjpes  les  jilus  rarnrléiis- 
liques;  par  M.  P.  Gervais. 

«  J'ai  rappelé,  dans  une  précédente  Communication  (i),  combien  l'ordre 
des  Tardigrades,  dont  j'ai  passé  en  revue  les  différents  genres  éteints,  en  les 
comparant  à  ceux  de  la  nature  actuelle,  s'éloignait,  des  autres  ordres  com- 
posant avec  lui  la  grande  division  des  Edentés.  En  même  temps,  j'ai  fait 
voir  comment  cet  ordre  devenait,  par  l'ensemble  des  animaux  qui  le  consti- 
tuent, l'un  des  groupes  les  plus  caractéristiques  de  la  faune  sud-améri- 
caine. C'est  aux  Edentés  qu'appartiennent  également  les  Myrmécophages 
ou  Fourmiliers,  et  les  Dasypidés  ou  Tatous,  dont  l'aire  d'habitat  est  la 
même  que  pour  les  Tardigrades. 

»  Si  l'on  ne  connaît  pas  encore  de  fossiles  susceptibles  d'être  attribués  à 
des  animaux  de  la  même  catégorie  que  les  Fourmiliers,  il  n'en  est  pas  de 
même  pour  les  Dasypidés  dont  les  formes  actuelles  rentrent  toutes  dans  la 
tribu  des  Tatous.  Plusieurs  d'entre  elles  se  rencontrent  déjà  parmi  les  fos- 
siles des  dépôts  pampéens  ou  dans  les  cavernes  des  mêmes  contrées,  et  il 
s'y  joint  deux  genres  éteints  qui  sont  l'un  et  l'autre  fort  remarquables.  Le 
plus  anciennement  décrit,  au  sujet  duquel  j'ai  moi-même  donné  quelques 
détails,  a  reçu  de  M.  Lund  le  nom  de  Chlamydothcrium ,  et  j'ai  appelé 
le  second  Eiitatiis;  leurs  espèces  atteignaient  de  fortes  dimensions. 

»  Une  autre  tribu  des  Dasypidés  est  celle  des  Glyptodontes,  qui  ont 
constitué  trois  genres  distincts  :  les  Scliislopleurum  de  M.  Nodot,  les  Pa- 
iiochllais  de  M.  Burmeisler,  et  les  Hoplojdwrusde  M.  Lund,  dont  j'ai  égale- 
ment eu  l'occasion  de  m'occuper. 

»  Les  Glyptodontes  possédaient  une  cuirasse  osseuse,  comparable  à 
celle  des  Tatous;  mais  les  débris  de  cet  appareil  protecteur  ont  d'abord 
été  attribués  au  Mégathérium,  erreur  qui  a  été  rectifiée.  Cependant  il  ne 
faudrait  pas  croire  que  les  Tardigrades  avaient  toujours  la  peau  dépourvue 
de  granulations  osseuses.  Il  s'en  trouvait,  en  particulier,  dans  certains 
points  de  celle  du  Myiodon,  ainsi  que  l'ont  observé  MM.  Sénéchal  et  Bur- 
meister.  C'étaient  des  espèces  de  tubercules,  ayant  à  peu  près  la  grosseur 
d'un  dé  et  une  forme  assez  peu  différente,  quoique  beaucoup  moins  régu- 
lière. Les  collections  réunies  par  M.  F.  Seguin  en  renferment  un  certain 
nombre  d'échantillons,  dont  quelques-uns  sont  restés  appliqnés   contre 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  861;  séance  du  20  octobre  1873. 


(  i'09  ) 
l'omoplate  d'un  animal  du  genre  qui  vient  d'être  cité.  On  doit  y  voir  un 
rudiment  de  la  cuirasse  propre  aux  Dasypidés,  rudiment  que  l'on  peut 
comparer,  aussi  bien  que  les  pièces  composant  la  véritable  cuirasse  des 
Tatous  et  desGlyptodontes,  aux  disques  osseux  qui  solidifient  la  peau  des 
Sphargis  et  celle  des  Coffres  ou  Ostracions,  ainsi  que  de  beaucoup  d'autres 
animaux  cataphractés.  Toutefois  ce  serait  à  tort  que  l'on  chercherait  à  assi- 
miler les  pièces  osseuses  dont  il  s'agit  aux  plaques  constituant  la  carapace 
des  Chéloniens,  et,  chez  le  Sphargis,  la  vraie  carapace  de  Tortue  est  elle- 
même  représentée  par  une  grande  plaque  de  forme  irrégulièrement  étoilée, 
placée  au  point  de  jonction  des  vertèbres  cervicales  et  dorsales,  au-dessous 
de  la  cuirasse  en  mosaïque  propre  à  cette  espèce. 

»  Il  serait  sans  intérêt  pour  le  but  que  je  me  propose  dans  ce  résumé  de 
passer  en  revue,  comme  je  l'ai  fait  ailleurs,  les  différences  tirées  du  sque- 
lette proprement  dit,  de  la  dentition,  de  la  cuirasse,  etc.,  par  lesquelles  les 
espèces  comprises  dans  les  trois  genres  connus  de  (ilyptodontes  se  distin- 
guent les  unes  des  autres,  ce  que  l'état  de  nos  collections  rend  actuellement 
facile;  je  me  bornerai  donc  à  ajouter  aux  indications  précédentes  que  l'exa- 
men des  formes  cérébrales  propres  aux  Dasypidés  vivants  et  fossiles,  ou 
celles  des  Fourmiliers  et  des  Tardigrades,  m'a  aussi  conduit  à  des  résultais 
dignes  d'être  pris  eu  considération  lorsqu'on  veut  se  faire  une  idée  plus 
exacte  des  traits  caractéristiques  de  ces  trois  groupes  d'Edentés  américains. 

M  Le  Macrothérium,  de  la  faune  miocène  de  l'Europe,  a  été  quelquefois 
regardé  comme  devant  être  classé  avec  les  Fourmiliers;  mais  il  n'a  en  réa- 
lité rien  de  commun  avec  ces  animaux.  Il  ne  doit  pas  non  plus  être  rap- 
proché des  Orycléropes,  qui  sont  particuliers  à  l'Afrique,  puisque  ses  dents 
n'offrent  pas  la  structure  spéciale  que  l'on  connaît  aux  dents  de  ces  der- 
niers. En  considérant  ses  caractères  ostéologiques,  je  suis  conduit  à  le 
placer  près  des  Pangolins,  quoique  ceux-ci  manquent  entièrement  de 
dents,  et  l'on  sait  que  Cuvier  avait  attribué  à  un  grand  Pangolin  la  seule 
phalange  par  laquelle  il  connaissait  le  même  animal. 

»  H  a  existé,  dans  l'Amérique,  des  Mammifères  non  moins  singuliers 
que  ceux  dont  nous  avons  parlé  jusqu'à  présent.  De  ce  nombre  est  le  Ty- 
potliérium,  genre  dénommé,  mais  non  décrit,  par  M.  Bravard,  et  dont 
M.  Serres  a  entretenu  l'Académie  à  plusieurs  reprises  en  lui  donnant  le 
nom  de  Mésothérium.  Malgré  une  certaine  ressemblance  avec  leToxodon, 
dont  nous  parlerons  bientôt,  et  aussi  avec  les  Edentés,  le  Typothérium  se 
rattachait  d'une  manière  plus  directe  aux  Rongeurs  :  toutefois,  il  y  a  ici 
une  distinction  à  établir. 

C.  K.,  1S73,  a^  Semestre,  (T,  LXXVIl,  IN»  21.)  1  56 


(     I2IO    ) 

»  Les  Rongeurs,  si  naturel  que  soit  le  groupe  qu'ils  constituent,  cessent 
d'offrir  ce  caractère  d'uniformité,  si  on  leur  associe  les  Lièvres,  les  Lapins, 
les  Lagomys  et  certains  genres  fossiles  rentrant  aussi  dans  la  famille  des  Lé- 
poridés;  c'est  comme  constituant  un  ordre  particulier  et  non  comme  une 
simple  famille  de  l'ordre  des  Rongeurs  proprement  dits  qu'il  faut  les  con- 
sidérer. 

»  C'est  auprès  d'eux,  et  sans  doute  dans  le  même  ordre,  que  le  Typo- 
thérium  doit  prendre  rang,  tout  en  devenant  le  type  d'une  famille  à  part. 
Son  crâne  ressemble  beaucoup  à  celui  des  Léporidés;  il  a,  comme  ces  ani- 
maux, le  péroné  articulé  avec  une  saillie  latéro-externe  du  calcanéum,  et 
j'ai,  en  outre,  constaté  que  par  sa  forme  cérébrale  il  s'en  rapproche  plus 
que  de  tout  autre  groupe.  Certaines  dispositions  de  son  bassin  et  de  ses 
membres  établissent,  il  est  vrai,  entre  lui  et  les  véritables  Léporidés  une 
séparation  de  valeur  plus  que  générique,  et  l'on  doit  en  faire  une  famille 
à  part,  ayant  cependant  sa  place  marquée  dans  le  même  ordre  que  ces  ani- 
maux. 

»  Le  Macrauchéuia  et  le  Toxodon,  signalés  l'un  et  l'autre  pour  la  pre- 
mière fois  par  M.  Owen,  sont  des  Mammifères  d'un  autre  ordre.  Ils  appar- 
tiennent l'un  et  l'autre  à  la  série  des  Ongulés  et  présentent  des  caractères 
non  moins  insolites,  qui  rendent  également  difficiles  à  saisir  leurs  véritables 
affinités.  C'étaient  des  animaux  de  grande  taille. 

»  Le  premier,  c'est-à-dire  le  Macrauchénia,  possédait  un  cou  long  et  re- 
courbé à  la  manière  de  celui  des  Chameaux  ou  des  Lamas,  et  dont  les 
vertèbres  avaient  aussi  le  trou  artériel  placé  dans  l'intérieur  du  canal  ra- 
chidien;  ses  membres  étaient  imparidigités;  il  avait,  de  même  que  les  Ju- 
mentés,  le  fémur  pourvu  d'un  troisième  trochanter,  remonté  comme  cela 
a  lieu  chez  les  Chevaux;  son  astragale  était  différent  de  celui  des  Bisulques 
et  comparable  à  celui  des  Rhinocéros  et  des  Tapirs,  etc.;  enfin  ses  dents, 
qui  rappellent  à  certains  égards  celles  des  Paléothériums,  étaient  équidis- 
tantes,  égales  en  hauteur,  et  semblables  sous  ce  rapport  à  celles  des  Ano- 
plothériums,  animaux  qui  doivent  être  rapportés  au  sous-ordre  des  Por- 
cins. J'ai  donné  récemment  la  description  détaillée  des  caractères  dentaires 
du  Macrauchénia  et,  en  même  temps,  j'ai  fait  voir  que  le  pied  de  derrière 
de  cet  Ongulé  présente  une  particularité  qui  le  rapproche  aussi  des  Bisul- 
ques :  je  veux  parler  de  l'articulation  de  son  calcanéum  avec  le  péroné, 
disposition  qui  ne  se  voit  dans  aucun  des  Jumcnlês  connus,  mais  est  con- 
stante chez  les  Ruminants  et  les  Porcins. 

M  Le  genre  éteint  des  Nésodons,  que  l'on  ne  trouve  également  que  dans 


(    121,     ) 

l'Amérique  méridionale,  est  sans  doute  aussi  de  la  famille  des  Macrauché- 
nidés. 

Quant  au  Toxodon,  c'était  un  animal  comparable  à  l'Hippopotame  par 
ses  proportions,  mais  Irès-différent  de  ce  dernier  par  ses  traits  principaux 
et  d'une  tout  autre  famille.  La  forme  de  son  crâne  et  ses  dents,  que 
M.  Owen  a  fait  connaître;  ses  membres,  dont  j'ai  décrit  les  principales 
pièces,  en  faisaient  un  animal  très-singidier,  certainement  allié  aux  Por- 
cins, mais  qui  mêlaient  à  plusieurs  dispositions  particulières  à  ce  sous-ordre 
une  tendance  vers  les  Proboscidiens.  La  forme  de  son  astragale  vient  à 
l'appui  de  cette  dernière  remarque,  et,  si  l'on  considère  la  façon  dont  le 
calcanéum  du  Toxodon  était  en  rapport  avec  le  péroné,  ce  qui  a  été  indi- 
qué par  M.  Burmeister,  on  constate  une  analogie  plus  grande  avec  les  deux 
groupes  dont  il  vient  d'être  question  qu'avec  les  Jumentés;  mais  le  Toxodon 
se  rattachait  évidemment  aux  Porcins  plutôt  qu'aux  Proboscidiens,  et  je 
doute  maintenant  qu'il  faille  en  faire,  comme  on  l'a  proposé,  l'objet  d'un 
ordre  particulier.  L'examen  de  la  forme  cérébrale  nous  fournit  ici  encore 
une  indication  précieuse  :  elle  éloigne  le  Toxodon  des  Proboscidiens  et, 
tout  en  rappelant  à  certains  égards  celle  de  certains  Jumentés,  c'est  aux 
Porcins  et  de  préférence  aux  Hippopotames  qu'elle  conduit. 

»  A  ces  Mammifères  se  distinguant  par  le  genre,  souvent  même  par  la  famille, 
de  ceux  qui  s'observent  ailleurs,  s'en  ajoutaient  d'autres  dont  les  formes 
se  sont  pour  la  plupart  conservées  après  avoir  été  contemporaines  de  celles 
que  la  nature  a  perdues.  Hs  sont  encore  en  partie  très-différents  de  ceux 
que  l'on  rencontre  dans  les  autres  parties  du  monde,  et  la  faune  sud-amé- 
ricaine leur  doit  aussi  en  grande  partie  le  cachet  qui  lui  est  propre.  Ce 
sont  les  Lamas,  dont  nous  avons  décrit  une  espèce  éteinte  atteignant  les 
dimensions  des  Chameaux;  les  Pécaris,  qui  possédaient  autrefois  une  espèce 
également  supérieure  en  dimensions  aux  Pécaris  actuels;  les  Sarigues, 
dont  il  y  a  encore  des  représentants  jusque  dans  les  États-Unis;  les  Phyl- 
lostomidés,  constituant  une  des  grandes  familles  de  l'ordre  des  Chéiroptères, 
et  certains  Rongeurs  de  formes  exclusivement  américaines,  les  Caviadés;  les 
Viscaches  et  genres  analogues;  les  Cténomydés,  enfin  les  Myopotames,  les 
Capromys,  les  Échimys,  ainsi  que  les  genres  qui  s'en  rapprochent.  Ces  ani- 
maux sont  au  nombi'e  des  fossiles  enfouis  dans  les  terrains  quaternaires 
de  la  sud-Amérique  ;  mais  la  plupart  de  leurs  espèces  existent  encore  main- 
tenant. Il  faut  ajouter  à  cette  liste  toute  la  série  des  Singes  cébins  dont 
l'Amérique  possède  seule  des  représentants,  soit  fossiles,  soit  vivants.  On 
sait  que  ces  quadrumanes  constituent  une  tribu  bien  distincte  de  colle  des 

i56.. 


(    I2I2    ) 

Singes  actuellement  propres  à  l'ancien  continent  ou  qui  sont  fossiles  dans 
les  terrains  tertiaires  de  ce  continent. 

»  Certains  Mammifères  sud-américains  s'éloignent  moins  par  les  traits 
qu'ils  présentent  de  ceux  que  possèdent  les  autres  faunes  ou  qui  en  ont 
fait  autrefois  partie.  Les  Mastodontes  ont  habité  l'Amérique  méridionale 
aussi  bien  que  l'Amérique  septentrionale,  le  midi  de  l'Asie,  l'Europe  tem- 
pérée et  une  partie  de  l'Afrique.  Il  y  a  même  des  fossiles  du  genre  Éléphant 
jusque  dans  les  parties  centrales  de  l'Amérique,  qui  fournissent  d'ailleurs 
plusieurs  des  grands  Mammifères  éteints  si  fréquents  dans  la  Guyane, 
au  Brésil,  dans  la  Bolivie,   au  Pérou  et  dans  la  Confédération  Argentine. 

»  D'autres  animaux  sud-américains  sont  congénères  de  ceux  que  l'on 
rencontre  dans  l'Amérique  du  Nord  et  dans  les  diverses  parties  de  l'ancien 
continent,  ou  qui  ont  habité  ces  grandes  régions  à  une  époque  géologique- 
ment  peu  éloignée  de  nous.  Ce  sont  des  Chevaux  dont  les  espèces  avaient 
depuis  longtemps  disparu,  lorsque  les  Espagnols  transportèrent  en  Amé- 
rique des  individus  domestiques  du  même  genre  ;  des  Tapirs  représentés, 
dans  l'ancien  continent,  par  une  espèce  propre  à  l'Asie  méridionale  et  par 
plusieurs  espèces  fossiles  en  Europe  ;  des  carnivores  de  différentes  familles, 
et  parmi  eux  le  grand  Machairodus  nommé  Neocjeus  par  M.  Lund  et  Smilo- 
c/oHparM.deBlainville,  ainsi  que  le  grand  Ours,  type  du  genre  Arclotherium, 
que  j'ai  appelé  Ursus  bonariensis .  Les  autres  animaux  du  même  ordre,  qu'ils 
soient  fossiles  ou  encore  existants,  rentrent  pour  la  plupart  dans  des  genres 
représentés  ailleurs,  et,  quoique  différant  par  leurs  caractères  spécifiques, 
ils  s'éloignent  en  général  assez  peu  de  leurs  analogues  propres  aux  autres 
régions.  On  sait  d'ailleurs  que  les  Carnivores  sont  au  nombre  des  Mammi- 
fères les  moins  circonscrits  dans  leur  répartition  géographique.  L'Amérique 
méridionale  n'en  a  pas  moins  ses  espèces  propres,  et  la  plupart  sont  à  la 
fois  connues  dans  les  dépôts  fossilifères,  ainsi  que  dans  l'époque  actuelle. 

»  Il  en  est  également  ainsi  pour  les  petits  Rongeurs  sud-américains  du 
groupe  des  Rats  ou  Murins  et  pour  les  Chéiroptères  de  la  famille  des  Ves- 
pertilions  ou  Chauves-Souris  proprement  dites,  que  l'on  rencontre  aussi 
dansées  deux  conditions.  Dans  la  plupart  des  cas,  ils  ne  se  séparent  pas  par 
le  genre  de  ceux  des  autres  parties  du  monde,  ou  ils  ne  s'en  séparent  que 
d'une  fa^on  très-légère,  ce  qui  concorde  avec  ce  fait,  aujourd'hui  bien 
constaté,  que  ces  animaux,  tous  de  faible  dimension  et  qui  occupent  un 
rang  inférieur  dans  leur  groupe  respectif,  ont  une  aire  d'habitat  si  étendue 
qu'on  doit  les  considérer  comme  réellement  cosmopolites.  Il  existe,  en 
effet,  des  Vespertilions  et  des  Rongeurs  de  la  tribu  des  Murins  jusque 


(     I2l3    ) 

dans  l'Australie,  cette  terre  dont  la  faune  est  presque  exclusivement  fournie 
par  les  deux  sous-classes  des  Marsupiaux  et  des  Monotrèmes.  Les  Vesper- 
tilions  et  les  Murins  de  la  faune  dont  nous  parlons  n'en  sont  pas  moins 
particuliers  à  cette  faune,  si  l'on  ne  tient  compte  que  de  leurs  caractères 
spécifiques. 

»  Dans  le  remarquable  chapitre  de  son  Histoire  naturelle  qu'il  a  con- 
sacré aux  lois  régissant  la  distribution  des  Mammifères,  Buffon  compare 
les  espèces  propres  aux  parties  méridionales  de  l'ancien  continent  à  celles 
du  nouveau,  et  il  ajoute  : 

"  Plus  on  fera  de  recherches  et  de  comparaisons  à  ce  sujet,  plus  on  sera  convaincu  que 
les  animaux  des  parties  méridionales  de  chacun  des  continents  n'existaient  point  dans 
l'autre,  et  que  le  petit  nombre  de  ceux  qu'on  y  trouve  aujourd'hui  ont  été  transportés  par 
l'homme.  » 

»  L'étude  attentive  des  fossiles  découverts  dans  l'Amérique  méridionale 
montre  que  cette  séparation  de  la  faune  particulière  à  celte  région  |d'avec 
celle  de  l'Afrique  ou  de  l'Asie  est  pltis  ancienne  que  ne  supposait  ce  grand 
naturaliste,  et  l'on  sait  d'aulre  part  que  les  découvertes  faites  bientôt 
après  lui,  à  Madagascar  et  en  Australie,  ont  singulièrement  étendu,  en  les 
confirmant,  les  remarques  auxquelles  un  premier  coup  d'œil  l'avait  con- 
duit. C'est  ce  que  j'ai  signalé,  il  y  a  déjà  longtemps,  et  c'est  ce  que  les 
observations  de  chaque  jour  entreprises  par  les  zoologistes  sont  venues 
confirmer. 

L'étude  des  fossiles  recueillis  dans  une  grande  partie  de  l'Amérique  méri- 
dionale et  dans  le  sud  de  l'Amériqize  septentrionale  montre,  au  contraire, 
que  Buffon  était  arrivé  à  un  résultat  inexact,  lorsqu'il  avait  vu  dans  la  pe- 
titesse relative  des  espèces  qui  composent  la  faune  américaine  un  des  ca- 
ractères distinctifs  de  cette  faune  comparée  à  celle  de  l'ancien  continent.  Il 
faut,  comme  on  l'a  fait  lorsqu'on  a  voulu  se  rendre  im  compte  exact  de 
la  dernière  des  populations  animales  propres  à  l'Europe,  restituer  à  la  faune 
sud-américaine  les  espèces  qu'elle  a  perdues  depuis  le  commencement  de  la 
période  quaternaire.  On  t'econnaît  alors  que,  semblable  à  celle-ci,  elle  le  cède 
peu,  par  le  nombre  aussi  bien  que  par  la  grandeur  de  ses  Mammifères,  aux 
populations  animales  qui  se  sont  perpétuées  en  Afrique  et  en  Asie.  On  sait 
que  le  même  fait  a  été  observé  pour  l'Australie. 

»  Mais,  si  l'on  cherche  ensuite  à  établir  l'origine  de  ces  diverses  faunes 
et,  en  particulier,  celle  de  la  fume  sud-américaine,  on  voit  bientôt  surgir 
des  questions  pour  la  solution  desquelles  l'observation  n'a  encore  fourni 
que  des  documents  tout  à  fait  insuffisants,  et  l'on  est  forcé  de  reconnaître 


(  '2.4  ) 
que  ce  n'est  pas  résoudre  ces  difficiles  problèmes  que  de  dire,  avecBtiffon, 
«  qu'il  ne  serait  pas  impossible,  même  sans  intervertir  l'ordre  de  la  nature, 
»  que  tous  ces  animaux  du  nouveau  monde  tussent,  dans  le  fond,  les 
»  mémos  que  ceux  de  l'ancien,  desquels  ils  auraient  autrefois  tiré  leur 
»   origine  ». 

»  Les  savants  les  plus  favorables  aux  théories  transformistes  doivent 
reconnaître  qu'il  a  existé  et  qu'il  existe  encore,  parmi  les  animaux  améri- 
cains, des  formes  qu'il  est  impossible  de  faire  dériver  de  celles  qui  habi- 
tent les  différentes  régions  de  l'ancien  continent  ou  qui  les  ont  habitées 
depuis  la  fin  de  la  période  tertiaire.  Leur  comparaison  avec  les  espèces 
tertiaires  laisse  également  subsister  bien  des  doutes,  et,  dans  l'élat  actuel  de 
nos  connaissances,  remonter  au  delà  serait  s'exposer  à  des  objections  non 
moins  sérieuses,  puisque  les  liens  de  parenté  que  l'on  pourrait  supposer 
seraient,  dans  la  plupart  des  cas,  dépourvus  de  toute  apparence  de 
réalité.  C'est  à  peine  si  l'on  commence  à  en  entrevoir  quelques-uns,  en 
ayant  recours  aux  faunes  postérieures  à  la  période  crétacée.  Sous  ce  rap- 
port, cependant,  les  fossiles  du  Nébraska  et  du  Dakota  paraissent,  à  défaut 
de  notions  sur  les  animaux  que  les  changements  géologiques  survenus 
dans  l'hémisphère  austral  peuvent  avoir  fait  disparaître,  devoir  fournir  des 
indications  précieuses  lorsqu'on  les  connaîtra  plus  complètement.  On  y 
signale  déjà  plusieurs  genres  éteints  se  rattachant  à  la  fois  aux  Lamas  et 
aux  Chameaux,  et  il  s'y  trouve  aussi  des  genres  identiques  avec  ceux 
qui  vivaient  alors  en  Europe. 

»  Mais  Buffon  semble  avoir  prévu  les  difficultés  qui  viennent  d'être 
rappelées,  et  il  ajoutait  au  passage  que  nous  lui  avons  emprunté,  à  propos 
des  Mammifères  sud-américains  : 

a  Cela  ne  doit  pas  nous  empêcher  de  les  regarder  comme  des  animaux  d'espèces  diffé- 
rentes; de  quelque  cause  que  vienne  cette  différence,  qu'elle  ait  été  produite  par  le  temps, 
le  climat  ou  la  terre,  ou  qu'elle  soit  de  même  date  que  la  nature,  elle  n'en  est  pas  moins 
réelle.    » 

»  Non-seidement  les  animaux  sud-américains  diffèrent  par  leurs  espèces 
de  ceux  des  régions  méridionales  de  l'ancien  continent,  mais,  dans  un 
grand  nombre  de  cas,  ils  fortnent  des  genres  à  part,  quelquefois  même 
des  familles  entièrement  distinctes  de  celles  que  possèdent  l'Amérique  du 
Nord  et  les  diverses  parties  de  l'ancien  continent.  C'est  là  un  fait  considé- 
rable, que  la  loi  relative  aux  régions  australes  des  continents,  telle  que  l'a 
formulée  Buffon,  ne  met  pas  suffisamment  en  lumière.  » 


(     I2l5    ) 

M.  Leymerie  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  travail  imprimé  portant 
pour  titre  :  «  Description  géognostique  du  versant  méridional  de  la  mon- 
tagne Noire,  dans  l'Aude  ». 

NOMIiVATIONS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Bérard. 
Au  premier  lourde  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44? 

M.  Williamson  obtient 44  suffrages. 

M.  AViLLiAMsoN,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  deChimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Graham. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.  Zinin  obtient 36  suffrages. 

M.  Stass 7         » 

M.  Melsens i  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Zinin,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  trois 
Membres  qui  seront  adjoints  à  la  Section  deChimie,  pour  juger  le  Con- 
cours du  prix  de  Cliimie  de  la  fondation  Lacaze. 

MM.  Berthelot,  Dumas,  Peligot  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Pasteur, 
H.  Sainte-Claire  Deville,  Boussingault. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  trois 
Membres  qui  seront  adjoints  à  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  pour 
juger  le  Concours  du  prix  de  Physiologie  de  la  fondation  Lacaze. 

MM.  Milne  Edwards,  Cli.  Robin,  de  Lacaze-Duthiers  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Brongniart,  Bouley,  Roulin. 


(    I2î6   ) 

AIÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Sur  quelques  phénomènes  d'illumination; 
Note  de  M.  A.  Lallemand. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  Tous  les  effets  d'illumination  que  l'on  observe  sur  les  corps  dia- 
phanes, traversés  par  la  lumière  solaire  naturelle  ou  polarisée,  s'expliquent 
aisément,  si  l'on  admet  que  le  mouvement  vibratoire  de  l'éther,  en  péné- 
trant dans  le  milieu  transparent,  éprouve  une  résistance,  en  vertu  de  la- 
quelle les  vibrations  se  propagent  latéralement,  de  telle  sorte  que,  suivant 
inie  direction  quelconque  oblique  au  rayon  incident,  le  mouvement  de  la 
particule  étliérée  représente  la  projection  de  celui  qui  anime  l'éther  sur  le  tra- 
jet du  faisceau  lumineux;  et  si,  d'un  autre  côté,  on  admet  encore  que  les 
molécules  du  milieu,  en  absorbant  une  partie  de  la  force  vive  de  l'éther, 
vibrent  à  leur  tour  et  propagent,  dans  le  fluide  élhéré,  les  vibrations  com- 
plexes qui  constituent  la  lumière  naturelle.  L'illumination  résulte  donc 
de  deux  effets  superposés,  et  la  lumière  qui  en  émane  est  formée  de  deux 
sortes  de  rayons  :  les  uns,  toujours  de  même  couleur  que  les  rayons  inci- 
dents, sont,  ou  partiellement,  ou  complètement  polarisés,  suivant  que  le 
faisceau  incident  est  neutre  ou  polarisé;  les  autres,  dont  la  réfrangibilité 
est  souvent  inférieure  à  celle  des  rayons  excitateurs,  ont  les  propriétés  de 
la  lumière  naturelle  et  déterminent  une  propriété  générale  des  corps  que 
l'on  a  appelée  fluorescence.  Dans  le  cas  des  corps  opaques,  cette  propriété 
correspond  à  ce  que  l'on  désigne,  plus  habituellement,  par  couleur  propre 
du  corps. 

M  Je  viens  de  dire  que  la  fluorescence  est  un  phénomène  général  pour 
les  corps  diaphanes;  en  opérant,  en  effet,  sur  les  liquides  les  plus  purs, 
ceux  que  l'on  obtient,  par  exemple,  en  condensant  un  gaz  comme  l'acide 
sulfureux,  le  cyanogène,  etc.,  on  constate  que  l'illumination  ne  s'éteint  pas, 
lorsqu'on  vise  dans  une  direction  normale  au  faisceau  et  au  plan  de  pola- 
risation de  la  lumière  incidente;  ou,  si  l'on  opère  avec  de  la  lumière  natu- 
relle et  que  l'on  observe  au  travers  d'un  biprisme,  l'une  des  deux  images 
du  rayon  illuminé  ne  disparaît  jamais  complètement.  Cependant,  en  étu- 
diant dans  de  meilleures  conditions  quelques  substances  cristallisées,  j'ai  pu 
reconnaître  que  le  quartz  et  le  sel  gemme  bien  purs  n'offrent  pas  la 
moiudre  trace  de  fluorescence  et  s'illuminent  très-nettement.  Pour  réussir 


(     I2I7    ) 

cette  expérience,  il  faut  polariser  un  large  faisceau  de  rayons  solaires  avec 
un  prisme  de  Foucault  à  faces  normales,  et  !e  concentrer  avec  ime  lentille 
de  quartz,  taillée  parallèlement  à  l'axe,  de  35  à  4o  centimètres  de  foyer.  On 
fait  coïncider  les  sections  principales  du  polariseur  et  de  la  lentille,  et  l'on 
rend  ensuite  leurs  mouvements  solidaires.  Silefaisceau,  ainsi  concentré,  tra- 
verse le  quartz,  soit  à  l'état  de  rayon  ordinaire,  soit  à  l'état  de  rayon  extraor- 
dinaire, on  observe,  dans  le  plan  de  polarisation,  une  traînée  blanche  bien 
visible,  qui  s'éteint  complélement  avec  un  Nicol.  En  visant  dans  une  di- 
rection normale  au  plan  de  polarisation,  l'illumination  est  nulle;  il  ne  reste 
pas  la  moindre  trace  de  fluorescence.  Quand  le  rayon  solaire  traverse  le 
quartz  suivant  l'axe  optique,  la  dispersion  du  plan  de  polarisation  a  pour 
résultat  de  donner  une  illumination  égale  autoiu-  du  rayon,  et  la  polarisa- 
tion n'est  complète  que  suivant  une  direction  normale  an  faisceau.  On  de- 
vrait observer  dans  ce  cas  une  illumination  chromatique,  semblable  à  celle 
du  sirop  de  sucre  et  tontes  les  solutions  à  pouvoir  rotatoire,  mais  avec 
le  quartz  elle  n'est  pas  manifeste.  On  sait,  en  effet,  que  les  teintes  mixtes 
très-affaiblies  affectent  toutes  une  teinte  grise  uniforme,  que  l'œil  ne  sau- 
rait distinguer;  le  sel  gemme  bien  pur  s'illumine  aussi,  comme  le  quavlz, 
et  n'est  pas  fluorescent. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  du  spath  d'Islande  :  tous  les  échantillons  que 
j'ai  pu  examiner  s'illuminent  en  rouge  orangé,  avec  plus  ou  moins  d'éclat; 
mais  cette  illumination  colorée  est  la  même  dans  le  plan  de  polarisation  et 
normalement  à  ce  plan  ;  elle  ne  s'éteint  pas  avec  un  Nicol,  quand  les  rayons 
émergents,  qui  subissent  nécessairement  la  double  réfraction,  restent  su- 
perposés. Cette  lueur  louge  orangé  est  uniquement  due  à  la  fluorescence, 
et  l'illumination  polarisée,  semblable  à  celle  du  quartz,  n'est  pas  appré- 
ciable. Une  particularité  que  je  dois  signaler,  c'est  que,  lorsque  le  filet  so- 
laire incident  n'est  pas  polarisé  et  traverse  le  rhomboèdre  de  spath,  de 
manière  à  donner  deux  faisceaux  bien  séparés,  la  fluorescence  due  an  rayon 
ordinaire  paraît  plus  vive  et  d'un  rouge  plus  foncé  que  celle  du  rayon  ex- 
traordinaire; c'est  du  moins  ce  que  j'ai  observé  nettement  sur  deux  échan- 
tillons dont  la  fluorescence  était  vive.  La  fluorescence  du  spalh  avait  d'ail- 
leurs été  étudiée  par  M.  Edm.  Becquerel,  avec  le  phosphoroscope,  et  je  ne 
fais  que  confirmer,  par  une  autre  méthode,  ses  observations.  Le  spath 
fluor  incolore  réunit  avec  plus  d'intensité  les  deux  propriétés  distinctes 
du  quartz  et  du  spath.  Il  donne  une  illumination  blanche,  très-vive  dans 
le  plan  de  polarisation,  et  une  fluorescence  violet  indigo  dans  la  direction 
perpendiculaire.  Ces  trois  corps  cristallisés,  quartz,  spath  et  fluorine,  re- 

C.R.,  1873,  2"  Scm«(re.  (T.  LXXVn.N»  21.)  '^7 


(    I2l8    ) 

présentent,  au  point  de  vue  de  l'illumination,  trois  types  auxquels  on  peut 
rapporter  tous  les  corps  transparents;  pour  ne  citer  qu'iui  exemple,  non 
encore  remarqué,  la  naphtaline  pure,  en  dissolution  dans  l'alcool  ou  l'es- 
sence de  pétrole  rectifiée,  possède  une  fluorescence  quinique,  d'un  bleu 
indigo  très-vil.  L'analyse  spectrale  de  cette  lumière  donne  une  bande  bleue 
très-intense,  s'étendant  de  la  raie  G  à  la  raie  H  et  dominant  les  autres 
coideurs  du  spectre,  qu'elle  renferme  aussi. 

»  Je  dois  aussi  faire  mention  des  effets  curieux  qu'on  obtient;  avec  des 
prismes  de  verre  trempé;  le  filet  de  lumière  polarisée  qui  les  traverse  donne 
une  trace  lumineuse  blanche  et  partiellement  polarisée  en  certains  points, 
tandis  qu'en  d'autres  points  elle  est  neutre  et  colorée  en  vert  jaunâtre  ou 
vert  bleuâtre,  suivant  la  fluorescence  du  verre  employé.  Sans  entrer  dans 
plus  de  détails,  on  voit  que  ces  effets  dépendent  de  la  double  réfraction  que 
subit  le  rayon  lumineux,  et  de  la  direction  du  plan  de  polarisation  du  fais- 
ceau illuminant. 

»  Pour  compléter  ces  observations,  j'ajoxiterai  quelques  mots  sur  les 
expériences  photométriques  à  l'aide  desquelles  j'ai  mesuré  la  proportion  de 
lumière  polarisée  que  contiennent  les  rayons  émis  par  un  liquide  qu'illu- 
mine un  faisceau  de  lumière  naturelle.  Si  le  liquide  n'était  pas  fluorescent, 
la  polarisation  serait  totale  lorsqu'on  vise  normalement  dans  un  plan  quel- 
conque passant  par  l'axe  du  faisceau,  et  la  proportion  de  lumière  polarisée 
varierait  comme  le  sinus  carré  de  l'angle  que  fait  le  rayon  visuel  avec  l'axe 
du  faisceau.,  si  l'on  admet,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  que  la  trajectoire 
d'une  particule  éthérée,  sur  la  ligne  de  visée,  n'est  autre  chose  que  la  pro- 
jection du  cercle  enveloppe  de  toutes  les  ellipses  à  orientation  variable 
qui  représentent  le  mouvement  de  l'éther  dans  un  rayon  de  lumière  na- 
turelle. 

»  La  vérification  de  cette  loi  ne  présenterait  aucune  difficulté  si  la  fluores- 
cence inévitable  du  liquide  ne  venait  ajouter  à  l'illumination  ime  pro- 
portion, constante  il  est  vrai,  de  lumière  neutre,  mais  dont  il  faut  tenir 
compte. 

»  Voici  comment  j'ai  opéré,  avec  un  photomètre  dont  les  dispositions 
générales  reprotluisent  en  partie  celles  qui  ont  été  adoptées  par  MIVL  lîer- 
nard  et  Edin.  Becquerel.  Je  vise  le  faisceau  illuminé  au  travers  d'un  Nicol 
dont  la  section  principale  lui  est  d'abord  normale,  et  j'égalise  sa  lumière 
avec  celle  d'une  lampe  qui  est  reçue  dans  un  prisme  à  réflexion  totale, 
après  avoir  traversé  deux  Niçois,  le  jiremier  mobile,  le  second  fixe,  et  dont 
les  sections  principales  coïncident.  Cela  fait,  j'éteins  la  portion  de  lumière 


(  I2I9  ) 
polarisée  qu'émet  le  liquide  illuminé,  en  tournant  de  90  degrés  le  premier 
j)risme.  Pour  rétablir  l'égalité  des  lumières,  il  suffit  alors  de  tourner  d'un 
certain  angle  le  Nicol  mobile,  qui  sert  à  faire  varier  l'intensité  de  la  lumière 
de  comparaison. 

»  Soient  a  et  a!  les  angles  de  rotation  qui  ont  rétabli  l'égalité  des  images 
quand  on  vise  le  faisceau,  d'abord  normalement,  puis  suivant  une  direc- 
tion faisant  un  angle  oj  avec  l'axe  du  faisceau  illuminant.  Si  l'on  appelle^ 
la  |)roportion  de  lumière  fluorescente,  et  m  la  lumière  totalement  ou  par- 
tiellement polarisée  qui  provient  de  la  propagation  latérale  du  mouvement 
lumineux,  on  aura  les  deux  égalités  suivantes  : 


cos"a, 


m  cos'w  -\-f 


m  ~\-f  ■'  m  +f  ' 

remarquons  qu'on  peut  supposer  j?i  =  i ,  et  que  les  deux  teimes  du  second 
rapport  devraient  être  multipliés  par  un  même  facteur,  variable  avec  oj, 
puisque  la  lumière  émise  varie  avec  la  profondeur  du  filet  lumineux  et  que 
celle-ci  change  avec  l'inclinaison.  En  éliminanty^ entre  ces  deux  égalités, 

il  vient 

sina'^  sin«  sin  w. 

»  J'ai  vérifié  cette  relation  avec  un  ballon  sphérique,  à  mince  paroi,  rem- 
pli successivement  d'alcool  et  d'hydrure  d'hexyle  très-purs.  Sans  entrer  dans 
le  détail  des  expériences  et  des  précautions  prises  pour  réaliser  l'égalité  des 
teintes  des  deux  images,  condition  sans  laquelle  l'égalité  des  lumières  de- 
vient illusoire,  je  puis  dire  qu'en  faisant  varier  w  depuis  zéro  jusqu'à  65  de- 
grés la  loi  s'est  bien  vérifiée;  les  erreurs  dans  les  déterminations  de  a  n'ont 
jamais  dépassé  i  degré,  ce  qui  représente  une  approximation  très-suffisante 
pour  des  mesures  pholométriques.  » 

PHYSIQUE.  —  Obseruaiions  relatives  à  l'accroissement  de  volume  de  l'eau  au- 
dessous  de  4  degrés,  ci  propos  d'une  Note  de  M.  Piarron  de  Mondesir;  par 
M.  F.  Hément.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Bertrand,  Serret,  Jamin.) 

«  La  Note  de  M.  Piarron  de  Mondesir,  sur  le  maximum  de  densité  de 
l'eau  (p.  1 154  de  ce  volume),  a  poiu'  base  une  hypothèse  multiple  sur  la 
forme,  la  disposition,  le  nombre  des  molécules  d'eau  groupées,  le  mode  de 
rotation  de  ces  molécules,  etc.  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'in- 

157.. 


(     I220    ) 

(liqiier,  en  quelques  mots,  l'explication  qui  me  paraît  pouvoir  être  donnée 
(lu  phénomène  lui-même. 

»  La  dilatation  est,  en  général,  le  fait  par  lequel  les  molécules  d'un 
corps  s'éloignent  les  unes  des  autres  sans  que  la  forme  du  corps  soit  altérée, 
ces  molécules  conservant  les  mêmes  positions  relatives.  L'accroissement  de 
volume  de  l'eau  au-dessous  de  4  degrés  n'offre  rien  d'analogue.  On  peut 
dire  que  les  molécules  du  liquide  continuent  à  se  rapprocher  sous  l'in- 
fluence de  l'abaissement  de  la  température  :  ce  doit  être  là  un  fait  général; 
mais  les  pores  diminuent  constamment  d'étendue,  des  intervalles  d'une 
autre  nature  se  produisent  dans  l'eau,  depuis  4  degrés  jusqu'à  zéro. 

»  Afin  de  mieux  me  faire  comprendre,  je  prendrai  comme  exemple  une 
boîte  dans  laquelle  des  épingles  sont  disposées  par  couches,  de  manière 
qu'il  y  ait  le  moins  de  vides  possible.  Si  la  boîte  est  ensuite  renversée  et 
les  épingles  répandues,  elles  s'enchevêtrent  en  tous  sens  et  occupent  un 
volume  plus  grand  que  celui  de  la  boîte;  chaque  épingle  pourrait  même 
devenir  plus  courte,  et  néanmoins  l'ensemble  occuperait  un  plus  grand 
volume  qu'auparavant.  On  peut  comparer  les  aiguilles  cristallines  de  la 
glace  à  ces  épingles  entremêlées;  chaque  aiguille  est,  pour  ainsi  parler, 
une  brochette  de  molécules,  dans  laquelle  les  molécules  sont  plus  rappro- 
chées qu'elles  n'étaient  avant  la  cristallisation. 

»  On  dira  sans  doute  que,  la  congélation  n'ayant  lieu  qu'à  zéro, 
c'est  alors  seulement  que  les  choses  se  passent  comme  il  vient  d'être 
dit  ;  or  c'est  à  partir  de  4  degrés  que  commence  l'augmentation  de 
volume.  Je  répondrai  que,  si  la  cristallisation  s'effectue  à  zéro,  elle  est 
préparée  dès  4  degrés.  C'est  à  partir  de  4  degrés  que  les  molécules  com- 
mencent à  se  disposer  dans  l'ordre  convenable;  le  changement  d'état  n'est 
pas  lui  phénomène  instantané  :  il  est  préparé  longtemps  à  l'avance,  et 
l'accomplissement  n'en  est  que  la  dernière  jihase. 

»  Il  n'est  pas  probable  que  le  fait  du  maximum  de  densité  soit  aussi 
particulier  qu'on  le  dit.  D'autres  corps  présentent  cette  apparente  singu- 
larité, et  il  est  probable  que  c'est  un  fait  aussi  général  que  la  cristallisa- 
tion dont  il  paraît  dé[)endre.  » 

M.  Colla RDEAu- Vacher  adresse  une  Note,  accompagnée  de  pièces  justi- 
ficatives, et  portant  pour  titre  :  o  De  l'aréomètre  Baume  et  des  densités 
correspondant  à  ses  divers  degrés,  d'après  le  manuscrit  de  Gay-Lussac.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 


(     I22I     ) 

M.  Ch.  Tei.lier  informe  l'Académie  qu'il  vient  d'organiser  des  expé- 
riences permanentes,  pour  la  conservation  de  la  viande  fraîche  par  l'appli- 
cation du  froid  :  il  sollicite  la  nomination  d'une  Commission,  pour  exa- 
miner les  résultats  obtenus. 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  Peligot,  Bouley.) 

M.  Ch.  O'Keenan  adresse  une  Note  sur  l'emploi  de  l'acide  sulfureux 
pour  détruire  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Hexnequin  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Cloquet,  une  Note  sur  l'allongement  du  fémur  dans  le  traitement  de 
ses  fractures,  par  la  méthode  et  l'appareil  dont  il  est  l'auteur. 

(Renvoi  au  Concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  DemÔle  adresse  une  Note  sur  un  moyen  d'augmenter  la  force  des 
machines  à  vapeur. 

(Commissaires  :  MM.  Morin,  Rolland,  Tresca.) 

M.  Gillet-Damitte  adresse  de  nouveaux  documents  concernant  les 
propriétés  lactigènes  du  Galéga.  L'auteur  ajoute,  aux  documents  déjà 
fournis  par  lui,  quatre  observations  nouvelles,  faites  par  M.  Ceresoli  et  par 
M.  Goubeaux. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  C.  Collier  adresse  divers  résultats  de  calculs  concernant  la  naviga- 
tion aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  J.  RouBY  adresse  une  Lettre  relative  aux  effets  toxiques  produits  par 
une  eau  qui  avait  parcouru  des  conduits  en  plomb. 

Cette  Lettre  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Belgrand. 


(   laaa  ) 


CORRESPOND  A]\  CE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  à  rAcadéinie  les  ou- 
vrages suivants,  qui  lui  ont  été  adressés  pour  elle,  par  M.  le  Ministre  de 
France  à  la  Haye  : 

1°  «  Illustrations  de  la  flore  de  l'Archipel  indien  »,  par  M.  F.  A.  Muriel 
(t.  I,  livr.  I,  2  et  3); 

2°  ((  Musée  botanique  de  Leyde  »,  par  M.  Suringar[t.  I,  livr.  i,  2  et  3). 

M.  E.  Raudelot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie,  par  le  décès  de  M.  Nélalon. 

(Renvoi  à  la  Section.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  La  iS"  livraison  des  «  Contributions  à  la  carte  géologique  de  la 
Suisse,  publiée  par  la  Commission  géologique  de  la  Société  des  Nalura- 
lisles  suisses  ».  Cette  livraison  et  la  carte  qui  l'accompagne  sont  relatives 
à  la  région  du  Saint-Golhard  ;  elle  est  due  à  M.  Karl  von  Fiitsch. 

2°  «  L'Histoire  des  Astres  illustrée,  ou  Astronomie  pour  tous  »  ;  par 
]\L  ./.  Rambosson. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  signalant  à  l'Académie  un  «  Rapport  au 
Ministre  de  l'Instruction  publique  sur  l'état  de  la  Piscicullure  en  France  et 
dans  les  pays  voisins  »,  par  M.  Bouchon-Brandely,  donne  lecture  du  pas- 
sage suivant  d'une  Lettre  de  l'auteur  : 

«  Je  me  suis  proposé  de  constater  les  progrès  que  la  Pisciculture  a  faits  dans  les  pays 
voisins,  et  les  grands  avantages  qu'ils  en  retirent  pour  le  repeuplement  des  rivières  et  pour 
l'alimentation  ])ublique.  Les  vues  que  j'expose  sur  cette  nouvelle  science  économique,  qui  a 
sa  place  marquée  dans  l'enseignement,  me  paraissent  mériter  d'être  prises  en  considération 
par  l'Académie.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  communiqne  à  l'Académie  une  Lettre  qui 
lui  est  adressée  par  M.  A.  l'ocy^  siu'  les  rapports  entre  les  taches  solaires  et 


(     1223    ) 

les  ouragans  des  Antilles,  de  l'Atlantique  nord  et  de  l'océan  Indien  siul; 
M.  Élie  de  Beaumont  donne  lecture  des  passages  suivants  de  cette  Lettre  : 

0  Les  rapports  intimes  île  causes  et  d'effets  qui  relient  entre  eux  les  phénomènes  pliysico- 
cliimiques  de  notre  système  planétaire,  ainsi  que  ceux  des  autres  systèmes  siellaircs,  tendent 
de  plus  en  plus  à  agrandir  le  domaine  de  cette  étude  nouvelle,  jusqu'au  jour  où  elle  se 
constituera  en  une  véritable  IMétéorologie  céleste  et  comparée  ;  car  il  est  impossible  de  con- 
cevoir le  plus  simple  des  phénomènes  de  îMétéorologie  terrestre  en  dehors  des  phénomènes 
de  Météorologie  cosmique.  Ce  n'est  plus  sur  la  Terre  que  nous  devons  chercher  l'origine  de 
nos  phénomènes,  c'est  sur  le  Soleil  et  dans  notre  système  planétaire,  où  nous  découvri- 
rons l'impulsion  qui  émane  de  causes  supérieures  et  encore  plus  lointaines.  A  cet  égard,  on 
l)eut  considérer  les  taches  solaires  comme  un  miroir  qui  réfléchit  l'action  combinée  des  in- 
fluences cosmiques  que  nous  éprouvons  ici-bas;  il  nous  faut  donc  remonter  jusqu'aux  tem- 
pêtes solaires,  pour  y  trouver  la  source  plus  ou  moins  directe  des  tempêtes  terrestres. 

u  M.  C.  Meldrum,  directeur  de  l'Observatoire  de  Maurice,  trouve,  dans  les  années  com- 
prises de  1847  à  1873,  que  les  ouragans  de  l'océan  Indien  sud  sont  plus  fréquents  et  plus 
intenses  aux  périodes  maxima  qu'aux  périodes  minima  des  taches  solaires  (i).  J'ai  discuté 
les  4°°  ouragans  de  mon  Catalogue  des  Antilles  (2),  après  l'avoir  rectifié  et  complété, 
ayant  exclu  les  tempêtes  hivernales  des  hautes  latitudes  et  les  norles  du  Mexique.  Le  tableau 
ci-joint  contient  35']  ouragans  qui  prirent  naissance  dans  la  région  intertropicale  nord, 
aux  environs. des  Bermudes  et  des  îles  du  Cap-Vert,  et  atteignirent  l'Europe. 

»  Les  cas  d'ouragans  dont  j'ai  connaissance  pour  les  xv%  xvi^,  xvii"  siècles  et  la  pre- 
mière partie  du  xviii''  sont  trop  peu  nombreux  pour  être  pris  en  considéralion.  Ce  n'est 
qu'à  partir  du  maximum  des  taches  solaires  de  i^So  que  l'on  entrevoit  déjà  une  certaine 
coïncidence.  Le  tableau  comprend,  pour  la  seconde  moitié  du  xvm*  siècle,  cinq  périodes 
maxima  de  taches  solaires  dont  quatre  coïncident  avec  les  maxima  des  ouragans  :  ce  sont 
celles  de  1750,  1769,  1779  et  1789;  une  seule  période,  celle  de  1761,  ne  concorde  point. 

);  Il  est  à  remarquer  que  la  plupart  des  années  à  maxima  d'ouragans  tombent  de  six  mois 
à  deux  ans  au  plus  après  les  années  à  maxima  de  taches  solaires.  On  observe  aussi  un  retard 
dans  le  magnétisme,  les  aurores  polaires,  les  hivers  rigoureux  et  autres  phénomènes  mé- 
téorologiques. Nous  avons  encore  cinq  périodes  minima,  dont  f/c«x  sont  assez  satisfaisantes, 
celles  de  1755  et  1798;  deux  douteuses,  1775  et  1784,  puis  celle  de  1766  ne  concorde  pas 
et  suit  le  maximum  de  i  761,  qui  fiiit  également  défaut.  Ces  deux  exceptions  coup  sur  coup 
proviennent-elles  du  manque  de  documents  ou  de  quelque  perturbation  planétaire? 

»  A  partir  du  xix'^  siècle,  les  documents  deviennent  plus  nombreux  et  plus  précis.  Le 
tableau  présente  sept  périodes  maxima  de  taches  solaires,  dont  six  offrent  une  parfaite  con- 
cordance. Il  n'y  a  qu'une  seule  grande  exception,  c'est  le  maximum  de  1860,  qui  n'a  point 
d'ouragans,  ainsi  que  l'année  suivante,  et  seulement  trois  cas  en  1862.  Maintenant  des  six 
minima,  trois  coïncident,  1823,  i833  et  i856;  le  minimum  de  1844  est  encore  douteux  j 
celui  de  1867  aussi,  parce  que  les  années  suivantes,  1868  et  i86g,  n'ont  point  d'ouragans. 
En  résumé,  dans  le  dernier  siècle  et  un  quart  nous  avons  douze  périodes  maxima  d'oura- 

(i)  Nature,  London,  9  octobre  1873,  n°  206,  p.  49^- 

{2)  Journal  geographical  Society.  London,  i855,  t.  XXI,  p.  291  ;  traduit  et  publié  par  le 
Dépôt  de  la  Marine.  Paris,  1862,  n"  348. 


(     1224    ) 
gans,  dont  dix  correspondent  aux  périodes  maxima  des  taches  solaires,  puis  onze  périodes 
niininia,  dont  cinq  correspondent  également. 

..  Si  l'on  envisage  l'intensité  absolue  des  ouragans,  on  trouve  la  même  concordance  avec 
les  taches  solaires.  Par  exemple,  des  six  ouragans  de  1751,  celui  d'octobre  fut  éprouvé  dans 
toutes  les  Antilles  et  détruisit  Port-au-Prince  à  Saint-Domingue;  des  sept  ouragans  de  1  780, 
quatre  eurent  lieu  au  mois  d'octobre,  dont  trois  sont  restés  célèbres,  surtout  celui  du  10- 
18,  surnommé  le  grand  ouragan  ;  des  treize  ouragans  de  1837,  dans  celui  du  25-26  octobre 
le  baromètre  Laissa  à  la  Havane  à  71  a'"'", 84.  C'est  la  ])lus  grande  baisse  dont  on  ait  con- 
naissance à  Cuba,  après  celle  à  687""", 3i  dans  l'ouragan  de  1846;  enfin,  des  sept  ouragans 
de  1870,  trois  ont  traversé  Cuba,  toujours  en  octobre.  Il  est  digne  de  remarque  que  les  ou- 
ragans qui  traversent  l'île  de  Cuba  au  mois  d'octobre  sont  généralement  les  plus  intenses, 
et  atteignent  bien  plus  directement  l'Europe  occidentale.  D'autres  se  dissipent  vers  les  ré- 
gions polaires,  comme  ceux  de  1708,  1846,  i85i,  etc.  J'ai  pu,  de  la  sorte,  annoncer  dès  le 
10  octobre  dernier,  à  la  première  nouvelle  télégraphique,  l'arrivée  en  Europe,  vers  le  20, 
de  l'ouragan  qui  venait  de  traverser  Cuba;  c'est  le  ig  qu'il  a  été  signalé  sur  les  côtes  de 
l'Angleterre.  Les  ouragans  mémorables  de  1751,  1780  et  1887,  qui  correspondent  à  des 
maxima  de  taches  solaires,  ont  également  atteint  l'île  de  Cuba  au  mois  d'octobre.  Enfin  la 
distribution  mensuelle  des  taches  solaires,  d'après  M.  R.  Wolf,  présente  le  premier  maxi- 
mum précisément  au  mois  d'octobre,  époque  des  plus  furieux  ouragans  aux  Antilles,  puis 
un  second  maximum  en  décembre  et  janvier,  correspondant  aux  maxima  des  tempêtes  hi- 
vernales et  des  coups  de  vent  des  hautes  latitudes. 

»  La  période  décennale  des  taches  solaires  n'est  pas  la  seule  qui  paraît  offrir  une  certaine 
liaison  avec  la  fréquence  et  l'intensité  des  ouragans;  car  je  retrouve  la  même  concordance 
dans  la  grande  période  de  55  à  56  ans  de  RIM.  Fritz  et  Wolf,  dont  les  derniers  maxima  tom- 
bent en  1837  et  en  1779.  Eh  bien,  1887  offie  i3  cas  d'ouragans,  le  maximum  maximonim 
de  ces  formidables  cyclones  pour  une  seule  année,  et  29  cas  en  trois  ans,  de  1887  à  1889. 
C'est  aussi  la  seule  année,  excepté  1870,  où  l'on  voit  nettement  coïncider  le  maximum  des 
taches  avec  le  maximum  des  ouragans.  La  période  de  1780,  bien  que  moins  tranchée,  est 
encore  remarquable  à  cause  de  ses  trois  mémorables  cyclones,  surtout  du  grand  ouragan. 
Elle  offre  7  cas  en  1780  et  12  cas  de  1779  à  1781.  Sous  tous  les  rapports,  ces  deux  périodes 
sont  néfastes  dans  l'histoire  des  ouragans  aux  Antilles. 

X  Si,  d'après  M.  Carringtonet  d'autres  recherches  de  M.  Wolf,  on  considère  l'année  1^88,6 
comme  le  grand  maximum  des  taches  solaires,  le  tableau  présente  également,  en  1787,  10  cas 
d'ouragans  et  5  cas  en  1788,  total  i5  cas  en  deux  ans,  chiffre  considérable,  vu  la  pénurie 
des  documents  pour  le  siècle  dernier.  Autour  des  années  1780  et  1837  |)ivo[ent  encore  des 
maxima  du  magnétisme  terrestre,  des  aurores  polaires.  D'après  le  catalogue  du  professeur 
Lovering,  «jui  embrasse  12882  aurores  boréales,  le  premier  grand  maximum  tombe  en 
1787,  peu  avant  le  grand  maximum  des  taches,  puis  en  1889.  Quant  à  la  température, 
1887-1838  est  un  hiver  rigoureux.  Les  sept  hivers  extrêmement  rigoureux,  signalés  par 
M.Renou,  depuis  1624,  concordent  tous  avec  les  maxima  des  taches  solaires  (1624,  i665, 
1707,  174*^)  '7^9)  i83o  et  1870),  sauf  l'hiver  de  i665  qui  correspondrait  au  minimum 
de  i666;  mais,  si  l'on  prend  l'hiver  de  1677,  dans  lequel  la  Seine  gela  pendant  trente- 
cinq  jours,  on  se  rapprocherait  du  maximum  des  taches  solaires  en  1675. 

»  Il  ne  reste  plus  qu'à  se  rendre  compte  de  cette  exception  imprévue  du  maximum  de 
1860,  où  le  tableau  n'offre  aucun  cas  d'ouragan.  J'ai  eu  recours  à  une  découverte  récente 


(     1225    ) 

de  MM.  (le  la  Riio,  Stewart  et  Lœvy  (i).  Ces  savants  ont  trouvé  que,  quand  la  photosphère 
éprouve  de  grandes  perturbations,  les  taches  prédominent  et  se  transportent  [change  alter- 
ncitrly)  alternativement  de  Ihémisphère  nord  à  l'hémisphère  sud,  et  vice  versa,  dans  la  iié- 
riode  moyenne  de  25,2  jours.  Ils  ont  tracé  trois  de  ces  perturbations.  Il  est  à  remarquer 
que  la  première  perturl)ation  de  i85g  s'est  bien  plus  étendue  sur  l'hémisphère  sud  du 
1  ;  septembre  à  fin  décembre,  où  les  taches  étaient  plus  abondantes  que  dans  l'hémisphère 
nord.  Lors  de  la  deuxième  perturbation  de  i86o,  les  taches  sont  encore  plus  nombreuses 
dans  l'hémisphère  sud  depuis  le  9  août  jusqu'au  commencement  de  novembre.  La  troi- 
sième perturbation  de  1862  s'est  en  partie  dirigée  sur  l'hémisphère  sud  du  21  mai  et  sur- 
tout le  i5  juin.  En  1860,  du  16  janvier  au  i'''  août,  et  du  i''  août  au  !"■  décembre, 
M.  Carrington  a  observé,  sur  l'hémisphère  austral,  deux  taches  d'une  durée  extrêmement 
longue,  de  quatre  mois  et  quatre  premiers  retours  pour  la  dernière,  et  de  six  mois  et  de 
huit  rotations  pour  la  première  tache. 

»  De  ces  faits  est-il  permis  de  conclure  que,  si  la  perturbation  solaire  de  1860  s'est  prin- 
cipalement limitée  à  l'hémisphère  austral,  cette  circonstance  a  pu  avoir  une  influence  quel- 
conque sur  la  rareté  ou  même  l'absence  d'ouragans  dans  la  région  inlertropicale  de  notre 
hémisphère,  pendant  que,  dans  la  même  région  de  l'hémisphère  austral  et  de  nos  anti- 
podes, M.  Meidrum  signalait  pour  cette  année  i3  cas  d'ouragans,  et  pour  l'année  précédente 
le  maximum  de  i5  cas,  dont  le  premier  chiffre  n'a  été  atteint  qu'en  1S72,  et  le  second  chifre 
dans  une  autre  occasion?  On  sait  qu'en  général  les  taches  ne  s'écartent  pas  beaucoup  au  delà 
de  la  région  inlertropicale,  région  dans  laquelle  nos  ouragans  prennent  naissance.  Il  reste 
à  savoir  si  en  1861,  1868,  1869  et  1872,  où  les  ouragans  manquent  aux  Antilles,  les 
taches  et  les  perturbations  solaires  ne  se  sont  pas  étendues  vers  l'hémisphère  austral.  Le 
21  avril  i86g,  M.  Norman  Lockyer  observait  des  perturbations  solaires.  Le  7  juin  1872,  le 
P.  Secchi  constatait  de  formidables  éruptions.  Ce  sont  encore  des  années,  comme  celles  de 
1860  et  1861,  qui  n'offrent  point  d'ouragans. 

»  Si  cette  hypothèse  venait  à  se  confirmer,  la  rareté  des  ouragans  dans  notre  région 
intertropicale  nous  révélerait  l'existence  des  perturbations  solaires,  le  transport  des  taches 
vers  l'hémisphère  austral,  l'abondance  d'ouragans  dans  l'océan  Indien  sud.  Le  P.  Secchi 
a  déjà  trouvé  des  méridiens  qui  donnent  nettement  des  maxima,  et  d'autres  des  niinima  de 
protubérances. 

»  Les  taches  solaires  agissent  directement  sur  l'état  thermique  du  globe,  ce  qui  donne 
lieu  aux  déplacements  périodiques  des  alizés  nord  et  sud  et  des  moussons,  dont  la  ren- 
contre occasionne  les  perturbations  cycloniques.  Les  cyclones  solaires  paraissent  dépendre 
des  mêmes  causes  propres  aux  cyclones  terrestres.  IM.  Faye  signala  en  1866  les  petites 
ellipses  que  décrivent  les  cyclones  solaires.  En  1860,  M.  Clare  Bernard  concluait  du  grand 
ouragan  de  1818,  à  Maurice,  que  les  cyclones  sontel  liptiques,  que  le  centre  occupe  le  foyer 
postérieur  de  l'ellipse  et  que  l'inclinaison  du  grand  axe  varie  par  rapport  au  méridien.  De- 
puis, M.  Meidrum  a  observé  dans  l'océan  Indien  sud  plusieurs  cyclones  d'une  forme  ellip- 
tique et  d'autres  dans  lesquels  le  vent  soufflait  en  spirale  autour  du  centre.  Les  taches  ob- 
servées par  MM.  Peters  et  Carrington  au  delà  de  70  degrés  prouveraient  que  les  cyclones 
solaires  s'étendent  en  latitude  comme  les  nôtres.  Dans  trente-deux  rotations  du  Soleil,   de 

(1)  Procecclings  Rnynl  Society,  t.  XXI,  p.  899,   1873. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  K»  21.)  I  58 


(  iii6  ) 

18"  I  an  2  octobre  1873,  le  P.  Scccln  a  remarqué  une  décroissanrc  tics  protubérances  so- 
laires, de  manière  que  le  minimum  est  tombé  en  août  1873.  Les  protubérances  auraient- 
elles  quelque  rapport  avec  la  période  décennale  des  taches  solaires,  dont  le  dernier  maxi- 
mum eut  lieu  en  1870,7? 

Périodes  maximn  et  minima  des  taches  solaires  et  des  ouragans  aux  Antilles, 
dans  l'Atlantique  nord  et  l'océan  Indien  sud. 


Maxim. 
1700,0 

Minim. 

1755,5 


Maxim. 
1761,5 


Minim. 
1766,5 
Maxim. 
i7<'9i9 


Minim. 

,775,8 

Maxim. 

17'9.5 


Minim. 

1784,8 

Maxim. 
1789,0 


OURAGANS. 


'750 o   I  g 

17^2 ■    !  ., 

1753 I    I  - 

'754 ■    i  o_ 

i7r)5. . .  — I  1  " 

■757 2  i 

1758 I    j  3 

'759 2   1 

■7^" 0  i  , 

1761 1   S  " 

176:) 0   I 

1 76.0 4  ' 

i7('6 7   i  . 

1767 o    I  ' 

176S 3   j 

■769 2    i  ^ 

1771 I    I 

:??^:::;:  l  I  « 

'776 2 1  3 

•777 1  ' 

■77« ^  I  3 

'779 '   1 

•78' 4  )  /, 

1785 7   I 

1786 5  1  r  , 

■7S9 o  1  ^ 

'790 1    j  , 

'79' 2    (  '' 


Minim. 

1798,5 


Maxim. 

1804,0 


Minim. 

1810,5 


Maxim. 

iSi6,8 


Minim. 

1823,3 


Maxim. 
1829,5 


Minim. 

i833,8 


Ol'RACAXS. 


179-?.... 
1793.... 
1794.... 
1795.... 

1796 

1797.... 
,798... 

'799---- 
1 800 . . . . 

1801 

1802.... 

iSo3 

1804 

i8o5.... 
1806. .  - 

1S07 

1808.... 


iSio. 
1811. 
1812. 
i8i3. 
1814. 
iSi5. 
1816. 
1817. 
1818. 
'Srg. 
iSîo. 
1821. 


1823.. 
1S24.. 
i8>5.. 
1S2G.. 

.827.. 


1829... 

iS3o.. 

i83i... 

i832... 

i833... 


!     3 


5   j 

l\ 

2   I 

7  l 

2  I 

3  I 

8  I 


3 

3 

6 

8-1- 

5 

6 

9 
fi 

5 

l3-F 

4 
3— 


6- 


Maxim. 

1837,2 


Minim. 

■  8', '1,0 

Maxim. 

1848,6 


Winini 

i8j6,2 


Maxim. 

i86u,3 


Minim. 

1867,2 

Maxim. 
1870,7 


Ol'RAGANS. 


5    ) 

.3I 

^8! 

n 

u 

w 
3 1 


,8:!4.. 

i835.. 
i836.. 
1837.. 
i838.. 
,839.. 
1840.. 
1841.. 
1842.. 
1843.. 

IS44-. 
1845.. 
1846.. 

■  847 

i848 

.849 

1800..  + 
i85i..    .. 

i852 

i853 

1S04 

iS55 

i856..   — 

i857 

i858 

1859 

1860 0 

1861 o 

1S62 3 

i863 I 

1864 I 

i865 2 

1S66 I 

1867 2 

iSfi8 o 

18C9 0 

1870. . .H-   7 

1871 3 

1S72 0 

1873 I 

Total... 


'  I 
16-t- 


OIRAGASS 

(OCÉAN   INDIE!*). 


3 


3   ! 


3 


5 
8 

10 
8 

7 
8 
8 

4 
5 

4 

4 
9 

i5 
i3 
1 1 

10 

9 
5 

7 

8 

-6 

7 

9 

II 

it 

i3 


i8-i- 

i5 

iG 

9 

8— 

24+ 

24-1- 

'9 
12— 

14 
16 
22 


Total.  . 


227 


Les  périodes  des  onragans,  marquées  -{-et  — ,  coïncident  avec  les  périodes  des  taches  solaires.  Sur  douze 
maxima,  dix  concordent.  —  Sur  ciiKj  minima,  cinq  concoi-dent. 

Les  périodes  des  taches  de  cinquante-cinq  à  cinquante-six  ans  de  Fritz  et  Wolf  et  de  Carrin^ton  paraissent 
concorder  avec   celles  des  ouragans  d*;  1780  ou  1787  et  1837. 

M.  A\  oit'  m'a  communique  les  périodes  des  taches  solaires,  d'après  ses  dernières  corrections. 


(     '227     ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Observations^  à  propos  d'une  Note  récente  de  M.  Reye,  sur 
les  analogies  qui  existent  entre  les  taches  solaires  cl  les  tourbillons  de  notre 
atmosphère.  Lettre  de  M.  Marié-Davy  à  M.  Faye. 

«  Les  analogies  qui  existent  entre  le  phénomène  des  taches  solaires  et 
les  tourbillons  de  notre  atmosphère  sont,  depuis  quelque  temps,  l'objet 
d'une  discussion  approfondie  devant  l'Académie.  Puisque  vous  avez  bien 
voulu  y  mêler  mon  nom,  dans  des  termes  dont  je  vous  remercie,  permettez- 
moi  de  préciser  mon  opinion,  qui  a  été,  sur  ce  point,  un  peu  dénaturée 
par  quelques  personnes. 

»  Dès  le  début  de  mes  études  météorologiques,  j'ai  été  frappé  par  les 
faits  qui  vous  ont  amené  à  formuler  votre  théorie  des  taches  solaires  ;  et, 
dès  que  nous  avons  eu  la  disposition  d'un  équatorial  à  l'Observatoire, 
M.  Sonrel  et  moi,  nous  nous  sommes  occupés  activement  de  l'étude  des 
taches,  dans  le  but  de  rechercher  leur  nature  et  leur  mode  de  formation. 
Les  événements  et  la  mort  de  M.  Sonrel  ont  interrompu  ce  travail.  Nous 
partagions  l'opinion  qu'une  atmosphère  gazeuse,  quelle  que  fût  sa  tempé- 
rature, ne  pouvait  présenter  l'éclat  du  Soleil;  que  cet  éclat  devait  être  le 
résidtat  de  nuages  suspendus  dans  l'atmosphère  et  produisant  l'effet  des 
particules  de  charbon  dans  les  flammes  du  gaz  d'éclairage;  que  tout  mou- 
vement ascendant  dans  la  masse  gazeuse,  au  niveau  de  la  couche  de  nuages, 
doit  augmenter  sa  masse  et  tendre  à  accroître  son  pouvoir  rayonnant  ;  que 
tout  mouvement  descendant  doit  produire  un  effet  inverse,  en  fondant 
plus  ou  moins  la  masse  nuageuse  par  le  seul  effet  du  réchauffement  qui 
accompagne  tout  accroissement  de  pression  dans  un  gaz.  Mais  nous  n'a- 
vions pas  assez  de  faits  nouveaux  à  l'appui  de  cette  opinion  pour  les  porter 
devant  l'Académie. 

»  M.  Th.  Reye  (i)  semble  attribuer,  comme  vous,  les  taches  solaires  à  des 
mouvements  tournants  analogues  à  nos  cyclones;  mais,  dans  sa  pensée,  le 
mouvement  ascendant  à  la  hauteur  des  nuages  solaires  aurait  lieu  dans 
l'axe.  Les  nuages  produits  seraient  obscurs,  au  lieu  d'être  lumineux. 

»  Cette  obscurité  accuserait  en  eux  un  abaissement  de  température  qui 
me  paraîtrait  peu  conciliable  avec  le  degré  de  chaleur  générale  de  la  sur- 
face solaire.  Dans  cette  hypothèse,  il  me  semblerait,  en  outre,  difficile  de 
s'expliquer  l'énorme  pouvoir  lumineux  de  la  photosphère,  et  en  particulier 
sur  le  pourtour  des  taches. 

(i)  Comptes  rendus,  17  novembre  1873,(1.  1178  de  ce  volume. 

i58.. 


(     1228    ) 

»  Dans  mon  Traité  des  mouvements  de  l'almosp Itère,  dont  la  date  est  déjà 
ancienne  et  bien  voisine  du  début  de  mes  travaux  de  météorologie,  j'étais 
préoccupé,  en  décrivant  la  marche  de  l'air  dans  les  cyclones,  d'une  opinion 
qui  tendait  à  prendre  sa  place  dans  la  science,  et  qui,  en  assimilant  le 
cyclone  à  nu  corps  solide  conservant  le  parallélisme  de  son  axe  de  rotation, 
attribuait  la  violence  des  vents  du  sud-ouest  dans  nos  parages  à  l'incli- 
naison vers  le  sud  de  l'extrémité  supérieure  de  l'axe  de  rotation.  Je  vou- 
lais montrer  surtout  que  l'air  se  renouvelle  incessamment  dans  la  masse 
tournante  et  que,  dès  lors,  l'assimilation  n'était  pas  possible. 

»  Au  point  de  vue  de  la  description  des  phénomènes  terrestres,  ma  des- 
cription de  la  circulation  de  l'air  dans  les  cyclones  était  incomplète,  parce 
que  je  ne  l'envisageais  que  sous  un  de  ses  points  de  vue.  M.  Th.  Reye  me 
paraît  tomber  dans  l'excès  contraire. 

»   Ma  description  a  été  complétée  dans  mes  publications  ultérieures. 

»  Dans  tout  mouvement  tournant  de  l'atmosphère,  que  l'air  soit  ascen- 
dant ou  descendant  dans  l'axe,  il  existe  nécessairement  deux  courants  op- 
posés dans  le  sens  horizontal,  l'un  d'appel  vers  l'axe,  l'autre  de  dégorge- 
ment. Il  doit  exister,  en  outre,  un  contre-courant  dans  le  sens  vertical  et  à 
une  certaine  distance  de  l'axe ,  sans  qu'on  doive  admettre  néanmoins  que 
cette  double  rotation  englobe  d'une  manière  continue  les  mêmes  masses 
d'air. 

»  Il  nous  paraît  également  incontestable  qu'un  mouvement  tournant  ne 
peut  durer  qu'à  la  condition  qu'il  s'y  produise  un  apport  continu  de  forces 
vives  suppléant  aux  pertes  occasionnées  par  les  frottements.  Dans  les  mou- 
vements tournants,  disions-nous,  il  sort  moins  d'air  qu'il  n'y  en  entre  :  de 
là  gain  de  force  vive.  Cette  différence  ne  pouvait  provenir  que  des  conden- 
sations de  vapeur.  Ou  s'exprime  sans  doute  d'une  manière  plus  précise  en 
disant  que  les  courants  ascendants  constituent  la  véritable  cause  de  déve- 
loppement et  de  durée  des  mouvements  tournants  par  les  condensations 
qu'ils  amènent,  et  je  me  suis  depuis  longtemps  rangé  à  cette  manière  de 
s'exprimer;  mais  que  les  courants  ascendants  aient  lieu  dans  l'axe  même 
ou  sur  son  pourtour,  l'apport  nécessaire  de  force  vive  ne  s'en  effectue  pas 
moins.  Le  reste  n'est  plus  qu'une  discussion  spéciale  à  chacun  des  groupes 
de  mouvements  tournants  observés  et  qui,  malgré  l'uniformité  de  la  cause 
générale  de  leur  durée,  ne  laissent  pas  de  présenter  de  grandes  différences, 
quant  àMeur  origine,  à  leur  mode  de  formation  première,  à  leur  étendue, 
à  leur  mode  de  circulation  intérieure.  Avec  un  fluide  aussi  mobile  que 
l'atmosphère,  il  y  aurait  danger  à  limiter  trop  étroileuieut  ce  mode  de  cir- 
culation. 


{     1229    ) 

»  En  l'absence  de  moyens  sérieux,  que  les  banderoles  flottantes  ne  rem- 
placeront jamais,  pour  évaluer  les  vitesses  dans  le  sens  vertical,  comme 
nous  le  pouvons  faire  dans  le  sens  horizontal,  il  existe  des  phénomènes 
visibles,  qui  accusent  le  sens  du  mouvement.  Pour  le  Soleil,  ce  sont  les 
taches,  les  protubérances,  les  facules.  Pour  la  Terre,  ce  sont  les  nuages  et 
les  pluies,  ainsi  que  la  comparaison  de  la  direction  des  vents  des  nuages 
avec  celle  des  girouettes. 

»  Dans  les  cyclones  des  régions  voisines  des  tropiques,  il  pleut  sur  tout 
le  pourtour  du  disque  tournant;  mais,  en  général,  dans  le  voisinage  du 
centre  même,  il  y  a  beau  temps  et  accalmie.  La  nappe  ascendante  s'enroule 
donc  à  une  certaine  distance  autour  de  l'axe.  Que  se  passe-t-il  dans  l'axe 
même? 

»  Dans  nos  tempêtes  d'Europe,  le  disque  tournant  a  une  étendue  consi- 
dérable. La  température  et  l'état  du  ciel  sont  loin  d'être  semblables  sur 
toute  cette  étendue,  et  la  circulation  est  beaucoup  moins  simple  que  dans 
les  trombes,  les  tornades  ou  les  cyclones  considérés  près  de  leur  origine. 

»  Ce  qu'on  peut  affirmer  d'une  manière  générale,  c'est  que,  dans  un 
mouvement  tournant,  la  force  centrifuge  est  d'autant  plus  grande  que  la 
rotation  est,  d'une  part,  plus  rapide,  et  que,  d'autre  part,  elle  entrahie  des 
masses  d'air  d'une  densité  plus  forte. 

))  La  densité  est  maxima  vers  la  surface  de  la  Terre,  mais  la  rotation  y 
est  considérablement  ralentie  par  les  frottements.  Ce  n'est  donc  pas  là  que 
la  force  centrifuge  a  son  maximum  d'énergie;  aussi  les  vents  des  nuages 
sont-ils  généralement  en  avance  dans  leur  rotation  vers  le  nord  sur  le  vent 
superficiel  à  la  Terre.  11  y  a  donc  appel  d'air  vers  le  bas  jusqu'à  une  dis- 
tance plus  ou  moins  rapprochée  de  l'axe.  Mais  est-il  permis  de  s'arrêter  là? 
L'appel  d'air,  comme  le  mouvement  tournant,  est  gêné  en  bas  par  les  frot- 
tements sur  la  surface  terrestre;  il  est  complètement  libre  par  le  haut.  Dans 
ces  conditions,  et  en  considérant  l'étendue  horizontale  du  disque  tournant 
et  sa  faible  hauteur  jusqu'à  la  région  des  nuages  en  temps  de  perturbation 
atmosphérique,  est-il  permis  de  nier  l'appel  par  en  haut?  Certains  mouve- 
ments tournants  limités  peuvent  naître  sur  place,  d'un  mouvement  ascen- 
dant de  l'air;  mais,  dans  les  véritables  tourbillons  tout  formés,  cette 
ascension  entretient  une  rotation  qui  préexiste  et  dont  les  effets  naturels  ne 
peuvent  être  négligés. 

»  Je  crois  pouvoir  conclure  de  ce  qui  précède  que  les  objections  de 
M.  Th.  Reye  ne  paraissent  pas  suffisantes  pour  infirmer  votre  théorie  des 
taches  solaires.  » 


(     I23o    ) 

MlÎTÉonOLOGlE.  —  Note  sur  les  cjclones  terrestres  cl  les  ijcloiics  solaires; 

par  M.  H.  DE  Parville. 

«  Dans  une  très-intéressante  Note  (i),  M.  Faye  vient  d'appliquer  les  consi- 
dérations, qu'il  détluit  de  sa  théorie  des  taches  solaires,  à  l'étude  des  trombes 
et  des  tourbillons  terrestres.  L'air  circule-t-il  dans  les  tourbillons  en 
descendant  des  hautes  régions  ou,  au  contraire,  en  remontantPTel  est  avant 
tout  le  sujet  en  discussion.  La  théorie  des  cyclones  solaires  conduit  M.  Faye 
à  conclure  que  le  mouvement  de  l'air  est  descendant;  pour  la  plupart  des 
météorologistes,  pour  M.  le  D''  Reye  en  particulier,  qui  vient  de  reprendre 
la  question,  le  mouvement  est  ascendant,  et  si  réellement,  comme  l'entend 
M.  Faye,  les  tourbillons  solaires  sont  descendants,  il  n'y  aurait  aucune 
analogie  à  établir  entre  les  deux  phénomènes.  Ces  deux  opinions  contraires 
me  paraissent  beaucoup  trop  absolues.  En  ce  qui  concerne  la  direction  du 
mouvement  dans  les  cyclones,  le  doute  ne  me  paraît  pas  possible.  Un  tour- 
billon révèle  lui-même  s'il  est  ascendant  ou  descendant  par  le  sens  de  sa 
rotation.  Tout  cyclone  qui  tourne  en  sens  inverse  des  aiguilles  d'une  montre 
est  forcément  ascendant  (hémisphère  nord).  Tout  cyclonequi  tourne  dans 
le  même  sens  que  les  aiguilles  d'une  montre  est  forcément  descendant. 
Telle  est  la  loi  :  afflux  convergents,  rotation  de  gauche  à  droite;  afflux  di- 
vergents, rotation  de  droite  à  gauche.  En  effet,  si  le  courant  est  ascendant, 
il  se  produit  un  vide  partiel  autour  duquel  afflue  l'air  dans  tous  les  sens; 
par  suite  de  l'inégale  vitesse  de  l'air  sur  les  différents  parallèles,  l'afflux 
nord  est  dévié  vers  l'est  et  l'alflux  sud  vers  l'ouest;  il  se  forme  un  couple 
qui  tend  à  faire  tourner  la  masse  intermédiaire  dans  le  sens  opposé  aux 
aiguilles  d'une  montre.  Inversement,  si  le  courant  est  descendant,  l'air 
s'écoule  vers  le  nord  et  le  sud,  en  déviant  respectivement  à  l'est  et  à  l'ouest; 
formation  d'un  couple  à  rotation  directe. 

»  Dans  notre  hémisphère,  le  sens  de  la  rotation  des  tournades  est  in- 
verse; donc  ils  sont  produits,  comme  le  pensent  les  météorologistes,  par 
des  vitesses  ascendantes  de  l'air.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'il  existe 
toutefois  de  véritables  tourbillons  descendants.  L'observation  confirme  ces 
vues.  Les  tournades  très-fréquentes  des  Açores  et  les  ouragans  des  Antilles 
semblent  bien  provenir  d'une  dilaUition  locale  de  l'air  surchauffé  au  con- 
tact du  sol  de  ces  îles,  meilleur  conducteur  du  calorique  que  l'eau. 

»   Les  ouragans  de  la  zone  équatorialo  résultent  de  la  rencontre  des 

(i)   Comptes  rendus ,  l 'j  novcuiliic  1873,  p.  1122  de  ce  voliiiiic. 


(  ..3i  ) 
moussons  opposées;  l'air  s'élève,  et  les  afflux  déviés  en  sens  inverse  lui 
impriment  le  mouvement  gyratoire.  I.e  mot  lourhillon  n'implique  pas  tou- 
joiH's  l'idée  de  tempête;  il  existe  des  tourbillons  à  vitesse  très-réduite.  Si 
le  tourbillon  prend  de  la  force,  il  faut  en  rapporter  la  cause  à  un  retard 
apporté  dans  sa  formation  ;  l'air  se  détend  ensuite  en  raison  même  de  l'ob- 
stacle qu'il  aura  eu  à  surmonter. 

»  On  a  proposé  de  rechercher,  à  l'aide  de  banderoles,  si,  dans  ces  phé- 
nomènes, la  composante  verticale  du  vent  est  ascendante;  la  banderole, 
obéissant  à  tous  les  remous  de  l'air,  ne  fournirait  aucun  indice  certain. 
Le  baromètre  répond  très-nettement,  an  contraire,  à  la  question.  La  com- 
posante verticale  détermine  en  effet,  dès  le  début  du  phénomène,  une 
baisse  rapide  résultant  des  vitesses  ascendantes  de  l'air.  Si  le  tourbillon 
était  descendant,  l'instrument  monterait,  loin  de  baisser  :  ainsi,  le  sens  de 
la  rotation  des  cyclones  et  la  baisse  du  baromètre,  avant  la  génération 
complète  du  météore,  nous  paraissent  fournir  deux  argunu'nts  décisifs 
contre  la  théorie  des  mouvements  descendants  des  cyclones  équatoriaux 
à  mouvement  inverse,  soutenue  par  l'éminent  astronome. 

»  Nous  ne  saurions  plus  être  aussi  affîrmatil  en  ce  qui  concerne  les 
trombes;  le  sens  de  la  rotation  paraît  moins  bien  déterminé.  Peltier  admet 
le  mouvement  descendant  sans  preuves.  M.  Faye  défend  son  opinion  à 
l'aide  d'un  raisonnement  ingénieux.  Si  l'alimentation  du  météore  avait  lieu 
par  en  bas,  fait-il  remarquer,  la  trombe  descendant  sans  cesse  finirait  par 
perdre  de  sa  force,  puisque  la  tranche  d'air  affluente  va  elle-même  dimi- 
nuant sans  cesse  d'épaisseur.  Peut-être  serait-il  permis  de  répondre  que, 
précisément  parce  que  l'orifice  d'introduction  se  rapetisse,  la  vitesse  d'ar- 
rivée augmente  en  proportion,  et  le  phénomène  prend,  au  contraire,  de 
la  violence  en  touchant  terre;  mais,  quand  la  trombe  plonge  dans  l'eau, 
la  résistance  au  mouvement  tournant  augmente,  et  le  météore  ne  tarde  pas 
à  perdre  de  sou  intensité  et  à  disparaître.  Si  la  trombe  s'est  formée  dans  les 
hautes  régions,  elle  peut  déterminer  la  convergence  de  deux  afflux  inverses; 
le  phénomène,  d'abord  local ,  prenti  de  l'extension  et  se  transforme  en  un 
véritable  cyclone. 

»  M.  Faye  disait  très-justement,  dans  la  dernière  séance  :  «  L'étude  du 
»  Soleil  pourra  rendre  quelques  services  à  la  Météorologie  ».  Je  demande 
la  permission  maintenant  de  suivre  le  savant  astronome  sur  ce  nouveau 
terrain.  M.  Faye  assimile  les  taches  solaires  à  des  tourbillons  engendrés 
par  les  différences  de  vitesse  inhérentes  à  deux  parallèles  voisins;  je  n'ai 
pas  considéré,  on  l'aura  remarqué,  les  tourbillons  comme  générés  par  l'ac- 
tion de  deux  courants  parallèles,  à  vitesse  différente;  M.Piddington  autre 


(    1232    ) 

fois,  pins  récemment  M.  Vicaire,  M.  Reye,  ont  présenté  des  objections  à 
celte  tiiéorie.  Le  tourbillon,  pour  moi,  résulte  d'une  rupture  d'équilibre 
dnns  la  verticale  déterminant  des  afflux  à  vitesses  inverses.  Je  fais  de  même 
pour  les  tourbillons  solaires.  Partout  où  il  y  aura  appel  des  gaz  de  la  péri- 
phérie au  centre  pour  combler  le  vide  produit  par  un  courant  ascendant, 
il  y  atu-a  nécessairement  afflux  convergent  et  génération  d'un  tourbillon  ;i 
rotation  inverse.  Ce  cyclone  descendant  viendra  s'épancher  dans  les  pro- 
fondeurs du  Soleil.  La  masse  gazeuse  divergente  engendrera  i\n  tourbillon 
à  rotation  directe. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  je  tiens  à  répondre  immédiatement  à  une 
objection  fondamentale  que  ne  manquera  pas  de  m'adrosser  M.  Faye.  Si 
les  taches  sont  produites  par  un  afflux  convergent,  il  y  aura  appel  de  gaz 
de  l'équaleur  solaire  aux  parallèles  moyens  et  déviation  dans  le  sens  de 
la  rotation  ;  or  la  vitesse  angulaire  de  rotation  est  maximum  à  l'équa- 
teur;  c'est  l'argument  dont  on  se  sert  depuis  bien  longtemps  pour  dé- 
montrer qu'il  ne  saurait  exister  sur  le  Soleil  d'alizés  de  retour.  Le  I'. 
Secchi,  pour  maintenir  les  analogies  et  tourner  la  difficulté,  a  projtosé 
d'admettre  que  la  rotation  est  moins  rapide  à  la  surface  que  dans  les  cou- 
ches plus  voisines  du  centre;  aussi  toute  masse  lancée  de  l'intérieur  vers 
la  périphérie  posséderait  un  excès  de  vitesse  dans  le  sens  de  la  rotation, 
qui  se  traduirait  par  un  mouvement  en  longitude. 

»  Le  raisonnement  invoqué  en  pareille  circonstance  ne  nous  paraît  que 
spécieux.  On  ne  mesure  la  rotation  que  par  le  mouvement  des  taches;  la 
variation  des  vitesses  réelles  sur  les  différents  parallèles  échappe  à  l'ob- 
servation ;  or  les  vitesses  angulaires  doivent  bien  diminuer  pour  les  taches, 
conformément  aux  formules  exprimant  la  loi  de  rotation  de  MM.  Carring- 
ton,  Faye  ou  Spoèrer.  On  n'a  pas  remarqué  assez  que,  quelle  que  soit  la 
vitesse  des  gaz  à  l'équateur,  tout  afflux  en  remontant  vers  les  parallèles 
moyens  diverge  dans  le  sens  de  la  rotation  ;  tout  afflux  descendant,  au 
contraire,  vers  l'équateur  diverge  en  sens  inverse.  La  force  vive  de  ces 
afflux  est  employée  presque  tout  entière  à  faire  tourner  la  masse  de  gaz 
intermédiaire,  qui  continue  à  suivre  sa  route  avec  une  vitesse  à  très-peu 
près  égale  à  celle  du  parallèle  sur  lequel  elle  se  trouve.  11  ne  faut  donc 
pas  rejeter  aussi  facilement  qu'on  l'a  fait  jusqu'ici  l'analogie  qui  paraît 
exister  entre  les  circulations  des  alizés  sur  la  Terre  et  sur  le  Soleil. 

»  Les  taches  se  montrent  de  part  et  d'autre  de  l'équateur,  depuis 
lo  jusqu'à  3o  degrés  de  latitude.  Si  un  baromètre  pouvait  être  placé 
dans  le  Soleil,  à  l'extrémité  inférieure  de  l'axe  de  ces  tourbillons  descen- 
dants, il  accuserait  évidemment  une  hausse  marquée.   Sur  notre  globe, 


(  1233  ) 

aux  mêmes  latitudes,  la  pression  barométrique  s'accuse  également  de  plus 
CM  plus  pour  atteindre  un  maximum  vers  3o  degrés.  Or  les  courants 
d'air  ascendants  de  l'écpiateur  retombent  vers  ces  latitudes  et  doivent 
produire,  comme  sur  le  Soleil,  de  véritables  cyclones  à  rotation  inverse 
aux  limites  atmosphériques,  à  rotation  directe  à  la  surface  du  sol. 

»  La  température  de  l'air  étant  surélevée  sur  les  continents,  en  raison  de 
la  conductibilité  des  terres,  la  rupture  d'équilibre  et  le  flux  descendant  s'opé- 
reront principalement  en  mer,  au  large,  comme  l'avait  du  reste  déjà  pres- 
senti Dove  dans  sa  théorie  des  vents.  L'axe  du  flux  descendant  coïncidera 
donc  avec  le  milieu  de  l'Océan,  et  c'est  autour  de  ce  point  central  que 
devra  se  produire  la  rotation  de  l'air.  La  rotation  sera  ordinairement  lente, 
car  la  descente  de  l'air  est  habituellement  progressive;  mais  le  mouvement 
s'étendra  à  de  grandes  masses,  parce  que  la  masse  du  courant  descendant 
est  elle-mèine  considérable.  Il  se  produira  ainsi  dans  notre  hémisphère 
une  circulation  générale  de  l'air  de  gauche  à  droite;  elle  aura  lieu  en  sens 
inverse  dans  l'hémisphère  austral. 

»  L'observation  s'accorde-t-elle  avec  ces  déductions?  Tous  les  naviga- 
teurs savent  bien  qu'il  en  est  ainsi.  A  partir  de  45  degrés  de  latitude,  le 
vent  souffle  de  l'ouest  et  passe  successivement,  en  tournant  dans  le  sens 
des  aiguilles  d'une  montre,  au  nord-ouest,  au  nord-est,  à  l'est,  au  sud- 
ouest,   pour  revenir  à  l'ouest;  c'est  la  circulation  tropicale  des  marins. 

»  De  même  l'air  est  chassé  du  maximum  de  pression  vers  les  pôles,  et 
engendre  dans  son  mouvement  ascendant  un  vent  de  sud-ouest  à  compo- 
sante verticale.  Le  vent  de  sud-ouest  à  nos  latitudes  est  montant  au  lieu 
d'être  descendant,  comme  le  soutiennent  les  météorologistes;  s'il  en  était 
aiitrement,  il  ferait  monter  le  baromètre,  au  lieu  de  le  faire  baisser.  Cet  af- 
flux ascendant  engendre  un  nouveau  mouvement  gyratoire  de  grande 
élcndae  à  rotation  inverse,  mais  moins  bien  déterminé  que  le  précédent, 
parce  que  l'axe  se  déplace  sans  cesse.  Ce  mouvement  représente  le  courant 
ouest  du  large,  le  vent  sud-ouest  de  nos  contrées  et  le  vent  de  nord-ouest 
du  littoral  américain  et  des  parages  de  Terre-Neuve.  L'afflux  d'air  ascen- 
dant des  hautes  régions  doit  engendrer  des  tourbillons  aux  limites  atmo- 
sphéi'iques,  mais  à  sens  de  rotation  opposé  à  celui  des  tourbillons  du 
maximum  de  pression.  Ces  mouvements  gyratoires  des  hautes  régions  ne 
doivent  pas  être  étrangers  h  la  production  des  aurores. 

»  Des  considérations  précédentes,  il  nous  paraît  résulter  des  conséquen- 
ces importantes  pour  la  Météorologie.  Nous  prierons  l'Académie  de  nous 
permettre  de  les  développer  dans  un  prochain  travail.  » 

C,  K.,  1S7J,  2"  Sciueslre.  {T.  LWVll,  M"  21.)  1  ^9 


(  1234  ) 

ASTRONOMIE.  —  Orbite  apparente  et  période  de  révolution  de  l'étoile  double 
ë,de  la  Grande  Ourse.  Noie  de  M.  Flammarion,  présentée  par  M.  Faye. 

«  Parmi  toutes  les  étoiles  doubles  découvertes  jusqu'à  ce  jour,  il  n'y  en 
a  qu'un  très-petit  nombre  dont  les  observations  s'étendent  sur  un  assez 
long  espace  pour  permettre  de  déterminer  l'orbite  parcourue  par  la  petite 
étoile  autour  de  la  grande,  ou  plus  exactement  par  les  deux  astres  autour 
de  leur  centre  commun  de  gravité.  Il  serait  intéressant  pour  nous  de 
connaître  au  moins  l'orbite  apparente  du  mouvement  vu  de  la  Terre,  et 
de  nous  représenter  cette  orbite  pour  les  systèmes  stellaires  qui  ont  été 
suffisamment  étudiés.  C'est  le  travail  que  j'ai  entrepris,  et  j'ai  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  le  résultat  auquel  je  suis  parvenu  pour  l'étoile 
double  ^  de  la  Grande  Ourse,  l'une  de  celles  dont  les  observations  sont 
les  plus  complètes  et  les  plus  sûres. 

»  Ce  système  stellaire  se  compose  de  deux  étoiles  de  quatrième  et 
cinquième  grandeur.  La  plus  brillante  des  deux  étoiles  est  colorée  d'une 
teinte  jaune  d'or,  et  la  seconde  d'une  nuance  de  gris-cendre.  La  position 
actuelle  de  cette  étoile  double  sur  la  sphère  céleste  est  :  vR  =  1 1"*!  i"  17%^ 
et  co  =:  +  32°i5'25".  La  distance  moyenne  des  deux  composantes  est  de 
deux  secondes  et  varie,  entre  son  maximum  et  son  minimum,  de  3",  i  à 
o",9;  cette  distance  est  actuellement  à  son  minimum  :  l'étoile  satellite 
vient  de  passer  à  son  périhélie  apparent. 

»  J'ai  cherché  à  déterminer  l'orbite  apparente  décrite  par  la  seconde 
étoile  autour  de  la  première,  en  employant  la  méthode  graphique  et  en 
utilisant  presque  toutes  les  observations  d'angles  de  position  et  de  dis- 
tances faites  depuis  1821.  La  période  de  révolution  étant  relativement 
courte,  et  les  observations  étant  nombreuses,  cette  méthode  m'a  paru  sus- 
ceptible de  conduire  à  un  résultat  aussi  rapproché  que  possible  de  la  réalité. 

»  L'élimination  que  j'ai  faite  pour  le  tracé  de  la  courbe  des  observa- 
tions antérieures  à  l'année  1821  a  été  rendue  nécessaire  par  l'uicertitude 
des  distances  estimées.  William  Herschel  ,  William  Struve  ,  sir  John 
Herschel  et  South  ayant  ap|)récié  ces  distances  par  de  simples  estimations 
de  diainètris,  le  résultat  est  insuffisant.  J'ai  tenu  compte  au  contraire  de 
toutes  les  bonnes  mesures  prises  au  micromètre,  en  leur  donnant  d'autant 
plus  de  poids  qu'elles  représentent  les  moyennes  d'un  plus  giand  nombre 
d'observations.  De  plus,  j'ai  choisi  pour  échelle  une  mesure  qui  exagère 
les  positions  données  :  une  seconde  d'arc  est  représentée,  dans  la  figure 
ci-dessus,  p;u'  20  unllimclres.  De  celle  façon,  les  erreius  d'observation  se 


(    1235    ) 

rendent  évidentes  d'elles-mêmes,  et  elles  sont  considérables  dans  ces 
apni'éciations  si  délicates,  non-seulement  par  la  construction  même  des 
appareils  de  mesure,  qui  offrent  de  singulières  différences  de  résultats, 
mais  encore  et  surtout  par  l'équation  personnelle  de  chaque  astronome  : 
il  y  a  certaines  étoiles  doubles  très-rapprochées,  dans  lesquelles  les  séries 
des  différents  observateurs  ne  concordent  presque  pas.  Lorsque  j'eus  fixé 
toutes  les  positions  (angles  et  distances)  constatées,  j'obtins  une  première 
approximation  de  l'orbite  tracée  en  quelque  sorte  par  points  continus.  En 
étudiant  cette  orbite,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  en  elle  une  ellipse 
suffisamment  déterminée.  Le  travail   consiste  ensuite  à  chercher  les  élé- 


^;iii,,:Moh  ïSiCc 


Oibite  apparente  de  l'étoile  double  ?  de  la  Grande  Ourse. 

menis  de  cette  ellipse  et  h  tracer  une  courbe  qui  passe  par  tous  les  points 
donnés.  Lorsque  les  observations  diverses  ont  offert  pour  une  même  date 
des  points  différents,  la  courbe  doit  naturellement  passer  entre  eux  et  se 
ra])procher  de  ceux  qui  sont  les  plus  sîirs.  On  sent  que  ce  procédé  d'en- 
semble conduit  inévitablement  à  déterminer  l'orbite  apparente  avec  toute 
l'exactitude  désirable. 

»  Il  ne  s'agit  pas  ici,  comme  on  le  voit,  de  l'orbile  absolue,  mais  de 
celle  du  mouvement  apparent  vu  de  la  Terre.  Dans  cette  orbite  de  per- 
spective, l'étoile  n'est  pas  au  foyer  de  Tellipse,  mais  en  dehors,  et,  dans  le 
cas  qui  nous  occupe,  elle  se  trouve  à  o",34  de  distance  du  grand  axe 
apparent  et  à  i",4  du  foyer  le  plus  rapproché.  Par  suite  du  mouvement 

159.. 


(  1236  ) 

combiné  des  deux  astres  autour  de  leur  centre  commun  de  gravité,  l'étoile 
satellite  paraît  décrire  l'ellipse  tracée,  le  long  de  laquelle  ou  peut  suivre 
les  positions  qu'elle  a  successivement  occupées  depuis  plus  d'un  demi- 
siècle.  Les  dates  sont  inscrites  en  années  et  dixièmes  d'année.  Voici  du 
reste  les  éléments  de  cette  ellipse  du  mouvement  apparent  : 

Demi-grand   axe 2",  45 

Excentricité o,  8i3 

Plus  grand  apliélie  apparent i854j  5  à    1 16°, 5 

Plus  petit  périhélie  apparent 1878,4  à  358°, o 

Durée  de  la  révolution 60  ans  60 

»  La  ligne  o°-  180°  représente  la  ligne  nord-sud  à  laquelle  les  angles  de 
position  sont  rapportés;  d'où  l'on  voit  que  le  point  90°  marque  l'est  et  le 
point  270°  l'ouest  de  l'étoile  principale.  L'étoile  secondaire  marche  dans 
le  sens  indiqué  par  la  flèche,  et  a  accompli  la  plus  grande  partie  de  son  or- 
bite depuis  la  première  de  nos  positions,  vers  laquelle  elle  se  retrouvera 
en  1882. 

»  Les  astronomes  qui  ne  voudraient  pas  s'arrêter  à  l'orbite  apparente 
pourront  se  servir  de  celle-ci  avec  avantage,  je  crois,  pour  déterminer 
l'orbite  absolue  à  laquelle  elle  correspond.  On  voit  déjà,  au  simple  tracé, 
la  projection  du  grand  axe  de  l'ellipse  absolue,  ainsi  que  la  valeur  de 
l'excentricité,  qui  est  de  o,366.  Le  passage  au  périhélie  vrai  aura  lieu  en 
1876,1,  à  3i5  degrés;  le  dernier  a  eu  lieu  en  i8i5,5.  L'aphélie  vraie  tombe 
en  1845,8,  à  i35  degrés;  ce  point  ne  s'accorde  pas  avec  l'observation 
de  1846,4  de  O.  Struve;  mais  il  est  impossible  de  diminuer  la  période  ni 
de  déplacer  le  périhélie. 

))  L'examen  des  positions  antérieures  à  182 1,  comparées  aux  observa- 
tions contemporaines,  pourrait  faire  supposer  que  l'orbite  n'est  pas  une 
section  conique,  résultat  presque  inadmissible,  ou  pour  le  moins  extraor- 
dinaire. On  croit  remarquer  un  mouvement  en  spirale;  une  distance  esti- 
mée en  1 782  par  W.  Ilerschel  est  de  quatre  secondes  à  1 43  degrés;  une  autre 
estimée  en  iSi(),  par  W.  Struve,  est  de  2" 56  à  284  degrés;  on  en  trouve 
même  une,  en  1823,  de  sir  John  Herschel  et  South,  de  2",  81  à  258  deo-rés. 
Il  paraît  plus  sûr  de  rejeter  ces  divergences  siu-  des  erreurs  d'observation 
plutôt  que  d'imaginer  une  chute  en  spirale  ou  des  perturbations.  Aussi 
m'en  suis-je  tenu  à  l'ellipse,  qui  est  parfaitement  déterminée  par  la  série 
des  observations  modernes. 

H   Pour  rendre  évidents  et  bien  distincts  les  lieux  des  positions  observées 
j'ai   représenté  les  deux   étoiles   composantes   par  de   très-petits   cercles. 
Optiquement,  ces  étoiles  offrent  un  diamètre  sensible,  que  l'on  peut  estimer 


(  >237  ) 
à  6,  7  et  8  dixièmes  de  seconde,  suivant  les  instruments  employés.  Il  en 
résulte  que  dans  leur  plus  grande  proximité,  comme  c'est  le  cas  actuel,  les 
deux  disques  apparents  semblent  non-seulement  se  loucher,  mais  même 
pénétrer  l'un  dans  l'autre.  Conserver  ces  diamètres  optiques  eût  été  impos- 
sible. En  réalité,  d'ailleurs,  la  distance  qui  nous  sépare  de  ces  lointains 
soleils  est  telle,  qu'ils  se  réduisent  pour  nous  à  des  points  mathématiques. 
»  Voici  maintenant  le  relevé  des  observations  dont  je  me  suis  servi  : 


Angles 

Angles 

Dates. 

de  position. 

Distances. 

OIjs. 

Dates. 

de  position. 

Distances. 

Obs. 

1821,78. 

0 

..    264,70 

l",92 

W.-S. 

l856,l8... 

.       Iii°,88 

3,12 

J. 

1826,20. 

...    238,75 

1,75 

« 

i856,26... 

1 1 3 , 89 

3,i3 

S. 

1827,27. 

. ..    228,27 

1,72 

» 

i856,82... 

.      110,91 

3>99 

F. 

1829,35. 

..    213,59 

1,67 

« 

1857, 36... 

•     109,74 

3,11 

S. 

i83i,44. 

. ..    203,82 

''7> 

» 

i858,o.... 

.     108, i5 

2,90 

F. 

i832,4i. 

..    195,94 

1 ,75 

i863,23... 

96,66 

2,56 

D. 

1833,84. 

. ..    188,42 

1,76 

» 

1864,20.. . 

95>42 

2,57 

E. 

1834,40. 

...    184,10 

1,87 

)) 

1864,83... 

•       9'.96 

2,23 

D. 

i835,4i. 

...    180,18 

1,76 

» 

i865,i2... 

91,42 

2,44 

E. 

i836,44. 

..    171,20 

',97 

» 

i865,5i... 

.      89,88 

2,53 

S. 

1837, 47- 

i65,32 

■,93 

)t 

i866,3o... 

.       86.76 

2,06 

D. 

1 838, 43. 

160,40 

2,26 

» 

1866, 3i... 

.       86,55 

2,26 

S. 

1840,25. 

.  .  .         l52,2 

2,08 

K. 

1867,31  ... 

82,22 

1,90 

D. 

i84i,4o. 

.  .  .         l52,0 

2,28 

0.  S. 

1868, 3o... 

•       77>5o 

>,74 

» 

1842,50. 

...   145,. 

2,37 

R. 

1870,24.,. 

•       57,74 

i»39 

a 

1843,60. 

.  ..         l40,2 

2,55 

K. 

1871 ,22.. . 

•       47,70 

1 ,20 

'• 

1844,79. 

...      i4o,8 

2,53 

0.  S. 

1872,09.. . 

29,69 

1,0 

K. 

1846, 36. 

...      i38,7 

2,62 

.. 

1872,35.. . 

'9!7o 

1,18 

w. 

1847,41. 

...      i3i,8 

2,70 

M 

1872,48... 

.       i5,43 

0,98 

S. 

.848,41. 

...      128,7 

2,75 

» 

1873,22.. . 

3,93 

0,90 

w. 

1 856,0.. 

1 13, 1 1 

3,17 

D. 

1873,27... 

0,0 

0,90 

F,. 

(  w.-s.  = 

William  Strtive;     O.-S 

=  Ollo 

Sliiive;     K. 

=::  Kaiser  ; 

D.  =  Dembowski 

J.=:  Jacob;     S.=  Secchi;      E.=  EngeIman;      K.=  Knott;     W.  =  Wilson;     e.  =  Erck.) 

»  Ce  système  stellaire  de  ^  de  la  Grande  Ourse  est  un  de  ceux  qui  réu- 
nissent le  plus  grand  nombre  d'observations.  Sa  période  de  révolution, 
conclue  d'après  l'ensemble  des  angles  de  position  mesurés,  et  principale- 
ment d'après  les  comparaisons  des  mouvements  moyens  des  époques 
1782-1842  et  r8o2-i863,  est  de  60*, 60,  ou  environ  60  ans  7  mois.  C'est 
l'une  des  plus  courtes;  il  n'y  a  que  trois  étoiles  doubles  connues  dont  la 
l'évolution  soit  plus  rapide,  ce  sont  :  i"  l'étoile  4'^  de  la  Chevelure  de 
Bérénice;  2°  'Ç  d'Hercule;  et  3°-/]  de  la  Couronne  boréale,  dont  les  périodes 
sont  respectivement  de  25'',  5,  34'', 6  et  4i*)4-  Je  nie  propose  de  présenter 
prochainement  à  l'Académie  un  travail  relatif  à  ces  étoiles.   » 


[  1238  ) 

PHYSIQDE.  —  Sur  la  décharge  des  conducteurs  éleclrisés.  Note  de 
M.  J.  MouTiER,  présentée  par  M.  II.  Sainle-Claire  Deville. 

«  L'équilibre  de  l'électricité  à  la  surface  d'un  système  de  corps  conduc- 
teurs résulte,  connue  l'a  nionlré  Poisson,  de  la  condition  suivante  :  La  ré- 
sultante des  actions  exercées  par  les  diverses  couches  électriques  surtout 
point  pris  à  l'intérieur  des  conducteurs  doit  être  nulle.  Si  l'on  désigne 
par  m  l'une  des  masses  électriques,  affectée  d'un  signe  suivant  sa  nature, 
par  /■  sa  distance  à  un  point  situé  à  l'intérieur  d'un  conducteur,  la  fonc- 
tion 

doit  alors  avoir  une  valeur  constante  pour  tous  les  points  situés  à  l'inté- 
rieur d'un  même  conducteur.  La  fonction  V,  introduite  par  Lajjlace  dans 
l'Analyse,  a  été  désignée  par  Green  sous  le  nom  de  fonclion  potentielle. 

M   Si  l'on  désigne  par  m  et  m'  deux   masses  électriques  de  même  nom, 
situées  à  une  distance  r,  chacune  des  masses  est  repoussée  par  une  force 

égale  à  -^-;    si  la  distance  des  masses   électriques  devient   r -\- dr,   la 

somme  des  travaux  élémentaires  des  forces  répulsives  est 


mm'    ,  ,  (  inm'\ 


La  somme  des  travaux  élémentaires  de  toutes  les  forces  répulsives  est  donc 
égale  à  l'accroissement  de  la  fonction 

où  la  somme  est  étendue  à  toutes  les  masses  électriques,  en  supposant 
chacune  d'elles  affectée  d'un  signe.  La  fonction  W  est  désignée,  d'après 
une  notation  empruntée  à  Gauss,  sous  le  nom  de  potentiel  de  l'électricité. 

»  Les  travaux  de  MM.  Helmholtz  et  Clausius  ont  particulièrement  ap- 
pelé l'attention  sur  cette  fonction,  qui  joue  un  rôle  considérable  dans  le 
phénomène  de  la  décharge  électrique  :  l'accroissement  du  potentiel  repré- 
sente, en  effet,  le  travail  effectué  dans  la  décharge  électrique.  M.  Clausius 
a  montré  que  le  potentiel  peut  s'exprimer  facilement  au  moyen  des  charges 
et  des  fonctions  potentielles  n^latives  à  chaque  conducteur;  si  l'on  appelle 
V  la  fonction  potentielle  sur  un  conducteur,  Q  sa  charge, 


(  '239  ) 
Si  l'on  appelle  Vo,  Q„  les  valeurs  initiales,  V,,  Q,  les  valeurs  finales  rela- 
tives à  un  conducteur, 

mesure  le  travail  effectué  dans  la  décharge  partielle  du  système  de  con- 
ducteurs, et,  lorsque  les  conducteurs  sont  ramenés  à  l'état  neutre,  le  tra- 
vail de  la  décharge  complète  est 

»  L'équivalent  mécanique  de  la  décharge  est  indépendant  de  la  manière 
dont  la  décharge  s'effectue;  il  ne  dépend  que  des  valeurs  initiale  et  finale 
du  potentiel,  de  sorte  cpie  la  somme  des  effets  de  la  décharge  électrique 
reste  la  même,  quelle  que  soit  la  nature  de  la  décharge. 

»  M.  Helmholtz  a  déjà  évalué  la  force  vive  gagnée  par  l'électricité  en 
passant  de  la  surface  d'un  conducteur  à  une  distance  infinie  ;  mais  il  a  con- 
sidéré le  potentiel  de  l'électricité  d'un  conducteur  comme  une  quantité 
constante,  tandis  qu'en  réalité  le  potentiel  diminue  sur  le  conducteur  pro- 
portionnellement à  la  charge;  cette  diminution  a  pour  effet  de  modifier 
l'expression  du  travail  qui  se  produit  dans  la  décharge  par  l'air. 

»  Considérons  un  corps  conducteur  électrisé  ayant  une  charge  q,  et 
supposons  qu'une  quantité  d'électricité  c/r/  s'échappe  du  corps  électrisé  et 
disparaisse  dans  l'air.  Lorsque  cette  électricité  dq  passe  d'une  surface  de 
niveau,  où  la  fonction  potentielle  a  une  valeur  V,  à  la  surface  de  niveau 
infiniment  voisine,  où  la  fonction  potentielle  a  la  valeur  V  +  c/V,  en  dési- 
gnant par  dn  la  portion  infiniment  petite  de  normale  comprise  entre  les 
deux  surfaces  au  point  considéré,  la  force  répulsive  qui  s'exerce  sur  dq  est 

—  '—  (fq.   Le  travail  élémentaire  de  la  répulsion,  en  passant  d'une  surface 

de  niveau  à  la  surface  infiniment  voisine,  est  —  dY dq.  Par  suite,  lorsque 
la  quantité  d'électricité  dq  s'éloigne  à  l'infini,  le  travail  correspondant  a 
pour  valeur  Y'dq,  si  l'on  appelle  V  la  fonction  potentielle  à  la  surface  du 
conducteur  ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  à  l'intérieur  de  ce  conducteur  : 
celte  expression  a  été  déjà  donnée  par  M.  Helmholtz. 

»  iMaiSjà  mesure  que  la  déperdition  de  l'électricité  s'effectue,  la  charge 
diminue  sur  le  conducteur;  il  en  est  de  même  de  la  fonction  potentielle. 
La  fonction  potentielle  V  est  proportionnelle  à  la  charge  ç  du  conducteur; 
on  peut  poser  V'  =  acj,  a  étant  une  constante  particulière  au  conducteur. 
Le  travail  nécessaire  pour  repousser  à  l'uifini  la  quantité  d'électricité  rf/ 
est  aqdq.   Par  conséquent,  si  l'on  appelle  r/„  la  charge  initiale  du  condiic- 


(     I2/|0    ) 

leur,  le  travail  nécessaire  pour  repousser  à  l'infini  toute  l'électricité  du 
COI  |)s  a  |)our  expression 


en  appelant  Vo  la  valeur  initiale  de  la  fonction  potentielle  sur  le  conduc- 
teur. 

»  Ainsi  le  travail  consommé  par  la  répulsion  à  l'infini  de  toute  l'électri- 
cité du  corps  est  égal  au  potentiel  de  l'électricité,  ou,  en  d'autres  termes, 
l'équivalent  mécanique  de  la  décharge  extérieure  est  égal  au  potentiel  de 
l'électricité.  Le  résultat  est  évidemment  le  même  pour  un  système  de  con- 
ducteurs électrisés. 

»  La  valeur  de  T  est  indépendante  du  chemin  suivi  par  l'électricité  qui 
s'échappe  des  conducteurs;  il  est  aisé  de  reconnaître  que  cette  valeur  reste 
également  la  même  lorsque  deux  quantités  égales  d'électricités  contraires 
se  rencontrent  sur  leur  trajet  et  se  recomposent. 

»  Supposons,  en  effet,  que  deux  quantités  d'électricité  +  m  et  —  m  se 
recomposent  en  un  point  M  pour  former  de  l'électricité  neutre;  soit  V  la 
fonction  potentielle  en  ce  point.  Supposons  qu'au  point  M  l'électricité  +in 

soit  repoussée  par  la  force  —in~;  la  portion  du  travail  T  nécessaire  pour 

éloigner  -hm  à  l'infini,  en  partant  du  point  M,  est  Y  m.  La  quantité  —  /«, 
ail  contraire,  placée  au  point  M,  est  attirée;  la  force  attractive  a  la  même 
valeur  que  la  force  répulsive,  et  lorsque  —  }?i  s'éloigne  de  M  jusqu'à  l'in- 
fini, le  travail  correspondant  est  égal  au  précédent  et  désigne  contraire.  La 
valeur  de  T  reste  par  conséquent  la  même,  soit  que  les  deux  électricités 
s'éloignent  à  l'infini,  soit  que  la  recomposition  ait  lieu  en  un  point  quel- 
conque :  il  en  est  nécessairement  de  même  si  la  recomposition  se  produit 
sur  un  conducteur. 

»  C'est  le  cas  qui  se  présente,  par  exemple,  dans  la  décharge  d'une  hou- 
leille  de  Leyde.  Considérons  une  bouteille  spliérique:  appelons  /•  le  rayon 
de  la  sphère  qui  forme  l'armature  intérieure,  e  l'épaisseur  du  verre.  Si  l'on 
désigne  par  q  la  charge  de  l'armature  intérieure  à  un  instant  donné,  par  dq 
la  (juantité  d'électricité  repoussée  de  l'armature  intérieure  sur  l'armature 
extérieure,  lorsque  ces  ûeux  armatures  sont  réunies  parmi  conducteur,  le 
travail  elfeclué  dans  la  répulsion  de  la  quantité  d'électricité  clq  e&l 


fr''-^"'--{^-^)r':. 


(     '24.     ) 

»  Le  travail  Je  répulsion  qui  correspond  à  la  quantité  d'électricité  q^ 
primitivement  contenue  sur  l'armature  intérieure  ,est 


T=(i--i-)    r°qdq  =  l(-'^--±-\ 


70. 


»  Le  facteur  contenu  dans  la  parenthèse  représente  la  fonction  poten- 
tielle sur  l'armature  intérieure;  on  retrouve  ainsi,  dans  le  cas  particulier 
de  la  bouteille  de  Leyde,  l'expression  du  potentiel  de  l'électricité. 

»  M,  Helmlioltz  a  appliqué  le  premier  la  théorie  du  potentiel  à  la  dé- 
charge de  la  bouteille  de  Leyde;  ses  recherches  ont  été  complétées  par 
M.  Clausius  (i),  et  l'on  peut  regarder  aujourd'hui  la  théorie  des  expériences 
de  M.  Riess  comme  très-satisfaisante.  Il  reste  toutefois  à  rechercher  com- 
ment la  décharge  peut  se  produire,  indépendamment  de  la  valeur  de  son 
équivalent  mécanique.  M.  Helmholtz,  après  avoir  expliqué  la  chaleur  dé- 
gagée dans  les  expériences  de  M.  Riess,  ajoute  : 

"  Cette  loi  se  comprend  facilemeni  pourvu  que  /a  décharge  d'une  batterie  ne  soit  pas 
représentée  comme  un  simple  mouvement  de  l'électricité  dans  une  direction,  mais  comme  une 
SÉRIE  d'oscillations  kntre  LES  DEUX  ARMATURES,  oscillatious  qul  deviennent  toujours  plus 
petites,  jusqu'à  ce  que  la  force  vive  soit  éteinte  par  l'ensemble  des  résistances  (2).   >< 

»  On  vient  de  voir  que  la  décharge  peut  être  représentée  par  un  mou- 
vement de  l'électricité  dirigé  d'une  armature  vers  l'autre. 

»  On  peut  déduire  de  ce  qui  précède  la  démonstration  d'un  théorème 
établi  par  Gauss  dans  le  cas  d'iui  conducteiu'  unique,  et  généralisé  ensuite 
par  M.  Liouville  pour  un  système  de  conducteurs:  Lorsque  des  conduc- 
teurs renferment  respectivement  des  quantités  égales  des  deux  fluides,  tous 
ces  conducteurs  sont  à  l'état  neutre.  En  effet,  dans  ce  cas,  le  potentiel  est 
nul;  par  conséquent  la  décharge  extérieure  du  système  de  conducteurs  ne 
peut  donner  lieu  à  aucun  travail.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'étal  variable  des  courants  voltaïques. 
Réponse  à  M.  Cazin;  par  M.  P.  Blaserna. 

a  Dans  un  Mémoire  assez  étendu  sur  les  courants  induits  et  les  extra- 
courants, publié  en  18'yo  (3),  j'ai  examiné,  entre  autres  questions,  celle  de 

(i)    Théorie  Mécanique  de  la  chaleur,  traduite  par  M.  F.  Folie,  t.  II,  p.  45- 

(2)  Mémoire  sur  la  conservation  de  la  force,  traduit  par  L.  Pérard,  p.   lO'j. 

(3)  SuUo  sviluppo  e  la  durata  délie  correnti  d'induzione  e  délie  estracorrenti  [Giornale  di 
Scienze  naturali  ed  economiche,  vol.  VI,  Palermo). 

G.  R.,  1873,  i'  Semestre,  (T.  LXXVII,  N»  21.)  '  60 


{     1242    ) 

savoir  comment  l'intensité  d'un  courant  constant  varie  dans  les  premiers 
instants  après  sa  fermeture.  On  sait  que,  jusqu'alors,  on  avait  diverses 
théories,  entre  autres  celles  de  M.  Helmholtz  et  de  Ohm,  qui  s'accordaient 
à  dire  que  l'intensité  croît  depuis  zéro  jusqu'à  sa  valeur  normale,  sans  os- 
cillalions  :  suivant  nne  courbe  exponentielle,  d'après  M.  Helmholtz;  suivant 
une  courbe  plus  compliquée,  avec  un  point  d'inflexion,  d'après  Ohm. 

»  Ma  méthode  consistait  essentiellement  à  mesurer  l'effet  produit  sur  un 
galvanomètre  par  le  courant,  depuis  la  fermeture  jusqu'à  un  certain  temps, 
toujours  très-court,  que  je  faisais  varier  à  volonté,  et  dont  je  mesurais  la 

durée  avec  une  grande  précision.  L'effet  galvanoiuétrique  /    idt,  i  étant 

l'intensité  variable  et  t  le  temps,  est  représenté  graphiquement  par  une 
aire,  dont  le  temps  est  l'abscisse,  et  l'intensité  l'ordonnée.  L'expérience  me 
fournissait  donc  les  aires  et  les  abscisses  correspondantes,  et  il  était  facile 
alors  de  calculer,  avec  toute  la  précision  désirable,  les  ordonnées,  c'est- 
à-dire  les  intensités. 

»  Après  de  longues  recherches,  je  suis  arrivé  ainsi  à  cette  conclusion, 
que  l'état  variable  des  courants  est  formé  d'une  série  d'oscillations,  les- 
quelles sont  très-prononcées  quand  le  circuit  contient  de  fortes  spirales, 
capables  de  produire  un  extra-courant  énergique,  et  deviennent  presque 
insensibles  dans  les  circuits  aussi  reclilignes  que  possible. 

»  Or,  dans  le  Compte  rendu  du  i4  juillet  (t.  LXXVIl,  p.  120),  M.  Cazin 
a  présenté  quelques  objections,  qui  tendent  à  infirmer  les  conclusions  de 
mon  travail.  Voici  comment  il  s'exprime  : 

c  ...  En  effet,  si  l'on  admet  que  l'intensité  /  à  l'époque  t  soit  fonction  du  temps  seul,  et 
qu'il  u'y  ait  pas  d'effet  appréciable  à  l'ouverture  du  circuit,  l'intensité  moyenne  du  courant 

interrompu  donne  la  mesure  de  I     idt,  et  il  est  théoriquement  possible  de  calculer  ;  d'après 

Jo 
cette  intégrale.  Cette  méthode  ne  me  paraît  pas  susceptible  de  précision;  mais  la  complexité 
de  la  fonction  (  est  une  objection  plus  importante.  La  conclusion  du  savant  italien,  à  savoir 
que  l'intensité  est  alternativement  croissante  pendant  la  période  variable  de  la  fermeture, 
n'est  donc  pas  rigoureusement  fondée  sur  les  faits  observés.  » 

))  Je  demande  à  l'Acadéiuie  la  permission  de  répondre  à  ces  objections. 

»  1°  Il  n'est  pas  nécessaire  que  l'intensité  i  soit  fonction  du  temps  seul  ; 
il  suffit  que  le  temps  seul  varie,  toutes  les  autres  circonstances  étant  rigou- 
reusement coHStantes.  Or  c'est  ce  qui  est  réalisé  dans  chaque  série  de  mes 
expériences,  de  sorte  que  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé,  pour  chaque 
série,  sont  mathématiquement  exacts.  Personne  ne  nie  que  /  dépende  aussi 
d'autres  circonstances,  et  c'est  jjour  cela  que  j'ai  fait  de  nombreuses  séries 


(  1243  ) 
d  expériences,  pourvoir  comment  les  courbes  varient  dans  les  différents  cas. 

»  1°  Dans  ma  méthode,  il  ne  s'agit  jamais  d'intensités  moyennes,  mais 
toujours  d'aires,  mesurées  directement  par  le  galvanomètre.  Les  abscisses 
à  partir  de  zéro  étaient  également  mesurées  d'une  manière  directe,  et  les 
ordonnées  étaient  ensuite  calculées  sans  hypothèse  :  c'est  une  simple  ques- 
tion de  calcul. 

»  3°  J'ai  démontré,  dans  mon  Mémoire,  qu'à  l'ouverture  du  circuit  il  n'y 
avait  pas  d'effet  appréciable  produit  par  l'étincelle  d'ouverture,  de  sorte 
que,  en  négligeant  cet  effet,  ou  commettait  une  erreur  inférieure  à  la  limite 
des  erreurs  d'observations. 

»  4"  J'ai  donc  le  droit  d'insister  sur  mes  conclusions.  Les  oscillations 
fin  courant  existent  et  sont  très-prononcées,  notamment  les  premières. 
Dans  mon  Mémoire,  j'ai  examiné,  avec  beaucoup  de  détails,  le  degré  de 
précision  de  mon  procédé  expérimental.  Pour  nier  l'existence  des  oscilla- 
tions, il  faudrait  fausser  les  déviations  du  galvanomètre  de  3,  5  et  même 
lo  degrés;  d'où  l'on  voit  qu'il  ne  s'agit  pas  de  petites  quantités,  sur  les- 
quelles il  pourrait  y  avoir  du  doute. 

))  Je  suppose  que  M.  Cazin  n'a  pas  eu  l'occasion  de  lire  mon  Mémoire 
même,  et  qu'il  le  connaît  seulement  par  le  résumé  qu'en  a  fait  M.  Bertin, 
dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XXII,  résumé  fait  avec  une 
grande  clarté,  mais  naturellement  un  peu  bref.  Évidemment  M.  Cazin  s'est 
préoccupé  de  ce  que  ses  propres  expériences  ne  sont  pas  d'accord  avec  les 
miennes,  attendu  que  sa  courbe  contient  seulement  un  maximum,  au  lieu  de 
véritables  oscillations. 

»  Mais  je  ferai  observer  qu'il  fermait  d'abord  le  circuit;  puis,  après  un 
certain  temps,  qu'il  faisait  varier  à  volonté,  il  appliquait  au  circuit  une  dé- 
rivation, pour  un  temps  déterminé  et  toujours  le  même,  et  il  observait  un 
galvanomètre  placé  dans  cette  dérivation.  Dans  mes  expériences,  au  contraire, 
j'ai  examiné  directement  le  circuit  principal,  sons  aucune  dérivation.  On  com- 
prend facilement  que  les  conditions  sont  bien  différentes. 

»  Je  me  suis  également  occupé,  dans  mon  Mémoire,  d'une  manière  in- 
cidente, du  cas  des  courants  dérivés.  Voici  l'une  des  conclusions,  que  je 
traduis  (p.  102)  : 

«  Naturellement,  le  courant  dérivé  est  différent  du  courant  simple.  Il  lui  ressemble  seu- 
lement en  ceci,  qu'il  présente  aussi  de  vraies  oscillations,  avant  d'arriver  à  sa  valeur  nor- 
male; mais  la  forme  des  oscillations  est  différente.  » 

»  Ainsi  donc,  même  pour  les  conditions  où  il  se  plaçait,  M.  Cazin  aurait 
dû  trouver  des  oscillations,  si  son  procédé  était  suffisamment  précis;  mais 

160.. 


(  1244  ) 
mes  expéi'iences  expliquent  aussi  pourquoi  il  ne  les  a  pas  trouvées.  La 
durée,  toujours  la  même,  de  son  contact,  qui  fermait  le  courant  dérivé, 
était,  d'après  ses  indications,  de  -rahiii  ^'"^  seconde.  Or  le  temps,  pour  une 
oscillation  complète,  varie,  d'après  mes  expériences,  suivant  les  cas,  de  i-g-f^Tj 
à  TooiTô  ^^  seconde.  Il  s'ensuit  que  la  durée  de  son  contact  embrassait  une 
et  peut-être  deux  oscillations  complètes;  il  ne  pouvait  évidemment  pas 
les  constater.  Pour  les  mesurer,  j'ai  été  obligé  d'aller  jusqu'à  -^  ^ ^'^ ^ ^,  et 
même  au  delà.  Tous  les  temps  que  M.  Cazin  mesure  sont  beaucoup  trop 
longs,  et  sa  courbe  représente  une  somme  algébrique  dans  un  pliénomène 
probablement  très-compliqué. 

»  J'extrais  de  mon  Mémoire  (p.  loa)  les  valeurs  de  la  courbe  d'un  cou- 
rant dérivé,  que  j'ai  examiné;  les  temps  sont  exprimés  en  ^ t, ^/^ ^ ^  de  se- 
conde, les  intensités  sont  évaluées  en  unité  arbitraire  : 


t 

i 

t              i 

t 

i 

t 

i 

t 

i 

0 

0 

65        i56o 

77.5 

840 

90 

3,5720 

ti5 

4920 

3o 

260 

67,5  6440 

80 

2o4o 

95 

17280 

120 

4920 

4o 

540 

70   6760 

82,5 

484o 

100 

8960 

i3o 

6000 

5o 

660 

72,5  5240 

85 

7720 

io5 

6440 

i4o 

6700 

60 

840 

75    1160 

87,5 

16280 

IIO 

536o 

180 

6700 

»  Cette  courbe  contient  deux  oscillations  énergiques,  dont  les  maxima 
sont  pour  t  =  0,00070  et  ^  =  0,00090.  Or,  si  mon  appareil  ne  m'avait 
permis  que  de  mesurer  yt^,-^  de  seconde,  comme  dans  le  procédé  de 
M.  Cazin,  on  peut  voir,  par  le  calcul,  ce  que  j'aurais  dû  trouver.  11  suffit, 
pour  cela,  de  prendre  les  aires  correspondantes  de  4  en  4  dix  millièmes  de 
seconde.  Ces  aires  représentent,  dans  ce  procédé,  les  intensités  moyennes 
de  M.  Cazin.  En  les  rapportant  alors  aux  temps  moyens,  on  trouve  facile- 
ment les  valeurs  suivantes  de  l'intensité,  multipliée  par  100, 

;=: 0,0002  6  10  14 

'  =  8,0  76,1  4o3,2  246,8 

»  On  voit  que,  au  lieu  des  deux  oscillations  complètes,  il  n'y  a  qu'un 
maximum  pour  (  =  0,0010,  précisément  comme  dans  l'expérience  citée  par 
M.  Cazin.  C'est  donc  bien  le  phénomène  décrit  par  lui.  Il  faut  en  conclure 
qu'il  suffit  de  rendre  ma  méthode  i5  ou  20  fois  moins  précise,  pour  re- 
trouver les  phénomènes  que  M.  Cazin  croit  avoir  découverts.  La  courbe 
ci-dessus  tombe,  après  son  maximum,  plus  vite  que  celle  de  M.  Cazin-  d'où 
il  suit  que,  probablement,  dans  les  conditions  particulières  où  il  s'était  placé, 
il  y  avait  encore  bon  nombre  d'oscillations  assez  prononcées.  » 


(  ia45  ) 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Application  du  phospltate  d'ammoniaque  et  de  la 
baryte  à  l'épuration  des  produits  sucrés.  Note  de  M.  P.  Lagranue,  pré- 
sentée par  M.  Peligot. 

«  Les  méthodes  d'épuration  actuellement  employées  dans  l'industrie  su- 
crière  reposent  presque  toutes  sur  l'action  de  la  chauxetl'éliminalion  de  cet 
alcali  par  l'acide  carbonique.  Elles  laissent  subsister  dans  les  produits  sucrés 
une  certaine  proportion  de  matières  organiques  et  de  sels  minéraux,  qui 
s'opposent,  dans  une  certaine  mesure,  à  la  cristallisation  du  sucre.  Or  il 
est  un  fait  acquis  à  la  science,  c'est  que  ces  corps  sont  la  cause  de  la 
t'orinalion  des  mélasses  et  de  l'entraînement  du  sucre  dans  ces  résidus. 

»  Le  procédé  dont  j'ai  l'honneur  de  faire  part  à  l'Académie  repose  sur 
l'élimination  des  sels  organiques  de  chaux,  de  certains  acides  végétaux 
combinés  à  la  potasse  et  à  la  soude,  et  des  sulfates  alcalins  existant  dans 
les  produits  sucrés,  en  combinant  l'action  de  la  baryte  et  du  phosphate 
d'ammoniaque. 

»  Dans  le  travail  des  sirops,  il  y  a  un  principe  qu'on  doit  rigoureuse- 
ment observer,  si  l'on  ne  veut  pas  transformer  le  sucre  cristallisable  en  glu- 
cose :  c'est  le  principe  de  l'alcalinité. 

»  Or  tous  les  sirops  et  les  sucres  ne  sont  maintenus  alcalins,  jusqu'à  pré- 
sent, que  par  la  chaux.  Cette  chaux,  mise  dès  le  début  du  travail  de  la  canne 
ou  de  la  betterave,  n'est  pas  seulement  à  l'état  soluble  dans  les  produits  su- 
crés :  elle  se  combine  aussi  à  des  acides  végétaux  pour  former  des  sels  orga- 
niques de  chaux  solubles,  très-stables.  Ces  sels  de  chaux  sont  indécompo- 
sables par  l'acide  carbonique,  tandis  que  la  chaux,  dissoute  à  la  faveur  du 
sucre,  est  éliminée  par  ce  gaz. 

»  Ces  sels  organiques  de  chaux,  qui  résistent  à  l'action  de  l'acide  carbo- 
nique, donnent  de  très-grandes  difficultés  dans  le  travail  des  sucres,  aussi 
bien  en  sucrerie  qu'en  raffinerie.  Ils  nuisent  beaucoup  aux  cuites,  qu'ils 
rendent  lourdes  et  quelquefois  immobiles,  donnent  de  mauvaises  cristalli- 
sations et  de  longs  turbinages,  et  comme  conséquence  de  mauvais  rende- 
ments. Le  noir  seul,  dans  la  proportion  où  il  est  employé,  ne  suffit  pas  à 
l'absorption  de  ces  sels. 

»  J'utilise  avec  succès  le  phosphate  basique  d'ammoniaque  pour  la 
décomposition  de  ces  sels  de  chaux;  il  se  forme,  dans  cette  réaction,  du 
phosphate  de  chaux,  et  l'ammoniaque  est  mise  en  liberté. 

))  Les  jus  et  sirops,  ne  contenant  plus  de  chaux  par  suite  de  son  élimina- 
tion par  le  phosphate  d'ammoniaque,  ne  tarderaient  pas,  par  la  prompte 


(  12/16  ) 
évaporation  de  l'ammoiiiaqtie,  à  devenir  neutres,  puis  ensuite  acides. 
C'est  alors  que  j'ai  recours  à  la  l)aryte  ou  au  sacrale  de  baryte  obtenu 
préalablement  avec  les  mélasses  ou  avec  les  sirops,  pour  compléter  l'épu- 
ration des  produits  sucrés.  La  baryte  possède  une  double  action  :  elle  dé- 
compose les  sulfates  alcalins  en  formant  du  sulfate  de  baryte,  ainsi  que 
plusieurs  sels  organiques  à  base  de  potasse  et  de  soude,  et  elle  donne  nais- 
sance à  des  composés  insolubles  dans  un  milieu  alcalin.  Or  celte  mise  en 
liberté  de  la  potasse  et  de  la  soude,  non-seulement  favorise  cette  insolu- 
bilité des  sels  organiques  de  baryte,  mais  encore  sert  à  l'entretien  de  l'alca- 
linité des  sirops  privés  de  chaux,  dans  toute  la  série  du  travail  industriel 
jusfju'aux  mélasses,  dernier  terme  de  leur  épuisement. 

»  Le  problème  industriel  que  j'ai  résolu,  en  appliquant  au  travail  de  la 
sucrerie  et  de  la  raffinerie  le  phosphate  d'ammoniaque  et  la  baryte,  est  de 
pouvoir,  sans  chaux  et  sans  sels  de  chaux,  tout  en  éliminant  des  sels  miné- 
raux et  des  matières  organiques,  travailler  les  produits  sucrés,  eu  obser- 
vant les  meilleures  conditions  d'alcalinité,  sans  former  du  glucose  aux 
dépens  du  sucre  cristallisable.  L'application  de  ce  procédé  sera  surtout 
d'un  grand  secours  pour  les  fabriques  de  sucre  de  canne,  dans  lesquelles 
les  sels  de  chaux  et  la  formation  si  facile  du  glucose  donnent  de  si  sérieuses 
difficultés  et  de  si  grandes  pertes. 

»  En  sucrerie,  c'est  ordinairement  sur  les  sirops  à  20  degrés  Baume  que 
se  fait  l'épuration,  sirops  qui  ont  déjà  subi  généralement  le  traitement 
calco-carbonique.  Les  produits  étant  amenés  dans  une  chaudière  à  ser- 
pentins ou  à  double  fond,  on  y  introduit  le  phosphate  d'ammoniaque 
dans  la  proportion  de  la  chaux  dont  la  quantité  a  été  déterminée  par 
l'analyse  hydrotiniétrique,  de  façon  à  ne  laisser  dans  les  sirops  qu'un 
millième  de  chaux  absorbable  par  le  noir;  puis  on  ajoute  la  baryte  dans 
la  proportion  des  sulfates  et  des  matières  organiques,  de  façon  à  ne  laisser 
dans  les  sirops  qu'un  centième  des  matières  précipi labiés  encore  par  la 
baryte;  on  porte  à  l'ébuUition  et  l'on  envoie  le  mélange  sur  des  filtres 
Taylor.  Le  sirop  épuré  sortant  de  ces  filtres  est  dirigé  sur  le  noir  en  grain, 
après  avoir  laissé  dans  les  poches  un  précipité  qui  constitue  un  engrais 
précieux. 

»  En  raffinerie,  l'épuration  se  fait  à  la  chaudière  à  fondre  le  sucre  brut. 
On  supprime  le  noir  fin  et  le  sang,  dont  l'emploi  entraîne  avec  lui  de 
graves  conséquences,  au  point  de  vue  des  fermentations  qu'il  développe 
si  facilement,  et  l'on  y  substitue  le  phosphate  d'ammoniaque,  préalablement 
dissous,  dans  la  proportion  de  la  chaux,  en  ne  laissant  qu'un  centième  de 


(   «^7  ) 
cet  alcali,   que  le  noir  absorbe   totalement;  puis  une   solution  de  baryte 
dans  la  proportion  des  sulfates  alcalins  et  des  matières  organiques  contenus 
dans  les  sucres,  de  façon  à  y  laisser  la  quantité  d'alcali  nécessaire  au  facile 
maintien  de  l'alcalinité  jusqu'aux  mélasses. 

»  Pour  obtenir  le  maximum  de  rendement,  les  expériences  industrielles 
m'ont  démontré  que,  pour  une  moyenne  de  sucre  titrant  88  degrés,  la  pro- 
portion de  pbosphale  d'ammoniaque  cristallisé  par  looo  kilogrammes  de 
sucre  est  de  800  grammes,  et  celle  de  la  baryte,  pour  le  même  poids  de 
sucre,  de  3  kilogrammes,  en  se  servant  de  l'hydrate  à  10  équivalents  d'eau. 

»  Le  mélange,  après  la  fonte,  est  porté  à  l'ébullition;  à  celte  température, 
le  précipité  se  gonfle,  et  il  se  fait,  en  même  temps  qu'une  véritable  épura- 
tion chimique,  une  clarification  comparable  à  celle  qui  était  obtenue  avec 
l'albumine  du  sang.  Les  sirops  sont  envoyés  sur  des  filtres  Taylor;  ils 
passent  sur  le  noir  en  grain  et  ils  suivent  ensuite  la  série  des  opérations 
ordinaires.  Le  précipité  restant  dans  les  poches  est,  après  lavage,  passé 
aux  filtres-presses;  les  tourteaux  fournis  par  ces  filtres  constituent  un 
excellent  engrais. 

»  Le  travail  des  cuites,  les  cristallisations  et  les  turbinages  s'accomplis- 
sent avec  la  plus  grande  régularité  et  dans  les  meilleures  conditions.  Le 
résultat  de  l'application  de  ces  deux  corps  se  traduit  par  une  augmentation 
de  rendement  qui,  d'après  M,  Guillon,  l'habile  raffineur  lequel  a  fait,  le 
premier,  dans  son  usine,  l'application  de  ce  procédé,  s'élève  notablement 
au-dessus  du  rendement  habituel. 

»  Les  sulfates  alcalins  et  terreux,  notamment  le  sulfate  de  chaux, 
n'existent  pas  ou  n'existent  qu'en  très-petite  quantité  dans  le  jus  de  la 
betterave.  Ce  dernier  sel,  qu'on  rencontre  souvent  en  assez  forte  propor- 
tion dans  le  sucre  brut  extrait  de  celte  racine,  provient  des  procédés  de 
carbonatation  dans  lesquels  on  sépare,  au  moyen  de  l'acide  carbonique, 
la  chaux  qu'on  a  introduite  dans  le  jus.  Ce  gaz  est  fourni  par  la  cuisson 
de  la  j)ierre  calcaire  mélangée  au  coke;  il  se  trouve  très-souvent  souillé 
d'acide  sulfureux,  qui  forme  des  sulfites;  ces  sels  se  transforment  par  la 
suite  en  sulfates  alcalins  et  terreux.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'action  physiologique  el  lliérapeutique   du  chlorlijdratc 
d'ainy lamine.  Note  de  M.  DuJAiiDiN-DEAUJiiiTZ,  présentée  par  M.  Wuriz. 

«  l^ors  de  mes  recherches  physiologiques  et  thérapeutiques  sur  la  tti- 
méthylamine,   mon   maître,   M.  A.   VVurIz,  pensa  que  l'amylamine  devait 


(  Î248  ) 
avoir  une  action  plus  énergique  encore,  et  qu'il  était  nécessaire  d'étudier 
l'action  de  ce  corps  sur  l'économie.  C'est  le  résumé  de  cette  étude  que  j'ai 
l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

M  Je  me  suis  servi  du  chlorhydrate  d'amylamine  (C^H"AzCl),  corps 
parfaitement  défini,  et  qui  cristallise  en  écailles  incolores;  ce  sel  avait 
été  préparé  parles  soins  de  M.  Frédéric  Wurtz.  Lorsqu'on  introduit  sous 
la  peau  des  animaux  des  solutions  de  chlorhydrate  d'amylamine,  on  ob- 
serve des  phénomènes  variables  suivant  la  dose  employée.  Chez  le  Lapin, 
par  exemple,  à  la  dose  de  i  à  5  centigrammes,  on  observe  une  diminution 
très-marquée  du  pouls  et  de  la  tcmpéiature,  qui  peut  faire  abaisser  le 
pouls,  dans  l'espace  d'une  heure,  de  2o4  pulsations  à  i56. 

»  La  diminution  de  la  température  est  moins  nette,  et  l'on  obtient  à 
peine  une  descente  de  i  à  2  degrés.  Lorsque,  chez  le  même  animal,  on 
dépasse  la  dose  de  5  centigrammes,  ces  phénomènes  dépressifs  au  pouls 
et  de  la  température  font  place  à  des  symptômes  nerveux,  bizarres  et  à 
formes  variées,  caractérisés  essentiellement  par  des  convulsions  toniques 
et  chloniques,  et  par  des  mouvements  de  tournis.  Ces  phénomènes  prennent 
une  grande  intensité  à  la  dose  de  20  centigrammes,  et  deviennent  assez 
graves,  à  3o  centigrammes,  pour  entraîner  la  mort.  Chez  le  Cobaye,  10  cen- 
tigrammes suffisent  pour  produire  ces  convulsions  et  amener  la  mort  par 
asphyxie  dans  le  court  espace  de  18  minutes.  Chez  le  Chien  de  taille 
moyenne,  à  la  dose  de  20  centigrammes,  il  se  produit  des  dépressions 
notables  du  pouls  qui  s'abaisse  de  80  à  64  ptdsations,  et  il  faut  atteindre  la 
dose  de  plus  de  i  gramme  pour  voir  se  développer  les  troubles  nerveux  dont 
nous  avons  parlé.  Ainsi  donc,  chez  les  animaux  précédents  (Cobaye,  Chien, 
]^aj)in),  le  chlorhydrate  d'amylamine  produit  d'abord,  à  faible  dose, 
l'abaissement  du  pouls  et  de  la  température,  et  à  dose  plus  élevée,  des 
convulsions  toniques  et  chloniques  qui  entraînent  promptement  la  mort. 

»  Chez  l'homme,  à  la  dose  de  5o  centigrammes  à  i  gramme,  on  observe 
aussi  cette  diminution  du  pouls  et  de  la  température,  abaissement  qui  peut 
être  de  10  à  20  pulsations  par  minute  dans  l'espace  d'une  heure.  Nous 
avons  appliqué  ces  propriétés  dépressives  du  chlorhydrate  d'amylamine  sur 
le  pouls  et  la  température  au  traitement  de  la  fièvre,  et  particulièrement 
de  la  fièvre  typhoïde,  et,  dans  dix  cas  où  cette  médication  a  été  employée, 
nous  avons  toujours  constaté,  d'une  manière  manifeste,  cet  abaissement  du 
pouls  et  de  la  température,  et  le  résultat  obtenu  nous  a  paru  avantageux. 
Si  l'on  vient  maintenant  à  comparer  l'action  physiologique  du  chlorhydrate 
de  iriméthylamine  à  celle  du  chlorhydrate  d'amylamine,  on  voit  que  ce 


(  1249  ) 
dernier,  s'il  ne  possède  pas  l'action  sédative  et  calmante  sur  le  système 
nerveux  que  possède  la  triméthylamine,  jouit  du  moins  d'une  action 
beaucoup  plus  marquée  sur  le  pouls  et  sur  la  température,  et  que  son  ac- 
tion toxique  est  beaucoup  plus  considérable  que  celle  du  chlorhydrate  de 
triméthylamine,  de  même  que  celle  du  chlorhydrate  d'ammoniaque. 

»  Nous  nous  proposons,  dans  un  prochain  travail,  d'étudier  l'action 
physiologique  de  la  propylamine,  et  de  la  comparer  à  son  tour  à  celle  de 
l'amylamine  et  de  la  triméthylamine,  continuant  ainsi  les  recherches  que 
nous  avons  établies  sur  les  ammoniaques  composées,  recherches  qui  nous 
paraissent  appelées  à  fournir  des  éléments  importants  à  l'étude  de  la  Théra- 
peutique. » 

«  M.  le  général  Morin  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Dougli's- 
Gallon,  un  Mémoire  intitulé  :  On  the  Construction  of  Hospilah,  dans  lequel 
l'auteur  discute,  avec  l'autorité  d'une  grande  expérience,  toutes  les  condi- 
tions d'établissement  des  hôpitaux.  Ce  Mémoire  a  été  l'occasion  d'une 
discussion  très-intéressante  devant  l'Association  médicale  d'Angleterre,  et 
contient  un  grand  nombre  de  faits  et  d'observations  qu'il  est  utile  de  si- 
gnaler à  l'attention  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  ces  importantes 
questions.  » 

Ce  travail,  imprimé  en  anglais,  sera  soumis  à  l'examen  de  MM.  Morin 
et  Larrev. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  E.  D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  17  novembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Nouvelle  étude  du  système  du  monde;  par  h.  d'Apremont.  Paris,  J.  Le 
Clère,  1873-,  br.  in-S".  (Deux  exemplaires.) 

Mémoire  sur  la  mutabilité  des  germes  microscopiques  et  la  question  des  fer- 
mentations; par  J.  DUVAL.  Paris,  Martinet,  1873;  opuscule  in-S".   (Extrait 

C.R,,i873,  2'  Semesire.  ;T.  LXXVU,  N"  21.)  '  *^  ' 


(     I25o    ) 

du  Journal  de  l'Jnatomie  et  de  la  Physiologie.  (Présenté  par  M.  Charles 
Robin.) 

Recherches  anatomiques  sur  les  Edentés  tardigrades ;  par  M.  P.  Gervais. 
Paris,  Gauthier-Villars,  1873  ;  opuscule  in-4°.  (Extrait  des  Comptes  rendus 
de  l' Académie  des  Sciences.) 

Notes  on  ttiejorm  of  cjclones  in  the  southern  Indian  océan,  and  on  some  of 
the  rules  given  for  avoiding  their  centres  ;  by  G.  Meldrum.  London,  G. -Ed. 
Eyre  and  W.  Spottiswoode,  1873  ;  br.  in-8°. 

Report  on  double  refraction;  by  G. -G.  Stokes.  London,  Taylor  and 
Francis,  i863;  br.  in-8°. 

ArchivfûrmikroskopischeAnatomie,  lierausgegeben  von  Max.  SCHULTZE; 
zehnter  Band,  erstes  Heft.  Bonn,  Max  Cohen  et  Sohn,  1873,  in-8°. 

Atti  del  renie  Istituto  d'incornggiamento  aile  Scienze  naturali  economiche 
e  tecnologiche  di  Napoli;  t.  VIII,  parte  II;  t.  IX.  Napoli,  1872;  2  vol.  in-4'*. 

Catalog  der  Gemmensammlung  des  T.  Riehler.  Wien,  Zaniarski,  1871; 
br.  in-8°. 

Revista  de  Portugal  e  Brazil;  n°'  r,  2,  outubro  1873.  Portugal  et  Brazii, 
1873;  2  n°'  grand  in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  24  novembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  déparlement  de  l'Aube;  t.  IX,  3''  série,  1 872.  Troyes,  Dufour- 
Bouquot,  sans  date;  j  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  nationale  des  Sciences  naturelles  de  Cherbourg; 
t.  XVII,  -2*  série,  t.  VIL  Paris,  Baillière;  Cherbourg,  Bedelfontaine  et  Syf- 
fert,  1873;  I  vol.  in-8°. 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  la  Société  nationale  des  Sciences  naturelles 
de  Cherbourg;  rédigé  par  M.  le  D""  Aug.  Le  JOLIS;  2*  partie,  1"  liv.  Cher- 
bourg, Bedelfontaine  et  Syffert,  1873;  i  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  académique  de  Maine-et-Loire  ;  t.  XXVII  :  Lettres 
et  Arts;  t.  XXVIII  :  Sciences.  Angers,  P.  Lachèse,  1872  ;  1  vol.  in-8*'. 

Mémoires  de  l' Académie  de  Stanislas,  1872;  4*  série,  t.  V.  Nancy,  Berger- 
Levrauit,   1873;  in-8°. 


(     I25l     ) 

Société  des  Sciences  médicales  de  r  arrondissement  de  Gannat  [Allier).  Compte 
rendu  des  travaux  de  Vannée  1872-1873;  2'^*  année.  Gannat,  Didier-Dau- 
bourg,  1873;  I  vol.  in-8°. 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  du  département  de  la  Loire- 
Inférieure;  1H73,  1"  semestre.  Nantes,  veuve  Mellinet,  1873;  i  vol.  in-S". 

Précis  analytique  des  travaux  de  l 'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Rouen  pendant  l'année  1 87 1  - 1 872.  Rouen,  H.  Boissel  ;  Paris,  Derache, 
1872;  1  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Neuclidtel;  t.  IX,  3*  cahier. 
Neuchâtel,  H.  Wolfrath  et  Metzner;  i  vol.  in-8°. 

Résumé  didactique  sur  les  hernies  des  chevaux  ;  par  L.  COLLENOT.  Nancy, 
Hinzelin  et  C'%  1873;  in-8°. 

Histoire  des  astres.  Astronomie  pour  tous;  par  J.  Rambosson.  Paris,  Firmin 
Didot,  1874;  I  vol.  grand  in-8°,  avec  planches. 

Description  cjéocjnostique  du  versant  méiidionnl  de  la  montagne  Noire  (Unis 
l'Aude;  par  M.  Leymerie.  Montpellier  et  Cette,  Boehm  et  fils,  1873; 
br.  in-8''. 

Les  hommes  velus;  par  le  D'  E.  Magitot.  Paris,  imp.  Durand,  1873; 
br.  in-8°.  (Extrait  de  la  Gazette  médicale  de  Paris.)  [Présenté  par  M.  Ch. 
Robin.] 

Rapport  au  Ministre  de  l' Instruction  publique  sur  l'état  de  la  Pisciculture  en 
France  et  dans  les  pays  voisins  ;  par  M.  BoucHON-Brandely.  Paris,  Witters- 
heira,  1873;  br.  in-8°. 

Areographische  Fragmente.  Manuscrit  et  dessins  originaux  et  inédits  de  l'as- 
tronome J.H.  Schroeter,  de  Lilienthal;  par  M.  F.  Terby.  Bruxelles,  imp.  F. 
Hayez;  br.  in-4°.  (Extrait  du  tome  XXXVII  des  Mémoires  couronnés  et  Mé- 
moires des  Savants  étrangers,  publiés  par  l'Académie  royale  des  Sciences,  des 
Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique.) 

Quelques  considérations  sur  l'extension  continue  et  les  douleurs  dans  la 
coxalgie;  parle  D"'  J.  HenneQUIN.  Paris,  P.  Asselin,  1869;  br.  in-8°. 

L.  DE  Martin.  Note  sur  un  tube-pal  à  propos  des  expériences  faites  dans 
l'Hérault,  avec  le  sulfure  de  carbone.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°. 

Les  Merveilles  de  l'Industrie;  parh.  Figuier.  10"  série  :  Le  sucre  de  canne. 
Paris,  Furne  et  Jouvet,  1873-,  i  liv.  grand  in-8°,  avec  figures. 

Traité  des  matières  colorantes  artificielles  dérivées  du  goudron  de  houille;  par 


(     1252    ) 

P.  BOLLEY  et  E.  Kopp,  traduit  de  l'allemand  et  augmenté  des  travaux  les 
plus  récents  par  leD''  L.  Gautier.  Paris,  F.  Savy,  1874;  in-8°. 

L'unité  des  forces  physiques.  Essai  de  Philosophie  naturelle;  par  le  P.  A. 
Secchi;  2*  édition,  fascicule  2.  Paris,  F.  Savy,  1874;  iu-8°. 

Constitution  physique  du  Soleil  ;  explication  ■  de  la  Jormation  et  de  la  dis- 
parition des  taches  ;  par  le  colonel  A.  Gazan.  Antibes,  Marchand,  1873; 
br. in-8°. 

Illustration  de  la  flore  de  l'Archipel  indien;  par  F.-A.-W.  MlQUEL  ;  t.  I, 
liv.  I,  2,  3.  Amsterdam  et  Utrecht,  Van  der  Post,  1 870-1 871  ;  3  livraisons 
in-4°. 

Musée  botanique  de  Lejde;  par  W.-F.-R.  SURliNGAR;  t.  I,  liv.  i,  2,  3, 
feuilles  t  à  i  1,  planches  I  à  XXV.  Leyde,  J.  Brill,  sans  date;  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du  17  novembre  1873.) 
Page  1191,  ligne  i3,  au  lieu  rfe  aqueuses,  lisez  alcooliques. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


■  ■eOOn  T'        I 


SÉANCE  DU  LUNDI  1"'  DÉCEMBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  PnÉsiDEST  annonce  à  l'Acaclémie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  A.  de  la  Rive,  l'un  de  ses  Associés  étrangers,  dé- 
cédé à  Marseille,  le  27  novembre  1873,  en  se  rendant  de  Genève  à  Cannes. 
Celte  douloureuse  noiivelle  est  transmise  à  l'Académie  par  une  Lettre  du 
fils  de  l'illustre  physicien,  M.  William  de  la  Rive,  adressée  à  M.  Dumas. 

«  M.  le  Secrétaire  perpétuel  ne  se  propose  pas  de  faire  connaître  en 
ce  moment  les  titres  qui  ont  mérité  d'abord  à  M.  Auguste  de  la  Rive  une 
place  parmi  les  Correspondants  de  l'Académie  et  qui,  plus  tard,  l'ont 
élevé  au  nombre  de  nos  Associés  étrangers. 

))  L'Académie  partage  l'émotion  de  la  ville  de  Genève,  qui  rend  pieu- 
sement, à  cette  heure  même,  les  derniers  devoirs  à  l'un  de  ses  plus  illus- 
tres et  de  ses  meilleurs  citoyens  ;  elle  s'associe  à  tous  les  sentiments  dont 
sa  population  est  pénétrée. 

»  M.  Auguste  de  la  Rive,  dès  sa  jeunesse,  avait  vu  son  digne  père  mettre 
une  singulière  ardeur  à  reproduire,  à  populariser,  à  commenter  les  décou- 
vertes d'Ampère  sur  l'électricité  dynamique;  il  s'était  ainsi  préparé  nalurel- 

C,  K.,  1873,  2«  Semeslre.  (T.  LX.X.V1I,  N»  22.)  1 62 


(  1254  ) 
leiiieiit  à  se  dévouer,  lui-même,  à  l'élude  de  l'électricité.  Cette  branche  de 
la  science  l'a  occupé,  en  effet,  pendant  toute  sa  vie  :  le  Traité  qu'il  a  publié, 
les  Archives  de  l'Électricité  qu'il  a  fondées  et  dirigées,  témoignent  de  la 
vaste  connaissance  qu'il  en  avait  acquise  ;  ses  travaux  originaux  sur  celte 
matière  difficile,  nombreux  et  variés,  montrent  qu'il  savait  saisir  en  géo- 
mètre le  principe  fondamental  des  théories  et  qu'd  possédait  en  expérimen- 
tateur consommé  l'art  délicat  d'en  fournir  la  déraonsiration. 

»  Il  a  montré,  le  premier,  qu'à  l'aide  de  dissolutions  alcalines  on  peut 
argenter  et  dorer  solidement  le  laiton  par  des  moyens  galvaniques,  et  il  a 
fixé  ainsi  le  principe  qui  sert  de  base  à  la  grande  industrie  à  laquelle  lil- 
kington,  Ruolz  et  Christofle  ont,  plus  tard,  attaché  leurs  noms. 

»  L'étude  des  phénomènes  observés  pendant  l'apparition  des  aurores 
boréales  et  leur  relation  avec  les  propriétés  que  manifestent,  sous  l'in- 
fluence de  l'aimant,  les  flammes  de  l'arc  voltaïque,  ou  l'étincelle  élec- 
trique éclatant  dans  les  fluides  élastiques  raréfiés,  ont  conduit  M.  Auguste 
de  la  Rive  à  enrichir  la  Physique  de  brillantes  expériences  et  à  poser  les 
fondements  d'une  théorie  des  aurores  polaires. 

»  Mais  ne  bornons  pas  ainsi  l'expression  de  nos  regrets,  donnons-leur 
toute  l'étendue  qui  convient  à  cette  grande  perle.  Ce  n'est  pas  seulement 
un  savant  profond,  persévérant,  pénétrant  et  dévoué  que  nous  regret- 
tons en  ce  jour!  L'usage  libéral  que  M.  de  la  Rive  faisait  de  sa  fortune, 
toujours  au  service  de  la  science,  l'hospitalité  que  tous  les  savants  de 
l'Europe  ont  reçue  dans  sa  noble  demeure,  l'ardente  affection  qu'il  portait 
à  sa  patrie,  l'élévation  morale  de  son  caractère,  lui  avaient  mérité  dans 
tous  les  pays  civilisés  les  sympathies  des  esprits  cultivés  et,  dans  son  propre 
pays,  la  meilleure  des  popularités. 

»  L'Académie  n'oubliera  jamais  l'empressement  avec  lequel  il  lui  ap- 
portait les  prémices  de  ses  travaux  et  le  fruit  de  ses  longues  études;  elle 
n'oubliera  pas  non  plus,  et  moins  que  personne  j'en  aurais  le  droit,  l'ac- 
cueil amical  dont  ses  Membres  ont  été  si  souvent  l'objet  depuis  le  com- 
mencement du  siècle  dans  la  maison  patriarcale  des  de  la  Rive.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.    —  Note  accompagnant  la  présentalioii  du    «    Cours 
de  Mécanique  appliquée  aux  machines,  »  de  J.-V.  Poncelcl;  par  M.  Resal. 

o  J'ai  l'honneur  de  présentera  l'Académie,  de  la  part  de  M*"'  Poncelet, 
le  Cours  de  Mécanique  appliquée  aux  mucliines,  de  J.-V.  Poncelet,  qui  vient 
d'être  publié  sous  la  direction  de  M.  Kretz,  ingénieur  en  chef  des  manu- 
factures de  l'État.  L'origine  de  cet  Ouvrage  remonte  à  1825,  époque  à  la- 


(   ia55  ) 
qtielle  Poncelet,  qui,  jusqu'alors,  s'était  uniquement  occupé  de  Géométrie, 
fut  chargé  d'organiser,  à  l'École  d'Application  de  l'Artillerie  et  du  Génie, 
l'enseignement  de  la  Mécanique  appliquée. 

1)  Eu  182G,  des  feuilles  lilhographiées,  reproduisant  les  Leçons  de  Pon- 
celet, furent  distribuées  aux  officiers  élèves.  On  ne  tarda  pas  à  connaître 
au  dehors  l'originalité  de  cet  enseignement,  qui  se  distinguait  par  la  nou- 
veauté des  aperçus  et  la  nature  de  certaines  questions  qui  y  avaient  trouvé 
place. 

1)  Ces  feuilles  furent,  l'année  suivante,  soumises  h  l'appréciation  de 
l'Académie.  Dans  la  séance  du  7  mai  1827,  Ch.  Dupin,  au  nom  d'une 
Commission  qu'il  constituait  avec  Arago,  fit,  sur  l'enseignement  de  Pon- 
celet, un  Rapport  extrémetnent  élogieux,  qui  aurait  conclu  à  l'insertion 
aux  Mémoires  des  Savants  étrangers,  si  le  INIinistre  de  la  Guerre  ne  s'était 
réservé  la  faculté  de  reproduire  les  lithographies. 

»  Aux  feuilles  de  1826,  qui  produisirent  une  grande  impression  dans  le 
monde  savant,  succédèrent,  avec  quelques  modifications,  celles  de  i832  et 
de  i836,  publiées  en  cahiers  par  les  soins  de  M.  Morin.  C'est  en  colla- 
tiounant  ces  trois  éditions  que  M.Rretz  a  constitué  l'Ouvrage  dont  il  s'agit, 
et  dont  on  comprendra  tonte  l'importance  par  le  simple  énoncé  des  cha- 
pitres qui  le  composent  : 

.  1°  Considérations  générales  sur  les  macliines  en  mouvement;  2°  principaux  moyens  de 
ré"iilariser  l'action  des  forces  sur  les  machines  et  de  transmettre  les  vitesses  dans  des  rap- 
ports donnés;  3°  calcul  des  résistances  passives  dans  les  pièces  à  mouvement  uniforme; 
4"  influence  cle  la  variation  de  la  vitesse  sur  les  résistances. 

M  Quoique  les  premières  Leçons  de  Poncelet  sur  la  Mécanique  appliquée 
remontent  presque  à  un  demi-siècle,  le  Cours  qui  vient  de  paraître,  k 
quelques  détails  près,  est  très-complet.  Les  lacunes  inhérentes  aux  pro- 
grès des  sciences  et  des  mécanismes  qui  ont  pu  se  produire  dans  une  aussi 
longue  période  ont  été  comblées  par  des  notes  placées  au  bas  des  pages, 
qui  témoignent  des  soins  consciencieux  apportés  par  M.Rretz  à  cette  pn- 
blication  et  donnent  une  haute  idée  de  sa  sagacité  et  de  son  esprit  obser- 
vateur et  philosophique.  Parmi  ces  notes,  les  unes  ont  surtout  pour  but  de 
mettre  en  lumière  les  idées,  parfois  mal  interprétées,  de  l'auteur;  les  autres 
résument  certains  travaux  récents  encore  peu  connus;  d'antres  enfin  se 
font  remarquer  par  leiu'  originalité.  Je  crois  devoir  signaler  parmi 
celles-ci  : 

»   Période  de  mise  en  marche  des  machines  et  <les  comlitions  de  bon  fonctionnement.  — 

162.. 


(  1256  ) 

De  l'écart  proportionnel  des  vitesses  au  point  de  vue  de  la  réj^ularisation  ;  effet  du  couple- 
nicnl  sur  la  régularité.  —  Détermination  de  la  vitesse  de  règle  et  conditions  de  régularité 
des  machines  industrielles.  —  Corrélation  entre  le  régulateur  et  le  volant.  —  Équations  du 
mouvement  d'une  transmission  en  tenant  compte  de  l'élasiicité  des  liens.  —  Rajiport  des 
accélérations  niaxima  et  niinima  des  manivelles  simples  et  h  double  effet.  —  Volant  des 
machines  couplées.  —  Ralentissement  dans  les  transmissions  par  courroies;  loi  des  tensions 
d'une  courroie  sur  une  poulie  en  mouvement.  —  Influence  de  l'écartement  des  arbres  sur 
le  fonctionnement  des  outils. 

■  »  En  résumé,  le  Cours  de  Mécanique  appliquée  de  Poncelet  traite  avec 
une  haute  autorité  toutes  les  questions  qui  forment  aujourd'hui  le  fonds 
de  l'enseignement  en  ce  qui  concerne  la  science  de  l'ingénieur  et  du  mé- 
canicien, et  les  notes  qui  y  ont  été  ajoutées  renferment  des  considérations 
utiles  qui  étahlissent  de  nouveaux  liens  entre  la  théorie  et  la  pratique  in- 
dustrielles. » 

«  M.  le  général  Morin,  à  l'occasion  de  la  présentation  d'une  partie  du 
Cours  de  Mécanique  oppiupiée  aux  Machines^  créé  et  professé  par  M.  Pon- 
celet, à  l'École  d'Application  de  l'Artillerie  et  du  Génie,  que  vient  de  pu- 
blier M.  Krelz,  adresse  quelques  observations,  qu'il  se  propose  de  repro- 
duire dans  une  prochaine  séance,  afin  de  faire  connaître  plus  complètement 
l'ensemble  et  les  développements  qu'a  reçus  successivement  cet  enseigne- 
ment, devenu  la  base  d'tuie  science  qui  a  rendu  si  populaire  le  nom 
de  son  illustre  auteur.  » 

ASTROKOMIE.  —  Sur  Ics  trombes  terrestres  et  solaires  (i);  par  M.  Faye. 

«  Voici  la  simple  question  qtie  je  me  propose  d'examiner  :  les  trombes 
descendent-elles  ])rogrcssivement  des  nuages  vers  la  Terre,  ou  bien  mon- 
tent-elles violemment  de  la  Terre  vers  les  nuages?  Dans  ma  dernière 
Note  (2),  j'ai  donné  à  ce  sujet  une  démonstration  par  l'absurde;  mais  ce 
genre  d'argument  est  moins  convaincant  que  l'examen  direct  des  faits,  et 
comme,  malgré  quelques  approbations  précieuses,  je  vois  que  la  seconde 
opinion  prévaut  parmi  les  météorologistes,  je  vais  reprendre  la  question 
par  l'ensemble  des  faits. 

o  La  seconde  hypothèse  a  le  double  avantage  d'être  conforme  à  l'opi- 
nion générale  et  d'être  facilement  comprise.  Rien  de  plus  simple,  en  effet, 

(i)  Voir  les  Notes  précédentes,  p.  853  et  1 122  de  ce  volume, 

(2)  Compte  rendu  de  la  séance  du  17  novembre,  p.  11 22.  J'écarte  ici  provisoirement 
toute  discussion  relative  aux  cyclones,  pour  les  motifs  indiqués  dans  cette  Note. 


{  1257  ) 
que  le  mouvement  vertical  d'une  colonne  d'air  ascendante  ;  un  léger  excès 
de  température  suffit  pour  déterminer  l'ascension  d'une  masse  d'air,  et 
l'on  se  figure  aisément,  sans  plus  y  penser,  qu'un  tel  mouvement  puisse 
êlre,  à  l'occasion,  accompagné  d'un  léger  tourbillonnement  aulour  de  l'axe 
de  la  colonne  ascendante.  On  observe  journellemenl  ces  phénomènes  dans 
les  flammes  et  dans  les  colonnes  de  fumée  de  nos  cheminées  quand  l'air 
est  calme. 

»  Cependant  si  l'on  veut  bien  y  réfléchir,  c'est-à-dire  considérer  les 
faits  eux-mêmes,  on  sera  frappé  tout  d'abord  de  l'énorme  travail  méca- 
nique accompli  par  ces  trombes  dès  que  leur  extrémité  inférieure  vient  en 
contact  avec  le  sol.  Une  trombe  est  évidemment  une  sorte  de  machine, 
fort  étonnante  sans  doute,  mais  enfin  un  appareil  de  transmission  de  la 
force,  fonctionnant  réguhèremenf,  comme  un  axe  qui  tourne  en  portant  à 
son  extrémité  un  outil  prêt  à  agir  sur  tout  obstacle  qu'on  lui  présente.  On 
sera  donc  conduit  tout  d'abord  à  se  demander  où  est  la  force,  puis  à  exa- 
miner le  récepteur  qui  l'accumule,  puis  le  transmetteur  qui  l'amène  au 
contact  du  sol  ou  des  obstacles;  enfin,  en  voyant  cette  machine  se  mou- 
voir au  sein  d'un  air  calme  et  marcher  devant  elle  malgré  toutes  les  résis- 
tances, on  arrive  à  penser  qu'on  est  en  face  d'un  magnifique  problème 
dont  on  s'est  flatté  beaucoup  trop  lût  d'avoir  la  solution. 

»  Dès  lors  il  faut  revenir  aux  faits,  écarter  au  moins  provisoirement  les 
impressions  et  les  jugements  des  témoins,  et  former  de  ces  faits  un  tableau 
où  l'on  puisse  distinguer  les  traits  essentiels  au  milieu  de  détails  moins 
importants.  En  procédant  ainsi,  sans  prévention,  on  arrivera  sûrement 
au  but. 

»  Afin  de  ne  pas  avoir  de  controverses  sur  le  choix  des  faits  et  sur  la 
manière  de  les  disposer,  je  prends  le  tout  dans  l'ouvrage  du  D''  Reye. 
Voici  une  traduction  à  peine  abrégée  et  très-fidèle  des  pages  remarquables 
que  ce  savant  physicien  a  consacrées  à  ce  phénomène  : 

«  D'ordinaire,  le  calme  de  l'atmosphère  précède  l'apparition  des  trombes  comme  celle 
des  orages.  Dans  le  Catalogue  de  Peltier,  sur  1 16  mentions  de  tromjjcs  de  terre  ou  d'eau, 
il  y  en  a  bien  83  pour  lesquelles  on  ne  dit  rien  du  vent;  mais,  pour  les  33  autres,  il  y  en  a 
20  notées  calme,  le  plus  souvent  calme  parfait,  complet,  ou  calme  autour.  Pour  5,  le  vent  a 
été  seulement  léger  ou  faible;  pour  i ,  il  était  régulier;  enfin,  pour  les  7  dernières,  la  trombe 
se  mouvait,  avec  son  cortège  d'arbres  ou  de  maisons  abattues,  contre  le  vent.  Quant  aux 
trombes  d'eau,  Horner,  très-expert  en  ces  matières,  dit  formellement  qu'elles  ne  sont  jamais 
relîct  d'un  vent  général,  mais  que  le  plus  souvent  le  calme  règne  autour  d'elles  (  i  ). 


(1^  C'est  à  ces  données  que  M.  Reye  fait  allusion  lorsqu'il  m'objecte  comme  un  fait  que. 


(  1258  ) 

«  Leur  forme  est  quelquefois  relis  d'un  énorme  entonnoir  dont  la  pointe  est  tonrnée  en 
bas;  le  plus  souvent,  c'est  celle  d'un  long  tuyau,  ordinairement  un  peu  incliné  on  cotirbé, 
qui  s'élève  vers  le  ciel.  C'est  surtout  l.'i  la  forme  des  trombes  d'eau  (jui  ont  été  fréquemment 
observées  avec  exactitude. 

»  Quelquefois  la  partie  moyenne  de  ce  long  boyau  manque  ou  est  invisible,  paice  qu'il 
est  transparent;  on  dirait  alors  deux  colonnes  ou  cônes  éloignés  et  tournant  leurs  pointes 
l'une  vers  l'autre;  quelquefois  le  pied  de  la  trombe  manque;  alors  la  trombe  est  comparée 
à  une  corne  qui  pendrait  des  nuages... 

»  Horner  attribue  aux  trombes  d'eaii  des  diamètres  variant  de  2  pieds  à  200  pieds,  et  une 
hauteur  de  3o  à  i5oo  pieds.  Nous  verrons  qu'il  existe  des  trombes  de  terre  de  i5o  et  même 
de  plus  de  looo  pieds  de  diamètre.  D'après  OErsted,  la  bauteur  de  la  plupart  des  trombes 
est  de  i5oo  à  aooo  pieds,  et  même  on  est  conduit  h  assignera  quelques-unes  des  bauteuis 
de  Sooo  à  6000  pieds,  quand  on  tient  compte  de  la  distance  où  elles  ont  été  vues;  si  quel- 
quefois on  leur  assigne  3o  pieds  seulement,  c'est  qu'on  a  pris  le  bas  de  la  trombe  pour  la 
colonne  entière. 

1)  Toutes  les  trombes  bien  étudiées  se  meuvent  en  progressant  dans  le  même  sens.  Leur 
vitesse  varie  beaucoup  de  l'une  à  l'autre,  depuis  celle  d'un  piéton  jusqu'.'i  celle  de  Sooo  pieds 
par  minute.  Les  trombes  immobiles  sont  extrêmement  rares;  nous  n'en  connaissons  qu'un 
exemple,  celle  de  Blanquefort,  près  Bordeaux,  en  1787.  La  vitesse  est  d'ailleurs  variable  et 
souvent  elle  diffère  en  haut  de  celle  d'en  bas,  en  sorte  que  l'axe  de  la  trombe  prend  une  cer- 
taine inclinaison.  La  trajectoire  du  pied  est  tantôt  droite,  tantôt  courbe,  rarement  en  zigzag  ; 
quelquefois  les  trombes,  dans  leur  course  destructive,  sautent  des  contrées  entières,  tout  en 
poursuivant  leur  course  dans  les  airs,  pour  redescendre  de  nouveau  sur  le  sol,  un  peu  plus 
loin. 

Souvent  les  phénomènes  électriques  des  orages  accompagnent  les  trombes,  mais  elles 
exercent  bien  rarement  eiles-ménus  une  action  électrique,  comme  l'a  fait  celle  de  Chatenay 
(i83q),  quePeltier  a  étudiée  et  d'où  il  a  tiré  son  hypothèse  électrique. 

»  Plus  d'une  fois  les  trombes  a|)paraissent  en  groupes.  Pcltier  cite  un  cas  de  six  trombes 
simultanées  et  trois  cas  de  sept.  Il  n'est  pas  rare  non  plus  d'en  voir  plusieurs  se  succéder 
les  unes  aux  autres. 

»  Ce  qui  frappe  le  plus  les  témoins  oculaires,  ce  sont  les  effets  mécaniques  des  trombes. 
De  la  stupéfaction  qu'elles  causent  vient  sans  doute  le  peu  de  documents  qu'ils  sont  en  élat 
de  nous  transmettre  sur  ce  qu'il  y  aurait  d'important  à  connaître  au  point  de  vue  météo- 
rologique. Ces  effets  sont  limités  à  la  zone,  relativement  étroite,  que  le  pied  de  la  trombe 
parcourt;  les  objets  légers  sont  enlevés  en  l'air;  des  poutres,  etc.,  ont  été  souvent  trans- 
portées à  une  grande  distance,  et  l'on  a  même  vu  retomber  sur  terre  des  feuilles  vertes  et 

dans  aucune  trombe  bien  étudiée,  on  n'a  observé  de  vents  parallèles  et  de  vitesses  diffé- 
rentes qui  aient  pu  lui  donner  naissance.  Evidemment  il  y  a  là  une  méprise;  ce  n'est  pas 
dans  les  couches  basses  que  j'ai  placé  l'origine  des  trombes.  Les  dernières  lignes  de  la  lettre 
du  D''  Reye  [Comptes  rendus,  t7  novembre,  p.  i  181)  en  contiennent  deux  autres  :  1°  l'ob- 
jection essentielle  qui  m'a  été  laite  en  1866  vient  d'Angleterre  (SL  Spencer,  M.  Balfour 
Steward),  et  non  de  AL  Kirchhoff  (Cf.  Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  234);  -■"  '^  formule 
de  RL  Spoere^r  n'est  pas  l'expression  mathématique  d'une  loi. 


(  1259  ) 

tles  rameaux  recouverts  de  givre;  les  arbres,  par  centaines,  sont  cassés  ou  arrachés  ;  les 
niaisoiis  détruites,  etc.. 

»  Tous  ces  caractères  se  retrouvent  dans  la  trombe  de  Hainichen,  dans  VErzgebirgc 
saxonne,  en  date  du  23  avril  1800. 

»  Ce  jour-là,  le  vent  avait  changé  souvent  de  direction;  plusieurs  nuées  orageuses 
avaient  déjà  ])assé  sur  le  ciel,  lorsqu'à  i  mille  environ  du  lieu  susdit  un  long  boyau  nébu- 
leux ])arut  pendre  d'un  nuage  épais;  tantôt  il  descendait  jusqu'au  sol,  tantôt  il  était  retiré 
en  haut  vers  le  nuage.  Le  nuage  étant  en  marche,  ce  luyau  descendit  de  nouveau  jusqu'à 
terre  et,  en  se])t  ou  huit  minutes,  balaya  le  sol,  accompagné  de  poussière  et  île  débris,  sur 
une  largeur  de  60  pas  et  une  longueur  d'environ  i  mille  allemand  (7420  mètres).  Tout  ce 
que  le  tourbillon  toucha  fut  renversé,  taudis  qu'autour  de  lui  régnait  un  calme  parfait;  car, 
entre  autres  jireuvcs,  une  paysanne  le  vit  à  Ditteisdorf,  étant  à  sa  fenêtre,  renveiser  une 
chaumière  voisine,  sans  ressentir  aucun  souffle  d'air.  A  Arcnsdorf,  commune  où  commença 
le  ravage,  au  moment  où  la  trombe  alleiguil  le  sol  en  descendant,  les  maisons  ou  les  toits 
furent  renversés.  Jlais  c'est  surtout  à  Ditteisdorf  que  les  ravaj^es  furent  le  plus  violents  :  là, 
les  bâtiments  de  la  famille  Philippi,  construits  depuis  six  ans  seulement,  furent  renversés,  les 
poutres  brisées  et  dispersées;  le  toit  et  les  grains  furent  jetés  dans  un  fossé  voisin,  la  cuisine 
résista  seule  et  offrit  un  refuge  aux  habitants;  les  volailles,  tourbillonnant  dans  l'air,  fuient 
tuées  sans  qu'on  i)ùt  trouver  aucun  dommage  à  leurs  plumes.  Sur  la  ferme  voisine,  le  tour- 
billon renversa  deux  granges  et  deux  maisons,  puis  s'engagea  dans  une  forêt  ])eu  éloignée 
et  s'y  fraya  vioLMument  un  passage.  Sur  une  largeur  de  60  ])ieds,  pas  un  arbre,  pas  une 
herbe  ne  furent  épargnés;  tout  fut  renversé  ou  brisé,  et  dans  un  instant  apparut  une  large 
allée  au  travers  de  la  forêt.  Beaucoup  d'arbres  furent  entièrement  écorcés;  d'autres  furent 
transportés  à  quelques  cents  pieds  de  là  jusqu'à  la  rivière  voisine.  Les  ravages  s'étendirent 
jusqu'à  Etïdoif,  près  de  la  petite  ville  de  Rosswein  ;  puis  le  tourbillon  finit  par  faiblir  et  se 
dissiper,  non  sans  avoir  enlevé  un  garçon  d'écurie  et  ses  deux  chevaux,  qu'il  jeta,  le  pre- 
mier dans  un  chemin  creux,  les  deux  autres  dans  un  bosquet  voisin.   » 

»  Voilà  donc  les  faits  cbsei'vés.  Il  s'en  dégage  claiiemenr,  comme  je  le 
disais  au  début,  la  notion  d'un  appai-eil  mécanique  produisant,  à  l'une  de 
ses  extrémités,  un  travail  énorme,  et  pourtant  doué  d'une  singulière 
faculté,  celle  île  se  mouvoir  et  de  transporter  avec  lui  la  force  qu'il  met  en 
jeu;  mais  qui  ne  lui  est  pas  propre.  De  plus  il  travaille  et  se  meut  sans  se 
délormer  (i),  bien  qu'il  soit  uniquement  composé  de  gaz  en  mouvement. 
Quand  le  bout  de  cet  otitil  gigantesque,  qui  va  de  la  Terre  aux  nuages  ou 
des  nuages  à  la  Terre,  touche  le  sol,  il  détruit  tout,  renverse  les  maisons 
et,  en  quelques  instants,  abat  ou  brise  les  arbres  d'une  forêt,  de  manière 
à  y  tracer,  de  part  en  part,  luie  allée  de  Go,  100,  3oo  jneds  de  large.  Si  le 
sol  s'abaisse,  l'outil  ne  porte  plus,  le  travail  cesse,  la  contrée  est  épargnée; 


(1)  M.  Faye  iirésente  à  l'Académie  les  dessins  de  trombes  du  cajjitaine  Maxwell,  repro- 
duits par  le  D^  Picye. 


(  1260  ) 
mais  bientôt  le  transmetteur  s'allonge,  porte  l'outil  plus  bas  et  le  ravage 
recommence.  Où  est  donc  la  force  ainsi  transmise?  Est-elle  en  bas,  est-elle 
en  haut? 

»  El)  bas,  je  vois  un  air  calme  d'ordinaire.  C'est  souvent  au  sein  du 
calme  que  les  trombes  apparaissent,  se  meuvent  et  fonctionnent.  Il  semble 
donc  déjà  bien  douteux  que  la  force  vienne  du  sein  de  ce  calme-là.  En  tout 
cas  ce  ne  serait  qu'une  force  répartie  sur  un  grand  espace  ;  alors,  comment 
s'accumule-t-elle  en  un  point  déterminé?  Et  ce  point  de  concentration  lui- 
même,  comment  voyagerait-il  dans  cette  couche  immobile?  L'improbabilité 
de  celte  opinion  ne  fait  que  s'accroître  à  cet  examen.  Mettons-y  pourtant 
de  la  bonne  volonté.  La  seule  force  qui  puisse  exister  à  l'état  latent  dans 
une  couche  immobile,  c'est  la  tendance  ascensionnelle  qu'une  élévation  de 
température  anormale  lui  aurait  imprimée.  C'est  assurément  en  chaque 
point  de  cette  couche  une  bien  faible  force;  mais,  si  l'on  parvenait  à  les 
réunir  toutes  en  un  petit  espace,  leur  somme,  proportionnelle  à  l'étendue 
de  la  région  considérée,  pourrait  être  notable.  Pour  faire  cette  somme,  la 
première  condition  est  que  les  foixes  élémentaires  soient  empêchées  de 
produire  leur  effet  au  lieu  même  où  elles  sont  nées.  1!  faut  que  le  poids  et 
en  quelque  sorte  la  cohésion  des  couches  supérieures  s'opposent,  au  moins 
quelque  temps,  à  l'ascension  de  tous  les  filets  d'air  qui  d'ordinaire  se 
produit  spontanément  dans  lui  milieu  fluide  pour  y  rétablir  l'équilibre. 
Voilà  déjà  une  condition  bien  restrictive;  néanmoins,  l'expérience  montre 
que,  effectivement,  cet  état  d'instabilité  naît  parfois  et  se  maintient  quelque 
temps;  il  répond  alors  au  phénomène  du  mirage;  mais  il  faut  pour  cela 
un  calme  complet.  Si  le  vent  souffle,  le  mélange  des  couches  inégalement 
chauffées  se  fait  continuellement;  les  petites  forces  ascensionnelles  exé- 
cutent leur  travail  sur  place. 

))  Ainsi  nous  voyons  déjà  que  jamais  une  trombe  ne  pourra  rencontrer, 
dans  un  air  en  mouvement,  l'état  de  choses  d'ailleurs  bien  précaire  qui 
doit  lui  foiuuir  sa  provision  de  force.  Or  les  trombes  se  montrent  aussi 
bien  dans  des  régions  où  le  veut  souffle  que  dans  celles  où  le  calme  règne; 
donc  il  faut  chercher  l'origine  de  leur  force  et  son  aliment  ailleurs  que  dans 
celte  couche  inférieure  jusqu'ici  considérée. 

»  Cet  argument  décisif  nous  autoriserait  à  arrêter  là  notre  examen.  Con- 
tinuons néanmoins;  examinons  le  seul  cas  atlmissible  à  toute  force,  celui 
d'un  calme  parfait.  Pour  réunir  eu  une  sorte  de  faisceau  toutes  les  petites 
tendances  ascensionnelles  de  cette  couche,  M.  le  D'  Reye  a  conçu  un  moyen 
ingénieux,  mais  qui  ne  me  send^le  être  ni  celui  du  plus  court  chemin,  ni 


(     I26l     ) 

celui  (le  la  moindre  action  :  ce  serait  de  décider,  par  une  sorte  d'appel 
vertical,  toutes  les  parties  de  cette  couche  à  se  mouvoir  horizontalement 
en  convergeant  vers  un  point  déterminé  pour  y  former  une  colonne  d'air 
violemment  ascendante. 

»  Imaginons  en  ce  point  un  orifice  annulaire  idéal  par  lequel  l'air 
alïluant  serait  obligé  dépasser;  vous  verrez  jaillir  verticalement  une  co- 
lonne ascendante  assez  semblable,  au  premier  coup  d'oeil,  à  une  trombe. 
Une  fois  le  premier  pas  fait,  le  mouvement  s'accentuera  de  plus  en  plus, 
et  bientôt  toutes  ces  minimes  forces,  individuellement  réparties  sur  plu- 
sieurs lieues  carrées  de  terrain,  viendront  s'engouffrer,  pour  ainsi  dire, 
dans  le  petit  espace  annulaire,  de  manière  à  produire  tout  autour  des 
effets  considérables.  Cette  colonne  ascendante  montera  jusqu'aux  nuages; 
elle  y  portera  l'air  chaud  et  humide  du  bas;,  celui-ci  en  se  dilatant  et  en 
se  refroidissant  laissera  sa  vapeur  d'eau  se  condenser  et  abandonnera  de 
la  chaleur  au  profit  du  mouvement  ascendant.  En  un  mot,  à  l'autre  bout 
de  cette  colonne  ascendante,  il  se  formera  un  nuage  où  ira  se  cacher 
l'extrémité  supérieure  de  la  trombe. 

»  A  la  vérité,  ce  nuage  marche  avec  vitesse  et  la  trombe  aussi.  Impos- 
sible d'en  donner  une  raison  valable;  mais  il  est  toujours  aisé  d'en  trouver 
une  mauvaise.  La  cause  de  ce  mouvement  de  translation  se  trouvera  en- 
core en  bas,  toujours  dans  la  région  du  calme  complet.  Il  suffit,  en  effet, 
que  l'anneau  idéal  qui  sert  de  base  à  la  trombe  et  par  où  nous  avons  forcé 
l'air  à  monter,  il  suffit,  di*-je,  que  cet  anneau  se  déplace  progressivement; 
la  trombe  suivra  tant  bien  que  mal  et  le  nuage  aussi.  Or  voici  comment 
l'anneau  peut  marcher.  Supposez  que  l'air  affluant  de  toutes  parts  vers  ce 
centre,  suivant  les  rayons  d'un  vaste  cercle,  n'ait  pas  la  même  vitesse  dans 
toutes  ces  directions  :  l'anneau  de  convergence  aura  évidemment  une 
tendance  à  marcher  du  côté  où  se  trouvera  le  courant  le  plus  faible  ;  son 
mouvement  sera  dû  à  la  différence  des  deux  vitesses  diamétralement  op- 
posées, c'est-à-dire  à  l'excès  de  la  vitesse  maximum  sur  la  vitesse  minimum 
de  tous  ces  affluents.  Si  la  trombe  se  meut  avec  une  vitesse  de  5o  mètres 
par  seconde,  c'est  que  le  premier  courant  aura  5o  mètres  de  plus  en 
vitesse  que  le  second;  mais  cela  ne  devra  empêcher  ni  le  calme  de  régner 
tout  autour,  ni  les  courants  intermédiaires  de  suivre  partout  cet  anneau 
idéal  de  kilomètre  en  kilomètre,  et  de  s'y  précipiter  avec  une  remar- 
quable dextérité.  Ce  qui  est  non  moins  remarquable,  c'est  que,  si  l'anneau 
dans  sa  marche  vient  à  s'engager  dans  une  forêt,  ces  courants  convergents 
devront  l'y  suivre  malgré  les  arbres,  et  le  retrouver  encore  de  l'autre  côté 

C.  R.,  1873,  2^  Semestre.  (T.  LXXVH,  N»  M.)  '63 


(  1262  ) 
de  la  forêt  comme  si  celle-ci  n'existait  pas.  Enfin  cet  anneau  vient-il  à 
s'élever,  les  courants  se  relèveront  aussi;  vient-il  à  s'abaisser  jusqu'au 
niveau  du  sol  ou  jusqu'à  affleurer  l'eau,  les  mêmes  courants  devront  en- 
core trouver  le  moyen  de  former  celte  colonne  ascendante;  car  elle  ne 
doit  pas  cesser,  au  milieu  de  ces  péripéties,  de  débiter  la  même  masse  d'air 
et  de  la  faire  jaillir  jusqu'à  son  nuage. 

»  Telle  est  l'accumulalion  d'hypothèses  qui  constituent  la  théorie  des 
trombes  ascendantes  dans  im  air  calme.  Quanta  celles  qui  se  forment  dans 
un  air  agité,  la  théorie  reste  muette;  car  il  lui  manque  alors  le  sembhmt 
lui-même  de  l'élément  essentiel,  c'est-à-dire  de  la  force. 

»  Certes,  si  quelque  idée  préconçue  n'agissait  fortement  sur  l'esprit  dos 
savants  éminents  qui  admettent  cette  explication,  ils  se  demanderaient 
comment  on  pourrait  décider  l'air  de  toute  une  vaste  couche  horizontale 
à  affluer  ainsi  violemment  vers  une  étroite  ouverture  idéale.  Ce  n'est  pas, 
sans  doute,  parce  qu'une  première  file  de  molécules  y  aurait  passé  que 
toutes  les  autres,  dans  un  rayon  de  plusieurs  lieues,  se  verraient  forcées 
d'en  faire  autant.  Cette  conception  est  bien  éloignée,  en  effet,  de  l'idée  que 
nous  nous  faisons  des  lois  de  la  nature,  laquelle  ne  dépense  pas  un  travail 
formidable  lorsqu'il  lui  est  si  facile  d'arriver  au  but  à  peu  de  frais;  car, 
en  fin  de  compte,  il  ne  s'agit  ici  que  de  rétablir  l'équilibre,  vui  peu  dérangé 
pour  le  moment,  d'une  couche  d'air.  On  voit  qu'il  a  fallu,  à  seule  fin 
d'étayer  l'hypothèse  des  trombes  ascendantes,  imaginer  tout  exprès  une 
mécanique  bien  peu  admissible  rien  que  pour  ie  gros  du  phénomène;  il  a 
fallu  ensuite  à  chaque  trait  nouveau  imaginer  de  nouvelles  ressources  non 
moins  singulières,  le  tout  pour  aboutir  à  laisser  de  côté,  sans  la  moindre 
explication,  les  phénomènes  les  plus  caractérisés,  tels  que  celui  d'une 
trombe  en  marche  contre  le  vent  inférieur. 

»  Si,  au  contraire,  on  examine  les  faits  sans  prévention,  que  trouve- 
t-on  dans  le  simple  récit  des  faits  bien  connus  qu'on  vient  de  lire? 

»  Voilà  une  véritable  machine  :  d'un  côté  la  force,  de  l'autre  le  travail 
"  produit.  Si  l'on  reconnaît  que  la  force  ne  saurait  être  en  bas,  là  où  il  ny  a 
pas  de  mouvement,  on  n'a  qu'à  lever  les  yeux  et  à  regarder  l'embouchure 
de  la  trombe.  Là  les  nuages  orageux,  en  marchant  sur  nos  tètes  avec  une 
grande  vitesse,  nous  avertissent  qu'il  y  a  de  la  force  en  haut.  L'orage  arrive, 
et  c'est  alors  aussi  que  les  trombes  paraissent  d'ordinaire;  elles  ont  dû  (que 
l'orage  éclate  ou  non)  se  former  en  haut,  aux  dépens  de  ces  vastes  courants 
qui  ont  envahi  les  régions  supérieures.  Non  pas  que  les  courants  engen- 
drent d'eux-mêmes  des  trombes  ;  mais  nous  savons  par  l'exemple  journalier 


(  1263  ) 
de  nos  cours   d'eaii  que,   partout  on  un  fliude  se  ment  horizontalement 
sous  forme  de  courant,  il  suffit  d'une  différence  de  vitesse,  d'une  tranche 
à  l'autre,  pour  donner  naissance  à  un  mouvement  gyratoire. 

»  Or  ce  mouvement  gyratoire,  qui  peut  englober  de  vastes  espaces,  ra- 
masse et  fait  converger  vers  un  centre  ces  inégalités  de  vitesse  préexistantes  ; 
il  les  somme  pour  ainsi  dire  en  un  tourbillonnement  dont  la  rapidité  va 
eu  croissant  vers  le  centre,  et  transmet  de  couche  en  couche  toute  cette 
force  vive,  jusqu'à  ce  qu'elle  aille  s'épuiser  en  bas  sur  des  obstacles.  Dans 
l'air,  cette  sommation  et  ce  transport  sont  mille  fois  plus  faciles  que  dans 
l'eau;  la  perte  due  aux  frottements  est  nulle,  voilà  toute  la  différence. 

n  Cela  posé,  voyons  ce  que  devient  cette  force  dans  l'entonnoir  de  la 
trombe.  Elle  se  propage  par  en  bas  dans  cette  longue  colonne  de  2000  à 
5ooo  pieds  de  haut  (d'après  OErsted);  c'est  comme  une  gigantesque  tarière 
qui  perce  les  couches  successives  de  l'almosphère  et  qui  parvient  enfin  au 
sol  sans  avoir  presque  rien  perdu  de  son  énergie.  Au  moment  où  elle  le 
touche,  elle  agit  contre  sa  résistance  et  produit  un  travail  dévastateiu-, 
stricte  représentation  de  la  force  vive  qu'elle  a  emmagasinée  par  en  haut  (1). 
Si  elle  rencontre  une  vallée  où  sa  pointe  cesse  de  toucher  le  sol,  le  travail 
cesse  aussitôt;  mais  alors  la  pointe  recommence  à  descendre  et  ne  tarde 
pas  à  reprendre  son  ravage.  Celui-ci  est  étroitement  limité  au  cercle  que 
le  pied  de  la  trombe  embrasse;  cependant  l'air  froid  qui  s'en  échappe  et 
se  réchauffe  rebondit  sur  le  sol  et  remonte  tumultueusement  tout  autour 
de  la  trombe.  Aussi  la  voyons-nous  sur  terre  entourée,  au  pied,  d'un  nuage 
de  poussière  ascendante,  et  sur  mer  d'un  nuage  d'écume.  C'est  ainsi  qu'elle 
entraîne  en  haut  des  corps  légers,  après  les  avoir  glacés  de  son  souffle; 
mais  jamais  elle  ne  les  fait  passer  par  son  canal,  comme  l'ont  cru  tant  de 
témoins  (2).  Il  lui  importe  peu  d'opérer  dans  un  air  calme  ou  dans  un  air 
en  mouvement;  elle  suit  le  mouvement  de  son  entonnoir,  c'est-à-dire  du 
courant  supérieur  qui  l'alimente.  Elle  marche  comme  les  nuages  orageux, 
ou  plutôt  comme  le  courant  lui-même  et  avec  sa  vitesse  moyenne,  car  c'est 
elle  qui  est  chargée  d'épuiser  contre  le  sol  les  inégalités  de  ce  courant. 

»  Si  ces  inégalités  viennent  à  s'affaiblir,  la  trombe  perd  de  son  énergie; 
elle  cesse  de  s'appuyer  sur  le  sol  ;  elle  remonte  peu  à  peu  et  semble  ainsi  sus- 
pendue un  moment  comme  une  corne,  toute  prête  néanmoins  à  recommen- 
cer, si  le  courant  d'en  haut  éprouve  çà  et  là  des  résistances  ondes  remous. 

(i)  Sauf  le  travail  accompli  pour  amener  en  bas  une  masse  d'air  notable  d'en  haut. 
(2)  C'est  l'analogue  de  la  phase  ascendante  dans  la  circulation  de  l'hydrogène  solaire. 

16:^.. 


(  ia64  ) 

»  Ce  serait  assurément  un  des  plus  beaux  problèmes  de  la  Mécanique 
(les  fluides  que  celui  d'interpréter  par  l'analyse  le  fonctionnement  de  ce 
merveilleux  mécanisme  où  j'ai  en  le  plaisir  de  retrouver  l'an  dernier, 
jusque  dans  les  détails,  les  phénomènes  caractéristiques  des  taches  du 
Soleil.  Si  les  mêmes  lois  mécaniques  régissent  notre  atmosphère  et  la  masse 
gazeuse  du  Soleil,  je  n'ai  pas  eu  tort  d'identifier  les  trombes  de  cet  astre 
avec  les  nôtres  et  d'affirmer  que  les  nôtres  devaient  être  descendantes, 
puisque  celles  du  Soleil  le  sont.  On  voit  maintenant  que  les  faits  terrestres, 
loin  d'y  contredire,  l'affirment  également. 

»  Puisque  me  voilà  ramené  au  point  de  départ,  je  demande  la  permission 
d'ajouter  quelques  mots  pour  dire  que  nos  discussions,  du  côté  de  l'Alle- 
magne, ont  singulièrement  progressé  ces  jours-ci,  grâce  à  la  lettre  du 
D'  Reye  et  surtout  à  un  récent  Mémoire  que  M.  Zœllner  vient  de  publier. 

»  Je  constate  d'abord  qu'en  Allemagne  on  accepte  aujourd'hui  la  pro- 
fondeur des  taches;  ni  M.  Zœllner  ni  M.  Reye  ne  les  posent  sur  la  pho- 
tosphère, mais  ils  les  cachent  dans  son  épaisseur.  Le  triclUerai-lig  verlieft 
donne  enfin  raison  à  mes  premiers  travaux  et  tort  à  l'hypothèse  des  nuages. 

M  Par  là,  la  théorie  de  M.  Reye  échappe  désormais  à  mon  objection;  mais 
elle  vient  de  succomber  sous  celles  de  M.  Zœllner.  En  effet,  en  mettant  son 
tourbillon  ascendant  dans  la  photosphère,  M.  Reye  revient  aux  éruptions 
de  Wilson  que  les  objections  des  physiciens  anglais  m'avaient  autrefois 
obligé  d'abandonner,  et  M.  Zœllner  lui  prouve,  en  quelques  mois,  que  !<■ 
noyau  de  ses  tourbillons  ascendants  ne  serait  pas  noir,  mais  aussi  brillant 
au  moins  que  la  photosphère. 

»  Reste  la  théorie  de  M.  Zœllner;  mais  malgré  la  science  profonde  que 
cet  éminent  physicien  et  astronome  a  dépensée  pour  corriger  et  soutenir 
la  vieille  et  peu  heureuse  hypothèse  des  scories,  il  a  fatalement  abouti  à 
une  impossibilité  que  l'on  peut  considérer  comme  son  dernier  mot.  » 

HYDRODYNAMIQUE.    —   Observations  sur  la  Communication  de  M.  Faye  ; 

par  M.  le  général  Morin. 

«  Sans  prétendre  intervenir  dans  la  question  des  trombes,  que  vient  de 
traiter  M.  Faye,  je  crois  utile  d'appeler  son  attention  sur  les  phénomènes, 
en  quelque  sorte  inverses,  quoique  analogues,  que  présentent  les  tourbil- 
lonnements qu'occasionnent,  sur  les  grands  fleuves,  les  ouvrages  d'art  ou 
d'énormes  rochers  en  saillie  sur  les  rives. 

»  Ces   obstacles,  en  entravant  la   marche    du    courant,    déterminent 


(  1265  ) 
d'amont  en  aval  une  dénivellation  et,  par  suite,  une  accélération  de  vitesse 
dans  leur  voisinage.  Les  filets  fluides,  qui  s'écoulent  ainsi  plus  obliquement 
et  rapidement  que  ceux  de  la  masse  générale,  occasionnent  des  tourbillon- 
nements qui  apparaissent  à  la  surface  sous  forme  de  cônes  curvilignes 
évasés,  dont  les  parois  sont  animées  d'un  mouvement  gyratoire  rapide. 

»  Lorsque  des  corps  flottants,  des  nacelles  légères  même,  se  trouvent 
engagés  près  de  ces  parois,  la  diminution  de  pression,  que  détermine  vers 
l'axe  la  force  centrifuge,  produit  l'effei;  d'une  sorte  d'attraction  qui  les 
entraîne  dans  cette  espèce  de  gouffre  béant,  où  ils  se  précipitent  et  dis- 
paraissent. 

»  Les  bateliers  des  grands  fleuves  connaissent  ce  danger  et  savent  que  le 
seul  moyen  d'échapper  à  la  perte,  quand  on  est  saisi  par  le  tourbillon,  est 
de  se  laisser  couler  vers  le  fond,  où  son  action  cesse  à  peu  près  de  se  faire 
sentir,  puis  de  chercher  à  regagner,  le  plus  loin  possible,  la  surface  de 
l'eau,  en  nageant  horizontalement  pour  s'éloigner. 

»  Les  remous,  qui  se  produisent  en  aval  des  obstacles  dont  je  viens  de 
parler,  présentent  aussi  à  la  navigation  des  fleuves  des  difficultés  assez  sé- 
rieuses. Les  bateaux  ou  les  nacelles  qui  sont  une  fois  engagés  dans  ces  eaux 
tournoyantes,  tantôt  dans  le  sens  général  du  courant,  tantôt  en  sens  con- 
traire, ont  souvent  beaucoup  de  peine  à  s'en  dégager  et  à  poursuivre  leur 
route.  Les  vieux  pontonniers  qui  avaient  fait  la  campagne  de  Wagiam,  où 
ils  jetèrent  quatorze  ponts  sur  le  Danube,  m'ont  raconté  jadis  qu'un  convoi 
d'une  douzaine  de  bateaux,  qu'ils  conduisaient  sur  ce  fleuve  rapide,  fut 
arrêté  tout  un  jour  dans  lui  de  ces  remous,  où  il  tournoyait  sans  cesse 
sur  lui-même.  Ils  n'étaient  parvenus  à  en  sortir  qu'à  l'aide  de  chevaux  de 
halage.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE,   —  Septième  Note  sur  le  guano;  par  M.  E.  Chevreul. 

«  Dans  cette  Note  je  me  propose  de  faire  connaître  un  sel  formé  d'acide 
phosphorique,  A' ammoniaque  de  potasse  et  d'eau,  que  je  n'avais  point  encore 
rencontré  dans  les  guanos  dont  j'ai  parlé  sous  la  désignation  des  n°*  4»  5 
et  6,  et  en  outre  quelques  faits  relatifs  à  l'acide  avique  et  à  un  autre  acide 
volatil  dont  l'odeur  se  rapproche  de  celle  de  l'acide  phocénique. 

§  I.  —  Phosphate  ammoniaco  de  potasse  hydraté. 

»  J'ai  obtenu  ce  sel  d'une  cristallisation  lente  de  l'eau  mère  d'inie  pre- 
mière cristallisation  ;  il  s'est  produit  dans  le  premier  lavage  d'un   guano 


(  1266  ) 

que  m'avait  remis  M.  Banal ,   et  que  je  distingue  des  précédents  par  le 
n°  7. 

»  Ce  sel  est  en  cristaux  plus  volumineux,  plus  décidément  prismatiques 
que  les  cristaux  obtenus  des  premiers  lavages  du  guano  4,  5  et  6. 

»  A  l'état  de  pureté  ils  sont  incolores  et  parfaitement  limpides. 

»  Ils  sont  plutôt  alcalins  à  l'hématine  qu'acides. 

»  Ils  précipitent  l'azotate  d'argent  en  jaune  citrin,  comme  le  font  les 
phosphates  tribasiques. 

»  Ils  précipitent  en  blanc  le  chlorure  de  baryum  ;  le  précipité  est  soluble 
dans  l'acide  chlorhydrique  étendu. 

»  Chauffés  dans  un  tube  de  verre  ,  ils  éprouvent  d'abord  la  fusion 
aqueuse;  de  la  vapeur  d'eau  se  dégage  avec  de  l'ammoniaque,  et  une  fumée 
blanche  se  condense  à  l'état  solide. 

»  Le  résidu  de  la  distillation,  fondu  en  verre,  dégage  de  fines  bulles  ga- 
zeuses probablement  ammoniacales;  enfin  il  présente  une  malien'  vitreuse 
soluble  dans  l'eau,  très-acide  au  papier  bleu  de  toiu-nesol.  Restait  à  savoir 
si  c'était  de  l'acide  phosphorique  pur  ou  uni  à  une  base  fixe. 

»  On  décomposa  par  l'eau  de  baryte  pure  10  grammes  de  sel  dissous  dans 
l'eau.  Il  fallut  employer  un  assez  grand  excès  de  baryte  pour  précipiter  la 
totalité  de  l'acide  phosphorique,  par  la  raison  qu'il  restait  dans  la  solution 
de  l'ammoniaque  et,  comme  je  vais  le  dire,  de  la  potasse,  de  sorte  qu'a- 
près la  précipitation  de  l'acide  phosphorique  il  fallut  faire  passer  de  l'acide 
carbonique,  afin  de  précipiter  l'excès  de  la  baryte.  Après  avoir  filtré  la 
liqueur,  évaporée  de  l'eau  et  de  l'ammoniaque,  on  obtint  un  résidu  de  po- 
tasse précipitant  immédiatement  le  chlorure  de  platine. 

»  J'y  recherche  maintenant  la  présence  de  la  soude  au  moyen  du  chlo- 
rure de  platine. 

»  Enfin  le  phosphate  de  baryte,  décomposé  par  l'acide  sulfurique,  donna 
de  l'acide  phosphorique  parfaitement  caractérisé. 

,»  J'ai  dit  que  le  sel  précédent  avait  été  obtenu  par  une  cristallisation 
lente  de  l'eau  mère  d'une  première  cristallisation.  Celle-ci  s'était  produite 
lors  de  la  concentration  du  premier  lavage  du  guano  n°  7  dans  le  vide, 
séché  par  l'acide  sulfiu-ique  ;  il  va  sans  dire  qu'il  s'était  d'abord  dégagé  une 
quantité  notable  de  carbonate  d'ammoniaque  qui  m'avait  obligé  à  renou- 
veler l'acide. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  s'était  produit,  dans  le  vide,  des  cristaux  plus 
minces  et  plus  allongés  que  les  précédents. 

»  Ce  sel  ne  m'a  pas  paru  absolument  leur  identique,  quoique  conte- 


(  1267  ) 

nanl  certainemenl  de  l'acide  pliospliorique ,  de  l'ammoniaque,  de  la 
potasse  et  de  l'eau. 

»  3o  grammes  de  sel,  à  la  vérité  coloré,  mis  avec  10  grammes  d'eau, 
ont  fait  une  légère  effervescence  due  à  de  l'acide  carbonique,  comme  le 
prouve  le  petil  appareil  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Du  reste, 
je  remarque  que  des  cristaux  d' oxalate  ammonictco  de  potasse,  obtenus  avec 
d'autres  guanos,  présentent  le  même  phénomène  ;  ils  retiennent  donc, 
comme  les  précédents,  du  carbonate  d'ammoniaque  effervescent. 

»  Les  cristaux  du  phosphate  ammouiaco  de  potasse  dont  je  parle  main- 
tenant, qui  avaient  été  lavés  à  l'eau  distillée,  puis  pressés  entre  du  papier 
Joseph,  distillés  dans  un  tube  de  verre,  ont  décrépité,  dégagé  de  la  vapeur 
d'eau  ammoniacale,  du  carbonate  d'ammoniaque  qui  a  cristallisé.  Il  est 
resté  un  résidu  noir  qui,  dans  le  tube,  est  devenu  d'une  blancheur  par- 
faite ;  en  se  tuméfiant,  ce  résidu  m'a  paru  du  phosphate  de  potasse,  peu 
acide  en  comparaison  du  précédent. 

»  Je  ne  puis  donc  le  considérer  en  ce  moment  comme  identique  au  pré- 
cédent, quoique  je  ne  puisse  y  méconnaître  ni  l'acide  phosphorique,  ni 
l'ammoniaque,  ni  la  potasse. 

s  II.  —   Quelques  faits  relatifs  à  l'acide  aviqtie  et  h  un  acide  volatil 
d'odeur  phocénique. 

»  J'ai  obtenu,  en  concentrant  dans  luie  cornue  un  lavage  fort  odorant 
du  guano  n°  7,  un  produit  auuuouiacal  qui  renfermait  certainement  de 
Y  acide  avique  avec  de  Vacide  carbonique. 

»  Après  avoir  précipité  par  l'eau  de  baryte  l'acide  carbonique  de  ce  pro- 
duit, j'ai  fait  évaporer  la  liqueur;  je  l'ai  filtrée  pour  en  séparer  du  sous- 
carbonate  de  baryte,  et  la  liqueur  filtrée  m'a  donné  un  résidu  incolore 
d'odeur  avique  franche. 

»  Enfin  j'ai  obtenu,  d'un  autre  traitement,  de  l'avate  de  baryte  qui,  dé- 
composé par  l'acide  phosphorique,  m'a  présenté  des  gouttes  d'apparence 
huileuse  douées  de  l'odeur  avique  parfaitement  franche  de  toute  autre. 
J'espère  que  bientôt  je  pourrai  décider  si  l'odeur  avique  est  inhérente  à  ce 
produit,  car  c'est  la  première  fois  que  je  l'ai  obtenue  du  guano. 

»  Acide  volatil  ayai\t  une  odeur  phocénique.  —  Il  existe  dans  le  guano 
un  autre  acide  volatil  que  l'acide  avique,  et  que  l'odeur  phocénique  en 
distingue  complètement. 

»  Cet  acide  forme,  avec  la  ba.'yte,  un  sel  très-soluble  dans  l'eau.  I^a  so- 
lution peut  prendre  la  forme  sirupeuse  el  lisèiue  l'apparence  vitreuse;  mais, 


(   '268  ) 
après  quelques  jours,  le  sel  se  prend  en  cristaux  présentant  de  larges  feuil- 
lets dendritiques  du  plus  bel  éclat.  Je  dépose  sur  le  bureau   une  capsule 
dont  le  fond  est  tapissé  de  cristallisations  et  dont  l'odeur  est  bien  distincte 
de  celle  de  l'acide  avique  que  j'ai  dans  un  tube. 

»  Je  suis  porté  à  penser  que  l'avate  de  baryte  est  susceptible  de  cristal- 
liser comme  le  sel  précédent,  mais  l'odeur  démontre  qu'elle  n'est  pas  pho- 
cénique. 

>>  Enfin  j'ai  obtenu,  d'un  produit  acide  volatil  du  guano  saturé  par  la 
baryte,  un  sel  qui  cristallise  à  l'état  sirupeux  ou  vitreux,  dont  l'odeur 
n'est  pas  avique,  et  qui  ressemble,  par  ses  étoiles  formées  d'aiguilles  sati- 
nées, à  un  des  acides  que  j'ai  trouvés  dans  le  suint  et  parmi  les  acides  vola- 
tils des  cadavres. 

»  L'examen  du  guano  n°  7,  quoique  présentant  des  différences  qui  le 
distinguent  des  guanos  4,  5  et  6,  confirme  les  considérations  que  j'ai  émises 
|)Our  expliquer  les  bons  effets  du  gnano  en  agriculture. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

OPTIQUE.  —  Double  réfraction.  Directions  des  mouvements  vibratoires  des 
rayons  réfractés  dans  les  cristaux  uniaxes.  Mémoire  de  M.  Abria.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

<(  J'ai  eu  l'occasion  de  m'assurer,  dans  le  cours  des  expériences  relatives 
à  la  vérification  de  la  loi  d'Huyghens,  qu'il  y  a  quelquefois  une  grande 
différence  entre  les  azimuts  des  plans  de  polarisation  du  rayon  incident, 
correspondant  à  l'extinction  du  rayon  ordinaire  ou  extraordinaire  réfracté, 
suivant  que  l'incidence  est  normale  ou  oblique.  J'ai  pensé  qu'on  pouvait 
déduire  de  cette  différence  luie  vérification  de  la  tbéorie  de  la  double  ré- 
fraction donnée  par  Fresnel,  et  j'ai  fait,  à  ce  point  de  vue,  quelques  expé- 
riences que  je  soumets  au  jugement  de  l'Académie. 

»  D'après  cette  théorie,  pour  avoir  la  direction  des  vibrations  ordinaire 
et  extraordinaire  correspondant  à  un  rayon  incident,  il  suffit  de  décrire, 
en  prenant  pour  centre  le  point  d'incidence,  l'ellipsoïde  inverse  des  vi- 
tesses, ou  ellipsoïde  de  Pliicker,  et  défaire  dans  la  surface,  par  le  même 
centre,  deux  sections  parallèles,  l'une  au  front  de  l'onde  ordinaire,  l'autre 
à  celui  de  l'onde  extraordinaire.  Les  deux  axes,  d'espèces  différentes,  des 
ellipses  ainsi  obtenues  sont  les  directions  cherchées. 


(  1269  ) 

»  Si  l'on  représente  par  ({;„  et  i]>,-  les  azimuts  des  plans  de  vibrations  du 
rayon  incident  lorsque  le  rayon  réfracté  extraordinaire  disparaît  sous  l'in- 
cidence normale  et  sons  l'incidence  /,  on  trouve  entre  ces  deux  quantités 

la  relation 

1  cosp  /   .      ,  lanffp 

taneu;;  = ; r     sin  d/n  H ^^ 

'^  '         cos-%cos(/ — p)  \         '  t'"'g7 

p  étant  l'angle  de  réfraction  qui  répond  à  l'angle  /,  et  y  l'angle  des  portions 
intérieures  de  l'axe  et  de  la  normale  à  la  face  d'incidence. 

»  Sur  quinze  expériences,  faites  avec  deux  prismes  de  spath  et  de  quartz, 
la  différence  entre  le  calcul  et  l'observation  varie  entre  quelques  minutes 
et  3  degrés.  Je  me  borne  à  en  citer  ici  quelques-unes. 

Varîotion  de  razimut  troxtinctîon,  ^, 

lorsqu'on  passe  de  rincideace  normale  . hhmi  h . 

à  rincidenco  oblique.  observé.  calculé, 

o        ,                                                                o      ,  o       , 

25.42.  ■■  •    i4-   3  16.46  1 

122. 3o ig.33  16.46  >  Spalh. 

87.27 1 .  14                  2.5l    ) 

17.33 0.43                  0.46 

16.46 57.   6  57.15 


Quartz. 


OPTIQUE.  —  Étude  analj-liqiie  et  expérimentale  des  interférences  des  rayons 
ellipliques.  Mémoire  de  M.  Ciîoullebois,  présenté  par  M.  Fizeau.  (Extrait 
par  l'auteur.  ) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Je  me  suis  proposé,  dans  ce  Mémoire,  d'étudier  analytiquement  et  de 
vérifier,  par  voie  expérimentale,  les  phénomènes  nombreux  qui  caractéri- 
sent les  interférences  des  rayons  elliptiques  diversement  orientés  et  de  gy- 
ration  semblable  ou  contraire.  La  polarisation  elliptique,  comme  on  sait, 
forme  la  transition  entre  la  polarisation  rcctiligne  et  la  polarisation  circu- 
laire, ces  deux  cas  particuliers  extrêmes  du  phénomène  iondamental.  Or 
les  conditions  d'interférence  des  rayons  polarisés  rectilignement  ont  été 
définies  par  Arago  et  Fresnel,  et  constatées  par  les  expériences  de  MM.  Fi- 
zeau et  Foucault;  les  conditions  d'interférence  des  rayons  circulaires,  ont 
été  établies  d'abord  par  Fresnel,  et  plus  tard,  dans  toute  leur  généralité, 
par  les  travaux  de  Babinet  et  de  M.  Billet.  J'ai  eu  en  vue  d'effectuer  une 
étude  analogue  sur  les  rayons  elliptiques,  soit  en  employant  des  procédés 
nouveaux,  soit  en  utilisant  les  méthodes  d'investigation  créées  par  ces 
physiciens. 

G.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  22.)  1^4 


(  1270  ) 

»  Sans  introduire  aucune  restriction  dans  le  fond  même  du  sujet,  on 
peut  supposer  les  deux  ellipses  semblables.  Alors,  si  l'on  prend  pour  axes 
coordonnés  les  deux  droites  rectangulaires  qui  sont  les  bissectrices  des 
angles  formés  par  les  axes  bomologues  des  deux  ellipses  considérées,  les 
équations  des  deux  rayons  elliptiques  s'écrivent  : 


X  =  v'fl^cos^w  +  a'^  sin^wcos^, 

j  =  sja^  sin-  w  -\-  a'^  cos"  w  ces  (S  —  9  ) , 


jr,=      )k  \J  à^  cos' tô 


[  j-,  =  ~Ky'a^  sin- M  +  a'^cos^w  COs(|  qr  y), 

2 M  étant  l'angle  d'écartement  des  axes,  K  le  rapport  de  similitude,  l'ano- 
malie (f  étant  donnée  par  la  relation 

laa' 

taneœ  = -——. • 

*^  *  1/7'  —  /7  '  \  ftin  *>  #.» 


Dans  la  dernière  formule,  le  signe  —  fournil  un  rayon  de  gyration  contraire 
à  celle  du  premier,  et  le  signe  +  un  rayon  de  gyration  semblable. 

»  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  comprend 
la  discussion  du  cas  général;  je  me  bornerai  ici  à  l'examen  de  quelques 
cas  particuliers  remarquables,  accessibles  à  l'expérience  : 

»    1°  Elliptiques  parallèles  directs; 

))   a°  Elliptiques  parallèles  inverses; 

»   3°  Elliptiques  rectangulaires  d'Airy,  égaux  et  inégaux. 

»  Dans  l'interférence  de  deux  rayons  elliptiques  parallèles,  directs  et 
superposables,  le  rayon  résultant  est  elliptique;  son  orientation  et  sa  gyra- 
tion sont  les  mêmes  que  celles  des  ellipses  caractéristiques  des  rayons  con- 
stituants. L'ellipse  définitive,  restant  semblable  à  elle-même,  acquiert  un 
maximum  d'amplitude  et  devient  évanouissante  pour  des  valeurs  pério- 
<liques  du  retard  géométrique  p. 

»  L'interférence  de  deux  rayons  elliptiques  parallèles,  inverses  et  super- 
posables se  traduit  par  un  retour  perpétuel  à  la  polarisation  rectiligne  et 
par  une  rotation  du  plan  de  polarisation  dont  l'angle  H  est  donné  par  la 
relation 

taneû  =  —  tang  ■!-• 

»  Ces  deux  cas  d'interférence  ont  été  vérifiés  à  l'aide  de  l'appareil  des 
demi-lentilles  de  M.  Billet, 


(     I27I     ) 

»  Pour  le  troisième  cas  d'interférence,  la  théorie  indique  que,  si  l'une 
des  ellipses  est  entièrement  enfermée  dans  la  plus  grande,  !e  rayon  résul- 
tant est  toujours  elliptique  sans  retour  à  la  polarisation  recliligne.  Cette 
dernière  apparaît,  et  une  seule  fois  dans  l'intervalle  d'une  période,  dès  que 
la  seconde  ellipse  devient  tangente  à  la  première;  elle  se  produit  deux  fois 
dans  le  même  intervalle  si  les  ellipses  caractéristiques  se  coupent.  Pour 
opérer  ces  vérifications,  je  me  suis  servi  d'un  assemblage  de  deux  de  mes 
biprismes  biréfringents  elliptiques,  disposés  de  manière  à  détruire  mutuelle- 
ment la  déviation  qu'ils  impriment  aux  rayons.  Si  l'on  regarde  suivant 
l'axe,  à  travers  cet  appareil,  une  glace  noire  sous  l'angle  de  polarisation,  et 
qu'on  intercale  un  Nicol  entre  le  biprisme  et  l'oeil,  on  découvre  de  très- 
belles  franges,  sur  lesquelles  on  peut  reconnaître  les  caractères  indiqués  par 
la  théorie,  caractères  variables  avec  l'orientation  du  miroir  polarisateur, 
par  rapport  à  celle  des  azimuts  principaux  de  l'appareil  biréfringent  et  à 
celle  de  la  section  principale  de  l'analyseur.  Il  y  a  lieu  de  considérer  trois 
espèces  de  franges,  que  l'on  peut  encore  produire  en  recourant  aux  an- 
neaux des  lames  minces,  en  visant,  par  exemple,  aux  anneaux  réfléchis 
sous  l'angle  de  polarisation,  après  avoir  interposé  entre  les  anneaux  et  l'œil 
un  quarlz  oblique  épais.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUIî.  —  Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb  pour  la  condailc 
des  eaux  potables.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  E.  de  Laval  à  M.  le 
Président. 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Dumas,  Balard,  Peligot,  Wurtz, 

Belgrand.) 

«    De  la  divergence  des  opinions  émises  sur  la  question  de  l'emploi 

des  tuyaux  de  plomb  pour  la  conduite  des  eaux  potables,  il  me  paraît  im- 
possible de  conclure  à  l'innocuité  du  plomb.  Tout  au  plus  pourrait-on 
prétendre  que  cette  question  a  été  jusqu'ici  imparfaitement  connue,  et 
que  les  faits  contradictoires  qui  ont  été  signalés  sont  dus  à  des  circon- 
stances spéciales  qui  peuvent  en  faire  concevoir  les  variations.  Mais  il 
faut  reconnaître  que,  si  le  mal  n'existe  pas  à  l'état  permanent,  il  est  au 
moins  possible,  et  qu'il  serait  utile  de  prendre  des  mesures  pour  faire  dis- 
paraître le  danger.   » 


164.. 


(     15.72    ) 

HYGIÈNE   PUELIQUK.  —   Sur  les  diverses  conditions  dans  lesquelles  le  plomb 
est  allaqué  par  Veau.  Note  de  M.  Ad.  Bobiekre.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

«  J'ai  pu  constater,  à  bien  des  reprises,  que  le  plomb,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  s'altère  surtout  dans  des  tuyaux  où  l'action  de  l'eau  est 
aidée  par  celle  de  l'air. 

»  Lorsqu'un  doublage  de  navire  est  piqué  et  corrodé,  tous  les  naviga- 
teurs savent  que  l'usure  a  surtout  lieu  à  la  ligne  de  flottaison  ou  dans  les 
portions  fouettées  par  l'eau  aérée,  c'est-à-dire  là  où  ilj  a  action  alternative 
de  l'eau,  de  l'oxygène  et  de  l'acide  carbonique;  les  portions  de  doublage  com- 
plètement immergées  sont,  au  contraire,  les  moins  usées. 

»  Un  fait  analogue  a  été  l'objet  de  mes  études,  dans  une  expertise  :  un 
réservoir  en  plomb,  de  très-belle  qualité  et  servant  dans  un  établissement 
hydrothérapique,  était  piVjfue  rapidement  et  mis  hors  de  service.  L'analyse 
et  l'exatnen  physique  du  métal  me  démontrèrent  qu'il  était  de  fabrication 
et  de  laminage  irréprochables;  mais  le  bassin  était  fréquemment  et  com- 
plètement vidé,  puis  ensuite  rempli  à  l'aide  d'un  jet  de  liquide  tombant 
d'une  hauteur  de  i  mètre  et  s'écrasant  littéralement  à  la  surface  du 
plomb.  En  pareil  cas,  le  phénomène  d'oxydation  et  de  carbonisation  était 
maximum. 

»  Ayant  été  ultérieurement  appelé  à  constater  des  phénomènes  d'em- 
poisonnement saturnin  très-intense  dans  une  propriété  voisine  de  Nantes, 
je  m'aperçus  que,  si  le  tuyau  de  conduite  de  l'eau  était  recouvert  d'une 
couche  boueuse  d'hydrocarbonate  de  plomb,  c'est  que,  par  sa  position  et 
ses  nombreuses  inflexions,  ce  tuyau  offrait  des  chambres  à  air  et,  par  suite, 
toutes  les  conditions  voulues  pour  activer  l'oxydation. 

n  A  Nantes,  les  tuyaux  de  répartition  des  eaux  alimentaires  sont  en 
plomb,  et,  bien  que  le  liquide  contienne  à  peine  des  traces  de  calcaire,  il 
n'y  a  pas  d'accidents,  à  la  condition  essentielle  que  le  métal  soit  toujours 
immergé. 

»  Les  hygiénistes  savent  que  les  eaux  consommées  par  les  marins,  à 
bord  des  navires  pourvus  de  cuisines  distillatoires,  sont  souvent  plombi- 
feres,  Il  est  facile  de  démontrer,  ici  encore,  que  l'altération  du  métal  est 
surtout  causée  par  l'action  simultanée  de  l'eau  et  des  gaz  qui  s'en  dégagent 
pendant  la  distillation.  Pour  m'en  assurer,  j'ai  distillé  de  l'eau  de  mer, 
connue  l'avait  fait  avant  moi  INI.  le  D'  Lefèvre,  à  Brest,  et  j'ai  vu  que,  au 


(  1273  ) 
contact  de  serpentins  en  plomb  pur  ou  en  plomb  étamé  par  simple  con- 
tact avec  de  l'étain  en  fusion,  l'eau  distillée  obtenue  était  Irès-plombifère. 
Si  l'on  introduisait  dans  la  cucurbite  quelques  grammes  de  lait  de  chaux, 
le  produit  distillé  ne  renfermait  plus  que  des  traces  de  métal  vénéneux.  La 
même  opération,  effectuée  à  l'aide  de  serpentins  ne  renfermant  que  lo  de 
plomb  pour  90  d'étain,  a  fourni  de  l'eau  plombifére  ou  pure,  selon  que 
la  distillation  était  conduite  avec  ou  sans  lait  de  chaux,  à  la  condition 
toutefois  de  perdre  les  pi'emiers  produits  de  l'opération.  Ces  résultats  s'ex- 
])liqiient  facilement  lorsqu'on  réfléchit  que  le  chlorure  do  magnésium  de 
l'eau  de  mer  (je  pourrais  ajouter  les  iodures,  bromures  et  sulfiu-es)  donne 
lieu,  par  l'ébullition,  à  des  émanations  attaquant  d'autant  mieux  le  plomb 
qu'elles  sont  aérées  et  élevées  à  la  température  de  100  degrés. 

»  Donc,  à  l'exception  des  eaux  pluviales  ou  distillées,  les  eaux  potables 
n'attaquent  en  général  les  tuyaux  de  plomb  d'une  manière  sensible  que 
si  la  surface  métallique  est  alternativement  en  contact  avec  l'air  et  avec  l'eau. 

»  Une  autre  série  de  recherches  m'a  conduit  à  celte  autre  conclusion, 
que  la  plus  grande  quantité  de  matière  vénéneuse  d'un  liquide  plombifére 
obtenu  p,ir  le  contact  de  l'eau  ordinaire  avec  des  tuyaux  de  plomb  est  en 
suspension,  et  que,  dans  certains  cas,  la  hltralion  de  cette  eau  sur  du  calcaire 
lui  ôte  toute  propriété  vénéneuse.  » 

HYGIÈNE  PUI3LIQUE.  —  Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb  pour  la  conduite  et 
la  distribution  des  eaux  destinées  aux  usages  alimentaires.  Note  de  M.  Cham- 
poiiii.i.ox,  présentée  par  M.  Larrey. 

(Renvoi  à  la  même  Commission.) 

«  Toutes  les  casernes,  tous  les  hôpitaux  militaires  de  Paris  sont  pourvus 
d'eaux  potables,  conduites  et  distribuées  par  des  tuyaux  de  plomb  ;  ces 
eaux  proviennent  de  la  Seine,  de  la  Marne,  de  la  Dhuis,  du  canal  de 
rOiucq  et  du  puits  artésien  de  Grenelle.  De  i845  à  1869,  sur  un  effectif 
de  108000  militaires  malades,  reçus  dans  les  hôpitaux  du  Val-de-Gràce, 
du  Gros-Caillou,  de  Saint-Martin,  il  n'a  pas  été  signalé  un  seul  cas  d'intoxi- 
cation saturnine,  à  un  degré  quelconque.  Tous  les  ans,  depuis  la  seconde 
quinzaine  d'août  jusqu'à  la  fin  de  septembre,  la  garnison  de  Paris  souffre 
plus  ou  moins  de  la  dyssenterie  ;  mais  ces  petites  endémies,  à  la  produc- 
tion desquelles  l'eau  des  casernes  n'est  pas  absolument  étrangère,  ne  pré- 
sentent jamais  aucun  des  caractères  propres  à  l'intoxication  saturnine,  la- 
quelle se  distingue  d'ailleurs  par  d'autres  symptômes. 


(  1^74  ) 

»  L'intoxication  saturnine  ne  serait  possible  que  dans  les  circonstances 
exceptionnelles  où  les  troupes  s'abreuveraient  d'eaux  pluviales  conservées 
dans  des  récipients  en  contact  avec  le  plomb.  Il  se  forme  alors,  et  plus  ra- 
pidement que  dans  l'eau  distillée,  c'est-à-dire  en  quelques  heures,  du  car- 
bonate de  plomb  hydraté  pouvant  être  entraîné  par  l'écoulement  du 
liquide. 

»  Dès  que  les  eaux  potables  contiennent,  par  litre,  de  i5  à  20  centi- 
grammes de  sels  minéraux,  et  particulièrement  de  sels  de  chaux,  tout 
danger  d'empoisonnement  par  les  conduites  de  plomb  est  absolument  nul. 
Il  se  fixe  sur  la  surface  interne  de  ces  conduites  un  sédiment  terreux, 
lequel  suffit,  ne  serait-il  que  de  l'épaisseur  de  l'épiderme,  pour  mettre 
obstacle  à  une  réaction  quelconque  entre  l'eau  et  le  métal,  de  sorte  que 
l'on  peut  dire  des  tuyaux  de  plomb  que,  plus  ils  servent,  mieux  ils  valent. 
Des  échantillons  de  l'eau  de  la  Seine,  de  la  Marne,  du  canal  de  l'Ourcq,  de 
la  source  d'Arcueil,  du  puits  de  Grenelle,  dans  lesquels  plongent,  depuis 
douze  ans,  de  larges  feuilles  de  plomb,  sont  restes  parfaitement  limpides; 
rendus  acides  par  quelques  gouttes  d'acide  chlorhydiiqueet  traités  ensuite 
par  une  solution  concentrée  de  gaz  sulfhydrique,  ils  ne  donnent  absolu- 
ment aucun  signe  de  réaction. 

»  Les  eaux  potables  qui  alimentent  les  casernes  de  Paris  contenant  de 
i5  à  60  centigrammes  de  principes  salins  en  dissolution,  il  est  naturel  que 
le  personnel  de  la  garnison  n'ait  jamais  offert  un  exemple  d'intoxication 
saturnine.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelle  réponse  à  M.  Colladon,  à  propos  du  j)rocédé 
de  condensation  des  malières  licpiéfiables  tenues  en  suspension  dans  les  cjaz; 
par  MM.  E.  Pelouze  et  P.  Aidodin. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Dans  notre  précédente  réponse  à  M.  Colladon,  nous  disions  :  «  Les 
»  explications  données  par  M.  Colladon  s'apj)liqucnt  aux  phénomènes 
))  tels  qu'ils  seproduisent  dans  les  appareils  laveurs  employés  depuis  long- 
»  tempsdans  l'industrie  du  gaz  et  non  au  principe  sur  lequel  est  construit 
»   noire  condensateur.   » 

»  Les  dernières  observations  de  M.  Colladon  [Comptes  rendus,  p,  1162 
de  ce  volume)  confirmant  pleinement  notre  manière  de  voir,  nous  ne 
poursuivrons  pas  cette  discussion  devant  l'Académie.  » 


{  1^75  ) 

ZOOLOGIK.    —   Sut    les   pigeons   voyageurs  revenus  à  Paris  pendant  le  siège. 
Note  de  M.  W.  dk  Fowifxle.  (Extrait.) 

(Commissaires:  MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  E.  lîlanchard, 

de  Lacaze-Diithiers.) 

«  L'auteur,  en  s'appuyant  sur  des  documents  officiels,  montre  qu'on  a 
beaucoup  exagéré  la  portée  réelle  des  services  rendus  ()ar  les  '^3  pigeons 
rentrés,  au  moins  en  ce  qui  concerne  la  correspondance  officielle.  Le  nom- 
bre des  courriers  aériens  qui  ont  pu  exercer  une  influence  utile  sur  le  mou- 
vement des  armées  de  défense  doit  être  réduit  de  yS  à  i6,  si  l'on  défalque  : 
1°  les  arrivées  de  seplembre,  époque  d'installation  du  service;  2°  les 
pigeons  égarés  ;  3°  les  dépêches  expédiées  en  double  ou  triple. 

»  Le  nombre  des  ballons  ayant  fourni  des  pigeons  de  retour  doit  être 
réduit  à  20,  dont  l'auteur  donne  la  nomenclature;  /|3  ballons  ont  été 
inutiles  à  ce  service.  Parmi  les  20  ballons  utiles  à  la  correspondance 
aérienne,  3  avaient  été  lancés  en  septembre;  7  n'ont  fourni  qu'un  seul 
pigeon. 

n  Le  ballon  qui  a  fourni  le  plus  de  pigeons  utiles  est  le  Général-JJhrich, 
qui  en  avait  emporté  3(3,  sur  lesquels  i4  sont  revenus.  Ce  ballon,  parti  le 
i4  novembre,  a  i  i  heures  du  soir,  est  resté  en  l'air  toute  la  nuit  et  n'a 
fait  sa  descente  qu'à  8  heures  du  matin.  En  cinq  heures,  il  n'avait  fait  que 
23  kilomètres,  parce  qu'il  s'était  trouvé  ballotté  entre  deux  courants  de 
sens  contraire.  C'est  grâce  au  patriotisme  des  habitants  de  Luzarclies  et 
des  aéronautes  qu'il  a  pu  être  soustrait  à  l'ennemi. 

»  On  verrait,  dans  une  étude  approfondie  des  deux  branches  du  service 
aérien,  la  preuve  qu'il  est  trop  tard  d'atlendre  que  l'on  soit  sous  le  feu  de 
l'ennemi  pour  organiser  un  art,  si  conforme  au  génie  français,  d'une  façon 
satisfaisante;  ni  le  patriotisme,  iii  le  courage,  ni  le  dévouement  à  la  patrie 
ne  peuvent  siq^pléer  aux  connaissances  spéciales  que  l'étude  seule  permet 
d'acquérir. 

»  L'auteur  termine  par  une  citation  de  Pline,  qui  prouve  que  l'usage 
des  pigeons  voyageurs,  en  temps  de  guerre,  était  connu  des  Romains. 
Decimus  Brutus,  un  des  meurtriers  de  César,  fit  usage  des  pigeons  voya- 
geurs pour  communiquer  avec  le  camp  des  consuls,  qui  cherchaient  à  le 
délivrer  de  Marc-Antoine,  par  qui  il  était  assiégé  dans  Modène.  Marc- 
Antoine  fut  obligé  de  lever  le  siège. 


(  1276  ) 

VITICULTURE.  —  Note  sur  (es  mœurs  du  Plijlloxcra  ;  par  M.  Max.  Cornu, 

délégué  de  l'Académie. 

a  Une  opinion  accréditée  chez  beaucoup  de  viticulteurs,  et  qui  est  loin 
d'être  déraisonnable,  attribue  les  désordres  produits  par  le  Phylloxéra  à 
une  substance  irritante  dégurgilée  par  lui;  on  admet  volontiers  que  les 
renflements  sont  déterminés  par  ce  liquide  spécial,  «  ce  venin  »,  déposé 
par  l'insecte  dans  le  tissu  des  radicelles,  au  fond  de  la  piqûre;  que  ce 
venin,  à  la  manière  de  celui  des  moustiques  sur  la  peau  de  l'homme,  dé- 
termine luie  irritation  dont  la  conséquence  est  une  hypertrophie.  Les  for- 
mations qui  en  résultent  doivent,  selon  cette  hypothèse,  finir  par  mourir 
et  se  décomposer,  sous  l'action  du  venin  demeuré  dans  la  place. 

»  Les  hémiptères  ont  en  général  des  glandes  salivaires  très-développées, 
et  quelques-uns  sécrètent  un  liquide  plus  ou  moins  acre  et  brûlant  (on 
connaît  l'effet  produit  par  la  punaise  des  lits).  On  expliquerait  par  l'action 
d'un  pareil  liquide  la  production  des  galles  sur  les  feuilles,  celle  des  ren- 
flements des  racines  et  des  renflements  des  radicelles  qui  diffèrent  à  plus 
d'un  titre  des  précédents;  mais  cette  hypothèse,  vraisemblable  au  premier 
coup  d'œil,  est-elle  nécessaire?  N'est-elle  pas  discutable?  Ne  pe\it-on  |)as  la 
combattre  par  de  bons  arguments?  Je  vais  essayer  de  prouver  qu'on  peut 
la  rejeter,  en  attendant  des  preuves  directes. 

»  Les  racines  de  la  vigne,  lorsqu'elles  atteignent  un  diamètre  supérieur 
à  3  et  4  millimètres,  ne  présentent  plus  de  renflements,  et  cependant  on 
voit  souvent  sur  les  grosses  racines  un  nombre  considérable  de  Phylloxéras. 
Ils  sont  groupés  ou  alignés  dans  les  crevasses  de  l'écorce,  les  uns  à  côté 
des  autres,  et,  s'ils  déversaient  un  liquide  acre,  irritant,  ils  devraient,  réunis 
en  masse,  produire  des  perturbations  considérables,  ime  segmentation 
des  éléments  du  tissu  cortical.  Dira-ton  que  l'écorce  y  est  formée  de  cel- 
lules moins  jeunes;  mais  on  sait  que  chaque  année  l'ancienne  écorce  est 
exfoliée  par  le  moyen  d'une  couche  subéreuse  nouvelle  qui  se  développe 
au-dessous  d'elle  et  qu'une  écorce  de  nouvelle  formation  prend  sa  place. 
L'effet  produit  se  borne  à  la  coloration  de  certains  réservoirs  de  gomme, 
comme  je  l'ai  dit  dans  une  Note  déjà  ancienne;  mais  des  preuves  d'ini 
autre  ordre  peuvent  être  fournies,  et  elles  sont  tirées  des  hvpertrophies 
elles-mêmes. 

))  Sans  nous  occuper  de  la  constitution  anatomique  des  renflements 
radicellaircs  dont  il  n'a  pas  encore  été  question,  rappelons  ce  qui  a  été 
dit  sur  la  structure  des  galles  des  tiges  et  des   vrilles  {^Compte  rendu  du 


(  1277  ) 
20  octobre  dernier).  Ces  galles  sont  produites  uniquement  aux  dépens 
d'une  portion  du  tissu  corticnl  autour  du  Phylloxéra  et  non  immédiatement 
au-dessous  de  lui.  Ce  u'est  pas  sa  présence  en  ce  point  qui  détermine  cette 
dépression,  puisque,  comme  on  l'a  vu  dans  une  Note  précédente,  on  voit 
cette  même  dépression  se  former  sur  une  radicelle  après  le  départ  de  l'in- 
secte. Ce  n'est  pas  non  plus  un  excès  tout  local  de  liquide  acre  concentré 
en  un  point;  car,  dans  les  cellules,  de  plus  en  plus  distantes  de  ce  point 
où  l'effet  de  cet  excès  devrait  s'atténuer,  l'hypertrophie  arrêtée  devrait 
se  produire  de  nouveau  ;  il  n'en  est  rien,  quoique,  juste  en  face  de  l'insecte, 
au-dessous  de  quelques  assises  de  tissu  cellulaire,  se  trouve  la  zone  géné- 
ratrice de  la  tige  ou  do  la  vrille  :  cette  zone  ne  donne  pas  naissance,  comme 
dans  les  racines  grêles,  à  de  nouvelles  formations. 

»  L'action  d'un  liquide  irritant  ne  parait  donc  pas  nécessaire  à  invo- 
quer; ces  derniers  faits  sembleraient  même  démontrer  qu'il  n'en  est  pas  dé- 
versé dans  les  cellules.  A  quoi  bon  faire  une  hypothèse  que  l'explication 
des  effets  produits  n'exige  pas  encore? 

»  Une  action  purement  mécanique  permet  de  se  rendre  compte  des 
segmentations  cellulaires  et  de  la  production  du  tissu  nouveau.  Ne  voit-on 
pas  tous  les  jours  des  exemples  d'actions  pareilles?  On  connaît  les  effets 
produits  sur  les  arbres  par  une  corde,  un  fd  de  fer,  une  liane,  par  un  corps 
étranger  qui  les  com|)rime;  la  rupture,  l'écrasement,  même  partiels,  sans 
adjonction  de  substance  irritante,  déterminent  des  phénomènes  de  soudure 
et  d'hypertrophie  très-remarquables,  des  altérations  qui  s'étendent  bien 
au  delà  de  la  partie  atteinte,  qui  modifient  les  parties  les  plus  intimes  de 
la  fleur  encore  à  venir  et  en  détruisent  la  coloration  et  même  la  symétrie. 
Et  pourtant,  dans  les  cas  cités,  l'action  est  localisée  et  s'exerce  sur  des  or- 
ganes en  partie  formés  et  consolidés;  elle  sera  plus  complète,  plus  éner- 
gique si  elle  s'applique  sur  l'ensemble  des  parties  d'une  zone  en  pleine 
voie  de  formation,  telle  que  le  point  végétatif  de  la  radicelle. 

»  A  cette  action  mécanique  il  faut  joindre  l'absorption  du  contenu  des 
cellules;  or  cette  absorption  seule,  quoique  faible,  peut  produire  des  effets 
considérables;  on  pourrait  citer  comme  exemple  les  hypertrophies  pro- 
duites par  certains  champignons  enfophytes.  Le  Spichitiium  mercurialis, 
petit  parasite  unicellulaire  qui  vit  aux  dépens  des  feuilles  de  la  mercuriale 
vivace,  occupe  une  cellule  unique;  il  absorbe  le  plasma  des  cellules  voi- 
sines, non  pas  avec  un  suçoir  et  en  perforant  leurs  parois,  mais  par  simple 
endosmose;  il  détermine  cependant  une  excitation  cellulaire  assez  forte 
pour  produire  autour  de  lui  une  sorte  de  galle  saillante  au-dessus  du 

C.R.,  1873,  2' Semestre,  (T.  LXXVII,  N"  22.)  l65 


(  1^78  ) 
niveau  de  la  feuille;   on  pourrait  rapporter  un   grand  nombre  d'autres 
exemples. 

»  Il  paraît  donc  que  la  piqûre  du  suçoir  et  l'absorption  du  plasma  des 
cellules  perforées  sont  des  causes  suffisantes  pour  expliquer  les  perturba- 
tions apportées  par  l'insecte  dans  la  végétation  de  la  vigne. 

»  Il  ne  sera  peut-être  pas  inutile,  à  l'appui  de  la  thèse  soutenue  ici,  de 
rappeler  que  le  Phylloxéra  (juercûs,  si  voisin  du  Phjlloxera  vastatrix,  ne  dé- 
termine pas  de  galles  sur  les  feuilles  du  chèiie,  qui,  cependant,  donnent  lieu 
à  un  grand  nombre  de  ces  formations  d'origines  diverses;  il  ne  produit 
que  des  taches  brunes  formées  par  la  dessiccation  partielle  de  la  feuille 
tout  autour  de  lui;  c'est  cette  particularité  qui  a  déterminé  la  dénomina- 
tion générique  de  Phjlloxera  quercûs;  le  parenchyme  de  la  feuille,  plus 
ferme  que  celui  de  la  vigne,  ne  prend,  sous  l'influence  du  suçoir  de  l'in- 
secte, aucun  accroissement  irrégulier  et  anormal,  quoiqu'il  puisse  s'hyper- 
trophier  aisément  sous  la  piqiîre  d'autres  insectes;  il  est  donc  probable 
qu'il  ne  reçoit,  lui  non  plus,  aucun  liquide  irritant  et  que,  sous  ce  rapport, 
le  Phjlloxera  quercûs  et  le  Phylloxéra  vastatrix  se  comportent  de  même. 

»  Quant  à  l'hypothèse  qui  supposerait  que  le  venin  fût  la  cause  de  la 
pourriture  des  renflements,  elle  ne  paraît  pas  nécessaire  non  plus;  quoique 
la  question  à  laquelle  elle  se  rapporte  n'ait  pas  encore  été  élucidée  avec 
une  entière  certitude,  on  peut  cependant  dire  que  plusieurs  faits  s'opposent 
à  cette  manière  de  voir.  Comme  l'année  dernière,  je  pense  que  la  décom- 
position des  renflements  est  la  conséquence  aussi  bien  de  la  constitution 
même  de  ces  renflements  que  de  leur  relation  avec  le  reste  de  la  plante  : 
on  voit  en  effet  des  renflements,  qui  se  sont  conservés  longtemps  après  le 
départ  de  l'insecte,  périr  cependant  et  à  la  même  époque  que  d'autres 
renflements  chargés  de  Phylloxéras. 

»  J'ai  insisté  sur  ce  qui  précède  parce  que  l'hypothèse  du  liquide  irritant 
excrété  par  le  Phylloxéra  a  été,  dans  le  département  de  la  Gironde,  l'origine 
d'une  théorie  particulière  pour  le  traitement  des  vignes.  L'action  de  ce 
liquide,  encore  incoiuui  du  reste,  on  prétend  la  combattre  par  une  sub- 
stance acide  ou  basique,  également  inconnue  aussi,  qui  serait  déposée  dans 
le  sol.  Il  faudrait  donc  trouver  d'abord  une  substance  antagoniste,  un  con- 
tre-poison (l'auteur  semble  croire  que  les  venins  sont  acides  ou  alcalins 
et  se  préoccupe  surtout  de  leur  action  chimique);  on  devrait  répandre 
cette  substance  dans  toute  la  masse  du  sol  et  atteindre  chaque  Phyl- 
loxéra; mais,  après  avoir  obtenu  ce  résultat,  ce  qui  serait  très-coûteux, 
quel  que  fût  le  prix  de  cette  substance,  il  faudrait  encore  qu'elle  se  glissât 


(  '279  ) 
le  long  du  suçoir  de  l'insecte  pour  pénétrer  jusque  dans  l'intérieur  des 
tissus  et  neutraliser  l'effet  du  venin  encore  problématique.  Des  essais 
ne  paraissent  pas  avoir  été  tentés  encore;  on  peut  prévoir  d'avance  qu'ils 
seraient  infructueux.  Au  point  de  vue  pratique,  ce  traitement  repose  sur 
une  série  d'hypothèses;  il  présente  toutes  les  difficultés  des  traitements  par 
les  insecticides,  y  compris  la  recherche  de  la  substance  à  employer  et  une 
difficulté  de  plus  purement  gratuite,  la  pénétration  du  liquide  parla  voie 
même  que  suit  le  suçoir  de  l'insecte  dans  la  racine.  S'il  était  possible  de 
faire  parvenir  aisément  et  à  bon  compte  autour  de  chaque  insecte  une  sub- 
stance quelconque,  le  grave  problème  de  la  maladie  des  vignes  serait  résolu, 
car  les  agents  insecticides  abondent. 

»  Reprenons  l'examen  du  Phylloxéra  vivant  à  la  surface  des  renflements 
radicellaires  et  notamment  l'étude  des  mues  de  l'insecte.  Lorsqu'il  vient 
de  muer,  il  est  d'un  jaune  vif,  couleur  de  soufre;  peu  après,  il  devient 
jaune  d'or  ou  jaune  verdâlre  sans  que  je  puisse  m'expliquer  cette  différence 
de  coloration  ;  puis  il  passe  finalement  à  une  teinte  plus  foncée,  un  peu 
brune.  J'ai  signalé  précédemment  (Compte  rendu  de  la  séance  du  2g  sep- 
tembre dernier)  que  l'insecte  couvert  de  tubercules  (et  il  en  est  déjà  très- 
netiement  pourvu  après  la  première  mue  et  quelquefois  même  avant) 
dépouille  une  peau  munie  de  ces  particularités  et  se  montre  à  l'œil  entière- 
ment dépourvu  de  tubercules. 

»  A  mesure  que  la  teinte  jaune  de  soufre  disparaît,  les  tubercules  se 
montrent  de  nouveau  ;  il  est  probable  que  ce  changement  de  couleur  est  dû 
à  une  coloration  noire  que  prend  l'enveloppe  externe;  la  réapparition  des 
tubercules  se  conçoit  alors  aisément:  la  coloration  que  prennent  vers  cette 
époque  les  antennes  et  les  pattes  doit  faire  considérer  celte  supposition 
comme  très-fondée.  D'abord  très-vagues  avec  une  teinte  grisâtre,  couleur 
de  mine  de  plomb,  visibles  seulement  sous  certaines  incidences,  les  tuber- 
cules deviennent  de  plus  en  plus  nets,  à  mesure  que  l'insecte  tourne  au 
brun;  on  rencontre  ainsi  Ions  les  intermédiaires  entre  les  insectes  tubercu- 
leux et  ceux  qui  ne  le  sont  pas. 

»  Quand  le  Phylloxéra,  à  quelque  état  qu'il  soit,  est  sur  le  point  de 
muer,  il  prend  une  teinte  brune  assez  foncée;  il  ressemble  aux  individus  en 
mauvaise  santé  ou  morts.  Ce  caractère  se  retrouve  normalement  et  pendant 
une  longue  période  sur  les  individus  hibernants,  qui  offrent  la  même  appa- 
rence et  sont  justement  dans  le  même  cas;  on  peut,  en  effet,  les  considérer 
comme  des  jeunes  dont  la  mue  a  été  retardée  par  une  cause  ou  par  une 
autre,  notamment  l'abaissement  de  la  température. 

i65.. 


(     I28o    ) 

»  Quand  ils  sont  sur  le  [joint  de  dépouiller  leur  ancienne  peau,  les  in- 
sectes arrachent  leur  suçoir  implanté  dans  le  tissu  de  la  racine,  ainsi  que 
je  l'ai  déjà  plusieurs  fois  répété;  on  les  voit  s'allonger  et  porter  à  droite  ou 
à  gauche  la  partie  postérieure  de  leur  corps;  elle  prend  parfois  lui  mouve- 
ment de  rotation  circulaire,  la  peau  se  fend  à  la  partie  antérieure,  dans  un 
plan  médian  vertical,  la  fente  s'arrête  sur  la  face  abdominale  vers  l'insertion 
des  raies  du  suçoir  ou  un  peu  plus  bas,  et  à  une  pareille  distance  sur  la  par- 
tie dorsale;  remarquons  en  passant  que  c'est  par  la  partie  antérieure  que 
se  rompt  la  membrane  de  l'œuf  lors  de  l'éclosion.  L'insecte  s'agite  par 
instants,  puis  semble  se  reposer  pour  reprendre  ensuite  ses  mouvements 
de  flexion  désordonnés.  On  peut  se  demander  par  quel  moyen  il  peut  quit- 
ter cette  enveloppe  qui  l'entoure  étroitement  de  toutes  parts  et  avec 
laquelle  la  nouvelle  peau  doit  avoir  une  adhérence  complète.  En  effet, 
chaque  organe  se  trouve  moulé  dans  un  organe  identique,  chaque  poil 
dans  l'intérieur  d'un  autre  poil  ;  les  trois  nouvelles  raies  du  suçoir  sont  cou- 
tenues  dans  la  cavité  de  chaciuiedes  anciennes.  Il  faut  donc  vaincre  une 
résistance  de  frottement  qui  doit  être  considérable  entre  ces  parties  si 
exactement  appliquées  les  unes  sur  les  autres  ;  les  organes  nouveaux  sont 
d'ailleurs  comprimés,  car  ils  sont  plus  grands  que  ceux  qui  les  contien- 
nent. La  mue  est  un  moyen  de  se  débarrasser  de  l'ancienne  peau  qui  gène 
l'accroissement  de  l'animal. 

))  Le  moyen  à  l'aide  duquel  l'insecte  dépouille  son  ancienne  enveloppe 
est  simple;  il  est  relatif  à  luie  particularité  de  son  squelette  externe,  dont 
il  a  été  question  déjà.  Sur  toute  la  longueur  de  son  corps  sont  disposés  de 
petits  poils  qui  occupent  le  centre  de  l'espace  où  la  membrane  est  un  peu 
soulevée  et  où  elle  prend  une  teinte  plus  foncée  et  l'aspect  de  tuber- 
cules; ce  sont  ces  petits  poils  qui  permettent  au  Phylloxéra  de  cheminer 
dans  son  ancienne  peau  et  de  s'en  débarrasser;  il  prend  sur  eux  un  point 
d'appui,  et  tout  mouvement  qu'il  fait  concourt  à  faire  reculer  son  enveloppe, 
par  un  mécanisme  analogue  à  celui  qui  fait  monter  constamment  un  épi 
d'orge  placé  dans  la  manche. 

»  A.  la  suite  des  mouvements  qu'exécute  l'insecte,  la  partie  postérieure 
paraît  être  dépouillée  la  première;  la  peau  se  fendrait  ensuite  à  la  partie 
antérieure  sous  l'effort  de  la  pression  de  l'insecte  cheminant  ainsi.  Le 
22  août  dernier,  en  observant  des  renflements  récoltés  à  Montpellier,  une 
nymphe  fut  trouvée  qui  paraissait  avoir  une  a|ipareuce  particulière:  elle 
était  d'un  brun  foncé,  au   lieu  d'avoir  la  couleur  jaune  d'or  ou  rougeàtre 


(    I28l     ) 

qni  est  habituelle  à  cette  forme  de  l'insecte;  elle  exécutait,  par  sa  partie 
postérieure  très-allongée,  des  mouvements  considérables;  mise  à  part  à 
lo  heures  du  matin  sur  le  porte-objet  du  microscope,  à  l'air  sec,  elle  était 
examinée  de  temps  en  temps,  mais  sans  qu'il  se  présentât  de  modifications 
bien  sensibles  dans  son  état.  L'observation  fut  reprise  à  ii^lfS'":  la  nymphe 
avait  déjà  dépouillé  en  partie  son  ancienne  peau;  mais  elle  paraissait  em- 
barrassée, ne  trouvant  pas  sur  la  lame  de  verre  de  corps  rugueux  où  elle 
pût  accrocher  ses  pattes  ;  elle  y  glissait  sans  cesse.  Il  est  possible  que  la  dif- 
ficulté qu'elle  devait  éprouver  ait  augmenté,  que  la  membrane  se  fût 
durcie  en  se  desséchant  et  se  soit  opposée  au  libre  jeu  des  parties  encore 
molles  de  l'insecte  ailé  qui  allait  en  sortir.  La  partie  postérieure  était 
déjà  dépouillée  etplissée;  l'abdomen,  au  lieu  d'avoir  la  forme  normale 
ou  celle  qu'il  avait  au  début,  où  il  était  allongé  et  longuement  conique, 
était  fortement  contracté  :  le  segment  anal  était  seul  saillant,  il  avait 
pris  un  contour  à  double  courbure  et  la  forme  d'une  toupie.  Malgré  les 
efforts  de  l'insecte,  qui  lâchait  de  déployer  ses  anneaux  plies  les  uns 
contre  les  autres,  la  partie  antérieure  ne  se  fendit  pas;  la  nymphe  mourut 
dans  cet  état  sans  avoir  pu  rompre  la  membrane  trop  résistante. 

»  Combien,  dans  les  circonstances  normales  de  la  mue,  doit  durer  ce 
travail  préparatoire?  Les  données  suffisamment  exactes  font  encore  défaut 
ici,  mais  il  doit  être  assez  long.  Quand  la  rupture  de  la  peau  a  commencé 
dans  des  conditions  favorables,  le  Phylloxéra  s'en  débarrasse  en  quelques 
minutes  ou  en  un  quart  d  heure,  suivant  l'état  plus  ou  moins  avancé  à 
l'instant  auquel  on  commence  l'observation;  elle  n'a  jamais  été  prise 
à  son  début,  mais  toujours  faite  après  que  le  dépouillement  avait  déjà 
commencé.  L'insecte  reste  souvent  assez  longtemps  occupé  à  se  débar- 
rasser de  la  peau,  qui  se  contracte  à  mesure  qu'elle  est  rejetée,  et  dont 
les  replis  retiennent  encore  les  derniers  segments  ou  s'attachent  à  leurs 
poils. 

»  La  peau  est  généralement  placée  dans  la  position  de  l'insecte,  les 
pattes  étendues,  mais  les  parties  latérales  se  sont  rapprochées  et  appliquées 
l'une  contre  l'autre,  la  fente  qui  a  livré  passage  à  l'animal  restant  béante; 
elle  a  donc  ainsi  un  volume  moindre  que  lui;  ces  différentes  dépouilles 
présentent  entre  elles  des  différences  de  taille  beaucoup  moins  sensibles 
que  celles  des  insectes  eux-mêmes.  Quand  on  les  recherche  sur  les  racines 
ou  sur  les  renflements,  on  est  exposé  à  des  crieurs  fréquentes;  bien  sou- 
vent, croyant  avoir  affaire  à  une  dépouille  d'insecte,  on  recueille  de  petits 


(     1282    ) 

graviers,  des  pellicules  exfoliées  par  la  racine,  et  qui,  à  la  loupe,  offrent  la 
même  apparence  qu'elle.  Une  fois  la  mue  accomplie,  l'insecte  a  recouvré 
une  certaine  agilité  dont  il  use  quelquefois  pour  s'éloigner  de  l'endroit 
qu'il  avait  choisi  d'abord. 

»  Les  mues  de  l'insecte  aptère  sont  au  nombre  de  trois,  tant  pour  l'in- 
secte des  racines  que  pour  celui  des  galles  (i)  ;  les  dépouilles  se  distinguent 
assez  aisément  les  unes  des  autres.  La  plus  nette  est  la  première,  qu'on 
reconnaît  avec  la  plus  grande  facilité  aux  poils  robustes  et  très-développés 
qui  garnissent  les  antennes  et  les  pattes,  à  la  longueur  relative  des  divers 
appendices,  à  la  forme  des  antennes  qui  sont  beaucoup  plus  grosses  que 
les  autres  ;  ces  caractères  sont  ceux  du  jeune,  ils  ont  été  établis  depuis 
longtemps  par  M.  le  D''Signoret.  Cette  dépouille  est  d'une  couleur  mani- 
festement plus  pâle  que  celle  des  autres,  ce  qui  permet  souvent  de  la  recon- 
naître à  la  vue  simple.  Chez  les  individus  des  racines,  les  trois  dépouilles 
du  même  individu  ne  se  trouvant  pas,  comme  dans  les  galles,  réunies 
ensemble  et  bien  conservées,  la  comparaison  ne  peut  plus  se  faire  aussi 
aisément  :  aussi  ce  caractère  y  est-il  moins  net. 

»  La  deuxième  et  la  troisième  dépouille  sont  assez  semblables;  les  an- 
tennes sont,  en  général,  colorées  en  noir,  beaucoup  plus  coniques,  moins 
larges,  pourvues  de  poils  bien  plus  courts,  la  cicatrice  moins  large,  l'article 
basilaire  moins  renflé;  elles  différent  l'une  de  l'autre,  la  deuxième  parce  que 
les  pattes  n'y  offrent  qu'un  seul  article  aux  tarses,  tandis  que,  dans  la  troi- 
sième, elles  en  offrent  deux.  Il  faut  se  garder  de  prendre  la  ligne  pâle  du 
tarse  dans  la  deuxième  dépouille  pour  la  séparation  de  deux  articles:  cette 
ligne  correspond  à  la  séparation  réelle  de  ce  tarse  en  deux  parties,  qui  a 
lieu  chez  l'insecte  qui  a  dépouillé  sa  deuxième  mue,  et  elle  s'appliquait 
exactement  siu'  cette  séparation  avant  le  dépouillement.  Les  deux  articles, 
dans  la  troisième,  sont  séparés  par  une  ligne  noire,  vis-à-vis  de  laquelle  le 
contour  est  un  peu  rentrant. 

»  Si  la  dépouille  de  la  première  nuie,  ou  mue  du  jeune,  est  très-aisée 
à  reconnaître  entre  toutes  au  premier  coup  d'oeil,  les  deux  autres  sont  plus 
difficiles  à  distinguer  entre  elles;  elles  sont  bien  moins  nettement  diffé- 
rentes, les  caractères,  que  je  n'énonce  pas  tous,  plus  délicats;  elles  sont 
toutes  en  général,  à  moins  de  circonstances  spéciales,  souillées  de  débris 
d'écorce  et  de  substances  brunes  qui  altèrent  beaucoup  la  netteté  de  la 
surface.  Quand  on   veut  les  préparer,   elles  restent  recroquevillées;  l'air 

(i)  Voir  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  29  septembre  18^3. 


(   1283  ) 
occupe  l'intérieur  des  cavités  des  antennes  et  des  pattes  et  gêne  souvent 
l'examen. 

»  On  se  rappelle  une  discussion  qui  s'éleva  au  mois  d'août  dernier  entre 
le  D''  Signoret  et  JM.  Lichtenslein,  au  sujet  du  développement  de  l'insecte 
depuis  son  éclosion  jusqu'à  la  ponte.  Le  D'  Signoret  [Comptes  rendus  du 
4  août  1873)  contredisait  une  opinion,  soutenue  jadis  par  lui  et  reprise 
par  M.  Lichtenstein,  dans  une  conférence  publique  : 

«  Le  Messager  du  Midi,  à  la  date  du  5  juillet  dernier,  a  publié  le  compte  rendu  d'une 
conférence  sur  le  Phylloxéra,  faite  par  M.  Lichtenstein,  dans  laquelle  nous  relevons  la  phrase 
suivante  :  «  Sa  ponte  rapide,  sa  prompte  évolution  sont  telles,  que  les  |)etits  sont  aptes  à 

»  devenir  mères  dans  l'espace  de   dix  jours.  »  C'est  là  une  erreur  considérable Pour 

répondre  tout  de  suite  à  l'énoncé  ci-dessus,  nous  dirons  que  pour  nous,  au  lieu  de  dix  jours, 
l'évolution  complète  ne  se  fait  que  dans  l'espace  d'une  année.  » 

»  Il  donne  ensuite  les  caractères  des  individus  après  chaque  mue.  Ces 
caractères  sont  parfaitement  exacts  :  ce  sont  ceux  que  j'ai  rapportés  plus 
haut.  Il  doime  ensuite,  comme  preuve  de  la  longue  évolution  des  Phyl- 
loxéra des  racines,  l'intervalle  de  la  première  et  de  la  detixième  mue  qu'il 
fixe  à  quinze  ou  vingt  jours. 

»  M.  Lichtenstein  répliqua  [Comptes  rendus  du  25  août  iSy^),  et  dans  une 
Note  contradictoire  avec  celle  du  D''  Signoret,  il  cita  un  Piiylloxera  qui, 
éclos  le  12  août,  pondit  le  21,  après  neuf  jours. 

))  Des  divergences  pareilles,  entre  deux  entomologistes  de  mérite,  néces- 
sitaient des  observations  nouvelles.  Disons  tout  de  suite  que  l'une  et  l'autre 
opinion,  en  apparence  si  disseiublables,  peuvent  peut-être  se  concilier,  en 
ce  sens  qu'elles  se  rapportent  à  des  formes  séparées  de  l'insecte.  Dans  la 
même  forme,  du  reste,  il  y  a  des  variations  assez  notables,  mais  elles  n'at- 
teignent pas  de  limites  pareilles. 

»  L'observation  du  Phylloxéra  élevé  sur  des  racines  conservées  dans 
des  flacons,  sans  que  les  partictdarités  qu'il  présente  soient  notées  avec 
soin,  peut  donner  lieu  à  des  erreurs;  ne  confondra-t-on  pas  un  insecte 
nouveau  venu  avec  un  ancien  qu'on  avait  suivi  et  qui  est  parti?  L'activité 
des  jeunes,  l'agilité  que  recouvre  le  parasite  après  chaque  mue  doivent 
mettre  en  garde  contre  des  confusions  faciles  à  commettre  :  aussi  ne 
•  paraît-il  pas  suffisant  de  rapporter  que  tel  insecte,  fixé  tel  jour  à  tel 
endroit,  a  pondu  après  un  certain  intervalle,  pour  qu'on  puisse  donner 
l'observation  comme  absolument  certaine  et  à  l'abri  de  touie  objeclion.  Il 
faudrait,  pour  qu'il  en  fût  ainsi,  que  l'insecte  fût  seul,  sur  une  racine 
unique,  afin  qu'on  ne  pût  le  confondre  avec  un  autre  dans  une  situation 


(  «284  ) 
semblable,  on  qui  vînt  ie  remplacer  dans  celle  qu'il  occupe.  11  est  indis- 
pensable de  noter  avec  soin  l'endroit  où  il  est  fixé;  il  est  nécessaire 
aussi  d'observer  les  mues  successives  pour  se  rendre  compte  du  développe- 
ment de  l'individu  que  l'on  suit  :  ce  sont  des  étapes  de  son  existence  qui 
permettent  des  vérifications  précieuses  ;  elles  fournissent  souvent  des  ren- 
seignements excellents.  La  confusion  la  plus  fréquente  provient  de  l'arrivée 
d'un  insecte  nouveau  à  coté  d'un  autre  observé  déjà  depuis  plusieurs 
jours;  à  moins  d'une  très-forte  différence  de  taille  entre  eux,  on  saura 
difficilement  auquel  des  deux  se  rapportent  les  observations  antérieures; 
faudra-t-il  tout  abandonner  et  recommencer  sur  un  autre?  Les  observa- 
lions  simultanées  ne  peuvent  avoir  lieu,  à  moins  qu'on  ne  repère  cbaque 
point  avec  le  plus  grand  soin;  si  l'on  ne  prend  pas  ces  précautions,  on 
court  risque  de  donner  des  résultats  douteux.  Il  faut  donc  se  mettre  à 
l'abri  de  toutes  les  erreurs  en  observant  un  seul  insecte  sur  une  seule 
racine;  mais  dans  les  flacons,  où  on  les  conserve  isolément,  ces  racines 
pourrissent  ou  se  dessècbent;  la  température  est  différente,  généralement 
plus  haute  que  celle  qu'aurait  trouvée  l'insecte  dans  les  profondeurs  du 
sol  ;  on  est  bien  loin  des  conditions  normales  où  la  racine  est  maintenue  à 
l'obscurité  et  environnée  par  la  terre  végétale.  Les  Phylloxéras  dépaysés 
fourniront-ils  ainsi  des  résultais  bien  satisfaisants?  En  se  rapprochant  des 
conditions  naturelles,  n'est-on  pas  plus  voisin  de  l'état  normal,  et  les 
nombres  obtenus  ne  devront-ils  pas  inspirer  plus  de  confiance?  Pour  me 
rendre  compte  du  développement  des  renflements,  j'ai  dû  dessiner  leur 
forme,  rendre  leur  couleiu-,  prendre  leurs  dimensions,  compter  le  nombre 
et  noter  la  place  des  insectes  qui  les  déterminaient;  je  me  suis  astreint  à 
l'observation  régulière  des  insectes  eux-mêmes.  Dans  ces  conditions,  je 
pouvais  sans  erreur  reconnaître  chaque  renflement,  dans  une  culture  où 
je  les  avais  repérés  avec  soin  et  où  ils  étaient  d'ailleurs  peu  nombreux;  les 
insectes  situés  à  leur  surface  étaient  très-aisés  à  retrouver;  le  dessin  aidant, 
la  mémoire  ne  permettait  aucune  erreur.  On  peut  joindre  à  cela  que,  sur  les 
renflements  de  couleur  assez  claire  et  lisses,  les  insectes  étaient  assez  faciles 
à  voir;  la  seule  difficulté,  notable  d'ailleurs,  provenait  de  ce  que  l'on  ne 
peut  toucher  aux  renflements  et  que  le  système  des  racines  est  peu  ma- 
niable. Il  était  cependant  relativement  facile  de  suivre  plusieurs  insectes 
sur  plusieurs  renflements  bien  choisis,  ce  qui  donne  des  moyens  de  com- 
paraison et  des  éléments  de  contrôle.  En  un  mot,  l'observation  des  mues 
dans  ces  conditions,  aussi  voisines  que  possible  des  conditions  naturelles, 
m'a  paru  la  méthode  la  meilleure  pour  trancher  ce  débat  entre  M.  le  doc- 


(  1285  ) 
teur  Signoret  et  M.  Liclitenstein  ;  mais  des  recherches  pareilles  sont  très- 
délicates  et  très-longues  :  il  aurait  fallu  les  entreprendre  dans  ce  but 
unique;  il  aurait  fallu  sacrifier  à  cela  des  résultats  [)lus  immédiatement 
utiles,  plus  importants,  et  sur  lesquels  on  n'avait  encore  aucune  donnée, 
pour  en  obtenir  d'autres  qui  n'auraient  peut-être  pas  paru  valoir  ce  qu'ils 
auraient  coûté  à  remplacer.  Mon  objectif  était  l'étude  du  développement 
des  renflements;  c'est  donc  seulement  par  surcroît  et  pour  utiliser  les 
matériaux  préparés  en  vue  d'autres  études  que  j'ai  noté  les  mues  des 
divers  insectes.  Je  rapporte  quelques-uns  des  nombres  que  j'ai  enregistrés, 
sans  dissimuler  qu'ils  présentent  beaucoup  de  lacunes,  dont  les  moeurs  de 
l'insecte  lui-même  sont  l  une  des  principales  causes. 

«  Nota.  —  Tous  les  insectes  suivis  ici  seront  fixés  sur  les  radicelles  à  l'état  de  jeunes. 

»  Un  Phylloxéra  fixé  le  i5  août  est  parti  du  25  au  26  du  mémo  mois  (après  dix  à  onze 
jours),  en  abandonnant  une  deuxième  mue;  en  supposant  les  mues  écjuidistantes,  ce  qui 
est  à  peu  près  exact,  cela  fait  un  inlervalle  d'environ  cinq  jours  pour  la  durée  d'une  mue 
à  l'autre. 

»  Deux  Phylloxéras,  fixés  l'un  le  3,9  août,  l'autre  du  29  au  3i  août,  ont  tous  deux 
effectué  leur  première  mue  le  3  septembre,  après  cinq  jours  au  plus;  le  7  septembre  ils  ont 
effectué  leur  deuxième  mue;  après  le  neuvième  jour,  l'un  d'eux  partit.  Après  une  interrup- 
tion forcée  dans  les  observations,  le  dernier  fut  trouvé  absent  le  i5  septembre  (a])rès 
seize  jours);  il  avait  laissé  l'enveloppe  correspondant  à  sa  troisième  mue  (depuis  quand?). 
Donc,  en  seize  jours  au  plus,  et  probablement  moins,  se  sont  effectuées  les  trois  mues  envi- 
ron à  cinq  jours  d'intervalle  chacune. 

»  Un  Phylloxéra  se  fixe  du  Si  août  au  3  septembre,  mais  peu  avant  le  3  ;  il  a,  le  7  sep- 
tembre, quitté  sa  première  enveloppe,  après  quatre  ou  cinq'jours  ;  placé  dans  de  mau- 
vaises conditions  et  difficile  à  observer,  l'insecte  effectue  sa  deuxième  mue,  et  la  dépouille 
n'est  pas  retrouvée;  il  grossit  et  s'éloigne  du  19  au  21,  probablement  plus  près  du  19,  ce 
qui  fait  environ  seize  jours  pour  la  durée  des  trois  mues,  et  cinq  jours  environ  pour 
l'intervalle  séparant  chacune  d'entre  elles. 

»  Dans  ces  observations  concomitantes  et  assez  concordantes,'  l'inter- 
valle entre  les  mues  est  d'environ  cinq  jours;  nous  allons  voir  maintenant 
des  intervalles  beaucoup  plus  rapprochés  notés  tous  vers  la  même  époque. 
Il  y  eut  vers  le  21  septembre,  dans  une  de  mes  cultures,  une  éclosion  de 
jeunes  qui  se  portèrent  tous  vers  les  radicelles  nouvelles. 

»  Des  insectes,  fixés  du  21  au  23  septembre,  ont  rapidement  grossi,  ont  pondu  le  3  oc- 
tobre, après  dix  à  douze  jours,  ce  qui  fait  environ  trois  jours  entre  chaque  mue  et 
trois  jours  entre  la  dernière  unie  et  la  ponte. 

»  Du  19  au  25  septembre,  deux  Phylloxéras  se  fixent;  une  troisième  mue  est  trouvée 
le  i"  octobre,  après  neuf  ou  onze  jours;  le  3  octobre,  neuf  œufs  sont  trouvés,  après 
G.  R,,  1873,  i"  Semestre.  {1 ,  LXXVll,  N»  22.)  166 


(  1286  ) 

onze  ou  treize  jours,  ce  qui  fait  encore  trois  jours  entre  chaque  mue  et  trois  jours  de  la 
dernière  mue  à  la  ponte. 

»  Deux  Phylloxéras  se  fixent  le  21  septembre;  le  3  octobre,  ils  ont  effectué  leur  troisième 
mue  (du  i^''au  3  octobre),  après  neuf  ou  douze  jours,  et  ont  déjà  des  œufs  assez  avancés  dans 
l'abdomen:  ce  résultat  concorde  pleinement  avec  les  précédents. 

»  Je  n'ai  pas  rapporté  toutes  les  observations;  elles  ne  sont  pas  totites 
aussi  nettes,  et  la  discussion  nous  entraînerait  trop  loin;  en  les  considé- 
rant, on  pourrait  conclure  d'abord  que  le  Phylloxéra  quitte  le  plus  sou- 
vent le  renflement  après  la  troisième  mue;  ensuite,  que  1  intervalle  des 
mues  est  à  peu  près  égal,  et  qu'il  varie  dans  mes  recberches  de  trois  à  cinq 
jours.  En  admettant  un  intervalle  égal  entre  la  dernière  mue  et  la  ponte, 
il  y  aurait  un  intervalle  de  douze  à  vingt  jours  (avec  des  variations  pos- 
sibles) entre  le  moment  où  l'insecte  se  fixe  et  celui  ou  il  commence  à 
pondre.  Nous  sommes  loin,  il  faut  l'avouer,  de  la  période  de  quinze  à  vingt 
jours  entre  les  unies  assignées  par  le  D''  Signoret,  mais  peut-être  n'esl-elle 
pas  exagérée  pour  les  individus  destinés  à  devenir  ailés;  certains  faits  me 
le  feraient  supposer.  Il  reste  encore  ime  indéterminée  :  combien  de  temps 
les  insectes  peuvent-ils  rester  sans  nourriture  après  leur  éclosion?  Quel- 
ques expériences  me  feraient  considérer  cet  intervalle  comme  égal  à  trois 
ou  quatre  jours;  ce  serait  autant  à  ajouter  à  la  limite  énoncée  précédem- 
ment, ce  qui  ferait,  depuis  l'éclosion  de  l'insecte  jusqu'à  sa  ponte,  un  in- 
tervalle de  quinze  à  vingt-quatre  jours. 

»  Malgré  les  lacunes  qu'ils  présentent,  ces  nombres  sont  assez  concor- 
dants et  résultent,  non  pas  d'une  seule  observation,  mais  d'une  série,  et 
doivent  ainsi  se  rapprocher  davantage  de  la  vérité.  La  méthode  employée 
pourra  donner  d'excellents  résultats,  pourvu  que  l'étude  des  transfor- 
mations de  l'insecte  soit,  non  pas  un  travail  supplémentaire,  mais  le  but 
uniqtie  des  observations. 

»  Quelle  est  la  raison  pour  laquelle  l'intervalle  des  mues  et  la  rapidité 
du  développement  du  Phylloxéra  peuvent  osciller  entre  des  limites  pa- 
reilles? Peut-être  doit-on  rapporter  cette  variation  à  la  différence  de  tem- 
pérature, plus  chaude  vers  la  fin  de  la  saison,  et  dont  l'effet  s'est  fait  sentir 
quelque  temps  après  sur  la  croissance  des  insectes  souterrains.  Il  serait 
nécessaire,  pour  s'en  assurer,  de  se  mettre  à  l'abri  des  changements  de 
température  et  de  faire  des  expériences  directes.  Notons  qu'à  Montpellier 
M.  Lichtenslein  observa  un  développement  complet  en  une  douzaine  de 
jours,  et  que  mes  observations  faites  à  Bordeaux  fournissent  un  intervalle 
un  peu  plus  grand.  » 


(  '=87  ) 

M.  A.  DusioxT  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  l'efficacité  de  la  sub- 
mersion des  vignes,  pour  la  destruction  du  Phylloxéra. 

Les  observations  faites  par  l'auteur,  dans  les  départements  de  la  Drôme, 
de  Vaucliise,  du  Gard  et  de  l'Hérault,  le  conduisent  à  conclure  que  les 
insecticides  n'ont  encore  donné  nulle  part  des  résultats  absolument  satis- 
faisants; que  les  fumures  peuvent  faire  donner  parfois  des  produits  rému- 
nérateurs, même  par  des  vignes  malades;  que  les  progrès  du  Phylloxéra 
sont  toujours  en  raison  directe  de  la  sécheresse  du  sol;  que  la  submersion 
a  été  jusqu'ici  le  seul  procédé  absolument  efficace. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A.  Babret  indique  l'emploi  de  l'eau  de  mer  comme  remède  contre 
le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  E.  DocLioT  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Berthelot,  une  Note  portant  pour  titre  :  «  Influence  de  la  température 
et  de  la  nature  de  l'électricité  sur  la  force  qui  retient  l'électricité  à  la  sur- 
face des  corps  » . 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin,  Berthelot.) 

MM.  L.  Bretonnière  et  E.  Croissant  adressent  un  Mémoire  concernant 
des  matières  colorantes  artificielles,  auxquelles  ils  donnent  le  nom  de 
«  sulfures  organiques  ». 

(Commissaires  :  MM.  Chevreul,  Balard,  Fremy.) 

M.  Prota-Giurleo  soumet  au  jugement  de  l'Académie  : 
1°  Une  Note  manuscrite  concernant   l'emploi  du  chlorhydrate  de  ber- 
berine  contre  le  gonflement  de  la  rate  dans  les  fièvres  intermittentes.  (Ren- 
voi à  l'examen  de  M.  Cloquet.) 

2°  Une  Note,  imprimée  en  italien,  sur  un  «  termoléimètre  ».  (Renvoi  à 
l'examen  de  M.  Balard,) 

M.  Héna  adresse  la  suite  de  ses  études  sur  les  terrains  de  transport  des 
Côtes-du-Nord. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

i66.. 


1288  ) 
M.  A.  PiGNONi  adresse  une  Note  relative  à  la  lithoclysmie,   opération 
ayant  pour  objet  la  dissolution  inlra-vésicale  de  la  pierre. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Cloquet.) 

M.  A.  CoRET   adresse   un   «   projet   de  pendule  roulant,  pour  servir   à 

la  démonstration  expérimentale  du  mouvement  de  rotation  diurne  de  la 

Terre  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Jamin.) 

M.  II.  Baudot  adresse  le  dessin  d'un  objet  de  bronze  antique,  remar- 
quable par  sa  forme  heptagonale. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  J.  Bertrand,  Roulin.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  écrit  à  l'Académie  pour  l'inviter  à  désigner 
l'un  de  ses  Membres,  comme  Membre  du  Comité  spécial  institué  pour 
donner  son  avis  sur  les  questions  relatives  au  Service  des  poudres  et  sal- 
pêtres. 

Cette  Lettre  sera  transmise  à  la  Commission  administrative. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  n°6  du  tome  XXII 
des  tt  Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  l'Académie  »,  contenant  le 
commencement  des  «  Études  sur  la  nouvelle  maladie  de  la  vigne  »,  par 
M.  Max.  Cornu,  est  en  distribution. 

M.  T.  HusNOT  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  9*  fascicule 
de  sa  collection  des  Mousses  de  France. 

MÉGANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  un  théorème  de  Mécanique  céleste. 
Note  de  M.  F.  Siacci. 

«  M.  Newcomb  a  communiqué  à  l'Académie,  en  1872,  un  théorème  de 
Mécanique  céleste  qui  peut  être  résumé  comme  il  suit  :  «  Si  i,,  b^,...,  b^^ 
B  sont  les  coefficients  du  temps  dans  les  expressions  des  coordonnées  et 
»  des  vitesses  de 72  planètes;  si  c,,  Ca,...,  c^„  sont  les  constantes  canoniques 
»  dont  les  grands  axes,  les  excentricités  et  les  inclinaisons  des  orbites 
»  peuvent  être  considérés  comme  des  fonctions,  et  si  V  est  le  viriel  exprimé 


(  1289  ) 
»  en  fonction  de  c,,  Co,...,  c^,,,  on  a 

/;   =  —  »  . 

0  Pour  démontrer  ce  beau  théorème,  M.  Newcomb  a  eu  recours  aux 
expressions  connues  des  coordonnées  et  des  vitesses  des  planètes  par  des 
séries  infinies  de  sinus  et  de  cosinus,  dont  les  arguments  sont  de  la  forme 

i=  1 

où  N(  est  un  coefficient  numérique,  et  /,  une  fonction  des  éléments  qui 
n'entrent  pas  en  Z?,.  Or  ces  expressions,  que  l'on  admet  dans  la  Mécanique 
céleste,  ne  sont  toutefois  pas  rigoureuses;  car  elles  supposent  sans  effet,  sur 
le  mouvement  des  planètes,  le  carré  et  les  puissances  supérieures  des  forces 
perturbatrices.  M.  Newcomb,  en  outre,  fait  sur  ces  expressions  des  opéra- 
tions dans  lesquelles  il  néglige  les  termes  périodiques. 

))  On  peut  avoir  un  théorème  analogue  à  celui  de  M.  Newcomb  sans  faire 
de  ces  opérations,  sans  même  rien  supposer  à  l'égard  des  coordonnées  et 
des  vitesses  des  planètes,  si  ce  n'est  qu'elles  puissent  être  exprimées  au 
moyen  des  c,,  Cj,...,  Cg,,  et  des  binômes 

A  +  l>it. 

»  Soient 

'*^  c/t    ~         ;iry,'       lit    ~  ï^i 

les  équations  d'un  problème  de  Mécanique  quelconque,  et 


^^^  \l      l  l 

\    '■I)    '2) •••5    '■;)" 

un  système  de  composantes  canoniques  naissant  de  l'intégration  de  (i),  en 
sorte  qu'on  ait 

Ci,  /,')  —    O,       [Ci,  t>)  =  O,       (/,,  /,v)  =  O. 


(3) 


»  Si  k  est  une  des  constantes  (  2),  on  aura  —  =  o,  et,  par  conséquent, 

^  +  (^-,II)  =  o. 


(    lago   ) 

»  D'ailleurs,  si  l'on  considère  les  variables  /j,  et  ^,-  dont  H  est  fonction 
comme  des  fonctions  des  constantes  canoniques  (2),  on  a 

(X-,Hj  =  (A,c,)^^+(Z-,c,)'^+...+  (A,c,„)  — 

i'i|  l."i  clin 

n  Or,  si  Ton  fait  successivement  h^=Ci  et  ^  =  1^^  on  aura,  à  cause  de  (3), 

(.,H)^^,     (/.H)  =  _^, 
donc 

où  les  seconds  membres  sont  constants,  si  le  théorème  des  forces  vives  a 
lieu.  Dans  la  Mécanique  céleste,  où  le  mouvement  des  planètes  n'est  con- 
sidéré que  par  rapport  au  Soleil,  supposé  fixe,  le  principe  des  forces  vives 
proprement  dit  ne  se  vérifie  pas;  mais  on  a  une  intégrale  équivalente, 
savoir  : 

{Zm  dr)' +  {Zm  dyY -h  {im  dz) 


3(M  +  lm)dt^ 


U  =  /j, 


où  M  est  la  masse  du  Soleil,  m,  x^  y,  z  la  masse  et  les  coordonnées  d'une 
planète  quelconque,  T  la  force  vive  du  système,  U  le  potentiel,  h  la  con- 
stante des  forces  vives.  Or  rien  n'empêche  de  comprendre  aussi,  dans  la  fonc- 

_,     ,      -.  .  dx     dy     dz        .  ■.,  .  ,  ,  , 

tion  T,  la  ronction  en  —1  -j^  yl^'i  ^  accompagne,  et  qui  est  homogène  de 

second  degré,  comme  elle,  par  rapporta  ces  variables.  Alors,  en  appelant  H 
le  premier  membre  de  l'équation  ci-dessus,  les  équations  (i)  ont  toujours 
lieu,  ainsi  que  l'intégrale  II  =  h.  Il  s'ensuit  que,  dans  le  problème  des  pla- 
nètes, les  seconds  membres  de  (4)  sont  aussi  constants. 

»  Cela  posé,  imaginons  résolues  les  équations  qui  donnent  les  coordon- 
nées et  les  vitesses  des  planètes,  par  rapport  à  c,,   t',,...,  C3,,,   /,  +  ^,/, 

(pi  et  <\>i  contenant  seulement  les  variables  p  et  q  ion  bien  ac,  y,  z,  — .  '—■>  —  U 

sans  le  temps  et  sans  aucune  des  constantes  arbitraires.  On  pourra  même 
supposer  bi  remplacé  par  des  fonctions  ^j  des  mêmes  variables,  è,  étant  des 


(   I29I   ) 
fonctions  des  c,,  et  écrire 

h  =  '^i  —  li  t  ; 

donc,  en  différentiant  par  rapport  au  temps,  on  aura 

y^=-^U=-b^,     ^  =  o. 

»  Or,  si  l'on  suppose,  comme  cela  est  permis,  que,  dans  le  cas  des  planètes 
aussi, 

t,,      i2J-'->       '3  H? 
C|  ,      6'2,  .  ■  •  5      C3,, 

soient  des  constantes  canoniques,  et  qu'on  ait  (c,,  /^)  =  i,  il  en  résultera, 
d'après  (4), 

^'=-^.'    «  =  .v:- 

»  De  la  première  de  ces  relations  il  suit  que,  dans  le  théorème  de 
M.  Newcomb,  on  peut  remplacer  le  viriel  par  la  constante  des  forces  vives 
avec  le  signe  changé;  de  la  seconde,  que  celte  constante  n'est  dépendante 
que  des  grands  axes,  des  excentricités  et  des  inclinaisons  des  orbites. 

))  On  peut  aussi  démontrer  que  —  h  est  égal  au  viriel,  tel  que  l'a  défini 
M.  Clausius,  savoir  à  la  valeur  moyenne  de  la  force  vive.  En  effet,  en  appe- 
lant |2,,  po,----,  p,n  Po  les  distances  des  planètes  et  du  Soleil  au  centre  de 
gravité  commun,  on  a  la  relation  suivante  : 


I  V'  ti^mp'        TT  7 


Or,  si  l'on  admet  la  stabilité  du  système  du  monde,  le  premier  membre  de 
cette  équation  ne  peut  manquer  d'être  une  quantité  périodique;  donc,  siU,„ 
est  la  valeur  de  U  dénuée  des  termes  périodiques,  nous  aurons 

U„,  +  9.  h  —  o, 

et,  si  V  est  la  force  vive  moyenne  du  système,  /  compris  le  Soleil, 

w  On  pourra  donc  écrire  indifféremment 

hi  =  — ,    6,  z=  —  -— .  » 


V-  =  ^-^     ou      =  —  1  , 


(    1292  ) 

ÉLASTICITÉ.  —  Sur  le  mouvement  dun  fil  élastique  dont  ime  extrémité  est 
animée  d'un  mouvement  vibratoire.  Troisième  Note  de  M.  E.  Mkrcadier, 
présentée  par  M.  Jamin. 

«  Je  me  propose  de  donner  l'équation  qui  représente  ce  mouvement, 
et  de  montrer  que  les  conséquences  en  sont  identiques  aux  lois  expéri- 
mentales que  j'ai  indiquées  dans  les  Notes  précédentes  [Comptes  rendus, 
p.  63g,  671  de  ce  volume). 

»  Ce  mouvement  peut  être  considéré  comme  un  cas  particulier  de  celui 
d'inie  veige  élastique,  qui  a  été  traité  complètement  par  Euler  et  Poisson. 

»  L'équation  différentielle  de  ce  mouvement  est 

dans  laquelle 

l>-  =  ^..     _  , 

jetant  le  coefficient  d'élasticité,  I  le  moment  d'inertie,  p  la  densité,  w  la 
section,  /'le  rayon,  si  la  verge  est  circulaire,  a  la  vitesse  du  son  dans  la 
verge. 

»  Les  conditions  auxquelles  il  s'agit  de  satisfaire  ici  sont,  en  prenant 
pour  origine  des  coordonnées  l'extrémité  libre  du  fil,  et  en  appelant  /  sa 
longueur  :  pour  a:  =  o, 

(0  .     ^  =  °' 

(cela  résulte  de  la  démonstration  qui  conduit  à  l'équation  [AJ);  pour  x  =  l, 
(3)  J"  =  (i  cos27;-î 

(«  1  =  °' 

J  =  a  cosin-  étant  l'équation  du  mouvement  simple  du  diapason;  pour 
t  :=  o, 

(S)  |  =  °> 

en  prenant  pour  origine  du  temps  l'instant  où  la  vitesse  de  tous  les  points 
du  fil  est  nulle. 


(  «293  ) 
»  Posons 
(B)  j  =  p  &\ntn-bt -h  (J  cosnrbt, 

p  et  q  étant  des  fonctions  de  x,  et  m  une  quantité  indépendante  de  x 
et  de  t. 

))  La  condition  (5)  conduit  d'abord  à  p  =  o,  et  l'équation  (B)  se  réduit  à 

[B']  j  =  CQsm-bt. 

»   En  écrivant  que  [B']  satisfait  à  [A],  on  arrive  à  i'équalion  différen- 

tielle  y-f  =  mq\  dont  l'intégrale  est 

q  =  C  sininx  ■+-  C  cosmx  +  D{-(e"'^-  -  e"""^)  +  D'^e'"^  +  e-'"''), 

C,  C,  D,  D'  étant  des  constantes  à  déterminer. 
»  En  posant 

i(e'«-r _  e-'n-r)  _  slnhmx,     i(e"'^  +  e'""')  =  cos/i mx, 

[B']  devient 

[B"]    j  —  cosm^bt{Csmmx  +  C  cosmx  ■+-  Usinhinx  -hB' coshmx). 

»  Les  conditions  (r)  et  (2)  introduites  alors  dans  [B"]  fournissent  deux 
équations,  qui  se  réduisent  immédiatement  à  celles-ci  : 

—  m-C  -\-  i7rD'=  o,  )      ,,    ,      ^       „         „,       „, 

d'où     C  =  D  et  C  =  D', 

—  m^C  +  in^D  =  o,  \ 

ce  qui  donne  à  l'équation  précédente  la  forme 

[B'"]    j  =  cnsm^bt[C{s'wmx  -+-  sïnhmx)  +  C'(cos7?ia:'  +  coshmx)]. 

Il  ne  reste  plus  à  déterminer  que  C,  G  et  m. 

»  Les  conditions  (3)  et  (4)  donnent  les  deux  équations  suivantes,  qui 
ont  lieu  quel  que  soit  t  : 

(«)     cosm-bt  [C{sinml  ■+-  smhml)  +  C'(cosm/  +  coshml)]  =  acos2n-, 

(/3)     mcosm^bt[C{cosml  -h  coshml)  +  C'{— sin ml -h  s\n h  ml)]  =0. 


»   De  l'équation  (a),  on  tire 

)  mn  =  -     ou     ,«'  =  ±p  =  |^. 

c.  R.,  1873,  a=  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  22.)  '"7 


(  1294  ) 
»   Les  équations  (a)  et  (/3),  résolues  après  réduction,  donnent 

_,  a{s\nml  —  sin/i  ml)  ^,  a(cosml -{- cos/i  ml) 

3(14-  cosml  c()s/(  ml)  2(1  -1-  cosinl  cos/j  ml) 

»  En  portant  ces  valeurs  dans  l'équation  [B'"],  il  vient  enfin 

(sinml  —  smh  ml]  [sinmj:  +  sin/i  m.v) 
r„,„-,  t       -+- (cosml -h  cash  )/il)  (cosm.v -{- cosh  mx) 

\B"\  r  =  acos2n- ^^ -, — ; 7^ — -, — r '■ 

'-        J  -^  T  2(i-i-cosmlcos/iml) 

»  Telle  est  l'intégrale  de  l'équation  [A],  qui  satisfait  à  toutes  les  con- 
ditions du  problème. 

))  I.  Cette  équation  représente  un  mouvement  vibratoire  simple,  dont 
la  période  est  celle  du  diapason  ou  du  corps  sonore  auquel  la  verge,  ou  le 
fil,  est  fixée,  et  tel  est,  en  effet,  l'expérience  le  prouve,  le  mouvement  per- 
manent régulier  du  fil. 

»  C'est  là  une  première  conséquence  conforme  à  l'expérience. 

»  Pour  tirer  aisément  de  cette  équation  d'autres  conséquences  compa- 
rables aux  résultats  expérimentaux  déjà  obtenus,  je  la  simplifierai  d'abord 
en  adoptant  un  système  d'approximation  semblable  à  celui  que  M.  Lissa- 
jous  a  adopté  pour  résoudre  les  équations  données  parEuler,  pour  la  dé- 
termination des  nœuds  dans  une  verge  élastique  vibrante  (i).  Ce  système 

consiste  ici  à  remarquer  :  que  m  est  égal  à  1^,  que  s/Tb  est  toujours  une 

quantité  très-petite,  car  b  =  —^  r  étant  toujours  égal  à  quelques  dixièmes 

de  millimètre,  et  T  doit  être  égal  à  ^^  de  seconde  au  moins,  pour  que  les 
expériences  soient  nettes;  que,  par  suite,  m,  ml,  e""' seront  toujours  assez 
grands  pour  qu'on  puisse  négliger  sinm/,  cosml  et  e~'"'  devant  e"'.  Les 
quantités  qu'on  néglige  ainsi  sont  inférieures  aux  erreurs  inévitables  des 
expériences.  (On  trouvera  d'ailleurs,  plus  loin,  des  valeurs  numériques 
de  m;  la  valeur  miniina  dans  mes  expériences  est  encore  égale  à  36;  elle 
correspond  à  un  fil  d'aluminium  de  i  millimètre  de  diamètre.) 
»   Cela  admis,  l'équation  (B'^)  devient,  toutes  réductions  faites, 

,_„,                                                         t  i:'"'icosnix  —  sinmx  +  c-""^) 
(^)  r  =  acos2n- — ^ -, —-r • 


(1)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t,  XXX. 


(  129-^  ) 
ou  bien 


C"'  Tsin  /tt  \       v/â        h 


r  =  rtcos27r- 

i  V/2(2  +  cos?«/e'"') 

»  II.  D'après  cette  équation,  le  fil  vibrant  doit  présenter  une  série  de 
nœuds  obtenus  en  faisant^  =  o,  c'est-à-dire 


(c?)  sin  (  ^  —nijcj 


2 

»  En  construisant  avec  soin  les  courbes  z  =  sin  (/nx— ^J5  w  =  — e~"'-^, 

on  voit  que  leurs  points  d'intersection  qui  donnent  les  solutions  de  l'équa- 
tion {§)  sont,  avec  une  approximation  plus  grande  que  l'expérience  ne 
le  comporte, 

»  On  en  conclut  :  i"  que  les  distances  nodales  sont  égales  à  partir  de  la 
seconde  et  que,  par  suite,  la  distance  nodale  normale  D,  qui  serait  repré- 
sentée généralement  par  a-,^  —  .^„_,,  est  constante  et  égale  à  — • 

»  Le  tableau  suivant  renferme  les  valeurs  de  D  =  — >  observées  et  cal- 

m 

culées  d'après  la  formule  m  =  i/^jrr  =  V/f~ '  pour  quatre  fils  différents 

pris  parmi  ceux  qui  ont  servi  à  nos  expériences  et  renfermés  dans  le  ta- 
bleau inscrit  aux  Comptes  rendus,  page  64»  du  même  volume  : 

D 

Nature  des  fi!s.  T  "(*)  ''  '"  - —     — ■-  — 

calculé.       observé, 
m  m 

Fer 0,0089  4*^)^3  0,00028  53, 02  ^9,2  58,8 

Aluminium..          id.  5i23  0,00012  72,02  43>5  ^2,6 

Cuivre id.  3^36  0,00012  84,07  Sy,!  87,4 

Platine id.  2643  0,00010  89,07  35,3  36,7 

»   Si  l'on  songe  à  l'incertitude  qui  existe  toujours  sur  les  valeurs  des 

(*)  La  valeur  de  a  pour  le  fer  est  la  moyenne  des  valeurs  données  par  Werllieim  ;  les 
autres  sont  tirées  des  expériences  indiquées  dans  les  Comptes  rendus,   p.  671  de  ce  volume. 

167.. 


(  1296  ) 

vitesses  rt,  on  trouvera,  je  crois,  ia  concordance  suffisante  entre  les  valeurs 
de  D  calculées  et  observées. 

»  Les  autres  conséquences  de  l'équation  (B')  feront  l'objet  d'une  pro- 
chaine Communication.  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  magnétisme  ;  par  M.  A.  Trêve. 

«  L'année  dernière,  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  diffé- 
rentes expériences  révélant,  sous  plusieurs  formes,  le  mouvement  magné- 
tique auquel  donne  lieu  l'aimantation.  J'ai  pu  recueillir,  par  exemple,  au 
talon  d'un  électro-aimant,  dont  les  branches  avaient  6  mètres  de  lon- 
gueur, des  courants  d'induction,  dont  le  sens  varie  avec  celui  du  cou- 
rant inducteur.  La  raison  d'être  de  ces  courants  ne  peut  résider  que  dans 
l'action  du  mouvement  intermolécuiaire  magnétique  qui  s'échange  entre 
les  pôles. 

»  Étant  donnée  une  très-longue  barre  de  fer,  dont  une  extrémité  est  garnie 
d'une  forte  bobine  inductrice  et  sur  laquelle  on  peut  faire  glisser  une  bo- 
bine induite  (à  fil  fin),  j'ai,  depuis  lors,  étudié  quelques-unes  des  condi- 
tions dans  lesquelles  se  propage  ce  mouvement  magnétique  et  reconnu,  par 
exemple,  la  très-rapide  décroissance  d'intensité  des  courants  induits  nés 
d'une  même  force  inductrice,  au  fur  et  à  mesure  de  l'éloignement  de  la  bobine 
induite  par  rapport  à  la  bobine  inductrice,  de  même  que  l'influence  de  la 
section  de  la  barre  de  fer  sur  l'intensité  de  ces  mêmes  courants.  Mais  ce 
qui,  dès  l'an  dernier,  me  frappait  plus  particulièrement  et  me  paraît  devoir 
être  la  conséquence  la  plus  utile  de  cette  série  de  recherches,  c'est  la 
constatation  d'un  retard  notable  des  courants  induits  ou  d'arrivée  ,  sur 
les  courants  inducteurs  ou  de  départ,  c'est-à-dire  que  le  mouvement  magné- 
tique, sur  lequel  je  crois  avoir  le  premier  appelé  la  bienveillante  atten- 
tion de  l'Académie,  est  relativement  lent  par  rapport  au  mouvement 
électrique. 

»  JMesurer  la  vitesse  de  propagation  de  ce  geiue  de  mouvement  est  de- 
venu l'objet  de  mes  nouveaux  efforts;  il  serait,  je  crois,  fort  intéressant  de 
pouvoir  la  mettre  en  regard  de  celle  de  l'électricité,  du  -son  et  de  la  lu- 
mière. 

»  P.  S.  —  Je  crois  de  mon  devoir  d'ajouter  que  M.  Ruhmkorff,  par  des 
procédés  tout  différents,  qu'il  a  bieai  voulu  me  communiquer  avant-hier, 
est  arrivé  à  des  résultats  analogues  :  ces  résultats  seraient,  dès  lors,  une 
confirmation  de  plus  de  ceux  que  j'annonce.  » 


(  '297  ) 

PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  De  la  différence  d'action  physiologique  des 
courants  induits,  selon  la  nature  du  fil  métallique  formant  la  bobine  induite. 
Note  de  M.  Oxi.mus,  présentée  par  M.  Edm.  Becquerel. 

«  J'ai  recherché  les  différences  que  la  nature  du  fd  composant  les 
bol)ines  induites  peut  déterminer  au  point  de  vue  physique,  et  surtout  au 
point  de  vue  physiologique.  J'ai  fait  faire,  exactement  dans  les  mêmes 
conditions,  des  bobines  induites  avec  dos  fds  de  cuivre,  des  fils  de  plomb 
et  des  fils  d'argentan.  Le  diamètre  du  fil  était  le  même;  la  longueur  était 
de  2IO  mètres  pour  chacun  de  ces  fils.  Toutes  les  bobines  étaient  con- 
struites de  la  même  façon,  et  étaient  influencées,  d'une  manière  identique, 
par  le  courant  inducteur. 

»  Sur  les  nerfs  et  sur  les  muscles  de  l'homme  sain,  les  effets  de  la 
secousse  ont  été  différents,  selon  la  nature  du  métal,  et  l'on  peut  dire,  d'ime 
manière  générale,  que,  lorsque  le  fil  de  la  bobine  induite  est  formé  par  un 
métal  mauvais  conducteur  de  l'électricité,  la  contraction  est  plus  forte  et 
l'impression  sur  les  nerfs  cutanés  moins  vive  qu'avec  des  fils  bons  conduc- 
teurs, comme  le  cuivre  par  exemple. 

»  Ces  effets  sont  d'autant  plus  marqués  que  la  résistance  extérieure  est 
plus  grande.  Ainsi,  en  faisant  passer  le  courant  à  travers  de  l'eau  alcoolisée 
et  en  le  diminuant  jusqu'à  un  minimum  où  les  contractions  musculaires 
n'ont  plus  lieu  avec  le  courant  des  fils  de  cuivre,  on  obtient  encore,  dans 
les  mêmes  conditions,  des  contractions  avec  le  courant  provenant  de  la 
bobine  en  fil  d'argentan.  Le  plomb  étant  moins  bon  conducteur  que  le 
cuivre,  mais  meilleur  conducteur  que  l'argentan,  donne  des  effets  inter- 
médiaires. Le  prix  élevé  du  platine  nous  a  empêché  de  faire  les  mêmes 
expériences  avec  ce  métal. 

»  Sur  les  muscles  superficiels,  la  différence  entre  les  courants  de  la 
bobine  de  cuivre  et  ceux  de  la  bobine  d'argentan  est  beaucoup  moins 
prononcée;  elle  s'accentue  à  mesure  que  l'épiderme  est  plus  épais,  ou  que 
les  muscles  sont  plus  profonds.  L'impression  déterminée  par  le  courant 
des  fils  de  plomb  ou  des  fils  d'argentan  est  plus  profonde;  elle  s'irradie 
moins  loin  sur  les  nerfs  superficiels  de  la  peau. 

»  Sur  les  nerfs  sensitifs,  situésdans  l'épaisseur  des  tissus,  l'excitation  est 
peut-être  plus  vive  que  celle  que  donne  le  courant  des  fils  de  cuivre;  mais 
elle  a  quelque  chose  de  moins  aigu  et  de  moins  lancinant. 

1)  On  peut  conclure  de  ces  faits  que  le  courant  induit  des  fils  mauvais 


(  '^98  ) 
conducleiirs  a  une  tension  plus  forte  que  celui  qui  se  produit  dans  des  fils 
meilleurs  conducteurs  de  l'électricité. 

»  J'ai  complété  ces  recherches  avec  la  collaboration  de  M.  le  D'  Le- 
gros,  en  prenant  sur  des  animaux  le  tracé  des  contractions  musculaires 
provoquées  par  les  courants  de  ces  différentes  bobines. 

»  Les  tracés  ainsi  obtenus  indiquent,  d'une  manière  très-nette,  l'action 
plus  énergique  du  courant  de  la  bobine  d'argentan.  En  employant  un  cou- 
rant minimum,  et  en  expérimentant  dans  des  conditions  identiques,  la 
courbe  qui  est  formée  par  chaque  contraction  musculaire  est  bien  plus 
élevée  pour  la  bobine  d'argentan  que  pour  la  bobine  de  cuivre. 

»  De  plus,  pour  la  bobine  d'argentan,  les  contractions  sont  régu- 
lières, égales  entre  elles,  et  offrent  toutes  la  doublesecousse  due  au  cou- 
rant de  fermeture  et  à  celui  d'ouverture.  (Nous  avons  employé,  comme 
interrupteur,  le  mouvement  du  levier  du  métronome.) 

»  Le  tracé  obtenu  avec  la  bobine  de  cuivre  offre  des  contractions  plus 
irrégulières;  car  plusieurs  d'entre  elles  ne  sont  que  légèrement  prononcées, 
et  il  est  rare  qu'elles  aient  la  double  secousse. 

»  Ces  différences  sont  d'autant  pins  marquées  que  l'on  agit  plus  loin 
du  muscle,  et  à  travers  l'épiderme.  Si  l'on  enfonce  les  rhéophores  dans  le 
muscle  dont  on  enregistre  le  tracé,  la  différence  existe  encore,  mais 
elle  est  bien  plus  faible.  Dans  ce  cas,  le  tracé  que  donne  la  contraction  par 
la  bobine  de  cuivre  accuse  également  les  deux  secousses.  En  étudiant  ces 
tracés,  on  reconnaît  encore  que  la  secousse  déterminée  par  les  fils  de  plomb 
ou  d'argentan  a  une  durée  un  peu  plus  longue  que  celle  de  la  secousse 
déterminée  par  les  fils  de  cuivre. 

«  Ces  expériences  montrent  également  que  la  tension  est  plus  forte 
pour  les  courants  induits  des  fils  de  plomb  ou  d'argentan.  Nous  ferons  en 
même  temps  remarquer  que  ces  différences,  au  point  de  vue  physiolo- 
gique, se  rapprochent  de  celles  qui  existent  entre  l'extra-courant  et  le  cou- 
rant induit  proprement  dit.  Si  les  courants  des  fils  de  plomb  ou  d'argentan 
ont  une  tension  plus  grande  que  le  courant  des  fils  de  cuivre,  ils  ont,  par 
contre,  une  quantité  inférieure,  grâce  à  la  mauvaise  conductibilité  de  ces 
métaux.  Ainsi,  en  expérimentant  avec  ces  mêmes  bobines,  tandis  que  le 
courant  fourni  par  les  fils  de  cuivre  détermine,  sur  un  galvanomètre,  une 
déviation  de  20  à  zS  degrés,  le  courant  fourni  par  des  fils  de  plomb  ne 
produit,  sur  le  même  galvanomètre,  qu'une  déviation  de  i  |  degré,  et  les 
fils  d'argentan  une  déviation  de  |  degré  seulement. 

»  La  fabrication  des  bobines  à  fils  de  plomb  offre  quelque  difficulté, 


(  !299  ) 
surtout  lorsqu'ou  veut  avoir  un  fil  fin;  mais  celle  des  bobines  à  fil  d'argen- 
tan est  facile,  et  ces  bobines  pourraient,  d'après  les  faits  que  nous  venons 
de  signaler,  être  avantageusement  employées  dans  les  appareils  électro- 
médicaux. » 

HISTOLOGIE.    —   Sur    les    éléments    conjonclifs   de   la   moelle   épinière. 
Note  de  M.  L.  Ranvier,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  Les  histologistes  qui,  dans  ces  dernières  années,  se  sont  occupés  du 
tissu conjonctif  descentres  nerveux,  entreautresM.  Golgi(i)  etM.F.BoJJfa), 
s'entendent  à  admettre  que  ce  tissu  est  essentiellement  formé  par  des  cel- 
lules spéciales.  Ces  cellules,  découvertes  et  figurées  par  Deiters  (3),  portent 
aujourd'hui  le  nom  de  ce  dernier  auteur. 

»  Les  cellules  de  Deiters  seraient  constituées  par  un  noyau,  un  corps 
cellulaire  très-petit  et  de  nombreux  prolongements  filiformes.  Ces  prolon- 
gements, enchevêtrés  et  anastomosés  avec  les  prolongements  des  cellides 
voisines,  composeraient  à  eux  seuls  le  stroma  fibrillaire  des  centres  ner- 
veux. Si  cette  manière  de  voir  était  fondée,  il  y  aurait  une  différence  mor- 
phologique 'importante  entre  le  tissu  conjonctif  du  système  nerveux  cen- 
tral et  celui  des  autres  organes.  Je  suis  arrivé  à  me  convaincre  que  cette 
différence  n'existe  pas;  en  effet,  le  tissu  conjonctif  de  la  moelle  épinière  et 
celui  des  cordons  nerveux  périphériques  i4),  par  exemple,  sont  construits 
sur  le  même  type.  Je  dois  ajouter  que  les  personnes  conjpétentes,  aux- 
quelles j'ai  montré  mes  préparations,  ont  complètement  partagé  ma  con- 
viction. 

»  Aujourd'hui,  je  m'occuperai  seulement  de  la  moelle  épinière,  ren- 
voyant à  une  prochaineCommunication  ce  que  j'ai  à  dire  sur  le  cerveau  et 
cervelet.  Dans  cette  étude,  j'ai  employé  plusieurs  méthodes,  mais  celle  qui 
m'a  donné  les  résultats  les  meilleurs,  au  point  de  vue  de  la  démonstration, 
est  la  suivante  :  une  petite  seringue  de  verre,  munie  d'une  canule  en  or  à 
extrémité  tranchante,  est  remplie  'd'une  solution  d'acide  osmique  à 
I  pour  3oo.  L'extrémité  de  la  canule  est  plongée  soit  dans  un  cordon 
de  la  substance  blanche,  soit  dans  un  cordon  de  la  substance  grise.  L'in- 


(i)  GoLoi,  Rivistà  clinica  di  Bolngnii,  novembre  et  décembre  1871. 

(2)  F.  BoLL,  Die  Histologie  und  Histogenèse  der  nervoscn  Centralorganc,   1S73. 

(3)  Deiters,  Untcrsuch.   ûber  Gehirn  und  Riickenmark,  PL  U,  fig.  10  et  11;  i865. 

(4)  Recherches  sur  l'Histologie  et  ta  Physiologie  des  nerfs    [Arc.  de    Physiologie,   t.   IV, 
p.  438). 


(  i3oo  ) 

jection  est  faite  alors  avec  ménagement  jusqu'à  ce  que  l'on  voie  refluer  le 
liquide  par  les  espaces  périvasculaires  ouverts  dans  la  surface  delà  moelle. 
La  pièce  est  abandonnée  à  elle-même  pendant  une  heure  ou  deux;  au  bout 
do  ce  temps,  des  sections  longitudinales  mettent  à  découvert  les  portions 
de  la  moelle  où  l'acide  osmique  a  pénétré  et  diffusé.  On  les  reconnaît  dans 
la  substance  blanche  ou  fihro -nerveuse,  à  ime  couleur  noire  homogène,  et 
dans  la  substance  grise,  ou  cellulo-nerueuse,  à  une  teinte  noir  marbré. 
Des  fragments  imprégnés  par  l'osmium  sont  alors  enlevés  avec  le  rasoir, 
plongés  dans  l'eau  distillée  et  dissociés  avec  les  aiguilles;  la  dissociation 
doit  être  poursuivie  avec  beaucoup  de  soin,  et  suivant  des  règles  que  je 
ne  peux  exposer  ici.  Placé  sur  une  lame  de  verre  et  recouvert  d'une  la- 
melle, le  tissu  dissocié  est  laissé,  pendant  vingt-quatre  heures,  en  présence 
du  picrocarminate  d'ammoniaque;  puis  le  réactif  colorant  est  remplacé 
par  de  la  glycérine.  Les  préparations  obtenues  par  cette  méthode  sont  per- 
sistantes; elles  peuvent  être  examinées  à  loisir;  elles  présentent  des  parti- 
cularités de  structure  que  je  vais  exposer  rapidement. 

M  La  substance  fibro-nerveuse  (cordons  postérieurs  et  antéro-latéraux) 
montre  des  tubes  nerveux  dont  la  myéline  est  fixée  par  l'acide  osmique,  et 
colorée  en  noir  plus  ou  moins  intense.  Chez  les  Mammifères  adultes,  ces 
tubes  peuvent  être  isolés,  dans  mie  longueur  de  3  à  4  millimètres,  et 
cependant  on  n'y  observe  ni  étranglements  annulaires  ni  noyaux.  Chez 
les  embryons,  au  contraire,  les  tubes  nerveux  présentent  des  cellules  appli- 
quées à  leur  surface;  je  reviendrai  sur  cette  disposition  dans  un  autre 
travail. 

»  Je  n'ai  pu  distinguer,  sur  tous  les  tubes  nerveux  des  centres,  une 
enveloppe  membraneuse  comparable  à  la  gaine  de  Schwann;  cependant, 
sur  quelques  gros  tubes,  j'ai  observé,  autour  de  la  myéline  teinte  en  noir 
par  l'osmium,  une  membrane  incolore  et  plissée.  Cette  membrane  n'est 
pas  en  tous  points  comparable  à  la  gaîne  de  Schwann,  puisque  les  tubes 
nerveux  de  la  moelle  ne  possèdent  ni  étranglements  ni  noyaux  :  peut-être 
est-elle  un  artifice  de  préparation. 

))  Entre  les  tubes  nerveux,  il  existe  des  fibres  ou  plutôt  de  petits  fais- 
ceaux de  fibrilles  de  tissu  conjonclif,  dont  le  diamètre  est  de  o°"",ooi  à 
o""",oo2;  ces  faisceaux  sont  rectilignes  ou  courbés  en  divers  sens.  Quel- 
ques-uns possèdent  des  coudes  à  angle  droit  au  niveau  desquels  on  observe 
la  réfringence  spéciale  des  faisceaux  du  tissu  conjonctif  ordinaire,  quand 
ils  se  présentent  ainsi:  ce  caractère  suffirait  déjà  pour  faire  admettre  que 
ce  ne  sont  pas  de  simples  fibrilles.  De  plus,  si  l'on  compare  ces  éléments 


(  i3oi   ) 

avec  des  fibrilles  isolées  des  tendons  que  l'on  obtient  bien  facilement 
apn'^s  macération  dans  l'acide  osmiqno ,  on  leur  reconnaît  un  dia- 
mètre bien  supérieur,  car  les  fibrilles  des  tendons  sont  à  peine  mensu- 
rables  au  microscope.  Les  petits  faisceaux  du  tissu  conjonctif  de  la  sub- 
stance fibro-nerveuse  de  la  moelle  épinière  peuvent  être  suivis  dans  une 
grande  longueur.  Ils  ne  s'anastomosent  pas  entre  eux  ;  mais,  en  quelques 
points,  ils  s'entre-croisent  au  nombre  de  4,  5,  6,  7,  8  et  même  plus.  A.u 
niveau  de  cet  entre-croisement,  il  y  a  souvent  un  noyau  rond  ou  ovalaire, 
muni  de  petits  nucléoles,  aplati  et  entouré  d'une  zone  granuleuse.  Avec  un 
bon  objectif  à  immersion,  donnant  un  grossissement  de  600  à  Soodiamètres, 
il  est  facile  d'apprécier  tous  ces  détails  et  de  reconnaître  dans  la  zone  gra- 
nuleuse une  lame  de  protoplasma  qui,  avec  le  noyau,  constitue  une  cellule 
plate  de  tissu  conjonctif.  Au-dessous  ou  au-dessus  de  cette  cellule,  les  petits 
faisceaux  se  poursuivent.  Il  ne  me  paraît  pas  douteux  que  cet  ensemble  a 
été  pris  pour  une  cellule  ramifiée;  mais  c'est  là  une  erreur  qui,  j'en  suis 
convaincu,  sera  abandonnée  de  tous  ceux  qui  suivront  exactement  la  mé- 
thode que  j'ai  indiquée.  Du  reste,  à  côté  de  cette  disposition,  il  en  est  d'au- 
tres qui  viennent  lever  tous  les  doutes.  Ce  sont  d'abord  des  entre-croise- 
ments de  faisceaux  connectifs  sans  noyaux;  ensuite* la  présence  de  cellules 
isolées  ayant  probablement  perdu  leur  relation  avec  les  faisceaux.  Ces 
cellules ,  formées  par  une  faible  quantité  de  protoplasma  disposé  en 
lame,  possèdent  un  noyau  aplati.  Dans  leur  voisinage,  s'observent  aussi 
d'autres  éléments  cellulaires  qui  sont  probablement  des  cellules  lympha- 
tiques. 

»  Les* éléments  conjonctifs  de  la  substance  cellulo-nerveuse  de  la  moelle 
épinière  sont  semblables  à  ceux  de  la  substance  fibro-nerveuse;  seulement 
les  faisceaux  connectifs  y  sont  plus  souvent  entre-croisés,  et,  par  suite,  les 
cellules  plates  disposées  sur  les  entre-croisements  y  sont  plus  nombreuses; 
du  reste,  les  rapports  des  cellules  et  des  faisceaux  y  sont  absolument  les 
mêmes  que  ceux  indiqués  plus  haut,  à  propos  de  la  substance  blanche. 

»  Les  grandes  cellules  des  cornes  antérieures  peuvent  être  isolées  assez 
facilement  après  l'injection  interstitielle  d'acide  osmique.  Comme  elles  ont 
été  fixées  par  ce  réactif,  leurs  divers  prolongements  se  présentent  avec 
leurs  caractères  respectifs  bien  plus  accusés  que  sur  les  préparations  ob- 
tenues à  l'aide  d'autres  méthodes.  Le  prolongement  de  Deiters  s'y  montre 
homogène  avec  une  réfringence  vitreuse,  et  les  prolongements  dits /);o/o- 
plasmicfues  avec  leurs  nombreuses  ramifications  et  leurs  stries  longitu- 
dinales. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVH,  N"  22.)  lO^ 


(  i3oa  ) 

»  Il  est  presque  inutile  d'ajouter  qu'il  n'y  a  aucune  anastomose  entre  les 
faisceaux  connectifs  et  les  prolongements  des  cellules  nerveuses. 

»  En  résumé,  le  tissu  conjonctifde  la  moelle  épiiiière  est  formé  par  des 
faisceaux  de  fibrilles  connectives  et  des  cellules  plates.  Il  se  monlre  avec 
les  mêmes  caractères  dans  tous  les  organes  où  je  l'ai  étudié  jusqu'à  pré- 
sent, et  en  particulier  dans  les  cordons  nerveux  périphériques;  seulement, 
dans  les  centres  nerveux,  le  lapport  des  faisceaux  et  des  cellules  est  tel, 
que  les  figures  qui  eu  résultent  en  ont  imposé  aux  histologistes  pour  des 
cellules  ramifiées.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  /'Anthracotherium  découvert  par  M.  Bertrand 
Il  Saint- Metwux  [Allier).  Note  de  M.  A.  Gaudry,  présentée  par 
M.  Milne  Edwards. 

«  M.  Bertrand  vient  de  découvrir,  à  Saint-Menoux  (Allier),  plusieurs 
pièces  à' Anthracotherium.  Une  de  ces  pièces  est  fort  remarquable;  c'est 
une  portion  antérieure  de  tête,  qui  montre  la  mâchoire  inférieure  dans  sa 
position  naturelle  au-dessous  des  maxillaires  ;  elle  permet  de  se  faire 
quelque  idée  de  la  physionomie  du  grand  Pachyderme,  qui  fréquentait 
nos  pays  pendant  les  premiers  temps  de  l'époque  miocène. 

»  Quand  on  considère  que  les  molaires  de  VAnthracotherium  sont  dis- 
posées pour  un  régime  omnivore,  on  ne  peut  manquer  d'être  frappé  de 
l'aspect  de  Carnivore  que  présente  la  face  de  ce  Pachyderne.  Nul  Carnivore 
n'a  pu  faire  des  morsures  plus  terribles.  Ses  dents  de  devant,  si  bien  dispo- 
sées pour  couper  et  percer,  lui  ont-elles  servi  à  tailler  les  branches  d'arbres, 
ou  à  lutter  contre  ses  puissants  contemporains,  l'Entélodon  et  l'Amphi- 
cyon?  Il  serait  difficile  de  le  dire.  En  tout  cas,  il  est  intéressant  de  voir  des 
caractères  de  Carnivore  chez  un  ancien  Pachyderme,  comme  si  autrefois 
les  séparations  de  familles  avaient  été  moins  tranchées  qu'elles  ne  le  sont 
dans  la  nature  actuelle;  l'Oréodon  et  bien  d'autres  Ongulés  fossiles  ont 
fait  disparaître  les  barrières  qui  semblaient  séparer  les  Ruminants  des 
Pachydermes;  et,  tout  dernièrement,  M.  Delfortrie  a  découvert  un 
Lémurien  moins  éloigné  des  Pachydermes  que  les  Lémuriens  d'aujour- 
d'hui. 

»  Dans  l'échantillon  trouvé  par  M.  Bertrand,  la  direction  de  l'inter- 
maxillaire  montre  que  la  face  deVAnlhiacolhcriuni  devait  s'élever  rapide- 
ment, comme  chez  les  Carnivores,  au  lieu  de  former  un  museau  allongé, 
ainsi  que  chez  la  plupart  des  Pachydermes,  notamment  chez  le  Cochon 


(   i3o3  ) 

qui,  à  certains  égards,  parait  avoir  été  allié  au  quadrupède  de  Saint- 
Menoux. 

))  Outre  ce  caractère  de  Carnivore,  V Anthracotherium  avait  des  canines 
longues,  arrondies,  qui  ressemblaient  plus  à  celles  des  Ours  qu'à  celles  des 
Cochons,  des  Pécaris  et  des  autres  Pachydermes  actuels. 

»  Les  iucisives  de  notre  fossile  étaient  bien  plus  grandes  et  plus  tran- 
chantes que  celles  des  Ours  et  des  Lions.  A  la  mâchoire  inférieure,  les  coins 
étaient  plus  forts  que  les  pinces,  tandis  que,  chez  V Anthracolherium  liip- 
poideum  d'Aarwangen  leur  dimension  était  bien  moindre.  Les  pinces  étaient 
un  peu  comme  celles  des  Cochons;  au  contraire,  les  mitoyennes  et  surtout 
les  coins  présentaient  une  notable  différence,  éîant  comprimés  d'arrière 
en  avant,  au  lieu  de  l'être  latéralement.  A  la  mâchoire  supérieiu'e,  les 
pinces  avaient  une  forme  à  la  fois  conique  et  tranchante,  qui  se  rappro- 
chait de  celle  des  Pécaris;  mais  toutes  les  incisives  étaient  grandes,  au  lieu 
que,  chez  les  Pécaris,  les  mitoyennes  manquent,  de  sorte  que  les  incisives 
ne  sont  plus  qu'au  nombre  de  deux  paires.  La  forme  un  peu  gibbeuse  des 
incisives  à' Anlhracolherium  s'accorde  avec  la  disposition  mameloiniée  des 
éléments  contitutifs  des  molaires;  quand  on  réfléchit  que  les  incisives  des 
Palœolherium  rappellent  les  collines  comprimées  des  molaires  de  ces  ani- 
maux, et  que  les  incisives  des  Chevaux  et  des  Hipparions  rappellent  la 
forme  contournée  des  lames  de  lein-s  molaires,  on  se  confirme  dans  la 
croyance  qu'il  y  a  souvent  ime  certaine  concordance  entre  les  types  des 
molaires  et  des  incisives. 

»  Les  prémolaires  sont  remarquables  par  leur  forme  coupante  et  co- 
nique; elles  indiquent  des  affinités  avec  le  Cochon,  mais  elles  diffèrent 
beaucoup  des  dents  de  Pécaris.  Au-dessous  de  la  troisième  prémolaire,  la 
mandibule  porte  à  son  bord  inférieur  et  externe  un  rudiment  d'apophyse; 
cette  apophyse  est  estraordinairement  développée  sur  une  mâchoire  d'Au- 
vergne, qui  a  été  attribuée,  par  quelques  auteurs,  à  V Anlhrncolheriwn 
magnum;  elle  manque,  au  contraire,  chez  les  Anthracotherium  appelés  Lem- 
bronicum^  Cuvieri  o\i  onoideum  et  minimum. 

»  Les  arrière-molaires  supérieures  semblent  avoir  le  mamelon  médian 
de  leur  lobe  antérieur  un  peu  moins  accusé  et  moins  arqué  que  dans  V An- 
tliracotlierium  magnum  de  Cadibona.  Les  molaires  d' Anlliracolherium  re- 
cueillies dans  le  Tarn-et-Garonne  par  M.  Lalanne  présentent  le  même 
caractère  d'une  manière  encore  plus  marquée;  il  y  a  là  des  rapports  de 
forme  avec  la  dentition  des  Pachjiiolopus.  Les  arrière-molaires  inférieures 
ressemblent  aux  dents  de  plusieurs  mâchoires  tV Anlhracotlieraun,  qui  ont 

i68.. 


i3o4  ) 
déjà  été  trouvées  dans  le  centre  de  la  France.  Leurs  mamelons  internes  sont 
un  peu  moins  forts  et  un  peu  mieux  reliés  aux  croissants  externes  que  dans 
les  molaires  de  V Anlhmcollierium  macjnum  de  Cadibona,  figurées  par  Cu- 
vier;  celles  de  Rochette,  près  Lausanne,  figurées  par  M.  lUitimeyer,  et 
surtout  celles  de  Y Anlliracolhei ium  minimum  de  Cadibona  et  d'Haute- 
vignes;  mais  ils  sont  plus  forts  et  moins  reliés  aux  croissants  externes  que 
dans  VJulliracolIteiiiim  hippoideum  d'Aarwangen,  chez  lequel,  suivant 
Rûtimeyer,  on  observe  des  tendances  vers  le  type  paléothérien.  Ces  dégra- 
dations de  nuances  sont  très-dignes  de  fixer  l'attention  de  ceux  qui  cher- 
chent à  comprendre  l'histoire  du  développement  des  espèces. 

»  M.  Riitimeyer  a  fait  remarquer  que  Y  Jnlhracotherium  des  sables  de 
r©rléanais,  appelé  Cuvieri  par  M.  Pomel  et  onoideum  par  M.  Gervais,  est 
encore  représenté  par  un  échantillon  trop  incomplet  pour  qu'où  ail  pu 
établir  ses  caractères  spécifiques  ;  cependant  je  crois  que  provisoirement 
il  vaut  mieux  inscrire  V Anlhracotheriiim  de  Saint-Menoux  sous  la  dési- 
gnation de  Cuvieri,  que  de  lui  créer  un  nom  nouveau. 

»  Les  pièces  recueillies  par  M.  Bertrand  ont  été  découvertes  dans  la 
carrière  des  Ouches,  dépendance  du  domaine  de  la  Tardivonerie;  elles 
étaient  engagées  dans  une  argile  blanche  qui  formait  une  sorte  de  poche 
haute  de  o",35,  au  milieu  du  calcaire  miocène  exploité  comme  j)ierre  à 
chaux  ;  M.  Bertrand  a  trouvé  dans  ce  calcaire  des  Uelix  Ramondi  et  quelques 
coqudies  d'eau  douce.  Il  m'a  envoyé  la  liste  suivante  des  couches  de  la 
carrière  où  les  fossiles  ont  été  trouvés  : 

o™,  i5  terre  végétale  ; 

o'°,35  débris  de  calcaire; 

I'",  i5  argile  rouge; 

i^jSo  marne  mélangée  de  pierre  caladre; 

4  mètres  de  calcaire  en  bancs  de  o'",35  à  o'°,6o,  exploi(é 

comme  pierre  à  chaux.  La  [joclie  à  ossements  est  vers  le 

milieu  de  ce  calcaire.  « 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  les  séciélions  de  la  fleur  de  /'Eucalyptus  glo- 
bulus.  Note  de  M.  Gimbkkt,  présentée  par  M.  Ch.  Robin, 

«  Le  but  de  cette  Note  est  de  montrer  qu'une  partie  de  la  grande  quan- 
tité d'eau,  absorbée  par  V Eucalyptus  en  fleur,  est  rendue  à  l'atmosphère  sous 
forme  de  sécrétion  liquide  sucrée  et  aromatique,  produite  par  le  style,  la 
portion  de  l'ovaire  qui  l'entoiu-e,  ainsi  que  par  le  bourrelet  sur  lequel  sont 
insérées  les  étamines.  Là  est  une  des  causes  de  l'influence  hygiénique 
favorable  que  cet  arbre  exerce  lorsqu'on  Tiiitroduit  dans  les  contrées 
Hiarécageuses.  » 


(  i3o5  ) 

ASTRONOMIE,   —  Observations  d'étoiles  filantes  pendant  la  nuit 
du  12  au  i3  novembre  1873;  par  M.  Chapelas. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yoiix  de  l'Académie  le  résultat  de 
nos  observations  d'étoiles  filantes,  faites  pendant  la  nuit  du  12  au  i3  no- 
vembre de  cette  année.  L'observation,  commencée  à  9''3o™  du  soir  et  ter- 
minée à  4  heures  du  malin,  était  favorisée  par  un  fort  beau  temps,  quoi- 
qu'elle ait  été  légèrement  contrariée  par  la  présence  de  la  I^unc  à  partir 
de  minuit.  Nous  pouvons  affirmer  que,  ici  du  moins,  le  phénomène  ne 
s'est  pas  produit;  car  le  nombre  des  météores  enregistrés  était  tellement 
minime,  que  le  nombre  horaire  moyen  calculé  nous  a  fourni  un  chiffre 
qui  permet  de  ranger  cette  apparition  parmi  les  apparitions  ordinaires. 
En  effet,  durant  ces  six  heures  d'observations,  nous  n'avons  constaté  qua 
72  étoiles  filantes,  parmi  lesquelles  2  bolides  :  le  premier  fort  insi- 
gnifiant, quant  aux  particularités  qu'il  présentait;  le  second  fort  dif- 
ficile à  étudier,  car  il  fut  vu  à  travers  la  couche  de  nuages  qui  à  S*"  9™ 
avait  envahi  le  ciel  tout  entier.  Le  nombre  horaire  moyen  ramené  à 
minuit  a  été,  pour  cette  année,  de  1 1  étoiles  -^ ,  résultat  analogue  à 
celui  qui  avait  été  obtenu  en   i856  et  en  1860. 

»  Les  directions  ne  présentaient  rien  de  bien  accentué;  le  phénomène, 
généralement  diffus,  n'a  pas  permis  de  déterminer  un  point  de  divergence 
particulier.  Nous  avons  aussi  noté  quelques  beaux  météores  et  quelques 
traînées  sans  coloration. 

»  Ces  différents  caractères  que  nous  signalons  aujourd'hui,  sur  l'affai- 
blissement et  la  diffusion  du  phénomène  du  12  novembre,  nous  les  signa- 
lions également  pour  l'apparition  du  lo  août  de  cette  année. 

»  Enfin,  si  l'on  se  rappelle  que,  l'année  dernière,  le  phénomène  du 
12  novembre,  pi-esque  nul,  se  trouvait  compensé  par  une  apparition  fort 
brillante  dans  les  derniers  jours  du  mois,  ne  serait-on  pas  en  droit  de  se  de- 
mander si  de  nouveaux  groupes,  de  nouveaux  essaims  ne  sont  pas  en  voie 
de  formation  ?  C'est  ce  que  des  expériences  ultérieures  nous  apprendront; 
expériences  qui  viendront  peut-être  fournir  à  la  Science  des  données  nou- 
velles et  des  plus  intéressantes  pour  la  Physique  du  globe.  » 

M.  Sacc  adresse,  par  l'entremise  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville,  une 
Note  concernant  l'action  de  l'acide  nitrique  sur  les  chlorures  alcalins. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  D. 


(  i3o6  ) 


BCI.LETIIV    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Î/Académic  a  rcçti,  dans  la  séance  du  1'='^  décembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Cours  de  Mécanique  applifiuée  aux  machines;  par  J.-V.  PONCELET,  publié 
par  M.  X.  Rretz.  Paris,  Gauthier-Villars,  1874-,   1  vol.  in-8". 

Les  passages  de  Vénus  sur  le  dis(jue  solaire,  considérés  au  point  de  vue  de 
la  délerminalion  de  la  dislance  du  Soleil  à  la  Terre.  Passage  de  1874-  A'o- 
tions  liistorigues  sur  les  passages  de  1761  et  1769;  par  Ed.  Dubois.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1873;  i  vol.  in- 18, 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  documents;  1873,  juillet. 
Paris,  Duiiod,  1873;  iu-8°. 

L'ovolomie  abdominale  ou  opération  césarienne  ;  par  le  Y)'  BaudoN,  Paris, 
Germer-Eaillière,  1873;  i  vol.  in-8°..( Adressé  par  l'auteur  au  Concours 
Monlyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1874  ) 

Conservation  des  membres  blessés  par  armes  à  feu  perfectionnées  ;  par  le 
D"' E.  Lantier;  2"  édition.  Paris,  P.  Asselin,  1873;  br.  ui-8°.  (Adressé  par 
l'auteur  au  Concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  1873.) 

L'unité  des  forces  physicpies.  Essai  de  Philosophie  naturelle;  par  le  P.  A. 
Secchi;  2' édition,  fascicule  3.  Paris,  F.  Savy,  1874;  in-8°. 

Essai  ciitiijue  sur  le  fonctionnarisme  et  la  bureaucratie  en  France,  etc.; 
par  un  ancien  fonctionnaire;  2'' édition.  Paris,  Sagnier  et  Ghio,  1874; 
br.  in-8°. 

apparition  subite  et  inv  ision  rapide  d'une  puccinic  exotique  dans  le  dépar- 
tement de  la  Gironde  ;  par  M.  DuniEU  DE  Maisomseuve  c/ÏMad.  '".  Bordeaux, 
Cadoret,  1873;  br.  in-S".  (Extrait  des  /Ides  de  la  Société  liunéenne  de  Bor- 
deaux. ) 

Le  Sphinx  de  Sollics-Pont  (Far).  Réponse  à  M.  le  colonel  Gazon  et  ciM.  Léon 
Renier.  Di'aguigtian,  Gimbert,  sans  date;  br.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Reims  ;  1873,  t.  VIII,  n°  l\o.  Reims, 
H.  Gérard  et  Masson;  Paris,  Lacroix,  1873;  in-8". 

Nouvelles  recherches  expérimentales  sur  l'action  des  matières  putrides  et  sur 
la  septicémie;  par  M.  COLlN.  Paris,  G.  Masson,  1873;  in-8". 


(   «307  ) 

Noie  sur  le  tremblement  de  terre  ressenti  le  22  octobre  1873  dans  la  Puisse 
rhenrine  cl  en  Delijiiiue;  par  A.  LANCASTiii!.  Bruxelles,  H;\yez,  iSy'i;  br.  in-S". 
(Extrait  du  Bulletin  de  l' Académie  royale  de  Belgique.) 

Musci  Galiine.  Herbier  des  mousses  de  France;  par  T.  HUSNOT;  fascicule  IX 
(n°*  4oi-45o).  Cahan,  par  Alhis  (Orne),  Hiisnot,  1873;  i  carton  in-4''. 

(La  suite  du  Bullelin  au  prochain  numéro.) 


PIIHUCATIOÎVS     PÉRIODIQUES      ItEÇCES      PAU      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    DE    NOVEMBRE    1875. 


Annales  de  l' Agriculture  française  ;  novembre  1873;  in-8". 

Annales  de  l' Observatoire  météorologique  de  Biuxelles;  n°  5,   1873;  in-4°. 

Annales  industrielles;  n°^  44  ^i  47i   1873;  in-4°. 

Annales  médico-psychologiques;  \\o\çxnhrQ    1873;  in-8°. 

Association  Scientifique  de  France;  Bulletin  hebdomadaire,  n"'  des  2, 
9,  16,  23  et  3o  novembre  1873;  iii-8". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  n°  rc)i,  1873;  in-S". 

Bullelin  de  la  Société  Botanique  de  France;  Revue  bibliographique  B, 
1873;  in-8". 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n"  i5,  1873; 
in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  France;  n"  9, 
1873;  in-8". 

Bullelin  de  la  Société  de  Géographie;  septembre  et  octobre  1873;  in -8°. 

Bullelin  de  la  Société  française  de  Photographie;  n"  10,   1873;   in-8°. 

Bullelin  de  ta  Société  Géologique  de  France;  ix°  4?  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  août  et  septembre  1873  ; 
in-8°. 

Bullelin  général  de  Thérapeutique;  n"  du  i5  novembre  1873*,  in-8°. 

Bulletin  international  de  l'Observatoire  de  Paris;  septembre,  du  i4  au  3o; 
octobre,  i  à3r;  novembre,  i  à  9,  1 1  à  23,  1873;  in-4''. 

Bullelin  mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France;  n"  10,  1 873;  in-8°. 


(  i3o8  ) 

Piillcltino  meleorologico  dcl  R.  Osservatorio  del  Collecjio  romnno ;  n'"  9, 
10,  1873;  in-4". 

Chronique  de  l'Industrie;  n^'ga,  9/1,  95,  1873;  111-4". 

Gazelle  des  Hôpitaux;  n°^  128  à  137,  1873-,  in-4°- 

Gazelle  de  Joulin;  n°  3,  1873;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  11°  21,  1873;  in-8". 

Gazelle  médicale  de  Paris;  n°^  44  ^  47i  1873;  111-4°. 

Iron;  n°'  [[3  à  45,  i873;iii-4°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  novembre  1873;  in -8°. 

Journal  d'agriculture  pratique;  n°**  45  à  48,  1873;  ln-8°. 

Journal  de  l'Agriculture;  n°*  238  à  2^1,  1873;  In-S". 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n"'  21  et  22,  1873;  in-4". 

Journal  de  Mathématiques  parcs  et  appliquées  ;  novembre  1873;  in-4". 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  novembre  1873;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales   et  pharmaceutiques;  i5  iiovemljre 
1873;  in-8". 
Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  u°^  3o  à  33,  1873;  In-folio. 
Journal  de  Zoologie;  t.  11,  n°*  i,  2,  5,  1873;  in-8°. 

Kaiserliche...  académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n"'  21  à  24, 
1873;  ln-8". 

L'Abeille  médicale;  n°'  44  ^  47>  1873;  ln-4°. 

V Jéronaute ;  octobre,  novembre  1873;  ln-8". 

VArt  dentaire;  novembre  1873;  in-8°. 

L'Art  médical;  novembre  1873;  in-8". 

L'Imprimerie;  novembre  1873;  in-4°. 

La  Nature;  n°^  22  à  26,  1873;  ln-8°. 

La  Revue  scientifique  ;  n°*  18  à  21,  1873;  in-4°. 

La  Tribune  médicale;  n°'  272  à  275,  1873*,  in-4". 

L'Écho  médical;  novembre  1873;  in-8". 

Le  Gaz;  n"  5,  1873;  in-4". 

Le  Messager  agricole;  n°  10,  1873;  in-8°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n"  21,  22,  1873;  in-4". 

Le  Moniteur  scienlifique-Quesnevillc ;  novembre  1873;  gr.  ln-8°. 


(   '3o9  ) 

Le  Mouvement  médical;  n"'  44  à  47?  1873;  in-4°- 

Le  Progrès  médical  ;  11°'  21,  22,  24»  1873;  in-8°. 

Les  Mondes;  n"'  10  à  i3,  1873;  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  no\emhre  1873;  111-4°. 

Montpellier  médical.  Journal  mensuel  de  Médecine;  novembre  1873;  in-8". 

Monalsbericlil  der  Kôniglich  preussisclien  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin;  juin,  juiller,  août  1873;  in-8''. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  novembre  1873;  in-S". 

Répertoire  de  Pharmacie;  n"^  21,  22,  1873;  in-8*'. 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  octobre  1873;  in-S". 

Revue  bibliographique  universelle;  novembre  1873;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°'  21,  2a,  1873;  in-8°. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle;  n°*  4°  ^  42» 
1873;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  novembre  1873;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  novembre  1873;  in-8°. 

Société  linnéenne  du  nord  de  la  France;  Bulletin  mensuel,  n°'  i3  à  16, 
1873;  in-8''. 

Société  des  Ingénieurs  civils  ;  n°*  18,  19,  1873;  in-4°. 

The  Food  Journal;  n°  46,  1873;  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  17  novembre  1873.) 
Page  II 53,  ligne  5  en  remontant,  au  lieu  de  l'immersion,  lisez  l'inversion 


G.  R.,  1873,  1'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  22.)  '  ^9 


(   i3io  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsodris.  —  j\ov.  1875. 


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THERMOUÈTRES 

THERMOMÈTRES 

TEMPÉRATIRE 
MOYENNE 

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6,27 

92 

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93 

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68 

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12 

755,1 

0,5 

9,5 

5,0 

0,5 

9,2 

4,9 

-1,3 

4,6 

5,8 

7.0 

10,3 

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5,11 

84 

& 

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6,3 

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4,8 

5,6 

6,5 

10,1 

6,9 

5,64 

82 

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0,5 

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750,5 

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11,1 

6,1 

1,6 

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6,5 

0,3 

5,0 

5.7 

6,4 

9,8 

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5,22 

77 

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758,7 

2,9 

6,5 

4,7 

3,1 

6,7 

4.9 

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5,0 

6,2 

9,6 

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82 

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763,8 

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6,6 

2,5 

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3,2 

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5,4 

5,22 

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5,1 

5,5 

5,6 

9,2 

2',2 

5,48 

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0,5 

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762,4 

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4,60 

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0,5 

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4,8 

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4,5 

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4,6 

5,6 

8,9 

4,9 

4,54 

80 

» 

0,0 

20 

758,2 

-3,1 

1,0 

-1,1 

-2,8 

0,8 

-1,0 

-6,5 

2,1 

3,2 

4,7 

8,7 

0,8 

4,29 

92 

B 

0,0 

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755,9 

-0.7 

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>)2,3 

-0,5 

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3,4 

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4,65 

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1,0 

23 

742,8 

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i3,o 

■)10,1 

» 

■  3,2 

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4,0 

7,1 

6,4 

5,3 

8,3 

1.6 

7,30 

79 

» 

6,5 

23 

748,7 

7.8 

i5,3 

11,6 

7,7 

i5,3 

11 ,5 

5,6 

8,7 

8,1 

6,8 

8,2 

2,2 

7,60 

74 

» 

10,0 

24 

755,5 

7,6 

12,5 

10, 1 

7,8 

i3,, 

10,4 

4,7 

9,0 

8,6 

7,5 

8,4 

1,1 

8,82 

91 

1> 

i3,o 

25 

760,9 

10,2 

13,1 

11,3 

10,2 

12,2 

11,2 

5,8 

9,6 

9,6 

8,4 

8,6 

1,4 

9,10 

95 

» 

6,0 

26 

754,8 

5,3 

i3,8 

9,6 

5,6 

i3,8 

9,7 

4,0 

9,2 

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8,5 

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8,48 

89 

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3,0 

27 

747.2 

5,9 

n 

08,3 

6,3 

» 

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2,5 

7.4 

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1,6 

6,58 

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IJ,0 

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10, 1 

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8,2 

8,2 

8,0 

9,1 

2,3 

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80 

D 

10,0 

29 

756, G 

10,0 

11,2 

10,6 

10,2 

..,5 

10,8 

5,3 

9,0 

9,2 

8,6 

9,2 

0,6 

7,83 

84 

» 

12,5 

3o 

755,3 

5,7 

9,9 

7,8 

5,8 

ro,-2 

8,0 

2,7 

6,6 

7,6 

8,2 

9,2 

4,2 

5,59 

78 

1) 

8,0 

Moy. 

753,0 

4,3 

10,0 

7,2 

4,4 

J0,0 

7.2 

0,7 

6,5 

7.0      7,2 

9.7 

3,0 

6,35 

84 

» 

5,4 

(i)  La  II. arc 

lie  de  la  température  ayant  été  co 

ilinuellemenl  descendante  ou  ai 

cendante,  la  morenno  ( 

Hume  a 

été  dédi 

lite  de 

quatre  t 

bser- 

vallons  coDT 

înabloment  choisies,  faites  à  Inler 

miles  égaui.  —  (a)  Variation  d 

urne  presque  nulle. 

(   «311  ) 
Observations  météorologiq.  faites  a  l'Observatoire  de  Montsouris. 


Nov.  1875. 


MAGNÉTISME    TERRESTRE. 

de  9 

1 

Ô 

e 

ô 

3 

ObserTalton 
leures  du  malin. 

PL 

1 

s 

0 

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0 

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VENTS 

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a 

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2 

0 

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REMARQUES. 

1 

0         ( 

17.21,6 

65°3o,'2 

a 

mm 

3,9 

lum 
3,6 

mm 

4.0 

•SSO 

k 
16,8 

SSO 

I  ,0 

Bourrasques.  Rosée  le  soir. 

2 

26,0 

28,4 

'»    . 

0,2 

0,3 

1,0 

s 

6,4 

SO 

0,8 

Rosée  le  soir. 

3 

24,0 

26,4 

)) 

» 

» 

0,5 

s 

0,5 

variable. 

0,7 

Rosée  le  soir.  Brumeux. 

4 

24,1 

29,2 

0 

» 

>, 

1,3 

s 

3,0 

SSO 

0,8 

Courants  super,  viennent  du  iN. 

5 

22,2 

25,7 

" 

0,5 

0,5 

3,2 

s 

11,2 

s 

0,9 

Continuellement  pluvieux. 

6 

23,4 

23,6 

n 

0,2 

0,2 

2,3 

SSO 

1 2,0 

SO 

0,7 

„ 

7 

21,0 

23,6 

u 

0,0 

0,0 

',7 

s 

11,4 

SO 

0,6 

Petite  pluie  le  soir. 

8 

24,3 

28,2 

» 

2,6 

2,4 

0,6 

E 

4,8 

» 

0,9 

Brouillard  le  mat.,  pluie  le  soir. 

9 

25,2 

23,0 

» 

11,2 

11,1 

0,(5 

ESE 

2,1 

SENE 

0,6 

Pluie  assez  forte  vers  9''3o  mat. 

10 

26,6 

24  ,0 

» 

0,0 

0,0 

0,5 

SE-NE 

1,3 

» 

0,9 

Pluie  fine  vers  le  mil.  du  jour. 

1 1 

2(3,4 

23,6 

» 

■> 

» 

2,5 

ENE 

10,3 

NE 

0,6 

Faible  lueur  aurorale  le  soir. 

12 

24,0 

23,5 

» 

u 

» 

',4 

EiNE 

3,3 

» 

0,0 

Légèrement  brumeux. 

i3 

20,9 

26,0 

» 

» 

» 

>,4 

ESE 

0,7 

S 

0,3 

Givre  et  glace  le  matin. 

'4 

26,0 

23,0 

» 

■' 

» 

2,1 

NNE 

9,6 

» 

0,5 

Rosée  le  matin. 

i5 

18,8 

24,0 

n 

I> 

» 

2,6 

NNE 

'7,7 

NE 

0,4 

» 

i6 

'9>" 

22,4 

n 

• 

» 

2,3 

KE 

12,4 

NE 

0,3 

Épaisse  couche  de  givre  le  mat. 

'7 

21,1 

26,0 

» 

» 

» 

3,0 

NE 

9,6 

ENE 

0,9 

Lueur  aurorale  le  soir. 

i8 

19. 1 

28,2 

(*) 

» 

1) 

2,3 

NE 

7,7 

NE 

0,9 

Lueur  aur.  très-vive  dep.  6''  s. 

'9 

19,1 

28,4 

M 

» 

» 

1,6 

ENE 

4,3 

E 

0,2 

Givre  se  dépose  dès  gl"  soir. 

20 

21,2 

25,5 

I) 

" 

» 

0,7 

E 

0,6 

i> 

0,9 

Glace  et  givre  épais  le  matin . 

21 

21 ,0 

34,7 

» 

0,0 

0,0 

0,7 

SE-SO 

5,5 

SSO 

1,0 

Bruine  ;  i"'  rafales  avant  min. 

22 

22,3 

25,4 

U 

5,6 

5,3 

3,1 

SO-NO 

12,6 

SO-NO 

0,9 

Rafales  et  pi.  le  mat.  Lueur  aur. 

23 

25,6 

26,8 

a 

0,1 

0, 1 

3,6 

ONO 

8,5 

NO 

1 ,0 

Qq.  rafales.  Lueur  aur.  le  s 

24 

27,1 

26,7 

» 

4,2 

3,6 

1 ,0 

SO-KO 

2,6 

SO 

1,0 

Contin.  pluv.            Id. 

25 

3o,o 

27>3 

u 

0,1 

0, 1 

0,7 

SO-NO 

0, 1 

SSO 

0,9 

Id.          Brouil.  tombe  ap.iili.  s. 

26 

3o,o 

26, 6| 

u 

3,7 

3,2 

1,3 

SSO 

9,1 

SSO 

0,9 

Brouil.  le  mat.,  bour.  et  pi.  le  s. 

27 

29,2 

26,9 

» 

4,3 

4,1 

2,4 

oso 

12,9 

SO 

0,7 

Pluvieux  jusqu'à  la  nuit. 

28 

25,6 

26,4! 

0 

0,1 

Û,I 

3,0 

SO 

6,7 

ONO 

1,0 

Qq.  goût,  de  pluie  vers  g*"  s. 

^9 

26,3 

« 

0,7 

0,6 

1,6 

SO 

12,2 

0 

0,9 

Contin.  pluv.  Bourr.  le  soir. 

3o 

25,1 

26,0 

n 

>>7 

1,4 

3,1 

ONO 

12,4 

NO 

0,4 

Bour.Iem.Haus.barom.  tr.-rap. 

Moyen,  j 

ou 
totaux. 

17.23,9 

65.25,9 

» 

39,' 

36,5 

53,9 

7,6 

0,72 

{O'i  La  température  et  létal  liygromélrique,  ainsi  que  les  divers  éléments  magnétiques,  ont  três-peu  varié. 


(   i3i: 


Observations  météorologiques  faites  a  l'Observatoire  de  Moktsocris.  —  Nov.  iS^S. 
Résumé  des  observations  régulières. 


6h  M.      gliIVI.      Midi.  Sl'S.     e^S.  ghs.     Minait. 

mm          mm           mm  mm          mm  mm           mm 

Baromètre  réduit  à  0° 753, o3  753,4/5  753, oi  702,74  753,33  753,72  753,81 

Pression  de  l'air  sec 7  16)82  746,88  746, 16  746, 19  747>o3  747,39  747,75 


5,4i 


Thermomètre  à  mercure  (jardin) 5,49 

»  (pavillon)...       5,4i 

Thermomètre  à  alcool  incolore 

Thermomètre  électrique  à  sg™ 

Thermomètre  noirci  dans  le  vide,  T'. 
Thermomètre  incolore  dans  le  vide,  t 

Excès  (T'  —  f) 0,06 

Tempérât,  du  sol  à  o™,o2  de  profond'.       5,89 

»  c"',io         » 

a  0"*,20  » 

n  o'",3o  » 

»  ll^jOD  » 

Tension  de  la  vapeur  en  millimètres. . 

État  hygrométrique  en  centièmes ^91 7 

Pluie  en  millimètres  à  i^jSo  du  sol. . .  9,6 

»  (à  o'",io  du  sol) . .  10,2 

Évaporation  totale  en  millimètres G, 80 

Vit    moy.  du  vent  par  heure  en  kilom.  7,3 

Pluie  moy.  par  heure  (à  i™,8o  du  sol).  i  ,60 

Évaporation  moyenne  par  heure 1 ,  i3 

Inclinaison  magnétique 65°  ■+■         » 

Déclinaison  magnétique i7°-(-     24,2 


G, 66 
6,65 
6,49 


8,87 
8,82 
8,66 


8,78 
8,75 
8,56 


6,65 

7.39 
7,23 

9.69 
6,21 


5,09  11,80 
5,o3  8,43 
3,37 
6,i5 
6,6i 
7,26 

7)'7 
9,68 
6,55 
87,5 

2,9 
3,6 

5,94 
7,0 
0,97 
>,98 

25,9 
23,9 


17,94  i3,59 
12,74  10,41 
5,20      3,18 


7,10 
7,00 
7,27 

7,  M 

9,67 

6,85 
79,3 

12,3 

12,6 
10, 1 1 

8,4 

4,10 
3,37 


7,33 
7,37 
7,46 
7, '7 
9,67 
6,55 

76,0 
4,3 
4,5 

12,24 
9,5 
1,43 
4,08 


7,22 
7,20 
7,o3 
» 
6,66 
6,56 
0, 10 
6,78 
7,35 
7,62 

7,27 
9,66 

6;30 

81,2 
1,0 

1,2 

7,67 

7,8 

0,33 

2,56 


6,39 
6,54 
6,46 


6,45 
7,>8 
7,65 
7,33 
9,66 
6,33 
84,8 
3,0 
3,3 
5,25 

6,7 

1,00 

.,75 


6,06 
6,02 
5,9' 


6,06 
6,89 

7,57 
7,32 
9,65 
6,06 

84.4 
3,4 

3,7 
4,87 
7,4 
i,i3 
1 ,62 


ftloy. 

mm 
753,29(1 

746,94(1 

o 

6,9' (i 

6,86(1 

6,75(1 

» 
i2,5o (2 

9,54(2; 
2,96(2 

6,46(. 

6,97 (' 
7,46(. 
7.24  (' 
9,67(1 
6,35(1 
83,7    (■ 
t.  36,5 
t.  39,1 
t.  52,88 


28,5         26,1  24,5         22,7         33,4  25,2     (1) 


Tempér.  moy.  des  maxima  et  minima  (parc) 7,  '7 

»                        »                      (pavillon  du  parc) 7,21 

u                    à  10  cent,  au-dessus  d'un  sol  gazonné  (thermomètres  à  boule  verdie).  7,3i 

Therm.  noirci  dans  le  vide,  T'  (valeur  moy.  fournie  par  5  obs.  :  6''  M.  g''  M.,  midi,  'i^  S.  ô*"  S.).  u  ,01 

»        incolore                      f                         »                               »,                             »  8,63 

Excès  (T'  —  O »                              »                            ».  2,38 

»             (valeur  déduite  de  4  observations  :  gl"  M.,  midi,  S*",  6''  S.)... .  2,96 


(i)  Moyenne  des  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  6  heures  du  soir  et  minuit. 
(2)  Moyenne  des  observations  de  9  heures  du  matin,  midi,  3  heures  et  6  heures  du  soir. 


Errata  au   Compte  rendu  du   3  novembre    1878. 

Page  io46,  2°  colonne,  dernière  ligne,   au  lieu  de  754,0,   Usez  ^53, 5. 
»  9'  colonne,  2i^  ligne,  au  lieu  de  3,5,   lisez  — 3,5. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES* 


SÉANCE  DU  LUiNDI  8  DÉCEMBRE  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Acadt^inie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Cl.  Gay,  Membre  de  la  Section  de 
Botanique,  décédé  à  Deffends  (Var),  le  29  novembre  i8y3. 

FERMENTATIONS.  —  Réponse  à  M.  Pasteur  concernant  l'origine  de  ta  levure 

lie  bière;  par  M.  A.  Tréccl. 

o  M.  Pasteur  a  fait  à  l'Académie,  le  17  novembre,  ime  Communication 
ilaiis  laquelle  il  indique  un  perfectionnement  pour  la  fabrication  de  la  bière. 
Je  n'aurais  pas  demandé  la  parole  à  cette  occasion,  si  noire  confrère  se  fût 
contenté  de  décrire  son  procédé;  mais  M.  Pasteur  parle  de  l'opinion  des 
botanistes  qui  se  sont  occupés  de  l'origine  de  la  levure,  de  façon  à  en  don- 
ner une  idée  inexacte,  puisque  la  manière  dont  il  s'exprime  tend  à  faire 
croire  que  le  Pénicillium  obtenu  par  eux  se  développe  dans  de  la  levure  en 
putréfaction. 

«   On  sait,  dit-il  (p.  ii44)'  4''^  ''^*  botanistes  trés-lialjiles,  autrefois  M.  Tnrpin,  <Ic  nos 
jouis,  en  Allemagne,  M.  Hoffmann,  pour  ne  citer  qu'un  seul  nom,  et  piLsentemenl  encore, 
C.K.,lS,^i,  2'  Semestre. {T,  LX.XVI1,  N»  83.)  I  70 


(  i3i4  ) 

en  France,  IM.  Trécul,  ont  cru  devoir  conclure  de  leurs  observations  que  la  Icvûrc  de  bière 
peut  faire  naître  des  moisissures  diverses,  entre  autres  le  Pénicillium  glauciim.  » 

»  Il  continue  ainsi  : 

0  Que  la  levure  de  bière  soit  éminemment  altérable,  tous  ceux  qui  ont  manié  celte  sub- 
stance ont  eu  l'occasion  de  le  constater.  Pendant  les  chaleurs  de  l'été,  et  même  à  des  tempé- 
ratures plus  basses,  elle  change  de  consistance  dans  l'intervalle  de  quelques  jours,  lépand 
une  odeur  putride,  perd  son  activité  comme  ferment.  On  sait  aussi  que  ces  allèrations  s'ac- 
compagnent du  développement  d'organismes  microscopiques,  bactéries,  vibrions,  moisissures 
diverses.  D'où  viennent  ces  corpuscules  organisés?  La  levure  les  cngendre-t-elle  d'elle-même 
par  une  modification  de  ses  cellules  dans  des  conditions  de  vie  nouvelle;  ou  bien  ces  orga- 
nismes trouvent-ils  leur  origine  dans  les  poussières  des  objets  avec  lesquels  la  levure  a  été 
en  contact?  « 

»  Ne  semble-t-il  pas,  d'api'ès  cela,  que  les  botanistes  désignés  aient  ob- 
tenu de  cette  masse  de  levure  en  putréfaction  les  résultats  qu'ils  ont  an- 
noncés. Cette  manière  de  présenter  ropinion  de  ses  adversaires  est  une 
faute  grave.  M.  Pasteur  doit  savoir  que  les  botanistes  qui  ont  soutenu  la 
parenté  de  la  levure  et  du  Pénicillium  ont  employé  de  la  levure  bien  por- 
tante, et  qu'ils  l'ont  vue  se  développer  à  la  manière  desconidies.  Il  ne  sau- 
rait}' avoir  de  doute  à  cet  égard  ;  toutes  les  dénégations  de  M.  Pasteur  n'em- 
pêcheront pas  la  réalité  de  ce  fait  matériel;  et  puis  on  ne  s'est  pas  borné  à 
obtenir  le  Pénicillium  en  cullivant  de  !a  levure  dans  des  conditions  diverses, 
on  peut  passer  aussi  des  spores  du  Pénicillium  à  la  leviire.  C'est  encore  un 
fait  que  nie  notre  confrère.  Il  n'en  sera  pas  moins  vrai  que,  de  ces  spores 
encore  jeunes,  submergées  dans  du  moût  de  bière  qui  a  botiilli,  et  en- 
fermées dans  des  flacons  bien  clos,  avec  les  précautions  que  j'ai  recomman- 
dées, grossissent  en  se  décolorant  peu  à  peu  et  se  multiplient  par  bour- 
geonnement comme  de  la  levure,  dont  elles  acquièrent  les  dimensions  et 
les  autres  propriétés. 

»  Que  nie  donc  M.  Paslenr  dans  cette  circonstance?  Ce  ne  peut  être  la 
décomposition  du  sucre  en  alcool  et  en  acide  carbonique,  puisqu'il  est  con- 
veiui  de  ce  fait  à  la  page  ^87  du  tome  LXXV.  Est-ce  la  faculté  de  se  nudti- 
plier  par  bourgeonnement  qu'il  refuse  à  ces  spores?  Mais  on  les  voit  grossir, 
perdre  graduelletuent  leiu-  couleur  verte,  enfin  bourgeonner;  et  cela  peut 
s'accomplir  dans  des  liquides  qui,  à  la  même  température,  ne  produisent 
pas  de  levure  spontanée. 

»  Si  les  spores  dti  PenicUlium  Aécom\)Osev\\.  le  sucre  en  alcool  et  en  acide 
carbonique,  en  prenant  tous  les  caractères  de  la  levure  de  bière,  sur  quelle 
base  M.  Pasteur  jicut-il  a|)j)uyer  sa  négation  ? 


(  l^^b  ) 

))  Notre  confrère  a  iiiie  telle  horreur  des  moclificatious  dont  la  levure  est 
susceptible,  qu'il  renie  une  intéressante  observation  qu'il  publia  en  18G2, 
et  que  j'ai  renouvelée  en  1868,  sans  coiuiaître  son  expérience. 

«  J'ai  annoncé  à  l'Académie,  dit-il  (jiage  i  i45  de  ce  volume),  que  le  Mycoderma  vini  se 
lianslormait  en  levure  de  bière  basse  par  la  submersion  dans  un  milieu  nutritif  sucré.  De- 
l)uis  lors,  j'ai  exprimé  des  doutes  sur  cette  opinion  et  indiqué  la  cause  d'erreur  que  je  crai- 
gnais. Je  crois  que  l'interprétation  que  j'ai  donnée  des  faits  que  j'avais  observés  est  inexacte. 
Les  articles  du  Myrndermn  vini  se  gonflent,  en  effet,  par  la  submersion,  et  se  transforment 
en  cellules  qui  agissent  h  la  manière  des  cellules  de  la  levure  alcoolique,  avec  production 
d'alcool  et  d'acide  carbonique;  mais  ces  cellules  n'ont  pas,  sous  cet  état  nouveau,  la  faculté 
de  se  reproduire.  La  levure  spontanée,  qu'on  voit  apparaître  et  se  multiplier,  doit  provenir 
de  germes  de  levure  apportés  par  l'air,  qui  tombent  sur  le  Mycoderma  vini  pendant  qu'il  est 
exposé  en  grande  surface,  lesquels  germes  se  développent  après  la  submersion.    » 

»  Je  ne  puis  voir  là  qu'iuie  de  ces  assertions  équivoques,  comme  on  en 
rencontre  tant  dans  les  travaux  de  M.  Pasteur,  et  comme  j'en  vais  citer 
quelques  exemples.  Ceux  qui  suivent  nos  débats  avec  attention  ont  du  s'en 
ajiercevoir,  et  savent  combien  a  varié  l'opinion  de  notre  confrère,  en  ce  qui 
concerne  le  Mycoderma  vini.  Il  admit,  en  1862  [Bulletin  de  la  Sociélé  chi- 
mique de  Paris,  p.  73  à  74),  (\^^^  ^^  Mycoderma  est  susceptible  de  se  changer 
en  leviire  alcoolique  quand  on  le  submerge  dans  une  solution  de  sucre,  à 
l'abri  de  l'air.  Dix  ans  après,  en  1872  (t.  LXXIV,  p.  21  i  et  212),  M.  Pasteur 
affirme  qu'il  petit  démontrer  que  le  germe  de  la  levure  de  raisin  est  le  germe 
du  Mycoderma  vini;  que  ce  Mycoderma  a  dt-ux  modes  de  vie  essentiellement 
distiticls  :  Moisissure,  il  s'empare  de  l'oxygène  de  l'air. . .  et  le  rend  à  l'état 
d'acide  carbonique;  Ferment,  il  se  développe  à  l'abri  de  l'air  et  devient 
la  levTire  alcoolique  de  raisin.  Ce  n'est  que  pins  tard,  dans  le  coiu-s  de  la 
discussion,  qu'apparaît  la  première  trace  des  doutes  de  M.  Pasteur.  C'est 
le  7  octobre  1872  qu'ils  commencent  à  se  manifester.  A  celte  date,  on  trouve 
à  la  page  786  du  tome  LXXV,  que  les  assertions  précédentes  ne  sont  pas 
de  tout  point  conformes  à  la  vérité,  et,  quelques  lignes  plus  haut,  l'auteur 
assure  que  les  cellules  du  Mycorderma  vini,  submergées  dans  un  liquide 
sucré,  ne  se  reproduisent  pas,  mais  qu'elles  se  gonflent  pour  la  plupart,  et 
que  la  structure  de  leur  plasma  se  modifie  profondément. 

)>  On  voit  déjà  qu'un  nuage  se  répand  sur  la  question;  mais  voici  une 
phrase  qui  jette  plus  d'obscurité  encore  sur  la  pensée  de  notre  confrère. 
Bien  qu'il  paraisse  disposé  à  abandonner  l'opinion  qu'il  a  conservée  dix 
ans,  il  n'en  dit  pas  moins  à  la  page  suivante  (p.  787)  : 

>i  Je  ne  parie  pas  de  ces  cas  où  les  spoues  semées  donnent  de  la  \kaie  levure  de  bière. 
J'y  reviendrai  ailleurs.  » 

1  70.. 


(  .3i6  ) 

M  11  était  bien  à  désirer  qu'il  y  revînt,  car  le  lecteur  se  demande  de 
quelles  sporesil  est  question  :  si  c'est  de  celles  du  Pénicillium  dont  il  est  parlé 
niiis  loin  dans  le  même  alinéa,  ou  si  l'auteur  appelle  ainsi  les  cellules  du 
Mycoderma  vini.  3'ai  déjà  dit  (t.  LXXV,  p.  1 164)  que  M.  Pasteur,  consulté 
par  moi,  m'a  assuré  que  c'est  de  ces  dernières  qu'il  s'agit.  Je  pourrais 
multiplier  beaucoup  les  exemples  de  ces  phrases  ambiguës  qui  troublent 
la  discussion. 

»  Dans  cet  intéressant  travail  du  7  octobre,  basé  sur  la  submersion  des 
cellules  végétales  en  général  et  des  cellules  du  Mycoderma  vini  en  |)articu- 
lier,  lesquelles  cellules,  ainsi  plongées  dans  un  liquide  sucré,  produisent 
de  l'alcool  et  de  l'acide  carbonique,  il  n'est  point  fait  mention  de  l'exis- 
tence de  la  levure  spontanée.  Au  contraire,  il  est  expressément  dit  (t.  LXXV, 
p.  78G)  que  le  vase  est  disposé  de  telle  sorte  que  l'on  n'a  point  à  craindre 
l'ensemencement  par  les  germes  en  suspension  dans  l'air.  Ce  n'est  que  le 
II  novembre  (t.  LXXV,  p.  1168),  après  une  lecture  que  je  fis  à  l'Aca- 
démie, que  M.  Pasteur  parle,  ainsi  que  je  le  dirai  tout  à  l'heure,  de  la 
présence  de  la  levure  spontanée,  qui  vient  jeter  des  doutes  dans  son  esprit 
et  entraver  ses  conclusions.  Enfin,  dans  sa  dernière  Communication 
(p.  1145  de  ce  volume),  il  confirme  l'existence  d'une  levure  spontanée 
et  déclare  qu'il  croit  inexacte  l'interprétation  d'après  laquelle  il  avait 
admis  la  transformation  du  Mycoderma  en  levure.  Et  pourtant  il  prétend 
que  «  les  articles  du  Mycoderma  vini  se  gonflent  par  la  submersion  et 
»  se  transforment  en  cellules  cjui  agissent  à  la  manière  des  cellules  de  la  levure 
»  alcoolique,  avec  production  d'alcool  et  d'acide  carbonique;  mais  ces 
))  cellules  n'ont  pas,  sous  ce  nouvel  état,  la  faculté  de  se  reproduire,  m  On 
voit  i^ar  là  que  M.  Pasteur  accorde  au  Mycoderma  vini  modifié  toutes  les 
qualités  des  cellules  de  la  levure,  moins  la  reproduction.  C'est  presque 
l'aveu  d'une  nouvelle  erreur.  C'est  en  tout  cas  un  autre  exemple  de  ces 
assertions  ambiguës  dont  je  parlais  tout  à  l'heure;  aussi,  je  crois  devoir 
affirmer  à  mon  tour  que,  lorsque  les  cellules  du  Mycodeima  grossissent  et 
se  transforment  en  cellules  semblables  à  celles  de  la  levure,  elles  bour- 
geonnent et  se  nmlliplicnl.  Il  ne  leur  manque  rien  pour  être  identifiées  aux 
cellules  de  la  levure  de  bière.  Je  crois  donc  être  autorisé  à  demander  à 
M.  Pasteur  comment  il  s'est  assuré  que  ses  mycodermes  décomposent  le 
sucre  en  alcool  et  en  acide  carbonique,  en  présence  de  la  levure  spontanée 
qui  se  développe  simultanément. 

»  Voilà  d'ailleurs  une  levure  spontanée,  dont  M.  Pasteur  n'a  certaine- 
ment pas  vu  les  germes,  qui  arrive  bien  à  propos  pour  contrecarrer  l'avis 


(  "3.7  ) 
que  je  soutiens  depuis  1868.  C'est  qu'en  effet,  dès  cette  époque,  je  consta- 
tai non-seulement  la  transformation  du  Mycoderma  rervisiœ  en  levure  de 
bière,  mais  aussi  j'ai  observé  le  passage  de  ce  Mycoderma  au  Pénicillium, 
ainsi  que  l'avait  vu  Turpin.  Comme,  d'un  autre  côté,  les  spores  du  Peni- 
cilimm  se  cban£;ent  en  Mycoderma  et  en  levure  de  bière,  la  démonslration 
de  la  parenté  de  la  levure  et  du  Pénicillium  est  aussi  complète  que  possible. 

»  J'ai  indiqué  la  cause  de  l'erreur  nouvelle  de  M.  Pasteur  bien  avant 
qu'il  commît  cette  faute;  car,  dès  1868,  j'ai  dit  que  \es  Mycoderma  trop 
âgés  ne  se  transforment  pas  en  levilue,  que  les  seuls  Mycoderma  jeunes  su- 
bissent la  transformation. 

»  La  conséquence  de  tout  cela  est  qne,  si  l'on  admet  celte  transforma- 
tion du  Mycodernm  en  levure,  il  faut  nécessairement  reconnaître  que  la 
levure  peut  se  changer  en  Mycoderma,  et  alors  on  n'a  plus  guère  de  raison 
pour  récuser  le  passage  dn  M)  codernia  au  Pénicillium . 

»  D'un  autre  côté,  on  est  pénétré  d'élonnement  de  voir  que  M.  Pasteur, 
qui  est  connu  comme  un  très-habile  expérimentateur,  et  qui  se  dit,  le 
1 1  novembre,  diîpuis  quatre  mois  opprimé  par  des  doutes  que  lui  cause  la 
présence  d'une  levure  spontanée,  ait  pu  faire  la  longue  série  d'expériences 
nécessitée  par  sa  Communication  du  7  octobre,  sans  s'apercevoir  qu'il  y  a 
dans  ses  appareils  une  telle  levure  spontanée.  Si  un  tel  fait  a  pu  lui  échap- 
per aussi  longtemps,  quelle  confiance  méritent  donc  ses  assertions.  Toutes 
les  fois  qu'une  telle  levure  spontanée  naquit  dans  mes  flacons,  je  m'en  suis 
aperçu  tout  de  suite,  et  je  l'ai  proclamé  dans  trois  de  mes  Conununications, 
dès  1868.  C'est  pourquoi  l'on  peut  me  croire  quand  j'affirme  qu'il  n'en 
existe  pas,  et  que  ce  sont  bien  les  spores  du  Pénicillium  et  les  cellules  dn 
Mycoderma  qui  se  changent  en  levure  de  bière. 

»  Quand  même  luie  génération  spontanée  aurait  lieu  dans  les  vases  de 
notre  confrère,  il  devrait  encore  admettre  le  changement  de  ses  myco- 
dermes  en  levure,  parce  qu'elle  est  réelle  quand  ils  sont  jeunes.  Rien  n'est 
plus  facile  à  vérifier,  du  reste,  ainsi  que  je  l'ai  dit  aux  pages  214  et  ai 5 
du  tome  LXVII,  où  on  lit  ceci  : 

«  Ce  Mycoderma  [ceri'isiœ)  bien  développé,  bien  ramifié,  ne  détermine  pas  la  feinienta- 
tion(i),  et  celle-ci  n'en  désaj^réj^e  pas  les  cellules.  Il  reste  entier  avec  ses  rameaux  dans  le 
moût  qui  fermente.  Plongé  dans  ce  moût  de  bière,  il  languit,  et  quand  la  fermentation  est 
active,  le  plasma  du  mycoderme  se  contracte,  et  ses  cellules  se  rétrécissent,  sans  doute  par 
affaissement.  » 

(i)  J'ai  voulu  dire  par  là  que,  dans  mes  vases  bien  bouchés,  il  n'y  a  pas  d'effervescence 
à  leur  ouverture. 


;  i3i8  ) 

»   Lo  plus  ordinairement  le  plasma  se  contracte  seul.  J'ajoute  : 

«  Au  contraire,  <[uand  des  Mycodeniia  ccivisiœ  jeunes,  non  cnrore  lauiiliés,  furent  pla- 
cés dans  du  moût  de  bière  frais,  ou  même  dans  du  moût  qui  avait  été  conservé  en  flacon  l)ien 
houché  jiendanl  vingt  jours,  et  même  pendant  un  mois,  les  jeunes  cellules  du  ÎMycoderme 
grossirent  et  prirent  l'aspect  des  cclhilcs  de  levure  les  plus  actives,  c'est-à-dire  à  plasma 
homogène  blanc  et  brillant.   « 

»  Tous  les  savants  connaissent  quelles  peines  a  causé^^s  à  M.  Pasteur  la 
recherche  des  germes  de  la  leviîre  alcoolique.  Il  s'était  imae;iné  les  avoir 
trouvés,  et  proclamait  pouvoir  démontrer  que  le  germe  de  la  levure  est  le 
germe  du  Mycoderma  vini.  Aujourd'hui  que  ce  n'est  plus  ce  germe  qui  pro- 
duit la  levure,  il  faut  avoir  recours  à  un  autre. 

»  Je  ferai  remarquer  à  l'Académie  combien  il  est  heureux  que  notre 
confrère  ait  trouvé  à  la  levure  la  propriété  de  vivre  et  de  se  mtdtiplier  au 
contact  de  l'air  plus  rapidement  et  plus  facilement  qu'en  présence  de 
l'acide  carbonique  (p.  i  il[6  de  ce  volume).  Je  prévois  qu'elle  le  dispensera 
de  chercher  désormais  la  uatiu-e  des  germes.  Rien  ne  s'oppose  plus  main- 
tenant à  ce  que  les  cellules  de  levure  soient  trouvées  toutes  faites  dans 
l'atmosphère.  11  n'en  faudra  pas  moins  les  montrer  tombant  sur  nos  appa- 
reils et  pénétrant  dans  l'intérieur  des  fruits  (  i). 

»  Il  est  à  regretter  que  M.  Pasteur  n'ait  ])as  dit  dans  quelles  conditions 
il  (ait  vivre  et  multiplier  sa  levi'ire  au  contact  de  l'air.  Quel  que  soit  le 
mode  opératoire  de  notre  confrère,  il  tend  à  rappiocher  physiologique- 
ment  la  levure  du  Mycoderma  et  du  Pénicillium. 

»  Il  est  temps  que  cette  discussion  ait  un  terme.  Elle  fatigue  tout  le 
inonde.  Je  veux  y  mettre  tuie  fin,  en  ce  qui  me  concerne,  en  montrant 
que  l'opinion  de  j\I.  Pastetir  se  modifie  sans  cesse  avec  les  progrès  de  la 
discussion.  Je  prie  l'Académie  de  me  permettre  de  constater  la  métamor- 
phose considérable  que  l'opinion  de  notre  confrère  a  subie  le  1 1  no- 
vembre 1872,  à  la  suite  de  ma  lecture,  dans  laquelle  je  disais  ceci 
(t.  LXXV,  p.  1166)  : 

«  Ce  sont  toujours,  suivant  notre  confrère,  les  germes  du  Mycoderma  vini,  tombés  de  l'air 
sur  le  raisin,  qui  engendrent  la  levure;  mais  il  ne  nous  dit  pas  à  quels  caractères  on  peut 

(1)  Je  saisirai  cette  occasion  pour  dire  à  rA<a(lémie  (pie,  le  i  i  décembre  187?.,  j'ai  mis 
24  fruits  (18  pommes  et  6  poires)  chacun  dans  un  vase  clos;  16  de  ces  fruits  furent  exa- 
minés de  mars  en  octidjre.  Aucun  d'eux  n'a  montré  de  la  levure  dans  son  intérieur.  I^cs  huit 
autres  flacons  n'ont  pas  été  ouverts;  n'ayant  pas  eu  le  loisir  de  les  étudier  en  tem|)S  conve- 
nable, leurs  fruits  sont  maintenant  conq)létement  altérés.  Je  continuerai  cette  expérience. 


(   .3i9  ) 

les  distinguer  des  cellules  et  des  spores  de  cliain|)ignons  auxquelles  ils  sont  mêlés.  Il  serait 
surtout  nécessaire  de  les  différencier  de  ces  spores  de  Pénicillium  que  j'ai  vues  germer  sur 
le  raisin,  où  elles  prennent  aussi  l'aspect  de  la  levure  alcoolique,  comme  je  l'ai  dit  à  la 
page  988  du  tome  LXXV,  lesquelles  spores  peuvent  en  réalité  se  changer  en  levure,  quand 
elles  sont  placées  dans  des  conditions  favorables.  Il  me  paraît  évident  que  la  différence 
d'opinion  qui  existe  sur  ce  point  entre  M.  Pasteur  et  moi  se  trouve  dans  la  circonslance 
suivante,  savoir  :  que  quelques-unes  seulement  des  s])ores  ou  cellules  de  cliani))ignons,  qui 
sont  a  la  surface  du  raisin,  se  transforment  en  levure  alcoolique,  et  que  ce  sont  elles  que 
M.  Pasteur  regarde  comme  les  germes  du  Mycodcmiavini  1:1  de  la  levure.  Cu  malencontreux 
germe  cause  de  bien  grands  embarras  à  notre  conficre.  Aussi  m'est-il  diffiiile  de  concevoir 
jjourquoi  cet  habile  expérimentateur  attache  tant  d'importance  à  prouver  son  autonomie. 
Voyez  dans  quelle  contradiction  il  est  entraîné.  ...» 

»  M.  Pasteur  comprit  qu'il  fallait  opter  entre  la  négation  de  la  mélomor- 
p  ho  se  du  Mycofleriiia  vini  (laquelle  métamorphose  il  professait  depuis  dix 
ans)  el  l'acceplation  de  la  naissance  de  la  levure  par  hélërogénèse.  Il  n'hésita 
p.is.  C'est  alors  seulement  qu'il  fit  intervenir  une  levure  spontanée,  et  il 
inséra  dans  les  Comptes  rendus  la  note  de  la  page  1 168,  tome  LXXV,  dans 
laquelle  il  s'exprime  ainsi  : 

"  ...  Il  y  a  quatre  mois,  lorsipie  j'ai  voulu  rédiger  l'ensemble  de  mes  expériences  rela- 
tives à  la  transfoi  niation  des  articles  du  Mycoderma  vini  en  levure,  des  doutes  se  son!  pré- 
sentés tout  à  coup  à  mon  esprit  sur  la  vérité  du  fait  dont  il  s'agit,  et  qui,  pour  M.  Trécul, 
on  vient  de  l'entendre,  est  toujours  indiscutable.  ...» 

1)  L'expression  de  ces  doutes  n'a  pas  élé  prononcée  à  la  séance,  ainsi  que 
je  l'ai  fail  remarquer  le  lundi  suivant  (t.  LXXV,  p.  121  S),  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  que  ces  doutes  ont  été  yîxc's,  sinon  suggérés,  par  ce  que  je  venais 
de  dire.  Ce  qui  prouve  qu'ils  ne  dataient  |;as  de  quatre  mois,  c'est  que 
cinq  semaines  auparavant,  le  7  octohre,  M.  Pasteur  faisait  à  l'Académie  sa 
Communication  basée  sur  la  submersion  du  Mycoderma  vini  et  autres  cel- 
lules végétales,  dont  j',11  parlé  plus  haut,  et  dans  laquelle  il  n'est  pas  du 
tout  question  de  l'intervention  d'une  levure  spontanée.  On  ne  pouvait  pas 
prévoir  par  cette  Commimicalion,  que  tout  It'  monde  a  admirée,  quel 
changement  allait  survenir  dans  l'avis  de  notre  confrère.  A  l'assurance  de 
M.  Pasteur  dans  l'affirmation  des  nouveaux  phénomènes  qu'il  décrivait, 
persoiuie  n'aurait  supposé  qu'une  levure  spontanée  les  obscurcirait,  au 
moins  en  ce  qui  concerne  les  cellules  jjlongées  dans  un  liquide  sucré. 

»  Malgré  la  présence  de  cette  fâcheuse  leviire,  la  note  de  la  page  1 145  de  ce 
volume  n'en  iilti'ihucpas  moins  aux  cellules  du  j]fy(0(/erma submergées  toutes 
les  qualitésdes  cellules  de  la  levure,  moins  la  f  icullé  reproduclriee,  il  est  vrai. 
Comme,  à  l'état  normal,  ce  Mycoderma  se  multiplie  par  bourgeonnement 


(     l320    ) 

comme  la  levure,  il  est  probable  que  M.  Pasteur  la  lui  refuse  à  l'ctal  de 
submersion,  parce  qu'il  n'a  pris  en  considération,  sous  ce  rapport,  que  des 
individus  trop  âgés,  et  il  n'est  pas  impossible  que  les  tendances  de  son 
esprit  l'aient  porté  à  regarder  comme  levure  spontanée  les  jeunes  Myco- 
dernies  transformés  en  levure  réelle. 

»  Quoi  que  fasse  M.  Pasleiu-,  il  revient  sans  cesse,  par  la  puissance  des 
faits,  vers  ce  pbénomène  qu'il  récuse,  la  mutabilité  de  la  levure,  et  vers  la 
parenté  de  celle-ci  avec  le  Mycoderma  et  le  Pénicillium.  I.a  nouvelle  opi- 
nion de  notre  confrère  sur  la  végétation  de  la  levure  vient  à  propos  pour 
réaliser  les  modifications  à  sa  théorie,  que  je  présentais  (à  la  page  1221, 
t.  LXXV)  comme  nécessaires.  En  effet,  voici  une  autre  conséquence  de  la 
nouvelle  assertion  de  M.  Pasteur.  La  levure  de  bière  qui  était,  depuis  i863, 
le  type  des  anaérobies  comme  le  type  des  ferments,  puisque  ces  deux  mots 
étaient  synonymes,  peut  donc  à  présent  devenir  aérobie,  puisque,  au  con- 
tact de  l'air,  elle  vit  et  se  multiplie  plus  facilement  qu'en  présence  de  l'acide 
carbonique.  Que  M.  Pasteur  ne  s'y  trompe  pas,  c'est  là  un  pas  vers  l'état 
mycodermique,  et  le  Mycoderma  cervisiœ,  c'est  du  Pénicillium  à  courtes 
cellules.  M.  Pasteur  est  donc  ramené,  malgré  lui,  vers  ce  Mycoderma,  qu'il 
a  destitué  de  sa  faculté  de  devenir  levure  de  bière,  en  lui  accordant,  il  est 
vrai,  les  propriétés  de  cette  levure.  Quelle  contradiction  ! 

»  Ce  n'est  pourtant  pas  là  tout.  Le  vibrion  butyrique  lui-même  a  changé 
quelque  peu  de  physionomie.  Autrefois,  comme  toutes  les  anaérobies^  il 
était  tué  au  contact  de  l'air;  aujourd'hui,  l'oxygène  le  prive  seulement 
de  mouvement  et  d'action  comme  ferment.  Je  suis  heureux  que  mes  réflexions 
consignées  aux  pages  1221  du  tome  LXXV,  concernant  la  levure  et  la 
théorie  des  aérobies  et  des  anaérobies,  aient  provoqué  de  nouvelles  re- 
cherches, qui  ont  déjà  fait  faire  un  tel  pas  de  progrès  à  cette  partie  de  la 
question.  Que  M.  Pasteur  continue,  qu'il  cultive  les  ferments  qu'il  con- 
serve encore  dans  le  groupe  des  anaérobies  ;  il  n'est  pas  douteux  qu'il  ne 
les  voie  passer  à  l'état  d'aérobies. 

»  Tout  cela  prouve  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  partager  ces  êtres  inférieurs 
en  classe  des  anaérobies  ou  zymiquu:s  et  en  classe  des  aéuoiîies  ou  azy- 
MiQUES.  Ce  mode  de  distinction  est  sans  fondement  sérieux.  En  effet, 
les  êtres  de  ces  deux  catégories  se  comportent  absolument  de  la  même 
manière;  ils  prennent  de  l'oxygène  au  milieu  dans  lequel  ils  vivent, 
et  rendent  de  l'acide  carbonique.  Que  de  la  réaction  il  résulte  en 
outre  de  l'alcool,  de  l'eau,  de  l'acide  acétique,  etc.,  peu  importe,  il 
y    a   toujours  une   combustion,    et  celle-ci  est   effectuée  par  des    êtres 


(  '^-^I  ) 

qui  opèrent  dans  l'air  ou  au  milieu  des  liquides  ;  et,  certes,  M.  Pas- 
leiu'  ne  peut  pas  plus  refuser  le  fiire  de  ferment  au  Myco.lerma  aceti, 
qui  agit  à  la  surface  du  liquide,  qu'au  vibrion  butyrique  ou  tartrique 
et  à  la  levure  alcoolique,  qui  fonctionnent  au  sein  des  liquides.  Cela 
seul  montre  le  défaut  de  parallélisme  des  z/miques  et  des  azjmiques  avec 
les  annérobies  et  les  aérobies. 

»  M.  Pasteur,  qui  s'était  proposé  de  chercher  si  ces  êtres  peuvent  passer 
des  aérobies  aux  anaérobies  et  vice  versa,  excité  par  les  phénomènes  chi- 
miques qu'il  observait,  avait  de  la  tendance  à  admettre  ce  passage.  Il 
l'entrevit,  il  le  constata  parfois,  mais  il  recula  épouvanté  par  les  consé- 
quences de  la  modification  de  la  forme  des  êtres  organisés,  tant  il  a  peur 
de  i'hétérogénie.  Je  pourrais  citer  d'autres  observateurs  qui  lui  ressem- 
blent sous  ce  rapport.  M.  Béchamp,  qui  provoque  quelquefois  les  hété- 
rogénistes,  est  du  nombre.  En  découvrant,  dans  toutes  les  matières  proto- 
plasmaliques,  des  microzymas  qu'il  voit  se  changer  en  bactéries,  en 
vibrions  ou  en  amylobacters ,  ne  fait-il  pas  de  I'hétérogénie  sans  le 
vouloir?  ') 

M.  Pasteur,  après  avoir  entendu  la  lectuie  de  M.  Trécul,  demande  la 
parole  pour  y  répondre.  M.  le  Président  lui  faisant.observer  que  l'heure  est 
déjà  avancée,  et  que  l'Académie  doit  se  former  en  Comité  secret,  M.  Pas- 
teur ajourne  sa  réponse  à  la  séance  prochaine. 

M.  P. -A.  Favre  adresse  à  M.  le  Président  de  l'Académie  la  Lettre  sui- 
vante : 

«  J'ai  consacré  trente  ans  aux  études  caloriméfrique.«.  Les  faits  que  j'ai 
constatés,  soit  seul,  soit  avec  le  concours  de  feu  Silbermann  ou  de  quelques 
autres  collaborateurs,  ont  pris  place  dans  l'enseignement  classique.  J'ai 
été  soutenu  par  les  encouragements  constants  de  l'Académie,  pendant  ces 
longues  et  coûteuses  recherches.  Aujourd'hui,  ceux  de  ses  Membres  qui 
ont  suivi  le  progrès  de  mes  travaux  avec  intérêt,  convaincus  que,  si  la  mé- 
thode que  j'emploie  dérive  de  la  Physique,  leurs  résultats  éclairent  les 
théories  fondamentales  de  la  Chimie,  pensent  que  leur  appréciation  appar- 
tient à  la  Commission  chargée  de  juger  le  Concoius  de  Chimie  des  prix 
fondés  par  mon  vénérable  ami  M.  Lacaze. 

»  Me  conformant  à  leur  pensée,  j'ai  l'honneur.  Monsieur  le  Président, 
de  vous  faire  parvenir  une  collection  de  celles  de  mes  publications  qui  se 
rapportent  à  la  ïhermochimie.   » 

G.  R.,  1873,  a"  Semestre.  {T.  hW\ M,  N"  23.)  I7I 


{     l3a2    ) 

M.  Sekket  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  Mémoires  qu'il  vient  de 
faire  imprimer,  et  qui  ont  pour  titres  «  Détermination  des  fonctions  en- 
tières irréductibles,  suivant  un  module  premier,  dans  le  cas  où  le  degré  est 
égal  au  module  »  et  «  Des  fonctions  entières  irréductibles  suivant  un  mo- 
dule premier,  dans  le  cas  où  le  degré  est  une  puissance  du  module. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  douloureuse 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  C.-F.  iVaumann,  Correspon- 
dant de  la  Section  de  Minéralogie,  décédé  à  Dresde  le  4  décembre  1873. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  inclusions  vitreuses  renfermées  dans  les  feldspaths 
des  laves  de  Santorin;  par  M.  F.  Focqué. 

(Commissaires  :  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Dcville,  Daubrée,  Des  Cloizeaux.) 

«  I^es  minéraux  essentiels  des  laves  de  Santorin  renferment  presque  tous 
des  inclusions  cristallines  ou  vitreuses.  Ces  dernières  sont  formées  par  une 
matière  dépourvue  d'action  sur  la  lumière  polarisée,  et  creusées  ordinai- 
rement d'une  cavité  arrondie,  qui,  .sous  le  microscope,  offre  tous  les  ca- 
ractères d'une  bulle  de  gaz  fixée  dans  la  substance  vitreuse  (1). 

»  Je  me  réserve,  dans  une  prochaine  Note,  de  présenter  à  l'Académie  le 
résumé  des  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  sur  le  gaz  contenu  dans 
les  bulles.  Les  détails  qui  suivent  sont  relatifs  à  la  distribution  de  la  ma- 
tière colorante  dans  les  inclusions  vitreuses  et  à  la  forme  de  celles-ci.  Ces 
indications  sont  destinées  à  compléter  les  observations  micrographiques 
déjà  publiées  sur  ce  sujet  par  M.  Zirkel. 

»  Dans  le  labrador  de  la  lave  albitique  commune  de  Santorin,  la  ma- 
tière des  inclusions  offre  la  même  coloration  générale  que  la  pâte  ambiante, 
mais  cette  coloration  est  le  plus  souvent  très-inégalement  distribuée.  Sur 
le  pourtour  de  l'inclusion,  la  matière  vitreuse  est  complètement  incolore; 
elle  forme  là  une  petite  zone  périphérique  transparente,  régulière  dans 
certains  cas,  mais  découpée  plus  généralement  de  dentelures  ou  de  lobes 
peu  profonds. 

»  La  partie  principale  de  la  matière  vitreuse  des  inclusions  est  immé-" 

(i)  Le  diamètre  raaxinuiiii  des  inclusions  vitreuses  dépasse  rarement  quelques  centièmes 
de  millimètre,  et  celui  de  la  bulle  quelques  millièmes. 


(  i323  ) 

diatement  limitée  par  la  zone  transparente:  elle  forme  parfois  nne  colora- 
tion uniforme  du  même  ton  que  la  pâte  environnante,  mais  souvent  la  teinte 
y  est  distribuée  en  plages  inégalement  foncées,  séparées  par  des  lignes  irré- 
gulières. Enfin  la  matière  colorante  est  ordinairement  concentrée  à  la  sur- 
face de  la  grosse  bulle  de  gnz  et  sur  la  paroi  des  très-petites  bulles  qui  se 
présentent  fréquemment  par  myriades  dans  l'intérieur  de  la  masse  vitreuse 
des  inclusions.  A  la  surface  de  la  grosse  bulle,  cette  matière  colorante  est 
aus>i  inégalement  répandue;  elle  manque  par  places  et  laisse  ainsi  appa- 
raîlre  des  points  incolores,  transparents  au  milieu  de  parties  foncées,  de 
telle  sorte  que  la  bulle  ressemble  parfois  à  une  cellule  végétale  ponctuée. 
L'intensité  absolue  de  la  coloration  de  la  paroi  des  bulles  est,  du  reste, 
extrêmement  variable. 

»  Dans  la  seconde  variété  de  lave  de  Santorin  (lave  à  gros  cristaux 
d'anorthite,  de  pyroxène  et  de  péridot),  les  inclusions  renfermées  dans 
les  cristaux  d'anorthite  offrent  une  répartition  de  la  matière  colorante  en- 
core plus  inégale.  La  zone  transparente  est  généralement  plus  étendue  que 
dans  les  inclusions  contenues  dans  le  labrador  de  l'autre  lave.  Comme 
dans  celles-ci,  elle  affecte  souvent  des  contours  irréguliers  ;  cependant, 
dans  le  cas  le  plus  général,  elle  offre  une  certaine  régularité  dans  sa  distri- 
bution; elle  s'avance  de  chaque  côté  vers  la  partie  moyenne  de  l'inclu- 
sion, de  manière  à  figurer  à  peu  près  deux  triangles  adossés  par  leurs 
sommets.  La  portion  plus  colorée  de  l'inclusion  se  trouve  comprise  entre 
deux  parties  transparentes  et  contient  souvent  une  bulle  de  gaz  dans  l'une 
de  ses  moitiés.  Le  maximum  de  concentration  de  la  matière  colorante  s'ob- 
serve aussi  à  la  surface  de  la  bulle. 

>)  Les  inclusions  vitreuses  contenues  dans  l'anorthite  des  druses  sont 
caractérisées  par  la  rareté  et  la  petitesse  des  bulles  gazéifères,  et  aussi  par 
l'irrégularité  plus  grande,  la  nuance  plus  foncée  et  plus  uniforme  de  la 
matière  amorphe  qui  compose  ces  inclusions.  Ces  cristaux  d'anorthite  se 
distinguent  encore  par  la  fréquence  des  inclusions  de  pyroxène  à  l'état 
de  masses  à  contours  arrondis,  dépourvus  de  toute  apparence  cristalline, 
reconnaissables  seulement  par  la  coloration  qu'ils  présentent  entre  deux 
Niçois  croisés. 

M  Cette  différence  de  constitution  des  deux  espèces  d'anorthite  des 
laves  de  Santorii:  trouve  son  explication  dans  la  différence  probable  des 
conditions  qui  ont  présidé  à  leur  formation;  la  première  ayant  été  formée 
vraisemblablement  par  voie  de  cristallisation  après  fusion,  et  la  seconde, 
par  volatilisation  de  ses  éléments. 

171.. 


(  i324  ) 

»  Le  contour  extérieur  des  inclusions  vitreuses  renfermées  clans  ces  di- 
vers feldspaths  a  été  signalé  comme  curviligne  et  tout  à  fait  irrégulier.  Ce- 
pendant, dans  la  très-grande  majorité  des  cas,  il  n'en  est  pas  ainsi.  Avec 
un  grossissement  suffisant,  on  reconnaît  presque  toujours  que  ce  contour 
forme  une  ligue  brisée,  dont  les  parties  sont  parallèles  deux  à  deux,  comme 
les  côtés  d'un  polygone  symétrique  par  ra[)port  à  un  point  central.  En  un 
mot,  on  dirait  que  l'on  a  sous  les  yeux  le  contour  de  la  coupe  d'un  cristal 
monoréfringent,  dont  les  angles  sont  plus  ou  moins  émoussés.  Les  angles 
du  contoiu"  de  ces  inclusions  ont  été  mesurés  avec  un  goniomètre  à  angles 
plans,  adapté  à  l'oculaire  du  microscope.  Un  pareil  instrument  ne  donne 
que  desmesuies  approximatives;  l'erreur  |ieut  atteindre  2  ou  3  degrés;  la 
petitesse  de  l'objet  et  la  difficulté  de  superposer  les  fils  du  micromètre  sur 
les  côîés  de  l'angle  à  mesurer  empêchent  d'obtenir  des  résultais  j)lus  pré- 
cis. Néanmoins  les  observations  de  ce  genre  fournissent  des  données  inté- 
ressantes. Ainsi,  quand  les  inclusions  affectent  la  forme  d'un  dodécagone, 
(ce  qui  est  fréquent),  on  peut  vérifier  que  tous  les  anglf^s  sont  très-voisins 
de  i5o  degrés;  quand  elles  sont  hexagonales,  tous  les  angles  sont  Irès-rap- 
prochés  de  120  degrés.  Dans  certains  cas,  on  observe  des  combinaisons 
d'angles  voisins  de  i  5o  degrés  et  d'angles  qui  se  rapprochent  de  120  de- 
grés, et  quelquefois  en  même  temps  des  angles  très -peu  éloignés  de 
go  degrés. 

»  Dans  la  partie  du  cristal  de  labrador  qui  entoure  l'inclusion,  on  ob- 
serve aussi  parfois  de  petites  cavités  allongées,  alignées  en  files  linéaires. 
Or,  ces  lignes  correspondent  à  trois  directions  qui  se  coupent  parallèle- 
ment à  trois  des  côtés  de  l'inclusion.  Si  l'on  s'en  fiait  uniquement  à  ces 
indications,  on  serait  tenté  de  croire  que  ces  inclusions  ne  sont,  en  réalité, 
que  des  cristaux  appartenant  à  une  espèce  minéralogique  cristallisant  dans 
le  système  hexagonal  régulier,  à  la  néphéline  par  exemple,  mais  l'observa- 
tion réfute  surabondamment  une  telle  hypothèse.  Les  rangées  de  petites 
cavités  alignées  dans  un  feldspath  sont  toujours  parallèles  aux  côtés  d'une 
inclusion  voisine.  Il  existe  donc  là  une  relation  certaine  entre  la  forme  de 
l'inclusion  et  la  structure  de  la  substance  feldspathique  qui  la  renferme. 
Cette  relation  est  encore  confirmée  par  ce  fait  capital,  que  toujours  les 
côtés  du  cristal  de  feldspath  où  est  logée  l'inclusion  sont  aussi  parallèles  à 
quelqu'un  des  côtés  de  celle-ci.  Eu  un  mot,  la  forme  de  l'inclusion  repro- 
duit celle  du  cristal  qui  la  contient,  tout  en  offrant  généralement  un  plus 
grand  nombre  de  côtés.  Que  doit-on  conclure  de  là,  si  ce  n'est  que  la 
matière  des  inclusions  est  emprisonnée  dans  une  cavité  qui  reproduit  en 


(  iSao  ) 
creux  la  forme  du  cristal  ambiant,  et  qu'elle  est  bien  réellement  vitreuse  et 
amorphe?  La  fréquence  des  angles  se  rapprochant  de  i5o,  120,  90  degrés 
tient  au  développement  ordinaire  des  cristaux  de  labrador  |)arallt'leinent 
à  la  face  P,  et  par  suite  à  la  fréquence,  dans  le  champ  du  microscope,  de 
larges  lamelles  cristallines  taillées  dans  cette  direclion.  Les  différentes 
facettes  qui  sont  susceptibles  de  modifier  la  face  P  d'un  cristal  de  labrador 
déterminent,  en  efi'ef,  sur  les  bords  de  cette  face,  la  formation  d'un  péri- 
mètre dont  les  angles  plans  ont  ces  valeurs  à  quelques  degrés  près. 

»  Les  photographies  ci-joiules  permettent  de  reconnaître  l'exactitude  de 
presque  tous  les  détails  ci-dessus  décrits.  Ces  photographies  ont  été  faites 
avec  un  microscope  solaire  appartenant  au  laboratoire  d'Histologie  du 
Collège  de  France  et  au  moyen  de  glaces  sèches  préparées  par  M.  Steb- 
bing.  Elles  représentent  des  agrandissements  de  i5o  diamètres.  Pour  bien 
juger  les  détails  qui  y  sont  retracés,  il  est  bon  de  les  examiner  avec  une 
loupe  douée  d'un  pouvoir  grossissant  de  5  à  6  diamètres,  de  telle  sorte 
qu'effectivement  elles  donnent  une  représentation  fidèle  des  objets  avec 
un  agrandissement  de  1200  à  i  5oo  diamètres.  » 

PHYSIQUE.  —  Détermination  du  rapport  des  deux  chaleurs  spécifiques,  par  la 
compressioji  d'une  masse  limitée  de  gaz.  Mémoire  de  M.  E.-H.  Amagat, 
présenté  par  M.  Balard.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Balard,  Edm.  Becquerel,  Jamin.) 

«  La  méthode  la  plus  simple  pour  déterminer  le  rapport  des  deux  cha- 
leurs spécifiques  serait  évidemment  la  méthode  de  MM.  Clément  et  De- 
sormes, sans  le  phénomène  des  oscillations  de  la  masse  gazeuse  à  l'orifice, 
découvert  et  étudié  par  M.  Cazin  ;  c'est  pour  éviter  la  complication  ap- 
portée par  ce  phénomène,  cpie  j'ai  entrepris  les  expériences  qui  font  l'objet 
de  ce  travail. 

»   La  méthode   que  j'ai   employée  consiste    à   comprimer  un   volume 

limité  de  gaz,  pris  sous  la  pression  de  l'atmosphère,  et  à  déterminer  sa 

pression  immédiatement  après  la    réduction  de  son  volume;   le  volume 

initial  et  le  volume  final  se  déterminant  sans  difficulté,  il  ne  reste  plus 

c  c 

qu'à  appliquer  la  formule  de   Poisson  pu''  =  p' v" ,  dans  laquelle  l'expo- 

C 
sant  -est  l'inconnue  de  la  question. 

»  Il  paraît  d'abord  difficile  de  déterminer  presque  instantanément, 
avec  un  manomètre,    la  pression  du  gaz,  qui   commence   de  suite  à  se 


(    l'^aG  ) 
refroidir;  on   y  arrive  cependant  assez  facilement,  en  opérant   comme  je 
vais  l'indiquer. 

»  La  masse  gazeuse,  immédiatement  après  la  compression,  est  mise  en 
communication,  par  l'ouverture  d'un  robinet,  avec  nu  manomètre  à  huile, 
ré£;lé  d'avance  à  une  pression  légèrement  inférieure  à  celle  qu'on  clierclie  : 
de  cette  sorte,  l'ascension  du  liquide  manométrique  est  très-faible;  on 
referme  aussitôt  le  robinet,  et  le  manomètre  reste  ainsi  à  une  pression  plus 
voisine  que  précédemment  de  celle  qu'on  doit  obtenir.  On  lecommence 
une  nouvelle  opération  :  le  manomètre  monte  encore  un  peu.  On  arrive 
ainsi,  après  quelques  compressions,  à  ce  que  le  manomètre  reste  station- 
naire  au  moment  de  l'ouverture  du  robinet,  et  marque  alors  la  pression 
cherchée.  On  lit  ensuite  celte  pression  sur  un  manomètre  à  mercure,  dis- 
posé de  façon  à  s'équilibrer  exactement  avec  le  manomètre  à  huile,  ce  der- 
nier restant  parfaitement  slationnaire. 

»  La  compression  du  gaz  est  opérée  par  une  colonne  de  mercure  s'éle- 
vant  brusquement  dans  un  large  tube,  qui  prolonge  le  col  du  ballon  dans 
lequel  est  enfermé  le  gaz.  La  pression  est  communiquée  au  mercure  par 
une  couche  d'huile,  chassée  par  un  piston  qui  se  meut  dans  un  cylindre 
en  cuivre  et  qui  est  articulé  comme  celui  des  machines  pneumatiques 
ordinaires.  On  évite  ainsi  la  chaleur  que  développerait  le  frottement  d'iui 
piston  comprimant  directement  le  gaz;  la  compression  se  fait,  du  reste, 
facilement  en  une  demi-seconde;  on  arrive  ainsi  à  des  résultats  extrême- 
ment concordants. 

»  La  valeiu'  de  la  coinpression  n'a  jamais  dépassé  3  centimètres  de 
mercure  ;  dans  ma  dernière  série  d'expériences,  la  moyenne  ne  diffère  pas 
de  -j^  de  millimètre  du  nombre  qui  s'en  écarte  le  plus. 

»  En  étudiant  la  marche  descendante  du  manomètre  après  la  compres- 
sion, j'ai  pu  faire  une  légère  correction,  relative  à  l'abaissement  de  tem- 
pérature que  subit  le  gaz  pendant  l'opération,  si  rapide  qu'elle  soit. 

»   J'ai  obtenu  ainsi,  avec  l'air  atmosphérique  ; 

C  o  ,. 

-^i,oc)i     sans  correction. 

et  -=  i,J97    avec  la  correction. 

»   Il  est  évident,  du  reste,  qu'on  pourrait  éviter,  ou  tout  au  moins  atté- 

.  nuer  beaucoup  l'eflet  d\i  refroidissement,  en  employant  des  appareils  d'un 

volume  considi  rable;  le  ballon  que  j'ai  cm|)loyé  avait  à  peine  20  litres, 


{  '327  ) 
ce  qui  ne  fait  que  mieux  ressortir  ce  qu'on  pourrait  obtenir  de  cette  mé- 
thode avec  des  a|j|)areils   plus  grands  que  ceux  que  j'ai  pu  me  procurer. 

»  Du  résultat  précédent,  on  tire,  pour  équivalent  mécanique  de  la  cha- 
leur, le  nombre  434i  qui  ne  diffère  que  d'une  unité  de  ceUii  qui  a  été 
trouvé  récemment  par  M.  Violle,  avec  l'appareil  de  Foucault. 

»  Une    expérience   sur  l'acide    carbonique  m'a   donné  pour  résultat 

Q 

-  =  1,299;  ""  accident  arrivé  à  l'appareil  a  interrompu  l'étude  de  ce  gaz. 

J'ai  lieu  de  croire  ce  résultat  un  peu  trop  fort;  le  gaz  n'était  pas,  du  reste, 
complètement  exempt  d'air.  » 

PALÉOETHNOLOGIE. —  Essai  sur  la  distribution  géographique  des  populations  pri- 
mitives dans  le  département  de  l'Oise.  Mémoire  de  M.  R.  Guérin.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  de  Quatrefages,  Daubrée,  Roulin.) 

«  J'ai  l'intention  de  grouper,  d'après  des  signes  conventionnels,  sur  des 
réductions  de  la  carte  d'Etat-major,  Tensemble  des  faits,  connus  de  nos 
jours,  qui  établissent,  par  la  nature  même  des  objets  trouvés,  l'habitat  et 
la  distribution  des  populations  très-primitives  sur  le  sol  de  la  France.  J'ai 
d'abord  limité  ce  travail  au  périmètre  du  département  de  la  Seine,  en  lui 
appliquant  la  méthode  et  le  résultat  des  recherches  commencées  et  pour- 
suivies de  i865  à  i8y3  dans  le  département  de  la  Meurthe. 

»  Frappé  de  voir,  dans  cette  dernière  région,  que  ce  groupement  pa- 
raît affecter  plutôt  certains  points  du  sol  que  d'autres,  j'ai  recherché 
si,  dans  d'autres  bassins,  je  retrouverais  un  ensemble  de  faits  pouvant 
confirmer  tuie  loi  qui,  si  elle  devenait  définitive,  pourrait  se  formuler 
ainsi  : 

»  1°  Eu  général,  et  pour  l'ensemble  des  populations  dites  de  Vépoque 
néolithique,  les  stations  occupent  des  reliefs  du  sol  avoisiiiant,  le  plus  géné- 
ralement, le  cours  des  vallées. 

M  1°  La  fréquence  et  l'importance  de  ces  stations  humaines  sont  eu  rai- 
son directe  de  l'importance  de  la  vallée,  et,  par  suite,  les  vallées  secondaires 
ou  les  plateaux  qui  les  bordent  recèlent  moins  de  ces  débris,  à  quelques 
exceptions  près,  que  les  vallées  principales. 

»  Sont  exceptées,  dans  luie  certaine  mesure,  de  ces  indications,  les  régions 
exceptionnelles  par  leurs  reliefs,  ou  encore  les  régions  dites  à  dolmens. 

»  Les  observations  auxquelles  je  me  suis  livré  démonirent  ces  faits  pour 
ce  qui  est  du  pays  de  Lorraine  et  des  Vosges.  Dans  ce  bassin,  cinquante- 


(   i328  ) 

deux  stations  humaines  ont  été  découvertes  et  étudiées  par  moi,  et  leur 
groupement  a  été  relevé  aussi  exactement  que  possible. 

»  Pour  aujourd'hui,  je  me  borne  à  indiquer  le  résultat  de  mes  recherches 
dans  le  département  de  l'Oise,  que  des  circonstances  spéciales  m'ont  permis 
d'éludier  dans  de  meilleures  conditions  que  le  bassin  parisien. 

»  Dans  cette  contrée  commence  réellement,  comme  on  le  sait,  la  région 
des  tourbières.  Les  vallées  de  l'Oise,  du  ïhérain,  de  la  Nonette,  de  l'Au- 
thonne,  etc.,  sont  surtout  les  endroits  où  l'on  rencontre  ces  dépôts  de  végé- 
taux. Leur  importance  a  cru  depuis  quelques  années,  et  j'en  donnerai  une 
idée  en  citant  ce  fait,  que  la  tourbière  deBresles,  une  des  plus  importantes 
du  pays,  exporte  ses  produits  jusqu'à  Paris  et  donne  un  revenu  annuel  de 
70000  francs  à  la  commune.  Or,  depuis  longteujps,  les  ouvriers  employés 
dans  ces  exploitations  de  combustibles  ont  eu  occasion  de  rencontrer  des 
débris  osseux,  enfouis  profondément,  et  qui  donnent  une  excellente  idée 
de  l'ancienne  faune  post-quaternaire  du  pays.  De  ces  débris,  les  uns  sont 
venus  au  Muséum,  d'autres  sont  allés  à  Beanvais,  au  Musée  de  la  ville, 
quelques-uns  sont  encore  dans  les  mains  de  leurs  inventeurs;  c'est  ainsi 
que  j'ai  pu  en  acquérir  un  certain  nombre  pour  les  Collections  du  Musée 
d'Histoire  naturelle  de  Nancy. 

»  Voici  une  coupe  de  la  tourbière,  dite  de  Bresles,  en  pleine  exploitation; 
elle  représente  exactement  les  caractères  des  autres  exploitations  du  même 
genre. 

»   On  observe  de  haut  en  bas  : 

»    1°  Gazon  et  couclie  mince  d'iiumus. 

»  Limon  blanchâtre,  calcaire,  coquillier.  Il  n'est  pas  constant.  Les  csp(-ces  fossiles  sont 
terrestres  et  fltiviatlles. 

"  2"  Tourbe  bleuâtre,  léjjèrement  friable,  contenant  du  sable  quelquefois  glauconifère 
(entraîné  par  des  circonstances  locales);  souvent  son  épaisseur  est  de  plusieurs  pieds.  Elle 
n'est  ))as  employée. 

»   3°  Tourbe  déjà  plus  compacte,  rougeàtre,  contenant  des  coquilles  fliiviatiles,  lacustres. 

»  4"  Tourbe  dite  chanvrcuse,  formée  de  racines  entrelacées,  extrêmement  poreuse  et  de 
qualité  très-inférieure. 

»  5°  Tourbe  compacte,  homogène,  noire,  très-dense,  offrant  quelques  noyaux  pyrileux, 
ne  contenant  plus  de  débris  végétaux  reconnaissables  ;  c'est  surtout,  ainsi  que  la  précé- 
dente, la  couche  en  exploitation. 

»  Enlin  au-dessous,  et  reposant  sur  le  fond  du  bassin,  une  couche  de  tourbe  brune  avec 
végétaux  encore  reconnaissables,  tels  (|ue  noisetier,  bouleau,  aulne,  jiin,  etc.  C  est  celte 
couche  qui  contient  surtout  les  débris  osseux.  Çà  et  là,  on  rencontre  dans  son  épaisseur 
des  troncs  d'arbres  en  place,  mais  brisés  à  peu  près  à  i  mètre  au-dessus  du  sol  ancien.  On 
y  reconnaît  surtout  des  débris  de  pins. 


(     '^21)    ) 
"   M.  le  D''  Beaudon  a  donné,  dans  le  Bulletin  de  lu  Socicté  acadéiniiiuc de  l'Oise,  1867, 
lu  liste  de  quarante-huit  mollusques  observés  dans  les  dépôts  tourbeux  de  la  vallée  du 
Thérain. 

»  Voici,  pour  les  animaux  de  la  série  des  Vertébrés,  la  liste  des  débris 
connus,  ainsi  que  quelques  indications  sur  leur  provenance  : 

u  Bos  bison.  —  Localités  :  Bresles,  Rue-Saint-Pierre,  Troissereux  (musée  de  Beauvais, 
musée  de  Nancy). 

»  Bos  brachyceros .  —  Localités  :  Bresles,  Rue-Saint-Pierre,  Sacy-le-Grand  (musée  de 
Beauvais). 

»    Equus  caballus.  —  Localités  :  Bresles,  Sacy,  Rue-Saint- Pierre  fmusée  de  Beauvais). 

»  Cennis  elnphus.  —  Localités:  Bresles,  Rue-Saint-Pierre,  vallée  du  Thérain  (musée  de 
Nancy,  musée  de  Beauvais). 

o  Cennis  capreolus.  —  Localités  :  Bresles,  Rue-Saint-Pierre,  marais  de  Goincourt,  de 
Sacy  (musée  de  Beauvais), 

>)  Lupus.  —  Une  demi-mâchoire  inférieure  droite  à  Bresles  (musée  de  Beauvais). 

»   Sus  scrnfa  ferox.  —  Tètes  entières  :  Rue-Saint-Pierre,  Sacy-le-Grand,  Bresles. 

»   Sus  palustris  (?).  —  Un  maxillaire  inférieur  complet  (douteux?)  (  musée  de  Beauvais). 

»  Castor  fiber.  —  Une  tête  entière,  marais  de  Sacy,  et  maxillaire  inférieur  :  Rue-Saint- 
Pierre  (musée  de  Beauvais). 

»  Erinaceus  europœus.  —  Bresles  (musée  de  Beauvais). 

»  3Iustcla  lutra.  —  Rue-Saint-Pierre  (  musée  de  Beauvais). 

u   Erinaceus  europœus.  —  Rue-Saint-Pierre,  Bresles,  Sacy  (musée  de  Beauvais). 

»  Ces  dépôts  tourbeux  ont  fourni  des  armes  de  pierre  et  de  bronze;  on 
a  trouvé  des  flèches  (tètes),  à  Bresles,  ainsi  que  des  haches  polies;  il  en  a 
été  de  même  aussi  pour  le  marais  de  Sacy-le-Grand.  Le  bronze  a  été  ren- 
contré dans  les  marais  de  Goincourt,  de  Sacy,  dans  ceux  de  la  vallée  de 
Thérain,  de  la  Nonette,  à  Beauvais  même. 

»  Nulle  part  encore  on  n'a  trouvé  de  traces  de  stations  semblables  à 
celles  établies  en  Suisse,  sur  pilotis;  mais,  en  i-evanche,  on  voit  que  les 
bords  des  vallées  de  l'Oise,  du  Thérain,  de  la  Nonette,  de  l'Epte,  de  l'Au- 
thonne,  de  l'Aisne  ont  vu  naître,  se  développer  et  mourir  des  populations 
nombreuses.  Il  suffirait,  pour  s'en  rendre  compte,  de  jeter  un  coup  d'œil 
sur  les  tableaux  qui  accompagnent  la  carte  du  département  de  l'Oise,  prou- 
vant ainsi,  par  le  nombre  des  corps  enfouis  dans  des  sépultures  nombreuses, 
la  persistance,  sur  des  points  déterminés,  des  populations  stables  et  proba- 
blement livrées  à  l'agriculture. 

»  Cet  ensemble  montre  aussi,  par  son  mode  de  groupetnent,  l'impor- 
tance des   vallées  déjà  à  cette  époque,   et  quelles  voies  ou  plutôt  quels 

G.  R.,  1873,  2'5emc-i(ie.(T.LX.XVII,  N»2ô.)  '7^ 


(  i33o  ) 

sentiers  les  peuplades  avaient  suivis  pour  venir  habiter  et  se  répandre  sur 
les  plateaux. 

»  En  résumé,  le  département  de  l'Oise,  pris  en  particulier,  confirme, 
dans  une  certaine  mesure,  les  faits  que  j'avais  établis  d'après  mes  observa- 
tions; s'il  se  trouvait  qu'ils  ne  fussent  pas  nouveaux,  je  puis  dire  qu'ils  ont 
été  observés  en  dehors  de  toute  espèce  de  système,  simplement  et  méthodi- 
quement, pendant  de  longues  années. 

»  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  deux  cartes  de  nos  con- 
naissances actuelles  sur  ces  époques  anciennes,  dans  l'Oise  et  dans  la 
Meurthe,  ainsi  que  le  texte  explicatif  de  la  carte  de  l'Oise.   » 

VITICULTURE.  —  iVb/e  sur  tes  mœurs  du  Phylloxéra  (suite);  par  M.  Max.  Cornu, 
délégué  de  l'Académie.  (Présentée  par  M.  Dumas.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  nombres  donnés  dans  la  Note  précédente  sur  l'intervalle  des  mues 
du  Plijlloxera  vastalrix,  apportent  un  élément  nouveau  dans  la  discussion 
encore  pendante  entre  MM.  Signoret  et  Lichtenstein.  Ces  nombres  se  rap- 
prochent de  ceux  qui  furent  cités  par  M.  Lichtenstein,  quoique  l'intervalle 
qu'il  assigne  soit  encore  plus  petit  que  celui  que  j'ai  observé  ;  il  est  possible 
que  la  température  plus  chaude  du  midi  de  la  France  suffise  à  expliquer 
cette  rapidité  de  développement.  Quant  à  l'opinion  de  M.  Signoret,  doit- 
elle  être  absolument  rejetée?  Je  ne  le  pense  pas.  Cette  opinion,  selon  la- 
quelle l'intervalle  des  mues  serait  de  quinze  à  vingt  jours,  peut-elle  s'appli- 
quer à  la  forme  gallicolc?  Quoiqu'on  manque  encore  de  données  sur 
l'intervalle  des  mues  de  cette  forme,  on  sait,  d'après  une  observation  de 
M.  Balbiani,  rapportée  par  moi  avec  son  assentiment  {Comptes  rendus, 
21  juillet  1873),  que  les  deux  premières  sont  assez  rapprochées.  Mais  il 
faut  bien  se  garder  de  confondre  la  durée  de  l'existence  de  ces  insectes, 
qui  vivent  pendant  une  grande  partie  de  la  belle  saison,  de  mai  en  sep- 
tembre probablement,  sur  les  feuilles  des  vignes  américaines,  avec  la  du- 
rée de  leur  évolution.  La  durée  de  la  vie  est  approximativement  connue 
pour  les  insectes  des  galles;  elle  est  d'environ  deux  ou  trois  mois  (sauf 
erreur);  elle  commence  et  finit  avec  la  galle,  qui  devient  vide  et  brunit 
vers  l'automne.  Chez  les  individus  radicicoles,  cette  durée  est  encore  in- 
connue; des  expériences  directes  peuvent  seules  élucider  ce  point.  Ces 
deux  sortes  de  Phylloxéra  sont  et  demeurent  aptères;  c'est  probablement 
chez  les  individus  destinés  à  devenir  ailés  que  les  mues  présentent  ini  in- 


(  i33i  ) 
tervalle  plus  considérable.  Dans  l'une  de  mes  séries  d'observations,  je 
rencontrai  une  mue  de  jeune  après  quatorze  jours,  et  je  supposai  d'abord 
qu'elle  avait  pu  passer  inaperçue  (i);  en  admettant  que  l'insecte  se  fût  fixé 
le  dernier  parmi  tous  ceux  qui  l'entouraient, il  resterait  encore  un  inter- 
valle notablement  supérieur  à  celui  que  présentaient  les  mues  des  autres 
Phylloxéras.  On  pourrait  peut-être  attribuer  ce  retard  à  une  lente  évolu- 
tion destinée  à  donner  l'insecte  ailé;  je  n'ai  pas  été  assez  heureux  pour 
constater  te  changement  en  nymphe  de  l'un  des  individus  fixés  sur  les 
renflements  que  j'ai  étudiés;  je  n'ai  donc  pas  de  nombres  précis  à  citer. 
Il  y  a  cependant  certains  faits  qui  peuvent  montrer,  même  en  laissant  de 
coté  celui  qui  a  été  rapporté  plus  haut  et  qu'on  pourrait  considérer  comme 
douteux,  que  le  temps  nécessité  par  le  développement  complet  des  indi- 
vidus adés  est  assez  long. 

»  Une  nymphe  recueillie  sur  des  renflements  récoltés  à  Montpellier 
fut  mise,  le  20  août,  en  cellule  à  part,  sur  un  fragment  de  racine,  dans 
des  conditions  d'humidité  un  peu  excessives  peut-être.  Elle  était  très- 
allongée,  d'une  couleur  fauve,  et  munie  de  tubercules  très-noirs  et  très- 
visibles;  il  s'agissait  de  savoir  combien  de  temps  elle  pourrait  rester  dans 
cet  état  avant  d'effectuer  sa  dernière  mue;  un  dessin  spécial  en  fut  exé- 
cuté, et  elle  fut  placée,  lors  d'un  voyage  que  je  fus  forcé  de  faire,  le 
10  septembre,  sur  des  racines  de  vigne  dans  un  tube,  pour  être  empor- 
tée; les  mucédinées  ne  tardèrent  pas  à  les  envahir,  et  la  nymphe  périt. 
Elle  avait  ainsi  vécu  sans  modifications  pendant  vingt  et  un  jours  au 
moins. 

»  Une  autre  nymphe  de  même  origine,  mais  de  taille  plus  petite,  fut 
placée  le  22  aoiit  à  côté  de  la  première;  elle  y  demeura  sans  changement 
jusqu'au  10  septembre,  elle  subit  le  même  sort  que  l'autre  :  elle  a  donc 
vécu  sous  cette  forme  dix-neuf  jours  au  moins.  Cette  deuxième  nymphe 
offrait  des  tubercules  à  peine  visibles;  si  l'on  étend  aux  nymphes  le  fait 
que  j'ai  signalé  chez  les  individus  aptères,  que  les  tubercules  sont  de  plus 
en  plus  nets  à  mesure  que  les  individus  avancent  en  âge,  cet  insecte  devrait 
être  considéré  comme  plus  jeune  que  l'autre;  il  avait  cependant  une  teinte 
moins  vive. 

»  On  pourrait  craindre  que  ces  insectes,  qui  demeurèrent  complètement 
immobiles,  ne  fussent  en  réalité  depuis  longtemps  morts,  et  que  l'observa- 

(i)  Sur  ce  renflement,  resté  court,  se  trouvaient  d'autres  insectes  très-voisins  ilont  les 
mues  furent  recueillies  à  cette  place  même;  celte  omission  est  peu  probable. 

172.. 


(   .333  ) 

tioii  ne  se  rapportât  à  des  cadavres  présentant  l'aspect  de  Phylloxéras 
vivants;  mais  les  Phylloxéras  morts,  qu'ils  soient  jeunes  ou  adultes,  ne 
tardent  pas  à  prendre  une  teinte  brune  très-foncée,  soit  à  l'air  sec  où  ils  se 
racornissent,  soit  dans  une  humidité  excessive  où  ils  se  gonflent  notable- 
ment. 

»  Cinq  nymphes  de  même  origine  encore  turent  mises  à  part  dans  des 
conditions  analogues  le  23  août;  elles  étaient,  le  7  septendjre,  toutes 
mortes  et  brunies.  On  peut  encore  ajouter  un  fait  plus  convaincant  :  dans 
la  cellule  qui  contenait  les  deux  premières  nymphes  et  où  la  racine  se  con- 
serva sans  moisissures,  fut  placée  luie  troisième  nymphe  qui  se  porta  dans 
le  voisinage  du  verre,  y  mourut,  brunit  et  se  décomposa.  Je  pense  donc 
que  les  observations  précédentes  sont  relatives  à  deux  insectes  bien  et 
dûment  vivants.  Il  aurait  fallu,  comme  preuve  directe,  leur  transforma- 
tion définitive  en  insecte  ailé;  jusqu'ici,  cette  preuve  manque.  Une  forte 
présomption  permet  cependant  de  croire  que  l'évolution  complète  de 
l'individu  ailé  doit  exiger  un  temps  beaucoup  plus  long  que  celle  des  in- 
dividus aptères  ordinaires. 

»  Parmi  les  mues,  il  en  est  une  plus  remarquable  que  les  autres  :  c'est 
celle  de  la  nymphe,  parce  qu'elle  s'accompagne  du  déploiement  et  de  la 
consolidation  des  ailes.  Dans  la  Note  précédente,  il  n'a  été  question  que 
des  actes  préparatoires;  dans  l'exemple  cité,  la  nymphe  mourut  avant  le 
complet  achèvement  de  la  mue;  cette  mue  ayant  été  observée  dans  des  con- 
ditions meilleures  put  s'effectuer  entièrement. 

»  Il  ne  sera  pas  inutile  de  donner  au  préalable  quelques  détails  sur  la 
nymphe  jusqu'ici  incomplètement  ou  inexactement  décrite. 

»  Les  nymphes  rappellent  par  beaucoup  de  points  les  individus  aptères 
ordinaires;  leur  teinte  générale  cependant  est  différente,  elle  est  d'une 
couleur  fauve  tirant  sur  le  jaune  (surtout  vers  la  région  du  corselet)  ;  elle 
oscille  entre  le  jaune  d'or  et  le  jaune  rougeâtre  suivant  les  cas;  à  cela 
joignons  une  iorme  plus  élancée,  la  longueur  paraissant  être  la  même  que 
chez  l'aptère  adulte  et  la  nymphe  n'ayant  pas  l'abdomen  distendu  par 
des  œufs.  On  aperçoit,  en  outre,  sur  les  côtés,  les  fourreaux  des  ailes,  ou, 
pour  parler  plus  exactement,  les  deux  fourreaux  des  élytres,  ceux  des 
ailés  étant  beaucoup  plus  petits  et  cachés  par  les  premiers.  Ces  fourreaux 
sont  noirs,  non  à  cause  de  leur  contenu  qui  est  d'une  grande  blancheur, 
comme  on  le  verra  plus  loin,  mais  par  le  fait  de  la  peau  qui  a  pris  une  teinte 
foncée  sur  toute  celte  région;  elles  se  montrent  comme  de  petites  taches 
noires  qui  font  paraître  l'insecte  conmie  muni  d'un  étranglement.  La  teinte 


(  .333  ) 

fauve,  la  forme  allongée  et  comme  étranglée  au  milieu,  et  les  fourreaux 
des  ailes  permettent  de  reconnaître  les  nymphes  au  premier  coup  d'oeil  ; 
ces  caractères  sont  connus  depuis  les  observations  de  M.  Signoret  et  sur- 
tout de  MM.  Lichtenstein  et  Planchon.  Les  nymphes  se  rencontrent  prin- 
cipalement sur  les  renflements  des  radicelles  où  elles  sont  et  surtout  de- 
viennent communes  [Comptes  rendus,  22  septembre  1873,  p.  ôSy).  Les 
fourreaux  des  élytres  procèdent  du  deuxième  segment  du  thorax,  celui 
des  ailes  du  troisième  et  du  quatrième.  Les  appendices,  antennes  et  pattes, 
sont  colorés  en  noir,  ils  sont  plus  longs  que  ceux  des  individns  aptères. 
Ils  présentent,  avec  les  organes  de  ces  derniers  individus,  des  différences 
qui  seront  étudiées  ultérieurement.  L'individu  dont  la  nymphe  dérive 
n'est  pas  encore  connu  avec  certitude. 

»  Les  nymphes  sont  munies  de  tubercules  très-apparents,  correspon- 
dant identiquement  à  ceux  des  individus  aptères  tuberculeux,  et  dont  la 
place  est  la  même,  à  de  très-minimes  différences  près.  La  liisposition  des 
tubercules  a  été  jusqu'ici  décrite  avec  inexactitude,  et  le  dénombrement  en 
a  été  imparfait  ;  chez  les  nymphes,  les  segments  sont  très-nettement  indi- 
qués et  sont  franchement  transversaux  sans  replis,  sans  ondulations;  c'est 
ce  qui  permet  une  évaluation  plus  exacte.  Sur  la  léte,  il  y  a  dix  tubercules; 
sur  le  thorax,  divisé  en  quatre  segments,  il  y  en  a  :  douze  sur  le  premier 
segment,  souvent  divisé  en  deux  lui-même,  huit  sur  le  deuxième,  autant  sur 
le  troisième,  six  sur  le  quatrième;  il  y  en  a  quatre  sur  les  segments  abdo- 
minaux, au  nombre  de  six  (i):  le  septième  segment,  le  segment  anal,  en 
est  dépourvu;  il  en  est  parfois  de  même  du  segment  précédent,  qui  en 
présente  souvent  d'indistincts. 

»   Les  yeux  sont  latéraux  (2),  formés  d'un  petit  nombre  de  facettes;  mais 

(1)  Le  D''  Signoret  en  cumpte  sept,  non  compris  le  segment  anal.  —  Le  Phylloxéra  cause 
première  de  In  maladie  des  vignes  [Annales  de  la  Société  cntomologique  de  France,  séance 
du  22  décembre  18G9).  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  ont  admis  le  même  nombre  et  donné 
une  figure  analogue.  Le  Phylloxéra  de  i854  «  1873.  Montpellier,  1873.  La  figure  est  sur 
la  couverture. 

(2)  C'est  dans  celte  région  de  la  tête  que  les  différences  entre  la  nymphe  et  les  individus 
aptères  tuberculeux  sont  les  plus  grandes,  et  encore  sont-elles  assez  faibles. 

Comme  la  description  des  formes  diverses  du  Phylloxéra  sera  renvoyée  à  une  date  assez 
éloignée,  j'ai  pensé  qu'il  était  lîon,  ;\  propos  de  la  nymphe,  d'entamer  la  question  des  tuber- 
cules. Quoiqu'il  ne  soit  uniquement,  dans  le  texte,  question  que  des  nymphes,  tout  ce  qui  y 
est  dit  s'applique  aux  individus  tuberculeux  en  général  ;  c'est  pour  cela  que  j'ai  cité  MM.  Si- 
gnoret, Lichtenstein  et  Planchon. 


(  .3^4  ) 
on  aperçoit  en  dessous  les  larges  yeux  de  l'ailé  qui  apparaissent  comme  une 
tache  foncée;  on  reconnaît  la  constitution  de  ceux  de  la  nymphe,  abstrac- 
tion faite  des  autres,  sur  la  peau  de  la  mue  qu'elle  abandonne  en  se  transfor- 
mant en  insecte  ailé.  Ces  yeux  sont  accompagnés  de  deux  tubercules,  l'un 
supérieur,  exactement  marginal,  l'autre  un  peu  iniérienr  ou  sur  le  même 
rang;  ce  tubercule  est  la  continuation  de  la  rangée  des  cinq  tubercules  in- 
termédiaires entre  la  ligne  marginale  et  la  double  ligne  dorsale,  ce  qui 
porte  à  six  les  tubercules  de  cette  rangée  intermédiaire.  On  en  a  donc  omis 
deux  jusqu'ici  dans  chacnne  de  ces  lignes  intermédiaires. 

»  On  en  a  omis  deux  aussi  sur  la  double  ligne  dorsale  à  son  extrémité 
sur  la  région  céphalique;  il  y  a  sur  la  tête  trois  séries  de  tubercules  dans 
le  prolongement  de  chacune  de  ces  lignes,  mais  les  deux  plus  voisines  de 
l'extrémité  sont  très-rapprochées  l'une  de  l'antre;  dans  l'observation  au 
microscope,  la  pression  de  la  lamelle  détermine  souvent  un  pli  qui  refoule 
sur  l'autre  face  de  l'insecte  les  deux  derniers  tubercules;  à  sec,  on  peut 
les  confondre,  parce  que  les  deux  qui  les  précèdent  sont  placés  sur  une 
surface  courbe  et  se  projettent  sur  eux;  en  traitant  les  Phylloxéras  par  des 
réactifs  qui  les  rendent  transparents,  on  se  rend  compte  assez  aisément  de 
l'existence  de  ces  trois  séries  de  deux  tubercides. 

M  On  a  omis  aussi  de  chaque  côté  un  tubercule  marginal  sur  le  deuxième 
et  le  troi.sième  segment  du  thorax;  chaque  série  sur  ces  segments  se  ter- 
mine non  pas  par  un   tubercule,  mais  par  deux  tubercules  marginaux. 

»  L'omission  la  plus  singulière  est  celle  d'une  rangée  de  quatre  tuber- 
cules sur  le  premier  segment  du  thorax. 

»  Cela  ferait  en  tout  douze  tubercules  oubliés,  si  l'on  n'avait  pas  compté 
en  trop  un  segment  abdominal  porteur  de  quatre  tubercules. 

»  Il  y  a  donc  en  tout  68  tubercules  : 

10  céphaliques lo 

1 2  4-  8  -t-  8  -4-  6  thoraciqiii's 34 

4  fois  (j  abdominaux 24 

68 
»  Dans  l'histoire  du  Phylloxéra,  la  description  de  l'insecte  lui-même 
laisse  donc  encore  à  désirer;  il  y  a  des  inexactitudes  à  relever  dans  la 
constitution  des  pattes,  des  antennes,  la  position  des  yeux,  etc.;  il  en 
sera  spécialement  question  plus  tard.  Quant  au  nombre  des  tubercules, 
entre  ces  divers  segments,  si  semblables  les  uns  aux  autres,  on  peut  aisé- 
ment faire  une  confusion,  que  le  peu  de  netteté  des  tubercules,  la   cour- 


(  i335  ) 
biire  des  surfaces,  l'entre-croiscment  des  plis  de  la  peau  viennent  encore 
faciliter. 

»  La  couleur  de  la  nymphe  pourrait  s'expliquer  par  celle  des  globules 
oléagineux  qu'elle  contient  et  qui  sont  d'un  jaune  orangé  rosé;  mais  la 
membrane  externe  ajoute  sa  propre  teinte  à  la  couleur  orangée  vue  par 
transparence.  Il  en  est  de  même  chez  l'insecte  ailé;  la  transformation  et  le 
changement  de  couleur  doivent,  avec  la  plus  grande  évidence,  s'y  expli- 
quer ainsi. 

»  Ce  qui  frappe  au  premitr  coup  d'oeil,  quand  on  observe  un  individu 
ailé  aussitôt  après  la  unie,  c'est  sa  couleur;  elle  est  d'un  jaune  d'or  très- 
vif  et  très-brillant  ;  le  corselet  est  d'un  jaune  plus  pâle,  les  ailes  sont  blan- 
ches, les  membres  flexibles  encore  et  Iransparents  ;  l'animal  est  animé  d'un 
mouvement  continuel.  Il  est  entièrement  dénué  de  tubercules  et  n'en 
prendra  pas,  quoique  la  nymphe  en  soit  couverte.  Les  ailes  (élytres  et  ailes) 
sont  encore  chiffonnées  et  molles;  elles  sont  bouchonnées  et  forment  deux 
petits  amas  cristallins  ;  les  élytres  recouvrent  encore  les  ailes  qui  sont  plus 
petites  et  plus  visibles;  les  élytres  sont  disposées  de  telle  sorte  que  leur 
extrémité  est  repliée  en  dessous  de  leur  surface.  L'insecte  les  écarte  de  son 
corps  et  les  dé|ilie  lentement;  elles  s'allongent  peu  à  peu,  mais  demeurent 
encore  assez  étroites;  les  plis  longitudinaux  s'effacent  et  elles  s'étendent 
de  plus  en  plus.  Elles  prennent  d'abord  la  forme  d'un  triangle  dont  le 
sommet  est  à  leur  insertion,  la  base  étant  formée  par  le  pli  de  l'extrémité 
repliée  en  dehors  ;  elles  enjambent  ensuite  l'une  sur  l'autre,  mais  leur 
surface  est  encore  comme  gaufrée  longitudiualenient  ,  l'extrémité  se 
recourbe  vers  le  sol.  Les  nervures  commencent  enfin  à  devenir  distinctes 
et  les  trachées  apparaissent  dans  leur  intérieur.  Le  corselet  dont  la  mem- 
brane est  Irès-blaiiche  se  couvre  de  plis,  de  plus  en  plus  accentués  ;  l'abdo- 
men a  la  forme  d'une  toupie  d'Allemagne;  les  deux  derniers  segments  sont 
très-allongés.  Les  élytres  s'étendant  et  commençant  à  se  sécher,  on  aper- 
çoit à  leur  surface  un  pointillé  très-fin  et  très-délicat;  les  ailes  commencent 
à  apparaître  en  dehors  et  à  s'étendre  librement  à  leur  tour. 

))  A  cet  instant,  le  Phylloxéra  ressemble  à  une  petite  mouche  de  couleur 
jaune  d'or  et  à  ailes  très-blanches  et  cristallines. 

»  Après  un  séjour  d'un  certain  temps  à  l'air,  les  membranes  se  dur- 
cissent et  se  consolident,  leur  teinte  se  fonce.  Les  élytres  et  les  ailes  de- 
viennent grises,  les  pattes  et  les  antennes  deviennent  plus  foncées,  le  cor- 
selet est  noir,  le  reste  de  l'insecte  est  d'un  fauve  rougeâtre. 

»  Cette  teinte  rouge  est  due  à  la  superposition  de  la  couleur  des  glo- 


(  .33(i) 
bules  graisseux  jaune  orangé  et  de  la  couleur  foncée  de  la  peau  :  telle 
est  l'explication  du  changement  de  couleur  et  des  apparences  diverses  des 
individus  aptères  on  ailés.  Ce  changement  est  ici  assez  rapide  et  se  produit 
au  bout  d'un  jour;  chez  certains  pucerons,  je  l'ai  vu  se  produire  du  matin 
au  soii".  » 

M.  Ai-Pii.  MiLixs  adresse  l'indication  d'im  mélange  contenant  du  cya- 
nure de  potassium,  pour  détruire  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  A.   CoM.MAiLi.E  adresse  une  Note  sur  la  cause  de  la  constance  de  la 
chaleur  solaire. 

(Commissaires  :  MM.  Le  Verrier,  Faye,  Janssen.  ) 

M.  BoNNAFONT  adrcsse  un  Mémoire  sur  les  trombes  de  mer. 

L'auteur  reproduit  les  conclusions   déjà  formulées  par  lui  en  iSSg,  et 

insiste  sur  ce  que  le  mouvement  des  trombes  de  mer  est  ascendant  et  non 

pas  descendant. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Faye.) 

M.  RoussET  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  causes  des  ma- 
ladies. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Rayon  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  nouveau  système  de 
calorifère,  destiné  au  chauffage  des  appartements. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  le  général  Morin.) 

M.  De.iardin  adresse  inie  Note  relative  aux  problèmes  de  la  trisection  de 
l'angle  et  de  la  duplication  du  cube. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

M.  A.  Le  Chevalier  prie  l'Académie  de  renvoyer  au  Concours  des  Arts 
insalubres  le  contenu  d'un  pli  cacheté  récemment  déposé  par  lui. 

Ce  pli  sera  transmis  à  la  Commission,  qui  en  fera  l'ouverture. 


(   ';^37  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  WiixiAMsox,  nommé  Correspondant  de  la  Section  de  Chimie,  adresse 
ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  volume  intitulé  «  l'Empire  du  Brésil  à  l'Exposition 
universelle  de  Vienne  en  iSyS  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  signalant  à  l'Académie  un  ouvrage  de 
M.  Alph.-Milnc  Edwards,  intitulé  :  «  Recherches  sur  la  faune  ornitholo- 
giqne  éteinte  des  îles  Mascareignes  et  de  Madagascar  »,  donne  lecture  des 
passages  suivants  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  Déjà,  à  plusieurs  reprises,  j'ai  eu  l'honnL'iir  de  communiquer  à  l'Académie  les  princi- 
paux résultats  de  mes  recherches  sur  ce  sujet;  aujourd'hui,  j'appellerai  son  attention  sur 
quelques  laits  nouveaux,  qui  n'ont  pu  prendre  place  dans  le  travail  que  je  lui  présente. 

»  En  1868,  M.  Alf.  Grandidier  avait  trouvé  à  Madagascar  plusieuis  ossements  appar- 
tenant à  l'oiseau  gigantesque  que  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  désigné  sous  le  nom  A'jEpyor- 
nis  ina.rimiis;  ces  pièces  nous  avaient  permis  d'étudier,  d'une  manière  plus  complète  qu'on 
n'avait  pu  encore  le  faire,  les  caractères  anatomiques  et  les  affinités  naturelles  de  cette  es- 
pèce éteinte.  Le  même  voyageur  a  pu  se  procurer,  plus  récemment,  d'autres  parties  du  sque- 
lette de  ce  singulier  oiseau,  et  je  puis  vous  annoncer  que  les  conclusions  auxquelles  nous 
étions  arrivés  précédemment  sont  complètement  en  accord  avec  les  faits  fournis  par  l'exa- 
men de  ces  ossements. 

»  Le  plus  important  est  un  tarso-métatarsien  ou  os  du  pied,  qui  complète  la  charpente 
solide  du  membre  inférieur,  et  nous  permet  d'en  déterminer  exactement  les  dimensions. 
Jusqu'à  jjrésent,  nous  n'avions  pu  évaluer  qu'approximativement  la  taille  de  l'animal, 
parce  que  l'os  du  pied  que  nous  avions  à  notre  disposition  était  incomplet;  mais  les  calculs 
que  nous  avions  faits  se  rapprochaient  beaucoup  de  la  vérité,  car  nous  avions  attribué  à  cet 
os,  environ  87  centimètres  et,  en  réalité,  il  a  38  j  centimètres,  ce  qui  donne,  pour  la 
longueur  totale  de  la  jambe,  à  l'état  d'extension  forcée,  environ  i'",35.  Un  fragment 
du  bassin  indique  que  Y.Epyornis  différait  beaucoup  plus  des  Dinornis  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande qu'on  ne  le  croyait  d'après  la  conformation  des  pattes.  La  comparaison  de  ces  deux 
types  ornithologiques  éteints  et  si  différents  de  tous  ceux  que  nous  offre  aujourd'hui  la 
classe  des  Oiseaux,  m'a  été  facilitée  par  l'envoi  que  M.  le  docteur  J.  Hasst  a  bien  voulu 
me  faire  d'une  magnifique  Collection  comprenant  plusieurs  squelettes  de  Dinornis,  qui  sont 
déposés  au  Muséum  et  seront  bientôt  mis  sous  les  yeux  du  public  dans  les  galeries  d'Anato- 
mie  comparée. 

»  l,\Epyornis  était  beaucoup  plus  massif  que  les  Dinornis  les  plus  lourds,  tels  que  le 
D.  Elephantopus.  Son  corps  était  plus  large  et  plus  robuste,  ce  qui  s'accorde  d'ailleurs  avec 
ce  que  nous  avions  déjà  dit  en  parlant  des  vertèbres.   » 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  25.)  I  7^ 


(   i338  ) 

GÉor.oGiR.  —  M.  le  SECRÉTAir.E  PERPiÉTiTEL  présente  à  l'Acndéniie,  au 
nom  de  l'auteur,  un  volume  intitulé  :  «  Exploration  géologique  du  Béni 
Mzab,  du  Sahara  et  de  la  région  des  steppes  de  la  province  d'Alger,  par 
M.  Ville  »,  et  donne  lecture  des  passages  suivants  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  L'Ouvrage  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  fait  suite  au  Voyage  ci' exploration 
dans  les  bassins  du  ffodna  et  du  Sa/tara,  que  j'ai  publié  en  1868. 

11  Dans  ce  nouvel  Ouvrage,  j'ai  pour  but  essentiel  de  déterminer  les  points  où  la  re- 
rherche  des  eaux  jaillissantes  offrait  le  plus  de  chances  de  succès.  Celte  recherche  est 
nécessairement  basée  sur  l'étude  de  la  constitution  géologique  du  sol. 

»  1°  Constitution  géologique  du  pays  situé  entre  Nrgonssa  et  Laghouat,  et  comprenant 
le  Sahara  et  le  Béni  Mzab.  —  Le  terrain  qui  s'étend  du  sud  au  nord,  entre  Negoussa  et 
Laghouat,  renferme  un  vaste  plateau  de  craie  blanche  qui  constitue  en  grande  partie  le 
Béni  Mzab,  et  qui  est  entouré  de  tous  côtés  par  le  terrain  quaternaire.  Des  oasis  impor- 
tantes, celles  de  Metlili,  de  Guerrara,  de  Ghardaïa  et  ses  quatre  annexes,  et  de  Berrian  ont 
été  créées  par  les  Mozubites,  race  énergique  et  intelligente,  dans  les  vallées  profondément 
encaissées  qui  découpent  cette  région  essentiellement  plate. 

1)  J'ai  étudié  spécialement  les  chances  de  succès  que  présente  l'exécution  des  puits  arté- 
siens, soit  dans  le  tenain  quaternaire,  composé  essentiellement  de  calcaiie  parfois  gypseux 
à  la  surface  et  d'argiles,  de  sables  et  de  grès  en  profondeur,  soit  dans  le  terrain  crétacé, 
composé  essentiellement  de  couches  de  dolomies  cristallines  d'un  gris  jaunâtre,  contenant 
intercalés  des  bancs  d'argile  et  de  gypse.  Le  fond  des  trois  grandes  vallées  qui  découpent 
toute  celte  région  en  coulant  du  nord-ouest  au  sud- ouest  offre  des  chances  de  réussite.  On 
devrait  partir  de  la  dépression  d'Ouargla,  où  il  existe  de  nombreux  ])uits  jaillissants  indi- 
gènes, et  remonter  l'Oued  Mzab,  l'Oued  en  Nça  et  l'Oued  Zegrir,  qui  vont  se  perdre  dans 
cette  dépression.  Les  puits  artésiens  pourraient  atteindre  une  profondeur  de  100  mètres. 

»  Les  eaux  du  Béni  Mzab  sont  généralement  de  très-bonne  qualité  comme  boisson  et  sont 
très -appréciées  par  les  voyageurs  qui  viennent  de  traverser  la  région  quaternaire  com- 
prise entre  l'Oued  Rhir  et  Ouargla,  où  les  eaux  sont  de  qualité  détestable. 

»  2"  Constitution  géologique  de  la  région  des  steppes.  —  Dans  la  région  des  steppes,  qui 
s'étend  du  sud  au  nord  entre  Laghouat  etBoghar,  existe  une  vaste  dépression  fermée,  sorte 
(le  méditerranée  dont  le  fond  est  occupé  par  deux  grands  lacs  salés  appelés  Zalirez.  On 
peut  signaler,  dans  la  zone  méridionale  de  ces  steppes,  les  terrains  suivants  :  i"  Le  terrain 
crétacé  comprenant  le  terrain  néocomien,  la  craie  chloritée,  la  craie  blanche;  2"  le  ter- 
rain quaternaire  saharien;  3"  le  terrain  d'alluvions  anciennes;  4"  le  terrain  d'alluvions 
actuelles. 

u  Le  terrain  crétacé  présente,  aux  environs  de  Laghouat  un  système  particulier  de  cuvettes 
montagneuses,  isolées  les  unes  des  autres.  On  y  trouve,  en  allant  de  haut  en  bas,  des  couches 
de  dolomies,  de  gypse  et  de  grès  quarizeux,  alternant  avec  des  marnes  violettes.  Quelques 
sources  impoitantes  émergent  du  terrain  crétacé.  Leur  débit  pourrait  être  augmenté  par 
des  coups  de  sonde  d'une  faible  profondeur, 

»  Le  terrain  quaternaire  présente  les  mêmes  caractères  minéralogiques  que  sur  la  lisière 
nord  du  Sahara.  Les  ravinements  qu'il  a  subis  ont   produit  les  dépressions  que  suivent 


(    ,33y   ) 

les  cours  d'eau  actuels.  Le  débit  de  ces  derniers  a  diminué  à  la  suite  des  siècles  et  le  niveau 
des  eaux  a  également  baissé.  A  une  époque  très-reculée,  les  jiluies  diluviennes  devaient 
être  très-fréquentes  dans  cette  région,  et  hors  de  proportion  avec  les  pluies  de  l'époque 
actuelle. 

"  Les  massifs  montagneux  de  la  région  centrale  des  steppes  appartiennent  à  la  formation 
crétacée,  de  même  que  ceux  de  la  région  méridionale.  Ils  présentent  la  même  alternance 
de  roches.  On  y  trouve  des  fossiles  nombreux  qui  permettent  de  constater  la  présence  des 
étages  suivants  :  terrain  miocène,  craie  blanche,  craie  chloritée. 

«  Les  couches  crétacées  forment,  en  général,  de  grandes  ondulations  qui  sont  propres  à 
l'existence  de  nappes  souterraines.  La  puissance  de  ces  dernières  est  favorisée  par  les  pluies 
souvent  considérables  qui  tombent  sur  les  massifs  montagneux  entourant  le  Zahrez  et  par  la 
vigoureuse  végétation  arborescente  qui  couvre  ces  massifs. 

»  Il  existe  sur  la  lisière  méridionale  du  bassin  des  Zahrez  une  bande  très-étroite  de  ter- 
rain tertiaire  supérieur  et  qui  prend  un  plus  grand  développement  sur  les  bords  de  l'Oued 
Melali,  en  amont  du  rocher  de  sel.  Il  y  forme  une  espèce  de  golfe  de  8  kilomètres  de  large 
qui  affleure  au  milieu  de  la  chaîne  crétacée  du  Djebel  Sahari.  Les  couches  pliocènes  étant 
plus  ou  moins  perméables  à  cause  de  leur  nature  sableuse,  leur  plongement  général  au  nord- 
ouest  les  rend  propres  à  fournir  des  eaux  jaillissantes,  ou  du  moins  ascendantes,  dans  un 
trou  de  sonde  qui,  probablement,  n'aurait  pas  une  grande  profondeur. 

»  Le  Zahrez  Rharbi  et  le  Zahrez  Chergui  sont  de  vastes  salines  naturelles  enclavées  dans 
le  terrain  quaternaire.  Elles  pourraient  livrer  au  commerce  d'immenses  quantités  de  sel  de 
bonne  qualité,  si  une  voie  ferrée  allant  de  Laghouat  à  Boghar  et  remontant  la  vallée  de 
Chétif  jusqu'à  Amourah  et  Affreville,  les  reliait  au  chemin  central  d'Alger  à  Oran.  Aujour- 
d'hui elles  ne  sont  exploitées  que  pour  les  besoins  des  tribus  arabes  qui  les  entourent.  Le 
Zahrez  Rharbi  (de  l'Ouest)  reçoit  sur  sa  rive  méridionale  un  affluent,  l'Oued  Jlalah,  qui 
passe  au  pied  du  rocher  de  sel  de  Rang  el  Melah,  et  un  autre  affluent,  l'Oued  Iladjera,  qui 
passe  au  pied  du  rocher  de  sel  d'Aïn  Hadjera.  Ces  deux  gîtes  de  sel  gemme  sont  très-remar- 
quables par  leur  constitution  géologique.  Le  sel  y  est  associé  à  des  argiles  gypseuses  bario- 
lées et  à  une  roche  éruptive,  de  telle  sorte  qu'on  peut  les  considérer  comme  le  résultat 
d'éruptions  boueuses,  gypso-salines,  qui  sont  sans  doute  contemporaines,  et  se  sont  pro- 
duites à  travers  une  double  enveloppe  de  terrain  crétacé  inférieur  et  de  terrain  tertiaire  su- 
périeur, au  commencement  de  la  période  quaternaire. 

»  Le  long  des  rives  méridionales  des  deux  Zahrez,  il  y  a  une  ligne  de  dunes,  qui  ne  sont 
autre  chose  que  le  prolongement  des  couches  quaternaires  qui  se  relèvent  au  sud,  contre 
le  flanc  du  Djebel  Sahari.  Elles  se  composent  généralement  de  sables  quartzeux  jaunâtres, 
alternant  avec  quelques  assises  d'argiles  bitumineuses  noires  et  de  sables  argileux  tenaces, 
sur  lesquels  la  stratification  est  nettement  accusée.  Au  milieu  des  dunes  traversées  par 
rOued  Kaurirech,  affluent  du  Zahrez  Rharbi,  on  observe  des  couches  de  calcaire  très-dur  et 
une  couche  de  gypse  de  i  mètre  de  puissance.  Au  sommet  d'une  dune,  située  au  sud  du 
Zahrez  Chergui,  il  y  a  une  couche  horizontale  de  travertin  calcaire,  de  o"',3o  d'épaisseur. 
En  coupant  les  dunes,  du  nord  au  sud,  on  remarque  que  leurs  sommets  se  trouvent  sur  une 
surface  à  peu  près  plane,  qui  se  relève  en  pente  douce  contre  les  montagnes  crétacées  du 
sud.  Tous  ces  faits  ])ronvent  que  les  dunes  du  bassin  des  Zahrez  ne  sont  pas  le  résultat  de 
l'accumulation  des  sables  apportés  par  les  vents.  Ce  sont  des  couches  régulières  de  sables  de 

173.. 


(  '34^)  ) 

lit  période  saliarienne  ou  quaternaire,  qui  ont  été  déposées  par  des  eaux  douces  ou  sau- 
iiiàircs.  Les  vents  modifient  légèrement  le  relief  extérieur  des  dunes,  qui  peut  varier  d'un 
joui'  à  l'autre  ;  mais  la  masse  générale  des  sables  ne  se  déplace  pas  et  les  dunes  sont  aujour- 
d'hui dans  la  même  position  qu'elles  occupaient  à  l'origine  de  la  période  géologique  ac- 
tuelle. 

»  11  existe,  en  plusieurs  points  des  bords  du  Zalirez  Rliarbi,  des  sources  d'eau  douce, 
qui,  par  leur  température  élevée  et  à  peu  près  constante  en  toute  saison  (i8°,5o  à  21  de- 
grés) et  leur  situation  au  milieu  d'un  sol  plat,  loin  de  tout  accident  de  terrain,  doivent  être 
considérées  comme  des  sources  jaillissantes  naturelles.  L'une  de  ces  sources,  appelée  Moeta 
Dckdenu,  est  d'autant  plus  remarquable  qu'elle  jaillit  au  milieu  de  la  nappe  d'eau  salée 
du  Zahrez  Rliarbi.  Les  couches  quaternaires,  formant  une  véritable  cuvette,  dont  le  Zahrez 
occupe  le  fond,  il  était  à  présumer  que  les  puits  artésiens  donneraient  de  l'eau  jaillissante  à 
proximité  des  bords  du  lac.  Cette  prévision  a  été  couronnée  de  succès,  quatre  sondages  ont 
été  exécutés  sur  les  bords  du  Zahrez  Rliarbi 

»  La  zone  septentrionale  de  la  région  des  steppes,  outre  les  formations  géologiques  citées 
précédemment,  renferme  au  nord-ouest  un  très-petit  affleurement  de  terrain  jurassique,  et 
au  nord-est  un  îlot  assez  considérable  de  calcaire  nummulitique,  celui  de  Birin.  Le  terrain 
iiliocène  y  est  entièrement  caché  par  les  vastes  dépôts  quaternaires  qui  constituent  les  plaines 
de  cette  région.  Il  a  été  reconnu  en  profondeur  dans  les  sondages  de  Chabounia  et  de  Sbitéia. 
A  l'exception  de  l'époque  des  pluies  d'hiver,  il  y  a  généralement  très-peu  d'eau  courante 
dans  le  haut  Chélif  qui  est  le  fleuve  de  l'Algérie  dont  le  bassin  a  le  dévelo|)pement  le  plus 
considérable.  Aussi  comme  il  traverse  des  plaines  immenses  de  terrain  quaternaire,  resser- 
rées parfois  entre  des  massifs  montagneux  de  terrain  crétacé,  ces  détroits  paraissent  favo- 
rables pour  la  concentration  des  nappes  souterraines  et  la  recherche  des  eaux  jaillissantes. 
Certains  massifs  crétacés  de  cette  région  sont  remarquables  par  les  sources  abondantes 
d'excellentes  eaux  potables  qui  en  sortent  et  qui  vont  se  perdre  à  peu  de  distance  de  leur 
origine  dans  les  plaines  quaternaires.  Plusieurs  de  ces  sources  sont  de  véritables  rivières,  on 
citera  l'Aïn  Zerguin  qui  débite  200  litres  par  seconde. 

a  3°  Constitution  géologique  de  la  lisière  sud  du  Tell.  —  La  lisière  méridionale  du  Tell 
est  formée  principalement  par  le  terrain  tertiaire  moyen  qui  renferme  un  grand  nombre  de 
sources  d'eau  potable  dont  plusieurs  sont  dues  à  l'existence  de  nappes  aquifères  ascendantes. 
L'inclinaison  des  couches  varie  de  manière  à  former  de  grandes  ondulations  très-favorables, 
par  suite  de  la  composition  minéralogique  du  terrain,  à  la  production  de  nappes  souterraines 
qu'on  pourrait  amener  au  jour  au  moyen  de  puits  artésiens  dont  la  profondeur  ne  dépasse- 
rait pas  3oo  mètres  probablement. 

»  Les  sources  miocènes  surgissent,  la  plupart,  à  la  séparation  des  grès  et  des  marnes. 
Elles  sont  produites  jiar  les  eaux  de  pluie  qui  s'infiltrent  à  travers  les  fissures  des  bancs  de 
grès,  sont  arrêtées  par  les  marnes  et  arrivent  au  jour  en  glissant  à  la  surface  des  couches 
de  marne  par  un  trajet  oblique  sur  la  ligne  de  plus  grande  pente  de  ces  dernières. 

B  Plusieurs  sources  émergent  par  sijihonnemcnt,  ira])rèsle  mécanisme  des  eaux  jaillissantes. 
On  citera  les  sources  de  Bogbar  et  celles  de  la  nappe  aquifère  qui  affleure  entre  Rharbia  et 
Ain  el  Abiod,  au  sud  Aïn  bou  Cif.  Ces  faits  ont  une  grande  importance,  parce  qu'ils  indi- 
(fuent  la  possibilité  d'obtenir  des  eaux  jaillissantes  dans  les  ondulations  que  présentent  les 
couches  tertiaires. 


(  .3/,.   ) 

»  Les  sources  qui  émergent  à  travers  les  fissures  des  bancs  de  grès  sont,  en  général, 
fraîches,  limpides  et  de  bon  goût.  Les  eaux  qui  coulent  ensuite  à  la  surface  des  marnes 
tertiaires  deviennent  louches  et  prennent  un  goût  saumàlre  fort  désagréable.  Le  débit  des 
sources  pourrait  être  augmenté,  pour  la  [ilupart  d'entre  elles,  au  moyen  de  travaux  de 
puits  et  de  galeries  souterraines. 

»  La  température  des  diverses  sources  d'eau  potable  a  varié  entre  i5  et  19  degrés  dans  la 
partie  montagneuse  et  froide  du  terrain  tertiaire  moyen.  On  a  trouvé  21  degrés  centigrades 
pour  les  sources  salées  des  Rebaïa,  près  d'Harmela.  Cette  dernière  température  provient, 
sans  doute,  de  ce  que  ces  sources  sont  de  véritables  sources  jaillissantes,  passant  sur  un 
gîte  de  sel  gemme,  qui  se  trouve  à  une  certaine  profondeur  sous  le  sol. 

»  Les  sources  du  terrain  crétacé  du  sud  ont  souvent  un  débit  beaucoup  plus  considé- 
rable que  les  sources  du  terrain  tertiaire  moyen  du  nord,  et  leur  température  est  parfois 
plus  élevée  :  elle  atteint  27  degrés  pour  les  eaux  potables.  Cela  lient  en  grande  partie  à 
ce  que  les  sources  crétacées  viennent  d'une  plus  grande  profondeur  que  les  sources  ter- 
tiaires. 

•  Je  présente,  dans  la  sixième  partie,  des  considérations  générales  sur  les  sources  natu- 
relles du  Sahara  et  de  la  région  des  steppes  de  la  province  d'Alger,  et  je  fais  connaître  la 
composition  chimique  des  eaux  de  ces  contrées.  Plusieurs  de  ces  sources  sont  thermales 
simples,  c'est-à-dire  qu'elles  doivent  leur  haute  température  à  la  profondeur  d'où  elles  pro- 
viennent. J'indique  les  rapports  existant  entre  la  composition  et  l'âge  géologique  des  ter- 
rains traversés  par  les  eaux;  j'ai  ramené  à  une  même  formule  les  eaux  potables  des  divers 
groupes  que  j'ai  été  amené  à  établir.  Ainsi,  pour  i  en  poids  de  matières  salines,  je  donne 
la  proportion  des  divers  genres  de  sels,  chlorures,  nitrates,  sulfates,  carbonates,  silice  et 
silicates,  contenus  dans  la  composition  moyenne  de  chaque  groupe  d'eau.  On  voit  ainsi  fa- 
cilement comment  les  eaux  diffèrent  en  passant  d'un  terrain  à  l'autre.  Les  eaux  des  terrains 
quaternaires  sont,  en  général,  beaucoup  plus  chargées  de  matières  salines  que  celles  des 
autres  terrains  et,  par  suite,  elles  sont  moins  convenables  pour  la  boisson.  Elles  contiennent 
plus  de  chlorures,  et  notamment  plus  de  sel  marin  que  les  eaux  quaternaires  du  Sahara  de 
la  province  de  Constantine.  Elles  sont  donc  plus  propres  que  ces  dernières  à  former  des 
salines  naturelles.  Aussi  trouve-t-on,  dans  les  steppes  de  la  province  d'Alger,  les  grands  lacs 
salés  des  Zahrez  qui  renferment  des  masses  de  sel  marin  beaucoup  plus  considérables  qu'au- 
cun des  Cholls  de  la  province  de  Constantine. 

»  Une  carte  géologique  en  trois  feuilles,  et  à  l'échelle  de  777-5-5^1  >  est  jointe  au  Mémoire.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  ,  en  présentant  à  l'Académie  la  «  Carte 
agronomique  de  l'arrondissement  de  Vouziers  (Ardennes)  par  MM.  Meiigy 
et  Nivoit  »,  extrait  de  la  Lettre  d'envoi  les  renseignements  suivants  : 

1  Cette  Carte,  au  77577,  est  la  reproduction  de  celle  du  Dépôt  de  la  Guerre,  agrandie  au 
double  par  la  photographie. 

"  Nous  aurions  pu  séparer  complètement  l'étude  du  sol  superficiel  de  celle  du  sous-sol; 
mais,  si  le  sous-sol  ne  détermine  pas  seul  la  composition  de  la  terre  qui  le  recouvre,  il 
conserve  presque  toujours  une  influence  prédominante  sur  cette  composition;  en  outre,  il 


(  i34î  ) 

imprime  au  relief  topographiqiie  son  caractère  particulier;  il  exerce  sur  la  végétation  une 
action  de  premier  ordre,  par  la  manière  dont  il  se  comporte  à  l'égard  des  eaux  pluviales; 
enfin  il  est  essentiel  à  connaître,  ])our  la  recherche  des  gîtes  d'amendements,  des  engrais 
minéraux,   des  sources,  etc. 

»  Nous  avons  donc  été  conduits  à  prendre  une  grande  division  géologique  comme  base 
de  la  classification  des  terres,  dans  l'arrondissement  deVouziers;  à  faire,  en  d'autres  termes, 
une  Carte  géologique  agronomique.  Des  teintes  conventionnelles  s'appliquent  aux  étages 
géologiques,  que  nous  avons  cherché  à  subdiviser  autant  que  possible,  afin  de  limiter  le 
nombre  de  roches  que  chacune  d'elles  devait  comprendre. 

•  Nous  avons  fait  nos  efforts  pour  que  notre  Carte  parlât  aux  yeux,  en  rappelant 
la  nature  et  les  propriétés  générales  des  terrains  renfermés  dans  un  même  cou)|)artiment 
géologique.  Ainsi,  nous  avons  représenté  les  trois  éléments  fondamentaux  de  la  terre 
végétale,  le  sable,  l'argile  et  le  carbonate  de  chaux,  par  des  couleurs  particulières.  Les 
terrains  marneux,  ceux  où  la  glaise  et  le  sable  jouent  le  prinrii)al  r(Me,  comme  les  terrains 
des  sables  verts,  où  se  trouvent  les  nodules  phosphatés,  si  appréciés  des  agriculteurs,  sont 
également  représentés  par  des  teintes  spéciales.  Lesalluvions  anciennes  sont  distinguées  des 
alluvions  modernes. 

X  Chacun  des  compartiments  géologiques  porte,  en  outre,  des  lettres  indiquant  la  nature 
du  sol  superficiel.  Ces  lettres  sont  affectées  d'un  indice,  variant  de  i  à  5,  et  destiné  à  ren- 
seigner sur  le  degré  d'humidité  des  terres. 

"  La  Carte  est  accompagnée  d'un  volume  de  texte,  partagé  en  six  Chapitres. 

»  Le  Chapitre  I  [Description physique)  donne  des  renseignements  sur  la  topographie  du 
sol  et  sur  l'hydrographie. 

»  Dans  le  Chapitre  II  [Description  agronomique  et  minéralogique),  chaque  terrain  est 
décrit  par  ses  caractères  toi)ographiques,  son  étendue,  sa  répartition,  sa  constitution  mi- 
néralogique, les  matières  utiles  qu'il  peut  fournir,  la  composition  chimique  des  terres  vé- 
gétales qui  le  recouvrent,  les  cultures  auxquelles  il  donne  lieu,  l'hydrographie  souterraine. 
Les  terres  les  plus  riches  de  l'arrondissement  de  Vouziers  sont  celles  qui  recouvrent  l'argile 
à  briques  ou  le  limon  des  alluvions  anciennes. 

•)  Dans  le  Chapitre  III  [Culture],  nous  passons  en  revue  les  diverses  cultures  de  l'arron- 
dissement, en  indiquant  l'étendue  qu'elles  occupent,  leur  répartition  sur  les  divers  terrains, 
les  sols  qui  leur  conviennent  le  mieux,  leur  rendement,  les  améliorations  dont  elles  sont 
susceptibles  (terres  labourables,  terres  plantées,  prés,  vignes,  bois,  landes),  les  procédés 
d'irrifjation,  de  reboisement,  etc. 

»  Dans  le  Chapitre  IV  [Engrais  et  amendements),  nous  étudions  les  engrais  et  amende- 
ments divers  qui  se  trouvent  à  la  disposition  du  cultivateur  :  fumier  de  ferme,  engrais 
humain,  engrais  d'origine  animale  et  d'origine  végétale,  engrais  et  amendements  d'origine 
minérale,  engrais  industriels.  Le  sol  de  l'arrondissement  de  Vouziers  est  particulièrement 
riche  sous  ce  rapport,  car  on  y  trouve  en  abondance  des  nodules  de  phosphate  de  chaux, 
des  marnes  et  des  pierres  à  chaux  de  bonne  qualité.  Un  certain  nombre  d'industries  laissent, 
en  outre,  comme  résidus  utilisables,  des  matières  qui  ont  fait  l'objet  d'études  spéciales  de 
notre  part  :  telles  sont  les  sucreries,  les  distilleries,  les  brasseries,  les  huileries,  les  tanne- 
ries, etc. 


(  .3/,3) 

»  Le  Chapitre  V  rontient  Jos  données  concernant  la  population,  dans  ses  rapports  avec 
la  nature  du  terrain,  le  mode  d'exploitation  du  sol,  les  matériaux  de  constrnction  et  les 
voies  de  con)munication. 

»  Enfin  le  Chapitre  VI  donne  une  description  de  chacune  des  cent  vingt  et  une  communes 
de  l'arrondissement;  c'est  celui  qui  sera  consulté  avec  le  plus  de  fruit  par  le  cultivateur.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lectnre  de  la  T,etlre  suivante,  qui  lui 
est  adiessée  par  M.  A.  Po'éy,  concernant  les  «  Rapports  entre  les  taches 
solaires,  les  orages  à  Paris  et  à  Fécamp,  les  tempêtes  et  les  coups  de  vent 
dans  l'Atlantique  nord  »  : 

«  Veuillez  me  permettre,  monsieur  le  Secrétaire,  de  compléter  mes  dernières  recherches 
sur  les  rapports  entre  les  taches  solaires  et  les  ouragans  (i).  J'ai  trouvé  que  les  orages  à  Paris 
et  à  Fécamp  coïncident,  ainsi  que  les  ouragans  aux  Antilles,  avec  les  maxima  des  taches; 
mais  quant  aux  tempêtes  et  aux  coups  de  vent  violents  de  l'extrême  nord  de  l'Atlantique, 
celte  coïncidence  s'est,  au  contraire,  présentée  avec  les  minima  des  taches. 

>)  Le  tableau  ci-joint  embrasse  1067  orages,  compris  dans  la  période  de  1^85  à  1872,  et 
qui  se  trouvent  inscrits  dans  les  registres  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Paris,  cor- 
respondant aux  mois  d'avril,  mai,  juin,  juillet,  août  et  septembre.  M.  E.  Marchand,  qui  en 
fait  lui-même  le  dépouillement,  a  eu  la  bonté  de  me  remettre  une  copie  de  ces  précieux 
documents.  Ce  savant  m'a  encore  communiqué  les  3 10  orages  qu'il  a  observés  à  Fécamp, 
de  1853  à  1872,  pendant  ces  mêmes  mois.  Je  dois  enfin  à  l'extrême  obligeance  de  M.  W.  von 
Freeden,  directeur  à  Hamburg  des  Observatoires  maritimes  de  l'Allemagne,  les  8?.9  tempêtes 
et  coups  de  vent  observés  dans  l'Atlantique  nord  sur  les  routes  des  bâtiments  à  vapeur  de 
la  compagnie  Ltnyd,  allant  de  la  Manche  à  New-York  et  vice  ver.'in.  Ces  82g  coups  de  vent 
violents  correspondent  aux  n°'  10,  1 1  et  12  de  l'échelle  de  Beauford,  et  sont  désignés  sous  le 
nom  de  tempêtes  ou  ivholc  Gales.  De  i86o  à  1867,  nous  avons  environ  100  tempêtes  par  an; 
sur  un  total  de  374  voyages,  on  trouve  une  moyenne  de  2  coups  de  vent  n"  10  par  voyage, 
et  par  chaque  intervalle  de  six  jours  de  voyage,  une  moyenne  de  i  coup  de  vent  d'au  moins 
six  heures  de  durée.  Si  l'on  comptait  les  vents  du  n"  g  comme  des  tempêtes,  on  aurait,  sui- 
vant M.  von  Freeden,  2600  tempêtes  dans  ces  huit  années. 

»  La  distribution  des  orages  à  Paris,  de  1785  ;ï  1872,  embrasse  huit  périodes  maxima 
t!-'  taches  solaires,  dont  si.r  concordent  avec  les  maxima  d'orages,  ce  sont  celles  de  1804, 
1816,  182g,  1837,  1860  et  1870;  la  période  de  178g  présente  une  hausse,  mais  en  même 
temps  elle  offre,  en  1794,  un  second  maximum  d'égale  valeur,  et  à  égale  distance  entre  le 
maximum  et  le  minimum  suivant;  la  période  de  1848  s'élève  également  avec  un  retard  de 
trois  ans.  Maintenant,  des  huit  périodes  minima,  cinq  coïncident  avec  les  taches  :  celles  de 
1784,  1798,  1823,  i833et  i856;  la  période  de  i844  n'est  pas  bien  tranchée,  parce  que 
les  orages  augmentent  après  avoir  graduellement  baissés  à  partir  du  maximum  de  1837  ; 
mais  il  est  vrai  qu'ils  diminuent  considérablement  jusqu'en  1847,   ''"fis  ans  après,  pourre- 

(1)  Voir  les  Comptes  tendus,  séance  du  24  novembre,  p.  1232. 


{  i344  ) 

monter  au  maximum  suivant  de  1848;  la  période  de  1867  fait  défaut.  Enfin  la  période  de 

18 10  offre  un  maximum  considérable  en  place  d'un  minimum.  C'est  l'unique  et  étrange  ano- 
malie (jue  l'on  observe  dans  ces  seize  périodes  des  orages,  dont  onze  correspondent  aux  pé- 
riodes des  taches  solaires,  deux  sont  assez  satisfaisantes,  deux  sont  douteuses,  puis  une  est 
entièrement  manques. 

•  En  comparant  ce  résultat  avec  celui  ipie  j'ai  déjà  obtenu  pour  les  ouragans  des  Antilles, 
on  voit  que  les  six  périodes  maxima  des  orages  correspondent  aux  mêmes  six  périodes 
maxima  des  cyclones,  sauf  celle  de  18G0  qui  nous  a  offert  le  maxiuiuni  de  ces  perturbations 
dans  l'océan  Indien  sud,  concordant  avec  le  transport  des  taches  vers  l'hémisphère  solaire 
austral.  Pour  la  période  des  orages  de  178g,  on  voit  un  second  maximum  en  1794  d'égale 
valeur,  et  l'on  trouve  de  même  pour  les  ouragans  un  léger  maximum  en  1792.  Il  y  a  encore 
dans  les  ouragans  et  dans  les  orages  un  retard  pour  la  période  de  1848,  qui  est  seulement 
plus  considérable  pour  les  derniers.  Quant  aux  cinq  périodes  d'orages  et  d'ouragans  con- 
cordant avec  les  taches,  elles  sont  exactement  les  mômes,  sauf  celle  de  1784,  que  j'ai  pré- 
sentée comme  douteuse  pour  les  ouragans;  mais,  considérant  que  l'année  1783  n'en  présente 
point,  le  maximum  aurait  pu  s'anticiper  de  plus  d'une  année,  ainsi  qu'il  arrive  quelques 
fois.  La  baisse  de  1847,  pour  les  orages,  se  retrouve  dans  les  ouragans,  bien  que  moins  con- 
sidérable. Dans  la  période  de  1867,  les  cas  d'ouragans  ne  sont  pas  assez  nombreux  pour 
permettre  une  comparaison  exacte.  Finalement  la  période  de  1810,  faisant  défaut  à  la  fois 
dans  les  ouragans  et   les  orages,  présente  un  maximum,  en  1810,  pour  les  premiers  et  en 

1811  pour  les  derniers,  puis  un  second  maximum  en  181 3  de  part  et  d'autre.  Ainsi  la  ré- 
partition des  orages  à  Paris,  et  des  ouragans  aux  Antilles,  jiaraît  correspondre  d'une  manière 
frappante  aux  périodes  maxima  et  minima  des  taches  solaires,  non-seulement  à  l'égard  de 
leurs  coïncidences,  mais  encore  par  rapport  à  leurs  discordances.  Une  telle  concordance 
entre  deux  perturbations  de  nature  différente  et  sous  des  latitudes  tellement  éloignées,  ne 
peut  avoir  ((u'une  origine  cosmique. 

•>  Dans  la  répartition  des  orages  à  Fécamp,  le  minimum  de  i856  et  le  maximum'de  1860 
se  sont  anticipés  à  peu  près  d'une  année  sur  les  périodes  des  taches  solaires;  le  minimum 
de  1867,  comme  dans  les  orages  à  Paris,  fait  défaut;  enfin  le  maximum  de  1870  coïncide, 
ainsi  qu'à  Paris,  un  an  après  le  maximum  des  taches. 

»  Si  l'on  envisage  les  829  tempêtes  et  coups  de  vent  violents  de  l'extrême  nord  de 
l'Atlantique,  dans  le  trajet  de  la  Manche  à  rsew-York,  on  trouve  que  le  minimum  de  cas 
correspond  au  maximum  des  taches  solaires  de  1860,  et  le  maximum  de  cas  au  minimum 
des  taches  de  1867;  mais  ce  fait  nouveau  s'expliquerait  probablement  par  la  circonstance 
suivante  :  M.  von  Freeden  a  trouvé  que  le  plus  grand  nombre  de  ces  tempêtes  a  lieu  entre  les 
méridiens  de  32  et  de  57  degrés  ouest;  qu'il  y  a  une  différence  de  12  pour  100  entre  cette  zoge 
et  celle  d'égale  étendue  comprise  entre  7  et  32  degrés;  que  cette  différence  est  très-frappante 
pour  l'intervalle  entre  Sa  et  47  degrés,  et  qu'elle  n'a  lieu  ((u'avec  les  vents  de  l'ouest;  que 
dans  la  zone  de  57  à  76  degrés,  les  tempêtes  du  nord-est  sont  bien  plus  nombreuses  que 
dans  les  autres  sections,  tandis  qu'en  dehors  de  la  Manche,  entre  7  et  32  degrés,  les  tem- 
pêtes de  l'est  sont  remarquablement  plus  fréquentes,  mais  qu'elles  ne  disparaissent  pas  dans 
le  dernier  tiers  de  la  route  aussi  comjjlétement  (pie  celles  de  l'ouest;  que  les  vents  de  l'est 
sont  manifestement  plus  nombreux  sur  les  côtes  est  et  ouest  de  la  zone  centrale  comprise 


(  '34'i  ) 

enire  Sa  et  47  degrés.  M.  von  Freeden  conclut  que  les  parties  centrales  de  l'Atlantique  nord 
foinient  le  point  de  départ,  aussi  bien  pour  les  vents  d'ouest  qui  soufflent  vers  l'Europe, 
que  ])our  les  vents  d'est  qui  soufflent  vers  rAuicri(|ue;  car  c'est  principalement  entre  ces 
méridiens  que  descend  le  courant  polaire  froid,  amenant  avec  lui  les  glaces  arctiques,  et  que 
le  vent  s'échappe  de  cette  large  zone  pour  se  répandre  dans  l'atmosphère  plus  chaude  de  ses 
limites  orientales  et  occidentales  (i). 

»  J'ajouterai  qu'avant  iSSj  le  capitaine  R.  Inglis  avait  fixé  la  limite  ouest  du  courant 
équatorial  entre  les  méridiens  à  4°  et  5o  degrés  ouest,  dans  le  trajet  de  Liverpool  à 
Kew-York.  A  cette  limite,  le  courant  équatorial  descend,  souffle  du  sud-ouest,  tandis  que 
le  courant  polaire  souffle  du  nord  au  nord-nord-est,  et,  par  leur  collision,  il  se  pro- 
duit un  vent  d'ouest  constant  entre  4o  degrés  de  longitude  ouest  et  l'Angleterre,  extrême- 
ment favorable  pour  les  voyages  de  retour.  Le  capitaine  H.  Toynbee  remarque  que  la 
limite  ouest  du  courant  équatorial,  assignée  par  M.  Inglis,  correspond  à  la  limite  est  de 
la  première  rencontre  des  eaux  froides,  en  partant  d'Angleterre,  et  où  les  perturbations 
des  vents  du  nord  sont  très-fréquentes.  Ce  savant  a  prouvé  que  le  contact  des  eaux  froides 
et  des  eaux  chaudes  donne  lieu  à  un  renversement  des  vents  régnants,  analogue  aux 
brises  de  terre  et  de  mer,  ainsi  qu'à  des  coups  de  vent  et  à  des  tempêtes  vers  une  de  ces 
limites  (2). 

»  D'après  M.  von  Freeden,  c'est  principalement  en  décembre  et  ^n  janvier  qu'eurent  lieu 
les  829  tempêtes  signalées  dans  le  tableau.  Les  vents  de  l'ouest  au  nord-nord-ouest  prédo- 
minent, ensuite  viennent  ceux  du  nord  à  l'est-nord-est,  le  chiffre  le  moins  élevé  étant  celui 
des  vents  de  l'est  au  sud-sud-ouest  ;  mais  les  tempêtes  les  plus  violentes  commencent 
généralement  du  sud-sud-ouest  ;  le  vent  tombe  tout  à  fait  et  saute  ensuite  en  passant  par 
le  sud;  il  tourne  alors  rapidement  au  nord-ouest,  ou,  pour  mieux  dire,  le  vent  froid  et  dur 
du  nord-ouest  fait  éruption  avec  une  force  insurmontable  dans  le  courant  raréfié  du  sud- 
ouest. 

»  Nous  avons  donc,  au  centre  même  de  l'Atlantique,  deux  systèmes  de  tempêtes,  les  unes 
produites  par  la  prédominance  du  courant  polaire  et  le  refoulement  du  courant  équatorial 
à  la  limite  de  contact  entre  les  eaux  froides  et  les  eaux  chaudes  du  gulf-stream  :  ce  sont  les 
tempêtes  hivernales  et  européennes;  les  autres,  inversement  produites  à  cette  limite  par  la 
prédominance  du  courant  équatorial  et  le  refoulement  du  courant  polaire  :  ce  sont  les  vrais 
ouragans  de  l'équinoxe,  qui  nous  arrivent  delà  région  intertropicale,  à  partir  de  10  degrés 
de  latitude  nord.  Le  rapport  que  je  trouve  maintenant  entre  ces  deux  systèmes  de  pertur- 
bations cycloniques  et  les  taches  solaires  consiste  en  ce  que  la  prédominance  et  l'énergie 
du  courant  polaire  correspondrait  aux  minima  des  taches,  tandis  que  la  prédominance  et 
l'énergie  du  courant  équatorial  correspondrait  aux  maxima  des  taches.  Mes  études  sur  ces 
deux  courants  antagonistes  ne  sont  pas  encore  terminées  ;  mais,  dès  à  présent,  je  puis  an- 
noncer, d'après  une  série  d'observations  de  1810  à  1866,  que  des  deux  vents  généraux  qui 
régnent  alternativement  dans  le  détroit  de  Gibraltar,  celui  de  l'est  correspond  à  la  période 

_ — __ » 

(  i)  Mitthcilun^en  ans  (1er  Norddeutschen  Seewarte,  Hamburg,  1870.  N"  m,  p.  i-55, 
(2)  Report  on  the  Meteorology  of  the  North   Atlantic.  London,   i86g.   Non-Offîcial.  — 
N°  2,  p.  9-1  !• 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  22.)  •  l^ 


(  i34G  ) 

minima  des  taches  solaires,  et  celui  de  l'ouest,  à  la  ppr'wde  maxinia  des  taches;  ce  dernier, 
corame  les  ouragans  du  sud-ouest,  provenant  des  Antilles. 


Périodes  maxima  et  minima  des  taches  solaires,  des  orages  h  Paris  et  h  Fécamp, 
et  des  tem/iétes  dans  l'extrême  nord  de  l'Atlantique. 


Minira. 
1784,8 

Maxim. 

1789,0 


Minim. 

.798,5 


Maxim. 

1804,0 


Minim. 
1810,5 


Maxim. 

i8iG,8 


Minim. 

1823,2 


Maxim. 

1829,5 


ORAGES  A  PARIS. 


1785. 
I7SG. 
.787. 
17S8. 
1789. 
1790. 

179' • 

1793. 

'794- 
1795. 
1796. 

■  797- 
.798. 

1799- 
1800. 
1801. 
i8o_>. 
i8o3. 
1804. 
i8o5. 
1806. 
1807. 
1S08. 
1809. 
iSio. 
1811. 

lSl3. 

i8i3. 
1 S 1 4 . 
i8i5. 
1816. 
1817. 
iSi«. 
1819. 
i8>o. 
1821. 

l8>2. 

1823. 
i8a4. 
1895. 
18-26. 
i8>7. 
1828. 
,829. 


10 

-  8 

il 
20 
8 
10 
i5 
12 


8 
12 


28 


...      8    I 


12 

23 

-  6 

6 

1 1 

10 

-19 
18 
i5 


i3 


28+ 

26 

42 

3o 

20 

28 

32-1- 

27 
29 

'7- 

^9 
33-t- 


Minim. 

i833,8 


Maxim. 

18.37,2 


Minim. 

■  844,0 

Maxim. 

1848,6 


Minim 

i8.:i6,3 


Maxim. 

1860, 2 


Minim. 

1867,2 


Maxim. 

1870,7 


ORAGES   A    PARIS. 


iS3o.. 

•  ''1 

i83i.. 

.  i3 

18.32.. 

.  1^ 

i833.. 

-  8 

1S34.. 

.  18 

1835.. 

.  .3 

i836.. 

A-in 

18.37.. 

i838.. 

..  19 

1839.. 

. .  21 

1840.. 

•  •  7 

1841.. 

..  .5 

1842.. 

..  12  1 

1843.. 

..  9  ! 

1844.. 

. .  22  1 

1845.. 

..  .4 

i846.. 

..  8 

.847.. 

..  3 

i848.. 

. .  II 

1849.. 

. .  10 

i85o.. 

■•  9 

i85i.. 

..  6 

i852.. 

..  17 

i853.. 

■  •  17 

1854.. 

. .  10 

i855.. 

.  .  9 

i856.. 

..  8 

1857.. 

..  .1 

i85S.. 

—  5 

1859. . 

. .  10 

1860.. 

..  8 

1861.. 

..  .6 

1862.. 

."'] 

.863.. 

.864.. 

..  6 

.86,^.. 

. .  10 

.866,. 

. .  10 

.867.. 

•■   9 

.868.. 

..  i3 

.869.. 

..  5 

1870.. 

. .  Il 

1871.. 

..  14 

1S72.. 

-l-Ji 

To 

al... 

37 

22  — 

3l 

40-H 

40 

22 

21 

36 


34 
19 
'9 
1.) — 

2  4-(- 

21 

16 

'9 


[067 


ORAGES  A   FECAMP. 


•  9 
.     13 

—  7 
.  1 1 
,.   16 

.  20 

-t-22 

•  9 
.     22 

,.  .6 

••  9 

•  9 
. .  21 

.   12 

.  19 
.  16 
..  18 
.   .6 


19— 


TEMPÊTES 
(OCÉAN    ATLANTIQUE). 


Total...  3.0 


42-t- 

3. 

.  .  .  — 25 

....  3o 

23 

....  8. 

....  123 

3o 

....  107 
....  72 

3. 

•  •  -1-199 

....  192 

3Z, 

Total.. 

34-1- 

204 

179 
39T- 


829 


Nota.  —  I.os  périodes  des  orages  et  des  tempêtes,  marquées  -f- et — ,  coïncident  avec  les  jjô- 
riodes  dus  taches  solaires.  Pour  les  orages,  sur  huit  maxima,  six  concordent;  sur  huit  minima, 
cinq  concordent. 

Le  minimum  des  tempêtes  corresponc^an  maximum  des  taches,  et  le  maximum  des  tempêtes  au 
minimum  dus  taches. 

Errata  au  dernier  tableau  des  ouragans  :  Usez  sur  onze  minima,  cinq  concordent. 


(   >V,7  ) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.   —  Note  préliminaire  sur  les  éléments  existant 
dans  le  Soleil;  par  M.  N.  Lockyer.  (Présentée  par  M.  Dumas.) 

«  Dans  une  Communication  présentée  à  l'Académie,  le3o  décembre  1872, 
j'ai  démontré  que  le  caractère  sur  lequel  on  s'appuyait  pour  reconnaître 
qu'un  métal  existait  ou  n'existait  pas  dans  le  Soleil,  c'est-à-dire  la  pré- 
sence ou  l'absence  des  raies  les  plus  brillantes  et  les  plus  fortes  de  ce 
métal  dans  le  spectre  solaire,  n'était  pas  un  caractère  absolument  sûr,  et 
que  la  démonstration  la  plus  certaine  était  la  présence  ou  l'absence  des 
raies  les  plus  longues  de  ce  métal,  ces  longues  raies  étant  celles  qui  per- 
sistent le  plus  dans  le  spectre  après  que  la  pression  de  la  vapeur  a  diminué. 

»  J'ai  dit,  dans  cette  Communication,  à  propos  de  l'essai  en  question  : 
«  Ce  caractère  nous  permettra  bientôt,  sans  doute,  de  déterminer  la  pré- 
)i  sence  de  matières  nouvelles  dans  l'atmosphère  du  Soleil;  et  l'on  voit 
»  déjà,  en  consultant  la  dernière  Table  des  éléments  solaires,  par  Thalén, 
»  qu'on  doit,  d'après  les  résultats  donnés  par  la  nouvelle  méthode,  ajouter 
))  le  zinc,  l'aluminium  et  peut-être  le  strontium  aux  éléments  inscrits  sur 
»  cette  Table.    » 

»  En  vue  de  poursuivre  ces  recherches  dans  les  conditions  les  plus 
avantageuses,  il  sera  nécessaire  de  dresser  des  cartes  complètes  des  raies 
longues  et  courtes  de  tous  les  éléments.  Cependant  il  n'est  pas  absolument 
indispensable  d'attendre  qu'une  série  complète  de  ces  cartes  ait  été  exécutée 
pour  commencer  des  recherches  préliminaires,  car  les  listes  des  raies, 
données  par  les  différents  observateurs,  peuvent  servir  à  établir  quelles 
sont  les  raies  les  plus  longues  ou  les  phi?  courtes,  parce  que  j'ai  démontré 
que  les  raies  reconnues  à  une  température  basse  ou  bien  fournies  par  une 
faible  proportion  de  métal,  ou  bien  encore  par  un  de  ses  composés  chi- 
miques, sont  précisément  celles  qui  apparaissent  les  plus  longues  quand 
on  observe  le  spectre  complet  de  la  vapeur  pure  et  dense. 

»  Quant  aux  différentes  listes  ou  cartes  publiées  par  les  divers  obser- 
vateurs, on  sait  qu'il  a  été  employé  des  températures  très-différentes 
pour  produire  les  spectres  :  quelques  savants  se  sont  servis  de  l'arc  élec- 
trique avec  une  batterie  très-puissante;  d'autres  ont  employé  l'étincelle 
d'induction  avec  ou  sans  la  bouteille  de  Leyde.  Dans  certains  -cas,  on 
a  mis  en  usage  les  chlorures  des  métaux  ;  dans  d'autres,  on  a  opéré  sur 
des  échantillons  des  métaux  eux-mêmes. 

»  Tl  est  donc  évident  que  cette  diversité  dans  les  méthodes  ou  dans  les 

174.. 


(  i3/,8  ) 
produits  ne  peut  manquer  d'amener  des  différences  dans  les  résultats,  et,  en 
comparant  plusieurs  tables  ou  cartes  des  spectres  entre  elles,  nous  trouvons 
sur  quelques-unes  une  grande  quantité  de  raies  qui  sont  omises  sur  les  au- 
tres. Lorsqu'on  se  reporte  aux  méthodes  employées  pour  dresser  ces  tables, 
on  reconnaît  de  suite  que  les  listes  les  plus  complètes  proviennent  des 
observateurs  qui  ont  employé  les  batteries  d'une  grande  puissance  et  les 
électrodes  métalliques,  tandis  que  les  listes  les  moins  riches  sont  données 
par  les  observateurs  qui  emploient  de  faibles  batteries  ou  des  chlorures. 
Les  listes  de  ces  derniers  donnent  seulement  les  raies  les  plus  longues; 
celles  qu'ils  omettent,  et  qui  sont  signalées  par  les  premiers,  sont  les  raies 
les  plus  courtes. 

»  Dans  les  cas  où  je  n'ai  pas  pu  tracer  moi-même  le  spectre,  par  la  nou- 
velle méthode  d'observation  mentionnée  dans  mon  Mémoire,  j'ai  considéré 
les  raies  les  plus  longues  comme  étant  ainsi  approximativement  déter- 
minées, car  il  paraissait  désirable,  à  cause  du  grand  nombre  de  raies  non 
dénommées  dans  le  spectre  solaire,  de  rechercher  de  suite  les  plus  lon- 
gues raies  des  éléments,  sans  attendre  que  les  cartes  fussent  complètement 
dressées. 

»  M'étant  décidé  à  faire  cette  recherche  préliminaire,  je  voulus  me 
tracer  une  route  en  m'assuranf  s'il  existait  quelque  qualité  qui  pût  établir 
une  différence  entre  les  éléments  déjà  reconnus  dans  le  Soleil  et  ceux  que 
l'on  n'y  avait  pas  découverts.  Dans  ce  but,  je  chargeai  mon  préparateur, 
M.  R.-J.  Friswell,  de  préparer  deux  listes  des  principaux  caractères  chi- 
miques des  éléments  dont  la  présence  était  déjà  reconnue,  et  de  ceux 
que  l'on  n'avait  pas  trouvés  dans  le  Soleil.  Ce  travail  fut  fait  en  prenant  un 
certain  nombre  des  composés  les  mieux  connus  de  chaque  élément, 
tels  que  ceux  qui  sont  formés  par  l'oxygène,  le  soufre,  le  chlore,  le 
brome  ou  l'hydrogène,  et  en  les  classant  en  stables  ou  instables.  Lors- 
qu'il n'existait  pas  de  composé,  on  l'indiquait. 

»  Deux  tables  furent  donc  dressées,  l'une  contenant  les  éléments  so- 
laires, l'autre  plus  considérable,  contenant  les  éléments  non  solaires,  d'a- 
près nos  connaissances  du  moment. 

»  Ces  tables  me  démontrèrent,  par  leur  comparaison,  qu'en  général  les 
éléments  solaires  connus  forment  des  composés  d'oxygène  stables. 

»  J'ai  dit  en  général,  parce  que  la  différence  n'était  pas  absolue,  mais 
elle  était  assez  forte  pour  me  décider  à  commencer  mes  opérations  par  la 
recherche,  dans  le  Soleil,  des  éléments  disposés  à  créer  des  oxydes  forts. 

»  Le  résultai,  jusqu'à  présent,  est  que  le  strontium,  le  cadmium,    le 


(  <34o  ) 
cuivre,  le  cérium  et  rtiranium,  ajoutés  aux  éléments  de  la  liste  de  Tlia- 
lén  (*),  semblent,  très-probahlement,  devoir  exister  dans  la  couche  absor- 
bante du  Soleil.  Si,  dans  la  suite,  la  présence  du  cérium  et  de  l'uranium 
dans  le  Soleil  se  confirme,  le  groupe  des  métaux  du  fer  s'y  trouvera  au 
complet. 

»  Comme  contre-épreuve,  on  rechercha  les  métaux  qui  forment  des 
oxydes  instables,  tels  que  l'or,  l'argent,  le  mercure.  On  n'en  trouva  aucun. 

«  Le  même  résultat  négatif  se  présenta  quand  on  rechercha  les  raies 
dues  à  l'étincelle  de  la  bouteille  de  Leyde,  éclatant  dans  le  chlore,*  le 
brome,  l'iode  et  antres  corps  non  métalliques  du  groupe  formant  des 
combinaisons  avec  l'hydrogène. 

»  D'antres  recherches  m'ont  amené  aux  conclusions  suivantes  : 

»  I.  L'absorption  de  quelques  gaz  élémentaires  ou  composés  est  limitée  à 
la  partie  la  plus  réfrangible  du  spectre,  quand  les  gaz  sont  rares,  et  gagne 
graduellement  la  partie  violette  et  finalement  l'extrémité  rouge  du  spectre, 
à  mesure  que  la  pression  s'accroît. 

n  n.  L'absorption  générale  et  l'absorption  sélective  de  la  lumière  de 
la  photosphère  et,  par  conséquent,  la  température  de  la  photosphère  du 
Soleil  sont  beaucoup  plus  grandes  qu'on  ne  l'a  supposé. 

»  m.  Les  raies  des  composés  d'un  métal  avec  l'iode,  le  brome,  etc., 
sont  généralement  observées  dans  l'extrémité  rouge  du  spectre,  ce  qui 
vient  corroborer  l'absorption  dans  le  cas  de  la  vapeur  d'eau. 

»  Ces  spectres,  comme  ceux  des  métalloïdes,  sont  séparés  spectroscopi- 
quement  de  ceux  des  éléments  métalliques  par  leur  apparence  en  colonnes 
ou  en  bandes. 

»  IV.  Il  n'y  a,  très-probablement,  aucun  composé  habituellement  pré- 
sent dans  la  couche  absorbante  du  Soleil. 

»  V.  Quand  un  composé  métallique  en  vapeur,  comme  ceux  dont  il  est 
question  au  n°  III,  est  dissocié  par  l'étincelle,  les  bandes  spectrales  du 
composé  s'effacent  et  les  lignes  les  plus  longues  du  métal  apparaissent,  sui- 
vant la  température  employée. 

»  Quoique  notre  connaissance  des  spectres  des  étoiles  soit  malheureu- 
sement bien  incomplète,  j'extrais  les  faits  suivants  des  observations  si  déli- 
cates et  si  habiles  faites  par  Rutherfurd  et  par  le  P.  Secchi. 

»  yi.  Le  Soleil,  autant  que  nous  pouvons  en  juger  par  son  spectre,  peut 
être  considéré  comme  le  représentant  d'une  classe  (|S)  et  l'intermédiaire 

(*)  Dans  CCS  derniers  jouis  j'ai  délerniinc  ritjoureiiscmenl  rexistcnre  de  potassium. 


(  i35o  ) 
entre  les  étoiles  (a)  ayant  un  spectre  de  même  nature,  mais  beaucoup  plus 
simple,  et  les  étoiles  (7)   dont  le  spectre  est  beaucoup  plus  compliqué  et 
d'une  nature  différente. 

»  VIT.  Sirius,  comme  type  de  la  classe  (a)  est  la  plus  brillante,  et, 
par  conséquent,  la  plus  chaude  (?)  des  étoiles  de  notre  ciel  du  nord. 
On  sait,  d'une  manière  certaine,  qu'elle  contient  de  l'hydrogène;  les  autres 
raies  métalliques  sont  extrêmement  fines  et  indiquent  seidement  la  présence 
d'une  faible  proportion  de  vapeurs  métalliques,  tandis  que  les  raies  de  l'hj- 
drocjène  dans  cette  étoile  sont  énormément  élargies;  ce  qui  montre  que  la  chro- 
mosphère est  en  grande  partie  composée  de  cet  élément. 

»  Il  y  a  d'autres  étoiles  brillantes  de  la  même  classe  :  on  peut  nommer 
a  Lyrœ, 

»  VIII.  Comme  types  de  7,  les  étoiles  rouges  peuvent  être  citées;  leur 
spectre  est  composé  d'espaces  cannelés  et  de  bandes  :  d'où  il  suit  que  les 
couches  absorbantes  de  ces  étoiles  contiennent  probablement  des  métal- 
loïdes ou  des  composés,  ou  peut-être  l'un  et  l'autre,  en  grande  quantité, 
et  dans  leur  spectre  non-seulement  l'hydrogène  manque,  mais  les  raies 
métalliques  sont  réduites  en  épaisseur  et  intensité,  ce  qui,  au  point  de  vue 
indiqué  au  n"  V,  indiquerait  que  les  vapeurs  métalliques  sont  entrées  en 
combinaison.  Il  est  naturel  de  supposer  que  ces  étoiles  sont  à  une  tempé- 
rature plus  basse  que  celle  de  notre  Soleil. 

»  Je  me  suis  demandé  si  ces  faits,  groupés  ensemble,  ne  pourraient  pas 
justifier  l'hypothèse  (*)  que,  dans  les  couches  absorbantes  du  Soleil  et 
des  étoiles,  plusieurs  ordres  de  dissociations  célestes  seraient  en  train  de 
s'accomplir  et  em|)écheraient  le  rapprochement  des  atomes,  qui,  à  la  tem- 
pérature de  la  Terre  et  à  toutes  les  températures  artificielles  qu'on  ait  pu 
atteindre  jusqu'ici,  composent  les  métaux,  les  métalloïdes  et  les  composés 
connus. 

»  D'après  cette  hypothèse,  les  corps  que  nous  appelons  étéme/its,  et  qui 
ne  se  trouvent  pas  dans  les  couches  absorbantes  des  étoiles  dont  la  tem- 
pérature est  très-exaltée,  seraient  en  voie  de  formation  dans  l'atmosphère 
coronale  et  en  voie  de  destruction  à  mesure  que  la  densité  de  leur  vapeur 
les  ferait  descendre;  et  non-seulement  leur  absorption  serait  faible  en 
conséquence  de  la  réduction  de  pression  de  celle  région;  mais,  quelle 
que  fût  cette  absorption,  elle  serait  probablement  limitée,  entièrement  ou 
en  grande  partie,  à  l'extrémité  invisible  ultra-violette  du  spectre  dans  le  cas 

(*)    l/^orking  /ijjwl/usis. 


(  -^''  ) 

des  corps  simples,  tels  (jue  les  gaz  purs,  leurs  cotnbiuaisons  et  le  chlore. 
{Foirl.) 

»  La  démonslration  spectroscopique  relative  à  ce  qu'où  peut  appeler 
la  plnslicilé  des  molécules  des  mélalloïdes,  compreuant,  bien  entendu, 
l'oxygène  et  l'azote,  mais  excluant  l'hydrogène,  est  si  absolue,  que  l'ab- 
sorption de  l'iode,  quoique  généralement  ce  corps  soit  transparent  pour 
la  lumière  violette,  peut  être  poussée  en  partie  dans  le  violet  du  spectre, 
ainsi  que  je  l'ai  trouvé  en  répétant  une  expérience  du  docteur  Andrews 
sur  le  dichroïsme  de  l'iode,  dans  laquelle  j'ai  observé  le  spectre,  car  l'iode 
en  solution  dans  l'eau  ou  dans  l'alcool  se  départit  aussitôt  de  ses  qualités 
d'absorption  ordinaires  et  arrête  la  lumière  violette. 

»  La  comparaison  préliminaire  de  l'absorption  ordinaire  du  spectre 
d'iuie  couche  de  6  pieds  de  chlore  ne  rend  pas  improbable  que  le  chlore, 
à  une  basse  température,  soit  la  cause  de  quelques-unes  des  lignes  de 
Frauenhofer  dans  le  violet,  quoique,  comme  je  l'ai  dit  d'abord,  je  n'aie 
rien  obtenu  d'évident  à  l'égard  de  l'interversion  des  raies  brillanics  du 
chlore  vues  dans  l'étincelle  de  la  bouteille  de  Leyde. 

»  Il  y  a  aussi  une  coïncidence  apparente  entre  quelques-unes  des  raies  de 
Frauenhofer  et  quelques  raies  d'absorption  de  l'iode  à  faible  température. 

M  Si  des  recherches  subséquentes  confirment  cette  hypothèse  pratique, 
il  semble  probable  que  les  météorites  de  fer  se  relieront  aux  étoiles  tué- 
talliques,  et  les  météorites  pierreux  aux  étoiles  caractérisées  par  des  métal- 
loïdes ou  des  composés.  Parmi  les  métaux  du  groupe  du  fer,  connus  dans 
le  Soleil,  le  fer  et  le  nickel  sont  ceux  qui  y  existent  en  plus  grande  quan- 
tité, ainsi  que  je  l'ai  reconnu  par  le  nombre  des  raies  renversées.  Ou  pour- 
rait aussi  se  reporter  à  d'autres  faits  frappants,  tels  que  la  présence  de 
l'hvdrogène  dans  les  fers  météoriques. 

»  Une  spéculation  de  physique  très-intéressante,  qui  se  rapporte  à  cette 
hypothèse,  est  de  savoir  l'effet  qui  serait  produit  sur  la  période  de  durée 
de  chaleur  d'une  étoile,  en  supposant  que  les  atomes  primaires  dont  l'étoile 
est  composée  sont  en  possession  de  l'excès  d'énergie  potentielle  de  combi- 
naison dont  cette  hypothèse  les  a  doués.  Depuis  les  premières  phases  de 
l'existence  de  l'étoile,  la  dissipation  de  l'énergie  mettrait  en  action,  à  tout 
moment,  une  nouvelle  quantité  de  chaleur  qui  servirait  ainsi  à  prolonger 
sa  vie. 

»  Si  les  chimistes  s'emparaient  de  cette  question,  qui  surgit  de  l'évi- 
dence spectroscopique,  de  ce  que  j'ai  appelé  la  plasticité  des  molécules 
des  mctalloïdes  prise  dans  son  ensemble,  il  se  pourrait  aussi  qu'une  grande 


(  i3:)u  ) 

partie  de  1h  puissance  de  variation  qui  est  accordée  à  présent  aux  métaux 
fût  reportée  aux  métalloïdes.  Je  ne  puis  qu'indiquer  ce  fait;  autant  que 
j'en  puis  juger,  les  changements  d'atomicité  se  produisent  dans  les  cas  où 
les  métalloïdes  sont  intéressés  et  jamais  quand  les  métaux  seuls  sont  en 
question. 

»  Comme  exemple,  je  puis  citer  les  combinaisons  triatomiques  formées 
par  le  chlore,  l'oxygène,  le  soufre,  etc.,  dans  les  cas  des  métaux  tétrades 
ou  hexades. 

«  Ne  pourrions-nous,  d'après  ces  données,  définir  avec  justesse  un  mé- 
tal, en  disant  que  c'est  une  substance  dont  le  spectre  d'absorption  est  gé- 
néralement le  même  que  le  spectre  de  radiation,  tandis  qu'un  métalloïde 
serait  une  substance  dont  le  spectre  d'absorption  différerait  généralement 
du  spectre  de  radiation?  En  d'antres  termes,  cela  signifie  qu'en  passant  d'un 
état  chaud  à  un  état  comparativement  froid,  la  plasticité  de  ces  derniers 
entre  en  action,  et  nous  obtenons  un  nouvel  arrangement  moléculaire. 

»  Ne  sommes-nous  pas  alors  autorisés  à  demander,  par  exemple,  si  la 
transformation  de  l'oxygène  en  ozone  ne  serait  pas  simplement  un  type 
d'un  phénomène  propre  à  tous  les  métalloïdes?  » 

CHIMIE.  —  Sur  In  nature  des  ëlémenls  chimiques.    Observations  présentées 
par  M,  Berthelot,  à  propos  de  la  Communication  de  M.  N.  Lockjer. 

«  Je  pense  qu'il  faut  énoncer  avec  réserve  l'hypothèse  d'une  dé- 
composition progressive  de  tous  les  corps,  sous  l'influence  d'une  tem- 
pérature croissante,  laquelle  ramènerait  d'abord  les  substances  com- 
posées aux  éléments  simples  actuellement  reconnus  des  chimistes,  puis 
ceux-ci  à  des  éléments  plus  simples  encore,  soit  identiques  avec  certains 
de  nos  éléments  actuels,  soit  même  complètement  nouveaux. 

»  En  effet  les  corps  simples,  tels  que  nous  les  connaissons,  possèdent 
certains  caractères  positifs  qui  n'appartiennent  pas  aux  corps  composés  : 
telles  sont  les  relations  qui  existent  entre  la  chaleur  spécifique  d'un  corps, 
sa  densité  gazeuse  et  son  poids  atomique,  relations  indépendantes  de  la 
température. 

»  Les  gaz  simples,  sous  le  même  volume  et  la  même  pression,  absorbent 
tous  à  peu  près  la  même  quantité  de  chaleur  pour  s'élever  de  i  degré,  ce 
qui  paraît  répondre  à  un  même  accroissement  de  force  vive.  Sous  le  même 
vohmie,  leurs  poids  absolus  sont  d'ailleurs  proportionnels  à  leurs  poids 
atomiques,  ces  derniers  étant  définis  par  les  rapports  pondéraux  des  com- 


(  i353  ) 
binaisons.  De  là  une  relation  entre  les  poids  atomiques  et  les  chaleurs 
spécifiques  des  éléments  :  c'est  la  loi  de  Duloiig  et  Petit,  découverte 
d'abord,  comme  l'on  sait,  par  l'étude  des  corps  solides.  En  effet,  les  poids 
atomiques  des  éléments  solides  absorbent  aussi  des  quantités  de  chaleur, 
les  unes  identiques,  les  autres  doubles  les  unes  des  autres.  On  pourrait  dire 
toutes  identiques,  à  deux  ou  trois  exceptions  près,  si  l'on  adoptait  les  poids 
des  atomistes  modernes;  mais  on  ne  retrouverait  alors  ni  une  conformité 
exacte  entre  les  nouveaux  poids  atomiques  des  métaux  et  les  volumes 
gazeux  qu'ils  occupent,  ni  une  conformité  exacte  entre  les  nouveaux  poids 
atomiques  des  métaux  et  leurs  chaleurs  spécifiques  sous  la  forme  gazeuse, 
chaleurs  spécifiques  dont  la  signification  théorique  est  cependant  mieux 
définie  que  sous  la  forme  solide.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  dernier  point, 
la  loi  de  Dulong,  pour  les  gaz  simples  et  même  pour  les  corps  solides, 
caractérise  nos  éléments  chimiques. 

»  Or  ces  éléments  tendent  à  conserver  leur  chaleur  spécifique  dans 
les  combinaisons.  Ou  a  remarqué,  depuis  longtemps,  que  le  produit  de 
la  chaleur  spécifique  d'un  corps  composé  solide,  par  son  poids  atomique, 
c'est-à-dire  sa  chaleur  spécifique  atomique,  ne  diffère  guère  de  la  somme 
des  produits  analogues  relatifs  à  ses  éléments  :  la  chaleur  spécifique  ato- 
mique d'un  corps  composé  solide  est  à  peu  près  la  somme  des  chaleurs 
spécifiques  de  ses  composants  solides,  relation  qui  a  été  vérifiée  par  des 
centaines  d'observations  numériques,  telles  que  les  déterminations  de 
chaleurs  spécifiques  par  M.  Regnault,  par  Neumann  et,  dans  ces  der- 
niers temps,  par  M.  Ropp.  En  admettant  avec  Dulong  que  les  atomes  de 
tous  les  éléments  possèdent  une  chaleur  spécifique  identique,  on  voit  que 
la  chaleur  spécifique  atomique  d'un  corps  composé  solide  sera  égale  à 
cette  valeur  commune  multipliée  par  le  nombre  des  atomes  qui  forment 
le  composé. 

»  Les  mêmes  relations  existent,  d'après  l'expérience,  pour  les  gaz  com- 
posés formés  sans  condensation,  tels  que  le  bioxyde  d'azote,  l'acide 
chlorhydrique  et  l'oxyde  de  carbone.  Il  y  a  plus  :  M.  Clausius  et  la 
plupart  des  physiciens  qui  se  sont  occupés  de  !a  théorie  mécanique  de 
la  chaleur  admettent  que  cette  relation  doit  être  générale  pour  les  cha- 
leurs spécifiques  des  gaz  composés,  prises  à  volume  constant  et  dans  l'état 
de  gaz  parfait. 

»  Sans  aller  jusqu'à  ce  terme  un  peu  hypothétique,  et  sans  sortir  du 
domaine  de  l'expérience,  il  convient  de  remarquer,  d'une  part,  que  les 
poids  atomiques  des   gaz  composés,  déterminés  par  des  considérations 

C.  R.,  1873,  2»  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  83.)  '7^ 


(  i354  ) 
purement  chimiques,  occupent  en  général  le  même  volume  gazeux,  et, 
d'autre  part,  que  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  sous  pression  constante 
pour  élever  de  i  degré  un  certain  volume  d'un  gaz  composé  et  formé  avec 
condensation  est,  sans  aucune  exception  ,  supérieure  à  la  quantité  de 
chaleur  absorbée  par  le  même  volume  d'un  gaz  simple  sous  la  même 
pression;  l'écart  est  d'autant  plus  grand  que  la  composition  du  gaz  est 
plus  compliquée,  comme  le  montrent  les  expériences  de  M.  Regnault  sur 
les  chaleurs  spécifiques  des  gaz  et  des  vapeurs. 

M  Ces  faits  étant  admis,  il  est  facile  d'assigner  quels  caractères  devrait  of- 
frir un  des  corps  actuellement  prétendus  simples,  s'il  était  formé  en  réalité 
par  la  réunion  de  plusieurs  autres  de  nos  éléments  combinés  entre  eux, 
ou  bien  parla  condensation  de  plusieurs  atomes  d'un  même  élément,  cette 
combinaison  ou  cette  condensation  étant  supposée  comparable  à  la  com- 
binaison ou  à  la  condensation  qui  donne  naissance  aux  corps  composés 
actuels. 

»  S'il  s'agissait  de  l'un  de  nos  corps  gazeux,  réputé  à  tort  élémentaire, 
il  devrait  être  formé  sans  condensation  par  l'union  de  ses  deux  éléments 
hypothétiques  ;  car  les  gaz  composés  formés  sans  condensation  sont  les  seuls 
qui  présentent  la  même  chaleur  spécifique  que  les  gaz  simples,  sous  le  même 
volume.  Tous  les  autres  gaz  composés  possèdent  une  chaleur  spécifique 
beaucoup  plus  forte  et  qui  tend  à  se  rapprocher  de  la  somme  de  celles  de 
leurs  éléments.  Mais,  d'autre  part,  le  poids  atomique  de  l'élément  pré- 
tendu, déterminé  par  la  loi  de  Gay-Lussac,  serait  égal  à  la  moyenne  des 
poids  atomiques  des  composants  et  non  pas  à  leur  somme. 

»  D'où  il  suit  qu'il  ne  peut  exister  d'élément  tel  que  son  atome  chi- 
mique soit  formé  par  la  réunion  d'un  certain  nombre  d'atomes  identiques 
d'un  autre  élément,  à  la  façon  de  nos  corps  composés  actuellement  con- 
nus; il  n'existe  pas  d'élément  polymère  jouant  le  même  rôle  chimique  que 
l'élément  non  condensé  dont  il  dérive,  c'est-à-dire  au  sens  des  composés 
polymères  de  la  Chimie  organique,  dont  le  poids  atomique  est  la  somme 
des  poids  atomiques  de  leur  composant. 

»  Précisons  ces  idées  par  un  exemple.  Nous  pouvons  comparer  une 
série  d'éléments  dont  les  poids  atomiques  sont  à  peu  près  multiples  les 
uns  des  autres.  Tels  sont 

L'hydrogène,  dont  le  poids  atomique  est  égal  à. . .  , '.  .  .        i 

L'oxygène,  environ , i6 

L'azote i4 

pour  nous  borner  aux  gaz  dont  on  a  mesuré  la  chaleur  spécifique.  Or,  si 
l'oxygène  résultait  de  l'as-sociation  de   i6  atomes  d'hydrogène,  au  même 


(  i355  ) 
sens  que  le  bioxyde  d'azote  résulte  de  l'association  de  i  volume  d'azote 
et  de  I  volume  d'oxygène,  il  faudrait  qu'il  occupât  un  volume  à  peu  près 
i6  fois  aussi  grand  :  sinon  la  chaleur  spécifique  de  l'oxygène,  telle  qu'elle 
a  été  mesurée  par  M.  Kegnault,  ne  satisferait  pas  aux  lois  des  chaleurs 
spécifiques  des  corps  composés  (i).  De  même  l'azote  devrait  occuper  un 
volume  i/j  fois  aussi  grand.  On  voit  par  là  que  les  lois  des  chaleurs  spé- 
cifiques gazeuses,  déterminées  par  expérience,  établissent  une  différence 
profonde  entre  nos  éléments  actuels  et  leurs  combinaisons  connues  ou 
vraisemblables;  cette  différence  est  indépendante  de  la  température. 

»  Les  mêmes  différences  existent  pour  les  corps  composés  solides,  com- 
parés avec  les  éléments  solides.  Soient,  en  effet,  une  série  d'éléments  sem- 
blables, multiples  d'une  même  unité,  tels  que  les  éléments  thioniques  : 

Le  soufre,  dont  le  poids  atomique  est  égal  à. .      16x2=    82 

Le  sélénium,  voisin  de 16  X  5  ^    80 

Le  tellure 16  X  8  =  1 28 

»  Les  poids  atomiques  de  ces  éléments  sont  absolument  définis  :  au  point 
de  vue  physique,  par  leurs  densités  gazeuses,  prises  à  une  température 
suffisamment  haute;  au  point  de  vue  chiiuique,  par  leurs  combinaisons  avec 
un  même  groupe  d'éléments,  tels  que  l'hydrogène  et  les  métaux.  Eu  par- 
ticulier, ils  forment,  avec  l'hydrogène, 

L'acide  sulfhydrique S'H% 

L'acide  sélénhydrique Se'H% 

L'acide  tellurhydrique Te'H=, 

composés  dont  la  condensation  est  pareille. 

»  A  première  vue,  il  semble  que  l'on  puisse  comparer  cette  série  d'élé- 
ments avec  une  série  de  carbures  d'hydrogène,  diversement  condensés, 
mais  jouissant  de  propriétés  chimiques  pareilles.  Tels  seraient  : 

L'éthylène,  dont  le  poids  atomique  est  égal  à  i4  X    2  =    28 

L'amylène,  »  i4  X    5  =    70 

Le  caprylène,  »  i4X    8=112 

L'éthalène,  »  i4Xi6:=224 

»  Les  poids  atomiques  de  ces  carbures  sont  absolument  définis  :  au 
point  de  vue  physique,  par  leiu'  densité  gazeuse  ;  au  point  de  vue  chimique, 
par  leur  combinaison  avec  lui  même  groupe  d'éléments,  tels  que  l'hydro- 

(i)  A  volumes  égaux,  ce  qui  est  plus  rigoureux  au  point  de  vue  des  chaleurs  spécifiques, 
la  pression  de  l'oxygène  devrait  être  16  fois  aussi  grande  que  celle  de  l'hydrogène, 

.75.. 


(  i356  ) 

gène,  le  chlore,  etc.  Eo  particulier,  ils  forment,  avec  l'hydrogène,  les  hy- 

drures  suivants  : 

Hydrure  d'étbylène (C<  H')  H', 

Hydrure  d'amylène (C'H")!!', 

Hydrure  de  caprylène (C"H")H=, 

Hydrure  d'éthalène (C"H")H'. 

»  Entre  la  série  des  éléments  thioniques  et  la  série  des  carbures  éthy- 
léniques,  le  parallélisme  est  évidemment  fort  étroit;  une  opinion  des 
plus  autorisées  s'appuie  sur  ces  analogies  pour  rapprocher  certaines  séries 
de  corps  simples  avec  les  séries  des  corps  composés. 

»  Mais  ce  rapprochement  ne  s'étend  pas  jusqu'aux  chaleurs  spécifiques. 
En  effet,  les  chaleurs  spécifiques  du  soufre,  du  sélénium,  du  tellure,  pris 
sous  l'unité  de  poids,  sont  en  raison  inverse  de  leurs  poids  atomiques,  c'est- 
à-dire  que  leurs  chaleurs  spécifiques  atomiques  ont  la  même  valeur,  con- 
formément à  la  loi  de  Dulong. 

»  Au  contraire,  les  chaleurs  spécifiques  des  carbures  polymères  qui 
viennent  d'être  cités  sont  à  peu  près  les  mêmes  sous  l'unité  de  poids, 
d'après  les  déterminations  que  l'on  en  connaît,  c'est-à-dire  que  leuis  cha- 
leurs spécifiques  atomiques  sont  multiples  les  unes  des  autres,  étant  pro- 
portionnelles à  leurs  poids  atomiques. 

»  Entre  les  corps  composés  que  nous  connaissons  et  leurs  polymères,  il 
existe  donc  cette  relation  générale,  que  la  chaleur  spécifique  atomique 
d'un  polymère  est  à  peu  près  un  multiple  de  celle  du  corps  non  condensé. 

»  Au  contraire,  la  chaleur  spécifique  atomique  demeure  constante  pour 
les  divers  éléments  dont  les  poids  atomiques  sont  multiples  les  uns  des 
autres.  Les  mêmes  difficultés  existent  pour  l'hypothèse  d'un  corps  simple 
dont  le  poids  atomique  serait  la  somme  des  poids  atomiques  de  deux 
autres. 

»  Il  y  a  donc  entre  les  propriétés  physiques  des  éléments  et  celles  de 
leurs  composés  une  opposition  singulière  et  qui  donne  à  réfléchir;  elle  est 
d'autant  plus  importante  que  la  notion  de  chaleur  spécifique  est  une  tra- 
duction du  travail  moléculaire  général,  par  lequel  tous  les  corps  sont 
maintenus  en  équilibre  de  température  les  uns  avec  les  autres.  Cette  oppo- 
sition ne  prouve  nullement,  et  je  ne  voudrais  pas  que  l'on  se  méprit  sur 
ma  pensée  à  cet  égard,  l'impossibilité  théorique  de  décomposer  nos  élé- 
ments actuels;  mais  elle  définit  mieux  les  conditions  du  problème  et  elle 
conduit  à  penser  que  la  décomposition  de  nos  corps  simples,  si  elle  pou- 
vait avoir  lieu,  devrait  être  accompagnée  par  des  phénomènes  d'un  tout 


(  i357  ) 
autre  ordre  que  ceux  qui  déterminent  jusqu'ici  la  destruction  de  nos  corps 
composés.  » 

M.  DcMAS  :  «  Les  remarques  de  notre  savant  confrère,  M.  Berthelot, 
sont  parfaitement  correctes,  en  tant  qu'elles  s'appliquent  au  mode  de 
vibration  fie  l'éther  que  nous  appelons  chaleur.  Elles  ne  s'appliqueraie"* 
plus  à  tout  autre  mode  de  vibration,  à  celui  qui  est  nécessaire  peut-être 
pour  décomposer  un  corps  réputé  simple.  Comme  il  veut  bien  rappeler  le 
rapprochement  que  j'avais  fait,  autrefois,  entre  les  radicaux  organiques  et 
les  éléments  minéraux,  il  me  permettra  d'ajouter  que  les  différences  qu'il 
signale  entre  eux  m'étaient  bien  connues  [Leçons  de  Philosophie  chimique., 
i836,  p.  280)  et  qu'elles  ne  m'avaient  pas  semblé  suffisantes  pour  com- 
battre les  conclusions  dérivées  des  analogies  saisissantes  que  j'avais  signa- 
lées un  peu  plus  tard. 

»  Mais  M.  Berthelot  accorde,  en  terminant,  tout  ce  que  sont  disposés  à 
admettre  les  personnes  qui  pensent  que  ce  qui  doit  prédominer,  dans  ces 
questions,  c'est  le  sentiment  de  la  continuité  dans  les  caractères  des  êtres 
et  dans  les  phénomènes  de  la  nature. 

»  Pour  ne  laisser,  du  reste,  aucun  doute  sur  la  pensée  propre  de  M.  [>oc- 
kyer,  je  communique  une  Lettre  qu'il  m'a  écrite  à  ce  sujet  : 

5,  Alexandra  Road,  Finchley  Boad,  London  N.  W.,  3  décembre. 

«  Je  vous  envoie  quelques  exemplaires  des  photographies  des  spectres  des  métaux 
solaires  dont  je  m'occupe  à  présent.  Par  un  nouveau  procédé,  j'ai  réussi  à  obtenir  plu- 
sieurs spectres  métalliques  et  le  spectre  solaire  sur  la  même  plaque,  de  sorte  qu'au  lieu 
d'observer  60  lignes  par  jour,  je  peux  en  photographier  3ooo  et  obtenir  leurs  coïncidences 
EXACTES  avec  les  lignes  de  Frauenhofer. 

u  J'espère  vous  envoyer,  dans  quelques  jours,  un  Mémoire  dans  lequel  j'explique  le 
nouveau  procédé  et  où  j'en  montre  quelques  résultats. 

»  Dans  ces  derniers  jours,  j'ai  tracé  dans  le  Soleil  les  métaux  suivants  :  cadmium,  stron- 
tium, cériura,  uranium,   plomb  et  potassium, 

»  Il  semble  que  plus  une  étoile  est  chaude,  plus  son  spectre  est  simple,  et  que  les  élé- 
ments métalliques  se  font  voir  dans  l'ordre  de  leurs  puiJs  atomiques. 

i>  Ainsi  nous  avons  : 

»  i"  Des  étoiles  très-brillantes  où  nous  ne  voyons  que  l'hydrogène  en  quantité  énorme 
et  le  magnésium  ; 

»  2°  Des  étoiles  plus  froides,  comme  notre  Soleil,  où  nous  trouvons  : 

H  +  Mg-l-iVa 
H  +  Mg-f-Na-i-Ca,  Fe,  ...; 
dans  ces  étoiles,  pas  de  métalloïdes. 

»   3°  Des  étoiles  plus  froides  encore,    dans  lesquelles  tous  les  éléments  métalliques  sont 


(  i358  ) 

ASSOCIÉS,  OÙ  leurs  lignes  ne  sont  plus  visibles,  et  où  nous  n'avons  que  les  spectres  des  mé- 
talloïdes et  des  composés. 

«  4°  Plus  une  étoile  est  âgée,  plus  l'hydrogène  libre  disparaît;  sur  la  Terre,  nous  ne 
trouvons  plus  d'hydrogène  en  liberté. 

u  11  me  semble  que  ces  faits  sont  les  preuves  de  plusieurs  idées  émises  par  vous.  J'ai 
pensé  que  nous  pouvions  imaginer  une  «  dissociation  céleste  »,  qui  continue  le  travail 
ut-  nos  fourneaux,  et  que  les  métalloïdes  sont  des  composés  qui  sont  dissociés  par  la  tem- 
pérature solaire,  pendant  que  les  éléments  métalliques  monoatomiques,  dont  les  poids 
atomiques  sont  les  moindres,  sont  précisément  ceux  qui  résistent,  même  à  la  température 
des  étoiles  les  plus  chaudes.  » 

»   3'ai  reçu  de  M.  Lockyer  de  nouveaux  documents;  j'attendrai  son  au- 
torisation pour  les  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie.  Peut-être  serait-il 
utile   d'en   avoir   pris  connaissance,  avant  d'aller  plus  loin  dans  la  dis- 
cussion d'une  question  dont  il  a  si  soigneusement  considéré  tous  les  as-., 
pects. 

»  En  résumé,  quand  je  soutenais  devant  l'Académie  que  les  éléments 
de  Lavoisier  devaient  être  considérés,  ainsi  qu'il  l'avait  établi  lui-même, 
non  comme  les  éléments  absolus  de  l'univers,  mais  comme  les  éléments 
relatifs  de  l'expérience  humaine;  quand  je  professais,  il  y  a  longtemps, 
que  ï hydrogène  était  plus  près  des  métaux  que  de  toute  autre  classe  de 
corps,  j'émettais  des  opinions  que  les  découvertes  actuelles  viennent  con- 
firmer et  que  je  n'ai  point  à  modifier  aujourd'hui.  » 

ANALYSE.  —  Note  sur  l'idetitité  des  formules  données  par  Cauchy  (*)  pour 
déterminer  les  conditions  de  convergence  de  la  série  de  Lagrange,  avec 
celles  qui  ont  été  établies  par   Lagrange  lui-même  (**);  par  M.  L.-F. 

MÉNABRÉA. 

»   Étant  donnée  l'équation 

(i)  jc  =  u  -h  qj[x), 

le  terme  général  de  la  série  de  Lagrange  correspondant  à  cette  équation  est 

^     '  i...n      du"-' 

D'après  Cauchy,  la  série  sera  convergente  ou  divergente,  selon  que  le  plus 

(*)  Mémoire  sur  divers  points  d'Analyse  [Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris, 
t.  VII). 

(**)  Nouvelle  Méthode  pour  résoudre  les  équations  littérales,  §4  [Histoire  de  l' Académie 
des  Sciences  de  Berlin  pour  l'année  1768). 


(  i359  ) 
grand  module  de 

(3)  7/("+£l^N 

sera  moindre  ou  plus  grand  que  l'unité. 

»  La  valeur  de  y,  qui  donne  le  module  maximum,  correspond  à  une 
racine  de  l'équation 


4f^_ 


qui  revient  à 

(5)  j/'(«+j)-y(«+jr). 

En  remplaçant  y  par  l'expression  plus  générale  ^  =  re"^,  on  cherchera, 
dans  l'expression  (4),  la  valeur  de  w  qui  rend  l'expression  (3)  un  maximum, 
et  l'on  déduira  de  l'équation  (5)  la  valeur  de  /■  correspondant  au  maximum 
maximonim  du  module  :  telle  est  la  théorie  de  Cauchy. 
»  Lagrange  considère  une  fonction  qf{oc)  de  la  forme 

(6)  <7/(.r)  =  A.r^  +  Bx*  — Cx'^+ .... 

Observant  que  les  termes  de  la  série  dont  le  terme  général  est  (a)  se  dé- 
composent en  termes  monômes  suivant  les  puissances  de  u,  il  trouve, 
pour  le  terme  général  monôme  de  l'ordre  /,  l'expression  suivante  : 

(7)  K[„(^)-(-;)'(^)-(^)'...]'=.N', 

où  R  est  un  coefficient  de  l'ordre  i  élevé  à  une  puissance  Bnie,  et  les 
quantités  /x,  v,  n, . . .  et  u  sont  liées  par  les  conditions  suivantes  : 

(  8  )  /j.  4-  V  +  7r  H-  . . .  =  I , 

(g)  ^     u  =  a/Jt.+ Av -I- en  +  .  . . . 

Lagrange,  considérant  que  lim  yR  =  i  quand  on  fait  /  =  oo  ,  en  conclut 
que  la  condition  nécessaire  pour  que  les  termes  monômes  de  la  série  for- 
ment eux-mêmes  une  série  convergente  est  que  le  plus  grand  module 
deN  soit  moindre  que  l'unité. 

»  En  cherchant,  par  rapport  à  fjt,,  v,  ti,  . . . ,  u,  le  maximum  de 

(.0)  K  =  „(^)-'(^n5)-(^)"..., 


(  i36o  ) 

on  trouve,  pour  déterminer  les  valeurs  de  |ji.,  v,  tt,  . . . ,  u  correspondant  à 
ce  maximum,  les  équations  suivantes  : 


X  est  un  coefficient  qui  a  pour  expression 

(•3)        x  =  [a(^)%b(„-^)Vc(.-^)V...]-. 

»  Telle  est  la  tliéorie  de  Lagrange,  exposée  dans  toute  sa  généralité,  mais 
dont  lui-même  restreint  l'application,  comme  on  le  verra,  pour  déterminer 
la  condition  de  convergence  à  laquelle  doit  satisfaire  sa  série,  afin  qu'elle 
représente  la  plus  petite  racine  (numériquement)  de  l'équation  (i),  lorsque 
qj{x)  est  une  fonction  rationnelle  et  entière  de  x. 

Si  l'on  fait 

(i4)  ;:^7=«+r» 

puis  qu'on  substitue  dans  les  équations  (lo),  (ii)  et  (12),  et  qu'on  divise 
cette  dernière  par  [u  +jr),  on  aura,  en  mettant  pour  X  sa  valeur  (i3), 


A[u-hyY+'R{u  +r)*+C(«-t-.y)''+" 


(i5)  N 

y 

et  à  la  place  de  l'équation  (12)  la  suivante  : 

lj[ka[ii  +  J/'-'  4-  Bè(M  +  j)*-'  +  Cc(«  +;■)'-'  +  ...J  ^ 


(.6 


=  o. 


»  En  ayant  égard  à  l'équation  (6),  les  deux  précédentes  prendront  la 
forme  suivante  : 

(17)  ^  =  '!l^^i±ll, 

(18)  jf{^jc^j)-Jlu-^J)^0, 

équations  identiques  avec  les  équations  (3)  et  (4)  obtenues  par  Cauchy. 

»  Cette  identité  des  résultats  auxquels  on  arrive  par  des  voies  si  diffé- 
rentes est  une  confirmation  de  l'exactitude  des  formules  données  par  ces 
deux  grands  géomètres,  pour  établir  les  conditions  de  convergence  de  la 
série  de  Lagrange.  Ainsi  quelques  auteurs  ont  été  mal  fondés,  en  voulant 


(  i3Gi  ) 
opposer  la  théorie  de  Caucliy  à  celle  de  Lagrange,  pour  démontrer  que 
cette  deruière  était  inexacte;  mais  c'est  dans  l'application  qu'ils  font  de  leur 
théorie  et  dans  le  but  qu'ils  se  proposent  que  diffèrent  ces  deux  mathéma- 
ticiens. 

»  Lorsque  l'on  considère  la  fonction  qf{x)  sous  un  point  de  vue  plus 
général,  c'est-à-dire  lorsqu'on  tient  compte  des  signes  des  termes  qui  la 
composent,  les  formules  données  précédemment  servent  à  vérifier  la  con- 
vergence de  la  série;  mais  elles  ne  donnent  aiicune  indication  directe  sur 
la  nature  de  la  racine  que  cette  série  représente.  Lagrange  se  propose, 
au  contraire,  de  déterminer  la  condition  nécessaire  pour  que  sa  série  ex- 
prime la  plus  petite  racine  de  l'équation  (i),  qj{jc)  étant,  comme  il  a  été 
dit,  entier  et  rationnel.  Dans  ce  but,  il  cherche  la  condition  spéciale  jiour 

que,  dans  le  développement   de  —■>  donné  par  sa  série,  les  termes  dans 

lesquels  a  se  trouve  élevé  à  des  puissances  positives  puissent  être  négligés 
en  comparaison  des  autres  où  u  est  élevé  à  des  puissances  négatives,  lors- 
qu'on siqjpose  m  très-grand.  Il  arrive  à  conclure  que,  lorsqu'on  considère 
tous  les  termes  (\e(]/[x)  comme  positifs,  la  série  développée  suivant  les 
puissances  de  u  doit  former  une  suite  convergente  par  rapport  à  cette 
quantité.  Dans  ce  cas,  la  valeur  absolue  de  N  ne  diffère  pas  de  celle  de 
son  module  et  la  condition  de  convergence  devient  N  <  i. 

»  La  discussion  qui  s'est  élevée,  il  y  a  quelque  temps,  sur  l'exacti- 
tude du  théorème  énoncé  par  Lagrange  dans  la  Note  XI  du  Traité  de  la 
résolution  des  équations  numériques,  et  relatif  à  la  plus  petite  racine  de  l'é- 
quation (i),  doit  donc  se  restreindre  à  l'application  des  formules  exposées 
précédemment,  et  non  à  leur  exactitude,  qui  a  été  confirmée  par  leur  coïn- 
cidence avec  celles  de  Cauchy.  Cette  question  est  en  dehors  des  limites  de 
cette  Note;  je  me  borne  à  faire  observer  que  le  théorème  de  Lagrange  se 
vérifie  facilement  sur  l'équation 

X  =  «  +  Ax^.  » 

ASTRONOMIE.  —  Obseiuation  des  étoiles  filantes  de  novembre. 
Note  de  M.  Wolf,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

a  L'observation  des  étoiles  filantes,  pendant  les  nuits  des  12,  i3  et  i4  no- 
vembre, a  encore  été  faite  cette  année  par  nos  collaborateurs  de  France, 
d'Italie  et  de  Portugal,  avec  le  même  zèle  dont  ils  ont  déjà  donné  plusieurs 
fois  les  preuves.  Le  mauvais  temps  a,  dans  beaucoup  de  stations,  contrarié 
ou  même  rendu  impossibles   les  observations;  néanmoins,  nous  pouvons 

C.  R,,  i8-;3,  i»  Semestre.  (T.  LWVII,  N"  25.)  >  7^' 


(   1369.  ) 

déjà   déduire   quelques  conclusions  des  faits  qui  nous  ont  été  signalés. 

»  Les  signaux  chronoinétriques  ont  été,  comme  d'habitude,  envoyés 
des  quatre  centres,  Paris,  Marseille  (M.  Stephan),  Bordeaux  (M.  Serré- 
Guino),  et  Lyon  (M.  Lafon),  qui  communiquaient  aussi  directement  entre 
eux.  Tous  les  temps  ayant  été  réduits  au  temps  moyen  de  Paris,  il  en  ré- 
sulte les  corrections  suivantes,  qui  devront  êlre  appliquées  aux  heures 
d'observation  en  chaque  station.  (Nous  supprimons  ici  ce  tableau.) 

»  Nous  résumons  rapidement  les  observations  faites  dans  les  diverses 
stations. 

Nuit  du  12  au  i3  novembre. 

Barcelonnette  (M.  RuI)    Ciel  très-beau  de  7'' à  3''  du  matin,  184  étoiles. 
Sainte-Honorine-du-Faj  (M.  Lebreton).  De  9''  à  i3'',  nuit  belle,  mais  pauvre,  36  étoiles 

dont  12  belles. 
Morée  (ÏM.  Faucheux).  De  10'' 3o'"  à  i4'',  1 1  étoiles,  dont  4  du  Lion,  5  du  Taureau. 
Le  Mans  (M.\l.  Martin  et  d'Amécourt).  Nuit  claire,  de  8''  à  i  l'',  presque  rien. 
Paris  (Observatoire).  De  i  i''  à  i5'',  17  étoiles. 
Paris- Belle.ville  (M!\I.  Tremeschini,  Laniette  et  Droit).  De  8''  à  iS*",  37  étoiles  venant  du 

Taureau,  rien  du  Lion. 
Tréinont  (MM.  Magnien  et  Lemosy).  Ciel  très-pur,  60  étoiles,  presque  toutes  très-petites, 

paraissant  venir  du  Taureau. 
Toulouse  (M.  Tisserand).  Nuit  assez  belle,  étoiles  rares,  faibles,  sporadiques.  9  de  8''  à  9''; 

5  de  10''  à  1 1*";   i4  de  1 1*"  à  12''. 
Rnchefort  (M.  Simon).  4  étoiles,  ciel  couvert  après  1 1'"  iS"". 
Moncalicri  (M.  Denza).  Ciel  demi-couvert,  17  étoiles  entre  5''45  et  1 1''. 
Gènes  (M.  Garibaldi),  Couvert,  pluvieux,  3  étoiles. 
Alexandrie  (M.  Parnisetti).  Ciel  beau  de  3''  à  5''  du  matin,  38  étoiles. 

Nuit  du  i3  au  i4  novembre. 
Sainte-  Honorine.  De  8''25™  à  i2''3o",  22  étoiles  dont  les  f  ordinaires  ou  belles. 
Morée,  Rien  vu. 

/•o/vj  (Observatoire).  De  1 1*"  à  i4'',  6  étoiles.  Ciel  presque  couvert  après  i3''. 
Paris-Belleville.  34  étoiles  de  10''  à  i3''. 
Rouen  (M.  Gully).  De  8''  à  iS*",  87  étoiles. 
Trvmnnt.  Ciel  presque  couvert,  2  étoiles. 
Lisbonne  (Observatoire  de  l'Infant  don  Luiz).  De  10''  à  4'' 20'",  248  étoiles. 

Nuit  du  i^  au  i5  novembre. 
Avignon  (M.  Giraud).  De  10''  à  i5'',  89  étoiles. 
Barcelonnette.  Après  lo'',  éclaircies,  puis  ciel  clair.  Météores  nombreux  vers  2'',  3''  et  4'', 

194  étoiles. 
M^rée.  De  9''3o'"  à  i4'',  rares  éclaircies,  rien  vu.  De  i4''  à  17'',  12  étoiles  venant  du  Lion 

et  2  du  Taureau. 
Montpellier  (MM.  Viguier,  Collot,    Foex,  Hunold  et  Viguier  fils).  Le  ciel   se  découvre  en 

partie  à  16'',  quelques  belles  étoiles. 
Piiris-Bcllevittc.  9  étoiles  de  10'' 39"'  à  1  i''46'". 


(  i:}63  ) 

Rouen.  Une  vingtaine  d'étoiles  à  travers  des  éclaifcies,  ciel  couvert  à  partir  de  12''. 
Trémont.  De  7''  à  ly'So'",   ciel   pur;   rien  jusqu'à  minuit.   Vers   i'' première   ajiparition 

d'étoiles  venant  du  Lion;  127  étoiles  généralement  belles. 
Toulouse.  Ciel  couvert.  Dans  les  éclaircies,  20  très-belles  étoiles  venant   d'un  point  situé 

entre  y  et  s  Lion. 

»  Les  observations  de  1873,  comparées  à  celles  des  années  précédentes, 
manifestent  clairement  la  décroissance  rapide  du  phénomène,  qui  a  at- 
teint son  maximum  d'éclat  en  1866.  Sur  son  orbite  de  33""%  a5,  l'essaim 
des  astéroïdes  de  novembre  n'occupe  donc  encore  qu'un  arc  restreint, 
puisque, sept  ans  après  le  maximiun,  l'apparition  est  presque  nidle.  Déplus, 
la  rétrogradation  du  nœud  de  l'orbite  se  fait  sentir  chaque  année  par  le 
retard  de  l'apparition.  En  1866,  le  maximum  si  brillant  avait  lieu  dans  la 
nuit  du  i3au  i4,  entre  i  heure  et  2  heures  du  matin  (M.  Goulier,  obser- 
vations de  Metz).  En  iStjy,  des  observations  que  j'avais  faites  avec  plusietu's 
de  mes  jeunes  collègues,  je  concluais  que  le  maximinii  n'était  pas  atteint 
à  6  heures  du  matin  ;  et  en  effet  on  apprit  plus  tard  que  l'averse  d'étoiles 
filantes  s'était  montrée  fort  brillante  en  Amérique. 

»  En  1871,  les  deux  nuits  du  12  et  du  i3  ne  montrent  que  des  étoiles 
venant  du  Taureau  et  du  Cocher;  les  T-éonides  n'apparaissent  que  dans  la 
nuit  du  i4au  i5  (M.  Lespiault);  enfin,  en  iByS,  nous  constatons  le  même 
fait  :  les  deux  premiers  essaims  continuent  à  illuminer  seuls  les  nuits  du  12  et 
du  i3;  les  Léonides  se  monlrent  dans  la  nuit  du  14,  vers  4  heures  du  matin. 

»  Dès  1871,  s'est  posée  la  question  de  l'origine  de  ces  divei's  essaims, 
dont  nos  collaborateurs  signalaient  de  toutes  parts  l'apparition  presque 
simultanée.  Fallait-il  voir  une  coïncidence  fortuite  dans  cette  rencontre 
de  la  Terre  avec  des  essaims  de  directions  très-diftérentes?  Ou  plutôt,  sui- 
vant le  second  mode  d'explication  indiqué  alors  par  M.  Le  Verrier,  ces 
divers  essaims  n'étaient-ils  pas  des  portions  d'im  même  essaim  primitif, 
celui  des  Léonides,  disloqué  par  l'action  perttubatrice  de  la  Terre?  Les 
observations  instituées  par  l'Association  scientifique  de  France  avaient 
surtout  pour  but  d'étudier  les  questions  de  cette  nature,  en  permettant  de 
constater  si  réellement  l'essaim  des  Léonides,  en  même  temps  qu'il  s'al- 
longe le  long  de  son  orbite,  se  divise  de  plus  en  plus  en  portions  détachées, 
caractérisées  chacune  par  un  point  radiant  distinct,  et  revenant  toutes 
croiser  la  Terre  à  la  même  époque,  au  moins  pendant  un  certain  noinbre 
d'années,  pour  finir,  dans  un  avenir  éloigné,  par  ne  donner  plus  que  des 
étoiles  sporadiques. 

»  L'examen  attentif  des  observations  de  cette  année,  que  nous  n'avons 
pas  encore  entre  Its  mains,  montrera  si,  en  effet,   le  nombre  des  points 

I  7G.. 


(  i:i64  ) 

radiants  a  augmenté;  mais  la  comparaison  de  ces  observations  avec  celles 
des  années  précédentes  montre  déjà  que  les  essaims  des  étoiles  venant  du 
Taureau  et  du  Cocher,  qui  vers  1869  apparaissaient  en  même  temps  que 
les  Léonides,  les  précèdent  aujourd'hui  de  plus  en  plus;  de  sorte  que  la 
séparation  des  trois  flux  d'étoiles  s'est  produite  naturellement  et  que  les 
observateurs  reconnaissent  aujourd'hui  à  première  vue  les  divers  points 
radiants  qu'ils  avaient  d'abord  eu  peine  à  démêler.  On  pourrait  peut-être 
considérer  cette  circonstance  comme  indiquant  que  les  trois  essaims  sont 
réellement  d'origine  distincte  et  que  le  phénomène  de  novembre  ne  va  pas 
en  se  compliquant,  au  moins  dons  l'espace  de  quelques  années. 

»  Le  27  novembre  de  l'année  iS'j2,  une  très-brillante  apparition  d'é- 
toiles filantes  a  été  signalée  dans  presque  tous  les  pays  de  l'Europe,  et  a 
été,  avec  très-grande  vraisemblance,  rattachée  à  la  comète  de  Biéla.  Il  était 
intéressant  de  savoir  si  quelque  reste  de  ce  nouvel  essaim  se  montrerait 
encore  cette  année.  Nos  observateurs  ont  bien  voulu  surveiller  le  ciel, 
pendant  les  nuits  du  26,  du  27  et  du  28  novembre;  mais  le  temps  n'a  été 
un  peu  favorable  qu'à  Montpellier  et  Avignon,  et  le  nombre  des  étoiles 
qui  y  ont  été  vues  n'a  point  dépassé  celui  des  nuits  ordinaires.  Nous 
n'avons  pas  été  plus  heureux  avec  la  comète  de  Coggia,  dont  M.  Edm. 
Weiss  et  M.  Hind  ont  signalé  l'identité  probable  avec  la  comète  I,  1818,  et 
qui,  suivant  la  remarque  de  M.  de  Littrow,  a  dû  s'approcher  de  la  Terre 
à  une  très-petite  distance,  de  manière  à  couper  l'écliptique  au  point  où 
la  Terre  devait  se  trouver  vers  le  4  décembre.  L'état  du  ciel  et  cette  cir- 
constance, que  le  point  radiant  devait  se  trouver  par  i4  heures  d'ascen- 
sion droite  et  près  de  3o  degrés  de  déclinaison  sud,  n'ont  pas  permis,  à 
notre  connaissance,  de  constater  l'apparition  d'aucune  étoile  filante  pou- 
vant se  rapporter  à  cet  astre.  » 

ASTiiONOMlE.  —  Nouvelles  observations  de  la  comète  périodique  de  M.  Faye, 
et  découvertes  et  observations  de  vingt  nébuleuses,  faites  à  l'Observatoire  de 
Marseille.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  E.  Stephan  à  M.  Le  Verrier. 

«  Je  vous  adresse  deux  nouvelles  observations  de  la  comète  de  M.  Faye, 
qui  est  toujours  d'une  extrême  petitesse  et  dont  l'observation  présente  de 
grandes  difficultés.  Permettez-moi  do  rappeler  que  j'ai  été  le  premier,  cette 
année,  à  retrouver  les  trois  comètes  périodiques  attendues.  La  dernière, 
celle  de  M.  Faye,  n'a  encore  été  observée  que  par  moi.  On  l'a  vue  ailleurs, 
mais  sans  pouvoir  en  déterminer  la  position. 

»  Vous  recevrez  aussi,  pour  l'Académie,  la  liste  de  vingt  nébuleuses 
nouvelles. 


(   .3G5  ) 

Comète  i'ériodique  de  Faye. 

Correct,  du  Jahrbuch, 
Heures  de  l'obs.  (Obs.-calc.) 

1S73.  (t.  m.  M.).  m.  P —■ — — * 

h        ni       s         h        m       s  i»        »  w  î*  // 

Nov.  28....      \&.n^.55     9.i6.i9,'j5     89.37.25,6       +0,73     —5,7  a 

3o....      17. II.   2     g. 17.13,34     89.54.37,8       — 0,35     — 4>o  * 

Position  moyenne  des  étoiles  de  comparaison  pour  1873,0. 
^  Grand''  M  P  Autorités. 

89°.  38.   3",o     Cat.  de  Weisse. 
89.53.11,8     Cat.  de  Weisse. 

»  La  comète  est  toujours  excessivement  faible. 

»  La  seconde  des  deux  observalions  qui  précèdent  doit  être  affectée 
d'un  poids  notablement  plus  élevé  que  la  première.  Dans  la  nuit  du  28,  où 
celle-ci  a  été  faile,  l'astre  était  à  peine  perceptible  et  seulement  par  pulsa- 
tions intermittentes. 

NÉBULEUSES. 

Positions  moyennes  pour  1878,0. 
)t-  iR  P  Description  sommaire. 


a.  .  . 

.  .    278  W.  (a.  c. 

)  H.  IX. 

9" 

Il        u]        s 
9.14.25, 12 

h.. 

.  .    307  W.  (a.  c; 

)  II.  IX. 

8» 

9.15.40,72 

II 


« 


2.   8.55,19         61.59.25,2       e.e.P — e.e.F  —  I. 


h       18.23   38,27  67.10.21,1        e.P  —  e.F  —  R  —  Cond.auC. 


c 


8.41.18,79  57.51.8,7  m.E  —  i.R  — e  e.F  — D. 

d  19.51.32,23  57.58.58,9  e.e.F  —  t.P  —  Enveloppe  3  pet.  *. 

e  21.   9.53,99  91.21.14,8  e.e.F  —  t.P  —  2  Gond,  sur  le  même  parallèle. 

/  22.  9.50, 36  53.2i.i3,9  e.e.F — e.e.P  —  En  contact  au  N.  avec  très-petite  *. 

J  22.10.   7,11  53  20.12,1  e.F  —  e.P — Vap. —  Lég. Cond.auC — ipet.*proj. 

g  22.45.11,42  53.35.8,6  e.e.F  — e.P  — R  — Cond.  au  C. 

h  22.47  22,35  58.32.39,3  e.e.F— t.P  —  Vap.                              • 

/  22.55.55,98  63.37.55,2  e  e.P — e.e.F — Cond.auC. 

k  23.16:6,70  7848.5,5  e.e.F  — Pet  — i.R  —  Dif.  —  Lég.  Cond.  au  C. 

/■  23.16.26,36  78.42.43,4  F  —  m.E  — i.R  —  Dif.  —  Lég.  Cond.  auC. 

/  23.32.33,54  102.55.37,0  e.e.F  — m.E  — I. 

m  23.38.59,16  63.23.   9,5  e.P  —  e.F  —  i.R  —  Cond.  ir. 

n  23.51.34,73  74.12.39,4  e.e.P  —  e.e.F  —  Cond.  au  C. 


Abréviations . 

e.P  Excessivement  petite.  i.Pi  Irrégulièrement  ronde. 

e.e.P  Excessivement  excessivement  petite.  t.P  Très-petite. 

e.F  Excessivement  faibh'.  t. F  Très-faible. 

e.e.F  Excessivement  excessivement  faible.  I  Irrcgulière. 

m.E  Modérément  étendue.  Cond  Condensation. 

Vii|>.  Aspect  vaporeux.  Lég.  Cuiid.au  C.  Légère  condensation  au 

R  Ronde.  centre. 


(   i366  ) 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  1873,0. 

Noms  des  et.  de  comp.                                        JR  P                        Autorités. 

h        m        s  o         ,         ,, 

710B.A.C 6}           2.11.36,01  Gi. 56. 41,7       Cat.B.A.C. 

l>      34322  Lai 7ï           18.26.    7,80  67.6.13,0       Cat.  Lai. 

c         1221   W.  (N.  C.)  H.  XVIII..   9              18.40.55,63  57.49.50,8       Cat.W. 

d        1790  W.  (N.  C.)  H.  XIX.  ..   8,9          19.55.    i,5o  57.54.28,0       Cat.W. 


a 


c 


» 


i3i   W.  (A.  C.)H.  XXI.  ..  8,9  21.   8.   8,57  91.21.25,1  Cat.  AV. 

f         253  W.  (N.  C.)  H.  XXII..  9  22.11.17,04  53.24.9,1  Cat.W. 

44751   Lai 9  23.45.56,17  53.36.27,2  Cat. Lai. 

h        ii35  W.  (N.  C.)  H.  XXII..  9  23.49.56,87  58.32.22,8  Cat.  AV. 

(•       10797  Rumker.  H.  XXII 22.55.3,47  63.4i.6,8  Cat.  R. 

A          397  AV.  (A.  C.)  H.  XXIII..  9  23.20.56,69  78.45.50,3  Cat.W. 

/           618  W.  (A.  C.)  H.  XXIII..  9  23. 3i.   6,68  102.54.15,9  Cat.AV. 

m         868  W.  (N.  C.)H.XXIII..  «  2341.13,62  63.3i.33,9  Cat.AV. 

n         ii33  AV.  (A.  C.)  H.  XXIII. .  9  23.55.54,18  74.16.46,8  Cat.AV. 


ÉLASTICITÉ.  —  Sur  le  mouvement  d'un  fil  élastique  dont  une  extrémité  est 
animée  d'un  mouvement  vibratoire.  Quatrième  Note  de  M.  E.  MeRCiniER, 
piésentée  par  M.  Jamin. 

«   On  a  vu,  ilaiis  la  précédente  Note  [Comptes  rendus,  p.  lagS),  que  les 
abscisses  des  nœtids  du  fil  sont 

1     TZ  /  1  \     ît  /  l\     TT 

d'où  résulte  : 

i>    ï°  Que   la  distance  nodale   normale  D  =  .r„  —  .r„_,  est  égale  à  —  ; 
»   2"  On  voit  aussi  que  la  distance  x,  du  premier  nœud  au  bout  libre 

1      TV  D 

du  fil  est  égale  à  -  —  ou  -^i   loi  déjà  trouvée  par  l'expérience; 
»   3"  La  première  distance  nodale 

jTj  —  a,',  =  ^f  1  +  ^  —  ^1  =  o,9j6D  =  f/, 

loi  également  trouvée  (voir  le  lableau  déjà  cité,  colonne  91; 

»   /j"  Pour  un  second  fil  fixé  à  un  aulre  diapa.son,  on  aura  une  valeur 


jT  P.  _  :!L  _  i/^jLÎ^  ■  i/A]ÙL!L.. 

^  ~  m'  D'  ~    //,   ~"  V  qlgT-  •  V  '/'VgV 


(  i367  ) 
»  Si  n  et  n'  sont  les  nombres  de  vibrations  des  diapasons,  5  et  J"  les  dia- 
mètres de  fils  cylindriques,  la  formule  précédente  devient 


D_      i/p' 7  .?'//=_        /Sn'     »/p'r/ 

w  ~  y  p>j's"n'  ~  V  ^  V  p?' 


ce  qui  est  précisément  la  formule  que  j'ai  donnée  [Comptes  rendus,  même 
volume,  p.  672)  comme  résumant  les  lois  expérimentales  des  vibrations 


normales  ou  régulières  des  fils  considérés. 


»  III.  En  faisant  x  =  o  dans  l'équation  (B'),  il  vient 


(X)  r  =  acos2  7:— — r— t-Ti'' 

équation  du  mouvement  de  l'extrémité  libre.  Pour  voir  si  son  ampli- 
tude, variable  avec  /,  a  des  minima,  prenons  ^  et  égalons  le  numérateur 
à  zéro.  Il  vient,  toutes  réductions  faites, 

me'"' {2  -+-  sinml.e'"']  =  o, 
qui  se  réduit  à 

(u,)  sin  ml.e'"'  4-2=0 

(la  solution  que  donnerait  6'"'=  o  étant  inacceptable). 

B  Les  intersections  des  courbes  z=  sinml,  11=: 7  donnent  les  ra- 

e"" 
cines  de  cette  équation.  On  trouve 

[mx),  =  TT,     {mx)2  —  n,...,  {mx)k  =  n,..., 
a  ou 

.  TT.  27r  ,  i  ir 

/,   :=  — ?        12  =  >•••>        l/,  =;  • 

/Il  in  m 

»   Donc  :  1°  Il  y  a,  pour  l'amplitude  du  bout  libre,  une  série  de  minima  pour 

des  valeurs  de  l  en  progression  arithmétique  dont  la  raison  est  —  ou  D. 

»  Pour  avoir  la  valeur  de  ces  amplitudes  minima,  faisons  ml  =  kn  dans 
l'équation  (X);  il  vient 

»   Pour  A  =  I ,  l'amplitude  est  environ  les  |^  de  «;  pour  A  =  2,  elle  est 


(    i3G8  ) 

les  ^-^  de  a;  pour  les  valeurs  suivantes  île  A,  les  ain|)litucles  se  rappro- 
chent encore  plus  de  a;  donc  ou  peut  dire  : 

»    2°  Les  amplitudes  mimma  sont  égales  à  a,  amplitude  du  diapason. 

»  Ces  deux  résultats  ont  été  trouvés  expérimentalement  et  indiqués  déjà 
(Comptes  rendus,  même  volume,  p.  674,  11°  9)- 

M   IV.   La  valeur  de  j  dans  l'équation  [W)  devient  infinie  quand 


o. 


(e)  e'"'  cosm/  +  : 

»  L'expression  de  la  force  qui  produit  le  mouvement  contiendrait 
également  ce  dénominateur  nul.  Ces  déplacements  et  cette  force  infinis 
résultant  d'un  mouvement  fini  d'un  corps  sonore  impliquent  contradic- 
tion. Il  y  a  là  un  cas  singulier  dont  il  faut  essayer  de  rendre  compte. 

«  Et  d'abord,  si  l'on  construit  les  courbes  z  =  co& ml,  m  =  —  —7  pour 

avoir  les  racines  de  (s),  on  voit  qu'à  partir  de  la  seconde  [ml')^,  leur  valeur 
est,  avec  une  approximation  bien  supérieure  aux  erreurs  d'expérience, 

,       ,,,  Stt  ,       ,,,  5tz  I       ,,v  (2/  — l)7r 


»  Quant  à  la  première,  on  peut  la  calculer  aussi  exactement  que  l'on 
veut  par  une  méthode  d'approximation  quelconque,  et  l'on  trouve  bientôt 

(m/'),  =  1,870. 

))   Donc  les  longueurs  l\,  l'.,,   l'^,-.-,  qui  rendent  y  infini,  sont,  à  partir  de 

la  seconde,  en  progression  arithmétique  dont  la  raison  est  —  ou  D. 

»  De  plus,  connaissant  m  pour  chaque  fil,  on  peut  calculer  les  valeurs 

./   1,870         ,,  Stt 

^  m  ^       2  m 

Or,  si  l'on  fait  ce  calcul,  on  trouve  précisément  les  mêmes  valeurs  que 
celles  qui  correspondent  à  ce  que  j'ai  appelé  précédemment  les  points 
d'extinction  du  diapason;  c'est-à-dire  que  les  longueurs  l\,  /'„,•■•  sont  celles 
pour  lesquelles  il  est  impossible  de  faire  vibrer  le  diapason. 

»  Voici  un  tableau  contenant  les  valeurs  de  /', ,  l\  et  l'^  calculées  et  ob- 
servées pour  quelques  fils.  En  songeant  que  les  valeurs  observées  corres- 
pondent à  la  détermination  si  difficile  des  points  de  contact  d'une  courbe 
déterminée  par  points  avec  l'axe  des  x,  on  trouvera,  je  crois,  la  compa- 
raison très-satisfaisante. 


(  '369  ) 


Fi-i;. 

ALUMINIUM. 

CUIVRE. 

,. —  Oitim    ,3 

/■  =  0'""',,I2 

7=0""','|6 

;■=  o™"',12 

calculé. 

(ibservc'. 

calculé. 

observé. 

calculé. 

observé. 

calculé. 

observé. 

/',... 

mm 
35,0 

□nn 
33,5 

mm 
2 '(7  9 

mm 
2 ',,3 

mm 
5o,o 

ni  ni 
/,S,5 

ni  ni 
22,0 

m  111 
21,3 

/;... 

88,0 

S/jO 

C3,0 

65,0 

153,0 

123,0 

55,0 

53,5 

V,... 

1) 

I0/,,.S 

io5,o 

» 

)> 

92,0 

91 ,0 

»  En  outre,  si  l'on  compare  la  série  des  valeurs  de  /'  déduites  de  l'équa- 
tion [i]  à  la  série  des  valeurs  de  l  déduites  de  l'équation  (p.),  on  voit  que 
chacune  des  valeurs  de  l  qui  correspondent  aux  amplitudes  minima  du  bout  libre 
du  fil  est  la  moyenne  des  valeurs  de  l'  entre  lesijuetles  elle  est  comprise. 

»  Ces  deux  derniers  résultats  sont  équivalents  aux  lois  expérimentales 
10  et  II  indiquées  précédemment  [Comptes  rendus,  p.  674). 

»  Supposons  maintenant  que  le  diapason  auquel  le  fil  est  attaché  soit 
fixe,  et  que  l'on  fasse  vibrer  le  fil  à  la  manière  ordinaire,  on  trouvera 
l'équation  de  ce  mouvement,  que  j'appellerai  pour  abréger  mouvement 
propre  du  fil,  en  suivant  la  même  marche  que  précédemment.  Les  condi- 
tions (i)  et  (2)  sont  les  mêmes;  celles  relatives  k  x  =  /sont  :  _/•  =  o  et 


dx 


=  0. 


»  En  négligeant  les  autres  conditions,  on  arrive  aux  équations  suivantes, 
analogues  aux  équations  (a)  et  (/3)  du  précédent  problème  : 

(a')       cosm'bt\Q[&mml -^  ?,\nhml)  +  C[      cosmZ+ cosAm/)]  =  o, 
[[i')    mcosm-bt[C{cosml-hcoshnil)  +  C'{—  s\n ml  H-  sin^/H/)]  =  o. 

En  divisant  ces  deux  équations  l'une  par  l'autre,  on  trouve 

1  +  cosmlcosh  ml  =  o 

et,  en  appliquant  le  système  d'approximation  déjà  em|)loyé, 

(v)  e"''cos»2/+  2  =  0, 

équation  qui  donne,  pour  chaque  valeur  de  /,  une  infinité  de  valeurs  de 
la  quantité  m,  au  lieu  de  la  valeur  unique  qu'elle  avait  dans  le  problème 
précédent;  ces  valeurs  correspondent  aux  divisions  du  fil  en  ses  harmo- 

C.  p..,  1873,  i'  Semestre.  {T.  hXyiVn,  W  25.)  '77 


(  «370  ) 
niques  successifs,  divisions  pour  lesquelles  on  sait  qu'il  y  a  toujours  un 
nœud  au  point  d'eucastreuieut  qui  se  trouve  ici  au  diapason  même. 

»  Inversement,  si  l'on  se  donne  une  valeur  de  m,  on  déduira  de  l'équa- 
tion (v)  une  infinité  de  valeurs  de  /.  Si  l'on  prend  771  =  i/^,  les  équa- 
tions (v)  et  (s)  seront  alors  identiques,  et  le  fil  considéré  dans  son  mouve- 
ment propre  aura,  pour  chaque  valeur  de  /  déduite  de  l'équation  (v),  le 
même  nombre  de  nœuds  semblablement  placés  que  lorsqu'il  est  animé  par 
le  diapason,  et  rendra  le  son  de  celui-ci;  mais  cette  coïncidence  n'est  pos- 
sible que  s'il  y  a  un  nœud  au  diapason,  et,  par  suite,  que  si  le  mouvement 
du  diapason  s'éteint.  L'expérience  prouve  que  c'est  précisément  ce  qui 
arrive.  On  peut  donc  se  rendre  compte,  jusqu'à  un  certain  point,  des  vibra- 
tions curvilignes  du  fil  et  de  la  variation  d'amplitude  du  diapason,  qui  les 
accompagne,  en  admettant  que,  lorsque  dans  le  mouvement  général  du 
fil  animé  par  le  diapason  le  premier  nœud  se  rapproche  du  diapason,  le 
mouvement  propre  du  fd  tend  à  se  produire  en  même  temps  et  se  produit 
faiblement  d'abord  :  il  en  résidte  une  composition  des  deux  mouvements 
donnant  lieu  à  des  vibrations  curvilignes,  qui  augmentent  d'amplitude  à 
mesure  que  l'on  raccourcit  le  fil  et  que  le  nœud  se  rapproche  du  diapason  ; 
mais,  simultanément,  l'amplitude  du  diapason  doit  diminuer  d'une  ma- 
nière continue,  jusqu'au  moment  où  l'on  arrive  à  une  des  longueurs  l 
déduites  de  l'équation  (v)  ou  (s),  pour  lesquelles  le  nœud  doit  se  trouver 
au  diapason;  alors  l'aniplitude  s'annule  et  le  mouvement  propre  du  fil 
séteint  en  même  temps  que  le  mouvement  du  diapason  qui  le  produisait. 
Si  l'on  continue  à  raccourcir  le  fil,  les  mêmes  phénomènes  doivent  se  pro- 
duire et  se  produisent,  en  effet,  en  sens  inverse  avec  une  ro/(/(/ii/(<e  remar- 
quable 

»  En  résumé,  on  retrouve  dans  les  conséquences  déduites  de  l'équation 
générale  (B'^)  tous  les  faits  que  l'expérience  directe  avait  indiqués  aupa- 
ravant, et  il  résulte  de  ces  faits  une  nouvelle  vérification  expérimentale 
des  principes  sur  lesquels  est  fondée  la  théorie  mathématique  de  l'élas- 
ticité.  » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Observations  touchant  l'action  de  certaines 
substances  toxiques  sur  les  Poissons  de  mer.  Note  de  MM.  A.  Rabuteau  et 
F.  Papillon,  présentée  par  M.  Claude  Bernard. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  résultats  prin- 
cipaux d'un  ensemble  d'expériences  assez   nombreuses  que   nous  avons 


(   '^7'   ) 
faites  au  printemps  dernier,  au  laboratoire  île  Concarneau,  touchant  l'ac- 
tion de  plusieurs  alcaloïdes  sur  les  Poissons  de  mer. 

»  On  aurait  pu  croire  cpie  peut-être,  par  suite  des  conditions  spéciales 
de  la  vie  de  ces  animaux,  ils  ne  sont  pas  toujours  affectés  par  les  poisons 
comme  le  sont  les  autres  Vertébrés.  Nous  avons  nettement  reconnu  cpi'en 
général,  et  exception  faite  de  quelques  particularités  assez  intéressantes, les 
poisons  organiques,  les  seuls  que  nous  ayons  étudiés,  agissent  sur  les  Pois- 
sons (le  la  même  façon  que  sur  les  espèces  appartenant  aux  autres  groupes 
du  règne  animal,  ce  qui  confirme  luie  fois  de  plus  la  doctrine  de  M.  Claude 
Bernard,  concernant  l'identité  fondamentale  des  actions  toxiques  élémen- 
taires dans  toute  la  série  vivante.  Les  expériences  suivantes  démontreront 
ce  que  nous  venons  d'avancer. 

»  Strychnine.  —  Un  certain  nombre  de  petits  Poissons  du  poids  de  lo 
à  35  grammes.  Anguilles,  Plies,  Raies,  Blennies,  Hippocampes,  sont  placés 
ensemble  dans  i  litre  d'eau  de  mer  tenant  en  dissolution  ai  centigrammes 
de  strychnine.  Au  bout  de  quatre  heures,  tous  ces  animaux  sont  morts, 
après  avoir  présenté  des  accès  convulsifs  plus  ou  moins  prononcés.  Les 
convulsions  sont  particulièrement  remarquables  chez  les  Plies  et  chez  les 
Raies,  qui  meurent  en  état  d'opisthotonos. 

»  Nous  avons  étudié  aussi  les  effets  de  la  strychnine  au  moyen  d'injec- 
tions sous-cutanées.  Voici  quelques-uns  des  faits  observés  à  ce  sujet  : 

))  Nous  injectons,  sous  la  peau  d'une  Raie  pesant  46  grammes,  5  centi- 
grammes d'une  solution  au  —-^  <^le  chlorhydrate  de  strychnine,  puis  nous  la 
rejetons  dans  l'eau.  Presque  immédiatement  la  queue  de  l'animal  se  porte 
en  arrière,  ses  ailes  se  replient  et  s'infléchissent  vers  la  face  ventrale,  et  sa 
respiration  s'arrête.  Cette  face  est  plus  bleue  que  d'ordinaire.  L'animal 
éprouve  des  convulsions  spontanées,  qu'augmentent  les  excitations  chi- 
miques, électriques  et  mécaniques.  Au  bout  d'un  quart  d'heure  la  respi- 
ration revient,  mais  la  Raie  est  toujours  recourbée  en  deux,  le  dos  en  de- 
dans, le  ventre  en  dehors,  et  la  queue  fortement  arquée.  Une  demi-heure 
après,  la  rigidité  est  encore  la  même,  les  "mouvements  convulsifs  sont 
moins  prononcés,  la  respiration  est  très-lente.  Sept  quarts  d'heure  après 
l'injection,  l'animal  est  mort. 

»  Une  dose  moitié  moindre  de  chlorhydrate  de  strychnine  a  tué,  dans 
les  mêmes  conditions  et  dans  le  même  temps,  une  Sole  du  poids  de 
2o  grammes. 

»  Nous  injectons,  sous  la  peau  d'une  Torpille  du  poids  de  45  grammes, 
5  centigrammes  d'une  solution   au  —;  de  chlorhydrate  de  strychnine. 

177., 


(  '372  ) 
L'animal  présente  d'abord  une  contracture  générale,  ce  qui  ne  l'em- 
péclio  pas  de  donner,  dans  l'espace  de  moins  d'un  quart  d'heure,  trois 
secousses  qui  se  font  sentir  jusqu'au  poignet.  La  Torpille  n'éprouve  pas  de 
convulsions  spontanées,  mais,  lorsqu'on  frappe  sur  le  vase  qui  la  con- 
tient, elle  se  contracte  énergiquement.  Elle  meurt  une  heure  après. 

»  Un  autre  fait  intéressant  relatif  à  l'action  de  la  strychnine,  c'est  la 
persistance  de  l'excitabilité  réflexe  chez  les  animaux  qui  ont  reçu  ce  poison 
à  dose  non  mortelle.  Une  Roussette  de  près  de  2  kilogrammes,  dans  la 
bouche  de  laquelle  nous  avions  introduit  près  de  2  centigrammes  de 
strychnine,  a  présenté  pendant  une  semaine  une  susceptibilité  excessive 
au  toucher. 

»  Morphine.  Les  effets  de  la  morphine  sur  les  mêmes  animaux  sont  sem- 
blables à  ceux  que  l'on  observe  en  administrant  cet  alcaloïde  aux  autres 
Vertébrés.  Une  nijection  de  5  centigrammes  d'une  solution  de  chlorhy- 
drate de  morphine  au  ~,  pratiquée  sous  la  peau  d'une  Torpille  de 
45  grammes,  détermine,  au  bout  de  quelques  instants,  chez  cet  animal,  la 
perte  de  la  sensibilité,  du  mouvement  et  du  pouvoir  électrique.  Au  bout 
d'une  heure  environ,  la  Torpille  est  rétablie  dans  l'état  normal.  La  même 
injection,  faite  à  une  Blennie  du  poids  de  3o  grammes,  l'anesthésie  de  la 
même  façon,  sans  la  tuer.  Une  injection  moitié  moindre  sous  la  carapace 
d'ime  Crevette  du  poids  de  4  grammes  la  tue  immédiatement. 

»  Thébaïne.  —  Nous  injectons  sous  la  peau  d'une  Blennie,  du  poids  de 
40  grammes,  10  centigrammes  d'une  solution  au  -^  ^^  chlorhydrate  de 
thébaïne.  Au  bout  de  cinq  minutes,  l'animal  s'agite  et  paraît  très-surexcité. 
Les  mouvements  respiratoires  continuent  à  s'effectuer.  Il  n'y  a  cependant 
ni  convulsions,  ni  rigidité;  au  bout  de  dix  minutes,  il  se  couche  sur  le  dos 
et  ne  respire  plus;  au  bout  de  vingt-cinq  minutes,  l'animal  étant  en  état 
de  mort  apparente,  on  l'ouvre  et  l'on  constate  que  le  cœur  bat  encore. 

»  Nous  avons  injecté  une  quantité,  moitié  moindre,  de  la  même  solution 
à  une  petite  Raie.  Au  bout  de  cinq  minutes,  l'animal  s'agite;  ses  ailes, 
prises  d'une  sorte  de  frisson  violent,  s'élèvent  et  s'abaissent  alternative- 
ment avec  rapidité;  sa  queue  se  relève  aussi,  comme  dans  l'empoisonue- 
ment  par  la  strychnine,  mais  son  corps  n'est  pas  rigide.  Les  battements 
cardiaques,  nettement  observables  au  travers  de  la  peau,  continuent  à  s'ef- 
fectuer; au  bout  de  dix  minutes,  la  respiration  est  complètement  arrêtée. 
Cette  Raie  n'a  pas  changé  de  couleur;  au  contraire,  la  Blennie  qui  a  servi 
H  l'expérience  précédente,  et  qui  était  d'un  noir  bleuâtre  avant  l'action  du 
poison,  a  passé  au  jaune  verdàtre  pâle  après  l'empoisonnement.  Est-ce  lui 


(   ■^7'^  ) 
phénomène  consécutif  à  l'asphyxie  on  à  quelques  modifications  des  chro- 
nioblastes?  Nous  ne  saurions  le  dire. 

»  La  thébaïne  a  excité  de  violentes  convulsions  chez  la  P>.aie,  tandis 
qu'elle  n'en  a  pas  provoqué  chez  la  Blennie.  Ce  fait  ne  nous  a  pas  étonné, 
puisque,  d'après  les  expériences  de  M.  Cl.  Bernard,  ce  même  alcaloïde  est 
convulsivant  chez  le  Chien,  et  que,  d'un  aulre  côté,  d'après  des  expériences 
de  l'un  de  nous,  cette  base  parfaitement  pure  peut  être  prise  par  l'Homme 
à  la  dose  de  lo  centigrammes  sans  provoquer  aucun  phénomène  d'excita- 
tion. 

»  lodiire  de  tétramétlijlammoniuin . —  Nous  injectons,  sous  la  peau  d'une 
Blennie  pesant  environ  4o  grammes,  lo  centigrammes  d'une  solution  an 
— j  de  ce  sel.  Au  bout  de  trois  ou  quatre  minutes  les  mou%ements  respira- 
toires de  l'animal  sont  à  peu  près  complètement  suspendus;  au  bout  de 
douze  minutes,  la  paralysie  des  nerfs  moteurs  est  totale.  L'électricité  pro- 
voque encore  la  contraction  des  muscles.  Le  cœur  mis  à  découvert  bat 
encore;  une  goutte  de  la  solution  déposée  sur  ce  viscère  l'arrête  presque 
instantanément,  tandis  que,  auparavant,  une  goutte  d'eau  de  mer  n'en  a 
pas  ralenti  les  mouvements.  Une  demi-heure  après  le  cœur  recommence 
a  se  contracter;  on  l'imprègne  d'une  nouvelle  goutte  de  la  solution 
toxique  et  alors  il  s'arrête  pour  toujours;  cependant  les  excitations  élec- 
triques et  mécaniques  y  déterminent  encore  des  contractions,  qui  cessent 
aussitôt  qu'on  retire  l'agent  excitant.  Ces  expériences,  répétées  plusieurs 
fois  par  nous,  contribuent  une  fois  de  pins  à  établir  l'analogie  de  l'action 
de  i'iodure  de  tétraméthylammonium  avec  celle  du  curare  (i). 

))  En  terminant,  nous  signalerons  et  nous  recommanderons  à  l'attention 
des  physiologistes  l'emploi  des  jeunes  Raies  pour  les  études  relatives  à  l'ac- 
tion des  poisons.  Tant  que  ces  animaux  n'ont  pas  atteint  un  diamètre  de 
i5  à  20  centimètres,  ils  ont  la  peau  du  ventre  si  transparente  qu'on  peut 
suivre  avec  facilité,  à  la  vue,  tous  les  changements  qui  surviennent  dans 
leurs  poumons,  dans  leur  coeur  et  dans  leurs  gros  vaisseaux.  » 

EMBRYOGÉNIE.  —  Sur  la  cellule  embryocjène  de  l'œuf  des  Poissons  osseux. 
Note  de  M.  Balbiani,  présentée  par  M.  Cl.  Bernard. 

«  L'interprétation  histologique  de  l'œuf,  envisagé  comme  une  cellule 
simple  dont  le  vitellus  représenterait  le  corps  protoplasmatique,  et  la  vési- 


(i)   Voir  la  Note  publiée  par  l'un  do  nous,  Comptes  rendus,  avril  1878. 


(  -v»  ) 

cille  germinative  le  noyau,  n'a  pas  toujours  existé  sans  conteste  dans  la 
Science.  Henri  Meckel  d'abord,  auquel  se  sont  bientôt  ralliés  Allen 
Thompson  et  Eclter,  s'est  élevé  contre  cette  manière  de  voir  pour  l'œuf 
des  Oiseaux,  et,  dans  un  Mémoire  tout  récent,  M.  W.  His  (  i  )  s'est  égale- 
ment prononcé  contre  elle,  à  propos  de  celui  des  Poissons  osseux. 

En  1864,  dans  un  travail  présenté  à  l'Académie  (2),  j'ai,  moi-même,  es- 
sayé d'établir  qu'il  existe  dans  l'œuf  ovarien  d'un  grand  nombre  d'ani- 
maux deux  corps  vésiculaires,  dont  l'un,  c'est-à-dire  la  vésicule  germina- 
tive ou  de  Purkinje,  occupe  le  centre  de  la  partie  nutritive,  tandis  que 
l'autre,  ou  la  vésicule  embryogène,  est  situé  au  milieu  de  la  partie  plastique 
ou  germe.  Dans  cette  manière  devoir,  l'œuf  devait  donc  être  considéré,  en 
quelque  sorte,  comme  une  cellule  à  deux  noyaux,  dont  chacun  remplirait 
un  rôle  spécial  dans  les  phénomènes  ovogéuiques  ;  mais,  ainsi  qu'on  le 
verra  plus  loin,  des  observations  nouvelles  plus  complètes  m'ont  amené  à 
modifier  considérablement  ma  première  interprétation  du  mode  de  consti- 
tution de  l'œuf  ovarien. 

»  Depuis  bientôt  dix  ans  que  ces  résultats  ont  été  annoncés  à  l'Académie, 
ils  n'ont  guère  fixé  l'attention  des  embryologistes,  ou,  si  quelques-uns  s'en 
sont  occupés  en  passant,  ils  ne  leur  ont  pas  accordé  beaucoup  de  créance. 
Aussi  je  n'en  ai  été  que  plus  heureux  d'apprendre  qu'un  savant  belge, 
bien  connu  par  d'importants  travaux  d'embryogénie,  M.  van  Bambeke, 
venait  de  constater  récemment  l'existence  du  noyau  embryogène  dans  l'œuf 
des  Poissons  osseux  (3). 

»  De  mon  côté,  j'avais,  dès  1864,  dirigé  également  mes  investi£;ations 
sur  les  Poissons  osseux,  et  constaté  chez  eux  la  présence  de  cet  élément 
dans  l'œuf  ovarien.  Dès  cette  époque  aussi,  j'avais  déjà  reconnu  les  grandes 
variations  que  ces  animaux  présentent  entre  eux,  relativement  à  la  facilité 
que  l'on  rencontre  dans  l'observation  de  ce  corps.  Tandis  que  je  ne  l'ai 
jamais  cherché  en  vyin  chez  certains  Poissons,  notaiiunent  les  diverses 
espèces  de  Pleuronectes  (Sole,  Turbot,  Plie,  Limande,  etc.)  et  que  je  l'ai 
constaté  également  chez  la  Carpe,  le  Cyprin  doré,  la  Tanche,  le  Brochet, 
le  Coltus  lœvigaLus  (vulgairement  Crapaud  de  Mer),  j'ai  été  moins  heureux 


(1)  Untersuchungen  ûber  das  Et  iind  die  Eientwicheliwg  dcr  Knochenjîschc,  Leipzig,  iStS. 

{2)  Sur  la  constitution  du  germe  dans  l'œuf  animal  avant  la  Jécondalion  [Comptes 
rendus,  l.  LVIII,  p.  584  et  621;  1864.) 

(3)  De  la  présence  du  noyau  de  Balhiani  dans  l'œuf  des  Poissons  osseux.  Coiniminica- 
tion  préalable.  [Bulletin  de  la  Société  de  Médecine  de   Gand,  i8t3.) 


(  t'^vs  ) 

chez  le  Gardon,  l'Ablelte,  l'Épcrlan,  le  Grondin  et  la  Truite.  Ces  variations 
dans  la  visibilité  du  noyau  enibryogone  sont  évidemment,  et  avant  tout, 
en  rapport  avec  les  différences  spécifiques;  on  en  constate  de  semblables, 
bien  que  moins  étendues,  pour  la  vésicule  germinative;  mais  elles  sont  liées 
aussi  aux  différentes  phases  du  travail  physiologique  dans  l'inférieur  de 
l'appareil  reproducteur. 

»  Avant  de  décrire  la  forme,  la  situation  et  les  autres  caractères  de  ce 
corps,  il  est  nécessaire  de  présenter  ici  une  remarque.  Malgré  le  nom  de 
vésicule  dont  je  me  suis  quelquefois  servi  pour  le  désigner,  il  ne  faut  pas, 
chez  les  animaux  qui  nous  occupent,  s'attendre  à  rencontrer  une  vésicule 
libre,  à  contour  net  et  bien  défini,  comme  l'est  la  vésicule  germinative, 
par  exemple.  Presque  toujours,  on  n'observe  tout  d'abord  qu'une  petite 
niasse  arrondie  ou  ovalaire,  d'apparence  granuleuse,  tranchant  par  sa  ré- 
fringence un  peu  plus  forte  sur  le  protoplasma  pâle  et  homogène  du  jeune 
ovule.  Ce  n'est  qu'en  allant  d'un  œuf  à  l'autre,  s'arrêtant  tanlôrsur  les 
plus  grands,  tantôt  sur  les  plus  petits,  mais  choisissant  toujours  ceux  qu'un 
dépôt  de  granulations  vitellines  opaques  n'a  pas  encore  privés  de  leur 
transparence,  que  l'on  parvient  à  distinguer,  chez  un  certain  nombre,  im 
espace  clair  et  arrondi,  situé  au  miUeu  de  la  masse  granuleuse  précé- 
dente. Cet  espace  correspond  à  la  vésicule  embryogène;  quant  à  la  sub- 
stance qui  l'environne,  nous  reviendrons  bientôt  sur  sa  signification. 

»  Sur  un  grand  nombre  d'ovules  d'une  même  préparation,  il  est  facile  de 
s'assurer  que  ce  corps  est  toujours  placé  très-près  de  la  périphérie  de  l'œuf, 
et,  par  conséquent,  excentriquement  par  rapport  à  la  vésicule  germinative, 
ainsi  que  l'a  très-bien  reconnu,  de  son  côté,  M.  van  Bambeke.  Mais  il  y  a 
plus  :  en  suivant  le  contour  extérieur,  parfaitement  net  et  régulier,  de  la 
sphère  vitelline,  on  reconnaît  que,  arrivé  à  l'endroit  où  se  trouve  la  masse, 
au  lieu  de  passer  par-dessus  celle-ci,  il  s'infléchit  vers  le  centre  de  l'œuf, 
contourne  la  face  interne  de  la  masse,  et,  parvenu  de  l'autre  côté,  reprend 
son  trajet  circulaire;  en  d'autres  termes,  le  corps  dont  il  s'agit,  au  lieu 
d'être  environné  de  toutes  parts  par  la  substance  vitelline,  ainsi  qu'on  pour- 
rait le  croire  dans  certaines  positions  des  ovules,  est,  en  réalité,  extérieur 
au  vitellus.  En  effet,  c'est  un  élément  cellulaire  surajouté  à  l'œuf,  qui  le 
reçoit  dans  une  dépression  de  sa  surface;  par  conséquent,  aux  expres- 
sions de  vésicule  ou  de  noyau  embryogène  que  j'ai  employées  jusqu'ici  pour 
le  désigner,  et  qui  répondent  à  l'idée  que  je  m'en  étais  faite  d'après  mes 
observations  premières,  je  puis  substituer  dorénavant  celle  de  cellule 
embryofjùne  comme  plus  conforme  à  sa  véritable  nature. 


(  i376  ) 

»  Quant  à  l'origine  de  celle  cellule,  je  ne  puis  entrer  ici  dans  le  détail 
des  preuves  qui  me  la  font  considérer  coiuine  ayant  pris  naissance  sur 
l'épithélium  du  follicule  ovariqne  dans  lequel  l'œuf  se  développe;  l'en- 
send)le  des  faits  sur  lesquels  je  base  cette  manière  de  voir  forme  le  sujet  d'un 
travail  soumis  au  jugement  de  l'Académie,  et  sur  lequel  elle  sera  appelée  à 
se  |)roiioncer  prochainement;  mais  il  convient  d'ajouter  ici  quelques  détails 
sur  les  modifications  que  la  cellule  embryogène  éprouve  avec  l'accroisse- 
ment de  l'œuf,  et  son  rôle  dans  l'évolution  génésique  de  ce  dernier. 

»  Dans  de  très-jeunes  ovules  du  Pleuronectes  limanda,  larges  de  o^^joG 
à  o"'™,o7,  cette  cellule  n'offre  elle-même  qu'un  diamètre  de  o™™,oo6, 
tandis  que  la  vésicule  gerniinative  atteint  en  moyeime  o™'",o3.  Au  premier 
abord,  elle  paraît  complètement  entourée  parla  substance  vitelline;  mais, 
avec  un  peu  d'attention,  on  découvre  l'étroit  canal  par  lequel  l'excavation 
qui  la  loge  communique  avec  l'extérieur.  Sur  des  ovules  un  peu  plus  âgés, 
cette  excavation  et  son  canal  se  sont  convertis  en  une  dépression  plus  ou 
moins  profonde  de  la  surface  du  vitellus,  au  fond  de  laqiielle  est  logée  la 
cellule  embryogène.  Par  les  progrès  du  développement,  celle-ci  croît  d'abord 
proportionnellement  avec  l'ovule,  mais  comme,  pendant  ce  temps,  elle 
s'est  entourée  d'une  couche  de  granulations  fines  de  plus  en  plus  abon- 
dantes, il  arrive  un  moment  où  elle  se  dérobe  complètement,  sous  cette 
couche,  aux  regards  de  l'observateur,  et  se  présente  alors  comme  un  noyau 
compacte  formé  de  granulations  cohérentes.  C'est  sous  cet  aspect  que  la 
cellule  embryogène  a  été  aperçue  chez  diverses  espèces  animales  (Gre- 
nouille rousse,  plusieurs  Araignées,  etc.)  par  quelques  observateurs  alle- 
mands et  décrite  par  eux  sous  le  nom  de  noyau  vitellin  [Dotlerkern). 

»  Cette  production  granuleuse  s'étend  dans  un  rayon  de  plus  en  plus 
large  autour  de  la  cellule  embryogène  et  finit  par  former  sur  toute  la  péri- 
phérie de  l'œuf  une  couche  continue  au-dessous  de  laquelle  on  aperçoit 
encore,  pendant  quelque  temps,  le  vitellus  avec  sa  transparence  et  son 
homogénéité  primitives.  Cette  couche  granuleuse  représente  le  premier 
rudiment  du  germe,  lequel  se  compose,  par  conséquent,  d'une  partie  péri- 
phérique plus  mince  et  d'une  partie  centrale  plus  épaisse,  correspondant  à 
son  centre  de  formation,  c'est-à-dire  à  la  cellule  embryogène.  Cette  por- 
tion épaissie  est  probablement  le  point  où  se  formera  plus  tard,  dans  l'œuf 
fécondé  ou  même  avant  la  fécondation,  suivant  quelques  travaux  récents, 
ce  que  l'on  a  nommé  proprement  le  germe  ou  la  ckalriculc  dans  l'œuf  des 
Poissons  osseux.  Quant  à  la  partie  périphérique,  elle  revêt  dans  l'œuf  mùr, 
durci  artificiellement,    l'apparence  d'une  membrane  qui  a  reçu  diverses 


(  '377  ) 
dénominations,  suivant  l'idée  que  les  auteurs  se  sont  formée  de  sa  signifi- 
cation [membrane  vilelline,  OEllachcr,  couche  corlicate  du  vitetlus,  His). 

»  A  mesure  que  l'œuf  approche  du  terme  de  sa  maturation,  son  opacité 
augmente  par  le  dépôt  de  plus  en  plus  abondant  de  corpuscules  vitellins 
dans  son  intérieur.  La  vésicule  germinative  peut  encore  parfois  être  dis- 
tinctement aperçue,  alors  que  la  cellule  embryogène  a  depuis  longtemps 
cessé  d'être  visible.  C'est  probablement  celte  circonstance  qui  a  induit 
M.  van  Bambeke  à  penser  que  cette  dernière  disparaît  avant  la  maturité  de 
l'œuf  et  que  sa  disparition  précède  celle  de  la  vésicule  germinative.  Bien 
que  je  n'aie  aucune  preuve  positive  pour  affirmer  qu'il  en  soit  aulrement, 
je  crois  néanmoins  pouvoir  conclure,  par  analogie  avec  mes  observations 
sur  l'Araignée,  que  non-seulement  la  cellule  embryogène  survit  à  la  vési- 
cule germinative,  mais  existe  encore  dans  l'œuf  fécondé  et  en  voie  de  dé- 
veloppement embryonnaire.  Mais  on  conçoit  toute  la  difficulté,  pour  ne 
pas  dire  l'impossibilité,  que  doit  présenter  la  recherche  d'un  corps  aussi 
délicat  au  sein  d'une  émulsion  abondante  comme  celle  formée  alors  par  le 
vitellus. 

))  En  résumé,  l'œuf  des  Poissons  osseux  présente  la  même  composition 
que  celle  dont  j'ai  antérieurement  essayé  de  démontrer  l'existence  pour 
l'œuf  des  Articulés,  c'est-à-dire  que,  chez  tous  ces  animaux,  le  germe  a  la 
forme  d'une  vésicule  étalée  à  la  surface  de  l'œuf  et  renfermant  dans  son 
intérieur  le  vitellus  de  nutrition.  Non-seulement  la  partie  plastique  et  la 
partie  nutritive  présentent  une  indépendance  réciproque  complète,  aussi 
haut  que  l'on  peut  remonter  dans  l'observation  des  phénomènes  ovogé- 
niqups,  mais  elles  ont  chacune  une  origine  différente.  Tandis  que  le  prin- 
cipe nutritif  est  directement  déposé  au  centre  de  l'œuf,  avec  ou  sans  le 
concours  d'éléments  étrangers  introduits  du  dehors,  point  que  les  auteurs 
discutent  encore,  le  germe  se  forme  à  la  périphérie  sous  l'influence  d'une 
cellule  particulière,  la  cellule  embryogène,  émanée  de  la  paroi  de  la  loge 
ovarique,  et  qui  de  bonne  heure  vient  se  réunir  au  jeune  ovule.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  De  la  chronologie  du  follicule  dentaire  chez  les  Mammifères. 
Note  de  MM.  E.  Magitot  et  Ch.  Legros,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Dans  une  précédente  Communication,  nous  avons  eu  l'honneur  de 
faire  connaître  à  l'Académie  les  résultats  de  nos  recherches  sur  le  mode 
d'origine  et  la  formation  du  follicule  dentaire  chez  les  Manuiufères.  Au- 
jourd'hui nous  présentons  un  travail  qui  a  pour  but   la  fixation  exacte 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  23.)  '  7° 


(  i378  ) 
des  époques  de  la  vie  embryonnaire  ou  des  premiers  temps  qui  suivent  la 
naissance  auxquels  apparaissent  les  divers  organes  qui  concourent  à  la 
formation  du  follicule  dentaire.  Cette  étude,  qui  a  nécessité  l'examen  d'un 
grand  nombre  d'embryons,  tant  de  l'Homme  que  de  divers  Mammifères 
domestiques,  nous  a  fourni  les  données  suivantes  : 

»  En  ce  qui  concerne  l'Homme,  chez  lequel  les  résultats  offrent  le  plus 
d'intérêt  et  le  plus  grand  nombre  d'applications,  nos  observations  ont 
porté  sur  une  série  d'embryons  présentant  depuis  3  centimèlres  de  lon- 
gueur totale,  ce  qui  correspond  à  la  septième  semaine,  jusqu'au  moment 
où  il  atteint  37  centimètres,  c'est-à-dire  six  mois  et  demi.  Cette  première 
série  nous  a  permis  de  fixer  toutes  les  périodes  d'évolution  des  follicules 
de  la  première  et  une  partie  de  ceux  de  la  seconde  dentition.  Les  autres 
phases  de  cette  dernière  ont  été  établies  par  l'étude  de  sujets  voisins  du 
terme  ou  chez  des  nouveau-nés  de  divers  âges. 

»  Le  plus  petit  de  ces  embryons,  mesurant  3  centimètres  (septième 
semaine),  a  permis  de  déterminer  qu'à  cette  époque  on  ne  rencontre  aucun 
point  d'ossification  sur  une  partie  quelconque  de  la  face  et  du  crâne.  Seule 
la  mâchoire  inférieure  présente  quelques  travées  osseuses  rudimenlaires 
au  voisinage  du  cartilage  de  Meckel.  Au  point  de  vue  de  l'évolution  folli- 
culaire, nous  n'avons  constaté  chez  cet  embryon  que  l'existence  du  bour- 
relet épithélial.  La  lame  épithéliale  n'est  pas  encore  formée. 

»  Une  série  d'embryons  humains  mesurant  5|  centimètres,  7  |  cen- 
timètres, 1 1  centimètres  et  20  centimètres,  a  permis  de  fixer  les  époques 
d'apparition  de  la  laine  épithéliale,  de  Vorgane  de  téinail,  du  bulbe,  de  la 
paroi  folliculaire  jusqu'au  moment  où  celle-ci  effectue  la  clôture  du  sac. 

»  Sur  le  dernier  de  ceux-ci,  c'est-à-dire  sur  celui  de  20  centimètres, 
nous  avons  établi  l'époque  exacte  où  le  cordon  du  follicule  de  t/euxième 
dentition  se  détache  du  cordon  de  follicule  primitif. 

»  C'est  sur  un  embryon  de  23  ^  centimètres  de  longueur  que  nous 
avons  vu  le  follicule  secondaire,  représenlé  par  son  cordon  épithélial,  se 
séparer  du  cordon  primitif  pour  poursuivre  isolément  son  évolution  dis- 
tincte. Les  phases  ultérieures  de  ce  développement  ont  pu  être  fixées  sur 
des  embryons  dont  la  dimension  variait  entre  27  et  4o  centimètres. 

»  En  ce  qui  concerne  la  chronologie  des  follicules  des  molaires  perma- 
nentes de  l'homme,  qui  ne  sont  pas  précédées  de  dents  temporaires  cor- 
respondantes, les  époques  d'apparition  de  leurs  parties  constituantes  ont 
été  établies  à  partir  de  20  centimètres  pour  le  début  de.  la  première  mo- 
laire, du  troisième  mois  après  la  naissance  pour  la  seconde^  el  de  la  troi- 
sième année  poiu-  la  dcriiiàc  ou  dent  de  sagesse. 


(  '379  ) 


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»  Cette  étude  chronologique,  poursuivie  chez  d'autres  Mammifères,  nous 
a  donné  des  résultats  beaucoup  moins  précis,  en  raison  des  incertitudes  qui, 
pour  quelques  espèces,  subsistent  sur  les  rapports  entre  les  dimensions  de 
l'embryon  et  leur  âge. 

))  Nous  donnerons  seulement  sur  ce  point  les  documents  suivants,  l'en- 
semble de  ces  recherches  devant  être  publié  ultérieurement  : 

»  Chez  le  Mouton,  c'est  lorsque  l'embryon  a  Sa  millimètres  que  l'on 
voit  apparaître  la  lame  épilhéliale.  Antérieurement  à  cette  époque,  on  ne 
constate  que  le  6o(iA;'e/e<;  à  72  millimètres,  l'organe  de  l'émail  se  détache 
de  la  lame;  à  81  millimètres,  le  biitbe  est  apparu  et  la  paroi  folliculaire  se 
détache  de  sa  base;  à  ii5  millimètres,  le  follicule  est  clos  et  l'on  voit  ap- 
paraître les  premiers  rudiments  du  chapeau  de  dentine. 

»  Chez  le  Cheval,  l'examen  de  quatre  embryons  nous  a  permis  d'établir 
les  données  suivantes.  A  cent  jours,  les  organes  de  l'émail  des  incisives 
sont  distincts  et  se  détachent  de  la  lame  épithéliale;  les  follicules  des 
molaires  sont  à  un  état  un  peu  plus  avancé.  A  cent  quatre-vingt-dix 
jours,  les  follicules  des  incisives  sont  clos;  les  molaires  sont  dans  un  état 
à  peu  près  analogue.  A  deux  cents  jours,  les  follicules  sont  arrivés  à  leur 
entier  développement,  qui  précède  de  quelques  jours  l'apparition  du  cha- 
peau de  dentine;  les  follicules  des  incisives  permanentes  sont  visibles, 
mais  non  encore  clos.  A  deux  cent  vingt  jours,  les  follicules  temporaires 
sont  très-volumineux;  le  chapeau  de  dentine  est  déjà  considérable;  les 
deux  organes  du  cément  coronaire  et  radiculaire  sont  en  place  et  tout  à 
fait  développés. 

»  Des  recherches  analogues  ont  été  entreprises  chez  des  embryons  de 
Veau,  de  Chien  et  de  divers  Rongeurs;  l'exposé  des  résultats  dépasserait 
les  limites  de  cette  Communication.  » 


CHIRURGIE.  —  Expériences  sur  l'emploi  de  la  galvanocaustie  dans  les  opérations 
chirurgicales.  Note  de  MM.  Ch.  Leuros  et  Onimus  (présentée  par  M.  Sé- 
dillot). 

H  Plusieurs  chirurgiens  ont  déjà  indiqué  que  les  escarres  galvanocaus- 
tiques  enfoncées  dans  la  cavité  péritonéale  sont  susceptibles  de  se  résorber 
sans  suppuration.  L'innocuité  de  ces  escarres  a  été  démontrée  par  plu- 
sieiu's  expériences;  mais,  dans  celles-ci,  les  opérations  qui  ont  été  faites 
avec  le  galvanocautère  auraient  pu,  à  la  rigueur,  être  faites  avec  succès 
par  les  instruments  tranchants.  Pour  mieux  démontrer  les  avantages  delà 


(  i38i  ) 
galvanocaustie,  nous  avons  déterminé  des  lésions  inira-péritonéales  avec  le 
galv.'inocautère,  lésions  habituellement  mortelles  avec  d'autres  procédés. 

»  Nous  avons  ainsi,  sur  des  rats  et  sur  des  chiens,  après  avoir  ouvert 
l'abdomen,  enlevé  une  portion  du  foie  au  moyen  du  couteau  galvanocaus- 
tiqiie.  En  procédant  lentement,  nous  n'avons  eu  aucune  hémorrhagie,  et 
les  animaux  se  sont  complètement  remis  de  ces  opérations. 

»  A  l'autopsie  faite  sur  ces  animaux,  sacrifiés  trois  semaines  après  l'opé- 
ration, on  trouve,  chez  un  rat,  auquel  on  avait  enlevé  une  portion  notable 
du  lobe  du  foie,  et  qui  n'a  jamais  eu  de  symptôme  ictériqne,  le  foie  abso- 
lument sain,  et,  dans  la  partie  sectionnée,  de  nombreuses  et  fortes  adhé- 
rences avec  l'estomac  et  une  portion  de  l'intestin. 

»  Chez  un  chien,  on  trouve  à  l'autopsie  le  péritoine  sain  ;  le  foie  est 
libre  de  toute  adhérence  avec  la  plaie  extérieure.  Au  niveau  de  la  section  du 
lobe,  il  existe  des  brides  assez  longues  allant  du  foie  au  côlon  Iransverse,  au 
côlon  et  à  l'estomac.  Les  bords  de  la  section  sont  légèrement  recroquevillés, 
et  le  lobe  se  termine  par  une  surface  obtuse,  communiquant  avec  les  néo- 
membranes. Celles-ci  sont  vasculaires  et  ne  renferment,  nulle  part,  aucune 
trace  de  pus  ni  d'inflammation.  En  tirant  sur  ces  brides,  on  remarque 
qu'elles  se  continuent  avec  la  membrane  de  Glisson.  On  conçoit  combien 
cette  opération  serait  impraticable  avec  d'autres  procédés,  car  il  est  diffi- 
cile, sinon  impossible,  de  mettre  une  ligature  sur  un  lobule  du  foie  :  la 
section  entraîne  forcément  une  hémorrhagie;  les  caustiques  seuls  pour- 
raient agir  dans  le  même  sens  que  la  galvanocaustie,  mais  leur  action  ne 
pourrait  être  limitée  et  agirait  très-imparfaitement. 

»  La  galvanocaustie  a,  dans  ces  cas,  non-seulement  supprimé  toute  hé- 
morrhagie, mais  empêché  l'écoulement  de  la  bile  dans  le  péritoine,  et  elle 
a  produit  une  escarre  qui  s'est  résorbée  sans  suppuration  et  sans  inflam- 
mation du  péritoine. 

»  On  comprend,  d'un  autre  côté,  combien  une  section  faite  dans  le 
tissu  d'une  glande  entraîne  des  accidents  bien  plus  graves  que  l'ablation 
d'une  glande  entière;  car  dans  ces  cas  l'escarre  est  plus  grande,  et  il  faut 
non-seulement  que  l'hémorrhagie  soit  arrêtée,  mais  même  que  les  liquides 
de  la  sécrétion  ne  puissent,  par  cette  section,  se  déverser  dans  le  péritoine. 

»  Nous  avons  également,  sur  deux  chiens,  enlevé  une  portion  des 
reins.  Sur  l'un,  nous  avons  coupé  le  rein  dans  presque  toute  sa  longueur 
en  mettant  à  nu  les  bassinets;  il  nous  a  été  impossible  d'oblitérer  com- 
plètement ces  bassinets,  et,  l'urine  venant  à  suinter  dans  le  péritoine, 
l'animal  est  mort  au  bout  de  quarante-huit  heures. 


{  i382  ) 

»  Sur  le  second  chien,  nous  avons  fait  une  section  très-profonde  dans 
la  couche  corticale,  mais  sans  mettre  à  nu  les  bassinets.  Ce  chien  a  vécu 
dix  jours,  sans  présenter  de  symptômes  graves,  mais,  le  dixième  jour,  il  est 
tombé  malade  et  a  succombé  rapidement.  A  l'autopsie,  on  trouve  à  la 
place  de  l'escarre  quelques  adhérences,  et,  en  examinant  au  microscope  la 
surface  de  la  plaie,  on  constate  la  présence  de  cellules  épithéliales  nor- 
males des  séreuses,  et  un  grand  nombre  d'éléments  embryo-plastiques. 
La  plaie  était  donc  en  voie  de  cicatrisation.  Au  fond  de  la  perte  de  sub- 
stance, on  découvre  une  petite  ouverture,  communiquant  avec  un  large 
bassinet,  par  laquelle  l'urine  a  dû  s'écouler  au  moment  de  la  chute  de 
l'escarre.  Sans  cette  communication  directe  avec  un  bassinet,  tout  fait 
supposer  que  la  cicatrice  se  fût  faite  sans  accident. 

»  Dans  un  autre  ordre  d'idées,  mais  toujours  dans  le  but  de  montrer 
l'innocuité  des  escarres  galvanocaustiques,  nous  avons  transpercé  de  part 
en  part,  avec  une  large  aiguille,  le  thorax  d'un  cobaye,  et  nous  avons 
aussitôt  cautérisé  cette  longue  plaie  du  poumon,  au  moyen  d'un  fil  de 
platine  rougi  par  le  courant  électrique.  L'animal  a  survécu  sans  accidents, 
et  sa  plaie  est  complètement  cicatrisée. 

»  Ces  faits,  dont  quelques-uns  n'ont,  comme  procédés  opératoires,  que 
peu  de  valeur  pratique,  indiquent,  d'une  façon  incontestable,  l'innocuité 
des  escarres  galvanocaustiques  dans  les  cavités  péritonéales  et  pleurales, 
ainsi  que  la  supériorité  de  cette  cautérisation  sur  les  autres  procédés  pour 
l'ablation  ou  la  cautérisation  des  organes  renfermés  dans  ces  cavités.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  marnes  à  huîtres  de  Fresnes-lès-Rungis  [Seine); 
Note  de  M.  Stan.  3Ieunier,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  Il  existe,  dans  le  village  même  de  Fresnes-lès-Rungis,  une  petite  car- 
rière, maintenant  abandonnée,  et  qui  présente,  de  haut  en  bas,  sur  une 
épaisseur  de  3  à  4  mètres,  les  couches  suivantes.  Au-dessous  de  la  terre 
végétale  se  montrent  successivement  : 

»    1°  M<irne  blanche  pétrie  d'OôYrnprt  cj)fl?/;«/a  ; 
•   2°  Marne  brime  ; 
»   3°  Marne  blanche  sans  fossiles; 
»   4°  Marne  brune  identique  au  n°  2; 
»   5°  Marce  blanche  sans  fossiles,  identique  au  n"  3  j 
»   6°  Marne  pétrie  à'Ostrœa  tongirostris  ; 
»   7°  Marne  sableuse,  très-blanche  ; 

»  8°  Enfin,  calcaire  à  ceriihium  plicatum,  cytherœa  incrassata,  inilliolites,  pinces  de  Crus- 
tacés, etc. 


(  i383  ) 

»  C'est  ce  calcaire  qui  faisait  l'objet  de  l'exploitation  aujourd'hui  inter- 
rompue; on  le  voit  sur  plus  d'un  mètre  d'épaisseur,  mais  son  support 
n'est  pas  visible. 

»  Entre  Petit-Fresnes  et  Chevilly,  une  exploitation  de  meulières  de  Brie 
montre  ce  même  calcaire  en  couches  bien  plus  minces,  surmonté  de  marne 
blanche,  à  laquelle  succède  la  couche  à  0.  tongirostris,  et  reposant  sur  un 
petit  lit  de  marne  rougeâtre  qui  surmonte  les  meulières. 

))  La  position  de  ce  calcaire  est  donc  nettement  déterminée,  et  il  y  a 
lieu,  par  conséquent,  de  figurer  désormais  sur  la  carte  géologique  le  sable 
de  Fontainebleau,  dont  il  constitue  la  base,  dans  cette  partie  occidentale 
du  plateau  de  Villejuif. 

»  Ce  point  établi,  revenons  à  la  carrière  de  Fresnes.  Les  couches  y  sont 
nettement  inclinées  vers  le  nord-ouest,  ce  qui  fait  que,  dans  une  portion  de 
la  carrière,  c'est  la  couche  à  O.  longirostris  qui  affleure,  tandis  que  dans 
une  autre,  et  quoique  ces  assises  soient  restées  parallèles  entre  elles,  c'est 
la  couche  à  O.  cjalhula.  Ce  fait,  uni  à  cet  autre,  que  les  Huîtres  sont  ici  à 
la  cote  de  8i  mètres,  tandis  qu'à  Chevilly  les  meulières  de  Brie  sont  à  celle 
de  87  mètres,  montre  qu'il  y  a  eu  glissement  en  masse,  glissement  causé 
sans  doute  par  un  taisement  des  marnes  vertes  sous-jacentes. 

»  Un  point  sur  lequel  je  désire,  en  outre,  appeler  l'attention,  c'est  la 
présence  dans  la  couche  à  O.  cjalhula  (n°  i  de  la  coupe  ci-dessus)  de  nom- 
breux petits  galets  de  calcaire,  offrant  tous  les  caractères  de  pierrailles  long- 
temps battues  par  les  flots.  Il  en  résulte,  je  crois,  que  Fresnes-lès-Rungis 
est  précisément  placé  sur  le  littoral  de  la  mer  où  vivaient  les  0.  cyatliula. 
Celles-ci  se  sont  souvent  fixées  sur  les  galets  qui  nous  occupent,  comme 
l'ont  fait  aussi  des  Serpules,  des  Balanes,  des  Bryozoaires  et  d'autres  ani- 
maux marins. 

»  Ce  qui  ajoute  de  l'intérêt  à  cette  remarque,  c'est  que,  en  examinant  ces 
galets  calcaires  et  en  les  brisant,  on  constate  qu'ils  sont  fossilifères.  Cer- 
tains d'entre  eux  sont  comme  pétris  de  petites  Bithinies  qui  ne  paraissent 
correspondre  à  aucune  de  celles  que  M.  Deshayes  décrit  comme  apparte- 
nant au  terrain  des  sables  de  Fontainebleau.  Au  contraire,  elles  m'ont 
paru  identiques  à  la  B.  pusilla  du  calcaire  de  Saint-Ouen. 

»  Si  l'on  fait  attention  que  les  galets  calcaires  que  je  signale  ont  la  plus 
grande  analogie  d'aspect  et  de  texture  avec  les  calcaires  lacustres,  on  sera 
porté  à  croire  que  c'est  par  la  dtmolition  du  travertin  inféi  ieur  que  la  mer 
des  O.  c/atitula  a  produit  à  Fresnes  ses  galets. 

»  J'ajouterai  que  la  petite  Bithinie  contenue  à  l'intérieur  des  galets  se 


(  i384  ) 
retrouve  autour  d'eux  dans  l'argile  où  ils  sont  noyés;  mais,  avant  d'ad- 
mettre qu'elle  est  contemporaine  del'O.  c/ntliula,  on  peut  présumer  qu'elle 
subsiste  après  la  désagrégation  du  calcaire  marneux  qui  la  contenait  déjà 
à  l'état  fossile  et  que  sa  petitesse  l'a  préservée  de  toute  altération. 

»  On  voit  qu'il  résulte  de  ces  faits,  non-seulement  la  connaissance  d'un 
point  du  littoral  de  la  mer  des  Huîtres,  mais  aussi  celle  de  l'âge  des  falaises 
qui  la  bordaient  en  ce  point.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Observation  d'ini  bolide  à  Fersnilles,  le  3  décembre  fS'jZ; 
Lettre  de  M.  Martin  dk  Brettes  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Ce  soir,  3  décembre  1873,  à  7'"  10",  j'ai  aperçu,  en  traversant  à  peu 
près  du  sud  au  nord  la  place  d'Armes  de  Versadies,  un  peu  vers  l'est  et  à 
une  hauteur  angulaire  d'environ  3o  degrés,  un  gros  bolide  lumineux.  Il 
se  dirigeait  de  l'ouest  vers  l'est  et  s'est  brisé  en  plusieurs  éclats,  qui  for- 
maient une  gerbe  lumineuse,  divergeant  vers  l'est  et  dont  l'axe  tournait  sa 
concavité  vers  la  Terre.  Je  n'ai  pu  voir  qu'une  petite  partie  des  trajec- 
toires, qui  ont  disparu  derrière  les  maisons,  au  nord  de  l'avenue  de  Saint- 
Cloud,  dont  la  direction  est  ouest-est. 

»  Le  phénomène  n'a  duré  que  quelques  secondes.  Je  me  suis  arrêté 
pendant  dix  minutes  environ,  pour  attendre  le  bruit  de  l'explosion  :  je 
n'ai  rien  entendu.   » 

HYDROLOGIE.  —  Nouvelle  analyse  de  l'eau  de  la  fontaine  Saint-Thiéhaul, 
à  Nanrj ;  par  M.  P.  Gityot. 

«  L'eau  ferrugineuse  de  la  fontaine  Saint-Thiébaut,  connue  à  Nancy  de- 
puis environ  i64o,  est  très-fraîche,  limpide  et  laisse  par  l'évaporation  un 
sédiment  calcaire,  coloré  en  rouge  par  du  fer.  Sa  densité  est  de  i,oo4  et 
sa  température  de  +  8  degrés.  Son  titre  hydrolimétrique  est  de  S/j  degrés. 
Elle  contient  par  litre  : 

»  Acide  carbonique  libre  :  oe'',oi8;  —  carbonate  de  chaux  :  o^^Sio;  —  carbonate  de 
fer  :  o^'^oio;  —  des  traces  de  carbonate  de  magnésie;  —  sulfate  de  chaux  :  o«'',35o; 
—  sulfate  de  magnésie  :  o^^oiS;  —  chlorure  de  sodium  :  of',059;  —  traces  de  chlorure 
de  potassium;  —  sesquioxyde  de  fer  :  o«%02o;  —  silice  et  alumine  :  os^oio;  —  traces 
d'arséniate  de  fer,  de  fluor,  d'acide  crénique  et  apocrénique.  —  Total..  .  .   o''',8o2.  » 


(   i385  ) 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Etudes  sur  divers  combustibles  du  bassin  de  Douetz 
et  de  Toula  [Russie).  Analyses  et  déterminations  calorimétriques.  Note  de 
MM.  A.  Schecrer-Kestner  et  Ch.  Meunier- Dollfus,  présentée  par 
M.  Balard. 

«  La  Russie  possède  d'immenses  ressources  houillères,  dans  les  terrains 
carbonifères  du  bassin  lie  Doneiz.  Ces  gisements  commencent  à  être  ex- 
ploités. Il  n'est  pas  douteux  que,  lorsqu'ils  auront  été  reliés  à  la  mer 
d'Azof  par  des  voies  de  transport,  ils  fourniront  des  combustibles  qui 
pourront  être  substitués  avantageusement  aux  houilles  anglaises,  dans  la 
mer  Noire  et  dans  quelques  stations  de  la  Méditerranée.  Plusieurs  de  ces 
combustibles  sont  d'une  pureté  exceptionnelle  et  ne  produisent,  à  la  com- 
bustion en  grand,  que  a  à  3  pour  loo  de  cendres.  Nous  avons  eu  l'occasion 
d'en  étudier  quelques-uns.  Les  résultats  des  recherches  que  nous  avons 
l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie  font  suite  à  ceux  que 
nous  avons  communiqués  précédemment  (i). 

»  Nous  avons  reconnu, d'une  manière  générale,  dans  nos  expériences  sur 
les  combustibles  minéraux,  que  leur  chaleur  de  combustion  est  supérieure  à 
celle  qui  est  indiquée  par  le  calcul  fait  suivant  la  loi  deDulong.Les  houilles 
de  Ronchamp,  du  Creusot,  de  Blanzy,  de  Saarbruck,  de  Denain,  d'Anziu 
et  deux  houilles  anglaises  ont  toutes  présenté  ce  caractère;  certains  lignites 
seuls  ont  donné  des  résultats  inférieurs  au  calcul.  Les  houilles  russes  de 
Donetz,  tout  en  ne  s' écartant  pas  d'une  manière  absolue  des  précédentes, 
présentent  cependant  une  différence  assez  sensible  avec  celles-ci,  sous  le 
rapport  de  leur  pouvoir  calorifique.  Ainsi,  parmi  celles  que  nous  avons 
étudiées,  il  y  en  a  deux  dont  la  chaleur  de  combustion  ne  dépasse  pas  de 
plus  de  I  à  2  pour  loo  le  résultat  du  calcul;  une  troisième,  au  contraire, 
reste  un  peu  au-dessous  (2).  Quant  au  lignite  de  Toula,  il  possède  les  qua- 
lités de  certains  lignites  de  France  et  de  Bohême  que  nous  avons  étu- 
diés (3).  Sa  chaleur  de  combustion  est  très-inférieure  au  nombre  obtenu 
par  l'addition  de  la  chaleur  de  combustion  de  ses  éléments;  mais  elledé- 

(i)  Comptes  rendus,  t.  LXVII,  p.  GSg  et  1002;  t.  LXVIII,  p.  608;  t.  LXIX,  p.  412; 
t.LXXIlI,  p.  1061   et  i332. 

(2)  Ce  combustible  est  difficile  à  Lrùler  dans  le  calorimètre.  Il  produit  beaucoup  de  noir 
de  fumée;  aussi  ne  sommes-nous  pas  arrivés  à  obtenir  des  nombres  très-concordants.  Il  se 
peut  que  la  différence  observée  tienite  à  un  défaut  de  combustion. 

(3)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  ^^  série,  l.  XXVI  ;  1872. 

C.  R.,  1873,  a»  Semestre.  (T.  LXXVH,  M»  23.)  '  79 


(  i386  ) 
passe  de  beaucoup  celle  qu'on  obtient  par  le  calcul   fait  suivant  la  loi  de 
Dulong. 

Anthracite  Houille                       Houille  Lignite  de  Toula 

Grouchesski  fDon).  Mioucki  (Don).       Galoubosski  (Don).  (Gouv.duRiazan) 

Cumbastible    Couibustible  Combnst.    Combust.        Combast.    Combust.  Lignite      Liçnile 

brut.                pur.  brut.           pur.                brut.           pur.  brut.          pur. 

Carbone 91,30        96,66  89,97       91, .'|5           77,47       82,67  54,.37       73,72 

Hydrogène 1,27           1,35  4,43         4>5o            4)75         5, 07  4>'i9        ^'°9 

Oxygène  et  azote,  avec  trace 

de  soufre 1,88           1,99  3,98        4,o5           11,48       12,26  14,89       20,19 

Cendres 1,57            »  0,23          »                 1,42           »  16,86          « 

Eau 4,08            »  1,39           »                 4,88          ..  9,39           «^^ 

100,00   100,00  100,00  100,00    100,00  100,00  100,00  100,00 

Cbaleur  Chaleur                          Cbalenr  Clialeur 

de  combustion.  de  combuslion.                 de  combustion.  de  combustion. 

Combustible  brut 7855  "I  (i)  8546  "1  (2)                75o5  "' (3)  0794  "1  (4) 

.)           pur S259  8695                            8021  7687 

Chaleur  calculée  A  (somme 

de  chaleur  de  combustion 

des  éléments) 8277  Sg.'jG                            8434  8o63 

Chaleur  calculée  B  (d'après 

la  loi  de  Dulong) 8igo  8773                            7904  7191 

»  Ces  expériences  montrent,  encore  une  fois,  qu'il  est  impossible  de  se 
rendre  compte  de  la  valeur  de  ce  genre  de  combustibles  par  la  connais- 
sance de  leur  composition  élémentaire.  Nous  avons  eu  entre  les  mains  des 


(11  La  calcination  en  vase  clos  donne  91  pour  100  de  résidu  mal  aggloméré. 

La  chaleur  de  combustion  est  à  peu  près  égale  à  celle  que  donne  l'addition  de  celle  des 
éléments  qui  la  composent. 

Cette  chaleur  de  combustion  a  été  déterminée  au  moyen  du  calorimètre  k  combustions 
vives,  qui  nous  a  servi  dans  nos  expériences  antérieures.  Dans  nos  calculs,  afin  que  les  ré- 
sultats actuels  restent  comparables  aux  précédents,  nous  n'avons  pas  fait  usage  de  la  nouvelle 
formule  de  MM.  Jamin  et  Araaury.  L'emploi  de  cette  formule  aiirait  augmenté  d'environ 
2  pour  100  le  nombre  des  calories  accusées  par  notre  calorimètre. 

(2)  La  calcination  en  vase  clos  a  produit  80  pour  100  de  coke  très-dur. 

La  chaleur  de  combustion  de  la  houille  IVlioucki  est  un  peu  inférieure  à  la  somme  de  celles 
des  éléments.  La  combustion  de  celte  houille  étant  difficile,  on  ne  parvient  pas  à  empêcher 
la  formation  du  noir  de  fumée  dans  le  calorimètre.  On  peut  donc  admettre  que  la  chaleur 
de  combustion  observée  doit  être  à  peu  près  égale  à  celle  que  donne  le  calcul  fait  suivant  la 
loi  de  Dulong. 

(3)  La  calcination  en  vase  clos  a  produit  60  pour  100  de  coke  bien  aggloméré,  mais  moins 
consistant  que  le  précédent. 

La  chaleur  de  combustion  est  supérieure  à  celle  que  donne  le  calcul  fait  d'après  la  loi  de 
Dulong. 

(4)  La  calcination  en  vase  clos  laisse  fio  pour  100  de  résidu  jiulvérulent. 

Ce  lignite  est  connu,  à  Moscou,  sous  le  nom  de  houille  ou  lignite  de  Toula.  Plaques  qui  se 


(  i387  ) 
échantillons  de  houille  très-rapprochés  par  leur  composition  élémentaire 
et  dont  le  pouvoir  calorifique  variait  beaucoup.  Voici,  comme  exemple, 
la  comparaison  entre  un  échantillon  de  houille  de  Ronchamp  et  la  houille 
Mioucki  ci-dessus  : 

Ronchamp.  Mioucki. 

Carbone 88,38  9' 54^ 

Hydrogène 4>42  4>So 

Oxygène  et  azote 7,20  4>''^ 

100,00  ioo,oo 
Chaleur  de  combustion. .  .         91  '7  calories  86g5  calories 

»  Il  semblerait,  au  premier  abord,  que  la  houille  Mioucki  dîit  posséder 
une  chaleur  de  combustion  supérieure  à  celle  de  la  houille  de  Roncham|)  ; 
c'est  le  contraire  qui  a  lieu  :  la  différence  est  considérable,  puisqu'elle 
dépasse  45o  calories,  ou  5  pour  100.  Il  est  vrai  que  ces  houilles,  assez 
rapprochées  quant  à  leur  composition  élémentaire,  différent  notablement 
quant  à  leur  composition  immédiate  :  la  première  dégage,  par  la  cal- 
cination  en  vase  clos,  des  hydrocarbures  renfermant  70  pour  100  de 
carbone,  tandis  que  les  hydrocarbures  de  la  seconde  en  renferme!)! 
80  pour  100.    » 

M.  J.  RonBY  adresse  une  Note  relative  à  un  moyen  pour  prévenir  les 
inondations. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart.  É.  D.  R. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i*"  décembre  1873,  les  ouvraj^es 
dont  les  titres  suivent  : 

Biillelm  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous 
la  rédaction  du  D"^  Renard f  année  1873,  n°  i.  Moscou,  1873;  i  vol. 
in-8°. 

brisent  en  fragments  lamelieux  à  arêtes  vives  et  à  faces  conchoïdales.  Sa  couleur  est  brune. 
La  chaleur  de  combustion  de  ce  lignite  est  supérieure  d'environ  5oo  caloriec  à  celle  que 
donne  le  calcul  fait  suivant  la  loi  de  Diilong. 


(   i388  ) 

The  nniitical  Almanac  and  aslronomical  Ephemeris  for  the  year  1877,  ivilh 
cm  appendix  containing  éléments  and  ephemerides  of  Ceies,  Pnllas,  Juno  and 
Fesld.  London,  J.  Murray,  1873;  in-S". 

Proceedings  of  the  London  nialhematical  Society;  vol.  I,  II,  III.  London, 
Hodgson  and  Son,  i865  à  1871  ;  3  vol.  in-8°,  reliés. 

An  address  on  the  gênerai  principles  ivhich  should  be  observed  in  the  con- 
stniction  of  hospitals,  etc.;  DOUGLAS-G ALTON.  London,  Macmillan,  1869; 
I  vol.  in-i  2,  relié. 

The  american  Journal  of  Sciences  and  Arts;  third  séries,  vol.  VI,  n"  35, 
noveniber  1873.  New-Haven,  1870;  in-8°. 

Beitrâge  zur  geologischen  Karle  der  Schweiz,  etc.  Fûnfzehnte  Lieferung  dns 
Gotthardgehiet ;  von  Karl  voN  Fritsch.  Bern,  1873;  i  vol.  in-4°,  avec 
cartes. 

Ueber  Defonnntionen  elastischer  isolroper  Kô'rper  dwch  mechanische  an 
ihrer  Oberfldche  JVirkende  Krdfle  von  C.-W.  BoRCHARDT.  Berlin,  G.  Vogt, 
1873;  br.  in-8°. 

Revista  de  la  Universidad  de  Madrid,  jtinio,  julio,  agosto  1873.  Madrid, 
Aribau,  1873;  3  br.  in-S". 

Anales  del  Observatorio  de  Marina  de  San-Fernando,  publicados  de  orden 
de  la  mperioridad  por  el  Director  don  C.  PuJAZON;  seccion  2":  Observaciones 
meteorologicas,  ano  187  i .  San-Fernando,  tip.  Gay,  1871;  in-fol. 

Memoria  de  la  cuadratura  del  circula,  exacta  razon  de  n  o  sea  el  diametro  y 
su  circonferencia;  por  D.-J.  DE  Pablosj'Sancho.  Manila,  1872-1873,  Ramirez 
y  Girandier;  br.  in-8°. 

Memoria  del  nuovo  procedimiento  para  hallar  la  raiz  cuadrada  a  toda 
cantidnd;  por  D.-J.  DE  Pablos  /  Sanoho.  Binondo,  1873,  B.-G.  Moras; 
br.  in-8°. 

C.  PiTTEi.   Ricordo  delprof.  G.-B.  Donati.  Firenze,  1873-,  br.  in-8". 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE    DES  SCIENCES* 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  DÉCEMBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MAGNÉTISME.  —  Sur  les  lois  de  l'aimantation  de  l'acier  par  les  courants  ; 

par  M.  J.  Jamin. 

«  J'ai  montré,  clans  mes  précédents  Mémoires,  qu'on  peut  mesurer  le 
magnétisme  libre,  en  divers  points  d'un  aimant,  par  la  racine  carrée  de  la 
force  qui  est  nécessaire  pour  arracher  un  petit  contact  de  fer  de  i  millimètre 
de  section  et  de  longueur  indéfinie.  J'ai  fait  voir,  en  outre,  que  si  la  barre 
d'acier  est  peu  longue  et  suffisamment  épaisse,  elle  constitue  un  aimant 
normal,  c'est-à-dire  que  la  distribution  magnétique  est  figurée  par  les  or- 
données d'une  droite  passant  par  le  milieu  et  faisant  avec  l'axe  un  angle  ce 
plus  ou  moins  grand  suivant  la  qualité  de  l'acier;  de  telle  sorte  qu'il  suffit 
d'avoir  la  quantité  magnétique  à  l'extrémité,  c'est-à-dire  la  racine  carrée 
de  la  force  d'arrachement  f,  pour  connaître  l'état  de  tous  les  points  du 
barreau.  Je  vais  maintenant  chercher  comment  varie  y/quand  on  aimante 
l'acier  avec  des  courants  d'intensité  croissante. 

»  Les  barres  que  j'ai  examinées  proviennent  des  forges  d'Allevard.  Elles 
ont  3oo  millimètres  de  longueur,  12  d'épaisseur  et  3o  de  largeur;  elles 
réalisent  des  aimants  normaux.  Je  les  aimante  en  les  plongeant  dans  des 

C.  R.,  1873,  2=  Semestre.  (T.  LXXVU,  N"  24.)  '  8o 


(    '3()o   ) 
bobines  qui  les  enveloppent  entièrement.  La  force  d'arrachement  à  l'extré- 
mité est  mesurée  à  la  manière  ordinaire  et  exprimée  en  grammes. 

»  T.  Pendant  le  passage  dn  conrant  dans  la  bobine,  la  barre  prend  une 
forte  aimanlation,  que  j'appellerai  totale.  Soit  j:  -4- j;  la  racine  carrée  de  la 
force  d'arrachement.  Après  l'ouverture  du  circuit,  il  ne  reste  qu'un  faible 
résidu,  l'aimanlation  permanente,  que  je  représenterai  par  x;  enfin  je  nom- 
merai magnétisme  temporaire  y  la  différence  entre  les  deux  aimantations 
totale  et  permanente. 


»  Considérons  d'abord  le  cas  où  la  barre,  vierge  de  toute  aimantation 
antérieure,  est  soumise  à  l'action  d'un  courant  d'intensité  /  progressivement 
croissant.  Tant  que  dure  ce  courant,  l'aimantation  totale  j:"  +  /croît  avec  /, 
conune  dans  les  électro-aimanls,  jusqu'à  une  limite  yF  pour  i  =  oo  ;  elle 
peut  èlre  représentée  par  la  formule  suivante  ; 

v'F  i 

(i\  o:  +  r  — -^arc  lang-î 

V    /  -'  go°  "  a 

a  étant  une  constante  que  l'expérience  détermine.  Cette  formule  montre 
que  X  +  y  augmente  avec  /,  et  que,  pour  i  z=:  ce  ,  l'arc  devenant  égal  à 
go  degrés,  x  +  j  prend  sa  valeur  maxima  y'F.  La  courbe  x  -\-  y  est  re- 
présentée par  AB'  [ficj.  i);  elle  a  une  asymptote  BB'  parallèle  à  l'axe  des  i 
à  une  distance  sJY.  La  formule  (i)  peut  s'écrire 


(^) 


/  =  rttang2|(x+jr). 


(  <39.  ) 
F,  qui  est  la  force  d'arrachement  quand  la  pile  est  formée  par  un  grand 
nombre  d'éléments,  est  doni)ée  par  l'expérience.  On  peut  vérifier  la  for- 
mule (2),  soit  en  calculant  pour  chaque  couple  de  valeurs  de  i  et  de 
JC  -hr  le  coefficient  a  qui  doit  être  constant,  soit  en  donnant  à  a  une 
valeur  moyenne  et  en  calculant  celle  de  /,  qui  doit  reproduire  les  nombres 
donnés  par  1  expérience.  Les  tableaux  suivants  ne  laissent  aucun  doute  sur 
cette  vérification,  faite  avec  deux  aciers  qui  étaient  désignés  par  les  lettres 
A  et  D,  le  premier  doux,  le  deuxième  assez  dur. 

»  Lorsque,  après  avoir  circulé  dans  la  bobine,  le  courant  vient  à  être 
interroujpu,  il  ne  reste  plus  que  l'aimantation  permanente  x;  mais  celle-ci 
croît  aussi  avec  l'intensité  i  du  courant  antérieur;  elle  peut  également  se 
représenter  par  les  mêmes  formules 


jc  =  —  arc  tane  — 

go"  °  a, 


)     i  =  rt,  tang  --^  X 


a,  est  différent  de  a,  et  \'V,  est  plus  petit  que  \lb'.  La  courbe  des  valeurs 
de  X  est  représentée  par  OA';  elle  admet  également  une  asymptote  parallèle 
à  l'axe  des  /  et  à  une  distance  y/F,.  Le  même  tableau  de  nombres  justifie 
cette  deuxième  formule  comme  dans  le  cas  précédent. 

w  Quant  à  l'aimantation  transitoire/,  elle  est  représentée  par  la  diffé- 
rence entre  x  -+-  j  et  j  ;  elle  es!  égale  à  la  distance  des  deux  courbes  et  croît 
également  avec  /. 


Aimantation  totale. 


Aimantation  permanente. 


Acier  .A. 

■v-hy 

Acier  D. 
I  calculé. 

— 

a 

.V 

Acier  A 

1  calculé 

il 

.1' 

Acier  D 

l  COlculé. 

i  observé. 

->  +/ 

/  calculé 

a 

a 

0,000 

0 

0 

» 

0 

0 

1' 

0 

0 

» 

0 

0 

0 

0,0.18 

6,9 

0,0J9 

0,122 

5.-', 

o,o53 

0, 

■  48 

i|i 

0,044 

0,224 

1,6 

0,049 

0,254 

o,o83 

9,j 

o,o83 

0,i5i 

9-' 

o.ugS 

0) 

,37 

2,0 

0,078 

0,222 

2,6 

0,082 

0,265 

o,i4i 

i3,7 

0,1 38 

0,1 54 

12,0 

o,i38 

0) 

169 

3,0 

o,i33 

0,218 

^,9 

0,129 

0,286 

0,186 

i5,S 

o."7Î 

0, 162 

■'1,1 

0,178 

0, 

172 

4,0 

0,109 

0,1 85 

5,0 

0,172 

0,281 

0,23l 

17,6 

0,212 

0,1 6/| 

16,0 

0,221 

0, 

171 

4,'i 

o,23o 

0,205 

6,0 

0,222 

0,273 

0,278 

■O.J 

0,267 

0,1 58 

.7,3 

0,262 

0, 

176 

4,9 

0,280 

0,203 

6,6 

0,273 

0,267 

0,359 

■M,'| 

o,3'l5 

0,1 58 

ly,'-! 

0,319 

0, 

186 

5,7 

0,395 

0,186 

7.9 

0,346 

0,272 

o,5io 

23,9 

0,5-28 

0,1, '|6 

21,9 

o,56/| 

0, 

>i9 

6,4 

0,573 

0,182 

9,« 

o,5'|5 

0,234 

0,578 

» 

" 

n 

22,7 

0,573 

0, 

.67 

'. 

,1 

), 

10,0 

0,618 

0,245 

0,727 

» 

1) 

)i 

23,7 

o,7Î8 

0, 

i6j 

» 

» 

I* 

10,6 

0,761 

o,25o 

a     =;     O,  IJ I 

V'F  =  29,o 


a    =^    o,i6j 
V/F   =26,0 


=  0,202 


v^r,  =  8,' 


a    =    0,262 

v/r,  =  i3,', 


u   II.  Le  cas   que    je   viens  d'étudier,   celui   d'un  acier   primitivement 
vierge,  est   le    plus    simple    de   tous.    Une  fois  qu'il  a  subi   l'action  du 

180,. 


(  «392  ) 
courant,  le  barreau  garde  un  magnétisme  que  des  courants  ultérieurs  peu- 
vent modifier,  mais  non  détruire.  Cherchons  les  lois  de  ces  modifications, 
d'abord  pour  un  courant  du  même  sens  que  celui  qui  a  donné  la  première 
aimantation.  Supposons  que  l'intensité  du  courant  primitif  soit  /  =  OF, 
qu'il  ait  produit  un  magnétisme  total  EF  =z  a  -t-JT  et  laissé  une  aimanta- 
lion  permanente  x=  DF,  que  j'appellerai  A. 

»  L'intensité  du  courant  qu'on  fait  agir  ensuite,  croissant  de  /  à  OF, 
détermine  une  augmentation  du  magnétisme  représentée  par  la  courbe  CE, 
et  l'expérience  pi'ouve  que  cette  addition  est  justement  égale  au  magné- 
tisme transitoire  jK  qui  a  été  développé,  dans  le  cas  précédent,  pour  l'acier 
vierge,  par  la  même  intensité  dç  courant;  puis,  lorsque  ce  courant  a  cessé, 
la  barre  se  retrouve  avec  son  magnétisme  permanent  j:  =  DF,  qui  n'a  pas 
changé,  et  qui  est  représenté  par  la  droite  CD. 

»  Lorsque  l'intensité  du  courant  atteint  la  valeur  /  =  OF,  la  barre  se 
retrouve  dans  le  même  état  que  si,  étant  vierge,  elle  avait  subi  l'effet  de 
ce  même  courant  /  =  OF,  et,  l'intensité  continuant  à  augmenter  ensuite 
jusqu'à  l'infini,  les  deux  courbes  demagnétismes  total  et  transitoire  se  con- 
tinuent suivant  EB'  et  DA',  comme  dans  le  cas  précédent. 

»  Dans  le  cas  particulier  ou  l'aimantation  jirimitive  aurait  été  produite 
par  un  courant  infini,  l'aimantation  permanente  serait  OA,  Elle  resterait 
égale  à  OA  et  représentée  par  la  droite  AA'  après  l'action  d'un  second  cou- 
rant de  même  sens,  quelle  que  soit  son  intensité.  Pour  avoir  l'aimantation 
totale,  il  faudrait  ajouter  j"  à  l'ordonnée  AA',  et  l'on  aurait  la  courbe  AB' 
rejoignant  à  l'infini  l'asymptote  BB'. 

»  En  résumé,  le  magnétisme  transitoire  j  est  indépendant  de  l'état  per- 
manent. Il  n'est  fonction  que  de  /  et  s'ajoute  au  magnétisme,  quel  qu'il  soit, 
que  la  barre  conserve  après  que  le  courant  a  cessé-  Le  deuxième  tableau 
montre  les  valeurs  de  y  après  des  étals  antérieurs  très-divers  qui  sont  in- 
scrits en  tête  de  chaque  colonne  pour  i  =  o.  On  trouvera  des  différences 
sensibles  entre  ces  nombres;  il  ne  faut  pas  les  attribuer  seulement  à  l'er- 
reur des  observations,  mais  probablement  à  une  inexactitude  de  la  loi  elle- 
même,  que  je  suis  porté  à  ne  considérer  que  comme  approximative. 


(  '393  ) 

Acier 

E. 

A 

cier  vierge 

T 

A+.r 

Après 

une  aiman 

ation  antér 

J- 

eure  A. 

/  obs. 

■r-hX 

X 

J- 

A-*-j- 

A+j- 

r 

0,000 

0 

0 

0 

9,5 

0 

10,4 

0 

12,4 

0 

o,o48 

4.0 

o,q 

3,1 

12,3 

2,8 

i3,. 

2,7 

14,4 

2,0 

o,o85 

6,0 

1,8 

4,2 

i3,8 

4,3 

14,4 

4,0 

i6,9 

3,7 

o.i4i 

9,4 

2,9 

6,5 

i5,5 

6,0 

16,1 

5,7 

17,5 

5,0 

o,i86 

12,0 

4,0 

8,0 

.6,1 

6,8 

17," 

6,7 

.8,4 

6,0 

0,23l 

i4,o 

4.9 

9,' 

•7,4 

7,9 

17,8 

7,4 

'«,9 

6,5 

0,278 

i5,8 

5,8 

10,0 

18,4 

8,9 

.8,4 

8,0 

>9,« 

7,4 

0,359 

18,2 

7,' 

II  ,1 

'9,<^' 

10, 1 

'9,7 

9,3 

20,7 

8,3 

o,5io 

21 ,3 

9,4 

11,9 

21,4 

",9 

21,2 

10,8 

21 ,6 

10,2 

0,5,8 

» 

» 

» 

22,1 

12,6 

22,0 

1 1 ,6 

23,4 

1 1 ,0 

»  III.  Supposons  maintenant  qu'après  avoir  donné,  par  un  courant  di- 
rect, une  aimantation  permanente  A  =  OA,  on  dirige  dans  la  bobine  un 
courant  croissant  contraire,  qui  donnerait  pour  un  acier  vierge  les  deux 
courbes  Oa'et  Ob'  symétriques  de  OA'  et  OB',  on  verra  le  mHgnétisme 
primitif  diminuer  d'abord,  puis  changer  de  signe.  L'aimantation  perma- 
nente sera  figurée  par  la  courbe  AQa'.  Pour  i  =  ce  ,  elle  sera  devenue 
égale  et  contraire  à  OA';  elle  sera  tangente  à  la  courbe  Oa'  qui  repré- 
senterait l'aimantation  inverse  développée  par  le  même  courant  si  la  barre 
était  vierge.  L'expérience  prouve  que,  dans  tous  les  cas,  les  ordonnées 
de  AQa'  sont  représentées  par  A— sa:  =  2;  de  sorte  que,  si  l'on  re- 
tranche ces  ordonnées  2  de  A  et  qu'on  divise  la  différence  par  2,  on  re- 
trouvera les  valeurs  de  x.  C'est  ce  que  montre  le  troisième  tableau. 


observé. 

O 
0,048. 

o,o83 
o,i4i 
0,186 

0,23l 

0,278 

0,359 

o,5io 
0,578 
0,727 


o 

5,8 

8,3 

•3,4 

i5,7 

•7,3 

•»,9 
20,7 

22,9 

25,8 

28,2 


Acier 

B. 

Première  série. 

Deuxième 

SÉRIE. 

Acier  vierge. 

- 

Courant  inverse. 

z' 

z 

t' 

A  — z 

X 

.r 

2 

A- 

-IJC  —  jr 

A 

—  IX 

.r 

X 

0 

0 

+ 

12,4 

-1-12,4 

0 

0 

1,6 

3,8 

-1- 

5,7 

-1- 

8,6 

2,9 

',9 

2,5 

6,4 

0 

-1- 

7,0 

7,0 

2,7 

4,1 

9,3 

6,6 

-t- 

4,2 

10,8 

4,5 

5,2 

10,5 

.1,4 

-h 

0,5 

••,9 

5,9 

6,3 

1 1 ,0 

i3,8 

1,0 

12,8 

6,7 

7>' 

••,7 

16,2 

2,8 

•3,4 

7,6 

8,6 

12,1 

18,5 

5,0 

i3,5 

8,7 

10,3 

12 ,6 

21 ,3 

7,6 

.3,7 

10,0 

11,0 

•4,8 

22,4 

8,4 

•4,2 

10,4 

12,0 

16,2 

26,0 

9,5 

,6,5 

10,9 

(  'Vi  ) 

1)  Quant  à  l'aimantation  totale  z',  elle  est  encore  représentée  par  l'ai- 
niaulation  permanente  A  —  ijc,  diminuée  de  r,  c'est-à-dire  de  ce  que  le 
coin-ant  ajoute  à  l'état  primitif  de  la  barre.  La  diflérence  :  —  2'  des  ordon- 
nées des  deux  courbes  est  donc  encore  égale  à  j,  comme  le  montre  le 
tableau. 

1)  Si  l'aimantation  primitive  ou  directe  avait  été  seulement  égale  à  OC  ou 
à  a  ,  les  deux  courbes  seraient  encore  a  —  2x,  et  a  —  2X  —  y  ou  CG 
et  CH,  après  quoi  elles  se  continueraient  par  les  lignes  G  a',  H//,  que  les 
mêmes  courants  produiraient  sur  la  baire  vierge. 

»  IV.  Avant  d'aller  plus  loin,  je  chL^rcberai  à  expliquer  ces  diverses 
lois  par  une  hypothèse  que  j'ai  déjà  produite  et  que  je  vais  développer. 

»  J'admets  que  le  magnétisme  n'est  pas  seulement  répandu  à  la  surface 
extérieure  du  barreau,  mais  que  chaque  point  intérieur,  jusqu'à  une  pro- 
fondeur limite,  est  un  pùle.  Ainsi,  sur  la  normale  AB  à  la  surface  exté- 
rieure MN  {fiij.  2),  tous  les  points  ont  une  quantité  de  magnétisme  libre 
proporlioinielle  aux  ordonnées  de  la  courbe  DREF,  de  façon  que  la 
force  d'arrachement  en  A  est  proportionnelle  à  l'aire  de  cette  courbe  BEF. 

»  On  ne  peut,  a  priori,  savoir  comment  varient  les  ordonnées  de  cette 
courbe.  Nous  supposerons  qu'elles  sont  sensiblement  égales  en  chaque  point 
et  décroissent  brusquement  en  B,  hypothèse  dont  les  conséquences  seront 
vérifiées  par  l'expérience. 

»  Pour  une  intensité  /,  l'aimantation  pénétrera  jusqu'à  une  profondeur 
e  =  AC,  et  la  courbe  CEF  représentera  la  quantité  totale  de  magnétisme,  ou 
œ  +j  ;  la  couche  e  sera  sursaturée  pendant  l'action  de  ce  courant.  Aussitôt 
qu'il  cessera,  la  couche  arrivera  à  la  saturation  permanente  et  se  réduira 
à  CHK.,  dont  l'aire  est.r. 

»  Pour  un  courant  /'  plus  puissant,  l'aimantation  atteindra  l'épaisseur 
e' =  BA,  l'aimantation  totale  sera  représentée  par  l'aire  BDEF,  qui  se  ré- 
duira par  la  rupture  du  circuit  à  BGHK. 

»  1°  Cette  hypothèse  explique  d'abord  la  différence  trop  peu  remarquée 
et  absolument  incomprise  qui  existe  entre  une  aimantation  totale,  qui  n'est 
maintenue  que  par  le  courant,  et  uni;  aimantation  permanente  égale  à  la 
première,  mais  qui  est  stable.  Il  peut  se  faire,  en  effet,  que  l'aimantation 
totale  CEF,  produite  par  un  coinant  faible,  pénétrant  à  une  profondeur  e 
et  dont  les  ordonnées  sont  grandes,  soit  égale  en  valeur  absolue  à  l'aiman- 
tation permanente  BCIIK,  restant  après  l'action  d'un  courant  plus  puissant, 
pénétrant  à  une  grande  profondeur  c',  mais  ayant  en  chaque  point  une 
intensité  moindre. 


(   '^9^  ) 

»  2°  L'aimanfatioii  permanente  après  un  conrant  /  étant  BCHK,  l'action 
ultérieure  d'un  courant  de  même  sens  moindre  que  /,  ou  au  plus  égale  à  /, 
fera  naître  l'aimantation  totale  CEF;  elle  augmentera  l'effet  de  l'aire  HEFK, 
et  c'est  précisément  l'aimantation  transitoire  y  due  à  ce  courant;  cela 
aura  lieu,  quelle  que  soit  la  profondeur  e'=  BCA  à  laquelle  a  pénétré  l'ai- 
mantation première,  c'est-à-dire  quel  que  soit  l'état  primitif  de  la  lame, 
pourvu  que  e'  soit  plus  grande  que  e.  L'action  d'un  courant  /est  donc 
indépendante  de  l'aimantation  antérieure,  comme  nous  lavons  expérimen- 
talement montré. 

»  3°  Mais  quand  le  courant  /  cessera  de  circuler,  la' couche  d'épaisseur 
e  cessera  d'être  sursaturée;  on  retrouvera  la  courbe  BCUR,  qui  est  l'ai- 
mantation permanente  primitive. 

»  4°  Un  courant  direct  /  ayant  développé  l'aimantation  permanente 
A  =  BCHK,  on  fait  pnsser  un  autre  courant  inverse  d'intensité  moindre, 
ou  i,  qui  agit  à  une  profondeur  moindre  e  =  AC.  Il  détruit  d'abord  tout 
le  magnétisme  qui  existait  dans  celte  couche,  ou  x;  il  le  remplace  par 
une  couche  égale  et  contraire  CR  {ficj.  3),  égale  aussi  à  x;  et  enfin  il  y 
ajoute,  pendant  son  action,  l'aire  CRLH  ou  j\  De  cette  façon,  le  magné- 
tisme total  est  devenu  A  —  2X  — j,  comme  l'expérience  l'a  démontré. 

)i  5°  Puis,  si  le  courant  cesse  d'agir,  l'aire  GKLH  disparaît,  et  il  reste 
A  —  2jr,  ce  qui  est  encore  conforme  à  l'expérience. 

M  6**  On  voit  avec  quelle  fidélité  noire  hypothèse  représente  les  lois  expé- 
rimentales de  l'aimantation  et  qu'elle  pouvait  conduire  à  les  découvrir. 

»  Voici  maintenant  d'autres  conséquences  de  celte  hypothèse.  Il  peut 
se  faire  que  les  deux  courbes  directe  BC  et  inverse  CK,  qui  sont  super- 
posées, aient  une  action  égale;  la  lame  sera  neutre  sous  la  double  action  de 
deux  magnétismes  contraires  et  égaux.  Cela  arrivait  dans  mes  appareils, 
cjuand,  après  avoir  aimanté  les  barreaux  à  satin-atiou  dans  le  sens  direct, 
ou  faisait  ensuite  agir  un  courant  inverse  de  6  éléments.  Si,  dans  cet  état 
d'apparente  neutralité,  la  lame  est  de  nouveau  soumise  à  un  courant  inverse 
moindre  que  i,  elle  prend  un  magnétisme  temporaire  GRLH  et  paraît  né- 
gative, mais  se  retrouve  à  son  état  de  neutralité  première  après  le  courant. 
Elle  ne  peut  donc  plus  être  aimantée  inversement  par  un  courant  de  i  à 
G  éléments,  tandis  cjue  tout  courant  direct  détruira  une  portion  du  magné- 
tisme inverse  et  le  rempilacera  par  une  aimantation  directe.  Il  y  aura  trois 
couches  superposées  et  une  réaction  dans  le  sens,  positif  ou  direct. 

»  Je  ne  présente  cependant  ces  hypothèses  et  ces  lois  expérimentales 
que  comme  un  premier  degré  d'approximation.  Il  est  aisé  de  voir,  en  effet, 


(  '-^'ge  ) 

que  les  valeurs  de  jc  et  de  j%  déduites  des  expériences,  ne  sont  pas  rigou- 
reusement égales  entre  elles;  d'autre  part,  notre  hypothèse  admet  que  la 
couche  magnétique  a,  dans  toute  sa  profondeur,  la  même  intensité  en 
chaque  point,  ce  qui  est  tout  à  fait  invraisemblable.  On  n'a  donc  ici  que 
des  résultats  moyens  suffisants  comme  exactitude  dans  les  cas  que  j'ai 
étudiés;  mais  il  ne  faudrait  pas  en  pousser- les  conséquences  jusqu'à  3 
ou  4  couches  magnétiques  inverses  superposées  :  on  rencontrerait  alors 
des  perturbations  sensibles,  qu'une  théorie  mathématique  seule  peut 
expliquer.  » 

CHIMIE   l'HYSiOLOGiQUE.   —   Réponse  à  la  Note  lue  par  M.  Trécul, 
dans  la  séance  du  8  novembre;  par  M.  Pasteur. 

«  Ce  n'est  pas  une  Communication  académique  que  M.  Trécul  a  faite 
lundi  dernier,  c'est  une  sorte  de  réquisitoire  dans  lequel,  sans  apporter 
une  seule  observation  originale,  notre  confrère  se  hvre  à  une  discussion 
de  textes  et  épilogue  sur  des  citations  qu'il  paraît  ne  pas  comprendre  ou 
qu'il  ne  comprend  pas  réellement.  La  clarté  que  je  m'efforce  d'apporter 
dans  mes  recherches  et  dans  leur  exposition  se  transforme,  sous  sa  plume, 
en  assertions  «  équivoques  »  et  «  ambiguës.  »  Il  s'interroge  sur  ce  que  j'ai 
dit,  sur  ce  que  j'ai  fait,  sur  ce  que  je  ferai  ;  il  répond  à  ses  doutes  par  des 
dissertations  soupçonneuses  ou  des  interprétations  gratuites,  et  conclut 
que  cette  discussion  fatigue  tout  le  monde,  comme  si  j'étais  l'auteur  de  la 
reprise  de  cette  discussion,  parce  que  je  suis  venu  lire  à  l'Académie,  le 
mois  dernier,  le  résumé  de  trois  années  de  recherches  assidues  sur  un 
des  problèmes  les  plus  difficiles  et  qui,  depuis  plusieurs  siècles,  défie  les 
efforts  de  toutes  les  personnes  qui  se  sont  occupées  de  l'industrie  de  la 
bière. 

»  La  faiblesse  des  arguments  invoqués  par  M.  Trécul  est  si  grande  que 
je  ne  prendrais  pas  la  peine  d'y  répondre  s'il  ne  s'agissait  de  deux  des 
sujets  les  plus  élevés  de  la  philosophie  naturelle,  la  question  des  généra- 
tions diles  spontanées  et  celle  de  la  transformation  des  espèces.  Si  l'on  n'y 
prend  garde,  cette  hypothèse  du  transformisme  introduira  dans  la  science 
une  foule  d'erreurs,  parce  qu'elle  dispense  beaucoup  de  personnes  d'ob- 
servations approfondies. 

»  L'Académie  sait  ce  que  veulent  MM.  Fremy  et  Trécul  :  tous  deux 
soutieinient  l'une  des  formes  de  la  génération  spontanée;  ils  prétendent 
que  les  matières  albuminoïdes  peuvent  s'organiser  d'elles-mêmes  en  des 


(  i397  ) 
êtres  nouveaiTx;  mais  ils  n'ont  produit  jusqu'à  ce  jour,  à  l'appui  de  cette 
assertion,  aucune  expérience  rigoureuse,  taiulis  que  j'ai  démontré  l'erreur 
de  leur  hypothèse  par  de  nombreuses  expériences,  faites  sur  les  liquides 
les  plus  altérables  de  l'économie,  notamment  avec  le  sang  et  l'urine  pris 
à  l'état  naturel. 

»  On  n'a  pas  oublié  que,  au  cours  de  la  discussion  de  1872,  comme 
M.  Fremy  parlait  sans  cesse  de  la  fermentation  du  jus  de  raisin,  dont  les 
matières  albuminoïdes  devaient  s'organiser  suivant  lui,  au  contact  de  l'air, 
en  cellules  de  levure  alcoolique  par  la  force  vitale  de  leur  hémi-organi- 
sation, j'ai  posé  à  notre  confrère  cette  question  :  n  Reconnaîtriez-vous  que 
»  vous  vous  trompez,  si  je  venais  vous  offrir  du  nioùtde  raisin  naturel,  ex- 
»  posé  au  contact  de  l'air  pur,  et  vous  démontrer  qu'il  est  impropre  à  entrer 
»  en  fermentation  alcoolique  et  à  donner  naissanceà  des  cellules  de  levrire?» 
Quand  je  tenais  publiquement  ce  langage  à  M.  Fremy,  je  n'avais  pas  en- 
core fait  l'expérience  dont  je  parle;  mais  c'est  le  propre  des  théories 
vraies  de  conduire  logiquement  à  des  déductions  que  l'expérience  n'a 
plus  qu'à  contrôler.  Depuis,  j'ai  fait  cette  expérience,  et  j'ai  prouvé  que  le 
jus  du  raisin  ne  peut  produire  des  cellules  de  levure  que  par  l'apport  de 
poussières  extérieures,  naturellement  existantes  à  la  surface  des  grains  et; 
de  la  grappe.  Mais  j'ai  tort  dera|)peler  le  nom  de  M.  Fremy,  puisque  notre 
confrère  garde  le  silence  depuis  l'année  dernière.  Néanmoins,  il  avait 
promis  solennellement  à  l'Académie  la  lecture  d'un  grand  Mémoire  sur  la 
fermentation,  et  les  derniers  mots  qu'il  ait  publiés  dans  les  Comptes  rendus 
sont  les  suivants  : 

«  Je  prends  l'engagement  de  démontrer  avant  ])cii,  à  tous  les  partisans  de  M.  Pasteur, 
qu'il  n'existe  pas  de  cellules  de  ferment  alcoolique  dans  des  milieux  gazeux  où  la  fermenta- 
tion alcoolique  se  produit  facilement,  et  que,  par  conséquent,  les  ferments  sont  engendrés 
par  l'organisme  (séance  du  ii  novembre  1872,  t.  LXXV,  p.  i  l'ja)  ». 

M  Les  ferments  sont  engendrés  par  l'organisme!  Voilà  la  dernière  asser- 
tion que  M.  Fremy  a  pris  l'engagement  de  démontrer  à  tous  les  partisans  de 
M.  Pasteur,  et  ceux-ci  attendent  toujours. 

»  M.  ïrécul  va  plus  loin  encore  que  M.  Fremy.  Pour  lui,  les  matières 
albuminoïdes  donnent,  par  génération  spontanée,  des  bactéries;  celles-ci, 
descelkdes  de  levure  lactique;  celles-ci,  des  cellules  de  levure  de  bière;  ces 
dernières,  à  leur  tour,  du  Mycoderma  viiii  et  du  Pénicillium  glaucum,  et  pro- 
bablement beaucoup  d'autres  espèces.  Je  soutiens,  au  contraire,  que  tous 
ces  faits  sont  erronés,  que  ces  transformations  ne  sont  qu'hypothèses  à 

C.  K.,1873,  2'  Semestre.  {T.  LWVII,  N»  24.)  I^I 


(  i398  ) 
l'appui  desquelles  on  ne  peut  citer  que  des  faits  confus,  mal  observés,  en- 
tachés de  causes  d'erreurs  qu'on  n'a  pas  su  dégager  au  milieu  des  difficultés 
inhérentes  aux  expériences. 

»  Voici  comment  M.  Trécul  croit  établir  que  le  Pénicillium  glaucum  se 
transforme  en  cellules  de  levure  alcoolique.  » 

M.  Pasteur  expose  de  vive  voix  le  dernier  alinéa  de  la  page  1 169  du 
tome  LXXV  des  Comptes  rendus  emprunté  à  une  Note  de  M.  Trécul;  il 
complète  le  détail  de  la  manipulation  pardesrenseignementsque  M.  Trécul 
a  bien  voulu  lui  fournir  de  vive  voix  ;  ensuite,  il  fait  ressortir  les  nom- 
breuses causes  d'erreur  de  ces  observations.  Toute  la  manipulation  est  faite 
au  contact  de  l'air,  et  les  spores  du  Pénicillium  sont  prises  sur  des  citrons 
moisis.  Or  il  suffit  d'observer  au  microscope  les  poussières  de  la  surface 
d'un  citron  pour  y  reconnaître  une  multitude  de  spores  et  de  cellules  orga- 
nisées, très-différentes  souvent  des  spores  de  Pénicillium.  M.  Pasteur  décrit 
ensuite  la  méthode  qu'il  emploie  pour  démontrer  le  contraire  de  l'asser- 
tion de  M.  Trécul;  toute  la  manipulation  est  faite  à  l'abri  des  poussières 
atmosphériques  avec  des  spores  de  Pénicillium  qui  a  poussé  dans  l'air  pur; 
enfin  M.  Pasteur  décrit  le  moyen  de  répéter  les  observations  de  M.  Trécul 
dans  les  mêmes  conditions  que  ce  dernier,  c'est-à-dire  en  déposant  des 
spores  de  Pénicillium  dans  de  petits  flacons  de  moût  de  bière,  mais  avec 
la  précaution  d'opérer  sur  des  spores  parfaitement  pures.  Dans  ce  cas,  on 
n'obtient  jamais  la  transfonnatiou  dont  parle  M.  Trécul.  Afin  de  mieux 
convaincre  ce  dernier,  M.  Pasteur  a  apporté  à  la  séance  de  petits  flacons 
semblables  à  ceux  dont  se  sert  M.  Trécul,  ensemencés  avec  des  spores 
pures  de  Pénicillium  depuis  mardi  dernier;  il  prie  M.  Trécul  de  vouloir  bien 
les  accepter,  de  les  observer  à  loisir,  et  il  annonce  que  M.  Trécul  sera  dans 
l'impossibilité  d'y  trouver  la  trace  d'une  transformation  quelconque  des 
spores  semées  en  cellules  de  levîire.  M.  Pasteur  offre  en  outre  à  M.  Trécul 
un  de  ses  ballons,  où  se  trouve  du  Pénicillium  à  l'état  de  pureté,  et  de 
petits  fl;icons  de  moût  non  encore  ensemencés,  et  il  prie  M.  Trécul  de 
vouloir  bien  répéter  chez  lui  ses  anciennes  observations,  avec  ces  éléments 
de  travail;  il  l'assure  que,  cette  fois,  il  reconnaîtra  encore  que  la  trans- 
formation des  spores  de  Pénicillium  en  levure  n'existe  jamais  dans  les  con- 
ditions où  M.  Trécul  dit  l'avoir  observée. 

M.  Trécul,  dit  M.  Pasteur,  pourra  s'assurer  cependant  qu'en  dépo- 
sant dans  les  flacons  uni;  quantité  imperceptible  de  levure  de  bière,  la 
fermentation  s'y  établira  pronq:)tement,  avec  développement  des  cellules 
de  levure;  enfin  M.  Trécul  pourra  s'assurer  également  que  les  sj)ores  de 
Pénicillium  y  germent  très-bien. 


{  '399  ) 

«  Lorsque  M.  Trécul,  continue  M.  Pasteur,  aura  achevé  le  petit  travail 
que  je  sollicite  de  son  dévouement  à  la  connaissance  de  la  vérité,  je 
remettrai  à  Vi.  Trécul,  dans  une  de  nos  séances,  les  éléments  d'un  travail 
tout  semblable  sur  le  Mycoderma  vint.  En  d'autres  termes,  j'apporterai  à 
M.  Trécul  du  Mycoderma  nj/uparfaitement  pur,  avec  lequel  il  pourra  repro- 
duire ses  anciennes  observations  et  reconnaître  l'exactitude  des  faits 
que  j'ai  annoncés  en  dernier  lieu.   » 

M.  Pasteur  termine  ainsi  :  «  Que  l'académie  me  permette  une  dernière 
réflexion.  Il  faut  avouer  que  mes  contradicteurs  ont  été  vraiment  bien 
malencontreux,  de  prendre  occasion  de  ma  lecture  sur  les  maladies  de  la 
bière  pour  renouveler  cette  discussion.  Comment  n'ont-ils  pas  compris 
que  mon  procédé  de  fabrication  de  la  bière  inaltérable  ne  pourrait  exister 
si  le  moût  de  bière  pouvait  donner  au  contact  de  l'air  toutes  les  transfor- 
mations qu'ils  annoncent  ?  Et  puis,  ce  travail  sur  la  bière,  fondé  tout  entier 
sur  la  découverte  et  la  connaissance  des  propriétés  de  quelques  êtres 
microscopiques,  est-ce  qu'il  n'est  pas  venu  à  la  suite  de  mes  études  sur  le 
vinaigre,  sur  les  propriétés  du  Mycoderma  aceti,  sur  le  procédé  nouveau 
d'acétificiition  que  j'ai  fait  connaître  ?  Ce  dernier  travail  n'a-t-il  pas  eu 
poursuite  mes  études  sur  les  causes  des  maladies  des  vins  et  des  moyens 
de  les  prévenir,  toujours  fondées  sur  la  découverte  et  la  connaissance 
d'êtres  microscopiques  non  spontanés?  Cesdernières  recherches  n'ont-elles 
pas  été  suivies  de  la  découverte  d'un  moyen  préventif  de  la  maladie  des 
vers  à  soie,  déduit  également  de  l'étude  d'organismes  microscopiques  non 
spontanés  ? 

»  Est-ce  que  toutes  les  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  depuis 
dix-sept  ans  ne  sont  pas,  malgré  les  efforts  qu'elles  m'ont  coûtés,  le  produit 
des  mêmes  idées,  des  mêmes  principes,  poussés,  par  un  travail  incessant, 
dans  des  conséquences  toujours  nouvelles?  La  meilleure  preuve  qu'un 
observateur  est  dans  la  vérité,  c'est  la  fécondité  non  interrompue  de  ses 
travaux.  » 

CHIMIE.  —  Nouvelles  remarques  sur  la  nature  des  éléments  chimiques  (i)  ; 

par  M.  Berthelot. 

«  Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  à  l'Académie  toute  l'importance  de  la 
question  agitée  dans  la  dernière  séance.  Entre  notre  illustre  maître,  M.  Du- 

(i)  Les  exigences  de  la  séance  n'ont  pas  permis  la  lecture  de  ces  Remarques.  [Note  du 
Secn'-taire  pcrpptiu-i.  ) 

i8i.. 


(   i4oo  ) 
mas,  et  l'auteur  de  ces  lignes,  il  ne  saurait  y  avoir  de  dissentiment,  ni  sur 
les  principes  d'une  science  qu'il  nous  a  enseignée,  ni  sur  l'originalilé  de  ses 
vues  relatives  aux  éléments  chimiques  et  aux  rapports  de  ces  éléments, 
soit  entre  eux,  soit  avec  les  radicaux  organiques. 

M  C'est  donc  plutôt  pour  échapper  au  reproche  d'une  connaissance 
insuffisante  de  l'histoire  de  la  Science  que  pour  insister  davantage  que 
je  lui  demande  la  permission  de  reproduire  ici  la  page  280  de  ses  Le- 
çons de  Philosophie  chimique,  passage  qu'il  a  rapproché  de  mes  propres 
remarques. 

n  Avant  (le  bâtir  avec  quelque  confiance  un  système  sur  ce  terrain,  dit  M.  Dumas,  il  faut 
qu'un  grand  nombre  d'expériences  précises  soient  venues  l'éclairer.  C'est  ainsi  qu'il  serait 
de  la  plus  haute  importance  d'étudier  les  corps  composés  sous  le  rapport  de  leurs  capacités 
pour  la  chaleur;  car  il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  la  relation  des  chaleurs  spécifiques  aux 
poids  d'atomes  n'existe  que  pour  les  corps  simples  :  elle  se  retrouve  aussi  dans  les  composés 
du  même  ordre.  On  aurait  donc  tort  d'y  chercher  une  preuve  de  la  justesse  de  l'idée 
que  nous  nous  faisons  des  corps  qui  nous  paraissent  élémentaires,  et  l'on  |K'ut  dire  que  la 
capacité  de  leurs  atomes  chimiques  tend  vers  l'égalité,  parce  que  ce  sont  des  corps  du 
même  ordre,  et  sans  que  la  simplicité  de  leur  composition  en  découle  nécessairement.  » 

»  M,  Dumas  cite  à  l'appui  de  ces  opinions  les  expériences,  récentes 
alors,  de  Nautnann,  sur  les  chaleurs  spécifiques  des  carbonates  de  baryte, 
de  strontiane,  de  chaux,  de  fer,  de  zinc  et  de  magnésie,  lesquelles,  multi- 
pliées par  les  poids  atomiques  correspondants,  donnent  ini  produit  con- 
stant, i3i.  De  même  les  sulfates  de  baryte,  de  strontiane,  de  chaux,  de 
plomb,  fournissent  le  produit  i55.  «  Pour  les  autres  corps  composés, 
»  ajoute  avec  raison  M.  Dumas,  nous  manquons  de  données  assez  précises 
I)  pour  nous  permettre  de  faire  de  semblables  comparaisons.  » 

»  On  voit  qu'il  ne  s'agissait  point  encore,  en  i836,  d'une  relation  entre 
la  chaleur  spécifique  des  corps  composés  et  celle  de  leurs  éléments,  mais 
uniquement  entre  les  composés  du  même  ordre;  a  fortiori  la  possibilité  de 
distinguer  un  élément  d'un  corps  composé  en  général  par  les  chaleurs  spé- 
cifiques était-elle  expressément  écartée. 

»  Les  chaleurs  spécifiques  des  corps  composés  étaient  d'ailleurs  peu 
connues.  Cette  laciuie  ne  tarda  pas  à  être  comblée,  pour  de  nombretises 
séries,  par  les  travaux  de  M.  Regnault;  mais  M.  Regnault,  comme  Nan- 
mann,  se  borna  à  rapprocher  les  chaleurs  spécifiqi;es  des  corps  composés 
dont  la  constitution  est  semblable,  sans  chercher  davantage  à  établir 
quelque  rapprochement  plus  étendu.  C'est  M.  Wœstyn,  en  1848,  qui  si- 
gnala le  premier,  je  crois,  la  relation  approximative  entre  la  chaleur  spéci- 


(  i4oi  ) 

fique  atomique  d'un  corps  composé  et  celle  de  ses  composants  :  les  rela- 
tions partielles,  découvertes  par  MM.  Naumann  et  Regnault,  deviennent 
une  conséquence  de  cette  loi  plus  générale. 

»  En  l'appliquant  à  mon  tour  aux  radicaux  organiques,  et  spécialement 
aux  carbures  d'hydrogène,  j'ai  été  conduit  à  mettre  en  évidence  la  diffé- 
rence qui  distingue  leurs  chaleurs  spécifiques  de  celles  des  éléments,  soit 
pris  individuellement,  soit  envisagés  comme  constituant  un  groupe  de  corps 
du  même  ordre.  Les  carbures  de  la  série  de  l'éthylène,  par  exemple,  sont  des 
corps  du  même  ordre,  aussi  analogues  entre  eux  que  les  radicaux  simples  : 
calcium,  baryum,  strontium,  fer,  zinc,  magnésium-,  et  il  en  est  de  même  des 
combinaisons  correspondantes  formées  par  ces  radicaux.  Or,  je  le  répète, 
les  chaleurs  spécifiques  atomiques  des  radicaux  simples  ont  la  même  va- 
leur, et,  cette  valeur  étant  connue  et  mise  en  regard  de  leur  poids  ato- 
mique, la  simplicité  de  leur  composition  en  découle  presque  toujours  né- 
cessairement, comme  je  l'ai  établi  dans  ma  Note  précédente;  tandis  que  les 
chaleurs  spécifiques  atomiques  des  radicaux  composés  sont  à  peu  près 
multiples  les  unes  des  autres,  et  leur  grandeur  suffit  pour  établir  la  com- 
plexité des  radicaux  eux-mêmes. 

))  Les  combinaisons  du  même  ordre,  formées  par  les  radicaux  simples, 
ont  aussi  toutes  à  peu  près  la  même  chaleur  spécifique  atomique,  confor- 
mément aux  observations  de  MM.  Naumann  et  Regnault.  Au  contraire,  les 
combinaisons  du  même  ordre,  formées  par  une  série  de  radicaux  composés 
analogues,  offrent  des  chaleurs  spécifiques  qui  tendent  à  s'accroître  propor- 
tionnellement avec  la  variation  même  des  poids  atomiques:  ce  qui  établit 
encore  la  complexité  de  ces  radicaux,  et  ce  qui  est  précisément  le  contraire 
des  relations  que  l'on  aurait  pu  concevoir  entre  les  composés  du  même 
ordre,  à  l'époque  des  travaux  de  Naumann,  sur  l'identité  des  chaleurs 
spécifiques  atomiques  des  carbonates  et  des  sulfates. 

»  En  résumé,  l'étude  des  chaleurs  spécifiques,  telle  que  les  travaux 
les  plus  récents  l'ont  mise  en  lumière,  conduit  à  établir  un  caractère 
positif  qui  distingue,  ce  me  semble,  les  corps  simples  de  la  Chimie 
présente  de  ses  corps  composés;  elle  montre  qu'aucun  corps  composé 
connu  ne  doit  être  réputé  du  même  ordre  qu'un  corps  simple  actuel. 
L'importance  d'un  semblable  caractère  ne  peut  être  révoquée  en  doute; 
elle  s'accroît  en  raison  de  la  signification  mécanique  que  les  théories  d'au- 
jourd'hui attribuent  à  la  notion  des  chaleurs  spécifiques  :  c'est  là  ce  que  je 
me  suis  efforcé  de  mettre  en  évidence. 

»  Cependant,  et  je  demande  la  permission  d'y  revenir  encore,  il  ne  faut 


(     t402     ) 

pas  tirer  d'une  telle  opposition  entre  les  caractères  physiques  et  méca- 
niques de  nos  corps  simples  et  ceux  de  nos  corps  composés  une  conclu- 
sion exagérée.  Si  nos  corps  simples  n'ont  pas  été  décomposés  jusqu'ici  et 
ne  paraissent  pas  devoir  l'être  par  les  forces  qui  sont  aujourd'hui  à  la 
disposition  des  chimistes  et  dont  ils  ont  tant  de  fois  épuisé  l'action  sur 
leurs  éléments,  comme  M.  Dumas  en  a  fait  justement  la  remarque  lors 
de  sa  discussion  avec  Desprclz,  pourtant  rien  n'oblige  à  affirmer  qu'ils 
soient  indécomposables,  selon  une  autre  manière  que  nos  corps  com- 
posés ;  ])ar  exemple,  par  les  forces  agissant  dans  les  espaces  célestes, 
comme  le  veut  M.  Lockyer;  rien  n'empêche  non  plus  de  supposer  qu'une 
découverte,  semblable  à  celle  du  courant  voltaique,  permette  aux  chi- 
mistes de  l'avenir  de  franchir  les  barrières  qui  nous  sont  imposées. 

»  L'identité  fondamentale  de  la  matière  constitutive  de  nos  éléments 
actuels  et  la  possibilité  de  transmuter  les  uns  dans  les  autres  les  corps 
réputés  simples  peuvent  d'ailleurs  être  admises  à  titre  d'hypothèses  plus  ou 
moins  vraisemblables,  sans  qu'il  en  résulte  la  nécessité  d'une  matière 
unique,  réellement  existante,  et  telle  que  nos  corps  simples  actuels  en 
représentent  les  états  inégaux  de  condensation.  En  effet,  rien  ne  force  à 
concevoir  une  décomposition  finale  qui  tende  nécessairement  à  ramener 
nos  éléments  actuels,  soit  à  des  éléments  plus  simples,  ajoutés  les  mis  aux 
autres  pour  former  nos  éléments  actuels,  soit  aux  multiples  d'inie  même 
unité  pondérale  élémentaire.  Les  divers  états  d'équilibre,  sous  lesquels  se 
manifeste  la  matière  fondamentale  pourraient  offrir  entre  eux  certaines 
relations  générales,  analogues  à  celles  qui  existent  entre  les  valeurs  multi- 
ples d'une  même  fonction.  Dans  cette  hypothèse,  un  corps  simple  pourrait 
être  détruit,  sans  être  décomposé  au  sens  ordiiiairedu  mot.  Au  momentde  sa 
destruction,  il  se  transformerait  subitement  en  un  ou  plusieurs  autres  corps 
simples,  identiques  ou  analogues  à  nos  éléments;  mais  les  poids  atomiques 
des  nouveaux  éléments  pourraient  n'offrir  aucune  relation  simple  avec  le 
poids  atomique  de  l'élément  qui  les  aurait  produits  par  sa  métamorphose;  le 
poids  absolu  demeurerait  seul  invariable  dans  la  suite  des  transformations. 

»  Mais  je  ne  veux  pas  insister  davantage  sur  cette  hypothèse  d'une  ma- 
tière identique  au  fond,  quoique  multiforme  en  ses  apparences,  caractéri- 
sée dans  chacune  d'elles  par  un  mode  de  mouvement  particulier,  telle  enfin 
qu'aucune  de  ses  manifestations  ne  puisse  être  définie  comme  le  point  de 
départ  nécessaire  de  toutes  les  autres. 

»  Aussi  bien  serons-nous  trop  heureux  si  M.  Lockyer,  guidé  par  l'ana- 
lyse spectrale  des  astres,  parvient  à  jeter  sur  ces  optnions  une  lumière  non- 


(   <4o3  ) 
velle,  et  s'il  continue  à  approfondir  les  questions  que  M.  Dumas  agitait,  il 
y  a  quarante  ans,  dans  un  ouvrage  qui  a  tant  concouru  à  notre  éducation 
scientifique.   » 

CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Recherclies  sur  de  nouveaux  dérivés  du  bulyte; 

par  M.  A.  Cahobrs. 

«  Ayant  à  ma  disposition  de  l'alcool  butylique  de  fermenlalion,  dans 
un  grand  état  de  pureté,  je  me  suis  proposé  de  préparer  certains  radicaux 
organomélalliquesapparlenant  à  cette  série,  dans  le  but  d'en  faire  une  étude 
comparative  avec  celle  des  composés  correspondants  des  séries  inférieures. 

))  Cette  étude  offre  en  outre  un  certain  intérêt  en  raison  des  anomalies 
que  présente  cet  alcool  qui,  quoique  primaire,  est  bien  différent  de  l'alcool 
butylique  normal,  le  véritable  homologue  des  alcools  méthylique,  éthy- 
lique  et  propylique.  Ce  produit  présente,  comme  on  sait,  un  point  d'ébulli- 
tion,  inférieur  de  quelques  degrés  à  celui  que  lui  assigne  la  théorie,  et 
ces  différences  se  retrouvent  dans  les  quelques  éthers  qu'on  en  a  fait  dé- 
river. 

>)  Tout  récemment,  en  outre,  MM.  Is.  Pierre  et  Puchot,  dans  un  travail 
intéressant,  ont  démontré  que  l'acide  butyrique,  fourni  par  l'oxydation 
de  cet  alcool,  bout  à  la  température  de  i55,5,  alors  que  l'acide  butyrique 
de  MM.  Pelouze  et  Gélis,  qui  prend  naissance  dans  la  fermentation  du  glu- 
cose en  présence  de  la  caséine  altérée,  bout  à  164,  ainsi  que  l'acide  buty- 
rique obtenu  par  M.  Chevreul  par  la  saponification  de  la  butyrine.  Il  était 
probable,  d'après  ces  observations,  que  les  dérivés  organométalliques  se 
rattachant  à  la  série  du  butyle,  fournis  par  l'alcool  butylique  de  fermenta- 
tion, devaient  présenter,  relativement  à  leurs  points  d'ébullition,  des  dif- 
férences analogues  à  celles  que  nous  venons  de  rappeler  :  c'est  ce  que 
l'expérience  a  confirmé  de  la  manière  la  plus  complète. 

»  L'alcool  qui  a  servi  à  ces  recherches  bouillait  régulièrement  depuis 
la  première  goutte  jusqu'à  la  dernière,  entre  108  et  109  degrés,  c'est-à-dire 
à  luie  température  de  5  à  6  degrés,  inférieure  à  celle  que  présente  l'alcool 
normal.  Les  dérivés  de  cet  alcool,  qui  fout  l'objet  de  la  présente  Note,  sont 
le  mercure  butyle,  le  zinc  butyle,  l'aluminium  butyle,  le  stanbutyle  ainsi 
que  les  éthers  oxalo  et  silicobutyliques. 

»  Slanbutjle.  —  Lorsqu'on  chauffe  en  vase  clos  de  Tiodure  de  butyle 
avec  un  alliage  d'étain  et  de  sodium,  à  6  pour  100  de  métal  alcalin,  réduit 
préalablement  en  poudre  grossière,  l'attaque,  qui  déjà  se  manifeste  à  froid, 


(  >/)o/,  ) 
s'effectue  complètement  à  la  température  de  loo  degrés.  Le  résidu  des  tubes, 
après  une  digestion  d'environ  douze  heures  à  cette  température,  étant  repris 
par  l'élher,  cède  à  ce  liquide  tout  l'iodure  de  tristanbutyle  formé.  La  li- 
queur éthérée,  filtrée,  puis  soumise  à  la  distillation  au  bain-marie,  liisse 
pour  résidu  une  huile  pesante,  de  couleur  ambrée,  mobile  et  très-limpide. 

»  Desséché  par  une  exposition  prolongée  sous  une  cloche,  à  côté  d'nn 
vase  renfermant  de  l'acide  sulfnrique  au  maximum  de  concentration  et 
soumis  à  la  rectification,  ce  produit  passe  en  entier  à  la  distillation,  entre 
292  et  296,  et  se  condense  dans  le  récipient  en  une  huile  limpide  de  cou- 
leur jaune  clair.  Sa  densité  est  de  i,54o  à  i5  degrés. 

»  Son  odeur,  faiblement  aromatique,  rappelle,  lorsqu'on  le  respire  un 
peu  fortement,  mais  à  un  bien  moindre  degré,  celle  de  l'iodure  de  tri- 
stanpropyle. 

»  L'analyse  de  ce  produit  conduit  à  la  formule 

Sn(C'ir)'U. 

»  Distillé  sur  des  fragments  de  potasse  humectés  d'eau,  l'iodure  de  tri- 
stanbutyle donne  naissance  à  de  l'iodure  de  potassium  qui  reste  dans  la  cor- 
nue, tandis  qu'il  passe  à  la  distillation  une  huile  incolore,  pesante,  visqueuse, 
se  concrétant  très-lentement  par  le  froid,  sans  présenter  la  structure  cris- 
talline si  nette  des  hydrates,  des  oxydes  de  tristanméthyle  et  de  trislan- 
propyle. 

))  Cet  oxyde,  qui  bleuit  fortement  le  papier  de  tournesol  rougi,  se  com- 
bine avec  les  divers  acides  organiques  et  minéraux  et  donne  naissance  à 
des  sels  qui  cristallisent  en  général  très-nettement.  L'acétate  se  sépare  par 
un  refroidissement  lent  d'une  dissolution  saturée  àrébuUition  sousiaforme 
de  prismes  minces  qui  possèdent  un  grand  éclat. 

»  Le  sulfate,  qui  demeure  quelquefois  assez  longtemi)S  à  l'état  huileux 
lorsqu'on  abandonne  à  l'évaporation  spontanée  sa  dissolution  alcoolique, 
finit  par  se  concentrer  en  une  masse  formée  de  magnifiques  prismes  entre- 
croisés. 

»  Le  nitrate  reste  aussi  quelquefois  un  certain  temps  à  l'état  huileux  et, 
comme  le  produit  précédent,  donne  à  la  longue  des  prismes  très-nets. 

»  Dans  la  réaction  de  l'iodure  de  butyle  stu'  l'alliage  de  sodium,  il  se 
forme  en  outre  une  très-petite  quantité  d'un  produit  cristallisé  que  je 
ne  me  suis  procuré  qu'en  faible  |)roporlion  et  qui  pourrait  bien  être  le 
di-iodure 


(  i/io5  ) 

«  Ce  dernier,  chauffé  avec  de  la  potasse,  se  dédouble  à  la  manière  de  son 
homologue  éthylé.  en  laissant  dégager  une  vapeur  qui  se  condense  en  un  li- 
quide huileux,  se  concrétant  Irès-lentement  à  la  réaction  alcaline,  qui  pré- 
sente les  caractères  de  l'oxyde  de  tiistanbulyle. 

»   Cette  réaction  s'explique  facilement  au  moyen  de  l'équation 

3[Sn(C«H^)=0=]+  2(RH0=)  =  SnK-0«  +  2[Sn  (CMi»)^  O,  HO]. 

»  Mercure  Inilyle.  —  Lorsqu'on  fait  agir  un  amalgame  à  2  pour  100  de 
sodium  sur  de  l'iodure  de  hutylo  additionné  de  -^  de  son  poids  en- 
viron d'éther  acétique,  le  liquide  s'échauffe  très-notablement.  En  empê- 
chant une  trop  forte  élévation  de  tempéralin-e  par  dcsaffusious  d'eau  froide 
et  n'ajoutant  l'amalgame  à  l'iodure  que  par  petites  portions  à  la  fois,  il  arrive 
un  moment  où  l'on  n'observe  plus  le  moindre  dégagement  de  chaleur.  On 
ajoute  alors  une  petite  quantité  d'amalgame,  afin  d'être  assuré  que  tout 
l'iodure  est  bien  attaqué;  puis  on  laisse  refroidir.  On  sépare  le  mercure  au 
moyen  d'un  entonnoir  à  douille  effdée,  et  l'on  traite  par  l'eau  la  matière 
pâteuse  qui  a  pris  naissance,  ce  qui  détermine  la  séparation  d'un  liquide  pe- 
sant, renfermant  le  mercure  butyle  formé,  mélangé  d'iui  peu  d'iodiu-e  de 
butyle  et  d'éther  acétique.  Une  rectification  au  bain-marie  déterminant  la 
séparation  complète  de  ce  dernier,  on  distille  le  produit  brut  dans  une 
cornue  de  verre  munie  d'un  thermomètre  dont  la  boule  plonge  dans  le  li- 
quide. L'ébnilition  se  manifeste  vers  iio  h  120  degrés,  et  la  température 
monte  assez  rapidement  à  -joo  degrés.  On  change  alors  de  récipient  et  l'on 
recueille  un  liquide  dont  les  dernières  gouttes  passent  vers  211  à  212  de- 
grés. En  soumettant  le  produit  brut  à  de  nouvelles  rectifications,  on  obtient 
finalement  lui  liquide  incolore  réfringent,  qui  distille  entre  2o5  et  207  de- 
grés. Sa  densité  est  de  i,835  à  i5  degrés;  son  odeur,  très-faible  à  froid,  de- 
vient très-manifeste  dès  qu'on  l'échauffé  et  rappelle  celle  de  ses  homolo- 
gues inférieurs. 

»  Très-soluble  dans  l'eau  froide  ou  chaude,  il  se  dissout  très-bien  dans 
l'alcool  et  l'éther. 

»  Lorsqu'on  ajoute  à  ce  liquide  des  parcelles  d'îode,  ce  corps  simple  dis- 
paraît en  faisant  entendre  un  léger  bruissement,  en  même  temps  qu'il  se  sé- 
pare des  écailles  blanches  brillantes  d'iodure  de  mercure  butyle.  Le  brome 
se  comporte  d'une  manière  analogue. 

»  L'iodure  de  mercure  butyle,  chauffé  avec  un  mélange  d'oxyde  d'ar- 
gent, précipité  récemment,  et  d'eau,  se  décompose  avec  formation  d'iodure 
d'argent  qui  se  précipite,  tandis  que  l'eau  retient  en  dissolution  une  sub- 

C.  R.,  1873,  Q«  Jîenimre.  (T.LXXVll,  Noo^  )  182 


(  i4o6  ) 
stance  alcaline  qui,  Irès-probablement,  est  l'oxyde  de  niercurosobiityle 

IIg(C'H»)0,HO. 

»  Cette  dissolution  étant  abandonnée  sous  une  cloche  au-dessus  d'un 
vase  renfermant  de  l'acide  sulfurique  au  maximum  de  concentration,  il 
s'en  sépare  de  petits  cristaux;  cette  base  s'unit  à  divers  acides  et  forme  en 
général  des  composés  peu  soiubles. 

»  Zinc  hulyle.  —  Ce  composé  s'obtient  par  l'action  du  zinc  sur  le  mer- 
cure bulyle.  On  introduit  dans  des  tubes,  qu'on  scelle  ensuite  à  la  lampe, 
un  mélange  de  mercure  butyle  et  de  zinc  en  feuilles  découpées  en  petites 
lanières,  dont  on  maintient  la  température  entre  120  et  i3o  degrés  pendant 
quelques  heures.  Il  faut  avoir  soin  d'employer  le  zinc  en  léger  excès.  Le 
liquide  extrait  des  tubes  est  distillé  dans  un  courant  d'acide  carbonique, 
puis  soumis  à  une  nouvelle  rectification. 

»  Ainsi  purifié,  le  zinc  butyle  est  un  liquide  incolore  répandant  à  l'air 
d'épaisses  fumées  susceptibles  de  s'y  enflammer,  pour  peu  qu'elles  soient 
un  peu  chaudes.  L'eau  le  décompose  avec  violence.  Il  bout  entre  i85et 
188  degrés. 

w  Les  trichlorures  de  phosphore  et  d'arsenic  réagissent  vivement  sur  le 
zinc  butyle,  alors  même  que  ces  produits  sont  délayés  dans  l'éther 
anhydre.  Il  se  forme  probablement  dans  ces  circonstances  des  phosphines 
et  des  arsines  que  je  me  propose  d'examiner  ultérieurement. 

»  L'arsenic  en  poudre  agit  sur  l'iodure  de  butyle  à  la  température  de 
1.75  à  180  degrés,  comme  sur  ses  huiuologues  inférieurs,  et  donne  nais- 
sance à  des  cristaux  rougeâtres  qui  sont  une  combinaison  d'iodure  d'ar- 
senic et  d'arsine  tributylique. 

»  Aluminium  butyle.  —  L'aluminium  agit  assez  rapidement  sur  le  mer- 
cure butyle  à  la  température  de  120  a  isS  degrés;  il  en  élimine  graduelle- 
ment le  mercure  et  s'y  substitue.  Le  produit  de  cette  réaction  est  un  li- 
quide incolore,  répandant  à  l'air  des  fnmées  blanches;  il  brùle  avec  une 
flamme  éclairante  dans  laquelle  se  déposent  des  flocons  d'altunine;  l'eau 
le  décompose  avec  violence  en  donnant  naissance  à  de  l'hydriirc  de  butyle 
et  à  de  l'alumine  gélatineuse. 

»  La  composition  de  l'aluminium  butyle  est  représentée  par  la  formule 

AP(C''H')». 

).  Elher  silicobul/lique.  —  Lorsqu'on  fait  agir  par  petites  portions,  sur 
5i   grammes  de  chlorure  de  silicium  Si  CI',  disposés  dans  une  cornue  de 


(  «407  ) 
verre,  89  grammes  d'alcool  bulylique  de  fermentation,  parfaitement 
anhydre  (ces  deux  corps  étant  employés  dans  les  rapports  de  i  à  4  en 
atomes),  on  observe,  après  chaque  addition  d'alcool,  un  dégagement  con- 
sidérable d'acide  chiorhydrique,  et  l'on  peut  constater,  comme  avec  les 
alcools  éthylique  et  propylique,  un  léger  abaissement  de  température. 

»  Lorsqu'on  a  fini  d'ajouter  tout  l'alcool,  on  soumet  le  mélange  à  la 
distillation,  après  addition  toutefois  de  3  à  4  grammes  d'alcool  butylique. 
Du  gaz  chiorhydrique  se  dégage  en  abondance,  et  la  température  d'ébulli- 
tiou,  qui  est  d'environ  iio  degrés  au  début,  s'élève  rapidement  à  248 
et  aSo,  la  presque  totalité  du  liquide  passant  entre  cette  température 
et  265  degrés. 

»  Ce  dernier,  soumis  à  de  nouvelles  rectifications,  m'a  donné  finalement 
»ui  produit  bouillant  entre  256  et  260  degrés,  qui  n'est  autre  que  l'éther 
silicobutylique  normal. 

»  Ainsi  purifié,  c'est  un  liquide  incolore  très-mobile  et  très-réfringent, 
dont  l'odeur  assez  faible  rappelle  celle  de  l'alcool  butylique.  Sa  densité 
est  de  0,953  à  i  5  degrés. 

»  Il  ne  se  mêle  pas  à  l'eau,  qu'il  surnage,  et  ne  s'altère  que  très-lente- 
ment à  ce  contact.  On  peut  même  le  faire  bouillir  quelques  minutes  avec  ce 
liquide  sans  observer  la  moindre  altération.  Une  lessive  de  potasse  l'attaque 
rapidement  à  chaud;  de  l'alcool  butylique  se  dégage,  et  l'on  obtient  du 
silicate  de  potasse. 

))  Il  s'altère  avec  une  lenteur  extrême  au  contact  de  l'air  humide  et 
donne  naissance,  au  bout  d'un  très-long  temps,  à  de  la  silice  sous  forme 
vitreuse,  comme  ses  homologues  inférieurs. 

»  La  composition  de  l'éther  silicobutylique  est  représentée  par  la 
formule 


C'='H"SiO'  =  ,A^'  .  !0'* 


))  Le  chlorure  de  silicium  réagit  sur  l'éther  silicobutylique  comme  ses 
homologues  inférieurs  et  donne  probablement  naissance  à  des  chlorhy- 
drines,  que  je  ferai  connaître  dans  une  Note  postérieure. 

Elher  oxalobuljUque.  —  Ce  composé  s'obtient  facilement  en  distillant  un 
mélange  d'acide  oxalique,  en  partie  privé  de  son  eau  de  cristallisation  et 
d'alcool  butylique  anhydre.  On  chauffe  doucement  ce  mélange,  qui  doit 
renfermer  un  excès  d'alcool  butylique,  et  l'on  distille  presque  jusqu'à 
siccité.  Le  produit  condensé,  débarrassé  de  l'eau  qui  l'accompagne,  étant 
soumis  à  la  rectification,  couuueuce  à  bouillir  vers  io5  à  i  10  degrés;  puis 

182  . 


(   >4o8  ) 
la  température  s'élève  progressivement   pour  atteindre    220   degrés.    On 
change  alors  de  récipient,  cl  ce  qui  reste  dans  la  cornue  distille  intégrale- 
ment entre  220  et  aSo  degrés. 

))  Cette  dernière  partie,  soumise  à  une  nouvelle  rectification,  m'a  donné 
plus  des  Ytt  d'un  produit  bouillant  entre  224  et  226  degrés.  En  employant 
100  grammes  d'acide  oxalique  débarrassé  d'une  partie  notable  de  son  eau 
de  cristallisation  et  ii5  grammes  d'alcool  butylique,  j'ai  obtenu  6:^  gram- 
mes d'étlier  oxalobuljlique  pur. 

»  C'est  un  liquide  incolore  et  très-limpide,  dont  l'odeur  est  forte  et  aro- 
matique. 

»  Insoluble  dans  l'eau  pure,  il  se  dissout  en  toutes  proportions  dans 
l'alcool  et  dans  l'étlier.  Sa  densité  est  de  1,002  à  la  température  de  i4  de- 
grés. 

»  L'eau  froide  le  décompose  très-lentement.  Une  solution  de  potasse 
bouillante  le  décompose  rapidement  en  acide  oxalique  et  alcool  butylique. 
Traité  par  une  solution  alcoolique  de  jiotasse  capable  de  déplacer  seule- 
ment un  des  2  équivalents  de  butyle  qu'il  renferme,  il  fournit  un  sel 
cristallisé  en  paillettes  nacrées,  qui  est  de  Voxalobutjlate  de  jjotasse. 

»  L'ammoniaque  aqueuse  le  décom|)ose  à  la  manière  de  l'éther  oxa- 
lique, en  donnant  naissance  à  de  l'oxamide.  Une  solution  alcoolique  d'am- 
moniaque, ajoutée  par  petites  portions,  le  transforme  en  éther  oxamo- 
/>i(/j'/i(/((e  (oxamélhane  butylique),  qui  se  sépare  de  sa  dissolution  alcoo- 
lique par  évaporation  spontanée  sous  la  forme  de  très-beaux  prismes. 

»  La  composition  de  l'éther  oxalobutylique  est  représentée  par  la 
formule 

•^    "    ^  -(C'trr.  )^     " 

VITICULTURE.  —    De  la  propaijation  du  Plijltoxeia  ; 
Note  de  M.  H.  Warès. 

((  Les  travaux  dont  l'élude  du  Phvlloxera  a  été  l'objet,  depuis  plus  de 
cinq  ans,  démontrent  que  cet  insecte  est  nuisible  à  la  vigne  et  qu'il  est  un 
de  ses  parasites  les  plus  dangereux.  Il  fait  pourrir  les  racines  des  ceps  sur 
lesquels  il  se  développe  et,  sous  cette  influence,  au  bout  d'un  temps  va- 
riable, tantôt  court,  tantôt  long,  la  plante,  à  l'état  de  culture,  s'étiole  et 
finit  même  par  mourir. 

))  Mais  ces  laits,  s'ils  prouvent  que  le  Phylloxéra  peut  être  regardé 
comme  la  cause  animée  et  visible  de  la  maladie  particulière  qui  sévit  ac- 


(  1-^09  ) 
tuellement  sur  les  vignes,  n'empêchent  pas  de  considérer  sa  grande  multi- 
plication et,  par  suite,  sa  diffusion,  sans  lesquelles  il  serait  peu  redoutable, 
comme  le  résultai  de  causes  diverses,  telles  que  les  intempéries  (sécheresses 
prolongées,  grandes  humidités,  gelées  tardives  et  froids  excessifs,  etc.),  les 
sols  pauvres  ou  de  mauvaise  nature,  les  cultures  vicieuses  qui  nuisent  à 
la  végétation  de  la  vigne  et  abrègent  la  durée  de  sa  vie. 

»  En  remontant  même  à  la  période  initiale  de  la  maladie,  ne  faut-il  pas 
concevoir  le  Phylloxéra  comme  vivant  sur  la  vigne,  dont  il  se  nourrit 
mais  sans  la  faire  périr,  et  ne  devenant  destructeur  pour  elle  que  sous  l'in- 
fluence de  causes  qui  lui  permettent  de  se  nndtiplier  à  l'excès? 

»  Le  Phylloxéra  est  donc  une  cause  directe  de  destruction  pour  la 
vigne;  mais,  d'autre  part,  sa  grande  multiplication  est  l'effet  de  causes  gé- 
nérales, qui,  depuis  quelques  années,  l'ont  fait  reconnaître  simultanément 
sur  divers  points  des  vignobles  de  l'Europe. 

»  Si  l'on  considère  le  plus  important  de  ces  points,  celui  du  vignoble  de 
Roquemaure  (plateau  de  Pujaut),  dans  le  bas  Rhône,  d'où  sa  diffusion  a 
été  la  plus  grande,  on  voit  le  Phylloxéra  se  propager  à  la  fois  à  de  grandes 
dislances,  par  bonds  de  20,  3o,  4o  kilomètres  et  même  plus  (i),  et  de 
proche  en  ijroche,  par  contact  d'un  cep  à  l'autre.  Entre  ces  extrêmes,  il 
lance  des  colonies  plus  ou  moins  rapprochées  et  dans  toutes  les  direc- 
tions; mais,  quelle  que  soit  la  manière  dont  il  se  répand,  on  lui  voit  suivre 
des  règles  constantes  dans  ses  allures. 

»  Ainsi,  quand  le  Phylloxéra  lait  son  apparition  dans  un  canton  viti- 
cole,  il  ne  s'établit  d'abord  que  sur  certains  points  isolés,  se  bornant  à 
un  petit  nombre  de  ceps.  Or  ces  points  isolés  sont  toujours  placés  sur 
quelque  partie  faible  de  la  vigne  attaquée  et  particulièrement  sur  ceux  qui 
subissent  avec  le  plus  d'intensité  les  effets  de  l'extrême  sécheresse  et  de 
l'extrême  humidité  (2). 


(i)  Exemples  :  le  point  d'attaque  tie  Saulce,  entre  Montéliraar  el  Valence,  à  17  kilo- 
mètres au  nord  de  Montélimar,  reconnu  en  1868,  au  sommet  d'un  plateau  aride;  celui  de 
Redesson,  dans  le  Gard,  entre  Nîmes  et  Beaucaire,  reconnu  en  1869;  celui  de  Coulondres, 
dans  l'Hérault,  reconnu  en  i86g;  etc.,  etc. 

(2)  Exemples  :  les  plateaux  de  Pujaut,  en  cailloux  roulés,  très-arides,  sur  une  couche 
d'argile;  les  terrains  de  la  Crau,  qui  sont  dans  le  même  cas;  plus  près  de  Montpellier,  le 
point  d'attaque  de  Redesson,  petite  dépression  circulaire  sur  un  poudingue  argileux,  im- 
perméable ;  le  point  d'attaque  de  Coulondres,  à  Saint-Gély-du-Fesq,  dans  un  terrain  in- 
filtré par  des  eaux  de  source;  le  point  de  Sorieck,  sur  la  route  de  Pérols,  dans  le  fond 
d'un  petit  étang  desséché,  où  séjournent  des  eaux  stagnantes  dans  les  hivers  pluvieux;  le 


(  i4>o  ) 

»  Au  début,  le  Phylloxéra  n'allaque  pas  les  surfaces;  ce  n'est  que  plus 
tard,  lorsque,  à  la  suite  de  circonstances  favorables,  il  s'est  multiplié  sur 
les  points  de  son  apparition  et  qu'il  le>  a  agrandis,  qu'il  s'étend  à  d'autres 
points  caractérisés  comme  les  premiers,  mais  d'une  manière  moins  tran- 
chée, et  ensuite  aux  surfaces.  Sa  multiplication,  à  ce  moment,  est  telle  qu'il 
finit  par  envahir  toutes  les  vignes  à  proximité. 

»  Selon  l'année  et  l'état  de  la  température,  les  progrès  de  l'invasion  sont 
plus  ou  moins  grands  :  lents  quand  la  vigne  végète  bien,  comme  en  1870 
et  1872;  rapides  quand  elle  végète  mal,  comme  en  1868  et  1873,  sous 
l'influence  de  nombreuses  intempéries  et  de  grandes  sécheresses. 

»  Les  vignes  des  terrains  les  plus  exposés  à  l'action  des  intempéries  et 
particulièrement  à  celle  des  sécheresses,  des  humidités  prolongées  et  des 
gelées  de  printemps,  sont  les  plus  ravagées  par  le  Phylloxéra,  et  générale- 
ment attaquées  les  premières. 

»  L'influence  des  terrains  et  de  la  culture  paraît  même  décisive  sur  la 
diu'ée  des  vignes  attaquées.  Si  elles  meurent  assez  vite  dans  les  sols  très- 
secs  et  presque  stériles,  compactes  ou  imperméables,  on  les  voit  résister 
dans  ceux  qui,  par  leur  nature,  se  ressuient  vite  et  qui,  facilement  pénétrés 
par  l'air  et  l'eau,  ne  sont  pas  sujets  aux  sécheresses.  11  y  a  même  des  sols  où 
la  durée  des  vignes  malades  se  prolonge,  puisqu'il  en  existe  encore  des 
surfaces  en  culture,  d'une  certaine  importance  (20  hectares),  chezM.  Pieyre, 
près  de  Tarascon,  quoiqu'elles  soient  attaquées  du  Phylloxéra  depuis  l'an- 
née 1868. 

»  La  culture,  avec  sa  taille  annuelle  et  les  mutilations  répétées  auxquelles 
on  soumet  la  vigne  pour  la  forcer  à  donner  des  fruits  volumineux,  sa- 
voureux et  sucrés,  exerce  sur  elle  une  action  directe,  favorable  à  la  multi- 
plication du  Phylloxéra.  Ainsi,  commeje  l'ai  constaté  dès  l'année  1 868-1 869, 
les  vignes  sauvages  et  celles  qui  croissent  spontanément  dans  les  terrains 
incultes,  ou  n'ont  pas  le  Phylloxéra,  ou  ne  paraissent  pas  en  souffrir, 
quoiqu'elles  soient  à  proximité  de  vignes  cultivées  détruites  par  cet  insecte, 
en  totalité  ou  en  partie,  par  exemple  dans  la  Crau. 

»  Les  treilles  moins  ravalées  par  la  taille  que  la  vigne  en  souche,  et 
plantées  dans  les  cours  des  habitations  en  sol  toujours  ferme,  où  leurs  ra- 
cines s'étendent  librement,  souffrent  peu  ou  point  du  Phylloxéra. 


point  d'attatiuc  du  domaine  «le  las  Sorrès,  au  point  bas  du  sol  infiltré  par  les  eaux  d'un  ruis- 
seau, après  les  pluies  d'hiver;  le  point  de  Saint-Martin,  à  Fabrcgues,  dans  un  sol  inarsi- 
leux,  infiltré  i)ar  les  eaux  d'un  plateau  supérieur;  etc.,  etc. 


(  '4"  ) 

»  En  résumé,  toutes  les  circonstances  qui  influent  défavorablement  sur 
la  végétation  de  la  vigne,  et  qui  affaiblissent  ce  végétal,  augmentent  l'inten- 
sité des  invasions  du  Phylloxéra  et  en  aggravent  les  effets,  de  même  que 
celles  qui  tendent  à  débiliter  la  vigne,  sans  engendrer  toutefois  un  état 
maladif  déterminé,  la  prédisposent  à  être  attaquée  de  préférence. 

»  J'ai  déjà  signalé  à  l'Académie,  au  mois  de  janvier  dernier,  des  vignes 
dont  le  développement  s'est  affaibli  en  1872,  sans  autre  cause  apparente 
que  leur  proximité  de  points  malades,  et  sur  lesquelles  on  ne  pouvait  dé- 
couvrir de  Phylloxéra.  En  1873,  elles  ont  toutes  été  attaquées  par  cet  in- 
secte, mais  d'une  manière  très-inégale.  S'il  y  a  eu  dans  ce  fait  une  phase 
initiale  de  la  maladie,  elle  n'est  pas  cependant  suffisamment  caractérisée, 
et  me  paraît  rentrer  dans  la  généralité  des  cas  où  une  diminution  de  vi- 
gueur de  la  vigne  la  prédispose  aux  invasions  des  insectes.  Il  convient 
#lors  d'agir  préventivement,  comme  je  l'ai  d'ailleurs  conseillé  depuis  long- 
temps, afin  de  lutter  contre  la  maladie,  par  tous  les  moyens  suscep- 
tibles de  rendre  à  la  vigne  sa  vigueur  primitive. 

»  Au  point  de  vue  pratique,  les  faits  qui  viennent  d'être  exposés  per- 
mettent d'exercer  sur  l'invasion  du  Phylloxéra  une  surveillance  plus  effi- 
cace, en  faisant  connaître  d'avance  les  points  faibles  des  vignobles,  par 
lesquels  elle  débute  ordinairement,  et  ils  conduisent  à  poursuivre  en  même 
temps  la  restauration  de  la  vigne  et  la  destruction  de  l'insecte,  quand  cette 
dernière  est  possible.  Préalablement  la  vigne  peut  être  renforcée,  avant 
d'être  attaquée,  par  les  moyens  les  plus  énergiques  et  les  plus  durables, 
afin  de  la  mettre  en  état  de  résister  et  de  réagir  contre  le  Phylloxéra,  ou  de 
vivre  et  de  fructifier  plus  tard,  malgré  ses  attaques.  En  second  lieu,  on 
peut  chercher  à  détruire  ce  parasite  directement,  sans  nuire  à  la  vigne 
elle-même.  Enfin  on  peut  traiter  les  vignes  préventivement  et  curative- 
ment  tout  à  la  fois,  par  la  combinaison  des  moyens  les  plus  propres  à 
défendre  le  système  de  leurs  racines  et  à  faire  périr  les  insectes,  moyens 
dans  lesquels  l'application  des  engrais  et  des  substances  propres  à  être 
absorbées  par  les  ceps  jouent  le  rôle  principal. 

M   Je  reviendrai  prochainement  sur  ce  dernier  sujet.   » 

M.  P.  Geevais  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire  consacré  à  des 
Mammifères  d'espèces  éteintes,  propres  à  TAmérique  méridionale. 

«  Je  donne,  dit  M.  Gervais,  dans  ce  Mémoire  qui  vient  de  paraître 
parmi  ceux  de  la  Société  géologique,   la  description  détaillée  de  quatre 


(  1.1.2  ) 

espèces  propres  à  la  faune  sud-américaine,  remarquables  par  la  singularité 
de  leurs  caractères.  Ces  espèces  sont  :  le  Marrnurhenia  pritarlionica,  Owen, 
le  grand  Ours  de  la  région  de  la  Plata,  (|ue  j'ai  nommé  Ursiis  hnnnricn- 
5!5,  ainsi  que  deux  Edentés  de  genres  précédemment  inconnus,  le  Leslodon 
armatus  et  VEulnliis  Seguini. 

»  Les  matérianx  de  ce  Mémoire  m'ont  été  fournis  par  la  collection  re- 
cueillie de  1861  à  1867  dans  la  Confédération  Argentine,  par  M.  F.  Seguin, 
collection  acquise  en  1871  par  le  Muséum,  el  dont  je  continue  à  m'oc- 
cuper.  » 

M.  G. -A.  HiR\  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  «  Mémoire  sur  les  pro- 
priétés optiques  de  la  flamme  des  corps  en  combustion  et  sur  la  tempéra- 
ture du  Soleil  (Extrait  des  Annales  de  Chimie  el  de  Physique)  ». 

IVOMIIVATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'inie  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  proposer  une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  iSyS. 

MM.  Milne  Edwards,  Brongniart,  de  Quatrefages,  Cl.  Bernard,  Dumas 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont 
obtenu  le  plus  de  voix,  sont  MM.  Élie  de  Beaumont,  Pasteur,  Decaisne. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'iuie 
Commission  qui  sera  chargée  de  proposer  une  question  pour  le  prix  Bordin 
à  décerner  en  iSyS. 

MM.  Milne  Edwards,  Decaisne,  Cl.  Bernard,  Chevrenl,  Brongniart 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membresqui,  après  eux,  ont  obtenu 
le  plus  de  voix,  sont  MM.  Elle  de  Beaumont,  de  Quatrefages,  Pasteur, 
Dumas. 


(    '4.3  ) 

RAPPORTS. 

HYGIÈNE   PUBLIQUE.    —    Rapport  Mf  un    Mémoire  de  M.   Douglas  Galton, 
inliltilé  «   On  the  construction  of  hospitals.  » 

(Commissaires  :  MM.  Larrey,  général  Morin  rapporteur.) 

o  L'auteur  du  Mémoire  dout  l'Académie  nous  a  chargés  de  lui  rendre 
compte  n'a  quitté  que  depuis  peu  de  temps  le  service  militaire,  dans  le- 
quel, conune  capitaine  au  corps  royal  des  ingénieurs,  il  avait  été  appelé, 
par  les  fonctions  de  son  grade,  à  s'occuper  de  l'importante  question  de  la 
salubrité  du  casernement  des  troupes  et  des  hôpitaux  militaires.  Il  a  fait 
partie  de  plusieurs  Commissions  composées  des  chefs  de  l'armée  et  de 
sommités  médicales,  qui  ont  introduit  dans  cette  branche  du  service  de 
grandes  améliorations,  dont  nous  ferons  connaître  plus  loin  les  heureux 
résultats. 

»  On  lui  doit  déjà,  en  particulier,  l'introduction,  dans  lescasernesetdans 
les  hôpitaux  militaires  d'Angleterre,  d'un  système  de  cheminée  qui  réunit  à 
l'action  salutaire  autant  qu'agréable  d'un  chauffage  à  feu  apparent,  celui 
d'assurer  un  renouvellement  abondant  de  l'air,  en  en  évitant  les  rentrées 
par  les  portes  et  par  les  fenêtres,  en  même  temps  qu'il  procure  un  accrois- 
sement considérable  du  rendement  calorifique  de  ces  appareils.  L'idée 
fondamentale  de  ce  genre  de  cheminée  avait,  il  est  vrai,  été  émise  il  y  a 
déjà  de  longues  années,  par  M.  Delmas,  officier  du  Génie  militaire  fran- 
çais, dans  un  Mémoire  inséré  au  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie,  mais  elle 
n'avait  pas  reçu  d'applications,  et  d'ailleurs  la  disposition  adoptée  par 
M.  D.  Galton  en  a  fait  un  appareil  simple  et  réellement  nouveau,  d'un  usage 
très-satisfaisant. 

»  Dans  le  Mémoire  dont  il  a  chargé  l'un  de  nous  de  présenter  un  exem- 
plaire à  l'Académie,  M.  Douglas  Galton  ne  s'est  pas  proposé  de  faire  une 
étude  générale  du  service  hospitalier,  et  son  but  principal  a  été  d'établir  et 
de  propager  parmi  les  architectes  de  son  pays  les  principes  généraux  qui 
doivent  servir  de  règle  pour  la  construction  des  hôpitaux  et  pour  en  assurer 
la  salubrité,  ainsi  que  pour  en  rendre  le  service  facile.  Il  examine  successi- 
vement les  questions  qui  concernent  le  site,  la  surface  de  terrain  à  allouer 
par  lit,  la  forme  et  la  distribution  des  diverses  parties,  les  dimensions  des 
salles,  le  maintien  de  la  pureté  de  l'air,  la  superficie   et   l'espace  cubique 

C.  R.,  1873,  2"  Semestre.  {T.  LXXVII,  N"  24.)  I  83 


(  i4i4  ) 

par  lit  dans  chaque  salle,  les  matériaux  à  employer  pour  les  parois,  les  dé- 
peinlances  des  services,  etc.  Il  passe  ensuite  aux  dispositions  d'ensemble  et 
applique  les  principes  qu'il  a  énoncés  à  plusieurs  grands  hôpitaux  d'Angle- 
terre ou  de  France,  en  faisant  ressortir  les  inconvénients  et  les  avantages 
que  présentent  celles  qui  ont  été  adoptées. 

»  Nous  ne  pensons  pas  qu'il  soit  utile  d'indiquer  les  principales  con- 
clusions auxquelles  il  arrive,  attendu  que  nous  avons  pu  constater  avec 
satisfaction  qu'elles  sont,  pour  ainsi  dire,  de  tous  points  conformes  à 
celles  qui  sont  formulées  dans  le  Rapport  sur  les  conditions  hygiéniques 
à  remplir  dans  la  création  des  hôpitaux,  rédigé  avec  tant  de  soins  par 
M.  le  D"^  Devergie,  au  nom  d'une  Comuiission  du  Comité  consultatif  d'hy- 
giène et  du  service  médical  des  hôpitaux,  approuvé  le  i"  juin  i865,  et  qui 
fait  partie  de  la  collection  du  Bulletin  officiel  publié  par  le  Ministère  de 
l'Intérieur,  adressé  à  tous  les  préfets  des  déparlements,  pour  servir  de  règles 
dans  les  questions  relatives  aux  hôpitaux. 

»  Ce  Comité,  qui  se  composait  de  vingt-neuf  membres,  contenait  dans 
son  sein  dix  membres  de  l'Institut,  quatorze  de  nos  illustrations  médicales 
et  les  hommes  les  plus  versés  dans  les  questions  qui  se  rattachent  au  ser- 
vice et  à  l'administration  des  hôpitaux.  Il  est  à  regretter  que,  depuis  1867, 
on  ait  cessé  de  faire  appel  au  dévouement  dont  ce  Comité  avait  donné  des 
preuves. 

>)  Une  telle  concordance  de  vues,  pour  des  recherches  semblables,  n'a 
rien  qui  doive  surprendre,  quand  leurs  auteurs  prennent  uniquement  pour 
point  de  départ  les  faits,  les  lois  et  les  phénomènes  de  la  nature,  en  mèuie 
temps  qu  ils  ne  s'inspirent  que  de  l'amour  de  l'humanité. 

»  Outre  l'intérêt  qui  s'attache  aux  questions  traitées  dans  le  Mémoire  de 
M.  Douglas  Galton,  la  discussion  à  laquelle  sa  Communication  a  donné 
lieu  dans  la  réunion,  à  Leeds,  de  la  Sociétété  médicale  d'Angleterre,  a  mis 
en  relief  des  faits  et  des  opinions  qu'il  nous  paraît  utile  de  faire  connaître 
à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  ces  questions. 

»  Le  point  le  plus  saillant  de  cette  discussion,  et  celui  sur  lequel  la  plu- 
part des  sommités  médicales  qui  y  assistaient  se  sont  trouvées  d'accord, 
c'est  l'avantage  immense  que  présentent,  au  point  de  vue  de  la  salubrité, 
les  petits  hôpitaux  sur  les  grands.  Cette  supériorité  a  été  mise  en  évidence 
par  M.  le  D'"  sir  James  Simpson,  qui  a  réuni  des  résultats  statistiques  sur 
plus  de  six  mille  cas  d'amputations  de  membres,  et  qui,  en  les  discutant, 
a  pu  former  le  tableau  comparatif  suivant  de  la  mortalité  due  à  ces  opé- 
rations dans  un  grand  nombre  d'hôpitaux  : 


(  •4'5  ) 

Mortalité 

Désignation  des  hôpitaux.  Nombre  de  lits.  sur  loo  amputés. 

Grands  hôpitaux  de  l'aris 4°°  ^  600  60 

»                d'Angleterre 3oo  ^o 

Hôpitaux  de  province  (  Angleterre) moins  de  3oo  à  i5o  25 

»                                >             1 5o  à  25  20 

Petits  hôpitaux  de  campagne  (i) »  18  a    i4 

Praticiens  ordinaires. ..  .  »  n 

Chirurgiens  exerces »  8 


Chambres  isolées 


»  Les  résultats  précédents,  uniquement  relatifs  aux  hôpitaux  civils,  sont 
d'ailleurs  cotnplétement  d'accord  avec  l'opinion  de  nos  plus  habiles  chi- 
rurgiens militaires,  qui  tous  se  sont  prononcés,  soit  dans  cette  Académie, 
soit  dans  leurs  ouvrages,  sur  les  avantages  de  la  séparation  des  pavillons  et 
de  celle  des  malades  et  des  blessés. 

»  Mais  on  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que,  dans  les  petits  hôpitaux 
comme  dans  les  grands,  la  capacité  des  salles,  pour  chaque  lit,  ne  doit 
pas  descendre  au-dessous  d'une  certaine  limite  qu'en  France  on  a  fixée  à 
5o  ou  55  mètres  cubes  par  lit  pour  les  hôpitaux  ordinaires,  à  100  mètres 
cubes  pour  les  blessés  avec  plaies  suppurantes  et  les  femmes  en  couches, 
et  à  i5o  mètres  cubes  en  temps  d'é[)idémie.  Sons  ce  rapport,  les  propor- 
tions en  usage  en  Angleterre  nous  paraissent  insuffisantes. 

»  D'une  autre  part,  l'espacement  des  lits  a  aussi,  pour  la  diministion  des 
chances  d'infection  ou  de  contagion,  une  importance  considérable  que  l'un 
de  vos  Commissaires  a  eu  souvent  l'occasion  de  constater  et  qu'il  a 
signalée  dans  celte  Académie;  de  sorte  que,  étant  données  la  capacité  et  la 
sinface  de  la  salle  par  lit,  il  vaut  mieux  en  limiter  la  hauteur  et  la  largeur 
que  de  restreindre  l'écartement  des  lits  au-dessous  d'une  limite  que  nous 
fixerions  volontiers  à  1  mètre. 

»  Au  sujet  de  l'importance  de  l'isolement  des  différentes  salles  et  des 
pavillons  d'iuî  même  hù|)ital,  M.  le  docteur  Riunsey  (de  Cheltenham)  a  si- 
gnalé un  exemple  frappant  des  inconvénients  que  présente  la  disposition 
adoptée  dans  quelques  hôpitaux,  non  ventilés  énergiquement,  et  en  parti- 
culier dans  le  bel  hôpital  Royal  Victoria,  à  Netley,  où  toutes  les  salles  ont 
leur  entrée  dans  un  corridor  commun  dont  les  fenêtres  sont  fermées.  L'iui 
des  professeurs  de  cet  établissement  a  constaté  que  l'ouverture  d'un  abcès 
hépatique,  contenant  un  pus  extrêmement  fétide,  ayant  été  opérée  dans 
une  salle  située  à  l'extrémité  du  corridor,  l'horrible  odeur  qu'il  répandait 


(1)   Appelés  cottage  liospitals. 


(  >4i<3  ) 
lui  |ierçiie  d'une  salle  à  l'autre,  jusqu'à  l'extrémité  du  corridor,  à  une  dis- 
tance d'environ  533  mètres. 

»  A  l'appui  de  l'opinion  sur  les  avantages  de  la  séparation  des  malades, 
il  n'est  pas  hors  de  propos  de  citer  les  résult;)ts  recueillis  dans  les  hôpitaux 
d'accouchement  de  Paris,  dans  lesquels  la  mortalité  est  en  moyenne  de 
80  sur  1000  femmes  accouchées,  et  s'élève  pour  l'un  d'eux  à  2o3  sur 
1000,  tandis  que  pour  les  accouchements  à  domicile  elle  n'est  en  moyenne 
que  de  5  sur  1000. 

»  L'administration  de  l'Assistance  publique  de  Paris  est  d'ailleurs  telle- 
ment convaincue  des  avantages  de  la  séparation  et  de  l'isolement  que, 
depuis  plusieurs  années,  elle  développe  autant  qu'il  dépend  d'elle  le  ser- 
vice des  secours  à  domicile. 

»  De  l'ensemble  des  opinions  émises  dans  la  discussion  qui  a  eu  lieu  à 
Leeds  entre  des  médecins  éminents,  il  ne  serait  pas  permis  de  conclure  à 
la  stqipression  des  grands  hôpitaux,  qui  sont  d'une  nécessité  imj)érieuse 
pour  les  cités  importantes  ;  mais  il  n'en  reste  pas  moins  établi  que  la  pru- 
dence et  l'humanité  conseillent  de  restreindre,  autant  que  possible,  le 
nombre  des  lits  dans  chaque  salle,  de  réduire  à  deux  et  même  à  un  seul 
le  nombre  des  étages  et  de  rendre  tous  les  pavillons  indépendants  les  uns 
des  autres. 

M  Telles  sont  les  conséquences  générales  sur  lesquelles  les  savants 
médecins  de  l'Angleterre  sont  d'ailleurs  d'accord  avec  ceux  de  la 
France. 

»  La  question  d'économie,  qu'on  met  trop  souvent  en  avant  à  ce  sujet, 
nous  paraît  de  peu  de  poids  en  pareille  matière,  et  nous  avons  été  surpris 
de  trouver  dans  le  Mémoire  de  M.  Douglas  Galton  une  estimalion  de  la 
valeur  capitalisée  des  frais  de  construction  et  d'entretien  d'un  lit  d'hôpital 
s'élevant  pour  des  salles  de 


fr 


9  lits  à 10781  par  lit. 

25  lits  à 5821 

32  lits  à 5544 

»  D'où  l'on  a  conclu  qu'il  y  avait  lieu  de  donner  la  préférence  aux  salles 
de  32  lits. 

»  Ce  mode  d'appréciation  n'est  pas  de  l'auteur  du  Mémoire,  nous  devons 
le  dire,  car  il  se  montre,  au  contraire,  partisan  des  petites  salles;  il  paraît 
même  disposé  à  préférer  ce  qu'on  appelle  en  Angleterre  collage  hospiuds, 
et  à   adhérer  à  l'opinion  émise  par  le  D'  J.  Billings,  des   États-Unis,  qui 


(  i4'7  ) 
pense  qu'un  hôpital  ne  doit  être  regardé  que  comme  un  édifice  temporaire 
destiné  à  être  démoli  après  quinze  ans  de  service  (i). 

»  Nous  nous  bornerons  à  faire  remarquer  que,  dans  le  calcul  précédent, 
on  ne  tient  aucun  compte  des  différences  dans  le  chiffre  de  la  mortalité  et 
dans  la  durée  du  séjour  à  l'hôpital,  qui  semblent  résulter  incontestable- 
ment de  la  diminution  du  nombre  des  malades  dans  un  même  lieu. 

»  Si  nous  osions  même  songer  à  soumettre  une  semblable  question  à 
des  calculs  financiers,  ce  qui  ne  serait  peut-être  pas  difficile  si  l'on  possé- 
dait des  statistiques  médicales  bien  faites  pour  les  divers  hôpitaux,  nous 
croyons  fermeaient  que  la  balance  arithmétique,  tout  étrangère  qu'elle 
puisse  être  aux  considérations  d'Iunnaiiité,  serait  en  faveur  de  la  plus 
grande  division  possible  des  pavillons  et  des  lits. 

»  Nous  trouvons,  à  l'appui  de  cette  opinion,  des  documents  remar- 
quables dans  une  Notice  intitidée  Adress  on  Hcnllh,  lue  au  Congrès  de  la 
Science  sociale,  par  RI.  Douglas  Gallon,  en  octobre  18^3,  et  dans  laquelle 
il  a  fait  connaître  quelques-iuis  des  résultats  statistiques  dus  à  la  seule  in- 
fluence de  simples  mesures  hygiéniques  introduites  dans  les  casernes  de 
l'Angleterre  et  de  ses  colonies,  par  les  soins  des  Commissions  sanitaires 
de  l'armée,  dont  l'action  continue  est  étendue  partout  où  il  y  a  des 
soldats. 

»  Ces  résultais  sont  d'autant  plus  concluants  que,  comme  le  fait  juste- 
ment remarquer  l'auteur,  les  armées  sont  composées  d'individus  qui  for- 
ment la  partie  la  plus  valide  de  la  population.  Les  chiffres  parlent  assez 
clairement  d'eux-mêmes  pour  qu'il  suffise  de  les  rapporter. 

»  De  1837  à  1846,  la  moyenne  annuelle  des  décès  dans  l'infanterie  de 
ligne  en  Angleterre,  sur  1000  individus,  atteignait  les  chiffres  suivants  : 

Maladies  infectieuses.  Affections  de  poitrine.  Maladies  diverses.  Total. 

4,1  10,1  3,7  17,90 

«4,2 

tandis  que  dans  la  population  civile  elle  n'était  que  de 

2,0  4,5  3,3  9,80 

))  L'expérience  de  la  campagne  de  Crimée  ayant  appelé  la  sérieuse  atten- 
tion de  l'opinion  publique  sur  ce  sujet,  lord  Herbert  créa  ini  service  admi- 

(1)   Rapport  on  barrnchs  and  Itospitals,  par  J.  Billings;  Washington,  1870. 


(  i4i8  ) 
nistralif  chargé  de  veiller  à  l'observation  des  règles  à  suivre  pour  améliorer 
l'état  sanitaire  de  l'armée. 

»  La  première  mesure  prise,  sur  l'avis  de  la  Commission  royale  de  l'état 
sanitaire  de  l'armée,  fut  d'élever  la  situation,  les  attributions  et  le  traite- 
ment du  personnel  médical,  et  d'établir  une  école  de  médecine  militaire,  où 
l'on  devait  étudier  la  médecine  préventive,  avec  le  même  soin  que  la  mé- 
decine curative. 

»  Les  résultats  des  améliorations  introduites  dans  le  régime  des  casernes 
se  manifestent  par  les  chiffres  suivants  : 

Décès  sur  looo  hommes  en  1871. 
Maladies  infectieuses.  Aflections  de  poitrine.  !\laladies  diverses. 

1,2  3,3  3,6 


au  lieu  de 


4,5 

4,1  10,1 

14,20 

observés  avant  1846. 

C'est-à-dire  que  le  nombre  des  décès,  provenant  de  maladies  que  l'on 
peut  prévenir  par  des  soins  hygiéniques,  a  élé  diminué  dans  le  rapport  de 
i4,3  à  4)5o  sur  1000  hommes;  ce  qui  montre  que,  pour  un  effectif  de 
90000  hommes,  qui  est  celui  de  l'armée  anglaise  en  Europe,  on  est  par- 
venu à  conserver  en  santé  1000  hommes,  au  lieu  de  les  perdre.  C'est  là, 
qu'on  nous  pardonne  l'expression,  un  capital  qui  a  sa  valeur. 

»  La  sollicitude  et  l'aclion  de  la  Conunissiou  sanitaire  de  l'armée  an- 
glaise ont  été  étendues  aux  colonies,  où  la  Noie  de  M.  Douglas  Gallon 
signale  la  nécessité  d'immenses  améliorations.  Mais  déjà,  par  de  simples 
mesures  d'hygiène  intérieure  el  de  voirie,  la  mortalité  moyenne  de  la  gar- 
nison de  Gibraltar  qui,  en  1818,  était  de  22  hommes  sur  1000,  s'était 
abaissée,  de  1837  à  184G,  à  i3,52  sur  1000,  et,  en  1871,  elle  n'était  plus 
que  de  5,87. 

))  Les  pertes  de  l'armée  des  Indes  étaient  encore  bien  plus  considérables  et 
s'élevaient  en  moyenne  aimticlle,  pour  la  province  du  Bengale,  à  G7  hommes 
sur  1000,  répartis  ainsi  qu'il  suit  : 

Maladies  infectieuses.  Aireclions  de  poitrine.  Maladies  diverses. 

58, o  •  3,0  G,o 

D'où  il  est  permis  de  conclure,  en  passant,  que  le  climat  des  Indes  n'est 
pas  défavorable  pour  les  affections  de  poitrine. 


(  '419  ) 
»   Les    améliorations   successivement   introduites  avaient    réduit  déjà, 
en  1871,  ces  chiffres  de  décès  respectivement  à 

Maladies  infectieuses.  Affections  de  poitrine.  Maladies  diverses. 

8,8  3,0  6,0, 

ce  qui  indique  sur  les  maladies  dont  les  mesures  hygiéniques  peuvent  dimi- 
nuer les  effets  une  réduction  de  5i  hommes  sur  1000  ou  de3i62  hommes 
pour  le  total  de  l'armée,  dont  l'effeclif  était  en  1871  de  62000  hommes. 

»  L'influence  des  soins  hygiéniques  pour  la  conservation  de  la  santé  du 
soldat  et  le  maintien  de  l'effectif  réel  des  armées  n'a  pas  été  moins  sensible 
dans  celle  de  la  France,  quoiqu'il  y  ait  encore  de  grandes  améliorations  à 
y  introduire. 

»   [>e  (ableau  suivant  en  offre  la  preuve  (i). 

Mortalité  générale  dans  l'armée  française  sur  looo   hommes. 

1846  à  1848  1SG3  à  1804  18GG 

Intérieur.        Algérie.  Intérieur.         Algérie.  Intérieur.         Algérie. 

19,4  16,7  9»''  i7>o6  10,28         "iQS 

»  Les  résultats  que  nous  venons  de  signaler  sont  assez  éloquents  pour 
provoquer  toute  la  sollicitude  des  autorités  chargées  de  veiller  sur  le  bien- 
être  du  soldat  et  sur  le  maintien  de  leur  puissance  militaire.  On  ne  peut 
donc  qu'applaudir  à  la  persévérance  avec  laquelle  M.  Douglas  Galton  pour- 
suit l'œuvre  d'amélioration  qu'il  a  entreprise  depuis  phisieurs  années,  en 
désirant  qu'il  trouve  en  France  des  imitateurs  aussi  dévoués. 

»  L'Académie  jieut  juger,  par  les  détails  dans  lesquels  nous  avons  cru 
devoir  entrer  sur  les  recherches  de  M.  Douglas  Galton,  qu'elles  sont  dignes 
de  toute  son  estime  :  nous  lui  proposons  de  remercier  l'auteur  de  les  lui 
avoir  communiquées.    » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

(1)  Voir  les  statistiques  médicales  de  l'armée  publiées  par  le  Ministère  de  la  Guerre. 


(     l420    ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Evaluation,  en  unités  mécaniques,  de  la  quantilé  (Vélectricilé 
que  produit  un  élément  de  pile.  Noie  de  M.  Braxia,  présentée  par 
M.  Desains. 

(Commissaires  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin,  Desains). 

«  Les  expériences  qui  suivent  ont  pour  objet  d'évaluer  en  mesure  élec- 
trostatique la  quantité  d'éleclricilé  transportée  en  une  seconde  par  un  élé- 
ment de  pile  dans  un  circuit  de  résistance  donnée.  A  cet  effet,  une  sphère 
métallique  isolée  reçoit  m  fois  par  seconde  une  charge  constante  A  qu'on 
lui  enlève  chaque  fois  en  la  mettant  en  communication  avec  le  sol  par  la 
bobine  d'un  galvanomètre.  La  quantité  d'électricité  /«A  en  Iravi  rsant  la 
bobine  fait  dévier  l'aiguille  aimantée;  il  suffit  de  comparer  celle  déviation 
à  celle  que  détermine  le  flux  d'électricité  fourni  par  un  élément  Daniell 
dans  un  circuit  coniui. 

))  La  charge  conslante  A  est  puisée  au  pôle  positif  d'une  pile  de  petits 
éléments  :  zinc,  platine,  eau  salée  en  nombre  convenable;  l'autre  pôle  est 
relié  à  la  terre. 

»  Deux  minces  liges  d'acier,  portant  chacune  à  l'extrémité  libre  une 
petite  boule,  sont  fixées  sur  l'axe  d'un  interrupteur  Foucault  :  elles  font 
entre  elles  un  angle  tel  que,  par  suite  du  mouvement  de  l'interrupteur, 
les  deux  boules  viennent  alternalivement  toucher  la  sphère  isolée. 

»  Le  galvanomètre  employé  est  un  galvanomètre  de  Ruhndvorff  à  long 
fil  et  à  miroir.  Par  le  déplacement  du  contre-poids  de  l'interrupleur,  on 
peut  faire  varier  le  nombre  des  décharges  entre  /j  et  12  par  seconde,  et 
dans  tous  les  cas  l'aiguille  aimantée  prend  une  position  fixe  d'équilibre. 

»  On  fait  usage  en  même  temps  d'iuie  balance  de  torsion  à  miroir.  Les 
deux  boules  sont  d'abord  écartées  l'une  de  l'autre  sans  qu'il  y  ait  torsion 
du  fil;  la  distance  de  lems  centres  est  déterminée  par  l'angle  sous  lequel 
elle  est  vue  au  moyen  d'une  lunette  indépendante  de  la  balance.  Pendant 
qu'on  observe  la  déviation  de  l'aiguille  du  galvanomètre,  la  balance  est 
mise  en  communicalion  avec  le  pôle  positif  de  la  pile,  et  l'on  évalue  le  po- 
tentiel par  l'action  réciproque  des  deux  boules. 

»  On  a  vérifié  que  la  charge  de  la  sphère  est  proportionnelle  an  potentiel 
de  la  pile.  Le  potentiel  du  pôle  positif,  mesuré  par  la  balance  île  torsion, 
est,  en  effet,  proportionnel  à  la  déviation  impiimée  par  la  décharge  de  la 


(  '^nr  ) 
sphère  à  l'aiguille  du  galvanomètre.  Le  même  fait  se  vérifie  encore  si  l'on 
opère  la  charge  de  la  sphère  par  un  premier  groupe  d'éléments,  puis  par 
un  second  groupe  et  enfin  par  les  deux  réiniis  :  la  déviation  produite  dans 
le  dernier  cas  est  égale  à  la  somme  des  déviations  observées  dans  les  deux 
premiers. 

»  La  charge  de  la  sphère  esl  proportionnelle  à  son  rayon.  On  l'a  constaté 
en  faisant  usage  de  deux  sphères,  l'une  en  laiton  de  69  centimètres  de  cir- 
conférence, l'autre  en  cuivre  rouge  de  43  centimètres. 

»  La  dévinlion  est  proportionnelle  au  nombre  des  décharges,  au  moins  dans 
les  limites  permises  par  l'emploi  de  l'interrupteur.  L'axe  de  l'interrupleur 
portait  un  appendice  frappant  à  chaque  interruption  contre  un  tambour 
qui  transmettait  son  mouvement  par  lui  tube  de  caoutchouc  à  un  autre 
tambour  muni  d'un  style.  Ce  style  enregistrait  le  nombre  des  décharges 
sur  un  cylindre  tournant  recouvert  de  noir  de  fumée;  le  pendule  d'une 
horloge  frappait  contre  un  troisième  tambour  communiquant  avec  le  même 
style,  et  une  amplitude  plus  grande  dans  le  tracé  correspondait  à  la  fin  de 
chaque  oscillation  double  du  pendule. 

»   Ces   préliminaires  étant  posés,  le  détail  d'une  des  expériences  faites    • 
avec  la  sphère  dk^ù^  centimètres  fera  comprendre  la  marche  adoptée. 

»  La  pile  employée  comme  source  d'électricité  était  formée  de  5oo  élé- 
ments. On  avait  85  décharges  pendant  que  le  pendule  faisait  8  oscillations 
simples  (l'oscillation  simple  du  pendule,  d'après  une  comparaison  faite  avec 
im  chronomètre,  correspondait  à  une  durée  de  o^gyS). 

»  En  employant  un  commutateur  qui  permettait  de  changer  le  sens  du 
courant  de  décharge  dans  le  galvanomètre,  on  a  obtenu  5i,25  pour  le 
double  de  la  déviation. 

»  Au  moment  où  les  âew-^  boules  de  la  balance  de  torsion  étaient  au 
même  potentiel  que  le  sol,  leur  écart  angulaire  était  de  Si^ia'iS";  après 
que  la  communication  avec  le  pôle  positif  île  la  pile  a  été  établie,  l'écart  est 
devenu  32°3S'3G"  et  l'angle  de  torsion  du  fil  était  de  5oo3"  : 


Boule  mobile. 

A  l'état  neutre 

Comniunifjiiant  avec  la  pile. 
A  l'état  neutre 


;E    de    T0RSI05 

[. 

Galvasc 
Pile. 

)METUE. 

Lectures. 

Torsion, 

Écart  angulaire. 

Sphùrc. 

122,0 

» 

3l°I2'l3" 

37', 4 

5i  ,25 

268,5 

5oo3" 

Sa»  35' 36" 

» 

» 

121  ,5 

» 

» 

V 

k 

»   La  quantité  q  d'électricité  qiù  se  trouvait  sur  la  boule  mobile  est  alors 

G.  n.,  1873,  1'  Semeslie.  (T.  LXX.V1I,  W»  24.)  I  ^4 


(     «422    ) 

déterminée  par  l'équation  (*) 


Oïl  en  déduit 


1 ,33o2<7'X  q5,4icosi6''i'i'48''  ^      ^ 

= — — ' —  —  77  ^nn  "» 

4(95,40=  sin'iG"., '48"  -n^^noo. 


q  =  695,04  unités  d'électricité. 


A  =  695,04  X  ^  (•*)  =  695,04  X  13,82  =  9605,45, 
m  A  =  9605,45  X  ô -^  =  104699  unités  d'électricité. 

»  Le  courant  produit  par  les  104699  unités  d'électricité  qui  se  ren- 
daient chaque  seconde  dans  le  sol  donnait  à  l'aiguille  aimantée  une  dévia- 
tion mesurée  par  le  nombre  5i,25. 

»  On  a  fait  passer  le  courant  d'un  élément  Daniell  (***)  dans  un  circuit 
de  mille  kilomètres  (le  mètre  est  l'unité  de  mercure  de  Pouillel)  et  les  deux 
fils  du  galvanomètre  ont  été  joints  à  deux  points  du  circuit,  comprenant 
entre  eux  i  kilomètre.  La  résistance  du  galvanomètre  étant  de  336  kilo- 
mètres, si  l'on  représente  par  i  l'intensité  du  courant  principal,  celle  du 
courant    dérivé   qui    traversait  le   galvanomètre    était    très-sensiblement 

—77^ ;  on  a  lu,  pour  le  double  de  la  déviation,  371,4. 

iSboou  '  '  1  '      7    '-• 

»  On  peut  alors  dire  que  le  courant,  dont  l'intensité  est  ^--J — ,  fait  cir- 
'  '  33dooo 

culer,  en  luie  seconde,  une  quantité  d'électricité  représentée  par 

To46qq  X  ^     '7^  unités. 
- -^        5 1,25 

(*)  7  est  la  quatitité  d'électricité  répartie  sur  la  boule  mobile  dont  le  rayon  est  de  'j""",q5; 

le  rayon  de  la  boule  fixe  étant  de  10""", 5^5,  la  quantité  d'électricité  qui  la  recouvrait 

,    .       10,575  „„ 

était  <7 ir-  =  i,3o02<7. 

7 '95 

Le  rayon  du  cercle  décrit  par  le  centre  de  la  boule  mobile  est  de  C)5""°,4i;  n  est  le  mo- 
ment du  couple  nécessaire  pour  tordre  le  Cl  de  i  seconde.  On  a  déterminé  ce  moment  en 
faisant  osciller  l'aiguille  d'abord  seule,  puis  après  l'avoir  chargée  de  deux  poids  cylindriques 
placés  à  des  distances  de  l'axe  mesurées  à  l'avance. 

Les  unités  adoptées  sont  le  millimètre  et  le  milligramme  (le  poids  de  i  milligramme 
vaut  9808,8  unités  de  force). 

On  a  trouvé  //  =  4)  i03.4;  il  faut  donc  appliquer  un  peu  plus  de  4  unités  de  force  à 
1  millimètre  de  distance  de  l'axe  pour  tordre  le  fil  d'un  angle  égal  à  1  seconde. 

(**)  R  rayon  de  la  sphère  isolée;  r  rayon  de  la  boule  mobile  de  la  balance. 

(***)  L'élément  Daniell  dont  il  est  ici  question  est  formé  de  cuivre  et  zinc  amalgamé,  sulfate 
de  cuivre  et  sulfate  de  zinc. 


(  I/n"^  ) 

»  Avant  de  donner  un  nombre  définitif  pour  la  constante  qn'il  s'agit  de 
mesurer,  je  me  propose  de  déterminer,  avec  plus  de  précision  que  je  n'ai 
pu  le  faire  encore,  les  résistances  absolues  des  bobines  employées. 

»  Comme  nous  l'avons  vu,  les  déviations  du  galvanomètre  sont  propor- 
tionnelles à  la  charge  de  la  sphère  et  au  potentiel  de  la  pile.  Il  est  facile 
d'en  déduire  le  moyen  de  mesurer  la  capacité  électrique  d'un  corps  con- 
ducteur quelconque  et  le  potentiel  aux  différents  points  de  la  pile. 

))  Pour  mesurer  la  capacité  électrique  d'un  corps  conducteur,  on  fixe,  pa- 
rallèlement à  l'axe  de  l'interrupteur,  un  fil  isolé,  dont  les  extrémités  recour- 
bées plongent  alternativement  dans  deux  godets  remplis  de  mercure.  L'un 
des  godets  commtuiique  avec  le  pôle  positif  de  la  pile,  le  second  avec  le  gal- 
vanomètre. Un  autre  fil,  soudé  au  fil  principal,  relie  celui-ci  au  conducteur 
étudié.  Par  une  expérience  préliminaire,  on  détermine  la  capacité  élec- 
trique de  la  partie  indépendante  du  conducteur. 

0  Eu  modifiant  la  forme  de  l'interrupteur,  de  façon  à  permettre  la  me- 
sure du  temps,  on  peut  aborder  d'autres  questions,  par  exemple  celles  qui 
se  rapportent  aux  condensateurs,  et  l'on  aura  l'avantage  d'opérer  avec  des 
sources  d'électricité  parfaitement  connues. 

B  Pour  mesurer  le  potentiel  aux  différents  points  d'une  pile,  il  suffit 
d'opérer  la  charge  et  la  décharge  d'iui  même  conducteur,  par  exemple 
d'une  sphère.  Un  grand  nombre  de  mesures  ont  été  faites  :  à  une  tension 
positive  correspond  un  courant  dans  un  sens,  à  une  tension  négative  un 
courant  en  sens  contraire,  et  la  proportionnalité  des  indications  du  galva- 
nomètre à  celles  de  la  balance  de  torsion  subsiste  toujours,  dans  le  cas  où 
le  second  pôle  de  la  pile  est  en  communication  avec  le  sol  et  dans  le  cas  où 
il  est  isolé.   » 

VITICULTURE.  —  Hibemalion  du  Phylloxern  des  racines  et  des  feuilles. 
Note  de  M.  Max.  Cornu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Lorsque  la  saison  froide  arrive,  un  changement  considérable  se  pro- 
duit à  la  surface  des  racines  attaquées  par  le  Phylloxéra.  Les  derniers  ren- 
flements qui  subsistent  encore,  et  qui  sont  depuis  longtem|)s  abandonnés 
par  le  plus  grand  nombre  des  insectes,  pourrissent  et  se  décomposent,  les 
mères  pondeuses  disparaissent  et  le  parasite  devient  de  moins  en  moins 
apparent.  Les  cultivateurs  disent  souvent  «  qu'il  n'y  a  pas  de  Phylloxéra 
»   pendant  l'hiver   »  ;  il  n'en  est  rien  :  l'insecte  hiberne,  sous  une  forme 


(     l42/|     ) 

spéciale,  mais  peu  visible  :  ce  fait  fut  signalé  par  MM.  Planchoii  et  Licli- 
tenslein  [Conseils  pratiques  contrée  le  Phylloxéra;  extrait  du  Messager  agri- 
cole, j).  2  et  3  ;  Monipellier,  5  juillet  1870).  Cette  forme  que  revêt  l'in- 
secte offre  un  intérêt  très-grand,  à  cause  des  conditions  particulièrement 
favorables  à  l'application  d'un  traitement  des  vignes  malades. 

»  Dans  ce  nouvel  état,  le  Phylloxéra  est  en  tout  semblable  à  un  jeune 
dont  la  mue  serait  indéfiniment  retardée;  il  est,  comme  le  jeune,  muni 
d'antennes  et  de  pattes  très-longues,  présentant  des  poils  très-développés. 
La  couleur  de  la  peau  est  teintée  et  communique  à  l'insecte  une  teinte 
brune. 

))  D'abord  d'un  jaune  vif,  comme  les  jeunes  ordinaires,  dont  il  ne  parait 
pas  se  distinguer,  il  acquiert  bientôt  un  aspect  mat  et  un  peu  blanchâtre, 
visible  quand  on  l'observe  tel  quel  sous  le  microscope;  puis  la  teinte  brune, 
déjà  sensible,  s'exagère  de  plus  en  plus  et  finit,  à  la  longue,  par  devenir 
assez  foncée.  Il  n'est  pas  rare  de  voir,  à  la  partie  antérieure  et  sur  les  côtés 
de  l'abdomen,  des  tubercules  plus  ou  moins  nets,  qui  sont  surtout  visibles 
sur  l'insecte  rendu  transparent  par  l'action  des  réactifs.  Quand  la  racine 
sur  laquelle  il  est  fixé  est  mouillée  et  que  l'eau  le  recouvre,  la  teinte 
brune  paraît  encore  plus  foncée  et  se  distingue  à  peine  sur  la  couleur  très- 
brune  de  l'écorce. 

»  Aux  points  où  ils  se  tiennent,  les  individus  hibernants  sont,  tantôt  clair- 
semés, tantôt  disposés  par  petits  groupes  dans  les  fentes  de  l'écorce,  où  sous 
les  plaques  subéreuses,  exfoliées  depuis  longtemps  et  qui  n'ont  plus  d'adhé- 
rence avec  le  reste  du  tissu.  Quand  on  enlevé  ces  plaques,  qui  les  cachent 
entièrement  aux  regards  et  les  protègent  d'une  humidité  excessive  et  du  con- 
tact direct  du  sol,  on  aperçoit  les  Phylloxéras  groupés  les  uns  à  côté  des 
axitres,  dans  des  attitudes  et  des  positions  diverses  et  complètement  immo- 
biles. 

»  Ce  qui  est  très-évident,  au  premier  coup  d'oeil,  c'est  que  ces  insectes 
sont  très-|ietits  et  qu'ils  ont  la  même  taille;  qu'ils  sont,  non  pas  bombés, 
en  forme  de  tortue,  mais  relativement  ajjlatis,  quelquefois  même  leur  par- 
tie dorsale  est  concave.  Dans  cette  position,  la  tète  paraît  avoir  un  volume 
beaucoup  plus  grand  (i)  que  chez  les  jeunes  ordinaires,  parce  qu'elle  est 
vue  en  face  et  non  de  côté  et  en  raccourci;  on  aperçoit  un  sillon  médian, 
antéro-postérieur,  qui  est  à  peine  indiqué  chez  les  autres  individus;  la  par- 
tie dorsale  est  saillante  sur  une  ligue  longitudinale  médiane,  qui  forme  un 

(i)  L;i  même  cause  produit  un  effet  analojjue  cliez  la  nymphe. 


(  >425  ) 
bourrelet  continu,  d'une  extrémité  à  l'autre  de  l'animal  ;  les  antennes  sont, 
en  général,  réfléchies,  les  pattes  re|)liées  sous  l'abdomen;  aucini  mouve- 
ment de  ces  organes  n'a  lieu;  l'insecte  reste  immobile,  à  moins  que  des 
circonstances  extérieures  ne  le  forcent  à  changer  de  place  pendant  l'obser- 
vation. Les  yeux  sont  peu  visibles,  à  cause  de  la  teinte  brune  générale;  la 
peau  est  couverte  d'aspérités,  non  pas  hémisphériques,  conune  chez  les 
autres  insectes,  mais  munie  d'élévations  et  de  dépressions  sinueuses  et,  j)our 
ainsi  dire,  vermiculées. 

M  A  cette  époque,  les  mères  pondeuses  ont  peu  à  peu  disparu;  elles  de- 
viennent fort  rares,  car  elles  meurent  et  les  nouveaux  insectes  restent  sta- 
tionnaires  au  lieu  de  se  développer;  les  œufs,  de  même,  éclosent  successi- 
vement et,  si  l'on  en  rencontre  quelqu'un,  il  est  brun  et  sur  le  point  de 
donner  naissance  à  un  jeune.  Il  est  possible  que,  à  de  grandes  profondeurs, 
on  puisse  encore  en  découviir  de  frais  jTondiis;  mais,  dans  les  conditions 
ordinaires,  pendant  la  période  d'hiver,  on  ne  rencontre  plus  ni  ces  amas 
d'œufs  d'un  jaune  vif,  ni  les  insectes  d'un  jaune  de  soufre,  si  visibles  et  si 
faciles  à  remarquer  pendant  la  saison  chaude;  si  cela  a  lieu,  c'est  lui  fait 
assez  rare. 

»  Il  est  inutile  de  rapporter  les  opinions  erronées  émises  relativement  à 
l'endroit  où  se  tient  le  Phylloxéra  pendant  la  saison  froide;  il  ne  choisit 
pas  de  place  déterminée  pour  y  former  de  petits  groupes,  il  se  dissémine 
sur  les  racines  en  dehors  des  radicelles  extrêmes,  qui  sont  le  siège  de  mo- 
difications particulières  pendant  l'hiver.  Aux  points  qu'il  occupe,  il  enfonce 
son  suçoir  dans  les  tissus;  quand  on  veut,  à  l'aide  d'iui  cheveu  ou  d'un 
pinceau  délicat,  l'en  déplacer  ou  l'enlever,  il  demeure  al  taché  par  les  soies 
de  son  suçoir,  qu'il  faut  violemment  arracher. 

»  Sur  les  grosses  racines  dont  la  couche  subéreuse  extérieure  s'enlève 
par  plaques,  cette  partie,  normalement  exfoliée  chaque  année,  ne  sert  de 
support  à  aucun  insecte;  quoique  le  tissu  sitiu^  au-dessus  et  qu'elle  pro- 
tège en  soit  abondamment  couvert,  on  n'y  en  rencontre  aucun.  Cela  tient 
à  ce  que  le  parasite  ne  pourrait  tirer  aucune  nourriture  de  ces  éléments 
morts  et  décomposés.  Le  Phylloxéra  a  besoin  d'une  racine  vivante;  dans 
les  flacons  où  on  le  conserve,  on  le  voit  fuir  les  parties  desséchées  ou 
complètement  mortes  et  se  porter  vers  les  parties  plus  fraîches;  s'il  ne 
peut  trouver  un  endroit  plus  favorable,  il  périt  invariablement,  qu'il  y  ait 
ou  non  excès  d'humidité  ou  de  sécheresse,  et  il  disparaît  entièrement  :  il 
est  mort  de  faim. 

»   L'opinion,  émise  par  nn  viticulteur  très-distingué,  que  le  Phylloxéra 


(  '4^6  ) 
peut  hiverner  au  milieu  de  mottes  de  terre  nie  paraît  peu  d'accord  avec 
la  réalité  des  faits.  S'il  eu  était  ainsi,  l'insecte  ne  chercherait  dans  le  sol 
qu'un  peu  d'humidité,  qu'il  trouverait  aisément  sur  les  parois  des  flacons, 
sur  les  racines  maintenues  à  l'ahri  de  la  sécheresse,  et  cependant,  dans  ces 
conditions,  le  parasite  (qui  se  contente  souvent  de  bien  peu  de  chose) 
meurt  au  bout  de  peu  de  jours. 

»  Peu  vraisemblable  pour  la  forme  radicicole,  cette  opinion  paraît  de 
même  inadmissible  pour  la  forme  foliicole. 

»  Dans  le  but  de  savoir  ce  que  devenaient,  à  l'arrière-saison,  les  der- 
nières générations  des  jeunes  développés  dans  les  galles,  j'ai  tâché  de  me 
procurer  quelques  galles  non  entièrement  vidées.  M.  Laliman  eut  la  com- 
plaisance de  me  permettre  de  prendre  les  sommités,  en  partie  desséchées 
à  leur  extrémité,  des  rameaux  porteurs  des  dernières  galles;  c'était  à  la 
fin  du  mois  d'octobre.  Préoccupé  d'idées  théoriques  et  cherchant  à  dé- 
couvrir si,  dans  les  galles,  ne  se  trouveraient  pas  des  Phylloxéras  aptères 
ayant  un  rôle  analogue  aux  mères  pondeuses  du  Phylloxéra  du  chêne,  qui 
quitte  les  feuilles  pour  pondre  sur  les  tiges,  j'examinai  avec  soin  les  feuilles 
qu'il  m'avait  été  possible  de  recueillir  et  qui  étaient  malheureusement  en 
trop  petit  nombre.  J'étais  guidé  dans  cette  recherche  par  les  merveilleuses 
observations  de  M.  Balbiani  {Comptes  rendus  des  i3  et  20  octobre  iSyS) 
sur  le  Phylloxéra  du  chêne;  je  ne  trouvai  pas  sur  cette  vigne  (Clinton, 
Fitis  riparin)  de  feuilles  présentant  des  galles  imparfaites,  c'est-à-dire 
abandonnées  avant  la  ponte  par  les  insectes,  ainsi  que  j'en  avais  trouvé 
près  d'un  mois  auparavant;  un  petit  nombre  de  galles  seulement  furent 
rencontrées  :  elles  étaient  noircies  et  déjà  évacuées  par  les  jeunes;  quel- 
ques-unes cependant  présentaient  encore  des  œufs,  mais  très-peu  nom- 
breux, à  cause  de  l'état  très-avancé  de  la  saison;  dans  quelques  galles 
noircies,  et  en  apparence  décomposées  en  partie,  se  tenaient  réunis  quel- 
ques jeunes  agiles;  ils  n'étaient  pas  d'un  jaune  brillant,  comme  ceux  qu'on 
rencontre  d'ordinaire,  à  pareille  place,  en  été;  ils  étaient  d'une  couleur 
mate,  d'un  jaune  brunâtre,  et  avaient  l'apjjarence  d'insectes  commençant  à 
hiverner;  ils  étaient  demeurés  agiles  et  vivants,  quoique  la  galle  ne  parût 
pas  pouvoir  leur  offrir  de  nourriture;  ils  ne  s'y  étaient  pas  fixés  d'ailleurs, 
comme  le  prouvait  leur  agilité.  Les  deux  bords  de  la  galle,  par  une  con- 
traction méi'ani(pie  due  au  dessèchement  des  tissus,  semblaient  leur  inter- 
dire toute  possibilité  de  sortir. Ces  individus  étaient  destinés  à  être  entraînés 
avec  la  feuille  qui  les  abritait.  Les  galles  furent  toutes  ouvertes  artificielle- 
ment et  les  feuilles  furent  placées  dans  un  flacon  contenant  des  racines 


(  '''«27  ) 
prises  sur  des  boutures  de  chasselas  sain  apporté  de  Paris.  Chaque  racine 
fut  brossée  et  nettoyée;  après  cette  opération,  elles  présentaient  une  sur- 
fnce  jaune  Irès-lisse  et  très-polie.  Les  jeunes  se  répandirent,  les  uns  sur 
les  racines,  où  ils  hivernèrent  direclement  et  sans  aucun  changement  de 
forme,  les  autres  sur  les  parois  du  flacon,  où  ils  ne  tardèrent  pas  à  périr. 

»  On  pourrait  tirer  de  là  plusieurs  conclusions  qui  seront  développées 
à  la  fin  de  cette  Note  ;  en  ce  moment,  je  me  contenterai  défaire  remarquer 
que  le  Phylloxei'a,  qui  vit  sur  les  feuilles,  hiverne  sur  les  racines,  de  même 
que  l'autre,  et  non  en  un  lieu  quelconque  du  sol.  On  peut  être  trompé 
par  une  fausse  apparence;  quand  on  arrache  hors  de  la  terre  des  racines 
chargées  de  Phylloxéras,  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  individus  non  fixés, 
les  œufs,  les  jeunes  agiles,  rester  adhérents  à  la  terre  qui  les  retient  n)éca- 
niquement  ;  mais  ils  sont  entraînés  par  une  force  indépendante  de  leur 
volonté,  et  il  est  douteux  qu'on  puisse  les  trouver  établis  en  nombre  en 
dehors  du  contact  immédiat  des  racines.  Je  n'en  ai  jamais  vu  dans  de  sem- 
blables conditions. 

»  Lorsque  le  sol  se  réchauffe,  le  Phylloxéra  sort  de  son  engourdisse- 
ment et,  après  une  mue  (la  première),  il  reprend  son  activité  organique, 
insensible  pendant  plusieurs  niuis;.  c'est  ce  qu'on  appelle  le  réveil  du  Phyl- 
loxéra. Ce  réveil,  qui  accompagne  celui  de  la  végétation,  a  eu  lieu  cette 
année  à  Montpellier  vers  le  i5  avril,  et  vers  la  même  époque  à  Tarascon, 
comme  M.  Faucon  l'observa  lui-même;  ces  deux  nombres  se  corroborent. 
J'ai  cru  pouvoir  conseiller  de  saisir  cette  époque  critique  de  la  vie  de  l'in- 
secte pour  l'attaquer  avec  succès  par  l'une  des  substances  essayées  sans 
succès  jusqu'ici.  La  durée  pendant  laquelle  le  parasite  demeure  ensuite 
sans  défense,  avant  de  pondre  encore,  est  déterminée  par  l'intervalle  qui 
s'écoule  entre  les  deux  autres  mues  qui  lui  restent  encore  à  subir  et  la 
période  nécessitée  par  l'évolution  des  œufs  avant  la  ponte.  Cette  période 
sera  ultérieurement  discutée;  elle  doit  être,  à  mon  sens,  d'une  quinzaine 
de  jours  au  plus  et  de  huit  jours  au  moins.  C'est  par  ces  conséquences  qu'est 
démontrée  l'utilité  de  la  connaissance  des  mues,  de  leur  nombre  et  de 
l'intervalle  qui  les  sépare. 

»  Le  réveil  de  l'insecte  s'effectue  sous  l'influence  du  réchauffement  du 
sol,  mais  la  tem[)ératia'e  qui  le  détermine  n'est  pas  encore  précise.  En  at- 
tendant que  des  n^esures  exactes,  qui  font  défaut  aujourd'hui,  soient  faites, 
j'ai  cherché  à  me  rendre  compte  vers  quelles  limites  de  température  com- 
mence l'hibernation  ;  j'ai  essayé  de  déterminer  le  point  particulier  où,  quand 
la  température  s'abaisse,  se  produit  l'engourdissement,   point  qui  est  peut- 


(  i42H  ) 
eue  celui  à  partir  duquel,  la  température  s'élevant,*  cet  état  de  repos  dis- 
paraît; j'ai  assimilé  cette  modification  au  changement  des  corps  de  l'état 
solide  à  l'état  liquide,  qui  a  lieu,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  à  la  même 
température.  Il  restera  à  chercher  vers  quelles  limites  se  réveille  la  végéta- 
tion de  la  vigne,  endormie  de  même  pendant  l'hiver,  et  les  différences  de 
ces  deux  limites.  On  conçoit  donc  l'intérêt  pratique  que  présentent  de  pa- 
reilles déterminations;  m;iis  il  est  bien  évident  qu'il  ne  peut  être  question 
ici  d'un  nombre  parfaitement  précis  et  délimité,  comme  le  point  de  fusion 
et  de  solidification  d'un  corps.  L'effet  déterminé  par  la  température  est 
complexe  :  il  s'exerce  sur  un  être  vivant,  et  non  sur  une  substance  inor- 
ganique. 

»  Dans  la  chambre  où  je  travaille,  la  température,  plus  douce  qu'au 
dehors,  suit  cependant  l'abaissement  graduel  dû  à  la  saison;  il  n'a  pas 
encore  été  fait  de  feu,  afin  que  l'insecte  trouvât,  dans  les  bocaux  où  il  est 
conservé,  des  conditions  analogues  à  celles  qu'il  trouverait  dans  la  nature; 
mais  les  variations  sont  moins  brusques  et  moins  rapides.  La  température 
moyenne  est  de  moins  de  lo  degrés;  elle  s'éleva  jusqu'à  12  pendant  les 
dernières  belles  journées,  il  y  a  un  peu  })lus  d'une  semaine,  mais  elle  des- 
cend le  plus  souvent  à  8  degrés.  Entre  ces  limites,  sur  des  racines  conser- 
vées depuis  longtemps  (sept  semaines  au  moins),  dans  des  conditions  di- 
verses, les  jeunes  hivernent  en  grand  nombre.  La  température  de  8  à 
12  degrés  permet  donc  déjà  l'hibernation;  mais  elle  n'est  pas  encore  assez 
basse  pour  qu'elle  ait,  depuis  plus  d'un  mois  qu'elle  règne,  empêché  le 
développement  de  certains  individus,  qui  sont  parvenus  à  l'état  adulte, 
et  ne  leur  permette  i)as  de  pondre  encore  en  ce  moment  même. 

))  On  peut  se  demander  si  Ihibernation  n'est  pas  déterminée  en  partie 
par  le  changement  survenu  ilans  les  radicelles;  cela  n'est  pas  impossible, 
et  il  y  a  peut-être  quelque  chose  de  vrai  dans  cette  manière  de  voir,  quoique 
l'insecte  vive  indifféremment  sur  les  grosses  ou  sur  les  petites  racines.  On 
peut  cependant  citer,  contrairement  à  celte  opinion,  plusieurs  faits  assez 
concluants  qui  prouvent  qu'elle  ne  peut  suffire  à  tout  expliquer.  Certains 
renflements  récoltés  le  18  oclobre,  et  conservés  depuis  dans  des  conditions 
toutes  spéciales,  vivent  encore  et  ne  paraissent  pas  altérés;  je  vois,  depuis 
plus  de  trois  semaines,  des  jeunes  hiverner  à  leur  surface,  encore  visibles 
aujourd'hui  8  décembreet  parfaitement  vivants;  les  radicelles  renflées  peu- 
vent donc  comme  les  racines  ordinaires  alimenter  des  insectes  hivernants  et 
la  nourriture  qu'elles  leur  fournissent  ne  détermine  pas  forcément  leur  dé- 
veloppement. En  outre,  sur  l'un  de  ces  renflements  comme  sur  l'une  des 


(  '4'-i9  ) 
racines  pins  grosses,  vivent  encore  des  mères  pondeuses,  mais  leur  activité 
organique  est  bien  faible;  l'une  de  ces  mères,  par  exemple,  mit  près  de 
trois  jours  à  se  débarrasser  d'un  œuf  aux  trois  quarts  libre  et  adhérent  en- 
core à  la  partie  postérieure  de  son  abdomen  ;  malgré  les  contractions  suc- 
cessives et  réitérées  de  ses  anneaux,  l'oeuf  fut  libre  et  déposé  sur  la  racine 
le  5  décembre  dernier. 

>>  Si  le  Phylloxéra  peut  encore  pondre  quelques  œufs,  et  celui  dont  il  est 
question  montre  encore  un  œuf  visible  par  transparence  dans  son  abdo- 
men, il  est  certain  que  cette  faculté  est  sur  le  point  de  disparaître  ;  d'autre 
part,  de  nombreux  individus  hivernants  sont  visibles  dans  son  voisinage 
et  dans  d'autres  flacons;  l'une  des  phases  de  la  vie  de  l'insecte  touche  à 
sa  fin,  et  l'autre  en  est  encore  à  ses  débuts.  On  peut  donc  affirmer  que  le 
phénomène  de  l'hibernation  est  déterminé  principalement  par  l'abaisse- 
ment de  la  température,  et  que  ce  changement  d'état  oii  cet  arrêt  de  dé- 
veloppement commence  à  se  produire  sur  une  échelle  notable  entre  les 
limites  de  12  à  8  degrés,  en  moyenne  vers  10  degrés. 

»  Sur  les  racines  des  vignes  phylloxérées,  maintenues  dans  des  vases  à 
fleurs  au  dehors  et  soumises  aux  conditions  naturelles  et  à  l'abaissement 
normal  de  la  température  pendant  la  saison  d'automne,  le  Phylloxéra  était 
en  pleine  hibernation  déjà  vers  le  i"  novembre.  Dans  le  courant  du 
mois  d'octobre,  aux  envu-ons  de  Bordeaux,  la  proportion  des  individus  hi- 
vernants était  déjà  considérable;  il  est  parfaitement  sûr  que  la  tempéra- 
ture, plus  douce  dans  ma  chambre  que  celle  de  l'extérieur,  a  retardé  cet 
arrêt  de  développement;  il  ne  s'est  montré  que  lorsque  la  température, 
s'abaissant  graduellement,  atteignit  les  limites  indiquées  plus  haut.  Dans 
les  conditions  de  l'observation,  les  variations  de  température  sont  moins 
brusques  chaque  jour  et  moins  fréquentes;  la  détermination  du  degré 
plus  précise  qu'elle  n'eût  pu  l'être  dans  la  nature.  Si  l'on  voulait  appli- 
quer ces  résultats  aux  cultures  en  grand,  il  faudrait  tenir  compte  des  inéga- 
lités de  température  de  la  nuit  et  des  journées  pendant  lesquelles  luit  le 
soleil,  du  réchauffement  et  du  refroidissement  du  sol,  variables  avec  la 
profondeur,  etc.,  etc.. 

»  Nous  avons  vu  plus  haut  que  l'insecte  des  galles  peut  hiverner  direc- 
tement sur  les  racines.  N'y  aurait-il  pas  eu  outre  une  hibernation  spéciale 
sur  les  organes  aériens  (tronc  ou  rameaux),  comme  cela  se  présente  chez  le 
Phylloxeradu  chêne?  J'ai  en  vain  cherché  des  mères  pondeuses,  descendant 
le  long  de  la  tige;  mais  cette  particularité  est-elle  probable?  On  ne  saurait 
le  dire. 

G.  R.,  1873,  i'  Semestre.  (T.  LXXVll,  N»  24.)  •  85 


(  i43o  ) 

»  D'après  un  fait,  constaté  en  Fiance  par  M.  Laliman,et  par  M.  Riley  eu 
Amérique,  certains  ceps  abondamment  chargés  de  galles  une  année  en  sont 
souvent  dépourvus  les  années  suivantes,  et  d'autres  au  contraire  qui  en 
étaient  dépourvus  s'en  montrent  couverts.  Cela  semblerait  indiquer  que  les 
insectes,  dont  la  progéniture  quitte  volontairement  la  plante  ou  est  préci- 
pitée sur  le  sol  avec  les  dernières  feuilles,  ne  laissent  pas  sur  le  pied  qu'ils 
habitent  des  individus  chargés  de  donner,  au  retour  de  la  belle  saison, 
naissance  à  des  colonies  nouvelles,  mais  que  ces  colonies  nouvelles,  dont 
l'arrivée  est  si  accidentelle  et  si  irrégulière,  proviennent  d'une  autre  origine. 
Les  œufs  ou  les  jeunes  de  réserve,  en  admettant  leur  existence,  périssent-ils 
souvent?  Faut-il  attribuer  leur  disparition  à  la  pratique  des  cultivateurs  de 
tailler  la  vigne? 

»  L'une  des  conséquences  à  tirer  de  robservation  précédente  sur  les 
galles  et  sur  laquelle  je  désire  spécialement  insister,  c'est  que  les  jeunes  des 
galles  ont  hiverné  directement  sur  les  racines  et  y  demeurent  depuis  le 
3i  octobre  jusqu'à  ce  jour  (depuis  cinq  semaines)  sans  aucun  changement  : 
c'est  une  preuve  nouvelle  de  l'identité  des  deux  formes  de  l'insecte.  Ainsi 
les  Phylloxéras  des  galles  donnent  naissance  à  des  générations  en  tout  sem- 
blables à  celles  des  insectes  nés  sur  les  racines,  comme  je  l'ai  constaté  après 
MM.  Signoret  et  Planchon  ;  j'ai  observé  qu'ils  produisent  sur  les  radicelles 
des  renflemenis  identiques  [Compte  rendu  de  la  séance  du  21  juillet  1873)  ; 
qu'ils  peuvent,  en  outre,  sans  aucune  transformation  et  directement,  prendre 
l'état  hibernant  comme  les  autres  insectes  :  il  paraît  difficile  de  trouver 
une  preuve  plus  convaincante  de  l'identité  des  deux  formes. 

»  Le  passage  de  l'une  à  l'autre  de  ces  formes  peut  avoir  lieu,  soit  par  la 
chute  directe  des  individus  des  feuilles  sur  le  sol,  à  une  époque  où  ils 
peuvent  se  développer  immédiatement  et  devenir  adultes  [Compte  rendu  de 
la  séance  du  12  octobre  1873),  soit  par  la  cluite  à  l'arrière-saison  de  la 
feuille  elle-même  que  l'insecte  devrait  quitter  ensuite.  Lors  de  la  saison 
froide,  que  l'insecte  tombe  volonlairemenî  ou  qu'il  soit  précipité  à  lene, 
il  ne  se  développera  pas  immédiatement;  il  attendra,  sur  les  racines,  le  ré- 
chauffement du  sol  pour  achever  son  développement  complet  et  poursuivre 
la  série  de  ses  modifications  :  c'est  une  particularité  à  ajouter  aux  mœurs 
de  l'insecte.  » 


(  f43i  ) 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Action  de  la  terre  volamique  de  la  solfatare  de  Potizzoles 
sur  les  maladies  de  la  vigne.  Note  de  M.  S.  ce  Luca.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Comme  suite  de  ma  Communication  du  lo  février  1873  (i)  relative  à 
l'action  qu'exerce  la  terre  volcanique  de  la  solfatare  de  Poiizzoles  sur 
les  maladies  de  la  vigne,  je  soumets  au  jugement  de  l'Académie  quel- 
ques nouvelles  expériences,  faites  dans  le  courant  de  cette  année. 

»  Deux  cent  cinquante-six  ceps  de  vigne  ont  été  partagés  en  quatre  lots, 
de  soixante-quatre  chacun.  Tout  le  terrain  a  été  retourné  et  cultivé  à  la 
profondeur  de  5o  centimètres  environ,  en  le  débarrassant,  en  même  temps, 
de  toutes  les  mauvaises  herbes  et  racines.  Dans  un  premier  lot,  pendant 
qu'on  labourait  le  sol,  on  plaçait  autour  de  chaque  cep  5oo  grammes  de 
terre  de  la  solfatare,  à  la  profondeur  de  3o  centimètres;  on  recouvrait 
ensuite  avec  de  la  terre  ordinaire  jusqu'à  la  hauteur  de  10  centimètres,  et 
on  laissait  à  découvert  les  20  autres  centimètres,  de  manière  qu'autour  de 
la  plante  restassent  un  rebord  circulaire  et  une  cavité  hémisphérique  pour 
recevoir  et  retenir  l'eau  de  pluie.  Un  autre  lot  a  été  cultivé  de  la  même 
manière  que  le  précédent;  mais,  tandis  que  le  premier  a  été  soufré  deux 
fois  avec  de  la  terre  de  la  solfatare  réduite  eu  poudre  fine,  avant  l'ou- 
verture des  fleurs  et  lorsque  le  grain  avait  un  peu  grossi,  l'autre  a  été 
aussi  soufré  deux  fois,  aux  mêmes  époques,  seulement  avec  du  soufre 
ordinaire.  Un  troisième  lot  a  été  soufré  deux  fois,  aux  époques  indiquées, 
avec  de  la  terre  de  la  solfatare.  Enfin  le  dernier  lot  a  été  soufré  avec  du 
soufre  ordinaire,  toujours  aux  deux  époques  déjà  mentionnées.  Les  résul- 
tats obtenus  de  ces  expériences  sont  les  suivants. 

I.  Les  insectes  avaient  disparu  du  premier  lot,  non-seulement  sur  la 
surface  du  terrain  et  sur  les  plantes,  mais  aussi  dans  le  sol,  ce  qui  a  été 
démontré  par  des  fouilles  pratiquées  en  différents  endroits.  Le  deuxième 
lot  présentâmes  mêmes  qualités  que  le  premier;  mais  on  y  découvrait  quel- 
ques rares  insectes,  attachés  au  feuillage  des  plantes.  Dans  le  troisième  lot, 
on  observait  quelques  insectes  et  des  vers  [lombrics)  dans  le  sol,  mais  rien 
à  la  surface  ni  sur  les  plantes.  Le  sol  du  quatrième  lot  était  comme  celui 
du  troisième;  mais  on  voyait  à  la  surface  du  sol  et  sur  les  plantes  quelques 
insectes. 

»  La  végétation  des  plantes  était  luxuriante  dans  le  premier  et  dans  le 
deuxième  lot,  médiocre  dans  le  troisième  et  languissante  dans  le  dernier. 


(i)   Comptes  rendus,  t.  LXXVI,  p.  359. 

i85. 


(  i43a  ) 
Le  raisin  obtenu  du  premier  lot  était  abondant  et  de  très-bonne  qualité; 
ceUii  du  deuxième  différait  peu  du  premier  par  sa  quantité  et  par  sa  qua- 
Hté.  Le  produit  du  troisième  lot  était  d'un  quart  inférieur  à  celui  du 
premier.  Enfin  celui  du  quatrième  lot  représentait  environ  la  moitié  du 
poids  du  raisin  du  premier.  Plusieurs  grains  de  raisin  du  quatrième  lot 
étaient  tombés  en  pourriture.  Les  cendres  obtenues  du  raisin  du  premier 
lot  étaient  riches  en  potasse;  celles  du  quatrième  en  étaient  très-pauvres. 
))  Il  résulte  de  ces  expériences  que  la  terre  de  la  solfatare  de  Pouzzoles, 
par  sa  porosité  et  par  les  éléments  qu'elle  contient,  agit  avantageusement 
sur  les  vignobles,  en  détruisant  ou  éloignant  les  insectes,  en  rendant  la 
végétation  plus  vigoureuse,  en  augmentant  le  produit  en  raisin,  et  en  four- 
nissant à  la  terre  les  éléments  nécessaires  à  la  végétation  de  la  vigne.    » 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  De  qitekjues  altérations  morphologiques  observées 
dans  le  genre  Cypripedium  [Oicltidées).  Mémoire  de  M.  R.  Gi'Érin. 
(Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre.) 

n  Conclusions.  —  Dans  la  fleur  des  Cypiipedium ,  le  labelle  est  un  simple 
pétale,  n'ayant  rien  à  voir  avec  les  étamines. 

»  Quant  à  la  position  de  celles-ci,  deux  normales  existent  sur  les  côtés 
droit  et  gauche  du  gynostème.  Deux  autres,  avortées  et  seulement  repré- 
sentées par  un  fdet  souvent  bifide  à  son  extrémité,  quelquefois  présentant  à 
sa  base  un  renflement  ponctué  de  brun  comme  l'anthère  normale,  consti- 
tueraient, sur  un  rang  extérieur,  les  deux  étamines  supérieures,  ou  peut- 
être  seulement  plus  longues  que  les  premières.  Enfin  les  deux  dernières  ne 
sont  autres  que  le  processus  staminal,  composé  de  deux  pièces  pétaloïdes, 
placées  au-dessous  du  style  et  soudées  de  très-bonne  heure. 

M  De  plus  nous  pensons,  quoique  nous  n'en  ayons  que  des  preuves 
moins  certaines,  que  le  stigmate  est  à  deux,  peut-être  à  trois  divisions, 
ou  si  l'on  veut  qu'il  y  a  deux  ou  trois  stigmates.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Des  eaux  de  puits  en  général,  et  de  celles  de  la  ville 
de  Beauvais  en  particulier,  au  point  de  vue  de  l'hjgiène  publique.  Mémoire 
de  M.  E.  Dfxaisne.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Srction  de  Médecine.) 

«  L'auteur  insiste  siu-  la  mauvaise  qualité  des  eaux  de  puits  en  général 
et  sur  les  atteintes  que  leur  usage  peut  porter  à  la  santé  publique.  Il  étudie, 


(  i433  ) 

à  ce  point  de  vue,  les  eaux  de  puits  de  la  ville  de  Beauvais  et  formule  les 
conclusions  suivantes  : 

»  1°  Quoique  placé  au  milieu  de  rivières  et  de  canaux,  et  au-dessus 
d'une  nappe  d'eau  souterraine  importante,  Beauvais  n'a  ni  eaux  abon- 
dantes d'assainissement,  ni  eaux  d'alimentation  de  qualité  convenable,  ni 
égouts. 

»  1°  L'altitude  des  eaux  qui  coident  au  milieu  et  autour  de  la  ville  n'est 
pas  assez  grande  pour  qu'il  soit  possible  de  les  faire  servir  au  lavage  des  rues. 

»  3°  Les  eaux  des  canaux  et  rivières  de  Beauvais  ne  peuvent  être  utili- 
sées pour  l'aliineutation,  car  elles  sont  le  réceptacle  de  toutes  les  ordures 
de  la  ville. 

»  4°  L'eau  des  puits  qui  alimentent  la  ville  de  Beauvais  est  de  la  |)lus 
détestable  qualité.  En  effet,  d'après  une  analyse  faite  au  laboratoire  des 
Ponts  et  Chaussées,  et  signée  de  M.  Ilervé-Mangon,  elle  donne,  par  litre, 
2  grammes  de  résidu  solide.  Elle  marque  ^2  à  l'hydiolimètre,  c'est-à-dire 
72  centigrammes  de  sels  de  chaux  par  litre,  tandis  que  les  eaux  de  l'Ourcq 
et  d'Arcueil,  qui  sont  incrustantes,  ne  donnent  que  3o  et  /|0  degrés.  Elle 
ne  dissout  pas  le  savon  et  cuit  difficilement  les  légumes. 

»  5°  La  plupart  des  maisons  de  Beauvais,  malgré  les  efforts  de  l'Ad- 
ministration municipale,  n'ont  pas  de  fosses  d'aisances  étanches,  beau- 
coup même  n'en  ont  pas  du  tout.  Il  en  résulte  que  le  sous-sol  de  la  ville 
et  la  nappe  d'eau  souterraine  sont  contaminés  par  des  infiltrations  qui, 
comme  l'expérience  le  prouve,  peuvent  faire  courir  à  la  santé  publique  les 
plus  graves  dangers. 

w  6°  Si  l'on  considère  enfin  que  la  ville  de  Beauvais,  par  le  dévelop- 
pement rapide  et  incessant  des  voies  nouvelles  de  communication,  est  des- 
tinée à  voir  doubler  bientôt  son  importance  industrielle,  et  que  le  temps 
n'est  pas  sans  doute  éloigné  où  sa  population  s'accroîtra  dans  des  propor- 
tions considérables  qui  l'obligeront  à  satisfaire  à  de  nouveaux  besoins, 
on  reste  convaincu  de  la  nécessité  de  pourvoir  Beauvais  d'une  bonne 
distribution  d'eau,  et  d'utiliser  les  sources  abondantes  de  bonne  qualité 
qui  existent  à  proximité  de  la  ville,  et  qu'on  peut  y  amènera  peu  de  frais, 
comme  le  démontrent  les  éludes  faites  par  l'Administration  dans  les  der- 
nières années.  » 

M.  L.  NoTTA  adresse  une  Note  relative  à  un  «  étalon  monétaire  mé- 
trique universel  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Peligof.) 


(  i434  ) 

M.  T.  SocRBÉ  soumet  au  jugement  de  l'Académie  divers  documents  con- 
cernant la  substitution  du  pesage  métrique  des  alcools  à  leur  mesurage. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  J.  Lasserre  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  travail  sur  les 
règles  de  la  construction  et  de  l'emploi  des  Tables  de  logarithmes. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Chasles.) 

M.  Méhay  adresse  une  Note  concernant  les  relations  numériques  qui 
existent  entre  le  volume  des  corps  composés,  à  l'état  de  vapeur,  et  l'ato- 
micité de  leurs  éléments. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

M.  N.  Dejean  de  Foxroqce  adresse  une  Note  concernant  des  expériences 
faites  à  Bucharest  sur  les  mouvements  du  pendule. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

MM.  B.  DE  Brctelette  et  E.  de  Vicq  adressent,  pour  le  Concours  du 
prix  de  La  Fons-MéJicocq  à  décerner  en  187/i,  un  Catalogue  raisonné  des 
plantes  vasculaires  du  département  de  la  Somme. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  N.  ZiNiN,  nommé  Correspondant  de  la  Section  de  Chimie,  adresse 
ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Un  Ouvrage  de  M.  F.  Papillon,  portant  pour  titre  «  La  nature  et  la 
vie  »  ; 

2°  Un  nouveau  volume  des  «  Merveilles  de  l'Industrie  »,  par  M.  L.  Figuier 
(verres,  poteries,  soudes,  potasses,  acide  sulfuriqne,  etc.). 

3"  Un  nouveau  volume  des  «  Grandes  usines  de  France  »,  par  M.Turcjan 
(canons,  poudres,  etc.). 


(  i-^i^S) 

ANALYSE.  —  Sur  une  réduction  de  l'équalion  à  différences  partielles  du 
troisième  ordre,  qui  régit  les  familles  de  surfaces  susceptibles  de  faire  partie 
d'un  système  orthogonal.  Note  de  M.  Matrice  Levy,  présentée  par 
M.  O.  Bonnet. 

«   Soit 

(i)  p  =  F(.r,j,  z) 

l'équation  d'une  famille  de  surfaces.  Posons,  avec  M.  Lamé, 
W  [(l)-(|)V(.ï)f=H. 

»  On  sait,  par  un  théorème  bien  connu  dû  à  M.  O.  Bonnet,  que,  si  les  siu'- 
faces  dont  il  s'agit  sont  susceptibles  de  faire  partie  d'un  système  orthogo- 
nal, leur  paramètre  p  satisfait  à  une  équation  à  différences  partielles  du 
troisième  ordre;  et,  tout  récemment,  M.  Cayley  a  mis  cette  équation  sous 
la  forme  remarquable 

(3)         A-—  +A,-—  +A2 -— +I5-— ;-  +  B,  — — +B„-— —  =  o, 

^     '  d.c'  dy^  '■    d-J  dy  dz  dz  dx  '  dx  dy  ' 

où  les  coefficients  A,  et  B,  s'expriment  au  moyen  des  dérivées  partielles 
des  deux  premiers  ordres  de  la  fonction  inconnue  p,  de  telle  sorte  que 
l'équation  est  linéaire  par  rapport  aux  dérivées  du  troisième  ordre  de 
cette  fonction. 

»  Je  me  propose  de  montrer  que,  par  un  changement  de  variables  des 
plus  simples,  on  peut,  sans  modifier  la  forme  de  l'équation  (3),  faire  dis- 
paraître trois  des  six  termes  qu'elle  contient. 

»  Il  suffit  pour  cela  de  prendre  poii.r  fonction  inconnue,  au  lieu  du  pa- 
ramètre p,  l'une  des  coordonnées  rectilignes  :  z  par  exemple,  et  pour 
variables  indépendantes  x^y  et  p,  au  lieu  de  x,  j  et  z. 

»  On  pourrait  déduire  la  nouvelle  équation  en  z  de  l'équation  (3);  mais 
il  est  plus  simple  de  l'établir  directement. 

»  Soient  M  x'.  M/'  les  tangentes  aux  lignes  de  courbure  de  la  surface  p 
passant  en  un  point  M  de  l'espace,  et  M:'  la  normale  à  cette  surface.  Dans 
un  Mémoire  inséré  au  Journal  de  l'Ecole  Polytechnique  (*),  nous  avons 
montré  que,  si  l'on  prend  pour  un  instant  les  lignes  Mjt',  M^',  Mz'  pour 
axes  des  x\  des  ^' et  des  z' ,  la  condition  pour  que  les  surfaces  p  puissent 


(*)  XLIIP  cahier. 


(  '4^r,  ) 

faire  pnrtie  (l'un  système  orthogonal,  consiste  simplement  en  ceci  :  qu'en 
chaque  point  M  rie  l'espace  on  ait 

tPB 


dx'  dy 


=  O. 


»  Or,  si  /?/,,  «,,  p,  ;  m^,  fin,  p.  sont  les  cosinus  des  angles  que  les  lignes 
Mx'  et  Mj'  font  avec  les  axes  des  x,  y,  z;  et  si,  pour  abréger,  on  désigne 
par  H^.,  H^.,  H^,  H^j,...  les  dérivées  de  la  fonction  H  relativement  aux 
variables  Xy  j,  z,  on  aura 


^  =  /",H,.  -l-",H,  +/;,  H.-. 


»  Regardons  maintenant  z  et,  par  suite,  Il  comme  des  fonctions  de  x, 

,  ,.     .       da    da   dR         .       ., 

j-,  p.  iN^ous  désignerons  par  les  notations  orduiaires -i— ?  -^7'  -r-'"*  '^s  dé- 
rivées partielles  de  H  relativement  à  ces  nouvelles  variables  et  par  les 
lettres/;,  7,  /',  s,  t  les  dérivées  des  deux  premiers  ordres  de  z  par  rapport 
aux  variables  x  et  y,  nous  aurons  alors  les  formules  de  transformation 

TT  '^H  TJ 

par  suite,  l'expression  ci-dessus  de  -ji  deviendra 


=:  m. 


fin  ,  MT 


d.r'  ^  dx  '  dy 

On  aurait  de  même 

f/H  r/H  f/H         ,  MT 

—  m.,- — h  «2  3 [pin^  +  7"2  —  P2   "i- 

rf)  "  dx  iy  ^'  '  ' 

Or,  d'après  la  signification  même  des  lettres, 

pm,  +  (y«,  — /j,  =  o, 

p/W.j  -f-  '/"i;  —  P2  =^  O. 

»  En  ayant  égard  à  ces  relations,  on  trouve  immédiatement 


W 


1    d'B  {  r/>H  ,    d-E      ,  d'H 

\dx'-dy'  =  ""  =  ('"''"=77?-  +  ^'"'"^  -^  '''"'-' dTdP'^"'  "^--d^ 


I  --    [///,    /«2  '•   +    ('«I   "2    +    "1    "ij)^^    +    "1  "2   ^]    Hj' 

»  D'ailleurs,  l'équation  diflerentielle  des  lignes  de  courbure,  telle  qu'on 


(  i437  ) 
l'écrit  habituellement 

(5)  [pqt-{^+q')s\dj^  -  [(I  +?=)'•-  {i+p')i\dxdy 

-\-[[i-\-p-)s  —  pqr]dx^  =  o, 
donne 

OT,ff?j  m,  ii,  + nyiii^        n,n2  mit7i.,r-i-{mtn,+n,mi)s-\-n,n,t _ 

donc 

m,  nio  r  -+■  (m^  «2  +  f^t  >Jh)^  +  "i  "2  ^  =  o, 

et  l'équation  (4)  se  réduit  à 

»  La  fonction  H  qui  en  x,  /,  z  est  donnée  par  la  relation  (2),  a  ici 
pour  expression 

(7)  H=(;,^  +  5^-mP|  =  A-|, 

en  désignant,  pour  abréger,  par  la  lettre  h  la  quantité  p^  +  9*  +  i. 

))  L'équation  (6),  où  H  a  la  valeur  (7),  est  l'équation  à  différences  par- 
tielles du  troisième  ordre  cherchée,  à  laquelle  doit  satisfaire  une  fonction 
z=f[x,/,p),  pour  que  les  surfaces  qu'elle  représente  puissent  faire 
partie  d'un  système  orthogonal.  On  voit  qu'elle  s'établit  très-simplement, 
et,  comme  nous  l'avons  annoncé,  tout  en  conservant  la  forme  remarquable 
de  l'équation  (3)  de  M.  Cayley,  elle  ne  contient  que  trois  termes  au  lieu 
de  six.  Pour  la  former,  on  peut  d'ailleurs  énoncer  cette  règle  très-simple  ■ 
Écrivez  sous  sa  forme  habituelle  (5)  l'équation  des  lignes  de  courbure  en 
projection  sur  le  plan  des  xj;  remplacez-y 

dx^,     dxdy,     dj^, 
respectivement  par 

d^p'+q'+l)'''^  cV[p'+q'+.l)'^'^  d^{p^+q'+l)'~'^ 

dx^  d.v  dy  tfy^ 

et  vous  aurez  l'équation  cherchée. 

»  Tandis  que  l'équation  (3)  en  p  contient  toutes  les  dérivées  du  troi- 
sième ordre  de  cette  fonction,  l'équation  (6)  en  z  ne  contient  pas  les  trois 

C.R.,l873,  ^'Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  S'î.)  I  ^O 


(   i438  ) 
dérivées  extrêmes  : 


ilH  d^z 


r' 


»  Cela  donne  à  la  transformation  que  nous  venons  d'effectuer  une  cer- 
taine analogie  avec  celle  qu'Ampère  trouve  si  importante  dans  la  théorie 
des  équations  à  différences  partielles  du  second  ordre  à  trois  variables.  La 
quantité  p  a  ici  un  rôle  analogue  à  celui  des  variables  appelées  caractéris- 
tiques dans  la  théorie  des  équations  à  différences  partielles  à  deux  variables 
indépendantes,  et  même  elle  est  analogue  à  une  caractéristique  double, 

dH 


puisque,  outre  la  dérivée  extrême  —  ^  elle  fait  disparaître  les  deux  dérivées 


...  d'z  d^z 

voisines  -——-  et  -i-r-r-' 

d^-dx         a^'dy 

»  Si  l'on  fait 

s  =  j3-f  9',ar,  j), 

ce  qui  revient  à  chercher  une  surface  S  telle,  qu'en  la  transportant  paral- 
lèlement à  elle-même  suivant  une  direction  fixe  prise  pour  axe  des  z  on 
engendre  une  famille  de  surfaces  susceptibles  de  faire  partie  d'un  système 

dz 

orthogonal,  on  aura  —  =  i,  et  l'équation  (6)  devient 


W-{^  +  r)sY-^-^\!,l  +  r)r-{^  +  f■)tf' 


dx-  L  il  \     ^  l     )    \  dxdy 

équation  à  différences  partielles  du  troisième  ordre,  qui  ne  contient  plus 
la  variable  ç>  et  régit  toutes  les  surfaces  S,  jouissant  de  la  propriété  de- 
mandée. 

»  Si,  pour  abréger,  on  écrit  cette  équation  sous  la  forme 

^-l^^^lûd7-^^-d^=''^ 
son  équation  caractéristique  sera,  comme  on  le  vérifie  aisément  : 

A/'(ê)^-(-^?+ï^/')(ê)+(B7+c/,^g-c^=o. 

»  Elle  se  décompose  en  les  deux  suivantes  : 


(  i439  ) 
dont  la  première  est  l'équation  des  lignes  de  courbure,  et  la  seconde  re- 
présente les  lignes  de  plus  grande  pente  de  la  surface  relativement  au  plan 
desxj-,  c'est-à-dire  au  plan  perpendiculaire  à  la  direction  suivant  laquelle 
on  doit  faire  la  translation  de  la  surface  invariable  S,  pour  obtenir  un 
système  de  surfaces  susceptibles  de  faire  partie  d'un  système  orthogonal.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  étoiles  filantes  de  décembre.  Note  de  M.  F.  Tisseka.\d, 

présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Dans  la  nuit  du  lo  au  i  i  décembre  dernier,  à  l'Observatoire  de  Tou- 
louse, nous  avons  constaté  un  maximum  intéressant  dans  le  nombre  des 
étoiles  filantes;  ainsi,  de  9''3o'°  à  lo  heures,  nous  en  avons  compté  12; 
i3  de  10  heures  à  lo'^So",  et  i4  de  io''3o'"  à  11  heures.  Ces  étoiles 
étaient  généralement  très-  faibles;  de  plus,  le  ciel  était  brumeux,  de  sorte 
que  les  observations  étaient  assez  difficiles.  Néanmoins,  nous  avons  pu  in- 
diquer, sur  une  carte  céleste,  les  trajectoires  de  20  météores.  Voici  les  as- 
censions droites  et  les  déclinaisons  des  e:arémités  de  la  trajectoire  visible  : 

Fin. 


Commencement. 

JR 

D 

0 

0 

99>5 

-+- 

29,0 

9i'5 

-4- 

32,5 

89,0 

-+- 

27,0 

92,5 

+ 

19,0 

72,5 

4- 

12,0 

88,0 

-+- 

i3,o 

96,0 

-+- 

.2,5 

112,0 

-+- 

32,0 

109,0 

-f- 

29,0 

110,5 

-1- 

27,5 

121 ,0 

-t- 

18,0 

119,0 

+ 

i5,o 

95,0 

-+- 

47.0 

237,0 

-+- 

78,0 

io3,o 

-h 

21  ,0 

82,0 

— 

2,0 

69,0 

— 

2,5 

5i  ,0 

0,0 

85,0 

— 

4,0 

io3,o 

4- 

22,0 

74.0 

-1- 

33,0 

79.0 

-1- 

a8,o 

70,5 

+ 

19,0 

82,0 

-1- 

9,0 

83, 0 

-1- 

'9.0 

8i,o 

■+- 

7,0 

90,0 

-+- 

2,0 

94,0 

-+- 

29,0 

95,0 

-+- 

27,0 

182,0 

-+- 

36,0 

127,0 

■+- 

8,0 

127,0 

-+- 

4,0 

95,0 

-1- 

58,0 

166,0 

-+- 

77,5 

98,0 

4- 

12,0 

77>o 

— 

8,0 

62,5 

— 

10,0 

38,0 

— 

8,0 

81,0 

— 

21 ,0 

107,5 

-t- 

17,0 

»  Nous  avons   représenté  ces  trajectoires  sur  une  carte,  qui  résulte 


(  i44o  ) 

de  la  perspective  de  la  sphère  céleste  sur  le  plan  tangent  au  zénith,  à  un 
moment  donné,  l'œil  étant  placé  au  centre  de  la  sphère.  On  aperçoit 
aisément,  à  l'inspection  de  cette  carte,  que  les  étoiles  divergent  sensible- 
ment d'un  même  point;    nous  avons  trouvé,  pour  les  coordonnées  de  ce 

point  radiant, 

m  =107"',         CD  z=  H- 28". 

»  Nous  espérions  obtenir  une  détermination  plus  précise  le  lendemain, 
mais  le  ciel  est  resté  constamment  couvert,  depuis  la  matinée  du  12  dé- 
cembre. 

»  L'essaim  d'étoiles  filantes,  dont  il  vient  d'être  question,  a  été  remar- 
qué pour  la  première  fois  en  i864;  en  i865,  A. -S.  Herschel  avait  trouvé, 
pour  les  coordonnées  du  point  radiant, 

B=io5°,        C0  =  -)-3o°.  » 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  D. 


ERRATA. 


(Séance  du  8  décembre  1873.) 

Page  1367,  ligne  18,  au  lieu  fie 

(mx),  =  7r,     (mx),=:7r,...,     ( OT,r)<=:  7r,..., 
Usez 

{ml),=:n,      {ml],  =  Tt,...,      (ot/)*  =  X?;,... 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  DÉCEMBRE  1875. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES, 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

FERMENTATIONS.  —  Observations  au  sujet  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance; 

par  M.  L.  Pasteue. 

«  J'ai  deux  observations  à  faire  au  sujet  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance  :  la  première,  c'est  que  M.  Trècul  a  refusé  d'emporter  les  vases  que 
j'avais  préparés  d'ajjrès  ses  indications,  mais  en  éloignant  les  causes  d'er- 
reur que,  suivant  moi,  il  n'a  pas  évitées  et  qui  l'ont  conduit  à  un  résultat 
erroné;  la  seconde,  c'est  que  je  tiens  à  dire  à  l'Académie  que,  pour  faire 
amende,  honorable  de  la  vivacité  avec  laquelle  j'ai  répondu  à  un  de  nos 
confrères,  j'ai  supprimé,  dans  ma  Note  de  lundi  dernier,  les  expressions  qui 
ont  paru  blessantes.  Par  respect  pour  l'Académie,  j'aurais  dû  ne  pas  me 
montrer  froissé  d'une  lecture  dans  laquelle,  huit  pages  durant  de  nos 
Comptes  rendus,  sans  la  moindre  provocation  de  ma  part,  M.  Trécul  avait 
porté  sur  l'exposition  de  mes  recherches  des  appréciations  soupçon- 
neuses. Je  plaide  là  les  circonstances  atténuantes  de  ma  mauvaise  launeur, 
mais  les  torts  d'autrui  n'autorisent  pas  à  pécher  soi-même. 

»   Par  un   i-espect  encore    plus   grand   pour  la   vérité,  je  maintiens  de 

C.  R,,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVU,  N»  2iJ.)  I  87 


(  '442  ) 

nouveau  avec  force  que  mes  travaux  de  ces  dix-sept  dernières  années  ont 
établi  définitivement  que  jamais  on  n'a  vu  les  matières  albuminoïdes, 
naturelles  ou  cuites,  donner  naissance,  par  voie  de  génération  spontanée 
ou  autrement,  à  des  ferments  organisés,  ou  à  des  Mycoderma,  ou  à  des 
moisissures;  que  ces  matières  se  comportent  seulement  comme  des  aliments 
de  ces  petits  êtres,  et  que  ces  derniers  ne  se  développent  à  leur  aide  qu'au- 
tant que  leurs  germes,  nés  de  parents  semblables  à  eux,  ont  été  apportés 
du  dehors.  » 

Réponse  de  M.  A.  Trécul  à  M.  Pasteur. 

«  M.  Pasteur  me  reproche  d'avoir  refusé  d'emporter  ses  flacons.  Je  n'ai 
point  voulu  prendre. ces  flacons,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  préparés  dans 
les  conditions  que  j'ai  signalées  comme  nécessaires,  et  parce  que  je  ne 
veux  pas  entreprendre  d'expériences  avec  des  matériaux  que  je  ne  connais 
pas,  c'est-à-dire  avec  du  moût  que  je  n'ai  pas  préparé  moi-même,  ni  avec 
du  Pemcilliuin  dont  je  ne  connais  pas  l'âge.  De  plus,  j'ai  refusé  l'appareil 
dans  lequel  M.  Pasteur  a  produit  le  Pénicillium  employé  par  lui  (ce  que  je 
regrette,  car  c'eût  été  une  pièce  convaincante),  parce  que  notre  confrère 
annonce  des  résultats  que  l'expérience  qu'il  a  exposée  n'a  point  pu  lui 
donner.  En  effet,  on  lit  à  la  page  1898  de  ce  volume  : 

'I  M.  Pasteur  décrit  ensuite  la  méthode  qu'il  emploie  pour  démontrer  le  contraire  de 
l'assertion  de  M.  Trécul  ;  toute  la  manipulation  est  faite  à  l'abri  des  poussières  atraosphé- 
riijues  avec  des  spores  de  Pcnicillium  qui  a  poussé  dans  l'air  pur.  >j 

»  Nos  confrères  se  rappelleront  l'appareil  que  M.  Pasteur  a  présenté 
et  décrit  à  la  séance  du  i5  décembre,  et  qu'il  a  figuré  sur  le  tableau.  Le 
ballon,  sininonléd'un  tube  droit  et  d'un  tube  recourbé,  et  dans  lequel  le 
vide  avait  été  fait  par  l'ébullition  du  liquide  et  ensuite  fermé  à  la  lampe 
et  laissé  refroidir,  fut  ensemencé  par  un  affltix  d'air  ordinaire  dans  son 
intérieur,  obtenu  i)ar  la  rupture  de  l'extrémité  du  tube  droit,  qui.fut  en- 
suite refermé.  Avec  cet  air,  a  dit  M.  Pasteur,  sont  entrées  quelques  spores 
de  Peuicillimn,  peut-être  une  seule,  a-t-il  ajouté.  Ce  sont  ces  spores  qui 
auraient  produit  le  Pénicillium  dans  son  ballon  à  moitié  rempli  de  moût 
de  bière. 

»  On  jjourrait  contester  celte  interprétation  ;  mais,  pour  le  moment, 
prenons  les  résultats  comme  l'auteur  nous  les  a  donnés;  nous  les  discute- 
ront dans  une  autre  occasion.  Constatons  tout  de  suite  que  le  Pénicillium 
est  né  dans,  un  ballon  plein  d'air  ordinaire  t7  non  dans  l'air  pur.  C'est  avec 


(  >443  ) 

ce  Pénicillium  que  les  flacons  ont  été  ensemencés,  el,  pour  eux  comme 
pour  le  ballon,  il  n'a  point  été  pris  de  précaution  particulière;  ils  furent 
coinplélement  remplis  de  moût  de  bière  et  fermés  avec  un  liège.  M.  Pastein- 
déclare  n'avoir  point  obtenu  de  levure  à  l'intérieur  de  ces  flacons. 

»  Voilà  le  fait  dans  toute  sa  nudité,  tel  qu'il  a  été  exposé  par  M.  Pasteur. 
Qu'il  me  soit  permis  d'eu  faire  voir  les  conséquences  en  quelques  mots. 
M.  Pasteur,  qui  prétend  toujours  être  clair,  a  dit  seulement  n'avoir  pas 
obtenu  les  mêmes  résultats  que  M.  Trécul,  c'est-à-dire  pas  de  transforma- 
tion des  spores  du  Pénicillium  en  levure;  mais  il  ne  nous  a  pas  dit  si  ses 
flacons  contenaient  ou  non  de  l'alcool  et  de  l'acide  carbonique.  S'ils  n'en 
contenaient  pas,  son  assertion  du  7  octobre  1872,  sur  la  végétation  du  Pé- 
nicillium submergé,  est  en  défaut  (t.  LXXV,  p.  787);  s'ils  contenaient  de 
l'alcool  et  de  l'acide  carbonique,  comme  il  n'y  avait  pas  de  levure  dans  ces 
flacons,  il  ne  s'en  était  donc  pas  produit  de  spontanée,  bien  que  les  flacons 
eussent  été  ensemencés  au  contact  de  l'air  avec  du  Pénicillium  venu  dans 
un  ballon  plein  d'air  ordinaire;  par  conséquent  l'assertion  du  11  no- 
vembre 1872  et  du  17  novembre  1873  (t.  LXXV,  p.  1168,  et  ce  volume 
p.  1145)  sur  la  naissance  de  la  levure  spontanée  dans  de  telles  cir- 
constances, n'est  pas  confirmée.  En  outre,  si  de  l'alcool  et  de  l'acide  car- 
bonique existaient  réellement,  comment  M.  Pasteur  a-t-il  pu  s'assurer 
qu'aucune  des  spores  qui  ont  grossi  (elles  ont  grossi,  car  il  y  a  eu  des 
germinations)  n'a  formé  de  levure  véritable?  On  le  voit,  à  quelque 
conclusion  que  M.  Pasteur  s'arrête,  l'une  ou  l'autre  de  ses  assertions  est 
contredite. 

»  De  plus,  pour  prévenir  sans  doute  l'objection  de  la  naissance  du  Pé- 
nicillium dans  son  ballon,  à  l'aide  des  matières  plasmatiques  des  particules 
organisées  sèches  qui  existent  dans  l'air,  M.  Pasteiu"  affume,  dans  la  Note 
qu'il  vient  de  lire,  que  les  matières  albuminoïdes  ne  sont  pas  susceptibles 
de  produire  quoi  que  ce  soit  par  hétérogénèse. 

»  Je  me  contenterai  de  lui  opposer  les  expériences  de  MM.  les  profes- 
seurs Wyman,  H.  Hofinann  et  Charlton-Bastian. 

»  M.  Wyman  a  vu  que  du  bouillon  de  bœuf  ou  des  parcelles  de  bœuf 
mises  dans  de  l'eau  sucrée,  dans  des  vases  fermés  à  la  lampe,  et  soumis  à 
une  température  de  100  degrés  pendant  une  heure,  une  heure  et  demie  et 
même  deux  heures,  ont  donné  des  bactéries,  des  vibrions  et  des  monades 
au  bout  de  deux  à  trois  jours.  De  l'extrait  de  bœuf  entièrement  soluble 
dans  l'eau,  chauffé  de  même  dans  un  baiii-marie  à  100  degrés,  donna  des 

187.. 


{  i4/i4  ) 

infiisoires  après  une  ébullition  de  quatre  heures,  etc.  {Sillimnnn's  amer, 
jotim..,  1867,  sept.,  p.  I  Sa  et  suiv.). 

»  M.  H.  Hofmann  [Bot.  Zeil.,  1869,  t.  XXVII,  p.  291,  et  Ànn.  se. 
liai.,  5*^  série,  t.  XI,  p.  4?)  c^'t  cj"e  dans  de  l'eau  miellée,  tenue  en  ébul- 
lition pendant  une  demi-heure  dans  un  ballon  fermé  par  un  tampon 
d'ouate,  les  bactéries  étaient  apparues  en  si  grande  quantité  qu'elles  y 
produisirent  des  nuages  mucilagineux.  Comme  l'auteur  est  adversaire  de  la 
génération  dite  spontanée,  il  ajoute  que  l'cbullition  n'avait  pas  été  suf- 
fisante pour  tuer  les  bactéries  qui  préexistaient.  Mais  on  sait,  par  les  expé- 
riences mêmes  de  M.  Pasteur,  et  par  celles  de  MM.  Pouchet,  Wyman  et 
Charlton-Bastian,  que  quelques  minutes  d'une  élévation  de  température 
à  55  ou  60  degrés  suffisent.  (M.  Pasteur  pense  que  cela  n'a  lieu  qu'autant 
que  le  liquide  est  acide,  et  qu'il  faut  le  porter  à  l'ébuUition  quand  il  est 
alcalin.) 

M  M.  Charlton-Baslian  a  exécuté  une  longue  série  d'expériences,  que  je 
regrette  de  ne  pouvoir  analyser  entièrement.  Il  a  reconnu  aussi  que  les 
cellules  de  levure,  les  bactéries  et  les  vibrions  sont  tués  entre  55  et  60  de- 
grés C,  comme  je  viens  de  le  dire;  de  plus,  que  certains  liquides  restent 
inféconds  après  une  coction  de  10  minutes  ou  moins  à  la  température  de 
100  degrés;  mais  que  d'autres  liquides,  tels  que  les  infusions  de  foin  et  de 
navet,  portés  à  l'ébullilion  dans  un  ballon  que  l'on  ferme  à  la  lampe  quand 
tout  l'air  est  expulsé,  donnent  des  bactéries  et  des  vibrions  après  deux, 
trois,  quaire  à  treize  jours  [The  modes  oforigin  of  lowest  orqanis^ns.  London 
el  New-York,  1871). 

»  Pour  terminer,  j'allais  citer  une  expérience  curieuse  de  M.  Pasteur, 
qui  conduit,  à  mon  avis,  aux  mêmes  conclusions.  M.  le  Président, 
riieure  pressant,  m'engage  à  réserver  ces  détails  pour  une  Communica- 
tion idtérieure;  ce  que  j'accepte  volontiers.  » 

Réponse  de  M.  L.  Pasteur  à  M.  Trécul. 

<i  M.  Trécul  vient  de  dire  qu'il  n'avait  pas  voulu  emporter  (es  flacons  que 
j'avais  préparés,  parce  que  ces  flacons  ne  remplissaient  pas  les  conditions 
voulues. 

))  M.  Trécul  a  dit  que  ces  flacons  ne  contenaient  pas  d'air.  C'est  une 
erreur.  Si  M.  Trécul  avait  pris  la  peine  de  venir  regarder  les  flacons  dé- 
posés sur  le  bureau,  il  aurait  vu  qu'ils  contenaient  de  l'air  à   l'origine, 


(  1445  ) 
et  que   la  meilleure  preuve  en  est  que  les  spores   semées  avaient   germé, 
qu'un  mycélium  ét^it  même  visible,   à  l'œil   nu,  à   travers  les  parois  des 
flacons. 

»  M.  Trécul  reproche  également  au  ballon  contenant  du  Pénicillium  jnir, 
fructifié,  que  j'avais  apporté,  de  contenir  des  spores  trop  vieilles.  C'est  une 
erretu".  Ce  ballon  avait  été,  comme  les  flacons  dont  je  viens  de  parler,  mis 
en  expérience  le  mardi  16  décembre,  le  lendemain  delà  Communication 
de  M.  Trécul,  c'est-à-dire  depuis  six  jours  seulement.  Enfin  rien  de  plus 
facile  que  de  faire  traverser  le  ballon  par  un  courant  d'air  pur  et  de  pla- 
cer la  moisissure  en  contact  avec  autant  d'air  qu'on  peut  le  désirer. 

»   Les  critiques  de  M.  Trécul  sont  donc  sans  fondement.   » 

MAGNÉTISME.  —  Sur  la  déperdition  du  magnétisme;  par  M.  J.  Jamin. 

«  Coulomb  a  démontré  qu'un  aimant  chauffé  successivement  à  des  tem- 
pératures croissantes  ne  garde  après  son  refroidissement  qu'une  portion 
de  moins  en  moins  grande  de  son  aimantation  première.  L'opinion  géné- 
rale est  qu'à  chaque  température  t,  l'acier  prend  une  aimantation  déter- 
minée de  moins  en  moins  grande  quand  t  augmente  et  qu'il  la  garde  en  se 
refroidissant.  Cela  n'est  pas  exact,  les  phénomènes  sont  en  réalité  plus  com- 
plexes et  plus  curieux,  comme  je  vais  l'expliquer. 

»  Je  prends  un  barreau  préalablement  trempé  :  formé  d'un  acier  riche 
en  carbone,  je  le  fais  revenir  à  l'étuve  au  milieu  d'un  bain  de  sable,  jusqu'à 
lui  donner  la  teinte  bleue  des  ressorts;  je  l'introduis  rapidement  dans  une 
bobine  de  fils  électriques  parcourus  par  un  courant  de  20  éléments,  et, 
par  des  chalumeaux  convenablement  dirigés,  j'empêche,  ou,  tout  au 
moins,  je  ralentis  le  refroidissement  de  l'appareil.  L'acier  prend  une  ai- 
mantation totale  un  peu  moindre  que  s'il  était  froid.  Alors  je  romps  le  cir- 
cuit, et  je  mesure  tout  aussitôt  la  force  d'arrachement  d'un  contact 
d'épreuve  placé  à  l'extrémité,  c'est-à-dire  l'aimantation  rémanente. 

»  Non-seulement  l'acier  s'aimante  à  chaud  dans  ces  circonstances;  mais 
son  aimantation  rémanente  est  beaucoup  plus  considérable  que  celle  qu'il 
sera  capable  de  garder  quand  il  sera  refroidi,  elle  est  égale  à  109  grammes 
au  lieu  de  54  :  il  n'est  donc  pas  exact  de  dire  que  la  force  coercilive  ait 
diminué  avec  réchauffement,  c'est  le  contraire  qui  a  lieu. 

»  Mais,  si  l'on  recommence  la  mesure  de  la  force  d'arrachement  de  mi- 
nute en  minute,  on  reconnaît  qu'elle  décroît,  d'abord  très-rapidement, 
ensuite  moins  vite  et  qu'au  bout  d'un  quart  d'heure  tout  a  disparu. 


(  i446  ) 

»  Cela  se  voit  non-seulement  quanti  l'aimant  est  maintenu  à  sa  tempé- 
rature première,  mais  quand  on  le  laisse  se  refroidir  nalurellement,  ce  qui 
se  fait  très-lentement,  parce  que  la  barre  est  polie,  que  son  pouvoir  émissif 
est  faible  et  qu'elle  est  dans  la  bobine  comme  au  milieu  d'un  matelas  non 
conducteur.  Il  n'y  a  donc  pas,  pour  chaque  température,  un  état  magné- 
tique déterminé,  décroissant  quand  réchauffement  augmente.  On  passe 
presque  continûment  de  l'aimantation  totale,  figurée  par  AB,  à  l'aiman- 
tation rémanente  représentée  par  BCD  qui  s'abaisse  jusqu'à  zéro  quand  le 
temps  croît.  Il  y  a  une  véritable  déperdition  magnétique  qui  est  lente,  qui 
ressemble  à  la  perte  de  chaleur  par  le  refroidissement,  et  qui  peut  être 
assez  bien  représentée  par  la  loi  de  Newton  j>-  =  e~'"^. 

M  Réchauffons  maintenant  la  barre^  mais  à  une  température  moindre,  et 
recommençons  l'aimantation  initiale.  Pendant  que  le  courant  passe,  elle 
est  figurée  par  EF,  elle  a  augmenté;  mais  aussitôt  qu'il  cesse,  elle  baisse 
jusqu'à  G;  elle  est  moindre  que  précédennnent;  mais  d'un  autre  côté  elle 
s'affaiblit  moins  vite  et  ne  se  perd  pas  en  totalité,  il  en  reste  après  le  refroi- 
dissement une  partie  d'autant  plus  grande  que  le  réchauffement  avait  été 
moindre. 


»  Enfin,  si  l'on  recommence  l'épreuve  sans  chauffer  la  barre,  elle  a  un 
magnétisme  total  maximum  RL  et  un  magnétisme  rémanent  MN,  le  plus 
petit  possible,  et  qui  ne  varie  pas  sensiblement  avec  le  temps.  Les  valeurs 
de  l'aimantation  rémanente  sont  inscrites  dans  le  tableau  suivant,  pour  l'a- 
cier E,  après  que  la  barre  a  été  recuite,  au  bleu  (n"  1),  au  jaune  (n*'  2)  et 
maintenue  à  la  température  ordinaire  (n"  3).  L'acier  E,  qui  donne  des  ré- 
sultats plus  saillants,  avait  été  recuit  au  bleu.  Refroidi  et  réaimanté,  il 
donna  une  aimantation  permanente  égale  à  5/|,o. 


(  '447  ) 


Acier  B  n'ALLEvARD. 


Durées. 


O. 
I  . 
2. 

3. 

4- 

5. 
6. 

8. 

10  . 

I  I  . 
i3 . 
i8. 


/'  11"  1 . 

fn°  2. 

/  n"  3 

70,3 

5o,6 

47.6 

63,5 

49..  7 

47>o 

56,2 

48,5 

» 

5i,4 

46,3 

» 

46,5 

46,2 

47.0 

4>,3 

45,8 

» 

37,0 

45,0 

u 

3o,o 

44,8 

u 

25,0 

43,5 

47.5 

22,0 

42.8 

» 

>9'° 

42,7 

D 

i5 ,0 

42,0 

46,7 

Acier  E. 

/ 

109,3 

95,5 

84,7 
75,2 
67,8 
60,3 
53,5 
43,3 
35,1 
33,0 
28,5 

25,0 


40 


46 


»  Pour  que  celle  expérience  réussisse,  il  ne  faut  pas  que  le  recuit  de  la 
barre  ait  été  poussé  jusqu'à  lui  faire  perdre  toute  force  coercitive,  c'est-à- 
'dire  jusqu'au  rouge.  Si  cela  avait  lieu,  la  barre  ne  garderait  de  magné- 
lisme  ni  à  zéro  ni  à  une  température  élevée,  et  la  courbe  précédente  se 
confondrait  avec  l'axe  des  oc. 

»  Dans  ce  cas,  ou  obtiendrait  néanmoins,  à  toute  température,  une  ai- 
mantation totale.  Le  métal  garderait  la  propriété  magnétique  sans  avoir 
celle  de  conserver  l'aimantation,  mais  il  posséderait  celle-là  à  un  degré  de 
moins  en  moins  élevé,  à  des  températures  de  plus  en  plus  hautes.  Il  est 
probable  qu'il  la  perdrait  au  rouge,  comme  l'a  avancé  Pouillet.  On  peut 
faire  l'expérience  eu  plaçant  la  barre  très-chaude  dans  la  bobine,  en  fai- 
sant passer  un  courant  constant  et  en  mesurant  pendant  le  refroidissement 
l'aimantation  totale.  J'ai  trouvé  les  résultats  suivants,  après  un  recuit  au 
bleu  d'une  barre  qui  avait  été  préalablement  chauffée  au  rouge. 

,  Acier  E  d'Allevabd  (aimantaiion  totale). 


Durées. 

/ 

Duices. 

/ 

Durées. 

/ 

Durées. 

J 

Durées. 

/ 

0.  .  . 

4i5 

6.. 

462 

11..  . 

5i5 

19... 

540 

35... 

58o 

I... 

423 

7-- 

4:o 

i3... 

5io 

21  .  .  . 

545 

40... 

590 

2.  .  . 

43. 

8.. 

4,5 

.4... 

5l2 

23... 

56 1 

5o... 

5  go 

3... 

440 

9-- 

480 

i5.. 

520 

25... 

56o 

4... 

450 

10.  . 

490 

16.. 

520 

27.. 

568 

5... 

456 

11 . . 

495 

17.. 

5jo 

3o.. 

575 

(  i448  ) 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  les  composés  oxygénés  de  l'azote;  leur  slabilité 
et  leurs  transformations  réciproques  ;  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  entrepris  depuis  deux  ans  une  série  d'expériences  sur  la  chaleur 
de  formation  de  tous  les  composés  oxygénés  de  l'azote  :  ces  expériences 
sont  aujourd'hui  complètement  terminées,  et  j'en  ferai  i^rochainement 
connaître  les  résultats.  Dans  le  cours  de  leur  exécution,  j'ai  été  conduit  à 
étudier  la  formation  et  la  décomposition  des  divers  oxydes  de  l'azote, 
sujet  dont  quelques  points  n'avaient  pas  été  repris  depuis  le  temps  de 
Gay-Luss3c  (i),  de  Dulong  (2),  de  Dalton  (3)  et  même  de  Priestley.  J'ai  eu 
occasion  de  reproduire  également  certaines  des  expériences  classiques  de 
notre  confrère  _M.  Peligot  4)?  sur  les  acides  bypoazotique  et  azoteux.  Je 
vais  exposer  celles  de  mes  observations  qui  me  semblent  offrir  quelque 
nouveauté. 

u  I  jdcide  h/poazotique .  —  1.  Examinons  d'abord  le  degré  de  stabilité 
de  l'acide  bypoazotique.  On  le  regarde  avec  raison  comme  le  plus  stable 
des  oxydes  de  l'azote  :  en  effet,  chauffé  dans  un  tube  de  verre  scellé,  vers 
5oo  degrés,  pr^ndaiit  une  heure,  il  résiste  sans  donner  le  moindre  indice  de 
décomposition.  Il  n'exerce  d'ailleurs  aucune  réaction,  ni  sur  l'oxvgène  à 
froid,  ni  sur  l'azote  libre,  au  rouge  sombre  et  dans  les  mêmes  conditions. 

M  2.  Mais  une  série  d'étincelles  électriques  le  décompose  dans  un  tube 
scellé  à  la  lampe,  rempli  vers  3o  degrés  sous  la  pression  atmosphérique; 
elle  le  réduit  en  ses  éléments 

AzO'  =  Az  +  0'. 

Au  bout  d'une  heure,  un  quart  était  déjà  détruit.  Au  bout  de  dix-huit 
heures,  j'ai  obtenu  un  mélange,  probablement  voisin  de  l'équilibre,  qui 
renfermait  en  volume 

Az  =  28;  O  =  56;  AzO'  =14. 

»  3.  La  décomposition  s'arrête  à  lui  certain  terme,  comme  dans  tous  les 
cas  ou  l'étincelle  développe  une  action  inverse.  On  sait  en  effft,  depuis 
Cavendish,  qu'elle  détermine  la  combinaison  de  l'azote  avec  l'oxygène; 
mais  cette  combinaison,  opérée  entre  les  gaz  secs,  ne  saurait  fournir  autre 

(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  I,  p.  394;  1816. 

(2)  Mêoie  Recueil,  t.  IIj  p.  817;  i8i6. 

(3)  Même  Recueil,  t.  VII,  p.  36;  i8!7. 

(4)  Même  Recueil,  3'  série,  t.  II,  p.  58;  1841. 


(  i449  ) 

chose  que  de  l'acide  hypoazotique,  attendu  qu'il  subsiste  toujours  de 
l'oxygène  libre,  ainsi  que  je  vais  le  montrer.  Eu  opérant  sur  l'air  atmosphé- 
rique, j'ai  trouvé  qu'au  bout  d'une  heure,  7,5  centièmes,  c'est-à-dire  un 
treizième  du  volume,  avaient  donné  de  l'acide  hypoazotique  ;  dix-huit 
heures  d'clectrisation  n'ont  pas  modifié  sensiblement  ce  rapport. 

»  Mais  je  ne  veux  pas  insister  sur  la  valeur  numérique  de  ces  limites, 
dont  la  mesure  exacte  réclamerait  des  expériences  plus  nombreuses  et  faites 
dans  des  conditions  plus  variées,  comme  énergie  électrique,  comme  pres- 
sion et  comme  proportions  relatives  des  gaz.  Le  seul  fait  que  je  veuille 
mettre  en  lumière,  c'est  l'existence  même  des  limites,  conséquence  néces- 
saire des  deux  réactions  antagonistes. 

»  II.  Acide  azoteux .  —  1 .  Peu  de  réactions  ont  été  plusétudiées  quecelle 
du  bioxyde  d'azote  sur  l'oxygène,  en  présence  de  l'eau.  Aux  débuts  de  la 
chimie  pneumatique,  on  espérait  y  trouver  un  procédé  sûr  et  facile  pour 
mesurer  la  pureté  de  l'air  par  son  analyse  [eudiométrié)  ;  mais  on  reconnut 
bientôt  que  les  rapports  entre  les  volumes  des  gaz  absorbés  peuvent 
varier  extrêmement,  de  3  ;  4  jusqu'à  3  :  12,  par  exemple,  suivant  qu'il 
se  forme  d'abord  de  l'acide  azotique  ou  de  l'acide  azoteux;  la  solution 
aqueuse  de  ce  dernier  absorbe  d'ailleurs  assez  vite  l'oxygène,  en  de- 
venant de  l'acide  azotique. 

))  2.  Cependant  la  réaction  effective  passe  toujours  par  un  premier 
terme  défini,  l'acide  azoteux,  comme  je  vais  l'établir, 

AzO'  -h  O  =  AzO^ 

»  Gay-Lussac  avait  déjà  observé  que  l'oxygène  et  l'azote,  mêlés  en 
volumes  dans  le  rapport  de  i  ".  4?  <^'i  présence  d'une  solution  concentrée 
de  potasse,  fournissent  seulement  un  azotite.  J'ai  reconnu  qu'il  en  est  de 
même  quelles  que  soient  les  proportions  relatives  des  deux  (jaz  et  l'ordre  du 
mélange,  en  présence  des  solutions  alcalines  concentrées  et  même  de  l'eau 
de  baryte,  pourvu  que  la  vapeur  nitreuse  qui  apparaît  un  moment  dans  le 
mélange  soit  aussitôt  absorbée  à  l'aide  de  l'agitation  dans  des  tubes  suf- 
fisamment larges.  Non-seulement  les  rapports  de  volume  des  gaz  disparus 
établissent  ce  fait  ,  mais  les  analyses  laites  sur  plusieurs  grammes  de 
matière  ont  montré  que  la  proportion  d'acide  azoteux  formé  répond  à 
96  ou  98  pour  100  du  bioxyde  employé,  dans  les  expériences  bien  con- 
duites. 

»  3.  Si  la  réaction  a  lieu  sans  absorber  à  mesure  l'acide  azoteux,  l'acide 
hypoazotique  y  apparaît  bientôt,  et  l'analyse  indique  alors,  dans  tous  les 

C.  R.,  1873,  J«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  2S.)  '  88 


(  i45o  ) 
cas  où  l'oxygène  fait  défaut,  un  mélange  des  trois  gaz  :  AzO",  AzO',  AzO', 
quel  que  soit  l'excès  relatif  du  bioxyde  d'azote;  c'est-à-dire  que  l'acide 
azoteux  ne  subsiste  quelque  temps,  sous  forme  gazeuse,  qu'en  présence 
des  produits  de  sa  décomposition.  C'est  ce  mélange  complexe  et  variable 
avec  les  circonstances  qui  constitue  le  corps  appelé  vapeur  nilreuse,  toutes 
les  fois  que  l'oxygène  n'est  pas  prépondérant.  La  même  remarque  s'ap- 
plique d'ailleurs  à  l'acide  liquide  ;  l'acide  azoteux  le  plus  pur  qui  ait  été 
obtenu  (Fritzsche;  Hazenbach)  contenait  environ  un  buitième  d'acide  hypo- 
azotique,  d'après  les  analyses.  M.  Peligot  avait  depuis  longtemps  insisté 
sur  cette  circonstance. 

»  4.  En  présence  d'un  excès  d'oxygène,  il  se  forme  ou  plutôt  il  sub- 
siste uniquement  de  l'acide  hypoazotique,  comme  on  le  sait  par  les  tra- 
vaux de  Gay-Lussac,  de  Dulong  et  de  M.  Peligot,  qui  a  obtenu  par  cette 
voie  l'acide  cristallisé.  Je  n'ai  pas  à  revenir  sur  ce  point,  si  ce  n'est  pour 
observer  que  l'acide  azoteux,  étant  le  produit  initial  de  la  réaction, 
même  en  présence  d'un  excès  d'oxygène,  nous  sommes  forcés  d'admettre 
que  c'est  l'acide  azoteux  qui  s'unit  ensuite  avec  un  second  équivalent 

d'oxygène 

AzO^  +0  =  AzO*. 

dans  un  mélange  gazeux  sec,  aussi  bien  qu'en  présence  de  l'eau.  La  for- 
mation des  deux  oxydes  se  succède  presque  immédiatement.  En  admet- 
tant, d'après  les  analogies,  et  conformément  à  une  densité  gazeuse  approxi- 
mative donnée  par  M.  Hasenbach,  que  la  formule  de  l'acide  azoteux, 
AzO%  représente  2  volumes,  la  seconde  réaction  offrirait  ce  caractère 
remarquable,  et  jusqu'ici  unique  dans  l'étude  des  actions  directes,  d'une 
combinaison  gazeuse  réelle  effectuée  avec  dilalalion  :  3  volumes  des  gaz  com- 
posants fournissant  4  volumes. 

»   Il  en  serait  de  même  de  la  métamorphose  du  protoxyde  d'azote  en 

bioxyde  : 

AzO  +  0  =  AzO% 

si  elle  pouvait  avoir  lieu.  A  la  vérité,  cette  réaction  ne  s'effectue  pas 
directement;  mais  j'établirai  tout  à  l'Iieure  l'existence  réelle  de  la  décom- 
position inverse,  laquelle  offre  une  anomalie  du  même  ordre  et  corré- 
lative, à  savoir  une  décomposition  gazeuse  simple,  effectuée  avec  contraction: 
4  volumes  se  changeant  en  3  volumes.  Cette  dernière  relation  est  plus 
nette,  sinon  eu  principe  du  moins  en  fait,  que  la  ju-emière,  attendu  qu'elle 
a  lieu  entre  trois  gaz  dont  la  densité  est  parfaitement  connue. 

»  IIL  Proloxyde  d'azote.  —  1.  Ou  enseigne  depuis  Priestley  que  le  prot- 


f  i45i  ) 
"oxyde  d'azote  est  décomposé  par  la  chaleur  ronge  en  azote  et  oxygène. 
J'ai  clierché  vers  quelle  température  commence  cette  décomposition  et 
si  le  bioxyde  d'azote  apparaît  parmi  ses  produits.  Le  protoxyde  résiste  à 
l'action  d'une  chaleur  modérée,  mieux  qu'on  ne  le  supposait  en  général, 
depuis  que  MM.  Favre  et  Silbcrmanu  nous  ont  appris  que  ce  gaz  est  formé 
avec  absorption  de  chaleur.  En  le  chauffant  au  rouge  sombre  vers  620  de- 
grés, pendant  une  demi-heure,  dans  un  tube  de  verre  de  Bohème  scellé  à  la 
lampe,  c'est  à  peine  si  i,5  centième  se  trouve  décomposé  en  azote  et  oxy- 
gène, sans  oxyde  supérieur. 

»  2.  La  compression  brusque  du  protoxyde  d'azote,  dans  un  système 
analogue  au  briquet  à  gaz  et  avec  des  conditions  capables  de  faire  détoner 
un  mélange  d'hydrogène  et  d'oxygène,  ne  détermine  également  que  des 
traces  de  décomposition. 

»  3.  J'ajouterai  encore  que  le  protoxyde  d'azote,  mêlé  d'oxygène  et 
chauffé  au  rouge  sombre  dans  un  tube  scellé,  ne  fournit  pas  de  bioxyde 
d'azote  ni  de  vapeur  nitreuse. 

y>  4.  Rappelons  enfin,  pour  achever  d'en  définir  la  stabilité,  que  le  prot- 
oxyde d'azote  n'exerce  d'action  oxydante  à  froid  sur  aucun  corps  connu; 
et  qu'il  n'est  absorbé  ou  décomposé  par  la  potasse  aqueuse  ou  alcoolique 
à  aucune  température,  susceptible  d'être  atteinte  dans  un  tube  de  verre 
scellé,  même  avec  le  concours  du  temps  (  1  ).  Si  j'insiste  sur  ces  circon- 
stances, c'est  pour  les  opposer  aux  propriétés  du  bioxyde  d'azote. 

»  5.  J'ai  aussi  examiné  l'action  de  l'étincelle  électrique  sur  le  protoxyde 
d'azote,  principalement  pour  en  étudier  les  premières  phases;  caries  pro- 
duits généraux  ont  été  déjà  signalés  par  Priesiley,  par  M.  Grove,  par 
MM.  Andrews  et  Tait,  ainsi  que  par  MM.  Buffet  Hofmann.  J'opérais  dans 
un  tube  scellé  à  la  lampe,  afin  d'éviter  toute  action  secondaire  de  l'eau 
ou  du  mercure.  La  décomposition  s'opère  rapidement  et  la  vapeur  nitreuse 
apparaît  aussitôt.  Au  bout  d'une  minute  et  avec  de  faibles  étincelles  (appa- 
reil de  Ruhmkorff,  mil  par  2  éléments  Bunsen),  un  tiers  du  gaz  était 
décomposé.  La  partie  décomposée  s'était  partagée  en  proportion  à  peu  près 
égale  entre  les  deux  actions  suivantes  : 

i      Az(3  =  Az  +  0 

j  4AzO=:  AzO*  +  3Az. 

»   La  première  action  peut  être  regardée  comme  due  surtout  à  l'action  de 


(l)  Bulletin  de  la  Société pkiloniathiqiie  pour  iSSy,  [).   I2i. 

188. 


(  i452  ) 
la  chaleur  de  rétincelle,   tandis  que  dans  la  seconde   action  la   chaleur 
et  l'électricité  concourent, 

»  Au  bout  de  trois  minutes  avec  des  étincelles  plus  fortes  (6  éléments 
Bunsen),  près  des  trois  quarts  du  gaz  étaient  déjà  décomposés,  toujours  de 
la  même  manière,  la  seconde  réaction  l'emportant  un  peu  sur  la  première. 

»  On  voit  par  là  que  le  bioxyde  d'azote  n'apparaît  point  et  ne  saurait 
apparaître  dans  la  décomposition  électrique  du  protoxyde,  puisque  celle-ci 
donne  toujours  lieu  à  un  excès  d'oxygène  libre.  La  proportion  d'acide 
hypoazotique  formé  représentait  à  peu  près  le  septième  du  volume  final, 
proportion  qui  ne  doit  pas  être  très-éloignée  de  celle  qui  répondrait  à 
l'équilibre  définitif  |)roduit  par  l'étincelle,  d'après  les  expériences  expo- 
sées plus  loin.  C'est  un  nouvel  argument  pour  attribuer  principalement  à 
l'électricité  la  formation  de  l'acide  hypoazotique,  aux  dépens  du  protoxyde 
d'azote. 

»  IV.  Bioxyde  d'azote.  —  1 .  Le  bioxyde  d'azote  est  réputé  l'un  des  gaz  les 
plus  stables  de  la  Chimie;  cependant  on  enseigne  que  l'étincelle  (Priestley), 
ou  l'action  de  la  chaleur  rouge  (Gay-Lussac),  le  décomposent  lentement  en 
azote  et  acide  hypoazotique.  En  présence  du  mercure  ou  du  fer,  il  ne  reste 
que  de  l'azote  (Buff  et  Hofmann,  1860). 

»  2.  Voici  ce  que  j'ai  observé.  Le  bioxyde  d'azote  (1),  renfermé  dans  un 
tube  de  verre  scellé  et  chauffé  au  rouge  sombre,  vers  620  degrés,  éprouve 
un  commencement  de  décomposition.  Au  bout  d'une  demi-heure,  le  vo- 
lume de  bioxyde  décomposé  s'élevait  à  près  du  quart  du  volume  initial.  La 
partie  détruite  s'était  partagée  dans  ses  éléments,  d'après  les  deux  réactions 
suivantes  : 

AzO==Az    +0\     puis     0'-|-AzO'=:AzO',     soit     2AzO'=:Az    -l-AzO'; 
AzO'=AzO-4-0,     puis     O  -l-AzO'=:AzO',     soit     2AzO'=  AzO -t- AzO>. 

La  formation  du  protoxyde  d'azote  était  prédominante.  Une  autre  expé- 
rience, prolongée  pendant  six  heures  dans  les  mêmes  conditions,  a  fourni 
sensiblement  les  mêmes  résultais  :  la  proportion  de  bioxyde  détruit  était 
la  nième,  et  celle  du  protoxyde  d'azote  un  peu  moindre,  mais  toujours 
très-considérable.  La  presque  identité  de  ces  deux  décompositions,  malgré 

(i)  J'ai  préparé  ce  gaz  par  la  réaction  ménagée  de  l'acide  azotique  sur  une  solution  bouil- 
lante de  sulfate  ferreux;  c'est  la  seule  réaction  qui  le  fournisse  tout  à  fait  pur.  L'emploi  du 
cuivre  et  de  l'acide  azotique,  même  Irès-élendu  et  froid,  donne  toujours  du  protoxyde,  dont 
la  proportion,  variable  avec  la  iiériode  de  la  réaction,  peut  s'élever  à  plus  d'un  dixième  du 
volume  du  gaz  qui  se  dégage. 


(  i453  ) 
leur  durée  si  différente,  mérite  attention;  elle  tendrait  à  montrer  que  la 
décomposition  d'un  corps  par  la  chaleur  peut  s'arrêter  k  une  certaine 
limite,  en  présence  des  produits  qu'elle  fournit,  et  même  alors  que  ces  pro- 
duits n'ont  aucune  tendance  à  se  combiner  pour  régénérer  le  composé 
primitif;  en  d'autres  termes,  nous  aurions  affaire  à  une  décomposition 
limitée  et  non  réversible  (i).  Mais  ce  point  important  réclame  luie  étude 
plus  approfondie  avant  d'être  regardé  comme  définitivement  acquis. 

»  3.  L'action  de  l'étincelle  électrique  confirme  et  étend  ces  résultats. 
Elle  commence  à  s'exercer  avec  une  extrême  promptitude  et  présente  di- 
vers termes  successifs,  très-dignes  d'intérêt.  J'ai  opéré  sur  le  gaz  enfermé 
dans  des  tubes  scellés  et  avec  des  élincelles  assez  faibles  (2  éléments). 

»  Au  bout  d'une  minute,  un  sixième  du  gaz  est  déjà  détruit;  la  propor- 
tion en  serait  certainement  plus  forte,  si  les  électrodes  de  platine  étaient 
situés  au  centre  de  la  masse,  au  lieu  de  se  trouver  à  une  extrémité,  ce  qui 
ralentit  le  mélange  des  gaz.  Un  tiers  environ  du  produit  détruit  a  formé  du 
protoxyde  d'azote 


2AzO'=AzO-i-AzO% 


les  deux  autres  tiers  produisant  de  l'azote  et  de  l'acide  hypoazotique 

2AzO'=Az-4-  AzO*. 

Au  bout  de  cinq  minutes,  les  trois  quarts  du  bioxyde  d'azote  étaient  détruits, 
avec  formation  de  protoxyde  d'azote  et  d'acides  azoteux  et  hypoazotique.  Le 
rapport  entre  le  protoxyde  d'azote  et  l'azote,  c'est-à-dire  entre  les  deux 
modes  de  décomposition,  était  à  peu  près  le  même  que  plus  haut. 

»  Il  y  a  lieu  ici  de  distinguer  encore  l'action  calorifique  de  l'élincelle, 
laquelle  donne  lieu  à  la  formation  du  protoxyde  (corps  que  l'étincelle  n'en- 
gendre point  en  agissant  sur  les  éléments)  ainsi  qu'à  une  portion  de  celle 
de  l'azote  libre,  et  l'action  propre  de  l'électricité,  qui  tend  à  faire  prédo- 
miner l'acide  hypoazotique,  comme  le  montre  une  expérience  de  plus 
longue  durée. 

»  En  effet,  le  flux  d'étincelles,  prolongé  pendant  une  heure,  ne  laisse 
plus  subsister  qu'un  mélange  de  bioxyde  d'azote  non  déconqjosé  (i3  cen- 
tièmes du  volume  initial),  de  vapeur  nitreuse  (plus  de  4o  centièmes)  et 
d'azote;  je  n'ai  pu  y  découvrir  de  protoxyde  d'azote  en  proportion  sen- 
sible. Ce  gaz  disparait  donc  avant  le  bioxyde,  sans  doute  sous  l'influence 
de   la   haute   température   de   l'étincelle.   Ce  fait,   opposé   en    apparence 

(  I  )  Voir  J finales  île  Chimie  et  de  Physicjuc,  4""  série,  t.  XVIII,  p.  i4  '  *-''  '  28. 


(  «454  ) 

avec  !.i  transformation  initiale  d'une  partie  du  bioxyde  en  j)rotoxyde, 
semble  iinbquer  (jue  le  bioxyde  commence  à  se  décomposer  à  une 
température  plus  basse  que  le  protoxyde  et  qu'il  subsiste  cependant,  en 
partie,  plus  longtemps  ou  à  une  température  plus  haule,  en  présence  des 
produits  de  sa  décomposition. 

»  Pourtant  l'action  plus  prolongée  encore  de  l'électricité  finit  par  le  faire 
disparaître  à  son  tour,  en  même  temps  que  diminue  le  volume  de  la  vapeur 
nifreuse  produite  dans  la  première  période.  Au  bout  de  dix-iuiit  heures 
d'électrisation,  je  n'ai  plus  trouvé  que  12  centièmes  de  vapeur  nitreuse, 
formée  cette  fois  uniquement  par  l'acide  hypoazotique.  Le  mélange  gazeux 
renfermait  Az  =  44»  O  =  87,  AzO^  =  i3  pour  100  volumes  du  gaz  primitif. 

»  En  raison  de  la  durée  de  la  réaction  et  de  l'influence  antagoniste 
qui  tend  à  former  l'acide  hypoazotique  dans  un  mélange  d'azote  et  d'oxy- 
gène purs  traversés  par  l'étincelle,  le  système  ci-dessus  doit  être  regardé 
comme  voisin  d'un  état  d'équilibre. 

»  Mais  revenons  au  bioxyde.  En  somme,  ce  composé  est  moins  stable 
dans  les  conditions  ordinaires  que  le  protoxyde,  puisqu'il  l'engendre  d'a- 
bord en  se  décomposant  sous  l'influence  de  la  chaleur  ou  de  l'étincelle. 

»  Ici  se  présente  une  contradiction  apparente  entre  les  propriétés 
connues  des  deux  g;iz.  Pourquoi  le  charbot:,  le  soufre,  le  phosphore  con- 
tinuent-ils à  briller  plus  facilement  dans  le  protoxyde  que  dans  le  bioxyde 
d'azote,  circonstance  qui  a  fait  croire  juseiu'ici  à  une  stabilité  plus  grande 
du  dernier  gaz?  L'explication  est,  je  crois,  la  suivante:  d'une  part,  le 
bioxyde  ne  renferme  pas  plus  d'oxygène  à  volume  égal  que  le  protoxyde, 
et,  d'autre  part,  cet  oxygène  ne  devient  réellement  disponible  en  totalité 
pour  les  combustions  qu'à  une  température  beaucoup  plus  haute,  le  bioxyde 
se  changeant  d'abord  en  grande  partie  en  acide  hypoazotique,  corps  réelle- 
ment plus  stable  que  le  protoxyde  d'azote.  L'énergie  comburante  du 
bioxyde  à  la  température  du  rouge  naissant  devra  donc  être  moindre  que 
celle  du  protoxyde,  qui  se  détruit  immédiatement  en  azote  et  oxygène 
libre. 

)i  4.  Le  défaut  de  stabilité  de  bioxyde  se  manifeste  également  dans  un 
grand  nombre  do  réactions  lentes  opérées  sur  le  gaz  pur  à  la  température 
ordinaire,  soit  qu'il  se  résolve  en  azotite  et  protoxyde  sous  l'influence  de 
la  potasse  (Gay-Lussac),  soit  qu'il  oxyde,  à  froid  et  peu  à  ])eu,  divers  corps 
minéraux  (d'après  les  anciens  observateurs)  ou  organiques  (1),  avec  mise 

(i)  Chimie  organique  fondée  sur  In  sjnthàsc,  t.  II,  p.  485. 


(  «455  ) 
en  liberté,  tantôt  de  tout  son  azote  (Az+O-),  tantôt  de  la  moitié 
(Az  +  AzO*),  tantôt  de  protoxyde  d'azote  et  même  d'ammoniaque.  La 
même  cause  engemlre  du  protoxyde  d'azote,  de  l'azote  et  même  de  l'am- 
moniaque dans  la  plupart  des  réactions  où  un  corps  oxydable  tend  à  ra- 
mener l'acide  azotique  à  l'état  de  bioxyde  d'azote.  Aussi  ce  dernier  gaz, 
préparé  par  la  réaction  des  métaux  sur  l'acide  azotique  étendu,  est-il  rare- 
ment pur. 

»  5.  Une  semblable  aptitude  à  des  <lécorapositions  lentes  et  multiples 
est  le  caractère  des  composés  peu  stables  et  formés  avec  absorption  de 
chaleur.  Je  montrerai  bientôt  que  le  bioxyde  d'azote  est  comparable  sous 
ce  rapport  au  cyanogène  et  à  l'acétylène;  tous  ces  corps  composés  offrent 
une  aptitude  à  entrer  en  réaction,  une  sorte  de  plasticité  chimique  bien 
supérieure  à  celle  de  leurs  éléments  et  comparable  à  celle  des  radicaux  les 
plus  actifs  :  ce  que  j'explique  par  l'excès  d'énergie  emmagasinée  dans  l'acte 
de  leur  synthèse. 

»  En  effet,  l'énergie  potentielle  des  éléments  diminue,  en  général,  dans 
l'acte  de  la  combinaison;  tandis  qu'elle  se  trouve,  au  contraire,  accrue 
pendant  la  formation  de  l'acétylène,  du  cyanogène  et  du  bioxyde  d'azote. 
Or,  un  tel  accroissement  est  évideuunent  corrélatif  avec  l'aptitude  que  ces 
corps,  véritables  radicaux  composés,  possèdent  pour  contracter  directement 
de  nouvelles  combinaisons  avec  les  éléments. 

»  Le  mécanisme  qui  préside  à  h  formation  synthétique  de  ces  radicaux 
composés  n'est  pas  moins  digne  d'attention  :  c'est,  en  effet,  sous  l'influence 
de  l'électricité  que  l'on  obtient  la  réunion  directe,  quoique  toujours  endo- 
thermique,  des  éléments  qui  engendrent  soit  l'acétylène  lui-même,  soit  la 
combinaison  hydrogénée  du  cyanogène,  soit  la  combinaison  suroxydée 
du  bioxyde  d'azote.  » 

VITICULTURE.  — 5ur  les  résuUats  des  expériences  faites  par  la  Commission  de  la 
maladie  de  la  vigne  du  département  de  l'Hérault.  Note  de  M.  H.  Mares. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  la  brochure  que  vient  de  pu- 
blier la  Commission  départementale  de  la  maladie  de  la  vigne  du  département 
de  l'Hérault,  a6n  de  faire  connaître  les  résultats  qu'elle  a  obtenus  jusqu'à 
présent,  de  l'essai  des  nombreux  procédés  proposés  pour  concourir  au  prix 
de  20  000  francs,  institué  par  le  Ministère  de  l'Agriculture,  en  faveur  de 
celui  qui  aura  découvert,  pour  combattre  la  maladie  caractérisée  par  le 
Phylloxéra,  un  moyen  pratifpie,  elficace  el  applicable  à  la  majorité  des 
vignobles. 


(  1456  ) 

x  Ces  essais,  commencés  en  avril  et  mai  1872,  à  Villeneuve-lès-Mague- 
lonne,  sur  une  vigne  trop  gravement  attaquée,  ne  datent  réellement  que 
du  6  juillet  1872,  é[)oque  à  laquelle  ils  furent  établis  dans  une  vigne  du 
domaine  de  las  Sorrès,  dans  le  voisinage  immédiat  de  la  ville  de  Mont- 
pellier. Cette  vigne,  déjà  fort  malade  en  1872  (puisque  son  produit  est 
descendu  de  175  hectolitres  en  1870  et  [871,  à  33  hectolitres  en  1872),  a 
été  le  siège  principal  des  observations  consignées  dans  le  travail  qui  fait  le 
sujet  de  cette  Note. 

»  Cent  quarante  expériences  différentes  ont  été  faites  par  les  soins  de  la 
Commission.  Au  point  de  vue  pratique,  elles  représentent  l'ensemble  de 
recherches  le  plus  considérable  et  le  plus  varié  qui  ait  encore  été  fait  sur 
la  maladie  de  la  vigne  et  sur  les  moyens  de  combattre  le  Phylloxéra. 

»  Deux  hommes  de  talent,  MM.  Jeannenot  et  Durand,  l'un  et  l'autre 
professeurs  à  l'École  régionale  d'Agriculture  de  Montpellier,  et  adjoints  à 
la  Commission  par  le  Ministère  de  l'Agriculture,  ont  organisé  l'application 
des  procédés  à  essayer  avec  un  soin  minutieux.  Ils  ont  apporté  à  ces  tra- 
vaux longs  et  difficiles  un  zèle  qui  ne  s'est  jamais  ralenti,  et  qui  doit  leur 
mériter  la  reconnaissance  des  viticulteurs.  C'est  aux  bonnes  dispositions 
qui  ont  été  adoptées  par  eux,  autant  qu'à  une  observation  persévérante, 
que  nous  devons  une  méthode  d'appréciation  qui  a  permis,  dans  la  limite 
de  ce  qui  est  possible,  de  classer  les  résultats  obtenus  et  d'en  tirer  des  con- 
clusions. 

»  M.Sahnt,  l'un  des  trois  membres  de  la  Commission  de  la  Société  d'Agri- 
culture de  l'Hérault,  qui,  en  1868,  découvrit  le  Phylloxéra  dans  les  vignes 
du  territoire  de  Saint-Rémy,  a  bien  voulu  s'occuper  spécialement,  de  con- 
cert avec  MM.  Jeannenot  et  Durand,  du  soin  de  comparer  les  ceps  en  ex- 
périence, et  de  leur  assigner  un  coefficient.  Crâce  à  ce  concours  d'hommes 
habiles  et  dévoués,  la  Commission  a  pu  mener  à  bien,  jusqu'à  présent,  le 
grand  travail  que  le  Ministère  de  l'Agriculture  lui  a  confié. 

»  Si  la  question  de  la  maladie  de  la  vigne  n'est  pas  encore  résolue,  et  si 
les  expériences  continuent  à  las  Sorrès,  on  est  cependant  en  possession 
d'un  ensemble  de  faits,  dans  lesquels  la  théorie  et  la  pratique  pourront 
puiseï'  d'utiles  indications.  Les  résultats  mentionnés  pour  chaque  procédé 
n'ont  rien  d'absolu  ;  on  doit  les  rapporter  aux  conditions  de  sol  et  de  cli- 
mat dans  lesquelles  ils  ont  été  obtenus,  c'est-à-dire  à  un  sol  nrgilo-calcaire 
profond  et  perméable,  entouré  de  deux  ruisseaux  et  infiltré  après  les 
grandes  iiluies  ;  et  à  une  année  caractérisée  par  un  hiver  peu  humide,  si 
doux  qu'il  n'a  pas  gelé  une  seule  fois  pendant  sa  durée;  par  un  printemps 


(  '457  ) 
sec  et  froid,  signalé  par  des  gelées  d'avril  désastreuses  ;  par  un  été  et  un 
automne  dont  les  chaleurs  excessives  ont  été  accompagnées  de  très-fortes 
sécheresses.  D'autres  conditions  climatériques,  un  autre  sol,  peuvent  chan- 
ger et  modifier  quelques-uns  des  résultats  observés  à  las  Sorrès;  mais,  dans 
leur  ensemble,  ils  ont  une  signification  qui  n'échappera  à  personne. 

»  La  majeure  partie  des  expériences  n'est  que  l'application  des  procé- 
dés proposés  par  les  concurrents  à  mesure  que  la  Commission  en  a  eu 
connaissance.  11  ne  faut  donc  pas  chercher  dans  leur  ensemble  une  mé- 
thode d'investigation  guidée  par  une  théorie.  Sauf  les  essais  faits  par  la 
Commission  sur  quelques  insecticides  en  1872  et  en  1873,  et  sur  quelques 
engrais  en  1873,  aucune  idée  préconçue  ne  relie  la  série  d'expériences 
dont  les  vignes  de  las  Sorrès  a  été  le  sujet. 

»  Cette  particularité  a  ses  inconvénients,  en  ce  sens  que  certains  agents 
importants  ont  été  oubliés  ou  mal  essayés;  mais,  d'un  autre  côté,  comme 
elle  présente  pêle-mêle  les  applications  les  plus  disparates,  elle  permet  de 
mieux  juger,  lorsque  les  résultats  s'accusent  toujours  dans  la  même  direc- 
tion, la  voie  dans  laquelle  il  faut  s'engager  pour  obtenir  pratiquement  les 
résultats  les  plus  utiles. 

»  Sous  ce  rapport,  les  expériences  sont  concluantes.  Déjà,  à  la  fin 
de  1872,  la  Commission  avait  pu  constater,  soit  à  Villeneuve,  soit  à  las 
Sorrès,  que  «  sous  l'influence  des  sels  à  base  de  potasse,  ainsi  que  sous 
»  celle  de  fortes  fumures,  la  vigne  malade  reprend  de  la  vigueur,  mais  sans 
que  pour  cela  le  Phylloxéra  soit  détruit  ».  Elle  signalait  comme  ayant 
donné  quelques  résultats  le  sulfure  de  potassium  dissous  dans  du  purin, 
le  sulfure  de  potassium  dissous  dans  l'eau,  le  savon  noir  dissous  dans 
l'eau,  le  purin,  le  fumier  de  ferme,  les  cendres,  le  sel  ammoniac  en  solution 
aqueuse.  D'un  autre  côté,  les  agents  exclusivement  insecticides  n'avaient 
donné  aucun  résultat  favorable. 

»  En  1873,  les  expériences,  continuées  sur  les  mêmes  carrés  par  de 
nouvelles  applications  de  matières,  faites,  pour  la  plupart,  pendant  les 
mois  de  lévrier  et  mars,  se  sont  caractérisées  dans  le  même  sens  avec  une 
telle  évidence,  qu'on  ne  saurait  aujourd'hui  méconnaître  leur  signification. 
Nous  les  trouvons  résumées  non-seulement  dans  les  conclusions  géné- 
rales adoptées  par  tous  les  membres  de  la  Commission,  à  savoir  «  que 
))  les  fumiers  et  les  engrais,  surtout  ceux  riches  en  potasse  et  en  matières 
))  azotées,  produisent  quelques  bons  effets  sur  les  vignes  malades  »;  mais 
surtout  dans  les  tableaux  qui  reproduisent  le  résultat  général  des  expé- 
riences, ainsi  que  l'état  comparatif  de  la  végétation  des  ceps  traités. 

C.R.,  1873,  i'  Semcitre.  (T.  LXXVII,  N»  2S.)  1^9 


(  i458  ) 

»  Trente-quatre  procédés  ont  produit  une  amélioration  appréciable  sur 
la  vigne,  et  ils  contiennent  tons  des  engrais  ou  des  agents  considérés 
comme  engrais. 

))  Au  premier  rang  sont  le  sulfure  de  potassium,  dissous  dans  du  purin 
on  dans  des  urines;  le  mélange  de  sels  alcalins  sulfatisés  des  salines  du  Midi, 
avec  du  sulfate  de  fer  et  des  tourteaux  de  colza;  le  sulfure  de  potassium 
en  pains  ou  un  solution  aqueuse;  la  suie,  le  savon  de  potasse,  le  mélange 
de  fumier,  de  cendres,  de  sel  ammoniac;   les  urines,  les  tourteaux,  etc. 

»  Neuf  procédés  ont  donné  des  résultats  nuisibles  à  la  vigne.  Dans  ce 
cas,  les  agents  employés  sont  l'essence  de  térébenthine,  le  pétrole,  les  huiles 
lourdes  du  goudron  de  gaz,  le  sulfure  de  carbone,  l'acide  phénique  con- 
centré. 

»  Les  insecticides,  commme  le  goudron  de  gaz,  l'huile  de  carde,  l'acide 
phénique,  ajoutés  aux  urines  ou  aux  purins,  n'ont  pas  augmenté  leurs  bons 
effets. 

»  Les  poisons,  tels  que  les  composés  d'arsenic,  à  l'état  de  sulfure,  et 
d'acide  arsénieux,  n'ont  donné  aucun  résultat.  Le  Phylloxéra  s'est  main- 
tenu dans  tous  les  carrés  expérimentés,  malgré  l'emploi  des  insecticides 
les  plus  violents.  Leur  application  a  donc  échoué  jusqu'à  présent,  tandis 
que  l'emploi  des  engrais  riches  en  sels  de  potasse  et  en  matières  azotées  a 
donné  de  bons  résultats  (i). 

w  Tel  est  le  résultat  général.  A  mon  sens,  il  prouve  d'abord  la  nécessité 
de  l'engrais  pour  combattre  la  maladie  caractérisée  par  le  Phylloxéra, 
c'est-à-dire  des  agents  dont  se  nourrit  la  vigne  et  qui  sont  particulière- 
ment absorbés  par  elle. 

»  Le  maximum  d'effet  est  atteint,  lorsque  les  sels  de  potasse  et  les  ma- 
tières riches  en  azote  sont  déposés  ensemble  au  pied  de  la  vigne,  comme 
on  le  voit  pour  le  mélange  de  sulfure  de  potassium  et  d'urine,  pour  celui 
de  sels  alcalins  sulfatisés  et  de  tourteaux  de  colza.  De  ces  résultats,  ne  pour- 
rait-on pas  déduire  le  succès,  à  peu  près  certain,  d'un  mélange  de  sel  po- 
tassique et  de  guano,  ou  de  matières  très-azotées  facilement  décompo- 
sables? 

»  Ajoutons  que,  si  les  matières  potassiques  et  azotées  sont,  dans  la  plu- 
part des  sols  où  la  vigne  est  cultivée,  les  substances  qui  agissent  sur  elle 

[l]  Tous  les  sels  de  potasse  essayés  ont  donné  des  résultais  favorables;  par  exemple,  le 
manganate  de  potasse,  qui  figure  dans  les  essais,  en  nièinc  leniiis  que  les  sulfures,  les  sul- 
fates, les  chlorures  potassiques. 


(  '4^.9  ) 
avec  le  plus  d'énergie  lorsqu'elle  est  attaf|uée  de  Phylloxéra,  cette  action 
paraît  encore  plus  spéciale  quand  elles  sont  à  l'état  de  sulfure. 

»  Si  les  insecticides,  qui  torment  la  majeure  partie  des  cent  quarante 
i)rocédés  appliqués  à  las  Sorrès,  ont  donné  des  résultats  nuls  ou  nui- 
sibles, c'est  que,  jusqu'à  présent,  aucun  d'eux  n'a  pu  être  mis  en  usage, 
de  manière  à  détruire  entièrement  le  Phylloxéra,  sans  nuire  à  la  vigne. 
Pour  en  obtenir  d'utiles  résultats,  il  me  paraît  nécessaire  de  leur  donner 
une  action  durable  et  de  les  constituer  eux-mêmes  à  l'état  d'engrais  (par 
exemple  le  savon  de  potasse),  afin  d'aider  à  la  reconstitution  des  racines, 
en  même  temps  qu'à  l'alimentation  de  la  plante. 

»  C'est  pour  cette  raison  cjue,  tout  en  constatant  les  mauvais  résultats 
des  moyens  inclusivement  insecticides,  j'insisterai,  comme  dans  mes  pré- 
cédentes Communications,  pour  qu'on  ne  les  abandonne  pas  et  pour  qu'ils 
restent  à  l'étude,  en  même  temps  que  les  moyens  culturaux  et  de  concert 
avec  eux. 

»  Un  fait  très-remarquable,  c'est  que,  malgré  les  intempéries  de 
l'année  iS^S,  et  malgré  l'énorme  multiplication  du  Phylloxéra  qui  en  a 
été  la  conséquence,  les  procédés  dont  l'application  a  donné  des  résultats 
utiles  en  187a  ont  continué  à  les  produire  encore  à  la  seconde  année  de 
leur  emploi:  aussi,  à  la  fin  de  iS^'i,  les  ceps  sur  lesquels  ils  ont  été  expé- 
rimentés sont-ils  plus  vigoureux  qu'à  la  fin  de  iS'j2.  Ainsi,  sous  l'influence 
du  sulfure  de  potassium  et  du  purin,  les  ceps  se  sont  renforcés  ;  ils  ont 
refait  de  nouvelles  racines,  poussé  de  gros  sarments  et  bien  mûri  leurs 
fruits;  ils  se  rapprochent  progressivement  d'un  état  normal,  tandis  qu'au- 
tour d'eux  ceux  qui  n'ont  pas  été  traités  s'affaiblissent  de  plus  en  plus  et 
paraissent  devoir  périr.  N'est-il  pas  permis  de  croire  que  l'emploi  préventif 
des  mêmes  moyens  donnera  d'utiles  résultats?  car  il  est  plus  facile  de 
conserver  en  bonne  végétation  un  cep  encore  intact  que  lorsqu'il  a  perdu 
une  grande  partie  de  ses  racines. 

))  De  pareils  faits  autorisent  à  croire  que  l'emploi  judicieux  des  engrais, 
aidés  par  les  agents  les  plus  propres  à  développer  leur  action,  permettra, 
sinon  d'empêcher,  au  moins  de  diminuer  les  ravages  du  Phylloxéra  et  de 
prolonger  utilement  la  durée  des  vignes  attaquées.  On  pourra,  en  même 
temps,  poursuivre  l'insecte  par  les  moyens  les  plus  pratiques  qui  restent 
encore  à  l'étude,  et  former  alors  une  méthode  complète  de  préservation  et 
de  guérison  ;  aujourd'hui  le  premier  pas  est  fait,  ainsi  que  le  démontrent 
les  expériences  faites  à  las  Sorrès. 

»   Pour  le  moment,  c'est  aux  engrais  et  aux   meilleurs  procédés  cultu- 

i8q.. 


(  i4(3o  ) 
raux,  dont  1rs  bons  effets  sont  manifestes,  que  recourent  les  praticiens, 
quelles  que  soient  d'ailleurs  leurs  idées  théoriques.  Aussi  voit-on  les  parti- 
sans les  plus  déclarés  des  insecticides  les  abandonner  dans  la  pratique  et 
suivre  l'exemple  général,  en  couvrant  leurs  vignes  de  sels  potassiques,  de 
tourteaux  de  graines  oléagineuses  et  d'engrais  de  toutes  sortes.  Si  les  vignes 
périssent,  le  sol  profitera  toujours  des  matières  fertilisantes  qu'il  aura 
reçues.  » 

» 

PALÉOî<iTOLOGlE.  —  Squelette  (le  grand  Palêolhérium  (Palœotherium  magnum, 
Ciiv.)  trouvé  dans  les plâlrières  de  VUry-sur  Seine.  Note  de  M.  P.  Gervais. 

«  On  ne  connaissait  encore  d'autre  pièce  pouvant  donner  une  idée  des 
proportions  du  corps  des  Paléothériiuns  et  indiquer  quelles  étaient  les 
allures  de  ces  animaux,  qu'un  squelette  de  Palœotlierium  minus,  Cuv., 
ayant  conservé  la  région  occipitale  du  crâne,  le  cou  et  une  portion  du 
tronc,  mais  manquant  du  train  de  derrière,  et  dont  les  membres  étaient 
fort  incomplets.  Nous  serons  désormais  mieux  renseignés  au  sujet  de  ces 
Mammifères,  grâce  à  la  découverte  qu'a  faite  M.  Fuchs,  ingénieur  civil, 
propriétaire  de  la  carrière  Michel,  située  entre  Vitry-sur-Seine  et  Choisy- 
le-Roi,  du  squelette,  à  peu  de  chose  près  complet,  d'un  Pachyderme  de 
ce  genre  appartenant  à  l'espèce  du  /*.  magnum. 

»  Cuvier  avait  conclu  de  la  forme  du  P.  minus,  espèce  à  peu  près  égale 
par  la  faille  à  un  agneau,  à  celle  du  P.  magnum.,  dont  il  ne  possédait  que 
des  parties  séparées,  et  il  disait  du  second  de  ces  Paléothériums  qu'il 
devait  avoir  4i  pieds  de  hauteur  au  garrot,  qu'il  était  moins  élevé  qu'un 
grand  Cheval,  mais  plus  trapu;  que  sa  tête  était  plus  massive,  et  qu'il 
avait  les  extrémités  plus  grosses  et  plus  courtes.  Cuvier  avait  d'ailleurs 
démontré  que  les  Paléothériums  se  distinguent  des  Chevaux,  parce  qu'ils 
ont  trois  doigts  à  chaque  pied  au  lieu  d'un  seul,  et  que  leurs  dents  sont 
différentes,  par  les  détails  de  leur  forme  aussi  bien  que  par  leur  disposi- 
tion, de  celles  des  Chevaux,  des  Tapirs  et  des  Rhinocéros. 

»  Le  squelette  trouvé  par  M.  Fuchs  dans  la  carrière  qu'il  exploite,  et 
dont  il  a  bien  voulu,  sur  ma  demande,  faire  don  au  Muséum,  apporte  une 
confirmation  rigoiueuse  de  ces  caractères,  et  il  montre,  en  outre,  que  le 
P,  magnum,  malgré  l'élévation  considérable  de  sa  taille,  différait  moins 
du  P.  minus,  dans  son  aspect  général,  qu'on  ne  serait  d'abord  porté  à  le 
supposer. 

»  Tout  en  ayant  la  tête  fort  grosse  (o'",5o  de  longueur),  il  avait,  comme 


(  i46i  ) 
son  congénère  de  petite  dimension,  le  cou  plus  allongé  que  ne  l'ont,  en 
général,  les  Jumentés,  soit  vivants,  soit  fossiles,  et,  quoique  ses  pieds  aient 
été  moins  fins  que  ceux  de  l'espèce  dont  Cuvicr  s'était  servi  pour  en  établir 
la  restauration,  ce  devait  être  aussi  un  animal  assez  agile.  En  somme,  il 
était  moins  trapu  que  ne  le  sont  les  Rhinocéros  et  les  Tapirs. 

»  L'exemplaire  entier  qui  vient  de  prendre  place  dans  nos  collections, 
déjà  riches  des  matériaux  relatifs  au  même  genre  d'animaux  qui  ont  été  dé- 
crits par  Cuvier  et,  après  lui,  par  de  Blainville  ainsi  que  par  plusieurs  autres 
observateurs,  paraît  avoir  flotté  pendant  quelque  temps  après  sa  mort  dans 
les  eaux  qui  ont  déposé  les  masses  gypseuses  constituant  les  carrières  de 
Villejuifet  deVitry,  et,  lorsqu'il  est  descendu  au  fond,  il  y  est  restécouché  sur 
le  flanc,  la  tète  rejetée  en  arriére  et  les  quatre  membres  étendus.  Il  a  été 
fossilisé  dans  cette  position,  dans  la  couche  mince  de  marne  située  à  2  mè- 
tres environ  au-dessus  de  la  nsasse  épaisse  de  même  substance  qui  sépare  les 
deux  parties  du  gypse  exploité  dans  la  carrière  Michel,  et  il  a  été  mis  à  nu 
au  plafond  de  Vatelier  inférieur,  par  suite  des  extractions  de  pierre  à  plâtre 
opérées  dans  cet  atelier. 

»  Son  enlèvement  était  chose  difficile,  eu  égard  aux  dimensions  du  bloc 
gypso-marneux  dans  lequel  il  a  été  saisi,  et  son  éloignement  des  points 
d'entrée  et  de  sortie  de  la  carrière  en  rendait  le  transport  à  la  fois  périlleux 
et  pénible.  En  effet,  il  a  fallu,  pour  le  conserver  intact,  détacher  une  masse 
de  la  roche  n'ayant  pas  moins  de  2™, 45  sur  i^.So,  avec  une  épaisseur  de 
o™, 25. 

»  Dans  la  crainte  de  quelque  accident  et  pour  assurer  le  souvenir  d'une 
observation  aussi  intéressante  pour  la  science,  j'ai  pensé  qu'il  était  conve- 
nable, avant  de  procéder  aux  travaux  de  l'extraction,  de  la  sortie  et  du 
transport  à  destination  d'un  objet  aussi  volumineux  et  aussi  pesant,  d'en 
faire  exécuter  une  photographie  sur  place,  en  recourant  à  la  lumière  élec- 
trique, moyen  qui  pouvait  seul  être  employé  dans  l'endroit  obscur  où 
nous  opérions.  MM.  Serrin,  Favre  et  Molleni,  dont  l'habileté  dans  ce  genre 
de  travaux  est  bien  connue,  se  sont  chargés  de  ce  soin  et  ils  ont  parfaite- 
ment réussi. 

»  Actuellement  le  remarquable  fossile  dont  il  s'agit  est  installé  dans  la 
galerie  d'Anatomie  comparée,  et  il  y  a  été  transporté  sans  avoir  subi  au- 
cune dégradation,  résultat  que  je  n'aurais  certainement  pas  obtenu  sans 
l'utile  concours  de  M.  Fuchs  et  des  ouvriers  qu'il  a  bien  voulu  mettre  à  ma 
disposition. 

»   Quoique  comprimé  par  la   roche  qui  le  renferme  et  endommagé  sur 


(  '163  1 
différents  points  lorsqu'on  en  a  fait  In  déconverte,  le  squelette  trouvé  à 
Vitry  se  voit  presque  dans  son  intégrité  à  la  surface  de  la  dalle  dans  laquelle 
il  est  engagé  comme  un  bas-relief  qu'on  aurait  sculpté  sur  cette  dalle.  Pour 
que  l'on  en  comprenne  mieux  les  particularités  anatomiques,  il  a  été  placé 
verticalement  et  non  suivant  la  position  horizontale  qu'il  occupait  dans  la 
carrière  dont  on  l'a  retiré.  De  la  sorte,  il  semble  avoir  repris  les  allures  de 
Ja  course,  et  l'on  peut  en  dire,  comme  le  disait  déjà  Cuvier  lorsqu'il  com- 
parait au  Palœotherinm  minus  les  parties  isolées  du  P.  magnum  qu'il  avait 
pu  étudier,  «  qu'il  n'est  rien  de  plus  aisé  que  de  se  le  représenter  dans 
»   l'état  de  vie.  » 

»  Je  ne  dois  pas  terminer  cette  Note  sans  remercier  publiquement 
M.  Fuchs  du  don  qu'il  a  généreusement  fait  au  Muséum.  Les  amis  de  la 
science  lui  seront  reconnaissants  des  efforts  qu'il  a  faits  pour  conserver  les 
résultats  de  cette  découverte  inattendue  et  de  la  manière  dont  il  en  a 
disposé.   » 

iXOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant,  pour  la  Section  de  Physique,  en  remplacement  de  feu 
M.  Hansteen. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  Angstrom  obtient 45  suffrages. 

M.  Stokes 2  » 

M.  Tyndall r  » 

M.  Angstkom,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant,  pour  la  Section  de  Physique,  en  remplacement  de 
M.  ïFhealslone,  élu  Associé  étranger. 

Au  premier  lourde  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  49, 

M.  F.  Billet  obtient 48  suffrages. 

Il  y  a  un  billet  blanc. 

M.  F.  Billet,  ayant  obteiui  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 


(  1463  ) 

MÉMOIRES  PRÉSEiXTÉS. 

ANALYSE.  —  Rapport  anliannonique  de  quatre  points  du  plan. 

Note  de  M.  F.  Lucas,  présentée  par  M.  Resal. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

(i  Soient  a,  /3,  7,  5  les  coordonnées  symboliques  de  quatre  points  A,  B, 
C,  D  du  plan.  J'ai  appelé  rapport  anharmonique  de  ces  quatre  points  [Compte 
rendu  du  18  novembre  i<i']2)  l'expression  analytique 

,    ,  S  —  or      y  —  a. 

Cette  expression   est  généralement  imaginaire,  en  sorte  qu'en  désignant 
par  p  son  module  et  w  son  argument,  on  i)eut  poser 

(2)  y  =  pe'^'^. 

On  a  évidemment 

/      _  DA  .  CA 
H)  )  ''  ~  DB  •  Cb' 

(  «=  ADB-xiCB. 

»  Le  rapport  anharmonique  est  donc  une  fonction  de  la  figure  ABCD, 
et  cette  fonction  conserve  sa  valeur  primitive,  soit  qu'on  déplace  la  figure 
dans  le  plan  sans  la  déformer,  soit  qu'on  la  transforme  par  la  méthode 
homothétique,  soit  qu'on  la  transforme  par  la  méthode  des  rayons  vec- 
teurs réciproques. 

»  Pour  que  le  rapport  anharmonique  devienne  réel,  il  faut  et  il  suffit  que 
les  deux  angles  ADB,  ACB  soient  égaux  on  supplémentaires,  c'est-à-dire 
que  les  quatre  points  A,  B,  C,  D  appartiennent  à  la  même  eirconférence.  Le 
rapport  est  positif  si  les  deux  points  C  et  D  se  trouvent  situés  du  même  côté 
de  AB;  il  est  négatif  si  ces  points  sont  de  part  et  d'autre  de  la  droite.  Dans 
cette  disposition  circulaire,  le  rapport  anharmonique  peut  aussi  s'exprimer, 
au  moyen  d'un  cinquième  point  quelconque  M  de  la  circonférence,  par  la 

formule 

.  sinDINlA  .  sinCMA 

^^'  .  ^  ~  sinDMB  •  sinCMB' 

H  Si  la  circonférence  dégénère  en  ligne  droite,  le  rapport  anharmonique 
des  quatre  pouits  s'identifie  avec  celui  qui  a  servi  de  base  à  la  Géumèlrie 
supéiieure  de  M.  Chasles. 


(  i464  ) 

»  Le  rapport  anharmonique  peut  prendre  la  valeur  +  i  ;  il  faut  et  il  suffit 
pour  cela  que  les  points  D  et  C  coïncident. 

»  Il  peut  aussi  prendre  la  valeur  —  i ,  cas  particulier  dans  lequel  il  est 
dit  rapport  harmonique.  Les  deux  cordes  AB  et  CD  sont  alors  deux  ilioites 
œnjiujitées  relativement  à  la  circonférence  ABCD;  en  d'autres  termes,  le 
pôle  de  chacune  de  ces  droites  est  situé  sur  l'autre.  Les  tangentes  ^menées 
par  les  extrémités  de  chacune  des  cordes  se  coupent  sur  l'autre. 

»  Si,  laissant  fixes  les  points  A  et  R,  ou  fait  décrire  au  point  C  une  figure 
qtielconque,  son  conjugué  harnioniqueD  décrit  une  autre  figure  qui  résulte 
d'une  transformation  de  la  première  par  la  méthode  des  rayons  vecteurs 
réciproques;  par  conséquent  le  rapport  anharmonique  de  quatre  points  de  la 
seconde  ficjure  est  é(ial  à  celui  des  quatre  points  correspondants  de  la  première. 

»  Coordonnées  anharmoniques.  —  Regardons  comme  fixes  les  trois 
points  A,  B,  C,  et  comme  mobile  le  point  D. 

»  Si  l'on  attribue  au  rapport  anharmonique  Ç3  de  ces  quatre  points  une 
valeur  quelconque 
(2)  y  =  pe"H^, 

la  coordonnée  symbolique  5  et,  par  suite,  le  point  D  seront  déterminés. 
Le  module  p  et  l'argument  w  pourront  s'appeler  les  coordonnées  anharmo- 
niques  de  D.  En  établissant  une  relation  analytique  entre  ces  deux  quantités, 
on  déterminera  une  courbe,  lieu  géométrique  du  point  D. 
»   L'équation 

(4)  p  =  const. 

équivaut  à 

(5)  5b=^°;''**- 

et,  par  conséquent,  représente  une  circonférence  T.  La  droite  menée  par 
les  points  A  et  B  forme  un  diamètre  MN  de  cette  circonférence;  les  couples 
de  points  (A,  B)  et  (M,  N)  sont  harmoniques. 
M   L'équation 

(6)  w  =  const. 

équivaut  à 

(.j)  ADB  =  const. 

et,  par  conséquent,  représente  un  arc  de  circonférence  A  sous-tendu  par 
la  corde  AB. 


(  i465  ) 

»  Les  deux  circonférences  r  et  A  se  coupent  à  angle  droit,  en  sorte  que 
les  coordonnées  anharmoniques  forment  un  système  orthogonal. 

»  Etant  donnés  le  module  p  et  l'argument  u  du  rapport  anharmoniqueip, 
on  ])ourra  construire  les  deux  circonférences  T  et  A.  Ces  circonférences  se 
couperont  d'abord  au  point  cherché  D,  puis  en  un  point  parasite  D'.  Les 
couples  (D,  D')  et  (A,  B)  seront  harmoniques;  par  conséquent,  si  D  décrit 
une  courbe  quelconque,  Ti'  en  décrira  une  autre  dérivant  de  la  première, 
au  moyen  d'une  transformation  par  rayons  vecteurs  réciproques.   » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  magnétisme  (suite);  par  M.  J.-M.  Gaogain  (i). 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Trémont.) 

«  53.  11  résulte  des  expériences  précédentes  que,  lorsqu'on  aimante 
le  noyau  d'un  électro-aimant  en  fer  à  cheval,  par  la  méthode  indicpiée, 
on  n'obtient  le  magnétisme  maximinn  qu'après  avoir  répété  un  certain 
nombre  de  fois  les  opérations  qui  développent  l'aimantation.  J'ai  constaté, 
en  outre,  le  fait  singulier  que  voici  :  lorsque  l'on  a  aimanté  un  barreau 
de  fer  aussi  fortement  qu'd  est  possible  de  Ife  faire  au  moyen  d'un  courant 
d'intensité  déterminée,  on  peut  augmenter  très-notablement  son  aiman- 
tation en  employant  des  courants  de  même  sens  et  de  moindre  intensité. 
J'ai  aimanté  ini  fer  à  cheval  au  moyen  d'un  courant  inducteur  dont 
l'intensité  était  395g4,  et  j'ai  constaté  que,  lorsque  l'aimantalioii  était 
portée  à  son  maximum,  la  valeur  du  courant  d'arrachement  obtenu  sous 
l'influence  du  magnétisme  constant  était  45  degrés;  cela  fait,  j'ai  recom- 
mencé l'aimantation  en  employant  un  courant  dont  l'intensité  était  16060, 
et  j'ai  répété  l'opération  jusqu'à  ce  que  le  magnétisme  cessât  de  croître  : 
alors  j'ai  trouvé  que  la  valeur  du  courant  d'arrachement  développé  par 
ce  magnétisme  était  l\g,S.  Après  avoir  effectué  cette  détermination,  j'ai 
encore  employé  successivement  trois  autres  courants  inducteurs  dont 
les  intensités  respectives  étaient  12069,  6993  et  5 161,  et  j'ai  trouvé  que 
les  courants  d'arrachement  obtenus  après  le  passage  de  chacun  de  ces 
courants  étaient  52,9,  56,5  et  57,9.  Enfin,  j'ai  repris  le  courant  inducteur 
dont  je  m'étais  servi  d'abord,  celui  dont  l'intensité  était  39S9/1  ;  je  l'ai  fait 
passer  une  seule  fois  dans  les  bobines  de  l'électro-aimant,  et  la  valeur  du 
courant  d'arrachement  est  retombée  à  45.  Ainsi,  dans  les  conditions  de 

(i)  Voir  les  Comptes  rendus  des  i3  janvier,  3o  juin,  8  et  iq  septembre  et  10  novembre. 
C,  R.,1873,  ï'  Semestre.  {T.  LXXVU,  N0  2».)  IQO 


(  i4G6  ) 
mes  expériences,  l'aimantation  développée  sons  l'influence  d'un    courant 
faible  se  trouve  détruite  par  un  courant  plus  énergique  de  même  sens. 

»  54.  Mais  ce  l'ait  singulier  dépend,  comme  celui  qui  se  trouve  exposé 
dans  le  n"  52,  du  mode  d'arrachement  de  l'armature.  Jusqu'à  présent,  j'ai 
supposé  que  l'armature  était  arrachée  par  un  mouvement  brusque  dirigé 
perpendiculairement  aux  faces  polaires  ;  quand  ou  l'enlève  en  la  fai- 
sant glisser  parallèlement  à  ces  faces,  les  résultats  des  expériences  sont 
très-notablement  modifiés.  Si  l'on  emploie  le  procédé  d'aimantation  in- 
diqué dans  le  n"  52,  on  trouve  que  la  valeur  n)axiina  du  magnétisme 
constant  est  plus  grande  que  dans  le  cas  où  l'armature  est  arrachée  par  un 
mouvement  brusque.  En  outre,  j'ai  reconnu  que  les  faits  dont  il  s'agit  dans 
le  numéro  précédent  ne  se  produisent  plus  :  l'on  n'ajoute  plus  rien  au  ma- 
gnétisme développé  par  un  courant  d'intensité  donnée,  en  employant  suc- 
cessivement une  série  de  courants  plus  faibles.  Il  faut  remarquer  que,  dans 
les  expériences  où  je  dis  que  l'armature  est  détachée  par  glissement,  je  ne 
l'enlève  de  celte  manière  qu'une  seule  fois,  la  première  après  l'interruption 
du  courant  inducteur;  je  l'applique  ensuite  et  l'arrache  brusquement  une 
vingtaine  de  fois,  pour  ramener  le  magnétisme  à  l'état  constant.  Ainsi  les 
résultats  énoncés  dans  les  deux  numéros  précédents  dépendent  exclusive- 
ment de  la  manière  dont  l'armalure  est  détachée  une  première  fois  après 
l'interruption  du  courant. 

»  55.  Il  me  parait  certain  que  l'arrachement  de  l'armature  a  toujours 
pour  résultat  d'affaiblir  le  magnétisme  et  sans  doute  il  l'affaiblit  en  inipri- 
mantaux  molécules  du  fer  un  ébranlement  qui  diminue  la  force coercitive. 
A  l'appui  de  celte  manière  de  voir,  je  citerai  l'observation  suivante  :  si, 
après  avoir  fait  passer  un  courant  inducteur  d'intensité  déterminée  dans 
les  bobines  d'un  électro-aimant,  on  arrache  une  première  fois  l'armature, 
qu'on  frappe  quelques  coups  avec  un  marteau  sur  le  talon  du  fer  à  cheval 
et  qu'ensuite  on  applique  et  qu'on  arrache  l'armature  de  nouveau,  la  va- 
leur du  deuxième  courant  d'arrachement  est  la  valeur  limite  {n°  51  )  qui 
n'aurait  été  obtenue  qu'après  un  plus  grand  nombre  d'arrachements,  si  l'on 
se  fût  abstenu  d'imprimer  aucun  choc  au  barreau  de  fer.  Ainsi,  dans  cer- 
taines circonstances  au  moins,  un  choc  mécanique  produit  le  même  effet 
que  l'arrachement  de  l'armature,  et  il  me  paraît  probable  que,  dans  un  cas 
comme  dans  l'autre,  l'effet  est  dû  à  un  mouvement  moléculaire,  bien  que, 
suivant  toute  apparence,  ce  mouvement  ne  soit  pas  le  même  dans  les 
deux  cas. 

»  56.   Maintenant,   comment   expliquer  l'accroissement   d'aimantation 


(  '467  ) 
qui  se  produit  dans  les  conditions  indiquées  n°  52?  Voici  l'idée  que  je 
m'en  fais  :  d'après  les  vues  d'Ampère,  l'aimantation  consiste  dans  une  cer- 
taine orientation  des  molécules  ou  des  courants  qui  circulent  autour  d'elles, 
et,  puisque  l'aimantation  persistante  du  fer  est  très-différente  de  l'aimanta- 
tion qu'il  acquiert  sous  l'iiiQuence  du  courant  inducteur,  on  est  bien  forcé 
d'admettre  que  les  molécules  qui  restent  orientées  après  l'interruption  du 
courant  inducteur  et  l'arrachement  de  l'armature  sont,  en  raison  de  leur 
nature  ou  de  leur  position,  douées  d'une  force  coercitive  plus  grande  que 
les  autres  molécules. 

»  Maintenant,  lorsqu'on  exécute  pour  la  deuxième  fois  la  série  d'opéra- 
tions indiquées  au  commencement  du  n"  52,  il  paraît  évident  que  les  mo- 
lécules qui  ont  conservé  leur  orientation  après  les  arrachements  de  l'arma- 
ture de  la  première  série  ne  seront  pas  dérangées  par  le  rétablissement  du 
courant  inducteur,  et  il  est  naturel  de  penser  qu'elles  seront  plus  aptes  que 
d'autres  à  résistera  l'ébranlement  causé  par  de  nouveaux  arrachements  de 
l'armalure;  d'autre  part',  parmi  les  molécules  auxquelles  le  courant  fera 
subir  lui  mouvement  de  rotation,  il  devra  s'en  trouver  de  nouvelles,  qui 
posséderont  cette  force  coercitive  nécessaire  pour  que  l'orientation  de- 
vienne persistante.  Ou  conçoit  ainsi  que  le  nombre  des  molécules  orien- 
tées d'une  manière  permanente  puisse  être  plus  grand  après  la  deuxième 
série  d'opérations  qu'après  la  première,  bien  que  l'arrachement  de  l'arma- 
ture ait  toujours  pour  effet  de  diminuer  le  magnétisme  permanent;  chaque 
série  d'opérations  nouvelles  a  pour  effet  d'établir  une  sorte  de  triage  entre 
les  molécules,  et  d'amener  à  l'orientation  magnétique  celles  qui  possèdent 
la  plus  grande  force  coercitive;  l'aimanlation  cesse  de  croître  lorsque 
toutes  les  molécules,  douées  de  cette  force  coercitive  supérieure,  ont  reçu 
l'orientation  magnétique.. 

))  57.  Je  passe  niaintenant  aux  faits  exposés  dans  le  n°  53;  leur  signifi- 
cation ne  me  paraît  |)as  douteuse.  Lorsqu'on  a  fait  agir  le  courant  dont 
l'intensité  est  89594,  et  qu'on  a  porté  l'aimanlaiion  à  son  maximum  en 
procédant  de  la  manière  indiquée  n"  52,  il  faut  admettre  qu'il  ne  reste  plus 
dans  l'espace  annulaire  où  s'exerce  l'action  de  ce  courant  aucune  molécule 
à  orienter,  parmi  celles  qui  possèdent  une  force  coercifîve  suffisante  pour 
résistera  l'arrachement  de  l'armature;  mais  il  est  naturel  de  penser  que 
l'ébranlement  moléculaire  qui  résulte  de  cet  arrachement  est  d'autant  plus 
violent  que  l'armature  est  plus  fortement  retenue,  que  le  cotuant  inducteur 
dont  ou  se  sert  est  plus  intense,  et  l'on  conçoit  bien  que  des  molécules  qui 
ne  possèdent  pas  une  force  coercitive  suffisante,  pour  résister  à  l'arrachement 

190.. 


(  i468  ) 
de  l'armature  qui  suit  le  passage  du  courant  39594,  puissent  cependant 
maintenir  leur  orientation,  lorsque  l'armature  est  arrachée  après  le  passage 
d'un  courant  plus  faible,  tel'que  celui  dont  l'intensité  est  16060.  Si  l'on 
admet  qu'il  en  soit  ainsi,  on  comprend  aisément  comment  un  courant  plus 
faible  peut  renforcer  l'aimantation  développée  par  un  courant  plus  fort; 
les  molécules  que  le  premier  amène  à  l'orientation  magnétique  y  seraient 
également  amenées  par  le  second;  mais  elles  conservent  leur  orientation 
lorsqu'on  emploie  le  plus  faible  des  deux  courants,  et  ne  la  conserveraient 
pas  si  l'on  employait  le  plus  fort,  parce  que  l'ébranlement  résultant  de 
l'arrachement  de  l'armature  est  moins  violent  dans  le  premier  cas  que  dans 
le  second.  Cette  explication  me  semble  parfaitement  justifiée  par  cette  ob- 
servation, mentionnée  à  la  fin  du  n°  53,  que  tous  les  accroissements  d'aiman- 
tation obtenus  au  moyen  de  courants  plus  faibles  disparaissent  quand  on 
fait  passer  de  nouveau  le  courant  initial. 

»  L'accroissement  d  aimantation  que  l'on  obtient  [n°  54)  lorsqu'on  dé- 
tache l'armature  eu  la  faisant  glisser,  au  lieu  de  l'arracher  brusquement, 
s'explique  aussi  très-naturellement  par  cette  considération,  que  l'ébranle- 
nicnt  moléculaire  doit  être  moins  violent  dans  le  cas  du  glissement  que 
dans  le  cas  de  l'arrachement  brusque.  Je  suis  loin  de  regarder  comme  défi- 
nitivement acquises  toutes  les  notions  que  je  viens  d'exposer;  mais  il  m'a 
paru  nécessaire  de  mettre  en  avant  cet  essai  de  théorie,  pour  établir  un  lien, 
au  moins  provisoire,  entre  les  faits  nombreux  que  j'ai  observés.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  des  phénomènes  de  thermodiffusion  gazeuse 
qui  se  produisent  dans  les  feuilles,  et  sur  les  mouvements  circulatoires  end 
en  l'ésulteut  dans  l'acte  de  la  respiration  chlorophyllienne.  Note  de 
M.  A.  Merget.  (Extrait.) 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Ducharire,  Trécul.) 

«  Les  phénomènes  de  ihermodiffusion  gazeuse  à  travers  les  corps  po- 
reux, récemment  étudiés  par  M.  Feddersen,  et  les  phénomènes  de  diffusion 
simple,  que  M.  Dufour  a  observés  entre  des  masses  d'air  à  différents  étals 
hygrométriques,  peuvent  aussi  se  constater  dans  les  organismes  végétaux, 
où  se  trouvent  évidemment  réunies  les  conditions  les  plus  favorables  à 
leur  production.  Plus  nettement  présentés  par  les  jilantes  aquatiques,  ils 
sont  surtout  très-facilement  observables  dans  l'une  d'entre  elles,  le  Nelum- 
Oium  spcciosum,  sur  laquelli;  ont  |)orté  d'abord  mes  investigations. 

»   On  doit  à  Radeneau-Delille  la  connaissance  de  ce  fait,  que,  lorsqu'on 


(  '469  ) 
recouvre  d'eau  la  concavité  centrale  d'une  feuille  de  Nelumbiam,  il  se 
dégage,  en  exposant  le  limbe  au  soleil,  des  bulles  de  gaz  des  surfaces 
mouillées,  soit  par  les  stomates,  soit  par  des  ouvertures  artificiellement 
pratiquées.  Ce  savant  reconnut  en  outre  que  ce  dégagement  gazeux  peut 
également  s'effectuer  par  des  blessures  faites  au  pétiole,  qu'il  cesse  par 
l'immersion  complète  du  limbe  et  que,  quand  il  a  lieu,  c'est  de  l'air  atmo- 
sphérique qu'il  donne;  ce  qui  le  conduisit  à  en  proposer  l'explication  sui- 
vante : 

«  Il  m'est  demeuré  démontré  que  chaque  feuille  de  Nclumbium  est  pourvue  d'un  sys- 
tème respiratoire  complet,  pour  lequel  le  velouté  possède  la  faculté  absorbante,  et  les  sto- 
mates la  faculté  seulement  exhalante,  ce  qui  est  sans  exemple  pour  toute  autre  plante  que 
celle-ci,  la  seule  qui  ait  pu  se  prêter  aux  expériences  qui  décident  si  manifestement  l'aspi- 
ration et  l'expiration.  » 

»  Cette  explication  fut  vivement  combattue  par  Dutrochet;  mais  les 
faits  qu'elle  visait  n'en  avaient  pas  moins  été  très-exactement  observés. 

»  De  nombreuses  analyses  m'ayant  démontré,  conformément  à  l'asser- 
tion de  Raffeneau-Delille,  que  le  gaz  issu  des  feuilles  de  Nelumbhim  était 
de  l'air  atmosphérique,  sauf  quelques  variations  de  composition  néo|i- 
geables  ou  explicables,  je  dus  en  conclure  qu'il  s'agissait  là  d'un  phéno- 
mène absolinnent  étranger  à  la  respiration  chlorophyllienne,  et  qui  se  pro- 
duisait exclusivement  sotis  l'influence  des  radiations  calorifiques  solaires; 
ce  qui  me  fit  préjuger  qu'on  pourrait  le  reproduire  en  substituant  à  l'ac- 
tion du  soleil  celle  d'une  source  calorifique  obscure. 

»  L'expérience,  tentée  dans  ces  conditions  nouvelles,  réussit  très-facile- 
ment quand  on  prend  pour  soiu'ce  de  chaleur  une  plaque  annulaire  de  tôle 
chauffée  au-dessous  du  rouge  :  c'est  donc  alors  la  seule  différence  de  tem- 
pérature, entre  les  parties  du  limbe  directement  exposées  au  rayonnement 
calorifique  et  celles  qui  en  sont  préservées  par  la  lame  d'eau,  qui  déter- 
mine la  sortie  du  gaz  inclus  dans  ces  dernières;  et  pour  que  ce  gaz  puisse 
sortir,  malgré  la  pression  hydrostatique  supérieure,  il  faut  qu'il  y  ait  une 
action  imptilsive  émanant  de  l'air  voisin  échauffé. 

»  En  admettant  cette  explication  comme  plausible,  il  en  résidtait  que 
l'eau  du  centre  de  la  feuille,  ayant  uniquement  pour  effet  de  soustraire  les 
tissus  sous-jacents  à  l'action  calorifique  du  foyer,  son  remplacement  par 
de  l'eau  suffisamment  chaude  pour  uniformiser  la  température  du  limbe 
devait  arrêter  toute  émission  gazeuse  par  les  surfaces  mouillées.  C'est,  en 
effet,  ce  résultat  qu'on  obtient,  et  l'on  peut  aller  plus  loin  que  cette  expé- 
rience négative;  car  dans  le  cas  oi'i  les  bulles,  se  dégageant  lentement  sous 


(   '47°  ) 
l'eau  froide,  semblent  retennes  par  une  sorte  de  pédicelle  gazeux  qui  les 
maintient  en  communication  avec  la  masse  d'air  intérieure,  par  des  affu- 
sions  graduées  d'eau  chaude,  on  les  voit  progressivement  disparaître,  comme 
résorbées  par  les  tissus  dans  lesquels  elles  rentrent. 

»  Il  suivrait  de  là  qu'en  échautfant  également  dans  tous  ses  points  la  sur- 
face supérieure  du  limbe  d'une  feuille  de  Nelumbium,  l'air  des  méats  serait 
mis  partout  uniformément  en  état  de  tension  sans  que  l'effoit  de  sa  détente, 
toujours  dirigé  de  dehors  en  dedans,  et  s'exercant,  cette  fois,  sur  l'air  des 
lacunes,  pîit  avoir  d'autre  effet  que  de  le  comprimer.  Pour  rendre  sensible 
cet  accroissement  de  pression,  il  m'a  suffi,  après  avoir  coupé  une  feuille  de 
Nelumbium,  de  mettre  son  pétiole  en  communication,  au  moyen  d'un  tube 
de  caoutchouc,  avec  un  manomètre  à  eau  :  en  exposant,  dans  ces  condi- 
tions, le  limbe  à  des  rayonnements  calorifiques  de  nalure  et  d'intensité  dif- 
férentes, j'ai  mesuré  des  dénivellations  qui  ont  varié  de  i  à  3  décimètres. 

»  En  séparant  le  manomètre,  sous  l'effort  de  détente  exercé  par  l'air  du 
limbe,  celui  des  lacunes  est  mis  en  mouvement,  et  on  le  voit  s'échapper 
par  bulles  lorsqu'on  plonge  dans  l'eau  la  seclion  du  pétiole.  Le  dégage- 
ment est  assez  abondant  pour  que  des  feuilles  de  Nelumbium,  exposées  les 
unes  au  soleil,  les  autres  à  un  feu  clair  de  charbon,  m'aient  donné,  les  pre- 
mières \  de  litre,  les  secondes  i  litre  d'air  par  minute,  soit  des  centaines 
et  des  milliers  de  fois  le  volume  de  la  feuille  par  heure,  et  cela  pendant 
plusieurs  heures  sans  interruption,  quelquefois  pendant  des  journées  en- 
tières. Pour  entretenir  la  continuité  d'un  débit  aussi  considérable,  il  fallait 
évidemment  qu'il  y  eût,  à  chaque  instant,  rentrée  par  le  limbe  d'un  vo- 
lume d'air  égal  à  celui  qui  sortait  par  le  pétiole,  et  je  me  suis  assuré  que 
cette  rentrée  a  lieu  bien  réellement  par  les  stomates,  dont  l'occlusion  en- 
traîne la  cessation  immédiate  de  tout  dégagement  gazeux. 

»  L'air  atmosphérique  n'est  pas  d'ailleurs  le  seul  gaz  qui  puisse  être 
ainsi  diffusé  thermodynamiquement  à  travers  le  limbe  d'une  feuille  de 
NeUimbium  ;  je  l'ai  constaté,  à  l'aide  de  dispositions  faciles  à  concevoir,  sur 
l'oxygène,  l'azote,  l'hydrogène,  l'acide  carbonique,  l'oxyde  de  carbone 
et  le  protoxyde  d'azote. 

»  Ces  phénomènes  de  diffusion,  par  cela  même  qu'ils  sont  communs  à 
tous  les  gaz,  doivent  être  considérés  comme  dépourvus  de  caractère  vital 
et  comme  déterminés  par  des  conditions  d'ordre  purement  physique.  Ils 
montrent,  dans  la  feuille  de  Nelumbium^  le  type  naturel  d'un  apparcU 
thermodynamique  qui,  recevant  primitivement  de  la  chaleur,  emmagasine 
la   force  vive  qui   lui  est  apportée  par  cet  agent,  pour  la  transformer  eu 


(  i47'  ) 
travail  mécanique;  et,  sans  aborder  ici  l'étiide,  sur  laquelle  je  me  propose 
de  revenir  ultérieurement,  des  conditions  physiques  de  cette  transforma- 
tion, je  dnai  seulement  qu'elle  dépend  essentiellement  de  la  structure  po- 
reuse et  de  l'état  hygrométrique  des  tissus  où  elle  s'opère;  les  faits  observés 
rentrant  dans  la  catégorie  des  phénomènes  de  thermodiffusion  gazeuse  et 
de  diffusion  simple  entre  des  masses  d'air  à  différents  degrés  d'humidité, 
récemment  étudiés  par  MM.  Feddersen  et  Dufour. 

»  D'après  les  résultats  d'expériences  que  la  mauvaise  saison  m'a  con- 
traint d'interrompre,  je  me  crois  en  droit  d'affirmer  que  l'on  retrouve 
dans  tous  les  végétaux  le  pouvoir  therniodilfusif  si  remarquablement  dé- 
veloppé dans  le  Nelumbiuin,  et,  si  les  mouvements  qu'il  détermine  ne  sont 
pas  partout  aussi  étendus  que  dans  cette  dernière  plante,  ils  n'en  sont  pas 
moins  intéressants,  à  cause  du  rôle  qu'ils  jouent  dans  l'acte  delà  respiration 
chlorophyllienne. 

M  Étant  admis  que,  pour  toutes  les  feuilles,  réchauffement  du  lindje  met 
en  jeu  les  forces  thermodiffusives  qui  trouvent  leurs  conditions  d'activité 
dans  la  structure  et  dans  l'état  hygrométrique  des  tissus,  comme  cet  écliauf- 
fement,  en  l'état  ordinaii'e,  c'est-à-du'e  lorsqu'il  provient  de  la  chaleur  du 
soleil,  est  loin  de  se  produire  uniformément  aux  points  frappés  par  les 
rayons  solaires,  l'air  intérieur,  par  suite  de  l'excès  de  tension  qu'il  acquiert, 
se  détend  sur  celui  des  parties  froides,  qu'il  presse  en  le  contraignant  à 
s'échapper  par  les  stomates  des  surfaces  épidermiques  correspondantes, 
pendant  que  l'air  extérieur  afflue  par  les  stomates  des  surfaces  solarisées. 
Il  s'établit  donc  alors  un  véritable  courant  circulatoire  gazeux,  des  parties 
vertes  cpii  respirent  à  celles  qui  ne  respirent  pas,  avec  un  double  mou- 
vement corrélatif  d'aspiration  par  les  premières  et  d'expiration  par  les  se- 
condes. 

»  D.iiis  les  plantes  aquatiques,  cette  circulation  respiratoire  a  plus 
d'étendue  et  de  profondeur  que  dans  les  plantes  terrestres,  car,  au  lieu 
d'être  circonscrite  dans  l'étroit  réseau  des  méats  du  parenchyme  foliaire, 
elle  se  prolonge  dans  celui  du  système  lacunaire  tout  entier.  Quand  les 
feuilles  des  plantes  aquatiques  sont  frappées  par  les  rayons  solaires,  la 
masse  gazeuse  des  lacunes  est,  jjar  le  fait,  soinnise  comme  à  une  sorte  de 
brassage,  quia  pour  effet  final  de  ramener  dans  le  limbe  l'air  des  cavités 
profondes,  qui  arrive  saturé  de  vapeurs  d'eau  et  contenant  un  excès 
d'acide  carbonique,  puisé  par  les  racines  dans  un  sol  aqueux  tout  pénétré 
de  débris  organiques  en  décomposition.  L'afflux  de  cet  air  dans  les  feuilles 
empêche,  d'une  part,  la  dessiccation  de  leurs  tissus  et  contribue  efficace- 


(  i472  ) 
ment,  d'autre  part,  à  l'entretien  de  leur  activité  respiratoire,  en  remédiant 
ainsi  à  l'anomalie  de  la  position  de  leurs  stomates. 

»  A  un  autre  point  de  vue,  les  phénomènes  thermodynamiques  qui 
résidtent,  pour  les  plantes  aquatiques,  de  leur  échauftement  par  les  rayons 
solaires,  ont  une  influence  marquée  sur  l'activité  de  leur  développement 
végétatif,  en  déterminant,  par  les  excès  de  tension  intérieure  qu'ils  pro- 
duisent, les  rhizomes  et  les  racines  à  s'enfoncer  dans  le  sol  avec  la  force 
de  pénétration  qui  les  caractérise.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'action  des  corps  incandescents  dans  la  transmission  de 
l'électricité.  Note  de  M.  E.  Douliot,  présentée  par  M.Berthelot. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Edm.  Becquerel,  Jamin, 

Berthelot.) 

«  M.  Pouillet  (i),  ayant  placé  une  lampe  à  alcool  allumée  sur  im  élec- 
troscope,  observa  qu'un  bâton  de  résine  électrisé,  luie  lame  de  verre  ou 
tout  autre  corps  très-faiblement  chargé,  produisaient  une  très-grande  di- 
vergence dans  les  lames  de  l'éleclroscope,  même  à  une  distance  où  ces 
charges  électriques  n'avaient  aucune  influence  dans  les  circonstances  or- 
dinaires. On  constate  aussi  que,  si  la  flamme  est  remplacée  dans  cette  expé- 
rience par  un  fil  de  platine  porté  au  rouge,  les  résultats  ne  sont  plus  les 
mêmes  selon  que  l'on  opère  en  présence  de  l'électricité  positive  ou  de 
l'électricité  négative. 

»  En  1818,  M.  Erman  ^2  ,  en  plaçant  une  lampe  aphlogistique  de  Davy 
sur  un  électroscope,  dont  il  approchait  ensuite  le  pôle  d'une  pile  sèche, 
observait  que,  si  la  pile  était  présentée  à  la  lampe  par  son  pôle  positif ,  il  ne 
se  produisait  rien,  tandis  que,  si  elle  était  présentée  par  son  pôle  négatif, 
les  lames  divergeaient  et  restaient  chargées  d'électricité  négative. 

M  M.  Edm.  Becquerel  (i)  a  trouvé  que  le  courant  électrique  subit  une 
influence  analogue  de  la  part  du  platine  incandescent.  Dans  ses  recherches 
sur  la  transmission  de  l'électricité  au  travers  des  gaz  à  des  températures 
élevées,  M.  Becquerel,  en  effet,  a  observé  que  le  courant  allant  du  tube  de 
platine  chauffé  au  fil  qui  en  occupait  l'axe  rencontrait  une  plus  grande 
résistance  qu'en  allant  du  fil  central  au  tube;  en  d'autres  termes,  que  la 

(1)  Annales  de  Chimie,  2'  série,  t.  XXXV,  p.  4oi- 

(2)  Annales  de  Chimie,  1"  série,  t.  XXV,  p.  278. 

(3)  Annales  de  Chimie,  3'  série,  t,  XXXIX,  p.  372. 


(  '473  ) 
condition  la   plus  favorable  au  passage  de  l'électricité  était  celle  dans  la- 
quelle le  conducteur  négatif  avait  le  plus  d'étendue. 

»  Tout  récemment  M.  Guthrie  (  i)  a  repris  l'étude  de  ces  phénomènes  et 
a  trouvé  que  le  fer  et  le  platine  chauffés  au  blanc  éclatant,  et  approchés 
d'un  conducteur  électrisé,  le  déchargent  quel  que  soit  le  signe  de  son  élec- 
tricité, tandis  que  ces  métaux,  chauffés  seulement  au  rouge  sombre,  dé- 
chargent plus  facilement  un  conducteur  lorsqu'il  est  chargé  d'électricité 
négative  que  lorsqu'il  est  chargé  d'électricité  positive. 

»  Mais  celte  différence  d'action  d'un  corps  incandescent  sur  les  deux 
électricités  n'a  pas  toujours  lieu  dans  le  même  sens.  Les  expériences  sui- 
vantes font  voir  que  le  charbon  et  le  platine  agissent  d'une  manière  inverse. 

»  Je  remplace  la  boule  d'un  électroscope  par  un  porte-crayon  sur  lequel 
est  fixé  un  petit  cylindre  de  charbon  allumé.  Si  j'en  approche  un  corps 
chargé  d'électricité  positive,  les  lames  d'or  divergent  rapidement  ;  elles 
s'écartent  jusqu'à  ce  qu'elles  se  soient  déchargées  sur  les  houles  métalliques 
disposées  de  part  et  d'autre  sous  la  cloche  de  l'électroscope;  mais  elles 
recommencent  aussitôt  à  diverger  jusqu'à  ce  qu'elles  se  soient  déchargées 
de  nouveau,  et  le  même  phénomène  se  reproduit  tant  que  le  corps  influent 
est  électrisé.  Si  j'éloigne  le  corps  électrisé  avant  que  les  lames  aient 
touché  les  boules  de  décharge,  elles  restent  divergentes  et  elles  possèdent 
de  l'électricité  positive.  Sous  l'influence  de  la  source  positive,  le  charbon 
a  donc  laissé  écouler  l'électricité  négative,  et  il  retient  V é\ec\v'\c\\é  positive . 

»  Les  résultats  sont  tout  autres  si  l'on  approche  de  l'électroscope, 
toujours  armé  du  cylindre  de  charbon  allumé,  un  corps  chargé  d'élec- 
tricité négative.  Dans  ce  cas,  l'électroscope  n'est  influencé  qu'à  une  dis- 
tance plus  petite,  les  lames  d'or  s'écartent  moins  vite  et  elles  se  rap- 
prochent prompfement  lorsque  la  source  d'électricité  est  retirée. 

»  Ces  phénomènes  sont  donc  entièrement  opposés  à  ceux  que  M.  Erman 
a  observés  avec  la  lampe  aphlogistique,  c'est-à-dire  avec  un  fil  de  platine 
incandescent. 

»  Si  l'on  prend  le  charbon  à  la  main,  par  l'intermédiaire  d'un  fil  métal- 
lique entourant  l'extrémité  non  allumée,  et  si  on  l'approche  de  l'électro- 
scope chargé  d'électricité  négative,  on  n'obtient  aucun  effet;  mais  si  l'élec- 
troscope est  chargé  d'électricité  positive,  les  lames  retombent  presque 
instantanément.  On  voit  encore  que,  si  l'électricité  qui  se  porte  sur  la  partie 
incandescente  du  charbon,  par  l'influence  de  celle  qui  est  sur  l'électroscope, 


[i)  PItilosophical  Magazine,  octobre  iSyS. 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N»  2;!.)  '9' 


(   '^Ti   ) 
est  négative,  elle  s'écoule  pour  ramener  l'électroscope  à  l'état  neutre,  et  que, 
si  c'est  au  contraire  l'électricité  positive  qui  est  attirée,  la  transmission  ne 
s'effectue  pas. 

»  Ainsi,  tle  quelque  manière  qu'on  fasse  l'expérience,  on  voit  que  le 
charbon  incandescent  laisse  écouler  pins  facilement  l'électricité  négative 
que  l'électricité  positive,  tandis  que  les  expériences  rappelées  plus  liaut 
prouvent  que  le  plaline  incandescent  laisse  écouler  plus  facilement  l'élec- 
tricité positive  que  l'électricité  négative. 

»  On  pourrait  objecter  que,  dans  la  combustion  du  charbon,  il  y  a 
jiroduction  d'électricité;  mais  cette  électricité  est  à  une  tension  trop  faible 
l)our  agir  siu-  un  électroscope  ordinaire;  il  faut,  pour  la  ruetire  en  évidence, 
satisfaire  à  plusieurs  conditions  (i)  et  employer  un  électromètre  condensa- 
teiu'  très-sensible.  De  plus,  comme  c'est  l'éleclricité  négative  qui,  dans  la 
combustion,  se  porte  sur  le  charbon  et  l'électricité  positive  qin"  est  entraînée 
])ar  l'acide  carbonique,  ces  électricités  atténueraient  les  effets  qui  viennent 
d'être  décrits,  s'il  y  avait  lieu  d'en  tenir  compte  ici.    « 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Siti-  l'éiiiption  boueuse   de  Nisyros.    Extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Gorceix  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

(Commissaires  :  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée,  Des  Cloizeaux.) 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  im  aperçu  de  mes  recherches  sur 
les  phénomènes  qui  ont  accompagné  la  dernière  éruption  de  Nisyros. 

»  Au  mois  de  mars  iS^S  (i),  le  cratère  elliptique  de  l'ancien  volcan  de 
Nisyros  était  occupé  à  son  extrémité  sud-ouest  :  i°  pariuie  solfatare  circu- 
laire sans  rebords  extérieurs,  dont  l'activité  allait  en  diminuant  depuis  de 
nombreuses  années,  et  qui  doit  correspondre  aux  points  ou  Ross,  vers 
i83o,  trouva  des  dégagements  abondants  de  vapeur,  accompagnés  parfois 
de  violentes  détonations;  2°  par  un  cratère  advenlif,  de  forme  très-irrégu- 
lière,  siège  de  nombreuses  fiunerolles  suHliydro-carhoniques. 

))  Le  cratère  existe  depuis  fort  longtemps;  personne  dans  l'île  n'a  jamais 
entendu  parler  de  l'époque  de  sa  formation  et  il  est  indiqué  sur  les  an- 
ciennes cartes  hydrographiques  de  l'Amirauté  anglaise. 

M  C'est  ce  dernier  centre  dont  l'état  a  été  considérablement  modifié  par 

(i)  ÎMM.  PouiLLET,  Becquerel,  Mattel'cci,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2*  série, 
t.  XXVII  et  XXXV;  3*^  série,  t,  XVI. 

(2)  Voir  la  jiremière  Noie  de  1\1.  Gorceix,  Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  ]i.  Sg'j  (séance  du 
y  seplembie  iH^S}. 


(  >475  ) 
les  éruptions  récentes.  Les  indications  fournies  par  les  traces  laissées,  cor- 
roborées par  les  récils  des  gens  du  pays,  me  permettent  de  fournir  une 
rehtion  exacte  de  ces  manifestations. 

«  Le  3  juin,  après  de  fortes  secousses  de  liemhlement  de  terre,  ressenties 
dans  toute  l'île,  une  bouche  de  6  à  7  mètres  de  diamètre  s'ouvrit  sur  le 
revers  extérieur  du  cratère  adventif  et  fut  le  point  de  départ  d'une  fente 
de  5o  mètres  de  longueur,  dirigée  N.  22"  E,  à  S.  22°  O. 

»  Pendant  trois  heures,  il  s'en  échappa  des  torrents  d'eau  chaude  salée, 
accompagnés  de  projections  de  pierres  et  suivis,  pendant  les  trois  jours 
suivants,  d'éruptions  très-fréquentes  d'une  boue  noirâtre  très-fluide.  L'eau, 
s'évaporant,  a  laissé  déposer  des  couches  épaisses  de  chlorure  de  sodium  et 
de  magnésium,  salies  souvent  par  de  l'oxyde  de  fer  ;  elle  inonda  une  grande 
partie  des  champs,  et,  si  elle  eût  coulé  quelques  heures  de  plus,  elle 
eût  transformé  en  un  vaste  lac  tout  le  cratère  de  l'ancien  volcan. 

»  La  boue  a  une  épaisseiu' moyenne  de  3  mètres;  la  longueur  delà 
coulée  est  d'environ  5oo  mètres  sur  i5o  mètres  de  largeur.  Pendant  les 
tremblements  de  terre  qui  précédèrent  l'éruption,  il  se  produisit,  à  une 
assez  grande  distance  du  cratère,  une  crevasse  dirigée  du  nord  au  sud, 
d'une  centaine  de  mètres  de  longueui',  fort  peu  large,  mais  encore  béante. 

»  Une  première  période  de  calme  suivit  cette  éruption;  la  nouvelle 
bouche,  ainsi  que  les  deux  anciennes  fumerolles  principales,  dont  l'activité 
avait  peu  augmenté,  laissaient  échapper  une  grande  quantité  de  vapeur 
d'eau,  mêlée  d'hydrogène  sulfuré,  mais  sans  projection  de  matières  solides 
ou  liquides. 

»  De  faibles  secousses  se  faisaient  sentir  chaque  jour;  le  1 1  septembre 
elles  devinrent  beaucoup  plus  violentes.  Dans  les  trois  vdlages  de  l'île,  les 
maisons  furent  presque  toutes  lézardées;  le  village  de  Mandraki,  situé  au 
bord  de  la  mer,  fut  surtout  éprouvé:  les  murs  des  jardins  furent  en  partie 
renversés;  le  monastère  et  l'église,  situés  sur  une  butte  de  conglomérat 
trachytique,  furent  fortement  endommagés.  Eu  même  temps,  à  quelques 
mètres  du  rivage,  la  mer  devint  blanchâtre;  il  s'en  échappa  des  torrents 
de  vapeur  d'eau,  mêlée  d'hydrogène  sulfuré.  L'ouverture  de  cette  cre- 
vasse linéaire  coïncida  avec  un  fait  analogue  qui  eut  lieu  sur  la  falaise 
de  l'Ile  d'Hyali,  à  trois  milles  en  face  du  village  de  Mandraki.  Les  deux 
crevasses  se  refermèrent  quelques  secondes  après  leur  ouverture. 

»  Quelques  joiu-s  après,  l'activité  de  la  partie  centrale  s'accrut  de  nou- 
veau. Le  7.6  septembre,  les  ouvertures  nouvellement  formées  s'accriuent 
considérablement.'  l'une  d'elles  occupe  actuellement  la  moitié  du  fond  du 

igr.. 


(  -''176  ) 
cratère  adveiitif.  Elles  furent  le  siège  d'éruplions  tl'eaii  salée  et  de  boue, 
m:us  moins  abondantes  que  les  précédentes.  Elles  furent  suivies  de  nom- 
breuses projections  de  pierres,  dont  j'ai  pu  recueillir  plusieurs  échantillons 
en  des  points  très-éloignés  du  cratère. 

»  Pendant  ces  diverses  phases  de  l'éruption,  ni  la  forme,  ni  l'activité  de 
l'ancienne  solfatare  circulaire  n'ont  éprouvé  de  changement. 

M  Depuis  cette  époque  jusqu'à  mon  arrivée  à  Nisyros,  aucune  recru- 
descence ne  s'est  produite  dans  l'activité  des  divers  centres  d'émanation; 
les  tremblements  de  teire  sont  journaliers,  mais  d'une  faible  intensité. 

»  Actuellement,  la  fente  formée  au  mois  de  juin,  bien  qu'obstruée  en 
partie  par  la  boue,  est  encore  nettement  visible;  elle  n'est  le  siège  d'aucun 
dégagement.  Le  cratère,  qui  s'est  ouvert  à  la  même  époque,  est  presque 
entièrement  comblé;  mais  sa  forme  circulaire  est  encore  bien  accusée. 

»  Du  côté  nord-ouest,  il  existe  encore  inie  crevasse,  de  3  à  4  mètres  de 
largeur,  occupant  un  quart  de  la  circonférence  du  cratère.  On  peut,  par 
intervalles,  apercevoir,  à  une  grande  profondeur,  de  l'eau  bouillante,  d'où 
s'échappe  un  mélange  de  vapeftr  d'eau,  d'acide  carbonique  et  d'hydrogène 
sulfuré.  Une  petite  fumerolle  suifhydro-carbonique  forme,  avec  celles-ci, 
les  seules  émanations  du  coté  extérieur  du  cratère  adventif. 

»  La  paroi  qui  sépare  cette  bouche  des  centres  internes  est  fort  mince 
et  attaquée  par  de  nombreuses  fumerolles;  elle  ne  tardera  pas  à  dispa- 
raître. Celles-ci  n'occupent  plus  que  les  bords  du  cratère,  du  côté  de  la 
bouche  dernièrement  formée,  et  de  nombreux  points  au  nord-est  d'une 
petite  crête,  maintenant  en  partie  détruite,  qui  séparait  le  cratère  propre- 
ment dit  d'un  ravin  extérieur.  Leur  activité  s'est  affaiblie;  les  proportions 
dé  la  vapeur  d'eau  ont  beaucoup  augmenté,  tandis  que  celles  de  l'hydro- 
gène sulfuré  ont  diminué  par  rapport  à  l'acide  carbonique. 

»  Quant  aux  deux  bouches  nouvelles,  leurs  dimensions  se  sont  consi- 
dérablement accrues.  Les  parois  internes  de  l'une  d'elles  sont  taillées  à  pic 
et  lui  donnent  l'aspect  d'un  vaste  puits,  où,  à  3o  mètres  environ  de  pro- 
fondeur, on  voit  une  nappe  d'eau  bouillante  lançant  des  colonnes  de 
vapeurs  blanchâtres,  mélangées  à  de  l'acide  carbonique  et  à  de  l'hydrogène 
sulfuré.  Les  trois  principaux  dégagements  de  vapeur  s'opèrent  sur  une 
même  ligne,  prolongement  de  la  fente  formée  au  mois  de  juin.  Cette  ligne 
passe  un  peu  à  côté  de  l'ancienne  solfatare  circulaire,  tandis  que,  au  mois 
de  mars  dernier,  la  ligne  passant  par  les  deux  centres  existant  alors  cou- 
pait la  solfatare  suivant  une  corde. 

»  Celte  même  ligne  prolongée  renconlic  le  village  de  Mandraki,  où  l'on 


(   >477  ) 
voit  encore  dans  la  nier,  par  un  temps  calme,  une  ligne  blanchâtre  indi- 
quant la  trace  de  la  crevasse.  Peut-être  s'y  produit-il  un  léger  dégagement 
d'hydrogène  sulfuré  qui  se  décompose  avant  d'arriver  à  l'air. 

»  Plus  loin,  elle  coupe  l'îlot  de  Ilyali  dans  la  partie  où  la  falaise  s'était 
fendue  et  passe  près  d'une  source  minérale  sous-marine  qui  existait  avant 
l'éruption;  elle  atteint  ensuite  l'île  de  Cos,  en  passant  près  de  deux  an- 
ciennes solfatares,  dont  l'une  est  à  peu  près  éteinte  et  où  il  ne  se  produit 
aucun  dégagement  sensible,  et  dont  l'autre,  située  près  d'un  filon  de  ba- 
salte qui  s'est  fait  jour  à  travers  des  calcaires  cristallins  et  des  terrains  ter- 
tiaires fossilifères,  est  le  siège  d'un  dégagement  froid  d'acide  carbonique 
avec  de  faibles  proportions  d'hydrogène  sulfuré. 

»  A  l'autre  extrémité,  cette  ligne  est  jalonnée  par  une  crevasse  encore 
béante,  d'où  s'échappe  de  la  vapeur  d'eau  tiède  avec  de  très-petites  quan- 
tités d'acide  carbonique.  C'est  autour  de  cette  ligne,  correspondant  à  une 
ancienne  fente,  que  sont  groupés  les  phénomènes  volcaniques  dont  Nisyros 
est  le  siège.   » 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  timile  des  glaces  dans  l'océan  ^relique; 
par  M.  Ch.  Gkad.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie.) 

0  ...  En  résumé,  la  limite  des  glaces  dans  l'océan  Arctique  ne  se  trouve 
pas  par  -jB  degrés  de  latitude,  entre  Nowaja-Semlja  et  les  îles  Spitzbergen. 
Cette  mer  est  navigable  chaque  année  sous  des  latitudes  bien  plus  hautes, 
et  il  n'y  a  pas  de  barrière  de  glaces  fixes  permanentes.  Chaque  année,  la 
calotte  de  glace  plus  ou  moins  compacte,  formée  pendant  l'hiver  au- 
tour du  pôle,  se  brise,  se  fractionne  en  champs  et  en  fragments  plus 
ou  moins  étendus.  Les  courants  polaires  en  entraînent  les  débris  vers 
l'équateur,  de  manière  à  diminuer  d'autant  plus  le  développement  ou  l'ex- 
tension de  la  masse  totale,  que  les  vents  favorisent  mieux  l'action  des  cou- 
rants marins  et  que  la  fusion  sous  l'influence  de  l'élévation  de  la  tempé- 
rature est  plus  active.  Comme  les  conditions  météorologiques  changent 
d'une  année  à  l'autre,  l'état  des  glaces  et  leur  extension  varient  de  même. 
Mais  chaque  année,  et  même  pendant  l'hiver,  des  espaces  d'eau  libre  et 
des  passes  nar^'igables  apparaissent  dans  l'ensemble  de  la  masse.  En  1871, 
l'expédition  américaine  du  D''  Hall  s'est  trouvée  arrêtée  par  82°  16'  de 
latitude,  dans  le  canal  de  Robesen,  par  une  barrière  de  glace,  tandis  que 
plus  au  nord  la  mer  apparaissait  libre  de  nouveau.  Dans  le  nord  des  îles 
Spitzbergen,  l'expédition  suédoise  de  IM.  Nordenskiold  a  été  cernée  par  les 


(  '47«  ) 
glaces  dès  le  commencement  de  septembre  1872,  avec  un  grand  nombre 
de  navires  de|)èche  norwégicns,  qu'une  lempèle  a  ensuite  dégagés  dans  le 
courant  du  mois  de  décembre,  pour  leur  permettre  de  rentrer  eu  Europe 
au  milieu  de  l'iiiver.  A  la  snriice  dts  grands  lacs  du  nord  de  l'Amérique, 
des  espaces  d'eau  libre  existent  également  eu  hiver,  au  milieu  des  glaces. 
Quant  à  la  conclusion  pratique  à  tirer  de  ces  faits,  c'est  l'existence  d'eau 
navigable  dans  les  mers  polaires  et  la  nécessité  d'entreprendre  avec  des  na- 
vires à  vapeur,  et  non  en  traîneaux,  les  expéditions  scientifiques  au  pôle.  » 

VITICULTUIŒ.  —  Etude  des  formes  du  Phylloxéra;  examen  comparatif  des 
jeunes  des  racines  et  des  feuilles,  des  individus  hibernants,  des  individus  sexués; 
par  M.  RIax.  Corxu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Dans  la  Note  précédente,  les  individus  hibernants  ont  été  considérés 
connue  des  jeunes  arrêtés  dans  leur  dévelop|)ement,  qui,  demeurant  dans 
cet  état  plus  longtemps  que  d'ordinaire,  restent  ainsi  pendant  plusieurs 
mois.  Pour  arriver  à  la  démonstration  complète  de  ce  fait,  il  faut  examiner 
avec  soin  l'une  et  l'autre  forme,  et  voir  s'il  existe  entre  elles  quelques  dif- 
férences. L'aspect  général  est  le  même,  la  taille  semblable  ;  la  couleur 
seule  les  distingue,  couleur  due  à  une  teinte  spéciale  aussi  bien  qu'à  un 
épaississement  des  téguments;  mais  il  ne  faut  pas  s'en  tenir  à  celte  compa- 
raison d'ensemble  non  approfondie. 

»  De  plus,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  dans  la  Note  précédente,  les 
jeunes  des  galles  pouvant  se  fixer  sur  les  racines  et  s'y  transformer  en  in- 
dividus hibernants,  nous  sommes  amenés  à  nous  demander  s'il  existe  des 
différences  entre  ces  deux  formes. 

»  Comparons  d'abord  les  jeunes  des  racines  et  ceux  des  galles;  exami- 
nons de  point  en  point  chaque  insecte,  organe  par  organe,  et  attachons- 
nous  à  effectuer  un  dénombrement  exact  et  détaillé  même  des  particularités 
généralement  laissées  de  côté  comme  sans  intérêt  et  trop  minutieuses. 

»  Il  convient  de  reprendre  cette  comparaison  au  début;  l'œuf,  dans  l'un 
et  dans  l'autre  cas,  est  ovale  et  a  une  longueur  d'environ  o""",  3o,  d'après 
des  moyennes  assez  concordantes.  Dans  les  galles,  où  ils  sont  accumulés 
en  grand  nombre,  on  en  rencontre  quelques-uns  d'un  dixième'plus  ou  moins 
longs,  mais  la  taille  est  en  général  assez  constante.  On  retrouve,  chez  les 
deux  formes  d'insectes,  les  mêmes  particularités  :  aussi  sera-t-il  inutile  de 
spécifier  de  laquelle  des  deux  il  est  question. 


(   '479  ) 

»  Qiiaïul  il  vient  d'être  pondu,  l'œuf  est  d'un  jaune  très-vif,  mais  un  peu 
plus  tard  il  acquiert,  par  suite  de  son  développement  normal,  une  teinte 
brime  qui  est,  non  un  signe  de  mort,  mais  un  caractère  de  vie  et  de  santé; 
avant  qu'il  ait  déjà  tourné  au  brun,  on  aperçoit  fréquemment,  à  l'une  des 
extrémités,  deux  points  formés  chacun  de  trois  taches  rouges  :  ce  sont  les 
yeux  de  l'embryon.  Je  n'ai  pas  à  m'étendre  ici  sur  la  segmentation  du  plasma 
intérieur  (i)  et  sur  la  formation  de  la  membrane  du  jeune;  lorsque  le  bru- 
nissement commence,  on  constate,  avec  la  loupe,  à  l'aide  de  ce  faible  gros- 
sissement, et  même  à  la  vue  simple,  que  les  deux  extrémités  n'ont  pas 
exactement  la  couleur  de  la  partie  centrale  :  l'une  présente  une  teinte  noire, 
faible,  mais  qui  s'étend  assez  loin;  l'autre  une  tache  noire,  plus  foncée, 
beaucoup  plus  limitée  et  située  à  l'extrémité.  Quand  on  cherche  à  se  rendre 
compte  de  ce  fait,  à  l'aide  du  microscope,  on  s'aperçoit  que  la  teinte  foncée 
correspond  à  la  partie  postérieure  de  l'insecte  déjà  presque  entièrement 
formé,  et  que  la  tache  est  la  consécpience  d'une  production  toute  spéciale; 
elle  est  due  à  une  ligne  noire  qui  s'étend  en  demi-cercle  dans  un  plan 
passant  par  le  grand  axe  de  l'œuf,  et  qui  partage  en  parties  égales  la  ligne 
qui  joindrait  les  deux  yeux  de  l'embryon;  elle  descend  peu  au-dessous.  Si 
les  yeux  sont  situés  sur  une  même  droite  perpendiculaire  au  porle-objet, 
la  ligne  noire  suit  exactement  la  partie  supéiieure  du  contour  apparent  de 
l'œuf,  et  on  la  voit  tout  entière  :  c'est  dans  cette  position  que  la  tache  noire 
est  le  plus  nette.  Si  les  yeux  occupent  le  contour,  on  n'en  voit  plus  que  la 
moitié,  elle  se  projette  suivant  une  ligne  droite  partant  du  sommet,  et  qui 
ne  dépasse  qu'à  peine  la  hauteur  des  yeux. 

»  En  l'examinant  avec  un  grossissement  un  peu  plus  fort,  on  peut  s'assu- 
rer que  cette  ligne  noire  offre,  en  réalité,  la  forme  d'une  crête  formée  d'une 
membrane  épaisse,  noire,  dont  la  partie  supérieure  porte  de  petites  stries 
transversales,  de  façon  à  simuler  ou  déterminer  des  dents  obtuses,  ou  des 
granulations  confluentes  à  la  base  et  disposées  en  file;  il  y  en  a  une  qua- 
rantaine sur  toute  la  longueur.  Quand  on  observe  cette  crête,  alors  qu'elle 
est  située  dans  un  plan  vertical,  ou  remarque  qu'elle  est  adhérente  au  corps 
de  l'embryon  et  située  au-dessous  de  la  membrane  externe.  A  celte  partie, 
qui  est  l'extrémité  antérieure  de  l'œuf,  correspond,  sous  la  membrane,  un 
petit  espace  incomplètement  rempli  par  l'extrémité  antérieure  du  futur 
jeune,  qui  se  moule  sur  la  crête  et  semble  faire  corps  avec  elle;  mais  le 
jeune  n'offre  rien  de  pareil  après  son  éclosion  :  la  crête  appartient  donc  à 

(i)  Découverte  dans  l'œuf,  en  1824,  l>ar  MM.  Prévost  et  Dumas. 


(  i48o) 
la  membrane  de  l'œuf.  Si,  après  l'éclosion,  on  recueille  celte  membrane, 
en  général  fortement  plissée,  on  peut  remarquer  qu'elle  est  brune,  qu'elle 
s'est  fendue  par  la  partie  antérieure  et  exactement  suivant  l'un  des  côtés 
de  celte  crête,  qui  demeure  intégralement  sur  l'un  des  bords  de  la  ligne  de 
rupture. 

»  En  examinant  cette  membrane  avec  attention,  on  peut,  dans  certains 
cas,  observer  que  le  contour  de  la  rupture  laisse  reconnaître  que  cette 
membrane  n'est  pas  simple,  mais  formée  de  deux  lames.  La  partie  externe 
est  incolore,  et  elle  est  parfois  rompue  en  des  points  différents  et  surtout 
moins  complètement  déchirée;  la  couche  interne  présente  une  coloration 
brune;  c'est  elle  qui  connnunique  à  l'œuf  la  teinte  brunâtre  qu'il  prend 
en  vieillissant;  le  jeune  qui  vient  d'éclore  est  d'un  jaune  vif,  comme  l'œuf 
frais  pondu. 

»  Dans  l'intérieur  de  l'œuf,  l'embryon  se  présente  avec  les  pattes  repliées 
sur  l'abdomen,  les  antennes  réfléchies  et  parallèles  aux  pattes.  Le  méca- 
nisme au  moyen  duquel  il  doit  s'échapper  de  sa  coque  et  la  briser  est  en 
partie  le  même  que  l'action  qui  s'exerce  pendant  la  mue  et  dont  il  a  été 
question  précédemment.  Les  segments  du  jeune  présentent  des  lignes  de 
petits  poils  réfléchis  sur  lesquels  il  prend  un  point  d'appui  pour  repousser 
la  membrane  de  l'œuf  et  cheminer  à  son  intérieur;  mais,  comme  cette 
membrane,  épaisse  et  double,  serait  trop  difficile  à  entamer,  une  crête 
spéciale  se  développe,  qu'on  ne  retrouve  que  dans  l'œuf,  et  qui  fiit  l'office 
d'une  scie  pour  fendre  la  couche  externe. 

1)  H  y  a  la  plus  grande  analogie  entre  cette  éclosion  et  les  mues  que 
l'insecte  effectue  successivement.  La  membrane  se  rompt  de  même,  sui- 
vant une  ligne  antérieure  et  symétrique.  Licolore  au  début,  elle  devient 
colorée  et  briuie  à  l'époque  où  elle  doit  être  dépouillée,  et  laisse  échapper 
un  insecte  coloré  en  jaune  vif,  couleur  des  globules  graisseux,  et  dont  la 
peau  est  mince  et  incolore. 

»  C'est  à  la  couche  interne  brune  et  épaissie  de  l'œuf  qu'est  reliée  cette 
crête,  dont  le  rôle  est  si  important  pour  le  jeune.  Si  l'on  considère,  d'autre 
part,  la  structure  de  l'œuf,  on  conçoit  conunent  l'embryon,  à  mesure  qu'il 
se  développe,  est  de  mieux  en  mieux  protégé  contre  les  agents  extérieurs. 
Il  y  a  d'abord  une  double  membrane  dont  la  couclie  interne  s'épaissit  de 
plus  en  plus;  les  deux  lames  ne  sont  pas  très-exactement  soudées,  puis- 
qu'elles sont  séparées  à  la  partie  antérieure  et  se  déchirent  isolément;  le 
jeune  possède,  en  outre,  nu  tégument  propre;  il  y  a  donc  ainsi  trois 
épaisseurs  superposées  à  traveis  leurs  parois  diverses  et  non  soudées;  l'en- 


(  .4Hi  ) 
dosmose  ne  doit  pas  se  faire  aisément.  Ainsi  s'explique  la  résistance  des 
œufs  aux  causes  de  destruction  auxquelles  peuvent  succomber  les  indi- 
vidus complètement  développés,  qui  ne  sont  protégés  que  par  un  simple 


tégument. 


»  Avant  d'examiner  comparativement  les  jeunes  des  galles  et  ceux  des 
racines,  on  peut  se  demander  si  tel  ou  tel  organe  extérieur  se  modifie  chez 
les  différents  individus  de  la  même  forme. 

»  Eu  commençant  par  les  pattes,  on  peut  remarquer  qu'elles  ont  toutes 
à  peu  près  la  même  disposition,  et  que  les  moindres  particularités  qui  se 
rencontrent  sur  l'une  d'elles,  par  exemple  certains  poils,  se  retrouvent,  à 
la  même  place,  chez  les  autres  individus.  Entre  les  différents  membres  du 
même  insecte,  on  constate,  il  est  vrai,  de  légères  différences  :  c'est  ainsi 
que  varie  la  longueur  relative  de  certains  poils,  qui,  placés  symétrique- 
ment, devraient  avoir  un  développement  pareil.  Quand  ils  supportent  un 
frottement  égal,  leur  développement  est  le  même  (pattes  antérieures); 
quand,  au  contraire,  l'insecte,  à  cause  de  la  disposition  des  organes,  s'ap- 
puie différemment  sur  l'un  d'eux,  celui  qui  supporte  l'effort  le  plus  consi- 
dérable (en  général,  c'est  le  plus  rapproché  du  corps)  se  développe  moins 
ou  s'use  le  plus  (pattes  postérieures);  il  y  a  des  exemples  très-nets,  dans 
certains  cas,  de  cette  inégalité.  On  ne  doit  pas  sourire  d'un  examen  aussi 
minutieux,  puisqu'il  s'agit  de  rechercher  des  caractères  distinclifs  entre 
des  êtres  en  apparence  très-voisins;  c'est  dans  des  faits  de  cet  ordre  qu'on 
peut  espérer  les  trouver. 

»  Il  faut  éviter  de  prendre  pour  des  différences  l'absence  de  certaines 
parties  brisées  par  accident  ou  qui  manquent  par  toute  autre  cause.  Cette 
altération  se  présente  souvent  à  l'extrémité  des  tarses,  qui  est  terminée  par 
deux  ongles  crochus  et  un  ensemble  de  poils  spéciaux.  Comme  cette  orga- 
nisation a  été  jusqu'ici  assez  inexactement  décrite  à  cause  du  nombre  et  de 
la  petitesse  des  parties  qui  la  composent,  il  ne  paraît  pas  inutile  d'y  insister 
et  de  la  décrire  avec  soin,  pour  éviter  qu'on  ne  prenne  pour  un  caractère 
spécifique  une  altération  toute  locale  et  accidentelle. 

»  Sur  la  partie  dorsale  du  tarse,  se  trouvent  vers  l'extrémité  deux  grands 
poils  courbés,  dilatés  à  l'extrémité,  non  en  sphère,  mais  en  forme  de  fusil 
tromblon.  A  la  partie  opposée  du  tarse  se  trouvent  deux  autres  poils  sy- 
métriques et  égaux  comme  les  premiers,  mais  lui  peu  plus  courts;  ils  sont 
courbés  en  sens  inverse  et  se  redressent;  leur  extrémité  est  très-faiblement 
dilatée  et  présente  un  coude  brusque  un  peu  au-dessous  de  leur  partie 
extrême.  Deux  autres  poils  situés  du  même  côté,  plus  rapprochés  de  l'ex- 

C.  R.,1873,  2^  Semestre,  (r.  LX.\V1I,  N"  25.)  19^ 


(     l4«2    ) 

trémité  et  plus  petits,  affectent  une  forme  et  une  disposition  analogues,  et 
sont  situés  entre  les  ongles,  qu'ils  dépassent  à  peine;  la  première  paire  de 
poils  est  la  plus  épaisse  et  la  plus  nette  ;  les  deux  autres  viennent  ensuite  par 
ordre  de  grandeur  et  de  netteté.  Quand  la  patte  est  à  plat,  les  ongles  étant 
écartés  par  la  pression  de  la  lamelle,  ces  poils  se  présentent  disposés  en  éven- 
tail; on  reconnaît  aisément  leur  nombre  et  leur  disposition,  mais  leur  forme  se 
voit  beaucoup  mieux  de  profil.  Ainsi  l'extrémité  porte  trois  paires  de  poils 
spéciaux  souvent  empâtés  avec  diverses  impuretés  qui  masquent  leur  pré- 
sence ou  qui  sont  brisés;  il  y  a  en  outre  deux  autres  poils  symétriques  à  la 
base  du  tarse  vers  la  région  où  il  se  séparera  en  deux  articles  après  la 
deuxième  mue,  et  enfin  deux  autres  poils  isolés  et  impairs,  l'un  sur  la  partie 
supérieure,  l'autre  sur  la  partie  inférieure  du  tarse.  Ces  particularités  se 
retrouvent  chez  tous  les  jeunes  des  racines  et  des  feuilles. 

»  Quant  aux  antennes,  sans  entrer  dans  de  longs  détails,  on  peut  dire 
qu'elles  sont  terminées  par  un  long  et  robuste  poil  entouré  de  quatre  autres: 
trois  étroitement  groupés  ensemble  et  peu  distincts  les  uns  des  autres  et  un 
autre  isolé;  au-dessous  du  chaton,  ou  organe  sensitif  très-développéici,  et  du 
même  côté  que  lui,  on  en  trouve  un  autre  très-développé  et  un  plus  court 
situé  au-dessous  du  précédent;  l'article  basilaire  présente  deux  poils  symé- 
triques. L'antenne  est  parcourue  par  des  plis  transversaux  non  exactement 
superposables  chez  les  divers  individus,  ni  même  d'une  antenne  à  l'autre 
sur  le  même  insecte  ;  mais  leur  nombre  et  leur  disposition  ne  sont  pas  li- 
vrés au  hasard  :  on  peut  parfaitement  les  retrouver  et  les  indiquer  dans  les 
différents  cas,  malgré  les  petites  variations,  non  de  position, mais  déforme; 
ce  qui  rend  la  comparaison  pénible,  c'est  que  telle  ou  telle  partie  est  plus 
ou  moins  accentuée,  plus  ou  moins  indistincte.  Ces  plis  sont  curvilignes  et 
confluents,  suivant  la  position  que  la  même  ride  occupe  sur  le  contour, 
suivant  quelle  est  vue  de  face  ou  de  profil;  leur  apparence  et  leur  pro- 
jection sont  un  peu  différentes  et  embarrassent  au  premier  coup  d'œil.  Il  est 
nécessaire,  pour  les  reconnaître  convenablement,  d'étudier  les  deux  fiices 
de  chaque  antenne,  la  supérieure  directement,  l'inférieure  par  transpa- 
rence. 

M  Or,  chez  les  individus  des  racines  et  des  feuilles,  les  poils  et  les  plis 
des  antennes  se  retrouvent,  ils  sont  identiques  dans  l'un  et  l'autre  cas;  la 
forme  extérieure,  aussi  bien  que  les  moindres  détails,  sont  parfaitement 
semblables;  et,  s'il  est  assez  facile  de  distinguer  l'origine  de  certains  indi- 
vidus adultes,  il  paraît  difficile  de  reconnaître,  du  moins  j)ar  les  caractères 
extérieurs,  si  l'on  a  affaire  à  un  jeune  des  galles  ou  à  un  jeune  des  racines. 


(  i/iB-î  ) 
Cette  similitude,  nous  la  retrouvons  dansleur  dimension  longitudinale,  qui 
est  de  o""°,364(i). 

»  Les  jeunes,  comme  les  individus  ordinaires,  offrent,  suivant  les  cas, 
des  apparences  très-variables  qui  tiennent  à  des  causes  diverses  ;  elles  sont 
en  particulier  dues  à  la  coloration,  qui  est,  comme  nous  l'avons  vu,  \ui  ca- 
ractère peu  important,  en  partie  et  principalement  à  l'état  d'allongement 
de  l'abdomen.  Dans  certains  cas,  les  anneaux  sont  très-écartés  les  uns  des 
autres,  l'extrémité  anale  est  pointue,  la  forme  générale  est  celle  d'une 
amande;  si  les  anneaux  sont  contractés,  la  forme  est  beaucoup  plus  ra- 
massée :  elle  est  à  peu  près  elliptique;  dans  ce  cas,  il  n'est  pas  rare  que  la 
gaîne  du  suçoir  dépasse  l'extrémité  de  l'abdomen  contracté  de  l'animal. 
Malgré  des  variations  notables  dans  la  longueur  de  la  gaine,  on  devra 
éviter  de  se  laisser  tromper  par  une  grossière  eri'eur,  assez  facile  cependant 
à  commettre;  il  arrive  quelquefois  que  cette  gaîne,  se  repliant  deux  fois  sur 
elle-même,  semble  être  de  beaucoup  raccourcie;  un  examen  comparatif  et 
minutieux  permet  de  se  mettre  à  l'abri  de  celte  méprise.  Malgré  ces  dif- 
férences de  formes,  il  est  très-aisé  de  reconnaître  à  première  vue,  et  sans 
connaître  la  longueur  de  l'insecte,  si  l'on  a  affaire  ou  non  à  im  jeune;  la 
longueur  des  appendices  et  les  poils  robustes  qu'ils  présentent  sont  un 
caractère  excellent  et  invariable. 

»  Les  individus  hibernants,  comme  le  montre  l'observation  directe,  ne 
diffèrent  en  rien  des  précédents;  ils  en  proviennent  sans  que  ces  individus 
se  soient  en  rien  modifiés  dans  leur  organisation.  Ils  ont  pris  uniquement 
une  couleur  plus  foncée,  une  forme  plus  aplatie. 

»  On  doit  cependant  sigunler  la  couleur  de  leurs  globules  graisseux  qui 
paraît  un  peu  rosée  et  non  jaune  comme  chez  les  individus  ordinaires.  La 
forme  spéciale  que  preiment  les  jeunes  hibernants  paraît  pouvoir  être  dé- 
terminée par  des  causes  autres  que  l'abaissement  de  la  température.  Des 
boutures  phylloxérées  d'aramon  et  de  carignan  ,  conservées  sans  terre 
dans  un  large  vase  de  grès,  l'été  dernier,  se  desséchèrent  petit  à  petit;  les 
racines  moururent  peu  à  peu  et  furent  envahies  par  des  champignons  bien 
communs  dans  les  bûchers,  des  Rhizomorpha ;  elles  ne  présentaient  plus, 
après  plusieurs  semaines,  qu'une  zone  très-restreinle  de  tissu  non  encore 

(i)  J'ai  cependant  rencontré  deux  jeunes  des  galles  parmi  les  antres,  qui  étaient  d'un 
tiers  plus  petits  que  les  autres  et  qui,  rinn  cnntraclés,  n'avaient  pas  une  (aille  supérieure  à 
o""",'2f).  Sauf  les  différences  de  longueur  et  de  diamètre,  ils  étaient  en  tout  semblables  aux 
autres. 

192,. 


(  i484  ) 
entièrement  altéré;  c'était  à  l'endroit  où  elles  prenaient  naissance  que  se 
trouvait  cette  partie  moins  décomposée  que  le  reste.  Un  certain  nombre 
de  Phylloxéras  s'y  étaient  réunis,  ou  plutôt  entassés  et  fixés  ;  ils  étaient  tous 
bruns,  malgré  la  saison  où  ces  parasites  sont  d'ordinaire  très-jaunes;  ils 
étaient  cependant  vivants,  mais  peu  actifs,  aplatis,  immobiles;  c'étaient 
tous  des  jeunes.  Le  manque  de  nourriture,  les  mauvaises  conditions  dans 
lesquelles  ils  se  trouvaient,  la  température  relativement  peu  élevée  à  laquelle 
ils  étaient  exposés  (i4  degrés)  avaient  retardé  leur  accroissement;  on  les 
aurait  pris  pour  des  individus  hibernants  ;  pas  une  mère  pondeuse  ne  fut 
trouvée  parmi  eux  :  les  causes  qui  avaient  enrayé  le  développement  des 
jeunes  avaient  déterminé  la  mort  des  autres. 

))  Ainsi  donc  on  peut  dire  que  l'activité  des  jeunes  peut  être  arrêtée  par 
des  conditions  défavorables  de  température  et  de  nutrition,  et  que,  dans 
ces  circonstances,  leur  accroissement  demeure  suspendu  jusqu'à  ce  que 
des  conditions  meilleures  se  présentent.  On  n'est  donc  pas,  en  réalité,  en 
présence  d'un  état  particulier,  d'une  forme  spéciale  et  distincte  des  autres; 
c'est  purement  et  simplement  la  forme  du  jeune,  momentanément  arrêté 
dans  son  développement.  Cela  permet  d'apprécier  avec  plus  d'exactitude 
la  modification  que  subit  le  Phylloxéra  pendant  l'hiver;  cela  montre  bien 
la  cause  pour  laquelle  il  est  moins  sensible  aux  agents  toxiques,  puisque  ses 
fonctions  d'absorption,  dont  le  résultat  est  son  développement,  sont 
suspendues. 

»  Si  ces  trois  sortes  d'individus  sont  identiques  entre  eux,  il  est  loin 
d'en  être  de  même  pour  les  jeunes  qui  proviennent  des  œufs  des  ailés.  Ces 
individus,  découverts  par  M.  Balbiani,  chez  le  Phylloxéra  du  chêne,  dif- 
fèrent des  autres  à  plus  d'un  égard,  et  ne  peuvent  être  confondus  avec  eux. 
J'en  ai  rencontré  deux,  tous  deux  en  train  d'éclore  et  encore  engagés  dans 
la  membrane  brisée  de  l'œuf,  par  la  partie  postérieure  de  leur  corps. 
J'ignore  s'ils  sont  du  même  sexe  ou  à  quel  sexe  ils  appartiennent  ;  ils  sont, 
à  première  vue,  assez  semblables  aux  autres  jeunes;  leur  taille  égale  celle 
des  plus  grands,  o,l^l^l  ;  ce  nombre  est  fourni  par  celui  des  deux  individus 
observés  qui  est  le  moins  déformé.  Vu  par  la  partie  dorsale,  ce  dernier 
présente  le  même  nombre  d'articles  au  thorax  et  à  l'abdomen  que  les  au- 
tres individus;  vu  par  la  partie  abdominale,  ce  qui  frappe,  au  premier 
coup  d'œil,  c'est  l'absence  de  suçoir.  Obseivé  à  sec  et  sans  verre  mince,  il 
laisse  apercevoir  le  rudiment  des  pièces  de  la  bouche;  la  peau  forme,  en  ce 
point,  une  sorte  de  mamelon  ayant  à  peu  près  l'apparence  qu'offre  à  la 
base  l'ensemble  de  toutes  ces  pièces  réunies,  mouis  la  gaîne  du  suçoir;  ce 


(  i485  ) 
mamelon  est  terminé  par  nn  bouton  arrondi.  Un  liquide  et  l'écrasement 
font  disparaître  cette  apparence. 

»  Une  autre  particularité,  qui  est  très-frappante  chez  les  deux  individus 
que  je  possède,  c'est  que  la  forme  des  antennes  et  des  pattes  n'est  pas  celle 
des  jeunes;  elles  ne  sont  pas  munies  de  ces  poils  robustes  dont  il  a  été 
question  plus  haut.  Les  antennes  sont  formées  de  deux  articles  presque 
cylindriques  et  non  globuleux,  ce  qui  différencie  immédiatement  ces  indi- 
vidus des  autres.  Quoique  les  tarses  n'offrent  (pi'un  seul  article,  les  an- 
tennes offrent  plutôt  l'apparence  de  celles  d'adultes,  et  non  de  jeunes; 
elles  ont  comme  les  pattes  une  couleur  foncée  qu'on  ne  retrouve  qu'après 
la  première  mue  et  qui  ne  se  voit  jatvais  chez  les  jeunes  ordinaires  ni 
même  chez  les  individus  hibernants,  dont  les  téguments  sont  cependant 
très-foncés.  L'un  de  mes  deux  individus  sexués,  préparé  aussitôt  après 
avoir  été  trouvé,  présente  des  téguments  incolores,  qui  ont  été  un  peu 
déformés  par  la  préparation;  l'autre  fut  conservé  plus  de  deux  jours  en 
chambre  humide;  la  membrane  externe  s'est  un  peu  raffermie  :  elle  est 
brune. 

»  Ainsi  donc  les  individus  sexués  ne  sont  pas  des  jeunes;  ils  constituent 
une  forme  spéciale  du  f/^Z/oxera  wnsin^r/x;  ils  diffèrent  des  générations 
qui  procèdent  de  l'œuf  des  individus  aptères  ordinaires,  et  naissent  avec 
un  ensemble  de  caractères  non  seulement  internes,  mais  extérieurs,  qui 
permet  de  les  reconnaître  au  premier  coup  d'œil. 

»  Les  deux  individus  ont  été  rencontrés  parmi  un  grand  nombre  de 
jeunes  ordinaires  sur  les  bords  d'un  flacon  ayant  contenu  un  ou  plusieurs 
individus  ailés.  » 

PALÉOETHNOLOGIE.  —  Essai  sur  la  distribution  géographique  des  populations 
primitives  dans  les  départements  de  Seine-et-Marne  et  de  la  Moselle.  Mémoire 
de  M.  R.  GuÉKiN.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  deux  nouvelles  cartes,  sur  les- 
quelles j'ai  indiqué  l'état  de  nos  connaissances  actuelles  en  ce  qui  concerne 
les  populations  primitives  dans  les  départements  de  Seine-et-Marne  et  de  la 
Moselle. 

»  Si  l'on  veut  bien  rapprocher  la  manière  dont  sont  distribuées  les  sta- 
tions humaines  découvertes  par  M.  V.  Simon  du  même  mode  de  grou- 
pement tracé  sur  notre  carte   du   département  de   la   Meurthe,   on   peut 


(  >4a6  ) 

constater  que  ces  deux  «  recherches  «  concourent  au  même  résultat,  à  sa- 
voir l'affirmation  de  la  loi  que  j'ai  déjà  formulée  dans  une  Note  précé- 
dente, sur  l'importance  de  l'étude  des  vallées.  « 

M.  E.  Martin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  «  Étude  électro- 
chimique sur  le  soufre,  le  carbone,  le  phosphore  et  les  états  allotropiques 
qui  leur  sont  attribués  ». 

Cette  Communication,  qui  fait  suite  à  un  précédent  travail,  présenté  en 
août  18^3,  «  Sur  un  principe  d'union  de  la  Chimie  universelle  »,  sera  ren- 
voyé à  la  Commission  nommée  pour  ce  dernier  travail,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Fremy,  Ch.  Robin,  Berthelot.  Sur  la  demande  de  l'auleur, 
on  renverra  également  à  la  même  Commission  un  Mémoire  présenté  par 
lui  en  mars  1870  :  k  Etude  électrochimique  sur  l'ozone  ». 

M.  Gillet-Damitte  adresse  l'observation  d'un  nouveau  fait,  constaté 
par  M.  E.  Masson  d'Andres,  attestant  l'efficacité  du  sirop  de  Galetja. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  G.  DE  CoNiNCK  adresse  des  observations  relatives  à  la  distribution 
des  saisons  à  la  surface  de  la  Terre  et  à  la  chaleur  émise  par  la  Lune. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Edm.  Becquerel.) 

M.  J.  Leconte  adresse  une  Note  relative  au  tremblement  de  terre  res- 
senti à  Barcelone  le  27  novembre  1873. 

L'auteur  conclut,  de  diverses  particularités  observées,  une  théorie  qui 
rattacherait  les  tremblements  de  terre  aux  phénomènes  électriques. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Edm.  Becquerel.) 

M.  Gui-LicH  adresse  une  Note  relative  à  un  nouveau  cylindre  moteur. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

M.  Bell-Pettiguew  soumet  au  jugement  de  l'Académie  divers  ouvrages 
écrits  en  anglais,  et  relatifs  à  la  locomotion  aérienne.  (Voir  le  détail  au 
Bulletin  bibliographique  du  22  décembre.) 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 


(  i4«7  ) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  KE  la  Guerre  informe  l'Académie  que  MM.  Cliasles  et 
Serret  sont  maintenus  Membres  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'Ecole 
Polytechnique,  pour  l'année  187/1,  ^"  litre  de  Membres  de  l'Académie  des 
Sciences. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Deux  volumes  de  M.  y4.  Guillemin,  intitulés  «  Phénomènes  de  la 
Physique  (2*  édition)  »,  et  «  Applications  de  la  Physique  aux  sciences,  à 
l'industrie  et  aux  arts  «  ; 

2"  Un  ouvrage  de  M.  L.  Moissenet,  intitulé  «  Études  sur  les  filons  du 
Cornwall;  parties  riches  des  filons;  structure  de  ces  parties  et  leurs  rela- 
tions avec  les  directions  des  systèmes  stratigraphiques  ».  Cet  ouvrage,  qui 
se  compose  d'un  volume  in-8°,  accompagné  d'un  Atlas  in-^",  est  le  déve- 
loppement du  Mémoire  présenté  par  l'auteur  dans  la  séance  du  i'^'  sep- 
tembre dernier  [Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  558); 

3°  La  publication,  faite  par  la  Commission  départementale  de  l'Hérault, 
des  «  Résultats  des  divers  procédés  de  guérison,  proposés  à  la  Commission, 
pour  combattre  la  maladie  de  la  vigne  caractérisée  par  le  Phylloxéra,  pro- 
cédés qui  ont  été  appliqués  dans  le  domaine  de  las  Sorres,  près  Montpel- 
lier ». 

ANALYSE.  —  Sur  les  polynômes  bilinéaires ;  par  M.  C.  Jordan. 

«  On  sait  qu'il  existe  une  infinité  de  manières  de  ramener  un  polynôme 
bilinéaire 

P=2AapXaJp  («=    I,  2,...,/2,  |3=    I,    2,...,«) 

à  la  forme  canonique 

(;n  étant  généralement  égal  à  7i,  mais  s'abaissaut  au-dessous  de  ce  nombre, 
si  le  déterminant  des  coefficients  A,,,...,  A„„  s'annide),  par  des  transfor- 
mations linéaires  opérées  sur  les  tleux  systèmes  de  variables  j:,,...,  x^, 

J'tT--)  J'ir 

•<  Mais  le  problème  de  la   réduction  à  la  forme  canonique  devient  dé- 


{  i4«8  ) 
terminé,  si  l'on  assujettit  à  certaines  restrictions  les  substitutions  linéaires 
à  opérer  sur  les  variables,  ou  si  l'on  considère  un  système  de  deux  poly- 
nômes bilinéaires. 

»  Parmi  les  diverses  questions  de  ce  genre  que  l'on  peut  se  proposer, 
nous  considérons  les  suivantes  : 

»  1°  Ramener  un  polynôme  bilinéaire  P  à  une  forme  canonique  simple 
par  des  substitutions  orthogonales  opérées  les  unes  sur  x,,...,  x,„  les 
autres  sur  j>,,...,  7„. 

»  2°  Ramener  P  à  une  forme  canonique  simple  par  des  substitu- 
tions linéaires  quelconques,  mais  opérées  simuUanéinenl  sur  les  x  et  sur 
les  j. 

»  3°  Ramener  simultanément  à  une  forme  canonique  deux  polynômes 
P  et  Q  par  des  substitutions  linéaires  quelconques,  opérées  isolément  sur 
cliacune  des  deux  séries  de  variables. 

»  Le  premier  de  ces  problèmes  est  nouveau,  si  nous  ne  nous  trompons. 
Le  deuxième  a  déjà  été  traité  (dans  le  cas  où  n  est  pair)  par  M.  Kronecker 
[iVonalshericht  du  i5  octobre  i866),  et  le  troisième  par  TM.  Weiersirass 
[ibicL,  i8  mai  i868);  mais  les  solutions  données  par  les  éminents  géo- 
mètres de  Berlin  sont  incomplètes,  en  ce  qu'ils  ont  laissé  de  côté  certains 
cas  exceptionnels  qui,  pourtant,  ne  manquent  pas  d'intérêt.  Leur  analyse 
est  en  outre  assez  difficile  à  suivre,  surtout  celle  de  M.  Weierstrass.  Les 
méthodes  nouvelles  que  nous  proposons  sont,  au  contraire,  extrêmement 
sin)ples  et  ne  comportent  aucune  exception. 

»  Problème  I.  —  On  voit  aisément  que  les  maxima  et  minima  de  P, 
pour  les  valeurs  de  x,,...,  x„,  et  dej,,...,  j„,  qui  satisfont  aux  relations 


a-: 


sont  les  racines  de  l'équation  caractéristique 


D 


-). 


An 

A,, 


o 
-X 

A,, 


Am 

A|2 

A2I 

A,,     ... 

.... 



-X 

0 

0 

-X     ... 

. . .. 



»  Cette  équation  ne  contient  que  des  puissances  paires  de  X,  et  ses  coef- 
ficients resteront  invariables,  quelque  s\iljstitution  orthogonale  que  l'on 
opère  sur  les  x  ou  sur  lesj'.  Soient  diX,,...,  dzX„  ses  racines.  On  pourra 


(   >489  ) 
ramener  P  à  la  forme  canonique 

Ce  résultat  ne  pourra  cire  obtenu  que  d'une  seule  manière  si  X,,...,  "k,,  sont 
distinctes;  d'une  infinité  de  manières  dans  le  cas  contraire.  Dans  l'un  et 
l'autre  cas  il  sera  aisé  de  calculer  les  transformations  qui  conduisent  au 
but. 

»   Problème  II.  —  On  peut  poser 

p  =  n  +  ri,, 

n  étant  une  fonction  symétrique  par  rapport  aux  deux  systèmes  de  va- 
riables x  etj-,  et  n,  changeant  au  contraire  de  signe  lorsqu'on  permute 
ces  deux  systèmes.  Soit  maintenant  T  la  forme  quadratique  obtenue  en 
posant  y,  =  x,,...,  j;„  =  a'„  dans  H.  On  pourra,  par  une  transformation 
convenable  opérée  sur  les  x,  ramener  T  à  une  somme  de  carrés 

x2+...  +  x2  {m  In), 

et,  en  opérant  cette  même  transformation  à  la  fois  sur  les  x  et  sur  les  )■, 
on  mettra  II  sous  la  forme 

Quant  à  II,,  il  sera  évidemment  de  la  forme 

n,  =  -  B,p(,r,  rp  -  ^p  n)      (j  z  ;;  ^;::;;  "  _  ,)• 

Il  reste  à  simplifier  cette  expression  par  une  substitution  linéaire  qui  n'al- 
tère pas  la  forme  réduite  déjà  obtenue  pour  H. 

»  Supposons,  pour  plus  de  généralité,  que  l'on  ait  m  <Cn,  et  considé- 
rons ceux  des  coefficients  Bo,p  pour  lesquels  «  et  p  sont  tous  deux  >•  m. 
Si  l'un  d'eux,  B„  „_(,  par  exemple,  diffère  de  zéro,  on  pourra  opérer  un 
changement  de  variables  qui  n'altère  pas  II  et  qui  réduise  II,  à  la  forme 
plus  simple 

n',  étant  de  même  forme  que  II,,  mais  ne  contenant  plus  les  variables  a7„_,, 
x„,j„_,,jn-  O'i  simplifiera  de  même  la  forme  de  U\,  s'il  y  a  lieu,  de  ma- 
nière à  avoir  finalement 

n,   =  X„J',i—,   —  X,i^i  2'n~^  •■■~^^n-2p+-2.X>'-'ip-i-l  ^n-2p+l  )  n-2p+2  ~t~  "21 

C.  R,,  1873,  2'  Semestre.  (T.LXXVU,  N"  23.)  '9"^ 


{  '490  ) 
n,  étant  de  la  forme 

et  les  coefficients  B^p  étant  nuls,  toutes  les  fois  qu'on  aura  simultanément 
a  >  7K,  |3  >  m. 

»  Considérons  maintenant  ceux  des  coefficients  B^fj  pour  lesquels  on 
a  u^  m,  ^  ^m.  Supposons,  pour  plus  de  généralité,  que  l'un  d'eux,  par 
exemple  B„_op  „„  soit  différent  de  zéro.  On  pourra,  par  une  substitution 
convenable,  qui  n'altère  pas  la  forme  de  n,  réduire  Ho  à  la  forme 

n'j  étant  de  même  forme  que  Ho,  mais  ne  contenant  plus  les  variables  x„, 

^11— 2/n  J  mi  Jn—lp' 

X   On  simplifiera  de  même  la  forme  de  Il'g  s'il  y  a  lieu,  et  l'on  aura  enfin 

11  2  =^  •^n—ipj  m  '       -^  mjn—2p  ~i~   •  •  •  ~t~  ^ n—'ip—q  J  m—q  '*' m—q ,1  n—2p—q  ~t~  ^*3) 

ITj  ne  contenant  plus  que  les  variables  x,, . . . ,  x„,_^_,,  j-,,. . . ,  ;>■„-?-)• 
»  Soit 

n3  =  zB.p(x.jp  -^pj„)         (J  =  ;;  ^;;_;;;  '"ZT')-     > 

Supposons  que  l'un  de  ses  coefficients,  B,2  par  exemple,  soit  ^o.  On 
déterminera  aisément  une  substitution  orthogonale  qui  n'altère  pas  n  et 
réduise  n,  à  la  forme  plus  simple 

A,{x.f,  —X,j:,)  +  n'a, 

A,  étant  une  constante  et  U\  ne  contenant  plus  les  variables  x, ,  .To,^,,  ^j. 
Si  l'un  des  coefficients  de  H',  n'est  pas  nul,  on  opérera  de  même,  de  ma- 
nière à  ramener  finalement  Ils  à  la  forme 

A,  (x,/,  —  a;,  7-2)  + A^Cx.jj  —  a'3j,)+...  -h  às{^2fri?->  —^■2p-if2f)- 

La  réduction  se  trouve  ainsi  terminée,  et  l'on  obtient  cette  proposition  : 

M  Un  polynôme  bilinéaire  peut  toujours  être  ramené,  par  une  substitution 
convenable  opérée  sur  les  deux  s/stènies  de  variables  x  et  j,  à  une  forme  telle, 
quelle  soit  la  somme  de  fondions  bilinéaires  de  l'une  des  formes  suivantes  : 

x,j,  +  x.j-.,  +  A(.r2j,  -  x,;-n), 

*^mj  m  "î"  ^  n~2pj  m  "^m  /  fi—2p* 


(  '49'  ) 
»  Chacune  de  ces  fonctions  partielles  contient,  comme  on  le  voit,  deux 
ou  quatre  variables. 

Problème  III.  —  Posons 

p  et  q  étant  des  constantes  déterminées  par  la  condition  que  R  ait  son 
déterminant  nul.  Choisissons  les  variables  de  manière  à  ramener  R  à  sa 
forme  canonique 

jf,y,-i-...  +.r,„j,„  (/?2</z). 

))  On  voit,  par  une  discussion  très-simple,  que  l'on  peut  transformer  les 
variables  de  manière  à  ne  pas  altérer  la  forme  de  R  et  à  mettre  Q  sous  la 
forme  Db  +  ^,  iil  étant  de  l'une  des  trois  formes  suivantes  : 

ift,  =  XY, 

olb  =  Xjr,  -4- J",jr2  +...-+-  J"a-)Ja,  {k  =  m), 

Dî,  =  X/,  +  j:,  jo  -f- . . .  +  Xi_,  ri-  +  ^k'^' 

où  X,  Y  sont  des  variables  non  contenues  dans  R,  et  ^  ne  contenant  aucune 
des  variables  qui  figurent  dans  m,  ni  la  variable  jl-^. 

»  Donc,  pour  ramener  à  une  forme  simple  P  et  Q,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  R  et  Q,  il  suffira  de  ramener  à  une  forme  simple  les  fonctions 
<£  =  Xk+sjk+i  +  .  •  ■  +  x,„y,n  et  ^,  qui  contiennent  moins  de  variables  que 
les  proposées. 

»  Le  cas  considéré  par  M.  Weierstrass  est  celui  où,  parmi  les  fonctions 
de  la  forme  />P  +  çQ,  il  en  est  une  dont  le  déterminant  ne  soit  pas  nul. 
Nous  montrons  que,  dans  ce  cas,  la  réduction  simultanée  des  deux  fonc- 
tions P  et  Q  est  lui  problème  identique  à  celui  de  la  réduction  d'une  sub- 
stitution linéaire  à  sa  forme  canonique.    » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  conslilution  pli/sique  du  Soleil.  Réponse  aux  critiques 
de  M.  Faye.  Note  de  M.  E.  Vicaire.  (Extrait.) 

«  Les  critiques  formulées  par  M.  Faye,  au  sujet  des  idées  que  j'ai  émises 
sur  la  constitution  du  Soleil,  portent  en  premier  lieu  sur  la  méthode  que 
j'ai  suivie.  L'éminent  astronome  suppose  que,  ayant  adopté  de  prime  abord 
une  hypothèse  tirée  par  analogie  de  quelques  faits  géologiques,  je  l'ai  pu- 
rement et  simplement  appliquée  au  Soleil,  sauf  à  arranger  les  faits  suivant 
les  besoins  de  la  cause.  A  part  ce  dernier  point,  on  pourrait  soutenir  que 
c'est  là  une  méthode  fort  acceptable,  surtout  si  l'on  considère  que  l'hypo- 

193.. 


(  >492  ) 
thèse  géologique  dont  il  s'agit  repose  sur  des  faits  nombreux,  et  que  l'ana- 
logie entre  l'histoire  de  la  Terre  et  celle  du  Soleil  est  une  conséquence 
nécessaire  de  l'hypothèse  nébulaire  de  Laplace,  point  de  départ  de  M.  Faye 
lui-même.  Mais,  en  réalité,  j'ai  procédé  autrement,  ainsi  que  cela  résulte 
du  IMémoire  que  j'ai  présenté  à  l'Académie  le  26  août  1872  et  dont  un 
Extrait  figure  aux  Comptes  rendus. 

y>  J'ai  démontré  d'abord  l'impossibilité  d'expliquer  les  taches  et  les 
autres  détails  de  la  surface  solaire  sans  admettre  l'existence  d'un  noyau 
moins  chaud  et  moins  lumineux  que  celte  surface.  J'en  ai  conclu  que  le 
rayonnement  de  la  photosphère  ne  peut  pas  être  entretenu  par  de  la  cha- 
leur emmagasinée  dans  la  masse  de  l'astre,  mais  seulement  par  une  cause 
actuelle  de  la  chaleur;  puis  je  suis  arrivé  à  reconnaître  que  la  masse  inté- 
rieure ne  peut  être  ni  gazeuse  ni  solide,  mais  bien  liquide.  Jusque-là,  j'ai 
lâché  de  procéder  uniquement  par  voie  de  raisonnement  rigoureux,  et 
je  crois  avoir  le  droit  de  dire  conune  M.  Faye,  et,  sauf  erreur  de  ma  part, 
avec  plus  de  fondement,  que  je  n'ai  pas  fait  d'hypothèse. 

»  Dans  mes  dernières  Communications,  poussant  plus  loin  celte  étude, 
j'admets  que  la  cause  actuelle  qui  entretient  la  haute  température  de  la 
photosphère  est  une  combustion.  Peut-être,  en  passant  en  revue  toutes  les 
causes  imaginables,  et  procédant  par  élimination,  arriverait-on  à  voir  là 
encore  une  conclusion  obligatoire;  mais,  si  l'on  préfère  y  voir  une  hypo- 
thèse qu'il  faudra  vérifier  par  ses  conséquences,  je  ne  chercherai  pas  à  m'en 
défendre;  car  il  est,  je  crois,  impossible  de  traiter  une  question  comme 
celle  de  la  constitution  du  Soleil  sans  entrer,  à  un  moment  donné,  dans 
cette  voie.  Comme  garantie  que  je  ne  me  suis  pas  écarté,  en  cette  circon- 
stance, d'une  saine  méthode  scientifique,  je  puis  invoquer  de  la  manière  la 
plus  directe  l'imposante  autorité  de  Newton.  En  eifet,  après  avoir  formulé 
la  deuxième  de  ses  quatre  règles  physiologiques,  savoir  :  «  Qu'aux  effets 
»  naturels  de  même  genre  il  faut  assigner  les  mêmes  causes  autant  que 
»  possible  )),  Newton  l'applique,  à  titre  d'exemple,  au  Soleil,  dont  la  lu- 
mière, selon  lui,  doit  avoir  la  même  cause  que  celle  de  nos  foyers  :  Uli... 
lucis  in  igné  cuUnari  et  in  sole  (1). 

»  Ce  point  admis,  tout  le  reste  suit  presque  forcément.  Au  commence- 
ment de  mes  recherches,  imbu  des  idées  qui  ont  cours  siu'  l'impossibilité 
d'une  vaste  atmosphère  autour  du  Soleil,  j'avais  cherché  à  trouver  dans  le 
globe  solaire  lui-même  les  deux  termes  de  la  combustion:,  je  le  supposais 

(i)   Pline,  math,,  iib,  tertius,  Rcgulœ philusophaudi. 


(  '493  ) 
formé  d'un  mélange  de  matières,  les  unes  combustibles,  les  autres  riches 
en  oxygène,  comme  serait  lui  globe  de  poudre  à  canon  brûlant  dans  le 
vide.  Les  difficultés  de  cette  hypothèse  me  la  firent  abandonner,  et  cela  ré- 
pond en  partie  au  reproche  que  me  fait  M.  Faye,  de  plier  les  faits  à  mes 
conceptions. 

»  Je  fus  conduit  alors  à  reprendre  la  question  de  l'atmosphère  solaire; 
je  reconnus  l'insuftisancc  des  objections  qui  en  ont  fait  rejeter  l'idée, 
et  la  facilité  avec  laquelle  elle  explique  les  phénomènes  mystérieux  de  la 
lumière  zodiacale,  des  comètes,  de  la  force  ascensionnelle  des  protubé- 
rances; je  fus,  en  outi-e,  frappé  de  l'analogie  qui  se  présentait  avec  les 
conclusions  de  la  Géogénie,  analogie  qui  n'est  donc  pas  mon  point  de  dé- 
part, mais  une  vérification  précieuse  ou  plutôt  nécessaire. 

»  Voilà  pour  la  méthode.  Quant  aux  résultais  auxquels  elle  m'a  con- 
duit, les  objections  de  M.  Faye  sont  de  deux  sortes  :  il  y  a  des  objections 
générales,  principalement  d'ordre  mécanique,  et  des  objections  de  détail, 
relatives  aux  divers  phénomènes  de  la  surface  solaire.  Je  serai  bref  sur 
ces  dernières,  car  une  lecture  attentive  des  exjjlications  que  j'ai  déjà  don- 
nées suftlra  ,  je  crois,  aux  personnes  que  la  question  intéresse  ,  pour 
trouver  la  réponse  à  la  plupart  des  objections.  Elles  verront,  par  exemple, 
que  je  n'ai  jamais  parlé  de  nappes  de  scories  formées  dans  la  photosphère. 
J'ai  parlé  de  masses  plus  ou  moins  volumineuses,  suivant  l'abondance  des 
matériaux,  leur  fusibilité,  l'épaisseur  locale  de  la  photosphère,  etc.  J'ai 
dit  expressément  que,  pour  les  taches  de  quelque  étendue,  la  nn|îpe  sco- 
riacée se  forme  à  la  surface  même  du  noyau  liquide,  par  l'entassement  de 
blocs  tombés  dans  la  même  région.  Je  n'ai  parlé  nulle  part  d'un  mouve- 
ment des  taches  vers  l'équateur;  quant  à  la  relation  entre  la  vitesse  des 
taches  sur  chaque  parallèle  et  le  nombre  des  taches  ou  protubérances  qui 
s'y  produisent  (mais  non  qui  y  existent  actuellement,  connue  M.  Faye  l'a 
compris),  ce  n'est  point  arbitrairement  que  je  l'ai  admise.  J'ai  pris,  dans 
un  tableau  publié  par  M.  Faye,  d'après  M.  Carrington,  d'une  part  les  vi- 
tesses et  d'autre  part  les  nombres  de  lâches  aux  diverses  latitudes;  j'en  ai 
formé  des  courbes  et  j'ai  trouvé  une  analogie  frai)panle  dans  la  manière 
dont  les  ordonnées  de  ces  courbes  varient  avec  la  latitude. 

»  J'ajouterai  que,  s'il  m'était  donné  de  répéter  devant  M.  Faye  les  expé- 
riences fort  simples  que  j'ai  décrites,  il  acquerrait  la  conviction  que  mes 
taches  ne  sont  pas  dépourvues  de  pénombre  et  qu'un  jet  de  gaz  normal 
à  une  flamme  peut  y  produire,  suivant  sa  vitesse,  un  trou  noir  ou  un  ren- 
forcement. 


(  ^W^  ) 

»  Je  passe  aux  objections  générales. 

»  La  première  est  l'incompatibilité  prétendue  de  ma  théorie  avec  l' hy- 
pothèse nébulaire  de  Laplace.  Sans  examiner  s'il  n'y  a  pas  là  quelque 
contradiction  avec  le  reproche  que  M.  Faye  me  fait,  d'autre  part,  d'avoir 
pris  pour  base  une  hypothèse,  je  ne  ferai  aucune  difficulté  d'avancer  que 
je  me  suis  d'abord  préoccupé  uniquement  d'expliquer  les  phénomènes 
actuels.  Ce  n'est  qu'en  second  lieu  que  j'ai  abordé  la  question  d'origine, 
Je  ne  suis  pas  encore  en  mesure  de  la  traiter  explicitement;  mais  je  puis 
indiquer  le  principe  à  l'aide  duquel  j'espère  me  rattacher  aux  idées  qui 
sont  généralement  admises  aujourd'hui  sur  la  formation  du  système  so- 
laire. 

»  Primitivement,  une  température  énorme  maintenait  les  élériients  de  la 
nébuleuse  solaire  à  l'état  de  gaz  dissociés.  A  mesure  qu'elle  se  refroi- 
dissait, des  combinaisons  ont  pu  commencer  à  se  former;  en  même  temps, 
la  pression  croissait  au  centre,  puisque  le  rapprochement  des  parties  aug- 
mentait l'intensité  de  la  pesanteur.  A  un  moment  donné,  une  conden- 
sation a  pu  avoir  lieu,  soit  qu'une  combinaison  fixe  se  lût  produite,  soit 
par  l'effet  de  la  pression.  Le  noyau  ainsi  formé  à  la  température  de  la 
nébuleuse,  ayant  un  pouvoir  rayonnant  beaucoup  plus  graiid,  a  dû  se 
refroidir  bien  vite  et  parla  accélérer  énergiquement  la  condensation.  Que 
les  métaux  ou  des  corps  tels  que  les  hydrocarbures  se  soient  condensés 
les  premiers,  tandis  que  l'oxygène  restait  dans  l'enveloppe  gazeuse,  il  n'y 
a  rien  là  que  de  très-naturel.  Plus  tard,  un  moment  est  venu  où  un  phéno- 
mène inverse  a  commencé  à  se  produire,  c'est-à-dire  la  combustion  du 
noyau  central  :  c'était  la  période  stellaire. 

»  Avant  cette  série  de  phénomènes,  la  masse  formait  sans  doute  une 
nébuleuse  irrégulière  ou  instable  (résoluble?),  dont  les  éléments  incohé- 
rents, en  se  précipitant  les  uns  sur  les  antres,  ont  développé  une  chaleur 
intense.  C'est  alors  qu'elle  a  passé  à  l'état  de  nébuleuse  ronde  ou  elliptique, 
avec  condensation  croissant  au  centre,  puis  à  l'élat  d'étoile  nébuleuse  et 
enfin  d'étoile. 

»  Cette  théorie  n'est  donc  pas  seulement  conforme  aux  lois  de  la  Phy- 
sique; elle  s'accorde  avec  les  faits  que  nous  révèle  l'inspection  du  ciel 
étoile.  La  contraction  eu  bloc  qu'admet  ]\L  Paye  exclut  toutes  ces  analo- 
gies. Il  est  d'ailleurs  absolument  inadmissible  que  cette-  contraction  ait 
été,  comme  le  pense  l'éminent  astronome,  accompagnée  d'un  échauffe- 
ment. 

»   La  théorie  que  je  propose  ne  s'accorde  pas  moins  bien  avec  les  con- 


(  '''195  ) 
sidérations  géologiques  de  M.  le  D'  Blandet.  Par  le  rapprochement,  on 
voit  que  la  période  stellaire  du  Soleil  a  dû  commencer  vers  la  fin  de  l'his- 
toire géologique  de  notre  globe. 

»  Il  est  d'ailleurs  évident  que  le  noyau  central  a  dû  prendre  une  rota- 
tion plus  rapide  que  celle  de  l'enveloppe,  puisque  les  matières  qui  s'y  ras- 
semblaient conservaient,  an  moins  en  partie,  leur  vitesse  initiale.  Si  cet  état 
de  choses  subsiste  encore  dans  le  Soleil,  malgré  le  frottement,  c'est  que  les 
phénomènes  éruptifs,  taches  et  protiil)éranccs,  par  la  force  d'impulsion 
qu'ds  produisent  et  qui  se  manifeste  à  nous  par  un  accroissement  de  vitesse 
vers  l'équaleur,  compensent  cette  action  retardatrice. 

»  Quant  à  l'assimilation  de  la  lumière  zodiacale  à  une  atmosphère  du 
Soleil,  je  serais  tenté  de  dire  que  l'identité  du  plan  de  symétrie  de  cette 
nébulosité  avec  le  plan  de  l'éqnateur  solaire  forme,  à  elle  seule,  une  dé- 
monstration saisissante.  Que  si,  poiu'  la  foiniation  de  la  queue  des  comètes, 
il  faut  qu'elle  dépasse  l'orbite  de  Mars,  je  vois  là  aussi  bien  une  preuve 
qu'iuie  objection,  puisque  déjà  la  partie  qui  est  assez  dense  pour  être  vi- 
sible dépasse  l'orbite  terrestre. 

»  Enfin  les  difficultés  que  peut  soulever  la  présence  de  quatre  gros.ses 
planètes,  d'un  satellite,  etc.,  au  milieu  de  celte  atmosphère,  se  résolvent 
par  une  question  de  densité  relative,  ainsi  que  M.  Faye  l'a  monti'é  à  propos 
de  sa  force  répulsive.  Les  mêmes  considérations  s'appliquent  ici,  sans  chan- 
gement aucun. 

»  Reste  la  question  de  la  durée  du  Soleil  dans  sa  phase  stellaire.  Elle 
fera,  si  l'Académie  veut  bien  me  le  permettre,  l'objet  d'une  Communication 
spéciale.  » 

OPTiQUlî.  —  Note  sur  un  procédé  destiné  à  mesurer  l' intensité  relative  des  élé- 
ments constitutifs  des  différentes  sources  lumineuses  ;  par  M.  H.  Trannin. 

(c  On  sait  quelles  difficultés  on  rencontre  quand  on  veut  mesurer  les 
intensités  relatives  des  diverses  sources  lumineu.ses,  à  cause  de  leurs  colo- 
rations différentes.  En  outre,  on  est  dans  une  ignorance  absolue  sur  la  com- 
position de  ces  sources  lumineuses,  sous  le  rapport  des  couleurs  simples 
qui  les  constituent,  j)arce  que  la  comparaison  des  spectres  de  ces  lumières 
crée  pour  l'œil  une  épreuve  Irès-délicate  et  très-difficile,  et  qui  n'a  donné 
jusqu'à  présent  aucun  résultat  certain. 

»  Dans  le  travail  que  je  poursuis,  je  me  suis  proposé  de  comparer  les 
diverses  couleurs  simples  par  un  procédé  indépendant  du  jugement  direct 


(   1496  ) 
de  l'œil,  en  suivant  une  marche  qui  n'est  pas  sans  quelque  analogie  avec 
celle  qu'a  imaginée  M.  Wilcl,  dans  ses  recherches  photométriques. 

»   Mou  appareil  se  compose  : 

»  i°De  deux  petits  prismes  rectangles  à  réflexion  totale,  superposés  et 
tournés  en  sens  inverse,  de  manière  à  renvoyer  dans  la  même  direction,  et 
l'un  au-dessus  de  l'autre,  les  faisceaux  lumineux  émanant  des  deux  lumi- 
naires placés  départ  et  d'autre  de  ces  prismes,  sur  une  ligne  qui  est  per- 
pendiculaire à  l'axe  commun  du  double  faisceau  réfléchi  sur  les  faces  hy- 
poténuses. 

»  2°  Ces  prismes  sont  placés  devant  une  fente  étroite,  dont  la  hauteur 
est  ainsi  partagée  en  deux  parties,  en  général  différemment  éclairées.  Der- 
rière la  fente,  se  trouve  un  collimateur  qui  rend  parfaitement  parallèles  les 
rayons  émanant  des  deux  sources  lumineuses;  ces  rayons  traversent  en- 
suite successivement  un  polariseur  dont  la  section  principale  est  verticale; 
une  plaque  de  quartz,  de  i  centimètre  d'épaisseur  environ,  parallèle  àl'axe, 
et  dont  la  section  principale  fait  un  angle  de  45  degrés  avec  celle  du  pola- 
riseur; enfin,  un  prisme  de  Rochon  ou  de  Wollaston,  ayant  sa  section  prin- 
cipale parallèle  à  celle  du  polariseur,  et  par  conséquent  verticale. 

»  3°  Le  prisme  dispersif  et  la  lunette  d'un  spectroscope  reçoivent  fina- 
lement les  rayons  lumineux. 

»  Le  prisme  de  Rochon,  outre  qu'il  agit  comme  analyseur,  dédouble 
fortement  chacun  des  faisceaux  lumineux  placés  l'un  au-dessus  de  l'autre, 
et  l'on  arrive  ainsi  à  faire  coïncider  le  faisceau  ordinaire  d'une  des  sources 
avec  le  faisceau  extraordinaire  émanant  de  l'autre  source.  Or,  en  général, 
chacun  des  faisceaux  élémentaires  sortant  de  la  lame  de  quartz  est  polarisé 
elliptiquement,  et  l'on  sait  que  celte  espèce  de  limiière,  après  avoir  tra- 
versé un  analyseur  biréfringent  quelconque,  donne  deux  faisceaux  d'inten- 
sités inégales,  polarisés  à  angle  droit,  mais  dont  la  somme  est  constante  et 
égale  à  la  somme  des  carrés  des  vitesses  parallèles  aux  deux  axes  de 
l'ellipse. 

»  Le  faisceau,  après  avoir  traversé  le  prisme  de  Rochon,  donnera  donc 
au  foyer  de  la  lunette  un  spectre  formé  de  plusieurs  bandes  horizontales; 
celle  du  milieu  sera  due  à  la  superposition  du  faisceau  ordinaire  venant 
d'une  partie  de  la  fente  avec  le  faisceau  extraordinaire  venant  de  l'autre 
partie,  et  par  suite  sera  pour  l'œil  cotnme  si  elle  était  complètement  dépo- 
larisée, si  ces  deux  portions  sont  éclairées  également.  On  verra  alors  au-des- 
sus et  au-dessous  de  cette  région  moyenne  deux  spectres  cannelés,  les 
franges  obscures   de   l'im  alternant  avec  celles  de  l'autre,   et,    entre  les 


(  '497  ) 
deux,  la  bande  lutiiineiise  moyenne  sans   aucune  frange,  si  les  deux  par- 
ties de  la  fente  reçoivent  des  lumières  semblablement  composées  et  d'in- 
tensités égales. 

»  Si  cette  égalité  pour  une  partie  déterminée  du  spectre  n'existe  pas,  les 
franges  devront  apparaître  de  nouveau  dans  cette  partie,  et  l'on  pourra  les 
faire  disparaître  en  diminuant  l'intensité  du  faisceau  prédominant  :  il  suf- 
fira, pour  cela,  d'éloigner  l'une  des  lumières  du  prisme  à  réflexion  totale 
correspondant,  ou  d'interposer,  entre  l'œil  et  l'oculaire,  un  Nicol  tour- 
nant au  centre  d'un  cercle  divisé. 

»  Le  système  des  prismes  employés  pour  la  dispersion,  polarisant  légè- 
rement la  lumière  dans  un  plan  perpendiculaire  à  la  section  principale  de 
ces  derniers,  on  doit  corriger  cette  cause  d'erreur,  soit  avec  une  glace  in- 
clinée, comme  l'ont  fait  MM.  Fizeau  et  Foucault,  ou  bien  en  faisant  deux 
observations  successives,  après  avoir  fait  tourner  le  Rochon  de  i8o  degrés. 

»  Je  n'ai  pas  encore  terminé  complètement  l'installation  de  l'appareil 
dont  je  compte  me  servir,  mais  les  essais  préliminaires  que  j'ai  déjà  faits 
d'après  cette  méthode  ont  complètement  réussi  et  me  font  espérer  que  je 
pourrai  arriver  à  résoudre  ainsi  une  des  questions  qui  me  semblent  des 
plus  importantes  dans  la  photométrie. 

»  Je  crois  pouvoir  aussi,  en  suivant  la  même  voie,  arriver  à  déterminer, 
avec  plus  de  précision  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'à  ce  jour,  les  pouvoirs  absor- 
bants des  milieux  colorés.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  De  la  composition  chimique  de  certains  parenchymes  des 
végétaux.  Note  de  M.  Maudet,  présentée  par  M.  Fremy  (Extrait.) 

«  On  a  admis,  pendant  longtemps,  d'après  les  travaux  de  Payen,  que 
le  squelette  des  végétaux  est  formé  principalement  de  cellulose  et  d'une 
substance  indéterminée,  qui  a  été  désignée  sous  le  nom  de  matière  incrus- 
tante. Il  résulte  des  recherches  de  RI.  Fremy  que  ces  tissus  sont  beaucoup 
plus  complexes  qu'on  ne  pensait.  On  y  trouve  un  certain  nombre  de  sub- 
stances isomériques,  que  M.  Fremy  a  désignées  sous  le  nom  de  corps  cellu- 
losiques, et  que  l'on  peut  distinguer  les  uns  des  autres  par  quelques  réactifs 
assez  simples.  Il  existe,  en  outre,  dans  le  tissu  des  végétaux,  une  série  de 
corps  absolument  différents  des  précédents,  par  leur  composition  et  leurs 
propriétés  générales,  et  que  M.  Fremy  a  nommés  corps  épiancjioliques.  On 
rencontre  ces  derniers,  en  proportions  variables,  dans  le  tissu  ligneux,  dans 
les  vaisseaux,  dans  le  liège  et  dans  les  cuticules. 

C.  R.,  1873,  a*  Semestre.  (T.  LXXVIl,  N«  itS.)  '  9^ 


(  i498  ) 

»  Ces  différents  corps  étant  bien  spécifiés,  M.  Freiny  a  pensé  qu'il  serait 
enfin  possible  d'aborder  l'analyse  quantitative  des  différents  tissus  des  vé- 
gétaux. C'est  ce  travail  d'analyse  quantitative  que  M.  Fremy  a  commencé, 
en  collaboration  avec  M.  Terreil.  Ces  deux  chimistes  ont  fait  connaître  une 
méthode  qui  permet  de  doser  les  principes  élémentaires  qui  forment  le 
tissu  ligneux. 

»  Suivant  les  indications  qu'a  bien  voulu  me  donner  M.  Fremy,  à  qui  je 
suis  heureux  d'exprimer  ici  ma  vive  gratitude,  j'ai  entrepris,  dans  son  labo- 
ratoire du  Muséum,  un  travail  de  même  nature  sur  les  parenchymes  qui 
existent  dans  les  moelles,  les  écorces,  les  feuilles,  les  fleurs,  les  fruits,  etc. 
Le  papier  de  riz  (moelle  de  V Aralia  papyrifera)  et  la  moelle  de  sureau 
offrant  ces  parenchymes  dans  un  grand  état  de  pureté,  c'est  sur  ces  tissus 
que  mes  recherches  ont  principalement  porté.  Je  résumerai  ici,  en  peu  de 
mots,  les  résultats  principaux  de  cette  étude. 

»  Le  papier  de  riz  est  essentiellement  formé,  d'après  mes  observations, 
de  deux  parties  bien  différentes:  l'une  se  compose  de  corps  cellulosiques, 
l'autre  de  principes  pectiques. 

»  Les  corps  cellulosiques  sont  de  deux  espèces:  l'un  se  dissout  immé- 
diatement dans  le  réactif  ammoniaco-cuivrique:  c'est  la  cellulose  de  Payen.; 
l'autre  ne  devient  soluble  dans  ce  réactif  qu'après  l'action  de  la  potasse, 
des  acides  étendus,  du  chlorure  de  zinc,  ou  sous  l'influence  de  la  chaleur. 
C'est  cette  dernière  substance  que  M.  Fremy  a  désignée  sous  le  nom  de 
mêduUose. 

»  Les  principes  pectiques  du  papier  de  riz  sont  principalement  le 
pectate  de  chaux  et  la  pectose.  Le  pectate  de  chaux  joue,  dans  ce  tissu, 
un  rôle  physiologique  qui  avait  été  déjà  signalé  par  Payen.  Il  sert  à 
relier  entre  elles  les  cellules  du  tissu,  et  à  tel  point  que,  lorsqu'on  détruit 
le  pectate  de  chaux  par  les  réactifs,  le  tissu  du  papier  de  riz  se  trouve  im- 
médiatement désagrégé,  et  les  cellules  isolées  nagent  dans  le  liquide. 

»  Toutes  les  moelles  sont  loin  de  présenter  la  même  composition  chi- 
mique. C'est  ainsi  que  la  moelle  de  sureau  ne  contient  pas  sensiblement 
de  pectate  de  chaux;  mais  on  y  trouve  en  abondance  une  de  ces  substances 
épiangiotiques  qui  existent  dans  le  bois,  et  que  M.  Fremy  désigne  sous  le 
nom  de  vasculose.  Cette  substance  est  insoluble  dans  S0',2H0;  elle  se 
dissout  dans  l'acide  azotique,  dans  le  chlore  et  dans  les  lessives  de  potasse 
concentrées,  agissant  sous  pression. 

»  3e  me  contenterai  de  dire  ici  que,  en  appliquant  à  Faiialyse  quanti- 
tative l'étude  complète  que  j'ai  faite  des  éléments  précédents,  il  m'a  été 


(  i499  ) 
possible,  par  l'emploi  d'un  certain  nombre  de  réactifs  simples,  de  déter- 
miner avec  quelque  exactitude  la  composition  inmiédiate  des  parenchymes, 
comme  MM.  Fremy  et  Terreil  avaient  fait  précédemment  pour  les  tissus 
ligneux. 

»  Les  composés  pectiques  ont  été  dosés,  en  opérant  leur  solution  par 
un  traitement  à  la  potasse  bouillante.  La  proportion  de  pectate  de  chaux, 
en  particulier,  a  été  déterminée  en  faisant  agir  sur  le  parenchyme,  d'abord 
de  l'acide  chlorhydrique  très-étendu,  qui  opérait  la  décomposition  du  sel, 
et  ensuite  l'ammoniaque,  qui  dissolvait  l'acide  pectique. 

»  Les  corps  cellulosiques  ont  été  dosés  en  débarrassant  le  parenchyme 
des  composés  pectiques,  par  un  traitement  à  la  potasse  bouillante  et  à 
l'acide  chlorhydrique  très-étendu.  La  proportion  de  médullose  a  été  dé- 
terminée en  séparant  d'abord  toute  la  cellulose  immédiatement  soluble 
dans  le  réactif  ammoniaco-cuivrique  ;  les  composés  pectiques  qui  ont 
résisté  ont  été  enlevés  par  la  potasse  bouillante.  Il  reste  alors  de  la  mé- 
dullose, qui  a  été  transformée  en  cellulose  soluble  par  l'action  des  acides 
et  des  alcalis. 

»  Quant  à  la  vmculose  cjui  existe  dans  la  moelle  de  sureau  principale- 
ment, j'en  ai  déterminé  la  proportion,  soit  en  la  dissolvant  dans  le  chlore 
ou  l'acide  azotique,  soit  en  la  séparant  des  principes  cellulosiques  au 
moyen  de  S0%  2HO.  Ces  réactifs  énergiques  ont  été  employés  avec  des 
précautions  qui  préservaient,  autant  que  possible,  de  l'altération,  les 
éléments  que  je  me  proposais  de  doser. 

»  Dans  l'analyse  des  parenchymes  de  certaines  moelles,  et  surtout  dans 
celle  de  la  moelle  de  sureau,  j'ai  encore  rencontré  la  substance  cellulo- 
sique, la  plus  stable  de  toutes,  qui  ne  devient  soluble  dans  le  réactif 
ammoniaco-cuivrique  qu'après  l'action  du  chlore,  de  l'acide  azotique  ou 
de  la  potasse  sous  pression,  et  que  M.  Fremy  a  désignée  sous  le  nom  de 
fibro&e. 

»  On  me  permettra  de  signaler  ici  un  fait  qui  me  paraît  curieux  :  j'ai 
reconnu  que  les  actions  chimiques  qui  transforment  la  fibrose  ou  la  mé- 
dullose en  cellulose  soluble  sont  justement  celles  qui  produisent  les  altéra- 
tions ou  les  transformations  des  corps  épiangiotiques  et  des  composés 
pectiques  qui  accompagnent  ces  sortes  de  celluloses  dans  le  tissu  végétal. 
Ne  pourrait-on  pas  en  conclure  que  cette  fibrose  et  cette  médullose  sont 
de  la  cellulose  unie  plus  ou  moins  intimement,  par  affinité  capillaire,  aux 
corps  épiangiotiques  et  pectiques? 

»  Je  donnerai,   en  terminant,  la  composition    moyenne   d'un   paren- 

'94" 


(  i5oo  ) 

chyme,  tel  que  celui  du  papier  de  riz,  qui  est  caractérisé  par  la  présence 
du  pectate  de  chaux. 

»  Ce  tissu  contient  de  47  à  oo  pour  loo  de  corps  cellulosiques,  et  5o  à 
53  pour  loo  de  composés  pecliques. 

»  Les  corps  cellulosiques  sont,  principalement,  la  cellulose  de  Payen 
et  la  médullose.  Ces  deux  corps  se  trouvent  ordinairement  dans  le  rapport 
de  37  pour  100  de  cellulose  et  10  pour  100  de  médullose. 

»  Les  composés  pectiques,  solubles  dans  la  potasse,  sont  formés  prin- 
cipalement de  peclato  de  chaux,  qui  s'y  trouverait  dans  la  proportion  de 
35  à  4°  pour  100.  Le  résidu  de  10  à  i5  pour  100,  également  soliible  dans 
la  potasse,  paraît  être  surtout  formé  de  pectose. 

))  J'ni  dit  que  la  moelle  de  sureau  ne  contient  pas  sensiblement  de 
composés  pectiques,  mais  qu'on  y  trouve  un  corps  épiangiotique,  qui 
est  de  la  vasculose  et  dont  la  proportion  est  de  aS  à  3o  pour  100. 

»  Ces  déterminations  analytiques  présentent  de  grandes  difficultés,  et  je 
ne  les  donne  pas  comme  absolument  exactes  :  seulement  elles  démontrent 
que  le  tissu  ligneux,  dont  les  éléments  ne  pouvaient  pas  être  dosés  autre- 
fois, peuvent  être  aujourd'hui  appréciés  d'une  manière  approximative. 

»  Il  est  curieux  de  voir  des  corps  auxquels  on  assigne  le  même  rôle 
physiologique  présenter  une  composition  chimique  aussi  dissemblable. 
L'un,  le  papier  de  riz,  se  rapproche,  par  sa  composition,  du  parenchyme 
des  écorces  ;  l'autre,  la  moelle  de  sureau,  paraît  constitué  comme  le  bois 
lui-même.  Ces  deux  espèces  de  moelle  se  trouvent  dans  un  grand  nombre 
de  végétaux.    » 

CHIMIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  préparation  du  kermès;  action  des 
carbonates  alcalins  et  des  bases  alcalino-terreuses  sur  le  sulfure  d'antimoine. 
Note  de  M.  A.  Terreil,  présentée  par  M.  Fremy. 

«  En  poursuivant  mes  recherches  sur  les  composés  de  l'antimoine,  je 
me  suis  occupé  de  la  préparation  du  kermès;  dans  celte  étude,  j'ai  été 
frappé  des  irrégularités  qu'on  observe,  dans  cette  préparation,  relati- 
vement à  la  quantité  de  produit  qu'on  obtient,  lorsqu'on  emploie  du 
carbonate  de  soude  ou  du  carbonate  de  potasse,  ou  lorsqu'on  opère  par 
voie  humide  ou  par  voie  sèche.  J'ai  recherché  les  causes  de  ces  irrégulari- 
tés en  comparant  l'action  des  carbonates  de  potasse  et  de  soude  purs  sur 
le  sulfure  d'antimoine,  quand  on  agit  par  voie  sèche  et  par  voie  humide; 
j'ai  également  examiné  l'action  des  bases  alcalino-terreuses  hydratées  sur 


(  i5oi  ) 

le  même  sulfure.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  recherches  que  je  résume  ici  : 

jo  p,j,.  Yoie  humide,  pour  produire  le  kermès,  par  l'action  du  carbonate 
alcalin  sur  le  sulfure  d'antimoine,  il  faut  que  le  carbonate  soit  décom- 
posé en  acide  carbonique  et  en  alcali;  ce  dernier  passe  en  partie  à  l'état  de 
sulfosel  d'antimoine,  et  en  partie  à  l'état  d'antimonite.  Le  sidfosel  en 
dissolution  bouillante  dissont  un  excès  de  sulfure  d'antimoine,  et  c'est  cet 
excès  de  sulfure  dissous  qui  se  reprécipile  mélaugé  d'antimonite  peu  so- 
luble  et  qui  constitue  le  liermès.  Le  carbonate  de  soude  seul  peut  pro- 
duire celte  réaction. 

»  2°  Le  carbonate  de  potasse  n'est  point  décomposé,  par  voie  humide, 
par  le  sulfure  d'antimoine;  ou  n'obtient  donc  dans  ce  cas  ni  kermès  ni 
sulfosel  d'antimoine  avec  le  carbonate  de  potasse.  Ce  caractère,  tout  à  fait 
inattendu,  permet  de  constater  la  présence  de  la  soude,  même  en  quantité 
infiniment  petite,  dans  les  carbonates  de  potasse  du  tartre  et  dans  le  bicar- 
bonate de  potasse,  sels  que  l'on  considère  comme  purs  et  avec  lesquels 
j'ai  toujours  obtenu  des  quantités  plus  ou  moins  grandes  de  kermès,  selon 
leur  degré  de  pureté.  J';ijouterai  que,  dans  ce  cas,  la  quantité  de  sulfure 
d'antimoine  entrée  en  dissolution  pourrait  permettre  de  doser  la  soude. 

»  Pour  obtenir  du  carbonate  de  potasse  très-pur,  j'ai  dû  décomposer  du 
sulfate  de  potasse  pur  par  la  baryte  et  transformer  la  potasse  obtenue  en 
carbonate  p.ir  l'acide  carbonique.  Ce  carbonate  de  potasse  pur  ne  dissout 
pas  trace  de  sulfure  d'antimoine  par  voie  humide. 

»  3°  Par  voie  sèche  le  carbonate  de  potasse  pur,  fondu  avec  le  sulfine 
d'antimoine,  donne  une  masse  qui,  reprise  par  l'eau  bouillante,  fournit 
une  liqueur  qui  laisse  déposer  beaucoup  de  kermès  en  se  refroidissant,  et 
qui  retient  peu  d'antimoine  en  dissolution.  Dans  les  mêmes  conditions,  le 
carbonate  de  soude  donne  une  liqueur  qui  relient  presque  tout  l'antimoine 
à  l'état  de  sulfosel,  et  qui  ne  laisse  déposer  que  peu  de  kermès. 

))  4°  Le  sulfure  d'antimoine  n'attaque  point  le  carbonate  de  chaux  par 
voie  humide. 

»  5"  Le  sulfure  d'antimoine  est  attaqué  par  un  lait  de  chaux;  il  se  pro- 
duit une  liqueur  qui  laisse  quelquefois  déposer,  en  se  refroidissant,  une 
très-petite  quantité  d'une  substance  d'un  jaune  de  chrome,  mais  qui  retient 
ordinairement  tout  le  sulfure  d'antimoine  à  l'état  de  sulfosel;  elle  contient 
également  de  l'anlinionite  de  chaux,  qui  cristallise,  plus  tard,  en  petites 
tables  à  sis  faces.  Au  contact  de  l'air,  sous  l'influence  de  l'acide  carbo- 
nique, la  liqueur  se  décompose  :  elle  laisse  déposer  peu  à  peu  tout  son  an- 
timoine à  l'état  de  kermès  brun  foncé. 


(    I no2  ) 

M  6°  Les  hydrates  de  baryte  et  de  strontiane  n'attaquent  point  le  sulfure 
d'antimoine. 

»  Il  résulte  des  faits  que  je  viens  de  résumer  : 

»  Que  la  préparation  du  kermès,  par  voie  humide,  ne  peut  se  faire 
qu'avec  le  carbonate  de  soude; 

»  Que,  par  la  voie  sèche,  le  carbonate  de  potasse  produit  plus  de  kermès 
que  le  carbonate  de  soude; 

M  Que  le  carbonate  de  potasse  n'a  aucune  action  sur  le  sulfure  d'anti- 
moine par  voie  humide,  et  que  ce  caractère  devient  un  moyen  analytique 
qui  permet  de  conslater  la  présence  de  la  soude  dans  les  carbonates  de 
potasse; 

»  Que  l'hydrate  de  chaux  attaque,  par  voie  humide,  le  sulfure  d'anti- 
moine, tandis  que  les  hydrates  de  baryte  et  de  strontiane  sont  sans  action 
sur  ce  stdfure. 

«  J'ai  exécuté  ces  recherches  dans  les  laboratoires  des  Hautes  Études 
du  Muséum,  dirigés  par  M.  Fremy.  » 

M.  MoNCLAR  adresse,  d'Aibi,  une  Note  concernant  la  panification  des 
farines  fournies  par  diverses  graines. 

Le  procédé,  appliqué  par  l'auteur  aux  farines  de  lupin,  de  fève,  de  hari- 
cot, de  vesce,  de  maïs,  etc.,  consiste  à  soumettre  ces  f;irines  à  des  lavages, 
pour  leur  enlever  leur  huile  essentielle,  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  perdu  le 
goût  caractéristique  de  l'huile  elle-même.  La  farine  égouttée  est  ensuite  mé- 
langée à  de  la  farine  de  blé,  en  parties  égales;  on  pétrit  en  ajoutant  un  peu 
plus  de  levain  que  d'ordinaire. 

M.  le  général  Mokin  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  la  3'  livraison 
du  tome  III  de  la  Revue  d  Jiiillerie,  publiée  par  ordre  du  Ministre  de  la 
Guerre.  Ce  numéro  contient,  en  particulier  : 

Un  article  intéressant  de  MM.  les  capitaines  Jouard  et  Huter,  sur  le  ma- 
tériel exposé  à  Vienne  par  M.  Krupp,  d'Essen,  et  qui  est  principalement 
construit  en  vue  du  tir  contre  les  navires  cuirassés; 

Un  résumé  du  Mémoire  de  M.  le  capitaine  du  génie  Petit,  sur  les  effets 
du  tir  des  batteries  allemandes  pendant  le  siège  de  Paris,  inséré  au  n^Sl 
du  Mémorial  de  i Officier  du  Génie,  et  dont  on  a  fait  conn;iitre  l'ensemble; 

La  suite  du  savant  Mémoire  de  M.  le  capitaine  Jouffret,  sur  l'établisse- 
ment et  l'usage  des  tables  de  tir; 

Une  Note  sur  les  principes  à  observer  pour  assurer  l'efficacité  des  pro- 


(  i5o3  ) 
jecliles  de  l'artillerie,  tiadiiife  d'un  Mémoire  de  M.  E.  Clayton,  de  l'artil- 
lerie royale  anglaise,  par  M.  le  cajiitainede  Saint-Périer; 

Un  article  de  JVI.  le  capitaine  Colard,  sur  les  règles  à  snivre  pour  la  rec- 
tification du  tir  en  campagne. 

Parmi  les  notices  bibliographiques  insérées  dans  ce  numéro,  il  convient 
de  signaler  une  analyse  succincte  d'un  Mémoire  fort  important  sur  les 
sièges  de  Paris  et  de  Belfort,  par  M.  de  Geldern,  capitaine  du  génie  autri- 
chien, traduit  par  M.  le  capitaine  du  génie  Grillon, 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  décembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Voyage  d'exploration  dans  les  bassins  du  Hodna  et  du  Scdiara;  par  M.  Ville, 
ingénieur  eu  chef  des  Mines.  Paris,  Imprimerie  impériale,  1868;  i  vol. 
in-/i°,  avec  figures  et  cartes. 

Exploration  géologique  du  Béni  Mzab,  du  Sahara  et  de  la  région  des  steppes 
de  la  province  d'Alger  ;  par  M.  Ville,  ingénieur  en  chef  des  Mines.  Paris, 
Imprimerie  nationale,  1872;  i  vol.  in-4°,  avec  planches  et  cartes. 

Remarques  sur  la  faune  sud-américaine,  accompagnées  de  détails  anatomi- 
ques,  relatifs  à  quelques-uns  de  ses  types  les  plus  caractéristiques;  par  M.  P. 
Gervais.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873;  in-4'~'.  (Extrait  des,  Comptes  rendus 
des  séances  de  l'Académie  des  Sciences.) 

Animaux  jossiles  du  Mont-Léberon  [Faacluse).  Etude  sur  les  Vertébrés  ;  par 
A.  Gaudry.  Étude  sur  les  Invertébrés;  par  P.  Fischer  e<  R.  Tournouer; 
4*liv.  Paris,  F.  Savy,  1873;  in-4°,  texte  et  planches. 

Les  phénomènes  de  la  Physique;  par  A.  GuiLLEMliS;  2'  édition.  Paris, 
Hachette  et  G'*";  i  vol.  giand  in-8°,  illustré. 

Les  applications  de  la  Physique  aux  sciences,  à  l'industrie  et  aux  arts  ;  par 
A.-GuiLLEMlN.  Paris,  Hachette  et  G'";  i  vol.  grand  in-8°,  illustré. 

Revue  d'Artillerie;  2"=  année,  t.  III,  a*"  liv.  Paris  et  Nancy,  Bcrger-Levrault, 
1873-,  i  liv.  in-8".  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 


(   >5o4  ) 

Le  choiera.  Eliologie  et  Uaitemenl  ;  par  le  ly  CarOïn.  Paris,  G  Tiiier- 
Bj.illière,  iSyS;  br.  in-S". 

Le  choléra  à  Toulouse;  par  M.  le  D'  Armieux.  Toulouse,  imp.  Doula- 
doiirc,  sans  date;  br.  in-8°.  (Extrait  chi  Bulletin  des  travaux  de  la  Société 
de  Médecine,  Chirurgie  et  Pharmacie  de  Toulouse.) 

Répartition  du  choléra  en  France;  par  le  D''  Armieux.  Toulouse,  imp. 
Douladoure,  sans  date;  br.  iu  8".  (Ces  deux  ouvrages  sont  présentés  par 
M.  le  Baron  Larrey,  pour  le  Concours  Bréant,  1874.) 

Population  de  Toulouse  et  de  la  France  en  1872;  par  le  D' Armieux. 
Toulouse,  imp.  Douladoure,  1872;  br.  in-S".  (Présenté  par  M.  le  Baron 
Larrey.) 

La  Corse  et  son  recrutement.  Etudes  historiques,  statistiques  et  médicales; 
par  le  D'' F.-M.  Costa  (de  Bastelica).  Paris,  V.  Rozier,  1873;  br.  in-S". 
(Présenté  par  M.  le  Baron  Larrey.) 

Statistique  agronomique  de  l'arrondissement  de  Vouziers  [département  des 
Àrdennes),  publiée  sous  les  auspices  du  Conseil  général;  par  MM.  Meugy  et 
Nivorr.  Charlevillo,  Eug.  Jolly,  1873;  i  vol.  iii-8°,  avec  3  cartes. 

Détermination  des  fondions  entières  irréductibles,  suivant  tin  module  pre- 
mier, dans  le  cas  oii  te  degré  est  égal  au  module;  par  M.  J.-A.  Serret.  Paris, 
Gaulbier-Vdlars,  1873;  in-4''.  (Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de 
P Académie  des  Sciences.) 

Sur  les  fonctions  entières  irréductibles,  suivant  un  module  premier,  dans  le 
cas  oit  le  degré  est  une  puissance  du  module;  par  ]NL  J.-A.  Serret.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1873;  in-4°.  (Extrait  du  Journal  de  Mathématiques  pures 
et  appliquées.  ) 

Lhéritier.  La  quadrature  du  cercle  selon  la  réserve  demandée  et  exprimée 
dans  les  dictionnaires  français.  Bourges,  chez  l'auteur,  1873;  br.  in-S". 

L'empire  du  Brésil  à  V Exposition  universelle  de  Vienne  en  1873.  llio-de- 
Janeiro,  typ.  Laemmert,  1873;  i  vol.  in-8°. 

Ànnual Report  of  ihe  Commissioner  of  jialents  for  the  jear  1869,  vol.  I,  II, 
TU;  1870,  vol.  I,  II;  1871,  vol.  I,  H.  Washington,  government  printing 
Office,  1 871-1872;  7  vol.  '\n-%°,  reliés. 

yi stronomisclie  Uiululations  théorie  oder  die  Lehre  von  der  Aberration  des 
Lichtcs;  vonD'E.  Ketteler.  Bonn,  P.  Neusser,  1873;  in-8''.  (Présenté  par 
M.  Fizeau.) 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21)  DÉCEMBRE  1873. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DE  QUATREFAGES. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Sitv  la  formation  des  équations  de  condition  qui  résulteront  des 
observations  du  passage  de  T^énus  du  8  décembre  1 874  ;  par  M.  V.  Puisecx. 

«  Le  nombre  et  l'habileté  des  astronomes  qui  se  proposent  d'observer 
le  prochain  passage  de  Vénus  permettent  d'espérer  que  l'on  aura  de  cet 
important  phénomène  des  observations  exactes  et  multipliées.  Ces  obser- 
vations seront  de  diverses  sortes  :  les  unes  feront  connaître  l'heure  d'un 
contact  intérieur  ou  extérieur  des  disques  de  Vénus  et  du  Soleil;  d'autres 
fourniront,  à  un  moment  connu,  soit  la  distance  angulaire  des  centres  des 
deux  astres,  soit  l'angle  de  position  que  fait  la  ligne  des  centres  avec  une 
direction  déterminée;  on  aura  pu  mesurer  encore  la  projection  de  la  dis- 
tance des  centres  sur  le  méridien  céleste  passant  par  le  centre  du  Soleil, 
ou  sur  le  parallèle  du  même  point,  ou  sur  quelque  autre  direction.  Chaque 
bonne  observation  conduira,  quelle  qu'en  soit  la  nature,  à  une  équation 
de  condition  entre  les  diverses  inconnues  de  la  question  et  pourra  con- 
tribuer par  conséquent  à  la  détermination  de  ces  inconnues,  dont  la  plus 
importante  est  la  valeur  moyenne  de  la  parallaxe  solaire. 

C.R.,1873,  2'  Semestre.  [T.  L\\\U,^°  1G.)  '9^ 


(  i5o6  ) 

))  La  formation  de  toutes  ces  équations  exigera  des  calculs  ass^z  labo- 
rieux; mais  ou  peut,  dès  à  présent,  faciliter  ce  travail,  eu  déterminant  à 
l'avance  certains  nombres  cjui  doivent  y  entrer,  ou  du  moins  en  construi- 
sant des  Tables  d'où  on  les  tirera  commodément.  C'est  dans  ce  but  que 
j'ai  calculé  les  tableaux  numériques  qui  terminent  la  présente  Note,  et 
l'Académie  jugera  peut-être  qu'il  y  a  opportunité  à  les  publier.  Je  me 
borne  ici  à  les  faire  précéder  de  courtes  indications  sur  la  signification  et 
l'usage  des  nombres  qui  y  sont  contenus,  me  réservant  d'entrer  ailleurs 
dans  quelques  détails  sur  la  manière  d'établir  les  équations  où  ils  doivent 
figurer. 

»  Je  commence  par  remarquer  que  l'observateur  aura,  dans  tous  les 
cas,  à  déterminer  l'heure  de  son  observation.  Sa  pendule  ou  son  chrono- 
mètre la  lui  donnera  en  temps  moyen  du  lieu  qu'il  occupera.  Soit  main- 
tenant L  la  valeur  admise  pour  la  longitude  de  la  station,  cette  longitude 
étant  évaluée  en  temps  et  comptée  positivement  vers  l'est.  Si  ou  la  re- 
tranche du  temps  moyen  du  lieu,  le  résultat  sera  ce  que  j'appellerai  l'heure 
de  l'observation,  en  temps  moyen  de  Paris;  elle  sera  désignée  dans  ce  qui 
va  suivre  par  /<,.  Il  est  clair  cjue  si  la  longitude  L  n'est  pas  exactement 
connue,  l'erreur  dont  elle  est  affectée  se  retrouve  avec  un  signe  contraire 
dans  le  temps  t^,  en  sorte  que  si  âL  désigne  la  correction  dont  la  longi- 
tude L  a  besoin,  l'heure  exacte,  mais  inconnue,  de  l'observation  est,  en 
temps  moyen  de  Paris,  („  —  ôL. 

»  Cela  posé,  considérons  successivement  les  diverses  sortes  d'observa- 
tions qu'on  pourra  avoir  à  discuter. 

»  i"  On  aura  mesuré  la  projection  de  la  dislanâe  des  centres  des  deux  astres 
sur  la  tangente  au  parallèle  céleste  passant  par  le  centre  du  Soleil.  —  Soit  X^ 
la  projection  mesurée,  regardée  comme  positive  ou  négative,  selon  que 
l'ascension  droite  de  Vénus  est  plus  grande  ou  plus  petite  que  celle  du 
Soleil.  D'un  autre  côté,  appelons  X^.  la  valeur  de  cette  projection  calculée 
pour  l'heure  /„  et  pour  le  lieu  de  l'observation,  à  l'aide  des  Tables  du 
Soleil  et  de  Vénus  et  avec  toute  la  précision  que  ces  Tables  comportent. 
Désignons  par  511  la  correction  de  la  valeur  provisoire  de  la  parallaxe 
solaire  moyenne,  dont  on  aura  fait  usage  dans  ce  calcul,  et  appelons  5«  la 
correction  qu'il  faut  appliquer  à  X^  pour  tenir  compte  des  erreurs  des 
Tables;  la  valeur  de  &a  peut  être  regardée  comme  constante  pendant  la 
durée  du  passage.  Ces  notations  admises,  l'observation  dont  il  s'agit  four- 
nira entre  les  inconnues  c?ll,  oa,  BL  l'équation  suivante  : 

(i)     (y'cosAcosL  +  A  cosA  sinL)  oFl  +  o« jr-  ^L  +  X^  —  X„  =  o. 


{    i^o-]   ) 
»  TjPS  lettres  L  et  A  désignent  la  longitude  et  la  latitude  géographiques 
du  lieu  de  l'observation;  les  quantités  X,,  —  Xo,  ^U,  rî«  sont  exprimées  en 
secondes  d'arc;  oL  l'est  en  minutes  de  temps.  Quant  aux  coefficientsy,  k, 

—  5  ils  ne  dépendent  que  du  ten)ps  et  peuvent  être  calculés  à  l'avance  pour 

un  moment  donné.  Le  tableau  n°  1  eu  contient  les  valeurs  calculées  de  cinq 
en  cinq  minutes  pour  le  8  décembre  1874»  depuis  i3''45™  (t.  m.  de  Paris) 
jusqu'à  i8''5o™;  cet  intervalle  comprend  tous  les  instants  auxquels  le 
passage  pourra  être  vu  dans  les  divers  lieux  de  la  Terre.  On  reconnaît 
à  l'inspection  des  nombres  de  chaque  colonne  du  tableau  qu'ils  s'inter- 
polent à  l'aide  des  différences  premières  seulement  ;  on  les  obtiendra 
donc  aisément  pour  l'heure  t^  quand  celle-ci  aura  été  donnée  par  l'ob- 
servation. 

»  2°  On  aurn  mesuré  In  projection  de  In  dislance  des  centimes  des  deux  astres 
sur  la  tangente  nu  méridien  céleste  passant  par  le  centre  du  Soleil.  —  Soit  ¥„  la 
projection  mesurée,  regardée  comme  positive  ou  comme  négative,  selon 
que  la  déclinaison  de  Vénus  est  plus  grande  ou  plus  petite  (algébrique- 
ment) que  celle  du  Soleil.  D'autre  part,  nommons  Y,,  la  valeur  de  cette 
projection  calculée  à  l'aide  des  Tables  pour  l'heure  t„  et  pour  le  lieu  de 
l'observation;  enfin  appelons  5|3  la  correction  qu'il  fiint  appliquer  à  Y^ 
pour  tenir  compte  des  erreurs  des  Tables,  et  qu'on  peut  regarder  comme 
constante  pendant  le  passage.  L'observation  considérée  fournira,  entre  les 
inconnues  5n,  c^jS,  âL,  l'équation 

(•2)    (/cosA  cosL+mcosA  sinL+7z  sinA)  5n  +  5|3—  —  t?L4-Yc  — Yo  =  o. 

où  la  différence  Y^  —  Y^  est  supposée  exprimée  en  secondes  d'arc,  ainsi 
que  â[-j.  Les  valeurs  pour  l'époque  fg  des  coefficients  /,  m,  n,  -,-  se  tireront 

encore  du  tableau  n°  1. 

»  3°  On  aura  mesuré  la  projection  de  la  distance  des  centres  des  deux  astres 
sur  un  rajon  du  disque  solaire  de  direction  connue.  —  Nommons  |u,  l'angle 
que  le  rayon  du  disque  solaire  servant  d'a.xe  de  projection  fait  avec  la  di- 
rection est  du  parallèle  céleste  passant  par  le  centre  du  Soleil,  cet  angle 
étant  compté  positivement  de  l'est  vers  le  nord.  Soit  Z^  la  projection  me- 
surée, regardée  comme  positive  ou  négative,  suivant  qu'elle  tombe  sur  ce 
rayon  ou  sur  son  prolongement.  Enfin  appelons  Z^  la  valeiu"  de  la  même 
projection  calculée  à  l'aide  des  Tables  pour  l'heure  t^  et  pour  le  lieu  de 
l'observation.  L'équation  de  condition  entre  les  inconnues  âU,  5«,  â[i,  5L 

195.. 


(   I  5o8  ) 
sera 

[(y  cosp.-f  Isinp.)  cosA  cosL 

-h{k  cos|j.+  //zsinp.)cos7\.  sinL  +  «  sin/x  sin  A]  5n 


(3) 


+  COS/J.  §a  +  sin/Ji,  c5*]S  —  (  — cosjXH — y-  sin[i.j  oL  +  Z^  — 2,,=  o, 


où  la  différence  Z^  —  Z^,  est  supposée  exprimée  en  secondes  d'arc.  Les  va- 
leurs des  coefficients  /,   A,  /,  m,  n,  —•,  —  se  tireront,  comme  il  a  déjà 

été  dit,  (Iii  tableau  n°  1. 

»  4°  ^"  aura  mesuré  la  distance  angulaire  des  centres  des  deux  astres.  — 
Soit  Dj,  la  distance  mesurée,  et  nommons  D,-  la  distance  calculée  à  l'aide 
dps  Tables  pour  l'heure  t^  et  pour  le  lieu  de  l'observation.  On  aura,  entre 
§n,  o«,  5/3  et  ôL,  l'équation 

I  (A  cosA  cosL  +  BcosA  sinL-H  Csin  A)  an 

^  j  +cos^  aa+sin?5i'5-^c?L  +  D,-D„  =  o, 

où  la  différence  D,;  — D^  est  supposée  exprimée  en  secondes  d'arc.  Les  va- 
leurs des  coefficients  A,  B,  C,  -^j  pour  l'époque  /<,,  se  tireront  du  tableau 

n°  2;  on  prendra  sini)  et  cosct  dans  le  tableau  n"  1. 

»  5°  On  aura  mesuré  l'angle  de  position  de  Fénus  par  rapport  au  Soleil.  — 
J'entends  par  là  l'angle  que  le  rayon  du  disque  solaire  dirigé  vers  le  centre 
de  la  planète  fait  avec  la  direction  est  du  parallèle  céleste  passant  par  le 
centre  du  Soleil,  cet  angle  étant  compté  positivement  de  l'est  vers  le  nord. 
Désignons  par  ^^  l'angle  de  position  mesuré  et  par  l^^  l'angle  calculé  à  l'aide 
des  Tables  pour  l'heure  t^  et  |)oin-  le  lieu  de  l'observation.  On  aura,  entre 
§n,  §«,  5/3,  5L  l'équation 


(5) 


I^EcosA  cosL  +  FcosA  sinL  +  G  sinA)5n 

—  siii :)  oa  +  cos .>  c?j3  +  H  oL  +  D  sin  i ' (c\  —  .>„)=  o. 


où  la  différence  D^  —  ':>„  est  su|)posée  exprimée  en  minutes  d'arc,  et  où  D 
désigne  la  valeur  en  secondes  d'arc  de  la  distance  des  centres  des  deux 
astres,  telle  qu'elle  serait  vue  du  centre  de  la  Terre.  Les  valeurs  des  coeffi- 
cients E,  F,  G,  H,  Dsin  i'  se  tireront  du  tableau  n°  2;  celles  de  sinS  et  de 
cos3  étant  données,  comme  on  l'a  déjà  dit,  par  le  tableau  n"  1. 

»  A  raison  du  facteur  Dsini'  introduit  dans  le  terme  tout  connu,  le 


(  i5o9  ) 
poids  de  cette  équation  sera  le  même  que  celui  des  précédentes,  si  toute- 
fois on  admet  que  les  mesures  angulaires  effectuées  dans  diverses  directions 
sur  le  disque  solaire  offrent  des  chances  égales  d'erreur. 

»  6°  On  aura  observé  iheiire  d\iti  contact.  —  L'heure  observée  tg  étant 
toujours  entendue  comme  ci-dessus,  soit  te  l'heure  du  contact  calculée  à 
l'aide  des  Tables  pour  le  lieu  de  l'observation.  Appelons  d'ailleurs  âp  et  âp' 
les  corrections  dont  peuvent  avoir  besoin  les  demi-diamètres  du  Soleil  et 
de  Vénus  employés  dans  le  calcul.  On  aura,  entre  les  inconnues  cJlT,  âa, 
c?|3,  Sp,  âp',  âL,  l'équation 

1(A  cosA  cosL  +  B  cosA  sinL-l-C  sin  A)  §11 
+  cosD  âa  +  sin 3  5[-i  -  {!ip  i  Bp')  -  ^  ^L  +  ^  (/„  -  t,)  =  o, 

oîi  &p  et  (?p'  sont  des  secondes  d'arc,  tandis  que  la  différence  t„—  t^  est 
supposée  exprimée,  comme  5L,  en  minutes  de  temps.  Dans  le  binôme 
âp  ±  5p',  on  devra  donner  à  op'  le  signe  supérieur  ou  le  signe  inférieur, 
suivant  que  le  contact  observé  aura  été  extérieur  on  intérieur.  Quant  aux 

valeurs  des  coefficients  A,  B,  C,  cos?,  sin?,  —  pour  l'époque  /„>  elles  se 

tireront,  ainsi  qu'on  a  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  des  tableaux  n°  1  et 

n°2. 


(   i5io  ) 


Tableau 

n"   1. 

,  déc.  8, 

rfX 

<i 

cos  d 

j 

k 

l 

m 

n 

—    — 

sin  d 

de  Paris. 

de 

de 

3^j5■" 

-l-i,3i 

H-3/ll 

+0,95 

—  o,5i 

—2,55 

-3,98 

-l-i,o5 

-1-0,621 

+0,784 

ôo 

1,36 

r>,4i 

0,94 

0,53 

2,55 

3,98 

i,o5 

0,634 

o.77'l 

55 

'.'1' 

2,38 

0,92 

0,55 

2,55 

3,98 

i,o5 

o,6'|6 

0,763 

/,.   o 

■  ,'|6 

2,35 

0,91 

0,57 

2,55 

3,98 

i,o5 

0,659 

0,702 

5 

i,.ii 

2,32 

0,9a 

0,09 

2,55 

3,98 

i,o5 

0,672 

0,74 1 

10 

1,5(5 

2,28 

0,89 

0,61 

2,55 

3,98 

i,o5 

0,685 

0.729 

10  ' 

1,1)1 

2,25 

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Tarlf.au  n°  2. 


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45 

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1,07 

2,52 

2,7'. 

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3,76 

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0,263 

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0,46 

3,73 

0,266 

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0,57 
0,64 

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3,69 

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2,69 

0,32 

0,56 

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0,271 

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0,72 

1,01 

2,48 

2.67 

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0,274 

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0.79 

0,98 

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2,65 

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0,66 

3,58 

2,ù3 

0,277 

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0,95 

2,45 

2,62 

0,56 

0,70 

3,54 

2,10 

0,280 

20 

0,93 

0,92 

2,4i 

2,59 

0,63 

0,73 

3,5o 

2,16 

0,283 

25 

0.99 

0,89 

2,43 

2,56 

0,70 

0,79 

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2,22 

0,286 

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2,52 

0,77 
0,84 

0,83 

3.43 

2,28 

0,289 

35 

1,12 

0,82 

2,4o 

2,'l9 

0,87 

3,39 

2,34 

0,292 

40 

1,18 

0,78 

2,38 

2,45 

0,91 

0,91 

3.35 

2.40 

0,296 

45 

1,23 

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2,37 

2,'l. 

0-97 
+1,0', 

0,95 

3,3. 

2.'|5 

0,299 

18. 5o 

—1,29 

— 0,69 

—2,35 

-2,37 

-1-0,99 

-3,27 

-1-2, 5o 

-l-o,3o3 

{    l5l2    ) 

FERMENTATIONS.  —  Nouvelle  réponse  à  M.  Pasteur,  concernant  ioruj'me 
de  la  levure  de  bière;  par  M.  A.  Trécul. 

«  M.  Pasteur  pense  que  ce  n'est  pas  une  Communication  académique 
que  j'ai  faite  le  8  de  ce  mois,  que  c'est  un  réquisitoire.  J'accepte  le  mot. 
C'est  un  réquisitoire  contre  l'erreur  et  pour  la  défense  de  la  vérité.  D'ail- 
leurs, un  réquisitoire  doit  avoir  toutes  les  qualités  d'un  bon  Mémoire  aca- 
démique. La  première  qu'il  soit  obligé  de  présenter,  c'est  le  respect  de  la 
vérité,  et  à  cause  de  cela  il  suit  toujours  une  enquête  sérieuse.  Conune 
pour  le  Mémoire  académique,  ses  autres  qualités  sont  la  clarté,  la  préci- 
sion et  enfin  le  respect  des  convenances,  ce  qui,  dans  cette  enceinte,  veut 
dire  le  respect  de  ses  adversaires,  des  auditeurs  et  de  soi-même.  M.  Pasteur, 
qui  prétend  n'avoir  pas  provoqué  cette  discussion,  a-t-il  bien  présenté 
l'opinion  de  Turpin,  de  M.  H.  Hoffmann  et  la  mienne  comme  il  devait  le 
faire?  Il  sera  évident  pour  tout  lecteur  attentif  que  M.  Pasteur  a  donné 
lieu  de  croire  que  nous  avons  opéré  dans  des  conditions  qui  ne  pouvaient 
donner  qu'un  résultat  défectueux.  L'Académie  peut  apprécier  encore  une 
fois,  par  la  Note  du  i5  décembre  et  par  la  seconde  du  aa  (p.  i445)  de  notre 
confrère,  combien  sont  peu  claires  et  peu  précises  beaucoup  de  ses  com- 
munications. Et  cependant  M.  Pasteur  croit  devoir  se  plaindre  que  la  clarté 
qu'il  s'efforce  de  leur  donner  se  transforme,  sous  la  plume  de  M.  Trécul, 
en  assertions  «  équivoques  »  et  «  ambiguës  ». 

»  La  faiblesse  des  arguments  de  M.  Trécul  est  telle,  que  c'est  uniquement 
parce  qu'il  s'agit  de  deux  des  sujets  les  plus  élevés  de  la  philosophie  natu- 
relle, la  question  des  générations  dites  spontanées  et  celle  de  la  transfor- 
mation des  espèces,  que  M.  Pasteur  prend  de  nouveau  la  parole. 

))  On  s'attendait  de  sa  part,  après  ce  début,  à  des  éclaircissements  sur 
ces  deux  questions  importantes,  dont  ]M.  Pasteur  s'occupe  depuis  dix-sept 
ans,  au  moins  de  la  première.  Il  n'en  dit  rien  de  plus,  si  ce  n'est  toutefois 
qu'il  met  à  l'index  les  transformistes  par  la  phrase  suivante  : 

«  Si  l'on  n'y  prend  garde,  celle  hypolhèse  du  Iransformisme  introduira  dans  la  science 
une  foule  d'erreurs,  parce  qu'elle  dispense  beaucoup  de  personnes  d'observalions  appro- 
fondies. » 

»  M.  Pasteur  se  fait  illusion.  C'est  tout  le  contraire  qui  est  vrai,  attendu 
qu'il  est  bien  plus  facile  de  décrire  comme  espèces  distinctes,  ou  même 
d'ériger  en  genres,  toutes  les  formes  que  l'on  rencontre,  que  de  rechercher 
les  liens  de  parenlé  qui  peuvent  les  unir. 

»  A  cause  de  la  faiblesse  des  arguments  de  M.  Trécul,  sans  doute, 


(  '513  ) 
M.  Pasteur  ne  les  discute  pas;  il  ne  tente  même  pas  de  la  re  la  comparai- 
son des  divers  passages  que  je  signale;  il  néglige  tout  cela  pour  provoquer 
M.  Freniy  qui  n'est  pas  en  cause,  comme  il  m'a  provoqué,  bien  qu'il  dise 
le  contraire.  11  somme  donc  M.  Fremy  de  démontrer  que  les  ferments  sont 
engendrés  par  l'organisme,  et  ensuite  il  accuse  M.  Trécul  d'admettre  que 
«  les  matières  albumiuoïdes  donnent,  par  génération  spontanée,  des  bac- 
»  téries;  celles-ci  des  cellules  de  levure  lactique;  celles-ci  des  cellules  de 
»  levure  de  bière;  ces  dernières,  à  leur  tour,  du  Mycoderma  viiù  et  du 
»  Pénicillium  glauciim. ...»  Je  reconnais  l'exactitude  de  tons  ces  chefs 
d'accusation  et  j'en  accepte  la  responsabilité  (i).  M.  Pasteur,  au  contraire, 
soutient  «  que  tous  ces  faits  sont  erronés,  que  ces  transformations  ne  sont 
»  qu'hypothèses,  à  l'appui  desquelles  on  ne  peut  citer  que  des  faits  confus, 
»  mal  observés,  entachés  de  causes  d'erreurs,  qu'on  n'a  pas  su  dégager 
»   au  milieu  des  difficultés  inhérentes  aux  expériences.   » 

»  Il  sied  vraiment  bien  à  M.  Pasteur  de  nous  parler  de  difficultés  non 
surmontées,  quand  nous  assistons  actuellement  encore  à  une  transforma- 
lion  de  son  opinion.  Est-il  vrai,  oui  ou  non,  que  de  i  8G2  à  1872  il  a  cru 
à  la  métamorphose  du  Mjcoderma  vini  en  levure  alcoolique,  et  que  le 
germe  du  Mycoderma  vini  est  le  germe  de  cette  levure?  Est-il  vrai  qu'il  ait 
abandonné  cet  avis  après  ma  lecture  du  11  novembre  1872?  Est-il  vrai 
que  ce  jour-là  seulement  il  fit  intervenir  la  génération  spontanée?  Est-il 
vrai  que  par  là  il  anéantit  les  résultats  de  ses  expériences  du  7  octobre  1872, 
fondées  sur  la  submersion?  Est-il  vrai  qu'il  cherche  toujours  les  germes  des 
différentes  leviires? 

«  Voici,  continue  M.  Pasteur,  comment  M.  Trécul  croit  établir  que  le 
))  Pénicillium  rjlaucum  se  transforme  en  cellules  de  levure  alcoolique.  » 
SLiitune  phrase  vague  qui  ne  représente  ni  mon  avis,  ni  ce  que  notre  con- 
frère a  dit  à  la  séance;  car,  à  cet  égard,  M.  Pasteur  a  confondu  deux 
phénomènes  décrits  par  moi,  à  la  page  1 169  du  tome  LXXV:  il  a  appliqué 
à  la  transformation  des  spores  du  Pénicillium  en  levure  ce  que  je  dis  du 
nioùt  de  bière  destiné  à  produire  de  la  levure  dite  spontcmée,  lequel  moût 
est  préparé  entre  65  et  70  degrés,  tandis  que  celui  que  j'emploie  pour  la 
transformation  des  spores  du  Pénicillium  est  porté  à  roo  degrés.  S'étant 
aperçu  de  la  méprise,  ou  plutôt  parce  que  je  la   lui  ai  signalée,   séance 


(1)  Voir  t.  LXXV,  p.  1 160,  pour  le  rcsunié  de  mon  opinion,  it  la  note  de  la  |);i^'e  1  i56 
du  tome  LXVII  el  celle  de  la  page  989  du  tome  I.XXV,  |)(iur  la  tiansfoniialion  des  cellules 
delà  levùie  lacticiueen  cellules  de  lu  levure  alcoolique. 

G.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  21)  '  '9" 


(  iSi/i  ) 
tenante,  M.  Pasteur  n'a  point  inséré  ce  passage  dans  les  Comptes  rendus.  Il 
nie  reproclie  ensuite  de  faire  mes  ensemencements  au  contact  tle  l'air   et 
(le  prendre  les  spores  de  Paiicilliuin  sur  des  citrons  moisis. 

»  En  ce  qui  concerne  l'emploi  du  Penicilliiun  venu  sur  le  citron,  M.  Pas- 
teur s'exprime  ainsi  : 

*  Or,  il  suffit  d'observer  an  microscope  i.ks  poussières  <le  la  surface  d'un  ciiroii  pour  y 
reconnaître  une  niuliitude  de  spores  et  de  cellules  organisées,  Ircs-différenlcs  souvent  des 
spores  du  Pcnicillium.  >. 

»  Voilà  assurémenl  mie  phrase  qui  atteste  que  M.  Pasteur  n'a  pas  exa- 
miné un  seul  de  ces  jolis  gazons  de  Pénicillium.,  ordinairement  si  purs,  qui 
couvrent  les  citrons  moisis.  Il  semble  même  ne  les  avoir  jamais  vus,  puis- 
qu'il ne  |iarle  que  des  poussières  de  la  surjace  du  citron.  Ce  ])assage  seul 
.suffit  pour  déceler  la  disposition  d'esprit  de  mon  habile  contradicteur. 

»  En  ce  qui  regarde  le  reproclie  d'avoir  fait  les  ensemencements  ati  con- 
tact de  l'air,  je  dirai  que  M.  Pasienr  lésa  pratiqués  de  1862  à  1872;  il  les  a 
em|)loyés  même  pour  son  travail  du  7  octobre  de  celte  dernière  année,  et 
M.  Pastetir  n'a  trouvé  des  inconvénients  à  ce  procédé  qu'après  que  je  lui 
eusse  démontré,  le  ii  novembre  1872,  que  les  phénomènes  décrits  par  lui 
le  conduisent  tout  droit  à  l'hélérogénie.  Alors  seulement,  comme  je  le  disais 
tout  à  l'heure,  il  fit  intervenir  la  génération  spontanée  (voir  p.  1168  du 
t.  LXXV).  Aujourd'htii  M.  Pasteur,  condamnant  ses  propres  travaux  sur 
Je  sujet  qui  nous  occupe,  antétieurs  au  11  novembre  1872,  parce  qu'ils 
tendent  à  faire  de  lui  uti  hétérogéniste,  assure  qu'il  a  trouvé  un  |)rocédé  qui 
lui  permet  de  cultiver  le  PenicilUum  DAiNS  l'air  pur,  à  l'abri  des  poussières 
atmosphériques  (p.  iSgS  de  te  volume). 

»  On  a  pu  voir,  par  ma  réponse  de  la  page  i442,  s'il  y  a  réussi.  Je  m'at- 
tendais à  trouver  le  mode  opératoire  exposé  tout  au  long  dans  les  Comptes 
rendus;  mais  M.  Pasteiu-  a  jugé  prudent  de  n'y  point  iniroduire  ce  qu'il  a  dit 
à  la  séance.  Serait-ce  potir  plus  de  clarté?  Ayant  eu  l'occasion  de  parler, 
dans  le  dernier  Compte  rendu,  de  l'ajjparoil  et  du  [)rocédé  décrits  ici  par 
notre  confrère,  je  n'ai  pas  à  y  revenir.  Je  ra|)pellerai  seulement  que  M.  Pas- 
teur nous  a  dit  avoir  effectué  l'ensemencement  tle  son  ballon  avec  l'air  at- 
mosphéricpie  lui-même . 

))  Ou  M.  Pasteur  se  trompe  étrangement,  ou  il  a  voulu  me  mettre  dans 
l'embarras  pour  sortir  du  cercle  de  faits  inflexibles  dans  lequel  il  est  en- 
fermé. Ne  s'est-il  donc  j)as  aperçu  qu'il  aurait  à  prouver  par  quoi,  en  réalité, 
son  ballon  a  été  ensemencé.  11  ne  sulfil  pas  de  dire  :  ce  sont  quelques  spores 
da  J'enicillium,  introduites  par  l'air  ilans  mon  ballon,  qui  ont  constitué  le 
semis,  peulèlre  une  seule;  il  faut  prouver  que  les  matières  plasmatiques  des 


(   ifïiS  ) 
particules  orgaiiiscos  sèches,  qui  sont  suspendues  dans  i'aluiosplière  en  bien 
plus  grande  quantité,  n'y  sotit  [)onr  rien.  Il  faut  donc  compter  avec  l'iié- 
térogénie. 

»  D'un  autre  côté,  il  est  à  croire  que,  pour  faire  ses  expériences, 
M.  Pasteur  ne  choisit  pas  un  air  très-agité,  qui  seul  peut  contenir  drs 
corps  lourds  comme  des  spores.  Un  air  en  repos  n'en  renferme  certaine- 
ment pas.  Pour  s'en  assurer,  M.  Pasteur  peut,  dans  une  chambre  dont  l'air 
est  tranquille,  couvrir  une  table  de  lamelles  de  verre  dites  poilc-objels  ; 
au  bout  de  quelques  heures  ou  même  de  plusieurs  jours,  il  n'y  trouvera 
pas  une  seule  spore  de  Pcnuillhim.  Si  le  Pénicillium  est  né  dans  son  ballon 
sous  l'influence  de  l'air,  comme  l'affu-me  M.  Pasteur,  il  est  plus  que  pro- 
bable que  la  plantule  n'a  pas  pour  origine  des  spores  de  Pcnicillium  qui 
étaient  suspendues  dans  l'atmosphère. 

»  En  outre,  il  est  bien  certain  que  des  petits  flacons  de  i5  à  4o  gram- 
mes, rincés  avec  du  moût  qui  a  bouilli  et  chaud,  remplis  ensuite  avec 
du  moût  de  bière  semblable,  et  fermés  avec  un  liège  bien  élastique, 
bien  préparé,  et  à  surface  renouvelée  au  moment  de  l'opération,  restent 
clairs,  sans  donner  de  levure  alcooticjiie,  ni  même  de  cylindricules  bac- 
tériens ou  lactiques,  quand  l'ébullition  a  été  suffisaunnent  prolongée. 
Si  de  ces  derniers  cylindricules  s'y  manifestent,  ils  ne  sont  que  relative- 
ment bien  rares.  Il  en  est  tout  autrement  quand  on  opère  avec  du  moût 
d(!  bière  préparé  entre  65  et  70  degrés  ,  température  à  laquelle  sont 
tués  les  organismes  inférieurs  dont  on  redoute  la  présence.  Dans  de 
tels  (laçons,  bien  fermés  et  bien  ficelés,  les  bactéries  se  développent  en 
abondance  dans  les  trente-six  premières  heures;  elles  deviennent  inuno- 
biles  pendant  que  la  liqueur  devient  acide  et  constituent  alors  la  levure 
lactique.  Ce  n'est  qu'un  peu  après  qu'apparaît  la  levure  alcoolique  si  le 
flacon  est  bien  i)ouché,  ou  seulement  des  M/coderma  ceruisiœ  s'il  ne  l'est 
qu'imparfaitement,  ainsi  que  je  l'ai  souvent  répété.  Il  suffit  ordinairement, 
dans  ce  cas,  de  remplacer  le  bouchon  par  un  meilleur  pour  obtenir  la 
transformation  des  mycodermes  en  levure  alcoolique,  si  ces  derniers  sont 
jeunes,  bien  entendu.  Je  dois  ajouter  que,  ne  possédant  pas  d'étuve,  j'ai 
toujours  opéré  à  la  température  de  l'air  ambiant  (i). 

»  En  tout  cas,  l'expérience  que  M.  Pasteur  oppose  à  ces  dernières  serait 
bien  uicomplète.  Il  nous  a  dit  à  la  séance  comment  il  croit  que  son  ballon 

(i)  Comme  je  l'ai  dit  déjà  pour  les  semis  de  spores  de  Penicilliinn,  mes  (laçons  élaii  iit 
tenus  couchés,  et  ils  étaient  agités  queliiuelois  pendant  le  jour.  J'ai  dit  également  que  les 
bouchons  ne  doivent   être  employés  (ju'un  mois   ou    six    semaines  après  leur  coction,  a(iu 

19G.. 


(  i5i6  ) 

a  été  fécondé;  mais  il  ne  nous  a  pas  fait  connaître  comment  se  pratique  la 
cueillette  du  Pénicillium  dans  son  intérieur,  ni  comment  on  transporte  les 
spores,  en  les  lenmit  à  l'abri  île  Pair  ordinaire^  dans  les  flacons  à  ensemencer; 
car  il  est  évident,  d'après  le  nouvel  avis  de  M.  Pasteur,  que  si  les  spores  du 
Pénicillium,  qu'il  dit  venu  dons  Vair  pur  (nous  savons  à  quoi  nous  en  tenir 
à  cet  égard),  ne  sont  |)as  transportées,  à  l'abri  des  poussières  de  l'air,  dans 
les  flacons  à  ensemencer,  tout  ce  qui  aura  pu  être  fait  antérieurement  pour 
obtenir  la  pureté  du  Pénicillium  est  rendu  inutile.  Si  M.  Pasteur  n'a  rien 
exprimé  à  ce  sujet  dans  sa  Noie  du  1 5,  c'est  que  vraisemblablement  il 
n'avait  rien  à  en  dire. 

»  Ma  réponse  à  sa  première  Note  du  22  a  engagé  M.  Pasteur  à  introduire 
dans  sa  seconde  Note  du  même  jour  la  phrase  suivante  (p.  i445)  : 

«  t'^nfin,  rien  de  plus  facile  que  de  faire  traverser  le  ballon  par  un  courant  d'air  pur,  et 
de  placer  la  ninisissui-e  en  contact  avec  autant  d'air  qu'on  peut  le  désirer.  >> 

»  (k'tte  phrase  ne  dit  pas  que  M.  Pasteur  l'ait  pratiqué.  Nous  savons  par 
ce  qu'il  nous  a  dit  verbalement  le  1 5  que  cela  n'est  pas.  Et  d'ailleurs  l'eût-il 
fait  que  le  courant  d'air  pur  n'aurait  pas  purgé  le  Pénicillium  de  son 
origine  vicietise  puisée  dans  l'air  ordinaire,  qui  contient,  d'après  M.  Pas- 
teur, beaucoup  d'autres  germes  qui  ont  dû  entrer  dans  son  appareil  avec 
les  prétendues  spores  du  Pénicillium. 

»   M.  Pasteur  termine  sa  seconde  Note  du  22  en  disant  (p.  i445)  •' 

a  Les  critiques  de  M.  Trccul  sont  donc  sans  fondement.    » 

»  Il  semble,  en  vérité,  que  M.  Pasteur  juge  bien  peu  attentifs  les  lecteurs 
des  Comptes  rendus,  pour  croire  qu'ils  ne  s'apercevront  pas  qu'en  réalité  il 
n'a  rien  discuté,  rien  réfuté  du  tout  de  mes  divers  argutnents. 

»  C'est  avec  de  pareils  résultats  que  l'on  prétend  combattre  les  miens, 
qui  sont  hors  de  doute,  parce  que  l'on  voit  les  spores  vertes  du  Pénicillium 
grossir,  perdre  graduellement  leur  couleur  et  enfin  bourgeonner;  et  cela 


que  la  dessiccation  achève  de  tuer  les  mycéliums  que  le  liège  a  protégés.  Je  dois  rappeler  à 
cet  égard  que,  dés  i868,  j'ai  anuiincé  que  de  tels  bouchons  bien  secs  ne  donnent  pas  do  vé- 
gétation ;  au  conliaire,  ,ç/ o//  tes  emploie  imniédintcmeiit  aprcx  leur  coction,  ils  se  couvrent, 
sur  leur  lace  interne,  d'une  couche  de  iilauients  mycéliens,  qui  se  répandent  dans  le  li(|uide 
(]ui  a  élé  introduit  bouillatit  dans  les  flacons,  tandis  que,  et  cela  est  bien  singulier,  il  ne  s'en 
développe  pas  ordinaireincnl,  ou  seulement  quelques  fdaments,  sur  les  bouchons  des  flacons 
qui  ont  reçu  du  moût  refroidi.  Ci's  mycéliums  appartiennent  au  Mucnr  ou  au  Pénicillium, 
ou  l)ii  u  à  l'un  et  à  l'autre  à  la  fois.  Ils  ne  déterminent  pas  de  fermentation,  car  il  n'y  a  ])as 
d'effervescence  à  l'ouverture  des  flacons  (voir  t.  LXVII,  p  364).  L'Académie  peut  juger  par 
là  (]ue  tous  ces  phénomènes  ont  été  soigneusement  analyses  par  moi,  et  que  je  n'annonce  pas 
de  résultats  qui  n'aient  été  bien  contrôlés. 


(  i5.7  ) 
peut  s'accomplii' à  lo  ou  12   degrés,  c'est-à-dire  à  une  température  à  la- 
quelle je  n'ai  jamais  vu   naître  de  levure  de  bière  spontanée  dans  mes 
flacons. 

»  Comme  M.  Pasteur  nie  celte  transformation,  j'ai  cru  pouvoir  lui  de- 
mander s'il  connaît,  dans  l'atmosphère,  des  germes  verts  de  la  levure  de 
bière  qui  ne  soient  pas  des  spores  de  Pénicillium.  Cela  ne  veut  pas  dire 
assurément  que  le  Pénicillium  glaucum  soit  le  seul  champignon  qui  pos- 
sède des  spores  vertes,  ni  même  que  le  Pénicillium  soit  le  seul  champignon 
qui  puisse  produire  de  la  levure  alcoolique,  attendu  que,  dans  l'esprit  de 
M.  Pasteur,  qui  n'admet  pas  les  transformations,  de  tels  germes  ne  pour- 
raient appartenir  à  un  autre  champignon  que  la  leviire  elle-même. 

»  Avant  de  quitter  ce  sujet,  je  dirai  que,  bien  que  divers  champignons 
soient  susceptibles  d'engendrer  de  la  levure  alcoolique,  je  n'en  suis  pas 
moins  convaincu  que  le  Pénicillium  glaucum  constitue  la  levure  de  bière 
employée  dans  nos  brasseries. 

»  Dans  la  séance  du  22  décembre,  M.  Pasteur  ayant  cru  devoir  procla- 
mer de  nouveau,  dans  sa  courte  Note,  que  les  matières  albuniinoïdes  de 
l'organisme  ne  sont  pas  susceptibles  de  donner  naissance,  par  voie  de  gé- 
nération dite  spontanée,  à  des  ferments  organisés,  à  des  Mycoderma  ou 
autres  moisissures,  j'ai  cru  devoir,  à  mon  tour,  opposer  à  l'opinion  de 
notre  confrère  les  expériences  de  MM.  Wyman,  îl.  Hoffmann  et  Charlton- 
Bastian.  J'avais  l'intention  d'ajouter  une  expérience  de  M.  Pasteur,  qui, 
suivant  moi,  conduit  aux  mêmes  conclusions;  je  demande  donc  à  l'Aca- 
démie la  permission  de  la  rappeler. 

»  A  la  page  85 1  du  tome  L  des  Comptes  rendus,  M.  Pasteur  dit  qu'un 
ballon,  dans  lequel  ou  fait  bouillir  du  lait  pendant  deux  à  trois  minutes, 
étant  rempli  avec  de  l'air  calciné,  puis  fermé  et  maintenu  à  la  température 
de  3o  degrés,  après  un  temps  variable,  ordinairement  de  trois  à  dix  jours, 
le  lait  de  tous  les  ballons  ainsi  préparés  se  trouve  caillé. 

«  Cependant,  ajoute  notre  confrère,  ce  lait  est  aussi  alcalin  que  le  lait  frais  et,  d'autre 
part,  ce  qui  ferait  croire  aux  générations  spontanées  (c'est  toujours  M.  Pasleur  qui  parle), 
ce  lait  est  rempli  (Viiifiisoires,  le  plus  souvent  de  vibrions ....    » 

))  Ce  n'est  pas  tout,  M.  Pasteur  aurait  reconnu  qu'il  est  facile  de  com- 
nuiniquer  à  de  l'eau  sucrée  albumineuse  la  propriété  que  possède  le  lait  de 
donner  des  infusoires,  en  présence  de  l'air  rougi,  après  une  ébullition  à 
100  degrés.  Il  suffit  d'ajouter  un  peu  de  craie  à  la  liqueiu-  avant  l'ébuUi- 
tion.  Au  bout  de  quelques  jours,  cette  liqueur  se  trouble  et  se  trouve  rem- 
plie d'infusoires. 


(   '5. H   ) 
»  L'altération  est  tout  à  fait  mille  si  l'ébullition  de  cette  eau  albnmi- 
neuse  alcaline  on  celle  du  lait  a  été  faite  de  i  lo  à  i  ta  degrés. 
»  M.  Pasteur  en  conclut  que  : 

«  C'est  évidemment  que  ta  fécondité  des  germes  des  vibrions  n'est  pas  entièrement  dé- 
truite, mcmc  au  sein  de  l'eau,  à  une  température  de  loo  dej;rés,  qui  dure  quelques  mi- 
nutes ;  qu'elle  l'est  davantage  par  une  ébullition  plus  ])rolongée  à  cette  température  et 
qu'elle  est  supprimée  entièrement  à  i  lo  ou  112  degrés.    " 

w  Ainsi,  des  germes  qui,  d'apiés  jVF.  Pasteur  et  aussi  d'après  MM.  Pou- 
chet,  Wyman  et  Charlton-Bastian,  sont  tués  à  55  ou  60  degrés  et  perdent, 
par  conséquent,  leur  faculté  reproductrice,  ne  seraient  pas  tués,  d'après 
le  même  M.  Pasteur,  à  100  degrés,  i)ar  cela  senl  que  le  liquide  est  natiu-el- 
lement  alcalin,  comme  le  lait,  ou  parce  que  l'on  a  projeté  un  peu  de  craie 
dans  la  liqueur  avant  l'ébullition. 

»  Assurément  c'est  là  une  hypothèse  inadmissible.  Il  est  bien  pins  vrai- 
semblable que  la  coction  modiSeTun  des  principes  immédiats  du  liquide 
albumineux,  et  finit  par  lui  enlever,  vers  110  à  i  la  degrés,  la  faculté  que 
jusqtie-là  il  avait  pu  conserver.  Si  l'addition  d'une  substance  alcaline  a 
une  influence  réelle,  ne  serait-ce  pas  plutôt  en  favorisant  certaines  affinités 
susceptibles  de  déterminer  les  mouvements  moléculaires  nécessaires  à  la 
formation  des  vibrions  observés.  D'autre  part,  ces  vibrions  ne  doivent  pas 
être  plus  délicats  que  leurs  prétendus  germes,  en  admettant  pour  un  in- 
stant avec  M.  Pasteur  l'existence  de  ceux-ci.  Si  ces  vibrions  sont  tués, 
comme  d'habitude,  à  55  ou  60  degrés,  n'est-il  pas  vraisemblable  que 
leurs  germes  ne  sauraient  guère  supporter  une  température  plus  haiile, 
attendu  que  ces  germes  ne  peuvent  être  représentés  dans  l'atmosphère  que 
par  les  petites  cellules  desséchées  de  ces  vibrions  ? 

»  L'Académie  le  voit,  là  encore  tout  semble  attester  la  production  de 
ces  vibrions  du  lait,  etc.,  qui  a  bouilli,  par  l'hétérogénèse,  de  mêine  qu'il 
naît  des  êtres  vivants  analogues  dans  les  liquides  qui  ont  subi  la  tempéra- 
Itire  de  100  degrés  tians  les  appareils  de  ?ilM.  Wyman,  Tl.  Hoffmann  et 
Charlton-Bastian. 

))  C'est  donc  en  vain  que  M.  Pasteur  refuse  d'admettre  l'existence  de  l'hé- 
lérogénie;  elle  s'impose  aux  observateiu's  sérieux.  Il  est  ime  expérience 
bien  connue  des  micrographes,  de  laquelle  on  ne  parle  pas  assez,  à  mon 
avis.  Elle  consiste  à  mettre  sur  un  porte-objet  une  toute  petite  goutte  de 
liquide  tenant  tine  matière  plastnatique  en  dissolution,  à  couvrir  d'une 
ItitMelle  de  verre  et  à  voir  ce  qui  survient  dans  celt(;  mince  couche  de  li- 
quida filtré  avec  soin. 


(   '5.9  ) 

'>  Cette  fxpérience  a  été  décrite  de  nouveau,  dans  ces  dernières  années, 
|)ar  M.  Charlton-Basiian,  qui  l'a  exécutée  dans  une  chambre  chaude  {Hfe- 
hox)  à  la  lenipératnre  de  29  à  Sa  degrés.  Il  en  donne  les  résnitats  à  peu 
près  en  ces  termes  : 

'<  On  observe  l'apparition  de  poinls  presque  sans  mouvement,  plus  ou  moins  uniformé- 
ment répandus  dans  le  liquide  immobile,  et  l'on  voit  ces  points  se  développer  graduellement 
en  bactéries  mobiles  ou  en  Torulœ  ;  de  sorte  que,  où  il  n'existait  aucun  germe  visible,  appa- 
raissent des  jiarlicules  visibles  de  matière  vivante,  qui  croissent  plus  ou  moins  rapidement 
en  bactéries,  etc.  »  [The  modes  of  origine  of  lowcst  urgaiiisins,  p.  Sa.) 

»  J'ai  fait  plusieurs  fois  cette  expérience,  mais  dans  des  conditions  plus 
défavorables,  sans  le  secours  d'une  chambre  chaude,  en  mettant  tout  sim- 
plement le  porte-ohjel  sur  un  support  placé  dans  une  soucoupe  contenant 
d:^  l'eau  et  renversant  un  verre  à  boire  par-dessus,  A  cause  de  l'imperfec- 
lion  de  cet  appareil,  je  n'en  ai  jamais  rien  dit,  mais  je  me  suis  convaincu  de 
l'exactitude  du  résultat,  qui  ne  permet  p;is  de  douter  de  la  réalité  de  l'hé- 
térogénèse,  ou,  comme  dirait  M.  Charlton-Bastian,  deiarcliebiosis  (com- 
mencement de  vie). 

»  M.  Pasteur  termine  sa  Note  du  i5  décembre  en  rappelant  ses  travaux 
en  général  et,  en  particulier,  ses  perfectionnements  pour  la  conservation 
des  vins  et  pour  la  fabrication  de  la. bière  et  du  vinaigre.  Je  n'ai  point  la 
pensée  de  vouloir  déprécier  les  services  que  M.  Pasteur  peut  avoir  rendus 
dans  ces  voies  diverses;  mais  ce  qui  nous  préoccupe  avant  tout  ici,  c'est 
l'origine  des  levures.  Il  n'est  pas  douteux  qu'à  cet  égard  notre  confrère 
n'est  pas  plus  avancé  qu'à  son  début,  il  y  a  dix-sept  ans,  puisqu'il  cherche 
encore  les  germes  des  différentes  leviires.  S'il  a  fait  faire  quelques  progrès 
à  la  fabrication  ou  à  la  conservation  des  boissons,  c'est  que  ces  améliora- 
tions étaient  possibles  sans  que  leur  auteur  eût  une  connaissance  exacte  de 
la  nature  des  êtres  sur  lesquels  il  opérait.  » 

Réponse  de  M.  Pastecu  à  M,  Trécul. 

«  M.  Trécul  a  rouvert  la  discussion  par  une  lecture  de  huit  pages, 
portant  exclusivement  sur  le  Pénicillium  ijlaïuiim  et  le  M-ycodeinm  vini. 

»  J'ai  accepté  le  débat  sur  ces  deux  productions.  J'entends  l'y  main- 
tenir, en  ce  qui  me  concerne. 

»  Par  un  dispositif  qui  m'est  propre,  décrit  par  moi  de  vive  voix  dans 
la  séance  du  i5  décembre,  j'ai  obtenu  des  résultats  tout  autres  que  ceux 
qui  ont  été  annoncés  par  M.  Trécul  (i).  Je  ne  me  suis  pas  arrêté  là  :  j'ai 


(i)  Déjà,  en  1861,   j'ai    publié  des    résultais  id<nliqii(s  devant  la  Société  |)liilon)alliiqnc 
(voir  le  Bitlletiit  de  cette  Société). 


(   iSao  ) 

reproduit  les  observations  de  M.  Tréciil  en  employant  la  manipulation 
même  qu'il  a  décrite,  mais  en  me  servant  du  Pénicillium  pur,  c'est-à- 
dire  en  éloignant  les  causes  d'erreur  que  je  reproche  aux  observations  de 
notre  confrère.  Ici  encore,  mes  résultats  ont  été  tout  autres  que  ceux  de 
M.  Trécul. 

»  Enfin  je  me  suis  donné  la  peine  d'apporter,  en  séance,  à  M.  Trécul 
des  flacons  préparés  comme  il  l'indique.  M.  Trécul  a  refusé  de  les  em- 
porter pour  les  observer  à  loisir. 

»  Dans  cet  état  de  clioses,  dont  je  prends  acte  devant  l'Académie,  je 
déclare  que  je  ne  répondrai  plus  à  M.  Trécul  tant  qu'il  n'aura  p;is,  soit 
seul,   soit  avec  l'aide  de  M.  Fremy  : 

M  i'^  Reproduit  mes  expériences,  au  sujet  desquelles  je  lui  offre  toutes  les 
explications,  verbales  ou  écrites,  qu'il  pourra  désirer; 

»  2°  Refait  ses  propres  expériences  en  éloignant  les  causes  d'erreur  que 
j'y  ai  signalées. 

»  Plus  tard,  j'examinerai,  s'il  y  a  lieu,  les  travaux  étrangers  dont 
M.  Trécul  a  parlé.  Quant  à  présent,  je  me  borne  aux  sujets  sur  lesquels  il 
a  plu  à  notre  confrère  de  rouvrir  le  débat,  et  j'entends,  comme  c'est  mon 
droit,  y  fixer  la  discussion  de  la  manière  la  plus  stricte. 

»  C'est  le  seul  moyen  de  ne  pas  permettre  qu'elle  s'égare.  Du  reste,  au 
point  où  nous  en  sommes,  je  rue  sens  autorisé  à  déclarer  que  l'accueil  fait 
à  mes  travaux  et  les  soins  que  je  leur  consacre  me  font  un  devoir  d'en 
poursuivre  les  conséquences  et  le  cours,  laissant  à  chacun  à  les  apprécier 
selon  ses  lumières  et  selon  son  gré.  Le  temps  les  jugera.  » 

M.  E.  CossoN  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire  intitulé  :  «  Spe- 
cies  nova?  maroccanac  » .  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Sociclé  botanique  de  France.) 

N03iINATI0NS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutai,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant, pour  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  feu  Encke. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  3g, 

M.  Jjockyer  obtient 35  sidfrages. 

M.  Newcomb a          » 

M.  Warren  de  la  Rue i          » 

H  y  a  un  billet  blanc. 

M.  N.  LocKVER,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu. 


(    1021     ) 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant,  pour  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de 
feu  l'amiral  Snijlli. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.  Roche  obtient 89  suffrages. 

M.  Tisserand 5  » 

M.  Newconib i  » 

M.  Warren  de  la  Rue i  u 

M.  Roche,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

aiÉMOIRES  PRÉSEIVTÉS. 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Essai  théorique  sur  V équilibre  d^ élasticité  des 
massifs  pulvérulents  et  sur  la  poussée  des  terres  sans  cohésion.  Mémoire  de 
M.  J.  BoussiNESQ,  présenté  par  M.  de  Saint-Venant.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  Chasles,  Bertrand,  de  Saint-Venant.) 

«  1.  Les  milieux  pulvérulents,  tels  qu'un  amas  de  sable  sec  ou  même  de 
terre  fraîchement  remuée,  dont  les  diverses  parties  n'éprouvent,  à  glisser 
les  unes  sur  les  autres,  d'autre  résistance  que  leur  frottement  mutuel,  sont 
susceptibles  de  plusieurs  modes  distincts  d'équilibre. 

»  Le  seul  qui  ait  été  étudié  jusqu'ici  est  Véquilibre  limite  qu'ils  présentent 
lorsqu'ils  sont  sur  le  point  de  s'ébouler  et  que  les  frottements  y  atteignent, 
par  suite,  les  valeurs  les  plus  grandes  qu'ils  soient  capables  de  recevoir; 
mais  il  y  en  a  un  autre  plus  important  à  considérer,  c'est  celui  qui  se  pro- 
duit au  sein  d'une  niasse  sablonneuse  en  repos,  soutenue  par  un  mur  assez 
ferme  pour  n'éprouver  aucun  ébranlement.  Dans  cet  état,  le  seul  dont  l'in- 
génieur ait  à  s'occuper,  parce  que  c'est  le  seul  qu'd  soit  chargé  de  produire 
et  de  maintenir,  le  frottement  mutuel  des  couches  est  généralement  moindre 
que  dans  le  précédent,  tout  comme,  dans  lui  solide  en  équilibre  d'élasticité, 
les  tensions  restent  partout  inférieures  à  celles  qui  altéreraient  d'une  ma- 
nière permanente  la  structure  du  corps;  les  particules  y  sont  donc  moins 
retenues  par  leurs  actions  mutuelles  que  dans  le  cas  où  le  mur  de  soutè- 
nement les  fuirait  en  cédant  sous  leur  pression,  et  elles  exercent,  sur  ce 
dernier,  une   poussée  supérieure  à   celle  qu'indiquent  les  formules   de 

C.  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVIl,  N"  3C.)  I  97 


(     l522    ) 

MM.  Rankine  et  Maurice  Levy.  C'est  siirroiit  ce  genre  d'équilibre  que 
je  me  propose  d'étuclier  ici.  Je  l'appelle  équilibre  (rélaslicitc ;  car  je  con- 
sidère les  pressions  qui  s'y  trouvent  effectivement  exercées  comme  dépen- 
dant des  petites  déformations  qu'éprouverait  la  masse,  supposée  d'abord 
homogène  et  sans  poids,  si  elle  devenait  ensuite  pesante  comme  elle  l'est 
en  effet. 

»  2.  Les  corps  dont  il  s'agit  tiennent  le  milieu  entre  les  solides  et  les 
fluides  :  tandis  que  les  solides  et  les  fluides,  soumis  à  des  pressions  varia- 
bles depuis  zéro  jusqu'à  des  valeurs  considérables,  opposent  à  une  même 
déformation  qu'on  leur  fait  subir  une  résistance  constante,  finie  pour  les 
premiers,  nulle  pour  les  seconds,  les  milieux  pulvérulents,  au  contraire, 
résistent  aux  changements  de  forme  avec  d'autant  plus  d'énergie,  qu'ils 
supportent  dans  tous  les  sens  luie  pression  moyenne  plus  considérable  ; 
fluides  tant  qu'on  ne  les  comprime  pas,  ils  deviennent  en  quelque  sorte 
solides  sous  pression.  Leur  coefficient  d'élasticité  de  glissement,  ou 
coefficient  de  rigidité  [p.  de  Lamé),  au  lieu  d'être  constant  comme  chez  les 
solides,  nul  comme  chez  les  fluides,  paraît  pro])ortionnel  à  la  pression 
moyenne  p. 

»  C'est  ce  que  je  déduis  en  effet  des  expressions  par  lesquelles  on  repré- 
sente, dans  les  corps  isotropes,  la  moyenne  des  trois  forces  élastiques  prin- 
cipales (c'est-à-dire  la  pression  moyenne  ^)  changée  de  signe)  et  aussi  les 
différences  respectives  de  ces  trois  forces,  en  fonction  des  trois  dilatations 
principales  î),,  Jo;  ''a-  En  tenant  compte,  dans  tous  les  résultats,  des  termes 
affectés  des  carrés  et  des-produits  deux  à  deux  de  ?,,  5n,  ?3,  puis  exprimant 
que  le  milieu  considéré,  pour  des  valeurs  finies  de  ?,,  Jj,  ?,,  cesse  d'ad- 
mettre des  forces  élastiques  tangentielles  dès  que  la  pression  moyenne  p  est 
nulle,  je  trouve  que  les  composantes  appelées  par  Lamé  N,,  No,  N3,  T,, 
To.  Tj  y  ont  pour  valeurs  (tant  qu'elles  ne  dépassent  pas  certaines  limites) 

où  m  est  un  coefficient  positif  et  constant  assez  considérable,  et  où  11,  c,  îc, 
fonctions  des  coordonnées  d'équilibre  ce,  j,  z,  désignent  les  trois  compo- 
santes du  déplacement  moléculaire.  La  même  analyse  |îrouve  que  la  dila- 
tation cubique  est  en  même  temps  négligeable  vis-à-vis  des  trois  dilatations 
linéaires  dont  elle  égale  sensiblement  la  somme  algébrique,  ou  qu'on  peut 

T  ,  ,      .  ,,.  .-,.,.,  du         dv  dw 

admettre  la  relation  d  incompressibilité  - — h  - — I — r-  "=  o 

^  dx         dy         dz 

))  Si  l'on  joint  celle-ci  aux  trois  fonctions  qui  expriment  l'équilibre  de 


(  i52;i  ) 

translalion  d'un  élément  (le  volume  rectangulaire,  on  aura  les  équations 
indéfinies  nécessaires  poin-  déterminer  les  quatre  fonctions  inconnues 
H,  i',îv,  p.  Quant  aux  conditions  spéciales  aux  surfaces  limites,  elles  re- 
viennent: 1°  pour  les  surfaces  libres,  à  exprimer  que  la  pression  du  massif 
sur  sa  couche  superficielle  est  nulle  (car  on  fait  abstraction  de  la  pres- 
sion atmosphérique  exercée  autour  de  chaque  grain  sablonneux  et  qui 
n'influe  pas  sur  les  actions  mutuelles  de  ces  grains)  ;  2° pour  les  parois  fixes 
(ou  faces  postérieures  des  murs  de  soutènement),  à  y  poser  u  =  o,  i»  =  o, 
w  =  o  diins  le  cas  ordinaire  où  elles  sont  rugueuses  au  point  d'immobiliser 
la  couche  adjacente  du  massif,  et  à  dire  que  la  composante  normale  du  dé- 
placement et  les  deux  composantes  tangentielles  de  la  poussée  sont  nulles 
dans  le  cas  contraire  d'une  paroi  infiniment  polie.  Je  me  borne  à  consi- 
dérer ces  deux  espèces  opposées  de  parois. 

»  3.  Les  intégrations  sont  faciles  quand  le  massif  pesant  est  limité  supé- 
rieurement par  un  plan  faisant  avec  l'horizon  un  angle  donné  w,  mais  indé- 
fini dans  tous  les  autres  sens.  Une  telle  masse  pulvérulente  est  susceptible 
d'une  double  infinité  de  modes  d'équilibre,  suivant  les  valeurs  qu'on 
attribue  à  deux  constantes  arbitraires  introduites  par  l'intégration.  Un  sys- 
tème quelconque  de  droites  parallèles,  situées  dans  un  |3lan  vertical  per- 
pendiculaire à  celui  (lu  talus  supérieur,  s'y  change,  par  suite  des  petites 
déformations  éprouvées,  en  une  famille  de  coniques  concentriques,  sem- 
blables et  semblablement  placées,  dont  les  axes  ont  les  directions  des  bis- 
sectrices des  quatre  angles  que  forme  une  verticale  avec  le  profil  du  talus 
supérieur.  Ces  coniques  deviennent  des  cercles  de  très-grand  rayon  pour 
les  lignes  parallèles  au  talus;  elles  se  réduisent  même  toutes  à  de  simples 
droites  parallèles,  quand  l'une  des  deux  constantes  arbitraires,  c,  est  nulle  : 
alors  les  différentes  parties  du  massif  éprouvent  exactement  les  mêmes  dé- 
formations. 

»  Le  cas  particulière  ■=  o,  qui  comprend  une  infinité  de  modes  d'équi- 
libre, puisqu'il  y  subsiste  encore  une  constante  arbitraire,  est  le  seul  pour 
lequel  les  conditions  relatives  à  une  paroi,  rugueuse  ou  polie,  se  trouvent 
vérifiées  en  tous  les  points  d'une  surface.  Celle-ci  doit  même,  à  cet  effet,  se 
réduire  à  un  plan  coupant  le  talus  supérieur  suivant  une  horizontale;  mais, 
quelle  que  soit  la  direction  d'un  tel  plan,  on  peut  déterminer  la  constante 
disponible  de  manière  à  vérifier  dans  toute  son  étendue  les  conditions  aux 
parois.  Ainsi,  parmi  tous  les  modes  possibles  d'équilibre  du  massif  indéfini, 
il  y  eu  a  un  et  un  seul  qui,  supposé  préalablement  établi,  subsistera  si  la 
matière  comprise  d'un  c(jlé  du  plan  considéré  devient  un  mur  ayant  ce  plan 

197- 


(   i524  ) 
pour  face  postérieure.  C'est  naturellement  ce  mode  d'équilibre  qui  doit  se 
produire  lorsque  le  mur  dont  il  s'agit  existe  effectivement,  et  Userait  d'ail- 
leurs le  même  pour  deux  directions  rectangulaires  de  ce  mur. 

»  Quand,  en  particulier,  le  mur  de  soutènement  a  une  face  postérieure 
rugueuse,  inclinée  sur  la  verticale  d'un  angle  que  nous  appelons  s,  ou  sous 

l'horizontale  d'un  angle s,  le  tassement  du  massif  se  fait  par  déplace- 

menls  parallèles  à  la  face  considérée,  et  qui  valent,  pour  chaque  particule, 

le  produit  de  sa  distance  à  cette  face  par  le  facteur  constant -, ;• 

I  '  m  cos(w  —  2  s) 

Quant  à  la  poussée  exercée  sur  la  même  face  à  «la  distance  T.  de  son  bord 
supérieur,  l'angle  ip,,  qu'elle  fait  avec  le  prolongement  de  la  normale  à  la 
face  considérée,  et  la  valeur  R  qu'elle  a  par  unité  d'aire  résultent  des  for- 
mules 

sinw  R  cos(6)  —  s)  cos '&>  —  2e) 

OT'  COs(w —  2s)  pgL  C0S2(w  —  eJCOSç», 

où  pg  désigne  le  poids  de  l'unité  de  volume  du  massif. 

»  4.  Mais  je  n'ai  pas  tenu  compte,  dans  ce  qui  précède,  des  limites  d'é- 
lasticité de  la  matière  pulvérulente.  Or,  de  même  que,  après  avoir  résolu 
le  problème  de  l'équilibre  d'un  solide  soumis  à  des  forces  données  et  sup- 
.  posé  parfaitement  élastique,  on  exprime  que  la  plus  grande  dilatation  en 
chaque  point  doit  rester  inférieure  à  la  valeur  pour  laquelle  les  déforma- 
tions commenceraient  à  avoir  une  partie  permanente  sensible,  de  même  il 
faut  exprimer  ici  que  la  plus  grande  dilatation  linéaire  éprouvée  aux  divers 
points  du  massif  atteint  tout  au  plus  la  valeur  maxinia  qui  ne  peut  être 
dépassée  sans  qu'un  éboulement  soit  à  craindre.  Les  corps  pulvérulents 
sont  dénués  de  cohésion,  c'est-à-dire  incapables  de  transmettre  des  ten- 
sions, et  la  dilatation  la  plus  grande,  à  l'état  élastique,  doit  j)our  ce  seul 

fait  y  rester  toujours  inférieure  au  rapport  — -•  La  limite  d'élasticité,  étant 

,  I  ...  1     r  sin<p        ,         , , 

ainsi  moHiiIre  que  — >  peut  toujours  être  mise  sous  la  forme  — îj  ou  a  de- 
^       2  m    '  •*  2.m  ' 

signe  un  angle,  caractéristique  de  chaque  espèce  de  matière,  que  l'expé- 
rience sera  appelée  à  déterminer  entre  zéro  et  go  degrés,  et  qui  n'est  autre 
que  l'angle  dit  de  froltemenl  ou  de  terre  coulante. 

»  Une  première  conséquence  de  la  nouvelle  condition  imposée  à  l'équi- 
libre est  de  faire  annuler  la  constante  c,  c'est-à-dire  de  réduire  tous  les 
modes  d'équilibre  du  massif  indéfini  à  ceux  qui  conviennent  à  un  massif  li- 
mité par  un  mur  plan;  mais,  en  outre,  les  modes  d'équilibre  subsistants. 


(  i525  ) 
qui  dépendent  alors  d'un  seul  paramètre,  £  par  exemple,  ne  restent  pos- 
sibles qu'autant  que 

9/  \  _  sin'u 

COS''(  w  —  2£)Ç     ■   ,     • 
^  '>  sin'f 

»  Leur  nombre,  illimité  tant  que  l'inclinaison  w  du  talus  sur  l'horizon 
est  nulle,  devient  de  plus  en  plus  restreint  à  mesure  que  cette  inclinaison 
grandit  en  valeur  absolue  ;  il  se  réduit  à  un  seul  quand  elle  atteint  la  valeur 
absolue  9,  et  à  zéro  pour  les  valeurs  de  w  prises  en  dehors  des  limites  ±  155. 

))  Ainsi  s'explique,  dans  cette  théorie,  l'impossibilité  qu'un  massif  pul- 
vérulent se  soutienne  sous  un  angle  supérieur  à  celui  de  la  terre  coulante; 
mais  celle  même  théorie  indique  de  plus  que,  si  le  massif,  au  lieu  d'être  in- 
défini, est  limité  d'un  côté  par  un  mur  rugueux  foisant  un  angle  £  avec  la 
verticale,  l'inclinaison  «  du  talus  supérieur  ne  pourra  pas  même  atteindre 
en  général  les  valeurs  extrêmes  ±  (jj  (du  moins  tout  près  du  mur  et  en 
supposant  la  matière  à  l'état  élastique).  Voici,  par  exemple,  pour  9  =  4^  de- 
grés et  pour  diverses  valeurs  de  £,  les  valeurs  extrêmes  de  u  : 

O/  Of  "/  o/  O/  O        f  o 

Valeurs  de  s 0.00         10,00         20.00         22. 3o         3o.oo         ^0.00     45 

35.16      4'''4      44-4*^      45'Oo      42'22      22.01     o 


Valeurs  limites  de  w.  1       _^    ^  „  r  01?  /    o 

(  — 35.16    — 2(3.09     — 20.2b     — it).20     — 12.22     —  4.00       o 

CHIMIE  ORGANIQUE.—  Recherches  sur  Visomérie  dans  les  matières  albiimindides. 

Extrait  d'une  lettre  de  M.  A.  Bécu.»mp  à  M.  Dumas. 

(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Chevreul,  Boussingault,  Wurtz.) 

«  Il  y  a  quelques  années,  pendant  que  j'étudiais  les  produits  de  l'oxy- 
dation des  matières  albuminoïdes  par  l'hypermanganale  de  potasse,  j'ai 
eu  l'occasion  de  déterminer  le  pouvoir  rotatoire  de  l'albumine  du  blanc 
d'œuf.  J'avais  trouvé  que  ce  pouvoir,  pour  la  teinte  de  jiassage,  était  com- 
pris entre  [\o  et  42  degrés  \.  Parmi  les  produits  de  l'oxydation  de  cette 
albumine  se  trouvaient  des  composés  à  réaction  acide,  dont  les  pouvoirs 
rotatoires,  de  même  sens  que  celui  de  l'albumine,  étaient  de  4^,  49)  52  et 
même  56  degrés.  Je  vis  bientôt  queje  n'opérais  pas  sur  des  matières  toujours 
identiques,  et  que  le  blanc  d'oeuf  contenait  plusieurs  substances  albumi- 
noïdes possédant  des  pouvoirs  rotatoires  inégaux.  L'albumine  soluble  pré- 
parée par  l'élégant  procédé  de  M.  Wurtz  possède  un  pouvoir  rolatoire 
compris  entre  3o  et  34  degrés,  toujours  à  gauche.  Ne  pouvant  attribuer 
une  si  grande  différence  à  une  erreur  d'observation,  ni  à  des  impuretés, 
j'imaginai  que,  outre  l'albumine  soluble  de  M.  Wurtz,  le  blanc  d'œuf  en 


(   t526  ) 

coiUeiiait  une  autre  d'un  pouvoir  rotatoire  plus  élevé  et  de  même  sens  : 
c'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu.  Quoique  la  révision  des  matières  albuminoïdes 
que  j'ai  entreprise  soit  loin  de  son  terme,  il  s'en  dégage  pourtant  quelques 
conséquences  qui  me  paraissent  mériter  de  vous  être  communiquées. 

»  Il  me  semble,  si  j'ai  bien  compris  votre  pensée,  que  vous  n'avez  jamais 
cessé  d'admettre  plusieurs  espèces  distinctes  de  matières  albuminoïdes,  la 
notion  de  l'espèce  chimique  étant  conçue  selon  les  idées  de  M.  Chevrenl. 
En  effet,  dans  la  Statkjue  chimique  des  ëlres  organisés,  vous  avez  dit  : 
«  La  fibrine,  l'albumine,  le  caséum,  etc.,  présentent  une  analogie  singu- 
»  lière  avec  le  ligneux,  l'amidon  et  la  dextrine.  »  Or  le  ligneux,  l'amidon 
et  la  dextrine,  quoique  doués  de  la  même  composition,  sont  bien  évidem- 
ment des  espèces  chimiques  distinctes.  Ces  idées,  je  les  avais  adoptées  et 
défendues  dans  ma  Thèse.  A  la  même  époque,  en  i856,  Ch.  Gerhardt 
disait  : 

«  Ces  matières  possèdent  non-seulement  la  même  composition,  mais  encore  la  même  con- 
stitution chimique  ;  elles  ne  diffèrent  que  par  leur  état  physique  ou  par  la  nature  des  sub- 
stances minérales  avec  lesquelles  elles  sont  combinées.  >>  Il  ajoutait  :  «  Il  y  aurait  donc  un 
principe  unique,  un  acide  faible,  qui,  tantôt  sokible,  tantôt  insoluble  (à  la  manière  de 
l'acide  tartrique  anhydre,  du  chloral,  de  l'aldéhyde,  etc.),  constituerait  l'albumine,  la  ca- 
séine, la  fibrine,  suivant  qu'il  serait  ou  non  combiné  avec  les  alcalis  ou  mélangé  avec  des 
sels  étrangers.  Si  l'on  conserve  à  ce  principe  le  nom  d'albumine,  on  peut  dire  que  le  blanc 
d'œuf  et  le  sérum,  soUibles  et  coagulables  par  la  chaleur,  sont  formés  de  bialbuminale  de 
soude;  que  la  caséine  du  lait,  soluble  et  incoagulable  par  la  chaleur,  représente  de  l'albumi- 
nate  neutre  de  potasse,  et  que  la  fibrine  est  l'albumine  insoluble  ou  coagulée,  plus  ou 
moins  mélangée  de  [diosphates  terreux.  » 

»  Pour  M.  Eichwald  [Bulletin  de  la  Société  citimique,  t.  XX,  p.  /^ïl^^,  no- 
vembre 1873),  «  les  diverses  matières  albuminoïdes  sont  encore  com- 
»  posées  d'une  seitle  et  même  substance,  modifiées  par  des  combinaisons 
»  avec  des  matières  colloïdes  ou  cristalloïdes.  L'albumine  du  sang  serait 
»  une  combinaison  d'albumine  et  de  sel  marin;  par  l'action  prolongée  de 
«  l'eau,  elle  se  précipiterait  à  l'état  colloïde  (syntonine)  ou  à  l'état  coagulé. 
»  La  précipitation  par  la  chaleur  s'expliquerait  par  la  décomposition  de 
»  la  combinaison  saline,  plus  facile  à  chaud  qu'à  froid.  »  Pour  M.  Soxhlet 
[Ibid.,  p.  4 '5),  (c  il  y  a  identité  absolue  entre  les  albuminates  alcalins  et  la 
»  caséine.  »  Selon  l'auteur,  la  caséine  et  les  albuminates  alcalins  auraient 
le  même  pouvoir  rotatoire. 

»  J'ai  toiijoius  suj)posé  que  ces  opinions  ne  reposaient  sur  rien  de  solide. 
C'est  |)our  cela  que,  dans  ma  Thèse,  combattant  ces  tendances,  je  disais  : 


(  15^7  ) 

«  Il  y  a  bien  longtemps  déjii,  M.  Biot  a  montre  que  l'albumine  était  lévogyre.  Ponr 
|)roiivcr  que  les  albiuninoïdes  représentent  autant  de  substances  identiques  ou  diffcrenles, 
il  faudrait  prouver  que,  dans  les  mêmes  circonstances,  la  fibrine,  l'albumine,  la  caséine  et 
leurs  variétés  possèdent  le  même  pouvoir  rotatoire  avec  un  ensemble  de  propriétés  com- 
munes, ou  bien  que  leurs  pouvoirs  rotatoires  sont  différents,  ce  qui  coïnciderait  avec  les 
propriétés  diverses  qu'on  leur  connaît  déjà.  M.  Bouchardat  nous  ])romet  cette  étude  des 
pouvoirs  rotatoires  des  albuminoïdes;  mais,  en  attendant  que  ce  travail  d'ensemble,  qui 
conduira  à  la  solution  du  problème,  soit  fait,  mieux  vaut  encore  supposer  que  tous  les 
produits  désignés  sous  le  nom  collectif  à' albuminoïdes  sont  différents,  que  de  venir  hâtive- 
ment les  considérer  comme  une  même  substance.  »  J'ajoutais  :  «  Considérés  au  point  de  vue 
anatomique,  les  principes  albuminoïdes  sont  nécessairement  différents  :  l'albumine  du  sérum 
n'est  pas  celle  du  blanc  d'oeuf,  la  fdjrine  du  sang  n'est  pas  la  fibrine  musculaire,  u 

))  Je  me  crois  en  mesure  de  démontrer  chimiquement  ce  que,  en  i856, 
je  considérais  comme  démoniré  analomiqiiement.  Jusqu'ici,  sauf  M.  Wtu'tz 
■pour  l'albumine  soltible,  on  n'a  réellement  étudié  que  des  mélanges,  et 
l'histoire  des  albuminoïdes  est  complètement  à  refaire.  Il  n'est  que  juste 
de  faire  remarquer  que  M.  Wurtz,  dans  son  travail  sur  l'albinnine  soluble 
(1844))  s'était  déjà  élevé  contre  l'opinion  que  l'albumine  ne  devait  sa  solu- 
bilité dans  l'eau  qu'aux  alcalis  ou  à  la  présence  de  divers  sels.  Il  avait 
également  fourni  des  preuves  que  l'albuminale  de  potasse  ne  saurait  être 
confondu  avec  la  caséine.  L'illustre  chimiste  avait  noté,  en  outre,  que  le 
sérum  du  sang  ne  fournissait  pas  l'albumine  soluble  par  le  procédé  qui 
permet  de  préparer  si  aisément  celle  du  blanc  d'œuf.  N'étaient-ce  pas  là, 
déjà  à  cette  époque,  autant  de  motifs  pour  engager  à  ne  pas  confondre 
l'albumine  de  l'œuf  avec  celle  du  sang  et,  a  fortiori,  avec  la  caséine?  Mais 
il  est  inutile  d'insister  davantage.  J'espère  apporter  à  l'appui  de  vos  pen- 
sées et  des  expériences  de  M.  Wurtz  des  preuves  qui  convaincront  les  plus 
incrédules. 

»  Je  ne  peux  pas,  dans  cette  Lettre,  décrire  les  procédés  de  séparation 
et  d'observations  que  j'ai  ap()liqués  ;  je  me  bornerai  à  énumérer  les  diverses 
substances  que  j'ai  isolées  et  à  donner  le  pouvoir  rotatoire  qui  les  carac- 
térise individuellement  comme  espèces,  les  distinguant  absoliunent  les  unes 
des  autres.  C'est  de  la  discussion  de  ces  pouvoirs  rotatoires  et  de  la  compo- 
sition élémentaire  des  substances  qui  les  possèdent  que  se  dégagera  la  no- 
tion juste  du  vrai  caractère  de  l'isomérie  dans  les  matières  albuminoïdes. 

H  Blanc  d'œuf  de  jioute.  —  Outre  l'albumine  soluble  de  M.  Wuttz,  le 
blauc  d'œuf  en  contient  deux  antres,  également  solubles  dans  les  mêmes 
conditions  que  celle-là,  et  dont  l'une  est  une  zymose  capable  de  convertir 
l'empois  de  fécule  en  fécule  soluble,  mais  sans  formation  de  dextrine  et,  à 


{  i528  ) 

plus  forte  raison,  de  glucose.  La  zymose  du  blanc  d'œuf,  outre  son  pou- 
voir rotatoire  très-élevé,  se  distingue  encore  des  deux  autres  en  ce  qu'elle 
reste  soluble  dans  l'eau  après  avoir  été  précipitée  par  l'alcool.  Les  pouvoirs 
rotatoires  ont  été  déterminés  à  l'aide  du  saccharimètre  de  Soleil  : 
Albumine  soluble  de  Wuitz. . .     [«],=  33°,  i  ^     Dans  l'eau. 

a  ...     [a];  :=  32»,  7  \     Avec  addition  d'acide  acétique. 

s  ...      [a]y=:  34°,4\     Avec  addition  de  carbonate  de  soiide. 

Autre  albumine  soluble [a]y=  53°,  6 'Si^     Dans  l'eau. 

Zymose  du  blanc  d'œuf [a]y  =:  7o°,8 '^     Dans  l'eau. 

»  Jaune  d'œuf  de  poule.  —  Le  jaune  d'œuf  de  poule  contient  naturelle- 
ment un  produit  de  nature  aibuniinoïde  et  insoluble  que  je  considère 
comme  organisé;  il  constitue  la  plus  grande  partie  de  la  vitelline  que  vous 
avez  analysée.  Débarrassé  de  tout  ce  qui  l'accompagne  dans  le  jaune,  il 
fluidifie  l'empois  malgré  son  insolubilité  dans  l'eau,  et  est  capable  d'agir 
comme  ferment  organisé  :  ce  sont  les  microzyma  du  jaune  d'œuf.  En  outre, 
il  y  a  dans  le  jaune  deux  autres  matières  albuminoïdes  qui  sont  solubles 
dans  l'eau  :  l'une  devient  insoluble  après  sa  précipitation  par  l'alcool,  je 
n'ai  pas  encore  pu  déterminer  son  pouvoir  rotatoire;  la  seconde  reste  so- 
luble dans  l'eau  après  sa  précipitation  par  l'alcool,  et  elle  agit  comme 
zymose  sur  la  fécule,  mais  sans  la  saccbarifier  :  je  la  nomme  lécilhozymose. 
Lécithozymose [a]/  =  46°,5^^     Dans  l'eau. 

»  Matières  albuminoïdes  du  lait  de  vache.  —  On  était  indécis  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  le  htit  contient  ou  non,  outre  la  caséine,  quelque  autre 
matière  albuminoïde  :  il  y  en  a  deux,  dont  une  zymose,  qui  reste  soluble 
dans  l'eau  après  sa  précipitation  par  l'alcool.  J'ai  déterminé  le  pouvoir 
rotatoire  de  la  caséine,  de  l'albumine  et  de  la  zymose  du  lait,  en  me  ser- 
vant de  l'appareil  de  Soleil  ; 

Caséine  du  lait  caillé,- , .  [a]y  =  1 1 1°,  7  \  Dans  le  carbonate  de  soude. 

»      du  lait  frais [«]/  =  ' 09°>  7  \  " 

Caséine  de  fromage  de  Munster  (Alsace)  [o.]j  =  io8'',9  'Sj  » 

»      de  caillette  d'agneau [«]y=  102°,  2  'S^  » 

»       de  lait  frais ["]/=   ^o^jO^S^  Dissolution  dans  l'acide  acétique. 

Lactalbumine 1"]/=   64°,8%j|  Dans  le  carbonate  de  soude. 

«  [a]y  =    54°, 5  \  Dans  l'acide  acétique. 

Galactozyraose [a]j  =   ^0°,  7  '^^  Dans  l'eau. 

»  Protéine  de  blanc  d'œuf.  —  J'ai  préparé  la  protéine  avec  le  blanc  d'œuf. 


(  '529  ) 
La  matière  se  dissout  aisément  dans  une  dissolution  de  carbonate  de  soude 
et  dans  l'acide  acétique.  Les  dissolutions  étant  colorées  en  jaune  assez  in~ 
tense,  je  me  suis  servi  de  l'appareil  de  M.  Cornu  pour  mesurer  la  déviation 
qu'elles  impriment  au  plan  de  polarisation  : 

Protéine  dans  le  carbonate  de  soude [«1;  =  36°, 6  ^ 

»         dans  l'acide  acétique [a],  =  26°, 3  'S^  . 

»  Albumine  du  sérum  du  sniig.  —  On  ne  connaissait  point  l'albumine  du 
sang  à  l'état  soluble;  j'ai  réussi  à  l'isoler.  L'albumine  du  sérum  du  sang  de 
bœuf  n'est  pas  non  plus  luiique.  Jusqti'ici  j'en  ai  isolé  une,  dont  le  pouvoir 
rotatoire  est  presque  le  double  de  celui  de  l'albumine  soluble  de  M.  Wurtz, 
et  une  autre  qui  se  comporte  comme  luie  zyniose,  c'est-à-dire  qui  est  so- 
luble dans  l'eau,  après  sa  précipitation  par  l'alcool,  et  qui  fluidifie  l'empois 
de  fécule  sans  le  saccbarifier. 

»  Tels  sont,  Monsieur,  les  résultats  les  plus  nets  que  j'aie  obtenus  jus- 
qu'ici. L'espace  me  manque  potu"  les  discuter,  et  pour  les  mettre  en  regard 
des  travaux  allemands;  mais  il  n'est  plus  possible  de  soutenir  qu'un  prin- 
cipe unique,  combiné  ou  mélangé  avec  des  substances  diverses,  alcalines, 
acides,  colloïdes  ou  cristalloïdes,  constitue  les  substances  que  l'on  appelle 
albuminoïdes. 

a  Les  pouvoirs  rotatoires  de  la  plupart  d'entre  elles,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  sont  si  différents  qu'aucune  cause  d'erreur  ne  pourrait 
expliquer  pourquoi  la  caséine  a  un  pouvoir  rotatoire  trois  fois  plus  grand 
que  celui  de  l'albumine  soluble  de  M.  Wurtz  et  deux  fois  plus  grand  que 
celui  de  l'autre  albumine  du  blanc  d'œuf.  » 

M.  DcMAS,  après  avoir  donné  connaissance  à  l'Académie  de  cette  Lettre 
très-intéressante,  ajoute  que,  dans  quelques  recherches  sur  le  lait  de 
vache,  dont  il  s'est  occupé  cette  année,  il  a  constaté,  comme  M.  Béchamp, 
mais  par  d'autres  moyens,  la  présence  dans  ce  lait  de  trois  matières  albu- 
minoïdes distinctes,  le  caséiim,  toutefois,  demeurant  très-prépondérant 
par  sa  quantité  relative. 

CHIMIE  ANALYTIQUE,   —    Action    de  l'eau   sur   le  plomb    laminé.  Note 

de  M.  H.  aiARAis.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Chevreul,  Dumas, 

Balard,  Peligot,  Wurtz,  Belgrand.) 

«  L'acide  sulfhydrique  est  le  réactif  le  plus  sensible  :  en  prenant  certaines 
précautions,  il  peut  déceler  un  cent-millième  d'un  sel  soluble  de  plomb. 

G.  R.,  1873,  2»  5em«tre.  (T.  LXX.V1I,  N»  2G.)  '9^ 


(  i53o  ) 
Son  action  n'est  pas  troublée  par  la  présence  de  matières  organiques  mé- 
langées aux  liqueurs  plombifères;  c'est  ainsi  qu'il  accuse  très-nettement 
un  dix-millième  de  plomb  dans  des  liqueurs  sucrées,  salées,  mélangées  de 
bouillon  gras,  etc.  Il  donne  une  réaction  particulière  avec  le  lait  :  du  lait 
contenant  un  demi-milligramme  de  plomb  par  litre  est  coloré  en  rose  chair 
par  l'hydrogène  sulfuré;  la  réaction  est  encore  sensible  lorsqu'il  n'en  con- 
tient qu'un  dix-millième. 

»  L'acide  sulfurique  est  aussi  un  excellent  réactif  du  plomb.  Il  peut 
accuser  un  dix-millième  dun  sel  soluble  de  ce  métal. 

»  Le  chromate  de  potasse  vient  ensuite;  puis,  en  dernier  lieu,  l'iodure 
de  potassium,  qui  est  le  réactif  le  plus  susceptible  d'occasionner  des  erreurs. 
Contrairement  à  ce  qui  a  été  avancé,  il  n'accuse  point  un  dix-millième  de 
plomb,  quel  que  soit  l'état  de  dilution  auquel  on  l'emploie;  sa  limite  de  sen- 
sibilité est  un  demi-millième.  En  outre,  si  l'on  opère  avec  des  liqueurs 
acides,  il  arrive  que  l'on  obtient  un  précipité  d'iode  ou  bien  des  colorations 
jaunes  plus  ou  moins  foncées,  toutes  choses  qui  peuvent  induire  en  erreur. 

»  L'opinion  la  plus  accréditée,  en  France  et  en  Angleterre,  est  que  l'eau 
potable  n'attaque  pas  le  plomb.  On  a  dit  que  la  présence  d'une  petite  pro- 
portion de  sels  calcaires,  carbonates  ou  sulfates,  suffit  pour  empêcher 
toute  action  dissolvante,  ou  tout  au  moins  pour  la  limiter  :  nous  ne  crai- 
gnons pas  d'affirmer  que  cette  opinion  est  erronée.  En  mettant  en  contact 
des  rognures  de  plomb  avec  de  l'eau  potable,  qui  se  trouble  par  l'ébuUition 
et  contient  un  excès  de  carbonate  et  bicarbonate  calcaires,  on  peut  con- 
stater, au  bout  de  trois  jours  seulement,  la  présence  d'une  fine  poussière 
blanche,  qui  se  caractérise  nettement  comme  étant  du  carbonate  de  plomb. 
L'acide  sulfhydrique  n'accuse  point  la  présence  du  plomb  dans  l'eau  trans- 
parente qui  surnage;  mais,  au  bout  de  vingt  jours,  ce  réactif  communique 
à  l'eau  une  teinte  appréciable. 

»  L'eau  potable,  chargée  d'acide  carbonique  sous  pression,  et  dans  la- 
quelle on  laisse  séjourner  quelques  rognures  de  plomb  laminé,  dissout  une 
quantité  de  plomb  qui,  dosé  à  l'état  de  sulfure,  représente  6  mil/'ujrammes 
de  métal  par  demi-litre  d'eau  gazeuse.  Dans  ce  cas,  il  ne  s'est  formé  aucun 
trouble  dans  l'eau  en  expérience  :  le  sel  de  plomb  formé  était  dissous. 

»  La  filtration  d'une  eau  plombifère  sur  une  couche  de  braise  de  bou- 
langer, grossièrement  pulvérisée,  suffit  pour  enlever  le  plomb  dans  une  so- 
lution qui  en  contient  même  i  décicjramme  pat  litre.  Toutefois,  nos  expé- 
riences sur  ce  sujet  ne  sont  pas  encore  assez  nombreuses  pour  que  nous 
puissions  garantir  la  constance  de  ce  résultat.  » 


{  i53f  ) 

BOTANIQUE.  —  Organocjénie  comparée  de  l'androcée  dans  ses   rapports 
avec  les  nffinilés  naturelles;  par  M.  Ad.  Chatin, 

(Renvoi  à  la  Section  tle  Botanique.) 

«  Les  affinités  naturelles  des  plantes  sont  l'un  des  points  que  j'ai  eu 
pour  objet  d'éclairer,  en  me  livrant  depuis  de  longues  années  aux  études 
organogéniques  dont  je  me  propose  de  soumettre  à  l'Académie  les  résultats 
généraux. 

«  I.  La  classe  des  Éricoïdes  se  compose  des  Éricacées  et  des  Épacri- 
dées,  familles  dont  tous  les  botanistes  admettent  les  grandes  affinités. 
Cependant  M.  Payer  indique  les  deux  verticilles  staminaux  de  V Erica 
comme  se  produisant  dans  l'ordre  centripète,  les  étamines  opposées  aux 
sépales  étant,  selon  lui,  placées  sur  un  cercle  plus  extérieur  que  celui  qui 
passerait  par  les  étamines  oppositipétales.  Or,  le  contraire  ayant  lieu  pour 
VEpacris,  dont  les  étamines  premières  nées  forment  le  verlicille  le  plus 
intérieur,  quoique  aussi  opposé  aux  lobes  du  calice,  il  s'ensuivrait  que 
les  Éricacées  et  les  Épacridées  n'appartiendraient  pas  au  même  type  floral 
et  seraient,  à  tort,  réunies  dans  la  même  classe.  Dans  celte  hypothèse,  les 
Éricacées  seraient  aux  Épacridées  ce  que  sont,  d'après  mes  observations 
publiées  depuis  plus  de  quinze  ans,  les  Limnanthées  aux  Géraniacées;  mais 
il  n'en  est  rien  :  \eKalinia,  le  Rhododendruin,  le  Vaccinium,  VEricn  lui-même 
observé  par  M.  Payer,  ayant  bien  en  réalité,  comme  VEpacris,  le  verticille 
interne  des  étamines  placé,  non  devant  les  pétales,  mais  devant  les  sépales. 
La  différence  essentielle,  quant  à  l'androcée,  entre  VErica  et  VEpacris, 
consiste  en  ce  que  dans  celui-ci  les  étamines  oppositipétales  et  dernières 
nées  passent  à  l'état  de  staminodes,  comme  le  verticille  correspondant  dans 
VErodium.  C'est  d'ailleurs  ce  même  verticille  qu'atteint,  dans  l'^za/ea,  un 
avortement  complet;  du  reste  M.  Payer,  qui  attribue  à  VEpacris  cinq  éta- 
mines seulement,  savoir  l'androcée  de  VJzalea,  a  Irès-bien  vu  et  figuré 
dans  cette  plante  le  verticille  oppositipétale,  d'abord  semblable  en  tout  au 
verticille  correspondant  des  Éricacées  à  deux  rangs  d'étamines  fertiles. 

»  Étant  d'ailleurs  donné  ce  fait,  très-général,  que  Tavorlement,  même 
congénital,  du  verticille  d'étamines  dernier  né  chez  des  plantes  voisines 
n'implique  aucunement  un  changement  de  type  et  est  même  toujours  à 
prévoir,  il  en  résulte  que  les  Épacridées  et  les  Éricacées  doivent  rester 
rapprochées  les  unes  des  autres. 

»  IL  Des  botanistes  distingués  rapprochent  les  Térébinthinées  des  Lé- 
gumineuses ;  d'autres  les  tiennent  pour  voisines  des  Rutacées  ;  c'est  même 

198.. 


(  i532  ) 
dai)s  une  classe  commune  qu'Endlicher  et  M.   A.  Brongniart  réunissent 
celles-ci.  L'organogénie  appuie  à  un  haut  degré  ce  dernier  rapprocliement, 
auquel  elle  ajoute  un  caractère  important. 

»  C'est  un  fait  général,  d'après  mes  observations,  que,  dans  toutes  les 
Légumineuses,  la  formation  de  l'androcée  est  centripète.  Si  l'espèce  est 
diplostémone,  ce  qui  est  le  cas  ordinaire,  on  constate  que  le  verticille 
opposé  aux  sépales  apparaît  le  premier,  et,  fait  assez  rare  dans  les  plantes 
dicotylédones,  est  très-certainement  plus  extérieur  que  le  verticille  opposé 
aux  pétales.  Or  cet  ordre  déposition  de  l'androcée  diplostémone,  général 
dans  les  Monocotylédones,  est  assez  exceptionnel  chez  les  Dicotylédones 
pour  donner  aux  gioupes  qui  le  présentent  un  caractère  très-spécial.  J'ai 
autrefois  indiqué  ce  type  floral  dans  les  Limnanthées  et  montré  dés  lors 
que  ce  petit  groupe  naturel,  d'abord  réuni  aux  Géraniacées  par  R.  Brown, 
doit  en  être  définitivement  séparé*- 

»  Parfois  assez  difficile  à  voir  dans  quelques  Légumineuses  pour  avoii- 
échappé  à  M.  Payer,  la  symétrie  vraie  de  l'androcée  de  ces  plantes  peut 
être  Irès-nettement  observée  dans  les  Cassici,  Cercis,  Coroni.lla^  Lalhyrm  et 
Pisiun;  elle  se  maintient  longtemps  dans  la  préfloraison,  poui'  s'effacer  plus 
ou  moins  complètement  au  moment  de  l'anthèse. 

»  C'est  encore  dans  l'ordre  centripète  que  se  produisent  les  étamines 
dans  les  Acacia  polystémones,  dont  l'androcée  est  d'ailleurs  comparable, 
par  le  grand  nombre  de  ses  éléments  et  son  évolution,  à  celui  des  Rosi- 
nées,  classe  voisine. 

1)  Tout  autre  est  le  cas  des  Térébenthinées.  Ici,  en  effet,  la  formation 
de  l'androcée  est  toujours  et  très-nettement  centrifuge;  qu'on  suive  la 
production  de  cet  appareil  dans  V Ailantlius  ou  le  Connarus^  dans  VAna- 
cardium  ou  le  Balsamodendwii,  et  l'on  constatera  que  toujours  le  verticille 
opposé  aux  sépales,  celui-là  même  qui  se  trouve  le  plus  extérieur  dans  les 
Légiunineuses,  est,  au  contraire,  placé  ici  sur  un  cercle  inscrit  à  l'intérieur 
de  celui  qui  porte  les  étamines  opposées  aux  pétales.  C'est  bien  toujours, 
dans  les  Térébenthinées,  comme  chez  les  Légumineuses,  comme  dans  les 
Géraniacées  et  les  Limnanthées,  le  verticille  oppositisépale  qui  naît  le  pre- 
mier; mais  chez  les  Térébenthinées,  comme  chez  les  Géraniacées  vraies, 
ce  verticille  est  intérieur  :  donc  l'évolution  y  est  centrifuge  et  non  centri- 
pète, comme  dans  les  Légumineuses  et  les  Limnantliées. 

»  On  avait  été  trompé  sur  l'ordre  de  position  [)ar  cette  circonstance  que, 
dans  les  deux  types,  ce  sont  les  étamines  opposées  aux  parties  du  calice 
qui  apparaissent  les  premières. 


(  i533  ) 

»  Mais,  si  le  type  .symétrique  de  l'aiidrocée  écarte  les  Térébinthacées 
des  Légumineases,  il  cimente  l'union  déjà  opérée  par  d'éminents  bota- 
nistes, d'après  les  caractères  morphologiques,  entre  ces  plantes  et  le  groupe 
important  des  Rutacées  ;  d'autre  part,  l'évolution  centripète,  commune 
aux  Légumineuses  polystéiuones  et  aux  Rosacées,  est  une  analogie  de  plus 
entre  ces  grou[)es  natiu'els. 

»  III.  Les  Dilléniacées  forment  un  groupe  de  plantes  diaiypétales  à  type 
polystémone,  toujours  rapproché,  quoique  à  des  degrés  variables,  des  Re- 
nonculacées,  des  Magnoliacées  et  des  Anonacées.  Or  il  est  digne  de  re- 
marque qu'entre  toutes  ces  familles  polystémones,  les  Dilléniacées  pré- 
sentent seules  l'évolution  centrifuge  dans  leur  androcée,  dont,  par  suite, 
les  étaraines  premières  nées  sont  dans  le  voisinage  du  pistil,  les  dernières 
étamines  produites  occupant,  au  contraire,  la  portion  du  réceptacle  la  plus 
voisine  de  la  corolle. 

»  Les  Dilléniacées  présentent  en  outre  ce  caractère,  que  leurs  étamines, 
au  lieu  de  se  produire  d'abord  sur  toute  la  circonférence  du  réceptacle, 
commencent  leur  évolution  sur  des  points  donnés,  et  ici  alternipétales,  pour 
de  là  s'irradier,  en  se  multipliant,  vers  la  portion  inférieure  du  torns. 

»  Si  ces  deux  caractères,  naissance  centrifuge  en  même  temps  que 
procédant  de  points  d'abord  isolés  et  définis,  distinguent  nettement  les 
Dilléniacées  des  familles  polystémones,  auxquelles  elles  tiennent  d'ailleurs 
(aux  Renonculacées  surtout)  par  des  caractères  importants,  ils  établissent, 
au  contraire,  un  point  de  contact  entre  elles  et  d'autres  familles  de  plantes 
diaiypétales,  avec  lesquelles  on  trouverait  d'ailleurs  aisément  quelques 
autres  rapports,  savoir  les  Clusiacées,  Hypéricinées,  Ternstrémiacées, 
Liliacées,  Malvacées,  grande  association  que  relie,  outre  d'importantes 
analogies  morphologiques,  l'évolution  centrifuge  des  étamines,  et  leur 
naissance  procédant  de  points  en  nombre  défini. 

»  IV.  Si,  par  leur  androcée  à  évolution  centrifuge  et  procédant  de 
points  isolés,  les  Dilléniacées  font  tache  au  milieu  des  Magiiolinées  et  des 
Renonculinées,  il  n'en  est  plus  ainsi  des  Berbérinées,  qui  toutes,  Berbé- 
ridées,  Lardizabalées  et  Méuis[)ermées,  d'ailleurs  intimement  unies  par 
leurs  sépales  et  pétales  bisériés,  ne  le  sont  pas  moins,  entre  elles  d'abord, 
avec  les  Renonculacées  ensuite  par  la  symétrie  et  l'évolution  de  l'an- 
drocée. 

»  Chez  les  Berbérinées,  en  effet,  les  étamines,  le  plus  souvent  sur  deux, 
parfois  sur  trois  rangs,  naissent  toujours  dans  l'ordre  centripète,  savoir  : 
le  verticille  opposé  aux  pétales  externes  d'abord,  puis  le  reste  successive- 
ment et  alternativement.  Or,  cette  évolution  centripète  de  l'androcée,  ab- 


(  i534  ) 
solunient  de  même  ordre  que  dans  les  Limnanthées  et  les  Légumineuses, 
est,  ai-je  dit,  assez  rare  dans  les  Dicotylédones  pour  bien  caractériser  les 
groupes  qui  les  présentent. 

»  Mais,  en  mèuie  temps  que  l'évolution  centripète  de  l'androcée  ajoute 
aux  rapports  intimes  des  Beibéridées,  des  Lardizabalées  et  des  Méni- 
spermées  entre  elles,  elle  rattache  ces  plantes  à  la  classe  des  Renoncu- 
linées.  La  différence,  de  même  ordre  qu'entre  les  Légumineuses  diplosté- 
mones  et  les  polystémones,  est  que  dans  celles-là  les  étamines  sont  en 
nombre  défini,  tandis  que  chez  celles-ci  elles  sont  multiples. 

»  L'ordre  centripète  de  formation  de  l'androcée  des  Berbérinées  con- 
firme toutes  les  analogies  admises  entre  cette  classe  de  plantes  et  celle  des 
Papavérinées.  C'est,  en  effet,  à  l'évolution  centripète  que  se  rattachent 
aussi  ces  dernières  qui,  par  leurs  espèces  à  étamines  eu  nombre  défini, 
tiennent  aux  Berbérinées,  tandis  qu'elles  touchent  aux  Renonculacées  par 
le  Papaver  polystémone, 

»  Les  Berbérinées  et  les  Papavérinées  se  rattachent  aux  Crucifères  par 
un  point,  la  position  alternipétale  des  étamines  du  verticille  extérieur; 
elles  s'en  écartent  par  l'ordre  de  naissance  de  celles-ci,  ordre  qui  est  cen- 
trifuge dans  les  Crucifères.  » 

VITICULTURE.  —  N^ote  sur  les  Phylloxéras  hibernants;  leur  agilité,  leur  réveil 
pi oduit  artificiellement;  par  M.  Max.  Coknu,  délégué  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

(c  Quoiqu'ils  demeurent  immobiles  et  sans  se  développer,  les  Phylloxéras 
hibernants  n'ont  pas  cependant  perdu  la  faculté  de  se  déplacer  et  de  changer 
de  lieu.  Pour  voir  s'il  en  était  ainsi,  j'ai  pris  un  fragment  de  racine  long 
de  3  centimètres  et  large  de  5  millimètres,  présentant  à  sa  surface  une 
soixantaine  d'individus  hibernants;  il  n'y  avait  aucun  adulte,  pas  d'œufs 
ni  d'individus  agiles,  ainsi  que  je  m'en  assurai  spécialement.  Je  le  fixai 
avec  une  aiguille  sur  la  partie  d'origine  caulinaire  d'une  vigne  parfaitement 
saine,  sur  laquelle  étaient  nées  des  racines  adventives  :  c'était  une  bou- 
ture de  chasselas  apportée  de  Paris.  Au  bout  d'une  huitaine  de  jours,  le 
petit  fragment  de  racine  commençait  à  se  dessécher,  malgré  une  humidité 
excessive  condensée  sur  les  parois  du  flacon  ;  il  fut  abandonné  par  un  cer- 
tain nombre  d'insectes  qui  se  portèrent,  sur  les  racines  nouvelles,  en  meil- 
leiu'  état  et  non  desséchées,  placées  à  leur  portée  directe.  Quoique  main- 
tenus à  une  température  toujours  inférieure  à  lo  degrés,  et  qui  descendit 
pendant  ces  jours-là  jusqu'à  G  et  5  degrés,  plusieurs  Phylloxéras  ont  re- 


(  i535  ) 

trouvé  momentanément  une  certaine  activité  :  il  est  donc  établi  que,  dans 
la  nature,  ces  insectes  peuvent  ne  pas  demeurer  en  place  et  émigrer,  à  de 
courtes  distances  au  moins,  d'iui  point  à  un  autre  pendant  l'hiver. 

»  Pendant  que  la  surface  du  sol  était  gelée,  j'ai  voulu  connaître  quelle 
était  la  température  du  sol  à  une  certaine  profondeur.  Je  fis  crenser  à  60 
et  80  centimètres  dans  un  terrain  formé  par  les  alluvions  modernes  de  la 
Garonne;  la  température  à  cette  profondeur  était  de  6  4  degrés,  tempéra- 
ture tout  à  fait  comparable  à  celle  à  laquelle  se  trouvaient  exposés  les  in- 
sectes de  mes  flacons  :  les  résultats  précédents  peuvent  certainement  leur 
être  appliqués. 

»  En  vue  de  conclusions  pratiques,  on  peut  rapprocher  ce  fait  d'un  autre  ; 
l'ensemble  permettra  de  juger  des  difficultés  que  doit  rencontrer  dans  la 
nature  l'une  des  méthodes  de  traitement. 

»  Si  l'on  cherche  actuellement  le  Phylloxéra  sur  les  racines  des  vignes, 
il  échappe  aux  regards;  diverses  raisons  en  sont  la  cause  :  d'abord  l'insecte 
est  très-petit  et  sa  couleur  est  très-foncée;  d'autre  part,  il  s'enfonce  dans  les 
fissures  de  l'écorce  et  se  cache  dans  les  endroits  où  elle  est  rompue.  En  ces 
points,  le  bois  n'est  pas  mis  à  nu,  il  est  loin  encore  du  suçoir  de  l'insecte; 
ce  qui  se  rompt,  c'est  l'écorce  ancienne,  morte  et  exfoliée,  en  partie  décom- 
posée, dont  la  partie  extérieure,  mouillée  et  noire,  est  adhérente  à  la  terre  ; 
mais,  au-dessous  d'elle,  il  y  a  l'écorce  nouvelle  parfaitement  saine  et 
blanche,  à  cellules  gorgées  de  sucs;  c'est  elle  que  le  Phylloxéra  préfère  et 
qu'il  va  chercher  à  travers  les  fissvu'es  de  l'écorce  ancienne,  sur  laquelle  il 
n'est  visible  d'ailleurs  qu'en  petit  nombre.  Il  trouve  sur  cette  couche  nou- 
velle luie  nourriture  plus  abondante  et  plus  riche;  il  y  est  en  outre  beau- 
coup mieux  protégé. 

»  La  couche  qui  sépare  l'ancienne  écorce  de  la  nouvelle  est  la  partie 
extérieure  du  nouveau  suber,  elle  est  de  couleur  grise  ou  violacée,  entière- 
ment sèche  et  difficilement  mouillée  par  l'eau  ;  l'alcool,  l'acide  acétique,  au 
contraire,  la  pénètrent  instantanément. Quand  on  plonge  une  racine  dans 
l'eau,  l'air  demeure  emprisonné  et  adhérent  à  cette  couche  grise  qui  reste 
sèche,  tandis  que  l'écorce  noire  est  mouillée.  Les  Phylloxéras  se  réunissent 
en  assez  grand  nombre  sous  cette  écorce  noire,  qui  n'est  plus  reliée  que 
d'une  façon  mécanique  et  d'ailleurs  très-incomplète  à  la  couche  située  au- 
dessous.  Lorsque  la  partie  supérieure  se  décompose  de  plus  eu  plus,  les 
Phylloxéras  qui  y  sont  fixés,  mais  en  petit  nombre,  peuvent  et  doivent 
émigrer  vers  lui  endroit  mieux  abrité;  on  pouvait  espérer  que  ceux  qui 
s'étaient  établis,  pour  hiverner,  sur  une  siu'face  destinée  à  être  normale- 
ment exfoliée  périraient,  lorsque  cette  portion  d'écorce  viendrait  à  se  dé- 


(  i536  ) 
composer  pendant  les  six  mois  de  repos  de  la  végétation,  il  n'en  est  rien; 
quand  la  place  choisie  par  lui  devient  inhospitalière,  l'insecte  peut  chan- 
ger de  lieu. 

»  Il  faut  remarquer,  en  outre,  que  les  insecticides  versés  dans  les  pro- 
fondeurs du  sol  au  moyen  de  solutions  ou  déposés  à  la  surface,  et  que  les 
pluies  d'automne  et  de  printemps  devraient  entraîner  dans  le  sous-sol, 
trouvent  dans  ces  conditions  un  obstacle  considérable  à  leur  action.  Ainsi 
employés,  les  toxiques  n'agissent,  en  général,  que  par  contact,  et  c'est  de 
ceux-là  seuls  qu'il  est  question.  Or,  sur  les  racines,  si  la  couche  super- 
ficielle est  aisément  humectée,  la  couche  nouvelle  est  protégée  par  cette 
surface  grise,  rebelle  à  l'action  de  l'eau  dont  il  a  été  question  plus  haut. 
Quoiqu'elle  ne  soit  pas  répandue  stir  toute  la  superficie  de  la  racine,  elle 
n'en  constitue  pas  moins  une  portion  notable  qui  demeure  à  l'abri  du 
traitement  des  solutions  et  notamment  des  solutions  salines,  sels  de  mer- 
cure, de  cuivre,  acide  arsénieux,  etc.  Il  faudrait  donc  un  liquide  capable  de 
mouiller  inunédiatement  ou,  avec  le  temps,  d'imbiber  cette  partie  sèche  (t); 
qui,  glissant  dans  les  fissures,  se  répandît  ensuite  au-dessous  de  l'ancienne 
écorce,  poursuivant  ainsi  les  insectes  dans  leur  retraite.  Sans  cela,  ces  der- 
niers y  demeiueraient  hors  de  danger.  Puisque  le  Phylloxéra  n'a  pas  perdu 
la  faculté  de  se  déplacer,  n'est-il  pas  vraisemblable  qu'il  fuira,  en  effet,  les 
zones  occupées  par  la  solution  toxique?  Il  trouvera  à  une  très-courte  dis- 
tance, en  général,  des  points  où  il  pourra  se  réfugier  et  où  le  poison  ne 
pourra  le  suivre.  Ces  points  seront  pour  lui  des  lieux  d'asile,  d'où  il  se 
répandra  de  nouveau  sur  la  vigne,  incomplètement  débarrassée  de  son 
parasite,  dès  que  l'effet  du  toxique  sera  affaibli  et  quand  il  aura  été  en- 
traîné au  loin  dans  le  sol. 

»  Un  liquide  qui  mouillerait  les  corps  imprégnés  de  substances  grasses 
présenterait  un  autre  avantage;  on  ne  doit  pas  oublier  que  la  plupart  des 
insectes,  et  les  Phylloxéras  en  particulier,  ne  sont  pas  mouillés  très-aisé- 
ment par  l'eau  ou  les  solutions  aqueuses  ;  le  poison  qui  doit  être  absorbé 
exige  au  préalable  un  contact  prolongé  avec  l'animal.  Ce  dernier  peut  être 
entouré  de  liquide  sans  être  directement  touché  par  lui  et  demeurer  envi- 
ronné d'air;  certains  insectes  profitent  de  cet  avantage  pour  s'aventurer 


(i)  Diins  le  procédé  de  submersion,  imagine  par  M.  Faucon,  un  excès  d'eau  considérable 
est  maintenu  pendant  un  mois  et  peut  produire  des  effets  tout  particuliers;  en  ne  versant  que 
dix  litres  de  liquide  par  souche  (ce  qui  constitue  un  Iraitenicnl  Irès-coûteux),  on  change 
peu,  en  général,  les  conditions  d'humidité  du  sol,  conditions  dans  lesquelles  cette  couche 
tubéreuse  demeure  Ircs-longlemps  sèche. 


(  -537  ) 
et  vivre  sous  l'eau;  mouillé  directement  par  le  liquide,  le  Phylloxéra  sera 
moins  réfractaire  à  son  action. 

»  Si  le  liquide  émet  des  vapeurs  sensibles  et  que  ces  vapeurs  soient 
toxiques  pour  le  Phylloxéra,  ce  dernier  ne  pourra,  dans  sa  retraite,  échap- 
per à  leur  action.  Ce  qui  précède  paraît  montrer  que  les  solutions  de  sub- 
stances fixes  ne  donneront  pas  probablement  tous  les  résultats  qu'on  paraît 
en  attendre. 

»  Si  le  Phylloxéra  hibernant  n'est  qu'un  jeune  arrêté  dans  son  dévelop- 
pement par  une  température  trop  basse,  cette  modification  devra  dispa- 
raître quand  la  température  viendra  à  s'élever;  ce  sera  la  confirmation 
directe  de  cette  hypothèse  qui  concorde  avec  la  forme  et  la  disposition 
extérieure  des  insectes  issus  des  galles  ou  nés  sur  les  racines  (voir  la  Note 
précédente). 

»  J'ai  placé  dans  une  enceinte  chauffée  un  flacon  contenant  un  certain 
nombre  de  racines  ayant  un  diamètre  de  i  ^  centimètre  environ.  Elles 
étaient  couvertes  d'individus  tout  jeunes,  très-petits  et  bruns,  disposés  soit 
isolément,  soit  en  petits  groupes  dans  les  fentes  de  l'écorce  extérieure.  Deux 
thermomètres  indiquaient,  l'un  la  température  maximum,  l'autre  la  tem- 
pérature minimum.  La  température  moyenne  était  de  3o  degrés;  elle  ne 
descendit  pas  au-dessous  de  24°,  5;  mais  chaque  jour  elle  s'élevait  jusqu'à 
35  degrés,  et,  ces  jours  derniers  (20  et  21  décembre),  elle  monta  jusc^u'à 
44  et  45°,  5. 

»  Après  trois  jours,  les  Phylloxéras,  de  plats  c^u'ils  étaient,  avaient  pris 
une  apparence  bombée:  ils  semblaient  s'être  gonflés  sans  augmentation  de 
longueur;  le  lendemain  un  certain  nombre  d'individus  avaient  déjà  mué; 
une  douzaine  furent  recueillis;  tous  avaient  dépouillé  la  peau  du  jeune, 
ainsi  que  cela  était  reconnaissable,  d'après  leur  taille  et  aussi  d'après  la 
forme  et  la  constitution  des  antennes  et  des  pattes;  leur  couleur  n'était 
déjà  plus  jaune,  leur  peau  avait  bruni  et  plusieurs  étaient  très-nettement 
tuberculeux.  Les  jours  suivants  eurent  lieu  les  mues  successives,  et  les 
Phylloxéras  prirent  les  uns  après  les  autres  une  belle  couleur  jaune  d'or, 
identique  à  celle  qu'ils  offrent  sur  les  racines  pendant  l'été.  Après  dix 
jours,  je  rencontrai  deux  œufs  pondus  par  deux  individus;  le  onzième 
jour  les  oeufs  étaient  plus  abondants;  deux  Phylloxéras,  qui  m'avaient 
peut-être  échappé  la  veille,  avaient  déjà  pondu,  l'un  quatre,  l'autre  six  œufs. 
Après  douze  jours  une  dizaine  d'insectes  sont  en  train  de  pondre,  et  cet 
état  paraît  devenir  général  (20  décembre).  Ainsi,  en  douze  jours,  les  Phyl- 
loxéras ont  effectué  leurs  trois  mues  et  ont   pondu;   cela  fait  trois  jours 

C.  R.,  1873,  2'  Semestre.  (T.  LXXVU,  N°  26.)  I  99 


(  1^)38  ) 

comme  intervalle  moyen,  de  la  première  mue  à  la  deuxième,  de  la 
deuxième  à  la  troisième,  de  la  troisième  à  la  ponte,  et  de  l'état  initial  à  la  pre- 
mière mue  (en  considérant  l'état  initial  à  partir  du  réchauffement  comme 
point  de  départ  analogue  à  l'éclosion),  puisque,  à  partir  de  cet  instant,  l'in- 
secle  reprend  son  activité  organique;  nous  retrouvons  l'intervalle  indiqué 
par  M.  Lichtenstein  [Compte  rendu  du  25  août  dernier). 

La  période  jusqu'à  la  ponte  a  été  même  ])lus  courte  pour  certains  indi- 
vidus; elle  n'a  duré  que  onze  jours  pour  quelques-uns,  et  même  dix  jours 
pour  deux  insectes  au  moins.  Ces  nombres  sont  relatifs  à  une  température 
très-élevée,  puisqu'elle  a  dépassé  4o  et  même  45  degrés.  J'ai  conservé 
pendant  plusieurs  jours  sur  ma  poitrine  un  tube  renfermant  des  insectes 
hibernants;  le  gonflement  ne  s'est  montré  qu'après  quatre  jours  et  le  réveil 
après  cinq;  la  température  maximum  d'un  thermomètre  placé  dans  les 
mêmes  conditions  a  été  de  33°, 4-  Ce  tube,  soumis  à  diverses  alternatives 
de  refroidissement,  a  présenté  un  développement  moins  rapide  des  insectes 
que  le  flacon  de  l'étuve;  la  température  maxima  était  moins  élevée.  On 
voit  nettement  l'influence  que  la  chaleur  exerce  sur  la  rapidité  de  crois- 
sance de  ces  insectes. 

»  Il  est  à  remarquer  que  les  Phylloxéras  ne  se  sont  pas  réveillés  tous  à  la 
fois,  et  que  quelques-uns  sont  déjà  gros,  jaunes  et  ont  déjà  pondu,  tandis 
que  les  autres  sont  très-en  retard  et  beaucoup  plus  petits  ;  la  chaleur  cepen- 
dant a  très-également  pénétré  toutes  les  parties;  ce  n'est  pas  à  une  cause 
de  ce  genre  qu'on  peut ra|)porter  une  pareille  inégalité;  cette  différence  ne 
peut  être  attribuée  qu'à  une  disposition  spéciale  des  insectes  retardataires. 
Serait-ce  parce  qu'ils  se  sont  mis  à  hiberner  plus  tard  ou  plus  tôt  que  les 
autres?  Cela  serait  possible  sans  doute,  mais  l'hibernation  était  déjà  très- 
généralisée,  il  y  a  plus  de  deux  mois,  et,  dans  cet  intervalle,  les  différences 
auraient  dû  disparaître.  Ne  serait-ce  pas,  plutôt,  parce  que,  devenus 
un  peu  souffrants  à  cause  des  conditions  dans  lesquelles  ils  vivent  et 
des  changements  qu'ils  ont  subis,  leur  activité  organique  se  serait  ra- 
lentie? S'il  en  était  ainsi,  tout  agent  toxique  déposé  dans  le  sol  avant  le 
réveil  du  Phylloxéra  aurait  pour  effet  primitif  de  retarder  son  développe- 
ment et,  par  conséquent,  sa  ponte;  ce  serait  un  premier  résultat  obtenu  : 
les  générations  ultérieures  seraient  diminuées  d'autant;  on  pense  d'ail- 
leurs que  les  œufs  sont  plus  difficiles  à  détruire  que  les  insectes  qui  leur 
donnent  naissance. 

»  Parmi  les  conséquences  théoriques  ou  pratiques  que  les  faits  précé- 
dents permettent  de  tirer,  on  peut  signaler  les  suivantes. 


{  '  5-^9  ) 

»  1°  Le  réveil  du  Pliylloxera  ne  paraît  pas  lié  à  celui  de  la  végétation, 
puisque  le  changement  d'état  de  l'insecte  est  déterminé  par  la  chaleur  seule 
sur  des  fragments  de  racines  isolées  et  détachées  de  la  plante  mère.  Si  l'on 
avait  affaire  à  des  cépages  diversement  tardifs,  il  y  aurait  des  intervalles 
divers  aussi,  entre  le  changement  d'état  de  l'insecte,  déterminé  à  un  degré 
fixe,  par  la  chaleur,  et  la  reprise  de  la  végétation  déterminée  à  des  tempé- 
ratures différentes  sur  les  cépages  à  réveils  successifs,  par  leur  nature 
propre.  Il  serait  préférable,  pour  attaquer  le  Phylloxéra,  de  choisir  la 
période  pendant  laquelle,  l'insecte  se  réveillant  et  devenant  plus  atta- 
quable, la  vigne  demeure  encore  insensible  aux  insecticides  :  c'est  cette 
période  qu'il  faudra  essayer  de  préciser.  Cela  est  délicat,  mais  semble 
possible;  les  différences  que  présentent  entre  eux  les  divers  cépages  per- 
mettant d'espérer  un  résultat,  c'est  une  question  que  les  viticulteurs  de- 
vront étudier  avec  soin.  A  Montpellier,  au  printemps  dernier,  les  terrets 
présentaient  trois  semaines  de  retard  sur  le  chasselas  et  l'aramon;  cet 
intervalle  peut  donc  être  relativement  considérable  entre  des  cépages 
dont  les  fruits  mûrissent  également  bien. 

))  Quant  à  l'intervalle  entre  l'apparition  des  premiers  insectes  jaunes  et 
des  premiers  œufs,  il  a  été  de  six  à  huit  jours  dans  mon  expérience.  Dans 
la  nature,  il  doit  être  un  peu  plus  long,  car  le  sol  n'est  pas  porté  à  une 
température  aussi  élevée.  Au  mas  de  las  Sorres,  près  de  Montpellier,  dans 
un  terrain  profond,  je  ne  trouvai,  le  8  avril  dernier,  que  trois  Phylloxéras 
jaunes  sur  un  certain  nombre  de  souches;  le  22  avril,  les  œufs  étaient 
communs;  cet  intervalle  y  fut  de  12  jours  au  plus. 

»  1'^  Dans  les  sols  peu  profonds  et  facilement  échauffés  dans  toute  leur 
masse  par  les  radiations  calorifiques,  le  Phylloxéra  se  réveillera  plus  tôt  que 
dans  les  autres;  la  date  du  réveil  variant,  comme  le  prouve  l'observation, 
pour  les  divers  insectes,  elle  variera  aussi  avec  laprofondeurdaus  les  terrains 
profonds  et  difficilement  traversés  par  la  chaleur. 

»  3°  Dans  les  pays  chauds  ou  dans  les  terrains  peu  profonds  et  facile- 
ment échauffés,  le  Phylloxéra  hivernant  plus  tard,  se  réveillant  plus  tôt, 
favorisé  pendant  l'été  par  une  température  plus  élevée,  multiplie  ses  géné- 
rations et  doit  produire  un  effet  plus  considérable,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  que  dans  les  pays  froids  ou  dans  les  terrains  difficilement  pé- 
nétrés par  la  chaleur  solaire. 

»  On  pourrait  donc  s'attendre  à  voir  les  ravages  produits  par  ce  fléau 
redoubler  d'intensité,  à  mesiu-e  qu'il  marchera  vers  le  midi,  et  en  dimi- 
nuer lorsqu'il  s'avancera  vers  le  nord.  » 

'99- 


.54o  ) 

M.  G.  HiLLERET  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  «  sur  les 
cercles  de  hauteur  et  leur  représentation  sur  la  carte  de  Mercator  ». 

(Commissaires  :  MM.  Serret,  O.  Bonnet,  Phillips.  ) 

M.  A.  MiMus  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  l'emploi  du  cyanure 
de  potassium  pour  détruire  le  Phylloxéra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

M.  A.  Netter  adresse  luie  Note  intitulée  :  «  Cause  et  nature  du  Cho- 
léra ». 

L'auteur  admet  l'existence  d'un  ferment  cholérique,  de  la  catégorie  des 
ferments  qui  sont  tués  par  l'oxygène  libre. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  F.  RiLLET,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Physique,  adresse 
ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  le  Ministre  de  l'Agricultcre  et  du  Commerce  adresse,  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Institut,  le  n°  12  du  Catalogue  des  brevets  d'invention 
de  1872,  et  les  n°*  i  à  5  du  Catalogue  de  iH'jS;  la  Table  générale  des 
tomes  LXI  à  LXXIX  de  la  Collection  des  brevets,  et  le  tome  LXXXI  de 
cette  Collection.  (Le  tome  LXXX  paraîtra  prochainement.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  «  L'Étude  de  la  conformation  du  Cheval  »,  par  M.  A.  Riclictnl  {da 
Cantal*); 

2"  «  La  Pluie  et  le  beau  Temps  »,  par  M.  P.  Laurencin. 

«  M.  le  général  Morin  présente,  de  la  part  de  M.  le  général  de  Chabaud- 
Lalour,  Directeur  du  Dépôt  des  fortifications,  les  premières  feuilles  (V  et  XV) 
d'une  carte  de  France  que  dresse  ce  Dépôt,  et  qui  va  èlre  mise  dans  le 
commerce.  Les  autres  feuilles  seront  adressées  à  l'Académie,  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  achèvement. 


(  i54.  ) 

»  Cetle  carte  est  à  l'échelle  de  g ^  q'^,  ^, ,  et  tirée  en  plusieurs  couleurs.  Elle 
a  été  établie  en  prenant  pour  point  de  départ  la  carte  à  ^-âîr'ôTôi  *'"  r)^pôt 
de  la  guerre,  et  l'on  s'est  efforcé  de  la  rendre  aussi  complète  que  possible, 
en  lui  conservant  surtout  un  caractère  militaire.  Toutes  les  communes  y 
sont  marquées  par  leur  position;  mais  on  n'a  inscrit  que  les  noms  des 
communes  les  plus  importantes,  pour  éviter  une  trop  grande  surcharge  de 
dessin. 

»  Le  figuré  du  terrain  est  représenté  par  les  courbes  de  niveau,  de  loo  en 
loo  mètres,  et  complété  par  des  hachures,  en  sorte  que  cette  représenta- 
tion est  exempte  de  toute  convention  et  parti  pris,  et  accuse  bien  les  formes 
du  sol  telles  qu'elles  résultent  de  sa  nature  géologique. 

»  Les  exemplaires  offerts  à  l'Académie  comprennent  :  i°  la  carie  dans 
son  état  complet;  i°  la  carte  orographique  et  hydrographique.  »   • 

M.  Doumet-Adanson,  sur  le  point  d'entreprendre  un  voyage  d'explo- 
ration dans  la  Tunisie,  se  met  à  la  disposition  de  l'Académie  pour  les 
recherches  botaniques,  zoologiques  et  minéralogiques  dont  elle  voudrait 
bien  le  charger. 

(Renvoi  aux  Sections  de  Zoologie,  de  Botanique  et  de  Minéralogie; 
M.  Cosson  est  prié  de  s'adjoindre  à  la  Commission.) 

La  famille  de  feu  E.  Tabarié  demande  la  restitution  de  plis  cachetés  qui 
ont  été  déposés  par  lui  dans  la  séance  du  5  janvier  i8G3,  et  qui  sont 
relatifs  à  lui  nouveau  système  d'aimants  et  d'électro-aimants,  et  à  la  télé- 
graphie transatlantique  sans  câble. 

Ces  plis  seront  restitués  au  représentant  autorisé  de  la  famille. 

ANALY.se.  —  Observations  relatives  à  une  Note  précédente  de  M.  Menabrea , 
concernant  la  série  de  Lacjramje;  par  M.  A.  Genocchi. 

«  M.  Menabrea  se  propose  (*)  de  démontrer  l'identité  des  formules 
données  par  Lagrange,  pour  reconnaître  la  convergence  de  sa  propre  série, 
avec  les  formules  établies  pour  le  même  objet  par  Cauchy. 

»  Je  crois  devoir  faire  remarquer  que  la  transformation  dont  il  se  sert 
dans  ce  but  a  été  employée,  il  y  a  plus  de  vingt-cinq  ans,  par  M.  Félix 
Chiô.  Le  second   Mémoire  de  cet  auteur,  inséré  au  tome  XII  des  Savants 

(*)    Comptes  rendus,  p.  i358  de  ce  volume. 


(    l5/,2    ) 

étrangers,  contient,  outre  des  calculs  et  des  équations  identiques  à  celles 
de  M,  Menabrea,  plusieurs  propositions  très-remarquables  pour  déter- 
miner les  cas  dans  lesquels  la  règle  de  Lagrange  doit  s'accorder  avec  celle 
de  Cauchy  ;  il  inoutre  comment,  dans  ces  cas,  l'accord  des  deux  règles 
peut  être  démontré  d'une  manière  complète.  Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  que 
l'équation 

j/'(«+jr)-/(«+j)  =  o 

soit  commune  aux  deux  théories;  il  faut  encore  démontrer  qu'on  doit  em- 
ployer pour  l'une  et  pour  l'autre  la  même  racine^  de  cette  équation;  on 
verra  qu'il  s'agit,  en  dernière  analyse,  d'un  minimum  de  la  valeur  numé- 
rique de  l'expression 

y 

et  que  ce  minimum  existe  toujours  et  correspond  à  une  certaine  racine 
réelle  de  la  même  équation. 

»  Mais  l'accord  des  deux  théories  est  loin  d'être  général.  En  effet,  les 
équations  (ii),  (12)  et(i3)  de  la  Note  de  M.  Menabrea  supposent  qu'on 
cherche  le  maximum  de  la  fonction  ]S  (maxinnun  par  rapport  aux  variables 
p.,  V,  ?:,...,  minimum  par  rapport  à  la  variable  y),  tandis  qu'on  a  besoin 
de  déterminer  le  maximum  de  sa  valeur  numérique,  ou,  si  l'on  veut,  de  son 
module;  el,  tandis  que,  dans  la  théorie  de  Cauchy,  la  racine  y  de  l'équa- 
tion auxiliaire  devra  le  plus  souvent  être  choisie  parmi  les  racines  imagi- 
naires, dans  la  théorie  de  Lagrange,  on  doit  toujours  choisir  une  racine 
réelle.  Si,  par  exemple, y  (j:)  est  une  fonction  entière  à  coefficients  réels,  il 
faudra,  avant  d'appliquer  ces  équations  (i  i),  (12),  (i3),  rendre  tous  posi- 
tifs les  coefficients,  puisque  sans  cela  le  calcul  ne  conduirait  pas  à  un 
maximum  numérique  tel  que  Lagrange  voulait  l'obtenir.  Ainsi  l'équation 

proposée 

X  =  u  +  j[x) 

(je  réduis  q  à  i  pour  plus  de  simplicité),  dans  la  théorie  de  Lagrange,  doit 
être  remplacée  par 

X  r=  u  -\-  v^[x), 

si  Ç'(j^)  est  ce  que  devient  f  {x)  lorsqu'on  rend  tous  les  termes  positifs;  et 
l'on  arrive  à  cette  conséquence  curieuse,  que  la  condition  de  convergence, 
suivant  la  méthode  de  Lagrange,  est  la  même  pour  ces  deux  équations  dif- 
férentes :  on  n'a  plus,  pour  la  première,  comme  dans  la  théorie  de  Cauchy, 

yj'{ii  +  r)-J{u  +  7-)  =  o. 


(   i543  ) 
mais  bien 

J'f'{"-  -^  t)  —  'f  («  +  j'^  =  o» 

et  toute  identité  des  deux  règles  disparaît. 

»  Sans  la  préparation  indiquée,  on  peut  dire,  non-seulement  que  les 
résultats  conviennent  à  telle  ou  telle  racine  de  la  proposée,  et  non  à  telle 
autre,  mais  qu'ils  sont  ou  tout  à  fait  insignifiants  ou  absurdes.  On  en  a  un 
exemple  frappant  dans  l'application  de  la  règle  de  Lagrange  au  problème 
de  Kepler  :  dans  ce  cas,  les  quantités  u,  p.,  v,  t:,...,  et  v  sont  réelles;  par 

conséquent  ;•  =  -; est  aussi  réel,  et  sa  valeur  est  déterminée  par  l'équa- 
tion 

Y  cos  [u  -\-y)  —  sin  (m  +  j)  =  o, 

qui  a  un  nombre  infini  de  racines  réelles;  mais  on  a 

/•/     \             ■                TT         <sin  (  «  +  r)  ,  , 

f  [x)  —  t  ?,\n  X ,     N=  — — —  — tco?,[u-{' y). 

Ainsi  N  ne  peut  surpasser  t  en  valeur  numérique,  en  sorte  que  la  série  serait 
convergente  toutes  les  fois  que  t  n'excède  pas  l'unité;  or  on  sait  que, 

pour  la  valeur  particulière  u  =  ->  la  série  devient  divergente  dès  que  l'ex- 
centricité t  surpasse  o,663,  et  l'on  ne  peut  obtenir  les  résultats  connus 
qu'en  faisant  /y/—  i—  /',  et  supposant  que  celte  quantité  imaginaire  r  est 
réelle,  positive  et  plus  grande  que  l'unité  (*).  Si,  au  contraire,  on  fait  le 
changement  indiqué  en  remplaçant  sin  x  par  ^  [e^-he~^),  on  trouve  pour  la 
même  valeur  de  u  une  excentricité  inférieure  à  o,i54,  résultat  qui  n'est 
rien  moins  qu'absurde,  mais  qui   diffère  beaucoup  de  la  limite  connue. 

D'un  autre  côté,  en  posant  u  =^  -■>      jt  =  ^ z,   on  transforme  l'équation 

proposée  en  z  =  —  t  cos  z,  et  en  appliquant  à  celle-ci  la  règle  de  Lagrange, 
après  avoir  remplacé  cos  z  par  ^  (e*  +  e~*),  on  trouve  identiquement  le 
résultat  de  Laplace  et  Cauchy.  La  règle  de  Lagrange  n'est  donc  pas  géné- 
rale. 

»  D'après  le  même  article,  «  quelques  auteurs  ont  été  mal  fondés  en 
»  voulant  opposer  la  théorie  de  Cauchy  à  celle  de  Lagrange,  pour  dé- 
»  tnontrer  que  cette  dernière  était  inexacte  ».  Parmi  ces  quelques  auteurs, 
il  faut  placer,  en  première  ligne,  Cauchy  lui-même,  comme  le  montrent 
ses  Rapports  sur  les  Mémoires  de  M.  Chiô  et  les  Notes  jointes  à  ces  Rap- 

(  *)  \  oir  Miiii.  Accad.  dt  Toririo,  2"  série,  t.  VIII,  p.  laS. 


(  i544  ) 
ports  (*).  M.  Cliiô  est  le  premier  qui  ait  remarqué  les  cas  d'exception  de 
la  règle  de  Lagraiige  :  c'est  un  honneur  qui  lui  revient. 

»  Je  ferai  remarquer  encore  qu'il  n'est  pas  exact  de  dire  que  Lagrange, 
en  donnant  sa  règle  de  convergence,  avait  en  vue  «  de  déterminer  la  con- 
»  dition  nécessaire  pour  que  sa  série  exprimât  la  plus  petite  racine  de 
»  l'équation  ».  Il  serait  bien  extraordinaire  que  Lagrange  eût  pensé  à  la 
possibilité  de  déterminer  une  racine  plutôt  qu'une  autre,  suivant  la  ma- 
nière d'envisager  la  convergence  de  la  série;  au  surplus,  on  confond  deux 
écrits  de  Lagrange  publiés  à  trente  ans  de  distance.  Dans  le  Mémoire  de 
1768,  Lagrange  ne  distingue  pas  la  racine  la  plus  petite  des  autres  racines 
de  l'équation  ;  il  cherche  même  à  exprimer  par  sa  formule  toutes  les  ra- 
cines, et,  en  proposant  la  question  de  la  convergence,  il  ne  fait  aucune 
allusion  à  la  recherche  de  l'une  ou  de  l'autre  racine;  mais  il  envisage  la 
condition  de  convergence  simplement  comme  celle  qui  doit  avoir  lieu 
«  pour  que  la  série  puisse  être  regardée  comme  représentant  réellement 
»  la  valeur  de  la  quantité  recherchée  »,  et  dit  expi'essément  qu'il  veut 
'(  rendre  cette  recherche  aussi  générale  qu'il  est  possible  (**)  »  :  il  ne  dit 
pas  un  mot  de  la  racine  la  plus  petite.  Dans  la  Note  de  1798  (date  de  la 
première  édition  du  Traité  de  la  rcsolutioji  des  équations  numériques),  le 
grand  géomètre  se  propose  de  développer  la  plus  petite  racine,  mais  sans 
parler  jamais  des- conditions  de  la  convergence;  en  conformité  des  idées 
de  son  temps,  il  regardait  les  séries  comme  ne  pouvant  exister  par  elles- 
mêmes,  indépendamment  de  la  convergence,  et  comme  susceptibles  d'être 
vérifiées  identiquement  par  des  substitutions  successives. 

»  M.  Menabrea  a,  depuis  longtemps,  énoncé  cette  proposition  que,  lors- 
que la  série  de  Lagrange  satisfait  à  la  condition  de  convergence  établie  par 
Lagrange  lui-même,  elle  exprime  la  racine  la  plus  petite  en  valeur  absolue. 
Cette  proposition  est-elle  exacte?  Je  répondrai  comme  j'ai  répondu  ail- 
leurs :  la  démonstration  donnée  par  M.  Menabrea  ne  m'a  pas  semblé 
suffisante;  mais  je  crois  qu'on  peut  la  compléter  en  s'appuyant  sur  le  théo- 
rème qui  faisait  l'objet  du  premier  Mémoire  de  M.  Chiô,  ou  sur  un  théo- 
rème analogue.  » 

(*)  Comptes  rendus,  t.  XXIII  et  XXXIV. 

(**)  Académie  de  Berlin,   1768,  p.  3i4. 


(  i545  ) 

CHIMIE  MiNlîRALE.  —  Recherches  siui  hydrure  d'arsenic  ; 
par  M.  ËiVGEL. 

«  Depuis  longtemps  déjà  on  admet,  dans  les  ouvrages  de  Chimie,  que 
le  dépôt  qui  se  forme  lorsqu'on  traite  l'arséniure  de  zinc  par  l'acide  chlor- 
hydrique  est  de  l'hydrure  d'arsenic. 

»  Soubeiran,  en  i83o  [Jim.  de  Chim.  et  de  Ph/s.,  2"  sér.,  t.  XLllI, 
p.  421)»  "i^  c^  ^^''  ^f  démontra  que  le  corps  ainsi  obtenu  ne  renferme 
pas  d'hydrogène. 

»  Wiederhold  [Pogg.  Ann.,  t.  CXVIII,  p.  61  5)  prétend  qu'on  obtient  de 
l'hydrure  d'arsenic  en   traitant  par   l'acide  chlorhydrique   un  alliage  de 

I  partie  d'arsenic  et  de  5  parties  de  zinc,  tandis  que  ce  corps  ne  se  forme 
pas  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  un  alliage  de  i  partie  d'arsenic 
et  de  3  parties  ou  moins  de  zinc.  Il  explique  ainsi  pourquoi  Soubeiran 
n'avait  pas  obtenu  (l'hydrure  d'arsenic  en  dissolvant  l'arséniure  de  zinc 
dans  l'acide  chlorhydrique. 

»  Wiederhold  fit  l'analyse  du  produit  qu'il  avait  obtenu  et  lui  assigna 
la  formule  As- H.  Les  conclusions  de  son  travail  sont  aujourd'hui  repro- 
duites dans  la  plupart  des  Traités  classiques. 

»  Lorsqu'on  traite  une  solution  d'acide  arsénieux  dans  l'acide  chlor- 
hydrique par  de  l'acide  hypophosphoreux  en  excès,  on  obtient  un  pré- 
cipité brun  qui  jouit,  comme  le  corps  obtenu  par  Wiederhold,  de  la  pro- 
priété de  brûler  à  l'air  comme  l'amadou,  au  contact  d'un  corps  enflammé. 

II  suffit  de  toucher  une  petite  quantité  de  matière  ainsi  obtenue  avec  une 
allumetle  présentant  un  point  en  ignition,  pour  que  toute  la  masse  de- 
vienne incandescenle.  Je  fus  donc  porté  à  croire  que  le  corps  que  j'avais 
obtenu  était  l'hydrure  d'arsenic.  Une  élude  plus  approfondie  me  démontra 
que  je  n'avais  affaire  qu'à  de  l'arsenic  métallique,  dans  un  grand  état  de 
division.  En  effet,  en  chauffant  ce  corps  avec  de  l'oxyde  de  cuivre,  dans 
un  tube  à  analyse  organique,  je  n'obtins  jamais  trace  d'eau.  J'eus  l'occa- 
sion, dans  ces  expériences,  de  remarquer  un  fait  qui  me  fit  douter  de  la 
valeur  des  analyses  de  Wiederhold. 

»  Voici,  en  effet,  le  procédé  d'analyse  de  cet  auteur  : 

»  Il  introduit  une  quantité  pesée  du  corps  qu'il  suppose  être  l'hydrure 

d'arsenic  dans  un  tube  de  verre  peu  fusible,  fermé  par  un  bouchon  percé 

d'un  trou,  dans  lequel  se  trouve  un  petit  tube  de  verre.  A  ce  dernier,  il 

adapte,  au  moyen  d'un  tube  de  caoutchouc,  lui  tube  en  U,  dont  une  des 

C.  R.,  1873,  a"  Semeitre.  (T.  LXXVII,  N»  26.)  200 


(  i546  ) 
l)rnnches  pénètre  jusqu'au  sommet  d'une  éprouvette  graduée  placée  sur  la 
cuve  à  mercure.  Celte  éprouvette  n'est  pas  remplie  de  mercure,  mais  ren- 
ferme de  l'air  dans  sa  partie  supérieure,  de  telle  sorte  que  l'extrémitt''  du 
tube  à  dégagement  se  trouve  dans  cet  air.  Lorsqu'on  fait  pénétrer  1  une 
des  branches  du  tube  en  U  dans  l'éprouvette,  il  y  pénètre  du  mercure,  ce 
qui  est  nécessaire;  car  sans  cela,  sous  l'influence  de  la  pression  atmosphé- 
rique, le  mercure  s'abaisserait  dans  l'éprouvette  jusqu'au  niveau  du  mer- 
cure dans  la  cuve.  L'appareil  étant  ainsi  disposé,  on  note  la  hauteur  du 
mercure  dans  l'éprouvette,  la  température  et  la  pression  atmosphérique; 
puis  on  chauffe  le  tube  de  verre  jusqu'au  rouge.  Le  produit  arsenical  dé- 
gage un  gaz  qui  chasse  le  mercure  du  tube  en  U  et  fait  baisser  le  mercure 
dans  l'éprouvette  gradu;  e.  On  laisse  l'appareil  revenir  à  la  température 
ambiante.  L'augmentation  de  volume  du  gaz,  considérée  comme  repré- 
sentant l'hydrogène,  permet  de  calculer  le  poids  de  ce  corps  que  renfer- 
merait un  poids  donné  d'hydrure   d'arsenic. 

»  L'auteur,  en  ne  tenant  compte  que  des  analyses  qui  lui  ont  donné  le 
maximum  de  gaz,  trouve  que  i  gramme  d'hydrure  d'arsenic  donne  en 
moyenne  o^'', 00484  d'hydrogène.  La  formule  As-II  en  exigerait  o^'', 00668. 

»  Mais  l'auteur  n'a  pas  jugé  à  propos  de  s'assurer  que,  dans  son  ex- 
périence, l'augmentation  de  volume  du  gaz  était  réellement  due  à  de  l'hy- 
drogène; il  constate  une  augmentation  de  gaz,  l'attribue  à  de  Vhjdrogène 
et  s'en  tient  là. 

»  Or,  voulant  m'assurer  de  l'état  de  complète  dessiccation  du  corps 
que  j'avais  obtenu  par  l'action  de  l'acide  hypophosphoreux  sur  l'acide 
arsénieux,  et  dans  lequel  j'espérais  démontrer  la  présence  de  l'hydrogène 
en  transformant  cet  hydrogène  en  eau,  je  fis  la  tare  d'une  certaine  quan- 
tité de  ce  corps,  que  je  mis  ensuite  dans  le  vide  sec  de  la  machine  pneu- 
matique. Au  bout  de  quelques  heures,  je  remis  ce  corps  sur  le  plateau  de 
la  balance,  et  je  vis  qu'il  avait  diminué  de  poids.  Pendant  que  je  cher- 
chais à  rétablir  l'équilibre  en  enlevant  le  poids  de  la  tare,  je  constatai 
qu'il  augmentait  peu  à  peu  de  poids,  et,  au  bout  de  quelques  minutes,  il 
faisait  de  nouveau  équilibre  à  la  tare  établie  en  premier  lieu.  J'ai  vérifié 
plusieurs  fois  de  suite  que,  au  sortir  du  récipient  de  la  machine  pneu- 
matique, le  poids  du  corj)s  avait  diminué,  et  que,  peu  à  peu,  il  aug- 
mentait jusqu'à  faire  équilibre  à  la  tare.  J'opérais  à  l'abri  de  l'humidité; 
d'un  autre  côté,  je  ne  pouvais  attribuer  ce  phénomène  à  une  oxydation  de 
la  matière,  puisqu'en  somme  elle  ne  changeait  pas  de  poids  d'une  manière 


(  '547  ) 
définitive.  Je   fus   donc  porté  à  croire  que  le  corps  poreux  auquel  j'avnis 
affaire  condensait  une  certaine  quantité  de  gaz  qu'il  perdait  dans  le  vide  de 
la  machine  pneumatique.   La  perte  de  poids  oscillait  entre  2  et  3  milli- 
grammes par  gramme. 

»  Une  seconde  expérience,  faite  pour  voir  si  le  corps  soumis  à  l'action 
de  la  chaleur  se  dédoublerait  en  hydrogène  et  en  arsenic,  confirma  cette 
manière  de  voir.  Je  plaçai  environ  2  grammes  environ  du  corps  que  j'avais 
obtenu  dans  une  petite  nacelle  en  verre  que  j'introduisis  dans  un  tube  à 
analyse  organique.  Ce  tube  conununiquait  par  l'une  de  ses  extrémités  avec 
une  source  d'acide  carbonique  desséché;  l'autre  extrémité  était  fermée  par 
un  bouchon  traversé  par  un  tube  à  dégagement  propre  à  recueillir  les  gaz. 
Après  avoir  balayé  tout  l'air  de  l'appareil  et  m'être  assuré  que  le  gaz  qui 
venait  de  traverser  l'appareil  était  complètement  absorbé  par  la  potasse,  je 
ralentis  le  courant  d'acide  carbonique  et  je  chauffai  le  tube  jusqu'au  rouge; 
la  partie  antérieure  du  tube  n'était  pas  chauffée,  afin  que  l'arsenic  vo- 
latilisé pût  s'y  déposer.  Le  gaz  recueilli  ne  fut  plus  complètement  absorbé 
par  la  potasse;  mais  la  partie  non  absorbée  n'était  pas  de  l'hydrogène, 
c'était  un  mélange  d'oxygène  et  d'azote.  Ainsi,  dans  une  atmosphère 
d'acide  carbonique  pur,  l'arsenic  précipité  ne  perd  pas  immédiatement 
et  complètement  les  gaz  qu'il  avait  condensés  et  que  la  chaleur  seule 
dégage. 

»  Le  corps  que  j'avais  obtenu,  et  qui  n'était  que  de  l'arsenic  métallique, 
jouissait  donc  non-seulement  des  propriétés  physiques  du  corps  décrit  par 
Wiederhold,  mais  pouvait  même  donner  un  dégagement  de  gaz  sous  1  in- 
fluence de  la  chaleur.  Toutefois,  je  n'ai  jamais  obtenu  que  4  «^  8  centiinètres 
cubes  de  gaz  pour  2  à  3  grammes  de  matière,  quantité  de  beaucoup  infé- 
rieure à  celle  qu'obtenait  Wiederhold;  mais,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  cet 
auteur  ne  parle  que  des  analyses  dans  lesquelles  il  a  obtenu,  pour  la  quan- 
tité de  gaz,  une  valeur  maximum. 

»  J'ai  préparé  l'arséniure  de  zinc  en  suivant  exactement  le  procédé  in- 
diqué par  lui;  on  n'obtient  qu'une  très-faible  quantité  du  corps  brun,  en 
dissolvant  l'arséniure  de  zinc  dans  l'acide  chlorhydrique.  Ce  corps  a  toutes 
les  apparences  de  l'arsenic  métailique  précipité  :  chauffé  avec  l'oxyde  de 
cuivre  dans  un  tube  à  analyse  organique,  il  ne  m'a  jamais  donné  trace  d'eau; 
chauffé  à  200  degrés  et  au-dessus,  il  ne  m'a  pas  donné  d'hydrogène.  Quant 
aux  propriétés  générales  de  ce  corps,  indiquées  par  Wiederhold,  telles  que 
sa  solubilité  dans  l'acide  azotique,  le  chlore,  son  oxydation  par  l'acide 
sulfurique   à   chaud  avec  formation  d'acide  sulfureux,  je  n'en  parle  pas; 

200.. 


(  '548  ) 
elles  appartiennent  aussi  à  l'arsenic  métnllique.  J'ai  déjà  dit  que  l'arsenic 
précipité  brûle  à  l'air  lorsqu'on  le  touche  avec  un  corps  enflammé. 

»  Mes  conclusions  sont  donc  que  la  dissolution  de  l'arséniure  de  zinc 
dans  l'acide  chlorliydrique  ne  donne  pas  naissance  à  de  l'hydrure  d'ar- 
senic, contrairement  à  ce  que  disent  la  plupart  des  auteurs  sur  la  foi  des 
expériences  de  Wiederhold;  ces  conclusions  sont  celles  de  Soubeiran,  dans 
un  travail  antérieur  à  celui  de  Wiederhold.  Tout  récemment,  Janowski 
[Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XX,  p.  77  )  est  arrivé  aux  mêmes  résultats; 
mais  il  n'indique  pas  le  détail  de  ses  expériences. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  je  donnerai  l'analyse  du  corps  obtenu  par 
la  décomposition  de  l'arséniure  de  sodium  par  l'eau.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'iode  sur  l'acide  uriqiie. 
Note  de  M.  F.  Wuutz. 

«  Quand  on  introduit  de  l'iode  dans  de  l'acide  urique,  tenu  en  suspension 
dans  de  l'eau,  cet  iode  disparaît  peu  à  peu.  La  réaction  est  plus  rapide  à 
chaud. 

»  L'acide  urique  subit  une  décomposition.  Parmi  les  produits  de  la  dé- 
composition, j'ai  constaté  la  présence  de  l'alloxane,  avec  formation  d'acide 
iodhydrique.  Je  suppose  que,  parmi  les  autres  produits,  il  y  a  formation 
d'urée.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Synthèse  de  l'oxalyl-urée  [acide  parabanique). 
Note  de  M.  E.  Gri.maux,  présentée  par  M.  Cahours. 

«  Les  dérivés  de  l'acide  urique  peuvent  être  considérés  comme  des  urées 
composées  renfermant  des  ratlicaux  d'acides  bibasiques.  Les  uns  repré- 
sentent des  sels  acides  d'urée,  moins  les  éléments  d'une  molécule  d'eau  ; 
ce  sont  les  acides  uramiques  : 

C^O'H%  COAzni'  -  H-O  =  C'O^Az^H*. 

Oxalate  acide  d'urée.  Eau.  Acide  oxaluiique. 

Les  autres  dérivent  de  ces  mêmes  sels  acides  par  élimination  de  deux  mo- 
lécules d'eau  ;  ce  sont  les  uréides  : 

C-O'IV,  COAz-H'  -  aTI-O  —  C'O^AzMl-. 

Oxalate  acide  d'urée.  Eau.  Acide  parabanique. 


(  I 549  ) 

»  J'ai  entrepris  une  série  de  recherches  pour  réaliser  ia  synthèse  de  cet 
ordre  de  composés,  et  j'ai  commencé  par  le  moins  complexe,  l'oxalyl-urée 
ou  acide  par;d)anique. 

M   M.  Henry  ayant  obtenu  l'oxalurate  d'éthyle  par  l'action  du  chlorure 

(  Cl 
d'éthyloxalyle  C"  O*  qC'H*  ^"^  l'nrée,  et  M.  Pike  ayant  préparé  un  ho- 
mologue de  l'acide  oxalurique,  l'acide  succinurique  C'H'Az^O',  en  fon- 
dant l'anhydride  succinique  avec  l'urée,  il  m'a  semblé  que  les  premiers 
essais  de  synthèse  des  uréides  devaient  avoir  pour  but  d'enlever  les  élé- 
ments de  l'eau  aux  acides  uramiques, 

»  Si  l'on  considère  la  formule  de  l'acide  oxalurique  CO  \    ^  ^ ^     ,  on 

'  (  Az-CO-CO-H 

,  ,     ,,     •  ,  i  CO-AzH» 

voit  que  ce   corps,   analogue  a    1  acide  oxamique     p^,  „        est,   comme 

celui-ci,  moitié  acide,  moitié  amide  (i).  En  tant  qu'acide,  il  doit  donner, 
sous  l'influence  des  chlorures  de  phosphore,  un  chlorure 

çç.  1  AzH= 

i  AzH-CO-CO-Cr 

et,  comme  les  chlorures  d'acides  chauffés  avec  les  amides  éliminent  de 
l'acide  chlorhydrique,  il  y  avait  lieu  de  croire  qu'un  tel  chlorure  serait 
peu  stable  et  perdrait  les  éléments  de  l'acide  chlorhydrique  pour  se  con- 
vertir en  oxalyl-urée  : 

C'0'Az=H^  =  CO^:«JP. 

Guidé  par  ces  vues  théoriques,  j'ai  fait  réagir  l'oxychlorure  de  phosphore 
sur  l'acide  oxalurique. 

»  L'acide  oxalurique  bien  desséché  est  arrosé  de  trois  fois  son  poids 
d'oxychlorure  de  phosphore,  et  le  mélange  est  porté,  au  bain  d'huile,  à 
une  température  de  200  degrés.  Après  l'expulsion  de  l'oxychlorure, 
cette  température  est  maintenue  jusqu'à  ce  que  la  masse  ne  dégage  plus 
d'acide  chlorhydrique.  Le  contenu  du  ballon  est  une  masse  blanche, 
agglomérée,  colorée  seulement  dans  les  parties  qui  touchent  les  parois 
du   ballon.   Ce  corps   se  dissout  facilement  dans  l'eau  froide,  tandis  que 


(i)  Dans  son  Mémoire  sur  l'acide  oxamique,  ^t.  Billard  a  fait  ressortir  les  analogies  qui 
existent  entre  l'acide  oxalurique  et  l'acide  oxami([ue.  [Annales  de  Cliimie  et  de  l'hjsique, 
3'=  série,  t.  IV,  p.  loo;  1842.) 


(  i55o  ) 

l'acide  oxaliiiiqiie  y  est  presque  entièrement  insoluble.  La  solution  est 
filtrée,  pour  la  débarrasser  d'une  petite  quantité  de  matière  brune  prove- 
nant de  la  décomposition  partielle  de  l'oxalyl-urée  par  la  chaleur,  puis  elle 
est  évaporée  au  bain-marie.  Les  cristaux  sont  comprimés  entre  des  dou- 
bles de  papier  buvard,  redissous  dans  l'alcool  bouillant,  qui  laisse  un  petit 
résidu  rouge,  amorphe,  et,  la  solution  alcoolique  étant  évaporée  à  siccité, 
les  cristaux  sont  purifiés  par  une  ou  deux  cristallisations  dans  l'eau  bouil- 
lante. 

»  Le  corps,  ainsi  obtenu,  présente  tous  les  caractères  de  l'oxalyl-urée. 
Facilement  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  il  s'en  sépare  en  lames  bril- 
lantes, allongées,  d'une  saveur  acide.  Il  supporte  sans  altération  notable 
une  température  de  200  degrés;  plus  fortement  chauffé,  il  se  détruit  en 
donnant  un  sublimé  blanc,  des  vapeurs  piquantes  d'acide  cyanique  et 
laissant  un  résidu  de  charbon.  Sa  solution  donne  avec  l'azotate  d'argent 
un  précipité  blanc,  pulvérulent,  elle  ne  trouble  pas  l'acétate  de  calcium; 
par  l'ébullition  avec  la  potasse  elle  dégage  de  l'aunnoniaque,  et  alors, 
après  avoir  été  sursaturée  par  l'acide  acétique,  elle  précipite  abondamment 
les  sels  de  calcium.  A  l'ébullition,  elle  chasse  l'acide  carbonique  du  car- 
bonate de  calcium,  et  la  liqueur  filtrée  donne  des  cristaux  présentant 
l'aspect  des  cristaux  d'oxalurate  de  calcium. 

»  Ces  caractères  et  les  chiffres  donnés  par  l'analyse  (i),  ainsi  que  le 
dosage  d'argent  du  dérivé  argentique  (2)  ne  laissent  aucun  doute  sur 
l'identité  de  ce  corps  avec  l'oxalyl-urée. 

)'  Je  ferai  remarquer  que  le  nom  d'acide  parabanique  donné  à  l'oxalyl- 
urée,  alors  que  sa  constitution  n'était  pas  coimue,  doit  aujourd'hui  dispa- 
raître de  la  science. 

»  Il  signifie,  en  effet,  je  passe  outre,  et  voulait  rappeler  que  ce  n'est  pas 
un  véritable  acide,  et  que  sous  l'influence  des  alcalis  ou  des  carbonates  al- 
calins il  fournit  des  oxalurates. 

»  Le  nom  d'oxalyl-urée,  qui  indique  sa  constitution  et  son  origine,  me 
semble  plus  rationnel. 


(■)  Calculé.  Trouvé. 

C 3i  ,57  3l  ,  l5 

H 1,75  1,83 

.-^z 24,56  94,48 

(2)     2(C'0'Az'''Ag'),lI'0  : 

Argent 64,1  63,5 


(  i55i  ) 

1)  Je  m'occupe  d'essayer  la  réaction  de  l'oxychloriire  de  phosphore  sur 
l'acide  siiccinurique,  pour  arriver  à  la  synlhèse  de  la  succinyl-urée. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Schùtzenberger,  à 
la  Sorbonne.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  disposition  de  la  pile  hydro-éleclrique  à  sulfate 
de  cuivre.  Note  de  M.  Trouvé,  présentée  par  M.  Edm.  Becquerel. 

«  M.  Trouvé  soumet  à  l'examen  de  l'Académie  une  pile  dont  l'action 
est  de  longue  durée  et  qui  peut  être  utilement  employée  pour  les  études 
physiologiques  et  même  dans  d'autres  circonstances. 

»  C'est  une  disposition  nouvelle  de  la  pile  à  sulfate  de  cuivre,  à  courant 
constant,  imaginée  en  1829  par  M.  Becquerel,  et  dans  laquelle  les  sels  de 
cuivre  et  de  zinc,  qui  sont  en  rapport  avec  les  métaux  de  même  nom,  dans 
chaque  couple,  sont  simplement  maintenus  par  action  capillaire  dans  des 
tampons  de  papier.  Cette  pile,  de  petites  dimensions,  est  très-portative  ;  elle 
a  la  même  force  électromotrice  qu'une  pile  ordinaire  à  sulfate  de  cuivre,  du 
même  nombre  de  couples,  et  peut  fonctionner  d'une  manière  continue 
pendant  longtemps,  lorsqu'elle  est  placée  dans  une  boîte  fermée  pour  éviter 
la  dessiccation  du  papier.  Quand  l'eau  s'évapore,  la  pile  cesse  de  fonctionner 
et  reste  inactive,  pour  reprendre  son  action  première  lorsqu'elle  est  de 
nouveau  rendue  humide.   » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  Vexistence  de  certains  rapports  entre  le  mode  de 
coloration  des  Oiseaux  et  leur  distribution  géographique  ;  par  M.  Alph.- 
MiLNE  Edwards.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  En  poursuivant  mes  recherches  sur  la  distribution  géographique  des 
animaux  dans  les  régions  australes,  j'ai  été  frappé  de  certaines  relations 
qui  semblent-exister  entre  les  parties  du  globe  habitées  par  les  Oiseaux  et 
le  mode  de  coloration  de  ces  animaux;  et,  désirant  connaître  le  degré 
d'importance  qu'il  convient  d'attribuer  à  celte  remarque,  j'ai  voulu  exa- 
miner, plus  attentivement  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'alors,  ce  que  l'on 
pourrait  appeler  la  distribution  géographique  des  couleurs  chez  les  Oi- 
seaux. En  effet,  cette  étude  m'a  semblé  susceptible  de  jeter  quelque  lumière 
stu-  l'influence  que  les  conditions  biologiques  locales  peuvent  exercer  sur 
les  caractères  zoologiques  secondaires  des  espèces  et  des  races.  Pour  four- 


(   i552  ) 

nir  des  résultats  significatifs,  elle  devait  porter  principalement  sur  les 
groupes  naturels  qui  ont  une  distribution  géographique  très-étendue,  et, 
pour  avoir  le  degré  de  précision  nécessaire,  elle  devait  s'appuyer  sur 
l'analyse  chromatique  du  plumage  et  sur  la  comparaison  de  ses  couleiu's 
rapportée  à  des  normes  bien  définies.  Sans  le  secours  offert  par  les  cer- 
cles chromatiques  dont  la  science  et  les  arts  sont  redevables  à  M.  Clie- 
vreul,  il  m'aurait  été  difficile  de  bien  apprécier  les  tons  et  les  nuances 
dont  j'avais  à  tenir  compte  et  plus  difficile  encore  de  formuler  nettement 
les  résultats  fournis  par  l'observation;  mais,  à  l'aide  de  ces  cercles,  ce  tra- 
vail a  été  singulièrement  facilité. 

))  Dans  une  première  série  de  recherches,  je  me  suis  occupé  spécialement 
du  mélanisme  à"divers  degrés  et,  pour  juger  de  l'influence  relative  du  noir 
sur  le  plumage  des  Oiseaux  habitant  diverses  régions  géographiques,  j'ai 
cru  devoir  tenir  compte  non-seulement  de  l'étendue  des  parties  du  système 
tégumentaire  qui  sont  teintées  de  la  sorte,  mais  du  degré  auquel  les  autres 
couleurs  peuvent  être  rabattues,  c'est-à-dire  modifiées  dans  lein*  ton  par 
leur  mélange  avec  du  noir  en  diverses  proportions. 

»  On  trouve  des  Oiseaux  à  plumage  noir  sur  presque  tous  les  points  du 
globe;  mais,  dans  certaines  familles  ornithologiques  dont  l'extension  géo- 
graphique est  très-grande,  la  tendance  au  mélanisme  ne  se  montre  guère 
que  dans  l'hémisphère  sud  et  plus  particulièrement  dans  la  région  océa- 
nienne qui  comprend  la  Nouvelle-Zélande,  la  Papouasie,  Madagascar  et  les 
terres  intermédiaires.  Un  exemple  remarquable  de  cette  coïncidence  entre 
le  mode  de  coloration  des  Oiseaux  et  leur  répartition  à  la  surface  du  globe 
nous  est  fourni  par  la  famille  des  Cygnes.  Celte  fau)ille  compte  dans  l'hé- 
misphère boréal  de  nombreux  représentants  dont  le  plumage  est  complè- 
tement blanc;  dans  l'hémisphère  austral  il  n'en  est  plus  de  même,  et  une 
partie  plus  ou  moins  considérable  devient  d'un  noir  intense.  Ainsi  le  Cygne 
de  la  Nouvelle-Hollande  est  presque  complètement  noir;  le  Coscoroba  ou 
Cygne  anatoïde,  qui  est  relégué  dans  l'Archipel  feugien  et  les  contrées 
adjacentes  de  l'Amérique  australe,  a  quelques-unes  des  pennes  de  l'aile 
noires;  ce  n'est  que  par  ce  caractère  qu'il  diffère  du  Coscoroba  de  Chine 
(C  Davidii).  Enfin  chez  le  Cygne  du  Chili  la  tête  et  le  cou  sont  d'un  noir 
de  jais,  l)ien  que  le  reste  du  corps  soit  d'un  blanc  pur.  Ce  sont  les  seules 
espèces  de  Cygne  qui  existent  dans  l'hémisphère  austral. 

))  Ces  particularités  n'offriraient  que  peu  d'intérêt  si  elles  étaient  isolées  ; 
mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  l'examen  de  la  distribution  géographique  des 


(  i553  ) 
couleurs  des  Perroquets  nous  fournit  des  preuves  encore  plus  manifestes 
(le  la  tendance  au  mélanisme  dans  la  vaste  région  océanienne  qui  comprend 
la  Nouvelle-Zélande,  la  Papouasie  et  les  terres  intermédiaires. 

»  Les  Perroquets  noirs  ou  presque  noirs  ne  se  rencontrent  ni  en  Amé- 
rique, ni  en  Asie,  ni  eu  Afrique  (si  ce  n'est  sur  les  bords  du  canal  de  Mo- 
zambique); mais  ils  ne  sont  pas  rares  dans  la  région  australe,  comprise 
dans  les  limites  dont  je  viens  de  faire  mention,  et  c'est  là  surtout  que  vivent 
les  espèces  ou  races  locales  dont  le  plumage  ne  présenle  que  des  tons  for- 
tement rabattus. 

»  Ainsi,  à  la  Nouvelle-Zélande  et  dans  les  îles  adjacentes,  ces  oiseaux, 
au  lieu  de  présenter  des  couleurs  franches,  sont  plus  ou  moins  teintés  de 
noir.  Les  Nestors,  par  exemple,  ont  le  plumage  d'iui  brun  sombre;  les 
grandes  plumes  des  ailes  et  de  la  queue,  dans  toutes  les  parties  exposées 
à  la  lumière,  sont  presque  uniformément  teinlées  en  brun  semblable  à 
celui  de  la  gamme,  résidtantdu  mélange  de  neuf  parties  de  noir  avec  une 
partie  de  royge  orangé;  sur  les  épaules,  la  plus  grande  partie  du  dos,  la 
tète  et  la  poitrine,  les  plumes  sont  bordées  d'un  liséré  brun  dont  le  (on  est 
encore  plus  foncé,  et,  dans  le  reste  de  leur  étendue,  des  teintes  similaires 
sont  mitigées  par  du  blanc,  de  façon  à  devenir  plus  ou  moins  grisâtres,  et 
ce  n'est  guère  que  sur  les  couvertures  de  la  queue  et  à  la  face  interne 
des  ailes,  ainsi  que  sur  la  partie  correspondante  des  flancs,  où  la  lumière 
n'arrive  pas  habituellement,  que  du  rouge  orangé  peu  rabattu  se  montre 
par  places. 

>)  Les  Strigops,  ou  Perroquets  nocturnes  de  la  Nouvelle-Zélande,  doivent 
aussi,  en  majeure  partie,  leur  aspect  particulier  à  un  autre  genre  de  méla- 
nisme, affectant  un  fond  verdàtre,  et  se  mêlant  à  des  parties  modifiées  par 
l'albinisme.  Ce  vert-jaune,  qui  se  rapporte  à  la  gamme  n"^  3  et  4  des  cercles 
chromatiques,  est  loin  d'être  franc  :  il  est  rabattu  par  environ  -^  ou  -pj  de 
noir,  et  il  est  interrompu  en  dessus  par  des  taches  et  par  des  bandes  irré- 
gulières d'un  noir  presque  pur,  ainsi  que  par  des  stries  blanchâtres,  tandis 
qu'en  dessous  et  sur  les  côtés  de  la  tête  les  maculatures  sont  dues  presque 
entièrement  à  l'albinisme.  Il  résulte  de  ces  mélanges,  où  le  noir  joue  un 
grand  rôle,  un  plumage  terne  et  moucheté  qui  rappelle,  jusqu'à  un  certain 
point,  celui  de  nos  Chouettes. 

»  La  tendance  au  mélanisme  se  retrouve  aussi  chez  les  Perruches  de  la 
Nouvelle-Zélande;  ces  oiseaux  appartiennent  au  groupe  des  Platycerques 
dont  les  ornithologistes  ont  formé  le  genre  Cyanoramphus;  son  plumage 
est  d'un  vert  sombre.  Un  |)eu  de  rouge  ou  de  jaune   francs  se  montrent 

C.R.,  1873,  2"  Semestre.  (T.  LXXVU,  IS'  20.)  20I 


,  (  i554  ) 
encore  sur  le  front  ou  sur  quelques  autres  parties  très-limitées;  tout  le  des- 
sus du  corps  de  l'oiseau  est  coloré  en  un  jaune  vert  fortement  rabattu  de 
noir,  et  en  dessous  une  teinte  analogue,  mais  moins  foncée,  s'étend  à  peu 
près  uniformément.  Chez  le  Cjanoramphus  alpinus,  la  coloration  domi- 
nante correspond  à  peu  près  au  jaune-vert  de  la  gamme  n°  4i  laballu  par 
Yô  de  noir;  chez  le  Cjanoramphus  Novœ  Zelandiœ^  le  vert  jaune  se  rapporte 
à  la  gamme  n°  2  et  à  celle  n°  3,  mais  est  assombri  par -j^  de  noir;  enfin, 
chez  le  Cjanoramphus  auriceps.,  le  ton  général  du  plumage  correspond  au 
jaune  vert  n°  i,  rabattu  par  -^  de  noir  sur  tout  le  dessus  du  corps. 

»  Les  îles  du  grand  océan  Indo-Pacifique  qui  avoisinent  l'Afrique  res- 
semblent à  la  Nouvelle-Zébuide,  sous  le  rapport  de  la  coloration  du  plu- 
mage de  la  plupart  de  leurs  Psittaciens.  Effectivement,  à  Madagascar,  à 
l'île  Maurice  vers  l'est,  aux  Seychelles  et  aux  Comores  vers  le  nord,  et 
même  sur  quelques  points  du  littoral  voisin  de  l'Afrique,  on  rencontre 
plusieurs  espèces  de  Perroquets  noirs  appartenant  au  genre  Coracopsis. 

»  En  Australie  abondent  les  Calyptorhynques,  dont  l'ensemble  du  plu- 
mage est  d'un  noir  intense  ou  mitigé  par  du  blanc.  Beaucoup  de  Perruches 
de  la  Nouvelle-Hollande  ont  des  couleurs  franches,  au  même  degré  que 
celles  de  l'Amérique;  mais,  chez  plusieurs  de  ces  oiseaux,  la  tendance  au 
mélanisme  se  révèle,  sur  diverses  parties  du  corps,  tantôt  par  l'existence 
d'un  ton  uniforme  très-fortement  rabattu,  d'autres  fois  par  l'envahisse- 
ment de  toute  la  portion  basilaire  de  la  plume  par  du  noir,  qui  ne  laisse 
près  des  bords  de  cet  appendice  qu'une  bande  plus  ou  moins  étroite  de 
rouge,  de  jaune,  de  vert  ou  de  bleu  francs. 

»  Dans  le  travail  dont  je  ne  puis  donner  ici  qu'un  extrait  très  succinct, 
je  passe  en  revue  plusieurs  autres  familles  ornithologiques,  qui  m'ont 
fourni  des  faits  analogues  et  montrent  les  mêmes  tendances;  par  exemple 
la  famille  des  Martin-pécheurs,  celle  des  Rallides  et  celle  des  Canards.  Mais 
l'espace  me  manque  pour  en  parler  ici,  et  les  faits  que  j'ai  signalés  suf- 
fisent pour  montier  que  dans  la  région  indo-pacifique  australe  les  types 
ornithologiques  qui,  ailleurs,  sont  revêtus  de  couleurs  brillantes,  ont  gé- 
néralement des  tons  rabattus  par  du  noir  ou  affaiblis  par  une  tendance  à 
l'albinisme.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  structure  de  l'estomac  chez  /'Hyrax  capensis. 
Note  de  M.  George,  présentée  par  M.  II.-Milne  Edwards. 

«  Ea  pliq)art  des  Mammifères  ont  un  estomac  simple  comme  celui  de 
l'Homme.  Il  en  est  cependant  un  ceitain  nombre  chez  qui  l'estomac  (end  à 


(  i555  ) 

se  subdiviser  en  deux  compartiments  bien  distincts.  Tantôt  cette  séparation 
est  nettement  indiquée  an  dehors,  comme  cliez  plusieurs  Rongeurs  (Ham- 
ster, Gerbille,  Campagnol,  Leinmiiîg);  tantôt  elle  est  surtout  marquée  par 
la  différence  de  structure  que  présente  à  l'intérieur  la  muqueuse  stomacale 
(comme  chez  le  Cheval,  l'Ane,  le  Rhinocéros). Il  est  enfin  d'autres  animaux 
chez  qui  l'on  trouve  cette  distinction  tout  à  la  fois  à  l'extérieur  et  à  l'in- 
térieur et  VHyrax  capensis  est  de  ce  nombre. 

»  J'ai  pu,  dans  le  laboratoire  de  l'École  pratique  des  Hautes  Études, 
dirigé  par  M.  Milne  Edwards,  poursuivre  de  nombreuses  recherches  ana- 
tomiques  sur  cet  animal  encore  imparfaitement  connu.  En  attendant  la 
publication  des  résultats  complets  de  ces  travaux,  je  crois  devoir  signaler 
la  disposition  remarquable  présentée  par  l'/Z^rox  dans  la  structure  de  son 
estomac. 

»  La  séparation  de  l'estomac  en  deux  parties  est  très  nettement  indiquée 
à  l'extérieur  par  un  bourrelet  circulaire,  blanc,  nacré,  d'aspect  tendineux, 
qui  forme  une  espèce  d'étranglement  au  milieu  de  la  grande  courbure.  A 
l'intérieur,  cette  limite  entre  les  deux  estomacs  est  tout  aussi  marquée.  Elle 
se  révèle  déjà  à  l'œil  nu;  mais  elle  s'accuse  encore  plus  nettement  par 
l'examen  microscopique. 

»  A  l'œil  nu,  la  portion  cardiaque  de  l'estomac  présente  une  épaisseur 
beaucoup  moindre  que  celle  de  la  portion  pylorique,  et  l'on  en  avait 
conclu  un  peu  vite  que  cette  portion  cardiaque  était  constituée  par  luie 
couche  muscidaire  assez  faible,  tandis  que  la  portion  pylorique  aurait  pos- 
sédé une  couche  musculaire  beaucoup  plus  puissante. 

))  Mais,  à  l'examen  microscopique,  les  choses  changent  de  face.  Si  l'on 
étudie  par  ce  moyen  la  structure  de  la  portion  pylorique,  qui  est  en  effet 
la  plus  épaisse;  on  voit  qu'elle  est  uniquement  constituée  par  un  amas  de 
glandes  en  tubes,  excessivement  serrées,  car  elles  offrent  l'aspect  d'une 
palissade  régulière  sans  aucune  interruption.  Ces  tubes  n'ont  pas  moins  de 
2  millimètres  de  longueur;  ils  sont  surmontés  d'un  épithélium  très-mince 
et  reposent  sur  une  couche  musculaire  d'une  faible  épaisseur  (à  peine -j^  de 
millimètre). 

»  Quant  à  la  portion  cardiaque,  il  en  est  tout  autrement.  Au  lieu  de 
glandes,  elle  ne  présente  que  des  papilles  coniques,  de  hauteurs  diverses 
(tV^  ~h  f^^  millimètre).  Ces  papilles  reposent  sur  une  triple  couche  de 
muscles,  dont  l'épaisseur,  totale  est  de  i  millimètre  environ,  c'est-à-dire 
dix  fois  plus  puissante  que  la  couche  musculaire  sous-jacenle  aiix  glandes 
en  tubes.  De  plus,  ces  papilles  sont  surmontées  d'une  couche  épithéiiale 

aor .. 


(  i556  ) 
très-épaisse,  dont  la  dimension  même,  rapprochée  de  celle  de  la  couche 
musculaire,  révèle  nettement  les  fonctions  mécaniques  de  cette  partie  de 
l'estomac. 

))  A  la  limite  des  deux  portions  de  l'estomac,  la  structure  de  chacune 
d'elles  offre  une  transition  brusque,  tout  aussi  bien  à  l'examen  microsco- 
pique qu'à  l'œil  nu.  Les  glandes  cessent  ijrusquement  pour  faire  place  aux 
papilles;  et  les  deux  couclies  musculaires  sous-jacentes  se  présentent  là 
avec  leurs  différences  très-marquées  :  la  couche  sous-glandulaire  très-mince, 
la  couche  sous-papillaire  très-épaisse. 

»  De  ces  différences  très-remarquables  dans  la  structure  des  deux  por- 
tions de  l'estomac,  il  est  permis  de  conclure  à  une  différence  tout  aussi 
tranchée  dans  leurs  fonctions.  La  portion  cardiaque  odre  tous  les  carac- 
tères d'un  estomac  dont  le  rôle  est  essentiellement  mécanique,  la  portion 
pylorique  ceux  d'un  estomac  exclusivement  sécrétant.  Cette  division  du 
travail  physiologique  est  tellement  tranchée  qu'elle  m'a  paru  digne  d'être 
signalée  à  l'attention  des  zoologistes.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  des  pièces  fossiles  provenant  de  Batraciens,  de  Lacer- 
liens  et  d'Ophidiens,  trouvées  dans  les  dépôts  de  pitosphale  de  chaux  de  l' A- 
veyron.  Note  de  M.  H.  Fii.hol,  présentée  par  M.  H.  Milne  Edwards. 

«  J'ai  reçu,  durant  ces  derniers  jours,  quelques  débris  fossiles,  rencontrés 
dans  l'exploitation  des  dépôts  de  phosphorife  de  l'Aveyron,  et  se  rap- 
portant à  divers  Reptiles.  Ils  m'ont  j)aru  dignes  d'attirer  l'attention  de 
l'Académie  non  par  leurs  caractères  zoologiques,  que  je  n'ai  pu  encore 
suffisamment  apprécier,  mais  par  le  magnifique  et  singldier  état  de  leur 
conservation. 

»  En  eflet,  l'un  d'eux  nous  présente  la  portion  antérieure  du  corps  d'iui 
Batracien,  très-voisin  probablement  des  Grenouilles,  dont  la  tète  et  la  por- 
tion antérieure  du  thorax  ont  conservé  leur  volume  absolument  normal. 
Non-seulement  les  yeux  ont  leur  direction  primitive,  mais  ils  n'ont  pas 
perdu  la  forme  saillante  qui  caractérise  cet  organe  chez  les  Batraciens.  Le 
globe  oculaire  n'est  point  affaissé,  les  paupières  entr'ouvertes  le  laissent 
apercevoir  dans  son  entier.  Les  ouvertures  des  fosses  nasales  sont  nette- 
ment indiquées;  la  bouche  est  entr'ouverte  et  laisse  échapper  au  dehors, 
sur  le  côté  gauche,  une  partie  de  la  langue  qui  a  conservé  le  volume  qu'elle 
présenterait  sur  un  animal  vivant.  La  portion  gauche  de  la  face  a  été,  au 
niveau  de  la  mâchoire  supérieure,  légèrement  dénudée,  de  telle  manière 


(  i557  ) 
que  l'os  apparaît  avec  sa  struclure  normale.  En  arrière  de  la  face,  les 
bulles  tympaniques  s'accusent  nettement.  La  peau  qui  recouvrait  la  face 
dorsale  du  thorax  a  laissé  ses  dessins  et  ses  nombreuses  plicalures  admira- 
blement indiqués  sur  ce  beau  débris  fossile.  A  la  face  inférieure  du  thorax, 
on  remarque  l'origine  des  membres  antérieurs  qui  ont  été  malheureuse- 
ment brisés.  Je  ne  sais  si  l'on  doit  rapporter  au  même  animal  une  patte 
antérieure  droite  qui  certainement  a  appartenu  à  un  Batracien.  Cette 
pièce  a  conservé  le  volume  qu'elle  présentait  sur  l'animal  vivant,  et  permet 
de  suivre  le  trajet  des  muscles  et  de  noter  l'insertion  des  tendons. 

M  Une  portion  de  la  queue,  probablement  d'un  Ophidien,  présente  dans 
sa  fossilisation  les  mêmes  caractères  singuliers  qui  sont  offerts  par  les  deux 
échantillons  dont  je  viens  de  parier.  Les  écailles  dorsales  sont  fines,  nulle- 
ment altérées;  les  écailles  ventrales  également  intactes,  laissant  voir  les 
moindres  détails  de  leur  structure,  sont  larges  cl  bien  imbriquées  les  unes 
sur  les  autres. 

))  Enfin  un  dernier  échantillon  fossile,  provenant  des  mêmes  localités, 
doit  être  rapporté  à  un  Lézard  de  grande  taille.  Il  comprend  le  point  d'o- 
rigine de  la  queue  et  le  point  d'attache  des  membres  postérieurs  qui  sont 
repliés  sur  les  côtés  du  corps. 

M  Je  communiquerai  à  l'Académie,  dans  une  prochaine  Note,  la  diagnose 
exacte  des  diverses  espèces  auxquelles  on  doit  rapporter  ces  pièces  fossiles; 
mais  j'ai  pensé  que  leur  élat  de  fossilisation  si  remarquable,  qui  n'avait 
jamais  été  observé  jusqu'ici,  méritait  tout  d'abord  d'être  signalé.  En  effet, 
c'est  un  véritable  moulage  qui  s'est  effectué  ;  le  corps  de  ces  divers  ani- 
maux, pris  dans  l'argile  rouge,  au  sein  de  laquelle  on  les  trouve  encore 
aujourtrhui,  y  a  laissé  son  moule  en  creux  qui,  plus  lard,  a  été  rempli 
par  la  phosphorite  :  telle  est  l'explication  qui  me  paraît  la  plus  probable. 
Peut-être  pourrait-on  admettre  une  imprégnalion  des  tissus  par  le  phosphate 
de  chaux,  une  sorte  de  phosphatisaîion  rappelant  ce  que  nous  observons 
de  nos  jours  pour  certaines  sources  incrustantes.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  du  pliragmostvacum  des  Ccpltnlopodes  et  sur 
les  rapports  zoologirpies  des  Aminoniles  avec  les  Spirales.  Note  de  M.  Muxier- 
Chalhas,  présentée  par  M.  11.  Milne  Edwards. 

«  J'ai  l'hoimeur  de  soumettre  à  l'Académie  le  résultat  des  observations 
que  j'ai  faites  sur  le  développement  du  phragmosiracum  des  Céphalo- 
podes, dans  le  laboratoire  des  recherches  paléontologiques  de  la  Sorbonne, 
sous  la  direction  de  M.  Hébert. 


»  Cette  étude  embryogénique  et  comparative  démontre,  d'une  manière 
très-nettp,  que  les  Ammonites  ne  sont  pas  des  Céphalopodes  télrabtan- 
cliiaux,  voisins  des  Nautiles,  comme  on' l'admet  généralement,  mais  bien 
des  Céphalopodes  dibranchiaiix  et  décapodes,  ayant  la  plus  grande  affinité 
avec  les  Spirnles. 

»  M.  J.  Barrande  avait  déjà  établi,  en  1867,  dans  son  grand  ouvrage  sur 
le  système  silurien  du  centre  de  la  Bohème,  le  peu  de  ressemblance  qui 
existe  entre  les  Goniatiles  et  les  Nautilides  pendant  la  première  période  de 
leur  développement.  En  effet,  la  loge  initiale  du  phragmostracum  des  Cé- 
phalopodes du  groupe  des  Nautilides^  sauf  la  cicatrice  externe,  ne  diffère 
p3ssensil)lement,  dans  son  organisation  générale,  des  autres  premières  loges 
qui  se  développent  successivement  un  peu  plus  tard. 

»  M.  J.  Barrande,  en  parlant  des  Cyrloceras,  s'exprime  du  reste  ainsi  : 

«  Nous  ferons  aussi  observer  que  cette  forme  de  l'origine  de  la  coquille,  qui  se  retrouve 
également  dans  les  Orthoceras,  paraît  semblable  dans  tous  les  types  de  Nautilides,  où  nous 
l'avons  observée  jusqu'à  ce  jour.  Elle  contraste,  an  contraire,  avec  l'origine  de  la  coquille 
des  Gnnintitrs,  qui  se  montre  sous  la  forme  d'un  œuf,  isolé  de  la  première  loge  aérienne  par 
un  étranglement  prononcé.    « 

»  Cette  loge  initiale  (ovisac)  des  Gonialites,  si  différente  de  celles  qui 
lui  succèdent  immédiatement,  se  retrouve  à  l'origine  du  phragmostraciun 
de  tous  les  Céphalopodes  dibranchiaux  que  j'ai  pu  étudier. 

»  Les  nouvelles  et  très-intéressantes  études  entreprises  à  Philadelphie, 
par  M.  Hyatt,  sur  l'embryogénie  du  phragmostracum  du  NauliUis  pompi- 
lius,  du  Deroceras  planicostn  et  des  Gonialites,  sont  encore  venues  confirmer 
ces  observations.  Cependant  il  faut  ajouter  que  M.  Hyatt,  préoccupé  par 
ses  idées  théoriques  sur  l'évolution  des  êtres,  a  supposé,  poiu-  établir  la 
filiation  des  Ammonites  et  des  Nautiles,  que  ces  derniers  perdaient  leur 
ovisac  par  troncature.  Poiu' justifier  sa  supposition,  il  s'est  appuyé  sur  la 
cicatrice  transversale  et  externe  qu'il  avait  observée  sur  la  loge  initiale  du 
Nautilus  pompilius. 

»  Les  nombreuses  observations  que  j'ai  pu  faire  depuis,  soit  sur  la  ter- 
minaison du  siphon  dans  V Aliiviazicjzacj,  dans  les  Nautiles  jiu'assiques,  cré- 
tacés, tertiaires  et  dans  les  trois  espèces  actuelles  ;  soit  sur  l'étude  micro- 
scopique d'iuie  section  transversale  de  la  loge  '\n\\'\?i\e  àe?,  Nautilus  pompilius 
et  umbilicalus;  soit  enfin  par  la  comparaison  attentive  des  Céphalopodes 
siluriens  qui  perdent,  par  Ironcalure,  l'extrémité  de  leur  phragmostracum, 
m'ont  conduit  à  un  résultat  tout  à  fait  opposé  aux  idées  théoriques  émises 
par  M.  Hyatt,  mais  conforme  en  tous  points  aux  faits  observés  par 
M.  J.  Barrande. 


(  -559  ) 

»  L'étude  comparative  que  j'ai  pu  faire  sur  les  ovisacs  de  la  Sjjirida  Per- 
roni  et  des  Ammonites  Parkimoni^  ooliticas,  mamillaris,  etc.,  m'a  dcmoniré 
les  rapports  cpii  existent  entie  ces  deux  types  peiuhint  leur  évolution  em- 
bryonnaire. En  effet,  chez  les  Spirules  et  les  Ammonites,  le  siphon  prend 
naissance  dans  l'ovisac,  un  peu  avant  l'apparition  de  la  première  cloison. 
Il  commence  par  un  renflement  en  forme  de  cœcum,  qui  supporte  dans 
son  prolongement  le  prosiphon.  L'organe  nouveau  que  je  désigne  sous  ce 
nom  doit  remplacer  le  siphon  pendant  la  période  embryonnaire.  Il  prend 
naissance  dans  l'ovisac,  en  face  du  renflement  siphonal,  sur  lequel  il  vient 
se  terminer,  sans  avoir  de  communication  intérieure  avec  ce  dernier.  Il  est 
très-variable  dans  sa  forme  générale,  et  peut  offrir  tlans  la  même  espèce 
d'Ammonites  un  exemple  de  dimorphisme  très-accusé.  Il  est  formé  par  une 
membrane  qui  est  tantôt  simplement  étalée,  comme  dans  la  Spirula  Perroni, 
ou  bien  qui  forme  im  tube  plus  on  moins  circulaire.  11  présente  aussi  quel- 
quefois deux,  trois  ou  quatre  petites  subdivisions,  à  son  point  d'insertion 
sur  les  parois  internes. 

»  J  ai  pu  constater  la  présence  d'un  ovisac  dans  les  genres  Belemniles, 
Belemnitella,  Beloptera,  Belopterina^  Spintliroslra,  Ammonites,  Ceratites.  Dans 
les  Deroceras,  les  Clymenia  et  les  Goniatites,  sa  forme  générale  et  ses  rap- 
ports avec  le  siphon  sont  les  mêmes  que  dans  toutes  les  Ammonites.  Il  est  en 
général  sphéroïdal  lorsque  les  tours  de  spire  sont  libres,  et  ovoïde  lors- 
qu'ils sont  contigus. 

»  Dans  les  Céphalopodes  létrabranchiaux,  qui  vivent  dans  les  mers  ac- 
tuelles, et  dans  tous  ceux  qui  ont  pullulé  par  milliers  dans  les  mers  an- 
ciennes, on  n'a  jamais  pu  constater  la  présence  d'un  ovisac.  Dans  les  Nau- 
tiles et  les  Aturia,  le  siphon  j)rend  naissance  sur  les  parois  internes  de  la 
première  loge.  Il  est  complètement  fermé  à  son  extrémité  postérieure  par  une 
partie  du  prolongement  calcaire  de  la  cloison  qui  concourt  à  sa  formation. 
La  cicatrice  transversale  et  externe,  observée  par  M.  Hyatt,  n'a  jamais  dû 
être  en  comnuuiication  avec  le  siphon  ;  son  rôle  est  encore  complètement 
inconnu.  Elle  a  été  signalée  par  M.  J.  Barrande,  sur  un  grand  nombre  de 
létrabranchiaux  siluriens. 

»  Il  résulte  ainsi  de  ces  observations  ([u'à  l'époque  silurienne  les  Cé- 
phalopodes tétrabranchiaux  étaient  aussi  nettement  séparés  des  Céphalo- 
podes dibranchiaux  qu'ils  le  sont  actuellement.  Les  seules  modifications 
que  nous  puissions  constater  sont  d'ordre  générique;  en  effet,  les  Amuio- 
niles,  qui  ont,  pendant  leur  jeune  âge,  des  cloisons  semblaliles  à  celles  des 
Deroceras  ei  des  Gonialites,  paraissent  dériver  d'iui  de  ces  deux  types.  » 


(  i56o  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Les  trombcs  et  les  tourbillons.  Note  de  M.  E.  RIocchez. 

a  Un  des  phénomènes  les  plus  curieux  el  les  moins  connus  de  la  Jlétéo- 
rologie  a  été  depuis  quelque  temps  l'objet  de  diverses  Communications  à 
l'Académie,  au  sujet  des  belles  recherches  de  M.  Faye  sur  la  constitution  phy- 
sique du  Soleil  ;  mais  aucune  de  ces  Noies  ne  donne  une  description  précise 
du  phénomène  sous  le  nom  duquel  on  confond  quelquefois  des  météores 
fort  différents. 

»  Le  peu  d'accord  qui  existe  sur  l'interprélalion  des  faits  et  sur  les  faits 
eux-mêmes  provient  sans  doulede  ce  qu'on  a  essayé  d'établir  des  hypothèses 
d'après  des  observations  incomplètes  ou  erronées.  Il  est  assez  rare  de  ren- 
contrer des  trombes,  et,  quand  il  s'en  forme  en  quelque  point  de  l'horizon, 
elles  sont  souvent  trop  loin  pour  qu'on  |Miisse  examiner  ce  cjui  s'y  passe; 
j'ai  eu  l'occasion  d'en  voir  cinq  à  six  fois  en  trente-cinq  ans  de  navigation, 
et,  dans  deux  circonstances,  je  les  ai  vues  de  si  près,  qu'd  m'a  été  possible 
d'en  étudier  et  d'en  dessiner  les  moindres  détails,  que  j'ai  consignés  dans 
mon  journal  de  bord.  (Voyage  de  circumnavigation  de  la  Favorite, 
I 840-1844.) 

M  Bien  que  ces  Notes  aient  déjà  trente  ans  de  date,  j'espère  qu'elles  re- 
trouveront aujourd'fuii  lui  certain  intérêt  d'actualité. 

»  On  paraît  habituellement  confondre  sous  le  nom  de  trombe  deux  mé- 
téores fort  différents  dans  leur  cause  et  leurs  effets  : 

»  Le  premier,  auquel  convient  mieux  le  nom  de  tourbillon  ou  cyclone, 
est  un  mouvement  gyratoire  formé  dans  un  fluide  en  mouvement,  quand 
deux  couches  voisines,  accidentellement  déviées,  viennent  se  rencontrer 
sous  des  angles  ou  avec  des  vitesses  différentes.  Les  molécules  situées  sur 
la  ligne  de  rencontre  se  trouvent  soumises  à  un  couple,  qui  donne  nais- 
sance au  mouvement  de  gyration  :  c'est  ce  que  nous  voyons  journelle- 
ment sur  les  routes,  quand  un  arbre  ou  une  maison  coupe  un  courant  d'air, 
et  dans  les  rivières,  quand  les  filets  d'eau  sont  divisés  par  une  pile  de 
pont,  en  aval  duquel  ils  se  réunissent  de  nouveau  en  formant  le  tourbillon. 
Ce  tourbillon,  une  fois  produit,  persiste  plus  ou  moins  longtemps  sui- 
vant les  circonstances  accessoires,  et  prend  un  deuxième  mouvement  de 
transport,  dans  la  direction  de  la  composante  des  i\euii  courants  qui  lui 
ont  donné  naissance.  On  sait  aujourd'hui  que  les  cyclones  qui  dévastent  les 
mers  tropicales  ne  paraissent  pas  avoir  d'autre  cause. 

»  La  condition  essentielle  d'un  tourbillon  dans  l'atmosphère  est  donc 


(  i56i   ) 
l'existence  d'un  vent  plus  ou  moins  fort.  La  présence  ou  l'absence  de  nuages 
est  absohunent  indiflérenle  dans  la  formation. 

»  La  trombe,  au  contraire,  prend  toujours  naissance  au  bas  d'un  nuage 
particulier,  d'un  nimbus  fort  dense,  dont  elle  n'est  qu'un  appendice,  et  elle 
ne  paraît  pouvoir  se  former  qu'en  calme  plat  ou  avec  une  très-faible 
brise,  car  un  vent,  même  modéré,  la  dissipe  immédiatement. 

»  Toutes  les  trombes  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  se  sont  formées 
dans  les  conditions  suivantes,  toujours  identiquement  les  mêmes:  calme 
plat,  ciel  généralement  dégagé  en  quoique  point  de  l'horizon,  et  couvert 
dans  d'autres  de  nuages  noirs  très-denses,  terminés  dans  la  partie  infé- 
rieure par  une  ligne  droite  horizontale,  et  dans  la  partie  supérieure  par 
des  masses  floconneuses  beaucoup  plus  claires;  la  ligne  inférieure  se  dessine 
souvent  sur  un  ciel  bleu  ou  voilé  de  légers  cirrhus. 

»  Quand  ces  circonstances  se  rencontrent  avec  d'autres  conditions  en- 
core inconnues,  on  voit  se  former,  près  de  la  partie  inférieure  du  nuage, 
une  protubérance  qui  s'allonge  lentement  vers  la  mer  et  prend  bientôt  la 
forme  d'une  colonne  ou  tube,  qui  reste  verticale  si  le  calme  est  absolu,  et 
s'ondule  légèrement  s'il  existe  quelque  souffle  de  brise.  Quand  ce  lube, 
dont  la  partie  supéiieure  est  toujours  enveloppée  d'un  second  tube  ou 
manchon,  plus  dillus,  a  atteint  les  f  environ  de  la  hauteur  du  nuage, 
on  voit  la  surlace  de  l'eau  commencer  à  bouillonner  sous  la  trombe;  puis 
on  aperçoit  très-distinctement,  quand  on  est  à  une  petite  distance,  un  jet  de 
vapeur  s'élever  de  la  mer,  en  gerbe  verticale,  autour  du  pied  de  la  trombe, 
si  celle-ci  est  verticale,  et  en  faisceau  oblique,  faisant  l'angle  de  réflexion 
égale  à  l'angle  d'incidence,  si  la  trombe  est  inclinée.  Pendant  que  cette 
émission  de  vapeur  ou  d'eau  a  lieu,  le  tube  s'éclaircit  de  plus  en  plus,  et 
finit  par  ne  plus  apparaître  que  sous  la  forme  de  deux  traits  noirs  Irès- 
déliés.  Quand  le  jet  de  vapeur  a  cessé,  la  trombe  paraît  avoir  terminé  son 
oeuvre,  car  elle  commence  à  se  dissoudre  par  sa  partie  inférieure  et  à  re- 
monter lentement  vers  le  nuage,  dans  lequel  elle  va  bientôt  se  perdre. 

»  Telle  est  la  forme  la  plus  simple,  la  plus  générale  des  trombes,  et  celle 
qui  paraît  en  être  le  type  fondamental;  mais  ce  météore  se  complique  sou- 
vent de  quelques  faits  particuliers,  d'apparence  très-singulière,  beaucoup 
plus  difficiles  à  expliquer.  J'en  citerai  quelques  exemples 

»  Quelquefois,  au  lieu  d'un  seul  tube,  on  en  voit  deux  ou  trois,  l'un  dans 
l'autre,  tous  parfaitement  concentriques  réguliers  et  toujours  limités  par 
des  lignes  fort  nettes.  Il  arrive  fréquemment,  dans  ce  cas,  que  l'axe  lui- 
même  est  dessiné  par  une  ligne  centrale,  se  prolongeant  en  dehors  du  tube 

C,  R.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  LXXVII,  N"  26.)  202 


(  i562  ) 

jusqu'à  la  mer.  Les  tubes  extérieurs  sont  plus  courts  que  les  tubes  inté- 
rieurs. 

»  D'autres  fois,  il  survient  une  seconde  phase,  contraire  à  la  première,  et 
qui  a  pu  donner  lieu  à  l'opinion  que  le  mouvement  danslestr  ombes  alieu 
de  bas  en  haut.  Dans  une  trombe  aperçue  dans  le  détroit  de  Gilolo,  à  une 
très-petite  distance  du  navire,  j'ai  vu,  après  la  cessation  du  jet  de  vapeur, 
le  tube,  au  lieu  de  se  dissoudre,  conserver  sa  forme  intacte  et  se  transformer 
en  cheminée  d'appel,  car  on  distinguait  nettement,  dans  l'intérieur,  des 
petits  flocons  de  vapeur,  remontant  lentement  vers  le  nuage  en  oscillant 
d'un  côté  à  l'autre  :  c'est  la  seule  fois  que  j'aie  vu  ce  fait  se  produire. 

»  Dans  une  autre  circonstance,  la  trombe  se  présentait  comme  un  tube 
fermé  par  le  bas,  ou  plutôt  comme  un  sac  très-allongé;  la  pointe  inférieure 
était  arrondie  et  plus  noire  que  le  reste  du  tube,  et  cependant  on  vit  la  mer 
bouillonner  au-dessous  d'elle  comme  au-dessous  des  tubes  ouverts.  Cette 
singulière  apparence,  qui  paraît  en  contradiction  complète  avec  celles  que 
nous  avons  décrites  précédemment,  m'a  semblé  présenter  le  seul  cas  où 
l'intervention  de  l'électricité  serait  utile  pour  expliquer  les  faits. 

»  Enfin  il  y  a  des  trombes  qui  présentent  un  autre  aspect  :  leurs  deux 
extrémités  sont  évasées  en  forme  d'entonnoir;  la  bouche  inférieure  paraît 
s'élargir,  comme  sous  une  forte  pression,  et  le  jet  a  lieu  en  divergeant 
comme  celui  qui  sort  d'une  pomme  d'arrosoir. 

»  Un  même  nuage  peut  donner  naissance  à  plusieurs  trombes,  parmi 
lesquelles  il  en  est  qui  se  dissipent  avant  d'avoir  atteint  leur  complet  déve- 
loppement; elles  n'apparaissent  alors  que  comme  de  simples  traits  noirs, 
plus  ou  moins  allongés,  descendant  au-dessous  du  nuage.  Une  trombe  en- 
tièrement formée  paraît  devenir  adhérente  au  point  de  la  mer  qu'elle  a 
atteint,  car  son  pied  reste  immobile  quand  le  nuage  prend  un  léger  mou- 
vement de  transport;  on  la  voit  alors  s'incliner  de  plus  en  plus,  s'allonger, 
puis  enfin  se  déchirer  avant  d'avoir  accompli  ses  phases;  ses  ondulations 
indiquent  d'ailleurs  les  diverses  directions  de  la  brise  à  différentes  hauteurs. 
Je  n'ai  jamais  vu  ni  éclairs  ni  tonnerre  accompagner  les  trombes. 

»  La  pluie  précède  très -rarement  le  phénomène,  mais  lui  succède 
presque  toujours  ;  elle  ne  coexiste  jamais  avec  lui.  J'ai  pu  mesurer  avec  une 
suffisante  exactitude  plusieurs  trombes,  que  nous  avons  vues  à  moins  de 
I  ou  2  milles,  dans  le  golfe  Persique  et  les  îles  de  la  Sonde  :  le  diamètre 
inférieur  du  tube  a  varié  entre  5  et  20  mètres;  le  diamètre  supérieur  est 
deux  ou  trois  fois  plus  grand;  la  hauteiu-  du  nuage  a  été  comprise  entre 
200  et  5oo  mètres.  La  durée  totale  d'une  trombe  est  de  dix  à  vingt  mi- 


(  i563  ) 

mîtes.  Le  clapotis  de  la  mer  forme  un  cercle  quatre  à  cinq  fois  plus  grand 
que  le  diamètre  du  tube;  la  hauteur  des  vagues  n'atteint  pas  i  mètre,  et  le 
seul  inconvénient  qu'une  embarcation  y  aurait  rencontré  eût  été  proba- 
blement une  forte  douche  d'eau  ou  de  vapeur;  cependant,  malgré  mes 
demandes  réitérées,  le  commandant  de  la  Favorite  ne  voulut  pas  m'auto- 
riser  à  y  aller  faire  quelques  observations  avec  un  baromètre  et  un  ther- 
momètre. Je  n'ai  malheureusement  pas  eu  l'occasion  de  revoir  ce  météore 
depuis  une  vingtaine  d'années,  que,  naviguant  comme  commandant,  il 
m'aurait  été  possible  de  faire  ces  observations  avec  tout  le  soin  et  l'intérêt 
qu'elles  mériteraient. 

»  Aucune  des  trombes  que  j'ai  vues  ne  m'a  paru  pouvoir  causer  le 
moindre  danger  à  un  navire.  Les  différentes  phases  se  succèdent  avec 
calme,  lenteur  et  régularité;  elles  n'ont  jamais  été  accompagnées  de  mou- 
vements violents  de  l'atmosphère,  ni  de  tourbillons,  ni  d'orages.  Ce  météore, 
d'apparence  si  vaporeuse  et  délicate,  n'a  donc  aucun  rapport  avec  celui  que 
l'on  a  décrit  dans  certaines  relations,  où  on  le  voit  venant  au  milieu  d'une 
tempête,  avec  une  rapidité  effrayante,  en  tourbillonnant,  soulevant  une 
grosse  mer  et  menaçant  dt»  faire  sombrer  les  navires.  Peut-être  faut-il  faire 
dans  ces  récits  luie  large  part  à  l'exagération  et  à  la  crainte  inspirée  par 
un  phénomène  assez  rare,  et  en  réalité  très-frappant  la  première  fois 
qu'on  le  voit;  mais,  si  ces  récits  sont  véridiques,  ils  se  rapportent  évidem- 
ment à  des  faits  tout  autres  que  ceux  que  je  viens  de  décrire,  et  ils  doi- 
vent avoir  une  cause  toute  différente.  J'ajouterai  cependant  que  je  n'ai 
pas  encore  rencontré  de  témoin  oculaire  de  ces  trombes  de  tempête,  tandis 
que  j'en  ai  vu  quelques-uns  qui  ont  aperçu  des  trombes  de  calme,  dans  des 
conditions  identiquement  semblables  à  celles  que  je  viens  de  décrire. 

))  Tout  en  laissant  à  des  personnes  plus  compétentes  le  soin  de  chercher 
les  causes  de  ce  curieux  météore,  je  dirai  que  l'impression  produite  sur 
les  témoinsétait  exprimée  par  l'idée  qu'tnie  masse  d'air  isolée,  subitement 
refroidie,  tombait  par  son  propre  poids  à  travers  des  nuages  doués  d'une 
force  de  cohésion  particulière.  Cette  explication  n'a  d'autre  valeur  que  de 
constater  d'une  manière  certaine,  dans  les  trombes,  le  mouvement  des- 
cendanlmé  par  certains  observateurs.  Dans  les  tourbillons  de  vent,  au  con- 
traire, on  voit  presque  toujours  se  produire  un  mouvement  ascendant  selon 
l'axe  du  tourbillon,  mouvement  qui  a  d'ailleurs  pour  résultat  d'en  pro- 
longer la  durée.  C'est  encore  là  une  différence  essentielle  entre  les  deux 
phénomènes,  que  l'on  confond  souvent  sous  le  même  nom,  et  dont  je  viens 
d'essayer  d'établir  la  diversité  d'origine  et  d'apparence.  » 

202.. 


(   >56.^,  ) 

PHYSIOLOGIE.  —  Sjti  les  cjfcts  (lu  chanvre  indien  (haschicli). 
Note  de  M.  A.  Naquet.  (^Extrait.) 

«  Une  des  premières  difficultés  que  l'on  rencontre,  lorsqu'on  veut  étu- 
dier les  effets  du  chanvre  indien,  est  d'obtenir  une  préparation  d'une  com- 
position uniforme.  Le  chanvre  indien  doit  ses  propriétés  à  des  composés 
mal  définis,  qu'on  ne  peut  pas  doser,  qu'on  ne  connaît  même  pas,  et  l'on 
ne  sait  jamais  exactement  ce  que  l'on  administre.  Ce  qui  m'a  paru  le  plus 
simple,  c'est  de  prendre  la  teinture,  qui  est  an  moins  uniforme  dans  sa 
composition  quand  elle  provient  d'une  même  préparation,  et  qui  se  dose 
avec  facilité. 

En  opérant  avec  de  la  teinture  de  chativre  indien,  que  je  dois  à  l'obli- 
geance de  M.  le  directeur  de  la  Pharmacie  centrale,  j'ai  pu  remarquer 
d'abord  que  le  haschich  est  très-variable  dans  ses  effets.  C'est  ainsi  que 
non-seulement  la  même  dose  agit  ou  n'agit  pas  suivant  les  individus,  mais 
encore  qu'elle  agit  ou  n'agit  pas  sur  le  même  individu,  suivant  le  jour  où 
on  l'administre.  Il  sera  très-intéressant  d'étudier  en  premier  lieu,  ainsi 
que  je  me  propose  de  le  faire,  quelles  sont  les  conditions,  soit  morales,  soit 
physiques,  qui  favorisent  ou  entravent  l'action  du  poison. 

»  La  seconde  question  qu'il  me  paraît  curieux  de  résoudre  consiste 
à  savoir  si,  parmi  les  hallucinations  que  le  haschich  fait  naître,  il  n'y 
en  a  pas  qui  soient  tout  à  fait  propres  à  la  substance  toxique  et  qui  se 
reproduisent  dans  tous  les  cas.  Mes  expériences  ne  sont  point  encore  assez 
avancées  pour  que  je  puisse,  dès  aujourd'hui,  me  considérer  comme  ayant 
résolu  le  problème.  Les  faits  observés  par  moi  sont  cependant  déjà  assez 
probants  pour  laisser  supposer  que,  suivant  toute  apparence,  les  symp- 
tômes de  l'empoisonnement  cannabien  se  divisent  en  symptômes  con- 
stants, propres  au  poison,  et  en  symptômes  accidentels,  qui  varient  avec 
l'individu  soumis  à  l'expérience. 

»  Des  symptômes  variables,  je  n'ai  rien  à  dire,  sinon  que  l'action  du 
haschich  se  borne  à  l'exag'ération  des  idées  courantes,  lesquelles  en  outre 
se  succèdent  avec  une  extrême  rapidité,  à  ce  point  que  le  sujet  passe, 
presque  sans  transition,  de  la  tristesse  la  plus  lugubre  à  la  gaieté  la  plus 
absolue.  Souvent,  cependant,  on  peut  suivre  l'association  des  idées  qui 
amène  ces  modifications  brusques  de  la  pensée,  et,  dans  lui  grand  nombre 
de  cas,  on  peut  constater  que  la  pensée  se  modifie  sous  l'influence  des  airs 
de  musique  que  l'on  chante  soi-même  ou  que  l'on  entend  chanter  autour 
do  soi. 


(  i565  ) 
Ce  qui  a  plus  d'intérêt,  ce  sont  les  symptômes  propres  au  poison  lui- 
même,  et  qui  se  reproduisent  chez  tous  les  sujets.  Je  citerai  parmi  les 
symptômes  que  j'ai  observés,  dans  le  petit  nombre  d'expériences  que  j'ai 
pu  faire,  les  hallucinations  qui  portent  le  sujet  à  s'imaginer  qu'il  moule 
à  cheval,  qu'il  chasse,  qu'il  voit  de  l'eau  bleue,  qu'il  nage  ou  qu'il  moule 
eu  barque,  qu'il  voyage,  qu'il  s'envole,  qu'il  ne  pèse  plus.  A  ces  effets,  je 
crois  devoir  joindre,  avec  plus  de  réserve,  quoique  ce  symptôme  n'ait 
jamais  fait  défaut  dans  mes  observations,  une  tendance  aux  jeux  de  mots 
et  aux  dissertations  grammaticales...  » 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  et  demie.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i5  décembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Mémoires  sur  plusieurs  espèces  de  Mammifères  fossiles  propres  à  l'Amérique 
méridionale;  parM.  Paul  Gervais.  Paris,  F.  Savy,  1873;  in-4°. 

Mémoire  sur  les  propriétés  optiques  de  la  flamme  des  corps  en  combustion 
et  sur  la  température  du  Soleil;  par  G. -k.  HiRN.  Paris,  Gaulhier-Villars, 
1873;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique.) 

Recherches  sur  la  faune  ornitholocjique  éteinte  des  îles  Mascareicjnes  et  de 
Madagascar;  par  M.  Alph.-Mdne  Edwards.  Paris,  G.  Masson,  i866à  1878; 
I  vol.  in-4'',  relié,  avec  planches. 

Notice  sur  les  travaux  de  M.  E.  BaudelOT.  Nancy,  Berger-Levrault,  1873; 
br.  in-8^ 

Fernand  Papillon.  La  Nature  et  la  Fie.  Faits  el  doctrines.  Paris,  Didier 
et  C'%  1874;  I  vol  in-8°. 

Les  fonds  de  la  mer.  Etude  internationale  sur  les  particularités  nouvelles  des 
régions  sous-marines,  dirigée  par  MM.  Fischer,  Folin,  Périer;  liv.  5,  6,  7, 
II,  12,  i3,  t.  IL  Paris,  Savy,  1873;  4  hv.  in-8''. 


(  i5G6  ) 

Catalogue  raisonné  des  plantes  vasculaires  du  département  de  la  Somme;  par 
M.  Éloy  DE  ViCQ  et  Bloindin  de  Brutelette.  Abbeville,  imp.  P.  Briez, 
i865,  avec  Supplément,  1873  ;  in-S".  (Adressé  au  Concours  La  Fons  Méli- 
cocq,  1874.) 

Les  grandes  usines.  Études  industrielles  en  France  et  à  l'étranger;  par 
TURGAN,  X.  Paris,  Michel  Lévy,  1874;  grand  in-&°,  avec  figures. 

Recueil  des  travaux  de  ta  Société  médicale  du  dépai'tement  d' Indre-et-Loiie  ; 
année  1873,  i"  semestre.  Tours,  imp.  Ladevèze,  1873;  in-8°. 

Le  Phjlloxera  et  les  vignes  américaines.  I.  Rapport  à  M.  le  31inistre  de 
l'Agriculture  sur  une  mission  aux  Étals-Unis;  par  M.  J.-E.  Plancmon.  Mont- 
pellier, imp.  Grollier.  1873;  br.  in-8°.  (Renvoi  à  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra.) 

Becherches  géologiques  et  chimiques  sur  les  eaux  sulfureuses  du  Nord;  par 
M.  Roger-Laloy.  Lille,  imp.  Danel,  1873;  br.  in-8''. 

Mémoires  de  V  Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles- Lettres  de  Tou- 
louse; t.  V.  Toulouse,  Douladoure,  1873;  i  vol.  in-8°. 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Sur  l'assainissement 
de  la  ville  de  Lisbonne;  par  M.  Ch.-J.  DA  Silva.  Bordeaux,  G.  Gounouiihou, 
sans  date;  opuscule  \n-8".  (Adressé  au  Concours  des  Arts  insalubres,  1874.) 

La  Saison  d'Iiiver  en  Algérie;  par  le  D""  A.  Maurin.  Paris,  G.  Masson,  sans 
date;  i  vol.in-12.  (Adressé  par  l'auteur  au  Concours  Montyon,  Médecine 
et  Chirurgie,  1874) 

Les  Merveilles  de  l'Industrie  ou  Description  des  principales  industries  mo- 
dernes; par  L.  Figuier.  Paris,  Furne  et  Jouvet,  1873;  i  vol.  grand  in-8°, 
avec  figures,  relié. 

Descriptiones  plantarum  novariim  in  regionibus  turkestanicis  a  cl.  viris 
Fedjenko,  Korolkov),  Kuschakewicz  et  Krause  collectis,  etc.;  fasciculusT,  auc- 
toreE.  Regel.  Petropoli,  1873-,  br.  in-S". 

The  Journal  oj  the  royal  geographical  Society  ;  vol.  the  forty-second,  1872. 
London,  John  Murray,  i  vol.  in-S",  relié. 

Proceedings  oj  the  royal  geographical  Society;  vol.  XVII,  n"'  3,  4j  5.  Lon- 
don, 1873;  3br.  in-8". 

Medico-chirurgical  Transactions.,  published  bj  ihe  royal  médical  and  chi- 
rurgical Societj  of  London  ;  second  séries,  vol.  the  thirty-eighlh.  London, 
1873;  I  vol.  in-8°,  relié. 


(  '5(37  ) 
The  qnarlerly  Journal  of  the  geological  Sociely;  yo\.  XXIX,  n°  i  i6.  Lon- 
don,  1873;  in-S". 

List  oj ihe  geological Societf  of  London;  noveniber,  Ist.,  1873.  London, 
sans  date;  br.  in-S". 

Journal  of  the  chemical  Society  ;  august,  september,  oclobcr  1873;  vol.  XI. 
Loiidon,  van  Voorst,  1873;  in-8°. 

Tlie  pharniaceulical  Journal  and  transactions;  october  1873.  London, 
Churchill,  1873;  in-8". 

Analomy  of  the  king  Crah  (Limuins  polyphemus,  Latr.);  /)/ Richard 
OwEN.  London,  by  Taylor  and  Francis  1873;  in-4°,  cartonné. 

Atti  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  di  Torino;  vol.  VIII,  disp.  i ,  2,  3, 
4,  5,  6,  novembre  1872,  giugno  1873.  Torino,  Stamperia  reale,  1872-1873; 
in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  22  décembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Tableaux  de  population,  de  culture,  de  commerce  et  de  navigation,  formant, 
pour  l'année  1869,  la  suite  des  tableaux  insérés  dans  les  Notices  statistiques  sur 
les  colonies  françaises.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1872;  !n-8°. 

Études  sur  les  filons  du  Cornwall.  Parties  riches  des  filons.  Structure  de  ces 
parties  et  leur  relation  avec  les  directions  des  systèmes  slratigraphicjues;  par 
L.  MoiSSENET.  Paris,  Dunod,  1874-,  i  vol.  in-8°,  avec  atlas  in-4''. 

Proposition  de  loi  sur  l' organisation  de  l'enseignement  supérieur  de  l'Etat, 
présentée  par  M.  P.  Bert.  Versailles,  imp.  Cerf;  opuscule  in-4''. 

Commission  drpnrlementale  de  l'Hérault  de  la  maladie  de  la  vigne  caracté- 
risée par  le  Phylloxéra.  Résultats  des  divers  procédés  de  cjnérison  proposés  à  lu 
Commission  pour  combattre  la  nouvelle  maladie  de  la  vigne,  qui  ont  clé  appli- 
qués dans  le  domaine  de  las  Sorres,  près  Montpellier,  du  6  juillet  1872  au 
29  août  1873.  Montpellier,  C,  Goulet;  Paris,  A.  Delahaye,  1873;  in-8°. 

Revue  d'Artillerie;  2^^nnée,  t.  III,  3'=  liv.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault, 
1873;  I  liv.  iu-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Morin.) 

Conseil  général  de  la  Loire-Inférieure.  Rapport  de  M.  le  Directeur  du  Labo- 
ratoire de  Chimie  agricole  à  M.  le  Préfet.  Niinles,  imp.  Mellmet,  sans  date; 
br.  in-8°. 


(  i568  ) 

L'attraction;  jjarM.  H.  Champion.  Loiis-le-Saunier,  imp.  Gallard  et  C'% 
1873;  br.  in-S".  (  5  exemplaires.) 

Siibsiilution  du  yesage  métrique  des  alcools  à  leur  mesurage,  etc.;  pur  T. 
SouRBÉ.  Bordeaux,  imp.  Goiiiiouilhou,  1873-,  br.  in-8''. 

Essai  sur  la  distribution  géographique  des  populations  primitives  dans  le  dé- 
partement de  l'Oise;  par  M.  R.  GuÉRiN.  Paris,  Gauthier-Villars,  1873; 
opuscule  in-4°. 

Animal  locomotion  01  ivalliing,  siuimming  and  flying  ivilli  a  dissertation  on 
aeronaulics;  by  J.  Bell-Pettigrew.  Loiulou,  Henry  S.  King  and  G",  1873; 
I  vol.  in-i  s,  relié. 

On  llie  Physiology  nf  ivings;  bj  J.  Bell-Pettigrevv.  Edinburg,  1871;  in-4°. 
(From  ihe  Transactions  of  tlie  rojal  Societ/ of  Edinburgh,  vol.  XXVI.) 

On  the  meclianical  appliances  by  whicli  fliglit  in  attained  in  llie  animal  king- 
dow;  by  J.  Bell-Pettigrevv.  London,  printed  by  Taylor  and  Francis. 
(From  the  Transactions  of  the  linnean  Societj-,  vol.  XXXI.) 

(Ces  trois  ouvrages  sont  renvoyés  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

Animal  Report  of  the  board  of  Régents  of  the  smilhsonian  Institution  for 
the  year  1 871.  Washington,  government  printing  Office,  1873;  in-8", 
relié. 

Sixth  annual  Report  oj  the  United-States  geological  survey  of  the  territo- 
ries;  by  F.-.V  Hayden.  Waskington ,  government  printiiig  Office,  1873; 
in-8",  relié. 

Smithsoniam  miscellaneous  collections  ;  vol.  X.  Washington,  1873;  in-8". 

Annual  Report  of  the  chief  signal-officer  to  the  Secretary  IFar  for  the  year 
1872.  Washington,  government  printing  Office,  1873. 

Smilhsonian  contributions  lo  hnoivledge.  An  investigation  nf  the  orbit  oj 
Uranus,  wilh  gênerai  Tables  of  its  motion;  by  Simon  NewCO.miî.  Wasliington 
city,  1873;  in-4",  cartonné. 

The  american  Ephemer'is  and  Nautical  Almanacfor  the  jear  1876.  Bureau 
of  Navigation,  1873-,  in-8". 

On  the  origin  of  savnge  life;  opening  address,  read  before  the  liternry  and 
pliilosophical  Society  of  Liverpool,  october  6"',  1873-,  hj  Albert-J.  MoTT, 
Président.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°. 

Memoirs  of  the  american  Academy  of  Arts  and  Sciences;  new  séries, 
vol.  IX,  part  II.  Cambridge,  1873;  in-4°. 


(  >569  ) 
Proceedings  oj  tlie  american  Association  for  tlie  aduancemenl  of  Sciences, 
twenly-first  meeting  held  at  Dubuque,  Jowa,  aiigust  1872.  Cambridge,  1873; 
in- 8°. 

The  fiftli  anmial  Report  of  tlie  public  Ubrary  of  Cincinnati,  jiine  1872. 
Cincinnati,  Robert  Clarke  and  C°,  1872;  in-B". 

Catalogue  of  tlie  public  library  of  Cincinnati,  Cincinnati,  1871;  in-8°, 
relié. 

Transactions  oftlie  TVisconsin  Academy  of  Sciences,  Arts  and  Letlers,  1870- 
1872.  Madison,  Wis,  1872;    in-8°. 

Transactions  of  thc  Edinburgh  geological  Society f.  vol.  II,  part  II.  Edin- 
burgh,  1873;  in-8«. 

Proceedings  of  the  literary  and  philosopliical  Socielj  oJ  Liverpool  during  tlie 
sixly-second  session,  1 872-1 873,  n°  XXVII.  London,  Liverpool,  1873; 
in-8'',  relié. 

The  american  Journal  of  Sciences  and  Arts;  september  i853,  noveinber 
1860,  september  18G2,  july  i863,  'march  1864,  noveinber  i865;  january, 
jnly,  september  1866;  january,  march,  september  1867;  january,  may, 
july  1868;  january,  july,  september,  november  1869;  january,  march, 
may,  july,  september,  november  1870;  january  to  december  1871.  New- 
Haven,  1 853-1871  ;  in-8°. 

Atli  deir  Accademia  ponlificin  de'  Nuovi  Lincei,  compilati  dal  Segretario; 
anno  XXVI,  sessione  Vl'*  del  25  maggio  1873.  Roma,  1873;  in-4*'. 

Ricerche  sperimentali  sulla  solfatara  di  Pozzuoli  ;  per  S.  DE  LuCA.  Napoli, 
1872;  in-4''. 

Reptilien  von  Marocco  und  von  den  canarischen  Insetn;  von  D''  P.-O, 
BoTTGER.  Frankfurt,  Ch.  Winter,  1874;  in-4°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  29  décembre  1873,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i844)  publiée  par  les  ordres  de 

C.  R.  ,1873,  2^  Semestre.  (  T,  LX. Wll,  N»  2G.)  2o3 


(   i57o) 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;   t.  LXXXI.  Paris,  Imp. 

nationale,  1873;  in-4°. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention 
ont  été  pris  sous  l'empire  de  la  loi  du  5  juillet  1  844,  [nibliée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  de  l'Agriculture  et  du  Commerce.  Table  générale  des  tomes 
LXI  à  LXXIX.  Paris,  Impr.  nationale,  1873;  in-4°. 

Species  novœ  maroccanœ,  auctore  E.  COSSON.  Séries  prima  :  Cerato- 
cnemum,  Coss.  et  Bal.,  Gen.  nov.  Paris,  imp.  Martinet,  1873-,  in-H°.  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France.) 

L'unité  des  forces  ph/siques.  Essai  de  Philosophie  naturelle;  par  le  P.  A. 
Secchi;  2' édition,  fascicule  4-  Paris,  F.  Savy,  1874*,  in-B". 

Traité  de  Botanique  conforme  à  i état  présent  de  la  science;  parJ.  Sachs, 
traduit  sur  la  S*"  édition  allemande  et  annoté  par  Ph.  Van  Tiegeiem;  feuilles 
4i  à  5o.  Paris,  F.  Savy,  1873;  in-8^ 

Nouvelle  étude  du  système  du  monde;  pat  Luc  D  'Apremowt.  Paris,  J.  Leclère, 
1873;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  des  Sciences  industrielles  de  Lyon;  n"  4»  1873.  Lyon, 
Storck,  1873;  in-8". 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers; 
t.  XYl,  1873,  n"*  I,  3.  Angers,  inij).  Lachèse,  1873;  iri-8°. 

Société  agricole,  scientifique  et  littéraire  des  Pjrénées-Orientales ;  t.  XVIL 
Perpignan,  Ch.  Lalrobe,  1868;  in-8°. 

La  pluie  et  le  beau  temps.  Météorologie  usuelle;  par  P.  LaureinCIN.  Paris, 
J.  Rothschild,  1874;  in-i8,  relié. 

Etude  de  la  conformation  du  cheval;  par  A.  Richard  (du  Cantal);  4*^  édi- 
tion. Paris,  Hachette;  i  vol.  in-i8. 

Recherches  cliniques  sur  l'intoxication  saturnine  locale  et  directe  par  absorp- 
tion cutanée;  par  le  W  K.M.^.novyriez.  Paris,  A.  Delahaye,  1874*,  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Puiseux.) 

Recherches  sur  le  développement  de  la  fonction  T  et  sur  certaines  intégrales 
définies  qui  en  dépendent;  par  Ph.  Gilbert.  Bruxelles,  F,  Hayez,  1873  ;  hi-4°. 
(Présenté  par  M.  Puiseux.) 

Philosophie  de  la  nature;  j)ar  TT.  Levittoux;  3^  édition  originale  fran- 
çaise. Paris,  F.  Savy,  1874;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes   de  Moscou ,  publié  sous 


(   ■•^7'   ) 
fa  rédaction  du  D'' Renard;  année  1873,  n"  2.  Moscou,  A.  Lang,   iSyS; 
in-8°. 

Tliomœ  Fallnvrii  de  cavsis  negleclœ  tallnitatis  aci oasis  Jvgvblœ  Tavrino- 
rum,  i8j3;  in-J2. 


PUBLICATIONS     PÉKIODIQCES      REÇUES      PAR      l'aCADÉMIE 
PENDANT    LE    MOIS    DE    DECEMBRE     1875. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  décembre  1873;  in-8°. 

Annales  des  Conducteurs  des  Pouls  et  Chaussées;  novembre  1873  ;  in-8°. 

Annales  du  Génie  civil;  novembre  et  décembre  1873  ;  in-S". 

Annales  industrielles;  n°*  48  à  Sa,  1873;  in-4°. 

Annuaire  de  la  Société  Météorologique  de  France;  Tables  météorologiques, 
feuilles  i  à  6,  1873-,  in-8°. 

Association  française  contre  r(d)us   du  tabac;  n°  4,   1873;  in-S". 

Association  Scientifique  de  France;   Bulletin  hebdomadaire,  n°^  des  7, 
i4,  21  et  28  décembre  1873;  in-B". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  n°  192,  1873;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  n"'  8,  9,  10,  1873; 
in  8"^. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n"' 9,  10,  1873;  in-S". 

Bulletin    de   la  Société  Botanique   de    France;   Comptes  rendus,   n°   2, 
1873;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  entomologique  de  France;  n"^  16,  17, 
1873;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'Agriculture  de  France;  n"  10, 
1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la   Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  dé- 
cembre 1873;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  t.   II  ,   3''  liv.,    1873;  in-8° 
avec  atlas  in-fol. 

2o3.. 


(  i572  ) 

Bulletin  de  ta  Société  de  Géocjrapine;  novembre,  1873;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  n°^  1 1  et  1 2,  1 878  ;  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France ;n°  5,  1873;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n"'  des  3o  novembre  et  i5  décembre, 
1873;  in-8°. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France;  n°  11,  1873;  in-8°. 

Bulleltino  meteorotogico  dcll'  Osservatorio  del  R.  Collegio  Carlo  Alberto, 
n'«6et7,  1873;  111-4". 

Chronique  dé  l'Industrie;  n°^  96  à  gg,    1873  ;  in-4''. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  n°  12,  1872;  n°'  i  à  5,  1873;  iii-8°. 

Gazette  de  Joulin;  n°  5,  1873;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n"*  i38  à  i45,  147  à  i5o,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n°^  48  à  Sa,  1873;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Bordeaux;  n°  2/i,  1873;  in-8'*. 

Jron;  n"'  46  à  5o,  1873;  in-4°. 

Journal  télégraphique,  n°'  23,  24,  1872;  in- 8°. 

Journal  de  la  Société  centrale  d'Horticulture;  octobre  1873;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  décembre  1873;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  n°^  49  à  62,  1873;  in-8°. 

Journal  de  r  Agriculture;  n"'  242  à  2/|5,  247,  1873;  in-8''. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  11"^  23  et  24,  1873;  in-4". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  décembre  1873;  in -4°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  décembre  1873-,  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques  ;  3o  novembre 
et  i5  décembre  1873;  in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  n°^  34  à  37,  1873;  in-folio. 

Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée  ;  novembre  et  décembre  1873  ; 
in-8°. 

Kaiserliche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  i\°  25,  1873; 
in-8°. 

La  Nature;  n°'  27  à  3o,  1873;  gr.  in-8°. 

La  Revue  médicale  française  et  étrangère;  n°  du  22  novembre  1873  ;  in-8°. 


(  i573  ) 
La  Revue  scientifique;  ii*"  aa  à  26,  1873;  in-4°. 
La  Tribune  médicale;  n°'  276  à  280,  1873;  in-4°. 
V Abeille  médicale;  n°^  48  à  52,  1873;  in-4°- 
L'Jéronaute;  décembre  1873;  in-8°. 
L'Art  dentaire;  décembre  1873;  in-8°. 
L'Art  médical;  décembre  1873;  in-8°. 
L'Ëclio  médical;  décembre  1873;  in-S". 
Le  Gaz;  n°  6,  1873;  in-4°. 
Le  Messager  agricole;  n°  11,  1873;  in-8°. 
Le  Moniteur  de  la  Photographie;  n"'  ^3,  a4,  1873;  in-4°. 
Le  Moniteur  scientifique  Quesneville ;  décembre  1873;  gr.  in-8°. 
Le  Mouvement  médical;  n°' 48  à  52,  1873;  in-4°. 
Les  Mondes;  n"^  i4  à  16,  1873;  in-8°. 
Le  Progrès  médical;  lY^  26  à  29,  1873;  in-4°. 
Le  Rucher  du  sud-ouest;  n°^  g,  10,  1873;  in-8°. 
Magasin  pittoresque;  décembre  1873;  111-4°. 
Marseille  médical;  n°  1 1 ,  1873;  in-8°. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  livr.  5 
et  6,  1873;  in-8°. 

Montpellier  médical.  Journal  mensuel  de  Médecine;  décembre  1873;  iii-8". 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
novembre  1873;  in-8°. 

Memorie  délia  Società  degli  Spettroscopisti  italiani;  août  1873;  in-4°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  décembre  1873;  in-8°. 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire;  n"  11,  1873;  in-S". 

Répertoire  de  Pharmacie;  r\°  23,  1873;  iii-8°. 

Revue  bibliographique  universelle;  décembre  1873;  in-8°. 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  décembre  1873;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n"'  23,  24,  1873;  in-8°. 

Revue  hebdomadaire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  ;  n°^  43  à  45, 
1873;  in-8°. 

Revue  agricole  et  horticole  du  Gers;  n°^  11  à  26,  1873;  in-8°. 


(   i574  ) 
Revue  maritime  et  coloniale;  décembre  1873;  in-8°. 
Revue  médicale  de  Toulouse;  décembre  1873;  ii]-8°. 
Revistn  de  Portugal  e  Brazil;  dezembro  iSyS;  \n-l\°. 
Société  d' Encouragement.  Comptes  rendus  des  séances  ;  n°  i5,  1873;  in-8°. 
Société  des  Ingénieurs  civils;  n"  ao,  1873;  in-4°. 
Société  entomologique  de  Belgique;  n°  g3,  1873;  in-8°. 
Tlte  Food  Journal;  n°  47,  1873;  in-8°. 


FIN    DU   TOME  SOIXANTE-DIX-SEPTIEME. 


COMPTES  RENDUS 


DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1875. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  LXXVIÏ. 


A 


Pn(;os. 

AcAniENS.—  Sur  la  position  zoologiqiic  et  le 
rôle  (les  Acariens  parasites  connus  sous 
les  noms  d' H) yjn/jiis ,  Himiopus  et  Triclui- 
dactylus ;  Note  de  M.  Mcgniri.      129  et     49'- 

Acétique  (acide)  et  ses  déhivés.  —  Sur  une 
combinaison  d'acide  picrique  et  d'anhy- 
dride acétique;  Note  de  MM.  D.  Toin- 
mnsi  et  H.  David 207 

—  Recherches  sur  l'acide  tribromacétique  ; 

par  M.  H.  Gai 78G 

Acier.  —  Note  sur  un  nouveau  mode  de 
trempe  de  l'acier  ;  régénération  du  fer 

brûlé  ;  par  M.  H.  Canm 83G 

Acoustique.  —  Sur  un  procédé  destiné  à 
constater  les  nœuds  dans  un  tuyau  so- 
nore     1 099 

—  Voir  aussi  Elasticité. 

Aérostats.  —  Observations  météorologiques 

en  ballon  ;  Note  de  M.  G.  Tissandicr. . .     889 

—  Remarques  sur  différents  problèmes  pra- 

tiques de  navigation  aérienne  ;  Note  de 

M.  ff^.  de  Fonvielle 1007 

—  Sur  l'emploi  des  pigeons  voyageurs  dans 

la  navigation  aérienne  ;  par  le  même. . .    i  iGo> 

—  M.  Chataing  adresse  une  Lettre  relative 

à  ses  appareils  d'aérostalion 39 

—  U.  E.  Riolet  adresse  une  Note  relative  à 

un  projet  d'aérostat.    346 

—  M.  A.  Mesqidte  adresse  une  Note  rela- 

tive à  une  solution  du  problème  de  la 

C.  R.,    1873,  5"  Semestre.  (T.LXXVH.) 


P.nges. 

navigation  aérienne 527 

-  M.  /.  Billi-t  adresse  un  complément  à  ses 
Communications  précédentes,  concer- 
nant la  navigation  aérienne Co4 

—  M.  J.  Bouvet  adresse  une  Lettre  relative 

à  ses  Communications  sur  les  aérostats.     773 

—  M.  -'/.  de  Chaxscqidnt  adresse  une  Note 

relative  à  la  navigation  aérienne loïC 

—  M.  C.  Collier  adresse  divers  résultats  de 

calculs  concernant  la  navigation  aé- 
rienne    1221 

—  M.  Bell-Pettigrew  adresse   divers   ou- 

vrages relatifs  à  la  locomotion  aérienne.  i48(J 
Agriculture.  —  M.  Leprcstrc  adresse  un 
Mémoire  destiné  au  Concours  du  prix 
de  Mécanique,  fondation  Montyon  (in- 
vention ou  perfectionnement  des  in- 
struments utiles  aux  progrés  de  l'Agri- 
culture)      2G8 

—  M.    le    Secrétaire   perpétuel    signale   à 

l'Académie  deux  Rapports  de  M.  J.-A. 
Barrai,  sur  un  Concours  de  machines 
à  faucher  et  sur  un  Concours  de  ma- 
chines à  moissonner,  et  donne  lecture 

d'un  extrait  de  la  Letire  d'envoi 773 

--  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  signalant 
une  Carte  agronomique  de  l'arrondis- 
sement de  Vouziers  (Ardeniies),  par 
MM.  MeugY  et  Nimit,  extrait  quelques 
renseignements  do  la  Lettre  d'envoi. . .   i34i 

204 


(  '^1^ 

Pafjos. 
Air  ATMospnÉnrotiE.  —  Sur  la  proportion 
d'iicidt'  i-arbcmicjuo  existant  dans  l'air 
atmosphérique.  Variation  de  cette  pro- 
portion avec  l'altitude  ;  Note  de  M.  P. 
Tnichnt 675 

—  Sur  la  quantité  d'ammoniaque  contenue 

dans  l'air  atmosphérique  à  différentes 

altitudes  ;  par  te  ménw i  iSg 

Albojiimî.  —  Du  rôle  des  gaz  dans  la  coa- 
gulation de  l'albumine;  Note  delWM.-É'. 
Mnthieu  et  V.  Urbain 706 

—  Recherches  sur  l'isomérie  dans  les  ma- 

tières albuminoïdes  ;  par  M.  Â.  Bé- 
chninp iSaS 

—  Observations  de  M.  Dumas,  à  propos  de 

la  Communication  de  M.  Béchamp,  sur 
trois  matières  albumino'i'des  distinctee, 

observées  dans  le  lait  de  vache iSag 

Alcools.  —  Sur  les  oxalines  ou  élhers  de  la 
glycérine  et  des  alcools  polyatomiques  ; 
Note  de  M.  Lorin 1 29 

—  Caractéristiques  des  alcools   polyatomi- 

ques proprement  dits  ;  par  le  nicme. . . .     363 

—  Procédé  pour  préparer  l'alcool  amylique 

actif;  par  M.  J.-A.  Le  Bel 1021 

—  M.  J .  Penart  adresse  un  Mémoire  con- 

cernant un  instrument  propre  à  déter- 
miner la  richesse  alcoolique  de  liquides 
non  sucrés 194  et    715 

—  M.  T.  Sourbé  adresse  divers  documents 

concernant   la    substitution  du   pesage 
métrique  des  alcools  à  leur  mesurage. .   i434 
Alimentation.  —  Note  concernant  la  pani- 
fication des  farines  fournies  par  diverses 
graines  ;  par  M.  Monclar i5o2 

—  M.  Ch.  Tellicr  informe  l'Académie  qu'il 

vient  d'organiser  des  expériences  per- 
manentes, pour  la  conservation  de  la 
viande  fraîche  par  l'application  du  froid.  1221 
Ammoniaques.  —  Ammoni-nitrométrie ,  ou 
nouveau  système  pour  doser  l'ammo- 
niaque, l'azote  des  matières  organiques 
et  l'acide  nitrique  dans  les  eaux  natu- 
relles, les  terres,  les  engrais,  etc.;  Note 
de  M.  Piiiggnri 4^1 

—  Réclamation  de  priorité,  au  sujet  de  l'ac- 

tion du  gaz  ammoniac  sur  le  nitrate 
d'ammoniaque  ;  Note  de  M.  E.  Divers. .     788 

—  Recherches  sur  l'absorption  de  l'ammo- 

niaque par  les  solutions  salines;  Note  de 

M.  lianult 1078 

—  Sur   la  quantité  d'ammoniaque   existant 

dans   l'air   atmosphérique  à  différentes 

altitudes;  Note  de  M.  P.  Truclmt iiSg 

Analyse  mathématique.  —  Sur  la  fonction 
exponentielle  ;  Notes  de  M.  Hcmiite. . . 
18,   74,  22G  et    285 

—  Sur  la  constante  d'Euler  et  la  fonction 


de  Binet  ;  Note  de  M.  E.  Cntalan 

—  Sur  l'identité  des  formules  données  par 
Cauchy,  pour  déterminer  les  condi- 
tions de  convergence  de  la  série  de  La- 
grange,  avec  celles  qui  ont  été  établies 
par  Lagrangc  lui-même  ;  Note  de  M.  Me- 
iiabrea 

—  Observations  relatives  à  la  Note  précé- 
dente de  M.  Menabrea  ;  par  M.  A.  Genoc- 
cld 

—  Sur  une  réduction  de  l'équation  à  diffé- 
rences partielles  du  troisième  ordre,  qui 
régit  les  familles  de  surfaces  susceptibles 
de  faire  partie  d'un  système  orthogonal  ; 
Note  de  M.  Lei>y  [Maurice.) 

—  Sur  les  polynômes  bilinéaires;  Note  de 
M .  C.  Jordan 

—  M.  Bertrand  présente  à  l'Académie  une 
nouvelle  édition  de  la  «  Théorie  des 
fonctions  doublement  périodiques  »,  de 
MM.  Briot  et  Bouquet 

-  M.  S.  Smith  soumet  au  jugement  de  l'A- 
cadémie un  Mémoire  sur  les  équations 
modulaires 

—  M.  Serret  fait  hommage  à  l'Académie  de 
deux  Mémoires  sur  les  fonctions  entières 
irréductibles  suivant  un  module  pre- 
mier  

Anatomie  animale.  —  Essai  d'une  détermi- 
nation, par  l'embryologie  comparative, 
des  parties  analogues  de  l'intestin,  chez 
les  Vertébrés  supérieurs  ;  Note  de 
M.  Campana 

—  Sur  la  structure  des  ganglions  cérébroïdes 
du  Zonites  algirits;  Note  de  M.  //.  Si- 
cnrd 

—  Propriétés  et  structures  différentes  des 
muscles  rouges  et  des  muscles  blancs 
chez  les  Lapins  et  chez  les  Raies  ;  Note 
de  M.  L.  Rani'ier 

—  Sur  les  éléments  conjonctifs  de  la  moelle 
épinière  ;  par  le  même 

—  Structure  des  dents  de  l'Ilélodermeet  des 
Ophidiens  ;  Note  de  M.  P.  Gênais 

—  Sur  la  structure  de  l'estomac  chez  r//)7vu- 
cape/isis;  Note  de  M.  George 

Anatomie  végétale.  —  M.  Lestihoudois 
adresse  un  Mémoire,  accompagné  de 
planches,  sur  la  structure  de  l'écorce  et 
la  formation  du  suber 

—  M.  Cil.  Groi  adresse  une  Note  relative  à 
l'étude  des  couches  ligneuses  annuelles 
des  arbres  exogènes  

Aniline.  —  Procédé  de  préparation  d'un 
nouveau  rouge  d'aniline;  par  M.  E.  Per- 
rière  

Anthropologie.  —  Essai  sur  la  distribution 
géographique  des  populations  primitives 


âges.. 
198 


i358 
i54i 

1435 
1487 

5oo 

472 

l322 

217 
275 

io3o 

■299 
10C9 

i554 

32 

772 
G4G 


(  l'i??  ) 

P.Tges 


dans  le  département  de  l'Oise;  Note  de 

M.  /?.  Guéri/i 1 327 

—  Essai  sur  la  distribution  géographique 

des  populations  primitives  dans  les  dé- 
partements de  Seine-et-Marne  et  do  la 

Moselle  ;  par  li;  mcinc 1 485 

Aréomètres.  —  Vérification  de  l'aréomètre 
de  Baume  ;  par  MM.  Berthdot,  Coulîer 
et  d' Alincida gyo 

—  M.  ColUirdi'cm-J'nclier  adresse  une  Note 

intitulée  «  De  l'aréomètre  Baume  et  des 
densités  correspondantes  à  ses  divers 
degrés,  d'après  le  manuscrit  de  Gay- 
Lussac  » 1 220 

Arsenic  et  ses  composés.   —    Recherches 

sur  l'hydrure  d'arsenic;  par  M.  £«^'f/.    iSJS 

Art  militaire.  —  Observations  relatives 
aux  sujets  traités  dans  le  21°  numéro  du 
«  Mémorial  de  l'Officier  du  Génie  »  ;  par 
M.  le  général  Morln 699 

—  M.  le  général  Mnrin  signale  à  l'Académie 

divers  documents  faisant  partie  de  la 
«Revue  d'Artillerie  »,  publiée  par  ordre 

du  Ministre  de  la  Guerre g5i  et  i5o2 

Astronomie.  —  Théorie  de  la  planète  Sa- 
turne ;  par  M.  Le  Verrier yS 

—  Sur  la  planète  Mars  ;Jv!ote  de  M.  C.Flam- 

marion 278 

—  Sur  la  forme  des  mers  martiales,  compa- 

rée à  celle  des  océans  terrestres;  Note 

de  M.  Stnn.  Meunier 566 

—  Sur  les  Astronoinische  Mitlheihingen  du 

D''  Rod.  Wolf  ;  Note  de  M.  Fayc 853 

—  Analyse  et  critique  d'un  «  Essai  sur  la 


Pa[Tes. 

constitution  et  l'origine  du  système  so- 
laire, par  M.  Korhe  »  ;  Note  de  M.  Fayc.    gSy 

—  Orbite  apparente  et  période  di;  révolution 

de  l'étoile  double  i  de  la  Grande  Ourse; 
Note  de  M.  C.  Flamimirion 1 234 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  «  observations  faites  dans  les 
stations  astronomiques  suisses;  par  M.  E. 
Plaiitamoiir  n 40 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, le  premier  numéro  du  tome  I 
des  «  Mémoires  de  l'Observatoire  royal 
d'Arcetri  » 562 

—  M.  F.   Teinturier  adresse  un   Mémoire 

portant  pour  titre  «  Les  merveilles  du 
Ciel  et  de  la  Terre  » 562 

—  M.  /.  Kregau  adresse  une  Note  relative 

à  diverses  questions  d'Astronomie  et  de 
Physique  du  Globe 637 

—  A'oir  aussi  Comètes,  Mécanique  céleste. 

Planètes,  Soleil,   Vénus  (passages  de). 

Aurores  boréales.  —  Sur  les  aurores  bo- 
réales, à  l'occasion  d'un  récent  Mémoire 
de  M.  Donati  ;  Note  de  M.  Faye 545 

Azote  et  ses  composés.  —  Recherches  ex- 
périmentales sur  l'action  du  gaz  prot- 
oxyde  d'azote  ;  par  MM.  F.  Joliet  et 
T.  Blanche Sg 

—  Recherches  sur  les  composés  oxygénés 

de  l'azote  ;  leur  stabilité  et  leur  trans- 
formations réciproques  ;  par  M.  £er- 
tlielot 1448 


B 


Baromètre.  —  Sur  un  baromètre  dit  ofoofe; 

Note  de  MM.  Haiis  et  Herinary 121 

Basaltes.  —  Sur  la  présence  et  le  dosage  du 
titane  et  du  vanadium  dans  les  basaltes 
des  environs  de  Clermont-Ferrand  ; 
Note  de  M.  V.  Roussel 1 102 

Batraciens.  —  Développement  des  Batra- 
ciens ;  Note  sur  les  embryons  de  1'//;- 
lodes  martinensis ;  par  M.  Bat'ay 788 

Bière.  —  Études  sur  la  bière  ;  nouveau  pro- 
cédé de  fabrication  pour  la  rendre  inal- 
térable ;  par  M.  L.  Pasteur 1 1 40 

Bolides.  —  Observation,  dans  la  nuit  du 
20  septembre  1873,  d'un  bolide  laissant 
après  lui  une  traînée  phosphorescente  ; 
par  M.  Cliapelas 678 

—  Observation  d'un  bolide  à  Versailles,  le 
3  décembre  1873;  par  M.  M/irtin  de 
Brcttes i384 


Borates.  —  Production,  par  voie  sèche,  de 
quelques  borates  cristallisés  ;  Notes  de 
M.A.Ditte 873  et     892 

Botanique.  —  Recherches  sur  l'organogénie 

tlorale  des  Noisetiers  ;  par  M.  H.  Bâillon.      61 

—  Notice  sur  les  Palmiers  de  la  Nouvelle- 

Calédonie;  par  M.  Ad.  Brongniart .  .  .  .     396 

—  De  la  théorie  carpellaire, d'après  des  Re- 

nonculacées  (suite);  par  M.  A.  Trécul..     402 

—  De  la    théorie   carpellaire,  d'après    des 

Amygdalées  ;  par  le  même 54g 

—  Note  de  M.  A .   de  Candolle,  accompa- 

gnant la  présentation  du  dernier  volume 
du  Prodromus  systematis  naturalis  re- 
gni  vegetabilis 86G 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  sur  l'invitation 

de  M.  le  Président,  adresse  à  M.  de 
Candolle  les  remercîments  de  l'Acadé- 
mie       86g 

2o/| . . 


(  '5 

Pages. 

—  Sur  les  sécrétions  de  la  fleur  de  VEuca- 

Ifptus  ^lobidus  ;  Note  de  M.  Gimbert.  .   i3o4 

—  De  queliiues  altérations  morphologiques, 

observées  dans  le  genre  Crp/ipediiim 
(Orchidées)  ;  Note  de  M.  R.  Guérin  . . .   i432 

—  Organogénie    comparée    de   l'androcée, 

dans  ses  rapports  avec  les  affinités  natu- 
relles ;  Note  de  M.  Ad.  Clialin 1 53 1 

—  M.  E.  Cosson  fait  hommage  à  l'Académie 

d'une  Note  sur  la  géographie  botanique 

du  Maroc 870 

—  M.  E.  Cosson  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  Mémoire  intitulé  :  «  Specics  novœ 
maroccanœ  » 1 520 

—  M.  T.  Hiisnot  adresse,  pour  la  bibliothè- 

que de  l'Institut,  divers  fascicules  de  sa 
collection  des  Mousses  dcFrance.   igS  et  1288 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publiqui' 

transmet  à  l'Académie  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  «  Illustrations  de  la  flore  de 
l'archipel  indien  n,  par  M.  F.- A.  Mi- 
quel;  2°  «  Musée  botanique  de  Lejde  », 
jiar  M.  Suringnr 1222 

—  MM.    B.   de   Brutdettc    et  E.  de  J'icq 

adressent,  pour  le  Concours  du  ]irix  de 
La  Fons-Mélicocq  à  décerner  en  1874, 
un  Catalogue  raisonné  des  plantes  vas- 
culaires  du  déparlement  de  la  Somme. .  i434 
BorANiQUE  FOSSILE.  —  Giscment  de  végétaux 
silicifiés  dans  le  bassin  houillcr  do  la 


7«  ) 

Pages. 
Loire;  Note  de  M.  Grand' Enry 494 

—  Sur  le  gisement  de  VEndngenitrs  echina- 

ii/s  qui  fait  partie  de  la  collection  de  vé- 
gétaux fossiles   du   Muséum  ;  Note  de 

M.  E.  Robert 729 

Boussoles.  —  M.  E.   Diicheinin  envoie  un 

spécimen  de  sa  boussole  circulaire. . . .     6o3 

—  M.  E.  Ducliemin  adresse  une  Note  inti- 

tulée :  «  De  la  boussole  circulaire  et  de 
son  aimantation;  système  de  compensa- 
tion appliqué  aux  compas  de  la  Ma- 
rine »  772 

—  M.  E.  Darhcmin  adresse  une  Note   sur 

les  avantages  que  présente  la  boussole 
circulaire  ,  comparée  à  la  boussole  à 
aiguille 890 

Bulletins  BiBLiocnAPiiiQUES.  —  (ig,  i47, 
220,  284,  372,  449i  542,  567,646,  680, 
736,  790,  845,  954,  io4o,  1199,  1249, 
i3o6,   1887,   i5o3,   i565. 

Bulletins  météorologiques.  —  70,  378, 
618,  798,  1046,  i3io. 

Bureau  des  Longitudes.  —  M.  Muthieii  pré- 
sente à  l'Académie,  delà  part  du  Bureau 
des  Longitudes,  la  Connaissance  des 
Temps  pour  l'année  1875 802 

Butyle  et  ses  dérivés.  —  Recherches  sur 
de  nouveaux  composés  du  butyle;  par 
M.  A.  Cahours i4o3 


Calorimétrie.  —  Détermination  du  rapport 
des  deux  chaleurs  spécifiques,  |)ar  la 
compression  d'une  masse  limitée  de 
gaz  ;  Noie  de  M.  Ama^at i325 

Candidatures.  —  La  Commission  chargée  de 
préparer  une  liste  de  candidats  pour  la 
place  d'Académicien  libre,  laissée  va- 
cante par  le  décès  de  M.  de  Ferneidl, 
présente  la  liste  suivante  :  ■"M.  de  Les- 
seps  ;  2°  MM.  Bréguet,  du  Moncel,  Jacq- 
min,  Sédillot i47 

—  M.  E.  Baudetot   prie  l'Académie  de  le 

comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  laissée  vacante,  dans  la  Section  de 
Médecine  et  Chirurgie,  par  le  décès  do 

M.  Nélaton 1 222 

Capillarité.  —  Du  mouvement  ascendant 
spontané  des  liquides  dans  les  tubes  ca- 
pillaires (partie  théorique)  (suite)  ;  Note 
de  !\L   C.  Decliarnie 59 1 

—  Ed'ets  frigorifiques  produits  par  la  capil- 

larité jointe  à  l'évaporation  ;  évapora- 
tion  du  sulfure  de  carbone  sur  du  papier 
spongieux;  par  le  même 998  et   ii57  I 


Carbonique  (acide).  —  Sur  la  proportion 
d'acide  carbonique  existant  dans  l'air 
atmosphérique.  Variation  de  cette  pro- 
portion avec  l'altitude  ;  Note  de  M.  P. 
Triicliot 975 

CÉPHALOPODES.  —  Sur  le  développement  du 
phragmostracum  des  Céphalopodes  et 
sur  les  rapports  zoologiques  des  Ammo- 
nites avec  les  Spirules  ;  Note  de  M.  Mu- 
nier-Chalmas 1 557 

CÉTACÉS.  —  M.  Ed.  Gouriet  adresse  un  Mé- 
moire intitulé  :  «  Remarques  sur  les 
membres  postérieurs  des  Phoques  et  sur 
l'extrémité  caudale  des  Cétacés  » 6o3 

Charbon.  —  Sur  la  condensation  des  gaz  et 
des  liquides  par  le  charbon  de  bois. 
Phénomènes  thermiques  produits  au 
contact  des  liquides  et  du  charbon.  Li- 
quéfartion  des  gaz  condensés;  Note  de 
1\\.Melsens 7B1 

Cmaui'1-agi;.  —  M.  Ravun  soumet  au  juge- 
ment de  l'Académie  un  nouveau  sys- 
tème de  calorifère,  destiné  au  chauffage 
des  appartement.- ' i336 


Pages. 

—  M.  C.  Batiinann  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  projet  de  fabrication  de  bri- 
quettes,  au  moyen  de  déchets  de  bois, 

dans  les  Vosges 527 

Chemins  de  fer.  —  Sur  le  projet  d'un  che- 
min de  fer  au  centre  de  l'Asie  ;  Note  de 
M.  Fini,  lie  Lcsseps 433 

—  E.\trait  d'une  Lettre  à  lord  Granville, 

sur  le  projet  d'un  chemin  de  fer  dans 
l'Asie  centrale  ;  par  le  même 106G 

—  M.  A.  Bemmiis  adresse  divers  documents 

concernant  un  système  destiné  à  atté- 
nuer le  danger  des  rencontres   entre 

doux  trains  de  chemin  de  fer 

269,  835  et  logS 

—  M.  A.  Lchlan  adresse  une  Note  relative 

à  un  nouveau  modèle  do  wagon 433 

—  M.  L.  Rnrchnert  adresse  une  Note  rela- 

tive aux  résultats  obtenus  avec  sa  loco- 
motive à  double  articulation  et  à  deux 

cylindres Say 

Chimie  agricole.  —  Notes  sur  le  guano 
(  3",  4=,  5",  6''  et  7"  Note  )  ;  par  M.  Chc- 
vreul i55,  453,  56g,  goi  et  i265 

—  Étude  de  la  nitrihcation  dans  les  sols; 

Notes  de  M.  Th.  Scitlœsing  . .     2o3  et     353 

—  Sur  les  méthodes  d'analyse  des   phos- 

phates naturels  employés  en  agriculture; 
Note  de  M.  C.  Mène 43o 

—  Ammoni-nitrométrie,    ou   nouveau  sys- 

tème pour  doser  l'ammoniaque,  l'azote 
des  matières  organiques  et  l'acide  ni- 
trique dans  les  eaux  naturelles,  les 
terres,  les  engrais,  etc.  ;  par  M.  ^'"1?- 

gari 481 

Chimie  analytique.  —  Sur  les  méthodes 
d'analyse  des  phosphates  naturels  em- 
ployés en  agriculture;  Note  de  M.  C. 
Mène 43o 

—  Méthode  de  dosage  du  sucre  au  moyen 

du  fer  ;  par  M.  Edm.  Riffard i  io3 

—  Nouvelle  analyse  de  l'eau  de  la  fontaine 

Saint-Tliiébaut ,  à  Nancy  ;  par  M.  P. 

Guyitt i384 

Chimie  animale.  —  Recherches  sur  le  tissu 
élastique  jaune  de  l'éléphant  etdu  bœuf; 
par  M.  Cliei'reid 684 

—  Quelques  considérations  sur  le  tissu 
jaune  et  l'analyse  organique  immédiate  ; 

par  le  même 75o 

—  Observations   sur  quelques  liquides  de 

l'organisme  des  Poissons,  des  Crusta- 
cés et  des  Céphalopodes  ;  par  MM.  Ra- 
buteau  et  Papillon i35 

—  Recherches  sur  l'isomérie  dans  les  ma- 

tières albuminoïdes  ;  par  M.  A.  Bé- 
champ i525 

—  Obsorvalions  de  M.  Damas, k  propos  de 


79)' 

Pages. 

la  Communication  de  M.  Béchamp,  sur 
trois  matières  albuminoïdes  distinctes, 

observées  dans  le  lait  de  vache iSag 

Chimie  générale.  —  Premier  Mémoire  sur 
le  mode  d'intervention  de  l'eau  dans  les 
actions  chimiques  pendant  le  mélange 
des  solutions  salines  neutres,  acides  et 
alcalines  ;  par  M.  Becquerel 84 

—  Deuxième  Mémoire  sur  l'intervention  do 

l'eau  dans  les  actions  chimiques,  et  sur 
les  rapports  existant  entre  les  forces 
électromotrices  et  les  affinités;  par  le 
même 1 1 3o 

—  Note  complémentaire  à  une  Communica- 

tion précédente,  sur  l'emploi  des  gaz 
comme  révélateurs;  par  M.  Mergci . . .       38 

—  Observations,  à  propos  d'une  Communica- 

tion de  M.  Merget,  sur  la  réduction  des 
sels  de  platine  par  l'hydrogène;  par 
M.  Pellet 112 

—  Sur  les  déplacements  réciproques  entre 

les  hydracides;  Note  de  M.  Berlhelot. .     3o8 

—  Sur  les  cyanures  ;  par  le  même 388 

—  Sur  la  redissolution  des  précipités  ;  par 

le  même 3g3 

—  Action  du  platine  et  du   palladium  sur 

les  hydrocarbures;  Note  de  M.J.-f. 
Corpiillion 444 

—  Sur  un  principe  d'union  de  la  Chimie  uni- 

verselle, applicable  à  la  Chimie  orga- 
nique ;  Note  de  M.  .E.  Martin 523 

—  Sur  la  condensation  desgazetdes  liquides 

par  le  charbon  de  bois.  Phénomènes 
thermiques  produits  au  contact  des 
liquides  et  du  charbon.  Liquéfaction  des 
gaz  condensés;  Note  de  M.  Melsens...     781 

—  Production  par  voie  sèche   de  quelques 

borates  cristallisés;  Note  deU.A.Diite. 
783  et    892 

—  Réclamation  de  priorité,  au  sujet  de  l'ac- 

tion du  gaz  ammoniac  sur  le  nitrate 
d'ammoniaque  ;  Note  de  M.  £.  Divers. .     788 
-  Sur  les  chlorovanadates;  Note  de  M.  P. 

Hautefeiiillc 896 

—  Sur  la  purification  du  gaz   hydrogène; 

Note  de  M.  Ch.  Fiollette 940 

—  Recherches  sur  l'hydrure  d'arsenic;  par 

M.  Engel i545 

—  M.  de  Marignac  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'un  Mémoire  «  Sur  la  solubilité  du 
sulfate  de  chaux  » 982 

—  M.  Trémaux  adresse  une  Note  tendant  à 

montrer  que  «les  limites  de  combinai- 
sons et  de  décompositions  électriques 
constatées  par  MM.  P.  et  Arn.  Thenard 
sont  des  cas  particuliers  de  la  loi  géné- 
rale qu'il  a  considérée  comme  base  du 
Principe  universel  » 146 


(  i58o  ) 


l'agcs. 

—  M.  IVc.H  adresse  une    Note   concernant 

l'utilité  de  l'étude  des  volumes  des  équi- 
valents chimiques,  qu'il  a  entreprise.. .     602 

—  Recherches  sur  l'absorption  de  l'ammo- 

niaque par  les    solutions   salines  ;    par 

M.  Riioult 1078 

—  Action  de  l'eau  pure  sur  divers  métaux; 

Note  de  M.  Chevrcnl 1 1  Sy 

—  M.  Sncc  adresse   une    Note    concernant 

l'action  de  l'acide  nitrique  sur  les  chlo- 
rures alcalins 1 3o5 

--  M.  Mcluiy  adresse  une  Note  concernant 

les  relations  niiraéricjues   qui    existent 

entre  le  volume  des  corps  composés,  à 

■    l'état  de  vapeur,  et  l'atomicité  de  leurs 

éléments 1 134 

—  Voir  aussi  Thcnnochimie . 

Chimie  industrielle.  —  Nouveau  procédé 
de  condensation  des  matières  liquéfia- 
bles, tenues  en  suspension  dans  les  gaz; 
Note  de  M5I.  E.  Pelouze  et  P.  Aii- 
douin 264 

—  Épurateur  mécanique  pour  le  gaz  d'éclai- 

rage, pouvant  servir  en  même  temps  à 
mélanger  les  gaz  avec  des  vapeurs  li- 
quides; Note  de  M.  D.  Cnlladcn 819 

—  Réponse  à  M.  Colladon;  par  MM.  Pelmize 

et  Jiidniiin 928 

—  Remarques  relatives  à  la  réponse  précé- 

dente ;  par  M.  Colladon 11  Ga 

—  Nouvelle    réponse    à   M.  Colladon;   par 

MM.  Pelouze  et  Audoidn 1174 

—  Sur  les  méthodes  d'analyses   des  phos- 

phates naturels  employés  en  Agricul- 
ture ;  Note  de  M.  C.  Mène 13o 

—  Procédé  de  préparation    d'un   nouveau 

rouge  d'aniline;  par  M.  E.  Ferrière.  .  .     G46 

—  Note  sur  un  nouveau  mode  de  trempe  de 

l'acier  :  Régénération  du  fer  brûlé  ;  par 

M.  H.  Cnron 836 

—  Note  sur  l'emploi  du  bisulfate  de  potasse 

comme  agent  révélateur  de  la  galène 
dans  tous  les  mélanges;  par  M..E.Jan- 
nettnz 838 

—  Mode  de  production   des   méthylaniines 

dans  la  fabrication  des  produits  pyroli- 
gneux ;  Note  de  M.  C.  Vincent 898 

--  Étude  sur  la  bière;  nouveau  procédé  do 
fabrication  pour  la  rendre  inaltérable; 
par  M.  L.  PnUeiir 1 140 

—  Application  du  phosphate  d'ammoniaque 

et  de  la  baryte  à  l'épuration  des  pro- 
duits sucrés  ;  Note  de  M.  P.  Lagrangr.   i245 

—  M.  Noiret  adresse  deux  Notes  relatives, 

l'une  aux  «  reproductions  photographi- 
ques», l'autre  aux  «murailles  et  par- 
quets ornementés  >• 6G7 

—  M.  C.  Bmimanii  adresse  une  Note  rola- 


l'Mges. 


tive  à  un  projet  de  fabrication  de  bri- 
quettes, au  moyen  des  déchets  de  bois 
provenant  de  diverses  industries,  dans 
les  Vosges 627 

—  MM.     L.  Bretonnièrc    et    E.   Croissant 

adressent  un  Mémoire  concernant  des 
matières  colorantes  artificielles,  aux- 
quelles ils  donnent  le  nom  de  «  sulfures 
organiques  » 1 287 

—  Études  sur  divers  combustibles  du  bas- 

sin de  Donetz  et  de  Toula  (Russie). 
Analyses  et  déterminations  calorimétri- 
ques, par  MM.  A.  Scheurer-Kestner   et 

Ch.  Meiwier-Dolfm 1 385 

Chimie  obg.\nique.  —  Sur  un  nouvel  isomère 
de  l'acide  valérianique;  Note  de  MM.  C. 
Friedel  et  R.-D.  Silva 48 

—  Transformation  de  l'acide  succinicjue  en 

acide  nialéique;  Note  de  M.  E.  Bour- 
going 52 

—  .Action   du   chlorure  de  benzyle  sur  la 

naphtylamine;  Note  de  MM.  Ch.  Froté 

et  D.  Tonintiisi 57 

—  Sur  les  oxalines  ou  éthers  de  la  glycé- 

rine et  des  alcools  polyatomiques;  Note 

de  M.  Lorin 1 29 

—  Caractéristiques  des  alcools  polyatomi- 

ques proprement  dits;  pai  le  même. . .     363 

—  Sur  une  combinaison  d'acide  picrique  et 

d'anhydride  acétique;  Note  de  MM.  D. 

Tomnnisi  et  H.  David 207 

L'acide  pvrogallique  en  présence  de 
l'acide  iodique  ;  Note  de  M.  Jacqaemin.     209 

—  Le  pyrogallol  en  présence  des  sels  de  fer; 

par  le  même SgS 

—  Sur  l'essence  de  camomille  romaine  ;  Note 

de  M.  L.  Demarçay- 3Go 

—  Surle  chlorhydrate  detérébèneetrisoraé- 

rie  descoraposésde formule  G^H'",  HCl; 
Note  de  M.  /.  Riban 483 

—  Note  sur  lacoralline  ;  par  M.  Co/««(m7/f.     678 
Note  sur  de  nouveaux  dérivés  du  propy le 

( suite)  ;  par  M.  A.  Cahours 745 

—  Recherches  sur  de  nouveaux  dérivés  du 

butyle;  par  le  même i4o3 

—  Recherches  sur  l'acide  tribromacétique; 

par  M.  H.  Gnl 786 

Modo  de  production  des  méthylamines 
dans  la  fabrication  des  produits  pyroli- 
gneux ;  par  M.  C.  Vincent 898 

-  Sur  une  nouvelle  matière  sucrée  volatile, 
extraite  du  caoutchouc  de  Madagascar; 
Note  de  M.  Aime  Girard 995 

—  Procédé  pour  préparer  l'alcool  amylique 

actif;  par  M.  J.-A.  Le  Bel 1021 

—  De  la  composition  chimique  de  certains 

parenchymes    des  végétaux;    Note    de 

M.  Maudet '497 


(  i58i 

Page 


) 


Recherches  sur  l'isomérie  dans  les  ma- 
tières albiiminoïdes  ;  par  M.  J.  Bé- 
chatnp \b'xb 

-  Observations  de  M.  Dumas,  à  propos  de 

la  Communication  de  M.  Bécliamp,  sur 
trois  matières  albuniinoïdes  distinctes, 
observées  dans  le  lait  de  vache 1629 

-  Action  de  Tiode  sur  l'acide  urique  ;  Note 

de  M.  F.  IFurtz i548 

—  Synthèse  de  l'oxalyl-urée  (acide  paraba- 

nique)  ;  Note  de  M.  E.  Grinuiiix i548 

C'iiHiE  VÉGÉTALE.  —  Sur  l'essencB  de  camo- 
mille romaine;  Note  de  M.  L.  Dcmar- 
ray 36o 

—  De  la  composition  chimique  de  certains 

parenchymes   des   végétaux  ;    Note  de 

M.  Maiulct 1497 

Chirlrgie.— Delà  galvanocaustie  thermique 
ou  éicctro- thermie,  appliquée  aux  opé- 
rations chirurgicales;  Note  de  M.  C.Sé- 
clillot 249 

—  Expériences  sur  l'emploi  de  la  galvano- 

caustie dans  les  opérations  chirurgi- 
cales; par  MM.  Ch.  Legms  et  Onimus.   i38o 

—  M.  Rochon  adresse  les  observations  de  six 

cas  de  guérison  de  rétrécissements  mul- 
tiples de  l'urèthre,  par  la  méthode  de 
stricturotomie,  dite  immédiate 844 

—  M.  G//7TO«  adresse  un   Mémoire  sur  une 

nouvelle  application  des  greffes  épider- 
miques.  M.  Z,«r/-er  fait  une  analyse  suc- 
cincte de  ce  trayail 1093 

—  M.  Rouge   adresse    de    nouveaux   docu- 

ments, relatifs  à  sa  méthode  pour  le 
traitement  chirurgical  de  l'ozène iog4 

—  M.  Henneijuin  adresse  une  Note  sur  l'al- 

longement du  fémur  dans  le  traitement 
de  ses  fractures,  parla  méthode  et  l'ap- 
pareil dont  il  est  l'auteur 1221 

—  M.  A.  Pignoiii  adresse  une  Note  relative 

à  la  lithoclysmie,  opération  ayant  pour 
objet  la  dissolution  intra-vésicale  de  la 
pierre 1288 

—  M.  Larrer  présente  à  l'Académie,  de  la 

part  de  M.7'/;.£i'a«.v,un  ouvrage  intitulé 
«  Histoire  de  l'ambulance  américaine 
établie  à  Paris  durant  le  siège  de  1870- 
1871»,  et  en  donne  un  exposé  som- 
maire      844 

Chlore  ET  SES  COMPOSÉS.  —  M.  Sacc  adresse 
une  Note  concernant  l'action  de  l'acide 
nitrique  sur  les  chlorures  alcalins i3o5 

Choléra.  —Infarctus  sanguins  sous-cutanés 
du  choléra  et  des  maladies  septicémi- 
ques  ;  Note  de  M.  Bnuchut 762  et  ioo3 

—  Les    déjections   cholériques,    agent    de 

transmission    du     choléra;     Note    de 

M.  Petlarin 034 


P.iges. 

—  Observations  relatives  à  la  Note  précé- 

dente de  M.  Pellarin  ;  par  M.  //.  Blanc.   ioo5 

—  M.  Pellarin  adresse  une  réponse  aux  ob- 

servations présentées  par  M.  H.  Blanc.    1177 

-  Sur  un  nouveau  traitement  du  choléra  et 

probablement  de  la  fièvre  jaune  par 
l'acide  phénique  et  le  phénate  d'ammo- 
niaque, au  moyen  des  injections  sous- 
cutanées  ;  Note  de  M.  DccUit 709 

-  M.  Déclat  demande  l'ouverture  de  deux 

plis  cachetés,  relatifs  à  ses  recherches 
sur  les  moyens  de  guérir  les  mahulics 
à  ferments,  et  spécialement  le  choléra.     835 

—  M.  Déclat  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 

«  Nouveaux  résultats  de  l'application  de 
la  nouvelle  méhode  de  traitement  du 
choléra  ;  quelques  explications  sur  l'em- 
ploi de  cette  méthode  » 1178 

—  M.  /?/■&  adresse  une  Lettre  concernant  ses 

Communications  sur  le  choléra 269 

—  M.  Dai<in  adresse  une  nouvelle  Note  rela- 

tive à  l'efficacité  de  la  poussière  de 
cuivre  contre  le  choléra 347 

—  M.  C/i.    Tellier  adresse    une  Note    sur 

l'emploi  de  moyens  préventifs  contre  le 
choléra 473 

—  MM.  Erb  et  Clarhe  adressent  des  Com- 

munications relatives  au  choléra G37 

—  M.  Dzivonkoa'sli!  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  élixir  anticholérique  .     666  et  loïC 
— •  M.  J.  Pickerin  adresse  une  Note  rela- 
tive au  traitement  du  choléra 666 

—  ^L   T'.  Burq  adresse   un    Mémoire    sur 

l'action  du  cuivre  contre  le  choléra. . . .     666 

—  Un  auteur,  dont  le  nom  est  contenu  dans 

un  pli  cacheté,  adresse  une  Note  con- 
cernant un  traitement  rationnel  du  cho- 
léra épidéraique 666 

—  M.  O.  Tamin-Despalles  adresse  un  51e- 

moire  sur  le  choléra 716 

—  M.  Rnmanoa'sU  adresse  des   remarques 

concernant  la  cause  et  la  nature  du 
choléra • 772 

—  M.  /.  If'allacc  adresse  une  Note  sur  la 

cause  et  le  traitement  du  choléra 835 

—  MM.  A.  Netter,  Ch.   Pellarin   et    /.  de 

Zycki  adressent  des  Communications 
relatives  au  choléra g36 

—  Influence  de  l'eau   employée  en  boisson 

sur  la  propagation  du  choléra;  Note  de 

M.  L.  Colin 1 087 

—  M.  A.  Netter  adresse  une  Note  intitulée  : 

'1  Cause  et  nature  du  choléra  » i54o 

CuRO.No.MÈTRES.  —  Sur  l'emploi  des  chrono- 
mètres à  la  mer  ;  Note  de  M.  de  Ma- 

gnac G09 

Circulatoire  (appareil).  —  De  l'uniformité 
du  travail  du  cœur,  lorsque  cet  organe 


(   i58a 


Patres. 

n'est  soumis  à  nunine  infliienco  ner- 
veuse extérieure;  Note  de  M.  Mnrcy. .     3G5 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la 

théorie  du  pouls,  à  l'état  normal  et 
anormal  ;  par  M.  BouilUnul. . .     C27  et    (J86 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion de  M.  Bouillaud;  par  M.  Bnulcy..     G34 

—  Note  sur  le  tissu  élastique  jaune  et  re- 

marques sur  son  histoire;  à  propos  du 
Mémoire  de  M.  Bouillaud  et  des  remar- 
ques faites  par  M.  Bouley  ;  Note  de  M.  E. 
C/ierreiil G8 1 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la 

théorie  du  pouls,  à  l'état  normal  et  anor- 
mal ( suite  )  ;  par  M.  Boidllniul 686 

—  Nouvelles  observations  relatives  à  la  pre- 

mière Communication  de  M.  Bouillaud  ; 

par  M.  Bnuley C94 

—  Réponse  de  M.  Bouillaud  à  M.  Bouley.. .     697 

—  Rectification  à  une  Communication  pré- 

cédente, sur  un  point  de  l'histoire  de  la 
physiologie  des  artères;  par  M.  Bouley.     ySi 

CiRBHiPÈDES.  —  Sur  les  Cirrhipèdes  rhizocé- 

|)hales  ;  Note  de  M.  Alph.  Ginrd 945 

Combustibles.  —  Études  sur  divers  combus- 
tibles du  bassin  de  Donetz  et  de 
Toula  (Russie)  ;  analyses  et  détermina- 
tions calorimétriques;  par.  MM.  A. 
Scheurer-Kestncr  et  Ch.  Meunier-Dol- 
fus i3S5 

—  M.  C.  Bnumann  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  projet  do  fabrication  de  bri- 
quettes, au  moyen  de  déchets  de  bois 
provenant  de  diverses  industries,  dans 

les  Vosges 627 

Comètes.  —  Découverte  de  deux  noirvelles 
comètes,  par  M.  Borrelly  et  M.  Paul 
Henry  ;  Note  de  M.  C.  fFolf. 5-28 

—  Sur  le  spectre  de  la  comète  III  de  1873; 

Note  de  MM.  C.  ff'olf  el  G.  Rayct. . .     529 

—  Observations  de  la  comète  de  M.  Bor- 

relly; Note  de  M.  Stéphan 563 

—  Sur  les    changements    de   forme   et   le 

spectre  de  la  comète    1873,   IV;  Note 

de  MM.  G.  Rayet  et  Amlrc 564 

—  Éphéméride  de  la  comète  à  courte  pé- 

riode de  Brorsen  ;  ■paryi.  ir.  Pluninwr.     6o5 

—  Sur  la  comète  de  Brorsen  et  la  comète  de 

Faye,  retrouvées  à  l'Observatoire  de 
Marseille  ;  Note  de  M.  Stéphan 

—  Sur  les  changements  de  forme  de  la  co- 

mète 1873,  IV;  Note  de  MM.  G.  Rayct 
el  André 

—  Nouvelles  observations  de  la  comète  pé- 

riodique de  M.  Faye,  et  découverte  et 
observations  de  vingt  nébuleuses,  à  l'Ob- 
servatoire de  Marseille;  Note  de  M.  Sté- 
phan    1 364 


6o5 


63  R 


P.i(;p5. 

Commissions  spéciales.  —  Commission  char- 
gée de  juger  le  Concours  pour  le  prix 
Bordin  à  décerner  en  1873  (question 
relative  aux  productions  organiques  des 
pointes  australes  des  trois  continents  de 
l'Afrique,  de  l'Amérique  méridionale  et 
de  l'Australie)  ;  MM.  Milne  Edwards,  de 
Quatrefages,  Roulin,  Élie  de  Beaumont, 
Brongniart 264 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

pour  le  grand  prix  des  Sciences  physi- 
ques à  décerner  en  1873  (Étude  du 
mode  de  distribution  des  animaux  ma- 
rins du  littoral  de  la  France)  :  MM,  Milne 
Edwards,  Blanchard ,  de  Quatrefages, 
Coste,  de  Lacaze-Duthiers 2G4 

—  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 

du  prix  Fourneyron  :  MM.  Morin,  Phil- 
lips, Rolland,  Tresca,  Resal 829 

— -  Commission  chargée  déjuger  le  Concours 
du  prix  Dalmont  :  MM.  Phillips,  Resal, 
Rolland,  Belgrand,  Tresca 329 

—  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  de  Physique  de  la  fondation 
Lacaze,  pour  1873  :  les  Membres  de  la 
Section  de  Physique  et  MM.  Bertrand, 
H.  Sainte-Claire  Deville,  Pasteur 4^4 

—  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Cuvier  pour  1873  :  MM.  Milne 
Edwards,  de  Quatrefages,  Blanchard, 
Élie  de  Beaumont,  Coste 4^4 

—  Nouvelle  Commission,  pour  les  Commu- 

nications relatives  aux  chemins  de  fer: 
MM.Séguier,  Morin,  Phillips,  Rolland, 
Tresca 433 

—  M.  F.  de  Lesscps  prie  l'Académie  de  dé- 

signer une  Commission,  pour  donner 
quelques  indications  aux  explorateurs  de 
la  future  ligne  de  chemins  do  fer  du  centre 
de  l'Asie.  (Commissaires  :  MM.  Élie  de 
Beaumont,  Milne  Edwards,  Decaisne, 
Phillips,  Janssen,  de  Lesseps.) 463 

—  Commission  chargée  de  juger  le  Concours 

du  prix  Morogues  pour  1873  :  MM.  De- 
caisne, Boussingault,  P.  Thenard,  Peli- 
got,  Hervé  Mangon 4C5 

—  Commission    pour    la    vérification    des 

comptes  :  MM.   Mathieu,  Brongniart.  .     522 

—  Commission  chargée  de  iuger  le  Concours 

du  prix  Bordin  pour  1873  (Etude  de 
l'écorce  des  plantes  dicotylédones)  : 
MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre, 
Trécul ,  Tulasne.  ..." 522 

—  M.  Resal  fsl  désigné  pour  remplacer  feu 

Ch.  Diipin  dans  la  Commission  nommée 
pour  juger  le  Concours  du  prix  de  Méca- 
nique     1 178 

—  MM.  Berthelot,  Dumas,  Peligot  sont  ad- 


i583  ) 


Pages, 
joints  à  la  Section  de  Cliimie  pour  juger 
le  Concours  du  prix  de  Cliimie  do  la  fon- 
dation Lacaze 121 5 

—  MM.  Milne  Edwards,  Cl).  Robin,  de  La- 

caze-Dutiiicrs  sont  adjoints  à  la  Section 
de  Médecine  et  Chirurgie  pour  juger  le 
Concours  du  prix  de  Physiologie  de  la 

fondation  Lacaze i2i5 

— ■  Commission  chargée  de  proposerune  ques- 
tion pour  le  grand  prix  dos  Sciences  phy- 
siques à  décerner  en  1875  :  MM.  Milne 
Edwards,  Brongniart,  de  Quatrefagcs, 
Cl.  Bernard,  Dumas 1412 

—  Commission   chargée'  de   proposer   une 

question  pour  le  prix  Bordin  à  décerner 
en  1875:  MM.  Milne  Edwards,  Decaisne, 

Cl.  Bernard,  Chevreul,  Brongniart 1412 

Concours.  —  M.  /•'.  Billet  prie  l'Académie 
de  comprendre,  parmi  les  pièces  de 
Concours  du  prix  de  Physique  de  la 
fondation  Lacaze ,  son  «  Traité  d'Op- 
tique physique  » 269 

—  M.  Favrc  prie  l'Académie  de  comprendre 

ses  travaux  dans  les  pièces  du  Concours 
du  prix  de  Chimie  de  la  fondation 
Lacaze i32i 

—  M.  yl.  Le  Chcfalicr  prie  l'Académie  de 


Pages, 
renvoyer  au  Concours  des  Arts  insalubres 
le  contenu  d'un  pli  cacheté  déposé  par 
lui i336 

CoRALLiNE.   —  Note  sur   la  coralline;  par 

M.  Comnmille G78 

Crustacés.  —  Observations  sur  quelques  li- 
quides de  l'organisme  des  Poissons,  des 
Crustacés  et  des  Céphalopodes  ;  Note  de 
MJL  Rahutcau  et  F.  Papillon i35 

Cyanogène  et  ses  composés.  —  Sur  les  cya- 
nures ;  Note  de  M.  Berlhelol 388 

CïcLONES.  —  Les  cyclones  du  Soleil,  com- 
parés à  ceux  de  notre  atmosphère  ;  Note 
de  M.  H.  Tarry 4'* 

—  Procédé  pour  déterminer  la  direction  et 

la  force  du  vent;  application  aux  cy- 
clones; Note  de  M.  H.  Tarry 1 1 17 

—  Réponse  de  M.  Paye  aux  remarques  de 

M.  Tarry  sur  la  théorie  des  taches  so- 
laires     1 1 2a 

—  Observations  de  M.  Marié-Davy  sur  les 

analogies  qui  existent  entre  les  taches 
solaires  et  les  tourbillons  de  notre  at- 
mosi)hère 1227 

—  Note  sur  les  cyclones  terrestres  et  les  cy- 

clones solaires;  par  M.  H.  de  ParMlc.    izSo 

—  Voir  aussi  Soleil. 


D 


DÉCÈS  de  Membres  et  Correspondants  de 
l'Académie.  —  M.  le  Secrétaire  perpé- 
tuel annonce  à  l'Académie  la  perle 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne 
de  M.  G.  Rose,  Correspondant  de  la 
Section  de  Minéralogie 264 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  les 

pertes  douloureuses  qu'elle  a  faites 
dans  la  personne  de  M.  Cosle,  Membre 
de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  et 
dans  la  personne  de  M.  ISélaton,  Mem- 
bre de  la  Section  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie. Sur  la  proposition  de  M.  Larrey, 
l'Académie  décide  que,  en  présence  de 
ce  double  deuil,  elle  n'entendra  au- 
cune lecture 649 

—  M.    le    Président    donne  lecture    d'une 

Lettre  par  laquelle  M.  Louis  Passy  com- 
munique à  l'Académie  la  perte  qu'elle 
vient  de  faire  en  la  personne  de  M.  An- 
toine Passy 80 1 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 

perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  Cl.  Biirdin,  Correspondant 
de  la  Section  de  Mécanique 1 148 

—  M.  Bertrand  rappelle  quelques-uns  des 

G.  R.,  1873,  2=  Scmcsire.  (T.  LXXVIl.) 


services  rendus  à  la  science  par  M.  Bur- 

din. 1148 

~  M.  Élie  de  Beanmont  ajoute  quelques 
mots,  au  sujet  des  premiers  travaux  de 
M.  Burdin 1 149 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 

perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  A.  de  la  Rire,  l'un  de  ses 
Associés  étrangers laSS 

—  M.  Dumas  se   fait,  en  quelques    mots, 

l'interprète  des  sentiments  de  l'Acadé- 
mie    1253 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 

perle  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  Cl.  Gay,  Membre  de  la 
Section  de  Botanique 1 3 1 3 

—  M.  le  Secrétaire perpéii/el  annonce  à  l'A- 

cadémie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  C.-F.  Nau- 
mann,  Correspondant  de  la  Section   de 

Minéralogie i322 

DÉCRETS.  —  51.  le  31inistre  de  V Instruction 
publique  transmet  l'amplialion  du  décret 
qui  approuve  l'élection  de  sir  Ch. 
fVlieatslone  à  la  place  d'Associé  étran- 
ger      149 

2o5 


(  i584  ) 

Pages. 


—  M.  le  Ministre  de  t'Instnictiun  publitjue 

adresse  l'ampliation  du  décret  par  le- 
quel le  Président  de  la  République  ap- 
prouve l'élection  de  M.  F.  de  Lesseps.     38i 

—  Sf.  le  Ministre  de  V Instractinn  publique 

transmet  l'ampliation  du  décret  par  le- 
quel le  Président  de  la  République 
autorise  l'Académie  à  accepter  le  legs 
qui  lui  a  été  fait  par  M""  Guérineau- 
Delalande,  pour  être  employé  confor- 
mément aux  conditions  énoncées  dans 

son  testament logS 

Dents.  —  Origine  et  formation  du  follicule 
dentaire  chez  les  Alammifères;  Note  de 
M.M.  P.  Miigitot  et  Ch.  Legros looo 

—  Chronologie   du    follicule  dentaire  chez 

les  Mammifères;  par  les  mêmes 1877 

—  Structure  des  dents  de  l'Héloderme  et  des 

Ophidiens;  Note  de  M.  P.  Germis 1069 


Pages. 
Diamant.  —  Les  champs  diamantifères  du 

Cap  ;  Note  de  M.  Desdemaine-Hugon. .  .     943 
Digestif  (appareil).    —    Recherches  pour 
servir  à  l'histoire  de  la  digestion  chez 
les  Oiseaux  ;  par  M.  Jobert i33 

—  Essai    d'une   détermination  ,  par   l'em- 

bryologie comparative,  des  parties  ana- 
logues de  l'intestin  chez  les  Vertébrés 
supérieurs;  Note  de  M.  Campann 217 

—  Structure  de  l'estomac  chez  VHyrax  ca- 
pciisis ;  Note  de  M.  George i554 

Dissociation.  —  Note  sur  la  dissociation  de 
l'oxyde  rouge  de  mercure  ;  par  M.  H. 
Debniy laS 

—  Recherches   sur  la  dissociation  cristal- 

line (suite)  :  évaluation  et  répartition 
du  travail  dans  les  dissolutions  salines  ; 
Notes  de  MM.  P.-A.  Ftme  et  C.-J. 
Vulsnn 577,  802  et     907 


E 


Eau.  —  Sur  le  maximum  de  densité  de  l'eau  ; 
explication  mécanique  de  ce  phénomène; 
Note  de  JI.  Piarmn  de  Mondesir 1 154 

—  Observations  relatives  à  l'accroissement 

de  volume  de  l'eau  au-dessous  de  4  de- 
grés, à  propos  de  la  Note  précédente; 

par  M.  F.  Hément 1219 

Eaux  naturelles.  —  Nouvelle  analyse  de 
l'eau  de  la  fontaine  de  Saint-Thiébault, 
à  Nancy;  par  M.  P.  Giiyot i384 

—  Voir  aussi  Hygiène  publique. 

École  polytechnique.  —  M.  le  Ministre  de 
In  Guerre  informe  l'Académie  que 
MM.  Chaslcs  et  Serret  sont  maintenus 
Membres  du  Conseil  de  perfectionne- 
ment de  l'École  Polytechnique ,  pour 
l'année  1874,  au  titre  de  Membres  de 
l'Académie  des  Sciences 1487 

Économie  do.mestique.  —  MM.  Bopp  adres- 
sent une  Note  relative  à  une  «  nouvelle 
marmite  économique  et  portative,  dite 
bidon  culinaire  sans  jeu  » 347 

Édentés.  —  Recherches  anatomiques  sur  les 
Édentés  tardigrades;  par  M.  P.  Gcr- 
vais 861 

Élasticité.  —  Sur  le  mouvement  d'un  fil 
élastique  dont  une  extrémité  est  ani- 
mée d'un  mouvement  vibratoire  (1"  et 
'i"  Note)  ;  par  M.  E.  Mercadicr.  639  et     671 

—  Réclamation  de  priorité  de  M.  //.  J'alé- 

/■ius,  au  sujet  des  Notes  de  M.  Merca- 
dicr      8(4 

—  Réponse  de  M.  Mrrradicr  à  M.  Valérius.     gSo 

—  Réponse  de  M.  Valérius  à  M.  Mercadicr.'  1184 

—  Sur  le  mouvement  d'un  lil  élastique  dont 


une  extrémité  est  animée  d'un  mouve- 
ment vibratoire  (3°  et  4°  Note);   par 

M.  E.  Merradier 1292  et  i366 

Électricité.  —  Recherches  sur  la  conden- 
sation électrique;  par  M.  V.  Neyre- 
ncuf 201  et     35 1 

—  Sur  le  sens  de  la  propagation  de  l'élec- 

tricité; Note  de  M.  f-'.  Ncyreneuf 1184 

—  M.  F.  Douliot  adresse  une  Note  relative 

à  l'inlluence  de  la  température  et  de  la 
nature  de  l'électricité  sur  la  force  qui 
relient  l'électricité  à  la  surface  des 
corps 1287 

—  Sur  l'action  des  corps  incandescents  dans 

la  transmission  de  l'électricité; Note  de 

M.  E.  Douliot 1472 

—  Sur  la  décharge  des  conducteurs  électri- 

sés  ;  Note  de  M.  J .  Moutier i238 

—  M.  Th.  du  Moncel  adresse  la  collection 

dos  ouvrages  publiés  par  lui  sur  l'élec- 
tricité       4» 

—  M.  ^.  ^/wc/ic;  adresse  deux  Notes  rela- 

tives à  une  nouvelle  lampe  électrique 
destinée  à  éclairer  sous  l'eau. .  194  et  268 
Électuocdimie.  —  Premier  Mémoire  sur  le 
mode  d'intervention  de  l'eau  dans  les 
actions  chimiques  pendant  le  mélange 
des  solutions  salines  neutres,  acides  et 
alcalines  ;  par  M.  A.-C.  Becquerel. ...       84 

—  Deuxième  Mémoire  sur  l'intervention  de 

l'eau  dans  les  actions  chimiques,  et  sur 
les  rapports  existant  entre  les  forces 
électroraotrices  elles  affinités;   par  le 

même 1 1 3o 

-  M.  E.  Martin  adresse  une  «  Étude  élec- 


(  i585 


l'nges. 
trocllimiqiie  sur  le  soufre,  le  carbone,  le 
phosphore  et  les  états  allotropiques  qui 

leur  sont  attribués  » 1 486 

Électrodvnamique.  —  Action  mutuelle  des 
courants  voltaïques;  Note  deM.  J .  Ber- 
trand      962 

—  Examen  de  la  loi  proposée  par  M.  Helm- 
■  holtz  pour  représenter  l'action  de  deux 

éléments  de  courant;  par  le  même. . .  .    1049 

—  Sur   la  période  variable,  à  la  fermeture 

d'un  circuit  vol  taïque  ;  Note  de  M. .'/.  Ca- 

zin 117 

—  Sur  divers  cas  d'intermittence  du  cou- 

rant voltaïque  ;  par  le  même logS 

—  Sur  l'état  variable  des  courants  voltaï- 

ques; Note  de  M.  P.  Blaserna 124' 

—  Suite  de  recherches  sur  les  courants  se- 

condaires   et  leurs   applications  ;    par 

M.  G.  Planté 466 

—  Évaluation,  en  unités  mécaniques,  de  la 

quantité  d'électricité  que   produit  un 
élément  de  pile;  Note  de  iM.  iJ.  Branly.  1420 

—  Action  du  condensateur  sur  les  courants 

d'induction  ;  Note  de  M.  Lecoq  de  Bois- 
baudran 987 

—  De  la  différence  d'action  physiologique 

des  courants  induits,  selon  la  nature  du 
fil  métallique  formant  la  bobine  induite  ; 

Note  de  M.  Onimiis 1297 

Électromagnétisme.  —  Quatrième  Note  sur 
les  résistances  maxima  des  bobines  ma- 
gnétiques ;  par  M.  T/i.  du  Moncet 347 

—  Note  sur  les    meilleures  dimensions   à 

donner  aux   électro- aimants;   par    le 
même   i  o  1 7 

—  Note   sur  k  bobine  de   Siemens;    par 

M.  A.  Pellerin 56i 

—  M.  P.  Richter  adresse  une  Note  relative 

à  un  artifice   permettant  d'agrandir  la 
sphère  d'attraction  d'un  électro-aimant.  1094 

—  La   famille   de  M.    Taharié  demande  la 

restitution  de  plis  cachetés,  déposés  par 
lui   le   5  janvier   i863,   et  relatifs  aux 

aimants  et  électro-aimants i54 1 

Embryologie.  — Essai  d'une  détermination, 
par  l'embryologie  comparative ,  des 
parties  analogues  de  l'intestin  chez  les 
vertébrés  supérieurs;  par  M.  Cnm- 
pana 217 

—  Développement  des  Batraciens;  Note  sur 

les  embryons  de  VHylodes  martinensis; 

par  M.  Bacaf 788 

—  Sur  la  cellule  embryogène  de  l'œuf  des 

poissons  osseux;  Note  de  M.  Balhiani.    1873 


Papes. 

Endosmose.  —  Du  passage  des  gaz  à  travers 
des  membranes  colloïdales,  d'origine  vé- 
gétale ;  Note  de  M.  A.  Barthélémy . . . .     427 

Entozoaires.  —  II.  /.  Seguin  adresse  un 
entozoairo  trouvé  dans  la  cavité  abdo- 
minale d'une  ablette 527 

—  Expériences  sur  le  scolex  du  Tœnia  me- 

diocanellata ;  par  M.  Saint-Cyr 536 

Err.\ta.  —  69,  148,  224,  284,  377,  544, 
568,  617,  648,  797,  900,  1120,  1200, 
1252,   i3o9,  1440. 

Essenxes.  —  Sur  l'essence  de  camomille  ro- 
maine ;  Note  de  M.  L.  Demareay 36o 

Éthers.  —  Sur  les  oxalines  ou  élhers  de  la 
glycérine  et  des  alcools  polyatomiques; 
Note  de  M.  Lorln 129 

Étoiles.  —  Orbite  apparente  et  période  de 
révolution  de  l'étoile  double  ?  de  la 
Grande  Ourse;  Note  de  M.  C.  Flam- 
marion      1234 

Étoiles  filantes.  —  Note  sur  la  pluie  d'é- 
toiles filantes  du  27  novembre  1872; 
par  M.  Cil.  Dufour 497 

—  Sur  les  étoiles  filantes  des  9  et  10  août; 

Note  de  M.  F.   Tisserand 498 

—  Étoiles  filantes  observées  à  Paris  les  9, 

10  et  II  août  r873;  remarques  sur  les 
caractères  actuels  du  phénomène;  par 
M.  Chapelas , 499 

—  M.  Le  Verrier  annonce  à  l'Académie  que 

les  mesures  sont  prises  pour  l'observa- 
tion de  l'essaim  d'étoiles  filantes  de  no- 
vembre    1071 

—  Observalions    d'étoiles   filantes  pendant 

la  nuit  du  12  au  1 3  novembre  1873  ;  par 

M.  Chapelas 1 3o5 

—  Observation  des  étoiles  filantes  de  no- 

vembre ;  Note  de  M.  C.  JFolf 1 36 1 

—  Sur  les  étoiles  filantes  de  décembre;  Note 

de  M.  F.  Tisserand 1 439 

Explosifs  (corps).  —  Sur  le  mode  de  dé- 
composition des  corps  explosifs,  com- 
paré aux  phénomènes  de  la  sursatura- 
tion ;  Note  de  MÎM.  P.  Champion  et 
H.  Pellet 53 

—  Sur  la  chaleur  de  combustion  des  ma- 

tières explosives  ;  Note  de  MM.  Roux  et 
Sarrau 1 38 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  ma- 

tières explosives  ;  par  les  mêmes 478 

—  M.  Arau  de  Terré  adresse  une  Note  re- 

lative à  une  poudre  de  mine,  à  laquelle 
il  donne  le  nom  de  pyroUthe  humani- 
taire       89 1 


2o5. 


(   i586  ) 


F 


Fer  et  ses  composés.  —  Sur  les  minerais 
(le  fer  du  département  d'Ille-et-Vilaine; 
Note  de  M.  Dctngc no 

—  Sur  une  combinaison  naturelle  des  oxy- 

des de  fer  et  de  cuivre,  et  sur  la  re- 
production de  l'atacamite  ;  Note  de 
M.  C.  Fricth'l 211 

—  M.  Daithrcc  romraunique  une  Lettre  de 

M.  iVo/ï/f/;.v//o/(/ sur  les  poussières  char- 
bonneuses, avec  fer  métallique,  qu'il  a 

observées  dans  la  neige 463 

■  —  Produit  d'oxydation  des  fers  météori- 
ques; comparaison  avec  les  magnétiles 
terrestres;  Note  de  M.  Stnn.  Meunier.     643 

—  Masse  de  fer  météorique  découverte  en 

creusant  un  fossé;  structure  molécu- 
laire du  fer  météorique  ;  protochlorure 
solide  de  fer  dans  les  météorites  ;  Note 

de  M.  J.-L.  Smith i  igS 

Fermentations.  —  Sur  les  altérations  spon- 
tanées des  œufs;  Note  de  M.  U.  Gayon.     ai4 

—  Réflexions   sur    les  générations  sponta- 

nées, à  propos  d'une  Note  de  M.  U. 
Gayon  sur  les  altérations  spontanées 
des  œufs,  et  d'une  Note  de  M.  Crace- 
Calvert  sur  le  pouvoir  do  quelques  sub- 
stances, de  prévenir  le  développement 
de  la  vie  protoplasmique  ;  par  M.  ^.  Bé- 
chnmp 6i3 

—  M.  Caillard  adresse  une  Note  relative  à 

l'influence  exercée  par  la  présence  des 
acides  ou  des  alcalis  sur  le  développe- 
ment des  organismes  végétaux  ou  ani- 
maux       679 

—  Recherches  relatives  à  l'action  des  sub- 

stances n/itiseiJtiriarx  sur  le  virus  char- 
bonneux; Note  de  M.   C.  Davainc 821 

—  De  l'inlluence  qu'exercent  certains   gaz 

sur  la  conservation  des  œufs;  Note  de 

M.  F.-C.  CaWcit 1024 

—  De  l'influence  de  quelques  substances  sur 

la  conservation  des  œufs;  par  le  mcnic.  1026 

—  Métamorphisme  et  mutabilité  physiolo- 


Tagcs. 
gique  de  certains  microphytcs ,  sous 
l'influence  des  milieux.  Relation  de  ces 
phénomènes  avec  la  cause  initiale  des 
fermentations;  zymogénèse  intracellu- 
laire ;  Note  <ie  M.  /.  Biiml 1027 

—  Étude  sur  la  bière  ;  nouveau  procédé  de 

fabrication  pour  la  rendre  inaltérable  ; 

par  M.  Z.  Pasteur 1140 

—  Réponse  de  M.  J.  Tréntl  à  M.  Pasteur, 

concernant  l'origine  de  la  levure  de 
bière i3i3 

—  M.  /"rtv/fw  ajourne  sa  réponse  à  la  séance 

suivante i32i 

—  Réponse  de  M. />.  P«i7e"/- à  M.  Trécul.    1896 

—  Observations  de  M.  L.  Pasteur,  au  sujet 

du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente    1441 

—  Réponse  de  M.  A.  Trécul  à  M.  Pasteur.    1442 

—  Réponse  de  M.  L.  Pasteur  à  M.  Trécul..    1444 

—  Nouvelle  Réponse  de   M.   J.    Trécul  à 

M.  Pasteur,  concernant  l'origine  de  la 
levflre  de  bière i5i2 

—  Réponse  de  M.  L.  Pasteur  à  M.  Trécul. .    1619 

—  M.  Dcclat  demande  l'ouverture  de  deux 

plis  cachetés,  relatifs  à  ses  recherches 
sur  les  moyens  de  guérir  les  vuiladics 
àfrrmeiits  et  spécialement  le  choléra..     835 

-  M.  Ch.    Tellier  informe  l'Académie  qu'il 

vient  d'organiser  des  expériences  per- 
manentes, pour  la  conservation  de  la 
viande  fraîche  par  l'application  du  froid.  1221 

Fluorène.  —  Note  sur  le  fluorène  ;  par  M.  Ph. 

Barbier 44* 

Foudre.  —  Sur  les  effets  produits  par  la 
foudre,  à  Troyes,  le  2G  juillet  1878; 
observations  de  nombreux  globes  de 
feu  ;  Note  de  M.  E.  Parent 370 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, l'Instruction  sur  les  paraton- 
nerres ,  adoptée  par  l'Académie  des 
Sciences,  qui  vient  d'être  publiée  par 
M.  Gauthier-Villars logS 


G 


Gai-ega.  —  Sur  les  propriétés  nutritives  et 
lactigènes  duGalega;  Note  de  M.  Gillet- 
Damitte 38 

—  Observations  de  M.  Bourgeois  sur  le  même 

sujet •,•       38 

Gaz.  —  Sur  l'emijloi  des  gaz  comme  révéla- 
teurs ;  Note  de  M.  Mergct 38 


Du  passage  des  gaz  à  travers  des  mem- 
branes colloïdales  d'origine  végétale; 
Note  de  M.  Barthélémy 427 

Sur  la  condensation  des  gaz  par  le  char- 
bon de  bois;  licpiéfaction  des  gaz  con- 
densés ;  Note  de  M.  Melscns 781 

Procédé  de  condensation  des  matières  ii- 


(  i587 

Pages, 
quéfiables  tenues  en  suspension  dans  les 
gaz  ;  par  MM.  E.  Pclouze  et  P.  Audniit.     2G4 

—  Épurateur  mécanique  pour  le  gaz  d'éclai- 

rage, pouvant  servir  en  mônae  temps  à 
mélanger  les  gaz  avec  des  vapeurs  li- 
quides ;  par  M.  D.  Cnllnrum 819 

—  Réponse  à  M.  Colladon  ;  par  MM.  E.  Pc- 

louze  et  P.  Audoin 928 

—  Remarques  relatives  à  la  réponse  précé- 

dente ;  par  M.  D.  Colladon 1 1G2 

—  Nouvelle  réponse  à  M.  D.  Colladon;  par 

MM.  E.  Pelouze  et  P.  Jiidoin 1274 

—  Détermination  du  rapport  des  deux  clja- 

leurs  spécifiques,  par  la  compression 
d'une  masse  limitée  de  gaz;  Note  de 
M.  Jnicigat 1 325 

GÉNÉRATIONS    SPONTANÉES.   —  Voir  FcriIlC/l- 

talioiis. 

GÉODÉSIE.  —  M.  G.  Hillcrct  adresse  une 
Note  «  sur  les  cercles  de  hauteur  et 
leur  représentation  sur  la  carte  de  Mer- 
cator  » 1 540 

GÉOGRAPHIE.  —  Carte  du  globe  en  projection 
gnomonique,  avec  le  réseau  pentagonal 
superposé,  accompagnée  d'une  Notice 
explicative;  par  M.  13.  de  Cliancouiiois. 

—  Extrait  d'une  Lettre  à  Lord    Granville, 

sur  le  projet  d'un  chemin  de  fer  dans 
l'Asie  centrale,  par  M.  Ferd.  de  Lcs- 
seps 

—  M.  le  général  Morin  présente  à  l'Acadé- 

mie les  premières  feuilles  d'une  Carte 
de  France,  à  l'échelle  de  5,/„„„,  dres- 
sée par  le  Dépôt  des  fortifications i54o 

—  M.  le  .S'«'7'e'to//-c /w/y;eVHf/ signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, un  volume  intitulé  «  l'Empire  du 
BréSiil    à    l'exposition    universelle    do 

Vienne  en  1 873  » 1 337 

GÉOLOGIE.  —  Lettre  de  M.  le  Ministre  des 
Travaux  publics,  relative  à  la  Carte 
géologique  détaillée  de  la  France 149 

—  Observations  de  M.  Élie  de  Beniiiiioiil,  à 

propos  de  la  Lettre  précédente,  sur  l'or- 
ganisation du  travail  d'ensemble  qu'il 
dirige,  pour  la  réalisation  de  cette  nou- 
velle Carte i5o 

—  Carte  géologique  détaillée  de  la  France  ; 

Note  de  M.  Élie  de  Beaumont 409 

—  M.    le    Ministre    des     Travaux  publics 

adresse  une  seconde  série  de  feuilles  de 
cette  môme  Carte  géologique 637 

—  Sur  l'ancienne  existence,  durant  la  pé- 

riode quaternaire,  d'un  grand  glacier 
dans  les  montagnes  de   l'Aubrac  (Lo- 


99'3 


106G 


zéro)  ;  Note  de  M.  G.  Fabre 

M.  Durand  (de  Gros)  adresse  une  récla- 
mation de  priorité, concernant  ladécou- 


495 


P:if;r5. 

verte  du  glacier  d'Aubrac 679 

Losange  saharien  du  réseau  pentagonal, 
dressé  en  projection  gnomonique  sur 
l'horizon  de  son  centre,  jHiur  un  rayon 
de  sphère  de  o°\55  ;  Note  de  M.  A.  Pomel.  bHy 
Études  sur  les  filons  du  Cornouailles. 
Parties  riches  des  filons;  structure  de 
ces  parties  et  leur  relation  avec  les  di- 
rections des  systèmes  straligraphiques; 

Note  de  M.  Moissenet 558 

Sur  la  formation  tertiaire  supranumniu- 
litique  du  bassin  de  Carcassonne  ;  Note 

de  M.  Lcymerie 91 5 

Sur  la  formation  tertiaire  supra-nummuli- 
tique  du  département  de  l'Hérault;  Note 

de  M.  P.  de  Rouville 1 1 97 

Sur  les  marnes  à  huîtres  de  Fresne.s-lès- 
Rungis  (Seine);  Note  de  M.  Stan.  Meu- 
nier   1 382 

Carte  du  globe  en  projection  gnomonique, 
avec  le  réseau  pentagonal  superposé , 
accompagnée   d'une   Note    explicative; 

par  M.  -fî.  de  Cliancourtois 990 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  s\gna\e,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, la  i5'  livraison  des  «  Contribu- 
tions à  la  carte  géologique  de  la  Suisse».  1222 
M.  le  Secrétaire  perpétuel,  en  signalant 
un  ouvrage  de  M.  fille,  intitulé  :  0  Ex- 
ploration géologique  du  Béni  Mzab,  du 
Sahara  et  de  la  région  des  steppes  de  la 
province  d'Alger  »,  donne  lecture  d'un 

passage  de  la  Lettre  d'envoi 1 338 

■  M.  Leynwrie  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  travail  imprimé  portant  pour  titre: 
«  Description  géognostique  du  versant 
méridional  de  la  montagne  Noire,  dans 
l'Aude  » 1 2 1 5 

-  M.  T.  Héna  adresse  une  nouvelle  Note 

relative  à  des  coprolithes  trouvés  dans 
les  terrains  quaternaires  de  Saint- 
Brieuc 39 

-  M.  J.-J.  Le  Ciiz  adresse  une  Note  rela- 

tive à  ces  mêmes  fossiles 3g 

-  M.    T.  Héna  adresse  une  Note  complé- 

mentaire sur  le  même  sujet ig4 

-  U.Hé'ia  adresse  diverses  Notes  relatives 
à  la  Géologie  des  environs  de  Saint-Brieuc. 
473,  604,  667,  835,  loiG  et  1287 

-  Voir  aussi  Paléontologie 

ÉOMÉTRiE.  —  Sur  les  différentes  formes  de 

courbes  du  quatrième  ordre  ;  Note  de 

M.  H. -G.  Zeul/ien ■j.yo 

-  Solution  analytique  du  tracé  des  courbes 

à  plusieurs  centres,  décrites  d'après  le 
procédé  géométrique  de  Perronet;  Note 
de  M.  J.-P.  Revellat 434 

-  Sur   les  courbes   gauches    algébriques 


(  i588  ) 


Pnges. 
Noto  (1p  m.  Piciiiict 474 

Sur  le  planimèiro  polaire  ;  Note  de  M.  H. 
Rcsfil 5o9 

Sur  le  noiiil)re  dt'S  points  rl'inlorsection 
que  représente  un  point  multiple  com- 
mun à  deux  courbes  pianos,  lorsque  di- 
verses branches  de  la  première  sont 
tangentes  à  des  branches  de  la  seconde; 
Note  de  M.  de  la  Gournerie SyS 

M.  Mannhcim  adresse  un  Mémoire  «  Sur 
les  surfaces  trajectoires  des  points  d'une 
figure  de  forme  invariable,  dont  le  dé- 
placement est  assujetti  à  quatre  condi- 
tions » 268 

Rapport  sur  ce  iVIéraoire  ;  par  M.  Chas- 
tes      ySa 

Sur  les  plans  tangents  triples  à  une  sur- 
face; Note  de  M.  IV.  Spottiswnode.  ...   1181 

Sur  une  réduction  de  l'équation  à  diffé- 
rences partielles  du  troisième  ordre,  qui 
régit  les  familles  de  surfaces  suscep- 
tibles de  faire  partie  d'un  système  ortho- 
gonal ;  Note  de  M.  Maurice  Levy 1 435 


P.Tges, 

—  Rapport  anharmonique  de  quatre  points 

du  plan  ;  Noto  de  M.  F.  Lucas i463 

—  Un    .Vuteur,    dont    le    nom  est    contenu 

dans  un  pli  cacheté,  adresse  un  Mé- 
moire destiné  au  Concours  du  Problème 
des  trois  Corps 269 

—  M.  Dcjardin  adresse  une   Note  relative 

aux  problèmes  de  la  trisection  de  l'angle 

et  de  la  duplication  du  cube i33G 

GoÎTRE.  —  De  l'influence  des  sulfates  sur  la 
production  du  goitre,  à  propos  d'une 
épidémie  de  goitre  observée  dans  une 
caserne  à  Saint-Étienne;  Note  de  M.  Ber- 
gcrct 731 

—  Remarques,  à  propos  de  cette  Communi- 

cation, sur  la  thyréoïdite  aiguë,  dite 
goitre  épidéinique,  par  M.  Larrey .  .  .  .     733 

—  Nouvelles  remarques  sur  le  même  sujet  ; 

par  M.  Bergeret 842 

Guano.  —  Notes  sur  le  guano  (3°,  ^',  5%  (i" 

et  7"  Note);  par  M.  E.  Chevreul 

i55,  453,  5Gg,  901  et  laGS 


H 


Histoire  des  scien'Ces.  —  M.  Daubrée  fait 
hommage  à  l'Académie  d'une  «  Notice 
nécrologique  sur  M.  Sauvage  »,  qu'il 
vient  de  publier 465 

—  M.   le    Président   donne   lecture   d'une 

Lettre  qui  lui  est  adressée  par  M.  Ro- 
bert, avec  quelques  épreuves  d'un  por- 
trait de  M.  Dumas 801 

—  M.  \e  Secrétaire  perpétuel  s\gna\e,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance :  1°  un  discours  prononcé  à  la 
Société  américaine  pour  l'avancement 
des  sciences,  par  M.  Z.  Smith,  sur  les 
méthodes  modernes  des  sciences  ;  2°  une 
Biographie  de  Sir  Benjamin  Thompson, 
comte  de  Rumford,  par  M.  Ellis 835 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  s\gna\e,  parmi 

les  ])ièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, une  biographie  de  l'astronome 
italien  Donati;  par  M.  G.  Uzielli 892 

—  M.  L.  Hugo  adresse  le  dessin  de  deux 

dodécaèdres  antiques,  conservés  au 
Musée  de  Lyon 433 

—  M.    L.  Hugo  annonce    l'existence,    au 

Musée  de  Chalon-sur-Saône,  d'un  nou- 
veau dodécaèdre  antique  en  bronze. . . .     472 

—  M.  L.  Hugo  adresse  divers  documents 

relatifs  à  des  polyèdres  antiques  conser- 
vés dans  les  collections  des  Départe- 
ments      562 

—  M.  L.  Hugo  adresse  une  Note  relative  à 


la  sphère  considérée  comme  un  équido- 
mo'i'de 715 

—  M.  H.  Baudot  adres&e  le  dessin  d'un  objet 

de  bronze  antique,  remarquable  par  sa 

forme  heptagonale 128S 

Hydraulique.  —  Expériences  sur  le  mou- 
vement de  la  houle  produite  dans  un 
canal  factice,  et  faisant  monter  l'eau  le 
long  d'une  plage  inclinée,  à  une  hauteur 
sensiblement  constante  ;  Note  de  M.  J. 
de  Caligny •  • ^ . .      182 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Graejf', 

sur  l'application  des  courbes  des  débits 
à  l'étude  du  régime  des  rivières  et  au 
calcul  des  effets  produits  par  un  sys- 
tème multiple  de  réservoirs  ;  par  M.  le 
général  Morin 982 

—  M.  A.  Veillet  adresse  une  Note  relative 

à  une  machine  hydraulique  destinée  à  la 
création  des  chutes  artificielles,  etc. . . .     4/4 

—  M.  Dalpcint  adresse  le  dessin  d'un  projet 

de  machine  hydraulique 474 

Hydrocarbures.  —  Action  du  platine  et  du 
palladium  sur  les  hydrocarbures;  Noie 

de  I\L  J .-J.  Coquillioii 444 

HYDROGiiNE.  —  Observations,  à  propos  d'une 
Communication  de  M.  Merget,  sur  la 
réduction  des  sels  de  platine  par  l'hy- 
drogène; Note  de  M.  Pcllet 112 

—  Sur  la  purification  du  gaz  hydrogène; 

Note  de  M.  Ch.  J'iollclte 940 


(  '589 


Pages. 

Hydrologie.— Sur  la  perméabilité  dessables 
de  Fontainebleau  ;  Noie  de  M.  Bcl- 
grnnd 178 

—  M.  /.  Rotibf  adresse  une  Note  relative  à 

un  moyen  pour  prévenir  les  inondations.  jSSy 
Hygiène  publique.  —  Du  développement  de 
la  peste  dans  les  pays  montagneux  et 
sur  les  hauts  plateaux  de  l'Europe,  de 
l'Afrique  et  de  l'Asie;  Note  de  IVI.  J.-D. 
Tholozan 107 

—  Sur  l'espace   cubique  et  sur  le  volume 

d'air  nécessaires  pourassurer  la  salubrité 
des  lieux  habités;  Note  de  M.  le  géné- 
ral Mitiin 3 1 6 

—  Observations  de  M.   Larrey,   relatives  à 

la  Communication  précédente  de  M.  le 
général  Morin 324 

—  Notes  sur  les  moyens  à  employer  pour 

maintenir  dans  un  lieu  donné  une  tem- 
pérature, à  peu  près  constante,  et  pour 
modérer,  dans  la  saison  d'été,  la  tempé- 
rature des  lieux  habités;  Note  de  M.  le 
général  Morin 737 

—  Assainissement  des  terrains  marécageux 

par    VEiicahplits   globuhts  ;    Note    de 

M.  Ciinbcrt 764 

—  M.  E.  de   Lcivcd  envoie  un  exemplaire 

d'une  pétition  adressée  au  Conseil  mu- 
nicipal de  Paris,  à  l'effet  d'obtenir  la 
proscription  des  tuyaux  en  plomb  pour 
la  distribution  des  eaux  destinées  aux 
usages  alimentaires 627 

—  Note  sur  l'action   que  le  plomb  exerce 

sur  l'eau  ;  par  M.  Dumas io54 

—  Observations  de  M.  ÈUe  de  Beaumont, 

au  sujet  de  la  Communication  précé- 
dente    io55 

—  De  l'action  de  l'eau  sur  les  conduites  en 


Pages, 
plomb  ;  Note  de  M.  Bclgrand io55 

Observations  de  M.  Bmidlaud,  au  sujet 
de  la  Communication  de  M.  Belgrand. .   io6'2 

Action  de  l'eau  aérée  sur  le  plomb,  ccn- 
sidérée  au  point  de  vue  de  l'hygiène  et 
de  la  médecine  légale  ;  Note  de  M.  For- 
dos  i"99 

Action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de 
l'Ourcq  sur  le  plomb  ;  par  le  même. ...    1 186 

M.  /.  Rouby  adresse  une  Lettre  relative 
aux  effets  toxiques  produits  par  une  eau 
qui  avait  parcouru  des  conduits  en 
plomb I22I 

Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb  pour 
la  conduite  des  eaux  potables;  Note  de 
M.  E.  de  Laval 1 27 1 

Sur  les  diversesconditions  dans  lesquelles 
le  plomb  est  attaqué  par  l'eau  ;  Note  de 
M.  A.  Bobierre 1272 

Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb  pour 
la  conduite  et  la  distribution  des  eaux 
destinées  aux  usages  alimentaires;  Note 
de  M.  Cluimpoidllon 1273 

Action  de  l'eau  sur  le  plomb  laminé  ;  Note 
de  M.  //.  Marais iSag 

Des  eaux  de  puits  engénéral,et  de  celles 
de  la  ville  de  Beauvais  en  particulier, 
au  point  de  vue  de  l'hygiène  publique; 
Note  de  M.  E.  Decaisnc 1432 

M.  le  Miinslre  de  V Agricidture  et  du 
Commerce  adresse  le  deuxième  volume 
(2''  partie)  du  Recueil  des  travaux  du 
Comité  consultatif  d'hygiène  publique 
de  France 528 

Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Douglas 
Gidton,  intitulé  :  «On  the  Construction 
of  Ilospitals  »  ;  par  M. le  général  Morin. 
1249  et  141 3 


Incendies.  —  M.  Dctanrier  adresse  une  Note 
relative  à  un  projet  de  nouvelles  pompes 
à  incendie,  permanentes 268 

—  M.  H.  Girard  adresse  une  Note  relative 

à  l'emploi  de  matelas  à  air,  propres  à 
être  étendus  sur  le  sol,  près  des  édifices 
incendiés,  pour  recevoir  les  habitants 

des  étages  supérieurs 77* 

Insectes.  —  Sur  les  Cocuyos  de  Cuba;  Note 

de  M.  de  Dos  Hermanas 333 

—  Observationsde  M.  jF.  Blanchard,  à  pro- 

pos de  la  Communication  précédente. . .     335 

—  Sur  les   organes  phosphorcsoenls  Ihora- 

ciques  et  abdominaux  du  Cocuyo  de 
Cuba  ;  Note  deIMl\I.  Ch.  Robin  cl  J.  La- 


boulbène 5 1 1 

—  Sur   la  reproduction    du  Phylloxéra  du 

chêne;  Noies  de  M.  Balbiani.     83o  et     884 

—  Note  sur  les  Pemphigus  àa  Pistacia  Tc- 

rebinthus ,    comparés     au    Phylloxéra 
cjuerciis;  Note  de  M.  Dcrbès 1 109 

—  Observations  de  M.  H.-Milne  Edwards, 

au  sujetde  la  Note  précédente i  no 

—  Remarques  de  M.  Balbiani,  au  sujet  de  la 

même  Note >  164 

—  Voir  l'article  Viticulture,  pour  tout  ce  qui 

concerne  le  Phylloxéra  delà  vigne. 
Iode  et  ses  composés.  —  L'acide  pyrogal- 
lique  en  présence    de  l'acide  iodique  ; 
Note  de  M.  Jacquemin 20g 


iSgo  ) 


Pages. 

Locomotives. — M.  L.  TJarf/wrrt  adresse  une 
Note  relative  aux  résultals'obtenus  avec 
sa  locomotive  à  double  articulation  et  à 
deux  cylindres Say 

LoGARiTiiMiîs.  —  M.  A.  Namur  adresse  des 
«  Études  pratiques  sur  les  logarithmes 
des  nombres,  avec  des  projets  de  nou- 
velles Tables  » 4?^ 


Pages. 

—  M.  /.  Lasscrre  adresse  un  travail  sur  les 
règles  de  la  construction  et  de  l'emploi 
des  Tables  de  logarithmes i434 

Lunettes.  —  Sur  le  degré  de  visibilité  que 
l'on  peut  atteindre  avec  des  lunettes 
astronomiques  de  petites  dimensions  ; 
Note  de  M.  cVAbhadie qS 


M 


Machines  diverses.  —M./.  Dusart  adresse 
un  Mémoire  sur  une  machine  à  vapeur 
à  rotation Sg 

—  M.  Romain  d'U/iztir  adresse  une  Note  re- 

lative à  une  machine  nouvelle  de  son  in- 
vention        40 

—  U.C.-M.  Mathey  adresse  un  certain  nom- 

bre de  documents  complémentaires  de 
ses  Communications  relatives  à  l'appli- 
cation de  la  force  du  vent  à  la  vapeur. 
194,  473,  604  et  1016 

—  M.  J.  Pellerin  soumet   au  jugement  de 

l'Académie  une  Note  sur  une  machine 

à  gaz 772 

—  M.  Gullich  adresse  deux  Notes  relatives 

à  un  cylindre  moteur 891  et  i486 

—  M.  E.  Métniiiorfotis  adresse   le    dessin 

d'une  machine  fondée  sur  la  gravité. . .    1016 

—  M.   Dcmôle   adresse  une  Note  sur  un 

moyen  d'augmenter  la  force  des  machines 

à  vapeur 1221 

Magnétisme.  —  Sur  les  modifications  du  pou- 
voir magnétique  de  l'acier  par  la  trempe 
ou  le  recuit;  Note  de  M.  /.  Jamin.  .  .         89 

—  Sur  le  rôle  des  armatures  appliquées  aux 

faisceaux  magnétiques;  par  le  même. . .     3o5 

—  Sur  les  lois  de  l'aimantation  de  l'acier 

par  les  courants  ;  par  /c  même 1 389 

—  Sur  la  déperdition  du  magnétisme;   par 

le  même i445 

—  Note  sur  le  magnétisme  ;  par  M.  77i.  du 

Mnncel 1 1 3 

—  Notesurlemagnétisme;  parM.^.  Ï'/Y'i'c.   1296 

—  Notes  sur  le  magnétisme;  par  M.  J.-M. 

Gaiigain 587,  702,  1074  et  i465 

—  Voir  aussi  Boussoles. 

Malique  (acide)  et  ses  dérivés.  —  Trans- 
formation de  l'acide  succinique  en  acide 
maléique  ;  Note  de  M.  E.  Bourj^oing. .       62 

MÉCANIQUE.  —  Mouvemrnt  d'un  segment 
sphérique  sur  un  plan  incliné;  Note  de 
M.  le  général  Didion 167 


—  M.  le  général   Didion  fait   hommage   à 

l'Académie  du  Mémoire  «  Sur  le  mouve- 
ment d'un  segment  sphérique  sur  un 
plan  incliné»,  dont  il  a  lu  un  extrait..     982 

—  M.  R.  Clausius  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'une  brochure  imprimée  en  alle- 
mand :  «  Sur  un  nouveau  théorème  rela- 
tif à  des  mouvements  stationnaires  »...     423 

—  Théorème   relatif   au    mouvement  d'un 

pointattiré  vers.un  centre  fixe;Notede 

M.  J.  Bertrand 849 

—  Mémoire  surleProblème  des  trois  Corps; 

Note  de  M.  Ém.  Mathieu 1071 

Mécanique  appliquée. —  M.  Hirn  fait  hom- 
mage à  l'Académie  d'une  brochure 
intitulée:  «Applications  du  pandyna- 
momètre  à  la  mesure  du  travail  des 
machines  à  vapeur  à  balancier  » Sa 

—  Nouvelles  expériences  relatives  à  la  théo- 

rie de  la   poussée  des  terres  ;  Note  de 

M.  /.  Curie 142 

—  E.xamen  d'un  essai  de  théorie  de  la  pous- 

sée des  terres  contre  les  murs  destinés 
à  les  soutenir;  Note  de  M.  de  Saint- 
T^cnant 234 

—  Intégration  de  l'équationaux  dérivées  par- 

tielles des  cylindres  isostatiques  qui  se 
produisent  à  l'intérieur  d'un  massif  ébou- 
leux  soumis  à  de  fortes  pressions  ;  Note 
de  M.  J .  Buussinesq 667 

—  Sur  la  théorie  de  la  poussée  des  terres  ; 

Note  de  M.  /.  Curie 778 

—  Essai  théorique  sur  l'équilibre  d'élasticité 

des  massifs  pulvérulents  et  sur  la  pous- 
sée des  terres  sans  cohésion  ;  par  ix.  J. 
Boussinesq 1 52 1 

—  M.    le    Secrétaire     perpétuel    signalcL, 

parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Corres- 
pondance, un  ouvrage  de  M.  L.  Pochet, 
intitulé  :  «  Nouvelle  Mécanique  indus- 
trielle » 937 

—  Note  accompagnant  la  présentation   du 


(    '%! 

Pages. 


) 


«  Cours  de  Mécanique  appliquée  aux 
machines  «,  de  /.-/'.  Poncelct  ;  par 
M.  Rcsnl 1 254 

—  Observations  sur  la  Communication  de 

M.  Resal  ;  par  M.  le  général  Moriri.. . .    laSG 

—  M.  ^.  Corel  adresse  un  «  projet  de  pen- 

dule roii/afii,  pour  servir  à  la  démons- 
tration expérimentale  du  mouvement  de 

rotation  diurne  de  la  Terre» 1288 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.    —   Tliéoric  de  la  pla- 
nète Saturne  ;  par  M.  Le  T'errier 73 

—  Sur  un  théorème  de  Mécanique  céleste; 

Note  de  M.  F.  Sincci 1 288 

MÉDECINE.  —  De  l'asthme  d'été  ou  fièvre  de 
foin  [hny n.sthnid,  /iti y  fet-er  des  Anglais) 
comme  entité  morbide;  par  M.  E.  Dc- 
caisne 535 

—  Traitement  du  charbon  et  de  la  pustule 

maligne  par  l'aride  phénique  et  le  phé- 
nate  d'ammoniaque  ;  Note  de  M.  Dcclat .     756 

—  Sur  le  scorbut  et    son   traitement;   par 

M.  CliainpouiHon 1  o34 

—  Sur  l'intoxication  tellurique;    par  M.  L. 

CoUin I o35 

—  Sur  les  propriétés  nutritives  et  lactigènes 

du  Gnlegn  offlcinalis  ;  Notes  de  M.  Gillct- 
Damilte 38  et  )  121 

—  Observations  à  l'appui;    par  M.  Mmir- 

genis 38 

—  Nouveau  fait   recueilli   par    M.  Masson 

d'Andres  ;  Note  de  M.  Gitlet-DeinnUe.  .    i486 

—  M.  Larrey  présente  le  XIII'  volume  des 

«  Rapports  du  département  médical  de 
l'armée  anglaise  » 282 

—  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse    le 

dix-neuvième  volume  du  recueil  de  Mé- 
moires et  Observations  sur  l'Hygiène  et 
la  Médecine  vétérinaire  militaires 892 

—  Voir  aussi  Choléra. 

MÉTALLURGIE.  —  Sur  Ics  mincrais  de  fer  du 
département  d'Ille-et-Vilaine  ;  Note  de 
M.  Delage 1 10 

—  Études  sur  les  fdons  du  Cornouailles. 

Parties  riches  des  filons;  structure  de 
ces  parties  et  leur  relation  avec  les  di- 
rections des  systèmes  stratigraphiques; 

Note  de  M.  Moissenet 558 

MÉTÉORITES.  —  Produit  d'oxydation  des  fers 
météoriques  ;  comparaison  avec  les  ma- 
gnétites  terrestres;  Note  de  M.  Scan. 
Meunier 643 

—  Masse  de  fer  météorique  découverte  en 

creusant  un  fossé;  observations  sur  la 
structure  moléculaire  du  fer  météori- 
que; protochlorure  solide  de  fer  dans 
les  méléorites;  Note  de  M.  J.-L.Sniil/i.  iigS 
MÉTÉOROLOGIE.  —  SuT  Un  nouvcau  système 
de  représentation  d'observations  météo- 

C.  U.,  1873,  2«  Semestre.  (T.  L\XVII.Î 


Pages. 
rologiques  continues,  faites  à  l'Observa- 
toire national  d'Alger;  Note  de  M.  Bu- 
lard 585 

■  M.  A.  Pie/ie  adresse  une  Note  relative  à 
un  système  de  représentation  graphique 
des  observations  météorologiques 773 

Observations  météorologiques  en  ballon; 
Note  de  M.  G.  Tissamlicr 889 

M.  C//..S'«/«/t'-C'/n/rc  i)ci'(7/(' appelle  l'at- 
tention de  l'Académie  sur  le  «  Bulletin 
météorologique  du  département  des 
Pyrénées-Orientales,  pourl'annéc  1872  )>     952 

M.  Ch.  Sninle-Claire  Decille  appeWe  l'at- 
tention de  l'Académie  sur  une  brochure 
de  M.  Fines,  intitulée  :  «  Vent,  sa  di- 
rection et  sa  force,  observées  à  Perpi- 
gnan » 953 

Fondation  d'un  Observatoire  météorolo- 
gique au  pied  du  pic  du  Midi,  par  la  So- 
ciété Ramond;  Note  de  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville ioG5 

De  l'influence  exercée  par  la  Lune  sur  les 
phénomènes  météorologiques  ;  Note  de 
M.  E.  Marchand 1112 

Procédé  pour  déterminer  la  direction  et 
la  force  du  vent;  suppression  des  gi- 
rouettes ;  application  aux  cyclones  ;  Note 
de  M.  H.  Tarry 1117 

M.  Dezautières  adresse  une  Lettre  rela- 
tive à  sa  précédente  Note  sur  une  averse 
de  grêle 39 

AL  Martha-Bcckcr&àve&se  une  Note  con- 
cernant l'influence  des  courants  aériens 
sur  les  hivers  des  régions  tempérées. . .     282 

—  M.  G.  de  Coninch  adresse  diverses  Notes 

relatives  à  sa  théorie  sur  les  relations 
entre  les  phénomènes  météorologiques 
et  les  phénomènes  volcaniques..  433  et    527 

—  M.  G.  de  Conincii  adresse  des  observa- 

tions relatives  à  la  distribution  des  sai- 
sons à  la  surface  de  la  Terre  et  à  la  cha- 
leur émise  par  la  Lune i486 

—  Voir  aussi  Bulteiins  niëtéorologiques. 

MÉTiiïLB  ET  SES  DÉRIVÉS.  —  Modo  de  pro- 
duction des  méihylaminesdans  la  fabri- 
cation des  produits  pyroligneux;  Note 

de  M.  C.  rincent 898 

Minéralogie.  —  Sur  les  formes  cristallines 
de  la lanarkite d'Ecosse;  NotedeM.^/6. 
Schrauf. 64 

—  Sur  une  combinaison  naturelle  des  oxydes 

de  fer  et  de  cuivre,  et  sur  la  reproduc- 
tion de  l'atacamite;  Note  do  M.C  ^''/7(?- 
del 211 

—  Analyse  de  la  dewalquite  do  Salm-Chà- 

teau,  en  Belgique;  Note  de  M.  F.  Pi- 
sani 329 

—  Note  sur  le  corindon  de  la  Caroline  du 

2  06 


(  i592  ) 

Pagps 


Nord,  de  la  Géorgie  et  de  Montana  ;  par 

M.  X.  Sniiih 35G  et     439 

Sur  lo  lluorùne  ;  Note  de  M.  W.  Barhii^r.     442 

M.  Daiihréc  communique  une  Lettre  de 
M.  Nordenskiôlcl  sur  les  poussières 
charbonneuses,  avecfer  métallique, qu'il 
a  observées  dans  la  neige 463 

Les  champs  diamantifères  du  Cap;  Note 
de  M.  Desdeniaine-Hiigon 943 

Sur  le  calcaire  spathique  des  marnes 
vertes  de  Chennevières;  NotedeM.^/w. 
Meunier io37 

Sur  la  présence  et  le  dosage  du  titane  et 
du  vanadium  dans  les  basaltes  des  en- 
virons de  Clermont-Ferrand;  Note  de 


Pages. 
M.  V.  Roussel 1 102 

—  Sur  les  inclusions  vitreuses  renfermées 

dans  les  feldspaths  des  laves  de  Santorin  ; 

Note  de  M.  F.  Fout/ué i322 

Monnaies.  —  M.  Léon  adresse  des  observa- 
lions  relatives  à  une  Communication  de 
M.  E.  Peligol  sur  les  alliages  employés 
pour  la  fabrication  des  monnaies  d'or..     220 

—  M.  L.  Notta  adresse  une  Note  relative  à 

un  «  étalon  monétaire  métrique  univer- 
sel »  1433 

Muscles.  —  Propriétés  et  structures  diffé- 
rentes des  muscles  rouges  et  des  mus- 
cles blancs,  chez  les  Lapins  et  chez  les 
Raies  ;  Note  de  M.  L.  RaiMer io3o 


N 


Naphtaline  et  ses  dérivés.  —  Action  du 
chlorure  de  benzyle  sur  la  naphtyla- 
mine;  Notede  MM.  Ch.  Froié  et  D.  Toni- 
masi 57 

Navigation.  —  Dispositions  proposées  pour 
établir  un  service  régulier  de  navires 
porte-trains  entre  Calais  et  Douvres; 
Note  de  M.  Dupuy  de  Lame 24' 

—  Recherche  d'une  méthode  facile  pour  me- 

surer la  capacité  des  navires  ;  Note  de 

M.  d'Amut 872 

—  M.  C.  Beucliot  adresse  une  nouvelle  Note 

concernant  les  divers  moyens  de  trans- 
port et  l'application  définitive  de  la  va- 
peur aux  canaux 473 

—  Un  auteur  anonyme  adresse,  par  l'entre- 

mise de  M.  Ph.  Jourde,  un  Mémoire  sur 
un  propulseur  destiné  à  augmenter  la 
vitesse  des  navires  à  voiles 773 

—  M.  A.  Lacomme  adresse  un  Mémoire  sur 

un  projet  de  bateau  sous-marin,  par 
voie  ferrée,  pour  traverser  la  Manche.     8gi 

Navigation  aérienne.  —  Voir  Aérostats. 

NÉBULEUSES.  —  Découverte  et  observations 
de  vingt  nébuleuses,  à  l'Observatoire  de 
Marseille,  par  M.  E.  Stéphaii i364 

Nerveux  (système).—  Nouvelles  recherches 
cliniques  sur  la  localisation,  dans  les 
lobes  cérébraux  antérieurs,  de  l'action 
par  laquelle  le  cerveau  concourt  à  la 
faculté  psycho-physiologique  de  la  pa- 
role ;  par  M.  BoudUtud ^ 

—  Deux  remarques  relatives  à  la  Commu- 

nication de  M.  Bouillaud  ;  par  M.  E.  Clie- 
vrcul '3 

—  Recherches  et  considérations  nouvelles 

propres  h  confirmer  la  localisation,  dans 
le  cervelet,  du  pouvoir  coordinateur  des 
mouvements  nécessaires  à  la  marche,  à 


la    station    et   à    l'équilibration  ;    par 

M.  Boudtmid 1  Sg 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion de  M.  Bouillaud;  par  M.  E.  Che- 
vreul 225 

—  Mémoire  sur  les  localisations  cérébrales 

(>l  les  fondions  du  cerveau  ;  par  M.  Ed. 
Fournie 335 

—  Sur   la   structure  des  ganglions    céré- 

broïdes  du    Zonites   algirus  ;  Note  de 

M.  H.  Siciird 275 

—  Sur  les  éléments  conjonclifs  de  la  moelle 

épinière  ;  Note  de  M.  L.  Ranvier 1299 

NiTRiFicATioN.  —  Étude  de  la  nilrification 
dans  les  sols;  Notes  de  M.  Th.  Scldœ- 

sintr 2o3  et     353 

Nitrique  (acide).  —  Ammoni-nitrométrie, 
ou  nouveau  système  pour  doser  l'am- 
moniaque, l'azote  des  matières  organi- 
ques et  l'acide  nitrique  dans  les  eaux 
naturelles,  les  terres,  les  engrais,  etc.; 
Note  de  M.  Piuggnri 481 

—  M.  Scicc  adresse  une  Note  concernant 

l'action  de  l'acide  nitrique  sur  les  chlo- 
rures alcalins i3o5 

Nominations  de  membres  et  de  correspon- 
dants DE  l'Académie.  —  M.  Steen- 
stnipesl  nommé  Correspondant,  pour  la 
Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  rem- 
placement de  M.  Agassiz,  élu  Associé 
étranger 33 

—  M.Drinri  est  nommé  Correspondant, pour 

la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en 
remplacement  do  feu  M.  Pictet 33 

—  M.  C'(7/yK///r7- est  nommé  Correspondant, 

pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoolo- 
gie, en  remplacement  do  feu  M.  Pou- 
chet 33 

—  ai.  F.  de  Lesseps  est  nommé  à  la  place  de 


(  i593  ) 


Pages. 

Membre  libre  laissée  vacante  par  le  dé- 
cès de  M.  do  Verneuil 1 90 

M.  IFillianison  est  élu  Correspondant 
pour  la  Section  de  Chimie,  en  rempla- 
cement de  feu  M.  Bérard I2i5 

M.  Ziniit  est  élu  Correspondant,  pour  la 
Section  de  Chimie,  en  remplacement  de 
feu  M.  Grahara r>.  1 5 

M.  Jngstrôni  est  nommé  Correspondant, 
pour  la  Section  de  Physique,  en  rem- 
placement do  feu  M.  Hansteen 1 462 


Pages. 


M.  F.  Billet  est  nommé  Correspondant, 
pour  la  Section  de  Physique,  en  rempla- 
cement de  M.  Wheatstone,  élu  Associé 
étranger \^(>^>■ 

M.  N.  Lockycr  est  nommé  Correspon- 
dant, pour  la  Section  d'Astronomie,  en 
remplacement  de  feu  M.  Encke i52o 

'W.Koche  est  nommé  Correspondant,  pour 
la  Section  d'Astronomie,  en  rem[)lace- 
ment  de  feu  l'amiral  Smyth i5'2i 


0 


Oiseaux.  —  Recherches  pour  servir  à  l'his- 
toire de  la  digestion  chez  les  oiseaux; 
par  M.  Jfihert 1 33 

—  Lettre  de  M.  Alph.-Milnc  Edivards,  à 

propos  d'un  ouvrage  intitulé  «  Recher- 
ches sur  la  faune  ornithologique  éteinte 
des  îles  Mascareignes  et  de  Madagas- 
car » 133; 

—  Observations  sur  l'existence  de  certains 

rapports  entre  le  mode  de  coloration  des 
oiseaux  et  leur  distribution  géographi- 
que; par  M.  Alpli.-Milne  Edwards.  . .  .    i55i 

—  M.  Blfindin  adresse  une  Lettre  relative  à 

sa    |)récédente  Communication  sur  le 

Martinet  noir  ou  de  muraille 39 

Optique.  —  Sur  la  détermination  des  lon- 
gueurs d'onde  des  rayons  de  la  partie 
infra-rouge  du  spectre,  au  moyen  dos 
effets  de  phosphorescence;  Note  de 
M.  Edm.  Becquerel 3o'2 

—  Vérification  de  la  loi  d'Huyghens,  par  la 

méthode  du  prisme  ;  Note  de  M.  Abria.     814 


—  Sur  l'emploi  du  prisme  dans  la  vérifica- 

tion de  la  loi  de  la  double  réfraction  ; 
Note  de  M.  G. -G.  Stokes 1  i5o 

—  Double  réfraction.  Directions  des  mouve- 

ments vibratoires  des  rayons  réfractés 
dans  les  cristaux  uniaxes;  Note  de 
M.   Abria 1268 

—  Sur  quelques  phénomènes  d'illumination; 

Note  de  M.  A.  Lallcmand 1216 

—  Étude   analytique  et  expérimentale  des 

interférences  des  rayonselliptiques;  Note 

de  M.  Croiillcbois 1269 

—  M.  A.  Brachet  adresse  des  Notes  sur  des 

modifications  à  apporter  à  divers  in- 
struments d'optique..     39,  433,  473  et    604 

—  M.  A.  Brachet  adresse  diverses  Notes  sur 

les   moyens  d'augmenter  la  puissance 

des  microscopes 

628,  5G2,  637,  6C6,  772  et    835 
Os.  —  Quelques  faits  relatifs  au  développe- 
ment du  tissu  osseux  ;   Note  de  M.  L. 
Ra/icier 1 1  o5 


Paléontologie.  —  Découverte  des  makis  et 
du  cheval,  à  l'état  fossile,  dansles  phos- 
phorites  du  Lot;  Note  de  M.  E.  Del- 
fortric 64 

—  Sur  les  fossiles  trouvés  dans  les  chaux 

phosphatées  du  Quercy  ;  Note  de  M.  P. 
Gervnis 106 

—  Sur  une  grotte  de  l'âge  du  renne,  située 

à  Lortet    (Hautes-Pyrénées);  Note  de 

M.  Ed.  Pictte 43i 

—  Recherches  sur  la  faune  ancienne  de  l'île 

Rodrigues;  par  M.  Alph.-Mdne  Ed- 
wards       810 

—  Sur  un  nouveau  genre  de  Lémurien  fos- 

sile, découvert  dans  les  gisements  do 
phosphate  de  chaux  du  Quercy  ;  Note 
do  M.  H.  Filhol iiii 


Sur  1  ' A nthracotherium  découvert  par 
M.  Bertrand  à  Saint-Menoux  (Allier); 
Note  de  M.  A.  Gaudry 1 3o2 

Squelette  de  grand  Paléothérium  [Palœo- 
thcrium  ningfiiiDi, Cuw.)  trouvé  dans  les 
plàtrières  de  Vitry-sur-Seine;  Note  de 
M.  P.  Geri'ais :    1460 

Sur  des  pièces  fossiles  provenant  de  Ba- 
traciens, de  Lacertiens  et  d'Ophidiens, 
trouvées  dans  les  dépôts  de  phosphate 
de  chaux  de  l'Aveyron;  Note  de  M.  H. 
Filhol i556 

Sur  le  développement  du  phragmostra- 
cum  des  Céphalopodes  et  sur  les  rap- 
ports zoologiques  des  Ammonites  avec 
lesSpirules;  Note  àe'^i.  Mitnicr-Chal- 
nias 1 557 

206.. 


(  «594  ) 

Pages. 


03: 


444 


396 


l502 


1434 


Pn 


i5oo 


—  M.    le    Secrétaire   perpétuel  signale    la 

C  série  dfis  a  Matériaux  pour  la  Pa- 
léontologie suisse  11,  de  M.  F.-J.  Pictet. 

—  ■\'oir  aussi  Botanique  fossile  et  Géologie. 
l'ALLADir.M.  —  Action  du  platine  et  du  pal- 
ladium sur  les  hydrocarbures;  Note  de 

M.  J.-J.  Co(/lli//io/! 

Palmiers.  —  Notice  sur  les  palmiers  de  la 
Nouvelle-Calédonie;  par  M.  Jr/.  Brou- 
gniart 

Panific.\tion.  —  Note  concernant  la  ]iani- 
fîcationdes  farines  fournies  par  diverses 
graines  ;  par  M.  Monclar 

Pendule.  —  M.  N.  Dejean  de  Fonroquc 
adresse  une  Note  concernant  des  expé- 
riences faites  à  Bucharcsl  sur  les  mou- 
vements du  pendule 

l'iUBMAciE.  —  M.  Clément  AÙTCSse  une  Note 
relative  à  une  méthode  de  préparation 
de  l'onguent  mercuriel aOg 

—  MM.   Carré  et   Lcmoine   adressent  une 

Note  sur  un  nouveau  mode  d'emploi  de 
l'huile  de  foie  de  morue,  au  moyen  de 
la  panification 347 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  préparation 

du  kermès;  action  des  carbonates  alca- 
lins et  des  bases  alcalino-terreuses  sur 
le  sulfure  d'antimoine;  par  M.  A.  Ter- 

reil 

PuÉNiQUE  (acide).  —  Sur  un  nouveau  trai- 
tement du  choléra  et  probablement  de 
la  fièvre  jaune  par  l'acide  phénique  et 
le  phénate  d'ammoniaque,  au  moyen 
des  injections  sous-cutanées  ;  Note  de 
M.  Déclat 709  et 

—  Traitement  du  charbon  et  de  la  pustule 

maligne  par  l'acide  phénique  et  le  phé- 
nate d'ammoniaque;  Noie  de  M.  Déclat. 

—  M.  Déclat  demande  l'ouverture  de  deux 

plis  cachetés,  relatifs  à  ses  recherches 
sur  les  moyens  de  guérir  les  maladies 
à  ferments,  et  spécialement  le  choléra. . 
Phosphates.  —  Sur  les  méthodes  d'analyse 
des  phosphates  naturels  employés  en 
agriculture  ;  Note  de  M.  C.  Mène 

—  Voir  aussi  Paléontologie. 

PiiospiiouESCENCE.—  Détermination  des  lon- 
gueurs d'onde  des  rayons  de  la  [lartie 
infra-rouge  du  spectre,  au  moyeu  des 
efi'ets  de  phosphorescence  ;  Note  de 
M.  Eilni.  Becquerel 

Sur  les  Cocuyos  de  Cuba  ;  Note  de  M.  de 

Dos  Hermanas 

—  Observations  de  M.  E.   Blanchard,    au 

sujet  de  la  Note  précédente ^    335 

—  Sur  les  organes  phosphorescents  Ihora- 

ciques  et  abdominaux  du  Cocuyo  de 
Cuba;    Noie  de  M.M.  Ch.  liMn  et  -•/. 


1178 


ySG 


835 


3o 


309. 


333 


Laboulbéne 

Photochimie. —  Note  complémentaire  aune 
Communication  précédente  sur  l'emploi 
des  gaz  comme  révélateurs  ;  par  M .  Mer- 

g<:t 

—  Polychromie   photographique;   Note  de 

M./.,  ndal 

—  M.  Noiret  adresse  une  Note  relative  aux 

reproductions  photographiques 

Phylloxéra.  —  Voir  J'iticuliure. 

Physiologie  animale.  —  Nouvelles  recher- 
ches cliniques  sur  la  localisation,  dans 
les  lobes  cérébraux  antérieurs,  de  l'ac- 
tion par  laquelle  le  cerveau  concourt  à 
la  faculté  psycho-physiologique  de  la 
parole  ;  Noie  de  M.  Bouitlaml 

—  Deux  remarques  relatives  à  la  Communi- 

cation de  M.  Bouillaud  ;  par  M.  E.  Clte- 
iwrul 

—  Recherches  et  considérations  nouvelles, 

propres  à  confirmer  la  localisation, dans 
le  cervelet,  du  pouvoir  |  coordinateur 
desmouvements  nécessaires;!  la  marche, 
à  la  station  et  à  l'équilibration;  par 
M.  Bouillaud 

—  Observations  relatives  à  la  ;Communica- 

tion  précédente  de  M.  Bouillaud  ;  par 
M .  C/iei'reul 

—  Mémoire  sur  les  localisations  cérébrales 
et  sur  les  fonctions  du  cerveau  ;  par 
M.  Ed.  Fournie 

■  Recherches  expérimentales  sur  l'action 
du  gaz  protoxyde  d'azote  ;  par  MM.  F. 
Jolyet  et  T.  Blanche 

•  Reciierches  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
digestion  chez  les  Oiseaux  ;  par  M.  Jo- 
hert 

■  Des  variations  dans  la  quantité  d'urée 
excrétée  avec  une  alimentation  nor- 
male, et  sous  l'influence  du  thé  et  du 
café  ;  Note  de  M.  E.  Roux 

.  De  l'uniformité  du  travail  du  cœur,  lors- 
que cet  organe  n'est  soumis  à  aucune 
inlluence  nerveuse  extérieure  ;  Note  de 

M.  Marey 

Sur  les  variations  de  l'hémoglobine  dans 
les  maladies;  Note  de  M.  Quinquaud. . 

-  Sur  les  variations  de  l'hémoglo!)int^  dans  la 
série  zoologique;  par  le  même 

-  Des  variations  de  l'urée  sous  l'influence  de 
la  caféine,  du  café  et  du  thé  ;  Note  de 
M .  Ruhuteau  ....    

^  Recherches  expérimentales  surlinlluence 
que  les  cliaugemenls  dans  la  pression 
barométrique  exercent  sur  les  phéno- 
mènes de  la  vie  ;  \%'  Noie  de  M.  P. 
Ben 

-  Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la 


0CS. 

5ii 


38 
340 
CG7 


i3 


139 
225 

335 

5a 
i33 

oG5 

3G7 

447 
487 

489 
53i 


(  '595  ) 


Pages. 
(liiHirio  du  pouls,  à    lï-tat   nornwl   et 
anormal  ;  par  M.  Bindllnitd 627 

Observations  relatives  à  la  Communica- 
tion de  M.  Bouillaud  ;  par  M.  Bmilrr. .     C34 

Note  sur  le  tissu  élastique  jaune,  et  re- 
marques sur  son  histoire,  à  propos  du 
mémoire  de  M.  Bouillaud,  et  des  remar- 
ques faites  sur  ce  travail  par  M.  Bouley  ; 
Note  de  M.  É.  Chcvrcul G8 1 

Recherches  sur  le  tissu  élastique  jaune  de 
l'éléphant  et  du  bœuf;  par  xM.  E.  Chc- 
vrcid 684  et    750 

Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la 
théorie  du  pouls,  à  l'état  normal  et 
anormal  (suite)  ;  par  M.  BouUlaud.  . . .     68G 

Nouvelles  observations  relatives  à  la  pre- 
mière Communication  de  M.  Bouillaud; 
par  M.  Boidey 694 

Réponse  de  M.  Bouillaud  à  M.  Bouley. . .     697 

Rectification  à  une  Communication  pré- 
cédente sur  un  point  de  l'histoire  de  la 
physiologie  des  artères  ;  par  M.  Bouler.     751 

Du  rôle  des  gaz  dans  la  coagulation  de 
l'albumine  ;  Note  de  MM.  E.  Mathieu  et 
l-^.   Urbain 706 

Sur  le  fonctionnement  de  l'appareil  res- 
piratoire, après  l'ouverture  de  la  paroi 
thoracique;  Note  de  MM.  G.  Carlet  et 
/.  Straus 720  et  io3o 

Origine  et  formation  du  follicule  dentaire 
chez  les  Mammifères  ;  Note  de  MM.  P. 
Magitot  et  Cil.  Legros 1000 

Chronologie  du  follicule  dentaire  chez  les 
Mammifères  ;  par  les-  mêmes 1877 

Quelques  faits  relatifs  au  développement 
du  tissu  osseux  ;  Note  de  M.  L.  Ran- 
vier 1 1  o5 

Remarques  sur  un  point  historique,  rela- 
tif à  la  chaleur  animale;  [)ar  M.  Bcr- 
thclnt ioG3 

Sur  l'action  physiologique  et  thérapeu- 
tique du  cldorhydrate  d'amylamine; 
Note  de  M.  Du  jardin- Beaumetz 1247 

De  la  différence  d'action  physiologique 
des  courants  induits,  selon  la  nature 'du 
fil  métallique  formant  la  bobine  induite  ; 
Note  de  M.  Onimus 1297 

Observations  touchant  l'action  de  certai- 
nes substances  toxiques  sur  les  Poissons 
de  mer  ;  par  MM.  A.  Rabutcau  et  F. 
Papillon 1 340 

M.  C.  Morello  adresse  une  Note  relative 
à  la  vie  de  la  matière 40 

M.  7Î/V//C  adresse  une  Note  sur  des  expé- 
riences à  effectuer,  concernant  l'action 
du  magnétisme  sur  les  organismes  vi- 
vants      473 

M.  C/i.Cros  adresse  une  Note  «  surl'op- 


Pages. 


portunito  d'observer,  au  microscope, 
les  cellules  nerveuses  dans  les  tissus 
vivants  attenant  encore  à  l'animal,  ou 
dans  les  tissus  frais  traversés  de  cou- 
rants galvaniques  » g-^*^ 

—  M.  Pons-  adresse  une  Note  intitulée  «  la 

Vie  de  l'homme  » logS 

Physiologie  pathologique.  —  Recherches 
relatives  à  l'action  de  la  chaleur  sur  le 
virus  charbonneux;  par  U.C.Dataine.     726 

—  Recherches  relatives  à  l'action  des  sub- 

stances dites  anliscpliques  sur  le  virus 
charbonneux;  par  M.  C.  Daminc 821 

—  De  l'influence  des  sulfates  sur  la  produc- 

tion du  goitre,  à  propos  d'une  épidémie 
de  goitre,  observée  dans  une  caserne  à 
Saint-Étienne;  Note  de  M.  Bergcret. . .     -Zi 

—  Remarques,  à  propos  de  la  Communica- 

tion précédente,  sur  la  thyréo'idite  aiguë, 
dite  goitre  épidéiniquc,  chez  les  jeunes 
soldats  ;  par  M.  Larrey 733 

—  Nouvelles  remarques  sur  le  même  sujet; 

Note  de  M.  Bergeret 842 

—  Infarctus  sanguins  sous-cutanés  du  cho- 

léra et  des  maladies  septicémiques; 
Note  de  M.  Bouchut 762  et  ioo3 

—  M.  Laillcr  adresse  une  Note,  accompa- 

gnée d'une  pièce  anatomique,  pour  ser- 
vir à  l'étude  de  la  formation  des  calculs 
biliaires loiG 

—  M.  Roussel   adresse  une  nouvelle  Note 

concernant  les  causes  des  maladies.. . .   i336 
Physiologie  végétale.  —  Sur  la  respiration 
des  végétaux    aquatiques    immergés; 
Note  de  MM.  P.  Scliulzcnberger  et  E. 
Quinquaud 272 

—  Sur  le  mouvement  des  étamines  dans  les 

Rula;  Note  de  M.  G.  Cnrlet 538 

—  M.  Bouclier  adresse  une  Note  relative  à 

la  fécondation  du  chanvre 834 

—  De  l'irritabilité  des  étamines  ;  distinction 

dans  ces  organes  de  deux  ordres  de 
mouvements  ;  Note  de  M.  E.  Hcckel . .     948 

—  Sur  le  sucre  contenu  dans  les  feuilles  de 

vigne;  Note  de  M.  A.  Petit 944 

—  De  l'exhalation  aqueuse  des  plantes  dans 

l'air  et  dans  l'acide  carbonique;   Note 

de  M.  A.  Barllii-lcmy 1080 

~  Nouvelles  recherches  sur  le  transport 
ascendant,  par  l'écorce,  des  matières 
nourricières  ;  Note  de  M.  E.  Faii're. . .    io83 

—  Sur  les  sécrétions  de  la  fleur  de  VEuca- 

typlus  globulus  ;  Note  de  M.  Gimbert.  .    i3o4 

—  Sur  des  phénomènes  de  thernioditfusion 

gazeuse  qui  se  produisent  dans  les 
feuilles,  et  sur  les  mouvements  circu- 
latoires qui  en  résultent  dans  l'acte  de 
la   respiration  chlorophyllienne  ;    Note 


(  .596  ) 


Pages. 

fie  M.  A.  Mcr^ct 1468 

Physique  appliquée.  —  M.  Burq  adresse, 
pour  le  Concours  ilontyon,  un  Mémoire 
intitulé  «  Application  du  thermomèiro 
à  ridio-mélalloscopie,  etc.  » 1 1'-* 

—  Vérification  de   l'aréomètre  de  Baume  ; 

par  MM.  Berthclot,  Coulier  et  d'Jl- 
incida 97" 

—  M.  Collardcan-Î'aclwr  adresse  une  Note 

intitulée  «  De  l'aréomètre  Baume  et  des 
densités  correspondant  à  ses  divers  de- 
grés, d'après  le  manuscrit  de  Gay- 
Lussac  » •   1220 

—  M.  R.de  Paz  adresse  une  Note  relative  à 

un  appareil  destiné  à  mesurer  la  quan- 
tité de  chaleur  émise  par  le  Soleil log/j 

Physique  généhale.  —  Détermination  du 
rapport  des  deu.\  chaleurs  spécifiques, 
par  la  compression  d'une  niasse  limitée 
de  gaz  ;  Note  de  M.  E.-H.  Amngat iSaS 

—  M.  Bom'icr  adresse  une  Note  relative  à 

l'origine  de  la  chaleur  et  de  la  lumière.     433 
Physique  du  globe.—  Quelques  détails  sur 
le  tremblement  de  terre   du    i5  juin; 
Note  de  M.  JV.  de  Fonviellc 00 

—  Sur  l'état  du  volcan  de  Nisiros  au  mois 

de  mars  1873  ;  Note  de  M.  H.  Gorceix.     597 

—  Sur  la  récente  éruption  de  Nisiros;  par 

/(■  même I o3g  et  1 474 

—  Do  la  propagation  de  la  marée  sur  divers 

points  des  côtes  de  France.  Change- 
ment dans  l'heure  de  la  pleine  mer  du 
Havre,  depuis  les  travaux d'endiguement 
de  la  Seine;  Note  de  M.  L.  Gciussi/i.. .     424 

—  Sur   la    proportion   d'acide    carbonique 

existant  dans  l'air  atmosphérique.  Va- 
riation de  cette  proportion  avec  l'alti- 
tude ;  Note  de  M.  P.  Tnichot C75 

—  Sur  la  quantité  d'ammoniaque  contenue 

dans  l'air  atmosphérique  à  différentes 
altitudes  ;  jiar  le  même 1 1  Sij 

—  M.  G.  Botta  adresse  un  Mémoire  concer- 

nant la  distribution  de  la  chaleur  à  la 
surface  du  globe 291 

—  Sur  la  limite  des  glaces  dans  l'océanArc- 

tique  ;  Note  de  M.  Cli.  Grad 1477 

—  M.  /.  Lccniite  adresse  une  Note  relative 

au  tremblement  de  terre  ressenti  à  Bar- 
celone, le  27  novembre  18-3 i486 

Physique  mathématique.— Action  mutuelle 
des  courants  voltaïques;  Note  de  M.  /. 
Bertrand 962 

—  Examen  de  la  loi  proposée  parM.Ilelm- 

hollz  pour  représenter  l'action  de  deux 
éléments  do  courant  ;  par  le  même 1049 

—  Sur  le  maximum  de  densité  de  l'eau  ; 

explication  mécanique  de  ce  phéno- 
mène ;  Note  do  M.  Piarron  de  Mondc- 


Pat;es. 
sir 1 1 54 

—  Observations  relatives  à  raccroissement 

de  volume  de  l'eau  au-dessous  do  4  de- 
grés, à  propos  de  la  Note  précédente; 
par  M.  F.  Hément 1219 

—  M.  G.  Perry  adresse  une  Note  intitulée  : 

«  Sur  les  rapports  entre  la  dilatation 
cubique  et  les  isotorsions;  équation  de 
l'élasticité  en  coordonnées  obliques, 
pour  les  cristaux  tiiréfringents,  par 
M.  G. Perry;  système  orthogonal  pour 
le  prisme  rectangle,  par  M.  Lamé. . . .     347 

PiCRiQUE  (acide).  —  Sur  une  combinaison 
d'acide  picrique  etd'anhydride  acétique  ; 
Note  de  MM.  D.  Tommasi  et  H.  David.     207 

Pigeons  voyageurs.  —  Sur  l'emploi  des 
pigeons  voyageurs  dans  la  navigation 
aérienne;  Note  de  M.  fV.  de  Fon- 
vietle 1 1 62 

—  Sur   les  pigeons   voyageurs  revenus  à 

Paris  pendant  le  siège  ;  par  le  même.. .    1276 
Piles  électriques.  —   Suite  de  recherches 
sur  les  courants  secondaires,  et  leurs 
applications  ;  par  M.  G.  Planté 4G6 

—  Note  concernant  une  pile  au  chlorure  de 

plomb  ;  par  M.  Pierlot 667 

—  Sur  une  nouvelle  disposition  de  la  pile 

hydro-électrique  à  sulfate  de  cuivre; 
Note  de  M.  Trouvé i55i 

—  Évaluation,  en  unités  mécaniques,  de  la 

quantité  d'électricité  que  produit  un 
élément  de  pile  ;  Note  deM.  E.Brauly.   \.\ia 

Pisciculture.  —  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
signale  un  Rapport  sur  l'état  de  la  Pisci- 
culture, par  M.   Bouclion-Brandely .  ..    xiii. 

Planètes.  —  Théorie  de  la  planète  Saturne; 

par  M.  Le  Verrier 78 

—  Sur  la  planète  Mars;   Note   de  M.  C. 

Flammarion 278 

—  Observations  de   la  planète  (i33);  par 

M.  Stephan 563 

—  Sur  la  forme  des  mers  martiales,  compa- 

rée à  celle  des  océans  terrestres  ;   Note 

de  M.  Stan.  Meunier 566 

Pl.ivtine.  —  Sur  l'emploi  des  gaz  comme  ré- 
vélateurs ;  Note  de  M.  Merget 38 

—  Observations,  à  propos  d'une  Communi- 

cation de  M.  Merget,  sur  la  réduction 
des  sels  de  platine  par  l'hydrogène  ; 
Note  deM.  Pcllct 112 

—  Action  du  platine  etdu  palladium  sur  les 

hydrocarbures  ;  Note  do  M.  /.-/.    Co- 

ijuillion 444 

Plomb  et  ses  composés.  —  M.  E.  de  Laval 
adresse  un  exemplaire  d'une  pétition 
adressée  au  Conseil  municipal  de  Paris, 
à  l'effet  d'obtenir  la  proscription  de 
tuyau.x  en  plomb,  pour  la  distribution 


(  i597  ) 


1 062 


'099 


8G 


Pages, 
des  eaux  destinées  aux  usages  alimen- 
taires      527 

—  Note  sur  l'action  que  le  plomb  exerce  sur 

l'eau  ;  par  M.  Dumas io54 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion précédente;  par  M.  Etic  de  Bcnu- 
mont I  o55 

—  De  l'action  de  l'eau  sur  les  conduits  en 

plomb  ;  Note  de  M.  Belç;rart(l io55 

—  Observations  relatives  à  la  Communica- 

tion précédente;  par  M.  BouHlaud. . . . 

—  Action  de  l'eau  aérée  sur  le  plomb,  con- 

sidérée au  point  de  vue  de  l'hygiène  et 
de  la  médecine  légale;  Note  de  M.  Far- 
das  

—  Action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de 

rOurcq  sur  le  plomb  ;  par  le  ?neme 

—  M.  J.  Ronbj  adresse  une  Lettre  relative 

aux  effets  toxiques  produits  par  une  eau 
qui  avait  parcouru  des  conduits  en 
plomb 1221 

—  Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb   pour 

la  conduite  des  eaux  potables;  Note  de 

M.  £.  de  Laval 1271 

—  Sur  les    diverses  conditions  dans    les- 

quelles le  plomb  est  attaqué  par  l'eau  ; 
Note  de  M.  A.  Bobierre 1272 

—  Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb  pour 

la  conduite  et  la  distribution  des  eaux 
destinées  aux  usages  alimentaires;  Note 
do  M.  Cliampouillon 

—  Action  de  l'eau  sur   le  plomb   laminé; 

Note  de  M.  H.  Marais iSag 

—  Emploi  du  bisulfate   de   potasse  comme 

agent  révélateur  de  la  galène  dans  tous 
les  mélanges  ;  Note  de  M.  E.Janncltaz.  838 
Poissons.  —  Observations  sur  quelques  li- 
quides de  l'organisme  des  Poissons,  des 
Crustacés  et  des  Céphalopodes;  par 
MM.  Rabuteou  et  F.  Papdlon 1 35 

—  Observations  touchant  l'action  de  certaines 

substances  toxiques  sur  les  Poissons  de 
mer  ;  par  les  mêmes 1 37G 


1273 


Pages 

—  De  la  classification  des  Poissons  qui  com- 

posent la  famille  des  Triglides  (Joues 
f»//v/f.veV.s-deCuvier  et  de  Valenciennes); 
Note  de  M.  H.-E.  Sauvage 723 

—  Monographie  des  Poissons  de  la  famille 

des  Synbranchidés  ;  Notes  do  M.  C.  Da- 
resle 816  et     878 

—  Sur  la  cellule  embryogène  de  l'œuf  des 

Poissons  osseux;  Note  de  M.  Balbiani.   i373 
Polypes.  —  Développement  des  Polypes  et 
de    leurs    polypiers  ;   Note  de  M.    de 

Lacaze-Dutliiers 1201 

Poudres.  —  Sur  un  moyen  de  comparer  les 
poudres  entre  elles;  Note  de  M.  de 
Troinenec 1 2G 

—  Sur  la  chaleur  de  combustion  des  matières 

explosives  ;  Note  de  MM.  Roux  et  Sar- 
rau      1 38 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  ma- 

tières explosives  ;  par  les  mêmes 478 

—  M.  Arnu  de  Terré  adresse  une  Note  rela- 

tive à  une  poudre  de  mine,  à  laquelle 
il  donne  le  nom  de  pyrolithe  humani- 
taire      89 1 

—  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  écrit  à  l'Aca- 

démie pour  l'inviter  à  désigner  l'un  de 
ses  Membres,  pour  faire  partie  du  Co- 
mité spécial  institué  pour  donner  son 
avis  sur  les  questions  relatives  au  Ser- 
vice des  poudres  et  salpêtres 1288 

Propyle.  —  Note  sur  de  nouveaux  dérivés 

du  propyle  (  suite  )  ;  par  M.  A.  Cahours.     745 

Pyrogallique  (acide)  et  ses  dérivés.  — 
L'acide  pyrogallique  en  présence  de 
l'acide  iodique;  Note  de  M.  Jacque- 
min aog 

—  Le  pyrogallol  en  présence  des  sels  de  fer; 

par  le  même SgS 

Pyroligneux  (produits).—  Mode  de  pro- 
duction des  méthylamines  dans  la  fabri- 
cation des  produits  pyroligneux;  Note 
de  M.  C.  Vineenl 898 


R 


RÉGULATEURS.  —  Note  sur  le  régulateur  iso- 
chrone, construit  par  M.  Bréguel,  pour 
l'observation  du  passage  de  Vénus  à  Yo- 
kohama ;  par  M.  Ymn  Tdlarceau 

—  Note  concernant  le  changement  de  la  vi- 
tesse de  régime,  dans  les  régulateurs 
isochrones  ;  par  le  même 

Respiration.  —  Recherches  expérimentales 
sur  l'influence  que  les  changements  dans 
la  pression  barométrique  exercent  sur 
les  phénomènes  de  la  vie  ;    12*  Note  de 


80 


i5i 


M.  P.  Bert 53 1 

—  Sur  le  fonctionnement  de  l'appareil  respi- 

ratoire, après  l'ouverture  de  la  paroi 
thoracique;  Note  de  MM.  G.  Cartel  et 
/.  Strauss 720  et  io3o 

—  Remarques  sur  un  point  historique,  rela- 

tif à  la  chaleur  animale;  parM.  Bertlie- 

lot ioG3 

Rotatoires  (pouvoirs).  —  Sur  le  pouvoir 
rotatoire  des  hyposulfates;  Note  de 
M.  E.  Bicliat 1  i8q 


(  'SgS  ) 


Pajcs. 
Du  pouvoir  rolaloiro  fie  la  mannile;  Note 
(Ir  M.  Jigiiou 1191 


Pages. 
—  Observations  de  M.  Pnsirnr,  îi  propos  de 

la  précédenlo  Communication 1 192 


Sa^o.  —  Sur  les  variations  de  l'hémoglobine 
dans  les  maladies  ;  Note  de  M.  Qiii/i- 
quaiid i  i  7 

—  Sur  les  variations  de  l'hémoglobine  dans 

la  série  zoologique  ;  par  le  même 487 

SÉRICICULTURE.— M.  Cil.  Dcrtis  adresse  une 
Note  concernant  les  causes  probables  de 
la  maladie  des  vers  à  soie 433 

—  M.  JF.  h'erscn  informe   l'Académie  qu'il 

a  tait,  l'été  dernier,  à  Saint-Pétersbourg, 
un  essai  d'éducation  de  versa  soie,  dans 

le  jardin  de  la  Société  économique 900 

Sociétés  s.wan'tes.  —  M.  le  Secrétaire  per- 
priuct  informe  l'Académie  que  la  Société 
pour  l'encouragement  des  Arts  et  Manu- 
factures et  du  Commerce,  do  Londres, 
vient  de  décerner  la  méduille  Jlhert  à 
M.  Chevreul,  pour  ses  découvertes  en 
Chimie 73 

—  M.  de  Qitatrcfdges {iilXwmmdLge -à  l'Aca- 

démie du  compte  rendu  de  la  première 
session  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences \i.'i 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture 

d'une  Lettre  adressée  à  l'Académie  par 
M.  le  Secrétaire  de  l'Académie  des 
Sciences  naturelles  de  Minnesota 434 

—  h' Institut  impérial  des  Mines  de  Saint- 

Pétersbourg  invite  l'Académie  à  se  faire 
représenter  par  l'un  de  ses  Membres  au 
Jubilé  du  centième  anniversaire  de  sa 
fondation 773 

—  M.  Daubrée  rend   compte   à   l'Académie 

de  la  mission  qu'elle  lui  a  confiée,  pour 
assister  à  l'anniversaire  séculaire  de  la 
fondation  de  l'Institut  impérial  des  Mines 

de  Saint-Pétersbourg 1 121 

.Soleil.  —  Sur  la  constitution  du  Soleil  et  la 
théorie  des  taches;  Note  de  M.  E.  fi- 
caire        40 

—  Les  cyclones  du  Soleil  comparés  à  ceux 

de  notre  atmosphère;  Note  de  M.  H. 
larry 44 

—  Nouvelles    observations    spectrales,    en 

désaccord  avec  quelques-unes  des  théo- 
ries émises  sur  les  taches  solaires;  Note 
de  M.  Taccliini 1  gi 

—  Nouvelles  recherches  sur  le  diamètre  so- 

laire ;  par  le  P.  Secclii 253 

—  Sur  la  théorie  physique  du  Soleil,  propo- 

posée  par  M.  Vicaire  :  Note  de  M.  Faye.     293 

—  Réponse  à  de  nouvelles   objections   de 


M.  Tacchini  ;  par  M.  Faye 38i 

-  Théorie  des  scories  solaires,   selon  M. 

Zœllner  ;  Note  de  M.   Faye 5oi 

-  Nouvelles  observations  relatives  à  la  pré- 

sence du  magnésium  sur  le  bord  du  So- 
leil, et  réponse  à  quelques  points  de  la 
théorie  émise  par  M.  Faye;  Note  de  M. 
Tacchini GoG 

-  Réponse  de  M.  Faye  à  M.  Tacchini 621 

-  Sur  la  grandeur  des  variations  du  dia- 

mètre solaire;  Notes  de  M.  Rcspighi. . . 

7i5  et    774 

-  Sur    l'explication    des    taches   solaires, 

proposée  par  M.  le  D'  Reye  ;  Note  de 

M.  Faye SSri 

-  Réponse  à  une  Note  de  M.  Rcspighi,  sur 

la  grandeur  des  variations  du  diamètre 
solaire  ;  par  le  P.  Secchi 

-  Suite  des  Observations  sur  les  protubé- 

rances solaires,  pendant  les  six  dernières 
rotations  de  l'astre,  du  23  avril  au  2  oc- 
tobre 1873;  conséquences  concernant  la 
théorie  des  taches;  par  le  P.  Secchi. . . 

-  Réponse  aux  remarques  de  M.  Tarrysur 

la  théorie  des  taches  solaires;  par 
Faye 

-  Réponse  de  M.  Th.  Reye  à  M.  Faye  con- 

cernant les  taches  solaires 

-  Lettre  de  M.  A.  Poéy,  sur  les  rapports 

entre  les  taches  solaires  et  les  ouragans 
des  Antilles,  de  l'Atlantique  nord  et  do 
l'océan  Indien  sud 1222 

•  Observations  de  M.  Marié-Daiy,  à  pro- 

pos d'une  Note  récente  de  M.  Reye,  sur 
les  analogies  qui  existent  entre  les  taches 
solaires  et  les  tourbillons  de  notre  atmo- 
sphère    1227 

•  Note  sur  les  cyclones  terrestres  et  les  cy- 

clones solaires;  par  M.  H.  de  Pan>ille.   i23o 

■  Sur  les  trombes  terrestres  et  solaires  ; 

Note  de  M.  Faye i25C 

■  Observations    de   M.    le  général  Morin 

sur  la  Communication  de  M.  Faye 12G4 

■  Lettre  de  M.  A.  Poéy  à  M.  le  Secrétaire 

perpétuel  sur  les  «  Rapports  entre  les 
taches  solaires,  les  Orages  à  Paris  et  à 
Fécamp,  les  tempêtes  et  les  coups  de 
vent  dans  l'Atlantique  nord» i343 

Sur  la  constitution  jibysiquc  du  Soleil. 
Réponse  aux  critiques  de  M.  Faye;  par 
M.  E.  J'icaire 1491 

M.  R.  de  Paz  adresse  une  Note  sur  un  aii- 


977 

1122 

1178 


(  1%  ) 


Pages. 
1094 


pareil  destiné  à  mesurer  la  dialeur 
émise  par  le  Soleil 

—  M.  J.  Coiiimaillc  adresse  une  Noie  sur 

la  cause  de  la  constance  de  la  chaleur 

solaire j33G 

Spectroscopie.  —  Sur  les  spectres  du  fer  et 
de  quelques  autres  métaux,  dans  l'arc 
voltaïque  ;  Note  du  P.  Secclii 173 

—  Nouvelles   observations    spectrales,   en 

désaccord  avec  quelques-unes  des  théo- 
ries émises  sur  les  taches  solaires  ;  Note 
de  M.   Tnrchim ig5 

—  Sur  le  spectre  de  la  comète  lit  de  1873; 

Note  de  MM.  C.  If'olfay  G.  Rnyct 529 

—  Sur  le  spectre  de  la  Comète  IV  do  1873  ; 

Note  de  MM.  G.  Rmct  et  Jmlrè 564 

—  Sur  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire; 

Note  de  M.  G.  Rayet 529 

—  Recherches  sur  le  spectre  de  la  chloro- 

phylle ;  Note  de  M.  /.  Chcmtiml 096 

—  Surquelques  spectres  métalliques  (plomb, 

chlorure  d'or,  thallium,  lithium)  ;  Note 

de  Rf.  Lccnr/  lie  Bnishaiidran 1 1 5ii 

—  Note  préliminaire  sur  les  éléments  exis- 

tant dans  le  Soleil;  par  M.  N.  Lochrr.   1347 

—  Sur  la  nature  des  éléments  chimiques; 

observations  à  propos  de  la  Communi- 
cation de  M.  N.  Lockyer;  Note  de 
M.  Bcrthclot 1 352 

—  Observations  relatives  aux  considérations 

présentées  par  M.  N.  Lockyer  et  aux 
remarques  do  M.  Berthelot;  Note  de 
M.  Dumas 1 357 

—  Nouvelles  remarques  sur  la  nature  des 

éléments  chimiques;  Note  de  M.  Bci' 


Pa[;es. 
tliflot 1 399 

—  Note  sur  un  procédé  destiné  à  mesurer 

l'intensité  relative  des  éléments  consti- 
tutifs des  diffcrenles  sources  lumineuses; 
par  M.  H.  Trannin 1 495 

—  M.  G.-A.  Hirn  fait  hommage  à  l'Acadé- 

mie d'un  Mémoire  sur  les  propriétés 
optiques  de  la  flamme  des  corps  en 
combustion  et  sur  la  température  du  So- 
leil      1412 

Statistique.  —  M.  Bertrand  adresse  un 
Allas  de  Géographie  et  de  Statistique 
médicales  de  la  France 3o 

—  Tableaux  statistiques  des  pertes  des  ar- 

mées allemandes  d'après  les  documents 
officiels  allemands,  pendant  la  guerre  de 
1870-1871 758 

—  M.  Lnrrey  fait  savoir  à  l'Académie  que 

M.  Chenu  s'occupe  do  la  publication  de 
documents  statistiques  sur  les  pertes 
des  armées  françaises,  pendant  la  guerre 
de  1870-1871 762 

SucciNiQliE  (acide).  —  Transformation  do 
l'acide  succinique  en  acide  maléique  ; 
Note  de  M.  E.  Bourgoing 52 

Sucres.  —  Sur  le  sucre  contenu  dans  les 

feuilles  de  vigne;  Note  de  M.  J.  Petit.     944 

—  Sur  une  nouvelle  matière  sucrée  volatile, 

extraite  du  caoutchouc  de  Madagascar; 
Note  de  M.  Aime  Girard gg5 

—  Méthode  de  dosage  du  sucre  au  moyen 

du  fer  ;  Note  de  M.  Edm.  Riffard i  io3 

—  Application  du  phosphate  d'ammoniaque 

et  de  la  baryte  à  l'épuration  des  pro- 
duits sucrés;  Note  de  M.  P.  Lagra/igc.  1245 


Telègrapiiié.  —  Sur  un  système  de  télégra- 
phie optique,  réalisé  pendant  le  siège 
de  Paris,  par  une  Commission  nommée 
par  le  Gouvernement  ;  Note  de  M.  Laii.s- 
.scdat 34 

—  Sur  un  nouveau  système  de  télégraphie 

pneumatique;  Note  de  MM.  D.    Tom- 
masi  et  R.-F.  Michel 281 

—  Note  descriptive  du  cryptographe;  par 

M.  Pélegriii 4^9 

—  M.  B.  Constant  adresse  une  Note  con- 

cernant la  transmission   des  dépêches 

par  des  tubes  pneumatiques G04 

Tératologie.  —  Sur  certains  cas  de  double 
monstruosité,  observés  chez  l'homme  ; 
Note  de  M.  Rmdin 920 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'origine  et  le 

mode  de  développement  des  monstres 
omphalosites  ;  Note  de  M.  C.  Dareste.     924 

C.  R.,  i8;j,  !^  Semestre,  (T.  \XLV1I.) 


—  Mémoire  sur  la  tératogénie  expérimen- 

tale; Note  de  M.  C.  Dareste 986 

—  Sur  le  pied  d'Homme  à  huit  doigts,  dit 

pied  de  Morand;  Note  de  M.  A.  La- 
vocat 1116 

TÉRÉBÈNE.  —  Sur  le  chlorhydrate  de  téré- 
bène  et  l'isomérie  des  composés  de  for- 
mule G'»H"',HC1 463 

Thérapeutique.  —  Sur  l'action  physiolo- 
gique et  thérapeutique  du  chlorhydrate 
d'amylamine;  Note  de  M.  Dujardin- 
Baiimetz 1247 

—  Observations  touchant  l'action  de   cer- 

taines substances  toxiques  sur  les  Pois- 
sons de  mer;  par  MM.  A.  Rahnteau  et 
F.  Papillon 1 370 

—  Sur  les  effets  du  chanvre  indien  [Itaschieh]  ; 

Note  de  M.  A.  Naqitet i564 

—  M.  Prota-Ginrlco  adresse  une  Note  sur 

207 


l'emploi  du  chlorhydrato  de  bcrbérine 
contre  le  gondemenl  de  la  rate, dans  les 
fièvres  intermittentes,  et  une  Note  im- 
primée en  italien,  sur  un  «  termoiéi- 

mètre  » 1287 

TiiERMociiiMiE.  —  Sur  la  chaleur  de  combi- 
naison, rapportée  à  l'état  solide;  nou- 
velle expression  thermique  des  réac- 
tions ;  Note  de  M.  Berlhdm 24 

—  Sur  les  déplacements  réciproques  entre 

les  hydracides  ;  par  le  même 3o8 

—  Sur  les  cyanures  ;  par  le  même 388 

—  Sur  la  redissolution  des  précipités;  parfc 

même • . . . .     BgB 

—  Sur  quelques  valeurs  et  problèmes  calori- 

métriques; par  le  même 971 

—  Recherches  sur  les  composés  oxygénés 

de  l'azote;  leur  stabilité  et  leurs  trans- 
formations réciproques;  par  le  même. .   1448 

—  Recherches  thermiques  sur  les  dissolu- 

tions salines  ;  Note  de  M.  P.-J.  Favrc .     loi 

—  Recherches  sur  la  dissociation  cristalline 

(suite).  Évaluation  et  répartition  du  tra- 
vail dans  les  dissolutions  salines;  Note 
de  MM.  P.-A.  Fiwre  et  C.-A.  Val- 
son 577  et     802 

—  Recherches  thermiques  sur  la  condensa- 

tion des  gaz  par  les  corps  solides  (suite): 
Absorption  de  l'hydrogène  par  lo  noir 
de  platine;  Note  de  M.  P.-A.  Fm-re. ..    649 

—  Sur  la  condensation  des  gaz  et  des  liqui- 

des parle  charbon  de  bois  ;  phénomènes 
thermiques  produits  au  contact  des 
liquides  et  du  charbon.  Liquéfaction 
des  gaz  condensés  ;  Note  de  Jl.  Mvlsens.     781 

—  Voir  aussi  Dissocitithn. 


(    1600   ) 
Pages. 


Pages. 


Thermodynamique.—  Démonstration  directe 
des  principes  fondamentaux  de  la  Ther- 
modynamique. Lois  du  frottement  et  du 
choc  d'après  cette   science  ;  Notes  de 

Sr.  A.  Lcdieu 

94,  i63,  2G0,  325.  414,  455  et     517 

—  M.  A.  Osselin  adresse  un  Mémoire  sur 

les  «  Conséquences  du  principe  de  l'é- 
quivalence mécanique  de  la  chaleur  »..     340 

—  Recherches  sur  les  effets  thermiques  qui 

accompagnent  la  compression  des  li- 
quides ;  Note  de  MM.  P.-A.  Favre  et 
Laurent 9^  ' 

—  Sur  la  décharge  des  conducteurs  électri- 

.^és  ;  Note  de  M.  /.  Moutier i238 

—  Évaluation,  en  unités  mécaniques,  de  la 

quantité  d'électricité  que  produit  un  élé- 
ment de  pile;  Note  de  M.  E.  Brarily. .    1420 

Travaux  publics.  —  Sur  les  travaux  pu- 
blics des  États-Unis  d'Amérique;  Note 
de  IL  Belgrand 4  '  7 

Tremblements  de  terre.  —  Voir  Volcani- 
ques [phénomènes  ]. 

Trombes.   —  Sur  les  trombes  terrestres  et 

solaires;  Note  de  M.  Faye I25C 

—  Observations  de  M.  le  général  Morin,  à 

propos  de  la  Communication  précé- 
dente     1 264 

—  Les  trombes  et  les  tourbillons;  Note  de 

M.  Mouchez i56o 

—  M.  Bonnafnnt  adresse  un  Mémoire  sur 

les  trombes  de  mer i33G 

Tuyaux  sonores.  —  Sur  un  procédé  destiné 
à  constater  les  nœuds  dans  un  tuyau 
sonore  ;  Note  de  M.  Bourhouze 1099 


U 


Urée  et  ses  dérivés.  —  Des  variations  dans 
la  quantité  d'urée  excrétée,  avec  une 
alimentation  normale,  et  sous  Finfluence 
du  thé  et  du  café  ;  Note  de  M.  T.  Roux. 

—  Des  variations  de  l'urée  sous  l'intluence 
de  la  caféine,  du  café  et  du  thé  ;  Note  de 


365 


M.  Rabuteau 489 

Action  de  l'iode  sur  l'acide  urique;  Note 
de  M.  F.  ffurtz i548 

Synthèse  de  l'oxalyl-urée  (acide  para- 
banique)  ;  Note  de  M.  E.  Griniaujc. . .    i548 


Valérianioue  (acide).  —  Sur  un  nouvel 
isomère  de  l'acide  valérianique  ;  Note 
de  MM.  C.  Friedct  et  R.-D.  Silra 

V.VNADIUM   ET  SES  COMPOSÉS.  —   Sur  IcS  chlo- 

rovanadates  ;   Note  de  M.  P.   Jlaute- 

jruillc 

Ventilation.  —  Note  sur  les  moyens  à  em- 
|)loyer  i)our   maintenir  dans  un    lieu 


8y6 


donné  une  température  à  peu  près  con- 
stante, et  pour  modérer  dans  la  saison 
d'été  la  température  des  lieux  habités; 

par  M.  le  général  Morin 737 

VÉNUS  (passages  de).  —  Observations  rela- 
tives à  une  Communication  de  M.  Ed. 
Dubois  sur  l'inlluencc  de  la  réfraction 
atmosphérique,  à  l'instant  d'un  contact, 


(  i6o 

dans  un  passnge  fie  Vénus  ;  par  M.  Oii- 
ileinnns gg  î 

—  Réponse  aux  observations  de  M.  Oude- 

mans  ;  par  M.  Ed.  Dubois 1 1 5o 

—  Sur  la  formation  des  équations  de  condi- 

tion qui  résulteront  des  observations  du 
passage  de  Vénus  du  8  décembre  1874  ; 
Noie  de  M.  F.  Puiscu.r i5o5 

Vins. —  Note   sur   le    turbinage  des    vins 

gelés  ;  par  M.  Mclsens i4(') 

Viticulture. —  Expériences  relatives  à  l'ac- 
tion de  l'ammoniaque  et  à  laction  pro- 
longée de  l'eau  sur  le  Phylloxéra  ;  Note 
de  M.  Gueyraud 1 1 1 

—  Note  sur  l'identité  du  Phylloxéra   des 

feuilles  et   de  celui  des  racines;  par 

M.  Max.  Cornu igo 

—  Sur  quelques  matières  propres  à  la  des- 

truction    du    Phylloxéra;     Note     de 

M.  Petit ig3 

—  M.  Yof  adresse  une  Note  relative  à  un 

procédé  de  destruction  des  insectes  . . .     2G9 

—  M.  Erb  adresse  une  Lettre   concernant 

ses  Communications  sur  le  Phylloxéra.     2G9 

—  Sur  l'état  actuel  de  la  question  du  Phyl- 

loxéra ;  Note  de  M.  Lichtcnstcin 342 

—  Du  Phylloxéra  et  de  son  évolution  ;  Note 

de  M.  Signoi-ct 34') 

—  M.  le  Secrétaire  pei-pétuel  commwmqwe  à 

l'Académie  divers  documents  relatifs  au 
Phylloxéra,  adressés  par  MM.  E.Ayral, 
Coulomb,  Dcleuil,  Gauthier,  H.  Per- 
rnud,  Lnliman,  L.  de  Martin 346 

—  M.  H.  Peyraud  adresse  une  nouvelle  Note 

relative  à  l'action  toxique  des  infusions 
d'absinthe  et  de  tanaisie  sur  le  Phyl- 
loxéra       432 

—  M.  Fauconnet  adresse  une  Note  relative 

à  divers  procédés  de  destruction  du 
Phylloxéra 4^2 

—  De  la  marche  de  proche  en  proche  du 

Phylloxéra  ;  Note  de  MM.  J.-E.  Plan- 
clion  et  /.  Liclitenstein 4*îi 

—  Observations,  à  propos  d'une  Lettre  de 

M.  Lichtonstein,  sur  la  reproduction  du 
Phylloxéra;  procédé  de  M.  Moneatier, 
pour  la  destruction  de  l'insecte,  au 
moyen  du  sulfure  de  carbone  ;  Note  de 
M.  Dumas 52o 

—  Sur  la  rapidité  de   la   reproduction  du 

Phylloxéra;  Lettre  de  M.  Liclitenstein.     522 

—  M.  yl.  Sarrand  adresse  une  Note  relative 

à  deux  remèdes  qu'il  propose  contre  le 
Phylloxéra 5G2 

—  M.  Leco(/  de  Boisbaudran    adresse  une 

Note  relative  aux  ravages  produits  par 

le  Phylloxéra 5G2 

—  Note  sur  les  observations  de  M.  Lecoq  de 


ï    ) 

Pages. 

Boisbaudran,  relatives  à  l'apparition  du 
Phylloxéra  dans  les  vignobles  de  la  Cha- 
rente ;  par  M.  H.-Milne  Edwards 672 

-  Réclamation   de   priorité,   à   propos  de 

l'emploi  du  sulfure  de  carbone  contre  le 
Phylloxéra  ;  par  M.  E.  de  Laval 601 

-  M.  Cazaurnn  adresse  une  Note  relative 

aux  mesures  à  prendre  contre  la  propa- 
gation du  Phylloxéra 6o3 

-  M.  X6'/;o«  adresse  deux  Notes  concernant 

l'emploi  du  gaz  d'éclairage  ou  de  la  va- 
peur de  soufre  contre  le  Phylloxéra. . . .     6o3 

-  M.  llcat  adresse  une  Note  relative  à  un 

instrument  formant  tarière,  qu'il  a  con- 
struit spécialement  pour  introduire  les 
substances  insecticides  jusqu'aux  ra- 
cines de  la  vigne 6o3 

-  Sur  quelques  particularités  relatives  à  la 

forme  ailée  du  Phylloxéra,  au  point  de 
vue  de  la  propagation  de  l'insecte  ; 
Note  de  M.  Ma.r.  Cornu 656 

-  Sur  l'époque  à   laquelle  il  conviendrait 

d'appliquer  la  submersion  aux  vignes 
atteintes  par  le  Phylloxéra  ;  Note  de 
M.  L.  Faucon 663 

■  M.  R.  Rcjou  adresse  une  Note  concernant 

l'emploi  des  feuilles  de  tabac  pour  com- 
battre le  Phylloxéra 6GG 

-  M.  A.  Hay  adresse  une  Note  relative  à 

l'emploi,  contre  le  Phylloxéra,  d'une  dé- 
coction de  tabac  mélangée  avec  de  la 
chaux 6fiG 

-  M.  l'abbé  Magnat  prie  l'Académie  de  lui 

adresser  quelques  documents  relatifs  à 
l'histoire  naturelle  du  Phylloxéra G6G 

-  Comparaison  du  Phylloxéra  vastatrix  des 

galles  avec  celui  des  racines;    Note  de 

M.  Max.  Cornu 710 

M.  Gauhan  du  Mont  adresse  une  Note 
relative  à  l'influence  que  pourrait  avoir 
la  culture  du  chanvre  pour  éloigner  des 
vignobles  le  Phylloxéra 7i5 

■  M.  E.  de  Laral  adresse  une  Note  relative 

à  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  mé- 
langé avec  une  huile  végétale,  et  à 
l'emploi  du  sulfure  de  potassium,  contre 
le  Phylloxéra 715 

M.  Pe//rrf  adresse  des  documents  relatifs 
à  l'efficacité  des  produits  qu'il  a  indiqués 
pour  combattre  le  Phylloxéra 715 

Études  sur  le  Phylloxéra  ;  par  M.  Max. 
Cornu 766  et     825 

■  Ellets  que  le  sulfure  de  carbone,  employé 

pour  détruire  le  Phylloxéra,  paraît 
exercer  sur  la  vigne,  Note  de  M.  Lecoq 

de  Boisbinidran 771 

M.  J.  Roiissillc  adresse  une  Note  sur  les 
ravages  que  pourrait  exercer  le  sulfure 

20'7.. 


(    lG02 

Pages, 
de  carbone,  employé  pmir  détruire  le 
Pliylloxera,  sur  la  vigne  ellc-niCme 772 

M.  'Cfif;iiiit  adresse  une  Note  relative  à 
l'importance  de  la  fumure,  combinée 
avec  l'emploi  des  inseclicides,pour  com- 
battre le  Phylloxéra 77^ 

Sur  la  reproduction  du  Phylloxéra  du 
chêne  ;  Notes  de  M,  Bulbiani .     83o  et    884 

Sur  les  Pcmphigas  du  Pistacia  Tcrcbiii- 
tliiix,  comparés  au  PliyUoxcra  qucrciis; 
Note  de  M.  Derhès 1 109 

Observations  de  M.  Il.-Milnc  Edwards, 
à  propos  de  cette  Note 1 1 10 

Remarques  de  M.  Balbinni,  sur  le  môme 
sujet 1164 

M.  C.  Dftu/é  adresse  une  Note  relative  à 
l'influence  salutaire  de  la  lie  de  vin  sur 
les  vignes  malades 834 

M.  ^.  Dci  adresse  une  Note  relative  à 
l'emploi  des  trous  do  sonde,  pour  intro- 
duire jusqu'aux  racines  de  la  vigne  les 
substances  insecticides 834 

M.  le  Srcrctnire  perpétue/,  en  sa  qualité 
de  Président  de  la  Commission  du  Phyl- 
loxéra, rend  compte  à  l'Académie  de 
l'état  des  travaux  de  la  Commission,  et 
analyse  quelques  pièces  qui  lui  sont  ré- 
cemment parvenues 870 

Sur  la  production  des  galles  dans  les 
vignes  attaquées  par  le  Phylloxéra  ; 
Note  de  M.  Mû.r.  Corrui 879 

Le  Phylloxéra  n'est  pas  la  cause,  mais 
une  conséquence  de  la  maladie  de  la 
vigne  ;  Note  de  M.  Guériii-Méncvillc. .  .     929 

Note  sur  les  renflements  produits  par  le 
Phylloxéra  sur  les  radicellesde  la  vigne; 
par  M.  Mnx.  Cornu g3o 

Résultats  d'expériences  faites  à  Hyères 
sur  la  destruction  du  Phylloxéra  par  le 
sulfure  de  carbone  ;  Note  de  M.  G. 
Bnzille 934 

M.  F..  Eondcpicrrc  adresse  une  Note  con- 
cernant l'ellicacité  que  pourrait  avoir, 
contre  le  Phylloxéra,  la  décoction  de 
feuilles  de  noyer gSG 

Note  sur  la  formation  des  renflements  sur 
les  radicelles  de  la  vigne  ;  par  M.  Max. 

Cornu 1 009 

•  M.  Diiiiuis  lit  une  Lettre  de  M.  Mru-. 
Cornu,  annonçant  qu'd  a  trouvé  un  in- 
dividu sexué  An  Phylloxrra  vnslalri.v..    101 5 

Observations  relatives  à  l'opinion  expri- 
mée par  M.  Guérin-Méneville  sur  l'appa- 
rition du  Phylloxéra,  considérée  comme 
une  conséquence  de  la  maladie  de  la 

vigne  ;  Note  de  M.  de  Ulnlr^nrinr loiri 

■  M.  J.  Lrrbapc  adresse  une  Note  concer- 
nant l'action  que  peut  exercer  l'ail  broyé 


) 

Pages, 
et  mélangé  de  sel  marin,  pour  la  des- 
truction^du  Phylloxéra loïC' 

M.  J.  Pagoni  adresse  une  réclamation 
de  priorité  pour  l'indication  de  l'emploi 
du  sulfate  de  cuivre  contre  le  Phyl- 
loxéra     10  iG 

M.  f'icat  adresse  le  dessin  d'une  tarière 
pour  l'introduction  des  substances  in- 
secticides jusqu'aux  racines  de  la  vigne.  loiG 

Développement  des  renflements  sur  les 
radicelles  de  la  vigne  ;  Notes  de 
JL  Max.  Cornu 1088  et  1 1G8 

M.  L.  Durasse  adresse  une  Note  relative 
à  une  poudre  destinée  à  jouer  à  la  fois 
le  rôle  d'engrais  pour  la  vigne  et  d'insec- 
ticide contre  le  Phylloxéra.. 1093 

M.  j4 .  Pagani  adresse  une  Note  relative 
à  l'emploi  du  sulfate  de  cuivre,  com- 
biné avec  les  engrais,  pour  combattrele 
Phylloxéra 1093 

Observations  relatives  aux  résultats  obte- 
nus par  les  études  scientifiques,  concer- 
nant le  Phylloxéra  ;  Note  de  M.  L. 
Faucon 1175 

Note  concernant  les  résultats  fournis  par 
l'emploi,  contre  le  Phylloxéra,  des  gou- 
drons provenant  de  la  houille  ;  par  M.Z,. 
Petit 1  1 7G 

M.  Bvaume  adresse  une  Note  relative  i\ 
la  destruction  du  Phylloxéra  à  l'aide 
d'arrosages  avec  les  eaux  de  condensa- 
tion des  usines  à  gaz 1 177 

M.  J'ignial  adresse  une  Note  relative  à 
la  dégénérescence  des  vignes  et  aux 
procédés  qui  permettraient  de  les  régé- 
nérer     1 1 77 

M.  F.  Mic/uiud  adresse  une  Note  concer- 
nant un  procédé  pour  éviter  les  effets 
désastreux  des  gelées  tardives  sur  les 
vignes 1 177 

M.  C/i.  O'Keenan  adresse  une  Note  sur 
l'emploi  de  l'acide  sulfureux  pour  dé- 
truire le  Phylloxéra 1221 

Notes  sur  les  mœurs  du  Phylloxéra  ;  par 
M.  Max.  Cornu 1 27O  et  1 33o 

M.  Diimonl  adresse  une  Note  relative  à 
l'elllcacilé  de  la  submersion  des  vignes, 
pour  la  destruction  (lu  Phylloxéra 1287 

M. .-} .  Babrct  indique  l'emploi  de  l'eau  de 
mer  comme  remède  contre  le  Phyl- 
loxéra      1287 

HL  \e  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le 
n°  G  du  tome  XXII  des  «  Mémoires  pré- 
sentés pardivers  savants  à  l'Académie  », 
contenant  le  commencement  des  études 
sur  la  maladie  de  la  vigne  par  JL  Max. 
Cornu,  est  en  distribution  au  Secréta- 
riat    1288 


(  i6o3  ) 

Pages 


—  M.  Alph.  Milin.i  adresse  l'indication  d'un 

mélange  contenant  du  cyanure  de  potas- 
sium, pour  détruire  le  Plivlloxora. . . 
". .   i33G  et  i54o 

—  De  la  propagation  du  Phylloxéra;  Note  de 

M.  H.  jVarès l4o8 

—  Hibernation  du  Phylloxéra  des  racines  et 

des  feuilles;  Note  de  M.  M(i.r.  Coniii. .   \fyi'i 

—  Action  de  la  terre  volcanique  de  la  sol- 

fatare de  Pouzzoles  sur  les  maladies  do 

la  vigne  ;  Note  de  M.  S.  de  Liicu 1 43i 

—  Sur  les  résultats  des  expériences  faites 

par  la  Commission  de  la  maladie  de  la 
vigne  du  département  de  l'Hérault  ; 
Note  de  M.  H.  Mares i455 

—  Étude  des  formes  du  Phylloxéra;  exa- 

men comparatif  des  jeunes  des  racines  et 
des  feuilles,  des  individus  hibernants, 
des  individus  sexués;  Note  de  M.  Mnx. 
Cornu 1478 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  une 

publication  de  la  Commission  départe- 
mentale de  l'Hérault  sur  les  procédés 
de  guérison  des  vignes  atteintes  du 
Phylloxéra 1 487 

—  Sur  les  Phylloxéras  hibernants  ;  leur  agi- 

lité, leur  réveil  produit  artificiellement; 
Note  de  M.  Max.  Cornu 1 534 

Vol.CANIOUES    (PHÉNOMiiNES).      —     QuelqilCS 

détails  sur  le  tremblement  de  terre  du 


Pages. 
I.')  juin  1873;  Note  de  M.  //".  de  Fo/i- 
vielle (JG 

—  Sur  l'état  du  volcan  de  Nisiros  au  mois 

de  mars  1873;  Note  de  M.  H.  Gorceix.     5f)7 

—  Sur  la  récente  éruption  de  Nisiros;  par 

le  même loSget  i474 

—  M.  /.  Leconte  adresse  une  Note  relative 

au  tremblement  de  terre  ressenti  à  Bar- 
celone le  27  novembre  1873 1486 

Voyages  scientifiques.  —  M.  Dauhréc 
transmet  à  l'Académie  un  télégramme  de 
Tromsoë,  donnant  des  nouvelles  rie  l'ex- 
pédition conduite  par  "iX.NordensIdôtd, 
qui  a  passé  l'hiver  au  milieu  des  glaces 
du  Spitzbcrg 32 

—  M.  Dauhrée  communique  une  Lettre   de 

M.  Nordenstiiôld,  datée  de  Mossel-Bay, 
et  contenant  un  certain  nombre  de  faits 
intéressants,  recueillis  par  l'expédition 

pendant  son  hivernage 1 87 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères 
transmet  une  Lettre  destinée  à  recom- 
mander M.  de  Lcicazc-Dutliicrs  aux 
agents  de  son  Département,  pendant 
la     mission     scientifique     qu'il     doit 

accomplir  dans  la  Méditerranée SaS 

■  M.  Doumel-Jdansnn  demande  des  in- 
structions à  l'Académie  pour  un  voyage 
en  Tunisie i.'»4i 


Zoologie.  —  Lettre  de  M.  Blandin,  à  pro- 
pos de  sa  Communication  précédente  sur 
le  Martinet  noir  ou  de  muraille 39 

—  Sur  la  position  zoologique  et  le  rôle  des 

Acariens  parasites  connus  sous  les  noms 
(YHr/>npus,  Honsnpus  et  Tricliodactrlus ; 
Notes  de  M .  Mégnin 1 29  et     499. 

—  Sur  les  Cocuyos  de  Cuba  ;  Note  do  M   de 

Dos  Hermanas 333 

—  Observations  de  M.  E.  Blanchard,  rela- 

tives à  la  Communication  précédente.. .     335 

—  Sur  les  organes  phosphorescents  thora- 

raciques  et  abdominaux  du  Cocuyo  do 
Cuba  (Pyropliorus  nnclilucus ;  Elnter 
noctilucus,  L.)  ;  Note  de  MM.  C/i.  Rabin 
et  A.  Laboutbéne 5 1 1 

—  M.    J.    Seguin    adresse    un    entozoaire 

trouvé  dans  la  cavité  abdominale  d'une 
ablette 527 

—  Expériences  sur  le  scolex  du  Tœnia  mc- 

diocancllatn ;  par  M.  Sidnt-Cyr 536 

—  M.  Ed.  Couriet  adresse  un  Mémoire  inti- 

tulé :  «  Remarques  sur  les  membres  pos- 
térieurs des  Phoques  et  sur  l'extrémité 


caudale  des  Cétacés  0 f)o3 

M.  A.  Barbier  adresse  une  Note  concer- 
nant les  principes  de  la  classification  des 
familles  dans  le  règne  animal Go3 

De  la  classification  des  poissons  qui  com- 
posent la  famille  des  Triglides  (Joues- 
cuirassées  de  Ciii'ier  et  Valencienncs)  ; 
Note  de  J[.  H.-E.  Simvnge 723 

M.  P.  Gervais  fait  hommage  à  l'Académie 
de  divers  Mémoires  qu'il  a  récemment 
publiés 80g 

Recherches  sur  la  faune  ancienne  de 
l'ile  Rodrigues;  par  M.  Alph.-Milne 
Edivards 810 

Jlonographie  des  Poissons  de  la  famille 
des  Synbranchidés  ;  Notes  de  M.  C.Da- 
reste 8i5et     878 

Recherches  anatomiqncs  sur  lesÉdentés 
tardigrades  ;  par  M.  P.  Germis 8G1 

Sur  les  Cirrhipèdes  Rhizocéphales;  par 
M.  Alph.  Giard g45 

Sur  la  reproduction   du   Phylloxéra  du 
chêne;  Notes  de  M.  ^«/i/rtw..     83o  et    884 
•  Note  sur  les  Peniphigus  du  Pistacia  Te- 


(  i6 

Papes. 
rehir?//irix,  comparés  au  P/iy/loxcraf/iicr- 
riis  ;  par  M.  Drrhrx i  lor) 

Observations  (Je  M.  H.-AJihie  Edivnrils, 
relativesà  la  Communication  précédente.  1 1  lo 

Remarques  de  M.  Balbiani,  au  sujet  de  la 
même  Note 1 1 64 

Développement  des  Polypes  et  de  leur 
Polypier  ;  Note  de  M.  de  Lncazc-Dii- 
tliiers ■ I  ao  I 

Remarques  sur  la  faune  sud-américaine, 
accompagnées  de  détails  anatomiques 
relatifs  à  quelques-uns  de  ses  types  les 
plus  caractéristiques;  parM.P.  Gc/'cm.?.  1208 

Lettre  de  ^\.AIph.-Milnc  Edwards,  à  pro- 
pos d'un  ouvrage  intitulé  :  «Recherches 
sur  la  faune  ornithologique  éteinte  des 


04    ) 


Pages. 

îles  Mascareignes  et  de  Madagascar».. .   1337 

M.  P.  Gi°nmv fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  Mémoire  consacré  à  des  Mammi- 
fères d'espèces  éteintes, propres  à  l'Amé- 
rique méridionale 1 4  " 

Observations  sur  l'existence  de  certains 
rajiporls  entre  le  mode  décoloration  des 
Oiseaux  et  leur  distribution  géogra- 
phique; par  M.  Alph .-MUnc Edwards .    i55i 

Un  auteur  dont  le  nom  est  contenu  dans 
un  pli  cacheté,  adresse  un  Mémoire  ma- 
nuscrit portant  pour  titre  :  «Mammalo- 
gie  australe,  comparée  et  raisonnée  » . .     472 

Voir  aussi  f'ittcukiire,  pour  tout  ce  qui 
concerne  le  Phylloxéra  de  la  vigne. 


(  i6o5  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Piigcs. 

ABBADIE  (d').  —  Sur  !o  degré  de  visibilité 
que  l'on  peut  atteindre  avec  des  lu- 
nettes astronomiques  de  petites  dimen- 
sions       93 

ABRIA.  —  Vérification  de  la  loi  d'Huyghens, 

par  la  méthode  du  prisme 814 

—  Double  réfraction.  Direction  des  mouve- 
ments vibratoires  des  rayons  réfractes 
dans  les  cristaux  unia.Kes 12G8 

ALMEIDA  (d').  —  Vérification  de  l'aréomètre 
de  Baume.  (En  commun  avec  MM.-Cc/-- 
tlwlot  et  Coulier) 970 

AMAGAT  (E.-U.).  —  Détermination  du  rap- 
port des  deux  chaleurs  spécifiques,  par 
la  compression  d'une  masse  limitée  de 
gaz 1  Saâ 

ANDRÉ.  —  Sur  les  changements  de  forme 
et  le  spectre  de  la  comète  de  1873,  IV. 
(En  commun  avec  M.  iJ(7jc/)...  564  et    638 

ANGSTROM.  —  Est  nommé  Correspondant 
pour  la  Section  de  Physique,  en  rem- 


MM.  Pnjcs. 

placement  do  feu  M.  Hamtcen 1 462 

ANONYMES.  —  Mémoire  destiné  au  Con- 
cours du  Problème  des  trois  Corps. . . .     269 

—  Mémoire  manuscrit  portant  pour  titre  : 

«  Mammalogie  australe ,  comparée  et 
raisonnéo  » 472 

—  Note  concernant  un  traitement  rationnel 

du  choléra  épidémique 006 

—  Un  auteur  anonyme  adresse, par  l'entre- 

mise de  M.  Ph.  lourde,  un  Mémoire 
sur  un  propulseur  destiné  à  augmenter 
la  vitesse  des  navires  à  voiles 77I 

ARAU  DE  TERRÉ  adresse  une  Note  rela- 
tive à  une  poudre  de  mine,  à  laquelle  il 
donne  le  nom  de  pyrolitlie  humanitaire .     8g  i 

AUDOUIN  (P.).  —  Nouveau  procédé  de  con- 
densation des  matières  liquéfiables,  te- 
nues en  suspension  dans  les  gaz.  (En 

commun  avec  M.  E.  Pclouze.) 

264,  928  et  1274 


B 


BABRET  (A.)  indique  l'emploi  de  l'eau  de 
mer  comme  remède  contre  le  Phyl- 
loxéra    1287 

BAILLON  (H.).  —  Recherches  sur  l'Orga- 

nogénie  florale  des  noisetiers Oi 

BALBIANL  —  Sur  la  reproduction  du  Phyl- 
loxéra du  chêne 83o  et  884 

—  Remarques  au  sujet  d'une  Note  de  M.  Z)(v- 

bès  sur  les  Pemphigus  du  Pistacia 
Tcrchiiithus,  comparés  au  Phylloxéra 
qiicrcùs 1164 

—  Sur  la  cellule  embryogène  de  l'œuf  des 

Poissons  osseux 1373 

B.4.RB1ER  (A.)  adresse  une  Note  concernant 
les  principes  qui  lui  jiaraissent  devoir 
présider  à  la  classification  des  familles 


dans  le  règne  animal Co3 

BARBIER  (Ph.).  —  Sur  le  fluorène 442 

BARTHÉLÉMY  (A.).  —  Du  passage  des  gaz 
à   travers  des  membranes  collo'idales, 

d'origine  végétale 427 

—  De  l'exhalation  aqueuse  des  plantes  dans 

l'air  et  dans  l'acide  carbonique 1080 

BAUDELOT  (E.)  prie  l'Académie  de  le  com- 
prendre parmi  les  candidats  à  la  place 
laissée  vacante,  dans  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie,  par  le  décès  de 

i\I.  Nélatoii 1 222 

BAUDOT  (H.)  adresse  le  dessin  d'un  objet 
do  bronze  antique,  remarquable  par  sa 

forme  heptagonale 1288 

BAUMANN  (C.)  adresse  une  Note  relative 


(  i6o6  ) 


52" 


934 


H  77 


835 


1093 


Gi3 


MM.  Pages 

à  un  projet  de  fabrication  de  briquettes, 
au  moyen  des  déchets  de  bois  provenant 
do  diverses  industries,  dans  les  Vosges. 

BAVAV.  —  Développement  des  Batraciens. 
Note  sur  les  embryons  de  X Hvloilcs 
ntnrtiricnsis 788 

BAZILLE  (G.).  —  Résultats  d'expériences 
faites  à  Hyères  sur  la  destruction  du 
rhylloxcra  par  le  sulfure  de  carbone. . 

BEAUME  adresse  une  Note  relative  à  la  des- 
truction du  Phylloxéra,  à  l'aide  d'arro- 
sages avec  les  eaux  de  condensation  des 
usines  à  gaz 

BEAUVAIS  (A.-C.)  adresse  un  Mémoire  con- 
cernant un  système  destiné  à  atténuer 
le  danger  des  rencontres  sur  les  che- 
mins de  fer 269  et 

—  Prie  l'Académie  de  renvoyer  sa  seconde 

Communication  à  la  Commission  qui 
avait  été  nommée  pour  la  première.. . . 
BÉCUAMP  (A.-C.)—  Réflexions  sur  les  géné- 
rations spontanées,  à  propos  d'une  Note 
de  M.  U.  Gayon  sur  les  altérations 
spontanées  des  œufs,  et  d'une  Noie  de 
M.  Cnice-Cdhert  sur  le  pouvoir  de 
quelques  substances, de  prévenir  le  dé- 
veloppement de  la  vie  protoplasmique.. 

—  Recherches  sur  l'isomérie  dans  les  ma- 

tières albimiino'i'des iS^S 

BECQUEREL  (  A. -C.).  —  Surlemoded'inter- 
venlion  de  l'eau  dans  les  réactions  chi- 
miques,pendant  le  mélange  des  solutions 

salines  neutres,  acides  et  alcalines 

84  et 

BECQUEREL  (Edm.).  — Sur  la  détermiiialion 
des  longueurs  d'onde  des  rayons  de  la 
partie  infra-rouge  du  spectre,  au  moyen 

des  effets  de  phosphorescence 3o2 

UELGRAND.  —  Sur  la  [lerméabilité  des  sa- 
bles de  Fonlainebicau 178 

—  Note  sur  les  travaux  |)ublics  des  États- 

Unis  d'Amérique 417 

—  De  l'action  de  l'eau  sur  les  conduites  en 

plomb io55 

—  M.  Bilgrand  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  jirix  Dalmont Sag 

BELL-PETTIGREW  adresse  divers  ouvrages 
relatifs  à  la  locomotion  aérienne 

BERGERET.  —  De  l'inlluence  des  sulfates 
sur  la  production  du  goitre,  à  propos 
d'une  épidémie  du  goitre  observée  dans 
une  caserne  à  Saint-Etienne. . .  73 1  et 

BERNARD  (Cl.).  -  M.  Cl.  Bernard  est 
nommé  Membre  de  la  Commission  char- 
gée de  proposer  une  question  pour  le 
grand  prix  des  Sciences  physiques  à 
décerner  en  1 875 1  i  1  a 


I  i3o 


8G 


■42 


MM.  I< 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  propo- 

ser une  question  pour  le  prix  Bordin  à 
décerner  en   i8;5 

BERT  (P.).  — Recherches  expérimentales  sur 
l'influence  que  les  changements  dans  la 
pression  barométrique  exercent  sur  les 
phénomènes  de  la  vie 

BERTHELOT.  -  Sur  'la  chaleur  de  combi- 
naison rapportée  à  l'état  solide;  nou- 
velle expression  thermique  des  réactions. 

—  Sur  les  dé|)lacements  réciproques  entre 

les  hydracides 

—  Sur  les  cyanures 

—  Sur  la  redissolution  des  précipités, 

—  Vérification   de  l'aréomètre   de  Baume. 

(En  commun  avec  MM. CoH/(e/_ et  d'Jl- 
meiila.) 

—  Sur  quelques  valeurs  et  problèmes  calo- 

rimétriques   

—  Remarques  sur  un  pointhistorique  rela- 

tif à  la  chaleur  animale  

—  Sur  la  nature  des  éléments  chimiques; 

observations  à  propos  d'une  Communi- 
cation de  M.  N.  Lnckycr i352  et 

—  Recherches  sur  les  composés  oxygénés 

de  l'azote;  leur  stabilité  et  leurs  trans- 
formations réciproques 

—  M.  Bcrihelot  est  adjoint  à  la  Section  de 

Chimie  pour  juger  le  concours  du  prix 
de  Chimie  de  la  fondation  Lacazc 

BERTRAND  adresse  un  Atlas  de  Géographie 
et  de  Statistique  médicalede  la  France. 

BERTRAND  (.L).  -  M.  Bertrand  présente  ù 
l'Académie  un  ouvrage  de  M.  le  général 
TSoizet  et  un  ouvrage  de  M.  Dnrboux. . 

—  M.  Bertrand  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  déjuger  leConcours 
du  prix  Lncuze  pour  iSyS  (Physique.). 

—  M.  Bertrand  présente  à  l'Académie  une 

nouvelle  édition  de  la  «  Théorie  des 
fonctions  doublement  périodiques  »,  de 
MM.  Bviot  et  Bouquet 

—  Théorème   relatif   au    mouvement  d'un 

point  attiré  vers  un  centre  fixe 

—  Action  mutuelle  des  courants  volta'i'ques. 

—  Examen  de  la  loi  proposée  par  M.  Helm- 

holtz,  pour  représenter  l'action  de 
deux  éléments  de  courant 

—  M.  le  Président  annonce  à  r.\cadémie  les 

perles  douloureuses  qu'elle  a  faites,  dans 
la  personne  de  M.  Coste,  et  dans  la  per- 
sonne de  M.  Nélaton 

—  M.   Bertrand  rappelle  quelques-uns  des 

services  rendus  à  la  science  par  feu 
M.  Burdin,  l'un  de  ses  Correspondants. 
BEUCHOT  (C.)  adresse  une  nouvelle  Note 
concernant  lesdi\ers  moyens  de  trans- 
port   et   l'application  définitive  de  la 


a|;câ. 


53i 


24 

3o8 
388 
393 


970 

97' 

10O3 

1399 

■  448 

I2l5 

39 


424 


849 
9(12 


1049 


649 


II,  S 


(  '6o7  ) 


MM.  Pages, 

vapeur  au.K  canaux 473 

BICII.VT  (E.).  —  Sur  le  pouvoir  rotatoiro  des 

liyposulfates 1 189 

BILLET  (F.),  prie  l'Académie  de  comprendre, 
parmi  les  pièces  de  Concours  du  prix  do 
Physique  de  la  fondation  Lacaze,  son 
«  Traité  d'Optique  physique  » 269 

—  Est  nommé  Correspondant,  pour  la  Sec- 

tion de  Physique,  en  remplacement  de 

M.  fVIieatstone,  élu  Associé  étranger. .    1462 

—  Adresse  ses  remercîments  il  l'Académie.   i54o 
BILLET  (J.)  adresse  un  complément  à  ses 

Communications  concernant  la  naviga- 
tion aérienne 6o4 

BL.VNC  (IL).  —  Observations  relatives  à  une 
Note  précédente  de  M.  Pellarin,  con- 
cernant les  déjections  cholériquescomme 
agent  de  transmission  du  choléra ioo5 

BLANCHARD (É.).  —  Observations  relatives 
à  une  Communication  de  M.  de  Dos 
Hermatins,  sur  les  Cocuyos  de  Cuba.. .     335 

—  M.  Blanchard  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours pour  !e  grand  prix  de  Sciences 
physiques  à  décerner  en  1873 264 

—  M.  Blanchard  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  Cuvier  pour  1873. .     424 

BLANCHE  (T.).  —  Recherches  expérimen- 
tales sur  l'action  du  gaz  protoxyde  d'a- 
zote. (En  commun  avec  M.  F.  Jolyct).      Sg 

BLANDIN  adresse  une  Lettre  relative  à  sa 
précédente  Communication  sur  le  Mar- 
tinet noir  ou  de  muraille Sg 

BLASERNA  (P.).  —  Sur  l'état  variable  des 

coiirants  voltaïques 124 1 

BOBIERRE  (A.).  —  Sur  les  diverses  condi- 
tions dans  lesquelles  le  plomb  est  atta- 
qué par  l'eau 1 272 

BONNAFONT  adresse   un  Mémoire  sur  les 

trombes  de  mer i33G 

BOPP  adresse  une  Note  relative  à  une  Nou- 
velle marmite  économique  et  portative, 
dite  bidon  culinaire  sans  feu 347 

BOTTA  (G.)  adresse  un  Mémoire  concernant 
la  distribution  de  la  chaleur  à  la  surface 
du  globe 89 1 

BOUCHER  adresse  une  Note  relative  à  la  fé- 
condation du  chanvre ,. 834 

BOUCHUT.  —  Infarctus  sanguins  sous-cula- 
nés  du  choléra  et  des  maladies  septicé- 
miques 7G2 

—  Sur  les  embolies  capillaires  et  les  infarc- 
tus hémorrhagiques  du  choléra ioo3 

BOUILLAUD.  —  Nouvelles  recherches  cli- 
niques sur  la  localisation,  dans  les  lobes 
cérébraux  antérieurs,  de  l'action  par 
laquelle  le  cerveau  concourt  à  la  l'acullé 
psycho-physiologique  de  la  parole. ...         5 

C.  R.,  1S73,  1"  Semestre.  (T.  LXWIL) 


MM.  Pages. 

—  Recherches  et  considérations  nouvelles 

propres  à  confirmer  la  localisation,  dans 
le  cervelet,  du  pouvoir  coordinateur  des 
mouvements  nécessaires  à  la  marche,  à 
la  station  et  à  l'équilibration iSg 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'analyse  et  la 

théorie  du  pouls,  à  l'état  normal  et  anor- 
mal      627  et    G8G 

—  Réponse  à  M.   Boulcy 697 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  M.  B( Igrand,  relative  à  l'ac- 
tionde  l'eausur  les  conduites  en  plomb.  10G2 
BOULEY.  —  Observations  relatives  à  une 
Communication  de  M.  Bouillaud,  sur 
l'analyse  et  la  théorie  du  pouls  à  l'état 
normal  et  anormal 634  et    694 

—  Rectification  à  une  Communication  pré- 

cédente, sur  un  point  de  l'histoire   de 

la  physiologie  des  artères 75 1 

BOURBOUZE.  —  Sur  un  procédé  destiné  à 
constater  les  nœuds  dans  un  tuyau  so- 
nore     1 099 

BOURGEOIS  adresse  un  certain  nombre  d'ob- 
servations, faites  pendant  le  siège  de 
Paris  ou  à  la  suite  du  siège,  sur  les  pro- 
priétés nutritives  du  Gnléi^a 38 

BOURGOING  (E.).  —Transformation  de  l'a- 
cide succinique  en  acide  malèique 52 

BOUSSINESQ  (J.).  —  Intégration  de  l'é- 
quation aux  dérivées  partielles  des  cy- 
lindres isostatiques  qui  se  produisent  à 
l'intérieur  d'un  massif  ébouleux,  soumis 
à  de  fortes  pressions GG7 

—  Essai  théorique  sur  l'équilibre  d'élasticité 

desmassifspulvérulentset  sur  la  poussée 
des  terres  sans  cohésion 1 52 1 

BOUSSINGAULT.  —  M.  Boussingntdt  est 
nommé  Membre  de  la  Commission  char- 
gée de  juger  le  Concours  du  prix  Moro- 
gues  pour  1873 4*35 

BOUVET  (A.)  adresse  une  Lettre  relative  à 

ses  Communications  sur  les  aérostats..     773 

BOUVIER  adresse  une  Note  relative  à  l'ori- 
gine de  la  chaleur  et  de  la  lumière 433 

BRACHET  (A.)  adresse  une  Note  sur  des 

modifications  à  apporter  aux  télescopes.      Sg 

—  Adresse  deux  Notes  relatives  à  une  nou- 

vellelampe  électrique,  destinée  à  éclairer 
sous  l'eau i94  et    2G8 

—  Adresse  une  Note  sur  un  «  hélioscopepa- 

rallactique,  fondé  sur  un  mégascope 
aplanétique  de  Foucault.  » 433  et    473 

—  Adresse  divers  Mémoires  sur  les  moyens 

d'augmenter  la  puissance  des  micro- 
scopes.    528,  562,   637,   666,    772   et     835 

—  Adresse  une  Note  relative  au  «  télescope 

catadioptrique  binoculaire.  » G04 

BRANLY.  —  Évaluation,  en  unités  niécani- 

208 


(  i6o8  ) 


MM.  Pages, 

ques,  de  la  quantité  d'éleciricilé  que 
produit  un  élément  de  pile 14^0 

BRÉGUET  est  présenté  par  la  Commission 
chargée  de  préparer  une  liste  de  candi- 
dats pour  la  place  d'Académicien  libre, 
vacante  par  le  décès  de  M.  de  Verneuil.  .     1 4  7 

BRETONNIÈRE  (L.)  adresse  un  Mémoire 
concernant  des  matières  colorantes  arti- 
ficielles, auxquelles  il  donne  le  nom  de 
<i  sulfures  organiques.  »  (  En  commun 
avec  M.  F.  Croissant.  ) 1287 

BRONGMART  (Ad.).  —  Notice  sur  les  Pal- 
miers de  la  Nouvelle-Calédonie 896 

—  M.  Brongriiart  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Bordin,  à  décerner  en 
1 873 2G4 

—  Et  de  la  Commission  pour  la  révision  des 

comptes bi.i. 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  lo 

Concours  du  prix  Bordin  pour  1873. . .     522 


MM.  Pages. 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques,  à  décerner  en  1876.  1412 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  proposer 

une  question  pour  le  prix  Bordin,  à  dé- 
cerner en  1 875 1 4  '  ^ 

BRUTELETTE  (E.de)  adresse,  pour  le  Con- 
cours du  prix  de  La  Fons-Mélicocq,  un 
Catalogue  raisonné  des  plantes  vascu- 
laires  du  département  de  la  Somme. 
(En  commun  avec  M.  E.  de  T'icq.) i434 

BULARD.  —  Sur  un  nouveau  système  de 
représentation  d'observations  météoro- 
logiques continues,  faites  à  l'Observa- 
toire national  d'Alger 585 

BURQ  (V.)  adresse  un  Mémoire  sur  l'action 

du  cuivre  contre  le  choléra 666 

—  Adresse,  pour  lo  Concours  Montyon,  un 

Mémoire  intitulé  «  Application  du  ther- 
momètre à  l'idiométalioscopie,  etc.  ». .     112 


c 


CAHOURS  (A.).  —  Note  sur  de  nouveaux 

dérivés  du  propyle 745 

—  Recherches  sur  de  nouveaux  dérivés  du 

butyle 1 4o3 

CAILLARD  adresse  une  Note  relative  à  l'in- 
fluence exercée  par  la  présence  des 
acides  ou  des  alcalis  sur  le  développe- 
ment des  organismes  végétaux  ou  ani- 
maux       679 

CALIGNY  (.4.  de).  —  Expériences  sur  le 
mouvement  de  la  houle  produite  dans 
un  canal  factice,  et  faisant  monter  l'eau 
le  long  d'une  plage  inclinée,  à  une  hau- 
teur sensiblement  constante 182 

CALVERT  (F.-C).  —De  l'influence  qu'exer- 
cent certains  gaz  sur  la  conservation  des 
œufs 1024 

—  De  l'influence  de  quelques  substances  sur 

la  conservation  des  œufs 1026 

CAMPANA.  —  Essai  d'une  détermination,  pur 
l'embryologie  comparative,  des  parties 
analogues  de  l'intestin,  chez  les  Verté- 
brés supérieurs 217 

CANDOLLE  (A.  de).  —  Note  accompagnant 
la  présentation  du  dernier  volume  du 
Prodromus  syslcnititis   niituralis   icgni 

vegelid>ilis 8GG 

CARLET  (,G.).—  Sur  le  mouvement  des  éta- 

mines  dans  les  liiita 538 

—  Sur  le  fonctionnement  de  l'appareil  respi- 

ratoire, après  l'ouverture  de  la  paroi 
thoracique.  (En  commun  avec  M.  J. 
Stnius.)^ 720  et  io3o 


CARON  (H.  ).  —  Note  sur  un  nouveau  mode 
de  trempe  de  l'acier.  Régénération  du 
fer  brûlé 836 

CARPENTER.  —  M.  Carpcntcr  est  nommé 
Correspondant,  pour  la  Section  d'Ana- 
tomie  et  Zoologie,  en  remplacement  de 
feu  M.  Poiichet 33 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.     195 
CARRÉ  adresse  une  Note  sur  un  nouveau 

mode  d'emploi  de  l'huile  de  foie  de  mo- 
rue, au  moyen  de  la  panification.  (En 
commun  avec  M.  Lcmoinf.) 347 

CATALAN  (E.).  —  Sur  la  constante  d'Eulcr 

et  la  fonction  de  Binet 198 

CAZAURAN  adresse  une  Note  relative  aux 
mesures  à  prendre  contre  la4)ropagation 
du  Phylloxéra Co3 

CAZIN  (A.).  —  Sur  la  période  variable  à  la 

fermeture  d'un  circuit  voltaïque 117 

—  Sur  divers  cas  d'intermittence  du  cou- 

rant voltaïque 1095 

CHAMPION  (P.).  —  Sur  le  mode  de  décom- 
position des  corps  explosifs,  comparé  aux 
phénomènes  de  la  sursaturation.    (En 

commun  avec  M.  H.  Pcltct.) 53 

CHAMPOUILLON.  —  Sur  le  scorbut  et  son 

traitement io34 

—  Sur  l'emploi  des  tuyaux  de  plomb,  pour 

la  conduite  et  la  distribution  des  eaux 

destinées  aux  usages  alimentaires 1273 

ClIANCOURTOIS  (B.  de).  -  Carte  du  globe 
en  projection  gnomonique,  avec  le  lé- 
seau  pentagonal  superposé,  accompagnée 


(  i6o9  ) 


MM. 

d'une  Notice  explicative 

CHAPELAS.  —  Étoiles  filantes  observc'es  à 
Paris  les 9,  lo  et  ii  août  1873;  remar- 
ques sur  les  caractères  actuels  du  phé- 
nomène   

—  Observation,  dans  la  nuit  du  20  septem- 

bre 1S73,  d'un  bolide  laissant  après  lui 
une  traînée  phosphorescente 

—  Observations  d'étoiles  filantes,  pendant  la 

nuit  du  12  au  i3  novembre  1873. ...... 

CIL-YSLES.  —  M.  Chdslcs  présente  à  l'Acadé- 
mie diverses  publications,  de  MM.  Dai- 
bniix  et  Hoûct,  de  MM.  Brisse  et  Ln- 
gi/crrcjde  M.  Boncompagni ,  de  M.  Chc- 
lini,  de  M.  Wcy>\  do  M.  Painvin 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Maim- 

liciin  «  Sur  les  surfaces  trajectoires  des 
points  d'une  figure  de  forme  invariable 
dont  le  déplacement  est  assujetti  à 
quatre  conditions  » 

—  M.  Chaslc:i  présente  diverses  livraisons 

du  Bullettino  du  prince  Boncompagni. 
789  et 

—  M.  C/OT.f/fï  fait  hommage  à  l'Académie  de 

quelques  Mémoires  et  Opuscules  mathé- 
matiques de  M.  Em.  JFcyr 

CIIASSEQULNT  (A.  de)  adresse  une  Note 
relative  à  la  navigation  aérienne 

CHATAING  adresse  une  Lettre  relative  à  ses 
appareils  d'aérostation 

CH.4TIN  (Ad.).  —  Organogénie  comparée  de 
l'androcée,  dans  ses  rapports  avec  les 
affinités  naturelles 

CHAUTARD  (.T.). -Recherches  sur  le  sp.ectre 
de  la  chlorophylle. .  .■ 

CHEVREUL  (E.).  —  Remarques  relatives  à 
une  Communication  de  M.  Bmàlldiid.  . 

—  Notes  sur  leguano,  i55,  4^3,  569,901  et 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  M.  Bouillaud 

—  Noie  sur  le  tissu  élastique  jaune,  et  re- 

marques sur  son  histoire,  à  propos  du 
Mémoire  de  M.  Bouillaud,  et  des  remar- 
ques faites  sur  ce  travail  par  M.  Bouley. 

—  Recherches  sur  le  tissu  élastique  jaune 

de  l'éléphant  et  du  bœuf 

—  Quelques  considérations  sur  le  tissu  jaune 

et  l'analyse  organique  immédiate 

—  Action  de  l'eau  pure  sur  divers  métaux. 

—  M.  Oicvrcul  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  une 
question  pour  le  prix  Bordin,  à  décerner 
en  1875 

CLARKE  adresse  une  Communication  relative 
au  choléra 

CLAUSIUS  (R.)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'une  brochure  imprimée  en  allemand 
«  Sur  un  nouveau   théorème   relatif  à 


Pagres. 
090 


499 

678 
i3o5 


283 


702 

952 

952 

loiG 

39 

i53i 

596 

i3 
12G5 


G81 

G84 

750 
1 137 

1412 
G37 


269 
io35 

1087 


819 


I  tG2 


MM.  Papes, 

des  mouvements  stationnaires.  » 4^3 

CLÉMENT  adresse  une  Note  relative  à  une 
méthode  de  préparation  de  l'onguent 
mercuriel 

COLfN  (L.  ).  —  Sur  l'intoxication  tellurique. 

—  Infiuence  de  l'eau  employée  en  boisson, 

sur  la  propagation  du  choléra 

COLLADON  (D.).  —  Epurateur  mécaniciue 
pour  le  gaz  d'éclairage,  pouvant  servir 
en  même  temps  à  mélanger  les  gaz  avec 
des  vapeurs  liquides 

—  Remarques  relatives  aux  observations  pré- 

sentées par  MM.  E.  Pelouzc  et  P.  Ju- 
douin,  sur  la  condensation  des  matières 
liquides  tenues  en  suspension  dans  les 
gaz 

COLLARDEAU-VACHER  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  De  l'aréomètre  Baume  et 
des  densités  correspondant  à  ses  divers 
degrés,  d'après  le  manuscrit  de  Gay- 
Lussac» 1220 

COLLIER  (C.)  adresse  divers  résultats  de  cal- 
culs concernant  la  navigation  aérienne..   1221 

COMMAILLE.  —  Note  sur  ia  coralline G78 

—  Adresse  une  Note  sur  la    cause   de    la 

constance  de  la  chaleur  solaire i33G 

CONINCK  (G.  de)  adresse  une  nouvelle  Note 
relative  à  sa  théorie  sur  les  relations 
entre  les  phénomènes  météorologiques 
et  les  phénomènes  volcaniques. .  433el    627 

—  Adresse  des  observations  relatives  à  la 

distribution  des  saisons  à  la  surface  de 
la  Terre  et  à  la  chaleur  émise  par  la 
Lune '480 

CONSTANT  (B.)  adresse  une  Note  concer- 
nant la  transmission  des  dépèches  par 
des  tubes  pneumatiques C04 

COQUILLION  (J.-J.).  —  Action  du  platine 
et  du  palladium  sur  les  hydrocar- 
bures      444 

CORET  (A.)  adresse  un  «Projet  de /je«rf«/f 
roulant,  pour  servir  à  la  démonstration 
expérimentale  du  mouvement  de  rota- 
tion diurne  de  la  Terre» 1288 

CORNU  (Max.).  —  Note  sur  l'identité  du 
Phylloxéra  des  feuilles  et  de  celui  des 
racines 19° 

~  Sur  quelques  particularités  relatives  à  la 
forme  ailée  du  Phylloxéra,  au  point  de 
vue  de  la  propagation  de  l'insecte G5G 

—  Comparaison    du     Pliytloxera  vastntri.x 

des  galles  avec  celui  des  racines 710 

—  Éludes  sur  le  Phylloxéra 7GG  et    825 

—  Sur  la  production    des  galles  dans  les 

vignes  attaquées  par  le  Phylloxéra 879 

—  Note  sur  les  renflements  produits  par  le 

Phylloxéra  sur  les  radicelles  de  la  vigne.    930 

—  Note  sur  la  formation  des    renflements 

208.. 


(  I^ 

MM.  P^Cfs. 

sur  les  radicelles  de  la  vigne 

ioog-ioS8  et  I  iG8 

—  Lettre  de  M.  Cnrim  à  M.  Dumas,  annon- 

oint  qu'il  a  trouvé  un  individu  sexué 

du  Phylh.rcra  vastntrix I0i5 

—  Notes  sur  les  naœurs  du  Phylloxéra 

1276  et  i33o 

—  Hibernation  du  Phylloxéra  des  racines  et 

des  feuilles i4'i3 

—  Étude  des  formes  du  Phylloxéra;  examen 

comparatif  des  jeunes  des  racines  et 
des  feuilles,  des  individus  hibernants, 
des  individus  sexués 147^ 

—  Note  sur  les  Phylloxerashibernants  ;  leur 

agilité,  leur  réveil  produit  artificielle- 
ment    1 534 

COSSON  (E.).  —  M.  Co.s:so,i  fait  hommage 
à  l'Académie  d'une  Note  sur  la  géogra- 
))hie  botanique  du  Maroc 870 

—  51.  Cosso/i  fait    hommage  à   l'Académie 

d'un  Mémoire  intitulé  :  «  Species  nov» 

maroccanœ  » i  Sac 

COSTE.  —  M.  Costc  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  chargée  déjuger  le  Con- 
cours pour  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques,  à  décerner  en  1873 2G4 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 


.0) 

MM.  Pa(;es. 

Concours  pour  le  prix  Cuvier  pour  1878.     424 

—  Sa  mort,   arrivée  le  19  septembre  ,  est 

annoncée  à  l'Académie C49 

COULIER.  —  Vérification  de  l'aréomètre  de 
Baume.  (En  commun  avec  MM.  Bcrtlic- 

lot  et  d'Alnicidii.) 97" 

CROISS.\NT  (F.)  adresse  un  Mémoire  con- 
cern.int  des  matières  colorantes  artifi- 
cielles, auxquelles  il  donne  le  nom  de 
sulfures  orgûiiii/iies.  (  En  commun  avec 

M.  Z.  Brctonnière.) 1287 

CROS  (CH.)  adresse  une  Noie  relative  à 
l'étude  des  couches  ligneuses  annuelles 
que  présente  la  coupe  des  arbres  exo- 
gènes      77^* 

—  Adresse  une  Noie  «surl'opportuniléd'ob- 

server,  au  microscope,  les  cellules  ner- 
veuses dans  les  tissus  vivants  attenant 
encore  à  l'animal,  ou  dans  les  tissus  frais 
traversés  de  courants  galvaniques  » 930 

CROULLEBOIS.  —  Étude  analytique  et  expé- 
rimentale des  interférences  des  rayons 
elliptiques '2G9 

CURIE  (J.).  —  Nouvelles  expériences  rela- 
tives à  la  théorie  de  la  poussée  des  terres.     1 42 

—  Sur  la  théorie  de  la  poussée  des  terres. .     778 


D 


DALPEINT  adresse  le  dessin  d'un  projet  de 
machine  hydraulique 

DANA.  —  M.  Dtina  est  nommé  Correspon- 
dant, pour  la  section  d'Anatomie  et  Zoo- 
logie, en  remplacement  de  feu  M.  Pic- 
tct 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Académie. 
DARE6TE  (C.).—  Monographie  des  poissons 

de  la  famille  desSynbranchidés.  8i5et 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'origine   et   le 

mode  de  développement  des  monstres 
omphalosites 

—  Jlémoire  sur  la  tératogénie  expérimen- 

tale  

DAUBRÉE.  —M.  Dmthrée  transmet  à  l'Aca- 
démie un  télégramme  do  Tromsoë,  don- 
nant des  nouvelles  de  l'expédition  con- 
duite par  M.  Niir(lciiskiùl<l,  qui  a  passé 
l'hiver  au  milieu  des  glaces  du  Spilz- 
berg 

—  M.  Daubréc  communique  une  Leltiede 

M.  Nordemkiold,  datée  de  Mossel-B.iy, 
et  contenant  des  faits  recueillis  par 
l'expédition    pendant  son  hivernage.. . 

—  M.  Dauhn'-i:  communique  une  Lettre  de? 

M.  Nordcnskiolil ,  sur  les  poussières 
charbonneuses ,    avec    fer   nu'lalli(iu(', 


474 


33 
528 

878 


924 
98O 


32 


iS- 


qu'il  a  observées  dans  la  neige 4^3 

—  M.  Dinibrée  fait  hommage  à  l'Académie 

d'une  «  Notice  nécrologique  sur  M.  Sau- 
vage »  qu'il  vient  de  publier 40^ 

—  M.  Dtiuhréc  rend  compte  à  l'Académie  de 

la  mission  qu'elle  lui  a  confiée,  pour 
assister  à  l'anniversaire  séculaire  de  la 
ibnd.ition  de  l'Institut  impérial  desMines 
de  Saint-Pétersbourg 1121 

DAULÉ  (C.)  adresse  une  Note  relative  à  l'in- 
fluence salutaire  de  la  lie  de  vin  sur  les 
vignes  malades 834 

DAVAINE  (C).  —  Recherches  relatives  à 
l'action  de  la  chaleur  sur  le  virus  char- 
bonneux        72(j 

—  Recherches  relatives  à  l'action  des  sub- 

stances dites  (intisrpliqucs  sur  le  virus 

di  irbonneux 821' 

DAVID  (11.).—  Sur  une  combinaison  d'a- 
cide picrique  et  d'anhydride  acétique. 
(  En  commun  avec  JL  Tomiiinsi.) 207 

DAVIN  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à 
l'efficacité  de  la  poussière  de  cuivre 
contre  le  choléra 347 

U  AVOUT.  —  Recherche  d'une  méthode  fa- 
cile pour  mesurer  la  capacité  des  na- 
vires      872 


6ii  ) 


23 


ÎG5 


53.J 


i432 


7f>9 


MM.  Pages 

DEBRÂY  (H.).  —  Note  sur  la  dissociation  de 
l'oxyde  roiigp  de  mercure 

DECAISNE.  — M.  Drcnisnc  al  nommé  Mem- 
bre de  laCommissionchargée déjuger  le 
Concours  du  prix  Morogues,  pour  1873. 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Bordin  pour  1873. .  .     5t/- 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  propo- 

ser \me  question  pour  le  prix  Bordin,  à 

décerner  en  1876 i4  12 

DECAISNE  (E.).  —  De  l'asthme  d'été  ou 
fièvre  de  foin  (  /lay  astlana,  luiy  fera- 
des  Anglais)  comme  entité  morbide. . . 

—  Des  eaux  de  puits  en  général,  etde  celles 

de  la  ville  deBeauvaisen  parlicidier,  au 
point  de  vue  de  l'hygiène  publique. . . . 
DECHARME  (C).  —  Du  mouvement  asccn- 
dantspontané  des  liquidesdans  les  tulies 
capillaires Sgi 

—  Effets  frigorifiques  produits  par  la  capil- 

larité jointe  à  l'évaporation;  évapora- 
tion  du  sulfure  de  carbone  sur  du  pa- 
pier spongieux 998  et  1 1 5- 

DÉCLAT.  —  Sur  un  nouveau  traitement  du 
choléra,  et  probablement  de  la  fièvre 
jaune,  par  l'acide  phénique  et  lophénate 
d'ammoniaque,  au  moyen  des  injections 
sous-cutanées 

—  Traitement  du  charbon  et  de  la  pustule 

maligne  par  l'acide  phénique  et  le  phé- 
nate  d'ammoniaque 756 

—  Demande  l'ouverture  de  deux  plis  cache- 

tés, relatifs  k  ses  recherches  sur  les 
moyens  de  guérir  les  maladies  à  fer- 
ments, et  spécialement  le  choléra 835 

—  Nouveaux  résultats  de  l'application  de  la 

nouvelle  méthode  du  traitement  du 
choléra  ;  quelques  explications  sur 
l'emploi  de  cette  méthode 

DEI  (A.)  adresse  une  Note  relative  à  l'em- 
ploi des  trous  de  sonde,  déjà  proposé 
par  lui  en  1871,  pour  introduire  jus- 
qu'aux racines  de  la  vigne  les  substan- 
ces insecticides 

DEJARDIN  adresse  une  Note  relative  aux  pro- 
blèmes de  la  trisection  de  l'angle  et  de 
la  duplication  du  cube 

DEJEAN  DE  FONROQUE  (N.)  adresse  une 
Note  concernant  des  expériences  faites 
à  Bucharest  sur  les  mouvements  du 
pendule. .  j 

DELAGE.  —  Sur  les  minerais  de  fer  du  dé- 
partement d'Ille-et-Vilaine 

DE  LA  RIVE  (A.).  —  Sa  mort,  arrivée  le 
27  novembre,  est  annoncée  à  l'Académie. 

DELAURIER  adresse  une  Note  relative  à  un 
projet  de  nouvelles  pompes  à  incendie, 
permanentes 2G8  I 


1178 


83. 


i33G 


1434 


1253 


MM.  Pîicej. 

DELFORTRIE  (E.).  —Découverte  des  makis 
et  du  cheval,  à  l'état  fossile,  dans    les 

pliosiihoriles  du  Lot C4 

DEMARÇAY  (L.).  —  Sur  l'essence  de  camo- 
mille romaine 3Go 

DEMOLE  adresse  une  Note  sur  un  moyen 
d'a\igmonter  la  force  des  machines  à  va- 

pe\ir 1221 

nENIS(  Ch.)  adresse  une  Note  concernant  les 
causes  probables  de  la  maladie  des  vers 

à  soie 433 

DERBÈS.  —  Note  sur  les  Pcmpliigas  du 
Pistacia  Terebintims,  comparés  au  P//)/- 

In.rera  qurrctls '  109 

DESDEMAINE-HUGON.  -  Les  champs  dia- 
mantifères du  Cap 943 

DEZaUTIÈRES  adresse  une  Lettre  relative 

à  sa  Note  sur  une  averse  de  grêle 3g 

DIDION   (le  général).  —  Mouvement  d'un 

segment  sphérique  sur  un  plan  incliné.     1G7 
—  Fait  hommage  à  l'Académie  de  son  Slé- 

moire  sur  cette  question 982 

DIRECTEUR  GÉNÉRAL  DES  DOUANES 
(i\I.  le)  adresse,  pour  la  bibliothèque 
de   l'Institut,    le   tableau  général  des 

mouvements  du  cabotage  en  1870 195 

DITTE  (A.).  —  Production  par  voie  sèche 

de  quelques  borates  cristallisés.  783  et    892 
DIVERS  (E.).  —  Réclamation  de  priorité,  au 
sujet  de  l'action  du  gaz  ammoniac  sur 

le  nitrate  d'ammoniaque 788 

DOUGLAS-GALTON.  -  Mémoire  intitulé  : 
«  On  the  construction  of  hospitals  » 
(Rapport  sur  ce  Mémoire;  M.  le  géné- 
ral Marin ,  rap|)orteur  ) 1 4 1 3 

DOULIOT  (E.)  adresse  une  Note  relative  à 

l'inlluence  de  la  température  et  de  la 

nature  de  l'électricité  sur  la  force  qui 

retient  l'électricité  à  la  surface  du  corps.   12S7 

—  Sur  l'action  des  corps  incandescents  dans 

la  transmission  de  l'électricité 1472 

DOUMET-ADANSON  demande  des  instruc- 
tions à  l'Académie  pour  un  voyage  en 

Tunisie i54i 

DUBOIS  (Ed.). —  Réponse  aux  observations 
de  M.  Oiidemans,  sur  l'infiuence  de  la 
réfraction  atmosphérique,  à  l'instant 
d'un  contact,  dans  un  passage  de  Vénus.  1 1 5o 
DUCASSE  (L.)  adresse  une  Note  relative  à 
une  poudre  destinée  à  jouer  à  la  fois  le 
rôle  d'engrais  pour  la  vigne  et  d'insec- 
ticide contre  le  Phylloxéra iog3 

DUCHARTRE.  —  M.  Duchartre  est  nommé 
Membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  prix  Bordin  pour 

1873 522 

DUCHEMIN  (E.)  envoie  un  spécimen  de  sa 

boussole  circulaire Go3 


(  i6 

MM.  •'"ff'"'- 

—  Adropse  une  Note  intitulée  :  «  De  la  bous- 

sole circiihiire  et  (le  son  aimantation; 
système  de  compensation  appliqué  aux 
compas  de  la  Marine.  » "■'■ 

—  Adresse  une  Note  sur  les  avantages  que 

présente  la  boussole  circulaire,  compa- 
rée à  la  boussole  à  aiguille 890 

DUFOUR  (Cil.)-  —  Note  sur  la  pluie  d'étoiles 

filantes  du  9.7  novembre  1 872 497 

DUJARDIN-BEAUMETZ.  -  Sur  l'action  phy- 
siologique cl  thérapeutique  du  chlorhy- 
drate d'aniylamine 1247 

DUMAS.  —  Observations  à  propos  d'une 
Lettre  do  M.  Uclitcii.\tcin,?,\iv  la  repro- 
duction du  Phylloxéra  ;  procédé  de 
ai.  Mimrslirr,  pour  la  destruction  de 
l'insecte  au  moyen  du  sulfure  de  car- 
bone        5211 

—  M.  Damas  donne  à  l'Académie  des  nou- 

velles de  la  santé  de  M.  Rcgnnult,  qui 
avait  donné  quelques  inquiétudes 901 

—  M.  Ditiiins  lit  une  Lettre  de  M.  Mn.r. 

Cnniii,  annonçant  qu'il  a  trouvé  un  in- 
dividu sexué  du  Plirlloxcrn  vastatrix..   ioi5 

—  Note  sur  l'action  que  le  plomb  exerce  sur 

l'eau io54 

—  M.   Diimns  est  adjoint  à  la  Section   de 

Chimie,  pour  juger  le  concours  du  prix 

de  Chimie  do  la  fondation  Lacaze 121 5 

—  M.  Dumas  se  fait  l'interprète  des  senti- 

ments de  l'Académie,  à  l'occasion  de  la 
moTi  àa  M.  A.  de  ta  Rh'c i253 

—  Observations  relatives  à  des  considéra- 

tions présentées  par  M.  TV'.  Lockyer,  sur 
les  éléments  existants  dans  le  Soleil,  et 
à  des  remarques  de  M.  Bcrtliclot  sur 
le  même  sujet iSSy 

—  M.    Dumas  est  nommé   membre  de  la 

Commission  chargée  de  proposer  une 
question  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques,  à  décerner  en  1875 1412 

—  Observations,  à  propos  d'une  Communi- 

cation de  "W.Béchamp,  sur  trois  matières 
albimiinoïdes  distinctes,  observées  dans 
le  lait  de  vache 1 629 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  informe  l'Aca- 

démie que  la  Société  pour  l'encourage- 
ment des  Arts  et  Manufactures  et  du 
Commerce  de  Londres  vient  de  décer- 
ner la  médaille  Albert  à  M.  Chci'reid, 
pour  ses  découvertes  en  Chimie 73 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel   communique 

à  l'Académie  divers  documents  relatifs 
au  Phylloxéra,  adressés  par  MM.  Ayral, 
Cnidomb,  Detcuil,  Gauthier,  H.  Pey- 
raiid,  l.aliman,  L.  de  ISlartiii 340 

—  Sur  l'im  itation  de  M.  le  Président,  M.  le 

Secrétaire   perpétuel  adresse  à  M.  de 


12    ) 

MM. 


Papes 


Candotle  les  remercîments  de  l'Acadé- 
niic  à  l'occasion  de  la  publication  du 
dernier  volume  du  Prodromus 869 

—  En  sa  qualité  de  Président  de  la  Com- 

mission du  Phylloxéra,  AL  le  Secrétaire 
per|iétuel  rend  compte  à  l'Académie  de 
l'état  des  travaux  de  la  Commission. . .     870 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le 

n°  6  du  tome  XXII  des  «Mémoires  pré- 
sentés par  divers  savants  à  l'Académie  )>, 
contenant  le  commencement  des  études 
sur  la  maladie  delà  vigne,par  M.3/n.r. 

Cornu,  est  en  distribution 1288 

~  M.  lo  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, le  t.  XXII  des  «  Mémoires  de  la 
Société  de  Physique  et  d'Histoire  natu- 
relle de  Genève  »  et  une  brochure  de 
M.  Th,  du  Moncel,  sur  l'origine  de  l'in- 
duction       1 1 3 

—  Un  ouvrage  de  M.  Marer,  intitulé  :  «  La 

machine  animale  » 347 

—  Deux   Rapports  de  M.  J.-A.  Barrai,  sur 

un  Concours  de  machines  à  moissonner.    773 

—  Un  discours  prononcé  à  la  Société  amé- 

ricaine pour  l'avancement  des  sciences, 
par  M.  L.  Smith,  sur  les  méthodes  mo- 
dernes des  sciences;  une  biographie  de 
sir  Benjamin  Thompson,  comte  deRum- 
ford,  par  M.  EWs 835 

—  Une  biographie    de  l'astronome   italien 

Donati  ,"par  M.  G.  UzielU 892 

—  Un  ouvrage  de  M.  L.  Pochet,  intitulé  : 

«  Nouvelle  mécanique  industrielle.  » . .     937 

—  Divers  ouvrages  de  JlM.  F.  Papillnn,  L. 

Figuier  et  Turgan i434 

—  Des  ouvrages  de  M.  .-/. /{/c/(fl/Y^  (  du  Can- 

tal) et  de  M.  P.  Laurencin i54o 

DUMONT  adresse  une  Note  relative  à  l'effica- 
cité de  la  submersion  des  vignes  pour 
la  destruction  du  Phylloxéra 1287 

DUPU'i'  DE  LOME.  — Dispositions  proposées 
pour  établir  un  service  régulier  de  na- 
vires porte-trains,  entre  Calais  et  Dou- 
vres       24 1 

DURAND  (deGros)  adresse  une  réclamation 
de  priorité,  concernant  la  découverte  du 
glacier  d'Aubrac O79 

DUSÀRT  (J.)   adresse  un  Mémoire  sur  une 

machine  à  vapeur  à  rotation 39 

nUVAL  (J.).  —  Métamorphisme  et  mutabi- 
lité physiologique  de  certains  micro- 
phytes,  sous  l'influence  des  milieux. 
Relation  de  ces  phénomènes  avec  la 
cause  initiale  des  fermentations;  zymo- 
génèse  intracellulaire 1027 

DUYONKOWSKI  adresse  des  Notes  concer- 
nant un  élixir  anticholérique..     CGG  et  loiG 


(  i6i3;,  ) 


E 


MM.  Pages. 

EDWARDS  (H.-Milne).  —  Note  sur  les  ob- 
ser\;ilions  de  M.  Lccoq  de  Boislxiiulnui^ 
relatives  à  l'apparition  du  Phylloxéra 
dans  les  vignobles  do  la  Charente S;'^ 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion deM.Dcréè.s-,  intitulée  :  «  Note  sur 
les  Pcnip/iigiis  du  Pislacia  Terebinthii.s, 
comparés  au  Phylh.xcra  quercds  » . . . .    1 1  lo 

—  M.  Milne  Edwards  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
concours  pour  le  prix  Bordin  à  décerner 
en  1 873 264 

—  Et  de  la -Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  pour  le  grand  piix  des  Scien- 
ces physiques  à  décerner  en  1873 '264 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Cuvier  pour  1873..  . .     4^4 

—  M.   Mdiie    Edwards  est    adjoint   à    la 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie,  pour 
juger  le  Concours  du  prix  de  Physiolo- 
gie do  la  fondation  Lacaze I2i5 

—  M.  Mdne  Edwards  est  nommé  Jlembre 

de  la  Commission  chargée  de  proposer 
une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques,  à  décerner  en  1875.  1412 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  propo- 

ser une  question  pour  le  prix  Bordin,  à 

décerner  en  1 875 1412 

EDWABDS  (Ali'honse-Milne).  —  Recher- 
ches sur  la  faune  ancienne  de  l'île  Ro- 
drigues 810 

—  Observations  sur  l'existence  de  certains 

rapports  entre  le  mode  de  coloration  des 
oiseaux  et  leur  distribution  géographi- 
que    i55i 

ÉLIE  DE  BEAUMONT.  —  Observations  à 
propos  d'une  Lettre  de  M.  le  Ministre 
des  Travaux  publics,  relative  à  la  carte 
géologique  détaillée  de  la  France i5o 

—  M.  Élie  de  BeaiiinorU  est  nommé  Mem- 

bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Bordin  à  décerner 
en  1873 264 

—  Carte  géologique  détaillée  de  la  France. .     4of) 

—  M.  Élie  de  Bcaamnnt  est  nommé  Mem- 

bre do  la  Commission  chargée  déjuger 
le  Concours  pour  le  prix  Cuvier  pour 
1873 424 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

tion de  M.  Dumas  sur  l'action  que  le 
plomb  exerce  sur  l'eau io55 

—  M.  Élie  de  Bcaumnnt  rappelle  quelques- 

uns  des  premiers  travaux  de  ^X.Burdin, 
Correspondant,  dont  la  mort  estannon- 


MM.  Pages, 

cée  à  l'Académie 1 1 49 

-  M.  le  Secrétaire  perpétuel  A\>\w\\o  l'atlen- 

tion  de  l'Académie  sur  l'envoi  qui  lui  a 
été  fait,  par  M.  Th.  du  Mrmcel,  de  la 
collection  des  ouvrages  publiés  par  lui 
sur  l'Électricité  et  sur  la  Télégraphie 
électrique 4» 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture 

d'une  Lettre  adressée  à  l'Académie  par 
M.  le  Secrétaire  de  l'Académie  des 
Sciences  naturelles  de  Minnesota 434 

—  M.    le    Secrétaire  perpétuel  annonce    à 

l'Académie  que  le  tome  LXXV  des 
Comptes  rendus  est  en  distribution  au 
Secrétariat 545 

—  Annonce  que  lo  tome  XXXVIII  des  «  Mé- 

moires de  l'Académie  des  Sciences»  est 

en  distribution  au  Secrétariat G5ij 

-  M.  \e  Secrétaire  perpétuel  comm\ir\k\na  à 

l'Académie  deux  Lettres  qui  lui  sont 
adressées  parM.  ^.  Poey,  sur  les  rapports 
entre  les  taches  solaires  et  les  ouragans 
des  Antilles,  de  l'Atlantique  nord  et  de 
l'océan  Indien  sud 1222  et  i343 

—  M.   le   Secrétaire  perpétuel  annonce    à 

l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  G. 
Rose,  Correspondant  pour  la  Section  de 
Minéralogie 264 

—  Et  de  M.  C.-F.Naumaim,  correspondant 

pour  la  Section  de  Minéralogie 1 322 

—  M.  le  6'(^cretoi>c /;if/y«'7«f/ signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  ouvrages  suivants:  «Obser- 
vations faites  dans  les  stations  astrono- 
miques suisses , par  M.  E.  Plctntamour» .       40 

—  Divers   ouvrages   de    MM.  Graeff,    Ch. 

Antoine,  Ed.  Lambert ig5 

—  Trois  brochures  de  M.  E.  Nouel 269 

—  Une  brochure  de  MM.  J.-E.  Plaïulton  et 

/.  Lichtcnstein;  une  brochure  de  M.  F. 
Garrii;ou;  un  volume  imprimé  en  espa- 
gnol, intitulé:  «  Collection  de  documents 
relatifs  à  l'histoire  de  la  Bolivie  » 434 

—  Une  brochure  de  M.  de  Croizier;  les  nu- 

méros du  journal  le  Ciel,  adressés  par 

M.  /.  î'inot 474 

—  Le  premier  numéro  du  tome  I  des  «  Mé- 
moires del'Observatoire  royal d'Arcetri».     562 

—  Divers  ouvrages  de    iM.    Gérardin,    de 

M.  Max.  Marie,  de  M.  Mourette,   de 

M.  Van  der  MensbruggJie Co4 

-  La  6°  série  des   «  Matériaux  pour  la   Pa- 
léontologie suisse»  de  M.  /•'.-/.  Pictet.     63; 


(  iC 


MM. 


Pages. 


Diverses  brocliurcs  de  M.  Clahlicr  et 
en  particulier  «  La  quadrature  du 
cercle,  de  i58o  à  1620  » 637 

—  L'Instruction  sur  les  paratonnerres,  adop- 

tée par  l'Académie  des  Sciences,  qui 
vient  d'être  publiée  par  M.  Gautliicr- 
Villars;  l'Histoire  de  l'Astronomie,  dé- 
liais ses  origines  jusqu'à  nos  jours,  par 
M.  F.  Horfcr logS 

—  La  i5'  livraison  des  «  Contributions  à  la 

Carte  géologique  de  la  Suisse  »  ;  et 
«  l'Histoire  des  astres  illustrée  n,  par 
M.  J .  Rnmhosson 1 222 

—  Le  «  Rapport  sur   l'état  de  la  Piscicul- 

ture >',  par  M.  Bo'iclion-Brnnclcly 1222 

—  Un  volume  intitulé»  l'Empire  du  Brésil  à 

l'exposition  universelle  de  Vienne  en 
1873» 1337 

—  Un  ouwago  deM.  J/p/i.-Milne  E(/uYird\, 

intitulé  ;  «  Recherches  sur  la  faune  or- 
nithologique  éteinte  des  îles  Masca- 
reignes  et  de  Madagascare  »,  et  donne 


>4  ) 

MM.  VAzes. 

lecture  d'un  passage  delà  Letlred'envoi.   i337 

—  Un  ouvrage  de  M.  Fi/lc,  intitulé  :  «Ex- 

ploration géologique  du  Deni-Mzab,  du 
Sahara  et  de  la  région  des  steppes  de  la 
province  d'Alger  »,  et  donne  lecture 
d'un  passage  de  la  Lettre  d'envoi 1 338 

—  Une  Carte   agronomique  de   l'arrondis- 

sement do  Vouziers  (Ardennes),  par 
MM.  MciigyciNimit,  et  extraitquelques 
renseignements  de  la  Lettre  d'envoi. . .   i34i 

—  Divers  ouvrages  de  M.  A.  Giiiltcniin  cl 

de  M.  L.  Moisscnet,  et  une  publication 
de  la  Commission  départementale  de 
l'Hérault,  sur  les  procédés  de  guérison 
des  vignes  atteintes  du  Thylloxera 1 487 

ENGEL.  —  Recherches  sur  l'hydrure  d'ar- 
senic   1545 

ERB  adresse  une  Letire  concernant  ses  Com- 
munications sur  le  choléra  et  sur  le 
Phylloxéra 2C9 

—  Adresse  une  nouvelle  Communication  re- 

lative au  choléra O37 


F 


FABRE  (G.).  ~  Sur  l'ancienne  existence, 
durantla  périodequaternaire, d'un  grand 
glacier  dans  les  montagnes  de  r.\ubrac 
(Lozère) 495 

FAIVRE  (E.).  —Nouvelles  recherches  sur  le 
transport  ascendant,  par  l'écorce,  des 
matières  nourricières ioS3 

FAUCON  (L.).  —  Sur  l'époque  à  laquelle  il 
conviendrait  d'appliquer  la  submersion 
aux  vignes  atteintes  par  le  Phylloxéra.     GG3 

—  Observations  relatives  aux  résultats  obte- 

nus par  les  études  scientifiques,  concer- 
nant le  Phylloxéra 1175 

FAUCONNET  adresse  une  Note  relative  à 
divers  procédés  de  destruction  du  Phyl- 
loxéra      432 

FAVilE  (P. -A.).  —  Recherches  thermiques 

sur  les  dissolutions  salines loi 

—  Recherches  sur  la  dissociation  cristalline: 

Évaluation  et  répartition  du  travail  dans 
les  dissolutions  salines.  (En  commun 
avec  M.  C.-.l.  î'alsoii.]. .  577,  802  et  907 
~  Recherches  thermiques  sur  la  conden- 
sation des  gaz  par  les  corps  solides. 
Absorption  do  l'hydrogène  par  le  noir 
de  platine 649 

—  Recherches  sur  les  effets  thermiques  qui 

accompagnent  la  compression  des  li- 
quides. (En  commun  avecM.  LdurciU.).    ijSi 

—  Prie  l'Académie  do  comprendre  ses  tra- 

vaux parmi  les  pièces  du  Concours  du 
prix  Lacazc  (Chimie) i32i 


FAVE.  —  Sur  la  théorie  physique  du  Soleil, 

proposée  par  M.  Jlcairr 293 

—  Réponse  à   de   nouvelles   objections   de 

M.  Tacchini 38 1 

—  Théorie  des  scories,  selon  M.  Zœlliicr. .     5oi 

—  Sur  les  aurores  boréales,  à  l'occasion  d'un 

lécent  Mémoire  de  M.  Donati 545 

—  Réponse  à  la  dernière  Note  de  M.  Tac- 

rliini 62 1 

—  Sur  les  Astroimmische  Mittheilungen  du 

D'-  Rodolphe  Wolf 853 

—  Sur  l'explication  des  taches  solaires,  pro- 

posée par  M.  le  D'  Reye 855 

—  Analyse  et  critique  d'un   «  Essai  sur  la 

constitution  et  l'origine  du  système  so- 
laire, par  M.  Rmlic  « 957 

—  Réponse  aux  remarques  de  M.  Tnrry  sur 

la  théorie  des  taches  solaires i  ia2 

—  Sur  les  trombes  terrestres  et  solaires. ..   i256 
FERRIÈRE  (E.).  —   Procédé  de  préparation 

d'un  nouveau  rouge  d'aniline G46 

FILIIOL  (H.).  —  Sur  un  nouveau  genre  de 
Lémurien  fossile,  découvert  dans  les  gi- 
sements de  phosphate  de  chaux  du 
Quercy 1 1 1 1 

—  Sur  des  pièces  fossiles  provenant  de  Ba- 

traciens, de  Lacertiens  et  d'Ophidiens, 
trouvés  dans  les  dépôts  de  phosphate  de 

chaux  de  l'Aveyron i556 

FLAMMARION  (C).  -  Surla  planète  Mars.     278 

—  Orbite  apparente  cl  période  do  révolu- 

tion de  l'étoile  double  ?  de  la  Grande 


(  t6 

MM.  Paf;es. 

Ourse 1234 

FONVIELLE  {W.  de).    -  Quelques  détails 

sur  le  tremblement  de  terre  du  iSjuin.       66 

—  Remarques  sur  différents  prublémus  pra- 

tiques de  navigation  aérienne 1007 

—  Sur  l'emploi  des  pigeons  voyageurs  dans 

la  navigation  aérienne ....  1 162 

—  Sur  les  pigeons  voyageurs  revenus  à  Paris 

pendant  le  siège 1275 

FORDOS.  —  Action  de  l'eau  aérée  sur  le 
plomb,  'considérée  au  point  de  vue  de 
l'hygiène  et  de  la  médecine  légale. . . .    1099 

—  Action  de  l'eau  de  Seine  et  de  l'eau  de 

rOurcq  sur  le  plomb 1186 

FOUQUÉ  (F.).  —  Sur  les  inclusions  vilreu-  1 


i5) 

MM.  Pases. 

ses  renfermées  dans  les  feldspaths  des 
laves  de  Santorin 1 322 

FOURNIE  (Ed.).  —Mémoire  sur  leslocalisa- 
tions  cérébrales  et  sur  les  fonctions  du 
cerveau 335 

FRIEDEL  (C).  —Sur  un  nouvel  isomère 
de  l'acide  valérianique.  (En  commun 
avec  M.  D.  Si/m.) 48 

—  Sur  une  combinaison  naturelle  des  oxydes 
de  fer  et  de  cuivre,  et  sur  la  reproduc- 
tion de  l'atacamite ....     211 

FROTÉ  (Ch.).  —  Action  du  chlorure  do 
benzyle  sur  la  naphtylamine.  (En  com- 
mun avec  M.  D.  TumnmsL] 57 


GAGNAT  adresse  une  Note  relative  à  l'im- 
portance de  la  fumure,  combinée  avec 
l'emploi  des  insecticides,  pour  com- 
batlre  le  Phylloxéra 772 

GAL  (H.).  —  Recherches  sur  l'acide  tribro- 

macétique 786 

GAUBAN  DU  MONT  adresse  uneNole  rela- 
tive à  l'influence  que  pourrait  avoir  la 
culture  du  chanvre  pour  éloigner  des 
vignobles  le  Phylloxéra 7i5 

GAUDRY  (A.).  -  Sur  VJnthracolhrrinm 
découvert  par  M.  Bertrand  à  Saint- 
Menoux  (Allier ) 1 3o2 

GAUGAIN  (J.-M.).  —  Notes  sur  le  magné- 
tisme      587,  702,  1074  et  i465 

GAUSSIN(L.).  -  De  la  propagation  de  la 
marée  sur  divers  points  des  côtes  de 
France.  Changement  dans  l'heure  de  la 
pleine  mer  du  Havre,  depuis  les  travaux 
d'endiguement  de  la  Seine 4^4 

GAYON  (U.).  —  Sur  les  altérations  sponta- 
nées des  œufs 214 

GENOCCHI  (A.).  —  Observations  relatives 
à  une  Note  de  M.  Mcnabrea,  concer- 
nant la  série  de  Lagrange i54i 

GEORGE.  —  Sur  la  structure  de  l'estomac 

chez  VHyntxcnpcnsis i554 

GERVAIS  (P.).  —  Sur  les  fossiles  trouvés 

dans  les  chaux  phosphatéesdu  Quercy.     106 

—  M.  P.  Gcn'oj.v  fait  hommage  à  l'Académie 

de  divers  Mémoires  qu'il  a  publiés. . . .     809 

—  Recherches  anatomiques  sur  lesÉdentés 

tardigrades 86 1 

—  Structure  des  dents  del'Hélodermeet  des 

Ophidiens 1069 

—  Remarques  sur  la  Faune  sud-américaine, 

accompagnées  de  détails  anatomiques 
relatifs  à  quelques-uns  de  ses  types  les 
plus  caractéristiques 1208 

C.  R.,  1873,  2"  Semenre.  (T.  LXXVII.) 


—  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire 

consacré  à  des  Mammifères  d'espèces 
éteintes,  propres  à  l'Amérique  méridio- 
nale    141 1 

—  Squelette  de  grand  Paléothérium  [Palœo- 

theritim  Dingniim,  Cuv.)  trouvé  dans  les 
platrières  de  Vitry-sur-Seine 1460 

GI.\RD   (Alph.).    —  Sur   les    Cirrhipèdes 

rhizocéphales g45 

GILLET-DAMITTE.  —  Sur  les  propriétés  nu- 
tritives et  lactigènes  du  Gnlega  offici- 
nalis 38  et  1221 

—  Adresse  l'observation  d'un  nouveau  fait, 

constaté  par  M.  E.  Massnn   d'Andres, 
attestant  l'efficacité  du  sirop  de  Galegn.    i486 
GI.MBERT.  —  Assainissement  des   terrains 

marécageux  par  V Eucalyptus  ghbulus. .    7G4 

—  Sur  les  sécrétions  de  la  lleur  de  V Euca- 

lyptus globulus i3o4 

GIRARD  (Aimé).  —  Sur  une  nouvelle  ma- 
tière sucrée  volatile,  extraite  du  caout- 
chouc de  Madagascar gg5 

GIRARD  (H.)  adresse  une  Note  relative  à 
l'emploi  de  matelas  à  air,  propres  à  être 
étendus  sur  le  sol,  près  des  édifices  in- 
cendiés, pour  recevoir  les  habitants  des 

étages  supérieurs 772 

GORCEIX  (H.).  —  Sur  l'état  du  volcan  de 

Nisyros  au  mois  de  mars  1873 597 

—  Sur  la  récente  éruption  de  Nisyros io39 

—  Sur  l'éruption  boueuse  de  Nisyros 1474 

GOURIET  (Ed.)  adresse  un  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Remarques  sur  les  membres  pos- 
térieurs des  Phoques  et  sur  l'extrémité 
caudale  des  Cétacés  » 6o3 

GRAD  (Cii.).—  Sur  la  limite  des  glaces  dans 

l'océan  Arctique i477 

GRAEF.  —  Mémoire  sur  l'application  des 
courbes  des  débits  à  l'étude  du  régime 

209 


(  i6i6  ) 


MM.  Pages. 

fies  rivières  et  au  calcul  des  effets  pro- 
duits par  un  système  multiple  de  réser- 
voirs. (Rapport  sur  ce  Mémoire;  rap- 
porteur I\l.  Moriii.) 982 

GRAND'ICURY.  —  Gisement  de  végétaux  si- 
licillés  dans  le  bassin  houiller  de  la 
Loire 494 

GR1MAUX(E.).   —    Synthèse   de  l'o.valyl- 

urée  (acide  parabanique) i548 

GUÉR1N(R.).  —  Essai  sur  la  distribution 
géographique  des  populations  primitives 
dans  le  déparlement  de  l'Oise 1327 

—  De  quelques  altérations  morphologiques, 

obser\ées  dans  le  genre  Cypripcdium 

{ Orchidées  ) 1 432 

—  Essai  sur    la  distribution    géographique 

des  populations  primitives  dans  les  dé- 


MM.  Pages. 

parlements  de  Seine-et-Marne  et  de  la 
Moselle i485 

GUËRIN-MÉNEVILLE.  -  Le  Phylloxéra 
n'est  pas  la  cause,  mais  une  conséquence 
de  la  maladie  de  la  vigne 929 

GUEYRAUD.  —  Expériences  relatives  à  l'ac- 
tion de  l'ammoniaque  et  à  l'action  pro- 
longée de  l'eau  sur  le  Phylloxéra m 

GUIPON  adresse  un  Mémoire  sur  une  nou- 
velle application  des  greffes  épidermi- 
ques.  M.  Lnrrey  fait  une  analyse  suc- 
cincte de  ce  travail 1093 

GULLICH  adresse  deux  Notes  relatives  à  un 

cylindre  moteur 891  et  i486 

GlTi'OT  (P.).  —  Nouvelle  analyse  de  l'eau  de 

la  fontaine  Saint-Thiébaut,  à  Nancy. ...   1 384 


H 


HANS.  —  Sur  un  baromètre  dit  absolu.  (En 

commun  avec  M.  Hermnrr.] 121 

HAUTEFEUILLE  (P.).  -  Sur  "les  chlorova- 

nadates 896 

HAY  (A.)  adresse  une  Note  relative  à  l'em- 
ploi, contre  le  Phylloxéra,  d'une  décoc- 
tion de  tabac  mélangée  avec  de  la  chaux.     66G 

HECKEL  (E.).  —  De  l'ïrritabilité  des  éta- 
mines;  distinction  de  deux  ordres  de 
mouvements  dans  ces  organes 948 

HÉMENT  (F.).  —  Observations  relatives  à 
l'accroissement  de  volume  de  l'eau  au- 
dessous  de  4  degrés,  à  propos  d'une 
Note  de  M.  Piarron  de  Mondcsir 1219 

HÉNA  (T.)  adresse  une  nouvelle  Note  rela- 
tive à  des  coprolithes  trouvés  dans  les 
terrains  quaternaires  des  environs  de 
Saint-Brieuc 39  et     194 

—  Annonce  la  découverte   de   divers  gise- 

ments géologiques  aux  environs  de  Saint- 
Brieuc 473 

—  Adresse  une  Note  relative  à  des  concré- 

tions trouvées  dans  les  terrains  de  Saint- 
Brieuc 604 

—  Adresse  deux  Communications  relatives, 

l'une  à  des  galets  de  silex  dans  le  di- 
luviura  do  Saint-Brieuc  ,  1  autre  au 
groii  ou  gravier  granitique  à  blocs,  de 
Saint-Brieuc C67 

—  Adresse  des  recherches  sur  les  silex  de 

la  Bretagne  et  sur  le  prétendu  tufau  vert 

de  la  LanvoUon 835 

—  Adre.sse  deux  Notes  relatives  à  la  géologie 

de  quelques  points  des  Côtes-du-Nord. 

1016  et  1287 

HENNEQUIN adresse  une  Note  sur  l'allonge- 


ment du  fémur  dans  le  traitement  doses 
fractures,  par  la  méthode  et  l'appareil 
dont  il  est  l'inventeur 1221 

HERMANAS  (de  Dos).  -  Sur  les  Cocuyos 

de  Cuba 333 

HERMARY.  —  Sur  un  baromètre  dit  absolu. 

{  En  commun  avec  M.  Hans.) 121 

HERMITE.  —  Sur  la  fonction  exponentielle. 

18,  74 ,  226  et    285 

HILLERET  (G.)  adresse  une  Note  «  sur  les 
cercles  de  hauteur  et  leur  représenta- 
tion sur  la  carte  de  Mercator  » 1 540 

HIRN.  —  M.  Hirn  fait  hommage  à  l'Acadé- 
mie d'une  brochure  intitulée  :  «  Appli- 
cations du  pandynamomètre  à  la  mesure 
du  travail  des  machines  à  vapeur  à  ba- 
lancier » 32 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Mémoire 

sur  les  propriétés  optiques  de  la  flamme 
des  corps  en  combustion  et  sur  la  tem- 
pérature du  Soleil 1412 

HUGO  (  L.)  adresse  le  dessin  de  deux  dodé- 
caèdres antiques,  conservés  au  Musée  de 
Lyon 433 

—  Annonce  l'existence,  au  Musée  de  Chalon- 

sur-Saône,  d'un  nouveau  dodécaèdre 
antique  en  bronze 47» 

—  Adresse  divers  documents  relatifs  à  des 

polyèdres  antiques  conservés  dans  les 
collections  des  départements 5G2 

—  Adresse   une  Note  relative  à  la  sphère 

considérée  comme  un  équidomoïde.. . .     7i5 
HUSiNOT  (T.)  adresse,  pour  la  bibliothèque 
de  l'Institut,    les  fascicules  8  et  9  de 
sa  collection  des  mousses  de  France. 
195  et  1288 


(  i6i7  ) 


I 


MM.  Pages. 

INSTITUT  IMPÉRIAL  DES  MINES  DE  SAINT- 
PÉTERSBOURG  (l')  invite  l'Académie 
à  se  faire  re|)résenter  par  l'un  de  ses 
Membres  au  jubilé  du  centième  anni- 
versaire de  sa  fondation 773 


MM.  Pages. 

IVERSEN  (W.)  informe  l'Académie  qu'il  a 
fait,  l'été  dernier,  à  Saint- Pétt'rsbourg, 
un  essai  d'éducation  de  versa  soie, dans 
le  jardin  de  la  Société  écunomiquc 900 


J 


JACQMIN  est  présenté  par  la  Commission 
chargée  de  préparer  une  liste  de  candi- 
dats pour  la  place  d'Académicien  libre 
vacante  par  le  décès  de  M.  de  Fenieuit.     147 

JACQUEMIN.—  L'acide  pyrogallique  en  pré- 
sence de  l'acide  iodique 209 

—  Le  pyrogallol  en  présence  des  sels  de  fer.     SgS 
JAMIN  (J.).  —  Sur  les  modifications  du  pou- 
voir magnétique  de  l'acier  par  la  trempe 

ou  le  recuit 89 

—  Sur  le  rôle  des  armatures  appliquées  aux 

faisceaux  magnétiques 3o5 

—  Sur  les  lois  de  l'aimantation    de  l'acier 


par  les  courants 1 389 

—  Sur  la  déperdition  du  magnétisme i445 

JANNETTAZ  (E.).  —  Note  sur  l'emploi  du 
bisulfate  de  potasse  comme  agent  révé- 
lateur de  la  galène  dans  tous  les  mé- 
langes      838 

JOBERT.  —  Recherches  pour  servir  à  l'his- 
toire de  la  digestion  chez  les  oiseaux..     i33 

JOLYET  (F.). —  Recherches  expérimentales 
sur  l'action  du  gaz  protoxyde  d'azote. 
(  En  commun  avec  M.  T.  Blanche.).. . .       59 

JORDAN  (C).  —  Sur  les  polynômes  bili- 

néaires 1487 


K 


KREGAU  (J.)   adresse  une  Note  relative  à 
diverses  questions  d'Astronomie  et  de 


Physique  du  Globe G37 


LABOULBÈNE  (A.).—  Sur  les  organes  phos- 
phorescents thoraciques  et  abdominaux 
du  Cocuyo  de  Cuba  (P/m/i/ioms  nocti- 
liicus;  Elater  noctiliicus,  L.).  (En  com- 
mun avec  M.  Ch.  Robin.) 5i  1 

LACAZE-DUTHIERS  (de).  — Développement 

des  Polypes  et  de  leur  polypier 1201 

—  M.  rie  Lacaze-Dutliicrs  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  Je 
Concours  pour  le  grand  prix  de  Sciences 
physiques  à  décerner  en  1 873 26  ; 

LÂCOMME  (A.)  adresse  un  Mémoire  sur  un 
projet  de  bateau  sous-marin,  par  voie 
ferrée,  pour  traverser  la  Manche 891 

LA  GOURNERIE  (de).  —  Note  sur  le  nom- 
bre des  points  d'intersection  que  repré- 
sente un  point  multiple  commun  à  deux 
courbes  planes,  lorsque  diverses  bran- 
ches de  la  première  sont  tangentes  à 
des  branches  de  la  seconde 673 

LAGRANGE  (P.).  —  Application  du  phos- 
phate d'ammoniaque  et  de  la  baryte  à 


l'épuration  des  produits  sucrés 1245 

LAILLER  adresse  une  Note,  accompagnée 
d'une  pièce  anatomique,  pour  servir  à 
l'étude  de  la  formation  des  calculs  bi- 
liaires    ICI 6 

LÂLLEMAND  (A.).  —  Sur  quelques  phéno- 
mènes d'illumination 121G 

LARREY.—  M.  /.«rrer  présente  le  XIH"  vo- 
lume des  «  Rapports  du  département 
médical  de  l'armée  anglaise  » 282 

—  Observations  relatives  à  une  Communi- 

cation de  M.  le  général  AJorin,  sur  le 
volume  d'air  nécessaire  pour  assurer  la 
salubrité  des  lieux  habités 324 

—  Remarques  sur  la  thyréo'i'dite  aiguë, dite 

goitre  épidémique,  chez  les  jeunes  sol- 
dats      733 

—  M.  Ldrrcy  fait  savoir  à  l'Académie  que 

M.  Chenu  s'occupe  de  la  publication  de 
documents  statistiques  sur  les  pertes 
des  armées  françaises  pendant  la  guerre 
de  1 870-1 871 762 

2oy.. 


(   i6i8  ) 


MM.  l'^Ces- 

—  M.  LnrrcY  présente  à  l'Académie,  de  la 

part  de  M.  Th.  E^'ans,  un  ouvrage  inti- 
tulé ■-  «  Histoire  de  l'ambulance  améri- 
caine établie  à  Paris  durant  le  siège 
de  1870-1871  »,  et  en  donne  un  exposé 
sommaire 8  i4 

—  Analyse  verbale  d'un  Mémoire  de  M.  Gui- 

pon,  sur  une  nouvelle  application  des 
greffes  épidermiques 1  ogS 

LASSERRE  (J.)  adresse  un  travail  sur  les 
règles  de  la  construction  et  de  l'emploi 
des  Tables  de  logarithmes 14 34 

LAURENT.  —  Recherches  sur  les  effets 
thermiques  qui  accompagnent  la  com- 
pression des  liquides.  (En  communavec 
M.  P.-A.  Fm're.) 981 

LAUSSEDAT.  —  Sur  un  système  de  télégra- 
phie optique,  réalisé  pendant  lesiége  de 
Paris,  par  une  Commission  nommée  par 
le  Gouverneur 34 

L.WAL  (E.  de)  envoie  un  exemplaire 
d'une  pétition  adressée  au  Conseil  mu- 
nicipal de  Paris,  à  l'effet  d'obtenir  la 
proscription  des  tuyaux  en  plomb  pour 
la  distribution  des  eaux  destinées  aux 
usages  alimentaires 527 

—  Réclamation  de   priorité,  à    propos   de 

l'emploi  du  sulfure  do  carbone  contre 

le  Phylloxéra 601 

—  Adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  du 

sulfure  de  carbone  mélangé  avec  une 
huile  végétale,  et  à  l'emploi  du  sulfure 
de  potassium,  contre  le  Phylloxéra. ...     715 

—  Sur  l'emploi   des  tuyaux  de  plomb  pour 

la  conduite  des  eaux  potables 1271 

LAVOCAT  (A.).  —  Sur  le  pied   d'homme  à 

huit  doigts,  dit  pied  de  Mornnd 1116 

LE  BEL  (J.-A.).  —  Procédé  pour  préparer 

l'alcool  amylique  actif 1021 

LEBLAN  (A.)   adresse  une  Note  relative  à 

un  nouveau  modèle  de  wagon 433 

LEBON  adresse  deux  Notes  concernant  l'em- 
ploi du  gaz  d'éclairage  ou  de  la  vapeur 
de  soufre  contre  ,1e  Phylloxéra 6o3 

LECHAPE  (J.)  adresse  une  Note  concernant 
l'action  que  peut  exercer  l'ail  broyé  et 
mélangé  de  sel  marin,  pour  la  destruc- 
tion du  Phylloxéra JoiG 

LE  CHEVALIER  (A.)  priol'Académiede  ren- 
voyer au  concours  des  Arts  insalubre»  le 
contenu  d'un  pli  cacheté  déposé  par  hii.  i336 

LECLERC  (D.-IL).  —  Tableaux  statistiques 
des  pertesdes  arméesallemandes, d'après 
les  documents  officiels  allemands,  pen- 
dant la  guerre  de  1870-1871 758 

LECONTE  (J.)  adresse  une  Note  relative  au 
tremblement  de  terre  ressenti  à  Barcc- 
olone,le  27\cmbro  ni 873 i     IgG 


MM.  Pages. 

LECOQ  DE  BOISBÂUDRAN  adresse  une  Note 
relative  aux  ravages  produits  par  le 
Phylloxéra 562 

—  Effets  que  le  sulfure  de  carbone,'employé 

pour  détruire  le  Phylloxéra,  paraît  exer- 
cer sur  la  vigne 77  ' 

—  Action  du  condensateur  sur  les  courants 

d'induction 93? 

—  Sur  quelques spectresmétalliques  (plomb, 

chlorure  d'or,  thallium,  lithium) i  iSa 

LE  COZ  (J.-A.)  adresse  une  Note  relative  à 
des  coprolithes  trouvés  dans  les  envi- 
rons de  Saint-Brieuc,  qu'il  croit  être 
formés  par  un  dépôt  de  carbonate  de 
chaux  dans  le  moule  de  racines  d'arbres.  Sg 
LEDIEU  (A.).  —  Démonstration  directe  des 
principesfondamenlaux  de  la  Thermody- 
namique. Lois  du  frottement  et  du  choc 
d'après  celte  science.       94,  ï63,  260, 

325,  414,  455,    5i7 

LEGROS  (Ch.).  —  Origine  et  formation  du 
follicule  dentaire  chez  les  Mammifères. 
(En  commun  avecM.  P.  Mn^itot.) 1000 

—  De  la  chronologie  du  follicule  dentaire 

chez  les  Mammifères.  (En commun  avec 

M.  P.  Magitoi.) 1377 

—  Expériences  sur  l'emploi  de  la  galvano- 

caustie  dans  les  opérations  chirurgicales. 

(En  commun  avec  M.  Onimiis.) i38o 

LEMOINE  adresse  une  Notesur  un  nouveau 
mode  d'emploi  de  l'huile  de  foie  de  mo- 
rue, au  moyen  de  la  panification.  (En 
commun  avec  M.  Carré.) 347 

LÉON  adresse  quelques  observations  rela- 
tives à  une  Communication  de  M.  E. 
Peligot,  sur  les  alliages  employés  pour 
la  fabrication  des  monnaies  d'or 220 

LEPRESTRE  adresse  un  Mémoire  destiné  au 
Concours  du  prix  de  Mécanique,  fonda- 
tion Montyon  (invention  ou  perfection- 
nement des  instruments  utiles  aux  pro- 
grès de  l'agriculture) 2G8 

LESSEPS  (de)  est  présenté  par  la  Commis- 
sion chargée  de  préparer  une  liste  de 
candidats  pour  la  place  d'Académicien 
librCj  laissée  vacante  par  le  décès  de 
M.  de  Verneuil 1 47 

—  M.  de  Lcsseps  est  nommé  à  cette  place.     190 

—  M.  de  Lesseps  prie  l'Académie  de  dési- 

gner une  Commission,  pour  donner  quel- 
ques indications  aux  explorateurs  de  la 
future  ligne  de  chemins  de  fer  du  centre 
de  l'Asie 463 

—  Extrait  d'une  Lettre  à   lord  Granville, 

sur  le   projet  d'un  chemin  de  fer  dans 

l'Asie  centrale 1066 

LESTIBOUDOIS.  —  M.  Lcstiboudoh  adresse 
un  Mémoire  manuscrit,  accompagné  de 


(  '6i9  ) 


MM.  Pages, 

planches  nombreuses,  sur  la  structure 
de  l'écorce  et  la  formation  du  subor. . .       32 

LE  VERRIER.  —  Tliéorie  do  la  planète  Sa- 
turne        73 

—  M.  Le  Verrier  annonce  à  l'Académie  que 

les  mesures  sont  prises  pour  l'observa- 
tion de  l'essaim  d'étoiles  filantes  de  la 
fin  de  novembre 1071 

LEVY  (Maurice).  —  Sur  une  réduction  de 
l'équation  à  différences  partielles  du 
troisième  ordre,  qui  régit  les  familles 
de  surfaces  susceptibles  de  faire  partie 
d'un  système  orthogonal i435 

LEYMERIE.— Note  sur  la  formation  tertiaire 
supra-nummulitique  du  bassin  de  Car- 
cassonne 9  '  5 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un  travail 

imprimé,  portant  pour  titre  :  «  Descrip- 
tion géognostique  du  versant  méridional 
de  la  montagne  Noire,  dans  l'Aude  »...   121 5 
LICHTENSTEIN.  —  Sur  l'état  actuel  de   la 


MM.  Pages, 

question  du  Phylloxéra 342 

—  De  la  marche   de  pioche  en   proche  du 

Pliylloxera.  (En  commun  avec  M.  Plnn- 
cliiin.] 4c  I 

—  Sur  la   rapidité  de  la  reproduction   du 

Phylloxéra 622 

LOCKYER  (N.).  —  Note  préliminaire  sur  les 

éléments  existant  dans  le  Soleil 1 347 

—  Est  nommé  Correspondant  pour  la  Sec- 

tion d'Astronomie,  en  remplacement  de 

feu  M.  Enckc i Sao 

LORIN.  —  Sur  les  oxalines  ou  éthers  de  la 

glycérine  et  des  alcools  polyatomiques.     129 

—  Caractéristiques  des   alcools  polyatomi- 

ques proprement  dits 3G3 

LUCA   (S.  de).  —  Action  de  la  terre  vol- 
canique de  la  solfatare  dePouzzoles  sur 

les  maladies  do  la  vigne i43i 

LUCAS  (F.).  —  Rapport  anharmonique  de 

quatre  points  du  plan 1 463 


M 


MAGITOT  (P.).  —  Origine  et  formation  du 
follicule  dentaire  chez  les  Mammifères. 
(En commun  avec  M.  Ch.  Lcgros.) 1000 

—  De  la  chronologie  du  follicule   dentaire 

chez  les  Mammifères.  (  En  commun  avec 

M.  Ch.  Legros.) i377 

MAGNAC  (de).  —  Sur  l'emploi  des  chrono- 
mètres à  la  mer 609 

MAGNAT  (l'abbé)  prie  l'Académie  de  lui 
adresser  quelques  documents  relatifs  à 
l'histoire  naturelle  du  Phylloxéra 666 

MALEGNANE  (de).  —  Observations  rela- 
tives à  l'opinion  exprimée  par  M.  Giié- 
rin-Mé/ieviUc ,  sur  l'apparition  du  Phyl- 
loxéra considéré  comme  une  consé- 
quence de  la  maladie  de  la  vigne ioi5 

MANGON  (  Hervé ) .  —  M.  Hervé  Mangnn  est 
nommé  Membre  de  la  Commission  char- 
gée de  juger  le  Concours  du  prix  Moro- 
gues  pour  1873 465 

MANNHEIM  adresse  un  Mémoire  «  Sur  les 
surfaces  trajectoires  des  points  d'une 
figure  de  forme  invariable,  dont  le  dé- 
placement est  assujetti  à  quatre  condi- 
tions » 268 

—  Rapport    sur   ce   Mémoire;    rapporteur 

M.  Chastes 75^ 

MARAIS  (H.).— Action  de  l'eau  sur  le  plomb 

laminé "529 

MARCHAND  (E.).  —  De  l'innuence  exercée 
par  la  Lune  sur  les  phénomènes  météo- 
rologiques     '  I  '  2 

MARES  (H.).  —  De  la  propagation  du  Phyl- 


loxéra     1 408 

—  Sur  les  résultats  des  expériences  faites 

par  la  Commission  de  la  maladie  de  la 
vigne  du  département  de  l'Hérault. . . .   i455 

MAREY.  —  De  l'uniformité  du  travail  du 
cœur,  lorsque  cet  organe  n'est  soumis  à 
aucune  influence  nerveuse  extérieure. . .     367 

MARIÉ-DAVY.  —  Observations  à  propos 
d'une  Note  de  M.  Rey,  sur  les  analo- 
gies qui  existent  entre  les  taches  so- 
laires et  les  tourbillons  de  notre  atmo- 
sphère      1 227 

MARIGNAC  (de)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  Mémoire  sur  la  solubilité  du  sul- 
fate de  chaux 982 

MARTHA-BECKER  adresse  une  Note  con- 
cernant l'influence  des  courants  aériens 
sur  les  hivers  des  régions  tempérées. . .     282 

.MARTIN  (E.).  — Sur  un  principe  d'union 
delà  Chimie  universelle,  applicable  à  la 
Chimie  organique 523 

—  Adresse  une  «Étude  électrochinaiquesur 

le  soufre,  le  carbone,  le  phosphore  etles 
états  allotropiques  qui  leur  sont  attri- 
bués»    i486 

MARTIN  DE  BRETTES.  —  Observation  d'un 

bolide  à  Versailles,  le  3  décembre  1873.    i384 

MATHEY  adresse  un  certain  nombre  de  do- 
cuments complémentaires  de  ses  Com- 
munications relatives  à  l'application  de 

la  force  du  vent  à  la  vapeur 

., 194,  473,  6o4  et  1016 

MATHIEU.  —  M.  Mathieu  est  nommé  Mem- 


MM. 

bre  de  la  Commission  pour  la  révision 
des  romples 

—  M.  Matliiiii  pr(?sente  à  l'Académie,  de  la 

part  du  Bureau  des  Longitudes,  la  Cnn- 
nahsancc  des  Temps  pour  l'année  1 875 .     802 

MATHIEU  (  E.).  —  Du  rôle  des  gaz  dans  la 
coagulation  de  l'albumine.  (En  commun 
avec  M.  F.  Urbain.) 706 

MATHIEU  (Emile).  —  Mémoire  sur  le  pro- 
blème des  trois  Corps 1071 

MAUDET.  —  De  la  composition  chimique  de 

certains  parenchymes  des  végétaux 1497 

SrÈGNIN.  —  Sur  la  position  zoologique  et  le 
rôle  des  Acariens  parasites  connus  sous 
les  noms  à'Hfpnpiis,  Hoinnpus  et  Tri- 
c/ioilnc/y/its 1 29  et     492 

MÉH.AY  adresse  une  Note  concernant  les  re- 
lations numériques  qui  existent  entre 
le  volume  des  corps  composés,  à  l'état 
de  vapeur,  et  l'atomicité  de  leurs  élé- 
ments    1434 

MELSENS.  —  Note    sur   le    turbinage    des 

vins  gelés i46 

Sur  la  condensation  des  gaz  et  des  liqui-   ■ 

des  par  le  charbon  de  bois.  Phénomènes 
thermiques  produits  au  contact  des  li- 
quides et  du  charbon.  Liquéfaction  des 
gaz  condensés 781 

MENABREA.  —  Note  sur  l'identité  des  for- 
mules données  par  Cauchy,  pour  déter- 
miner les  conditions  de  convergence  de 
la  série  de  Lagrange,  avec  celles  qui  ont 
été  établies  par  Lagrange  lui-même 1 358 

MÈNE  (Cn.).  —  Sur  les  méthodes  d'analyse 
des  phosphates  naturels  employés  en 
Agriculture 43o 

MERCADIEU  (E.).— Sur  le  mouvement  d'un 
fil  élastique  dont  une  extrémité  est  ani- 
mée d'un  mouvement  vibratoire 

039,  67 1 ,  1 292  et  1 366 

—  Réponse  à  une  réclamation  de  priorité  de 

M.  H.  ralérias 9^0 

MERGET.  —  Note  complémentaire  à  sa 
Communication  sur  l'emploi  des  gaz 
comm.e  révélateurs 33 

—  Sur  des  phénomènes  de  thermodiffusion 

gazeuse  qui  se  produisent  dans  les 
feuilles,  et  sur  les  mouvements  circula- 
toires qui  cn  résultent  dans  l'acte  de  la 
respiration  chlorophyllienne i4G8 

MESQUITE  (A.)  adresse  une  Note  relative  à 
une  solution  du  problème  de  la  naviga- 
tion aérieime 527 

MÈTAM01U''0T1S     (E.)    adresse   le    dessin 

d'une  machine  fondée  sur  la  gravité. .  .    loiG 

MEUNIER -DOLLFUS  (Cn.).  —  Éludes  sur 
divers  combustibles  du  bassin  deDonelz 
et  de  Toula  (  Russie  ) .  (  En  commun  avec 


(    1620   ) 
Pages. 

522 


i382 


77 


i54o 


MM.  Pages. 

M.  Schenrer-Kestner.) i385 

MEUNIER  (STAN.).-Sur  la  forme  des  mers 
martiales,  comparée  à  celle  des  océans 
terrestres 566 

—  Produits  d'oxydation    des    fers    météo- 

riques; comparaison  avec  les  magnétites 
terrestres 643 

—  Sur   le  calcaire    spathique  des   marnes 

vertes  de  Chennevières 1037 

—  Sur  les  marnes  à  huîtres  de  Fresnes-les- 

Rungis  (Seine) 

MICHAUD  (F.)  adresse  une  Note  concernant 
un  procédé  pour  éviter  les  effets  désas- 
treux des  gelées  tardives  sur  les  vignes. 

MICHEL  (R.-F.).—  Sur  un  nouveau  système 
de  télégraphie  pneumatique.  (En  com- 
mun avec  M.  D.  Tommasi.) 281 

MILINS  (Alpii.)  adresse  l'indication  d'un 
mélange  contenant  du  cyanure  de  potas- 
sium, pour  détruire  le  Phylloxéra 

i336   et 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE  ET  DU 
COMMERCE  (M.  le)  adresse,  pour  la 
bibliothèque  de  l'Institut,  les  n"  9,  10 
et  1 1  du  Catalogue  des  Brevets  d'inven- 
tion pris  en  1S72,  et  le  tome  LXXIX 
du  Recueil  des  Brevets 195 

—  Adresse  le  deuxième  volum.e  (2"  partie) 

du  Recueil  des  travaux  du  Comité  con- 
sultatif d'hygiène  publique  en  France. .     528 

—  Adresse  divers  numéros  du  Catalogue  des 

Brevets  d'invention i54o 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (M.  le)  adresse 
le  dix-neuvième  volume  du  Recueil  de 
Mémoires  et  Observations  sur  l'hygiène 
et  la  Médecine  vétérinaire  militaire.. . . 

—  Écrit  à  l'Académie  pour  l'inviter  à  dési- 

gner l'un  de  ses  Membres,  pour  faire 
partie  du  Comité  spécial  institué  pour 
donner  son  avis  sur  les  questions  rela- 
tives au  Service  des  poudres  et  sal- 
pêtres   

—  Informe  l'Académie  que  MM.  Cliasles  et 

Scriet  sont  maintenus  Membresdu Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'École  Po- 
lytechnique, pour  l'année  i874,autilre 
de  Membres  rie  l'Académie  des  Sciences. 
MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(M.  le)  transmet  l'ampliationdu  décret 
qui  approuve  l'élection  de  sir  Ch. 
ff'heatstone  à  la  place  d'Associé  étran- 
ger'  

—  Adresse  l'anipliation  du  décret  par  lequel 

le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  /•".  de  Lcsscps 

—  Transmet  l'amiilialion  du  décret  par  le- 

quel le  Président  de  la  République  auto- 
rise l'Académie  à  accepter  le  legs  qui 


892 


14S7 


i49 


38i 


MM.  Pajjes. 

lui  a  élé  fait  par  M""  Giiérinrnti-Di'In- 
liindc,  pour  être  employé  conlormi-- 
mont  aux  conditions  énoncées  clans  son 
testament 1095 

—  Transmet  à  l'Académie  les  ouvrages  sui- 

vants :  «  Illustration  de  la  flore  de  l'Ar- 
chipel indien»,  par  M.  F. -A.  Miqucl; 
«  Musée  botanique  de  Leyde  «  ,  par 
l\r.  Surinc^ar 1 222 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 
(M.  le)  transmet  une  Lettre  destinée  à 
recommander  M.  de  Lacnze-Duthicrs 
aux  agents  de  son  Département,  pendant 
la  mission  scientifique  qu'il  doit  accom- 
plir dans  la  Méditerranée 528 

MINISTRE  DES  TRAVAUX  PUBLICS  (M. le). 
—  Lettre  relative  à  la  Carte  géologique 
détaillée  de  la  France 149 

—  Adresse  une  seconde  série  des  feuilles  de 

la  Carte  géologique  de  la  France CSy 

—  Adresse  le  catalogue  descriptif  des  mo- 

dèles, instruments  et  dessins  composant 
les  galeries  de  l'École  des  Ponts  et 
Chaussées 892 

MOISSENET.  —  Études  sur  les  filons  du 
Cornouailles.  Parties  riches  des  filons  ; 
structure  de  ces  parties  et  leur  relation 
avec  les  directions  des  systèmes  strati- 
graphiques 558 

MONCEL  (Th.  du).  —  Note  sur  le  magné- 
tisme       1 1 3 

—  Sur  les  résistances  maxima  des  bobines 

magnétiques 347 

—  Note  sur   les  meilleures  dimensions   à 

donner  aux  électro-aimants 1017 

—  Est  présenté  par  la  Commission  chargée 

de  préparer  une  liste  de  candidats  à  la 
place  d'Académicien  libre,  vacante  par 
le  décès  de  M.  de  Vernctnl 147 

MONCLAR.  —  Note  concernant  la  panifica- 
tion des  farines  fournies  par  diverses 
graines i5o2 

MORELLO  (C.)  adresse  une  Note  relative  à 

la  vie  de  la  matière 4° 

MORIN  (le  général).  —  Note  sur  l'espace 
cubique  et  sur  le  volume  d'air  néces- 
saires pour  assurer  la  salubrité  des  lieux 


(    1621    ) 

MM. 


r.iges. 
habités 3iG 

—  M.  Marin  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission chargée  de  juger  le  Concours  du 
prix  Fourneyron 329 

—  Et  de  la  Commission  des  chemins  de  fer.     433 

—  Observations  relatives  aux  sujets  traités 

dans  le  21'' numéro  du  «Mémorial  de 
rOtlicier  du  Génie  »   699 

—  Noie  sur   les  movens  à  employer  pour 

maintenir  dans  un  lieu  donné  une  tem- 
pérature à  peu  près  constante,  et  pour 
modérer,  dans  la  saison  d'été,  la  tempé- 
rature des  lieux  habités 737 

—  M.  Morin  signale   à    l'Académie  divers 

documents  faisant  partie  de  la  Rame 
d' Arldlerie,  publiée  par  ordre  du  Mi- 
nistre de  la  Guerre gSi  et  i5o2 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Grnef,  sur 

l'application  des  courbes  des  débits  à 
l'étude  du  régime  des  rivières  etau  cal- 
cul des  etTets  produits  par  un  système 
multiple  de  réservoirs 982 

—  M.  Marin  présente  à   l'Académie,  de   la 

part  de  M.  Doiigl/is-Gnkon,  un  Mémoire 
intitulé  :  «  On  the  Construction  of  Hns- 
pitals  » 1249 

—  Observations  sur  la  Communication  faite 

par  M.  Resnl,  en  présentant  le  Cours 

de  Mécanique  appliqué  de  Poncelet. . .  :   1266 

—  Observations  sur  une  Communication  de 

M.  Faje,  sur  les  trombes  terrestres  et 
solaires 1264 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Douglas- 

Gfi/ton,  intitulé:  «On  the  Construction 

of  Hospitals)'. 141 3 

—  M.  le  général  Morin  présente  à  l'Acadé- 

mie les  premières  feuilles  d'une  Carte  de 
France,  à  l'échelle  de  ^ „ „  ', „  ^  ,  dressée 
par  le  Dépôt  des  fortifications i54o 

MOUCHEZ.  —  Les  trombes  et  les  tourbil- 
lons     1 5Go 

MOUTIER  (J.).  —Sur  la  décharge  des  con- 
ducteurs électrisés i238 

MUNIER-CHALMAS.  —  Sur  le  développe- 
ment du  phragmostracum  des  Céphalo- 
podes, et  sur  les  rapports  zoologiques 
des  Ammonites  avec  les  Spirules i557 


N 


NAMUR  (  A.)  adresse  des  «  Études  pratiques 
sur  les  logarithmes  des  nombres,  avec 
des  projets  de  nouvelles  Tables  » 472 

NAQUET  (A.).  —  Sur  les  effets  du  chanvre 

indien  (  hnxcliicli  ) 1 5G4 

NÉLATCJN.—  Sa  mort,  arrivée  le  21  septem- 
bre, est  annoncée  à  l'Académie C49 


NETTER  (  A.)  adresse  une  Communication 

relative  au  choléra 93G 

-  Adresse  une  Note  intitulée  :  «Cause  et  na- 

ture du  choléra  » 1 54o 

NEYRENEUF  (V.).    —   Recherches  sur   la 

condensation  électrique 201  et    35i 

—  Sur  le  sens  de  propagation  de  l'électri- 


1622 


MM.  Pages. 

Cit(^ 1184 

NOIRET  adresse  deux  Notes  relatives,  l'une 

aux  11  rd'iiniductions  photographiques,  » 
l'autre  aux  «  murailles  et  parquets  or- 
nementés » 6C7 

NOTA  (L.)  adresse  une  Note  relative  à  un 


MM. 


Pages. 
1433 


0  étalon  monétaire  métrique  universel  » 
NYLANDER  (\V.)  prie  l'Académie  de  reti- 
rer du  Concours  du  prix  Thore  le  tra- 
vail sur  les  Lichens  des  Pyrénées- 
Orientales,  qu'il  avait  adressé  pour  ce 
Concours 662 


o 


O'KEENAN  (Cn.)  adresse  une  Note  sur  l'em- 
ploi de  l'acide  sulfureux  pour  détruire 
le  Phylloxéra 1221 

ONIMUS. —  De  la  différence  d'action  physio- 
logique des  courants  induits,  selon  la 
nature  du  fil  métallique  formant  la  bo- 
bine induite 1297 

—  Expériences  sur  l'emploi  de  la  galvano- 
caustie  dans  les  opérationschirurgicales. 


(En  commun  avec  M.  Cli.Legros.) 1 38o 

OSSELIN  (A.)  adresse  un  Mémoire  sur  les 
«  Conséquences  du  principe  de  l'équi- 
valence mécanique  de  la  chaleur  » SijG 

OUDEMANS.  —  Observations  relatives  à 
une  Communication  de  M.  Eil.  Dubois, 
sur  l'influence  de  la  réfraction  atmo- 
sphérique, à  l'instant  d'un  contact  dans 
un  passage  de  Vénus 994 


PAGANI  (A.)  adresse  une  réclamation  de 
priorité,  pour  l'indication  de  l'emploi  du 
sulfate  de  cuivre  contre  le  Phylloxéra..   1016 

—  Adresse  une  Note  relative  à  l'emploi  du 

sulfate  de  cuivre  combiné  avec  les  en- 
grais, pour  combattre  le  Phylloxéra...  1093 
PAPILLON  (F.).  —Observations sur  quelques 
liquides  de  l'organisme  des  Poissons, 
des  Crustacés  et  des  Céphalopodes.  (En 
commun  avec  M.  Rcihuteau.) i35 

—  Observations  touchant  l'action  de.  cer- 

taines substances  toxiques  sur  les  Pois- 
sons de  mer.  (En  commun  avec  M.  Ra- 
buteaii] •  370 

PARENT  (A.).  —  Sur  les  ellets  produits  par 
la  foudre,  à  Troyes,  le  2C  juillet  1873; 
observations  de  nombreux  globesde  feu.     370 

PAR'VILLE  (H.  de).—  Note  sur  les  cyclones 

terrestres  et  les  cyclones  solaires i23o 

PASSY  (Ant.).  —  Sa  mort,  arrivée  le  8  octo- 
bre, est  annoncée  à  l'Académie 801 

PASTEUR.  —  Étude  sur  la  bière  ;  nouveau 
procédé  de  fabrication  pour  la  rendre 
inaltérable •'4o 

—  Observations  relatives  à  une  Communica- 

cation  de  M.  rignon,  intitulée  :  »  Du 
pouvoir  rotatoire  de  la  mannite  « 1 192 

—  M.  Prt.s/fH/- ajourne  sa  réponse  à  M.  Tré- 

ciil  a  la  séance  prochaine i32i 

—  Réponse  à  la  Note  lue   par  M.  Trcnil, 

dans  la  séance  du  8  novembre 139G 

—  Observations  au  sujet  du  procès-verbal 

de  la  dernière  séance i44' 

—  Réponse  à  M.  Trrail i444  et  i5i9 

—  M.  Pasieur  est  nommé  Membre   de  la 


Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  de  Physique  de  la  fonda- 
tion Lacaze 4^4 

PAZ  (B.  de)  adresse  une  Note  relative  à  un 
appareil  destiné  à  mesurer  la  quantité 
de  chaleur  émise  par  le  Soleil 1094 

PÉLEGRIN.  —  Note  descriptive  du  crypto- 
graphe      4C9 

PELIGOT.  —  M.  Petigot  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Morogues  pour  1873.     465 

—  M.  Peligot  est  adjoint  à   la  Section  de 

Chimie  pour  juger  le  Concours  du  prix 

de  Chimie  de  la  fondation  Lacaze i2i5 

PELLARIN  (Ch.).  —  Les  déjections  choléri- 
ques, agent  de  transmission  du  choléra.    634 

—  M.  PcUarin  adresse  une  nouvelle  com- 

munication relative  au  choléra 936 

—  Adresse  une  réponse  aux   observations 

présentées  par  M.  B.  Blanc 1 177 

PELLERIN  (A.).  —  Note  sur  la  bobine  de 

Siemens 5G  i 

—  Soumet  au  jugement  de  l'Académie  une 

Note  sur  une  machine  à  gaz 772 

PELLET.  —  Observations,  à  propos  d'une 
Communication  de  M.  Mcrgct,  sur  la 
réduction  des  sels  de  platine  par  l'hy- 
drogène      lia 

PELLET  (11.).  —  Sur  le  mode  de  décomposi- 
tion des  corps  explosifs,  comparé  aux 
phénomènes  de    la  sursaturation.   (En 

commun  avec  M.  P.  Chumpion.) 53 

PELOUZE  (E.).  —  Nouveau  procédé  de  con- 
densation des  matières  liquéfiables,  te- 
nues en   suspension  dans  le  gaz.  (En 


(  i623  ) 


MM.  Pages. 

chlorure  de  plomb GG7 

commun  avec  M.  P.  Audouin.) 

264 ,  928  et  1 274 

PENART  (J.)  adresse  un  Mémoire  concer- 
nant un  instrument  propre  à  déterminer 
la  richesse  alcoolique  de  liquides  non 
sucrés 194  et    yiS 

PERRY  (G.)  adresse  une  Note  intitulée  «  Sur 
les  rapports  entre  la  dilatation  cubique 
et  les  iso torsions ,  équations  de  l'élasticité 
en  coordonnées  obliques,  pour  les  cris- 
taux triréfringents,  par  M.  G.  Perry; 
système  orthogonal  pour  le  prisme  rec- 
tangle, par  M.  Lamé.  » 347 

PETIT  (A.).  — Sur  le  sucre  contenu  dans  les 

fouilles  de  vigne g44 

PETIT  (L.).  —  Sur  quelques  matières  pro- 
pres à  la  destruction  du  Phylloxéra..     193 

—  Note  concernant  les  résultats  fournis  par 

l'emploi,  contre  le  Phylloxéra,  des  gou- 
drons provenant  de  la  houille 1176 

PEYRAT  adresse  des  documents  relatifs  à 
l'efficacité  des  produits  qu'il  a  indiqués 
pour  combattre  le  Phylloxéra 715 

PEYRAUD  (H.)  adresse  une  nouvelle  Note 
relative  à  l'action  toxique  des  infusions 
d'absinthe  et  de  tanaisie  sur  le  Phyl- 
loxéra  .'. .     432 

PHILLIPS.  —  M.  Phillips  est  nommé  Mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Fourneyron 329 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger 

le  Concours  du  prix  Dalmont 329 

—  Et  de  la  Commission  des  chemins  de  fer.     433 
PIAURON  DE  MONDESIR.  —  Sur  le  maxi- 
mum de  densité  de  l'eau;   explication 
mécanique  de  ce  phénomène 1 154 

PICHE  (A.)  adresse  une  Note  relative  à  un 
système  de  représentation  graphique 
des  observations  météorologiques 773 

PICKERIN  (A.)  adresse  une  Note  relative  au 

choléra GGG 

PICQUET.  —  Sur  les  courbes  gauches  algé- 
briques      474 

PIERLOT.  —  Note  concernant  une  pile  au 


MM.  Pages. 

PIETTE  (Ed.).  —  Sur  une  grotte  de  l'âge 
du  renne,  située  à  Lortet  (Hautes-Pyré- 
nées)      43 1 

PIGNONI  (A.)  adresse  une  Note  relative  à 
la  lithoclysmie,  opération  ayant  pour 
objet  la  dissolution  inlravésicale  de  la 
pierre 1288 

PISANI  (F.).  —  Analyse  de  la  dewalquite  de 

Salm-Châleau,  en  Belgique 329 

PIUGGARI.  —  Ammoni-nitrométrie,  ou 
nouveau  système  pour  doser  l'ammonia- 
que, l'azote  des  matières  organi(iues  et 
l'acide  nitrique  dans  les  eaux  naturelles, 
les  terres,  les  engrais,  etc 48  J 

PLANCHON  (J.-E.).  —  De  la  marche  do 
proche  en  proche  du  Phylloxéra.  (En 
commun  avec  M.  Lichtcnstcin.) 461 

PLANTÉ  (G.).  —  Suite  de  recherches  sur  les 
courants  secondaires,  et  leurs  applica- 
tions      466 

PLUMMER  (W.).  —  Éphéméride  de  la  co- 
mète à  courte  période  de  Brorsen 6o5 

POEY  (A.).  —  Lettre  à  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  sur  les  «  Rapports  entre  les 
taches  solaires,  les  orages  à  Paris  et  à 
Fécamp,  les  tempêtes  et  les  coups  do 
vent  dans  l'Atlantique  nord  » i343 

POMEL  (.A.).  — Losange  saharien  du  réseau 
pentagonal,  dressé  en  projection  gnomo- 
nique  sur  l'horizon  de  son  centre,  pour 
un  rayon  de  sphère  de  o'"  55 557 

PONS  adresse  une  Note  intitulée  «  la  Vie 

de  l'homme  » 1095 

PRÉSIDENT  (M.  le).  —  Voir  Qtiatrefages 
[(te)  et  Bertrand 

PROTA-GIURLEO  adresse  une  Note  sur  l'em- 
ploi du  chlorhydrate  de  berbérine contre 
le  gonflement  de  la  rate  dans  les  fièvres 
intermittentes,  et  une  Noie  imprimée 
en  italien,  sur  un  «  lermoléimètre  »...   1287 

PUISEUX  (V.).  —  Sur  la  formation  des  équa- 
tions de  condition  qui  résulteront  des 
observations  du  passage  de  Vénus  du 
8  décembre  1874 i5o5 


Q 


QUATREFAGES  (de).  —  M.  de  Quatre  fasses 
est  nommé  Membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  le  Concours  pour  le 
prix  Bordin  à  décerner  en  1873 2G4 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques  à  décerner  en  1873 2G4 

—  M.  de  (juati-efages  fait  hommage  à  l'Aca- 

démie du  Compte  rendu  de  la  première 

C.  R.,  1873,  2'^  Semc$t,e.   (T.  LXXVII.) 


session  do  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  Sciences 4^3 

M.  de  Qnati-cfages  est  nommé  Membio 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Cuvier  pour  1873...     4^4 

M.  lo  Président  donne  lecture  d'une  Let- 
tre par  laquelle  M.  Lotds  Passy  com- 
munique à  l'Académie  la  perte  qu'elle 
vient  de  faire  en  la  personne  de  M.  Jn- 

210 


(  i624  ) 


MM. 


Ini/ic  Pnssy 

RI.  le  Président  donne  lecture  d'une 
Lettre  qui  lui  est  adressée  par  M.  Iln- 
bcri,  avec  quelques  épreuves  d'un  por- 
trait de  M.  Dumas 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 
la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
la  personne  de  SI.  Cl.  Biinliii ,  Corres- 
pondant de  la   Section  Mécanique.... 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 
perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  J.  de  la  Rire,  l'un  de  ses 
.Associés  étrangers 


Piif;es. 

80T 


u48 


1253 


MM.  rases 

—  M.  le  Président  annonce  à  lAcadéuiic  la 

perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  Cl.  Car,  Membre  de  la 
Section  de  Botanique i3i3 

—  M.   rlc  Quatrcfagcs  est   nommé  Membre 

de  la  Commission  chargée  de  proposer 
une  question  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  physiques  à  décerner  en  1875.  1412 
QUINQU.\l]D  (E.).  —  Sur  la  respiration  des 
végétaux  aquatiques  immergés.  (  En 
commun  avec  M.  P.  Sclnitzenbcrger.).     27a 

—  Sur  les  variations  de  l'hémoglobine  dans 

les  maladies 447^1    487 


R 


RABUTEAU.  —  Observations  sur  quelques 
liquides  de  l'organisme  des  Poissons,  des 
Crustacés  et  des  Céphalopodes.  (En 
commun  avec  M.  F.  Papillon.) i3J 

—  Des  variations  de  l'urée  sous  l'inlluence 

de  la  caféine,  du  café  et  du  thé 489 

—  Observations  touchant   l'action  de  cer- 

taines substances  toxiques  sur  les 
Poissons    do  mer.   (En    commun  avec 

M.  F.  Papillon.) 1370 

R.4NVIER  (L.).  —  Propriétés  et  structures 
différentes  des  muscles  rouges  et  des 
muscles  blancs  chez  les  Lapins  et  chez 
les  Raies i  o3o 

—  Quelques  faits  relatifs  au  développement 

du  tissu  osseux i  io5 

—  Sur  les  éléments  conjonctifs  de  la  moelle 

épinière 1 29g 

R.\OULT.  —  Recherches  sur  l'absorption  de 

l'ammoniaque  par  les  solutions  salines.    1078 

RARCHAERT  (L.)  adresse  une  Note  relative 
aux  résultats  obtenus  avec  sa  locomotive 
à  double  articulation  et  à  deux  cy- 
lindres       527 

RAYON  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
un  nouveau  système  de  calorifère,  des- 
tiné au  chauffage  des  appartements. . . .    i336 

RAYET.  —  Sur  le  spectre  de  la  comète  III  do 

1873.  (En  commun  avecM.  C.Jf'olf,).     529 

—  Sur  le  spectre  de  l'atmosphère  solaire. . .     629 

—  Sur  les  changements  de  forme  et  le  spec- 

tre de  la  comète  1873,  IV.  (En  commun 
avec  M.  Jndrc.) 564  et    638 

REJOU  (R.)  adresse  une  Note  concernant 
l'emploi  des  feuilles  de  tabac  pour  com- 
battre le  Phylloxéra (j()6 

RESAL.  —  Note  sur  le  ])lanimèlro  polaire..     Sog 

—  Note  accompagnant  la  présentation  du 

«  Cours  de  Mécanique  appli(iuée  au.\ 
machines  »  de  M.  /.-/'.  Poiudci 1254 

—  M.  licsal  est  nommé  Membre  do  la  Com- 


mission chargée  de  juger  le  Concours  du 
prix  Fourncyron 329 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Dalmont 329 

—  M.  Resal  est  désigné  pour  remplacer  feu 

M.  Dupin  dans  la  Commission  nonnnée 
pour  juger  le  Concours  du  prix  de  Méca- 
nique     1 1 78 

RESPIGHI.  —  Sur  la  grandeur  des  variations 

du  diamètre  solaire 715  et    774 

REVELL.4T  (J.-P.).  —  Solution  analytique 
du  tracé  des  courbes  à  plusieurs  cen- 
tres, décrites  d'après  le  procédé  géo- 
métrique de  Perronet 434 

REYE  (Th.).  —  Réponse  à  W.Fayc,  concer- 
nant les  taches  solaires 1 1 78 

RIBAN  (J.).  —  Sur  le  chlorhydrate  de  téré- 
bène  et  l'isomérie  des  composés  de  for- 
mule C'MI'",  IlCl 483 

RICHE  adresse  une  Note  sur  des  expériences 
à  effectuer,  concernant  l'action  du  ma- 
gnétisme sur  les  organismes  vivants. . .     4/3 

RICHTER  (F.)  adresse  une  Note  relative  à 
un  artifice  permetlant  d'agrandir  la 
sphère  d'attraction  d'un  électro-aimant.  1094 

RIFFARD  (Edm.).  —  Méthode  de  dosage  du 

sucre  au  moyen  du  fer 1  io3 

RIOLET  adresse  une  Note  relative  à  un  [iro- 

jet  d'aérostat 34G 

ROBERT  (E.).  —  Sur  le  gisement  de  \Endo- 
geiiitcs  cchinattis  qui  fait  partie  de  la 
collection  de  végétaux  fossiles  du  Mu- 
séum       729 

ROBIN  (Cil.).  —  Sur  les  organes  phospho- 
rescents thoraciiiues  et  abdominaux  du 
Cocuyo  (le  Cuba  [Pfrop/ionis  /loctiliicus ; 
Elatcr  riociilticus  L.).  (En  commun  a\ec 
M.  -V.  Laboiilbèiie) 5i  i 

—  M.  Robin  est  adjoint  à  la  Section  de  5lé- 

decine  et  de  Chirurgie  pour  juger  le 
Concours  du  prix  de  Physiologie  de  la 


(  -6 

MM.  Pages. 

fondation  Lacaze i2i5 

nOCIIE  (É.-A.).—  Est  nommé  CorrospondanI, 
pour  la  Section  d'Astronomie,  en  rem- 
placement de  feu  l'amiral  Smrlh iSai 

ROCHON  adresse  les  observations  de  six  cas 
do  !;iiérison  de  rétrécissements  multiples 
de  l'iirètro,  par  la  méthode  do  strictu- 
rotomie,  dite  immédiate 8(3 

ROLET  (E.)  adresse  une  Note  relative  à  un 

projet  d'aérostat 34C 

ROLLAND  (E.).  —  iM.  Rnllnnd  est  nommé 
Membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  prix  Fourneyron.     829 

—  Et  de  la  Commission  cliargée  do  juger  le 

Concours  du  prix  Dalmont 829 

R01\JAIN  D'OLIZAK  adresse  une  Note  rela- 
tive à  une  machine  nouvelle  de  son 
invention 4u 

ROiALVNOWSKI  adresse  des  remarques  con- 
cernant la  cause  et  la  nature  du  choléra.     772 

RONDEPIERRE  (E.)  adresse  une  Note  con- 
cernant l'efficacité  que  pourrait  avoir, 
contre  le  Phylloxéra,  la  décoction  de 
feuilles  de  noyer 986 

ROSE  (G.)  —  Son  décès,  arrivé  le  i5  juil- 
let 1878,  est  annoncé  à  l'Académie. . . .     264 

ROUBY  (J.)  adresse  une  Lettre  relative  aux 
cfl'ets  toxiques  produits  par  une  eau  qui 
avait  parcouru  des  conduits  en  plomb..   1221 

—  Adresse  une  Note  relative  à  un  nioven 


25    ) 

!*1M.  Pages. 

pour  prévenir  les  inondations 1887 

ROUGE  adresse  de  nouveaux  documents,  re- 
latifs à  sa  méthode  pour  le  traitement 
chirurgical  de  l'ozène 1094 

ROULIN  (^.).—l\.Rniilin  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  pour  le  prix  Bordin  à  décer- 
ner en  1878 264 

—  Sur  certains  cas  de  double  monstruosité, 

observés  chez  l'homme 920 

ROUSSEL  (V.).  -  Sur  la  présence  et  le 
dosage  du  titane  et  du  vanadium  dans 
les  basaltes  des  environs  de  Clermont- 
Ferrand 1 1 02 

ROUSSET  adresse  une  nouvelle  Note  con- 
cernant les  causes  des  maladies 188G 

ROUSSILLE  (A.)  adresse  une  Note  sur  les 
ravages  que  pourrait  exercer  le  sulfure 
de  carbone,  employé  pour  détruire  le 
Phvlloxera,  sur  la  vigne  elle-même. . . .     772 

ROUVILLE  (P.  de).  —  "Sur  la  formation 
tertiaire  supra-nummulitique  du  dépar- 
tement de  l'Hérault 1 197 

ROUX.  —  Sur  la  chaleur  de  combustion  des 
matières  explosives.  (En  commun  avec 
M.  Sarrau.) 188  et     478 

ROUX  (E.).  —  Des  variations  dans  la  quan- 
tité d'urée  excrétée  avec  une  alimen- 
tation normale  et  sous  l'inlluence  du 
Ihé  et  du  café 3C5 


SACC  adresse  une  Note  concernant  l'action 
de  l'acide  nitrique  sur  les  chlorures  al- 
calins    i3o5 

SAINT-CVR.  —  Expériences  sur    le  scolex 

du  Tn'riia  niediocancllata 58C 

SAINT-VENANT  (de).  —  Examen  d'un  essai 
de  théorie  de  la  poussée  des  terres 
contre  les  murs  destinés  à  les  soutenir.     284 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (Cii.).  -  M.  Ch. 
Sainte-Chirc  DcviHc  appelle  l'attention 
de  l'Académie  sur  le  «  Rulletin  météoro- 
logique du  département  des  Pyrénées- 
Orientales,  pour  l'année  1872  » 932 

—  El  sur  une  brochure  de  M.  le  /)'  F/nci-, 

intitulée   «   Vent,    sa   direction   et  sa 
force,  observées  à  Perpignan  » 968 

—  Fondation  d'un  Observatoire  météorolo- 

gique au  pied  du  pic  du  Midi ,  par  la 

Société  Ramond io05 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (H.).  —  M.  H. 
Sainte-Claire  Dffille  est  nommé  Mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  de  Physique  de  la 
fondation  Lacaze 4'-*4 


SARRAND  (A.)  adresse  une  Note  relative  à 
deux  remèdes  qu'il  propose  contre  le 
Phylloxéra 5C2 

SARRAU.  —  Sur  la  chaleur  de  combustion 
des  matières  explosives.  (En  commun 
avec  }S.  Jioi/x.) i38  et    478 

S.VUVAGE  (H.-E.).  -  De  la  classification 
des  poissons  qui  composent  la  famille 
des  Triglides  (Joues-cuirassées de  Ciwier 
et  Jalenciennes.) yaS 

SCHEURER-KESTNER  (A.).  -  Études  sur 
divers  combustibles  du  bassin  de  Do- 
netz  et  de  Toula  (Russie).  (En  commun 
avec  M.  Cli.  Meutiirr-Dollfus.) i385 

SCHLŒSING  (Th.).  —Étude  do   la  nitri- 

ficalion  dans  les  sols 208  et    353 

SCHRAUF  (Alb.).  —  Sur  les  formes  cristal- 
lines de  la  lanarkite  d'Ecosse 64 

SCHUTZENBliRGER  (P.).  -  Sur  la  respira- 
tion des  végétaux  aquatiques  immergés. 
(En  conmiun  avec  M.  E.  Qiiimjiiai/t/.). ,     272 

SECCHI  (P.).  —  Sur  les  spectres  du  fer  et 
de  quelques  autres  métaux,  dans  l'arc 
voltaïque 178 

210.. 


Pages. 


MM. 

—  Nouvelles   recherche.«  sur    le    diamètre 

solaire 

—  Réponse  à  une  Note  de  M.  Respi<^lii,  sur 

la  grandeur  des  variations  du  diamètre 
solaire 

—  Suite  des  observations  .sur  les  protubé- 

rances solaires, pendant  les  six  dernières 
rotations  de  l'aslre,  du  aS  avril  au  2  oc- 
tobre 1873;  conséquences  concernant 
la  théorie  des  tache* 

SECRÉTAIRESPERPÉTUELsl-Voiràl.'ife 
de  Beaumont  et  AI.  Dumas 

SEDILLOT  (C). -  De  la  gahanocaustie 'ther- 
mique ou  électro- thermie,  appliquée 
aux  opérations  chirurijicales 

SEDILLOT  (L.-Am.)  est  "présen'ti  "p,;;"  1; 
Commission  chargée  de  préparer  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
demicien  libre,  vacante  par  la  mort  do 
m.  de  Verncuil ,  _  _ 

SÉGUIER  _  M.  Séguicr^ii  nommé  Membre 

SEGUIN  (J.)   adresse  un  entozoaire  trouvé 

SFRRFT  M  ""Vf  t^^°"^''"«'e  d'«ne  ablette.     027 

SERRET  (  J..A.).-M.  Srrrct  fait  hommage  à 
I  Académie  de  deux  Mémoires  sur  les 
fonctions  entières  irréductibles  suivant 
un  module  premier 3 

SIACCI  (F.).  -  Sur  un  théorème  deMéca-  ' 
nique  céleste „„ 

SICARD(H.).  _  Sur        ' 

glions  cérébroïde: 


(    1626 


i53 


204 


977 


249 


"47 


133 


MM. 


Pages. 


1193 


4-2 


1434 


son  evo- 


la  structure  des  gan 

-S  du  Zoiiitex  al^iriit 

SIGNORET.- Du  Phylloxéra  et  de  s 
lution 

SILVA  (R.-D.).  _  Sur' un"  nouvel  isomère 
de  lacide  valérianique.  (En  commim 
avec  M.  C.  Friedet.) 

SMITH  (L.).  -  Note  sur  le  corindon  de  la 
Caroline  du  Nord,  de  la  Géorgie  et  de 


275 


343 


48 


*'o"lana 35c  pt 

—  Masse  de  fer  météorique  découverte  en 
creusant  un  fossé;  observations  sur  la 
structure  moléculaire  du  fer  météorique; 
protochlorure  solide  de  fer  dans  les  mé- 
téorites   

SMITII  (S.)  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  sur  les  équations 
modulaires 

SOCIÉTÉ  CENTRALE  D'AGRicULTURE  DE 
FRANCE  (la)  adresse  à  l'Académie  le 
Compte  rendu  de  sa  dernière  séance 
publique 

SOURBÉ  (T.)  adresse  divers  documents  con- 
cernant la  substitution  du  pesasse  mé- 
trique des  alcools  à  leur  mesurase  . 

SPOTTISWOODE  (W.).    -    Sur    les  plans 

tangents  triples  à  une  surface. . .  ■  181 

STEENSTRUP  (h].~U.Slcc.strup  est  nom- 
me Correspondant,  pour  la  Section  d'Ana- 
tomie  et  Zoologie,  en  remplacement  de 
M.  Jgnssiz,  élu  Associé  étranger 33 

-  Adresse  ses  remercîmenls  à  l'Académie.' 
STEPHAN.   _  Observations   de  la   planète 

(i33)  et  de  la  comète  de  M.  Borrelly.. . 

-  Sur  la  comète  de  Brorsen  et  la  comèlie  dé 

Paye,  retrouvées  à  l'Observatoire  de 
Marseille 

-  Nouvelles  observations  de  la  comète  pé- 

riodique de  M.  Faye,  et  découvertes  et 
observations  de  vingt  nébuleuses,  faites 
à  l'Observatoire  de  Marseille 

STOKES  (G. -G.).  —  Sur  l'emploi  du  prisme 
dans  la  vérification  de  la  loi  de  la  double 
réfraction 

STRAUS  (J.) 


Sur  le  fonctionnement  de 
l'appareil  respiratoire  après  l'ouverture 
de  la   paroi  thoracique.  (En 
avec  M.  G.  Carlct.) 


,433 
563 

6c5 

i3G4 
ii5o 


commun 
■  720  et 


io3o 


TABARIÉ.  -  La  famille  de  M.  Tabarié  de- 
mande la  restitution  de  plis  cachetés 
déposés  par  lui  le  5  janvier  i863..        '  iSj, 

TACCIIINI.  -  Nouvelles  observations  snecl 
Irales,  en  désaccord  avec  quelques-unes 
des  théories  émises  sur  les  taches  so- 
laires  

-  Nouvelles  observations  relà'tive's'à"  ia  pré-     '^ 
sence  du   magnésium  sur  le  bord    du 
Soleil,  et  réponse  à  quehpies  points  de 
la  théorie  émise  par  M.  Fnjc. . .  ,;„,; 

TAMIN-DESPALLES    (0.)  adresse  un  Mél 

moire  sur  le  choléra ^,r 

TARRY(H.).  _Lescyclonesdu'so'i;;r;om'-    ' 
parés  a  ceux  de  notre  atmosphère 44  ] 


I  -  Procédé  pour  déterminer  la  direction  et 

I  la  force  du  vent;  suppression  des  gi- 
rouettes :  application  aux  cyclones    "^      II  17 

TEINTURIER  (  F.)  adresse  un  Mémoire  por- 
tant  pour  titre  :  «  Les  xMerveilles  du 
Ciel  et  de  la  Terre.  » 5G2 

TELLIER  (Ch.)  adresse  une  Note  sur  l'em- 
ploi de  moyens  préventifs  contre  le 
choléra 

—  Informe  l'Académie  qu'il  vient  d'organi- 
serdesexpériences  permanentes,  pour  la 
conservation  de  la  viande  fraîche  par 
1  application  du  froid ,221 

TERREIL(A.)  -  Nouvelles  recherches' sur 
la  préparation  du  kermès;  action  des 


4:3 


(   -6 

MM.  Pages, 

carbonates  alcalins  et  des  bases  alcalino- 
terreuses  sur  le  sulfure  d'antimoine. . .    i5oo 

THENARD  (P.).— M.  P.  Thcnnrd ei\,  nommé 
Membre  de  la  Commission  chargée  de 
juger  le  Concours  du  prix  Morogues 
pour  I S73 4''-'' 

THOLOZAN  (J.-D.).-  Du  développement  de 
la  peste  dans  les  pays  montagneux  et 
sur  les  hauts  plateaux  de  l'Europe,  de 
l'Afrique  et  de  l'Asie 107 

TISSANDIER  (G.).  —  Observations  météo- 
rologiques en  ballon 839 

TISSERAND  (F.).  —  Sur  les  étoiles  filantes 

des  9  et  10  août 49S 

—  Sur  les  étoiles  fdantes  de  décembre. . . .   1439 
TOMMASI  (D.).  —  Action  du   chlorure  de 

benzyle  sur  la  naphtylamine.  (En  com- 
mun avec  M.  Cli.  Froic.) 57 

—  Sur  une  combinaison  d'acide  picriqiie  et 

d'anhydride  acétique.  (En  commun a\ec 

M.  H.  Diwid.) 207 

—  Sur  un    nouveau  système    de   télégra- 

phie pneumatique.   (En  commun  avec 

M.  R.-F.  Michel.) 281 

TRANNIN  (H.).  —Note  sur  un  procédé  des- 
tiné à  mesurer  l'intensité  relative  des 
éléments  constitutifs  des  différentes 
sources  lumineuses i495 

TRÉCUL  (A.).  —  De  la  théorie  carpellaire, 

d'après  des  Renonculacées 402 

—  De  la    théorie   carpellaire    d'après   des 

Amygdalées 549 

—  Réponse  à  M.  Pasteur,  concernant  l'ori- 

gine de  la  levure  de  bière i3i3 

—  Réponse  à  des  observations  présentées 


27   ) 
MM.  Pages. 

par  M.  Pasteur,  au  sujet  du  Procès-ver- 
bal    1442 

—  M.    Trêcul   est  nommé  Membre   de  la 

Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  prix  Hordin  pour  1873 522 

—  Nouvelle  Réponse  à  i\I.  Pasteur,  concer- 

nant l'origine  de  la  levure  de  bière. . . .  i5i2 
TRÈMAUX  adresse  une  Note  tendant  à  mon- 
trer que  «  les  limites  de  combinaisons 
et  de  décompositions  électriques  consta- 
tées par  MM.  P.  et  Jrn.  TIténard  sont 
des  cas  particuliers  de  la  loi  générale 
qu'il  a  considérée  comme  base  du  prin- 
cipe universel  » 1 40 

TRESCA  (H.-É.).  —  M.  Tresra  est  nommé 
Membre  de  la  Commission  cluirgée  de 
juger  le  Concours  du  prix  Fourneyron.     329 

—  El  de  la  Commission  chargée  de  juger  le 

Concours  du  prix  Dalmont 829 

TREVE  (A.).  —  Note  sur  le  magnétisme...   129G 
TROMENEC  (dk).  —  Sur  un  moyen  de  com- 
parer les  poudres  entre  elles nC 

TROUVÉ.  —  Sur  une  nouvelle  disposition 
de  la  pile  hydro-électrique  à  sulfate  de 

cuivre i55i 

TRUCHOT  (P.).  —  Sur  la  proportion  d'acide 
carbonique  existant  dans  l'air  atmo- 
sphérique ;  variation  de  cette  propor- 
tion avec  l'altitude G75 

—  Sur  la  quantité  d'ammoniaque  contenue 

dans   l'air  atmosphériqu(!  à  différentes 

altitudes 1  i5g 

TUL.4SNE.  —  M.  Tuinsne  est  nommé  Mem- 
bre de  la  Commission  chargée  de  juger 
le  Concours  du  prix  Rordin  pour  1S73..     622 


U 


URBAIN  (V.).  —  Du  rôle  des  gaz  dans  la 
coagulation  de  l'albumine.  (En  commun 


avec  M.  E.  Mathieu.) -oG 


VALÉRIUS(H.).  —  Réclamation  de  priorité 
au  sujet  d'une  Note  récente  de  M.  Mer- 
cudier,  sur  le  mouvement  d'un  fil  élas- 
tique dont  une  extrémité  est  animée 
d'un  mouvement  vibratoire 

—  Réponse  à  une  nouvelle  Note  de  JI.  Mer- 
cadier  sur  le  même  sujet 

VALSON  (C.-A.).  —  Recherches  sur  la  dis- 
sociation cristalline  :  évaluation  et  ré- 
partition du  travail  dans  les  disso- 
lutions salines.  (  En  commun  avec 
M.  P.-A.  Fnvrc] 677,  802  et 

VEILLET  (A.)  adresse  une  Note  relative  à 


041 
184 


907 


une  machine  hydraulique  destinée  à  la 
création  des  chutes  artificielles,  etc. . . .     4-'4 

VICAIRE  (E.).  —  Sur  la  constitution  du  So- 
leil et  la  théorie  des  taches. ...     40  et  1491 

VIC.\T  adresse  une  Noie  relative  à  un  in- 
strument formant  tarière,  qu'il  a  con- 
struit spécialement  pour  introduire  les 
substances  insecticides  jusqu'aux  racines 
de  la  vigne 6o3 

—  Adresse  le  dessin  de  cette  tarière 10 iG 

VICO  (E.  de)  adresse,  pour  le  concours  du 
prix  de  La  Fons-Mèlicocq  à  décerner 
en  1874,   un  catalogue   raisonné    des 


{ 

MM.  f^i 

plantes  vajculaires  du  dôpartoment  de 
la  Somme.  (En  commun  avec  M.  B.  de 
BnilclcUc.) 

VID.VL  (L.).  —  Polychromie  photograplii- 
(pie 

VIGNIAL  adresse  une  Note  relative  à  la  dé- 
générescence des  viu;nes  et  aux  procédés 
qui  permettraient  de  les  régénérer.... 

VIGNON.  —  Du  pouvoir  rolatoire  de  la  man- 
nite 

VILLARCE.\U  (Yvon).  -  Note  sur  le  régu- 


1628  ) 
MM. 


[;e3. 
340 


'9' 


latenr  isochrone,  construit  par  M.  Brc- 
'^iict,  pour  l'observation  du  passage  de 
Vénus  à  Yokohama 80 

—  Note  concernant  le  changement  do  la 
vitesse  de  régime,  dans  les  régulateurs 
isochrones 1 5 1 

VINCENT  (C).  —  Mode  de  prod\iction  des 
méthylamines  dans  la  fabrication  des 
produits  pyroligneux 898 

VIOLLETTE  (Ch.).  —  Sur  la  purification  du 

gaz  hydrogène 940 


w 


WALLACE  (.1.)  adresse  une  Note  sur  la  cause 

et  le  traitement  du  choléra 835 

WEST  adresse  une  Note  concernant  l'utiliti; 
de  l'étude  des  volumes  des  équivalents 
chimiques,  qu'il  a  entreprise G02 

WHE.\TSTONE  (Cn.).  -  M.  U'hcatstnnc, 
élu  Associé  étranger,  adresse  ses  remer- 
ciments  à  l'Académie 433 

WILLIAMSON.  —  M.  U'ilUaimon  est  élu 
Correspondant  pour  la  Section  de  Clii- 
mie,  en  remplacement  de  feu  M.  Bc- 


rnrd i ai 5 

—  Adresse  ses  remercîmenls  à  l'Académie.    1337 
WOLF  (C).  —  Découverte  de  deux  i:ouvelles 

comètes,  par    M.  Borrelly   et  M.  Paul 
Henry 5i8 

—  Sur  le  spectre  de  la  comète  III  de  1873. 

(En  commun  avec  M.  Rinet.) 529 

—  Observations  des  étoiles  filantes  de  no- 

vembre      1 3(5 1 

WUUTZ  (P.).  —  Action  de  l'iode  sur  l'acide 

uriquc 1 548 


YOF  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé 

de  destruction  des  insectes 269 


YVON  VILLARCEAU.  -  Voir  rnimcemi. 


ZEUTHEN  (H.-G.).  -  Sur  les  différentes 
formes  de  courbes  du  quatrième  ordre.     27 

ZININ.  —  M.  Ziiiin  est  élu  Correspondant 
liour  la  Section  île  Chimie,  on  rempla- 


cement de  feu  M.  Graham 1  ?.  1 5 

—  Adresse  ses  remercîmenls  à  r.\cadémie.  1434 
ZVCKI  (J.  m;)  adresse  une  Communication 

relative  au  choléra 930 


c\viTuii;n-vii.i.\ris,  nipuiMiîrn  i.niiAinE  des  comités  rendus  des  séances  de  l  académie  des  sciknci 

Paris.  —  U"<''  des  Augusiins,  55. 


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